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Projet Formes faibles, volume Prepositions
Les contractions preposition +determinant en allemand et en francais1
Patricia Cabredo Hofherr
CNRS UMR 7023/ Univ.Paris 8
Table des matieres
1 Introduction 2
2 Les donnees 3
2.1 Les donnees du francais . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4
2.2 Les donnees de l’allemand . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6
2.3 Contrastes entre le francais et l’allemand . . . . . . . . . . 17
3 L’analyse 18
3.1 Arguments contre une analyse phonologique ou purement
syntaxique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19
3.2 L’analyse proposee . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21
3.3 Les formes contractees et la theorie de l’interface entre
morphologie et syntaxe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 30
3.4 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 34
4 Appendice 35
1Remerciements : Olivier, Gilles, Jesse, Sabrina, Gerhard.
1
1 Introduction
Dans ce qui suit, j’examinerai les contractions de prepositions
+ determinants en francais et en allemand, exemplifiees dans les
exemples suivants2 :
(1) a. la maison du pere
b. la maison de la mere
(2) a. diedet.fs
Reisevoyage
zuma+det.ms.dat
Mondlune
(allemand)
le voyage a la lune
b. diedet.fs
Reisevoyage
zua
dendet.pl.dat
SeychellenSeychelles
le voyage aux Seychelles
Les paires minimales ci-dessus montrent que des suites d’une
preposition suivie d’un determinant defini (exemples (1/2a)) corres-
pondent a des formes contractees pour certaines combinaisons va-
leurs de nombre, genre et cas sur le determinant (exemples (1/2b)).
J’admets ici l’hypothese selon laquelle la preposition et le determinant
defini dans les structures sans contraction occupent deux terminaux
en syntaxe3.
La question se pose alors se savoir a quel niveau la contraction
entre preposition et determinant a lieu, et en particulier, quelle
structure syntaxique on doit attribuer aux exemples avec une forme
contractee.
2Dans les gloses, j’utilise les abbreviations suivantes : det(erminant), dat(if),acc(usatif), gen(itif), nom(inatif), ms= masculin singulier, fs= feminin singu-lier, ntr= neutre, pl(uriel).
3Cette hypothese est explicitement rejetee pour le francais dans Miller 1992et Miller et al. 1997 qui proposent une analyse de certaines combinaisons P+Den termes d’affixes phrastiques sur le GN.
2
Afin de repondre a cette question, je commence par une descrip-
tion des proprietes morphologiques, syntaxiques et semantiques des
contractions en allemand et en francais (section 2). Il s’avere que
les contractions du francais se distinguent des contractions de l’al-
lemand sur deux proprietes cruciales : (i) le caractere obligatoire de
la contraction, et (ii) l’interaction des formes contractees avec a la
coordination.
Dans la section 3, je propose une analyse du contraste entre le
francais et l’allemand qui traite les contractions francaises comme
des prepositions flechies, prenant comme complement un groupe
nominal depourvu de determinant (NP), tandis que les contractions
de l’allemand sont analysees comme le resultat d’un processus post-
syntaxique, qui opere sous adjacence lineaire.
2 Les donnees
Dans les exemples (1) et (2) ci-dessus nous avons vu qu’aussi
bien l’allemand que le francais possede des formes contractees qui
correspondent a une sequence d’une preposition suivie par un article
defini.
Dans ce qui suit, j’examinerai les proprietes morphologiques et
syntaxiques des contractions de prepositions avec un article defini
en allemand et en francais.
3
2.1 Les donnees du francais
En francais, je considererai les contractions observees avec les
prepositions a et de4 : pour chaque preposition, il existe deux formes
contractees au / aux et du / des, l’une pour le masculin singulier
et l’autre pour le pluriel.
Or, la distribution des formes contractees ne depend pas unique-
ment des valeurs de genre et nombre : en effet, la contraction entre
preposition et l’article defini interagit avec l’elision de la voyelle de
l’article. La distribution des formes contractees depend donc de la
distribution des formes de l’article : les contractions ont obligatoire-
ment lieu pour les prepositions a et de avec l’article defini masculin
singulier le et l’article pluriel les (exemples 2.1a/b)) la contraction
n’a pas lieu pour le feminin singulier la (ex (2.1c)) ainsi que pour
l’article singulier elide l’ devant nom (ou adjectif) commencant avec
voyelle (ex ( 2.1d)).
Tableau 1 Interaction entre contraction et l’elision
4Je laisserai de cote l’alternance entre en et a dans les PPs locatifs les nomspropres accompagnes par un article l’Inde/ en Inde vs le Canada / au Canadavs les Philippines / aux Philippines. Ces alternances sont analysees comme unecontraction entre P et D dans Zwicky (1987), mais voir Miller et al. (1997)pour une critique de cette approche.
4
Nom a de
Fem C-initial femme a la femme de la femme
Fem V-initial aurore a l’aurore de l’aurore
Masc V-initial homme a l’homme de l’homme
Masc C-initial garcon au garcon du garcon
Pl hommes aux hommes [oz] des hommes [dez]
garcons aux garcons [o] des garcons [de]
aurores aux aurores [oz] des aurores [dez]
femmes aux femmes [o] des femmes [de]
Une deuxieme propriete importante de la contraction en francais
est son caractere obligatoire : si la forme contractee est possible, la
suite non-contractee P+D est impossible :
(3) a. le pere du garcon / *le pere de le garcon
b. il parle au garcon / *il parle a le garcon
Finalement, les contractions entre preposition et determinant donnent
lieu a des effets a distance dans des coordinations. En effet, comme
le montrent les exemples suivants, dus a (Miller, 1992), la possibi-
lite d’avoir une forme contractee avec le deuxieme NP dans une
conjonction influence la grammaticalite d’une coordination de deux
NPs sous une preposition :
(4) J’ai parle5
a. a la mere et la fille
b. *au pere et la mere
5L’omission de l’article defini dans le deuxieme conjoint est egalement im-possible :
(i) * au pere et fils
5
c. *a le pere et la mere
d. *a la fille et le garcon
e. a la fille et l’autre garcon
L’exemple (4d) montre que la contraction entre determinant et
preposition ne peut pas etre traitee comme un simple phenomene
de surface. Comme le soulignent Abeille et al. (2003, 142-143), le
fait que la preposition et le determinant auraient ete contractes s’ils
avaient ete adjacents, bloque la combinaison entre une preposition
et un article contractant dans le deuxieme conjoint.
