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Octobre 2013
n° 23
L’ESPRIT CANUT
www.lespritcanut.fr
tél :06 28 07 57 13
Directeur de la publication : B. Warin
Issn n° 1959413
SommaireSommaireSommaireSommaire
2 Expo à Gadagne, où est le peuple de Lyon ?2 Expo à Gadagne, où est le peuple de Lyon ?2 Expo à Gadagne, où est le peuple de Lyon ?2 Expo à Gadagne, où est le peuple de Lyon ? 3 Le sang des autres, de la Croix3 Le sang des autres, de la Croix3 Le sang des autres, de la Croix3 Le sang des autres, de la Croix----Rousse au BangladeshRousse au BangladeshRousse au BangladeshRousse au Bangladesh
4 George Salendre, un croix4 George Salendre, un croix4 George Salendre, un croix4 George Salendre, un croix----roussien de coeurroussien de coeurroussien de coeurroussien de coeur 5 Novembre des Canuts5 Novembre des Canuts5 Novembre des Canuts5 Novembre des Canuts
6 Le moment de lire6 Le moment de lire6 Le moment de lire6 Le moment de lire 7 Droit de réponse 7 Droit de réponse 7 Droit de réponse 7 Droit de réponse
Texte fondateur pour la création d’un lieu Texte fondateur pour la création d’un lieu Texte fondateur pour la création d’un lieu Texte fondateur pour la création d’un lieu ––––ressourceressourceressourceressource 8 Notre site internet 8 Notre site internet 8 Notre site internet 8 Notre site internet ---- Les bafouilles de Jacques Les bafouilles de Jacques Les bafouilles de Jacques Les bafouilles de Jacques
UN P’TIT COIN UN P’TIT COIN UN P’TIT COIN UN P’TIT COIN
POUR S’REUNIR...POUR S’REUNIR...POUR S’REUNIR...POUR S’REUNIR...
Le projet de lieuLe projet de lieuLe projet de lieuLe projet de lieu----ressource* se struc-ressource* se struc-ressource* se struc-ressource* se struc-ture.ture.ture.ture. Depuis ,la dernière réunion qui ras-Depuis ,la dernière réunion qui ras-Depuis ,la dernière réunion qui ras-Depuis ,la dernière réunion qui ras-semblait 31 personnes, dont 3 élus, la muni-semblait 31 personnes, dont 3 élus, la muni-semblait 31 personnes, dont 3 élus, la muni-semblait 31 personnes, dont 3 élus, la muni-cipalité a, dans le cadre de la Maison des cipalité a, dans le cadre de la Maison des cipalité a, dans le cadre de la Maison des cipalité a, dans le cadre de la Maison des Associations, mis à disposition du collectif* Associations, mis à disposition du collectif* Associations, mis à disposition du collectif* Associations, mis à disposition du collectif* un local permanent, certes de petite dimen-un local permanent, certes de petite dimen-un local permanent, certes de petite dimen-un local permanent, certes de petite dimen-sion, mais avec des possibilités d’exposi-sion, mais avec des possibilités d’exposi-sion, mais avec des possibilités d’exposi-sion, mais avec des possibilités d’exposi-tions, de conférences dans des salles adja-tions, de conférences dans des salles adja-tions, de conférences dans des salles adja-tions, de conférences dans des salles adja-centes. centes. centes. centes. Cette localisation constitue la première Cette localisation constitue la première Cette localisation constitue la première Cette localisation constitue la première pierre de «pierre de «pierre de «pierre de « l’édificel’édificel’édificel’édifice » que sera ce lieu» que sera ce lieu» que sera ce lieu» que sera ce lieu----ressource dédié aux travailleurs de la soie ressource dédié aux travailleurs de la soie ressource dédié aux travailleurs de la soie ressource dédié aux travailleurs de la soie et du tissage, lieu qui manque tellement à et du tissage, lieu qui manque tellement à et du tissage, lieu qui manque