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Le cas du Conseil de Concertation des Riziculteurs … des encadrés, figures et tableaux Encadré 1 : Le Système de Gestion de l’Information de la filière riz du Bénin 8 Encadré

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Le cas du Conseil de Concertation des Riziculteurs du Bénin (CCR-B)

Document de capitalisation

Auteur : Cyrille Sotondji (CTB)Avec l’appui méthodologique de : Bertus Wennink (KIT)

Mars 2014 / Bohicon

Le Projet d’Appui à la Filière Riz du Bénin (PA-FIRIZ)

Le Bénin importe beaucoup de riz alors que le potentiel local est en-core sous exploité. Il s’agit donc de diminuer la part du riz importé dans la consommation national de riz afin de limiter la vulnérabi-lité des consommateurs aux flam-bées des prix internationaux. La sécurité alimentaire passe aussi par la sécurisation des revenus des populations pauvres pour l’achat des produits alimentaires. L’enjeu est d’accroître les reve-nus issus de la production, de la transformation et de la vente de riz local.

Le Projet d’Appui à la Filière Riz du Bénin (PAFIRIZ) a pour finalité la lutte contre la pauvreté et l’insécu-rité alimentaire. Dans une perspec-tive de moyen terme, le projet vise à contribuer à deux objectifs : limiter la dépendance du Bénin aux impor-tations alimentaires par le dévelop-pement de la filière rizicole nationale et augmenter les revenus ruraux. Le PAFIRIZ intervient dans les Départe-ments de l’Atacora, de l’Atlantique, des Collines, du Couffo, de la Donga, du Mono, de l’Ouémé, du Plateau, et du Zou.

Le PAFIRIZ répond à la finalité de l’Enveloppe B du 10ème Fonds Euro-péen de Développement (FED) qui vise à limiter les effets sur les popula-tions de la flambée des prix alimen-taires. Mis en place pour la période 2009-2013, le projet a été doté d’un budget global de €5.420.000, finan-cé par une contribution de l’Union Européenne (UE) dans le cadre du 10ème FED. L’Agence belge de déve-loppement (CTB) fournit une assis-tance technique pour sa mise en œuvre.

Points clés � Créé en 2006, le CCR-B constitue la faîtière des organisations des producteurs de riz du

Bénin. Il est structuré du niveau national jusqu’aux groupements de base en passant par les unions régionales et communales (56 unions communales). Le CCR-B représente les riziculteurs/trices à toutes les instances de la filière riz, défend leurs intérêts, et les accom-pagne pour une production de riz en quantité et de qualité.

� Le PAFIRIZ a apporté un appui institutionnel au CCR-B dans le cadre de son plan straté-gique 2009-2013. Un assistant technique a été détaché auprès du Secrétariat Permanent du CCR-B. Le projet a fait le choix de responsabiliser au mieux le CCR-B dans tous ses appuis au développement de la filière riz. Vers la fin du projet, le PAFIRIZ a organisé une enquête au niveau des producteurs et transformateurs de la filière riz (deux-tiers des son-dés) et des structures d’appui pour connaître les changements induits au niveau du CCR-B selon leur perception.

� Le principal acquis est que le CCR-B s’est structuré, s’est fait connaître et reconnaître comme structure faîtière nationale. Le CCR-B est consulté par les acteurs publics afin de contribuer à l’élaboration des politiques rizicoles nationales. Un autre acquis de taille est, avec l’appui du PAFIRIZ, d’avoir recensé les riziculteurs au Bénin : 48 000 riziculteurs sont recensés dont 40% de femmes (2010). Le CCR-B et ses unions membres disposent maintenant des données pour un accompagnement plus efficace des membres dans la réussite de leurs campagnes agricoles.

� Un peu plus que la moitié des personnes interrogées (58 %) déclare connaître le CCR-B. Ce pourcentage montre qu’il n’est pas encore suffisamment connu « de la base ». De plus, les unions régionales n’assument pas encore pleinement leur fonction de représentation et de services rendus aux membres.

� Trois quarts des sondés (76 %) affirment que le CCR-B est représentatif et légitime. Toutes les unions régionales confirment que, grâce au CCR-B, elles ont acquis une visibilité et une reconnaissance par les riziculteurs. La légitimité réside aussi dans le fait que le CCR-B, grâce à l’appui du PAFIRIZ, a conçu et mis en œuvre son premier plan stratégique 2009-2013 qui touche tous les riziculteurs « à la base ».

� Un peu moins que les deux tiers des personnes questionnées (62 %) se disent être satisfaits de la communication interne du CCR-B, notamment à travers le bulletin d’information trimestriel « Echos Rizicoles » et le Système de Gestion de l’Information pour la filière riz avec des relais installés dans les unions régionales. Les autres personnes interrogées (38 %), principalement des

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acteurs externes au CCR-B, ont des réponses mitigées. Le paradoxe est que le CCR-B communique mieux avec les acteurs externes au réseau. Un peu plus de la moitié (57 %) juge que la communication externe du CCR-B s’est améliorée tandis que les autres (40 %), principalement les producteurs, ne se sont pas prononcés. Les canaux et outils de communication (bulletin d’information, site Internet, etc.), semblent plus adaptés à un public d’acteurs externes.

� Un peu moins que la moitié des personnes sondées (45 %) reconnait voir une amélioration en matière de gestion administrative du CCR-B ; les autres (52 %) ne se sont pas prononcés. Ce résultat est justifié, selon eux, par l’appui des projets. Le taux inférieur à la moitié confirme les résultats de l’audit organisationnel réalisé en 2011-2012 qui notait des insuffisances en gestion. Le CCR-B doit encore respecter certaines exigences : utiliser les outils de gestion existants ; appliquer un cycle annuel de gestion des activités ; rétablir une cohérence unique dans la gestion des ressources financières ; et éviter les conflits d’attribution entre élus et salariés.

� Un peu plus que la moitié des personnes (55 %) déclare que la gouvernance du CCR-B s’est améliorée. Deux défis majeures restent à relever : la préparation de la relève et du mode de désignation des représentants aux assemblées et l’engagement effectif des membres à la base. En effet, la vie et le développement de l’organisation dépend de ses propres ressources, apportées par les membres.

� De manière globale, les personnes interrogées déclarent avoir observé un progrès en matière d’autonomie du CCR-B (2010 à 2012). Seule-ment un tiers de celles-ci (35 %) est d’avis que le CCR-B a une autonomie d’action car elle est en réalité couverte par la présence de projets de développement. Une des principales difficultés du CCR-B est la mobilisation de ressources financières propres. Les deux tiers (64 %) reconnaissent une indépendance d’idées au niveau du CCR-B. Toutefois un quart (24 %) nuance cette indépendance : l’appui important des projets influencerait cette indépendance.

� Un peu moins que deux tiers des sondés (62 %) reconnait que les relations avec d’autres acteurs du secteur riz se sont améliorées. Néan-moins, le nombre et l’importance des relations développées par le CCR-B avec les acteurs externes de la filière riz mène à un sous-dévelop-pement des relations requises avec les acteurs internes.

