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Les sources de l' Expositio nussae de Remi d'Auxerre Parmi les nombreuses Expositiones missae composées à l'époque carolingienne, celle que la tradition attribue à Remi d'Auxerre (1" g08) a spécialement retenu l'attention des liturgistes, parce que la connaissance du nom de l'auteur permet de fixer approximativement la date et le lieu de sa composition, mais aussi parce, qu'elle explique tous les rites et toutes les prières de l'Ordinaire de la messe. Il ne faut cependant pas majorer la valeur du texte de Remi, car en de nombreux passages il est semblable à celui de l'Opusculum de actione missae rédigé par Florus de Lyon vers 825 : les deux auteurs ont en effet utilisé une même source, sans doute une ExposiNo missae limitée à l'explication des prières du Canon 1 . En réalité, l'oeuvre du moine d'Auxerre est une simple compila- tion, car deux opuscules jusqu'ici inédits, permettent de déterminer la provenance de tous les passages du texte de Remi qui n'ont pas d'équi- valent chez Florus, à l'exception du commentaire du Notre Père dont nous n'avons pas identifié la source. Pour fixer les apports respectifs de trois textes d'âge différent et de provenance diverse dans la compi- lation attribuée au maître de l'école d'Auxerre, nous nous proposons d'éditer les deux Expositiones missae utilisées par Remi pour compléter celle que son devancier, Florus, avait déjà connue 2 : l'une sera désignée par son unique témoin, le manuscrit de Troyes, Bibl. Mun. 804, et l'autre par ses premiers mots : C Missa, sicut beatus Isidorus dicit '. * Je remercie vivement Louis Brix qui a relu attentivement ce texte. r. Cf. J .-P. BOUROT, Fragments attribués à Vigile de Thapse dans l'(, Expositio missae » de Planes de Lron, in Rev. ét. aug., t. 2I, I975, pp. 302-326, voir pp. 306- 3 1 0. Contrairement à J'opinion commune, Remi n'a pas utilisé directement J'opus- cule de Florus. 2. E;n éliIninant dans la compilation de Remi ce qui revient aux deux sources que nou::! avons identifiées, il est possible de reconstituer exactement le texte de l'Expositio missae qui' forme le cadre de l'Opuscultlm de FJorus, et par conséquent de préciser la méthoij:e [fiacre de Lyon pour Gomposer olwrage, . ..

Les sources de l' Expositio nussae

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Page 1: Les sources de l' Expositio nussae

Les sources de l' Expositio nussae

de Remi d'Auxerre

Parmi les nombreuses Expositiones missae composées à l'époque carolingienne, celle que la tradition attribue à Remi d'Auxerre (1" g08) a spécialement retenu l'attention des liturgistes, parce que la connaissance du nom de l'auteur permet de fixer approximativement la date et le lieu de sa composition, mais aussi parce, qu'elle explique tous les rites et toutes les prières de l'Ordinaire de la messe. Il ne faut cependant pas majorer la valeur du texte de Remi, car en de nombreux passages il est semblable à celui de l'Opusculum de actione missae rédigé par Florus de Lyon vers 825 : les deux auteurs ont en effet utilisé une même source, sans doute une ExposiNo missae limitée à l'explication des prières du Canon1 . En réalité, l'œuvre du moine d'Auxerre est une simple compila­tion, car deux opuscules jusqu'ici inédits, permettent de déterminer la provenance de tous les passages du texte de Remi qui n'ont pas d'équi­valent chez Florus, à l'exception du commentaire du Notre Père dont nous n'avons pas identifié la source. Pour fixer les apports respectifs de trois textes d'âge différent et de provenance diverse dans la compi­lation attribuée au maître de l'école d'Auxerre, nous nous proposons d'éditer les deux Expositiones missae utilisées par Remi pour compléter celle que son devancier, Florus, avait déjà connue2 : l'une sera désignée par son unique témoin, le manuscrit de Troyes, Bibl. Mun. 804, et l'autre par ses premiers mots : C Missa, sicut beatus Isidorus dicit '.

* Je remercie vivement Louis Brix qui a relu attentivement ce texte. r. Cf. J .-P. BOUROT, Fragments attribués à Vigile de Thapse dans l'(, Expositio

missae » de Planes de Lron, in Rev. ét. aug., t. 2I, I975, pp. 302-326, voir pp. 306-31 0. Contrairement à J'opinion commune, Remi n'a pas utilisé directement J'opus­cule de Florus.

2. E;n éliIninant dans la compilation de Remi ce qui revient aux deux sources que nou::! avons identifiées, il est possible de reconstituer exactement le texte de l'Expositio missae qui' forme le cadre de l'Opuscultlm de FJorus, et par conséquent de préciser la méthoij:e c!t~ [fiacre de Lyon pour Gomposer ,so~ olwrage, . ..

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Revue d'Études Augustiniennes et Patristique 26 (1980) S.118-169
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L'« EXPOSITIO MISSAE II DE REA1I D'A UXERRE 110

Auparavant nous devons indiquer quelle édition du texte de Remi doit avoir la préférence. Celui-ci, en effet, se présente sous deux formes: d'une part, comme un opuscule indépendant, explicitement attribué à Remi d'Auxerre et imprimé pour la première fois par Marguerin de La Bigne en I589 ; d'autre part, inséré sans nom d'auteur dans un ouvrage anonyme De dùtinis officiis, dont Melchior Hittorp a procuré la première édition complète en I568. Les apparences sont en faveur du texte proposé par Marguerin de La Bigne, et cependant il ne donne qu'une image très déformée de l'opuscule de Remi, beaucoup mieux conservé dans la compilation éditée par Hittorp. Pour justifier ce choix entre deux éditions, nous allons exposer les données principales de la tradition manuscrite de l'Expositio missae de Remi d'Auxerre, mais sans résoudre tous les problèmes qu'elle soulève.

I. - 'EXPOSITIO MISSAE ' DE REMI D'AuXERRE.

L'Expositio mùsa de Remi d'Auxerre, comme ouvrage complet en lui-même et formellement attribué à cet auteur, a été publiée pour la première fois à Paris en I589 par Marguerin de La Bigne, dans la seconde édition de sa Sacra Bibliotheca sanctorum Patrum sett Scriptor'llm ecclesiasticorum, tome sixième :

col. J 149-1 174 : Incipit eNpos1/io de celeMatione ruissae a d. Remi/rio autisiodorensi ePiscopo, edita; et Sanctorum, Patrum sen/en/lis et auctor'Î/ai'ibus conjinnata _. Celebratio missae in comm.c1110ratiollcm passiollis Christi peragitur ... / j ... Missa ergo catech1111lÎllortlll1, ficbat ante actiollcm sacramelltorum, miss a fidcliulll fit post confectiollem et participatiollem eorumdem sacrrunclltonilll. A me11. Per hoc ql10d dicitur : amcn, id cst ita nel uere, creduntur ollUlia quac in minis­terio missae peracta niclelltur a Domino esse reccpta.

Cet ouvrage, après le décès de Marguerin de La Bigne survenu en I597, a été reproduit dans les éditions successives de la Bibliothèque des Pères et en dernier lieu dans la Maxima bibUotheca3 en I677, mais avec un si grand nombre de fautes qu'il est absolument nécessaire de toujours se reporter à la première édition de I589' Celle-ci, malheureusement, ne fournit aucune indication sur le manuscrit d'après lequell'Expositio missae de Remi a été imprimée, et cet exemplaire, s'il existe encore, a jusqu'ici échappé à nos recherches, mais nous avons identifié au moins, deux copies qui appartiennent à la même tradition textuelle.

- Paris, B.N., lat. 2636; ce manuscrit du XIIe siècle entra au XVIe siècle dans la bibliothèque du rouennais Louis Martel, puis dans celle des Bigot4 :

3. lvla.-rillla bibliotheca ueteru1n Patm'm, t. I6, Lyon, 1677, pp. 952-96r. 4. Bibliothèque Na#nna1t1. Calalaglle b,!nlr!li tles J?!(fl/l,fsçrits lq.tills, t. 2, rf\Ti~,

J9,\0, pp. 558'~591

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120 JEAN-PA UL BOUHOT

ff. 3-2P : Incipit expositio in celebra/ione missae a Remigio autisiodorensi edita et sanctorum pa/mm sententiis et auetoritate confirmata - Celebratio missae ... f /... a domino esse recepta. ExPlicit expositio missae.

Sans compter les différences purement orthographiques et une dizaine de changements d'ordre dans la succession des mots, la collation de ce texte avec l'imprimé de I589 fait apparaître environ 90 variantes (mots omis, aj outés ou changés), d'importance minime.

- Paris, B.N., lat. I23I2; manuscrit de la fin du XIIIe siècle, qui a fait partie au début du XVIIe siècle de la bibliothèque du Président Séguier, avant d'être donné à Saint-Germain-des-Prés5 :

ff. 167-173 v : Incipit expositio in celebralione m'Îssae a Remigio altisiodorensi edita et sanctorum patrum senlentUs et aue/orilale confirmata - Celebratio mis­sae .. , / / ... a domino esse recepta. ErPlicil expositio missae.

La comparaison de ce texte avec l'imprimé de I589 donne à peu près le même nombre de variantes que la collation de ce dernier avec le manus­crit 2636, et les deux tiers des leçons des deux manuscrits s'accordent entre elles. Cette remarque incline à penser que l'éditeur a transcrit son modèle avec peu de soin ou bien a introduit dans sa copie des correc­tions arbitraires.

La collation de ces deux manuscrits prouve que le texte imprimé par Marguerin de La Bigne n'est pas une adaptation récente de l'opuscule de Remi, mais l'une des formes reçues par cet ouvrage vers la fin du XIe OU le début du XIIe siècle: même si le manuscrit utilisé par le premier éditeur était tardifO, il fournissait un état relativement ancien du texte de l'Expositio missae. Cependant les deu.~ siècles qui séparent la rédaction primitive, - si l'attribution à Remi est exacte -, et celle de la recension dont un témoin sera imprimé au XVIe siècle, ont connu la grave querelle qui opposa Lanfranc à Bérenger et donna l'occasion de relire mais aussi de remanier les écrits antérieurs relatifs à l'eucharistie, en les attribuant parfois à des auteurs célèbres afin, dans la polémique, de tirer profit de leur autorité. En conséquence, l'édition de Marguerin de La Bigne, malgré la relative ancienneté du texte qu'elle propose, ne peut pas inspirer entièrement confiance, et même l'attribution à Remi d'Auxerre, sous le nom duquel le moyen âge a placé tant d'écrits divers, paraît suspecte.

Cette crainte se justifie, sans pousser plus avant la recherche des manuscrits, par la simple lecture de l'Expositio missae sous sa forme imprimée. S'il est vrai que celle-ci présente de nombreux passages parallèles avec le traité sur la messe de Florus, puisque les deux ouvrages

5. Analyse de ce manuscrit: G.G.lI1., 4I, pp. 193*-I98*. 6. L'utilisation d'un manuscrit tardif pourrait expliquer en partie les désaccords

entre l'édition de Margnedn de La Bigne et lell deux manuscrits du xue et du XIII" siècle, que nous avons coUatlonné~,

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L'" EXPOSITIO MISSAE" DE RE1'y1I D'A UXERRE 121

ont une source commune, il demeure surprenant que sa dernière partie, - qui représente un sixième de l'opuscule -, soit absolument semblable à la rédaction du diacre lyonnais. Cette identité se remarque à partir de la fin du commentaire sur l'avant-dernière demande du Pater'.

Hic admonemur et quid petamus et quid faciamus ut accipere lr.ereamur. Et ne nos inducas in tentationem. Petimus ne deserti eius adiutorio, alicui tenta­tioru uel consentiamus deccpti uel ccdamus afflicti. Sed Zibera nos a malo. Hic admonemur cogitare, nondunlnos esse in eo bono i11 quo nu11um patiamur mahun. Quae petitio ita late patet, ut homo christianus in qualibet tribtùatione constitutus in hoc gemitus edat, in hoc lacrymas fundat, in hoc exordiahrr, i11 hoc immoretur, ad hoc terminet orationenl. A men. Signaculum domi11icae orationis ... / / ... Finitis uero omnibus adstanti et obseruanti populo, absolutio datur inclamante diacono : lie missa est. Missa igitur ruhil aIiud intelligihlr quam dimissio, id est absolutio quam celebratis onmibus, tune diaconus esse pronunciat finitam Cum populus a solenmi obseruatione dimittihrr. Unde et miss am catechum.enonun canones dicunt, quando post Euangelii lectiones incipitmt cclebrari sacra mysteria, quibus nu11u111 rusi baptismi fonte regene­ratum interesse licet. Tunc enim clam ante diacono catechumeni m;itteballtur, id est dimittebantur foras. 1'Iissa ergo catechmnenontm fiebat ante actionem sacramentorum, missa fic1eliml1. fit post confectionem et participationem eorum­dem sacramentonlln.

L'Expositio missae de Remi, dans l'édition et dans les deux manuscrits collationnés se termine par cette gloses:

A men. Per hoc quod dicitur : amen, id est ita uel uere, crec1untnr omnia quae in ministerio m.issae peracta uic1entur a Domino esse recepta.

Conuue Florus et Remi commentent le Pater de façon tout à fait diffé­rente, l'identité que l'on constate dans leurs ouvrages vers la fin du commentaire de la Prière du Seigneur ne peut s'expliquer par l'influence de la source commune aux deux auteurs, puisqu'elle n'existe pas ici, mais bien par la substitution clu texte de Florus à celui de Remi, ce que prouve d'ailleurs l'existence cl'une autre forme de l'opuscule attribué à ce dernier. En résumé, Marguerin de La Bigne a édité une recension de l'Expositio missae de Remi cl'Auxerre qui possède les deux caractéristiques suivantes:

7. Comparer : REMI D'AUXERRE, Exposilio de celebratiolle missae, in i\lI axima bibl. ust. patrum, t. ré, p. 960 B, Hg. 2 - 96r E, avec: FLORUS de LVON, apl/scutum de actione missantm, c. 81-92, éd. P. Dul', i!.tztde. Stty 1'« Expositio missac ») de Ftorus de LJ'on stt'i1Jie d'une éditioit critique du texte, Belley, r937, pp. 151-156. L'édition interpolée de l' Kvpositio de Floms dans P.L., I19 est inutilisable.

8, D'autres manuscrits contiennent l'E;~positio missae de Remi avec cette glose finale, par exemple: Rouen, Bibl. Mun. 1343 (U. 43). XIIe S., Saint-Évroult, puis Saint-Ouen de Rouen, fi. 10-23, Paris, B.N., lat. 14869, XIIIe S., Saint-Victor, ff. 78v-86, mais pour autant Hs ne fournissent pas nécessairement un texte semblable à celui que fo'larguerin de La Bigne a édité.

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122 jE..J.N-PA UL BOUHOT

à la dernière partie authentique a été substituée la fin de l'explication de la messe par Florus de Lyon;

dans l'état actuel de nos informations, cette recension a pu voir le jour vers la fin du XIe OU au début du XIIe siècle.

Cette recension ne représente certainement pas l'ouvrage authentique de Remi d'Auxerre, mais le texte inséré dans le Liber de diuinis offiâù peut en donner une image plus exacte.

Wolfgang Lazius (1514-1565), conseiller et historien de Ferdinand 1er empereur d'Allemagne, publia en 1560 des fragments sur les rites et les cérémonies de l'~glise ancienne9 • Quelques années plus tard, Melchior Hittorp, chanoine de l'église collégiale de Saint-Cunibert de Cologne, reconnut que ces fragments appartenaient presque tous à une même œuvre, dont un ami, Cornelius "Valter, lui avait communiqué une copie, qu'il se décida à publier sous le nom d'Alcuin, dans son recueil d'anciens ouvrages liturgiques1o. L'attribution au conseiller de Charlemagne, présentée comme certaine, était peut-être attestée par le manuscrit de Walter, car pour sa part Lazius avait placé sous le nom de Charlemagne lui-même les fragments qu'il avait édités, parce que le premier d'entre eu,'C était précisément la lettre sur l'origine de la septuagésime, sexagé. sime et quinquagésime adressée à Alcuin par le roi11, mais elle pourrait aussi reposer sur une conjecture de Hittorp12, qui remarqua dans le Catalogus test'Ïum ueritatis de Guillaume Eisengrein13 la mention d'un livre De mysten'o missae et aUormn ritmem exPlicatione d'Alcuin à Charlemagne.

Dans l'édition des œuvres complètes d'Alcuin publiée en 1617 à Paris, André Duchesne14 a fait figurer, non sans hésitation, le De diuinis officHs,

9 ... W. LAzIUs, Fragmenta quaedam GaroU Magn-i 'Ïmp. rom. alÎarl/mque incerti nominis de tleta'ris Ecelesiae ritib~IS al,! ceramaniis, Anvers, 1560. - Les manuscrits utilisés par l'éditeur ne sont pas identifiés; ils pourraient se trouver aujourd'hui à la Nationalbibliotheh de Vienne. - 140. première partie seulement de l'Expositio missae attribuée à Remi d'Auxerre est éditée par Lazius, o.c., pp. 81-105. Contraire­ment il ce qu'affirme A. Wilmart, (Diet. d'Arehéol. chrét. et de Lit1{rg., t. 5, Paris, T<)22, col. 1027, Ilote 2). les éditions de Margueriu de la Bigne et de la Ma.'>:. bibl. 1181. Patntm ne reproduisent pas celle de La7.ius. dans laquelle la seconde moitié du texte fait défaut.

10. M. HIT1'ORP, De diuinis cathùlicae Ecclesial! aijleiis ae ministerii". uarii ue/ustontriZ aliqltot Ecclesiae Patnml ac Scriptorum libl'i. Cologne, 1568. Cf. F. CADROI,. art. Hittarp, in Diet. d'A1'Chéol. l:lIl';lt. et de LitHr!!., t. 6, Paris, 1925, col. 2735-2737.

II. lYI. G.R., Epist., t. 4, pp. 228-230, nO 144. 12. M. HrTToRP, a.c., Ac'! lectorem, s.v. Alhinus. 13. Wilhelm ErSENGREr~ (ou EVSE"'GRE1N), Catalogus testium ueritatis. Dilingen,

1565, f. 64v : "Ar.CI'INVS ( ... ) scripsit et de mysterio Sacrificii Missae, aliorumque Ecciesiae rituum explicatione, ad Carolum Magnum. »

14. André DUCHESNl{, Alekuui'wi abbatis ( ... ) oppra, Paris, 1617, pp. 1007-1142 : De ·dùtinis olficiis liber. Ad ueteris codicis :MS. fidem l'ecognitns, ac xn, capitnlis iutegris nunc primnm auctior ff\ct~lS. Cf, prafj:, C, X\'lI, .

Page 6: Les sources de l' Expositio nussae

L'" EXPOSITIO A1ISSAE)) DE REMI D'A UXERRE 123

enrevisantle texte procuré par Hittorp d'après un manuscrit du Collège de Clermont, qui provenait de Saint-Vincent de Metz et qui est aujour­d'hui conservé à Berlin, Staatsbibl., Phill. 17I!' L'éditeur a emprunté à cet exemplaire du XIe siècle la division de l'ouvrage en 57 chapitres. Mais dans la table des caPitula du manuscrit, les cinq derniers titres :

LIn LIV LV J"VI LVII

De septuagesima, De sexagesllua, De quinquagesima, De quadragesitua, De ordine ieiunH quarti mensis, si encnerit in octaua Pentecostes,

sont ceux de chapitres ajoutés à l'ouvrage après sa composition; Duchesne a voulu les rétablir à leur place logique en leur donnant les numéros 9 à 13, et par suite a introduit un décalage de cinq unités à partir du neu­vième capitulum. En outre, comme dans le manuscrit le texte du dernier chapitre (De ordine ieiunii q1tarti mensis) manque, dans l'édition de l'ouvrage les 13e, 14e, ISe, 16e et 17e chapitres portent les numéros 13, 14, 15, 16 et 18 avec omission du chiffre 17. Dans le texte, Duchesne a simplement conservé alLX quatre chapitres De septuagesima... De quadragesima la place qu'ils avaient dans l'édition Hittorp et peut­être déjà dans la copie utilisée par ce dernier1S. Le manuscrit de Clermont a surtout fourni à Duchesne le texte de douze chapitres qui ne figuraient pas dans les éditions antérieures, c'est-à-dire selon la numérotation de l'éditeur :

C. 41. De symbolo, c. 42. De tertiae, sextae llonaeqne horae officiis, c. 43. De uespertlllis horis, c. 44. De completis, c. 45. De uigiliis, c. 46. De matutinis, e. 52. De 111.issa Innoce11.tium, e. 53.. De hoc, eur magistri Ecclesiae quadragesimae tempus ante Domini

passionem observallclmn statuerunt, c. 54. Orationes super paenitentem, c. 55. De paenitentilms, c. 56. De symbolo niceno, e. 57. De regula fidei.

Le savant prince-abbé de Saint-Emmeram de Ratisbonne, Frobenl6,

a conservé dans son édition des œuvres d'Alcuin le texte du De diuinis officiis comme Duchesne l'avait établi, mais en rejetant définitivement l'authenticité de cet ouvrage, surtont parce qn'il contient une lettre de la seconde moitié du IXe siècle dont l'auteur serait Helpéric moine

J 5. Cette intégration des chapitres supplémentaires dans le corps de l'ollvmge pourrait indiquer que le manuscrit utilisé par Hittorp était relativement tardif.

16. l"Rollli;::-<, Beali Piacii Albhli seu Alcuini ( ... ) opera, 2 yo1., Ratisbonne, 1777.

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124 JEAN-PA UL BOUHOT

d'Auxerre1 ?, et l'Expositio missae attribuée à Remi d'Auxerre. L'édition de Froben a été reproduite dans la Patrologie de MignelB •

Le De diuinis officiis est composé sur le même plan que le Liber officiaUs d'Amalaire, mais en rétablissant l'ordre normal des sujets traités, car dans ce dernier ouvrage, à la suite d'omissions par oubli ou par ignorance, des compléments au premier livre ont été regroupés à la fin du troisième (III, 38-44). et des compléments à tout l'ouvrage à la fin du quatrième (IV, 24-47). Cette structure commune est la suivante.

De di uinis ofliciis

c. 1-33 : Offices de l'année liturgique

c. 34-39a : Ordres sacrés et vêtements liturgiques

c. 3gb-4°: J,a tnesse c. 41 : Explication du symbole c. 42-46 : Office canonique c. 47-51 : IJturgie des malades et des

déftUlts c. 52 : De Inissa innocentium c. 53-55 : Jeûne et pénitence c. 56-57 : Symbole et règle de foi

Liber officialis

Lib. off. l, 1 - II, 3 cf. III, +°-41, 43; IY, 3°-34; III, 38, 39· Lib. otf. II, 4-26

Lib. otf. III, 1-37

Lib. off. IV, 1-23 Cf. III, 44 ; IY, 41-42

Cf. l, 41.

Le De dittinis officiis, dont l'organisation correspond clairement à l'ordre des quatre livres du Liber offlcial-is, ne présente pas l'unité littéraire d'un ouvrage composé par un seul auteur: certains chapitres remanient très librement des extraits du grand ouvrage d'Amalaire sous sa forme la plus récente19 , d'autres (c. 24, 26-27, 42-46, 55-57) sont empruntés littéralement au De eccl. officüs d'Isidore de Séville, d'autres transcrivent des opuscules indépendants, comme l'ancien commentaire Primo paganus20 sur les rites du baptême, une lettre de Helpéric d'Auxerre (c. I8), une longue Expositio missae attribuée ailleurs à Remi d'Auxerre (c. 40), un commentaire sur le Symbole (c. 4I), dont on connaît diverses copies21 ; plusieurs doublets attestent une diversité de sources dont les données ont été simplement juxtaposées par le compilateur, par exemple : chapitres 34 et 36 sur les ordres sacrés, chapitres 38 et 39a

sur le symbolisme des vêtements liturgiques, chapitres 3gb et 40 sur la messe. Le De dittinis officiis est donc une compilation qui réunit des

17. Cf. !vI. G.H .. EPis/ .. t. 6, pp. 120-124. IS. De dz'uinis officiis ; P.L .. IDI, II73-I286.

19. Plusieurs cÀemples sont donnés par J.-M. HANSS1~Xil, Amalarii episcopi opera litnrgica omnia, t. l, (Studi e testi, 138), Cittlt deI Vaticano, I94S, p. 5~.

20. De diuinis oJficiis, C. 19; P.L., 101, 1217 C, lig. 10 - I2r8 D, Hg. 10 i cf. J.-P. BOUHO'r, in Ret!. ét. aug., t. 2+ r978, p. 2Sr,

:no Cf. ClaHis, na 1761.

