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LES LIVRES DES MACCABEè ES

DANS LA BIBLE LATINE

CONTRIBUTION A L'HISTOIRE DE LA VULGATE

Comment le texte latin le moins bon de ceux qui etaient disponibles

a l'epoque patristique s'est-il impose aux copistes et est-il devenu un

element de la Vulgate1? La question est paradoxale, mais elle est

clairement posee par les recents editeurs. Ceux-ci ont reconnu que la

version devenue vulgate etait, non seulement mauvaise, mais aussi la

moins bonne. Cette remarque a ete faite a propos de la Sagesse par

W. Thiele2 et a propos des Maccabees par les savants benedictins de

San Girolamo3. Independamment de son allure paradoxale, la question

RB 12

1. Une premiere forme de cet article a fait l'objet d'un expose sur l'invitation dePierre Petitmengin a l'Ecole Normale Superieure a Paris le 7 juin 2005. Dom JeanMallet, qui a participe a l'edition romaine des Maccabees, parue en 1995, a bien voulume relire attentivement et, dans deux longues lettres, du 29 janvier et du 25 fevrier2007, m'a fait beneficier de toute son experience. Je me refererai a ses avis dans l'unou l'autre cas, mais c'est a de nombreux endroits que j'ai ete amene a nuancer ou areformuler mes prises de position. � Abreviations : BBL = Bulletin de la Bible latine,dans Rev. bened.; BS XVIII (ou BS I ...) = Biblia Sacra ... cura et studio monachorumabbatiae pontificiae Sancti Hieronymi in Urbe O.S.B., t. XVIII. Libri I-II Macchabeo-rum ..., Rome, Libreria Editrice Vaticana, 1995; CLA = E.A. Lowe, Codices LatiniAntiquiores; CSEL = Corpus Scriptorum Ecclesiasticorum Latinorum; De Bruyne etSodar = D. De Bruyne et B. Sodar, Les anciennes traductions latines des Machabees(Analecta Maredsolana, 4), Maredsous, 1932; Fischer, Lateinische Bibelhandschriften= B. Fischer, Lateinische Bibelhandschriften im fruhen Mittelalter (Aus der Geschichteder lateinischen Bibel, 11), Freibourg, Herder, 1985 (reimpression d'articles parus an-terieurement); Gryson, Altlat. Handschriften = R. Gryson, Altlateinische Handschrif-ten. Manuscrits vieux latins (Vetus Latina 1/2), Freiburg, Herder, 2 vol., 1999, 2004;SC = Sources Chretiennes; VL suivi d'un chiffre renvoie a la liste du Vetus LatinaInstitut (Beuron) publiee dans Gryson, Altlat. Handschriften; VLB = Vetus Latina.Die Reste der altlateinischen Bibel ..., Freiburg, Herder, 1951 et ss. � La numerotationsuivie est celle des editions de la Vulgate; elle est parfois en decalage de quelquesversets par rapport a celle du grec. L'italique distingue les recensions des manuscrits :L represente la recension dont L est le principal temoin; le ms. X est temoin d'abordde la recension Xa, ensuite de la recension Xb, etc.2. W. Thiele, VLB 11/1, p. 175 fin : Pour l'auteur, c'est l'origine romaine du texte

V (notre recension V) de la Sagesse qui explique son succes. Cependant la questionreste posee de savoir ce qui a fait prevaloir un texte qui se distingue plus par sesdefauts que par ses qualites.3. « si modo eam cum ... compares, omnium esse vitiosissimam » BS XVIII, p. liii.

Sans trop de peine, on reconnaí� tra dans la longue introduction la perspicacite et le latinde Jean Mallet. � On ne saurait assez admirer l'edition de la Vulgate des Maccabees

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est significative. Il s'agit de savoir par quelles voies une des formes

latines de deux livres que Jero� me n'a pas traduits a prevalu sur les

autres pour constituer avec les traductions de Jero� me ce que nous

appelons la Vulgate depuis le xvie siecle et qui est en fait le texte reçu,

habituel dans la plupart des bibles depuis le ixe siecle4. Si l'on s'en tient a

l'Ancien Testament, la question se pose principalement pour la Sagesse

et le Siracide, ainsi que pour les deux livres des Maccabees. Elle ne se

pose ni pour Tobie et Judith que Jero� me a consenti a traduire (ou

mieux : a paraphraser) a la demande de Chromace d'Aquilee et

d'Heliodore5, ni pour les supplements grecs de Daniel et d'Esther qu'il a

traduits sur le grec. Elle se pose differemment pour des livres qui n'ont

finalement pas ete retenus comme canoniques chez les Latins, ainsi III

Esdras et IV Esdras. Le cas de Baruch est particulier6. Il sera fait

mention un peu plus loin de IV Maccabees.

Pour poser la question et tenter d'y apporter une reponse les

circonstances sont favorables. Nous disposons en effet de deux

travaux fondamentaux. En 1932, dom Donatien De Bruyne avec la

collaboration de dom Bonaventure Sodar donnait une edition de

l'ensemble des materiaux non vulgates connus a l'epoque7. La

documentation vieille latine s'est accrue depuis lors, mais elle ne

modifie pas les grandes lignes du classement. En 1995, les benedictins

de Saint-Jero� me a Rome ont acheve leur publication de la Vulgate de

l'Ancien Testament par l'edition des Libri I-II Macchabeorum 8. Celle-ci

s'ouvre sur une introduction erudite, a laquelle nous ferons souvent

reference dans la suite, et s'appuie sur la collation de manuscrits plus

nombreux et plus representatifs du texte vulgate que n'avaient pu le

faire De Bruyne et Sodar. Elle fait etat aussi des donnees non

vulgates mises au jour depuis 1932. En 1996, Hermann Josef Frede a

publie des fragments d'un manuscrit de Hirsau et des leçons liturgiques

non vulgates9. Depuis lors, Jose Manuel Can�as Reíllo a donne une

REVUE BENEDICTINE202

donnee par les benedictins de San Girolamo. Voir ma recension dans Rev. bened., t. 106,1996, p. 400-402 (BBL VII/2, n° 188).4. E.F. Sutcliffe, The name « Vulgate », dans Biblica, t. 29, 1948, p. 345-352;

A. Allgeier, Haec vetus et vulgata editio. Neue wort- und begriffsgeschichtliche Beitragezur Bibel aus dem Tridentinum, Ibid., p. 353-390.5. P.-M. Bogaert, dans Judith, VLB 7/2, p. 30-32.6. Le livre de Baruch dans les manuscrits de la Bible latine. Disparition et reintegra-

tion, dans Rev. bened., t. 115, 2005, p. 286-342.7. Voir n. 1 : De Bruyne et Sodar.8. BS XVIII.9. H.J. Frede, Vetus Latina-Fragmente zum Alten Testament (Aus der Geschichte

der lateinischen Bibel, 28), Freiburg i. Br., Herder, 1996, p. 205-229.

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edition systematique des gloses vieilles latines dans quelques ma-

nuscrits espagnols10 ainsi que le texte vieux latin des premiers

chapitres (1 Ma 1,1-6,40) de la Bible theodulfienne de Saint-Hubert11.

L'edition critique du grec dans la Septuaginta de Gottingen permet

aussi de mieux evaluer l'importance du latin12.

Pour prendre l'exacte mesure de la question posee, il faut considerer

la tradition latine des Maccabees dans son ensemble.

I. L'autorite et la canonicite des livres des Maccabees

chez les Latins

Les deux livres des Maccabees sont cites depuis Cyprien chez les

Latins. Ils le sont rarement, comme la plupart des livres historiques,

mais ils le sont sans reserve aucune. Les listes en font mention, et

certaines de ces listes ont eu des l'origine une autorite canonique

indiscutable. Il convient de preciser d'emblee que les ouvrages

transmis sous le nom de III Maccabees et de IV Maccabees dans la

Bible grecque ne sont pas connus des Peres latins. Vers 400 peut-e� tre

et sous le titre de Passio Maccabeorum, IV Maccabees a ete traduit en

latin, mais sans penetrer dans les Bibles latines, sauf localement13; il

faudra y revenir (ci-dessous p. 214). Quant a III Maccabees, il n'a ete

traduit en latin qu'au xvie siecle14.

P.-M. BOGAERT 203

10. J.M. Can� as Reíllo, Glosas marginales de Vetus Latina en Biblias Vulgatas Es-pan�olas. 1-2 Macabeos (Textos y Estudios « Cardenal Cisneros », 65), Madrid, 2000 : ils'agit de VL 94 et 95. Voir le c. r. de J.-Cl. Haelewyck dans Le Museon, t. 117,2004, p. 230-231.11. J.M. Can� as Reíllo, Un testimonio inedito de Vetus Latina (1 Macabeos 1,1-

6,40) : el Codex Hubertianus (Londres, British Museum, Add. 24142). Edicion crítica,dans Sefarad, t. 61, 2001, p. 57-82.12. Maccabaeorum liber I, ed. W. Kappler (Septuaginta ... IX,1), Gottingen, Van-

denhoeck & Ruprecht, 1936, 19672; Maccabaeorum liber II, ed. (W. Kappler und) R.Hanhart (Septuaginta ... IX,2), Ibid., 1959, 19762; voir aussi R. Hanhart, Zum Textdes 2. und 3. Makkabaerbuches. Probleme der Uberlieferung, der Auslegung und der Aus-gabe (Nachrichten ... Gottingen, Philol.-Hist. Kl., 1961, n° 13), Ibid., 1961, p. 5-65 =[427]-[487]).13. H. Dorrie, Passio SS. Machabaeorum, die antike lateinische Ubersetzung des IV.

Makkabaerbuches (Abhandlungen der Gesellschaft der Wissenschaften zu Gottingen.Philol.-Hist. Kl., III, 22), Gottingen, Vandenhoeck & Ruprecht, 1938. � Voir aussiR.J.V. Hilbert, Preparing a critical edition of IV Maccabees. The Syriac translationand Passio Sanctorum Machabaeorum as witnesses to the original Greek, dans F. Gar-cía Martínez & M. Vervenne (eds), Interpreting translation. Studies on the LXX andEzekiel in honour of Johan Lust (BETL, 192), Leuven, Peeters, 2005, p. 193-216.14. B.M. Metzger, An early Protestant Bible containing the Third Book of Macca-

bees. With a list of editions and translations of Third Maccabees, dans M. Brecht(ed.), Text � Wort � Glaube. Studien zur Uberlieferung, Interpretation und Autorisierung

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A. Les listes (et les stichometries)

La plus ancienne liste latine dont on puisse faire etat est la

Stichometrie de Mommsen. Elle est africaine et peut-e� tre donatiste;

elle date du milieu du ive siecle et ne convient qu'a une version vieille

latine; elle ne se donne pas une autorite ecclesiastique particuliere et

elle est probablement le fait d'un libraire, d'ou la presence d'une

stichometrie qui se distingue deliberement de celle de Rome15. Les

Maccabees (1 et 2) y ont une place historiquement logique, qui ne se

retrouvera que rarement, au terme de la sequence Heptateuque, Ruth

et 1-4 Regnes, 1-2 Paralipomenes16. Oubli ou absence, Esdras n'est pas

present dans cette liste. La stichometrie de 1-2 Maccabees est

deconcertante. Une comparaison (un calcul de proportions) avec les

autres donnees de la liste pour l'Ancien Testament conduit a tenir le

chiffre 2 300 pour I Maccabees comme solide; mais on attendrait

1 500 pluto� t que 1 800 pour 2 Maccabees17.

Mentionnent encore explicitement deux livres des Maccabees : les

conciles d'Hippone (393) et de Carthage (397)18, Augustin dans le De

doctrina christiana19, le pape Innocent Ier dans sa lettre a Exsupe-

rius de Toulouse (405)20, le Decretum Gelasianum21, Iunilius22, le

« Colophon d'Esther » (parmi les libri ecclesiastici)23 et la liste du

Missel de Bobbio (viiie s.)24. Isidore nomme egalement deux livres

dans la liste des Etymologiae (VI,1,9)25 et du De ecclesiasticis officiis

REVUE BENEDICTINE204

biblischer Texte (Arbeiten zur Kirchengeschichte, 50), Berlin - New York, W. De Gruy-ter, 1980, p. 123-133.15. R. Rouse et Ch. Nelis, North African literary activity : A Cyprian fragment, the

stichometric lists and the Donatist compendium, dans Revue d'histoire des textes, t. 30,2000, p. 189-233.16. Sur la place des Maccabees dans les bibles latines, voir Appendice I.17. Les autres stichometries de 1-2 Maccabees sont d'utilisation difficile.18. Ch. Munier, La tradition manuscrite de l'Abrege d'Hippone et le canon des Ecri-

tures des Eglises africaines, dans Sacris Erudiri, t. 21, 1972-1973, p. 43-55; voir dume� me CC SL 149, p. 43, 108, 126, 142.19. Ed. J. Martin, CC SL 32, p. 39-40.20. H. Wurm, Decretales selectae ex antiquissimis Romanorum Pontificum epistulis

decretalibus ..., dans Apollinaris, t. 12, 1939, p. 40-93; voir p. 76.21. E. von Dobschutz, Das Decretum Gelasianum (Texte und Untersuchungen,

38,4), Leipzig, 1912, p. 26.22. H. Kihn, Theodor von Mopsuestia und Junilius Africanus als Exegeten, Freiburg

i. Br., 1880, p. 472.23. B. Fischer, Lateinische Bibelhandschriften, p. 86-87 : ... Ceterae vero scripturae

quae non sunt canonicae sed dicuntur ecclesiasticae istae sunt, id est liber iudith, tobias,libri maccabeorum duo, sapientia quae dicitur salomonis et liber hiesu filii sirac et liberpastoris.24. The Bobbio Missal. A Gallican Mass-Book (Ms. Paris lat. 13246). Facsimile

(Henry Bradshaw Society, 53), Londres, 1917, fol. 299r-v.25. Ed. W.M. Lindsay, t. I (Oxford, 1911).

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(I,11,4)26, et l'on interprete en ce sens les autres mentions sans cette

precision : Etymologiae VI,2,3327, De ecclesiasticis officiis I,12,1028 et le

Prooemium29.

Mentionnent les Maccabees sans preciser le nombre de livres : Rufin

(parmi les libri ecclesiastici)30, l'Ordo XIV31 et la Collectio Vetus

Gallica32. L'environnement clairement latin de ces listes invite a les

rattacher aux temoins des deux livres.