� L’approche d’intervention de PAFIRIZ, caractérisé par un ancrage institutionnel au CCR-B, mérite d’être généralisée si le Bénin souhaite développer des filières agricoles portées par les acteurs internes eux-mêmes. L’appui institutionnel aux organisations professionnelles agricoles demande du temps et sa mise en œuvre nécessite des diagnostics approfondis pour créer un appui sur mesure.

� Il est impératif pour le CCR-B d’expérimenter au plus vite les différentes stratégies et opportunités pour mobiliser les moyens financiers de sa politique. Les principales pistes identifiées par le CCR-B même : le caractère obligatoire des cotisations des membres ; le soutien au développement des services économiques au sein du réseau, aussi pour conforter sa légitimité vis-à-vis des membres ; et la gestion des projets et programmes (frais de gestion).

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Les communes contribuent à l’émergence de filières agricoles prometteuses

Sigles et abréviations

AFD Agence Française de Développement

AG Assemblée Générale

CCR-B Conseil de Concertation des Riziculteurs du Bénin

CIDR Centre International de Développement et de Recherche

CNOS Comité National d’Orientation et de Suivi

CTB Agence belge de développement

ETD l’Entreprises Territoires et Développement

FED Fonds Européen de Développement

MAEP Ministère de l’Agriculture, de l’Elevage et de la Pêche

ODAHA Organisation pour l’Harmonisation en Afrique du Droit des Affaires

ONG Organisation Non Gouvernementale

OSD Orientations Stratégiques de Développement

PAFIRIZ Projet d’Appui à la Filière Riz du Bénin

PNOPPA Plateforme Nationale des Organisations Professionnelles et de Produc

teurs Agricoles

PPAB Programme bénino-français de la Professionnalisation de l’Agriculture au

Bénin

PSRSA Plan Stratégique de Relance du Secteur Agricole

ROPPA Réseau des Organisations Paysannes et de Producteurs de l’Afrique de

l’Ouest

SCRP Stratégie de Croissance pour la Réduction de la Pauvreté

SGI RIZ Système de Gestion de l’Information de la filière riz

SNDR Stratégie Nationale pour le Développement de la Riziculture

UE Union Européenne

URR Union Régionale Rizicole

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Liste des encadrés, figures et tableaux

Encadré 1 : Le Système de Gestion de l’Information de la filière riz du Bénin 8

Encadré 2 : Les Commissions Thématiques du CCR-B 12

Encadré 3 : La vision et la mission du CCR-B 12

Encadré 4 : Des exemples de services fournis par le CCR-B 14

Figure 1 : Scores attribués par personnes interrogées de la situation avant

2010 et après 2012 pour la connaissance, la reconnaissance et la

communication interne 9

Figure 2 : Scores attribués par les personnes interrogées de la situation avant

2010 et après 2012 pour les aspects de gouvernance et de gestion 11

Figure 3 : Scores attribués par les personnes interrogées de la situation avant

2010 et après 2012 pour l’autonomie du CCR-B 12

Figure 4 : Scores attribués par les personnes interrogées de la situation avant

2010 et après 2012 pour les relations externes du CCR-B 13

Figure 5 : Scores attribués par les personnes interrogées de la situation avant

2010 et après 2012 pour les services fournis par le CCR-B 13

Tableau 1 : Répartition des fiches de collecte de données collectées 7

Tableau 2 : Appréciations de la connaissance, la reconnaissance et la

communication interne du CCR-B (notations par les personnes

interrogées) 9

Tableau 3 : Connaissance ou non du CCR-B (% des personnes interrogées) 9

Tableau 4 : Appréciations de la gouvernance et la gestion du CCR-B (notations

par les personnes interrogées) 11

Tableau 5 : Appréciations de l’autonomie du CCR-B (notations par les personnes

interrogées) 12

Tableau 6 : Appréciations des relations externes du CCR-B (notations par les

personnes interrogées) 13

Tableau 7 : Appréciations des services fournis aux membres (notations par

les personnes interrogées) 14

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Contexte

L’agriculture constitue le socle du développement économique et social du Bénin. Le secteur agricole est caractérisé par la prédominance de petites exploitations agricoles et sa vulnérabilité à la variabilité climatique et aux phénomènes climatiques extrêmes. Lala productivité de l’agriculture est relativement faible, ce qui rend les produits agricoles peu compétitifs. La plupart des exploitants agricoles ont très peu recours aux intrants et s’adonnent à des pratiques d’exploitation extensive qui accentuent la dégradation des ressources naturelles. En 2008, la contribution du secteur agricole au produit national brut était largement dominée par la culture du coton qui représente environ 80 % des valeurs d’exportations du pays. Depuis 2008, les produits vivriers ont connu une flambée des prix au Bénin.

Le Gouvernement du Bénin a opté pour la croissance de l’économie à travers la diversification des filières agricoles. Cette option est inscrite dans les Orientations Stratégiques de Développement (OSD, 2006-2011) et dans la Stratégie de Croissance pour la Réduction de la Pauvreté (SCRP, 2011-2015) qui placent le secteur agricole comme levier de lutte contre la pauvreté. Le Plan Stratégique de Relance du Secteur Agricole (PSRSA, 2009-2015), dont l’axe majeur d’intervention est la promotion des filières, a retenu le développement de treize filières porteuses, dont celle du riz compte tenu de son importance socio-économique et alimentaire.

Le Bénin dispose d’un important potentiel agro-écologique pour la promotion de la riziculture en termes de terres irrigables (322.000 ha dont seulement 10 % sont actuellement exploités), de ressources en eaux souterraines, de surface et de technologies mises au point par la recherche. De plus, il existe une organisation des producteurs ayant à sa tête une faîtière nationale, une volonté politique manifeste et une implication des partenaires techniques et financiers dans des actions de promotion de la filière.

La filière riz est la plus dynamique des filières agricoles du Bénin. Elle concerne des petits producteurs et transformateurs et crée une forte valeur ajoutée au niveau local. Le riz contribue à la fois à la sécurité alimentaire et à la génération de revenus dans les zones rurales. Pour que le riz puisse contribuer de façon optimale à ces deux objectifs de la politique nationale, il faut des interventions tout au long de la filière. Ces interventions exigent une approche plus centrée sur les opérateurs privés que sont les producteurs et leurs organisations, les transformateurs et les commerçants.

Les organisations des producteurs de riz sont relativement jeunes et ne sont appuyées que de façon légère et sporadique. En 2009, le Conseil de Concertation des Riziculteurs du Bénin (CCR-B) avait trois ans d’existence et était une organisation pleine d’ambition mais limitée par les ressources et moyens pour y parvenir. Sur le plan de la filière au sens large du terme, il n’existe pas d’interprofession riz qui aurait la capacité requise afin de dialoguer avec les pouvoirs publics sur son potentiel développement.

Conseil de Concertation des Riziculteurs du Bénin

Créé en 2006, le CCR-B s’est fixé pour objectifs : de défendre les intérêts des rizicultrices et riziculteurs, de représenter tous les riziculteurs à toutes les instances, de professionnaliser les acteurs de la filière riz et d’accompagner les producteurs et productrices vers une production de riz de qualité, en quantité.