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L'" EXPOSITIO AIISSAE)J DE REMI D'A UXERRE 125

éléments très divers, mais en les disposant selon l'ordre des matières dans le Liber officialis d'Amalaire. Ce dernier trait paraît suffisant pour donner un caractère original au De dittinis officiù, le distinguer des autres compilations liturgiques dans lesquelles il tient parfois une place importante, et reconnaître les déformations qu'il a pu subir : ainsi le manuscrit utilisé pour son édition par Hittorp fournissait plutôt, semble-t-il, une copie abrégée qu'une forme primitive de l'ouvrage.

La tradition manuscrite du De dùtiuis officiis est assez pauvre. Ce recueil, en effet, avait un contenu trop disparate pour devenir un manuel d'utilisation courante, - ce qui aurait entraîné la multiplication des copies -, mais il rassemblait d'abondants matériaux, précieux pour les rédacteurs de traités liturgiques, et par suite la tradition indirecte est considérable. Nous connaissons les manuscrits suivants:

- Berlin, StaatsMbliotheh, Phill. 17II (Rose ro7), XIe S., Saint-Vincent de ]\'Ietz, ff. 2-94 : Ce manuscrit a été utilisé par André Duchesne pour éditer, après Hittorp, le De diuinis officiis.

- Metz, Bibl. }.Ihm. 221, XIe S., Saint-Arnould de Metz: Ce manuscrit, de contenu semblable à celui de Berlin, a été détruit le 31 août 1944-

- Troyes, Bibl. Mun. 1979, début du XIe S., Saint-Bénigne de Dijon, ff. 4ov-41 (table de capitula) et 44v-I57v: Le rédacteur de ce manuscrit a constitué un livre « des offices et des canons)), en faisant suivre le De tÜuinis officiis d'une collection canonique en 234 chapitres, l'ensemble étant précédé d'nne unique table de caPitula. Le De diuinis officiis se trouve ici divisé en 64 chapitres, l11ais son texte est identique à celui du manuscrit de Berlin22 •

- Paris, B.N., lat. 9421, seconde moitié du xe s., abbaye d'Echternach, ff. 2-27 : Cette copie a été effectuée peu de temps après la rédaction du De diuinis officiis, lorsque ce dernier n'avait pas encore reçu les additions finales, qui sont devenues les chapitres 9 à 12 dans l'édition de Duchesne23 .

Parmi les témoins de la tradition indirecte, on peut citer les ouvrages suivants : - L'Ordo romanus L, composé vers 950 par un moine de Saint-Alban de Mayence; cet ouvrage forme un chapitre du pontifical Romano-ger­manique2'1.

- Le Liber officiorum du manuscrit de Trèves, Stadtbibl. 1736, début du XIIe s., Saint-Matthias de Trèves: Le texte du De diuinis officiis

22. Cr. J .-1'. Houno'r, in Recherches altoltstinien/lCs, vol. 12, Paris, 1977, pp. 170-171.

23, Notice du manuscrit: M. ANDHIHU, Les Ordiues romani dit haut moyen âge, t. l, Louvain, 1931, pp. 273-275.

2+ 11'L ANDRmu. L'OrdoYoJ/HtnUS allNqlllts et le Liber de d'ÎIIÎn'Îs ojjidis clll Pse1ldû­Aloui-n, in Revue dt's sciences J'elif!ieuslls, t. 5, I925, pp. 6.P-650. - ID., Les Ordines t'omani d-II ha/et //tfJycn âge, t. 5, Louyain, 19(11 (édition <le l'Ordo L).

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126 JEAN-PA UL BOUROT

a été remanié et interpolé afin que soit mise eu évidence l'origine romaine de la liturgie25 •

- La compilation du manuscrit de Paris, B.N., lat. 2402, de la fin du XIe OU du début du XIIe siècle; une grande partie du De dùtinis officiis est transcrite dans ce volume, dont le principe d'organisation, s'il existe, ne se laisse pas découvrir26 •

- Le De officiis diuinis en deux livres du manuscrit de Bamberg, Staatl-iche Bibl., Lit. 134 (Ed. V. 13), écrit vers la fin du XIe ou le début du XIIe siècle27 : cet ouvrage a conservé presque entièrement le texte du De dittinis officiis.

Cette brève analyse du contenu et de la tradition manuscrite du De dittinis officiis permet d'apprécier la valeur de l'édition publiée par André Duchesne et lue ordinairement dans la Patrologie latine. Comme le manuscrit utilisé - aujourd'hui à Berlin -, appartient à la tradition directe, il est probable que cette édition donne une image assez exacte de l'ouvrage, après le retrait des chapitres supplémentaires placés par l'éditeur sous les numéros 9 à 12. De fait, la collation partielle des manus­crits de Troyes et de Paris avec le texte imprimé ne fait apparaître aucune variante de quelque importance et permet de croire que nous pouvons lire le De diuinis officiis tel qu'il a été composé. C011nne cet ouvrage est antérieur à la rédaction de l'Ordo romamts L vers le milieu du xe siècle et postérieur à la compilation vers la fin du IXe siècle de l'Expositio missae attribuée à Remi d'Auxerre, le manuscrit de Paris, B.N., lat. 9421 du xe siècle est une copie très proche de la rédaction originale, et l'accord de ce témoin avec l'édition est pour cette dernière une garantie d'exac­titude. Il s'ensuit que l'édition du De di2tinis officiis fait lire de l'Expositio missae de Remi U11 texte plus ancien d'environ deux siècles et par consé­quent plus proche de son état primitif que celui qu'a procuré Marguerin de La Bigne. Il reste à vérifier cette présomption d'exactitude en compa­rant la fidélité des deux éditions par rapport aux sources de l'Expositio missae; nous nous limiterons à quelques exemples2B•

1) Dans le De dùtinis officiis la partie finale de l'Expositio missae (P.L., 101, 1268 B, lig. 10 - 1271 B) ne s'identifie pas avec celle de l'Opus­culttm de actione miss arum de Florus de Lyon, mais elle est formée d'élé­ments empruntés aux différentes sources précédemment utilisées par Remi.

25. Cf. A. l·'RANZ, Die 1'vlesse im deutsâzen Mittelalter, Freiburg hu Breisgau, I<)02, pp. 367-376 ; J .-M. HANSSENS, O.C., pp. 52-54.

26. Cf. A. WILMAR'f, Le samedi-saint monasti<]tw, in Rev. fJén., t. 34, 1~)'22, pp. 159-163 ; J .-l'II. HANsslms, D.C., pp. 173-174.

27· Vincent L. KF;NNEDY, The It De ojjici-is cliuinis ,) of Ms, Bamberg Lit. 134, in Epl/em. Littlrg., t. 52, [938, pp. 312-326. ..

28. Nous ayons Yérifié· les textes imprimés sur les manuscrits collfltionnés : Paris, B.N., lat. 2636 et 123 {2 tl'une purt, Paris,B.N., lat. ')421 et Troyes, Bibl . . Mul!. 1979 d'autre part.

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L'" EXP05!TlO M155AE)) DE RE.1I! D'A UXERRE 127

2) Les termes de P.L., lOI, I247 B, Hg. 10-12 : (C in sabbato, qui primus apud illos in die bus hebdomadis habebatuT, quoniam in ipso requieuit Deus ab operibus suis)), qui proviennent· de la seconde source utilisée par Remi et conservée dans le manuscrit de Troyes, Bibl. Mun. 804, sont remplacés dans l'édition de Marguerin de La Bigne par les seuls mots: cc in sabbatis )).

3) Les termes de P.L., lOI, 1247 C, Hg. 7-9 : cc in latino, duobus alter­natim psallentibus, ordine commutato, siue de uno ad 1.111um)), qui proviennent de la troisième source de Remi, l'Expositio missae ':à1issa, ut beatus Isidorus dicit', sont remplacés dans l'édition de Marguerin de La Bigne par le seul mot: cc latine )).

4) Le commentaire de P.L., 101, 1247 D, lig. 5-9 : « Et hoc ad nutum diaconi ait cantor, sicut et Kyrie eleison quia ad hoc in ministeriu111 admittitur, ut officium integre peragi possit. Quoniam presbyter sine diacono nomen habet, officium non habet)), qui provient de la seconde source de l'Expositio de Remi, est omis dans l'édition de Marguerin de La Bigne.

Mais dans quelques cas assez rares, le rapport entre les deux éditions se présente de façon inverse, par exemple: 5) L'édition de lVIarguerin de La Bigne transmet la phrase: « Introitus autem appellatur quasi ingressus, quia per ilIum ingreclitur quis ad missam)), qui provient de la source , Missa ut Isidorus dicit " et qui a été omise dans le De dùtinù officiis (cf. P.L., 101, I247 C, Hg. 12).

Malgré quelques fautes semblables à celle que nous venons de signaler, la préférence doit évidemment être donnée an texte de l'Exposüio missae qui constitue un long chapitre du De diuinis officiis plutôt qu'à l'édition par Marguerin de La Bigne du même opuscule dans une recension du XIIe siècle sous le 110111 de Renù d'Auxerre. Mais cette attribution est-elle authentique, si le rédacteur du De diuillis officiis, avant 950, ne l'a pas connue? N'aurait-elle pas été ajoutée tardivement au titre de l'opus­cule ? En effet, la plus ancienne attestation d'une Explication de la messe composée par Remi d'Auxerre date seulement du début du XIIe siècle et se trouve chez Sigebert de Gembloux29, mais rien ne prouve que cette attribution ne soit pas l'œuvre d'nn copiste du XIe siècle dont Sigebert aurait enregistré la conjecture, transmise également par certains manuscrits. En réalité, la source transcrite par le rédacteur du De diuinis

29. $IGICHlIR'r DE GW.\lllT,OUX, De script. cccles., c. 123 ; P.L., r60, 573 : CI Remigius, ll10nachus Antissiodorensis, nominatus iu expouelldis saecl1laribus sctipturis, uotificault se utilius diuillas etiam Scripturas expollendo. Exposuit enilll Canone111 missae, quicl a quibus iu ea sit positull1 nel additu11l demonstralls. Exposuit Cantica canticofUlll. Scripsit lihr111Il De cliuillis officiis : scripsit De singulis festiuitatihus sanctorum; respondit G-l1UlOlli, Aec1norn111 episcopo, intcrrogallti de dualms quaestio­l1i1ms. Ulla tIe altercatiolle Michaelis archangeli CUlll diabulo de Moysi corpore, qllod legitur ·in 11plstola Iudae aposü,li. Altemele eo <[noll reSpOl1dellS DOlllinus ·ad lob tIe turùine cUxit : CI lÎcce B(!cl110th quclll fcci tCCll 111 , fCUUlll quasi bos comellet, ct an extrahcre poteris Lcuiathan lla1110 ? ') 8cripsit et alia. »

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I28 JEAN-PA UL BOUHOT

officiis, mais probablement pas l'exemplaire que ce dernier a précisément utilisé, désignait Remi comme auteur de l'Expositio missae, bien que cer­taines copies n'aient bientôt conservé de ce nom que la lettre initiale R. Le manuscrit du Vatican, Reg. lat. 234, représente assez complète­ment cette source importante du De dittinis officiis30 .

Le manuscrit du Vatican, Reg. lat. 234 contient 32 folios de parchemin, qui mesurent 234 X 163 mm et forment quatre cahiers numérotés de XXII

à xxv, dans la marge supérieure du premier folio de chaque quaternion. Au f. 31f une table décrit le contenu du volume d'où proviennent ces quatre quaternions et montre que ces derniers terminaient un recueil d'œuvres de saint Augustin31. L'écriture à longues lignes, à raison de 37 lignes par page, date du XIe siècle. Le contenu correspond au der­nier titre de la table ancienne : « Expositio Rabbani de celebratione missae et de ordinibus clericortll1l n, et semble formé d'extraits du De dittùtis officiis :

1. ff. 1-13 : Celebratio missae in conunemoratione (De diu. off., c. +0). 2. ff. 13-14: Sym.bolum. grece collatio dicitnr (Ibid., c. 41). 3. f. 14rv : Primurn indumenhun ministris ecc1esiae (Sur le symbolisme des

vêtem.ents liturgiques; cf. ibid., e. 39 R).

4- ff. 14 v-15 v : Cleros grcce, sors latine (Ibid., e. 36). 5. ff. 15v-16v : Sandalia dicuntur soleae (Ibid., c. 39a).

6. ff. 16"-17 : Hostiarii smtt in ecc1esia (Sur les ordres sacrés; cf. ibid., c. 36). 7. fi. 17-20 : Sacratissima huius dici natiuitas (Ibid., c. 1-7). 8. ff. 20-21 : Septuagesima c011lputatur secunclum titulationem sactamentarii

(Cf. Ibid., e. 8). 9. ff. 21-25 : Inprimis praemonere debet sacerclos 01I1nes christianos (Ibid.,

C.13- 1 5')· 10. ff. 25"-26" : In hae sacra festiuitate cliuersa gesta smlt (Ibid., c. 16). II. ff. 2ü\'-30V : Paraseeue praeparatio interpretatur (Ibid., e. 18 1, 19-23). 12. f. 30V : In uigilia pentecosten ita agitur (Ibid., c. 25). 13. ff. 30v-31 : Quatuor sunt tetn.pora anni (Ibid., c. 28-30). q. f. 31 : De sollempnitate omnium sanctorum scriptum est (Ibid., e. 32). 15. f. 311'v: Quatuor cotonatorum nom.1na haee SlUlt ... J J ... llomille eelebri

pennansit. Amen (Ibid., c. 3I). (I,e f. 31 v n'était prim.itivement pas écrit à partir de la sixième ligne.)

Le titre: « Expositio de celebratione missae et de ordinibus clericorUlll n, ne paraît correspondre qu'aux articles l à 6 ; ce qui suit, en effet, concerne

30. Cf. A. "WIL:'lAR'r, Codices reginenses latini, t. r, 1937, PF, 555'550. 3 [, Nous transcrivons cette table ùu contenu primitif du manuscrit : (f. 3 IV)

« lu hoc uolumine continentur libri i5ti, quoruUl ista sunt nomina. Libri .XIII. coufessionulU sancti augustini. Liber sallcti augustini de catezizandis (sic) rudibus, Liber sanet! augustini de gratia noui testamenti (le copiste ClvaU d'abord écrit: De testamcllto ueteri) ad honoratmn (= Epist. '140). Liber sancti angustini aduersus manicheos. lJiher sancti augustini de sy mb010 fidei. Liber sancti augustini. de diuillatione <1acmonulll. Expositio fahùani de eclebratiolle missae. et (le orclinibus c1erieOrltIll, •

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L'« EXPOSITIO .I.vIISSAE Il DE REAlI D'A UXERRE 129

les offices selon le cycle liturgique et a été rédigé dans un style très différent à partir du Liber officialis d'Amalaire. Il est donc possible que la première section (art. 1-6) ait circulé seule. En faveur de cette hypothèse, on signalera le manuscrit de Paris, B.N., lat. 14931, XIIe s., Saint-Victor, ff. 90-II8v, qui contient les articles l à 3, et celui de Rouen, Bibl. Mun. 1468 (U. 136), XIIIe-XIVe s., Jumièges, fi. 221-230v, qui con­tient seulement le premier article, mais le manuscrit de Paris, Bibl. de l'Arsenal 943, ms. A, XIIe s., Saint-Victor, ff. 19-46, qui contient les articles l à 7, montre que le rapprochement des deux groupes de textes n'est pas propre au manuscrit du Vatican analysé plus haut.

S'agit-il d'extraits du De dùtinis officiis ou bien d'une source de cet ouvrage ? La seconde solution s'impose d'elle-mêm.e, car la première rencontre d'insurmontables difficultés, dont nous donnons trois exemples.

1) Le De diuinis officiis est organisé selon un plan précis sur le modèle du Liber officialis d'Amalaire : il est surprenant que le recueil du manus­crit du Vatican n'ait pas conservé une disposition commune à de nom­breux commentaires sur la liturgie.

2) La phrase de l'Expositio missae : (( Introitus autem appellatur quasi ingressus, quia per illum ingreclitur quis ad miss am », dont nous avons constaté l'absence dans l'édition et les manuscrits du De di~tinis officiis, est attestée aussi bien par le manuscrit du Vatican, Reg. lat. 234, f. IV, lig. 6-7, que par celui de Paris, Bibl. dei' Arsenal 943, ms. A, fol. 19v •

3) Comparons la finale de l'Exposüio missae dans le De diuinis officiis et dans le manuscrit du Vatican, Reg. lat. 234.

De diu. ott. ; P.L., 101, 1271 n, et Paris, B.N., lat. 9421

Vel missa est, id est directa; siue tnissa est, id est perfecta est pro nobis oratio et oblatio (oblatio et oratio: ed.)

Vatic., Reg. lai. 234, f. 13

Vel missa dicitur directa uel per­fecta est pro nobis oratio uel obla­tio. Aliter. Missa dicitur id est recedite cum pace ad propria. Quod uero cereos ferunt causa omatus fit nec habet l11ysteriul11.

La source de ces deux commentaires est l'Expositio missae • Missa, ut beatus Isidorus dicit " qui sera publiée ci-dessous, et qui se termine ainsi:

Ite l11issa est, id est recedite ad propria cum pace. lYIissa, hoc est perfecta est pro nobis oratio atque oblatio ; sine missa, id est directa. Quod uero fertur ante diacolles causa ornatus fit, llol1habet l11ysteriul11 sed lleque in uestibus; etc.

Il est évident que le texte du De divinis officiis et celui du manuscrit du Vatican se rattachent à leur source par un intermédiaire commun, qui lui-même s'identifie avec la rédaction primitive du recueil, dont

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13° JEAN-PAUL BOUHOT

le manuscrit du Vatican représente une copie relativement tardive et de médiocre qualité.

La rédaction de ce recueil se situe dans le premier tiers du xe siècle ; elle est, en effet, postérieure à celle de l'Expositio missae attribuée à Remi d'Auxerre qui, en raison des sources dont elle dépend, date au qlus tôt de la fin du IXe siècle, et antérieure à celle du De dittinis officiis, pui ne peut pas se placer après le milieu du xe siècle. Sous sa forme originale ce recueil avait un titre qui reproduisait celui de la première pièce transcrite; les témoins que nous avons identifiés ont conservés ce titre sous les formes suivantes ;

- Paris, B.N., lat. I493I, XIIe s., fol. 90 ; {( Incipit quec1am c1efloratio cuiusdam sapientis super missam domni scilicet Remigii autisiodoren­sis. »

- Paris, Bibl. de l'Arsenal 943, ms. A, XIIe s., f. 19 ; « Incipit tractatus magistri Ri ( ... ) de missa. » Le nom de l'auteur qui était sans doute « Richardi )) a été gratté. - Vatican, Reg. lat. 234, XIe s. Le titre est connu par la table du fol. 3IV : « Expositio Rabbani de celebratione missae et de ormnibus clericorum. 1)

- Rouen, Bibl. Nhm. 1468 (D. 136), XIIIe-XIVe s., fol. 121 : « De missa et de celebratione eius. ))

Dans ces titres, l'absence d'un nom d'auteur ou les variantes se rapportant à ce nom s'expliquent ainsi ; la rédaction originale nommait Remi; certaines copies n'ont conservé que la lettre initiale R; celle-ci a donné lieu à des interprétations fantaisistes (Raban, Richard) ou a été suppri­mée; cette radicale simplification avait sans doute déjà été effectuée dans l'exemplaire utilisé par le rédacteur du De diu-inis officiis, qui a transmis d'après les manuscrits de Paris, de Troyes et de Berlin, le titre : « Breuis expositio missae ». Dans le premier tiers du xe siècle, le nom de Remi figurait en tête du recueil que nous étudions, parce qu'il faisait partie du titre de l'Expositio missae transcrite en premier lieu; les copies tardives et souvent très déformées de cette Expositio, mais indépendantes du recueil décrit d'après le manuscrit du Vatican, con­firment par d'autres voies cette attribution à Remi, qui ainsi figurait nécessairement dans le titre original de cet opuscule32•

S'agit-il de Remi d'Auxerre? Beaucoup de manuscrits ajoutent cette précision et la chronologie est absolument favorable à cette identi-

3'2. Au XIe OU au XIIe siècle. deux. ouvrages sur la liturgie circulaient sous le nom de Remi: d'une part l'E.positio missae comme opuscule indépendant, d'autre part le recueil, qui débutait par la même E,rpositio et se poursuivait par d'autres commentaires liturgiques, comme dans le manuscrit du Vatican, Reg. lat, 234, Cette situation explique peut-être l'origine d'une sorte de doublet que contient la.notice sur Remi dans le De script. eccl .. de Sigebert de Gemhloux (supra, llote 29) : (1 I\xposuit ellim Callonem miss ne, quit! a qui bus in en sit positum uel ndditulll demonstrans (, .. ) Scripsit librum De diuinis officiis l).

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L'« EXPOSITIO MISSAE lJ DE REiVlI D'A UXERRE 131

fication. Remi, en effet, succéda à Héric vers 880 à la tête de l'école d'Auxerre, puis fut appelé à Reims en 893 par l'archevêque Foulques, enseigna ensuite à Paris à partir de 900 et mourut vers 908 ; cette tren~ taine d'années délimite largement le temps pendant lequel l'Expositio missae, transmise depuis son origine sous le nom de Remi, a pu voir le jour. Enfin le manque d'originalité de cet opuscule, dont le texte est entièrement emprunté à diverses sources, ne s'oppose pas à cette attri­bution, car les ouvrages de Remi présentent généralement le même défaut.

L'étude critique des éditions de l'Expositio missae de Remi d'Auxerre, en prouvant la supériorité du texte transmis par le De dùtinis officiis sur celui que Marguerin de La Bigne a imprimé, confirme l'attribution de cet ouvrage au célèbre écolâtre et montre que sa tradition manuscrite, relativement abondante, est très diversifiée. Le classement proposé des différents témoins étudiés se fonde sur la comparaison du texte qu'ils fournissent avec celui des sources utilisées par l'auteur, et spéciale­ment celui des deux explications de l'Ordo missae inédites, que nouS nous proposons maintenant de faire connaître.

Z. - 'EXPOS1TIO M1SSAE' DU MANUSCRIT DE TROYES, B.M. 804

En classant les sources utilisées par Remi d'Auxerre selon la date approximative de leur composition respective, la seconde d'entre elles, après l'Explication du canon de la messe que Floru13 connaissait déjà,. appartient au milieu du IXe siècle et nous parvient par le seul manuscrit de Troyes, Bibl. Mttn. 804, mais lorsque l'édition de ce texte aura fait disparaître le risque de confusion que présente cette Expositiomissae avec celle de Remi, car toutes les deux commencent par les mêmes phrases, d'autres témoins se laisseront peut-être repérer33 •

Le manuscrit de Troyes, Bibl. Mun. 804 provient du ,Collège de l'Ora­toire de cette ville. Sous sa forme actuelle, il a été constitué vers la fin du XVIIe siècle par la réunion de trois volumes, pris parmi ceux qu'avait légués au Collège François Pithou (1543-1621), qui lui-même tenait ces livres de son frère Pierre (1539-1596). Le premier élément, qui seul ici retiendra l'attention, est composé de 79 folios (ff. l à 79 dans le ms. 804) de parchemin (z5o X Zoo mm), répartis en dix cahiers, tous quaternions,

33. A. WII,MAR'I' (D.A.C.L., t. 5, Paris, 1922, col. 1015), en analysant brièvement le manuscrit 804 de Troyes, l'a présenté comme un témoin de l'Exposi/io missae de Remi. Auparavant, J. B. PI'tRA semble avoir commis la même erreur lorsque, à propos de l'opuscule .ln canonem Missae de Remi, il remarque (Spicilegium 5016S­

mense, t.3, Pùris, r855, p. 2&0, note 5) : « Exstat quidem sub eo nomine in Biblioth. PP. ; eudem vero jacet in cod, Trecensi, saec. cirCiter VIII (sic) » ; le catalogue de la bibliotl1 èque de Troyes ne signale cn effet aUCutl témoin de l'E.rposmo de Remi.

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JEAN-PAUL BOUHOT

mais un folio central a été enlevé au dixième34, le volume est incomplet, puisque la copie s'arrête brusquement vers le premier tiers de la transcrip­tion d'une lettre de saint Augustin, au bas du f. 79v ; les cahiers sont numérotés de i à x et de a à k dans la marge inférieure du verso du dernier folio: le chiffre est inscrit au centre et la lettre dans la partie gauche. L'écriture d'une seule main, à raison de 35 à 39 longues lignes par page, date du dernier quart du IXe sièc1e35. La première page (f. Ir) cependant n'a reçu que plus tard (Xe-XIe s.) le texte de prières d'adjuration, puis dans sa partie inférieure une main du xvne siècle a inscrit, avant que le manuscrit ne soit relié sous sa forme actuelle, l'ex-libris du Collège de l'Oratoire de Troyes et une brève table des matières : « Theodulphus de catechum. et bapt. - Expositio missae ex patribus. - Explanatio fidei ex patribus. - Adrebaldus de benedictione lacob. - S. Augustinus de uidendo Deo. II

Ce volume se divise en deux parties très inégales ; la première est un recueil d'explications catéchétiques sur le baptême, la messe, le symbole de foi et l'oraison dominicale; la seconde contenait uniquement, semble­t-il, le Liber de ttidendo Dea (= Epist. 147) d'Augustin.

