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L E R ÊVE DU P ETIT- C HAMPLAIN S EPTENTRION Jacques de Blois Extrait de la publication

Le Rêve du Petit-Champlain… · de Québec était à l’agonie et le Vieux-Québec avait déjà rendu l’âme. On ne lui trouva rien de mieux qu’une fonction touristique. Il

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LE RÊVE DU PETIT-CHAMPLAIN

SEPTENTRION

Jacques de Blois

Extrait de la publication

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Pour effectuer une recherche libre par mot-clé à l’intérieur de cet ouvrage, rendez-vous sur notre site Internet au www.septentrion.qc.ca

Les éditions du Septentrion remercient le Conseil des Arts du Canada et la Société de développement des entreprises culturelles du Québec (SODEC) pour le soutien accordé à leur programme d’édition, ainsi que le gouvernement du Québec pour son Programme de crédit d’impôt pour l’édition de livres. Nous recon-naissons également l’aide financière du gouvernement du Canada par l’entremise du Programme d’aide au développement de l’industrie de l’édition (PADIÉ) pour nos activités d’édition.

Direction éditoriale : Denis Vaugeois Révision : Solange Deschênes Correction d’épreuves : Julie Malouin Mise en pages : Denis Vaugeois et Gilles Herman Graphisme et couverture : Pierre-Louis Cauchon

Si vous désirez être tenu au courant des publications des ÉDITIONS DU SEPTENTRION

vous pouvez nous écrire au 1300, av. Maguire, Québec (Sillery) Québec G1T 1Z3

ou par télécopieur 418 527-4978 ou consulter notre catalogue sur

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© Les éditions du Septentrion Diffusion au Canada : 1300, avenue Maguire Diffusion Dimedia Québec (Sillery) 539, boul. Lebeau G1T 1Z3 Saint-Laurent (Québec) H4N 1S2

Dépôt légal : Ventes en Europe : Bibliothèque et Archives Distribution du Nouveau Monde nationales du Québec, 2007 30, rue Gay-Lussac ISBN 10 : 2-89448-520-4 75005 Paris ISBN 13 : 978-2-89448-520-0 France

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Jacques de Bloisavec l’assentiment de mon ami et associé Gérard Paris

Le rêve duPetit-Champlain

Vieux-Québec1976-1985

SeptentrionExtrait de la publication

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Pour réussir « le Petit-Champlain », il fallait de l’audace et du génie. Gerry Paris et Jacques de Blois n’en manquaient pas. De tous les projets de rénova-tion, restauration ou mise en valeur qu’a connus le Québec depuis un demi-siècle, aucun n’a reposé sur autant de talent et d’engagement personnel.

En 1976, les gouvernements du Québec et du Canada avaient acquis l’essentiel de la zone portuaire du Vieux-Québec. Tout ce que les gouvernements avaient ensuite su faire, c’était démolir et reconstruire lentement à grands frais. La vie avait quitté ce quartier. Le verdict était tombé : il deviendrait un quartier-musée. Des maisons étaient conçues pour le plaisir des yeux. Elles étaient sans fonctions, sans utilité et trop chère pour être habitées par les derniers résidents du Vieux-Québec.

Pourtant, il y avait ici et là des exemples de revitalisation de quartiers anciens. Aux États-Unis, la réhabilitation de waterfronts était à la mode. Les espaces déserts des centres-villes étaient de véritables coupe-gorges. Une forte criminalité était associée à l’étalement urbain. L’avocat Jim Rouse s’était converti en urbaniste, convaincu qu’il fallait combattre la criminalité par la planification urbaine.

Au Québec, les élus n’étaient pas rendus là. L’importance de l’aménagement urbain leur échappait. Les urbanistes étaient quotidiennement humiliés et leurs plans, mis de côté. Les spéculateurs et les entrepreneurs avaient la partie belle avec la complicité d’ailleurs de la Société canadienne d’hypothèques et de logement qui prêtait généreusement pour un bungalow de banlieue mais non pour une maison des quartiers anciens. Comme tous les centres-villes, celui de Québec était à l’agonie et le Vieux-Québec avait déjà rendu l’âme. On ne lui trouva rien de mieux qu’une fonction touristique. Il s’agissait d’éblouir les touristes avec des bâtiments reconstruits sur un mode exemplaire et animés par des personnages en costumes d’époque. Exit la vie !

