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Le Rôle du ‘’Secteur Informel’’ dans l’intégration régionale en Afrique Résumé La littérature présente le secteur informel comme une économie résultant de la défaillance en matière de règlementations de l’Etat, et donc où des pressions (fiscales et autres) doivent être exercées en vue de son « recadrage » de la part de l’Etat central. Mais, les observations empiriques, surtout dans le cas des pays de l’Asie et d’Afrique Subsaharienne peignent un tout autre tableau de la situation du monde informel. Bien souvent, l’on fait l’hypothèse que le secteur informel se développe en opposition à la politique économique et sociale du gouvernement (qui pour sa part est incapable de la maîtriser), et il est le plus souvent présenté comme un facteur limitant la croissance, pour un niveau de pression fiscale et réglementaire donné. Or, l’exemple du dynamisme et de la performance du secteur informel dans l’ASEAN nous a montré combien de fois la compréhension et la maîtrise du fonctionnement du secteur in formel peut conduire à des effets d’entrainement en amont et en aval du développement économique et social des pays. Ce cas intéressant des pays de l’ASEAN est édifiant à tout point de vue. Dans certains pays, de l’ASEAN, le secteur informel constitue un facteur d'intégration de la population active sur la base d'un potentiel de petites entreprises dont les responsables qualifiés ont des comportements d'entrepreneurs dynamiques. La situation des pays de l’Afrique Subsaharienne, qui disposent déjà de certaines bases intéressantes, peut leur permettre très tôt d’emprunter l’exemple des pays de l’ASEAN, à condition que certains progrès soient réalisés. Le présent papier fait tout d’abord l’état des lieux du secteur informel dans certains pays de l’Afrique, puis présente ensuite la réalité de ce secteur telle qu’il se présente dans les pays de l’ASEAN, pour enfin réaliser une inférence aux Etats de l’Afrique ; en insistant sur le fait que le secteur informel se situe au coeur d'un contexte macro-économique où l'on retrouve l'État, le marché, les acteurs et au coeur d'un processus de régionalisation qui concerne les pays des zones économiques concernées. Mots clef : Secteur informel, Afrique Subsaharienne, Régionalisation, Développement

Le rôle du secteur informel dans l'intégration régionale · et approuvé par le pays. Dans les pays africains, les problèmes inhérents à cette ‘’marche’’ sont d’autant

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Le Rôle du ‘’Secteur Informel’’ dans l’intégration régionale en Afrique

Résumé

La littérature présente le secteur informel comme une économie résultant de la défaillance en matière de règlementations de l’Etat, et donc où des pressions (fiscales et autres) doivent être exercées en vue de son « recadrage » de la part de l’Etat central. Mais, les observations empiriques, surtout dans le cas des pays de l’Asie et d’Afrique Subsaharienne peignent un tout autre tableau de la situation du monde informel. Bien souvent, l’on fait l’hypothèse que le secteur informel se développe en opposition à la politique économique et sociale du gouvernement (qui pour sa part est incapable de la maîtriser), et il est le plus souvent présenté comme un facteur limitant la croissance, pour un niveau de pression fiscale et réglementaire donné. Or, l’exemple du dynamisme et de la performance du secteur informel dans l’ASEAN nous a montré combien de fois la compréhension et la maîtrise du fonctionnement du secteur in formel peut conduire à des effets d’entrainement en amont et en aval du développement économique et social des pays. Ce cas intéressant des pays de l’ASEAN est édifiant à tout point de vue. Dans certains pays, de l’ASEAN, le secteur informel constitue un facteur d'intégration de la population active sur la base d'un potentiel de petites entreprises dont les responsables qualifiés ont des comportements d'entrepreneurs dynamiques. La situation des pays de l’Afrique Subsaharienne, qui disposent déjà de certaines bases intéressantes, peut leur permettre très tôt d’emprunter l’exemple des pays de l’ASEAN, à condition que certains progrès soient réalisés. Le présent papier fait tout d’abord l’état des lieux du secteur informel dans certains pays de l’Afrique, puis présente ensuite la réalité de ce secteur telle qu’il se présente dans les pays de l’ASEAN, pour enfin réaliser une inférence aux Etats de l’Afrique ; en insistant sur le fait que le secteur informel se situe au cœur d'un contexte macro-économique où l'on retrouve l'État, le marché, les acteurs et au cœur d'un processus de régionalisation qui concerne les pays des zones économiques concernées. Mots clef : Secteur informel, Afrique Subsaharienne, Régionalisation, Développement

Rôle du ‘’secteur informel’’ en Afrique

Abstract

The literature shows the informal sector as an economy who result on government failure to regulate, and when much pressure (tax and another) must be used in case to he’s control by the central government. But, the empirical observation, especially the case of Asian and African sub-Saharan country, shows another board of informal sector situation.

Most of the time, the hypothesis is that the informal sector grows in opposition of government economic and social politic (as far as he’s concerned is unable to control that), and he is often show as a factor who limited economic growth, for some level of tax and regulation.

Now, the example of the performance and the dynamism of the informal sector in ASEAN country shows us how many the comprehension and the control of informal sector can lead to the entrainment effect upstream and downstream the economic and social development of countries. This interesting case of ASEAN countries is edifying for all. In some ASEAN country, the informal sector constitutes an integration factor of active population on basis in small and medium-sized businesses, whose managers qualified, have dynamic manager behaviors.

The situation in African sub-Saharan country, which has some interesting bases, can allow them earlier to take ASEAN country example, on condition that certain progress be realize.

This paper, first, presents the situation of informal sector in some African countries, second presents the informal sector as he is in ASEAN countries, and finishes to show how the informal sector in African countries can take example on this case, to insist to precise that the informal sector is on the heard of macro-economy context when is the State, the market, the actors, and on the heard of regionalization process who concern the countries of economic area minded.

Key words: Informal sector; African Sub-Saharan; Regionalization; Development

Introduction

L’inexorable marche des pays vers une ‘’société de consommation de masse’’ passe par une complexification des différentes structures qui les composent. Cette complexification suppose aussi que certaines composantes de ces structures échappent au comportement ‘’normal’’ défini et approuvé par le pays.

Dans les pays africains, les problèmes inhérents à cette ‘’marche’’ sont d’autant plus cruciaux que le secteur informel, l’une des plus importantes composantes de leurs économies n’a jamais réellement occupé la place qui est la sienne.

En général, le secteur informel, renvoie le plus souvent à une réalité traduisant un ensemble de petits producteurs inorganisés et qui opèrent en marge de l’économie moderne. Dans la plupart

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des pays (surtout développés), l’importance et le rôle du secteur informel sont mineurs. Les législations et les règle du jeu de la production et du commerce sont telles que peu de places sont réservées à la pratique de l’économie que l’Etat ne contrôle pas.

Mais, dans les pays d’Afrique la réalité est tout autre. Elle l’est davantage si l’on s’intéresse de plus près au cas des pays d’Afrique au sud du Sahara.