1. ff. F-6 v : RMterentissimo alque karissimo fratri Iohanni ePiscopo Teodttlfus saz,utem - Praeceptum tuum uir uenerabilis ... J J ... et quae bona sunt retinenda.

'l'HÉODULPHE D'ORLÉANS, De ordine baptismi; P.L., 105, 223-240 (éd. Sinnond), et P.L., 78, 353-365 (éd. Ménard.). L'adresse cc fratri Iohanni ", transm.ise également par lm Inwmscrit de Corbie36, écrit au début du xe siècle et conservé aujourd'hui à Leningrad, Pteblic1maja Biblioteka Q.v. I. 34, ff. 8-2IV, bien que les autres témoins désignent Magnus archevêque de Sens CO!Ullle destinataire de l'opuscule, ne paraît pas fautive connne le pensait Sirmond (P.L., 105, 223. note a), mais elle indique, selon une hypothèse de Dom Hugues Ménard (P.L., 78. 365) que Théodulphe a aussi fait parvenir cet ouvrage à son ami Jean archevêque d'Arles.

34. Bien que le talon apparaisse actuellement eutre les folios 76 et 77, (mais la reliure est récente), le feuillet enlevé, sans doute non écrit, suivait à l'origine immédiatement l'actuel f. 75, qui n'a reçu que dix lignes d'écriture au recto et dont les deux: tiers inférieurs ont été découpés.

Disposition actuelle Disposition originale 76------- ....... _....................... . ........ _...... 76 75··············_-- ------77 75············ --- -------77 74 78 7+ 78 73 79 73 79

35. La présence de deux textes, dont Remi d'Aul<erre (t 908) semhlait être l'auteur, a fait dater ce manuscrit du début du xe siècle ..

36. I:Opuscllle de Théodttlpl1e a encore été transcrit d'apr&s cette copie dans le mauuscrit de Paris, B.N., lat. I2315, XIIe s., Corbie, ff. 68'75.

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L'II. EXPOSITIO lvIISSAE Il DE REjl,lI D'A UXERRE 133

2. ff. 6v-8 : Item alia expositio de eadem re - Querendum nobis est cm ille qui ad baptisl11i gratiam uenit, prius caticuminus efficitur ? Ideo primus caticuminus efficitur ... / / ... Cor creditur ad iusticiam, ore autel11 confessio fit ad salutem.

Réponse h la circulaire de Charlemagne snr le baptême (8II-8IZ). attribuable à Jean d'Arles37 .

3. H. 8-r6: Qttid significent .XII. candelae - Morem, quel11 sancta Ecclesia tenet ... / / ... Laetitia sempiterna erit eis.

Tractatus de dedicationf ecclesial' (P.L., 131, 845-866). attribué par Martène38 à Remi d'.:\.uxerre, mais en réalité antérieur au milien du IXe siècle39, et inséré vers le milieu dn xe siècle clans le Pontifical Romano-Germ.anique, écl. YOGIu.-Er.zl!:, t. 1 (Studi e testi, 2:.16). CitHl. de! Vaticano, 1963, pp. 90-121. Le seul autre cmumelltuÎIe connu des rites de la dédicace d'une éi,\lise, au IXC sU·cle, est celui que Ahnarule d'Haut [illers a rédigé pour Sigehod archevê-que de Narbonne (873-8R.s) et que transmf.'t le manuscrit d'Albi, Bibl, !l'Tun. 42, fin du IXe s" ff. 2Iv-4ZV; cet ouvrage, dont la fin manque, est presque entièrement inédit sauf la lettre d'myoi40 .

4. ff. r6-2r peragitur. Sic inspicientibus

Caelebratio 1nt:ssae in commemorat2'one pass2'onis Christi eni111 ipse praecepit apostolis tradens ... / !... quae res scanc1alum generare posset.

ExposiUo missae, éditée infra.

5. ff. 2r-48v : Opusculum de actiolle ntissarwm quod subter adnexum conti­netur, collectttm quam maxime et in ordine digestttm est, ex uerbis sanctorum patrmn Cypn:am:, A mbrosii, A HgusNni, Hieronimi, Gregorii, Fulgentii, Setteriani, Vigil'ii, Isidori, Bedae, Attiti. Sicut suis locis per singula litterae ... / / ... post confectionem et participationem eorumdem sacra­mentorum.

37. Cf. J .-P. BouIlo'r, in Re/!. ét. au!!., t. 2~, 1975. p. 290. 33, E. MARTÈSE, De antiquis Ecclesiae ritibm, t. 3, Rouen, 1702, pp. 3°5-323 ;

2 e éd., t. 2, Anvers, 1736, col. 768-786 ; l'auteur serait Remi Ciir dans le manuscrit utilisé par le Femier éditeur et conservé à Rouen, Bibl. Mun. 1343, ff. 1-9, ce trac­latus anonyme est immédiatement suivi de l'Expositio missae attribuée explicite­ment à l'écolâtre d'Auxerre; cf. supra, note S.

39. Il est en effet copié daus \ln mauuscrit écrit vers le milieu du IX· siècle : Vatican, Reg. lat. 598, ff. 4 2 v -57'·, comme l'a découvert P. SAJ,MON, Analecta liturgica, (fJtudi e testi, 273), Cittlt cIel Vaticarl0, 1971, pp. 280-302 ; cf. E. PELI,EGRIX, Les manuscrits clC/55'iques latins de la bibliothèque Vaticane, (Documents, études et réper­toires publiés par l'Institut de Recherche et d'Histoire des Textes), t. II, l, Paris. 1978, pp. 87-R9, mais cét ouvrage ignore malheureusemellt celui de Salmon.·

40. A. WIT,MART, La lettre PhilosoPhique d'Almanne et son conte.1:te littéraire, in ,irc1!ivçs 4' histoire doçtrillll/e et littéraire dll moyen âge, t. 3, 19~8, pp. ~83-319,

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FLORUS DE LYON, Expositio missaB; P. Duc, Étude sur t'cc Expositio missae » de Florus de Lyon suivie d'une édition critique du texte, Belley, 1937, pp. 87-156. Cette édition, beaucoup plus exacte que celle qui est reproduite dans P.L., 119, 15-72 (cf. supra, note 7), est établie sur la base du texte fourni par ce manuscrit de Troyes, Bibl. Mun. 804, très procJ,l.e de celui que contient un autre manuscrit de la fin du IXe siècle conservé il Paris, B .N., lat. 12279 (Saint-Gennain), ff, 13Iv-I4r·

6. ff. 48v-49v : ExPlanatio fidei sancti Hieronimi ad Augustinum et Ali­pùtmePiscopos missa - Credimus in Deum patrem ommpotentem cunctorum uisibilium et inuisibiIium conditorem '" / 1 ... catholicum non me hereticum comprobabit,

PÉLAGE, LibeUus jidei; PL., 45, 1716-1718; P.L., 48, 488-491; cf. P.L., 39, 2181-2183 (Pseudo-Augustin, Serm. 236). - Clauis, nO 731 ; S'l'EGMÜLLER, RBPert, Biblicum, na 6370, 7; B, LAMBER'l', Bibl. Hieron. man., na 316,

7. fi. 49v-50v : Sancti Attgustim' ePiscoPi de oratione dominica - Quoniam Domino gubernante, iam estis in regia constituti .,. / l", et futuro aeuo dignos efficiat, Ipsi gloria in saecula saeculorum, Amen41,

PSEUDCl-AUGUS1'IN, Se'Ylu, 65; P,L., 39, 1870-1871.

8. ff. 5ov-51 : Alia expositio de oratione dominica - Pater noster qui est in caelis : Supplicatio fidelium ad Deum patrem omnipotentem ",1 1", Indefesse eum deprecari necesse est,

Commentaire du Pater, inédit,

9, ff. 51-52v : Item alia expositio de oratione dominica - Venerunt disciptùi ad Dominum et dixerunt : Domine doce nos orare, sicut docuit Iohannes discipulos suos ".1 1." Ipse enim dixit : Amen dico uobis qtticquid orantes petitis, credite quia accipietis et fiet nobis.

Commentaire du Pater, Inédit,

Io. ff. 52 v-53v : Expositio sanctiAug~tstini ePiscoPi de symbolo - Tempus est ut symbolttm accipiatis, quo continetur breuiter ". / 1." sed libera­liter àmando iusticiam.

AUGUS'l'IN, Serm. 212 (la dernière phrase manque); P.L., 38, 1058-1060 ; éd. S, POQUE, Sources cMét., vol. 116, Paris, 1966, pp. 174--I84.

, 4I. Ce sermon, adressé ?r. ceux qui seront bientôt baptisés et inspiré au traité De t;!ratione' dominica de saint Cyptien, est probablement un témoin' de l'ancienne c9utume africaine, particulièrement atte~tée par saint· Augustin, de la tradition de l'oraison dominicale avant le baptême, . , .' ..

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L'" EXPOSITIO .\JISS.·lE lJ DE RKMI D'.-l UXERRE 135

IL ff. S:F-54 : Alia expositio symboli - Symbolum graeca lingua dicitur, quod in latinum interpretatur collatio ... f J ... ut recipiat unusquisque secundum opera sua.

Commentaire du symbole des Apôtres; inédit sous cette ionne42, qui est intermédiaire entre celle du conunentaire transcrit plus bas, ff. 67v-69, et celle qui a été éditée par A. li. B URN, N eue Texte zur Geschichte des apostolischen SYlllbols, in Zeitschrift fUr Kirchengeschichte, t. 21, I900, pp. 129-132 (= P.LS., f, 2160-2162); cf. Clavù, na I760.

12. ff. 54-S8v : Item expositio symboli - Cum beatum legamus Paulum apostolum dixisse fidelibus : uos autem estis filii lucis ... ( J ... fideliter credo, quae in symbolo continentur. Amen.

C071l'mentaire du sYJ'llbole des Apôtl'es ; éd. A. :lYLu, Scriptonlln uetermll noua collectio, t. 9, Romae, 1837, pp, 384-395 (= PL, 213, 725-736), d'après le manuscrit elu Vatican, Reg. lat, 231, début du IXe s., Nord­Est cle la Prance, ff. I42-152v, mais l'incipit est légèrement différent: « Qnanclo beatmu legimns »,

13. ff. 58v-6rv : Expositio fidei catholicae - Quicumque uuIt saluns esse ... Fides dicitur credulitas ... ( j ... ut hereticus deputabitur.

Commentaire du symbole' Ql/icwllque ' ; éd. A, E. BURN, The Athanasian creecl and ils early commentaries (Texts and studies, IV, 1), Cmnbriclge, 1896, pp. 21-27, sous le titre: « The Troyes Corrunentary lJ ; cette édition reproduit la trmlscriptioll du manuscrit 804 de 'Troyes, publiée par G. D. 'IV. O:'1MANNEY, Early History of the Atltanasian Creed, London, 1880, pp. 3II-327.

4 z. Comparons les trois formes de l'explication d'une même formule du Rymbole : - a) Troyes, Bibl. Mml. R04, f. 68: " C01zceptlts est de sPiritu sanclo. l:-;'f. Quomodo fuit conceptus de f;piritu sancto et per aclministrationem Spiritus sancH? <R.) f;icut Gabrihel ad Marialll dbdt : Spiritus sanctns superueniet in te et ~t.irtus alt-issimi obumbrabit tibi : ideoque et qltOd nascetur ex te sanctHm ltocabitltl' fi/lus Dei (Lc l, 35). !NT. Cur not! appellatur filius et Spiritus sanctus quia conceptus est de Spiritu sancto? (R.) Quasi nef&s est dicere quantum ad humananl natnranl duos patres habere, quanto magis filiu11l Dei. r:-;T, .Ergo tota Trinitas operata est in ntero uirgi­nis :Mariae ? R. Tota. Operatus est Pater quando misit uerhum ; operatus est Filius quando assullll'sit nostralll Immanitatelll ; operatus est SpiTitllS sanctus, sicut iam dictUlll est: Spiritus sanctus superuen-ict in te et ui'rilts altissimi o/Jumbrabit tibi. li -

h) Troyes, Bibl. Nlun, 80-1, f. 53 v : " Qui cancertus est de Spiritlt san cio et llatus ex III aria ltirRine, Id est per adlllinistrutionem Spiritus sanet!, SiCllt iam dictus (dictum est: Paris, H.N., lat. 2373) Gahrihel ad Mariam uirginem Fraeclixit: Spiritus sanctus superueniet in te et u.irtus altissimi obumb-rabit tibi. ,) - cl Ed, Euro, p. 129 : (1 Qui cOrtceptlts esl de Spiritu sancto, id est per adlllinistrationem ~piritus sancti, sicut Gabrihel ad Marit.m àb..it : Spiritus sallr.tus SUPCI' te uenùt et ltil'tus altissimi obum­braMt tibi. ,1

I,'e.'tpressioll ~ sient iam clictulll est ,), dont l'emploi SC justifie parfaitement dans la première forme du texte, n'a plus de StIlS dans la seconde, qui cependant l'a conservée (Paris, B.N" lat. 2373, f. 35V ) ou s'est efforcée de la corriger (Troyes, n.M. &04 : (1 ia'm elictus est Gabrihel ,), car le nOI11 de l'ange est dté ml. paragraphe précédent), et fi1ût IH\r disparaître ,le la troisième fOl'lll~, "

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I4. ff, 6Iv-66v : Item alia expositio - Quicumque uuIt saIuus esse ... Quod clicitur in capite '" J J... de illius laude et nos gloriemur, qui vivit et regnat per infinita semper saecula saeculorum.

Commentaire du symbole 'Quicumque'; éd. d'après ce manuscrit par G. D. '\V. OMMANNEY, o.C., pp. 327-355, (cf. A. E. BURN, The Athanasian creed, p. LI), sous le titre: «The Oratorian conUll.entary»; le même commentaire, mais précédé d'une préface, a été édité par A. MAI, o.C., pp. 396-409 (= PL., 213, 735-748), d'après le manuscrit du Vatican, Reg. lat. 231, ff. IS2v-I6sv; cf. supra, nO 12.

I5. ff. 66 v -67 : Expositio orationis dominicae - Dominus et saluator noster Ihesus Christus inter cetera sacra praecepta discipulis suis ... J J ... hoc ille ut possimus propitius nobis conferre dignetur, Ihesus Christus dominus noster, qui uiuit et regnat cum Patre et Spiritu sancto per omnia saecula saeculorum. Amen.

CHROMACE D'AQUILÉE43, Serm. 40; C.C.L., 9 A, pp. I72-I73.

I6. f. 67rv : De simbolo apostolontm. Isidorus - Simbolum tali ratione institutum maiores nostri edisserunt ... J J... uerbum adbreuiatum faciet Dominus super terram.

ISIDORE DE SÉVILI,E, De ecel. olliciis II, 23; P.L., 83, 815-817.

I7. ff. 67v-69 : Item expositio symboli - Symbolum graece dicitur, latine conlatio siue indicium ... J J ... qui uero mala in ignem aeternum.

Commentaire du symbole des Apôtres; inédit. Ce commentaire est la source principale de celui qui est transcrit plus haut, ff. 53v-54-

IB. f. 69 : Expositio symboli - Petrus dixit : Credo in Deum ... J J ... Mathias dixit : Carnis resurrectionem et uitam aeternam.

Symbole des Apôtres. Chaque article est précédé du nom de l'apôtre qui l'aurait énoncé.

I9. ff. 69-75 : Expositio Adrebaldi in benedictiones 1 acob patriarchae -Sacrosancta atque praesaga sanctorum patriarcharum ... J J... sicut exultant qui diuidunt spolia.

ADlU;;VAI,D 'DE FLEURY (t 878 ou 879), De benedictionibus patriarcha­rum44 ; P.L., 20, 715-732 (PSEUDO-PAULIN DE MILAN) ; PL., 23, 1315-

43. L'attribution de c~tte hom":lie catéchétiqtte anonyme, introduite vers le VIe siècle daJ:Is le rituel romain de la préparation au buptême, à Chromac.e d'Aquilée est une conjecture de P. de Puniet, reprise dans l'édition citée par J. Lemarié.

44· A. Wn,MART, Le commentaire des Bénédictions de Jacob attribué à Pmllin de Milan, in Rev. Bill., t. 32, 1920, pp. 57-63.

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L'(( EXPOSITIO MISSAE)) DE REMI D'A UXERRE 137

1318, fragments (PSEUDO-]ÉHÔME). - Clauis, nO 1690; STEGMÜr,I,ER, Repert. Biblicutn, nO 6324; B. LAl.'.ŒERT, Bibl. Niel'on. man., nO 405.

f. 75v : Non écrit. Une main du XIe siècle (?) a inscrit le début de la formule d'ex-libris : (( Hic est liber sancti )), qui semble n'avoir jamais été complétée.

Les deux tiers inférieurs du f. 75 ont été découpés; le feuillet enlevé, dont le talon se trouve entre les ff. 76 et 77, faisait sans doute suite primitivement au f. 75.

zo. ff. 76-79v : In hoc corpore continehtr liber sancti Aug11stini deu idendo Deo ad Paulinam clarissimam. Incipit liber de uidendo Deo - Memor debiti, quod ex tua ... / / ... i11i autem ideo uiderunt, quicumque Deum uiderunt, quia Il (la suite manque).

AUGUSTIN, Epist. I47, 1-19; C.S.E.L., 44, pp. 274-292, Hg. 12; l'édi­teur a collationné le manuscrit 804 de Troyes sous le sigle Tl.

Manque le dernier quaternion, qui contenait les second et troisième tiers du De 11idenda Dea, puisque le premier occupe les quatre folios 76 à 79 ; le manuscrit complet comportait onze quaternions réguliers, soit 88 feuillets.

La composition de l'ouvrage que nous venons d'analyser est carac­térisée par le rapprochement dans une transcription continue de deux manuscrits plus anciens et indépendants, d'une part un recueil catéché­tique, d'autre part un traité théologique. Mais n'est-il pas étonnant que celui-ci puisse à lui seul, en une douzaine de feuillets, constituer un volume ? Sous un format plus petit, une écriture au tracé plus large et aux lignes moins rapprochées, le texte du De uidendo Dea peut, en effet, à lui seul occuper un livre de dimensions raisonnables, mais un exemple de transcription en douze feuillets de cet opuscule augustinien est fourni par le manuscrit de Troyes, Bibl. Mun. 813. Ce dernier, qui provient du Collège de l'Oratoire, est formé par la réunion de trois manuscrits du fonds Pithou, dont le premier, écrit vers le milieu du IXe siècle, se partage en deux éléments, qui, dans l'état actuel du volume, correspondent aux folios 1 à 13 et 14 à 77. La copie du De uidendo Dea couvre les folios IV à 1ZV : (( Incipit liber sancti Augustini de uidendo Deo ad Paulinam c1arissimam )) ; par suite, les quatre derniers folios du second quaternion n'étaient pas écrits: l'un (f. 13r) a reçu d'une autre main plus récente la transcription d'un texte grammatical, les trois autres ont été découpés45 •

45. Non seulement les cOl,ies du De ltidendo Deo dans les manuscrits or3 et 804 de Troyes sont matériellement très proches, mais elles présentent aussi les mêmes caractéristiques textuelles, comme permet de le constater l'édition de A. Goldbacher, (C.S.E.L., 44, pp. 274-331), dans laquelle ces deul.. exemplaires ont été collationnés respectivement sous les sigles T et Tl.

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La présentation du traité augustinien en un petit volume ou resserrée en deux quaternions s'explique par son contenu, car il expose de façon complète toutes les questions théologiques se rapportant à la vision béatifique. Comme des discussions sur ce sujet se sont élevées à Fulda pendant le second quart du IXe siècle et ont été reprises vers 850 par Godesca1c, - ancien moine de Fulda -, les théologiens comme Raban Maur et Hincmar de Reims ont, pour la défense de la doctrine de l'Église, largement utilisé le traité augustinien, auquel leurs propres exposés empruntent de longues citations 46. Ces circonstances étaient favorables à la diffusion sous forme d'ouvrage indépendant du texte intégral de l'opuscule d'Augustin, qui représente dans le débat théologique de cette époque la source principale sinon unique de l'enseignement doctrinal de l'Église. En raison de leur date, les deux copies très semblables des manuscrits 813 et 804 de 'Troyes se rattachent certainement à la seconde phase des discussions sur la v1sion béatifique, menée activement par Hincmar contre Godesca1c.

Si la transcription uniforme du manuscrit 804 de 'Troyes ne permet de déceler aucune addition au travail du copiste, la composition du recueil catéchétique présente une anomalie, car le De benedictionibus patriarcha­rztm appartient à un genre littéraire différent de celtù des textes qui le précèdent. Sans doute ce chapitre de la Genèse (Gn. 49) a souvent retenu l'attention des commentateurs47 , mais pas au point de faire partie de l'enseignement religieu.x élémentaire dont le programme, établi au temps de Charlemagne, a clairement fourni son cadre au recueil: expli­cations de l'ordo baptismal, des cérémonies de la dédicace, qui est en quelque sorte le baptême de l'église nouvellement construite ou aménagée, enfin divers commentaires de la prière du Seigneur, du Symbole aposto­lique et de la profession de foi ' Quicumque '. Il est donc vraisemblable que, dans le modèle reprochùt par le copiste du manuscrit 804 de 'Troyes, le traité exégétique d'Adrevald de Fleury faisait figure d'addition, pour occuper quelques feuillets inutilisés à la fin du recueil catéchétique déjà entièrement constitué48•

Ce recueil a été composé avant sa transcription vers la fin du IXe siècle dans le manuscrit 804 de 'Troyes, mais après le début de la seconde moitié du même siècle, car au moins l'une des pièces qu'il contient, l'Expositio missae (art. 4) que nous allons éditer, a vu le jour vers 840 seulement. Le lieu où il a été confectionné est plus difficile à déterminer: peut-être s'agit-il de la région lyonnaise ? D'où proviendrait, en effet, la copie d'excellente qualité mais anonyme du traité de Florus (art. 5),

4 6 . 1.[, CAPl'UYNS, Nole SHr le problème de la vision béatifique au IX8 S., in Rf­qherches de Théol. ane. et mM., t. l, 1929, pp. g8-I07 .

. ' 47· H .. j)fORE'J'lTS, Les bénédictions des patriarches dans la littératttre du quatrième au huitième siècle, in Bull. de litt. Beel., IgOg, pp. 398-41 r ; IglO, pp. 28-40, S3-IOO .

. ' 4 8. A la partie principale du recueil (art. r à 14 dans le manuscrit 804 de Troyes), le rédacteur a ajouté une sorte de supplément (art. 1,5 à r8).

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L'« EXPOSITIO MISSAE)J DE REMI D'A UXERRE 139

sinon de l'exemplaire même conservé par l'auteur ? Mais l'accès à ce modèle s'est peut-être réalisé par l'intermédiaire d'une transcription49 :

dans ce cas, le recueil n'a pas été composé à Lyon, mais simplement dans une zone d'influence lyonnaise50.

Parmi les sources utilisées par le rédacteur de ce recueil figurait certaine­ment une petite collection de commentaires du Pater et du Symbole, dont une copie de la fin du !Xe siècle ou du début du xe siècle est conservée dans le manuscrit de Paris, B.N., lat. 2373, sans lien particulier avec le contexte.

Paris, B.N., lat. 2373

H. 33'-34 : Incipit sermo eiusdem51 A ugustini de ora­tione dominica -- Quoniam gubemante Domino. f. 34rv : Item alia expositio de oratione dominica -Pater noster qui es in caelis. Supplicatio fidelim14. ff. 34"-35": Incipit expositio de symbolo sancti Augus­tini ad competentem - Tempus est ut symbohm~. ff. 35v-36 : Item alla expositio symboli - SYllJ,bolul1l graeca lingua dicitur ... j j ... ut recipiat unusquisque secundum opera sua52.

Troyes, B.M. 804

Art. 7

Art. 8

Art. 10

Art. II

En résumé, le copiste du manuscrit de Troyes, Bibl. Mun. 804 (premier élément) a transcrit deux ouvrages: d'abord un exemplaire d'un recueil catéchétique formé peu auparavant peut-être dans la région lyonnaise. auquel on avait ajouté le commentaire exégétique sur les bénédictions des patriarches par Adrevald de Fleury ; en second lieu, la longue lettre De 2tidendo Deo de saint Augustin, dont la diffusion se rattache à cette époque à l'une des discussions que poursuivait Hincmar de Reims contre Gpdesca1c. Mais ces renseignements ne permettent guère de préciser les indications de la paléographie selon lesquelles le premier élément

49. Cette transcription intermédiaire semble nécessaire pour expliquer l'origil1e des deux: copies, semblables mais indépendantes, du traité de Florus dans le recueil catéchétique connu par le manuscrit 804 de Troyes et dans le manuscrit de Paris, B.N., lat. I2279, qui n'a pas été écrit à Lyon.

