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Bulletin de correspondance hellénique Les pithoi à reliefs de l'île de Rhodes Denise Kallipolitis-Feytmans Citer ce document / Cite this document : Kallipolitis-Feytmans Denise. Les pithoi à reliefs de l'île de Rhodes. In: Bulletin de correspondance hellénique. Volume 74, 1950. pp. 135-180. doi : 10.3406/bch.1950.2497 http://www.persee.fr/doc/bch_0007-4217_1950_num_74_1_2497 Document généré le 15/10/2015

LES PITHOI A RELIEFS DE L'ILE DE RHODES [1950]- BY DENISE KALLIPOLITIS FEYTMANS.pdf

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Les pithoi à reliefs de l'île de RhodesDenise Kallipolitis-Feytmans

Citer ce document / Cite this document :

Kallipolitis-Feytmans Denise. Les pithoi à reliefs de l'île de Rhodes. In: Bulletin de correspondance hellénique. Volume

74, 1950. pp. 135-180.

doi : 10.3406/bch.1950.2497

http://www.persee.fr/doc/bch_0007-4217_1950_num_74_1_2497

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LES PITHOI A RELIEFS DE L'ILE DE RHODES (i)

(PI. XX-XXIX)

Jusqu'ici, aucune étude systématique sur une catégorie quelconque de pithoi à reliefs n'a encore paru (2). Il convient de commencer ces recherches par l'île de Rhodes, parce qu'on y a trouvé à la fois les exemplaires les plus nombreux et les plus divers dans leur unité.

Ce genre de travail semble nécessaire, tant pour les rapports entre cette catégorie de vases et la sculpture que pour ceux qui existent entre eux et la céramique peinte.

En effet, pour le céramologue, les vases à reliefs offrent l'intérêt d'être beaucoup moins transportables que les autres vases. Leur aire de dispersion sera donc limitée : ceci sera utile aux recherches sur la localisation de la céramique peinte. C'est particulièrement intéressant pour les pithoi rhodiens, puisque la céramique de la partie orientale de la mer Egée est

(1) Je remercie vivement M. Condis, éphore des antiquités du Dodecanese, de m'avoir non seulement permis d'étudier les pithoi du musée et des magasins du musée, mais aussi de m'avoir laissé étudier et publier des documents inédits qui y sont entrés récemment. De plus, il m'a facilité de toutes manières la reconstitution et la restauration de pithoi brisés. Je remercie également Mme Faider, conservateur du musée de Mariemont, M. Devambez, conservateur au Louvre, et M. Cook, directeur de l'école anglaise d'Athènes, de m'avoir permis d'étudier des pièces de leurs collections. M. Minto, conservateur du Musée archéologique de Florence, m'a généreusement abandonné la publication d'un pithos inédit. J'exprime toute ma reconnaissance à la direction du British Museum pour les photographies de pithoi qu'elle m'a communiquées. Il ne m'a malheureusement pas été possible de voir ces derniers à cause des travaux en cours, non plus que les fragments du Musée d'Athènes. Enfin, j'adresse ici mes plus vifs remerciements au Professeur M. Robertson pour les renseignements fournis sur les pithoi du British Museum, et à l'éphore N. Condoléon pour ceux qu'il m'a donnés sur les pithoi cycladiques.

(2) Le livre de F. Courby, Les vases grecs à reliefs, 1922, qui a été fait avant les grandes fouilles de Rhodes, n'a apporté que peu de renseignements. D'ailleurs les études particulières doivent précéder les ouvrages généraux. Les pithoi béotiens ont été étudiés par F. R. Grace, mais en fonction de la sculpture (Archaic sculpture in Boeolia).

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encore assez mal connue. Cependant, je me suis bornée à étudier les pithoi eux-mêmes sans étudier leurs rapports avec la céramique.

Comme la difficulté de transport des pithoi rend leur localisation plus aisée, j'ai commencé mon article par la recherche des lieux de trouvaille, alors que cette étude se place généralement à la fin des travaux sur la céramique peinte.

TROUVAILLES

On n'a trouvé des pithoi ou des fragments de pithoi que dans les territoires de Lindos, de Vroulia, de Camiros et de Ialysos. Il ne semble pas qu'il y en ait eu dans les anciennes agglomérations de l'intérieur de l'île. Cela s'explique facilement par les difficultés de; transport, d'objets aussi grands et aussi lourds; Ils ne pouvaient être portés sans dommage que dans des régions de. plaine ou par mer. .

Lindos. — Dansles fouilles de l'acropole (1902-1914), Chr. Blinkenberg a trouvé de nombreux fragments qui lui ont permis de reconstituer graphiquement un pithos entier (912 a) (Lindos, fouilles de l'acropole, les petits objets, 1931, pi. 40 et reproduction de 15 fragments,. pi. 40, 41* et 42) ; de plus, K. Kinch donne la photographie d'un fragment de: Lindos dans Vroulia (p. 102, fîg. 28). Le produit de ces fouilles se trouve au musée de Stamboul.

Enl936, Pellegrino Sestieri a fouillé le versant occidental de l'acropole. Son rapport n'a pas été publié, mais j'en ai vu une copie au musée de Rhodes. Grâce à cela, j'ai. pu identifier l'origine de deux pithoi non catalogués (actuellement BE 378 et BE 379, PI; XX). Il existe dans un magasin de: l'acropole der Lindos de * nombreux, fragments qui viennent probablement delà même fouille.

Vroulia. — Dans les fouilles de la ville et de la nécropole (1907-1908), K. F. Kinch a trouvé un pithos entier (S, Vroulia, pi. 29 et 31) et de nombreux fragments. Il n'a publié que les principaux (ibid., pi. 22). Malheureusement. les produits de' ces fouilles ont été· dispersés et perdus lors les événements de 1912.

Le musée de Copenhague possède un pithos (inv. 7115), dont la provenance indiquée est l'île, de Rhodes (est-ce Lindos ou Vroulia?) (C. V., 2, II De, 66, 1).

LES PITHOI A RELIEFS DE L'ILE DE RHODES 137.

Région de Camiros.. — Les premières fouilles systématiques, qui , ont , eu un grand retentissement, ont été. faites par A. Salzmann et A. Biliotti de 1859 à 1865. Le journal manuscrit tenu par Biliotti d'octobre 1863 à avril 1864 est conservé au British Museum. Une partie des trouvailles, les plus anciennes peut-être, ont été publiées par A. Salzmann, dans Nécropole de Camiros, Journal des fouilles exécutées dans celte nécropole pendant les années 18581 à 1865, Paris, 1875 (planches seulement). Cette publication : permet d'identifier la provenance du n° 4127 de Mariemont (PI. XXV de Salzmann), et les fragments A396 du Louvre {ibid:, pi. XXVI, 2), 64.10.7.48 et 64.10.7.46 du British Museum {ibid., pi. XXVII, 1 et 5). J'ignore où se trouvent actuellement les fragments reproduits pi. XXVI, 1 et XXVII, 2, 3, 4. D'autre part, le British Museum possède un pithos (64.10.70.37) et des fragments (64.10.7.42, 64.10.7.41, et 64.10.7.47) dont la provenance: serait Camiros. Ils ne sont pas reproduits dans le livre de Salzmann, pas . plus que le pithos G 126 de Mariemont qui, d'après le journal de Biliotti, semble venir de la même fouille.

Après cette date, ils'agit surtout de trouvailles fortuites, comme celles des fragments de pithoi ramassés par le Dr Mackenzie et qui se trouvent à. l'École anglaise d'Athènes (1).

Les Italiens ont repris l'exploration de Camiros. Dès 1912, G. Porro (2) a découvert àPapatislures un pithos qui se trouve au musée de Florence (PI. XXIV, 2).

Les fouilles systématiques ont été reprises en 1930 par G. Jacopi (3), à Macri Langoni. Elles ont enrichi le musée de Rhodes d'une magnifique série de pithoi : 12.324 (CF, II De, 2, 3), .13.477 {ibid;, 3, 1), 13:140 {Cl. Rh., IV, p. 320), 13.149 {CV, 4, 1), 13.186 [ibid., 4, 2), 13.447 {ibid., 7, 2),. 12.324 {ibid., 2, 3), 13.448 [ibid., 7, 1), 13.449 {ibid., 3, 3), 13.450 {ibid;, 2, 2), 13.358 .(ibid., 3, 2).

Le même archéologue n'a trouvé à Papatislures qu'un seul pithos, le 13.691 (C/. Rh., VI-VII, p., 34).

Le musée de Rhodes possède en outre des fragments de pithoi trouvés probablement à Camiros. Douze d'entre eux sont exposés sur une planche dans une des salles. Le n° 9, reproduit par Maiuri, dans Ann., VI-VII, p. 336, fig. 221, est indiqué comme venant de Camiros. Le n° 11 est repro-

(1) The Annual of the, British School at Athens, XII, 1'.)05-6, ρ. 77. (2) G. G. Porro, Ricngnizione. archeologica di Camiros, Bollellino (Varie del Minister» délia P.

Islruzione, IX, 1915, p. 286. (3) Clara Rhodos, IV, 1031.

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duit p. 337,-fig. 222 B, mais sans indication de provenance. Le n° 7 porte au revers le n° 2375.

On n'a pu retrouver dans le musée les fragments si intéressants de la fig.. 222 A, G et D (1)..

Région de Ialysos. — En. 1868-71, A. Biliotti a fouillé le flanc ouest du plateau de Ialysos. Le journal; des fouilles, actuellement au British' Museum, a été utilisé par A. Furtwaengler et G. Loeschcke dans la reconstitution- de la· nécropole mycénienne de Ialysos (Mykenische Vasen, vorhellenische Thongefâsse aus dem Gebieie des . Miltelmeeres, Berlin, . 1886). Il semble qu'on n'ait trouvé alors qu'un seul pithos, le n° 64.4.5.158 du British Museum (2).

Les archéologues italiens ont commencé à» fouiller dans cette région en 1916. C'est alors qu'on: a découvert occasionnellement à Cremasto le col d'un grand pithos (musée de Rhodes, n° 4698) (3).

La campagne de 1922 a donné l'occasion à A. Maiuri de ramener au jour, au même endroit, deux pithoi : les nos 4699 (4) et 4700 (5). C'est près du même ·. village que G. Jacopi poursuivit ses fouilles de 1924 à 1928 : là furent trouvés les pithoi 10.591a (6) et les pithoi de la sépulture 266 (7) et 378 (8).

Les fouilles ont été reprises en 1934 par L. Laurenzi qui y a découvert les fragments d'un pithos, le BE 383 (9). . Pendant la même campagne, il a trouvé à Dafni les fragments de deux pithoi, le BE 381 (10) et le BE 382 (11)

Les morceaux de ces trois pithoi de la campagne de 1934 se trouvaient

(1) II est probable d'ailleurs que beaucoup de fragments de pithoi à décor en relief, venant surtout de Camiros, se trouvent, soit dans des magasins de musées, soit dans des collections particulières, comme le fragment ramassé par L. de Launay, lors de son passage à Camiros, près de Cecraci (Revue Archéologique, 1895, p. 112, fig. 5). Au dire de ce savant, « le sol y est couvert de* débris de poteries. Il nous paraît intéressant de signaler en ce point la grande abondance de fragments de terre cuite à reliefs dont nous donnons un spécimen ».

(2) Furtwaengler-Loeschcke, op. cit., texte, p. 3, fig. !.. (3) Annuario délia R. Scuola di Alêne, III, 1921, p. 257, fig. 107. CV, II De, 7, 3. (4) Ann., VI-VII, p. 315. (b) Ibid., p. 312-13 ; Α. Α., 1927, p. 406. (6) Cl.Rh., III, p. 113. (7) Ibid., p. 119. (8) Ibid., p. .130." Ces deux pithoi ont été brisés à nouveau par un des bombardements du

Musée de Rhodes pendant la dernière guerre. . (9) Cl. Rh., VIII, p. 195, deux parties de la panse reconstituées. Les numéros d'inventaire

ont été donnés après ma reconstitution et leur restauration en 1949. (10) Cl. Rh., VIII, 1936, 3 photos de fragments pp. 34, 35 (le fr. de la fig. 16 est à l'envers). (11) Ibid., pp. 40-41; 2 fragments..

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dans un des magasins du musée, contenus dans cinq caisses, pêle-mêle avec d'autres fragments de vases à reliefs (musée de Rhodes, BE 384 à BE 401). Tous ne viennent pas de la fouille de Ialysos. En effet, sur l'un d'eux, le BE 397, figure l'inscription au crayon Kalavarda. Il a donc été trouvé dans la région de Camiros. Sur le BE 396, on peut déchiffrer la fin du nom ...ico (Zambico dans la région de Ialysos ?). Il y avait donc dans ces caisses un mélange de trouvailles fortuites et de fouilles systématiques. Malheureusement, il n'y a pas de registre d'entrée au musée pour les années 1934-40.

D'autre part, le British Museum possède neuf fragments ramenés par Ch. Newton et ramassés probablement dans l'île de Rhodes. Ils sont catalogués sous le numéro global C. N. T. 1856.

Côle d'Asie Mineure. — F. Diimmler a publié dans AM, 21, 1886, p. 230 sq., trois fragments de pithoi trouvés à Datcha (Chersonese cni- dienne). Ils se trouvent au musée d'Athènes sous les numéros 5604-5606. Dummler signale (p. 233) que le pithos 3351 du musée de Berlin provient du même endroit (1).

