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N° 237 OCTOBRE 2009
ENquĂȘTE
Les promesses tenues des nanos
sommaireLe journal du CNRS
1 place Aristide-Briand92195 Meudon Cedex Téléphone : 01 45 07 53 75Télécopie : 01 45 07 56 68Mél. : [email protected] journal en ligne :www2.cnrs.fr/presse/journal/CNRS (siÚge)3 rue Michel-Ange75794 Paris Cedex 16
Directeurde la publication :Arnold MigusDirectricede la rédaction :Marie-HélÚne BeauvaisDirecteur adjoint de la rédaction :Fabrice Impériali
RĂ©dacteur en chef adjoint :Matthieu RavaudChefs de rubrique :Fabrice DemarthonCharline Zeitoun
Rédactrice :Anne LoutrelAssistante de la rédaction et fabrication :Laurence WinterOnt participé à ce numéro :Stéphanie ArcKheira BettayebCéline BévierreJean-Philippe BralyNadia DakiCaroline DangleantSebastiån Escalón Matthieu HautemulleCamille LamotteSéverine Lemaire-DuparcqVahé Ter MinassianPhilippe Testard-VaillantFrançoise Tristani
Secrétaires de rédaction :Olivia DejeanAnne-Solweig GremilletConception graphique :Céline HeinIconographe :Marie GandoisCouverture :Andy Smith pour le journal duCNRS ; F. SemondPhotogravure :Scoop CommunicationImpression :Imprimerie Didier Mary6 route de la Ferté-sous-Jouarre77440 Mary-sur-MarneISSN 0994-7647AIP 0001309DépÎt légal : à parutionPhotos CNRS disponibles à :[email protected]://phototheque.cnrs.fr/
La reproduction intĂ©grale ou partielledes textes et des illustrations doit faire obligatoirement lâobjet dâunedemande auprĂšs de la rĂ©daction.
SOMMAIRE 3
Le journal du CNRS n° 237 octobre 2009
VIE DES LABOS P. 6.> REPORTAGETrente bougies sur un plateau> ACTUALITĂS P. 8Les derniers rĂ©sultats de la recherche > MISSION P. 12Des alpinistes Ă lâassaut dâune terre inconnue
INNOVATION P. 14 HydrogĂšne : une Ă©nergiedurable pour lâavenirEntretien avec Dominique Bernal
PAROLE DâEXPERT P. 16 La dĂ©pression en mal de thĂ©rapiesEntretien avec Xavier Briffault
JEUNES CHERCHEURS P. 17Croque lâĂ©levage Ă pleines dentsPortrait de Marie Balasse
LâENQUĂTE P. 18.
Les promessestenuesDES NANOSZOOM P. 28.
LumiĂšre sur lâautochrome
RENCONTRE AVEC P. 31.Comme un romanPortrait dâAntoine Billot
IN SITU P. 32Il y a 70 ans naissait le CNRSEntretien avec AndrĂ© Kaspi,directeur du ComitĂ© pour lâhistoiredu CNRS
HORIZON P. 36> ILS ONT CHOISI LA FRANCE ET LE CNRSLe chimiste qui venait du froidPortrait de Vladimir Solozhenko> GROUPEMENT DE RECHERCHEEUROPĂENLes mĂ©canos du numĂ©rique
GUIDE P. 38Le point sur les livres, les exposâŠIN SITU > Il y a 70 ans naissait le CNRS, p. 32
VIE DES LABOS > Trente bougies sur un plateau, p. 6
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ZOOM >LumiĂšre sur lâautochrome, p. 28
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ĂCLATS4
Le journal du CNRS n° 237 octobre 2009
Le satellite Planck, lancĂ©en mai, a livrĂ© un premierrelevĂ© du ciel, une Ă©troitebande qui sâĂ©tire tel unruban sur toute la voĂ»tecĂ©leste, avec une qualitĂ©excellente des donnĂ©es.Cette mission europĂ©ennedoit mesurer lerayonnement cosmiquefossile, la plus anciennelumiĂšre Ă©mise danslâUnivers tel quâil Ă©tait380000ans aprĂšs le
Big Bang. Le satellite vafournir une cartographiecomplĂšte du ciel avec uneprĂ©cision sans prĂ©cĂ©dentdes hĂ©tĂ©rogĂ©nĂ©itĂ©s detempĂ©rature et depolarisation durayonnement cosmiquefossile, grĂące Ă lâinstrument français HighFrequency Instrument. Leslaboratoires du CNRS, Ă lâInsu comme Ă lâIN2P3,ont jouĂ© un rĂŽle crucial
dans sa conception, sondĂ©veloppement et sa miseen place. Les relevĂ©scomplets de Planck sontattendus Ă lâhorizon 2012.> www2.cnrs.fr/presse/communique/1674.htm
TrĂšs attendue, la mission scientifique Tara alevĂ© lâancre le 5 septembre Ă Lorient. CetteexpĂ©dition de trois ans en bateau, sur tousles ocĂ©ans du monde, et dans laquelle leCNRS est trĂšs impliquĂ© â tant dans lâapporten matĂ©riel que dans la mise Ă dispositionde scientifiques â, a pour objectif premierdâexplorer le monde des micro-organismesqui composent le plancton. La biodiversitĂ©de cet Ă©cosystĂšme est en effet aussi variĂ©eque largement mĂ©connue. Les Ă©chantillonsseront envoyĂ©s lors des escales auxnombreux laboratoires partenaires. Ă la clĂ©sans doute, la dĂ©couverte de nombreusesnouvelles espĂšces. Des instrumentspermettront aussi de collectertempĂ©rature, salinitĂ©, pH et densitĂ© de labiomasse dans lâeau de mer, flux decarbone de la surface vers le fond desocĂ©ans. Car lâautre objectif de Tara est demieux comprendre les interactions entreocĂ©ans et climat. La vie marine,aujourdâhui menacĂ©e par le rĂ©chauffementclimatique et la pollution, va-t-elle survivreĂ ces bouleversements? Ou bien allons-
nous vers une transformation de la vieocĂ©anique? GrĂące Ă une Ă©tude globale de lâenvironnement marin, la premiĂšrerĂ©alisĂ©e avec les technologiesdâaujourdâhui, Tara devrait apporter de prĂ©cieuses rĂ©ponses.> En ligne
http://oceans.taraexpeditions.orgwww.cnrs.fr/cnrs-images/tara-oceans/
> à lire« Un tour du monde pour la vie marine »,Le journal du CNRS, n° 234-235, p. 24.
Ă LâĂVĂNEMENT
Tara a levĂ© lâancre !
⊠et pour les systĂšmes dâinformation du CNRSLe 1er septembre dernier, Jean-Marc Voltini a Ă©tĂ© nommĂ© Ă la tĂȘte de la Direction des systĂšmes dâinformation (DSI) du CNRS oĂč il succĂšde Ă François Ătienne.PrĂ©cĂ©demment associĂ© Ă GIC Consulting, cet ancien directeur des systĂšmesdâinformation chez Eiffage aura pour missionde dĂ©finir et mettre en Ćuvre les systĂšmesdâinformation destinĂ©s au pilotage et Ă la gestion des diffĂ©rentes activitĂ©s de lâĂ©tablissement. Les grandes orientationsdu chantier systĂšme dâinformation du CNRSpour 2009-2013 ont Ă©tĂ© approuvĂ©es en octobre 2008 en conseil dâadministration.Elles concernent Ă la fois les ressourceshumaines, la gestion des laboratoires, les relations partenariales avec dâautresorganismes de recherche, les aspects de finances, de comptabilitĂ© et de gestion. La DSI du CNRS compte 120 agents rĂ©partissur deux sites, Ă Meudon et Ă Toulouse.
Michel Habib encharge des sciencesinformatiquesMichel Habib a Ă©tĂ© nommĂ© chargĂ©de mission auprĂšs dâArnold Migus,directeur gĂ©nĂ©ral du CNRS, pour la mise en place du futurInstitut des sciences informatiqueset de leurs interactions (INS2I), le dixiĂšme Institut du CNRS. Eneffet, lâactuel Institut des sciences et technologies de lâinformation et de lâingĂ©nierie (INST2I) donneranaissance sous peu Ă lâInstitut des sciences de lâingĂ©nierie et des systĂšmes (Insis) et Ă lâINS2I.La principale mission de MichelHabib est dâen dĂ©finir les contours.Un appel Ă candidature pour la direction de lâINS2I est lancĂ© en parallĂšle. DiplĂŽmĂ© de lâENS deCachan et docteur en informatique,ce spĂ©cialiste dâalgorithmiquecombinatoire a Ă©tĂ© directeur
du dĂ©partementinformatique delâEcole des Mines,puis directeur de Sup TĂ©lĂ©comBretagne. En 2000, ilavait pris la directiondu Laboratoiredâinformatique de
robotique et de microĂ©lectroniquede Montpellier (CNRS / UniversitĂ©Montpellier-II) avant de prendre en2005 celle du Laboratoiredâinformatique algorithmique :fondement et applications (CNRS /UniversitĂ© Paris-VII).
Un nouveau directeur pour la recherche et lâinnovationâŠRonan Stephan est le nouveau directeur gĂ©nĂ©ral pour la recherche et lâinnovation (DGRI) au ministĂšre de lâEnseignement supĂ©rieur et de la Recherche. RonanStephan avait dirigĂ© la DĂ©lĂ©gation aux entreprises du CNRS et Fist, sa filiale de valorisation, de 2003 Ă 2005. Il succĂšde Ă Gilles Bloch.
Ă LE SUCCĂS SCIENTIFIQUE
Planck : un premier relevé trÚs prometteur
Dans ce premier relevé dePlanck, le « ruban » en faussescouleurs, la température croßt du bleu au rouge. Il a étésuperposé à une vue optique de la voûte céleste.
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Tara, à Lorient, lors de son départ.
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Ce mois dâoctobre 2009 le CNRS forge son avenir et celuidâune grande partie de la recherche française avec son nou-veau dĂ©cret organique qui formalise les orientations dĂ©fi-nies dans son plan stratĂ©gique « Horizon 2020 », et avecla signature de son contrat dâobjectifs 2009-2013 avec lâĂtat.
Cet avenir, pour se construire, doit sâappuyer sur les racines et les valeursdu CNRS. Ce 19 octobre, il y aura prĂ©cisĂ©ment 70 ans, lâĂtat crĂ©ait, pardĂ©cret, le Centre national de la recherche scientifique, « organisme publicdotĂ© de la personnalitĂ© civile et de lâautonomie financiĂšre ». Ce dĂ©cret, cou-ronnait une dĂ©cennie dâefforts, inspirĂ©s et dĂ©terminĂ©s, du Prix Nobelde physique Jean Perrin, pĂšre fondateur de lâorganisme. Le CNRSsuccĂ©dait au CNRSA, Centre national de la recherche scientifiqueappliquĂ©e, crĂ©Ă© un an auparavant par la loi du 11 juillet 1938 sur lâor-ganisation de la nation en temps de guerre; celle-ci stipulait que le minis-tĂšre de lâĂducation nationale devait prĂ©parer la mobilisation scienti-fique. Notre organisme se voyait ainsi dĂ©signĂ© comme le garant dâuneambition nationale pour la science. Dans le mĂȘme temps, il se trou-vait engagĂ© dans un Ă©lan collectif en faveur de la dĂ©fense de la libertĂ©,une valeur que Jean Perrin plaçait au faĂźte des idĂ©aux de la commu-nautĂ© scientifique : « Il nâest pas de science possible oĂč la pensĂ©e nâest paslibre », venait-il de dĂ©clarer en annonçant la naissance du CNRS.Cette ambition et cet Ă©lan nâont, depuis 70 ans, jamais cessĂ©. PassĂ© ladouloureuse Ă©preuve de la guerre, la recherche scientifique sâest enga-gĂ©e sur un nouveau front, celui de la connaissance. Le CNRS y aapportĂ© une contribution dĂ©terminante, au point que lâon serait bienen peine dâĂ©numĂ©rer toutes les avancĂ©es scientifiques qui, Ă toutes lesĂ©poques et jusquâĂ aujourdâhui, ont vu le jour dans ses laboratoires.Parmi ces avancĂ©es audacieuses, citons notamment les travaux demagnĂ©tisme et de magnĂ©to-optique dâAimĂ© Cotton, les premiĂšresexpĂ©riences de chimie solaire de FĂ©lix Trombe, le rĂŽle pilote du Centredans lâĂ©mergence de la gĂ©nĂ©tique en France, avec Philippe LâHĂ©ritier
ou Georges Teissier, ou dans celle de la chimie des substances natu-relles, avec Pierre Potier. Rendons hommage aux illustres travauxdâIrĂšne et de FrĂ©dĂ©ric Joliot-Curie, de Louis NĂ©el, de Boris Ephrussiet, plus prĂšs de nous, de Nicole Le Douarin et saluons aussi les recher-ches rĂ©centes de lâĂ©conomiste Jean Tirole, du gĂ©nĂ©ticien Jean Weissenbach, du physicien Serge Haroche, nos derniers mĂ©daillĂ©s dâordu CNRS, ou des rĂ©cents Prix Nobel, Luc Montagnier, Albert Fert et
Claude Cohen-Tannoudji. Il faudrait surtout ne pas oublier le rĂŽle de toutes celles et tous ceux, chercheurs, ingĂ©-nieurs, techniciens et personnels admi-nistratifs, qui ont contribuĂ© Ă ces avan-cĂ©es dĂ©cisives. « Sâil rĂ©vĂ©lait un seul grandsavant, notre effort Ă tous serait payĂ© plusquâau centuple », aimait Ă rĂ©pĂ©ter JeanPerrin en dĂ©fendant la crĂ©ation du Centre. Qui se risquerait aujourdâhui Ă dire que le pari nâa pas Ă©tĂ© gagnĂ©? Et, sâil
lâa Ă©tĂ©, câest essentiellement grĂące aux liens que le CNRS est parvenuĂ tisser, non seulement avec dâautres Ă©tablissements, mais aussi entreles disciplines quâil fĂ©dĂšre.Aux grandes avancĂ©es scientifiques sâen ajoutent dâautres, tout aussifondamentales. Laboratoire dâexpĂ©rience pour les idĂ©es nouvelles, leCNRS a souvent Ă©tĂ© le fer de lance de grandes Ă©volutions en matiĂšredâorganisation et dâadministration de la recherche. PrĂ©curseur, il lâaĂ©tĂ© en France, avec la mise en place de ses premiĂšres administrationsdĂ©lĂ©guĂ©es, dix ans avant que notre pays adopte ses grandes lois dedĂ©centralisation. TrĂšs rĂ©cemment, avec les contrats de service, leCNRS a Ă©tĂ© le premier organisme Ă souhaiter un engagement rĂ©ci-proque sur la qualitĂ© des services entre le laboratoire et sa tutelle. Dansle cadre de lâautonomie des universitĂ©s, ce contrat a inspirĂ© le cahierdes charges Ă©laborĂ© en commun avec celles-ci ; cahier des charges quedoit respecter tout Ă©tablissement qui souhaite bĂ©nĂ©ficier de la dĂ©lĂ©-gation globale de gestion financiĂšre des laboratoires. PrĂ©curseur, illâa aussi Ă©tĂ© en Europe avec notamment ses outils structurants Ă unmoment oĂč la coopĂ©ration scientifique entre les pays du continentĂ©tait encore Ă ses tout premiers balbutiements. PrĂ©curseur, le CNRSlâa enfin Ă©tĂ© dans le monde : notons, par exemple, que sa politiquedâunitĂ©s mixtes, plĂ©biscitĂ©e par les universitĂ©s, inspire dĂ©sormaisdes grands pays telle la Chine. Rappelons enfin que le CNRS a conçude toutes piĂšces une structure moderne de transfert des rĂ©sultats,lâAgence nationale de valorisation de la recherche (Anvar), treize ansavant les Ătats-Unis.De tels exemples pourraient ĂȘtre multipliĂ©s Ă lâenvi. Ils scandent lâhis-toire de notre organisme qui est devenu un acteur incontournable dela recherche nationale et internationale mais aussi de la sociĂ©tĂ© qui,de plus en plus, lui demande de rĂ©pondre Ă ses besoins et Ă ceux dela planĂšte. Ce sont autant dâenjeux pour les 70 prochaines annĂ©es, pourle CNRS et ses personnels dâaujourdâhui et de demain.
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Le journal du CNRS n° 237 octobre 2009
éditoeditoCatherine BréchignacPrésidente du CNRS
Arnold MigusDirecteur général du CNRS
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Le CNRS, 70 ans dâavancĂ©es scientifiques
et lâavenir devant lui
Remontant des parois Ă pic depuis un petitvillage des Hautes-Alpes situĂ© en contrebas,lâhĂ©licoptĂšre sâĂ©lĂšve dâun coup au-dessus dubord du prĂ©cipice. ApparaĂźt soudain, sous lesoleil matinal, une immense plateforme natu-
relle oĂč poussent, au milieu des pierres et des pla-ques de neige, quelques rares herbes, mousses et spĂ©-cimens protĂ©gĂ©s dâAmbrosia helvĂ©tique. Visibles aupremier plan, six immenses antennes sont pointĂ©es versle ciel. Nous sommes Ă cent kilomĂštres de Grenoble,sur un plateau dĂ©sertique balayĂ© par les vents, oĂč estinstallĂ© Ă 2550 mĂštres dâaltitude lâinterfĂ©romĂštre du pla-teau de Bure, lâun des deux observatoires de lâInstitutde radioastronomie millimĂ©trique (Iram). Câest en1979 que lâinstitut a Ă©tĂ© crĂ©Ă© par le CNRS et la SociĂ©tĂ©Max-Planck pour le dĂ©veloppement de la science(MPG), en Allemagne, auxquels sâest joint en 1990lâInstitut gĂ©ographique national espagnol. BasĂ© Ă Grenoble, lâIram possĂšde Ă©galement, dans la SierraNevada, en Espagne, Ă 2 850 mĂštres dâaltitude sur lePico Veleta, un tĂ©lescope de trente mĂštres. LâĂ©tablis-sement, oĂč travaillent 130 personnes, est spĂ©cialisĂ©dans lâobservation de lâespace dans une partie nonvisible du spectre lumineux : celle des ondes milli-mĂ©triques. InterfĂ©romĂštre et tĂ©lescope peuvent ainsiĂ©tudier des phĂ©nomĂšnes imperceptibles pour les ins-truments optiques.
HAUT LIEU SOUS HAUTE SURVEILLANCELes six antennes de quinze mĂštres de diamĂštre chacuneforment un seul et mĂȘme instrument. Leur gigan-tisme est soulignĂ© par la prĂ©sence de minusculessilhouettes se dĂ©plaçant Ă leurs pieds. DerriĂšre elles,Ă deux ou trois cents mĂštres de lĂ , lâĂ©norme hangar danslequel les mĂ©caniciens procĂšdent Ă lâentretien et auxrĂ©parations de ces machines de titans semble, luiaussi, dĂ©mesurĂ© au regard des bĂątiments dâhabitationqui y sont accolĂ©s. Au loin, enfin, sur fond de pay-sage des Ăcrins, on distingue les premiers pylĂŽnes delâancien tĂ©lĂ©phĂ©rique. Câest lĂ que, coup sur coup, en juillet et en dĂ©cembre1999, deux terribles accidents se soldĂšrent par la mortde vingt-cinq personnes. Cette tragĂ©die, vĂ©cue commeun traumatisme par la population de la vallĂ©e et lâins-titut, a Ă©tĂ© Ă lâorigine dâun renforcement considĂ©rabledes procĂ©dures de sĂ©curitĂ© qui rythment la vie ici.Outre quâelles prĂ©voient dĂ©sormais la prĂ©sence toutau long de lâannĂ©e dâun infirmier-anesthĂ©siste pou-vant joindre Ă tout moment lâhĂŽpital de Gap, celles-cirĂ©glementent les « sorties pour intervention », pour des
rĂ©parations par exemple, et obligent les sept membresdu personnel prĂ©sents 1 Ă ĂȘtre en permanence reliĂ©sentre eux par radio. En attendant la fin de la construction du nouveau tĂ©lĂ©-phĂ©rique en 2010, les visites sont elles aussistrictement encadrĂ©es : les candidats Ă unsĂ©jour Ă lâObservatoire doivent ĂȘtre munisdâun « certificat mĂ©dical de sĂ©jour en alti-tude ». Et, Ă moins quâils nâaient la chancedâeffectuer le trajet par la voie des airs, ne peu-vent sây rendre et en repartir quâen 4x4, enchasse-neige puis Ă pied, quâaccompagnĂ©spar un guide de haute montagne, au coursde « rotations », organisĂ©es ou non en fonc-tion des conditions mĂ©tĂ©o, plusieurs fois parsemaine, depuis la station de ski deSuper DĂ©voluy. Et Ă cette loi dâairain nulle
VIEDESLABOS Reportage6 VIEDESLABOS 7
Le journal du CNRS n° 237 octobre 2009Le journal du CNRS n° 237 octobre 2009
ASTRONOMIE
PerchĂ© Ă plus de 2 500 mĂštres dâaltitude,lâobservatoire de lâInstitut de radioastronomiemillimĂ©trique scrute lâUnivers invisible Ă lâĆil.Visite de ce temple de lâastronomie pour fĂȘterle trentiĂšme anniversaire de lâInstitut.
exception : la veille, un 3 aoĂ»t, le directeur de lâIram enpersonne, Pierre Cox, nâa pas Ă©tĂ© autorisĂ© Ă monterpour cause de tempĂȘte de neige. Il a dĂ» faire demi-tour et rentrer Ă Grenoble !
FRANCE ET ESPAGNE, MAIN DANS LA MAINMalgrĂ© ces difficultĂ©s, lâinterfĂ©romĂštre fonctionne pour-tant tous les jours de lâannĂ©e et les activitĂ©s sur le plateaune cessent jamais. Câest quâĂ lâIram, le jeu en vaut rĂ©el-lement la chandelle. Jeunes Ă©toiles enfouies dans des nua-ges denses, molĂ©cules interstellaires parfois inconnuessur Terre, poussiĂšres cosmiques ou formations stellai-res dans des galaxies des confins de lâUnivers⊠LesphĂ©nomĂšnes observables dans le domaine millimĂ©tri-que sont lĂ©gion. Les astronomes cherchent ainsi Ă enri-chir leurs connaissances sur le cycle de la matiĂšre inter-stellaire depuis le moment oĂč elle sâagrĂšge au sein desnuages de gaz et de poussiĂšres pour former des Ă©toilesjusquâĂ celui oĂč elle est rejetĂ©e dans lâespace lorsque cesastres arrivent en fin de vie. Et cela dâautant plus faci-lement Ă lâIram que le laboratoire dispose sur ses deuxsites de moyens complĂ©mentaires. En effet, si lâobser-vatoire du Pico Veleta est adaptĂ© Ă lâĂ©tude de zones Ă©ten-dues du ciel, celui du plateau de Bure, est, lui, conçu pourobserver les dĂ©tails dâobjets cĂ©lestes.Dans la salle de contrĂŽle, Sascha Trippe, astronomede service, montre la « liste des projets hebdomadaires »,un tableau dâune trentaine de lignes concentrant lâes-sentiel des informations sur les observations sĂ©lec-tionnĂ©es cette semaine par le comitĂ© de programme de
lâinstitut. Cette journĂ©e, SaschaTrippe a dĂ©cidĂ© de la consacrer« Ă scruter une source cosmiqueintense dĂ©couverte il y a huit jourspar le satellite amĂ©ricain Glast ».En lâoccurrence un « sursautgamma », lâune de ces mystĂ©-rieuses bouffĂ©es dâĂ©nergievenues du fond de lâespace, auxorigines encore controversĂ©es.TrĂšs tĂŽt ce matin, lâastronome adonc demandĂ© Ă lâopĂ©rateur,Emmanuel Salgado, de pointerles Ă©normes antennes, que lâonaperçoit par les fenĂȘtres, verscette source lointaine, situĂ©e Ă
plus de cinq milliards dâannĂ©es-lumiĂšre de la Terre.OpĂ©rant en rĂ©seau selon une technique appelĂ©e « inter-fĂ©romĂ©trie », ces six antennes peuvent en effet combinerleurs signaux. Cela permet aux astronomes dâobtenir
des images atteignant une rĂ©solution Ă©quivalente Ă celle dâun tĂ©lescope dont le diamĂštre correspondrait Ă lâĂ©cart maximum entre les antennes. Soit, expliquePierre Cox au bout dâune longue allĂ©e bĂ©tonnĂ©e surlaquelle sont installĂ©s des rails destinĂ©s au dĂ©place-ment de ces dispositifs : « jusquâĂ 760 mĂštres ! » Dequoi rĂ©aliser des vues dĂ©taillĂ©es dâune piĂšce de un cen-time Ă cinq kilomĂštres !
PLUIE DE RĂSULTATS Les instruments de lâIram âqui reçoit plus de cinq centsdemandes dâobservations par an â ont ainsi Ă©tĂ© Ă lâori-gine de plusieurs dĂ©couvertes majeures au cours deleur histoire trentenaire. Plus dâun tiers des 140 molĂ©-cules interstellaires rĂ©pertoriĂ©es Ă ce jour y ont Ă©tĂ© iden-tifiĂ©es, comme le propylĂšne ou lâaminoacĂ©tonitrile. LeurprĂ©sence dans les galaxies les plus jeunes y a Ă©galementĂ©tĂ© Ă©tablie. Câest lĂ aussi que fut observĂ© en avril dernierlâĂ©vĂšnement cosmique le plus lointain que lâon connaisse :un sursaut gamma situĂ© Ă 13 milliards dâannĂ©es-lumiĂšrede notre planĂšte ! Enfin, lâinstitut est rĂ©putĂ© pour sacapacitĂ© Ă dĂ©tecter des « disques circumstellaires », desamas de matiĂšre qui orbitent autours dâĂ©toiles jeunes etdans lesquels se forment les planĂštes.Lâexplication de ce succĂšs doit dâailleurs beaucoup aucentre de Grenoble oĂč les scientifiques conçoivent etdĂ©veloppent les instruments dĂ©diĂ©s Ă lâobservationdes ondes millimĂ©triques. Ici, tandis que des ingĂ©-nieurs comme Marc Torres mettent la derniĂšre mainĂ des « corrĂ©lateurs » qui traiteront demain en tempsrĂ©el les signaux recueillis par lâinterfĂ©romĂštre du pla-teau de Bure, dâautres, Ă lâinstar de Dominique Billon-Pierron, de Bastien Lefranc et de Jean-Yves Chenu,conçoivent dans une salle blanche et dans des ateliersremplis de toutes sortes de machines sophistiquĂ©es,les « jonctions supraconductrices » et les « systĂšmesde rĂ©ception » (qui fonctionneront Ă â 269 °C, prochedu zĂ©ro absolu) des antennes. Et pas seulement pourdes besoins internes. Les compĂ©tences des Ă©quipesgrenobloises sont en effet reconnues dans le mondeentier. LâIram sâest ainsi engagĂ© Ă fournir des « rĂ©cep-teurs » au consortium international Alma, chargĂ© dela construction dâici Ă 2014 dâun interfĂ©romĂštre gĂ©antconstituĂ© de 64antennes, Ă 5 100 mĂštres dâaltitude, surle site chilien de Llano de Chajnantor. Cela dans lâat-tente de la finalisation de Noema (Northern ExtendedMillimeter Array), un vaste projet de doublement desantennes du plateau de Bure. Et une vĂ©ritable cure dejouvence qui permettra aux chercheurs de lâIram desonder lâUnivers avec encore plus dâacuitĂ©.
Vahé Ter Minassian1. Trois équipes constituées chacune de deux opérateurs, deux mécaniciens, un technicien-électronicien, un cuisinier et un infirmier se relaient chaque semaine.
CONTACTà Pierre CoxInstitut de radioastronomie millimétrique, [email protected]
Trente bougies sur un plateauUn opĂ©rateur Ă lâintĂ©rieur dâune antenne. Vue du miroirsecondaire et de la vallĂ©evoisine, la combe de Mai.
LâinterfĂ©romĂštre de Bure estconstituĂ© de six antennes de15 mĂštres de diamĂštre chacune.
Les spĂ©cialistes procĂšdent ici dans le hangar (au fond, ci-dessus) Ă lâentretien et auxrĂ©parations dâune antenne.
Dans la salle de contrĂŽle, deuxopĂ©rateurs se relaient 24 heuressur 24 pour diriger les antennesvers les astres ayant fait lâobjetdâune demande dâobservation.
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Pour fabriquernotamment les systĂšmes de rĂ©ception des antennes, les chercheursdisposent dans leur centrede Grenoble dâunesalle blanche et de plusieursateliers.
