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Les mines d’or de l’État Indépendant du Congo C’est la découverte de gisements aurifères en Rhodésie vers 1895-1896 qui attire l’attention des responsables de l’EIC, et le Comité Spécial du Katanga qui avait confié la prospection du territoire à la Tanganyika Concessions Ltd de M.R. Williams demande à celle-ci d’avoir une attention particulière sur d’éventuels gisements aurifères et sur la présence de diamant. Le gisement aurifère de Ruwe découvert en 1903 est composé d’un minerai auro-platinifère accompagné de vanadium. Une exploitation par lavage fut immédiatement mise en route, mais vu les difficultés de traitement du minerai et surtout l’éloignement des voies de communication, l’exploitation cessa rapidement et le gisement fut mis en réserve. Il faut souligner également l’importance primordiale donnée à l’époque à l’extraction du cuivre. Comme Josué Henry avait signalé la présence probable d’or dans la région du lac Albert, le géologue Dupont qui avait dirigé en 1887 les premières prospections au Congo, envoya les prospecteurs australiens Hannam et O’Brien dans cette région, où ils découvrirent en 1903 les mines de Kilo en Ituri et celles de Moto en 1906 dans l’Uele. Le prospecteur australien O’Brien

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Les mines d’or de l’État Indépendant du Congo

C’est la découverte de gisements aurifères en Rhodésie vers

1895-1896 qui attire l’attention des responsables de l’EIC, et le

Comité Spécial du Katanga qui avait confié la prospection du

territoire à la Tanganyika Concessions Ltd de M.R. Williams

demande à celle-ci d’avoir une attention particulière sur

d’éventuels gisements aurifères et sur la présence de diamant.

Le gisement aurifère de Ruwe découvert en 1903 est composé

d’un minerai auro-platinifère accompagné de vanadium. Une

exploitation par lavage fut immédiatement mise en route, mais vu

les difficultés de traitement du minerai et surtout l’éloignement

des voies de communication, l’exploitation cessa rapidement et le

gisement fut mis en réserve.

Il faut souligner également l’importance primordiale donnée à

l’époque à l’extraction du cuivre.

Comme Josué Henry avait signalé la présence probable d’or dans

la région du lac Albert, le géologue Dupont qui avait dirigé en

1887 les premières prospections au Congo, envoya les

prospecteurs australiens Hannam et O’Brien dans cette région, où

ils découvrirent en 1903 les mines de Kilo en Ituri et celles de

Moto en 1906 dans l’Uele.

Le prospecteur australien O’Brien

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Des placers furent mis en exploitation dès 1904 et les

prospections des années suivantes décelèrent une vaste région

aurifère s’étendant dans le bassin de l’Ituri et de ses principaux

affluents.

Dans ces régions, le minerai se compose de graviers aurifères qui

doivent être lavé dans des tables de lavage suivant la méthode du

sluicing.

Dès le début des prospections, l’attention des prospecteurs avait

été attirée par des filons de quartz, gîtes primaires de filons d’or,

mais leur exploitation exigeait des techniques coûteuses hors de

portée des moyens du jeune état et les exploitations furent

reportées à plus tard.

La production d’or de l’EIC peut être estimée par les

exportations de ce métal (en Kg) entre 1903 et 1908.

Année Production Valeur Main d’œuvre

-----------------------------------------------------------------

1903 5 Kg 15.000 Fr

1904 73 218.700

1905 146 468.272 328 travailleurs

1906 275 851.483 520 travailleurs

1907 476 1.571.325 1015 travailleurs 1908 216 703.988 1058 travailleurs

Chantier forestier. Creusement du gisement et transport des alluvions

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Déversement des graviers alluvionnaires dans le sluice de lavage

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Dans le passé du Congo

Avant 1400, les navigateurs européens connaissaient peu et très

mal les côtes atlantiques de l’Afrique et le cap Bajador était le

point le plus méridional de leur connaissance. Mais c’est au

quinzième siècle que les navigateurs portugais vont

progressivement construire des bateaux pouvant affronter la

haute mer et que, en 1434, le capitaine Gil Eanes reconnaîtra les

côtes de l’Afrique de l’Ouest en direction de l’Équateur. L’actuel

Sénégal et les îles du Cap Vert seront atteints vers 1441, la

Guinée neuf années plus tard et la Sierra Leone vers 1460.

En 1481, avec Diego Cam, ils envisageront de contourner

l’Afrique à la recherche de la route des Indes et

emporteront avec eux les pradaô, pierres monolithiques portant n

otamment l’écusson du Portugal, pour marquerles territoires déco

uverts.

L’embouchure du fleuve Congo sera atteinte en 1483 et trois

années plus tard, les Portugais arriveront en Afrique du Sud.

Inscriptions de Diego Cam sur des affleurements rocheux de la rive

gauche du fleuve en amont de la ville de Matadi.

Tout au long de cette période, et ensuite, les Portugais établiront

des contacts avec les populations locales, créeront des comptoirs

et introduiront sur la côte ouest de l’Afrique toute une série de

plantes alimentaires provenant des territoires découverts dans les

régions chaudes du continent américain, Le commerce

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triangulaire de la traite des Noirs débute également à cette

époque de même que l’introduction de la religion catholique.

Il est difficile de résumer l’histoire de ces quelques siècles en

quelques phrases, mais précisions que cette période portugaise

fut suivie au 17e siècle par une période hispano-hollandaise (les

19 provinces) avec l’introduction des compagnies à charte,

période suivie elle-même au siècle suivant par une période

anglaise avec une multiplication des compagnies à charte, avec

l’arrêt programmé de la traite des Noirs au début du 19e siècle

mais qui ne sera effective, sur la côte ouest, qu’au troisième quart

du siècle. La France, autre puissance maritime apparaît

sporadiquement durant ces périodes et plus particulièrement,

comme l’Allemagne, durant la seconde moitié du 19e siècle, avec

l’introduction du protestantisme. Enfin, les Belges déjà présents

avec quelques missionnaires durant la période hispano-

hollandaise réapparaîtront à nouveau en fin de 19e siècle.

