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LES GONCOURT COLLECTIONNEURS ET CRITIQUES D’ART

Les Goncourt - de Proyart

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Page 1: Les Goncourt - de Proyart

L e s G o n c o u r t c o L L e c t i o n n e u r s

e t c r i t i q u e s d ’a r t

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Livres et manuscrits21, rue Fresnel. 75116 Paris T. +33 (0)1 47 23 41 18 - F. + 33 (0)1 47 23 58 65

[email protected]

Conditions de vente conformes aux usages du Syndicat de la Librairie Ancienne et Moderne

et aux règlements de la Ligue Internationale de la Librairie Ancienne

N° de TVA. : FR21 478 71 326

cahier n° 8

L e s G o n c o u r t c o L L e c t i o n n e u r s

e t c r i t i q u e s d ’a r t

Nous avons réuni ici quatre ouvrages et une lithographie, tous remarquables par eux-mêmes, dans le but de rendre sensible le lien profond existant chez les frères Goncourt entre histoire, histoire de l’art et pratique de la collection. Cette dimension esthétique est sans doute l’aspect le plus moderne de leur œuvre.

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[1] [deLZant, alidor]Bibliothèque des Goncourt. I. XVIIIe siècle. Livres, Manuscrits, Autographes, Affiches, Placards…II. Livres modernes. Ouvrages avec le portrait des auteurs peints sur la reliure. Romantiques. Auteurs contemporains. Oeuvres des Goncourt... III. Gravures du XVIIIe siècle. IV. Estampes modernes, aquarelles et dessins

Paris, G. Duchesne, D. Morgand, A. Durel, A. Danlos, 1897 UN MOMENT DU MARCHÉ DE L’ART AU XIXe SIÈCLE.

REMARQUABLE EXEMPLAIRE D’ALIDOR DELZANT, L’UN DE LEURS EXÉCUTEURS TESTAMENTAIRES, AUQUEL IL ADJOINT LES MANUSCRITS AUTOGRAPHES SIGNÉS DE SES DEUX PRÉFACES ET QU’IL FIT RELIER DE SOIE BROCHÉE DANS LE STYLE DE SES MAÎTRES.

LES CATALOGUES SONT ANNOTÉS PAR DELZANT : PRIX D’ADJUDICATION, NOMS D’ACHETEURS CÉLÈBRES, TOTAUX DES VENTES ETC... ÉDITION ORIGINALE

In-4 (280 x 175mm)ILLUSTRATION : portrait en médaillon des deux frères imprimé sur les pages de titre, 4 gravures ou héliogravures en frontispice de chacune des parties

RELIURE DE L’ÉPOQUE. Soie brochée bleue à décor floral, dos long, petits rabats, couvertures conservées, non rogné

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PIÈCES JOINTES : 1. Manuscrit autographe signé par Alidor Delzant de sa célèbre préface à la première vente du catalogue : « Les livres du XVIIIe siècle de la collection des Goncourt  » et commençant par « Voici que comparaissent successivement devant le tribunal des morts les témoins inertes de la vie des Goncourt » (7 pp. in-4, 200 x 150mm, à l’encre noire, nombreuses ratures et corrections)2. Manuscrit autographe signé par Alidor Delzant de sa célèbre préface à la deuxième vente du catalogue : « Les livres modernes de la bibliothèque des Goncourt », débutant par « Ici commence le second et dernier dénombrement des livres d’Auteuil après le cycle du XVIIIe siècle » (6 pp. in-4, 200 x 150mm, à l’encre noire, nombreuses ratures et corrections)3. Deux fiches bibliographiques manuscrites de la main d’Edmond de Goncourt, celles de deux ouvrages du XVIIIe siècle, à l’encre brune, contrecollées sur l’une des gardes4. Ex-libris des Goncourt gravé par Gavarni

