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A.M.I.R.AGroupe de Recherche pour l'Amétioration des Méthodes
d'Investigation en milieux Informels et Ruraux
d Afrique, Asie et Amérique latine
note de travail
. ,L'EVALUATION DU SECTEUR NON STRUCTURE
Méthodes· Résultats· Anaiyse
l'EXEMPLE DE LA'TUNISIE
J. CHARMES.
PARIS SEPTEMBRE 1982 .
AMIRA N° 37
L'EVALUATION DU SECTEUR NON STRUCTURE
M~THODES - R~SULTATS - ANALYSES
L'EXEMPLE DE LA TUNISIE
J, CHARMES
PARIS} SEPTEMBRE 1982
INSEE. 150.0852082.0
L'EVALUATION DU SECTEUR NON STRUCTURE
Méthodes - Résultats - Analyses
L'EXEMPLE DE LA TUNISIE
Jacques CHARMES (1981)
Economiste de l'ORSTOM
PRESENTATION DU GROUPE AMlRA
AVERTISSEMENT
l à XVI
1ère Partie PRESENTATION GENERALE DU SYSTEME D'ENQUETESET D'ANALYSES SUR LE SECTEUR NON STRUCTUREEN TUNISIE
5
l - Origine du concept, définition du champ d'investigation 9et typologie des activités du secteur non structuré en Tunisie
1) Q!igi~Ë_~~_~~~~E! et évolution de sa prise en compte 9
2) Définition et typologie 11
II - Méthode d'analyse du secteur non structuré localisé 18
I)~e recensement des établissements en milieu urbain 18
2) Les monographies de métiers 23
3) Les sondages sectoriels 28
III - Méthode d'analyse du secteur non structuré non localisé 30
1) Analyse comparative des sources de données sur l'emploi 31
2) Les monographies représentatives à visée d'extrapolation 33
Annexe : Questionnaire pour le recensement des établissements 37
Hème Partie
Introduction
DES MONOGRAPHIES SOCIO-ECONOMIQUES AUX ENQUETESSTATISTIQUES SECTORIELLES : Questionnaire pourl'enquête par sondage sur le secteur non structuré de la menuiserie - ébénisterie
39
41
1 - Généralités sur le projet de questionnaire issu del'enquête monographique
47
1) Précautions préliminaires
2) Choix de l'unité d'observationl'entreprise?
l'établissement ou
47
48
2 - Détail du projet de questionnaire issu de l'enquête 51monographique
1) Spécification de l'activité 51
2) Spécification du chef d'entreprise (ou du chef d'atelier), 55et de l'entreprise
3) Formation du capital de l'entreprise 61
4) Approvisionnement et stockage 68
5) Production - Productivité - Coûts et bénéfices unitaires 73
6) Intensité de l'activité - Variations saisonnières 85
7) Main-d'oeuvre et salaires 88
8) Clientèle et commercialisation 95
9) Difficultés actuelles de la profession 100
3 - Questionnaire définitif 107
IHème Partie RESULTATS ET UTILISATIONS DES ENQUETES SUR LESECTEUR NON STRUCTURE EN TUNISIE
117
Section 1 - L'EMPLOI DANS LE SECTEUR NON STRUCTURE
1) Résultats de l'analyse comparative
2) Modalités de calcul
3) Interprétation des résultats
119
120
124
137
Annexe L'emploi dans le secteur non structuré, après prise encompte de deux facteurs négligés dans l'estimation aminima: la croissance de l'emploi et les actifs de laclasse d'âge de 10 à 14 ans
141
Section II - PART DU SECTEUR NON STRUCTURE DANS LA PRODUCTION 143INTERIEURE BRUTE
1) Méthodes d'évaluation de la production 145
2) Participation du secteur non structuré à la formation 149du PIB
•
Section III - LES CONTRADICTIONS DU DEVELOPPEMENT DU SECTEUR NON 159STRUCTURE: UNE ILLUSTRATION DE L'ANALYSE MONOGRAPHIQUE
1) La situation des apprentis et de la main-d'oeuvre en 162général, d'après les déclarations d'un artisan-ébénistede Tunis
2) Fonctionnement interne d'un atelier du secteur non 165structuré
3) Les déterminants internes et externes de la conservation, 170du développement et de la dissolution du secteur nonstructuré
Section IV - LE SECTEUR NON STRUCTURE EN TUNISIE : SON IMPORTANCE, 183SES CARACTERISTIQUES ET SES POSSIBILITES DE PROMOTION
1) Importance du secteur non structuré dans l'économie 186tunisienne
2) Modalités particulières de fonctionnement du secteur non 188structuré
3) Possibilités de promotion du secteur non structuré 196
BIBLIOGRAPHIE 209
•
- l -
O('t'Jb~ 'i 1982
GROU P E AMI RA
Am~lioration des M~thodes d'Investigation en MilieuxInformel-s et Rurcruz d'Afrique~ Asie et An~rique Iatrine
PRINCIPALES CARACTERISTIQUES DU GROUPE
Adresse Postale
Téléphone
I - OBJECTIF
Groupe A.M.I.R.A.I.N.S.E.E. - Bureau 42518, bd Adolphe Pinard75675 PARIS Cedex 14FRANCE
(1) 540 - 13 - 50 ou 540 - 03 - 51
Créé en 1975, AMlRA est un groupe (et plus largement un réseau) .1',
informel. Son objectif est de promouvoir recherches et débats scientifiquesinterdisciplinaires et interfonctionnels (praticiens, chercheurs, enseignants)pour améliorer les méthodes d'investigation en référence aux politiques dedéveloppement. Y participent des personnes de tous pays ayant une expérienceprofessionnelle de ces problèmes.
Plus concrètement, les questions que nous nous posons peuvent êtreainsi résumées :
- II -
- A quelles théories et politiques de développement se référer,
.quelles informations recueillir, pour quelles utilisations, quels objec
tifs, quels acteurs?
- Comment recueillir l'information (auprès de qui, par qui, par
quelles méthodes) ?
- Comment et avec qui la traiter, l'analyser, l'utiliser pourpréparer, suivre, évaluer politiques et projets de développement (lesquelsméritent cette appellation) ?
Le Groupe AMIRA ne peut réaliser une recherche vivante que si laréflexion théorique est constamment enrichie et réorientée par la pratique.Cette confrontation de la théorie et de la pratique, ce souci de l'applicationse manifestent de plusieurs façons, notamment
- participation des correspondants A~1IRA à des actions concrètes :enquêtes statistiques, élaboration et suivi de projets de développement, planification, etc. permettant l'expérimentation des méthodes proposées (améliorations ou innovati~ns) ;
- utilisation des travaux AMIRA dans des actions de formation professionnelle (de statisticiens, responsables, et techniciens du développement,...) .
II - DOMAINE D'ETUDE
Au début d'AMIRA, le seul milieu rural africain. Mais la nécessitéde prendre en compte les relations villes - campagne, agriculture - industrie,
et les dimensions internationales des problèmes a toujours été clairementperçue, sinon suffisamment traitée. Depuis, plusieurs correspondants ont pratiqué et réfléchi sur les méthodes d'enquête en milieu informel urbain; d'autres travaillent sur les problèmes d'Amérique Latine ou d'Asie.
- III -
III - PLATEFORME D'ORIENTATION
Il n'y a pas à proprement parler de doctrine AMIRA. Le Groupe estassez largement ouvert à des analyses et des propositions divergentes, voirecontradictoires. Quelques orientations générales semblent cependant avoirréalisé un très large consensus. Elles correspondent aux propositions sui
vantes :
- L'originalité du Groupe AMIRA est de centrer sa démarche sur lerôle de l'information et des méthodes d'investigation en milieu rural et informel urbain, tout en s'efforçant d'ancrer dialectiquement une pratique opératoire dans une réflexion théorique sans cesse approfondie et menée selon
une approche pluridisciplinaire.
- L'information n'est pas neutre: les méthodes de collecte, d'analyse et d'utilisation de l'information sont historiquement en interdépendanceavec des analyses théoriques (politiques, ~ocio-économiques,.techniques, ... )et avec leur utilisation dans une pratique sociale.
- Les conceptions technicistes, sectorielles, productivistes, unidimensionnelles du développement doivent être rejetées. Il convient donc demontrer ies limites des méthodes de traitement de l'information qui en découlent: elles ne peuvent notamment pas rendre compte de la dynamique des systèmes sociaux. Il est nécessaire de prendre en compte la diversité des acteurset des milieux, des niveaux de décision, des classes et catégories socialesd'analyser la division sociale du travail, les processus de différenciationsociale, l'évolution des logiques de comportement. Il convient donc de promouvoir et d'utiliser les recherches dans ces domaines.
- Les méthodes d'investigation proposées doivent s'intégrer à lamise en oeuvre d'un développement conçu et réalisé pour et avec l'ensemblede la population, et non pour des catégories sociales privilégiées. Elles impliquent donc la promotion de rapports permettant ce type de développement,entre tous les acteurs concernés: paysans, responsables politiques, chefsde projets, planificateurs, statisticiens, chercheurs, ... La recherche méthodologique en cette matière doit être responsable, c'est-à-dire fondée surune pratique sociale et sur l'expérimentation, et non s'adresser au seul public des chercheurs et experts.
- IV -
.• ; +a:~t ;'~'!€ment s'efforcer de dépasser les cloisonnements théw.atiques et di~~i~l~na·rf.~, qui interdisent une compréhension globale des problèmes : il faut donc promouvoir un dialogue et une collaboration interdisciplinaires, artant que possible internationales.
- P s'agit donc d'un effort indispensable d'intégration, ou à toutle moins d'articulation, devant déboucher sur des méthodes d'investigationnouvelles, diversifiées, complémentaires, adaptées à divers objectifs et échelles de contrai~tes (locales, nationales. internationales).
Ces quelques orientations bien générales ne ·sont évi demrnent pas à
prendre ou à laisser; elles nécessitent pour le moins d'être précisées. Ellesn'en constitu~nt pas moins une plate-forme permettant à chacun de se situerpar rapport à AMIRA.
IV - STRUCTURES DE FONCTIONNEMENT
AMIRA reste un groupe informel. Le Groupe a fonctionné au départsur la base de quelques personnes (travaillant surtout à l'INSEE, à 1 'ORSTOMet au Ministère français de la Coopération et du Développement). Ce collectifinitial s'est progre~sivement ~odifié et étendu à une cinquantaine de personnes, dont beaucoup travaillent dans d'autres organismes ou sont indépendants.
L'instance décisionnelle est le "Comité Permanent", qui comprendpar principe, quand ils le souhaitent, tous les auteurs de notes de travailpubliées sous numérotation et référence AMIRA. Il comprend en outre que1Guespersonnes ayant activement participé aux activités récentes (notamment groupes de travail) et qui se sontengagées à continuer dans l'année à venir. Ilse réunit environ 2 fois par trimestre.
L'instance exécutive est le "Secrétariat Exécutif", choisi par leComité Permanent, animant la mi se en pratique des orientations définies parle CP. et lui. rendant compte des décisions ponctuelles ou urgentes qu'il aété amené à prendre. Il est actuellement comp0sé de Gérard ~INTER (Présidentdu CP), René HALLU (Secrétaire Général) et Danielle RAYSSIGUIER (SecrétaireScientifique) .
- v -
Le réseau de correspondants du Groupe AMIRA, desti:\ataires réguliers
des notes de travail et publications, comporte actuellement (octobre 1982) unet~entaine de centres de documentation et environ 400 personnes, dont 150 en
Afrique et une vingtaine en Amérique Latine et Asie.
v - MOYENS DE TRAVAIL
Ils ont été jusqu'à prés~nt mis à disposition.d'AMIRA par des organismes français: l'INSEE (Secrétariat, impression, diffusion, locaux, tempsde recherche), l 'ORSTOM (temps de recherche), et le Ministère de la Coopéra-'tion et du Développement (financement d'une partie des recherches et publica
tions) .
Soulignons
a) que les moyens actuellement disponibles restent limités et nepermettent pas une augmentation importante du niveau d'activité du SecrétariatAMIRA
b) que ces moyens ont été accordés jusqu'à présent sans ingérenced'aucune Institution dans les travaux ni dans l'organisation du Groupe AMIRA.
VI - LES TRAVAUX REALISES
A partir d'une réflexion sur les relations entre méthodes, politiqueset théories du développement, et sur la base des résultats des recherches ensciences sociales effectuées en milieu rural africain depuis une vingtaine d'années, les thèmes suivants ont été abordés:
1- Réflexion sur l'évolution des sociétés dites "en voie de développement" : ébauche d'une théorie de la "transition" et définition et mesured'indicateurs d'évolution des milieux ruraux (indicateurs de transition)
2- Evaluation des méthodes habituellement utilisées dans
les enquêtes statistiques,la planification.les évaluations de projets
- VI -
3- Recherche d'éléments devant servir à la construction d'un cadreintégrateur pour les disciplines, les méthodes, les actions
· mise au point de fichiers de villages,
prise en compte des différents niveaux de décision (analyse"pluridimensionnelle"),
· recours à l'analyse de système dynamique,· élaboration de classifications caractérisant les groupes
sociaux et les espaces ruraux.
Une première synthèse des réflexions et des propositions du Groupea été le sujet de 3 journées de travail organisées en septembre 1978.
Le bilan général, paru en juin 1978, présente les travaux et les propositions faits dans le cadre dIAMlRA. Ce bilan s'ordonne autour de la présentation d'un cadre cohérent et finalisé dl investigations, celles-ci étant différenciées selon les niveaux de décision concernés et selon les méthodes d'enquêtes utilisées. Les autres volumes décrivent, ou décriront, plus particulièrementcertains instruments ou certaines méthodes pour lesque}s il est proposé des améliorations, ou qui constituent des innovations: fichier de villages, méthodesd'évaluation des projets, enquêtes statistiques auprès ·des ménages, etc.
Les travaux du Groupe AMIRA ont servi de fil directeur à un colloqueorganlse par 1IAFIRD et le Groupe AMlRA en janvier 1979 et qui a réuni près de120 chercheurs, universitaires et experts pendant trois jours à Paris sur lethème suivant: "Les méthodes d'évaluation des transformations induites par lesprojets de développement dans les sociétés rurales africaines",
Un Etat des Travaux du groupe de travail sur les "Indicateurs deTransition" a servi de base à un colloque sur ce thème, réuni en septembre 1981
à Grigny. Ce document et le compte-rendu de sa discussion doivent être publiésfin 1982.
VII - GROUPES DE TRAVAIL ACTUELS
Plusieurs groupes de travail initiés ou soutenus par le Groupe AMIRAfonctionnent actuellement sur Paris. Les thèmes et animateurs principaux ensont les suivants :
Animateurs divers
- Suivi - Evaluation de projets- Enquêtes statistiques- Bilan méthodologique des travaux
de l'ORSTOM- Unités d'observation- Commission Formation
- VII -
D. GENTILP. VERNEUIL
Ph. COUTY
J .M. GASTELLU
(IRAM)(INSEE)
(ORSTOM)
(ORSTOM)
D'autres groupes sont envisagés :
A. LALAU-KERALY
- Enquêtes légères- Classifications sociales.- Micro - Macro(Dispositif et méthodes d'investigationpour planification régionale)
P. THENEVINR. DECOSTER
(Indépendant)(Indépendant)
(GRET)
Les correspondants souhaitant participer activement (même par correspondance) à tel ou tel groupe de travail, peuvent le signaler au Secrétariat AMIRA qui transmettra.
Mais d'autres groupes de travail sur les mêmes thèmes ou sur d'autresthèmes peuvent être organisés à l'initiative de tout correspondant AMIRA, enn'importe quelle région ou pays. S'il s'agit bien d'un thème correspondant auxobjectifs du Groupe AMIRA, le Secrétariat transmettra aux correspondants disposés à animer un groupe de travail les noms et adresses de ceux qui auront signalé dans le questionnaire leur souhait de participer à un groupe de travailsur ce thème.
Par principe, chaque groupe de travail restera entièrement autonomequant à sa composition, ses méthodes de travail, son financement (s'il y alieu) Le Secrétariat AMIRA comme le Comité Permanent n'auraient d'ail-leurs pas les moyens (en temps, en personnel. en matériel ou en financement)d'assurer aide et suivi des groupes.
Cependant, outre la mise en relation des personnes intéressées parle même thème, le Secrétariat et le Comité Permanent feront leur possiblepour aider, dans la mesure de leurs moyens ou de leur influence, à la résolution de certains problèmes des groupes de travail. Ce pourra, par exemple,être le cas pour l'organisation d'une journée de discussion scientifique oupour la publication de certains textes préparés par le groupe de travail.
- VIII -
Le corollaire de l'autonomie àes groupes est qu'ils ne pourrontutiliser le sigle AMlRA qu'avec l'accord du Comité Permanent et dans desconditions à préciser avec le Secrétariat Exécutif.
VIII - PUBLICATIONS
Les textes AMIRA sont diffusés sous quatre formes :
- Les notes de travail avec référence et numérotation AMlRA. Ils'agit de textes provisoires, souvent courts, proposés pour diffusion à l'ensemble des correspondants AMIRA (et en principe à eux seuls) par un correspondant ou un groupe de travail. Ne sont diffusés que les textes retenus par uncomité de lecture, constitué pour chaque texte à l'initiative du SecrétariatExécutif ou du Comité Permanent. Le critère principal de référence du comitéde lecture. est que le texte doit présenter des expériences ou analyses comportant des innovations méthodologiques. Les autres critères sont un minimumde clarté et une forme acceptable. Ces textes n'engagent que leurs auteurs,même si la panoplie des textes présentés donne l'idée d'un ensemble relativement cohérent d'analyses et de propositions.
- Les brochures (couverture verte) visent à mettre à la dispositiondes professionnels intéressés les notes de travail déjà examinées par les correspondants. Ces brochures regroupent en général plusieurs notes traitant dumême thème. Cette série peut aussi accueillir directement des études plus importantes réalisées par des groupes de travail.
- Les publications, textes de synthèse ou thématiques, plus élaboréset plus cohérents. Leur réalisation nécessite, en général, un financement adhoc.
- Le Bulletin Analytique de Documentation AMlRA, en principe trimestrie1, constitué de notes de lecture préparées par l'ensemble des correspondantset destinataires des textes AMlRA, annexées de mots-clés retenus à l'aide duThésaurus AMIRA.
IX -
GROU PE AMI RA
Am42ioraticn des M4thodes dl ImJestigation en ;riZicr~
Informe2s et Rurcrza d'Af-rique~ Asie et Am4-rique Latine
LISTE DES DOCUMENTS DIFFUSES
1 BrochuresII Publications
III Bulletin Ana1ytiq~e de Documentation (B.A.D.)IV Notes de travail.
Ces. documents ne sont actuellement diffusés qulà titre gratuit et uniquement
1- aux personnes ayant une expérience professionnelle des questions traitéespar le Groupe AMIRA et acceptant, comme contribution minimale, de rédiger
. une note de lecture par an pour le B.A.D. ;un commentaire, même bref, de chaque note de travail reçue lorsqu 1e11 e tra ite de problêmes qu 1 il s connaissent.
2- à certains centres de documentation, à leur demande et contre envoi régulier de leurs propres publications au Secrétariat AMIRA. Toutefois, lescentres ne reçoivent pas les notes provisoires mu1tigraphiées.
Secrétariat A.M.I.R.A.I.N.S.E.E. - Bureau 425
18, bd Adolphe Pinard75675 PARIS Cedex 14
Tél. 540 - 13 - 50 ou 540 03 - 51
- X-
l - BROCHURES
Chaque brochure est constituée d"l une" ou plusieurs notes de travail',
regroupées par grands thèmes. La référence dlune brochure est la liste (souli
gnée) des numéros des notes incluses.
Brochure nOs 2 - 4 - 8 - 18 Planification, Investigation et Pratique duDéveloppement
2
4
Avril 75
Mai 75
WINTER
ANCEY
Le point de vue d'un planificateursur le problème de l'amélioration desméthode~ d'investigation en milieurural africain.
Réflexions autour d'un document:"Méthodologie de la Planification.Llexpérience de la Côte d'Ivoire", parJ.L. FYOT.
24 p.
8 p.
8
18
Juil. 75
Avril 78
ANCEY
THENEVIN
Réflexions" autour d'un document: 12 p."L'étude régionale de Bouaké", 1962-64.
L'investigation en milieu rural et la 63 p.pratique du développement. Cadre d'intégration et approche systémique.
Brochure n° 30
30 Déc. 80 THENEVIN Planification intégrée et systèmedl i nformations.
81 p.
Brochure nOs 3 - 5 - 6 - 9 - 26 : Le choix d'une unité
3
5
6
9
26
Avril Nov. 75
Juin 75
Juin 75
Juil. 75
Déc. 78
ANCEY
HALLU
HALLU
ANCEY
GASTELLU
Niveaux de décision et fonctions objec- 30 p.tif en milieu rural africain.
Résumé de document: "Les unités ëcono- 14 p.miques en pays Serer" (Sénégal), parJ .M. ';ASTELLU.
Réflexions autour d'un document 8 p."Les unités économiques en pays Serer",par J.M. GASTELLU. .
La société Serer, ou défense et illus- 24 p.tration d'une méthode d'analyse .
... Mais, où sont donc ces unités éco- 22 p.nom~ques que nos amis cherchent tant enAfrtque ?
- XI -
Brochure nOs 10 - Il - 12 - 19 - 25 : Bilan critique et premières propositions
10
11
Août 75
Oct. 75
VERNEUIL
ANCEY
Note pour un bilan critique de l'enquête 12 p.expérimentale Sénégal 1974-75.
Les notions d'activités et d'actifs à 15 p.l'intérieur d'une exploitation agricole.
ANCEY
HALLU
12
19
25
Nov. 75
Janv. 78
Oct. 78
Une nouvelle approche des budgets fami- 20 p.liaux en Afrique., .L'analyse matricielle.
Bilan et limites des enquêtes statisti- 72 p.ques à objectifs macroéconomiques réalisées en Afrique francophone entre 1955et 1970 (Nécessité de nouveaux typesd'enquêtes ménages en appui aux actionset politiques de développement en milieurural africain).
SCHWARTZ J. Le retard dans la production des résul- 9 p.tats d'enquête statistique. Analyse d'uncontre-exemple. l'enquête urbaine Kigali1977 .
Brochure n° 20
20 Fév. 78 SURGERSVERNEUIL
La pratique des enquêtes statistiques 100 p.auprès des mênages.
Brochure nOs 21 - 24 : Système d'enquêtes
21
24
Avril 78
Juin 78
WINTER
VERNEUILWINTER
Réflexion·sur les enquêtes ménages à 5 p.fins multiples dans les pays en voiede développement.
Comment élaborer un système d'enquêtes 97 p.intégrées (définition d'une méthode etd'un programme d'enquêtes interdépendan-tes, légères et permanentes à partird'objectifs précis de politique écono-mique).
Brochure nOs 28 - 29 : De l'observation à la généralisation
28
29
Déc. 79
Juin 80
COUTY
COUTYHALLAIRE
Des éléments aux systèmes. Réflexions 43 p.les procédés de généralisation dans lesenquêtes de niveau de vie en Afrique.
De la carte aux systèmes. Les études 123 p.agraires de l'ORSTOM au Sud du Sahara(1960-1980) .
- XII -
Brochure n° 31
31 Avril 81 COUTY Communautés rurales, groupes ethniques 79 p.PONTIE et dynamismes sociaux.ROBINEAU Un thème de recherche de 1 'OR5TOM -
Afrique 1964-1972.
Brochure n° 36
36 Mai 82 COUTY Vers une méthode pratique d'analyse 115 p.LERICOLLAIS régionale. Le cas de la vallée du
Sénégal (1957-1980).
Brochure n° 37
37 Sept. 82 CHARMES L'évaluation du secteur non structuré. 210 p.Méthodes - Résultats - Analyse. L'exem-ple de la Tunisie.
- XIII -
II - PUBLICATIONS
les publications AMIRA qui suivent ont été éditées par l'A.F.I.R.D.(Association Française des Instituts de Recherche pour le Développement) ;
Février 1978 BARRESBIllAZDUFUMIERGENTIL
Septembre 1978SURGERSWINTER
Septembre 1978 GASSE
Décembre 1979
. Méthode d'Evaluation des Projets 106 p.(Analyse du milieJ rural avant, pen-dant et aprês une opération de"développement).
Bilan des travaux effectués par le 80 p.Groupe AMlRA de" sa création à la mi-78(2e édition corrigée Décembre 1979).
les fichiers de villages; problémati- 96 p.que générale et expérience gabonaise(initialement note de travail nO 23).
Appraisal on the work of the group from 86p.its creation until the end of may 1978(english version).
Janvier 1979 Diversauteurs
Colloque 10-12 janvier 1979. Evaluationdu développement rural et méthodes d'investigation. Annexes : les Communicationsreçues. 123 p.
- XIV -
III - BULLETIN ANALYTIQUE DE DOCUMENTATION
Juillet 1980
Mars 1981
Juin 1981
Décembre 1981
BICHET . Thésaurus du Fonds Documentaire AMlRARAYSSIGUIER
B.A.D. nO 0
B.A. D. n° 1
B.A.D. n° 2
43 p.
24 p.
39 p.
39 p.
• XV.-
IV - NOTES DE TRAVAIL
Ne sont répertoriées ici que les notes de travail non encore diffusées sous forme de brochures ou de publications. Ces notes, multigraphiées,ne sont envoyées qu'aux personnes acceptant d'apporter une contribution à
leur critique.
1 Mars 75 CHARMES Sociétés de transition, ambivalence des 20 p.concepts et connaissance statistique,1 - Prolégomènes à une recherche.
7 Mai 75 ANCEY Réflexions autour d'un document: 10 p."Connaissance du milieu et vulgarisationagricole. Le cas de l'opération Centre-Mossi", par J. MESNIL.
13 Déc. 75 CHARMES Note reprise en annexe de la note n° 14.
14 Fév. 76 CHARMES Théories, politiques et planificationsdu développement. 1ère partie. 74 p.
Annexes. 76 p.
15 Oct. 74 CHARr~ES De l'ostentation à l'accumulation. Pro- 80 p.Avril 76 duction et reproduction des rapports
marchands dans les sociétés tradition-nelles à partir de l'analyse du surplus.
16 Juin 76 ANCEY L'analyse du milieu humain dans les pro-jets d'opérations agricoles. Critiquedes critères d'évaluation. Réflexionsà partir d'un cas. 26 p.
17 Déc. 76 GASSE L'opération fichier de villages en 18 p.République Gabonaise. Situation à lafin de l'année 1976.
22 Avril 78 VERNEUIL Comment orienter l'investigation en 31 p.milieu rural africain à partir de larelation entre échange inégal, déve-loppement inégal et transfert de valeur.
27 Nov. 79 VERNEUIL Eléments pour une classification des 54 p.non-salariés de la petite productionen Afrique de l'Ouest et du Centre.
32 Juin 81 COUTY Le Temps, 1'Histoire et le Planificateur.12 p.
33 Nov. 81 VERNEUIL Les enquètes "Budget - Consommation" 45 p.auprès des ménages.
- XVI -
34 Avri l 81 WAA~r Introduction à une discussion à propos 23 p.du livre: "La Distinction, critiquesociale du jugement", de P. BOURDIEU.
35 Déc. 81 BARIS Prix, Marchés et Circuits Commerciaux 52 p.COUTY Africains. Quelques propositions pour
l'étude de la commercialisation desproduits agricoles en Afrique.
- 1 -
A VER T 1 S SEM E N T
c'est en 1976 qu'un ambitieux programme d'investigations a été
lancé en Tunisie sur le Secteur non Structuré par l'Institut National de la
Statistique (INS) avec la collaboration de Jacques CHARMES, économiste de
l'Office de la Recherche Scientifique et Technique Outre-Mer (ORSTOM).
Initialement ce projet a constitué une application pour le Grou
pe de recherche AMIRA (Amélioration des Méthodes d'Investigation en Milieu
Informel et Rural Africain) créé par l'INSEE, l'ORSTOM et le Ministère de
la Coopération et du Développement et auquel a collaboré activement
J. CHARMES pendant deux ans à Paris avant d'être affecté à l'INS à Tunis.
Tout un dispositif d'investigation (recensement des établisse
ments, monographies de métiers, enquêtes sectorielles par sondage) a ainsi
été progressivement mis sur pied puis exploité, analysé, recoupé, utilisé.
Ce dispositif est actuellement repris et consolidé (nouveau Recensement
des Etablissements en 1981) et étendu au Secteur Tertiaire.
Ces travaux ont donné lieu)au fur et à mesure, à un certain nom
bre de publications de l'INS tandis que J. CHARMES, animateur scientifique
du programme, diffusais selon divers canaux) des notes, articles et documents
faisant le point, du point de vue méthodologique et théorique, de cette re
cherche sur le milieu informel tunisien.
Il a paru intéressant au Groupe AMIRA, avec l'accord de
M. KAMOUN, Directeur Général de l'INS, de réunir en un seul document un
certain nombre de ces notes et articles de J. CHARMES de façon à fournir
une présentation d'ensemble de ces cinq ans de travaux: problématique de
la recherche, dispositif et méthodologie d'investigation, résultats statis
tiques, interprétation théorique, applications pratiques.
La 1ère Partie est une Présentation Générale du système d'en
quêtes et d'analyse sur le secteur non structuré en Tunisie. Elle a déjà
été publiée par l'INSEE dans le numéro 54 de la Série "Archives et Docu
ments", numéro consacré à des "Etudes sur l'emploi aux Antilles et en
Tunisie: sous-emploi, secteur non structuré, migrations".
- 2 -
La IIème Partie, inédite, analyse en détail le projet de ques
tionnaire pour l'enquête par sondage sur le secteur Menuiserie - Ebéniste
rie, compte-tenu des enseignements extrêmement riches fournis par les in
terviews préalables conduites auprès d'artisans menuisiers - ébénistes. Il
y a là une illustration extrêmement originale de la nécessaire articulation
entre monographies socio-économiques et enquêtes par sondage.
La IIIème Partie analyse dans ses deux premières Sections, éga
lement déjà publiées dans le numéro 54 de la Série "Archives et Documents"
ci-dessus évoqué, les résultats en termes d'emplois et de valeur ajoutée
des investigations conduites sur le Secteur non Structuré tunisien.
La Section l consacrée à l'emploi montre tout l'intérêt des re
coupements de sources statistiques diverses pour cerner, par délimitations
successives et moyennant certaines hypothèses que seule une connaissance
qualitative très fine du milieu permet d'avancer, le champ c'est-à-dire
l'importance de l'inobservé (les emplois non localisés). Finalement, l'au
teur estime que le secteur non structuré représenterait 39 % de l'emploi
non agricole en Tunisie ; 44 % de ces emplois dans le secteur non structu
ré étant "localisés" et 56 % "non localisés".
La Section II s'efforce d'estimer la part du secteur non struc
turé dans la production intérieure brute. CHARMES conclut que le secteur
non structuré produit une valeur ajoutée de l'ordre de 72 % de celle dégagée
par l'industrie dans les branches manufacturières dont il relève, ce qui re
présente 45 % de la valeur ajoutée de l'ensemble des industries manufacturières.
La Section III reprend une Communication au Colloque organisé
par l'IEDES et l'AFIRD en mars 1979 à Paris et consacrée à "La petite pro
duction marchande en milieu rural africain". Elle a été publiée dans la
Revue "Tiers Monde" (vol. XXI, n" 82, d'avril-juin 1980). Après le compte
rendu d'une interview-typique d'un ébéniste de Tunis présentée à titre
d'illustration, CHARMES analyse la dynamique globale de secteur non struc
turé, dynamique de concurrence sans frein ni limite aboutissant à une dis
solution - régénération permanente des unités de production "informelles".
a·
- 3 -
Enfin, la Section IV rappelle brièvement les grands traits du
secteur non structuré en Tunisie, puis propose un certain nombre d'actions
pour promouvoir ce secteur, étant entendu que les politiques classiquement
prônées pour promouvoir l'artisanat sont en fait, puisqu'elles visent à
organiser, encadrer, "structurer", des politiques d'élimination des ateliers
informels au profit d'une minorité d'artisans privilégiés. CHARMES, dans une
Communication à la Commission de Synthèse du VIe Plan tunisien, tente de re
lever le défi comment promouvoir le secteur non structuré sans l'encadrer
dans des structures réductrice~voiremortifères!
Tous les documents ici rassemblés ont donc été écrits à des
époques différentes et pour des publics divers. Nous avons éliminé cer
tains doubles emplois et procédé à quelques aménagements de forme. Cepen
dant, il reste quelques redites qui constituent en fait des rappels per
mettant de lire chaque partie et même chaque section indépendamment des
autres, au gré des préoccupations du lecteur. Il reste que nous avons
voulu, par cette publication, faire connaître, dans toutes ses applica
tions concrètes, un exemple significatif de la démarche, des ambitions et
des résultats du Groupe AMlRA. Naturellement, une telle innovation ne vaut
que par les hommes et l'institution qui la supportent. C'est dire le rôle
absolument décisif en la matière de l'Institut National de la Statistique
de Tunisie, de son Directeur Général A. KAMOUN et de ses cadres avec qui
J. CHARMES a développé une collaboration confiante, durable et féconde.
G. WINTER
. Président du Comité Permanent du Groupe AMlRA
. Paris, Septembre 1982
- 5 -
1ère Partie
PRESENTATION GENERALE
DU SYSTEME D'ENQUETES ET D'ANALYSES
SUR LE SECTEUR NON STRUCTURE
EN TUNISIE *
* La pr~sente note est une communication au colloque organisé par l'IEDESet l'AFIRD sur "La petite production marchande en milieu urbain africain".(PARIS-Mars 1919)
- 7 -
Qu'est-ce que le Secteur Bon Structur' ?
Soulever la question de la pertinence d'un tel concept est un
pr~alable rituel auquel sacrifient g~n~ralement la plupart des 'tudes
sur ce sujet. Et il est bien vrai que la n~gation même qui est incluse
dans la terminologie (Non structur~, informel) prouve qu'il ne siagit
pas tant de d~finir un objet ou un concept, mais plut&t de tracer une
limite en deç~ de laquelle certains concepts et certaines ana17ses ne
sont plus op~ratoires.
Les raisons de cette n~gation dans la terminologie et de la fixa
tion d'une telle limite sont l. chercher dans l'origine même du concept,
dans les ciroonstanoes qui lui ont donn~ naissance.
Mais cette limite d~finit un champ pour le moins h~t~rogène dont
les diverses composantes pr~sentent des caract~ristiques spécifiques et
rel~vent de m~thodologies d'investigation diff~rentes. Il importe donc de
d~finir plus pr~cisément le champ de l'investigation et de dresser une
typologie des activit~s du seoteur non structur~, av~t de pr~senter les
diverses m~thodes mises en oeuvre par l'Institut National de la Statisti
que de Tunisie, avec la collaboration de l'Office de la Recherche Scien
tifique et Technique Outre Mer, pour appr~hender cette r~alit~ partiou-1
lière que constitue le Secteur Non Structur~.
Une r~alit~ qui, d'une certaine manière, et si l'on veut bien
oser risquer la fnrmule dans le domaine socio-~conomique, constitue un
champ de recherche exp~rimentale, susceptible en outre - par un transfert
de technologie en retour - de contribuer l l'~laboration d'outils d'ana
lyse permettant d'appr~hender un ph~nomène qui se d~veloppe dans nos
propres soci~t~s industrlalis~es en proie ~ une crise structurelle de
grande ampleur.
Une r~alit~ qui doit ~galement pousser l la modestie et l la
prudence l'analys~macro-~conomisteet le planificateur du d~veloppement,
trop souvent enclins à manier les chiffres globaux et les agr~gats. sans
chercher à savoir ce qu'ils reoouvrent exactement, et ce qu'ils laissentdans l'ombre.
- 9 -
l - Origine du concept. d~finition du ohamp d'investigation et tlpologiedes
activit's du secteur non struotur' en Tunisie.
1) - Q!!I!~!_~!_~~~~!2~_!~_~!~!!~!~~_~!_!~_2!!!!_!~_~~!2~!
Le terme de seoteur non struotur' ou i~rormel n'est pas A proprement
parler un oonoept. Il est simplement un m07en commode de d'finir un champ
d'investigation.
D'finition purement n'gative oertes, mais qui a le m~rite de mettre
le doigt sur un domaine rest' ignor' de la .tatistique classique qui l"va
luait par solde, lorsqu'elle ne le laissait pas simplement pour compte.
Or, les modalit's de prise en oompte des ressouroes humaines que
reo~le ce secteur et les perspeotives qu'on leur traçait ont chang' au fil
des ann'es, au fur et A mesure des r'visions d~chirantes des th'ories et
politiques de d'veloppement qui .e sont suoo'd'. tout au long des deux
derni~res d'oeDDies.
Jusqu'au d~but des ann'es 70, les objectifs d'acoroissement, de la1
productivit~ dans les campRgnes et d'acoumulation du capital dans l'indus-
trie passent par des polltiquee de d'veloppement rural vou~es A la destruo
turatlon du monde paysan coneid'r' oo..e soue-employ' et peu produotif et A
la fourniture de main-d'oeuvre bon .aroh' A l'industrie urbaine.
Ces politiques, dont LBWIS a rendu oompte dans son modèle de d've
loppement avec offre lllimit'e de travail et qu'il a peut-itre mime inspi
r~s, ont eu des conséqup.nees qui allaient entralner~ au début des ann'es 70,un retournement des perspectives. On s'aperçut alors que l'exode rural, dont
les politiques agricoles avaient acc'l'r' le rythme, n'avait fait que trans
former le sous-emploi des campagnes en un chamage ou sous-emploi urbain que
l'industrie se trouvait dans l'inoapaoit' d'absorber.
Les ressources humaines ainsi mobilisées se retrouvaient donc st'
rilis~es en un surplus 8UPPOS' inaotif et i~roductif dont on pouvait
craindre les effets déstabilisateure. On entreprit alors de mesurer ce eur
plus. Or les premières enqu~te8 sur l'emploi lanc~ee dana 1e9 PRYS du
Tiers-Monde firent Rpp~r~ttre d98 taux de chamage relativement faiblee, bien
- 10 -
en deçà de ce que l'on attendait en tout cas. Ce fut une rév~lation et l'on
commença à s'int~resser au secteur dit "informel" ou "non structuré", à
cette multitude de petites activit's artisanales ou infra-artisanales, c'est
à-dire à ce domaine de l'économie Urbaine-mais aussi rurale- difficile à
définir parce que n'entrant pas dans les cadres conceptuels et anal1tiques
classiques, mais dont on venait de découvrir le raIe capital dans le domaine
de l'emploi et des revenus.
Ainsi le Secteur Non Structur', considéré jusqu'alors comme quan
tité négligeable, se retrouvait du jour au lendemain projet' au centre des
problèmes d'emploi et de développement économique. Il avait jou' un raIe
considérable d'amortisseur de l'exode rural, on voulait maintenant le con
sidérer comme un creuset où Be forgeraient de petitR entrepreneurs natio
naux capables d"difier une industrie à la mesure du pars.
Les organismes internationaux entreprirent alors des recherches dans
ce domaine. Le Bureau International du Travail s'efforça, dann le cadre du
Programme Mondial de l'Emploi, de susciter la collecte de données sur ce
secteur et la Banque Mondiale ne tarda pas à faire une priorité de Ba poli
tique d'aide à la promotion de la petite entreprise et de lutte contre la
pauvret' en ~ilieu urbain.
Toutefois les activit's non structur'es étaient toujours consid'
réeB par définition comme peu productives, et négligeables sur le plan de
la production sinon sur celui de la redistribution des revenus. On ne
soupçonnait pas- encore que la part de ces activités dans le Produit Natio
nal n'était pas à négliger. Ce n'est qu'à une date récente que l'on com
mença à en prendre conscience.
Deux facteura principaux contribuèrent à occulter l'importance de
cette participation du secteur non structur' à la formation du Produit
National:
- d'une part l'absence d'enquites au niveau national dans ce do
maine,
- d'autre part l'utilisation de concepts et de méthodes classiques
mais inad~quats, qui ne pouvait aboutir qu'à une sous-estimation
de la contribution du .ecteur.
Ce sont précisément ces difficult's conceptuelles et de collecte
qu'a tenté de r'sol1dr~ le dispositif d'enquates mis en place par l'Insti
tut National de la St~tiRtjqU~ en Tunisie.
Il -
Secteur non structur~, secteur informel : par cette terminologie
il s'agit donc simplement de tracer une limite en de9~ de laquelle certains
concepts et certaines ana17ses ne sont plus oplratoires, et surtout certai
nes mlthodes et techniques de collecte ne sont plus adapt'es.
A la base de cette terminologie consacrle, il 7 a dono une dlmar
che empirique et intuitive : font partie du secteur non structur~ toutes
les activit's industrielles, commeroia1es et de services qui ne sont pas
saisies dans les cadres olassiques de la statistique et de la comptabi1it'
nationale. Il r'su1te de ce constat une tr~s grande h't'roglnlitl des
activit's concem'es et de leurs moda1it's d'exercice, et la n'cessit'
d'adopter une d'marche empirique. C'est la raison pour laquelle la meilleure
d'finition que l'on puisse donner a priori du secteur non structur' est
essentiellement descriptive et typologique.
Si l'on met de cat' les activit's agricoles ncn marchandes (auto
subsistance) ou agricoles marchandes qui ne passent pas par les circuits de
distribution "organisls", il est possible de distinguer plusieurs t7Pes
d'activit's secondaires ou tertiaires non structur'es le T:ableau 1 dis
tingue 7 formes d'activit' non structur'es en milieu u~bain ou rural non
agricole, r~partie~ selon leurs moda1it's d'exercice, en 3 secteurs.
Les 7 formes d'activit' 'num'r'es dans le ~b1eau 1 peuvent se
répartir en deux grandes cat'gories, se1cn qu'elles s'exercent dans un local
unique sp'cia1ement pr~vu ~ cet effet (secteur non structur' 10ca1is'), ou
dans des locaux multiples, dans la rue ou dans les domiciles (secteur non
structur' non 10ca1is') (1).
Les petites entreprises industrielles ou commerciales (cat'gorie 1)
ne se distinguent des entreprises capitalistes "modernes" nl du point de vue
des structures ni du point de vue des comportements, mais essentiellement
du point de vue de la taille (effectifs emp107's). Elles ne sont int'gr'es
à la t7Po10gie pr'sent'e qu'en tant qu'elles constituent le lieu de passage
quasi-ob1ig' de celles des activit's non structur'es (peu nombreuses il est
vrai et bien splcifiques) qui 'vo1uent vers des formes de production t7Pi
ruement ca ita1istes.1) Pour Itre comp e , au ra enccre a sec eur non s ructu
ré localis' et non localis', un secteur non structur' diffus, constitul partous les services ou activit's de production que les m'nages Se rendent àeux-mêmes ou entre eux, sans passer par les march's organisés. Nais ce dernier ph'nomène est surtout propre aux 'oonomies d've10pp~es et nous limiterons ici notre analyse aux deux formes principales que constituent le secteur non structur' localis' et le secteUr non structur' non localis'.
Tableau 1
- 12 -
Champ d'investigation pour les enquêtes sur
le secteur non structur~ au sens large
Production Services CommerceCI) Secteurs0 Bois, M~talM~caniquEde d~tai1or4
d'activit~U Cuir, Electri- ~es pro-...CI) Textile, cit~, duits a11-HQI Habillement, Plomberie\Dentaires,.
"tl Pain, Cordon- bes pro-III Pâtisserie, nerie, duits non
'CIl~ervices alimen-~ BTP
or4 person- ;taires..-1 Formesas nels"tl0 d 'activi t~ ~ransportlE: .....
~~1} Petites entreprises1 X X X
U~ e 2) Artisanats ou commerces; U X X Xor4 ~ traditionnels... ... m'CIlas ~ ID
3)..-1 ID ~0r4 "Intrus", "Amateurs",0..-1
ID ID t: as "Casseurs", et concur-t:
~~U rents clandestins de X X 0
CI)~;:III toutes sortesCI)
~ ~ ~ 'QIIII l'Il
~~'G.I 'QI en~... ...~ ~ 'QI
4) Tâcheronset travail-~ ~
~U U leurs h façon hors X X 0
le ::l ~:
l... U'CIl domicile~ ~ e.=III III~..-I 5) Marchan~~ ambulants 0 X Xt: t: III as
0 0 U6) Tâcherons et travail-t: t: t: 0
0..-1Fol ... t: leurs à façon à domi- X X 0::l ::l t: cile (travail au noir)CI) QI
~ g.... ....U U QI: 7) Travail à domicile X X 0CI) QI ....
en en UCI).. ,. ., en
X Existence, 0 non existence de la cat~gorie correBpondante,~correspondance
entre deux catégories
Les artisanats ou commerces traditonnels (catégorie 2) sont des
activités de petite dimension qui se distinguent des petites entreprises de
la cat~gorie pr~cédente, non pas par leur taille, mais plutôt par leurs
structures (ils emploient par exemple une plus forte proportion d'apprentis
et d'aide-familiaux) et par leurs comportements. Ayant généralement pignon
sur rue, ils se sont regroupés en associations professionnelles, tradition
nelles (corporations) ou officielles (syndicats patronaux), capables de faire
entendre leurs voix et de constituer des groupes de pression.
- 13 -
Les "intrus", "amateurs", "casseurs", (cat'gorie 3) sont ainsi d'nom
m~s par les membres de la cat~gorie pr~c~dente qui voit en eux l'objet de
leur ressentiment. Mais cette oonourrenoe sauvage par le bas, pour laquelle
les r~glements et la l~gislation pourtant peu contraignants d'une 'oonomie
lib'rale sont sinon inoonnus, du moins r'solument et s7st'matiquement igno
r's, n'est que la simple 'manation de l'artisanat traditionnel. Ce dernier
lui a donn' naissance dans sa lutte oontre la concurrence par le haut que
lui tait l'entreprise oapitaliste. Il s'agit dano de clandestins pour
l'Administration qui ne les conna1t pas, bien qu'ils travaillent au vu et
au su de tout le monde et qu'ils restent ainsi relativement faoiles A reoen
ser et A enquiter.
Avec oette derni~re forme du seoteur non struotur' localis' oommenoe
oe que l'on peut appeler le seoteur non struotur' au sens striot, par oppo
sition au secteur non struotur4 au sens large qui englobe l'artisanat et la
petite entreprise.
Les tAoherons ou travailleurs A façon itin'rants (cat~gorie 4) reprl
sentent une main-d'oeuvre fluotuante et qui peut itre tr~s importante dans
le seoteur de la production (dans le BAtiment - Travaux Publios notamment).
Statut particulier - et pr'caire - de la main-d'oeuvre dans ces secteurs,
le tlcheronnage ou le travail A façon peut aussi itre une modalit~ d'exer
oice pour des travailleurs ind4pendants du secteur des services (pl'o.biers,
Ileotrioiens ••• ).
Dans le seoteur du oommerce et pour oertains autres seoteurs, la
oat'gorie pr'o'dente a pour ~quivalent les .arohands ambulants (oat~gorie 5)
qui proposent biens et services au oonsommateur final, en lieu et plaoe de
leur foroe de travail.
Le travail noir à domioile (oat'gorie 6) reoouvre les aotivit4s
clandestines proprement dites, celles de la cat'gorie 3 s'exerçant finale
ment en plein jour. La concurrenoe sauvage s'en trouve ainsi aggrav'e non
seulement pour le seoteur non struotur' looalis', mais 'galement pour lestlcherons et travailleurs à façon hore domioile.
Enfin le travail à domioile (catlgorie 7), lorsqu'il oorrespond à
un usage admis, ne peut atre consid'rl oomae du travail noir. Cette cat'go
rie int~gre par exemple les femmes au f07er qui pratiquent une activit' detissage (tapis, oouvertures ••• ).
- 14 -
Les diverses cat~gories ~num'r'es ci-dessus jouent entre elles un
jeu complexe de ooncurrence presque pure et partaite. Kais ce n'est pas ioi
l'objet de propo.er une ana17se du d've1oppement et des oontradictions de
cet ensemble que nous avons convenu d'appeler "Seoteur non struotur'· (1).
Bous nous oontenterons seulement de remarquer que les cat'gories propos'••
dans la t1Po1ogie sont c1ass'es dan. un ordre qui n'est pa. dt au hasard 1
chaoune d'entre elle. n'oessite d•• m'thodes et des t.chniques d'lDy••tiga
tion partiou1i~res qui s"loignent de plus en plus d•• m'thodes quantita
tives olas.iques au tur et '.esur. que l'~n"de.oend" dans le tableau 1.
On peut dire bri~vement qu'au fur .t , me.ure que s'accroIt le d.gr'
de non struoturation et que baisse 1. niy.a. de reyenu tir' des aotivit'.
concem'es (pas.age de la oat'gori. 1 , la oat'gorie 7) •• 'aocroit para1
l~lemeDt la dittiou1t' d'appr'heDsion d•• ph'nom~nes et d'int'gration aux
cadres olas.ique•• D'o~ la n'oe••it' de passer de teohniques d'enqulte.
quantitatives olassiques portant sur les entrepri.e. ou le. 'tab1issements
, des enqultes sp'citiques de plus en plus qualitative. portant sur les m'
nages. Ce passage des entreprises (ou des aotivit's) aux m'nages e.t da ,
la ditticu1t' de localisation de plus en plus grande de l'activit' exerc'e
et au tait que le revenu tir' de l'activit' perd de sa signitication par
r'f'renoe , l'entreprise et en gagne par r't'rence au m'nage.
Il r'su1te de cette remarque que l'appr~hension exhaustive du seo
teur non structur' ne peut se faire' l'aide d'une m'tbode d'enquate int'
gr~e et unitaire et qu'il convient de diversifier les approcbes selon les
tormes de l'activit' non struotur'e que l'on veut 'tudier.
Sans n'gliger pour autant les formes inf'rieures de l'activit' non
structur'e, le s7st~me d'enquêtes mis en place par l'Institut National de
la Statistique de Tunisie a cboisi l"tab1issement (et l'entreprise) comme
unit~ d'observation privil~gi'e. De ce fait. se trouvent couvertes de façon
pratiquement exhaustive les trois premi~res formes d'aotivit~ 'num~r~es autableau 1, et de façon partielle seulement la torae d'aotivit' n- 4. , savoir
le tlcberonnage.
(1) Une telle ana17se a 't' esquiss'e dans: CHARMES (J) : "Les contradiotions du d~ve1oppement du Secteur non structur'". Tiers Monde. 1980.XXI.n- 82 pp. 321-335.Elle figure dans la 3ème Partie (Section III) du présent document.
- 15 -
Le Tableau 2 représente la place de ce système d'enquêtes sur le
secteur non structuré localisé dans l'ensemble de l'observation statistique
effectuée ou à mettre en place par l'lBS sur les secteurs socondaire et ter
tiaire de l'éoonomie tunisienne. Ce sont ces diverses opérations que nous
allons maintenant présenter sous l'angle mét~ odologique, en précisant pour
chaque opération les difficultés rencontrée& ~t les avantages reoonnus, ainsi
que les résultats déjà obtenus ou attendus.
Tableau 2 : Place du système d'enqu~tes sur le secteur non structuré localisé
dans la couverture statistique des secteurs secondaire et t~rtiaire de l'économie tunisienne
Secteur Secondaire Secteur Tertiaire -
Services 1 Commerce.