On ne connaîtra donc les côtes de l’ouest africain, les populations

qui les habitent, l’organisation sociale et les mœurs de celles-ci

que par les écrits, les cartes et les commentaires des navigateurs,

des missionnaires et des rares voyageurs de l’époque. Il faut surtout citer parmi ces écrits, le livre du Dr. O. DAPPER,

écrit en néerlandais en 1667, qui est une compilation de

nombreux écrits antérieurs, et dont la traduction française a été

publiée vingt ans plus tard à Amsterdam chez l’éditeur Wolfgang

Waesberg, Boom & Van Sommeren sous le long titre suivant :

Descriptions de l’Afrique contenant les noms, la situation et les

confins de toutes les parties, leurs rivières, leurs villes et leurs

habitations, leurs plantes et leurs animaux, les meurs, les

coutumes, la langue, les richesses, la religion et le

gouvernement des peuples avec des cartes des états, des

provinces et des villes, avec des figures en taille-douce qui

représentent les habits et les principales cérémonies des

habitants, les plantes et les animaux les moins communs. À titre d’exemple, voici la description qu’il fait de trois

royaumes, dont les deux derniers constituant une partie du Bas-

Congo actuel.

Du royaume d’ANSICO et des JAGOS Le géographe Pigafetta donne pour bornes à ce royaume la

rivière d’Umbre qui se jette dans le fleuve Zaïre, avec le royaume

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de Wangua, à l’ouest le pays des Amboës qui sont voisins de

Loango, au nord quelques déserts de la Nubie et au sud les

provinces de Songo et de Sunde qui font partie du royaume du

Congo. Jarrik étend ce pays de Cacongo jusqu’en Nubie sans parler de ses limites à l’est et à l’ouest.

On y trouve deux sortes de bois de santal, du rouge et du blanc ;

de ce dernier, qui est le plus estimé, les habitants se font un

onguent pour se frotter le corps et se conserver la santé ; après

l’avoir réduit en poudre et mélangé avec de l’huile de palme. On

y trouve également des mines de cuivre et, de là, on amène à

Congo des rhinocéros, des lions et d’autres bêtes féroces.

Les habitants sont les Ansicos et les Jagos, personnes

vigoureuses et lestes ; à les voir grimper les montagnes on les

prendrait pour des chèvres. Ces gens se soucient peu de la vie, ce

qui les rend intrépides dans leurs entreprises. Ils sont francs et ne

connaissent pas la fourberie, mais leur brutalité qui les rend

suspects aux Européens fait que ceux-ci n’osent pas entrer en

commerce avec eux. Ils se repaissent de chair humaine et

possèdent des boucheries publiques où, au lieu de bœuf et de

mouton, on voit pendre des membres de corps semblables aux

leurs. Ils croient que la qualité d’ennemi suffit pour autoriser

cette barbarie et qu’on a le droit de disposer de ses esclaves

comme de ses bêtes. Ainsi, quand ils ne peuvent pas vendre leurs

prisonniers de guerre, ils les engraissent, les tuent et les mangent.

Il se trouve même des esclaves qui s’offrent à leurs maîtres pour

être égorgés et leur servir de nourriture. Le père se repait sans

horreur de la chair de son fils, les frères et les sœurs se mangent

réciproquement. C’est la raison pour laquelle ils n’enterrent point

leurs morts, le ventre des vivants leur sert de sépulture et on les

mange dès qu’ils ont rendu le dernier soupir. Les gens du

commun, hommes et femmes, sont nus vers le haut, depuis la

ceinture et ne portent pas de chaussures; mais ceux qui

souhaitent se distinguer portent des bonnets rouges ou noirs en

velours du Portugal avec de longues robes de soie ou de drap. Ils

prennent autant de femmes qu’ils souhaitent mais ne se mettent

pas en peine de nourrir leurs enfants ; il existe des mères si

cruelles qu’elles les tuent et les mangent dès qu’ils sont nés. Ils

n’ont ni champs, ni héritages, ni demeures fixes et voyagent d’un

lieu à un autre comme les Arabes ; ils ne sèment rien ni ne

moissonnent et ne vivent que de vol et de carnage.

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Leur langue, qui est barbare comme eux, ne peut être apprise par

les habitants du Congo, mais ils peuvent apprendre, quant à eux,

la langue du Congo. Leur monnaie (les simbos) consiste en une

espèce de coquillage qu’on pêche à Luando dans le royaume

d’Angola, d’où ils les importent avec du sel, de la soie, des

verres, des couteaux et d’autres marchandises qu’ils échangent

contre des esclaves de Nubie et de leur pays. Les armes sont des

arcs petits mais solides et, pour les renforcer et les tenir de

manière plus ferme, ils les couvrent de peaux de serpent. La

corde est un rejeton d’arbre, semblable au roseau, souple, mince

et qui ne rompt jamais. Leurs flèches sont courtes, légères et d’un

bois extrêmement dur ; ils les tiennent à la main en bandant leur

arc et les tirent avec tant de rapidité qu’ils peuvent en tirer 28

avant que la première ne tombe sur le sol, avec une adresse telle

qu’ils sont capables de ter un oiseau à la volée Ils ont des haches

de guerre qui servent à deux usages, l’un des bouts étant aigu et

tranchant comme une cognée et l’autre plat comme un marteau ;

le manche qui est enchâssé au milieu est moitié plus court que le

fer ; le bout est arrondi comme une pomme et est garni d’une

peau de serpent. Ils se protègent du plat de leur hache comme

d’un bouclier et remuent cet instrument avec tant d’agilité qu’ils

peuvent parer à toutes les flèches des ennemis. Ils portent

également des poignards, enfermés dans des fourreaux de peaux

de serpents, soutenus par des baudriers d’ivoire larges de trois

doigts et épais de deux. Leurs boucliers sont en bois couvert

d’une peau de Dant (?)

Le soleil est leur dieu souverain, ils le représentent sous la figure

d’un homme alors que la lune est représentée sous l’image d’une

femme. En plus de ces deux astres, ils adorent une infinité

d’autres idoles, chacun a la sienne ; ils leur font des sacrifices

lorsqu’ils partent en guerre, les consultent dans les entreprises

dangereuses et, on prétend que le démon leur répond et leur

enseigne ce qu’il faut faire.

Le souverain d’Ansico commande à treize royaume et passe pour

le plus puissant prince de toute l’Afrique ; on le nomme le grand

Asacoco. Les Jagos sont les plus cruels des anthropophages ; ils

ont eu trois généraux qui commandaient chacun une armée, le

premier s’appelait Singo, le second Cobak et le troisième

Cabango.

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Actuellement (1667) on ne trouve presque plus d’anciens Jagos

et la plupart sont originaires du pays qu’ils habitent aujourd’hui.

