32
Le Pointû www.lepointû.fr Le magazine d’information du logement du jeudi 6 décembre 2007 Une nuit avec le Samu social Le Pointû Droit au logement opposable rien ne va rien ne va changer changer CULTURE LESPRIT CANUT © Fabrice Caterini Pourquoi Pourquoi

Le pointû

  • Upload
    iscpa

  • View
    223

  • Download
    3

Embed Size (px)

DESCRIPTION

magazine préparé par 10 étudiants de l'ISCPA Lyon sur le logement social, la loi DALO

Citation preview

Le Pointûwww.lepointû.fr Le magazine d’information du logement du jeudi 6 décembre 2007

Une nuit avec le Samu socialLe

Poi

ntû

Droit au logement opposable

rien ne varien ne vachangerchangerCULTUREL’ESPRITCANUT

© Fa

brice

Cate

rini

PourquoiPourquoi

Le logement, un droit pour tous. Cepourrait être le slogan de l’année 2007en France. Rappel. Tout commence enjanvier de cette année, l’association desEnfants de Don Quichotte dresse destentes le long du Canal Saint-Martin àParis et dans de nombreuses villes deFrance. Son objectif est sans ambigüité:assurer une visibilité maximale auxsans-abri en plein coeur des villes. Sousla pression médiatique et campagneélectorale oblige, le gouvernements’incline et il accouche, à peine deuxmois plus tard, le 5 mars 2007, d’un

bébé “miracle”, la loi DALO (Droit au logement opposable-ndlr). C’estune loi de plus sur le thème du logement social. Une loi de plus qui vientalourdir un vieux dispositif déjà bien poussiéreux.Fondamentalement, être contre le principe d’un logement pour tousparaît fort peu envisageable, mais tenter de résoudre le problème doit-ilobligatoirement passer par l’élaboration d’une nouvelle loi ? ChristineBoutin, ministre du Logement et de la Ville et rapporteuse de la loi,rabâche à longueur d’interview « il n’y a pas de logements ». Pourquoialors ne pas les construire ces logements abordables ? Parce que pourcela il faut y mettre le prix. Et que l’Etat n’a pas les moyens. Oui maisvoilà, le gouvernement doit bien réagir. Et dans ces cas là, le moins coû-teux et le plus pratique reste de créer une nouvelle loi. Dans ce domaine,le législateur nous a habitués ces dernières années à pondre, dans l’ur-gence et dans l’émotion, des lois de circonstance. Pour le DALO, en toutcas, mieux aurait-il valu prendre son temps. Car la toute jeune loi estbien partie pour rejoindre le cimetière des textes plein de bonnes inten-tions mais inapplicables.La preuve ? Combien manque-t-il de logements sociaux dans l’agglomé-ration lyonnaise ? Après plus de trois semaines d’enquête, impossible desavoir. Comme si le sujet était tabou ou que, tout simplement, personnen’était en mesure de nous renseigner. Il existe bien une étude réalisée àl’échelle nationale, mais localement, rien. Une loi doit être pérenne etnon de circonstance. Elle nécessite du recul et non de la précipitation. Elledemande de l’analyse et non du simplisme. Il manque des logementssociaux en France, certes. Combien ? Et où ?

Autre point, autre paradoxe. En quête d’un logement, un demandeurpeut saisir la Commission départementale de médiation. Si l’attentedevient vraiment trop longue, il peut alors se tourner vers le tribunaladministratif (à partir de décembre 2008-NDLR). Mais si la Commissionn’a pas trouvé de logement, où le tribunal administratif va-t-il en déni-cher un ? Lutter conte les logements indécents, aider les mal-logés, pren-dre en considération les revendications des sans-abri, voilà bon nombrede promesses liées à la loi DALO. A leur lecture, on se sent proche desgens, on palpe une certaine proximité, très éloignée du côté administra-tif dudit tribunal. Dans ce contexte, le tribunal d’instance, celui qui faitles frais de la réforme de la carte judiciaire, n’aurait-il donc pas été plusadapté ? Tribunal de proximité par excellence il était tout désigné pourtraiter les demandes de logements sociaux.N’en déplaise à Rachida Dati.

À quoi va servir la loi DALO ?L’éditorial de Raphaële Djebari

Le Pointû6 décembre 20072

Le Pointû 6 décembre 2007 3

SOMMAIRE

SOCIÉTÉ1010UNE NUIT AUSAMU SOCIAL

MONDE1616ÉTUDIANTSEN GALÈRE

DOSSIER2222DALO,LA LOI INVISIBLE

ÉCONOMIE2121LES MAISONSÀ 100 000 EUROSÀ LA PEINE

CULTURE2929LA SQUAT“WAY OF LIFE”

L’éditorial.............................................par Raphaële Djebari..........................2

Zoom....................................................le taux de l’immobilier.........................4Les points du mois...........................6

Art/Musique Les squats, vivier de.......talents...............................................27Histoire La Croix-Rousse et les........... Canuts..............................................29

Construction Les objets......................écologiques.......................................30Insolite Des constructions sorties duchapeau............................................31

Santé publique....................................Les logements insalubres...................9Hébergement d’urgenceUne nuit au Samu Social..................10Style de vie..........................................La collocation inter-âge....................12Immigration ........................................Les Roms de Décines......................13Architecture ........................................Le quartier Tony Garnier...................14Bénévolat.............................................La guerre des associations...............15

Politique...............................................La loi SRU dans le Grand Lyon........18Construction ......................................Les pelleteuses envahissent Lyon....20Pouvoir d’achatLes maisons à 100.000 euros..........21

Logement universitaire......................Étudiants étrangers en galère..........16

Droit au logement opposable............Ce qui ne va pas changer à Lyon.....22

Loi DALO.............................................Décryptage.......................................24Interview.............................................Christine Boutin................................26

LASER CULTURE

TENDANCESSOCIETE

MONDELE POINTÛ - NUMÉRO SPÉCIAL

ECONOMIE

EN COUVERTURE

LE POINTÛ 47, rue Sergent Michel Berthet, 69479 LYON.Directeur de la publication Isabelle Dumas Directeur de la rédaction Alexandre BuisineRédactrice en chef Raphaële Djebari Rédactrice en chef adjointe Marjorie ModiChef d’édition / Secrétaire de rédaction Benoit PavanSecrétaire de rédaction adjoint / Infographie Julien BauerRédaction Stéphane Rousset, Aurélie Beau, Bruno Poncet, Amandine Collongette, Adeline Bourg,Émilie Marche Illustration Thomas Dantil Photographie Fabrice Caterini.

Où trouver un appartement à louer lemoins cher possible ? À l’inverse, dansquel arrondissement de Lyon la locationdevient-elle un privilège ? Nous avonschoisi de dresser un classement des arron-dissements lyonnais en matière de prix à lalocation, tous appartements confondus (duT1 au T5).Pour les petits budgets, l’arrondissement leplus intéressant est sans conteste le 9e

(Vaise, Gorge-de-Loup, Duchère, Ile-Barbe), avec un prix moyen du mètre carréà la location de 8,415 euros. Viennent ensuite le 7e (Guillotière, JeanMacé, Gerland), à 9,33 euros, le 8e (Etats-Unis, Bachut, Mermoz, Moulin à Vent,Monplaisir) avec 9,58 euros, le 3e (Part-Dieu, Montchat, Dauphiné) à 9,59 euros, le2ème (Cordeliers, Bellecour, Perrache) avec9,85 euros et le 4e (Croix-Rousse Plateau)à 9,9 euros.Sans surprise le trio de tête est formé du 5e

(Vieux Lyon, Fourvière, Point-du-Jour) à10,1 euros, du 1er (Terreaux, Pentes Cx-Rousse) avec 10,25 euros et du très chic 6e,ou le prix du m2 à la location frôle les10,72 euros.

Q uel est le prix d’un bien ? “Celui qu’unacheteur voudra bien payer pour l’obte-nir”, répondent les professionnels. Au-delà de la boutade, pourtant vraie, il existe descritères qui font monter ou baisser le prix d’unbien immobilier, à l’achat comme à la location. De l’extérieur vers l’intérieur, vient en premierl’environnement: la proximité des commerces,des services publics, des écoles, des transports,essentiellement. Ensuite viennent la façadeconsidérée comme la “carte de visite” de l’im-meuble, et le type de bâtiment en lui-même.Est-il récent ou ancien ? A-t-il été “pensé” ouconstruit à la hâte, dans l’urgence, le besoin,etc ? Entre ces critères, visibles de la rue, etl’appartement à proprement parler, il y a lesparties communes qui sont essentielles dans lavaleur d’un bien immobilier. Sont elles en bonétat, demandent-elles beaucoup d’entretien ? Le prix augmente aussi avec l’étage où se situel’appartement. Dans la mesure où l’immeubleest équipé d’un ascenseur. Si ce n’est pas le cas,mieux vaut être au rez-de-chaussée pour vosjambes, mais au dixième étage pour votreporte-monnaie. Sans ascenseur, le prix baissequand on prend de la hauteur. Tous ces critèressont ceux qui régissent en priorité le prix d’unappartement. Ce sont les éléments qui font la

réputation des immeubles chics dans les“beaux quartiers “.Derrière la porte...Une fois arrivé dans l’appartement, le prixdépend essentiellement de la surface, mais passeulement. L’orientation est sans aucun doutel’autre critère déterminant. Logiquement, unappartement très spacieux (mais sombre) dansun beau quartier, se vendra ou se louera moinscher que le même dans un quartier moinshuppé, mais avec un ensoleillement maximal. Idem pour les vis-à-vis qui sont un véritable“couperet” pour les prix. Le nombre de pièceset les aménagements éventuels ne sont pas nonplus négligeables. Si le voisinage ou la rue sonttrès bruyants, un appartement bien isolé avecun double vitrage efficace, prendra logique-ment de la valeur.Enfin, un dernier facteur entre en compte: lavaleur “d’usage”. Elle est différente pour cha-cun d’entre nous mais intervient à plus oumoins grande échelle dans la fixation du prix.Pour le sociologue Michel Pinçon (1), spécialistede la géographie sociale de Paris, “Il y a, parexemple, une identification sociologique auquartier que l'on habite”. Il estime que“l'adresse choisie correspond à la valeur sym-bolique de l'immobilier. Habiter le coeur deParis est une façon d'envoyer des messages:cela permet de dire par exemple que l'onappartient à une certaine communauté et cela aun prix”. Quant au prix du loyer, de nombreu-ses lois existent pour fixer des limites…maissouvent les loueurs n’en font qu’à leur tête

Le Pointû6 décembre 20074

Certains critères, souvent insoupçonnés,ajoutent une plus-value évidente à unappartement. D’autres, au contraire, sontrédhibitoires :Les facteurs très valorisants :- Vue imprenable - Bonne distribution des pièces- Grandes pièces de réception- Alarme - Appartement donnant sur un espace vert(dans un environnement urbain)Les facteurs très dévalorisants :- Étage élevé sans ascenseur- Nuisance de voisinage (bruit detransports ou cour de récréation)- Chauffage au sol (dans des immeublesdes années soixante)- Appartement en rez-de-chaussée- Plus de dix minutes à pied d'un transporten commun ou des commerces- Chauffage électrique

© Fab

rice Ca

terini

Comment un bien immobilier peut-il prendre ou perdre de la valeur ?

PAR STÉPHANE ROUSSET

Propriétaire ou locataire, vendeurou acquéreur, tous n’ont qu’un motà la bouche : le prix.Comment est-il défini ?Éléments de réponse.

1. L’Express du 9 mars 2006http://www.insee.fr/fr/indicateur/indice_loyer

LES CRITÈRESDE CALCUL

ET À LA LOCATION ?

Du juste lieu...IMMOBILIER

LASERLYON

Non communiquéMoins de 1500 eurosDe 1500 à 1700 eurosDe 1700 à 1900 eurosDe 1900 à 2100 eurosDe 2100 à 2300 eurosDe 2300 à 2500 eurosDe 2500 à 2700 eurosPlus de 2700 euros

Genay

St Germain Neuville

CurisMontanay

CaillouxFleurieuAlbignyPoleymieux

Couzon

Limonest

Dardilly

Champagne

Marcy l’Etoile

St Didier

Ecully

Rillieux

Vaulx-en-Velin

La Tour deSalvagny

Font St M

St Romain

St Cyr

Sathonay C

Sathonay V

9e

Fontaines s/S

Collonges

Rochetaillé

7e

6e

5e

4e

3e2e

1er

Caluire

8e

Charbonnières

Tassin

MulatièreOullins

Pierre Bénite

St Genis Irigny

VermaisonCharly Solaize

Feyzin CorbasMions

St Priest

ChassieuBron

St FonsVénissieux

VilleurbanneDécines Meyzieu

Jonage

St Genisles OllièresCraponne

Francheville St Foy

... au juste prixLASERLYON

Le Pointû 6 décembre 2007 5

© Info

graphi

e: Julie

n Baue

r

Source: Notaires de France

Prix moyen du m2 dansl’immobilier anciendes communesdu Grand Lyonen 2006

Votre logement ne doit pas faire moins de 9m². Undécret national fixe les caractéristiques d'un logementdécent. La surface minimum en fait partie

Augmenter de 10 millions d'euros le bud-get destiné à la lutte contre l'habitat indi-gne et à la réhabilitation des logementsinsalubres. Voilà l'objectif de laCommission des Affaires sociales duSénat pour aider à l'application de la loiDALO. Le 28 novembre dernier, dans lecadre du projet de loi des finances 2008,les sénateurs ont reçu, entre autres,Christine Boutin ministre du Logement etde la Ville. Au centre des débats, la loiDALO. La ministre a reconnu l'existencedes difficultés d'application de la loi, maiss'est dite prête à tenir les échéances ducalendrier. La commission exige qu'unrapport évaluant l'efficacité des dépen-ses fiscales en faveur du développementet de l'amélioration de l'offre de loge-ments soit remis chaque année auParlement

LES POINTS DU MOISDON QUICHOTTE, LE RETOUR ?Aujourd'hui, même

s'il y a des avan-cées, nous

jugeons le verre plutôtvide que plein". Dansun entretien accordé le2 décembre au JournalDu Dimanche, AugustinLegrand, porte-parolede l'association LesEnfants de DonQuichotte assure qu'ilcompte établir de nou-

veaux campements"avant le 15 décembre".L'objectif de l'associa-tion est de "mettre àl'abri des gens qui sontà la rue cet hiver". Première destination,les abords de la Seine àParis. Mais d'autreslieux sont envisagéscomme "les églises, lestemples, les lieux deculte"

C'est le pourcentage moyend'augmentation des loyers

entre 2001 et 2006.Selon un rapport de l'UnionNationale de la Propriété

Immobilière (UNPI),la taxe d'habitation aurait,

elle, subit une haussemoyenne de 33% pour la

même période.Conséquence,

37% de profits réaliséspar les villes,

les départementset les régions

LE CHIFFREDU MOIS

17%Boutin reçue par leSénat

Le Pointû6 décembre 20076

© Fab

rice Ca

terini

Pour info... À venir

Sarkozy sur le logement opposable

Le projet de loi sur l'indexation des loyers sur les prixsera présenté le 12 décembre en Conseil des ministres.La loi devrait entrer en application le 1er janvier prochain

Un homme d'affaire de Dubaï,Buti Saeed Al Ghandi a décidéde recopier le quartier du VieuxLyon dans sa ville.Le milliardaire est tombé amou-reux de ce quartier lyonnais.Les appartements typiques duVieux Lyon en plein désert desÉmirats Arabes Unis serontrevendus à des particuliers.Une aubaine pour l'adjoint aurayonnement internationalJean-Michel Daclin qui en pro-fite pour signer des partena-riats.Une ligne aérienne Lyon-Dubaïest en discussion

L'aérogel, ou “fumée glacée”, est lecomposant miracle du XXIe siècle,selon le quotidien Britannique TheTimes. De quoi s'agit-il ? D'un dessolides les plus légers au monde(99% de gaz), capable de résisterà des températures de 1300°C ouà une explosion d'un kilo de dyna-mite. Si l'on y ajoute des propriétésd'isolation thermique et la capacitéde piéger la pollution urbaine, vousavez là le matériau idéal pour lesmurs du futur.Cela a d'ailleurs déjà commencé :Bob Stoker, 66 ans, est devenucette année le premier Britanniqueà posséder une maison entière-ment isolée par de l'aérogel. C'estpour quand sur Lyon ?

