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Patrick Reumaux Les TUEURS iconographie et fiches de Xavier Carteret préface de Pierre-Arthur Moreau l’ouvrage de référence et d’exception sur les champignons mortels

Les Tueurs

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Brochure de présentation du seul ouvrage illustré en langue française sur les champignons mortels

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Patrick Reumaux Les

TUEURSiconographie et fiches de Xavier Carteret

préface de Pierre-Arthur Moreau

l’ouvrage de référence et d’exception sur les champignons mortels

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la petite patte, était parfois presque propre. Sur la route reliant les deux villages, quand ils allaient « aux courses », Tatave suivait la dame qui poussait un landau.

Dans le landau, un rat. Non, je me trompe. Le rat était mon voisin, à Semuy, qui poussait le landau où dormait une poupée, suivi de la Odile, sa compagne, qui avait l’esprit simple et pissait dans la ruelle. Le rat était un voleur. On l’a appris bien plus tard. Il volait les poules dans les poulaillers et les cachait dans le landau où dormait le poupon. Il avait aussi rongé le patrimoine de la Odile. Pas grand-chose : un camembert. Mis au banc du village, ils sont partis tous les deux.

Pourquoi j’évoque les deux Tatave ? Parce qu’ils avaient un point commun : ils mangeaient tous les deux des amanites phalloïdes. Le Tatave de Semuy, qui titubait autant que l’autre, se glorifiait de ses festins. « Ce soir, claironnait-il, je vais encore bouffer des annamites. » (Non, il n’avait pas fait l’Indochine, mais il aurait pu.) Et celui du Mont-de-Jeux arpentait, ivre mort, l’unique rue du hameau, un litron dans la main, une phalloïde dans l’autre, pour prouver au monde qu’il les mangeait crues.

Il faut tout de suite attirer l’attention du lecteur sur un détail – également impor-tant selon que l’on se place du point de vue de l’assassin ou de celui de la victime. De même que le cachalot blanc, Moby Dick, est le parangon de tous les rêves de chasse, le requin blanc, la quintessence de tous les requins mangeurs d’homme, de même, l’amanite phalloïde – si l’on cède à l’illusion de totalité – est la tueuse par excellence, la quintessence de tous les champignons vénéneux. Il faut au moins, comme les deux Tatave, avoir un estomac capable d’absorber six litrons de rouge par jour pour être immunisé. Vous me direz : Joyce aussi avait cette capacité. Oui, mais c’était du blanc, et il ne mangeait pas de phalloïdes.

Tout le monde connaît, je crois, le champignon de Blanche-Neige, l’amanite tue-mouches (Amanita muscaria), au chapeau rouge parsemée de pustules blanches. Cette amanite, qui pousse sous les bouleaux, en automne, quand les feuilles ne sont pas encore tombées, éclaire les sous-bois d’un rouge vif. Il est bien connu que c’est une espèce hallucinogène, un champignon des dieux, la partie à consommer est… Ne comptez pas sur moi pour vous le dire.

Il y a quelques années, quand le Muséum organisait sous une tente, dans ces jar-dins fermés depuis Buffon à l’heure exacte du coucher du soleil , le salon du champi-gnon – cela stupéfiait Germaine Beaumont, qui fut secrétaire de Colette, ressemblait à Louis XI et avait une voix de jeune fille, que le champignon, comme l’auto, eût un salon – il y avait toujours des petits malins qui, se glissant sous la tente et parvenant à l’espace où les champignons étaient déterminés, demandaient : « Et les psilocybes, où sont-ils ? Vous ne voulez-vous pas m’en filer un ? ». Je me souviens, une année, d’avoir refilé à un faux hippie, une pleine poignée de russules émétiques (l’espèce des hêtres) sans crainte pour son équilibre psychique, mais sans pitié pour son estomac. Une bonne action, en somme.

Je n’ai touché qu’une fois à l’amanite tue-mouches, et j’ai vu… non, pas de palais, ni de caravane traversant le désert – ce mirage que fait surgir Fitzgerald en tra-duisant les Quatrains d’Omar Khayam : « Une Halte d’un Instant – une petite gorgée/

Essai Maquette Avec Garamond.indd 27 07/05/13 11:28

De natura rerum est une nouvelle collection consacrée aux règnes de la nature : plantes (botanique), animaux (sciences du vivant) et pierres (minéralogie). Chaque volume est pensé comme une créa-tion unique mêlant rigueur scientifique, plaisir de la lecture et plaisir des yeux.Rigueur scientifique car il est fait appel aux meilleurs spécialistes et parce que chaque volume comprend les descriptions précises et savantes de chaque espèce étudiée.

