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LE P ARODIEN Mercredi 16 décembre 2009 l l www.leparodien.fr «Les drames sans images, sans visages, ont peine à atteindre la conscience collective» - Jacques Chirac Peut mieux faire PLAN GRAND FROID Prix : 1€00 Johnny Halli- day, le portrait Pinera, le triomphe page 14 page 16 p. 13 p. 4 Handball La victoire de la classe biberon Playmobil Jouet préféré depuis 35 ans Immigration De nouvelles expulsions page 6 DR

Le Parodien du 16 décembre

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Le journal des étudiants de l'ISCPA du 16 décembre, avec pour dossier spécial le plan Grand froid 2009.

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Page 1: Le Parodien du 16 décembre

LE PARODIENMercredi 16 décembre 2009 l l www.leparodien.fr

«Les drames sans images, sans visages, ont peine à atteindre la conscience collective» - Jacques Chirac

Peut mieux fairePLAN GRAND FROID

Prix : 1€00

Johnny Halli-day, le portrait

Pinera, letriomphe

page 14page 16

p. 13p. 4

HandballLa victoirede la classebiberon

PlaymobilJouet

préféré depuis 35 ansImmigration

De nouvelles expulsions

page 6

DR

Page 2: Le Parodien du 16 décembre

Mercredi 16 décembre 2009

Second Noël de crise, l’inquié-

tude est de mise. Chargé de

Mission hébergement au mi-

nistère des Affaires sociales, Pascal

Noblet assure que la crise n’aura pas

de conséquences sur le plan Grand

froid de cet hiver. « Le niveau 2 du

plan a été décrété. Ce qui veut dire

que 5 000 places vont êtres créées,

et que les accueils de jours seront

désormais ouvert la nuit pour les

sans-abris jusqu’à la fin de l’hiver».

Si le niveau 3 est déclenché, c’est

près de 8 000 places qui seront dis-

ponibles dans divers lieux publics

(6000 places en 2007, à peine plus

en 2008). Cet hiver, cinq gymnases,

trois mairies et six véhicules munici-

paux seront mis à disposition.

Crise ou pas crise, le plan Grand

froid est rôdé. Même avec une chute

plus que brutale des températures,

les structures de chaque départe-

ments ont rapidement été mises en

place.

Mobilisation gouvernementale in-

suffisante

« Chaque année le plan Grand froid

monopolise toutes les équipes de tra-

vail. Le but étant de sauver le plus de

vies possible », précise Pascal No-

blet.

Malgré cela, la semaine dernière, six

personnes sont décédées dans la rue.

Ce mardi, un nouveau décès est

venu s’ajouter à ce triste constat.

Selon le décompte des « Morts de la

rue », la mort de ces sans-abris porte

à 327 le nombre de décès cette

année.

Pour réduire le nombre de décès dûs

au froid et à la misère, les mesures du

plan Grand froid sont nombreuses. Le

115, numéro d’urgence, permet de

contacter le Samu pour signaler les

sans-abri (en 2008, 400 000 appels

reçus). Les gymnases, casernes, et au-

tres bâtiments publics, dits héberge-

ment de « mise à l’abri » peuvent être

ouverts. Et enfin, les maraudes des as-

sociations Emmaüs, Les enfants du

canal, l’association Aux captifs de la

libération et Aurore.

Malgré tout, de nombreux SDF re-

fusent encore et toujours de se faire

aider. Passer une ou plusieurs nuits

entassés les uns sur les autres, la peur

de se faire voler ses affaires, telles

sont les raisons qui les poussent à

vouloir rester dans la rue.

Didier Cusserne, délégué général

d’Emmaüs, estime que son associa-

tion est là pour offrir ce que les pou-

voirs publics et les ministères

n’offrent pas. A Paris, Emmaüs pré-

voit 3 000 places, précisant, pour aller

dans le sens des sans-abris récalci-

trants, que les conditionsd’héberge-

ment sont souvent dérangeantes

Une organisation retravaillée

chaque année

Depuis 2005, chaque mois de no-

vembre, des réunions ont lieu une

fois par semaine entre le service mé-

téorologique et les responsables mi-

nistériels du plan Grand froid.

« Chaque année, une circulaire est

rédigée avant le lancement du plan.

On l’envoie aux préfets des régions

et des départements, pour qu’ils or-

ganisent les structures d’accueil et

d’hébergement dont ils disposent »

explique Geneviève Castaing, Ins-

pectrice générale des affaires sani-

taires et sociales.

Si le nombre de places proposées par

le ministère augmente chaque année,

ce n’est jamais assez. Cette année,

les églises et les mairies de quartiers

ouvrent leurs portes aux plus dému-

nis.

L’organisation et le déploiement du

plan Grand froid ne présente pas de

failles apparentes. Mais à y regarder

de plus près, si les logements tem-

poraires d’urgence déployés pour le

plan Grand froid répondent à la de-

mande, le manque de place dans les

logements sociaux est toujours aussi

important. Et en avril, quand le plan

s’arrêtera, il y aura toujours autant de

gens à la rue. Et pas uniquement à

cause de la crise

.PB

2

Les Dossiers de la rédaction - SOCIETE

DR

Le niveau 2 du plan Grand froid se généralise enFrance. Un plan d’urgence qui n’a pas été affectépar la crise économique. Mais qui reste perfectible.

Plan grand froid, édition 2009EDITORIALPar Grégory Rozières

Alors que les températures

chutent, on a l’occasion de voir

que les plus démunis sont tou-

jours à la rue, alors qu’il y a

deux ans - une éternité - Nico-

las Sarkozy leur promettait de

leur trouver un logement à

tous. N’ayant pas réussi à pré-

venir, le gouvernement veut

guérir. Lancement d’un plan

grand froid bien huilé, associa-

tions à l’appui, c’est promis, la

crise économique n’influen-

cera pas l’aide accordée à ceux

qui n’ont rien. Mais la question

la plus importante n’est peut-

être pas de savoir si l’Etat peut

engager les même moyens

qu’a l’accoutumé.

L’année 2009 a été marquée

par une destruction d’emploi et

une augmentation de la pau-

vreté comme on n’en a pas

connu depuis 10 ans. Et la ten-

dance n’est pas à la baisse. Un

tel climat ne risquerait-il pas

d’entraîner une hausse du

nombre de SDF? La question

mérite d’être posée. Pourtant,

aucun responsable politique ni

aucune association ne soulève

ce point. Les victimes du froid

ne seraient pas celles de la

crise, affirme le gouvernement.

Espérons-le, car si le finance-

ment du plan Grand froid n’a

pas diminué en 2009, il n’a pas

non plus augmenté.

Page 3: Le Parodien du 16 décembre

Mercredi 16 décembre 2009 3

Selon quels critères décide-t-

on de mettre en place ce plan

grand froid ?

Les critères sont normalement

liés à la température. A côté des

critères météorologiques, il s’agit

en réalité d’un ensemble d’ap-

préciations beaucoup plus sub-

jectives et complètement

politiques. Les responsables po-

litiques se mettent à ouvrir des

centres d’hébergement complé-

mentaires lorsqu’ils ont peur

d’être embêtés par des citoyens

touchés par la situation des per-

sonnes sans abris. En novembre

2008, quand on a découvert des

morts dans le bois de Vincennes,

la population s’est largement

émue de la question. Les res-

ponsables politiques ne pou-

vaient pas passer à travers et ont

décidé à ce moment là, précisé-

ment, d’ouvrir des places d’hé-

bergement précaire. Ces places

ont ensuite été fermées au mois

de mars, lorsqu’il s’est mis à

faire un peu plus beau.

Le niveau 2 du plan grand

froid est-il en passe d’être dé-

crété à Paris ?

Oui. D’autant que la mise en

place des dispositifs liés au grand

froid sont l’objet de décisions

quotidiennes. Ce plan consiste à

ouvrir des places d’hébergement

supplémentaires, qui ne sont

malheureusement pas des vraies

places d’hébergement mais plu-

tôt de mise à l’abri. Les cinq

gymnases ouverts par la munici-

palité représentent 290 places

supplémentaires. Tous ces dis-

positifs qui sont mis en place du-

rant l’hiver mériteraient d’être

transformés en véritables places

d’hébergement. 2150 places

d’hébergement précaires sont

prévues pour cet hiver. Il en fau-

drait le même nombre en per-

manence. Car, les personnes

sans abris n’ont pas besoin d’être

à l’abri uniquement quand il fait

froid.

Remarquez-vous tout de

même des avancées en matière

de politique d’hébergement et

de logement?

Il y a un nouveau ministre en

charge du logement (Benoît Ap-

paru a remplacé Christine Bou-

tin en juin 2009), qui se démène

pour essayer de changer les

choses. Mais, à l’heure actuelle,

on ne voit pas arriver les moyens

concrets qui permettraient la

mise en œuvre d’une nouvelle

politique. Le problème de fonds

n’a pas été résolu : plus personne

ne doit être contraint de dormir à

la rue.

En mai 2006, Nicolas Sarkozy

déclarait que s’il était élu, il

souhaitait que « d’ici deux ans

plus personne ne soit obligé de

dormir sur le trottoir et d’y

mourir de froid »…

La promesse n’est pas tenue. Il

disait encore l’année dernière

que chaque personne devait pou-

voir être accueillie, avoir une

chambre, prendre une douche…

Malheureusement, ces chambres

n’existent pas, ces douches

n’existent pas. Cela fait partie

des discours que les hommes po-

litiques tiennent régulièrement.

Une bonne volonté qui ne donne

pas les moyens aux plus exclus

de trouver une place dans la so-

ciété.

Propos recueillis par

Laurence Texier

Une maison dans la rueL’affaire de la mise en ligne des courriels des chercheurs du CRU (Centre de Recherchessur le Climat) a parasité l’ouverture du sommet de Copenhague lundi. Les climato-scep-tiques ont saisi l’occasion pour décrier les études menées sur le réchauffement climatique.

Ils sont nombreux ce matin

ceux qui poussent la porte du

35 rue Bichat. Un café, un thé,

une douche chaude et des vête-

ments à laver, tous viennent dans

le même but. Avec la mise en

place du plan grand froid dans de

nombreux départements, tout s’ac-

célère. L’endroit a été réquisi-

tionné et huit lits seront installés à

la hâte comme premières mesures

d’urgence. Pour l’heure, le centre

est ouvert de 9 heures à 12 heures

30. Paradoxalement, la fréquenta-

tion ne semble pas plus importante

avec l’arrivée de l’hiver. « Les

centres d’accueil de nuit offrent

des petits-déjeuners, les personnes

viennent moins dans notre centre.