Des murs (en)fumés

Les coopératives d'habi-tants : une alternative inté-ressante pour Habicoop.L'association lyonnaise sou-haite faire connaître ce nou-veau mode de logement. Unseul mot d'ordre : la collecti-vité. Les locataires gèrent etaméliorent ensemble la pro-priété qu'ils occupent. Cesystème accessible aux per-sonnes exclues du marchéimmobilier offre de nou-veaux rapports de voisinage.Une solidarité qui a déjà faitses preuves au Québec et enSuisse. Habicoop veut lancerl'idée à Lyon. Son but : aiderà la création de projets col-lectifs et promouvoir ce nou-veau service. L'associationorganise des colloques etconférences pour faireconnaître les coopératives.Des manifestations à retrou-ver sur www.habicoop.fr

TEXTOFrançois Fillon a annoncé qu'à partir du 1er janvierles choses allaient changer. Au programme : la réductiondu dépôt de garantie à un mois et l'indexation des loyerssur l'inflation.Fadela Amara, secrétaire d'Etat chargée de laPolitique de Ville, a dévoilé le 30 novembre, lors d'uneinterview sur Canal+, quelques points de son PlanBanlieues. Un programme destiné à améliorer la vie dansles cités qui sera mis en place le 22 janvier. “Je vais êtretrès exigeante avec les bailleurs, a-t-elle déclaré, et je vaisfaire en sorte qu'on permette aux gens de vivre correcte-ment”

Comme chaque année,l'ALPIL organise le 14 décem-bre le Marathon Taudis.Pendant une journée, placeCroix-Paquet, dans les locauxde l'association, des avocats,des juristes, des travailleurssociaux et des professionnelsde l'immobilier seront pré-sents pour répondre auxquestions de chacun sur lelogement. Cette journée estorganisée en partenariat avecla Fondation Abbé Pierre

La structure d'hébergementtemporaire Alias, située àVilleurbanne et Vaulx-en-Velin, risque de fermer sesportes le 31 décembre. Cetteassociation essaye de réinsé-rer les 18-25 ans. Mais lasociété Adoma, gérant d'Alias,a refusé l'an passé de renou-veler le bail des vingt-septstudios du dispositif. Au motifque ceux-ci ne faisaient pluspartie de la nouvelle missiond'accueil d'Adoma. Les jeunesaccueillis jusqu'ici dans leslocaux pourraient se retrouverà la rue

Lutter contre la discrimination au logement, voilàla caractéristique principale de l'année euro-péenne de l'égalité des chances en Rhône-Alpes. Un sujet sensible sur lequel plusieursacteurs régionaux se sont penchés. L'objectif:promouvoir la non-discrimination dans les procé-dures d'accès à un appartement. Le projet pré-voit une enquête auprès du parc immobilier privéet public. Un certain nombre de tests seront pro-posés afin de mesurer les pratiques susceptiblesd'engendrer des discriminations. Ces dernièressont très souvent liées à l'origine ethnique ou ausexe. On assiste à des phénomènes de ségréga-tion urbaine ou de repli communautaire. LaRégion Rhône-Alpes est une zone test. Elle meten place un observatoire local qui pourrait êtrerepris dans d'autres régions si l'expériences'avère concluante

Entre voisins

Fin de série pourAlias ?

Une journée pourles mal logés

UN TOIT POUR TOUS

Le Vieux Lyonexporté à Dubaï

Le Pointû 6 décembre 2007 7

PAR LA RÉDACTION©

Fabrice

Cater

ini

© Fab

rice Ca

terini

LES POINTS DU MOISLa Région expérimente l'habi-tat passif. Cette alternativeécologique remplace le chauf-fage traditionnel. Grâce à uneisolation extrêmement perfor-mante, l'air ne passe pas dansle bâtiment. Des systèmes de

puits canadiens et de réservesde soleil fournissent l'énergienécessaire pour chauffer l'im-meuble. Les premiers essaisdevraient être effectués àFirminy. Seul obstacle au pro-jet : les standards officiels decalcul thermique. Ils ne per-mettent pas de recenser lesbâtiments sans système dechauffage “habituel”

Se chauffer au soleil

Le Plan d'Action Renforcéen faveur des Sans-Abri(Parsa) permet la mise àdisposition de places dansles centres d'accueil passeulement en hiver maistoute l'année. Ce plan n'apourtant pas que des effetsbénéfiques. “On a moins deplaces disponibles avec ceplan, explique SébastienGuth du foyer Notre-Dame-des-Sans-Abri”. Ainsi, parrapport à l'an dernier, troisfois plus de personnes n'ontpas trouvé pas de solutionsd'hébergement. “Cela neveut pas dire que les per-sonnes à la rue sont sanssolution, temporiseChristophe Bay, secrétairegénéral de la préfecture duRhône. Souvent, les gensne rappellent pas”

L'un part, l'autre resteLe 31 décembre prochain, les Plans Départementaux d'Actionspour le Logement des Personnes Défavorisées (PDALPD) arri-vent à échéance. De nouveaux plans, dont on ne connaît pasencore la teneur, devraient être mis en place. Un indice : ils doi-vent tenir compte de la loi ENL (Engagement National pour leLogement) qui a pour objectif prioritaire de développer l'offre delogements pour les plus démunis, prévenir les expulsions locati-ves ou encore lutter contre l'habitat indigne. Ces nouveaux PDALPD seront arrêtés au plus tard au termedes plans en cours

Le Pointû6 décembre 20078

L'hébergement d'urgence rendudifficile

© Fa

brice

Cat

erin

i

© Fa

brice

Cat

erin

i

E lla vit avec ses quatre enfants dans unimmeuble à Oullins. Carreaux cassés, pein-tures écaillées, présence importante deplomb, fenêtres ouvertes jour et nuit pour com-battre l’humidité. Depuis sept ans, elle n’a pasle choix. Une situation également difficile àsupporter pour sa fille Rhianna : “l’été, ça vaencore, on peut jouer dans la cour, mais l’hiver,on est obligé de rester là. C’est triste et on n’ar-rive pas à dormir avec la route juste à côté”. Lafamille attend des solutions de relogement.L’immeuble pourrait être évacué. Sylvie Marak,de l’ALPIL (Action Pour L'Insertion Sociale parle Logement), connaît bien le dossier. Desappartements ont bien été rénovés mais lastructure reste limite : “fissures, écoulementd’eau, l’extérieur compte aussi en insalubritémais les propriétaires font juste le minimumpour ne pas être signalés aux services de l’ha-bitat”. Les cas d’insalubrité sont détectés par plaintesdes associations ou des locataires aux servicesspécialisés des communes. À Lyon, c’est laDirection de l’Ecologie Urbaine qui évalue lescritères : gros oeuvre, éclairage, surface habita-ble, dangerosité… et transmet son rapport auPréfet. À lui de déterminer alors s’il délivre unarrêté. En cas de gros risques, le propriétaire sedoit de reloger tous les habitants dans un délaide six mois. Des démarches longues qui n’abou-

tissent pas toujours : “les proriétaires ne sontpas souvent de bonne foi. Le relogement estobligatoire mais certains préfèrent compenseravec des indemnités” . Sylvie Marak avouemême en avoir déjà vu “remettre” les locatairesdans le même immeuble.Les habitants de logements insalubres sont, leplus souvent, des personnes fragiles : famillesdémunies, étudiants étrangers, retraités mala-des. Ils subissent des pressions de la part deleur propriétaire. Si certains répondent en refu-sant de payer leur loyer, la plupart restentsilencieux. Ils ne veulent pas démarcher auprèsde la justice de peur d’être mis dehors.“Récemment, on a trouvé 40 personnes qui

vivaient dans un F2 depuis des mois. Ça n’ajamais été signalé. À Lyon, il y a beaucoup de“mouchoirs de poche”, des familles qui s’instal-lent durablement dans des greniers de 9m²”.À peine 10 m² pour vivre dans des logementsvieux et vétustes, les risques sont importants.Depuis le 20 mars 2002, la Ville met en place unprogramme de réhabilitation de 800 logementsjusqu’à la fin de l’année. Les secteurs intra-muros les plus concernés restent le quartier dela Croix Rousse ainsi que celui de la Guillotière.Deux anciens secteurs lyonnais n’ayant connuaucune rénovation depuis les années 50

SOCIÉTÉ

Le Pointû 6 décembre 2007 9

Hormis les risques d’éboulement ou dechutes, les logements insalubres repré-sentent un vrai danger pour la santé.En particulier dans les appartements anciens,construits dans les années 30-40. À cette épo-que, le plomb était un outil indispensabledans le milieu du bâtiment. Ce n’est qu’en1948 qu’une loi interdit l’usage de ce maté-riau et de produits dérivés dans l’habitat.Soixante ans plus tard, les matériaux ancienssont encore source d’intoxication. La maladiela plus répandue reste le saturnisme.Le Docteur Anne-Marie Mckenzie, inspecteurde la santé à Lyon, s’est souvent retrouvéedésarmée face à cette pathologie : “il n’y apas de signes cliniques pour détecter lesaturnisme. Les séquelles apparaissent prin-cipalement chez l’enfant, quand il grandit. Ila des problèmes de croissance, et son QI sedégrade. Nous ne pouvons faire que de laprévention”.Il en est de même pour les intoxications au

monoxyde de carbone. Ce gaz asphyxiant estinodore. “Les cas sont souvent recensés dansdes logements vétustes où les appareils dechauffage sont en mauvais état. Il faut fairetrès attention, l’année dernière, vingt-septpersonnes ont dû être hospitalisées”.Aujourd’hui, on limite les risques. Tout ven-deur de logement dans un immeuble datantd’avant 1948 doit faire un constat d’exposi-tion au plomb et un contrôle technique desinstallations de chauffage.L’insalubrité provoque également des risquesinsoupçonnés pour la santé. L’humiditéentraîne des problèmes de ventilation et lamoisissure favorise les infections. Il n’est pasrare que l’asthme se développe dans desconditions de vie précaires.De même, la cohabitation avec des insectesou des rongeurs est très mauvaise. Aussiincroyable que cela puisse paraître, le doc-teur Mckenzie en atteste: “On a déjà vu desenfants se faire manger par des rats!”

INSALUBRITÉ: DANGER POUR LA SANTÉ

Allô maison, bobo

On estime à 8500 le nombre delogements insalubres dans le Grand Lyon.Chaque année, la Préfecture ne délivrepourtant qu’une quinzained’arrêtés d’expulsion (1).Les procédures sont complexeset les locataires ont peur.PAR AURÉLIE BEAU

SANTÉ

© Fabrice Caterini

1. Direction Départementale des Affaires Sanitaires etSociales

C' est assez frustrant car on voudrait pouvoirsecourir tout le monde, mais malheureusementles places sont rares et seuls les cas urgentspeuvent être traités". Esperanza a intégré l'équipe duSamu Social 69 depuis à peine trois semaines. Bienqu'elle se consacre à fond à sa mission, un sentimentd'impuissance prédomine. Et pour cause. Lyon disposede 16 structures d'accueil hivernales, avec unemoyenne de 54 places par structure. Pour la DDASS(Direction Départementale des Affaires Sanitaires etSociales), qui coordonne les dispositifs d'urgence, l'oc-cupation à 100% de ces structures atteste de leur uti-lité. Ce pourcentage montre surtout que la ville man-que cruellement de structures d'accueil. Juste une nuitSi certains SDF préfèrent volontairement resterdehors, leur choix est souvent réfléchi: " la plupart dutemps, ils doivent faire d'énormes concessions pourune nuit en foyer. Certains doivent se séparer de leurchien. Ils savent aussi que l'alcool y est interdit.Enfin, ils ont peur de se faire voler le peu qu'ils ont".

Elodie, membre de l'équipe “rive droite” du Samusocial 69, tente de convaincre les SDF de dormir àl'abri. Généralement, s'ils acceptent, ils restent réti-cents sur certains foyers: “C'est surtout le “PèreChevrier” qu'ils veulent éviter, le foyer Notre Damedes Sans Abri. Ce foyer est connu pour être relative-ment sale. Ce qu'ils redoutent c'est ce qu'ils appellent“la cave”. Ils dorment sur des lits de camps, tous dansla même pièce, n'ont aucune intimité. Dans ces condi-tions, les vols sont très redoutés, alors la plupart nedorment pas”.“Le plus dur, c'est eux qui le vivent”Chaque soir, la veille sociale dispose en moyenned'une dizaine de places. Or, 90% des 500 appels quo-tidiens concernent les demandes de logements. Le tra-vail des équipes de veille ne se résume donc pas uni-quement au rôle de taxi social. Ces seize travailleursde l'urgence participent quotidiennement à construireune relation de confiance avec les plus désocialisés:“On ne peut pas faire des miracles, mais on essaie deleur réchauffer le cœur”, explique Yafit, membre del'équipe de la “rive droite”. “Ils nous font confiancecar on n'est pas là pour les juger et ils le savent. Maisce lien est très fragile. C'est pour ça que c'est impor-tant qu'ils nous voient tous les jours, même si c'estjuste pour parler". La mission de ces travailleurssociaux n'est pas évidente. Il faut faire des choix, trèssouvent dans l'urgence, mais comme le dit avec tris-tesse Esperanza: “c'est dur, oui, mais le plus dur, c'esteux qui le vivent”

SOCIÉTÉ

Le Pointû6 décembre 200710

Travailleurs de l’urgenceMême si la rue ne connaît pas de saison,l'hiver est une période difficilepour les sans domicile.Seuls les plus faibles peuvent être logés,pour une nuit seulement.PAR MARJORIE MODI ET FABRICE CATERINI

22 heures. Après quelques minutesde discussion, c'est une victoire pourl'équipe. Non seulement M. Piacontinotaccepte de les suivre mais il admet queson état nécessite des soins. Si besoin, ilse fera hospitaliser. L'équipe comprendrapar la suite que c'est la honte qui acontraint Mr Piacontinot à l'immobilismedepuis un mois. Son ami explique qu'ilsouffre de diarrhée. Dans l'immédiat,une infirmière peut l 'examiner, maisEspéranza sait que la solution proposéen'est que provisoire. Malgré son état, lelendemain, il sera à nouveau en détresse.