L’exemple (4b) montre que la coordination de deux GN sous
une contraction est degradee :6 je reviendrai sur cet exemple dans
la section 3.
Dans la discussion ci-dessus nous avons vu que les contrac-
tions entre preposition et determinant en francais interagissent avec
l’elision de la voyelle de l’article, et donc avec les proprietes phono-
logiques de leurs complements, qu’elles sont obligatoires et qu’elles
produisent des effets a distance dans des coordinations de deux NPs
sous une meme preposition.
Dans la section qui suit nous verrons que les contractions de
l’allemand se comportent de maniere tout a fait differente.
2.2 Les donnees de l’allemand
En allemand, les formes contractees preposition + article existent
pour un nombre limite de prepositions (an ”a”, bei ”pres de, chez”,
6Les jugements de grammaticalite sont relatifs : certains locuteurs n’ac-ceptent pas l’omission de la preposition dans le deuxieme conjoint pour lesprepositions faibles a, de, en, d’autres locuteurs permettent l’omission de lapreposition dans le deuxieme conjoint dans les cas sans contraction P+D seule-ment comme dans (4).
6
in ”dans”, von ”de”, um ”autour, afin”, zu ”a, vers”) ; contrairement
au francais, les contractions sont possibles pour des sous-ensembles
des valeurs pour genre/nombre et cas specifiques a chaque preposition :
Tableau2 Les formes contractees de l’allemand standard, suivant
Hartmann (1980)7
Gender/Case Article an auf bei in um vor zu
Masc Dat dem am x beim im x vorm zum
(= Neutr Dat)
Masc Akk den x x – x x x –
Neutr Dat dem am x beim im x vorm zum
(= Masc Dat)
Neutr Akk das ans aufs – ins ums x –
Fem Dat der x x x x x x zur
Fem Akk die x x - x x x –
Pl Dat den x x x x x x x
Pl Akk die x x - x x x –
Comme le montre le tableau, la possibilite d’avoir des formes
contractees varie de maniere idiosyncrasique avec la preposition,
en fonction du genre et du cas. Aucune preposition n’a des formes
contractees pour le determinant pluriel.
Contrairement aux formes contractees preposition + article du
francais, qui bloquent la sequence non-contractee equivalente, les
formes contractees de l’allemand n’excluent pas les formes non-
contractees correspondantes :
7x = contraction serait possible (le cas est compatible avec la preposition)mais n’est pas attestee– = cas est incompatible avec la preposition
7
(4) a. PeterP
istest
insdans+ det.acc.ntr
Kinocinema
gegangen.alle
P est alle au cinema (= il est alle voir un film).
b. PeterP
istest
indans+
dasdet.acc.ntr
Kinocinema
gegangen.alle
P est entre au cinema (= un cinema particulier).
(5) a. PeterP
istest
imdans+ det.dat.ntr
Haus.maison
P est dans la maison.
b. PeterP
istest
indans
demdet.dat.ntr
Hausmaison
mitavec
denles
grunenverts
Fensterladen.volants
P dans la maison avec les volants verts.
Cependant, les formes contractees et les sequences non-contractees
correspondantes ne sont pas interchangeables (voir Hartmann (1978,
1980, 1982)). En effet, quand la forme contractee existe, elle n’a
pas la meme semantique que la sequence non-contractee. Comme le
montre Hartmann (1980, p.179-80)8 la forme contractee est utilisee
pour les emplois non-anaphoriques et non-deictiques, concernant en
general des unites uniques soit par connaissance du monde (la lune,
le pape ou des GN generiques le lion), soit par le contexte social (la
pere, la mere, le pretre) ou discursif (dans le contexte d’une maison
par exemple la cuisine, le jardin).
Comme le fait remarquer Schiering (2002, 2005), cette distinc-
tion correspond a la distinction proposee par Lobner (1985) entre
definitude semantique et definitude pragmatique. Cette distinction
est grammaticalisee dans de nombreux dialectes germaniques sous
8La plus grande partie des travaux sur la question est en allemand. Pourune description des donnees de l’allemand en anglais, voir Delisle (1988).
8
la forme de deux paradigmes du determinant defini (par exemple en
frison septentrional Nordfriesisch, comme le montre Ebert (1970)
dans son travail fondateur, et en bavarois (Krifka et al. 1995)).
En raison de cette difference semantique la forme contractee est
obligatoire dans certains contextes syntaxiques :
(6) a. avec les noms propres :
amsur+det
Main,Main,
zuma+det
Bodensee,Lac-Constance,
zura+det
ZugspitzeZugspitze (une montagne)
b. avec les superlatifs predicatifs :
Dasdet.ntr
Gedichtpoeme
//
derdet.m
Texttexte
//
diedet.f
Zeileligne
istest
amAM
schonsten.beau.superlatif
c. avec les infinitifs
i. complements prepositionnels
ans essen denken
a+det manger penser
penser a manger
ii. progressifs prepositionnels :
Eril
istest
am/a+ntr.dat/
beimpres+ntr.dat/
Tanzen.danser
Il est en train de danser.
d. dans certaines expressions idiomatiques
aufssur+ntr.dat
Landcampagne
fahrenaller
aller a la campagne
e. avec les noms predicatifs :
9
zumzu+det
Arztmedecin
ausbildenformer
”donner une formation de medecin”
Pour les exemples (6a-c) ci-dessus il semble convaincant que les
complements de la preposition sont obligatoirement semantiquement
definis : les noms propres en (6a) et le superlatif en (6b) sont
uniques par leur semantique, les infinitifs en (6c) et le nom en (6d)
sont utilises comme generiques (l’infinitif ne fait pas reference a un
evenement particulier de danser mais au type d’activite danser).
Pour le nom predicatif en (6e) il n’est pas clair pourquoi il n’est
pas clair pourquoi la presence d’un article est requise, mais il s’agit
du type medecin, et par consequent d’un emploi non-deictique ; il
est donc coherent que le seul choix soit la forme contractee.