Ce fut René Lévesque qui sonna la fin de ce dérapage. Homme de gros bon sens, entouré d’amis clairvoyants comme les architectes Maurice Desnoyers, Moshes Safdie et Phyllis Lambert, il m’alerta sur les coûts excessifs des projets en cours et s’interrogea sur leur pertinence. Après 30 ans, je crois bien pouvoir dévoiler les courts propos qu’il me tint en février 1978 en me confiant le ministère des Affaires culturelles (MAC). De toute urgence, il m’invitait à jeter un coup d’œil au projet de livre blanc du docteur Laurin et à corriger le tir de la direction générale du patrimoine du MAC.

Mon prédécesseur au ministère, l’excellent Louis O’Neil, y laissa sa peau. Pierre Boucher, sous-ministre par interim, était suspect et il m’appartenait de mettre au pas l’équipe du patrimoine. Jacques de Blois le raconte à sa façon.

M. Lévesque n’avait pas eu à me le répéter deux fois. À titre de jeune historien, j’avais jadis été conscrit à une commission d’urbanisme où je croi-sais les Georges Robert et Charles Carlier, eux-mêmes les héritiers de Bégin,

le fondateur de l’Institut d’urbanisme de l’Université de Montréal. J’avais été bien peu utile, mais j’avais beaucoup appris. J’y ai acquis mon intérêt pour l’immobilier et l’aménagement urbain est devenu ma passion. Celle-ci me rendit tout naturellement solidaire et complice du tandem de Blois et Paris. Elle causa aussi ma perte en 1981 quand je ne pus accepter le programme d’accès à la propriété concocté par le ministère des Affaires municipales. En ces matières, le Parti québécois a toujours eu tout faux. Avec comme cerise sur le gâteau, une centaine de villes tout bêtement rayées de la carte à l’occasion de fusions municipales improvisées et imposées. Pour un parti dont la raison d’être repose sur le sentiment identitaire et l’histoire, il n’est pas très glorieux d’en faire si peu de cas au nom de fausses économies. Pour que ce soit bien clair, le programme d’accès à la propriété de 1981 ne comportait aucun critère de localisation et ne s’appliquait pas aux maisons existantes. La réforme de la fiscalité municipale (1980) venait de dégager des sommes importantes qui seront vite bouffées par l’étalement urbain et par l’appétit des syndicats qui eurent la partie belle en face d’élus municipaux qui n’avaient aucun vrai pou-voir de négociation. On voit le résultat aujourd’hui. Pour gagner du temps et étendre les dettes, le gouvernement péquiste a opté pour les fusions mais sans s’attaquer aux racines du mal. Partie remise.

Malgré tout, l’hémorragie a été ralentie. Les villes ont commencé à écouter leurs urbanistes. Les promoteurs ont commencé à copier des modèles vus à l’étranger. À cet égard, de Blois et Paris font figure de pionniers. Comme ils aiment le dire : ils avaient un rêve, ils l’ont réalisé.

Je ne crois pas beaucoup aux leçons à tirer du passé. Mais il y a des exceptions. Selon les idées reçues, les gens du privé sont là pour s’enrichir et ceux du public pour veiller à l’intérêt commun. Dans le cas du Petit-Champlain, de Blois et Paris ont tiré leur révérence au bout de leur santé. Faut-il chercher des coupa-bles ? De Blois n’en cherche pas. Il prend acte tout simplement.

Son récit, et surtout le dernier chapitre, est serein mais de nature à faire réfléchir maints administrateurs publics. Le présent ouvrage devrait devenir manuel obligatoire à l’École nationale d’administration publique.

C’est bien connu des historiens, Dieu a longtemps veillé sur Québec et la place Royale. À preuve, la petite église de Notre-Dame-de-la-Victoire devenue Notre-Dame-des-Victoires. À preuve également le Vieux-Québec actuel. Le Musée de la civilisation, malgré l’obstacle visuel créé par les Terrasses du Vieux-Port, la place Royale et la petite rue Champlain, devenue la rue du Petit-Champlain, composent un ensemble très agréable. L’être humain est plein de ressources. Du pire, il sait parfois tirer le mieux. Décidément, Notre-Dame-des-Victoires n’en est pas à un miracle près.

