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M est arrivée au Hoggar, véritable eentre du Sahara Iles CHEFS DE LA MISSION Mo HAARDT, A DROITE, ET M. AUDOUIN-DUBREUIL DEVANT.L'AUTOCHENILLE citroen, MUNIE D'UNE MITRAILLEUSE Les 700 kilomètres qui séparent In-Salah de Tamanrasset n'ont pas été franchis on 16 conçoit aisément avec la même facilité qu'on trouve à rouler en auto- mobile de Paris a Marseille, la distance entre ces deux villes étant-sensiblementla >V même.- '•• ••- 1 Les deux chefs de la mission, MM. Haardt et Audoain-Dobreml, ont dû déployer l'activité et l'énergie nécessaires pour vaincre le soleil et le sol le soleil qui émoussé la volonté, le sol qui oppose une multitude de barrières à la marche en avant. VERS TOMBOUCTOU L'itinéraire prochain à travers le Tanez- rouf ou Pays de la Soif Tamanrasset, 28 décembre. Après deux,jours,'de repos, la missions Ilaardt- Âudouin-Dubreuil, qui effectue la tra- versée du Sahara en autochenilles, est repartie d'In-Salait le 24 décembre, aux premières lueurs du jour. Elle a franchi les vastes plaines du Tidikelt, battues par de grands vents et dont les pistes, parcourues par de nombreuses caravanes, sont jalonnées de cadavres de chameaux. La mission a ensuite quitté le désert de sable pour entrer dans le désert de pierres. Les voitures ont abordé ces nouveaux terrains sans ralentir, et malgré des parcours souvent sans trace, leur mar- clâe a été toujours régulière, à raison de plus de 200 kilomètres par jour. La mission a campé la nuit de la Noël dans les dernières montagnes bleues du Mouydir, aux confins du Hoggar. Elle est entrée le 26 décembre, par Arrem-Tit, sur 1e territoire du Hoggar, Il VAttakor », comme l'appellent les Touareg. C'est le véritable centre du Sahara. (Havas.) UN MATCH DE BOXE FRANCO-AMERICAIN WSEh fllMiES BflT FtjflW PW JBX POIflTS Ce que {ut le match d'hier soir une succession de corps à corps au cours des. quels Franck Moran droite), lourd de ses 90 kilos, se laissait tomber sur Nilles, dans l'espoir d'user la longue la vigueur nusculaire de son adversaire. PROPOS D'UN PARISIEN i Un illettré moderne Un jour, pendant la guerre, je fus conduit par un automobiliste militaire qui était au eervice d'un préfet. Le chauffeur'était un garçon amusant qui avait de la repartie. Il conduisait sa voiture comme un fou. Le préfet le laissait faire par crainte de mon- trer qu'il n'était pas rassuré par cette ,vitesse, J'eus l'occasion de causer longue- ment avec l'automobiliste, et je fus esta maqué de son ignorance. Il ne savait rien, ni lire, ni écrire, ni rien. Et c'est pourquoi je songe à lui au- jourd'hui. Le Matin a publié qu'à Nice les illettrés sont en nombre exagéré et qu'ils «ont sur l'histoire de France des notions véritablemént désordonnées. Én causant avec le chauffeur du préfet, j'ai pu constater que ce jeune homme croyait que la Russie était en Amérique, que le Japon touchait au Canada, que M. Thiers avait été un grand médecin. Il croyait que le Sahara était un grand fleuve, que Bonaparte était un Egyptien de nais- sance, qu'il avait fait la conquête de la France à l'aide des musulmans. C'était inimaginable Le jeune homme m'avoua qu'il n'avait jamais été à l'école et qu'en somme, tout ce qu'il savait, il l'avait appris au cinéma. On a peine à se rendre compte de ce que peut être le cerveau d'un jeune homme ainsi lancé dans 'vié moderne. Quels troubles doit apporter dans une telle intelli- gence le spectacle du monde, *combiné avec des films et les paroles des orateurs ? Un jour; je discutais de ces choses avec le préfet qui me répondit Ce petit Il a des idées politiques hrrêtées. Il a des' opinions catégoriques sur tout. Il parle très bien, avec chaleur. Il dit n'importe quoi, mais il le dit bien. Et si, dans une réunion publique, vous l'aviez jamais pour adversaire, vous seriez 1 I«Sis Fotest L'athlète :a vaincu l'homme gras. Marcel Nilles, champion de France, a battu le vé- téran américain de- poids lourds FranK Mo- ran aux points, après quinze reprises d'un match assez terne. Nilles, bien préparé, eut nettement l'a- vantage pendant toute la rencontre. La bou- che ouverte, ^dentée, où l'on voyait les gen- cives sanguinolentes, il sembla, malgré son évidente supériorité, qu'il eût constam- ment peur du poing droit de son adversaire. Celui-ci, il la face de paysan madré, usa de, tons les vieux trucs permis ou interdits. Il alla méme jusqu'à faire une combinaison de boxe et de lutte. Ce match débuta par des, attaques assez variées de Moran, tantôt avec le poing, tantôt avec l'avant-bras ou le coude puils peu à peu Nilles se mit en confiance. Il conduisit à plusieurs reprises son adver- saire dans les coins du ring, le harcelant sans cesse dans les corps corps. Le seul incident fut un coup de poing que Moran reçut au plein milieu de son ventre replet. Le coup résonna. Le boxeur améri- cain, sérieusement affecté, se courba en deux tandis que Nilles, surpris, ne sachant s'il avait frappé trop bas, s'arrêtait de com- battre. Vers la fin, Moran se mit deux ou trois fcis en colère. Mais ce fut un feu de paille. Et la victoire sourit à l'hommegmaigre. L'émiettement communiste ou le parti des ôte-toi de ra que je m'y mette Comment il fut procédé à l'exclusion des rédacteur à l'« Humanité» « Le parti de la grande amitié: pour nous servir d'une expression chère au ci- toyen L.-O. Frossard, a une façon bien à lui de comprendre la camaraderie. Ce parti de lutte de classe semble surtout être un parti de lutte de place. «Les ôte- toi de là. que je m'y mette ».y sont nom- breux. Tous les moyens, même les pires, leur sont bons. Cela avait déjà été dit à la tribune du dernier congrès de Paris. Ce qui s'est passé vendredi soir dans les bureaux de l'Humanité vient juste à point pour illus- trer cette opinion. Vous connaissez l'histoire. Elle vaut sur- tout par les détails. Trois « camaradivones Il érigés en juges, les citoyens Amédée Dunois, à la barbe fleurie, André Rosmer, maigre et constipé, René Reynaud, grassouillet à souhait, firent comparattre devant eux, un par un, un cer- tain nombre de leurs collaborateurs. Au citoyen Noël Garnier, ils dirent Tes idées ne correspondent plus à la ligne politique de notre journal. V Au citoyen Bernard Lecache Tu es et, quoi que tu fasses, tu resteras un reporter boulevardier. Malgré tes cheveux longs, tu n'arrives pas a avoir des penséea vraiment communistes. Tes papiers sen res- sentent, Au citoyen André Gybal les trois juges firent, aux cheveux près, le même repro- che. Or, il est à noter que les citoyens Gar- nier, Lecache et Gybal appartenaient de- puis toujours à l'extrême gauche du parti. Ils eurent beau protester de leur parfaite orthodoxie. Rien n'y fit. Congé leur fut si- gnifié. On écoute aux portes Au citoyen Schwartz, qui leur succéda, aucun grief de tiédeur communiste ne pou- vait être fait. Il s'était en effet profondé- ment Incliné devant, les vingt et une condi- tions de Moscou. Il était prêt à s'incliner devant toutes les nouvelles qu'il plairait à l'Exécutif d'édicter. C'est très bien, lui dit-on, seulement tu as la langue un peu longue. On t'a. entendu dans les couloirs tenir des propos neu respec- tueux pour nos amis du Kremlin. Ton compte est bon. Tu peux te faire régler. Faites entrer Torrès, ordonna le citoyen Amédée Dunois. A ce dernier, il fut reproché en termes mesurés mais nets d'avoir un esprit petit- bourgeois dont se ressentaient vivement et les « papiers qu'il faisait et les campagnes qu'il menait ». Bref, il était devenu im- possible il, Alors me voilà exclu I tonna Henry Torrès. Exclu par qui ? Par un Dunois, l'hom- me de toutes les sales besognes. Je n'accepte pas d'ailleurs cette exclusion. Le suivant était le citoyen Georges Pioch, critique dramatique de 1'Humanité et hom- me point, facilement intimidabie. On lui fit remarquer que la critique et le communisme étaient deux choses tout