VIEDESLABOS 9VIEDESLABOS Actualités8
Le journal du CNRS n° 237 octobre 2009
MĂDECINE
Creutzfeldt-Jakob est bien un agent double
Milieu des annĂ©es 1990 :apparition dâune nouvellevariante de la maladie de
Creutzfeldt-Jakob, sans doute causĂ©epar une contamination par lâagent dela maladie de la vache folle. LiĂ©e Ă lâaccumulation dâune forme anor-male dâun prion, molĂ©cule produitenaturellement chez lâhumain, quientraĂźne la dĂ©gĂ©nĂ©rescence des neu-rones, elle a fait Ă ce jour plus de180 victimes dans le monde, dont 23en France 1.Jusquâici, on suspectait cette patho-logie apparue dans lâHexagone et auRoyaume-Uni de provenir du mĂȘmeagent dans les deux pays⊠mais sansque cela ne soit jamais montrĂ©. Destravaux rĂ©cemment publiĂ©s 2 ontenfin permis dâapporter des preu-ves Ă ces soupçons. En comparant lesdonnĂ©es cliniques de patients desdeux cĂŽtĂ©s de la Manche, StĂ©phaneHaĂŻk et Jean-Philippe Brandel, neu-rologues au Centre de recherche delâinstitut du cerveau et de la moelleĂ©piniĂšre (CRICM)3 de la SalpĂȘtriĂšre,
et leurs collĂšgues britanniques delâunitĂ© nationale de surveillance dela maladie de Creutzfeldt-Jakob ontmontrĂ© que Britanniques et Françaissont bien touchĂ©s par la mĂȘme mala-die, probablement provoquĂ©e par lamĂȘme souche de prion de carcas-ses bovines britanniques.Pour cela, lâĂ©quipe a Ă©tudiĂ© les 23 casfrançais ainsi que les 162 cas anglais.« Notre Ă©tude consistait en une com-paraison des donnĂ©es cliniques despatients (leurs symptĂŽmes, les rĂ©sul-tats de leur IRM, etc.), une analyse
du gĂšne codant pour la protĂ©ine prion,une Ă©tude des lĂ©sions cĂ©rĂ©brales et uneanalyse fine des propriĂ©tĂ©s biochimiquesde la protĂ©ine prion pathologique »,prĂ©cise StĂ©phane HaĂŻk. La conclu-sion : les patients britanniques etfrançais prĂ©sentaient bien des don-nĂ©es cliniques, Ă©pidĂ©miologiques,biochimiques et gĂ©nĂ©tiques simi-laires. Cette proximitĂ© suggĂšre quâilsont Ă©tĂ© infectĂ©s par la mĂȘme souchede prion. Ce rĂ©sultat pourrait se voirconfirmĂ©, et mĂȘme Ă©tendu Ă lâEu-rope, par une autre recherche menĂ©eactuellement Ă partir dâextraits delĂ©sions contenant la souche impli-quĂ©e, prĂ©levĂ©s chez les patients desdiffĂ©rents pays europĂ©ens touchĂ©s.Quoi quâil en soit, lâĂ©tude franco-britannique a aussi confirmĂ© unautre point. Tous les patients Ă©tu-diĂ©s, et donc touchĂ©s par la maladie,
prĂ©sentent une portion identiquedu codon 129, fragment de gĂšnecodant pour la protĂ©ine prion. Pourle moment, il est impossible desavoir si un profil gĂ©nĂ©tique pour cecodon pourrait protĂ©ger totalementde la maladie ou seulement allongerla durĂ©e dâincubation. Dans ce der-nier cas, le nombre de malades pour-rait se rĂ©vĂ©ler plus Ă©levĂ© que prĂ©vudans les annĂ©es Ă venir.
Kheira Bettayeb
1. La nouvelle variante sâattaque Ă des personnes plus jeunes que les formes classiques de la maladie (29 ans en moyenne, contre 65 ans).2. Annals of Neurology, mars 2009, vol. 65,n° 3, pp. 233-235.3. Centre CNRS / Inserm / UniversitĂ© Paris-VI.
catĂ©gorie large comme un animal, par rapport Ă la recherche dâune catĂ©gorie plus fine comme unchien ou un oiseau. DâoĂč la conclusion que notresystĂšme visuel construit dâabord une reprĂ©sen-tation grossiĂšre avant de pouvoir la dĂ©tailler. « Ilest plus logique que notre systĂšme visuel catĂ©gorisegrossiĂšrement dans un premier temps car au dĂ©partil âvoitâ juste une image rudimentaire et floue de lascĂšne. Alors, il nâa pas eu le temps de traiter beau-coup dâinformations visuelles », termine MichĂšleFabre-Thorpe.
Kheira Bettayeb
1. Ătude publiĂ©e en ligne, le 17 juin 2009 sur www.plosone.org, jornal en libre accĂšs Ă comitĂ© de lecture international.2. Centre CNRS / UniversitĂ© Toulouse-III.
Un passant jette un mouchoir usagĂ©par terre, Ă deux pas dâune poubelle.Dans un bus, un passager tonitrue
sans vergogne au tĂ©lĂ©phone. Vont-ils ĂȘtrealpaguĂ©s par ceux qui assistent Ă la scĂšne ?Sans doute si elle se dĂ©roule en Espagne.Mais câest moins probable si elle a lieu auxĂtats-Unis ou en Grande-Bretagne, selonMarkus Brauer, chercheur CNRS au Labo-ratoire de psychologie sociale et cognitive(Lapsco) 1 qui a comparĂ© les rĂ©actions deshabitants de huit pays occidentaux 2 face Ă 46 comportements incivils comme sâin-cruster dans une file dâattente, taguer unmur, uriner dans la rue, ou encore volerun magazine 3. Son but ? Comprendre pourquoi certainsexpriment leur dĂ©sapprobation face Ă cesincartades, et dâautres pas. Le chercheur aainsi Ă©tabli quâau Portugal, en Espagne ouen Italie, pays dĂ©finis comme « collectivis-tes » 4, les habitants seraient enclins Ă repro-cher son comportement au malotru plusquâen Grande-Bretagne ou aux Ătats-Unis,pays « individualistes », comme notre Hexa-gone, mais de maniĂšre moins prononcĂ©e.« Dans les cultures âcollectivistesâ, les individusse perçoivent comme plus dĂ©pendants les uns desautres. Ils ont le sentiment que tout ce quiconcerne la communautĂ© fait partie intĂ©grantede leur identitĂ© propre », explique-t-il. Cette enquĂȘte conforte une hypothĂšse quâila prĂ©cĂ©demment formulĂ©e : une personneprotestera dâautant plus contre lâauteur dâuneincivilitĂ© sociale quâelle se sent personnel-lement affectĂ©e. « Tout dĂ©pend donc de lafaçon dont lâindividu se dĂ©finit lui-mĂȘme »,
conclut le chercheur.« Pour certains, le âsoiâsâarrĂȘte Ă la porte deleur appartement. Tan-dis que pour dâautres, ilinclut leur quartier, leparc, voire la ville. »Pour ces derniers, chaque incivilitĂ©, notam-ment celles qui dĂ©gradent leur environne-ment, sera perçue comme une attaque per-sonnelle. Et leur rĂ©action, mĂȘme si ellesâexprime par une remarque courtoise, sâap-parente psychologiquement Ă de lâauto-dĂ©fense. Conclusion : pour lutter contre cesactes ordinaires de vandalisme, rien de telque de se sentir⊠partout chez soi !
Stéphanie Arc
1. Laboratoire CNRS / UniversitĂ© Clermont-Ferrand-II.2. Mille quarante-huit rĂ©pondants provenant desĂtats-Unis, dâAngleterre, dâAllemagne, de Belgique,de France, dâItalie, dâEspagne, du Portugal.3. LâĂ©tude menĂ©e avec Nadine Chaurand, de lâuniversitĂ© Pierre-MendĂšs-France de Grenoble, a Ă©tĂ© publiĂ©e en ligne (avant impression) en juin 2009 dans la revue European Journal of Social Psychology, n° 38, pp. 1689-1715.4. Pour distinguer les pays collectivistes et individualistes, les chercheurs ont utilisĂ© un indicateur qui reflĂšte le degrĂ© moyendâintĂ©gration dâun individu aux diffĂ©rents groupes qui constituent la sociĂ©tĂ© (famille proche,famille Ă©loignĂ©e, etc.). Pour en savoir plus :http://www.geert-hofstede.com/geert_hofstede_resources.shtml
CONTACTSCentre de recherche de lâinstitut du cerveau et de la moelle Ă©piniĂšrede la SalpĂȘtriĂšre, Paris
à Stéphane Haï[email protected]
Ă Jean-Philippe [email protected]
CONTACTĂ Markus BrauerLaboratoire de psychologie sociale et cognitive, [email protected]
VIEDESLABOS Actualités
Le journal du CNRS n° 237 octobre 2009
COGNITION
Notre Ćil voit dâabord en gros
Lorsque lâon voit un ĂȘtre vivant ou un objet, lereconnaĂźt-on dâabord finement en tant quechien, voiture ou table pour ensuite le met-
tre dans une catĂ©gorie plus large â animal, vĂ©hi-cule, meuble â ou inversement? Depuis 1976 etles travaux de la psychologue amĂ©ricaine EleanorRosch, il Ă©tait admis quâun objet Ă©tait dâabordcatĂ©gorisĂ© au niveau de base comme « chien »,« voiture » ou « table » avant quâun concept plusabstrait « animal », « vĂ©hicule » ou « meuble » nepuisse se former. Cette capacitĂ© dâabstraction Ă©taitmĂȘme considĂ©rĂ©e comme spĂ©cifique de lâhu-main, lâanimal nâayant pas accĂšs Ă ce type deconcept. Or, surprise, dans une Ă©tude rĂ©cemmentpubliĂ©e 1 des chercheurs du Centre de recherchecerveau et cognition (Cerco) 2, Ă Toulouse, ontmontrĂ© quâen fait⊠câest lâinverse ! « Nos donnĂ©esmontrent que celles de 1976 ont Ă©tĂ© trop vite gĂ©nĂ©ra-lisĂ©es au systĂšme visuel », souligne MichĂšle Fabre-Thorpe, directrice du Cerco et co-auteur de lâĂ©tude.Câest que les rĂ©sultats de lâĂ©quipe dâEleanor Roschet de ceux qui les ont reproduits ensuite ont Ă©tĂ©obtenus lors de tests oĂč des volontaires devaient
dĂ©signer des objets par leur nom. Orces expĂ©riences oĂč lâaccĂšs au voca-bulaire, et donc au systĂšme du lan-gage, Ă©tait crucial pouvaient mas-quer le fonctionnement du seulsystĂšme visuel.Les chercheurs du CNRS ont placĂ©dix-huit volontaires dans des condi-tions oĂč ils devaient, non pas rĂ©pon-dre oralement, mais rĂ©agir le plusvite possible avec le doigt en relĂą-chant un bouton quand ils voyaientune image contenant la cible quâonleur demandait de chercher (unchien, un oiseau, un animal, etc.).Les images nâĂ©taient affichĂ©es quependant 26millisecondes (ms) pourles encourager Ă agir encore plusvite, le seuil de perception deshumains Ă©tant de prĂšs de 25 ms.RĂ©sultat ? Les volontaires ont Ă©tĂ© en moyenneplus rapides dâune quarantaine de millisecondesĂ relĂącher le bouton lors de la recherche dâune
CONTACTĂ MichĂšle Fabre-ThorpeCentre de recherche cerveau et cognition(Cerco), [email protected]
VIEDESLABOS Actualités
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PSYCHOLOGIE SOCIALE
Tour du monde de lâimpolitesseBRĂVE
Nouvelle molĂ©culecontre le VIHUne molĂ©cule pourrait faire progresser les futures thĂ©rapies anti-sida. DĂ©veloppĂ©epar des chercheurs de deux universitĂ©s et de trois organismes 1, elle est capable debloquer lâentrĂ©e du virus du sida (VIH) dansles cellules. JusquâĂ prĂ©sent, la plupart des traitements disponibles empĂȘchent la rĂ©plication du virus dans lâorganisme,sans lâĂ©radiquer, et en occasionnant de lourds effets secondaires. La nouvellestratĂ©gie des chercheurs, dont les travauxont Ă©tĂ© rĂ©cemment mis en ligne dans la revue Nature Chemical Biology, permetdonc dâagir plus en amont. Elle consiste en lâalliance dâun mime de la molĂ©cule CD4,rĂ©cepteur cellulaire reconnu par le VIH, et dâune molĂ©cule dâhĂ©parane sulfate, un sucre complexe prĂ©sent Ă la surface des cellules. Ce composĂ©, appelĂ© CD4-HS, a Ă©tĂ© synthĂ©tisĂ©. Il inhibe lâentrĂ©e virale. Surdes cellules en culture, son activitĂ© est trĂšsĂ©levĂ©e. Prochaine Ă©tape : les tests in vivo.1. Il sâagit du CNRS, du CEA, de lâInstitut Pasteur, delâuniversitĂ© Joseph Fourier et de lâuniversitĂ© Paris-Sud-XI.
> www2.cnrs.fr/presse/communique/1666.htm
Selon MarkusBrauer, les voisinsde ce bavardintempestif rĂ©agirontplus souvent si la scĂšne se passeen Espagne quâenAllemagne.
ExpĂ©rience menĂ©e pour savoir si notre Ćilperçoit en premier un chien ou un animal.Les volontaires devaient relĂącher trĂšs vitele bouton sâils voyaient un chien.
Les victimes anglaises et françaises de la variante de la maladie de Creutzfeldt-Jakobprésentent des lésionscérébrales similaires.
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citĂ©. Lâhistoire raconte quâun Romain du nom deQuentin se serait rendu jusquâen Gaule pour prĂȘ-cher le christianisme durant la seconde moitiĂ© duIIIe siĂšcle. Mais un prĂ©fet romain lâaurait fait arrĂȘ-ter Ă Amiens. Quentin aurait Ă©tĂ© exĂ©cutĂ© et soncorps jetĂ© dans la Somme. Un demi-siĂšcle plustard, EusĂ©bie, une dame romaine aveugle, auraitmiraculeusement retrouvĂ© la vue alors que ladĂ©pouille du martyr rejaillissait du fleuve. Danssa gratitude, EusĂ©bie aurait alors fait Ă©difier Ă Quentin une premiĂšre et humble chapelle. CâestĂ cet endroit prĂ©cis quâaurait Ă©tĂ© fondĂ©e la ville deSaint-Quentin⊠autour des IVe ou Ve siĂšcles, donc.En cette pĂ©riode de transition entre AntiquitĂ© etMoyen Ăge, le christianisme commençait seule-ment Ă Ă©merger en Gaule. Mais dĂ©jĂ au ve siĂšclele rayonnement du saint Ă©tait tel que la chapelle
est devenue un lieu dâinhu-mation puis de pĂšlerinage.Et lâarchĂ©ologue de conti-nuer : « Notre dĂ©couverte estune preuve supplĂ©mentaire dela christianisation prĂ©coce duNord de la Gaule. »LâannĂ©e 2010 verra sedĂ©rouler la derniĂšre cam-pagne de fouilles. ChristianSapin reconnaĂźt avoir la sen-sation quâil reste encore desĂ©lĂ©ments Ă dĂ©couvrir dansce site certes restreint maistrĂšs dense. Ă lâavenir, cetterelecture de lâhistoire de lacitĂ© picarde pourra encou-rager dâautres fouilles pourĂ©tudier, par exemple, ledĂ©veloppement des pre-miers habitats mĂ©diĂ©vauxdans la ville.
Caroline Dangléant
1. Le Cem dâAuxerre dĂ©pend de lâunitĂ© « ArchĂ©ologie, terre,histoire, sociĂ©tĂ©s » (Artehis,CNRS / UniversitĂ© de Bourgogne/ MinistĂšre de la Culture et de la Communication).
FondĂ©e surlâemplacement dutombeau de SaintQuentin, la basiliquedu mĂȘme nom estlâune des plus grandesconstructionsgothiques de France.
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ĂLECTRONIQUE
Les performances des mĂ©moires de nos outils technologiqueslaissent parfois Ă dĂ©sirer. Ălectroniciens et chercheurs en matĂ©riaux se sont penchĂ©s sur cet Ă©pineux problĂšme.Et ont rĂ©cemment trouvĂ© des solutions prometteuses.
Au secours des mémoires qui flanchent
Avec lâessor des tĂ©lĂ©phones portables, desbaladeurs numĂ©riques et autres appareilsnomades, lâindustrie Ă©lectronique estconfrontĂ©e Ă un incroyable dĂ©fi : mettre
au point des mĂ©moires informatiques non vola-tiles â câest-Ă -dire capables de conserver les don-nĂ©es quand lâappareil est Ă©teint â, qui soient Ă lafois solides, fiables et faiblement consommatricesdâĂ©nergie ! Or ce casse-tĂȘte pourrait avoir trouvĂ©un dĂ©but de solution grĂące aux travaux de scien-tifiques français et britanniques. LâĂ©quipe dâAgnĂšsBarthĂ©lĂ©my, de lâUnitĂ© mixte de physique CNRS-ThalĂšs 1, sâest intĂ©ressĂ©e Ă une technologie encorepeu connue du grand public : celle des mĂ©moi-res dites ferroĂ©lectriques, rĂ©putĂ©es notammentpour leur rapiditĂ©. Elles souffraient dâun handi-cap majeur : lâinformation quâelles contiennent dis-paraĂźt lorsquâon la lit. Banco : les chercheurs sesont affranchis de cet obstacle 2 qui limitait cetype de mĂ©moire au secteur des jeux vidĂ©o. Le principe? Les donnĂ©es sont contenues dans unmatĂ©riau ferroĂ©lectrique : Ă lâintĂ©rieur de celui-ci,les charges ont la propriĂ©tĂ© dâĂȘtre polarisĂ©es, câest-Ă -dire organisĂ©es pour former des dipĂŽles dirigĂ©sdans un mĂȘme sens, un peu Ă la maniĂšre de peti-tes boussoles indiquant toutes le nord. Commecette polarisation peut-ĂȘtre inversĂ©e localement parlâapplication dâun champ Ă©lectrique extĂ©rieur etquâelle perdure ensuite, les physiciens ont ainsiimaginĂ© dâutiliser ces solides pour stocker de lâin-formation en associant aux orientations « haut »et « bas » les valeurs « 0 » et « 1 » de lâinformati-que binaire. ProblĂšme: pour identifier la « valeur »du dipĂŽle, les Ă©lectroniciens nâavaient jusquâicidâautres choix que dâappliquer un second champ
VIEDESLABOS 11
Le journal du CNRS n° 237 octobre 2009Le journal du CNRS n° 237 octobre 2009
Ă©lectrique. Ce qui, explique Manuel Bibes, chargĂ©de recherche au CNRS, « revient Ă modifier, une foissur deux, son Ă©tat et donc Ă faire disparaĂźtre les don-nĂ©es au fur et Ă mesure quâon les lit ! »AgnĂšs BarthĂ©lĂ©my, Manuel Bibes et leurs collĂš-gues sont les premiers Ă avoir dĂ©couvert une solu-tion alternative. Pour y parvenir, lâĂ©quipe a procĂ©dĂ©en trois temps. En premier lieu, elle a produitde minces couches de un Ă deux millioniĂšmes demillimĂštre dâĂ©paisseur dâun matĂ©riau appelĂ© tita-
nate de baryum dont (et câest une dĂ©couverte ensoi) elle avait Ă©tabli au prĂ©alable la ferroĂ©lectricitĂ©Ă tempĂ©rature ambiante. Dans la seconde phase,elle a disposĂ© ces Ă©chantillons entre une Ă©lec-trode et la pointe dâun microscope Ă force ato-mique3. Avant, enfin, dây faire circuler du courantpar « effet tunnel ». Ce curieux phĂ©nomĂšne quan-tique â qui permet Ă un Ă©lectron de traverser unmatĂ©riau isolant dĂšs lors que son Ă©paisseur estrĂ©duite Ă quelques atomes â a Ă©tĂ© astucieuse-ment mis Ă profit par ces chercheurs pour iden-tifier lâĂ©tat de polarisation du titanate de baryumâŠsans le modifier ! Et donc pour lire les donnĂ©escryptĂ©es dans cette mĂ©moire ferroĂ©lectrique en Ă©vi-tant de les dĂ©truire. Cette avancĂ©e majeure pour-rait se traduire un jour par la prĂ©sence de ce typede mĂ©moire dans nos appareils de poche.
Vahé Ter Minassian
1. UnitĂ© associĂ©e Ă lâuniversitĂ© Paris-XI.2. Nature, n° 460 (7251), du 2 juillet 2009, pp. 81-84.3. Lâutilisation dâun microscope Ă force atomique permetlâĂ©tude des surfaces de matĂ©riaux.
CONTACTà Manuel BibesUnité mixte de physique CNRS/ThalÚs, [email protected]
ARCHĂOLOGIE
Alors que lâon pensait que la refondation de la ville de Saint-Quentin remontait au VIIe siĂšcle, la dĂ©couverte de deux sarcophages du Ve siĂšcle sous la basiliquebouleverse les connaissances.
Une bien vieille renaissance!
Contre toute attente, au moins 200 bougiespeuvent ĂȘtre ajoutĂ©es au gĂąteau dâanni-versaire de la ville de Saint-Quentin. Cenouvel « Ăąge » est attestĂ© par la dĂ©couverte
de deux sarcophages du Ve siĂšcle, sous la basili-que de la capitale picarde. Une dĂ©couverte scien-tifique doublement importante, puisque ces sar-cophages font partie des plus anciens trouvĂ©sdans le Nord de la Gaule !Certains textes laissaient entendre que la vieavait redĂ©marrĂ© Ă Saint-Quentin autour du VIIe siĂš-cle, 400 ans aprĂšs la destruction de la citĂ© anti-que dâAugusta Viromanduorum situĂ©e au mĂȘmeemplacement. « Aujourdâhui, nous avons la preuveindiscutable que Saint-Quentin reprit vie au moinsdeux siĂšcles plus tĂŽt », assure Christian Sapin,directeur du Centre dâĂ©tudes mĂ©diĂ©vales (Cem) 1
dâAuxerre et responsable des campagnes de fouil-les menĂ©es sous la basilique depuis cinq ansavec lâaide du ministĂšre de la Culture et de laCommunication, et des collectivitĂ©s. Durant cescinq campagnes, lâĂ©quipe dĂ©couvre 6 ou 7 Ă©tagesde sols successivement foulĂ©s par les fidĂšles venus
se recueillir sur la tombe de Quentin, un RomainchrĂ©tien venu Ă©vangĂ©liser la rĂ©gion, exĂ©cutĂ© etdevenu martyr. « Des hommes et des femmes ont sou-haitĂ© se faire enterrer auprĂšs de la tombe de saintQuentin, et ce sont eux, en un sens, qui sont Ă lâori-gine de la renaissance mĂ©diĂ©vale de lâancienne citĂ©antique », explique Christian Sapin. Pour estimer lâanciennetĂ© des niveaux, les scien-tifiques datent au carbone 14 des matĂ©riauxorganiques comme le bois, des ossements oudu charbon trouvĂ©s Ă proximitĂ©. Ils usent de lamĂȘme technique avec la douzaine de sarcophagesretrouvĂ©s sur ce site. Parmi celles dĂ©couvertes enjuin dernier, deux sĂ©pultures se sont donc avĂ©rĂ©esplus anciennes que prĂ©vu : elles datent du Ve siĂš-cle. Encore plus loin dans le sol et dans le temps,une structure en bois autour dâune fosse vide aĂ©tĂ© confectionnĂ©e au IVe siĂš-cle. Il pourrait sâagir du pre-mier emplacement de latombe de Quentin. Mais audĂ©part, lâendroit nâĂ©tait cer-tainement quâun lieu depĂšlerinage. Selon les archĂ©o-logues, on peut raisonna-blement penser que Saint-Quentin, en tant que ville,date du Ve siĂšcle.Surprise : la nouvelle data-tion concorde avec la lĂ©gendequi aurĂ©ole la fondation de la
Lophelia pertusa, un corail dâeau froide trĂšs rĂ©pandu en Europe, vers lâan 2100, Ă cause de lâacidification des ocĂ©ans. Cela pourrait menacer lâexistence des rĂ©cifs dâeaux froides,selon des travaux publiĂ©s dans la revue Biogeosciences par une Ă©quipe du LaboratoiredâocĂ©anographie de Villefranche. > www2.cnrs.fr/presse/communique/1660.htm
Câest la perte devitesse de croissanceque devrait subir
LE CHIFFRE
5500%%Le sarcophage deSaint Quentin creusĂ©sans doute auIXe siĂšcle dans unecolonne antique enmarbre est conservĂ©dans la cryptecarolingienne.Ci-contre, sous unemosaĂŻque trouvĂ©eau XIXe siĂšcle, un sarcophage du Ve siĂšcle vientdâĂȘtre dĂ©gagĂ©.
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Dans la grande famille des mĂ©moires informatiques, il y adâune part les mĂ©moires « volatiles », comme les Ram desordinateurs par exemple, qui stockent les donnĂ©es tant
quâelles sont alimentĂ©es enĂ©lectricitĂ©. Et dâautre part lesmĂ©moires « non volatiles », qui lesconservent aprĂšs lâextinction desappareils. Bien que leur usage soitlargement rĂ©pandu, ces dernierscomposants prĂ©sentent desinconvĂ©nients aux yeux desindustriels. Une technologie commecelle des « disques durs » est, eneffet, bon marchĂ© et fiable. Mais ellenâest pas adaptĂ©e Ă toutes lesapplications en raison de sa fragilitĂ©.Quant aux systĂšmes « flashs » quiĂ©quipent les clĂ©s USB, les baladeursnumĂ©riques et les tĂ©lĂ©phonesportables, ils ont lâavantage de larobustesse. Par contre, ilsconsomment beaucoup dâĂ©nergie aucours des phases de lecture etdâĂ©criture et leur durĂ©e de vie est
limitĂ©e. Dâimportants efforts de recherche etdĂ©veloppement sont donc actuellement menĂ©s Ă travers lemonde pour tenter de dĂ©couvrir dâautres solutions.
UNE GRANDE FAMILLE
Les chercheurs ont réussi à observerles domaines de polarisationsopposées (carrés concentriquesverts et violets) de cet échantillonsans les modifier !
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les montagnes et reboucheles crevasses. Câest pourcette raison que jâai choiside mâintĂ©resser aux arbres,les seuls Ă ressortir de lacouverture neigeuse, et en particulier au hĂȘtre sub-antarctique, Nothofagus pumilio. » La chercheuse va Ă©tudier les facteurs qui limi-tent la croissance des hĂȘtres Ă partir dâune cer-taine altitude. Car mĂȘme si ce genre originairede lâhĂ©misphĂšre Sud est bien adaptĂ© aux condi-tions rigoureuses, il y a une limite en altitudequâil ne peut dĂ©passer. « Des recherches effectuĂ©esen Nouvelle-ZĂ©lande sur dâautres espĂšces voisines dehĂȘtres montrent que sa limite altitudinale nâest passeulement dâordre climatique : sâil ne sâagissait quedes tempĂ©ratures, la forĂȘt de hĂȘtres pourrait mon-ter plus haut. » Les chercheurs nĂ©o-zĂ©landaisont mis en Ă©vidence une sorte de barriĂšre invi-sible que les hĂȘtres ne peuvent dĂ©passer. Quelle est donc la vraie nature de cette fron-tiĂšre? La chercheuse tentera de tester deux hypo-thĂšses. Dâune part, la disponibilitĂ© des nutri-
ments dans le sol. Si, au-delĂ dâune certainealtitude, lâarbre ne trouve plus Ă sa dispositionassez de phosphore et dâazote, il ne pourra passe dĂ©velopper. Lâautre hypothĂšse, complĂ©men-taire, concerne la diversitĂ© microbienne des sols.Pour se nourrir, les arbres sont soumis Ă lâacti-vitĂ© des bactĂ©ries et des champignons du solqui recyclent les nutriments. La frontiĂšre desarbres pourrait ĂȘtre due Ă des diffĂ©rences dansla quantitĂ© et les espĂšces de micro-organismesprĂ©sents dans les sols forestiers.Sandra Lavorel ne participera pas Ă la traversĂ©ede la cordillĂšre de Darwin avec lâĂ©quipe dâalpi-nistes. En revanche, elle fera plusieurs incur-sions vers les sommets Ă partir du bateau, leNueva Galicia, qui servira de base logistique.Lors de ses expĂ©ditions, elle posera des camps deravitaillement pour les alpinistes et collectera,aux endroits oĂč la neige le permet, des Ă©chan-tillons du sol et de feuilles. Ces Ă©chantillonsseront ensuite analysĂ©s par un laboratoire chilien2
avec lequel le Laboratoire dâĂ©cologie alpine col-labore depuis plusieurs annĂ©es.
Lâun des aspects fonda-mentaux de cette recher-che est quâelle sâeffectuedans un terrain vierge.« Lorsque nous effectuonsdes recherches dans lesAlpes, par exemple, noussavons que nous travail-lons dans des terrains quiont Ă©tĂ© dĂ©frichĂ©s, coloni-sĂ©s, utilisĂ©s pour lâagri-culture tout au long delâhistoire. En revanche, enPatagonie, il nây a aucuneinterfĂ©rence humaine :toutes les caractĂ©ristiquesphysiologiques des espĂšces
sont en rapport direct avec les conditions climati-ques. » LâexpĂ©dition promet donc de belles obser-vations sur lâĂ©volution et lâadaptation des espĂš-ces aux climats les plus rudes. ObservationsprĂ©cieuses Ă lâheure oĂč le changement climati-que touche de plein fouet les rĂ©gions suban-tarctiques. Nul ne doute que Darwin lui-mĂȘmenâaurait pas manquĂ© lâoccasion dâexplorer la cor-dillĂšre qui porte son nom !
SebastiĂĄn EscalĂłn
1. Laboratoire CNRS / UniversitĂ© Grenoble-I / UniversitĂ©ChambĂ©ry.2. Instituto de EcologĂa y Biodiversidad, UniversidadCatĂłlica de Chile.
Podospora anserina se développeessentiellement par reproductionsexuée grùce à sesfructifications : ces excroissancesen formes de poires poiluesmesurent quelque 0,75 mm.