En effet, dans les pays de l’Afrique de l’Ouest, le dynamisme du secteur informel contraste avec l’atrophie du secteur moderne. De plus, dans ces pays, de petits exploitants coexistent avec des réseaux bien structurés et d’autres entreprises qu’on pourrait qualifiées de « gros informel », c'est-à-dire celles qui sont politiquement bien connectées.

Le secteur informel occupe une position centrale dans le processus de croissance et de développement économique de l’Afrique. Mais cette position, quand elle n’est pas bien comprise, est tout simplement marginalisée ou mal exploitée, pour en faire un atout plutôt, qu’un motif de répression et de tentatives d’anéantissement remarquées dans ces pays.

Dans cet article, nous nous sommes intéressés à la compréhension du secteur informel en Afrique, en vue d’en tirer différents enseignements pour qu’il puisse jouer un rôle déterminant dans le processus d’intégration des pays africains.

Après une présentation du secteur informel en Afrique, nous allons analyser son rôle dans le processus d’intégration régionale en Afrique (comparaison faite à d’autres exemples tirés d’autres régions du monde).

1. Présentation du secteur informel en Afrique

Nous allons faire cette présentation en nous intéressant aux réalités que présente le secteur dans quelques régions significatives d’Afrique. Nous allons d’abord procéder à une définition de secteur informel, ensuite passer à la présentation du secteur informel en Afrique

a. Définition et compréhension du secteur informel africain

Le concept du «secteur informel» a fait l'objet de diverses interprétations depuis sa mise en place par l’Organisation Internationale du Travail (OIT) dans les années 1970 le cadre de son «Programme mondial pour l'emploi". Depuis, ce concept a fait l'objet d’une évolution, et il est notable qu’il n'existe pas de définition unique de «secteur informel». Plusieurs théories ont été créées sur les origines et sur les caractéristiques du secteur informel et de «l'informalité» par définition, relatif à la discipline de recherche où le sujet a été abordé, par exemple l'économie, la sociologie, des statistiques, le droit etc. La caractérisation du secteur informel s’appuie souvent sur les activités et les relations de travail, les modes d'emploi etc. Il existe plusieurs définitions du concept de secteur informel. Deux nous paraissent pertinentes :

Primo: le secteur informel est l'ensemble des activités économiques qui se réalisent en marge de législation pénale, sociale et fiscale ou qui échappent a la Comptabilité Nationale.

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Secundo: le secteur informel est l'ensemble des activités qui échappent à la politique économique et sociale, et donc a toute régulation de l'Etat.

Dans tous les cas, les deux définitions se rejoignent car elles soulignent l'idée de fraude. En générale, on peut dire que le «secteur informel» se réfère à l'activité économique en dehors de la réglementation étatique. Paradoxalement, ce secteur censé se soustraire du contrôle de l'Etat fonctionne allègrement au vu et au su de tous. Complaisance ? Ambiguïté de l'Etat ? Des trois secteurs connus (primaire, secondaire, tertiaire), dans quelle catégorie classer l'informel dans la mesure où toutes les activités des trois secteurs y sont représentées ? Dans presque tous les pays en développement, le secteur informel se compose d’un large segment du marché du travail caractérisé par des faibles niveaux de capital, des faibles compétences, de la difficulté à accéder aux marchés organisés et à la technologie, les revenus faibles et instables ainsi que des mauvaises et imprévisibles conditions de travail.

En outre, le secteur informel doit être clairement démarqué des activités économiques illégales telles que le commerce des drogues, le crime organisé ou le marché noir.

En regard des parts d’économie qui sont considérées comme «secteur informel», ils existent des différences considérables entre les pays, les régions et au sein de nombreux métiers et les limites entre les entreprises et activités formelles et informelles ne sont pas toujours clairement définis. En outre, le secteur informel ne se limite pas aux zones urbaines parce qu’il existe aussi en milieu rural.

Malgré ces différences, plusieurs traits typiques ont été identifiés pour le secteur informel1:

• Le manque de protection juridique pour les travailleurs en matière de services sociaux et du travail ; • L'accès limité aux marchés réglementés et aux subventions ; • Les frais d'intérêt élevés pour les prêts conduisant aux coûts d'investissement élevés ; • Généralement, la propriété personnelle et celle d’entreprise ne sont pas séparées ; • L’organisation se repose sur la famille, sur les relations ethniques et / ou religieuse ; • Les contrats ne sont pas conclus par écrit ; • Le nombre élevé des travailleurs féminins ; • Le travail des enfants ; • Le profit est souvent consommé directement, donc rarement réinvesti.

En générale, dans le secteur informel, la production de subsistance et les parts officielles ou réglementés de l'économie d'un pays sont interdépendants. Le secteur informel n'est pas informel tel qu’on le pense, puisque les codes de conduite entre les travailleurs, les entrepreneurs, les clients et les fournisseurs sont communs et il est souvent difficile de faire la distinction entre les activités formelles et informelles.

1 OIT, cf. overwien, 2007, p.9

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Ainsi, l'idée selon laquelle les activités du secteur informel sont nécessairement extra-légales ou illégales est à relativiser. Ce résultat signifie alors une possibilité en même temps de travail formel et informel.

En Afrique occidentale, il est généralement reconnu que le tissu industriel est essentiellement constitué d'un grand nombre de micro, petites et moyennes entreprises opérant dans le secteur informel».

Comme dans la majorité des pays du continent et d'autres régions en développement, le secteur informel dans l'Afrique occidentale est généralement considéré comme une partie importante des économies des pays respectifs, qui est dû surtout à cause de sa taille:

Le secteur informel est estimé d’absorber 61% de la population urbaine active en Afrique2, c’est pourquoi il est un point important dans l’économie nationale, car il est une source de revenu, de travail ainsi qu’une stabilité sociale.

Pour cela, les entreprises informelles doivent être incluses dans les agendas et programmes des gouvernements et des associations professionnelles de manière plus intense.

Il n'existe pas de statistiques précises sur les innombrables petites entreprises, des ateliers et magasins etc., qui constituent le secteur informel dans la région. Cependant, elles sont généralement réputées d’avoir la fonction d’incubateur du développement des entreprises et de la création d'emplois.

On estime que le secteur informel en Afrique représente 93% des emplois créés dans les années 19903.

Le secteur informel en Afrique, comme dans d'autres parties du monde en développement, a été considéré comme un peu accidentel, un résultat temporaire de la transition vers une économie moderne.

Le fardeau de la colonisation, la performance économique déficiente pendant la phase postcoloniale et des politiques incohérentes concernant les «ajustement structurel» a conduit à la marginalisation et l'appauvrissement d'un nombre de personnes qui ont eu recours à des moyens alternatives en vue de créer des revenus de subsistance. Cette situation s’est encore aggravée par «l’héritage colonial d'exclusion».

Souvent les cadres réglementaires dans les pays africains constituent également des obstacles créés par l’état pour ceux qui travaillent dans le secteur informel.