tellement à et du tissage, lieu qui manque tellement à notre ville.notre ville.notre ville.notre ville. Pas à pas, l’idée d’un tel lieu s’impose-Pas à pas, l’idée d’un tel lieu s’impose-Pas à pas, l’idée d’un tel lieu s’impose-Pas à pas, l’idée d’un tel lieu s’impose-raitraitraitrait----elle aux élus et aux différents acteurs du elle aux élus et aux différents acteurs du elle aux élus et aux différents acteurs du elle aux élus et aux différents acteurs du quartier ?quartier ?quartier ?quartier ? Nous constatons qu’une nouvelle dyna-Nous constatons qu’une nouvelle dyna-Nous constatons qu’une nouvelle dyna-Nous constatons qu’une nouvelle dyna-mique est en marche, que les partenaires du mique est en marche, que les partenaires du mique est en marche, que les partenaires du mique est en marche, que les partenaires du collectif s’organisent et que des actions collectif s’organisent et que des actions collectif s’organisent et que des actions collectif s’organisent et que des actions seront engagées.seront engagées.seront engagées.seront engagées. FabriceFabriceFabriceFabrice
* Voir le texte fondateur de ce collectif page 7
Le jeudi 13 février 2014, Le jeudi 13 février 2014, Le jeudi 13 février 2014, Le jeudi 13 février 2014,
l’Esprit Canutl’Esprit Canutl’Esprit Canutl’Esprit Canut
aura 10 ans !aura 10 ans !aura 10 ans !aura 10 ans !
Par deux fois, pour être sûr, je me suis rendu à l’exposi-
tion « LYON AU XVIIIe , UN SIECLE SURPRE-
NANT » présentée de novembre à mai 2013 au musée
d’histoire de Lyon.
L’introduction était prometteuse : « au siècle des lumiè-res, Lyon est la seconde puissance économique, la pre-mière place industrielle et le premier poste d’exporta-tion du royaume. Elle génère une immense richesse. L’é-conomie de la ville est dominée par l’industrie textile et par la soierie en particulier ».
Enfin, nous allions ap-
prendre quelque chose
sur le dur labeur des tis-
seurs, leur vie sociale,
leur habitat… Que nenni !
On nous a montré des
prélats, des prévôts, des
négociants…. Mais on ne
nous a pas dit d’où venait
cette richesse ? Où sont
les maitres-ouvriers, les
compagnons-tisseurs, les
remetteuses, les ourdis-
seuses de la Fabrique ?
Dans une autre pièce et
ailleurs on nous montrait
des appareils de méde-
cine, des livres, des
faïences, de l’argenterie,
des armes, des meubles. Cela est bel et bon mais ces
objets, avec quels outils étaient-ils façonnés et dans
quels ateliers ? Nous ne l’avons pas su.
Au mur, étaient affichés des grands hommes, des
grands noms : Morand, Perrache, Soufflot…, des ta-
bleaux, des façades, des plans, des places… oui mais
comment s’organisait la corporation des maçons, des
bateliers, des cordiers, des chapeliers, des affan-
neurs, des crocheteurs, des lingères ? Où sont les
rumeurs, les fêtes, les chansons, où est le peuple
de Lyon ?
Pas de réponse, mais de belles phrases : « les mouvements financiers et commerciaux se déve-loppent vers l’Italie, le nord et l’est de l’Eu-rope, mais aussi vers l’Espagne qui ouvre aux marchands lyonnais les portes du nou-veau monde ». Si les portes s’ouvrent aux mar-
chands, elles se ferment aux ouvriers : bon, j’ai
tout de même fini par débusquer un texte minus-
cule, derrière la vitrine. J’ai chaussé mes lu-
nettes et j’ai lu : « nous compagnons de la
Fabrique ordonnons que les 2 sous par aune d’aug-mentation soyent payés conformément aux ordonnan-ces, que le tarif soit rétabli, que Monsieur le com-mandant veillera à son exécution et qu’il sera placé devant chez lui une potence pour y pendre le premier fabricant récalcitrant ».