La contraction est egalement a des contraintes syntaxiques ;
pour que la contraction soit possible, la preposition et le determinant
doivent se trouver dans une relation locale Riemsdijk (1998, 651-
667) : il faut que le determinant soit le determinant du DP complement
de la preposition. En effet, l’allemand permet, d’une part, couram-
ment des relatives reduites entre le determinant et le nom (7a), et
d’autre part, les groupes nominaux pluriels peuvent apparaıtre sans
determinant, meme en position argumentale (7b). Un GN pluriel
peut donc commmencer par un determinant qui fait partie d’une
relative reduite :
(7) a. dieles
[demdet.datm
Konigroi
treufidele
ergebenen]devoues
Dienerservants.nom
les serviteurs fidelement devoues au roi
b. Dienerserviteurs
arbeitetentravaillaient
indans
denles
Feldernchamps
aman+datmsg
Palast.palais
10
Des serviteurs travaillaient dans tous champs pres du
Palais. (pluriel nu)
(8) [demdet.datm
Konigroi
treufidele
ergebene]devoues
Dienerserviteurs.nom
des serviteurs fidelement devoues au roi
exemple de Riemsdijk (1998, p.655)
Si un groupe nominal sans determinant mais modifie d’une re-
lative reduite apparaıt comme complement d’une preposition qui
permet la contraction, le determinant de la relative reduite ne peut
pas contracter avec la preposition :
(9) a. vonde
demdet.datm
Konigroi
treufidelement
ergebenendevoues
Dienernserviteurs
b. *vomde-det.dat.m
Konigroi
treufidelement
ergebenendevoues
Dienernserviteurs
exemple de Riemsdijk (1998, p.655)
Comme pour le francais, la contraction P+D en allemand n’a
lieu qu’avec le determinant defini ; la contraction est impossible avec
les pronoms relatifs (voir Hinrichs 1986), dont la plupart des formes
sont cependant homophones avec l’article defini :
(10) Dasla
Haus,maison
indans
demlaquelle
//
*imin+ntr.dat
FritzFritz
wohnt,habite
wirdaux.futur
verkauft.vendu
La maison dans laquelle Fritz habite sera vendue.
La contraction est egalement impossible si le nom est modifie
par une relative restrictive9
9Les relatives appositives sont compatibles avec une contraction :
11
(11) *Imdans+ntr.dat/
/dans
Indet
demmaison
Haus,qui
dasvendue
verkauftsera
wird,habite
wohnt Fritz.
Dans ce qui suit, j’examine l’interaction entre la coordination et la
contraction des prepositions avec les determinants.
Pour l’allemand, la grammaire traditionnelle reconnaıt que la
contraction des articles avec les prepositions interagit avec la coor-
dination ; le Duden Dosdrowski et al. 1984, 222 preconise que dans
ces cas la preposition doit etre repetee :
(12) a. Wirnous
erkanntenavons-reconnu
sie3fs
ama+det.dat.m
Gangallure
undet
?derdet.dat.f
Haltungport
//
ana
derle
Haltung.port
Nous l’avons reconnue a son allure et a sa facon de se
tenir.
b. ErIl
berichteterapporta
ubersur
diele
Arbeittravail
derdes
Abgeordnetenmembres du parlement
imdans+det.dat.ntr
Plenumassemblee
undet
?denles
Kommissionencomites
//
indans
denles
Kommissionen.comites
(exemples pris de Dosdrowski et al. (1984, 222))
Or, les exemples qu’on trouve dans le corpus Cosmas II de
l’Institut fur Deutsche Sprache10 montrent, que l’interaction entre
(i) FritzFritz
wohnthabite
ampres+ntr.dat
Schloss,chateau,
dasqui
ubrigenspar-ailleurs
geradejuste
renoviertrenove
wird.estF habite pres du chateau, qui par ailleurs est en train d’etre renove.
10Ce corpus est disponible a l’adresse https ://cosmas2.ids-mannheim.de/cosmas2-web/menu.home.do, avec une description des corpus
12
prepositions contractees et la coordination est plus complexe.
Premierement, la repetition de la preposition a comme effet
une lecture distributive, tandis qu’une coordination sous une seule
preposition donne une lecture collective. Dans l’exemple (13), par
exemple, retourner et faire la fete sont des evenements clairement
disjoints et la preposition est repetee. Dans l’exemple (14), la repetition
de la preposition suggere soit que les institutions europeennes men-
tionnees sont des entites separees du Parlement europeen (14b),
tandis qu’en (14a) les institution europeennes et le Parlement eu-
ropeen forment un tout.
(13) Diela
Ukrainerinucrainienne
denktpense
nichtneg
ansa+det
Heimkehrenrentrer
undet
ansa+det
Feiern.feter
L’ucrainienne ne pense pas a rentrer et a faire la fete.
(= deux activites separees)
(14) a. Indans
zwolfdouze
Komiteescomites
wurdenetaient
Themensujets
diskutiertdiscutes
undet
Resolutionenresolutions
verabschiedet,passes
diequi
ansa+det parlement
Europaparlamenteuropeen
undet
ana
dieles
entsprechendencorrespondantes
europaischeneuropeennes
Institutioneninstitutions
weitergeleitettransmises
werden.sont
(= institutions separees)
b. Indans
zwolfdouze
Komiteescomites
wurdenetaient
Themensujets
diskutiertdiscutes
undet
Resolutionenresolutions
verabschiedet,passes
diequi
ansa+det parlement
sous http ://www.ids-mannheim.de/cosmas2/referenz/korpora.html
13
Europaparlamenteuropeen
undet
dieles
entsprechendencorrespondantes
europaischeneuropeennes
Institutioneninstitutions
weitergeleitettransmises
werden.sont
(=institutions a l’interieur du Parlement europeen)
Un exemple clair d’une coordination sous une contraction preposition+
article ou la coordination est interpretee comme une coordination
naturelle est fourni par des coordinations avec un deuxieme conjoint
introduit par un possessif co-referent avec le premier conjoint. Dans
ce cas la repetition de la preposition est inappropriee11 :
(15) Schonebeaux
Erinnerungensouvenirs
[ansa+det.ntr.acc
ChristkindChristkind
undet
seineses
Gaben]cadeaux
de beaux souvenirs du Christkind et des cadeaux qu’il ap-
porte
L’exemple ci-dessus montre que l’emploi d’une preposition par-
tagee est necessaire pour des coordinations naturelles, meme si la
preposition est contractee avec le premier determinant.
Nous avons vu que la preposition contenue dans une contrac-
tion peut prendre portee sur une coordination de complements de
la preposition. Inversement, une coordination de prepositions peut
11Notons que pour certains locuteurs francais des coordinations avec undeuxieme GN introduit par un possessif co-referentiel avec le premier conjointsont egalement acceptables (pour des exemples attestes de cette construction,voir l’appendice) :
(i) a. Il s’adresse au president et son cabinet.
b. Il renvoie le probleme au parlement europeen et ses institutions
c. Il s’adresse a la ministre et ses conseilleres.
d. Il renvoie le probleme a la cour de cassation et ses juges
14
bloquer la contraction d’une preposition avec un determinant expri-
mant la definitude semantique : comme le montre l’exemple (16b),
sans coordination la contraction aurait lieu dans cet exemple.