Contrairement à la croyance commune, la non formalisation de l'économie en Afrique est en fait croissante, et il y a plusieurs raisons pour cela :

Au cours des années 1990, les économies africaines rencontraient un ralentissement général qui a conduit à une pauvreté croissante. Le fardeau d’une dette extérieure élevée- qui avait triplé entre 1980 et 1996 - a abouti à 25% du PIB et consommé par l'amortissement de la dette. Cela

2 Maldonado, 1999, cf. Kanté, 2002, p.1

3 Ibid., p10

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limitait fortement les ressources disponibles de réduire la pauvreté et des investissements à long terme pour soutenir la croissance économique. Le ralentissement et la croissance faible du PIB ont été un point important pour l’augmentation du chômage et par conséquent la croissance du secteur informel.

Entre 1973 et 1993, le secteur informel a « absorbé» une grande partie du travail excédentaire, tandis qu’en même temps le secteur formel a baissé ses capacités.

C'est une des raisons principales qui explique la croissance et la taille du secteur informel actuellement.

Une autre raison de la croissance du secteur informel dans les pays africains est l'urbanisation. En effet, l'urbanisation est un résultat de la migration, soit des zones rurales soit d'autres pays aux grandes villes et leur périphérie afin de trouver un emploi et des meilleures conditions de vie. L'urbanisation est également un produit des crises structurelles dans le secteur de l’agriculture en Afrique.

Bien que le secteur informel s’accroisse, le nombre d'emplois disponibles n’augmente pas parce que «la croissance du secteur informel" en Afrique signifie généralement qu’au lieu des possibilités d'emploi, le nombre des unités économiques et des entrepreneurs individuels s’accroit. Par conséquent, les travailleurs du secteur informel dans les pays africains travaillent habituellement de façon indépendante.

Mais si c’est le cas, ils emploient rarement plus qu’un ou deux travailleurs et les activités économiques sont souvent limitées aux entreprises familiales.

Le plus grand groupe au sein de l'économie informelle dans les pays africains est le secteur d’artisanat qui se compose comme suit: l’alimentation, la construction, bois et meubles, le métal, les vêtements et les textiles, l'hygiène ainsi que des services tels que les salons de coiffure ou la réparation automobile.

Souvent les employés du secteur public, par exemple de santé ou de l’éducation, recourent au secteur informel où ils exercent des activités similaires à leur profession afin de gagner un revenu supplémentaire car souvent leurs salaires ne sont pas suffisants pour mener une vie décente.

Il est prouvé que le secteur informel n'est pas un phénomène temporaire dans lequel les travailleurs attendent d'entrer dans l'économie formelle et seront finalement absorbés par l'économie formelle, si elle se développe suffisamment pour offrir des chances signifiantes. C’est un domaine d’activité pensé et muri par des catégories d’acteurs bien structurés et qui se plaisent dans leur métier.

b. Etat des lieux du secteur informel africain (atouts et limites)

Le secteur informel en Afrique occupe une place prépondérante dans toutes les structures sociales et économiques de toutes les régions du continent. Son rôle et son importance ne sont

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plus à démontrer, au vue du nombre très important d’acteurs qu’il embrasse, ainsi que sa part dans la production nationale.

L’état des lieux se fera en présentant la situation du secteur informel dans quelques pays phare d’Afrique où le secteur informel est considérablement implanté.

En Tunisie, une enquête menée par l’Institut National des Statistiques (INS) en 2002, permet de faire l’état des lieux sur l’ampleur du secteur informel dans divers domaines de ce pays4. D’abord, au niveau de l’emploi, l’effectif des personnes employées par les micro-entreprises du secteur informel est estimé à 433.036 emplois avec une forte composante masculine (84,1%). Cet effectif représente 19,7% de l’emploi non agricole (2.203.000 occupées) tel qu’il est évalué par l’enquête nationale sur l’emploi de 2002.

Un peu moins du cinquième des emplois couverts (18,1 %) appartient aux entreprises des secteurs de l’industrie et de l’artisanat, alors que 45,5% de ces emplois sont effectués dans des activités commerciales et de réparation. Les secteurs de services occupent environ 33,6% de l’ensemble des effectifs employés.

Par ailleurs près de 64,3 % des emplois sont occupés par des personnes qui gèrent leurs propres unités en tant qu’indépendants (44,9 %) ou patrons et associés (19,4%), alors que les salariés ne représentent que 23,9 % des effectifs employés et les apprentis sont dans une proportion de 4,5%. Le reste des effectifs (7,3 %) sont des emplois non salariés et sont constitués d’aides familiaux.

Il y a lieu de noter aussi que les trois quarts des emplois (75,3%) sont concentrés dans les entreprises de 1 ou 2 employés, alors que 21,7% des emplois sont situés dans des entreprises de 3 à 5 emplois.

Les entreprises restantes qui représentent un écart de l’ordre de 3%, correspondent à des entreprises de plus de 6 emplois même si au départ le champ de l’enquête est limité aux entreprises de moins de 6 salariés.

Ensuite, concernant les salaires, le salaire moyen calculé sur la base des 103 244 salariés dégagés par l’enquête est estimé à 219 Dinars par mois, soit environ 1,1 SMIG (évalué à 204 Dinars en 2002). Le salaire mensuel moyen des femmes (157 Dinars) ne représente que 67,7% du salaire moyen des hommes.

L’examen des résultats par activités fait apparaître un salaire mensuel moyen plus important dans le secteur du transport (302 Dinars) soit 1,4 la moyenne obtenue par l’enquête.

D’un autre côté, la comparaison des salaires au SMIG fait ressortir que 48,4% de l’ensemble des salariés identifiés ont un salaire inférieur au SMIG, alors que cette proportion est de l’ordre des trois quarts (77,2%) pour les femmes et 42,2% pour les hommes. Par ailleurs, un quart des effectifs des salariés ont un salaire compris entre une fois et 1,25 fois le SMIG, alors que le reste des salariés ont un salaire supérieur à 1,25 fois le SMIG.

Enfin, en tenant compte de l’âge des salariés, il y a lieu de noter que : 4 INS, 2002

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- Le salaire augmente régulièrement avec l’âge pour plafonner à partir de la tranche 40 à 49 ans. - Le salaire au mois est le plus fréquent - La rémunération des salariés représente seulement 15,6% de la valeur ajoutée en raison de la prépondérance des catégories des indépendants, des patrons, des associés et des aides familiaux.

Finalement, la production des micro-entreprises dans cette enquête est de l’ordre de 3583,5 millions de dinars dégageant ainsi une valeur ajoutée 2425,1 millions de dinars. Cette valeur ajoutée contribue à concurrence de 8,5% à l’ensemble de valeurs ajoutées de 2002, soit 8,1% du PIB. Le ratio en terme d’emplois correspondant se situe à 15,2% de l’emploi global.

Si l’on considère le secteur informel hors agriculture et y compris les autres composantes de l’économie non observée (travail à domicile, commerce ambulant, chantiers de bâtiment…), sa valeur ajoutée se chiffre à près de 7480 millions de dinars en 2002.