D’habitude 140 personnes font la

queue depuis six heures du matin »

confirme Dominique, un des édu

cateurs.

L’ambiance qui règne dans la salle

d’accueil est plutôt sereine. Les

hommes qui sont là sont majori-

tairement Afghans. Peu d’entre

eux parle le français. Ahmade

Omid est en France depuis cinq

ans après son départ d’Afghanis-

tan, un passage par Calais et une

détention en prison, il dort sur une

péniche trouvée par l’association

Emmaüs. « Je prend des cours de

français ici pour réussir à m’en

sortir. Ici on nous aide juste pour

le logement » explique-t-il.

« Etre français ne suffit pas »

Une fois arrivé, les sans-abris

s’inscrivent sur une liste pour pou-

voir prendre une douche, aller sur

internet et consulter un médecin.

En attendant, tout le monde se re-

trouve autour d’une boisson

chaude. Certains se parlent, se re-

trouvent, d’autres observent, si-

lencieux. Pour Marjorie, 31 ans,

être une Française dans la rue n’est

pas plus facile pour s’en sortir: « Il

existe surtout des centres pour les

hommes exclusivement ou pour les

femmes avec des enfants ».

Après avoir passé quatre années

dans la rue, la jeune trentenaire a

trouvé un appartement mais une

histoire d’amour l’a reconduit

dans la rue. « Il faudrait un vrai

budget consacré à la réhumanisa-

tion des SDF, mais ça ne rapporte

pas donc l’Etat s’en fout », juge

Marjorie avant de partir en quête

d’un logement pour la nuit.

Johanna Amselem

SOCIETE - Les Dossiers de la rédaction

A plan grand froid, petits effets. A l’heureoù les thermomètres plongent dans le néga-tif, Didier Cusserne, délégué général del’association Emmaüs, dresse un état deslieux sans concession de la politique de l’hé-bergement en France.

« Il faudrait 2150 placesd’hébergementen plus »

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Reportage

Page 4: Le Parodien du 16 décembre

Mercredi 16 décembre 20094

Election

Le score au premier tour

des élections présiden-

tielles au Chili, di-

manche dernier, de Sebastian

Pinera n’est pas une victoire

de la droite à proprement par-

ler. C’est une victoire person-

nelle. Déjà parce que,

économiquement parlant, le

système n’a pas changé de-

puis Pinochet. Il est depuis

longtemps libéral. Augusto

Pinochet avait développé, dès

1974, un néo-libéralisme à la

chilienne composé de privati-

sations, de déréglementations,

de libéralisations et de poli-

tiques monétaristes. Depuis,

la Concertation de gauche au

pouvoir n’a fait que poursui-

vre ces actions menées par la

junte militaire.

Ce n’est pas, à proprement

parler un retour de la droite.

En réalité elle a toujours été

au coude-à-coude avec la

gauche. Le 15 janvier 2006,

Pinera échoue face à Mi-

chelle Bachelet avec un

score de 46,5 % des

voix mais si on avait cumulé

les résultats des deux

candidats de droite, ils au-

raient devancés la gauche.

Un combat de personnalité

A ce stade, ce n’est plus de

politique dont on parle, c’est

de la personnalité des

hommes en campagne. Alors

qu’elle quitte le pouvoir, Mi-

chelle Bachelet garde une po-

pularité record : 75 à 80 %

dans les sondages récents.

Une estime qui n’a pas profité

au principal candidat du cen-

tre-gauche, Eduardo Frei.

« Pinera est quelqu’un qui re-

présente le changement, ex-

plique Sebastien Velut,

professeur à l’Institut des

Hautes Etudes de l’Amérique

latine, contrairement à

Eduardo Frei qui a déjà été

président…. Et qui n’est pas

très charismatique. »

Le vainqueur du premier tour,

lui, fascine. « Pinera c’est

surtout l'investisseur princi-

pal de LAN, d'une chaine de

télévision hertzienne, et de

l’équipe de foot COLO-

COLO, c'est l'équipe n°1 du

pays ..., décrypte quant à lui

Xavier Bezelin, expatrié de-

puis quelques mois à Valpa-

raiso. Ces entreprises

fonctionnent et les gens par-

tent de ce constat pour croire

qu'il va aider le Chili. Une

bonne partie de la population

regarde sa chaine de télévi-

sion et est influencée par ses

programmes. » Le personnage

n’est pas sans rappeler Sylvio

Berlusconi : le même pouvoir,

le même charisme… les

mêmes scandales financiers.

Celui dont la fortune est éva-

luée à 1,2 milliard de dollars

est aussi surnommé "la loco-

motive."

C’est donc une bataille qui se

joue entre deux hommes plus

que deux programmes, et qui

n’est pas encore finie.

« Certes Pinera a remporté le

premier tour avec 44 % des

voix, mais il ne possède au-

cune réserve de voix théo-

rique », précise Sebastien

Velut.

Eduardo Frei qui a obtenu

29,62% des voix, peut, quant

à lui, espérer récupérer les

voix du candidat indépendant,

Marco Enriquez-Ominami (un

ex-socialiste) et du commu-

niste Jorge Arrate. Ils engran-

geaient, au terme du premier

tour du scrutin, respective-

ment 20,12% et 6,21% des

suffrages. Le résultat de jeudi

n’est donc pas écrit d’avance.

Pinera, le Berlusconi chilien Sebastian Pinera a devancé Eduardo Frei de presque 15 points, lors du premier tour desélections présidentielles au Chili. Les deux hommes aux tempéraments diamétralementopposés connaitront leur sort demain. D’ici là, toutes les suppositions sont permises.

Le Parodien monde

« Entre

Pinera et

Frei, on

peut

compter

les voix,

pas les

dollars »

Trois question à... Guil-

lermo Saavedra

Guillermo Saavedra est

vice-président de la cham-

bre Franco-chilienne du

commerce et de l’Industrie.

Il présente les points forts et

les faiblesses des candidats

en lice à la présidentielle.

Pourquoi est-ce que la po-

pularité de Michelle Ba-

chelet n’a pas profité au

candidat de centre gauche,

Eduardo Frei ?

Frei est déjà passé par le

pouvoir et il n’a pas su mar-

quer positivement le pays. Il

est vu comme un homme

peu intelligent, intéressé

aux affaires et aussi riche

que Pinera. On peut comp-

ter les voix entre les deux

hommes, mais ce n’est pas

sûr qu’on puisse compter de

la même façon les dollars.

Que pense les gens de Pi-

nera ?

Il est plutôt synonyme de

réussite… Il faut dire que

depuis Pinochet, la culture

politique, qui était très im-

portante au Chili, a beau-

coup perdu. Tous les médias

sont contrôlés. Par exemple,

Pinera a été impliqué dans

plusieurs scandales finan-

ciers, … ce qui est pratique-

ment passé sous silence lors

de la campagne électorale.

Alors, c’est un vote sans

surprise qui se joue ?

On peut quand même rele-

ver la percée d’Enriquez-

Ominami. Plus qu’une

victoire personnelle, cela

montre surtout le rejet du

peuple pour la Coalition de

gauche, qui n’offre plus au-

cune alternative. Mais il

n’était pas prêt à être pré-

sident… pour le moment.

Sebastian Pinera, le Berlusconi chilien fascine grâce à

sa réussite personnelle.

Marie Koenig

DR

MK

Page 5: Le Parodien du 16 décembre

Mercredi 16 décembre 2009 5

Grèce

Un plan radical pour éviter le naufrage

Au bord du gouffre

avec un déficit qui de-

vrait atteindre 12,7 %

du PIB cette année (alors que

les critères de Maastricht im-

posent un maximum de 3% du

PIB), la Grèce se retrouve

dans l’obligation de couper

dans les grandes largeurs.

«Nous devrons tous perdre de

notre confort», a prévenu

Georges Papandréou. Le Pre-

mier ministre a annoncé lundi

des «mesures douloureuses»

destinées à «éviter le nau-

frage». Premier poste

concerné, les dépenses de

santé. Celles-ci seront dimi-

nuées de 10 % dès l’année pro-

chaine. Par ailleurs, seuls les

fonctionnaires gagnant moins

de 2000 euros par mois pour-

ront prétendre à des augmenta-

tions de salaire supérieures à

l'inflation. Parmi les autres

mesures, la rigueur sera parti-

culièrement de mise pour le

secteur bancaire. Les banques

publiques ne verseront aucun

bonus alors que ceux du sec-

teur privé seront taxés, eux, à

hauteur de 90%.

«Papandréou a aujourd’hui

les mains libres pour annoncer

de telles mesures» explique

Chloé Anne Vlassopoulou, en-

seignant-chercheur à la faculté

de Droit et de Science Poli-

tique d’Amiens. «Pour la po-

pulation, les chiffres catastro-

phiques de l’économie

nationale, avec une dette qui

pourrait atteindre 125% de

son PIB l'an prochain, justi-

fient à eux seuls ces décisions

drastiques. D’autant plus que

la majorité des Grecs estiment

que la situation actuelle est

imputé en grande partie au

gouvernement conservateur,

qui a laissé la corruption et

l’évasion fiscale se dévelop-

per». Autre mesure phare, la

Grèce va procéder à la privati-

sation d'actifs publics non es-

sentiels à l'Etat et introduire

une taxe sur les bénéfices du

capital et les compagnies off-

shore. Mais la partie n’est pas

gagnée pour autant. Au pou-

voir depuis octobre, le gouver-

nement socialiste de

Papandréou devra surtout en-

rayer le déficit de crédibilité

qui touche actuellement le

pays. La semaine dernière, les

agences de notation (insti-

tuions chargées de noter la sol-

vabilité des Etats) ont à

nouveau baissé la note de sa

dette à long terme en la faisant

passer de A- à BBB+.

Vincent Girard

Pour ramener le déficit public sous la barre des 3 % du PIB d'ici 2013, le Premier mi-

nistre Georges Papandréou a annoncé lundi le lancement d’un plan national. Les dé-

penses de santé seront réduites de 10%, les bonus bancaires taxés à 90% et une rigueur

salariale sera mise en place dans la fonction publique.