Les listes mentionnant trois ou quatre livres des Maccabees sont

d'origine grecque. Les fragments de Verone, qui mentionnent trois

livres, sont une traduction latine du Livre VIII des Constitutions

Apostoliques qui en donne quatre33. La liste du Claromontanus connaí� t

quatre livres, mais n'en mentionne que trois : I, II et IV34. On pourrait

en conclure qu'elle part d'une liste grecque et qu'elle a reconnu IV

Maccabees dans la Passio Machabaeorum, mais ce n'est pas su� r. Les

listes du Pseudo-Isidore et de Freising, qui comptent quatre livres, ne

correspondent pas aux usages latins habituels35. Mais il faudra y

revenir (ci-dessous p. 217).

Ne mentionnent pas les Maccabees : Hilaire de Poitiers36 et le

Concile de Laodicee37.

Il n'est pas possible d'etudier ici la place des Maccabees dans les

differentes listes38. Il est cependant utile de noter qu'ils sont ranges

P.-M. BOGAERT 205

26. Ed. C.M. Lawson, CC SL 113, p. 10, l. 28.27. Ed. W.M. Lindsay, t. I (Oxford, 1911).28. Ed. C.M. Lawson, CC SL 113, p. 14, l. 76-77.29. PL 83,174-175; De Bruyne et Sodar, p. 1 d'apres VL 109 (X) et 195 (B);

[D. De Bruyne], Prefaces de la Bible Latine, Namur, 1920, p. 151; BS XVIII, p. 5-6.30. Expositio Symboli 35-36, ed. M. Simonetti; CC SL 20, p. 171 : Quae omnia legi

quidem in ecclesiis uoluerunt, non tamen proferri ad auctoritatem ex his fidei confirman-dam.31. M. Andrieu, Les Ordines romani du haut moyen a�ge. T. III. Les textes (suite)

(Ordines XIV-XXXIV) (Spicilegium Sacrum Lovaniense. Etudes et Documents, 24),Louvain, 1951, p. 40.32. H. Mordek, Kirchenrecht und Reform im Frankenreich (Beitrage zur Geschichte

und Quellenkunde des Mittelalters, 1), Berlin � New York, Walter De Gruyter, 1975,p. 365.33. C.H. Turner et A. Spagnolo, Ecclesiae Occidentalis Monumenta Iuris Antiquis-

sima, I,ii,1, Oxford, 1913, p. 32gg; cf. M. Metzger, Les Constitutions Apostoliques.T. III. Livres VII et VIII (SC, 336), Paris, Cerf, 1987, p. 307-309.34. E. Preuschen, Analecta, Freiburg i. Br. & Leipzig, 1893, p. 143.35. E. von Dobschutz, Das Decretum Gelasianum (cite n. 21), Appendix I, p. 68;

C.H. Turner, Latin lists of the canonical books. 2. An unpublished stichometrical listfrom the Freisingen Ms of canons, dans The Journal of Theological Studies, t. 2, 1900-1901, p. 237-253; voir p. 240 et 241.36. Tractatus super Psalmos, ed. J. Doignon, CC SL 61, p. 12-13.37. Ni en grec ni en slavon ni en latin. Seul ce dernier nous interesse ici : C.H.

Turner, Ecclesiae Occidentalis Monumenta Iuris Antiquissima, I,ii,2, Oxford, Claren-don Press, 1939, p. 388-390.38. Voir Appendice I.

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parmi les historiae (ecrit parfois storiae) dans le Decret de Gelase (ordo

historiarum : Jb, Tb, Esd II, Est, Jdt, Ma II), et l'on retrouve la me� me

subdivision dans le De doctrina christiana d'Augustin qui, apres avoir

enumere les livres de Josue aux Paralipomenes, ajoute : Haec est

historia, quae sibimet annexa tempora continet atque ordinem rerum;

sunt aliae tamquam ex diuerso ordine, quae neque huic ordini neque inter

se connectuntur, sicut est Iob et Tobias et Esther et Iudith et

Machabaeorum libri duo et Esdrae duo, qui magis subsequi uidentur

ordinatam illam historiam usque a Regnorum uel Paralipomenon

terminatam. Le Prooemium d'Isidore est precis : Maccabeorum libri,

licet non habeantur in canone Hebreorum, tamen ab ecclesia inter

diuinorum uoluminum adnumerantur historias 39. D'autres listes, sans

employer l'expression historiae, groupent de fait ces me� mes livres : la

lettre d'Innocent Ier et la liste du Claromontanus. On peut croire que

ces livres etaient habituellement groupes dans l'un des codices des

bibles a l'epoque ou elles en comptaient une douzaine. Ulterieurement,

dans les bibles en un volume, ils resteront assez souvent groupes.

B. Les Peres

Jero� me merite un traitement separe, en raison de son influence. Il

traite du statut des Maccabees dans sa preface aux livres des Rois (en

393), le celebre Prologus galeatus, pour le ranger parmi les apocrifa.

Apres avoir exclu Sagesse, Siracide, Judith et Tobie, ainsi que le

Pasteur (d'Hermas), il ajoute : Machabeorum primum librum hebraicum

repperi, secundus graecus est, quod ex ipsa frasin probari potest. Il les

mentionne aussi en 398 dans le Prologue aux livres de Salomon (Prov,

Eccle, Cant) selon l'hebreu (il y a un autre prologue a sa premiere

traduction sur le grec hexaplaire). Apres avoir mis a part la Sagesse

et le Siracide, il ecrit : Sicut ergo Iudith et Tobi et Macchabeorum libros

legit quidem Ecclesia, sed inter canonicas scripturas non recipit, sic et

haec duo volumina (dans le contexte, il s'agit d'abord de Sg et Si) legat

ad aedificationem plebis, non ad auctoritatem ecclesiasticorum dogmatum

confirmandam...40 Les deux textes se completent, le premier pour

preciser le caractere different des deux livres non canoniques, le

second pour noter que ces livres, a defaut d'e� tre canoniques (aux yeux

de Jero� me), sont lus dans les eglises.

REVUE BENEDICTINE206

39. BS XVIII, p. 5.40. BS XI, p. 5.

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A co� te de la voix de Jero� me, il faut compter avec celle de Rufin,

ulterieurement moins influente, et avec le « colophon d'Esther »,

attestant au moins l'usage d'un libraire italien du ve ou du vi

e siecle41.

Ceux-ci rangent les Maccabees parmi les libri ecclesiastici (qui sont lus

in ecclesia). Ces avis peuvent bien attester un usage et pas seulement

l'opinion de leurs auteurs; ils n'ont cependant pas en soi une autorite.

Augustin aussi connaí� t la difficulte42. Au livre II du De doctrina

christiana, il reprend simplement la liste des conciles d'Hippone et de

Carthage. Dans le De civitate Dei, au livre XVIII, 36, il distingue les

livres reçus comme canoniques par les Juifs, qui sont les scripturae

sanctae, et les livres reçus dans les Eglises, comme canoniques

egalement, en raison des passiones des martyrs qu'on peut y trouver :

... quorum supputatio temporum non in scripturis sanctis quae appel-

lantur canonicae, sed in aliis inuenitur, in quibus sunt et Macchabaeorum

libri, quos non Iudaei, sed ecclesia pro canonicis habet propter quorundam

martyrum passiones uehementes atque mirabiles... L'argument prend

appui sur la lecture publique dans l'eglise des passions des martyrs,

usage assure en Afrique, mais explicitement interdit a Rome43.

On trouvera la liste des citations patristiques et liturgiques dans BS

XVIII, p. xxxv-xl, liste fondee sur le fichier du Vetus Latina Institut

de Beuron. Tout recemment, Françoise Prevot a souligne le ro� le de

Lerins et de la Gaule meridionale dans l'utilisation pastorale des

Maccabees44. Bien qu'elle soit trop libre pour e� tre associee a une

recension, la reference au testament de Mattathias et a ses fils (1 Ma

2,49 et ss; passim) par le diacre romain Paschase dans sa lettre a

Eugippius atteste l'usage des livres des Maccabees a Rome au debut

du vie siecle (en 511 exactement)45.

P.-M. BOGAERT 207

41. Voir Fischer, Lateinische Bibelhandschriften, p. 86-88.42. Pour une vue d'ensemble de l'utilisation des Maccabees par Augustin, voir A.-M.

La Bonnardiere, Biblia Augustiniana. A.T. II. Livres historiques, Paris, Etudes Au-gustiniennes, 1960, p. 103-107.43. B. de Gaiffier, La lecture des Actes des martyrs dans la priere liturgique en Oc-

cident. A propos du passionnaire hispanique, dans Analecta Bollandiana, t. 72, 1954,p. 134-166; Id., La lecture des Passions des martyrs a Rome avant le IX

e siecle, Ibid.,t. 87, 1969, p. 63-78.44. Fr. Prevot, Le modele des Maccabees dans la pastorale gauloise au V

e siecle, dansRevue d'histoire de l'Eglise de France, t. 92, 2006, p. 319-342.45. CSEL 9/A, p. 69; SC 374, p. 158-161.

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C. Les autorites

Parmi les listes citees ci-dessus, certaines ont eu une autorite

immediate, et cette autorite a pu grandir avec le temps dans la

mesure ou elles etaient reprises dans des collections canoniques.

L'Ordo XIV et les Ordines qui organisent la lecture annuelle de la

Bible ont aussi pris un caractere officiel46. On prendra garde

cependant au fait qu'il etait facile d'ajuster ces listes au cours de leur

transmission, mais pour les Maccabees la consultation des apparats n'a

rien revele de semblable47. Le Concile de Carthage de 397, la lettre

d'Innocent Ier de 405, le Decret de Gelase, qui peut remonter a

Damase, appuyes par le temoignage d'Augustin et d'Isidore font

apparaí� tre clairement que d'une façon generale les Latins � et c'est

vrai aussi des donatistes (on le verra plus loin) � reçoivent les deux

livres des Maccabees comme Ecriture Sainte48.

Dans les Moralia in Job XIX,21, Gregoire le Grand, pape, fait

intervenir l'histoire d'Eleazar s'attaquant a un elephant (1 Ma 6,43-47)

en ces termes : De qua re non inordinate egimus, si ex libris licet non

canonicis, sed tamen ad aedificationem ecclesiae editis, testimonium

proferamus. Eleazar namque in proelio elephantum feriens strauit ...49

Cet avis paraí� t en recul sur ce que les documents officiels, Augustin et

me� me le contemporain de Gregoire, Isidore de Seville, declarent sur le

me� me sujet. L'avis de Gregoire, qui est a mettre en relation peut-e� tre

avec la note du libraire auteur du « colophon d'Esther », n'a pas eu de

consequence sur la suite de la transmission de 1-2 Maccabees chez les

Latins. Ces livres ne sont jamais absents des manuscrits, sauf par

accident.

REVUE BENEDICTINE208

46. B. de Gaiffier (voir la note 43) a bien observe que ces Ordines introduisent pro-gressivement la lecture des Passions a co� te du cycle annuel des lectures bibliques.47. J'ai observe de tels ajustements a propos des livres d'Esdras; voir Les livres

d'Esdras et leur numerotation dans l'histoire du canon de la Bible latine, dans Rev. bened.,t. 110, 2000, p. 5-26; cf. p. 12-14; voir aussi Rev. bened., t. 112, 2003, p. 160 (BBLVII/5, n° 414).48. Il suffit de considerer ici les documents latins. Pour une vue plus generale, voir

H. Dorrie, Die Stellung der vier Makkabaerbucher im Kanon der griechischen Bibel,dans Nachrichten ... Gottingen, Phil.-Hist. Kl., N.F. I,2, 1937, p. 45-54. Pour J. Car-ter, The Antiochene Biblical Canon 400 A.D., dans Orientalia Christiana Periodica,t. 72, 2006, p. 417-431, « 1-2 Maccabees were also not part of the Antiochene canon,never cited although there was a feast of the Maccabean martyrs at Antioch ». Cetteaffirmation, proposee a partir des �uvres de Jean Chrysostome, Theodore de Mopsuesteet Severien de Gabala, peut e� tre completee par Raphaelle Ziade, Les martyrs Macca-bees : de l'histoire juive au culte chretien. Les homelies de Gregoire de Nazianze et de JeanChrysostome (Supplements to Vigiliae Christianae, 80), Leyde, Brill, 2007, x-392 p.49. CC SL 143A, p. 983.

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II. Les recensions conservees de 1-2 Maccabees

A. Les recensions et leur histoire

Les travaux de Donatien De Bruyne50, completes et enrichis par

ceux de dom Jean Mallet dans BS XVIII, permettent l'identification

de diverses recensions. Ces travaux s'appuient essentiellement sur les

manuscrits, accessoirement sur les citations, assez rares. On observera

l'emploi de l'italique pour les recensions, distinguees ainsi des sigles des

manuscrits en romain.

L : pour 1-2 Ma

X : pour 1 Ma 11,48 a 2 Ma 15,39 selon D. De Bruyne; nous

subdivisons :

Xa : le ms. X jusqu'a 1 Ma 11,47; voir ci-dessous

Xb : le ms. X a partir de 1 Ma 11,48; voir ci-dessous

l : dans BS XVIII pour les parties conservees (VL 67); voisin de LX

H : dans BS XVIII pour 1 Ma 1,1-6,40a dans HH; voisin de LX

G : dans BS XVIII pour 1 Ma 1,1-14,1 dans VL 7 = G; voisin de LX

B : pour 1-2 Ma

V : pour 1-2 Ma; c'est la recension devenue vulgate

M : pour 2 Ma

P : pour 2 Ma.

L'histoire des recensions est rappelee ici en vue d'etablir la place de

la recension V devenue commune et « vulgate ». La demonstration, que

nous ne reprenons evidemment pas, commence par l'examen de deux

facteurs, le vocabulaire latin et le rapport au grec. Elle se poursuit

par l'analyse des liens de dependance entre les recensions (les doublets

jouent un grand ro� le). Enfin la comparaison avec les citations

patristiques permet des precisions de temps et d'espace. Pour 1 et 2

Ma, la tradition manuscrite latine directe est assez riche, et les

citations patristiques utilisables relativement peu nombreuses.