D'autre part, un marchand a présenté en 1949 au musée de Rhodes un lot de fragments qui viendraient de la même région.

Enfin le pithos 5692 bis du Louvre proviendrait, suivant la tradition orale, d'Halicarnasse (2).

FABRICATION ET USAGE

Les potiers, qui modelaient les pithoi, devaient employer des procédés spéciaux en raison des dimensions de ces vases.

L'argile n'était pas épurée, aussi contient-elle beaucoup de mica, de parcelles de charbon provenant du combustible employé pour chauffer le four, et même de gravier. Pour la rendre encore plus résistante, on la mélangeait aussi de céramique concassée (3).

Il est probable que les potiers tournaient les grands pithoi par segments puis joignaient ceux-ci. Cependant je n'ai vu aucune trace de ce travail.

(1) II a été impossible aux conservateurs du Musée de Berlin de me procurer la photographie de ce vase.

(2) F. Courby, op. cit., pi. III a. (3) Kinch, Vroulia, col. 102.

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En tout cas, les anses et les cloisons entre les anses et le col étaient faites à part.

Une fois le vase tourné, on lissait la surface pour enlever les fragments apparents de gravier et de céramique. Certains pithoi de Lindos et de Camiros recevaient alors une couche de surface faite d'argile, épurée, pour obtenir un décor plus net et plus raffiné. Le grand inconvénient de ce procédé est sa fragilité, . car la surface tend à se détacher ou à s'effriter, surtout si le vase est insuffisamment cuit. Il: recevait alors son* décor modelé à la main ou estampé. Comme l'a justement démontré J.L. Stokes (BSA, .XII, '..p. 72), les motifs étaient estampés avec des poinçons de bois (1), car on constate souvent l'existence de petites saillies verticales sur les motifs, montrant que Je poinçon s'est fendillé., Cela m'a d'ailleurs aidée à établir la chronologie des pithoi. Il semble qu'on a utilisé parfois des poinçons plats à Ialysos (par ex. motif I du groupe A3), mais la plupart des motifs sont estampés à l'aide d'un cylindre plus ou moins gros suivant la largeur du* dessin. Certains motifs sont presque toujours modelés à la main comme le chevron simple, même quand le reste du décor est estampé.

Les motifs à la main étaient· probablement appliqués en minces rubans d'argile, puis modelés à l'ébauchoir.

Les frises figurées ont été reproduites au cylindre. Cependant celle de f Ialysos qui représente le combat d'un homme avec un centaure (fig. 1 3) a du être reproduite à l'aide d'un patron, puis achevée par le modeleur. En effet, les contours des personnages varient, le fond a un relief irrégulier, les silhouettes sont, la plupart du temps, découpées à l'emporte-pièce mais les figures sont parfois légèrement modelées. Enfin l'homme qui brandit la bipenne a parfois un cimier et il arrive que la queue de cheval du centaure soit ciselée.

Les fours destinés à cuire les pithoi devaient être fort grands et l'opération· offrait certainement de grandes difficultés. Il arrive souvent d'ailleurs que les pithoi soient insuffisamment cuits. On s'aperçoit en maniant les fragments que l'argile est restée grise au centre. Pour les grandes pièces surtout, les potiers ont . réservé de petits trous d'évent à l'arrière de : la panse (par ex; le 12.324 de Rhodes). Il est. incontestable que les pithoi servaient avant tout à conserver les provisions (2). Ils étaient plantés en

(1) Cependant les cylindres à estamper de Camiros semblent avoir été faits d'une matière dure, pierre ou métal, car l'impression des motifs est d'une netteté parfaite et ne laisse apparaître aucune trace d'usure de poinçon.

(2) Restes de pithoi trouvés dans les fouilles de la ville de Vroulia, dans le sanctuaire principal (Kinch, Vroulia, col. 103) et dans les maisons (ibid., col. 110).

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terre et c'est pour cela qu'ils n'étaient décorés que sur la partie supérieure de la face antérieure.

Mais les pithoi de Rhodes ont servi aussi de cercueils pour les enfants pendant la période où le rite d'incinération était pratiqué pour les adultes. Ce mode de sépulture a d'ailleurs été en usage dans tout le monde grec. A Camiros et à Ialysos, les pithoi étaient employés aussi pour enterrer les adolescents, ce qui nous a permis de connaître des pithoi entiers de grande dimension.

Le pithos était couché pour être enterré à une profondeur qui variait suivant la grosseur du vase. Son ouverture était obturée par une grosse pierre.

Plusieurs des pithoi qui nous sont parvenus avaient été longtemps en usage avant de servir de cercueils. Car leur surface est érodée et leur relief usé. Enfin quelques-uns portent des traces de réparations antiques (Ialysos A, groupe 3, 7 ; ibid., groupe 3, 10). Cela complique l'établissement de la chronologie : nous ne pouvons pas nous fonder pleinement sur le mobilier d'un pithos puisque celui-ci a pu être utilisé longtemps avant d'être enterré. C'est le cas du pithos 12.407 de Rhodes.

Comme l'a montré Kinch {op. cit., col. 41), on enlevait souvent un morceau du pithos pour y introduire le cadavre. Plusieurs des vases portent aussi des cercles de trous réguliers, forés dans la paroi de la lèvre (BE 384 de Rhodes) ou de la panse (13.448 de Rhodes). Ils devaient servir à détacher plus facilement un morceau du récipient.

Il est probable que certains des pithoi à reliefs ont servi uniquement à des usages funéraires. Je songe aux pithoi de Camiros, A, II, groupe 2 et B, II, groupe 6, surtout à ce dernier : le décor délicat se prolonge jusqu'à la base, la surface, si fragile, n'offre aucune marque d'usure, ni l'un ni l'autre ne portent de trace de réparation antique.

A côté des pithoi à reliefs, il a toujours existé des pithoi lisses sans décor, qui ont servi aux mêmes usages. A Camiros et à Ialysos, ils ont toujours le coi plus court et plus large. Ils ont rarement des anses et jamais de cloisons entre les anses et le col.

RÉPARTITION PAR CENTRES DE FABRICATION

Région de Lindos. — Les vases à reliefs de Vroulia proviennent certainement du centre de fabrication de Lindos. D'après les observations de Kinch, la technique, l'argile et la décoration sont identiques. Les deux

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villes étaient assez distantes l'une de l'autre, mais sur. la même côte. Elles communiquaient donc facilement par mer.

Chr. Blinkenberg et K. F. Kinch ont étudié avec soin et compétence la question des pithoi de Lindos. Je n'aurai pas grand chose à ajouter à ce sujet et j 'insisterai . particulièrement sur la différence qui existe entre les vases de Lindos et ceux des autres centres de fabrication de l'île.

L'argile· de Lindos est grise, grossière et mélangée de céramique concassée. Cuite, elle est chamois ou· rosâtre. Une couche de surface, faite d'argile épurée, prend à la cuisson une teinte plus claire, verdâtre ou jaunâtre. .

Chr. Blinkenberg distingue deux types différents parmi les vases à reliefs de Lindos : les « pithoi gros » (pithoi grossiers) et les récipients divers à décor estampé. Selon \ lui {Lindos, col.. 256) tous ont une couche de surface (1). Les «pithoi gros» sont des jarres à col court, à anses horizontales, dont les parois sont renforcées par des- bandes en relief, semblables aux cercles des tonneaux. Ces bandes ont reçu un décor incisé très simple (Blinkenberg, op. cil., .pi. : 40).

Nouvel exemplaire *. musée de Rhodes, BE 379 (PI. XX, 1). Trouvé à Lindos. Hauteur : 0 m. 90, diamètre de l'embouchure : 0 m. 33. Brisé. Rebord de la lèvre

renforcé, arête à la naissance du col, moulure cordée sous les anses. Quatre bandes circulaires en relief avec décor incisé semblable à kenberg, op. cil., pi. XL, 912 c.

Le groupe le plus intéressant est constitué par les. vases à. décor estampé.

Les motifs sont disposés sur la panse en bandeaux parallèles et de largeur égale, comme sur les pithoi ? de Ialysos-Camiros. Certains d'entre eux ne se rencontrent qu'à Lindos (fig. 1) (2), comme les motifs 9-19. Les Fig. 1. — Motifs de Lindos.

(1) Cependant le pithos BE 379 du Musée de Rhodes n'a pas de couche de surface. J'ai vu les fragments de l'acropole de Lindos dans de si mauvaises conditions et si rapidement que je n'ose tirer argument de mes observations, mais il me semble qu'ils n'appartiennent pas non plus . a cette technique.

(2) D'îi près Blinkenberg, op. cit., texte, col. 259-60, fi?r. 32.

144 D. FEYTMANS

parla mer. Il est donc normal que les pithoi trouvés dans leurs nécropoles aient beaucoup de points communs.

Tous les vases à reliefs sont des pithoi en : forme d'amphore avec des anses larges réunies au col par des cloisons. . Ils s'opposent en- cela aux pithoi lisses qui ont rarement des anses et jamais de cloisons.

D'autre part ces pithoi sont grands : ils ont en moyenne 1 m. 50 de haut. Mais ils peuvent atteindre plus de 2 mètres.

La grande difficulté consiste à répartir la fabrication des pithoi entre les centres de Camiros et de Ialysos. En effet, on constate l'existence de la même argile sur les deux territoires. A Camiros, on a découvert presque tous les types de pithoi, même ceux qu'on a trouvés à Ialysos. Tandis que tous les pithoi ramenés au jour à Ialysos forment un groupe cohérent, ayant en commun des particularités de forme et de décor. J'en ai conclu que le centre de fabrication de Camiros a produit les types de pithoi trouvés seulement = sur son territoire. Au contraire, ·.. les pithoi de Ialysos ont été découverts à<la. fois sur le territoire de cette ville, sur. celui, de Camiros et sur la côte d'Asie Mineure qui fait face à l'île de Rhodes (1). C'est donc Ialysos qui est le principal centre d'exportation de pithoi. Les pithoi, trouvés exclusivement à Camiros, se distinguent par la forme des anses dont l'extrémité supérieure est recourbée, et par celle de cloisons entre le col et les anses qui sont presque toutes découpées en trois bandes horizontales reliées par une bande: verticale.

Le décor du col est caractérisé par une croix centrale limitée de part et d'autre par un bandeau vertical (fig. 2). En somme, il rappelle celui des pithoi de Lindos. Les moulures employées sont presque toujours lisses et les motifs estampés sont seulement imprimés au cylindre. Enfin, on ne trouve aucune représentation figurée sur ces vases rieur décor est purement linéaire.

En> dehors de ces traits communs, les pithoi de Camiros offrent une grande variété de technique : vases à décor estampé et vases décorés à la main, vases avec et sans couche de surface. Certains vases décorés à la main ressemblent par leur forme et leur décor à ceux dont ledécor est estampé, ce qui semble prouver que les cylindres à estamper étaient fabriqués dans l'île même. Il est possible que les pithoi décorés à la main sortent des mêmes ateliers que les autres, mais il est plus probable qu'ils ont été faits dans des ateliers distincts. Les groupes que j'ai établis ne

(1) II existe une preuve indiscutable (jue tous ces pithoi estampés sortent du même atelier : ils portent des traces identiques d'usure de poinçon (pi. XXVI, Vii.

LES PITHOI A RELIEFS DE L ILE DE RHODES 143

Fig. 2. — Schéma des cols de Lindos (1) et de Camiros (2).

décors figurés, peu employés, sont des aigles, des griffons (Blinkenberg, op. cit., pi. 42, 927), et des quadrupèdes (Kinch, Vroulia, pi. 22,3 a). Ces motifs en métopes sont estampés.

Les vases, qui nous sont parvenus, sont moins grands que ceux : de Ialysos et de Camiros. Ils atteignent rarement un mètre. Leurs ; formes sont variées et semblables aux vases sans décor : on ■-. trouve des jarres à col court avec de petites anses (Corpus Vasorum, Copenhague, 66," 1 ; Kinch, op. cit., pi. 22, la, 2). Leur décor se poursuit sans interruption depuis la lèvre jusqu'au haut de la panse. Parfois il s'agit de jarres très pansues et sans col (ibid., .pi. 22, 4 et col. 103). Enfin, il y a aussi des pithoi en forme d'amphore comme ceux de Ialysos et de Camiros (ibid.,.ip\. 29 S et fragment pi. 22, δ). Ils présentent les caractères suivants qui · les distinguent des pithoi de Ialysos et de Camiros : la lèvre est peu saillante, le col est assez court, les anses sont étroites et sans cloisons. Elles se terminent par une saillie à l'extrémité supérieure. Le décor du col est fait de deux bandes verticales reliées sous la lèvre par une bande horizontale ; le centre est décoré d'une bande verticale (fig. 2). Les bandes sont limitées par des arêtes., La panse est décorée dans la partie supérieure par des bandes· horizontales séparées par des doubles moulures, la tranche des anses par un motif; incisé en arête de poisson;

Nouvel exemplaire : musée de Rhodes BE 378 (PI. XX, 2 et 3). Trouvé à Lindos. Hauteur : 1 m; 07, diamètre de la lèvre : 0 m. 40, couche de surface jaune clair qui tend à se détacher ; brisé, plusieurs morceaux manquent. La panse est asymétrique. Moulure cordée à la base du col. Il n'y a pas de bande horizontale sous la lèvre parce que le col est plus court que celui des autres pithoi de Lindos.