Plaisir de la lecture car la rédaction des textes a été confiée à des auteurs épris de littérature en même temps que passionnés par la nature et ses trésors.Plaisir des yeux car chaque volume, réalisé luxueusement (grand format, papier de qualité, reliure), est abondamment illustré en couleur, par des créations originales. La collection invite le lecteur à un passionnant voyage au cœur du monde naturel dans sa complexité, sa diversité, son immense richesse et sa très grande beauté.

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Le paxille enroulé (Paxillus involutus)

Le caractère remarquable de ce champignon est – son nom l’indique – le fort enroulement du chapeau sur ses bords. Le retroussement persiste souvent sur les exem-plaires les plus âgés, qui peuvent atteindre 15-20 cm de largeur. Le paxille enroulé se reconnaîtra par ailleurs à sa teinte brune, brun jaunâtre, plus ou moins mêlée de nuances olivacées sur le chapeau. Ses lamelles, toutefois plus pâles dans la jeunesse et d’un jaunâtre plus vif par la suite, se salissent spontanément de brunâtre ou de brun roussâtre (effet fortement accentué au toucher) ; serrées, décurrentes, formant volontiers des sortes de « mailles » près du pied, elles ont enfin la particularité de se séparer très facilement de la chair, à la manière des tubes chez les bolets. Le pied, qui paraît souvent court, est plus foncé à sa base, brun rougeâtre. La marge enroulée du chapeau présente des cannelures, parfois très marquées.

Il s’agit d’un champignon extrêmement commun, poussant sur des terrains pauvres en calcaire, en particu-lier sous les bouleaux ou les épicéas.

Toxicité

La consommation du paxille enroulé peut être fatale. Le « syndrome paxillien », complexe et déroutant, n’est pas encore cerné avec précision. L’intoxication est de type allergique : elle peut survenir brutalement, après des années de consommation sans inconvénients. Les pre-miers symptômes apparaissent rapidement (une à trois heures après l’ingestion) : coliques, nausées, douleurs lom-baires, hypotension, puis destruction des globules rouges pouvant causer un blocage rénal. Contrairement à une opinion encore répandue, la cuisson de ce champignon ne supprime en rien le risque d’empoisonnement.

Patrick Reumaux est mycologue mais égale-ment poète, romancier et traducteur. Spécialiste reconnu des cortinaires et des russules notam-ment, il a publié de nombreux articles sur les champignons dans les plus grandes revues scientifiques de mycologie.

Xavier Carteret est illustrateur naturaliste. Il est l’auteur du Guide Gisserot des champignons, du Guide du ramasseur de champignons et des Dessins de champignons de Claude Aubriet. Il a soutenu en 2008 une thèse de doctorat de l’ÉHESS consacrée à Michel Adanson

au sommaire

10 histoires édifiantes de champignons et de mycologues par Patrick Remaux ;

40 planches couleurs représentant les champignons à l’échelle 1:1,

accompagnées de 30 notices scientifiques en vis-à-vis par Xavier Carteret

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un ouvrage d’exception réalisé avec soin ;

40 planches originales en couleurs ;

30 fiches scientifiques de description et de toxicité ;

160 pages grand format (24 x 32 cm), imprimées sur papier de création ; reliure toile velours avec fer, tranche-fil assorti ; jaquette en quadrichromie

collection « De natura rerum » n° 1ISBN 978-2-252-03907-6

prix de lancement valable jusqu’au 31 décembre 2013 : 99 € ensuite 150 €

en librairie le 23 septembre 2013

Kl incks ieck

95, boulevard Raspail – F-75006 Paris – Francewww.klincksieck.com

Légèrement dissimulé sous sa couverture littéraire et son ton badin et séducteur, à l’exacte image des champignons délicatement recouverts par un tapis de feuilles qui déploient souvent de magnifiques couleurs pour assurer leur mortelle séduction, tout y est : la description et la repro-duction des spécimens et des variantes régionales, avec leurs noms latins et communs parfois multiples ; la description de l’environnement des poussées et des saisons où ils apparaissent ; une histoire de la mycologie ; l’accommodement culinaire expérimenté par les personnages de cette histoire ; et, bien sûr, la description précise et médicale des effets mortels et de l’agonie des malheureuses victimes.