Le CCR-B est une association selon la Loi 1901. Il est officiellement créé en mai 2006 par les six Unions Régionales des Riziculteurs (URR) qui en sont membres. Le CCR-B constitue la faîtière des organisations des producteurs de riz du Bénin. Cette faîtière pyramidale est structurée du niveau national jusqu’au groupement de base en passant par les unions régionales et communales. Au total, 56 unions communales se reconnaissent membres du CCR-B. Le recensement des producteurs de riz réalisé par le CCR-B en 2009-2010 dénombre un effectif d’environ 48 000 riziculteurs au plan national. Les membres qui siègent à l’Assemblée Générale du CCR-B sont désignés par chaque région avec concertation des unions communales. Le respect du genre est de règle (exigence statutaire).

Le Projet d’Appui à la Filière Riz PAFIRIZ était basé au sein du CCR-B et venait en appui direct au Secrétariat Permanent de cette structure. Il est donc intéressant, après quatre années de collaboration, de tirer les enseignements de l’appui institutionnel apporté à cette organisation professionnelle agricole ainsi que de la manière dont cela a été mis en œuvre. Les enseignements tirés sont utiles à la structure faîtière ainsi qu’aux structures d’appui et aux décideurs afin de permettre aux organisations professionnelles agricoles de jouer leur rôle dans le processus de développement du secteur agricole en général et du secteur riz en particulier.

Capitalisation des expériences d’appui au CCR-B

Le présent document de capitalisation est réalisé alors que le Projet d’Appui à la Filière Riz (PAFIRIZ), démarré en octobre 2009 et ancré au sein d’une organisation faîtière d’agriculteurs, à savoir le Conseil de Concertation des Riziculteurs du Bénin (CCR-B), a pris fin (août 2013). C’était donc le moment propice pour que les différents acteurs, notamment l’équipe de gestion du projet, les riziculteurs et les autres structures d’appui, observent et analysent la façon dont le dispositif a fonctionné et les implications induites sur le développement d’une organisation professionnelle agricole.

Afin de réaliser ce document, les auteurs se sont tout d’abord inspirés des résultats de l’enquête initiée par le projet pour laquelle une fiche de collecte de données a été élaborée : 133 personnes ont été ciblées, et 62 fiches (soit 47 %) ont été collectées et analysées (Tableau 1). Cette enquête, financée par le PAFIRIZ, a été réalisée par le CCR-B fin 2012.

Les communes contribuent à l’émergence de filières agricoles prometteuses

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Tableau 1 : Répartition des fiches de collecte de données collectées

Une partie de la fiche d’enquête consistait à faire évaluer le progrès du CRR-B en comparant la situation en 2009 avec celle en 2012) à l’aide des scores subjectifs (allant de 0 = pas de changement positif à 5 = changement positif très remarquable). Une deuxième partie comprenait des questions ouvertes sur l’appréciation de la situation, les facteurs explicatifs, etc.

Stratégie d’intervention du PAFIRIZ

Le PAFIRIZ a pour finalité de lutter contre la pauvreté et l’insécurité alimentaire. Le projet vise à limiter les effets sur les populations de la flambée des prix alimentaires. Les interventions s’inscrivent dans le cadre d’une modernisation de l’agriculture familiale, au sein d’une filière agricole qui dispose à la fois d’un gros potentiel de production, de marché urbain en forte croissance et où les revenus pour l’essentiel restent aux mains des ruraux. L’objectif spécifique de PAFIRIZ est d’augmenter l’offre de riz local de qualité capable de concurrencer les importations.

Le projet intervient à trois niveaux :� Au niveau production où il appuie des riziculteurs professionnels, produisant un riz de qualité, par l’aménagement des terres de bas-fonds (Volet 1).� En aval de la filière où il appuie la modernisation des fonctions de transformation et de commercialisation en soutenant la mise en place de petits transformateurs et de distributeurs privés (Volet 2).�Au niveau de l’organisation de la filière où le projet appuie la consolidation des organisations professionnelles et le renforcement de leurs capacités de représentation et de défense des intérêts (Volet 3).

Le troisième volet cible plus particulièrement l’ appui institutionnel apporté par le projet au CCR-B . Le CCR-B s’est doté en 2008 d’un plan stratégique pour la période 2009-2013 et par conséquent le projet a inscrit ses actions d’appui à la structure dans le cadre de ce plan. De plus, un assistant technique national a été détaché auprès du Secrétariat Permanent du CCR-B et l’accompagne quotidiennement dans la mise en œuvre des actions planifiées.

Le PAFIRIZ a fait le choix de responsabiliser au mieux le CCR-B dans les appuis relatifs au développement de la filière riz. Le CCR-B est considéré comme partenaire principal et privilégié du projet. A cet effet, toutes les actions du projet se mènent de concert avec les membres du CCR-B (définition de l’approche, mise en œuvre proprement dite) quel que soit le domaine concerné. Ces actions ont ensuite été suivies en partenariat étroit avec le Secrétariat Permanent du CCR-B afin de lui faciliter la maîtrise de l’organisation des actions, et surtout de favoriser l’appropriation et la durabilité des actions.

Les principales activités d’appui institutionnel au CCR-B sont :�l’appui à la structuration des relations entre le CCR-B, les unions régionales et communales ;�la mise en place d’un système de gestion de l’information au sein du CCR-B ;�l’appui à la définition et à la mise en œuvre d’une politique de communication ;�le développement de partenariats ;�l’accompagnement à la représentativité des producteurs rizicoles dans le secteur (dialogue politique) ;�le renforcement des capacités organisationnelles au niveau national et régional ;�la mise en place et le fonctionnement de commissions thématiques ;�l’appui à l’élaboration du nouveau plan stratégique 2014- 2017.

Toutefois, les résultats du PAFIRIZ n’auraient pu être obtenus aussi rapidement et avec autant d’impacts sans l’appui de plusieurs intervenants extérieurs qui ensemble ont accompagné le CCR-B dans son développement de 2009 à 2013. Il s’agit principalement du Projet d’appui au CCR-B qui est financé par l’Union Européenne (UE) et l’Agence Française de Développement (AFD) et mis en œuvre avec l’appui de l’Entreprises Territoires et Développement (ETD) et du Centre International de Développement et de Recherche (CIDR). Les actions concertées d’appui au CCR-B ont concouru à l’obtention des acquis mis en avant aujourd’hui.

Principaux acquis au niveau du CCR-B

Le CCR-B : un acteur clé connu et reconnu

De 2009 à nos jours, le CCR-B a mis le temps à profit pour se structurer (Annexe), se faire connaître et reconnaître comme structure faîtière importante dans la filière riz au Bénin. A cet effet, il faut noter que :�Le CCR-B est, de nos jours, consulté par les acteurs publics afin de contribuer à l’élaboration des politiques rizicoles nationales (p. ex. pour la Stratégie Nationale pour le Développement de la Riziculture).�L’organisation mène des actions de plaidoyer pour le riz produit au Bénin.�Le CCR-B a initié plusieurs études sur la filière riz qui permettent aujourd’hui à tout intervenant d’être informé sur les goulots d’étranglement, les enjeux et défis de la filière.

