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Journal Interne de la section SUD Michelin Roanne octobre 2016 n° 135 Le Cromagnon CPPAP en cours. Directeur de publication : M. Lorton imprimé par nos soins 19 mai 1946 : loi sur la création des comités d’entreprise 2016 : projet de loi sur la taxation des C. E. Nous venons de fêter cette année les 70 ans des Comités d’Entreprise qui restent une spécificité française. Cette formidable idée est née pendant la deuxième guerre mondiale par les résistants, et votée au parlement le 16 mai 1946. Les débuts ont été difficiles et particulièrement dans le monde « Bibendum ». Michelin refusait de concevoir que les organisations syndicales puissent bénéficier d’un droit de regard sur l’activité économique de son entreprise tout en organisant les activités sociales et culturelles. Nos anciens ont alors livré un combat juridique de longue haleine afin de faire respecter la loi que Michelin refusait d’appliquer ! Il est vrai qu’il était difficile d’admettre pour notre ancien Patron le fait que soit confié un budget géré par les organisations syndicales lorsque l’on pratique un anti- syndicalisme primaire condamné à maintes reprises. Il est bon de faire un peu d’histoire pour rappeler que les droits des C. E. et donc des salariés ne sont pas les fruits du hasard mais de hautes luttes. Dans un monde où nous souffrons de plus en plus d’inégalités par l’égoïsme, rappelons l’héritage de nos aïeux. Les prérogatives d’un Comité d’Entreprise ou d’Etablissement ont considérablement évolué au cours de ces décennies. Le travail d’un élu du C. E. ne s’arrête pas à distribuer des places de cinéma mais à donner son avis sur la formation professionnelle, les investissements, l’emploi, l’organisation du travail... De nombreux sujets sont abordés avec une carence importante pour notre organisation syndicale SUD Michelin : le droit de véto contre les licenciements. Un droit que François MITTERAND ou François HOLLANDE avaient abordé pendant leur campagne présidentielle mais qui a vite été avorté une fois élus Président de la République. Il est inconcevable d’accepter des licenciements lorsque l’on est dans une entreprise profitable. Sommaire Edito LOI TRAVAIL Les Brèves du Cromagnon ATTAQUE EN LIGNE DES C. E. : Le gouvernement socialiste brille une fois de plus par sa médiocrité en proposant un projet de loi sur la taxation financière des salariés. Dans une lettre de « mission de consultation » sur l’évolution du régime social des avantages versés par le C. E. datée du 2 septembre 2016, le ministre de l’Economie, du Travail et des Affaires Sociales Santé a demandé à l’inspection générale des finances de rendre un rapport mi-octobre. Dès l’année prochaine, et sans prendre en compte le rôle joué par les C. E., il sera possible que la participation financière des C. E. versée au titre des aides aux vacances fasse l’objet d’un plafond d’exonération de cotisations et contributions sociales fixé à 322 € par an et par salarié. En taxant les salariés de cette manière, ce sont les budgets qui risquent d’être rabotés au détriment des salariés, une fois de plus ! Nous devons nous mobiliser pour promouvoir et défendre notre Comité d’Etablissement pour son rôle dans les attributions économiques et pour son activité sociale et culturelle. Nous vous tiendrons informés des évolutions de cette proposition gouvernementale aussi grotesque que le dernier livre sur les confidences du Président de la République. La Rédaction

Le Cromagnon - SUD Michelin · le rôle joué par les C. E., il sera possible que la participation financière des C. E. versée au titre des aides aux vacances fasse l’objet d’un

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Page 1: Le Cromagnon - SUD Michelin · le rôle joué par les C. E., il sera possible que la participation financière des C. E. versée au titre des aides aux vacances fasse l’objet d’un

Journal Interne de la section SUD Michelin Roanne octobre 2016 n° 135

Le Cromagnon CPPAP en cours. Directeur de publication : M. Lorton

imprimé par nos soins

19 mai 1946 : loi sur la création des comités d’entreprise

2016 : projet de loi sur la taxation des C. E.

Nous venons de fêter cette année les 70 ans des Comités

d’Entreprise qui restent une spécificité française. Cette

formidable idée est née pendant la deuxième guerre

mondiale par les résistants, et votée au parlement le 16

mai 1946. Les débuts ont été difficiles et

particulièrement dans le monde « Bibendum ». Michelin

refusait de concevoir que les organisations syndicales

puissent bénéficier d’un droit de regard sur l’activité

économique de son entreprise tout en organisant les

activités sociales et culturelles. Nos anciens ont alors

livré un combat juridique de longue haleine afin de faire

respecter la loi que Michelin refusait d’appliquer ! Il est

vrai qu’il était difficile d’admettre pour notre ancien

Patron le fait que soit confié un budget géré par les

organisations syndicales lorsque l’on pratique un anti-

syndicalisme primaire condamné à maintes reprises.