(16) coordination de deux prepositions sur un determinant semantiquement
defini
a. InDans
diesercette
Ferienwochesemaine
tauchende
Teilnehmervacances
-les
hochstensparticipants
biss’immergent
zu-
denau
Knienplus
-jusqu’aux
ingenoux
den-
Neckardans
einle
undNeckar
erforschenet
dasexplorent
Lebenla
in und aufvie
demdans
Fluss.et sur le fleuve.
b. In dieser Ferienwoche tauchen Teilnehmer - hochstens
bis zu den Knien - in den Neckar ein und erforschen das
Leben im Fluss.
Dans cette semaine de vacances les participants s’im-
mergent - au plus jusqu’aux genoux - dans le Neckar et
explorent la vie dans+det.m.datfleuve.
L’absence de contraction sur la premiere preposition ne peut pas
etre attribue a une restriction morphologique. En effet, il est par-
faitement possible de coordonner des contractions de prepositions
+article, aussi bien entre elles comme dans l’exemple (17a) qu’avec
une sequence P+determinant faible (17b) :
(17) a. coordination de deux contractions P+D :
Wennquand
abercependant
diele
Zeittemps
derdu
Sonnenwendesolstice
kommt,arrive,
drangtpousse
esexpl
diela
ganzeentiere
Bevolkerungpopulation
insau
Freie,dehors,
insau
15
Grune,vert,
ans und aufsa+det.accet sur+det.acc
Wasser.eau
b. coordination d’une contraction P+D avec une sequence
P+ determinant faible :
Dannalors
standenetaient-du
furpour
dieles
Mannerhommes
einigequelques
Ubungenexcercises
im und auf demdans+det.dat et sur det.dat
Wassereau
anprt
Apres les hommes devaient faire quelques exercises dans
et sur l’eau.
La coordination sous une contraction P+D est en effet toujours
possible avec deux infinitifs, comme dans l’exemple suivant :
(18) a. ok avec infinitifs coordonnes :12
Ama+det
Mittwochmorgenmercredi-matin
ging’sallait-il
ansa+det
Packenfaire-les-valises
undet
Putzen.nettoyer
Le mercredi matin ils commencerent a faire les valises
et a nettoyer. (= une activite complexe)
b. Seit der Eroffnung am 2. Oktober kommen Berliner und
Besucher der Hauptstadt zum Bummeln und Bewun-
dern.
depuis la ouverture au 2 octobre viennent berlinois et
12Quand l’une des activites est exprimee sous forme de nom, comme dansl’exemple suivant, la preposition est repetee :
(i) Am nachsten Tag ging es ans Packen und an den grossen «Heimputz».A98/JAN.06215 St. Galler Tagblatt, 31.01.1998.
16
visiteurs de la capitale a+det flaner et admirer
Depuis l’ouverture le 2 octobre les berlinois et les visi-
teurs de la capitale viennent pour flaner et admirer.
La liste suivante resume les possibilites de coordination pour les
contractions P+D en allemand :
(18) a. Forme contractee peut introduire coordination de deux
DP (ex 14).
b. Deux formes contractees peuvent etre coordonnees (ex
17a).
c. Une forme contractee peut etre coordonnee avec une
sequence non-contractee (ex 17b).
d. Deux prepositions peuvent etre coordonnees devant un
determinant qui doit contracter avec la premiere preposition
sous adjacence (ex 16a/b).
e. Deux prepositions peuvent etre coordonnees devant un
GN dont le determinant contracte avec la deuxieme preposition
(ex 16c).
2.3 Contrastes entre le francais et l’allemand
Les prepositions contractees en francais et en allemand illustrent
deux cas d’interaction de la contraction avec deux autres compo-
santes de la grammaire : en francais, la contraction interagit avec
la regle d’elision qui est a premier abord conditionnee phonologi-
quement (mais voir Zwicky 1987) tandis qu’en allemand l’interac-
tion est observee avec la composante semantique : les sequences
preposition + determinant qui ont une forme contractee correspon-
dante n’ont que la lecture de definitude pragmatique, tandis que les
17
sequences sans pendant contracte sont ambigues entre definitude
pragmatique et definitude semantique.
En francais, la preposition dans une forme contractee ne peut
pas prendre portee sur un deuxieme conjoint (exemple (4b)), en
allemand, en revanche, la preposition, meme si elle est exprimee
dans une forme portmanteau contractee avec un determinant, peut
prendre portee sur une coordination, a condition que celle-ci soit
interpretee comme une coordination naturelle.
3 L’analyse
Dans ce qui suit, je propose une analyse selon laquelle les contrac-
tions du francais et de l’allemand sont dues a des composantes
differentes de la grammaire. Plus precisement, je propose que les
contractions P+D du francais sont des prepositions flechies appar-
tenant au lexique presyntaxique, et inserees dans la syntaxe en tant
que telles, tandis que les contractions P+D de l’allemand sont dues
a un processus post-syntaxique.
Afin de justifier mon analyse, qui met en jeu l’interface syntaxe-
morphologie, je resume d’abord brievement les arguments qui me
menent a rejeter l’hypothese que la contraction est un processus
phonologique, ainsi que l’hypothese que la contraction est le resultat
un processus syntaxique (mouvement de tete). (section 3.1).
Dans la section 3.2, je developpe mon analyse des contractions
P+D, pour laquelle l’interface entre la syntaxe et la morphologie
joue un role crucial. Cette analyse admet l’hypothese que des objets
morphologiques complexes peuvent etre generes aussi bien avant
la syntaxe (dans le lexique) qu’a l’issue de la syntaxe, suivant la
proposition de Anderson (1992) selon laquelle la morphologie est
18
en fait scindee (la Split morphology hypothesis).
Or, dans les travaux recents, il n’existe pas de consensus sur
le role de la morphologie par rapport a la syntaxe. En particulier,
dans certains modeles, la morphologie en tant que composante qui
gere les mots (simples et complexes) est concue comme une com-
posante pre-syntaxique (e.g. les travaux en HPSG, et le modele
de di Sciullo and Williams (1987), Williams (2007), Stewart and
Stump (2007)), tandis que d’autres travaux placent la morpholo-
gie dans une composante post-syntaxique (la morpologie distribuee,
Halle and Marantz (1993); Embick and Noyer (2007)). Dans la sec-
tion 3.3, je discuterai donc l’analyse proposee ici dans le contexte
de ces approches divergentes a la morphologie.
