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20 Jean Claude de Brauwer 02 ISURU Professeur Catherine Meyfroid 01 ISURU | Haute École Lucia de Brouckère Professeur Les chaussées romaines dans le projet territorial Esquisse d’une méthodologie d’intervention 20-23 Les Cahiers nouveaux N° 86 Septembre 2013 Ce numéro des Cahiers nouveaux consacré au patrimoine « extra » ordinaire de Wallonie donne l’occasion, à la Chambres des urbanistes de Belgique, de mettre l’accent sur la gestion et la valorisation du patrimoine dans le cadre de la pratique d’urbaniste. Nous croyons fermement à la gestion intégrée du patrimoine et de l’aménage- ment du territoire. Les voies romaines comme patrimoine Comme Françoise Choay l’écrivait dans son Allégorie du patrimoine, « l’histoire du patrimoine est indissociable de l’histoire de l’urbanisme pour comprendre la formation de la ville contempo- raine ». La notion de patrimoine, une invention es- sentiellement occidentale dont Françoise Choay situe la naissance à la Renaissance italienne, est intimement liée au contexte économique, social et politique d’une société. La valeur que nous lui attribuons est par conséquent en mouvement perpétuel. En Belgique, la protection du patri- moine immobilier est une compétence détenue par les trois Régions au sein de l’administration qui gère également l’aménagement du territoire et la rénovation urbaine. L’histoire des voies romaines en Belgique est connue dans les grandes lignes. Néanmoins le tra- vail ne s’achève ni à la publication de données ar- chéologiques, ni à la protection stricto sensu d’une partie de la voirie. La conservation à long terme des voies romaines nécessite une valorisation par les associations et les institutions culturelles et touristiques locales en touchant un large public. Il existe quelques initiatives qui vont dans ce sens. C’est le cas du projet de mise en valeur du tronçon Bavay-Velzeke par l’Agence intercommunale de développement (IDETA-Tournai) suite au pro- gramme INTERREG IV (qui a pris fin en 2011), avec la publication de brochures et d’un site web et l’éta- blissement sur le parcours de panneaux signalé- tiques et de bornes reconstituées ; citons égale- ment l’exposition de photographies de Guy Focant en 2006 et l’Itinéraire numéro 7 consacré à la route Bavay-Tongres de Marie-Hélène Corbiau édité en 2012 par l’Institut du Patrimoine Wallon. La voie romaine la plus remarquablement conser- vée sur le territoire de la Région wallonne est la route de Bavay à Tongres. Elle figure par ailleurs sur la liste indicative du patrimoine mondial de l’UNESCO. Toutefois ce n’est pas la seule à perdu- rer. La carte du réseau routier romain établie par Marie-Thérèse et Georges Rapsaet-Charlier en illustre particulièrement bien les potentialités pay- sagères et patrimoniales (fig. 1). Ces potentialités peuvent être intégrées au développement urbain et à la structuration du territoire sans pour autant figer celui-ci. L’urbaniste face aux chaussées romaines À partir d’une réflexion globale sur la société et les territoires, l’urbaniste – équipe pluridisci- plinaire ou individus intégrateurs – se projette dans l’avenir pour imaginer le futur de la popu- lation et du territoire, lequel doit être meilleur que le présent, compte tenu des évolutions et contraintes prévisibles. La prise en compte du bien commun, même s’il reste imprécis, est évi- demment au centre des préoccupations de l’ur- baniste; au contraire par exemple de l’architecte préoccupé du bien particulier de son client. Et le sort des biens communs, du patrimoine com- mun, s’y rattache de près ou de loin. 01 Urbaniste et historienne, membre de la Chambre des urbanistes de Belgique. 02 Urbaniste et architecte, membre de la Chambre des urbanistes de Belgique, gérant des Ateliers d’architecture et d’urbanisme Jean Claude de Brauwer & partenaires.