Denis Vaugeois

Préface

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Chapitre 1 : La table de René Lévesque

En ce temps-là, se trouvait dans le Vieux- Québec un restaurant où René Lévesque réunissait ses apôtres alentour d’une grande table, pour fumer et esquisser les plans des prochaines pages d’histoire du Québec. Un soir de mai 1976, deux couples d’amis, à la fin d’un souper bien arrosé, à la table voisine, se saluent et l’un dit à l’autre : « N’oublie pas l’îlot de maisons dont je t’ai parlé... » Gérard avait dit à Jacques : « Ce serait intéressant de trouver un îlot de vieilles maisons à restaurer ; nous avons déjà un contremaître et un architecte ; tout ce qui nous manque, c’est un îlot de vieilles maisons à réanimer, et un peu de vrai monde alentour... question de bricoler quelque chose ensemble... comme des rêveurs... des amis... Pourquoi pas ? »

Une telle proposition ne peut laisser un architecte indifférent. Elle est formulée par un industriel retraité, Gerry Paris, qui a vendu son actif à son client et ami, Laurent Beaudoin de Bombardier ltée ; depuis ce jour, il s’est amusé avec sa famille et ses animaux sur sa grande ferme à l’île d’Orléans ; il pense qu’il aimerait maintenant trouver à s’occuper en ville. Il a été président de la Troupe du Trident pendant plus de cinq ans ; les artistes ont apprécié ses conseils comme administrateur ; il est un gestionnaire reconnu et un animateur sans pareil. Il retient l’attention des journalistes... et des dames. Les convenances, il ne connaît pas ça.

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Son architecte (et ami) Jacques a traîné sa jeunesse par les corridors du monde gréco-latin au Petit Séminaire de Québec et au collège des Jésuites ; il n’a rien appris pour préparer un professionnel au monde des affaires. Assez marginal, il est le seul architecte du Québec qui ose entrer dans le bureau du ministre Armand Russel pieds nus dans ses sandales, et sans cravate. Comme son copain, il a une vie assez confortable, bien installé dans sa résidence accrochée à la falaise, face au fleuve à Sainte-Foy, quand il n’est pas à son bureau rue D’Auteuil, dans le Vieux-Québec. Depuis les années 1960, il a préparé diverses études et des plans pour la restauration de la vieille ville pour des corps publics et pour le privé. Membre du Comité de rénovation du Vieux-Québec, il avait aussi préparé les plans des usines que Gerry avait construites à Beauport en 1974-1975.

Ce soir-là, à la manière d’un poète inspiré par sa muse, Gerry avait lancé à la mer un alexandrin, porteur d’un grand rêve, en mettant toute sa confiance sur les épaules de son copain qui se disait alors capitaine...

« et là n’oublie pas l’îlot dont je t’ai parlé... »

Une bouteille est lancée à la mer... contre vents et marées. Ira-t-elle trouver son destin sur les rochers ou les battures congelées des eaux glaciales du Saint-Laurent... ?

À la haute-ville les îlots à restaurer sont déjà regroupés et sont la propriété des gouvernements ; tel est le cas de l’îlot de l’Arsenal, pour lequel l’Hôtel-Dieu a déposé un plan d’ensemble en vue de sa préservation. Parcs Canada, en 1970, s’en portera acquéreur et le rebaptisera parc de l’Artillerie. Près de la porte Saint-Jean, monsieur Gérard Thibault s’affaire à regrouper un îlot de terrains vacants dans le but d’y construire un hôtel. C’est une tâche difficile, un pari qu’il ne gagnera pas. À l’arrière du Château Frontenac, on peut admirer le magnifique îlot Mont-Carmel, ses espaces verts, ses vestiges historiques et ses vieilles maisons. Le tout est regroupé par le gouvernement du Québec qui projette d’y bâtir des stationnements, des logements et d’autres aménagements urbains.

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Chapitre 2 : Où est passé l’alexandrin de Gerry ?