R e c e n sem e n t e x h a u s tif des é t a b 1 i s sem e n t s (1976-78 renouvelé en 1981)
Encuêtes sur le secteur 0''''' Monop,raphies de métiers (interviews).... tIl
"~or. structuré". vl'l"'I
1ID 'V (Menuiserie-ébénisterie (Mécanique-Garages ....
(Zmploi.Salaires. Produc- ~ /"" <Xl Commerce de détails:: ::' CIl (Cuir-Chaussures )Electricité-Electronique 0'\tion. Valeur ajoutée. li) 0 0 )Textiles-Confection (Plomberie
....Circuits de distributionDonnées qualitatives) s ........ J.4
1li) li)~Métal-FOrgerOns (à partir de 1980)ID ID 6r.a ID '0'4 Pain-Plltisserie t-
~'0'400 t-rot rot 0 0'\
r.a ~G'....
~ Sondages sectoriels~ ~lI)00
ID ~Enqulte sur le Secteur .... Q
s:: ID J.4~ecensement des Activités EnquAte sur le"codeme n •
li) '0'4 CIlS 0 6li) rot Ci Industrielles commerce
(~ploi-Salaires. :: G' i;(annuelle depuis 1979)
Production. ;::CIl rr (annuel depuis 1957)Valeur ajoutée) ,go~,., ....
I~I'\ ....cr. ,rzJ N[/] Co~ptabilité Nationale <Xlrz1 1
= Agrégation en vue de l'établissement des Comptes Nationaux ....t Planification co
0'\>- ....U1
(*' - Le HTP nécessite une investigation particulière.
0\
- 17 -
Le dispositif d'enquêtes mis en placr~ par l'Institut National de
la Statistique de Tunisie comprend ainsi trois volets principaux :
- un recensement exhaustif des ~tablisaements de toutes tailles
et dans tous les secteurs de l'activit' 'conomique urbaine,
- des monographies socio-~conomiques de m~tiers dans les secteurs
du secondaire et du tertiaire où les petites unit's sont domi-,
nantes,
- des sondages dans ces mêmes secteurs, dont l'objectif principal
est de collecter des donn'es quantitatives permettant d'int~grer
le seoteur non structur' dans les asr'gats de la comptabilit'
nationale.
Parallèlement à ce syst~me intégr~ d'enquêtes auprès des ~tablis
sements, une analyse comparative des diverses sources de donn~es sur l'em
ploi, et des monographies ponctuelles, permettent de compl'ter le di8posi
tif en y adjoignant une couverture du secteur non structur' non localis'.
La pr'Bentation g'n'rale qui vient d'être faite visait à donner
au lecteur une vue d'ensemble du dispositif d'enquêtes et d'analyses. Dans
les pages qui suivent les différents éléments de ce dispositif vont Itre
expos~s de manière détaillée tant du point de vue des m'thodes utilisées
que du point de vue des ré8ultats obtenus.
- 18 -
II - M'thode d'analyse du secteur non structur' localis'
1) - ~!_~!~!~!!!!~~_~!!_~~!~!!!!!!!~~!_!~_!!!!!~_~!~!!~
Le Recensement des 'tablissements a touché l'ensemble des oommunes
urbaines des 18 gouvernorats de Tunisie. Op'ration ~ràs lourde, il n'a pa.
fallu moins de , ann'es pour la mener ~ bien sans que soient pour autant
perturbées les enquêtes p'riodiques de l'lBS. Il est vrai que oe recense
ment n'a pas n'oessité de moyens suppllmentaires en personnel et en matériel,
et qu'il appara1t ainsi comme un exemple particuliàrement démonstratit de C~
qu'il est possible de faire en oe domaine sans diaposer de budgets exoeptl~~
nels.
Le Recensement des établissements a 'té entrepris dans la foul'e du
Recensement de la Population et des Logements du 8 mai 1975, ce qui a permis
d'utiliser le découpage du territoire urbain établi par les agents recenseurs
lors de la phase d'identification du Recensement de la Population. Ainsi le
très lourd travail de découpage des communes et arrondissements en circons
criptions, sections et îlots numérotés et cartographiés fut-il épargné pour la
seconde opération censitaire. C'est là une remarque importante et il n'est pas
douteux qu'il faille en tenir compte pour trancher la question de la périodici
té d'une telle opération.
Un tel découpage a permis de baser l'enquête de terrain sur un par
cours "ographique complet du territoire l recenser, chaque enqulteur se
voyant oontier un 110t, c'est-l-dire un ensemble de constructions entourl
de rues mais 'non traversé par elles. Les 110ts ainsi délimit's étaient rA~
tiss's dans toutes leurs dimensions (pourtours, 'tages, sous-sols, cours
intérieures, etc. ). Tous les locaux ~ destination autre que le simple
logement, c'est-~-dire tous les locaux o~ s'exerce une aotivit' 'conomique
quelconque, étaient alors enqult'e, par interview directe du chef d"tablis
sement. En cas d'absence renouvelle de celui-oi, l'enqulte était effeotul.
auprès de l'employl responsable, .t en oas de fermeture ou d'ambiguItl,
auprès des voisins.
C'est ce système exhaustif et méticuleux qui a permis de recenser
bon nombre d'activit's olandestines qui passent fr'quemment ~ travers les
mailles d'enqultes plus légères. Par exempl., un certain nombre d'ateliers
clandestins travaillent sans enseigne et le garagiste, ainsi surpris en
pleine activité, prétend, par peur du fisc ou plus g'n'ralement d'un con
trale quelconque, qu'il est en train de r'parer sa propre automobile
l'enquête de voisinage et l'observation directe permettent alors de le
recenser n'anmoins.
- 19 -
En outre, un recensement est, par d~finition, exhaustif et ce recen
sement l'a ~t~. Cela peut paraltre tautologique. Pourtant bon nombre de
"recensements" d'~tablissements entrepris dans d'autres pa7s n'ont pas pr~
sent~ oe caract~re d'exhaustivit~, soit qu'ils s'attachent à d~nombrer les
~tablissements de plus de 50u de plus de 10 t~lari~s (recensements indus
triels), soit qu'ils s'efforcent au oontraire de d~nombrer les ~tablissements
~e moins de 5 ou de moins de 10 emplois. Or la pratique des enquêtes sta
tistiques sur le terrain montre les risques que l'on prend à vouloir fixer
(au niveau des op~rations sur le terrain) un cr~tère de choix des unit~s
observ~es. De plus, effectuer un tel choix suppose que l'on s'est rendu sur
place et, d~s lors, on ne voit plus pourquoi ne pas opter pour l'exhausti
vit~.
Pour reoenser le secteur non structur~, il fallait donc recenser
l'ensemble des tStablissements, quelle que soit leur taille.~elle est la
raison pour laquelle oette op~ration plu. g~n4rale tait partie du s7stème
d'enqulte. ais en place pour l'observation du seoteur non structur' loca
lid.
Sans doute un recensement dèa 'tablissement. n'est-il pas absolument
indispensable à toute enquête sur le secteur non struotur~. Mais, compte
tenu des objeotifs qui furent assign's par la suite à l'~tude du secteur
non structur~ en Tunisie, compte tenu ~galement du oadre dans lequel elle
a ~t~ effectu~e (un Institut de Statistique), cette op~ration s'est r~v~l~e
absolument primordiale. En particulier, l"valuation de la part du seoteur
non struotur' dans la tormation du PNB n'aurait pu Atre .en~e à bien si
l'on n'avait pas oonnu aveo suffisamment de pr~olBion la population-m~re
des ~tabli••e.ents.
Les principaux avantages d'une telle op~ration sont multiples:
1) Le premier avantage est 'videmment la constitution d'un fichier
exhaustif des ~tablissement8 ou des entreprises (1) avec olasse
ment par activit~, taille et looalisation g~ographique(2). Un tel
fichier constitue la base de sondage indispensable à toute enquête
seotorielle plus approfondie portant sur le secteur non structur~
ou sur le secteur "moderne". Il n'est sans doute pas utile d'in
sister sur le oaract~re extrAmemeut ha.~deux que revêtirait un
(1) Des renseignement. ont en effet ,t' relev~B permettant de relier lesmaisons-màre. à leurs succursales.
(2) Tout autre classement peut être effectu4 en fonction des caraot~ristiques relevées s par exemple, classement par effeotifs d'apprentis empl07~s,eto., eto.· .
- 20 -
un sondage sectoriel ~asé sur une population-mère elle-même obtenue par
sondage.
Si l'intérêt du fichier est consid'rable, il convient n~anmoins de
signaler qu'il n'a d'égal que sa fragilit'. Sa mise A jour n'a pu être op'
rée d'aucune faQon valable jusqu'A présent. S'il est toujours posaible de
connaltre les entreprises "modernes" nouvellement cr"es et nouvellement
sorties (par les demandes d'agr'ment, l'inscription A la Sécurité Sociale
ou les dép&ts de bilan etc.) ,on sait bien que les petits ateliers du
secteur non structuré ont pour principale caractéristique de rester en
dehors de ces fili~res organisées. Or la rotation du fichier peut Itre tr~s
importante dans sa partie int'rieure. Il s'agit, lA encore, d'une caracté
ristique connue des établissements du secteur non structur' (la facilité
et la rapidlt' de leur apparition et de leur disparition) que nous avons ,Uv'rifier A l'occasion des sondages sectoriels sur la aenuiserie-'béni8te~ie
et la r'paration m'canique. Ces deux aecteura sont, il eat vrai, les sec
teurs les plus mouvants en raison de leur torte expansion : sur lea entre
prises de l'échantillon-BOis tiré pour Tunis en 1918, 24% avaient changé
d'adresse ou d'activité ou avaient compl~tement disparu depuis le recense
ment c' est-A-dire· sur une période d' environ dix~huit mois.
Le renouvellement, à date périodique, de l'opération de recensement
est donc la seule solution envisageable, A moins d"tendre les contralea
administratifs (sécurité sociale, imp&ts, etc. ) A tous les établisaeaents
recensés A un moment donné, c'est-A-dire de compléter les Pichiers adm1n~a
tratifs A l'aide du ~ecensement. Cela pose un probl~me d'éthique au Btatia
ticien qui peut 7 voir une entorse A la règle du secret statistique. Mais f
même alors, le problème n'est pas pour autant résolu et le répertoir~ ~i9que
de eompr3ndre une partie vivante, "structurée", et une partie en degén.snta
cence, "non structurée". Car le principe de vie où de survie de ce sect6~
non structuré est précisément de s'immiscer dans les espaces de libert', A
travers les mailles plus ou moins serr'es des réglementations en vigueurg
Malgré ces difficultés, le renouvellement du Recensement Rational
des Etablissements (qui sera étendu A toutes les agglomérations) a ét' dé
cidé pour l'ann'e 1981, et se8 r'sultats serviront de base A l'élaboration
d'un Plcbier national des entrepriaes et dea établisseaents.
- 21 -
2) Un second avantage du recensement des établissements est de per
mettre une délimitation plus stricte et plus objective, mais
essentiellement empirique à ce stade de l'enqu~te (1), entre
secteur non structur~ et secteur "moderne". La taille de l'~ta
blissement est le critère princ1,al, mais la composition de la
main-d'oeuvre (salariés, apprentis, aide-familiaux, occasionnels),
la forme juridique de l'établissement (s'agit-il d'une personne
physitue ou d'une sociét~ 1), l'e~istence d'une assurance ou
d'une comptabilité sont autant de caractéristiques qui ont ~t~
relevées lors du recensement l que l'on a tenté de croiser afin de
limiter le champ du secteur non structur~ (2). Ce champ était
laiss~ trop largement ouvert par le critère "moins de 10 emplois/10
emplois et plus" retenu pour assurer la stricte complémentarit'
des enqu~tes sectorielles sur le secteur non structuré et du
recensement des activit~s industrielles visant à la collecte des
donn~es statistiques de base.
3) Un troisi~me avantage du recensement des é~~blissement8 est qu'il
constitue une source de données sur l'emploi, complétant et re
coupant les autres sources que sont le Recensement de ~,a Popu
lation et l'Enqu~te annuelle sur l'Emploi auprès des Mf>nages.
Certes le recensement des établissements est moins fiable que
les autres SOUI'ces sur le plan des effectifs globaux, en raison
de la tendance des petits patrons à minorer leurs effectifs i
mais pour tont ce qui concerne la répartition de la main-d'oeuvre
par branche et sous-branche d'activl~~, et par taille des éta
blissements, il fournit des donnéeaaniques qui risquent de
faire tomber bien des idées pr~cocçues. Il apparalt ainsi que
les établissements de 3 emplois et moins représentent plus des
3/4 du nombre total des établisse~,9nts et que les moins de 10
emplois occupent plus de la moiti~ ie la main-d'oeuvre du sec
teur privé en milieu urbain. Ce sent là des donn~es importantes
que tout dispositif d'observation bur l'emploi doit absolument
mettre en relief car elles pe~vent modifier radicalement la
ers ective des oliti ueB de dévelo ement.1 Rappelons que nous attendons du complexe aYBtème d'enqu~tes que nous
sommes en train de décrire qu'il nous permett~ de proposer une définitionplus objective et plus théorique du secteur non structuré.
(2) Voir à ce sujet: M. DRIRA : "Le secteur non structur~ dans l'économietunisienne, d'après le recensement des ~tablissements". Communication aucolloque IEDES-AFIRD eur "la petite produotion marchande en mllièu urbainafricain". Paris 1-8 et 9 Mars 1919 - Multigr.
- 22 -
4) Enfin, un ,,!ll::lf;rième enseignement du Recensement des établisse
ments concerne l'appréhension des mutations structurelles qu'ont connues
les diverGes branches de l'industrie et du tertiaire au cours des dernières
années.
Le relevé de l'ann~e de cr~ation de l'établissement met en
relief quelques grandes tendances g~n~rales. Ainsi depuis 1970 et jusqu'en
1978, dans les secteur du Bois et de la M.écanique, il s'est créé presque
autant d'établissements qu'il en existait auparavant. La comparaison inter
branches de ces taux de création est tr~s éclairante, mOme s'il faut en
temp~rer les r~sultats du fait de notre m~connaissance deB taux ~.e disparl~
tion.
D'autre part, en croisant l'ann~e de cr~ation avec la super
ficie du local, les effectifs et la qualité de la main-d'oeuvre, l'exis
tence d'une assurance ou d'une eomptabilit~, etc •. ,nous auronR une idé~
plus précise de la manière dont naissent et se développent les entreprise~
dans chaque secteur de l'activit' économique, compte tenu de la conjoncture
nationale et internationale, et des mesures de politique économique prisee
par les pouvoirs publics. Il convient, bien entendu, d'~tre très prudent
d~s l'interprétation rétrospectiv~ et prospective (en fonction de l'année
de création ou de la durée de vie) de données structurelles valables à un
moment donné (caractéristiques de l'établissement à la date de passage du
recensement), mais les résultats des sondages sectoriels plus approfondis
nous fournissent des éléments indispensables ~ cette interpr~tation.
Cette rapide énumération des résultats à attendre et des utili
sations possibles du Recensement des établissements en a montré tout l'inté
r~t, malgré la lourdeur qui le caractérise. Surtout, la saisie des principaux
secteurs de l'activité non structurée, telle que nous allons la présenter
maintenant,n'eat pas été possible en l'absence de cette base de travail
indispensable.
** *
Les multiples utilisations du Recensement des établissements
n'ont évidemment pas fait oublier son origine première aider à une mei1=
leure connaissance du secteur non structuré. A partir de cette base indis
pensable mais limitée du point de vue du nombre d'informations collectées
(puisque, par nature, un recensement ne peut ttre trop lourd), il convenait
d'approfondir certains 1om~incs afin de mieux saisir le fonctionnement du
aecteur non structuré. t-h.tr. quels domaines? Et comment' "n l'lpprnfondir 1
Les expériences d' au ~.r"r. enf1'l~ trI] m~nées dans le Tiers Monde sur ce sujet
n'étaient guère aa t t ';1f:'d~'''ntc", en ce sens que, la plupart du t.~mps, elles
- 23 -
se contentaient d'un questionnaire unique pour tous les secteurs de l'activi
té économique non structurée, qu'il ~'agisse du marchand ambulant, de l'ar
tisan garagiste ou de la petite entreprise de menuiserie. Or certaines
question., telles que celles portant sur la produotion ou la valeur ajout'e,
ne peuvent 'tre appréhendées de la m'me mani~re selon les seoteurs et .elon
la taille de. unités de produotion. Si le ch~!r. d'attaire. annuel a un
sens. pour la petite entreprise de m.nui.erie, il n'en a plu. pour le marohand
smbulant J .i la valeur des ventes hebdoaada~rR~ 1 un .en. pour ie marohand
ambu.lant a .lle n'en a plu. pour l'artisan-m.n~·~ler.".
Ce .ont o.s observation. simple. et èv';",jnt.s qui oonduiB1rent
~ la oonolusion qu'il était nécessaire de div.ruifier les questionnaire.
d'une enqu'te plu. approtondie sur le .eoteur non .truoturé, otde le.
adapter A la situation de ohaque branohe d'aotivité. C'e.t ain.i que tut
adopté 1. prinoipe de. monographie. sooio-éooDo.ique. pr~&lables.
2) - ~!_!2~21!!E~!!!_!!_!~~!!!!
'l'out oo..e les sondag•••eotoriel.tui leur .rCE',t BUlte, le. mono
graphies de méti.r. portent sur les s.ot.ur. d. l~ctivic:' économique o~
1& patit••ntrepri.e exeroe une intluenc. important. ou.•••• ~o.inaDte.
Si l'on exolut provi.oirement le secteur du Blti.ent qui po.e d••
probl~••• partiouliers, l'aotiTité non .truoturé•• 'ét.nd essenti~l~M~.nt
aux leoteur••uiTants 1
- Boi. et Ameublement
- Méoanique - Garage.- Cuir et Chaussure.
- Textil.. - Conteotion- Boulangerie - Patis••ri.
- Eleotrioité - Eleotroniqu.
- Plomberie- Autr.s .ervioes
- COllllero•.,
L'importance des petits ateli.r. 4sas oe•••oteurs a été oonti~ée
par le Rec.n••••nt d•• établi••ements. Ell. 88 traduit dans tous ces seot.ur~
par un nombre d'ét.blis8e.~nt. de moine de 10 e.ploi••upérieur au nombred'établi••••ent. de 10 emplois et plu•• Bll. se traduit aU••i, dan. 1. plu
part de oe••eot.ur. (saut 1. ouir .t 1. textila), par d•• ett.ctit•••pl07'.dan. de. établi•••••nt. de .oin. 4. 10 ••plois .upérieure ou au moine égauxl oeux d. l'industrie, et donc probabl..ent par une produotlon du aeot.ur
- 24 -
non straotur~ plus forte que la produotion industrielle (1).
C'est donc pour mieux mettre en ~vidence ces ph~nomènes que des
enqultes sp~oifiqu.s et approfondies ont 't~ entreprises dans oes secteurs.
Les monographies de m~tiers, qui prooèdent par entretiens au
magn~tophone d'un nombre restreint d'artisans, par leur oonception mIme,
ne visent pas ~ l'extrapolation, laquelle est du ressort des sondages secto
riels. Les artisans interview~s (2) nous ont ~t~ pr~sent~s par les conseil
lers d'apprentissage de l'Otfice de l'Emploi (autrement dit les placeurs
d'apprentis aupr~s des artisans) ou bien enoore par d'autres interm'diaire~
et ont aooept' de nous r~pondre aveo tranohise, apr~s explioations dament
et longuement circonstanci~es sur les objectifs de l'enqulte. Ils sont oens~s
repr~senter le plus grand nombre de oa. possibles par rapport aux quelque.
oaraot~ristiques oonnues oomme pouvant Itre taoteurs de ditf~renoiation 1
nature de l'activit', efteotits, composition des etfectits, localisation
g~ographique.
Ce type d'enqulte poursuit un double objectif:
- permettre d'une part l"laboration d'un questionnaire statistique
adapt~ ~ la r'alit~ du secteur 'tudi', en fournissant une oonnaissanoe quali
tative pr'alable de oette r'alit~,
- faciliter d'autre part l'interpr~tation des r~sultats quantita
tifs qui d~couleront des sondages ult~rieurs.
Si nous examinons par exemple les m~thodes d'~valuation de la
production, de la ,raleur ajout~e (et des b~n~fices) dans les secteurs de
l'activit~ 'conomique non structur'e, nous pouvons dire qu'elles ont ~t'
~labor~es par approximations suocessives, et finalement test~es au cours
des monographies de m'tiers, dont o·'tait l'un des prinoipaux objeotifs.
n'un interview ou d'un artisan ~ l'autre, une question ~ vis~e
quantitative dont la r~ponse n'avait pas ~t~ satisfaisante 'tait pos~e
sous une autre forme ou par un autre biais, apr~s que les raisons invo
qu~es par un pr'o~dent artisan pour justifier sa difficult~ ~ r~pondre aient
~t~ soumises ~ l'artisan nouvellement interrog~. Ainsi, par recoupements
successifs et ~oueils sur des oontradiotions en chatne, la~alit' du compor
tement des petits ateliers s'~clairait progressivement et, par la mAme occa
sion, la forme des questions pertinentes.
(1) - Ce qui a d'j~ ~t~ démontr~ pour la menuiserie-~b~nlsterie.Voir IRS1979 "EnquAte Rur le aecteur non structur' en Tunisie. Production etvaleur ajout~~ du sect~ur nois et Ameublement en 1971". Multigr 88 p.
(2) - Leur nombre est de 20 à 30, et l'interview peut durer plusieurs heure~sur deux rencontres en g~n~ral.
, - 25 -
Bien quela'toruiàliBa.tionei1unq~estionnair~statistique. soit.' ." . . . .
nécessairement appauvrissante, l'énumération des quelques principes qui ont'
présidé à sa mise en oeuvr~'perm~t de'~éoouvrir unepartle'deia réàlit'
du seoteur non Btructu~é.
- Le prinoipe sansdQute le plus important cO~Bist~ à,b~en ~aiBir
le rythme de l'aotivité étudiée età àppuyer le questionnaire,sur'oette.
base Bolide. e',st en effet ~~s ce principe qu~ réside la force du ques
tionnaire, et également la difficulté de son 'laboratlon.
- Un autre principecon81ste à tenir compte de la guantitéde
travail incorporée dans le produit fab'rlq'lll& ou le service rendu par l~acti
vité étudiée. Le r,rthme de l'activité dépend direotement de cette quantité'
de travail.
- Enfin le demier.,prlnolp., dont découle en partie le précédent,
oonB1st. à distiDCU.r la productiondebiene et la produo~l@D de sèrvioe•• '
La distinotion entre biens et Bervioes est ~~@Qssaire en @8 S8Dœ
que l',évaluation de la production de .erwioe& fie peut ~~~~ rœooupée par. l'utilisation d'une mati~re prell1ltre prinoipale, @oùe Cl' elit lecaiD' pour
la production de biens.
. , .' . 1
- unité de fabrication "(chambre à couchQr pour l'~béni8te9 révi-sion cie lIoteur pour le garagiste) ou un multiple ~e cstte unité dan~ 'le cae,
du travail en série (100 paire. de chaU.sure.oGa)" "
- uni té de temps '1 la Bema~flUt pO'W? ],Go.ll'a'br!oute de chaüsl!lùres,. '" .les garagiste. ou le. petits. oo.meZ9~tso
La colleote des donnée. dont lOagr~~Qtien ou l'extrapolation noua, ,
conduira a~conoept réputé ~pératoir@ de not~a ~@int de vue (le chiffre
,d'af1'&11'88 amnuel) passera 40111~PQ1' l'oblServt!\.tJ:~,Ul d'taillée des cotts et
des t0mp~ 4e produotion unitaires daDalG prQmi0~ OQ~, par l'établissementdétaillé sur une périoded',m lIols dOUD oOllCllfiQ).Jï;>iGi> hebâomadairedes'op&râ
tions (de production ou de B,rvice) ooupl~~wQe Uü. étu~e d'tailléodesvariatioDB ea1sonnl'ree, dans la seoond oa~.
'C'est un 'tel schéma quOil con'i?~QlIl\dro de suivre dans l'élaborationdu questionna.1re. Parfois deerésularit&. p1110 @u moins bilD a••urées, per-
, '.
mettent de .e oonformer ~ oertaine. r~~lGs. Par exemple le ~rix"auconso...-tour sera le double du prix 4'aohat4e la mati~re première (~b6nist.rie)
ou de la pi~o. aétaeh~e (garagi8t~s).CapQnd~t~e telles pratiquee, i.~ues'
- 26 -
de l'exp~rienoe des hClmmes de m~ti9r et que viendront confirmer les r~sultats
des sondages sectoriels (1), ne sont pas pour autant g~n~ralisables. L'db~
nisterie de style fait exception dans l'exemple oit~ et la r~gle ne s'appli
que pas l la menuiserie de bltiaent. Pour les garagistes, elle ne vaut q~e
pour certaines r~parations.
De mIme, la quantit~ de travail inoorpor~e dans' un service (2)
est extrlmement faible par rapport A la quantit' de travail incorpor'e dans
un bien produit. Il en r~sulte que l"valuation de la produotion par la
capacit~ de produotion et le teaps unitaire de fabrioation eat tout-l-tait
~récise dans les servioes, d'autant plus que le prod~t de ce type d'aoti
vit' ne peut Itre stock' et que les ~ariations teaporelles y sont dono
extrlmement importantes (qu'il s'acisse des ~ariation. sai.aUDi~res ou jourm
nali~res).
Le r.rtbae de l'aoti~it' e.t ae oe tait le prinoipe g'n'ral et
primordial qui doit Itre pris en ooapte pour saisir, de la taQon la ~eux
adapt'e q~i soit, la produotion des .eoteurs de l'aoti~it' non struotur'e.
Essayons d'illustrer conor~te.ent oette proposition. Si le ohittr.
a'attaires annuel peut Atre un ooncept op'ratoire et significatif pour pro
c~der A l'analyse du plus petit artisan - menuisier, garagiste ou ooiffeur
qui se puisse imaginer, il est clair toutetois qu'un tel oonoept n'a oertai
nement pas une signification aussi 'vidente du point de vue de l'artisan en
question qui n'est soumis à aucUn oycle de p~riodioit~ annuelle, pas mlae l
celui de l'impat auquel il ~ohappe le plus souvent, et encore moins l oelui
de la oomptabilit'. Ce d~faut de signitioation emplche donc l'artisan de
r~pondre oorreotement, quelle que soit sa bOnDe volont~. Le probl~me consiste
alors l essayer de recenser les 07cles auxquels est soumis l'artisan et qui
d~terminent en grande partie son oomportement et finalement sa mani~re de
compter. Car il s'agit bien pour nous d'aboutir en tin de compte l une quan
tification en termes monétaires. Ces C70les peuvent Itre multiples et inter
f~rer entre eux 1 o'est de leur r'sultante que d~pend le rythme de l'aoti
vit'. Certains de oes cyoles sont li's A l'aotivit~ elle-ml.e 1 oycle
saisonnier des oommandes, cycle al~atoire des approvisionnements. D'autres"sont li~s au comportement de l'artisan 1 cyole de l'apprentissage, oyole
du stookage. Certains sont susceptibles de r,gulation 1 o'est le cas pr~oi
s~ment du 010le de l'apprentissage (,), et parfoi. du 07cle des approvisionnements r~gul~ par une politique de stookage que oertains artisans peuvent
se permettre, contrairement l d'autres qui sont A oourt de liquidit's.
(1) - L'exploitation des que.tioDDaire. du sondage "Boie et Ameublement"montre que le chiffre d'aftaires unitaire est l peu près le double ducodt de la consommation de bois.
(2) - Du moins cette affirmation est-elle v~rifi~e pour les oecteurl de l'aotivit~ que touche l'enquête sur le se~teur non struoturé.
(3) - Certains artisans peuvent embaucher de nouveaux apDrentls plusieurs moisAVAnt le d~~8rt ~~~~, de leur apprentis fors~s" -
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chau8sÙr~& et 18.: art1s·~sclu-::tez.tile.~t~;clé·iaoonteotlo~/et,·q~i' :ont:~~~.t•. ,: ....
, ou teront l'objet cle publieatlo~~ brut'é.et th'matiqu8s, noua: ontatil.a!;····',':'.~'. l 'permis.': 1".. ' ï . .... ' .....,~ , • ~ .~. - ,. '
. ". - clO'ol~irer un certa1nnombre 'cle' ph'no~~ne8. qui:parà.i.~eDt~tr'~: .
•. importaDt~ pour la compr'hel1~ion:clesm'oani_es de tonctio~~me~t :et<cl'~\' ':
. _.oontrac11otions clu cl'veloppemeilt: cles 'seèt~~~s, 'tu41fll . Il .~' partioùli~~'l:ê;::.. : r81e clel'appre~tisSageet lesoonÜti~~s clans.lesquelle.IJ.:cr"~:.~1;::lJe,;... a'veloppelaoonourrenoe sauvas.~(1) '., .; .,.':', ,... ',.,:,.' .
. . .: -cle r'v.ler oert&1nsautres;h'Doa~neSquenUll.eI:lCl~lt~CI.tàt'i.-'tiquenepo1l1'ra mettre en lua1'r~' (par' ~xemple lar'oup'~t1oll enUll"~oi~",' "')
seùleaent cl. lIontaDt cluoapitaiinTe.tl· ~~ ~~s 07olo1Doteursdestl~~II"""" lla looation) pour oette sillple raison que la "discussion','qu!' .'·'ta.~iit.D~n' '
1 9enqultev et l'enquIt' lorsclel'enqulte'~0Il0graphique~8t'plu~ 't~o~~~ :',. etpl'lls dpaIIique, alors que la rèlationqu! s'instaure entre',:8uautour, cleu questionnaire est plus l"o~e' e.t plus 'illpersonnelle. ,.' " . ", ':;·U' ,,"
Et. o'eet bien en ette:t:;~ ia·.'thocle iDI.e ele ieeD~I'a.'tè.:cn'lo8J:':~hlqueque l' OD doitel' ab,o)ltir à d. :t~i!s'r'lnilt~tll; par~" que r ' ',,' ·c·' ,
.. - le' recueil de donn4essubjeotiye.:renel le8 donn,.i~ objeotlv~",""", plu8. tiables l'la quantitlcation' pur.ciu: qu.stionnaire'statl.tique~t.ll4aDo.·'A apparaltre oomme une incon~it' ~t 'une 1D41scr'tion, alo~B::q~,j:~t'~'.-:··',à. ,ùn"oonTersation, elle apparalt' 00_.: 1IDe~'oessit, loglqu.; i~cli~p.Dl1abl.·:-.".. la' el'aonstration, '. '". '.r
<-.,.:., c '. ."
(1) "Sur oes pointlJ; voir CIIJ.!MBS .J•. ,(1'980) ,': 1 "LOB oontracli~~i~~à' elu,'cl'veloppe-aent 4u ~eoteU Ion Stnotur'· • Art. oit. .. "
.'. ::.:, .,'
.,~. ' ...\, .., ' .... ';
. '"., ~ ~. . '
".'.'.'> -"
':'.>"./.
.1 ....
" .'
" .; ..,-~ ". ' . : '.
.. - - 1', ,~. ... '-"
- 28 -
Les sondages sectoriels portent sur les entreprises de moins de
10 emplois. Tout un travail pr~alable a donc &t' n&celsaire afin de palser
de l"tablissement à l'entreprise, et de tenir compte de ces tranlformationl
dans la r'partition des unit's en fonction de la taille.
La population-màre dee eeoteurs d'activit& concem's a alors 't'
stratifi'e en fonotion de :
- l'activit' 1 Menuieerie de bltiment, 'b'nisterie, autree _'tiers
du bois. M'canique g'n'rale, talerie, &leotricit&, motoc7cles, vulcanieation,
autres aotivit's de m&canique. labrioante 4e ohauesures en cuir, d'artioles
en cuir, oordonniers etc ••
- la zone : Ville arabe, ville moderne, p'riph&rie pour lee
deux villes de 'l'anis et de Sfax, ohef-lieu de Bouvernorat et re.te du
gouvernorat pour le reete du P1Q'8.
- la taille : 1,2,',4·et 5 à 9 emploil
Dans ohaoune des strates d&finies par le oroisement de ces troie
crit~res, on tire au hasard le dixiàme (1) de la population d'entreprises
de la strate que l'on recherche sur le listing alphab&tique que noue a
fourni l'ordinateur à partir du fiohier exhaustif.
Dieposant du nom, de l'adresse ainsi que de l'eneemble dée oarao
t'ristiques économiques relevées lors du reoensement, l'enqulteur peut ee
fixer un programme de travail relativement strict et efficaoe.
Les eondages ont ét~ effeotués jusqu'à présent sur deux secteurs
de production (le bois et le ouir) et un secteur de services (réparation
m~canique), oe qui a nécessit' des approches sensiblement différentes,
notamment en oe qui concerne la produotion (2).
Les prinoipaux objeotife de l'enqulte par sondage portent sur 1
- la valeur ajoutée et la produotion,
- l'emploi et les rénum'rations,
- le capital et les investiseements,
- l'établissement d'une t7pologie des entreprises.
(1) - Le tirage au 1/10 permet d'obtenir une population suffisante pourchaque strate, dans les activit's 'tudiées.
(2) - La gén~ralisatlon à tous les eecteurs de l'activité &conomique nonstruotur'e eera réalisée à l'ie.ue du nouveau Recensement des Etablissements de 1981. La phase exp'rlmentale de l'enquBte a en effet prisfin en 1980, d'abord parce que les connaissances acquiess apparaissaientsuffisantes, ensuite parce que le Recensement de 1976 constituait d&sormais une base de Bondage p~riœée.
~ 29 -
Nous pr'senterons ici plus partiouli~rement la manière dont ont 't~
appréhend~es la production et le valeur ajoutée, pUiSqU6 O'GGt cette lnveso
tigation particuli~re qui doit permettre l'int~gration du seoteur nOD struo
tur' dans les oomptee nationaux tunisiens.
Les enseignements des monographies nou~ ontdono amen~s à mettre en
oeuvre trois m'thodes d"valuation de laproduotion ou àu ohiCrre d'arfaires 1
- 2~!!!!!_~~!!!!!!!!_2!!2~!~_2!!_!!_~2~!:~:~~!:~_~!_!!~!!!!!_2!!!!!!!!~Pour 1GB seoteurs produotifs (boiB, ouj~, métal p bo~langeri9)o cette
méthode consiste à reconstituer la valeur des achats de matières
premières sur une ann'e p à faire le rapport de cett~ valeur A la
matière première oontenue dans une unit' du produit le plus couram
ment fabriqu' (1), et"A multiplier oe rapport par le prix unitaire
de ce mIme produit (2). Lorsque la valeur des aohats de matières
premières n'a pu être reooDstitu'e sur une année, on extrapole la
p'riode reoonstitu'e à partir du ooeffioient d88 var!&tions saison
nières (,).
- chiffre d'affaires d~clar'. Cette valeur ast relGv~9 dans 198 sec--------------------------~teurs des servioes, .ainsi que dans le8 secteurs productifs où l'u- .
nit' produite incorpore une faible quantité de travail (cuir. bou
langerie, etc. à l'exclusion du bois et du métal). Le chiffre
d'affaires déclaré est obtenu par la reconstitution du calendrier
hebdomadaire et mensuel des opérations réali8~8s pour la ~emaine
et le mois précédant l'enqu&te. Pour les 11 autres mois de, l'ann~e,
le ohiffre d'affaire. hebdomadaire ou mensuel global est demandé,
et oe relevé sert par la mAMe ooca8ion ~ 't~blir le ooefficient de
variations saisonnièr9Be
- 2~!!!!!_~~!!!!!!!!_2!!2~!~02!~_!!_~!~!~!!~_~!_E!~~~~~!~~. Pour tousles seoteurs productifs, et mime pour la ~écaniquet cette m'thode
oonsiste A attribuer un coeflicient dG productivité A chaquG tra
vailleur de l'atelier en fonction de aon ancienneté dans la profes
sion et de sa r'mun~ration. Le ooeifioient de productivité de l'ao
telier ainsi obtenu est transformé en capacité de production en le
multipliant par la norm~ do '00 jours da travail par an. En rap
portant à oe ohiffre le temps de travail affeotif (pondér~ par la
produotivit4) nécessaire Ala fabrication du bien le plus courant,
(1)oOnobt!8nt de oette mani~re une produoti~n en volume en équivalents duproduit le plus oourant.
(2)-Op~ration qui noue donne la produotion en valeur, ou chiffre d'affaires
(3)-Coeffioient calculé comme il sera indiqu4 par la sùite.
- 30 -
on obtient la production potentielle en volume, que l'on valorise
par le biais du prix unitaire. Une autre estimation par la capa
cit~ de production est obtenue en appliquant l oette produotion
potentielle le coefficient de variations saisonni~res.
Ces estimations de la production se retrouvent donc diversement
associ~es selon les secteurs d'activité, et la valeur retenue du chiffre
d'affaires dans un secteur partioulier sera simplement la moyenne des diver
ses estimations oaloulées.
Les résultats que l'on trouve au bout de la ohalne des calouls sont
relativement étonnants. Ils n'en sont pas moins confirm~s par les reooupe
ments que l'on peut opérer par ailleurs 1 par exemple aveo les importations
de bois de l'année correspondant ~ l'enquite. . La valeur ajoutée unitaire
dans le seoteur non structuré de la .enuiserie-ébénilterie est en moyenne
de 5~ du ohiffre d'affaires. la produotion imputalbe ~ oe seoteur avoisine
20 millions de dinars, contre 11 millions de dinars pour l'industrie 1 la
produotion totale du secteur s'éleverait donc ~ }1 aillions de dinar. pour
l'année 1911 et supposerait une ré-évaluation de plus de 16~ du chiffre donné
par le V· Plan de développement pour la produotion de ce secteur cette année
IL
III - Méthode d'analyse du secteur non structuré non localisé
En comparaison des techniques et méthodes très sophistiquées aises
en oeuvre pour la couverturo du seoteur non structuré localisé, les moyens
d'appréhension du secteur non structuré non looalisé apparaltront sans doute
beauooup plus grossiers.
En volume d'emplOi, cette derni~re composante du secteur non struc
turé est pourtant plus importante. Maia elle est aussi plus diffuse, ce qui
n'a pas permis jusqu'~ présent de la soumettre ~ des sondages sectoriels qui
ne pourraient prendre, en tout état de 'cause, que le ménage comme unité d'ob
servation. Etant donn~ que tous les ménages ne sont pas concernés par les
aotivités non structurées, il eat été néoessaire soit de connaltre a priori
la population ooncernée, soit de prendre un taux de sondage très élevé, deux
obstaoles qui n'ont pu atre levés.
- une analyse oomparative des sources de données sur l'emploi, phase
qui oorrespond BU Reoensament des Etablisseaenta dans l'étude du
seoteur localisé.
- des monogr~phies sectorielles approfondies qui, malgr~ leur nombre
plus r6duit, vlarnt "~anmoins ~ l'extrapolation en faisant l'éco
nomie des sondages sectoriels.
- 31 -
1) - ~!!l!!_~~~~!!~~!!~_~!!_~~~2!~_~!_~~~~!!_!~~_!~!!~!~!,
Seul un Reeensement de Populatiou, comme celui de 1975, permet de
connaitre la situation de l'emploi dans une branche prise dans son ensemble,
qu'il 8'agi~sa,d'e5plois localisés dans des établissements ou d'emplois non
localls~s c'e8t-~-dire s'exerçant ~ domicile ~u da fmoon itinérante. Mais il
n'est 'videmment pae possible au cours d'une ~pération aUBsi lourde que le
Rsc~nse~ent d'ajouter une ou des questions complamwntal'res sur ce sujet.
Or le Rocensement des Etablissements de ')976 noua donna en revanche
la gtatlstlque deB emplois localisés. Dès lors ll1i~~e de comparer les deux
©curces d'information a'imposait afin de mettre ~n ~01iGft par différ~nc~,
lOemploi non localisé.
Certes, des difficultés aubsistaient. En particulier le ReCe~e0mGnt
dGe EtabliBBements ne touchait que 10 secteur privé non ~ioolQ et le seul
silleu urbain.
La priQe en compte d'une troisième goures, le RGcG~G@rnent de~ Âcti
vités Industriallea, nous a permis de cerner 10 88ctsur public i~du~~r101
et commercial ainsi que le secteur induotrlel pri~~.
En retranchant les effectifs de8 secteurs 1~duBtrie18 $\ cOŒm0rciauxo
publiee et priv~a, des effectifs totaU% fournis par 10 Recenaemant d@ la
P@pulation o nOUD obtenions donc UD$ éTaluation globalo du ~ecteur rion airuc
turé Q que le Recensa~ent des établissementa de 1976 noua permettait~Q d~co~-1
poser en :
- un BGcteur non structuré looal18~ ~bain
- et un reliquat très h~térogène constitu0 ~ la reia ~ar le B0cteur
non structuré non localisé urbain et rur~lo et 19 ~actaur non
structuré localis~ rural.
Etant donn' que le Recensement de la Population donnait la réparti
tion de la main-d'oeuvre active selon le milieu urbain ou rural, il semblait
a priori ~GlativGœent facile dG d'composer la reliquat eD deux composantes
homogènes 1 d'une part le seoteur non structuré non 10ca110é urbain, dOautre
part le secteur non structuré rural.
En r'alité le problème n'~tait pas aussi simple car la définition des
milieux urbain et rural est sensiblement différ~nte dans les deux opérations
de Recensement, et surtout leur signification est complètement diff~rente
puisque" dans le premier, la population est recensée à son lieu de domicile
alors que, dans le second, elle est recensée sur aeB lieux de travail.
- 32 -
C'est notamment pour cette raison que, pour op'rer la d'composition
en sous-secteurs, nous avons proc'd' à des analyses branche par branche.
Celà nous a permis d'adapter nos hypothèses à la situation r'elle qui pr'vaut
dans chacune d'elles. C'est ainsi par exemple qu'il n'y a pas g'n'ralement
d'inoonv'nient ~ taire l'hypothèse de la ooInoidenoe, ou du moinB de la pro
ximit', du lieu de r'sidence et du lieu de traTail, en oe lenl que l'un et
l'autre se situent dans le mime milieu (urbain ou rural). En revanohe cette
hypothèse doit itre abandonn'e dans le cas du BTP où bon nombre de travail
leurs oooa.ionnels sont originaires du milieu rural.
De la mime taçon, la localisation urbaine ou rurale des unit'I de
produotion industrielle ou des grandes unit's de distribution peut se taire
à partir des donn'es tournies par lei 8Duroes exiltantel, mais il relte
n'cessaire d"mettre des hrPoth~ses pour certains seoteur. tels que le BTP,
les Tranlportl •••
Or, la ~'oomposition que nous deTionl taire du secteur non struotu:',
en tenant oompte des hypothèlel pr'o'dentes, se r'v'lait plus taoile l op'rer
lorsque noui ajoutions une h1Poth~se suppl'mentaire sur la r'partition entre
seoteur looalis' et secteur non looalis'. en milieu urbain et en milieu rural.
D~s lors. toutes les partioularit's propres A chaque branche ont ,t'
prises en consid'ration de taçon logique et en tenant compte dei connaissancel
que l'on en avait d'jà par ailleurs. afin de d'terminer tinalement le volume
des 4 oomposantes suivantes 1
- le secteur non structur' 10c&1is' urbain,
- le secteur non structur' non localis' urbain,
- le secteur non structur' looalis' rural,
- le secteur non struotur' non localis' rural,
dont les oomportements sont suppos's Atre sensiblement ditt'rents (1).
Or il taut noter que seule la première composante, repr'sentant
",~ de l'emploi total du seoteur non struotur'. a 't, prise en compte danl
le volet pr'c'dent de l'enquite tunilienne. Et il taut noter ausli que le
secteur non localis' repr'sente. quant A lui, plui de 56% de la main d'oeuvre
totale du seoteur non structur' et que oe mode d'exercice de l'aotivit' elt
partioulièrement important dans les branohes "Textile et Contection" et
"Bltiment" qui sont les plus torts employeurs dans les aotivit's non agri
coles. Se jUltitie alors pleinesent l'ettort tent' pour couvrir ce domaine
A l"gard duquel la statistique traditionnelle elt enoore moins bien irm'e,
puisqu'il 8'agit oette fois-oi de saisir les aotivit'I productives exerc'es
au sein mime des m'nages. Là enoore. l'enquAte sur le secteur non structur'
en Tunisie a d~ innover pour lnt'grer oes aotivit'I danl les Comptes Nationaux.
(1) Les r'sultatl de cette ana118e oomparative sont donn's ci-aprè8 (ot. Illepartie).
- 33 -
2) - ~!!_~~~~§~~2~!!!_~!~~~!!~~!~!!!!_~_!!!~!_~~!!~:!2~!~~!~~
Le d'tail auquel nous sommes arriv~s dans la d~composition du sec
teur non· struotur' , pour int~ressant et utile qu'il soit, n'emptohe pas que
les cat'gories demeurent profond'ment b~t~rogènes. Le seoteur non structur~
loca~is~ est oompos', nous l'avons vu, de l'artisanat traditionnel, des
petites entreprises et des conourrents "intru8~. ~uànt au seoteur non struc
tur~ non localisé, il est lui-mIme, du fait de la wéthod& de calcul dont il
a fait l'objet, un agglomérat de situations divûrseo. On y trouve 1
- une frange d'emploY~B non d~claré8 p~ leurs patrons lors du
Reoensement des Etablissements ;
- des ateliers clandestinll1 travaillant au noir Il l'inttSrieur de
looaux ~ usage d'habitation ( à distinguer des clandeotins tra
vaillant en ~tabliB8ements, mais sane *tre en règle avec IVAdœi
nistration) ;
- des travailleurs itin~rant8 ou ~ domicile dont O'OB~ le mod&
dWexeroice habituel de l'aativit~.
En l'état actuel de nos connaisBances et compte t~uu des sources
d'information dont nous disposons, il n'eet.pas possible àa faire la part
de chacune de ces trois catégoriee. De la mIme manière, une proportion sans
doute non négligeable de l'activité produotive des m'nages s'exerce sana
être jamais d~olar'e, pas mime lore du Rocencement de la Population~ ~t oon~
tinue ~ rester cachée sous couvert d'une aotivité prinoipale décl~ée ou
d'un statut d'inactif (femme ou foyer) (1).
Les monographies sur le secteur non etructuré non localis' se sont
donc limités aux deux branches du Bitiment et d~ Textile-Confection où le
mode d'exercice itin~rant ou ~ domicile prédo~1ne (2). DaIaO ces deux branches.
il a ~t~ procédé ~ 1
(1) - Les doubles activités ne pourraient âtre connues qua par le biaisd'enquites aupr~s des m~nagGs posant une o~ plusieurs questions surce sujeto Aucune ne s'est aventur~e dans CGtto direction jusqu'~ pr'sent. D'ailleurs, les r'~ultate riequ6rai6nt d'itre fort aléatoiresdans la mesure où les m~nages sont Gane dO~t0 attech~e à préservercette sph~re de leur vie active à l'abri dae regarda indiscretso Ainsiles seules doubles act!vi Us dont neus avena e-11 à connai tre sont oeIlesqui Se traduis,nt par l'ouverture p è, t~tI)lJŒl prœtiel ou à tempscomplet, d'un 'tablisBement.
(2) - Dans le cadre de cette enqu~te, il a ~ggl~~ent ~t~ réalisé des monographies de "petite métiers" (marchanda ~bulants, cireurs de chaussures, etc), plus courtes car l'interview ge passe aloro dans la rue,mais qui s'efforcent de recueillir des donn~es quantitatives et qualitatiVes sur l'nctivit~, 188 rev~nu8 et les dépen8P-8 de l'individuet de son ménage. Il s'agIt alors d'un 8i~ple ~clairage sans pr'tention ~ l'extrapolation.
- 34 -
- Des interviewg de personnes avec lesquelles des relations étroites
pr~alables noua ont perais de connaltre de façon extrêmement sOre
les revenus tir~s de l'activit~, et surtout les marges b~n~ficiai
res en heure, Journ~e ou semaine de travail (Bltiment) ou par rap
port A la matière première utilis~e (Confection). Ces personnes
n'ayant g~n~ralement pas d~olar~ leur activit~ au Recensement il
ne pouvait être question d'extrapoler ces r~sultat8 A une popula
tion dont on ne connaissait pas l'importance. Mais on a consid~r'
que le taux des marges b~n~ficiaires pouvait être un ~l~ment A
prendre en compte dans l'appr~hen8ion des travailleurs itin~rant8
et à domicile proprement dits, et statistiquement connus.
- Des monographies classiques sur oe8 travailleurs itin~rants et à
domicile, officiellement ou du moins spontan~ment d~clar~s. Ces
monographies, visant à l'extrapolation, sont cens~es permettre de
taire l'~conomie des sondages seotoriels, qui sont en l'ocourence
impossibles A envisager pour les raisons d~jà erplicit~es. On a
donc mis l'accent sur leur repr~sentativit~ par divnrAification de
l'~chantillon en fonction de cri.ères de diff~renciation suppos's.
Et surtout, l'aspect quantitatif a ~té, sinon privil~gi~, du moins
très d'velopp~. C'est ainsi qu'au cours des interviews doit ttre
rempli un questionnaire analogue A celui utilis~ pour les enquêtes
par sondage dans le secteur localis~.
Il s'agit donc d'~d~pter imm~diatement les questions quantitatives
pos~es A la. r~alit~ en pr~serice de laquelle on se trouve. Les prinoipaux
objectifs sont de saisir correotement les variations saisonnières, les va
riations d'intensit~ de l'activit' sur périodes plus courtes (jour, semaine),
et ~galement le revenu tir~ de la journée ou de la semaine de travail, ou
enoore d'une quantité donn~e de matière première.
En résum~, on ch~rche A d'boucher sur des structuree stables, des
indicateurs significatifs et caractéristiques du comportement oocio-économi
que, tels que ceux qui ont ét' mis en évidence dans le secteur Bois-Ameuble
ment, où le ohiffre d'affaires représentait le double du prix de la matière
première, et pour ce qui est des variations saisonnières ou des variations
d'intensit' on oherche à aboutir A des résultats susceptibles de g~nérali
sation.
Bien entendu en dépit de cet accent particulier mis sur le quantita
tif,l'aspeot qualitatif de ces monographies demeure très important.
- 35 -
En fin de compte il a paru possible - moyennant un certain nombre
d'hypoth~ses - d'estimer la participation du secteur non structuré non loca
lisé à la formation du PIB.
- Dans les deux branches du Bâtiment et du Textile-Confec
tion, les résultats des monographies ont été extrapolés à l'ensemble de la
population concernée, connue d'apr~s l'analyse comparative.
- Dans les autres branches, où le secteur non structuré non
localisé se compose essentiellement d'employés non déclarés ou d'ateliers
purement clandestins, la productivité par t~te du secteur localisé corres
pondant a été soit généralisé ,soit divisé par un certain coefficient cal
culé à l'aide d'hypothàses spécifiques à chacune des branches concernées.
Au terme de cette investigation, il est possible d'affirmer que
le Produit Intérieur Brut est Bous-estimé d'au moins 10 %.
Par conséquent, au terme de l'intégration du Secteur non structuré
dans les Comptes Nation~ux tunisiens, le Produit National Brut devra une
certaine part de sa croisRance à la simple amélioration des techniques
statistiques de colle~te !