1h15. Arrivé au centre d'hébergement,Daniel récupère des draps propres etdécouvre son “box”. Il est tard et le foyersemble endormi lorsqu'une vielle dame,d'origine roumaine, déboule du fond ducouloir. C'est Anna, l'équipe la connaîtbien. Elle se jette sur Anne, lui baise lamain et se met à pleurer. Anna ne parle pasfrançais, mais Anne comprend vite qu'ellesouffre du dos. Elle devait se faire opérer lasemaine précédente, mais une fois au bloc,elle s'est enfuie. Face aux hurlements de lavielle dame, l'équipe, impuissante, assurequ'elle repassera le lendemain.

“On ne peut pas faire des miracles, mais on essaie de leur réchauffer le cœur"

REPORTAGE

© Fab

rice Ca

terini

SOCIÉTÉ

Le Pointû 6 décembre 2007 11

21 heures. Ce soir, le Samu social dis-pose de 17 places d'urgence dans les diffé-rents foyers de la ville. La nuit est froide etl'équipe de la rive droite se rend rapide-ment compte qu'il n'y aura pas assez decouvertures. Près d'une heure après ledébut des maraudes, Yafit, le chauffeur,aide Elodie et Espéranza à se réapprovi-sionner au foyer Notre Dame des SansAbri, situé rue Père Chevrier. Tout lemonde ici les connaît. Certains s'empres-sent même de leur dire bonjour malgré lematch de football, opposant Lyon àBarcelone, qui attire toutes les attentions.

21h45 Comme presque chaque jour depuistrois semaines, le Samu social rend visite à M.Bel Jelil et M. Piacontinot. Ils se sont installés,comme une dizaine d'autres sans domicile, surle parvis de la paroisse Saint Michel près de laGuillotière. Ce campement de fortune abrite cequ'ils ont de plus cher. Une dizaine de matelasjonchent le sol parsemé de nourriture et d'em-ballages. Sur place, l'équipe tente à nouveau deconvaincre les deux SDF de passer la nuit dansun centre d'hébergement d'urgence.M.Piacontinot est malade, il ne se lève presqueplus et doit se faire examiner. La veille, son amiM. Bel Jelil, avait promis qu'ils les suivraient.

23 heures. Cela fait maintenant quatrehivers que M. Lagdane dort dans ungarage. Il occupe un recoin d'un mètrecarré environ où toute sa vie est entassée.Emmitouflé dans plusieurs couvertures, ilaffirme que "ce soir, il fait bon, il faitmême chaud", alors que la températureextérieure est négative. C'est très volon-tiers qu'il accepte une soupe et un café.L'équipe lui rend visite quotidiennement etsouvent il les suit, mais pas ce soir.Demain, promis, il viendra.

0 heure. Les deux équipes, “rive droite” et“rive gauche” se retrouvent au siège de JeanMacé pour une petite pause. Espéranza peutenfin déguster le poulet mexicain qu'elleattend depuis un moment. Cette pause, commele dit Yafit, "elle est primordiale". C'est lemoment où les deux rives font le point sur lasoirée. Une fois le débriefing fait, l'ambianceest plus légère. Le temps de décompression estcourt, il ne leur reste que deux heures pourramener un maximum de monde en foyer. Nousembarquons cette fois-ci avec l'équipe de la“rive gauche”.

1 heure. Il n'y a pas eu beaucoup designalements, ce soir, pour l'équipe deJulien, Anne et Benoît. Tout semble calme dans le centre ville.Benoît décide d'aller chercher Daniel surles pentes de la Croix-Rousse. Daniel a 30ans et vit depuis deux ans bien caché aupied d'un immeuble. Il accepte rapidementde suivre le Samu social. Une place estlibre salle Kleber, à proximité deFourvière.

1h45. Sur la route du retour, l'ambiance estpesante. La nuit semble finie. Nouveau signale-ment. La maraude doit se terminer à 2 heures,mais une jeune femme est dans un état critiqueplace Carnot. À son arrivée, l'équipe doit faire faceà une situation complexe. Nathalie, 32 ans, estconnue du Samu social 69. Ce soir, elle a beaucoupbu, mais pas seulement. Son ami affirme qu'elle aaussi consommé des stupéfiants. Choix difficile. Lefoyer ou l'hôpital ? Ce n'est apparemment pas lapremière fois que cette situation arrive. La jeunefemme est conduite à la cour des miracles, la salleKleber. Cette fois, c'est sûr, l'équipe a fini. La policeprend le relais pour le reste de la nuit.

C inq minutes se sont écoulées depuis quenous sommes dans l’appartement. Laporte s’ouvre, Jiamin Lu nous accueillechaleureusement. Une toile de Madame Alvidororne le mur. La sonnette retentit, c’est l’infir-mière. Pause. Le temps de prendre place sur lecanapé.Comment l’idée de vivre l’une avec l’autre vousest-elle venue ?Victoria Alvidor : Une dame qui venait bénévo-lement me tenir compagnie m’a soumis l’idéed’héberger une étudiante gratuitement encontrepartie de petits services. J’ai trouvé cetteperspective intéressante. Par exemple, tous lesmatins, Jiamin Lu me prépare mon petit déjeu-ner et le soir mon dîner. Dans la journée, elles’occupe de moi, elle m’ouvre la porte et m’aideà me relever quand je tombe. En résumé, elleme facilite la vie au quotidien.Jiamin Lu : J’ai connu ce concept grâce à uneamie qui est venue vivre en France avant moi etqui résidait chez une personne âgée. Via l’asso-ciation ESDES inter-générations, j‘ai ensuiterencontré Madame Alvidor.Quels sont les avantages et les inconvénients decette cohabitation ?V.A. : Je n’y vois que des avantages. Je ne suisplus seule la nuit et la présence de Jiamin Lume rassure. Elle est très cultivée, ce qui rendl’expérience d’autant plus intéressante.J.L. : Pour moi aussi il n’y a que des avantages.En vivant avec Mme Alvidor, j’améliore monfrançais. Et puis je suis très proche de la faculté,ce qui est très agréable. Mais le plus important,c’est que je me sens ici comme dans ma famille.La différence d’âge est-t-elle un problème ?V.A. : Malgré son âge, j’ai eu confiance en elle

tout de suite. C’est une jeune fille équilibrée.J.L. : Pour moi, la différence d’âge n’est pas unproblème. En Chine, on fait beaucoup de chosespour les personnes âgées. Dès leur plus jeuneâge, les enfants vont très souvent rendre visiteà leurs grands parents.Comment se déroule votre quotidien ?V.A. : Tous se passe très bien. Chacune de nousvaque à ses occupations. Jiamin est libre de sor-tir quand elle veut. Il n’y a aucune obligation.Nous mangeons séparément. Il faut dire que jen’ai toujours pas réussi à me faire à la cuisinechinoise.J.L. : Mme Alvidor est quelqu’un de très ouvert,ce qui rend notre quotidien très facile à vivre.Je l’aide à s’habiller et à se déshabiller maiscela ne me gêne pas.Et si c’était à refaire ? V.A. : Cela fait deux ans que Jiamin habite ici.J’aimerai qu’elle reste encore pour quelquestemps. Elle est sérieuse, fiable, ni menteuse, nifolichonne. Ça me ferait de la peine qu’elle s’enaille car elle fait partie de la famille mainte-nant. Si elle devait partir, je prendrais très cer-

tainement une autre étudiante.J.L. : Tout dépendra de mes études. L’annéeprochaine, j’irai peut-être à Paris ou àToulouse. Je serai assez tentée d’habiter avecdes jeunes, pour voir autre chose…

© Fab

rice Ca

terini

SOCIÉTÉ

Depuis deux ans, Victoria Alvidor, retraitéede 92 ans, héberge Jiamin Lu, 25 ans,étudiante chinoise en droit international.Témoignage d’une colocation originale.

Le Pointû6 décembre 200712

PAR AMANDINE COLLONGETTE

TUZMF!EF!WJF

Colocation

Jiamin Lu, 25 ans, partage le quotidien de Victoria depuis deux ans

Unique structure basée à Lyon, l’associa-tion ESDES Services Inter générations (Tél04.72.32.50.48)propose de faciliter vosdémarches. Si vous êtes étudiants, rendez-vous dans les locaux de l’association pourun entretien individuel. Principal critèrede sélection: la motivation. Côté personnesâgées, l’association se déplace à domicile.Elle vous proposera une liste d’étudiantssusceptibles de vous convenir pour consti-tuer un binôme. Évidemment, cette opéra-tion a un coût. Compter 350 euros pour lesétudiants et 100 euros pour les personnesâgées. Tarifs obligatoires pour adhérer àl’association pendant une année

générationinter

TENTÉ PAR L’EXPÉRIENCE ?

V enez, n’ayez pas peur du chien !”. Décines,quartier des Marais. Au bord d’unrond–point, s’entassent quelques bara-

ques. Des jeunes jouent au ballon à l’entrée,sur un bitume abîmé. Rien ne laisse présagerqu’une communauté de gens du voyage vit icidepuis… 40 ans. Cette cité a pourtant été crééeen 1960 pour accueillir les gitans : Tsiganesvenus d’Espagne, d’Andalousie et de Catalogne.Pour parler de cette sédentarisation étonnante,la “paille belle” (“vieille femme” en gitan -ndlr) de la citée des Marais est l’interlocutriceprivilégiée. La route pour atteindre sa maisonn’est pas aisée. Les caravanes et mobil-homesen bois d’un côté et maisons en dur d’un étagede l’autre se succèdent dans le grand lotisse-ment. Une dame sans âge apparaît à la fenêtre.Elle a les cheveux blancs, le teint mat et uneallure de jeune femme coquette. “Entrez !” .C’est Dolores Cortes, 83 ans, la doyenne du vil-lage. Dans son salon, une statuette de la viergeMarie, et un collier de fleurs rouges posés sur lebuffet. “Je suis arrivée ici il y a plus de qua-rante ans, raconte-t-elle. Avant, j’habitais àLyon dans le quartier de Laennec, puis àGerland. Jusqu’au jour où on m’a amené ici”.

Ses yeux noirs se tournent vers son petit filsCarlo, grand barbu, qui vient de rentrer dans lasalle. Elle continue : “on avait construit desmaisons en bois au départ, puis en dur”. Maispourquoi rester ici toutes ces d’années ? “Ah !Les commodités, s’exclame-t-elle. Quand je suisarrivée là, c’était l’hiver, le froid, la glace.Maintenant, il y a le confort moderne”. Carlo,dans un coin du salon, acquiesce. “Moi, je suisné ici il y a 31 ans. Je ne partirai pour rien aumonde. J’ai de la chance, beaucoup de gitansaimeraient être sédentaires comme nous”.“Nous sommes une grande famille”En sortant, Raoul, 62 ans, à l’entrée de sa mai-son, apostrophe: “Regardez cette porte, elle nefonctionne plus ! Et le chauffage, il ne marcheplus. L’OPAC avait promis de venir s’en occu-per!”. Comme beaucoup d’habitants, il attendavec impatience l’agrandissement du terrainpromis par la mairie de Décines (voir encadré).Car avec l’arrivée de nouveaux gitans il y aquelques années, l’emplacement initial desbaraquements commence à être étroit. Il y aceux qui ont la chance d’habiter les maisons endur et ceux venus plus récemment qui viventdans des caravanes ou des mobile-homes. Maischacun mesure sa chance d’être ici.“Nous sommes une grande famille, raconte unejeune fille. D’ailleurs, on a presque tous lesmêmes patronymes. Si quelqu’un a un pro-blème, on est là”

SOCIÉTÉREPORTAGE

Gipsy sitting

La cité des Marais, au Nord du canalde Jonage, abrite une communautéd’irréductibles gitans,sédentarisés depuis 40 ans.PAR BRUNO PONCET A vec la venue de nouveaux résidents ces

dernières années, la cité des Maraisavait un sérieux besoin de s’agrandir.C’est ce qui a amené en 2001 la mairie deDécines à lancer son “projet d’améliorationdes conditions d’habitat des gens, duvoyage sédentarisés”.Angéla Lanteri, chef de projet à la mairie,le détaille: “La ville de Décines a décidéd’améliorer les conditions de vie de ceshabitants, qui sont deux fois plus nom-breux qu’au départ. Le projet se déroulerasur la cité des Marais et sur un terrain voi-sin. Nous allons d’abord construire 40logements: 24 sur le nouveau terrain com-munal et 16 sur le terrain mis à contribu-tion par la cité. Nous souhaitons aussiréhabiliter les 32 maisons déjà existantes.Un travail d’intégration sur le plan social,scolaire et économique sera parallèlementmis en oeuvre. On réalise ainsi une chaîneéducative avec l’école maternelle, primaireet le collège. Jusqu'à présent, peu d’en-fants continuaient à aller à l’école une foisle primaire passé. Aujourd’hui, une dizained’enfants sont scolarisés au collège, avecde réelles chances de continuer”

DÉCINES-MOI UN AVENIR

© Bru

no Pon

cet

Le Pointû 6 décembre 2007 13

F ils de canuts, Tony Garnier naît à la CroixRousse le 13 août 1869. Marqué dès sonenfance par les conditions de vie des ouvriersde la soie, et influencé par les utopies socia-listes du XIXe siècle, il va chercher à améliorerle quotidien des classes les plus défavoriséesà travers la question du logement. Il remporteen 1899 le Grand Prix de Rome, qui lui vautd'être pensionnaire à la Villa Médicis pendantquatre ans. Sensé étudier l'architecture de

monuments antiques, l'élève indiscipliné pré-fère se consacrer à la création d'une villemoderne: la Cité Industrielle. Attaché à sesracines, il revient à Lyon, et le maire EdouardHerriot le nomme architecte en chef de la villeen 1905. Abattoirs de la Mouche (actuelleHalle Tony Garnier) et marché aux bestiaux,Hôpital de Grange Blanche, Stade de Gerlandet quartier des Etats-Unis, il est à l'origine durenouveau lyonnais, et marque la ville de son

empreinte. Il meurt le 19 janvier 1948 etrepose aujourd'hui au cimetière de la Croix-Rousse. Il aura marqué son époque enconceptualisant l'architecture comme capablede changer les conditions de vie des plusdémunis. Édouard Herriot dira de lui: “cebâtisseur, ce réaliste était humain spontané-ment. Sa sensibilité n'avait d'égale que samodestie (…) ses qualités morales étaient àla hauteur de son génie”

E t si l’architecture pouvait rendre les hom-mes plus heureux ? Ce doux rêve fût le filconducteur de l’oeuvre de Tony Garnier, etle quartier des Etats-Unis n’échappe pas à larègle. En 1917, Edouard Herriot veut relier laGuillotière à Vénissieux par un boulevardbordé de logements ouvriers et confie naturel-lement le projet à l’architecte. Ce sera le pre-mier ensemble HBM (Habitations Bon Marché)pensé et conçu comme tel. Et pour Garnierl’utopiste, pas question de tours qui grattent leciel ni de barres d’immeubles sans fin. Il ima-gine 1400 logements répartis dans des immeu-bles ne dépassant pas trois étages et tous espa-cés comme des îlots entre lesquels les habitantspourront naviguer. Ainsi, il résout, avant mêmed’y être confronté, la question de l’entassementdes personnes. On est loin des ensembles HLMconstruits plus tard qui ressemblent plus à desclapiers qu’à des nids douillets. Et pour favori-ser la mixité sociale, Tony Garnier prévoit danschaque immeuble des appartements de taillesdifférentes. De cette façon, les familles côtoientles personnes seules. Une mixité sociale quipermet aussi un mélange des générations.