Le Parodienmonde

DR

Page 6: Le Parodien du 16 décembre

Mercredi 16 décembre 200966

Immigration

Silence, on expulse !

Eric Besson n’a pastenu parole : un nou-veau charter d’Af-

ghans devait prendre sonenvol hier, direction Kaboul.Mais cette fois-ci, la recon-duite passe presque inaper-çue. Le Ministère del’Immigration s’est fait ex-trêmement discret sur lesujet, si bien que c’est la Ci-made (service d’aide aux mi-grants) qui a dévoilél’information le week-enddernier. Selon l’association,une des seules habilitées à in-tervenir dans les centres derétention, 9 Afghans détenusdepuis une vingtaine de joursà Coquelles et 2 autres Af-ghans retenus à Lille, se se-raient vu notifier, samedi,leur renvoi par la police auxfrontières (PAF).

Le 21 octobre dernier, trois

Afghans arrêtés lors du dé-

mantèlement de la « jungle »

de Calais avaient été ren-

voyés avec 24 autres mi-

grants dans leur pays, lors

d’un vol groupé organisé par

Londres et Paris. La nouvelle

avait suscité une véritable

polémique et s’était propagée

dans les médias et le débat

politique à une allure fulgu-

rante. Le ministre des Af-

faires Etrangères Bernard

Kouchner s’était même dés-

olidarisé de son collègue.

Face à cette déferlante mé-

diatique, Eric Besson avait

réagi et assuré qu’il n’y au-

rait « pas d’autres retours

dans les jours qui viennent si

la situation continuait à se

dégrader » en Afghanistan,

pays toujours en guerre. Le

ministre aurait-il changé

d’avis ? Il est resté en tout

cas bien silencieux, refusant

de confirmer ou infirmer les

propos de la Cimade. C’est

Claude Guéant, le secrétaire

général de l’Elysée, qui a

confirmé le vol, mardi matin

au micro de RTL, ajoutant

qu’il ne voyait pas « pour-

quoi la France ne le ferait

pas, alors que le Royaume-

Uni reconduit chaque année

plus d'un millier d'Afghans».

Confusion programmée ?

Eric Besson souhaitait-il évi-

ter de salir un peu plus son

image déjà bien ternie ?

C’est ce que semble penser

Vincent Lenoir, secrétaire

général de l’association

Salam (Soute-

nons Aidons

Luttons Agis-

sons pour les

Migrants) : «

Je pense qu’il

voulait éviter le battage mé-

diatique de la dernière fois »,

assure-t-il. Mais bien plus

que le silence, c’est le men-

songe que déplore la Cimade.

L’organisation estime que les

Afghans « ont été trompés

par plusieurs de leurs inter-

locuteurs – dont un juge qui

leur avait indiqué qu’ils

n’avaient rien à craindre ».

Autour de cette confusion –

programmée ? – la mobilisa-

tion a du mal à se mettre en

place. Certes, certaines asso-

ciations, comme Salam, ont

appelé à manifester et sont

descendues dans les rues de

Calais dès dimanche soir, de-

vant le centre de rétention de

Coquelles, pour s’opposer au

renvoi des onze Afghans.

France Terre d’Asile et le

MRAP (Mouvement contre

le racisme et pour l’amitié

entre les

peuples) ont

é g a l e m e n t

c o n d a m n é

tout renvoi

forcé. Mais

le mouvement ne connaît pas

l’ampleur de la dernière fois.

« On a appris la nouvelle sa-

medi matin seulement, ex-

plique Vincent Lenoir. Il a

donc été difficile de mobili-

ser les gens. » Peut-on parler

d’indifférence ? « Pour moi,

c’est surtout une indifférence

de la part des médias qui ont

peu relaté l’information. Et

si la population n’est pas in-

formée, elle ne peut pas se

mobiliser ».

Cette tiédeur dans la mobili-

sation s’explique aussi par la

période : « Noël n’est jamais

favorable », déplore Vincent

Lenoir. Enfin, cette recon-

duite n’est plus une première

: « La dernière fois, il y a eu

plus d’échos car c’était un

précédent ; aujourd’hui le

tabou est déjà brisé. »

« Protection temporaire »

Malgré tout, quelques voix se

sont élevées. Françoise Hos-

talier, députée UMP du Nord,

a sollicité un moratoire au

président de la République et

au ministre de l’Immigration

afin de retarder le renvoi des

onze réfugiés en Afghanistan

« tant que la sécurité n’y

sera pas assurée ». Le Parti

socialiste enfin, a demandé,

lundi, la mise en place d’une

« protection temporaire »

pour les Afghans réfugiés.

Silence volontaire de la part

d’Eric Besson ou couac gou-

vernemental, la confusion a

en tout cas servi à étouffer

dans l’œuf le mouvement de

contestation contre les char-

ters d’Afghans. Ce qui ne

sera pas pour desservir le

plan de communication de

l’Elysée.

Laura Beheulière

Un nouveau charter d’Afghans devait décoller hier vers Kaboul, avecà son bord onze migrants. Alors que Claude Guéant a confirmé lanouvelle, le ministre de l’Immigration demeure silencieux.

Le Parodien social

Onze Afghans vont être expulsés dans les prochains jour.

« Les Afghans ontété trompés parplusieurs de leursinterlocuteurs »

Page 7: Le Parodien du 16 décembre

Pas de reprise pour le

RER A. Les syndicats et

la direction de la RATP

ont tenté hier, en vain, de trou-

ver une issue au mouvement

social entamé il y a six jours

sur la ligne A du RER. Face à «

un vrai blocage et une provo-

cation de la part de la direction

», le mouvement pourrait

même s’intensifier estime Mi-

chael, un conducteur de métro

syndiqué à la CGT. La ligne B

du RER a d’ailleurs rejoint les

rangs des grévistes ce mardi.

Mais avec un impact bien

moindre pour les usagers. En

moyenne, 75 % des trains ont

circulé tout au long de la jour-

née. « Le mouvement est entre

les mains de la direction. Les

conducteurs ne cesseront pas

pour Noël à moins que la di-

rection ne décide de nous écou-

ter », estime Fabien Cortes,

délégué à Sud-RATP. Remon-

tés, les syndicats de la RATP,

unis pour réclamer une prime

de 120 à 150 euros par mois

pourraient bien faire parler

d’eux quelques temps encore.

Et faire mentir l’adage prési-

dentiel selon lequel « quand il

y a une grève en France, per-

sonne ne s’en aperçoit ».

Beaubourg tient tête au Minis-

tère de la culture. Quatre se-

maines que le Centre

Pompidou demeure portes

closes. Le personnel du musée

avait initié le mouvement le 24

novembre pour protester contre

les suppressions d’emplois pré-

vus dans le cadre de la Révi-

sion générale des politiques

publiques (RGPP). Alors que le

Louvre, l’arc de triomphe et

autres musées et monuments

nationaux ont rouvert, le

musée du centre parisien tient

le piquet de grève et prévoit de

rembourser les billets pré-ven-

dus.

Fronde autour de Delanoë.

10% des agents municipaux de

la ville de Paris étaient hier en

grève selon la mairie de Paris.

Le mouvement lancé par une

intersyndicale rassemblant

CFDT, CGT, CFTC, FO, visait

à protester contre la politique

sociale de Bertrand Delanoë,

concernant l’évolution de car-

rière minimum et la gestion des

effectifs. Une grève express,

qui n’a eu que peu de consé-

quences pour les Parisiens

puisque seules 41 crèches

étaient fermées sur les 439 que

compte la capitale.

Les enseignants battent le

pavé. 13,39% de grévistes en

primaire et 12,26% dans les

collèges et lycées. La journée

de mobilisation des ensei-

gnants a réuni hier des organi-

sations du secteur éducatif et

de l’enseignement supérieur,

autour de manifestations dans

plusieurs villes de France.

Objet de leur mécontentement

: la réforme de la formation des

maîtres, qui prévoit notamment

une réduction des stages. Il

s’agissait d’« une première ac-

tion pour prendre la tempéra-

ture », estime Thierry Cadart,

secrétaire général du CGEN-

CFDT. Si le mouvement risque

fort de ne pas survivre aux va-

cances scolaires, de nouvelles

actions sont à prévoir une fois

passée la trêve de Noël.

Les distributeurs d’argent en

panne sèche ? C’est ce qu’il

pourrait bien se passer, dès le

21 décembre si le personnel

chargé d’alimenter les distribu-

teurs automatiques de billets

n’obtient pas la prime de risque

qu’il revendique, au même titre

que les convoyeurs de fonds.

Une panne de liquidités qui

pourrait elle aussi venir gâcher

les fêtes, à Paris comme en

province.

Laurence Texier

Mercredi 16 décembre 7

Mobilisations

Pas de trêve à la grève A dix jours de Noël, le climat social n’est pas à la fête. Tour d’horizon des grèves et desmobilisations en cours où à venir.

Le Parodiensocial

Trois questions à Alain

BeszinAlain Beszin est délégué dé-

partemental de la branche

RER de Force Ouvrière (FO).

Quelle est la situation ac-

tuelle après six jours de

grèves sur le RER A ?

On ne peut pas dire qu’on

aille vers une sortie. Nous

avons une base de négocia-

tion claire mais l’entreprise

(RATP) a opté pour un autre

chemin de discussions. Lors

des négociations d’hier, les

syndicats et la direction sont

restés bloqués sur leurs posi-

tions. Le mouvement ne fai-

blit pas. Les trains ne sont

d’ailleurs conduits que par

des cadres. Il doit y avoir un

ou deux conducteurs non gré-

vistes, et encore, je ne suis

pas sûr. Les assemblées se

sont réunies ce matin. Elles

ont décidé à l’unanimité que

le mouvement sera reconduit

au moins jusqu’à demain [au-

jourd’hui, mercredi].

En lançant un mouvement

de cette ampleur à la veille

des fêtes de fin d’année,

l’objectif est-il comme l’a

affirmé Roger Karoutchi de

« profiter des fêtes » ?

Non, puisque la probléma-

tique a émergé il y a plus

d’un an et demi. La situation

aurait très bien pu être réglée

aujourd’hui, mais l’entreprise

n’a pas voulu discuter aupa-

ravant.

Pensez-vous que la multi-

plication des conflits so-

ciaux puisse remettre en

cause l’idée d’une trêve de

Noël ?

