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REX TREMENDAE extrait du REQUIEM (1791) Wolfgang Amadeus Mozart
Wolfgang Amadeus MOZART
(1756-1791)
Compositeur autrichien
EPOQUE CLASSIQUE 1750-1800
Le Requiem (repos en latin) ou Messe de requiem est une messe des morts.
Le requiem tire son nom des 1° mots de la première pièce qui sert d’ouvertu-
re: l’Introït : Requiem æternam dona eis, Domine (= Seigneur, donne-leur
le repos éternel)
Le Requiem est aussi le nom des compositions musicales qui étaient jouées
pendant le service funèbre avec des chants ou comme pièce de concerts.
Le requiem de Mozart est écrit pour 4 solistes,
chœur mixte et orchestre classique réduit.
La musique est étroitement liée au texte. Elle per-
met d’accentuer le sens du texte.
TEXTE
Rex tremendae majestatis, Ô Roi de majesté redoutable,
qui salvandos salvas gratis, qui ne sauvez les élus que par la grâce,
salva me, fons pietatis. sauvez-moi, source d'amour.
1
L’idée de mort est mise en évidence dans l’introduction grâce à l’écriture musicale.
Le Rex Tremendae sollicite la clémence de Dieu .
« Rex tremendae majestatis » et « Salva me, fons pietatis » sont les deux phrases les plus puissantes du texte. Elles
sont mises en valeur par une écriture homorythmique
« Qui salvandos, salvas gratis » est une phrase empreinte de douceur, ce qui est rendu par une écriture contrapunctique.
L’orchestre fait un saut
d’octave (sol aigu - sol
grave): passage de la vie
à la mort
Gamme descendante: sons
conjoints = traversée du
Styx vers l’enfer
ACCORD: Superposition d’au moins 3 sons.
HOMORYTHMIE: Ecriture verticale où toutes les voix
font le même rythme.
STYX: Fleuve qui séparait le monde terrestre des Enfers
dans la mythologie grecque.
CONTRASTE DYNAMIQUE: Contraste dans l’intensité
(= les nuances) des sons.
ECRITURE CONTRAPUNCTIQUE: Superposition de plu-
sieurs lignes mélodiques indépendantes souvent construi-
tes à partir d’un motif donné.
CANON: Composition à plusieurs voix qui répète la même
mélodie mais en décalé dans le temps.
FORTISSIMO: Très fort PIANO: Faible
3 accords sur « Rex! » pour implo-
rer Dieu.
Puis chœur en homorythmie qui
reprend le rythme pointé énoncé
précédemment par l’orchestre
mais avec des durées plus longues
Contraste dynamique sur les derniers « Salva me », ultime supplication avec une nuance Piano (qui s'oppose au Fortis-
simo des parties précédentes)
S
A
T
B
On a 2 canons superposés, l’un sur
Rex tremandae majestatis et l’au-
tre sur Qui salvandos, salvas gratis.
Chacun des canons est interprété
une fois par les femmes et une fois
par les hommes
2
SHINING (Générique) (1980) réalisé par Stanley Kubrick
Le Dies Irae est une mélodie grégorienne du XII° s. Le "Dies irae" est un
prière composée au Moyen Âge et abondamment chantée jusqu'à nos
jours, notamment à tous les offices des morts. La mélodie grégorienne du
Dies Irae a inspiré de nombreux musiciens. Et bien sûr le texte se retrouve
dans tous les "Requiem".
Shining est un film inspi-
ré du roman The Shining
de l'écrivain américain
Stephen King
Aujourd'hui, Shining est
considéré comme un clas-
sique du cinéma d'horreur.
Le générique de ce film,
composé par Wendy Carlos, utilise la mélodie
du Dies irae dans une version électronique
avec des effets bizarres et des voix digitales
(utilisation du vocoder)
Le Dies irae est répétée plusieurs fois dans
le grave aux cuivres.
LA MORT (1959) Jacques Brel
Ce thème évoque dès le générique la menace qui plane sur ce modeste
chef de famille, que l’on voit rejoindre en voiture l’hôtel Overlook pour
obtenir un emploi de gardien.
LITTLE SUSIE (1995) Mickaël Jackson
Dans cette chanson, Mickaël Jackson renforce le sens du texte en uti-
lisant plusieurs éléments qui symbolisent la mort:
- Le Pie Jesu extrait du Requiem de DURUFLE qui sert d’intro-
duction à la chanson
- Les cloches d’église qui retentissent à la fin, comme une
conclusion.
Mickaël JACKSON
(1958-2009)
Auteur, compositeur,
Interprète américain
Jacques Brel
(1929-1978)
Auteur, compositeur,
interprète et acteur belge
Jacques Brel renforce l’idée de la mort par l’utilisation dans l’ intro-
duction de la mélodie du Dies irae qui est énoncée dans un tempo lent.
Les instruments à vent (des cuivres) jouent la mélodie du Dies irae en
homorythmie et sans accompagnement rythmique, ce qui donne une
impression de puissance et d’angoisse.
Surligne les mots appartenant au champs lexical de la mort:
Il réutilise ensuite cette même mélodie dans les couplets mais avec un ostinato à la caisse claire qui s’arrêtera seule-
ment dans la coda, où l’on peut entendre de grands accords, très puissants.