L'intégration optimale du Secteur non structuré dans la descrip
tion statistique de l'~conomie tunisienne n'est peut 3tre pas, toutefois,
l'unique et l'ultime leçon du système d'enqu~tes que nous venons de décrire.
Le fait pour la statistique, d'avoir accepté de s'ouvrir sur une perception
plus qualitative et socio-économique des phénomènes observés (à travers
les monographiesde métlpr notamment et le r&le qui leur a été impart~ (1)
lui a permis d'éviter d'être un lit de Procuste pour des réalités qu'elle
n'est pas habituée à appréhender.
(1) L1enquête sur le secteur non structuré en Tunisie n1a-t-elle pas été eneffet un champ d1application offert pour tester certaines idées débattuesau sein du groupe !MIRA (Amélioration des Méthodes d'investigation enmilieu Informel et Rural Africain) constitué par l'INSEE, l'ORSTOM et leMinistère de la Coopération 1
- 37 -
.vxxEX E
REPUBLIQUE TUNlSlE~~E
J~5titut ~ati~"al
je l~ S:d(i~tiq~eD,~:E.E.F.c".
I~ IIQuETE SUR LE .ff ~CTEUR ....::;/; /': TRU C TURE
RECENSEHENi DES ~lABLlSS:C:t~~S
Fo!""'~Jeil"'e ~l
~.• _~ l ',JC - LClCALlSATlON DE L'ETAtlLlS5tJ1E:H : "0 ··':.;:~tio">uire
Délériltion : - .... __ ..__ ~ • COlmll:.,lJ tlt~ -'r~' 'd~ .... -- • ..... __ h ,
n n 1
OU3rti'lr : _ ••• __ • __Circon5-'--~58ctb _ ic:.:t· ",.::01 .. :'LL..L.. 1j
:! -
II - lJt:.HIFICATiO,", DE L'ETABLISSEMENT: ------,tj
1 - Hem ou raison sociale ;-------------.----.-----------------------------~----1".zn •••••••• •• •••••.• _ •• •• .N.t10Dal!t~ ~ .,~u_~ j"
~ÂAdresse : .... ._. • •• _
___________ .. . N- fil. • • __
CAChET ENTETE DE FACTURE
r ..... --- ... ------... -- .. - '" --_.-.._----_ ..~
~.!':l''ison-mèrr,
~.---.- _~ _~,-,,::r_
~!om 01.' 1 '._ - -..-- -~:~~~~~ l " ---.- -..~--- ----r-'--·----
l'.drr:'9E: 1 _ .. _ _ _ __'-_~. __1.. _
Une maison-mère c=JUne succursale c=J Si Succur~~
. Un établ! autono~etc=J(entreprise j établ- un~Que)
.;,' bure.suD
• Un éépOt 0
....................
Un loLLJ. ÙEi I!en'~& 0Un loc.sl de serv1cfJ Ll
ft.b~ pub,ac. ~j.~~ ( ·1• CDopArativR ~l
o0 .... ·Autrp. d
préclser
Un .stal1er 0Une usine
4 .. !t~~ 1
Personn'! phyatque 0• S.A. S,A.R.L E:J
5 • IJ~~~~ :
~-----_._--, -----,-- - -- >. ---"(1) S'il 'J a dan« LB Local plU8i(iW'B pereOlVlu ~ravaill.a"t cf LaW' Pl'Opl'fI CCIIlpu.
NIIIp Ur autant de qUllfJtio,,,'ltzirflfJ qu'H y a d. perIJ_IJ.
- 38 -
1 - ùescriction d~taillée
dg l'activité
- -_ -_ .2 - A Quoi correspond
cette a=tivité ?
• Fabrication --------.
• Réparatiollo·---·..·--····C~rce {d~ta11, gros}
Services ------------ ..• Autre è préciser -----
0.----- .. --····--·· .. ····· ···-0- ..--------··---··-· ·.. -..0----- ----.: - -.. -0-------·-------------[:J----------------------
ooooo
3 - Produits fa~riqués
ou v9ndus ou ~ervices
rendus par l'établ~
IV - P~RSaNi~S TRAVAILLANT DN4S L'ETAOlISSEME~T 1 AU MOMENT DE L'E~QUETE)-CATEGORIE EFFECTIi'
.-..--. .._.. "'"'" "",...
- Chef (s) d'établ1.sS8IIl8nt ----------- -.-_ ..--------_ .. .---------- Salariés --- .._--- ..-- -- ..----- --..--- .. -- ..------- Aide-familiaux ..... --------- --.----- .. ----- .. .--..----- ..- Apprentis ----.------ -- .. -- ..-- ----- .. , r-- .. -- .. -----
Effectif total-
V - AUTRES CARACTERISTIQUES OE L·'ETABlISSEMENT
1 - ~~~~ÇS L 'ét~bl1ssem,lnt est-il assuré oui 0Si o~i "~ture : 0
• Incendie
• Vol 0Accident de travail c=J
oo
200 il - SaD
500 et pluso
100 è - 2JD 0
3 -
2 - Ç~_~!~~!~!!~ : L'établ~ tient-il ré&ulièrementunecomptabilité ? oui[:] non[]
Si oui à qui elle est confiée? • Un salariélou le chef) dg l'~tabl~ 0• Un comptable lou un or&anisme)de l'extr[J
ê~~Ç~_Qy_~?Ç~~lenm2
utile) :
moins de 20 [] 50 ~ - 10ù
2D è - S;J 0
~ - bde d. créatloD 1 ; , • t
;\lem de la personne intérrogée : .. ..., ._ ... .._..~ ...._
Qualité : -_ .._--_ .. _----_ .. _-----------------~---_ ...._-------------_ ...._-------------NO/II de l'enquêteur : ~ate d'en:!ullte : __ _..__• __ ..OBSERVATIONS : ....__...._.... ., _
----------------------------------------- •• --------- •• ------- ~_h _
-------------------------------------------------"-------------------------------
- 39 -
IIème Partie
DES MONOGRAPHIES SOCIO-ECONOMIQUES AUX ENQUETES
STATISTIQUES SECTORIELLES
Questionnaire pour l'enquête par sondage
sur le secteur non structuré
de la Menuiserie - Ebénisterie
- 41 -
Introduction------------
L'hypothèse fondamentale autour de laquelle peut s'ordonner une des
cription et une explication de la situation actuelle du secteur artisanal
et non structuré dans le domaine du bois (menuiserie - ébénisterie) en
Tunisie nous est fournie par l'observation contradictoire suivante: les
artisans interrogés lors de l'enquête monographique ont été unanimes à af
firmer simultanément l'existence d'une concurrence effrénée et la supério
rité constante de la demande sur l'offre. Il s'agit là d'une situation
classique de concurrence atomistique, aux débuts de l'accumulation du capi
tal dans une branche industrielle déterminée. Mais pourquoi les artisans
traditionnels ressentent-ils le besoin de se plaindre de la concurrence,
alors qu'ils admettent par ailleurs qu'il y a du travail pour tout le
monde ?
c'est que la concurrence qui se développe actuellement sur un marché
en pleine expansion est lourde d'avenir. Et il n'y a plus guère que quel
ques économistes et théoriciens pour croire encore que la concurrence 3ans
frein ni règle assure toujours et obligatoirement la victoire des meilleurs
sur les moins bons.
La Tunisie est un immense chantier, et la construction de logements
et d'habitations individuelles connaît une croissGl.~e accélérée qui ne dé
sempare pas. Ainsi, en moins de ID ans, la production de mobilier a plus
que sextuplé. Et si la part du secteur industriel a été multipliée par 9,
alors que la production artisanale n'était multipliée que par 5,7 (1), il
n'en reste pas moins qu'en valeur absolue, l'accroissement de cette derniè
re a été considérable et a créé un appel d'air sans précédent, attirant ain
si vers cette branche de l'activité économique un très grand nombre de bras
et d'entrepreneurs, que le recensement des activités économiques (recense
ment des établissements entrepris à l'occasion de l'enquête sur le secteur
non structuré) nous permet désormais de· chiffrer.
(1) Cf J. CHARMES: "L'emploi et la production dans le secteur de la menU1serie - ébénisterie à travers les enquêtes 1967 - 1975". Il n'a malheureusement pas été possible d'élaborer des chiffres aussi précis pour lamenuiserie du bâtiment (portes et fenêtres). Mais ils sont certainementaussi élevés que pour l'ébénisterie, sinon plus.
- 42 -
Une telle conjoncture n'a pas manqué de retentir sur l'organisation
du travail et de la production, et a certainement provoqué une augmenta
tion rapide du capital - machines (dont, en l'état actuel de nos connais
sances, il n'est pas possible de mesurer l'ampleur). Or, il ne semble pas
que les gains de productivité qui en ont résulté aient été répercutés dans
une proportion notable sur les salaires et rémunérations versés à la main
d'oeuvre. Au contraire, il semble que la formation des apprentis ait été
sacrifiée à leur rentibilisation immédiate. Et le rejet des apprentis sur
le marché du travail, au bout de 3 ans, a contribué à alimenter un volant
de main-d'oeuvre insuffisamment qualifiée dont le volume s'accroît sans
cesse. Cette main-d'oeuvre n'a d'autre ressource que de s'installer à son
compte (1) dans des conditions et avec des fortunes diverses, mais, en tout
état de cause, en faisant pression -peu ou prou- sur le niveau moyen des
profits dans la branche. Ainsi commencent à se faire sentir les conséquences
sur le taux de profit d'un apprentissage conçu non comme une formation (qui
était la tâche traditionnelle et désintéressée (?) des maîtres dans les an
ciennes corporations de métiers) mais comme un réservoir inépuisable de
main-d'oeuvre bon marché parce que en perpétuelle rotation.
Il est donc de toute première importance de pouvoir faire la distinc
tion, au sein de la population étudiée, entre ceux que l'on pourrait quali
fier véritablement d'''artisans traditionnels", et les activités proprement
"non structurées" (2).
Or, dans la réalité, c'est-à-dire dans l'observation, cette distinc
tion n'est pas aussi aisée à faire qu'il y paraît. D'abord, parce que les
jeunes qui ont ouvert un atelier dans la période récente ne sont pas tous,
forcément, des "amateurs", des "intrus" ou des "casseurs", comme on les
(1) Le recensement des établissements montre l'accroissement considérabledu nombre des ateliers dans les toutes dernières années, en particulierdans le secteur du Bois.
(2) Une étude du "secteur non structuré" doit néanmoins inclure l'artisanattraditionnel dans la mesure où celui-ci est -à proprement parler- vouéà la déstructuration, sous la double pression de l'industrie et desactivités non structurées "spontanées" ou générées par l'artisanat danssa lutte concurrentielle avec l'industrie.
- 43 -
appelle couramment. Ensuite parce qu'un tel processus qui a commencé à se
mettre en place dès la disparition des corporations de métiers (1) n'agis
sait jusqu'alors que de façon marginale et sans conséquence notable. Enfin
et surtout, parce que opérer la distinction entre artisanat et secteur non
structuré stricto sensu, tout en les différenciant des petites entreprises
industrielles, implique toute une série d'investigations, délicates s'il
en est, qui ne relèvent pas des méthodes et techniques classiques utilisées
dans les statistiques industrielles.
Ainsi par exemple, en l'absence de toute comptabilité, des relevés
qui nous paraissent extrêmement concrets, tels que production mensuelle ou
production annuelle, n'ont qu'une signification purement abstraite pour les
petits artisans. Abstraction qui vient s'ajouter à, la méfiance naturelle
pour se solder en réponses aberrantes ou non significatives que nul coeffi
cient d'extrapolation saisonnier ne permettra de redresser. Le temps compta
ble, temps du calendrier, n'est pas celui qui compte pour le petit artisan:
il n'a d'importance qu'en tant qu'il correspond à certaines échéances exté
rieures, telles que le loyer, l'électricité, etc. Le temps qui compte, au
contraire, c'est celui qui rythme véritablement la production. Celui qui
s'écoule entre la commande et la livraison, en passant par toutes les éta
pes de la fabrication. Celui dans lequel interfèrent toutes sortes d'obsta
cles et de difficultés caractéristiques du secteur non structuré lato sensu
manque de liquidités de la part de la clientèle qui se dérobe au moment du
paiement des avances et ralentit ainsi le processus de fabrication, puisque
ces avances servent de trésorerie à l'artisan en lui permettant de subvenir
à ses dépenses de main-d'oeuvre et de matières premières) manque de liqui
dités corrélatif de la part de l'artisan qui se trouve dans l'impossibilité
de stocker des matières premières, et se trouve ainsi soumis aux caprices
des "arrivages" de bois et des pénuries consécutives.
Le temps non structuré est donc un temps saccadé, qui s'emballe ou
s'arrête, et que nul fonds de roulement, nulle comptabilité ne vient régu
ler. Certes, toute activité économique connaît, par nature, de telles irré
gularités, mais précisément, l'usage d'une comptabilité permet d'en
-------------------------------------(1) Il est symptômatique de relever à ce propos que certaines revendications
des artisans traditionnels, pour lutter contre la concurrence des "in-trus", sont purement et simplement un retour à certaines règles corporatives de limitation de la concurrence.
- 44 -
saisonnaliser (1) les courbes statistiques en intégrant le temps de la pro
duction dans le temps comptable et d'amortir les à-coups par la régulation
d'une trésorerie. Le temps non structuré n'en est pas moins rythmé. Mais un
rythme qu'il s'agit de saisir de façon particulière, car il ne peut l'être
à travers la question : "Quelle est la valeur ou le volume de votre produc
tion pour la semaine, le mois, le trimestre ou l'année écoulés 7",
Devant les difficultés qui résultent inévitablement d'une telle situa
tion, on pourrait certes être tenté de se demander s'il ne conviendrait pas
de se contenter de données purèment qualitatives afin d'appréhender et de
comprendre le fonctionnement d'un tel système de production. Et il est vrai
que la méthode monographique (qualitative par nature) nous a permis de sai
sir un certain nombre de problèmes et nous a fourni certaines clés d'expli
cation. Mais nous ne devons pas oublier que la recherche de la quantifica
tion, dans le cadre même de la monographie, nous a fait déboucher en des
lieux où nous aurions peut-être été conduits sans elle, mais où nous n'au
rions certainement pas saisi l'ampleur et la gravité du problème ainsi sou
levé. Ajoutons également que des ateliers qui nous apparaissaient en tous
points comparables (du moins sur des points jugés a priori, mais même a
posteriori, essentiels), se sont révélés être situés aux antipodes les uns
des autres lorsque nous avons tenté d'évaluer leur production et leur pro
ductivité. Et cette observation, qui ne pouvait être en l'occurrence attri
buée à un défaut d'investigation, nous a conduit à réviser certaines hypo
thèses et à mettre l'accent sur des critères de différenciation jugés a
priori peu importants ou secondaires.
Cette dernière remarque devrait suffire à réhabiliter une recherche
de la quantification (2), dont les difficultés intrinsèques risquent toujours
de rendre les résultats hasardeux.
(1) Dans le cas du secteur non structuré, au contraire, les pointes et lescreux de la courbe dépendent de facteurs conjoncturels indépendants dontla conjonction fortuite et irrégulière crée la dépression ou l'expansion.Par exemple si l'arrivage de bois coincide avec un nombre important decommandes fortuites, l'activité de l'atelier connaîtra un sommet. Si legrand nombre de- commandes est saisonnier (période d'été), il pourra correspondre à un creux dans la mesure où la totalité de l'arrivage aurapu être emporté par de grosses entreprises laissant ainsi les petitsateliers en situation de pénurie.
(2) Mais une recherche de la quantification qui ne soit pas exclusive, bienau contraire, de données qualitatives.
- 45 -
On peut espérer cependant que la méth:je monographique aura permis
à l'enquête statistique d'aboutir à des résuitats moins hasardeux, plus
fiables et plus significatifs et d'interprétation plus correcte que ceux
obtenus à partir de méthodes et de concepts transposés, inadaptés et fi
nalement bâtards.
Capital, emploi et production seront les trois thèmes principaux du
questionnaire élaboré pour l'enquête par sondage sur le secteur non struc-
turé du Bois. C'est à partir d'eux que seront posées les questions quali-
tatives et quantitatives qui nous permettront d'élaborer une typologie des
entreprises du secteur en fonction de leurs structures et de leurs compor
tements : typologie qui est un des objectifs principaux poursuivis par cet
te enquête parallèlement à l'analyse de la formation du capital, de l'em
ploi et de la production.
· Capital: L'enquête portera sur l'origine et la forme des capitaux
et des fonds de roulement qui permettent à une multitude d'ateliers d'ou
vrir plus ou moins spontanément, parfois pour des durées très éphémères.
· Emploi: C'est dans le domaine de l'emploi et de la formation que
l'on peut essayer de trouver les raisons d'une telle multiplication des
ateliers et de leur courte durée de vie; le rôle et le contenu de l'appren
tissage, et la rotation de la main-d'oeuvre qui en résulte, sont les élé
ments actifs prépondérants dans la mise en place du phénomène souligné.
• Production : La détermination des coûts de production et des marges
bénéficiaires que les ateliers non structurés sont obligés de comprimer au
maximum afin de tenter de se faire une place ~lr le marché, permettra enfin
de faire la lumière sur la réalité de la concurrence, la façon dont elle
opère, et les tendances qu'elle annonce.
• Typologie : La diversité des structures et des comportements qui
caractérise la population des entreprises du secteur non structuré doit
être ordonnée en vue de mieux comprendre la dynamique du secteur et le rôle
- 46 -
qu'il joue dans l'économie nationale. La multiplicité des critères relevés
dans le questionnaire doit être exploitée à cette fin, ce qui implique un
traitement informatique par l'analyse des correspondances, car on ne peut,
à ce niveau, se contenter de simples tableaux croisés.
Tous ces thèmes seront abordés, autant que faire se peut, de manière
originale, afin de tenir compte de la spécificité de la population étudiée
et des problèmes que nous avons soulevés ci-dessus, à partir de l'enquête
monographique. C'est également .à partir de la monographie que nous nous ef
forcerons de montrer, chaque fois que possible, en quoi et pour quoi nous
nous écartons de questionnaires plus classiques qui ont pu être établis à
l'occasion d'autres enquêtes de ce genre.
En premier lieu, nous présenterons le questionnaire brut, tel qu'il
a été élaboré à l'issue de l'enquête monographique, en exposant partie par
partie, les raisons du contenu et de la forme des principales questions,
les informations que l'on cherche à collecter de cette façon, et les résul
tats que l'on pense, par hypothèse, en tirer.
En second lieu, nous présenterons le projét de questionnaire défini
tif dans son ensemble, tel qu'il a résulté de la confrontation des points
de vue monographique et statistique.
Nous aurions fort bien pu ne pas distinguer l'avant-projet du projet
définitif. Si nous ne l'avons pas fait, et si nous avons maintenu la distinc
tion, c'est par souci méthodologique.
Il est en effet suffisamment rare, et en général suffisamment péril
leux, d'entreprendre des enquêtes auxquelles sont appelés à oeuvrer conjoin
tement des statisticiens et des socio-économistes, pour qu'il ne soit pas
inutile de mettre l'accent sur les modalités de cette collaboration, c'est
à-dire sur la mise en commun d'expériences complémentaires. Mais une mise
en commun qui ne soit pas une simple juxtaposition.
Economistes et sociologues n'ont souvent qu'une vague idée des contrain
tes qui sont le lot des statisticiens sur le plan de la mise en oeuvre d'un
lourd système d'enquête et d'un système également lourd d'exploitation des
- 47 -
résultats. Quant aux statisticiens, habitués qu'ils sont à travailler sur
des concepts bien établis et avec des techniques éprouvées, ils ont quel
que peu tendance à regarder la démarch~ du socio-économiste avec une cu
riosité mêlée d'incrédulité et de scepticisme. Et c'est précisément le
mérite des études sur le Secteur Non Structuré que d'obliger les uns et
les autres à rechercher et à étudier ensemble les solutions adaptées à la
saisie d'une réalité qui serait particulièrement difficile à appréhender
sans novations méthodologiques et conceptuelles.
1) Généralités sur le projet de questionnaire issu de l'enquête
monographique
Le questionnaire sera rédigé en arabe tunisien (1). S'agissant en ef
fet d'enquêtes sectorielles faisant appel à des termes techniques et spécia
lisés, il importe de se prémunir contre les multiples distorsions qui résul
teraient d'une rédaction du questionnaire en français. Dans ce domaine, les
interviews effectuées lors de l'enquête monographique seront de la plus gran
de utilité pour dresser le glossaire complet des termes techniques usités
dans une profession donnée. Ces mêmes interviews nous ont montré d'ailleurs
combien des questions mal posées ou utilisant des termes inadaptés et donc
incompréhensibles ou mécompréhensibles pour l'interlocuteur attiraient iné
vitablement des réponses biaisées ou même en-dehors du sujet. Or, dans cer
tains cas, le relevé pourrait néanmoins être effectué lors de l'enquête
statistique, sans que l'enquêteur se doute de la distorsion ainsi introduite.,
Par ailleurs, on veillera à ce que les artisans enquêtés lors de l'en
quête monographique ne soient pas à nouveau interrogés lors de l'enquête par
sondage. Outre la lassitude, il ne pourrait en effet en résulter qu'incom
préhension et mauvaise volonté.
(1) Le questionnaire en arabe tunisien sera ensuite retraduit mot à mot enfrançais, afin de corriger les éventuelles distorsions résultant de l'écriture du dialecte. Enfin, les Services Régionaux de la Statistiquepourront, le cas échéant, remplacer certaines expressions ou certainstermes, par d'autres mieux adaptés au langage courant de la région.
- 48 -
Enfin, la personne interrogée devra impérativement participer au pro
cessus de production: patron-chef d'entreprise, ou chef d'atelier-contre
maître. ~me si le propriétaire qui ne participe pas à la production est
présent, il faudra s'efforcer d'introduire son chef d'atelier dans la dis
cussion, en particulier pour les questions de coût et de productivité.
Cela nous amène d'ailleurs à poser la question du choix de l'unité
d'observation: l'établissement ou l'entreprise?
2- Choix de l'unité d'observation: l'établissement ou
!~~~;E~EÜ~Ll
Le recensement 1976-77 des activités économiques s'est fait, bien
évidemment, sur la base des établissements. Les communes urbaines divisées
en circonscriptions, sections et îlots (1) ont été "râtissées" par les en
quêteurs de la Statistique, et cette manière de procéder a eu pour effet
de limiter au maximum les risques d'oublis ou d'omissions. D'ailleurs, il
eût été impossible de procéder autrement puisqu'on ne disposait pas au préa
lable d'une liste des entreprises, et que c'était précisément cette liste
qu'il s'agissait de dresser. Puisque, donc, il s'avérait nécessaire de pas
ser par les établissements pour recenser les entreprises, mieux valait en
profiter pour recenser directement les établissements qui en dépendaient,
plutôt que de se contenter de remonter au siège de l'entreprise afin de
poser les questions du recensement sur l'ensemble des établissements cons
titutifs de l'entreprise. Outre les risques de recouvrements, il en eût
résulté une sous-estimation systématique des établissements et des effec
tifs.
Le recensement débouche donc sur la liste exhaustive des établisse
ments (2). Cependant, des questions ont été prévues pour permettre de re
monter à la liste des entreprises. Pour chaque établissement (chaque ques
tionnaire), il était demandé s'il s'agissait d'un établissement autonome,
d'une maison-mère, ou d'une succursale; dans ce dernier cas, était deman
dée l'adresse de la maison-mère.
(1) Divisions utilisées lors du Recensement Général de la Population du8 mai 1975.
(2) Les établissements purement clandestins, sis dans des logements ou dansdes garages, n'ont cependant pu être que très mal saisis, ou même pasdu tout.
- 49 -
" - :~l~! :~~~! _~t.: _!~ g~~~!! ~~~~~r.!~ :
Unl:.J m~li'3un-n~(~rt:; ~c' , Succursal :0 Jl
Un'~ !,uccurso11e • 1Un établ~ au t ooorne 0, i' - l t . ) :"1a:son- rerelnntr~pr se ~ eta~ - unique
Nom ouraison
.................. .. ......................................:.sociale .............................................................
Adresse .................................................................
La liste des entreprises est donc obtenue par l'adjonction des ma1sons
mères aux établissements autonomes (il est d'ailleurs probable que certaines
maisons-mères ont été saisies comme établissements autonomes).
Le tirage de l'échantillon pour l'enquête par sondage ne peut cepen
dant s'effectuer directement à partir de la liste des entreprises établie
de cette façon pour cette raison .simple que, s'agissant des entreprises à
succursales, on ne dispose que des effectifs de la maison-mère, et non pas
des effectifs de l'entreprise dans son ensemble. Or, le sondage doit se
limiter aux entreprises de moins de 10 employés. Etant donné que l'énumé
ration des succursales et leurs adresses n'ont pas été demandées lors du
recensement, il conviendrait donc, si l'on tient à prendre l'entreprise
comme unité d'observation de l'enquête par sondage, de remonter aux entre
prises en passant par les succursales. Le sondage restant sectoriel, cette
exploitation manuelle des questionnaires ne semble pas impossible à envi
sager. On peut même envisager une exploitation informatique de ces données
en classant les établissements par ordre alphabétique de leur nom ou rai
son sociale.
Il reste à savoir quels sont les avantages et les inconvénients du
choix d'une telle unité d'observation.
L'avantage principal du choix de l'entreprise comme unité d'observa
tion prend l'allure d'une nécessité dans le cadre de l'enquête sur le Sec
teur Non Structuré. Si en effet le recensement se donne pour but
- 50 -
l'obtention de chiffres globaux tels que l'emploi, l'enquête par sondage
a d'autres objectifs: étant la première du genre, elle constitue en quel
que sorte une exploration en terrain vierge et vise à atteindre une cer
taine compréhension du fonctionnement du secteur non structuré, dont les
comportements ne peuvent évidemment pas être calqués sur ceux du secteur
de l'industrie. Dès lors il importe de prendre l'entreprise comme unité
d'observation. Certes, le plus grand nombre des entreprises du secteur
non structuré dont les effectifs ne dépassent pas la personnes, seront en
réalité des établissements autonomes. Mais le nombre des toutes petites
entreprises scindées en plusieurs établissements (dépôt, atelier de ver
nissage, atelier de menuiserie) pour des raisons d'exiguité des locaux
n'est pas négligeable. Et de telles scissions ne sont pas significatives
d'une autonomie de chaque atelier, bien au contraire. S'en tenir à l'éta
blissement reviendrait alors à renoncer à l'estimation de la valeur ajou
tée, puisque par exemple l'atelier de vernissage d'un ébéniste ne vend pas
sa production à l'extérieur, et l'utilisation de prix de référence ne fe
rait que fausser la perception de cette activité intégrée. On ne voit pas
d'ailleurs comment il serait possible de saisir de façon autonome des ate
liers dont la main-d~'oeuvre -particulièrement les apprentis- est polyvalen
te et peut prendre en charge d'autres opérations de production que celle à
laquelle elle est affectée.
Cependant une objection d'ordre statistique peut être faite à l'encon
tre de ce choix d'ordre économique en faveur de l'entreprise comme unité
d'observation. Certaines questions en effet, telles celles sur le person
nel, ne peuvent être posées que sur les lieux de travail. Elles nécessitent
alors une visite aux établissements qui peuvent donc apparaître comme unités
d'observation plus opératoires. La réponse à cette objection est la suivan
te : pour un certain nombre de questions, seul le patron est susceptible
d'apporter certaines précisions et le déplacement à la maison-mère s'impose
alors. De toute façon, le déplacement maison-mère/établissement, dans un
sens ou dans un autre, s'impose.
Une seconde objection au choix de l'entreprise comme unité d'observa
tion se présente si l'on veut tirer des échantillons indépendants pour cha
que grande ville. Une entreprise de Tunis peut avoir par exemple une succur
sale à Sfax. Que faire dans ce cas pour que l'échantillon reste représenta
tif au niveau de Tunis? .Cet argument tombe si l'on veut bien considérer
- 51 -
maison-mère et succursale comme deux entreprises autonomes dont la seule
particularité est d'appartenir à la même personne.
Pour le questionnaire qui suit, l'entreprise sera donc retenue comme
unité d'observation.
2) Détail du projet de questionnaire issu de l'enquête monographique
On distinguera l'activité principale des activités complémentaires
donnant lieu à travaux à façon, et des activités intégrées à l'activité
principale et ne donnant pas lieu à travaux à façon.
L'activité principale est cochée selon la déclaration de l'artisan
chef de l'entreprise. L'ébénisterie de style ou de s~;le arabe est une spé
cialisation. Si, en effet, occasionnellement, les ébénistes ordinaires peu
vent effectuer des travaux de style, ils ne doivent pas se déclarer sponta
nément comme ébénistes de style. De même, la fabrication de meubles en for
mica tend à devenir une activité spécialisée qui semble en plein essor et
il est donc important de la distinguer. Pour les ébénistes, l'enquêteur de
vra donc demander, outre l'activité principale, le type de meubles fabri
qués. De plus, une catégorie spéciale a été réservée aux menuisiers-ébénis
tes qui travaillent indifféremment pour le bâtiment ou le mobilier, selon
les demandes qu'ils reçoivent.
Les activités complémentaires donnant lieu à travaux à façon sont ob
tenues en posant la question : "Parallèlement à votre activité principale,
fabriquez-vous des objets ou rendez-vous des services à d'autres artisans
de la branche, contre rémunération ?". Les cas qui semblent les plus fré
quents sont la location de "machines (qui permet de rentabiliser et d'amor
tir un capital ayant parfois dépassé les possibilités financières de l'ar
tisan) et le tournage de pieds oU de barreaux, activité qui apparaît liée
à la fabrication de bancs (ébéniste ordinaire). Inversement, les métiers
déjà spécialisés comme les tourneurs sur bois et les loueurs de machines
peuvent parfois s'attacher des activités de menuiserie ou d'ébénisterie
lors de la saison creuse. Il ne s'agit plus alors de travaux à façon mais
de travaux destinés à être vendus sur le marché.
- 52 -
Enfin, les activités intégrées à l'activité principale, mais ne don
nant pas lieu à travaux à façon, sont réduites au nombre de trois : vernis
sage, tournage, tapisserie, et concernent les seuls ébénistes. Il s'agit
alors d'ébénistes effectuant eux-mêmes certains travaux spécialisés pour
leur propre compte sans se lancer dans des travaux à façon. Il convient
également d'y ajouter une question sur la possession des machines nécessai
res à la poursuite de l'activité principale, sans que l'on doive considérer
qu'il s'agit d'une interférence entre l'enquête sur les activités de produc
tion et l'enquête sur le capital. Car, du simple point de vue de la produc
tion, il est fondamental de connaître si l'artisan peut effectuer lui-même
les opérations de 'débitage et de façonnage ou, si au contraire, il est obli
gé pour ce faire de recourir aux services d'un autre artisan. En effet, pour
bon nombre de petits artisans du Secteur Non Structuré (et il s'agit préci
sément de savoir combien), dépossédés des travaux sur machines, l'activité
d'ébénisterie ou de menuiserie se réduit au simple traçage et à l'assembla
ge : ce ne sont pas les opérations les plus simples, mais ils sont en mesu
re de les reproduire facilement dans les ateliers clandestins qu'ils sont
conduits à ouvrir lors de leur rejet sur le marché du travail.
Cette dépossession du travail sur les machines est totale lorsque
l'artisan, lui-même ou ses employés, sont dans l'impossibilité d'effectuer
eux-mêmes les travaux sur les machines louées et doivent passer par les ou
vriers du loueur de machine pour faire ces opérations. La plupart du temps,
cette dépossession provient du manque de formation de l'artisan-locataire.
Car si le locataire sait travailler sur machine, il cherchera une location
sans machiniste. D'où l'intérêt de la question complémentaire (notée %).
Sur le tableau ci-après, qui résume ce qui vient d'être dit, il peut
sembler paradoxal d'avoir placé les activités complémentaires avant les
activités intégrées. Il n'en est rien, et il faut voir dans cet ordre le
signe d"une gradation dans l'utilisation des forces productives m1ses en
oeuvre par l'entreprise vers une utilisation maximale de la capacité de
production. L'entreprise qui a réussi à intégrer toutes les opérations de
production (depuis le premier traitement des matières premières jusqu'à
la livraison du produit fini), sans se heurter à des temps morts, et donc
sans avoir besoin de recourir à des travaux à façon pour amortir un capi
tal ou une main-d'oeuvre provisoirement sous-employés, une telle entreprise
'-!nestionnnire
'l'ABLP.AU D P. 3 ACT l VIT B 3 Il [~ J. ~~N'I'RP.PRI3P.
Activito prinoipale
Activités complémentaires
(Effec tuez-volis certaines opéra tiens deproduo tion pour le compte d'ou tres ar tisans,011 pour le mnrch6 7)
Act:ivités int8r;rées
(P.ffoctuez-voun certnines Ol'érntions deprodnc tion ponr vOIIR-mllmeo et pour VOUAseulement 7)
Menuiserie Menuisier de bdtiment (portes et fenêtres) Avez-vous deo machines qu'il vous arrivede louer ~ d'autres artisans 7
Posséde7.-vous los machines dont voun nvezbesoin pour vot.re oc t.1vité principal .. 7 (*)
Menuiserie-ébénisterie Menuisier~béniste Avez-vous des machines qu'il vons arrivede Lous r- 11 d' au tros artisans?
Possédez-vous les IlVIchines dont vous avezbesoin pour votre activité principalo ? (*)
Ebénis terie
Ebéniste ordinaire
F;béniste de style (Louis XV, etc••• )
Ebéniste de stYle arabe(bancs, salons arabesques ••• )
Fabricant de meubles en formic~
(cuisines, tables••• )
P.ffectnez-vous pour d'olltres artisans,des trnvaux de 1
cnrcasslste ?
vernissnr,e, peinturo 7
tour sur bois 7
tnpissorio ?
r.ffectuez-volls vous-mllmes (oalls les donneren trnvail Il fnçon) et pour vous seulementdes tr::\Vnux de :
vernissoge pein ture ?
tour sur bois ?
tnpis"erie 7
V1W
l'~ /1 r k k ---- ,Fabricant d'articles utilitaires oudécoratifs (zobouss ••• ). Pr6cisez 1
Travail du b018Fabrioant de gros mat4riel (charpentes,ehar-re t tea , bAteaux, ••• ). ·Précisez •••• -~..
~ . /Carcassio+'o ~ ~
~ _V:r:i:s:u~-:e~n~r: J- ~~.~ _Activitns sp6ciolisées
diversifiées
ou / et
complémentaires
Tourneur sur Lois
Loueur de machines
~;ffectuoz-volls pour le marché des trnvnux de 1
.,"nuisp.rie de bllHment 7
éb8nisterh ?
.............~<,
/~~:~~~:d~:~~~~:----------[/~~-------------~~
(*) Si vous ne possédez pas de machines (ou si vous ne possodez pos toutos celles dont vous RVOZ bosoln), I;rnvnillez-vous vOlls-mllmos (pereollllel.lomont, ou h i.on l'Ar l'int",nn6d.1.oirede vos propres employés) sur les machLnee que vous louez 7 ou bien est-ce l'ouvrier du propri,! t'lire rto ln mncld.ne 10ul\0 'lui trnvRlll .. vot:ro hois" ••••••••••••••••••••
- 54 -
est déjà industrielle, même si par ailleurs elle conserve certains aspects
de l'artisanat. L'autre point de pénétration de l'industrie (sans conserva
tion des aspects artisanaux cette fois) est, à l'antipode, la spécialisa
tion de l'activité: caracassistes, loueurs de machines et tourneurs.
Il n'échappera pas qu'il est très important de pouvoir chiffrer ces
tendances. C'est pourquoi le tableau précédent, malgré sa complexité, est
intéressant, car il permet, dès le début du questionnaire, d'émettre une
hypothèse sur la place de l'entreprise artisanale dans le secteur non struc
turé : industrialisation par spécialisation de l'activité, ou, au contraire,
par intégration d'activités complémentaires (1) ; et, à l'opposé, non struc
turation par limitation des opérations de production au traçage et à l'as
semblage.
1
Bien entendu, cette ébauche de classification est insuffisante mais le
fait de l'effectuer dès le départ facilitera amplement la tâche de différen
ciation, entre les catégories et à l'intérieur des catégories d'ateliers,
sur la base des comportements observés à partir des questions qui suivent.
Précisons enfin que l'extrême détail des spécialités dans le domaine
de l'ébénisterie est rendu nécessaire par l'importance des variations de
comportement d'une catégorie à l'autre. Ainsi l'ébénisterie de style, arti
san d'art s'il en est, n'a en commun avec le fabricant de meubles en formi
ca que le seul fait de produire du mobilier.
Cette première partie du questionnaire consiste donc à a!finer, autant
que faire se peut, la nomenclature des activités économiques (2), ou au con
traire, à l'adapter en opérant des regroupements.
(I) Le vernissage, activité autrefois spécialisée, a tendance à devenir deplus en plus une activité intégrée.
(2) Cf I.N.S. : Nomenclature des Activités Economiques (Code analytique)Octobre 1975 - 95 p. multigr.
- 55 -
- Affinement: Le code 3812 "Artisans du meuble en bois: Ebénistes .~.
et autres travailleurs du meuble" recouvre ainsi toutes les catégories d'é
bénistes mais aussi la plupart des activités spécialisées : carcassistes,
vernisseurs, tourneurs. Seuls les tapissiers ont un code particulier (3872).
Quant aux loueurs de machines, ils sont généralement classés dans la catégo
rie 3710 : "Scierie, débitage du bois".
- Regroupement: Les catégories "Fabricants d'articles utilitaires
et décoratifs" et "Fabricants de gros matériel" regroupent des activités
très diverses, mais dont les effectifs sont fort peu nombreux, et que la
nomenclature INS distingue: charrettes, outils et manches d'outils, ins
truments de musique, objets artisanaux. jouets, emballages, charpente. ha
bitations et abris ... Pour ces catégories qui, même prises globalement,
restent peu nombreuses, il apparaît inutile de rentrer dans de tels détails.
Nous proposons donc une nomenclature qui nous semble plus opération
nelle. De plus, le croisement de cette nomenclature adaptée avec les acti
vités secondaires et les activités intégrées nous permet, dès l'abord, de
disposer d'une typologie des entreprises qui devrait nous faciliter la tâ
che d'interprétation des multiples autres caractéristiques relevées. De
ce fait, il est nécessaire de rappeler que cette classification n'a pas été
établie a priori et dans l'abstrait mais au contraire un résultat de l'en
quête monographique.
2- ~E~~ifi~~~iQ~_~~~h~f_~~~~~E~Ei~~(Q~_~~_~h~f_~~~~~~i~E)
~~_~~_!~~~~E~EE~~
Cette 2ème partie du questionnaire concerne d'une part le chef d'en
treprise et d'autre part le chef d'atelier. Lorsque le chef d'entreprise
participe lui-même au processus de production, il ne se pose pas de problè
me puisque c'est lui qui répondra à la totalité des questions. Ce sera
d'ailleurs le cas le plus fréquent. Une difficulté intervient lorsque le
patron, le propriétaire, n'est pas du métier: il sera généralement absent
et il se peut alors que le chef d'atelier soit dans l'incapacité de répon
dre aux questions concernant son patron, ou du moins préfère s'abstenir
d'y répondre. Dans ce cas, le mieux sera de prendre rendez-vous avec le
patron qui doit passer régulièrement à l'atelier, après s'être bien assuréque le chef d'atelier n'a ni la capacité ni la volonté de répondre.
- 56 -
Si, dans tous les cas, il pourra être répondu facilement à la ques
tion de savoir si l'entreprise appartient à une seule personne ou à des
associés, en revanche les modalités d'une association éventuelle seront
plus délicates à obtenir (question 23). Il s'agira de connaître l'activi
té principale des différents associés (afin d'avoir une idée de l'origine
des capitaux venus s'investir dans le secteur Bois) et leurs apports res
pectifs (en argent : on précisera alors le montant, ou en nature : par
exemple local, machines, ... , ou même travail). En face de ces apports, on
marquera la part de bénéfices dévolue à chaque associé : non pas le montant
mais la proportion (1/2, 1/3, ... ). Enfin, les liens de parenté éventuels
entre les associés seront précisés. Il est en effet intéressant de savoir
si ces associations de capitaux, ou de capital et de travail, se constituent
plutôt sur une base familiale ou non. Les monographies semblent en effet
indiquer que l'association capital - travail caractérise une certaine ca
tégorie d' "intrus", "casseurs de marché ". Or, il est évident que le terme
"association" est alors un abus de langage, parce que l'apporteur de tra
vail ne reçoit généralement qu'une rémunération sous forme de salaire en
étant éventuellement intéressé à la production (1). On palliera cette dif
ficulté en considérant ce cas comme une véritable association, mais en pré
cisant en face de l'apport-travail et dans la colonne "part des bénéfices" :
salaire.
S'il n'y a pas association, et toujours pour connaître l'origine du
capital investi dans la branche, on demandera s~ le patron exerce une ou
plusieurs autres activités: dans l'agriculture, l'immobilier, le commerce
ou l'artisanat, ou encore comme salarié. Ce dernier cas n'est pas aussi
rare qu'on pourrait le croire et caractérise une nouvelle catégorie d'ate
liers non structurés plus ou moins clandestins où le patron, malgré une ac
tivité salariée, participe au processus de production. Dans ce type d'orga
nisation, le patron emploie des apprentis pour lesquels il prépare le tra
vail le soir, après avoir contrôlé les tâches effectuées pendant la jour
née. Le débitage se fait sur des machines de location, le samedi et le
(1 ) Un peu comme le "khammès" travailleur agricole qui perçoit 1/5 de larécolte comme paiement de son travail, chacun des 4 autres cinqu~emes
servant à rémunérer ia terre, les semences, la charrue, les bêtes detrait. Ni dans ce cas ni dans l'autre on ne peut réellement parlerd'association. Il s'agit plutôt d'une forme de salariat.
- 57 -
dimanche. Comme nous avons pu le constater dans les monogr~phies, le ren
dement des apprentis est extrêmement faible, TIiis comme c'est une main
d'oeuvre gratuite ou presque, le système fonctionne au moindre coût. Ce
cas, donc, n'est pas rare et est à rapprocher du travail noir à domicile
effectué par des chômeurs ou des travailleurs sO'ts-employés ou même, com
me nous en avons rencontré, des travailleurs à plein temps du secteur
structuré. Cette catégorie d'ateliers ne sera malheureusement saisie que
très imparfaitement puisque les ateliers véritablement clandestins ne sont
évidemment pas visibles et n'ont donc pas été recensés.
Cependant cette question sur les autres activités exercées par le pa
tron de l'entreprise ne suffit pas à préciser l'origine du capital. Il faut
encore connaître laquelle de ces diverses activités a exercé un rôle moteur
tel est l'objet de la question 2.5.
Les questions qui suivent (2.6 à 2.10) concernen~ les seuls patrons
participant à la production, ou à défaut, leurs chefs d'ateliers. L'itiné-
raire professionnel sera tracé de la façon suivante on notera tout d'a-
bord le ou les métiers exercés en-dehors du secteur Bois, avec les dates
correspondantes (par exemple: Garage-Mécanique: 1960-62).
Puis, à partir de l'entrée dans le secteur du Bois, on spécifiera le
métier ou la spécialité (par exemple ébéniste ou tourneur, ou menuisier),
pour chacun des degrés de qualification : apprenti, demi-ouvrier, ouvrier
qualifié. On constate en effet que l'apprentissage peut se faire dans une
certaine spécialité. D'autre part, et surtout dans la période récente, cer
tains artisans se sont installés à leur compte au sortir même de l'appren
.tissage. On spécifiera· également les dates correspondantes, mais aussi le
nombre et la nature des patrons par lesquels est passé le futur artisan.
Prenons le cas d'un artisan qui a fait son apprentissage chez un parent de
1963 à 1964, puis s'est placé comme demi-ouvrier chez 3 artisans successifs
entre 1965 et 1968, avant de rentrer dans une société en 1969, où il est
devenu ouvrier qualifié à partir de 1970. Un tel itinéraire sera noté:
Apprenti parent 1963-64
Demi-ouvrier artisan 1965-68 J ou encoreartisan 1965-68 3 artisans 65-68
artisan 1965-68
Ouvrier qualifié
Société
- 58
1969
1970
Ces données devraient nous fournir de précieuses indications sur l'ins
tabilité et la rotation de la main-d'oeuvre à diverses périodes, et nous per
mettre de comparer les itinéraires professionnels des artisans qui ont, éco
nomiquement et socialement, réussi, avec ceux qui resteront des "amateurs"
et des "casseurs". Et lorsque ce tableau des itinéraires professionnels aura
saisi des chefs d'ateliers il nous montrera le profil des "hommes de confian
ce" choisis par les patrons absentéistes : autre critère significatif, selon
les enquêtes monographiques, de la non-structuration.
Enfin, les dernières questions de cette seconde partie du questionnai
re toucheront l'entreprise elle-même. Est-elle constituée de différents ate
liers ? Quelle est leur superficie et le loyer mensuel ? (Si le local est
propriété de l'entreprise, on marquera simplement "Propriété" dans la colon
ne loyer). A noter que la présente enquête porte sur le seul secteur de la
production et ne prend donc pas en compte les marges commerciales réalisées
par un artisan qui possède un magasin de ventes. En réalité le prix de ven-
te direct du producteur au consommateur est pour ainsi dire le même que le
prix de vente du revendeur au consommateur. Dans ces conditions, l'artisan
qui vend sa production dans son propre magasin ne réalise pas un bénéfice
unitaire supérieur: simplement, il élargit sa clientèle de cette façon. Mais
il faut noter d'autre part que les artisans qui ont leur propre magasin jouent
parfois et même souvent le rôle de revendeurs pour d'autres petits artisans
ne possédant pas de magasin. Si nous ne nous intéressons pas ici aux marges
commerciales ainsi réalisées, nous nous intéressons en revanche à la signi
fication de cet élément pour la compréhension du comportement de l'entrepre
neur, la date d'ouverture du magasin nous permettant en outre de savoir si
le patron est passé du secteur de la production au secteur de la distribution,
ou l'inverse. Ces problèmes sont en théorie résolus à partir des questions
2.4 et 2.5. Mais la vente de meubles peut échapper à cette investigation,
dans la mesure où la personne interrogée peut ne pas la différencier de
l'activité de production.
Enfin, si l'entreprise tient une comptabilité, on demandera le montant
du chiffre d'affaires, afin d'opérer un recoupement avec les évaluations de
la production effectuées dans la suite de ce questionnaire.
- 59 -
1Questionnaire 21
2) Spécification du chef d'entreprise (ou du chef d'atelier), et
de l'entreprise
2.1. Le patron participe-t-il au processus de production?
our NON
2.2. L'entreprise appartient-elle à une seule personne?
Ou à des associés ?
Activité Apport Part des Lien deprincipale bénéfices parenté
Chef d'entreprise parti- r-:cipant à la production
Associé 1
Associé 2
Associé 3
2.4. Le patron exerce-t-il d'autres activités dans
l'agriculture
la gestion de biens fonciers ou immobiliers
salariat
IL autres activités artisanales ou commerciales
Préciser laquelle
2.5. Le travail du bois a-t-il été rendu possible grâce aux autres
activités ?
ou bien les autres activités ont-elles été rendues possibles
grâce au travail du bois ?
- 60 -
Les questions qui suivent (2.6 à 2.10) concernent le patron qU1 participe
au processus de production, ou s'il n'y participe pas, le chef d'atelier:
2.6. Age
2.7. Nombre de personnes à charge
2.8. Gouvernorat d'origine ou de naissance
2.9. Activité du père
2.10. Itinéraire professionnel:
2.10.1. Niveau de formation scolaire
et professionnelle
urbain
rural
2.10.2. Antérieurement au travail du bois, avez-vous fait votre
apprentissage, ou exercé votre activité dans un autre secteur
que le bois ? OUI NON
2.10.2. Si oui, lequel?
en quelle année? De à
2.10.3. Itinéraire professionnel dans le secteur bois.
Qualification Spécialité DatesNombre et typede patrons ( 1)
Apprenti
Demi-ouvrier
Ouvrier qualifié
Chef d'atelier (2)
Installation à(3 )
son compte
Installation dans(3)
les lieux actuels
(1) On précisera le type de patron par les lettres P, A ou S, selon qu'ils'agira d'un Parent, d'un Artisan ou d'une Société.
(2) Si telle est la situation actuelle de la personne interrogée, on luidemandera le montant de sa rémunération hebdomadaire.
(3) On précisera éventuellement dans ces cases qui, normalement, sont vides ."A pris la suite de son père".
- 61 -
2.11. Locaux dont dispose l'entreprise
m2Superficie
Atelier de menuiserie
Magasin d'expositiop
Atelier de vernissage
Dépôt pour stockage
Autres .
Propriété ouoyer mensuel
Dated'ouverture
2.12. L'entreprise tient-elle une comptabilité? OUI NON
2.13. Si oui, montant du chiffre d'affaires annuel
c'est au niveau de la formation du capital, au moment de l'instal
lation de l'entreprise, que l'on peut distinguer plusieurs catégories d'a
teliers aux caractéristiques bien précises. Le clivage essentiel réside
dans la disposition au départ soit d'un capital réel soit d'un simple
fonds de roulement.
L'origine de ce capital ou de ce fonds de roulement, la forme qu'il
prend et la valeur qu'il représente sont les trois critères fondamentaux
permettant, à ce stade de l'investigation, de différencier les comportements
des entrepreneurs tout en comprenant leurs raisons profondes.
Le secteur non structuré stricto sensu semble en effet constitué es
sentiellement par des ateliers ne disposant à l'origine que d'un fonds de
roulement destiné à l'achat des matières premières, à la location de l'ate
lier, à la paye de la main-d'oeuvre et à la location des machines: un fonds
de roulement dont les avances des clients constituent, sinon la majeure par
tie, du moins une partie non négligeable. Dans cette catégorie entrent éga
lement des cas similaires pour lesquels la disposition du local ne provient
pas d'une location, mais d'une association ou même d'un simple arrangement
familial.
- 62 -
n'autres ateliers qui appartiennent incontestablement au secteur
non structuré, et qui sont, en tout état de cause, un élément de déstructu
ration de l'artisanat traditionnel, peuvent être d'une taille plus impor
tante et donner naissance à une production sur une plus grande échelle,
grâce à l'apport de capitaux extérieurs (par le biais d'une association ou
de prêts personnels). La production en grande série ne doit pas faire illu
sion. Si elle traduit, dans des cas bien précis qu'il s'agit justement de
distinguer, le démarrage de véritables petites unités industrielles, dans
nombre de cas, ces financements extérieurs n'auront permis que le seul ac
croissement de la taille d'unités de production qui continuent à présenter
par ailleurs toutes les caractéristiques du "non structuré". Et à ce niveau
de l'analyse, le croisement de l'origine et de la forme du capital initial
est indispensable, et prendra toute sa signification ultérieurement.
Remarque: Si le patron actuel a pris la suite de son père, c'est à
son père que devront être posées les questions sur le capital initial, ou
tout au moins, c'est par rapport à la date de création de l'entreprise, et
non par rapport à la date d'entrée du patron actuel, qu'il devra y être
répondu.