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Les communes contribuent à l’émergence de filières agricoles prometteuses

Parlant d’acteur clé connu et reconnu, il faut noter la confiance accordée au président du CCR-B en janvier 2011 par les présidents des organisations faîtières riz de treize (13) pays de l’Afrique de l’Ouest membres du Réseau des Organisations Paysannes et de Producteurs de l’Afrique de l’Ouest (ROPPA) en lui confiant la présidence du Cadre Régional de Concertation des Organisations des Producteurs de Riz.

La filière riz ne peut se développer que si elle est composée de divers maillons (producteurs, transformateurs, commerçants) bien outillés et efficaces qui se concertent pour coordonner leurs activités. C’est pour répondre à ce principe que le CCR-B s’est érigé comme chef de fil temporaire pour les autres familles d’acteurs en contribuant à leur structuration et organisation. La finalité est la création dans un proche avenir d’une interprofession riz au Bénin. Le CCR-B milite également activement pour le démarrage et le fonctionnement des plateformes de dialogue multi-acteurs publics-privés. Ces plateformes constitueraient un outil indispensable pour une meilleure coordination du développement de toute la filière riz béninoise.

Des informations actualisées et accessibles à tous.

Le CCR-B a élaboré des outils d’information importants au profit du développement de la filière, notamment :� le répertoire des acteurs de la filière riz au Bénin� le Système de Gestion de l’Information sur la filière riz (Encadré 1)� le bulletin trimestriel d’information « Echos Rizicoles » à destination de plus de 4.000 lecteurs et nombreuses structures� le site internet du CCR-B� des brochures diverses et deux films documentaires.

Encadré 1 : Le Système de Gestion de l’Information de la filière riz du Bénin

Le Système de Gestion de l’Information de la filière riz du Bénin (SGI RIZ) est une base de données qui centralise des informations sur la filière riz (études, documents de politique, fiches techniques, rapports de recherches, statistiques, etc.).

Le SGI RIZ est subdivisé en cinq (05) modules en fonction des thématiques spécifiques dans lesquels sont rangés les documents, photos, données statiques, etc. Il est installé dans environ 25 centres (relais SGI RIZ) sur toute l’étendue du territoire national. On peut naviguer dans la base de données sans avoir besoin de la connexion internet.

Une meilleure connaissance des producteurs et produc-trices de riz

Avec l’appui du projet PAFIRIZ, le CCR-B a recensé les riziculteurs

du Bénin. L’une des grandes difficultés rencontrée dans le secteur agricole au Bénin est la non maîtrise des statistiques agricoles. Certes, les services d’encadrement essaient de faire ce travail à leur manière mais il est remarqué que le recensement exhaustif vient compléter l’effort que déploie les services de l’Etat et permet de disposer de statistique qui s’approche plus de la réalité. Ce recensement des producteurs réalisé par le CCR-B qui a couvert toutes les régions productrices de riz vient combler une partie du déficit en informations pertinentes dont ont besoin les acteurs (développeurs et décideurs). Le recensement par le CCR-B vise deux objectifs : permettre à l’opinion publique de se rendre compte du poids que constituent les riziculteurs et de disposer d’outil de décision sur le plan statistique pour les campagnes agricoles.

Au total, 48 000 riziculteurs sont identifiés et recensés dont 40% de femmes (recensement de 2010). Ainsi, le pays dispose d’une base de données fiable et sûre, le CCR-B et ses unions membres disposent des données pour un accompagnement plus efficace des membres dans la réussite de leurs campagnes agricoles, et les différents décideurs ont de la matière pour orienter leurs appuis au service du développement de la filière riz au Bénin.

Une meilleure maîtrise de la filière

Dans sa démarche d’appui aux CCR-B et aux unions membres, PAFIRIZ a privilégié l’approche qui consiste à confier l’exécution des activités à des prestataires. Des ONG d’intermédiation sociale ont été recrutées par le projet afin d’accompagner les unions régionales de producteurs dans l’appropriation des différentes étapes qui conduisent à un aménagement rizicole. Cette façon de procéder a permis aux riziculteurs de mieux appréhender toutes les étapes menant à la réalisation finale. Ainsi, les producteurs connaissent :� la démarche qui conduit à un aménagement de bas-fond pour la riziculture ;� l’évaluation technico-économique de la situation de départ des projets d’aménagement et les options d’aménagement ;� les stratégies de mobilisation de la contrepartie financière du promoteur pour les investissements en aménagement et la démarche pour sécuriser le foncier.

Les appréciations faites par les acteurs

Connaissance et reconnaissance du CCR-B

Selon les acteurs interviewés, la légitimité du CCR-B s’est accrue entre 2009 et 2012 (Figure 1 et Tableau 2).

58 % des personnes interrogées ont répondu par l’affirmative à la question relative à la connaissance du CCR-B par les riziculteurs (Tableau 3).

Les résultats du sondage au niveau des membres à la base montrent que le CCR-B n’est pas encore suffisamment connu de ceux-ci. Pour y parvenir, les administrateurs du CCR-B (niveau national et régional) ont l’obligation, pour les années à venir, de beaucoup sillonner les régions, les communes, voire les villages

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pour entrer en contact avec leur base. De plus, les unions régionales n’assument pas encore pleinement leur fonction de représentation et de services pour leurs membres.

Depuis 2009, un des chantiers entrepris par le CCR-B est le renforcement de la structuration selon les différents niveaux du réseau. Ce travail a fortement avancé au niveau régional mais des efforts restent à fournir pour les derniers maillons du réseau. Les liens entre la faîtière nationale et les unions régionales sont bien établis. Selon 59 % des personnes questionnées, la connaissance du CCR-B par ses membres s’est nettement améliorée entre 2009 et 2012 et ce pour diverses raisons.

Figure 1 : Scores attribués par personnes interrogées de la situation avant 2010

et après 2012 pour la connaissance, la reconnaissance et la communication

interne

Tableau 2 : Appréciations de la connaissance, la reconnaissance et la

communication interne du CCR-B (notations par les personnes interrogées)

Tableau 3 : Connaissance ou non du CCR-B (% des personnes interrogées)

Pour certains, cette amélioration est due aux nombreux services apportés par la faîtière aux membres : initiation de projets, négociation d’actions auprès des partenaires financiers, investissement d’infrastructures et d’équipement dans les régions. Pour d’autres, ce sont les actions des partenaires au développement au travers des projets, comme PAFIRIZ, qui ont fait croître la connaissance du CCR-B par les riziculteurs.

Les sondés ont mis en avant les faits suivants afin d’étayer leur appréciation :� Existence d’un Bureau National connu des producteurs et autres acteurs et d’un Secrétariat Permanent fonctionnel ; �Présence de techniciens dans les régions ;�Organisation de la journée nationale du riz du Bénin.