La part des micro-entreprises avoisine 32,5% de l’ensemble de l’activité informelle.

Par rapport à la production, le secteur des micro-entreprises se caractérise par un taux de valeur ajoutée de l’ordre de 68%. Ce taux est plus élevé que celui calculé pour les mêmes activités du secteur moderne.

La valeur ajoutée dégagée par emploi s’établit à 5600 dinars en moyenne, elle varie de 4418 dinars au niveau de la métallurgie et travail des métaux à 7021 dinars dans les transports et communications.

En conclusion, on dira que la Tunisie expérimente donc un système socio-économique d’un type nouveau, dans lequel un vaste secteur informel toléré voire encouragé par les autorités se substitue aux formes de protection sociale défaillantes. On en vient alors à un système dualiste à la Lewis, mais sous une forme renouvelée : le secteur moderne fonctionne suivant des normes qui exigent une productivité élevée pour faire face aux réglementations multiples, aux contraintes de l’ouverture internationale, et au fardeau fiscal et social.

Cependant, les recettes budgétaires sont détournées du filet de sécurité sociale vers lequel elles devraient en principe être affectées (absence de protection effective contre le chômage). Le secteur informel capte alors toute la population qui ne parvient pas à respecter les normes minimales du secteur formel. Ces activités sont à productivité faible et sont principalement orientées vers les non-échangeables, mais elles permettent la survie de la population « exclue de l‘emploi formel », et elles fournissent en même temps aux salariés du secteur formel des biens et services de consommation à un prix réduit (et dans une forme correspondant socialement aux coutumes traditionnelles) par rapport aux prix du secteur moderne.

Au Maroc, la croissance économique des années 2002 n’a pas semblé suffisante pour répondre respectivement à la croissance démographique et la croissance de la population active. Le pays s’est trouvé alors confronté au principal défi de créer suffisamment d’emplois pour le nombre de personnes entrant sur le marché du travail chaque année.

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Avec un nombre croissant de femmes entrant sur le marché du travail, la croissance de la population active est encore plus élevée que la croissance démographique.

Même si en 2003 et 2004, 380.000 emplois ont été créés, près d'un tiers n'ont pas été payés. On estime que depuis 2002, chaque année, quelque 15 pour cent des personnes entrant sur le marché du travail ne trouvent pas d'emploi et sont forcés à accepter un travail non rémunéré ou d’exercer des activités informelles. Le chômage est plus élevé parmi les personnes qualifiées que parmi ceux qui ont peu ou pas de qualification, parce qu’il semble que le marché du travail favorise la sous-qualification, notamment en raison de la nécessité de maintenir les coûts de travail au plus bas afin d’augmenter la compétitivité5.

Un autre grand problème est la pauvreté qui est particulièrement répandue en milieu rural : Quinze pour cent de la population totale au Maroc a été estimé de vivre en dessous du seuil national de pauvreté en 2007.

La structure du marché du travail marocaine est caractérisée par un nombre de personnes qui travaillent à leur compte et par une diminution de la proportion de salariés du secteur formel aux zones urbaines et rurales. 42 pour cent vivent dans les milieux ruraux où plus que la moitié des personnes actives travaillent dans des entreprises familiales ou sont en apprentissage en 2004, selon le rapport de l’AFD. Cette tendance accélère le développement du pays vers le secteur informel.

L'existence d'un secteur informel n'est pas nouvelle au Maroc:

En effet, plusieurs études ont été menées pour analyser le phénomène depuis 1984, montrant que le pays a pris conscience de l'importance de ce segment économique assez tôt. La première enquête sur le secteur de construction civil a montré que dans ce segment particulier quelques 52 pour cent de travailleurs ont été employé de manière informelle. Très peu d'entreprises sont conformes aux obligations fiscales et sociales. Il est probable que cette proportion soit restée à peu près la même jusqu'à ce jour en raison des mesures inefficaces d'enregistrement des entreprises.

Dans l'industrie, le commerce et les services qui ont été l'objet d'enquêtes dans les années 1988 et 1997, il a été révélé que plus de 25% des emplois sont informels et que ces activités informelles sont principalement effectuées par les travailleurs indépendants, les employeurs ou associés (54%) tandis que les employés formels ne représentent que 30%. Cela souligne la nature autonome des activités informelles.

Une autre enquête a analysé le secteur informel non agricole. Ce secteur particulier a contribué à 17% à la création de revenus au Maroc. Les entreprises du commerce et de la réparation constituent la plus grande contribution à la création de revenu.

En Côte d’Ivoire, le secteur agricole est l’employeur principal du pays avec une absorption de plus de 60% de la population active6. Les conséquences du dernier conflit politique ont touché

5 Rapport de l’AFD, 1999 et 2004

6 OEA, 2008)

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très fortement les petites et les moyennes entreprises, ce qui signifie une autre menace pour l'emploi formel mais aussi informel.

Dans toute l'Afrique, le marché du travail de la Côte d'Ivoire avait connu des difficultés depuis les années 1980. En raison de la réduction du secteur formel, l’emploi était diminué dans tous les secteurs également, surtout dans la construction et dans les services publics. Beaucoup de travailleurs ont trouvé un emploi au secteur informel qui a connu un taux de croissance annuel de 5,7 à 7% entre 1975 et 19907.

La plupart des recherches récentes sur le secteur informel en Côte d'Ivoire se basent sur une enquête de 1998 sur les travailleurs dans les secteurs de la construction et de l’industrie textile dans la ville d'Abidjan.

Cette enquête révèle certains aspects du travail informel dans le pays. Elle a découvert que seulement les hommes travaillent dans la construction et que les femmes qui travaillent dans l'industrie textile étaient soit des travailleurs non rémunérés ou soit des apprentis qui paient une taxe.

Les travailleurs rémunérés avaient des contrats à durée déterminée de trois mois. La rémunération dans les deux secteurs avait été structurée en fonction des compétences requises de la tâche effectuée.

La plupart du temps, les travailleurs ne reçoivent pas de prestations supplémentaires telles que l'assistance en cas de maladie ou dans le cas d'accident du travail. Ceux qui payent pour leur apprentissage ne sont pas rémunérés pour leur travail, mais en lieu et place, ils payent leurs employeurs pour la fourniture de la formation technique. La durée de l'apprentissage a été trois ans en moyenne. En général, l’enquête a révélé que l'accès au travail dans les métiers de la construction et du textile informel est fondé sur les liens sociaux, initiés par des liens familiaux, du quartier des gens, etc.

En plus, l'enquête souligne que l’obstacle majeur à l'enregistrement officiel des entreprises informel en Côte d'Ivoire est le temps nécessaire pour achever le processus d’enregistrement.

Les entreprises informelles ont déclaré qu’un meilleur accès au soutien financier est le plus important pour l'enregistrement officiel.

