Les banques islamiques en Asie du sud-est - IRDhorizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/pleins_textes_6/... · l’intermédiaire de partis qui prennent part au mouvement

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  • Chapitre 8 : Les banques islamiques en Asie du sud-est Xavier OUDIN, Chercheur de 1 ORSTOM (Institut FranCais de Recherche Scientifique pour le D~VelOppeJ?2eJ2t en Coopration), Un versit Ch u la boil gko ri?, Bangkok.

    8.1. INTRODUCTION

    Les Musulmans forment la moiti de la population dAsie du sud-est. La trs grosse majorit dentre eux est concentre sur les ctes et les les qui bordent les grands dtroits : dtroit de Malacca, dtroit de la Sonde, dtroit de Macassar.. . Ce sont les grandes voies de passage entre lOcan indien et la mer de Chine, voies par lesquels lIslam pntra la rgion il y a plus dun millnaire. De nos jours, les Musulmans sont majoritaires dans trois pays dAsie du sud-est : lIndonsie, la Malaisie et Brunei. I1 y a des minorits musulmanes dans tous les autres pays de la rgion, mais elles ne dpassent jamais 10 % de la population.

    La prsence musulmane est trs ancienne, mais elle resta pendant plusieurs sicles dis-

    manes, autour du dtroit de Malacca. Plusieurs sultanats apparaissent en Malaisie, Suma- tra, dans lOuest de Java et aux Moluques. Mais trs vite, ces tats sont en butte lagres- sion europenne. partir du X V I I ~ sicle, ce sont les puissances europennes qui vont affermir leur domination. LIslam commence alors se rpandre dans la population des rgions insulaires et pninsulaires, de notables exceptions prs, mais perd peu peu toute expression politique.

    Avec les indpendances, lIslam retrouve une expression politique, notamment par lintermdiaire de partis qui prennent part au mouvement dmancipation, en Malaisie et en Indonsie. Ces partis voluent cependant dans un environnement politique ou idologique peu favorable, soit parce que 1Islam nest la religion que dune partie de la population (Malaisie) soit parce que les courants lacs sont puissants (Indonsie).

    Cest donc dans un contexte trs diffrent de celui des pays arabes que lide dappli- quer les principes de lIslam dans le domaine conomique et financier va se dvelopper. Dans le domaine financier et bancaire en particulier, ce sont les expriences dautres pays musulmans (gypte, Pakistan) qui vont susciter une attention grandissante de la part des intellectuels musulmans. I1 faut attendre 1983 pour voir apparatre la premire banque isla- mique en Asie du sud-est, en Malaisie, et ce nest que tout rcemment que cet exemple a t suivi en Indonsie.

    .!

    i ~ . ~ - m ~ ~ ~ ~ . ~ . . .

  • LES BANQUES ISLAMIQUES ENASIE DU SUD-EST

    8.2. LISLAM ET LES FINANCES ISLAMIQUES EN ASIE DU SUD-EST

    8.2.1. La pntration de lIslam en Asie du sud-est La prsence de marchands musulmans est atteste en Asie du sud-est ds les dbuts de

    lIslam. Des > arabes pillrent Canton en Chine en 758. En ralit, le com- merce entre la Chine et le Moyen-Orient est antrieur la propagation de lIslam, mais il ne fait pas de doute que le dveloppement de la nouvelle foi a donn un coup de fouet aux changes entre les deux rCgions. A partir du VIIP sicle, les historiens notent la prsence de Musulmans dans tous les tats de IarCgion, de la Birmaniejusqu la Chine. Naturellement, cest dans les rgions ctires que cette prsence est la plus marque, notamment dans ]es dtroits, mais les grands centres politiques de 1Cpoque ont des minorits musulmanes par- fois fort actives. Ainsi, linfluence musulmane se fait sentir dans le royaume de Champa, au centre Viet-Nam, au XI^ sicle, et mme dans le royaume Khmer qui connut brivement un gouvernement musulman. Ce sera aussi le cas Ayutthaya, capitale du Siam bouddhiste, partir du xve sicle. Java, la prsence musulmane est plus discrte, puisque lle se trouve lcart de la route de la Chine et que le commerce javanais est aux mains des excel- lents marins de lle.

    partir du xlne sicle, le commerce entre lAsie du sud-est, lInde et le Moyen-Orient est domin par les marchands musulmans. Ils sont prsents dans tous les ports jusquen Chine et dans larchipel indonsien, et occupent souvent des fonctions commerciales importantes, notamment ladministration des ports et du commerce. Ils sont entours de religieux qui sont en contact avec les lites locales.

    Lislamisation des populations commence dans le courant du Xm sicle au Nord de Sumatra. Perlak, visite en 1292 par Marco Polo qui y note la prsence de trs nombreux musulmans, et Sainudra sont les plus anciennes cits musulmanes de la rgion. Ce nest quau xve sicle que lIslam trouve une expression politique dans la rgion. Le premier vri- table tat musulman est le sultanat de Malacca, islamis vers le milieu du XV sicle, bien que certains de ces dirigeants aient embrass la religion musulmane auparavant. La fortune de Malacca vient de son rle comme port de relche entre lInde et la Chine. I1 semble dailleurs que la conversion du Gujarat indien lIslam ait favoris lexpansion de lIslam dans la pninsule malaise ds le x u e sicle. En effet, Malacca est avec Cambay au Gujarat la principale tape sur la route entre le Moyen-Orient et la Chine, et les changes entre les deux cits sont importants2.