Depuis les années 1960, la région immédiate de Québec est un immense chantier de construction. C’est surtout le cas pour la haute-ville ; il y a le chantier en particulier de l’autoroute Dufferin-Montmorency et de ses accès au futur tunnel (qui ne sera jamais construit), puis l’autoroute de la Capitale, les aménagements de la rivière Saint-Charles (en basse-ville), les centres commerciaux, plusieurs chantiers sur la colline parlementaire, dont les complexes G et H, le grand stationnement de place D’Youville, Place Québec, le Centre des congrès et quoi encore.

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Les entrepreneurs, les promoteurs, les bureaux d’architectes et d’ingénieurs sont très occupés et ont les yeux tournés du côté ouest de la nouvelle Communauté urbaine de Québec.

En 1970, le Comité de rénovation du Vieux-Québec a permis de débloquer le dossier du stationnement de la place de l’Hôtel-de-Ville. C’est un gros chantier, un grand trou dans le sol, qui dérange et trouble la quiétude du quartier intra muros de la haute-ville.

Plus près du fleuve, il se coule moins de béton, sinon pour les travaux de la place Royale, entrepris en 1958 par Paul Gouin et Gérard Morisset avec la collaboration de consultants et peu à peu avec la participation des professionnels du ministère des Affaires culturelles (MAC). La qualité de vie des résidents est perturbée ; plusieurs propriétaires ont été expropriés et le milieu est inquiet. Les maîtres d’œuvre ont cru nécessaire de démolir des bâtiments vétustes et entendent reconstruire à neuf suivant des plans datant du régime français. Ce modus operandi inquiète les investisseurs immobiliers, qui préfèrent attendre la fin de ce chantier avant de risquer leurs capitaux dans ce voisinage.

Mon ami et voisin, Freddie Lachance, aux premiers jours de notre complicité, m’avait montré son casse-tête et me disait « Regarde-moi ça, mon Jacques, les gens de place Royale ont commencé à arracher des morceaux de mon casse-tête, avec leurs pelles mécaniques ; j’espère qu’ils vont nous ménager lorsqu’ils vont passer ici... »

Cet ensemble immobilier occupe une grande surface et bien malin est celui qui sait où le MAC cessera d’acquérir et d’exproprier. En 1971, le ministère a fourni à l’urbaniste-conseil mandaté pour prépa-rer le schéma de réaménagement un plan topographique indiquant la majorité des immeubles de la rue du Petit-Champlain. Ils sont tout simplement classés comme vacants, sans autres commentaires (page 7).

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Tous les autres bâtiments et terrains, en direction ouest, sont inscrits au nom du gouvernement fédéral et en particulier de la Garde côtière.

Du coté est, le premier proprio est K.C. Irving. Au bas de la côte de la Montagne ! En allant plus loin vers l’est, il y a des terrains et de vieux bâ-timents expropriés par le MAC que le ministre Vaugeois propose comme site du futur Musée de la civilisation... Plus loin, sont regroupés les sièges sociaux de grandes banques, les magasins J.B. Renaud, Terreau-Racine et quelques autres qui souffrent de l’exode de leurs clientèles vers l’ouest

et Sainte-Foy. Tout le périmètre du port et du bassin Louise est l’affaire du fédéral où se trouvent l’édifice des Douanes et les propriétés du Canadien National. Le « prospecteur » d’immeubles et terrains vacants ne se sent pas bien vu dans cet environnement. Quant au projet d’aménagement du Vieux-Port, il n’a pas encore atteint le stade de la table à dessin...

Voilà dans quel état se trouvait cette partie de la basse-ville au cours des années 1970 ; l’avenir condamnera avec raison ceux qui ont décidé de se servir de la pelle mécanique pour restaurer des monuments historiques.

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Le vers alexandrin de Gerry flotte depuis plusieurs mois à la dérive. L’automne arrive, bientôt ce seront les glaces quand apparaît une enseigne à vendre sur des vielles maisons le long du boulevard Champlain, face à la traverse de Lévis. Est-il possible que le MAC se débarrasse de ces bâtiments « collés » dans la cour de la place Royale ? Eh bien oui ! Il y a le nom d’un agent d’immeubles, son numéro de téléphone et tout le reste.