Des efforts restent nécessaires pour améliorer la connaissance de la structure par les premiers concernés. Les outils mis en place avec le concours du projet pour le développement des services en direction des membres doivent être utilisés. Des appuis externes peuvent être envisagés mais la véritable connaissance de la structure définissant sa réelle légitimité doit être gagnée en interne.

Les résultats de l’enquête montrent que 76 % affirment que le CCR-B est actuellement représentatif et légitime alors que 14 % sont d’avis contraire. De plus, toutes les unions régionales confirment que c’est grâce au CCR-B qu’elles ont acquis une certaine visibilité et une reconnaissance de leur existence par les producteurs. La représentativité réside notamment dans le fait que pour les décisions importantes d’envergure nationale, l’ensemble des six régions sont consultées au même titre au travers d’Assemblées Générales ou de sondages d’opinion. Toutes les régions sont aussi représentées au sein du Conseil d’Administration.

Dans ce cadre, il est important d’aborder la présence du CCR-B à diverses instances (réunion de haut niveau, rencontre sur les politiques agricoles, ateliers divers liés au dialogue politique, etc.), présence qui a cru progressivement. Cependant, il faut remarquer qu’en fonction des sujets et des enjeux, la représentation du CCR-B doit se faire par les administrateurs, les techniciens, voire des personnes ressources et conseillers du CCR-B en fonction de leurs compétences et des sujets à débattre.

Une telle diversité dans le choix des représentants permet à l’organisation d’assumer pleinement les rôles qui sont les siens mais aussi d’élargir le spectre des défenseurs des idéaux de l’organisation. Elle demande cependant de mettre un accent particulier sur la préparation du représentant et la restitution du contenu de ses activités à l’ensemble des élus de l’organisation afin notamment que le débat interne soit nourrit de nouvelles idées. PAFIRIZ accompagne le CCR-B dans la préparation des réunions externes même si son l’équipe n’a pas les prérogatives à participer à la désignation des représentants.

Certains administrateurs dans l’exercice de leur fonction cumulent des charges. Ces cumuls peuvent être conscients ou non, volontaires ou par contrainte mais toujours est-il que ces pratiques pénalisent l’organisation. Dans la pratique, les invitations à des rencontres externes adressées par des structures tierces sont systématiquement à destination du premier responsable du CCR-B. C’est ensuite en interne que l’analyse de l’objet de la réunion se fait et que les compétences exigées du représentant sont identifiées. Ce qu’on remarque souvent, pour des raisons de non disponibilité de ressources humaines compétentes ou pour des raisons pécuniaires, certains responsables se positionnent

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Les communes contribuent à l’émergence de filières agricoles prometteuses

sur tout ou sur une grande partie pour représenter le CCR-B aux rencontres externes.

De plus, les sondés affirment que la légitimité réside dans le premier plan stratégique conçu par le CCR-B pour 2009-2013 avec l’aide de ses partenaires. L’appui de PAFIRIZ a permis au CCR-B de réussir à mettre en œuvre ce plan stratégique qui touche tous les producteurs par le biais de leurs unions.

Enfin, la légitimité du CCR-B est aussi perçue sous d’autres dimensions. En effet, il n’existe pas de membres dissidents ni d’organisation dissidente au réseau CCR-B. Celui-ci représente la seule organisation faîtière des producteurs de riz et il est consulté par les autres acteurs qui interviennent dans la filière. C’est le cas de la participation du CCR-B à l’élaboration des politiques de développement de la riziculture au plan national ; mais également du rôle de chef de fil temporaire qu’il joue dans l’appui à l’organisation des autres familles d’acteurs de la filière riz.

Communication interne et externe au CCR-B

En ce qui concerne la communication interne du CCR-B, 62 % des personnes interrogées se disent être satisfaites et mettent en avant les améliorations enregistrées dans ce domaine ces quatre dernières années. Moins de 4 % ne reconnaissent pas d’amélioration et 34 % sont mitigées (principalement des acteurs externes au CCR-B).

Cette progression observée est imputable au dynamisme des dirigeants du CCR-B mais surtout aux effets des appuis directs apportés par PAFIRIZ et le Projet d’appui au CCR-B. Toutes les activités développées dans ce domaine sont réfléchies et mûries de concert avec le secrétariat permanent du CCR-B et leur mise en œuvre se fait de façon conjointe. Il y a eu une appropriation rapide des démarches et des outils développés par le CCR-B.

PAFIRIZ a permis d’initier pas mal d’activités devant permettre un meilleur transfert de l’information. Aujourd’hui, les administrateurs sont inscrits sur une flotte téléphonique et communiquent facilement avec leurs homologues des différentes régions. La faîtière transmet chaque trimestre les actualités de la filière grâce au bulletin d’information trimestriel « Echos Rizicoles ». Un Système de Gestion de l’Information (Encadré 1) avec des relais installés dans les unions régionales a été conçu ; les producteurs peuvent y acquérir du savoir avec l’aide des techniciens de leurs unions.

Cependant, l’insuffisante circulation de l’information au sein même d’une région est à déplorer. Cela empêche, d’une part, une fluidité dans le transfert de l’information sur les services du CCR-B. D’autre part, cela engendre un déficit chronique de partage de l’information entre les unions régionales et leur base. Tout cela n’améliore guère l’adhésion des membres individuels. Certains producteurs interviewés disent encore aujourd’hui ne pas connaître le CCR-B ou le connaître seulement au travers de son nom. Pourtant, certains d’entre eux ont bénéficié d’appuis concrets d’aménagement et de mise à disposition de matériel agricole grâce au soutien de la faîtière. Cela démontre l’importance de mener une

action globale sur l’ensemble des niveaux de l’organisation pour une amélioration réellement efficace de la communication interne. Le CCR-B doit alors se focaliser sur son plan de communication (outil efficace dont il a bénéficié avec le soutien du projet) qui doit l’aider à atteindre cet objectif.

Le paradoxe est que le CCR-B communique mieux avec les acteurs externes au réseau. Etant donné que les structures d’appui, les projets et programmes et autres acteurs sont attentifs à ce que font les organisations de producteurs, il est plus loisible pour ceux-ci de s’informer sur toutes les sources d’information existantes. C’est ce qui explique que 57 % des sondés sont favorable à l’amélioration de la communication externe du CCR-B contre 3 % d’avis contraire (40 %, principalement les producteurs, ne se sont pas prononcés).

Les canaux et outils de communication (bulletin d’information, SGI RIZ, site Internet, rencontre d’échanges, etc.), aussi bien utilisés pour la communication interne que la communication externe du CCR-B, semblent plus adaptés à un public d’acteurs externes. Par contre, à l’interne, la plupart des informations est fluide entre les niveaux national et régional (contacts fréquents entre responsables régional et national). Par exemple, le SGI RIZ, base de données sur le riz conçue avec l’appui du projet, est un plus pour le CCR-B et les acteurs de la filière. Mais l’exploitation de cet outil montre qu’il est plus facile d’accès aux chercheurs, étudiants et autres « intellectuels » qu’aux producteurs. Il y a une déconnexion entre le niveau régional et les producteurs individuels, et les canaux sont peu performants.