Du capital initial on passera ensuite au capital actuel. L'énuméra
tion des machines les plus couramment rencontrées facilitera la tâche de
l'enquêteur. Les questions sur la valeur et la date d'achat des machines,
et celles sur leur valeur vénale actuelle ont pour but de préciser la no
tion que se font les petits artisans de l'amortissement. On devrait s'aper
cevoir que le parc de machines est très ancien, parce qu'une machine "dure
toute une vie" et que le seul renouvellement qui s'opère a pour cause -aus
si paradoxal que cela puisse paraître- l'obsolescence. Si on change de ma
chines, c'est pour en acquérir de plus productives et non parce que les
précédentes ont fini leur temps. Les vieilles machines iront d'ailleurs
alimenter un marché de l'occasion très profitable où l'offre est faible et
la demande forte. En comparant les dates d'achat des machines avec la date
de création de l'entreprise, on devrait ainsi pouvoir mettre en évidence
un rythme de renouvellement des machines, un rythme de l'obsolescence avec
éventuellement une accélération de ce rythme dans la période récente. Nous
aurions alors un indice particulièrement significatif du comportement des
entrepreneurs dans ce domaine.
- 63 -
Remarque : La valeur totale du capital-machine. ou du capital inves
ti. ne sera pas calculée immédiatement pour r.~ pas ralentir le rythme du
questionnaire et allonger inutilement le temps de passage chez la personne
enquêtée : ces calculs seront faits dès le retour des enquêteurs au bureau.
Pour en terminer avec le capital actuel. on posera 2 séries de ques
tions concernant la rentabilisation des machines. Beaucoup de petits ate
liers -récents ou non- sont dans l'impossibilité d'utiliser à pleine capa
cité la ou les machines qu'ils ont acquises à grands frais. La location à
l'heure ou le travail à façon sont alors des solutions pratiques leur per
mettant d'alléger l'amortissement de la dette qu'ils ont contractée à cet
effet ou de pallier au manque de liquidités qui en est la conséquence. Les
données recueillies aux questions 3.25. viendront compléter l'information
obtenue à ce sujet au tableau 1 et devront venir s'ajouter aux bénéfices
tirés de la production calculés par la suite. Enfin le montant de la derniè
re facture d'électricité permettra de calculer des moyennes saisonnières se
lon le degré d'équipement. et de distinguer les ateliers qui utilisent leurs
machines en-dessous ou en-dessus de leur capacité moyenne.
Enfin. les investissements envisagés à moins d'un an et à plus d'un
an seront notés en précisant soigneusement les moyens de financement prévus
à cet effet. Cette question permet en effet de savoir s'il ne s'agit pas
d'un simple projet en l'air ou d'une vague idée lancée au hasard. Seuls
pourront être considérés comme de véritables investissements en voie de
réalisation ceux pour lesquels un moyen de financement aura été prévu.
- 64 -
1 Questionnaire 31
3) Formation du capital de l'entreprise
3.1. QEig~~~L_f~~~_~~_~~l~~E_~~_~~~i!~l_~~_~~_f~~~~_~~
roulement initial
3.11. De quels fonds avez-vous disposé pour installer votre
atelier?
. Economies provenant d'une activité antérieure
d'une activité annexe
d'un héritage ou de la vente de
biens personnels
. Prêts d'une banque
d'un parent
d'un prêteur
Apports d'associés
Avances des clients
Crédits des fournisseurs.(vendeurs de bois, loueurs de
machines)
Autres - préciser
3.12. Montant global des fonds mobilisés au démarrage
3.13. Ces fonds ont-ils servi à Montants correspondants
- l'achat d'un atelier déjà installé?
- l'achat d'un local?
- l'achat de machines neuves?
- l'achat de machines d'occasion?
- le paiement du pas de'porte t
- la location ou la disposition du local ?
- l'achat de matières premières ?
- la paye de la main-d'oeuvre?
- la location des machines ?
- 65 -
3.21. Valeur actuelle des locaux en propriété
3.22. Valeur du capital-machines
de et b
Nombre Valeur d'achat Date d'achat Valeur vénaleNeuve Occasion (année) (année)
Combiné
Scie à rubans
Raboteuse
Dégauchisseuse
Mortaiseuse
Tour
Toupie
Autres .............
Taux à calculer par l'enquêteurr our au ureau
3.23. Valeur actuelle totale du capital (locaux en proprié-
té f Pas de porte + machines)
de retour au bureau.:
A calculer par l'enquêteur
3.24. Combien de fois avez-vous changé vos machines depuis
la création de votre entreprise ?
3.25. Rentabilisation du capital-machines
3.251. Acceptez-vous de laisser travailler des artisans
voisins ou amis sur vos machines ? OUI NON
3.252. Ou bien préférez-vous effectuer vous-même ces
travaux pour voisins et amis-artisans, sur vos machines?
OUI NON
3.253. Si oui à l'une au moins des deux questions précéden-
tes, quel tarif horaire demandez-vous ? millimes
3.254. Combien d'heures, en moyenne, par semaine?
par mois ?
- 66 -
3.255. Montant de la dernière facture d'électricité.
3.31. Projets devant être réalisés dans un délai inférieur
à 1 an
Type d'investissement Montant D. Date de réalisation Moyens deenà moins d'un financementan
Terrain
Bâtiment, local,machines (préciser)
...................
...................TOTAL
3.32. Projets à plus long terme
l-321. Avez-vous déposé une demande de financement
auprès de I,AFI:l??
de l'API:l ?
du FOPRODI:l ?
d'une banque ?
3.322. Pour quel montant ?
3.323. Avez-vous reçu une réponse?
Positive Négative Pas de réponse
Les modalités de la formation du capital sont donc un important
critère de différenciation des entreprises.
:l AFI
API
Agence Foncière Industrielle
Agence de Promotion des Investissements
FOPRODI : Fonds de Promotion et de Décentralisation Industrielle.
- 67 -
La partie du questionnaire qui va maintenant être abordée (coûts,
productivité et production) nous fournira des occasions d'affiner la typo
logie des entreprises ébauchée précédemment. Néanmoins, son objectif prin
cipal est évidemment de parvenir à une estimation de la valeur ajoutée par
le secteur non structuré du Bois.
Ainsi, tout en fixant une limite déterminée et objective qui sépare
les activités industrielles des ateliers non structurés, la présente en
quête vise à compléter les données issues du recensement industriel, ou
des travaux du Plan dans ce domaine, afin d'aboutir à des estimations de
la valeur ajoutée par branche qui tiennent compte de l'ensemble des unités
de production. Car jusqu'à présent il faut bien admettre que le secteur non
structuré a, de ce point de vue, été largement négligé dans la Comptabilité
Nationale. Ce qui n'a certainement pas été sans conséquence sur les projec
tions des planificateurs, si l'on tient pour significatives les estimations
de la production artisanale que nous avons tentées par ailleurs (f).
Or, trois méthodes sont possibles pour tenter de connaître le volume
de la production
- soit le questionnaire direct: c'est une méthode très peu fiable
compte tenu de la population enquêtée, et nous avons évité d'y recourir.
Pour les entreprises tenant une comptabilité, nous avons cependant demandé
le chiffre d'affaires (question 2.13.). Pour celles qui n'en ont pas, il
aurait fallu poser la question en volume et par type de bien fabriqué
combien de chambres à coucher, combien de salles à manger depuis un an ?
•.• C'eût été trop lourd et trop peu fiable.
Nous avons donc préféré combiner les deux méthodes suivantes
- Evaluation de la production à partir de la consommation des princi
pales matières premières. Cette méthode implique la connaissance de la con
sommation annuelle et de la consommation unitaire.
-----------------------------------(1) Cf IIIème Partie.
- 68 -
- Evaluation de la production potentielle à partir de la connaissance
de la productivité de l'atelier, c'est-à-dire du temps réel de fabrication
de l'objet ou de l'ensemble d'objets le plus couramment demandé. Cette métho
de peut être couplée avec une mesure de l'intensité de l'activité tout au
long de l'année.
Les 3 points suivants (séries de questions n° 4, 5 et 6) s'efforcent
de mettre en oeuvre ces deux méthodes d'évaluation:
- approvisionnement en matières premières
- production et coûts unitaires
intensité de l'activité - variations saisonnières.
4) ~EE!~~i~i~~~~~~~!_~!_~E~~ka8~
Le comportement des artisans et entrepreneurs en matière d'approvi
sionnement et de stockage des matières premières trace des lignes de démar
cation bien nettes entre le secteur industriel et le secteur non structuré,
et également entre groupes au sein même du secteur non structuré.
C'est pourquoi la réponse à la question 42 : '~ous achetez le bois
par qup-Iles quantités et tous les combien ?" est décisive. Cette question
.admettra des réponses relativement imprécises (par exemple: 3 à 4 m3 tous
les 4-5 mois), car l'approvisionnement en bois est lié à trop de facteurs
conjoncturels ou circonstanciels pour qu'une stricte périodicité puisse
être de règle. Mais le fait de pouvoir ou d'accepter de répondre à cette
question prouve, de la part de l'artisan, une absence de soumission aux
besoins immédiats et, au contraire, une certaine volonté de prévoir ses
besoins en matières premières : prévision à très court terme pour de petits
artisans toujours en mal de liquidités, mais prévision tout de même puis
qu'elle évite au moins le recours au marché noir.
- '69 -
La réponse alternative à cette question ('~ela dépend") sera proba
blement très fréquente. Le clivage à ce niveQu est très important et, pour
le rendre encore plus net, pour être certain de ne pas avoir laissé passer
à travers ce filtre des éléments n'ayant pas répondu à la première question
par excès de scrupules, on s'assurera de l'absence véritable de prévision
par la question: "Achetez-vous le bois avant chaque commande, grâce à la
première avance des clients ?". Cette catégorie, et cette catégorie seule
ment, se caractérise par une absence totale de prévision, due la plupart
du temps à un manque de liquidités ou de place (question 4.8.) plutôt qu'à
un défaut de gestion, comme on entend souvent l'affirmer. En revanche,
lorsque l'irrégularité des approvisionnements est due à la seule irrégula
rité des arrivages chez les grossistes importateurs, elle n'est pas. signe
d'absence de prévision, et les questions 4.5. et 4.7. sur le stockage per
mettront de réintégrer définitivement les ateliers qui, n'ayant pas un
rythme régulier d'activité et d'approvisionnement, n'en ont pas moins une
politique, ou une règle de conduite, vis-à-vis du stockage.
Remarquons en outre que l'impossibilité de faire sécher le bois avant
de le travailler (qui est une consequence de l'impossibilité de stocker)
caractérise la plupart des petits ateliers clandestins ou semi-clandestins.
C'est un caractère de non structuration (question 4.7.). Mais ce critère
doit être relié à la qualité et au type de bois travaillé, car il existe
des bois secs, prêts à être travaillés, mais de prix plus élevé.
On peut se demander s'il y a une relation entre politique de stocka
ge et achat aux grossistes, et entre impossibilité de stockage et achat à
des revendeurs. Telle est la raison de la question 4.9.
L'ensemble des questions qui précèdent aura permis de distinguer
deux sortes de comportements à l'égard des matières premières parmi ces
entrepreneurs du secteur non structuré lato sensu. Ces comportements sont
de caractère structurel, c'est-à-dire qu'ils ne sont pas déterminés par
les individus qui en sont les supports, mais par les possibilités dont
jouissent ces individus-supports, ou par les nécessités auxquelles ils sont
soumis. La soumission au jour le jour aux lois du marché, tel est l'objet
des questions 4.10 à 4.13 qui s'appliquent essentiellement aux artisans du
secteur non structuré stricto sensu, mais aussi à ceux qui, occasionnelle
ment, peuvent avoir à faire face à des ruptures de stocks (si un arrivage
- 70 -
se fait trop attendre par exemple). La pénurie de matières premières et le
marché noir qui l'accompagne sont en effet des phénomènes relativement cou
rants qui viennent alourdir un peu plus le handicap des petits ateliers ne
disposant pas de fonds d'avance, à moins que -comble de l'amateurisme et
de la concurrence déloyale- il ne soit recouru au bois usagé pour résoudre
le problème posé par une pénurie momentanée de bois ou même une pénurie per
manente de liquidités.
Mais la question des matières premières n'est pas seulement un cri
tère discriminant des comportements, elle est aussi un moyen indirect d'é
valuation de la production. Connaissant la consommation annuelle de bois
de l'entreprise et la consommation unitaire (qui sera estimée à partir de
la série de questions suivante), on en déduit une estimation de la produc
tion. S'il faut par exemple 1/2 m3 de bois pour fabriquer une chambre à
coucher de 300 D., et que l'entreprise a consommé 15 m3 en un an, on en
déduira que sa production annuelle est l'équivalent de 30 chambres à cou
cher, soit 9 000 Dinars (1). Bien entendu, l'artisan n'a pas fabriqué que
des chambres. Mais l'hypothèse que nous avons faite de la proportion
nalité des prix de vente aux coûts primaires, et principalement aux coûts
en matières premières -hypothèse justifiée par la cherté de ces matières
nous permet de fonder une estimation de la production sur un équivalent
commun tel que la chambre à coucher.
Il est donc nécessaire de connaître le plus précisément possible la
consommation annuelle de bois. La question 4.2., s'il y est répondu, donne
déjà une précieuse indication sur la variable recherchée. Mais cette répon
se est insuffisante et ne sera considérée que comme un moyen de recoupement.
D'ailleurs, relativement peu nombreux seront les artisans qui y auront ré
pondu. Il conviendra donc de dresser un calendrier rétrospectif des achats
de bois effectués sur une période d'un an (question 4.14.). Peut-être sera
t-il difficile de remonter aussi loin dans le temps, en particulier pour les
petits artisans qui achètent leur bois au jour le jour, en fonction des
(1) Il va sans dire qu'un tel calcul tiendra compte du type et de la qualitédes bois utilisés, et des prix différents selon le modèle de chambre àcoucher.
- 71 -
commandes et des avances qu'ils reçoivent. M~is ce type de comportement
étant le plus souvent significatif de la fail~esse du nombre des comman
des, le nombre de lignes du questionnaire rétrospectif pourra ne pas être
trop démesuré. En tout état de cause, l'enquêteur s'efforcera de remonter
le plus loin possible dans le temps, jusqu'à at_2indre une année complète
si possible. En cas d'impossibilité, on palliera C~ défaut de données par
le recours à la connaissance des fluctuations annuelles de l'activité (sé
r1e de questions nO 6), et par la comparaison avec le reste de l'échantil
lon enquêté (moyenne, médiane, mode).
Enfin, précisons qu'il ne sera pas fait de différence entre achat
de bois et consommation de bois. Autrement dit, la variation des stocks
sera négligée. Compte-tenu de la population étudiée (ateliers de moins de
la personnes), on fait l'hypothèse que les stocks -lorsqu'ils existent
sont de faible volume et connaissent donc de faibles variations. Précisé
ment, la forte fréquence des achats (tous les 2-3 ou 4 mois) est signi
ficative de la vitesse de rotation (c'est-à-dire d'épuisement-remplacement)
des stocks. Pour négliger les variations de stocks, il suffira de ne pas
tenir compte du dernier achat de bois non épuisé.
- 72 -
1Questionnaire 41
4) Approvisionnement et stockage de matières premières
4.\. Quel est le type de bois que vous utilisez le plus souvent?
4.2. Vous achetez le bois par quelles quantités?
et tous les combien ? mois
Cela dépend
m3 D.
4.3. Si cela dépend, Achetez-vous du bois avant chaque commande,
grâce à la première avance des clients? OUI NON
4.4. Ou bien l'achetez-vous à chaque arrivage, chez le grossiste?
OUI NON
4.5. Stockez-vous du bois pour vos besoins? OUI NON
4.6. Si oui, Volume moyen de stockage m3 ou D.
4.7. Stockez-vous le bois pour éviter la pénurie?
pour le faire sécher ?
4.8. Si vous ne stockez pas, est-ce faute d'argent?
faute de place ?
4.9. Achetez-vous le bois à des grossistes?
ou à des revendeurs ?
4.\0. Vous est-il arrivé d'avoir recours au marché noir?
OUI NON
ou d'avoir à acheter du bois chez un autre artisan?
OUI NON
4.\\. Si oui, souvent? Rarement ?
4.\2. Vous arrive-t-il d'utiliser du bois usagé (bois noir) ?
OUI NON
- 73 -
4.13. si oui, Souvent? Ou sirr.plement en cas de pénurie ?
4.14. Calendrier rétrospectif des achats de bois sur une année
Date de Type et Volume Prix totalDésignation l'achat qualité en m3 en D.
(mois-année) du bois
Dernier achateffectué
Achatprécédent
...
...
Achat remontantà un an
Totaux à effectuer de retour au bureau
4.15. Gardez-vous en réserve d'autres matières, telles que
quincaillerie, colle, vernis, etc. ?
ou les achetez-vous au fur et à mesure de vos besoins ?
C'est probablement sur ce chapitre que le présent questionnaire s'é
carte le plus des questionnaires du même genre élaborés pour des enquêtes
similaires. Alors que dans le cas présent, le questionnaire concerne un sec
teur d'activité relativement homogène et peut donc envisager un approfondis
sement détaillé des questions appropriées à l'objectif recherché, dans les
autres cas (par exemple, le questionnaire utilisé par le BIT pour l'enquête
secteur non structuré à Djakarta (1)), le questionnaire est général e~ doit
(1) Une traduction de ce questionnaire a été effectuée par l'équipe du BITau Ministère du Plan, à Tunis : "Enquête sur le secteur non structuré.Traduction du questionnaire définitif adopté pour l'enquête de Djakarta".Juin 1975 - Multigr. 29 pages.
- 74 -
pouvoir s'appliquer aussi bien aux menuisiers qu'aux épiciers ou aux coif
feurs. Il en résulte une dilution de la forme des questions, de telle sor
te que l'on ne peut guère s'attendre à obtenir des renseignements précis
et relativement fiables à partir des réponses qui y sont apportées, tant
il est vrai que l'obtention d'une réponse fiable réclame une formulation
concrète et précise de la question correspondante. Et plus concrète et pré
cise sera la question, plus fiable sera la réponse.
Dans le cas du questionnaire pour Djakarta, les questions posées
étaient: "Quel est le produit global (en numéraire et en nature) des ven
tes de biens et serVices produits par l'établissement, le jour précédent,
la semaine précédente ?" ( ... ) et "Le total des ventes durant le jour ou
la semaine précédente est-il semblable à celui des autres jours ou semaI
nes ? Non, inférieur à la moyenne. Non, supérieur à la moyenne. Oui"."Si
non quelle est la moyenne des ventes, par jour, par semaine ?" (1).
Qui trop embrasse mal étreint. A vouloir saisir le menuisier dans le
même filet que l'épicier, on laisse passer l'un et l'autre. Le relevé hebdo
madaire, s'il semble_adapté pour certains commerces de détail et certains
services, n'a évidemment aucune signification pour beaucoup d'activités pro
ductives (tel le travail du bois). Mais même lorsqu'il a une signification,
c'est-à-dire lorsqu'on obtient une réponse, encore faut-il saisir les fluc
tuations de l'activité, saisonnière ou non. Mais alors, la semaine est une
bien trop courte période pour espérer saisir le rythme de la fluctuation.
C'est pourquoi là question concrète (mais imprécise en raison de son appli
cation à tous les secteurs) de départ cède la place, en fin de compte, à
une question abstraite sur la moyenne des ventes par semaine, question à
réponse peu fiable.
Certes la critique qui vient d'être faite est quelque peu facile, et
il convient de préciser que le questionnaire du BIT est probablement mieux
adapté a la situation de Djakarta, où les marchands ambulants et les sous
métiers doivent constituer la plus grande part du secteur non structuré. Des
questionnaires plus adaptés à cette frange supérieure du secteur non structu
ré qu'est l'artisanat, auraient retenu les ventes mensuelles, trimestrielles
(1) Ibid. Questions nOs 44 et 45, p. 69.
- 7S -
ou annuelles. Autant de relevés donnant lieu ~ une sous-estimation systéma
tique par suite de déclarations fausses (crainte du fisc) ou erronées (la
périodicité retenue n'ayant pas de sens pour llactivité productive concer
née).
c'est précisément cette dernière remarque q~i nous fournit la clé
de la méthode que nous proposons ici : quelle est la périodicité qui a un
sens pour l'activité concernée, si ce n'est le temps de fabrication, et la
durée de livraison d'une commande?
c'est à la m1se en oeuvre de ce principe simple que s'efforce de par
venir la série de questions n° 5.
Le temps de fabrication ou de livraison dépend avant toute autre cho
se de la nature de l'objet fabriqué. C'est pourquoi l'on demandera en premier
lieu quel est l'objet (ou l'ensemble d'objets) le plus couramment fabriqué,
ou la commande la plus fréquente.
Lors de la monographie, la chambre à coucher s'est révélée être le
dénominateur le plus commun chez les ébénistes, ce qui s'explique par le
fait qu'elle est devenue le cadeau par excellence à l'occasion des mariages
(ce qui a sans doute eu pour conséquence d'aggraver la saisonnalité de l'ac
tivité d'ébénisterie). En revanche, salons, salles à manger, bancs, tables
et chaises, dans la fabrication desquels entre une forte proportion de
pieds et de barreaux, ont tendu à devenir des spécialisations que favorise
le fait de disposer d'un tour.
Mais ces objets ne sont pas toujours fabriqués à l'unité et le tra
vail à l'unité ou à la série (question S.2.a) est discriminant en ce sens
que tout atelier est susceptible de travailler en série (les contraintes
de taille jouent peu) et y trouve un intérêt (gain de temps, de matières
premières, et diminution des coûts en général). Si donc le travail en série
n'est pas systématique, c'est parce qu'il existe des facteurs limitants tels
que fonds d'avance et importance de la clientèle.
A moins de, travailler pour des revendeurs qui leur procurent des avan
ces et dont ils deviennent les débiteurs (avec tout ce que cela signifie en
termes de dépendance), les petits artisans disposant de faibles moyens ne
- 76 -
peuvent entamer de séries qu'autant qu'ils ont reçu les commandes et les
avances correspondantes. Ce qui est plutôt rare en raison de la faiblesse
numérique de leur clientèle. Aussi le travail en série est-il un critère
à la fois simple et discriminant qui permet de classer les ébénistes en 3
catégories bien distinctes : ébénistes travaillant en série pour des parti
culiers, ébénistes travaillant en série pour des revendeurs, ébénistes tra
vaillant à l'unité.
La taille de la série est elle-même significative de la surface de
la clientèle (les séries les plus courantes varient entre 4 et 6 chambres
à coucher), mais elle est aussi soumise à la conjoncture. Et certains arti
sans entament une série dès la première commande, parfois même sans comman
de, lorsqu'ils disposent d'une clientèle large et assurée. Alors que d'au
tres attendent d'avoir la moitié ou même la totalité des commandes.
La question ne se pose pas dans les mêmes termes pour la menuiserie
du bâtiment. L'absence de normalisation dans les dimensions des portes et
fenêtres empêche le développement de la fabrication en très grande série
(1). Les séries y sont donc limitées à la taille de la commande, laquelle
est extrêmement variable: depuis une porte ou une fenêtre jusqu'à l'ensem
ble des portes et fenêtres d'une villa ou d'un immeuble. Le dénominateur
commun est alors le m2.
Les questions suivantes 5.4 à 5.14 concernent un cas concret corres
pondant aux réponses précédentes (2). Il est important de bien faire compren
dre à l'artisan interrogé qu'il s'agit de discuter ici sur un cas précis et
(1) S'il en était autrement, cela signifierait, à n'en pas douter, la finde l'artisanat dans la menuiserie du bâtiment.
(2) Pour les ateliers exerçant indifféremment la menuiserie et l'ébénisterie,en fonction des demandes qui leur sont adressées, il faudra passer 2 foiscette partie du questionnaire, car les marges bénéficiaires peuvent varierd'une activité à l'autre. Enfin dans ces mêmes cas, une question supplémentaire et préliminaire sera posée, s'efforçant de faire préciser la partrelative de chacune des deux activités au cours de l'année écoulée: on nepassera le double questionnaire que si l'activité secondaire dépasse 30 %de l'activité globale de l'atelier.
- 7ï -
récent, et non dans l'abstrait et sur,des généralités. Ainsi, lorsque se
ront abordés les coûts de production, à la qUL3tion 5.12, l'artisan inter
rogé peut avoir tendance à répondre: "Cela dépend des cormnandes". Il fau
dra alors le ramener à la réalité du cas concret. La description de la com
mande sera détaillée. Par exemple, une série de 5 chambres à coucher, avec
armoires à 5 portes, de style Louis XV, en hêtre étuvé, avec placage palis
sandre, ou bien en bois massif ; ou encore 20 m2 de portes Louis XV et 30 m2
de fenêtres avec persiennes à la parisienne, etc.
La connaissance de la date de démarrage de la fabrication permettra
de savoir s'il s'agit d'un travail de saison pleine ou de saison creuse.
Comparée à la date de solde du contrat, elle nous fera connaître la durée
qui s'est écoulée entre la cormnande et la livraison (ou le solde du contrat).
Les causes d'une durée jugée anormale devront alors être attribuées aux four
nisseurs (pénurie de matières premières), aux clients (faute de paiement des
avances), ou à l'insuffisante capacité de production de l'atelier (excès de
cormnandes, manque de main-d'oeuvre), et serviront de recoupements pour la
9ème série de questions traitant des difficultés rencontrées dans l'exercice
du métier.
Nous arrivons alors à la question des coûts de production qui doivent
nous aider à appréhender les marges bénéficiaires avant impôts, par comparai
son avec le prix de vente (question 5.5), et après déduction des charges lo
catives éventuelles (loyer: question 2.12 ; électricité question 3.255),
et évidermnent des charges salariales (série de questions 6 et 7).
Dans le tableau correspondant à la question 5.11, nous avons essayé
d'énumérer ces coûts de production avec le maximum de précisions. Cette énu
mération étant suffisamment explicite, nous ne nous y attarderons pas. Nous
préciserons simplement le genre de renseignements que nous pouvons extraire
de certaines lignes du tableau .
•
Pour des objets fabriqués comparables (caractéristique qui nous sera
connue grâce à la spécification précise de la question 5.4), nous pourrons
calculer à partir des lignes 1 et 2, le volume moyen de bois (rouge et blanc)
entrant dans la fabrication. Ce calcul devrait nous fournir des normes utiles
pour effectuer des recoupements. Par exemple, nous saurons que 1m3 de bois
permet de fabrique x m2 de portes et fenêtres. Les écarts par rapport à la
- 78 -
moyenne seront étudiés, après élimination des réponses aberrantes, pour
vérifier s'ils correspondent éventuellement à un gaspillage de matières
premières de la part de certains artisans (les "amateurs" sont censés
gaspiller le bois) ou au contraire à une économie de ces matières (les
"professionnels", artisans traditionnels, sont réputés pour ne pas lais
ser perdre lcm de bois). Ces calculs supposent une connaissance relati
vement précise du volume de bois utilisé. C'est pourquoi, on commencera
par poser la question du coût de la dépense (en Dinars), avant de poser
la question du volume. C'est au coût en numéraire que nous pourrons trans
former en m3 connaissant précisément le prix du m3 au moment de l'achat
du bois (question 4.14).
Les lignes 6 à \0 nous permettront de connaître la proportion des
travaux à façon pour diverses catégories d'artisans, et de vérifier si des
variations de cette proportion sont significatives de comportements diffé
rentiels.
La ligne 8 nous dira l'importance du poste transports dans le coût
total et devrait nous-permettre d'estimer les conséquences de la politique
de desserrement ou de décentralisation industrielle, à Tunis en particulier.
Remarque: Assez souvent, la quincaillerie (on appelle a~ns~ les ac
cessoires divers tels que poignée de portes, serrures, etc.) et les fourni
tures diverses, sont à la charge du client qui doit les procurer à l'arti
san. Cela doit évidemment être précisé dans le tableau.
Au point où nous en sommes, nous ne pouvons pas encore calculer la
marge bénéficiaire à l'unité puisque les données 'sur les salaires nous font
encore défaut. Nous pouvons en revanche connaître la valeur ajoutée unitai
re, par comparaison du prix de vente avec les consommations intermédiaires
de biens et de services qui sont recensées au tablea~ 5.12. Nous pouvons en•
outre fournir une première évaluation de la production annuelle en unités
de chambres à coucher, ou de bancs, etc. Pour cela, il suffit de diviser la
consommation annuelle de bois par la consommation unitaire' (lorsque celle-ci
prend une valeur aberrante, on la remplacera par la valeur moyenne).
-. 79
Cette première estimation sera confrontée à une seconde estimation
de la production, celle-là potentielle: la question 5.13 nous donne le
nombre de jours effectifs passés à la fabrication de la commande examinée.
Sans doute le chiffre ainsi obtenu aura-t-il une valeur approximative, et
moyenne, beaucoup plus qu'une signification con rète. Il nous suffira néan
moins pour calculer la production potentielle de l'atelier. Compte-tenu du
nombre et de la qualité des employés ayant travaillé à cette commande (ques
tions 5.13 et 5.14), indication que l'on pourra t~aduire par un coefficient
a (1), la production sera obtenue en divisant les 365 jours de l'année (2),
par le nombre de jours de travail passés à la fabrication de la commande,
et en multipliant par a.
On ne peut préjuger des conclusions qu'il sera possible de tirer de
la comparaison des deux estimations de la production qui précèdent.
On pourrait, comme pour la consommation unitaire de bois, calculer
une norme à partir de la moyenne et juger ainsi de la cohérence des chif
fres obtenus. Mais une norme du temps de fabrication d'un objet déterminé
devrait faire intervenir l'indice global de la productivité de l'atelier
(taille et composition des effectifs). Or, si cet indice peut valablement
être utilisé pour des calculs au sein d'un même atelier, son utilisation
pour des comparaisons entre ateliers devient sujette à caution, étant don
né que la qualité de la formation reçue varie fortement à'un atelier à
l'autre.
(1) Calcul du coefficient a : soit un atelier comprenant 4 apprentis, 2 demiouvriers et 1 ouvrier qualifié. On affecte à chacune de ces qualificationsun indice de productivité: 1 pour l'ouvrier; 0,5 pour le demi-ouvrier(de là vient sa dénomination) ; 0,25 pour l'apprenti (on suppose que lesapprentis se répartissent régulièrement entre 0 et 0,5 selon leur ancienneté ; on pourrait d'ailleurs faire de même pour le demi-ouvrier). L'indice global de productivité de l'atelier est de (4 x 0,25) + (2 x 0,5) +
(1 x 1) = 3. L'indice de productivité affecté à la commande particulièreest de (1 x 1) = 1,75, si l'on suppose que 2 apprentis, 1 demi-ouvrieret 1 ouvrier y ont travaillé. Le coefficient a est alors de 1 75
-)-- = 0,58.
(2) Le calcul est suffisamment approximatif pour qu'il soit inutile detenir compte des congés et jours fériés. Ceux-ci doivent d'ailleurspeu influer sur le niveau d'activité de l'atelier dans la mesure oùils sont pris, plus ou moins officiellement, durant la saison creuse.
- 80 -
Il est donc préférable de s'en tenir à une simple comparaison entre
la Production réelle (Pr), obtenue à partir de la consommation de bois, et
la Production potentielle (Pp) obtenue à partir du temps de fabrication.
Trois cas peuvent se présenter
- Soit Pp = Pr = c.q.f.d. pourrait-on dire; c'est ce qu'il fallait
démontrer. On en déduit que la valeur de P est très fiable et que l'atelier
tourne à pleine capacité durant toute l'année, ou du moins que les pointes
saisonnières compensent les creux.
- Soit Pp < Pro L'un des modes de calcul (ou les deux) peut se ré
véler aberrant, et il est nécessaire de localiser la ou les déclarations
fausses ou erronées. Cela peut également être le signe de très fortes am
plitudes dans les variations saisonnières, avec balance positive, c'est-à
dire avec un volume d'emploi saisonnier important. Ce cas sera alors trai
té comme le suivant qui est à balance négative.
- Soit Pp > Pro Ce devrait être le cas le plus fréquent. On aura
alors recours à la série de questions 6 sur l'intensité de l'activité pour
juger de la cohérence des données obtenues et évaluer ainsi leur degré
de fiabilité. Il s'agit en effet de trouver un coefficient b (que l'on pour
rait qualifier d'indice d'activité) tel que Pp x b = Pro Connaissant Pp et
Pr, on peut en déduire b directement. On comparera alors ce résultat avec
les réponses qualitatives données aux questions de la série 6. Indépendam
ment de ces calculs, on pourra essayer de traduire les données qualitati
ves des questions 6 en fourchettes quantitatives: Ce n'est qu'alors que nous
serons en mesure de juger de la cohérence de nos estimations de production.
Remarque : La série de questions qui précède est adaptée à la situa
tion des menuisiers du bâtiment et des ébénistes, ainsi qu'à celles des
carcassistes. Ces activités constitueront évidemment la plus grande part
de notre échantillon. Cependant les autres activités énumérées au tableau
1 pourront éventuellement sortir au tirage. La conduite à tenir pour ces
cas précis est alors la suivante
- Les séries de questions 4 et 5 ne sont pas pertinentes pour les
loueurs de machines. Pour ceux-là, la valeur ajoutée sera calculée à partir
- 81 -
du capital-machine, du tarif horaire pratiqué et de l'intensité de l'acti
vité.
- La série 4 ne sera pas posée aux vernisseurs ni aux tapissiers.
- Pour toutes les activités autres que la location de machines, la
série 5, bien qu'imparfaitement adaptée, sera posée telle quelle, et dans
le tableau des coûts de production (question 5.11), seules seront posées
les questions pertinentes :
- Ligne 9 - Vernissage - fournitures,pour le vernisseur
- Ligne 10 - Autres frais : Tapisserie - fournitures,pour le
tapissier
- Ligne 1 ou 2 - Bois,pour le tourneur.
- Toutes les lignes (même si elles ne sont pas toujours perti-
nentes), pour les autres travailleurs du bois (fabricants
d'articles utilitaires ou décoratifs, fabricants de gros
matériel).
En tout état de cause, le faible nombre d'unités tirées dans ces
activités ne permettra pas d'extrapoler ces résultats particuliers à la
spécialité. Ces données ne pourront que se fondre dans la masse globale,
en vue de l'extrapolation globale.
- 82 -
1 Questionnaire 51
5) Production - Productivité - Coûts et Bénéfices Unitaires
Ebénisterie - Autres activités
5.I.a Quel est l'objet ou l'ensembleque vous fabriquez le pluscouramment ?
- Chambre à coucher
- Salon
- Salle à manger
- Bancs
- Tables et chaises
- Autres
5.2.a Fabriquez-vous un objet ouun ensemble à la fois ?
Ou bien, travaillez-vous parsérie ?
Cela dépend des commandes ?
Menuiserie de bâtiment
5.I.b Que faites-vous surtout?
- Des portes et fenêtres pourdes villas entières ?
- Ou des travaux moins importants ?
5.3.a Si vous travaillez en série,il s'agit de séries de combien?
Les entamez-vous sans commande ?
OUI NON
Sinon, à partir de combien decommandes entamez-vous une tellesérie ?
5.4. Quelle est la dernière commande de ce genre que vous avez fabriquée
et livrée? (Spécification précise de la commande par exemple,
20 m2 de portes et fenêtres, ou bien 5 chambres à coucher, à 5 por
tes, style Louis XV, placage palissandre, etc.)
5.5. Prix de vente de la commande D. ou de l'unité
83 -
5.6. Avances demandées au client:
au départ en cours de fabrication
5.7. Date de démarrage de la fabrication (mois, année) ...
5.8. Date de solde du contrat
5.9. Cette durée est-elle normale?
anormale ?
5.10. Si la durée est anormale, quelle en est la cause?
Pénurie de matières premières
Pénurie de main-d'oeuvre
Excès de commandes
~ Défaut de paiement des avances
Autres (préciser)
5. Il. (Voir page suivante)
5.12. Nombre de jours effectifs passés à la fabrication de cette commande
jours
5.13. Tout l'atelier y a-t-il travaillé?
OUI NON
5.14. Si non, combien d'apprentis?
de demi-ouvriers ?
d'ouvriers?
5. Il.
--_ .. ..,-._._-1
~p(cificatio~8 des d~penses coat total en D (*) Nombr-e d ",mi t<~··;
. _...... ,...---
1 ·t'·"iË 1'011..';<> m3
sous-total i'10ifl...,
~~r\Î S ·r~lai1c m2,..
l t~rlj~ ~r~·nlo.qu0 o» ns~i.":""liJ.é feuilles
/ ))1 ~1. Ca ~-:~ feuil '.es
') Ql1i:1caU J.erie
6 Fieds et bar-r-eaux en travail à f'açcn (le cas échéan t)
7 Travail des machines en locatim' (le cas échéant) heures 1
co.l>-
B I'rnns por ta divers du bois fois 1
Vernissnr.e Travail h façon (le cas 6ch~ant)
9 Peinture ------------------- 1------------ -----------Fournitures
autre::; frai~'~'ravaiJ. ft f'açcn (le cas échéant)
(:nréciser)10 (vitres, p;lnces-;- - - - - - - - - - - - - - - - - - - 1------------ -----------
cousatos , 7,n;;is- Pou r.-L turesserie, e tc • )
_....
'r.'otnl ,:"én()ral ~l effectuer au bureau
(-*) ()n nrp.cisera le cas éc!1éail~. "fourni par- le client".
- 85 -
6- Intensité de l'activité - Variations saisonnières-------------------------------------------------Le but de cette série de questions a été exposé en détail au para
graphe précédent, et il est inutile d'y revenir.
Nous nous contenterons de donner un aper~ 1 sur ce que pourrait être
une méthode de quantification des données essentiellement qualitatives
recueillies.
Si l'on représente l'intensité de l'activité par le segment ci
dessous :
a(--) , (-)
1/2
(+) 1 (+ +),
a est le point où l'atelier est fermé et où aucune fabrication n'a
lieu; est le point où l'atelier travaille avec ses effectifs permanents
habituels, en horaire normal; 2 est le point où l'atelier double son acti
vité, par exemple en embauchant autant d'ouvriers temporaires qu'il y a
de pe rmanen t s •
Le problème consiste à déterminer un indice mensuel d'activité à par
tir des réponses aux questions 6. La question 6.1. offre 5 possibilités de
réponse pour chaque mois de l'année, et nous avons replacé chacune de ces
possibilités sur le segment. Mais cette position des réponses sur le seg
ment devra être confrontée avec les réponses aux questions suivantes.
Les questions 6.2. permettent de quantifier un indice moyen de produc
tivité (selon le principe exposé précédemment) pour tous les mois marqués en
positif (+ ou + +). Si par exemple nous savons, à la question 6.21., que tous
les employés font en moyenne chacun 20 heures supplémentaires par semaine du
rant les mois pleins, nous en déduisons une augmentation de l'activité de
50 % (20 h. par rapport aux 40 heures normales), et donc une position sur
11/2'
Ce calcul peut être fait pour tous les mois de pleine activité. Pour
les mois creux, au contraire, ce calcul simple n'est possible qu'en cas de
débauchage de personnel (situation somme toute assez rare). Dans les autres
cas, on admettra que (- -) est représenté par 1/4 et (-) par 3/4, et que ces
- 86 -
signes tendent vers leur limite supérieure (respectivement 1/2 et 1). lors
qu'il y a mise en stock de la production. travaux de sous-traitance. ou en
tente avec les revendeurs.
L'indice annuel d'activit~ b. sera égal à la moyenne des 12 indices
mensuels ainsi calculés.
- 87 -
Questionnaire 61
6) Intensité de l'activité - Variations saisonnières
6.1. Durant l'année qui vient de s' éc",~: o:r, quels sont les m01S
où votre atelier a travaillé :
Beaucoup plus qu'à l'ordinaire (++)
Plus qu'à l'ordinaire (+)
Comme à l'ordinaire (~)
Moins qu'à l'ordinaire (-)
Beaucoup m01ns qu'à l'ordinaire (--)
EJ F 1M 1A 1M 1J 1J p=rl0-a
6.2. Pour les m01S où votre atelier a trévaillé à pleine capaci-
té, et même au-delà quelle(s) solut~on(s) avez-vous adoptée(s) ?
~-~M J JAS 0
supplémentaires 1 1Heures pour le
t~+1personnel permanent
Embauche d'ouvriers saisonniers ' j
à la tâche jRétrocession de certains travaux
1
à d'autres artisans(sous-traitance)
(Mettre une croix dans la case correspondante)
6.21. Si vous avez utilisé votre personnel permanent en
heures supplémentaires :
Nombre d'employés ainsi occupés
En moyenne, combien chacun d'eux a-t--il fait d'heures supplé
mentaires par jour?
par sema1ne ?
- 88 -
6.22. Si vous avez embauché des ouvriers saisonniers à
la tâche, combien ?
6.23. Si vous avez confié certaines de vos commandes à
d'autres artisans, combien de commandes avez-vous ainsi sous
traitées ?
6.24. Avez-vous pris des jeunes pendant les congés scolai-
res, pour leur faire connaître le métier? OUI NON
Si oui, combien?
6.3. Pour les mois où votre atelier a travaillé en-dessous de
sa capacité, et où les commandes faisaient défaut, quelle(s) solution(s)
avez-vous adoptée(s) ?
Débauchage de personnel Combien ?
Mise en stock de la production
Travaux de sous-traitance
Entente avec des revendeurs
Accroissement des activités de réparations
Autres (préciser)
7- Main-d'oeuvre et salaires
On commencera par demander le montant global de la paye hebdomadaire.
C'est un chiffre que le patron est en mesure de donner immédiatement et
sans faire de calcul, car il représente la somme d'argent liquide dont il
doit absolument disposer le samedi, faute de quoi la productivité de l'ate
lier s'en ressentirait (par la mauvaise volonté des employés qui en résul
terait, ou même simplement par leur départ). D'autre part, étant global,
ce montant de la paye n'est pas susceptible de nous donner d'indications
sur les rémunérations individuelles. Il ne nous permet donc pas de savoir
si le patron paye ses employés selon les règlementations en vigueur. C'est
pourquoi nous devrions obtenir ce chiffre avec plus de spontanéité et moins
d'arrières-pensées. Nous pourrons par la suite le confronter au total de
la colonne "Rémunérations", dans le tableau de la question 7.3.
- 89 -
Les questions 7.2. essaient, de façon analogue, de prévenir d'éven
tuelles fausses réponses concernant la rémunéLation des apprentis. Pour la
menuiserie du bâtiment par exemple, la convention collective en vigueur pré
voit une rémunération équivalente à 40 % du SMIG pour les 6 premiers mois
d'apprentissage et des augmentations régulières jusqu'à atteindre 90 % du
SMIG en fin d'apprentissage (lequel dure 2 ans). On constate pourtant qu'un
grand nombre d'apprentis ne reçoivent pas de rémunérations réelles, spécia
lement en-dehors de Tunis. La forme de la question 7.2. : "Versez-vous une
rémunération au personnel qui n'a pas d'expérience ?"'est censée ne pas in
citer à répondre automatiquement oui, par la contradiction dans les termes
qu'elle recèle. Et la question 7.21. (si oui, à partir de combien de mois
de formation versez-vous une rémunération ?) a pour objet de relativiser
une réponse positive à la question 7.2.
Nous en arrivons au tableau de la question 7.3. qui doit permettre
de recenser l'ensemble du personnel de l'entreprise et d'en relever certai
nes caractéristiques. On prendra garde de ne pas omettre le personnel des
autres établissements dépendant de l'entreprise (voir question 2.12.). Rap
pelons à ce propos que ces mêmes indications concernant le patron partici
pant au processus de production, ou s'il n'y participe pas son chef d'ate
lier, ont déjà été relevées aux questions 2.8. à 2.10.
Traditionnellement, ce genre de tableau se remplit en relevant le
nom de chaque employé. Non que cette indication ait une quelconque utilité
pour l'analyse', mais c'est un moyen qui permet d'éviter les redites et les
omissions. De ce fait, l'enquête, qui a été présentée comme anonyme, paraît
devenir indiscrète et trop nominative. Pour éviter cela, on classera les
employés en ordre croissant de qualité (en commençant par les apprentis,
puis les demi-ouvriers, les ouvriers qualifiés, et -enfin le chef d'atelier
s'il y a ,lieu), et à l'intérieur de chacune de ces qualifications, par
ordre croissant d'âge (du plus jeune jusqu'au plus vieux).
Les 3 colonnes suivantes traitent de l'ancienneté: dans la profes
sion, dans l'atelier, et dans la qualification. Pour les apprentis, le même
chiffre (mois et années) restera valable, la plupart du temps, pour chacune
des 3 colonnes.
- 90 -
La comparaison des colonnes "Ancienneté dans la profession", "Ancien
neté dans le métier" et "Nombre d'employeurs précédents" nous donnera de
précieuses indications sur la rotation de la main-d'oeuvre, nôtamment sa
périodicité. Ces questions nécessiteront probablement l'intervention des
employés eux-mêmes (1), et elles éclaireront le problème de la rotation et
de l'instabilité de la main-d'oeuvre du point de vue des employés. Les ques
tions 7.4. qui suivent donneront une perspective différente du problème, à
patir du point de vue patronal.
L'ancienneté dans la qualification permettra de contrôler l'ordre
des rémunérations obtenues, cependant que le total des rémunérations indi
viduelles sera recoupé avec le montant de la paye hebdomadaire (question
7.1.) .
Les questions sur le gouvernorat d'origine (urbain ou rural) et sur la
profession du père ont pour objet d'éclairer l'origine géographique et so
ciale de la profession.
Le total du nom~re des personnes à charge par employeur et par em
ployé nous indiquera, après extrapolation, combien de personnes fait vivre
le secteur non structuré du Bois.
Quant au n~veau de formation scolaire et professionnelle, mis en rap
port avec la qualification et l'instabilité, il nous indiquera dans quel
sens l'effort de formation doit être orienté pour apporter une solution à
ces problèmes.
Comme nous l'avons déjà dit, les questions 7.4. concernent la rotation
de la main-d'oeuvre, vue du côté patronal. En fait, il ne s'agit pas d'un
point de vue, mais de la cause, de l'origine patronale du phénomène d'instabi
lité.
(1) Mais alors, c'est le patron qui devra élucider ces questions en s'adressant lui-même à ses employés.
- 91 -
Les enquêtes monographiques ont en effet montré l'importance du rôle
imparti à l'apprentissage dans le f onc t i.onnetueu t des ateliers artisanaux
et non structurés. L'apprentissage semble de plus en plus être conçu comme
un réservoir de main-d'oeuvre gratuite ou quasi-gratuite, et cet aspect
tend à éliminer progressivement la tâche de f orr.xt i on qui en es t pourtant
la raison première. Sans développer ici les détall~ de ce phénomène, disons
qu'il se traduit par un rejet systématique des apprentis sur le marché du
travail, à l'issue de leurs 2 ou 3 années d'apprentissage, et leur rempla
cement par de nouveaux jeunes, appelés à subir ultérieurement le même sort.
Bien entendu, une telle conception de l'apprentissage ne peut être
saisie par des questions directes ou explicites. Dans la fOLmulëtion des
questions que nous proposons, nous avons insisté sur l'~spect formation:
"Combien avez-vous formé d'apprentis ?", alors qu'il eût été plus en accord
avec la réalité de demander "Combien avez-vous exploité d'apprentis ?", ou
de manière plus neutre: "Combien avez-vous vu passer d'apprentis t" ...De la même façon, les causes de départ sont formulées d'une manière relati
vement favorable au patron: "S'ils sont partis, c'est de leur faute ("Ils
ne faisaient plus l'affaire", ou bien "Ils demandaient trop"), ou alors
c'est que le patron n'avait pas les moyens de les garder. Dans une telle
formulation, la rotation organisée de la main-d'oeuvre d'appren~issage par
licenciement (ou plutôt non renouvellement du contrac) systématique, n'ap
paraît pas. Simplement, la mise en rapport des causes de départ avec le
nombre de départs au cours des 5 dernières années met en évidence un tel
phénomène qui discrimine amplement certains ateliers par rapport à d'autres.
Que deviennent les apprentis mal formés ou insuffisamment formés,
lorsqu'ils sont rejetés sur le marché du travail? Ce qu'il nous importe
surtout de savoir, c'est le nombre d~ ces Jeunes lui vont chercher à s'ins
taller à leur compte (et complémentairement, le nombre de ceux qui auront
réussi à se faire ré-embaucher chez un autre artisan, ou dans une société).
L'hypothèse que nous avons formulée lors de l'analyse de l'enquête monogra
phique est en effet que ce rejet des apprentis sur le marché du travail à
l'issue de leur formation est à l'origine de la multiplication et de la pro
fusion des ateliers nouvellement créés. Phénomène qui, d'ailleurs, ne fait
pas que toucher les apprentis en fin de contrat. Les demi-ouvriers sans gran
de ancienneté sont également concernés : au fur et à mesure que ceux-ci
- 9Z -
prennent conscience de l'accroissement de leur savoir-faire, et de l'aggra
vation de leur sous-rémunération, leur insatisfaction croît jùsqu'à reven
diquer une augmentation, ce qui amène souvent leur licenciement (directe
mens ou indirectement par leur démission). La formulation en arabe de cette
question tiendra compte à la fois des apprentis et des demi-ouvriers, puis
que le terme employé pour désigner les uns et les autres est fréquemment :
"les jeunes", "les enfants".
Pour ce qui est des ouvriers qualifiés qui quittent leur patron (ques
tions 7.45. et 7.46.), il n'est pas pensable qu'ils changent de métier, c'est
pourquoi il suffit de demander combien d'entre eux se sont installés à leur
compte. Par différence avec le nombre de partants, on en déduit le nombre
de ceux qui se sont fait réembaucher ailleurs ou travaillent désormais à la
tâche.
Enfin, les questions 7.47. sur l'accroissement -ou la diminution des
effectifs de l'entreprise durant les 5 dernières années devrait nous donner
une idée générale sur l'évolution de l'emploi dans ce secteur de la produc
tion.
- 93 -
Questionnaire 7J
7) Main-d'oeuvre et salaires
7.1. Montant global de la paye hebdomad1ire la dernière semaine
pour tout l'atelier?
7.2. Versez-vous une rémunération au personnel qU1 n'a pas
d'expérience? OUI NON
7.21. Si oui, à partir de combien de mois de formation?
mois
7.22. Si non, quels sont les avantages en nature que vous
procurez aux apprentis
Logement
Vêtement
Nourriture
Transport
Argent de poche
Autre .
(Voi r tab leau page suivan te)..
7.41. Depuis 5 ans, ou depuis la date de création de votre
atelier (si elle est inférieure à 5 ans), combien
avez-vous formé d'apprentis?
7.42. Combien sont partis?
7.43. Pourquoi sont-ils partis?
Leur formation était terminée et vous ne pouviez les garder
Ils ne faisaient pas l'affaire
Ils exigaient un salaire trop élevé.
