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LE MUSÉE DU LOUVRE
Petite histoire du palais du Louvre La forteresse médiévale
Construit par Philippe Auguste (1180-1223) à partir de 1190,
le château n'est pas une résidence royale mais un arsenal.
Lors de la Guerre de Cent ans (1337-1453), il est à nouveau
nécessaire de protéger la capitale du royaume par
l'édification d'un rempart de terre (1356-1358) décidé par
Charles V (1364-1380): la nouvelle enceinte entoure les
quartiers de la rive droite. Enfermé à l'intérieur de la ville, le
Louvre perd alors son rôle protecteur, et à partir de 1364, le
château défensif devient
donc une somptueuse
résidence royale. On ajoute
un jardin d'agrément au nord. Les intérieurs sont ornés de sculptures, de
tapisseries et de boiseries.
Le château de la Renaissance
François Ier (1515-1547) le sort du sommeil en décidant, en 1527, de
se réinstaller à Paris. Le château renaissant de François Ier est complété
par Henri II et ses fils jusqu'à ce que la construction du palais des
Tuileries modifie sensiblement la donne: situé à environ 500 mètres du
Louvre, les rois n'auront alors de cesse de relier les deux édifices l'un à
l'autre par un passage direct: la Grande Galerie.
Du château de l’absolutisme au musée Les règnes de Louis
XIII (1610-1643) et Louis
XIV (1643-1715) mar-
quent profondément
les structures du
Louvre et des Tuileries,
notamment avec la
construction de la co-
lonnade. Le désintérêt
marqué par Louis XIV
après la construction
de Versailles plonge le
palais dans une nou-
velle période de
sommeil.
Il connaît un nou-
veau réveil en 1791, lorsque l’Assemblée lui assigne la fonction de Museum central des Arts.
Sous Napoléon III les travaux d'achèvement de la liaison Louvre Tuileries, côté Nord, se poursuivent : le
projet repose sur la construction de bâtiments le long de la rue de Rivoli, prolongeant ceux élevés sous
Napoléon Ier et Louis XVIII, et l'édification de deux ailes dotées de cours
intérieures. La cour Napoléon, au cœur de cet ensemble, est achevée
en 1857.
En mai 1871, pendant les derniers jours de la Commune de Paris, le
musée du Louvre échappe à un incendie qui ravage le palais des
Tuileries. Celui-ci est rasé par sécurité en 1882, ce qui marque l'acte de
naissance du Louvre moderne: le pouvoir quitte définitivement le Louvre
qui peut alors se vouer essentiellement à la culture.
En 1988, est inaugurée la pyramide de verre due à l’architecte PEI,
située dans la cour Napoléon, devenue l’entrée principale du musée.
Vue aérienne du palais du Louvre. © MatthiasKabe.
Frères LIMBOURG, Les très riches
heures du duc de Berry, mois
d’octobre (détail), 1412-1416, musée
Condé, château de Chantilly, © Musée du Louvre.
© Gulp68
2
FRA ANGELICO,
Le Couronnement de la Vierge,
vers 1430-1432. © R.M.N.
Léonard de VINCI,
La Joconde, Vierge à l’Enfant avec
1503-1506. sainte Anne, 1500-1513.
© Musée du Louvre/A. Dequier - M. Bard.
Victoire de Samothrace,
Grèce, vers 190 av JC. © R.M.N./G. Blot - H. Lewandowski
Le musée Les collections du musée du Louvre sont organisées en sept départements.
Trois départements sont consacrés à l'Antiquité:
- du Proche-Orient
- de l'Égypte
- de la Grèce
- de Rome
Quatre départements sont consacrés aux Temps Modernes, du Moyen Âge au XIXe siècle: sculpture,
objets d'art, peinture, arts graphiques.
La visite va concerner les thèmes suivants:
LA RENAISSANCE ITALIENNE ET FRANÇAISE
LA PEINTURE FRANÇAISE DE LA FIN XVIIIe ET DU DÉBUT XIXeS.
ROCOCO
NÉOCLACISSISME
Scribe accroupi, Égypte, IVe
dynastie ( ?), vers 2620-2500 av
J.-C. © Musée du Louvre/C. Décamps
Aphrodite, dite "Vénus de Milo,
fin du IIe s. av. J.-C © R.M.N./Arnaudet - J. Schormans.
BOTTICELLI, Vénus et les Trois Grâces offrant des
présents à une jeune fille (détail), vers 1483 – 1485. © R.M.N./D. Arnaudet.
Jean-Honoré FRAGONARD,
Le verrou, 1777. © R.M.N./D. Arnaudet.
VÉRONÈSE, Les Noces de Cana, 1562-1563. © R.M.N.