à fait distinctes et qu'on lui serait très re- connaissant de vouloir bien borner à l'ave- nir sa collaboration à un ou deux articles par mois. Ce serait tout à fait suffisant Rouge de colère, suffoqué d'indignation, le citoyen Georges Pioch ouvrit d'un geste large la porte toute grande pour que les exclus qui étaient dans les couloirs et ceux qui attendaient leur tour d'exclusion ne perdissent rien de la scène et tout vibrant, il lança l'apostrophe suivante Vous êtes trois salauds, trois immondes salauds. Toi, Dunois, tu as été un faux anar- cMste. puis un faux socialiste, et tu es mainte- nant un faux communiste Le citoyen Pioch conclut Lâches, vous n'êtes que des lâches On m'aurait déjà dit à moi la moitié du quart de ce que je viens de vous dire que j'aurais de- puis longtemps sauté à la gorge de l'insulteur. Furent encore exclus, le citoyen Pevet, parce que franc-maçon, le citoyen Tourly parce que centriste, et le citoyen Stephen Magnier par raison d'économie. Le groupe des exclus,, au grand complet, se dirigea, tumultueux vers le bureau du citoyen Marcel Cachin. Ils trouvèrent le dirécteur. de VHumanité littéralement effondré, balbutiant, prêt à pleurer. Mes pauvres amis, gémit-il, je n'y peux rien. Moscou le veut. Moscou l'ordonne. Je n'ai qu'à m'incliner. Démissions Ajoutons que deux collaborateurs de l'Humanité, le citoyen Paul Louis et le des- sinateur H. -P. Gassièr avaient déjà envoyé leur démission. Dans la soirée d'hier, nous, avons pu joindre quelques-uns des congédiés. Nous n'avons rien tf déclarer, nous ont-ils dit. Notre camarade Pioch a si exactement traduit notre pensée, que nous n'avons pas un mot ajouter. Le plus, clair c'est que nous voici sur le pavé. Au siège de l'Humanité, grande anima- tion. Le citoyen Amédée Dunois, secrétaire gé- néral, nous déclare Nous avions trop de rédacteurs. Une com- pression s'imposait. Le parti communiste ne veut. que des hom- mes sur lesquels il puisse compter. Or, certains de nos rédacteurs et collabora- teurs s'étaient depuis le dernier congrès de Paris, livrés à un petit travail souterrain de scission. Il y eut de leur part un véritable complot pour mettre la main sur l'Humanité et nous chasser. Frossard leur avait fait des promesses, mais au dernier moment il s'est « déganflé et a trahi comme toujours, Mais, demandons-nous, qui vous a man- daté pour procéder aux exécutions ? Ici point de réponse nette. Ajoutons pour terminer que Mme Séve- rine et M. Anatole France seront invités à ne plus se pareur du titre de connnunis- tes ». UNE PLAINTE EN FAUX ET ESCROQUERIES de la Fédération du bâtiment contre Y. Lois Bringer député de la Lozère Celui-ci proteste contre les accusations dont il est t'objet Par l'organe de Mo Mauranges, la Fédé- ration du bâtiment, qui fait partie de la C. G. T. réformiste et a son siège 211, rue Lafayette, a. déposé, ainsi que nous l'annon- cions hier, entre les mains de M. Guépet, doyen des juges d'instruction, avec consti- tution de partie civile, une plainte en faux et en escroquerie contre M. Louis Bringer entrepreneur de travaux publics et député de la Lozère. Yoici, d'après la Fédération du bâtiment, les faits qui l'ont amenée à déposer sa plainte En juillet 1914, M. Bringer avait obtenu l'adjudication de la crémation du 9" lot des voies ferrées d'Ax-les-Thermes à la fron- tière espagnole. Le montant global de l'ad- judication s'élevait à 575.000 francs. Les travaux commencèrent et prirent fin pen- dant la guerre. Au début de 1921, M. Bringer adressa une réclamation au mmjqire des travaux publics pour demander qvrun supplément de prix lui soit accordé sur les travaux ef- [ feçtués en raison de l'augmentation qu'il avait subie de la main-d'oeuvre. A l'appui de sa réclamation, M. Bringer offrait au ministre de produire sa comptabilité et les bordereaux de salaires des ouvriers. Comp- tabilité et bordereaux furent donc envoyés au ministère et. l'administration versa au député de la Lozère la somme globale qu'il réclamait, soit 738.000 francs au lieu de 575.000 francs fixées d'abord, soit un sup- plément de 163.000 francs. Or, la semaine dernière, M. Bussiôres de Lair, un comptable de la maison d'entre- prise de M. Louis Bringer, remettait entre les mains du procureur de la République une dénonciation dans laquelle il exposait que « voulant soulager sa conscience » il s'était décidé à. révéler à la justice comment, par un truquage de sa comptabilité, M. Brin- ger dans sa réclamation au ministère des travaux publics avait réalisé d'illicites bé- néfices. Il joignait a- ces accusations la comptabilité' même du député de la Lozère. 1 La Fédération du bâtiment ayant connu cette dénonciation estima qu'elle devait in- tervénir en cette affaire. Gardienne des intérêts de la classe ou- vrière, nous déclarait-on hier, la. Fédération du bâtiment ne pouvait admettre que M. 1 Bringer, pour couvrir ses réclamations injus- 1 tiflées. se soit appuyé sur une prétendue aug- mentation des salaires, risquant ainsi de i tromoer l'ODinion. Mo BRINGER député de la Lozère Tel est l'exposé des faits de la Fédération du bâtiment. D'autre part, nous avons vu M. Louis Bringer, qui nous à déclaré Je ne puis que protester contre les allé- gations de la Fédération du bâtiment, avec laquelle je n'ai, jamais eu de rapport. En juillet 1914, j'ai été déclaré adjudicataire du 9" lot de la ligne d'Ax-les-Thermes à la frontière d'Espague. Pour déférer au désir de l'administration des ponts et chaussées, qui désirait ouvrir, malgré la guerre, le chantier au bord de Puig- cerda, j'ai exécuté, en dépit de très graves difficultés, une grande partie de ces travaux. En juin 1918, ils furent suspendus. Leur rè. glement s'est effectué en 1921. Ce règlement comportait divers chefs de réclamations, dont le plus important était la rencontre d'une nappe d'eau dans le terrassement. Le aervice des ponts et chaussées se rendit compte du bien-fondé de certaines de ces réclamations, et. après une discussion avec les agents qui suivirent les travaux, qui du. rèrent de 1918 à 1921, une indemnité me fut allouée pour règlement définitif de cette en. treprise, règlement en tous points conforme à tous ceux du même ordre dans les travaux publics. Quant à la dénonciation qui aurait été dé. 1 posée contre moi par mon comptable vous m'en donnez la première nouvelle. Je n'en ai pas eu connaissance jusqu'ici. Ajoutons que M. Bussières de Lair, em- ployé depuis vingt ans chez M. Bringer, a quitté celui-ci il y a quelques jours en di- sant qu'il était malade et qu'il avait besoin de se reposer. M. Bringer ignorait que son comptable l'avait quitté définitivement. Le procureur de la République a trans- mis à M. Lescouvé une plainte de M. Brin- ger et les documents qui y étaient joints. Le procureur général n'a pas encore fait connaître sa décision. LE MARQUIS DE CREWE ambassadeur d'Angleterre remet ses lettres de créance au-président de la République A L'ELYSÉE Lord Cmwe, snj premier pUui M. de FotnruièreBt directeur du protocole à gauche (Voir en 20 page.) M. Victor Margueritte sera radié des cadres de la Légion d'honneur M. Victor Margueritte, commandeur de la Légion d'honneur, sera radié des cadres de l'ordre national, telle est la décision prise par le conseil de l'ordre. Au début de la semaine, les trois mem- bres composant la commission d'enquête chargée d'examiner le cas de l'écrivain, étaient tombés d'accord selon eux, une mesure de radiation s'imposait. Un avis en ce sens fut transmis aussitôt au grand chancelier et, jeudi matin, le général Du- bail réunissait le conseil de l'ordre. Après un échange de vues approfondi, les membres présents décidèrent, à funani- mité, d'adopter les conclusions de la com- Un rapport a été adressé au garde des sceaux ce dernier, en effet, a qualité pour établir et présenter à la signature^ du pré- sident de la République le décret qui est né- cessaire pour sanctionner