Pourtant, l’architecte doit revoir ses ambitionsà la baisse, faute de moyens, et surtout deplace, puisqu’il ne disposera finalement qued’un cinquième du terrain prévu au départ.Malgré sa désapprobation, les immeublesauront deux étages de plus, ce qui impliquel’installation d’ascenseurs. Au final, l’ensembleest donc composé de 49 immeubles de cinq éta-ges. À l’intérieur de chaque appartement, ilprévoit de nombreux aménagements afind’améliorer le quotidien des ouvriers, parmilesquels une salle de bains et des toilettes danschaque logement. À l’époque, ce luxe n’étaitpas accessible aux travailleurs.Une cité HLM qui se visite comme un musée.Aujourd’hui, la cité HBM des Etats-Unis, renom-mée Cité Tony Garnier en 1993 à la demandedes habitants, se visite comme un musée à cielouvert. L’histoire du quartier est retracée surles fresques qui recouvrent les 24 murs pignonsdu quartier. Accrochées aux murs, elles sont

aujourd’hui le plus bel ensemble de peinturesmurales de Lyon. La cité Tony Garnier devientainsi un hommage vivant à son créateur, etreçoit en 1991 le Label de la décennie mondialedu développement culturel de l’UNESCO.Au coeur du quartier, un appartement témoinest ouvert aux visites. Il témoigne des condi-tions de vie des ouvriers des années 30, maisaussi de la solidarité et de l’identité des habi-tants de la cité. C’est en sollicitant leurmémoire que ce logement ouvrier a pu êtrereconstitué dans ses moindres détails: de lacouleur des murs à la décoration intérieure, enpassant par l’aménagement de l’espace et lechoix du mobilier. Tous les meubles et les objetsprésentés dans l’appartement ont été donnéspar les habitants du quartier. Au coeur du 8e, laCité Tony Garnier, qui a fêté en 2004 ses 70 ans,s’illustre comme un ensemble de logementssociaux, exemple d’ensemble social dans lequelles gens sont heureux de vivre

SOCIÉTÉ

Une cité pas comme les autresARCHITECTURE

Le quartier des “anciens Etats“est l’un des plus emblématiquesde la vie ouvrière lyonnaise.Jusque dans les années 80,il est un village isolé du reste de la ville,où les habitants se connaissentet partagent une identité commune.La cité Tony Garnier: une utopiequi s’est donnée les moyens d’exister.

Le quartier Tony Garnier, fruit du travail de l’architecte fétiche d’Édouard Herriot

PAR STÉPHANE ROUSSET

DE LA CROIX-ROUSSE AUX ÉTATS-UNIS

Le Pointû6 décembre 200714

© Fab

rice Ca

terini

T ravail quotidien ou coup médiatique, lesmoyens mis en oeuvre pour aider les mallogés ne sont pas uniques et peuventengendrer des frictions entre les associations.Les enfants de Don Quichotte se sont faitconnaitre en installant des tentes dans les vil-les. L’association est présidée localement parMarine Fourié et Daniel Jacquin. Au début du

mouvement, Notre-Dame-des-Sans-Abri et laFnars (Fédération Nationale des Associationsd’Accueil et de Réinsertion Sociale) avaientémis des réserves sur leur action. Toutefois,elles ont aidé à la sortie de crise en relogeantles sans abris: “Nous sommes contre l’instru-mentalisation politique. De même, nous pen-sons qu’il faut respecter le droit. Cependant,nous constatons qu’actuellement, c’est la seuleméthode qui marche”, regrette la déléguéerégionale de la Fnars, Sandrine Runel.L’association Habitat et humanisme a un autrepoint de vue. Elle estime qu’ils ont besoin deces actions: “Les actions très médiatiquescomme celles des Don Quichotte ou du DAL, ruede la Banque, sont nécessaires afin de mieuxmontrer aux gens le problème du logement.Depuis, nous travaillons souvent avec eux”,

explique Catherine Kafarski. “Ce mouvementmontrait les personnes oubliées de la société”,estime le président de l’Alpil André Gachet. Surune autre action quelques fois contestée commele squat, il se réfère au droit suisse. “Les per-sonnes ont le droit d’habiter dans un logementvacant tant que le propriétaire ne l’utilise pas.Cependant, dès qu’il en a besoin, les personnesdoivent partir. Personnellement, je trouve quec’est une bonne solution pour lutter contre leslogements vacants. Dans notre action, nousnous occupons plus de 40 squats dans Lyon”précise-t-il. La présidente des Don QuichotteLyon, Marine Fourié, a apprécié l’aide de l’en-semble des associations lyonnaises. Pour elle,le principe des Don Quichotte est un mouve-ment citoyen qui dénonce la crise du logement.Mais pour cette jeune militante, il faut aussiconnaître ses limites, surtout quand on négocieavec le gouvernement. “Nous ne devons pasaller trop loin. Je suis totalement contre le faitqu’on mette des mères et leurs enfants enavant, comme c’est le cas rue de la Banque àParis. Ce n’est pas leur place. Nous, quand nousavions une famille, nous avons tout fait pour laloger ailleurs. En plus cela ne mène à rien saufà de la démagogie”

Depuis sa fondation en 1950, le Foyer Notre-Dame-des-Sans-Abri détonne dans le paysageassociatif lyonnais. Pourquoi ? Seule association catholique, elle prône une politique del’aide au logement sensiblement différente de celle de ses camarades. “Nous préférons être surle terrain, avec les nécessiteux, plutôt que dans la revendication, explique Sébastien Guth duservice communication de l’association. Notre premier travail est d’accueillir. C’est la différenceentre eux et nous“. Eux, ce sont les autres associations, Don Quichotte en tête. “Je ne leur jettepas la pierre, leur action a permis de mettre un coup de projecteur médiatique sur une situa-tion que nous défendons depuis des années. Par contre, installer des tentes sauvagement, etprendre les SDF en otage, ce n’est pas notre manière de procéder, et cela peut s’avérer contre-productif pour notre cause”. Si, tout comme ses consoeurs lyonnaises, Notre-Dame-des-Sans-Abri se consacre au logement,elle n’en reste pas moins à part, et possède sa manière bien à elle de fonctionner. “Notre cré-neau, c’est de proposer plusieurs services à des personnes en difficultés. Car pour nous, leurtrouver un logement n’est pas l’unique réponse à tous leurs soucis. Certaines personnes ont desproblèmes trop graves et ne peuvent pas s’intégrer dans la société. Elles ont besoin d’une aideplus spécifique. Une chose que la plupart des associations “coup de poing” ne prennent pas encompte”. À bon entendeur…Le Pointû 6 décembre 2007 15

SOCIÉTÉ

Selon une enquête de l’associationHabitat et humanisme,un Français sur six est mal logé.D’où l’importance des associations,qui sont souvent le dernier recourspour les plus démunis. PAR ÉMILIE MARCHE

ASSOCIATIONS

“LA DIFFÉRENCE ENTRE EUX ET NOUS”

ADELINE BOURG

La Fnars regroupe une centaine d’associa-tions s’occupant des centres d’urgence,dont Notre-Dame-des-Sans-Abri. Elle s’oc-cupe des personnes seules. “Les centresd’hébergement d’urgence sont des dortoirs.Ils ne sont pas adaptés pour des familles. Sinous en avons une, nous la logeons, puisnous la réorientons vers Habitat et huma-nisme”, précise Sandrine Runel, la déléguérégionale de la Fnars. Habitat et huma-nisme loge des familles. Pour cela, elleachète et rénove des logements car ellebénéficie de subventions des collectivitésterritoriales. Elle gère aussi des logementsde propriétaires privés qui lui confient leurappartement. En contrepartie Habitat ethumanisme s’engage à payer le loyer si lelocataire n’est pas en mesure de le faire.L’association travaille avec sept agencesimmobilières à vocation sociale. Depuisquelques années, elle travaille aussi avec leSecours catholique sur le train de nuit. Unde ses derniers projets est de regrouperdans un immeuble plusieurs générations quis’aideraient entre elles. Des étudiants dansle social travailleront pour leurs voisins, encontrepartie du logement

QUAND LES ASSOCIATIONSS’ENTRAIDENT

Tous unis malgré tout

I l y a trois ans, j’ai eu mon bac en Ethiopie avecde très bons résultats. Mon lycée délivrait desbourses aux meilleurs. J’en ai bénéficié, je suisdonc parti en France les mains dans les poches. Ilsse sont occupés de tout : les inscriptions, la fac etle logement. Ils m’ont trouvé une place en rési-dence étudiante à Lyon. Heureusement qu’ilsétaient là pour m’accompagner. Nous sommes

beaucoup à partir avec ce système, cela nous per-met de ne pas trop galérer pour trouver un appar-tement. Sinon, c’est très dur. Il faut un garant.Impossible quand on débarque et qu’on ne connaîtpersonne. Cette année ma petite soeur est arrivéeà Lyon pour ses études. Nous voulions nous mettreen colocation mais nos projets ont vite été stoppés.Nous n’avons pas les moyens de payer un loyer,même à deux. Elle a donc eu du mal à trouver untoit. Elle a habité illégalement dans ma chambrependant quelques jours jusqu’à ce qu’elle trouveune famille d’accueil. Elle garde leurs enfants enéchange d’une chambre. Repas copieux et écranplasma, elle s’en sort beaucoup mieux que moimaintenant !”

Nom: MENGESHAPrénom: SAMUELNationalité: ÉthiopienÂge: 21 ansFilière: ingénierie mécanique

PARCOURS

À Lyon, difficile de trouver un logement quand on ne parlepas bien français et qu’on ne connaît personne.Rencontre avec trois jeunes étudiants qui ne se sont pasdécouragés dans ce parcours du combattant.

MONDE

PAR AURÉLIE BEAU ET JULIEN BAUER

J’ai eu beaucoup de chance pour trouver unappartement sur Lyon. J’avais déjà deux amischinois sur place. Ils m’ont beaucoup aidé. C’esteux qui m’ont trouvé un studio dans une résidenceprivée. Il n’était pas de très bonne qualité mais çam’a dépanné jusqu’à ce que je trouve autre chose.Une fois installée, j’ai attendu d’être plus à l’aise,de découvrir Lyon et de mieux connaître la languepour trouver une colocation sur Internet. J’ai euencore beaucoup de chance puisque ma colocataireapprend le chinois. Je lui donne des cours, enéchange elle m’aide à perfectionner mon français.Son beau père s’est porté garant pour ma caution.Car c’est bien cela le plus difficile quand on estétudiant étranger. La plupart de mes connaissan-

ces qui sont arrivées à Lyon ont du mal à trouverun garant. Ils ne connaissent personne et n’ont pasbeaucoup d’argent. Pour les résidences étudiantesau CROUS, c’est encore plus dur puisque la listed’attente est longue. Moi, j’ai trouvé rapidementgrâce à l’aide de mes amis. Quand on débarquetout seul à Lyon, c’est quasiment impossible”

“ La liste d’attente est longue “

“ Sans garant, c’est très difficile “

Le Pointû6 décembre 200716

Étudiantsen galère

Samuel, 21 ans, étudiant en ingénierie mécanique

Nom: WANGPrénom: JIANationalité: ChinoiseÂge: 24 ansFilière: Mode et création

Chaque année, les universités lyon-naises publient un rapport sur l’ac-cueil des étudiants étrangers. En cinqans, leur nombre a augmenté de1,5%.Le Top 3 desorigines géographiques34% des étudiants étrangerssont Européens31% sont Africains19% sont Asiatiques

Le Top 3 desuniversités tournéesvers l’international30,9% des étudiantsétrangers étudient à Lyon 227% étudient à Lyon 121% étudient à Lyon 3

LYONLA COSMOPOLITE

MONDE

J ’ai des amis et dela famille enFrance, ça aide. Jeconnaissais le paysparce qu’avecmes parents nousvenions souvent. Jeparle le français couramment, je suis bilingue et c’est ce qui m’a sauvée !Quand j’ai décidé de partir à Lyon pour mes études, le logement a été maprincipale contrariété. Je ne voulais pas me retrouver seule dans unappartement, autant pour le coût que pour la vie. J’ai donc cherché surInternet, sur des sites de colocation. Je ne conseille à personne de repas-

ser par ce système. J’ai du envoyer une cinquantaine de demandes. Je mesuis heurtée aux fausses annonces et aux offres sans réponse. J’attendstoujours que certains me rappellent ! Après des jours et des jours derecherche, j’ai eu en tout et pour tout, douze réponses et neuf proposi-tions de visites. J’ai réussi à les « caler » sur une semaine. C’est commecela que j’ai trouvé ma colocataire. L’appartement est à son nom, sesparents sont les garants. Je suis quand même inscrite sur le bail pour queje puisse faire une demande d’APL. Pour payer ma part, je fais de l’aideaux devoirs six heures par semaine. Heureusement que je me débrouillebien en français sinon j’aurais eu des gros problèmes pour m’adapter ettrouver un logement. En France, c’est très compliqué, il faut des tonnes depapiers. Rien à voir avec l’Angleterre. Ca m’a vraiment choqué !“

“ Je me suis heurtée aux offres sans réponse “

“J’ai trouvé mon appartement en épluchant des annonces sur internet.Le problème à Lausanne, c’est qu’il y a peu de logements disponiblescomparé à la demande, donc beaucoup de gens sont candidats pour lemême appartement. Ensuite, ils choisissent sur dossier. Pour certainsappartements, il faut aussi avoir une adresse en Suisse, voire mêmeavoir un garant en Suisse, capable de payer et responsable en cas deproblème. Cela pose un problème pour de nombreux étranger. Sinon,pour les prix, c'est encore plus cher qu’à Lyon, c’est de la folie. Pourmon appartement de 55m2, je paie 1300 francs suisse par mois soitprès de 800 euros”Jean-Baptiste BOSSON, 21 ans, étudiant à Lausanne, Suisse“En Suède, il est vraiment facile pour un étudiant étranger de trouverun toît. Il n’est même pas nécessaire de chercher. Quelques mois avantle départ, il faut simplement remplir un formulaire de demande delogement auquel tu joins tes voeux de résidence ou si tu veux être avecquelqu'un. Il y a aussi à renvoyer plusieurs pièces justificatives pourobtenir un permis de résidence. Sans cela, ils peuvent te renvoyer chez

toi au bout de deux mois. Il y a différents types de colocations: de 5,de 6 ou de 12 personnes, de 2140 SEK par mois (env. 230 euros) à2670 (env. 290 euros). Pour ce qui est des appartements en eux même,ils sont vraiment bien agencés : une cuisine et un salon commun, unechambre individuelle meublée avec salle de bain et connexion inter-net”Adrien DUMAS, 21 ans, étudiant à Luleä, Suède

Jia, 24 ans, étudiante en mode et Alexandra, 21 ans, étudiante en langues étrangères.