La recension L est representee au mieux par le ms. L. Il s'agit a peu

de choses pres de la traduction primitive. Le vocabulaire est archaíque

et africain; la version est litterale et elle a ete faite sur un texte grec

P.-M. BOGAERT 209

50. De Bruyne et Sodar n'ont pas connu les editions de 1 Ma et de 2 Ma dans laSeptuaginta de Gottingen (W. Kappler, 1936; W. Kappler (�) et R. Hanhart,1959), mais D. De Bruyne a ete en correspondance avec Werner Kappler et il a utilisesa these, De memoria alterius libri Maccabaeorum. Dissertatio inauguralis ... scripsitVernerus Kappler, Gottingae, 1929, 68 p.

Page 10: Les livres des Maccabées dans la Bible latine. Contribution à l'histoire de la Vulgate.pdf

dont certaines particularites ne sont pas autrement attestees. La

traduction paraí� t exempte de revisions, me� me pour la leçon liturgique

2 Ma 6,18-7,42. Toutes les autres recensions latines en dependent,

certaines tres etroitement. Les mss 109 ou X (jusqu'en 1 Ma 11,47),

67 ou l, et HH ou H sont temoins de L.

La recension X (temoin principal : VL 109 = X) se comprend mieux

si on la scinde en deux, Xa et Xb51.

Xa est representee par le ms. X jusqu'en 1 Ma 11,47; elle ne

s'identifie pas a L, mais elle en est tres proche. C'est aussi le texte

cite par Lucifer. Comme celui-ci cite longuement les deux livres, on

peut presumer qu'il reste fidele a Xa. L'attention au grec est manifeste.

Xb est representee par le ms. X a partir de 1 Ma 11,48. Elle depend

fondamentalement de L (selon la revision Xa apparemment qui peut se

cacher derriere Xb), mais elle a de nombreux doublets et manifeste

l'influence des recensions B et M.

La recension l, attestee par l = VL 67, est proche de L, X et LUC;

elle est tres proche de X jusqu'en 1 Ma 11,47, la ou X est le meilleur

temoin de sa recension Xa.

Les gloses de deux bibles espagnoles, 94 et 95, sont apparentees de

tres pres a L et a Xa.

La bible de Saint-Germain, VL 7 ou G, est aussi parente de L et de

X, mais elle abrege et elle a subi l'influence de B.

La recension B, qui s'appuie sur la recension L, utilise un texte grec

du type lucianique. Elle conserve des africanismes propres, et les

citations confirment son origine africaine. Elle n'a que de rares

affinites avec la recension Xa, et elle en a encore moins avec Xb. Elle

est attestee par deux temoins complets ou presque, 210 (Allemagne,

debut du ixe s.) et 195 (Bologne), mais sa presence a du� e� tre tres

dense, car elle a servi dans la liturgie et elle a marque les autres

recensions de façon remarquable.

La recension M (dans 2 Ma seulement) est tres semblable a B, mais

elle a opere sa propre revision sur le grec. Elle est moins proche de L

que B; elle a une certaine parente avec X (Xa et Xb).

Les recensions BM de 1-2 Ma ont des marques d'une parente etroite

avec la recension non vulgate de III Esdras (inc. Et egit), telle qu'elle

a ete publiee en 1743 par dom Pierre Sabatier dans la colonne intitulee

REVUE BENEDICTINE210

51. Voir De Bruyne et Sodar, p. xxiii-xxvii; BS XVIII, p. xvii et xxxvii. Lesavis de Jean Mallet me permettent de m'expliquer plus clairement dans une questionqui reste delicate.

Page 11: Les livres des Maccabées dans la Bible latine. Contribution à l'histoire de la Vulgate.pdf

« altera versio »; la recension « vulgate » de III Esdras est certai-

nement plus ancienne52.

La recension P (dans 2 Ma seulement) utilise les recensions L et B et

conserve occasionnellement un vieux fonds africain, d'ou certaines

ressemblances avec les citations de Cyprien. Pour sa revision, elle se

sert du grec lucianique avec beaucoup plus de soin que la recension V.

D. De Bruyne evoque la possibilite qu'elle soit due a ce Bellator dont

Cassiodore mentionne l'activite dans ses Institutiones53, mais il pense

aussi a Bellator comme auteur possible de la recension V sous sa

forme ultime.

Quant a la recension V, promise au statut de Vulgate, elle s'appuie

sur les recensions LXa et B. L'influence de B est notoire dans la

section 1 Ma 1,42-2,24 (2,25 selon J. Mallet)54. V est aussi une

revision sur le grec, mais elle cherche avec beaucoup de liberte a

eviter les difficultes ponctuelles et a eliminer ce qui lui paraissait des

anomalies. Compte tenu de sa dependance de Xa et de B, V peut

difficilement e� tre anterieure a 400; rien n'empe� che aux yeux de D. De

Bruyne qu'elle soit posterieure55. Nous y reviendrons.

La suite montrera la persistance durable des types L et apparentes,

B et V. La survie de M (proche de B) et de P est plus aleatoire.

B. Les temoins manuscrits

Tous les temoins connus des recensions autres que V seront

mentionnes, quelle que soit leur date. La ta� che est facilitee par

l'inventaire tout recemment mis a jour par Roger Gryson56. Pour la

recension V, je retiens tous les temoins anterieurs a 800 (notes dans

CLA) et ceux dont la date est estimee de peu posterieure a 800. Il

n'est ni possible ni utile de mentionner tous les temoins de V

posterieurs au debut du ixe siecle. Nous indiquons pour des raisons

pratiques ceux qui ont ete utilises dans BS XVIII. Dans le cas de

l'Espagne, en l'absence de temoins du ixe siecle, les temoins du x

e et

du xie siecles sont precieux.

P.-M. BOGAERT 211

52. Voir a ce sujet De Bruyne et Sodar, p. xl-xliii.53. Libri uero Machabaeorum a supradicto amico nostro Bellatore sedula expositione

Domino iuuante confecti sunt, ne tam magna lectio inexplanata forsitan linqueretur, quaenobis tot uirtutum exempla declarauit (Cassiodori Senatoris Institutiones, ed. R. B.Mynors, Oxford, 1937, I,vi,6; p. 27). � Voir De Bruyne et Sodar, p. xlix.54. BS XVIII, p. xxx-xxxiii. � Les doublets dans V sont la meilleure preuve.55. De Bruyne et Sodar, p. xxxi et lvi.56. Gryson, Altlat. Handschriften.

Page 12: Les livres des Maccabées dans la Bible latine. Contribution à l'histoire de la Vulgate.pdf

1. Temoins anterieurs ou de peu posterieurs a 800 (toutes les recensions)

sigle cote (abregee) CLA date et lieu rec. particularites57

n Durham, B.IV.6, 169* II2 153 vi, Italie V partie de bible,2 col. Cc

67, l Leon, Cat. 15 XI 1636 vii, Espagne l pandecte

A Florence, Amiatinus III 299 ± 700, Northumbrie V pandecte, 2 col. Cc

M Amiens 11 VI 707 772-781, Corbie V partie de bible,longues lignes

K Cologne, Dom 4358 VIII 1148 viii fin, Italie centrale [V] partie de bible,2 col. Cc

S Saint-Gall 12 VII 897 viii fin, Saint-Gall V partie de bible,longues lignes

145, Z Metz 7 photographies VI 786 avant 791 V pandecte (2 vol.)59

FT,

etc.Saint-Gall 75, etc. VII 904 peu apres 800, Tours

(Alcuin)V divers pandectes

H plusieurs bibles vers 800, Orleans(Theodulfe)

V quelques pandectes

7, G Paris, BNF, lat. 11553 ix debut, Paris pandecte (2 vol.);

colophon d'Esther

O Munich, Clm 9668 ix debut, France V partie de bible,longues lignes

C Cava ix debut, Espagne60 V pandecte, 3 col.

146, L Lyon 430 (356) ix debut, Lyon L partie de bible,longues lignes

196 Breslau I F 118f VIII 1074 vers 800, Verone B pandecte (frgt)

213 Basel, Tubingen S 1784 vers 800, Verone B pandecte (frgt)

210 Oxford, Laud lat. 2261 ix debut, Allemagne B partie de bible,longues lignes

m Munich, Clm 29265/10 811-836, Freising V partie de b.62 (frgt),longues lignes

216 Cologne, Dom 171 avant 818, Cologne L sermonnaired'Hildebold

Saint-Gall 1398b,p. 177-209

ix debut, Saint-Gall63 V pandecte (2 vol.)

REVUE BENEDICTINE212

57. Nous precisons la mise en page; l'absence de mention signifie la formule habi-tuelle des pandectes : 2 colonnes. La disposition per cola et commata est exprimee enabrege : Cc.58. Des Maccabees seuls les capitula des deux livres, groupes en te� te, sont conser-

ves, mais la premiere partie du manuscrit est copiee en 2 col. Cc.59. Un des volumes est totalement perdu; l'autre a ete photographie avant d'e� tre

detruit en 1944.60. La datation habituelle est le milieu du ix

e s.; mais voir P. Cherubini, La Bib-bia di Danila. Un monumento « trionfale » per Alfonso II di Asturie, dans Scrittura eCivilta, t. 23, 1999, p. 75-131, qui propose la premiere decennie.61. Voir ci-dessous Appendice III.62. La page a un contenu trop limite pour pouvoir appartenir a un pandecte; BS

XVIII, p. xi.63. Le scribe est vraisemblablement « oberitalienisch » pour les pages 177-209 : voir

BS XVIII, p. xii-xiii; Fischer, Lateinische Bibelhandschriften, p. 184 et 249, n. 142.

Page 13: Les livres des Maccabées dans la Bible latine. Contribution à l'histoire de la Vulgate.pdf

2. Temoins posterieurs

a. Recensions non V (= VL)

aa. Bibles

109, X : Madrid, Bibl. de la Universidad Complutense 31; xe s.,

Espagne; recension Xa (proche de L) jusqu'a 1 Ma 11,47 et recension

Xb ensuite

135, Q : Milan, Ambr. E.26 inf.; 2/4 ixe s., Italie du Nord; recension V

pour 1 Ma, P pour 2 Ma

195 : Bologne, Univ., 2571/628; xie-xiie s., San Salvatore; recension B

197 : Citta del Vaticano, BAV s.n.; xie s.; fragment, recension B

198 : Milan, Ambr. B.48 inf.; xiie s., Lombardie; recension V pour

1 Ma; M pour 2 Ma

199 : Citta del Vaticano, BAV, Urbin. lat. 474, fol. 154 + 156;

ixe-xe s.; fragment, recension M

209 : Paris, BNF, lat. 94; xe s., Albi; debut de 1 Ma (1,1-20) proche

de Xa (L)64

211 : Cremona, Archivo di Stato AC 277; ixe-xe s., Italie du N.;

recension B

212 : Cremona, Archivo di Stato AC 232; milieu ixe s., Italie du N.;

recension B

214 : [Marseille et] Aix-en-Provence; xive s., Milan?; recension V,

mais quelques passages en recension B (voir aussi le lectionnaire 215).

ab. gloses marginales

94 : El Escorial, Biblioteca di San Lorenzo 54.V.35; incunable dans

lequel les gloses ont ete recopiees en 1561 d'apres une bible de

Valvanera

95 : Madrid, Academia de la Historia, San Millan 2-3, bible du xiie s.

Ces gloses vont avec les recensions LX, avec Xa surtout jusqu'en 1 Ma

11,47 (section ou L et X sont tres proches), ensuite avec L65.

ac. Passionnaires, etc.

De la recension L : 200, 201-205, 216, 419

De la recension B : 206, 217 et 218

P.-M. BOGAERT 213

64. Ce manuscrit est longuement etudie dans BS XVIII, p. xiii-xv, mais n'est pasutilise dans l'edition. Il commence par suivre Xa (1 Ma 1,1-20), puis il suit V selon untexte espagnol, D (1 Ma 1,21 a 6,63), ensuite jusqu'a la fin de 2 Ma encore V, maisselon le texte alcuinien (F). Il devait avoir le texte alcuinien des le debut, car il acopie en te� te et groupe les capitula des deux livres avec les particularites alcuiniennes.Il a le prologue d'Isidore.65. Voir pour le detail BS XVIII, p. xix-xxix, et J.M. Can� as-Reíllo, Glosas mar-

ginales (ci-dessus, n. 10).

Page 14: Les livres des Maccabées dans la Bible latine. Contribution à l'histoire de la Vulgate.pdf

De la recension M : 207 et 208

De la recension V : t56 et t69 : deux lectionnaires hispaniques du xie s.

ad. Oratio Nehemiae (2 Ma 1,24-29)66

410 et 411 (Xb=V)

419 (L).

b. Quelques autres bibles temoins de la recension V67

Q, 135 : Milan, Ambrosiana E. 26 inf.; Bobbio, 2/4 ixe s. (pour 1 Ma)

GA : Milan, Ambrosiana E. 53 inf.; Biasca, xe s.

DB : Burgos, Seminario; xe s.

DM : Madrid, Academia della Historia 20; San Millan, ca. 900

DL : Leon, Cap. cath. 6; Leon, 920

LL : Leon, S. Isidoro; Leon, 960

PG : Monte Cassino, Abb 572; Mont-Cassin, 1/2 xi

e s.

SC : Madrid, Univ. Centr. 32; debut xe s.

ST : Toletanus, Madrid, BN Vitr. 13-1; ca. 950

F : des manuscrits de Tours posterieurs a Alcuin

VD : Citta del Vaticano, BAV, Vat. lat. 10511; Bovino, ca. 1075

W : grandes bibles parisiennes du xiiie s.

kv : Citta del Vaticano, BAV, Vat. lat. 5729 (Ripoll, 1/2 xi

e s.) avec

le colophon d'Esther

Fulda, Landesbibl. Aa 10-11 : bible en 2 vol., Constance, 1/2 ixe s. : +

Passio68.

c. La Passio Machabaeorum dans des bibles

Au cours du viiie siecle, une forme abregee de la traduction latine de

IV Maccabees (Passio Machabaeorum) fut introduite dans quelques

manuscrits bibliques, habituellement apres 1-2 Maccabees. Dans le ms.