la radiation. Ce document n'est pas publié au Journal offi- ciel.. Hier soir, M. Maurice Colrat n'avait pas encore pris connaissance du dossier. Son intention, d'ailleurs, ne fait aucun doute. Le ministre de la justice nous a déclaré que le conseil de l'ordre était souverain en matière disciplinaire et qu'en ce qui le con- cernait personnellement, il ne pouvait que respecter la décision prise par les membres du conseil. L'af f aire Judet viendra devantles assises de la Seine dans la deuxième quinzaine de janvier Désireux d'en finir au plus vite &W l'affaire d' intelligences avec l'ennemi » dans-laquelle se trouve impliqué l'ancien directeur de l'Eclair, M. Ernest Judet, ac- tuellement réfugié en Suisse, le parquet gé- néral a décidé hier de faire inscrire cette affaire au rote des assises de la deuxième quinzaine de janvier. Mais, étant donné l'absence de l'accusé du territoire français, et l'impossibilité de lui faire signifier par voie diplomatique d'avoir à se présenter devant le jury, cnver- ses autres formalités, dont chacune exige légalement un délai de quelques jours, de- vront être respectées. La première consistera à faire présenter la signification au dernier domicile français de M. Ernest Jndet et d'en avertir l'accusé « à son de trompe», ainsi qu'il est indiqué .en matière de procédure de contumace. Mais, comme bien l'on pense, l'huissier chargé de la signification se dispensera d'employer cette méthode musicale et su- rannée et la remplacera plus simplement par un affichage en bonne et due forme. Après un court délai, si l'ancien direc- teur de Y Eclair n'a point répondu à cet ap- misés en oeuvre à la mairie et autour de la mairie du dernier domicile français de M. Judet. Jugement par. contumace En foi de quoi, la procédure de contumace étant terminée, signification sera faite au président des assises de la Seine d'avoir à juger le contumax à la date, qui, sera fixée par le parquet général. Jugement sim- pie et rapide, où le jury n'aura pas à inter- venir, et dans lequel seuls se prononceront le président des assises et ses assesseurs, après réquisitoire de l'avocat général. Ainsi que nous le disons plus haut. l'épo. que retenue pour ce jugement est la deaxiè. me quinzaine de janvier. M. Judet viendra-t-il ? Seuls, le retour en France de M. Ernest Judet et sa « mise en état Il d'evant la jus- tice française pourraient modifier la procès dure dont nous venons d'exposer les gran- des lignes. On sait que M. Ernest Judet fit annoncer, récemment qu'il n'attendait, que la fixation de la date de son jugement pour rentrer en France et venir se constituer prisonnier. Le fera-t-il ? Dans l'affirmative, toute la procédure de, contumace deviendrait nulle et sans effet, et il est vraisemblable alors qu'une, nou- velle instruction ou plutôt un supplément d'information serait ordonna, EN DEUXIEME PAGE La réception au Matin des étudiants étran- gers. EN QUATRIEME PAGE Les Milté et un Matins Les CADEAUX,@ Henri Duvernois. EN SIXIEME PAGE La Page du Dimanche. ' EN SEPTIEME PAGE 1922 économique et financier. RÉPONSE AU KAISER Chapitre V. –AU BORD DU GOUFFRE (Suite) L'Allemagne a reconnu sa responsabi- lité et par deux fois au traité de paix d'abord, et, ce qui l'engage plus encore, si c'est possible, par le vote solennel du Reichstag du 10 mai 1921. Ou'est-ce qu'elle a à dire maintenant ? Elle répète qu'en i9i8 elle ignorait certains faits. Elle qui scellait ses archives ignorait des faits 1 Et en 1921, les ,ignorait-elle encore ,? Après la publication des docu- ments dont nous parlons plus haut, et dont une partie émanait de son propre gouvernement, les ignorait-elle ? L'Allemagne ajoute qu'elle a avoué sous le coup de l'invasion et pour en éviter le désastre. Ce n'est nas exact d'abord. En effet, elle a renouvelé l'aveu en 1921, loin de ce spectacle terrifiant. Et qui donc fait à l'Allemagne une plus violente injure que celle qui lui vient de ses écrivains et de ses ministres ? Une nation, en effet, peut tomber à ge- noux au chemin du vainqueur. Elle peut réclamer la paix et rendre ses armes. Elle peut accepter des clauses rigoureu- ses. Mais peut-elle accepter de s'avouer coupable d'un crime qui a ensanglanté le monde, quand sincèrement elle se sent innocente ? A quel moment l'Alle- magne n'a-t-elle plus Conscience de son honneur historique ? Est-ce sous les me- naces des représailles ou quand celles-ci furent éloignées ? Et encore, pourquoi a-trelle parlé si tard ? Ce n'est pas sous l'action d'une revanche de conscience. Un intérêt mercantile la srnide. Une des bases de la responsabilité pécuniaire étant la responsablité politique, mili- taire et morale, reconnue par elle, il convient de saper cette responsabilité, afin d'évincer l'autre. Venons-en maintenant aux faits. La responsabilité d'une guerre est un con. tenu de faits successifs qui s'enchaînent l'un a l'autre et dont chacun, en remon- tant du présent éclate l'orage au pas- la nuée est à peine visible, doit expliquer l'autre. Les mobilisations que nous discuterons, quant à leurs dates et quant à leurs heures, au chapitre sui- vant, ne sont qu'un aspect du conflit, et d'ailleurs une guerre a été souvent évitée; malgré une mobilisation. Nous prouverons tout de même, pour être complet, que toutes les responsabilités découlant des mobilisations sont assu- mées par l'Autriche et par l'Alle- magne:- Mais la mobilisation est une conséquence de l'ultimatum. L'ultima- tum, qui est la cause de la guerre par sa brutalité et sa spontanéité, est lui-mê- me une conséquence. Il est la consé- quence, de l'esprit de guerre, (fe la y<k- lonté de domination, du désir allégé- monie, dextout ce qui a troublé le monde pendant des siècles. Les révélations de M. Giolitti Examinons l'ultimatum du 23 juillet 1914 à la lueur d'un autre document. lequel vise des faits antérieurs d'une année. Le 5 décembre i914, Mi Giolitti, pré- sident du conseil des ministres italien en 1913, prononçait à la Chambre ita- lienne un terrible discours dont nous avons fait déjà état à la Chambre fran- caise le 22 décembre 1914. Voici comme il s'exprimait « Puisqu'il importe sur- tout que la loyauté de l'Italie soit main- tenue au-dessus de toute discussion, je rappelle que déjà, en 1913, l'Autriche méditait une action contre la Serbie, à laquelle elle voulait donner le caractère d'une action défensive. Bien entendu,. notre ministre des affaires étrangères fit savoir à l'Autriche que l'Italie ne se croyait pas obligée de participer à une telle action. » Jamais plus formidable accusation n'a été portée contre un pays. Est-ce qu'elle est fausse? Jamais personne, ni en Al- lemagne, ni en, Autriche, n'y a répondu. M. de Bethmann n'en a jamais parlé, ni M. de Jagow. Ainsi, avant l'attentat de Serajevo, un an avant, sous le ciel serein, sur la'terre tranquille, sans avoir l'excuse, même inacceptable, comme no,us allons le voir,, d'une émotion nationale, les deux .empi- res centraux entraient en guerre. Le refus de l'Italie glaça l'Allemagne. Ce relus n'était pas prévu, car la con- ception de l'honneur est tellement diffé- rente entre certains peuples, que quel- ques-uns ne peuvent pas douter qu'on ne les imite. Elle voulut attendre et; pour remplacer la nation qui refusait de se déshonorer, fourbir davantage ses armes. C'est alors que meurt en territoire autrichien, gardé par une police pure-4 ment autrichienne, organisée spéciale- ment pour ce jour-là par un général autrichien, le prince héritier d'Autriche. « Toute mon oeuvre est à recommen- cer" », dit Guillaume II sur le yacht :lui est annoncée la nouvelle devant le prince de Monaco qui entend et qui re- marque en même temps son teint li- vide. A partir de ce jour, 28 juin 1914, le guet-apens va se préparer. L'Autriche ne dit rien. L'Allemagne ne dit rien. On prépare le coup. On en- dort l'inquiétude par la, presse et on donne les garanties de sagesse verbale»