    Malacca, soutenu par la Chine, repousse les ambitions siamoises vers le nord, et les pnn- cipauts de la pninsule, dgages de la tutelle du Siam, sislamisent dans le courant du me sicle. Mais la commerante Malacca ne prend pas la tte dune Djihad - elle se consi- dre comme protge de la Chine - et lexpansion de lIslam est lente. Quand les Portu- gais prennent Malacca en 1511, il ny a gure que quelques principauts de la pninsule malaise et du nord de Sumatra qui soient musulmanes. Le pouvoir politique des Musulmans saffirme dans la rgion la suite de la chute de Malacca. Les cits mudmanes rcuprent une partie du commerce qui avait fait la fortune de Malacca (quelles cherchent reprendre plusieurs reprises), et au debut du X V I ~ sicle, les Musulmans (cest--dire les cits com- merantes des dtroits) contrlent presque toute la cte malaise, sumatranaise et javanaise ( Java, une fdration des villes ctires musulmanes tend sa domination sur une partie

    1. I1 y a eu de petites principauts musulimanes auparavant, dans le nord de Sumatra. Le premier Latinusulman dans la rgion serait le sultanat de Sumadera Pasei, au dbut du xivc sicle. 2. V0irD.G.E. I-Iall (1981, chapitre 10).

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    de lle en 1: importante), terres int6rie PIUS qua

    re~ayks PS 1 tudes islam tanat d Ace? europenne

    Aprs la t sion de YISI: lIslam sont 1 la paysanne1 prennent le lle). Cest c sie, les Angl Wellesley et sultans.

    Les mou pendance. D cependant t nature sculi pays. En Th opposition a sont interve~ satisfaites.

    Cislamis fusion des ic mise en prat cours, et la E

    8.2.2. LId Trois t;

    tion de Mal musulmane: conscriptior manes. I1 ex mans sont dorigine bi les grandes lIndochine tique.

    3. La FCdCratioi britanniques (SI participer. Sing: pour dsigner c Malaysiens ds sente tgalemeni nom de MalaiSi,

  • 1 i < LES FINANCES ISLAMIQUES EN ASIE DU SUD-EST

    de lle en 1514), ainsi quune partie de Borno (Brunei devient une place commerciale importante), de Sulawesi (Clbes), des Moluques et de Mindanao aux Philippines. Les terres intrieures sont par contre peu ou pas du tout islamises.

    Plus quaux campagnes militaires, lexpansion de lIslam est due au zle des marchands relays par les intellectuels musulmans. En effet, de Malacca maintenant portugaise, les Ctudes islamiques se sont dplaces vers le nord de Sumatra, particulirement dans le sul- tanat dAceh. De brillantes coles coraniques se dveloppent alors et la nouvelle menace europenne a probablement favoris le zle des religieux musulmans..

    Aprs la colonisation, alors que les Musulmans ont perdu le contrle des mers, lexpan- sion de lIslam se poursuit, mais de faon intensive plutt quextensive. Les contours de lIslam sont en effet tracs aux dbuts de la colonisation hollandaise et anglaise. Par contre, la paysannerie de Java par exemple est encore fort peu islamise lorsque les Hollandais prennent le contrle de lle, en 1597 (il existe encore des tats hindouistes dans lest de lle). Cest donc un processus qui va se poursuivre pendant la priode coloniale. En Malai- sie, les Anglais conservent les sultanats et exercent un protectorat (sauf 2 Penang, Malacca, Wellesley et Singapour qui sont des colonies) qui laissent les affaires locales aux mains des sultans.

    Les mouvements islamiques ont en Indonsie et en Malaisie pous la cause de lind- pendance. Dans les deux pays, des partis se rclamant de lIslam ont t constitus. Ils ont cependant t amens faire des compromis avec les partis >, principalement sur la nature sculire de Itat, et cela est encore aujourdhui lobjet de vifs dbats dans les deux pays. En Thailande et aux Philippines, les mouvements islamiques ont pris le parti dune opposition arme, plus radicale dans le second pays. Rcemment, des accords politiques sont intervenus, mais les revendications des minorits musulmanes ne sont pas pleinement satisfaites.

    Lislamisation de lAsie du sud-est est donc un phnomne relativement rcent. La dif- fusion des idaux de lIslam, les revendications politiques des partis islamiques, et enfin la mise en pratique des principes islamiques dans la sphre conomique sont des processus en cours, et la situation de lIslam dans les pays dAsie du sud-est est en pleine volution.

    8.2.2. LIslam dans les tats contemporains dAsie. du sud-est Trois tats dAsie du sud-est sont majoritairement musulmans : lIndonsie, la Fdra-

    tion de Malaisie3 et le Sultanat de Brunei. Dans les autres tats, il existe des minorits musulmanes. En Thailande et aux Philippines, les Musulmans sont majoritaires dans les cir- conscriptions administratives o ils vivent, qui sont des rgions traditionnellement musul- manes. I1 existe aussi des minorits musulmanes dans les capitales. En Birmanie, les MusuI- mans sont dorigine indienne en majorit (Kala-Pathis, opposs aux Zerbadis, Musulmans dorigine birmane), et sont rgulikrement opprims par les autorits. Ils sont regroups dans les grandes villes du pays ainsi que le long de la frontire du Bangladesh. Dans les pays de lIndochine, les communauts musulmanes sont peu nombreuses et nont aucun poids poli- tique.