Tableau 7.3. o U V Il l F. R S E T A P P H F. N T l ~
Sp~cinl1 t6Gouvernorn t
lllove'lu de( vernissenr, ~béniste ••• ) (*)
RlImunéro tion d'origine ouforlTlll tion
et qualificntion AncienneU Ancienneté AncienneH Nombre hebdol!lf.ldllire de nais!'anceProfession scolnire et
floOlIJloe de
des employés ~rmanentsAge
dRns la dans d" na J.fI qu,,- d'e'llployeursen DinRrS (Preciser
du profes-porsonl1p.B
profession l'atelier lification précédentsou en urhain U
père sionnelle 11(apprenti, 12 ouvrier nature ou rurfll JI)
ouvrier qualifié)chnl"{:e
1
2
3
4
5
li
7
8
9
10
TotRUlf II effectuer ou hurenu
(*) Remarque Le pat ron qui participe au processus de production (ou B'U n'y pnrticipe pas , le chef d'Iltelier) 0 déjà él.~ pria en compte BUX questi<>1l6 2.8 Il 2.11
1.0e-
- 95 -
7.44. Que sont-ils devenus?
Travaillent chez un autre artisan
Travaillent dans une société
Se sont installés à leur compte
Ont changé de métier
(effectifs)
"
""
7.45. Combien d'ouvriers vous ont quitté depuis 5 ans
(ou depuis la création de votre atelier) ?
7.46. Combien se sont installés à leur compte?
7.47. Depuis 5 ans (ou depuis la création de vatre atelier)
de combien vos effectifs totaux (apprentis + ouvriers)
ont-ils augmenté +
diminué
B- Clientèle et commercialisation------------------------------Le type de clientèle sur laquelle peut compter l'entreprise est,
bien sûr, un critère de discrimination important au sein du secteur non
structuré. Mais, comme pour de nombreux autres critères que nous avons déjà
passés en revue, il n'est pas opératoire à lui seul, et ne prend de signifi
cation que combiné à d'autres.
Les grands artisans "traditionnels", aussi bien que les petits qui
viennent juste de s'installer et semblent voués à rester des "amateurs",
vendent à des particuliers. Mais, alors que pour les seconds, le cercle de
la clientèle se limite aux parents et aux relations, pour les premiers il
s'agit d'une clientèle parfaitement autonome; on n'est pas client d'un tel
artisan parce qu'on a une relation avec lui, mais on a une relation avec
lui parce qu'on est son client.
D'autres caractéristiques de la clientèle des particuliers ont leur
importance. Les citadins sont plus exigeants que les habitants des campagnes
sur le plan de la qualité de la fabrication. Si de plus ils sont modestes,
ils exigeront un rapport qualité/prix élevé, alors que les ruraux recher
chent eux aussi des prix peu élevés, mais dans un rapport qualité/prix
faible.
- 96 -
Or, le plus souvent, chaque atelier s'attache un certain type de
clientèle par lequel on peut dès lors le caractériser.
D'une façon générale, la vente aux souks est très décriée par les
artisans traditionnels. Ceux qui vendent aux souks, de l'avis général, font
baisser les prix en réduisant la qualité et la finition au minimum. C'est
donc un débouché de choix pour le secteur non structuré stricto sensu,
c'est-à-dire les clandestins, intrus et amateurs de toutes sortes qui n'ont
pas la maîtrise du métier. Lorsque les relations familiales et personnelles
ont été exploitées au maximum sur le plan des débouchés et que ceux-ci se
sont taris sans que la réputation de l'artisan se soit consolidée pour au
tant, alors que les souks sont un recours utile et nécessaire pour essayer
de maintenir à flots l'atelier. Les vendeurs de souks ont d'ailleurs la
réputation de ramener ce genre d'artisans dans leurs filets, dès leur ins
tallation, et parfois même avant: le demi-ouvrier qui cherche à s'instal
ler à son compte peut avoir l'idée de prospecter le marché avant de s'y
lancer, et recevoir des encouragements, sinon des propositions d'associa
tions léonines, de la part de ces vendeurs de souks.
La vente pour les souks est donc bien un critère discriminant qui ca
ractérise les amateurs-débutants et leur permet même de travailler en série
dès leurs débuts.
Selon les artisans, la relation à l'égard du revendeur ou des souks
sera ou non une relation de dépendance. C'est ce que s'efforcent de discer
ner les questions 8.~. sur les ententes verbales éventuelles et les avances
consenties. D'autre part, n'oublions pas que le recours aux revendeurs peut
être seulement saisonnier et permettre de maintenir le niveau d'activité de
l'atelier.
Autres types de clientèles, plus rares et plus épisodiques, l'Etat,
les administrations ou organismes assimilés (tels que banques, sociétés d'E
tat ou grandes sociétés privées, ••• ), et aussi les autres entreprises du
secteur ou de secteurs annexes (par exemple les entreprises· générales de
bâtiment qui sous-traitent éventuellement la partie menuiserie) passent
parfois des commandes, sinon au secteur non structuré stricto sensu, du
moins à des entreprises de moins de 10 salariés. C'est le plus souvent
- 97 -
par relations que les petites entreprises ont accès à de tels marchés, ce
qui n'est évidemment pas contradictoire avec le fait qu'ils font l'objet
d'appels d'offres. Les marchés de l'Etat et la sous-traitance des entre
prises générales de bâtiment sont un facteur de croissance privilégié pour
les petits ateliers, et, bien que rares en soien r les bénéficiaires, il
est intéressant de savoir en quoi ils se distinguent de la masse des autres
ateliers (origine du capital, origine du patron, par exemple).
Mais la sous-traitance peut aussi exister entre petits ateliers. Un
ébéniste peut accepter une commande de salles à manger et sous-traiter les
chaises avec un de ses collègues spécialisés dans cette fabrication (un tour
neur par exemple). La sous-traitance au sein du secteur non structuré peut
également intervenir lorsque, fortuitement ou saisonnièrement, un artisan
doit faire face à un plus grand nombre de commandes qu'il n'est capable
d'en satisfaire. Dans de tels cas, il préférera prendre un ouvrier qualifié
à la tâche, ma1S en raison de la rareté de cette main-d'oeuvre, il peut sous
traiter une partie de ses commandes avec un autre artisan en qui il a con
fiance et qui lui sera désormais redevable.
- 98 -
1Questionnaire 8 1
8) Clientèle et Commercialisation
8.1. Avez-vous pour clients:
Des particuliers ?
Des revendeurs ?
Les souks ?
Des administrations ou assimilés ?
D'autres artisans ou des entreprises?
(Si plusieurs, les classer par ordre d'importance).
8.2. Si vous avez des particuliers comme clients
S'agit-il de citadins?
de ruraux ?
des deux ?
S'agit-il de parents?
de relations ?
de voisins ?
de passants ?
envoyés par d'autres clients?
Sont-ils plutôt riches ?
moyens?
plutôt modestes ?
8.3. Si vous vendez à des revendeurs, dans quels gouvernorats
exercent ces revendeurs ?
8.4. Si vous vendez à des revendeurs ou aux souks
Est-ce toute l'année?
surtout durant l'hiver?
surtout durant l'été?
y a-t-il une entente verbale préalable entre vous et le marchand ?
OUI NON
Le revendeur vous consent-il des avances ?
OUI NON
- 99 -
8.5. Si vous avez participé à de~ marchés de gré à gré (marchés
de l'Etat, ventes à des administrations ou assimilés),
pouvez-vous les énumérer pour les 2 dernières années (dans
la limite de 5 en commençant par le plus récent) ?
Date Administration ou assimilé Désignation Montant en D.(mois, an)
8.6. S'il vous est arrivé d'effectuer des travaux pour d'autres
artisans ou d'autres entreprises (sous-traitance), pouvez
vous les énumérer pour les 2 dernières années (dans la li
mite de 5 en commençant par le plus récent) ?
Date Raison sociale et effectifsMontant Avances
de l'entreprise ayant consenties(mois, an) Dê s i.gna t i.on en D.passé commande en D.
- 100 -
En ce qui concerne ce chapitre des difficultés actuelles, il est
très important de bien faire préciser à la personne interrogée quelles
sont ses propres difficultés d'une part, quelles sont celles de ces dif
ficultés (ou d'autres) qu'elle pense être générales pour l'ensemble de la
profession, ou tout au moins pour une fraction plus ou moins importante
d'artisans.
Les difficultés ont été classées en 5 catégories concernant les ma-J
tières premières, la main-d'oeuvre, l'administration, la clientèle et la
concurrence. Certaines d'entre elles ont déjà été abordées (au moins par
tiellement) dans les séries de questions qui précèdent. Aussi ne revien~
drons-nous pas ici sur la question des matières premières ou de la main
d'oeuvre.
Les difficultés concernant l'administration devront permettre d'a
border deux problèmes: d'une part la lourdeur des impôts et taxes, d'autre
part les conséquences de la politique de desserrement industriel entreprise
à Tunis (et dans unë moindre mesure à Sfax ou à Sousse).
Si la réponse à la question: "Les impôts, taxes et redevances sont
ils trop lourds ?" ne fait aucun doute, la question sera néanmoins posée en
guise d'entrée en matière, et afin d'amener la question suivante sur le mon
tant des impôts payés durant l'année précédente, ou le trimestre précédent.
Une échappatoire à cette question est laissée par la réponse possible : "Ne
peut pas dire". Cette échappatoire permettra de recueillir deux sortes d'ar
tisans. Ceux qui, de par leur taille, préfèrent ne pas permettre la comparai
son entre leur capital et le montant des impôts qu'ils paient (soit que ceux
ci apparaissent ridiculement bas en rapport avec leurs déclarations antérieu
res, soit au contraire qu'ils apparaissent plutôt élevés par rapport aux dé
clarations antérieures, soit au contraire qu'ils apparaissent plutôt élevés
par rapport aux déclarations qu'ils ont volontairement minorées antérieure
ment: car, bien entendu, le montant des impôts payés nous offre une possi
bilité de classification des ateliers qui n'est pas à dédaigner, malgré ses
défauts). De toute façon, ces gros artisans sont facilement reconnaissables.
- 101 -
Sauf exception, et après élimination de ces gros artisans, resteront·
donc les petits artisans qui n'ont. aucune raison de ne pas connaître le mon
tant de~ impôts qu'ils ont payés d~rant l'année écoulée, si ce n'est parce
que précisément ils ne les ont pas payés et s'y sont soustraits. Nous aurons
ainsi une évaluation du nombre des "clandestins" du secteur, que nous pour
rons d'ailleurs mettre en parallèle avec le nombre des patentes enregistrées
par les services fiscaux du Ministère des Finances.
La politique de desserrement industriel (ou de décentralisation) mise
en application à Tunis (et dans une moindre mesure à Sfax et à Sousse (1)) po
se de délicats problèmes, et c'est une application moins que stricte de cette
'politique d'aménagement qui a prévalu jusqu'à présent. Si tous les ateliers
utilisant la force.motrice pour.faire fonctionner les machines devaient en ef
fet être transférés en zone industrielle, c'est l'existence et la survie même
des petits ateliers sans machines qui serait compromise dans les quartiers ré
sidentiels de la ville. En l'état actuel des choses, ces petits ateliers louent
les; machine~ à l'heure dans des ateliers spécialisés dans la location,· directe
ment touchés par les mesures de transfert (lesquelles ne s'appliquent pour
l'instant qu'au-delà de 4 machines), ou chez d'autres artisans. Et le présent
sondage nous fera connaître l'importance de l'une et l'autre de ces catégories'
d'ateliers.
Telle qu'elle est prévue, la politique de lotissement ne s'applique
pas à ~es petits ateliers, puisque la superficie minimum demandée doit être
de 2 000 m2, ce qui est très élevé, sauf si les petits artisans forment
des associations. Quant au maintien au centre-ville, il deviendra rapidement
i~possible au fur et à mesure du transfert des approvisionnements en matières
premières (bois) et en services (locations de machines).
Autre type de difficulté qu'ont à connaître les entreprises du secteur
non structuré: le comportement de la clientèle des particuliers. Les contes
tations sont très fréquentes sur les prix, la qualité, les délais. Autrefois,
(1) A Tunis les ateliers disposant de machines devront se décentraliser. Desaménagements à la règle ont permis de limiter jusqu'à présent cette disposition aux ateliers utilisant plus de 4 machines. A Sfax, il semble que larègle se limite à l'interdiction d'installer la force motrice dans lecentre-ville.
- 102 -
c'était le rôle de l'amine (expert du métier) de trancher ces différends. De
nos jours ils arrivent devant les tribunaux. Les artisans-amateurs sont direc
tement visés par ces contestations, et nous avons donc là un indice intéres
sant de reconnaissance.
Mais la clientèle des particuliers peut porter une part relativement
importante de responsabilité dans le manque de liquidités des petits artisans.
Les travaux effectués, et même livrés, qui restent en partie impayés ne sont
pas rares et constituent une source de graves soucis pour les petits ateliers,
car la valeur de ces créances peut atteindre des sommes importantes.
Enfin, il convenait de clore ce questionnaire par le problème central
du secteur non structuré : celui de la concurrence. Concurrence par le haut
des grandes entreprises, et concurrence par le bas des clandestins et travail
leurs au noir à domicile, et des petits ateliers nouvellement créés et prati
quant des prix de dumping. Concurrence par les prix donc, qui se traduit par
un abaissement de la qualité; concurrence également par l'imitation des mo
dèles et le "vol des secrets de fabrication", éternel problème qui fait que
l'apprentissage doit être "volé des yeux", selon l'expression même d'un de
nos interlocuteurs durant les monographies, et que le patron essaie toujours
de cacher ses secrets aux ouvriers, afin de ne pas avoir à subir plus tard une
concurrence déloyale à la porte même de son atelier.
Remarquons que les réponses pré-établies à la question 9.62 concernent
essentiellement les clandestins et les petits ateliers nouvellement créés, c'est
à-dire la concurrence par le bas. D'autre part, ce sont principalement les tout
petits ateliers nouvellement créés (ou ceux plus'anciennement installés, qui
sont restés de faibles dimensions) qui doivent craindre personnellement (recou
pement avec question 9.1) la concurrence des clandestins, les ateliers moyens
qui doivent craindre la concurrence des précédents, et inversement ce sont les
ateliers relativement importants (véritables petites entreprises) qui, assis
entre deux chaises, doivent craindre la concurrence des grandes entreprises :
ce qui, tôt ou tard, doit les amener à faire le saut vers le système industriel,
grâce à l'appui des banques et des organismes tels que le FOPRODI.
- 103 -
Si malgré cette dénonciation de la concurrence, la demande est considé
rée comme étant supérieure à l'offre (ce qui dc~t être le cas, sur un plan glo
bal, pour le secteur Bois), cela signifiera qu'elle est ressentie comme une
inquiétude pour l'avenir, éventuellement comme une pression sur les marges bé
néficiaires, mais comme n'influant pas directemep..t sur le volume de la produc
tion.
- 104 -
1 Questionnaire 91
9) Difficultés actuelles de la profession
9.1. Les principales difficultés concernent
Pour vous personnellement Pour la profession en général
- Les matières premières
- La main-d'oeuvre
- L'administration
... La clientèle
- La concurrence des autres entreprises du secteur
- Autres (préciser)
(Si plusieurs réponses, les classer par ordre d'importance).
En fonction des réponses à la question 9.1., onposera une ou plusieurs
des questions suivantes
9.2. Difficultés concernant les matières premières
9.21. Avez-vous eu à subir des pénuries de matières premières
l'année passée? OUI NON
Si oui, concernaient-elles
- Le bois
- La quincaillerie
Vernis, colle, peinture
Durée de la pénurie
9.22. Pensez-vous être désavantagé par rapport aux grosses
sociétés qui stockent d'importantes réserves?
Oui, elles enlèvent toute la marchandise dès l'arrivage
Oui, car on ne permet pas aux petits artisans de choisir les
dimensions qu'ils veulent.
- 105 -
9.23. Comment faites-vous en cas de pénurie?
- Recours au marché noir
- Entente avec un autre artisan
- Réparations
- Limitation des activités
- Autres t préciser
9.3. Difficultés concernant la main-d'oeuvre
- Manque de main-d'oeuvre qualifiée
- Instabilité de la main-d'oeuvre
- Les ouvriers ne pensent qu'à l'argent
- Indiscipline et manque de sérieux
- Autres t préciser
9.4. Difficultés concernant l'administration
9.41. Les impôts t taxes et redevances sont-ils trop lourds?
001 NOO
A combien se sont-ils élevés pour l'année écoulée?
ou le trimestre dernier ?
Ne peut pas dire ?
9.42. Pour Tunis et Sfax t la politique de transfert en zone
industrielle est inadaptée ?
OUI NON
Si oui t pourquoi?
- Eloignement des approvisionnements ?
des marchés ?
Les lots ne peuvent être acquis que par
de gros artisans
des hommes d'affaires
9.43. Autres difficultés avec l'Administration
- 106 -
9.5. Difficultés avec la clientèle
9.51. Contestations fréquentes sur le prix
sur la qualité
sur le délai
Autres
9.52. Valeur des travaux exécutés. non emportés et non payés
9.53. Valeur des travaux livrés non payés
9.6. Difficultés concernant la concurrence des autres entreprises
du secteur
9.61. Craignez-vous surtout ou estimez-vous déloyale la
concurrence :
- des clandestins (travail noir à domicile) ?
- des tout petits ateliers nouvellement créés ?
- des ateliers moyens ?
- des grandes entreprises ?
9.62. Pourquoi?
- ils cassent les prix
- ils cassent le métier (travail de mauvaise qualité)
- ils s'installent à proximité et imitent nos modèles
- Autre raison (préciser)
9.63. Malgré cela, considérez-vous que la demande est toujours
supérieure à l'offre dans votre secteur d'activité?
OUI NOO
- 107 -
J) Questionnaire définitif de l'Enquête sur le Secteur non St r uc t u r é ,
pour la Menuiserie-Ebênisterie
Le projet de questionnaire qui vient d'être analysé ('11 dé t n i l ;l ptt' t e s t é
sur le terrain et quelque peu modifié. Sa version dC'finitivc Li gu r e Jans l cs
pages suivantes.
On notera que sur les neuf thèmes précédemment analysés, t r o i s ont é t é
regroupés dans la partie V, intitulée "Evaluation de la produc t i on ", du quc s-:
tionnaire définitif. Les trois thèmes regroupés sont
(4) - Approvisionnement et stockage
(5) Production - Productivité - Coûts et bénéfices unitaire
(6) Intensité de l'activité ~ Variations saisonnières
On notera aussl que le deuxième thème, "Spécification du chef d'entreprise",
qu i visait à retracer l'itinéraire professionnel de celui-ci ct, é ventuc l l onu-n t ,
ses autres activités, n'a pas été repris dans le questionnaire définitif qui
porte donc exclusivement sur l'entreprise elle-même.
Tl s'en suit donc que la numérotation des diverses parties du
questionnaire définitif diffère de celle présentée dans l'analyse précédente.
- 109 -
INSTITUT NATIONALDELA STATISTIQUE
REPUBLIQUE TUNISIENNE
//- NQUETE SUR LE~ECTEUR NON-Lr-TRUCTURE
_/l/lENUISERIE-tBENISTERIE
1 - LOCALISATION DE L'ENTREPRISF. : N· d' 0 rd re 1..1 ..........----'---'-_----'--1
Gouvern~rat : ...•......•..••....••.•.••••• CODllllUne ou Arrc. 'd~
Quartier Circ. Section : I......L-.I Ilôt :1......0.-1
Il - IDENTIFICATION DE L'ENTREPRISE
II. ::~.:: .':i:::.~:~:~:.::::::::::::::::::::::: l" ~::::::.:.:::::::::::::::::::::::::::::: 1
III - SPECIFICATION DE L'ACTIVITE DE L'ENTREPRISE
ade .on temps 1 la moin. importante de ce. 2 activitl. au cour. da l'anale 'coulla.
(2) Rayer la mention inutile.
3.1. Activité Principale :
~Ienuiserie 0 Menuisier de bâtiment (portes et fenêtres)
Menuiserie-Ebénisterie 0 Menuisier - EbEniste (1 )
0 EbEnillte Ordinaire
Ebénisterie 0 ~bEniste de style (Louis XV, etc ••• )0 EbEniste de nyle arabe (bancs, salons arabesque•••• )0 Fabricant de meubles en formica (cuisine, tablu ••• )
0 Fabricant d'articles utilitaires ou décoratih
.......................................................................................... ,
Activité6 spécialisées, 0 Fabricant de gros matêrie1 •..•.••.....••..... i,
diversifiEes ............................................................................................
ou / et0 Carcassiste. Carcaasiate sculpteur (2)0 Vernisseur - peintre
c.:::nplémentaires .0 Tapissier d'ameublem2nt0 JouJ'neur sur bois0 Loueur de machines
3.2. ~~~i~~!!~~!~!!!~~~!i~!!_~_i~!8~!!!:
Effectuet-vous, vous même, dans votre entreprise, lu opErations .uivantes :
i Tour i Vernl.- i Tapi.- i Carca.- i EJ:POI1-Opérations DEbitage i .ur l ..ge i i i tian
1 boh !peinture 1 serie 1 .e 1 vente! 1 1 !
11 i i: 1
Pour votre propre compte i ! i i !1 i 1 lPour le compte d'autrui ! 1
1 1 ! 1, i ! ! !.
1) Pour etre cla..eaans cette catelorle, 1 arU.an dOlt aVOlr con.acre au moula re Tle1'~
- 110 -
IV - CAPITAL DE L'ENTREPRISE
4. J. ~2!!!-!!_!!!!~~_g~_~!2!!!!_!E!~!!_~_!:!~!~!E!i!! :
4.1.1.- Locaux It pa. de porta dont di.pose l'entrepris" :
__~!22!!!!!____ LocatÎl:lT 1!!!_g!_22E!~ ___ Date Gros. r ënar a t .
Super- Valeur ,Valeur Montant Valeur jVal<!ur d'ou- _!!!2~!!_l:tL~_
Locaux fide d'· h tiactuel- Loyer initia-!actuel- ver- Datl!Montantln m2 ac aIl le l le ture
(0) : (D~ Dlan 1
Atelier de IIenuiuril i j
Hagalin d'eltpoaitioni iAtelier de vlmi..agl
D'pat pour atockase 1 : :
Autre•••....••........ 1 : :1 1 i
.............. ' ••••• 1 •••
: :
4.1.2.- Valeur du Capital Machinee 1
NombraValeur AnnEe Vallur
Machinee i d occa- d'achat d'achat VEnallNeuvI 1 lion actuelle1
i i iCombinf 1 1........... 1 ..... Il .... Il ....... Il''
iSde 1 rubana .......... Il ... Il ..... 1 .......i
Raboteuae i 1........ Il.1 .... Il .......... Il'' .1.
iDfgauchi'alu.a 1 ,..... 1.' ................. Il ....
iMortahau.. ••••• Il'' Il .. Il Il'' Il .......
Tour :.. , .......... Il ..... Il' Il 1'1 1 .... Il''
ToupilAutra• td~nt·moY~n8·tran8p~rtj·:::: :
....... '1.1 Il'' Il ........ 1 ........ Il ...... Il ... '
T 0 T A L i 11 1
4.1.3.- Montant global du Capital actull (bureau) : .... ,., .. 1 , 1 1 , 1 '04.2. Q!ia~!.!2~!_!!_!!!!~!_g~_~2!!!!_!~!!!!!(entrepri ... crUee aprh 11' 1er Janv. 1970)
4.2.1.- Origine : 4.2.2.- Montant global des fonds mobililh- Econ01llÎ. e activit' antl!rieure au démarrage l 1 ! 1 , 1 \0ou annexI •••••••••••••••• 1.1 1" .,_ D 4.2.3.- Ol.tination ne ce. fonda :- Hhiuge ou vent.e bien. peraonnd••• 0
d'ur. atelier inatallf .. 8- Prit d'un D - Achat dfjlparent •••••• Il 1 •••••••• l' - Achat d'un localPrit d'une banque B ••• 1 •••••••••••••- •• Il •••••••• 1 •••••
Achat de machines B- Pt"it d'un prêteur '; ••••••• 1 ••• 1. 1", .•..• "" l' ••••.•• Pailment dld'a•• ocif.' ••.. , .............
~- pU dl portl 1 Il ••••••- Apport
- Avance. de clienta - Autr.. ••••• I" ••••••••••••••• I" ••• 8I" •••• Il ••• Il 1 •••
- Crfdi t du fourni neun • ••••••••• 1 ••••••••• 1 1 •••••• 1 •••••
•••• 1 ••••• "'
- Autre ••.•.•.••.....••........••...••••••••••• 1 •••••••••••• 1 ••••••••••••• 0
4.3. ~~ili!!ti2n_g~_~2il!!:!!5h!~!!:
4.3.1.- Depui. la crhtion de votre "ntreprise, combien dl foiaavez-vou. changf de IIIIchinea " LJ......J foil
4.3.2.- Louu-vou. VOl machine. 1 NON 0OUI 0_. avec lIIIin d'oeuvre a
.an. l1li in d'oeuvre atarif horaire • . d 1 1 mi11im..nombrl moyen d' heur..-machL.-.J...J-J/ 1 CII •
4.3.3.- Montant de la dlmUra facturl d'Uectridtl 1 ! ! 1 D 1 ! 1 1 I/moÏl
- III -
0' _
Typed'investissement
~ontant
en DD.... e de
r ê a l i sat ion~loyens de Financement (voir 4.2.1.)
Terrain ......•...................•..Bâtiment, local .Machines (préci ser) s ;..................................................................................................................................... ..Autres ...•......•........ __ ... _.........................................................................
TOT A L
v - EVALUATION DE LA PRODUCTION
1-----._- .~_. _
---- -- ----- .-._---------. -c-_ "--- . 1
- ~---- ------·-----------11-------1----_. -;- -- 1
~·~-_···_----------... I
I------------------------~._..~----- .......5.1.1.- Fournisseurs:
- grossistes- revendeurs
oo
-- --~5.; .4.- F.n ' ...15 de pénu':idou ;..ut re)
vous est-il arrivé
5.1.2.- Fréquence d'achat '0- à chaque commande- à chaque arrivage [J- régulière.tous les ••••••moi.
quantité 1 1 1 1 1 l:Ù
valeur l , l , 1 1 1 0
5.1.3.- Avez-vous du bois en stock ?
0 OUI ..... Volume act.stockag~ 1 1 1 1m3Valeur 1 1 1 , 1 r ID
0 NON__ Faute d'argent 0Faute d'espace 0Autre ............0
- D'avoir ,.".,' ,.."'hl 01
0noi
1- D'acheter du bois i un
autre artisa 0 0- D'emprunter du bois à un
autre artisa 0 0• D'utili.er d~ bois usagé 0 0- Autre .•••••.•..••••••.• -1 0 0
Souv!--ooooo
'----------------,,--~,._~-~--~------_...
Désignation
Dernier achat
--~!!~~!~~--------Achat pricédent
-A~h;t-ëffëët~ê----
__!!_l_~_~~_!~ _Total de 1 t année( 1
Date
d'achat
110is 1
année
_!~~B~_i~2__ : !!!~ !Contrep~a-1Placage
j l i jqUi,USL- Î(f ·111er . Ume • N f·U ~. ·lê(f . ~ eua eh · : h· i eu : .ag jlll eUI, a m2)
c OlX i C OlX : i : le ou 112) : u! ! !! :
Prixtotal
(0)
Boisusagivaleur
(0)
Ce lIIOntant annuel vous paral.t-i1 normal 7Si non, montant nOI1ll8l 1 1 1 1 11m3
(1) Calcul' par extrapol~tl0n. 81 n'cele81re.
-OUI 0 NOn TI! , 1 l , ,ID
- 112 -
-5.2. Ç2Q!!_~~_2!2~~~!i2~_~~l!~l!~!~_~!2~~~!i~i!~
5.2. 1 - Que f ab r i quez -vous le plus ~~urrtm;nent., (nombre)
~Par Serle Par sê r i e
Par unité sur sansDésignation cOIlllllDi'de commande
- - - - - ........... - - ------- - --- ... - -- -- -_ .... ----- .. _--------.- .- -- -- ------- - -..... ..- .......... _..... - .... _--- ... -- .. ... -. .. . ........... --- _... - .....- ... - .......... - --_ ..- .. ----------------
S.2.2.- Dernière cOlCIlande (ou série) livrée ;
__E!~~_~~_~~!! ____ Avances Faci li tés DelaIDésignation .. Datë-d~:-~Datë-ïI:-
Unité : Série perc;.ues consenties; marrall.e vraison
.. .' .. .... .. ... ... - -- -----1"-- -_.- .. - -_. .... _...... -j. •• ---------- -................... ..--- .... -----!.... ... .. .. .. , .,
\il... .. ., .. ... .. .. .. :
i ! 1
Ce délai est-il nonoal ? OUI 0NON 0 Pourquoi .. .. .. .. ..
Temps de fabrication effect i f de la cOlllllldnde (effectif x nombr'e de jours)
---.-. Haln d oeuvre Patron ou :
Opérationsouvriers qUali-! Demi-ouvriers; Appr~ntis
fiés
_~~~i!!g~_.___________________________________ i. .-----------------------------------------------_~!~2!!~!!&!__..________________________________ : :Hont~l;e
---------------i---------------i---------------: :_.. _------------------------------------------ ---------------!---------------~---------------_~i!!i!i~~_~~!!!i~!!S~_________________________
_~2!~_i!~~~i~~!i~_~~_~!!i!~!!!~ _______________===::=::::::=::1===:===========j=====~~=:===~:=
T 0 T A L ; :
C"ûts de production de la commande :
Spécification des Dépenses Cout rcca i Uni té ~omDre
en D (1) d'unités_~~i~_!2~&~___ . ___________________________________________
---_..------ m3 :_~2i!_~!!!!S__~!l__________________________________________
----------- ----~3----~-----------
_~S~!!~E!!9~!_2~_!~!i!i!~_____________________________.____-----------
-l;~Iiï;--~-----------
_~!!E!8~_~________________________________________________----------- =f!~I!!~==l===========_~!~S~!!!~!i~____________________________________________----------- ----______ 0 ______-----
Travail .~_~!~~n._~_~i~~~_~!_~!!!!!~~______________________-------~--!--~-------------------Carcasses
=!i~~!II=~~~=~!~~I~~~=~~=I~~!r!~~=i~i=====================----------- -hëürë----~-----------
-----------Trans'port divers des matières Dremières( 1) On préci sera éven-: lnterlcur atelierVernissage Travail à façon
~=~~~~!I~~!=!!~II~!----------- tuellcment "Foutni par
Peinture ----------------- ----------- le client"Four.ni tures
(2) On préciser a éven-: lnterleur atelierTravail à façon~=~~!~!I~~!=~!~II~Ë
----------- tuellemer.t "eo i s usagé"Autrp. frais ----------------- -----------Fournitures (3) On précisera le nCll!"
bre d'heur~s
T 0 T A L mpm~ s' il 'n'y a paslocation.
:l.e::larque : Dans le cas d'un menuisier-ébéniste, on repassera la question 5.2.2. pour laseconde activité.
- 113 -
M J JASON 0fi AJ iF---~--
i
~!
Beaucoup (+), Moyennement (-), Peu (-) :
5.3.1.- si (+), solutions adoptées:
5.3. !~~!~!i:!_~!_!~~~~i~i;~- Y~~i~;i2~!_~!i!2~~i!~~~
Pour l'année écoulée, mois où l'entreprisea travl\illé :
i :Sem.1Mois Jour1Sem.
.50 lut Lon A
i!! '11
!
:,i S o
Effect ifMoyen
Moyenceheuref
_!!!I!I!!=--
t_~~~!!~_~!!1!1!1:_I!~!!2~~~1_1!!!~!~~n~ __~~!~~h!_!!!!2nn!!r!_!_!!_~!~h! _
Sous - traitance
! !----!----~----i----i----i----~----
, 1 : : : ,
----!----!----!----!----!----!----i i i : i i: : : : : :
____ 0 -
----!----
____ 0 _
----:----
Si sous-traitance : type de c01lllll3nde : - --- __ . . __.....••valeur totale par an 1 1 1 1 • 1 D
5.3.2.- Si (-), solutions: Débauchage de personnel permanent combien~
'lise en stock de la production CJRecherche des travaux de sous-traitance [)Entente avec dei revendeurs []Accroissement des activités de réparation[]Autres •••••••.••••.•.••..•.•.••...•••••• []
5.3.3.- Pour quelles opérations prenez-vous réguliêrement des ouvriers à la tâche.vernissage (J Sculpture [] Autre ••.•••••.••...... f)
VI - HAIN - D'OEUVRE, SALAIRES ET AUTRES CHARGES :
6.1. Paie versée semaine précédente (y compris associés) :
6.2. Autres charges annuelles
1 l , ! 1 Il
i
- C N S S 1 1 1 1 Il - Comptable extérieur 1 1 1 1 D
- ImpôtS et taxes 1 1 1 1 - Bonif ication et avantages naturel...L..J..l1l- Assurance Ace. Trav. 1 1 1 1 - téléphone' , , ! 1 Il
- Autre assurance 1 1 1,
6.3. Apprentissage:
- Après combien de mois de formation versez-vous un ·salaire A
- Avantages en nature : logement 0Habillement 0
NourritureTransport
[]o
l'apprenti
Arg.pocheAutre ••••
\-L......J
oo
IllOis
- Depuis 1970 (ou création)• Combien avez-vous formé d'apprentis 7 ! 1 1 1
Combien d'entre eux sont partis aprês formation 1 1 l ,
Pourquoi 7 pas besoin (J Que sObt-ila devenus :ne font pas l'affaireCJ
salaire trop Uevé 0
[J chez aut.artisano dsns société(J installé à leur
compteo ont changé de métiero Ne sait paa
1•• 4. Main d'oeuvre dernière semaine (y co~priA ouvriers 3 la tâche, patrons et associés participant d la ?roduction)
! Couv. Prof es- Nbre Niveau formationSp"cia- Quali- Perm. P Ancienneté dans Nb"re ; Salaire
Prfnom (par ordre Age!origine sion pers ~PrOll<S- Occas.O . ; net/sel:1.
i . du charge Scolaire sionnel lité fica- Aide Prof€:s-: Entre- l Quali- em- ; (sanshiüarchique)
.OU nalS. {chefs tion fam. sion 1 prise : fica- rlor~ur& heureA~ (JJo\lR) . père (LC1) (L Tech) exercée AF , .,Urbaln ménage) Tâch. T ! 1
t i cn depu i s ! suppl.);ou Rural 1970: "
: +· .· .
1 · .· .------------------ ____ 0 ______-- ________________ -------- -~------ -------- -------- -------- : :
-~---------------- ----1-------- -------- -------- -------- -------- -------- -------- --------
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_1________________----~-------- -------- -------- -------- -------- -------- -------- -------- ~~~~~~~~!~~~~~~~~~
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-------- -------- -------- -------- -------- --------1~-------i----------------:-------_.-~---------------- -------- -------- -------- -------- --------
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i ; l---_._------- -------- -------- -------- -------- -------- -------- -------- --------;--------1--------~:~~~~~~I~~~==~~==_2____~----------- ! -------- -------- -------- ________ i________ i________
::::/:::::::: :::::::: ::::::::-------- -------- : :_lQ_______________-------- -------- -------- -------- -------- : :--------:--------:-------- --------~---------_1!_______________-------- -------- -------- -------- -------- --------1--------1--------
12 · .--------i---------
o.S. Patron et associés : act ivité 6.6. Rotation main d'oeuvre depuis 2 ans (ou création) :
Ouv ,
!Total
Activité Activité 1/2 ouv. Apprentis -ëênêraI;dt-instaLprincipale secondaire perman. ià propre:
: :comDte
Patron ............ . ............ . ............ . Départs ............... ......... i ......... ! ........ . ...... i .......Associé 1 Arrivées ,
!:.......... ............. ............. ............. . ......... ! ....... .. ........ . ...... ! .......
Associé 2 ........ .. ............. ............. Ra1.sons :0Développement activité 0 Manque main d'oeuvre qualifiée
- lIa;6se activité 0 Autre ........................ nCo'Ût excessif mai n d' oeuvre 0 .............................. 0.
-l>-
- J) 5 -
VII - CLIENTELE ET COMMERCIALISATION
7.1. !~2~ .2~_sli~~~!!~ ( 1)
C3 - particuliers ! toute l'année 0o - souk. .. i .urtout en hiver 011 surtout en 4tê 01! .
o - Revendeurs .. Gouvernorat Avanc.. OUI 0 SOl' 0........ , ....0- Administration. ou usimilh
0- Autres arti.ans ou entreprise. modarne'l
Co~~:des depui. 2 an. :
Dl\signation de Artisan ou entreprise moderneDate la cOllllDande Val.ur
Branche activid i Taille11
-! 1
1,11
2,!1
),1
4 , 111s 1 1, --1i .
-
VIII - DIFFICULTES ACTUELLES :
Pour votre i Pour la Prof.Principale. Difficultl. Entrepri•• 1 .n
ID alDirel
Hatilr•• pr.milre• . - --- ~-----~Main d' o.uvre • __ • __ ••----·~-IAdmini.tretion __ - - --CU.ntAl. ___ - - - - : : : -. -~..: 1
Concurr.nc. ______ ••• B--"~ .". 1Autre __ - - - - - - . 1 ...•.•.• -!
, bo:._
8.1. ~-!!!!!!_2!!!!!!!!
'.1.1.- Si plnuri. l'annEe d.nilre 1Dur" d. la
Matllr. pr.m!lr. plnud.(!IOiI)
BQl. . .•••.....•••QIIincaiU.d•.•••••..V.tnil. coll••.•..•.•p.inture •.•••••••
'.1.2.- Solution que vou. ptlconi ••• (1)
~ - p"vol, pl•• J••, ...., ,. v.l..........1'. "1""""'"- Rearoupement d•• p.tit. arti.an. pout aeh.t.r d. Irandt. quftntitl.
: ~:t~:o~~~~~~.~~.~~~~~~~~~~.~~~.:~~~~.~~.~~~~~~.~~~~~~~~ •••••••••
8.2. !!!!LCllil!!! 1
8.2.1. - Manqu. H.O. quaI ifil. 0 Indi.ciplln. tt maD4u••Irie~ §In.ttbilitl K.O. ~ Autre .............. , .........Salair.a trop Il.vl. .c ••••••••••••• • •• ·.···,······
(1) Si plu.i.ur. r.pon•••• la. cl••••r par ordre d'lmport.nc.
- 116 -
- Améliorer formation pratique- Certifier formation pratique par e~amens
- Dêlivrer diplômes par comitê professionnel- Participation accrue de l'Etat dans frais apprentissage- Autre .•••..•••••••••••••••••••••••.•••••••••••••••••••
8.2.2.
oBB
SOlutions (1)
~.3. ~~!!is~!~!~!!
8.3.1.~ Etes-vous concernE par le transfert en zone industrielle OUI []NON []
8.3.2.- Conséquences
Avantage Inconvénier.t
------------~------------------------------------ Coût de transport •.•..••••.•••••.••- Proximité des machines •••••••.••••- Pro~imité des approvisionnements ••- Contact avec la clientèle- Prix et superficie des lots
B·.·.·~~:·.~~~·~·:·.··_'.·~· OB0 _._. __0 .-.- 00 ..- 0
8.3.3.- Autres difficultês avec l'Administration •••.•••••..•••••.•.•..•••••••..•••
•••••••••••••••••••••••••••• •••• " , ••••••••••••••• , ••••••••••••••••••• 1 ••••
&.3.4.- Solutions préconisées: .
Il .,_ ••••••••••••••••• Il. , •••• o ••••••••••• o ••••••••••• , ••••••• 01 •••••••• '"
8.4.- f!!~!!!~!~ :6.4.1.- Type :-Contestations sur le prix (J
-" la qualité 0-" le délai 0-Autre .....••...•.••..••..• 0
6.4.2.- Dettes de la clientèle-Solllllles dûe s 1-Motifs: litige
manque
l , 1 1 1 1
od'argentO
oFacilités consentiesAutres ....•••.......
on8.>. f~!!~~E~~~~_ :
8.>.1.- Type - Clandestins (à domicile) []- Petits ateliers nouveaux []
8.>.2.- Motif - Ils cassent les prix (]- Ils cassent le métier [)
Ateliers moyens []Gr'lndes entreprises []
S'installent à cô.é et imitentBAutre ..•••....•....••.......•
8.>.3.- Malgré cela la demande est supérieure à l'offre OUI 0 NOt: 0
e.6. Solutions aux diffi~ul~és de ccncurrence et de clientèle :- Carte professionnelle[] _Comité experts veillant à loyautê relations
artisans-clients et artisans entre eux B- Retour des amines [] _Autre.•..•..•... , .•...........•.•••••.••••..
Nom de la (des) personne intérrogée: .•..•••..•..•.•••••.••••.••..•...••••.••.••..••••••Qualité: ....••....•.................•••.•.••••..••••.••••••...•.•..•••••••.•..•...•.•Som de l' enquêt eur • .••...••..•...•..•••••..••••••••••.••••••• Date: ••.•••••••••••Observations générales : •••..•••••.••••••••••••••.•••.••••••.•••..••.•••••••••.•••••••••••••• Il ••••••• Il •••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••
... .
(1) Si plusieurs réponses, les classer par ordre d'importance.
- 117 -
lIIème PARTIE
RESULTATS ET UTILISATIONS DES ENQUETES SUR
LE SECTEUR NON STRUCTURE EN TUNISIE
- 119 -
SECTION l
L'EMPLOI DANS LE SECTEUR NON STRUCTURE
- 120 -
1) - Résultats de l'analyse comparative
Le Tableau 3 suivant nous donne les caractéristiques de l'emploi
(urbain/rural, moins de 10 emplois / 10 emplois et plus, privé/public),
telles qu'elles sont connues d'après les trois sources principales que
sont le Recensement de la Population, le Recensement des Etablissements
et le Recensement des Activités Industrielles, et pour les seuls secteurs
d'activité ~ont une partie non négligeable est a priori non structurée.
Afin de permettre une compréhension et une interprétation plus
correctes des données des tableaux qui suivent, et de mieux mesurer le
poids relatif de chaque secteur et de chaque caractéristique dans
l'ensemble de l'emploi non agricole, la dernière ligne du Tableau 3 nous
donne les résultats pour l'ensemble des secteurs non agricoles(1) en
résumé et en simplifiant, on peut dire que l'emploi non agricole en1
Tunisie est constitué par 5 éléments dont 4 cohcentrent des effectifs
sensiblement comparables et tournant aux alentours de 150 000 emplois
(Etablissements de moins de' 10 emplois du secteur privé, établissements
de 10 emplois et plus du secteur privé, secteur public, fonction publique).
Le reliquat évalué à 200-250 000 personnes étant constitué par le milieu
rural non agricole et le travail à domicile.
A partir des données du Tableau 3, et en nous aidant des caractéris
tiques connues des divers secteurs d'activité énumérés, nous avons élaboré
le Tableau, 4 qui retrace l'importance du secteur non structuré selon le
secteur d'activité, la forme de non structuration et la localisation.
Le Tableau 4 a été élaboré à partir des hypothèses et principes
généraux énumérés ci-dessous.
Pour décomposer le secteur non structuré en ses 4 éléments (localisé
urbain et localisé rural, non localisé urbain et non localisé rural), nous
considérerons que :
(1) Cette ligne n'est donc pas la sommation des colonnes du Tableau 3
TABLEAU N°' CARACTERISTIQUES DE L' D\PWI PAR SECTEUR D'ACTIVITE SELON Lm SOURCES
~~ItECEIlSEI'IF:NT l'OI'IJLATIOII IlF.CENSEI'IEIlT ETABLISSEMENTS RECEN:'lF:llP.Jn' ACTIVITF.S
19'75 1976 l''D~TRIELLrn 1976. Secteura d'activitlls
EIlSEIIBLE I1RBAI" RURAL '!> EftSP.IUlLE <,0(ou 0 ;a 10 '1> c 10 EllSEHBLE nJBLIC rRIVF:URDAlN commerce) (011 ~ J) (ou <: J) ~ 10
Bois-ameublement (J7-J8) 23.690 20.450 J.240 86,J 17.065 11.526 5.5J9 67.5 5.604 I.Jel 4.2;>J
~écanique-Garages (48) n.JOO 19.600 J.7OO 84,1 11,621 8.750 2.871 75,J 5.966 J.117 2.849
Ilétal-Forgerons (46) 9.410 8.550 860 9019 9.447 4.785 4.662 50,7 5.816 • 4.459 I.Jn •Te%tiles-Confection (J5) 1J9.660 98.100 41.560 70,2 )J.BOB 11.928 21.880 J5,J 22.545 16.557 5.988
Cuir-Chaussures (J6) 7.660 7.030 630 91,8 6.796 J.JI7 J.479 48,8 J.506 - 3.506
Boulangerie-rAtisserie (J22) 8.590 7.100 1.490 82,6 6.781 4.Jl0 2.471 6J,6 3.119 •• - 3.1\9 ••
Autres activités diverses (caout. c&ram. "'.090 10.940 2.150 83,5 7.159 3.545 3.614 49.6 12.485 6.944 5.541verre. bijouterie 4J. 45. 49)
BAtiment (6) 140.740 79.nO 61.510 56,J 24.142 1.255 22.887 5,2 57.709 .. 8.685 •• 49.024 ••
Transports routiers (71) 31.020 22.460 8.560 72,4 847 3,., 534 37.0 14.493 14.493 -Commerce de détail (8J-84) 7J.420 56.0JO 17.390 76,3 57.671 J7.505 20.166 65,0 Il - IlBotellerie-Restauration (85) Jl.180 23.850 7.)J0 76,5 n.nJ 10.J59 12.874 44,6 Il 4.462 IlRépara tions (981) 7.660 6.370 1.290 8J.l J.82J J.65J 170 95.6 Il - Il
1
Autres eervices (982 h 985) Jl.580 26.280 5.300 8J,2 8.068 7.434 6J4 92,1 Il - IlSecteur secondaire (ss ~At.) 225.400 171.no 53.630 76,2 92.677 48.161 44.516 52,0 59.041 32.450 26.583
Sec tellr des services (sRns transport) 70.420 56.500 1J.920 80,2 35.124 21.446 13.678 61,1 Il 4.462 IlF:nsemble des 2 sectsurs secondairo ettertiaire (ss. BAt. ni transport) 369.240 284.300 84.940 77,0 185.472 107.112 78.360 57,8 Il Il Il
Ensemble des 2 secteurs Il et III 541.000 385.990 155.010 71,3 210.461 108.680 101.781 51,6 Il Il Il
Ensemble de~ secteurs non agricolea 822.740 612.160 210.580 74.4 261.2J4 140.900 120.)J4 . 53.9 198.960 "'7.391 61.569
Il Données manquantes.
Valeur nulle.
•.. Chiffres lég~rement sous estim&s 1 la nomenclature ne permet pas le détail •
Valeurs de 1977 prises en raison de 1& meilleure couverture du secteur par le recensement des Rctivités industrielles cette annlle-lh.
N
T.&.BLEAU N° 4 llU'ORTANCE DU SECTEUR NON STRUCTURE SELON LE SECTEUR D'ACTIVITE, LA FOIGIE DE NON STRUCTURATION ET LA LOCALISATION
~Secteur non structur~ Secteur non structur~ Total
ct Local iRa tion Dont Dont ;. ;. %local1s~ non local1e~ Secteur
Sec teur/SIIS Secteur/non urbain % Local1e~ 'f. SIlS/Sec teur
Spcteure d'activit urbain ruralTotal Emploi non
urbain rur..l I! truc turéalfrlcole
Bols-Ameublement ('7-38) 11.526 2.760 2.004 480 16.770 1'.5'0 80,7 14.286 85,2 70,8 5,2 2,9HécRnique-Garagea (48) 8.750 2.:5'79 4.862 1.'21 17. '12 1'.612 78,6 11.129 64,' 74,' 5,4 2,8Hdtal-Forgeron (46) 4.785 860 - - 5.645 4.785 84,8 5.645 100,0 54,8 1,8 1,8Textlle-Confection ('5) Il .928 - 47.6"76 41.619 101.22J 59.604 58,9 11.928 11,8 72,5 'i,' 17,0Cuir-Chaussurel! ('6) '.'17 6JO 2Cf7 - 4.154 '.524 84,8 '.947 95,0 54,2 l,' 0,9Boulangerie-PAtisl!erie ('22) 4.'10 1.'61 - - 5.471 4.'10 78,8 5.471 100,0 6',1 1,7 1,0AutTl!e activités diveTl!el! '.545 - - - '.545 '.545 100,0 '.545 100,0 27,1 l ,1 1,6(caout. céram. vsrre. bijou.terie 4'. 45. 49)BAtiment (6) 1.255 625 25.445 12.675 40.000 26.700 66,8 1.880 4,7 28,4 12,4 17.1Transportl! routierl! (71) - - 4.970 1.170 6.140 4.970 81,0 - 0,0 15,5 1,9 ',8Commerce de détail (8'-54) TI.505 17.'90 7.380 - 62.275 44.885 72,1 54.895 88,2 75,5 19,' 8,9Hatellerie-Rsstauration (85) 10.'59 1.554 - - Il.90 10.'59 87,0 Il .90 100,0 38,2 ',7 ',8RpparationB (981) '.65' 774 2.547 516 7.490 6.200 62,8 4.427 59,1 97.8 2,' 0,9Au tres Bervices (982 Il 985) 7.4J4 '.76' 18.212 1.5'7 '0.946 25.646 82,9 Il.197 '6,2 98.0 9,6 ',8Secteur secondaire (sB.bAt.) 48.161 7.790 54.749 4'.420 154.120 102.910 66,8 55.951 '6,' 68.4 47,7 27,4Secteu~ des servicse 21.446 6.091 20 759 C!.05' 50.'49 42.205 8',8 27.5'7 54.7 71,5 15,6 8,6(oane transport).
Ensemble deB 2 oecteur8 107.112 '1.271 82.888 45.47' 266.744 190.000 71,2 1'8.38' 51,9 72,2 82,5 44,9secondaireB et tertiaire..(SB, bAt.)
Ensemble des 2 secteurs 106.'67 '1.896 120.07J 62.9J5 '2'.271 228.440 70,7 140.26' 4J,4 58,8 100,0 65,7II et III
Part du SIlS'9,'dana l'emploi
non agricole
NN
- 123 -
_ L~emploi total dans leseèteur est donn~ par le éhiffre de la
population active d'après le Recensemènt de la Population de 1975. Ce
chiffre a ~t~ choisi de pr~f~renceà celui d~ la population occupée en
raison de l'hypothèse suivante: les individu~ qui se s.ont déclaré
sans travail dans l'un des secteurs ou s'exerce l'activité non structurée
sont des travailleurs au noir ou clandestins p~tentie1s.
- L'emploi dans le secteur non structur~ 10ca1is~ urbain est donné
par le Recensement des Etablissements la limite supérieure du secteur
non structuré a été strictement fixée à 10 emplois pour le secteur secon
daire et les servicesp à 3 emplois pour le commerce (1).
- L'emploi dans le secteur modernep que nous avons snti2rement loca
lisé en milieu urbain, sauf exception~ résulte de la sommation du secteur
public et de la plus forte estimation de la main-d'oeuvre dans les établis
sements de 10 emplois et plus du secteur privé.
Dans ce dernier cas, le choix s'opère entre les deux SOurces que
constituent le Recensement des Etablissements et le Recensement des Activi
tés Industrielles.