Quand même hein ? C’était pas tout rose au dix-
huitième siècle ! Et la révolution n’était pas loin… mais le
musée Gadagne n’en a rien su. Dommage C’était en 1789 !
La critique ne m’a pas
empêché d’apprécier
le bel agencement de
cette exposition et
d’admirer la beauté
formelle des chef-
d’œuvre présentés.
J’aurais appris aussi,
contrairement à la
légende, dans un arti-
cle de Guy Scherrer*
publié dans le catalo-
gue, que les enfants
n’ont jamais tiré les
cordes (lacs) des
métiers à tisser dit
« à la tire », que c’é-
tait le lot de femmes
jeunes et fortes, les
« tireuses » qui, nous
dit le mécanicien Claude Rivey en 1781, « s’exténuent et s’estropient à jamais où meurent à la peine, de là les in-firmités, la mendicité, la sureté de ces agents, la cessa-tion des métiers, la ruine des ouvriers... ». Bernard Warin * Ingénieur consultant spécialisé dans la conservation-restauration des machines anciennes.
Expo à Gadagne : où est le peuple de Lyon ?
2
LE SANG DES AUTRES,
de la Croix-Rousse au Bangladesh...
Les Canuts du 21 ème siècle… C'est ainsi que l'auteur de l'article "demain, la soie pour tous ?" dans le précédent numéro de L'Esprit Canut, nomme les actuels travailleurs du textile d'Asie : mêmes conditions de travail épouvantables et même répression. En effet, 4 millions d'ouvriers et ouvrières, souvent mineurs, s'échinent, dans les 100 000 ateliers-usines du pays pour un salaire de misère, correspondant à 0,25 € de l’heure ! Et c'est grâce à eux que le Bangla-desh s'est hissé au 2ème rang des exporta-teurs de textiles, après la Chine. Le drame prévisible du Rana Plaza à Dac-ca, le 26 avril dernier, qui a fait plus de 1127 victimes et des milliers de blessés, a brutale-ment révélé au monde les terribles consé-quences de la course folle au low cost, pour le plus grand profit des investisseurs et des grandes marques occidentales : Benetton, Zara, H&M, Auchan, Carrefour, El Cortè Ingles, C&A… Dans des ateliers construits au détriment des règles de sécurité et d'hygiène les plus élé-mentaires, les heures s'accumulent sans fin, de 10 à 14 heures par jour, sept jours sur sept ; dans des conditions proches de l'es-clavage, issues de secours verrouillées. Pour assurer le renouvellement des commandes, toutes les deux à six semaines les entrepri-ses s'adressent â des sous-traitants qui, eux-mêmes, sous-traitent à d'autres et ainsi de suite. Trop c'est trop Les ouvriers n'ont pas attendu l'irréparable pour faire entendre leurs voix : en 2006 déjà, des grèves s'étaient déclarées dans 4000 usines et en 2010, malgré une sanglante répression policière, la lutte dura plusieurs mois pour obtenir la mise en application de la loi sur le revenu minimum légal. Dans le même temps, les organisations ont fait appel à la solidarité des occidentaux. Voilà près de dix ans que l'association Peu-ples Solidaires dont l'un des volets d'action est le respect des droits de l'homme au tra-vail, et le collectif Éthique sur l'Etiquette exhortent les multinationales qui se fournis-sent au Bangladesh à changer leurs prati-ques d'approvisionnement, notamment les délais imposés à leurs fournisseurs, et à agir contre les effondrements et incendies des usines. L'an dernier, les organisations syndicales locales et internationales ont proposé aux