    3. La Fdration de Malaisie a t constitue en 1964 des douze 6tats de Malaisie pninsulaire sous protectorat ou colonies britanniques (Srruigh! Serrkrnents) et des possessions britanniques de Nord Borno, lexception de Brunei qui a refus dy participer. Singapour se retire de la fdration en 1965. Certains auteurs franais prfrent utiliser le terme anglais Malaysia pour dsigner cette entit politique, la Malaisie se rfrant laire dhabitat des Malais, dans la pninsuie. De mme, les Malaysiens dCsigncnt tous les habitants de la FdCration, tandis que les h4alais dsignent les habitantr dethnie inalaise (pr- sente Cgalenient en dehors de Malaisie). Nous avons conserv ce distinguo en ce qui conceme les habitants, mais utilisons le nom de Malaisie aussi bien pour le pays actuel que pour ses antcdents historiques, car cela ne provoque aucune ambigut.

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    * m 2 s 3 * IdCS illslitutions financires islamiques en Asie du sud-est Les ifslilulions financires islamiques sont encore peu dveloppes en Asie, et restent

    dans lcns~llll~lc iiiarginales alors que la rgion est en pleine croissance. Cest en Malaisie que ICs cslhicn~cs dans ce domaine sont les plus avances, et pour cette raison, nous tu-

    roiid les institutions financires islamiques de ce pays dans la partie suivante- i IlLIS

    I pop. totale l:lys

    56

    18

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    180

    55

    t l ~ ) l l ~ l & x sont dailleurs imprcises, et lon trouvera des divergences selon les sollrccs. l:Ir tscmple, en ce qui conceme lIndonsie, une diffrence de 3 % (soit 5 millions et dcllli Icisonnes !) se retrouve entre le recensement de la population (utilis ici) et

    tic t)lii:ir Farouk4. La donnCe la plus sensible est certainement celle du nombre de lnusulllMIIS e11 Malaisie. Ils formellt un peu plus de la moiti de la population, et leur

    ~ ~ l l ~ ~ l i c n ~ e r a i t en raison dune croissa11ce dmographique plus importante chez les Malais* l l l : l . ~ j l ilairement musuIlDanS. 11 y a une politique nataliste en faveur de ce groupe en Maljsic. l l l t ~ s que les autres tats de la rgion ont tendance promouvoir le plannjng fami- tia. * I3llll1ci, dont la population est de 200 O00 habitants, lIslam est religion dEtat, mais

    Ill luinorit chinoise non musulmane. II faut noter enfin que la religion nest Pas dem!il(lcc L h S Ics recensements des pays dIndochine, si bien quon ne peut proposer d.esllll~l~it)il du nombre de musulmans. Les communauts musulmanes du Cambodge et du V1et-N:il l lv cr\lJilSes autrefois par les anthropologues, Sont numriquement peu nombreuses, et

    Mllglc cls incertitudes, il apparat clairement que les Musulmans dIndonsie forment

    l L 1 ~ ) l 1 11cii trouve gure plus de 20 millions dans tout le reste de lAsie du sud-est).

    le s a i t 2uhr-c quelle est leur position lheure actuelle.

    i i'iioriiic lll:l~or.itC des Musulmans dAsie du sud-est (prs de 160 millions de ITusUImanS, 1 2 ...

    , La 1)lUtlCtrre indon&sienne Jus t l l l Cl l 1 W, alors que lIndonsie se proclame le plus grand pays musulman de lapla-

    ( l ~ CC soit probablement lInde), la question se posait de savoir pourquoi il nY alclII1c illsliiution islamique de crdit. Les dbuts timides de la Bank Islam Jndonesia

    c i c l l l i h C ne retirent cependant pas dintrt cette question que nous examinerons

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    en premicr licll,

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    170

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    s u p p ~ ~ C rpondrc pmcasila a t t re de parler #Etat 1 insuffisance de 1: il ny a pas eu de savoir que les m l'islam dans la c.

    Les principes nsien avant lil plusieurs article: que tel, mais pai tion propre. Les justifi lintrt lind&pendance, nalises. Cette I que dans les c boom ptrolier, (y compris les a dpendants des

    Les controvc que 1 on retrow lev et que SO de crdit natior loppement du : pratiques usur; chent bien. Ma

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    1 I

  • LES FINANCES ISLAMIQUES ENASIE DU SUD-EST

    LIndonsie, bien que majoritairement musulmane, na pas inscrit les principes isla- miques dans sa constitution. Dans les cinq principes mis en place par les nationalistes en 1945 (Pancasila), il en est un qui est la croyance en un seul Dieu tout puissant, ce qui est suppos rpondre aux aspirations des diffrentes religions professes dans larchipel. Le Pancasila a

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    LES BANQUES ISLAMIQUES EN ASIE DU SUD-EST

    El La Banque Islamique de Brunei La seule banque appartenant des nationaux, International Bank ofBrunei, a modifi sa

    raison sociale en janvier 1993, et sappelle maintenant The Islamic Bank of Brunei. Depuis cette date en effet, elle fonctionne en accord avec les principes islamiques et a sign un mmorandum avec la Banque Islamique de Malaisie qui lui foumit assistance sur les tech- niques bancaires islamiques et formation du personnel.

    I Philippines : la > LAmanah Bank des Philippines fut cre en 1973, pour promouvoir le dveloppement

    du sud de larchipel. Cest une initiative gouvernementale, une banque de dveloppement rgional dont la mise en place est en quelque sorte une rponse du gouvernement central la rbellion musulmane. Sa premire tche a t de participer la rhabilitation des rgions touches par la gurilla Mindanao, Sulu et Palawan. Cette politique de reconstruction, avec des prts pour la rinstallation de populations dplaces, voire de rebelles repentis, a imprim la banque une rputation dinstitution but social ou politique plutt que stric- tement bancaire6.