3.1 Arguments contre une analyse phonologique
ou purement syntaxique
Aussi bien pour l’allemand que pour le francais, il semble clair
que la contraction entre preposition + determinant ne peut pas etre
attribuee a un processus phonologique synchronique.
En francais, il existe des contextes homophones qui ne mettent
pas en jeu un determinant ; dans ces cas la contraction n’a pas lieu :
(19) a. Jean a peur de le mettre. (clitique + infinitif)
b. Jean a peur du maıtre/ * de le maıtre. (article + nom)
En allemand, le fait qu’il existe une difference semantique entre
forme contractee et forme non-contractee suggere deja qu’il ne s’agit
pas d’un phenomene phonologique. Par ailleurs, comme en francais,
il existe des contextes phonologiquement identiques, notamment
avec les pronoms relatifs, qui ne permettent pas l’application de la
19
contraction (voir Hartmann (1980, p.172), Hinrichs (1986)).
La contraction entre preposition et determinant ne peut donc
pas etre analysee comme un phenomene phonologique.
Par ailleurs, une analyse purement syntaxique qui deriverait
la contraction entre preposition et determinant d’un processus de
mouvement de tete, tel qu’illustre dans les exemples suivants, semble
egalement problematique.
(20) Analyse derivant la contraction du mouvement de tete :
a. Mouvement de tete −→forme portmanteau : zum
PP
P
P D DP
D NP
b. Pas de mouvement de tete −→pas de forme portman-
teau : zu dem
PP
P
zu
DP
D
dem
NP
Dans ce type d’analyse le declencheur du mouvement ne peut
etre ni un propriete du determinant (puisque la contraction depend
de la preposition avec laquelle il se combine) ni de la preposition
(puisque la contraction depend des valeurs de cas/nombre/genre du
determinant).
En allemand, par exemple, il faudrait faire l’hypothese qu’avec
la preposition in, un determinant specifie m.acc ne doit pas monter
20
dans la position de la preposition (donnant in den), tandis que le
determinant ntr.acc monterait donnant lieu a la forme ins.
Une analyse qui propose un mouvement syntaxique uniforme
de D a la preposition, est proposee par Riemsdijk (1998, p.661) ;
ce mouvement syntaxique serait suivi, pour certaines combinaisons
de P +D, d’un processus morphophonologique qui reduit l’article
creant ainsi des formes contractees.
Je n’adopte pas cette analyse ici etant donne que les articles
peuvent apparaıtre sans une preposition, la montee du D ne peut
donc pas etre motivee par une deficience du D, et inversement, les
prepositions peuvent se combiner avec des GN sans determinant, il
ne semble donc pas plausible que la preposition declenche le mou-
vement du D.
Etant donne qu’il y a des arguments pour rejeter une analyse
phonologique aussi bien qu’une analyse purement syntaxique des
contractions, dans ce qui suit, je poursuivrai l’hypothese que la
contraction met en jeu l’interaction entre la morphologie (entendue
comme composante qui gere la structure des mots) et la syntaxe.
Dans la section suivante, je propose une analyse du contraste
entre le francais et l’allemand qui traite la contraction comme un
phenomene morphologique.
3.2 L’analyse proposee
Une analyse des contractions P+D doit repondre a deux ques-
tions :
(21) a. Quelle est la structure syntaxique correspondant a une
contraction ?
21
b. Comment et dans quelle composante la contraction a-t-
elle lieu ?
Dans la litterature, on trouve deux types d’analyse des contrac-
tions P+D mettant en jeu l’interface entre morphologie et syntaxe.
La premiere analyse traite les contractions comme des prepositions
flechies. D’apres cette analyse, il s’agit de mots combinant les
traits de la preposition ainsi que les traits de definitude et de
genre/nombre/cas ; syntaxiquement, ces mots occupent une seule
position syntaxique et prennent un NP depourvu de determinant
comme complement (voir Hinrichs (1986) pour l’allemand, Napoli
and Nevis (1987) pour l’italien, Abeille et al. (2003) pour le francais,
Schiering (2005) pour un dialecte de l’allemand, Ruhrdeutsch).
(22) a. Prepositions flechies Pfl :
au = a [+def,+m,+sg]
b. Structure syntaxique : PP = Pfl + N’ (un terminal syn-
taxique)
(where N’ = DP without the D)
PP
Pfl N’
La deuxieme analyse traite les contractions preposition + determinant
comme portmanteaux13, des cas marques d’appariement entre la
structure syntaxique et la structure morphologique, dans lesquels
deux terminaux syntaxiques sont apparies avec un seul objet mor-
phologique (Zwicky 1987, p.215).
13Voir Wescoat (2002, p.8-9) pour une discussion du terme portmanteaux, dua Hockett.
22
(23) a. Portmanteaux Zwicky (1987, p.215) :
(i) au = a [+def,+m,+sg]
(un objet morphologique simple) P
P
a [+DEF, +M, +SG]
(ii) au = [a + ART[+def,+m,+sg]]P
(un objet morphologique complexe) P
P
a
ART [+DEF, +M, +SG]
b. Structure syntaxique : PP = P + [ART [+def] + N’]
(deux terminaux syntaxiques)
PP
P DP
D NP
Afin de choisir entre les deux possibilites, il faut donc savoir si
la contraction P+D occupe une ou deux positions dans la syntaxe.
Pour les contractions du francais, j’adopterai une analyse en
termes de preposition flechie, suivant Abeille et al. (2003). Comme
le font remarquer ces auteurs, une analyse lexicaliste des contrac-
tions permet de rendre compte des effets de la contraction sur la
coordination dans (24b) ci-dessous :
(24) J’ai parle
a. a la mere et la fille
b. *au pere et la mere
c. *a le pere et la mere
23
exclu soit par blocking de a le par au
soit par le trait [+LE] Abeille et al. (2003)
d. *a la fille et le garcon
e. a la fille et l’autre garcon
L’exemple (24b) est exclu parce que la coordination est mal-formee :
la structure [[au pere] et [la mere] ] est exclue comme une coordi-
nation d’une PP avec une NP, tandis que la structure [au [pere] et
[la mere]] est exclue comme une coordination d’un N avec une NP.