Nous établissons les caractères des pithoi de Lindos d'après des exemplaires trop peu nombreux, car Vroulia était une fort petite ville ; sa nécropole est donc de faible importance, et celles de Lindos ont été à peine fouillées.

Région de Camiros. — Au contraire les fouilles des nécropoles de Ialysos et de Camiros ont été exhaustives et nous ont fait connaître un- grand nombre de pithoi. . Les territoires de ces deux cités se touchaient. . Elles communiquaient donc facilement entre elles par la plaine côtière et

LES PITHOI A RELIEFS DE L'ILE DE RHODES 145

correspondent pas toujours à · l'œuvre d'un atelier. C'est seulement quand on possède des pithoi entiers qu'il est possible de reconstituer la production d'un atelier (par exemple A, II, groupe 6). Car la variété du décor permet alors d'établir le répertoire des motifs. Au contraire, les fragments isolés, s'intègrent plus difficilement dans l'œuvre d'un atelier.

A. Pithoi a décor< estampé

I. Pithoi sans couche de . surface

GROUPE 1

II rappelle les pithoi de Ialysos : col large, motifs se superposant sur la panse .sans motifs intermédiaires. Nous n'avons que deux exemplaires de ce groupe, mais l'atelier a dû en fournir un grand nombre, à voir l'usure du cylindre à décorer; Motifs employés, fig. 3.

1. Musée de Rhodes BE 392, origine inconnue.. Fragment de 0 m. 16 sur 0 m. 13 de la panse d'un petit pithos. Décor : 5 fois

le motif 1. 2. Musée de Rhodes 13.358, trouvé à Macri Langoni. Cl.Rh., IV, p. 330, fig. 366. CV, 3, 2. Pithos del m. 04. Lèvre assez étroite surmontée vers l'intérieur d'un rebord

pour recevoir un couvercle, comme certains pithoi lisses. Le bouton de base est, petit. Bandeau en cercle de tonneau à la partie la plus large de la panse. Décor : sous la lèvre, motif 2, le reste du vase uniquement avec le motif 1, sauf une bande d'arête de poisson incisée à la main au-dessus du bandeau en relief. Le motif 1 offre beaucoup plus de traces de fissures que sur le fragment BE 392."

GROUPE 2

L'argile prend à la cuisson une teinte rouge foncé. La forme s'écarte du type de Camiros : la lèvre est épaisse et épanouie, le col assez court s'élargit vers le bas, les anses dessinent une volute à la partie supérieure et sont fendues à la base, les. cloisons sont découpées comme celles de Ialysos mais leur décor est différent. Comme à Ialysos aussi, les limites du col sont accentuées par une double moulure cordée et deux doubles cercles de moulures cordées ornent sa partie supérieure. Enfin, comme dans - le même centre de fabrication, les motifs estampés se superposent sans ̂ moulures' intermédiaires. La décoration est riche mais monotone.

Il'est possible que les groupes 1-5 sortent du: même atelier. Motifs employés : fig. 3.

146 D. FEYTMANS

1. Musée de Rhodes 13.449, trouvé à Macri Langoni. CL Rh.t IV, p. 311, fig. 345. CV, II De, 3, 3. Pithos de 1 m. 73. La tranche de la lèvre est incisée d'un zigzag. Décor du col :

encadrement des cercles cordés par le motif 1, bande centrale, motif 2, bandes horizontales, 1, 2, 1, 1, 1, 1. Panse : 1, 1, 3, 1, 1, 3, 1, 1, 4, 2.

Groupe 1

Groupe 2

Groupe 3

Groupe 4

JnUnl

Groupe 5

1 Fig. 3. — Camiros A, I, groupes 1-5 (1/3).

2. Musée de Rhodes BE 388, origine inconnue. Fragment de 0 m. 09 sur 0 m. 07 de la panse d'un pithos. Décor : 1, 1,2. 3. Musée de Rhodes. Fragment de 0 m. 135 sur 1 m. 17 de la panse d'un pithos. Décor : 1, 1, 3, 1.

GROUPE 3

Les motifs employés sont beaucoup plus variés que ceux des deux premiers. groupes, ils sont aussi plus nets et imprimés avec plus de soin. Sur la panse, les groupes de bandeaux estampés sont séparés par une triple moulure lisse. Motifs employés, fig. 3.

LES PITHOI A RELIEFS DE L'iLE DE RHODES 147

1. Musée de Rhodes BE 398, origine inconnue. Fragment de 0 m. 34 sur 0 m. 135 de la panse d'un pithos. Motifs : 1, 2, 2, 3, 4

(fendillé), 1. 2. Musée de Rhodes 2375. Fragment de 0 m. 12 sur 0 m. 10 de la panse d'un pithos. Le bandeau estampé

est limité par une triple moulure lisse. Motif 3. 3. École anglaise d'Athènes A 135, trouvé à Camiros. BSA, XII, 1905-6, p. 72, fig. 1. Fragment de 0 m. 116 sur 0 m. 176 de la panse d'un pithos. Motifs 2, 3 et 4.

Tous les motifs sont fendillés.

GROUPE 4

Je ne connais qu'un seul fragment de ce type. Motifs employés, fig. 3.

Musée de Rhodes. Fragment de 0 m. 20 sur 0 m. 17 de l'épaule droite d'un pithos avec départ des

motifs estampés de la panse. Ils sont séparés par une moulure. Motifs 2, 1, 1, 1.

GROUPE 5

C'est le seul pithos de Camiros qui n'ait pas été trouvé dans l'île de Rhodes, mais dans la Chersonese cnidienne. L'argile est fort grenue et contient beaucoup de mica et de charbon. Motifs employés, fig. 3.

Musée de Rhodes BE 405, trouvé à Datcha. Fragment de 0 m. 20 sur 0 m. 148 de la panse d'un pithos. Les bandeaux

estampés sont séparés par une moulure.

GROUPE 6

Tous les vases que je place dans ce groupe viennent des fouilles de Salzmann à Camiros et semblent appartenir au même pithos, bien qu'il y ait certaine différence de motifs. Mais ceux-ci ont entre eux une parenté indubitable. Motifs employés, fig. 4 (1).

1. British Museum 64.10.7.48, trouvé à Camiros. Salzmann, Nécropole de Camiros, pi. XXVII, 1. Fragment de 0 m. 42 sur 0 m. 31 de la panse d'un pithos. Motifs 2, 2, 1, 2, 1,

séparés par une rainure. 2. British Museum 64. 10. 7. 41, trouvé à Camiros. Fragment de 0 m. 35 sur 0 m. 30 de la partie inférieure gauche du col d'un

pithos. Il devait être très long puisque la branche horizontale de la croix est formée

(1) J'ai dessiné les motifs de la figure 4 d'après les photographies, n'ayant pu les calquer sur les frottis faits sur les vases mêmes.

148 D. FEYTMANS

de quatre bandeaux estampés. Motifs : deux bandes verticales de 3, bras horizontal de la croix, 2, 1, 1 bis, 5. Bras vertical, 4, 3, 1.

3. British Museum 64. 10. 7. 42, trouvé à Camiros. Fragment de 0 m. 40 sur 0 m. 31 de la partie la plus large de la panse. Motifs 1

et 5. Il n'y a pas de moulure sous les bandes estampées.

51 5*'

Fig. 4. — Camiros, A, I, groupe 6 (1/3).

On peut aussi rattacher à ce groupe le fragment dessiné par de Launay dans son article sur la nécropole de Camiros, HA, 1895, p. 192, fig. 5 (trouvé à Cecraci).

II. Pithoi avec couche de surface

GROUPE 1

II est constitué par un seul vase, fort intéressant parce qu'il est proche des pithoi de Lindos (1).. Le plan décoratif du col rappelle celui du pithos S de Vroulia (Kinch, op. cit., pi. 29). Mais il devait être beaucoup plus grand (environ 1 m. 70). L'argile contient une proportion1 plus forte de gravier et de · céramique concassée que ; les autres pithoi de Camiros. La couche de surface est rose clair. Les motifs décoratifs ressemblent à ceux de Lindos. Motifs employés, fig. 5.

Musée de Rhodes BE 380, origine inconnue. Fig. 0. Anse droite et 27 fragments du col et du haut de la panse d'un pithos. L'anse

a le type de Camiros, mais elle est plus massive. Elle est décorée à la main par des arêtes de poisson. Les bandes décorées sont limitées chacune par une moulure.

(1) On en. ignore la provenance ; son argile témoigne qu'il ne vient pas de Lindos mais de la région de Ialysos-Camiros. D'autre part, on n'a trouvé à Ialysos aucun pithos qui lui ressemble, même de loin. Au contraire, le type de l'anse, l'emploi des moulures lisses pour limiter les motifs, et même l'usage de la couche de surface semblent indiquer qu'il s'agit d'un pithos de Camiros.

LES PITHOI A RELIEFS DE L ILE DE RHODES 149

Fig. 5. — Camiros, A, II, groupe 1 (1/3)

Fig. 6. — Musée de - Rhodes BE 380.

150 D. FEYTMANS

GROUPE 2

Les pithoi de ce groupe sortent de l'atelier qui a produit les meilleurs vases à décor estampé de Camiros. Leur architecture est excellente, les éléments s'équilibrent bien entre eux et sont nettement articulés. Les matrices employées sont variées. Elles ont dû être faites d'une matière dure, car il n'y a pas de fissure dans les motifs : leurs arêtes sont nettes et ont une section triangulaire.

On remarquera \ que : certains motifs ont été : exécutés sous plusieurs formes différentes : le. motif 5 se rencontre sous quatre formes (1). Au contraire, le motif 6 se retrouve sur tous les vases, sauf sur le n° 1.

J'ai tenté d'établir une évolution chronologique en me fondant sur la répartition des motifs et sur l'évolution de la forme. Motifs, fig. 7.

1. British Museum 64. 10. 7. 37 (PI. XXI), trouvé à Camiros. Hauteur :1m. 83. Anse formant une boucle a la partie supérieure, plaque de

remplissage en forme de rectangle à cause de l'exiguïté relative des anses. Trois bandeaux en relief, en cercle de tonneau, sur le bas de la panse. Bandeau décoré, à la base de la lèvre. Le bras vertical de la croix qui décore le coi est fait de petits motifs horizontaux et est limité par un segment de motif. Les bandes de la panse forment deux groupes séparés par une triple moulure au centre.

Sur le col : bandes d'encadrement de 1, branche horizontale de la croix, 5, branche verticale 4 et 3. Anses : motif 3. Panse : 4, quatre fois 1,2 entre bandes de 1.

2. Musée de Rhodes 13. 186, trouvé à Macri Langoni. Cl. Bh., IV, p. 327, fig. 363, CV, 4, 2. Hauteur : 1 m. 77. La lèvre, les anses et les cloisons refaites. Sur la panse, sept

bandes en relief, en cercles de tonneau (2). Elles sont en partie écrasées par le décor sur la face principale., Les bandeaux ducol sont limités par des motifs étroits. On leur voit jouer le même rôle sur la panse. Les moulures triples qui limitent les motifs trois par trois sur la panse sont exécutées assez négligemment.

Sur le col : sur les côtés, 6 bordés par 4, branche verticale 1 bordés par 4 et par 3, horizontal : deux bandes de 2 bordées par 4. Sur la panse : 5, 7, 1 '.bis, 4, 1 bis, 4, 4, 6, 7, 2, Ibis.

3." Musée de Rhodes. Fragment de 0 m. 175 sur 0 m. 13 de la panse. Motifs 1, 3, 6. 4. Musée de Rhodes BE 395, origine inconnue. Fragment de 0 m. 47 d'une grande anse droite de pithos avec sa cloison

composée de trois bandes transversales réunies par une bande verticale (motif 1). On voit le départ du col avec les motifs 1 et 5.

(1) C'était le motif qui s'exécutait le plus facilement. Il est possible que le motif 10 ait été exécuté avec une partie du motif 5, puisque nous ne le voyons imprimé que sur la tranche d'une anse.

(2) Elles étaient destinées à renforcer le vase et à faciliter son transport.

LES PITHOI A RELIEFS DE L'ILE DE RHODES 151

21

31

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22

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Fig. 7. — Camiros, A, II, groupe 2 (1/3).

152 D. FEYTMANS

δ. Musée de Rhodes BE 389, origine inconnue. Fragment de 0 m. 09 sur 0 m. 115 de la panse d'un pithos. Décors 1 et 5.

6. Musée de Rhodes BE 396, trouvé à Zambico (?) (1). Fragment de 0 m. 21 sur 0 m. 165 de la partie supérieure de l'anse gauche d'un

pithos. Fragment de la bande horizontale arrière. La tranche est décorée de chevrons.

7. Musée de Rhodes BE 397, origine inconnue. Fragment de 0 m. 33 sur 0 m. 225 de la panse d'un pithos. Les motifs groupés

trois par trois sont séparés par une triple moulure lisse. Motifs 3 bis, 5, 1, deux fois 3 bis, 4 bis.

8. Musée de Rhodes 13. 149, trouvé à Macri Langoni. Cl. Rh., IV, p. 321, fig. 358. CV, 4, 1 (PL XXII, 2). Hauteur : 1 m. 52. Forme plus élancée. Le col est plus long et s'évase du haut

et du bas. Le départ de la lèvre est décoré du motif 9 qui remplace les bandeaux des pithoi 1 et 6. Sur la panse, des moulures triples séparent les bandeaux par groupe de deux. Sur le col : bandes verticales 8, bras vertical de la croix 2, horizontal, 1 ter, 5 ter. Sur la panse : 5 1er, 5 ter, 2, 6, 2, 6, 2. Sur la lèvre 9 et 9 bis.