Gouvernance et gestion du CCR-B

Depuis 2009, le CCR-B a amélioré son organisation interne. Le CCR-B a une configuration pyramidale de la base (village) au sommet (national). La structure dispose d’organes tel que l’Assemblée Générale, le Conseil d’Administration et le Comité de Contrôle. Le Conseil d’Administration pour son fonctionnement efficace est doté d’un bras technique (Secrétariat Permanent) qui exécute au quotidien les ambitions des administrateurs. L’efficacité a été grandement améliorée depuis 2010 avec les appuis conjoints du PAFIRIZ et du Projet d’appui au CCR-B.

47 % des personnes questionnées trouvent que cette organisation s’est améliorée de 2009 à 2013 (période d’intervention des projets); 2 % sont d’avis contraire et 51 % ont des avis mitigés (Figure 2 et Tableau 4). Ces derniers taux montrent que la gestion interne du CCR-B n’est pas connue du grand public malgré les AG de reddition des comptes.

En effet, de 2006 à 2009, le CCR-B a été porté par la Fédération Nationale des Unions de Producteurs du Bénin (FUPRO-Bénin) et a fonctionné sous son aile en bénéficiant de son appui. Durant cette période, il n’y avait qu’un personnel composé de deux salariés (un coordonnateur et une secrétaire-comptable). La rareté des ressources humaines faisait que les appuis aux régions se limitaient essentiellement à la représentation et la défense des intérêts.

La crise alimentaire de 2008-2009 a permis au CCR-B d’émerger

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et de trouver, au travers des nombreux appuis et soutiens des partenaires les moyens à la hauteur de ses ambitions.

Les projets ont surtout permis au CCR-B de renforcer et structurer son bras technique : le Secrétariat Permanent. Ce secrétariat dispose de relais techniques (conseillers techniques régionaux) dans les six régions. En même temps, certaines unions régionales membres du CCR-B se sont structurées plus ou moins rapidement en fonction des initiatives régionales et des appuis extérieurs existants. Elles sont les émanations des unions communales, lesquelles sont les produits des coopératives villageoises et des groupements de base.

Figure 2 : Scores attribués par les personnes interrogées de la situation avant

2010 et après 2012 pour les aspects de gouvernance et de gestion

Tableau 4 : Appréciations de la gouvernance et la gestion du CCR-B (notations

par les personnes interrogées)

Le PAFIRIZ a accompagné le Secrétariat Permanent dans les réflexions engagées au travers de toute la structure CCR-B sur la révision des textes fondamentaux (révision des statuts, harmonisations des statuts juridiques, actes uniformes à règles définies par l’Organisation pour l’Harmonisation en Afrique du Droit des Affaires (ODAHA) ). Le projet a aussi soutenu les assises relatives à la clarification de la répartition des rôles des différents niveaux composant le CCR-B.

45 % des personnes interrogées reconnaissent que la gestion administrative du CCR-B a été améliorée et 52 % ne se sont pas prononcés. Ce résultat se justifie par l’appui des projets. Ces appuis ont notamment conduit à la création d’un Bureau National fonctionnel et d’un Secrétariat Permanent opérationnel. Par conséquence, le CCR-B respecte ses engagements vis-à-vis de ses

partenaires et des lois en vigueur au Bénin tels que le recrutement et la déclaration du personnel, le respect dans l’utilisation des ressources allouées par les partenaires, et la réalisation de différents audits. Cependant, ce taux inférieur à la moitié (45 %) confirme les résultats de l’audit organisationnel réalisé en 2011-2012 qui notait déjà certaines insuffisances en gestion des ressources humaines (effectif insuffisant au regard de l’ampleur des tâches attendues, inexistence d’un plan de carrière du personnel, etc.).

Ainsi, il est important pour le CCR-B de s’efforcer à véritablement respecter certaines exigences de base garante d’une gestion administrative de qualité minimale :�mettre en œuvre les outils de gestion existants (par ex. le manuel de procédures) ;�disposer d’un véritable cycle annuel de gestion des activités ;�rétablir une cohérence unique dans la gestion des ressources financières et éviter la dichotomie entre la gestion des activités financées par les partenaires et celles financées sur fonds propre du CCR-B ;�éviter les conflits d’attribution entre élus et salariés.

47 % des personnes enquêtées affirment que la gestion financière du CCR-B s’est améliorée ces trois dernières années. Ce constat est confirmé par les résultats des différents audits financiers commandités par le CCR-B relatifs à des conventions ou des ressources externes mises à la disposition de la structure. Ceci s’explique aussi par les différents appuis apportés par les projets concernés. Toutefois, des améliorations doivent encore être apportées ; notamment une séparation nette du service comptable et de celui de gestion de la caisse et un audit des comptes propres au CCR-B (jusque-là ce sont des audits des comptes des appuis externes qui sont réalisés).

Une organisation professionnelle, comme le CCR-B, est une entité à part entière et ne doit normalement pas fonctionner au cas par cas en matière de gestion financière. Le CCR-B doit disposer d’un budget annuel validé par son Conseil d’Administration et mis en œuvre chaque année. Les apports des partenaires doivent s’inscrire dans cet ensemble. A la fin de chaque exercice, un audit général des comptes du CCR-B doit être réalisé.

55 % des personnes enquêtées reconnaissent que la gouvernance au sein du CCR-B s’est également améliorée. En effet, l’organisation à travers ses administrateurs s’est engagée à respecter ses engagements statutaires en tenant régulièrement ses réunions statutaires. Le renouvellement des organes de gestion est aussi une réalité. Le CCR-B tient régulièrement ses assemblées à bonnedate en respect des dispositions statutaires depuis 2010. Une révision des textes statutaires est réalisée de façon démocratique. Les comptes rendus relatifs à la gestion sont réalisés et sont généralement publiés.

Cependant deux aspects restent à améliorer. Il s’agit tout d’abord de la préparation de la relève et du mode de désignation des représentants aux assemblées. En ce moment, les réflexions sont en cours au sein de la commission thématique du CCR-B relative à la gouvernance et dont le fonctionnement a été soutenu par le

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Les communes contribuent à l’émergence de filières agricoles prometteuses

PAFIRIZ (Encadré 2). Des propositions existent et seront validées à l’Assemblée Générale.

Encadré 2 : Les Commissions Thématiques du CCR-B

Dans le souci d’anticiper certaines préoccupations et de mieux les aborder le CCR-B a initié, avec l’appui du PAFIRIZ, des groupes de réflexion appelés commission thématiques. Ces commissions constituent les organes de réflexion du CCR-B. Elles sont chargées de réfléchir en amont et de faire des propositions au Conseil d’Administration qui les analyse et entérine celles jugées bien fondées et réalisables. Une de ces commissions s’occupe spécifiquement des aspects de gouvernance au sein du réseau.

Le second aspect est relatif à l’engagement des membres. En effet, les riziculteurs doivent comprendre que la vie, le développement et la valeur de leur organisation dépend de ses propres ressources pour faire face, à ses dépenses de « souveraineté ». Malgré tous les acquis énumérés ci-dessus, cet aspect reste à acquérir pour consolider la structure. Si l’organisation professionnelle a été créé pour apporter des services à ses membres, ces derniers ont des devoirs financiers envers celle-ci.