Au Bénin, il est difficile de se prononcer statistiquement sur la situation du secteur informel car ce pays ne surveille pas son secteur informel. Il est donc difficile de définir avec précision l'état actuel du secteur dans les zones urbaines et rurales. Toutefois, reposé sur les données compilées par l'Agence Française de Développement (AFD) en 2006, il est possible de donner un aperçu des caractéristiques du secteur informel béninois.

Fondamentalement, le secteur fait partie d'une économie qui croît sans cesse, mais qui est dépendante du marché mondial du coton et des politiques commerciales et douanières du Nigeria et une conséquence de la pauvreté persistante.

7 Gaufryau et Maldonado, 1997, cf. Guichaoou, 2006, p.6

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Le secteur informel du Bénin représente une tendance de la non formalisation du marché du travail. Plusieurs indicateurs confirment cette thèse: Entre 1992 et 2002, le nombre de personnes qui travaillent «indépendant» est augmenté de 60,5% à 70,2%.

L'emploi dans le secteur informel est resté constant à plus de 90%, tandis que l'emploi dans les entreprises du secteur formel a diminué et en 2007 il était à 0,2% de la population active. L’emploi dans le secteur public, dans les entreprises publiques et dans les organisations sans but lucratif a été respectivement de 2,9%, 1% et 0,7% en 2007 (OEA, 2011). En conséquence, la caractéristique principale de la population active du Bénin est qu'elle est essentiellement informelle et agricole. Comme explication, on pourrait évoquer entre autres, des politiques de l'ajustement structurel des années 1990. Ces mesures ont mené à la privatisation et à la coupure du service public. Les licenciements ont forcé beaucoup de salariés à travailler au secteur informel tandis que le secteur formel a échoué à créer des emplois.

L’essentiel des activités du secteur informel dans ce pays se concentrent dans le commerce (surtout) et l’artisanat.

En effet, la proximité du géant de l’est (le Nigéria), avec sa production du pétrole, fait naitre et nourrit la commercialisation en contrebande de ce bien. Ce commerce occupe une très grande part de la population active et une majorité écrasante des activités informelles au Bénin. Selon certaines enquêtes non encore publiées, le chiffre d’affaire annuel véhiculé par cette activité approcherait le un cinquième du PIB national soit environ 200 milliards de CFA

2. Rôle du secteur informel africain dans l’intégration régionale

a. Un exemple de réussite tiré des pays asiatiques

La place occupée par le secteur informel dans bon nombre d’économie ne cesse de s’agrandir de jour en jour. En Asie, et surtout en Asie du Sud-Est, le débat a évolué et a connu d’avancées non négligeables. Il faut reconnaitre que la littérature a évolué sur le rôle du secteur informel dans une économie. En effet, plusieurs travaux montrent que les activités du secteur informel peuvent être compatibles avec les mécanismes de l'économie de marché ; on y trouve des éléments de l'économie pure walrasienne. En outre, les échanges informels trouvent leur source dans les disparités des politiques économiques, financières, monétaires, commerciales distinctes selon les pays. Les activités informelles se déploient sur des espaces frontaliers, à partir de réseaux marchands différenciés par ethnies, et structurés depuis longtemps. Sur la base de solidarités ethniques et d'échanges régionaux, le comportement des acteurs n'est pas irrationnel mais s'insère dans un cadre communautaire de référence. Est-ce l'une des raisons pour lesquelles toute volonté « d'officialiser l'informel » a échoué ? L'économie informelle dégage finalement des ressources et représente un facteur de décollage économique qui, s'il n'est pas suffisant, n'en est pas moins réel. Chaponnière (1994) évoque, à propos des caractéristiques de la croissance économique asiatique, la légalisation des activités commerciales qui subsistaient dans l'illégalité. L'acteur économique asiatique peut ainsi déployer son esprit d'initiative d'autant qu'il bénéficie de conditions macroéconomiques initiales favorables : économies protégées, interventionnisme

Rôle du ‘’secteur informel’’ en Afrique

étatique avec un rôle efficace d'orientation des ressources vers des projets à long terme (révolution verte, développement des infrastructures), politique de substitution aux importations à partir de stratégies cohérentes, clairement définies8, liberté d'entreprendre, taux de change adapté aux conditions du marché, mécanismes du marché non bridés. Il trouve donc dans le secteur informel des espoirs de réussite. Il faut bien évidemment distinguer le petit artisanat, le petit commerce de rues, les multiples services à faible rentabilité des activités informelles plus porteuses et qui créent de substantiels profits. Sur la base « des circuits financiers clos », des circuits ethniques et des clubs divers (où se côtoient chefs d'entreprise, hommes d'affaires, décideurs politiques ; citons à ce sujet l'exemple de la Pacific Economie Cooperation Conference créée en 1980), les conditions d'accumulation sont réunies. Dans les pays de I'asean (hors Singapour), les statistiques industrielles ne saisissent uniquement que les emplois formels soit le tiers des « actifs industriels ». Le reste relève du secteur informel ou des « cottages-industries » (industries rurales). Alors « qu'en Afrique on dénonce le caractère parasitaire des activités informelles, dans le Sud-Est asiatique, on constate qu'elles se développent de façon soit indépendante, soit complémentaire (confection à domicile) »9. Pourtant, elles sont confrontées à de nombreux risques, source d'incertitudes. Les petits commerçants les affrontent en délocalisant leurs affaires. Comme le précisent très justement Evers et Mehmet10 easy entry often results in quick exit (une activité nouvelle est rarement durable). La notion de risque, dans le cas du secteur informel, peut s'apparenter à la probabilité d'atteindre (ou non) la « survie ». L'informel indonésien : réduire les risques

Le secteur informel en Indonésie, qui serait l'un des plus grands du monde, reste un secteur d'activités économiques d'échelle réduite, à dimension familiale ou établi sur la base d'un réseau d'amis. Le commerce, l'artisanat, la petite production industrielle et les services divers constituent l'essentiel des activités.

Les risques et les incertitudes portent sur les fluctuations des conditions du marché, la pression culturelle où la redistribution des profits aux parents ponctionne la source des investissements, les difficultés d'ordre comptable (bonne estimation des coûts, des revenus, du profit, échec à imputer le coût du travail de l'acteur principal), une dépréciation rapide du capital d'exploitation. Conscient que ces aléas ne constituent pas une source de croissance économique mais davantage une stratégie de survie, le département de la planification a fixé comme objectif l'accroissement des niveaux de productivité et de revenus des travailleurs du secteur informel tout en lui préservant sa capacité d'absorption du facteur travail. La volonté des acteurs n'est donc pas découragée : ils travaillent de longues heures (chaque jour du mois, et plus de dix heures par jour pour un tiers d'entre eux), ils diversifient leurs opérations et recherchent des revenus complémentaires, notamment dans l'agriculture.