À L’ÉTRANGER, LYONNAIS MITIGÉS...

Le Pointû 6 décembre 2007 17

Nom: TIDSWELLPrénom: ALEXANDRANationalité: AnglaiseÂge: 21 ansFilière: Langues étrangères

Avant le début des travaux, le taux de loge-ments sociaux dépassait 65%. L’objectif estd’atteindre la barre symbolique des 50% d’ici2012”. Bernard Genin, adjoint PC au logementde la ville est de ceux qui, dès le début, ont crua l’insertion par le logement. Un seul mot d’or-dre: “favoriser la mixité sociale”. L’enjeu decette métamorphose fut à la fois de stopper laghettoïsation, responsable du malaise socialmais aussi de rendre la ville plus attractive auxpromoteurs immobiliers. Pari gagné ?Cette volonté d’attractivité a un prix. Commentbaisser le taux de logements sociaux dans uneville où le revenu annuel moyen par habitantest d’environ 6000 euros ? Bernard Gaudin, res-ponsable du pôle urbanisme de la ville expliqueque la loi impose aux communes de plus de40% de logements sociaux, de reconstruire lamoitié des logements détruits. Cependant, 30%de ces nouvelles constructions seront gérés parl’office HLM. Il y aura donc moins de logements

sociaux. Même son de cloche du coté de la res-ponsable du service logement, Michèle Bel Hedi,avant de préciser que pour le maire, MauriceCharrier, ex PC: “le but est de conserver lemême nombre de logements sociaux”.Bernard Genin va encore plus loin en déclarantqu’il y aura même 100 logements sociaux deplus. Pas d’inquiétude donc. Sauf que depuisquelques temps des collectifs de locataires sesont mobilisés. Les Vaudais n’envisagent passereinement ces changements, et le relogementpose de sérieux problèmes. Une cinquantainede familles du secteur du Mas du Taureau et duPré de l’Herpe serait encore dans l’attented’une solution. Pour calmer les tensions et ras-surer les familles, Bernard Genin annonce une

nouvelle phase, qu’il appelle “construction-démolit ion-reconstruction”. Chacun seraitrelogé à Vaulx-en-Velin, avant même la phasede démolition. Pour Hélène Geoffroy, candidatePS aux municipales, “le projet est assez opa-que. Cependant, il ne faut pas y voir unemanière de chasser les pauvres, c’est plus unmoyen d’éviter que ceux qui s’en sortent et quiaccèdent aux classes moyennes, n’aient qu’unobjectif, quitter la ville”.Pour qu’ils restent et afin de favoriser la mixitésociale, une augmentation des accessions à lapropriété avec 2500 constructions est prévue.Avec un bémol peut être, le prix de l’immobiliergrimpe aussi à Vaulx en Velin, c’est le tarif pourredorer son image

ÉCONOMIE

Le Pointû 6 décembre 200718

La loi SRU, mode d’emploi

Pour favoriser la mixité sociale, l’article 55de la loi solidarité et renouvellement urbainoblige certaines communes à atteindre 20% delogements sociaux.Sont concernées celles d’au moins 1500 habi-tants en Ile de France et 3500 habitants en pro-vince. Chacune doit être comprise dans uneagglomération de plus de 50 000 habitantsdevant elle-même contenir une commune deplus de 15 000 habitants. Ainsi, Sathonay-vil-lage, dans l’agglomération lyonnaise, ne

compte que 6% de logements sociaux mais seu-lement 1700 habitants, et n’est pas concernéepar cette loi.Les communes n’ayant pas 20 % de logementssociaux ont une obligation de rattrapage.Depuis 2002, la Direction départementale del’équipement (DDE) leur fixe tous les trois ansune progression afin d’atteindre l’objectif des20% sur une période de 20 ans. La ville de Lyondoit ainsi construire 666 logements sociauxpour la phase 2005-2007.Si le chiffre est atteint, il n’y a pas de sanction.Sinon, une partie du budget de la commune estprélevée tous les ans par l’État. Ce prélèvementprend en compte le déficit de logements sociauxet le potentiel fiscal de la commune. Plus cedernier est élevé, plus le prélèvement aug-mente, et vice-versa.Le mode de calcul favorise les communes rési-

dentielles au pouvoir fiscal faible. Ainsi,Charbonnières ne paie que 50 000 eurosd’amendes en 2007 car son potentiel fiscal estmince. Le total de ces prélèvements ne doit pasdépasser 5% du potentiel fiscal de la commune.“Les communes prennent conscience que lelogement social ne correspond pas seulement àun empilement de barres et de tours pour descas sociaux”, explique Maxime Duplain, de laDDE. “On constate partout une réflexion descollectivités pour une production relativementforte de logements sociaux”.Mais certains maires continuent d’être àl’amende car ils refusent d’appliquer la loi.Ainsi en 2005, sur 720 communes françaisessoumises à la loi, un tiers avait réalisé moins de50% des objectifs de 20 % fixés. Dans les 50communes du Grand Lyon, la même année, 21ne respectaient pas le quota

MARJORIE MODI

DÉCRYPTAGE

L’article 55 est certainement le volet le plusmédiatisé de la loi Solidaritéet Renouvellement Urbain (SRU) de 2001.Pour ceux qui l’auraient raté,petite séance de ratrappage.PAR BRUNO PONCET

Vaulx-en-Velin, laboratoire d’urbanisme

© Fab

rice Ca

teriniSuite aux émeutes de 90,la municipalité a été contraintede métamorphoser la commune.Un pari osé pour améliorer le cadre de viedes habitants. Le moyen d’y parvenir:réduire la part de logements sociaux enfavorisant l’accession à la propriété.

Que pensez-vous de la loi SRU ? Catherine Clerc-Reybier : C’est une loi juste, seulement il faudrait voirau cas par cas. Charbonnières est une commune résidentielle, nousn’avons pas beaucoup de terrain. Sans parlerdu prix du mètre carré qui s’élèveà 6000 euros. Quels efforts faites-vous en cequi concerne la constructionde logements sociaux ? Pendant cinq ans l’ancienneéquipe municipale n’a rienfait. Nous sommes en placedepuis un an et demi. Lesprojets commencent àaboutir. Nous ne

voulons pas construire une barre HLM pour rentrer dans les quotas.Nous incitons les promoteurs à mettre des logements sociaux dans leursimmeubles. Ainsi, dans un immeuble en construction situé route deParis, 28 logements sociaux sont prévus. Nous insistons égalementauprès des propriétaires afin qu’ils mettent leur appartement en loge-ment social. Mais ils ont souvent peur de ne pas être payés. Enfin, lamairie dispose de certains logements communaux qu’elle entend fairepasser en logements sociaux. Cependant tout ceci a un coût et notrebudget est restreint, sans aucune aides de l’Etat ou des collectivitéslocales. La population de Charbonnières-Les-Bains ne craint-elle pas laconstruction de logements sociaux ?Si, elle émet une certaine réserve. La population a peur queCharbonnières ne soit plus aussi paisible qu’avant. Elle a besoind’être rassurée.

Payez-vous l’amende cette année ? Oui nous la payons et je pense que nous la payerons l’annéeprochaine. D’ici deux ans, grâce à nos différents projets,Charbonnières-Les-Bains ne devrait plus être sanctionnée

Répartition deslogements sociauxdans le Grand Lyonen 2006

0% à 10%

10% à 20%

20% à 40%

> 40 %

Genay318

St GermainN.C.

Neuville 954Curis

21Montanay

26Cailloux

20Fleurieu20

Albigny253Poleymieux

N.C.Couzon111

Limonest148

Dardilly389 Champagne

334Marcy l’Etoile

161

St Didier54

Ecully1312

Rillieux6304

Vaulx-en-Velin8893

La Tour deSalvagny

54

Font St M94

St Romain19

St Cyr95

Sathonay C631

Sathonay V18

9e

Fontaines s/S793

Collonges5

Rochetaillé105

7e

6e

5e

4e

3e2e

1er

Caluire3091

8e

Charbonnières117

Tassin741

La Mulatière661

Oullins1990

St-Genis-Laval1288

Irigny650

Pierre-Bénite1000

Vernaison372Charly

22 Solaize24

Feyzin920 Corbas

346 Mions429

St Priest5375

Chassieu471Bron

4822

St Fons3769

Vénissieux11548

Villeurbanne15987

Décines1997

Meyzieu1886

JonageN.C.

St Genisles Ollières

Craponne392 Francheville

479St Foy

949

ÉCONOMIE

Le Pointû 6 décembre 2007 19

PROPOS RECUEILLIS PAR ÉMILIE MARCHE

Charbonnières se défendLa commune ne compte que 6% de logements sociaux.Elle est donc pénalisée de 150 euros par logement manquant.Catherine Clerc-Reybier, adjointe au développement économiqueet à la vie sociale, revient sur cette situation délicate.

Source: DDE du Rhône

© Info

graphi

e: Julie

n Baue

r

2227

7189

12860

5009

12612442

8121

23462343

C’est dans le 9e arrondissement que leterme "boom immobilier" prend tout son

sens. Récemment, près de 400 logements sontsortis de terre et de nouveaux projets sontégalement en cours. À Gorge-de-Loup, le longde la rue Sergent Michel Berthet, 198 loge-ments, allant du T2 à la maison de ville sontdéjà habités. Des chantiers sont encore encours, comme la construction d'une résidenceétudiante de 164 appartements, faisant face à

l'Université Professionnelle InternationaleRené Cassin. En plein coeur de Vaise, à l'angledes rues Claire et Transversale, une résidencepour personnes âgées de 112 logements a étéinaugurée début novembre. Les autres quar-tiers du 9e ne sont pas en reste. Dans le quar-tier de la Duchère, une nouvelle résidence, laVilla des Sources propose 69 logements, dont21 pour la location sociale. De plus, deux nou-veaux programmes de logements ont démarré

le mois dernier, sur le Plateau de la Duchèreet sur les Balmes. Enfin, le quartier del'Industrie accueille 76 nouveaux logementsrue de la Sparterie, tout près de la Saône.D'autres projets sont en cours: d'ici trois ans,500 nouveaux logements dont 20% de loge-ments sociaux seront construits dans le quar-tier. Comptant déjà 50 000 habitants, le 9en'est donc pas près de freiner sa spectaculaireévolution urbaine et économique, entaméedepuis maintenant une dizaine d'années

U n seul être vous manque et tout est blo-qué. Car avant le boom actuel desconstructions, les promoteurs ont connu

un coup d’arrêt en 2001. Cette année là, unparticulier attaque en justice le plan d’occupa-tion des sols (POS), voté par le Grand Lyon. Cepropriétaire foncier de Craponne s'est en effettrouvé d’un seul coup en zone dite inconstructi-ble, la communauté urbaine de Lyon ayantmodifié les permis de construire sans en infor-mer le public au préalable.Finalement, le tribunal administratif de Lyondonne raison au plaignant. Résultat, le POS est

annulé, et les chantiers sont bloqués pendantplusieurs mois.Aujourd’hui cette affaire semble loin, mais sesstigmates sont eux, bien présents. Les promo-teurs de Lyon veulent absolument rattraperleur retard. Bilan des courses, ils lancent denombreux chantiers : un “boom” des construc-tions en plein coeur de Lyon.D’autres facteurs expliquent ce phénomène. Laloi de l’offre et de la demande marche à pleinrégime. Le principe est simple : un manque delogements grandissant, donc une nécessitéaccrue de construire. Mais sans trop en fairenon plus. Un excédent de logements ferait bais-ser les prix de l’immobilier, un scénario à évi-ter pour les promoteurs. Pour l’heure, la demande est en pleine expan-sion, conséquence du rayonnement nouveau deLyon sur la scène internationale, mais aussi dela réduction de la taille des ménages ou encoredu rallongement de la durée de vie. Autant

d’éléments synonymes de l’accroissement dubesoin en logements.Enfin, le “boom des constructions” ne concernepas tous les quartiers lyonnais. Certaines zonesn’ont plus de terrains disponibles. C’est le casde la presqu’île. D’autres sont en pleine muta-tion. Le quartier de La Duchère par exemple,attire de nombreux promoteurs locaux et natio-naux. “Avant, La Duchère n’était pas un quar-tier très attractif pour nous, explique EvelyneBouisset de la société Edifice à Lyon. Maisdepuis la mise en place de la TVA à 5,5 %, c’estdevenu très intéressant. Maintenant, les pro-moteurs ont la possibilité d’acquérir des ter-rains moins chers. Et c’est cela qui fait la diffé-rence”.Reste que la construction se fait là où il y a dela place, comme dans le 8e arrondissement, le9e (voir encadré ci-dessous) ou encore dans lequartier de Gerland. Des zones déjà investiespar les chantiers

ÉCONOMIE

Quand Lyon fait “boom”DPOTUSVDUJPOT

À Lyon, les chantiers truffés de pelleteusescôtoient des immeubles flambant neufs.Depuis quelques années, la ville connaît un“boom” spectaculaire des constructions.