La raison en est que lorsqu’ils ont gagné une bataille, ils

choisissent les plus jeunes et les mieux faits des prisonniers et les

mettent à l’épreuve en tirant contre eux comme contre une cible,

de sorte que les flèches entourent la tête. Ils tuent et mangent

ceux qui montrent de la peur, mais ceux qui font montre

d’intrépidité, ils leur percent le nez et les oreilles, leur arrachent

deux incisives de la mâchoire supérieure et les accoutument si

fort à la barbarie qu’ils surpassent bientôt leurs maîtres en

cruauté. On trouve de ces Jagos presque dans toute l’Afrique,

mais plus principalement dans cette contrée d’Ansico et dans le

sud-est de l’Angole. Si l’on en croit les vieillards de l’Angola, les

Jagos sont des étrangers qui se sont habitués dans ces régions. On

prétend qu’il y a très longtemps, ces peuplades sortirent de la

Sierra Leone et conquirent toute la côte jusqu’au royaume de

Bengualla. Mais leurs conquêtes les affaiblirent et, ne s’estimant

plus capables de retourner chez eux en forçant les passages, ils

prirent une autre route et, s’enfonçant davantage dans le pays

jusqu’aux confins du Monocopama, ils furent vaincus par les

habitants de ce pays et mis en fuite. C’est ainsi qu’ils furent

forcés de rester dans les provinces d’Ansico et autour d’Angole.

Malgré le témoignage de ces vieillards, il existe des personnes

incrédules mettant cette histoire en doute et disant qu’il n’existe

pas d’évidence que tant de personnes soient sorties ensembles de

Sierra Leone ni que celles-ci aient conquis en si peu de temps un

espace de six à sept cent lieues, peuplé de tant de nations

différentes, gouvernées par de puissants chefs comme ceux

d’Anler, du Benin et de Louango et entourés d’une infinité de

rivières et de montagnes.

Du royaume de Cacongo Ce royaume est bordé à l’Ouest par la mer et au Nord par la

rivière de Louango-Louise qui se trouve à quatre degrés et demi

de latitude Sud. Du côté du Sud et du Sud-Ouest, il touche au

royaume de Goi et à la rivière Sonho. Il s’étend vers l’Est aussi loin de la côte jusqu’à deux journées de marche

au-delà de la capitale qui se trouve à quelques milles de l’océan.

Cette capitale est une ville bien bâtie dont la situation est fort

agréable et où les provisions sont abondantes.

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Carte de Jean-Baptiste Bourguignon d’Anville géographe français,

(1697-1782) copiée par C. Perron, indiquant les royaumes de Cacongo,

de Goi, les différentes provinces du Royaume du Congo et d’autres

royaumes limitrophes. On s’aperçoit aux détails de la carte que

certaines régions sont connues sans avoir été visitées, ainsi, sur cette

carte, le Kwango se jette dans le fleuve Congo alors qu’il se jette en

réalité dans le Kasaï et le lac Aquilunda (lac Yanga-cula) aujourd’hui)

présenté sur son cours est en réalité sur un affluent. La terminologie

utilisée dans la description est celle des pays européens de

l’époque (royaume, marquisat, comté, duché…).

La côte de Cacongo, du Sud au Nord, jusqu’à Loango-Louise est

basse et longue d’une vingtaine de lieues puis commence à

s’élever. Dans les terres de Cacongo, au-delà de cette élévation,

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en un lieu appelé Grand Cascais par les habitants, la région est

très élevée. À une lieue de cet endroit, vers le Sud, se trouve une

petite rivière qui se jette directement dans la mer. Le fleuve de

Cacongo baigne tout le pays et après un trajet de 25 à 30 lieues, il

se jette dans l’océan vers le 5e degré de latitude Sud. À quatre

lieues de là, sur la côte, on trouve le village de Malemba où la

mer forme un golfe présentant une bonne rade pour les vaisseaux.

Le territoire se trouvant aux alentours est appelé petit Cacais, il

est peu élevé et s’étend jusqu’à la baie de Cabinda située à 5° 24’

de latitude Sud entre les rivières de Cacongo et de Zaïre environ

à mi-chemin de l’une et l’autre. La côte qui se trouve entre ces

deux fleuves est pleine d’écueils et fort dangereuse ; c’est le long

de cette côte que se trouve le royaume de Goy.

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Le pays se trouvant entre la capitale de Cacongo et la rivière de

Sombo est montagneux et forestiers et rapporte peu car il n’est

pas cultivé partout. Les habitants y sont presqu’aussi nombreux

qu’à Loango. Ce sont des gens fourbes, traîtres, parjures,

inquiets, querelleurs et, en même temps, lâches et poltrons.

Aussi, ceux de Goy remportent presque toujours l’avantage et si

le roi de Louango ne s’en mêlait pas, ils feraient un méchant parti

à ceux de Cacongo.

Outre l’agriculture et le pêche, les Cacongos s’adonnent au

commerce. Ils vendent certaines petites pièces d’étoffe appelées

kuffen-bladen par les Hollandais, des bonnets noirs faits à

l’aiguille, des haches et autres instruments en fer, du tabac, de la

poudre de bois rouge, de la toile et d’autres marchandises qu’ils

vont vendre à Congo, Sonho et ailleurs, ou qu’ils échangent

contre des esclaves. Les Portugais et les Hollandais y trafiquent

les mêmes marchandises qu’à Louango ; mais on n’est pas obligé

d’y faire autant de présents pour obtenir la liberté de commerce.

C’est à Malemba que se fait le plus grand négoce.

Les mœurs, la religion et le gouvernement sont identiques à ceux

observés à Louango.

On observe, que le roi de Cacongo, en vertu d’une certaine loi,

n’ose toucher aucune marchandise européenne et que les deux

rois de Cacongo et de Louango ont postés des gardes sur la

rivière Sonho, chacun de leur côté, pour faire payer des droits de

passage et veiller à la sureté de leurs royaumes respectifs. La

province de SERRI est située sur la rive méridionale de cette

rivière et dépend de Cacongo, mais le roi la fit saccager et le

dépeupla à cause d’une rébellion des habitants. Aux confins du

royaume de Goy, se trouve la province de Lemba du nom de sa

principale localité. C’est un endroit près duquel se trouvent des

mines de cuivre, ce qui fait que les Européens viennent s’y

fournir en ce métal, comme également en ivoire et en esclaves, le

pays produisant des haricots pour les nourrir.

Du royaume de Goy. Ce pays est limité par la mer à l’Ouest, par le fleuve Zaïre au Sud

et par les terres de Cacongo à l’Est et au Nord. La capitale du

pays s’appelle également Goy, elle est située sur la côte, assez

bien peuplée et agréable. Sur le fleuve Zaïre se trouve un cap

nommé Punto de Palmarinho par les Portugais. Le golfe de

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Cabinda où les navires portugais faisant route vers Luando S.