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Jean Claude de Brauwer02

ISURUProfesseur

Catherine Meyfroid01

ISURU | Haute École Lucia de BrouckèreProfesseur

Les chaussées romaines dans le projet territorialEsquisse d’une méthodologie d’intervention

20-23

Les Cahiers nouveaux N° 86 Septembre 2013

Ce numéro des Cahiers nouveaux consacré au patrimoine « extra » ordinaire de Wallonie donne l’occasion, à la Chambres des urbanistes de Belgique, de mettre l’accent sur la gestion et la valorisation du patrimoine dans le cadre de la pratique d’urbaniste. Nous croyons fermement à la gestion intégrée du patrimoine et de l’aménage-ment du territoire.

Les voies romaines comme patrimoine

Comme Françoise Choay l’écrivait dans son Allégorie du patrimoine, « l’histoire du patrimoine est indissociable de l’histoire de l’urbanisme pour comprendre la formation de la ville contempo-raine ». La notion de patrimoine, une invention es-sentiellement occidentale dont Françoise Choay situe la naissance à la Renaissance italienne, est intimement liée au contexte économique, social et politique d’une société. La valeur que nous lui attribuons est par conséquent en mouvement perpétuel. En Belgique, la protection du patri-moine immobilier est une compétence détenue par les trois Régions au sein de l’administration qui gère également l’aménagement du territoire et la rénovation urbaine.

L’histoire des voies romaines en Belgique est connue dans les grandes lignes. Néanmoins le tra-vail ne s’achève ni à la publication de données ar-chéologiques, ni à la protection stricto sensu d’une partie de la voirie. La conservation à long terme des voies romaines nécessite une valorisation par les associations et les institutions culturelles et touristiques locales en touchant un large public. Il existe quelques initiatives qui vont dans ce sens. C’est le cas du projet de mise en valeur du tronçon Bavay-Velzeke par l’Agence intercommunale de

développement (IDETA-Tournai) suite au pro-gramme INTERREG IV (qui a pris fin en 2011), avec la publication de brochures et d’un site web et l’éta-blissement sur le parcours de panneaux signalé-tiques et de bornes reconstituées ; citons égale-ment l’exposition de photographies de Guy Focant en 2006 et l’Itinéraire numéro 7 consacré à la route Bavay-Tongres de Marie-Hélène Corbiau édité en 2012 par l’Institut du Patrimoine Wallon.

La voie romaine la plus remarquablement conser-vée sur le territoire de la Région wallonne est la route de Bavay à Tongres. Elle figure par ailleurs sur la liste indicative du patrimoine mondial de l’UNESCO. Toutefois ce n’est pas la seule à perdu-rer. La carte du réseau routier romain établie par Marie-Thérèse et Georges Rapsaet-Charlier en illustre particulièrement bien les potentialités pay-sagères et patrimoniales (fig. 1). Ces potentialités peuvent être intégrées au développement urbain et à la structuration du territoire sans pour autant figer celui-ci.

L’urbaniste face aux chaussées romaines

À partir d’une réflexion globale sur la société et les territoires, l’urbaniste – équipe pluridisci-plinaire ou individus intégrateurs – se projette dans l’avenir pour imaginer le futur de la popu-lation et du territoire, lequel doit être meilleur que le présent, compte tenu des évolutions et contraintes prévisibles. La prise en compte du bien commun, même s’il reste imprécis, est évi-demment au centre des préoccupations de l’ur-baniste; au contraire par exemple de l’architecte préoccupé du bien particulier de son client. Et le sort des biens communs, du patrimoine com-mun, s’y rattache de près ou de loin.

01Urbaniste et historienne, membre de la Chambre des urbanistes de Belgique.

02Urbaniste et architecte, membre de la Chambre des urbanistes de Belgique, gérant des Ateliers d’architecture et d’urbanisme Jean Claude de Brauwer & partenaires.