Pour l’exemple (24d), je propose que la forme sous-jacente a
la forme de surface en (24d) est mal-formee. Plus precisement, je
propose que la coordination apparente de deux NP disjoints sous
de ou a correspond en effet la coordination deux PP independants
introduits par de ou a suivi de l’effacement phonologique de la
deuxieme preposition sous identite (25a/e). Dans les cas qui in-
cluent une contraction P+D, l’effacement sous identite est impos-
sible (25b/d(ii)) ; etant donne que la sequence a le est independamment
exclue (par blocking), les structures sous-jacentes dans (25c/d(i))
qui pourraient donner lieu a (24c/d) sont mal-formees et l’efface-
ment ne peut pas s’appliquer.
(25) a. a la mere et a la fille −→ a la mere et A la fille
b. au pere et a la mere
−→pas d’effacement possible (pas de a dans PP1 )
−→ * au pere et A la mere
c. *a le pere et a la mere −→ *a le pere et A la mere
exclu parce que a le est independamment impossible
d. i. *a la fille et a le garcon −→*a la fille et A le garcon
ii. a la fille et au garcon
24
−→pas d’effacement possible (pas de a dans PP2 )
−→ * a la fille et AU garcon
e. a la fille et a l’autre garcon −→a la fille et A l’autre
garcon
f. structure sousjacente a (24d) :
Les NP designant la meme entite peuvent etre conjoints sous de
et a :
(26) a. L’ancien champion olympique et nouveau pre-
mier ministre, Jean Dupont, a donne une conference
de presse hier matin.
b. Les journalistes ont pose de nombreuses questions a
l’ancien champion olympique et nouveau pre-
mier ministre.
c. Les reponses de l’ancien champion olympique et
nouveau premier ministre n’ont satisfait personne.
Dans les exemples dans (26), il n’y a pas d’incompatibilite entre
la forme de la sequence preposition+determinant et le deuxieme
conjoint, bien que pour le deuxieme conjoint a initiale consonan-
tique il serait necessaire d’inserer au et du. Si l’impossibilite d’avoir
(24d) etait un effet a distance lie a la presence potentielle d’une
forme contractee dans la structure non-coordonnee, on aurait pu
s’attendre a ce qu’on retrouve les memes effets dans (26b/c).
Je reviens maintenant a l’exemple (24c) : l’analyse ci-dessus
presuppose que la sequence non-contractee correspondant aux contrac-
tions au/ aux, du/ des est independamment exclue.
En effet, je propose que l’impossibilite d’avoir les sequences
P+D avec les formes a les / a le et de les / de le est a attri-
25
buer a un effet de blocking (Aronoff 1976, 41)14. Kiparsky (1982)
montre que le blocking peut etre compris comme une forme mor-
phologique de la Elsewhere condition (proposee pour la phonologie
contemporaine dans Kiparsky (1973)) : des regles plus specifiques
s’appliquent avant des regles a application plus large15. Une excep-
tion lexicale peut alors etre concue comme la forme la plus restreinte
d’une regle ne s’applicant qu’a une liste de lexemes (27a/b).
(27) a. Regle 1 : pour N =woman −→N+pl= women
b. Regle 2 : pour N =ox, child −→N+pl= N+en (oxen,
children)
c. Regle 3 : pour N −→N+pl = N+s (houses, papers, cats)
Le blocking a ete propose pour des formes d’un meme lexeme
qui seraient en competition pour une seule cellule dans le paradigme
du lexeme. Poser (1992) a propose que ce type de blocking peut
egalement etre operatif entre mots et phrases exprimant des pro-
prietes grammaticales (par exemple entre comparatifs synthetiques
et analytiques en anglais) : si un mot existe, il bloque l’expression
phrastique de la meme categorie (smaller vs *more small, ”plus
petit”). Cette idee a ete reprise dans Borjars et al. (1997), Bres-
nan (2001), Hankamer and Mikkelsen (2005) et Stewart and Stump
(2007). Hankamer and Mikkelsen (2005) nomment la forme etendue
du blocking Poser-blocking.
Les donnees de coordination de l’allemand, en revanche, suggerent
que la contraction entre preposition et determinant permet aussi
14Blocking ”the nonoccurrence of one form due to the simple existence ofanother.”
15Ce principe est egalement appele le principe de Panini, le grammairienclassique du sanskrit Stump (2001)
26
bien a la preposition qu’au determinant d’occuper une position syn-
taxique independante. D’une part une contraction P+D peut etre
coordonnee avec un GN introduit par un determinant (28a) ; ceci
montre que le preposition contenue dans la contraction peut prendre
portee sur les deux NP conjoints, et suggere que la preposition
occupe une position syntaxique independante. D’autre part, une
preposition peut etre coordonnee avec une contraction P+D en
deuxieme conjoint (exemple (28b)), ce qui suggere que le determinant
contenu dans la contraction occupe une position externe a la coor-
dination, comparable au cas non-contracte (28c).
(28) a. Indans
zwolfdouze
Komiteescomites
wurdenetaient
Thementhemes
diskutiertdiscutes
undet
Resolutionenresolutions
verabschiedet,passees
diequi
ansa+det
Europaparlamentparlement-europeen
undet
dieles
entsprechendencompetents
europaischeneuropeennes
Institutioneninstitutions
weitergeleitettransmis
werden.etaient
(=institutions a l’interieur du Parlement europeen)
Dans douze comites des sujets (divers) etaient discutes
et des resolutions etaient passees qui etaient transmises
au parlement europeen et aux institutions europeennes
competentes.
b. ErIl
wurdedevint
bereitsdeja
uberregionalau-dela-de-la-region
bekanntconnu
mitavec
geheimnisvollen,mysterieuses,
farbigencolorees
Architektur-Beleuchtungenilluminations-d’architecture
wiecomme
derla
pfalzischenpalatine
”Burgenrote”rougeur-des-chateaux
1998,1998,
derla
Lichtinstallationinstallation
an und imsur et dans+det
Historischenhistorique
27
Museummusee
SpeyerSpeyer
undet
jungstil-y-a-peu
auchaussi
mitavec
demle
magischenmagique
Leuchten,lueur,
indans
daslequel
eril
dasla
Rathausmairie
BielefeldBielefeld
tauchte.plongea.
c. Comparer avec une coordination de deux prepositions
sans contraction :
Diedet
Lichtinstallationinstallation-lumiere
an und insur et dans
derdet
Stadtkirche.eglise-de-la-ville
Je propose d’analyser la contraction comme un phenomene post-
syntaxique, etant donne que la contraction attendue pour une preposition
avec un determinant faible n’a pas lieu si les deux ne sont pas ad-
jacents :
(29) a. in + det.dat.msg faible, non-adjacents :
InDans
diesercette
Ferienwochesemaine-de-vacances
tauchens’immergent
Teilnehmerparticipants
--
hochstens bis zu denau plus jusqu’aux
Kniengenoux
--
indans
denle
NeckarNeckar
einprt
undet
erforschenexplorent
dasla
Lebenvie
in und aufdans et sur
demle
Fluss.fleuve.
b. in + det.dat.msg faible, adjacents :
In dieser Ferienwoche tauchen Teilnehmer - hochstens
bis zu den Knien - in den Neckar ein und erforschen das
Leben im/ #in dem Fluss.