Paulo viennent se réfraîchir possède une bonne rade dans laquelle

on trouve assez de provisions à bon marché ; c’est un endroit

commode pour mettre pied à terre et se fournir en eau et en bois,

après avoir donné un présent au gouverneur de la place. Les

portugais y ont un magasin pour stocker certaines étoffes qu’ils

nomment pamos sambes et qu’ils transportant à Louango. En

échange de ces étoffes que seuls les habitants de goy fabriquent,

les portugais leur apportent les plus beaux bois rouges de

Majumba et des marchandises d’Europe.

En 1631, le chef de Sonho entra avec son armée dans le pays de

Goy, en chassa le chef et le remplaça par son propre fils. Ce

dernier, aussi vaillant que son père, aida celui-ci à remporter

plusieurs victoires sur le roi de Cacongo et à saccager la ville

capitale de ce dernier. Depuis cette époque, le chef de Sonho, les

rois de Goy, de Cacongo et de Louango vivent en bonne

intelligence.

Le roi du Congo s’attribue la souveraineté des royaumes de Goy

et de Cacongo, mais les chefs qui commandent ces régions ne

sont pas d’’accord et agissent en maîtres absolus dans leurs

propres royaumes. Le royaume de Goy est un assez bon pays où

les millets et les fèves poussent facilement, où les rivières sont

très poissonneuses. Mais les gens y sont très méchants, insultent

les étrangers et, bien que le pays soit petit, ils ne se lassent pas de

faire les fiers et de braver leurs voisins.

C’est à peu de choses près la situation que trouveront les

premiers explorateurs du 19e siècle sauf qu’on peut observer sur

le littoral des factoreries portugaises, anglaises, hollandaises et

françaises qui font du troc avec les populations locales en les

rétribuant principalement en mauvais alcools (genièvre, gin et

rhum), avec de la poudre et des armes à feu déclassées en

Europe. Les missions catholiques sont toujours présentes

également mais tout cela reste relativement groupé comme

l’explique le factorier Jeannest dans son livre. Ce ne sont pas les

factoriers qui se déplacent pour le commerce, mais des caravanes

qui viennent de l’intérieur du pays avec de l’ivoire, des produits

de leur travail et même des esclaves Les cartes restent

approximatives et la cartographie de l’Afrique centrale va

devenir un des travaux importants des officiers belges engagés

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dans l’État Indépendant du Congo par Léopold II, après avoir fait

un stage au service cartographique de l’armée. Sinon le

géographe Elisée Reclus qui est assez élogieux, on parle peu du

travail exceptionnel qu’ils ont effectué dans des conditions

matérielles difficiles et bien souvent avec la boussole comme

seul instrument de travail. Les cartes suivantes sont des extraits

relatifs au Bas Congo des cartes générales du Congo réalisées fau

terme du 19e siècle.

Sur les cartes anciennes, les rivières étaient représentées de

manière assez rectiligne et souvent perpendiculaire au littoral ou

au fleuve ce qui est l’évidence d’une mauvaise connaissance du

terrain, il y avait peu de localités représentées et les distances

étaient évaluées en journées de marche. D’autre part les normes

de représentation géographique n’étaient pas encore bien établies

et les unités de mesure étaient différentes suivant les pays.

Le tracé correct des rivières était primordial car celles-ci

constituaient les seules et els plus sûres voies de pénétration à

l’intérieur. Ces relevés seront bien souvent accompagnés d’un

carnet de notes qui constitue le premier regard et la première

description de régions méconnues.

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Cette première carte de l’État Indépendant du Congo représente les

principales localités et les missions ainsi que l’orographie dans un

cadre géographique précis, ainsi que les réalisations des hommes

(chemin de fer) réalisées et à réaliser.

Cette seconde carte topographique rudimentaire montre les courbes de

niveau (500 et 1000 mètres) ainsi que la répartition des zones

forestières.

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Cette troisième carte indique le trajet, le nom du premier explorateur et

la date des premières explorations dans le Bas Congo et sur le Kwango.

Pour la partie du Congo Brazzaville rétrocédée à la France, les noms

des explorateurs ont été groupés près de la localité de Loudima sans

indiquer leurs trajets ni les postes créés. Évidemment, tout le Congo a

été étudié de cette manière pour aboutir à une connaissance

géographique inégalée jusqu’alors. La perfection du travail a été

confirmée un siècle plus tard par les photographies des satellites.

Beaucoup de tombes de ces pionniers jalonnent les trajets qu’ils ont

couverts.

On ne peut pas aborder, comme le font certains et la plupart,

l’histoire du Congo sans avoir, comme socle, la connaissance des

écrits allant de Pigafetta (1591) à .Monthaye, Thonner, Van

Goëtzen ou Tardieu (1899), avec leurs similitudes et leurs

contradictions et faire la part des choses, honnêtement, entre ce

qui a été vu et ce qui a été imaginé. La liste suivante d’ouvrages,

qui n’est peut-être pas exhaustive, semble néanmoins une base

indispensable à la connaissance du passé de cette région.

Bibliographie chronologique relative au Congo avant le

XXe siècle

*Relatione del reame di Congo et delle circonvicine contrade

tratta dalli scritti et regionamenti di Edouardo Lopez portoghese

per FILIPPO PIGAFETTA 1591 *Kerckelycke historie van de gheheele, naemelyck van de voor

gaende en de teghenwoordighe eeuwe … vervattende de

historien te weten van Abassien, Angola, Congo … HAZART

Cornelius 1668 *Viaggio del P. Michael Angelo de guattini et del P. Dioniggi de

Carlipredicttori & missionai apostollici del reguo del Congo.