Même si nous sommes le

moteur de quelque chose qui

va arriver, nous restons cen-

trés sur notre conflit social. Il

y a un raz le bol général qui a

été aggravé par les méthodes

de management, la gestion

purement comptable d’entre-

prises. C’est le cas de la

RATP, qui a complètement

oublié le personnel.

Le RER A roulera-t-il pour

Noël ?

Aujourd’hui, on a atteint un

tel niveau de motivation et de

la colère vis-à-vis de la direc-

tion qu’on risque de faire

durer le conflit. Noël ou pas.

LT

« On risque de faire durer le conflit Noël ou pas »D

R

Page 8: Le Parodien du 16 décembre

Mercredi 16 décembre 20098

Investissement

«Notre pays a troplongtemps négligéson enseignement

supérieur, alors que c’est la cléde notre compétitivité future » adéclaré Nicolas Sarkozy, lundilors de la conférence de pressepour lancer le grand emprunt.

Cette intervention fait suite à la

remise du rapport, le 19 novem-

bre, de la commission Juppé-Ro-

card chargée de définir les

priorités stratégiques de l’inves-

tissement. Le chef de l’Etat a

énuméré les différents secteurs

qui bénéficieront du grand em-

prunt. Le numérique, le dévelop-

pement durable, l’industrie, la

recherche et dans une grande

partie –à hauteur de 11 milliards

d’euros- l’enseignement supé-

rieur.

Pour financer cet investissement,

l’Etat va emprunter 22 milliards

d’euros sur les marchés finan-

ciers et les 13 autres milliards

proviennent des sommes que

l’Etat avait prêté aux banques

pendant la crise financière.

Campus d’excellence

Près de 8 milliards d’euros se-

ront consacrés à l’ouverture

« d’une dizaine de campus d’ex-

cellence», qui permettront, à

terme, aux universités françaises

« d’accéder à l’excellence mon-

diale », selon Nicolas Sarkozy.

Les universités ne toucheront pas

les fonds propres mais les reve-

nus qui s’en dégageront. Tou-

jours dans cette optique,

l’investissement prévoit plus

d’un milliard d’euros pour

« compléter et accélérer le plan

campus », le regroupement

d’Université en pôles de forma-

tion et de recherche. Mais pour

Thierry Cadart, secrétaire géné-

rale du CGEN-CFDT , « c’est un

réel problème. Le choix politique

est de privilégier uniquement les

grandes structures ». Même s’il

ne conteste pas le besoin de

synergie en matière de formation

et de recherche, il craint « l’ins-

tauration d’un système d’univer-

sité à deux vitesses ».

De l’aveu même du chef de

l’Etat, cet investissement s’ins-

crit dans le long terme. Pourtant,

un milliard d’euros vont être dé-

bloqués « immédiatement » pour

permettre la création d’un gigan-

tesque campus à Saclay (voir

l’encadré ci-contre). Enfin, pour

les internats d’excellence, 500

millions d’euros seront destinés

à l’apprentissage, avec la créa-

tion de 20 000 postes supplé-

mentaires.

L’ambition de Nicolas Sarkozy

est de doter la France « des meil-

leures universités du monde »,

mais quid des universités qui ne

seront pas d’excellence ? Thierry

Cadart souhaite qu’un processus

de discussions s’établisse.

Les universités au cœur du grand empruntPrès d’un tiers des 35 milliards d’euros du grand emprunt seront consacrés à l’enseignement supérieur, tout du moins àune dizaine de campus. Les prémices d’une université à deuxvitesses ?

EN BREF

Moins d’impôts pourle CAC40Les 40 plus grosses socié-tés françaises paient 2,3fois moins d’impôts sur lesbénéfices que les petiteset moyennes entreprises,selon un rapport duConseil des prélèvementsobligatoires. L’organismepublic révèle que quandune PME paie 100€, uneentreprise du CAC 40 en

acquitte 43.

10 milliards pourDubaïAbu Dhabi a accordé unprêt de 10 milliards dedollars à son voisin en dif-ficulté, Dubaï. Cette an-nonce rassure lesinvestisseurs. Ce prêt per-met à l’émirat d’épongerune partie des dettes de safiliale immobilière. Le 24novembre, Dubaï avait re-connu ses difficultés à

rembourser ses créanciers.

Prix du gaz inchangéen janvierLe prix du gaz restera in-changé au 1er janvier. Il estnormalement réévaluétous les trois mois. Le gou-vernement s’est entenduavec le groupe GDF-Suezpour que la hausse ne sur-vienne pas en plein hiver,mesure qui aurait été im-populaire. En revanche, onne sait pas à quand est re-

poussé cette hausse.

Le Parodien économie

Nicolas Sarkozy :

« Saclay, une Sili-

con Valley à la fran-

çaise »Lors de sa conférence de

presse de lundi, le président

a annoncé sa volonté de

créer un grand pôle d’excel-

lence, sur le plateau de Sa-

clay (Essonne). Près d’un

milliard d’euros seront al-

loués à la création de ce

pôle. D’après Nicolas Sar-

kozy, cet ensemble, calqué

sur le modèle de « la Silicon

Valley » (ndlr : zone où se

concentrent les industries de

la recherche et des technolo-

gies de pointe en Californie),

regroupera des universités

et des écoles de prestiges,

formant ainsi un campus

d’excellence. Paristech (Po-

lytechnique, HEC), l’école

centrale de Paris, l’école

normale de Cachan et l’Uni-

versité Paris XI formeront,

entre autres, les structures

de ce pôle d’excellence dans

l’enseignement et la re-

cherche. Au niveau des en-

treprises, Saclay est déjà à

la pointe de la recherche : le

CEA (Commissariat à l’Ener-

gie Atomique) est implanté

sur la commune.

JVC

Sté

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Julien Van Caeyseele

Page 9: Le Parodien du 16 décembre

«Ala veille de Noël,c’est difficile dansbon nombre d’ex-

ploitations ». Le président dela Fédération Nationale desSyndicats d’Exploitants Agri-coles (FNSEA), Jean-MichelLemétayer, a tiré la sonnetted’alarme lundi sur France-Info.Et les chiffres lui donnent rai-son : le revenu agricole moyena baissé de 34 % en 2009 selonles comptes prévisionnels pu-bliés lundi par le ministère del'Agriculture. Il est estimé à 1 200 euros par mois. Les pro-ducteurs laitiers sont les plusdurement touchés car leursrentrées d’argent ont baissé demoitié par rapport à l’année2008. Ils gagnent moins qu’unSMIC à l’année. La chute duprix de vente des produits ex-plique ce coup dur. Exceptionnotable, le revenu des produc-teurs de vins de table et de paysainsi que celui des éleveurs debovins ont progressé respecti-vement de 39% et de 17%.

Un plan jugé insuffisant

Le temps où le revenu des

agriculteurs atteignait 28 500

euros en 2007 est bien loin.

Pire, la situation est catastro-

phique en élargissant le laps de

temps étudié. Le revenu des

agriculteurs a baissé de

50 % en deux ans. Consé-

quence, il est inférieur au-

jourd’hui à celui du début des

années 90. Le ministre de

l’agriculture, Bruno Le Maire,

a même estimé en août dernier

que l’agriculture traverse sa

pire crise depuis les trente der-

nières années. Pour endiguer

cette chute, un plan a été pré-

senté le 27 octobre dernier par

Nicolas Sarkozy. Un des trois

volets du dispositif prévoit la

distribution d’un milliard

d’euros de prêts et de 650 mil-

lions d’aides. Pas de quoi sa-

tisfaire Jean-Michel

Lemétayer : « On verra très

vite que le plan de soutien an-

noncé par le gouvernement ne

sera pas suffisant. Il ne faudra

pas que le gouvernement hé-

site un instant à accroître l’en-

veloppe concernant le soutien

aux producteurs ».

Sombre avenir

Et ça presse. Les perspectives

d’avenir ne sont pas encoura-

geantes. Les prix agricoles

étaient toujours orientés à la

baisse en décembre 2009 selon

les chiffres du ministère de

l’agriculture. De plus, la date

fatidique de 2013 approche à

grands pas : La Politique Agri-

cole Commune (PAC) sera ré-

formée. Et tous les

observateurs s’accordent à dire

que les agriculteurs français,

bénéficiaires du dispositif ac-

tuellement, seront les grands

perdants de cette refonte.

Bruno Le Maire en est

conscient. Il a organisé une

réunion à Paris le 10 décembre

dernier avec 21 de ses homo-

logues européens pour souli-

gner son attachement à la PAC.

François Perrigault

Mercredi 16 décembre 2009 9

Crise

Le spleen des agriculteursLe revenu des travailleurs de la terre a chuté de 34 % en 2009.

Réforme

La dette américaine dépasse le seuil autorisé par la loiConfronté à une dette abyssale, qui le rend hors-la-loi vis-à-vis de sa propreConstitution, l’Etat américain va être obligé de changer sa législation.

Le montant de la dette

fédérale américaine

contient quatorze chif-

fres. Le 13 décembre, celle-

ci s’élevait à plus de 12

104,215 milliards de dollars,

soit plus de deux fois le pro-

duit intérieur brut (PIB) de la

Chine. La loi fixe au-

jourd’hui la limite à 12 104

milliards, le dépassement est

donc de 215 millions de dol-

lars. Une somme « symbo-

lique » à l’échelle des

Etats-Unis, mais qui illustre

bien l’état des finances pu-

bliques américaines.

Pour ne plus être hors-la-loi,

les démocrates ont proposé

ce week-end d’augmenter à

nouveau ce plafond, pour le

porter à 14 000 milliards

cette fois-ci. Sinon, l’Etat

devrait tout simplement arrê-

ter de fonctionner. Cette me-

sure devrait être effective

d’ici la fin de l’année.

Le plafond de la dette améri-

caine est fixé par la loi de-

puis 1917. Celui-ci avait déjà

été augmenté par Barack

Obama en février dernier, en

même temps que l’adoption

du plan de relance écono-

mique de 2009. Néanmoins,

cette dette n’est pas seule-

ment imputable à la crise

économique. Pour les années

2005, 2006 et 2007, elle s’est

accrue de deux milliards de

dollars par jour ouvrable.

Pour 2008, ce chiffre a at-

teint 4 milliards perdus quo-

tidiennement.

