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doi:10.1016/j.respe.2007.03.003 Revue d'Épidémiologie et de Santé Publique 55 (2007) 234 RESP Informations En créant l’École des hautes études en santé publique (EHESP), sous la forme d’un grand établissement, l’esprit du législateur était d’inscrire l’université dans le secteur sanitaire et social, tant hos- pitalier — puisque l’EHESP a vocation de former l’administration de la santé et donc les directeurs des hôpitaux et les directeurs des soins — que social et communautaire. L’EHESP devra aussi développer — en réseau avec l’ensemble du tissu universitaire et de recherche impliqué — une formation supérieure et de recher- che en santé publique, dans un contexte qualifié de « grande fai- blesse numérique du potentiel de recherche » et « d’inadéquation des financements » risquant de menacer à terme la place de la France dans la compétition scientifique internationale dans le do- maine de la santé publique. Sachant que 85 % de la production scientifique en santé publique est réalisée aujourd’hui par l’Inserm et les hospitalo-universitaires, l’un des enjeux de l’EHESP sera de savoir renforcer les forces existantes pour réunir une masse cri- tique crédible, en développant des partenariats de formation et de recherche en santé publique de très haut niveau. L’excellence scientifique, le bilinguisme français–anglais, l’ouverture sur l’Euro- pe et les États-Unis, l’influence et le rayonnement dans le monde — en particulier orienté vers les pays du Sud — les partenariats avec les universités, les grandes écoles, les organismes de recher- che, le monde hospitalier et le secteur privé seront les critères principaux sur lesquels se construiront les premiers centres de formation et de recherche de l’EHESP. Les critères officiels d’ac- créditation d’une école de santé publique aux États-Unis reposent notamment sur la capacité de l’école à produire une offre de for- mation en termes de masters et de doctorats au moins dans les cinq domaines suivants : biostatistiques, épidémiologie, santé et environnement, administration de la santé, sciences humaines et sociales. L’intégration de l’école nationale de santé publique de Rennes à la nouvelle EHESP offre l’opportunité de proposer un modèle original où la santé publique deviendrait mieux associée au projet hospitalier de notre pays. La fécondité engendrée par ces liens sera croisée : l’EHESP en aidant les établissements hospita- liers à mieux intégrer la dimension « santé publique » de leur mis- sion, notamment vis-à-vis des aspects relatifs à la prévention, au dépistage, à l’éducation pour la santé ; l’établissement hospitalier en évitant de nouveaux cloisonnements contre-productifs avec la médecine de soins et en soutenant une formation de haut niveau notamment dans les domaines de l’épidémiologie, du management en santé et des politiques publiques. ENSEIGNEMENT L'École des hautes études en santé publique (EHESP) A. Flahault 1

L'école des hautes études en santé publique (EHESP)

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doi:10.1016/j.respe.2007.03.003

Revue d'Épidémiologie et de Santé Publique 55 (2007) 234

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En créant l’École des hautes études en santé publique (EHESP),sous la forme d’un grand établissement, l’esprit du législateur étaitd’inscrire l’université dans le secteur sanitaire et social, tant hos-pitalier — puisque l’EHESP a vocation de former l’administrationde la santé et donc les directeurs des hôpitaux et les directeursdes soins — que social et communautaire. L’EHESP devra aussidévelopper — en réseau avec l’ensemble du tissu universitaire etde recherche impliqué — une formation supérieure et de recher-che en santé publique, dans un contexte qualifié de « grande fai-blesse numérique du potentiel de recherche » et « d’inadéquationdes financements » risquant de menacer à terme la place de laFrance dans la compétition scientifique internationale dans le do-maine de la santé publique. Sachant que 85 % de la productionscientifique en santé publique est réalisée aujourd’hui par l’Insermet les hospitalo-universitaires, l’un des enjeux de l’EHESP sera desavoir renforcer les forces existantes pour réunir une masse cri-tique crédible, en développant des partenariats de formation et derecherche en santé publique de très haut niveau. L’excellencescientifique, le bilinguisme français–anglais, l’ouverture sur l’Euro-pe et les États-Unis, l’influence et le rayonnement dans le monde— en particulier orienté vers les pays du Sud — les partenariats

avec les universités, les grandes écoles, les organismes de recher-che, le monde hospitalier et le secteur privé seront les critèresprincipaux sur lesquels se construiront les premiers centres deformation et de recherche de l’EHESP. Les critères officiels d’ac-créditation d’une école de santé publique aux États-Unis reposentnotamment sur la capacité de l’école à produire une offre de for-mation en termes de masters et de doctorats au moins dans lescinq domaines suivants : biostatistiques, épidémiologie, santé etenvironnement, administration de la santé, sciences humaines etsociales. L’intégration de l’école nationale de santé publique deRennes à la nouvelle EHESP offre l’opportunité de proposer unmodèle original où la santé publique deviendrait mieux associée auprojet hospitalier de notre pays. La fécondité engendrée par cesliens sera croisée : l’EHESP en aidant les établissements hospita-liers à mieux intégrer la dimension « santé publique » de leur mis-sion, notamment vis-à-vis des aspects relatifs à la prévention, audépistage, à l’éducation pour la santé ; l’établissement hospitalieren évitant de nouveaux cloisonnements contre-productifs avec lamédecine de soins et en soutenant une formation de haut niveaunotamment dans les domaines de l’épidémiologie, du managementen santé et des politiques publiques.

ENSEIGNEMENT

L'École des hautes études en santé publique (EHESP)

A. Flahault

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