A côté de ces activités de survie, on trouve des commerçants plus « performants » qui développent des stratégies personnelles, synonymes de débrouillardise : ils ont créé par

8 J. Trotignon, 1993

9 Chaponnière, op. cit.

10 H.-D. Evers, O. Mehmet, 1994.

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exemple « l'économie de l'emporter comptant » (cash and carry economy). Les relations de crédit sont évitées à partir d'achats et de ventes en très petites quantités.

De fait, ils minimisent l'inventaire par des réapprovisionnements quotidiens. Le profit obtenu est donc rapidement réintroduit dans le circuit économique et échappe ainsi au partage avec les proches, amis ou membres de la famille. En outre, des coopératives se sont créées et une partie des commerçants cherche à accéder aux institutions bancaires formelles. D'autres ne sont plus à leur compte mais vendent des biens et services en commission. Ce qui ressemble ici à une activité de petite taille, à de « l'auto-emploi » est en fait davantage le maillon d'une opération de grande échelle. Evers et Mehmet (op. cit.) citent cet exemple d'un grand commerçant qui possédait 11 camions et 45 pelleteuses, dont l'entreprise était classée statistiquement comme comptant une cinquantaine d'auto-employés assistés par des membres de la famille. Par certains aspects, on trouve là des éléments de sous-traitance où une activité informelle au sein d'un marché local permet de déployer des activités à un niveau national ou régional.

Le recours aux polyactivités

Le souci d'anticiper les risques peut encore consister à multiplier les activités. He11 évoque à ce propos le recours aux polyactivités qui, à leur tour, s'inscrivent sur un espace interrégional. L'auteur les analyse à partir des liens entre le marché du travail, le marché des biens et services et le marché financier.

La situation économique des zones agricoles est d'une importance cruciale pour les performances du secteur informel. Un accroissement de la productivité et une baisse de la pression démographique dans ces zones signifient un moindre recours au facteur travail ; le volume de la quantité de travail inemployée doit alors être absorbé par le secteur informel. Si, en revanche, le niveau de salaire du secteur formel est assez élevé pour attirer la quantité de travail excédentaire, la pression de l'emploi dans le secteur informel s'atténue. L'anticipation de la hausse du niveau de salaire dans le secteur formel peut donc inciter les travailleurs agricoles à immigrer. Au niveau macro-économique, cela revient à analyser la division du travail entre le secteur agricole, le secteur formel et le secteur informel. En Asie, on assiste à une extension des activités non fermières dans les zones rurales, laquelle freine l'émigration vers les villes. En 1984, 34,7 % du revenu total des propriétaires fermiers étaient issus d'activités non fermières. En Corée, en 1979, l'emploi non fermier représentait 65 % de l'emploi total en zone rurale.

La taille des marchés régionaux asiatiques est en mesure d'offrir des débouchés aux entreprises formelles et informelles. Les moyens de transport et les infrastructures de commercialisation sont en général adaptés aux exigences des échanges ; de même, les infrastructures financées par l'aide extérieure sont une source réelle d'intégration. De fait, les marchés situés à un niveau local ne sont pas isolés des niveaux national ou régional au sein desquels les entreprises utilisent leurs avantages comparatifs. Elles conquièrent ainsi des marchés domestiques puis des marchés d'exportation. La petite taille des entreprises, source de divisibilité, de flexibilité, d'adaptation rapide aux conditions de marché, tout en étant insérées dans un réseau d'échanges et de commercialisation à une échelle plus vaste, est un avantage considérable pour leur croissance économique. 11

Y. He, 1993.

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Des réseaux financiers « informels » mais efficaces

Le marché informel est une source importante de financement du secteur informel. En Asie, la complémentarité entre les petites et les grandes entreprises permet aux premières de profiter des conditions de crédit obtenues par les secondes. Dans une étude relative aux tontines africaines et asiatiques, Lelart12 constate que les pratiques financières informelles asiatiques sont davantage orientées vers la disponibilité du crédit que ne peuvent l'être les pratiques financières informelles africaines. Les emprunts peuvent être opérés auprès de la famille, des amis, du propriétaire, du commerçant ainsi qu'auprès des prêteurs professionnels, ou l'usurier (money lender) ou auprès des compradores, c'est-à-dire ceux qui accordent des crédits au nom d'une banque mais sous leur responsabilité. Les tontines asiatiques ont une vocation économique où les fonds sont utilisés pour l'investissement.

Dans certains pays, on distingue d'ailleurs les tontines d'entraide des tontines commerciales, auxquelles correspondent les Muyins et les Kyes en Corée, les tontines personnelles et les tontines d'affaires en Thaïlande, les tontines d'épargne ou de consommation et les tontines d'affaires aux Philippines. Ces dernières relèvent d'entrepreneurs qui ont besoin de financer leur entreprise. Ils s'arrogent souvent le premier tour et peuvent encore recourir aux tontines à enchères. Cette pratique originale, principalement en vigueur en Chine, se rencontre également dans bon nombre de pays asiatiques. Seuls, les Bamiléké au Cameroun recourent à des modes de financement proches des tontines à enchères.

L'organisation des tontines asiatiques est ainsi devenue un véritable métier ; elles sont gérées exactement comme une entreprise quelle que soit leur taille.

Selon Lelart, il s'agit de véritables institutions financières. Les responsables politiques leur ont d'ailleurs accordé un cadre légal à partir duquel leur activité peut se développer. On retrouve donc ici une organisation structurée qui, initialement informelle, peut ensuite s'étendre sans que les autorités essaient de la remplacer par des organismes bancaires. Il est vrai que de tels réseaux commerçants et financiers, chinois notamment, n'en sont plus au stade de l'apprentissage tant ils sont implantés depuis des millénaires. Autour de la diaspora chinoise, les échanges sont intenses. C'est là une différence fondamentale avec l‘Afrique Subsaharienne où la régionalisation est plus « institutionnalisée »

b. Une inférence pour les pays africains

A partir du cas des pays de l’Asie du Sud-Est, les pays du continent africain peuvent tirer des enseignements en vue de rendre optimale l’action du secteur informel pour leur développement économique et social. Quelle en est donc la situation en Afrique ?

Des marchés étroits et administrés

La taille des marchés africains est conditionnée par les bas revenus. En outre, les moyens de transport sont inadaptés. On trouve donc beaucoup de petits « sous-marchés » limités en volume et en extension spatiale. La constitution d'un processus de régionalisation permettrait à court et moyen terme de multiplier les échanges de biens et services différenciés de part et

12

M. Lelart, 1995

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d'autre des économies nationales. Les potentialités d'exportation ouvrent des perspectives aux micro-entreprises, formelles et informelles. L'exemple des productions maraîchères et fruitières dans l'ouest du Cameroun sous l'impulsion des Bamiléké est à cet égard révélateur. Leur dynamisme dans un contexte de solidarité ethnique leur permettait dans les années 80 d'exporter vers les pays frontaliers, dont le Gabon. Assurément, des moyens de transport adaptés et des échanges libérés des contraintes douanières ne pourraient que favoriser une telle activité.