- L'emploi dans le secteur non structuré localisé rural et non loca
lisé apparalt en retranchant de la population active l'emploi dans le
secteur non structuré localisé urbain et le sectQur moderne. Ce reliquat
est réparti entre ses 3 composantes (localisé rur&l, non localisé urbain
et non localisé rural) en appliquant de façon logique les pourcentages
structurels calculés dans le Tableau 3 (% urbain p %localisé). De
nombreuses exceptions peuvent être faites à cette dernière règle de
façon à tenir compte des structures particullères du secteur considéré
et des connaissances que l'on en a par ailleurs. Ainsi les secteurs du
(1) La limite de 10 emplois n'a pas été choisie dans un simple but destricte complémentarité avec le Recensement des Activités Industrielles. Elle correspond à une réalité que l'analyse de la structure dela main d'oeuvre par catégorie d'emploi et par taille de l'établissement a parfaitement éclairée. On peut discuter de l'extension de cettelimite au secteur des services: cependant la main d'oeuvre employéedans les établissements de tailla 3 à 9 y est extrêmement faible, etla limite de 3 a été réservée au secteur commerciàl où elle correspond,là aUBsi, à une réalité tangible : le petit commerçant et son aide-familial. .
-: 124 -
du Textile, du Bâtiment et des Transports sont traités de fa90n relati
vement plus complexe en raison de l'importance, dans chacun des trois
secteurs respectivement, des travailleurs à domicile, des travailleurs
saisonniers et des travailieurs non localisés.
La précision des chiffres cités aux Tableaux 3 et 4 ne doit pas
faire illusion. Il est certain qu'il eQt été possible de les arrondir
à la dizaine ou même à la centaine près. Cependant nous avons préféré
les garder tels quels afin de concerver la cohérence avec les sources
qui leur ont donné naissance, et avec les méthodes de calcul que nous
allons exposer maintenant.
2) - Modalités de calcul (1)
Nous allons maintenant passer en revue la méthode de calcul des
diverses composantes du secteur non structuré pour chacun des secteurs
retenus.
N.D.L.R. Pami les 13 secteurs retenus par l'auteur, nous ne reproduisonsici que les développements consacrés aux cinq secteurs les plusimportants et les plus significatifs.
Secteur "Bois et Ameublement"
Si l'on retranche des 23 690 emplois dénombrée dans ce secteur par
le Recensement de la Population, les 5 539 individus qui travaillent dans
les établissements de 10 emplois et plus du secteur privé et les 1 381
qui travüillent dans le secteur public, il reste 16 110 emplois dans le
secteur non structuré. Sur ce nombre les 11 526 emplois dénombrés par le
Recensement des Etablissements sont entièrement localisés en milieu urbain.
Etant donné que les grands établissements privés et publics sont également
localisés en milieu urbain, l'emploi dans le secteur non structuré urbain
s'obtient en retranchant les effectifs de ces établissements de l'emploi
urbain fourni par le Recensement de la Population, soit 20 450 - (5 539 +
1 381) = 13 530. D'où l'on déduit l'emploi dans le secteur non structuré
(1) La lectur~_de ce paragraphe sera facilitée par la référence permanenteaux tableaux nO 3 et 4 supra. Elle n'en paraitra pas moins aride. Ilétait cependant nécessaire de bien préciser tous les détails descalc~ls effectués, afin que l'évaluation globale n'apparaisse pascomme une simple hypothèse mais bien comme un résultat serrant deprès la réalité.
- 125 -
•
localisé urbain = l' 5'0 - 11 526 = 2 004, ce qui repr~sente 14,8 %de l'emploi non structur~ urbain. On applique ensuite ce pourcentage
aux ~240 emplois ruraux du Recensement de la Population, dont on fait
l'hypothèse qu'ils sont entièrement non structurés. Nous obtenons ainsi
480 emplois ruraux non localisés et 2 760 emplois ruraux localisés.
Que représentent en réalit~ ces 2 484 emplcis non localisés? Ce
sont des artisans clandestins ayant établi leurs ateliers dans leurs
propres domiciles ou encore des ouvriers occasionnels à la tâche non
déclarés par leurs patrons. Il est difficile de faire la part de ces
deux catégories, qui d'ailleurs se confondent le plus souvent. L'artisan
clandestin, lorsqu'il n'a plus de commandes, cherche ~ se faire
embaucher comme tâcheron et, inversement, le tâcheron cherche à arrondir
ses fins de mois, ou même ~ s'établir comme indépendant, en cherchant des
commandes qu'il réalisera lui-même à son domicile (1).
Secteur "Mécanique - Garages"
Ce secteur présente une difficulté particulière puisque la nomen
clature utilisée par le Recensement de la Population a rangé cette acti
vité dans les services de réparations sans en donner le détail, alors
que le Recensement des Etablissements l'a classéedans les Industries
Mécaniques.
La solution adoptée pour opérer la réintégration des réparations
dans le secteur Mécanique a consisté à appliquer la structure connue
d'après le Recensement des Etablissements aux résultats du Recensement
de la Population.
Résultats du Recensement des Etablissements:
- Construction et réparation de matériel 11 621 (75,~)
de transport (secteur Industrie mécanique)
- Autres réparations (secteur Services) ~ 823 (24,~~)
(1) Cf J. CHARMES-"Les contradictions du développement du Secteur nonstructuré" - Tiers-Monde, 1980, art. cit.et : "Recueil d'interviews auprès de menU1Slers et ébénistes deTUNIS et de SFAX" - LN.S., 1978, 200 p.
· - 126 -
Résultats du Recensement de la Population 1
- Construction de matériel de transport
- Réparations
13 390
11 510
30 960
La construction et la réparation de matériel de transport représente
raient donc 75.2 ~ de 30 960, soit 23 282 emplois, arrondis à 23 000. Ce
chiffre est ensuite réparti entre le milieu urbain et le milieu rural
selon la proportion moyenne pondérée donnée par le Recensement de la
Population pour les secteurs "Construction de matériel de transport",
et "Services domestiques et de r~parations", soit 84,1 ~. On proc~de
alors de la même façon que pour le "Bois et ameublement". Le secteur
non structuré localisé urbain est donné par le Recensement des Etablisse
ments, soit 8 750 emplois. Les établissements de plus de 10 emplois et1
le secte~r public, supposés entièrement localisés en milieu urbain, sont
retranchés des emplois urbains donnés par le Recensement de la Population:
19 600 - (2 871 + 3 117) = 13 612. En retranchant de ce chiffre le
secteur non structuré localisé urbain, soit B 750, on obtient les effec
tifs du secteur non structuré non localisé urbain, soit 13 612 - 8 750 =4 862. Les 3 700 emplois du milieu rural sont ensuite répartis en
"localisés" et "non localisés" selon la même proportion qu'en milieu
urbain.
Les 6 183 emplois non localisés peuvent être interprétés de la même
façon que pour le secteur "Bois et ameublement". Il s'agit d'artisans
clandestins et surtout de tâcherons occasionnels, exerçant probablement
leur métier concomitamment sous ces deux statuts. selon les circonstances
et les opportunités qui se présentent.
* **
*
Avec les secteurs du Textile et du Bâtiment, nous abordons des
problèmes à la fois plus spécifiques et plus complexes, en raison de
l'étroite relation qui existe entre eux et l'Agriculture. Ces 3 secteurs
sont en effet des vases communicants, et lorsqu'on entre dans la morte
saison des travaux agricoles, un nombre non négligeable de femmes
- 127 -
(agricultrices ou "femmes au foyer" en d'autres périodes) se consacrent
au tissage, cependant qu'un nombre tout aussi important d'hommes partent
travailler comme manoeuvres sur des chantiers du Bâtiment (du mois de
mars au mois d'octobre). Le bAtiment est, de fait, le débouch' temporai
re et précaire de l'exode rural.
Or, la main-d'oeuvre temporaire de ces deux secteurs a un caractère
éminemment diff'rent de celle d'autres secteurs comme le Bois et la
Mécanique par exemple. Alors que dans ces deux derniers secteurs, la
main-d'oeuvre temporaire (à la tAche généralement) constitue une masse
potentielle de clandestins ou de travailleurs au noir qui pallient par
ce moyen l'insuffisance de l'embauche, et réciproquement (1), dans le
secteur du Bâtiment, la masse des manoeuvres non qualifiés ne peut pas
travailler à son compte en dehors des chantiers temporaires. Elle s'en
revient généralement aggraver le sous-emploi agricole. Quant aux travail
leurs du Textile du milieu rural, cette aGtivité à domicile n'est généra
lèment pour elles que le complément d'une activité agricole ou· de femmes
au foyer.
Autrement dit, le travail temporaire dans le Textile n'est que le
complément (qui peut être très important puisqu'il a été déclaré comme
activité principale) d'une activité différente. Et il en est de même
dans le Bâtimen~ où l'on devra s'efforcer de localiser le maximum de
travailleurs saisonniers dans les grandes entreprises modernes, afin de
ne pas y gonfler démesurément le secteur non structuré.
Secteur "Textile - Confection"
* **
*
Le secteur non structuré du Textile et de la Confection représente
une masse de 101 223 travailleurs, obtenue en retranchant de l'effectif
global du Recensement de la Population (139 660), la main-d'oeuvre des
établissements de 10 emplois et plus du secteur privé (21 BBO d'après
le Recensement des Etablissements), ainsi que les effectifs du secteur
public (16 557 emplois).
(1) C'est-à-dire qu'ils pallient l'insuffisance du travail clandestinindépendant par une embauche précaire.
- 128 -
Les caractéristiques du secteur non structur' sont relativement
différentes dans le Textile et dans la Confection. Aussi nous sommes
nous efforcés de répartir les 101 22} emplois entre ces deux sous
secteurs. Pour celà nous avons différencié les '8 4'1 emplois dans les
grandes entreprises (21 880 + 16 551) selon la structure donnée par le
Recensement des Etablissements pour les établissements de 10 emplois
et plus: 61 %de l'emploi ressortissait de la Confection, et }9 %du
Textile. Le Tableau suivant nous donne alors la répartition des emplois
dans le secteur.
Tableau 5 STRUCTURE DE L'EMPLOI DANS LE SECTEUR "TEXTILE-CONFECTION"
Textile Confection Ensemble
Ensemble du secteur "Textile-Confectio~' 88 640 51 020 1}9 660
Grandes entreprises privées et 14 991 23 446 38 431publiques ( 39%) ( 61%)
Secteur non structuré 73 649 27 514 101 22}
Nous admettrons que les secteur de la confection se localise
entièrement en milieu urbain, tailleurs et couturières étant extrêmement
rares en milieu rural. Or, 70,2 %des emplois du secteur Textile-Confec
tion se situent en milieu urbain d'après le Recensement de la Population,
soit 139 660 x 70,2 %= 98 041.
Ces 98 041 emplois urbains se répartissent en
51 020 emplois dans la Confection
14 991 emplois dans les grandes entreprises du Textile
et 32 030 emplois de reliquat qui représentent le secteur urbain non
structuré du Textile.
Sur ces 32 030 emplois, 5 480 ont été localisés par le Recensement
des Etablissements. Restent donc 26 550 emplois urbains non localisés
dans le Textile.
- 12':1 -
Etant donné que le secteur non structuré du Textile repr~sente
13 649 emplois (cf. Tableau 5), la diff~rence, soit 41 619 emplois,
constitue le secteur non structuré rural du textile, supposé entière
ment non localisé (1).
Le secteur non structuré de la Confectio!:, dont on a fait l'hypo
thèse qu'il était entièrement localisé en milieu urbain, représente
21 514 emplois (cf. Tableau 5) se répartissant en :
- urbain localisé : 6 448 (Recensement des Etablissements)
- et urbain non localisé: 21 514 - 6 448 = 21 126 individus
travaillant discrètement (tailleurs et couturières indépendants) ou
clandestinement (ateliers d'effectifs plus nombreux) dans des locaux
à usage d'habitation (2).
Le Tableau suivant résume la situation dans le secteur
Tableau 6 STRUCTURE DE L'EMPLOI DANS LE SECTEUR NON STRUCTURE DU
TEXTILE ET DE LA CONFECTION
Textile Confection Ensemble
Urbain Localisé 5 480 6 448 11 928
Non localisé 26 550 21 126 41 616
Localisé - - -Rural Non localis~ 41 619 41 619-
Ensemble 13 649 21 514 101 223
L'importance des effectifs répartis dans ce Tableau nous oblige à
effectuer des contrôles.
(1) En effet, la distinction localisé/non localisé perd de son sens enmilieu rural, dans le secteur Textile où, s'il est vrai qu'une pièceest généralement réservée au métier à tisser, cette pièce ne sedistingue pas véritablement du logement et ne peut être considéréecomme un local.
(2) Signalons que cette pratique est "très répandue dans le secteur de laconfection, y compris dans les pays européens.
- 130 -
Deux contrôle s peuvent être ef'f'ec tué s :
- L'emploi urbain et rural non localis~ du Textile et de la
Confection est essentiellement le fait d'artisans ind~pendants et d'aide
familiaux. D'après le tableau pr~c~dent, cet emploi s'~lève à 26 550 +
21 126 + 41 619 = 89 295 individus. Or, la r~partition du Recensement
de la Population selon le statut dans la profession nous donne pour le
secteur "Textile-Confection" (1)
- Ind~pendants femmes- Indépendants hommes
- Aide-familaiux femmes
- Aide-familiaux hommes
64 8505 200
14 160
280
soit un total de 84 490 personnes, dont il faut retrancher les 2 828
indépendants localisés par le Recensement des Etablissements: 81 }82.
L'écart de près de 8 000 emplois est rela ti voment faible (moins de 10%)
et peut correspondre à une main-d'oeuvre employée clandestinement par
de petits patrons (dans la Confection très probablement) ;
- L'emploi urbain, structuré ou non, localisé ou non, s'élève à
98 041, chiffre correspondant aux effectifs du Recensement de la Popula
tion : bien qu'il ne s'agisse pas là, à proprement parler, d'une verifi
cation puisque cette correspondance résulte du mois de calcul, ce n'en
est pas moine un signe de cohérence des données.
Secteur "Bâtiment et Travaux Publics"
Dans ce secteur le taux de chômage est relativement élevé (8,8% de
la population active). Comme il touche une main-d'oeuvre généralement
très peu qualifiée (manoeuvres issus de l'exode rural), on ne peut consi
dérer, comme nous l'avons fait pour les autres secteurs, que les chômeurs
ou ceux qui se sont déclarés sans travail sont des clandestins ou des
travailleurs au noir potentiels. C'est pourquoi nous ferons nos estima
tions sur la base de la population occupée et non plus de la population
active.
(1) Cf. tableau 21 p. }99 du Recensement de la Population (Vol. V)
- 131 -
Le secteur du BTP se caract'rise donc par une masse de main-d'oeuvre
non qualifiée, extrêmement mobile tant sur le plan géographique (passage
d'un chantier à un autre) que sur le plan sectoriel (sans travail dans
le secteur, le manoeuvre du Bâtiment, qui n'a pas de qualification à
faire valoir, peut très bien chercher l'embauche dans· un autre secteur
d'activité). De ce fait cette main-d'oeuvre fluctuante, que l'on peut
estimer à près de 41 160 personnes, soit 33,9 %de la population active
du secteur d'après le Recensement de la Population, ne répond pas exacte
ment à la définition que nous avons donnéedu secteur non structuré.
Certes il n'est pas exclu qu'une partie de cette main-d'oeuvre se
retrouve dans certaines catégories du secteur non structuré non localisé.
Nous préférons cependant considérer que, pour une bonne part, elle fait
retour à l'agriculture lorsqu'elle ne trouve plus d'emploi sur les
chantiers. Cela permettra d'éviter de gonfler indûment les effectifs du
secteur non structuré du BTP.
Sur une population active de 140 140 personnes dans le secteur, il
a été recensé 12 380 ch6meurs et 41 160 occasionnels, saisonniers ou
travailleurs à temps partiel. Restent donc 80 600 emplois permanents,
dont 30 959 peuvent être attribués aux entreprises industrielles de 10emplois et plus des secteurs public et privé. Les 49 641 emplois restant
se répartissent en 11 560 indépendants, 18 460 permanents avec plusieurs
employeurs, que nous assimilerons de ce fait à des tâcherons qualifiés,
éventuellement indépendants ou travaillant dans de petites entreprises,
et un reliquat de 19 621 emplois.
Un tableau non publié du Recensement de la Population (1) donne la
répartition des patrons en fonction du nombre de leurs employés: 1 600
petites entreprises représenteraient ainsi 6 210 employés dans le secteur
BTP. Nous ajusterons ce chiffre à 10 000 étant donné le nombre de réponses
non déterminées. Restent donc plus de 9 000 emplois non répartis que
nous attribuerons aux entreprises de taille intermédiaire (10 à 50),
catégorie mal connue et très certainement sous-estimée par le Recensement
des Activités Industrielles (2)
(1) Non publié, mais pouvant être consulté. Il s'agit du tableau 42
(2) Remarquons ici que dans le domaine du BTP, le Recensement des Etablissements nlest pas très pertinent.
- 132 -
Globalement, le secteur non structuré du BTP s'élèverait donc
approximativement à 40 000 emplois.
Pour répartir cette masse entre le milieu urbain et le milieu rural,
nous appliquerons simplement le pourcentage calculé pour l'ensemble du
secteur secondaire, soit 66,8 %. On peut, en effet, considérer que c'est
surtout la main-d'oeuvre occasionnelle (éliminée de notre estimation)
qui est à l'origine de l'importante localisation rurale du secteur dans
son ensemble.
Nous avons ainsi 40 000 x 66,8 %= 26 700 emplois dans le secteur
non structuré urbain et 13 300 dans le secteur non structuré rural.
Sur les 26 700 emplois urbains, 1 255 ont été localisés par le
Recensement des Etablissements (soit 4,7 %). Le reste est donc non loca
lisé, soit: 25 445.
Les 13 300 emplois ruraux sont répartis selon la même structure en
"localisés" : 13 300 x 4,7 %= 625, et "non localisé" : 12 675.
Secteur "Commerce de détail"
Dans ce secteur, nous avons renoncé à opérer la distinction entre
commerce de détail des produits alimentaires (où se situe l'essentiel
du secteur non structuré) et'commerce de détail des produits non alimen
taires, car, comme le montre le Tableau suivant, pour ce dernier sous
secteur le Recensement des Etablissements donne des effectifs supérieurs
à ceux du Recensement de la Population dont le champ est, par définition,
plus vaste.
Tableau 7
- 133 -
STRUCTURE DE L'EMPLOI DANS LE COMMERCE
Recensement RecensementPopulation 1975 Etablissements 1976
Urbain Rural Ensemb:"e <. 3 ., 3 Ensemble
Commerce de gros 13 100 1 850 14 950 1 012 7 671 8 683
Commerce détail34 500 14 250 48 750 23 194 5 994 29 188produits alim.
Commerce détail21 530 3 110 24 640 14 311 14 172 28 483prod. non alim.
Ensemble 69 130 19 210 88 340 38 517 27 837 66 354
En revanche, les effectifs du commerce de gros sont cohérents dans
l~s deux sources, puisque, si l'on ajoute les 6 912 emplois publics (1)
aux effectifs du secteur priv~ (8 683), on tombe bien sur le chiffre du
Recensement de la Population.
La discordance entre les deux types de commerce de détail ne provient
donc pas d'une perturbation due à la codification de l'activité "Commerce
de gros" mais certainement d'une différence de classement de l'activité,
par l'enquêteurJpar l'enquêté, entre l'une et l'autre source. Il est
parfois difficile de discerner si les produits vendus par le commerçant
sont principalement alimentaires, ou non; et la réponse évasive du
commerçant affirmant qu'il vend les deux types de produits rieque d'être
interprét~e par l'enquêteur selon des critères subjectifs. La remarque
vaut d'ailleurs pour les deux sources.
(1) Le secteur public du commerce concerne uniquement le gros. Lesmagasins généraux, qui sont du commerce de détail public, constituentune activité secondaire de la S~IIL, société publique relevant desindustries alimentaires.
- 134 -
Nous retiendrons donc en fin de compte les chiffres suivants
Tableau 8 : STRUCTURE DE L'EMPLOI DANS LE COMMERCE DE DETAIL
Recensement Population 75 Recensement Etablis. 1976
Urbain Rural Ensemble <3 ~3 ~nsemble
Commerce de 56 030 17 390 73 420 37 505 20 166 57 671détail
On remarque imméè.iatementque les effectifs recensés en 1976 en
milieu urbain sont supérieurs aux chiffres de 1975 qui incluent pourtant
les activités non localisées. C'est le signe d'une très forte croissance
du secteur qui a certainement été sous-estimée dans les projections des
planificateurs. En l'absence de toute information en ce domaine, ceux-ci
font en effet croître le secteur du commerce au même rythme que la
population active.
Pour pouvoir estimer la croissance réelle du secteur il est possible
d'utiliser deux méthodes:
- La première consiste à évaluer le nombre d'établissements qui se
sont créés dans le Commerce entre 1975 et 1976 à partir des dates de
création relevées dans le Recensement des Etablissements et à en déduire
le nombre d'emplois correspondants à partir de la taille moyenne de
l'établissement (1).
Il s'est ainsi cré6 en 1976 2 554 établissements qui correspondent
grosso modo à près de 5 000 emplois, la taille moyenne de l'établissement
étant de 1,9. Ce qui correspond à peu près à 56 030 - (57 671 - 5'000) =3 360 emplois non localisés.
- La seconde consiste à évaluer le nombre d'emplois non localisés
dans les effectifs du Recensement de la Population de 1975, et à les
ajouter aux effectifs localisés du Recensement des Etablissements, en
supposant qu'ils sont restés constants. La nomenclature des professions
(1) Ces calculs sont effectués sous un certain nombre d'hypothèses quenous ne détaillerons pas ici. Cf. J. CHAlrnES : "Mobilité et changement dans le secteur non structuré", A para!tre.
1975-76, en milieu urbain.
- 135 -
utilis~e en 1975 ne permet malheureusement pas de distinguer les emplois
non sédentaires des emplois sédentaires, puisqu'elle regroupe sous le
même code "Commis, vendeurs et marchands amb"lants", au nombre de 28 940.Nous en sommes donc r~duits à appliquer aux résultats de 1975 la
structure existante en 1966 (pr~c~dent Recensement de la Population),
structure que nous permet de conna!tre la nonnclature des professions
alors utilis~e. Celle-ci distingue en effet les "Commis-vendeurs,
employés de commerce et travailleurs assimilés", au nombre de 8 558, et
les "Marchands ambulants, colporteurs, camelots et démonstrateurs", aU
nombre de 5 569 (1), soit 39,4 %de l'ensemble constitué par les deux
groupes. Si l'on fait l'hypothèse d'une structure constante, les ambu
lants auraient été en 1975 au nombre de 28 940 x 39,4 %= 11 400.
La réalité se situe probablement entre ces deux évaluations. Nous
nous en tiendrons donc au chiffre de 3 360 + 11 400 = .., 380 ambulants en2
Nous ne ferons pas d'hypothèse sur la croissance du commerce en
milieu rural et nous retiendrons le chiffre de 1975, soit 17 390 emplois,
supposés en totalit~ non structurés et localisés.
Sur ce~ bases, la croissance calculée du secteur aurait été de
12,3 % de 1975 à 1976.
Remarquons, pour conclure sur ce secteur, que Bi le chiffre de 8 380marchands ambulants peut paraltre élevé, il ne recouvre pas pour autant
la totalité du phénomène (2). Un grand nombre de marchands ambulants se
déclarent certainement comme chômeurs dans le Recensement de la Population,
car il s'agit d'une profession qui, lorsqu'elle n'est pas autorisée, ne
s'en exerce pas moin en plein jour, tout en étant parfaitement clandestine.
(1) Cf. I.N.S. - Recensement de la Population et des Logements du 03 mai1966 - Vol. III - Caractéristiques éducationnelles et économiques, pp.134 - 137.
(2) Ce qui explique qu'on ait estimé leur nombre à plus de 6 000 en 1969,pour la seule ville de Tunis.Cf. ECKERT, Hédi (1970) : "Les sous-métiers de Tunis. Enquête socioéconomique Eté 1969". Association de sauvegarde de la Médina. Atelierd'urbanisme. 125 p. + annexes.
- 136 -
Et comme il existe une certaine répression de la part des Municipalités,
il est probable qu'il y a une sous-déclaration de ces activités. Par
ailleurs l'activité de marchand ambulant peut être recouverte par des
activités plus officielles. Ainsi les portefaix du marché de gros de
Tunis se retrouvent en grand nombre en train de vendre les quelques
légumes qu'ils ont récupérés ou reçus comme rémunération en nature de
leurs services. Ces individus se retrouvent donc classés ailleurs;
* **
*
Avant de proposer une interprétation d'ensemble des résultats
obtenus par les modalités que nous venons de décrire en détail, il
convient sans doute de s'interroger sur la validité des méthodes et des
artifices auxquels nous avons dû recourir, sur la solidité et la justesse
des hypothèses que nous avons dû poser.
Nous jugerons de cette validité non pas en commentant sur le fond
les hypothèses émises - ce que nous avons généralement fait au fur et
à mesure de l'exposé - mais en insistant sur le fait que les résultats
obtenus semblent tout-à-fait plausibles et qu'ils ont été calculés par
des méthodes d'évaluation a minima. En effet, à l'exception du secteur
"Commerce de détail", nous n'avons pas pris en compte la croissance de
l'emploi entre 1975 et 1976. Or, non seulement nous disposions de projec
tions de cette croissance pour les principaux secteurs de l'économie
(dans le cadre des travaux de planification), mais de plus nous pouvions
faire des estimations en valeur réelle à partir de l'exploitation des
dates de création relevées lors du Recensement des Etablissements. Une
telle prise en compte aurait eu pour effet de gonfler les résultats
concernant le secteur non structuré non localisé calculés par solde,
alors que la croissance du secteur localisé est déjà intégrée dans le
Recensement des Etablissements.
Par ailleurs et sur la base de ce qui se passe réellement dans le
secteur non structuré, nous aurions pu effectuer le~ calculs précédents
à partir de la population active occupée âgée de 10 ans et plus. Les
apprentis, aide-familiaux, ouvriers et "indépendants" de la classe d'âge
10-14 ans apparaissent en effet relativement nombreux dans les Industries
_. 137 -
de Transformation des produits agricoles et 1~9 Services où se déploie
par excellence le secteur non structuré. Le secteur non structuré se
serait alors gonflé d'autant avec en contrepart~e l'exclusion des
chômeurs classés par secteurs d'activité (pui9que le tableau du Recense
ment auquel nous nous serions référés nous a~-sit donné la seule popula
tion occupée de 10 ans et plus (1). c.lobalement1ee effectifs du secteur
non structuré, localisé ou non, s'en seraienttr0uv's plus nombreux (2).
Ainsi, si les effectifs très réduits obtenus dans certains cas
peuvent laisser planer quelques doutes sur la validité de ces résultats,
il n'en reste pas moins qu'il s'agit, en tout état de cause, de sous
estimations.
3)- Interprétation des résultats
Dans son ensemble, qu'il soit localisé ou non localisé, urbain ou
~llr~l, le secteur non agricole tel qu'il a ét~ défini représenterait
~9,3 %de l'emploi non agricole, soit plus de 323 000 emplois. Ce 90nt
l~ des chiffres considérables, et quelles que soient les hypothèses
émises quant à la productivité de ces travailleurs, leur poids dans la
fc=mation du Produit National ne pourra être tenu pour négligeable.
En chiffres absolus ce Bout les secteux's d» Textile, du Commerce
de détail et du Bâtiment qui fournissent le p:l ue d'emplois non structurés
(plus de 200 000 à eux trois, soit près de 25 % ~e l'emploi non agricole
et 63 %de l'emploi non structuré).
(1) Cf. Tableaux 26 et 27, pp. 509 et s. du Rc:~;:;.;\sement de la Population(Vol. V). La classe d'âge 10-14 ans représeu.erait 53 790 individusdont 35 330 travailleraient dans l'Agri~u1'\:e~ 9 940 dans lesIndustries de Transformation des ProduiL~ ~êIicu~e8 (essentiellementle textile) et 4 270 dans les Services. 8ette classc d'âge est "nonlocalisée" en ce sens qu 1 elle n' est géi,.;~_.lel4e.1t 1'6..:1 déclarée, puisquecontrevenant à la législation du tr&vai~. Yaus pouvons la rangercependant en partie dans 1" secteur non 9-ructuré localisé car cesjeunes sont évidemment emp:oyés danA 2e~, 8tablisBements. En revanche,la main-d'oeuvre de 10 à 14 ans du ~e~t·'~ et des services est "nonlocalisé" au plein sens du terme.
(2) On trouvera en Annexe 1, des estimations de l'emploi dans le secteurnon structur' tenant compte de CGO deux facteurs (croissance del'emploi et actifs de la classe d'âge 10-14 ans).
Ces informations donnent une meilleure idée de la structure de
- 138 -
Les secteurs où les formes de non structuration représentent la
plus forte proportion de l'emploi sont en premier lieu les Réparations
et les Autres Services (98 %), puis le Commerce de détail, la Mécanique,
le Textile et le Bois et Ameublement (entre 70 et 15 %).
L'emploi urbain est toujours plus important que l'emploi rural.
Cependant certaines activités non structurées sont plus décentralisées
que d'autres. C'est le cas du Textile (avec seulement 59 %de l'emploi
non structuré en milieu urbain), du Bâtiment (67 %) et du Commerce de
détail (72 %).
Les activités non structurées les moins localisées sont le Transport
(0 %), le Bâtiment (5 %), le Textile (12 %) et les Autres Services (36 %).
1
l'économie tunisienne dans son ensemble et de la structure interne à
chacun de ses secteurs d'activité.
Globalement les caractéristiques de l'emploi dans le secteur non
structuré nous sont données par les Tableaux 9 et 10 ci-après :
Tableau 9 L'EMPLOI DANS LES DIVERSES FORMES DU SECTEUR NON STRUCTURE
(chiffres absolus)
Secteur non structuré Localisé Non localisé Ensemble
Urbain 108 367 120 013 228 440Rural 31 896 62 935 94 831Ensemble 140 263 183 008 '323 211
Tableau 10 L'EMPLOI DANS LES DIVERSES FORMES DU SECTEUR NON STRUCTURE(en %)
~ecteur non structuré Localisé Non localisé Ensemble
Urbain 33,5 37,1 10,6
Rural 9,9 19,5 29,4Ensemble 43,4 56,6 100,0
- :39 -
Dans l'ensemble 56,6 %des emplois du secteur non structuré ne sont
pas localisés (dont près de 2/3 se trouvent en milieu urbain). A lui
seul le milieu urbain non localisé représente en effet 37,1 %des emplois,
contre 29,4 %pour le milieu rural dans son ensemble (localisé et non
localisé).
Mais il ressort surtout de ces deux tableaux que le secteur non
structuré localisé urbain ne représente guèr~ que le tiers de l'emploi
total non structuré. Certes, cette proportion v~rie selon les secteurs
12 %seulement dans le Textile, mais 69 %dans le Bois et 80 %dans le
Cuir.
Il n'en reste pas moins que c'est là une information de première
importance qui vient relativiser le système d'enquêtes mis en place par
l'I.N.S. puisque celui-ci, dont le but est d'aboutir à une 9stimation de
la production du secteur non structuré, ne porte que sur les seules
activités établies en milieu urbain, soit 33,5 %de l'emploi dans le
secteur non structuré seulement.
Or, comme nous allons essayer de le montrer maintenant, les estima
tions d'emploi auxquelles nous venons de procéder permettent de deboucher
sur des estimations de la production.
A N N E X E 141.
L'emploi dans le secteur ucn structurê t api ès pr Lse (;" compte
de deux facteurs négligés dans l'estimatIon a ~inima :. la croissance
de l'emploi et les actifs de la classe "'âge de 10 à 14 ans.
Comme il a déjà été dit, les chiffres prè~entés aux Tableaux 9
et 10 sont le résultat d'estimation a minim~. Les trois tableaux (1)
qui suivent, montrent quelles modifications aV"aient été introduites
dans ces résultats si nous avions pris en compte la croissance de
l'emploi par branche (2) (tableaux 9-10bis), la classe d'âge de 10
à 14 ans (3) (tableaux 9-10ter), la croissance de l'emploi et la
classe d'âge 10-14 ans simultanément (tableaux 9-10 quater).
Tableau 9-10 bis 1 L"emploi dans les diverses formes du secteur nonstructuré (après prise en compte (0 la croissance75-76 de l'emploi par branche)
NonLocalisé localisé Ensemble
Secteur non . .structuré 142 049 193 196 335 245
en % 42, 4 % 57, 6 % 100 %
38,6 % de l'ensemble des secteursnon agricoles
: i1
Remarque La crois~ance du secteur localisé est supposée déjà incluse
pour l~ milieu urbain puisque les résultats du Recensement
des établissements sont datés de 1976.
Tableau 9-10 ter: L'emploi dans les diverses formes du secteur nonstructuré (après crise en compte de la classe d'âge10-14 ans)
NonLocalisé localisé Ensemble
Secteur non145 383 193 428 338 811structuré
en % 42, 9 % 57, 1 % 100 %
40,4 %de l'ensemble des secteursnon agricoles
pour lesquels nous n'avons conservé que la distinction localisé etnon localisé, ~près élimination de la distinction urbain/rurald'après 1er, enlimations du Ministère du Plan. Cf. Ministère du Plan"Statistiques nociales rétrospectives (Mars 19RO).Cf. Tableau D 11d'après Les I:lblei1ux 26 et 27 du Recensement dc lr-. rnr'l]ation de1975. Vol. ',' 1'1-. ',(ln "t. na ,
Tableau 9-10 quater
- 142 -
L'emploi dans les diverses formes du secteur nonstructuré (après prise en compte de la classed'âge 10-14 ans, et de la croissance des branches)
1
~on
1Localisé Local Le é Ensemble
1 -j!1 Se ctei r non 1 147 456 204 432 351 888
1 s t.ruc tur é 1
~--i 42 1 o % 58, o % 100 %___ ' J
;$! :::% de !. 1 erasem"o:ede G Be c te1,l~, i3 no nagricole.
Remarque :'a crois sance de la classe d'âge 10-14 ans a é r.é p:t'iaa en
compte
Globalement, l'~cart est ,de plus de 8 %entre cette derni~re estima~
tion et l'estimation a minima que nous avons retenue dans le tableau 9.
- 143 -
SECTION tr
PART DU SECTEUR ~ON S~~UCTUR~
DANS LA
PRODUCTION INTERIEURE BF}JTE
~ J45 -
1) Méthodes d'évaluation de la prod~ciion
Les méthodes d'évaluation de la pro.1uetion? de la valeur a
ajoutée (et des bénéfices) dans les secteur2 de l'activité éco=
nomique non structurée ont été élaborées ;ar approximations
successives p et finalement testées au. CO'L1:". des monographies de
métiers, dont c'était l!un des principaux ob~ectifso
Si au cours d'une interview une question portant sur une
évaluation chiffrée ne recevait pas de réponse satisfaisante,
on enregistrait les raisons invoquées par l'artisan pour justi
fier sa difficulté à répondre. Après avoir soumis ces ra.isons aux
artisans interviewés ensuite? on leur posait la même question sous
une autre forme ou par un autre biais. Ainsi, par recoup~ments
successifs, et malgré les écueils surgis de contraàictiona en
chaine 9 la réalité du fonctionnement des petits ateliers s'éclai
rait progressivement et, par la même occasion, se dessinait la
forme des questions pertinentes.
Bien que la formalisation en un questionnaire statistique
soit nécessairement appauvrissante, l'énumération des quelques
principes qui ont présidé à sa mise en oeuvre va permettre de
découvrir une partie de la réalité du secteur non structuré:
Le principe sans doute le plus important consiste à bien
saisir le rythme de l'activité étudiée et à appuyer le question
naire sur cette base solide. C'est en effet dans ce principe que
réside la force du questionnaire, et également sa difficulté.
- Un autre principe consiste à tenir compte de la quantité
de travail incorporée dans le produit fabriqué ou le service ren
du. Le rythme de l'activité correspondanie dépend directement de
cette quantité de travail.
- Enfin, le dernier principe, dont découle en partie le pré
cédent, consiste à distinguer la production de biens et la produc
tion de services.
- 146 -
La distinction entre biens et services est nécessaire en ce
sens que l'évaluation de la production de services ne peut être
recoupée par J.'utilisation d'une matière première principale, con
trairement à ce qu'il en est pour la production de biens. En outre
la qu~,tité de travail incorporée dans un service (1) es~ extrême
ment faible par rapport à la quantité de travail incorporéG dans
un bien. Il en rés~lte que l'évaluation de la production p~r la
capacité de production et par le temps unitaire de fabT~~ation
est tO'-lt-à-fait imprécise dans les activités de services, d'autant
plue q~e la production ne peut être stockée et que le rythme de
production peut conna1tre des variations très iwpo~tantes d'une
saison à l'autre, voire d'un jour à l'aut/e.
Le rythme de l'activité est de ce fait le thème gé~éral e~
primordial qui doit être pris en compte pour saisir au mieux la
production des secteurs non structurés.
Essayons d'illustrer concrètement cette proposition. Si le
chiffre d'affaires annuel peut être un concept opératoire et signi
ficatif pour analyser l'activité d'un petit artisan - menuisier,
garagiste ou coiffeur -, il est clair toutefois qu'un tel concept
n'a certainement pas une signification très évidente pour cet ar
tisan, qui n'est soumis à aucun cycle annuel, pas même à celui de
l'impôt auquel il échappe le plus souvent, et encore moins à celui
de la comptabilité. Faute de ce minimum de signification concrète,
l'artisan ne peut répondre sur ce point, quelle que soit sa bonne
volonté. Le problème consiste donc à essayer de recenser les cycles
auxquels est soumis l'artisan et qui déterminent en grande partie
son comportement et finalement sa manière de compter, car il s'agit
bien dJaboutir en fin de compte à une quantification en termes
monétaires. Ces cycles peuvent être multiples et interférer entre
Du moins cette affirmation est-elle vérifiée pour les secteursd'activités que touche l'enquête sur le secteur non structuré.
- 147 -
eux: c'est de leur résultante que dépend le rythme de l'activité.
Certains de ces cycles sont liés à l'activité elle-même: cycle
saisonnier des commandes, cycle aléatoire des approvisionnements.
D'autres sont liés au comportement de l'artisan: cycle de l'ap
prentissage, cycle de stockage. Certains sont susceptibles de
régulation: c'est le cas précisément du cycle de l'apprentis
sage (1), c'est aussi celui du cycle des approvisionnements
régulé par une politique de stockage que certains artisans peu
vent se permettre, contrairement à d'autres à court de liquidités.
Dans la plupart des cas, l'absence ou la difficulté de régu
lation entraine un raisonnement en termes unitaires ~
- unité de fabrication (chambre à coucher pour l!ébéniste,
révision de moteur pour le garagiste) ou multiple de cette unité
dans le cas du travail en série (100 paires de chaussures, ••• ) ;
- unité de temps: la semaine pour les fabricants de chaussu
res, les garagistes ou les petits commerçants.
La collecte des données dont l'agrégation ou l~extrapolation
nous conduira au concept réputé opératoire de notre point de vue
(le chiffre d'affaires annuel) passera donc par l'observation dé
taillée des coûts et des temps de production ~nitaires dans le
premier cas, par l'établissement détaillé sur une période d'un
mois d'un calendrier hebdomadaire des opérations (de production
ou de service) couplé avec une étude détaillée des variations
saisonnières dans le second cas.
C'est un tel schéma qu'il conviendra cie 3uivre dans l'élabo
ration du questionnaire. Certes, parfois: des régulations plus ou
moins bien assurées permettent de se conformer à certaines règles
(1) Certains artisans peuvent embauchsr ds neuveaux apprentis plusieurs mois avant le départ prévu de }.eu:,:,s apprentis formésCf J. CHARMES : "Les con t r-adLcs t cna du développement du secteur non structuré", Cf Ille Pa~tie, Section III.
- 148 -
par exemple le prix au consommateur sera le double du prix d'achat
de la matière première (ébénisterie) ou de la pièce détachée (gara
gistes). Mais de telles pratiques, issues de l'expérience des hom
mes de métier et que viendront confirmer les résultats des sondages
sectoriels (1), ne sont pas pour autant généralisables: l'ébénis
terie de style fait exception dans l'exemple cité et la règle ne
s'applique pas à la menuiserie de bâtiment, et pour les garagis
tes, elle ne vaut que pour certain~s réparations.
Les enseignements qui précèdent nous ont donc amenés à met
tre en oeuvre trois méthodes d'évaluation de la production ou du
chiffre d'affaires:
1) Chiffre d'affaires calculé par la consommation de matières
premières.
Pour les secteurs productifs (bois, cuir, métal, boulangerie),
cette méthode consiste à reconstituer la valeur des achats de ma
tières premières sur une année, à faire le rapport de cette valeur
à la matière première contenue dans une unité du produit le plus
couramment fabriqué (2), et à multiplier ce rapport par le prix
unitaire de ce même produit (3). Lorsque la valeur des achats de
matières premières n'a pu être reconstituée sur une année, on ex
trapole la période reconstituée à partir du coefficient des varia
tions saisonnières (4).
2) Chiffre d'affaires déclaré.
Cette valeur est relevée dans les secteurs des services, ain
si que dans les secteurs productifs où l'unité produite incorpore
une faible quantité de travail (cuir, boulangerie, etc., à l'exclu
sion du bois et du métal). Le chiffre d'affaires déclaré est obtenu
(1) L'exploitation des questionnaires du sondage sur le "Bois etameublement" montre que le chiffre d'affaires unitaire est àpeu près le double de la consommation de bois.
(2) On obtient de cette manière une production en volume en équivalents du produit le plus courant.
(3) Opération qui nous donne la production en valeur, ou chiffred'affaires.
(4) Coefficient calculé comme il sera indiqué par la suite.
- 149 -
par la reconstitution du calendrier helèomadaire et mensuel des
opérations réalisées, pour la semaine t le mois précédant l'en
quête. Pour les 11 autres mois de l'année p ',e chiffre d'affaires
hebdomadaire ou mensuel global est demandé p ët ce relevé sert par
la même occasion à établir le coefficient Je variations saison-
nières.
3) Chiffre d'affaires calculé par la capacité de production.
Pour tous les secteurs productife, et même pour la mécanique,
cette méthode consiste à attribuer un coefficient de productivité
à chaque travailleur de l'atelier en fonction de son ancienneté
dans la profession et de sa rémunération. Le coefficien ..· de pro
ductivité de l'atelier ainsi obtenu est transfo~é en capacité
de production en le multipliant par la norme de 300 jours de tra
vail par 'an. En rapportant à ce chiffre le t~ps de travail effec
tif (pondéré par la productivité) nécessaire à la fabrication du
bien le plus courant, on obtient la production potentielle en vo~
lume, que l'on valorise par le biais du prix unitaire. Une aut~e
estimation par la capacité de production est obtenue en appliquant
à cette production potentielle, le coefficient de variations sai
sonnières.
Ces estimations de la production se ~e~~ouvent donc diverse
ment associées selon les secteurs d'activité, et la valeur rete
nue du chiffre d'affaires dans un secteur particulier sera simple
ment la moyenne des diverses estimations calculées (1).
2) Participation du secteur non structuré à la formation
de la PIB
Les méthodes d'évaluation qui viennent d'être exposées ont
été testées en 1977 et 1978 sur deux seckurs : Bois et Ameuble
ment d'une part, Mécanique d'autre part. ~lles sont en cours de
réalisation pour le Cuir et la Chaussure (1980).
---------------------------------(1) Pour plus de détails, on pourra se reporter à : J. CHARMES
"Sources et méthodes d'élaboration des comptes d'entreprisesdans la comptabilité nationale tunisienne. Intégration dusecteur non structuré dans la comptabilité nationale: l'exemple du secteur Bois et Ameublement". Multigr. 1980
- 150 -
Les années 1980-81 devraient voir la réalisation d'une enquê
te globale sur tous les secteurs de l'activité économique non
structurée.
Les résultats obtenus pour les deux enquêtes réalisées sont
déjà fort réve~ateurs et donnent une idée de l'importance des réa
justements qui seront nécessaires si l'on .décide d'intégrer de fa
çon définitive et permanente le secteur non structuré dans l'ins
trument de mesure de la richesse nationale.
Nous baserons notre démonstration sur le seul secteur secon
daire, les informations sur les services et le commerce, même "mo
dernes", étant encore très parcellaires et peu fiables.
Rappelons la part de chaque forme de production dans l'emploi
des principaux secteurs où l'activité non structurée est importante
Tableau 11
- 151 -
L'EMPLOI DANS LES PRINCIPAUX SECTEURS DE L'ACTIVITE
SECONDAIRE SELON LES FOID1ES DE PRODUCTION
.'
Formes de Industrie SNS SNS EmploiProduction total
Secteurs Effectife % Localisé Urbain Rural" %d'activité % et non
localisé
Bois-Ameublemp.nt 6 920 29,2 " 11 526 48,7 5 244 22,1 23 69C
Mécanique-Garages 5 988 25,7 8 750 37,6 8 562 36" 23 30C"
Métal-Forgerons 9 121 61,8 4 785 32,4 860 5, t 14 76E
Textiles-Confection 38 437 27,5 11 928 8,6 89 295 63, ( 139 66C
Cuir-Chaussures 3 506 45,8 3 317 43d 837 10,9 7 660
Boulangerie-Pâtisserie ~ 119 36,} 4 310 50,2 1 ~ 61 13,5 8 590
Autres activités 12 485 71 ,9 3 545 22,1 - o,e 16 03C
TOTAL 79 576 34,1 48 161 20,6 105 959 45,~ 233 695
Ensemble des industries 103 727 40,2 48 161 18,7 105 959 41 ,1 257 847manufacturières
- Les résultats de l'enquête sur le "Bois-Ameublement" et de
l'engu~t~ sur la "Mécanique"
Pour l'année 1977, les résultats de production et de valeur ajoutée
du secteur "Bois et Ameublement", calculés de la manière décrite au § 1.,
sont donnés par le tableau suivant 1
Tab19au 12 : EMPLOI, PRODUCTION ET VALEUR AJOUTEE DU SECTEUR BOIS ET
AMEUBLEMENT EN 1977 (1)
Agrégat Emploi *** Chiffre Valeur ajoutée Valeur ajoutée
Secteur d'affaires (1000 dinars) par tête(1000 dina~s) (en dinars)
Secteur non* ,. 10 739 19 739 9 161 853structuré
Industrie ** 5 663 17 310 6 202 1 095
Total secteur 16 402 37 049 15 363 937,,-'---~.
(1) Chiffres extraits de : I.N.S. (1979) ~ "~nqu ~~ sur le secteur nonstructuré en Tunisie. Production et '.i"";:'.J:;'~~ a. ou t ée du secteur Bois e tAmeublement en 1977". Multigr. 88 po
..., 152 -
* Il s'agit du secteur non structuré localisé" urbain, constitué par les
établissements de moins de 10 emplois.
** Résultats redressés du Recensement des Activités Industrielles.
*** Ces chiffres sont légèrement inférieurs à ceux des tableaux 3 et 4,
parce qu'ils excluent le travail du liège et des meubles en autres
matières que le bois.
Ces résultats, certainement pas surestimés étant donné qu'ils
rest~nt bien en deçà des disponibilités en bois de l'année 1977, entral
neraient une réévaluation de 0,42 ~ du Produit Intérieur Brut 1977. sur
un poste qui ne représenterait que 0,37 %de ce même PIB.
Les résultats de l'enqu3te Mécanique apparaissent du mAme ordre de
grandeur, encore que la comparaison s'avère extrêmement difficile en
raison de la quasi-impossibilité de distinguer les activités de répara
tion, fabrication et commerce.
Tableau 13 : EMPLOI ET VALEUR AJOUTEE DU SECTEUR ~MECANIQUE-GARAGES"
EN 1977 (1)
Agrégat Emploi Chiffre Valeur Valeur ajoutéed'affaires ajoutée par tête
Secteur (1000 dinars) (1000 dinars) (en dinars)
Secteur non* 9 794*** 11 197 9 720 922structuré
Industrie** 5 988 78 649 16 091 2 687
Total secteur 15 782 89 846 25 811 1 635
* Secteur non structuré localisé urbain
** " Résultats redressés du Recensement des Activités Industrielles,
incluant les activités commerciales.
*** Chiffre légèrement supérieur à celui du tableau 4, parce qu'il inclut
la vulcanisation et les travaux de tournage et de fraisage.
(1) Cf. I.N.S. : "Enquête sur le secteur non structuré en Tunisie. Chiffred'affaires et valeur ajoutée du secteur "Mécanique-Garages" en 1977".(à paraHre).
- 153 -
On sait que le chiffre d'affaires concernant le seul poste des
réparations s'élève pour l'industrie à 5 7"9 000 dinars. Il est d41icat
d'estimer le nombre d'emplois a7ant contrit~é à réaliser ce chiffre
d'affaires. N~anmoins on peut penser que l'écar'~ de productivité entre
le secteur non structuré et le secteur indusTriel n'est guère différent
de ce q~'il était dans le travail du bois : ~)Us cette hypothèse la
valeur ajoutée par tête dans les réparations mécaniques du secteur
moderne s'élèverait à près de 1 200 dinars.
Il est fort probable que le secteur non structuré de la Réparation
mécanique, qui contribue pour 38 %à la valeur ajoutée totale du secteur,
a été grandement sous-estimée dans le calcul du PIB. Cependant les
travaux de planification incluent les Réparations .dans les Services,
lesquels font l'objet d'une évaluation globale et approximative. Il n'est
donc pas possible de calculer l'impact du secteur non structuré de la
Mécanique sur le niveau du PIB.
Sur la base des enseignements de ces deux enquêtes, nous allons
toutefois essa7er d'estimer la participation du secteur non structuré
des Industries Manufacturières à la formation de la PIB.
Essai d'estimation de la part du secteur non structuré des
Industries Manufacturières dans la formation de la PIB
Les Industries Manufacturières ont contribué en 1977 p~ur 12,9 %à la formation de la Production Intérieure Brute, au coat des facteurs
et aux prix courants (avec 203,' millions de Dinars) (1), et pour 16,4 %à la PIB non agricole' Ceci d'après les estimations du Plan (2).
(1) Globalement, l'industrie contribuait pour 35,' %, le commerce et lesservices pour 43,4 %et l'Agriculture pour 21,3~.
Cf. Ministère du Plan: Séries statistiques rétrospectives. 1969-17(mai 1919) Tableau 11.2
(2) Nous avons préféré travailler sur la Production Intérieure Brutequi est l'ensemble des contributions des secteurs productifs plutôtque sur le Produit Intérieur Brut qui inclut les Administrations.