    Si la pratique bancaire de 1Amanah Bank na rien dislamique en ses dbuts, elle est cependant destine aux Musulmans, ce qui est inscrit dans ses statuts, y compris en ce qui concerne le personnel employ par la banque. Mais un an apr&s sa cration, des instructions gouvernementales prcisent que la banque fonctionnera selon les principes islamiques, cest--dire sans intrt et dans le partenariat. En ralit, lobjectif de ces instructions est dattirer les investisseurs musulmans, en particulier de les amener prendre des participa- tions dans le capital de la banque. En effet, il tait prvu que 50 % du capital de la banque serait dtenu par le secteur priv, mais louverture du capital aux privs (nationaux et tran- gers) a rencontr fort peu de succs.

    Plusieurs annes aprs, des groupes dtude furent mis en place pour mettre rellement en uvre les principes financiers islamiques. En 1979, puis en 1981, aprs tude du fonc- tionnement des banques islamiques en gypte et au Moyen-Orient, il fut prvu de procder aux rformes techniques ncessaires pour que la banque fonctionne rellement comme une banque islamique. En ralit, le problme principal tait les mauvaises performances de la banque, qui navait pas su convaincre la communaut musulmane de sinvestir dans cet outil, et navait pas russi prendre son envol. Toujours selon son prsident, la banque navait mme pas su profiter des opportunits dinvestissement des rgions sous sa respon- sabilit, ni attirer les investisseurs musulmans trangers. Le personnel, moins bien pay que dans les autres tablissements bancaires tait dmoralis, et la vtust des locaux et des moyens techniques donnait la banque une image de marque trs ngative, celle dune banque au rabais pour des citoyens de seconde zone.

    Finances islamiques en Thailande Avec une popilation de quelques 2,2 millions de musulmans, la Thalande ne compte

    aucune banque islamique nationale, si ce nest des reprsentations de banques daffaires de pays musulmans, dont lactivit ne repose en rien sur les principes de la finance islamique. Le conseil suprieur de lIslam et les diverses institutions islamiques, qui bnficient pour- tant dune reconnaissance officielle7, nont jamais russi mettre sur pied dinstitutions

    6. Selon le commentaire de M.O. Mastura, prsident de IAmanah Bank of Philippines dans les annes quatre-vingG. 7. Le Conseil Supirieur d e lIslam est placC sous Iautoritt du ministre de IIntCrieur. Les ministres de I&ducation et de la Justice coiffent galement des institutions islamiques dans leur domaine de compktence. Les comits islamiques des

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    but kconomiqul

    est 2 lorigine ( pposent cepe obkir aux princ

    financiren

    ,,jsme de crCdit

    reconnues. Les Musuln

    o ils COS toire, la langue ont une longue des politiques tumes et jusq] pQiode, les re\ noniques et f i lement servir I munaut des P dusage de la 1

    La plupart nies, le mou\ engendre, se: minants pour sud de la Thai lexpression c preneurs dor domination.

    La loi tha dune banque soumises de tives dparg nismes nont rative de Patt matire finan banque islam

    8.3. LA BA

    Cest don est. Cest dai riences ment la Banque Is

    provinces coordc la Zakat, contrib dapaisement du ment nationalist g. II sagit en r e g. Dulyakaxem I

  • LES FINANCES ISLAMIQUES EN ASIE DU SUD-EST

    but conomique au niveau national ou inter-provincial. En particulier, il ny a pas dorga- nisme de crdit pour les candidats au plerinage, alors que cest ce type dorganisation qui est lorigine de la Banque Islamique en Malaisie (certaines grandes banques de la place proposent cependant des comptes dpargne spciaux pour les Musulmans, sans cependant obir aux principes de la banque islamique). I1 y a mme eu dans le pass des plerins abu- ss financirement par des officines qui ne relevaient pas des organisations musulmanes reconnues.

    Les Musulmans forment cependant la majorit de la population des quatre provinces du sud, o ils composent une communaut homogne sur le plan culturel. Rattachs par lhis- toire, la langue et la religion la Malaisie voisine, les Musulmans du sud de la Thalande ont une longue histoire de lutte pour la dfense de leur identit, et ont subi maintes reprises des politiques dintgration force qui touchaient leur religion, leur langue, leurs cou- tumes et jusqu leurs noms. Bien quexploits conomiquement pendant une longue priode, les revendications dautonomie nont port que marginalement sur les aspects co- nomiques et financiers ( part une revendication ancienne de voir les impts collect& loca- lement servir au dveloppement de la rgion). Les principales revendications de la com- munaut des Musulmans du sud de la Thalande ont surtout port sur la libert de culte et dusage de la langue malaise8, notamment lcole.

    La plupart des Musulmans du sud sont paysans, mais lors de ces deux dernires dcen- nies, le mouvement durbanisation, avec les diffrenciations socio-conomiques quil engendre, sest acclr. Ces changements, avec les progrs de Iducation, ont t dter- minants pour Imergence des expressions modernes du nationalisme musulman dans le sud de la Thailandeg. Les revendications conomiques qui y sont associes sont davantage lexpression de classes moyennes urbanises, et conomiquement domines par des entre- preneurs dorigine chinoise, que des petits agriculteurs qui subissent pourtant la mme domination.

    La loi thalandaise sur les institutions de crdit est extrmement restrictive, et la cration dune banque, de mme que limplantation de reprsentations de banques trangres sont soumises B des autorisations particulires. I1 faut noter cependant lexistence de > provinciales (celle de Pattani fut enregistre en 1987), mais ces orga- nismes nont pas le droit de se livrer des activit bancaires proprement parler. La coop- rative de Pattani fonctionne sans intrt, et cherche respecter les principes islamiques en matire financire. Les responsables conomiques musulmans esprent toutefois crer une banque islamique dans lavenir partir de cette exprience.