50. Le fragment de manuscrit du Vatican, Re,lf. lat. 598, ff. 42-57, témoin le plus ancien du Tractatus de dedicatione ecclesiae (art. 3). se trouvait à Lyon, s'il est vrai que les textes additionnels dn f. 'f2r ont été transcrits par Florus ou l'un de ses disciples; cf. J. BIGNAMI-ODillR, Encore la main de Florus dans un manuscrit de la reine Christine à la bibliothèq~le du Vatican ? in JI!! élanges d'archéologie et d' his­toire, t. 63, 1951, pp. r91-194. - Le texte de l'art. r:::;: du manuscrit 804 de Troyes, avec l'incipit « C:U111 beatum legamus », se retrouve dans le manuscrit d'Angers, Bibl. !vIun. 277 (268), écrit danS la région lyonnaise vers le milieu de la seconde moitié du IX" siècle, tandis que plusieurs témoins transmettent ce commentaire sous une forme différente, avec l'incipit (, Quando beatum legimus ~.

5 r. Dans le manuscrit, cette ex.plication du Pater est précédée du De cura pro mortuis ge1'enda de saint Augustin.

52. Dans les deux: manuscrits de Paris et de Troyes, ce commentaire du Symbole est interrOmptl après l'explication de,s articles christologiques.

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du manuscrit 804 de Troyes proviendrait de la partie nord-est de la France. Dom Wilmart53 en raison de la mention rare du nom d'Adrevald (Adrebaldus) en tête du De benedictionibus patriarchantm, a pensé que ce manuscrit avait été rédigé à Fleury, mais rien ne vient appuyer cette suggestion, surtout si, comme nous le croyons, le commentaire exégétique figurait déjà dans le modèle reproduit par le copiste. Même si Pierre Daniel, dont on croit reconnaître la main dans quelques brèves annota­tions et soulignements, a possédé ce volume au XVIe siècle avant Pierre Pithou, l'histoire antérieure de ce manuscrit est inconnue, mais comme nous l'avons montré, son origine est étroitement liée aux nécessités de l'enseignement religieux populaire pendant la seconde moitié du IXe siècle, et plus particulièrement dans la région de Reims.

Cette assez longue analyse codicologique permet d'apprécier à sa valeur le texte de l'Expositio missae connue par le seul manuscrit de Troyes, Bibl. Mun. 804 (art. 4). Le copiste a reproduit un exemplaire d'un recueil catéchétique, mais le rédacteur de ce dernier a-t-il retouché ou non les opuscules qu'il a rassemblés? La comparaison entre les textes du manuscrit de Troyes et des copies indépendantes mais dérivées des mêmes modèles, dans le cas du De ordine baptismi de Théodulphe d'Orléans, de l'Expositio missae de Florus de Lyon et de quatre commen­taires du Pater et du Symbole conservés dans le manuscrit de Paris, B.N., lat. 2373, prouve que l'unique témoin du recueil catéchétique est d'excellente qualité et qu'en conséquence le rédacteur de ce recueil a transcrit avec exactitude les ouvrages d'origine très différente qu'il a recueillis. Ce qui est vérifiable pour une partie peut être étendu à l'ensemble de la compilation, dont le plan régtùier atteste qu'elle est l'œuvre d'une seule personne. Par suite, l'édition de l'Expositio missae du manuscrit 804 de Troyes peut se limiter à une simple transcription de son témoin uniqne; quelques fautes évidentes peuvent être corrigées, mais il serait imprudent de rechercher de meilleures leçons dans la tradition indirecte représentée par les différentes formes de l'Expositio missae de Remi d'Auxerre.

EXPOSll'ro l\nSSAI~

1. Cclebratio missae in conuncmoratione passionis Christi peragitur. Sic enim ipse praecepit apostolis tradens eis corpus et sanguinem suum clicens : Hoc tacUe in meam commemorationem1, hoc est in memoriam passionis meae ; tam­qnam diceret, quod pro uestra salute passus SUlU ad melnoriam reuocate, et pro fratrum uestronun salute eadem perfette curate. Hanc Petrus apostolus primus olluliutn Antiochiae 2 celebrasse refertur, in qua tres talltmru~1.od oora-

53· .'\.. Wn,MART, art. cit., Rev. Bén., t. 32, 1920, p. 62,

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L'« EXPOSITIQ il,lISSAE)) DE RE1'v1l D'A UXERRE

tiones in initio fidei proferebantur incipientes ab eo Ioco uhi dicitnr Hanc igitttr oblationem3•

~1issa autem dicitur quasi transmissa uel quasi transnùssio, eo quod populus fidelis de suis meritis non cOllfidens preces et oblationes quas Deo omllipotenti offerre desiderat per nlinisterium et orationem sacerdotis ad Deum trans­mittat4, quem mediatorem inter se et illum5 esse cognoscit, confidens per eius orationem atque intercessionem a malis onulibus liberari atque creatori suo reconciliari et in bonis corroborari.

Ideo autem non ab apostolica uel euallgelica Iectione quod maius esse constat eadem nùssa inchoatur, sed potius canendo et psallendo, quatenus dulcedo suauitatis corda audientium prius demulceat, et sic post modulationem suauis cantilenae in spiritalibus rebus populus per compunctionem m.entis intcntus salutifcra euangelii uerba arclenti affectu suscipiat6.

Quocl aute111 populus clie clominico siue sollemnitatum ad ecc1esiam confluit, acl imitationem israhelitici7 populi fieri creclitur, qui temporibus statutis ad tempIul1l Domini conflue bat, et sex dieblls operans septimo ab ol1U1i opere seruili requiescere iubebatur, non tamen a meditatione Iegis. Sic enim Apostolus ait: J110ses /tabet ,in singulis cùtitatibus qui eU1n per singula sabbata praedicent in sinagogis8. Uncle et canticum Mosi9 per OllUle sabbatu1l\ i11 ecclesia recitari cOllsueuit mos ecc1esiasticus. Et quocl illi faciebant die sabbato, qui primus apucl illos in die bus <h)ebclomaclis habebatur quoniam in ipso requieuit Deus ah onuubus operibus SUiSlO, 110S propter reuerentia1l\ c101uinicae resurrectionis die dOl11inico agendul11 curamus. Necesse est enim ut populus Dei eo die quo

1 : 1) r Co 1 l, 24 et 25; cf. Le. 22, 19. 2) Antiochiam : cod. 3) Cf. ISIDOJŒ DE Si,VH,LE, De eccl. oH., I, xv, 1 ; P.L., 83, 752 et la note, ibid. '15 1 CoD. 4) Expositio missae ' iVlissa pro multis', c. 20; éd. HANSSENS, Amalarii ePis. opera litur!!. omnia, t. 3, p. 315 : « rte ll1issa est, id est: rte CUll1 pace in domos uestras, quia trallsmissa est pro uohis oratio ad Dominulll, et per angelos, qui nun~ii dicuntl1r, allata est in diuinae conspectum maiestatis. 1) D'ap,ès C. MOIIR1IANN, Btudes sur le latin des chrétiens, t. 3, Roma, 1965, pp. 351-376: ]l,lissa. (= Vigiliae Clwistia.'/Iae, t. 12, 1958, pp. 67-92), voir pp. 352-353, l'explication de w'Îssa par transmüsio se rattacherait à un texte de saint Grégoire, Hom. 37, 10 (P.L., 76, 1281 B) : « Ecce quotidlanae hostiae illa cum eleemosynis et lacrimis missa legatio, quantam C\.Llll

rege ueniente gratiae pacem fecit ~; cf. O. ROT1'MANNER, Uebey lIezwre !llId tiUere De7ttlmgc'/I des Wortes' lvIissa', in Theol. Qltartalschrijt, t. 71, 1889, pp. 531-557. 5) Cf. 1 Tm. 2, 5. 6) ISIDOIU~ DJt SÉvn,r.E, De eccl. off:, l, v, 1; P.L., 83, 742 : (' OO' psalterium idcirco cum melodia cantilenarUl11 suauiul11 ab Ecc)esia frequentatur, quo fadHus allilUi ad compunctionem flectantur. ,) 7) RimE, In Luc., II. IV, r6, Ug. 5'}-83 ; C.C.L., 120, pp. 10I-I02 : (. Sinagoga graece latine rlicitnr congregatio quo nomine non sohun affluentium turbarum connentum sed et domum qua ad audiendulU dicendulnue Dei uerbulll conueniebant Tudaei appellare solebant (oo.) Sicut et nos ecclesias fidelitt1J1 et 10ca et choros uocitamus (oo.) Confluebant autem die sabhati in sinagogis ut iuxta qnod dominus praecepit : Vacate et uidete quoniam ego swn Detts (Ps. 45, II). reriatis muncli ncgotiis ad medital1da legis lllonita quieto corde residerent. Cuius eo die del1otionis agendae hactenns in ecc1esia perdurat indicium, qnue ad memoriam priscae religionis canticum deuteronoll1ii, in quo uniuersus ueteris populi status qnid l1idelicet offenso quid propitio Deo mer1ierit continetur non nullis in locis sabbato dicere consue\lit, alioqnin esset praepostentlll ut prioribus septill1unae diebusprophetar.ulll· dlctiscanninibus ),foysi 'ultimum diceretur. ') S) Ac. 15,21. 9) Dt. 32, 1-43 ; cf. A~JAr,AIRE, LibBY off., IV, XVII, 3 et r6. ro) Cf. Gil. 2.2.

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JEAN-PA UL BOUHOT

Dominus a m.ortuis resnrrexit, a nlralibus uacallS operibus illstruatur, quomodo per totant seqnentem (h)ebdomadam, spiritaliter Deo niuere debeat. Et qui per totam (h)ebdomadam curam corporis morientis indesinenter egit, eo die curam animae in perpetuum duraturae agere curet.

2. Primo omnium dicitur antiphona ad introittuT\. Antiphona autem dicitnr uox reciproca1. Qnae ideo ad introitum dicitur, quia per hanc introimus in officium dillinum, sicnt per introitum ostH intramus ad secretiora domus. Dein(de) im.ponitur a cantore : Gloria Patri. Quae uerba ad diuisionem psalmo­mm qui prius indifferenter canebantur, beatus Ieronim.us, papa Damaso petente, composuit; sed cum nequaquam satis abundeque ei sufficiens esset, praedicto apostolico itenIDl suggerente, addidit adhuc : Sicut erat in princiPio, et cetera2• Et hoc ad nutum et signum diaconi3 agit cantor sieut et Kirrie eleyson, quia ad boc in ministerimll admittitur ut officium integre peragi possit, quoniam presbyter sine diacono nomen habet, offieium non habet4.

Induit ipse diaconus dalmaticam similituc1inem crncis habentem, ut qlli est minister nerbi Christi passionem illius ad memoriam reUOCaJ1S, sient Christus cruci affb.."us est pro salute lI'.unc1i, ita et minister uerbi ipsius semetipsunl uitiis ct cOl1cupiscentiis crucifigere non obliuiscatur pro amore redemptoris. Quod eac1em uestis candiditatenl habet, ostendit ministmlll Christi candorenl castitatis l1\ente simlù et corpore habere debere, qui auctOlitatem enangeliunl praedi­candi in ecclesia retinet. Habet etiam et coccineas uirgulas, sanguinem Christi pro saInte mundi effllsum declarantes.

Procedentes ad altare ministri in medio connn propter debitum honorem cuangeliml1 Christi defertnr, tamquam persona praepotens, praecedentibus ac subseql1entibus ministris constipata CUln procedit in publicum. Cerei quoque euangelilIDl praeccdcntes clcm.onstraut gratia enangelli muncllllil qui erat in tenebris peccatorum illnnùnatul1'" Qnocl alltem eadem. processio euangelii ab australi parte fit in pIagam septemtriollalem.5, dec1aratur dominum Ihesum. ChriSttu11 qui nerbtilll salutis mnlldo intulit a parte meridiana ortum esse. Nam et Iernsalem in qua dominus Ihesl.ls Christus prin1.o uerbmu salntis acluUll-

2.: x) ISIDORE DB SÉVIr4~Ê, EtYJ'nol., VI, XIX, 7; P.L., 82, 252. 2) PSEUDO-DAMASE, Epist. 5 (P.L, I3, 4IO-4II), P:muDo-JÉ;RÔ"IE, Epist. 47, l (P.L., 30, 294-295) ; éd. D. DE BRUYNE, Préfaces de la Bible latine, Namur, I920, pp. 65-66 ; ces deux docl1luents ont été insérés dans les Fausses Décrétales, compilées vers le milieu dit IXe siècle, cf. P.L., 130,658-659. Cette correspondance apocryphe serait l'œuvre d'un clerc romain à la fin du v e ou au début du VIe siècle; P. BLANCHARD, La correspondance apocryPhe dit pape S. Damase et de S. Jér8me sur le psautier et te chant de t'Alleluia, in EPhem. Liturg., t. 63, 1969, pp. 379-388 ; A. de VOGüÉ, La rc1gle dt·' Maître et la tettre apoc·rYPhe de saint Jérdme sur le chant 'des psaumes, in Studia Inonastica, t. 7, 1965, pp. 357-367 ; cependant ces lettres ne distinguent pas, cumme l'auteur de l'Expositio missae, deux étapes: addition du Gloria Patri, puis de ; Sicut eral. 3) Ordo l'Mn., V, 22 ; éd. J\<!. A::\DRIEU, Les ordines romani du haut moyen âge, t. 2, Louvain, 1948, p. 213 ; «Scola uero ad nutum diaconi impunit letaniam l\yrieleysan. » 4) ISIDORE de SÉVILLl-:, De eeel. a/J., II, VIII, 3 ; PL., 83, 789; « Ipsi (cliaconi) enim clal;a ·uoce in modum praecunis admonent CUllC­t()S, siue in oraudo, siue in flectendis genibüs, siue in psalleurlo, siüe in lectionibus audfendis, lpsi 'etiam, ut aures habeamus, 'ad Dominum acclamant, ir,si quo que euangelizant, sillt! ipsis sacerdos Ilomen hahet, offidum nOIl habet. 1) .5) Ordo rom., é.d. dt., p. 2 II; " TUllC minis tri Clllll timia11laterio et turibnlis nOll amplius

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L'« EXPOSITlO AllsSAE)) DE REJ'VII D'AUXERRE

tiauit in meridie haùet Bethleem, a quo loco ipse Saluator ucnit sicut scriptmn est : Deus ab auslro ueniel6.

Cantore incipiente : I<irrie eleyson, quod illterpretatur latine: Domine mise­rcre, collocantur cerei in ordine a parle australi ad septcmtrionem ab acolit07, ostenc1ens hoc facto quod miserlus sit Dominus 011l.nipotens mlmdo in lueric1ie et septemtrione. Ideo autem I<irl'ie eleyson Christe ele)'son et graeci latine et latini graece proferullt, quia et illol'lun quaedam graeca honestil1s quam latina et quaedam latina melius quam graeca sonant, et ut umm}, eius populum nos esse ostellclarr.us et lmUID Delml utrumque populum credere.

Incipit deinde sacerdos : Gloria in excelsis Deo8, ymntull in llatiuitate Salua­toris ab angelis decalltatum, sed a beato Ylario pictauensi 0 postea auctulll et conSlilll111.atum. Et hoc ipSlilll. ad imitationcm angelomm, nt ostenc1aums cmudem Deum nos colere in terris quem et angeli Uelleralltur in caelis.

3. Postea l dicit sacerdos collectmn2, quae a collectione ct societate populi dicitur, qui tunc in mH1m siuml COllcurrens colligitur, uel quia ex multis scr­monibus una colligitnr oratio. Dicit salutalls popuhuu sacerdos : Dominus uobiscmn, postulans et petel1s Dominum esse in cordi1ms illonlln ad laudmldum illlilll.. Responc1cns populns clicit : Et CUln sp'irilu tua, et nequaquam dicit : Et tecnm, ut officium subsecntllrmn spiritaliter totum fieri intellegatur. Idco antem in omnibus collectis interponitur : Pel' dondnum nostrum 1h6s1l11l ChristU1n, ut Ol11ne quocl datnr nobis a Patte intellega11J.us per Filiml1. eius accipere, cuius hereditas SU111,us. Dicente uero sacerclote : Qui tecum uiuit et regnal Deus in unitate Spiritus sancti pel' omnia saecttla saeculo'YLml, am.ll1onet poptÙtuu ut creclat et intellegat fili1.l1n Dei uiuere et regllare scmpcr sine illitio et sine termino, et Ullaln potestatcl11 habere aeqllaliter ClUll Patre et eum Spiritn sancto atque nna111 Sllbstantiam. A men uem confirmatio est orationis

quam ternis procedlmt ante iPSUlll, mittentes inceusul11, et septem ucoliti, portuut<:s septem cercostata fOl'as ecclepiam aecensa, procedUllt ante pontificem usque in chorUlll. Post turibula portatnr euangclinlll proilinfi episcopo. Ead<:Dl autem pro, cessio fit ab austra in septemtrion.em. » 6) Hb. 3, 3. 7) Orr/orom .. V, 23 ; éd. dt. p. 213 : « Et continuo acoliti ponunt cereostata in panimento ecclesiae quattuor quiclcm in c1e:dram partem et tria in sillistralll, uel. ut alii uolunt, liueutim ab austro in septell1trionem. » 8) Ordo rom., V, 24; -ibid. : « I,etnnÎn Hnita, incipit soins pontifex clara noce yll1UU111 Gloria in cxcelsis Dea, si telllpus fuerit. 9) Le (;Zoria in excelsis. version latine d'une ancienne hymne rédigée en grec, n'est pas l'œune d'Hilaire de Poitiers; cdte attrihution fantaisiste n'a pas de témoiu anttlrieur à la présente Expositio missae, qui semble ~tre Il. l'origine des attestations postérieures: cf. A. FEDER, Studim ZII HUa1"ius liait Polliers, III, (Sibmngsbericllte der Kais. Akatl. der Wissenschaft~n in Wien, l'hilos.-Hist. Klas~e, 169), Wieu, 1912, pp. 63-66.

Il. : 1) Ordo rom., V, 25 ; éd. dt. p. 214 : (1 Postea salntl\l1S populUnl pontifex dicit : Pax 1.tobis<'um, siue : Pax uobis ; sacenlos antem : Domi,..us ~/lJbisClem. Et cum sPiritu hlo. Deinde dicit : Oremus. Sequitnr oratio prima qUlltlt collectam c1icllut, uStjue : Per domimem no.,trtt111 Ieswm Clll'istum jilium hlum, qui tecun't uiuit et l'cgl1.at De~/s .in zmililftJ spi1'itus sancti pey olllll:ia. secu/n' sec1tlorum. Resp. : Alnen. 2) l~: CAPHl,Ll':, (1 Collecta », in Travau.r lihlrgiques de cloctrine et il'-histoire. t. 2~ Abbaye du MOllt·Cêsar - Lou\'ain, 1962, pp. 192-19<) (~, Rev. 13h10, t. ,12, 1930, pp. 197-204) : L'emploi du tenue collecta pour désiguer l'oraison à l'office ou à la mes!'e est un

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JEAN-PAUL BOUHOT

a populo. Interpretatur cuun Amen uere siue fideliter3. Tamquam respon­deus populus sacerdoti dicat : Vere ita fideliter credimus sicut tu dicis, FiliuIll uidelicet ante omnia saecula et in llraesente et in futuro regnare ct1m Patre et cum Spiritu sancto, et regnum ct potestatem eius nullo fine concludi.

4. Inclpiente denique subdiacono apostolicam lectionem, uerso ordine cerci transferuntur ab oriente in occidentem1, ut demonstretur per uocem et prae­dicatiouem apostolorum totum mundum gratia fidei illuminatum., non solum a meridie in septemtrionem, sed etiam ab oriente usque in occidentem. Nomine enim orientis et occidentis omnia climat a nllIDdi compraehenduntur, eo quod tot diebus sol sua praesentia ea illustret, sicut ibi: Venient ab oriente et occidente 2,

et reIiqua. Alleluia primtun in nouo Testamento audita est, dicente Iohallne : Audi2li

uocerrt in caclo dicentiwm alleluia3. Et quia hac uoce angelos in caelo Deum laudare cognoscimus, huiusmodi uoce laudationis creditt1m est Deum delectari. Alleluia namque dicitnr Laudate domimun 4• Hanc quoque ideo CalÙnlUS, ut eumdem Deum nos colere in terra ostendanlus qui etiam colitur ab allgelis in caelo. Et haec ante Iectionem euangelicam a cantore imponitur5, ut laudetur Deus ab omnibus cuius gratia saluari meruit ; tamqnam dicat cantor ad popu­Ium : Quia uerba euangelica salutem uobis conferentia statim audituri estis, laudate Deum cuius beneficio hanc gratiam. percipere meruistis.

5. Defertur euangelinm ad allaloghun1 praecedentibus cereis, ut ostendatur gratia ipsius mundum illuminatum. Verba euangelica Ieuita pronuntiaturus contra septemtrionem faciem uertit2, ut ostendat uerbum Dei et alultmtiatio­nem Spiritus sancti contra < eum.) dirigi, qui semper Spiritui sancto con tra­rius existit et in nullo ei communicatur. Quos enim Spiritus sanctus qui est et Deus ad fidem colligere desic1erat, c1iabolus dispergere ab lUlitate Ecclesiae et integritate fidei laborat. Sicut enllll per austrum qui uentus est calidus et leniter fIat Spiritus sanctus designatur, qui corda quae tangit ad amorem clilectionis inflanunat, ita et per aquilonem qui durus et frigidus est diabolus intellegitur, quia eos quos possidet ab amore caritatis atque dilectionis tor­pentes et frigidos recldit. Quod ellÎlIl, per aqtùIonem diaboIl1s designetur, oste!1-dit propbeta dicens : 0 Lucifer, qttÏ dicebas in corde tuo : Supl'a sidera caeli ascemlam, sedcbo in monte testamenti in lateribus aq,tilonis3, et reliqua.

usage cl'origine gallicane; le premier témoin de son introduction dans les documents liturgiques romains est précisément l'Ordo roman.us V, cité à la note précédente. 3-) ISInOlm DR SÉnI,I,E, Etym., VI, XIX, 20; P.L., S2, 253.

4. : I) Ordo rD'm., V, 20; éd. cit., p. :/14 : « Tunc tolluntur cereostata de Ioco in quo prius steterant, ut ponantttr iu una Iinea ab oriente in occidentem per mediam ecclesiam. ') 2) Le. I3, 29. 3) Ap. J9, 1. 4) JÉRÔME, Epist. 26, 3; C.S.E.L., 54, p. 22I : « Igitur alleluia expritnitur ' !audate c10minum '. ') 5) Ordo rom., V, 30; éd. dt., p. 2J5 : « Cantor uero qui iuchoat Al/etuia, ipse solus cantat uersu1l1 de Alleluia. Ip.,e iterum Alleluia dicit, stans in eodel11 gradu, id est inferiore .»

5. : I) Analogium : ambon; cf. ISIDORE DE eËvrI,LE, Etym., XV, IV, 17; P.L., b2, 345 :« Analogium dictul11, quod sermo inde praedicetur; ual11lQgos graece sermo didtur, quoc1 et ipsum altitts situm est. » 2) Ordo rom., V, 36; éd. dt., p. 21 7 : (C Ipse uero c1iucouus stat uersus ad meridiem, ad quam partem uiri soleut coufluere, alias autem ad septemtriollem. ~ 3) Is. 14, J3. 4) Ordo rOI1l.,

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L'« EXPOSITIO lvlISSAE lJ DE REMI D'AUXERRE 145

Crucem in fronte 'Ponit diaconus4 admmtiaturus uerba uitae, ut ostendat se illius discipulum esse, qui crucem pro saInte mundi sustinuit. Deinde in pec­tore, ut o11' .. nis uana et immUllda cogitatio ab eius corde repellatur_ Saiutat et POPUIWll dicens : Do'minus uobiscum, quamus corda illOrtUll a IDUlldanis et immUlldis cogitatio11ibus Dominus eImmdet et ad suscipienda uerba salu­tifera aperire dignetur. Ad cuius salutationem populus crucem in frontibus suis ponit, ut a uanis ac superfluis cogitationibus corda sua emundans ad inte1legenda uerba salutis pura ac sincera remaneant. Perlecto euangelio, iterum se signo crucis idem populus w.unire fesmat5, ut quod ex diuinis eloquiis ad saiutem percepit, signatum sigillo cnlcis atque 1UUllittwl permaneat, nec a mentibus eorum ulla cliabolica fraude subripi aut euacuari ualeat.