9. Musée de Mariemont, G. 127. Trouvé à Camiros (PI. XXII, 1). Salzmann, op. cit., pi. XXV. Chr. Zervos, Rhodes, capitale du Dodecanese,

p. 34, fîg. 48. F. Cumont, Collection Raoul Waroqué, p. 46, n° 81. Catalogue des antiquités égyptiennes, grecques, étrusques et gallo-romaines du musée de Mariemont (sous presse).

Hauteur : 1 m. 58. La moitié de la lèvre est refaite. Même forme que le n°8. A la base de la lèvre motif 54. Sur la panse, une moulure triple sépare chaque bandeau décoré.

Sur les anses, motifs 10 et 9 bis. Sur le col : bandes verticales 6, bras vertical de la croix 5* et 9 bis, horizontal, deux fois 4 bis. Panse : 54, 6, 4 bis, 6, 2 ois.

10. École anglaise d'Athènes A 138, trouvé à Camiros. BSA, XII, 1905-6, p. 73, fig. 2. Fragment de 0 m. 13 sur 0 m. 11 de la panse d'un pithos. Motifs 54, 3 bis et

4 1er.

11. École anglaise d'Athènes A 195, trouvé à Camiros. Fragment de 0 m. 16 sur 0 m. 135 de la panse d'un pithos. Motifs 3 bis, 4 bis,

moulure, 3 bis, 2.

(1) Je rappelle que ce fragment porte une inscription au crayon dont la fin seule est lisible : ... ko. Ce pourrait être Zambico dans la région de Ialysos. Dans ce cas, le BE 396 constituerait un des rares exemples de pithoi de Camiros trouvé sur le territoire de Ialysos.

LES PITHOI A RELIEFS DE L'iLE DE RHODES 153

B. DÉCOR MODELÉ A LA MAIN

I. Pilhoi sans couche de surface

GROUPE 1

Ceux-ci sont peu nombreux et semblent sortir tous du même atelier. Ils sont robustes et faits d'une argile très grossière. Le décor médiocre est constitué par des bandes obliques hachurées d'incisions et par des moulures cordées. Le décor couvre même le bas de la panse.

Ils constituent le chaînon intermédiaire entre les pithoi à reliefs et les pithoi lisses. Les anses sont d'ailleurs étroites et n'ont pas de cloisons.

1. Musée de Rhodes 13.477, trouvé à Macri Langoni. Cl. Rh., IV, p. 308, fig. 341. Hauteur avec les parties restaurées : 1 m. 82 (1). Haut du col et lèvre refaits,

ainsi qu'une partie de la panse. Les anses sont terminées par deux boules à la partie inférieure. Le col est nu, tandis que la panse est décorée sur les deux faces et jusqu'à la base par des zigzags et des bandes, hachurés d'incisions.

2. Musée de Rhodes BE 386, origine inconnue. Les 14 fragments de la panse permettent de reconstituer tout son décor jusqu'au

bouton de base. Elle mesurait environ 1 mètre — puisque les morceaux assemblés donnent, sans la courbure de l'épaule une longueur de 1 m. 22. Le pithos entier avait donc environ 1 m. 50 de hauteur. La partie supérieure de la panse est décorée comme le n° 1, le centre de chevrons et de triples zigzags et la partie inférieure de moulures cordées horizontales.

3. British Museum G Ν Τ 1856, origine inconnue. Petit fragment de la panse d'un pithos, de 0 m. 11 sur 0 m. 07. Le bandeau horizontal est incisé d'angles doubles tandis que les moulures obliques le sont d'angles simples.

Il semble qu'on puisse placer dans cette liste la plupart des fragments de pithoi à reliefs trouvés dans le dépôt votif de Camiros (Cl. Rh., VI-VII, p. 351, fig. 98).

II. Pilhoi avec couche de surface

Les artisans qui ont décoré ces pithoi ont usé d'une grande liberté dans la répartition et dans la combinaison des motifs. Cependant, c'est la spirale continue qui reste l'élément dominant. Mais pour des raisons techniques, il n'y a pas de motifs de remplissage comme sur les pithoi à décor estampé. Les motifs sont beaucoup plus larges. A côté des spirales,

(1) II semble que le restaurateur ait trop allongé le col.

154 D. FEYTMANS

on trouve aussi des méandres simples ou doubles utilisés avec une grande, variété. Les décors ne sont pas coupés par. le bord mais ils s'achèvent par un motif terminal.

GROUPE 1

Le seul pithos de ce groupe se caractérise par un col court et étroit qui s'élargit à la base, une panse très allongée, des anses étroites et des cloisons décorées de moulures lisses. Motifs employés fig. 8.

Fig·. 8. — Camiros, Β, II, groupe 1 (1/4).

Musée archéologique de Florence, trouvé à Papatislures. PI. XXIII, 2. Quelques fragments dans Bollellino (Varie, IX, 1915, pp. 289-91. Hauteur : 1 m. 94. Le décor du col ressemble à celui des pithoi de Lindos :

trois bandeaux verticaux (motif 2) réunis en haut du col par un bandeau horizontal (motif 3) ; une moulure triple les limite. Sur la panse, elle limite aussi chacun des bandeaux horizontaux. Motifs 2, 3, 3, 3, 4, 4.

GROUPE 2

La forme est très différente de celle du groupe précédent : le col allongé est évasé du bas et l'épaule est fort oblique. En résumé, la silhouette est molle et sans articulation. La cloison des anses est composée de trois bandes horizontales au lieu de deux.

Le décor aussi est différent : il y a une prédominance de motifs étroits, souvent moins bien exécutés que ceux du groupe 1. Moulures triples entre chaque motif de la panse. Motifs employés, fig. 9.

LES PITHOI A RELIEFS DE L ILE DE RHODES 155

1. Musée de Rhodes 13.448, trouvé à Macri Langoni. Cl. Rh., IV, p. 306, fig. 338, CV, 7, 2. Hauteur : 1 m. 75. Surface fort usée, anse gauche refaite. Les moulures triples

de la panse encerclent le vase. Segments de décors variés sur les anses. Col : lignes brisées et 6 sous la lèvre, bandes verticales 4, bras vertical de la croix 6, 5, 6, bras horizontal 6, 1,2, 6. Panse : 6, 6, 5, 6, 6, 7, 7, 5, 6, 6, 6, 6.

2. G. Jacopi mentionne dans la sépulture 71 de Macri Langoni (Cl. Rh., IV, p. 303) les restes d'un pithos placé à côté du numéro précédent et brisé par la

Fig. 9. — Camiros, Β, II, groupe 2 (1/3).

construction d'une tombe postérieure ; selon cet archéologue, il appartiendrait au même type.

3. Musée de Rhodes BE 400, provenance inconnue. Cinq fragments de la panse d'un grand pithos (deux morceaux se complétant

de 0 m. 63 sur 0 m. 38, les autres de 0 m. 26 sur 0 m. 17, de 0 m. 30 sur 0 m. 22 et de 0 m. 30 sur 0 m. 16). Le décor est composé uniquement du motif 6 séparé par des moulures triples qui encerclent le vase (1).

4. Musée de Rhodes 13. 447, trouvé à Macri Langoni. CL Rh., IV, p. 307, fig. 339, CV,7,l. (PI. XXIV, 1). Hauteur : 1 m. 90. La forme et le décor sont moins soignés que ceux

du numéro 1, bien que l'argile de surface soit fine. Les cloisons et les anses sont

(1) La surface est jaunâtre et mal cuite. On ne peut donc identifier ces fragments avec ceux du n° précédent parce que Jacopi mentionne que ces derniers sont d'une argile rosâtre.

156 D. FEYTMANS

asymétriques comme forme et comme décor. Ces dernières sont décorées sur le plat par une quadruple moulure verticale, ce qui est rare. Les deux côtés du coi ont un décor différent, à la fois maladroit et confus.

Sur la panse, alternativement 1 et 6 séparés par des moulures triples. 5. Musée de Rhodes. Fragment de 0 m. 27 sur 0 m. 16 de la panse d'un pithos décorée de trois

bandes horizontales de 1 séparés par des moulures triples. 6. Musée de Rhodes BE 393, provenance inconnue. Deux fragments (0 m. 44 sur 0 m. 14) de l'épaule gauche d'un pithos. Argile

grossière et mal cuite avec mince couche de surface. A la partie supérieure, le motif 6 est interrompu par une spirale continue qui décore le centre du col. En dessous, moulure triple et bande de motif 1.

7. Musée de Rhodes. Fragment de col de 0 m. 135 sur 0 m. 16. Partie du bras vertical de la croix

décoré de segments de méandres et du motif 6. On peut rattacher à ce groupe le deuxième fragment de pithos trouvé dans le

dépôt votif de Camiros [Cl. Rh., VI-VII, p. 351).

GROUPE 3

II ne comprend qu'un fragment dont le décor est apparenté à celui du groupe 2, tout en étant différent. Il est d'ailleurs probable qu'il sort du même atelier.

Musée de Rhodes. Fragment de 0 m. 19 sur 0 m. 215 de la panse d'un pithos. Les deux motifs

(chevrons et lignes brisées) sont séparés par une triple moulure.

GROUPE 4

Comprend deux fragments très grossiers qui appartiennent probablement au même pithos.

British Museum 64. 10. 7. 47, trouvé à Camiros. Fragment de 0 m. 355 sur 0 m. 24 de l'épaule d'un pithos. Double méandre

continu, grossièrement modelé. 2. Actuellement? Trouvé à Camiros. Salzmann, pi. XXVII, 3. Zervos, op. cit., p. 72, fig. 149. Petit fragment du col (?), trois groupes de doubles lignes horizontales réunies

par de petites lignes verticales et une ligne de méandre. Le dessin est très maladroit.

GROUPE 5

Comprend un seul pithos, original à la fois par sa forme et par son décor. Il est à rapprocher des pithoi sans couche de surface.

LES PITHOI A RELIEFS DE L'iLE DE RHODES 157

Musée de Rhodes 13. 691, trouvé à Papatislures. Cl. Rh., VI-VII, p. 34, fig. 22. Hauteur : 1 m. 51, lèvre étroite avec rainure sur la tranche, anses larges,

enroulées à la partie supérieure, retroussées à la partie inférieure en deux languettes ; il n'y a pas de cloisons ; le col est nu tandis que la plus grande partie de la panse est décorée : huit bandes de moulures cordées obliques séparées par de triples ou quadruples moulures cordées.

GROUPE 6

Comprend le chef-d'œuvre des pithoi à reliefs de l'île de Rhodes. La forme est très élégante ; le décor, riche et varié, d'une symétrie parfaite,

WV

Fig. 10. — Camiros, B, II, groupe 6 (1/3).

couvre presque toute la face principale du vase. Le pithos est fort grand ; aussi, pour le rendre plus robuste, a-t-on mélangé à l'argile beaucoup de céramique concassée. Motifs employés, fig. 10.

1. Musée de Rhodes 12.324, trouvé à Macri Langoni. Cl. Rh., IV, p. 302, fig. 334. CV, 2, 3 (PI. XXIV, 2).

158· D. FEYTMANS

Hauteur : 2 m. 05. Pithos à col long et mince, à panse effilée. Le plat de Tanse- est décoré de trois groupes de triples moulures verticales (cf. le 13.447). La tranche- de la lèvre, comme celle des anses, est décorée du motif 3, décor du col, motifs 3, 1,. 4 (double sur les côtés), 5 et 8. Celui de la panse occupe les deux tiers de la surface. Les moulures triples qui séparent les bandeaux décorés et qui encerclent le vase se répètent jusqu'à la base du pithos. Motifs 1, 7, 5, 2, 5, 7, 5, 1, 5, 6.

Il convient de remarquer les cloisons, qui sont découpées d'une façon inusitée- à Rhodes (1).

2. Musée de Rhodes BE 390, provenance inconnue. Cinq fragments de pithos (départ de la cloison de 0 m. 105 sur Om.07, quatre-

fragments de la panse dont deux qui se complètent de 0 m. 27 sur 0 m. 15, les autres- de 0 m. 21 sur 0 m. 12 et de 0 m. 12 sur 0 m. 08). Sur la plaque, motifs 1 et 3, sur la panse motifs 5, 7, 1.

Les pithoi à décor modelé à la main ont donc les types les plus divers- Les uns (A, II, groupe 1 ; B, II, groupe 5) sont proches des pithoi lisses,, des vases d'usage domestique. Ceux du B, II, groupe 4 ont un décor, mais- il est grossier. Puis les pithoi du B, II, groupe 2 offrent déjà plus de recherche, mais leur exécution est assez négligée. Enfin le B, II, groupe 6· marque le plus haut point de perfection qu'aient atteint les pithoi à reliefs de Rhodes.

On peut faire, au sujet de ces vases la même constatation que pour la céramique peinte de Rhodes : malgré la liberté d'action qu'offrent les vases modelés à la. main, les artisans se sont bornés la plupart du temps- à reproduire les décors d'une façon quasi mécanique. Même le pithos 12.324 (B, II, groupe 6) n'échappe pas à cette règle, puisque les fragments BE 3901- portent un décor identique à celui-ci.