Par ailleurs, les tontines jouent un rôle financier majeur. Mais, à la différence des tontines asiatiques, les tontines africaines ont plutôt une vocation sociale où les fonds sont d'abord utilisés pour la consommation, excepté quelques cas récents au Bénin et au Togo. Plus que le recours au marché financier informel, ce sont davantage les limites de la taille du marché qui posent problème. Elles sont liées au niveau de l'épargne domestique, laquelle dépend à terme de la croissance économique ou, globalement, des performances économiques nationales. Les conditions macro-économiques dans lesquelles évoluent les micro-entreprises informelles africaines méritent davantage de flexibilité.

Avec He, on peut suggérer par exemple une réduction des charges administratives sur les entreprises informelles et faire en sorte que l'environnement économique soit plus favorable à l'expansion de leurs activités. A ce propos, les pays qui ont entamé des réformes, en matière de taux d'intérêt par exemple, semblent connaître de meilleures performances économiques. De même, dans une étude comparative avec l'Equateur et la Tunisie, Lecomte, Morisson et Solignac13 évoquent le cas de la Thaïlande où la fiscalité est plus simple puisque l'impôt sur les entreprises, à lui seul, représente 90 % de la charge fiscale totale et où, depuis, la TVA s'y est substituée avec une exception pour les petites entreprises non assujetties. La règle institutionnelle ne s'applique pas uniformément. Dans une autre étude, les auteurs relèvent à propos du Niger que la fiscalité est plus ou moins insupportable selon la conjoncture économique. En cas de crise, les règles institutionnelles sont inadaptées (prélèvements fixes, législation du travail...) de sorte que la plupart des micro-entreprises sont incapables de les respecter à moins de faire faillite.

Le rôle inadapté de l'État

Dans quelle mesure les réformes nécessaires (financières, fiscales, etc.) sont-elles envisageables ? Sans doute doivent-elles être précédées d'une réforme politique où la logique de l'accumulation, source de croissance économique, se substituerait à la logique de l'économie de rente, source de gaspillage. Cela passe par une économie de marché bien plus qu'une économie administrée et par un appui aux micro-entreprises, tant formelles qu'informelles (du moins à moyen terme pour ces dernières). Ces deux propositions ne sont pas incompatibles dès lors que l'on considère que l'économie de marché a besoin de règles, de contrats, de conventions et d'un État qui puisse les faire respecter ; ce n'est pas tant moins d'État qu'il faut rechercher en Afrique Subsaharienne mais davantage une intervention qui repose sur la volonté de favoriser les mécanismes du marché. Comme s'interroge fort justement Maldonado14,

13

Lecomte, С Morisson, H.-B. Solignac, 1993. 14

Maldonado, 1995.

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comment intensifier l'apport du secteur informel au développement sans en étouffer son dynamisme ?

L'auteur, qui atteste du rôle d'intégration et de régulation sociale du secteur informel, étudie le Programme d'appui aux petits producteurs urbains d'Afrique francophone (le PAPPU) mené par le BIT et le PNUD.

L'expérience du Bénin à partir de 1988 semble positive puisqu'elle associe un instrument financier (les mutuelles), un outil de promotion technique et productive (les bases d'appui), une stratégie des débouchés commerciaux (élargissement et diversification des marchés) et, surtout, la promotion de groupements socioprofessionnels autonomes (un nouvel acteur social).

Dans une étude sur la compétitivité en Asie et en Afrique, Barbier15 montrait lui aussi, il y a dix ans, que la politique étatique, tant à propos des conditions de fonctionnement des marchés que du secteur informel, était une source d'extension des activités du marché local au marché national voire au-delà ou, au contraire, un obstacle au développement de toute initiative. L'auteur présentait plusieurs études de cas dont celle du cacao en Côte-d'Ivoire et en Malaisie, celle du riz à Madagascar et en Thaïlande et celle de l'huile de palme en Côte-d'Ivoire et en Malaisie.

L'isolement du secteur informel

Les divers exemples concrets cités montrent que ce ne sont pas les dotations factorielles initiales ou les conditions naturelles qui expliquent les écarts de compétitivité entre l'Asie et l'Afrique mais bien plus le cadre plus ou moins réglementaire auquel sont assujetties les activités de production et de distribution. De fait, le dynamisme des activités, officielles ou non, s'en trouve renforcé ou pénalisé ; les acteurs « du bas » sont incités à travailler plus ou, à l'opposé, amenés à satisfaire uniquement leurs besoins ; les organisations telles que les tontines sont prêtes à se développer et à s'orienter vers de véritables institutions de crédit ou, au contraire, sont davantage soucieuses de faire face aux besoins primaires de consommation et/ou d'épargne, par précaution. Au lieu de produire pour satisfaire le marché intérieur afin d'exporter ensuite au sein d'une filière locale-nationale-régionale-mondiale, les micro-entreprises africaines se replient sur elles-mêmes et restent isolées. Elles ont donc peu de chances de maîtriser la connaissance nécessaire et d'acquérir la capacité de construire des réseaux de distribution régionaux puis mondiaux qui limiteraient leurs coûts de transaction. On voit mal dans ce contexte les chances de satisfaire les conditions d'un processus de régionalisation. Les relations entre individus-entreprises, marchés-organisations et État ne sont pas suffisamment articulées en Afrique Subsaharienne. S'il est vrai que les conditions extérieures y sont moins favorables qu'en Asie du Sud-Est (les pays asiatiques évoluent dans la zone la plus peuplée du monde et la plus dynamique), qu'ils ne bénéficient pas de la proximité de zones de négoce et de places financières (Singapour, Hong-Kong), que le Japon et les États-Unis n'y ont pas fortement investi, certains handicaps relèvent des politiques économiques et sociales retenues qui apparaissent mal adaptées aux conditions locales et nationales. Non coordonnées, elles entraînent encore des duplications de projets concurrents et peu viables. Et pourtant, depuis près de quarante ans, de nombreux organismes à vocation régionale ont été créés dans le but de 15

J.-P. Barbier, 1989.

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satisfaire les échanges commerciaux, de favoriser l'intégration des activités de transformation, industrielles et de services, d'accéder davantage aux technologies extérieures. Mais les comportements nationaux, trop frileux, dans un contexte de crise économique et financière depuis les années 80, ont éloigné un peu plus le processus de régionalisation. L’Afrique Subsaharienne est finalement confrontée à une fiscalité trop lourde, à un accès au crédit difficile et cher, à des taux de change surévalués, à des appuis aux producteurs insuffisants ou mal ciblés, le secteur informel y est mal perçu, insuffisamment aidé, et les capacités d'exportation restent trop limitées pour exercer un effet levier et stimuler la croissance. Or, ces capacités existent. Elles peuvent être valorisées à l'échelon local puis régional à partir, entre autres, des potentialités du secteur informel. Pour ce, il conviendrait que se crée une symbiose entre les activités informelles et les formes multiples de sous-traitance telles qu'elles existent en Asie du Sud-Est et qui conduisent à de nombreux échanges entre l'informel et le formel. Cela reviendrait à promouvoir le rôle des petites entreprises familiales et communautaires en liaison avec des groupes industriels de sorte que l'espace régional soit en phase avec l'espace mondial.