Les pelleteuses ont envahi Lyon, comme ici, place Bellecour

PAR ADELINE BOURG

QUARTIERS: VAISE ET LA DUCHÈRE EXPLOSENT

Le Pointû6 décembre 200720

THOMAS DANTIL

© Fab

rice Ca

terini

B ut initial de la “maison à petit prix” : per-mettre aux ménages les plus modestes dedevenir propriétaires de leur pavillon. EtJean-Louis Borloo croit ferme-ment au projet. En octobre 2005,il annonce vouloir “produire”20 000 à 30 000 “maisons à100 000 euros” par an.C’était sans compter avec leprix du foncier. Le coût sou-vent très élevé des terrainsfreine en effet considérable-ment l’adhésion des com-munes et des différentsopérateurs (organismesHLM, SEM, promoteurs,constructeurs. - ndlr) auprojet. À ce jour, seule unetrentaine de communes ontengagé un programme de “maison à 100 000euros”. Selon l’Association française d’accessionpopulaire à la propriété (AFAP), anciennementappelée l’Association des “maisons à 100 000euros”, seulement 800 “maisons Borloo”devraient être livrées en 2008 (1). “Sans le ter-rain, une maison à 100 000 euros ce n’est pasextraordinaire à réaliser, mais pour construire,il faut un terrain viabilisé et gratuit que lescommunes ne se bousculent pas pour produire“

explique l’un des responsables de l’habitat dela Direction Départementale de l’Equipementdu Rhône (DDE). Ce dernier est bien placé pourle savoir, dans le Rhône une seule communes’est lancée dans l’aventure, Cours-la-Ville. Lamunicipalité a confié la réalisation du projet àla Société d’Economie Mixte (SEM) de la ville.“Nous avons déjà des acheteurs. La constructiond’une première tranche de cinq maisons débu-tera en 2008. Les clefs devraient être remisesdans le courant du premier trimestre 2009”,détaille Guy Foropon, président de la SEM. 100 000 euros, “un voeu pieu impossibleà réaliser”Le prix du foncier en périphérie des villes estbeaucoup trop élevé pour construire des “mai-sons à 100 000 euros”. Mais alorsque faire ? “Les collectivités oul’opérateur peuvent séparer lefoncier du bâti. Dans ce cas là nousaurons toujours une maison dite à 100 000 euros. Et lorsque l’acqué-reur aura fini de payer samaison, i l pourra alorsracheter son terrain”, expli-que Guy Foropon. Il s’agi-rait pour la commune d’appli-quer un bail emphytéotique, mais voilà,rien ne l’y oblige et “il est clair que lelogement n’est pas la seule mission des munici-palités et que ces dernières préfèrent souventinvestir dans d’autres choses, des besoinsnécessaires à la collectivité comme la créationd’une école, d’une crèche, d’un terrain desport, etc.”, souligne un responsable de la DDEdu Rhône.Admettons que l’on sépare le foncier du bâti,construire actuellement une maison à 100 000euros pile, est-il réellement possible ? Pas for-cément. Actuellement, hors terrain et avec des

techniques de construction très économes, leprix des maisons bon marché avoisine plutôt auminimum les 120 000 euros. Surtout depuis lemois d’octobre et l’arrivée d’une nouvelle loi.Cette dernière impose la mise en place d’instal-lations pour handicapés dans les pavillons des-tinés soit à la location soit à la cession, ce quiest le cas des maisons à 100 000 euros. Une loinécessaire et louable mais qui engendre desmètres carrés en plus et des détails de construc-tion supplémentaires (rampes d’accès etc.) doncdes coûts additionnels. Pour Guy Foropon, la“maison à 100 000 euros” reste doncaujourd’hui “un voeu pieu impossible à réali-ser”, en tout cas à Cours-la-Ville “Moi je n’yarriverai pas, je vous le dit tout de suite”

Des maisons :-d’une surface d’au moins 85 m2, sans aucunefinition restant à la charge de l’acquéreur-livrées “clefs en main” et “prêtes à vivre”-devant s’intégrer harmonieusement dans letissu urbain avoisinant par leur localisation etpar leur architecture-présentant des normes strictes en matière dedéveloppement durable-dont le prix doit inclure les honoraires du

notaire qui passe la vente, le coût de raccor-dement aux réseaux, le coût d'aménagementde la parcelle, le montant des taxes et desredevances (la TVA , la TLE (taxe localed'équipement), la TDENS taxe départemen-tale des espaces naturels sensibles), laTDCAUE (taxe départementale des conseilsd'architecture, d'urbanisme et de l'environne-ment), etc...-ndlr) ainsi que les frais d'acqui-sition et d'hypothèqueSource : extrait de la Charte de la « maison à 100 000euros » mise en circulation par le ministère de l’Emploi,de la Cohésion sociale et du Logement le 1er février 2006.

L’utopie des maisons à petit prixPROJET

En janvier 2005, Jean-Louis Borloo, alorsministre de l’Emploi, de la cohésion socialeet du logement, propose les “maisons à100 000 euros”. Une offre alléchante qui,à première vue, séduit. Pourtant, trois ansplus tard, on est très loin des objectifs fixés.

ÉCONOMIE

PAR RAPHAELE DJEBARI

QUID DES MAISONSÀ 100 000 EUROS

Le Pointû 6 décembre 2007 21

1. “Le Monde” du 16.11.07

COMMENT DEVENIRPROPRIETAIRETout d'abord, se renseigner auprès de sacommune pour savoir si des opérationsde maison à 100 000 euros sont prévues.Déposer ensuite sa candidature, sachant queles communes fixent des critères de sélec-tion. Il est possible d’accéder à la propriétéd'une maison à 100 000 euros de différentesmanières :-Directement. Lorsque par exemple l'im-meuble se trouve en zone de rénovationurbaine ouvrant droit à une subvention del'ANRU (Agence nationale pour la rénova-tion urbaine-ndlr) et à une TVA à 5.5 % quipermettent de diminuer le prix.-Par le biais d'une location-accession. Cemécanisme permet, dans un premier temps,d’être locataire du logement puis de s’enporter acquéreur. L'opérateur qui construitou achète auprès d'un promoteur la maisonà 100 000 euros bénéficie en effet d'un PSLA(prêt social de location-accession) qui ouvredroit à l'application d'un taux de TVA à5.5%.-Dans les zones où le marché foncier esttendu. Il est alors possible de se porteracquéreur du bâti dans un premier temps,puis, une fois le prêt du construit rem-boursé, de devenir propriétaire du terrainmis à disposition par la commune par lebiais d'un bail à constructionSource: Direction Générale de l'Urbanisme, de l'Habitatet de la Construction

L es mal-logés qui, passé la Saint-Sylvestre,s'imaginaient offrir à leur famille un toitplus digne peuvent remballer leur paque-tage. Annoncée par le gouvernement Filloncomme le remède miracle censé régler “d'unclaquement de doigts” tous les problèmes quigangrènent la question du logement, l'entréeen vigueur de la loi DALO ne changera proba-blement rien aux conditions d'hébergement despersonnes en difficulté. Pour bon nombre d'élusde l'agglomération lyonnaise et de responsa-bles de structures liées au logement, la com-plexité de la nouvelle procédure nécessaire àleur attribution et la pénurie qui touche le sec-teur de l'offre pourraient même aggraver lasituation. “La loi DALO, c'est de la poudre auxyeux pour endormir les gens”, prévient RaphaelMounier, directeur de la communauté Emmaüsde Lyon. “Elle a été élaborée dans la précipita-tion et personne n'y a vraiment été préparé”,analyse quant à elle Marie-Noëlle Fréry, avo-cate spécialiste du sujet. Avant d’ajouter: “Danscinq ans, cette loi n'existera plus”. Le ton estdonné.Une loi difficilement applicableEn tête des raisons qui semblent pousser la loi

DALO vers un échec notable, la plupart des spé-cialistes interrogés pointe le manque de ter-rains vacants, notamment dans les grandes vil-les et leurs agglomérations. C'est le cas àCaluire, Villeurbanne, et Lyon, où, hormis Vaise(voir p.20), les espaces nécessaires à laconstruction de logements sociaux se font rares.“Pour loger les familles en difficulté, il estnécessaire de construire des logements dont lesloyers sont en rapport avec leurs revenus”,explique Daniel Fayet, chargé de mission pourla mairie de Lyon. “Mais pour construire, il fautavoir de la place”. Même son de cloche à Ecully,où peu d'habitations destinées aux personnesen difficulté restent inhabités. “Dans la mesureoù il n'y a pas de logements disponibles, quel-les sont les possibilités pour les communes ?”,

s'interroge Martine Balsan, responsable duCCAS (Centre Communal d'Action Sociale) de laville. “D'un côté il y a la loi, et de l'autre laréalisation. À Ecully, il y a peu de possibilités deloger des gens”. Aux problèmes liés à l'offre, s'ajoute un impor-tant manque de moyens qui freine les commu-nes désireuses de financer de nouveaux projets.“À moins que l'État ne débloque de l'argent,cette loi me paraît difficilement applicable”,analyse François Beroud, directeur du dévelop-pement et du patrimoine de l'OPAC du GrandLyon (Office public d'aménagement et deconstruction). “À Lyon, nous sommes déjà aumaximum de nos possibilités. Nous ne pourronspas faire plus à moins qu'il y ait une réformepour encourager les financements et le recrute-

EN COUVERTURE

Le Pointû6 décembre 200722

Votée à la hâte en marsdernier sous la pression desassociations et du mouvementDon Quichotte, la loi DALOdoit entrer en vigueurà compter du 1er janvier 2008.Sur le terrain, rien ne laissepourtant présager la moindreavancée effective dans lasituation des mal-logés.Enquête.PAR BENOIT PAVAN

LOI SUR LE LOGEMENT OPPOSABLE

Pourquoi la loi ne

ment dans le monde du bâtiment". Un avis par-tagé du côté de l'Hôtel de ville de Lyon, où l'onne donne pas cher de la peau de la loi DALOsans un coup de pouce de l'État. “Un plan deproduction de logements sociaux sur cinq ansest nécessaire si l'on souhaite l'appliquer cor-rectement. Et pour cela, il faut que l'État mettela main à la poche", ajoute Daniel Fayet.Si l'application de la loi DALO implique uneimportante sortie d'argent pour les collectivités,il en sera de même pour les personnes bénéfi-ciaires de cette mesure. Pour un SDF, l'idée defaire appel à la justice paraît inconcevable,notamment en raison du coût engendré par unetelle opération. D'autant qu'à l'image des inter-minables files d'attente où patientent déjà 25 000 demandes de logements sociaux, les

démarches nécessaires pour y accéder s'appa-rentent à un parcours du combattant. “Pour lesmal-logés, un recours devant le tribunal admi-nistratif, c'est perdu d'avance”, argumenteMarine Fourié, coordinatrice des Enfants de DonQuichotte. “Aujourd'hui, si un SDF se retournecontre le Grand Lyon, il ne pourrase voir proposer qu'une place encentre d'hébergement. Alors ima-ginez s'il se retourne contre l'Etat!”. L'avocate Marie-Noëlle Fréryva même plus loin: “l'étape dutribunal administratif est inutile.Si la Commission de médiation netrouve pas de logements pour lesdemandeurs, le juge ne pourrapas le faire non plus. La procé-dure est complexe et risque dedécourager de nombreuses per-sonnes”.Rien de nouveau pour les mals-logésDans ce cas, la loi DALO ne serait-elle qu'unevulgaire opération de communication destinéeà faire taire le mouvement de l'hiver dernier ?Probablement, à en juger par les dires de cer-tains élus et responsables d'associations. “Ledroit opposable, c'est de la communication”,atteste Gérard Klein, directeur général de laSACVL (Société Anonyme de Construction de laVille de Lyon). “Pour moi, rien ne va changer.Des outils existent déjà pour améliorer la situa-tion”. À Lyon, les efforts pour loger les plusdémunis sont constants. Depuis sept ans, lesplaces en hébergement d'urgence ont considé-rablement augmenté. Certains centres d'accueilrestent même ouverts toute la journée. “Cen'est pas parce qu'on a une loi que les chosesvont changer d'un coup de baguette magique”,ajoute Daniel Fayet. “Nous n'avons pas attenduqu'elle arrive pour essayer de loger tout lemonde. Dans l'immédiat, nous allons créer denouvelles places d'hébergement. Puis, il faudraconstruire des logements sociaux traditionnelset développer l'accession à la propriété. Fairece que l'on fait déjà, en somme !”.Même la création, sur le terrain, de commis-

sions de médiation prônées par la loi, a déjàété anticipée. Compétentes pour désigner lespersonnes prioritaires en matière d'accès aulogement, elles feront office de relais entre lesdemandeurs de logements et les organismesbailleurs. À Rillieux-la-Pape, la municipalitéfait la course en tête en lamatière. Depuis 1995, toutesles demandes de logementfont l 'objet de réunionsbimensuelles avec les pro-priétaires. “En 1998, nousavons également créé uneinstance plus particulière quirépond tous les deux moisaux demandes des famillesles plus en difficulté”, ajouteCatherine Ravat, adjointe aulogement. “Elle regroupe denombreuses institutions tel-les que la Caf (Caisse d'allo-cations familiales), le Sial (Service InterAdministratif du Logement), le CCAS, le conseilgénéral, ou le Grand Lyon”. À la préfecture, lemême type de structure existe depuis 2002. “Ence qui nous concerne, les délais vont être extrê-mement longs”, explique Myriam Normand. “Jecrains des débordements. Aujourd'hui, je traite323 cas par an. Si demain, tout le monde peutnous saisir, il y aura deux fois plus de deman-des. Pour y arriver, nous ne pourrons que fairedu travail bâclé”.Une pression plus forte sur les communesReste que la loi semble avant tout être unmoyen de pression pour maintenir un rythmeélevé de construction de logements à loyersmodérés. Une contrainte qui, selon DanielFayet, pourrait être mal perçue par les commu-nes les plus en difficulté pour appliquer la loiSRU. “Toutes les pressions du monde ne change-ront pas la réalité. J'ai peur que la pressionexercée par l'Etat ne pousse les communes quifaisaient des efforts à jeter l'éponge. Il fautque l'application de cette loi soit conduite avecintell igence et doigté. Sinon ce sera pirequ'avant. C'est la conviction qui est bonne, pasl'injonction”

EN COUVERTURE

Le Pointû 6 décembre 2007 23

"Sur le principe, onapplaudit.Mais on craint unemesure appliquéede manière brutale,qui rendraitla situation pire quece qu'elle est déjà".Daniel Fayet,

chargé de missonà la ville de Lyon.