ANNOTATIONS AUTOGRAPHES D’ALIDOR DELZANT : Mention des produits de chaque session (p. XIV, p. 3, p. 2, p. 1)Prix de chaque livre dans les marges avec quelques noms d’acheteurs mentionnés, ceux du proche entourage des Goncourt : Léon Hennique, Georges Hugo, Delzant lui-même, le libraire Fontaine, et surtout Robert de Montesquiou et Gabriel Yturri. Ils font caisse commune : on retrouve trente et un exemplaires de cette vente Goncourt dans le catalogue de la vente Montesquiou. Maurice Barrès, dans sa préface au catalogue Montesquiou, comparera les deux bibliothèques (A. Barbier Sainte Marie, « Les Goncourt chez Montesquiou » www.freres-goncourt.fr). On remarque encore les noms de Henri Rochefort, Octave Mirbeau, Henri Vever, Lucien Daudet (et quoi de plus normal puisqu’Edmond mourut chez Alphonse Daudet), la Princesse Mathilde, Marquet de Vasselot, Roger Marx. Jean Ajalbert rachète la reliure où figure son portrait peint par Eugène Carrière (n° 1). Lucien Daudet rachète celui où Tissot a peint le portrait de sa mère (n° 7), comme la Princesse Mathilde (n° 680). Delzant précise aussi à l’extrême fin du catalogue : « Dernière vente : 19 juin 1897, pour laquelle il n’a pas été fait de catalogue ; acheté table de travail de la Bibliothèque d’Auteuil, montre d’Edmond, 3e et dernier exemplaire des photographies de la Maison d’Auteuil faites par Lochard (les deux autres sont à la Biblioth. nat. et au Musée Carnavalet..., draperie de l’escalier ». Puis, il signe

PROVENANCE : Alidor Delzant (ex-libris au contre-plat) Quelques faibles rousseurs. Quelques lacunes de soie au dos de la reliure ont été restaurées

Alidor Delzant (1848-1905) fut avocat, graveur amateur, directeur de la Revue idéaliste, et bibliophile. En 1887, Phillipe Burty l’avait présenté à Edmond de Goncourt. Il entendait écrire une biographie des deux frères (Charpentier, 1889) qui devait faire suite à son travail sur Paul de Saint-Victor (Calmann-Lévy, 1886). Le projet ne réjouit pas le vieil écrivain. Sans doute assez acide par nature, il reprochait à Delzant un certain manque de sel. Devenu l’un des fidèles du Grenier, Edmond le désigna comme l’un des exécuteurs testamentaires de ce qui devait être un triomphe posthume absolu : la vente des collections.

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Elle fut un événement artistique et mondain sans précédent, avec une couverture de presse considérable. La collection devait prolonger l’oeuvre par des enchères formidables ; le produit des ventes devait servir à fonder le capital du Prix et de l’Académie Goncourt. « La collection, tout comme l’Académie, fut ainsi chargée d’assurer la survie des deux frères dans le champ littéraire comme dans le champ artistique » (D. Péty, « De la collection au prix Goncourt », p. 249).

Dès 1890, Edmond est obsédé par la vente de ses collections au point de faire le cauchemar d’un désastre possible : « Nuit de fièvre où je sens comme une approche de la mort. Insomnie cauchemardesque, où moitié dormant, moitié éveillé, je voyais que l’on faisait une vente, de mon vivant, de toutes mes collections dans un endroit pareil à une place de village » ( Journal, 18 février 1893). Sa mort, le 16 juillet 1896, est à elle seule un événement médiatique considérable. Le testament est ouvert le 18 juillet devant les deux exécuteurs testamentaires et légataires universels, Alphonse Daudet et Léon Hennique. Tout est prévu et organisé : « Je demande que, pour mes ventes de livres, Delzant ait la surveillance et la direction de ces ventes ». Les meilleurs experts sont donc choisis. Delzant s’occupera des catalogues de la bibliothèque dont il rédigera les deux préfaces, ici conservées sous leur forme primitive de manuscrit autographe.

De février à juin 1897, huit ventes seront nécessaires pour adjuger à Drouot toutes les collections des Goncourt : livres, dessins, pastels, tableaux, aquarelles, gravures et objets d’art du XVIIIe siècle, art d’Extrême-Orient, estampes modernes. Le produit total fut de 1.369.250 francs. Ultime jouissance anticipée, Edmond avait calculé les prix de vente possibles de chacune des sections, d’où les notes scrupuleuses de Delzant faisant dans cet exemplaire le total de chaque partie. Edmond de Goncourt avait vu juste pour les prix des tableaux et objets d’art (près de 700.000 frs alors qu’il en attendait 500.000). Dessins, meubles et objets d’art du XVIIIe siècle connurent un triomphe jugé «  immodéré » par l’expert Chennevières. Goncourt se trompa en surévaluant ses japonaiseries tant le goût avait changé. Elles souffrirent d’une déception relative : trop nombreuses (une semaine de vente dont deux nocturnes). Surtout, en cette fin de siècle, l’art japonais, tel que conçu dans les années 1880, est déjà passé de mode. Le goût s’attache maintenant à des périodes plus primitives.