TABLEAU '" 1PARr DR L'lNDIlSTRIB, DO SEC'!'EUR ROR STRtlCTURB LOCALISB OIlB.&.lIl ET DU SECTEUR 110" ~RUCTORB HON LOCALISa
ET RURAL IlAIG LA VA.LEtIR A.10tn'EE DCS BIWIC1IES INDtlSTRICLLCS IWl'UFACTtlHIERES (E11 lm)
~IIlDUSTRlB SEcrEUR 11011 STRtlCTURE LOCA.LISE ll'JlBAIIi SECTEUR 1I0R STRtlCTtIRB
liOn LOCALISE ET RURAL Valeur
6ajout~A
1 2 , 4 5 7 8 10VA/tAte Val, ejout"e VA/tAta Velo ajout.se VA/tAte Val. ajout4e tot&1~
Branchee d'acti.ité Emploie (1OOOd) ( 1000d) Emploie (IOOOd) (IOOOd) Emploie (1000d) ( lOOOd) (rcooe)
Boie - ameublement 5.66' 1,215 6.881 10.7'9 0,85' 9.161 5.244 0,427 2.n9 18.261
Indu~triea "étallurgiques, 21.195 1,4TT ".'00 0."5 0,985 '''.Dl 9.422 0,49' 4.645 49.m"~can1quea et électriquea
1e%tilee - Babille=ent 29.767 1,TI8 52.700 15.245 0,919 14.010 90.1'2 0,460 '" .461 108.171- Cuir
Boulangerie - rAtieaorie '.506 1,410 6.400 "."0 0,706 ',on 1.161 0,"' 4'0 9.~J
Industriee di.ersee(Caoutchouc, Plaa tiques , 16.119 1,921 JO. 964 '.545 1,28' 4.540 - - - "5.504ftat"riaux de conetructlon,C4ram1que, Verre)
TOT A L 76.250 1,528 126.245 41.'74 0,924 44.066 105.959 0,460 48.755 221.066
Enseable dee Ioduetripe IOJ.'127 1,960 20J.'00 41·'74 0,924 44.066 '05.959 0,460 48.755 296.141CD.''lUfac turibres
\Jl.p-
Colnnne , 1
Colonne 2 1
Colonne' 1
Cnlonnes 4 at 7
Colonne 5 1
Colonne 8 1
Colonnes 6 et 9 1
Source 1 Recensement dea Activitée industrielles de l'IN3. Année 1977.
La valeur ajoutée par t'te eet obtenue en divisant la valeur ajout~e par l'eQploi, eaur dans la branche ~oxtile-Habillement-euir-pour la~uelle
c'eet la valeur ajoutée rournie par le Roconsoment des Activit~e induetrielles qui a été utilieée. Cette exception ae ~percute évidemment ~rla ligne -TOTAL-
Source 1 "iniet.re du Plan 1 Sériee etatiatiquee rétroapectivee. 1969-1977.
Sourcee 1 TableaUl< 2 et , eupra.
La .aleur ajout~e par tOte du aeoteur non etructuré localla4 urbain a été calcul~e comme 4tant égale aux 2/J de la .Blr~r ajoutée par tOtadane l'industrie, • l'exception de 10 branche -Boia et Amwublement- pour laquelle a été utiliaé le ~8ultat d. l'enqu'ta sectoriell••
La valeur ajoutée par t'te du .acteur non localieé et rural a ~té calculée COœD8 étant ~cale h le moitié de la .aleur ajoutée par t'tedu aecteur non atruc~ localisé urbain.
La .aleur ajoutée totale est le produit de l'emploi rar la valeur ajout~e par t't••
- 155 -
Ces estimations ont été reprises dana la. colonne "Industrie" du
tableau 14 suivant qui essaye d'évaluer la part de l'industrie, du
secteur non structuré localisé urbain, et du secteur non structuré non
localisé et rural, dans la valeur ajoutée des branches manufacturières.
Les estimations concernant le secteur non ëtructuré y ont été faites
sur la base des deux hypothèses suivantes :
- la valeur ajoutée par tête du secteur non structuré localisé
urbain a été prise comme étant égale aux tieux-tiera de ce qu'elle est
da~s l'industrie (dans la branche Bois et Ameuble~ent où elle a été
calculée directement, elle représente 70 %de sa valeur dans l'industrie).
En effet, les techniques de production ne diffèrent pas de façon essentiel
le puisque le travail à la machine est partout généralisé grâce aux
entreprises de location
- la valeur ajoutée par tête du secteur non structuré non localisé
et rural a été prise comme étant égale à la moitié de son niveau dans le
secteur non structuré localisé, ce qui représente plus d'un tiers du
niveau industriel. Dans ce cas en effet, d'une part les techniques sont
moins productives, d'autre part et surtout il faut tenir compte du fait
que les travailleurs concernés sont soit ~es tâcherons, soit des clandes
tins, soit des travailleurs à domicile, dont l'activité n'est pas perma
nente, mais liée au marché du travail (tâcherons), au marché des produits
(clandestins), ou au caractère saisonnier d'autres activités (comme
l'agriculture dans le cas des travailleurs à domicile du Textile.
Finalement,les calcule du Tableau 14 ont été effectués en rapportant
l'emploi à la valeur ajoutée dans l'industrie, a~in d'en faire ressortir
une valeur ajoutée par tête qui servira à estimer cet indicateur dans
les deux autres secteurs. Dans le secteur non structuré en effet,d est le
produit des emplois par la valeur ajoutée par tête qui nous donne la
valeur ajoutée totale.
La prise en considération des deux formes du secteur non structuré
entraine donc une augmentation de 72~4 %de la valeur ajoutée des Indus
tries Manufacturières concernées dont 47,5 %dus au secteur non structuré
- 156 -
localis~ urbain et 52,5 %au secteur non structuré non localisé et ?uralo
Ainsi c'est à Ulle r~~valuation de près du dO'uble qu'il faudrait proc~der
si l'on d~cidait de prendre en compte le secteur non structuré sous ces
deux formes principales et pas seulement en se limitant à la forme
"localis~ urbain".
Pour l'ensemble des Industries Manufacturières l'augmentation serait
de 45,7 %' Comme elles représentent 12,9 %de la PIB, la r~percusBion de
cette prise en compte serait de 5,9 %.
Lorsqu'on sait (1) que le secteur non structuré des Industries
Manufacturières ne repr~sentait que 47,7 %de l'emploi total du secteur
non structur~, on peut présumer que c'est à une r~évaluation globale de
près de 10 %de la PIB qu'il faudrait procéder, si l'on décidait d'inté
grer la totalité du secteur non structuré (y compris le Commerce et les
Sèrvices) dans les comptes nationaux.
* *
*
*
C'est dire l'importance des révisions que devrait entralner l'inté
gration du secteur non structuré dans un système de planification qui a;
jusqu'à présent, bas~ ses travaux sur des niveaux d'eQplois à peu près
réels (puisque cal~s sur les recensements de population), mais sur des
niveaux de production partiels. Ceux-ci en effet ne traduisaient que la
part imputable à l'industrie, dont nous venons de voir qu'une estimation
a minima permettait de l'évaluer à 67 % du niveau réel (~). De la même
façon, les variations annuelles de l'emploi et de la production ne
concernent que la partie industrielle visible.
Les estimations auxquelles nous avons procédé sous un certain nombred'hypothèses montrent ~videmment l'intérêt d'une g~n~ralisation de l'en·,
quête sur le secteur non structuré qui permettrait d'~valuer directement,
(1) Cf. Tableau 4, supra
(2) En l'absence de toute information fiable, le commerce et les servicesautres que les transports, le tourisme et les loyers, sont traités defaçon globale et approximative dans la planification.
- 157 -
pour une année de base, la valeur ajouté& kar tête, et finalement la
valeur ajoutée globale de toutes les brancl. de l'industrie et du
tertiaire concernées par le secteur non structuré.
* *
*
*
Par là, il ne s'agit pas de trouver une méthode permettant de gonfler
les évaluations des PIB dont les taux d'accrc~8sement en valeur réelle
(sinon en valeur courante) ont tendance à diminuer, ma~s bien de prendre
conscience que la richesse se crée en des lieux et par GeE moyens que
l'imagination des planificateurs n'a pas toujo~rs pu p:~é~o~: ou prendre
en compte, réduite qu'elle était par l!~nsuffisance ~€~ 10n~ées statisti
ques disponibles.
Rapprocher la planification des réalités finalement tengible~ est
donc un objectif que se fixe la méthode exposée.
Mais les méthodes et résultats présentés à partir d'une étude entre
prise dans un pays en voie de développement offrent également un thème
de réflexion aux pays industrialisés qui voient actuellement se développer
à grande vitesse un secteur non structuré (1) dent or. croyait qu'il était
:IGpanage du Tiers-Monde. Cela nous incite ~in~; à réfléchir sur le
fonctionnement de nos sociétés, et sur les seui:s au delà, ou en deçà
desquels des soupapes de sOreté telles que le gecteur non structuré se
remettent à fonctionner afin de permettre au ~ûrps social de procéder aux
adaptations que les mutations de l'économie lui imposent durant les
périodes de transition.
Travailleurs clandestins oeuvrant en dehors de toute couverture
sociale, travailleurs au noir ou à. domic:.ile f':lRayant de régler à leur
manière le problème du ch8mage et du faible niveau de rémunération que
leur offre le marché du travail, tels sont 1er acteurs de l'accumulation
(1) Le cas le plus connu est évidemment l'Italie, mais tous les payseuropéens sont touchés par le phénomène. Pour la France, un récentrapport de M. DELOROZOY sur "le travail clandestin" vient de fairele point sur la question.
- 158 -
initiale du capital dans les pays en voie de développement, tels sont
également les acteurs de l'accumulation dans les sociétés industrialisées
en proie à la crise.
•
- 159 -
SECTION III
LES CONTRADICTIONS DU DEVELOPPEMENT
DU SECTEUR NON STRUCTURE x
UNE ILLUSTRATION DE L'ANALYSE MONOGRAPHIQUE
x Texte d '.une connnunication au Colloque IEDES-AFIRD surproduction marchande en milieu rural africain".
"La petite
Paris 7-8 et 9 mars 1979.
Paru dans la Revue "Tiers-Monde". Vol. XXI, n" 82 - Avril-Juin 19~O
pp. 321 - 335.
- 161 -
La méthode d'exposition d i f Eêre gënêra l s.uen t de la méthode d' inter
prétation : alors que l'interprétation consi~:e à partir des faits pour
les construire en schéma théorique élaboré, l'exposition consiste à pré
senter la construction théorique comme un a priori qui serait validé
après coup, à l'aide d'exemples tirés de la réa_~té.
Nous avons choisi d'exposer, dans la présente communication, ce que
l'on pourrait appeler le cheminement interprétatif qui va du concret à
l'abstrait, afin de montrer l'intérêt de la méthode des monographies de
métier dans l'ensemble de la démarche suivie pour étudier le secteur non
structuré en Tunisie, afin de montrer également qu'une démarche résolu
ment empirique telle que celle adoptée est le fondement nécessaire à tou
te formalisation théorique.
Nous présenterons donc en premier lieu les éléments d'une interview
effectuée auprès d'un ébéniste de Tunis. Ces éléments portent sur le thè
me qui nous paraît central dans l'analyse du développement et des contra
dictions du secteur non structuré: à savoir l'apprentissage et la main
d'oeuvre.
Il ne s '.agit pas pour nous de généraliser à partir d'un cas unique, m,
à partir d'un seul secteur de l'activité économique. Le cas présenté a été
choisi parce qu'il apparaissait comme particulièrement démonstratif de la
thèse sur le fonctionnement interne des ateliers du secteur non structuré
que nous présenterons en second lieu. Celle-ci est en effet corroborée par
de nombreuses autres interviews effectuées tant auprès de menuisiers
ébénistes que de garagistes - mécaniciens.
Enfin, en troisième lieu, et passant à un niveau de théorisation de
plus en plus abstrait, nous exposerons ce quui nous paraissent être les
déterminants internes et externes d'un tel fonctionnement et d'une telle
situation.
- 162
1) La situation des apprentis et de la main-d'oeuvre en général,
d'après les dêclarations d'un artisan - ébéniste de Tunis (1)
1- Il Y a une crise des ouvriers compétents : les bons ouvriers
sont partis à l'extérieur. Je prends des petits apprentis, je les forme,
et après 3 ans ils peuvent être de bons ouvriers. Ceux qui restent deman
dent un peu plus, les autres partent. La plupart s'en vont. Il est rare
que vienne un ouvrier pour demander du travail.
2- Je travaille avec des apprentis. Je me sers de gosses et je
leur apprends. Après 2 ans ils sont bien formés et après 3 ans ils s'en
vont et j'en prends d'autres. Je leur fais de la théorie de temps en
temps, la minutes, 1/4 d'heure: Où pousse le bois? A quoi sert-il?
Comment on fait l'assemblage, le placage, le contre-plaqué? Comment on
applique la colle sur le bois? Comment on se sert du tour et des machi
nes ? Etc.
( ...)
Les apprentis sont contents. Ils ont un contrat de l'Inspection du
Travail: 3 ans. Les 6 premiers mois ils gagnent 500 millimes par semaine,
puis progressivement cela s'élève jusqu'à 7D,500 par semaine après 2 ans.
Au bout de 3 ans ils se font une somme assez belle. Ils ont la possibilité
d'aller voir s'ils gagnent mieux ailleurs, si on leur offre plus. J'en ai
déjà formé 6, et j'en ai encore 6 ici. En avril un nouveau va partir, qui
est très bon ouvrier.
( ... ) Entreprendre une industrie? Et après? Des ouvriers compétents,
il n'yen a pas! Alors, passer 2 ou 3 ans pour élever des gosses et en
faire des ouvriers ? Et après ?
3- S'il Y a écoulement, en 3 ou 6 mois peut-être on peut leur ap
prendre le travail, ils savent quelque chose.
4- Ce bois qui est là, j'avais prévu! (la pénurie). Je l'ai acheté
il y a 6 mois pour ne pas laisser les gosses sans travail.
(1) Les éléments de l'interview sont classés dans l'ordre où ils sont apparusau cours de la discussion. Toutes ces déclarations n'ont pas été faitesau même moment de l'entretien. La première a été faite tout au début, etla dernière tout à la fin.
- 163 -
5- La peinture, je la fais moi-même ainsi que le vernis.
( ... ) Je suis obligé de faire çà pour pouvoir apprendre aux gosses le
commencement et la finition ici-même. Ces armoires à glace, ce sont les
gosses qui les font. Il y a un ouvrier avec eux, bien entendu. Tous les
soirs il leur explique. J'ai un seul ouvrier depuis une année. Il cherche
à se retirer. Payé 18 Dinars par semaine. Samedi soir il ne travaille pas
5 jours 1/2 par semaine. Sécurité Sociale : 18 à 20 D. par 3 mois (pour les
apprentis de moins de 20 ans, je ne verse pas). Il veut se retirer pour
travailler ailleurs. Ils ne sont pas stables. Il veut gagner un peu plus
ailleurs: 1 000. Il est bien apprivoisé, intelligent. Mais il passe sur
mon amitié avec lui: il cherche un peu plus d'argent.
- La concurrence joue beaucoup ?
- Tenez, je suis en face d'un local qui vend du bois. Le gars attend
dehors. Il dit aux gosses: je te donne 1 000 de plus ! Il Y a un manque de
main-d'oeuvre compétente. Les bons ouvriers sont à l'extérieur, en France,
en Allemagne, en Lybie. Tous nos bons éléments travaillent à l'extérieur.
Trente Dinars par semaine, ici, on ne peut pas l'avoir. Alors ils partent.
Quand ils reviennent, ils sentent d'abord le marché; ils repartent encore.
Il y en a qui ont essayé de s'installer ici: j'en connais 2 ou 3.
6- Il Y a un manque de main-d'oeuvre compétente: c'est une chose
qui paralyse pour agrandir. On dépense une certaine somme et on ne trouve
pas d'ouvrier.
L'apprentissage, c'est comme les arbres fruitiers : la première année
on voit un peu ce que c'est, la seconde année ça va, et la troisième année
il commence à y avoir un peu de rendement.
La formation professionnelle? Ils ne sont pas à la hauteur : 1/3 des
connaissances techniques. Les apprentis, après 3 ans, ils se débrouillent
tout seuls.
]- La majorité des petits travaux de tour, c'est pour apprendre aux
apprentis le plus facile. En 6 mois j'en fais de bons tourneurs. Le restant
- 164 -
des 3 années, ils fout des bancs, des fauteuils, des chambres à coucher,
Récemment deux j'entre eux ont terminé leur contrat et ils gagnent main
tenant 10 à 12 Dinars par semaine comme tourneurs. Je ne les garde pas,
je les forme! Qu'est-ce que je leur donnerais à travailler? J'ai le
goût de les fo~er, non pas de devenir riche. La richesse, c'est réservé
aux riches !
8- Il Y a des apprentis qui veulent de l'argent d'abord, Et il Y
a ceux qui veulent le métier d'abord: ceux-là sont bien! Ils gagnent
7D,SOO par semaine au bout d'un an, 10D,SOO par semaine tant qu'ils n'ont
pas encore de contrat. Le tourneur parti il y a deux mois gagnait SD,OOO
par semaine ;.~D,OOO par semaine pour un autre.
Cela me fait 400 Dinars de main-d'oeuvre pour les gosses.
L'ouvrier, je fais appel à lui quand j'en al besoin, Je lui donne
18 Dinars par semaine, 400 de l'heure, et le type n'est pas content!
Rendez-vous compte !
Quand il n'y a pas de travail, il va travailler ailleurs.
( ... )
La toupie, c'est la machine la plus dangereuseo C'est moi qui m'en
serscTe ne fais travailler les gosses dessus que la 3ème année: un
faux mouvement ...
- En plus de la paye, leur donnez-vous quelque chose en nature?
- Il Y a une prime de fin d'année. Je leur donne un peu plus que leur
paye pour la fête de l'Aïd (2D,000 à 3D,000). Il y en a un je l'habille au
souk pour l'hiver. Et l'été, je leur paye la douche en face tous les samedis
soirs. En été, on fait la séance unique 6 h 30 - 13 h 30 ; et en hiver
8 h - 12 h et 14 h - 18 h. Et moi, je continue avant ou après.
9- Avant, je payais au forfait (les deux dernières années). Ce matin
je reçois une feuille de la rue de Rome (= le fisc). Ils dénoncent le forfait
- 165 -
pour me faire payer le droit d'exercice à l'effectif. Je payais 15 à 20
Dinars par an pour le forfait, plus la patente.
Je forme des ouvriers comme ça, et puis je les licencie pour prendre
d'autres ; et. j' at tends un remerciement du gouvernement, pas un serrage,
quand même
2) Fonctionnement interne d'un atelier du secteur non structuré
L'assemblage de ces divers fragments de discussion qui traitent d'un
même thème montre bien tout l'intérêt de la méthode monographique. Ces
fragments étant placés selon leur ordre d'apparition dans la discussion,
on saisit la différence qu'il y a entre le discours de départ et le discours
final : "Je prends des petits apprentis, je les forme, et après 3 ans ils
peuvent être de bons ouvriers. Ceux qui restent demandent un peu plus, les
autres partent. La plupart s'en vont". "Je forme des ouvriers comme ça, et
p~s je les licencie pour prendre d'autres "
La première proposition est tout-à-fait objective ; elle pêche seulement
par omission: ce n'est pas spontanément que les apprentis quittent leur
patron à l'issue des 3 années d'apprentissage, mais bien parce qu'ils y sont
poussés, soit directement (licenciements), soit indirectement (parce que la
rémunération qui leur est alors proposée est inférieure au niveau moyen pra
tiqué dans la branche). La seconde proposition: "Je les licencie" est donc
plus proche de la réalité, même si ces licenciements prennent la forme de
démissions provoquées ou de non renouvellement de contrat.
La question que l'on se pose alors est de savoir pourquoi l'artisan in
terrogé licencie ses apprentis, alors qu'il se plaint par ailleurs du manque
de main-d'oeuvre qualifiée. Deux réponses peuvent être données à cette
question :
- soit la formation que l'artisan donne à ses apprentis est insuffisante,
ou du moins trop parcellaire (1), pour qu'il les considère comme une main-
------------------------------------(1) "En 3 ou 6 mois peut-être, on peut leur apprendre le travai l, ils savent
quelque chose". Mais en 3 ans, ils ne savent pas le métier.
- 166 -
d'oeuvre qualifiée, la rentabilisation des apprentis impliquant leur spé
cialisation dans un petit nombre de tâches ;
- soit, plus vraisemblablement, la main-d'oeuvre qualifiée fait défaut
lorsqu'on veut la rémunérer au minimum.
On peut penser que la concurrence relativement forte qui se développe
dans le secteur de la menuiserie pousse à la compression des coûts salariaux.
Mais cette même concurrence devrait également avoir pour effet -du moins en
théorie- de pousser à la hausse le taux de salaire dans la branche. S'il n'en
n'est pas ainsi dans la réalité, c'est parce que le taux de salaire concurren
tiel théorique dépasse alors les possibilités de fonctionnement du secteur ar
tisanal (1). Seules les entreprises industrielles de la branche peuvent consen
tir de telles rémunérations. Comme le nombre d'emplois qu'elles offrent reste
limité, la concurrence sur les taux de salaire est annihilée (il y a double
marché du travail) et le système évolue vers l'institutionnalisation de l'ap-
prentissage comme salariat. ..
Ce qui a évidemment pour effet d'accroître considérablement les effectifs
de main-d'oeuvre sous-qualifiée disponibles et donc de comprimer un peu plus
le taux de salaire dans la branche -en d'autres termes, pour que la concurrence
qui se développe entre ateliers artisanaux soit supportable (ce qui est le cas,
puisque le nombre d'ateliers ne cesse de croître), il faut et il suffit que la
concurrence entre employés, ouvriers, apprentis se développe encore plus rapi
dement : l'institution de l'apprentissage comme salariat joue objectivement ce
rôle. Les apprentis spécialisés (de 3ème année) concurrencent les ouvriers
qualifiés, et la concurrence sur les salaires se déplace du niveau des ouvriers
au niveau des apprentis, freinée simplement p~r les contrats de l'Inspection
du Travail ilLe gars attend dehors ; il dit au gosse : je te donne 1 000 de
plus Il y a un manque demain-d'oeuvre compétente ... ". Ce passage montre
bien que, dans l'esprit de l'artisan, main-d'oeuvre compétente n'est pas for
cément synonyme d'ouvrier qualifié, mais bien d'apprenti spécialisé.
(1) Dans le même sens, mais dans un contexte différent, voir l'évolution récente de l'économie italienne, où des masses de chômeurs sont embauchésà des conditions très inférieures au minimum légal, avec perte totaledes avantages sociaux acquis (in "Le Monde" 6 et 7 mars 1977, articled'André Fontaine, pp. 1 et 3).
- 167 -
La contradiction relevée plus haut entre le manque de main-d'oeuvre
qualifiée et la rotation rapide des apprentis .le s'explique donc que par
la nécessaire rentabilisation de l'apprentissage et l'indispensable com
pression des taux de salaire.
Institutionnalisation et rentabilisation de l'apprentissage sont clai
rement exposées dans la présente interview.
L'artisan interrogé dispose de la force de travail de 6 apprentis et
ouvrier. Une telle proportion est théoriquement interdite par la loi.
L'arrêté du 2 mars 1961 stipule en effet que les effectifs d'apprentis
menuisiers ou ébénistes ne peuvent être supérieurs à 30 % des effectifs
d'ouvriers qualifiés. Ce taux a été porté à 40 % par la Convention col
lective du Bâtiment d'avril 1972. On peut pourtant avancer qu'une situa
tion telle que celle rencontrée est tout-à-fait courante, pour ne pas
dire qu'elle est la règle.
Outre le fait que les rémunérations versées aux apprentis sont exemp
tées de certaines taxes sur les salaires et sont déductibles de l'impôt
sur les bénéfices, il apparaît qu'après une formation rapide les apprentis
peuvent rendre les services d'un bon ouvrier. Il suffit de les spécialiser
dans des tâches complémentaires: alors que l'ouvrier est capable de faire
toutes les opérations de fabrication, chaque apprenti "formé" ne sait en
faire qu'une seule (tourneur par exemple) ou un petit nombre.
On comprend mieux ainsi le système de production mis en place. L'arti
san interrogé a donc actuellement 1 ouvrier et 6 apprentis : il en a déjà
formé 6 depuis son installation. Nous savons par ailleurs que l'année pas
sée, l'atelier fonctionnait avec 10 apprentis et 2 ouvriers. Ces informations
nous permettent de dresser le tableau suivant
Effectifstotaux
- 168 -
Installation EnquêteDécembre 1972 Janvier 1977
1973 1974 1975 1976
1 ou 2 ouvriers 1 ou 2 ouvriers 2 ouvriers 1 ouvrier
2 apprentis 2 apprentis 2 apprentis )1ère année 2ème année 3ème année )
2 apprentis 2 apprentis 2 apprentis)) Partis1ère année 2ème année 3ème année ,)
2 apprentis 2 apprentis 2 apprentis )1ère année 2ème année 3ème année )
2 apprentis 2 apprentis 2 apprentis 30
1ère année 2ème année
2 apprentis 2 apprentis 2"1ère année
2 apprentis 10
--1 ou 2 ouvriers 1 ou 2 ouvriers 2 ouvriers 1 ouvrier
6 apprentis 8 apprentis ID apprentis 6 apprentis.
"L'apprentissage, c'est comme les arbres fruitiers: la première année,
on voit ce que c'est, la seconde année ça va, et la troisième année, il com
mence à y avoir un peu de rendement".
En 1973 notre artisan a donc "vu ce que c' étai t" : le rendement f',(ELi t
obtenu surtout grâce au travail du ou des ouvriers. En 1974 "ça a l l ai.t 'J'::jà
mieux", étant donné que les apprentis de 2° année commençaient à pr cdu i '- ~
quelque peu. 1975 fut une année pleine, avec ID apprentis (dont 6 à p I . dl
rendement) et 2 ouvriers. Sans doute ce maximum ne correspondait-il pas à
un optimum: c'est en effet en 1976 que fut atteint le régime de croisière
où le renouvellement des apprentis de 3° année qui terminent l~ur contrat
est assuré par des apprentis en 2° année de formation dont le remplacement
est également assuré par des apprentis en 1ère année de formation. Un -"Eul
ouvrier est alors nécessaire pour s'occuper avec le patron de ces 6 apprentis.
La meilleure preuve que le maximum ~'était pas l'optimum est que le fisc
veut maintenant faire passer l'artisan du régime du forfait au régime de
l'effectif (Voir point nO 9 du § 1), alors même que le nombre de ses ap
prentis a été réduit.
- 169 -
L'année où les effectifs atteignirent la était donc un cap difficile
à passer pour arriver au régime de croisière de 6 avec renouvellement an
nuel (2 entrant, 2 sortant). Une telle concen~ ation d'apprentis n'a pas
manqué d'attirer l'attention du fisc, et sans tioute trouvons-nous là une
des raisons qui poussent notre artisan à se présenLer comme ayant pour fonc
tion principale de former des jeunes. C'est l'ar 'ument qu'il a dû soutenir
auprès de l'Inspecteur des Impôts. Cette fonction de formateur, de père pour
ainsi dire, compte-tenu du jeune âge des apprentis, contribue à maintenir la
tradition des rapports de type paternaliste qui ont toujours existé dans le
secteur artisanal. Cette tradition se maintient également à l'égard des ou
vriers ("Il est bien apprivoisé ... Mais il passe sur mon amitié avec lui :
il cherche un peu plus d'argent"). Mais le système paternaliste ne fonctionne
plus aussi bien qu'avant. Il y a concurrence, et le patron recherche la pro
ductivité : "Ne pas laisser les gosses sans travail ... Ne pas arrêter ma
rotation de machines". Aussi, à cette recherche de productivité, répond en
face une recherche d'argent. Quoi de plus normal?
Il serait intéressant de calculer l'équivalent d'un bon ouvrier en
nombre d'apprentis de 10, 20 et 30 années: 2 apprentis de 10 année + 2
apprentis de 20 année + 2 apprentis de 30 année équivalent-ils à deux
bons ouvriers? Le calcul peut se faire soit en termes de productivité (1),
soit en termes de rémunération. Dans ce dernier cas, et s'il est vrai que
l'artisan verse 400 dinars par an pour rémunérer ses "gosses", son ouvrier
qu'il paye à 18 dinars par semaine (plus la Sécurité Sociale) lui revient
à plus du double (2). Six apprentis reviennent 2 fois moins cher qu'un ou
vrier qualifié et l'on peut estimer qu'ils fournissent au minimum un tra
vail équivalent à celui de 2 bons ouvriers. Cela revient à diviser par 4
les coûts salariaux.
Certes, tous les ateliers de toutes les.branches du secteur non struc
turé n'appliquent pas avec autant de méthode, autant d'organisation, le prin
cipe exposé de minimisation des coûts salariaux,et la régulation du cycle
triennal de l'apprentissage n'est pas toujours aussi bien maîtrisée. Mais un
tel comportement est constant et s'observe partout, jusques et y compris dans
~=:~~~~=~_~=~~~=~_=~~:=~:~~=~_~~~~~~:ielles.
(1) Des calculs aussi complexes ne peuvent être menés à partir des seulesinterviews monographiques. Ils pourront l'être à partir des résultatsdes sondages sectoriels, en calculant les équivalences sur plusieursentreprises d'une même catégorie de la typologie.
(2) Il est vrai que l'artisan se passe de ses services lorsqu'il n'en apas besoin.
- 170 -
Ce comportement n'est évidemment pas sans conséquences sur l'évolu
tion du secteur non structuré.
3) Les déterminants internes et externes de la conservation, du
développement et de la dissolution du secteur non structuré (1)
Les mécanismes de fonctionnement interne que nous venons de décrire
brièvement sont le résultat de deux schémas d'évolution possibles.
Le premier schéma d'évolution est le développement d'une situation
de concurrence classique (2) "autogénérée", c'est-à-dire dont les déter
minants principaux sont internes. Les secteurs Bois et Mécanique illus
trent parfaitement ce schéma et l'on doit remarquer que ces deux secteurs
se caractérisent, à travers les résultats du Recensement des Etablissements,
par la domination des petites unités de production à la fois en nombre et
en emplois, et donc probablement aussi en valeur de production (3).
Le second schéma d'évolution est un schéma classique de dissolution de
l'artisanat par l'industrie capitaliste, c'est-à-dire que les germes de disso
lution sont de caractère externe. Les secteurs Cuir et Textile qui en sont
l'illustration se caractérisent, d'après le Recensement des Etablissements,
(1) Nous employons à dessin les termes mêmes d'Olivier LE BRUN. Cf O. LE BRUN(1973): "Mécanismes de dissolution - conservation - développement de l'artisanat et problématique de l'éducation - formation dans les zones urbainesd'Afrique". Multigr. 33 p. - Bureau Régional de l'UNESCO pour l'Educationen Afrique. Session de formation de l'IDEP sur les zones urbaines d'AfriqueOccidentale. 10 février - 3 mars 1973. Douala - Camerounet Olivier LE BRUN and Chris GERRY (1975) : "Petty Producers and Capitalism".Review of African Political Economy, n° 3. ~1ai-Octobre 1975, pp. 20-32.
(2) C'est-à-dire une situation qui fait irrémédiablement penser à celle sur laquelle devaient réfléchir les grands économistes classiques lorsqu'ils énoncèrent la théorie de la concurrence.
(3) Cf INS "Recensement des Etablissements en Milieu Urbain. Gouvernorat deTunis" - 1978 - 88 p.Dans les secteurs Bois et Mécanique, respectivement, la petite unité de production représente 94 % et 91 % des établissements, et 60 % et 65 % desemplois.
- 171 -
par la domination de la petite unité de production en nombre, mais aussi par
la domination de la grande industrie en emplois et donc également en valeur
de production (1).
Dans le secteur Bois, le développement extrêmement rapide et continu
du marché n'a fait que suivre l'expansion très forte du secteur Bâtiment dont
les causes sont bien connues : croissance démographique, fragmentation des uni
tés familiales en ménages, politique d'accession à la propriété. Cette expan
sion progressive -quoique rapide- du marché a provoqué des tensions sur le mar
ché du travail, et la hausse des taux de salaire a d'abord été absorbée par la
hausse corrélative des prix. L'industrie, grande ou petite, n'a joué pratique
ment aucun rôle dans l'apparition de ces tensions. Disposant de son -propre sys
tème de formation, elle n'a pas fait concurrence à l'artisanat sur le marché du
travail, et elle s'est alignée sur le niveau des prix pratiqués par les petits
ateliers, du moins en ce qui concerne les produits destinés au même type de
clientèle (2).
Cependant les prix n'ont pu suivre les salaires lorsque la main-d'oeuvre
qualifiée a commencé à manquer réellement. Dès lors les petits ateliers ont mis
en place leur propre système de formation en ayant recours à l'apprentissage
sur une base élargie. Cela aurait dû avoir pour effet de faire tomber la pres
sion sur les salaires. S'il n'en a rien été, c'est parce que l'on a assisté
parallèlement à la création de multiples petites unités de production employant
une main-d'oeuvre essentiellement constituée d'apprentis (3).
(1) Dans les secteurs Cuir et Textile, respectivement, la petite unité de production représente 89 % et 88 % des établissements, mais seulement 38 %et 26 % des emplois.
(2) C'est ce qui nous a été déclaré par le Directeur Commercial de l'une de cesgrandes entreprises. Voir CHARMES (J.) (1977) : "Recueil d'interviews auprèsde menuisiers et ébénistes de Tunis et de Sfax". INS, 200 p.
(3) A supposer qu'ils aient voulu allonger la durée de l'apprentissage afin deremédier au manque de main-d'oeuvre qualifiée, les patrons-artisans se seraient heurtés à une fuite des apprentis, étant donné la facilité de s'ins-
taller dans la branche. Ces vélléités ont tôt fait place à la rotation organisée de l'apprentissage décrite au~ § 1 et 2 supra.
- 172 -
Ces créations étaient le fait
- de petits capitalistes extérieurs à la branche et venant y investir en
débauchant les ouvriers qualifiés de "l'artisanat traditionnel" par d'alléchan
tes offres d'association. D'où une aggravation de la pénurie de main-d'oeuvre
qualifiée et de la hausse des taux de salaire
- d'ouvriers qualifiés (et par la suite d'ouvriers semi-qualifié~u à
peine qualifiés) qui, n'étant pas tentés par des formules d'association (l),
pallièrent le manque de capitaux grâce à des formules de transition sur les
quelles il est utile d'insister (2).
Tout en conservant son emploi d'ouvrier-salarié d "un petit artisan ou
d'une société (3), l'apprenti-entrepreneur se met à faire du travail noir à
son domicile, ou même ouvre un petit local dans lequel il viendra travailler
en dehors de ses horaires ordinaires, le soir et les fins de semaine' (4), Il
n'est nul besoin de capitaux pour cela: de simples fonds de roulement suffi
sent à payer le loyer, acheter quelques outils (parfois "empruntés" au patron)
et la matière première, et louer le travail des machines. Ces 100 ou 200 dtnars
lui seront fournis par la famille ou même par les avances de la clientèle, les
deux se confondant le plus souvent à l'origine.
Si les commandes se font plus nombreuses, l'apprenti-entrepreneur prendr~
un ou deux apprentis dans sa propre famille ou dans les familles du voisinage ;
il les formera très lentement, mais petit à petit une activité s'effectuera dar:'·
l'atelier durant la journée entière et consacrera son "intrusion" dans la br.rncr.:
Si les a f f a i r es continuent à s'étendre -et ce sera le cas pour peu que son 1:1"""\1
soit d'assez bonne qualité ou s'il "casse" suffisamment les prix- l'apprenti·"
artisan va quitter son emploi salarié pour consacrer une plus grande partie de
son temps à son propre atelier. Mais cela suppose déjà que les rentrées d'argent
sont suffisantes pour pouvoir assurer la satisfaction des besoins quotidiens,
(1) Ou encore y participant, mais sans en être satisfaits.
(2) Toutes ces indications sont issues des monographies de métiers.
(3) A ce titre, l'industrie doit également faire face à une fuite de la maind'oeuvre.
(4) Ce qui correspond à la catégorie 6 ou à la catégorie 3 de la typologieprésentée dans CHAlUlliS J. (1979) : "Méthodologie des enquêtes sur lesecteur non structuré en Tunisie" et reprise en 1ère partie, § 1, T. 1.
- 173 -
tout en se passant du salaire hebdomadaire. Toutefois, ces rentrées d'ar
gent tirées d'une activité indépendante subis~'nt encore des fluctuations,
saisonnières ou non. Telle est la raison pour laquelle l'apprenti - entre
preneur continue à travailler occasionnellement comme salarié, ce qui lui
permet en outre de débaucher éventuellement la c lentèle de son patron. Il
est devenu un tâcheron occasionnel et ce passage de salarié permanent à tâ
cheron ne traduit pas obligatoirement une plus grande précarité ou une dégra
dation de son statut (1). Le salariat est désormais devenu pour lui une acti-.vité complémentaire à celle d'entrepreneur indépendant. Ainsi s'explique cette
contradiction apparente: s'il est si facile de s'installer à son compte dans
la branche, pourquoi y a-t-il encore des tâcherons ? Cette dégradation du sta
tut de l'ouvrier du secteur non structuré n~ traduit donc pas une aggravation
de l'exploitation: elle permet aux patrons - artisans de limiter leurs coûts
salariaux en achetant la stricte quantité de travail dont ils ont besoin (la
force de tr-avail a été rendue divisible au maximum). Elle permet aux apprentis
entrepreneurs de faire face aux aléas d'une activité naissante en vendant l'ex
cédent de leur force de travail qu'ils ne peuvent mettre en oeuvre par eux-
mêmes.
Tels sont les principaux acteurs et les principales modalités du jeu de
la concurrence '~ure et parfaite" qui se développe dans le secteur Bois, o~
l'offre court toujours derrière la demande. Moyennant quelques adaptations,
ce schéma s'applique parfaitement à la situation qui prévaut dans la branche
Mécanique.
~
Dans les secteurs du Cuir et du Textile (1), qui sont des activités plus
anciennes, la pression à la hausse des coûts (accroissement du taux de salaire)
est intervenue simultanément à la pression à la baisse des prix, et de façon
extrêmement abrupte, par la création soudaine et massive de la grande industrie.
L'équilibre antérieur a été gravement perturbé par l'intrusion d'une concurrence
non auto-générée.
-------------------------------------(1) Les monographies de métier n'ont pas encore été menées dans ces deux
secteurs. C'est pourquoi l'exposé restera plus général.
- 174 -
La grande industrie recrute en effet sa main-d'oeuvre dans le secteur
artisanal, ou plutôt les salariés de l'artisanat sont attirés par des rémuné
rations plus intéressantes. D'autre part, la haute productivité des techniques
employées par l'industrie dans ces deux branches rend ses produits extrêmement
compétitifs sur le marché. Or, contrairement au secteur Bois où le machinisme
est généralisé (soit par l'utilisation de combinés à plusieurs opérations, soit
par la location de machines) et à la Réparation Mécanique où les gains de pro
ductivité sont faibles, le Cuir et le Textile sont deux secteurs où les techni
ques de production sont très différentes selon la taille de l'entreprise. Dans
le secteur non structuré les techniques sont restées "artisanales" et le machi
nisme ne peut qu'être synonyme de production à grande échelle.
Là encore, la solution qu'a instaurée l'artisanat pour assurer sa survie
consiste en l'institutionnalisation de l'apprentissage comme réservoir de main
d'oeuvre bon marché, souple et corvéable à merci.
Ainsi s'expliquent l'allongement continu de la durée de l'apprentissage
et, la contradiction n'est qu'apparente, le très fort taux de rotation de la
main-d'oeuvre artisanale. Le nombre des ouvriers-compagnons diminue relative
ment au nombre des apprentis. Au sortir de leur apprentissage, ces derniers
ne peuvent trouver à s'embaucher comme ouvriers-artisans puisque le nombre
relatif et peut-être même absolu des emplois correspondants a eu tendance à
diminuer. Ils n'ont d'autre choix que de s'installer à leur compte, multipliant
ainsi les ateliers clandestins. Devant cette aggravation de la concurrence, les
patrons-artisans peuvent être tentés d'allonger la durée d'apprentissage, ainsi
que cela s'observe dans de nombreux pays. Et, à cette fin, ils ralentissent le
rythme de la formation et parfois même la négligent entièrement. Mais c'est
reculer pour mieux sauter car, tôt ou tard, cette pléthore d'apprentis se
retrouvera sur le marché du travail, et le ralentissement des entrées dans
la branche n'aura été que temporaire.
Ainsi, pour résister à la concurrence du plus fort (l'industrie capita
liste), pour se conserver donc, l'artisanat a forgé l'arme de sa dissolution,
la concurrence du plus faible (le secteur informel au sens 'strict du terme).
Les "intrus" ne sont ainsi qu'une conséquence -mais une conséquence décisive
de la lutte de l'artisanat traditionnel contre "l'intrus" par excellence,
c'est-à-dire l'entreprise concurrente.
- 175 -
.Car les mêmes causes produisent les mêmes effets. La généralisation de
l'apprentissage et le changement de sa finalité se traduisent inéluctablement
par "l'intrusion" massive de clandestins et d'amateurs. Mais alors que ce pro
cessus peut être évolutif dans le Bois et la Mécanique où il pousse vers le
haut l'artisanat traditionnel, il risque d'être involutif dans le Cuir et le
Textile où le passage vers le haut n'est pas possible car il implique des
changements de structures trop considérables. Ceux-ci ne seraient d'ailleurs
pas possible en raison de l'occupation par la grande industrie de cette place
sur le marché.
Les "artisans traditionnels" deviennent alors réceptifs à un protection
nisme malthusien. Le secteur "Cuirs et Chaussures" en Tunisie offre un exemple
récent d'une telle attitude (1).
"(Pour la prochaine quinquennie) 5 millions de paires de chaussures
seront exportées. Ambition hardie? Peut-être, eu égard à l'aspect
artisanal dominant de bon nombre d'unités de production, à la vétus
té du matériel utilisé dans la majorité des entreprises en fonction
nement. Une vaste opération de dépoussiérage est nécessaire.
Cette opération touchera également la branche artisanale proprement
dite, où un artisanat prolifique et inorganisé freine la dynamique
de développement que le Centre National du Cuir et de la Chaussure
entend imprimer à tout le secteur. Il est vrai que mieux structuré
cet artisanat donnerait de meilleurs résultats. Le Centre se propose
de décongestionner cette frange en instituant la carte professionnel
le. Un instrument pour faire le tri et empêcher des "intrus" d'encom
brer davantage cette branche. Des "intrus" dont les artisans dits
évolués s'accommodent mal et vont jusqu'à accuser de causer du tort
au métier. A ces petits artisans s'offre l'alternative soit de se
regrouper dans des ateliers de finition, soit de se consacrer à la
production d'articles de luxe soit enfin de se reconvertir dans la
maroquinerie. Le Centre prend sur lui de leur faciliter ces conversions.
(1) Voir "Tunisie Economique", na 11, Février 1977, p. 10. Cette revue estl'organe de l'UTICA (Union Tunisienne de l'Industrie, du Commerce etde l'Artisanat), syndicat patronal.
- 176 -
En somme, il est impérieux pour eux de faire taire ce mauvais con
seiller qu'est leur réflexe individualiste, faute de quoi, ave~ le
processus de modernisation engagé, les lois économiques qui ne sont
déjà pas tendres pour les solistes, se chargeront de les rappeler à
l'ordre" ) .
Voire. Il semble bien que, dans les circonstances actuelles, ce ne
soient pas les lois économiques, mais plutôt les gros artisans du secteur
qui rappellent les petits à l'ordre, leur reprochant leur extrême prolifi
cité et surtout d'avoir tendance à casser les prix en rémunérant leur ~ain
d'oeuvre et leur propre force de travail au minimum.
La concurrence joue alors dans le sens d'une dégradation constante de
la qualité des produits offerts aux consommateurs. Ce sont les clandestins
et amateurs qui semblent sortir victorieux de ce combat à 3 ~cteurs, puisque
même les positions de la grande industrie peuvent se trouver compromises par
les "intrus". A propos du Sénégal, Olivier LE BRUN cite deux exemples qui vont
dans ce sens (1) :
'~es entreprises capitalistes ont intérêt à dissoudre l'artisanat qui
leur fait concurrence. A Dakar, deux cas intéressants sont à rp.lever.
Un rapport sur la situation particulière de certaines entreprises en
1968, préparé pour un conseil interministériel, stipule: "Le renfor
cement de la concurrence sur les marchés extérieurs et la concurrence
d'une production locale clandestine de semelles "Thongs" utilisant en
tâcheronnage une main-d'oeuvre pour le découpage de plaq~e3 de caout
chouc ou de mousse spongieuse ont amené la société BATA A déposer une
demande de révision de la protection dont elle bénéficie".
Ce rapport suggérait d'interdire le tâcheronnage qui concurrence à la
fois les artisans traditionnels et l'entreprise BATA.
Un autre exemple est celui de la SOTRAC (Société des Transports du
Cap-Vert) dont la rentabilité est fonction de la disparition des "cars rapi
des". Ceux-ci sont des cars de transport en commun appartenant à des particu
liers et occupant une main-d'oeuvre assez abondante, soit directement (chauf
feurs et apprentis), soit indirectement (tôliers, mécaniciens, etc.)".
(1) Olivier LE BRUN (1973) - art. cit.
- 177 -
On se doute bien cependant qu'une telle victoire ne peut être que
provisoire.
Les contradictions du développement concurrentiel du secteur non struc
turé se retrouvent évidemment au niveau des politiques de développement et
d'emploi préconisées ou mises en oeuvre à l'égard de ce secteur de l'économie.
Les exemples qui précèdent montrent bien quel est le véritable enjeu des
décisions qui seront prises à l'égard de ce secteur de l'activité économique.
J- Soit l'on protège la grande industrie d'origine étrangère des excès
de la concurrence sauvage des "chômeurs déguisés". C'est adopter une solution
à court terme aux problèmes de l'emploi (car alors le multiplicateur d'emplois
est quasiment nul) et favoriser l'accumulation du capital à l'extérieur.
2- Soit l'on protège les artisans traditionnels (expression sybilline
pour désigner les gros et moyens artisans) contre la concurrence de la gran
de industrie. mais aussi et surtout, comme nous le montre l'exemple tunisien,
contre la concurrence des "intrus". C'est opter pour le développement d'une
petite industrie nationale (à condition que soient consenties les aides né
cessaires) et la liquidation à plus ou moins court terme de la branche arti
sanale. C'est favoriser l'accumulation du capital à l'intérieur, à moyen et
à long terme, en sacrifiant les problèmes de l'emploi à court et moyen terme.
3- Soit l'on laisse se développer cette concurrence sauvage qui permet
paradoxalement de diminuer la tension sur le marché du travail, qui permet
donc -directement ou indirectement- à une large fraction de l'exode rural de
- 178 -
survivre (1). C'est opter pour une politique de l'emploi à court et moyen
termes et peut-être même à long terme si cette situation est mise à profit
pour transférer l'accumulation du capital dans d'autres secteurs de l'acti
vité économique, par le système de la sous-traitance ou la spécialisation
de l'artisanat dans la fourniture de produits ou services intermédiaires.
D'une façon générale, le secteur non structuré relève de ce dernier
cas une conc~rrence sans frein ni limite s'y développe actuellement. De
là, son appellation de non structuré, non organisé (par rapport aux projets
politiques qui sont conçus à son égard). Les politiques de développement de
l'artisanat qui sont préconisées de nos jours relèvent en effet du second
cas examiné ci-dessus : le développement des petites entreprises (lié aux
problèmes de transfert de technologies adaptées) est en effet à l'ordre du
jour. Mais les études relativement approfondies qui ont pu être menées sur
cette question montrent qu'assez souvent la promotion de la petite indus
trie se fait à partir de capitaux issus d'autres secteurs que l'artisanat
(2). La liquidation de la branche artisanale se fait alors dans les règles
par les lois du marché. Et l'accumulation du capital s'opère en rejetant sur
le marché du travail, en "libérant" (c'est-à-dire en mettant au chômage le
plus grand nombre), une main-d'oeuvre constituée jusque là de travailleurs
indépendants. Une telle liquidation et une telle accumulation peuvent inter
venir en réglementant le marché, qui n'est plus alors soumis à ses "lois na
turelles". Il s'agit d'éliminer les "intrus", c'est-à-dire de fausser la con
currence, par l'instauration de la carte professionnelle dont l'effet le plus
(1) C'est ainsi que, contrairement aux "lois du marché", la concurrence a beaus'aggraver, le marché se restreindre et les conditions devenir de plus enplus difficiles, l'entrée dans la branche ne désempare pas, ou plutôt lesentrées dépassent toujours les sorties, puisque l'une des caractéristiquesdu secteur structuré est la facilité avec laquelle ses composantes secréent et disparaissent. Ainsi peut s'expliquer le paradoxe que l'on relèvedans l'étude de DE }1IRAS (1976), à savoir la croissance du nombre des ateliers artisanaux dans le secteur Menuiserie à Abidjan durant une période oùleur part du marché se réduit.Voir DE MIRAS Claude (1976) : "La formation d'un capital productif pnveivoirien. Le secteur menuiserie à Abidjan." - ORSTOM - Côte d'Ivoire multigr. 85 p.
(2) Voir par exemple: DE mRAS (1976), op. c i t ,
- 179 -
immédiat sera de soumettre au couperet du fisc le secteur réellement inorga
nisé (c'est-à-dire non déclaré), qui ne devait son existence et sa survie
qu'au seul fait de pouvoir passer au travers. ~œis, dira-t-on, la concurren
ce était faussée puisque les gros et moyens artisans devaient payer l'impôt,
alors que les petits clandestins n'y étaient pas soumis. Certes! Mais le for
fait peut être relativement beaucoup plus lourd pour les franges inférieures
que ne l'est l'imposition des bénéfices pour les franges supérieures (car il
est toujours possible d'en dissimuler une partie). En réalité c'est bien la
très faible rémunération de l'heure de travail qui rend les "clandestins"
compétitifs.
Si donc on les élimine, croit-on que les "artisans traditionnels" vont
pouvoir régner sans partage sur ce marché protégé? Il apparaît évident qu'une
telle protection (qui se traduit donc par une élévation de la rémunération
moyenne de l'heure de travail et des bénéfices) va attirer des capitaux exté
rieurs au secteur. Ne pouvant plus venir d'en bas et attirés par l'appel d'air
ainsi créé, ces capitaux viendront d'en haut. Nous nous retrouvons ainsi dans
le cas de figure précédent de liquidation de l'artisanat par la promotion de
petites entreprises non issues de la branche. Et "l'alternative" qui s'offre
alors aux "iatrus" concerne en réalité toute la branche artisanale: soit chan-
ger de secteur, soit se reconvertir en se regroupant dans des ateliers de fini
tion, c'est-à-dire de devenir des salariés ou des sous-traitants de l'industrie,
laquelle ne peut absorber la totalité de cette main-d'oeuvre libérée, en ra1son
de sa petite taille et de l'utilisation de techniques plus productives.
En fin de compte, c'est donc bien le faible taux de rémunération qui, en
l'état actuel des choses, explique la survivance du secteur non structuré et
même son extension prolifique.
Ce faible taux de rémunération, lié à une productivité également faible,
définit le prétendu "chômage déguisé".
Et ce chômage déguisé est au centre de la contradiction qui caractérise
les analyses du secteur non structuré. Si ce secteur absorbe une part importante
du chômage urbain, c'est parce que la concurrence· et l'entrée sur le marché sont,
ou du moins étaient jusqu'à présent, libres de toute contrainte. La rémunération
- ]80 -
de l'heure de travail -indépendant ou salarié- y a une limite inférieure
extrêmement faible, et il est souvent très difficile de faire la part entre
le temps passé au travail et le sous-emploi (1).
Personne ne contestera pourtant que ce déguisement du chômage est pré
férable au chômage pur et simple. Il faut donc être logique : si on lui mesu
re l'injection de capitaux, on ne peut attendre du secteur non structuré qu'il
assure une redistribution à la fois large et forte des revenus. La redistribu
tion à laquelle donne lieu ce secteur d'activité est bien large, puisqu'il
absorbe bon nombre de chômeurs, mais elle n'est pas forte puisque ces apprentis
ou salariés ou patrons indépendants sont rémunérés au taux minimum.