entreprises un accord sur la sécurité des bâtiments et la prévention des incendies. Malgré des demandes répétées, certaines enseignes ont refusé de signer. On connaît la suite... Engagement de l’association Peuples Solidaires Dès la catastrophe connue, Peuples Solidai-res a contacté les médias et on a pu voir sur BFMTV des étiquettes des marques Auchan et Carrefour ainsi qu'un pantalon Camaïeu retrouvés dans les décombres par des orga-nisations ouvrières partenaires. Parallèle-ment, Peuples Solidaires a interpellé, par courrier et e-mails, les grandes marques de prêt-à-porter s'approvisionnant auprès des usines du Rana Plaza pour qu'elles contri-buent, sans délai, à un fonds d'indemnisation des victimes et de leurs familles et pour qu'elles signent et mettent en oeuvre l'accord sur la sécurité des bâtiments et la prévention des incendies. Deux mois après, cette action de lobbying ([email protected]) a déjà recueilli 95 000 signatures et fait bouger Auchan, Carrefour et Camaïeu qui ont pris des engagements inédits sur la sécurité des usines. Cet accord prévoit des inspections obligatoires, transparentes et indépendantes, il est légalement contraignant et ne concer-nera pas moins de mille usines dans le pays. Il en va autrement de l’indemnisation des victimes car les marques refusent de reconnaître leurs responsabilités…Beaucoup de personnes resteront handicapées à vie. Quant aux familles, elles ont aussi perdu une source de revenus indispensable à la survie du foyer. Après de nombreuses tentatives de négociation et une action organisée par la fédération Peuples Solidaires devant un magasin Camaïeu et une autre par le groupe
local de Tours, l‘enseigne a fini par plier : Camaïeu reconnaît sa responsabilité et accepte d’indemniser les victimes. Peuples Solidaires Caluire Outre son implication dans les campagnes de la fédération, le groupe de Caluire mène des actions de soutien au développement au Burkina Faso : programme sécurité alimentaire, forage de puits, alphabétisation. Il participera également, cette année, à la «bourse de vie» d'une jeune Malgache, déjà engagée dans son pays dans des actions de développement, et venue approfondir ses connaissances pendant l'année scolaire au Centre International d'Études pour le Déve-loppement Local, afin d'être plus efficace, dès son retour auprès des siens. Peuples Solidaires organise chaque année une journée regroupant des associations de solidarité (voir ci-dessous) et une séance de cinéma africain au Ciné-Caluire en janvier, suivie d’un débat.
Annie Chanut Peuples-solidaires-caluire.org
Journée équitable et
solidaire Dimanche 17 novembre
10h à 18h
La Ficelle (bd des Canuts) - Lyon 4
Artisanat, buffet africain, conférences,
contes, musiques...
3
Le sculpteur Georges Salendre,
croix-roussien de cœur
Georges Salendre est né le 1er mars 1890 à Romanè-che-la-Montagne, petit village de l’Ain situé au sud de la car-rière du Grand Corent dont son père, Auguste, assurait l’ex-ploitation depuis un an. Il est le cinquième enfant d’une fratrie de sept, mais en 1906 une épidémie de typhus provoque la mort de la mère et de deux des enfants. Vers 1910 la fa-mille vient habiter au n°104 du boulevard de la Croix-Rousse ce qui per-met à Georges, qui veut se destiner à la sculpture, de s’inscrire à l’école des Beaux-Arts, où il rem-porte des médailles en 1912, 1913 et 1914. La guerre survient ; mobi-lisé comme artilleur, il participe aux campagnes de la Somme et de l’Ar-tois, se bat à Verdun et au Chemin des Dames où gravement blessé en mai 1918, il est sauvé par le professeur lyonnais An-dré Latarget. Le 13 janvier 1921, Geor-ges Salendre épouse Angélique Tardy. Le cou-ple habite d’abord 18, rue Pierre-Blanc, tandis que Georges est propriétaire de son atelier d’artiste au n°14 montée de la Butte. En 1923, il obtient un permis de construire pour une petite villa au-dessus de cet atelier, et l’année suivante il aménage dans le jardin de la maison un esca-lier métallique vertigineux qui donne accès à l’actuel cours Général-Giraud (n°20). C’est là que Georges et Angéli-que vont passer leur longue vie essentiellement consacrée à la sculpture.