La mèche est allumée, Gerry est prêt. L’îlot était la propriété de Léo P. Quintal décédé récemment et dont la succession est dispersée dans cinq États américains ; après moult recherches, Gerry retrouve l’exécutrice testamentaire en banlieue de Boston. C’est assez com-pliqué. Madame Pauline Quintal Burke, sœur du défunt, ne connaît pas les bâtiments, ni combien il y en a, et encore moins leur état, pas plus d’ailleurs que les autres héritiers qui devraient signer leur consentement avant toute transaction. Gerry sent que l’affaire ne

doit pas traîner, vu la présence d’un autre acheteur à l’affût dans le voisinage. Il faut agir vite. Il n’est pas question de visiter tous les bâtiments ; ils sont peu accessibles, trop dangereux, les carreaux cassés ont laissé entrer des milliers de pigeons. Un des bâtiments situé à côté du théâtre s’est écrasé durant un des hivers précédents. L’ensemble compte huit bâtiments, tous vacants à l’exception d’un seul qui comprend un logement totalement délabré.

C’est aujourd’hui le 14 novembre 1976, la veille de la victoire électorale de René Lévesque. Les signatures se griffonnent au célèbre bureau du notaire Lavery Sirois, rue Christie au cœur du Vieux-Québec. À la sortie du bureau du notaire, ce dernier lance son cri du cœur : « Mais monsieur Paris, c’est l’achat de votre vie. » Deux raisons justifient cette remarque ; la première, c’est que le notaire n’a pas visité les lieux ; la deuxième, c’est que Gerry a signé un chèque personnel de 85 000 $ pour l’achat des bâtiments.

Chapitre 3 : Ô miracle... une enseigne « À VENDRE »

La transaction du 14 novembre 1976

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Le même jour, avec une poche de clefs au bout du bras, les deux copains s’aventurent dans la rue du Petit-Champlain, comme des étrangers, égarés, à la dérive ; l’endroit est désertique, comme une ruelle étroite, triste et sans lumière.

Les bâtiments sont vacants à 90 %, les fenêtres sont barricadées et celles des étages supérieurs sont fracassées... ; à mi-chemin de la rue, un gros entrepôt est lambrissé de tôles rouillées qui battent au vent... Ça sent le moisi, des pigeons tournent en rond au-dessus de nos têtes...

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L’escalier du Quai-du-Roi nous mène du boulevard au Petit- Champlain. Il y a, du côté nord, un édifice écroulé, pris en sandwich entre deux entrepôts dont l’un est de brique et stucco, et l’autre, de tôle rouillée ; on apprendra plus tard que cette structure logeait un vestibule ou foyer d’une disco improvisée dans cet ancien entrepôt de quincaillerie. C’est un risque de s’y aventurer, car il y a déjà de la neige et de la glace à travers les ruines ; un élément a survécu à l’effondrement : une porte de bois très ancienne, maquillée et barbouillée comme une fille de rue le lendemain de la veille. Il faut à tout prix conserver cette relique, Gerry saura bien comment la faire parler, un jour.

Par divers racontards plein de sous-entendus, nous appren-drons qu’une disco avait fait vibrer les nuits de cette rue au cours des années 1960. Ce « bal à l’huile » se serait appelé Le Palladium, vocable que nous retiendrons jusqu’à nouvel ordre.

L’intérieur ressemble à un petit théâtre de fortune : un podium dont le mur arrière est en maçonnerie bien décapée. L’espace est vaste comme une petite église de campagne avec sa mezzanine tel un jubé sans orgue Casavant. Des décors de toutes sortes se sont affaissés depuis le plafond, baignant dans les eaux pluviales de la toiture mêlées à celles qui proviennent de la falaise. Tout cela en train de se congeler pour passer l’hiver bien endormi comme un ours. En s’écroulant, la structure a ébranlé le mur mitoyen du Palladium : l’affaissement des poutres du foyer a arraché les assi-ses de maçonnerie, tel que cela se produit en cas d’incendie...

On nous a raconté...Une maison de briques, du côté ouest, occupe deux lots, 2254 et 2253, dont les numéros de portes sont les 76 et 78. Au rez-de-chaussée, loge une famille dans un « espace » dont l’état d’insalubrité est indescriptible ; ils ne s’en plaignent pas, mais nous demandent tout de même de mettre fin à leur bail au printemps suivant. À l’étage supérieur loge une dame d’âge mur avec ses deux chats, Pamplemousse et Poupette, qui semblent tous être nés là, à l’époque du régime français. Comme un centre d’archives nationales elle en aura long à nous raconter. Elle sera notre fil conducteur avec le passé. Madame Juliette sera connue de tous et saura tout, du passé, du présent et de l’avenir, tant le jour que la nuit...