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Les chaussées romaines sont effectivement l’un des éléments intéressants à prendre en compte dans les projets urbains et territoriaux. Leur aspect millénaire est un témoin tangible de la stratification historique des territoires faite par les générations d’intervenants au cours des âges. Elle montre que le projet qui fait évoluer la société et le territoire actuel vers son futur le relie en même temps et indissociablement au passé. En matière de patrimoine, les chaussées romaines ont un caractère très particulier, tantôt absolu-ment extraordinaire, tantôt extraordinairement banal. On les trouve sous des aspects très divers qui prennent forme dans le paysage : sous l’aspect de routes nationales parcourues par le trafic quotidien ou de voiries urbaines, sous l’apparence de chemins de campagne (cadastrés ou repris à l’Atlas des chemins vicinaux) ou de chemins établis sur des parcelles privées, sous forme de tracés ténus, parfois visibles seulement en vue aérienne et notamment révélés à travers la neige, et enfin comme une évanescence, un effacement complet du territoire et de la mémoire, alors que les tron-çons subsistants et discontinus des chaussées révèlent le fantôme des tronçons disparus.Dès lors, que faire de ces chaussées romaines multiformes et parfois informes dans un projet pour l’avenir des populations et des territoires ? Leur caractère millénaire les rend dignes d’un res-pect particulier et incite l’urbaniste à une grande prudence à leur égard. Il rappelle aussi aux urba-nistes et aux ingénieurs voyers qu’un ensemble de bâtiments durera quelques décennies ou au mieux quelques siècles mais que le tracé d’une nouvelle voirie doit être fait avec circonspection parce qu’elle existera encore dans mille ans !

Desservant et structurant l’empire romain, les voies romaines présentent aujourd’hui un aspect

particulièrement intéressant qui est leur carac-tère interrégional et une existence transfronta-lière par rapport aux États-nations actuels. Ce caractère pourrait trouver un écho, une résurrec-tion, dans la réalité européenne du XXIe siècle. Dès lors, quel que soit le scénario suivi, la mise en valeur, la revitalisation des chaussées romaines à grande échelle sera généralement de nature inter-régionale et transfrontalière. Un excellent exemple est celui des voies romaines en Méditerranée qui a fait l’objet de programmes INTERREG IIC et IIIB, ou celui du programme européen transfrontalier Interreg IV France-Wallonie-Vlaanderen. À petite échelle, de nombreux traitements de chaussées romaines relèveront d’initiatives locales.Pour les intégrer dans le projet d’urbanisme, il est commode de catégoriser différents cas sous forme de scénarios qui peuvent constituer la base d’une méthodologie de travail. Nous en retien-drons quatre qui peuvent se recouper et s’entre-mêler selon les cas d’espèce.

Le scénario de l’oubli

On considère que la situation actuelle est bonne et peut être maintenue pour le futur. Les tronçons de chaussées utilisés comme route suivront leur évolution en fonction du trafic prévu, des mesures environnementales décidées, tandis que l’aspect historique et patrimonial ne sera nullement mis en évidence, il ne restera connu que du cercle des archéologues et des historiens. Les chemins vivront leur vie de chemin, utilisés ou abandonnés, effacés même au gré des remem-brements agricoles, des lotissements et autres extensions de l’urbanisation. Les tronçons disparus, resteront oubliés et seront perdus en dehors de quelques recherches archéologiques.

Fig. 1 – Carte du réseau routier et fluvial de la Gaule Belgique et de la Germanie inférieure, de Marie-Thérèse et Georges Rapsaet-Charlier.DAO Nathalie Bloch, © CReA-Patrimoine, 2011Tiré du site http://crea.ulb.ac.be/Gallia_Belgica.htmlConsulté le 11 juin 2013

Frontière de province (provincia)Frontière de cité (civitas)Voie romainesFleuves et rivièresPagusChef-lieu de provinciaChef-lieu de civitasAgglomération secondaire

Limites administratives modernes :PaysProvinces/départements

0 50km

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Le scénario de l’actualisation