Salendre n’en est pas moins engagé dans la vie publique, comme homme de gauche, se qua l i f ian t lu i -même de « communiste chrétien ». Entré très tôt dans la Résistance, à la tête du groupe Franc-tireur des Chartreux, il a constitué un dépôt d’armes clandestin dans un souterrain du quartier. Il participe à la libération de Lyon en affrontant des miliciens et
des Allemands sur les pentes de la Croix-Rousse. En outre, pendant quatre ans Georges et Angélique ont logé et caché le musicien Rudolf Walther Hirs-chberg (1889-1960) qui en hommage a composé une par-
tition intitulée Visite à l’atelier de Georges Salendre sous le pseudonyme de Pierre Monta-gne. Salendre est conseiller munici-pal de Lyon de 1953 à 1965, où, comme il le dit lui-même il intervient « pour la défense de la beauté et des sites de la ville ». Officier de la Légion d’honneur, il a reçu la médaille
d’or de la Paix et a été membre du Jury mondial de la Paix. Georges décède le 28 mars 1985 à l’âge de 95 ans ; Angé-lique le suit un an plus tard. Ils reposent dans le nouveau ci-
metière de la Croix-Rousse, sous une pierre tombale très sobre, seulement gravée d’une croix, dont la concession a été achetée par le sculpteur en 1971. A la fin de sa vie, faute d’héri-tier direct, Salendre a souhaité donner la maison et l’atelier avec tout ce qu’ils contenaient à la Ville de Lyon. Le refus de
l’adjoint à la Culture ayant été catégorique, Angélique en a fait don au Centre anti-cancéreux Léon-Bérard. La maison a été cédée à un particulier tandis que les sculptures et les maquettes de l’atelier ont été vendues aux enchères en 1987. Amoureux de la pierre qu’il connaît bien, Georges Salendre est l’un des rares sculpteurs ayant pratiqué la taille directe et ce depuis l’âge de 14 ans, et, dès les années 1920, il réussit à vivre exclusivement de son art. Bien introduit dans le milieu artistique lyonnais et dans celui des commandi-taires (en particulier Edouard Herriot), il participe à des expositions, notam-ment à Paris, Genève, Mos-cou ; il présente régulière-ment ses œuvres dans des galeries lyonnaises et au Salon du Sud-Est dont il est l’un des créateurs. Avec plus d’une soixantaine d’années consacrées à la sculpture, la production de
Salendre est considérable que ce soit en monuments publics (dont le Veilleur de pierre de la place Bellecour), monuments funéraires, bas-reliefs, por-traits, groupes sculptés, gran-des et petites statues de toute sorte. …/...
4
Projet de Proue Monumentale à ériger au confluent Rhône et Saône - Maquette
Projet de Proue Monumentale à ériger au confluent Rhône et Saône (maquette)
…/... La Croix-Rousse a le privilège de conser-ver un certain nombre d’œuvres fruits de commandes publiques ou sculptures don-nées par l’artiste à son quartier de prédi-lection :
- Le Monument à Xavier Privas, illustre chansonnier et poète, inauguré le 2 no-vembre 1930 dans le jardin des Char-treux, cours Général-Giraud. Il s’agit en fait d’une fontaine (actuellement hors d’usage) dont le panneau sculpté d’un portrait du chansonnier en médaillon, est surmonté d’un jeune couple assis face à face incliné l’un vers l’autre et se parlant à l’oreille.
- La Pensée (ou la Terre) en granit du Queyras date aussi des années trente. Donné par Salendre à la Ville de Lyon à la mémoire des peintres et sculpteurs disparus (Jardin des Chartreux)
- Les Couturières est une sculpture en haut-relief qui orne le premier niveau de la façade de l’Ecole de la Martinière filles, à l’angle de la rue Terme, réalisée lors de l’agrandissement de l’école en 1950.
