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Éric Dejaeger

Le violon pisse derechef sur son powète

Éditions Les Carnets du Dessert de Lune

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Éric Dejaeger

Le violon pisse derechef sur son powète

Couverture : Le poète écorché,

collage d’André Stas

Collection Pousse-Café

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Aux saint-sulpicien.ne.s

L’auteur promet qu’il n’y aura pas de tome 3, estimant qu’il

s’est fait suffisamment de pote.sse.s dans le milieu.

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Quand il entend la chanson « L’important, c’est la prose l’important... », le powète est pris de nausées. Le powète est habité ! Mais par qui ? Un squatter ? La seule limite du powète est l’alexandrin, quand il est capable d’appliquer les règles de la métrique. Quand dans un e-mail un illustre inconnu se présente à moi comme powète, je relis Les Fleurs du mal.

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Dans la basse-cour aux powètes, le dindon se prend pour un cygne. Quand le powète a la gastro, Il n’écrit plus que sur le pot. Rentrée littéraire : rien que de la prose. Le powète en souffre d’insomnie encore plus que d’habitude. Dans un salon du livre, la powétesse cherche le meilleur divan.

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Le powète ne se creuse jamais la tête, seulement le nombril. À force d’aller toujours plus profond dans son nombril, le powète finit par contracter une septicémie. Les powètes trouvent nuls les powèmes écrits par des intelligences artificielles. Une fois terminé l’atelier d’écriture animé par un powète, tous les participants peuvent écrire de la powésie.

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Le powète ne peut habiter qu’une maison de la powésie, même insalubre. Quand un powète rencontre une powétesse, ils se font « Powète ! Powétesse ! » et puis s’en vont. Le powète qui ne perce pas peut s’essayer à la phiwosophie. Au marché de la powésie, le powète fait le poids : il a vingt-cinq tapuscrits de son dernier recueil dans son sac à dos.

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Le powète n’est pas incontinent : il marque son territoire. En quittant le marché de la powésie, le powète se sent léger : il n’a plus que vingt-deux tapuscrits dans son sac à dos. Le powème est bon engrais si écrit sur papier biodégradable. Le powète n’a jamais dit la vérité, il ne doit pas être exécuté.

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La page facebook du powète est trop petite pour sa production journalière. Il réclame du A3, voire du A2. Le powète s’y connaît en harcèlement textuel. Le powète a toujours raison ? Depuis quand ? Le powète éméché se prend pour Bukowski. À jeun, il se méprend.

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Le powète est à la powésie ce que Guy des Cars fut au roman, si ce n’est que la powésie ne se trouve pas dans les gares. La goutte au pied fait déborder le vase de nuit de la powésie. Le powète rêve d’absinthe mais ne peut s’offrir que du pastis sans alcool. Fort heureusement, on n’a pas encore pensé à élire un Prince des Powètes ! Mais cela pourrait venir...