Jean CLOUET,
Portrait de François Ier, roi de France,
vers 1530. © Musée du Louvre/A. Dequier - M. Bard.
Jacques-Louis DAVID,
Le sacre de
Napoléon, 1806 - 1807 © Musée du Louvre/E.
Lessing.
3
LE ROMANTISME FRANÇAIS
Parcours autour du Louvre
En quittant le musée du
Louvre, nous allons longer le
quai François Mitterrand afin
d’emprunter le Pont des Arts qui
relie l'Institut de France et la
cour carrée du palais du Louvre
(qui s'appelait « palais des Arts »
sous le Premier Empire).
Un extrait de L’Œuvre
d’Émile ZOLA nous présente le
début de notre parcours :
L'Œuvre, chapitre VIII (1886) Au milieu du chapitre VIII, après le refus de son troisième tableau par le Salon, Claude se réfugie,
accompagné de Christine, sa femme, dans la contemplation de l'un de ses paysages favoris : l'île de la Cité vue du pont du Carrousel, lieu de son premier atelier (cf. le chapitre I du roman). Cette vue obsédera, jusqu’ 'à la fin de sa vie ce personnage « agissant sous l'influence du milieu intérieur ».
« Maintenant qu'ils s'appartenaient, ils ne goûtaient plus ce simple bonheur de sentir la pression tiède de leurs bras, pendant qu'ils marchaient doucement, comme enveloppés dans la vie énorme de Paris. Au pont des Saints-Pères, Claude, désespéré, s'arrêta. Il avait quitté le bras de Christine, il s'était retourné vers la pointe de la Cité. Elle sentait le détachement qui s'opérait, elle devenait très triste; et, le voyant s'oublier là, elle voulut le reprendre.
« Mon ami, rentrons, il est l'heure... Jacques1 nous attend, tu sais. » Mais il s'avança jusqu'au milieu du pont. Elle dut le suivre. De nouveau, il
demeurait immobile, les yeux toujours fixés là-bas, sur l'île continuellement à l'ancre, sur ce berceau et ce cœur de Paris, où depuis des siècles vient battre tout le sang de ses artères, dans la perpétuelle poussée des faubourgs qui envahissent
1 Leur fils.
Jacques-Louis DAVID,
Le serment des Horaces,
1784. © R.M.N./G. Blot - C. Jean.
Jean-Auguste-
Dominique INGRES,
La Grande Odalisque,
1814. © R.M.N./H. Lewandowski.
Théodore GÉRICAULT,
Le Radeau de la Méduse, 1819. © R.M.N./D. Arnaudet.
Eugène DELACROIX,
Le 28 Juillet : La Liberté guidant le peuple,
1831. © R.M.N./H. Lewandowski.
4
la plaine. Une flamme était montée à son visage, ses yeux s'allumaient, il eut enfin un geste large.
« Regarde ! regarde ! » D'abord, au premier plan, au-dessous d'eux, c'était le port Saint-Nicolas, les
cabines basses des bureaux de la navigation, la grande berge pavée qui descend, encombrée de tas de sable, de tonneaux et de sacs, bordée d'une file de péniches encore pleines, où grouillait un peuple de débardeurs2 , que dominait le bras gigantesque d'une grue de fonte ; tandis que, de l'autre côté de l'eau, un bain froid, égayé par les éclats des derniers baigneurs de la saison, laissait flotter au vent les drapeaux de toile grise qui lui servaient de toiture. Puis, au milieu, la Seine vide montait, verdâtre, avec des petits flots dansants, fouettée de blanc, de bleu et de rosé. Et le pont des Arts établissait un second plan, très haut sur ses charpentes de fer, d'une légèreté de dentelle noire, animé du perpétuel va-et-vient des piétons, une chevauchée de fourmis, sur la mince ligne de son tablier. »
Entre 1801 et 1804, une première passerelle de neuf arches en fonte réservée aux piétons est
construite: le Pont des Arts est le premier pont métallique de Paris. Il s'effondre sur 60 m en 1979, et le pont
actuel a été reconstruit entre 1981 et 1984 « à l'identique » mais en réduisant le nombre des arches (sept
au lieu de neuf), ce qui permet leur alignement sur celles du pont Neuf. Il sert parfois de lieu d'exposition.
L'Institut de France est à la fois une institution académique française créée le 25 octobre 1795, et le
nom du bâtiment parisien du 23 quai de Conti dans le 6e arrondissement de Paris qui en est le siège.
L'institut de France regroupe cinq académies :
Académie française fondée en 1635
Académie des inscriptions et belles-lettres (1663)
Académie des sciences (1666)
Académie des sciences morales et politiques (1795)
Académie des Beaux-arts (1816)
Le Président de l'Institut, en fonction pour un an, est tour à tour le président de
chacune des cinq Académies (le secrétaire perpétuel pour l'Académie
française). En 2009, le président est le physicien Jean SALENÇON. En 2010,
devrait lui succéder un architecte.