- Le Printemps, groupe sculpté vers 1965-1970, donné par l’artiste en 1975 et installé place des Tapis. Un dessin au fusain et à la craie montre qu’il l’avait à l’origine prévu comme couronnement d’une fontaine circulaire.
- Le Chant des Canuts, inauguré (à grand bruit avec manifestations anar-chistes) à côté de la mairie du 4e arrondissement le 21 avril 1984 a été offert par Georges Salendre pour commémorer l’anniversaire de la révolte des canuts de 1834. Il s’agit de la dernière « œuvre » de l’artiste, réalisée un an avant sa mort.
En fait, ce n’est pas lui qui l’a sculp-tée (il n’était plus en état de pratiquer la taille directe), mais le statuaire José Silva da Fonseca, qui d’ailleurs a cosigné la sculpture. Celle-ci est constituée d’un assemblage de cinq blocs de pierre, ce qui n’est pas dans la manière de Salendre et confère une cer-taine lourdeur au groupe sculpté.
La Croix-Rousse est assurément le quartier de Lyon le mieux doté en
sculptures publiques de cet artiste que beaucoup de Lyonnais ignorent.
Maryannick Lavigne-Louis
Résumé de la conférence du 22 mai 2013 (Cinéma St-Denis)
Depuis la création de cette manifestation, notre association participe au collectif « Novembre des Canuts » . Cette année, le thème choisi est l’habitat. Dans le quartier, on aime à se déclarer croix-roussien de souche. Et depuis plusieurs générations si possible ! Souvent exagérées, ces affirmations témoignent de l’attachement des habitants à leur quartier. Nombreux sont ceux qui rêveraient d’y habiter : avec leurs hautes fenêtres, leurs mezzanines et leurs plafonds à la française, les appartements-canuts possèdent un cachet exceptionnel. L’environnement est très attractif et compte de nombreux services de proximité. Ce quartier véhicule une image aujourd’hui bien éloignée du faubourg laborieux et parfois insalubre du 19ème siècle… Un programme à découvrir (conférences, débats, expositions, déambulations… ) sur le site internet : http://www.novembre-canuts.fr/
Novembre des Canuts,
du 18 au 30 novembre 2013 : à vos agendas !
5
Le sculpteur à l’ouvrage
N
ANTOINE ET ISABELLE
Nous sommes en Espagne, en 1917.
En ce début du 20ème
siècle la1ère guerre mondiale
fait rage. L’Espagne est restée neutre mais elle subit le
contrecoup des grands mouvements de lutte des
puissances en guerre. La misère règne dans les
populations paysannes toujours soumises à une
organisation féodale. Ce demi - siècle est aussi le
théâtre de transformations industrielles. Des
technologies nouvelles apparaissent. Les
changements sont rapides : découverte des nouvelles
fibres artificielles : viscose et fil
de nylon. Les industries
chimiques développent de
nouveaux produits : l’ypérite
et, plus tard, le gaz zyklon B. En
même temps naissent et
s’étendent de grands groupes
industriels dominés par
quelques grandes familles.
C’est dans ce contexte humain,
politique et social que l’auteur
nous engage à suivre l’histoire
d’Isabella et d’Antonio. La
famille d’Isabella part de
Garrucha, petit village côtier
d’Andalousie, sur une vieille
barque pour atteindre Barce-
lone, « l’orgueilleux phare de
la Catalogne ». La famille Vi-
vès, celle d’Antonio est origi-
naire de Miravet, en Catalogne
et prendra le train pour rejoin-
dre la métropole. C’est à Barce-
lone que les 2 familles se ren-
contreront.
Antonio et Isabella se marieront quelques années plus
tard, en 1930, au retour du service militaire d’Antonio
et se confronteront ensemble aux évènements socio
politiques de la décennie suivante : la guerre d’Espa-
gne, la 2ème
guerre mondiale et l’atrocité des camps
de concentration.