Il est bon de faire un peu d’histoire pour rappeler que les

droits des C. E. et donc des salariés ne sont pas les fruits

du hasard mais de hautes luttes. Dans un monde où nous

souffrons de plus en plus d’inégalités par l’égoïsme,

rappelons l’héritage de nos aïeux.

Les prérogatives d’un Comité d’Entreprise ou

d’Etablissement ont considérablement évolué au cours de

ces décennies. Le travail d’un élu du C. E. ne s’arrête pas à

distribuer des places de cinéma mais à donner son avis sur

la formation professionnelle, les investissements, l’emploi,

l’organisation du travail...

De nombreux sujets sont abordés avec une carence

importante pour notre organisation syndicale SUD

Michelin : le droit de véto contre les licenciements. Un

droit que François MITTERAND ou François HOLLANDE

avaient abordé pendant leur campagne présidentielle mais

qui a vite été avorté une fois élus Président de la

République.

Il est inconcevable d’accepter des licenciements lorsque

l’on est dans une entreprise profitable.

Sommaire

Edito LOI TRAVAIL

Les Brèves du Cromagnon

ATTAQUE EN LIGNE DES C. E. :

Le gouvernement socialiste brille une fois de plus

par sa médiocrité en proposant un projet de loi sur

la taxation financière des salariés.

Dans une lettre de « mission de consultation » sur

l’évolution du régime social des avantages versés

par le C. E. datée du 2 septembre 2016, le ministre

de l’Economie, du Travail et des Affaires Sociales

Santé a demandé à l’inspection générale des

finances de rendre un rapport mi-octobre.

Dès l’année prochaine, et sans prendre en compte

le rôle joué par les C. E., il sera possible que la

participation financière des C. E. versée au titre

des aides aux vacances fasse l’objet d’un plafond

d’exonération de cotisations et contributions

sociales fixé à 322 € par an et par salarié.

En taxant les salariés de cette manière, ce sont

les budgets qui risquent d’être rabotés au

détriment des salariés, une fois de plus !

Nous devons nous mobiliser pour promouvoir et

défendre notre Comité d’Etablissement pour son

rôle dans les attributions économiques et pour son

activité sociale et culturelle.

Nous vous tiendrons informés des évolutions de

cette proposition gouvernementale aussi grotesque

que le dernier livre sur les confidences du

Président de la République.

La Rédaction

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UN ACCORD QUI AMÈNE

DES QUESTIONS À FOISON

L’accord GPEC avec ces mesures de fin de carrière a été

signé fin septembre par l’ensemble des organisations

syndicales représentatives chez Michelin (SUD-CFDT-CGC)

sauf la CGT.

De très nombreux salariés nous ont sollicités pour nous poser

un grand nombre de questions essentiellement sur les

mesures.

Un accord qui fait beaucoup de bruit en ce moment dans

toutes les usines de la Manufacture.

Nous sommes à votre disposition pour répondre à vos

interrogations. N’hésitez pas à contacter un élu SUD.

FAUTE AVOUÉE À MOITIÉ PARDONNÉE Le Groupe de travail du projet PHENIX avait décidé, à la

demande des Organisations Syndicales, de distribuer une

carte recensant tous les contacts des personnes susceptibles

d’aider un salarié en difficulté pendant le projet.

Plus de mille cartes avec des erreurs dans les adresses mails

et numéros de téléphone ont été commandées, sans

vérification au préalable.

Il paraît qu’Attila a fait trembler les murs du service du

personnel lorsqu’il a appris la nouvelle. Lorsqu’il s’exprime, les

cadres ne bronchent pas, ils baissent la tête. On prendrait

presque du plaisir en imaginant certains se faire secouer !

En conclusion, vous allez donc recevoir prochainement une

nouvelle carte avec tous les interlocuteurs. Vive le B. P. C.

(Bon du Premier Coup) !

MALÉDICTION AU SERVICE OV

Il n’existe pas un semestre, ces dernières années, sans

parler dans notre Cromagnon du management d’OV. Des

chefs d’ateliers ou d’équipes qui se succèdent puis

rendent leur tablier. Une équipe de Direction incapable

de trouver une solution pérenne afin de retrouver un

peu de sérénité. Bref, on se demanderait presque si

quelqu’un n’a pas jeté un sort sur ce service. Michelin

pensait que la solution passerait pas le recrutement

d’une jeune R. I. Que nenni ! Nous sentons la tension

monter d’un cran avec cette manager accusée par de

nombreux salariés d’harcèlement au quotidien avec des

réflexions indignes d’une R. I.