Mais l'évolution des motifs pour les vases décorés à la main a été plu& rapide que pour les pithoi estampés.

Région de Ialysos. — Les pithoi et fragments retrouvés sont aussi nombreux que ceux de Camiros, mais leur forme et surtout leur décor offrent- plus d'unité. Presque tous les pithoi sont estampés et aucun d'entre eux. n'a reçu de couche de surface d'argile épurée. La forme est robuste et plus- trapue que celle des pithoi de Camiros, le col de dimension . moyenne est large et souvent droit. Les cloisons des anses sont généralement découpées» en deux accolades, limitées par deux traverses horizontales. D'autre part,, le décor se caractérise par un emploi abondant de moulures cordées : elles- ourlent la tranche des anses, le bord des découpures des cloisons, elles>

(1) Cf. les amphores peintes de Théra : Dragendorff, Theraeische Graeber, p. 17, fig. 10 et 1Γ-

LES PITHOI A RELIEFS DE L ILE DE RHODES 159

soulignent la naissance de la lèvre et la charnière entre le col et la panse, elles dessinent sur la surface du col une série de compartiments qui servent de base au décor estampé, enfin elles sont parfois employées en double cercle ponctué pour décorer le col. Le schéma décoratif du col offre donc une plus grande variété à Ialysos qu'à Camiros (fig. 11).

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Fig. 11. — Schéma des cols de Ialysos, A, groupe 1 et 3 , (les lignes pleines indiquent les moulures cordées, les pointillés la limite des motifs).

décorée se termine sur la hanche par une triple moulure lisse. Enfin, le décor est composé en grande partie de motifs de caractère préhellénique ; le méandre est rarement employé.

A. PlTHOI A DÉCOR ESTAMPÉ

GROUPE 1

II est constitué par un seul pithos fait d'une argile grossière et fort mal cuite. Le col est plus long et plus mince que celui des autres pithoi de Ialysos. Motifs employés, fig. 12.

160* D. FEYTMANS

Musée de Rhodes BE 381, trouvé à Dafni (PI. XXV). Photographie de quelques . fragments du col· dans Cl. Rh., VIII, pp. 34-35.

Le pithos, brisé en 488 morceaux, a pu être reconstitué (1). La hauteur totale était de 1 m. 50. L'anse droite manque en partie.

L'épaule est oblique et la panse relativement courte. La cloison des anses est découpée en deux groupes de demi-cercles accolés, séparés et limités par des bandes transversales. La partie décorée du col est divisée horizontalement par un bandeau au lieu de l'être par des moulures cordées. Il y a un double bandeau à la naissance du col. Le motif 4 ne se trouve que dans ce groupe. Schéma du col, fig. 11. Décor du col : bandes horizontales 1, 3, 4, 4, bandes verticales, à la partie supérieure de gauche à droite 5, 4, 2, 2, 4, 5, à la partie inférieure 4, 2, 4, 2, 4, 2, 4. Sur. la panse, 2, 5, 2, 3, 2.

1 2 3 4 5 Fig. 12. — Ialysos, A, groupe 1 (1/3).

GROUPE 2

II ne comprend qu'un petit fragment que je n'ai pu voir au musée de Rhodes et qui est reproduit par Maiuri dans Annuario, . VI-VII, p. 337, fig. 222 D. Il semble avoir été trouvé à Camiros.

On y voit une frise de guerriers de profil tenant des lances et des glaives. Derrière leurs jambes, court un zigzag en relief entre deux moulures. Au-dessus de la frise, il y a ■ un bandeau décoré d'un · motif ressemblant au n° 3 du groupe 1.

GROUPE 3

C'est le . groupe le . plus nombreux et le mieux connu des pithoi de Ialysos. Il: s'agit certainement de vases sortant tous du même atelier, car les matrices employées sont identiques. Ils sont de tailles variées . puisque certains exemplaires ont à peine 1 mètre tandis que d'autres dépassent 2 mètres. L'argile compacte contient assez peu de gravier mais beaucoup de mica, de parcelles de charbon et surtout de fragments de céramique concassée. Elle est généralement bien cuite et prend alors une teinte" rose foncé. Ces pithoi sont très solides et si, parfois, ils ont une

(1) Pour des raisons d'économie, on n'a restauré que la partie décorée du pithos.

LES PITHOI A RELIEFS DE L ILE DE RHODES 161

surface érodée, c'est à la suite d'un long usage. D'ailleurs, plusieurs d'entre eux portent des traces de restauration antique. Ils sont assez souvent décorés d'une frise représentant, presque toujours, la lutte d'un centaure contre un homme nu. Le centaure a deux jambes humaines et brandit de la main gauche une branche d'arbre. L'homme a dans la droite une

Fig. 13. — Frises figurées, Ialysos, A, groupe 3.

bipenne, et ils tiennent ensemble un arbre déraciné (1). La frise représentant des taureaux vus de profil et séparés par un fleuron se rencontre plus rarement (fig. 13). Sur des pithoi plus récents du même groupe se retrouve le combat entre un homme nu ? et un centaure mais : sous une forme plus évoluée (fig. 14). La frise est plus large et plus aérée, les person-

Ο,βί*' Fig. 14. — Frises figurées, Ialysos, A, groupe 3.

nages sont sveltes et ont des gestes élégants et aisés. Le centaure brandit une pierre et une branche d'arbre tandis que l'homme est armé à la fois d'un glaive et d'une bipenne. Sur les mêmes vases se voit une frise de guerriers en bige ( fig. , 14).

(1) II ne tient pas un glaive à la main comme on l'a dit souvent. Puisqu'il a parfois un cimier, ce ne peut être Héraclès, bien que rien n'empêche ce héros d'être armé d'une bipenne, surtout, sur un vase oriental (B. Schweitzer, Herakles, p. 47). A. B. (look {Zeus, II, p. 615) après P. Jacobsthal (Der Blilz in der orienlalischen und griechischen Kunat, p. 10, n. 2) y a vu une représentation de Zeus. Mais, suivant Jacobsthal, le personnage nu tiendrait une bipenne et la foudre, ce qui est inexact. Il faut peut-être se rallier à l'opinion traditionnelle qui voit dans cette scène un épisode du combat des Centaures et des Lapithes.

162. D. FEYTMANS:

Les motifs estampés de Ialysos sont souvent différents de ceux de Camiros. Motifs employés, fig. 15. . Ils semblent parfois être imprimés à l'aide de poinçons plats mais le plus souvent à l'aide de cylindres. Certains motifs montrent des traces d'usure très visible (PI. XXVI).

1. Musée du Louvre, 5692 b is, trouvé à Halicarnasse (?). F. Courby, op. cit., pi. IHa. Hauteur : 1 m. 04. C'est le plus petit pithos de ce groupe et probablement le

plus ancien. Il se distingue des autres par la forme. Les anses s'écartent du col à la partie supérieure, le haut de la cloison se confond avec la tranche de l'anse, la panse est moins effilée du bas et le bouton de base est plus large et plus court. La triple moulure du centre de la panse est cordée. Enfin les motifs sont peu variés et ne portent aucune trace d'usure. Col : motifs 1 et 3. Panse : motifs 2, 1, 3, 1, 3.

2. Musée de Rhodes 4700, trouvé à Macrâ Vunara. Annuario, VI-VII, pp. 312-313, fig. 208-209. Archaeol. Anzeiger, 1927, p. 406,

fig. 21. Hauteur :1m, 56. Le profil des anses est déprimé au centre. Col : partie

supérieure, motifs 3, 1, 5 (double), 1, 3. Partie inférieure motifs 1, 2, 2, 1. Panse : 1, 6, 2, 4, 1, 2, frise au centaure. Parfois l'homme a un cimier mais souvent celui-ci n'est pas indiqué, plusieurs queues de cheval des Centaures sont incisées. Aucun des motifs n'est fissuré.

3. Musée de Rhodes 4699, trouvé à Macrâ Vunara. Annuario, VI-VII, p. 315, fig. 210. Hauteur : 1 m. 90. La lèvre et les anses sont refaites. Col: motifs 7. (début de

fissure), 3, 7, 3, 3, 2, 4, 3, 3, 4, 2, 3. Sur la panse : 5 (deux fois), frise au centaure, 7, 3, 4, 2. Le raccord du motif 3 se fait au centre du bandeau. Le motif 4 n'est pas encore fissuré. Dans la frise figurée, la queue de cheval du Centaure est plusieurs fois incisée. Le contour des figures est profondément découpé.

4. Musée du Louvre A 396, trouvé à Cecraci (1). Salzmann, op. cit., pi. XXVI, 2; E. Potti er, Vases antiques du Louvre, salles

A-E, pi. XIII. Zervos, op. cit., p. 73, fig. 153 et p. 46, fig. 83. Fragment de 0 m. 175 sur 0 m. 165 du milieu de la panse d'un pithos. Frise:

aux taureaux entre le motif 4 (fendillé) et 8 sous lequel se trouve la triple moulure lisse qui termine la zone décorée.

5. Musée National d'Athènes 5605, trouvé à Datcha. Dessin à l'envers dans Athenische Milteilungen, 1896, p. 232, fig. 2. Fragment du milieu de la panse. Au-dessus de la triple moulure lisse, deux frises

de taureaux dont l'inférieure est retournée.

6. Trouvé à Camiros. a) Perdu, Salzmann, pi. XXVII, 2. Fragment de 0 m. 40 sur 0 m. 27 du

col. Sur les côtés motifs 2 et 3.

(1) De Launay, RA, 27, 1895, p. 112.

LES PITHOI A RELIEFS DE . L'iLE : DE RHODES 163

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Fig. 15. — Ialysos, A, groupe 3 (1/3).

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164 D. FEYTMANS

b) Perdu, Salzmann, pi. XXVII, 4. Zervos, p. 72. fig. 147. Fragment de 0 m. 245 sur 0 m. 30 de la panse, motifs 3, 4, 5 (double), frise au

centaure, 2. Motif 4 fendillé. c) British Museum 64. 10. 7. 47. Fragment de 0 m. 205 sur 0 m. 155 de la panse. Motifs 5 (double), frise au

Centaure, 2, frise au Centaure. d) British Museum 64. 10. 7. 46. Salzmann, pi. XXVII, 5. Zervos, p. 72, fig. 147. Fragment de 0 m. 28 sur 0 m. 28 de la panse. Motifs 4, 5 (double), frise au

centaure, 4, frise au centaure, 9 (seul exemple), triple moulure. Ce pithos avait donc huit motifs sur la panse. Il mesurait au moins 1 m. 70. 7. Mariemont G. 126 trouvé à Camiros. F. Cumont, op. cit., p. 47, n° 82 (PI. XXVI, 1). Catalogue... de Mariemont.

Hauteur : 1 m. 58, anse gauche et lèvre en partie refaites. Sur le col, motifs, 4, 6, 6, 1, 4, 6, 2, 1,4, 1, 1,4, 1,2. Panse, 1, 4, 3, 6, 1, frise au Centaure. Le motif 4 est fissuré. La frise est en partie entamée par le motif supérieur.

8. Perdu, avait été trouvé à Camiros. Salzmann, pi. XXVI, 1. Zervos, p. 73, fig. 152, Roscher, Lexikon, II, col. 1045-

1046. Milchhôfer, Anfange der Kunsl in Griechenland, p. 75, fig. 48. A. B. Cook, Zeus, II, p. 614, fig. 512.

Fragment de 0 m. 21 sur 0 m. 205 de la panse. Motifs 3, 6, 1, frise au Centaure au-dessus de la triple moulure lisse. Comme sur le numéro 7, la frise est entamée par le motif supérieur.

9. Musée de Rhodes 13.450, trouvé à Macri Langoni. Cl. Rh., IV, p. 310, fig. 344. CV, 2, 2. Hauteur : 1 m. 65. Les motifs estampés sont répartis avec une certaine

confusion sur la partie supérieure du col. Les motifs 3 et 4 sont fendillés. La frise au Centaure se trouve à la fois sur le col en motif vertical et sur la panse au-dessus de la triple moulure. A plusieurs reprises, les queues de cheval des Centaures sont incisées. Motifs du col : partie supérieure, 7, 2, 5, partie inférieure, 2, 7, 2, 2, 7, 2 ; panse : 4, 3, 5 (doubles), 4, 2.

9 bis. École anglaise d'Athènes A 137, trouvé à Camiros. BSA, XXVI, p. 76 (description). Fragment de 0 m. 15 sur 0 m. 075 de la panse d'un pithos. Motifs 3 et 5 (fissurés).

10. Musée de Rhodes 12.407, trouvé à Macri Langoni. Cl. Rh., IV, p. 304, fig. 336. CV, 2, 1. Hauteur : 1 m. 58. Sur l'épaule, espace lisse entre la double moulure cordée

de la naissance du col et celle du haut de la panse. Les motifs 3 et 4 sont fissurés. Col : motifs du haut 3, 3, 10, 10, 1, 1, 5, 5, du bas 1, 1, 3, 3, 5, 5 ; panse : 4, 1, 5,. 5, 3, 10, 1.

11. Musée de Rhodes. Annuario, VI-VII, p. 337, fig. 222 Β. Fragment de 0 m. 185 sur 0 m. 185 de la panse d'un pithos. Frise au Centaure

LES PITHOI A RELIEFS DE L ILE DE RHODES 165

entre les motifs 2 et 1, au-dessus de la triple moulure lisse. Cimiers et queues incisées.