Quant aux livres, leur vente produisit plus de 110.000 francs conformément aux attentes d’Edmond de Goncourt. Au delà d’un événement marketing si moderne en 1897, on peut aujourd’hui jauger la qualité bibliophilique de cette Bibliothèque des Goncourt. La première partie, consacrée au XVIIIe siècle, n’a rien d’extraordinaire. Les grands exemplaires cités par Cohen-de Ricci, dans ses célèbres éditions constamment améliorées du Livre de l’amateur de livres à gravures du XVIIIe siècle, ne se retrouvent pas ; ni d’ailleurs ces reliures mosaïquées

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qui font la joie des grands amateurs. N’en déplaise à la préface hagiographique de Delzant, les livres du XVIIIe siècle n’étaient pas à la hauteur des grandes collections du moment. Le baron de Claye, remarquable bibliophile, écrira dans un article assassin : « les grands livres du XVIIIe siècle ont été acquis sur le tard et sont, hormis quelques exceptions signalées, dans une condition de reliure qui laissera froid les amateurs » (« Les livres du XVIIIe siècle dans la bibliothèque Goncourt », Revue biblio-iconographique, 1897, pp. 112-114).

En revanche, la deuxième partie, celle des Livres modernes et auteurs contemporains, demeure incomparable tant se succèdent de remarquables exemplaires des grands textes du XIXe siècle : Chateaubriand, Baudelaire, Verlaine, Zola, Maupassant, Flaubert... et surtout Balzac, la grande admiration littéraire des Goncourt. Les auteurs contemporains sont alors reliés dans ces percalines de Pierson qui font aujourd’hui le charme des exemplaires «  Goncourt  ». C’est dans cette section moderne que l’on retrouve les amis de Delzant et des Goncourt, les familiers du Grenier qui forment pour la vente une espèce de « claque ». Leurs noms sont cités par Delzant en face de leurs acquisitions.

Au final, les deux préfaces de Delzant, ici manuscrites, marquent le triomphe d’une bibliophilie réelle et vécue, celle de deux auteurs qui ont acclimaté les livres à leur goût, qu’il s’agisse du choix des relieurs ou du choix des textes. Du point de vue bibliographique, ces deux catalogues sont rédigés d’une curieuse façon. L’ordre des lots ne suit pas la succession alphabétique habituelle, ni l’ordre des formats, ni encore moins une quelconque thématique ou un ordre chronologique. Conformément au voeu testamentaire, il obéit à celui de la disposition topographique des livres de Goncourt, tels que décrits dans La Maison d’un artiste, comme le précise Alidor Delzant dans sa première préface :

« Les livres des Goncourt, dans la classification du catalogue, garderont l’ordonnance qu’ils avaient crée pour eux. Une disposition formelle du testament de M. Edmond de Goncourt, les indications contenues dans La Maison d’un artiste, faisaient un devoir de respecter leurs divisions. On verra qu’elles ne sont pas moins rationnelles et philosophiques, quoiqu’elles s’éloignent parfois de la classification coutumière du Manuel de Brunet »

Il s’agissait déjà de ce qu’on appelle aujourd’hui une house sale.

RÉFÉRENCE : D. Péty, « De la collection au prix Goncourt », in Les Goncourt dans leur siècle. Un siècle de Goncourt, Paris, 2005 8 000 €

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[2] GaVarni, sulpice-Guillaume chevallier, ditLes Frères Goncourt [Paris], 1853 EXEMPLAIRE AVEC ENVOI À ALIDOR DELZANT DU CÉLÈBRE DOUBLE PORTRAIT LITHOGRAPHIQUE DES FRÈRES GONCOURT PAR GAVARNI, L’UN DE LEURS ARTISTES FÉTICHES LITHOGRAPHIE ORIGINALE

192 x 163mm, marges 258 x 214mm. Planche 1 de la suite Ces Messieurs du feuilleton, 1853.Superbe épreuve sur chine appliquée du premier état avant la lettre et les filets d’encadrement, signée par Edmond de Goncourt