6. Post recitatwll euangeliulH sacerdos statilll popuIwlL salutatl, orans i11 cordibus eorwn uerba salutis quae percepenmt a Domino confinllari. Suscipit sacerdos offerellda a populo oblata2, ut .ipse qui est inter Deum et ipSUlll popu­lUlU mcdiator3, preces eorum et uota Deo offerat. In qua oblatione aqua llliscetur uin04. Per uinum eniul desi!::,'11atur Christus, per aquam autem popu­lus. Et si uinul11 offertur sine aqua, uidetur intellegi quod passio Christi nil proluerit generi humano. Si autem aqua offeratur absque aclmixtione uini, uidetur intellegi saluari potuisse popultun sine Christi passione. Utnlm.qne ergo miscetur simul, ut l11tellegatur passione Christi 1I'.UndUlU saluatnm, et sine eius passione 110n potuisse mUlldum saluari. Quod sacerdos oblationem a populo suscipie11s, clerus Deo laudes persoluit illterin1,5, ad imitationcm populi israhelitici sumptull1 est, qui oblationcs et nota CLUU lande 11lOduiationis Dco offerre consueucrat6•

Post offerendam pOllÏtur ince11sum super aitare7, diceute sacerdote : Diri­gatur aratia lnea sicut incensum in conspectu tuaB, hoc est dicere : Sicl1t ftl1lluS illcensi acceptus et gratns est in cOllspectu populi, ita fiat oratio mea accep­tabilis in conspectu tuo. Deillde cOlluertens se sacerdos ad poplllum dicit cm1\ silenti09 : Dot/lini fratres, vrate pra me simul et pra uobis, ~tl meunz et uestrum

.V, 35 ; éd. cit., p. 216 : Il Inuentoque loco lectionis, ascendit in ambonem in Ruperio­rem gradum et dicit : Domintts ttobisGu'l11. Resp. : Et cum sPiritu tua_ Quo audito uertit se pontifex et omnis sacerc10talis gradus siue O1nnis populus fitlelis ad orientelll. Et postqua11l dixerit diaconus : Seq~teJ!tia sancti euangelii secundu'/1'I Lucam, siue .M arc~m!, et reliqua, facit crucis signu11l in fronte slla idem c1iaconus et in pectore, simi1iterque episcopus et O1unls popllhu et reuertllntur ad euangelium.» 5) Ordo rom., V, 37; ~d. dt., p. 217 : (I Perlecto eu angelio , iterum se signo sanctac crucis pOPUll1S lllunire ft'stinat. »

6. : 1) Or:lo~om., V, 42 ; éd. dt., p. 218 : (1 Deinde salutat episcopus populum dicens : Dominus UabtSCltm. Poste a dicit : 01'flmts. » 2) Ordo rom., V, 44; éd. cit., p. 213 : Il Deinde transit sacerdos ad suscipienc1as oblationes. l) 3) Cf. T Tm. 2, 5, et supra. c. 1, note;, ; le priltre est identifié au Christ, médiateur entre Dieu et 1eR 110111mes. 4) I,e cOlllmentaire du rite de l'eau mélangée au yiu est inspiré par C;"PRIlW, Epist. 63, 13 ; C.S.B.!.., 3 D, pp. '711-712, peut-être par l'intermédiaire d'ISIDORE DE Sf;;VII,I,E, De eccl. ojj~, l, XVIII, 4-6; P.L, 83, 755-756. 5) Cf. Ordo rom., V, 48 et 53, (éd. cit., pp. 219-220) : Le chant de l'offertoire se poursuit pendant qu'on dispose les oblations sur l'autel. 6) Cf. ISIDORIt~E SÉVlI,IiE, De eccl. o.IJ., I, XIV; P.L., 83, 751-752. '7) Oydo, rom., V, 55; éd. Clt., p. 220 : {( Post ol,latiollem ponitur inccusu111 super altare. l) 8) l's. 140, 2. 9) Ordo

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JEAN-PA UL BOUHOT

sacrilicium Deo acceptabile sU. Respondent Olllnes dicentes : E-mudiat te dominus tn die friblelationis, usque : et (h)olocaustum tuum pin gue liat lo.

Corporale cui superponitur corpus dOluinicum, non aliud quam linteulll esse oportet atque lllunrussÎlllum., quoniam Ioseph linteUlll mundisshnum legitur elllisse ubi corpus DOlniui Îlmoluitll. Nam et liuum punun genllen est terrae, et DOlllÎlms pmum et uerlllll corpus habuit non dissimulatlllt~; et sicut liulllll per multos labores pemenitur ad candic1itatem, ita et qui corpus Christi in se recipere clesiderat, per lllultos bonornm operwll labores et per castitatelll mentis et corporis clebet se reddere 111.undlllll atque candidahml.

7. Dicit sacerdas collectant super oblata et in eius fine: Per omnia saecula saeculorum1, ut supra. Deinde : Dominus ltobiscum, nt supra. SUl'sum corda, tatllquam rucat : Iatn apostolicis et euangelicis praeceptis sufficienter il1Structi et confimtati, corda uestra a terrenis curis surSUlll ad Demu erigite, ut sacri­ficimn quod michi Dea offerendUlll optulistis Deo digne offerre ualeam. Res­pondens popnlus clicit : (H)abemus ad Domintml 2, quasi dicat : Postquam apostolicis atque euangelicis allocutionibus satis edocti sumus et per 1llatlUS tuas sacrificiulU Deo optnlim.us, corda llostra, ut praecipis, iam erecta hahe­mUS ad Dominum, ut suscipere dignetur uotulIl, nostnml. Gratias agalnus domino Deo nostro ; snbaudiendmu de omnibus belleficiis nobis ab illo praes­titis. Dignwll et ius/u///. est; snbaudiendum nt illi gratias agamus.

8. Aequum et salutare : Aequum, icl est iustum, nt Donüno gratias agamus pro omnibus bonis tam corporalibus quanl spiritalibus nobis ab illo cOllcessis ; salubre quoque est, quia salutel11; nobis couferet si digue illum lauc1elllus; nos tibi semper : post cOllfessionelll populi confiteutis dignum esse et iuStU111 ut Deo gratiae repelldalltnr, intennisso populo cui loquebatur, iatl~ cOlluertit se sacerc10s ad Dem1~ Patrem et tamquam ad praeseutem incipit loqui dicells : nos tlbi, hoc est ego et populus tuus, sMnpel', id est oll~lli te1l\pore et in prosperis scilicet et iu aduersis, et ltbiq/te, id est iu O:l~lli loco ; Domine, id est qui dOl11.i­naris Olunium et quae in caelis StUl.t et quae in terra, sancte, id est qui omuia sancta tua benedictioue sanctificas ut sancta fiant; Pater, graece, latine dici­tur genitor : Deus euÏln pater ineffabiliter geuuit Filium.; omniPotens : omui­poteus didtur Deus, quia omnia potest quae illum clecent; ll1entiri eUÎlu non potest Deus, quia ipse lleritas est; mori enim 11.011 potest, quia ill1.m.ortalis est; mntari non potest, quia intlutltabilis est; aeterne Deus: aetenlus est Deus, quia nec initiUll1. habuit nec termillttnl habebit, hoc est nec ipse coepit nec clesinet esse; per Christmll dominum nostrum : Christus graece, latine clici­tur llUctUS. Undus1 est enim Dei filius secundmH hum.anitatem, uon oleo

rom .. V, 56 ; éd. cit., p. 220 : (, Et (polltifex) conuertit se ad populum dicells : Orate. »

L'E .• positio missae précise : « dicit cum silentio »; ell effet, cette invitation à la prière ne Il'adresse pas au peuple mais aux prêtres assistants, comme l'indique encore le début de la formule : « Domini fratres »; cf. !IL A;:';DRIIW. Les Ordines romani du haut moyen â.ge, t. 3, Louvain, 1951, pp. r68-169. ID) Ps. 19, 2-4-II) Cf. Alt. 27, 59. i. : 1) Ordo rom., V, 58; éd. dt., p. 221 : {< '" dicta orutiolle snper Qbla~iolles

. secreta et episcopo alto. uoce illcipiellte : Pel' o111n'ia sec~lla seculorU1n, post salu ti:ltio­nem et exortationel11, fillita prefatione. illci.piallt (licere yllllllun llugelicUl11, id est Sallctl~s, Sanctus, Sanctlls, in 'luo his repetitnr Osam/a.» 2) Delun : cod.

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L'" EXPOSITIO IVIISSAE)) DE REMI D'A UXERRE

uisibili quo unguebantur in lege reges et sacerdotes, qui uerum regem et sacer­dotem praefigurabant, don1Ïllum. IheslUn Christum, sed plenitudine diuini­ta1;1s et dono gratiae, quod uisibili significatur unguento quo baptiza,tos unguit Eeclesia ; hoc est per unguentum uisibile, per. erisma tùdelicet quo unguntur baptizati a sacerdotibus, significatur spirit ale unguentmn, id est plenitudo diuinitatis et donulU Spiritus saneti. Christus tamen non tune est unctus Spiritu saneto, quando super elUn baptizatum uelut eolulT'.ba descendit. Tunc enim corpus sunm id est Ecc1esiam praefigurare dignatus est, in qua baptb,:ati praecipue accipiunt Spiritum. sanctul1'.. Sed ista !l'jstica unctione tune unctus est, quando ueniente angelo ad Mariam. llirginem. uterus eius repletus est Spiritu saneto, hoc est quando humana natura sine uUis praccedentibus hononlID. operu1l1. meritis Deo nerbo est in utero uirginis copulata, ita ut eul!J, illo fieret una persona. Unde et ob hocconfiten:ur illum natum de Spiritu sancto et Maria uirgine. Ullctiolle antem. olei designatur2 plenitudo Spiritus saneti, quonirun sicut cleo optim.o CQ11JUS perfusum.releuat illud atque reereans iOCuri­clUltJ.3 reddit, sic et gratia Spiritus sancti cor quod xepleucrit, in, amore et dilec­tione Dei perfede reparans onUlem. thr.oris maestitia11l quam. l)ro peeeatis prius contraxerat ab eo repellit, ct in caritatis perfectione illucl confirmans4

de spe tùtae .aeternae e:l.."lùtatiollis gaudium subl11.inistrat.

9. Per quem 1I2aiestlltern luam laudant angeli. l\Iaiestas c1idtnr quasi lI~aiQr potestas. Filius enil1l. Dei minoris est potestatis quanl Pater secundnm huma­llitatel1'., quia aequalis est illi secundul1', diuinitate11l. Maiestatem. itaque Patris angeli per ChrÜ:ltmll lauc1ant gratianUl'. actiones illi referentes, quia et ipsi et oll1.11is. creatura pel' ipSUll1• facta est, et numerus eorum qui angelis cadentibl1s im.m.inutusf .u.erat est rcparatus. Ex lloueJ,TI,l autem ordinibus sanctorum. spi­ritUU1l1, lUlUS est or.clo angelonml; quibus inter Demn et bomilles disclllTen­tibus, . ceteri in propria. pem'.anellt digIùtate; uncle et nUlltü interpretantur. ArcllUllgeli antem s~lmmi nuntii interpretantur, quia cum majora lllmtianda sunt hominilms 11011 angeli sed archallgeli mitttmtur. Unde ad beatam Mariam uirginem non angelns secl archangelus m.issus est2, qnia snm,m,ulIl, gaudimn de llatiuitatc Christi mlll.tiabat. Adorant dominationes : Sicut adorant domi­natio11es Patrem. per Christllm, hoc est illi qui aliis llirtutibllS dominantur,

.s. : r) BÈDl!;, Super acta apost. expositio, c .. ro; P.L., 92, 969 D - 970 A : (' Unctus est ergo Ieslls non pleo uisibili, sed dono gratiae, quod uisibili significatur ullg)tento, quo baptizatos ungit Ecclesia. Nec tamen tune unctus est Spiritu sancto, quando super eUln baptizatuUl uelut columba descendit. Tunc enim corpus suum, id est Ecclesiam ·suam praefigurare dignatus est, in qua praecipue haptizatum Spi­ritum sanduln accipiunt. Sed ista mystica et inuisihili unctione tnnc intelligendùs est unctll~, quando Verbulll Dei caro factum est, id est quando humana uatllra sine uUis praecedentiblls bOllo!Um operulll meritis Deo Verbo est in utero uirginis copulata, ita ut Clun illo fieret una persona. Ob hoc cOllfitemur eUIn natum de Spiritu sancto et Maria uirgine. » Ce texte est cité par ALCUIN, Ad/). Fdicem, II, 19; P.L., rOI, 161 A ll. 2) Post. carro designatur, sed antca : designetur. 3) Cod. : iocllndos. 4) Po·st con'. : conÎirmans, scd antea : confirmat.

Il. : 1) Cf. ISIDORIl DIl S~;vn,l,Il, Etym., VII, v, 'f-6, II ; P.L., 1)2, 272 : (1 NOlleru autéll ol'dilleS esse angelorUlll sacrae Scripturae testalltur ( ... ) Angeli uocantllf, propter quod .de caelis ad anuuntiandum hominibus mittuutnr; angellls eniru graece, latine nuntinsdicitur. Archangeligraeca lingua, latina· summi nuntii inter­p!'etatitur ; qui enim pal'ua tlel minima annuntiatit, angeli ; qui uero snmma, archàn· geli nuucupalltur ( ... ) lTllde et eo tC1l1pOl'ë' quo er"t Dominns nascitul'us, et trium­phatul'Us de ltlUudo, Gahriel henit udMariam ut illUlll ullltlmtiaret. 1) 2) Cf.

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148 JEAN-PA UL BOUHOT

ita et hum.anitatem Christi, sicut ipse dicit discipulis : Data est michi potestas in caclo et in terra3 . Quod nequaquam de diuinitate eius quae cum Patre eamdem Semper habuit potestateln, sed de humanitate eins potius est intellegendum. Nichil enim differt humanitas Christi ab eius diuinitate, nisi tantulll quod eius humanitas localis est sicut et omnia corporalia, diuinitas autent inlocalis quia contineri non potest qui ornnia continet. Tremunt potestates : potestates sunt qui in alios potestatem exercent. Caeli caeloru11!que uirtutes : uirtutes caelorum sunt angeli per quos uirtutes operatur Deus in terra. Per uirtutes autem caelo­rum omnes ordines angelonun designantl1r. Ac beata seraPhin: seraphin inter­pretantur ardentes siue incendentes4. Quanto enim propinquiores sunt Deo, tallto magis eius amore et dilectione ceteris ardent. Et uere beata dictmtur5,

quae ex propinquitate singulari sui conditoris incom.parabili ardent amore. Unde ardentes uel incendentes interpretantur 6• Et sciendum quod chentbim et seraphint7, cum proferuntur per .m. litteram, iuxta proprietatem linguae <h)ebraceae, masculini generis sunt. C.um alltem per .11. littera1l1 aictmtur, sicut in psalmis et ymnis et in praesenti gratianttn actione. graeca declinatione in genus neutrale Dmtantur, sicut cuœ clicimus lucida Rydera8, speciosa l1emora, iuctlnda littora, Sic et beata seraphin nentro.li genere et plurali nUlllero acci­pimus. Socia e;wltatione concelebra.nt, id est Patri et coninncta laetitia conlau­c1ant. Non tamell est putandum, quod angeli noce Denm laudent, qui CUlll corpore et lingua carent. Sed uox9 an~elorum est in lande creatorls ipsalO amntiratio inthllae cOlltemplationis. Ad homilles autel1l transenntes, sicut corpus aSSUl.t1ttllt ex crassitudÎlte aeris, itn et nocem httlllanae allocutiouis. Su-lJpliC'i cOllfessione dicBntps : sanctus, sanctus, sanctus, dominus Deus sabaltot. Sallcti al1geli Deum iU1llaiestate sua ueraciter coutelllplantes, Îll lande ipsins ter repetullt sanctus, ut ostendallt Deum trinum esse in personis. nec semel dicullt Sat~ctus ne Filium sequestrare nic1eantur, n€.que bis ne Spiritmu sallctulll sequestrent, non quater ne creatnram COlliuugallt. Ht ut ostendant in eadem Triuitate ll11am esse cleitatem, sub coufessioue unitatîs eamc1em cOl1c1ncluut trinitatem, clicentes : clominus Deus sahahot, et uou : dOlllini diL Pie ni sunt cadi KZaria, id est lande tua, quia sicut te glorifical1t angeli in caelo, ita et hotllÎ.tles in terra.

10. Te. igitur clementissinze. Pater. Igitur, coniunctio est, Coniullgit euim superiora CUlll illferiorîbus, tatnquam dicamns : Qnia, domine Pater, c011fitellwr et creditnus Deum uent.t1l esse, trinum esse in persouis et unum in suhstantia

Le. l, 26. 3) ]lift. 28, r8. 4) IsmOJm Dl> Si-;vII,I,l" Etym., VII, v, 24; P.L.. 82, 275. 5) Un fragment d'ouvrage non identifié, composé à partir de divers textes de l'époque patristique, a été utilisé dans la présente E.o:posUio missae et également dans celle que Fr.oIWs a amplifiée. 6) GRÉGClUŒ, Hom. 34, 10; f!.L., 76, 1252 A : {( Seraphim etio.lll noco.ntur illa spiritunm sanctorum agmina quae ex singulari propinqllitate conditoris sLÏ incompo.rabili ardent amore. Seraphim no.mque ardentes uel incendentes uocantur. Quae, qnio. ita Deo coniuncta sunt ut inter ltaec et Deum nulli alii spiritns intersint, tanto magis ardent, quanto hunc nicinlns uident. ~ Cf. Fr.ORUS Dl': LYON, E.o:positio missae, C. 30, .~ ; éd. Duc, p, 113. 7) JÎn{,~\rE. In H-ieil8chietem, III, lig. 488-+95 ; C.C.L., 75, pp. I05-r:>6; cf. Fr.OlWS Dn !,yO::-i, E.tpo.~itio 11lissae, c. 31, 1 ; éd. Duc, p. II3. 8) Cod. : sydaera. 9) GRF;GOIRlt, Moralia in lob, II, 7, 10; P.L., 75,559-560: « Vox namque al1gelorulll est in laude c('!1ditoris, ipso. o.dmiro.tio intimo.e contemplationis. » Cf. Fr,clRùs DI\ LyON, Evpos·t:o missae, C. 36, 1 ; éd. Duc, p. IIl' ro) Add. cOl'r. in mœrg. psa alllllliratio intilllae ~olltel11plo.tionis. Ad homines mttem Irat/sellnles (?) ,

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L'" EXPOSITIO MISSAE)) DE REMI D'A UXERRE 149

deitatis, et taln magnum esse eredimus ut caelum et terralll. tu impleas1, quia igitur tantae paticlltiae esse te non duùitan~l1s, petinms et oramus ut accepta digneris habere haee dona quae tihi offerÏmus. In primis quae tibi offerimus pro Eccles'ia /ua sancla : Ecc1esia2, hoc est congregatio electonlm, sancta est quia per fidem et haptismum. sanctificatur ; pro rege quoque ideo a ficlelibus oratio est fUlldellda, nt in sanctitate et iusticia uiuat, ne si ipse peccando Deum offenderit, ira Dei in populu1I1 desaeuiat, sicut Dauid fecisse legitur3 . Haer; dona ; dona sunt quae ad hoc dantur, ut gratia illius percipiatur cui clantur. 1\Iunera autem ad hoc largillutur, ut per ea maiora recipiantur. Ht nos pro mllne1:'ihllS temporalibus et donis qllae Deo offerin.us gratiam. illil1s accipere quaerimus, per quam. maiora, hoc est aetemarn beatitudinem recipiamns. Sacrificia ; sacrificia sunt quae sancti­fieando sanda efficiuntur ; illibata StUlt quae llumquarn ante a oblata fueront neque Deo sacrificata uel praegustata, uel etiam incomminata, hoc est quae proprio labore sunt adquisita et non cnm scandalo et offensione alterius adqui­sita. Pacificare est pacem facere, ne ab hoste corporali uel spiritali sine a uitiis camis i111.pugllcmur. A dzmare est in nna fide religionis consociare. Pro papa nos/ro ; ideo pro papa oraudum est, quia sicnt beatus Petrus princeps el.."titit apostolorum, ita est iste omnimn ecclesianun; orandnm est ergo, ut eaput totius Eec1esiae recte ineedat, ne membra capitis in errorem. dedueantur; sic etiam intellegendmn de pontifiee atque eeteris principibus et c1ominatio­nibns sanctae Ecclesiae.

Communicantes. COlIU1ll111ieamus cnm. beata uirgine Maria et ctUn sal1C­tis apostolis, quallclo participationem et eommmlÎonem catholicae fidei C1U11

Ulis habemtls, credentes beatam Mariarn nirgil1em fuisse alIte partul1~ atque post partull'., et eamdem hab entes fidell1. quam et apostoli habuenmt, cre­dentes Deum patren: creatorem esse uisibilitUll et inuisibilium, et domÎ11l1111 Ihesu1l1. Christum eOllceptum de Spiritu sando natul1l. ex Maria uirgine, passum, resurrexisse, ascendisse in caelmn, UelltunllU acl iucliciurn; credentes et in Spi­ritulll sallctmll,. Et omniblls orthodo.ds4, id est omnibus rectanl fidem tenel1-tiInls. Atque catholicall et apostolicae fidei Cl/ltoyibus, id est fidem catholicam et ab apostolis praedicata1l1 seruantibus.

Asc'ripta'm, id est assigllatam; eam nal11qne rem 1l01}is assigllamus, quanl in nostros usus nos habere delectat. Rata'm, id est finnam, in tuam scilicet partem depntatam.; uel ratam dicit iudieatam, ut eam iudices et approbes dignam et sanctam in tuam partem. Ralionabilem, id est ratioue plena111; nl,agis ellim diuinitas Christi ratiollabilis habetnr, quae ad inuocationem sacer­dotis per Spiritus sancti infusionem in ipsam descendit oblatiollem, quam ani­mus hominis qui illum rationabilem efficit.

11. A cdPiens pane'm, fregit. Quare integnuu panell1. nOll dedit sed confrae­tum. ? Ipse paUlS quem dedit significabat se ipsulTl, qui dicit ; Ego sum panis UÙIUS 1• Jdeo ergo confregit illum ut ostellcleret quia sieut ille panis ill02 eonfrac-

IO. : 1) Cf. ]1'.23,24. 2) Cod.: I-Iaecclesia. 3) l,'allusion vise peut-Hre moins l'adultère de David avec la femme d'Urie (d. 2 Sam. JI et 12), qui a pOUf

conséquence la mort de l'enfant conçu par Bethsabée, que le dénombrement dn peuple (2 Sam. 24) qui fut puni par la peste <, entrnÎllant la mort de sob<ante-dLx mille hommes ». 4) Cod. ; ortodmds.

H.: 1) Jn. 6, SI, 2) Ai/i/. torr. i'll mllrg. : illo COl1ftqct1J.Il .. , ille punis,

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150 JEAN-PAUL BOUHOT

tus est, ita corpus' eius quod ille panis significabat confringendus erat pro eis in cruce; et quotienscumque ipse panis offerretur in sacrificio' in'recor­datione suae passionis, om.nia illicita desideria in seipsis pro amore eius confrin­gerent, sictlt ipse pro amore eormu est confractus. Hic èst calix sanguinis mei, noui et aeterni testa menti. NotnulJ. testamentutn dicitur, quia uetus prae­cessit ; ql.loc1 aetemum dicitur in c01l'.paratione illius qüod finem a.cceI>it, inchoante nouo. Nam sicutuetus testamenhun confinnahun est sanguine hjrcorum et taurortU11 atque nihùonun., quando lVIoyses accipiens <h)yso­pnm aspersit pOpulUlP. sanguine animalium dicens : Hic est sanguis testa­menti, quod u'.andauit Dominus ad uos3, ita et c10tninus Ihesus Christus eHuJ sione sanguinis sui confirmanit nouuU\ testrur.entl1l!'., hoc est praeclicationel11 euangelii sui quam populo trac1idit nouo, id est christiàl1o.