Descritto per lettere del P. Guattini com una fedele narratinddelli

paesi del Congo del detto P. Dioniggi. GUATTINI MICHELANGELO, CARLI DIONIGGI,

VODRETTI PROSPERO 1672 *Relation curieuse et nouvelle d’un voyage de Congo fait les

années 1666 et 1667. R.P. MICHEL ANGE DE GATTINE et

DENIS DE CARLI DE PLAISANCE 1680 *Description de l’Afrique contenant les noms, la situation et les

confins de toutes les parties, leurs rivières, leurs villes et leurs

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habitations, leurs plantes et leurs animaux, les moeurs, les

coutumes, la langue, les richesses, la religion et le gouvernement

des peuples. O. DAPPER 1686 *Istorica descrittione de tre regni Congo, Matamba et Angole

situati nell’Ethiopia inferiore occidentalee delle missioni

apostoliche esercitateul da religiosi Capuccini CAVAZZI DA

MONTECUCOLLE, GIOVANNI ANTONIO,

ALAMANDINI FORTUNATO 1687 *Aanmerkelijke en geheugenis scheeps-togt van Eduardo Lopez

portugees gedaan na ‘t vermaarde koningkrijk in Africa, anno

1578. Bevattende een curieuse beschrijving van ‘t secue , nevens

de landen van Angola, Loango, Batta, en meer andere. VAN

DER AA PIETER, LOPEZ DUARTE 1706 *Relazioni del Viaggio o mission di Congo nell’Etiopia inferior

occidentale. BARTOLOMEO GIOVANNA 1712 Breve e succinta relazione del viaggio del regno di Congo

nell’Africa meridionale, fatte del P Gironalo Morella de

Berrento. ZUCHELLI ANTONIO, GIOVARINA

BARTOLOMEO 1726 *Relations historiques de l’Ethiopie occidentale…des royaumes

du Congo, Angolle et Matamba. CAVAZZI DA

MONTECUCOLLE, GIOVANNI ANTONIO 1732 *L’Afrique dressée par les actions les plus récentes et rectifiée

sur les dernières observations. J-B. NOLIN 1775 *Anecdotes africaines depuis l’origine ou la découverte des

différents royaumes qui composent l’Afrique jusqu’à nos jours.

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PROYART, LIÉVIN-BONAVENRURE 1776 *Bibliothèque universelle des dames T 20. (Lettres XXXVI-

XLVI : Abyssinie, Monomotapa, Congo, Guinée, Nigritie)

XXX 1785 *Illustrations de voyage à la côte occidentale d’Afrique fait dans

les années 1786-1787. M. Le VILAIN, N. COURBE 1801 *Voyage à la côte occidentale d’Afrique dans les années 1786-

1787. De GRANDPRÉ, OHIER L.M.I. 1801 *Relation d’une expédition entreprise en 1816 sous les ordres du

capitaine J.M. Tuckey. A. J-B. DEFAUCONFRET 1818 *Abrégé de l’histoire générale des voyages Tome 4. J.F. LA

HARPE 1825

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*Voyage au Congo et dans l’Afrique équinoxiale fait dans les

années 1828, 1829,1830. J-B. DOUVILLE 1832 *Ein Beauch in San Salvador, der Hauptstadt des Königreichs

Congo : ein beitrag zur mythologier und psychologie. BASTIAN

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1865 to his death. LIVINGSTONE D 1874 Angola and the river Congo. MONTEIRO JOACHIM JOHN

1875 *Au Cœur de l’Afrique (1868-1873) Voyages et découvertes

dans les régions inexplorées de l’Afrique centrale.

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BANNING E. 1878 *The achievements of Stanley and other african explorers : ….

HEADLEY J. T. 1878 Skizzen aus Westafrika. LENZ O. 1878 (traduit en français

sous le titre Esquisse de l’Ouest africain, en 1886) *À travers le continent mystérieux : … STANLEY H. M. 1879 *Dictionnaire Français-Kiswahili. DUTRIEUX P. 1880 *Im reich des Mwata Yamvo. POGGE P. 1880 *Correspondance d’Afrique. WARLOMONT C. 1880

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being a contribution to the syntax of the Congo tong.

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WEYR 1884 *A visit to Stanley’s rear-guard: at major Bettelota camp of the

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WERNER J. R. 1884 *La question portugaise du Congo par devant le droit public de

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BLAISE 1885 *Die bewirschaftung trop. Gebiete. PECHUEL-LOESCHE M.

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d’Anvers BERNARDIN M. 1885

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*Souvenir d’une exploration dans l’Afrique intertropicale.

DUTRIEUX P 1885 *Les Belges dans l’Afrique centrale. Tome 2. CH. De

MARTIN DONOS 1886 *Herrn Stanley partisan. PECHUEL-LOESCHE M. E. 1886 *Le capitaine Hanssens en Afrique. COQUILHAT C. 1886 *Reisenn in sudlichen Congobecken. FRANCOIS C. 1886 *Rapport du comité d’études sur la question du Congo. SRBII

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BECKER J. 1887 (2 volumes) *Le Congo belge illustré ou l’État Indépendant du Congo sous la

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voyage du Dr. Böhm R.) *Le partage politique de l’Afrique d’après les transactions

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1888 *In Innern Afrika. FRANCOIS C. 1888 *De l’incompétence des tribunaux nationaux à l’égard des

gouvernements étrangers et de la situation spéciale de l’

État du Congo en Belgique DE CUVELIER 1888 *La civilisation africaine de 1876-1888. Étude historique et

critique de la civilisation africaine, de l’organisation intérieure et

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de l’économie politique de l’État Indépendant du Congo.

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MARRY) *Lettres sur le Congo. Récit d’un voyage scientifique entre

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1889 *O Congo : seu passado, presente e futuro. DE SOUSA

BARROSO, ANTONIO JOSÉ 1889 *L’Afrique centrale et le Congo Indépendant belge. DE

BURGGRAEVE 1889 *La traite des Nègres et la croissance africaine ALEXIS G.M.

1889 *La barbarie africaine et l’action civilisatrice des missions

catholiques au Congo et dans l’Afrique équatoriale.

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des études. Rédaction de l’avant-projet. XXX 1889 *The Congo railway from Matadi to the Stanley-Pool. XXX

1889 *Les Congolais, leurs mœurs et usages. Histoire, géographie et

ethnographie de l’État Indépendant du Congo.

ALEXIS M.G. 1890. *Reisen in Kongoland. BUTTNER 1890 *In darkest Africa on the quest, rescue and retreat of Emin,

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Zambesi. Von WISSMANN H. W. 1890 *Les lacs de l’Afrique équatoriale, voyage d’exploration exécuté

de 1883 à 1885. GIRAUD V. 1890 *Stanley in tropical Africa: … SMITH R. 1890 *Henry M. STANLEY …. KERFYZER E. 1890 *Les mystères du Congo. NIREP A., de GRAEF G. 1891 *My second journey through equatorial Africa from the Congo to

the Zambesi in the years 1886 and 1897.

Von WISSMANN H. 1891

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*Essai sur la langue congolaise (Iboko). CAMBIER P. 1891 *Reise in Afrika. JUNKER G. 1891 (3 volumes) *My life with Stanley’s rear-guard. WARD H. F. E. 1891 *La question sociale en Belgique et le Congo. De RAMAIX M

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l’expédition Stanley. CASATI G 1892 *Le climat de Banana. ETIENNE E. 1892 *Le Mayumbe. VAN DEN PLAS J.D. 1892 *Le Congo et le travail de l’ivoire en Belgique. GIELEN J.