Dans cette semaine de vacances les participants s’im-
28
mergent - au plus jusqu’aux genoux - dans le Neckar et
explorent la vie dans+det.m.dat fleuve.
Je propose donc une analyse qui traite la contraction entre
preposition et determinant faible en allemand comme une contrac-
tion operee sous adjacence apres la syntaxe. Il s’agirait alors d’un
processus comparable a la cliticisation simple, dans la mesure ou
il s’agit d’un processus local qui n’a pas de consequences sur la
syntaxe.
Cette analyse peut etre implementee par le lexical sharing pro-
pose par Wescoat (2002) : la forme contractee est inseree couvrant
deux terminaux syntaxiques qui doivent etre adjacents.
L’effet de complementarite semantique qui est present pour les
combinaisons P+D qui ont un pendant contracte est a attribuer
a un effet de blocking. L’impossibilite d’avoir une lecture faible
pour une sequence P+D non-contractee qui dispose d’une forme
contractee dans le lexique serait alors due au Poser-blocking : les
contractions qui existent ont une lecture particuliere, avec un determinant
faible (definitude semantique), elles bloquent donc l’expression phras-
tique par une sequence P+D dans le meme contexte, donnant une
lecture pragmatique pour les sequences non-contractees P+D comme
un effet de la Elsewhere condition.
La difference entre le francais et l’allemand concernant le blo-
cking des sequences P+D par les formes contractees est alors due
au fait qu’en allemand la contraction a une semantique propre,
correspondant a la definitude semantique du determinant, tandis
que la sequence non-contractee est en principe ambigue entre un
definitude semantique et definitude pragmatique.
29
3.3 Les formes contractees et la theorie de l’in-
terface entre morphologie et syntaxe
Pour les contractions P+D de l’allemand je suis arrivee a la
conclusion que les contractions occupent deux positions en syntaxe.
L’analyse des contractions P+D touche donc directement a une
question fondamentale pour l’architecture de la grammaire : Quelle
est la relation entre les mots (les entrees du lexique) et la structure
syntaxique dans laquelle ils apparaissent ?
Cette question est reliee a une deuxieme question : quelle est
la relation entre la structure interne des mots et la structure des
phrases dans lesquelles les mots apparaissent, a quel point la struc-
ture idiosyncrasique des mots a-t-elle des consequences pour la syn-
taxe ?
Ces questions ont ete discutees en detail dans un serie de travaux
recents (Ackema and Neeleman (2004, 2007), Embick and Noyer
(2007), Stewart and Stump (2007), Williams (2007)). Stewart and
Stump (2007) proposent un modele lexicaliste qui prevoit l’inser-
tion de mots dans des terminaux syntaxiques ; ce modele envisage
l’insertion de formes periphrastiques, cad l’insertion de deux mots
pour realiser une cellule du paradigme. En revanche, ces auteurs ne
considerent pas le cas symetrique, etudie ici, ou un mot doit etre
apparie avec deux terminaux syntaxiques.
En principe, le fait qu’un mot semble prendre la place de plu-
sieurs terminaux syntaxiques peut etre concu des facons suivantes
au moins, illustrees ici avec la contraction am :
(30) a. Entites phonologiquement nulles :
le mot n’occupe qu’une seule position et les autres po-
sitions sont occupees par des unites phonologiquement
30
nulles.
a. PP
P
∅P
DP
D
am[+D]
NP
b. PP
P
am[+P]
DP
D
∅D
NP
b. Mouvement syntaxique :
le mot est complexe et remplit plusieurs positions par
un mechanisme de mouvement (par ex le mouvement de
tete). PP
P
DP
D
am[+P,+D]
NP
c. Fusion post-syntaxique :
le mot est l’epel d’une sequence de plusieurs terminaux
syntaxiques adjacents (voir l’analyse de Zwicky (1987),
le lexical sharing de ?, la fusion en Morphologie Dis-
tribuee.)
L’analyse proposee dans la section 3.2 correspond au choix (30c) :
un objet morphologique est apparie avec deux terminaux syntaxiques.
La premiere possibilite, en termes d’une preposition ou d’un
determinant nul, ne me semble pas adequate pour le cas des contrac-
tions, etant donne que les hypothetiques elements nuls seraient
contraints a co-apparaıtre dans la structure syntaxique avec la contrac-
tion preposition + determinant, et je ne vois pas d’argument independant
en faveur de telles entites. Dans ces circonstances, une analyse en
termes de preposition ou determinant nuls me semble equivalente
31
a dire qu’il s’agit d’un element complexe en morphologie.
Par ailleurs, le determinant peut prendre portee dans une co-
ordination de deux P an und im Dom, ce qui suggere que c’est le
determinant det.msg qui prend portee ici, et pas un determinant
complexe im qui contiendrait egalement des informations relatives
a la preposition.
Le coordinations de type am N und DET montrent egalement,
que la preposition contenue dans la contraction peut prendre portee
sur un DP introduit par un determinant defini faible, ce qui suggere
que les informations relatives au determinant contenues dans la
contraction ne prennent pas portee.
Pour ces raisons, j’ai ecarte une analyse du type (30a).
Une analyse de type (30b), en termes de mouvement de tete,
serait preferable si cette hypothese permettait d’uniformiser le lieu
d’insertion des prepositions flechies et des portmanteaux P+D. Dans
ce cas, il serait possible d’ecarter l’hypothese que l’insertion lexicale
a lieu avant et apres la syntaxe, admise ici.
J’admets ici l’hypothese, qu’une insertion post-syntaxique est
refletee dans un comportement syntaxique qui correspond a plu-
sieurs positions syntaxiques. La seule facon d’unifier l’insertion des
prepositions flechies et des portmanteaux P+D est alors une inser-
tion presyntaxique. Or, il se pose alors le probleme de distinguer des
complexes P+D qui se comportent comme un terminal syntaxique
des complexes P+D qui subiraient le mouvement de tete.