Saint-Gall, Stiftsbibl. 12, copie a Saint-Gall a la fin du viiie s., la

Passio Machabaeorum se trouve apres II Esdras (= Nehemie); dans le

ms. Munich, BSB, lat. 9668, copie en France, mais transfere tres to� t

en Allemagne, elle se trouve apres 1-2 Maccabees, et de me� me dans la

bible Fulda Aa 10-11, copiee a Reichenau dans la premiere moitie du

ixe siecle. Plus tard, surtout aux xi

e et xiie siecles, on la retrouve dans

d'assez nombreuses bibles du Nord de la France69.

REVUE BENEDICTINE214

66. Il s'agit d'un cantique dans la liturgie mozarabe.67. Temoins collationnes ou mentionnes dans BS XVIII.68. Fischer, Lateinische Bibelhandschriften, p. 179-180.69. Voir ci-dessus n. 13; Fischer, Lateinische Bibelhandschriften, p. 119, 179-180 et

182.

Page 15: Les livres des Maccabées dans la Bible latine. Contribution à l'histoire de la Vulgate.pdf

C. Synthese (tableaux 1 et 2)

Les listes qui precedent et l'inventaire des citations patristiques et

liturgiques permettent de proposer une synthese sous forme de ta-

bleaux (Tableaux 1 et 2). Ceux-ci permettront une meilleure compre-

hension de ce qui suit.

Tableau 1 : Diffusion des recensions jusqu'en 900 environ

200-300 300-400 400-500 500-600

600-700 700-750 750-800 800-900

Afrique CY

(LX/P)TY

(CY,V)

PETI (BM)AU (BM/V)PS-VIG

Var (L/V)

Espagne BRAU ep(Xa) 67(l=LXa)

ORA

Vis (B)C (V)

Italie SudSardaigne

LUC

(X)QU pro # CAr

(B)

ItalieCentreRome

PS-AU spe(M)

PS-AU sCai 61 (V)PAS-R (#)

ItalieNord

AM

(L/B)MAX sPS-MAX s

n (V) CLAU-

T (LXa)

196 (B)213 (B)Q (1MaV) =135 (2MaP)212 (B)

FranceSud

HIL

(L)146 (L)F (V)

FranceCentreParis

HH (Xl/

V)H (V,LXa)7 (L)

FranceNord

M (V) O (V+)SED-S (V)200 (L)

Angleterre BED (V)A (V)

Suisse S (V+) Fulda Aa11(V+)Sg1398b (V)

Allemagne Z (V,

LXa)210 (B)

? PS-CY

sing (L)JUL-E fi(L)

AN glo B(B;L)

70216 (L)

P.-M. BOGAERT 215

70. De Bruyne et Sodar, p. liv et n. 1. Ce glossaire a ete redige vers la fin duviii

e siecle. Dans un temoin, BAV, Reg. lat. 215, la serie est suivie d'une autre appa-rentee a LXG. Les gloses interessant les Maccabees ne sont pas considerees dans D.De Bruyne, Fragments d'anciennes versions latines tires d'un glossaire biblique, dansArchivum latinitatis Medii Aevi, t. 3, 1927, p. 113-120. � Aux mss connus de DeBruyne (BAV, Reg. lat. 215; BAV, Pal. Lat. 135; BAV, Vat. lat. 1469; Mont-Cas-sin 205; Fulda A2), B. Bischoff (Neue Materialien zum Bestand und zur Geschichte

Page 16: Les livres des Maccabées dans la Bible latine. Contribution à l'histoire de la Vulgate.pdf

Tableau 2 : Persistance des recensions non-V

? 900-1000 1000-1100 1100-1200 1200-1300 1300-

1400

1400-

1500

1500-

1600

Espagne M-M

[ANT-M]

[SCSTDM

DLL

L]

109 (LXa)

208 (M)

411 (X=V)

kV (V)

95 (LXa)

410 (X=V)

t56.69 (Xa)

94

(LXa)

419 (L)

Italie Sud [PG]

Italie

Rome

M-R

RES-R(V)

201 (L)

202 (L)

195 (B)

205 (L)

Italie

Nord

M-A

(non V)

211 (B)

[GA]

[VD] 198 (M)

217 (B)

218 (B)

214 (part.

B)

France

Sud

209 (LXa,

V)71

204 (L) 215 (B ex

214)

France

Paris

207 (M) [WMSJ]

France

Nord

[V+] [V+]

? 199 (M) 197 (B) 206 (B)

203 (L)

Le tableau 1 enumere tous les temoins connus des diverses recensions, y compris V,

jusqu'a 800; pour les annees 800-900, il mentionne tous les temoins non-V, les grandes

familles de temoins V et quelques temoins V utiles.

Le tableau 2 (900-1600) note tous les temoins non-V connus; il note aussi entre cro-

chets [ ] les temoins V utilises dans BS XVIII.

Dans les deux tableaux (1 et 2), les chiffres et les sigles (ceux-ci en gras) renvoient a

des temoins non-V selon l'usage du Vetus Latina Institut (voir Gryson, Altlat.

Handschriften); les chiffres en italique designent des temoins liturgiques non-V (lec-

tionnaires, passionnaires, etc.); les lettres en romain (A, n, G) designent des mss vulga-

tes selon l'usage des BS; les lettres en italique et entre parentheses (L, l, V ...)

designent les recensions selon BS XVIII. Les bibles contenant aussi la Passio Macha-

baeorum sont distinguees par l'addition du signe +. Le sigle # indique que la citation ne

se range dans aucune des recensions connues.

D. Le texte le plus ancien : la forme L

Le caractere primitif de L dans la tradition latine a ete amplement

montre par D. De Bruyne. Il convient de rappeler ici quelques aspects

de cette recension, qu'ils soient ou non primitifs.

REVUE BENEDICTINE216

der altlateinischen Bibelubersetzungen, dans Miscellanea G. Mercati. T. I [Studi e Testi,121], Citta del Vaticano, 1946, p. 407-436; voir p. 411) a ajoute Berne, Burgerbibl.258.71. LXa pour le livre I, V (F) pour le livre II; voir BS XVIII, p. xv.

Page 17: Les livres des Maccabées dans la Bible latine. Contribution à l'histoire de la Vulgate.pdf

Le plus notable a laisse des traces dans la tradition hispanique de V.

Le ms. L divise 1 Ma en deux livres (1 Ma 1,1-9,22; 9,23-16,24). Dans

deux manuscrits espagnols de V, C et DL (avant correction), on observe

les traces d'une repartition en quatre livres : celle de L pour 1 Ma; et

pour 2 Ma : 1,1-10,8; 10,9-15,40. Dans 1 Ma, mais non dans 2 Ma72, la

cesure se place presque exactement a la moitie du livre. Dans les deux

livres, elles correspondent a une realite litteraire, reconnue par les

commentaires modernes. Il est difficile de donner une explication a

cet usage atteste seulement en Espagne. Il doit y e� tre tres ancien et

pourrait e� tre primitif en latin. Il faut cependant rappeler que

certaines listes grecques connues des Latins mentionnent quatre livres

des Maccabees. C'est le cas dans le traite pseudo-isidorien De numeris73,

dont les temoins connus ne sont cependant pas espagnols et qui trahit

une origine grecque74. Peut-on faire l'hypothese qu'en l'absence de III

et de IV Maccabees les deux livres disponibles ont ete subdivises pour

arriver a quatre? Peut-e� tre. Un cas semblable et plus su� r se presente

pour la traduction d'Esdras par Jero� me, divisee tardivement en deux

livres pour correspondre aux listes canoniques.

E. Augustin, les donatistes et les origines de la recension V

Augustin mentionne l'episode de la resistance de Raxis jusqu'au

suicide (2 Ma 14,37-46) dans deux ecrits contemporains, l'Ep. 204 a

Dulcitius (418-419) et dans le Contra Gaudentium (Livre I : 20

septembre 418; Livre II : automne 419). La lettre annonce expli-

citement le traite. Le contexte est celui de la controverse avec les

donatistes qui conseillent a leurs adeptes de rechercher le martyre et

vont me� me jusqu'au suicide, en s'autorisant de l'exemple de Raxis.

1. La lettre

Dulcitius, fonctionnaire imperial, a promulgue deux edits contre les

donatistes, l'un les menaçant, l'autre adoucissant le premier. Il consulte

Augustin sur ce qu'il doit repondre a la lettre que Gaudentius, eve� que

donatiste de Thamugadi, lui a adressee. Dans sa reponse, Augustin

renvoie a des travaux anterieurs et se dit surcharge. Puis il en vient a la

P.-M. BOGAERT 217

RB 13

72. La premiere partie est notablement plus longue que la seconde.73. E. von Dobschutz, Das Decretum Gelasianum. Appendix I (cite n. 21), p. 68 :

Machabeorum libri quattuor sunt : primus numero uersuum DXXV, secundus numerouersuum DCCC, tertius numero uersuum CI, quartus numero uersuum ICC.74. Id., ibid., p. 62, 148 et 171.

Page 18: Les livres des Maccabées dans la Bible latine. Contribution à l'histoire de la Vulgate.pdf

question de la mort volontaire. Il reprend son argumentation et la

complete : ... de isto Raxio seniore ... adhuc eis numquam respondisse me

recolo. Il annonce un travail plus developpe. Il dit l'essentiel. Les

donatistes n'ont rien trouve d'autre parmi toutes les autorites dans

l'Eglise (perscrutatis omnibus ecclesiasticis auctoritatibus) que l'exemple

tire des Maccabees. Encore l'action n'y est-elle pas louee.

Le texte utilise par Augustin est-il celui que citait Dulcitius ou celui

d'Augustin? L'exemple de Raxis etait certainement evoque et peut-e� tre

me� me cite en long dans la question. Ce qui est su� r, c'est qu'Augustin

accepte de discuter l'argument, sans mettre en question le mot a mot

du texte. La lettre est publiee par A. Goldbacher d'apres des

manuscrits dont le plus ancien est du xiiie siecle75. Peut-on rap-

procher le texte d'Augustin d'une des recensions conservees? Voici les

donnees :

Le nom du heros est ecrit Raxius (avec x, 2e decl.). Cette ortho-

graphe est attestee seulement par les meilleurs temoins des capitula :

52. De Raxio presbytero76, et par la recension B77. On observe les

similitudes et differences suivantes :

senior = LXVP (presbyter BM)78

nobilis : cf. nobiliter V (v. 42)

multum in Iudaismo profecisset : cf. VP (absent de LXBM)

Iudaeorum pater = LXVBVP

scriptum est quod uoluerit nobiliter (V, v. 42) et uiriliter (LXV

BMP) mori

abruptam cucurrit ad petram (abruptam petram = LV, v. 45)

exanguis = LXVBMP

intestina = LXVBMP.

Il ressort de cet examen qu'il y a deux apparentements tres

caracteristiques avec V (multum in Iudaismo profecisset et nobiliter

deux fois); mais l'orthographe Raxius oriente vers B.

2. Le Contra Gaudentium79

Le Contra Gaudentium, ecrit tres peu de temps apres la lettre, n'est

conserve que par un manuscrit du xiie siecle, provenant de l'Abbaye de

REVUE BENEDICTINE218

75. CSEL 57, p. 317.76. BS XVIII, p. 155.77. 2 Ma 14,37; De Bruyne - Sodar, p. 217. Voir l'Appendice II.78. Dans tout ce passage, il s'agit de Xb, ce qui n'exclut pas Xa, souvent masque

derriere Xb.79. Ed. M. Petschenig (CSEL, 53); voir aussi G. Finaert et E. Lamirande,

�uvres de saint Augustin, t. 32 (IV,5), Paris, Desclee De Brouwer, 1965.

Page 19: Les livres des Maccabées dans la Bible latine. Contribution à l'histoire de la Vulgate.pdf

Parc (Londres, BL, Add. 17291) et par des editeurs anciens (Livre I :

Ba� le, Amerbach, 1503-1506; Livre II : Martin Lipse, Louvain, 1542)

qui ont eu acces a d'autres manuscrits perdus ou egares80. Malheu-

reusement, le manuscrit de Parc a une importante lacune, et le passage

evoquant 2 Ma 14 n'est donc conserve que par les editions anciennes.

Ici le rapprochement avec V est encore plus net.

Le nom du heros est Razias, comme dans V.

Dans une citation de la lettre de Gaudentius, Razias est dit

presbyter (p. 230, lignes 7-8), mais Augustin ecrit : senior ille Razias

(p. 235, ligne 1)

dementia (p. 230, ligne 21, et p. 231, ligne 21) peut se referer a

demens (B, v. 45; amens M)

abruptam (p. 235, ligne 15) = LV (v. 45)

adhuc autem spirans (p. 235, lignes 15-16) : cf. VP

in ceruicem (p. 235, ligne 20) = LXV

amator ciuitatis (p. 236, ligne 13; p. 37, ligne 3) = LXV

continentiam seruauit in iudaismo (p. 236, ligne 16), continentiam

tenuerit in iudaismo (p. 237, ligne 5) = V

dictum est quod elegerit nobiliter mori (p. 236, lignes 21-22) :

nobiliter = V

ualde bene audiens (p. 237, ligne 3) : les editions de V donnent

bene audiens, mais l'apparat de BS XVIII donne ualde bene audiens

dans de nombreux manuscrits contamines. Effectivement les recen-

sions LXBP ont ualde bene audiens.

La leçon continentiam ... in iudaismo, qui vient deux fois, est

caracteristique. Elle ne sert pas la demonstration d'Augustin. Elle

devait se trouver vraisemblablement dans la lettre de Dulcitius, car

les donatistes pouvaient se servir de cet argument qui grandissait le

heros.

Si l'on raisonnait sur presbyter/senior, on pourrait dire que Dulcitius

et les donatistes avaient presbyter, mais qu'Augustin ne veut pas

attribuer au heros juif le titre devenu chretien de presbyter et prefere

traduire senior.

P.-M. BOGAERT 219

80. G. Folliet, Les editions du « Contra Gaudentium » de 1505 a 1576, dans Misce-lanea Patristica. Homenaje al P. Angel C. Vega (= La Ciudad di Dios 181, 1968), ElEscorial, 1968, p. 183-195; voir aussi P. Petitmengin, « Le match Ba� le-Paris au xvi

e

siecle : editions princeps, editions revues des Peres latins », dans Mariarosa Cortesi(ed.), « Editiones principes » delle opere dei Padri greci e latini, Florence, SISMEL �Edizioni del Galluzzo, 2006, p. 3-39; voir p. 38.