    8.3. LA BANQUE ISLAMIQUE EN MALAISE

    Cest donc la Malaisie qui est la figure de proue de la banque islamique en Asie du sud- est. Cest dans ce pays qua t cre la premire banque islamique de la rgion, et les exp- riences menes ailleurs, lexception de lexprience philippine, lont t dans le sillage de la Banque Islamique de Malaisie.

    provinccs coordonnent ces activits auprs de la population musulmane. Ils soccupent galement de percevoir et redistribuer la Zakat, contribution volontaire pour laide aux dmunis. Cette organisation fut mise en place en 1946, lors de la politique dapaisement du gouvernement de Pridi, aprts des annees de tensions dues i la politique de thasation forcCe du gouverne- ment nationaliste du niar8chal Phibul Songkhmm. 8.11 sagit en ralit dun dialecte malais, le jawi, toujours crit en caractres arabes. 9. Dulyakaseni Utliai (1986).

    I73

  • LES BANQUES ISLAMIQUES EN ASIE DU SUD-EST I

    8.3.1. Le contexte culturel et politique

    OB Islam, institutions et identit malaise Sous le protectorat anglais, une forte immigration chinoise et indienne a bouleversi

    Iquilibre ethnique, au point quau moment de lindpendance, les Malais de souche for. maient un peu moins de la moiti de la population de la Malaisie pninsulaire. Les partis malais firent cependant inscrire lIslam comme religion dtat dans la constitution, tout en garantissant la libert des autres cultes. I1 sagit dune rfrence de principe, B linstar de pays comme lIrlande ou lArgentine qui ont une rErence la religion catholique dans leur constitution, et ne suffit pas creer un tat musulman. De vifs dbats opposrent les deux principaux partis malais sur lopportunit dtablir un tat musulman, et dI%gir les rgles islamiques de conduite toutes les sphres de la socit. Officiellement, ]Etat, sans tre lac, est neutre sur le plan de la religion. Cependant, les coles islamiques sont subvention- nes par ltat, les imams sont fonctionnaires et 1tat intervient frquemment dans les affaires religieuses. Mais le fonctionnement de lappareil dtat repose sur des principes non religieux, reconnus par les non- Musulmans.

    Plusieurs tats de la Fdration ont des constitutions qui instituent lIslam comme reli- gion officielle, et le mouvement a tendance stendre. Les Sultans sont galement chefs religieux, et sont assists dun conseil dimams qui statuent sur de nombreuses affaires reli- gieuses ou de droit civil (mariages, divorces, successions, gardes denfants, etc.). Cepen- dant, en droit civil, la loi fdrale prime et de plus, les rglementations dictes par les auto- rits religieuses des tats ne sont pas applicables aux non-Musulmans.

    Cette dualit des principes religieux et du fonctionnement sculier de lappareil dtat, ainsi que celle dcoulant de la structure fdrative du pays pose des problmes constam- ment et forme lessentiel du dbat politique en Malaisie. En 1969, K.J. Ratnam remarque quil sagit principalement dun dbat entre Malais, quil ne recouvre pas de clivage entre diffrentes tendances religieuses (les Malais sont tous sunnites), et quen fin de compte, il se ramne un dbat entre modernes et traditionnelsI0. Peut-tre ce dernier point de vue peut-il, maintenant, tre remis en question avec la recherche dune philosophie musulmane adapte la socit contemporaine, courant qui connat quelque succs auprs des lites, notamment intellectuelles. Loin de vouloir revenir en arrire, ce courant propose une alter- native moderne la culture matrialiste dominante : la banque islamique en est une illus- tration, puisque cest prcisment limage quelle se donne.

    Les thses panislamiques, au moins dans leur expression politique, sont le plus souvent lies Ia dfense de lidentit ethnique malaise. Ds lindpendance, des mesures spciales favorisant les habitants de souche malaise (ou Bumiputera, en malais >) sont adoptes. Dans le mme temps, la Fdration de Malaisie cherche veiller un sentiment national parmi ses habitants, ce qui est pour une grande partie dentre eux incompatible avec Je proslytisme religieux. Les Malais nacceptent pas tous lIslam : certains ne sont pas musulmans (les deux tats de Borno comptent une forte proportion de chrtiens) et bon nombre de Malais dducation musulmane sont favorables une sparation des affaires religieuses de celles de Itat. Mme la philosophie du Bumiputrisme pose problme : tous les Bumiputeras ne sont pas malais (les Orang Asli en Malaisie pninsulaire, les Kadazans, Ibans et autres Borno sont des groupes indignes non malais) et certains ne sont pas musulmans.

    IO. Ratnam K.J. (19139). . - , I I . Parnii ces mesures, il y a obligation pour les banques daccorder un certain pourcentage de leurs prts (30 % en 1992) des Malais.

    174

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  • LA B M Q U E ISLAMIQUE EN MALAISIE

    Chandra Muzaffar (1979) remarque en outre que lesprit de communaut est incompa- tible avec lIslam qui est une religion universelle. Dans la jeunesse et avec le PAS, princi- pal parti dopposition, on va mme jusqu renier les politiques nationalistes (pro-malaises) comme tant en contradiction avec les principes de lIslam. Alors que pendant la priode de lutte pour lindpendance, dfense de lIslam et affirmation des intrts des Malais allaient de pair, on en vient lheure actuelle une confrontation idologique due la renaissance du courant islamique en MalaisieI2. La politique de promotion systmatique des Malais a rduit les disparits si bien que le nationalisme malais ne se trouve plus tre main- tenant une cause mobilisatrice qui puisse faire pice au renouveau de lIslam. Depuis quelques annes, le gouvernement en est ainsi venu adopter des mesures inspires de la Chariah sous la pression de lopposition ou de divers groupes sociaux. Cest dans ce contexte que se situe le dveloppement de la banque islamique.