J11ysteriu11! fidei. In cbrpore et sanguine Dow.1ni rn.ysterium fjdei eonti­nehrr, quia magnum. mystenum, hoc est secretun~ et occ111turn., quid, in se continehrr, quod nisi per fidew. penetrari et intellegi non potest. Quod4 enim uidehlr, panis est et calix, quod etiarn. oculi nostri 110bis renuntiant.Sed panis est corpus Christi, caIix a~1tem sanguis ejus. Sed licet fidei nostrae hoc forte sufficiat, ipsa tamen fides instructionem desiderat. Potest e11Ïln in animo cuiuspiaw. cogitatio talis suborh-i5 : Dom.inus noster 1hesus Christus nouiillps, quia de uil'gine Maria accepit canlem, nutritus est, crellit, ,crncifixus est, resur­rexit, in cae1um ascenc1it; illuccorpus SUlun leuauit; ibi est ll~oclo sedens acl dexteram Patns ; quon".oc1o est ergo panis corpus eius et calix, ~lel quod habet calix, sanguis eius ? Ista idee dieuntur sacrarn.enta, quia in eis aliud uidetur et aliud intellegitur. Quoc1 uiclehlt speciem habet corporalern, qllOc1 intellegitur fructu!p, habet spiritalem. Corpus igitur Christi si uis intellegere, i\ postolum. audi dicentem. fidelibus : Vos estis cm'pus Christi et 1Jumbrà6, (pli CUl1'1, de ,i~ot sacramento loqueretur ait : Unus panis, unus corpus, multi sum~ts7. Quid est iste unus panis ,? Ul1Ull1. corpus rn.ulti. Pauis nam.que non fit. de uno grano sec1 de multis. Quanclo eXOl'ciZalnllr, id est quandÇ> instih~irnur fide, qtlasi tune rnolinmr. Quando baptizamur, quasi tunc c011spergirnur. Quando ignem sancti Spiritus accipirn,us, quasi coqui111.ur. Hoc ApostolllS de palle dixit. Iarn de calice qilid inte11egeremus, eti8.1l1, 110n dictum ostendiL Sieut e~illJ ut fiat spe<;h~s u~~ibî1is l)anis m.ulta grana in umm!. c011spergtUltur, tam.qnam illud fiatquod de fidelihu'l ait Scriph'lra : Erai illis anima una, et cor j,tnum in Domino8, sic et de liino intellegendlUp. est. Grana !l1,ulta pendent, ~d botnl1n, sec1 liquorgranorum in ~nm confunditur. Ita clornjnnsChristl1~.n()s significauitJ nos ad, se pei:­tinere uolnit, mystenlUP, pads et mlÎtatis nostrae in suam 111e11Sall]. cons~craùi.t. Qui acçipit lllystenum unitatis et n011 tenet' uillcululll pacis, non rnysteriUll\ aecipit pro se, sed testimo11iumcontra se. Coriuersus adDominunl. ....

1

Haec quotienscumque feceritis in mei memoriam facietis, id est in memOri8.11\ mortis meae : seilicet ut hoc agelltes renocetis ad meln.oriam quanto anl.ore l~OS di1exerim, qui pro uestra saInte me tr.orti tradic1erim, ut et nos u~eo amore similia suscipere ne eunctemini, mortificantes uosmetipsos 'uitiis' eteoncupis­centiis, et si necesse fuerit corpora etiam m.orti tradentes. Hoc agel1s .Dominus curn c1iscipulis similitudinern cuiuslibet hamÎ11Îs praetendere uidehlr, qui

3) Cf. Lv. r6 et r7 (?) 4) Qnocl enim uidetur, jusqu'à: Conuersns ad DOlllinum: AUGUSTIN, Serm. 272 ; P.L., 38, 1246-1248. ' 5) Cod. : aboriri ; selon une renîargue de R. ÉtaL...::, cette faute peut s'e:>.::pliqner par l'omission d'une lettre s et la confûsion entre tl et a : talissublJ'riri (= .Augustin); tàli"uboriri; talis aboriri. "6)' r Co. 12, 27, 7) r Co. ra, f,7. E) Ac. 'f, ;P, 9) Orqo "om., V, 58; éd, dt.,

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L'cc EXPOSITIO MISS.-1E" DE REMI D'.~l UXERHE

longe a patria profecturus, qnoc1 carius hahet alicl1i amiconml qni inter rcliquos praecipuns habetur, relinquit, nt in sni memorialP. frequentius illnd intl.lens, animus ipsins in alp,ore amici recalescat; sic et in rebus hmnanis nihil carins, nihil pretiosius pane et nino repperitur, in quilms recorc1ationem suae passionis nobis DomiltuS rel11.emorandam praecepit. Consecratio autem corporis Et sanguinis Christi, 110n excelsa sed potius noce subpressa editur9, ne tantum mysteriJm, palaIn olllnibus fiat atqne hinc quodal1U1\Odo uilius habeatur. Pertur llamque pastores loco atquc ludo talia imitatos, dinino igue esse consnmptos.

12. Terll1.inallte sacerc10te missam. secretam ac clicente : Per iPsum et cmn ipso et in iPso et reliqua, diaconus accedens ad altare, calicem ab altari paulisper subleuat in conspcctu Dom.ini quemadmodum et sacerc10s corpus1, ut sicnt snllt soeii in officio, ita quoql1e fiant et in consecratione. Omnis llamque admi­nistratio cliuini officii ad diacomull pertil1et praeter consecrationem corporis et sanguillis Christi. l clem quoque fit, CUIll corpus dOllinicnm ipse sacerdos sanguini Christi peun.iscet prommtians : Pa;,>; IJo11lini sit semper uobiscum.

Praecept'is salufa1'ibus moni/i, hoc est allimarum. salutem cOllferentilms; moniti, id est commoniti illis, uidelicet quibus Domillus cliscipulos clocuit orandum dicens : Paler ?losfe?' qui es in me lis et reliqua.

Pa;,>; Dornini sil sempe.r uobiscum : Hoc exclammls sacerdos al1ul\onet andielltes ut non in pace mUl1cliali qnilms homines saepe sibi in sua malitia pacificati concordant, adulteri uiclelicet cum adulteris, hondcic1ae cmu hom.ieidis, seel in Christi caritate acl inuicem cOlliungantur nec a nÎllculo clllectionis et pacis se in atiquo separent. Pronul1tians autem : Pax Domini, sanguilli Christi corpus clOluÎllicum permisc(·t2, nt ostenc1at uennn Christi corpus illncl esse corpore et sanguine constans.

DuU\ uero ipSU11l, cliuic1itur in rattes et a singulis eclellc1u11J smuitur, A gn1ls [)e.i, hoc est ipse Christus, ab omnibus illuocatnr, quatillus illius passionem qui pro nobis immolatus est et in cruce cOllfractlls renl .e1l10rantes, CU111 per­ceptiolle corporis eius misericorrliam quoque illius atque inc1ulgentimJ1. peccato­rum facilills il1lpetremus.

Inter haec uero OSCUIU1U3 quocl pacis ac clilectionis est inclicium omnes sihi inuicem tribuunt, nt c1emonstrellt pacem intcgranl nlllctis fic1elihns habenclam quam ipse suis relinquells clixit: Pacem ·yelinquo uobis4, et item: Hoc est praecep­tmn 111eum, ut lIOS inuicem diligatis5. Sicut enitn ipse panis corporis Christi ex multis grallis acll1llitatem perdudt.ur, et ipStml uinun\ ex nnütis grallis botri ad U11um liquorem, ita et Dominus omnes acl se pertinentes in Ulla compagille pacis atque in unitate fic1ei cOllsistere uolnit, et hoc m.ysterinl1! dilectionis et unitatis in ipsa sua mensa consecrauit. Vel etiam OSCUlU111 sibi dallt, ut ostendant per passionem ipsius cuius corpori communicanUls et sanguini Deo patti esse reconeiliatos atque padficatos.

Ile missn est, hoc est receclite ia1l'., quia llota et preces uestrae ad DorninulU Sl'Ult transmissae.

:Ministri altaris in initio fidei nisi cOIP.municassent, aut causam dicere aut excommll11icari iuhebantl1r, ne mysteria diuina 110n recto orcline consecrata fuisse ah illspicielltilms putaretllr ; cuius rei conscii esse posscnt 11l.inistri altaris, qui consecrationem a sacerc10te prolatam aucUre potuenlllt ; quae res inspiciell­tilms scanclalul11 generare posset.

]J. 22I : (' Quae dnm explenerint, surgit solus pontife; et tacito illtrat in callonem. ~ 1:!. : 1) Cf. Ordo mm., V, 6+ (= Ordo ·yom., l, H9). 2) Oydo l'Mil., V, 72 ;

éd. dt., ['. 224 : (c l'ost solntas, ut bis parti1ms mas est, pontificales benedictione~, Pllli. dix~rH : Pif .• pon;j'li sil semper lIobisnllll, nliWt !TI c!illcçm (le S~tlcta, » 0)

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JEAN-PAUL BOUH0T

La médiocrité de la forme littéraire ne doit pas dissimuler une certaine originalité du commentaire de l'Ordo missae conservé dans le manuscrit 804 de Troyes. La répétition de formules semblables, mais surtout la recherche constante du sens moral ou spirituel des rites liturgiques attestent l'unité de la composition. Dès le début la messe est présentée comme une commémoration de la Passion : la mémoire, le souvenir donne la signification de la célébration présente et détermine l'attitude spirituelle de ceux qui l'accomplissent. L'auteur a évité le symbolisme artificiel, qui majore l'importance de détails matériels, comme il arrive fréquemment chez Amalaire ; il ne s'est pas davantage posé la question de la réalité du corps du Christ sous les apparences sacramentelles, comme Pascase Radbert ; dépassant sans les abandonner les explications gram­maticales et archéologiques, il a dégagé la signification spirituelle de l'action liturgique sans entrer dans les discussions théologiques, mais toutefois sans les ignorer: ainsi a-t-il pris soin, pour expliquer les paroles de la consécration, de citer longuement le sermon 272 de saint Augustin, assez simple pour être accessible à tous et assez précis pour être utilisé par plusieurs théologiens de l'époque54• L'Expositio missae du manus­crit 804 de Troyes paraît donc a voir été rédigée vers la fin de la pre­mière moitié du IXe siècle, lorsque le condIe de Quierzy en septembre 838 donna la victoire à l'opposition lyonnaise en lutte contre la réforme entre­prise par Amalaire et a fait pour un temps suspecter l'interprétation symbolique de la liturgie55, mais les parallèles que cette EXPOSÜ1:0 offre avec l'Ordo romamts V peuvent aider à déterminer plus exactement son origine.

L'Ordo rom a n'us V, qui décrit la messe épiscopale56 , n'est connu que par l'intermédiaire de treize copies ou recueils dérivés du Pontifical romano-germanique compilé vers 950, et n'est manifestement pas une œuvre d'origine romaine. En effet, selon Andrieu, dans le cadre fourni

Cf. Ordo rom., V, 73. 4) .ln. 14, 27. 5) .ln. 15, 12. 54· Fr,ORUS DE LYON, E;rpositio missae, c. 62, 5 ; éd. Duc, p. 135 : (, Totum

ergo, quod in hac oblatione. dominici corporis et sallgninis agitur, mysterium est: aliud enim uidetur, aliud intelligitur : quod uidetur speciem habet corporalem, q)l.od intelligitur fnLctum habe~ spiritualem. » l<'lorus emprunte cette phrase d'Augus­tin à l'Expositio missae qu'utilisera plus tard REMr D'AuXERRE (P.L., lOI, 1261 B, lig. 1-4) : (, Myste.rium est, quod aliud uidetur, et aliud intelligitur. Quod uidetur speciem habet corporalem : quod intelligitur, fructum habet spiritualem. ,) - Fr,oRUS DE LYON, De causa j'idei, (qui relate la condamnation d'Amalaire au concile de Quierzy en sept. 838) ; M. G.H., Concilia, t. II, 2, p. 78r, lig. 13-15 : « Sacrallienta sunt ista ; idee atttem dicuntur sacramenta, quia in eis aliud uidetur, aliud intelli­gitur. Quod uidetnr speciem habet corporalem; quod intelligitur fructnm habet spiritalem. l) - RA'tRAMNE, De corPO'YJ et sangztine Domini, c. 93 et 95.

55· Nous avons naguère mis en relation la. critique lyonnaise de la doctrine d'Amalaire et le désir de Charles le Chauve de trouver, vers 843," auprès de Ratramne de Corbie,:un exposé clair sur le sacrement dtt corps et du sang du Seigneur; cf. J .-P. BOUHOT, Ratramne de Corbie. Histoire littéraire et controverses doctrinales, Paris, 1976, pp. 85-87.

56. Cf. M, ANDRIEU, o.c., pp, I73-~o6 ; Introdl1ction à l'édition de l'Ordo romanlls V.

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L'" EXPOSITIO MISSAE)) DE REliU D'A UXERRE 153

par un exemplaire de l'Ordo romamts l, l'auteur a inséré des indications complémentaires, dont les termes sont empruntés au über officiatis d'Amalaire et surtout aux Eglogae de ordine romano du début de la seconde moitié du rxe siècle, et se retrouvent dans l'explication de la messe « NIissa pro multis JJ. L'Ordo roman us V, un peu plus récent que les Eglogae, aurait donc eu pour but, dans cette perspective, de fixer -la célébration de la messe épiscopale en pays franc, en apportant à l'Ordo de la messe papale (Ordo romanus 1), les changements et compléments nécessaires, que certains commentaires liturgiques faisaient connaître.

Les sources 110n romaines de l'Ordo romanus V décrivent plus ou moins complètement les mêmes usages liturgiques et se rattachent directement ou de façon dérivée aux œuvres d'Amalaire, qui a entrepris son premier commentaire de la messe au cours de sa mission à Constantinople du printemps 813 au printemps 814, et qui a composé le second, c'est-à:-dire le troisième livre du Liber officialis, pendant l'été de 823. La tradition directe du premier se réduit aux fragments conservés dans le manuscrit de Zurich, Zentralbibl. C. r02, début du xe s., ff. 87-93v , mais ceux-ci permettent d'assurer que l'opuscule soqs sa forme primitive est la source principale des Eglogae de ordine romano et de l'Expositio cc Missa pro multis n. Ces documents avec le Liber officialis contiennent ensemble les différents éléments d'un Ordo missae gallican, qui, joint à l'Ordo romamts l, a formé l'Ordo romamts V : l'auteur de ce dernier a-t-il, à partir de divers commentaires, comme le pense Andrieu, reconstitué en quelque sorte cet Ordo gallican, ou en a-t-il utilisé directement le texte ? Selon la première hypothèse, cet auteur aurait d'abord réuni plusieurs commentaires, composés à diverses époques, mais appartenant à .la lnême tradition liturgique, puis aurait extrait de chacun d'entre eux des citations plus ou moins littérales du même Ordo missae qu'ils expliquaient; devant les difficultés d'un tel travail, la seconde hypothèse paraît plus vraisemblable: le rédacteur de l'Ordo romanus V disposait du texte de l'Ordo gallican, que différents commentateurs ont également utilisé chacun selon sa convenance. De cette façon, l'origine des trois paragraphes de l'Ordo V," dont Andrieu57 n'a pas identifié la source, s'explique facilement : ils proviennent directement de l'Ordo gallican, mais aucun commentateur ne les a cités. Mais bien davantage cette hypothèse devient certitude si l'on prête attention à l'Expositio missae du manuscrit 804 de Troyes. Celle-ci en effet, d'une part explique le même Ordo que les commentaires composés par Amalaire ou d'après ses œuvres, mais d'une façon entièrement différente, d'autre part ses citations de l'Ordo commenté se retrouvent plus exactement qu'a:illeurs "dans l'Ordo romanus V qu'elle ignore pour le reste. Autrement dit, l'Expo­sitio du manuscrit de Troyes, qui se réfère à ce qui est commun à l'Ordo V et aux commentaires, mais indépendamment d'eux, renvoie nécessaire-

." 57. ""M. ANDRIE;U, O.C.," p. 192 ; il s'agit des paragraphes 20, 6r-62 dan~ le tede de l'Oldo.

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154 jE.-1N-PA. UL BOUHOT

ment à un, Ordo missae dont le texte est distinct de celui des ouvrages entre lesquels il fait précisément apparaître des ressemblances. .

L'Ordo missae gallican, dont l'existence paraît désormais certaine, a été composé avant le début du IXe siècle et était en usage à Metz, puisque son premier témoin, en 813, est pour nous Amalaire originaire de cette ville. S'il a certainement été rédigé en pays franc, il était cepen­dant fortement marqué par l'influence romaine, comme il est facile de s'en rendre compte à travers les commentaires d'Amalaire. Il se pourrait même qu'il soit l'un des premiers témoins de l'effort de roma­nisation de la liturgie, entrepris au début de l'époque carolingienne, et qu'il puisse se rattacher, puisqu'il était en usage à Metz au commence­ment du IXe siècle, à l'œuvre réformatrice de l'évêque Chrodegang (742-766).

Les 'divers ouvrages qui nous font connaître cet Ordo, dont le texte ne nous est pas parvenu, peuvent être classés de la façon suivante :

L'Expos#io missae58 d'Amalaire : I<a première partie a été composée en 813-814 à Constantinople et la seconde un peu plus tard, lorsqu'au retour de sa mission en Orient, Amalaire a voulu donner satisfaction à son compagnon de voyage, Pierre de Nonantola, qui lui avait demandé l'envoi de cet ouvrage.

Le troisième livre du Liber officialis59 : Amalaire a repris de façon plus ample et plus rigoureuse le commentaire qu'il avait précédemment composé ;le Liber ofjicialis sera augmenté par son auteur d'lm quatrième livre et remanié à deu.'\( reprises, vers 831 et en 835.

L,es Eglogae de ordine romano et de quatt1tor orationib11s in missauo : Ce commentaire de l'Ordo missae, qui e1)lprunte son texte à la première Expositio missae d'Amalaire, pourrait remonter à une daté plus haute que celle qui est habituellement proposée et avoir été c01J,lposé vers 820-825, avant la diffusion du Liber officialf,s et de différents ouvrages, comme le Liber de corpore et sang1tine Domini de Pascase Radbert, dont l'influence est manifeste dans les traités sur la Messe et sur le Sacrement du corps et du sang du Seigneur, qui leur sont postérieurs.

L'Expositio missae61 , Missa pro multis ' : Cette explication de la messe

'58':'}.-M. HANSSB~S, Le tra'ilé sur la messe tlu'ms. Zurich C. 102; in Ephem. Li/ur,!! .• t. 41, 1927, pp. 153-185, édition du texte, pp. 161-173. Le mêmCiauteur a procuré une, meilleure édition de ce texte mutilé: A malarii, ePiscOPi, (JpB'l~a litlwgica otn'llia, t. 1 (Studi e testi, 138), pp. 255-28r.' ,

59" J.-M. HANSSn~5, Amalarii ePiscop,i opera littwgica ol'll'llia, t. 2, (Studi e testi, 139), pp. 255-386. .., " " . ,

60. Une édition critique de cet ~uvrage, pitifoisn.ttribué 'à Amàinire; a été pro­curée par J .-M. HANSSENS, Amalarii episcbpi opera l1tlt/"gica omil-i'à, t. 3" (Sturli et testi, 140), pp. 229-265 .

. 6r. J .-M. HANSSENS, Le premier commentai'ye d'A malai'YB Sltr la me.sse ? in Ephem. :L1turg., t.'H, 1930, pp. 29-46, édition de l'ErpositiO'1ifissàe.';pp: 31-42, reproduite dans le troisième yo1!PlIe des œuvres litllrgi!lues 4\A,.rnq1Ilire, pp. 297-31,:j. "

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L'" EXPOSITIO MISSAE)) DE REj111 D'",1 UXERRE 155

qui dépend également de la première Expositio missae d'Amalaire, est probablement- contemporaine des Eglogae.

L'Expositio missae62 dunianuscrit804 de Troyes : Nous avons <léjà indiqué que cette explication a vu le jour vers 840 ; elle évite de suivre l'exégèse symbolique d'Amalaire, et propose une interprétation spirituelle de la messe comme mémorial de 1a Passion du Seigneur. Elle a certaine­ment été composée là où l'Ordo gallican était en usage, c'est-à-dire dans la région où se sont répandues les pratiques liturgiques attestées à Metz au début dUIXe siècle, et que Lyon en 'particulier pouvait connaître, puisqU:e l'archevêque Leidrade(798-814) avait reçu l'aide d'un clerc de Metz,- Amalaire sans doute-, pour restaurer la pratique du chant liturgique. L'origine lyonnaise de cette Expositio missae serait en accord avec les indications notées plus haut au sujet du lieu de composition du re.cueil catéchétique, dans lequel elle a été insérée vers le milieu du Ixesiècle.

,L'Ordo romanus V : C'est une nouvelle rédaction de l'Ordo gallican, dont les termes sans équivalent dans l'Ordo roman~tS l ont été conservés. Cetterornanisation formelle est sans doute relativement tardive et a pu se produire, comme le pensait Andrieu63, vers la fin du IXe siècle.

_ 'i)Expositio missae du manuscrit de _ Troyes, Bibl. Mun. 804, par l'Qrdq, gu'elle explique se rattache à la réorganisation liturgique de l'époque carolingienne et peut-être à l'action réformatrice de Chrodegang de Metz, mais elle rompt avec les commentaires qui faisaient alors autorité et qui avaient été rédigés par Amalaire ort d'après ses œuvres; peut-être composée dans la région lyonnaise, et sans aucun doute dans la partie Est de la Fiance, elle s'applique à fournir une interprétation spirituelle des rites de la niesse; elle passera à -la postérité en partie incorporée à l'Expositio missae de Remi d'Auxerre.

3. ,-- EXPOSIl'IO MISSAE 'MISSA, UT BEATUS ISIDORUS DICIT'

,Nous connaissons trqis manuscrits de l'explication de la messe' Missa, utbeatus Isidorus dicit ' : Avranches, Bibl. Mzt1t. 86, Paris, B.N., lat. 2452 et Vatican, Ottob. lat. 6, mais seul ce dernier a conservé la totalité du texte.

A = Avranbhes, Bibl. M1,t1t. 86 : I,e premier élément (ff. 1-r33) de ce vqlprne, qui provient de l'abbaye du Mont-Saint-Michel (f.r r ), se ter­m~ne par deux Exposüiones mt'ssae :

,. ,

62. Voir supra. notre édition. 6J. ~r . .A)1pR~F,t:, 'o.c,. p. 205.

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I56 JEAN-PA UL BOUHOT

- if. 125"-13F : InciPit expositio missae - Dominus uobiscum. Salutat sacerdos populum et orat64 .

- ff. 13F-133 : InciPit alia expositio - Missa ut beatus Isydorus di­dt ... /1 ... Hucusque prefatio et ortatio ; hinc obsecratio sequitur quae taliter inchoatur : Te igitur, ut supra in alia.

L'Expositio • l'IIissa, ut beatus Isidorus dicit' est amputée du dernier tiers de son texte, car elle n'a été transcrite que dans la mesure où elle complétait celle qui est copiée auparavant. Le manuscrit, qui contient principalement divers opusctùes de saint Augustin, avait reçu, entre 1622 et 1639, c'est':à-dire après l'arrivée des Mauristes au Mont-Saint­Michel et avant la rédaction du catalogue de la bibliothèque de cette abbaye par Dom Anselme Le Miche165, la cote A.20 (f. 3v). L'écriture souvent datée du XIIe siècle, appartient au XIe siècle, et plus précisément la décoration66 de ce manuscrit permet de rapporter sa confection à la décennie 1060-1070.

p' = Paris, B.N., lat. 2452 : A la suite de l'Explanatio in Pail li ePistolas d'Haymon 'd'Auxerre67 , la dernière page de ce manuscrit, écrit au xe siècle, a reçu le début du texte de l'Expositio missae que nous étudions:

- f. 369v : In Chrùti nomine incipit exposihts misse - Missa, ut beatus Isidorus dicit .,. /1. ... Respondit populus salutans iterum sacerdotem et oransll

Dans ce manuscrit, l'Expos'itio missae se trouve rapprochée d'lm ouvrage, dont elle semble avoir utilisé quelques passages se rapportant à l'eucharistie.

v = Vatican, Bibl. Apost., Ottob. lat. 6. Ce volume est formé de quatre fragments de manuscrits copiés au XIe ou au XIIe siècle :

1. ff. 1-14 v : Enchiridion sacerdotale;

2, ff. 15-22v : un quaternion extrait d'un recueil des Opera de temporib1ts de Bède68 ;

64. Cette Expositio missae a été trè-s SOuvent copiée; l'édition la plus récente eS,t celle qu'a procurée J .-:\1. HANSSHNS, Amalarii epis. opera litzlrs., t. l, pp. 28~-338.

65. G. NORTII-:R, Les bibliothèques médiévales des abbayes bénédictines de Normandie, Caen, 1966, p. 80.

66. Fr. AVRIl:" La déco ratio'/! des manusc1'its au.J\lIollt Saint-Jl1ichel,(Xle~XII. siècles), in. l\i1ïllénaire monastique du l\lIont Saint-Michel, t. 2, Paris, 1967, pp. 203-238, yoir p. 206. '

67. Cf. P.L., 1I7, 361-938; H. BARRÉ; art. Haymon d'Au,terre, in Diet. de Spiri­tHalité, t. 7, Paris, 1968, col. 91~97, voir col. 93.