Anthony Mansuy

économie Le Parodienéconomie

Mo

x0

7/flic

kr.co

m

Année Dette américaine (en milliards de dollars)

2007 8,9502008 9,9852009 12,867 (est.)2010 14,456 (est.)2011 15,673 (est.)2012 16,656 (est.)2013 17,440 (est.)2014 18,350 (est.)

Chiffres : bureau du Budget du Congrès des Etats-Unis

Les agriculteurs ont montré leur mécontentement à Strasbourg le 1er

octobre dernier

Page 10: Le Parodien du 16 décembre

Mercredi 9 décembre 200910

Reportage

« Ca devient de plus en plus une chasse à l’islam »

«J’attend d’un jeune mu-

sulman qu’il ne parle

pas verlan et qu’il ne

porte pas sa casquette à l’envers. »

C’est la contribution de Nadine

Morano au débat sur l’identité na-

tionale.

La secrétaire d’Etat chargée de la

famille et de la Solidarité, Nadine

Morano, s’est exprimée, hier, lors

d’un débat sur l’identité nationale.

A la question d’un jeune homme

sur la compatibilité entre l’islam et

la République elle a répondu que «

Moi, ce que je veux du jeune mu-

sulman, quand il est français, c’est

qu’il aime son pays, c’est qu’il

trouve un travail, c’est qu’il ne parle

pas le verlan, qu’il ne mette pas sa

casquette à l’envers ». Des propos

déjà qualifié de «consternants » par

Benoît Hamon, porte-parole du

parti socialiste.

Cette déclaration arrive après la pro-

fanation de la mosquée Bilal de

Castres. La façade a été souillée

d’insultes racistes. Des pieds de co-

chon suspendus au portail et des

oreilles accrochées à la porte. Des

actes condamnés par la commu-

nauté musulmane comme l’ex-

plique l’imam Nordine de la

mosquée de Combs-la-Ville (77) :

«Tous les musulmans sont choqués

et condamnent ces actes racistes et

islamophobes ». Cette profanation

fait écho au débat actuel sur l’iden-

tité nationale ainsi qu’au référen-

dum sur l’interdiction de la

construction des minarets en Suisse.

Des discussions qui, selon l’imam

présentent un danger de stigmatisa-

tion : «On assiste à une montée de

l’islamophobie et ces discussions ne

font que l’attiser. C’est un faux

débat, il ne faut pas confondre inté-

gration et religion. Ca devient de

plus en plus une chasse à l’Islam ».

« L’islam, une religion

qui fait peur »

Les musulmans craignent une

montée de l’islamophobie. « Ce cli-

mat vient des amalgames. L’islam

fait peur et les gens l’associent sou-

vent au terrorisme, Les médias ont

trop souvent diabolisé cette religion

» dénonce Salif Keita, un musul-

man français pratiquant d’origine

malienne. Il revendique une com-

patibilité possible entre le culte reli-

gieux islamique et l’intégration en

France.

Ces profanations ont été condam-

nées par d’autres institutions reli-

gieuses comme le Conseil

Représentatif des Institutions Juives

de France (CRIF) qui, dans un

communiqué, espère que « les van-

dales seront arrêtés rapidement et

condamnés avec la plus grande sé-

vérité». De son côté, le président de

SOS Racisme, Dominique Sobo,

menace de demander aux préfets

une « interdiction sur la tenue de

ces discussions (concernant le

débat sur l’identité nationale) pour

risque de trouble à l’ordre public.»

Johanna Amselem

Entre l’interdiction des minarets en Suisse et ledébat sur l’identité nationale en France, la com-munauté musulmane craint une islamophobiegrandissante.

Focus

Les mosquées en chiffreC

roix gammées, têtes et

pieds de cochon sus-

pendues, insultes xé-

nophobes, le spectacle est

violent. Ces dégradations sont

celles que l’on retrouve à

chaque fois qu’une mosquée

est dégradée, profanée. La

France compte 5 millions de

musulmans, et environ 1700

mosquées. Mais ces lieux de

cultes musulmans ne sont pas

les seuls à être profanés. En

2008, 148 tombes de musul-

mans ont été profanées au ci-

metière militaire Notre Dame

de Lorette, dans le nord. M.

Lamdaoui, membre du

Conseil national du PS, af-

firme observer "avec inquié-

tude la recrudescence des

agressions contre les Français

de confession musulmane. Il

demande au ministre de l'In-

térieur de prendre les mesures

nécessaires pour éviter que de

tels actes se reproduisent.

L’année 2008 a par ailleurs

été la plus catastrophique

pour la population musul-

mane de France, tant les actes

de violence contre lieux de

cultes et êtres humains ont été

nombreux.

Avant la profanation de la

mosquée de Castres, une tren-

taine de mosquées, vingt-cinq

salles de prières et autres

tombes et symboles de l’islam

ont fait l’objet d’actes islamo-

phobes. Ces chiffres sont pour

le moins révélateurs d’une

certaine islamophobie, qui

semble s’installer en France.

Pauline Bordone

Le Parodien société

Une mosquée à Paris

EN BREFVaccins90 % des Français ne sesont pas (encore) fait vac-ciner contre la grippe A(H1N1) et 78 % d'entreeux n'envisagent pas de lefaire. 84 % des parentsn'ont pas fait vacciner leursenfants et 79 % d'entreeux n'ont pas l'intention dele faire. C'est essentielle-ment la peur des effets se-condaires à long terme quiles freine : les trois quartsles redoutent, près de lamoitié les craignent beau-coup.

SantéLe bisphénol A (BPA) au-rait des effets nocifs surl’organisme. D’après uneétude de l’Institut nationalde la recherche agrono-mique (Inra) à Toulouse,cette substance, commu-nément employée dansles plastiques alimentairesréduirait la perméabilité del’intestin. Le BPA n’est pasinterdit en France ni auxEtats-Unis.

ArrestationsTrois jeunes hommes ontété interpellés, lundi soir14 décembre et mardimatin 15 décembre, dansl'enquête sur la fusilladeau cours de laquelle unadolescent de 12 ans estmort dimanche à Lyon, aaffirmé la police, précisantqu'aucun d'eux n'étaitpour le moment soup-çonné d'être le tireur.

Page 11: Le Parodien du 16 décembre

Mercredi 16 décembre 2009 11

Johnny Hallyday

Qui va payer la tournée ?Le rockeur, qui s’est réveillé du coma artificiel dans lequel il était plongé, va-t-il pou-voir reprendre sa tournée? Les assureurs de la tournée seront tous suspendus aux lè-vres du producteur qui devrait annoncer aujourd’hui si Johnny finira son Tour 66.

Une décision qui vaut de l’or pour les

compagnies qui assurent le show qui

sauront désormais vers qui se tourner

pour payer les pots cassés. Pour aider Jean

Claude Camus à se décider, deux médecins

français ont été dépêché ce lundi pour rendre

compte de l’état de santé du chanteur. Il s’agit

du docteur François Zuccarelli, célèbre mé-

decin des stars et le professeur Catonné, di-

recteur du service de traumatologie de la Pitié.

Une fois leur rapport rendu, trois scénarios

s’offrent aux organisateurs de la tournée

d’adieu du chanteur de 66 ans.

30 millions d’euros maximum

Dans le cas où Johnny venait à annuler sa

tournée, la guerre des assurances serait à son

paroxysme. «S’il est démontré que le chan-teur était au courant des risques encourus enprenant l’avion moins d’une semaine aprèsson opération d’une hernie discale, il sera dé-signé responsable et les frais engendrés parl’annulation de la tournée ne seront pas in-

demnisé au producteur» explique Jean Sitbon,

assureur d’artistes interrogé par le Parodien

Libéré. «C’est sans doute le pire scénario quel’on puisse imaginer, d’où l’importance durapport rendu par les médecins». Si les com-

plications suite à son voyage n’étaient pas

prévisibles, ce sont les assureurs qui devront

entrer en scène et rembourser les producteurs

à hauteur de 30 millions d’euros maximum. Si

enfin, c’est le chirurgien Delajoux qui est dé-

signé coupable par les experts, il devra assu-

mer la responsabilité de l’annulation de la

tournée.

Troisième hypothèse : reste celui d’un report

de quelques dates du show qui engendrerait

des pertes vraiment moins lourdes. Selon son

ami Michel Drucker, interrogé par Europe 1,

il est surtout temps que la star se repose: «ce

qu’il a eu est très grave, son corps est épuisé

et il souffre. Il est hors de question que la

tournée reprenne».

Mégal Grouchka

société Le Parodien

Pas moins de trois minis-

tres sont aujourd’hui au

parlement : Brice Horte-

feux, ministre de l’intérieur,

Xavier Darcos, ministre du tra-

vail et Eric Besson, ministre de

l’immigration. Une fin en fan-

fare pour cette mission d’in-

formation parlementaire.

Composée de 32 députés de

tous bords, mais à majorité

UMP, elle a été lancée en juin

dernier. Durant six mois, plus

de 170 personnes ont été audi-

tionnées. Ainsi, députés, ju-

ristes et représentants du culte

musulman ont débattu et ap-

porté des éclairages sur « despratiques religieuses tendant às’immiscer dans l’espace pu-blic et à devenir des normessociales » selon l’entourage du

président de la mission, André

Gérin (PC). En premier lieu, le

port du voile et les problèmes

liés à cette pratique (soucis

d’identification dans les admi-

nistrations par exemple).

Pour André Gérin, cité par un

collaborateur, « le port du voileintégrale n’est que la partie vi-sible de l’iceberg ». Il évoque

des pratiques allant à l’encon-

tre des libertés des femmes.

L’interdiction d’être exami-

nées par un médecin homme,

ou la volonté de ne pas mélan-

ger hommes et femmes à la

piscine sont directement vi-

sées. Les représentants du

culte musulman se sont in-

quiétés d’un débat sur leur re-

ligion, affirmant que cela

renforcerait l’islamophobie ac-

tuelle. Ils ont par ailleurs af-

firmé que le port du voile n’est

pas une restriction religieuse,

tout en s’opposant à une loi

l’interdisant.