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*Le voyage de mon fils au Congo. De CRUZOT d’UZÈS,

MORTEMART M.A. 1894 *Le Congo. Essai sur l’histoire religieuse du Congo depuis sa

découverte en 1484 jusqu’à nos jours. EUCHER P 1894 *Les formations post-primaires du bassin du Congo CORNET

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DURAND, H. SCHINZ 1895 *Le climat de l’État Indépendant du Congo ALLART J.B.

1895 *Deux années de résidence chez le sultan Rafai. Voyage et

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RYHOVE C. 1895 *Les propos du Duc de Brabant à Léopold l’Africain.

CHARBONNIER A. 1895 *The river Congo from its mouth to Bolobo, with a general

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XXX 1895 *L’œuvre du roi au Congo, son passé, son présent, son avenir.

D’URSEL H 1895 *Le Congo du point de vue économique A.J. WAUTERS

1896

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*Suppression of the african slave trade. DUBOIS W.E.B.

1896 *En Congolie. E. PICARD 1896 *Rapport sur un voyage agronomique autour du Congo

LAURENT E. 1896 *État Indépendant du Congo.. Justice répressive. Justice

ordinaire. XXX 1896 *La reprise du Congo. CARLIER J. 1896 *Chez les Abarambos. Ce que devient l’Afrique mystérieuse.

NYS F 1896 *Soldats et missionnaires au Congo de 1891 à 1894. ALEXIS

M.G. 1896 *Traité méthodique de géographie du Congo F. GOFFART

1897 *La chute de la domination des Arabes au Congo. HINDE S. L.

1897 *The Fall of the Congo Arabs. HINDE S. L. 1897 *Africaines. Contribution à l’histoire de la femme en Afrique.

LEMAIRE C. 1897 *Guide de la section de l’État Indépendant du Congo à

l’exposition de Bruxelles-Tervueren en 1897. LIEBRECHTS

Ch., MASUI Th. 1897 *Le commerce de l’État Indépendant du Congo. POURBAIX

V. 1897

*Manuel du voyageur et du résident au Congo : notions de droit.

DONNY A. E. 1897 *L’art militaire au Congo. MUQUARDT 1897 *Analyses chimiques de trente terres du Haut Congo

CARPIAUX E. 1897 *Observations sur les terrains anciens du Katanga. CORNET J.

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CATTIER F. 1898 *Illustrations de la flore du Congo. DE WILDEMAN E. ,

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*Étude sur la flore de l’État Indépendant du Congo. DURAND

T, SCHINZ H. 1898 *Reliquae Dewevrianae. DE WILDEMAN C. 1898-1901 *The Congo State or the growth of civilization in Central Africa

BOULGER D.C. 1898 *The land of the pigmies. BURROWS G. 1898 *Missions catholiques et protestantes au Congo. VAN

STRAELEN C. 1898 *Au Congo. Impressions de voyage. VERHAEGEN P. 1898 *Le chemin de fer du Congo. TROUET L. 1898 *Les aptitudes colonisatrices des Belges et la question coloniale

en Belgique. De HAULEVILLE A. 1898 *Henry Beck de la Compagnie de Jésus, missionnaire au Congo

belge. PEETERS P. 1898 *L’État Indépendant du Congo A.J. WAUTERS 1899 *L’âge de pierre au Congo X. STAINIER 1899 *Formation et constitution publique de l’État Indépendant du

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1900 *Die domanial und landpolitik des Kongo-Staates ANTON

G.K. 1899 *Formation et constitution de l’État Indépendant du Congo

BLANCHAARD G. 1899 *Au Congo belge MILLE Pierre 1899 *D’Anvers à Léopoldville par le chemin des écoliers, mon

journal de bord. MONTHAYE E 1899 *Dans la grande forêt d’Afrique centrale, mon voyage au Congo

et à la Mongala en 1896. THONNER F 1899 *L’État Indépendant du Congo : historique, géographie physique,

ethnographie, situation économique, organisation politique. A.J.

WAUTERS 1899 *Civilisation et colonisation au Kwango XXX 1899 *Durch Afrika von Ost nach West. Resultate und begebenheiten

eine reise von der Deutsch-Ostafrikanischen Kiëste bis zu Kongo

mündung in den jahren 1893-1894. VON GOETZEN G. 1899 *Le paysage au Congo. TARDIEU C. 1899 *Heures africaines. L’Atlantique. Le Congo. VANDRUNEN J.

1899

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Histoire oubliée qui nous apprend plein de

choses

Les textes qui suivent sont la traduction libre d’articles parus en

1875 dans le St. Helena Guardian et qui parlent tous deux de la

même expédition militaire de la marine anglaise à l’embouchure

du fleuve Congo. Le premier semble être un texte officiel alors

que le second semble être plutôt le récit d’un des participants.

Au début de l’année 1875, le bateau anglais Geraldine s’est

échoué sur un banc de sable dans l’estuaire du fleuve Congo et

fut complètement pillé par des autochtones. Au cours de

l’attaque, quatre membres d’équipage qui défendaient le navire

furent tués.

Une expédition punitive fut organisée suivant les instructions de

l’Angleterre au début de mois d’août et le bateau Spiteful fut

envoyé dans l’estuaire pour y cartographier les différentes

criques. Le 30 août, les bateaux suivants furent envoyés dans

l’estuaire du fleuve pour y procéder au remorquage : le Supply,

le Foam, l’ Ariel, l’ Encounter, le Spiteful et l’ Active. Le

lendemain matin vers 6 heures, les équipages de ces trois derniers

entrèrent dans la crique Chango pour y procéder au remorquage

et après 4 miles, le chemin conduisant à Chango fut atteint et

150 marins, sous le commandement du Capitaine Bradshaw

furent débarqués et conduits par des guides indigènes pour

attaquer le repaire des « pirates ». Trois villages furent détruits

bien qu’aucun ennemi ne fut rencontré, alors que leur présence

s’était manifestée par un feu nourri en provenance de la forêt

dense proche.

Le commodore Heiwett accompagné de son staff prit la direction

de la crique et le 2 septembre, les canons des plus gros bateaux

ouvrirent le feu sur plusieurs villages de la rive nord du fleuve.