    E Lorigine de Ia Banque Islamique de Malaisie I1 existe depuis longtemps en Malaisie des institutions islamiques ayant des activits

    financires. Ainsi, le Musliin Weyare Organisation est charg de la redistribution de la Zakat, contribution obligatoire des Musulmans destine la protection sociale. Dautre part, un fonds pour aider les plerins dsirant se rendre La Mecque a t institu en 1969, par la runion dorganismes publics chargs de lorganisation du plerinage (Pilgrims Management and Fund Board). Ces deux organisations sont lorigine de la Banque Isla- mique et en sont les principaux actionnaire^'^.

    En 1980, le gouvernement met sur pied un comit charg dtudjer la faisabilit dune banque islamique en Malaisie, la lumire des expriences au Moyen-Orient et au Pakis- tan, et dans lenvironnement juridique local. Ce comit recommande Itablissement dune banque islamique et donne des avis sur le cadre juridique ncessaire. Les recommandations du comit vont tre suivies par le gouvernement.

    La cration de la Bank Islam Malaysia Berhad fut donc prcde dune loi sur les banques islamiques vote par le Parlement la fin de lanne 1982. Cette loi fournit un cadre juridique pour les oprations de la Banque, mais la soumet aux mmes. obligations que les autres tablissements bancaires. Elle est notamment sous contrle de la Banque Centrale (qui sera par ailleurs actionnaire ses dbuts). En 1989, une loi unique sur les banques a remplac les textes prcdents, tout en maintenant des dispositions particulires sur la pratique bancaire islamique.

    Pour les politiciens comme pour les penseurs dobdience islamique, ce ntait 18 que le premier pas dune islamisation de Iconomie. La dmarche reste cependant trs pragma- tique en ses dbuts. Dans un environnement domin par la pratique de lintrt, il nest pas question de jeter lanathme sur un systme qui a fait ses preuves, mais plutt de proposer une altemative qui permette aux Musulmans daccorder leurs pratiques conomiques 2 lenseignement de la Chariah. I1 est espr que la banque islamique pourra dmontrer sa supriorit et qu long terme la pratique de lintrt disparatra compltement. -

    12. Abu Bakar Mohaniad, in Abdulah T. et Siddique S., (eds). Ajoutons que la recherche dune identit nationale malaysienne (donc plun-ethnique et pluri-religieuse) est encore plus contradictoire avec le panislamisme. 13. La Banque Islamique na pas repris pour autant les attributions de ces organismes qui ont gard leur autonomie. Le Pil- grinis Monagement and Fu)tdBoard est une institution financire a part entire, dont les activits sont plactes sous le contrfik de la Banque CentTale. la f in de lanne 1992, i l avait des ressources de lordre de 1,7 milliard de ringgits (3,Y milliards de francs) e l plus de 2 millions de diposants (sur une population de prs de 19 millions dliabitants). Le Fonds place cet argent en bourse et a versi en 1992 un (( bonus )> de 8 90 B ses dCposants. II est h noter que le volunie des activitis du Fonds (res- sources et actif) sont du innie ordre de grandeur que ceux de la Banque Islamique (vair Bank Negara, Annual Rcport 1992).

    175

  • LES BANQUES ISLAMIQUES EN ASIE DU SUD-EST

    De fait, des mesures dlargissement des pratiques islamiques ont t prises rcemment. La plus importante dans le domaine bancaire est lautorisation pour les banques commer- ciales ordinaires doffrir leur clientle des comptes sans intrts, selon les mmes prin- cipes que la Banque Islamique : partage du profit et partenariat. Trois des plus grandes banques commerciales ont ainsi t habilites offrir des , au nombre de sept, qui incluent comptes courants et comptes dpargne, pargne logement, crdit lachat de vhicules, etc. I1 sagit donc dun largissement important du principe bancaire islamique, dont il est difficile de mesurer actuellement limpact.

    8.3.2. La Bank Islam Malaysia Berhad

    Statut et actionnaires La Bank Islam Malaysia Berhad (BIMB) fut donc cre en juillet 1983 et demeure ce

    jour la seule banque islamique du pays. Cest une socit anonyme (Berhad). Lors de sa cration, les premiers actionnaires furent des organismes gouvemementaux ou des institu- tions islamiques exclusivement. Au lancement de la banque, sur un capital autoris de 500 millions de ringgit^'^, 80 millions furent effectivement mis. Le Gouvernement sous- crivit 3 7 3 % du capital, les deux organismes musulmans lorigine de la banque 18 %. Les autres actionnaires taient les conseils religieux des tats de la fdration et diverses agences fdrales.

    Ouvert au secteur priv y compris aux actionnaires individuels, la souscription na pas rencontr initialement le succs escompt, Cependant, au fil des ans, il y a eu une diversi- fication des actionnaires. Aujourdhui, la Banque Islamique compte prs de neuf mille actionnaires. Les dix principaux actionnaires dtiennent plus des trois quarts des parts. En 1993, le principal actionnaire est le Ministre des Finances, avec 16 % du capital. Le Fonds des plerins possde 13 % des parts. Depuis la cration de la banque, le capital souscrit est pass 133,4 millions de ringgits (300 millions de francs), et lactionnariat a t tendu. La banque reste cependant proprit publique, soit directement, soit par lintermdiaire des institutions religieuses publiques. En 1993 (au 30 juin, fin de lanne financire), le divi- dende vers par la banque a t de 8 %, contre 6 % en 1992.