Dans l’entourage d’André

Gérin, on explique que le but

de la mission n’est pas d’inter-

dire le port du voile, mais de

donner des préconisations pour

une pratique de l’islam en ac-

cord avec la laïcité de la

France. La mission planche sur

les suites juridiques à donner

et sur la nécessité d’être à vi-

sage découvert dans l’espace

publique. Le rapport sera pu-

blié en janvier, et débouchera

peut-être, une nouvelle fois,

quelque semaine après les ré-

flexions sur « l’identité natio-

nale », sur un débat plus

général sur l’islam.

Clément Bourdin

Débat

Le Parlement va lever le voileLa mission d’information parlementaire sur le port du voile intégral prend fin aujourd’hui. Bilan.

«C’est bon, on s’en va mainte-nant», a dit Johnny Hallyday en seréveillant. D

R

Page 12: Le Parodien du 16 décembre

Mercredi 16 décembre 200912

Paris

Les impôts au centre du débat municipal

Le Parodien politique

EN BREF« Nouveaux états généraux de lafemme »Destinés à définir les com-bats de la Française dudébut du XXIe siècle, les «nouveaux états générauxde la femme » ont été lan-cés lundi par un déjeunerréunissant des femmes dugouvernement. Placéesous le patronage de l'an-cienne ministre SimoneVeil, la réflexion est lancéesur des sujets aussi variésque la place de la femmedans l'entreprise, la poli-tique, le couple, la famille.Les débats et propositionsdéboucheront en maiprochain sur une confé-rence à Paris.

Redécoupage élec-toral : un nouveautexte en janvierLe gouvernement présen-tera un nouveau texte enjanvier prochain pour sonprojet de loi sur le redé-coupage électoral, rejeté,suite à une « erreur » devote des centristes, par laconférence des présidentsréunie hier au Sénat.

L'augmentation dusmic jugée insuffi-santeLes syndicats partisansd’un soutien à la consom-mation ont jugé "insuffi-sante" la revalorisation dusmic de 0,5 % décidée parle gouvernement pour le1er janvier, qui correspondau strict minimum légal.Les syndicats prédisant «une hausse des conflits ».

La nouvelle hausse des impôts prévue pour 2010, et votéehier, a remobilisé l’opposition… et les Verts, à quelques moisdes régionales.

8%, c’est la hausse des

impôts directs locaux

que les Parisiens vont de-

voir subir à partir de l’année

prochaine. Cette hausse inter-

vient après celle de 9% en

2009, assortie de la création

d’une nouvelle taxe foncière

départementale de 3% étant

donné que Paris est aussi un

département. Elle devrait être

« la dernière de la mandature», assure-t-on dans les cou-

loirs de l’Hôtel de Ville, en

s’attachant à faire désenfler un

soufflé déjà bien gonflé par

cette décision qui plombe la

popularité de Bertrand Dela-

noë. « Nous devons faire faceaux urgences sociales, garderle cap dans la tourmente etnous donner les moyens detenir tous nos engagements ».

Il a également souligné que la

ville avait décidé de maintenir

en 2010 les 49.000 emplois de

la collectivité parisienne, «alors que l’Etat supprime pardizaines de milliers les postesde fonctionnaires ».

C’est naturellement du pain

béni pour la droite parisienne

et son député Jean-François

Lamour qui ne manque pas

l’occasion de tirer à vue sur la

mairie socialiste. « Folie fis-cale », c’est en ces termes

qu’il a qualifié la hausse si-

gnificative. « En deux ans onaura atteint près de 50 %d’augmentation de taxe fon-cière : 35 % cette année et en-viron 12 % l’an prochain.C’est du jamais vu ». Du côté

de Christine Lagarde, ministre

de l’Economie et également

élue UMP du 12ème arrondis-

sement, on pointe du doigt les

dépenses de fonctionnement.

« Ce budget repose sur deuxprincipes, essentiellementplus de dépenses de fonction-nement et plus d’impôts pourles financer ». Par rapport à la

dette de l’Etat envers la ville

de Paris, Mme Lagarde botte

en touche. « Celui-ci respectetoutes ses obligations, notam-ment celles qui sont prévuespar la Constitution ».

Des Verts frondeurs

Le coup d’éclat vient certaine-

ment des Verts, qui tout en vo-

tant favorablement le budget

2010, tentent de se démarquer.

A l’approche des élections ré-

gionales, où ils se présenteront

sous leurs propres listes, les

alliés de Bertrand Delanoë ont

brandi l’argument climat. Syl-

vain Garel, co-président du

parti au Conseil de Paris, in-

siste : « Paris se tourne dés-ormais plus vers Dubaï quesur Copenhague », précisant

le peu de cas fait par le PS de

leur étude sur la conversion

écologique de la région, sus-

ceptible de relancer un marché

de l’emploi moribond. Ce que

Jean-François Lamour récu-

père à son compte. « Nous

proposons des amendements

qui représentent 100 millions

d’euros, essentiellement d’in-

vestissement, pour le dévelop-

pement durable ». Une chose

est sûre, la bataille pour la

succession de Bertrand Dela-

noë a déjà commencé.

Grégory Raymond

Delanoe devra batailler pour faire accepter lebudget 2010

DR

.

Page 13: Le Parodien du 16 décembre

Mercredi 16 décembre 2009 13

Nouveau Centre-Modem

Dispute autour d’un héritageLa formation politique dirigée par Hervé Morin souhaite récupérer la dénomination UDF. Le parti de François Bayrourefuse de céder ce qu’il estime lui appartenir.

La filiation de l’Union pour la

Démocratie Française

(UDF) créée par Valery Gis-

card d’Estaing en 1978 n’aura ja-

mais été autant revendiquée depuis

son démantèlement progressif com-

mencé en 2002. Ceux qui avaient

jadis contribué à faire disparaître le

parti centriste jugé désuet, se récla-

ment désormais de lui.

Nostalgie d’une identité

passée

En première ligne, le Nouveau Cen-

tre qui par la voix de son président a

manifesté sa volonté de revenir à

l’ancienne appellation. « Notre parti,nous ne cessons de le dire c’estl’UDF d’aujourd’hui », a déclaré

Hervé Morin lors du Conseil Natio-

nal que tenait l’allié de la majorité sa-

medi dernier. Le changement de

nom est envisagé d’ici à deux ans,

mais déjà, par anticipation, tous les

supports de communication du parti

associent les deux dénominations.

Les arguments ne manquent pas

pour justifier l’appropriation.«L’UDF était un parti démocratechrétien, d’un point de vue moral, leNouveau Centre défend le mêmecombat d’une société apaisée », jus-

tifie Laure Alteirac, vice-présidente

des Jeunes Centristes. La continuité

idéologique du mouvement qui a

défendu le droit à l’avortement se

trouve du côté du centre droit assu-

rent ses responsables. « Nous por-tons l’héritage de l’UDF », a affirmé

encore Hervé Morin qui souhaite

porter au crédit du Nouveau Centre

les réalisations sociales du parti dé-

funt.

Arbitrage juridique souhaité

Ce patrimoine, le Mouvement Dé-

mocrate (MoDem) de François

Bayrou n’entend pas le laisser aux

mains de ceux qu’il considère

comme des transfuges. Dès l’an-

nonce des intentions de l’ancien

bras-droit de François Bayrou, les

élus MoDem sont montés au cré-

neau pour crier à l’expropriation.

La mouvance centriste indépendante

considère l’UDF comme sa pro-

priété et a tenté de le prouver en ré-

vélant que les biens de l’ancien parti

appartiennent à une association

composée majoritairement de

membres du MoDem. La numéro

2, Marielle de Sarnez a fait savoir

que le mouvement comptait se baser

sur cet argumentaire pour agir sur le

terrain juridique et réclamer l’usage

exclusif du sigle.

De son côté, le Nouveau Centre

pense disposer de la protection né-

cessaire au cas où son rival voudrait

jouer cette carte. Récemment, le parti

a débauché de l’UMP le député

Hervé de Charrette dépositaire de la

marque UDF à l’institut national de

la propriété industrielle. Il en serait

donc le propriétaire légal et le seul

fondé à se prévaloir de ce nom. Of-

ficiellement, il n’a pas encore décidé

s’il en ferait cadeau à sa nouvelle fa-

mille politique. Ceci dit il ne fait nul

doute que cet atout servira de mon-

naie d’échange pour conserver le

siège de député qu’il aurait perdu en

restant à l’UMP en 2012, la faute à la

disparition de sa circonscription.

La dispute des héritiers de l’ancien

grand parti présidentiel pourrait trou-

ver un dénouement devant les tribu-

naux. En attendant cette résolution,

ils doivent se satisfaire d’un partage

plutôt déstabilisant pour l’électorat,

enjeu inavoué de cette récupération.

Abdel Pitroipa

Le Parodienpolitique

Le ParodienDirecteur de la publication :

Michel Leroy

Rédacteur en chef :

Grégory Rozières

Secrétaire de rédaction :

François Perrigault

Maquettistes :

Marie Koenig et

Laura Béheulière

Ont participé à ce numéro :

Johanna Amselem, Laura

Béheulière, Pauline Bordone,

Clément Bourdin, Alan De

Sivestri, Vincent Girard, Mégal

Grouchka, Marie Koenig,

Anthony Mansuy, Abdel

Pitroipa, Grégory Raymond,

Grégory Rozières, Laurence

Texier et Julien Van Caey-

seele.

Rédaction :

9 rue Alexandre Parodi, Paris 10

Editeur :

ISCPA Paris

Nouveau Centre et Modem réclament tous deux la propriétédu Sigle UDF

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ou

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Grand Paris

Nicolas Sarkozy sou-haite rassurer leséquipes d’architectesqui travaillent sur leprojet du « GrandParis ». Ceux-ci crai-gnaient d’être mis àl’écart par le secré-taire d’Etat de la Ré-gion capitale,Christian Blanc. Leprésident a annoncéla création d’un Ate-lier international duGrand Paris qui serainstallé fin janvier.

EN BREF

Page 14: Le Parodien du 16 décembre

14 Mercredi 16 décembre 2009

Exposition

Playmobil : en avant l’histoireDu haut de ses 7 cm de hauteur, le jouet a le droit à sa rétrospective au Musée des ArtsDécoratifs jusqu’au 9 mai 2010.