Vers l’est, se trouvent deux gros entrepôts dont les propriétaires nous sont encore inconnus. Des affiches lettrées « Entrepôts Jos E. Lemieux » témoignent des fonctions antérieures de ces bâtiments, de six et deux étages, dont l’un en bois et le petit en béton.

Face à ces entrepôts, sur six lots différents situés entre deux escaliers, les bâtiments se tiennent par la main. Cinq passeront l’hiver en état d’examen et de diagnostic par des nouveaux propriétaires. Deux bâtiments sont occupés. L’un est la propriété de monsieur Faucher, un commerçant de la place Royale, déjà déplacé par le MAC, au moment des expropriations.

Chapitre 4 : Le premier hiver, 1976-1977

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Les bâtiments de cet îlot congelé ont deux façades (page 20) ; l’une au nord regarde le Cap aux Diamants (rue du Petit-Champlain) et l’autre (boulevard Champlain), le fleuve et ses bateaux...

Pour s’y retrouver, les planchers des bâtiments sont identifiés suivant une nomen-clature bien architecturale, à savoir A, B, C, D, E, F ; le niveau A, en fait le rez-de-chaussée, donne sur le boule-vard Champlain. Le complexe compte en tout dix-huit nu-méros d’immeubles et deux enseignes, dont l’une, au mur, porte le nom de Perfection Corset et l’autre, là-haut sur la toiture, haute de vingt- quatre pieds, domine le bâtiment avec les mots Rose-Marie.

Serait-ce donc une sorte de vestale ou une muse qui

occupe toujours ces lieux anciens, telles la Dame blanche de la chute Montmorency ou une sainte patronne trônant sur la crête de sa cathédrale abandonnée par ses fidèles de la place Royale ?

Pendant les semaines à venir, les visites incessantes permettent de visiter, de mesurer et d’annoter chaque espace. Puis il faudra inspecter les services, les systèmes d’aqueduc, les entrées électriques,

les drainages, les structures et tracer des dessins de chacun des planchers et des façades. Ce travail ressemble à un voyage dans de sombres catacombes, le lendemain d’un grand party de Romains évincés des lieux à la barre du jour...

Une jeune architecte du bureau, Micheline Côté, et un technicien, Jean-Marc Dubé, passeront l’hiver à mesurer et à dessiner les bâtiments en pataugeant dans les débris « solides et liquides ».

Le tour des propriétaires. Côté sud.Au rez-de-chaussée du 52, boulevard Champlain est installée une grande chaufferie, munie de ses chutes de livraison du charbon, des bouilloires immenses, des meutes de tuyaux, de grandes portes de garage. Le mur arrière, au fond de la pièce, c’est le rocher du cap Diamant, tout apparent comme au dernier jour de la construction. De toute évidence, la falaise a un jour annoncé aux maçons : « C’est assez, tu cesses de me déloger, tu t’arrêtes là, je ne recule plus. »

Niveau A numéro 52

Un minuscule escalier donne accès au plancher supérieur où se trouvent d’immenses panneaux électriques, des commutateurs, des fusibles qui seront inspectés tour à tour par Hydro-Québec, nos ingénieurs, nos assureurs et d’autres spécialistes. Cette pièce est un entonnoir sans issue qui ressemble à la bouteille de Gerry lancée à la mer.

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À la porte voisine, c’est un spectacle qui n’a rien de compatible avec la muse Rose-Marie. Il y a ici un dégât causé par les eaux qui ont traversé les cinq étages supérieurs en diluant les débris de liège qui tenaient lieu d’isolant pour des chambres froides datant d’un autre siècle. Au fond de la pièce, le rocher laisse couler des sources qui viennent se mélanger avec celles de la toiture. Près de la porte d’entrée se trouve un immense arrangement de tuyauterie qui ressemble à une sculpture d’Armand Vaillancourt. C’est sans doute une entrée de gicleurs mise en chômage depuis le départ des disciples de Rose-Marie. Les tablettes de fenêtres ont été usées et arrondies comme des vieilles marches d’escaliers, ressemblant à celles qu’on voit du Petit Séminaire de Québec. Nous apprendrons plus tard que ce local avait été loué à la Dominion Fish & Fruit Company. L’humidité de cet endroit a eu raison de la charpente du plafond.