Le Matin (Paris. 1884) · 2020-08-05 · M est arrivée au Hoggar, véritable eentre du Sahara Iles CHEFS DE LA MISSION Mo HAARDT, A DROITE, ET M. AUDOUIN-DUBREUIL DEVANT.L'AUTOCHENILLEcitroen,

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Page 1: Le Matin (Paris. 1884) · 2020-08-05 · M est arrivée au Hoggar, véritable eentre du Sahara Iles CHEFS DE LA MISSION Mo HAARDT, A DROITE, ET M. AUDOUIN-DUBREUIL DEVANT.L'AUTOCHENILLEcitroen,

Mest arrivée au Hoggar, véritable eentre du Sahara

Iles CHEFS DE LA MISSION Mo HAARDT, A DROITE, ET M. AUDOUIN-DUBREUILDEVANT.L'AUTOCHENILLEcitroen, MUNIE D'UNE MITRAILLEUSE

Les 700 kilomètres qui séparent In-Salah de Tamanrasset n'ont pas été franchison 16 conçoit aisément avec la même facilité qu'on trouve à rouler en auto-

mobile de Paris a Marseille, la distance entre ces deux villes étant-sensiblementla>V • même.- '•• ••- 1

Les deux chefs de la mission, MM. Haardt et Audoain-Dobreml, ont dû déployerl'activité et l'énergie nécessaires pour vaincre le soleil et le sol le soleil qui

émoussé la volonté, le sol qui oppose une multitude de barrières à la marche enavant.