va rien changer©

Fabrice

Cateri

ni

L e droit au logement opposable (dite loiDALO), garantit un logement pour tous. Siune personne de nationalité française ourésidant en France de façon régulière ne vit pasdans un logement décent, elle peut désormaisfaire valoir son droit. À compter du 1er janvier,toute personne mal logée devra en premier lieuconsulter une commission de médiation. Si celle-ciconsidère que la demandeuse entre dans les critè-res, elle remettra sa demande au préfet. Ce der-nier doit lui trouver un logement. À défaut, ellepourra alors saisir le tribunal administratif. Dèsle 1er janvier, la loi concernera les personnes dansles situations les plus précaires (SDF, travailleurspauvres et femmes seules avec enfants). En 2012,toute personne mal logée ou vivant dans desconditions insalubres sera concernée par la loi. Le DALO est le résultat du mouvement des DonQuichotte de l’année dernière. Souvenez-vous,des tentes plantées à côté du canal Saint Martin àParis puis dans les grandes villes de France dontLyon, place Bellecour. Le leader du mouvementdes enfants de Don Quichotte, Augustin Legranddemandait un logement pour tous. Après de mul-tiples négociations avec le gouvernement, les ten-tes rouges se retirent des villes en échange de laloi pour le droit au logement opposable. Elle estvotée par une large majorité le 5 mars 2007.Dans l’emballement médiatique, tout est allé trèsvite. L’idée du droit au logement opposable n’estpourtant pas neuve. Dans un rapport de 2002, leHaut comité pour le logement des personnes défa-vorisées le propose déjà. En 2003, ATD QuartMonde crée une plate forme nationale en faveurde la création de ce droit. Elle rassemble 51 asso-ciations dont la fondation Abbé Pierre et le DAL(Droit au logement). Le 5 juin 2004 dans plusieurs villes de France, unemanifestation pour le droit au logement opposa-ble est organisée. L’actuelle ministre duLogement, Christine Boutin, avait déposé uneproposition de loi sur le droit au logement oppo-sable le 28 septembre 2005. Elle est restée sanssuite. En 2006, le gouvernement avait proposé leprincipe d’expérimentation volontaire de ce droitpar les collectivités locales. Cela n’a pas abouti.La même année au mois de mai, la proposition deloi des parlementaires socialistes sur la créationde la loi sur le droit au logement opposable estrejetée par le gouvernement. Le ministre de laCohésion sociale Jean-Louis Borloo considèrealors cette loi comme “prématurée et irréaliste”.Un an après, une loi identique est proposée…par le même gouvernement

S ur la droite, la salle de bain est unchamp de ruines: la moitié du murs’est écroulé dans la douche, le toit,lui se désagrège. Sans parler des fissures etdes fils apparents. Comment vivre danspareil endroit ? La famille Maouni n’aguère le choix. Depuis octobre 2005, ilshabitent à cinq dans cet appartement de21m². Un véritable cauchemar. Quinzejours après leur emménagement dans cetappartement “refait à neuf ” deVilleurbanne, ils constatent que le loge-

ment se dégrade. Les coups de pinceaux nesont que poudre aux yeux, et ce logis est enréalité insalubre. “Tout de suite, je suisallée voir le propriétaire”, expliqueSabrina Maouni, “mais il n’a rien vouluentendre. Il dit que c’est à l’assurance des’en occuper”. Alors le problème traîne enlongueur. Pendant ce temps, le plafond dela chambre se fissure. L’eau s’invite à l’in-térieur les jours de pluie et le cumulusdégringole entraînant une partie de la cloi-son dans sa chute. Sabrina réagit, multiplieles demandes de logement, mais en vain.“J‘ai vu plusieurs organismes de logementssociaux, l’OPAC du grand Lyon, la mairie deVilleurbanne ou encore le CIAL, mais ilsm’ont tous dit qu’il n’y a aucun logementdisponible et que ma situation n’est pasune urgence”. La loi DALO, promulguée en janvier pro-chain serait-elle la solution pour cette

EN COUVERTURE

Le Pointû6 décembre 200724

Cinq dans un minuscule appartement.Seule, sans eau ni électricité.Ils sont logés dans des conditionsindécentes et se battent pour que leursituation s’améliore. Rencontres.PAR ADELINE BOURG ET RAPHAELEDJEBARI

LE LOGEMENTDEVIENT UN DROIT “Je ne demande

ÉMILIE MARCHE

Depuis cet été, la douche estinutilisable. Toute la familleest contrainte d’aller se laverchez des parents

© Fab

rice Ca

terini

famille ? Sabrina n’y croit guère. Sceptique, ellene pense pas que ce soit l’Etat qu’il faille atta-quer. “De toute façon, les procédures judiciairesça prend du temps, et moi je ne peux plus res-ter ici. D’un autre côté, la loi n’a jamais étépratiquée, il faut voir ce que cela peut donner.Mais je pense qu’il serait préférable d’avoir lesmoyens d’attaquer le propriétaire. Car c’est luile fautif. Nous payons 320 euros de loyer pourun appartement délabré. Et si nous ne payonspas, il nous envoie les huissiers ! En revanche,nous n’arrivons pas à le contraindre à payerdes réparations. Il connaît très bien la loi, etsait comment la contourner”. Dernier espoir pour les Maouni, le 14 décembreprochain. Ils ont rendez-vous avec l’associationAVDL (Association villeurbannaise pour le droitau logement). Ils décideront alors ensemble sioui ou non, ils poursuivent le propriétaire enjustice.“Les ne vous inquiétez pas finissent par m’in-quiéter”Autre endroit, autre situation, même galère.Chez Amina, c’est simple, que ce soit l’électri-cité ou le système de canalisations, rien n’estaux normes. Depuis août 2005, date de son ins-tallation, cette jeune fille de 23 ans, lutte tantbien que mal contre la moisissure qui grimpesur les murs et les infiltrations d’eau. Sans par-

ler de la peinture qui s’écaille un peu partout,résultat d’une humidité persistante et omnipré-sente. “Au début j’ai fais des travaux à mesfrais mais au bout d’un moment on se rend vitecompte que ça ne sert à rien. C’est un réel pro-blème d’isolation et d’humidité. Normalementces travaux sont à la charge du propriétaire,mais il ne se décide toujours pas”. Un arrêtépréfectoral l’y oblige pourtant, mais rien n’yfait et personne ne semble s’en inquiéter. “Monpropriétaire avait cinq jours pour réagir mais iln’a rien fait. Le maire est censé faire exécuterl’arrêté mais il n’intervient pas, idem pour lesecrétaire général de la préfecture. Tout cequ’on me dit pour me rassurer, c’est faîtes uncourrier et patientez. Ce sont leurs continuelsne vous inquiétez pas qui m’inquiètent finale-ment”. Depuis le 17 octobre dernier, la situa-tion s’est dégradée. Plus d’eau ni d’électricitédans l’appartement. Enceinte de quelques mois,Amina résiste deux semaines dans ces condi-tions, mais le froid et l’humidité la contraignentà partir vivre ailleurs. Elle s’arrange. Tantôtchez des amis, chez la famille, à l’hôtel. Ouimais voilà, Amina est liée à son propriétairepar un bail et donc contrainte de continuer àpayer son loyer, 210 euros par mois. “Je suisbloquée, si je ne paye pas, il peut m’attaqueren justice”.

Mais Amina a du caractère et entend bien nepas se laisser faire. “Je suis la première àmener les démarches jusqu’au bout, les précé-dents locataires étaient des sans papiers ou desfamilles nombreuses qui n’avaient pas trop lechoix, alors ils ne prenaient pas le risque”. Et laloi DALO ? “Jamais entendu parler. Cela peut-être intéressant, si derrière il y a du résultat.Avant de parler d’une nouvelle loi et de nouvel-les procédures, aujourd’hui je souhaite seule-ment qu’on oblige mon propriétaire à me réta-blir l’eau et l’électricité. Je ne demande quandmême pas la lune”

Entretien avec Maître Marie-Noëlle Fréry, avocate à LyonQuelles sont les conditions juridiques requises pour bénéficier de la loiDALO ? Seules certaines catégories de personnes pourront saisir la commissionde médiation à partir du 1er janvier prochain. En priorité, des famillesen hébergement temporaire ou en cours d’expulsion. Des ménagesvivant dans des logements insalubres ou des personnes handicapées oufragilisées. Le texte prévoit cependant que les personnes soient debonne foi, celles, par exemple, qui ne payent pas leur loyer ne pourrontpas en bénéficier. Le 1er janvier 2012, la loi prend de l’ampleur etconcernera l'ensemble des demandeurs de logement social dont lademande dépasse un délai anormalement long. Saisir la Commission et mettre en marche une procédure a un coût. Dequelles solutions financières les familles ou les personnes demandeusesdisposent-elles ?Les demandeurs n’ont souvent pas les moyens de prendre un avocatpour se tenir au courant des procédures ou pour être aidés dans leursdémarches ou face à la Commission. Il existe pourtant une solution quepersonne ne connaît : le contrat de protection juridique. Il vous est obli-

gatoirement donné avec votre assurance civile. Si vous le souscrivez vouspouvez ainsi demander à être assisté d’un avocat pour n’importe quellesituation. Un avocat payé, bien sûr, par votre assurance. La présenced’un avocat n’est pas obligatoire lors du passage devant la Commissionde médiation. Cependant, les recours administratifs et la procédurejudiciaire sont complexes. La rédaction des dossiers nécessite des règlesprécises à respecter. Etre assisté d’un avocat est donc, à mon sens, indis-pensable à ce moment là. Justement, comment se passe la procédure administrative ? Après avoir saisi la Commission de médiation et si le demandeur seheurte à un délai d’attente trop important, il peut saisir le tribunaladministratif. Il n’y a alors aucune enquête ni audition. Le juge se baseuniquement sur les pièces du dossier du demandeur et contraint l’Etat àlui trouver un logement. Seulement, la décision du tribunal n’est pasexécutoire. Le plaignant peut très bien attendre des mois avant d’avoirun appartement. Il n’y a pas de délais. Le juge peut aussi condamnerune commune à payer des astreintes mais ce n’est pas une obligation(environ 50 euros par jour de retard-ndlr). Attention, le premier recoursjuridique devant le tribunal administratif ne pourra s’effectuer qu’àpartir de décembre 2008PROPOS RECUEILLIS PAR AURÉLIE BEAU ET RAPHAELE DJEBARI

EN COUVERTURE

Le Pointû 6 décembre 2007 25

Je ne demande pas la lune”

“ÊTRE ASSISTÉ D’UN AVOCAT EST INDISPENSABLE”

Image d’un autretemps.Amina se maquille àla bougie

© Fab

rice Ca

terini

Entretien avec Christine Boutin,actuelle ministre du Logement et dela Ville.Quel bilan dressez-vous de votre passage àLyon ?Le choix de Lyon répondait d'abord à une don-née conjoncturelle: la tenue des congrès del'Union sociale pour l 'habitat (USH), desnotaires et des promoteurs-constructeurs nousoffrait l'occasion inespérée de rassembler l'in-tégralité du monde du logement pour travail-ler sur des objectifs communs. Afin de mener àbien l'objectif gouvernemental de construire500 000 logements dont 120 000 sociaux, mapriorité consistait à créer une synergie. Plus detrente partenaires ont répondu à l'appel:groupes financiers, promoteurs, constructeurs,agents immobiliers, propriétaires et locatai-res; aucune marge du secteur n'a été négligée.Je leur ai donné l'occasion de s'exprimer et des'associer librement. Au final, une trentaine d'engagements ont puêtre conclus. Sans cette opération lyonnaise, cesont dix-huit mois qu'il aurait fallu pour parve-nir à ce résultat! Il me reste à présent à main-tenir le cap, et à préparer, en collaborationactive avec mes partenaires, le deuxième actedes "Réunions de chantier ".Très concrètement, qu'est-ce que l'entrée enapplication de la loi DALO en janvier 2008 vachanger pour les gens ?La loi instituant le droit opposable au loge-ment vise à répondre rapidement aux situa-tions humaines les plus délicates. C'est uneavancée sociale de grande ampleur, et commetelle, sa mise en œuvre soulève de nombreuxdéfis. D'abord, il y a clairement un défi structurel,puisque le DALO met en place des commissionsde médiation dont il va falloir assurer la bonneinstallation à partir du 1er janvier prochain.Les élus y participent aux côtés des bailleurs etdes associations, et leur rôle est essentiel, carces instances vont créer de véritables droitspour les personnes.Mais le principal problème réside dans l'écartprévisible entre l'offre et la demande de loge-ments. Ne présumons pas des orientations queprendront les commissions, mais il est bien évi-dent que dans l'état actuel des choses, levolume de certains contingents préfectoraux

risque de ne pas suffire à satisfaire les deman-des des ménages prioritaires. D'où un possiblerecours à des formules d'habitat temporaire,clairement inadaptées.Certains maires de l'agglomération lyonnaiseestiment que les effets de cette loi ne se ver-ront pas avant cinq ans. Qu'en pensez-vous ?L'engorgement de la chaîne du logement estun réel obstacle à l'application du DALO. Lesobjectifs fixés par le Président de laRépublique sont conçus pour répondre à cedéfi : construire vite, en nombre, afin dedébloquer l'offre de logements, et favoriserainsi la fluidité de la chaîne. J'ai la charge demener à bien cette politique, mais je ne pour-rai y prétendre sans le soutien des élus locaux.Je n'ignore pas que le DALO leur demande unecontribution exceptionnelle, et que certainsappréhendent logiquement sa mise en œuvre.Qu'ils sachent qu'on ne peut répondre à unesituation critique que par la mise en communde moyens eux-mêmes exceptionnels; qu'on nepeut entreprendre, sans l'accord des volontéset le renoncement aux intérêts partisans. LeDALO est une bonne loi, humaine et noble. Ellepeut devenir un instrument d'équité formida-ble, si tant est que chacun fasse un effort. Maisla raréfaction du foncier et les délais deconstruction exigent que l'on s'attelle rapide-ment à la tâche

EN COUVERTURE

Le Pointû6 décembre 200726

© Thi

erry V

allier

HABITAT ET HUMANISME :”Nousnous impliquons beaucoup danscette loi et nous ferons tout notrepossible pour qu'elle fonctionnecorrectement”.COMMISSION DE MEDIATIONDEPARTEMENTALE : MyriamNormand: “La loi est compliquée,elle a été faîte dans l'urgence.C'est une bonne chose mais il fau-dra bien un an pour que les cho-ses se mettent en place”.CHARBONNIÈRES : CatherineClerc-Reybier: “la loi est unebonne chose en soi par contre jene vois pas comment on pourraréellement l'appliquer”.

ALPIL : André Gachet: “Cette loiest un bon instrument pour luttercontre les problèmes de logementmais seule, elle est inutile”.SACVL: Gérard Klein “Pour moirien ne va changer. La loi risquesimplement d'accentuer l'engorge-ment dans les tribunaux”. CALUIRE : Robert Bouclon :“Elle ne sert absolument à rien,aujourd'hui, elle est difficilementapplicable”.