Page 20: Les livres des Maccabées dans la Bible latine. Contribution à l'histoire de la Vulgate.pdf

Ici encore, le texte lui-me� me n'est pas discute, et Augustin accepte

le terrain sur lequel les donatistes le questionnent : (scriptura Maccha-

baeorum) recepta est ab ecclesia non inutiliter si sobrie legatur uel

audiatur (p. 237, lignes 11... 15-16).

3. Evaluation

Deux variantes demanderaient un examen supplementaire : Razias/

Raxius et continentiam. Pour la premiere, il faut suspendre tout

jugement en raison de la transmission tardive de cette partie du

Contra Gaudentium. Un alignement sur la Vulgate (V) a ete possible a

tout moment (voir l'Appendice II). En revanche, V dit bien de Razias :

Hic multis temporibus continentiae propositum tenuit in iudaismo (2 Ma

14,38). La notion de continentia n'est presente ni dans le grec ni dans

les autres recensions latines (LXBMP). La traduction de V repose sur

une interpretation etymologique particuliere du grec aÊ mixia, littera-

lement « refus du melange », ce qui s'entend, d'apres les dictionnaires,

du refus de sociabilite, de l'incivilite, ou encore, dans les relations entre

juifs et grecs, du refus de suivre les m�urs paíennes81. Le sens de

continence82, connu par ailleurs, est ici une interpretation chretien-

ne. L'expression propositum continentiae se rencontre chez Augustin83,

mais il n'y a aucune raison de la lui attribuer ici, puisqu'il ne s'en sert

pas dans son raisonnement.

Faut-il alors penser que cette leçon typique de V est de provenance

donatiste, puisqu'elle vient vraisemblablement a Augustin de Gauden-

tius (par Dulcitius)? Ce n'est pas a exclure, mais cela ne prouverait pas

encore l'origine donatiste. Les elements de preuve sont tres peu

REVUE BENEDICTINE220

81. F.-M. Abel et J. Starcky, Les Livres des Maccabees (La Sainte Bible ... sous ladirection de l'Ecole Biblique de Jerusalem), 3e ed. revue, Paris, Cerf, 1961, p. 307 et313, qui lisent le mot au genitif et le rattachent a ce qui precede, comprennent « autemps de la revolte »; voir aussi 2 Ma 14,3. J.A. Goldstein, II Maccabees (The An-chor Bible, 41 A), Garden City NY, Doubleday, 1983, p. 483-484, comprend « duringthe time of peace » en 14,3 (il prefere eÊ pimixia a aÊ mixia) et « in the preceding time ofwar » en 14,38 (aÊ mixia). Il faut aussi considerer le sens des deux mots chez FlaviusJosephe (aÊ mixia A.J. XIII, 245 et 247; eÊ pimixia B.J. II, 166; A.J. IV, 204; XVI,224; C.Ap. I, 60 et 61). On retrouve le mot eÊ pimixia dans des documents ptolemaí-ques; voir Cl. Preaux, Esquisse d'une histoire des revolutions egyptiennes sous les La-gides, dans Chronique d'Egypte, t. 11, 1936, p. 522-552, precisement p. 543 et notes.� J. Starcky, p. 313, note a, rappelle que l'ecrivain juif medieval Ben Gorion faitde Razis un Assideen. Cette presentation s'appuierait mieux sur la recension latineV, commune dans son milieu.82. On peut ecarter comme non vraisemblable dans le contexte une continence dans

le mariage.83. De ciuitate Dei XV,15,2; Cyprien, Ep. 55,20,2. On trouve propositum suivi de

uirginitatis ou d'autres termes semblables.

Page 21: Les livres des Maccabées dans la Bible latine. Contribution à l'histoire de la Vulgate.pdf

nombreux, et l'on ne peut parler que de vraisemblance. Tyconius cite

2 Ma 7,29 : Vt in illa miseratione cum fratribus te recipiam, ou la leçon

caracteristique de V, miseratio, se retrouve (toutes les recensions

ajoutent tuis apres fratribus).

Un regard sur l'ensemble des citations d'Augustin conduit pluto� t a

lui attribuer un texte des types B et M, et Petilien lui aussi

connaissait ce type non V84. On sait que les donatistes ont joue un

ro� le dans la diffusion de la bible latine. Les capitula en te� te de

nombreux livres, conserves tout au long du moyen a� ge, en sont des

temoins. Il faudra y revenir en ce qui touche les Maccabees (ci-

dessous, p. 226-228). On a vu que la stichometrie de Mommsen

pouvait avoir une origine donatiste. Rien n'empe� che que les

donatistes, en raison de l'intere� t qu'ils portaient aux Maccabees, aient

favorise la transmission du texte V en Afrique et aient cree les

conditions favorables a son succes ulterieur sur le Continent.

On trouve donc en Afrique, deja vers 400, certaines caracteristiques

du texte V, et � pourquoi pas? � la recension V elle-me� me, mais

cette recension, si c'est deja elle, n'est pas seule; il faut compter aussi

avec B. Il est exceptionnel que catholiques et donatistes discutent le

mot a mot du texte. Je ne connais qu'un exemple, ou il s'agit

seulement de savoir ou « mettre la virgule »85.

III. Succes precoce et final de V et resistances durables

A. Comment expliquer le succes ?

1. Codices ou pandectes

Il est tentant de penser que la diffusion du texte V des Maccabees a

quelque chose a voir avec la progressive hegemonie des bibles en un

volume. Toutefois ce n'est pas le cas avant les dernieres decennies du

viiie siecle. Les rares exemples anterieurs ne le donnent pas a croire.

Seules les bibles de Ceolfrid, dont l'Amiatinus, avaient la recension V,

et nous verrons qu'elles ne la tenaient pas d'une bible complete. La

bible de Saint-Germain-des-Pres (Paris, BNF, lat. 11553; VL 7), qui

peut remonter a une tres ancienne edition italienne de la bible en un

volume, et la bible palimpseste de Leon (VL 67), du viie siecle, n'ont

P.-M. BOGAERT 221

84. De Bruyne � Sodar, p. lvi-lvii.85. Ct 1, 6-7; voir P.-M. Bogaert, Les Bibles d'Augustin, dans Revue theologique de

Louvain, t. 37, 2006, p. 513-531; voir p. 519-521.

Page 22: Les livres des Maccabées dans la Bible latine. Contribution à l'histoire de la Vulgate.pdf

pas la recension V. Quant aux deux pandectes decrits par Cassiodore,

l'un, de petit format, ne contenait apparemment que les traductions de

Jero� me et l'autre, de grand format, transporte a Wearmouth-Jarrow,

n'a pas servi de modele pour les Maccabees; on ne sait quelle

recension de 1-2 Maccabees elle portait (B peut-e� tre, que Cassiodore

connaissait).

C'est donc plus tard, avec les premieres bibles completes caro-

lingiennes, que le texte V s'est generalise, non sans e� tre contamine, on

le verra (ci-dessous, p. 229-230). Anterieurement ce sont des codices

partiels, du type de celui de Durham, qui ont vehicule cette

recension. De tels codices ont d'ailleurs continue d'e� tre copies a

l'epoque carolingienne (K, O, S, Saint-Gall 1398b).

2. Disposition per cola et commata

E. A. Lowe a montre que le fragment des Maccabees aujourd'hui a

Durham (CLA 153, sigle : n), ecrit en Italie sur deux colonnes per cola

et commata au vie s., avait servi de modele pour les bibles copiees a

Wearmouth et Jarrow vers 700, donc pour l'Amiatinus. David H.

Wright a developpe ensuite cette observation. Deux variantes uniques

le prouvent comme il est rarement possible de le faire86. Le modele

antique etait une partie de bible, non un pandecte. Un calcul facile,

mais necessairement approximatif, donne a mon sens 26-28 lignes par

colonne (pluto� t que 30), d'une ecriture aeree87. Un manuscrit de ce

type ne peut contenir toute la bible, mais il contenait vraisem-

blablement plus que les deux livres des Maccabees : 90 folios environ

suffisaient pour les deux livres des Maccabees88.

Pour 1-2 Maccabees, je ne crois pas qu'il y ait d'autres temoins

conserves de cette façon de copier (sinon l'Amiatinus), a moins que

REVUE BENEDICTINE222

86. D.H. Wright, Some notes on English uncial, dans Traditio, t. 17, 1961, p. 441-456, 6 pl., voir p. 450-451; BS XVIII, p. xi.87. Pour le texte, voir C.H. Turner, Iter Dunelmense : Durham Bible MSS, with the

text of a leaf lately in the possession of Canon Greenwell of Durham, now in the BritishMuseum, dans The Journal of Theological Studies, t. 10, 1909-1910, p. 529-544; voirp. 539-541. E.A. Lowe, English Uncial, Oxford, 1960, pl. IIb (la planche donne unevue plus complete du fragment que celle des CLA); Id., A sixth-century Italian uncialfragment of Maccabees and its eighth-century Northumbrian copy, dans Scriptorium,t. 16, 1962, p. 84-85. � On trouvera des renseignements complementaires sur un frag-ment perdu dans R. Marsden, The text of the Old Testament in Anglo-Saxon England(Cambridge Studies in Anglo-Saxon England, 15), Cambridge, Cambridge UniversityPress, 1995, p. 83-85.88. Si c'etait le cas, l'Amiatinus pourrait avoir garde la copie de quelques autres

livres bibliques de ce codex.

Page 23: Les livres des Maccabées dans la Bible latine. Contribution à l'histoire de la Vulgate.pdf

l'un ou l'autre temoin ne l'ait transformee en remplaçant les alineas par

des espaces, comme Robert Weber en a montre la possibilite 89.

Cette observation ouvre des perspectives sur la voie par laquelle une

traduction biblique non hieronymienne a pu devenir « vulgate ».

La disposition du texte en lignes de sens, soit en longues lignes, soit

en deux colonnes (per cola et commata), a fait l'objet d'un expose

lumineux de Pierre Petitmengin90. D'une part, ce systeme a ete utilise

par Jero� me sans qu'on puisse dire qu'il l'a applique a toute la Bible;

d'autre part, il n'a pas fallu attendre Cassiodore pour qu'il soit

generalise et utilise me� me pour les livres que Jero� me n'a pas traduits

ou revises. Petitmengin s'en est tenu aux temoins anterieurs au viie

siecle, 93 au total dont 36 en lignes de sens (sigle & dans la colonne 5

de son tableau), 17 a longues lignes (dont 2 Evangiles) et 19 a deux

colonnes (dont 10 Evangiles). Il a observe que les deux plus anciens

temoins de la revision hieronymienne des Evangiles, Saint-Gall 1395

(CLA 984) et Autun 21 (CLA 722) ne sont pas copies en lignes de sens,

que les Evangiles vieux latins Paris, BNF, lat. 17225 (VL 8) sont

copies en Italie au ve siecle per cola et commata et que, par ailleurs,

cette disposition est utilisee pour des textes vieux latins (en longues

lignes, il est vrai, et surtout pour les Sapientiaux).

Il ne faut donc pas attribuer le succes de cette formule a Jero� me seul.

Et sans doute faut-il distinguer les longues lignes de sens et les lignes de

sens en deux colonnes necessairement etroites et entraí� nant des rejets sur

une ou plusieurs lignes suivantes qui sont alors indentees (entamees plus

a droite). Si l'emploi de cette formule a 2 colonnes est anterieur a

Cassiodore et si son succes n'est pas du� a Jero� me seul, je l'attribuerais

volontiers aux scriptoria ou aux stationarii, proches des amis romains de

Jero� me et qui ont diffuse ses �uvres. Il est tres vraisemblable, de plus,

qu'ils auront eu soin de fournir l'ensemble des livres bibliques du canon

romain d'Innocent Ier, donc aussi ceux que Jero� me n'a pas transmis ou

revises (Sagesse et Siracide, 1-2 Maccabees, Actes, Epí� tres pauliniennes

et catholiques, Apocalypse). Dans la liste de Petitmengin (manuscrits

anterieurs a 600)91, on retiendra trois temoins de cette categorie non

P.-M. BOGAERT 223

89. R. Weber, La lettre grecque K employee comme signe de correction dans les manu-scrits bibliques ecrits « per cola et commata », dans Scriptorium, t. 9, 1955, p. 57-63. �Le plus souvent la ponctuation joue le me� me ro� le; c'est pour cela que les mss per colaet commata n'ont normalement pas de ponctuation.90. P. Petitmengin, Les plus anciens manuscrits de la Bible latine, dans J. Fon-

taine et Ch. Pietri (eds), Le monde latin antique et la Bible (Bible de tous les temps,2), Paris, Beauchesne, 1985, p. 89-127; voir p. 103-105.91. P. Petitmengin, Les plus anciens manuscrits de la Bible latine, p. 120-123.

Page 24: Les livres des Maccabées dans la Bible latine. Contribution à l'histoire de la Vulgate.pdf

hieronymienne, ce qui n'est pas peu : en plus du fragment des Maccabees

de Durham (CLA 153), CLA 411 (Ravenne) pour Actes, 1 Jn,

Apocalypse, et CLA 798 (Orleans 19) pour Ecclesiaste, Cantique,

Sagesse. On notera aussi que le bilingue gothique-vieux latin (VL 79;

CLA 1388 : Ep. pauliniennes) presente la colonne latine per cola et

commata.

Qu'en est-il apres 600? Les CLA avec leurs supplements permettent

un panorama d'ensemble92.

Une premiere constatation sera interessante par la suite, car elle

revele l'importance de l'influence anglo-saxonne. Sur 78 (72 + 6

douteux) manuscrits bibliques copies en lignes de sens, 31 sont des

Evangiles copies sur deux colonnes (per cola et commata). Et sur ces

31 exemplaires, 17 ont ete copies en Northumbrie ou dans des centres

continentaux anglo-saxons comme Echternach. Ils ont tous la revision

de Jero� me. Le fait n'a rien de surprenant si l'on se souvient que, to� t

apres 600, deux manuscrits des Evangiles copies en Italie sont

parvenus en Angleterre, tous deux copies en 2 colonnes per cola et

commata : Cambridge, Corpus Christi College 286 (CLA 126) et

Oxford, Bodl. Libr. Auct. D.II.14 (CLA 230)93.