AprĂšs quelques dĂ©cennies dâagricultureintensive, les recherches pour purger nossols des nombreuses substances dâorigine
industrielle vont bon train. Une solution pro-metteuse nous vient aujourdâhui⊠dâun banalchampignon filamenteux, Podospora anserina.Fruit dâune collaboration entre trois laboratoires 1
associés au CNRS, une étude publiée en mai 2
prouve que Podospora anserina est en effet capa-ble de « digĂ©rer » des molĂ©cules polluantes en lesmodifiant chimiquement grĂące Ă une de ses enzy-mes. RĂ©sultat : lĂ oĂč une autre espĂšce vivanteaurait succombĂ©, le champignon assimile le pol-luant et le transforme en un autre composĂ© nonnocif. Et le milieu sâen trouve assaini.LâidĂ©e a germĂ© lors de la rencontre de deux cher-cheurs. Philippe Silar 3 explique Ă son confrĂšreJean-Marie Dupret 4 Ă quel point les champi-gnons reprĂ©sentent un incroyable rĂ©servoir dâen-zymes aux propriĂ©tĂ©s Ă©tonnantes. Les scientifi-ques dĂ©cident alors de tester la rĂ©sistance deplusieurs espĂšces de moisissures Ă une classemajeure de polluants, les amines aromatiques.Deux dâentre elles survivent, ce qui signifie queces champignons possĂšdent les enzymes leurpermettant de mettre hors dâĂ©tat de nuire cescomposĂ©s aromatiques. Entre les deux rescapĂ©es,les scientifiques choisissent de concentrer leursefforts sur Podospora anserina, dĂ©jĂ bien connuedes laboratoires. Ă partir de ce champignon, lesbiochimistes identifient, clonent et purifient uneenzyme impliquĂ©e dans ces mĂ©canismes derĂ©sistance, quâils nomment PaNAT2. Reste Ă dĂ©finir prĂ©cisĂ©ment son rĂŽle. Pour cela, et grĂąceĂ la parfaite connaissance du gĂ©nome de ce cham-pignon, lâĂ©quipe de Philippe Silar fabrique dessouches mutĂ©es pour lesquelles le gĂšne de lâen-
zyme PaNAT2 est inactivĂ©. Et lesmettent Ă lâĂ©preuve dâun dĂ©rivĂ© de
pesticide trouvé dans certaines ter-res agricoles, la 3,4-dichloroaniline
(3,4-DCA). Lors de ces tests réalisés enmilieu liquide, environ 45 % du polluant
est dégradée par la souche normale de Podos-pora anserina au bout de trois jours, contre seu-
lement 5 % par la souche mutĂ©e du champi-gnon ! « Ces rĂ©sultats sans ambigĂŒitĂ© prouvent quela voie enzymatique de PaNAT2 est bien impliquĂ©e
dans la capacitĂ© de ce champignon Ă senourrir de certaines molĂ©cules aroma-tiques » assure Jean-Marie Dupret.LâĂ©tape suivante va sâavĂ©rer tout aussiconcluante. Afin de simuler uneexpĂ©rience de remĂ©diation, autre-ment dit de dĂ©contamination du sol,
les chercheurs ajoutent 0,5 g de champignon tou-tes les 24 h Ă un mĂ©lange de terre et de 3,4-DCA. Au bout de trois jours, ils y plantent desgraines de laitue, une plante choisie pour sasensibilitĂ© connue au 3,4 DCA. Mais mĂȘme avecune concentration extrĂȘme de polluant, la saladegerme sans problĂšme. Une preuve irrĂ©futable delâaction assainissante de Podospora anserina. Quidispose dâun autre atout non nĂ©gligeable entant que candidat Ă la restauration de lâĂ©quilibredes sols : son mode de multiplication. En effet,il se dĂ©veloppe essentiellement par reproductionsexuĂ©e. Pour Ă©viter une prolifĂ©ration incontrĂŽ-lable, il suffit dâinoculer des souches non com-patibles sexuellement dans le milieu et le cham-pignon disparaĂźt au bout de quelque temps.Mais avant dâimaginer des tests sur un champentier, lâĂ©quipe de chercheurs doit encore Ă©clair-cir quelques points : comment produire ce cham-pignon en grande quantitĂ© ? Est-il prĂ©fĂ©rable delâenfouir ou suffit-il de le dĂ©poser Ă la surface dela terre ? Etc. AprĂšs ces Ă©tudes prĂ©liminaires,les scientifiques envisageront un partenariatpour tester la mĂ©thode en grandeur nature.
Caroline DanglĂ©ant1. UnitĂ© de biologie fonctionnelle et adaptative (UniversitĂ©Paris-VII), Institut de gĂ©nĂ©tique et microbiologie (CNRS /UniversitĂ© Paris-XI), « Interfaces, traitements, organisationet dynamique des systĂšmes » (CNRS / UniversitĂ© Paris-VII).2. Ădition en ligne de la revue Journal of Biological Chemistry.3. Chercheur Ă lâInstitut de gĂ©nĂ©tique et microbiologie,professeur de lâuniversitĂ© Paris-VII.4. Directeur de lâunitĂ© de biologie fonctionnelle et adaptativede lâuniversitĂ© Paris-VII.
Un champignon qui mange la pollution
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Le journal du CNRS n° 237 octobre 2009Le journal du CNRS n° 237 octobre 2009
ENVIRONNEMENT
ĂCOLOGIE
Un groupe dâexplorateurs, dont fait partie une chercheuse du CNRS,va fouler lâune des derniĂšres terres vierges du globe, en Patagonie.
Des alpinistes Ă lâassaut dâune terre inconnue
L âesprit des grands explorateurs, Darwin,Humboldt ou Bougainville, anime lâexpĂ©-dition française qui, fin septembre, est par-tie Ă la conquĂȘte de lâune des derniĂšres
rĂ©gions inexplorĂ©es du monde, la cordillĂšre deDarwin, Ă lâextrĂȘme Sud de la Patagonie. Les par-ticipants ? On y trouve des alpinistes, des scien-tifiques, des photographes, mais aussi un cinĂ©asteet un Ă©crivain. Comme Ă lâĂąge dâor de lâexplorationdu monde, toutes les dimensions de la dĂ©cou-verte seront au rendez-vous dans cette expĂ©di-tion de six semaines baptisĂ©e, avec Ă propos, « UnrĂȘve de Darwin ». « Ă lâorigine du projet, il y a ungroupe de guides de haute montagne qui voulaientmonter une expĂ©dition dans une rĂ©gion inexplorĂ©e duglobe. Assez vite, leur regard sâest portĂ© sur la cordil-lĂšre de Darwin. MĂȘme si certains sommets cĂŽtiers decette chaĂźne ont Ă©tĂ© abordĂ©s, jamais personne nâatentĂ© de la traverser dans toute sa longueur », raconteSandra Lavorel, directrice de recherche du CNRSau Laboratoire dâĂ©cologie alpine (Leca) 1 deGrenoble et membre de lâĂ©quipĂ©e.« Yvan Estienne, le leader de lâexpĂ©dition, voulaitajouter Ă lâexpĂ©dition une composante scientifique.VoilĂ pourquoi il mâen a parlĂ©. » Et ce nâest pas auhasard que Sandra Lavorel a Ă©tĂ© contactĂ©e : elleest passionnĂ©e dâalpinisme⊠et spĂ©cialiste des Ă©co-systĂšmes des rĂ©gions aux climats extrĂȘmes. Pourune fois, ce sont les caractĂ©ristiques de lâexpĂ©di-tion qui ont dĂ©terminĂ© le choix de la rechercheet des expĂ©riences Ă rĂ©aliser : « Câest lâinverse dela dĂ©marche habituelle », admet volontiers la cher-cheuse. « Les alpinistes voulaient partir au dĂ©but duprintemps austral, lorsque la neige recouvre encore
CONTACTà Jean-Marie DupretLaboratoire « Réponses moléculaires etcellulaires aux xénobiotiques », unité BFA, [email protected]
CONTACTĂ Sandra LavorelLaboratoire dâĂ©cologie alpine de Grenoble (Leca), [email protected]
Mission VIEDESLABOS
En Patagonie, le tempspeut changer violemmentet les vents dĂ©passer les 200 km/h. VoilĂ lesconditions que SandraLavorel affrontera pourmener ses observationssur les Ă©cosystĂšmes.LâĂ©quipe effectuera une traversĂ©e de 100 km Ă travers cols, sommets et glaciers inconnus.
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Une mandibuletrĂšs parlanteUne partie de mandibule humaine,appartenant Ă un jeune individu et estimĂ©e1 Ă 500000 ans environ, a Ă©tĂ©rĂ©cemment dĂ©couverte dans la carriĂšreThomas 1, Ă Casablanca, par une Ă©quipefranco-marocaine2 dâarchĂ©ologuescodirigĂ©e par Jean-Paul Raynal, du laboratoire « De la PrĂ©histoire Ă lâactuel : culture, environnement et anthropologie » (Pacea)3. Ce sont les seuls restes dâenfant de cettepĂ©riode trouvĂ©s au Maghreb. En 1969, la carriĂšre avait dĂ©jĂ livrĂ© la moitiĂ©dâune mandibule, puis des dents, et, en 2008, une mandibule complĂštedâadulte, des fragments crĂąniens et des vertĂšbres. Vu la morphologie de lâensemble de ces fossiles, les chercheurs les attribuent Ă Homorhodesiensis, immĂ©diatement antĂ©rieurĂ Homo sapiens, lâhomme moderne. Ces dĂ©couvertes poussent donc Ă revoirlâanciennetĂ© de rhodesiensis,jusquâalors Ă©valuĂ©e Ă 300000 ansenviron. Et elles indiquent lâexistencedâune population de ce type prĂ©cisdâHomo clairement Ă©tablie dans larĂ©gion il y a un demi million dâannĂ©es.Le site marocain se rĂ©vĂšle aussifondamental pour Ă©valuer lâĂ©ventuellecontribution des hominidĂ©s nord-africains aux premierspeuplements dâEurope du Sud. Enfin, il sâagit du plus ancien tĂ©moignage de ces humains dĂ©jĂ tout proches de devenir des hommes modernes.> Contact : J.-P. Raynal, [email protected]
1. Elle a Ă©tĂ© trouvĂ©e dans le mĂȘme niveausĂ©dimentaire et Ă proximitĂ© dâune dent datĂ©e par rĂ©sonance de spin Ă©lectronique.2. Avec lâInstitut national des sciences de lâarchĂ©ologie et du patrimoine.3. Laboratoire CNRS / UniversitĂ© Bordeaux-I /MinistĂšre de la Culture et de la Communication.
Morceau de mandibule dâenfant, trouvĂ©e en mai au Maroc, et vieille de 500000 ans.
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Quels marchĂ©s le programme « HorizonhydrogĂšne Ă©nergie » (H2E), lancĂ© fin 2008,cible-t-il?Dominique Bernal : H2E a pour but la com-mercialisation Ă grande Ă©chelle de piles Ă com-bustibles (PAC 2) dans les secteurs qui ont besoindâĂ©lectricitĂ© sans fil, pour lesquels les solutionsactuelles sont peu adaptĂ©es (batteries Ă autono-mie trop limitĂ©e, groupes Ă©lectrogĂšnes bruyants,polluants, peu fiablesâŠ). Ce sont par exempleles flottes captives 3 de chariots Ă©lĂ©vateurs, devĂ©hicules administratifs et de transport collectifurbain. Nous ciblons Ă©galement la fournituredâĂ©lectricitĂ© de secours pour les sites sensibles(hĂŽpitaux, bases de donnĂ©es informatiquesâŠ) etpour les sites isolĂ©s telles les antennes de tĂ©lĂ©-communications non raccordĂ©es au rĂ©seau Ă©lec-trique. Enfin, nous travaillons au dĂ©veloppementde PAC en tant que source dâĂ©lectricitĂ© portablepour les pompiers, le Samu, le secteur de lâĂ©vĂ©-nementiel... Pour y parvenir, le programme fĂ©dĂšreune vingtaine de partenaires 4 autour dâAirLiquide, parmi lesquels le CNRS figure en bonneplace (lire lâencadrĂ©). Dâune durĂ©e de sept ans,H2E dispose dâun budget de prĂšs de 190 mil-lions dâeuros dont 67,6 dâaides apportĂ©es parlâĂ©tablissement public OsĂ©o. Une fois cetteĂ©tape franchie, la filiĂšre sera prĂȘte pourlâĂ©mergence de lâ« hydrogĂšne-Ă©ner-gie » dans le secteur automobile,prĂ©vue pour 2015.
Quels sont les verrous Ă lever?D.B. : Pour rentrer dans une phase dâindustria-lisation des PAC, il faut encore amĂ©liorer leur per-formance, leur fiabilitĂ© et rĂ©duire leur coĂ»t de pro-duction. CrĂ©Ă©e en 2001 et spĂ©cialisĂ©e dans lafabrication de PAC, notre filiale Axane a dĂ©jĂ bien avancĂ© sur ces diffĂ©rents points. Ainsi, unede ses PAC est parvenue Ă alimenter une antennerelais de tĂ©lĂ©phonie mobile durant 10 000 heu-res en continu. En outre, ses travaux ont permisde rĂ©duire leur coĂ»t de fabrication par dix, pouraboutir Ă une fourchette de 5000 Ă 10000 euros
par kilowatt. Sur cette thĂ©matique, plusieurs pis-tes dâamĂ©lioration sont explorĂ©es par H2E. Pourle cĆur de la pile, nos travaux sâorientent parexemple sur la diminution de la quantitĂ© de pla-tine, et la recherche de nouveaux matĂ©riaux pourles plaques bipolaires 5.
Les recherches se concentrent aussi sur lestechnologies de stockage de lâhydrogĂšne...D.B. : Tout Ă fait. Lâobjectif est de mettre aupoint des bouteilles et rĂ©servoirs Ă forte densitĂ©de stockage qui allient rĂ©sistance, sĂ©curitĂ©, lĂ©gĂš-
retĂ© et ergonomie. Ainsi, nousmisons sur le stockage sousforme gazeuse Ă haute pres-sion (350 Ă 700bars), supportĂ©par des matĂ©riaux compositesen fibre de carbone. Enfin,nous allons dĂ©velopper les tech-nologies permettant de pro-duire de lâhydrogĂšne par Ă©lec-trolyse, Ă partir dâĂ©lectricitĂ©dâorigine Ă©olienne et photo-voltaĂŻque. Ă lâheure actuelle,lâhydrogĂšne est majoritaire-ment obtenu par transforma-tion du gaz naturel. Mais dĂ©jĂ ,si lâon regarde lâensemble ducycle de vie, la propulsion devĂ©hicules par une PAC permetde diviser jusquâĂ un facteurdeux les Ă©missions de CO2 parrapport aux carburants pĂ©tro-liers. Face Ă la rarĂ©faction desressources fossiles annoncĂ©e, Ă lâessor de la demande Ă©nergĂ©-tique et au rĂ©chauffement cli-matique, lâhydrogĂšne-Ă©nergieest donc vraiment une des solu-tions pour lâavenir.
Le programme H2E a-t-ildâautres objectifs?D.B. : Le programme contri-buera aussi Ă lâadaptation dela rĂ©glementation sur lâhydro-gĂšne pour encadrer ces appli-cations Ă©nergĂ©tiques. Ă partir
des rĂ©sultats des travaux qui seront menĂ©s, lesautoritĂ©s dĂ©finiront les normes en matiĂšre desĂ©curitĂ© dâutilisation. Sur ce point, le programme
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INNOVATION 15
L a guerre chimique qui fait rage entreorganismes marins pourrait sauver desvies humaines. Câest lâespoir des parte-
naires, dont le CNRS, du projet Pharmasea quivient dâĂȘtre labellisĂ© par le pĂŽle de compĂ©titi-vitĂ© Mer Bretagne. Son ambition : sâattaquerĂ la maladie dâAlzheimer Ă lâaide de molĂ©cu-les dâorigine marine. En particulier en dĂ©ve-loppant un nouveau modĂšle dâĂ©tude de lamaladie sur la souris et en recherchant untraitement.Les membres de Pharmasea â deux PME etquatre centres de recherche acadĂ©miques 1 âne partent Ă©videmment pas de zĂ©ro. Le porteurdu projet nâest autre que la jeune entrepriseManRos Therapeutics 2, cofondĂ©e en 2007par le biologiste Laurent Meijer, du labora-toire « Phosphorylation de protĂ©ines et patho-logies humaines » 3 de la Station biologique deRoscoff, et HervĂ© Galons, chimiste Ă lâuni-versitĂ© Paris-V. LâĂ©quipe CNRS de LaurentMeijer Ă©tudie depuis plusieurs annĂ©es les ver-tus antitumorales ou antineurodĂ©gĂ©nĂ©rativesde molĂ©cules sĂ©crĂ©tĂ©es par les Ă©ponges et lesascidies, des invertĂ©brĂ©s marins, pour Ă©loi-gner leurs prĂ©dateurs. Chez lâhumain, cesmolĂ©cules sont susceptibles dâagir sur les pro-tĂ©ines kinases, capitales dans la vie et la mortdes cellules. Ces recherches ont menĂ© Ă ladĂ©couverte de la roscovitine, une molĂ©culeaujourdâhui brevetĂ©e par le CNRS et testĂ©een phase clinique contre le glaucome, cettepathologie oculaire pouvant conduire Ă laperte de la vue, et deux types de cancers. Câest justement pour donner un coup de fouetaux travaux sur ces molĂ©cules que LaurentMeijer, associĂ© Ă HervĂ© Galons, a crĂ©Ă© ManRosTherapeutics 4. Une petite sociĂ©tĂ© qui entendtriompher avec « vitesse et souplesse », commele prĂ©cise Laurent Meijer, des obstacles admi-nistratifs et financiers liĂ©s Ă la recherche phar-maceutique. Pour lâinstant, ManRos Thera-peutics teste quatre familles de molĂ©cules
marines en phase prĂ©-clinique (sur des enzymes,des cellules ou des ani-maux) contre la maladiedâAlzheimer donc, maisaussi contre les cancers,les leucĂ©mies et la poly-kystose rĂ©nale. Ensuite viendront âpeut-ĂȘtreâles essais sur lâhumain.La sociĂ©tĂ©, qui compte huit employĂ©s (biolo-gistes ou chimistes), a acquis les licences dâex-ploitation de ces molĂ©cules auprĂšs du CNRSqui, propriĂ©taire des brevets, profitera despossibles « retombĂ©es ». « Le but, Ă ManRos, cenâest pas de gagner de lâargent. Le vrai bonheur,câest de trouver de nouveaux traitements », expli-cite Laurent Meijer. Et lâambition est affir-mĂ©e. ManRos Therapeutics espĂšre se dĂ©ve-lopper des deux cĂŽtĂ©s de lâAtlantique, commele laisse deviner son nom : « Man » pourManhattan et « Ros » pour Roscoff. Lâim-plantation aux Ătats-Unis (oĂč se trouvent denombreux investisseurs), au mĂȘme titre queles distinctions et les articles de presseâ ManRos figure parmi les 100 start-up « lesplus prometteuses » de France dans un rĂ©centmagazine Ă©conomique 5 â devrait faciliter laquĂȘte de financements. Notamment pour desprojets ambitieux comme Pharmasea.
Mathieu Hautemulle
1. ManRos Therapeutics / C.RIS Pharma / CNRS /universitĂ© Rennes-I / universitĂ© Paris-V / CEA. 2. www.manros-therapeutics.com3. UnitĂ© de service et de recherche CNRS.4. Laurent Meijer a saisi lâopportunitĂ©, offerte auxchercheurs du CNRS par la loi AllĂšgre sur lâinnovationet la recherche, de consacrer Ă lâĂ©conomie 20% de sontemps de travail.5. Capital, aoĂ»t 2009.
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sâattelle dâailleurs au dĂ©veloppement de techno-logies sĂ»res, notamment pour les dispositifs deconnexion des bouteilles dâhydrogĂšne. Enfin,H2E mettra en place des dĂ©monstrations gran-deur nature et des actions pĂ©dagogiques afin defamiliariser le plus large public avec ce nouveauvecteur dâĂ©nergie propre.
Propos recueillis par Jean-Philippe Braly
1. Air Liquide est le leader mondial des gaz pour lâindustrie,la santĂ© et lâenvironnement. La sociĂ©tĂ© produit7 milliards de m3 dâhydrogĂšne par an, contribuant pour1,2 milliard dâeuros Ă son chiffre dâaffaires.2. Dispositif Ă©lectrochimique qui transforme directementen Ă©lectricitĂ© lâĂ©nergie contenue dans la molĂ©culedâhydrogĂšne. La PAC ne rejette que de lâeau, sans aucuneĂ©mission de CO2.3. Une flotte est dite captive lorsque les vĂ©hicules qui lacomposent sâapprovisionnent en carburant, en Ă©nergie,dans un lieu qui lui est propre et non dans des stationspubliques. 4. Parmi eux : Axane, HĂ©lion, Composites Aquitaine,Vicarb, Imphy Alloys, des PME, lâInstitut de soudure, leCEA, lâIneris et le CNRS.5. Les plaques bipolaires assurent la conduction desĂ©lectrons.
PROGRAMME
INNOVATION Entretien
Air Liquide1 pilote depuis fin 2008 le programme « Horizon hydrogĂšne Ă©nergie »auquel participe le CNRS. Objectif : dĂ©velopper et commercialiser les premiĂšresapplications de lâĂ©nergie provenant de lâhydrogĂšne. Dominique Bernal, directeur destechnologies avancĂ©es du groupe, expose les dĂ©fis Ă relever.
BRĂVE
Les 5 et 6novembreprochains, chercheurset industriels seretrouveront Ă OrlĂ©anspour partager leurssavoirs concernant le verre, ce matĂ©riau si prĂ©sent au quotidienet en perpĂ©tuelleĂ©volution. Lors desjournĂ©es Verre 2009,organisĂ©es par lâUnionpour la science et latechnologie verriĂšres,les professionnelsĂ©changeront ainsiautour destechnologies utilisĂ©espar lâindustrie, et desavancĂ©es rĂ©centes surla physique des verres.Par exemple sur laconnaissance de la
structure du matĂ©riauen dessous delâĂ©chellenanomĂ©trique, sur lesvitrocĂ©ramiques, ouencore sur les verresdits exotiques.Autres sujets abordĂ©s,les dĂ©fis scientifiquespour des applicationscomme la vitrificationdes dĂ©chetsnuclĂ©aires.Le CNRS est partenairede cet Ă©vĂšnement, auxcĂŽtĂ©s dâacteurs de larecherche (CEA,universitĂ© dâOrlĂ©ans,etc.), et dâindustriels(Saint-Gobain,Baccarat, etc.).
> Pour en savoir plus :http://verre2009.cnrs-orleans.fr/
Deux journéespour le verre
CONTACTĂ Laurent MeijerStation biologique de [email protected]
LâĂ©ponge axinelle,source potentiellede molĂ©culesbioactives, dansson milieu naturelen Bretagne.
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Un remĂšde venu du fond des mersALZHEIMER
Avec huit laboratoires impliquĂ©s1, le CNRS est lâun despartenaires majeurs du programme H2E. Ă titre dâexemple, leLaboratoire dâĂ©nergĂ©tique et de mĂ©canique thĂ©orique etappliquĂ©e (Lemta2) travaillera Ă lâamĂ©lioration de la partieactive des piles Ă combustibles (PAC) : « Notre unitĂ© varecevoir un million dâeuros de lâEtat pour apporter auprogramme son expertise dans la conception,lâinstrumentation et lâanalyse du fonctionnement des PAC,prĂ©cise Olivier Lottin, chercheur au Lemta. Nos travauxpourraient gĂ©nĂ©rer le dĂ©pĂŽt de brevets. En outre, cepartenariat nous permet dâentrer en contact avec lesindustriels internationaux Ă la pointe du domaine. »Deux autres laboratoires impliquant le CNRS travaillentaussi sur les PAC, trois sur les matĂ©riaux composites pour le stockage de lâhydrogĂšne et deux sur les aspects liĂ©s Ă la sĂ©curitĂ© dâutilisation. Plus gĂ©nĂ©ralement, Air Liquide et le CNRS ont plus dâune cinquantaine de
collaborations en cours dans le cadre dâun partenariatconclu en 2002.
J-P. B.
1. Institut pluridisciplinaire de recherche sur lâenvironnement et les matĂ©riaux ; Laboratoire de mĂ©canique physique ; Laboratoire de mĂ©canique
et de physique des matĂ©riaux ; Laboratoire dâĂ©tudesthermiques ; Laboratoire dâĂ©nergĂ©tique et de mĂ©canique
thĂ©orique et appliquĂ©e ; Laboratoire dâĂ©lectrochimie et de physicochimie des matĂ©riaux et des interfaces ;
Laboratoire matériaux organiques à propriétés spécifiques ;Laboratoire de combustion et de détonique.2. Laboratoire CNRS, Nancy Université.
Contact : Olivier Lottin, [email protected]
LE CNRS MOBILISĂ CONTACTĂ Dominique BernalAir [email protected]
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Fauteuil mĂ©dicalisĂ©fonctionnant avec une pile Ă combustibleet de lâhydrogĂšne.
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HydrogĂšne : une Ă©nergie durable pour lâavenir
la diffĂ©rence entre un psychologue et un psychiatre 3. Ensuite, en raison desreprĂ©sentations quâelles ont sur la dĂ©pression :certes, 85 % dâenquĂȘtĂ©s la considĂšrent biencomme une maladie. Mais pour un tiers des rĂ©pondants â qui lui prĂȘtent des causesbiologiques â elle se soigne avant tout parantidĂ©presseurs. Seulement un quart desrĂ©pondants â qui la considĂšrent plutĂŽt liĂ©e Ă des causes psycho-sociales â privilĂ©gieraientla psychothĂ©rapie. Enfin, moins dâun quartpensent quâon peut sâen sortir tout seul.
En quoi cette enquĂȘte peut-elle faire Ă©voluer la situation?X.B. : Nous avons, grĂące Ă cette consultation etnotamment Ă son volet sur les reprĂ©sentationsde la population sur la dĂ©pression, conçu lapremiĂšre campagne française dâinformationsur le thĂšme 4 en novembre 2007. Un livretgrand public met ainsi lâaccent sur lâefficacitĂ©de la psychothĂ©rapie. Par ailleurs, notre travail montre quâil faut adapter les « soins » Ă chaque individu, en instaurant
des stratĂ©gies thĂ©rapeutiques mĂ©dico-psychologiques bien sĂ»r, mais aussi sociales,notamment sur le terrainprofessionnel. Et tenter,en amont, dâamĂ©liorer lesconditions de vie, dâĂ©ducation,de travail ou de parentalitĂ©,pour faire en sorte que
la dĂ©pression ne se dĂ©clenche pas. Car mieux vaut prĂ©venir que (tenter de) guĂ©rirâŠ
Propos recueillis par Stéphanie Arc
1. Centre CNRS / Inserm / UniversitĂ© Paris-V.2. Xavier Briffault a codirigĂ©, avec BĂ©atrice Lamboy, de lâInpes, lâenquĂȘte menĂ©e de 2005 Ă 2008 sur6 500 personnes qui a donnĂ© lieu Ă lâouvrage intitulĂ© La dĂ©pression en France : enquĂȘte Anadep 2005, Ă©d. Inpes, coll. Ătudes santĂ©.3. Le premier possĂšde une formation universitairespĂ©cialisĂ©e en psychologie (niveau bac + 5), le second est un mĂ©decin spĂ©cialisĂ©.4. www.info-depression.fr.
La plus grande enquĂȘte menĂ©e au sein de la population 2 et dĂ©diĂ©e Ă la dĂ©pression en France vient dâĂȘtre publiĂ©e par lâInstitutnational de prĂ©vention et dâĂ©ducation pour la santĂ© (Inpes). Ce trouble est-il trĂšs rĂ©pandu? Xavier Briffault : Oui, puisque selon notreĂ©tude, prĂšs de 18 % des Français ont prĂ©sentĂ©,au cours de leur vie, un « Ă©pisode dĂ©pressifmajeur » (EDM), sĂ©vĂšre pour 50 % dâentreeux. Chaque annĂ©e, environ 2 millions de Français connaissent un tel Ă©pisode. Et il ne sâagit pas dâ« un coup de blues ». La « dĂ©pression », telle quâelle est dĂ©finie dansnotre enquĂȘte, se traduit soit par une tristesseet un dĂ©sespoir profonds, soit par une pertetotale dâintĂ©rĂȘt et de plaisir. Et au minimumpar quatre des symptĂŽmes suivants : fatigue extrĂȘme, ralentissementpsychomoteur, perte ou prise de poidsimportantes, insomnies rĂ©currentes, pensĂ©esmorbides, idĂ©es suicidaires⊠Le tout durant au moins deux semaines, tous les jours, toute la journĂ©e. Elle entraĂźne aussi uneperturbation des activitĂ©s habituelles ou bienune souffrance cliniquement significative.Cela dit, il nây a pas dâĂ©pidĂ©mie de dĂ©pressionen France : ces chiffres nâont guĂšre variĂ©depuis vingt ans, et sâavĂšrent sensiblement les mĂȘmes dans tous les pays occidentaux.
Quelles sont les personnes les plus touchĂ©es?X.B. : Tout le monde, Ă tout Ăąge, peut ĂȘtreconcernĂ© par un Ă©pisode dĂ©pressif⊠Mais il est vrai que les femmes sont deux foisplus souvent touchĂ©es que les hommes. LadĂ©pression est en effet liĂ©e Ă certains facteursde risques : le fait dâavoir eu des parents en conflit, humiliants, peu aimants, ou encoreincestueux, dâavoir Ă©tĂ© victime dâagressionsexuelle ou de violence physique et morale,
dâavoir rencontrĂ© des difficultĂ©s dâaccĂšs aux Ă©tudes, de connaĂźtre le chĂŽmage ou la prĂ©caritĂ© professionnelle, la dĂ©pendancefinanciĂšre ou dâavoir Ă charge dâĂ©lever un grand nombre dâenfants. Or plus souventque les hommes, les femmes sont exposĂ©es Ă nombre de ces risques. Elles seront donc23 % Ă vivre un EDM au cours de leur vie,contre 12 % des hommes.
Ces Français et Françaises qui souffrent de dĂ©pression ont-ils recours aux soins?X.B. : Assez peu, et souvent pas de la façon laplus adĂ©quate⊠Ainsi, un tiers de ceux qui ont vĂ©cu un Ă©pisode dĂ©pressif nâontjamais consultĂ© de professionnel« pour raison de santĂ© mentale ».Ce sont les femmes ainsi que lespersonnes plus diplĂŽmĂ©es, decatĂ©gories sociales plus Ă©levĂ©es,qui y ont davantage recours. Parmiceux qui consultent, 31 % vontuniquement voir un gĂ©nĂ©raliste.Quant aux traitements, ce sont les mĂ©dicaments (antidĂ©presseurs, somnifĂšres, anxiolytiquesâŠ)qui lâemportent (52 % des cas) face Ă la psychothĂ©rapie (26 %). Or, selon les recommandations internationales, celle-ci devrait ĂȘtre un traitement de base,particuliĂšrement pour les dĂ©pressions peusĂ©vĂšres. Câest ainsi davantage le cas dansdâautres pays europĂ©ens tels que les Pays-Bas,oĂč la psychothĂ©rapie est mieux valorisĂ©e.