VERS TOMBOUCTOUL'itinéraire prochain à travers le Tanez-

rouf ou Pays de la SoifTamanrasset, 28 décembre. Après

deux,jours,'de repos, la missions Ilaardt-

Âudouin-Dubreuil, qui effectue la tra-versée du Sahara en autochenilles, estrepartie d'In-Salait le 24 décembre, auxpremières lueurs du jour.

Elle a franchi les vastes plaines duTidikelt, battues par de grands ventset dont les pistes, parcourues par denombreuses caravanes, sont jalonnéesde cadavres de chameaux.

La mission a ensuite quitté le désertde sable pour entrer dans le désert depierres.Les voitures ont abordé ces nouveaux

terrains sans ralentir, et malgré desparcours souvent sans trace, leur mar-clâe a été toujours régulière, à raisonde plus de 200 kilomètres par jour.

La mission a campé la nuit de laNoël dans les dernières montagnesbleues du Mouydir, aux confins duHoggar.

Elle est entrée le 26 décembre, parArrem-Tit, sur 1e territoire du Hoggar,Il VAttakor », comme l'appellent lesTouareg. C'est le véritable centre duSahara. (Havas.)

UN MATCH DE BOXE FRANCO-AMERICAIN

WSEh fllMiES BflT FtjflW PW JBX POIflTS

Ce que {ut le match d'hier soir une successionde corps à corps au cours des.quels Franck Moran (à droite), lourd de ses 90 kilos, se laissait tomber sur Nilles,dans l'espoir d'user la longue la vigueur nusculaire de son adversaire.

PROPOS D'UN PARISIENi Un illettré moderne

Un jour, pendant la guerre, je fus conduitpar un automobiliste militaire qui était aueervice d'un préfet. Le chauffeur'était ungarçon amusant qui avait de la repartie. Ilconduisait sa voiture comme un fou. Lepréfet le laissait faire par crainte de mon-trer qu'il n'était pas rassuré par cette,vitesse, J'eus l'occasion de causer longue-ment avec l'automobiliste, et je fus estamaqué de son ignorance.

Il ne savait rien, ni lire, ni écrire, nirien. Et c'est pourquoi je songe à lui au-jourd'hui. Le Matin a publié qu'à Nice lesillettrés sont en nombre exagéré et qu'ils«ont sur l'histoire de France des notionsvéritablemént désordonnées.

Én causant avec le chauffeur du préfet,j'ai pu constater que ce jeune hommecroyait que la Russie était en Amérique,que le Japon touchait au Canada, que M.Thiers avait été un grand médecin. Ilcroyait que le Sahara était un grand fleuve,que Bonaparte était un Egyptien de nais-sance, qu'il avait fait la conquête de laFrance à l'aide des musulmans. C'étaitinimaginable

Le jeune homme m'avoua qu'il n'avaitjamais été à l'école et qu'en somme, toutce qu'il savait, il l'avait appris au cinéma.

On a peine à se rendre compte de ce quepeut être le cerveau d'un jeune hommeainsi lancé dans là 'vié moderne. Quelstroubles doit apporter dans une telle intelli-gence le spectacle du monde, *combinéavec des films et les paroles des orateurs ?

Un jour; je discutais de ces choses avecle préfet qui me répondit

Ce petit Il a des idées politiqueshrrêtées. Il a des' opinions catégoriquessur tout. Il parle très bien, avec chaleur.Il dit n'importe quoi, mais il le dit bien.Et si, dans une réunion publique, vousl'aviez jamais pour adversaire, vous seriez

1 I«Sis Fotest

L'athlète :a vaincu l'homme gras. MarcelNilles, champion de France, a battu le vé-téran américain de- poids lourds FranK Mo-ran aux points, après quinze reprises d'unmatch assez terne.

Nilles, bien préparé, eut nettement l'a-vantage pendant toute la rencontre. La bou-che ouverte, ^dentée, où l'on voyait les gen-cives sanguinolentes, il sembla, malgré sonévidente supériorité, qu'il eût constam-ment peur du poing droit de son adversaire.Celui-ci, il la face de paysan madré, usade, tons les vieux trucs permis ou interdits.Il alla méme jusqu'à faire une combinaisonde boxe et de lutte.

Ce match débuta par des, attaques assezvariées de Moran, tantôt avec le poing,tantôt avec l'avant-bras ou le coude puilspeu à peu Nilles se mit en confiance. Ilconduisit à plusieurs reprises son adver-saire dans les coins du ring, le harcelantsans cesse dans les corps corps.

Le seul incident fut un coup de poing queMoran reçut au plein milieu de son ventrereplet. Le coup résonna. Le boxeur améri-cain, sérieusement affecté, se courba endeux tandis que Nilles, surpris, ne sachants'il avait frappé trop bas, s'arrêtait de com-battre.

Vers la fin, Moran se mit deux ou troisfcis en colère. Mais ce fut un feu de paille.Et la victoire sourità l'hommegmaigre.

L'émiettementcommuniste

ou le parti des

ôte-toide ra que jem'ymette

Comment il fut procédéà l'exclusion des rédacteur

à l'« Humanité»

« Le parti de la grande amitié: pournous servir d'une expression chère au ci-toyen L.-O. Frossard, a une façon bien àlui de comprendre la camaraderie.

Ce parti de lutte de classe semble surtoutêtre un parti de lutte de place. «Les ôte-toi de là. que je m'y mette ».y sont nom-breux. Tous les moyens, même les pires,leur sont bons. Cela avait déjà été dit à latribune du dernier congrès de Paris. Ce quis'est passé vendredi soir dans les bureauxde l'Humanité vient juste à point pour illus-trer cette opinion.