68. Fol. ISr-18v : B!\:D:F;, De na/uru rentm, c. xx, lig. 7 (sllblimeru hllmili sole, hlllUilemque sllblimi. .. ) - c. 1,1 ; C.C.L., 123 A, pp. 212-234 ; f. 2zv ; :)3 RPE, Dç tempor1lm ratiollB, c. IV ; cf. C.C.L., 123 B, p. 253.

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L'« EXPOSITIO ilflSSAE)) DE REJ1!l D'A UXERRE

3. if. 23-30v : un quaternion, numéroté XIII à la fin, avec au f. 28 v une liste des abbés de Nonantola jusqu'en 933 ; il contient des textes divers69 ;

+ ff. 31-75 : extraits du Liber scintillarum de Défensor de Ligugé1 0

et d'autres ouvrages patristiques.

Le premier fragment qui a retenu plusieurs fois l'attention de P. Sal­mon71, est un recueil canonico-liturgique écrit au XIe siècle; il contient les textes suivants :

- ff. 1-9 : Extraits de la Collectio hibernensis72 •

- ff. 9v-II : Ordo missae, édité par P. Salmon, Analecta litttrgica, pp. 198-200.

- f. IIrv : Missam celebrare primum a sancto Petra et sanctis apostolis est institutum ... / / ... discipulos su os orare instituit dicens : Pater noster, et cetera73 •

- if. II v - 14 v : In C hr'Îsti nmnine inciPit expositus missae - Missa, ut beatus Ysidorus dicit... / / ... Quod genus uestimenti scapulare est n011 habet manicas.

-f. I4v : Süb ari .XL. Aufer a nabis ... Alia. De multitudine ... J J ... promp­tiorem. Per; deux oraisons, éditées par P. Salmon, A11alecta liturgica, p. 198, note 5.

Ce manuscrit d'origine indéterminée est le seul, jusqu'à présent, à nous transmettre l'Expositio 'Missa, sicut beatus Isidorus dicit' dans son intégralité: il fournit donc le texte de base pour l'édition; son accord avec le témoin le plus ancien P permet de préférer ses leçons à celles du manuscrit A.

v = Vatican. Bibl. Apost., Ottob.lat. 6. XIe 5., H. IIv.I4V •

P = Paris, B.N., lat. 2452. xCs., f. 369". A = Avranches, Bibl. Mttn. 86, Xl" S., l\Iont Saint-Michel, H. I~ Iv-I33".

69, Ce fragment, qui était probablement le dernier cahier d'un livre appartenant à la bibliothèque de Nonantola, a été soigneusement analys6 dans Les manuscrits classiques latins de la, bibliothèque vaticane, (Documents, Hudes et répertoires publiés par l'Institut de Recherche et d'Histoire des Textes, 21), t. 1. Paris, I 975, pp. 439'4«0.

70. H.-M. Ra CIIAIS , .Defensoriana, in Sacris Erudi1'i, t. <), 1957, pp. 199-264, voir p. 237·

71. P. 8AI,MON, Les manuscrits liturgiques latins de ta bibliothèque vaticane, t. 'l,

(Studi e testi, 253), Città deI Vaticano, 1969, p. 122, na 292 ; t. 5, (Studi e testi, 270), 1972, p. 53, na 228 ; Analecta liturgica, (Studi e testi, 273), 1974, Pp.I9E-200.

72. Roger E. REYNOI,DS, E:rce.rpta jyom the Calle.ctia HibernensÎs in thl'ee Vatical~ manuscripts, in Bulletin of 1'nedieval Canon law, new series, vol. 5, 1975, pp. 1-g, voir pp. '2-3 et note 14.

73. Cf. M. ANDRIEU, Les oY/lines romani du haut mo,Vt'll âge, t, r. Louvain, IC)3I, pp, 265. 349, - p, SAI,110:-l (Analecta liturgica, p, 19R, Ilote 4) identifie ainsi ce texte: « Ordo missae ual aratianttm quiblls oblata Dea sacrijicia consecrantur , .. par Elipand, arch. de Tolède (t vers 780), cf. l'.L., 96, 939, I,XXIII 'J, mais cette courte pièce provient r-1utôt d'Isidore ue Séville, De BCel. olf., l, xv, 1-3, (P.L., .83, 152'.A-753 AL ouvrage beaucoup plus répandu que le Ad EIiPandum de Etherins et Reatns, auquel Salmon renyoie,

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JEAN-PA UL BOUHOT

IN ClIRlS1'I .No:\I1NB INCIPI1' EXl'OSI1'US MlSSAE

1. Missa1, ut 1;Icatus Isidorus dicit, dicta est ab enütteudo; tempore ellim quo sacerc10s Îllcipit COllsecrarc corpus dominicum dicendmn· est EI,. diacono post euangclium uidelicet ; Si quis catecmnimts est, procedat foras; et .quia tunc emittuntur catectuuÎ11i ab ecc1esia, qui nou debeut Îllteresse sacris mys­tètiis eo quod necdnm." sint perfecti, . dicitur 11'.issa ab emittelldo; sine alio mono potest dici lllissa2, eo quod nos inittat ad Deumb • .

2. Antiphona1 ex graeco Îll latiunm interptetatur uox reciproca, duo bus scilicet choris alternatim IJsallelltibus orc1ine commutato, siue de tulO ad Ulmm. Qnod gellus psa1lencli graeci ÎDllenisse tradulltur.

Introitns etian~ appellatur quasi ingressus, quia per illUlll illgr(!ditur quis l1

ad lnissam celebrandam. .

Kyrrieb, douüne ; eleyson, miserere. Christe eleyso12, id est Christe, qui eS UllC­

tus nonC oleo lùsibili secld plenitudinc diuinitatis, nâserere 12ostri. Nam chrislllac dicitut unctio2 : inde Christus, unctus.

,!'it. : I}lcipit aliH expositio A

1.: a) necdum] llondtUIl A h) Deum ad;iJ/ Missa ergo nihÙulhtd intelle/,ritur quam dimÎssio nel absolntio, (iuam celebratis omnibus diacollUS esse pronuntiat cum pop1l1us a solenllli obseruatione 4imittitur. Unde et missall~ cate­clllllinorum canoues dicuut, quando post euangeliilectiùllem incipiullt celehrari sacra lIlysteria, quibns 11Ltllum ni::;i fonte baptislllÎ regelleratulIl iuteresse licet. Tunc euim clamante uiaco11o iidem catecumini mittebantur, id est di11littebantur foras. ~Iissa ergo c;atecumillornm fiebat ante actionem eorundem sacra11leutdrum. ~lissa fidelium fit post confessiollem ei participationem eoruudem sucramentorum. '

I) ISIDORE DR SÉVII,I,E, Etym., VI, XIX, 4 ; P.L., 82. 2j2B : « l\Ilissa; tem:[-ore ::;acrüicii. est qttando catec1Ullneni foras mittulltur, clam ante leuita: Si quis caü'­chumenus remallsit,exeatforas, et inde missa,quià sucraruenti::; altarÎs· ihï:èr"esse 110n possunt qui nondulll regenerati Iloscuntl1r. 1) 2) AMAI,AIRlt. Liber ofjie., III, 36, 6; éd. HAXSSEXS, t. 2, p. 370 : {' 0 utÎna11l quanc10 audimus a diacono : 1 te missa esl, mens nostraad ilIum patriam tendat, quo caput Ilostrum praecessit, ut ibi sil11us desiderio, uhi desideratus cunctis gentibus nos expectatcum sua tropheo. ~ .

~. a) quis] quasi P h) kyrrie add id çst A d) seù "dd de A e) 11am chrisma] chriSlllu llU11lque A

c) 11,011 add de A

I) ISIDORE Dl( StVILI,E, Btynt., VI, XIx,·7; P.L., '82, 252 e,. z)Cf. ISU)0llE; DE SÉ\'II,I,E, Btym., VI; XIX, 50 j P.L·.,'S2, 256 B-C: «ChrIsme. graeee, latineullctio 1l011lluatnr, ex cuin5 l1omine, ct Christttsdicitur, et homo post lauuc1'um stmcti­ficutul' * ; cf. ibid., VII, II, 2-3 ; P.L., 82, 26.fB-C.

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L'I( EXPOSITlO MISSAE» DE REMI D'A UXERRE

3. Post kyrrieieysoll c1icit sacerdos : Dominus uobisCUJIl, salutalls populum et orans ut don\Ïnus sit cmn eis sicut clignatus est prornittere per prophetatn" dicens : Inhabitabo 1 in illis et inaYl'lbuZabob ; et iuria quod Saluator dixit disci­pulis suis et in illis omnibus fidelibus: Ecce ego lIobiscum slttn omnibus diebus, USqUB ad consunzmationem saeculi 2• HaIlc autem salutatiollem legiturc primus dedissed Booz3 messoribus suise.

RespOllclit populus salntans iterl1in. sacerdotem et orans! ut sicut ille opthuit ut donünus esset Cl1111 eis, ita sit etg Ctun: illo,diceilS : Et climsp-iritu tuo, id est ctml. animo tuo sit omnipotens Deus, ut digne pro nostra saiute euro exoresh •

Delllde clic(!l1S : Oremus, inl1itat SCCUlll. populumi ut sil1uÙ orent: quapropter adclinus k debet esse populns usque quo sacerclos hicipiat diccre : Per omnic~ saecuJa saeculorum.

Sequitur collecta4, quae dicta est a collectione, eo quod ex auctoritate diui­llarum scripturanUll sint1 collecta quac in ecclesia legmltur, sicut iUa ffi • de tribus pueris.

4. Dehinc sequitur ledio apostolica ante cuangeliull\ nOll causa cligp.itatis sed ad ll1.orem l1 apostoloruln, qui ante don1.Îl1um ibant sicut cllangeliull1. narrat, quos m-ittebatb dO'lllinus binos ante se in omnelll locwlt qua erat ipse !ten/urus]. Epistola autem dicitur sl1penllissa2, eo quod super uetus testa111.entnrn.ct euallgeliull1. lllissae sU11t non causa dignitatis, sed ut si quis enal1gelium fuerlt transgressns, ibi il1.ueniat m.cdicinam salntisc•

Postlll.odu1l\ calltatur responsoriul1l quocl dicitur a resl)ondendo, quod UllO

illchoante, reSpOl1dellt alü. Cantatur etd uersus, clictuse a uertelldo, quod ilIo term.iuato, iterumf respollsorium a capite repetatur.

a. : a) per prophetam] propheta P b) inalllbulabo atld et ero ~loru!l1 Deus A c) legitur am V d) cledisse] dix.isse A e) suis adtl id est: Dominus uobiscU111 A f) et orans sic d,·s. P gl et am A h) eUlU ex ores] exures eUlU A i) seCU111 populUln] POPUltUll seC1l111 A k) qua-propter adcUntts] quoniam adclinis A 1) siut] sit V m) illa 0111 A

1) 2 Co. 6, 16. 2) Mt. 2R, 20. 3) Cf. Rt. 2, 4· 4) coU,'cta, qui désignc une oraison, dérive de collectio (cf. n. CAPJ(I,I,H, « Collecta ~, in l'J'avau.I" liturgiques de rlVCtl'ine et d' histoire, t. 2, J,ouvaill, 1962, pp. 192-I99) mais l'~, opinion arbitraire» d'apx:ès Capelle (o.c., p. 199), selon laquelle « ex auctoritate diuinarum scripturarum sint cullecta 'luae in ecclesia leguntur )l, p<!urrait tirer son origiue de la permanence de l'ancien usage gallican de la récitation du càntique de Daniel au début de la messe, car c'est à cet usage que se réfère clairement l'expression qui suit immédiate­ment l'explication précédente.: «sicut illa de tribus pueris )\; cf. P. S.\I,MON, Le lectioJlnair8 de Luxeuil, t. l (Collectallea biblica latina. 7), Rome, 1944, p. 9, note r.

4.: a) ad morem] a more A b) narrat quos mittebat usquc ad sed ut si quis euangeliulll am V cl salutis O'/n A d) et om A e) dictus] qui dictns est A f) iternm] item A

1) Lc. 10, 1. 2) HAYMON D'AUXEIun-;, Jn EPis!. ad Rom., Prol.; P.L., 117. 362 D - 363 A : « Hpistola, graeco .uocablllo, latine dicitul: anpermissa .( ... ):B:pistolae autcm ist,le itlc1rco. dicuntur SUIH!rmissae net .additae, co quod super lletus Testa­mentUl1l et gratiam Enangelii L .. ) ab a}Jostolo sint misslle credentihns; ad resccnncla rraesentia atque orientia uitia : et ut si quis trallgressus fuerit F.uallgelhun, hic

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160 JEAN-PA UL BOUHOT

Dehine cantatur : .-llle/uia, quod c-x hebraeo in Iatintm~ sonat : Laudate dOm,intll11S. Nam Allelu dicitur Iaudate, la nomen Dei est unuru ex decem uominibus quibus uocatur Deus apud Hebraeos.

5. Rinc sequitl1r euangeHun!, quod de graeco in latinum souat bonum nUll­tium1 ; et quod est melius mllitium ql1um istudR : Paenitentiam agite 2, adPro­pinqztabit enim regmtm caelontmb , et cetera quae in euangelio diclmtur de incarnatione filii Dei et de clus nùracnlis, predicatione, passione, resnrrec­tione atque asceusione, de gloriac electomm et dampnatione reproborum.

SaIntat diaconus popuhun dieens : Dominus uobiscutn. Iterumque populus resalutat emn.d. di cens : Et Will spirtittt hw. Dieite : Sequentia sancti euangelii secundum 1YJatheum nel1YIarcutn uel Lucam uel Iohanneml , eo quod post prae­cedentia euangelii sequanturg ista. Unde quando initium euangelii alicuius euangelistaeh legitur, non dicit diaconus : Sequentia sancti euangelii, sed statim post salutationem ordinem legit. Idcirco autem additur: Secundwn ivJatheum aut l11ttrcwmi , ut intellegatur secundlllil quem euangelistam lectio illa legatur. Potest et ita illtelligi k quod dicit : Sequentia, ut ea quae seql1l111tur post salu­tationem in illa leetione secundmn illum euangelistam eontineantur.

6. Post euangelium salutat itenllnR sacerdos populum dicens : Dominus uobiscum, et inuitat illum seellm pariter orationem dicens : Oremus. Sed licet apud nos tunc collecta inter offerendam et euangelitun non dieatur, apud Graecos tamell collecta dicitur1. Itab autem potest intellegi secuudtun quocl apud nos fit, ut oIlluis pOpUlllS orationi insistere illbeatllr interclulllC oblatiollem suam oiierat, quatenus illonu1l. oblatio accepta sit domino.

inueniatmedicinamsaIutis ( ... ) Sunt supermissae non digllitatis causa quod super­excellant. sed ad compIetion~lU Ulorum postea scriptue. ,) 3) ISIDORE Dl~ SÉ­nU,n, Etym., VI, XIX, 19; P.L., 82.253 C : « Allelt\Îa cluornm uerbotum interpre­tatio est, hoc est, Iaus Dei, et est Hebraeum. ra enim unum est de decem nomil1ibus quihus apud Hebraeos Deus uocatur. ~

o. a) istur1] illud A b) adpropinquabit ellÎlll regnulll caelorulll om A c) gloria add quoque A d) eum am A e) dicit] deinc1e A f) ueI Marcum uel Lucam ueI Iohannem om V g) sequal1tur] sequuntur A post corr. h) euangelistae am A il aut Marcum om A kl et ita intelligi] et ita intelligi et (?) Vesse aliter intelligi A

1) Cf. ISIDORE DE SÉVII,LE, Etym., VI, II, 43 ; P.L., 1-!2, 234-ou 4, 17·

2)' Mt. 3. 2

6.: a) saIutat iterum] iterU111 salutat A h) ital aliter A c) illterdu111] illterim dl1lll A d) dehinc] c1einde A e) hoc om V f) sequitur] sequuntur A g) dictus] dicti A h) iungallt] iungat A i) pro me am A k) pariter mellm] meum pariter A 1) domino] in cons-

,pectu do mini A m) Iahiis tl1is] ore hto V

1) L'offertoire débutait par une invitation à la prière: Oremus, qui n'était pas suiVie d'une oraison; cf. AMAI,AIRE, Liber offie., III, 19. 18; éd. HAN'SSENS, t. 2,

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L'ti EXPOSITIO· MISSAE Il DE REMI D'A UXERRE 161

Dehincd sequitur offerenda2, quae inde hoce nomen accepit quod tune populus sua munera offerat. Sequiturf et uersus a uertendo dictusg, eo quod in affe­rendam reuertantur, dum repetitur offerenda.

Quibus expletis conuertit se sacerdos ad populum petens ut iunganth preces suas precibus eius et mereatur exaudiri pro salute illorum. Hoc ergo dicendun1 est a sacerdote : Orate pro me1, fratns, ut pariter meum k et uestrum sacrificium acceptum sif dominaI. Adclinans ergo se populus orare debet: Sit dominus in corde tua et in tabiis tuism, et suscipiaf sacrificium acceptum sibi de ore tua et de manibus fuis pro nostra omniumque salutes.

7. Hucusque praefatio1, id est praelocutio et allocutio populi. Hinc sequitur exhortatio : Sursum corda. Hortatur sacerdos populun\, ut sursum l>abeant~ corda ad Deum intenta, ut illorum sacrificimn acceptum sit eL Responditb

populus : Habemus ad dominwm, id est, hortaris ut habeamus corda nostra sursum eleuata ad diuinam contemplationem, ita habemus. Hortatur iterum : Gratias agamus, sinrlliter ego et uos, domino Dea nos/ra, propter innumerabîlia beneficia eius. Responditb populus et affirmat ita dignUTI\ esse : Dignum, inquitc, et iuslum est, ut agamus gratiasd domino Deo nostro.

8. Hanc exhortationem quae sequitur Gelasius'" composuit1. Affirmat iterum sacerdos uocem populi et conuertit se ad Deum patrem dicens : Vere dignum et iustum est, id est sicut tuus populus respondit dignum et iustum esse tibi gratias agere, uereb dignum et iustum este, et aequttm, quodd idipsum est. Nam aequum dicimus iustum. Salutare este, hoc est salute plenum, quia! ad nostram corporis et allÎn\ae pertinet salutem. Tibi gratias agere, et hoc non ad horam sed

p. 316-317. 2) La première attestation du mot offerenda (offertoire), qui n'ap­partient pas au vocabulaire liturgique romain, est fournie par AMAI,AIRÈ, Liber offic., III, 18, Tit. : « De officio quod uocatur offerenda •. 3) Formule proche dans l'Ordo missae du sacramentaire d'Amiens de la seconde moitié du !Xe siècle: $ lnde uertat se ad populum dicens : Orate, fratres, ut uestrum pariter et nostrum sacrificium acceptabile fiat Deo. -Et respondet populus : Bit Dominus in corde tuo et in labiis tuis, et recipiat sacrificium sibi acceptum de ore tuo et de manibus tuis pro nostrorum omnium salute »; cf. V. LE;ROQUAIS, L'Ordo Missae du saara­mentaire d'Amiens, Paris, Bibl. nat. ms. lat. 9482 (IXe s.), in Ephem. Liturg., t. 41, 192 7, pp. 435-445, voir p. 442 •

7. : omA

a) habeant] habeat V b) respondit] respondet A d) agamus gratias] gratias agamus A

c) inquit

1) ISIDORE; DE SÉVII,LE, Etym., VI, vm, 9; P.L., 82, 238 : « Prooemium est initium dicendi ( ... ) hoc autem uocabulum apud nos interpretatum praefatio nuncupatur, quasi praelocutio. ~ Sans aucun doute, l'auteur de l'Expositio missae appelle praefatio l'invitation àla prière « Orate pro me, fratres », sa réponse par le peuple et la prière de la Secrète, mais non pas les mouitions qui précèdent le canon, comme les désignait saint CYPRIEN, De dom. orat. 31 (C.S.E.L., 3 A, p. 2~9, lig. 14 -16) : « Ideo et sacerdos, ante orationem, praefatione praemissa parat fratrum mentes dicendo : sursum corda », ni le « Vere dignum et Ïllstum est t, comme cela est devenu habituel dans l'usage gallican à partir du VII" ou du Ville siècle; cf. B. CAPELI,E, Problèmes textuels de la préface romaine, in Mélanges Jules Lebretoll, t. 2 (= Rech. de Sc. rel., t. 40, 1952), pp. 139-145 : « Praefatio » d(ms les Saaramentaires romains: C. MOHRIrfANN, Sur l'histoire de praefari· praefatio,. in Vil;iliae Christianae, t. 7, 1953, pp. 1-15 (= Études sur le latin des chrétiens, t. 3, Roma, 1965, pp. 29I-305).

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JEAN-PA UL BOUHOT

semper et ubique, id est omni temJ..lore et in omni loco. Et gratiae quas tibi debemus offette, per dominum Ihesum Christ~lm sunt offerendae, qui est media­tor2 inter te et nos, et qui est pontife.x:3 pontificmTI.

9. Per quern, id est per Christum, maiestatem tuam laudant angeli, quia per illum: sunt creati. Et non solum angeli per illum facti sunta et per ilium laudant Demn patrern, uerum etiam. illae uirtutes caelorum, quae super alios dominationem et potestatem habent, per ilium adorant Deum patrern et tre­m~mt, quia per Christum sunt factae. Caeli1 quiab per illum sunt facti, tunc laudant Deum patrern, quando nase prouocant ad laudem Dei. Caelor~lmq~le uirtutes per Christum laudant Deum patrem, quia per illum suntd factaee. Nouem2 aute.m suntf ordines angelorum. Beata seraPhin socia, id est commturi, ex~tltatione nobisctun celebrant et laudant. Seraph3 singularem numerumg,

sieut eth cherub tantunl habet. In pluralitate uerbo seraphin per .n. neutri generis! est. Unde hick pluraliter beata seraphin neutri generis pontmtur. Si uero dixerim,us seraphim per .m. pluralis numems erit etl masculiui generis. Seraphin4 autem interpretantur ardentes siue incendentes, eo quod semper ardeant etm incendantur amore et contemplatione omnipotentis Dei. SupPlici conjessione, id est htunili laudeD •

8. ; al Gelasius aJd papa A quod om A el est om A

b) uere am A f) quia] quoniam A

c) est om A d)

1) L. DUCHESNE, Le über pontificalis, t. l, Paris, 1886, p. 255 : " Gelasius ( ... ) fecit etiam et sacramentorullI praefationes et orationes cauto sermone. l) L'autel1r de l'ExposUio missae a pu attribuer la composition d€' Q Vere dignum et iusturn est ~ au pape Gl;!lase, parce que cette' exhortation' était IH,bituellement dfsign~e sous le nom de praejalio. 2) Cf. l Tm. 2, 5. 3) Cf. Hb. 4, 14.

9. : a) faeti sunt] sunt faeti A b) quia] qui V c) quando nos ttsque ad laudant Deum patrem om V d) SUIl.t om A e) factae] facti A post corr. f) nouem autem sunt] sunt nouem A g) singularem llUme-mm] singulari numero A h) et am A i) generis om V k) hic] hoc A ; 1) et om A m) et] uel A 11) laude add dicentes A 0) do minus] dotninum V p) cuius om A q) dicit] diJdt A r) est] eius V s) saius add in excelsis A t) autem] uero A u) seraphim] seraphin A v) idipsum usque ad turbae leguntur om A wl uero] quo-que A

I) La signifie a tion du mot caeli est difficile à préciser, car les textes de l'Écriture ne mentio=ent aucun ordre angélique de ce nom. L'e:li;égèse " spirituelle ,) d'Amalaire s'oppose à l'interprétation « physique l) de l'EJVpositio missae ' Dominus uobiscum' ; cf. ].-:l\f. HANSSE:s'S, Amalarii ePiscaPi opera liturl;ica omllia, t. J, p. 300 et 302, n. q d'une part, et d'autre part p. 29I, n. 3 et 1:. 293, n. 7. Nous avons dans notre texte ttlle sorte de compromis entre ces deux: positions extrl!mes. Cf. B. C'APEr,r,E, Problèmes textuels de la pr4face. romaine, in Mélanges ]Hles Lehreton, t. 2 (Rech. de Sc. rel., t. 40, 1952), pp. 145-15° : Caeli caeloYltmque uirtutes. 2) ISIDORE DE SÉ;VIT,r,E, Etym., VII, v, 4; P.L., 82, 272 : « Nouem autem ordines esse angeloIum sacme Scripturae testantur. l) 3) Ces remarql1es sur la variation du genre des mots' Seraph:' et . Cherub' au pluriel figuraient déjà dans l'Expositio tII·issae du manuscrit 804 de Troyes (c. 9, note 7) et clans celle que FloIus de Lyon a ampli­fiée. 4) Cf. ISIDORE DE SÉVILI,E, Etym., VII, v, 24 ; P.L., 82, 273-274.. 5)

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L'« EXPOSITIO lIIISSAE)) DE REl\lI D'A UXERRE

Cum dicimus ter: Sanctus, sanctus, sanctus, et semel : Dominus o, ostendimus olllnipotentelll Deum trinitatem habere in personis et unitatem. in substantia. Sabaoth 5 ex hebraeo sermone in latinUlI\ translatum, sonat exercitunm. uel lllilitiarum siue uirtutnm : Deus autem onmipotens, dominus sabaoth dicitur, quia omnis exercitus et lllilitiae uirlutesque angelonun nu senlÎunt, cuiusp gloria, id est diuinitate, Pleni sunt cadi et terra, quia om.nia im.plet iuxta quod ipse dicitq : Caehtm et terram ego impleo 6• Osanna hebraeus sermo est et estr integer: Osyanna'. Osy enim apud Hebraeos dicitur salua; anna autem inter­iectio est obsecrantis; et dicitur osanna, salua nos siue saluifica siue saluss

ut in praesenti loco ; in ei~celsis autem dicitur salus, quia per ilium saluantur angeli in caelis et bomines in terra. NotandUlll. autemt quia quod dicimus : Sanctus, sanctus, sanctus, Dominus Deus sabaoth, pleni sunt caeli et terra gloria diuinitatis tuae, ex uolmnine IsaiaeB stunptmn est ubi seraphiInu leguntur idipSUIllv cantasse; qnod uero snbseqllÎtur ex euangelio!l sumptum est nbi turbae leguntur acclamasse donlÎno : Osanna in excelsis. Illnd uero'" quod snbitmgimus dicentes : Benedictus qui uenit in no mine Domini, IgnatiuslO

martyr legitur apposuisse.