Une deuxieme constatation renforce la premiere. L'Amiatinus (CLA

299), bible complete, et son jumeau conserve fragmentairement (CLA

177) ont ete copies integralement sur deux colonnes per cola et commata

autour de 700 a Wearmouth ou Jarrow sous Ceolfrid. Patrick McGurk

a fait justement remarquer qu'aucune bible complete n'avait plus

jamais ete copiee selon une mise en page si peu economique94. Quoi

qu'il en soit, ces bibles avaient toutes les traductions de Jero� me et,

pour les livres auxquels il n'a pas touche, le type de texte qui

deviendra vulgate.

L'influence d'un modele anglo-saxon reste sensible si l'on considere

distinctement les temoins des traductions non hieronymiennes deve-

REVUE BENEDICTINE224

92. Un examen detaille d'ensemble est souhaitable, mais il etait disproportionnedans le cadre de ce travail. Il serait utile qu'un paleographe s'interesse de façon syste-matique a la copie des manuscrits latins en lignes de sens que ce soit en longues lignesou en deux colonnes.93. Pour e� tre precis, dans les Evangiles d'Oxford, Mt est en lignes continues, la

suite per cola et commata; voir R. Marsden, The Gospels of St Augustine, dans R. Ga-meson (ed.), St Augustine and the conversion of England, Phoenix Mill, Stroud, SuttonPublishing, 1999, p. 285-312, ill.; cf. p. 285-286; voir aussi R. Gameson, The earliestbooks of Christian Kent, ibid., p. 313-373, ill.94. P. McGurk, The oldest manuscripts of the Latin Bible, dans R. Gameson (ed.),

The early medieval Bible. Its production, decoration and use, Cambridge, CambridgeUniversity Press, 1994, p. 1-23; voir p. 14.

Page 25: Les livres des Maccabées dans la Bible latine. Contribution à l'histoire de la Vulgate.pdf

nues vulgates, parfois associees a des traductions de Jero� me. Sur 11

temoins, 5 sont copies en Northumbrie ou dans des centres anglo-

saxons sur le Continent (CLA 194a, 194b, 586, 750, 1746); 5 en Italie

(CLA 100, 1114, 1223, 1359, 1844) et 1 a Salzbourg (CLA 1462,

partiellement en longues lignes); a quoi s'ajoutent les bibles de

Ceolfrid, deja mentionnees.

Si l'on considere les seules traductions de l'Ancien Testament par

Jero� me, on a pour l'Italie 8 temoins (CLA 2, 66, 378, 435, 460, 546,

1148, 1762), pour la Northumbrie et les centres anglo-saxons, outre

les bibles de Ceolfrid, 2 temoins (CLA 194a, 1811), pour la France 5

temoins (2 a Luxeuil : CLA 1337 et 1518; 2 a Tours : CLA 683 et

837; 1 venu to� t a Lyon : CLA 691); a Salzbourg 2 (CLA 1445 : 2

codices de la bible d'Arn).

Cette derniere constatation fait apparaí� tre que l'Italie reste une

source importante de codices bibliques copies sur 2 colonnes per cola et

commata et vehiculant les traductions de Jero� me. Mais l'on observe

aussi que des centres influents tels que Luxeuil au debut du viiie

siecle, Salzbourg et Tours a la fin du me� me siecle privilegient encore

cette mise en page. Des que la mode se porta sur les bibles en un

volume, cette mise en page fut abandonnee. On le constate a Orleans

ou Theodulfe utilise des modeles italiens copies per cola et commata

(CLA 797, 798, 799, 801) pour ses bibles compactes. De me� me a

Tours, un Octateuque (CLA 837) et un manuscrit des Prophetes (CLA

683) sont encore copies per cola et commata peu avant 80095, mais le

me� me scriptorium se specialise ensuite dans la copie de bibles en un

volume selon une mise en page plus economique.

On peut conclure ce developpement, a la fois trop long et trop bref,

en disant que la mise en page per cola et commata sur deux colonnes

peut e� tre consideree comme un marqueur de la diffusion des codices

bibliques des traductions de Jero� me et de celles qui lui furent adjointes

pour obtenir le canon latin complet. C'est un fait de librairie, a situer en

Italie d'ou il se repandit dans diverses directions. Il eut un succes unique

en Angleterre, ce qui s'explique si cette mise en page prevalait a Rome

au moment ou les eglises et les monasteres anglais qui venaient d'e� tre

fondes (donc apres 600) se fournissaient en livres. Au cours du viiie

P.-M. BOGAERT 225

95. Voir les planches xxviii et xxix (Tours 10) et vii (Nouv. acq. lat. 1586) sansequivoque dans E.K. Rand, Studies of the script of Tours. I. A Survey of the manu-scripts of Tours. Vol. II. Plates (The Medieval Academy of America, 3), Cambridge,Massachusetts, 1929.

Page 26: Les livres des Maccabées dans la Bible latine. Contribution à l'histoire de la Vulgate.pdf

siecle, l'influence anglo-saxonne sur le Continent entraí� na un mouvement

de retour, notable surtout pour les codices des Evangiles.

Les conclusions auxquelles conduit cette etude confirment et

elargissent ce que Jean Gribomont96 a pu ecrire sur la diffusion du

texte « vulgate » de la Sagesse et du Siracide. Dans ce contexte, le

fragment italien des Maccabees conserve a Durham et utilise comme

modele a Wearmouth-Jarrow sort de l'isolement et prend tout son sens.

3. Les capitula97

La tradition manuscrite a conserve les series anciennes de capitula

suivantes.

Pour 1 Maccabees :

Vbi euersa ... 61 (dans les temoins V, dans VL 210 et 209)98

De Alexandri ... 35 (dans B)99

Vbi de Alexandria ... 61 (dans VL 210, recension B, mais non

pour cette recension).

Pour 2 Maccabees :

Vbi occisus ... 55 (dans les temoins V, dans VL 210 et 209)100

(I) forme habituelle

(II) forme espagnole particuliere a partir du n° 46 (dans S LL)

Iudeis fratribus ... 12 (dans P)101.

De plus, D. De Bruyne a publie partiellement une serie conservee

par des bibles de la Grande Chartreuse (xiie s.)102 : De potentia et

extollentia Alexandri ... 66. Il l'attribue a un chartreux, ainsi que celles

pour Chroniques, Esdras, Tobie, Judith, Esther et Job. P. Meyvaert a

montre que ces dernieres series avaient Bede pour auteur, mais Bede

ne mentionne pas les Maccabees a ce propos103.

REVUE BENEDICTINE226

96. J. Gribomont, L'edition vaticane de la Vulgate et la Sagesse de Salomon dans sarecension italienne, dans Rivista di storia e letteratura religiosa, t. 4, 1968, p. 472-496.97. Voir dans BS XVIII, p. lxv, le tableau des diverses pieces annexes dans les

manuscrits. De plus : T. Ayuso Marazuela, Los elementos extrabíblicos de los Maca-beos y apendices del Antiguo Testamento, dans Estudios Bíblicos, t. 7, 1948, p. 147-166.98. BS XVIII, p. 21-26; pour VL 209, voir p. xv.99. De Bruyne et Sodar, p. 2-3.100. BS XVIII, p. 151-156 pour (I) et (II).101. Cette forme est constituee de douze incipit; elle est editee par De Bruyne et

Sodar, p. 102.102. [D. De Bruyne], Sommaires, Divisions et Rubriques de la Bible latine, Namur,

1914, p. 159.103. P. Meyvaert, Bede's Capitula lectionum for the Old and New Testaments, dans

Rev. bened., t. 105, 1995, p. 348-380.

Page 27: Les livres des Maccabées dans la Bible latine. Contribution à l'histoire de la Vulgate.pdf

Pour e� tre complet, il faut mentionner aussi les series propres a la

bible Paris, BNF, lat. 16267 (xiiie s.)104 :

1 Ma : De Alexandro magno ... 8

2 Ma : Epistola habitantium ... 8,

et les series mentionnees par S. Berger105 dans Madrid, Bibl. del Pal.

II.c.1 :

1 Ma : De regno Antiochi ... 25

2 Ma : Conceptio epistolarum ... 25.

Essayons d'interpreter ces donnees anciennes.

a. Au debut de ce qui est pour nous 1 Ma 7, on observe dans le

fragment de Durham la mention du chiffre XIX, ce qui correspond a

la serie commune Vbi euersa des capitula. Celle-ci est donc au moins

aussi ancienne que le fragment (Italie, vie s.). De plus, assez to� t, et

certainement avant l'Amiatinus (vers 700), tous les temoins de V,

qu'ils soient espagnols, italiens, northombriens ou gaulois, sont

precedes des series Vbi euersa et Vbi occisus. Ces series sont donc liees

a la diffusion de la recension V qui deviendra vulgate. La seule

exception est apparente seulement : HH, qui ne donne pas la recension

V jusqu'a 1 Ma 6,40, n'a de capitula pour aucun des deux livres. Dans

HAM et dans K, les prologues aux deux livres sont groupes en te� te du

premier106. Q (VL 135), qui donne la recension P pour le livre II, a

pour ce livre des capitula particuliers, faits d'une suite de douze incipit.

b. Le libelle des capitula correspond mieux avec la recension V qu'avec

aucune autre107. Il y a cependant une difficulte, le nom Raxius (voir

Appendice II).

c. Cassiodore avait redige des capitula pour les Maccabees108.

P. Meyvaert a montre que Bede aussi en a redige pour certains

livres109, mais les capitula attaches a la recension V de 1-2 Ma sont

plus anciens que Bede (ci-dessus en a). On peut difficilement attribuer

tels quels les capitula de V a Cassiodore qui cite la recension B110.

Faut-il penser a Bellator (voir ci-dessus, p. 211)?

P.-M. BOGAERT 227

104. De Bruyne et Sodar, p. lviii (16297 est imprime par erreur pour 16267).105. S. Berger, Histoire de la Vulgate pendant les premiers siecles du moyen a�ge,

Nancy, 1893, p. 353.106. BS XVIII, p. lxv et lxiv.107. De Bruyne et Sodar, p. lviii.108. Institutiones, I,vi (ed. R.A.B. Mynors, p. 27) : titulos sub breuitate collegi.109. P. Meyvaert, Bede's Capitula Lectionum (cite a la n. 103).110. De Bruyne et Sodar, p. lvii.

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d. Il n'est pas possible non plus de demontrer une origine donatiste

des capitula. Ceux-ci auraient certainement mis en valeur l'exemple de

Raxis qui cherche le martyre. Alors que l'attribution aux donatistes est

certaine pour d'autres series, personne n'y a pense pour celle-ci111.

e. L'etroite liaison de la serie la plus commune des capitula avec la

recension V dans tous les temoins anciens pourrait e� tre decisive pour

comprendre le point de depart de la diffusion de V, car il est

vraisemblable que cette serie de capitula a ete redigee par les

responsables de la diffusion de V. Puisque cette serie existait en Italie

au vie siecle (fragment de Durham), elle a du� ou y e� tre reçue avec V

ou y e� tre composee pour V.

4. Les prefaces112

D. De Bruyne a montre que la preface Macchabeorum libri duo

praenotant proelia, avec la leçon Graecorum, rare mais seule possible, a

pu circuler avec la recension B (elle est dans VL 195, mais non dans

VL 210 = Laud 22). Dans les manuscrits de la recension V (les plus

anciens sont les bibles de Theodulfe), on lit partout Persarum,

impossible. Le prooemium d'Isidore Maccabeorum libri licet non,

transmis dans des bibles espagnoles du xe siecle, a la leçon fautive. Il

doit donc dependre de la preface precedente, a laquelle il ajoute une

mention sur le statut canonique des Maccabees, et dont il omet

l'insistance sur le martyre des sept freres. Il faut conclure que le

premier prologue est anterieur a Isidore et qu'il a circule assez to� t

avec la mauvaise leçon Persarum en te� te de la recension V, ou Isidore

l'a trouve. Donc Isidore connaí� t la recension V113.

5. Un palimpseste

Parmi les manuscrits des Maccabees nettement anterieurs a 800, le

seul palimpseste est la Bible de Leon, principalement « vulgate », en

onciale du viie siecle (VL 67, ou l). Il a ete recrit en minuscule

wisigothique au ixe siecle (Histoire Ecclesiastique d'Eusebe dans la

traduction de Rufin). Le fait que la totalite de la bible, princi-

palement « vulgate », mais non pour les Maccabees (proches de L), a

ete remployee en vue de recrire un texte non biblique ne permet

REVUE BENEDICTINE228

111. P.-M. Bogaert, Les particularites editoriales des Bibles comme exegese impliciteou proposee. Les sommaires ou capitula donatistes, dans Lectures bibliques (Publicationsde l'Institutum Iudaicum), Bruxelles, 1982, p. 7-21.112. Pour les textes, voir De Bruyne et Sodar, p. 1, et BS XVIII, p. lxiii et 5-6.113. De Bruyne et Sodar, p. lvii.

Page 29: Les livres des Maccabées dans la Bible latine. Contribution à l'histoire de la Vulgate.pdf

aucune conclusion particuliere sur l'emploi victorieux d'une traduction

pluto� t que d'une autre114.

B. Les resistances : les contaminations de V

Le tableau 2 (p. 216) montre que la liturgie, souvent conservatrice,

et les manuscrits bibliques ont continue a copier occasionnellement des

textes non conformes a V. Il est interessant de s'arre� ter a un

phenomene tout aussi significatif, l'hybridation de V par d'autres

recensions. L'ensemble fait apparaí� tre une sorte de resistance

mecanique, pour une part non deliberee, a l'hegemonie de V.

L'edition critique de la recension V, avec son erudite preface,

permet de suivre les contaminations subies par la recension

dominante115.

1. La plus importante des contaminations est constitutive de la

recension V telle qu'elle nous est parvenue. Les deux premiers

chapitres de 1 Maccabees (1,42-2,25) ont ete fortement marques par

des leçons de type B116. Cette contamination, qui s'observe aussi

occasionnellement sur toute la longueur des deux livres, doit e� tre

anterieure a la diffusion de V hors d'Italie; elle est theoriquement

deja possible en Afrique, ou B et V ont cohabite, mais on ne peut

s'en assurer.

D'autres contaminations sont intervenues au cours de la tradition

manuscrite de la recension V.