Les chaussées romaines sont clairement iden-tifiées et sont utilisées et adaptées aux besoins futurs (fig.2). Les tronçons douteux et manquants sont réinventés et intégrés aux tracés dans la mesure des nécessités de continuité des itiné-raires. Les profils en long et en travers peuvent être retravaillés et adaptés aux besoins actuels et futurs. Les carrefours sont aménagés suivant les exigences contemporaines. Les dénominations (éventuellement renouvelées) et une signalisa-tion appropriée marquent l’origine historique de ces voiries pourtant parfaitement actuelles. L’éclairage spécifique contribue à l’identification des chaussées et à la mise en valeur des points remarquables et liés à l’histoire qui les jalonnent.Des éléments d’accompagnement font le lien entre la voirie actuelle et son passé millénaire. Aux endroits qui le permettent, de nouvelles bornes milliaires sont installées. À l’entrée des aggloméra-tions, un panneau explicatif reprend le tracé selon la cartographie actuelle et montre en parallèle la cartographie antique, par exemple reprise de l’Iti-néraire d’Antonin ou de la Table de Peutinger.

Le scénario de la patrimonialisation

Sans outil ni recherche scientifique à notre dispo-sition, les voies romaines menacées par l’urba-nisation et l’agriculture intensive sont vouées à disparaître. L’étude des voies romaines et surtout de leurs traces sur le paysage, par une équipe pluridisciplinaire (et notamment de spatialistes, urbanistes, paysagistes, géographes…) a l’avan-tage d’offrir une approche globale qui permet de les identifier rapidement et les intégrer dans une stratégie de développement (inter)régional plus large. Christophe Breuer, géographe lauréat du prix Robert Beaujean en 2009 et chercheur à l’Université de Liège et au CPDT, propose une méthode systématique de localisation et d’ana-lyse du patrimoine routier romain (voir encadré). Les tronçons de chaussée qui sont identifiés comme patrimoine commun, en fonction de leurs valeurs symbolique, historique et archéologique, seront mis en valeur dans une perspective patrimo-niale. Le projet futur pour ces voiries est basé sur une remontée du temps qui vise à leur rendre l’état le plus ancien, original, raisonnablement possible. Cet état et l’aspect visible qui en résulte de-viendront intangibles aussi longtemps que ce patrimoine gardera du sens pour les populations concernées. Les aspects pratiques et d’usage éventuels seront subordonnés à la mise en évi-dence archéologique et patrimoniale.

Le scénario paysager

Ce scénario sera principalement mis en œuvre dans les zones rurales et paysagères. Les chaus-sées romaines, leurs traces, leurs tracés suppo-sés et reconstitués (par hypothèses, à l’opposé de l’approche archéologique basée sur des faits avérés) sont mis en scène. Des repères qui ponc-tuent le paysage les révèlent et donnent à voir au spectateur l’intuition du tracé.

De haut en bas :Fig. 2 – La Chaussée Bavay-Tongres à hauteur de Quévy.Photo Guy Focant, © SPW

Fig. 3 – Richard Long, Walking a line in Peru (1972).© SABAM Belgique 2013

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Bibliographie

C. BREUER, Voie romaine Arlon-Tongres, [panneaux de présentation de la recherche de l’auteur au prix Robert Beaujean 2009], 2010.

C. BREUER, Analyse géographique d’une voie romaine : la section d’Arlon à Tongres, Mémoire de licence en sciences géographiques : Université de Liège, Liège, 2007.

F. CHOAY, Allégorie du patrimoine, Seuil, Paris, 1992.

M.-H. CORBIAU, La voie romaine Boulogne-Bavay-Tongres-Cologne, Institut du Patrimoine wallon, coll. Itinéraires, 7, Namur, 2012.

M.-H. CORBIAU (dir.), La chaussée romaine Bavay-Tongres, un patrimoine monumental remarquable, dans Le patrimoine archéologique de Wallonie, Ministère de la Région wallonne, Namur, 1997, p.274-276.

M.-H. CORBIAU, L’organisation routière du nord de la Gaule, dans Dossiers d’Archéologie, n° 315, juillet 2006, p. 28-31.

G. FOCANT, La voie Bavay-Tongres : 145 km d’héritage, Ministère de la Région wallonne. DGATLP, Namur, 2006.

Christophe Breuer met en évidence cinq types de sources d’information nécessaires à l’identification des différents tronçons : — la bibliographie, c’est-à-dire les publications des archéologues et des historiens ;— les images aériennes, réalisées avec l’aide d’associa-tions de recherche d’archéologie aérienne, comme le Groupe de recherches aériennes du sud belge ;— la cartographie récente (IGN, cadastre…) ;— les cartes anciennes (Ferraris, Vander Maelen, Popp) ;— et les images satellites.