Pourquoi cette rĂ©ticence Ă aller voir un « psy »?X.B. : Dâabord, parce quâune large majoritĂ© de personnes pensent quâune thĂ©rapie sâavĂšrelongue et coĂ»teuse. Et elles ont du mal Ă savoirqui fait quoi⊠La moitiĂ© des personnesinterrogĂ©es dĂ©clare ne pas connaĂźtre
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Xavier Briffault, chercheur en sociologie et épidémiologie de la santé mentaleau Centre de recherche « Psychotropes, santé mentale, société » (Cesames) 1
La dépressionen mal de thérapies
PAROLEDâEXPERT16
CONTACTà Xavier BriffaultCentre de recherche « Psychotropes, santé mentale, société » (Cesames), [email protected]
«Il nây a pasdâĂ©pidĂ©mie de dĂ©pression en France.»
ont modulĂ© le systĂšme biologique avec des choixzootechniques. » En dâautres termes, elle veutdistinguer, dans le processus dâĂ©volution des animaux domestiques, ce qui relĂšve de lâenvironnement ou du facteur humain.Comment cette jeune femme de 36 ans est-elledevenue une spĂ©cialiste reconnue de lâĂ©levageprĂ©historique ? AprĂšs des Ă©tudes dâarchĂ©ologie,Marie sâinitie Ă lâarchĂ©ozoologie et passe un doctorat en sciences de la Terre Ă lâuniversitĂ© Paris-VI oĂč elle apprend
les techniques dâanalyse isotopique des restes osseux. Depuis, elle conjugue
les deux disciplines. « Mes recherchesrelÚvent des sciences humaines et sociales,
mes méthodes des sciences de la Terre »,précise-t-elle. Elle entre au CNRS en2001 et applique ses connaissancestechniques aux problÚmesarchéozoologiques. Elle y excelle,
Ă tel point quâelle reçoit dĂšs 2005la mĂ©daille de bronze du CNRS.TrĂšs vite, elle se spĂ©cialise dans
lâĂ©tude des pratiques dâĂ©levageau NĂ©olithique. Les Ă©levages
européens du XXIe siÚcle résultentde savoir-faire plurimillénaires.
Le mouton, la chĂšvre, le bĆuf et le porc ont Ă©tĂ© domestiquĂ©s
vers 8 500 av. J.-C. dans les montagnesanatoliennes, dans lâactuelle Turquie. La
plupart des populations animalesdomestiques européennes
du Néolithique descendent de ces premiÚres lignées.Mais leur diffusion hors de leur niche écologiquenaturelle implique parfoisdes modifications de leurcomportement alimentaireet reproductif. Ce sont ces modifications que lascientifique veut décrypter.
Mùchoires récentes de petits cochonscorses voisinant une caisse de dentsde bovins vieilles de 8 000 ans⊠Il rÚgne dans le bureau de Marie
Balasse un joyeux dĂ©sordre. Et pas le moindresigne extĂ©rieur de richesse. Pourtant, la jeunechercheuse du laboratoire « ArchĂ©ozoologie,archĂ©obotanique : sociĂ©tĂ©s, pratiques etenvironnements » 1, Ă Paris, a gagnĂ© lâannĂ©ederniĂšre une bourse europĂ©enne de prĂšs de900 000 euros destinĂ©e Ă financer son projetsur cinq ans 2. La voici Ă la tĂȘte dâune Ă©quipe de huit personnes avec des crĂ©dits Ă gĂ©rer, desmissions et des salaires Ă prĂ©voir, des rĂ©sultatsĂ publier et des comptes Ă rendre tous les18 mois. Son projet ? Ătudier les techniquesdâĂ©levage des sociĂ©tĂ©s prĂ©historiques. PlusprĂ©cisĂ©ment, elle souhaite « Ă©valuer lescontraintes environnementales et physiologiques de lâĂ©levage en Europe et dĂ©terminer dansquelle mesureles Ă©leveurs duNĂ©olithique 3
JEUNESCHERCHEURS 17
Comment retrouver les conditions de viedâanimaux disparus depuis si longtemps ? Ă cĂŽtĂ© des mĂ©thodes dâostĂ©ologie classique, il existe un tĂ©moin dĂ©cisif : les dents. « Unedent de chĂšvre, mĂȘme vieille de 9000 ans, dĂ©tientdes informations prĂ©cieuses », explique-t-elle.LâĂ©mail dentaire garde en effet en mĂ©moire la pĂ©riode de croissance de lâanimal, depuis la saison de sa naissance jusquâĂ ses phases de lactation ou de transhumance, en passantpar ses stress nutritionnels. Encore faut-ilsavoir le faire parler. Cette enquĂȘte reposenotamment sur des analyses isotopiques trĂšsfines et un matĂ©riel de pointe, que la rĂ©centebourse a permis au MNHN dâacquĂ©rir.Aujourdâhui, le projet de Marie Balasse et deson Ă©quipe, baptisĂ© Sianhe, comporte troisvolets. Dâabord lâĂ©tude de la gestion alimentairedes troupeaux du VIIe au IIIe millĂ©naire avantnotre Ăšre : les isotopes stables du carbonerĂ©vĂšlent la nature de la nourriture, terrestre ou marine. Parmi les animaux examinĂ©s, les Ă©tonnants moutons de lâarchipel des Orcades, au Nord de lâĂcosse. Nourrisexclusivement dâalgues â quâils vont parfoischercher Ă la nageâ, ces moutons prĂ©sententdes adaptations physiologiques qui entraventaujourdâhui leur retour sur des pĂąturesterrestres. Une piste du projet est dâĂ©tudier, en comparant des dents fossiles et des donnĂ©esactuelles, lâanciennetĂ© de ces adaptations, peut-ĂȘtre liĂ©e Ă celle de cette pratique. Les chercheurs sâintĂ©resseront en deuxiĂšmelieu au contrĂŽle de la reproduction et Ă lasaisonnalitĂ© des naissances au NĂ©olithique.Pour cela, ils analyseront cette fois les isotopesstables de lâoxygĂšne dans des restes dentairesde moutons, bovins et cochons issus dediffĂ©rents sites europĂ©ens. Enfin, ils Ă©tudieront,grĂące aux isotopes stables de lâazote, la durĂ©e de lactation chez les bovins au NĂ©olithiquemoyen, essentiellement dans le sud de laFrance et en Roumanie. On le voit, le projet deMarie Balasse recĂšle une multitude de facettes.Un challenge quâelle aborde avec sĂ©rĂ©nitĂ©.
Françoise Tristanià Retrouvez les « Talents » du CNRS surwww.cnrs.fr/fr/recherche/prix.htm
1. Laboratoire CNRS / MusĂ©um national dâhistoirenaturelle.2. La bourse Starting Independent Investigator Grants, lancĂ©e par le Conseil europĂ©en de la recherche (ERC),rĂ©compense 300 jeunes chercheurs europĂ©ens sĂ©lectionnĂ©sparmi plus de 9 000 candidatures.3. Le NĂ©olithique est apparu Ă des Ă©poques diffĂ©rentes selon les endroits : il y a environ 9 000 ans au Moyen-Orient, il y a 3 000 ans en AmĂ©rique du Nord.
Le journal du CNRS n° 237 octobre 2009
Marie BalasseCroque lâĂ©levage Ă pleines dents
CONTACTà Marie BalasseLaboratoire « Archéozoologie, archéobotanique :sociétés, pratiques et environnements », [email protected]
« Mes recherchesrelÚvent des scienceshumaines et sociales,mes méthodes dessciences de la Terre. »
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Elles courent, elles courent, lesnanosciences et les nanotechno-logies, au point de sâimposeraujourdâhui parmi les domainesprioritaires de la recherche et de
lâinnovation en Europe, aux Ătats-Unis et enAsie. Et comme un pan de plus en plus majeurde lâĂ©conomie planĂ©taire. EstimĂ© actuellementĂ 100 milliards dâeuros, le marchĂ© internatio-nal des nanos, prĂ©voient les analystes, devraitfranchir la barre des 1 700 milliards dâeuros en2014 et reprĂ©senter 15% de la production manu-facturiĂšre mondiale ! Le temps des dĂ©buts incer-tains semble loin, quand le physicien amĂ©ri-cain Richard Feynman affirmait en 1959, dansune confĂ©rence provocatrice, que lâon pourraitĂ©crire toute lâEncyclopaedia Britannica dans unetĂȘte dâĂ©pingle et rĂ©sumait sa vision de lâaveniren une formule prophĂ©tique : « There is plentyof room at the bottom » 1. AprĂšs sâĂȘtre dĂ©veloppĂ©es dans les labos, lesnanos nâen finissent pas dâĂ©tonner et font dĂ©jĂ largement partie de la vie courante, quâil sâagissede la nanoĂ©lectronique omniprĂ©sente dans lâin-formatique, de lâencapsulation de mĂ©dicamentsdans des nanoparticules ou des nanodispositifs
pour lâanalyse et le diagnostic mĂ©dical. Sansoublier les revĂȘtements nanostructurĂ©s Ă base denitrure de titane pour augmenter la durĂ©e devie des outils de coupe, la nanofiltration deseaux usĂ©es, les nanocristaux dâargent dans lespansements pour constituer une barriĂšre anti-microbienne, les nanoparticules inorganiquesintĂ©grĂ©es comme additifs dans les peinturespour accroĂźtre leur rĂ©sistance Ă lâabrasion, lesnanocatalyseurs, les emballages nanocomposi-tes et tutti quanti. « Dans cette course Ă la minia-turisation, lâĂ©lectronique Ă©tait sans doute la disciplinela plus Ă la pointe il y a cinq ans, commente Jean-Michel Lourtioz, directeur de lâInstitut dâĂ©lec-tronique fondamentale (IEF) 2. Aujourdâhui, lesrecherches mariant les micro- et nanotechnologiesĂ la biologie et Ă la mĂ©decine suscitent une moti-vation comparable, et contribuent Ă des progrĂšs trĂšsimportants dans ces deux domaines. »
CE QUE CACHE LE TOUT NANOMais au fait, de quoi parle-t-on, au juste ? Lesnanosciences « visent Ă lâexploration des propriĂ©-tĂ©s physiques, chimiques et mĂ©caniques nouvelles quemanifeste la matiĂšre Ă lâĂ©chelle du milliardiĂšme demĂštre, et les nanotechnologies Ă leur mise en
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Il y a tout juste quatre ans, Le journal du CNRS consacrait sa une Ă lâessor fulgurantdes nanosciences et des nanotechnologies qui, cela ne faisait guĂšre de doute,allaient rĂ©volutionner de nombreux domaines dont la mĂ©decine et lâĂ©lectronique.Alors quâen est-il aujourdâhui? Les applications sont-elles au rendez-vous? Dans quels domaines? Y a-t-il eu des Ă©checs? Quels sont les nouveaux dĂ©fis pour la recherche? Comment sâest positionnĂ©e la France dans ce secteur Ă la croissance exponentielle? Pour le lancement ce mois-ci du grand dĂ©bat sur les nanotechnologies organisĂ© par la Commission nationale du dĂ©bat public(CNDP), nous avons voulu dresser un bilan dâĂ©tape. Verdict : les nanossemblent bel et bien tenir leurs promesses⊠Dossier rĂ©alisĂ© par Philippe Testard-VaillantLES PROMESSES TENUES
DES NANOS
Couverture du Journaldu CNRS dâoctobre2005. Quatre ansaprĂšs, oĂč en sont les nanos?
Le journal du CNRS n° 237 octobre 2009 Le journal du CNRS n° 237 octobre 2009
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Les nanotechnologies font dĂ©jĂ partie de la viecourante. Les nanotubes de carbone, par exemple,sont employĂ©s pour rĂ©aliserdes clubs et des balles de golf ou des cadres de vĂ©lo. Mais les nanos sont aussi prĂ©sentes dans des produitscosmĂ©tiques (crĂšmes solaires, anti-vieillissementâŠ), les pneumatiques,lâĂ©lectronique, les peintureset les vernis, les systĂšmesantibactĂ©riens de certainslave-lingeâŠ
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le dĂ©pĂŽt de brevets. Or, sans une rĂ©action dâenvergure,face Ă de nouveaux entrants redoutablement per-formants (TaĂŻwan, CorĂ©e du Sud, Singapour, IsraĂ«l,RussieâŠ), nous serons progressivement distancĂ©sdu peloton des nations qui ambitionnent de jouer unrĂŽle de premier plan, au niveau mondial, dans lâex-ploitation Ă©conomique des nanotechnologies. » DâoĂč le lancement, en mai dernier, du planNano-Innov. DotĂ© dĂšs cette annĂ©e dâun budgetde 70 millions dâeuros gĂ©rĂ© par lâAgence natio-
nale de la recherche (ANR) et dĂ©jĂ garanti pour2010, ce programme repose sur la crĂ©ation detrois grands centres dâintĂ©gration technologiquesĂ Saclay, en rĂ©gion parisienne, Toulouse etGrenoble. « Ces trois pĂŽles complĂ©mentaires vontpermettre, pour la premiĂšre fois dans ce domaine-clĂ©, dâassocier intimement recherche scientifique etdĂ©veloppement industriel », insiste Pierre Guillon,directeur de lâInstitut des sciences et technolo-gies de lâinformation et de lâingĂ©nierie (INST2I).
Lâobjectif nâest pas du tout dâarrĂȘter de faire desnanosciences, mais de « sensibiliser un certainnombre dâĂ©quipes acadĂ©miques de trĂšs haut niveauaux aspects applicatifs de leurs travaux », ren-chĂ©rit Alain Costes. Ă terme, chaque centredâintĂ©gration disposera dâĂ©quipements mutua-lisĂ©s couvrant tout le spectre des nanotechno-logies, et se trouvera ainsi dans les meilleuresconditions pour travailler main dans la mainavec lâindustrie.
LA FRANCE, PLUS NANOSCIENCESQUE NANOTECHNOLOGIELa place de la France dans la compĂ©tition inter-nationale trĂšs agressive que se livrent les prin-cipaux acteurs du secteur ? Avec quelque3500 publications sur le thĂšme par an, lâHexagonedĂ©croche une trĂšs honorable cinquiĂšme placederriĂšre les Ătats-Unis, le Japon, la Chine etlâAllemagne. Du cĂŽtĂ© de la recherche technolo-
gique, lâĂ©lĂšve tricolore occupe en revanche unrang bien plus modeste (moins de 2 % des bre-vets mondiaux). Dans ce domaine, « notre paysfigure dans la catĂ©gorie des tours dâivoire, dit AlainCostes, du Laboratoire dâanalyse et dâarchitec-ture des systĂšmes (Laas) du CNRS. Cela signifieque nous avons des difficultĂ©s Ă transformer les rĂ©sul-tats de notre recherche scientifique en innovationstechniques porteuses de croissance Ă©conomique, via
DĂ©jĂ , une dizaine denanomĂ©dicaments, concernantnotamment le traitement du cancer(Endorem, Caelyx, DoxilâŠ) et de mycoses profondes(Ambisome), sont sur le marchĂ©. Ces nanoparticules soixante-dix foisplus petites quâun globule rouge et biodĂ©gradables peuvent dĂ©livrerleurs principes actifs Ă un organe, un tissu ou une cellule malade. Celles de premiĂšre gĂ©nĂ©ration sont reconnues par lâorganismecomme des corps Ă©trangers et doncĂ©liminĂ©es via le foie. Elles sâavĂšrentdonc trĂšs utiles, mais uniquement pour les pathologies hĂ©patiques. La deuxiĂšme gĂ©nĂ©ration, dite furtiveparce que recouverte de polymĂšreshydrophiles et flexibles la rendantinvisible au systĂšme immunitaire, a pu Ă©tendre les indications.SĂ©journant beaucoup plus longtemps dans la circulation sanguine gĂ©nĂ©rale, ces nanovecteurs peuvent traiter dâautrespathologies comme les maladiesdĂ©gĂ©nĂ©ratives cĂ©rĂ©brales.
Lâheure est aux vecteurs de troisiĂšme gĂ©nĂ©ration. Leur avantage? « On peutĂ©quiper ces nanotransporteursde âtĂȘtes chercheuses »(vitamines, hormones,anticorps, peptidesâŠ) qui vont reconnaĂźtre de maniĂšre
sĂ©lective les cellules pathologiques cibles »,se fĂ©licite Patrick Couvreur, directeur dulaboratoire « Physicochimie, pharmacotechnie,biopharmacie »1. Autre avantage de cesmissiles hyperminiaturisĂ©s : en y intĂ©grant des nanoparticules mĂ©talliques, la libĂ©ration du mĂ©dicament, au lieu dâintervenir de maniĂšrepassive, au fil du temps, peut ĂȘtre activĂ©e Ă volontĂ© par des ultrasons ou par chauffageradiofrĂ©quence. Une autre application des nanovecteurssemble trĂšs prometteuse. Il ne sâagirait plus de dĂ©livrer aux cellules des substancesmĂ©dicamenteuses mais des portions dâADN.« Remplacer entiĂšrement un gĂšne dĂ©fectueuxou absent reste toujours extrĂȘmementproblĂ©matique, dit Patrick Couvreur.En revanche, les nanovecteurs pourrontacheminer de petits fragments dâacidesnuclĂ©iques afin dâinhiber lâexpression dâun gĂšne cancĂ©reux ou viral. »
1. Laboratoire CNRS / Université Paris-XI.
Ă Patrick [email protected]
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Ćuvre dans toutes sortes de produits finauxcommercialisables », rappelle Claude Weisbuch,du Laboratoire de Physique de la matiĂšrecondensĂ©e (PMC) 3. Pour crĂ©er du nano, il existedeux recettes : il y a dâabord lâapproche des-cendante qui consiste Ă rĂ©duire de maniĂšre pro-gressive la taille des objets pour pĂ©nĂ©trer infine dans la zone se situant en dessous de100 nm. Et lâapproche inverse qui consiste Ă manipuler la matiĂšre atome par atome pourconstruire des nano-objets. Pour les « puristes »comme Christian Joachim, du Centre dâĂ©labo-ration des matĂ©riaux et dâĂ©tudes structurales(Cemes) du CNRS, les nanotechnologies selimitent dâailleurs Ă cette derniĂšre voie : « LeurdĂ©finition est devenue beaucoup trop Ă©lastique et95 % de ce qui se dit nano relĂšve de lâabus de lan-gage. » Aux experts de vider cette querelle⊠Toujours est-il que, sâagissant des constructionsatome par atome ou des expĂ©riences avec uneseule molĂ©cule, les prouesses se sont multi-pliĂ©es en cinq ans grĂące aux microscopes Ă effettunnel (STM) et Ă force atomique (AFM)4. « TrĂšsrĂ©cemment, sâenthousiasme Christian Joachim,des chercheurs du centre de recherche dâIBMResearch Ă Zurich sont parvenus Ă cartographierles liaisons chimiques Ă lâintĂ©rieur mĂȘme dâunemolĂ©cule de pentacĂšne. » Un peu comme uneradio permet de voir Ă lâintĂ©rieur du corpshumain. Les avancĂ©es les plus fascinantesconcernent toutefois la mĂ©canique. « Noussavons fabriquer des molĂ©cules-moteurs, desmolĂ©cules-engrenages, des molĂ©cules-brouettes, etc.,dont les dimensions font 1 Ă 2 nanomĂštres. Il y amĂȘme en ce moment un petit concours sur la pla-nĂšte pour construire la premiĂšre molĂ©cule-voitureĂ©quipĂ©e de quatre roues et dâun moteur ! Personnene peut dire Ă quelles applications pourraient ser-vir ces molĂ©cules-machines. Mais ces travaux nousapprennent dĂ©jĂ les rĂšgles de conception de machi-neries ou de circuits dans une seule molĂ©cule. »
Les liposomes, des vĂ©sicules dequelques dizaines Ă quelques centainesde nanomĂštres,constituentdâexcellentsnanovecteurs de mĂ©dicaments.
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DES MĂDICAMENTSde prĂ©cision
Incubation denanomĂ©dicamentsavec des cellulescancĂ©reuses de souris. Lâobjectif de cette rechercheest la dĂ©couverted'un nouveaumĂ©dicamentanticancĂ©reux.
Nul besoin dâune boule de cristal pour prĂ©dire que les diodesĂ©lectroluminescentes (LED), Ă base de matĂ©riaux semi-conducteurs,essentiellement le nitrure de gallium,sâapprĂȘtent Ă envahir notre quotidien.Câest dĂ©jĂ fait. Pas un mois ne passe sans que des ingĂ©nieurs ne leur trouventune nouvelle utilitĂ© dans les tĂ©lĂ©viseurs et les tĂ©lĂ©commandes, les automobiles ou les tĂ©lĂ©phones portables, pour lâĂ©clairage public ou domestiqueâŠÂ« On cherche actuellement Ă y incorporerdes nanocristaux au lieu des couchesâclassiquesâ convertissant le bleu en jaune comme dans les tubesfluorescents (les nĂ©ons) », explique Jean-Yves Duboz, directeur du Centre de recherche sur lâhĂ©tĂ©roĂ©pitaxie et ses applications (CRHEA) du CNRS. En effet, ces nanocristaux, quand ils sonttraversĂ©s par des Ă©lectrons (un courantĂ©lectrique), Ă©mettent des photons (de la lumiĂšre). Seulement, les photonsĂ©mis peuvent, selon leur taille, ĂȘtresource de diffĂ©rentes couleurs.
« Pour obtenir un Ă©clairage blanc, onâmĂ©langeâ astucieusement des photonsrouges, bleus et verts, ce qui suppose decoupler trois LED, dit Jean-Yves Duboz.Pour notre part, nous essayons de mettreau point des LED nâutilisant quâun seulcristal capable dâĂ©mettre directementtoutes les couleurs. Pour cela, nous y insĂ©rons des Ă©lĂ©ments nanomĂ©triques,des espĂšces de âgrumeauxâ de taillevariĂ©e Ă©mettant qui du bleu, qui du vert,qui du rougeâŠ, et produisant, Ă eux tous,de la lumiĂšreblanche. Câest la solution idĂ©ale sur le papier. MĂȘme,si pour le moment,nos LED manquentde puissance. »
Les cristauxphotoniquespourraient permettrebientĂŽt dâamĂ©liorerlâefficacitĂ© des LED.
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LES NANOLUMIĂRESbrillent de mille feux
Quid du rendement des systĂšmesactuels? Franchement satisfaisant. Les LED blanches commercialisĂ©es Ă ce jour affichent une efficacitĂ©lumineuse de 100 lumens 1 par watt(lm/W), contre 60 Ă 80 lm/W pour les lampes Ă fluorescence et 16 lm/Wpour les ampoules Ă incandescence.« Des prototypes frisent les 200 lm/W,poursuit Jean-Yves Duboz. Toutefois, les LED sont trĂšs efficaces quand elles fonctionnent sous faible courant.Mais aux plus forts courants quâil faudraitpour assurer lâĂ©clairage public et industriel Ă coĂ»t rĂ©duit, leur efficacitĂ©chute encore un peu (75 lm/W). » Faire appel aux cristaux photoniques (des espĂšces de cages Ă lumiĂšreconstituĂ©es dâun agencement pĂ©riodiquede nanostructures et fonctionnant grosso modo comme les panneauxcatadioptriques installĂ©s le long des routes) pourrait « amĂ©liorer la directionnalitĂ© des LED, autrement dit, les empĂȘcher de cracher
de la lumiĂšre dans toutes les directions »,renchĂ©rit Henri Benisty,du Laboratoire Charles-Fabry de lâInstitut dâoptique(LCFIO) 2.
1. Le lumen est lâunitĂ© de mesure du flux lumineux.2. UnitĂ© CNRS / UniversitĂ© Paris-XI.
Ă Jean-Yves [email protected]
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Banc de mesuredes propriétésélectroluminescentesde LED.
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Observation Ă lâaide dâun microscopeĂ©lectronique Ă balayage de micro-disquesde nitruredâaluminium et de gallium, unsemi-conducteurutilisĂ© pourfabriquer des LED.
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Le journal du CNRS n° 237 octobre 2009 Le journal du CNRS n° 237 octobre 2009
Le CNRS est un des grands acteurs de ceplan. Il faut dire quâavec environ 170 labora-toires et prĂšs de 2 000 chercheurs impliquĂ©s,les nanos font incontestablement partie desprioritĂ©s scientifiques depuis plusieurs annĂ©es.Et la nouvelle organisation â prĂ©vue par leContrat dâobjectifs 2009-2013 du CNRS aveclâĂtat â vient dâen apporter une nouvelle preuve.Au centre de celle-ci, figurent en effet troisgrands PĂŽles interdisciplinaires, dont un bap-tisé⊠« Origine et maĂźtrise de la matiĂšre, Nano-sciences, Nanotechnologies ».
LâĂTHIQUE EN QUESTIONMais tout en nourrissant de grands espoirs, tantses champs dâapplication sont vastes, lâinfini-ment petit suscite en retour des craintes. « Lesnanos vĂ©hiculent leur lot de peurs, reconnaĂźt RobertPlana, du Laas. Leur avĂšnement intervient dans uncontexte global de contestation de la science et de latechnologie. Sâil convient dâexplorer les incertitudeset les risques associĂ©s aux nanotechnologies ainsi queles effets sur la sociĂ©tĂ©, il importe Ă©galement de ne pasagiter le chiffon rouge en criant : Alerte ! Alerte !avec une naĂŻvetĂ© scientifique confondante. »
Parmi les polĂ©miques, explique Claude Weis-buch, « certains affirment que lâon ne voit pas lesobjets des nanotechnologies et que lâon peut ĂȘtreexposĂ© sans le savoir ». Le plus souvent, en fait,ces objets ne seront pas accessibles sous leurforme nanomĂ©trique, mais dans un matĂ©riau-systĂšme Ă lâĂ©chelle humaine, bien visible,comme par exemple un circuit intĂ©grĂ©. Parcontre, les nanotechnologies permettront dâac-cĂ©der à « des moyens qui poseront sans doute desproblĂšmes accrus en matiĂšre de protection des liber-tĂ©s individuelles et collectives, en facilitant destechniques dĂ©jĂ prĂ©sentes : fichage gĂ©nĂ©tique desindividus, fichage informatique, surveillance desdĂ©placements⊠».Reste une question-clĂ© : la fabrication massivede matĂ©riaux nanostructurĂ©s par lâhumain peut-elle faire craindre une invasion de nanoparti-cules non contrĂŽlĂ©es, certaines nĂ©fastes pour lasantĂ©, dans notre environnement ? Parmi lesprĂ©occupations sociĂ©tales liĂ©es Ă la flambĂ©e desnanotechnologies, « ce problĂšme est certainementle plus mĂ©diatisĂ©, constate dâabord StĂ©phanieLacour, du Centre dâĂ©tudes sur la coopĂ©ration juri-dique internationale (CĂ©coji) 5. Un lien direct a Ă©tĂ©
Ă©tabli, dĂšs le dĂ©part, entre les nanotechnologies et lesprĂ©cĂ©dents de lâamiante et des biotechnologies, en par-ticulier des OGM » qui ont profondĂ©ment mar-quĂ© le public. Or, jusquâĂ ces derniers mois, « ilnâexistait aucun texte juridique spĂ©cifique applica-ble aux nanotechnologies, ni en France ni au niveaueuropĂ©en, indique notre juriste. Les choses sonten train de bouger. En mars et avril 2009, leParlement europĂ©en a adoptĂ© deux rĂ©solutions surla prĂ©sence des nanomatĂ©riaux dans les produitscosmĂ©tiques et dans les aliments. Et la Loi Grenelle,dont lâarticle 42 cible les risques liĂ©s aux nanopar-ticules, a Ă©tĂ© promulguĂ©e le 3aoĂ»t dernier. »Surtout, une nouvelle discipline prend sonessor : la nanotoxicologie, vouĂ©e Ă qualifier etquantifier la dangerositĂ© des nanomatĂ©riaux.« Il existe aujourdâhui prĂšs de 2 000 articles sur latoxicitĂ© des nanoparticules, contre Ă peine une cin-quantaine il y a cinq ans, se fĂ©licite Ăric Gaffet,du Groupe de recherche sur les nanomatĂ©-riaux 6. Mais le manque de toxicologues et dâĂ©co-toxicologues travaillant sur le sujet, tant au niveaunational quâinternational, se fait cruellement res-sentir. La difficultĂ© vient de ce quâun gramme denanoparticules de TiO2 [dioxyde de titane],
Biocapteurs et biopuces font des sautsde gĂ©ant et figurent parmi les pistes les plus dynamiques des nanobiotechnologies. Les premiers,encore au stade du prototype, « servent Ă dĂ©tecter une âespĂšce biologiqueâparticuliĂšre (ADN, protĂ©ines, virusâŠ),par exemple dans un systĂšme trĂšscomplexe comme une goutte de sang, dit Anne-Marie GuĂ©, du Laboratoiredâanalyse et dâarchitecture des systĂšmes(Laas). Les possibilitĂ©s ouvertes par lesnanotechnologies sont trĂšs riches : onpeut utiliser, par exemple, des nanofils oudes nanopoutres en silicium sur lesquels
on dĂ©pose un appĂąt (des brins dâADN,des anticorpsâŠ) pour sĂ©lectionner lamolĂ©cule que lâon veut pĂȘcher ». Lorsquela « cible » se fixe sur une micropoutreultra-sensible, cette derniĂšre se met Ă vibrer dâune maniĂšre qui va signer la « capture » de la molĂ©cule recherchĂ©e,le reste du systĂšme se chargeant de lâanalyser. « Ă lâInstitut dâĂ©lectroniquefondamentale (IEF) 1, nous dĂ©velopponsun nano-biocapteur original : chacunedes poutres est creusĂ©e dâun canalinterne pour permettre la circulation du fluide biologique. La poutre elle-mĂȘmenâest donc pas plongĂ©e dans le fluide,intervient Jean-Michel Lourtioz. GrĂące Ă cette astuce, les variations dâamplitudeou de frĂ©quence de vibration sont plusfacilement dĂ©tectĂ©es. »Quâen est-il des biopuces, dĂ©jĂ utilisĂ©esdans quelques laboratoires mĂ©dicaux?Au lieu dâidentifier une seule molĂ©culedans un Ă©chantillon biologique, « le butest de rĂ©aliser un trĂšs grand nombredâopĂ©rations Ă la fois », dit Anne-MarieGuĂ©. Pour cela, les biopuces sont
composĂ©es dâun support solide (verre,plastique, silicium) couvert de plotsminuscules sur lesquels on dĂ©pose des molĂ©cules dâADN, des protĂ©ines oudes groupements chimiques qui pourrontcapturer de maniĂšre spĂ©cifique lâADN ou lâARN complĂ©mentaire (puces Ă ADN),ou des protĂ©ines (puces Ă protĂ©ines).« Une puce Ă ADN permet dâanalysersimultanĂ©ment de quelques dizaines Ă plusieurs milliers de sĂ©quences dâADNdiffĂ©rentes afin de dĂ©tecter, par exemple,la prĂ©sence dâun virus ou la signaturedâune pathologie ».Contrairement au biocapteur, la lecture du signal, pour le moment, nâest gĂ©nĂ©ralement pas intĂ©grĂ©e dans la biopuce, mais effectuĂ©e par uneinstrumentation extĂ©rieure. « Biopuces et nanobiocapteurs trouvent lĂ un pointde convergence trĂšs prometteur par lapossibilitĂ© dâinsĂ©rer, au niveau de chacundes plots, un biocapteur, commenteAnne-Marie GuĂ©. Mais lâambition des nanobiotechnologies ne sâarrĂȘte paslĂ et pose le dĂ©fi dâintĂ©grer sur de toutespetites surfaces des procĂ©dĂ©s dâanalysecomplets. Biocapteurs et biopucesdeviennent alors des âlaboratoires sur puceâ. » Dans ces laboratoires surpuce pourraient mĂȘme ĂȘtre intĂ©grĂ©s deslasers, faits Ă partir des nanostructuressemiconductrices de la famille du nitrurede gallium (GaN) et de lâoxyde de zinc(ZnO), en vogue au Centre de recherchesur lâhĂ©tĂ©roĂ©pitaxie et ses applications(CRHEA). « Nous testons la faisabilitĂ©dâun nanolaser Ă base de nanofils de GaN Ă©mettant dans lâultraviolet, ditJesĂșs ZĂșñiga PĂ©rez. Dâune centaine denanomĂštres de largeur, ce laser, intĂ©grĂ© Ă un laboratoire sur puce, servirait Ă exciter des molĂ©cules organiques dans un Ă©chantillon biologique »et Ă analyser la composition desditesmolĂ©cules. Mais pour parvenir Ă mettreau point ces laboratoires de poche, il faudra maĂźtriser les fluides dans desvolumes infĂ©rieurs au nanolitre ainsi quela manipulation des espĂšces biologiquesjusquâau niveau de la cellule unique.