Vous connaissez l'histoire. Elle vaut sur-tout par les détails.Trois « camaradivones Il érigés en juges,

les citoyens Amédée Dunois, à la barbefleurie, André Rosmer, maigre et constipé,René Reynaud, grassouillet à souhait, firentcomparattre devant eux, un par un, un cer-tain nombre de leurs collaborateurs.

Au citoyen Noël Garnier, ils direntTes idées ne correspondent plus à laligne politique de notre journal. V

Au citoyen Bernard LecacheTu es et, quoi que tu fasses, tu resteras

un reporter boulevardier. Malgré tes cheveuxlongs, tu n'arrives pas a avoir des penséeavraiment communistes. Tes papiers sen res-sentent,Au citoyen André Gybal les trois juges

firent, aux cheveux près, le même repro-che.Or, il est à noter que les citoyens Gar-

nier, Lecache et Gybal appartenaient de-puis toujours à l'extrême gauche du parti.

Ils eurent beau protester de leur parfaiteorthodoxie. Rien n'y fit. Congé leur fut si-gnifié.

On écoute aux portesAu citoyen Schwartz, qui leur succéda,

aucun grief de tiédeur communiste ne pou-vait être fait. Il s'était en effet profondé-ment Incliné devant, les vingt et une condi-tions de Moscou. Il était prêt à s'inclinerdevant toutes les nouvelles qu'il plairait àl'Exécutif d'édicter.

C'est très bien, lui dit-on, seulement tuas la langue un peu longue. On t'a. entendudans les couloirs tenir des propos neu respec-tueux pour nos amis du Kremlin. Ton compteest bon. Tu peux te faire régler.

Faites entrer Torrès, ordonna le citoyenAmédée Dunois.

A ce dernier, il fut reproché en termesmesurés mais nets d'avoir un esprit petit-bourgeois dont se ressentaient vivement etles « papiers qu'il faisait et les campagnesqu'il menait ». Bref, il était devenu im-possible il,

Alors me voilà exclu I tonna M» HenryTorrès. Exclu par qui ? Par un Dunois, l'hom-me de toutes les sales besognes.Je n'acceptepas d'ailleurs cette exclusion.

Le suivant était le citoyen Georges Pioch,critique dramatique de 1'Humanité et hom-me point, facilement intimidabie.

On lui fit remarquer que la critique etle communisme étaient deux choses toutà fait distinctes et qu'on lui serait très re-connaissant de vouloir bien borner à l'ave-nir sa collaboration à un ou deux articlespar mois. Ce serait tout à fait suffisant

Rouge de colère, suffoqué d'indignation,le citoyen Georges Pioch ouvrit d'un gestelarge la porte toute grande pour que lesexclus qui étaient dans les couloirs et ceuxqui attendaient leur tour d'exclusion neperdissent rien de la scène et tout vibrant,il lança l'apostrophe suivante

Vous êtes trois salauds, trois immondessalauds. Toi, Dunois, tu as été un faux anar-cMste. puis un faux socialiste, et tu es mainte-nant un faux communiste

Le citoyen Pioch conclutLâches, vous n'êtes que des lâches Onm'aurait déjà dit à moi la moitié du quart de

ce que je viens de vous dire que j'aurais de-puis longtemps sauté à la gorge de l'insulteur.Furent encore exclus, le citoyen Pevet,

parce que franc-maçon, le citoyen Tourlyparce que centriste, et le citoyen StephenMagnier par raison d'économie.

Le groupe des exclus,, au grand complet,se dirigea,tumultueux vers le bureau ducitoyen Marcel Cachin.

Ils trouvèrent le dirécteur. de VHumanitélittéralement effondré, balbutiant, prêt àpleurer.

Mes pauvres amis, gémit-il, je n'y peuxrien. Moscou le veut. Moscou l'ordonne. Jen'ai qu'à m'incliner.Démissions

Ajoutons que deux collaborateurs del'Humanité, le citoyen Paul Louis et le des-sinateur H. -P. Gassièr avaient déjà envoyéleur démission.

Dans la soirée d'hier, nous, avons pujoindre quelques-uns des congédiés.

Nous n'avons rien tf déclarer, nous ont-ilsdit. Notre camarade Pioch a si exactementtraduit notre pensée, que nous n'avons pasun mot ajouter. Le plus, clair c'est quenous voici sur le pavé.

Au siège de l'Humanité, grande anima-tion.

Le citoyen Amédée Dunois, secrétaire gé-néral, nous déclare

Nous avions trop de rédacteurs. Une com-pression s'imposait.Le parti communiste ne veut.que des hom-

mes sur lesquels il puisse compter.Or, certains de nos rédacteurs et collabora-

teurs s'étaient depuis le dernier congrès deParis, livrés à un petit travail souterrain descission.

Il y eut de leur part un véritable complotpour mettre la main sur l'Humanité et nouschasser.

Frossard leur avait fait des promesses, maisau dernier moment il s'est « déganflé et atrahi comme toujours,

Mais, demandons-nous, qui vous a man-daté pour procéder aux exécutions ?Ici point de réponse nette.Ajoutons pour terminer que Mme Séve-

rine et M. Anatole France seront invités àne plus se pareur du titre de connnunis-tes ».

UNE PLAINTE EN FAUX

ET ESCROQUERIES

de la Fédération du bâtiment

contre Y. Lois Bringer

député de la Lozère

Celui-ci protestecontre les accusationsdont il est t'objet

Par l'organe de Mo Mauranges, la Fédé-ration du bâtiment, qui fait partie de laC. G. T. réformiste et a son siège 211, rueLafayette, a. déposé, ainsi que nous l'annon-cions hier, entre les mains de M. Guépet,doyen des juges d'instruction, avec consti-tution de partie civile, une plainte en fauxet en escroquerie contre M. Louis Bringerentrepreneur de travaux publics et députéde la Lozère.

Yoici, d'après la Fédération du bâtiment,les faits qui l'ont amenée à déposer saplainte

En juillet 1914, M. Bringer avait obtenul'adjudication de la crémation du 9" lot desvoies ferrées d'Ax-les-Thermes à la fron-tière espagnole. Le montant global de l'ad-judication s'élevait à 575.000 francs. Lestravaux commencèrent et prirent fin pen-dant la guerre.