12. Musée de Rhodes 13.140, trouvé à Macri Langoni. Cl.Rh., IV, p. 320, -fig. 357. Hauteur : 1 m. 69, moulure cordée au haut de la panse. Les motifs 3 et 4 ne

sont plus employés. Le motif 12 est fait à la main. Col : motifs 1, 10, 1, 10, 1 ; panse": 6, 2,

6,1,11,11,12,2,6. 13. Musée de Rhodes BE 382, trouvé

à Oaini(fîg.l6). Quelques fragments publiés dans Cl.

Rh., VII, pp. 40-41. Les 199 fragments permettent de reconstituer un grand pithos de 2 mètres. Les anses manquent. Les motifs 2, 3 et 4 sont fendillés. Col : en haut, motifs 3, 4, 7, 2, 7, 2, 4, 2, en bas 5, 4, 2, 3, 2, 4, 3, 2, 2, 3, 5; sur la panse : 3, 4, 2, frise au Centaure, 3, 4, frise au'Centaure.

Sur les pithoi suivants, le motif 4~a disparu et est remplacé par le motif 13 et le 2 par le 14. Le numéro 14'est [antérieur au numéro 12 puisque le motif 3 n'est pas fendillé.

14. Musée de Rhodes BE 385, provenance inconnue.

Cinq fragments de la panse permettant de reconstituer sa partie décorée qui mesurait 0 m. 47. Il s'agissait donc d'un petit pithos d'environ 1 m. 40. Motifs 13, 3, 1, 5 (double), 3, 14, 3.

15. Musée de Rhodes, sépulture 266 de Drakidis.

Cl. Rh., III, p. 119, fig. 113. Ce pithos a été brisé de nouveau dans

le bombardement du musée. Le col est plus long que celui des autres pithoi. Les motifs 3 et 16 sont fendillés. Col : en haut motifs 1, 3, 16, 1, 1,3, 16, 3, en bas, 15, 1, 3, 16, 1, 1, 3, 16, 13 ; panse : 16, 13, 3, 13, 3, 16.

16. Musée de Rhodes 10.591 a, trouvé à Drakidis. Cl. Rh., III, p. 113-114, fig. 107-108 (PI. XXVI, 2). Grand pithos de 2 m. 05. Sur la tranche de l'anse, moulure cordée ondulée.

Les motifs 3, 13, 14 et 16 sont fendillés. Col : motifs 14, 3, 14, 1, 14, 1, 13, 1 ; panse : 14, 14, 14, 13, 14, 1, 1, 16.

Fig. 16. — Reconstitution du pithos BE 382 de Rhodes.

166 D. FEYTMANS

Les pithoi et fragments qui suivent appartiennent , au même groupe que les numéros précédents : en effet, sur le premier se voient encore d'anciens poinçons à côté de nouveaux, plus larges mais de dessin semblable aux anciens. En même temps, nous voyons . utiliser de nouvelles frises figurées de style plus évolué et plus élégant (fig. 14). Elles ont certainement été exécutées au rouleau·: en effet, sur l'un des fragments de BE 383 du musée de Rhodes, on voit un raccord où' deux personnages se

superposent (PI. XXIII, 1). Le potier s'est contenté de retoucher le relief à l'ébauchoir pour en faire une seule figure. Les deux frises se rencontrent ensemble sur le fragment de pithos 5604! d'Athènes.

17. Musée de Rhodes BE 403, trouvé à Datcha.

Huit fragments ;· de : la panse d'un grand pithos comprenant des morceaux des cinq bandeaux au- dessus de la triple moulure lisse du milieu de la panse. Largeur totale : 0 m. 85, hauteur : 0 m. 255. Le diamètre du vase était à sa partie la plus large de 0 m. 90. Motifs : 2,-1, 10 bis (nouveau motif) frise au bige, 1, 10 bis. Le motif 2 est· fissuré.

18. Musée National d'Athènes 5604 et 5607, trouvé à Datcha.

AM, 1896, 21, pi. VI. P. V. G. Baur, op. cit., pi. XI, n° 217. A.

B. Cook, Zeus, II, p. 616, fig. 514. BSA, 37, 1936, p. 178, fig. 1. Ε. Bethe, Die grie- chische Dichtung, p. 19, fig. 16. L. Curtius, Die anlike Kunst, III, p. 143, fig. 255.

Le fragment 5604 mesure 0 m. 47 sur 0 m. 465 et faisait partie de la panse d'un grand pithos. Au-dessus de la triple moulure lisse, il y a trois frises figurées, l'une avec le bige, les deux autres avec le Centaure. Elles sont séparées par des bandes de motifs 1 bis et 3 bis (nouveaux motifs).

19. Musée de Rhodes BE 383, trouvé à Marmaro (fig.17). Quelques fragments, dans Cl. Rh., VIII, p. 195, fig. 190.

148 fragments d'un pithos d'environ 1 m. 90. Le col et les anses manquent. Motifs 17, frise au Centaure, 16, 2 bis, 1 bis, 3 bis. Les personnages sont plus d'une fois décapités par le bandeau supérieur.

Fig. 17. — Reconstitution du pithos BE 383 de Rhodes.

LES PITHOI A RELIEFS DE L'iLE DE RHODES 167

20. Musée de Rhodes. Annuario, VI-VII, p. 337, fig. 222a. Fragment de panse, motifs 17, 1 bis, frise au Centaure, 2 bis. Les personnages

décapités par la frise supérieure. 21.. Musée de Rhodes. Annuario, VI-VII, p. 337, fig. 222c. Fragment de panse avec frise au bige. 22. Musée de Rhodes. Annuario, VI-VII, p. 336, fig. 221. Fragment de 0 m. 19 sur 0 m. 09, très épais, de la panse d'un pithos. Motifs

15 et 10 bis.

GROUPE 4

Groupe homogène de très grands pithoi dont on n'a trouvé aucun exemplaire complet. Ils mesuraient tous 2 mètres au moins.

Comme ceux du groupe 3, ils sont faits d'une argile cohérente mélangée de beaucoup de fragments de céramique, de mica et de charbon, qui prend

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Fig. 18. — Schéma des cols de Ialysos, groupe 4.

à la cuisson une couleur rose sombre. Leur surface est parfaitement lissée. Les parois sont épaisses de 2 à 3 cm. 5.

La lèvre est épanouie, le col droit ou trapézoïdal est large, l'épaule semble avoir été oblique et la panse relativement courte. Le schéma du col est établi aussi par des moulures cordées (fig. 18). Certains motifs; sont modelés à la main (3 et δ), d'autres au cylindre, un seul semble avoir été estampé au poinçon plat (4). Ils sont d'ailleurs peu nombreux. Il faut remarquer que le motif 1, employé sur tous les vases, porte partout la même trace d'usure, ce qui semble indiquer que tous les exemplaires sont contemporains.

Ce groupe se caractérise aussi par une série de frises à décor figuré,, plus larges que celles du groupe 3, mais assez proches pour le style. Les. types 1 et 3 sont plats mais à faible relief, le type 2 a des formes plus arrondies. Type 1 : deux chevaux galopant vers la gauche. PI. XXVII et fig. 19.

168 D. FEYTMANS

Type 2 : deux hommes nus et barbus tenant ensemble une massue; celui de gauche brandit une pierre et celui de droite une bipenne ; entre eux se voit un cervidé couché et à leur droite un capridé (1). Type 3 : deux sphinx barbus, affrontés, aux ailes quadrillées.

PI." XXVIII et fig. 19. Les frises sont

imprimées au cylindre. Parfois, il n'y a pas de moulures lisses sous les motifs : dans ce cas, le motif 5 sert de limite inférieure au décor de la panse. Motifs employés, fig. 20.

Fig. 19. — Frises figurées de Ialysos, A, groupe 4. ,

1. Musée de Rhodes 4698, trouvé à Cremasto. Annuario, III, p. 257, fig. 104. CV, 7, 3.. Col et anses d'un grand pithos. Hauteur : 0 m. 59, diamètre de la lèvre : 0 m. 89.

Au centre, motifs 1 en arc. Sur les côtés, au-dessus 5, 5, 4, 4, 4, en dessous, 4, 4, 4, 5,5,4.

2. Musée de Rhodes BE 387, provenance inconnue (PI. XXVII). Quatre grands fragments du col et de . la panse et anse gauche complète de

0 m. 465 de haut. Le diamètre du col était de 0 m. 66 à la base, celui de la panse à sa partie la plus large de 0 m. 90. Col : motifs 5, 5, 1, 1, 2, 2 ; panse : 5, 1,1,2, 2, 3, 3, 1, 1; 1, frise aux chevaux, 5.

3. Musée de Rhodes BE 404, trouvé à Datcha. Cinq fragments de la panse. Le plus grand a 0 m. 23 sur 0 m. 35, le plus petit

0 m. 11 sur 0 m. 11. Ils permettent de reconstituer tout le décor de la panse. Motifs 1, 6, 4, 5, 3. La frise aux chevaux s'y trouve deux fois.

(1) Probablement représentation d'un combat entre deux hommes armés -chacun d'une, massue. Cf. frise au Centaure de type archaïque.

LES PITHOI A , RELIEFS DE L'iLE DE RHODES 169

4. Musée de Rhodes BE 402, trouvé à Datcha (PI. XXVIII, 2). Quatre fragments réunis de la panse, largeur 0 m. 57, hauteur 0 m. 27. Le

diamètre maximum de la panse était de 0 m. 935, motifs 3, 1, 1, frise des sphinx, 5. Triple moulure lisse sous le dernier motif.

5. Musée de Rhodes BE 406, trouvé à Datcha (PI. XXVIII, 1).

ι

Fig. 20. — Ialysos, A, groupe 4 (1/3).

. Quatre fragments réunis de la ; partie inférieure de la zone décorée de la panse. Largeur 0 m. 615, hauteur 0 m. 36. Motifs 3, 1,1, frise du combat, 5 (vers gauche), 5.

6. École - anglaise d'Athènes A 147, trouvé à \·.·.·.: -"λ·.*."1 Camiros. -

Petit fragment de 0 m. 08 sur 0 m. 055. Motif 1 .

GROUPE 5

•Hf*f**K ^.«ν,^^λ- On ne. connaît la

[Fig. 21. — Ialysos, A, groupe 5 (1/3). prOVenan- ce d'aucun

exemplaire de ce groupe. Cependant, la couleur, l'emploi abondant des moulures cordées, l'absence des moulures entre les motifs sem- ο blent indiquer qu'ils ont été faits à Ialysos. Π, ·, ι ... ·,ι · ι α ΛΛ < ι «ι Fig. 22. — Reconstitution*

s agit de petits pithoi de 0 m. 90 al metre. du ;itho3 BE 384 de Rhodes# Leur décor est monotone mais soigné. Le motif 1 est très fissuré ce qui atteste un long usage. Motifs employés, fig. 21.

1. Musée de Rhodes BE 384, provenance inconnue. Fig. 22. 83 fragments d'un petit pithos de 0 m. 90. On n'a aucun fragment de la lèvre

et l'anse gauche manque. Col court et large, les anses de 0 m. 25 sont décorées sur

170 D. FEYTMANS

la tranche de deux moulures cordées, il n'y a pas de cloisons. Un bandeau horizontal lisse, bordé de moulures cordées sépare la panse du col. Col : motifs 1, 2, 1 ; panse, 1, 1, 1, 2, 1.

2. Musée de Rhodes BE 381, provenance inconnue. Anse droite de 0 m. 27 de haut, bordée de moulures cordées. Le morceau de

la cloison indique que le pithos appartenait au type ordinaire de Ialysos.

GROUPE 6

II comprend un seul pithos dont le schéma du col, la forme, et le décor sont très différents des autres. Comme il provient de la collection Biliotti, il y a beaucoup de chances qu'il ait été trouvé à Ialysos. De plus, il a une frise figurée qui ressemble à celle de certains pithoi de Ialysos : un bige monté par un cocher et suivi d'un guerrier barbu tenant une lance.

British Museum 85. 12. 13. 1 (PI. XXIX). Hauteur : 0 m. 825. La lèvre, les anses et la cloison des anses sont refaites,

ainsi que le bas de la panse. Il n'y a aucune moulure séparant ou limitant les décors. Les motifs sont imprimés au rouleau.

B. Décor modelé a la main

GROUPE 1

II comprend un seul vase très différent des autres pithoi de l'île. Il a une petite lèvre courte, un col court, des anses étroites et retroussées aux extrémités. Il n'y a pas de cloisons ni de bouton de base (1). Le décor, qui est fait de bandes très larges, n'offre pas de solution de continuité entre la panse et le col. Celui-ci a un décor en tableau. Les bandeaux sont séparés par une, deux ou trois moulures lisses. Une moulure ondulée en serpent sur l'anse.

Nous ne savons pas dans quelles conditions Biliotti l'a découvert et nous ignorons s'il avait un mobilier à l'intérieur. Mais, d'après son style, il pourrait être plus ancien que les autres pithoi étudiés ici.

British Museum 68. 4. 5. 158, trouvé à Ialysos. Furtwângler-Loschcke, Mykenische Vasen (texte), p. 3, fig. 1 (dessin). Hauteur : 1 m. 46, épaule, fortement érodée.

GROUPE 2

Le seul pithos qui en fait partie ressemble par bien des points à un pithos de Camiros, celui du musée de Florence (B II, groupe 1). Comme lui,

(1) Cependant la restauration a pu le faire disparaître.