Des marins débarqués y découvrirent, dans des huttes privées,

des restes de marchandises pillées. L’ennemi continua à tirer au

départ de la forêt mais personne ne fut touché. Tous les villages

de la rive nord furent détruits jusqu’à la crique Melilla. Le

lendemain, le Commodore fit ouvrir le feu sur d’autres villages et

à l’arrêt des tirs, des marins accostèrent et continuèrent leur

marche à travers une région couverte de cultures prospères, ils

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brûlèrent tous les villages sur leur chemin jusqu’à leur arrivée à

une localité plus importante, Armanzanga qui fut complètement

détruite alors que les habitants réfugiés dans la forêt tiraient sur

les incendiaires. Le travail terminé, le capitaine Bradsaw et ses

hommes rejoignirent leur bateau.

Le 4 septembre au matin, le Spiceful et l’Encounter allèrent plus

avant dans l’estuaire alors que le Merlin et les autres bateaux se

dirigèrent vers Punta da Lena où Sir William Heiwett donna 48

heures au chef de la cité pour lui délivrer les assassins du

Geraldine. Cette demande n’ayant pas eu de suite, le 7

septembre, sous le feu nourri des indigènes, la place fut investie

et détruite par le feu avec ses environs. Le 8 septembre, tous les

bateaux retournèrent vers la rive nord vers la position supposée

de la cité Manuel Vacc où les marins accostèrent protégés par des

tirs des bateaux. La ville avait été désertée et elle fut totalement

détruite. Après un repos le 9 septembre, le 10, les bateaux

entrèrent dans la crique du nom de Sherwood où le chef local

vint à bord du Marlin comme le fit également un autre chef du

nom de Myanzia. Ayant été informé que les Anglais n’étaient pas

venus pour faire la guerre mais pour punir les mauvais, ceux-ci

retournèrent rassurés.

Le 11, les hostilités continuèrent avec des hommes du Spiceful

sous les ordres du Commander Medlycott contre une cité appelée

Polo Bolo qui fut détruite alors qu’un marin fut grièvement

bléssé. Le 12 septembre accompagné de 3 bateaux, le

Commodore Heiwett se dirigea vers un endroit appelé Emboma

situé à 73 miles de l’estuaire du fleuve où le 15, il organisa une

palabre avec sept chefs apparemment satisfaits du travail qui

avait été effectué et affirmant que le commerce sur le fleuve

prospérerait certainement quand on connaîtrait la nouvelle que

les marchands pacifiques peuvent à nouveau circuler sur le

fleuve sans risque pour leur vie et leurs biens.

Le 17 septembre, Sir Heiwett redescendit le fleuve. Ainsi se

termina ce qui pouvait être considéré comme une expédition

réussie.

Un autre correspondant décrit la fatigue des marches comme

étant « terrible ». Souvent sur de longues distances, dans la boue

atteignant parfois les genoux, souvent en marchand dans l’eau à

travers les criques. La navigation dans certaines criques était

tellement difficile que le Capitaine Bradshaw ne pouvait passer

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qu’en élaguant les branches basses. L’ordre était alors donné de

sauter par-dessus bord et de marcher à travers tout, le capitaine

Bradshaw montrant lui-même le chemin, les hommes portant leur

arme et leurs munitions au-dessus de leur tête. Ils marchaient

alors un mile avant de trouver la terre ferme et alors, pour arriver

à la cité du chef Amanzanga, ils devaient traverser un marigot de

trois pieds de profondeur, rempli d’alligators. Cette espèce de

déplacement était la règle et un travail assez pénible. Néanmoins,

pas un seul homme ne rechigna. L’incendie d’Amanganza et plus

particulièrement de ses deux entrepôts ou palais, devait avoir un

effet bénéfique sur un grand nombre d’autochtones vu la distance

importante sur laquelle s’étendait son autorité et son influence.

Ceux-ci n’auraient jamais pu imaginer que nos hommes

risqueraient les fièvres et autres dangers en traversant les rivières

et les marécages, mais à présent ils réalisent qu’ils ne sont plus

protégés dans leurs criques impénétrables. Dans la crique du nom

de Melila, les indigènes firent un grand show de résistance. Ils

bordaient les berges, ouvrant le feu sur les bateaux et leur

lançaient des sortilèges. C’est ici que le mécanicien Dixon de

l’Ariel fut blessé, car leurs balles pénétraient les plaques de fer

avec lesquelles les grands bateaux étaient protégés. Le premier

jour le 31 août, à Chango, l’expédition comprenait la

canonnière et toutes les barques de l’escadre, 25 au total ; les

deux compagnies étaient sous le commandement de lieutenant

Crozier, un groupe de fantassins était sous les ordres du

lieutenant Neeham, un second groupe de fantassins sous les

ordres du lieutenant Rolfe et un autre groupe sous les ordres du

canonnier, tous officiers d’active de la marine royale

britannique. Le Capitaine Bradshaw de l’Encounter commandait

l’ensemble accompagné par l’énergique secrétaire payeur A.

Brown, qui fut volontaire à cause de la rareté des officiers

d’active pour accompagner l’expédition tout en accomplissant

également son travail habituel. Le Commandant Medlycott du

Spiteful commandait les barques en second. Le 6 septembre,

lorsqu’ils opéraient dans la crique appelée Luculla, sur l’autre

côté de la rivière, les bateaux de l’escadre procédaient au

débarquement en file indienne vu l’étroitesse de la crique et ne

pouvaient arriver à moins de 800 yards du fond de celle-ci où se

trouvait un village abandonné. De nouveau, obligés à une

progression à travers la boue et les eaux, le Capitaine Bradshaw

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ouvrant la route comme d’habitude. Ils brulèrent ce village et

avancèrent jusqu’au suivant, d’une taille plus importante et

résidence d’un chef puissant, en suivant un sentier à travers une

forêt dense et de hautes herbes à éléphants. Le chef n’était pas

resté chez lui pour leur souhaiter la bienvenue. Ils y trouvèrent

deux coffres de marin les clefs toujours présentes dans les

serrures. Notre correspondant affirme que le trésor du chef était

resté derrière lui et d’autre part que tout le reste fut soumis aux

flammes. Les indigènes qui entouraient le village en nombre,

rentrèrent dans la forêt lorsque les marins retournèrent aux

embarcations. C’est durant cette marche que le pauvre guide

portugais fut tué. Les marins ouvrirent un feu nourri sur la forêt

et il n’y eut aucune autre perte de notre côté. Le samedi et le dimanche furent des jours de repos, mais pas

pour le Commodore qui, accompagné du Capitaine Bradshaw se

rendit à Puenta Da Lhina à bord du Merlin pour y organiser une

rencontre avec responsables des factoreries et pour leur

demander leur coopération pour supprimer la piraterie sur le

fleuve. Un seul nommé Shimbosh accepta de collaborer avec le

Commodore. Il lui fournit des guides locaux qui furent d’une

grande utilité et un marchand portugais délégua un de ses

employés qui, pauvre homme, fut tué un jour ou deux plus tard.