L'une des raisons pour lesquelles l'Asie a réussi à concilier le rôle et l'intervention de l'Etat avec le marché tient, pour Chaponnière16, à l'existence des divers liens associant l'État, les entreprises, les réseaux formels mais aussi informels. L’Afrique Subsaharienne semble s’éloignée de cette réalité alors que des liens communautaires existent, que les tontines sont nombreuses, que les solidarités ethniques sont réelles et que les activités informelles ne demandent qu'à bénéficier d'un environnement plus favorable. Mais, de toute évidence, les contraintes exercées par l'Etat sont excessives ou plutôt mal adaptées. Abernethy17 montre que, dans les pays d’Afrique Subsaharienne, la part du secteur public dans l'emploi salarié non agricole était passée de 40-45 % à 50-55 % au cours des années 80 ; cette part est de 36 % en Asie, de 27 % en Amérique latine. On sait par ailleurs que les prélèvements des caisses de stabilisation sont élevés. Si les taux moyens officiels de protection nominaux directs des exportations agricoles étaient de 20,5 % en Côte-d'Ivoire, au Ghana et en Zambie entre 1960 et 1984, ils étaient en moyenne de 14,6 % en Corée du Sud, en Malaisie, au Pakistan, aux Philippines, au Sri Lanka et en Thaïlande. Cela expliquait en partie les écarts de compétitivité au profit de l'Asie du Sud-Est. Le retard ainsi accumulé ne peut guère favoriser le dynamisme de l'agriculture ni, à terme, la croissance du secteur secondaire. En Asie du Sud-Est, on a vu les effets de la révolution verte sur l'ensemble de l'agriculture ; le secteur agricole vivrier, libéré de la contrainte alimentaire, a pu s'articuler à un secteur d'exportation source de recettes en devises. En Afrique Subsaharienne, le paradoxe vient du fait que les agriculteurs ne demandent rien d'autre qu'un environnement économique interne plus favorable à leurs activités et plus stable dans le temps. Les circuits de commercialisation Bamiléké informels n'ont guère de « leçon » à recevoir de l'Administration. Leur filière depuis l'Ouest camerounais (stade de la production) jusqu'à Douala (stade de la commercialisation) en passant par diverses petites villes intermédiaires (stade de la transformation) mériterait des routes et des entrepôts pour assurer la conservation des produits maraîchers et fruitiers.

L'État peut assumer un tel rôle afin d'orienter les ressources vers des projets à long terme.

16

J.-R. Chaponnière, 1993. 17

1988, in He et Renard, op. cit.

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Conclusion

L'échec des tentatives d'intégration régionale en Afrique Subsaharienne tient en partie à l'incapacité des États de respecter et de faire respecter les règles établies. Le commerce clandestin, les échanges frontaliers favorisés par la différenciation des taux de change, le détournement des mécanismes de compensation, des coûts de transaction élevés du fait du nombre des intermédiaires sont autant de facteurs qui pénalisent le processus d'intégration. Dès lors que celle-ci n'est pas un jeu à somme nulle, il faut que les inégalités engendrées soient minimales et il faut éviter les attitudes de « passager clandestin ». Cela exige des institutions supranationales respectées, ce qui n'est pas le cas en Afrique Subsaharienne. Par ailleurs, les structures sociales, les réseaux et les solidarités ethniques peuvent renforcer l'efficacité des organisations économiques. Dans ces conditions, les institutions peuvent fournir la structure d'incitation d'une économie18.

Il semble donc souhaitable de favoriser les activités commerciales existantes - même si elles sont informelles, de substituer à une réglementation administrative pesante et floue une législation adaptée au droit des affaires, un arbitrage fiable en cas de litige, une fiscalité stable qui ne pénalise pas les acteurs producteurs et une gestion des affaires publiques saine. Associées à une politique de développement des infrastructures, ces nouvelles orientations auraient le mérite de créer un environnement macro-économique et politique stable, vis-à-vis duquel les investisseurs étrangers sont toujours très sensibles. De ce point de vue, les pays d'Asie du Sud-Est ont bénéficié du rôle du Japon au sein de la zone qui est le premier client et/ou fournisseur pour la plupart des pays de I'ASEAN ; en 1990, les échanges japonais représentent 38 % des échanges des pays de I'ASEAN avec toute l'Asie et 21 % de leurs échanges totaux.

Cette situation est bien entendu liée à la proximité régionale qui crée des débouchés réciproques. Mais c'est avant tout à partir d'une osmose entre le secteur agricole et la petite industrie que certains pays asiatiques ont dégagé des ressources pour développer un secteur exportateur diversifié. C'est encore à partir d'une reconnaissance des acteurs « du bas » que ces mêmes pays ont connu des rythmes de croissance soutenus.

Quelles sont les perspectives aujourd'hui ? Dans le cadre de la mondialisation, d'une part, de la régionalisation, d'autre part, l'Afrique Subsaharienne peut encore se marginaliser. Mais elle peut aussi relever les défis.

Divers progrès peuvent être cités : les restrictions aux échanges ont été considérablement réduites ces dix dernières années comme en témoignent la diminution sensible de l'écart entre les taux de change officiels et parallèles, et la tendance à la simplification des systèmes de change.

Alors qu'en 1960, 6 pays sur 23 non membres de la zone franc et de la zone rand appliquaient un système de change unifié, ce nombre est passé à 12 au milieu de 1994. Aujourd’hui des progrès considérables sont réalisés au sein des zone économiques et sociales d’intégration

18

North, 1991.

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régionale telles que l’UEMOA ou la CEDEAO en Afrique de l’Ouest, la CEMAC et la SADC en Afrique Centrale et Australe.

L'intégration plus évidente de l'Afrique du Sud à l'économie régionale et mondiale peut contribuer à stimuler le dynamisme du commerce et de la croissance dans toute l'Afrique australe et au-delà, d'autant que les Africains se situent dans la continuité des alliances interethniques (le Yoruba du Bénin est-il un étranger au Nigeria ? le Mina au Togo se sent-il étranger au Bénin ou au Ghana ? de même que le Haoussa au Niger ou le Peul un peu partout ?). Enfin, certaines décisions semblent être en rupture avec les pesanteurs sociopolitiques, comme la création de l'observatoire économique commun – ‘’Afristat’’ - qui a pour mission de produire des statistiques fiables, l'ouverture de pôles régionaux de formation pour les cadres des administrations économiques et financières ou encore le projet de développer des universités sur une base régionale (ce qui s'apparente au réseau européen Socratès).

Ce sont là des « facteurs d'intégration par les institutions et par les règles »19 qui devraient laisser plus de libertés aux initiatives économiques et favoriser le processus de régionalisation.

19

M. Lelart, 1996a; M. Lelart, 1996

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