2a. Une recension de type LXa117 a marque de façon continue les

manuscrits H (Theodulfe, a Orleans) et la Bible d'Angilram (Z a

Metz), qui doivent donc remonter a un modele commun. Cependant Z

en est moins eloigne que H, car la liste des accords HLX... contre Z,

sans e� tre tres longue, est substantielle. Il y a quelques accords ZLX

contre H. Puisque LX ont eu une diffusion surtout hispanique et que

Theodulfe et ses bibles ont transmis a l'evidence une partie de

P.-M. BOGAERT 229

114. E.A. Lowe (« A list of the oldest Latin palimpsests with stray observations ontheir origin », dans E.A. Lowe, Palaeographical Papers 1907-1965, Oxford, ClarendonPress, 1972, t. II, p. 480-519) note d'une part (p. 483) que la Vulgate peut avoir etesupplantee par d'autres textes. Mais plus habituellement c'est la vetus latina qui esteffacee (p. 482 et la liste p. 490).115. BS XVIII. Mon travail ne comporte pas de recherches nouvelles sur le texte; il

vise a situer les resultats acquis dans l'histoire.116. De Bruyne et Sodar, p. xxix; BS XVIII, p. xxx-xxxiii.117. Comme me l'ecrit Jean Mallet dans sa lecture minutieuse du present article, la

recension Xa est souvent masquee sous Xb dans la seconde partie de la Bible d'Alcala(X).

Page 30: Les livres des Maccabées dans la Bible latine. Contribution à l'histoire de la Vulgate.pdf

l'heritage hispanique, puisque, d'autre part, V a ete present en Espagne

(Cavensis), il est raisonnable de placer en Espagne le modele de HZ, et

cela largement avant 791, date de la mort d'Angilram. Les listes de BS

XVIII pouvant servir a departager l'influence respective de L, de X et

de G (tous trois apparentes) sont courtes et peu demonstratives, sauf

celle des accords HZ avec L contre X.

HZL, tel est bien l'accord temoignant d'un travail de revision de la

recension V. Si l'on additionne les accords HZ-LX (36 cas, sans les

accords parvi momenti), les accords H-LX (15 cas), les accords HZ-L #

X (10 cas), les accords H-L #Z#X (6 cas), l'ensemble HL est vraiment

substantiel et, on l'a dit, d'origine hispanique.

2b. En marge de ce grand courant, on notera une liste interessante

de cas ou des temoins alcuiniens (FTRGP) vont avec LX contre HZ. Il

s'agit la d'un effort de revision plus limite de V sur LX, independant

du precedent.

3. Un temoin de la recension B a du� se trouver a Metz, car BS

XVIII donne une liste longue et remarquable de corrections (Z2, Z3,

ZA) sur le texte B. On se rappellera que le plus ancien temoin

complet de B, le manuscrit de la Bodleienne (VL 210), est

germanique (Wurtzbourg).

4. Negativement, il faut observer que la recension V, bien presente

en Espagne (C, S, D, L) n'y est pas contaminee par les autres

recensions.

5. Nous avons interprete les contaminations comme des resistances a

l'hegemonie de V. Il faut situer en amont deux couches d'influences

LX, celle commune a HZ et celle propre a H (les leçons propres a Z

sont peu nombreuses). C'est donc bien V que l'on a voulu ameliorer,

non l'inverse. V est deja vainqueur.

Cette me� me preference pour V se retrouve dans le scriptorium de

Theodulfe qui a d'abord copie un manuscrit de type LX, puis, en

cours de route, a choisi V (ainsi que le montre HH).

C. Le bon texte d'une mauvaise recension

En 1971, Bonifatius Fischer proposait une evaluation du texte

alcuinien des Maccabees a partir d'une comparaison systematique avec

A, C, Z et M118. Les accords AC constituent pratiquement toujours le

texte de l'edition manuelle de 1969, comme d'ailleurs de celui de la

REVUE BENEDICTINE230

118. Reimprime dans B. Fischer, Lateinische Bibelhandschriften, p. 372-373.

Page 31: Les livres des Maccabées dans la Bible latine. Contribution à l'histoire de la Vulgate.pdf

grande edition critique de 1994. Le texte de Tours (F) se situe entre A

(Amiatinus) et C (Cavensis), plus pres de A. La parente avec la bible

d'Angilram de Metz (Z) ou avec la bible de Maurdramn de Corbie (M)

ou a fortiori avec les deux (ZM) lui paraí� t etonnamment faible. C'est

dire que les particularites du texte F lui sont venues par une autre

voie. Il faut completer ce premier jugement par celui, assez different

a premiere vue, que les specialistes atteles a l'edition de BS XVIII

ont propose en 1993 dans le commentaire a l'edition en fac-simile de

la Bible de Saint-Paul-hors-les-Murs119. A partir d'echantillons plus

courts (1 Ma 1-5; 2 Ma 1-5), mais en etendant la comparaison du

texte alcuinien a tous les temoins importants et aux accords AC, ils

arrivent aux resultats suivants. Pour 1 Maccabees, les leçons F se

retrouvent surtout dans M (18/25) et O (12/25), les autres etant loin

en arriere (6/25 ou moins). Pour 2 Maccabees, M vient de nouveau en

te� te (16/20), tous les autres y compris O etant loin derriere (4/20). La

premiere evaluation est donc a nuancer par la seconde.

Un grand apport de l'edition benedictine de 1994 a cet egard est

l'etude systematique de Z qui, revise sur LX, se distingue

fondamentalement de M. Les principes de cette edition, rappelons-le,

sont les suivants :

� Lorsque la tradition hispanique, representee par C, et la tradition

italienne, representee par A (copie a Wearmouth ou Jarrow sur un

modele italien, n), sont d'accord, ils representent l'archetype de V (BS

XVIII, p. lx fin).

� Les hybridations permettent d'identifier un sous-groupe : HZ.

� Bien que l'introduction de BS XVIII ne detaille pas la façon dont

les autres temoins se comportent, il est facile d'observer que S et O

vont souvent ensemble120 et de me� me les bibles de Bobbio et de

Biasca Q et GA. On peut aussi presumer un ensemble SOQGA.

Vers une conclusion

Avant de repondre a la question posee au debut de cet article, il

semble utile de faire une observation generale. La tradition de 1-2

P.-M. BOGAERT 231

119. J. Gribomont, H. de Sainte-Marie, J. Mallet, St. Pisano, « La Bibbia diSan Paolo fuori le Mura. Storia del testo », long chapitre du Commentario della Bibbiadi San Paolo fuori le Mura, accompagnant l'edition du fac-simile, Roma, Istituto Po-ligrafico e Zecca dello Stato � Libreria dello Stato, 1993, p. 337-531; voir p. 431-436.120. BS XVIII, p. xi.

Page 32: Les livres des Maccabées dans la Bible latine. Contribution à l'histoire de la Vulgate.pdf

Maccabees s'inscrit bien dans celle des autres textes bibliques, en depit

de son statut de livre non canonique chez les Hebreux. Mais, comme

pour d'autres livres non traduits par Jero� me, elle est tres complexe.

Et cette complexite est particulierement visible et donc saisissable,

plus saisissable que dans le Nouveau Testament, ou les variations sont

souvent infinitesimales. Nous n'avons fait que rappeler cette

complexite en nous appuyant sur les travaux anterieurs. Non

seulement les formes de textes ont ete multiples, mais un me� me

manuscrit a pu e� tre temoin successivement de deux ou plusieurs

formes de textes, comme si la complexite allait en croissant.

Cependant, autour de 800, une forme de texte va recouvrir toutes les

autres, la moins bonne au jugement des experts.

Italie ou Rome? Autorite ecclesiastique ou libraire (stationarius ou

scriptorium monastique)? Ce ne sont pas des dilemmes, mais des

questions. Au cours de ce travail visant a tracer l'itineraire de la

recension V des Maccabees, il a fallu le plus souvent ne pas choisir.

Et pourtant l'enjeu n'est pas mince. S'il etait possible d'argumenter

avec precision, nous pourrions suivre un des itineraires de la diffusion

des traductions de Jero� me auxquelles une forme latine des Maccabees a

ete associee. Finalement tout s'expliquerait mieux si l'on partait de

Rome.

1. Jero� me est le seul a evoquer dans les prologues a quelques-unes de

ses traductions bibliques la copie per cola et commata, distinguee des

lignes de sens. Et ce sont ses amis de Rome qui ont diffuse ses �uvres.

Au vie siecle, des traductions bibliques, hieronymiennes ou non, ont

ete copiees sur deux colonnes per cola et commata en Italie et donc

peut-e� tre a Rome.

C'est de Rome qu'est partie l'evangelisation de l'Angleterre. Aux viie

et viiie siecles, les centres chretiens nouvellement fondes au Nord des

Alpes et en Angleterre, eglises ou monasteres, cherchent a se fournir en

manuscrits aupres des libraires italiens et aussi romains121. Deux

celebres manuscrits des Evangiles sont ainsi arrives tres to� t en

Angleterre, le premier vraisemblablement des le debut de la christia-

nisation, a Cantorbery122. On a vu que le fragment d'origine italienne

REVUE BENEDICTINE232

121. Il en reste des traces. Ainsi ce colophon du libraire romain Gaudiosus a la find'un manuscrit des Evangiles de la fin du ix

e siecle (Angers, BM, 24[20]) : voirD. De Bruyne, Un vieux libraire romain, Gaudiosus, dans Rev. bened., t. 30, 1913,p. 343-345. Mais il y a d'autres exemples et d'autres temoignages.122. Pour memoire, il s'agit de Cambridge, Corpus Christi College 286 (CLA

II2,126) et Oxford, Bodl. Libr., Auct.D.ii.14 (CLA II2,230). Voir Marsden, The Gos-pels of St Augustine (cite n. 93); l'auteur pencherait pluto� t pour le Nord de l'Italie.

Page 33: Les livres des Maccabées dans la Bible latine. Contribution à l'histoire de la Vulgate.pdf

conserve a Durham a servi de modele pour le texte, pour l'ecriture et

pour la mise en page de l'Amiatinus. L'onciale romaine est-elle

precisement en cause? Ce serait difficile a montrer, je crois123, mais

on ne peut l'exclure.

Il faut donc croire que, si les textes espagnols (Cavensis),

northumbrien (Amiatinus) et français (M F) des Maccabees sont si

proches l'un de l'autre (ce n'est pas vrai pour Z et pour H)124, la

raison en est que tous remontent a un modele diffuse en Italie (et �

pourquoi pas? � a partir de Rome), du type du fragment de Durham.

Le lien constant d'une me� me serie de capitula avec la recension V vient

confirmer l'identite d'origine des modeles hispaniques, northumbriens et

français. Le fragment de Durham se caracterisait deja par la presence

de cette serie. On aimerait savoir qui l'a redigee, mais il faut y

renoncer. Du moins il est raisonnable de penser que sa presence est

pour quelque chose dans le succes de la recension V dont elle

facilitait la consultation.

2. Cette proposition doit e� tre completee par une autre. On a vu qu'a

Rome les Maccabees sont utilises par Paschase au debut du vie siecle,

mais que Gregoire le Grand ne prend pas parti categoriquement en

faveur de leur autorite. On regardera donc du co� te des libraires.

Conscients ou non de l'existence d'autres recensions, c'est celle qu'ils

avaient sous la main, V, qu'ils ont diffusee. C'est a celle-la qu'ils ont

attache la serie commune des capitula. C'est celle-la qu'ils ont associee

aux autres livres bibliques.

3. Mais comment? Dans des codices contenant quelques livres ou

dans des pandectes? Copies en 2 colonnes per cola et commata ou en

longues lignes sans egard pour le sens? Il est tres peu probable que la

copie per cola et commata, qui occupe beaucoup de place, ait servi a des

pandectes ailleurs qu'a Wearmouth et Jarrow ou elle aboutit a un

codex tres encombrant et tres lourd, l'Amiatinus.

Les pandectes antiques dont nous gardons la trace, le modele de la

Bible de Saint-Germain-des-Pres (G, VL 7) et le palimpseste de Leon

(VL 67), n'ont pas la recension V des Maccabees, mais des recensions

P.-M. BOGAERT 233

RB 14

123. Voir A. Petrucci, L'onciale romana. Origini, sviluppi e diffusione di una stiliz-zazione grafica altomedioevale, dans Studi Medievali, IIIa s., t. 12, 1971, p. 75-134,xx pl. � Le fragment de Durham n'est pas pris en compte.124. La ressemblance de C, A, M et F est exceptionnelle; elle l'est d'une façon ge-

nerale, elle l'est aussi dans les erreurs certaines. Si l'on s'en tenait a editer l'archetypede CAMF, l'on aboutirait a un texte encore plus �fautif' que celui de BS XVIII, maisquelques erreurs peuvent remonter plus haut (lettre de dom Jean Mallet du 29 janvier2007, p. 6).

Page 34: Les livres des Maccabées dans la Bible latine. Contribution à l'histoire de la Vulgate.pdf

apparentees a L (VL 146). L'Amiatinus, qui a la recension V, a pour

modele immediat un petit codex dont nous conservons un fragment.

Dans le modele antique de la Bible de Saint-Germain-des-Pres (G =

VL 7), les « livres ecclesiastiques » etaient groupes et il en etait a peu

pres de me� me dans le palimpseste de Leon, ou Esther vient s'intercaler

(Esd-Ne, IV Esdras, Sg, Si, Est, Jdt, Tb, 1-2 Ma)125. Ils se distinguent

donc en cela de l'Amiatinus qui groupe les historiae (Job, Tb, Jdt, Est,

Esd(-Ne), 1-2 Ma) entre les Prophetes et le Nouveau Testament. Je

tiendrais donc le modele de ce dernier pour un petit codex contenant

les versions des historiae par Jero� me. J'y verrais par exemple le Tobie

de Jero� me si bien etudie par Richard Marsden, pour lequel Bede ne

disposait pas d'un autre texte a Wearmouth-Jarrow126.