L’auteur arrive à nous faire partager la vie des ses
personnages en suivant les événements de l’histoire,
il jongle entre le présent et le passé, les républicains
espagnols et la bourgeoisie lyonnaise. A l’histoire d’I-
sabella et d’Antonio, il place en miroir celle d’une
autre famille, celle des Gillet, industriels lyonnais, ca-
pitaines d’industrie, prêts à bien des compromis pour
maintenir leurs usines ouvertes. En 1914, « Edmond
Gillet et Fernand Motte prirent la tête de l’usine qui
produisit six mille cinq cents tonnes de gaz moutarde.
Tandis que Léonie Gillet, donatrice de la Croix-Rouge
et directrice de sa section lyonnaise, multipliait les
déplacements dans les hôpitaux du front arrière, l’u-
sine familiale fabriquait à grande échelle le gaz de
combat dont, dame patronnesse, elle déplorait au
même moment les dégâts ». (page 72).
En 1937, Léonie, veuve d’Edmond, est maintenue à la
tête de la dynastie Gillet. « Elle avait été invitée à Ber-
lin pour Pâques. Elle y avait dé-
couvert le résultat de quatre ans
de pouvoir concentré, le dévelop-
pement prodigieux du service du
travail et toutes les institutions
fascinantes qui célèbrent la
beauté du travail, la bienfaisance
de l’éducation professionnelle, la
vertu du sport…. » (page 335)
C’est le 6ème
roman de Vincent
Borel, journaliste devenu roman-
cier. Dans ce roman il a plongé
dans l’histoire familiale. C’est un
hommage à son grand-père An-
tonio qui a vécu dans sa chair la
guerre d’Espagne et les atrocités
du camp de concentration de
Mauthausen. Les dernières pa-
ges sont un témoignage poi-
gnant des conditions de vie ter-
rifiante des déportés. Vincent
Borel lutte contre les théories du
révisionnisme qui nient l’exis-
tence des camps. « Un jour, on
va oublier » affirmait son grand-
père.
C’est dire combien ce livre est un livre engagé. Il nous
fait part d’événements proches encore, dont nous
continuons à vivre les conséquences.
A nous d’en tirer les conclusions utiles.
Henriette Ferrier
Roman de Vincent Borel « Antoine et Isabelle »
Collection Points 2010
Le moment de lire
6
D r o i t d e r é p o n s e
« Lyon, le 16 mai 2013,,
Monsieur Warin,
J’ai lu attentivement le n° 22 de « l’Esprit Canut », et en particulier l’article consacré au Mur des Canuts. J’ai été très sur-
pris de son contenu. C’est pour cette raison que je me permets de vous envoyer ce courrier ce jour. Je vous propose, si vous
le trouvez opportun, que ma réponse soit publiée dans votre prochain numéro comme droit de réponse.
En effet, vous écrivez que les partenaires ont financé la réfection du mur sont des partenaires uniquement privés. Je vous
rappelle que, pour la plupart, il ne s’agit pas d’entreprises comme les autres. En effet, la banque populaire est une filiale
du crédit coopératif, et contribue ainsi à l’économie sociale et solidaire.
L’OPAC du Rhône est un bailleur social qui gère, mais aussi crée du logement pour les personnes les plus fragiles.
EDF est une entreprise qui contribue au développement de la maîtrise de l’énergie, et apporte un soutien aux personnes en
difficulté pour maîtriser leurs coûts de consommation électrique…
Vous dénoncez la sous représentation des canuts tisseurs. Le Mur des Canuts n’a pas été baptisé ainsi en mémoire des ca-
nuts, mais son nom vient du boulevard des Canuts. Ce qui est peint sur ce dernier est évidemment en rapport avec la Croix-
Rousse, d’où le rappel des tisseurs. Il s’agit surtout d’une fresque évolutive qui, à chaque renouvellement, présente la Ville
de Lyon d’aujourd’hui et de demain.