Mais favoriser l'injection de capitaux ne résoud pas pour autant le pro'
blème car une des conditions nécessaires pour que les capitaux viennent G'inves
tir dans le secteur est précisément que taux de rémunération et taux de profit
(liés à une élévation de la productivité) s'accroissent. Ce qui se produit
après élimination des "intrus" tout d'abord, des travailleurs en surnombre
ensuite. La disparition des premiers "assainit" la concurrence, la dispari-
tion des seconds accroît la productivité : la redistribution devient alors
plus forte, mais aussi plus étroite, et si l'on ne veut pas que la ter.sion
s'aggrave sur le marché du travail, il est nécessaire d'avoir prévu une po
litique d'ensemble de création d'emplois et de développement de sectEurs
complémentaires. A cette fin, l'Etat peut ponctionner une partie du surplus
drainé par le secteur commercial et le réinvestir dans des activités forte-
ment utilisatrices de main-d'oeuvre. La reconversion des travailleurs excé·
dentaires serait alors assurée, ma1S cela nécessite une planification inter
sectorielle très poussée.
(1) Le patron artisan ou commerçant qui attend d~ns sa bou~ique un hypothét~queclient, et son apprenti qui passe son temps a aller lU1 cherc~er le cafe,sont un peu dans la situation de l'agriculteur et de son ouvr1er permanentqui attendent la pluie pour pouvoir entreprendre les travaux des champs.
- 181 -
Ainsi, la structuration de l'artisanat et du petit commerce, et la
réglementation de la concurrence qui y règne, ont toute chance de provoquer
des effets négatifs sur l'emploi, si l'on suppose, bien entendu, que cette
réglementation a les moyens de son application. En réalité, cette structura
tion et cette réglementation ne peuvent intervenir que comme conséquences
d'une politique globale de développement, et le chômage déguisé qui sévit
dans le secteur non structuré disparaîtra lorsque le secteur industriel
pourra absorber ce trop plein de main-d'oeuvre.
Dans une économie où les objectifs d'emploi sont prioritaires, le déve
loppement d'industries à fort coefficient de main-d'oeuvre apparaît comme un
préalable nécessaire à la structuration de l'artisanat. Cette structuration
n'intervient en effet que lorsque l'industrie fournit suffisamment d'emplois
pour décongestionner le secteur artisanal et, par voie de conséquence, y rele
ver la productivité et les taux de rémunération et de profit. De manière contra
dictoire, dans une économie de type libéral, la structuration de l'artisanat
est un préalable également nécessaire ppur que des capitaux viennent s'investir
dans les branches à fort coefficient de main-d'oeuvre: car ces industries
pourvoyeuses d'emplois ne sont pas indépendantes du secteur artisanal. Elles
lui sont au contraire intimement liées : le cercle est donc vicieux qui oppose
les objectifs d'emploi à l'accumulation du capital. Généralement d'ailleurs,
c'est une attitude de non-interventionnisme de la part du politique qui a pré
valu. Du moins est-ce vrai pour les deux dernières décennies, et les problèmes
qui se sont ainsi accumulés amènent aujourd'hui planificateurs et économistes
à se pencher sur cet abcès indolore, mais lourd de conséquences à venir, qu'est
le "secteur non structuré".
- 183 -
SECTION IV
LE SECTEUR NON STRUCTURE EN TUNISIE :
SON IMPORTANCE, SES CARACTERISTIQUES
ET SES POSSIBILITES DE PROMOTION
- 185 -
De récents travaux de l'Institut Natio~êl de la Statistique de
Tunisie ont prouvé l'importance que représenL~!. la petite entreprise
artisanale -ou. pour reprendre la terminologie e~ployée dans ces tra
vaux: le secteur non structuré- dans l'emploi ~lobal et dans la for
mation du Produit National.
Cette importance même amène à se poser la question de la possibi
lité de promouvoir ces activités à forte intensité de main-d'oeuvre. dans
une conjoncture où le chômage. celui des jeunes en particulier. devient
un problème majeur. Les travaux préparatoires du VIe Plan de Développement
ne laissent-ils pas apparaître en effet un déficit des créations nettes
d'emplois. tel que l'on se tourne aujourd'hui vers le secteur non structu
ré qui a connu durant la décennie 70-80 une croissance jamais démentie ?
Mais la promotion de ce secteur n'est pas une tâche aussi simple
qu'il y paraît au premier abord et diffère substantiellement. non seule
ment des politiques d'aide aux petites et moyennes entreprises de type
"moderne". mais aussi des politiques de dynamisation de l'artisanat tra
ditionnel telles qu'il en existe actuellement dans les économies indus
trielles en crise.
Car le secteur non structuré se caractérise par des comportements
qui le distinguent de l'artisanat traditionnel et Je la petite entreprise
moderne, et qui rendent toute intervention problématique.
C'est pourquoi, après avoir m1S en évidence l'importance du secteur
non structuré dans l'économie tunisienne. nous nous attacherons à décrire
quelques unes de ses particularités. avant d'examiner les voies ouvertes
à une politique qui viserait à sa promotion.
- 186 -
1) Importance du secteur non structuré dans l'économie tunisienne
Il n'y a pas si longtemps l'importance de la petite entreprise arti
sanale dans l'emploi global était loin d'être tenue pour acquise. ES a
fortiori, la part qu'elle prenait à la formation du Produit National.
Le Recensement des Etablissements en milieu urbain, effectué en 1976
par l'Institut National de la Statistique, devait révéler que 54 i. des em
plois dans le secteur privé en milieu urbain non agricole étaient fournis
par des établissements de moins de 10 emplois (chef d'établissement compris).
Certes l'importance des activités commerciales contribue beaucoup à gonfler
ce chiffre, mais celui-ci reste de 38 i., si on le calcule sur le seul sec
teur secondaire.
Des analyses comparatives menées sur diverses sources d'information (1)
ont par ailleurs permis d'estimer de façon plus précise la part du secteur
non structuré dans l'emploi. global. Le secteur non structuré y est défini
comme étant constitué par l'ensemble des établissements de moins de 10 em
plois dans le secteur secondaire et les services, et de moins de 3 emplois-
dans le commerce, et par l'ensemble des travailleurs clandestins, à domici-
le ou itinérants. Selon cette définition le secteur non structuré représen
te près du 1/4 de l'emploi total. Par rapport à l'ensemble de l'emploi non
agricole (c'est-à-dire fonction publique et secteur public inclus), la pro
portion du secteur non structuré devient extrêmement forte puisqu'elle s'é
lève à près de 40 i..
Cette dernière proportion reste encore de 30 i. lorsqu'on en exclut les
effectifs du commerce et de certains services personnels qui ne semblent
guère susceptibles de faire l'objet d'une politique de promotion. Dans ce
dernier sens opérationnel, le secteur non structuré représentait en 1976
une masse de 240 000 emplois, dont environ 60 i. s'exercent à domicile ou
de matière itinérante.
(1) Recensement de la Population, Recensement des Etablissements, Recensement des Activités Industrielles. Cf Section 1 de cette IIIème Partie.
- 187 -
Un tel poids dans l'emploi global ne pel' ,. pas ne pas retentir sur la
Production Nationale. Mais, en ce domaine, - s estimations de la part qui
revient au secteur non structuré sont plus délicates à effectuer. Alors
que les Recensements de Population et d'Etablissements permettent de con
naître avec une relative précision le niveau g"néral de l'emploi, il n'en
est pas de même au niveau national de la Production dont l'évaluation est
fonction des estimations et des hypothèses du planificateur et du Compta
ble National. Or, tous deux se sont refusé à faire des hypothèses sur le
secteur non structuré, ce qui revenait à en faire une, à savoir que la pro
duction qui lui est redevable était tenue pour nulle.
Les évaluations auxquelles sont parvenues les enquêtes sectorielles de
l'INS dans ce domaine ont donc pour conséquence de réévaluer un Produit
National Brut sous-estimé.
Dans le secteur de la Menuiserie-Ebénisterie par exemple, quia fait
l'objet d'une analyse en profondeur, c'est près de 60 % de la valeur ajou
tée du secteur qui est imputable aux petites entreprises artisanales. Cela
signifie que seulement 40 % de cette valeur ajoutée a été prise en compte
dans les calculs du PIB, et que cette seule réévaluation due au secteur du
Bois et de l'Ameublement entraînerait une croissance de 0,4 % du PIB.
Au total, si l'on prend en considération l'ensemble des secteurs de l'é
conomie où les activités non structurées sont prédominantes (Bois, Cuir,
Textile-Confection, Mécanique-Garages, Métal-Forgerons, Boulangerie- Pâtis
serie, BTP, Commerce et Réparations), c'est de plus de 10 % qu'il faudrait
réévaluer le Produit Intérieur Brut. La moitié de cette réévaluation est
imputable aux activités manufacturières dans lesquelles le secteur non
structuré représente près du tiers des emplois.
Le secteur du Textile est évidemment le plus fort employeur et c'est lui
également qui produit le plus de valeur ajoutée, mais la majeure partie de
ses activités s'effectuent à domicile. Viennent ensuite le BTP qui reste
très mal connu, les Industries métallurgiques, mécaniques et électriques,
et les Industries du Bois et de l'Ameublement.
- 188 -
c'est donc autour de ces quatre secteurs principaux que devrait s'arti
culer une éventuelle promotion du secteur non structuré. Mais une telle pro
motion demande à être adaptée à une réalité dont les modalités de fonction
nement étaient jusqu'à présent restées totalement ignorées (1).
2) Modalités particulières de fonctionnement du secteur non structuré
Les trois caractéristiques spécifiques principales du secteur non struc
turé sont :
- un mode d'utilisation très particulier de la main-d'oeuvre
- une facile mobilisation du financement parallèlement à une limitation
des immobilisations en capital ;
- une très grande souplesse d'adaptation.
Ces caractéristiques conditionnent évidemment les modalités d'interven
tion susceptibles d'être mises en oeuvre. C'est pourquoi il est nécessaire
de les examiner en détail.
n'après les résultats du Recensement des Etablissements de 1976, la
main-d'oeuvre non salariée (constituée par les apprentis, aide-familiaux,
occasionnels-tâcherons, et les chefs d'établissements eux-mêmes) représen
tait 63,5 % des effectifs employés par les établissements de moins de JO
emplois. Les apprentis à eux seuls représentaient 9,3 % des effectifs to
taux dans cette catégorie d'établissements, et 14,7 % de la main-d'oeuvre
non salariée.
L'auto-emploi (c'est-à-dire patrons et aide-familiaux) y représentait
30,9 % des effectifs totaux de cette catégorie d'établissements.
Encore convient-il de préciser que ces chiffres sont considérablement
accentués si l'on ne tient compte que des seules branches où se développe
le secteur non structuré. Précisons d'ailleurs ici que le critère de taille
-----------------------------------(1) Le terme même de "non structuré" étant un signe de cette ignorance.
- 189 -
(moins de 10 emplois) s'avère particulièrement pertinent pour la déli
mitation du secteur non structuré pui sq ue, Jans ces branches spécifiques,
c'est la taille en-deçà de laquelle la ma1n-d'oeuvre salariée représente
en général moins de 50 %de la main-d'oeuvre t~cale employée par chaque
unité de production.
Le tableau suivant donne la répartition d~s diverses catégories
d'emploi dans les principales branches du secteur non structuré.
Tableau 15
PART (en %) DES DIVERSES FORMES D'EMPLOI DANS LES ETABLISSEMENTS DE MOINS
DE 10 EMPLOIS DES PRINCIPALES BRANCHES DU SECTEUR NON STKUCTURE
~Auto-emploi
Mair,-d 'oeuvre Main-d'oeuvrénon salariée salariÉe
(chefs + aide- Apprent1s (avec occa- (sans oc ca-Branches
familiaux) sionnels) sionnels)
Mécanique - Garages 38,0 33,9 76,6 23,4
Bois - Ameublement 39,6 30,0 67,4 32,6
Cuir - Chaussures 50,1 17, 7 68,S 31,S
Textile - Confection~
52,7 ! 2 ," 68,8 31 ,21
.-
Moyenne des 4 branches 43,8 24,L 68,6 31 ,4
Ensemble des branches non30,9 9,3 63,S 36,Sagricoles
~ Non compris le travail à domicile.
Il est particulièrement commode et ut~le de ra1sonner à partir de la
situation que connaissent ces quatre l-r arr-n. '5 ûes industries manufacturiè
res. Celles-ci présentent en effet des variations significatives au sein
d'un secteur non structuré Qui n'est éVlG?millent pas homogène. La branche
du BTP demeure malheureusement la grande absente de ce tableau sa main-
d'oeuvre reste en effet difficile à appréhender en raison même de ses ca
ractéristiques (présence sur des chantiers, tâcheronnage très répandu),
et les remarques concernant cette branche resteront donc essentiellement
d'ordre qualitatif.
- 190 -
Si l'on remarque que dans les branches du Cuir et du Textile, ce sont
les aide-familiaux (compris dans l'auto-emploi) qui compensent la moindre
importance des apprentis, on peut considérer que, dans l'ensemble, le per
sonnel ayant le statut d'apprenti représente près de 30 % de la main
d'oeuvre dans les 4 branches manufacturières. C'est là un chiffre qui est
loin d'être négligeable et qui justifie que l'on se préoccupe de la situa
tion de cette catégorie de main-d'oeuvre, du rôle qu'elle joue dans la
production, et de la formation qu'elle reçoit.
Un examen plus attentif de la proportion des apprentis en fonction de
la taille des établissements, examen replacé dans le cadre des enseigne
ments qualitatifs tirés des interviews monographiques d'artisan~ suggère
que cette main-d'oeuvre est utilisée différemment selon la taille des
établissements, et évidemment selon la branche.
Grosso modo o~ peut dire qu'à partir de la taille 5, la proportion
des apprentis a tendance à s'accroître fortement pour ne diminuer qu'au
delà de la taille 9. C'est qu'en effet, pour les établissements de la
tranche 5 - 9 emplois, des changements d'échelle interviennent pour la
production et les coûts, changements qui impliquent une optimisation du
rapport productivité/salaires. Pour les établissements de cette taille,
cette optimisation est obtenue grâce à l'emploi d'un grand nombre d'ap
prentis, à leur formation rapide/Ses tâches parcellaires qui les rendent
productifs dans de brefs délais (1). Une telle formation parcellaire se
fait évidemment au détriment de l'apprentissage du métier dans son intégra
lité et les apprentis ainsi formés ne pourront guère devenir que des ou
vriers spécialisés. Du moins est-ce vrai pour les métiers du Cuir et du
Bois. Dans la branche Mécanique, il y a en général parité entre le nombre
d'apprentis et le nombre d'ouvriers, car la présence de l'apprenti est
indispensable pour que l'ouvrier puisse atteindre sa productivité maxi
male, quelle que soit la taille de l'établissement. Situation évidemment
favorable à la formation, et que l'on retrouve dans les petits ateliers.
(1) Cf Section III de cette IIIème Partie.
- 191
De fait, la formation dispensée dans lës ateliers de moins de 5 em
plois peut s'avérer plus complète et plus; lrichissante, puisque la spé
cialisation des tâches n'y est pas possible. Même l'utilisation qui y
est faite des apprentis comme coursiers auprès des commerçants vendeurs
de matières premières ou de produits finis -,·::ilisation contre laquelle
on a coutume de s'insurger- peut être en fin de compte considérée comme
un élément de la formation: elle initie en effet l'apprenti aux problè
mes des approvisionnements et des débouchés et elle le rendra plus apte
à se lancer dans l'aventure de l'entreprenariat, plus apte en tout cas
que le jeune sortant des filières officielles de la formation profession
nelle.
Mais le jeune apprenti se trouve le plus généralement précipité dans
cette aventure au terme des 2 ou 3 années de la durée légale d'apprentis
sage, et cela quelles que soient la branche et la taille de l'établisse
ment, sauf à accepter pendant plusieurs années encore une rémunération
presque symbolique. Tel sera le prix à payer pour un complément de for
mation qui le rendra apte à s'installer à son compte, tout en évitant le
chômage qui guette tous ceux qui recherchent un emploi salarié correspon
dant à leur qualification. Mais rares sont ceux qui acceptent de payer ce
prix, et la forte rotation des apprentis à l'issue de leur formation fi
nit par se traduire par un très grand nombre d'entrées, c'est-à-dire de
créations d'ateliers, dans les branches en expansion (comme le Bois et la
Mécanique), et une multiplication des clandestins à domicile dans les
branches où la concurrence est plus aigüe (Cuir, Textile). Ainsi s'expli
que en premier lieu le manque de main-d'oeuvre qualifiée dont se plai
gnent les patrons mais dont ils sont les premiers responsables puisqu'ils
n'assurent pas le passage de leurs apprentis au stade d'ouvriers qualifiés.
Ainsi s'explique en second lieu la rareté des offres d'emplois qualifiés
à laquelle se trouvent confrontés les jeunes nouvellement formés, en rai
son de la faible rotation de ces postes et de la préférence pour le tâche
ronnage qui permet une meilleure adéquation de la force de travail mobili
sée aux besoins requis par la demande.
Si un tel système présente donc l'inconvénient d'offrir peu d'emplois
salariés, puisque les créations nettes annuelles y sont limitées, du moins
a-t-il l'avantage d'offrir des postes d'accueil constamment renouvelés
- 192 -
aux défaillants du système scolaire, qui trouvent ainsi l'occasion d'ap
prendre un métier.
b) K~~~l~_~~~~l~~~~~~~_~~~_f~~~~_~~~~~~~~E~~_~~_~~~~EE~g~_~~
faibles immobilisations en capital
Qu'il soit facile de s'installer dans les branches manufacturières,
ceci s'explique par deux raisons:
- d'une part, l'intrusion de non-professionnels à la recherche de
placements fructueux pour leurs capitaux, qui réussissent à intéresser
les jeunes évincés du système de formation informel, par le biais d'as
sociations capital - travail, dans les branches en expansion
- d'autre part, le faible montant des immobilisations en capital né
cessaires au lancement d'un atelier, et ceci dans la plupart des branches.
Le nombre relativement important d'associations capital - travail
dans les branches en expansion comme le Bois, la Mécanique et le Métal
pourrait donner à penser qu'une intervention de l'Etat est inutile et
qu'il convient de laisser faire l'initiative privée. Mais, en réalité,
de telles associations s'avèrent extrêmement fragiles. Lorsque, en tant
que clients, des détenteurs de capitaux s'avisent de l'intérêt des pla
cements dans la branche, ils cherchent à débaucher les employés les plus
mobiles (c'est-à-dire les demi-ouvriers, déjà formés et productifs, mais
sous-payés) en leur proposant des contrats d'association au terme desquels
celui qui apporte son travail se retrouve salarié comme devant. Mais c'est
un salarié qui porte l'entière responsabilité de la gestion de l'atelier
et qui ne tarde pas à trouver abusifs les termes de l'association, et à
les retourner à son avantage dans la pratique. L'éclatement des associa
tions qui ne manque pas d'en résulter présente du moins l'avantage pour
le travailleur de s'être trouvé en situation de chef d'établissement, de
s'être constitué une clientèle, de s'être gagné des fournisseurs sur les
quels il pourra compter ... Toutes choses qu'il faudra conquérir sans
couverture financière lorsqu'on se lance seul et directement dans l'aven
ture que constitue l'ouverture d'un atelier.
Car, malgré leur développement, de telles associations ne peuvent cons
tituer une solution pour la majeure partie des jeunes gens nouvellement
- 193 -
formés et que la politique de minimisation des coûts en main-d'oeuvre
menée par les petits ateliers artisanaux rejette sur le marché du tra
vail. Forcés d'accepter de très faibles rémunérations, ou employés oc
casionnellement à la tâche, ces jeunes vont être poussés à créer leurs
propres ateliers. Dans ce but, il est toujour&)ossible de mobiliser
quelqu'argent familial, d'autant que, généralemer.t, les immobilisations
en capital monétaire sont réduites au minimum. Quelles sont en effet
les diverses utilisations des fonds mobilisés au démarrage ?
- La location d'un atelier? Il est toujours possible de commencer
à travailler à domicile (cuir, bois, textile), dans la rue (mécanique),
ou sans local (tâcherons du bâtiment).
L'achat de machines? Ce ne peut être que le but ultime, le signe
de la réussite. En attendant, on se contente d'en louer les services
chez un voisin.
- L'achat de matériel ? C'est le minimum nécessaire. Mais, même aiors, ".
le démarrage de l'activité à temps partiel (le soir et les fins de semaine)
permet éventuellement d'emprunter l'outillage à son patron ou à une connalS-
sance.
- L'achat de matières premières? C'est généAdlement le client qui en
fait l'avance (bois, mécanique, textile), ou alors le fournisseur peut
accepter de faire crédit (cuir).
- La main-d'oeuvre? On commence toujours au départ par mobiliser sa
propre force de travail. Ce n'est qu'ensuite qu'apparaissent les apprentis,
le plus souvent en tant qu'aide-familiaux.
- Les charges et impôts divers? Il n'yen a pas, puisque par défini
tion, on est ainsi devenu un clandestin.
Mais la clandestinité n'est pas un choix, elle est une nécessité qui
s'impose à celui qui va créer une activité sans disposer d'un quelconque
capital monétaire.
- 194 -
Et dans ce cas précisément, le planificateur se trouve en face d'i
nitiatives privées qui pourraient être créatrices d'emplois à condition
de mettre à leur disposition des capitaux plus importants, et éventuel
lement d'élargir leurs débouchés.
Mais il ne faut pas oublier que la faible immobilisation de capital
présente aUSSL des avantages, celui en particulier d'une grande souplesse
d'adaptation de ces ateliers.
c) ~~_~~~el~~~~_~~~~~e~~~~~~_~~~_~~~l~~E~_~~_~~~~~~E_~~~_~~E~~~~E§
La faiblesse des immobilisations en capital et en main-d'oeuvre permet
leur réalisation et leur liquidation immédiates, ou leur mise en sommeil
provisoire sans perte notable.
Cette liquidité de l'investissement en capital et en travail est évi
demment absolue lorsqu'elle est à son niveau le plus bas, c'est-à-dire
dans le cas du clandestin à domicile qui peut cesser son activité à temps
partiel sans dommage autre que pour son revenu, ou au contraire l'augmen
ter jusqu'à devenir une activité à plein temps, auquel cas la mobilisation
de fonds d'origine familiale, ou par le biais d'associations, permettra
une installation plus conséquente.
Mais même lorsque les immobilisations sont plus importantes, la liqui
dation est extrêmement facile: il existe un marché des machines d'occa
sion extrêmement actif, et l'augmentation des prix est telle que la reven
te peut se faire à un tarif supérieur à celui de l'achat. Quant à la maLn
d'oeuvre, soit elle est rémunérée à la tâche et alors la quantité de force
de travail achetée est strictement adaptée aux besoins requis (liquidité
absolue), soit elle est constituée d'apprentis ou de salariés susceptibles
d'être licenciés du jour au lendemain et sans indemnités, l'une des carac
téristiques du secteur non structuré étant de rester réfractaire à l'appli
cation des lois sociales et du Code du Travail.
Facilité d'installation et facilité de liquidation permettent à la
concurrence de faire son oeuvre aux moindres frais pour les entrepreneurs
voués à l'échec; et au tissu économique des entreprises de se constituer
graduellement en s'adaptant parfaitement aux besoins du marché; l'offre
- 195 -
part ainsi à la poursuite de la demande dans '.es diverses branches, en
la recherchant par la localisation géo&raphiq e, mais aussi par l'adap
tation aux besoins exprimés par des clientèles extrêmement diverses.
En résumé, les trois caractéristiques du secteur non structuré, que
constituent la faiblesse des immobilisations, en particulier au démarra
ge, l'emploi préférentiel d'une main-d'oeuvre non salariée, particulière
ment des apprentis, et la souplesse d'adaptation aux conditions du mar
ché, ces trois caractéristiques donc sont intimement liées entre elles.
Si nous limitons notre raisonnement aux activités qui s'exercent dans
des établissements -et le travail à domicile ou itinérant n'est guère
qu'une conséquence du système que nous avons décrit, sauf peut être pour
le Textile dont l'origine est ancienne- nous pouvons dire que le système
fonctionne autour de l'élément central que constitue l'utilisation privi
légiée des apprentis et leur rotation organisée. Cette main-d'oeuvre qui
représente environ 30 % de l'emploi du secteur non structuré (40 autres
pour cent représentant l'auto-emploi patrons et aide-familiaux) n'est
pas recrutée en vue d'être embauchée définitivement, ou du moins sur une
base stable. Si elle reçoit généralement, du moins dans les plus petits
établissements, une formation qui la rendra apte à s'installer plus tard
à son compte, elle est bien recrutée en tant que main-d'oeuvre productive
et bon marché. La stabilité de cette main-d'oeuvre est de 3 ans et peut
se prolonger aussi longtemps qu'elle accepte d'être sous-payée. Dans un
intervalle variant de J à 5 ans après la fin de la période d'apprentissa
ge, la rupture s'effectue nécessairement. La faible rotation des postes
d'ouvriers qualifiés dans le secteur entraîne une très grande instabili
té de ces demi-ouvriers qui vont se transformer en tâcherons occasionneis
et vont avoir tendance à s'installer à leur compte.
L'installation à domicile et à temps partiel, avec des outils d'emprunt,
et des avances de clients ou de fournisseurs, réduit à presque rien les
- 196 -
fonds nécessaires au démarrage. Bien entendu, la mobilisation de capi
taux d'origine familiale ou encore des associations capital - travail
-éphémères- peuvent donner lieu à des cas de figure moins précaires,
avec achat de local et de machines, et embauche d'apprentis. Mais les
risques sont généralement limités, et la souplesse d'adaptation préser
vée, qui permettra la fermeture de l'atelier du jour au lendemain, et sa
réouverture aussi immédiate dans un autre quartier pour l'homme du métier,
ou dans une autre branche d'activité pour le capitaliste.
Cette description rapide des modalités de fonctionnement du secteur
non structuré permet, dans une certaine mesure, de fixer les orientations
d'une politique de promotion de l'emploi dans ce secteur. Car, pour ce
faire, il convient de garder à l'esprit que toute mesure qui tendrait à
agir sur l'une des caractéristiques précitées, risquerait de modifier
-si l'on n'y prenait garde- l'une des composantes de l'équilibre de
fonctionnement du secteur et d'entraîner des effets contraires à l'objec
tif poursuivi.
3) Possibilités de promotion du secteur non structuré
Il est bien vrai en effet que, jusqu'à présent, aucune mesure n'a
été prise e~ faveur ou à l'encontre du secteur non structuré. Et le fait
que sa part dans l'économie nationale ait été fortement sous-estimée ex
plique que l'on se soit désintéressé de ce secteur durant la décennie
1970-80 : le planificateur s'en est désintéressé par simple ignorance.
Or, curieusement et peut-être significativement, cette ignorance du
secteur non structuré, qui s'est traduite par une absence de politique
et de mesures à son égard, a laissé libre cours à une attitude de lais
ser-faire, d'ailleurs parfaitement cohérente avec la politique économi
que d'ensemble durant cette décennie. Et un tel laisser-faire s'est ré
vélé tout-à-fait propice au développement du secteur.
Il faut bien voir tout ce que cette affirmation implique. L'absence
de contraintes, l'absence de réglementations ou plutôt l'absence d'appli
cation des réglementations en vigueur, a eu incontestablement des effets
favorables sur le développement du secteur non structuré. Certes, le mo
teur de ce développement a bel et bien été la croissance qu'a connue le
- 197 -
secteur industriel et commercial, et l'éléva~ion générale du niveau de
vie. Mais les conditions libérales dans lesqt"0lles s'est effectuée cette
croissance ont joué un rôle déterminant dans la capacité de l'offre à ré-,pondre à l'explosion de la demande.
On ne peut évidemment pas affirmer que des circonstances différentes,
en particulier un interventionnisme plus marqué de la part de l'Etat, au
raient eu pour conséquence de limiter cette croissance. Et sans doute
peut-on faire confiance au secteur non structu'é, son principe vital
étant de passer à travers les mailles des filèts réglementaires. Il n'em
pêche que si ces mailles se resserrent, le volume du secteur non structu
ré, en nombre d'établissements et en nombre d'emplois, ne peut que se
réduire.
a) ~~~_gE~~~~~_~E;i~~~_~~~~~_~;E~~~gi~_~~_EE~~~;i~~_~~_!~~~!~i .dans le secteur non structuré-----------------------------
La première option d'une stratégie de promotion de l'emploi dans le
secteur non structuré se situe donc à ce niveau :
- convient-il de prêter attention aux récriminations des moyens arti
sans et de prendre des mesures tendant à limite~ ia concurrence ?
- ou peut-on accepter de laisser se développpr cette concurrence qui
ne présente certes pas que des aspects négatifs ?
Le choix n'est cependant pas aussi net et tranché entre un malthusia
nisme répressif, et un laisser-faire pur et simple.
Il ne faut pas oublier en effet que ta forte rotation des apprentis
observée dans le secteur non structur.é permet de renouveler chaque année
un nombre important de places destinés aux défBi'lants du système scolai
re primaire qui seront ainsi en mesure d'apprendre un métier. Si l'on se
base sur les résultats du Recensement des ~t~blissements de 1976 qui mon
trent que 75 % des postes d'apprentis du secteur privé sont fournis par
les petits établissements de moins de 10 emplois, si l'on fait l'hypothèse
que ces postes se répartissent à peu près également entre les 3 années
d'apprentissage, et que la rotation y est à peu près généralisée, on peut
- 198 -
admettre que ce sont ainsi plus de 5 000 places d'apprentis qU1 sont ou
vertes chaque année dans le secteur non structuré •
. Mais si ce secteur joue là un rôle important et qu'il convient de ne
pas perdre de vue, le problème de l'emploi ne s'en trouve pas moins repor
té sans avoir été réglé, puisqu'au bout de 3 à 8 ans, cette main-d'oeuvre
se trouve rejetée sur le marché du travail.
L'alternative précédente (répression/laisser-faire) peut, dans cette
perspective, se traduire par les deux options suivantes, plus opération
nelles :
- soit inciter et aider les patrons déjà installés à embaucher cette
main-d'oeuvre sur une base plus permanente et stable: politique que l'on
pourrait appeler de "consolidation" ;
- soit aider l~s jeunes sortants du système de formation sur le tas à
s'installer à leur compte, en les incitant à créer à leur tour des emplois.
Ces options doivent évidemment être modulées ou combinées selon les
branches, en fonction de la situation qui y prévaut. Par exemple, dans
une branche en crise qui connaît une forte concurrence, comme c'est le
cas de la branche "Cuir et Chaussures", la première option de consolida
tion doit être privilégiée. En revanche, dans des branches comme le "Bois
et l'Ameublement", et la "Mécanique", une combinaison des deux options est
parfaitement envisageable.
Les deux options énoncées plus haut doivent également être modulées en
fonction de la taille des établissements. On sait par exemple que la spécia
lisation des apprentis qui prévaut dans les établissements de 5 à 9 emplois
(sans parler ici des entreprises plus importantes) prédispose cette main
d'oeuvre à des emplois d'ouvriers spécialisés plutôt qu'à une installation
à leur compte. Dans ce cas, c'est évidemment la première option qui doit
p~évaloir, alors que la seconde est plus pertinente pour les établissements
de plus petite taille.
Enfin, dans une branche où le travail à domicile prédomine comme dans
le "Textile-Confection", la seconde option peut être privilégiée, dans le
- J 99 -
sens d'une expérience telle que celle de la "fF!.mille productive" (J).
c'est maintenant à la traduction de ces diverses options,ou de leur
combinaison, en mesures directement opérationnelles et concrètes, que nous
allons nous attacher.
b) ~~~~E~~_~~h~~h;~;~~~_~~~~~e;~~l~~_~~~!~~E_~_l~_EE~~~~!~~_~~
!~~~l~!_~~~~_l~_~~S~~~E_g~g_~~E~S~~~
En ce domaine, il est difficile de faire preuve d'originalité et d'i
magination. L'incitation ne peut passer que par des aides ou primes à l'in
vestissement et à l'embauche, et par l'ouverture de nouveaux marchés ou la
fourniture de débouchés. En ce sens, les résultats des enquêtes sectoriel
les de l'INS, et les expériences de mise en oeuvre des projets de réhabili
tation urbaine, peuvent aider à la définition de telles mesures.
Mais il convient aussi de replacer le problème dans un cadre plus géné
ral pour en comprendre toutes les implications et toutes les inerties qu'il
s'agit de modifier.
Les raisons d'un dualisme
L'étude de la réalité du secteur non structuré en Tunisie fait indu
bitablement penser à la situation de concurrence atonistique des débuts
de la Révolution industrielle sur laquelle les grands Classiques ont cons
truit leurs théories. Mais le développement sans précédent qu'a connu le
secteur non structuré depuis plus d'une décennie, qui ne s'est jamais dé
menti et par lequel procède l'accumulation du capital, présente une diffé
rence fondamentale par rapport au processus d'industrialisation qu'ont con
nu les pays actuellement développés. Ce qui frappe en effet les observateurs
attentifs du secteur non structuré, c'est que -contrairement aux espoirs
sans doute exagérés que l'on avait mis en lui- il n'a pas constitué le
creuset où se seraient forgés les entrepreneurs d'une véritable industria
lisation. En d'autres termes, son développement s'est effectué de façon au
tonome, et il n'a pas été constaté de passages en nombre réellement signi
ficatif du secteur non structuré vers le secteur moderne.
(J) Le projet "famille productive" conduit par la Direction du DéveloppementSocial du Ministère des Affaires Sociales a consisté à initier des membresdes familles nécessiteuses à des métiers artisanaux, en mettant à leurdisposition le matériel et les matières premières nécessaires à l'activité.
- 200 -
Sans doute ce phénomène ne procède-t-il pas d'une raison simple, mais
on peut néanmoins penser que la cause principale en est l'impossibilité
de dépasser une certaine capacité de financement, jointe à la difficulté
de bénéficier de marchés plus importants.
Dans la situation classique des débuts de l'industrialisation, les
apporteurs de capitaux et les fournisseurs de débouchés se trouvent véri
tablement en face d'une situation de concurrence généralisée et les ris
ques calculés qu'ils prennent pour effectuer leurs choix mettent bel et
bien sur le même plan toutes les unités concurrentes.
Dans la situation que connaissent actuellement les pays du Tiers
Monde comme la Tunisie, la concurrence atomistique prévaut dans le sec
teur non structuré, elle est plus feutrée dans le secteur moderne, et
les deux secteurs peuvent se faire éventuellement concurrence. Mais ce
qu'il y a lieu de souligner, c'est que les apporteurs de capitaux offi
ciels (les crédits bancaires) et les fournisseurs de débouchés également
officiels (les marchés de l'Etat) ne savent ~raiter qu'avec le seul sec
teur moderne, par routine ou habitude (application des règles institution
nelles telles que les garanties nécessaires), par facilité apparente (la
minimisation des risques prend le pas sur la maximisation des profits) et
surtout par inadaptation et ignorance (une législation conçue pour d'autres
situations décourage les éventuels intéressés).
En d'autres termes, le système bancaire et les marchés de l'Etat igno
rent superbement les entrepreneurs du secteur non structuré, lesquels le
leur rendent bien: les enquêtes de l'INS ont montré que les petits entre
preneurs n'envisageaient pratiquement jamais de recourir à l'un ou à l'au
tre de ces moyens pour se développer.
Ainsi donc la très forte croissance du secteur non structuré durant
la dernière décennie n'en est que plus remarquable. Car si l'ignorance
dans laquelle a été tenue ce secteur peut être considérée comme un élément
qui a favorisé sa croissance, l'impossibilité pour lui de recourir aux deux
stimulants que sont le crédit bancaire et les marchés de l'Etat a sans nul
doute représenté un handicap.
- 201 -
Aujourd'hui où les termes de la réflexion sur ce sujet semblent de
voir évoluer, la question principale consistL â repenser le rôle et les
modalités de ces deux leviers de la politique économique. L'examen de
certaines expériences ponctuelles peut aider à une telle redéfinition.
L'élaboration expérimentale de mesures concrètes
La définition d'une politique nationale de promotion de l'emploi dans
le secteur non structuré pose évidemment des problèmes bien différents de
ceux que pose une politique de promotion de l'emploi au niveau de quartiers
populaires. Dans le premier cas il s'agit notamment d'aboutir à une créa
tion nette d'emplois, alors que dans le second il peut ne s'agir que d'at
tirer des emplois auparavant localisés ailleurs (1).
Mais concrètement, les problèmes sont strictement les mêmes et les
projets urbains peuvent constituer des occasions d'expérimenter l'impact
et l'adaptation des mesures concrètes et spécifiques dans lesquelles doi
vent nécessairement se traduire les politiques de promotion de l'emploi.
Les projets urbains de réhabilitation de quartiers populaires, finan
cés par la Banque Mondiale (Saida Manoubia et Djebel Lahmar à Tunis, rbats
à Sfax) et l'US AID (Melassine à Tunis) peuvent constituer des expériences
pilotes de ce point de vue, puisqu'une compos ant,e "Promotion de l'emploi"
y est prévue.
~~~~~e!~~~~~~~~_~~_!~_g~E~~~~~_~~~~~~E~
Qu'il s'agisse d'aide aux artisans déjà installés ou d'aide à l'instal-
lation de nouveaux artisans, le problème fondamtntal posé par ces projets
urbains est le suivant: Comment faire bénéficier un certain nombre d'arti
sans de crédits dont, dans d'autres circonstances, ils n'auraient même pas
pu envisager l'idée? Dans ce cadre, l'octroi du crédit est lié à un enga
gement non formel de créer des emplois et la présentation des garanties
bancaires traditionnelles est nécessairement assouplie.
----------------------------------(1) Certes, les projets urbains ne se limitent pas en général à un tel
objectif, mais l'exagération est ici voulue pour mieux faire comprendrela différence qui existe entre les deux points de vue.
- 202 -
Un tel assouplissement des conditions de garantie était d'autant plus
indispensable qu'en son absence aucune demande de crédit n'aurait été en
registrée, car :
- ceux qui présentent des garanties ne sont pas demandeurs pour la
plupart ;
- l'immense majorité des intéressés ne sont pas propriétaires de leur
local et ne possèdent pas de capital-machines.
La rigidité du système bancaire traditionnel, relais de la Banque Mon
diale, aurait eu alors pour effet d'annihiler cet aspect du projet. La rè
gle a donc été tempérée et l'on a tenu compte, dans l'estimation de la ga
rantie, de la valeur de l'outillage et des stocks de matières premières et
de produits fabriqués.
Mais, inversement, il convenait de ne pas aller trop loin dans ce sens,
car l'absence d'immobilisations et la faiblesse des biens mobiliers peut
aussi être un signe prouvant que l'artisan subsiste juste à l'équilibre de
ses revenus et de ses dépenses, et qu'un endettement risquerait de le faire
régresser plutôt que progresser.
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En réalité, il s'est avéré que c'était bien l'élucidation de l'équi-
libre revenus-dépenses qui permettait de faire la distinction entre ceux
qu'un endettement pourra faire progresser et ceux qu'il entraînerait dans
la chute. Mais l'estimation du niveau des revenus et l'excédent des revenus
sur les dépenses revient en fait à élaborer une forme de comptabilité.
Ainsi donc la solution au problème posé passait par des mesures stric
tement inverses de celles pour lesquelles penchait le système bancaire
traditionnel :
l'assouplissement de la garantie bancaire, et non sa rigidification
- la mise en place d'une comptabilité simplifiée et adaptée.
- 203 -
Or, une telle comptabilité simplifiée est possible. Pour les besoins
de la Comptabilité Nationale, l'INS a lancé ~ntre 1977 et 1980 une série
d'enquêtes sur les petites entreprises du secteur non structuré, et ceci
dans plusieurs branches de l'économie. Ainsi ont pu être mises au point
des techniques simples et adaptées à chaque br~nche, permettant d'estimer
chiffre d'affaires, valeur ajoutée et bénéfices. Ce n'est pas le lieu ici
d'exposer en détail le type de comptabilité qui a été élaboré. Il nous suf
fira de rappeler qu'elle est basée sur trois principes :
la détermination de l'unité de référence pertinente pour l'entrepre
neur jour, semaine, mois, unité de produit ou son multiple. Cette unité
varie en fonction de la branche d'activité et de la taille de l'entreprise.
Elle est la clé de la comptabilité "mentale" des entrepreneurs du secteur
non structuré ;
- le calcul des coûts et des bénéfices sur l'unité de temps (jour ou
semaine pour les services) ou sur l'unité de fabrication (une chambre à
coucher pour l'ébéniste), ou encore sur le multiple de l'unité de fabrica
tion correspondant en moyenne à l'unité de temps (100 paires de chaussures
correspondant à une production hebdomadaire) ;
- la détermination la plus précise possible des variations d'inten
sité de l'activité au cours de l'année, à partir de l'unité de temps de
référence (1).
Le "revenu brut de l'entrepreneur individuel" auquel on aboutit n'est
évidemment pas un pur bénéfice destiné à être réinvesti dans l'entreprise.
Il convient donc de mesurer la part de ce revenu qui va être dépensée aux
besoins du ménage de l'entrepreneur. Et c'est le reliquat en excédent qui
sera pris en compte pour juger de la capacité de remboursement de l'inté
ressé.
En fin de compte, les trois indicateurs auxquels doit aboutir la
comptabilité simplifiée sont :
----------------------------------
(1) Cf fin de la Section II de la 1ère Partie et Section II de la 3ème Partie.
- 204 -
- la capacité de remboursement, actuelle et future;
- le degré actuel d'utilisation de la capacité de production
- le volume actuel et prévu de la production ou de la clientèle.
Ces deux derniers indicateurs nous amènent à la question des débouchés.
Octroi de marchés de l'Etat
Il a déjà été dit plus haut que l'un des traits caractéristiques du
secteur non structuré était san développement graduel. Les investissements
et les immobilisations sont accrus au fur et à mesure que la clientèle et
les débouchés se développent. L'octroi d'un prêt perturbe une telle grada
tion.
Les projets urbains offrent une opportunité pour examiner et expérimen
ter les conditions dans lesquelles certains marchés de l'Etat pourraient
faire l'objet d'attributions fractionnées, à la mesure des petits artisans.
Dans ces projets, en effet, c'est une même autorité qui est chargée
de mettre en oeuvre les travaux d'aménagement et de réhabilitation, a1nS1
que la politique de promotion des petites entreprises. On voit donc quels
obstacles institutionnels, sinon routiniers, viendraient s'interposer pour
empêcher une liaison qui saute aux yeux. Certainement les méthodes d'appels
d'offres, et plus généralement de suivi et de gestion, devraient être modi
fiées. De telles modifications créeront des pesanteurs qu'il sera nécessai
re de surmonter, mais il ne faut jamais perdre de vue que la gestion n'est
qu'un moyen, un instrument qui doit être mis au service des objectifs
poursuivis.
On ne voit donc pas pourquoi certains travaux tels que peinture, ins
tallation électrique, plomberie, menuiserie de bâtiment, fer forgé ne se
raient pas confiés à des petits artisans lorsque les projets urbains se
traduisent par la construction d'habitations comme c'est le cas pour les
ClMER à Sfax (1), et pas seulement par la réhabilitation des infrastructures.
(1) ClMER : Constructions Individuelles de Maisons Economiques Rationalisées.Il s'agit de lotissements économiques financés dans le cadre des projetsurbains et constitués par un habitat minimum, susceptible d'extensionsultérieures.
- 205 -
Bien plus, à l'intérieur de la composante "Promotion des petites en
treprises", dans les projets urbains, on ne voit pas pourquoi certains tra
vaux que souhaiteraient entreprendre les petits artisans demandeurs de prêts
pour améliorer leurs ateliers ne seraient pas attribués à d'autres artisans
il n'y a aucune raison de considérer un devis IDù,uscrit sur papier libre
comme moins valable qu'un devis dactylographié sur papier à en-tête!
On ne voit pas pourquoi tel boulanger ou tel menuisier ayant décidé
de faire construire une annexe à son atelier serait interdit de crédit
pour la raison qu'il souhaiterait se comporter et agir de la façon dont
il a l'habitude: à savoir que c'est lui le maître-d'oeuvre, c'est lui qui
va acheter les moëllons ou les briques chez un petit artisan, c'est lui
qui va recruter des maçons et des peintres à la tâche. Tout cela peut fort
bien se traduire en factures et promouvoir l'emploi dans le secteur non
structuré, à condition que les gestionnaires des projets fassent preuve
d'intelligence, de souplesse et d'esprit d'adaptation, de telle sorte
qu'ils se décident à concourrir aux objectifs généraux des projets.
En réalité l'octroi de prêts (pour la construction, l'équipement, la
constitution de fonds de roulement) lié à l'octroi de marchés ne peut dans
ces conditions que pousser l'artisan concerné à élaborer une comptabilité
plus structurée, et à passer ainsi à un stade plus élevé de développement.
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Sans doute y a-t-il là matière à réflexion pOjr la définition des at-
tributions d'une future "Banque Populaire". Il ~st important qu'un organis
me chargé de promouvoir l'artisanat dépasse le simple rôle de banque
dispensatrice de crédits, exerce une fonction de conseiller et d'intermé
diaire entre les artisans et leurs fournisseurs (g~oupement d'achats) et
leurs débouchés éventuels (répartition des marchés de l'Etat notamment),
et finalement adapte ses modalités d'intervention à la situation qui prévaut
dans la population touchée. Une Agence de Promotion de l'Artisanat, en quel
que sorte, ayant un volet d'intervention en matïère bancaire.
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En regard de ces deux stimulants principaux que sont le crédit et la
fourniture de débouchés, les autres mesures d'incitation sont de moindre
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efficacité. En particulier, l'exonération des charges sociales sur une pé
riode plus ou moins longue, mesure destinée à favoriser l'embauche de sa
lariés, serait d'une efficacité limitée, puisq~e l'on sait bien que le sec
teur non structuré utilise des salariés dont il n'assure pas la couverture
sociale. Il est vrai que cette mesure pourrait stabiliser une partie de la
main-d'oeuvre, notamment les tâcherons, et qu'elle améliorerait sensible
ment le sort des salariés du secteur non structuré ; à supposer bien enten
du qu'elle soit effectivement appliquée. Car si les apprentis sous contrat
de l'Office de l'Emploi bénéficient de la couverture sociale sans qu'il en
coûte rien à leur employeur, on sait qu'une proportion importante des ap
prentis est embauchée sans passer par l'intermédiaire de l'Office.
D'autre part, et bien qu'il ne s'agisse pas d'une mesure d'incitation,
mais plutôt d'une mise à contribution, les petites entreprises artisanales
du secteur non structuré, répondant à certains critères minimaux d'organisa
tion, pourraient pre~dre en charge des jeunes stagiaires sortant de la
6ème année technique qui, se trouvant dans l'impossibilité de trouver des
emplois salariés, doivent être initiés aux problèmes que posent la création
et la gestion d'une petite entreprise. D'une durée limitée, de tels stages
pourraient être financés par l'Etat sous forme de rémunération versée au
stagiaire et à l'employeur.
Enfin, en liaison avec l'adaptation du système bancaire, on pourrait
essayer de lancer le livret d'épargne artisanal, sur le modèle du livret
d'épargne-logement: les économies versées régulièrement par l'artisan sur
son livret lui permettraient de se constituer un capital dont les intérêts
ouvriraient droit à un prêt destiné à l'investissement dans l'activité
exercée.
Il reste en effet à résoudre cette question d'importance qui repré
sente tout l'écart existant entre des opérations ponctuelles et une poli
tique générale de promotion.
Dans les projets urbains de réhabilitation de quartiers populaires
les artisans installés dans la zone font l'objet d'une sollicitation, à
leur atelier même, de la part des techniciens chargés des projets.
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Le problème devient déjà plus délicat lccsqu'il s'agit de trouver des
volontaires pour les inciter à s'installer daüs une zone déterminée. On peut
alors envisager de coupler l'opération avec les projets de desserrement 1n
dustriel qui visent à décongestionner les centres des villes.
Mais la question prend une toute autre ampleur lorsqu'il s'agit de
toucher l'ensemble du secteur artisanal. On sait en effet que, par nature,
le secteur non structuré se satisfait du non-interventionnisme des pouvoirs
publics. Et sans doute n'a-t-il pas tort de craindre que toute mesure, même
très positive, prise à son profit puisse et même doive nécessairement se
retourner en une aggravation des contrôles exercés à son encontre.
c'est pourquoi) en-dehors des opérations ponctuelles de rénovation de
quartiers urbains, on peut tenir pour certain que le secteur non structuré
ne répondra pas aux appels que constitueraient des incitations passant par
les canaux habituels: système bancaire, services administratifs, etc.,
quelle que soit la mobilisation des média.
On peut penser que seule la création d'une Agence spécifiquement
destinée à lui venir en aide, cherchant à s'adapter à la situation qu'il
connaît, et lancée par une campagne bien orchestrée, pourrait le tirer de
la torpeur dans laquelle il se tient volontairement dans ses rapports
avec l'Administration.
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BIBLIOGRAPHIE SELECTIVE DES TRAVAUX
SUR LE SECTEUR NON STRUCTURE EN TUNISIE
1) Présentation générale et résultats généraux
1.1. CHARMES J. (1978) : "Une recherche en cours: l'étude du secteurnon structuré en Tunisie"
I.N.S. Multigr. 33 p.
Cahiers ORSTOM - Série Sciences Humaines vol. XV, n° 3, pp. 261-280
STATECO - Bulletin de Liaison des StatisticiensEconomistes - nO 21 - Décembre 1979 - pp. 5-37 INSEE
1.2. CHARMES J. (1982) '~éthodologie et résultats sur le secteur nonstructuré en Tunisie"
ln "Etude sur l'emploi aux Antilles et enTunisie: sous-emploi, secteur non structuré, migrations"
Archives et Documents - nO 54 - Août 1982 INSEE - pp. 51-129 (Etudes reprises dans leprésent document)
2) Recensement des Etablissements
2. 1. 1. N.S. (1978-1980) : "Recensement des établissements en mi lieuurbain. 1976"
Mutigr. 19 volumes (Tunisie entière et 18gouvernorats)
2.2. DRIRA M. (1979) '~e secteur non structuré dans l'économietunisienne, d'après le recensement desétablissements"
Multigr.
Communication au Colloque IEDES - AFIRD sur"La petite production marchande en milieuurbain africain"
Paris - 7-8 et 9 mars 1979
- 210 -
3) Monographies socio-économiques de métiers
3.1. CHARMES J. (1980) : "Les contradictions du développement dusecteur non structuré"
Communication au Colloque IEDES - AFIRD sur'~a petite production marchande en milieuurbain africain"
Paris - 7-8 et 9 mars 1979
Tiers Monde - vol. XXI. nO 82 - Avril-juin 1980pp. 321-335 (Article repris en IIIème Partiedu présent document)
3.2. I.N.S. (1977)
3.3. I.N.S. (1979)
4) Sondages sectoriels
4.1. LN.S. (1979)
"Recueil d'interviews auprès de menuisiers etébénistes de Tunis et de Sfax"
Multigr. 200 p.
"Recueil d'interviews auprès de mécaniciens etgaragistes de Tunis"
Multigr. 300 p.
"Enquête sur le secteur non structuré en Tunisie.Production et valeur ajoutée du secteur Bois etAmeublement en 1977"
Multigr. 88 p.