SUD a alerté la Direction sur ce sujet et demandé quel

est le plan d’action du nouveau chef d’atelier pour sortir

de ce climat délétère avec des comportements

inadmissibles.

Nous attendons la réponse.

VOYAGES ET SORTIES 2017

Notre livret sera disponible à compter du 5 novembre.

Notre choix s’est porté sur EURODISNEY du 18 au 19

mars, CROISIERE en Méditerranée du 11 au 18 juin, La

GRÈCE du 8 au 15 septembre, le FUTUROSCOPE du 16

au 17 septembre et la MARTINIQUE du 23 novembre

au 1er décembre.

Les inscriptions se feront au C. E. :

14/11/2016 de 11 h 30 à 13 h 30

24/11/2016 de 17 h 00 à 18 h 30

08/12/2016 de 11 h 30 à 13 h 30

09/01/2017 de 17 h 00 à 18 h 30

DISTRIBUTION CHÈQUES CADHOC et

SPECTACLE DE NOËL du 11 décembre

PERMANENCES salle MONZA (MP NAR)

14/11/2016 de 08 h 00 à 10 h 00

de 16 h 00 à 18 h 00

de 22 h 00 à 00 h 00

18/11/2016 de 08 h 00 à 10 h 00

de 16 h 00 à 18 h 00

Citation du mois :

« Vivons ensemble comme des frères ou nous finirons comme des fous ».

Martin Luther King

LES BRÈVES DU CROMAGNON

CONTACT SUD MICHELIN : 06 23 86 15 47

CONTACT CHSCT : 6800

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Loi travail : une lutte qui nous rend plus fort-es pour demain

le 25 octobre 2016

Nous n'avons pas gagné, nousn’avons pas perduNous avons eu la ténacité, la per-sévérance, la diversité, même sinous avions face à nous un gou-vernement qui a utilisé le passageen force à chaque instant de façonviolente et révoltante. Cela s'esttraduit par un coup de force par-lementaire et par l’utilisation ré-pétée du 49.3. Cela s'est surtouttraduit par un coup de force anti-démocratique contre la liberté demanifester avec des interdictionsindividuelles et collectives, desnassages, l'utilisation massive degrenades lacrymogènes et de dés-encerclement, de flashballs, unusage disproportionnée de laforce. Nous avons eu la plusgrande participation, depuis long-temps, de salarié-es de droit privédans un mouvement national.Mais il aurait fallu être plus forts, plus nombreux, plusunis et encore plus déterminé-es. La division syndicales'est installée très vite, ce n'était certes pas une sur-prise, tant une partie des organisations syndicales ontfait le choix d'accompagner de bout en bout les ré-formes libérales des gouvernements successifs. Sinous savons que cela pèse toujours sur la mobilisationdans les entreprises, nous avons cependant réussi àconstruire un mouvement extrêmement fort malgrécette division, c'est un acquis important. Notre mou-vement a été large, social, intégrant travailleur-euses,chômeur-euses, précaires, intermittent-es, jeunes étu-diant-es ou lycéen-nes, retraité-es, mais dans les faits,la mobilisation s’est faite en vagues successives. Lebilan que nous faisons nous interroge sur nos moyensd'action, notre capacité à regrouper largement, à dé-

jouer les manœuvres gouvernementales sur la violenceet à organiser la grève dans les entreprises pour blo-quer effectivement l'économie, dans un contexte où lesecteur public ne semblait qu'indirectement concerné

par le projet. Ce n’était pas le cas,bien sûr, mais nous avons eutoutes les difficultés à convaincredu contraire. Le secteur publicreste un grand pourvoyeur de ma-nifestant-es dans les cortèges syn-dicaux, mais pas dans cettemobilisation. Nous avons aussirencontré des difficultés à lier lesquestions sectorielles ou locales àla question générale de la loi tra-vail et le gouvernement a su enjouer en distribuant des mesures àdroite et à gauche. Des débats onteu lieu, des désaccords aussi. Siune grève générale ne se décrètepas, elle doit se préparer nécessai-rement. Et le moins que l'onpuisse dire c'est que le mouve-ment syndical a été secoué dans ledémarrage de ce mouvement par

d'autres forces. Solidaires a pesé de bout en bout pourdonner du corps à la perspective de grève générale, lemouvement social a été traversé par ce débat, c'est làaussi un acquis important.