LOI DALO : PLUS OUMOINS FAVORABLE ?Réactions des acteurs dulogement sur le Grand Lyon

“Répondre rapidement aux situationshumaines les plus délicates”

PROPOS RECUEILLIS PAR RAPHAELE DJEBARI

Entretien réalisé par courrier électronique

CULTURE

C ela ne date pas d’hier, les squats traînenten France une sale réputation. Repaires depunks à chiens, taudis abritant toxicoma-nes, marginaux et autres gens dépravés, on atout entendu. Mais la réalité est à des kilomè-tres de cette “légende urbaine”. Et pour levérifier, pas besoin d’aller bienloin. À Villeurbanne, ruePaul Verlaine, setrouve Le Boulon.“Le Boulon, c’est unsquat installé depuistrois ans, ce qui est plutôtpas mal dans la durée,quand on voit le nombred’expulsions. C’est un vérita-ble lieu de vie, avec des activitésartistiques et culturelles commedes ateliers peinture, bricolage, desconcerts, des projections de films tousles jeudis, des soirées et des débats”,explique Mathieu Moulin. À 21 ans, ilest président de l’association Future Is Mine,qui participe à l’organisation de concerts et soi-rées punk/DIY (Do it Yourself) sur Lyon, Saint-Etienne et Clermont-Ferrand. “Le squat, c’estune part de la culture punk. Punk, c’est avanttout être engagé, impliqué dans une cause,

exprimer ses idées politiques à travers l’art etl’engagement personnel, de diverses façons:végétarisme, rencontres et échanges lors dedébats, expos ou concerts. Et le squat est lelieu, où, en plus d’abriter tout cela, on peutaussi se loger gratuitement. Squatter, c’estoutrepasser une loi liberticide qui est celle dedevoir payer pour avoir droit à un toit”. Voilà sans doute ce qui constitue l’un des fac-teurs de la mauvaise image des squats: c’estillégal. Il se forment dans des locaux à l’aban-don ou qui ne répondent plus aux normes desécurité françaises et européennes, donc vouésà être démolis. En attendant, les squatteurs s’yinstallent après avoir retapéles lieux de fond en comble.“Il est évident qu’en vio-lant une loi qui nousparaît injuste, les insti-tutions ne vont pasaller dans notresens, reconnaît

Mathieu.Mais c’est aussi ça la culture squat, punk etDIY: être indépendant, s’autogérer en nedépendant d’aucun pouvoir. On squatte deslocaux appartenant à la mairie sans leur auto-risation, donc à part une expulsion, c’est sûrque l’on n’a rien à attendre d’elle. Après, cen’est pas cela qui fait des squats des coupe-gor-

ges et les squatteurs des criminels. On estimejuste avoir le droit d’occuper un lieu vide pouren faire un abri, un lieu de vie, d’expression etd’échange. Est-ce que c’est un acte criminel ?“.À Lyon, bien qu’il soit difficile d’avoir un chiffreprécis, il y aurait une quarantaine de squats.Tous ne sont pas aussi importants que LeBoulon, mais chacun contribue à la survie de laculture alternative dans la ville, malgré uncontexte où les expulsions se multiplient.“Avant, en plus du Boulon il y avait d’autressquats aussi actifs, comme l’Insoleuse, égale-ment à Villeurbanne, et la Scierie à Lyon, maison s’en est fait expulser sans prévenir. Bon, onsait que l’on a toujours le couperet au-dessusde la tête, mais sans savoir vraiment quand ilva tomber, dit Mathieu. Après, on n’a plus qu’àtrouver un autre endroit et recommencer, avecl’aide des amis, des gens impliqués. On ne selaisse jamais démonter. Quand un squat fermeou ré-ouvre, les autres lieux autogérés soutien-nent aussi”. Effectivement, loin de se faireconcurrence, les autres lieux de Lyon, salles,ateliers, squats se serrent les coudes. Car ici, iln’est pas question de défendre son terrain ouson commerce, mais juste d’essayer de fairevivre le plus longtemps possible des endroits oùl’on peut trouver une autre forme de culture.“Les groupes et les associations se bougent pourorganiser des concerts ou soirées de soutien.Tout le monde apporte sa contribution. Il y aune vraie solidarité dans la scène alternative.Que t’ailles débattre au Boulon ou que tu jouesau Grnd Zero à Vaise, tu n’as pas envie quel’alternative meurt. On va tous dans le mêmesens, en l’occurrence à contresens de la culturede masse”. Bref, à Lyon, la scène alternativeaffiche une énergie, une volonté et un opti-misme qui laissent espérer que le mouvementsquat soit encore loin de toucher à sa fin

Espaces de création, de rencontres,et pas seulement logementspour activistes en galère, les squatsconstituent l’un des endroits clés de lascène culturelle alternative de Lyon.Les cerveaux y bouillonnent et les idées s’ydéveloppent sans cesse dans le but de pro-poser une autre vision de la culture.PAR THOMAS DANTIL

Le Pointû 6 décembre 2007 27

wayof life*

Squat

© Émilie Marvin* “Style de vie”

“êtreindépendant,

s’autogéreren ne dépendant

d’aucun pouvoir”

CULTURE

P etit retour en arrière. Vers 1820, les tisseurs quittent le VieuxLyon pour investir le quartier de la Croix-rousse. La raison dece déménagement : l’invention des métiers à tisser Jacquard.Cette nouvelle mécanique se place sur le métier à tisser, les ouvrierssont alors contraints de travailler dans des pièces à haut plafond,environ quatre mètres de hauteur.A cette époque, l’espace Est du plateau croix roussien est en friche,de nombreux immeubles y sont donc construits. Et en 1850, la col-line compte près de 25 000 habitants supplémentaires. À l’époque des canuts, les maîtres à tisser recrutent des compagnons

L’esprit canut

PAR AMANDINE COLLONGETTE

© Fa

brice

Cat

erin

i

Véritable curiosité architecturale,les immeubles canutsfont partie intégrantedu patrimoine et du paysage lyonnais.Derrière cette particularité enviéede la Capitale des Gaules,se cache bon nombre d’anecdotesissues de faits historiques.

Le Pointû6 décembre 200728

en grand nombre. L’objectif : améliorer leur productivité. Resteun détail à régler, où loger cette nouvelle main d’oeuvre ? Lechef d’atelier met alors en place des soupentes ou suspentes,plus communément appelées aujourd’hui des mezzanines.De leur côté, le chef d’atelier et sa femme disposent d’une alcôvepour leur intimité et d’une cuisine rudimentaire pour leur quo-tidien. Le strict minimum. À cette époque les loyers sont trèschers. Les chefs d’ateliers ne sont que de simples locataires et nepeuvent s’offrir le luxe de devenir propriétaires. Après 1860, Lyon perd son privilège. Les ateliers de tissage sontdélocalisés dans les campagnes françaises. La hauteur desappartements croix-roussiens devient accessoire, les habitants

les transforment alors en faux plafonds. Le meilleur moyen pouréconomiser de la chaleur.“Le quartier bobo de Lyon “C’est dans les années 1980-1990, qu’une population plus fortu-née vient s’installer à la Croix-Rousse. Elle donne un nouveaustyle aux anciens appartements canuts. Finis les faux plafonds,les poutres sont à nouveau mises en valeur. Le quartier devientplus “fréquentable”. Il n’est plus seulement considéré comme unquartier d’ouvriers. Ses nouveaux habitants viennent chercherune ambiance : l’authenticité, l’esprit de quartier, les marchés...La Croix-Rousse devient le quartier “Bobo” de Lyon

’esprit canut

Le Pointû 6 décembre 2007 29

CULTURE

À l’époque, les immeubles des canuts sontuniquement destinés au travail, c’estd’ailleurs la principale fonction des apparte-ments qui les composent. Les fenêtres, trèshautes, sont recouvertes de papier huilé, cequi empêche la lumière d’abîmer les fils desoie. Le style architectural est de type indus-triel, proche de celui des usines. L’intérieurest souvent très vaste, environ 1000 m2.

Les canuts mettaient du sable entre lespoutres. Cela permettait, en cas d’incen-die, d’éviter que le feu ne prenne trop vite etque les soieries brûlent. Encore aujourd’hui,il arrive aux habitants de ces immeubles, debalayer du sable. La cause ? Les poutres per-dent de leur pression et recrachent le sablede l’époque. Comme si l’esprit des canutsretombait un peu chaque jour…

Petite astuce: pour être certain que votreappartement soit de type canut, assurez-vousqu’il n’y a aucun ornement au niveau desouvertures. De plus, les logements authenti-ques n’ont ni balcon ni volet

PAROLES, PAROLES...

Remerciements à Robert Luc

I ls récupèrent l’énergie du rayonnement solaire dans le but de la trans-former en énergie utilisable par l’homme. Cela permet de réutiliser

cette chaleur pour des besoinsde chauffage et d'eau chaude. En fonction de la situation géo-graphique, l'intensité de l'éner-gie solaire disponible varie. Lechauffage solaire est néan-moins plus approprié pour leshabitations individuelles. Cessystèmes représentent une éco-nomie de 30 à 60% des besoinsannuels d'énergie pour lechauffage et l'eau chaude sani-

taire. Il faut savoir qu’une famille de quatre personnes en Rhône-Alpesqui utiliserait des panneaux thermiques pourrait réduire d'environ une

tonne ses émissions de gaz àeffet de serre. Cela lui per-mettrait aussi d’économiserenviron 2 000 kWh/an soitenviron 200 euros /an (parrapport à du propane ou del’électricité).La région Rhône-Alpes four-nit une aide financière pourcet investissement qui variede 300 à 2000 euros selon letype d’installation

La toiture végétale existe depuis la préhistoire… parce qu’à l’époque, on n’arien trouvé de mieux question isolation. Aujourd’hui les toits verts sont d’utilité

publique. Assez en vogue dans les pays scandinaves et au nord de l’Europe, lestoits végétalisés arrivent peu à peu chez nous. Pourquoi ? L’intérêt est multiple.

Pour la biodiversité de nos villes, c’est une aubaine, puisque ces îlots de ver-dure offrent aux animaux et aux plantes un havre de paix dans un envi-ronnement urbain qui leur est hostile. Les échanges entre espèces, indis-pensables à leur survie y sont favorisés, en plus d’offrir à la faune et àla flore plus d’espaces de vie et de déplacements, sans empiéter sur lesnotres.Les toits végétaux nous offrent un air de meilleure qualité en fixant lespoussières et les pollens, en plus de leur intérêt esthétique.

Enfin, ils permettent de réduire les coûts d’isolation et lesdépenses en matière de santé et de nettoyage, et, si

vous êtes propriétaires, offrent une plus-valueconsidérable à votre bien. Enfin, des études mon-trent qu'un tel environnement augmenterait la

productivité de ses occupants de 5 à 15 %

TENDANCESÉCO-LOGIS PAR STÉPHANE ROUSSET ET AMANDINE COLLONGETTE

Le Pointû6 décembre 200730

Un autre cheval de bataille des écologistes,c’est l’eau…jusque dans votre maison. De

plus en plus rare, elle est aussi de plus en pluschère, et c’est surtout au niveau du porte-feuille que la récupération de l’eau de pluiedevient intéressante.Car l’eau tombe gratuitement sur tout lemonde et un investissement raisonnable (unecuve en béton, une pompe et un bon élémentde traitement pour filtrer l’eau et la distribuerdans toute la maison) vous permettra rapide-ment de faire des économies substantielles(200 à 250 euros par an). De plus, en récupé-

rant et en stockant l’eau de pluie dans une cuveen béton, elle s’adoucit naturellement : lessubstances de l’eau de pluie réagissent avec lescomposants du béton qui mettent les sels miné-raux en solution. Grâce à cette opération l’aci-dité disparaît. Ne reste plus qu’à la distribuerdans toute la maison… et sa douceur naturellepermet une utilisation plus légère des déter-gents !Enfin, l’eau de pluie permet de préserver lesnappes phréatiques qui sont déjà à un niveaucritique durant les périodes estivales

La pluie au robinet

Cîme-City

Suivez les panneaux

Les Gaulois pen-saient que le ciel

pouvait leur tomber sur latête…Et bien une maison, à Lyon, pourrait leur donner des raisons d’y croire unpeu plus. À l’origine de cette immense bâtisse bourgeoise enchâssée dans unimmeuble moderne, nulle fantaisie d’architecte. Située au 53, boulevard desBrotteaux dans le 6e arrondissement, cette grande demeure est née du désir d’unindustriel (Rolland Valla) de la Belle Epoque d’habiter à proximité de son entre-prise, une usine de graisses minérales qui se trouvait à l’angle du coursLafayette et de la rue Ney. Menacée par le féroce appétit de promoteurs immobi-liers à la fin du XXe siècle, elle ne doit sa survie qu’à la ténacité de ses occupantset au coup de foudre de l’architecte des Bâtiments de France. Surtout, elle futsauvegardée grâce à sa situation géographique et son environnement : le siteclassé monument historique de la gare des Brotteaux. Les promoteurs ont doncpersévéré pour construire, oui, mais autour. Depuis un siècle, son intérieur n’adonc pas bougé

Ce n’est un secret pour personne, se loger à Lyondevient de plus en plus difficile. Entre des loyers qui

crèvent le plafond et des surfaces réduites à peau dechagrin, les temps sont durs. Voilà une maison qui

devrait alimenter le débat. Située dans le très chic6e arrondissement, comme coincée entre deuximmeubles, la menue bâtisse du 28, avenue duMaréchal-Foch peut sans conteste, avec ses mai-gres 35 mètres carrés, revendiquer le titre officielde “la plus petite maison de Lyon”. Elle futconstruite par les Hospices civils de Lyon (alorspropriétaires d’une grande partie de la rive gau-che) au milieu du XIXe siècle, après la destructionde l’ancienne église de la Rédemption. Église qui

sera reconstruite de 1867 à 1877, de l’autre côtéde l’avenue. Le loyer y est de 500 euros/mois. Le

bail est d’une durée de 3 ans. Aujourd’hui, per-sonne ne vit dans cette maison construite sur deux

étages ; mais une agence immobilière haut de gammevient de s’y installer

INSOLITETENDANCES

Petite rose...

Autre habitation insolite - donc forcé-ment de plus en plus prisée - la péni-

che. Habiter au bord de l’eau possède sescharmes, et pourtant c’est loin d’être unlong fleuve tranquille. Premièrement, ilvous faut trouver un emplacement libre.Or depuis 2006, ce sont les maires quidécident de l’attribution des places destationnement. Qui plus est, l’emplace-ment ne vous appartient pas et la placen’est pas transmissible. Compter 150 à600 euros par mois pour le “loyer”. Pourceux qui osent amarrer sans autorisation,l’amende est salée : 150 euros par jour.Deuxièmement, il vous faudra avoir un

bon pactole de côté: toute aménagée,une péniche se monnaye dans les 300 000 euros. Et les prix flambent. Tousles dix ans, vous devrez vérifier l’étan-chéité de la coque : 5000 euros ; et larepeindre pour éviter la corrosion. Unfond de cale à refaire, et c’est 30 000euros à débourser. Et ce sans compter lesimpôts, la taxe d’habitation…Habitersur une péniche n’est donc pas forcémentune si bonne affaire. Mais vous aurezdroit à un lot de consolation : en lieu etplace des traditionnels “vide greniers”,les propriétaires de péniches organisentdes… “vide cales”

Pénichement vôtre

En

boîte !

PAR FABRICE CATERINI

Le Pointû 6 décembre 2007 31