10. Hucusque praefatio et hortatio; hinc obsecratiol seqnitur quae itaa

illchoatur : Te igiturb clementissirne. Idcirco autem cOllSuetudo nenit in Ecclesia ut tacite ista obsecratio atque cOllsecratio a sacerdote calltetl1r, ne uerba tam sacra et ad tallttun mysteritun pertinelltia l1ilescerent, dnm pene O1l111es per l1S111n ea retillentes, per nicos et plateas aliisque locis nbi non conuenÏret eaden~ cantarent : tUlde ferlnr quod qnodam tempore allteqUaID. ista cOllsnetudo ino­lel1isset, dum pastores in agro decantarent diuÏIlÎtus Sl1nt percl1ssi2.

Benedicas haec sacrificia inlibata. Libare sub UllO sensu dicitnr fnndere. Ullde legul,us in llbro regum. quod Dauid libal1it aql1alIl; Domino sibi delatam3,

id est fudit ilIam. Sub allo uero sensu lib are dicitur gustare et libata res prae­gustata. Unde et inlibata dicuntur sacrificia, id est non praegustata, sed iutegra adhuc manentia.

Cf. ISIDORE DE SÉVII,I,E, Etym., VII, 1, 7; P.L., 82, 260. 6} Cf. Ir. 23, 24· 7} ISIDORE DI·; SÉVII,I,E, Etym., VI, XIX, 22-23 ; P.L., 82, 254 : « Oslanna in alterius linguae interpretationem in toto transire non potest. Osi enim saluifica interpre­tatur; anna interiectio est, motum animi significans sub deprecantis affectu. Integre autem dicitur osianna. II 8) Is. 6, 3. 9) MI. 21, 9. JO} l,'accla­mation : (, Benedictus qui uenit in nomine Domini ~ figure dans le récit de l'entrée triomphale de Jésus à Jérusalem (Mt. 21, 19); son introduction dans la liturgie par saint Ignace a peut-être été suggérée par une indication de CASSIODORE - ÉPI­PHAN:B:, Hist. eeel. tripartita, X, 9, l ; C.S.E.L., 71, p. 596 : (, Dicendum tamen est, unde sumpsit initium, ut in ecclesia antifonae decantentur. Ignatius Antiochiae Syriae tertius post apostolulU Petrum episcopus, qui etiam cum ipsis degebat apos­tolis, uidit angelorum uisiollem, quolUodo per antifonas sanctae trinitati dicebant hymnos. Isqne 1l1odum uisionis Antiochenae tradidisse probEttur ecdesiae et ex hoc ad cunctas transiuit ecc1esias. ')

10.: a} ita] taliter A b) Te igitur add ut supra in alia et sic des. A c) quia] qui V

I) Après la praeji:ttio et l'e,'dlOrtalio (de l'Orate jratres à la fin du Sanctus), qui sont mentionnées ensemble, vient l'obsecralio (à partir dtt Te igitur jusqu'à la fin ùe la prière Hanc igitur), que suivra la cOllueratio (à ;;.artir du Qttant oblationem). 2) Un esemple sembh.ble est rapporté clans l'E;>.;positio missae du llHm~lscrit ~,Q4

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JEAN-PAUL BOUHOT

In primis quae tibi offerimus pro Ecclesia tua. Reddit eausam saeerdos, pro quibus illa saerificia offerat, et dicit se im.primis, siue princip aliter, pro Eeelesia offerre catholica, id est llniuersali. Quam pacificare digneris, ut paecm habeat ab hereticis, a paganis et sit illa pacificata; adunare quae dispersa est per paganos hereticornm dogmate.

Papa, secundum qnosdam dicitur admirabilis, dicitur et coronatus, sed quod m.elius est pater patnun et pater episcoponun. Orthodo.t:us4, rectae gloriae et rectae fidei homo, qui per rectam fidem ad rectam gloriam regni caelestis tendit : nam horto dicitllr recte, doxa, gloria.

Hoc sacrificium laudis pro se sltisque filiis parentibus et ad se pertillentibus. Sacrificium laudis dicihu, quia in lande illius offertur. Non enÎlU nostra ei damus sed sua ei reddimus. Pro spe salutis, id est pro uita aetema, quae est uera salus, quam electi expectant. Reddunt uota, id est saerificia.

Communicantes Stunus beatae 1'.1 ariae omnittmque sanctorum, id est parti­cipantes fidei illonun quiac eandem fidem habelnus, quam illi habuerunt.

Hanc igitur oblalionem seruitutis nost'rae, quia clignum est ut senms suo seruiat domino. Raee quidem omnia, id est orationem, obsecrationem atque consecrationem, princip aliter Gelasius5 eomposuit, sed beatus Gregorius6

addidit Inmc uersicultlln : A tque ab aete'rna, nsque : per ChristuJ/l.

11. Hucusque obsecratio, hinc sequitur consccratio, ita htcipicus : Quanz oblationenz, et pertingit usque : nobis qttoque peeeatoribus. Benedictam facere digneris, ut tu benedicere eam diglleris ; adseriptam, id est in tuam partem ealn assumere digneris, ut tua sit : uam adseribi est dari et propriulII faccrc ; ratam, id est iudices cam dignant tibi ut transeat in corpus filii tui : nam reor dicimus indico ; rationabilem, ille qllidem panis et illud uiUllln per se irratiollabile est, sed orat sacerdos ut ab illo ratiollabiliter tractatus et ab omnipotenti Deo consecratus, rationabilis fiat, transeundo in corpus eius filii, ut nobis, id est ad nos tram salutem liat corpus et sanguis dilectissùni filii tui, quia in ueritate post consecrationem uenllU corpus Christi et uerus sanguis est.

Hoc autem quod sequitur : Qui pridie, usque : in nzei 'memo'ria11l facietis, apostoli in usum habuenntt post Domini ascensionem. A eciPiens hune prae­clarurn calicern. Ideo dicit bunc accepit, quia sicut diuillitas Verbi Dei Ulla est, quae totum mUlldum impletl, ita licet multis in locis et innumerabilibus diebus illud corpus conseeretur, non sunt multa corpora Christi ncque multi calices, sed unum corpus Christi est et tmus sanguis cmn illo, qnod assmllpsit in utero tÙIginali et quod dedit apostolis. Diuinitas enim Verbi replet illud quoda ubique est et coniungit ac facit ut sicuti ipsa uua est, ita et mud cOlliun­gatur corpori Christi et sit unum corpus eius in ueritate. Unde animaduertendmn est quia siue plus siue minus quis percipiat ex illa consecratioue, omlles aequa­liter integerrÏme sumunt, et generaliter omnes et singulariter unus. 1vlysterium

de Troyes (c. II, fin). 3) Cf. 2 Sm. 23, If.. 4) ISIDOlm DE Sf.:VU,r.I~, Etym., VII, XIV, 5; P.L., 82, 794. 5) r:attribution à Gélase de la compositi0l1 du canon de la messe représente probablement une interprétatio1l de la phrase du Libey pontiPcalis, citée sttpra, c. b, note I. 6) L. DUCHESNE, Le Liber pontijica· lis, t. l, Paris, 1886, p. 312 : « Hic (Gregorius) flugmentauit in praedicationem cano­uis diesqtte l1ostros in tua pace dispone, et cetera, » r/auteur de l'Expositio a compris que Grégoire a ajouté le membre de phrase qui vient immédiatement fl;,Jrès celui <lui est cité dans le Liber POlltijicalis.

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L'«EXPOSITlO MISSAE)) DE REMI D'AUXERRE 165

fidei est quia credere debenms quod ibi saJus nostra c011sistat. Prouidens cnim nobis deditb hoc sacra111entum salutis 2, ut quia nos cotidie peccau\us et ille iau\ 11011 potest mori, per istu:m sacramelltum corporis sni remissionem COllse­quamur. Cotidie enim ipse com.editur et bibitur in ueritate, et tametl iuteger uiuusque et immaculatus manet. Sed cum lllysteriulll sit, quod aUnd significat, si in ueritate corpus Christi est, quare appellatur mysterium ? Propterea utique quia post c011secrationem aliud est atque aUud uic1etur3 : uidetur siquidem panis et Uimilll., sed i11 ueritate corpus Christi est et sanguis. Consulens enim omllipotens Deus infimlitati nostrae, quia usum non habemus cOllledere cru­dam camem et sanguinetn hibere, facit ut et in pristina forma renlaneant illa duo m.unera. Et tamen in ueritate sit corpus Christi et sauguis sicnt ipse dixit: Caro, inquiens, mea uere est cibus et san guis meus uere est polus.

12. Unde et me1l1ores sumus, id est propter hoc quod dixit : Hoc tacite in meam commemorationem. Hostiam puram, id est sacrificillIn uenun; imma­cHla!mn, 110n de rapina, pane1ll uitae, quia relllissionem praestat delictorum et nitam aetenmlU.

11. : a) qnod] que V h) deditaddnohis V

I) HÉRIC n'AuxERRE, CoUectanea, éd. R. QUADRI, l CoUec/mua di Eirico di Au,-rB-rre (Spicilegium Frihurgense, II), Frihourg, Suisse, 1966, p. 122, lig. 10-22 : (, De sacramento - Ricut una est diuinitas quae totum mundum replet, ita corpus Christi ql.lamnis in diuersis ml.lndi partihus a dinersis saceràotibus cOllsecretur, unum tamen corpùs Christi esse constat et non diup.rsa. Sicut corpus Christi, quod c1e Mnria tnlit, ratiom .. bile fuit, constans ex carne et anima, ita et corpus illud, quod cOllficitnr in Ecclesia 11 sacerclotihus, fit omnino rationabile, quia ad inuocationem sl>.cerdotis et Rpiritus Sancti praesentiam, eadem diuinitate repletur, qua corpus Christi repletnlll fuit ah ipsa conceptione. Quanto enlm maior est c1illinitas Christi quam anima rationalis hominis, tanto et rationabilior. Et quemadmodllm ipsum Christi corpns non fuit phantasticnm, sed \termn et rationabilitatis capax, ita et oblatio a sacerdotlbns consecrata non phantastice dicitnr corpus Christi, secl uere corpus i11ins esse constat, id est eius cliuinitate plenum. ») Dans ce fragment, Héric d'Auxerre, vers 875. rapporte l'enseignement qu'il a reçu vers 855-859 de Haymon d'Auxerre; effectivement, l'œuvre de ce dernier contient plusieurs el rosés analogues à celui du fragment: HA YJ.Io,ON D'AuXER1<E, E,-rpositio in e.p. 1 ad Cor. 10

(P.L., Il7, 56'f C-D); In ep. [ ad Cor. II (P.L.., 117, 570 D - 571 D) ; [n ep. ad I-lebl'. 10 (P.L., 117,889). 2) HAVMON n'AUXf:RRE, E-rpositio hl ep. 1 ad Cor. II; P.L., 11/, 5i2 C-D : « Rieut caro Christi quam assumpsit in utero llirginali, uerum corpus eius est, et pro nostra saInte occisum, ita j:anis quem Christus tradidit discipüis suis omnihusque praedestinatis ad uitam aeternam, et quem quotiilie consecrant sacerdotes in Ecc1esia cn111 uirtute dininitatis, quae illum replet panem uerum, corpus Christi e!'t, nec sltnt duo corpora illa caro quam assumpsit, et iste pauis, sed unl1m uernm corp~s faciunt Christi: intantum ut dum ille frangitur et comeditur. Christus immoletur et comec1atur, et tamen integer lttaneat et uÏtms. Et sicut illud corpus quod in cruce deposuit pro uostra saInte et rec1emptione est immolatum, ita quotidie ad nostmm salntel11 et redemptionem jste panis Deo offertur, qui licet panis uic1eatur, corpus est Christi, D0111inus enim et Redemptor noster, consulens llostrae fragilitati, quia cognouit nos fragiles esse ad peccandum, tradidit nobis hoc sacramentum, ut quia ipse iam non potest mori, et nos quotidie peccamus, habeamus uerum sacrificum quo possimus e:\.piari. ») r.Le thème principal des tex.tes cités à la note précédente est encore rappelé 0.11 débnt de cet ex.trait.) 3) Cette formule s'inspire probablement du sermon 272 de saint Augustin (P.L., 38, !z+6); cf. E.-rpositio missae d\\ m,muscrit 8u4 de Troyes, c. II,

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166 JEAN-PA UL BOUHOT

Serena uultu, id est placabili et propitio. 111 unera A bel fuerunt de adipibus accepta Deo. Sacrificium A brahae quando obtulit Isaac Deo super struem. lignonun. Jube haec perferri, sicut beatus Gregorins1 dicit : In uno eodemque tempore ac momento et in cae10 rapitur mysterio angelorum. eOllsocianc1nm corpori Christi, et ante oenlos sacerdotis in altari uidetur.

In somna pacis, id est in fide et spe. Viteificas, id est c1iuinitate Hlius reples. Ife missa est, id est reeedite ad propria cum pace. Missa2, hoe est perfecta est pro nobis oratio atque oblatio; sine wjssa, id est directa.

Quod l1ero fertur ante diacolles causa omatus fit, non babet mysterium3

scd neqne in uestibus. Nam dalmatica inuenta est propter ciolobtun album quo l1tebatur beatLls Iacob. Quod genus uestimellti seapulare est non habe manicas.

12.: 1) Cette citation attribuée à saint Grégoire n'est pas identifiée, mais n'est probablement pas authentique; cf. B. BOT'l'E, L'Ange d~t Sac'yijiœ et l'épiclèse de la messe romaine ait moyen âge, in Rech. de Théot. anc, et méd., t, l, 1929, pp. 285-308, voir pp. 297-298. 2) Pour expliquer le:: terme" miss a *, l'auteur abandonne l'explication fournie par Isidore de Séville et rappelée au début de cette Expos#io missae, pour suivre plutôt l'interprétation d'Amalaire, selon laquelle «missa» indique la perfection et J'achèvement de la prière dirigée, envoy~e, transmise à Dieu, au nom des fidèles; cf. supra, c. 1, note 2, et E;rpositio du manuscrit 804 de Troyes, c. 1, note 4- 3) Les cierges, sans doute à la procession de l'Évangile, portés devant le diacre, et les vêtements liturgiques que reyêt ce derl!Îer, n'ont pas de significations mystiques : cette note est dirigée contre certaines interpré­tations, - peut être celles qu'Amal aire a proposées -, dont les diacres tiraie"1t tm trop grand prestige au jugement des prêtres ou des évêques.

Même si le commentaire de certaines prières du Canon est fort réduit, le texte de cet exposé (expositus) sur la messe paraît complet. La com­pilation de .Remi d'Auxerre, en effet, ne suppose pas que sa troisième source soit différente de l'opuscule que nous avons édité, et même elle permet de désigner avec certitude comme une interpolation le passage du premier chapitre propre au manuscrit V: cette explication complé­mentaire du mot missa, qui d'ailleurs n'est certainement pas à sa place puisqu'elle se rapporte au renvoi final, terminait précisément l'Expositio missae utilisée par Florus de Lyon et par Remi d'Auxerre, puisque tous les deux l'ont transcrite à la fin de leur ouvrage74•

Le titre Expositus missae renvoie, semble-t-il, au travail du maître qui explique un texte : la signification des cérémonies et leur inter­prétation spirituelle importent moins que l'intelligence du sens propre des vocables liturgiques et l'information historique et théologique, L'exposé est ici constitué d'une série de gloses, plus ou moins développées, se succédant les unes aux autres sans lien entre elles, sinon qu'elles se rapportent à des mots et expressions de l'Ordinaire de la messe, dans

74- Fr,ORUS DE LVON, Expositio missac, c. 92 ; éd. Duc, p. 156, R~l'<lI D'AUXERRE, E;rpositio missae ; P,L., lOI, 1271 A, lig. II-B, Hg. 8.

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L'" EXPOSITIO MISSAE)) DE REMI D'A UXERRE

l'ordre où ce dernier les présente. Les variétés de la liturgie n'appa­raissent pas; le commentateur explique les termes qui peuvent se ren­contrer dans tous les ordines missae, avec cette restriction que les mots collecta et offerenda indiquent que nous sommes en pays franc et non à Rome.

Le passage le plus remarquable de cet exposé se trouve au chapitre onzième pour expliquer les expressions : c( Accipiens hune praeclarum calicem n (et plus précisément le pronom hune, qui manifeste l'unité du corps du Christ malgré la multitude des messes célébrées), et cc Myste­rium fidei n. Jusqu'à présent, le texte fragmenté et légèrement remanié de ces deux gloses consécutives se laissait atteindre dans l'Expositio missae de Remi d'Auxerre75, mais ses rapports avec l'œuvre d'Haymon d'Auxerre, et principalement son commentaire sur les Épîtres de saint Paul, étaient reconnus depuis longtemps76, puisqu'ils ont incité quelque­fois à attribuer ce dernier ouvrage à Remi lui-même. La réflexion sur la divinité du Christ a même paru être un trait caractéristique de l'école d'Auxerre au IXe siècle, et Remi aurait particulièrement développé cette tradition, qui témoignerait de l'influence de Jean Scot77 . En réalité le rôle de Remi est beaucoup moins important, puisqu'il a seulement recueilli, non sans quelques déformations, dans sa propre Exposit1:0 missae un texte déjà composé, car il ne serait guère vraisemblable qu'un compilateur soit aussi le rédacteur de ses sources. Mais l'Exposit1tS, non seulement par ses deux gloses développées sur les paroles de la consécration, mais aussi par celle qui explique le sens du mot épître (c. 4), entretient assez de rapports avec les œuvres d'Haymon d'Auxerre (t 865 ou 866), pour avoir été composé sinon par le maître, du moins par l'un des disciples, vers le début de la seconde moitié du IXe siècle.

CONCLUSION

En guise de conclusion, nous voudrions présenter, selon l'ordre chro­nologique, les ouvrages, opuscules et écrits divers que nous avons simple­ment mentionnés ou plus longuement étudiés dans les pages précédentes.

La rédaction d'un Ordo missae gallican, avant le début du IXe siècle, à Metz ou dans sa région, paraît nécessaire pour expliquer la parenté qu'entretiennent divers ouvrages. La première attestation de cet Ordo est fournie par l'Expositio missae en deux parties qu'Amalaire composa

75. REMI D'AUXERRE, E,rposUio rnissae; P.L., lOI, 1260 D, Hg. l - 1261 B, Hg. ID.

76. E. RIGGENBACH, Die iiltesten lateiniscl!en Kommentare zum Hebrtlerbrief, (Forschungen zur Geschichte des uentestamentlichen l{anolls und der altkircbllchen Literatl1r VIII, 1), Leipzig, 1907. pp. 137-151.

. 77. J. R. GEISEI,MANN, Der Eilljl1tss des Remigius von A u.-rerre aH} die E~ltharis­tielehre des Heriger von Lobbes, in Theol. Quartalschrijt, t. 114, 1933, 'pp. 222-244.

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vers 8I3-814 ; tel quel ce travail n'a pas eu grand succès, mais il a donné lieu vers 820-825 à plusieurs remaniements comme les Eglogae de ordine romano ou l'Expositio missae 'Missa pro multis'.

Vers cette époque, la réforme de la liturgie, entreprise depuis un demi­siècle, va connaître un nouvel essor. Amalaire qui a rédigé un Liber officialis en deux livres, juge utile d'en ajouter un troisième sur la messe, - dans lequel il se réfère encore à l'Ordo missae gallican -, avant d'offrir en 823 son ouvrage à Louis le Pieux. Peu après, amplifiant à raide de citations bibliqttes et patristiques une Explication du canon de la messe, Florus de Lyon a;fait paraître sa propre Expositio missae. Vers 832 enfin, à Corbie, Pascase Radbert, à la demande de son disciple Warin devenu abbé de Corvey, a composé son De corpore et sanguine Domini, tandis qu'Amalaire faisait connaître une nouvelle version de son Liber officiaUs en quatre livres.

La querelle théologique, qui se développa de 835 à 838 entre Amalaire et Florus de Lyon, conséquence et manifestation du combat politique mené par l'archevêque Agobard contre l'empereur Lotùs le Pieux, a eu une influence considérable, en obligeant les théologiens à une étude plus approfondie de la nature sacramentelle du corps du Christ dans l'eu­charistie. L'Expositio missae du manuscrit de Troyes, Bibl. Mun. 804, qui elle aussi explique l'Ordo missae gallican, paraît être }' un des premiers témoins, - à Lyon même ou dans la région lyonnaise -, d'un retour à la notion augustinienne du sacrement, qu'en 843 Ratramne de Corbie, dans son traité De corpore et sanguine Domini, s'efforcera d'exposer au roi Charles le Chauve.

Plusieurs passages du commentaire d'Haymon d'Auxerre sur les Épîtres de saint Paul, dont le contenu est confirmé par les Collectanea d'Hérie d'Auxerre, développent la conception augustinienne du sacre­ment en l'intégrant à une réflexion sur la divinité du Christ. L'Expositus missae (pour conserver son titre exact), 'Missa, sicut beatus Isidortls dicit " qui expose la même doctrine, semble être l'écho de l'enseignement donné vers 850-860 à Auxerre. Cette évolution de la théologie de l'eucha­ristie constitue le développement normal des thèses que Florus de Lyon avait victorieusement défendues contre Amalaire au concile de Quierzy en septembre 838.

Avant la fin du IXe siècle, Remi d'Auxerre a réalisé une sorte de syn­thèse, en composant une Expositio missae dont tout le texte est emprunté:

- à l'ancienne Explication du canon de la messe que Flortls connaissait déjà vers les années 825, à l'Expositio missae du manuscrit 804 de Troyes,

et enfin à l'Expositus missae 'J\lIissa, sicut beatus Isidorus dicit'.

Cette compilation a connu le succès, mais son texte, copié durant tout le moyen âge, a subi de nombreuses déformations dont témoigne pour sa part l'édition de Marguerin de La Bigne publiée en 1589. Une meilleure

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L'« EXPOS!T!O M!SSAE li DE REM! D'A UXERRE 169

transmission de l'ouvrage de Remi s'est effectuée par une autre voie. Cet opuscule, en effet, fut au point de départ d'un recueil liturgique d'abord assez informe, comme nous le fait connaître le manuscrit du Vatican, Reg. lat. 234 du XIe siècle, puis organisé sur le plan du Liber officialis d'Amalaire en un Liber de dùtinis officUs, attribué à tort à Alcuin, mais certainement composé avant le milieu du xe siècle. Vers la même époque, le vieil Ordo missae gallican est devenu l'Ordo romanus V, qu'un moine de Saint-Alban de Mayence, peu après 950, a introduit dans sa vaste compilation, qui a reçu le nom de Pontifical romano­germanique.

Jean-Paul BOUHO'l'

NOTH: L'Expositio nlÏssae du lllnlmscrit de Troyes, Bibl. ,JVItm. 804, § 5 fournit la première attestation de l'usage pour le diacre qui lit l'Evangile de se tourner ~Iersus septemtrionem ; le rédacteur de l'Ordo V, § 36, qui a noté le caractère encore exceptionnel de cet usage vers la fin du IX' siècle, n'en est pas le témoin le plus ancien, comme le pensait C. VOGm" VerS1tS ad Orientsm. L'orientation da'ils les Drdines romani dll haut 1'1'1oyen âge, iu Studi lItedievali, 3" serie, t. I, I960, pp. +f7-469, voir pp. 467-468.