ENVOI : à Alidor Delzant, souvenir amicalPROVENANCE : Alidor Delzant

Le vélin aminci en différentes places, courte déchirure restaurée au bord gauche Gavarni surnommait Edmond et Jules de Goncourt ses little boys. Ils l'admiraient depuis l’enfance sans l’avoir jamais vu, allant jusqu’à copier ses lithographies. Ils avaient fait sa connaissance en 1852 ; Gavarni avait presque cinquante ans. Lorsque leur cousin, Pierre-Charles de Villedeuil crée L’Éclair la même année, les Goncourt proposent le nom de Gavarni comme collaborateur. Cette amitié fidèle débouchera, des années plus tard, sur l’écriture par les Goncourt d’une biographie de l’artiste, publiée en 1873, rédigée à partir du journal intime de Gavarni et de leurs souvenirs, ceux qui étaient déjà inscrits dans leur propre journal et ceux qui vivaient encore dans leur mémoire. En 1853, Villedeuil fonde un nouveau journal, Paris, qui connaît une existence éphémère, victime d’un procès. Gavarni donnera une planche par jours à Paris, où paraît notamment une suite intitulée Ces Messieurs du feuilleton et dont chaque planche représente un des collaborateurs du journal. Les Goncourt ouvrent la série à ce célèbre double portrait.

Cette épreuve, du tout premier état avant toute lettre et les filets d’encadrement, a la particularité d’être signée par Edmond de Goucourt et dédicacée à Alidor Delzant. Elle est donc antérieure à la publication dans Paris le 5 avril 1853 et a probablement fait partie de la riche collection d’estampes de Gavarni jalousement gardée au second étage de la Maison d’un artiste :

« De Gavarni, je n’ai pas tout à fait les trois mille planches cataloguées par MM. Mahérault et Bocher ; mais j’en ai beaucoup, beaucoup, beaucoup, et surtout des avant la lettre, de ces épreuves dont Gavarni faisait tirer six sur chine et six sur papier blanc, épreuves auxquelles

ne ressemblent en rien les feuilles du tirage courant. Car, sous quelques coups de presse, bien vite s’en va le léger velouté de la pierre lithographique avec son joli ton de mine de plomb dans les demi-teintes. Et c’est tôt fini des noirs brillants, qui deviennent des taches boueuses, de la douceur nourrie des gris qui se mettent à ressembler à du pointillé où il y a des manques, et de l’étroite réserve des blancs dans la cernée enveloppante et voltigeante d’une légère estompe. Et vous n’avez plus qu’une lithographie, dont le travail à f leur de pierre a disparu, une épreuve à la fois charbonnée et dépouillée, où les caresses infinies du modelé s’en sont allées, et où, dans une froideur bleuâtre, n’apparaît plus, pour ainsi dire, que le squelette du coup de crayon lithographique » (E. de Goncourt, La Maison d’un artiste, Paris, 1881, p. 366).

RÉFÉRENCE : J. Armelhaut et E. Bocher, L’oeuvre de Gavarni. Lithographie et essai d’eaux-fortes. Catalogue raisonné, Paris, 1873, 81 6 500 €

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[3] Goncourt, edmond deLa Maison d’un artiste Paris, Charpentier, 1881

EXEMPLAIRE AVEC UN ENVOI À LÉON HENNIQUE, L’UN DES DEUX EXÉCUTEURS TESTAMENTAIRES D’EDMOND DE GONCOURT. LA MAISON D’UN ARTISTE EST UNE AUTOBIOGRAPHIE ÉCRITE SOUS LA FORME D’UN CATALOGUE TOPOGRAPHIQUE

ÉDITION ORIGINALE

2 volumes in-8 (182 x 121mm)

ENVOI : A M. Léon Hennique / Souvenir amical / Edmond de GoncourtILLUSTRATION AJOUTÉE : 4 portraits d’Edmond de Goncourt en deux état chacun, l’un gravé par E. Boilvin dont une épreuve tirée à trois exemplaires, l’autre par Auguste-Alexandre Baudran avec une épreuve tirée à la sanguineRELIURE DE L’ÉPOQUE. Bradel demi-percaline verte, couverture et dos conservés, non rognéPROVENANCE : Léon Hennique (ex-libris)

Les frères Goncourt s’installent à Auteuil en 1868. La propriété avait été vendue en 1852 par les héritiers de la duchesse de Montmorency aux banquiers Péreire et à la Compagnie du chemin de fer de l’Ouest, qui la morcelèrent. Leur fameuse maison était agencée comme une succession de salons. A chaque pièce était destinée une collection particulière. Edmond en fait ici la visite guidée : tout y est minutieusement décrit. Les chapitres ont pour titre: Le Vestibule, La salle à manger, les Salons, l’Escalier, le Cabinet d’Extrême-Orient… Le petit salon était tendu d’andrinople rouge et s’y trouvaient les dessins, lavis, aquarelles : Oudry, La Tour, Boucher, Watteau, Hubert Robert. Le grand salon accueillait les terres cuites de Clodion. La salle à manger présente des bronzes du XVIIe siècle. Dans l’escalier sont exposés les albums japonais, le cabinet de toilette est orné de porcelaines de Saxe, des tapis persans feutrent le boudoir. A partir de 1885, cette maison abrite le fameux Grenier des artistes et amis. C’est là qu’est conçu le plan de la vente post mortem des collections des deux frères.