Cette chanson de forme Couplets/Refrain présente une alternance d’écriture verticale (couplets) et d’écriture plutôt
horizontale ou contrapunctique (refrain).
La mort m'attend comme une vieille fille
Au rendez-vous de la faucille
Pour mieux cueillir le temps qui passe
La mort m'attend comme une princesse
A l'enterrement de ma jeunesse
Pour mieux pleurer le temps qui passe
La mort m'attend comme Carabosse
A l'incendie de nos noces
Pour mieux rire du temps qui passe
Mais qu'y a-t-il derrière la porte
Et qui m'attend déjà
Ange ou démon qu'importe
Au-devant de la porte il y a toi
La mort attend sous l'oreiller
Que j'oublie de me réveiller
Pour mieux glacer le temps qui passe
La mort attend que mes amis
Me viennent voir en pleine nuit
Pour mieux se dire que le temps passe
La mort m'attend dans tes mains claires
Qui devront fermer mes paupières
Pour mieux quitter le temps qui passe
Mais qu'y a-t-il derrière la porte
Et qui m'attend déjà
Ange ou démon qu'importe
Au-devant de la porte il y a toi
La mort m'attend aux dernières feuilles
De l'arbre qui fera mon cercueil
Pour mieux clouer le temps qui passe
La mort m'attend dans les lilas
Qu'un fossoyeur lancera sur moi
Pour mieux fleurir le temps qui passe
La mort m'attend dans un grand lit
Tendu aux toiles de l'oubli
Pour mieux fermer le temps qui passe.
Mais qu'y a-t-il derrière la porte
Et qui m'attend déjà
Ange ou démon qu'importe
Au-devant de la porte il y a toi
Cette chanson présente de nombreux
contrastes dynamiques
Le mort joyeux Dans une terre grasse et pleine d'escargots
Je veux creuser moi-même une fosse profonde,
Où je puisse à loisir étaler mes vieux os
Et dormir dans l'oubli comme un requin dans l'onde,
Je hais les testaments et je hais les tombeaux ;
Plutôt que d'implorer une larme du monde,
Vivant, j'aimerais mieux inviter les corbeaux
A saigner tous les bouts de ma carcasse immonde.
Ô vers ! Noirs compagnons sans oreille et sans yeux,
Voyez venir à vous un mort libre et joyeux ;
Philosophes viveurs, fils de la pourriture,
A travers ma ruine allez donc sans remords,
Et dites-moi s'il est encor quelque torture
Pour ce vieux corps sans âme et mort parmi les
morts !
Charles Baudelaire « Les fleurs du mal » (1857)
L’ART RELIGIEUX ET LA MORT
La Mort et le Bûcheron Un pauvre Bûcheron tout couvert de ramée,
Sous le faix du fagot aussi bien que des ans
Gémissant et courbé marchait à pas pesants,
Et tâchait de gagner sa chaumine enfumée.
Enfin, n'en pouvant plus d'effort et de douleur,
Il met bas son fagot, il songe à son malheur.
Quel plaisir a-t-il eu depuis qu'il est au monde ?
En est-il un plus pauvre en la machine ronde ?
Point de pain quelquefois, et jamais de repos.
Sa femme, ses enfants, les soldats, les impôts,
Le créancier, et la corvée
Lui font d'un malheureux la peinture achevée.
Il appelle la mort, elle vient sans tarder,
Lui demande ce qu'il faut faire
C'est, dit-il, afin de m'aider
A recharger ce bois ; tu ne tarderas guère.
Le trépas vient tout guérir ;
Mais ne bougeons d'où nous sommes.
Plutôt souffrir que mourir,
C'est la devise des hommes.
Jean de la Fontaine « Les fables » Livre I, 16 (1668)
LA DANSE MACABRE
LE DIT DES TROIS VIFS ET DES TROIS MORTS
Au XIII° s, plusieurs ma-
nuscrits relatent le « Dit
des trois vifs et des trois
morts ». Les morts s’a-
dressent aux seigneurs,
pour qui le glas n’a pas en-
core sonné, en les encoura-
geant à se repentir.
Les thèmes macabres sont très présents au Moyen Age en raison des famines, de la guerre et des épidémies. Il existe
deux sortes de représentations mettant en scène la mort:
Eglise St-Germain à la Ferté-Loupière, Yonne (Fin XV°s)
Psautier de Robert de Lisle (XIV° s)
Gravure publiée par Guyot Marchant (1485)
La Ferté-Loupière , Yonne (Fin XV°s-début XVI°s)
La Danse macabre aborde un thème universel : la confrontation des
hommes à leur destin inévitable et la difficulté de regarder en face ce
que deviennent les corps. Quelles que soient nos existence, nul n’échap-
pe au trépas.
La danse macabre est apparue au XV° s, elle représente des cou-
ples, dont un personnage est la mort (représentée le plus souvent
par un squelette ) et l'autre un vivant symbolisant les différentes
classes sociales de la société, placés suivant un ordre hiérarchique,
du Roi au laboureur en passant par l'évêque, le chevalier ou l'arti-
san : ils forment une longue farandole dansante et macabre. Pour
les vivants, le glas a déjà sonné. En effet, on y voit chacun d’eux
entraîné par la mort.
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