1. Unité CNRS / Université Paris-XI.
à Anne-Marie Gué[email protected]
Ă Jean-Michel [email protected]
Ă JesĂșs ZĂșñiga PĂ©[email protected]
En matiĂšre de nanophotonique (lâĂ©tude du comportement de la lumiĂšre Ă lâĂ©chelle du nanomĂštre), un sujetstimule de façon exemplairelâimagination des chercheurs :la plasmonique, domaine oĂč la lumiĂšre surfe Ă la surface des mĂ©taux grĂące aux Ă©lectrons libres de ces derniers. Câest unepetite rĂ©volution quâa Ă©tĂ© la dĂ©couverte, en 1998, parThomas Ebbesen, aujourdâhuidirecteur de lâInstitut de science et dâingĂ©nierie supramolĂ©culaire (Isis)1
dâun phĂ©nomĂšne trĂšs inattendu baptisé« transmission optique extraordinaire » ou « tamis Ă photons ». « Un tamis Ă photons est un rĂ©seau de trous percĂ©s dans une surface mĂ©talliquenanostructurĂ©e, rĂ©guliĂšrement espacĂ©set prĂ©sentant un diamĂštre de 100 ou200 nm, donc bien infĂ©rieur Ă la longueurdâonde de la lumiĂšre visible, dit HenriBenisty, du LCFIO. Or, quand on Ă©clairecette surface, la quantitĂ© de lumiĂšre qui en sort est plus importante que cellequi frappe les trous. MĂȘme la lumiĂšre
qui tombe Ă cĂŽtĂ© des trous est ainsi canalisĂ©e de lâautre cĂŽtĂ© de lâĂ©chantillon. »Des propriĂ©tĂ©s hors normes que les chercheurs tentent de mettre Ă profit pour peaufiner la manipulationnanoscopique de la lumiĂšre. « On a lâespoir de provoquer des modificationsultra-localisĂ©es, bien plus concentrĂ©esque celles que permet un laser, en lithographie, en biologie, par exempledans les compartiments dâune cellule, ou encore pour lâĂ©criture dâinformationsdans les disques durs », poursuit HenriBenisty. Enfin, la plasmonique pourraitamĂ©liorer le rendement des cellules
photovoltaĂŻques en captant mieux la lumiĂšre pour la transformerefficacement dans des matĂ©riauxnanostructurĂ©s.Sâagissant destĂ©lĂ©communications,lâutilisation desphotons continue sur sa lancĂ©e pourdes liaisons de plusen plus courtes dans les composants.
Rien nâempĂȘche dâenvisager que des connexions optiques remplacentprochainement les connexionsĂ©lectroniques jusque dans les circuits.« DensifiĂ©es comme elles le sontaujourdâhui, ces derniĂšres posent des problĂšmes de parasitage et de consommation, dit Henri Benisty.Des architectures contrĂŽlĂ©esnanomĂ©triquement sont Ă lâĂ©tude pour exploiter lâoptique Ă lâintĂ©rieur dâune puce et transporter les fluxdâinformation les plus massifs ou les plus gourmands en Ă©nergie. »1. Institut CNRS / UniversitĂ© de Strasbourg.
Ă Henri Benisty, [email protected]
Avec lesnanobiotechnologies,les technologies de nanofabricationsont directementexploitées, pour développer des outils utiles à la biologie ou à la médecine,comme ici desbiopuces.
Structurenanophotoniquepermettantlâaiguillage des informationsoptiques (ici deuxcanaux portĂ©s par deux longueursdâonde proche). Ce type de systĂšmepourrait intĂ©grer un jour les pucesĂ©lectroniques.
Cette biopucepermet dâanalyserdes milliers de sĂ©quences dâADNou de protĂ©ines.
Un labo sur une TĂTE DâĂPINGLE
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Impossible de dresser la liste exhaustive de tous les nanomatĂ©riaux objets de recherches ou dĂ©jĂ prĂ©sentsdans la vie courante. Ă tout seigneur, touthonneur : les nanotubes de carbone, dĂ©couvertsen 1991 et devenus des figures emblĂ©matiquesdes nanosciences. PrĂ©sentant lâaspect de cylindres creux dont la surface est formĂ©e par un ou plusieurs feuillets de carbone enroulĂ©ssur eux-mĂȘmes, ces nanomatĂ©riaux se distinguent, entre autres, par leurs propriĂ©tĂ©smĂ©caniques â ils sont cent fois plus rĂ©sistantsque lâacier et six fois plus lĂ©gers, acceptent degrandes dĂ©formations en flexion et en torsion â et leurs qualitĂ©s exceptionnelles pour la conduction Ă©lectrique. Les nanotubes de carbone, employĂ©saujourdâhui dans de nombreux objetscomme les raquettes de tennis, les cadres de vĂ©los, les carrosseriesde Formule 1, « poursuiventhardiment leur bonhomme de chemin
(7000 publications et 2500 brevets dans le mondeen 2008), dit Pascale Launois, du Laboratoire de physique des solides (LPS) 1 Ă Orsay. Un pointqui nous intĂ©resse, au laboratoire, est lâarrivĂ©eassez rĂ©cente des nanohybrides : il sâagit de nanotubes Ă lâintĂ©rieur desquels on insĂšre des molĂ©cules diverses pour essayer de modulerĂ volontĂ© leurs propriĂ©tĂ©s mĂ©caniques ouĂ©lectroniques ». La cavitĂ© cylindrique de certainsnanotubes, ceux constituĂ©s dâune seule paroi,permet dây synthĂ©tiser des chaĂźnes molĂ©culairesqui nâexistent nulle part ailleurs. Par exemple,
« les pea pods, ainsi appelés à causede leur ressemblance avec descosses de petits pois, sont formés de chaßnes périodiques de molécules de fullerÚne C60 2
dans des nanotubes. Or les fullerĂšnesou dâautres molĂ©cules, ainsiconfinĂ©es Ă lâĂ©chelle nanomĂ©trique,possĂšdent des propriĂ©tĂ©s physiquesinĂ©dites. Cela reste prospectif, maison peut envisager des applications entermes de filtration, de dĂ©salinisationde lâeau de mer ou de stockage des dĂ©chets radioactifs ».
1. Laboratoire CNRS / UniversitĂ© Paris-XI.2. Le fullerĂšne C60 est la forme la plus courantede la molĂ©cule ; il contient 60 atomes decarbone organisĂ©s en une structure semblableĂ celle dâun ballon de football.
Ă Pascale Launois, [email protected]
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Le journal du CNRS n° 237 octobre 2009 Le journal du CNRS n° 237 octobre 2009
lâavantage dâĂȘtre rapides et de conserverlâinformation sans apport dâĂ©nergie ».Ălectronique quantique, spintroniqueâŠUne troisiĂšme Ă©lectronique pourrait bien Ă©merger grĂące aux nanosciences :lâĂ©lectronique plastique. GeorgesHadziioannou, du Laboratoire de chimiedes polymĂšres organiques (LCPO) 5,planche ainsi sur les polymĂšressemiconducteurs, des matĂ©riaux Ă basede carbone prĂ©sentant des propriĂ©tĂ©ssimilaires Ă celles du silicium. Ă la clĂ© :des Ă©crans dâaffichage souples de grandesurface et des cellules photovoltaĂŻquespliables. « LâĂ©lectronique plastique nâapas lâambition de dĂ©trĂŽner lâĂ©lectroniqueclassique mais de la complĂ©ter, dit-il. LespolymĂšres semiconducteurs prĂ©sententlâĂ©norme avantage dâĂȘtre flexibles, dâoĂč,par exemple, la possibilitĂ© de les glisserdans des habits. Surtout, ils sont plusfaciles Ă produire, donc moins chers, que les circuits intĂ©grĂ©s traditionnels. »
1. Cette taille est en fait celle de la « grille », lâunedes trois Ă©lectrodes qui constituent un transistor.2. Les Ă©lectrons peuvent ĂȘtre considĂ©rĂ©s comme de petits aimants, dont lâorientation est dĂ©finie par le spin. 3. DĂ©couverte par Albert Fert, Prix Nobel dephysique. Lire Le journal du CNRS, n° 215, article« En avant la spintronique »www2.cnrs.fr/presse/journal/3681.htm4. UnitĂ© CNRS / ThalĂšs associĂ©e Ă lâuniversitĂ© Paris-XI.5. Laboratoire CNRS / UniversitĂ© Bordeaux-I.
Ă Henri Mariette, [email protected]
à Frédéric Nguyen Van [email protected]
Ă Georges Hadziioannou, [email protected]
Ă Jean-Michel [email protected]
lâheure, ces systĂšmes Ă©lectroniques dits« quantiques » en sont Ă leurs prĂ©mices. Autre champ trĂšs actif : lâĂ©lectronique de spin, ou spintronique. Alors quelâĂ©lectronique traditionnelle utiliseuniquement la charge Ă©lectrique de lâĂ©lectron pour propager des signaux Ă lâintĂ©rieur dâun rĂ©seau de transistors,cette discipline fait appel aux propriĂ©tĂ©smagnĂ©tiques des Ă©lectrons. Un effetphysique dĂ©jĂ mis Ă profit pour stockerlâinformation dans les disques durs des ordinateurs et des serveurs. DĂ©sireux dâapprofondir leurstravaux, les chercheurs rĂȘventdâexploiterlâorientation du spin desĂ©lectrons 2
pour leur fairemĂ©moriser de lâinformationdans des circuits combinantĂ©lectronique et magnĂ©tisme.Plus concrĂštement, la spintronique « a donnĂ©naissance Ă plein dâautresnouveaux effets physiques en
dehors de la cĂ©lĂšbre magnĂ©torĂ©sistancegĂ©ante 3, dit FrĂ©dĂ©ric Nguyen Van Dau,directeur de lâUnitĂ© mixte de physiqueCNRS / ThalĂšs 4. Certains phĂ©nomĂšnes,comme le âtransfert de spinâ, permettentmĂȘme dâenvisager des mĂ©moiresfonctionnant sans que lâon ait besoindâappliquer localement le champmagnĂ©tique pour les Ă©crire, commeaujourdâhui. Cette technique devraitfaciliter le dĂ©veloppement de la filiĂšre desmĂ©moires dites MRAM qui prĂ©sentent
Certaines Ă©quipes fourmillent dâimagination pour exploiter le pouvoir dĂ©polluant des nanoparticules dâoxydes mĂ©talliques (fer, titane, cĂ©rium, aluminiumâŠ), histoire de traiter les eaux usĂ©es ou dâassainir des solscontaminĂ©s. « Une surface enduite dâun nanofilmdâoxyde de titane, lorsquâelle est exposĂ©e Ă la lumiĂšre du soleil, rend inactifs les polluantsorganiques (pesticides) et les micro-organismespotentiellement pathogĂšnes (bactĂ©ries, virus)contenus dans lâeau. Cette technique reste toutefois marginale et nâest exploitĂ©e que pour le traitement dâeffluents hĂ©bergeant un nombre limitĂ© dâespĂšces polluantes »,explique Jean-Yves Bottero, chercheur au Centre
europĂ©en de recherche et dâenseignement de gĂ©osciences de lâenvironnement (Cerege) 1. Un autre procĂ©dĂ© consiste Ă fabriquer des membranes cĂ©ramiques Ă base de nanoparticules dâoxy-hydroxyde de fer (les ferroxanes) pour la nanofiltration dâeffluentsliquides polluĂ©s. Une « chimie verte » porteusedâespoirs, en particulier pour les pays en voie de dĂ©veloppement oĂč lâeau est souvent impropreĂ la consommation. MĂȘme si ces travaux nâont pas encore franchi le seuil des labos.
1. Unité CNRS / IRD / Université de Provence / UniversitéPaul-Cézanne / CollÚge de France.
Ă Jean-Yves Bottero, [email protected]
Ă JĂ©rĂŽme Rose, [email protected]
AnnĂ©e aprĂšs annĂ©e, la finesse descircuits intĂ©grĂ©s nâen finit plus de battredes records. La voilĂ qui affichedĂ©sormais en production quelque 45 nm 1,contre 90 nm en 2004, lâobjectif visĂ© par lâindustrie du silicium Ă©tant dedescendre Ă 15, voire 10 nm. LâintĂ©rĂȘt?Plus les Ă©lĂ©ments de base des circuitsâ les transistors â sont petits, plus on peuten mettre sur une puce. Et plus on gagneen puissance de calcul.Alors pour pousser les circuits auxconfins de la miniaturisation, les Ă©quipes« dĂ©frichent toutes sortes de pistes,comme lâutilisation de transistors Ă basede nanotubes de carbone ou de nanofilsde silicium, ou encore Ă base degraphĂšne, un cristal composĂ© dâatomesde carbone » dit Jean-Marie Lourtioz,directeur de lâInstitut dâĂ©lectroniquefondamentale. Les experts Ăšs nanosciences tentent aussi de dĂ©velopper des structures Ă lâĂ©chelleatomique ou molĂ©culaire. « Utiliser un et un seul atome ou une et une seulemolĂ©cule comme brique Ă©lectroniqueĂ©lĂ©mentaire et disposer ainsi dâun modede traitement de lâinformation nettementplus rapide est la voie ultime », dit HenriMariette, responsable dâune Ă©quipe CEA-CNRS Ă lâInstitut NĂ©el du CNRS. Pour
Les nanos voient LâAVENIR EN VERT
Les « peapods », à base de nanotubesde carbone,forment une famillede nouveauxmatériaux dont lesapplications sontaussi prometteusesque variées.
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Les transistors à nanotube de carbone uniquedeviennent de plusen plus performants.La montée enfréquence de cesdispositifs augmenteleur capacité detraitement.
Exemple de nanostructures Ă basede copolymĂšres servantĂ concevoir des cellulesphotovoltaĂŻques.
Machine sous ultra-vide permettantdâĂ©laborer desnanostructures Ă basede semi-conducteurs(puits, fils et boĂźtesquantiques).
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Un microscope à fluorescencepermet de suivrele déplacement demolécules au seinde cellules.
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par exemple, peut contenir jusquâĂ dix millionsde milliards de nanoparticules qui nâont pas toutesla mĂȘme taille, la mĂȘme rĂ©activitĂ© chimique, lamĂȘme stabilitĂ© dans le temps. » CaractĂ©riser ladistribution de chaque paramĂštre (taille, forme,persistance dans les tissusâŠ) dans un Ă©chantillondemeure un casse-tĂȘte, puisque « tout type denanoparticule prĂ©sente une toxicitĂ© potentielle spĂ©-cifique dĂ©pendant de son cycle de vie, poursuit lemĂȘme chercheur. Il faudrait cinquante ans,estime-t-on, pour tester, avec les moyens humainset techniques actuels, la toxicitĂ© de toutes les nano-particules dĂ©jĂ commercialisĂ©es. » Mais peut-on dâores et dĂ©jĂ assurer que les nano-matĂ©riaux constituent une rĂ©elle menace sani-taire? Rien ne permet de lâaffirmer, ni le contrairedâailleurs. « Les nanomatĂ©riaux doivent ĂȘtre consi-dĂ©rĂ©s comme potentiellement dangereux, ainsi quelâindique le rapport de lâAgence française de sĂ©curitĂ©sanitaire de lâenvironnement et du travail paru enjuin 2008 7, rĂ©sume Ăric Gaffet. Des tests de toxi-citĂ© pratiquĂ©s sur des modĂšles animaux et cellulai-res montrent une dangerositĂ© spĂ©cifique de certainsnanomatĂ©riaux et le franchissement de certainesbarriĂšres biologiques. Mais il est pour lâinstant trĂšsdifficile dâextrapoler ces rĂ©sultats Ă lâhomme. »Sait-on se protĂ©ger des nanoparticules, lorsquecelles-ci se retrouvent sous forme dâaĂ©rosols? Lâef-ficacitĂ© des systĂšmes actuels, celle, notamment,des filtres Ă fibres disposĂ©s dans les systĂšmes deventilation ou les masques respiratoires queportent les opĂ©rateurs, est globalement satis-faisante. Les filtres les plus performants par-viennent Ă capturer plus de 99,99 % des parti-cules de 4 nm. Les particules entre 100 et500 nm, elles, sont moins faciles Ă piĂ©ger, ce qui
dĂ©ment lâidĂ©e trĂšs rĂ©pandue selon laquelle seul« lâeffet tamis » 8 conditionne lâefficacitĂ© des fil-tres. Mais les progrĂšs sont lĂ : « En utilisant desfiltres Ă fibres chargĂ©es Ă©lectriquement et en jouantainsi sur les effets Ă©lectrostatiques pour modifier latrajectoire des particules et favoriser leur capture, onparvient dĂ©jĂ Ă neutraliser entre 95 % et 99 % desgrosses nanoparticules », dit Dominique Thomas,du Laboratoire des sciences du gĂ©nie chimique(LSGC) du CNRS.Dernier point : les scientifiques rĂ©flĂ©chissent-ils assez Ă lâimpact Ă©thique et sociĂ©tal de leursrecherches ? Pas vraiment, au goĂ»t de la phi-losophe et historienne des sciences Berna-dette Bensaude-Vincent, du comitĂ© dâĂ©thiquedu CNRS (Comets). « Les chercheurs françaisreconnaissent la nĂ©cessitĂ© dâĂ©valuer la toxicitĂ©Ă©ventuelle des nanotechnologies, dit-elle. Mais laplupart dâentre eux Ă©prouvent encore des rĂ©ticen-ces Ă parler de la façon dont elles pourraient chan-ger nos comportements sur le long terme. » Et deregretter quâaucun lieu, « sauf dans quelqueslaboratoires, ne soit Ă la disposition des chercheurspour quâils puissent y faire Ă©tat de leurs ques-tionnements, de leurs Ă©tats dâĂąme, de leurs dou-tes ». Favoriser le dialogue direct entre lesscientifiques et le public est une autre nĂ©ces-sitĂ©, plaide Jacques BordĂ©, du Comets. « Celasuppose une formation des chercheurs afin queceux-ci apprennent Ă regarder leur recherche, etĂ en parler, autrement que sous lâunique angledu dĂ©fi scientifique, mais aussi sous lâangle desenjeux Ă©thiques pour notre monde. RĂ©flĂ©chir surla finalitĂ© des nanotechnologies ne diminue enrien la crĂ©ativitĂ© des Ă©quipes. La nanoĂ©thique peutmĂȘme la stimuler. »
1. « Il y a plein de place en bas. »2 UnitĂ© CNRS / UniversitĂ© Paris-XI.3. UnitĂ© CNRS / Ăcole polytechnique.4. Le microscope Ă effet tunnel utilise une aiguillemĂ©tallique ultrafine que lâon promĂšne Ă une distance de quelques atomes seulement de la surface Ă Ă©tudier. Les atomes prĂ©sents Ă la surface de l'Ă©chantillon sont ainsirepĂ©rĂ©s, rĂ©vĂ©lĂ©s sur lâĂ©cran de l'appareil et peuvent ĂȘtremanipulĂ©s. Alors que le microscope Ă force atomiquefonctionne selon le mĂȘme principe, mais sert Ă explorer les Ă©chantillons non conducteurs, en particulier, la matiĂšrebiologique.5. UnitĂ© CNRS / UniversitĂ© de Poitiers.6. Groupe de recherche faisant partie de lâInstitut de recherche sur les archĂ©omatĂ©riaux (CNRS / UniversitĂ© de technologie de Belfort-MontbĂ©liard / UniversitĂ©Bordeaux-III / UniversitĂ© dâOrlĂ©ans).7. Le rapport intitulĂ© NanomatĂ©riaux et sĂ©curitĂ© au travailest disponible en ligne sur le site de la Documentationfrançaise.8. On parle dâeffet tamis, lorsque la taille dâune particuleest supĂ©rieure Ă celle des pores lâempĂȘchant ainsi de lestraverser.
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à LIRE> Les nanotechnologies, deDominique Vinck, coll. « Idéesreçues », éd. Cavalier bleu, 2009
> Nanosciences, La révolutioninvisible, de Christian Joachim et Laurence Plévert,éd. Du Seuil, 2008
> Nanomonde, Des nanosciences auxnanotechnologies, de RogerMoret, CNRS Ăditions, 2006
> Bio-nano-éthiques?Perspectives critiques sur les bionanotechnologies,de Vanessa Nurock, RaphaëlLarrÚre et Bernadette
Bensaude-Vincent, Ă©d. Vuibert,2008
> Les nanosciences : Tome 3, Nanobiotechnologies et nanobiologie, de MarcelLahmani, Patrick Boisseau,Philippe Houdy, Ă©d. Belin, 2007
> Les nanosciences : Tome 2,Nanomatériaux et nanochimiede Marcel Lahmani, CatherineBréchignac et Philippe Houdy,éd. Belin, 2006
EN LIGNE> Nanotechnologies et santé un dossier de la collectionSagascience du CNRS
www.cnrs.fr/cw/dossiers/dosnano/accueil.htm
Ă VOIR> Nanosciences,Nanotechnologies (2008,160 min) de HervĂ© Colombani,Marcel Dalaise, Alain Monclinet François Tisseyre, produit par CNRS Images âhttp://videotheque.cnrs.fr/index.php?urlaction=doc&id_doc=1909
Contact : VĂ©ronique Goret(Ventes), CNRS Images âVidĂ©othĂšque TĂ©l. : 01 45 07 59 69â [email protected]
POUR EN SAVOIR PLUS
CONTACTSĂ Bernadette [email protected]
à Jacques Bordé, [email protected]
Ă Alain Costes, [email protected]
Ă Ăric Gaffet, [email protected]
Ă Pierre Guillon, [email protected]
Ă Christian [email protected]
à Stéphanie Lacour, [email protected]
Ă Jean-Michel [email protected]
Ă Robert Plana, [email protected]
Ă Dominique [email protected]
Ă Claude [email protected]
La solution absolue contre la pollutionautomobile, la pile Ă combustible (PAC)utilisant de lâhydrogĂšne pur, donc negĂ©nĂ©rant aucun rejet, finira-t-elle par voir lejour en partie grĂące aux nanotechnologies?Les chercheurs ont de quoi se frotter les mains sâagissant, entre autres, de la maniĂšre de stocker le gaz qui prĂ©tendĂ la succession des Ă©nergies fossiles. Lerecours Ă des matĂ©riaux poreux reprĂ©sente
sans aucun doute lasolution la plus fiable etla plus Ă©conomique. Celapermettrait dâune part de confiner lâhydrogĂšne,dâautre part de lerelarguer facilement pour
quâil se combine avec lâoxygĂšne de lâair,phĂ©nomĂšne indispensable Ă la productiondâĂ©lectricitĂ© alimentant le moteurfonctionnant avec la PAC. Parmi cesmatĂ©riaux, les nanoformes de carbone(câest-Ă -dire toutes les structures decarbone), « du fait de leur faible masse etde leur grande capacitĂ© dâadsorption,sâavĂšrent de trĂšs sĂ©rieux candidats, ditMarie-Louise Saboungi, directrice duCentre de recherche sur la matiĂšre divisĂ©e (CRMD)1. En ce moment,les travaux se concentrent sur lesnanocornets de carbone dĂ©couverts dans les annĂ©es 1990. Il sâagit de matĂ©riauxde deux Ă trois nanomĂštres de longueur quisâagrĂšgent pour former des structures en
forme de dahlia de 80 Ă 100 nanomĂštresde diamĂštre. Ils prĂ©sentent desinteractions avec lâhydrogĂšne beaucoupplus fortes que les nanotubes de carbone.Ces minuscules cornets piĂšgent donc plus facilement lâhydrogĂšne que leurscousins ». Et ce nâest pas tout. Alors que les nanotubes de carbone exigentdâĂȘtre stockĂ©s Ă des tempĂ©ratures basses(infĂ©rieures Ă â 200 °C), les nanocornetsretiennent la plupart de lâhydrogĂšneadsorbĂ© jusquâĂ des tempĂ©ratures delâordre de 20 °C. ProblĂšme : leur coĂ»t defabrication relativement Ă©levĂ© Ă ce jour⊠1. UnitĂ© CNRS / UniversitĂ© dâOrlĂ©ans.
Ă Marie-Louise Saboungi, [email protected]
Des nanos pour STOCKER LâĂNERGIE
De toutes les nanoparticules sorties de la manche des physicochimistes au cours de ces derniĂšres annĂ©es, les nanocristaux semiconducteurs (ou« boĂźtes quantiques ») sont les prĂ©fĂ©rĂ©esdes biologistes. Ces objets se composentde quelques centaines Ă quelquesdizaines de milliers dâatomes arrangĂ©sselon un ordre cristallin, et leur taille estgĂ©nĂ©ralement comprise entre 2 et 8 nm. Ils peuvent servir de sondes capablesdâexplorer et visualiser des processusbiologiques Ă lâĂ©chelle dâun petit nombrede molĂ©cules. Pour lâinstant lâexploit nâestpossible que dans des cellules en culturemais Ă terme les chercheurs se prennentĂ rĂȘver dâune utilisation in vivo.
La ruse? Arrimer ces boĂźtes quantiques Ă des molĂ©cules biologiques telles que des protĂ©ines (enzymes, anticorps) ou des acides nuclĂ©iques (ADN, ARN).Puis, les exciter avec de la lumiĂšre (un laser, par exemple). Elles deviennentalors fluorescentes, et lâon peut choisirleur longueur dâonde dâĂ©mission en jouantsur leur taille (plus les nanoparticules sont petites, plus lâĂ©mission est dĂ©calĂ©e vers le bleu), donc distinguer un processusbiologique dâun autre. « Cesnanoparticules agissent en fait comme de minuscules ampoules que lâon peutsuivre Ă la trace au microscope, plusieursdizaines de minutes dâaffilĂ©e, expliqueMaxime Dahan, du Laboratoire Kastler-
Brossel (LKB) 1. Elles nous renseignent en temps rĂ©el sur le mouvement et laposition des acteurs biologiques auxquelselles sont couplĂ©es. Ces techniquesdâimagerie Ă lâĂ©chelle dâune nanoparticuleindividuelle, Ă peine Ă©mergentes il y a cinqans, se sont largement perfectionnĂ©esdepuis et trouvent des applications de plus en plus nombreuses. Elles nous permettent de âregarderâ non plusseulement la membrane, mais aussi ce qui se passe Ă lâintĂ©rieur de la cellule,une rĂ©gion jusquâici trĂšs difficile dâaccĂšs.Ă terme, en attachant des sondes de diffĂ©rentes couleurs Ă diffĂ©rentesprotĂ©ines, il sera possible dâenregistrersimultanĂ©ment le mouvement de tous ces acteurs, dâĂ©tudier leurs interactions in vivo » et de mieux apprĂ©hender la complexitĂ© des mĂ©canismes intimes des organismes vivants. Rendre lâimagerie biologique ultrasensible,identifier des tumeurs les plus petites, Ă lâĂ©chelle de la centaine de milliers de cellules plutĂŽt que du milliard, aider les chirurgiens Ă localiser, pendant uneintervention, des lĂ©sions mĂ©tastatiquesdifficiles Ă identifier : lâavenir de ce type de nanoparticules semble tout tracĂ©.
1 UnitĂ© CNRS / Ăcole normale supĂ©rieure / UniversitĂ©Pierre-et-Marie-Curie.
Ă Maxime [email protected]
Les nanocornets,des structures enforme de dahlia,promettent dâĂȘtre de bons candidatspour le stockage de lâhydrogĂšne.