4. Dans l'accession ulterieure de V au statut de « vulgate » avant la

lettre, l'accord des scriptoria d'Orleans (Theodulfe) et de Tours (Alcuin)

a du� jouer un grand ro� le. Or on a conserve a Orleans les restes de

quatre petits codices du vie siecle ecrits en Italie sur deux colonnes per

cola et commata (CLA 797 : 1-3 Rois; CLA 798 : Qo, Ct, Sg; CLA 799 :

Prophetes; CLA 801 : Paul). Et l'on sait qu'ils ont servi de modele aux

bibles de Theodulfe127. La situation est presque la me� me a Orleans

qu'en Northumbrie. La demonstration est un peu moins nette pour

Tours. On constate au moins que les deux plus anciens temoins

bibliques de ce scriptorium (autour de 800, avant Alcuin) sont copies

en 2 colonnes per cola et commata : Paris, BNF, nouv. acq. lat. 1586

(Prophetes) et Tours, BM 10 (Octateuque). Mais les bibles de

Theodulfe et d'Alcuin renoncent a cette disposition qui economise si

peu le parchemin.

Si l'on pouvait identifier le lieu de copie du fragment de Durham, on

connaí� trait aussi vraisemblablement le point de depart de la diffusion

victorieuse de la recension V des Maccabees, mais on n'en aurait pas

pour autant fixe l'origine, evidemment plus ancienne et tres

probablement africaine. Et si l'on pouvait identifier le lieu de copie

des plus anciens manuscrits et fragments bibliques copies en deux

colonnes per cola et commata, du me� me type que celui de Durham, on

connaí� trait aussi l'un des chemins par lesquels les traductions de

REVUE BENEDICTINE234

125. D'apres la reconstruction de B. Fischer, Ein neuer Zeuge zum westlichen Textder Apostelgeschichte, dans Id., Beitrage zur Geschichte der lateinischen Bibeltexte (Ausder Geschichte der lateinischen Bibel, 12), Feiburg, Herder, 1986, p. 74-105 (premierepublication : 1963).126. Marsden, The text of the Old Testament (cite n. 87), p. 171-179.127. Fischer, Lateinische Bibelhandschriften, p. 135.

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Jero� me ont ete transmises. Traductions de Jero� me et traductions

destinees a les accompagner, les deux ont ete associees non dans des

pandectes d'abord, mais dans des series de petits codices diffuses par

des libraires italiens et peut-e� tre romains, heritiers d'une technique

particuliere de copie.

Maredsous Pierre-Maurice Bogaert

Appendice I

La place des Maccabees dans les bibles latines

La consultation des listes de Samuel Berger128 et de Walter Thiele129

permet de mesurer la tres grande variete des ordres des livres dans les bibleslatines. Celle-ci resulte de l'existence de differents principes de classement etd'accidents dans la transmission. Au sujet des Maccabees, on peut faire lesobservations suivantes, qui ne valent evidemment que pour les Biblescompletes ou presque :

1. 1-2 Maccabees peuvent se trouver rattaches au groupe des livres« ecclesiastiques », et ils sont alors toujours a la fin de ce groupe. Comme celui-ci est place a la fin de l'Ancien Testament, les Maccabees sont alors en finale(Berger 1-4, 10-12, 14, 17, 160; Thiele 73 a 90). C'est le cas dans les Bibles deTheodulfe, mais pas seulement.

2. Tres souvent 1-2 Maccabees sont rattaches aux Historiae, groupe peuferme, mais comprenant habituellement Esdras-Nehemie, Tobie, Judith,Esther et 1-2 Maccabees. Ce groupe se trouve assez souvent en finale del'Ancien Testament, avec le me� me resultat que ci-dessus (Berger 5-9, 18-30;Thiele 1 a 15). Ainsi dans l'Amiatinus, entre les Prophetes et le NouveauTestament, on trouve Job, Tobie, Judith, Esther, Esdras-Nehemie, 1-2Maccabees; dans le Cavensis : Esdras-Nehemie, Esther, Judith, Tobie, 1-2Maccabees. Dans les Bibles de Tours (F), nombreuses et influentes, l'ensemblehistorique 1-2 Chroniques, Esdras-Nehemie, Esther, Tobie, Judith, 1-2Maccabees se trouve entre les Sapientiaux et le Nouveau Testament.

3. Il arrive rarement que 1-2 Maccabees soient places dans la succession detous les livres historiques (Octateuque, 1-4 Rois, 1-2 Chroniques, Esther, Tobie,Judith, 1-2 Maccabees). Ainsi l'ordre Berger 16.

4. Dans l'ordre de la lecture annuelle de la Bible, on trouve habituellementl'ordre Esther Esdras (-Nehemie), 1-2 Maccabees, Ezechiel. Mais il y a desvariantes (Berger 193-212).

P.-M. BOGAERT 235

128. S. Berger, Histoire de la Vulgate (cite a la n. 105), p. 331-339.129. W. Thiele, dans Vetus Latina. 11/1. Sapientia Salomonis, Freiburg, Herder,

1977-1985, p. 222-232. Ce long expose concerne evidemment surtout la Sagesse et leSiracide, mais il donne des renseignements utiles sur l'ensemble de l'Ancien Testament.

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5. Il arrive aussi que 1-2 Maccabees soient isoles de tous les contextesevoques ci-dessus (Berger 15, 158). Il suffit de compulser la liste de Berger pourconstater que les cas ou les Maccabees ne clo� turent pas l'Ancien Testament nesont pas rares.

6. Dans la liste d'Etienne Langton et dans les Biblia Parisiensia, l'AncienTestament se termine normalement par les Prophetes suivi de 1-2 Maccabees(Berger 92 et ss.). Cette façon de faire devenue commune, « vulgate », resultevraisemblablement de la frequence de la place finale des Maccabees (ci-dessus 1et 2) et du sentiment que ces deux livres font le lien entre les deux Testaments.

Appendice II

Les formes de Razis (2 Ma 14,37)

Une etude minutieuse des formes latines du nom du heros maccabeen estpossible gra� ce aux Orthographica compiles par dom Andre Thibaut130.Rappelons que le grec donne les formes �Raziq (-yq, - eiq) et �Raxyq (-iq, -eiq),cette derniere dans les temoins « lucianiques ». Je propose le classementsuivant des formes latines :

1. Formes avec x :Raxis : L (voir aussi le ms. L au v. 41); capitula propres a P131

Raxhis : P au v. 41Raxius : B (VL 195 et 210, dans les v. 37 et 41); capitula (I) selon la

majorite des temoins (y compris VL 210); Augustin dans l'Ep. 204Raxias : capitula (I) selon FP; V selon DLM

2. Formes avec z :Razias : V selon la majorite des temoins, dont AMFH ; capitula (I) selon

M; Augustin, Contra GaudentiumRazis : M (v. 37 et 41)

3. Formes avec d :Radias : X; V selon S O (et probablement Z avant correction); capitula

(I) selon SRadius : capitula (I) selon O

4. Formes avec t :Ratias : V selon C S LL DM2; capitula (II)132 selon S LL;Ratius : capitula (I) selon HS

5. Formes aberrantes :Grazias (VD); Kazias (WM); Rachis (P au v. 37)

Un autre classement interesse la finale : 2e declinaison en -us (abl. -o) ou 3e

en -as (abl. -a). La plupart des attestations sont en -as (-a). Les deux cas en -issont marginaux, mais rejoignent le grec. Restent les cas en -us (-o) : Raxius

REVUE BENEDICTINE236

130. BS XVIII, p. 155 et 264.131. De Bruyne et Sodar, p. 102.132. Il s'agit d'une adaptation de la serie commune a la forme hispanique de la

recension V.

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atteste chez Augustin (Ep. 204), dans la recension B et dans les capitula (I), etles formes Radius et Ratius qui sont des deformations de celle-ci ou deshybrides avec les formes en -as.

Que conclure? Peu connu, le nom du heros se pre� tait aux deformations.L'alternance z/di n'est pas rare en latin tardif (diabulus / zabulus)133. La formeRaxius doit e� tre ancienne en raison de son attestation variee; elle peut e� treafricaine et caracteristique de la recension B. Dans la recension V, les formesRazias, Ratias et Radias ont des titres valables, mais Razias garde l'avantagedu -z- qui correspond au grec.

Appendice III

Note sur le ms. Oxford, Bodl. Libr., Laud 22 (VL 210)

D. De Bruyne a connu l'existence du manuscrit Laud 22 de la Bodleienne(VL 210), mais il n'a pas pu en percevoir l'intere� t, faute d'en tenir une bonnedescription. On verra que ce qu'il en savait, gra� ce a un intermediaire sansaucun doute, est inexact. Il ignorait que ce manuscrit portait la recension B desMaccabees. C'est George D. Kilpatrick qui, en 1953, a attire l'attention deschercheurs sur son contenu134. La collation qu'il en a faite sur le texte B (VL195) edite par De Bruyne est conservee avec la copie du manuscrit au VetusLatina Institut de Beuron. On rappellera seulement ici qu'il s'agit d'un petitcodex contenant uniquement les deux livres des Maccabees, copie au cours dupremier tiers du ixe siecle par une main germanique et ayant appartenu a lacathedrale de Wurzburg. Pour notre travail, les indications suivantes sontutiles.

1. En te� te de chacun des deux livres se trouvent des listes de capitula. Pourl'un et l'autre, il s'agit de la serie commune en te� te de la recension V, et lanumerotation se retrouve dans le texte biblique, souvent a l'interieur me� med'une ligne. On peut donc en deduire que le modele du manuscrit etait dejamuni de ces capitula. Dans le manuscrit de Bologne (B, VL 195), 1 Maccabeesest precede d'une serie qui n'est pas autrement connue, De Alexandri ... 35, queDe Bruyne a publiee135. Dans celui de la Bodleienne (VL 210), on pourrait s'ytromper, car le scribe a transcrit seulement le premier mot du premier titre :Vbi, et il a laisse en blanc la suite (2 lignes). Une main tardive a ajoute DeAlexandro. D'ou l'erreur de D. De Bruyne136 qui, s'appuyant sur une collation,

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133. P. Stotz, Handbuch zur lateinischen Sprache des Mittelalters. 3. Lautlehre(Handbuch der Altertumswissenschaft. 2,5,3), Munich, Beck, 1996, p. 323-324, § 283,2-4.134. G. D. Kilpatrick, dans JTS, NS, t. 4, 1953, p. 82; Id., dans Gottingische ge-

lehrte Anzeigen, t. 215, 1963, p. 10-11; R. Hanhart, Zum Text des 2. und 3. Makka-baerbuches (voir n. 12), p. 22-23 = [444]-[445]. Ce manuscrit n'avait pas ete utilise parDe Bruyne et Sodar qui n'en mentionnent que les capitula. Le lieu d'origine et ladate importent seuls pour tracer la diffusion de la recension B. On trouvera des pre-cisions et la bibliographie dans Gryson, Altlat. Handschriften, t. I, p. 337 et t. II,p. 340.135. De Bruyne et Sodar, p. 2-3.136. De Bruyne et Sodar, p. lviii : Vbi de Alexandro ... 61.

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n'a pas reconnu la serie habituelle. En 2 Maccabees, le manuscrit de laBodleienne et celui de Bologne ont les capitula en te� te et les numeros dans letexte, selon le systeme habituel dans la recension V. Le manuscrit de laBodleienne a donc pour les deux livres des Maccabees les capitula habituels desmanuscrits de la recension V, avec quelques variantes sans grande portee.

2. Le texte biblique de VL 210 est tres proche de VL 195 (B), edite par DeBruyne et Sodar. Il peut e� tre interessant d'en proposer un echantillon. J'airetenu l'episode du suicide de Raxius (c'est l'orthographe constante de larecension B), 2 Ma 14,37-46. Il faut noter que l'ordre des folios du derniercahier du manuscrit est bouleverse. Le folio portant 2 Ma 14,41-15,2 suit lesquatre folios portant 15,11-39 et le folio portant 15,2-11 a disparu. Les leçonsde VL 195 = B sont donnees en note.

2 Ma 14,37-46 selon VL 210

LIII. Raxius aut(em) quidam de hierosolimi/160v/tarum pr(es)b(iter)isnuntiatus e(st) nicanori quod esset uir amans ciuitate(m) ualde bene audiens etq(uo)d s(e)c(un)d(u)m affectionem pat(er) iudaeoru(m) appellaretur. Quia inpriorib(us) temporib(us) fuerat q(uo)d hic intulisset iudicium iudeis137. minimeco(m)miscerent se extraneis. et q(uo)d spondisset138. hoc et corpore et animo.cu(m) ingenti cura. Volens etia(m) nicanor manifestare quanta(m) haberetaduersu(m) iudaeos inimicitia(m). misit milites super .d. c(om)p(re)henderepresbiteros. dicebat enim hos inauditos trucidare. et c(on)tinuo militu(m)multitudo qui missi erant cincxerunt turrem in qua c(on)fugerat raxius. etporta(m) prima(m) /167r/ frangere conabantur. Et cu(m) iuberent afferriigne(m). et portas incendi139 se posse conp(re)hendi. gladiu(m) sibi subposuit.libere uolens mori. quam in sceleratorum mano(>u)s140 tradi sed non dignussua(m) ingenuitate(m) condignu(m)141 subici contumeliis. cu(m) non morta-le(m) plaga(m) sibi dedisset. p(ro)pt(er) certaminis discursum. Cu(m) iam etiamturbe intra porta(m) in(>r)ru(m)perent. ascendens libenti animo. per murum sep(re)cipitauit uiriliter super turbas et inlicito142 retrorsum fugientes factospatio ruit in medium uacuum locum. Et cu(m) adhuc haberet sp(iritu)mexardescens in ira /167v/ exsurrex(it) decurrentibus etiam ruini143. sanguinis. etcum grauissimis uulneribus cursu turbans144 pertransiens. stetit sup(er)quanda(m) petram demens et exsanguis iam factus. extrahens etia(m) intestinasua utrisq(ue) manibus p(ro)iecit sup(er) turbas et inuocans dominatore(m)uitae. et sp(iritu)s haec eade(m) hora145 illi reddere sic mortuus est.

LIIII. Nicanor aut(em) ...

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137. iudeis : + ut B138. spondisset : deposuisset B139. incendi : + et uideret B140. manos corrige en manus; voir P. Stotz, Handbuch zur lateinischen Sprache des

Mittelalters. 4. Formenlehre, Syntax und Stylistik (Handbuch der Altertumswissen-schaft. 2,5,4), Munich, Beck, 1998, p. 41-45, § 15,1-8.141. condignu(m) : indignis B142. inlicito : illicito (illi cito) B143. ruini : riuis B144. turbans : turbas B145. hora om. B