Léon Hennique fut avec Alphonse Daudet l’exécuteur testamentaire et colégataire d’Edmond de Goncourt. Il s’occupa activement de la fondation de l’Académie Goncourt, dont il assuma la présidence de 1907 à 1912. Il contribua, avec « L’Affaire du grand 7 », aux Soirées de Médan (1880).

RÉFÉRENCE : M. Clouzot, Guide du bibliophile français, p. 137 : « Ouvrage recherché »

1 000 €

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[4] Goncourt, Jules et edmond deL’Art du dix-huitième siècle Paris, Dentu, 1850-1875 EXEMPLAIRE FAMILIAL AVEC TROIS ENVOIS DES GONCOURT À LEUR COUSIN FRÉDÉRIC MASSON : DES HISTORIENS DE L’ART À L’HISTORIEN DE L’EMPIRE ÉDITION ORIGINALE

In-4 (280 x 215mm)Titre général imprimé en rouge et noir avec les portraits-médaillons des deux frères gravé par A. SalmonCONTENU : les douze brochures présentent les textes de Goncourt sur les artistes suivants : Les Saint-Aubin, Watteau, Prudhon, Boucher, Greuze, Chardin, Fragonard, Debucourt, La Tour, et les vignettistes : Gravelot, Cochin, Eisen et MoreauTIRAGE : 200 exemplaires ILLUSTRATION : un frontispice et 42 eaux-fortes dont 38 gravées par les frères Goncourt (36 par Jules, 2 par Edmond). Le douzième fascicule imprimé en 1875, à bon escient relié en tête puisqu’il comporte la page de titre et la préface, possède bien les quatres gravures requises : un portrait des deux frères par Alphonse Descaves, sur japon ; deux portraits sur chine de chacun des Goncourt, l’un gravé par Émile Boilvin l’autre par Paul-Alphonse Ajon, et un portrait de La Tour par Léopold Flameng qui a été déplacé et inséré avec le fascicule consacré à La Tour. Edmond de Goncourt, rendant hommage à son frère, écrira « Toutes les eaux-fortes sont gravées par Jules de Goncourt, à l’exception d’Augustin de Saint-Aubin assis sur un tabouret, et du groupe de la Justice et la Vengeance divine poursuivant le Crime. Ces deux eaux-fortes sont gravées par Edmond de Goncourt. » (E. de Goncourt, Notules, additions, errata, Dentu, 1875, p. 1).

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ENVOI : trois envois à Frédéric Masson. Un envoi de Jules et Edmond de Goncourt sur le faux-titre de La Tour daté de 1867

A M. Frédéric Masson / ses amis / E. et J. de Goncourt

Et deux envois d’Edmond de Goncourt , l’un sur un feuillet blanc des Vignettistes datés de 1870 : A M. Frédéric Masson / souvenir amical / E. de Goncourt

L’autre sur le feuillet blanc de la reliure de Durvand : A Frédéric Masson / Edmond de Goncourt

RELIURE STRICTEMENT DE L’ÉPOQUE SIGNÉE DE DURVAND. Demi maroquin rouge à coins, dos à nerfs, tête dorée, couvertures conservées, non rognéPROVENANCE : Frédéric Masson

Le premier fascicule (« Les Saint-Aubin  ») est relié avant le 10e, de même pour les couvertures de livraison, quelques manques à l’une des couvertures Collection complète des douze fascicules publiés de 1859 à 1875, tirés chacun à 200 exemplaires.

Ce livre présente trois envois des Goncourt à leur cousin par alliance, le célèbre historien de l’Empire Frédéric Masson (1847-1923). Né dans une famille de hauts magistrats, Frédéric Masson se destine à la diplomatie et devient bibliothécaire au ministère des Affaires étrangères. Son mariage, en 1874, avec la fille d’un conseiller d’État du Second Empire, François Augustin Cottin (1826-1902), chef de cabinet d’Eugène Rouher (le modèle d’Eugène Rougon), le met en relation avec les principaux membres de la famille impériale. Il devient secrétaire du Prince Jérôme Napoléon.