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BientĂŽt, le monde entier sera fou de couleur, etLumiĂšre en sera responsable. » Telle Ă©tait lâin-tuition du photographe amĂ©ricain AlfredStieglitz, lors de la commercialisation de la
plaque autochrome en 1907. Le succĂšs fut bien aurendez-vous pour le premier procĂ©dĂ© industriel dephotographie en couleurs. Et pour les frĂšresLumiĂšre, qui en vendront des millions en plusieursdĂ©cennies. Pour mieux comprendre toutes les facet-tes de ce produit, deux chercheurs ont dĂ©cidĂ© de leressusciter, plusieurs dizaines dâannĂ©es aprĂšs lafin de sa production.Bertrand LavĂ©drine et Jean-Paul Gandolfo sontdonc partis sur les traces des LumiĂšre. Respecti-vement directeur du Centre de recherche sur laconservation des collections 1 et professeur Ă lâĂcolenationale supĂ©rieure Louis-LumiĂšre, ils ont recrĂ©Ă©les Ă©tapes de fabrication de lâautochrome. Dâabordla sĂ©lection de minuscules grains de fĂ©cule de pom-mes de terre, leur teinture en violet, vert ou orange,leur mĂ©lange. Puis, sur une plaque de verre vernie,
le saupoudrage de millions de ces grains et de noirde carbone pour combler les interstices. Enfin lelaminage â le pressage de la plaque â et un secondvernissage. La derniĂšre Ă©tape est la plus difficile Ă recrĂ©er Ă la main sur de petites plaques, dans laquasi-obscuritĂ© du laboratoire. La pose dâune Ă©mul-sion noir et blanc au gĂ©latino-bromure dâargent,substance sensible Ă la lumiĂšre, ultime couche delâautochrome, est en effet particuliĂšrement dĂ©licate.Le dispositif repose en fait sur la « synthĂšse additive »des couleurs, principe qui permet de recrĂ©er tou-tes les nuances colorĂ©es Ă partir de seulement troiscouleurs (rouge, vert et bleu) et qui sera Ă©galementmis Ă profit pour les Ă©crans de tĂ©lĂ©vision. Danslâautochrome, la couche photosensible est impres-sionnĂ©e par les rayons lumineux, prĂ©alablementfiltrĂ©s par les grains de fĂ©cule teints. AprĂšs la prisede vue et le dĂ©veloppement, les grains dâargent decette couche vont masquer plus ou moins certainesfĂ©cules colorĂ©es. « Celles-ci Ă©tant extrĂȘmement fines,lâĆil ne peut les discerner. Et il se crĂ©e alors dans lâĆil
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PHOTOGRAPHIE
LumiĂšre surlâautochromeLa famille LumiĂšre nâa pas innovĂ© que dans le cinĂ©ma. Dans la photographie aussi, ses inventions ont comptĂ©. Ă lâaube du XXe siĂšcle, elle commercialise la plaqueautochrome, premier procĂ©dĂ© industriel de photographie en couleurs, Ă base de⊠fĂ©cule de pommes de terre. Deux chercheurs viennent dâapporter un Ă©clairage sur ceproduit conçu non sans mal et longtemps protĂ©gĂ© par le secret.
1 Autoportrait autochromedâĂdouard Blanc, ingĂ©nieurchimiste aux usines LumiĂšre de Monplaisir (Lyon), vers 1907.
2 Auguste et Louis LumiĂšre,inventeurs et industriels, en 1895.
3 4 5 6 7 PlusieursĂ©tapes de la reconstitution dâune autochrome : sĂ©chage puis tri de la fĂ©cule, solutionscolorantes pour la teinture,saupoudrage de noir de carbone et enduction du second vernis.
8 9 Essais dâautochromes, vers 1902-1905, avec plaquenĂ©gative (8) et plaque positive (9),au laboratoire de Louis LumiĂšre.
10 Une presse destinĂ©e au « laminage » â lâĂ©crasement des grains â a Ă©tĂ© restaurĂ©e et classĂ©e monument historique.
11 FĂ©cules laminĂ©es. LouisLumiĂšre dĂ©couvrit lâintĂ©rĂȘt du « laminage » accidentellement,en rayant dâun ongle le rĂ©seau defĂ©cules. RĂ©sultat : une meilleuretransparence.
12 SchĂ©ma dâune plaqueautochrome. « On expose par ledos la plaque ainsi prĂ©parĂ©e, ondĂ©veloppe et on inverse lâimagequi prĂ©sente alors, partransparence, les couleurs delâoriginal photographiĂ© »,expliquait Louis LumiĂšre en 1904.
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un mĂ©lange optique des diffĂ©rentes couleurs defĂ©cule⊠dâoĂč rĂ©sulte la palette de couleurs de lâauto-chrome », prĂ©cise Bertrand LavĂ©drine.Lâimage apparaissait en visionnant le positif trans-parent dans un appareil, ou en le projetant commeune diapositive. Simple, en apparence. Mais il aquand mĂȘme fallu sept ans Ă la puissante sociĂ©tĂ©familiale LumiĂšre, spĂ©cialisĂ©e dans la photo et lecinĂ©ma, pour passer du principe de lâautochrome(formulĂ© en premier par le Français LouisDucos du Hauron) Ă sa rĂ©alisation indus-trielle. Le choix de la fĂ©cule par exem-ple, grande spĂ©cificitĂ© de lâinvention, anĂ©cessitĂ© des mois de rĂ©flexion. Lesgrains de pommes de terre ont Ă©tĂ© prĂ©-fĂ©rĂ©s Ă ceux de riz, qui sâimprĂšgnentmoins bien des colorants.Bertrand LavĂ©drine et Jean-PaulGandolfo ont bataillĂ© pendant desannĂ©es, eux aussi. Pour faire toute lalumiĂšre sur ces autochromes, ils nâenont pas seulement testĂ© la fabrication.Comme ils le racontent dans Lâautochrome LumiĂšre,ils ont aussi interrogĂ© les enfants de tĂ©moins delâĂ©poque, dĂ©cortiquĂ© des cahiers de laboratoire,analysĂ© les colorants dâanciennes plaques. Et Ă©tu-diĂ© une presse de laminage, que les LumiĂšre, sansdoute pour en garder lâexclusivitĂ©, nâavaient pasbrevetĂ©e. Le laminage â une phase capitale qui, enĂ©crasant les grains les uns contre les autres, aug-mente la transparence de leur rĂ©seauâ Ă©tait bien Ă©vo-
quĂ© dans un brevet, mais de façon Ă©va-sive. Dans lâignorance, les concurrentsrestaient donc Ă distance. Il le fallait : Ă la lisiĂšre des XIXe et XX e siĂšcles, la pho-tographie, dont lâinvention fut annon-cĂ©e en 1839, est en effervescence. Denombreuses expĂ©rimentations portentsur la couleur, dĂ©fi principal, problĂšmeprioritaire. Les recherches se sont accĂ©-lĂ©rĂ©es avec les progrĂšs de la science surla reconstitution des couleurs et lesphĂ©nomĂšnes lumineux.
Avec lâautochrome, la photographieprend enfin des couleurs. Maistout nâest pas si rose. Le procĂ©dĂ©sâavĂšre fragile, la production dâunclichĂ© autochrome difficile. Le
temps de pose, de lâordre de laseconde, exclut presque lâinstantanĂ©itĂ©.
MalgrĂ© cela et leur prix Ă©levĂ©, en trente ans, desmillions de plaques autochromes, dont le verre seraremplacĂ© par un support souple en 1931, sont ache-tĂ©es dans le monde. Ce nâest quâau milieu des annĂ©es1950 que lâinvention tombera en dĂ©suĂ©tude : lâusineLumiĂšre cesse la fabrication de ses films Alticolor,descendants directs de la plaque autochrome. Uneplaque que nous pouvons dĂ©sormais mieux conser-ver, car nous la connaissons mieux.
Mathieu Hautemulle
à Pour en savoir plusLes auteurs ont aussi contribué au site : www.autochromes.culture.frDans le dossier Sagascience « Art et Sciences » :www.cnrs.fr/cw/dossiers/dosart/decouv/indexFLASH.htmlà voir : Les autochromes LumiÚre, réalisé par François Tisseyre,CNRS Images, 2005http://videotheque.cnrs.fr/index.php?urlaction=doc&id_doc=1787
1. Centre CNRS / ministĂšre de la Culture et de lacommunication / MusĂ©um national dâhistoire naturelle.
13 Paris, 1918. Lâauteur, AugusteLĂ©on, a travaillĂ© pour les Archivesde la planĂšte, vaste tĂ©moignagephoto- et cinĂ©matographique delâĂ©poque, fondĂ©es par le banquierAlbert Kahn. Aujourdâhui, le musĂ©eAlbert-Kahn conserve quelque72 000 autochromes.
14 Des enfants dans le rĂŽle depetits soldats. Autochrome deLĂ©on Gimpel, collaborateur depresse, en 1915.
15 Sur cette autochromedâĂdouard Blanc (1908), champs etforĂȘt contrastent avec lescoquelicots.
16 Gabriel Doublier, responsabledâune usine Ă Paris, pose devantles machines destinĂ©es aumĂ©lange des fĂ©cules, en 1931.
17 18 19 Fécule de pomme deterre non triée (17), triée et teintée(18) et fécule de riz non triée (19).
CONTACTà Bertrand LavédrineCentre de recherche sur la conservation descollections, [email protected]
LâautochromeLumiĂšreSecret dâatelier et dĂ©fis industriels
Par Bertrand LavĂ©drine et Jean-Paul Gandolfo, avec la participation de Christine Capderou et Ronan GuinĂ©e.Ăd. du ComitĂ© des travaux historiques et scientifiques, coll.ArchĂ©ologie et histoire de lâart, mars 2009, 400 p., 23 x 26 cm.
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Antoine Billot, professeur dâĂ©conomiemathĂ©matique au sein du laboratoire« Paris Jourdan sciences Ă©conomi-ques » 1 Ă lâuniversitĂ© Paris-II, membre
junior de lâInstitut universitaire de France, etaccessoirement MĂ©daille de bronze du CNRS,existe-t-il vraiment ? Ă quelques heures Ă peinedu rendez-vous fixĂ© Ă son bureau de lâuniversitĂ©PanthĂ©on-Assas, la question a de quoi laisserperplexe. Certes, au tĂ©lĂ©phone, une voix mascu-line a bien acceptĂ© lâentretien. Mais au fil despages consultĂ©es sur Google, point dâAntoineBillot ! Ou plutĂŽt si. Un Ă©trange homonyme, Ă©cri-vain, auteur de nombreux romans traduits enhĂ©breu, grec et italien, colonise sans vergogne les10 premiĂšres pages du moteur de recherche.Pour retrouver la piste du chercheur, il faut se ren-dre sur le site de Paris-II. Et lĂ , surprise ! Sur lapage « enseignant » sâĂ©tale Ă nouveau la photo delâĂ©crivain cannibale de Google. Une tĂȘte dâĂ©ter-nel Ă©tudiant Ă la BHL, avec sa chevelure mi-longue, un brin romantique. Car câest bien notrechercheur. Un Ă©trange Dr Jekyll et Mister Hyde,Ă©conomiste le jour et romancier la nuit. Mais quâallait donc faire ce passionnĂ© de littĂ©ra-ture en Ă©conomie ? MystĂšre⊠MĂȘme cet expertde la « thĂ©orie de la dĂ©cision et de lâincertain » nâensait trop rien. Sous le feu des questions, il prendsa machine Ă remonter le temps. Et se souvientdâun jeune bachelier « bon en maths et en philo »,sâintĂ©ressant surtout Ă la politique. PersuadĂ© quelâĂ©conomie y mĂšne. « En rĂ©alitĂ©, jâĂ©tais totalementignorant de ce quâĂ©tait la science Ă©conomique, admet-il en riant. Dâailleurs, je nâai pas compris grand-chosedurant mes deux premiĂšres annĂ©es de fac. » Le vraidĂ©clic se produit en maĂźtrise dâĂ©conomĂ©trie, endĂ©couvrant La thĂ©orie de la Valeur, de GĂ©rardDebreu, ouvrage publiĂ© en 1959 et rĂ©fĂ©renceabsolue des annĂ©es 1970. « Ăa mâa fascinĂ© ! Ildisait des choses fondamentales sur le marchĂ©, surles comportements des agents Ă©conomiques â consom-mateurs, entreprises, etc. » Plus prĂ©cisĂ©ment, cettethĂ©orie dĂ©montre que la libre concurrence per-met dâobtenir lâĂ©quilibre simultanĂ© de lâoffre etde la demande sur tous les marchĂ©s. Le jeune Ă©tu-
diant fait sa thĂšse en introduisant dans cettepure abstraction un soupçon de mathĂ©matique :« La thĂ©orie de Debreu nâanalyse le comportementque dâune frange de gens ultra-rationnels alors quela rĂ©alitĂ© Ă©conomique me semblait beaucoup plusnuancĂ©e. CâĂ©tait cela pour moi le nouveau dĂ©fi en Ă©co-nomie : rĂ©concilier la rigueur de lâabstraction et le foi-sonnement du rĂ©el. » Antoine Billot adapte doncun outil mathĂ©matique â la thĂ©orie des sous-ensembles flous â afin de capturer lâhĂ©tĂ©rogĂ©nĂ©itĂ©et lâimprĂ©cision des comportements. Sa thĂšse,soutenue en 1988, est immĂ©diatement publiĂ©echez un Ă©diteur amĂ©ricain. Et lâĂ©tudiant reçoit lamĂ©daille de bronze du CNRS en 1989. Antoine Billot explore ensuite les nouveaux modĂš-les mathĂ©matiques naissants dans le paysageĂ©conomique. De la thĂ©orie de la dĂ©cision Ă celledes « jeux coopĂ©ratifs », en passant par la « thĂ©o-rie de lâespĂ©rance dâutilitĂ© », il dĂ©veloppe sans relĂą-che des outils pour analyser, par exemple, lâin-certitude liĂ©e aux croyances individuelles desacteurs Ă©conomiques. ParallĂšlement, il sâen-thousiasme pour la jeune neuro-Ă©conomie. « Onplace des personnes dans un IRM et on observe lesmouvements dans leur cerveau au moment oĂč ilsprennent une dĂ©cision. Par exemple, cela permet desavoir si, Ă lâintĂ©rieur du cerveau, la notion de ris-que est localisĂ©e au mĂȘme endroit que la notion de
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gain. Si ce nâest pas le cas, il nây a plus de raison objec-tive de les rĂ©unir dans un mĂȘme axiome Ă©conomi-que. La neuro-Ă©conomie laisse la porte ouverte Ă tant de nouveaux types de modĂ©lisation ! »Mais pas assez cependant pour nourrir le besoinde gymnastique intellectuelle de ce boulimiquede travail. Celui qui avoue aimer se retrouverloin de ses bases parisiennes lorsquâil enseigneen SuĂšde, en IsraĂ«l, aux Ătats-Unis ou en Italie,a finalement trouvĂ© une autre Ă©chappatoire Ă son quotidien dâĂ©conomiste. Une vie de roman.Les siens⊠Depuis 2003, annĂ©e de sa rencontreavec le psychanalyste et Ă©crivain Jean-BertrandPontalis, Antoine Billot publie un livre tous lesdeux ans. Roman, rĂ©cit autobiographique ou arti-cles psychanalytiques, lâĂ©conomiste sâessaie Ă tout. Il prend un malin plaisir Ă rĂ©habiliter lepauvre Charles Bovary, mari dâEmma, qui devientsous sa plume un cynique manipulateur. Ouimagine la rencontre de Ludwig Wittgensteinavec Adolf Hitler, adolescents, Ă Linz, dans LedĂ©sarroi de lâĂ©lĂšve Wittgenstein. Les critiques littĂ©-raires lâencensent. Antoine Billot rĂ©cidive en2008 avec La conjecture de Syracuse, un romanrelatant lâaffrontement de deux mathĂ©maticienssur fond de guerre dâAlgĂ©rie. Son prochain« sujet » ? « Musset, rĂ©pond-il lâair gourmand.Câest un torturĂ© pour qui tout est vain. Pas un sim-ple romantique, hein. Mais un vĂ©ritable passionnĂ©,un passionnĂ© mĂ©lancolique. »
Camille Lamotte
1. UnitĂ© CNRS / EHESS, Paris / Ăcole normale supĂ©rieure,Paris / Ăcole nationale des Ponts et ChaussĂ©es, Paris.
Antoine Billot
Comme un roman
Ăconomiste
CONTACTĂ Antoine BillotParis Jourdan Sciences Ă©conomiquesAntoine Billot, [email protected]
âCâĂ©tait cela pour moile nouveau dĂ©fi enĂ©conomie : rĂ©concilier la rigueur de lâabstractionet le foisonnement du rĂ©el. â
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lâacoustique mais aussi la sĂ©curitĂ© et la santĂ©.Lâexposition a Ă©tĂ© prĂ©sentĂ©e en avant-premiĂšresur le campus CNRS de Gif-sur-Yvette dans lecadre des JournĂ©es europĂ©ennes du patrimoineles 19 et 20 septembre derniers. Elle est au siĂšgedu CNRS Ă Paris depuis le 1er octobre. Puis elleentamera un tour de France via Lyon, Strasbourg,Caen, Poitiers, Nancy⊠oĂč elle sera prĂ©sentĂ©edans des centres de culture scientifique, des col-lĂšges, des lycĂ©es, des universitĂ©s, des campusCNRS et des collectivitĂ©s locales. DerniĂšre Ă©tapeprĂ©vue : Bordeaux dans le cadre du festival CinĂ©-mascience du 1er au 6 dĂ©cembre.
En quoi le numĂ©ro dâoctobre de La revue pourlâhistoire du CNRS est-il spĂ©cial?A.K. : Ce numĂ©ro, qui coĂŻncide aussi avec les dixans de la revue, est exceptionnel Ă plus dâun titre.Sur la forme tout dâabord, il passe dâun formatmagazine traditionnel A4 Ă un format A3 avecun traitement de lâinformation qui sâapparenteĂ celui dâun quotidien national. Photos, des-sins de presse et vulgarisation y tiennent ainsiune place importante pour en faire un numĂ©roparticuliĂšrement attrayant et facile Ă lire. Sur lefond, il dĂ©crit la trĂšs grande diversitĂ© des recher-ches menĂ©es au CNRS via de nombreux tĂ©moi-gnages de chercheurs qui exposent en toutelibertĂ© ce que le Centre leur a apportĂ©. Par leurintermĂ©diaire, le lecteur dĂ©couvre les choix desociĂ©tĂ© effectuĂ©s par le CNRS et son engagementdans les dĂ©bats de son Ă©poque : environne-ment, dĂ©veloppement durable, santĂ©, rĂŽle desexperts, importance de la recherche fonda-mentale, sciences humaines, communication...Jeux mathĂ©matiques et mots croisĂ©s scien-tifiques en font mĂȘme un numĂ©ro ludique !Nous lâavons tirĂ© Ă 47 000 exemplaires pourune diffusion Ă lâensemble des personnels duCNRS. Il sera Ă©galement disponible au colloque,au festival CinĂ©mascience de Bordeaux, auxRencontres « Science et citoyens » de Poitierset sur lâensemble des manifestations prĂ©vues le19 octobre.
Dâautres Ă©vĂšnements sont doncprogrammĂ©s?A.K. : Ce jour-lĂ , des Ă©vĂšnementsseront en effet organisĂ©s dans lescentres du CNRS sur tout le terri-toire. Ils prendront la forme dâani-mations sur les lieux de vie, tels les restaurantsadministratifs. Menu, dĂ©coration et objets sou-venirs seront aux couleurs des 70 ans. Lâobjectifest de crĂ©er davantage de lien entre les person-nels qui travaillent parfois sur des sujets trĂšsdivers, et de renforcer le sentiment dâapparte-nance Ă un seul et mĂȘme grand centre de recher-che pluridisciplinaire. Le calendrier des mani-festations est disponible sur un site internet crĂ©Ă©spĂ©cialement pour lâanniversaire Ă lâadressewww.cnrs.fr/70ans. On y trouve aussi toutes lesinformations nĂ©cessaires sur le colloque : pro-gramme, biographie des intervenants, bulletinsdâinscription⊠et des extraits vidĂ©o seront mis enligne fin octobre. Par ailleurs, on peut y tĂ©lĂ©-charger le numĂ©ro spĂ©cial de La revue pour lâhis-toire du CNRS avec quelques articles enregis-trĂ©s en audio pour les malvoyants, et y consulterdes extraits phares du livre de Denis Guthleben.Le site propose Ă©galement une visite virtuelle de
lâexposition de photos et le calendrier de sa tour-nĂ©e en France. Enfin, huit cahiers photo et un filmillustrant lâhistoire du CNRS, ainsi que des filmsanciens, seront Ă la disposition des internautes.Bref, tout le nĂ©cessaire pour fĂȘter dignementlâĂ©vĂšnement !
Propos recueillis par Jean-Philippe Braly
Ă En lignewww.cnrs.fr/70ans
1. Lire « Le CNRS a 70 ans », Le journal du CNRS, n° 236,septembre 2009.2. La Big Science est un terme employĂ© pour qualifierlâĂ©volution qui sâest produite aprĂšs la deuxiĂšme guerremondiale dans les pays industrialisĂ©s, avec la mise en placede projets scientifiques importants, liĂ©s Ă de trĂšs grandsinstruments nationaux ou internationaux.
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ANNIVERSAIRE
Il y a 70 ans naissait le CNRS
devrait sâintensifier, la forme des laboratoireschanger, la tĂ©lĂ©recherche pourrait se dĂ©velop-per⊠Tous ces thĂšmes seront abordĂ©s de maniĂšretrĂšs vivante autour de tables rondes auxquellesparticiperont des historiens, et plus gĂ©nĂ©rale-ment des chercheurs, ingĂ©nieurs et techniciensqui travaillent dans les disciplines dures, leshumanitĂ©s et les mĂ©tiers de lâadministration. Ilsnous feront partager leur passion, vĂ©ritablemoteur de leurs activitĂ©s de recherche. Mais cettejournĂ©e ne sera pas quâun Ă©vĂšnement interne.Issus de la sphĂšre scientifique, politique et mĂ©dia-tique, plusieurs intervenants extĂ©rieurs au CNRSapporteront Ă©galement leur contribution. OuvertĂ tous, ce colloque sera retransmis en direct surwww.cnrs.fr. Ă cette occasion, un livre spĂ©ciale-ment Ă©crit pour cet anniversaire sera prĂ©sentĂ© 1.
De quoi traite cet ouvrage?A.K. : Intitulé Histoire du CNRS de 1939 à nos
jours, Une ambition nationale pour lascience, il retrace les Ă©vĂšnements
qui ont marquĂ© le centre derecherche durant ses soixante-dix annĂ©es dâexistence. Le livreaborde ainsi tout un pan de
lâhistoire de la science fran-çaise et, ce faisant, de
lâhistoire contempo-raine. Car les per-
sonnels du CNRSnâont jamais vĂ©cudans une tourdâivoire, hierpas plus quâau-jourdâhui ! Ilsont participĂ© Ă la mobilisation
pour la seconde guerre mondiale, subi les affresde lâoccupation nazie, rebĂąti Ă la LibĂ©ration⊠Aufil des pages, on dĂ©couvre ainsi Ă quel point lâhis-toire du Centre est intimement liĂ©e Ă la conjonc-ture politique : importance accordĂ©e par le gĂ©nĂ©-ral de Gaulle Ă la recherche scientifique,rĂ©organisation de la recherche publique sousFrançois Mitterrand⊠On y apprend aussi com-ment le CNRS sâest investi dans la gestion des ins-truments de la « Big Science » 2 avec la crĂ©ationdâinstituts nationaux, a mis en place des pro-grammes interdisciplinaires pour mieux rĂ©pon-dre aux demandes sociĂ©tales, a multipliĂ© les par-tenariats, valorisĂ© ses dĂ©couvertes, appris de sesĂ©checs⊠Ăcrit par lâhistorien Denis Guthleben,attachĂ© scientifique au ComitĂ© pour lâhistoire duCNRS, cet ouvrage passionnant fait apparaĂźtre leCNRS tel quâil est et a toujours Ă©tĂ© : un labora-toire du mouvement perpĂ©tuel oĂč recherche etpolitique de la recherche nâont jamais cessĂ© dâĂȘtreremises sur la paillasse.
Autre Ă©vĂšnement, une exposition de photositinĂ©rante et Ă©tonnante, par la pĂ©riode delâhistoire du CNRS quâelle retrace⊠A.K. : Il sâagit en effet dâune pĂ©riode assez mĂ©con-nue : sa « prĂ©histoire » ! Quarante et un clichĂ©stotalement inĂ©dits de lâentre-deux-guerres consti-tueront cette exposition nommĂ©e « Quoi de neufdans le passĂ©? ». Extraits des trĂ©sors enfouis dansles sous-sols de la photothĂšque du CNRS, ils prĂ©-sentent les inventions des personnels de lâOfficenational des recherches scientifiques et des inven-tions de Meudon, les lointains ancĂȘtres des cher-cheurs du CNRS. Sorte de Moulinsart francilien,ce lieu ressemblait plus Ă un concours LĂ©pinepermanent quâĂ un centre « high-tech » pourchercheurs de pointe ! Le public dĂ©couvrira ainsides photos dâinventions des annĂ©es 1920 et 1930,
qui nous paraissent aujourdâhui aussi bien uti-les, que parfois farfelues ou cocasses : simula-teur de vol, taxi anti-Ă©crasement, voiture Ă©lec-
trique, ailes battantes pour dĂ©coller verticalement,mur dâisolation phonique, clignotant Ă cĂąbles,
radeau Ă hĂ©lice, lave-vaisselle rudi-mentaire, casque acoustique pourmalentendantsâŠ! Au total sept thĂ©-matiques sont couvertes : du dĂ©ve-
loppement durable Ă la vie quotidienne,en passant par lâoptique, les matĂ©riaux,
INSITU INSITU
BRĂVE
Paris prĂ©sente la mĂ©tĂ©oDu 20 au 25 octobre, Paris accueille le 6e forum international de la mĂ©tĂ©o. CĂŽtĂ© grand publictout dâabord, chacun pourra participer, au fil des cinq secteurs thĂ©matiques (mĂ©tĂ©o, climat,environnement, Ă©nergies, espace), Ă des expĂ©riences, des animations et jeux interactifs ouencore sâexercer Ă la prĂ©sentation dâun bulletin mĂ©tĂ©o comme Ă la tĂ©lĂ©vision. Mais le forumest aussi un Ă©vĂšnement scientifique de premier ordre, avec le colloque « La ville face auchangement climatique » qui se tiendra le vendredi 23 octobre, et au cours duquel plusieurschercheurs du CNRS interviendront. Lâorganisme, avec son Institut national des sciences delâUnivers (Insu), est dâailleurs partenaire du forum international organisĂ© par la SociĂ©tĂ©mĂ©tĂ©orologique de France (SMF). > Pour en savoir plus : www.smf.asso.fr/fim09.html
Lâexposition « Quoi de neuf dansle passĂ© » est accessible en lignepour une visite virtuelle.
Un numĂ©ro spĂ©cial de La revue pour lâhistoiredu CNRS va paraĂźtre pourcĂ©lĂ©brer lâoccasion.
Lâouvrage « Histoire duCNRS de 1939 Ă nos jours »,(Ă©d. Armand Collin), pourtout savoir sur lâorganisme.
CONTACTĂ AndrĂ© KaspiComitĂ© pour lâhistoire du CNRS, [email protected]
Au cĆur des cĂ©lĂ©brations des 70 ans du CNRS,un grand colloque aura lieu Ă Paris le 19 octobreprochain. Quels seront les thĂšmes abordĂ©s lorsde cette rencontre ouverte Ă tous?AndrĂ© Kaspi : PlacĂ© sous le haut patronage duprĂ©sident de lâAssemblĂ©e nationale, le colloque« La recherche, une passion, des mĂ©tiers :construire lâavenir » sera lâĂ©vĂšnement phare desfestivitĂ©s. Son objectif est de prĂ©senter la maniĂšredont les mĂ©tiers de la recherche ont Ă©voluĂ© au fildes annĂ©es, et lâhorizon vers lequel ils sâoriententpour lâavenir. En effet, on nâĂ©tait pas chercheurau bon vieux temps du savant Jean Perrin, fon-dateur du CNRS, comme on lâest aujourdâhui, nicomme on le sera demain ! Les instruments sesont beaucoup modifiĂ©s, la recherche sâest inter-nationalisĂ©e, le dialogue avec la sociĂ©tĂ© sâestaccru, de nouvelles thĂ©matiques Ă©mergent, lesmĂ©thodes de travail se transforment⊠Et dans lesannĂ©es Ă venir, la globalisation de la recherche
Le 19 octobre, le CNRS soufflera ses soixante-dix bougies. Pour lâoccasion, le ComitĂ© pour lâhistoiredu CNRS a concoctĂ© un programme Ă la hauteur de lâĂ©vĂšnement : colloque, parution dâun livre,exposition de photos, numĂ©ro spĂ©cial de La revue pour lâhistoire du CNRS⊠Le prĂ©sident du ComitĂ©, AndrĂ© Kaspi, lĂšve le voile sur les festivitĂ©s.
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rĂ©pandre sur le terrain aplani ;et enfin apporter du sol des« coussouls » voisins et le rĂ©pan-dre sur le terrain afin, toujours,dâintroduire des graines, des bul-bes et rhizomes dâespĂšces step-piques. Ces travaux seront finan-cĂ©s par CDC BiodiversitĂ©, leCNRS et la rĂ©gion Paca.AprĂšs la phase de restauration,suivra une phase de gestion surtrente ans de cet espace qui serain fine rendu aux moutons. « Avecce projet, on a lĂ un vrai lien entrerecherche fondamentale et rechercheappliquĂ©e. Y participer nous per-met dâĂ©tudier les espĂšces de la steppesur un modĂšle expĂ©rimental gran-deur nature, insiste ThierryDutoit. Jamais je nâaurais rĂȘvĂ©dâune telle occasion ! »Mais, cette expĂ©rience devraitaussi mener Ă une nouvelle pra-tique Ă©cologique en France : « lacompensation Ă©cologique par lâof-fre ». Car depuis la loi de 1976relative Ă la protection de lanature, les opĂ©rateurs doivent
prouver quâils ont tout fait pour rĂ©duire les dĂ©gĂątsoccasionnĂ©s par leur activitĂ© industrielle, et sipossible « compenser » leur action sur lâenvi-ronnement. Pour ce dernier devoir, il pourraleur ĂȘtre proposĂ© dâacheter des « unitĂ©s de com-pensation » de la plaine de Crau, Ă©quivalentes Ă celles quâils vont faire disparaĂźtre. Une pratiquedissuasive : Ă 35 000 euros lâhectare, les pro-moteurs de projets pourraient ĂȘtre tentĂ©s demoins dĂ©truire la natureâŠ
Kheira Bettayeb
1. Institut CNRS / IRD / universités Aix-Marseille-I et -III /université Avignon.
Pour retrouver la végétationinitiale de ce sol, de la terredes steppes voisines y seraépandue.