À la crique du nom de Macatalla où ils brulèrent sept villages il

faut noter qu’ils progressèrent durant 4 miles à travers de hautes

herbes à éléphants, parsemées de marécages et de rivières, alors

que le soleil de midi frappait comme seul le soleil tropical peut le

faire. . À Moncel Vacca, le chef qui avait été emprisonné à l’île

de l’Ascension dix ans plus tôt et qui était considéré comme le

chef des pirates, devait organiser une résistance sévère de son

lieu de commandement, au moyen d’une série importante de

fusils. Mais ce ne fut pas le cas. Les indigènes s’enfuirent et le

village fut brûlé. Mais de l’existence de canons et de fusils, il

n’en fut pas question.

Nos pertes furent minimes, seulement un tué et six blessés. Peut-

être que le plus infortuné fut Monsieur Dixon, le mécanicien du

Ariel. Il venait juste de terminer son travail dans la salle des

machines et était venu sur le pont pour respirer un peu d’air frais.

Il n’était pas là depuis plus d’une minute quand il fut atteint

d’une balle derrière le cou. Il est pour l’instant en convalescence.

La liste des pertes n’est pas représentative des dangers. Les

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indigènes étaient partout dans la forêt et entouraient les chemins

et les criques. Ils étaient bien armés et c’est seulement à cause

d’une vigilance incessante et d’une stricte discipline que

l’ennemi embusqué fut découvert et dispersé.

Peut-être que l’absence totale de maladies fut un plus grand sujet

de satisfaction que la faible liste des pertes. On reporte qu‘après

toutes ces opérations sur le Congo, les différents équipages

étaient en meilleure santé qu’après une croisière normale et cela

doit être manifestement attribué à l’admirable planification

organisée de concert par le Commodore Heiwett et son médecin

de bord le Dr. Fagan et si bien appliquée par les officiers sous

leurs ordres.

Commentaires.

Ce récit se déroule dix ans avant la création de l’État

Indépendant du Congo et trois ans avant la Conférence

géographique de Bruxelles. On remarque que la marine

britannique, pour punir des pilleurs d’épave ayant tué 4 marins

peut, sur un ordre de l’Amirauté, déplacer une escadre de sept

bateaux armés, dont un canonnier, comportant plus de 500

hommes d’équipage. Les indigènes refusent le combat direct et

préfèrent harceler les marins sur leur terrain, la brousse, après

avoir mis leurs gens en sécurité dans la forêt. La punition

consiste donc en une démonstration de force (canons) et en

l’incendie d’une grosse vingtaine de villages. Les factoreries

présentes (les Hollandais sont là depuis 1854, les Français,

Anglais et Portugais ont suivi très vite) demeurent manifestement

neutres.

Comme dans l’État Indépendant du Congo plus tard, les

indigènes bien informés trouvent leur salut dans la brousse et

n’attaquent jamais de front. La pratique des villages incendiés

comme représailles utilisée à l’époque est nettement antérieure à

la présence des Belges dans ces régions, n’est donc pas une de

leurs inventions et les reproches faits par les Anglais aux Belges,

à ce propos, sont, de leur chef, particulièrement malvenus. Les

incendies volontaires mis à part, il semble y avoir peu de dégâts

et très peu de pertes humaines dans de telles opérations, d’un

côté comme de l’autre. L’objectif est surtout d’impressionner

pour convaincre. (Ni la version officielle ni le correspondant ne

détaillent les pertes indigènes).

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L’argent dans l’EIC

C’est en 1887 que l’EIC fut doté d’un système monétaire

particulier, lorsque par décret, le roi définit le franc congolais

comme étant la 3100me partie d’un kilo d’or d’une pureté de

9/10. Seules les pièces d’or constituaient une monnaie de

payement. Les pièces de 5 Fr en argent, de même poids et de

même teneur que les pièces belges correspondantes devaient être

échangées à Bruxelles à leur valeur faciale contre des monnaies

d’or.

Normalement, seul l’argent congolais avait cours légal dans

l’EIC, mais les comptables de l’état pouvaient également

recevoir les livres sterling au taux de 25,50 Fr, en acquit des

droits de douane. Cette tolérance fut étendue plus tard à d’autres

monnaies sauf aux pièces d’argent de l’union latine. Plus tard

encore, les droits de douane purent être payés au moyen d’effets

à vue sur l’Europe, frappés d’un escompte de 3%.

On a vu dans le texte relatif à la poste, qu’en 1893, un service de

mandats postaux avait été mis en place ; mais les remises étaient

limitées à un petit nombre de localités et les montants ne

pouvaient pas dépasser 1.000 Fr par mandat.

Il n’a jamais existé de pièces d’or au Congo, mais un décret de

1896 a créé des billets d’état pour une somme qui ne dépassa

jamais 270.000 Fr. Bien qu’aucune couverture de ces billets

n’ait été stipulée, ceux-ci étaient échangés à Bruxelles à l’égal

des monnaies d’argent.

D’autre part, le régime commercial de l’EIC était fondé

uniquement sur le troc, comme il l’était déjà les années

antérieures à 1885 entre la population locale du Bas Congo et les

factoreries. L’état a donc continué cette façon de faire en

supprimant cependant les payements en alcools (gin et rhum de

piètre qualité) et en interdisant ceux-ci dans les régions situées

au-delà de la rivière Inkissi.

L’état se réservait le droit de payer les indigènes par diverses

marchandises dont les prix unitaires étaient fixés périodiquement

par lui. Bien que le décret de 1906 permette aux autochtones de

substituer des payements en argent en place des prestations

fiscales en nature ou en travail, la circulation de l’argent à la

reprise de l’EIC par la Belgique s’élevait tout au plus à 2.500.000

francs dont les 4/5 en monnaie métallique congolaise. Cette

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monnaie métallique devait comporter des pièces d’or de 20 Fr (

qui ne seront jamais frappées), des monnaies divisionnaires en

argent de 5 Fr, 1 Fr et 50 centimes et des monnaies d’appoint en

cuivre pur, perforées, de 10, 5, 2 et 1 centimes. Le même décret

permettra la frappe de monnaies en un alliage de cuivre et de

nickel, percées également d’un trou et devant contenir 25% de ce

dernier métal et d’une valeur de 1, 2, 5, 10 et 20 centimes.

Il faudra attendre la reprise de l’EIC par la Belgique pour voir

les travailleurs rétribués au moyen d’argent.