Le bâtiment, construit entre 1662 et 1688, est destiné à abriter un collège pour recrutement de
l'administration royale. En 1805, à la demande de Napoléon Ier, l'Institut de France s'installe dans le
collège, dont la chapelle est transformée en salle pour les séances des académies.
« En dessous, la Seine continuait, au loin ; on voyait les vieilles arches du Pont-Neuf, bruni de la rouille des pierres ; une trouée s'ouvrait à gauche, jusqu'à l'île Saint-Louis, une fuite de miroir d'un raccourci aveuglant ; et l'autre bras tournait court, l'écluse de la Monnaie semblait boucher la vue de sa barre d'écume. Le long du Pont-Neuf, de grands omnibus3 jaunes, des tapissières bariolées, défilaient avec une régularité mécanique de jouets d'enfants. Tout le fond s'encadrait là, dans les perspectives des deux rives : sur la rive droite, les maisons des quais, à demi cachées par un bouquet de grands arbres, d'où émergeaient, à l'horizon, une encoignure de l'Hôtel de Ville et le clocher carré de Saint-Gervais, perdus dans une confusion de faubourg ; sur la rive gauche, une aile de l'Institut, la façade plate de la Monnaie, des arbres encore, en enfilade. Mais ce qui tenait le centre de l'immense tableau, ce qui montait du fleuve, se haussait, occupait le ciel, c'était la Cité, cette proue4 de l'antique vaisseau, éternellement dorée par le couchant. »
Émile ZOLA, L'Œuvre, 1886.
2 Personnes qui chargent et déchargent les navires.
3 Voitures à cheval. 4 Avant d’un navire.
Institut de France. © LPLT.
5
Le Pont Neuf est, malgré son nom, le plus ancien pont de Paris qui
traverse la Seine et qui soit toujours intact. Il est classé monument historique
depuis 1889. C'est le premier pont en arc construit en pierre à Paris
(auparavant les ponts étaient construits en bois) et le premier à ne plus être
couvert de maisons. Sa construction se déroule entre 1578 et 1607, sous les
règnes d’Henri III et d'Henri IV.
Depuis le quai du Louvre, on rejoint la rue de l’Amiral de Coligny (chef
du parti protestant pendant les guerres de
religions) le long de laquelle se trouve
l’église St-Germain l’Auxerrois, face au Louvre.
La partie la plus ancienne est la tour romane, qui date du XIIe siècle.
L’église, construite essentiellement au XIIIe siècle, est en grande partie
reconstruite au XVe siècle. En raison de sa proximité avec le palais, elle
devient l'église attitrée de la famille royale au moment où les Valois
s'installent à nouveau au Louvre, au XIVe siècle.
Ce sont ses cloches qui sonnèrent le tocsin marquant le début du
massacre des protestants de Paris lors de la Saint-Barthélemy le 24 août
1572. Sous la Terreur, Saint-Germain est convertie en magasin de
fourrage, en imprimerie, en poste de police, en fabrique de salpêtre.
L'église est rendue au culte catholique vers 1840.
Depuis St-germain l’Auxerrois, on a une vue d’ensemble sur la colonnade
du Louvre.
La colonnade du Louvre
Sous Louis XIV, le Louvre et les arts doivent participer à la mise en
place d’un gouvernement centralisé autour de la personne du roi.
Ainsi sont décidés le prolongement des Tuileries (projet de Le Vau)
et l’aménagement des jardins à la française par André Le Nôtre.
Dans la continuité de ce projet, on décide la construction, côté
ville, d’une façade monumentale de style classique5, dominée par
un péristyle à colonnes doubles occupant tout l'étage. Le gros
œuvre est terminé en 1672, tandis que le roi délaisse peu à peu le
Louvre pour Versailles (1678), laissant l'ensemble inachevé.
La réalisation de la colonnade n'est toutefois pas la seule
modification qui a lieu au Louvre durant le règne personnel de Louis
XIV. L'incendie de la petite galerie en 1661 induit sa reconstruction par Le Vau (fin 1664), puis son
doublement en hauteur (galerie d'Apollon, initiatrice du classicisme français) en 1665. La cour carrée est
elle aussi réaménagée. On y accède par un passage placé au milieu de la façade de la colonnade.
A l’origine de la construction de la cour carrée, une
décision de François Ier à la veille de sa mort, en 1545,
réalisée par l’architecte Pierre Lescot. La façade
Renaissance, décorée par Jean Goujon, est à la gloire
du roi. Le plan consiste en une cour quadrangulaire
épousant les contours de l'enceinte médiévale (le quart
sud-ouest de l'actuelle cour carrée), autour de laquelle
est projeté un ensemble en forme de U.