Au terme de sa recherche publiée en 2008 dans le Bulletin de la Société royale belge d’études géologiques et archéologiques, tome XLVII, p. 3-113, l’ensemble des données recueillies pour le tronçon Arlon-Tongres a été stocké dans une base de données. Celle-ci pourrait devenir un remarquable outil d’aide pour les urba-nistes surtout si elle était généralisée. À la condition qu’elles soient publiques et reprises ou adaptées par les pouvoirs locaux et régionaux, ces données seront particulièrement utiles dans l’élaboration des plans d’urbanisme, tant stratégiques que réglementaires ou opérationnels (plans communaux, schémas direc-teurs, plans de revitalisation…) dans la mesure où elles identifient une zone d’intérêt paysager et/ou d’intérêt historique depuis la voie romaine.

La démarche est similaire à certaines installa-tions du Land Art (fig. 3) ; les repères d’importance variable dans le domaine public sont légers dans le domaine privé (de manière à éviter intrusion et expropriation) peut-être telles des sculptures de Peter Downsbrough sous forme d’étroites barres verticales. Peter Downsbrough est un artiste du minimalisme, né en 1940 aux États-Unis, travaillant régulièrement en Belgique.

Tous les chemins mènent à Rome

Une réflexion intéressante pour l’urbaniste peut être envisagée dans un parallèle avec les chemins de Compostelle qui ont été investis et reconsti-tués au cours des dernières décennies, pour être parcourus par un nombre inattendu de pèlerins.Une reconstitution extensive des voies romaines conduirait inéluctablement à Rome. Un tel projet prendrait tout son sens si, outre son rôle reli-gieux, Rome devenait un protagoniste majeur, par exemple la capitale culturelle permanente de l’Union européenne, chapeautant les capitales culturelles distribuées annuellement.Un tel projet – les chaussées romaines marquant le territoire de l’Union et conduisant à Rome capitale culturelle – constituerait une belle avancée de l’unité européenne et de la cohésion territoriale malgré le fait que les pays nordiques ne possèdent pas ce réseau, et mettrait la pax europeana en résonnance avec la pax romana.

En guise de synthèse, la sculpture de Giulio Paolini « Qualcuno o qualcosa » (80 x 80 x160 cm) montre clairement la trace d’un objet disparu dans un ensemble de matériaux actuels dont les reflets impliquent le spectateur dans le questionnement sur la trace, la disparition et la permanence (fig. 4).

M.-F. GODART & C. FELTZ (dir.), Atlas des Paysages de Wallonie. 2, Les plateaux brabançon et hesbignon, CPDT, Namur, 2009.

P. GUERIN & A. SAUERMOST, Les voies romaines à travers le prisme de la coopération européenne, dans Dossiers d’Archéologie, n° 343, juillet 2011, p. 78-80.

J. KASTNER, Land Art et art environnemental, Phaidon, Paris, 2004.

M.E. MARIËN, Par la chaussée Brunehaut de Bavai à Cologne, Musées royaux d’Art et d’Histoire, coll. A travers la Belgique ancienne, Bruxelles, 1967.

Sites Web

UNESCO, Le tronçon Bavay-Tongres de la chaussée romaine Boulogne-Cologne situé sur le territoire de la Région wallonne, Liste indicative consultée le 31 mai 2013http://whc.unesco.org/fr/listesindicatives/5359/

INTERREG, Programme opérationnel Interreg IV France-Wallonie – Vlaanderen, consulté le 31 mai 2013http://www.interreg-fwvl.eu/fr/projet-detail.php

Groupe de recherches aériennes du sud belge, consulté le 31 mai 2013http://www.grasb.be/

Fig. 4 – Sculpture de Giulio Paolini, Qualcuno o qualcosa (1987).Collection Groupe Lhoist