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Voici une belle brique écossaise qui a traversé l’Atlantique, couchée au fond de la cale d’un bateau qui manquait de lest. Une fois déposée sur le quai, elle cédait leur espace aux pièces de chêne québécois qui partaient vers les chantiers maritimes européens. Le rez-de-chaussée, très élégant, est garni de pièces de granit finement taillé ; aux étages, les têtes de fenêtres sont ornées de linteaux de pierres ciselées par des experts. Ce type d’architecture se retrouve dans plusieurs rues des quartiers bourgeois du Vieux-Québec...

42-40

Elle caractérise également la maison voisine, sauf que les cadrages des ouvertures sont en fonte. Les linteaux des fenêtres sont pour leur part décorés avec ces ornements très élégants... La première visite de ce local donne lieu à un choc violent pour votre sens olfactif. Il faut le vivre pour le croire... c’est bien une montagne de fiente qui trône au milieu d’amoncellements de paperasses et d’échantillons de petites dentelles roses et blanches destinées aux dessous de Rose-Marie... Ces déchets se sont accumulés sur la plateforme d’un monte-charge affaissé sur le plancher et dont la cage fait office de cheminée ouverte sur les cinq étages supé-rieurs, en communication directe avec le dernier étage devenu un pigeonnier de mille locataires... un dessin vaut mille mots... peut-être une caricature peut-elle faire sa part !

38, boulevard Champlain

Cette porte, jumelle de la précédente, donne accès à un bureau où œuvraient jadis des comptables ; de gros bouquins remplis de colonnes de chiffres sont çà et là sur le plancher d’une pièce au décor anémique. Sans doute le bureau du président, ex officio, où est piquée au mur l’affiche de Rose-Marie qui attend avec angoisse la visite promise depuis plusieurs décennies du galant Gerry.

Quelle scène émouvante que cette madone, en tenue légère, tendant les bras au boss de la compagnie RDP, nouveau proprié-taire de ces bâtiments du boulevard Champlain !

34, boulevard Champlain

Construite entre 1800 et 1819, cette habitation est un repère indispensable de tout cadrage photographique du Château Frontenac bien assis tout en haut sur la terrasse Dufferin. Elle fait partie de toute image et toute peinture qui regarde en direc-tion du Cap aux Diamants... Elle porte la trace du temps et des intempéries ; ses murs de pierre en façade sont recouverts de crépi qui s’agrippe timidement aux maçonneries. Le mur latéral qui voisine le grand escalier est recouvert de tôle galvanisée qui aura préservé sa jeunesse. Ce vénérable monument historique n’a pas

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été inquiété par des promoteurs ou des architectes cupides. Les bâtiments de ce quartier ont appartenu à des gens peu fortunés et, par la force des circonstances, ont conservé leur authenticité, leurs cheveux gris, leurs rides, leur sagesse !

L’architecture de cette maison est très attachante et son image fera partie de celle du quartier Petit-Champlain, nous espérons, pour longtemps.

Le logement, occupé par madame Blanche Lévesque, est déclaré insalubre et Gerry devra s’occuper de la reloger. Elle laisse derrière elle l’immense coffre-fort de Perfection Corset, qu’on pourra remiser après avoir ouvert le mur de façade !

Madame Blanche avait une reconnaissance sans borne pour Léo Quintal qui avait raccordé son chauffage à une ligne clandestine d’Hydro-Québec !

Pendant plusieurs décennies, ces maisons ont attendu les at-tentions de l’État et ses pelles mécaniques. Muselées, maçonnées, elles n’ont pu se faire entendre, sinon par le bruit de l’aile des pigeons, qui n’avait pas résonance jusqu’aux bureaux du MAC de la Grande Allée !