En quittant la place carrée par le Pavillon de l’Horloge
(ou Sully), on traverse la place Napoléon en direction de
l’Arc de Triomphe.
L’Arc de Triomphe du Carrousel est édifié sur la place
éponyme en 1807-1809, sur la demande de Napoléon
Bonaparte en hommage à la Grande Armée. Il célèbre
la victoire de l'armée française à Austerlitz et fait explicitement référence aux arcs de triomphe de
5 L’architecture classique s’inspire de l’Antiquité et se caractérise par la recherche de compositions symétriques. Elle représente au
XVIIe s. un idéal d’ordre et de raison. Elle est particulièrement présente dans le plan de la place des Vosges et la construction des
châteaux de Fontainebleau, Vaux-le-Vicomte ou au palais du Louvre.
Aile Ouest de la cour du Louvre construite par Lescot. © Beckstet.
Pont Neuf. © benjamin brisson.
St-Germain l’Auxerrois.
Colonnade du Louvre. © Beckstet.
6
l'empire romain. Les bas-reliefs illustrent les batailles et le
quadrige surmontant l'arc est une copie des Chevaux de
Bronze de Constantin Ier qui ornent la porte principale de la
basilique Saint-Marc de Venise.
Depuis l’arc de triomphe nous avons un large panorama sur
l’ensemble du jardin des Tuileries.
Le jardin des Tuileries est planté par Catherine de Médicis à
partir de 1564, au moment où commence la construction du
palais des Tuileries. Il est alors tracé à l'italienne. En 1664, Jean-
Baptiste Colbert ordonne que le jardin soit entièrement
redessiné par André Le Nôtre: il perce dans l'axe du palais une
allée centrale délimitée, à l'est par un bassin rond, à l'ouest par
un bassin octogonal ; il ajoute les terrasses latérales et le long de la future place de la Concorde ainsi
que deux rampes en courbe permettant d'y accéder ; de nombreuses statues de marbre viennent par
ailleurs orner le jardin. Celui est le témoin, en 1783, de la première ascension dans un ballon à gaz par les
frères Montgolfier.
Depuis 1998, le jardin accueille des sculptures contemporaines, installées le long des différentes allées qui
permettent d’accéder à la place de la Concorde.
La place de la Concorde est située au pied de l'avenue des Champs-Élysées. Il s'agit de la deuxième
plus vaste place de France (après la place des Quinconces à
Bordeaux). En 1748, la Ville de Paris choisit une esplanade située
au bout du jardin des Tuileries pour aménager la place Royale afin
d’y ériger une statue équestre de Louis XV. La place, dont le plan
octogonal est dû à Ange-Jacques Gabriel, n’est totalement
achevée qu’en 1772.
Rebaptisée place de la Révolution en août 1792, elle accueille
temporairement la guillotine le 21 janvier 1793 pour l'exécution
de Louis XVI, puis définitivement en mai 1793 lorsque celle-ci quitte
la place de Grève (place de l’Hôtel de Ville) en mai 1793. Avec la
fin de la Terreur, le gouvernement décide de rebaptiser la place
de la Révolution place de la Concorde (1795).
L’obélisque en plein centre de la place est un cadeau offert en
1831 par le vice-roi d'Égypte, Méhémet Ali ; il marquait alors
l'entrée du Temple de Louxor à Thèbes. Il est érigé sur la place
le 25 octobre 1836. L’obélisque est entouré par deux fontaines
monumentales, la Fontaine des Mers et la Fontaine des Fleuves.
Le passé monarchique de la place est attesté par la rue située sur son côté Nord, la rue Royale qui offre
une belle perspective sur l’église de la Madeleine.
L'église de la Madeleine se situe sur la place de la Madeleine,
dans le faubourg St-Honoré ; elle constitue une parfaite illustration
du style architectural néoclassique6. Sa construction s'est étalée sur
85 ans à la fin du XVIIIe siècle et au début du XIXe siècle. Les
changements politiques de l'époque en firent modifier à plusieurs
reprises la destination et les plans : conçu par Napoléon Ier comme
un temple à la gloire de sa Grande Armée en 1806, le bâtiment
faillit être transformé en 1837 en gare ferroviaire, avant de devenir
une église en 1845.
Sources : Encyclopedia Universalis
http://www.louvre.fr
http://fr.wikipedia.org
http://commons.wikimedia.org
6 Style s’inspirant de l’Antiquité qui s’est développé entre la moitié du XVIIIes et le début du XIXes en réaction aux excès du baroque
et du rococo.
© Bangin.
© GIRAUD Patrick.
© Wflorrain.