LES' PITHOI A RELIEFS DE L'lLE DE RHODES 171

il a la panse très allongée, le col mince et court, des cloisons composées de trois bandes horizontales réunies , par - une traverse verticale et décorées de moulures lisses. Mais il n'a pas de ■ couche de surface et le décor est différent. La consistance de son argile et sa couleur ressemblent à celles des pithoi de Ialysos. Il s'agit donc probablement d'une imitation du style de Camiros.

Musée de Rhodes 11.525, trouvé près de Cremasto. Cl. Rh., III, p. 130, fi£. 122. Hauteur : 1 m. 70. Devant du col décoré de trois bandeaux horizontaux de-

chevrons, limités par de doubles moulures lisses.

L'évolution est moins sensible pour les pithoi de Ialysos que pour ceux de Camiros parce que les premiers ont presque tous un décor estampé. Cependant, on y voit peu à peu prévaloir les décors à base de volute. Les poinçons nouveaux ressemblent aux anciens, mais ils : sont plus larges, plus étoffés. La composition reste la même, mais elle est plus aérée, plus simple. Certains éléments disparaissent comme les cercles ponctués en moulures cordées. Enfin, les pithoi de Ialysos suivent l'évolution générale des vases grecs qui tendent à devenir de plus en plus élégants et élancés-

DATATION DES PITHOI

Région de Lindos. — C. Blinkenberg (Lindos, col. 25-6) a trouvé des fragments de pithoi grossiers sur toute l'étendue du site qu'il a fouillé. Il les place à une période antérieure à celle des pithoi estampés à cause de leur style. Ce critère me semble bien dangereux, car on a dû fabriquer, concurremment les deux types de pithoi. D'autre part, D. Sestieri dit dans son rapport que le pithos grossier (Musée de Rhodes BE 379) contenait un «piccolo ariballo protocorinzio (0m. 056)». Malheureusement les archéologues italiens ne font généralement pas de discrimination entre les vases protocorinthiens, ceux du style de transition et même certains vases du Corinthien ancien.

Piihoi à décor estampé. — Le terrain des fouilles de Lindos a été bouleversé au. cours des siècles; cependant, C. Blinkenberg. a retrouvé près de- l'escalier archaïque une couche de terre ancienne formée par des déblais provenant du remaniement du sanctuaire. Il contient à la fois des objets préhistoriques et des vases corinthiens orientalisants (op. cit., col. 6 et 45). C'est là que Blinkenberg a trouvé ses fragments de pithoi -estampés. On.

172 D. FEYTMANS

peut seulement en conclure qu'ils sont ; antérieurs au milieu du VIe siècle. Il y a cependant un moyen de datation plus précis : c'est la tombe S

de la nécropole de Vroulia (Kinch, Vroulia, pi. 31 et col. 45) : le pithos avait, près du col, un alabastre du Corinthien ancien ressemblant au n° 376 de Payne, Necrocorinthia, avec un aryballe pointu du type Corinthien de transition avec bandes sur la panse, crochets sur l'épaule et languettes rayonnantes partant du pied. C'est un type de, vase qu'on trouve souvent dans l'île de Rhodes avec les vases, du Corinthien ancien.Ilest dangereux de s'appuyer sur un seul exemplaire, mais en tout cas le pithos de Vroulia est contemporain du; Corinthien ancien. Et le pithos BE 386 de Rhodes, qui lui ressemble, date de la même époque.

Région de Camiros. — L'abondance des trouvailles et leur publication; par. tombes permettent d'étudier mieux la chronologie. R. J. Hopper (Addenda to Necrocorinlhia, BSA, 44, 1949, p. 162) met les archéologues en garde contre une interprétation trop littérale du contenu de ces nécropoles qui ont été bouleversées par le ruissellement des eaux, sans compter les cas nombreux de réutilisation de tombes. Cependant les pithoi n'étaient utilisés qu'une seule fois comme sépulture. Comme ils étaient fermés par une grosse pierre, ils étaient à l'abri des mélanges de mobilier. Mais, dans de nombreux cas, le mobilier est placé à côté du pithos. Enfin, très souvent, il n'y a pas de mobilier. J'ai essayé alors de les dater en me; servant des pithoi lisses qui se trouvent dans les environs, enterrés à peu près à la même profondeur (1). La fabrication des pithoi lisses a commencé à une période plus ancienne que. celle des pithoi à reliefs et elle s'est poursuivie parallèlement. L'emploi des pithoi est contemporain de celui des aires d'incinération, mais celles-ci ont été utilisées parfois par plusieurs générations.

Camiros A, I. GROUPE 1

2. Musée de Rhodes 13.358, sépulture 215 de Macri Langoni. Le pithos contenait plusieurs vases corinthiens, que je n'ai pu retrouver au >

musée (2). D'après la description (Cl. Eh., IV, p. 331), il avait un alabastre (13.362) décoré d'une harpie et d'un cygne et un autre (13.363) décoré de lignes et de pois

(1) II faut tenir compte aussi de la grosseur respective des pithoi, car les plus volumineux étaient enterrés plus profondément.

(2) Celui-ci est en pleine réorganisation : beaucoup de vases sont encore au « Castello », d'autres en caisse. Je n'ai pu voir que les premiers.

LES PITHOI A RELIEFS DE L'ILE DE RHODES 173

en damier (cf. NC,n° 376 et Ure, ibid., n° 97-3, pi. V, du groupe a). Il semble donc qu'ils appartiennent au Corinthien ancien.

GROUPE 2

1. Musée de Rhodes 13.449, tombe 118 de Macri Langoni (CL Rh., IV, p. 313 et ss.).

Le mobilier se trouve à l'extérieur du pithos. Les objets sont très abondants (1). 12.999 et 13.000, vases plastiques orientaux du « Gorgoneion group » de

Maximova, 13.021-24, aryballes du Corinthien ancien, du groupe J de Payne (NC, n° 636), 13.008, aryballe corinthien du groupe Β de NC (cf. n° 527) (frise d'hoplites, Ζ sur le bord de la lèvre, croissants rayonnants dans double cercle sous le vase).

En même temps, 13.036, pyxis tripode du Corinthien moyen ou récent (Hopper, p. 211), 13.028, amphorisque décoré de lions du Corinthien moyen, 13.002, aryballe en anneau que P. N. Ure place dans le Corinthien moyen (Ring Aryballoi, Hesperia, 15, 1946, p. 42), coupe du Corinthien récent (Hopper, p. 226), enfin de nombreux aryballes du Corinthien récent : 13.011 et 18 (avec frise de guerriers, cercles concentriques sur la lèvre et le dessous, lignes horizontales sur l'anse), du type que P. N. Ure place dans son groupe c (A ryballoi and figurines from Rhiisona in Boeolia, n° 86-72 et 73, pi. VIII), 13.016 (pétales réservés sur la lèvre), cf. Ure, ibid., 86. 198, pi. X, groupe c), 13.019 (aryballe avec oiseau et cygne, cercles concentriques sur la lèvre et au-dessous, pois sur la tranche de la lèvre et zigzag sur l'anse), 13.027, aryballe , avec cercles concentriques et pois, cercles sur la lèvre et en dessous (cf. NC n° 1261).

Il s'agit donc d'un mobilier fort mélangé s'étendant du Corinthien ancien au Corinthien récent. Il est probable que des objets de quelque autre sépulture s'y sont introduits. Or, la seule tombe qui soit placée plus haut sur la pente est la « tomba a cassa » 99 qui avait un mobilier extérieur dans lequel se trouvait l'amphore de Fikellura 12.936 (R. M. Cook, F ikellura pottery, BSA, 34, 1933-34, p. 35, 535-525) et un cothon du Corinthien récent. Il est probable que les vases les plus récents de la sépulture 118 viennent de là.

Camiros A, IL GROUPE 2

2. Musée de Rhodes 13.186, sépulture 151 de Macri Langoni. Mobilier extérieur, un aryballe du type Ure, 86.198, pi. X, du groupe c.

Mobilier intérieur, une coupe profonde et une oinochoé à bec trilobé, toutes deux à couverte noire (CL Rh., IV, p. 288, fig. 318).

3. Musée de Rhodes 13.149, sépulture 147 de Macri Langoni. Brisé et pillé dès l'antiquité. Parmi les morceaux ont été trouvés des scarabées

de faïence bleuâtre semblables à ceux de Naucratis (Flinders-Petrie, Naucralis,

(1) Je décris les vases lorsque les éditeurs des fouilles n'en dorment pas les caractéristiques importantes et que j'ai pu les avoir en mains au Musée de Rhodes.

174 D. FEYTMANS

pi. XXXVII. E. A. Gardner, Naucraiis, II, pi. XVIII). A un mètre du pithos et à la même profondeur, on a trouvé un abondant mobilier, peut-être dispersé par une inhumation plus tardive. Il comprenait un amphorisque de Fikellura que R. M. Cook place au milieu du vie siècle (op. cit., p. 47, n° 8), un aryballe laconien. noir et blanc que E. A. Lane (BSA, 34, p. 156) place à la même époque, un vase plastique en forme de sirène du type courant au vie siècle et un lécythe « samien »· de forme allongée (Cl. Rh., IV, p. 322, fig. 359).

Gamiros B, I., groupe ι

1. Musée de Rhodes 13.477, sépulture 101 de Macri Langoni. Contenait un amphorisque corinthien (Cl. Rh., IV, p. 309, fig. 342) décoré de-

cercles concentriques et de points. La lèvre et sa : tranche portent un décor en. cercles concentriques qui indiquent comme date le Corinthien récent I.

Camiros B, II. GROUPE 1

1. Musée de Florence. La description du mobilier est décevante : « piccolo skifos protogreco » ; et.

un quadrupède monté sur roues.

GROUPE 2

1. Musée de Rhodes 13.448, sépulture 70 de Macri Langoni. Il se trouvait avec le n° 2 à 2 m. 60 de profondeur, à l'est et un peu en dehors

de la nécropole, faisant partie d'un groupe de sept sépultures qui s'échelonnaient, du. Nord au Sud. Le pithos. lisse de la sépulture 154 avait comme mobilier un aryballe corinthien récent I, du type quatre-feuilles semblable - au n° 8-198 de Ure, pi. X (13.191, Cl. Rh.,.lV, p. 328, fig. 364). Les trois «tombe a cassa » sont postérieures; la construction de l'une d'elles a amené la destruction du. n° 2, et l'autre (sép. 67) contenait une coupe attique à figures noires du dernier quart du vie siècle.

3. Musée de Rhodes 13.447, sépulture 100 de Macri Langoni. Contenait deux « lécy thés samiens », semblables à celui de la sépulture 147"

(cf. A, II, groupes 2, 8), donc du deuxième quart du.vie siècle. .

GROUPE 5

1. Musée de Rhodes 13.691, sépulture 7 de Papatislures. Dans une tombe à chambre, avec une amphore de Fikellura (13.692,, Cook, p.. 25, n° 6, deuxième^ quart du vie siècle), une coupe de Vroulia et une pyxis de la fin du Corinthien moyen (Hopper, p. 172, n°42) (Cl. Rh., VI-VII, fig. 24-28). Comme le dit justement R.-J. Hopper, les deux coupes attiques décorées de palmettes datent probablement d'une deuxième utilisation de la tombe. Donc le pithos semble contemporain; du Corinthien récent.

LES PITHOI A RELIEFS DE L'iLE DE RHODES 175

GROUPE 6

1. Musée de Rhodes 12.324, sépulture 31 de Macri Langoni. Ce pithos ne contenait qu'un petit aryballe de faïence réduit en morceaux. Il

se trouvait enterré près du pithos 12.407 (Ialysos A, groupe 3, 10) qui contenait aussi un aryballe de faïence et une coupe attique à couverte noire que J. D. Beazley (La Raccolla Benedetto Guglielmi nel Museo Gregoriano Etrusco, p. 65) place dans la dernière décade du vie siècle. Mais, comme on le verra, le pithos 12.407 est plus ancien, puisqu'il a été réparé dans l'antiquité, tandis que le 12.324, malgré la fragilité de sa surface, ne porte aucune trace d'usure.

Voici donc les groupes de pithoi qui ont pu être datés :

Camiros A, I. Groupe 1 : contemporain du Corinthien ancien (dernier quart du

vne siècle) (1). Groupe 2 : contemporain du Corinthien moyen (premier quart du

vie siècle). Groupes 3 à 6 : sans moyens de datation.

Camiros A, II. Groupe 1 : probablement de la fin du vne siècle à cause de sa

ressemblance avec les pithoi de Lindos. Groupe 2 : les vases qui le composent sont nombreux. Ils montrent une

•certaine évolution de forme et de motifs. Nous ne possédons qu'un seul vase daté, le n° 2, qui se place vers 550. Il est probable que ce groupe de vases a été fabriqué au milieu du vie siècle et pendant son troisième quart.

Camiros B, I. Contemporain du Corinthien récent I (deuxième quart du vie siècle).

Camiros B, IL Groupe 1 : sans moyen précis de datation. Groupe 2 : contemporain du Corinthien récent I. Groupes 3 et 4 : sans moyens de datation. Groupe 5 : contemporain du Corinthien récent I. Groupe 6 : dernier quart du vie siècle.

Comme les groupes que je n'ai pu dater sont proches par le style de •ceux qui ont pu l'être, il est probable qu'ils sont à peu près contemporains.