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MRCT
Créée en 2000, unique en son genre, la Mission des ressources etcompétences technologiques (MRCT) du CNRS mÚne des actionstransversales autour des technologies. Ses objectifs : fédérer lescommunautés qui les utilisent et favoriser le partage de savoir-faire.
Les technologies en partage
Du technicien au chercheur en passant parlâingĂ©nieur, quelles que soient les disci-plines et les thĂ©matiques de recherche,tous sont confrontĂ©s un jour ou lâautre
Ă des outils ou des savoirs technologiques. Pourfavoriser leur maĂźtrise par le plus grand nombre,la Mission des ressources et compĂ©tences tech-nologiques (MRCT) du CNRS coordonne lâin-ventaire des technologies et des savoir-faire quileur sont associĂ©s, au sein â pour lâessentiel â delâĂ©tablissement. Et en facilite la diffusion dans leslaboratoires. Pour ce faire, la Mission soutient des rĂ©seauxde compĂ©tences technologiques. « Aujourdâhui,nous comptons 17 rĂ©seaux nationaux et une tren-taine de relais rĂ©gionaux qui assurent une veilletechnologique dans leur domaine de compĂ©tence, prĂ©-cise Michel Cathelinaud, responsable adjoint dela MRCT pour les affaires technologiques. Entout, 500 laboratoires sont concernĂ©s, ce qui reprĂ©-sente 6000 agents. » Des exemples de rĂ©seaux exis-tants ? Nous pouvons citer le rĂ©seau des mĂ©ca-niciens qui, avec ses 1 000 membres, regroupe300 laboratoires, ou le dernier-nĂ©, le rĂ©seau desmicroscopies Ă champs proches qui compte pourle moment 150 membres. Chaque rĂ©seau, Ă tra-vers son groupe de travail, recense les outils etmĂ©thodes utilisĂ©s et partage les expertises et
expĂ©riences acquises au cours de sĂ©minaires.Dâautre part, des documents technologiques sontconçus et publiĂ©s pour mieux transmettre lesconnaissances.Autre facette de ces rĂ©seaux, celle plus Ă©tonnantede laboratoires virtuels de recherche. En effet, desprojets de recherche ont dĂ©jĂ Ă©tĂ© lancĂ©s, la thĂ©-matique devant ĂȘtre obligatoirement et par dĂ©fi-nition technologique. Par exemple, le rĂ©seau« Hautes pressions », dans le cadre du pĂŽle decompĂ©titivitĂ© mondial LyonbiopĂŽle, vient de lan-cer le projet Hyperbar. Son but : la mise au pointdâun nouveau procĂ©dĂ© industriel dâinactivationphysique de bactĂ©ries et de virus pour la fabri-cation de vaccins. « Câest lâexemple parfait dâunrĂ©seau expert identifiĂ© comme un laboratoire. Cer-tains rĂ©seaux proposent des projets ANR ou desgroupements de recherche. Dâautres vont jusquâĂ des dĂ©pĂŽts de brevets. Cela illustre lâimportance dela mise en relation des diffĂ©rents acteurs et surtoutlâĂ©mulsion que cela engendre », ajoute MichelCathelinaud.« Nos actions sont transversales et bĂ©nĂ©ficient Ă lâensemble des disciplines scientifi-ques, poursuit-il. Notre objectif estde faire profiter les membres desrĂ©seaux des avancĂ©es technologiqueset de mutualiser les moyens autour
dâĂ©quipements ou de projets dâintĂ©rĂȘt gĂ©nĂ©ral. »Câest dans cette optique que la MRCT com-mandite des actions nationales de formationrĂ©servĂ©es prioritairement au personnel du CNRS.« Le nombre de rĂ©seaux croĂźt et les actions de for-mations deviennent plus ambitieuses, expliqueFrancine Bizot, responsable adjointe de la MRCT.Depuis 2004, 150 actions ont Ă©tĂ© financĂ©es par ladirection des ressources humaines du CNRS aubĂ©nĂ©fice de 5 000 stagiaires. » Cette annĂ©e aurontdonc lieu, parmi la trentaine de formations pro-grammĂ©es, la JournĂ©e thĂ©matique 2009 desmicroscopies Ă sonde locale, lâAtelier de forma-tion sur la microĂ©lectrode Ă cavitĂ© ou encore lesJournĂ©es nationales des cristaux pour lâoptique.En plus de ces formations, de nombreux forums,ateliers et sĂ©minaires sont organisĂ©s. « Les rĂ©seauxsont trĂšs actifs. Ceux qui les animent sont des volon-taires. Certes, rejoindre un rĂ©seau sâajoute Ă lâacti-vitĂ© professionnelle, mais lâengouement est rĂ©el. » EntĂ©moignent les nombreux laurĂ©ats des mĂ©dailleset Cristals du CNRS impliquĂ©s dans le pilotagedes rĂ©seaux.Et Michel Cathelinaud de rappeler « quâil nây a quele CNRS capable de telles activitĂ©s transversales etcomplĂ©mentaires car toutes les disciplines y sontreprĂ©sentĂ©es. La MRCT est unique au niveau natio-nal et international ». Actuellement, de nouveauxrĂ©seaux concernant la mĂ©trologie ou encore le cal-cul scientifique sont en construction. Et certai-
nes réflexions sont menées pourdes projets à visée internatio-nale, notamment le réseau surles technologies des plasmasfroids qui approfondit ses échan-ges avec le Québec. Plus large-ment, dans le cadre du plan stra-tégique « Horizon 2020 » duCNRS, la MRCT a précisérécemment plusieurs pistes à explorer : les relations internesau réseau, les liens entre lesréseaux et les industriels ouencore le développement desrelations européennes et inter-nationales.
Nadia Daki
Ă Pour en savoir plushttp://www.mrct.cnrs.fr
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Le journal du CNRS n° 237 octobre 2009
ĂCOLOGIE
PrĂšs de Fos-sur-Mer, des chercheurs du CNRS participent Ă la restauration dâune ancienne steppe quiavait Ă©tĂ© remplacĂ©e, il y a trente ans, par un verger industriel de 357 ha. Une opĂ©ration dâenvergureâŠqui pourrait aussi dĂ©boucher sur un nouveau comportement des industriels.
Un Ă©cosystĂšme reprend ses droits
On connaissait les restaurateurs detableaux, qui redonnent aux peinturesanciennes leur Ă©clat dâantan. Voici Ă prĂ©-sent les restaurateurs dâĂ©cosystĂšmesâŠ
mĂ©diterranĂ©ens, pour ĂȘtre exact. Dans la plainede Crau, prĂšs de Fos-sur-Mer, dans les Bouches-du-RhĂŽne, plusieurs acteurs, dont les chercheursde lâInstitut mĂ©diterranĂ©en dâĂ©cologie et de palĂ©o-Ă©cologie (Imep)1, travaillent en effet dâarrache-piedpour restaurer un paysage naturel de 357 hectaresqui avait Ă©tĂ© remplacĂ© par un verger industrieldans les annĂ©es 1980. « Câest le plus grand chan-tier de ce type en France! », souligne Thierry Dutoit,professeur dâuniversitĂ© et chercheur Ă lâImep.BĂ©nĂ©ficiant de dix millions dâeuros sur trenteans, le projet a Ă©tĂ© lancĂ© par CDC BiodiversitĂ©,une filiale de la Caisse des dĂ©pĂŽts. Outre le CNRS,il implique aussi le ministĂšre de lâĂcologie, delâĂ©nergie, du dĂ©veloppement durable et de lamer, des collectivitĂ©s territoriales, des universi-tĂ©s, des centres de recherche, des associations deprotection de la nature, des usagers locaux.ConcrĂštement, il vise Ă rĂ©habiliter un Ă©cosys-tĂšme tout Ă fait unique qui avait Ă©tĂ© remplacĂ© parle verger industriel : le « coussoul », une terre nĂ©ede lâinteraction millĂ©naire entre le climat mĂ©di-terranĂ©en, des sols pauvres et les troupeaux demoutons, formant ainsi la seule steppe aridedâEurope de lâOuest. Un terrain Ă©cologiquementtrĂšs important, puisquâil constitue le seul habi-tat possible pour certaines espĂšces, tels les oiseauxayant besoin de milieux pierreux ouverts, commelâoutarde canepetiĂšre ou le ganga cata. Tout a commencĂ© en 2008 quand CDC Biodi-versitĂ© a acquis les 357 hectares dâanciens vergers.« Nous avons Ă©tĂ© trĂšs rapidement contactĂ©s par laCDC car Ă lâorigine nous travaillions sur les espĂš-ces steppiques ; nous tentions notamment de savoirpourquoi il y a tant dâespĂšces dans ces commu-nautĂ©s vĂ©gĂ©tales : 70 espĂšces de vĂ©gĂ©taux Ă fleurspar mĂštre carré⊠», prĂ©cise Thierry Dutoit. LapremiĂšre phase de lâopĂ©ration a durĂ© de janvierĂ septembre 2009. Elle a consistĂ© Ă rĂ©habiliterune fonction de lâĂ©cosystĂšme, celle dâaccueillir desoiseaux. Pour ce faire, il a fallu retirer les200 000 pĂȘchers et les 100 000 peupliers quiconstituaient le verger industriel ; ainsi que les1000 kilomĂštres de tuyaux en PVC du rĂ©seau dâir-rigation. Puis arbres et PVC ont Ă©tĂ© broyĂ©s etrecyclĂ©s. Ensuite il a fallu aplanir le terrain recou-vert de buttes pour en faire un sol de steppe,câest-Ă -dire un terrain plat. « Nous sommes inter-
venus ici pour dire Ă quelle profondeur il fallait limi-ter lâaplanissement des buttes, faire respecter les lisiĂš-res avec la vĂ©gĂ©tation steppique qui a survĂ©cu autouren bordure du verger, ou encore dĂ©finir les pĂ©riodesdâactivitĂ© des bulldozers en fonction du cycle de viedes oiseaux. Il ne fallait pas de travaux lors de la nidi-fication, par exemple », raconte Thierry Dutoit.La prochaine Ă©tape doit commencer en octobre :Ă prĂ©sent, il sâagit de restaurer expĂ©rimentalementla vĂ©gĂ©tation steppique initiale du site faite de che-veux dâange, de thym, et de bien dâautres espĂš-ces. Les biologistes du CNRS ont pensĂ© procĂ©deren plusieurs Ă©tapes : tout dâabord, semer, sur leterrain rĂ©habilitĂ©, des espĂšces vĂ©gĂ©tales dites« nurses », favorables Ă la prĂ©sence des fourmisqui vĂ©hiculent les graines de vĂ©gĂ©tation steppi-que des « coussouls » voisins ; ensuite, faire un« transfert de foin », câest-Ă -dire prĂ©lever desgraines de terrains steppiques voisins et les
CONTACTĂ Thierry DutoitInstitut mĂ©diterranĂ©en dâĂ©cologie et depalĂ©oĂ©cologie, [email protected]
CONTACTà Gérard LeliÚvreDirecteur de la Mission des ressources etcompétences technologiques (MRCT), [email protected]
INSITU INSITU
1. RĂ©seau de technologie des hautes pressions / HP2. RĂ©seau des technologies femtoseconde / Lasur3. RĂ©seau des Cristaux massifs, micro- nano-
structures et dispositifs pour lâoptique / CMDO+4. RĂ©seau des technologies et procĂ©dĂ©s de
croissance cristalline / Cristech5. RĂ©seau « Optique et photonique » / ROP6. RĂ©seau des plasmas froids / PF7. RĂ©seau « Nanorgasol » 8. RĂ©seau des utilisateurs de la microĂ©lectrode Ă
cavitĂ© / Umec9. RĂ©seau des technologies du vide / RTVIDE10. RĂ©seau des mĂ©caniciens / RDM11. RĂ©seau des Ă©lectroniciens 12. RĂ©seaux dâadministrateurs systĂšmes et rĂ©seaux /
Resinfo13. RĂ©seau des professionnels de lâinformation
scientifique / Renatis
14. Réseau « Qualité en recherche » / QeR15. Réseau des centres communs de microscopie /
RCCM16. Réseau « Microscopie photonique de
fluorescence multidimensionnelle » / MFM17. Réseau « Champs proches »
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LES 17 RĂSEAUX DE LA MRCT
La MRCT, permet de fédérerdes communautés autour dessavoir-faire technologiques.Ci-dessous, une presse multi-enclume pour les recherchesmenées à hautes pressions.
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certain sur lâenvironnement atmosphĂ©rique et lapollution sonore des transports aĂ©riens. AutresphĂ©nomĂšnes Ă©tudiĂ©s : la traĂźnĂ©e visqueuse, cetteforce de rĂ©sistance exercĂ©e par lâair sur le vĂ©hi-cule en mouvement. « Nous tentons de prĂ©dire etde rĂ©duire cette derniĂšre ainsi que les dĂ©collementsdâĂ©coulements prĂšs des parois des vĂ©hicules qui sontaussi gĂ©nĂ©rateurs de tourbillons », explique PatrickBontoux. Une tĂąche complexe, mais le jeu envaut la chandelle : la rĂ©duction de ces effets (enjouant sur la gĂ©omĂ©trie du vĂ©hicule) entraĂźneune Ă©conomie du carburant nĂ©cessaire Ă lâavan-cĂ©e du vĂ©hicule. Ce sont ainsi six ouvrages, prĂšs de 200 publi-cations et une quinzaine de colloques qui ont Ă©tĂ©organisĂ©s depuis 2004. Pour lâheure, le GDRE« MĂ©canique des fluides numĂ©rique » a dĂ©jĂ contribuĂ© Ă une meilleure comprĂ©hension desmĂ©canismes physiques ainsi quâĂ lâamĂ©liora-tion des techniques et des modĂšles utilisĂ©saujourdâhui dans lâindustrie. Ces avancĂ©es repo-sent sur des liens tissĂ©s un Ă un avec divers
Le journal du CNRS n° 237 octobre 2009
HORIZON Ils ont choisi la France et le CNRS36
Il vient dâURSS, un pays « qui nâexiste plus ».Mais dans son bureau pourtant austĂšre delâuniversitĂ© Paris-XIII Ă Villetaneuse, oĂč unetour dâordinateur le dispute Ă une bibliothĂš-
que Ă moitiĂ© vide, aucune place pour le spleen.La piĂšce est bien Ă lâimage du bonhomme: spar-tiate. Car depuis 30 ans, Vladimir Solozhenko,directeur de recherche au CNRS et spĂ©cialiste desmatĂ©riaux sous trĂšs hautes pressions et tempĂ©-ratures ne fait strictement que cela, en vĂ©ritablepassionnĂ©. Seule faille Ă©motionnelle cependant,ses premiĂšres annĂ©es dâĂ©tudes au dĂ©partementde chimie de lâuniversitĂ© de Moscou, la « meilleuredâUnion soviĂ©tique ». Vladimir Solozhenko, plu-tĂŽt avare de sentimentalisme, en parle volon-tiers, avec bonheur et nostalgie. « Jâai commencĂ©mes recherches trĂšs jeune, Ă lâĂąge de 20 ans, et publiĂ©mon premier article deux ans plus tard. Jâen Ă©taisle seul auteur. On Ă©tait trĂšs libre, on pouvait suivrenos propres idĂ©es. AprĂšs ma soutenance de thĂšse en1984, je suis parti Ă lâInstitut des matiĂšres ultra-dures de lâAcadĂ©mie des sciences dâUkraine, Ă Kiev.Lâindustrie de coupe et dâusinage cherchait des appli-cations pour remplacer le diamant. Câest devenulâobjet principal de mes recherches. »
Car dans cet univers impitoyable, le diamantnaturel nâest plus Ă©ternel depuis longtemps. Lesuper-abrasif, considĂ©rĂ© comme le matĂ©riau leplus dur au monde, montre en effet des limitesune fois soumis Ă de fortes tempĂ©ratures lors dela coupe : par exemple, il nâest pas stable et rĂ©a-git chimiquement avec des matĂ©riaux ferreux.Devant la nĂ©cessitĂ© dâune nouvelle gĂ©nĂ©rationde matĂ©riaux ultradurs, Vladimir Solozhenko sepenche sur un matĂ©riau moins dur que le diamantmais plus rĂ©sistant Ă la chaleur et Ă lâoxydation,le nitrure de bore cubique (c-BN). Il le mĂ©langeavec du carbone pour obtenir un matĂ©riau Ă la foisstable chimiquement et plus dur que le c-BN : lecarbonitrure de bore cubique. Mais pour effectuerune synthĂšse au niveau atomique, il faut exposerle « mĂ©lange » des Ă©lĂ©ments Ă une trĂšs hautetempĂ©rature et Ă une trĂšs haute pression. Or Ă Kiev,les moyens techniques sont limitĂ©s. Un intenseprogramme international de recherche se metdonc en place. Vladimir Solozhenko passe la moi-tiĂ© de son temps loin de Kiev. Dâabord au synch-rotron de Hambourg, puis en France Ă Paris,Bordeaux et Ă lâEuropean Synchrotron RadiationFacility (ERSF) de Grenoble1. Ou encore aux Ătats-
Unis. GrĂące aux images par rayonsX obtenues ausynchrotron de Grenoble, les chercheurs contrĂŽ-lent en temps rĂ©el comment rĂ©agit la structure delâĂ©chantillon. Et Ă 2 000 °C, pour une pression250 000 fois supĂ©rieure Ă celle de lâatmosphĂšre,ils obtiennent enfin, en 2001, le matĂ©riau le plusdur aujourdâhui connu, aprĂšs le diamant. Maisentre-temps, le monde de Vladimir Solozhenkovole en Ă©clats. En 1991, lâURSS nâest plus. Lechercheur, qui travaillait Ă Kiev, devient de faitautomatiquement citoyen dâUkraine. Alors quelâĂ©conomie du pays sâeffondre et que nombre decollĂšgues lĂąchent leurs recherches pour survivre,Vladimir continue grĂące Ă ses collaborations extĂ©-rieures. Mais le maintien du labo tient Ă un fil.Il dĂ©cide de postuler en France. « Le CNRS est viteapparu comme la meilleure option. Avec lâappui deBrigitte Bacroix et Jean-Pierre Petitet, nous avonsmontĂ© une structure de recherches au Laboratoiredes propriĂ©tĂ©s mĂ©caniques et thermodynamiques desmatĂ©riaux du CNRS en 2003. Et grĂące aux fonds delâANR, nous avons pu nous Ă©quiper et faire rapide-ment des avancĂ©es importantes. Ainsi, lâinstallationdâune presse dite âmulti-enclumeâ a permis dâattein-dre les plus hautes pressions accessibles de nos jourssur des volumes macroscopiques de matĂ©riaux. »Plus ascĂšte que jamais, Vladimir fait du labo sanouvelle patrie. « Je ne suis pas sĂ»r dâavoir un jourcroisĂ© un Français autre que scientifique, avoue-t-iltimidement. Dâailleurs, je ne parle pas votre langue. »Ses yeux dâapatride vacillent un moment. « Maisici, je suis redevenu ce que je prĂ©fĂ©rais, un employĂ© auservice de lâĂtat. Jâaime servir un pays. »
Camille Lamotte
1. LâESRF est une des plus intenses sources de rayon X au monde. Dix-neuf pays participent Ă son financement et Ă son fonctionnement.
CONTACTà Vladimir SolozhenkoLaboratoire des propriétés mécaniques etthermodynamiques des matériaux, [email protected]
BRĂVES
Le Conseil européen de la recherche (ERC) a dévoilé la liste des 219 lauréats, sur 2503 candidats,du 2e appel à projets pour les bourses « jeuneschercheurs ». En tout, 26 travaillent dans desorganismes français, dont 9 chargés de recherche au CNRS : 6 en sciences de la vie, 2 en sciencesphysiques et ingénierie, et 1 en sciences humaines et sociales. La France est le 2e pays, derriÚre le Royaume Uni, et au premier rang en sciences de la vie. Le prochain appel à projets se clÎt entre finoctobre et début décembre selon les disciplines.> Pour en savoir plus : http://erc.europa.eu
Bourses europĂ©ennesDeux laboratoires internationaux associĂ©sont Ă©tĂ© crĂ©Ă©s Ă la rentrĂ©e. Le premier, intitulé« MatĂ©riaux inorganiques fonctionnels »,renforce une collaboration vieille de vingt ans entre des Ă©quipes rennaises,notamment du Laboratoire « Scienceschimiques de Rennes » 1, et chiliennes. Il sâagit de poursuivre les recherches sur les matĂ©riaux dits actifs pour des domainesaussi variĂ©s que lâoptique, lâĂ©nergie, le transport et le stockage de lâinformation. Le LIA franco-maghrĂ©bin de mathĂ©matiques
et de leurs interactions, lui, a Ă©tĂ© fondĂ© entre le CNRS, lâĂcole polytechnique et lesuniversitĂ©s de Nice-Sophia-Antipolis, de Pauet des Pays-de-lâAdour, de Clermont-Ferrand,dâune part, et plusieurs organismes dâAlgĂ©rie,du Maroc et de Tunisie dâautre part.Ensemble, les partenaires favoriseront les projets de recherche en mathĂ©matiquesen multipliant leurs collaborations et enparticipant Ă la formation des doctorants.1. Laboratoire CNRS / UniversitĂ© Rennes-I / Ăcole nationalesupĂ©rieure de chimie de Rennes / Insa Rennes.
Création de deux nouveaux LIA
Groupement de recherche européen HORIZON 37
Aucune erreur dâaiguillage ni incidenttechnique Ă signaler. Depuis une ving-taine dâannĂ©es, Français et Allemandsdu CNRS et de la Deutsche For-
schungsgemeinschaft (DFG) pilotent avec brioun programme de recherche innovant en dyna-mique des fluides. Leur objectif? La rĂ©duction desphĂ©nomĂšnes de turbulence dans les transportsaĂ©riens et terrestres. Il sâagit dâapprĂ©hender trĂšsfinement les phĂ©nomĂšnes de turbulence der-riĂšre les moteurs dâavion et les voitures, et derĂ©duire les perturbations sonores qui en rĂ©sultent,notamment dans les jets des turborĂ©acteursdâavions civils. Ă la clĂ© : un meilleur aĂ©rodyna-misme et une consommation allĂ©gĂ©e de carbu-rant, pour les avions comme pour les voitures.De programmes dâĂ©change bilatĂ©raux en projetscommuns pour aboutir Ă la crĂ©ation du Groupe-ment de recherche europĂ©en (GDRE) « MĂ©cani-que des fluides numĂ©rique » pour la pĂ©riodeactuelle 2004-2011, les deux pays nâont cessĂ©depuis la fin des annĂ©es 1980 de coordonner lesefforts des deux communautĂ©s autour de thĂ©-matiques toujours plus ciblĂ©es. Vingt ans plustard, ce sont dix-neuf Ă©quipes portĂ©es par quatorzelaboratoires français et allemands 1 qui partici-pent Ă ce programme de haut vol pour un bud-get global estimĂ© Ă 2,5 millions dâeuros par an,financĂ© dâun cĂŽtĂ© par le CNRS, le ministĂšre de laRecherche et lâOnera, de lâautre par la DFG.« Cette initiative associe Ă©troitement les connais-sances en mĂ©canique des fluides et acoustique, enmodĂ©lisation et en calcul haute performance »,confie Patrick Bontoux, directeur du Laboratoirede MĂ©canique, modĂ©lisation et procĂ©dĂ©s propres(M2P2) 2, Ă Marseille. Lâune des approches scien-tifiques les plus prometteuses est la simulation desgrandes Ă©chelles (SGE). Cette sorte de maillagenumĂ©rique permet de simuler les plus gros tour-billons, qui sont les plus Ă©nergĂ©tiques, tout enmodĂ©lisant les plus petits, qui passaient Ă traversles mailles du calcul. Le GDRE doit ce savoir-faire notamment Ă la mise en Ćuvre de puissancesde calcul importantes dans les centres nationaux3
et Ă lâacquisition rĂ©cente par le CNRS des super-calculateurs vectoriel NEC SX8 et IBM Blue Gene.Ce dernier, au 9e rang mondial, dĂ©gage une puis-sance de calcul Ă©quivalente Ă plus de 15000 ordi-nateurs portables de derniĂšre gĂ©nĂ©ration.La SGE permet ainsi dâisoler et dâĂ©tudier desphĂ©nomĂšnes particuliers comme les jets Ă lasortie de moteurs dâavion, qui ont un impact
organismes et sociĂ©tĂ©s comme Dassault Aviation,Snecma, Rolls Royce, MTU, Airbus, Renault,le CEA, le Cnes, la DGA, EDF et lâOnera.Au-delĂ , lâobjectif est de « faire de la simulationnumĂ©rique un langage commun au niveau euro-pĂ©en ». Des discussions sont en cours pour unĂ©largissement du GDRE aprĂšs 2011. Le nouveaupartenariat Prace (« Partnership for AdvancedComputing in Europe ») propose de structurerles moyens de calcul Ă lâĂ©chelle europĂ©enne surplusieurs centres internationaux.
SĂ©verine Lemaire-Duparcq
1. Parmi les laboratoires participants, on peut citer : cĂŽtĂ© français, les LEA de Poitiers, LMFA de Lyon, M2P2 de Marseille, LMF de Nantes, LEGI et LJK de Grenoble,IMFT de Toulouse, LJAD de Nice, LIMSI et, cĂŽtĂ© allemand,le RWTH de Aachen, TU de Berlin, Darmstadt, Munich,Dresde, ainsi que les universitĂ©s de Stuttgart, Karlsruhe,Hamburg et Erlangen.2. CNRS / UniversitĂ©s Aix-Marseille-I, II et III / CentraleMarseille.3. Institut du dĂ©veloppement et des ressources en informatique scientifique (Idris), Centre informatiquenational de lâenseignement supĂ©rieur (Cines), centre de calcul recherche et technologie (CCRT).
La France et lâAllemagne sont associĂ©es dans un programme derecherche innovant en dynamique des fluides. Lâobjectif? RĂ©duire lesphĂ©nomĂšnes de turbulence dans les transports aĂ©riens et terrestres.
MĂCANIQUE DES FLUIDES
Les mécanos du numériqueVladimir Solozhenko
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CONTACTà Patrick BontouxLaboratoire de Mécanique, modélisation et procédés propres (M2P2), [email protected]
Les chercheurs du GDRE« MĂ©canique des fluidesnumĂ©rique » Ă©tudient les phĂ©nomĂšnes de turbulencedans les transports. En haut,modĂ©lisation derriĂšre un moteurdâavion et ci-contre autour dâunevoiture (figurĂ©e en gris).
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GUIDE 39
Le journal du CNRS n° 237 octobre 2009
GUIDE Livres38
Le journal du CNRS n° 237 octobre 2009
Ce dĂ©but de XXIe siĂšcle voit se mondialiser lesmigrations, phĂ©nomĂšne qui a triplĂ© dâimpor-tance en quarante ans et qui constitue laseconde Ă©popĂ©e migratoire de lâĂąge moderneaprĂšs la grande pĂ©riode des annĂ©es 1880-1930.Consultante pour la Commission europĂ©enne,le Conseil de lâEurope et le Haut Commissariataux rĂ©fugiĂ©s, lâauteure analyse ici causes etconsĂ©quences de ce flux humain qui pose avecacuitĂ© la question du « vivre ensemble », des risques environnementaux,de la gouvernance mondiale et, in fine, de la reconnaissance dâun droit Ă la mobilitĂ© comme droit fondamental de lâhomme.
Catherine Wihtol de Wenden, Ă©d. Puf,septembre 2009, 272 p. â 26 âŹ
Dans cet essai issu de vos travauxsur la perception et lâaction, vousdites y « oser une thĂ©orie de la sim-plexitĂ© » : en quoi consiste ce nou-veau concept?Il faut distinguer simplexitĂ© et sim-plicitĂ©. Dans toutes les activitĂ©shumaines, scientifiques ou sociales,nous sommes Ă la fois Ă©merveillĂ©set Ă©crasĂ©s par la complexitĂ©. DâoĂčlâĂ©laboration de « thĂ©ories de la com-plexitĂ© » â et de multiples tentativespour simplifier qui conduisent, autantdans lâĂ©tude du vivant que dans cellede la vie sociale, Ă une caricature. Orla biologie, la physiologie, et les neu-rosciences ont Ă©tabli lâexistence deprocessus Ă©lĂ©gants, rapides, effica-ces pour lâinteraction du vivant avecle monde. Ces processus ne sont pas« simples » mais Ă©laborent des « solu-tions », des comportements rapides,fiables, qui tiennent compte de lâex-
pĂ©rience passĂ©e et qui anticipent surles consĂ©quences futures de lâac-tion. Ils sont simplexes, comme le fildâAriane. Ces solutions exigent par-fois un « dĂ©tour » â elles ont un prix â,mais donnent lâapparence dâunegrande facilitĂ©. Jâai esquissĂ© Ă partirdâun terme utilisĂ© dans dâautrescontextes comme la gĂ©ologie, lesmathĂ©matiques, le design ou lâingĂ©-nierie, une « thĂ©orie de la simplexitĂ© »afin de rendre compte de ce qui est,Ă mon avis, lâune des propriĂ©tĂ©s lesplus originales du vivant.