Nous avons accumulé des forceset construit pour l’avenir...Les militant-es syndicaux ont tissé des liens solidesavec ceux et celles qui en dehors des syndicats ont vudans le mouvement l'occasion de s'allier et de remettreen cause le système (Nuit Debout, On bloque tout, pé-titions, On vaut mieux que ça...). La mobilisation a prisde nouvelles formes, pas seulement celles de la mani-festation, de la grève ou même du blocage. Solidaires

Le 15 septembre aura été une nouvelle journée de manifestation importante, la ènième depuis ce9 mars où nous avons entamé notre lutte dans la rue, de jour comme de nuit. Malheureusement levote de la loi aux forceps par plusieurs 49.3, les divergences de stratégie dans l'intersyndicale,nos difficultés à construire le blocage de l'économie par les grèves n'ont pas permis le retrait duprojet et de la loi après l’été.

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a dès le départ vu comme une chance pour le mouve-ment la possibilité de ces nouvelles alliances et a tra-vaillé de bout en bout à faire le lien entre lesdifférentes forces à l’œuvre sans les opposer. Les syn-dicats ont accepté, plus ou moins, de ne pas être lesseuls maîtres à bord dans un mouvement qui pourtantportait sur le travail. Cela a été sans doute plus prag-matique que conscient et différencié selon les syndi-cats et selon les régions. Mais cela marque aussi lareconnaissance que le travail est une question socialeet pas seulement syndicale, et que tous-tes sont légi-times dans la lutte. Cette diversité doit être comprisecomme une force et gage d’alliances pour l’avenir.

Dans le même temps, il y a eu une forte critique desformes de représentation des partis politiques, des as-sociations et qui, pendant ce mouvement, a concernéaussi les syndicats. Répondre est devenu un enjeu im-portant pour les organisations syndicales. A Solidaires,nous voulons construire un outil de transformation so-ciale à la disposition de toutes et tous. Ce projet trouveun nouvel écho. La disponibilité de nouvelles forcesdoit nous permettre de poursuivre dans ce sens y com-pris en prenant en compte la critique. Aujourd'hui, lessyndicats engagés dans la lutte bénéficient tous denombreux contacts. C'est important car dans la sociétécomme sur les lieux de travail le syndicat est un ins-

trument incontournable pour se défendre.Nous avons aussi pour la première fois dans un mou-vement de ce genre, commencé à européanniser lalutte : avec des échanges, la présence dans des mani-festations, dees délégations, les « Europe debout »,«global debout », et des tentatives de lier la loi travailen France et la loi Peeters en Belgique… parce quenombreux sont celles et ceux qui ont compris qu'il yavait des lois travail partout et que la compétitivitéqu'on nous vante c'est la mise en place du dumping so-cial généralisé.

... qu'il faut savoir mettre enmouvement aujourd'huiLa partie n'est pas terminée. Lutter résolument et uni-tairement contre la répression qui touche de très nom-breux militant-es et manifestant-es est primordial,nécessaire, mais ne saurait suffire : il faut aussi conti-nuer de lutter contre la violence sociale exercée contreceux et celles qui résistent et qui la combattent, pour-suivre la lutte contre l'état d'urgence qui sert à muselerle mouvement social. L'inscription dans la loi de la re-fonte du Code du travail, la fusion des conventionscollectives, les applications annoncées d'allongementdes horaires de travail, les menaces de licenciements...tout cela va constituer des motifs de luttes qui devrontêtre unitaires, coordonnées pour être le plus efficacepossible. Nous pensons qu'il est nécessaire d'articulerles propositions d'actions juridiques, de luttes localescontre l'application de la loi travail avec des mobilisa-tions nationales larges. Nous savons que même si nousn'avons pas gagné, nos idées et notre refus des poli-tiques gouvernementales de destruction du droit du tra-vail sont majoritaires dans le pays et qu'il faut trouverle moment pour relancer la lutte. Nous avons donc dé-cidé de continuer à travailler dans l'intersyndicale etd'y faire des propositions en ce sens et de poursuivrele travail avec les autres partenaires de lutte qui ontémergé lors du conflit sur la loi travail. Dans de nom-breuse villes, des liens se sont tissés, des collectifs sesont créés. A nous de poursuivre avec les équipes mi-litantes qui le souhaitent pour construire un front largecontre toutes les attaques présentes et à venir...

Agir ensemble encore, debout hier et aujourd'hui...Cette lettre ouverte n'est ni un bilan final, ni un constat d'échec. Elle est une invitation à nous nourrir de toutce que nous avons pu faire collectivement durant cette mobilisation. Elle est un appel à construire de nouvellesformes de lutte avec toutes les forces qui refusent de se résigner, ici et maintenant, et pour demain.

Vos droits, vos luttes, votre syndicat...