Au début de 1921, M. Bringer adressaune réclamation au mmjqire des travaux

publics pour demander qvrun supplémentde prix lui soit accordé sur les travaux ef-

[ feçtués en raison de l'augmentation qu'ilavait subie de la main-d'œuvre. A l'appuide sa réclamation, M. Bringer offrait auministre de produire sa comptabilité et lesbordereaux de salaires des ouvriers. Comp-tabilité et bordereaux furent donc envoyésau ministère et. l'administration versa audéputé de la Lozère la somme globale qu'ilréclamait, soit 738.000 francs au lieu de575.000 francs fixées d'abord, soit un sup-plément de 163.000 francs.

Or, la semaine dernière, M. Bussiôres deLair, un comptable de la maison d'entre-prise de M. Louis Bringer, remettait entreles mains du procureur de la Républiqueunedénonciation dans laquelle il exposait que« voulant soulager sa conscience » il s'étaitdécidé à. révéler à la justice comment, par

un truquage de sa comptabilité, M. Brin-ger dans sa réclamation au ministère destravaux publics avait réalisé d'illicites bé-néfices. Il joignait a- ces accusations lacomptabilité'même du député de la Lozère.1 La Fédération du bâtiment ayant connucette dénonciation estima qu'elle devait in-tervénir en cette affaire.

Gardienne des intérêts de la classe ou-vrière, nous déclarait-on hier, la. Fédérationdu bâtiment ne pouvait admettre que M.

1 Bringer, pour couvrir ses réclamations injus-1 tiflées. se soit appuyé sur une prétendue aug-

mentation des salaires, risquant ainsi dei tromoer l'ODinion.

Mo BRINGERdéputé de la Lozère

Tel est l'exposé des faits de la Fédérationdu bâtiment.

D'autre part, nous avons vu M. LouisBringer, qui nous à déclaré

Je ne puis que protester contre les allé-gations de la Fédération du bâtiment, aveclaquelle je n'ai, jamais eu de rapport.

En juillet 1914, j'ai été déclaré adjudicatairedu 9" lot de la ligne d'Ax-les-Thermes à lafrontière d'Espague.

Pour déférer au désir de l'administrationdes ponts et chaussées, qui désirait ouvrir,malgré la guerre, le chantier au bord de Puig-cerda, j'ai exécuté, en dépit de très gravesdifficultés, une grande partie de ces travaux.

En juin 1918, ils furent suspendus. Leur rè.glement s'est effectué en 1921. Ce règlementcomportait divers chefs de réclamations, dontle plus important était la rencontre d'unenappe d'eau dans le terrassement.

Le aervice des ponts et chaussées se renditcompte du bien-fondé de certaines de cesréclamations, et. après une discussion avecles agents qui suivirent les travaux, qui du.rèrent de 1918 à 1921, une indemnité me futallouée pour règlement définitif de cette en.treprise, règlement en tous points conformeà tous ceux du même ordre dans les travauxpublics.

Quant à la dénonciation qui aurait été dé.1 posée contre moi par mon comptable vousm'en donnez la première nouvelle. Je n'en aipas eu connaissance jusqu'ici.

Ajoutons que M. Bussières de Lair, em-ployé depuis vingt ans chez M. Bringer, aquitté celui-ci il y a quelques jours en di-sant qu'il était malade et qu'il avait besoinde se reposer. M. Bringer ignorait que soncomptable l'avait quitté définitivement.

Le procureur de la République a trans-mis à M. Lescouvé une plainte de M. Brin-ger et les documents qui y étaient joints.Le procureur général n'a pas encore fait

connaître sa décision.

LE MARQUISDE CREWE

ambassadeur d'Angleterreremet ses lettres de créance

au-présidentde la République

A L'ELYSÉELord Cmwe, snj premier pUui

M. de FotnruièreBt directeur du protocoleà gauche

(Voir en 20 page.)

M. Victor Margueritte sera radiédes cadres de la Légion d'honneur

M. Victor Margueritte, commandeur de laLégion d'honneur, sera radié des cadres del'ordre national, telle est la décision prisepar le conseil de l'ordre.

Au début de la semaine, les trois mem-bres composant la commission d'enquêtechargée d'examiner le cas de l'écrivain,étaient tombés d'accord selon eux, unemesure de radiation s'imposait. Un avis ence sens fut transmis aussitôt au grandchancelier et, jeudi matin, le général Du-bail réunissait le conseil de l'ordre.

Après un échange de vues approfondi, lesmembres présents décidèrent, à funani-mité, d'adopter les conclusions de la com-

Un rapport a été adressé au garde dessceaux ce dernier, en effet, a qualité pourétablir et présenter à la signature^ du pré-sident de la République le décret qui est né-cessaire pour sanctionner la radiation. Cedocument n'est pas publié au Journal offi-ciel..

Hier soir, M. Maurice Colrat n'avait pasencore pris connaissance du dossier. Sonintention, d'ailleurs, ne fait aucun doute.

Le ministre de la justice nous a déclaréque le conseil de l'ordre était souverain enmatière disciplinaire et qu'en ce qui le con-cernait personnellement, il ne pouvait querespecter la décision prise par les membresdu conseil.

L'af f aire Judet viendra

devantlesassisesde la Seine

dans la deuxièmequinzaine

de janvier

Désireux d'en finir au plus vite &Wl'affaire d' intelligences avec l'ennemi »dans-laquelle se trouve impliqué l'anciendirecteur de l'Eclair, M. Ernest Judet, ac-tuellement réfugié en Suisse, le parquet gé-néral a décidé hier de faire inscrire cetteaffaire au rote des assises de la deuxièmequinzaine de janvier.

Mais, étant donné l'absence de l'accusédu territoire français, et l'impossibilité delui faire signifier par voie diplomatiqued'avoir à se présenter devant le jury, cnver-ses autres formalités, dont chacune exigelégalement un délai de quelques jours, de-vront être respectées.

La première consistera à faire présenterla signification au dernier domicile françaisde M. Ernest Jndet et d'en avertir l'accusé« à son de trompe», ainsi qu'il est indiqué.en matière de procédure de contumace.Mais, comme bien l'on pense, l'huissierchargé de la signification se dispenserad'employer cette méthode musicale et su-rannée et la remplacera plus simplementpar un affichage en bonne et due forme.

Après un court délai, si l'ancien direc-teur de Y Eclair n'a point répondu à cet ap-

misés enœuvre à la mairie et autour de la mairiedu dernier domicile français de M. Judet.

Jugement par. contumaceEn foi de quoi, la procédure de contumace

étant terminée, signification sera faite auprésident des assises de la Seine d'avoirà juger le contumax à la date, qui, serafixée par le parquet général. Jugement sim-pie et rapide, où le jury n'aura pas à inter-venir, et dans lequel seuls se prononcerontle président des assises et ses assesseurs,après réquisitoire de l'avocat général.