«Moi, mon préféré, c’est le ca-mion de pompier, avec l’échellequi monte et les bonshommes en

combinaisons. J’aime bien aussi lecirque mais j’aimerai bien avoir lapyramide d’Egypte pour Noël, heinmamie ? » Tom, 10 ans, ne tient plus

en place. Dans les allées du musée,

petits et grands s’émerveillent de-

vant les milliers de figurines. Poli-

ciers, pirates, dompteurs,

nurses…tous sont réunis pour fêter,

en grande pompe, les 35 ans de la

marque allemande. Une première en

France.

La clé du succès

Depuis 1974, le personnage au brus-

hing impeccable est toujours le roi

des coffres à jouet : « Tu peux joueravec autant de copains que tu veux,ou tout seul. » explique Julien 8 ans.

« Et puis, un jour, t’es un pompier,après tu construis une maison oubien tu fais le pirate » rajoute Julie.

Entre réalisme et imaginaire, le

jouet plait aussi bien aux filles

qu’aux garçons. Et pour rester dans

l’air du temps, les designers se ser-

vent en grande partie des dessins en-

voyés par des millions d’enfants à

travers le monde pour créer de nou-

veaux univers. Intergénérationnelle,

la figurine a de grande chance de se

retrouver cet hiver encore dans le

top 5 des meilleures ventes de

jouets.

Il était une fois Playmobil… au Muséedes Arts Décoratif, 107 rue de Rivoli75001 Paris du 10 décembre 2009 au 9mai 2010.

Mégal Grouchka

Le Parodien culture

Un classique, la ferme. Un Indien géant.

La grue fait toujours la joie des petitsgarçons.

Nouveauté 2009: le palais im-périal.

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R.

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Page 15: Le Parodien du 16 décembre

Mercredi 16 décembre 2009 15

Le ParodiencultureCinéma

Spike Jonze retourne en enfanceLe réalisateur déjanté signe avec Max et les Maximonstres une œuvre sensiblemais beaucoup moins personnelle que ses deux films précédents.

Daft Punk, R.E.M,

Chemical Brothers,

Fatboy Slim, Beastie

boys, Björk… Constellation

d’étoiles musicales pour des

groupes extravagants. Leur

point commun ? Spike Jonze.

Réalisateur de clips vidéos

révolutionnaires au début des

années 90, on le connaît dés-

ormais comme un cinéaste

déjanté. Dix ans après son

premier film, le cultissime

Dans la peau de John Malko-vich, le réalisateur new age

revient dans l’adaptation du

roman de Maurice Sendak,

Max et les Maximonstres

(1964). Célèbre bouquin de

la littérature enfantine, Max,

conte l’histoire d’un jeune

garçon de 10 ans s’évadant

vers un monde imaginaire

peuplé de mystérieuses créa-

tures aux émotions volatiles

et aux actions imprévisibles.

Plus un film sur l’enfance

qu’un film pour les enfants,

Max et les Maximonstres ex-

plore les aspects sombres et

cauchemardesques de l'ima-

ginaire enfantin. Un nouveau

tour de force pour celui qui

nous avait impressionné avec

son premier long métrage.

Loin de l’excentricité chro-

nique à laquelle Jonze nous

avait habitué à ses débuts, le

réalisateur s’est semble-t-il

assagi et nous livre ici une

troisième œuvre efficace qui

a d’ores et déjà séduit le pu-

blic américain avec 75 mil-

lions de dollars de recettes

depuis sa sortie en octobre

dernier. Certain d’être renta-

bilisé, le film est déjà un suc-

cès commercial.

Jonze, Kaufman, Gondry et

les autres

Changement de style, chan-

gement de partenaire aussi.

Pour cette fois Jonze fait une

entorse à son scénariste fé-

tiche Charlie Kaufman, et

s’est attaché les services du

romancier Dave Eggers. Un

bouleversement qui ébran-

lera sûrement les amoureux

de leur alchimie burlesque.

Kaufman-Jonze. Un duo

maintes fois félicité qui n’a

jamais déçu les fans d’un ci-

néma rare et expérimental.

Pour leur première collabora-

tion en 1999, avec Dans la

peau de John Malkovich, les

deux artistes cinglés met-

taient en scène l’histoire

d’un marionnettiste décou-

vrant un passage menant tout

droit au cerveau de l’acteur

John Malkovich. Dans Adap-tation (2003), ils nous comp-

taient l’histoire d’un

scénariste en panne d’inspi-

ration, nommé… Charlie

Kaufman. Scénarios déli-

rants, acteurs brillants…

C’est la marque de fabrique

du décidemment trop rare

Spike Jonze.

Issu du même mouvement

que le Français Michel Gon-

dry (Human Nature, Eternalsunshine of the spotlessmind, la Science des rêves,Soyez-sympa rembobinez),

les deux réalisateurs insuf-

flent un air frais directement

tiré de l’univers du clip. Mais

que l’on ne retrouve pas for-

cément dans Max, faute de

l’absence de Kaufman,

même si son brio est évident

En attendant une nouvelle

collaboration fructueuse,

Jonze nous propose toutefois

la douceur de Noël avec son

Max et les Maximonstres.

Jetez vous dessus, ce cinéma

précieux et fragile n’est pas

si fréquent.

Grégory Raymond

Troisième réalisation du jeune cinéaste, Max et les Maximonstres est la petite douceur de Noël.

War

ner

Bro

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Page 16: Le Parodien du 16 décembre

Mercredi 16 décembre 200916

Le Parodien

Handball

Les jeunes au pouvoirL’Equipe de France a trouvé en Chine, au Championnat duMonde, un nouvel élan grâce à l’avènement d’une classe biberondéjà à la hauteur.

C’est un peu comme

quand Zidane, Bar-

thez et Makelele ont

pris ensemble leur retraites

en Equipe de France. Le 19

août 2008, Valérie Nicolas,

Isabelle Wendling, Véro-

nique Pecqueux Rolland et

Stéphanie Cano (1079 sé-

lections à elles trois) met-

taient fin à leur carrière

internationale sur un quart

de finale des Jeux Olym-

piques de Pékin. Un

France-Russie qui achevait

prématurément le parcours

d’une génération exception-

nelle, couronnée par un titre

mondial en 2003. Titulaires

indiscutables au sein des

Bleues depuis près de six

ans, leur remplacement aura

imposé à l’entraîneur Oli-

vier Krumbholz un renou-

vellement en profondeur de

l’équipe, et des change-

ments à des postes clés

(gardien, capitaine, pivot).

Objectif Londres 2012

Dès le retour de Pékin, le

staff des Bleues s’est donc

attelé à une tâche, aussi dif-

ficile qu’essentielle : re-

construire l’équipe de

France en s’appuyant sur la

nouvelle génération mon-

tante du handball français.

Seule Raphaëlle Tervel a

connu l’épopée victorieuse

de 2003. Les petites jeunes

qui firent leur début au

mondial français de 2007

comme Camille Ayglon ou

Amandine Leynaud en sont

devenues les cadres. Pas

étonnant dès lors de voir la

sélection afficher 24 ans de

moyenne d’âge. "Ce sontdes changements qui s’im-posaient mais qui se sontfaits en douceur", souligne

Evelyne Beccia Vice-prési-

dente de la Fédération Fran-

çaise de Handball. En clair,

les exigences en terme de

résultats ne seront pas aussi

élevées qu’avant.

Une raison suffisante pour

expliquer un Euro 2008 raté

? "Nous ne pouvons pasfixer les mêmes objectifsque si Nicolas, Wendling etPecqueux Rolland étaientencore là. Avec des fillesqui ne dépassent même pasla cinquantaine de sélec-tion, l’objectif reste d’arri-ver dans le peloton desfavoris aux Jeux Olym-piques de Londres en 2012"se justifie Evelyne Beccia.

Reste que la performance

réalisée lors de l’Euro a

laissé un goût amer à une

Equipe de France qui ne

comptait pas y faire de la fi-

guration.

"Ca a pété, comme ça…"

Résultat, les Bleues se de-

vaient de faire mieux lors

du Championnat du monde

organisé en Chine depuis le

5 décembre. L’objectif fixé

par la Fédération en début

de tournoi (terminer à l'une

des quatre premières places

du groupe du premier tour)

paraissait pourtant mal en-

gagé après seulement deux

rencontres et autant de dé-

faites face au Brésil (20-22)

et au Danemark (16-24). Il

aura fallu attendre la mi-

temps du décisif France

Suède pour voir enfin cette

nouvelle génération se

prendre en main. Et c’est

par la voix de Siraba Dem-

bele que la révolte a sonné,

alors que la France était

menée de quatre buts (9-

13).

"Olivier était en train defaire son discours, je sen-tais les filles résignées,commence-t-elle. Je mesuis dit : y’en a marremaintenant, on ne va pasenchaîner deux compéti-tions sans passer le premiertour. S’ensuivit un immensecoup de gueule. Je me sou-viens avoir dit que l’onn’avait aucun orgueil, au-cune fierté et que ça mesaoulait vraiment. J’ai ditaussi qu’il fallait qu’on semette toutes la gueule parterre. Ca a pété. Commeça…" Une soufflante mé-

morable de la jeune (22

ans) ailière gauche qui eu le

mérite de transformer la

bande morose en meute vo-

race et de finalement rem-

porter la rencontre (23-21).

Depuis ? Les bleues terras-

sent une à une leurs adver-

saires. Le Congo (29 - 22),

l’Allemagne (29 - 15) ont

cédé alors que l’Angola n’a

tenu qu’une mi-temps (33-

24). Même les favorites

russes ont plié (24-23).

Hier, l’Autriche n’était

qu’une formalité (35-20).

Place désormais aux demi-

finales vendredi où les

Bleues auront l’occasion

d’assumer définitivement

un lourd héritage et de

s’écrire un futur en lettres

dorées.

Vincent Girard

sports

EN BREFBasketLa tâche sera difficile !L’équipe de France debasket-ball connaît désor-mais ses adversaires pourles championnats dumonde qui se dérouleronten Turquie en août 2010.Les Bleus affronteront l’Es-pagne, championne dumonde et d’Europe entitre, les favoris de la com-pétition. Les hommes deVincent Collet affronterontaussi la Lituanie, le Canada,la Nouvelle-Zélande et leLiban.

FootballAlain Perrin ne passe pasl’hiver. L’entraîneur stépha-nois a été limogé hier. C’estson adjoint ChristopheGaltier qui va prendre sasuccession. Actuellement17e de Ligue 1, l’ancienentraîneur de Marseille,débarqué dans le Forez il ya un an, paye le début desaison catastrophique deson club.