Autonomie du CCR-B

Le CCR-B s’est doté d’une vision et d’une mission dont l’appropriation est appréciée différemment selon les personnes sondées (Encadré 3).

Encadré 3 : La vision et la mission du CCR-B

La vision du CCR-B : La vision du CCR-B est de devenir une organisation dynamique, incontournable sur le plan national, crédible et prospère où les membres s’épanouissent dans la solidarité. La mission : Contribuer à améliorer les conditions socio-économiques des productrices et producteurs de riz du Bénin et leur insertion dans le processus de développement par la représentation, la défense des intérêts et la professionnalisation tout en veillant à la bonne gouvernance et gestion à tous les niveaux du réseau

64 % des personnes interrogées, principalement les dirigeants, affirment qu’il y a une bonne appropriation de la vision et que le CCR-B est actif par rapport à la mission qu’il s’est fixé (Figure 3 et Tableau 5). Toutefois, cela paraît moins évident aux échelons inférieurs de la structure. Des efforts doivent donc être menés pour informer et sensibiliser les acteurs à chaque échelon du réseau. De manière globale, les personnes questionnées déclarent avoir observé un progrès en matière d’autonomie du CCR-B entre 2010 et 2012 (Figure 3 et Tableau 5).

Concernant la capacité du CCR-B à anticiper, les réponses sont très mitigées et variables : 31 % des personnes reconnaissent que le CCR-B a une capacité d’anticipation sur le développement de la filière riz au Bénin. Par contre, 29 % ne reconnaissent pas cette

anticipation et affirment qu’elle est faible. Cette anticipation se traduit par des actions de plaidoyer menées par le CCR-B (études sur les importations et dons, conférence de presse pour dénoncer les effets nuisibles des dons sur la promotion du riz « made in Bénin », les démarches pour l’institutionnalisation d’une journée nationale du riz du Bénin, les études sur les types d’aménagement, etc.). Enfin, le CCR-B joue également le rôle de chef de file dans l’installation des plateformes de dialogue public-privé (prémices de la naissance d’une interprofession riz).

L’anticipation réside aussi dans la capacité du CCR-B à être source de proposition d’idées ; idées qui se doivent ensuite d’être défendues à la hauteur des attentes des riziculteurs. 64 % des sondées reconnaissent une indépendance d’idées au niveau du CCR-B. Ce taux relativement élevé montre le degré de maturité de l’organisation. Aussi, le plan stratégique 2009-2013 (un second est élaboré pour 2014-2017) est un signe d’indépendance d’idées même si le CCR-B n’est pas capable de couvrir seul les charges liées à sa mise en œuvre (indépendance d’actions). Toutefois 24 % des personnes nuancent cette indépendance et la qualifie de relative. Pour ces derniers, l’important appui des projets et structures d’appui influence cette indépendance.

Figure 3 : Scores attribués par les personnes interrogées de la situation avant

2010 et après 2012 pour l’autonomie du CCR-B

Tableau 5 : Appréciations de l’autonomie du CCR-B (notations par les personnes

interrogées)

34,5 % des personnes questionnées sont d’avis que le CCR-B a une autonomie d’action, sous-entendant une autonomie financière. Seules 5,2 % déclarent que le CCR-B dispose d’une autonomie financière suffisante. La majorité reconnait que cette autonomie est relative et couverte par la présence de projets de développement. Une des principales difficultés du CCR-B est la mobilisation de ressources financières propres. A cette préoccupation, des réflexions sont en cours depuis de longs mois.

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Quatre grandes sources potentielles sont prises en compte : � les cotisations des membres ;� le développement des activités économiques (prestation, système de mise en marché groupée, prise de part dans des actions de transformation, approvisionnement en intrants, etc.) à tous les niveaux avec le respect du principe de « subsidiarité » (éviter le chevauchement de services à deux ou à plusieurs niveaux de l’organisation) ;� les frais de gestion des projets financés par des sources externes ;� les subventions (dégressives) de la part des partenaires au développement.

Une cinquième source non négligeable mais fragile (faible emprise) est la mobilisation des ressources au travers du montage et de gestion de projets.

Relations avec d’autres acteurs du secteur riz

Les relations entre le CCR-B et les acteurs externes se sont progressivement améliorées (Figure 4 et Tableau 5), grâce à l’appui du PAFIRIZ. Ceci se traduit, entre autres, par une communication de tout ce qui se fait au sein de l’organisation, par une participation active du CCR-B aux réunions stratégiques, et par l’invitation de tous les acteurs aux manifestations et activités du CCR-B.

Environ 62 % des personnes interrogées reconnaissent que les relations avec d’autres acteurs se sont améliorées entre 2009 et 2012. Ceci s’explique certainement par les efforts déployés dans le développement de partenariats. Aujourd’hui, le CCR-B est reconnu par le Ministère de l’Agriculture, de l’Elevage et de la Pêche (MAEP) comme acteur important et interlocuteur valable pour les actions en direction des riziculteurs. Il fait partie du groupe de travail national qui suit la mise en œuvre de la Stratégie Nationale pour le Développement de la Riziculture au Bénin (SNDR). Le CCR-B est également reconnu par les différents partenaires au développement qui s’investissent dans la filière riz comme étant la structure représentative des riziculteurs du Bénin.

Figure 4 : Scores attribués par les personnes interrogées de la situation avant

2010 et après 2012 pour les relations externes du CCR-B

Tableau 6 : Appréciations des relations externes du CCR-B (notations par les

personnes interrogées)

Le revers de la médaille est que vu le nombre et l’importance de relations que le CCR-B développe avec les acteurs externes de la filière riz, les relations avec les acteurs internes de la filière ont été sous-développées : faible collaboration avec la Plateforme Nationale des Organisations Professionnelles et de Producteurs Agricoles (PNOPPA (a.)) et avec la Fédération des Unions de Producteurs du Bénin (FUPRO-Bénin (b.)) . Cette situation a deux causes :� le faible nombre de visites de la PNOPPA et de la FUPRO à la faîtière riz et donc peu de contact pour s’enquérir des problèmes de la filière (manque d’une réelle coordination interne, espace d’échanges opérationnel) ;� la méconnaissance des services que ces faîtières offrent à leurs membres et des obligations qu’elles attendent en retour.

Services aux membres par le CCR-B

Aujourd’hui, le CCR-B dispose d’un Secrétariat Permanent fonctionnel. 66% des personnes questionnées affirment que la gestion technique au sein du CCR-B est efficace au travers de ce secrétariat (Figure 5 et Tableau 7). Cependant, cette équipe technique et administrative reste encore dépendante des appuis extérieurs pour son fonctionnement.