Frédéric Masson a très tôt bénéficé de l’encouragement des Goncourt. Leur correspondance a été publiée dans les Cahiers Jules et Edmond de Goncourt. Edmond de Goncourt l’oriente vers l’histoire et le conseille en matière littéraire. Frédéric Masson, bibliophile averti et remarquable collectionneur, renseigne Edmond sur sa bibliothèque, participe à la préparation de ses ouvrages historiques comme à l’enrichissement de ses rééditions. En 1877, Masson écrira qu’Edmond de Goncourt « est le plus grand romancier de ce temps ». Il soulignait par là que tous deux partagent cette idée d’une fécondation réciproque de l’histoire par le roman, et dont cet exemplaire témoigne. On notera d’ailleurs que cet exemplaire est relié selon l’ordre chronologique des artistes et non celui de la publication des différents fascicules. A ce titre, plaçant en tête les Notules publiées en édition originale dans la deuxième édition, il est évident que la reliure a été réalisée par Durvand après la publication de la deuxième édition.

Les exemplaires avec envoi de cette édition originale sont peu fréquents. Aucun n’apparaît dans les différents annuaires électroniques des ventes aux enchères comme dans le fichier Berès. G. Vicaire mentionne l’exemplaire avec envoi adressé à Poulet-Malassis auquel il manque néanmoins le douzième fascicule et un exemplaire avec envoi à Paul de Saint Victor.

RÉFÉRENCES : Cahiers Jules et Edmond de Goncourt, n° 2005 : « Les Goncourt historiens » -- G. Vicaire, Manuel de l’amateur de livres du XIXe siècle, t. III, col. 1037-1041, avec une erreur dans le décompte des planches au nombre de 42 comme requis par les couvertures de livraison et non 44 comme précisé par Vicaire 5 000 €

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[5] Goncourt, Jules et edmond deL’Art du dix-huitième siècle. Deuxième édition, revue et augmentée Paris, Rapilly, Libraire & marchand d’estampes, 1873 EXEMPLAIRE D’EDMOND DE GONCOURT, RELIÉ POUR LUI EN VÉLIN BLANC AU CHIFFRE DORÉ DE SON DÉFUNT FRÈRE ET DE LUI-MÊME. ANCIENNE COLLECTION LUCIEN-GRAUX Deuxième édition, et ÉDITION ORIGINALE du douzième fascicule : « Notules, additions, errata », soit les pp. 489-550 du présent volume

2 volumes in-8 (220 x 145mm)TIRAGE : l’un des quelques exemplaires sur papier vergé signalés par G. Vicaire

RELIURES DE L’ÉPOQUE SIGNÉES DE HENRY-JOSEPH. Vélin ivoire, monogramme doré des frères Goncourt au centre des plats, couvertures conservées, non rognéPROVENANCE : Edmond de Goncourt, avec la mention à l’encre rouge sur la première garde : « Exemplaire sur papier vergé. Mon exemplaire de la seconde édition », et leur fameux ex-libris ; Bibliothèque des Goncourt, Paris, 1897, n° 893 -- Docteur Lucien-Graux (ex-libris)

L’ordre des artistes est cette fois chronologique, ce qui explique, par exemple, la place de Fragonard entre Debucourt et Prudhon alors que l’édition originale parue sous forme de fascicule, obéissait à une simple chronologie de publication. Le texte de cette deuxième édition est, à quelques exceptions, celui de l’originale. Les planches ont disparu. Il s’agit de l’édition sous forme de livre. Mais la véritable question de cette deuxième édition est surtout celle de l’ordre : lequel devait-on préférer ? Celui de la parution des études ? L’ordre chronologique des artistes ? Question qui n’est pas indifférente : le premier ordre, chez Dentu, était commandé en partie par le hasard, le second est rationnel. Car il rend sensible la décadence progressive qui conduit le style rocaille encensé par les Goncourt vers la décadence toute revolutionnaire du néo-classicisme. Toute sa vie Edmond s’est heurté au problème du classement. Classer, c’est toujours juger.

RÉFÉRENCE : G. Vicaire, Manuel de l’amateur de livres du XIXe siècle, t. III, col. 1041 3 200 €

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