RugbyJulien Dupuy, le demi demêlée du Stade Françaisrisque une suspension de12 à 24 semaines. Lors dela défaite des siens en Uls-ter (23-13), le nouveaumaitre à jouer du StadeFrançais a effectué une «fourchette », il a mis sesdoigts dans les yeux del’Irlandais Stephen Ferris. Ildevra passer devant unecommission de disciplinede l’ERC, l’organisateur descoupes d’Europe.

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Page 17: Le Parodien du 16 décembre

Mercredi 16 décembre 2009 17

FFF

Les sponsors sur le pied de guerreAprès la qualification de l’Equipe de France pour la prochaine Coupe du Monde acquiseface à l’Irlande le mois dernier, la fédération doit annoncer les nouveaux sponsors desBleus pour les quatre années à venir.

La nouvelle va tomber

d’un jour à l’autre.

Alors que bon nombre

de supporters voient l’image

de l’Equipe de France sur une

phase descendante depuis la

main de Thierry Henry face à

l’Irlande lors des barrages pour

le Mondial 2010, les futurs

partenaires, eux, font front.

Pour les différentes marques,

la main volontaire d’ Henry,

qui a permis d'envoyer l'équipe

de Raymond Domenech en

Afrique du Sud, a été suivie

d'un lâche soulagement. Car si

quelques uns y ont vu un acte

de tricherie néfaste à toute pu-

blicité, beaucoup, en revanche,

ont saisi l’opportunité d’être

représenté par le vice-cham-

pion du monde entre 2010 et

2014, malgré une hausse des

tarifs considérables.

Car pour exploiter l’image des

Bleus, les plus gros soutiens fi-

nanciers de la FFF comme

Adidas - partenaire depuis

1972 et qui s’est vu rafler la

mise par Nike dès janvier 2011

-, SFR, Carrefour, le Crédit

Agricole et Suez devront dés-

ormais débourser près de 4

millions d’euros par saison au

lieu des 2,5 millions actuels. Et

ce n’est qu’un début.

La Caisse d’Epargne en

outsider

Pour les partenaires officiels

que sont aujourd’hui Coca-

Cola, Ferrero, RTL, Toyota et

Sport 2000, le versement an-

nuel devra atteindre 1,4 mil-

lions, soit quasiment le double

des 800 000 euros demandés

par le passé. Même rengaine

pour les sponsors secondaires

qui devront quant à eux, payer

500 000 € contre 250 000 € ac-

tuellement. Reste aux intéres-

sés à envoyer leurs dernières

propositions

avant la déci-

sion. Et cer-

t a i n s

p o u r r a i e n t

surprendre.

En février

2008, Nike

avait décro-

ché le contrat

au dépend

d’Adidas en

mettant sur la table pas moins

de 42,6 millions d’euros par

saison pour la période 2011-

2018, soit le plus gros contrat

de l’histoire.

Si les habitués sont d’ores et

déjà sur le coup pour aligner

leurs meilleures offres, d’au-

tres, pourraient faire leur appa-

rition. C’est le cas de la Caisse

d’Epargne qui soufflerait bien

une place de partenaire majeur

au Crédit Agricole. « Ce quiest sûr, c’est que notre groupe

a mis tous les moyens en œuvrepour acquérir un tel partena-riat », explique Brigitte Las-

saut, de la cellule sponsoring

de la Caisse d’Epargne, à

l’heure où la plupart des pré-

tendants font la sourde oreille.

« Mais nous n’irons logique-ment pas au-delà du prix quenous nous sommes fixés. Amoins que la différence avecles autres soit vraiment mi-nime. » La guerre des sponsors

bat son plein. Cela promet !

Alan de Silvestri

Le Parodiensports

Football

La Ligue 1 refait son retard

Pour le moins inattendu, le

choc de cette 11e journée

de championnat oppose

Montpellier (2e) à Bordeaux (1er).

Dauphin depuis sa victoire à Tou-

louse (0-1) le week-end dernier, les

Héraultais confirment au fil des

matches que leur début de saison

en fanfare n’avait rien d’éphémère.

Leur statut prend du poids. D’au-

tant que les hommes de René Gi-

rard comptent un match en retard à

Monaco. « Il faut vraiment profiterde cette dynamique pour continuerà engranger un maximum de

points, confie Philippe Delaye, le

milieu de terrain montpelliérain. Ilne faut surtout pas réfléchir vis-à-vis de l’adversaire que nous au-rons en face de nous. Nousdevrons avant tout nous concen-trer sur notre propre jeu. »

Marseille et Paris sur leur lan-

cée ?

En recevant le champion en titre,

Delaye et les siens pourront ainsi

jauger leur force face à l’insolente

sérénité bordelaise. Fort de sa vic-

toire obtenu à Lyon - reléguant

l’OL à 8 longueurs -, Bordeaux

s’est imposé en tant que principal

favori au titre et semble intoucha-

ble. Mais un Montpellier comme

celui-là peut créer l’exploit. Et ses

trente points acquis bien avant

l’heure, lui donneront forcément

des idées d’ici demain soir…

Marseille de son côté, tentera de

garder le rythme après ses deux

victoires de rang en se déplaçant à

Lorient. Tandis que le PSG, en re-

gain de confiance après son succès

3-0 contre Saint-Etienne, jaugera

sa capacité à enchaîner en accueil-

lant Lens. En perdition depuis plu-

sieurs semaines, Lyon, quant à lui,

aura l'occasion de se relancer en

défiant Boulogne à Gerland.

Alan de Silvestri

Décalée par les matchs de barrages pour la prochaine Coupe du monde, la 11e journéedu championnat de France se poursuit aujourd’hui avec un duel au sommet entreMontpellier, surprenant 2e, et Bordeaux.

AGENDA.- Ce soir, à 19

h : Lorient - Marseille,

Monaco - Rennes, Mont-

pellier - Bordeaux, Nancy -

Nice, Lyon - Boulogne, Le

Mans - Grenoble ; à 21 h :

Paris SG - Lens.

DR

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Page 18: Le Parodien du 16 décembre

Mercredi 16 décembre 200918

Le Parodien

Musique

Black Box Revelation : jeunes et

timides, mais rudement bruyantsDeux mois avant la sortie de leur second album, The Black Box Revelation viennent àParis jouer en première partie du groupe Eiffel. A 18 et 20 ans, ils en sont déjà à deuxalbums et deux cents concerts.

Alors que Paris sombre

dans un froid pénible,

toute la Flèche d’Or

s’échauffe. Les ingénieurs du son

et autres employés de cette salle

de concerts du 20e arrondisse-

ment s’affairent autour de la

scène. Dans la véranda, nous ren-

controns le groupe du soir, le duo

belge (ils sont flamands) The

Black Box Revelation. Jan, le

guitariste-chanteur, est un grand

gars qui se dégingande dans son

trench-coat. Il a le visage de ceux

qui dorment peu. Son batteur,

Dries (prononcez « Driss »),

donne l’air de sortir du berceau. Il

a la peau glabre et les joues bien

rondes et rouges, chatouillées dès

qu’il se remue un peu trop par des

cheveux très blonds et très lisses.

Après un premier album sorti en

2007 alors qu’ils n’avaient que 16

et 18 ans respectivement, leur se-

cond disque parviendra début fé-

vrier dans nos rayons. Comment

se sentent-ils alors que le groupe

est manifestement en train de

grossir ? « Ca fait une grosse dif-férence, le premier album n’étaitd’abord sorti qu’en Belgique etaux Pays-Bas, et a ensuite conta-miné les pays voisins les unsaprès les autres. Cette fois-ci onle sort partout en même temps,parce que le premier a bien mar-ché », s’enthousiasme Dries.

Niveau sonore, The Black Box

Revelation navigue dans les eaux

très fréquentées du garage rock.

Jan : « Le côté bluesy est venu delui-même, et en partie parce quemon prof de guitare était gaucher,j’ai ma propre façon de jouer dela guitare. Aussi, on a commencéà jouer si tôt ensemble qu’on a eule temps de nous trouver. On nejoue qu’à deux, c’est plus propiceau son du blues ».

A mesure que l’interview se dé-

roule, les deux gamins se mettent

à l’aise. Ils en sont encore au stade

du groupe persuadé que l’avis des

journalistes musicaux a une quel-

conque importance. Attitude en

contraste avec leur son sale, vo-

lontairement mal enregistré et

l’arrogance du groupe sur scène.

«En concert, c’est notre truc et onjoue notre musique. En deux anson a joué plus de deux cent fois.C’est devenu naturel pour nousavec le temps, beaucoup plusqu’être en interview par exem-ple», lâche Jan, dans un sourire

timide.

A l’instar des White Stripes et des

Kills, ils ont décidé de jouer à

deux, rien qu’à deux. Dries :« Onn’a jamais rencontré de bon bas-siste à l’origine. Maintenant c’esttrop tard, la magie opèrelorsqu’on joue ensemble… si untroisième mec se ramenait au-jourd’hui il se sentirait vraimentétranger. Tu te rends compte, onjoue ensemble depuis qu’on a 11et 13 ans. Qui pourrait deveniraussi proche de nous ? ».

La grande faiblesse de l’album

précédent résidait, derrière l’éner-

gie et l’ardeur adolescente de la

musique, dans la pauvreté des pa-

roles de Jan. « Dans le premier

album on se concentrait plus surles mélodies et les instruments, etpour être honnête, les paroles nesont pas si bonnes. Aujourd’huij’ai évolué, j’ai plus d’expérienceet j’ai grandi en tant que per-sonne, mes paroles sont meil-leures, c’est sûr. Je parle aussimieux anglais, et ça compte pourbeaucoup. Je ne veux pas rentrerdans des choses trop sérieusesdans mes paroles, je ne ferai ja-mais de propagande par exemple,mais néanmoins j’essaie de direquelque chose. En gros, si tu veuxemmener les gens quelque partavec ta musique, tu peux être en-core plus clair grâce aux paroles». Et même si les gens charmants

n’ont que rarement joué du bon

rock’n’roll, force est de constater

que The Black Box Revelation

est un très bon groupe. Et comme

le disait Jacques Brel : « la Bel-gique vaut mieux qu’une querellelinguistique ».

Anthony Mansuy

portrait

Après Ghinzu, dEUS, nous arrive de Belgique le duo Black Box Revelation. DR

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