    La banque dispose dun conseil de supervision dont la tche est de vrifier la conformit des oprations de la banque avec les principes islamiques. Le rle de ce conseil est statu- taire, inscrit dans la loi, et sa fonction de contrle effective. I1 doit notamment approuver les comptes annuels. Ses six membres, dont la nomination doit tre valide par le ministre des Finances, sont des juristes et conomistes universitaires (des universits islamiques).

    La BIMB est au centre dun groupe qui comprend une socit de leasing, une socit dassurance et une socit charge de la gestion des biens du groupe. Lensemble du groupe de la Bank Islam compte un millier demploys, dans plus de trente succursales.

    E4 Fonctionnement I1 existe trois types, de comptes : comptes courants, comptes dpargne et comptes

    dinvestissement. Les comptes courants sont quivalents ce que lon trouve dans dautres banques, non islamiques. Les comptes dpargne sont rmunrs par un profit dtermin ex-post par la banque. En 1993, le taux a t de 4 % (3,651 % en 1992)15. Les comptes dinvestissement, qui reprsentent la majorit des dpts, sont des comptes dpargne blo- que court ou moyen terme, le terme stageant de un soixante mois (il y a un choix de

    14. Le ringgit uu dollar nialaysien est Cgal 21 2,3 francs.

    176

    Onze terme! mois et 8,3 comptes so 1992, le ta1 BIMB. Ce1 se situe pas

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    15. Ce taux e: nombreuses I. comlllercinler

  • I

    LA BANQUE ISLAMIQUE EN MALAISIE

    onze termes). Les taux de profit sont de 5,l % pour les comptes un mois, 6,4 % pour douze mois et 8,3 % pour soixante mois (au 30 juin 1993). Plus de 90 % des dpts dans ces comptes sont moins dun an. Ces taux sont nettement infirieurs ceux du march : en 1992, le taux 12 mois tait de 7,8 % dans les banques commerciales, contre 5,84 % la BIMB. Celle-ci cherche cependant combler la diffrence, mme si thoriquement elle ne se situe pas dans une perspective de comptition dans ce domaine.

    Au 30 juin 1993, les dpts slevaient 1,6 milliard de ringgits (3,7 milliards de francs), en augmentation de 22 % par rapport lanne prcdente. Ces rsultats satisfai- sants marquent une reprise depuis deux ans, mais les annes antrieures avaient au contraire t marques par une baisse des dpts. Le nombre de comptes tait de 362 000. lheure actuelle, les agences et institutions gouvernementales possdent environ 30 % (en valeur) des dpts, alors que la moyenne nationale pour lensemble des banques commerciales est de 9,5 % (en 1992).

    Les techniques de prts et de gestion sont directement inspires des principes thoriques mis en place par les penseurs musulmans et appliqus par les banques islamiques arabes. Lors des prts pour un investissement, la banque fournit le capital et prend une part du pro- fit gnr par linvestissement. La rpartition du profit est de 30 % pour la banque et 70 % pour le client. Le partenariat est galement pratiqu, la banque et un entrepreneur sasso- ciant pour un projet et partageant bnfices ou pertes au prorata de leur participation ini- tiale. Dans le cas dacquisition de logement, la banque achte le logement pour son client puis lui revend avec une marge de profit. Elle autorise ensuite son client payer par men- sualits.

    Ces oprations de financement portent les noms arabes utiliss ailleurs. Les principales oprations sont prsentes ci-dessous, pour un total de prts lgrement suprieur un mil- liard deringgits, au 30juin 1993, contre 830 millions en 1991.

    Tableau 2 : BIMB : Principaux types de financement des clients 1993 1991

    Al-Bai Bithaman Ajil 68,s % 71,9 % Al-Murabahah 16,9 % 12,9 % Al-Ijarah 9,9 % 12,7 % Autres 4,4 % 2,6 %

    Source : BIMB : Annual Report, 1992 et 1993.

    La Banque Islamique rcuse le terme de > et lui substitue celui de > des clients. Al-Bai Bithaman Ajil est le paiement par mensualits dun actif achet par la banque au profit de son client. Ce systme est utilis notamment pour les prts au logement. Avec Al-Murabahah, la banque finance jusqu 100 % du capital et sentend pralablement avec son client pour le partage du profit gnr par linvestissement. En cas de perte, la banque en supporte lintgralit. Ce systme est en progression et dnote une participation plus grande au financement dentreprises. Al Ijarah est un systme de leasing.

    15. Ce taux est supdrieur au taux de base des banques commerciales pour le mme type de compte (3,25 %). Cependant, de nombreuses banques ofkent des taux suprieurs h partir dun certain montant dpos. Le (aux moyen pondCr des banques commerciales tait de 4.39 % par an h la fin de lanne 1991.

    177

  • LES BANQUES ISLAhlIQUES ENASIE DU SUD-EST

    Ensemble des banques Indicateurs

    La BIMB est de fait spcialise dans les petits prts. 93 % des prts sont infrieurs 5 100 O00 ringgits (230 O00 FF). Peu prsente dans le secteur agricole linstar des autres banques commerciales, la BIMB est par contre plus implique que la moyenne dans les prts lindustrie, qui absorbe 30 % des prts en 1991 (24 % en moyenne pour les banques commerciales), et moins prsente dans les prts aux secteurs du commerce et des services (14 5% des prts contre 26 % en moyenne nationale). La part de lindustrie tend saccrotre (35 % en 1993). 30 % des prts sont destins financer des logements, ce qui est lgre- ment suprieur la moyenne nationale.