(1) Je me suis référée pour la chronologie des vases corinthiens, qui sert de base à celle des .pithoi rhodiens, aux dates adoptées par Payne et confirmées par R. J. Hopper (BSA, 44, p. 184).

176 D.FEYTMANS

II semble donc qu'au début de la fabrication des vases à reliefs les- ateliers de Camiros ont subi l'influence de ceux de : Lindos et de Ialysos. Leur grande période d'activité et de création est contemporaine du Corinthien récent I mais se prolonge encore jusqu'au dernier quart du vie siècle.

Ialysos A. GROUPE 1

1. Musée de Rhodes BE 381, sépulture 4 de Dafni. Parmi les débris du pithos, on a trouvé (Cl. Rh., VIII, p. 36, fig. 18) un petit

aryballe de 0 m. 075 sans languettes sur le col, du Corinthien ancien, et un petit aryballe de 0 m. 06, du groupe Β (Warrior Group) de NC. Les deux vases appartiennent à la fin du vne siècle. Les aires d'incinération voisines sont à peu près contemporaines : sépulture 2, alabastre du Corinthien ancien (fig. 12-13).

GROUPE 3

2 et 3. Les deux pithoi (35 et 58) étaient sans mobilier mais faisaient partie, d'une nécropole d" Ialysos qui contenait de nombreuses aires d'incinération contemporaines. Comme toujours, les « tombe a cassa » sont plus récentes et datent du dernier quart du vie siècle.

L'aire d'incinération 53 ' contient des aryballes corinthiens allongés, du style de transition attardé, décorés de cercles concentriques et de chiens en silhouettes (Annuario, VI- VII, fig. 201). On en trouve souvent dans l'île en même temps que les vases du Corinthien ancien. L'aire d'incinération 36, la plus vaste et la plus riche, a un mobilier qui s'étend du dernier quart du vne au milieu du vie siècle : une oinochoé à bec trilobé du Corinthien ancien (fîg. 190-iVC n°756), une oinochoé· globulaire à bec trilobé du Corinthien moyen (ibid. NC n° 1119), une coupe de . Vroulia (fig. 188), une ; lekanis attique que J. D. Beazley attribue au « KX. Painter» (Groups of early Attic black-figure, Hesperia, 13, 1944, p. 45), donc vers 570, enfin un plat attique du «Polos painter» (ibid., p. 54) avec un vase plastique en forme de sirène.

10. Musée de Rhodes 12.407, sépulture 50 de Macri Langoni. Il contenait une coupe attique à couverte noire (Cl. Rh., IV, fig. 337) que J.-D*

Beazley (La raccolla Renedetto Guglielmi, I, p. 65) place dans la dernière décade du vie siècle. Les pithoi lisses voisins, enterrés dans la même direction mais à une profondeur moindre, ont un mobilier contemporain : par exemple, le n° 27 a une- olpé attique, que E. Haspels (Rlack figured lekylhoi, p. 197, n° 18) attribue au « Daybreak painter » de l'époque de Leagros.

Cependant, le pithos est plus ancien que son mobilier : il est usé et porte des traces de réparation antique, ce qui semble indiquer un assez long usage.

13.. Musée de Rhodes BE 382, sépulture 11 de Dafni. Sans mobilier, faisait partie d'un petit groupe de sépultures ; l'aire

d'incinération n° 13 contenait une oinochoé rhodienne (Cl. Rh., VIII, p. 42), semblable à celle de Papatislures (ibid., VI-VII.p. 93) que A. Rumpf (Jahrbuch, 48, 1933,

LES PITHOI A RELIEFS DE L'ILE DE RHODES 177

p. 55) classe dans la « Kamirosgattung D, spâter Stil » de la fin du vne siècle. La sépulture 9 est constituée par un sarcophage de Clazomènes du vie siècle.

15. Musée de Rhodes, sépulture 266 de Drakidis. A 2 m. 10 de profondeur, sans mobilier, à la limite d'une petite nécropole. Près

de lui, un petit pithos lisse, enterré à 1 m. 90 de profondeur, contenait une statuette et un amphorisque décoré de cercles concentriques et de points, qui semble appartenir au Corinthien récent I (CL Rh., III, p. 125). La sépulture 274 (pithos lisse) est un peu plus éloignée. Elle avait comme mobilier extérieur une oinochoé rhodienne du vie siècle (ibid., p. 121) et la coupe laconienne 10.711 que Lane (BSA, 34, p. 166) date du premier quart du vie siècle.

16. Musée de Rhodes 10.591 a, sépulture 234 de Drakidis. Enterré à 2 m. 30 de profondeur, il contenait (CL Rh., III, p. 115) un alabastre

d'albâtre et une statuette de femme assise, semblable au n° 2129 de Lindos (I, pi. 96) que G. Blinkenberg place dans la période archaïque, au milieu du vie siècle. La sépulture 205 avec pithos lisse est assez près de la sépulture 234. Il contenait un aryballe avec guerriers portant des boucliers (ibid., pi. VII) semblable au 95. 43 de Ure, qui appartient au groupe c (Aryballoi, pi. VIII).

19. Musée de Rhodes BE 383, sépulture 83 de Marmaro. Sans mobilier. Il appartient à une nécropole plus récente que celles d'où,

viennent les précédents. C'en est d'ailleurs le seul pithos. Les aires d'incinération sont rares aussi. La plus riche, le n° 2, contient (CL Rh., VIII, p. 70) une hydrie laconienne du groupe III Β (Lane, BSA, 34, p. 143) du «Hunt painter», du deuxième quart du vie siècle, une coupe de Siana, une coupe de petit maître, toutes deux du milieu du vie siècle. L'aire d'incinération n°22 (Cl. Rh., VIII, fîg. 132) contient des fragments de vases du* Corinthien récent I, le n° 23, une coupe de Siana (ibid., fig. 133).

Voici1 donc les groupes de pithoi qui ont pu être datés :

Ialysos A. Groupe!: contemporain du Corinthien ancien. Groupe 2 : sans moyens de datation. Groupe 3 : les plus anciens pithoi datés (les n03 2 et 3) sont

contemporains du Corinthien ancien, mais le n° 1 leur est peut-être antérieur. A partir du n° 14 environ, les pithoi -sont contemporains du Corinthien récent I et les n08 17 à 22 dépassent légèrement le milieu du vie siècle.

Groupe 4 : sans moyens de datation. Par le style, ces pithoi semblent être contemporains des plus anciens exemplaires du groupe 3.

Groupe 5 : sans moyens de datation. Groupe 6·: sans moyens de datation. Parle style, semble être

contemporain des vases les plus récents du groupe 3.

Ialysos B. Groupes 1 et 2 : sans moyens de datation.

178 D. FEYTMANS

Comme je l'ai dit plus haut, les moyens de datation employés restent aléatoires, car certains pithoi ont dû être utilisés longtemps dans les magasins et les maisons avant de servir de sépultures, surtout les pithoi de Ialysos,car leur forme rationnelle et leur robustesse en faisaient essentiellement des vases d'usage commercial et ménager. Cela explique d'ailleurs leur exportation à Camiros et sur. les côtes d'Asie Mineure qui font face au rivage occidental de l'île de Rhodes. Je ne crois pas trop m'avancer.en disant que les pithoi rhodiens sont contemporains des vases corinthiens orientalisants,tout en débordant un peu, d'un côté vers le style de transition, de l'autre vers le Corinthien récent 11(1).

ORIGINALITÉ DES PITHOI RHODIENS

Nous avons vu plus haut l'originalité de chacun des centres de fabrication de l'île ; cependant, il ne faut pas perdre de vue que leurs pithoi ont entre eux beaucoup de points communs, tant pour la forme que pour le décor. Leur forme se distingue surtout par la dimension, la minceur relative du col et le découpage des cloisons.

Mais c'est surtout la décoration qui est originale : le col et la partie supérieure de la ■ panse sont décorés \ de bandeaux parallèles et serrés, de largeur sensiblement égale. Le décor est fait généralement de motifs trop petits et de trop faible relief pour les dimensions du vase. Enfin, les- représentations figurées ne l'emportent pas comme ailleurs sur la partie purement décorative (2). Au contraire, elle est mise exactement au même rang.

En somme, le décor a le défaut propre à la période géométrique et même orientalisante : celui de ne pas subordonner la partie décorative à l'élément humain, de préférer la profusion et la richesse à -la clarté et à la simplicité.

A côté de certains motifs de survivance ι préhistorique, on constate surtout l'emploi des lignes parallèles et brisées, des chevrons et des spirales qui sont employés. avec beaucoup de fantaisie. Au contraire, les méandres sont relativement rares.

(1) Je suis donc d'accord avec les dates proposées par P. Jacobsthal, Gôllingische Gelehrte Anzeigen, 1933, p. 1 et ss.

(2) Un fait prouve le caractère purement ornemental de celles-ci : elles sont parfois employées à l'envers (Athènes 5605) ou verticalement (Rhodes 13.450).

LES PITHOI A RELIEFS DE L'ILE DE RHODES 179

Les arêtes qui limitent ou séparent les motifs correspondent aux cercles concentriques sur les vases peints.

On n'a pas retrouvé jusqu'ici de pithoi entiers dans la partie orientale de la mer Egée. Il est donc difficile de les comparer aux pithoi de Rhodes au point de vue de la forme. Mais on connaît heureusement un certain nombre de fragments. En les comparant à la production rhodienne, on constate que c'est par la disposition des motifs plus que par leur dessin qu'ils diffèrent entre eux. Il y a des points de contact intéressants avec les pithoi d'Asie Mineure, ceux de Carie (W. R. Paton, Excavations in Caria, JHS, 8, 1887, p. 79, fig. 26, p. 71, fig. 10) et surtout ceux de Smyrne où la plupart des thèmes décoratifs de Rhodes se retrouvent- (F. et H. Miltner, Berichi iiber eine Vorunlersuchung , in All-Smyrna, Wiener Jahreshe fie, 27, Beibl.-, col. 171-174, fig. 85-86) (1). Il y a aussi beaucoup de points communs avec ceux des îles orientales de la mer Egée, par exemple avec Lemnos (Annuario, XV-XVI, p. 81, fig. 131, semble plus ancien) etThéra (H. Dragendorff, Theraeische Graeber, p. '79, surtout fig. 280, 281 et 282).

Il est plus rare de trouver des ressemblances avec les fragments de pithoi trouvés dans le reste des Cyclades. Citons . cependant quelques fragments trouvés à Délos (British Museum, 64.10.7.43 et 44, 84.12.13.56) et à Céos (British Museum 84.12.13.58: et 59), tandis que d'autres fragments trouvés aussi à Délos n'ont aucun point commun avec les pithoi rhodiens [BCH, 1947-1948, p. 465, fig. 41). Certains pithoi des Cyclades sont même proches des pithoi* béotiens (N. Condoléon, Παράστασις εκ της μυθολογίας της Δήλου, ΑΦΙΕΡΩΜΑ ΕΙΣ Κ. ΑΜΑΝΤΟΤ, ρ. 437).

Kinch {Vroulia, col. 40) et Blinkenberg (Lindos, col. 259) ont déjà fait remarquer la ressemblance qui existe entre certains pithoi de Gela (n° 21.211, Monumenli anlichi, XVII, pi. VII 3) et ceux de Lindos, ressemblance qui s'explique aisément puisque la ville sicilienne était une colonie créto-rhodienne, et, semble-t-il, . surtout lindienne. La colonie remonte à 688 (T. J. Dunbabin, The Western Greeks, p. 20), les pithoi du type de Lindos datent probablement du premier demi-siècle de. son existence. Les autres pithoi de Gela appartiennent à un type différent, peut-être crétois (NC, p. 5, n. 1).

Au contraire les pithoi de Crète n'ont rien de commun avec ceux de Rhodes (S. Marinatos, A. Dell., 15, p. 57-60, . Doro Levi, Early Hellenic

(1) Au contraire, les pithoi de Rhodes ne ressemblent en rien aux fragments de vase à reliefs, rehaussés de couleurs, trouvés à Sardes (G. Hanfmann, Horsemen from Sardis, AJA, 1945, p. 571-572).

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Pottery of Crete, 1945, pi. 30-32, et British Museum 74.4.5.1). Il y a rencontre plutôt que ressemblance avec les pithoi grossiers de Lindos par la forme trapue, et les anneaux en relief décorés qui encerclent la panse. Mais les larges zones de représentations figurées, les décors épais en reliefs sont bien différents de ce que l'on voit sur les pithoi de Rhodes.

En somme, le décor des pithoi rhodiens forme le chaînon intermédiaire entre celui des vases à reliefs de l'Asie Mineure et celui de la mer Egée, tout en ayant son originalité propre.

D. Feytmans.

ADDENDUM

En été 1950, M. Cook, directeur de l'École anglaise, a trouvé à Datcha plusieurs fragments de pithoi à reliefs de Rhodes. Il s'agit d'un fragment de pithos de Camiros, A, II, groupe 2 avec les motifs 1 et 2, et plusieurs grands fragments de Ialysos, A, groupe 4, faisant probablement partie d'un même vase. Sur le col, motif 1 et frise aux chevaux, sur la panse, motifs 1, 5 et 6, frise aux chevaux et un motif nouveau à Ialysos, le chevron à boucle inférieure (cf. Lindos, n° 9 et Camiros, A, II, groupe 1, n° 3). Je remercie vivement M. Cook de m'avoir communiqué ces renseignements.