Quant au mur végétal qui serait présent pour palier « à la minéralisation grandissante du quartier », je vous répondrais
que notre arrondissement ne cesse de se verdir.
En effet, à chaque fois que nous faisons des travaux, nous plantons des végétaux en plus grande quantité et qualité qu’à
l’origine : esplanade du Gros Caillou, place des Tapis, avenue Birmingham, rive de Saône, rue Boussange, carrefour de la
rue Belfort, création du jardin Guylaine Gouzou-Testud, et prochainement la végétalisation du boulevard des Canuts.
David KIMELFELD, Maire du 4ème arrondissement de LYOG »
Janvier 2013
Pour la création d’un lieu-ressource dédié à la communauté des travailleurs de la soie*
Nous soussignés, demandons la création sur le site de la Croix-Rousse d’un lieu-ressource ouvert, dédié à l’histoire et à la mémoire des travailleurs de la soie.
Cette demande s’appuie sur un double constat : un morcellement du patrimoine canut, dispersé en de multiples lieux et instances, et une partition historique privilégiant le dix-neuvième siècle au détriment de l’histoire générale de cette communauté qui se déploie sur cinq cents ans. Cette longue histoire est porteuse de va-leurs humaines et sociales telles, qu’elle résonne encore aujourd’hui !
Il est donc important que ce lieu restitue d’abord au public une vision d’ensemble du vaste cheminement de cette communauté, dans un cadre accueillant, chaleureux et suffisamment spacieux, avant de l’orienter vers les lieux et cir-cuits offerts par les structures existantes.
Ainsi, ce lieu-ressource sera à même de répondre à la demande croissante du public envers ce patrimoine dont l’attrait a été stimulé par la mise en valeur du travail conjugué des municipalités, des associations et collectifs, des professionnels, des historiens, des chercheurs et des particuliers, qui œuvrent sans relâche pour le faire connaître.
Ce lieu pourrait aussi être investi d’autres missions telles que la formation et la transmission des savoir-faire, la conservation des patrimoines immatériel et matériel, l’étude et la recherche, la création d’initiatives et d’événements…
Ce projet, guidé par un principe de cohérence et de mise en lien, apportera au public une meilleure accessibilité et une meilleure lisibilité de ce patrimoine qu’il faut maintenir vivant.
Le collectif des rencontres
7
Notre site internet www.lespritcanut.fr est en cours de construction...
Venez le découvrir et donner votre avis ! [email protected]
Bulletin d’adhésion à retourner avec un chèque de 18 € à :
L’Esprit Canut - Maison des Associations - 28, rue Denfert Rochereau, 69004 Lyon
�om/prénom : Adresse : Tel/mail :
Les petites bafouilles de Jacques
Comment peut-on aimer la Croix-Rousse ? Mais tout d’abord est-il possible de ne pas l’aimer ? Faut-il être croix-roussien et être répertorié sur le livre des records avec le plus d’années, voire même de générations, passées à la Croix-Rousse ? Non, bien sûr et le passé n’est qu’une accumulation de moments présents. Quand on arrive à la Croix-Rousse, on a l’impression qu’elle vous ap-partient et comme cette congierge de la cour des Voraces qui disait « j’aime tellement mon immeuble avec tous ces coins et recoins que j’ai l’impression d’en être la propriétaire et quand je balaye et passe la serpillère, j’ai la sensa-tion de lui redonner vie en caressant la pierre ». Pour aimer la Croix-Rousse, il faut être contemplatif, savoir s’asseoir sur un banc pour regarder, écouter et sentir. Regarder le mouvement des gens ou leur immobilisme. Ecouter les bruits de la rue et les attribuer à ce que l’on peut voir ou deviner, sentir le pavé mouillé quand la balayeuse arrose la rue. C’est une carte postale vivante pleine de sensations et de sensibilité.
Photo : J.Y. Quay