    Lun des dfis de la banque islamique est de mettre au point des techniques plus labo- res, notamment dans ses relations avec dautres banques (prts interbancaires) ou pour inter- venir sur le march des capitaux, tout en respectant les principes islamiques. Llargissement des principes islamiques dautres banques et la bienveillance de la Banque Centrale dont lobjectif est de crer un vritable secteur bancaire islamique lui facilitent la tche.

    BIMB %

    Place de la B E M dans le systme bancaire national et perspectives La place de la Banque Islamique de Malaisie dans le systme bancaire malaysien est

    rsume dans le tableau ci-dessous. Tableau 3 : Quelques indicateurs des banques commerciales nationales

    et de la Bank Islam Malaysia Berhad, 1992

    actif (millions de Ring.) dpts (millions de Ring.) prts (millions de Ring.) agences employs

    175 600 1750 1 ,o 112 547 1466 13 105 720 1 004 0,9

    979 32 3,3 40 038 855 221

    178

    lexclusivitt leur client1 nal, la BIM pleinement clientle no faire aussi t les taux de aprs quelq

    8.4.CONt

    La banql de Malaisie dixime ani miques dan en plein bo banques isl domin par musulmane tisme, et CE

    Les banc chaient al capitalistes, remettre en le jeu de la rapide et dt caires islam cherchent cipes. Les t dvelopper pour la gnt vernement ( des conom

    Bibliograi

    ABDULLAH theast Asia]

    NI Ai 1: D TI

    ARIFF M. (e. dies, Singar

  • . .

    CONCLUSION

    lexclusivit de ce type de produits depuis 1992, ils cherchent rpondre aux aspirations de leur clientle en amliorant Ieur qualit, et singulirement le taux de profit. Au niveau natio- nal, la BIMB s i considre comme loutil dune diversification du systme financier. Jouant pleinement la concurrence, les dirigeants de la banque cherchent galement attirer la clientkle non musulmane. Dans limmdiat, la Banque Islamique doit prouver quelle peut faire aussi bien que les banques conventionnelles, que ses produits sont comptitifs, et que les taux de profit quelle propose sont attractifs, ce quelle russit mieux depuis deux ans aprs quelques dsillusions.

    8.4. CONCLUSION

    La banque islamique en est donc ses dbuts en Asie du sud-est : la Banque Islamique de Malaisie, la plus vieille institution de ce type dans la rgion, vient juste de fter son dixime anniversaire. Elle commence faire des mules mais la place des banques isla- miques dans le systme bancaire en Asie du sud-est est encore marginale dans une rgion en plein boom conomique o le secteur bancaire est videmment trs dynamique. Les banques islamiques sont des expriences isoles, au sein dun march du crdit largement domin par les principes non musulmans, et ce mme lorsque 1%tat professe une idologie musulmane. Cela a amen les banques islamiques faire preuve de beaucoup de pragma- tisme, et cest probablement la condition de leur expansion venir.

    Les banques islamiques ont russi se faire accepter, justement parce quelles cher- chaient affirmer leur individualit dans des conornies fonctionnant selon les principes capitalistes, dans des marchs o les taux dintrt ont un rle moteur. Plutt que de remettre en cause de faon vhmente cet environnement, les banques islamiques ont jou le jeu de la concurrence impos par leurs gouvemements. Dans un contexte de croissance rapide et de bouleversement des structures sociales, la mise en place dinstitutions ban- caires islamiques ne correspond pas une remise en cause du systme. Au contraire, elles cherchent y participer, remettant plus tard laffirmation de luniversalit de leurs prin- cipes. Les banques islamiques se posent en alternative certaines drives dun mode de dveloppement qui est par ailleurs globalement accept. Malgr les pressions politiques pour la gnralisation de pratiques conomiques en conformit avec la Chariah, aucun gou- vernement de pays musulman ne semble prt remettre en cause le fonctionnement actuel des conomies pour des raisons religieuses ou idologiques.

    Bibliographie

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    155- 174.

    i

    179

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    Notamment : ARIE M., , pp. 194-212. FAROUK O.,

  • i A

    sous la direction de Pierre Traimond Matre de confrences '

    l'universit Paris I Panthon-Sorbonne

  • I

    Dans la srie CONOMIE, GESTION

    Comptabilit prive (G. Castellino, l? Ronzelaer) Le march des changes et la zone franc (O. Marteau, X. Bruckert, D. Tang)

    Pratiques du marketing en Afrique (R. de Maricourt, A. Ollivier) Gestion financire de lentreprise et dveloppement financier (E. Cohen)

    Dette extrieure et ajustement structurel (M. RufJilzot) Analyse conomique et stratgie dentreprise (O. Soulie? La matrise des budgets dans lentreprise (H. Bouquin)

    Monnaie et banques en Afrique francophone (J. Mathis) Finance et dveloppement en pays dIslam (P. Trainzond)

    (NEAS - AUPELF, diffusion EDICEF) conomie politique pour lAfrique (M. Dioufi

    (EDICEF-AUPELF)

    Diffusion HACHETTE DIFFUSION INTERNATIONALE ou ELLIPSES selon pays

    O EDICEF, 1995 ISBN 2-84- 129017-4

    ISSN 0993-3945

    En application de la loi du 11 mars 1957, il est interdit de reproduire intgralement ou partiellement le prsent ouvrage sans autorisatio? de Itditcur ou du Centre franais de lexploitation du droit de copie (3, me Hautefeuille - 75006 Paris). Cette reproduction par quclquc procCdd que ce soit, constituerait une contrefaon sanctionne par les articles 425 et suivants du Code Pnal.

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