Ainsi que nous le disons plus haut. l'épo.que retenue pour ce jugement est la deaxiè.me quinzaine de janvier.

M. Judet viendra-t-il ?

Seuls, le retour en France de M. ErnestJudet et sa « mise en état Il d'evant la jus-tice française pourraient modifier la procèsdure dont nous venons d'exposer les gran-des lignes.

On sait que M. Ernest Judet fit annoncer,récemment qu'il n'attendait, que la fixationde la date de son jugement pour rentrer enFrance et venir se constituer prisonnier.

Le fera-t-il ?Dans l'affirmative, toute la procédure de,

contumace deviendrait nulle et sans effet,et il est vraisemblable alors qu'une, nou-velle instruction ou plutôt un supplémentd'information serait ordonna,

EN DEUXIEME PAGE

La réception au Matin des étudiants étran-gers.

EN QUATRIEME PAGELes Milté et un Matins Les CADEAUX,@

Henri Duvernois.EN SIXIEME PAGE

La Page du Dimanche. 'EN SEPTIEME PAGE

1922 économique et financier.

RÉPONSE AU KAISERChapitre V. –AU BORD DU GOUFFRE (Suite)

L'Allemagne a reconnu sa responsabi-lité et par deux fois au traité de paixd'abord, et, ce qui l'engage plus encore,si c'est possible, par le vote solennel duReichstag du 10 mai 1921. Ou'est-cequ'elle a à dire maintenant ? Elle répètequ'en i9i8 elle ignorait certains faits.Elle qui scellait ses archives ignoraitdes faits 1 Et en 1921, les ,ignorait-elleencore ,? Après la publication des docu-ments dont nous parlons plus haut, etdont une partie émanait de son propregouvernement, les ignorait-elle ?

L'Allemagne ajoute qu'elle a avouésous le coup de l'invasion et pour enéviter le désastre. Ce n'est nas exactd'abord. En effet, elle a renouvelé l'aveuen 1921, loin de ce spectacle terrifiant.Et qui donc fait à l'Allemagne une plusviolente injure que celle qui lui vientde ses écrivains et de ses ministres ?Une nation, en effet, peut tomber à ge-noux au chemin du vainqueur. Elle peutréclamer la paix et rendre ses armes.Elle peut accepter des clauses rigoureu-

ses. Mais peut-elle accepter de s'avouercoupable d'un crime qui a ensanglantéle monde, quand sincèrement elle se

sent innocente ? A quel moment l'Alle-magne n'a-t-elle plus Conscience de sonhonneurhistorique ? Est-ce sous les me-naces des représailles ou quand celles-cifurent éloignées ? Et encore, pourquoia-trelleparlé si tard ? Ce n'est pas sousl'action d'une revanche de conscience.Un intérêt mercantile la srnide. Une desbases de la responsabilité pécuniaireétant la responsablité politique, mili-taire et morale, reconnue par elle, ilconvient de saper cette responsabilité,afin d'évincer l'autre.

Venons-en maintenant aux faits. Laresponsabilité d'une guerre est un con.tenu de faits successifs qui s'enchaînentl'un a l'autre et dont chacun, en remon-tant du présent où éclate l'orage au pas-sé où la nuée est à peine visible, doitexpliquer l'autre. Les mobilisations quenous discuterons, quant à leurs dates etquant à leurs heures, au chapitre sui-vant, ne sont qu'un aspect du conflit,et d'ailleurs une guerre a été souventévitée;malgré une mobilisation. Nousprouverons tout de même, pour êtrecomplet, que toutes les responsabilitésdécoulant des mobilisations sont assu-mées là par l'Autriche et par l'Alle-magne:- Mais la mobilisation est uneconséquence de l'ultimatum. L'ultima-tum, qui est la cause de la guerre parsa brutalité et sa spontanéité, est lui-mê-me une conséquence. Il est la consé-quence, de l'esprit de guerre, (fe la y<k-

lonté de domination, du désir allégé-monie, dextout ce qui a troublé le mondependant des siècles.Les révélations de M. GiolittiExaminons l'ultimatum du 23 juillet

1914 à la lueur d'un autre document.lequel vise des faits antérieurs d'uneannée.

Le 5 décembre i914, Mi Giolitti, pré-sident du conseil des ministres italienen 1913, prononçait à la Chambre ita-lienne un terrible discours dont nousavons fait déjà état à la Chambre fran-caise le 22 décembre 1914. Voici commeil s'exprimait « Puisqu'il importe sur-tout que la loyauté de l'Italie soit main-tenue au-dessus de toute discussion, jerappelle que déjà, en 1913, l'Autricheméditait une action contre la Serbie, àlaquelle elle voulait donner le caractèred'une action défensive. Bien entendu,.notre ministre des affaires étrangères fitsavoir à l'Autriche que l'Italie ne secroyait pas obligée de participer à unetelle action. »

Jamais plus formidable accusation n'aété portée contre un pays. Est-ce qu'elleest fausse? Jamais personne, ni en Al-lemagne, ni en, Autriche, n'y a répondu.M. de Bethmann n'en a jamais parlé, niM. de Jagow.

Ainsi, avant l'attentat de Serajevo, unan avant, sous le ciel serein, sur la'terretranquille, sans avoir l'excuse, mêmeinacceptable, comme no,us allons le voir,,d'une émotion nationale, les deux .empi-res centraux entraient en guerre.

Le refus de l'Italie glaça l'Allemagne.Ce relus n'était pas prévu, car la con-ception de l'honneur est tellement diffé-rente entre certains peuples, que quel-ques-uns ne peuvent pas douter qu'onne les imite. Elle voulut attendre et;pour remplacer la nation qui refusait dese déshonorer, fourbir davantage sesarmes.

C'est alors que meurt en territoireautrichien, gardé par une police pure-4ment autrichienne, organisée spéciale-ment pour ce jour-là par un généralautrichien, le prince héritier d'Autriche.« Toute mon œuvre est à recommen-cer" », dit Guillaume II sur le yacht où:lui est annoncée la nouvelle devant leprince de Monaco qui entend et qui re-marque en même temps son teint li-vide. A partir de ce jour, 28 juin 1914,le guet-apens va se préparer.

L'Autriche ne dit rien. L'Allemagnene dit rien. On prépare le coup. On en-dort l'inquiétude par la, presse et ondonne les garanties de sagesse verbale»

eugeniolai
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