Quelques exemples de ces proces-sus simplexes?Ils existent Ă diffĂ©rents niveaux delâorganisation du vivant. Par exem-ple, le trĂšs petit nombre de « motifs »qui sont utilisĂ©s dans les construc-tions molĂ©culaires de protĂ©ines, lasĂ©lection et le filtrage neuronal par
lâattention, ou encore les « lois deminimum dâĂ©nergie » utilisĂ©es par lecerveau pour contrĂŽler muscles etarticulations dans le comportementmoteur. On retrouve ces processussimplexes dans les fonctions cogni-tives les plus Ă©levĂ©es : la spĂ©ciali-sation des systĂšmes de mĂ©moires etla multiplication des mĂ©canismesneuronaux dans le traitement de lâes-pace (imaginer ou se rappeler un tra-jet), le rĂŽle de lâinhibition, la relationentre raison et Ă©motion. Et, Ă unniveau symbolique et culturel, le rĂŽledu geste comme solution simplexe(et non simple) pour communiquerdes sentiments par exemple. Ce livre porte, aussi, sur la questionde lâUmwelt, le fait que chaqueespĂšce ne vit que dans « son »monde. Or, lâoriginalitĂ© du cerveauhumain est dâĂȘtre un crĂ©ateur demondes. Les « dĂ©tours » des pro-cessus simplexes correspondentaussi Ă cette inventivitĂ© du cerveauet de lâesprit humain, aux frontiĂšresde ce que les neuropsychologuesappellent la « pensĂ©e magique » qui
crĂ©e des mondes « possibles ». Câestpourquoi ce livre se termine par unbouquet dâextensions du concept Ă des domaines aussi divers que lâuti-lisation du dessin par les Ă©crivains, laconfiguration dâun coin de rue, lâin-clinaison dâun toit ou la gĂ©omĂ©triedâun jardin.
Vous semblez avoir voulu avec lâĂ©la-boration de ce concept rĂ©pondre Ă une interrogation inquiĂšte delâhomme face Ă son monde?Oui, nous sortons dâun siĂšcle dominĂ©par le verbe et la norme oĂč a triom-phĂ© lâesprit de gĂ©omĂ©trie contre lâes-prit de finesse et qui a oubliĂ©, au pro-fit dâune raison dĂ©sincarnĂ©e, ce quejâappelle lâhomme sensible, larichesse de lâ« Ă©coumĂšne » 1, le rĂŽlede lâĂ©motion. Jâai suggĂ©rĂ© des pis-tes pour reconstruire notre identitĂ©mise Ă mal par lâextraordinaire com-plexitĂ© du monde, notre Ă©cartĂšlemententre le local et le global, lâaccĂ©lĂ©-ration du temps vĂ©cu. Tout cela enremettant au centre la notion dâacte,puisque je suis un physiologiste.
Propos recueillis par A.L.
1. ĂcoumĂšne : concept forgĂ© par AugustinBerque pour dĂ©crire les lieux de vie enĂ©chappant Ă la seule description factuelle dela gĂ©ographie, de lâĂ©conomie et en rĂ©insĂ©rantle vĂ©cu de lâhomme sensible.
Membre de lâAcadĂ©mie des sciences, Alain Berthoz est professeur au Col-lĂšge de France, oĂč il est directeur adjoint du Laboratoire de physiologie dela perception et de lâaction (LPPA, CNRS / CollĂšge de France).
3 questions Ă âŠ
Le point de dĂ©part : lâanalyse dâun corpus de textes de gran-des entreprises et la mise en perspective historique destrois formes de mobilisation de lâĂ©thique par le systĂšmecapitaliste â Ă©thique protestante Ă la naissance du capita-lisme rationnel moderne, Ă©thique progressiste dans la phasede rationalisation du travail industriel au XIXe siĂšcle et actuelleĂ©thique Ă©conomique des firmes. Lâauteur analyse ici avec briola singularitĂ© dâune mobilisation dans laquelle lâĂ©thique estinstrumentalisĂ©e car produite par les acteurs Ă©conomiques
pour des finalitĂ©s Ă©conomiques. RĂ©sultat : une inquiĂ©tante Ă©rosion des valeurs.Alors, une question se pose : le capitalisme ne serait-il pas en lui-mĂȘme lâune dessources de dĂ©moralisation de la sociĂ©tĂ©?
Anne Salmon, CNRS Ăditions, septembre 2009, 264 p.â 25 âŹ
La combinaison de deux phĂ©nomĂšnes du capitalisme actuel(puissance de la finance devenue force planĂ©taire et entrĂ©e desĂ©conomies industrielles dans lâĂšre de la « sociĂ©tĂ© de la connais-sance » grĂące aux nouvelles technologies), devait ĂȘtre « pro-fitable Ă tous ». La crise rĂ©cente a dĂ©menti cette vision. Cet essaiprĂ©sente un capitalisme loin des analyses dominantes. Acca-parant connaissances et ressources financiĂšres au profit dâune mĂȘme minoritĂ© depays et dâacteurs, il engendre un appauvrissement des connaissances et de leur dif-fusion. Les auteurs explorent ici les conditions dâune possible alternative.
Le savoir et la financeLiaisons dangereuses au cĆur ducapitalisme contemporainDominique Plihon et El Mouhoub Mouhoud, Ă©d. LaDĂ©couverte, coll. « Cahiers libres », septembre 2009,240 p. â 18 âŹ
AprĂšs Trois leçons sur la sociĂ©tĂ© post-industrielle, toujours avec un grand talent devulgarisateur et une grande Ă©rudition, Daniel Cohen montre ici comment lâĂ©conomiefaçonne la sociĂ©tĂ© au fil du temps et sur toute la planĂšte. Pour ce faire, il dresse une
vĂ©ritable fresque, de lâEmpire romain aux traders deWall Street, des sociĂ©tĂ©s agraires du XIXe siĂšcle aurĂšgne des services immatĂ©riels de notre Ă©poque.Des questions lancinantes en filigrane : commentlâOccident, qui a arrachĂ© une part de lâhumanitĂ© aurĂšgne de la faim et de la misĂšre, a-t-il pu finir sacourse dans le suicide collectif des deux guerresmondiales? Quel est le poison, « le vice cachĂ©, quia anĂ©anti lâEurope? » et « les tragĂ©dies europĂ©ennespourraient-elles se rĂ©pĂ©ter, en Asie ou ailleurs? ».Une histoire de lâhumanitĂ© oĂč lâon voit les disparitĂ©sde toutes sortes ne faire que stimuler le capitalisme.
La prospĂ©ritĂ© du viceUne introduction (inquiĂšte) Ă lâĂ©conomieDaniel Cohen, Ă©d. Albin Michel, septembre 2009, 288 p. â 19 âŹ
Ăd. Odile Jacob, septembre 2009, 220 p. â 23 âŹ
Alain Berthoz La simplexité
Superbement illustrĂ© avec plus de200 documents inĂ©dits provenant desarchives de lâarmĂ©e, cet ouvragedĂ©crypte, de la RĂ©volution française Ă nos jours, un mythe rĂ©publicain fran-çais â celui du « hĂ©ros mort pour lapatrie », avec son cortĂšge de rĂ©cits et delĂ©gendes sur les « gueules cassĂ©es » âet lâĂ©volution de ce mythe vers un « zĂ©romort ». Que reprĂ©sentent ces rites sacri-ficiels Ă lâheure de la mondialisation et de lâintĂ©gration euro-pĂ©enne et quelle place auront-ils dans lâavenir?
Gilles Boetsch et Ăric Deroo (dir.), CNRS Ăditions,coll. « Corps », septembre 2009, 240 p. â 35 âŹ
Faisant partie des parutions de lâautomne cĂ©lĂ©brant le 70e anniversaire de lamort de Freud, ce Dictionnaire comble une lacune : il nâexistait, en effet,
aucun travail sur lâensemble des Ćuvres psychanalyti-ques et post-freudiennes. Et, dans un moment oĂč la psy-chanalyse est contestĂ©e ou concurrencĂ©e par les thĂ©ra-pies comportementales et cognitives, cet ouvrage montrecombien il est utile de ne pas remplacer les textes par un« bottin de symptĂŽmes ».Ă travers lâĂ©tude de 340 Ćuvres (quelque 140 textes deFreud, livres et articles fondateurs et quelque 200 Ă©critspost-freudiens), lâauteur restitue dans ce monumentalouvrage la substance des textes de la psychanalyse.
Paul-Laurent Assoun, Ă©d. Puf, septembre 2009, 1488 p. â 39 âŹ
Le sacrifice du soldat
En 1997, le Tribunal pĂ©nal international pour lâex-Yougosla-vie (TPIY) formulait Ă la fois juridiquement (« crime », « vic-
time ») et philosophiquement (« enattaquant lâhomme, est niĂ©e lâhu-manitĂ© »), la spĂ©cificitĂ© du crimecontre lâhumanitĂ©, notion dĂ©jĂ ins-crite dans le statut du Tribunal deNuremberg mais restĂ©e inexploitĂ©ejuridiquement. Cet ouvrage fait lepoint sur cette dĂ©nomination pĂ©nale,en explore la richesse, les ambiguĂŻ-tĂ©s et les dĂ©veloppements proba-bles dans les annĂ©es qui viennent.
Mireille Delmas-Marty, Isabelle Fouchard, EmanuelaFronza et Laurent Neyret, Ă©d. Puf, coll. « Que sais-je? », septembre 2009, 128 p. â 9 âŹ
Dictionnaire des Ćuvrespsychanalytiques
Moraliser le capitalisme?
Entreprise originale et inĂ©dite que cette rĂ©union des leçonsinaugurales du CollĂšge de France portant sur le MoyenĂge et la Renaissance en un seul volume. Trente et unechaires sont reprĂ©sentĂ©es (certaines totalement oubliĂ©es)occupĂ©es par des noms illustres âJules Michelet, Focil-lon, Chastel, Duby, Ătienne Gilson⊠Un passionnant ensem-ble oĂč lâon assiste, non seulement au dĂ©veloppementmoderne des sciences historiques mais Ă la naissance dela philologie et de lâhistoire de lâart en France. LâĂ©volutiondâune vie intellectuelle Ă travers la discontinuitĂ© des pres-tigieuses leçons dont le choix ne prĂ©sente quâun impĂ©ratif :« accompagner la recherche en train de se faire ».
Textes rassemblĂ©s par Pierre Toubert et Michel Zinkavec la collaboration dâOdile Bombard, Ă©d. Fayard,juin 2009, 672 p. â 32 âŹ
Moyen Ăge et Renaissanceau CollĂšge de France
Le crime contre lâhumanitĂ©
La globalisation humaine
Jean-ClaudeGall, Ă©d.LâHarmattan,coll. « Biologie,Ă©cologie,agronomie »,aoĂ»t 2009,174 p. â 16,50 âŹ
GUIDE Livres40
Le journal du CNRS n° 237 octobre 2009
LES JUIFS AMĂRICAINSAndrĂ© Kaspi, Ă©d. Seuil, coll. « PointsHistoire », septembre 2009, 320 p. â 9âŹ
INQUIĂTANTE ĂTRANGETĂLaurent Danon-Boileau, Ă©d. Puf, coll.« Monographies et dĂ©bats depsychanalyse », aoĂ»t 2009, 216 p. â 21âŹ
LA MĂTAPSYCHOLOGIE DE FREUDExposĂ© critiqueAlain Delrieu, Ă©d. Economica, coll.« Psychanalyse et pratiques sociales »,juillet 2009, 232 p. â 29âŹ
AU CĆUR DU FONDAMENTALISMEEnzo Bianchi et Gilles Kepel, Ă©d. Bayard,octobre 2009, 70 p. â 13âŹ
SOCIOLOGIE DES PROFESSIONSFlorent Champy, Ă©d. Puf, coll. « Quadrigesâ Manuel », septembre 2009, 240 p. â 15âŹ
LâHOMME ET LA MORTLâinvention de la sĂ©pulture durant laPrĂ©histoireAnne-Marie Tillier, CNRS Ăditions, coll.« Le passĂ© recomposĂ© », septembre 2009,168 p. â 12âŹ
LA FIN DES BĂTESUne ethnographie de la mise Ă mort desanimauxCatherine RĂ©my, Ă©d. Economica, coll.« Ătudes sociologiques », 210 p. â 25âŹ
29 NOTIONS POUR SAVOURER ETFAIRE SAVOURER LA SCIENCEPierre LĂ©na, Yves QuĂ©rĂ© et BĂ©atriceSalviat, Ă©d. Le Pommier, coll. « ĂducationLa main Ă la pĂąte », septembre 2009,500 p. â 29âŹ
CES PRĂJUGĂS QUI NOUSENCOMBRENTGilles Dowek, Ă©d. Le Pommier, coll« Manifestes », septembre 2009, 108 p.â 10âŹ
Retrouvez les publications de CNRS Ăditionssur le site : www.cnrseditions.fr
AUTRES PARUTIONS
Prenant en compte les rĂ©centes extensions du mot « handicap » (pertedâautonomie en raison de lâĂąge, victimes de crises Ă©conomiquesâŠ), Eth-nologie française consacre lâun de ses « Dossiers » Ă lâanalyse des mul-tiples discours actuels pour « parler » du ou des « handicap(s) », confron-ter les attitudes des familles Ă celles des professionnels et relier textesde lois et expĂ©riences concrĂštes en montrant les nombreux Ă©carts sur-venant entre normes et reprĂ©sentations.
Coord. AndrĂ© Rauch, Ethnologie française, 2009 / 3 â Juillet,Ă©d. Puf, 196 p. â 22 âŹ
Quatre ans ont passĂ© depuis la loi du 11 fĂ©vrier 2005« pour lâĂ©galitĂ© des droits et des chances, la parti-cipation et la citoyennetĂ© des personnes handica-pĂ©es ». Mais les enfants comme les adultes handi-
capĂ©s ont toujours des difficultĂ©s dâaccĂšs Ă lâĂ©coleet Ă lâemploi. Un Ă©tat des lieux pour une question quientre dans une Ăšre nouvelle : celle de la citoyennetĂ©dĂ©mocratique.
Autrement capablesĂcole, emploi, sociĂ©tĂ© : pour lâinclusion des handicapĂ©sĂric Plaisance, Ă©d. Autrement, coll. « Mutations », septembre 2009, 208 p. â 20 âŹ
Des premiĂšresbactĂ©ries Ă lâhommeLâhistoire de nos origines
Les premiĂšres for-mes de vie sontapparues sur laTerre il y a presque quatre milliards dâan-nĂ©es. Ce sont des organismes micros-copiques : les bactĂ©ries. Une chaĂźneininterrompue dâespĂšces vivantes lesrelie Ă lâĂ©mergence de lâhomme il y aquelques millions dâannĂ©es Ă peine.Parce que la diversitĂ© de la biosphĂšre etla place quây occupe lâhomme ne sontintelligibles quâĂ la lumiĂšre des trans-formations advenues au fil de cesdurĂ©es gĂ©ologiques, lâauteur, gĂ©ologueet palĂ©ontologue, retrace lâhistoire delâUnivers Ă partir de ces bactĂ©ries fos-siles pour parvenir jusquâĂ nous, « abou-tissement provisoire de cette histoireinachevĂ©e ».
Sur le thĂšme « que donne Ă voir la musique,que donne Ă entendre lâĆil? », ce numĂ©ro encouleurs de Terrain propose un ensemblede variations illustrĂ©es montrant comment levisuel et le sonore musical peuvent conver-ger en de multiples modalitĂ©s : de Messiaenet Scriabine Ă Paul Klee en passant par les
chants des Itcha du Bénin qui« font voir une montagne », lesexpériences de musiciens tra-vaillant en duo avec leur ordina-teur ou les trajectoires sur le sol des instru-mentistes défilant au carnaval de Tarabucoen Bolivie.
Terrain, n° 53, septembre 2009, Ă©d. ministĂšre de la Culture et de lacommunication / MSH, septembre 2009, 176 p. â 16 âŹ
Voir la musique
Bien que le politique sâempare aujourdâhui du sujet, raresĂ©taient les recherches faisant foi sur les violences Ă lâĂ©cole Ă©lĂ©-mentaire, cette zone dâombre se doublant, de plus, dâun pointaveugle : celui des Ă©coliers. Ă partir dâune enquĂȘte de victi-mation et de violence auto dĂ©clarĂ©e menĂ©e dans le NordauprĂšs de 2000 Ă©lĂšves par des entretiens et des observationsde terrain, lâauteure montre le poids des variables socio-Ă©co-nomiques et met en Ă©vidence lâimportance capitale du climatscolaire sur la variation du phĂ©nomĂšne de violence selon lesĂ©coles. Des donnĂ©es surprenantes pour lâesquisse de pre-miers contours de la violence en milieu scolaire.
CĂ©cile Carra. Ăd. Puf, coll. « Ăducation et sociĂ©tĂ© »,septembre 2009, 192 p. â 19 âŹ
Violences Ă lâĂ©cole Ă©lĂ©mentaireLâexpĂ©rience des Ă©lĂšves et desenseignants
HandicapsEntre discrimination et intégration
Ces deux musĂ©es prĂ©sentent pour la premiĂšre fois enOccident des collections uniques sur lâart bouddhi-que. Le musĂ©e Guimet rĂ©unit des piĂšces prĂȘtĂ©es pardes temples et des monastĂšres du royaume duBhoutan oĂč le tantrisme est la religion offi-cielle. Des Thangkas (tissus peints ou bro-dĂ©s), des sculptures mĂ©talliques, des objetsliturgiques du VIIIe s. au XIXe s., et des vidĂ©os surla danse rituelle dĂ©peignent lâhistoire du pays.Ă Nice, des Ćuvres sauvĂ©es de la destruc-tion massive des temples mongols qui eutlieu en 1928 illustrent lâart bouddhique enMongolie et au Tibet, entre le XVe s. et leXVIIIe s. OĂč lâon apprend comment les lamasdevinrent les dirigeants du Tibet et com-ment les Mongols se convertirent.
GUIDE 41
Le journal du CNRS n° 237 octobre 2009
EXPOSITIONS Rubrique réalisée par Céline Bévierre
Faire tenir un chĂąteau de sable sur une plagerelĂšve pour vous de lâexploit ? Vous serez sur-pris de dĂ©couvrir les diffĂ©rentes utilisationsde la terre en tant que matĂ©riau de construc-tion, depuis la Grande Muraille de Chinejusquâaux rĂ©alisations les plus rĂ©centes.MatiĂšre la plus rĂ©pandue dans le monde,employĂ©e dans les premiĂšres citĂ©s dĂ©cou-vertes en ancienne MĂ©sopotamie, la terrecrue revient aujourdâhui sur le devant de lascĂšne pour ses propriĂ©tĂ©s Ă©conomiques etĂ©cologiques. Des expĂ©riences et des mani-pulations ludiques aident Ă comprendre les potentialitĂ©s de la matiĂšre granu-laire. AprĂšs une approche gĂ©ologique et physique, les usages architecturauxet artistiques du matĂ©riau sont mis en valeur avec le « Sensitive wall ». Cetespace multimĂ©dia interactif dĂ©voile la beautĂ© et la diversitĂ© architecturales deshabitations et des constructions en terre. Pour complĂ©ter, le « Jardin desĆuvres » expose des crĂ©ations de deux artistes contemporains.
Du 6 octobre 2009 Ă juin 2010, CitĂ© dessciences, Paris (XIXe).TĂ©l. : 01 40 05 70 00â www.cite-sciences.fr
Au pays du Dragon :arts sacrĂ©s du BhoutanDu 7 octobre 2009 au 25 janvier 2010, MusĂ©e GuimetParis (XVIe).TĂ©l. : 01 56 52 53 00 âwww.guimet.fr
ET AUSSI
TAPIS ET TEXTILES DU NIL Ă LâEUPHRATEDu 23 octobre 2009 au 28 fĂ©vrier 2010, MusĂ©e Bargoin, Clermont-Ferrand (63).TĂ©l. : 04 73 42 69 70.
Quels liens y a-t-il entre letextile et⊠la chimie, lamĂ©canique, le gĂ©nie civilou la mĂ©decine ? Ă Saint-Ătienne et Bourgoin-Jallieu,des films, des expĂ©rienceset des objets du quotidiendĂ©montrent les diffĂ©rentesapplications des textilesdans les secteurs indus-triels. Lâaccent est mis sur
les perspectives environnementales et les textiles du futur, delâ« ordinateur prĂȘt-Ă -porter » aux nanotextiles.Ă Clermont-Ferrand, des productions textiles de populationssĂ©dentaires et nomades provenant de lâoasis de Siwa, du dĂ©sertdu SinaĂŻ Ă lâEuphrate, des ateliers dâAlep ou de Damas rĂ©vĂšlentcette fois les secrets dâun savoir-faire et des coutumes tribales.
Textiles techniques, matĂ©riaux du 21e siĂšcleDu 15 octobre 2009 au 16 mars 2010, musĂ©es dâArt et dâindustrie de Saint-Ătienne et musĂ©e de Bourgoin-Jallieu (38).TĂ©l. : 04 77 49 73 00 / 04 74 93 00 54.
Homme ou animal? DĂšs le dĂ©but du parcours, le visiteur se retrouve face Ă des portraitsde grands singes qui jettent le trouble. Sculptures, photographies, modules interactifs etjeux dĂ©voilent peu Ă peu les comportements et les mĆurs des gorilles auxquels le visi-teur se voit directement comparĂ©. Un deuxiĂšme espace, « Sur les traces de lâhomme »,dĂ©crit les diffĂ©rentes thĂ©ories dĂ©veloppĂ©es au cours de lâhistoire et leurs limites pour ten-ter dâĂ©claircir le mystĂšre de lâhumanitĂ©.
EspĂšce dâhumainJusquâau 14 mars 2010, Forum dĂ©partemental des sciences de Villeneuve dâAscq(59).TĂ©l. : 03 20 10 36 36 â www.forumdepartementaldessciences.fr
MĂTĂORITES ET ASTĂROĂDES Jusquâau 14 janvier 2010, Collection desminĂ©raux de lâuniversitĂ© Pierre-et-Marie-Curie, Paris (Ve). TĂ©l. : 01 44 27 52 88Vous rĂȘvez dâun voyage sur Mars ou sur laLune ? La Collection vous offre un avant-goĂ»ten vous invitant Ă toucher des fragmentsissus de mĂ©tĂ©orites de la planĂšte rouge, de
notre satellite et de diversastéroïdes. Vous découvrirez
notamment comment lesscientifiques exploitentles informations tiréesde ces pierres tombées
du ciel.
LâĂME DU VIN CHANTE DANS LESBOUTEILLESJusquâau 20 octobre 2010, musĂ©e dâAquitaine,Bordeaux (33). TĂ©l. : 05 56 01 52 00â www.bordeaux.frCette exposition dont lâintitulĂ© reprend uncĂ©lĂšbre vers de Charles Baudelaire retraceavec poĂ©sie lâhistoire du vin Ă travers sescontenants, de lâAntiquitĂ© Ă nos jours enOccident. Amphores, barriques, bouteilles,orfĂšvreries, calices⊠Les rĂ©cipientsinforment sur lâĂ©volution du contrĂŽle, duservice, du commerce et des pratiquesculturelles liĂ©s au vin. Une exposition Ă visitersans modĂ©ration !
ET AUSSI
Textile lumineux notamment tisséde fibres optiques.
Ma Terre premiĂšre : pour construire demain
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Statue mongole de ladéesse Shyama Tara ouTara verte.
ET AUSSI
TRĂSORS DU BOUDDHISME AU PAYS DE GENGIS KHANJusquâau 15 novembre 2009, MusĂ©e des arts asiatiques,Nice (06).TĂ©l. : 04 92 29 37 00 â www.arts-asiatiques.com ©
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GUIDE42
Le journal du CNRS n° 237 octobre 2009
EN LIGNE
Câest un site original que vient de met-tre en ligne le groupe de recherchesur lâhistoire du droit des colonies dulaboratoire « Dynamique du droit »(CNRS / UniversitĂ© Montpellier-I). SonthĂšme ? Les « colonisations juridi-ques » ou lâhistoire du droit dans cer-tains pays, Ă©tudiĂ© sous lâangle colo-nial. Conçu pour tous, des chercheurs aux simples curieux, ce siteparticuliĂšrement bien agencĂ© et riche en informations prĂ©sente de nombreuxouvrages et articles ainsi que lâactualitĂ© sur les recherches en cours. Cer-taines rubriques attirent lâattention comme les « PĂ©pites des colonies », pagequi regroupe des dessins satiriques ou encore des extraits du Code noir,premiĂšre rĂ©glementation de lâesclavage.
www.histoiredroitcolonies.fr
EN LIGNE
Histoire du droit des colonies
Claude HagĂšge, professeur au CollĂšge de France oĂč il occupe la chaire inti-tulĂ©e « ThĂ©orie linguistique », mĂ©daillĂ© dâor du CNRS en 1995, connaĂźt une cin-quantaine de langues et a publiĂ© plus dâune dizaine dâouvrages. Dans Lecombat entre lâĂ©crivain et sa langue, ce grand linguiste nous emmĂšne Ă larecherche des mots. En citant des extraits de MallarmĂ© ou de Racine, et enprenant des exemples de la langue dâesperantoou du langage oral courant, Claude HagĂšgemontre comment lâĂ©crivain ou le poĂšte bousculelâordre des mots, leur classification, leur his-toire, et mĂšne une recherche pour exprimer leplus justement possible ses Ă©motions.
Collection Ă voix haute, Ă©ditions Gallimard, septembre 2009, 15 âŹ.
La Mission pour la place des femmes au CNRS et lâassociation Femmes& Sciences organisent une journĂ©e de confĂ©rences et tables rondes sur laquestion de la valorisation des carriĂšres des femmes en entreprise et dansla recherche publique. Le phĂ©nomĂšne du « plafond de verre » qui empĂȘcheles femmes dâatteindre les postes les plus Ă©levĂ©s sera mis en avant en rap-pelant ses manifestations et ses conditions dâapparition.
Le 10 octobre 2009, universitĂ© Paris-VI. Inscription gratuite etobligatoire â www.cnrs.fr/mdpf
COLLOQUE
CarriĂšres des femmes en entrepriseset dans la recherche publiqueQuelles solutions pour les valoriser?
Les fouilles archĂ©ologiques effectuĂ©es sur le site deShillourokambos, de 1991 Ă 2004, ont apportĂ© des Ă©lĂ©-ments prĂ©cieux sur les origines de Chypre. Unereconstitution du plus ancien village nĂ©olithique delâĂźle a pu ĂȘtre reproduite en images de synthĂšse.
FILM
CD
Shillourokambos,les origines deChypre
Cette confĂ©rence dâAgnĂšs Guillot, chercheuse Ă lâInstitut des systĂšmesintelligents et robotiques (Isir, CNRS / UniversitĂ© Paris-VI) est accessible Ă partir de 10 ans. Il y sera question de robots, dâ« animats » ou encore de lâin-telligence artificielle quâil est nĂ©cessaire de dĂ©velopper pour que ces ani-maux robotiques ou leurs pendants virtuels puissent se mouvoir, et mĂȘmeinteragir avec les humains. Venez dĂ©couvrir comment la science-fictionsâinvite dans la rĂ©alitĂ© grĂące Ă la recherche.
ConfĂ©rence. Samedi 10 octobre 2009, Nouveau ThĂ©Ăątre de Montreuil(93).TĂ©l. : 01 48 70 48 90 â www.nouveau-theatre-montreuil.com
JEUNESSE
Un zoo robotique pour le futur?
LâĂVĂNEMENT
Du 8 au 11 octobre 2009, Blois (41).TĂ©l. :02 54 56 09 50 â www.rdv-histoire.com
Une nouvelle fois, vous avez rendez-vous aveclâHistoire. Et plus particuliĂšrement cette annĂ©eavec celle du corps humain. De nombreuxdĂ©bats et confĂ©rences animĂ©s par des person-nalitĂ©s du monde scientifique, dont plusieurs duCNRS, aborderont ce sujet relativement neufen histoire, sous tous les angles : de lâalimenta-tion Ă la sexualitĂ©, en passant par le sport, lamaladie, la naissance, le travail, la souffrance ouencore la beautĂ©. 25000 personnes sont atten-dues durant ces quatre jours oĂč se tiendrontĂ©galement un grand salon du livre dâhistoire, uncycle de films et dâautres Ă©vĂšnements.
Le combat entre lâĂ©crivain et sa langue, par Claude HagĂšge
12e Rendez-vous de lâHistoireLe corps dans tous ses Ă©tats
De Jean Guilaine (2009, 52 min), coproduit parPassĂ© simple et CNRS Images. Prix 20 ⏠/ 45 âŹ
(usage privé / institutionnel).Pour commander : http://videotheque.cnrs.frRenseignements : [email protected] / 01 45 07 59 69.
DR
Micro-dinosUn origami digne dâun fan de Jurassic Park qui se serait piquĂ© de reproduire la longue marche des dinosaures? Il ne sâagit pourtant ni de papier, ni de mastodontes des temps anciens. Ces microstructures desemiconducteur Ă base de phosphure dâindium, prises sur le vif par Jean-LouisLeclercq, de lâInstitut des nanotechnologies de Lyon 1 sont, en temps normal,destinĂ©es Ă confiner la lumiĂšre. Elles devraient former des « ponts » de 100 Ă 200micromĂštres de longueur pour seulement 10 micromĂštres de largeur.Celles-ci, cependant, ont eu un petit accident. Il arrive, en effet, que lâun des ancrages du pont cĂšde et que ce dernier sâenroule sur lui-mĂȘme, prenant alors une forme Ă©trange. Cette image a obtenu le premier prix du concours de photographies organisĂ© en juillet dernier lors du colloque du Laboratoireinternational associĂ© en nanotechnologies et nanosystĂšmes (LIA-LN2) quirĂ©unit lâInstitut des nanotechnologies de Lyon, le Laboratoire des technologiesde la microĂ©lectronique 2 de Grenoble et deux laboratoires canadiens, leCentre dâexcellence en gĂ©nie de lâinformation de lâuniversitĂ© de Sherbrooke etle Laboratoire de micro- et nanofabrication Ă lâInstitut national de la recherchescientifique (Canada). F. D.1. Institut Insa Lyon / Ăcole Centrale de Lyon / UniversitĂ© Lyon-I.2. Laboratoire CNRS / UniversitĂ© Grenoble-I / Institut polytechnique de Grenoble.
ĂTONNANTES IMAGES
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