L’HÔTEL 53-55-57, rue du Petit-Champlain

Avant de faire partie de l’usine, ce bâtiment avait été un hôtel : à l’analyse des plans, on voit qu’il y avait 4 chambres par étage, vu la présence des 4 foyers. Les escaliers de sauvetage avaient été exigés par les inspecteurs en conformité avec les codes de sécu-rité et par les compagnies d’assurances. Ce sera une partie de plaisir de démasquer les vitrines cachées par des briques rouges. Cet intérieur est pris en charge par des centaines de pigeons qui volent d’un étage à l’autre, en passant par le corridor vertical où circulait un monte-charge.

Le désordre total qui règne dans ces locaux laisse croire que le personnel n’était pas très heureux le jour de la fermeture de l’usine. Le dernier étage est l’endroit préféré des pigeons, ce qui lui vaudra le vocable de « pigeonnier ».

C’est là que nous ramasserons des tables de coupe des ateliers Rose-Marie qui deviendront nos tables de travail et de conférence, une fois bien lavées. Les travaux sont à peine commencés que Georgette Pihay se pointe, explique son projet. Ce magnifique local deviendra son atelier pour trois décennies.

MAISON DU PETIT OISEAU 59, rue du Petit-Champlain

Comme les deux autres maisons précédentes, cet espace com-munique avec les autres bâtiments grâce à un réseau de portes coupe-feu. Les niveaux supérieurs sont ornementés de luxueuses boiseries et de plusieurs épaisseurs de tapisseries de grand prix. Nous avons trouvé des baux, relatant la présence d’un pub- brasserie aux étages inférieurs, avant l’arrivée du poste de police et, pourquoi pas, un lupanar au-dessus d’un poste de police ?

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MAISON BLANCHE-LÉVESQUE 41, rue du Petit-Champlain

Cette façade a été barricadée de maçonnerie et stucco : on peut tout juste imaginer l’endroit où se trouvait la porte d’entrée de la maison. Il faut donc utiliser l’entrée qui donne sur le boulevard Champlain.

Les deux derniers étages étaient accessibles grâce à de grosses portes coupe-feu pratiquées dans les murs mitoyens de maçonnerie. Tous ces murs avaient été percés, permettant la communication entre chacune des maisons, formant le grand plancher de l’usine de Rose-Marie.

61, rue du Petit-Champlain

Au-dessus des étages inférieurs A et B, ce bâtiment au 61-63-65, rue du Petit-Champlain, est une usine dont la charpente d’acier repose sur les maçonneries de l’ancien Dominion Fish & Fruit Co. (Il deviendra la boutique de plantes de Claudette de Blois et, plus tard, le bar du Cochon Dingue.)

Ici le lotissement parcellaire n’est pas apparent et le rythme des façades est brisé. C’est un bâtiment qui n’est pas à la même échelle que les autres ; on verra bientôt comment corriger le problème.

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cet ouvrage est composé en mendoza corps 9.6selon une maquette réalisée par pierre-louis cauchon

et achevé d’imprimer en mars 2007sur les presses de l’imprimerie lithochic

à québecpour le compte de gilles herman et de denis vaugeois

éditeurs à l’enseigne du septentrion

Table des matières

Préface . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4

Chapitre 1 : La table de René Lévesque . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5

Chapitre 2 : Où est passé l’alexandrin de Gerry ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7

Chapitre 3 : Ô miracle... une enseigne « À VENDRE » . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10

Chapitre 4 : Le premier hiver, 1976-1977 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14

Chapitre 5 : Premier travaux, 1977 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22

Chapitre 6 : Et pis, elle est quand, cette première pelletée de terre ? . . . . . . . . . . . . . . 26

Chapitre 7 : L’histoire qui nous précède . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29

Chapitre 8 : Expériences parallèles des modèles à suivre et d’autres à contourner . . . 34

Chapitre 9 : Le plan d’ensemble du quartier . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 38

Chapitre 10 : Les années 1977 à 1979. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 48

Chapitre 11 : Notre gestion, les signatures . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 65

Chapitre 12 : Circulation, contestations . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 71

Chapitre 13 : Vie de quartier : les déménageurs arrivent de Sainte-Foy... . . . . . . . . . . 79

Chapitre 14 : L’échéancier . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 93

Chapitre 15 : Concept de l’ensemble Labadie-Lachance . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 118

Chapitre 16 : Le rêve du Petit-Champlain . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 132

La petite histoire du quartier... . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 141

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