Une possibilite qui serait a notre disposition est d’attribuer aux
uns le statut de portmanteau simple et aux autres celui de port-
manteau complexe :
32
(31) Hypothese possible :
a. Preposition flechie = objet morphologique simple
= P[+def,+genre,+nombre,+cas] (pas de mouvement)
b. Portmanteau = objet morphologique complexe
= P + D[+genre,+nombre,+cas] (mouvement de tete)
Preposition flechie : P[+def ,+genre,+nombre,+cas]
Portmanteau D+P :
P D
Malheureusement, je ne dispose pas de criteres independants
pour distinguer des objets morphologiques simples des objets mor-
phologiques complexes, et que cette analyse ne ferait pas de predictions
differentes d’une analyse par insertion post-syntaxique. Par ailleurs,
la stipulation necessaire que seuls les objets complexes sont sujets
au mouvement de tete me semble encoder une propriete syntaxique
dans des termes morphologiques.
Pour les raisons exposees ci-dessus, j’ai ete amenee a donner une
analyse des contractions P+D par insertion post-syntaxique.
Or, l’hypothese d’une insertion post-syntaxique n’est pas com-
patible avec des theories lexicalistes qui supposent (i) qu’il existe
une composante independante de la syntaxe qui gere la structure
interne des mots complexes et (ii) que la structure interne des mots
est invisible pour la syntaxe (integrite lexicale).
Dans un cadre theorique comme HPSG, l’Hypothese lexicaliste
fait partie de l’architecture de la theorie. En revanche, pour les
travaux proposees dans le cadre du Programme Minimaliste (sui-
vant des propositions dans Chomsky (1995, 2000) et autres) des
approches radicalement opposees co-existent :
33
(32) a. Insertion de mots flechis en entree de la syntaxe (avec
verification de traits dans la syntaxe) (Chomsky, 1995).
b. Insertion tardive (Morphologie distribuee) : l’insertion
des formes lexicales se fait apres la syntaxe dans la
composante PF (interface vers la forme phonologique)
(Halle and Marantz (1993), Harley and Noyer (1999),
Embick and Noyer (2007)).
L’hypothese que la morphologie opere aussi bien avant l’inser-
tion des unites lexicales qu’apres le calcul syntaxique a ete proposee
explicitement par Anderson (1986, 1992) (Split morphology).
Dans l’analyse proposee ici, j’ai choisi l’implementation de ?
pour l’insertion post-syntaxique. Cette theorie admet l’insertion
d’une seule unite dans des terminaux syntaxiques sous condition
qu’ceux-ci soient adjacents. Cette hypothese est plus restreinte que
le systeme de deplacements post-syntaxiques (Lowering et Left Dis-
location) propose par Embick and Noyer (2007) : le Lexical sharing
exclut l’insertion sur plusieurs terminaux si ceux-ci ne sont pas ad-
jacents tandis que Lowering peut operer a travers d’adverbes par
exemple.
3.4 Conclusion
Nous avons vu que les contractions P+D de l’allemand et du
francais ont des proprietes clairement differentes : en allemand aussi
bien la preposition que le determinant gardent une independance
syntaxique malgre la forme morphologique qui amalgame les deux.
L’analyse proposee ici rend compte de ce contraste en releguant
les contractions dans les deux langues a deux composantes dis-
tinctes : la composante morphologique presyntaxique pour les contrac-
34
tions P+D du francais et la composante la composante morpho-
logique postsyntaxique pour les contractions de l’allemand. Plus
precisement, j’ai propose que les contractions P+D du francais sont
des prepositions flechies avec des contraintes de sous-categorisation
particulieres (elles prennent un N’ = ”un DP sans D” comme complement),
tandis que les PP introduites pas des contractions P+D de l’alle-
mand partagent la meme structure syntaxique que les sequences
P+D non-contractees.
En effet, l’analyse de l’allemand proposee ici revient a une ana-
lyse par cliticisation simple dans le sens ou la syntaxe fonctionne
avec deux terminaux syntaxiques pour P et D. Or, contrairement
aux cas standard de cliticisation simple (auxiliaires clitiques de l’an-
glais, par exemple), la forme amalgamee ne peut pas etre derivee
par un processus phonologique : la forme qui est inseree est donc
lexicalement fixee, et dans ce sens suppletive.
4 Appendice
Des exemples attestes avec une coordination sous une preposition :
(33) Les hommes du Nebraska vont tenter leur unique espoir
pour regagner la surface, quant au commandant et ses
hommes, ils tentent toujours de fuir le sanctuaire, pour-
suivis par ce qui pourrait etre un demon particulierement
sadique.
http ://bd-livres.psychovision.net/bds/sanctuaire-3-084.php
(34) Depuis plusieurs lettres ouvertes envoyees au President et
son premier ministre, le PCC a fait fermer son cabinet
d’avocat pour un an.
35
http ://fr.wikipedia.org/wiki/Politique religieuse de la RPC
(35) Les mannes financieres percus en compensation des presences
militaires etrangeres, servent au President et son entou-
rage pour maintenir la population sous la pression de la
pauvrete et pour financer sa securite omnipresente.
http ://www.arhotabba.com/journee afrique.htm
(36) avec du retard, j’adresse un grand merci au president et
son equipe d’avoir repondu rapidement et efficacement a
cette attente.
http ://rhonealpes-volley.fr/modules/newbbex/viewtopic.php ?topic id=385&forum=5
(37) Un grand merci au Chef et son equipe pour cette soiree
plus que reussie.
http ://www.restomania.be/811.htm
(38) Merci au webmaster et son equipe pour le rajeunisse-
ment de cet outil pour le rendre encore plus convivial, ra-
tionnel et reactif a la hauteur de nos ambitions pour votre
plus grand bien-etre d’utilisation correspondant a vos be-
soins d’informations grandissants de jour en jour.
http ://www.hombourg68.fr/php/index.php (le mot du maire)
(39) Ce dernier organise chez lui une fete de la reconciliation en
presence du President et son epouse.
http ://www.clapnoir.org/fiches films/films/la nuit de la verite.htm
(40) PSI est une organisation de benevoles devoues a apporter un
support social et une aide aux meres et leurs familles.
http ://www.postpartum.net/france.html
(41) Quant aux ministres et leurs responsabilites (les assument-
ils ?) vaste debat.
36
www.lavoixdunord.fr/forum/archive/index.php/t-267.html
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