Figure 5 : Scores attribués par les personnes interrogées de la situation avant

2010 et après 2012 pour les services fournis par le CCR-B

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Les communes contribuent à l’émergence de filières agricoles prometteuses

Tableau 7 : Appréciations des services fournis aux membres (notations par les

personnes interrogées)

Le CCR-B développe timidement des services pour ses membres. A partir du développement des services de représentation et de défense des intérêts, le CCR-B a soutenu la structuration et le renforcement des liens entre les unions régionales et la faîtière nationale. Cette action s’est traduite par le premier recensement des riziculteurs avec l’appui du Programme bénino-français de la Professionnalisation de l’Agriculture au Bénin PPAB (c.) et d’Oxfam Québec, par la formalisation des unions régionales, etc. Depuis 2009, grâce à diverses opportunités, le CCR-B a initié et développé pour ses membres une gamme variée de services à leur profit (Encadré 4).

Encadré 4 : Des exemples de services fournis par le CCR-B

� Suivi-appui-conseil aux promoteurs riziculteurs pour la mise en valeur adéquate des sites rizicoles aménagés avec l’appui du PAFIRIZ ;� Structuration et renforcement des unions régionales au travers du recensement et mise à disposition de données statistiques ;� Formalisation de l’URIZOP (Ouémé et Plateau) et ateliers sur la commercialisation ;� Appui à l’élaboration des textes statutaires du réseau des semenciers et à sa structuration ;� Mise en place des relais du SGI RIZ et mise à disposition d’informations sur la filière riz (dont bulletin Echos Rizicoles) ;� Harmonisation des formes juridiques au sein du réseau ;� Actions de plaidoyer et lobbying ;� Formations des membres (capacités techniques, organisationnelles, de gestion) ;� Intermédiation et mobilisation de fonds.

Sur le plan du renforcement des capacités, beaucoup d’actions ont concouru à l’épanouissement des producteurs individuels et de leurs unions régionales. C’est le cas des formations, initiées par le projet, sur des aspects techniques, organisationnels, de gestion liée ou non aux aménagements, ainsi que celles au profit des nouveaux administrateurs. Ainsi, les unions régionales ont amélioré leur visibilité auprès de leurs membres (services plus efficaces) et ont également amélioré leurs compétences techniques et de gestion.

Abordant la qualité des services apportés, 48 % des personnes questionnées reconnaissent que ceux-ci sont de bonne qualité et se sont améliorés dans le temps. Cependant, au moment où PAFIRIZ se retire, ces acquis sont encore fragiles. L’autonomie financière du CCR-B n’étant pas encore achevée, la pérennité de ces acquis reste incertaines.

Le CCR-B milite beaucoup pour que le riz « Made in Bénin ». soit visible et adopté A cet effet, plusieurs actions ont été menées parmi lesquelles les études sur les flux d’importation de riz, la compréhension des mécanismes de gestion des dons et des taxes à l’importation, l’organisation d’une première édition de la journée nationale du riz du Bénin (avec l’espoir de l’institutionnaliser), le plaidoyer réussit pour l’insertion du riz du Bénin dans les grands centres de consommation, et le plaidoyer pour la fixation d’un quota du riz du Bénin dans les stocks importés. Aujourd’hui, le riz « Made in Bénin » se trouve un peu partout dans les centres commerciaux.

Grâce aux appuis des projets, l’idée d’organiser une journée nationale riz est devenue une réalité. Le CCR-B a réussi à rassembler autour de lui tous les acteurs qui s’investissent dans le développement de la filière. De plus, grâce aux actions continues de plaidoyer, le riz produit au Bénin est de plus en plus accepté des béninois et le mythe selon lequel seulement le riz importé est de bonne qualité est levé.

Conclusions

Le CCR-B, un acteur incontournable

Tout ce qui précède montre la progression remarquable enregistrée par le réseau CCR-B durant les quatre dernières années marquées par l’appui continu et rapproché du PAFIRIZ et du Projet d’appui au CCR-B. Ce type d’appui aux organisations professionnelles agricoles est donc recommandable et doit être poursuivie et généralisée dans le pays afin de permettre aux acteurs directement concernés de jouer véritablement le rôle qui leur est dévolu.

Aujourd’hui, une organisation des producteurs de riz existe, elle se fait progressivement connaître et reconnaître par les acteurs intervenant dans la filière riz et par l’administration béninoise. Au travers des différents appuis apportés, le CCR-B a accru sa notoriété et confirme sa place d’interlocuteur principal et d’acteur incontournable dans la filière riz.

Le CCR-B a apporté à la filière rizicole béninoise une valeur ajoutée au travers de l’initiation et de l’organisation du recensement des riziculteurs du Bénin. Le pays dispose désormais de bases de données fiables et sures. Il paraît important et avantageux que ce type d’action puisse être maintenu par une mise à jour annuelle. Cette activité pourrait être valablement menée grâce à un partenariat efficace entre les services de l’Etat compétents dans le domaine et le CCR-B qui au travers de sa structuration est à la source des informations nécessaires.

Le CCR-B reste en partie responsable du trop faible partenariat existant avec les autres structures paysannes faîtières. Le CCR-B est membre de la FUPRO qui à son tour est membre de la PNOPPA. Le CCR-B doit donc renforcer durant les années à venir ses liens avec ses alliés stratégiques afin d’être plus fort, d’améliorer la cohérence du mouvement paysan et de bénéficier du soutien que peut lui apporter une structure comme la PNOPPA.

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Une organisation en pleine croissance avec une gouvernance et une gestion à encourager

Le CCR-B joue la carte de la transparence en matière de gestion des finances. Cette attitude permet de rassurer et de créer une certaine confiance entre le CCR-B et tout autre partenaire. De plus, le respect des engagements statutaires, les différents audits, la reddition des comptes aux mandants et aux structures d’appui, prouvent que le CCR-B fait partie des organisations modèles en matière de gouvernance financière et politique.

Toutefois, le CCR-B devra corriger certaines lacunes comme la mise en œuvre des outils de gestion existants. Ceux-ci permettront d’aboutir à un véritable cycle annuel de gestion des activités et d’une cohérence unique dans la gestion des ressources financières et humaines.

RecommandationsRenforcer l’autonomie du CCR-B par la mobilisation des res-

sources propres

Pour le CCR-B, il est impératif, en tant qu’organisation jeune et pleine d’ambitions, d’expérimenter au plus vite les différentes stratégies et opportunités qui s’offrent à lui afin de mobiliser les moyens de sa politique. Les pistes ont été clairement identifiées lors des différentes rencontres d’appui organisées par le PAFIRIZ. Il s’agit de : (i) l’effectivité voire le caractère obligatoire des cotisations des membres ; (ii) le soutien au développement des services économiques au sein du réseau notamment pour conforter sa légitimité vis-à-vis des membres. ; et (iii) la gestion des projets et programmes (frais de gestion).

Un appui est souhaité à l’égard du CCR-B afin que ces stratégies soient mises en œuvre. L’appui au développement des services économiques est un point d’entrée crucial pour faire émerger le CCR-B de sa situation de précarité et d’attentisme vis-à-vis des financements extérieurs.

Accompagner les organisations professionnelles agricoles dans la

durée

Si depuis plus de deux décennies, les organisations professionnelles agricoles n’ont pas pu assumer ce qui était attendu d’elles, c’est

entre autres parce qu’une attention particulière ne leur a pas été accordée. La majorité des ressources et des appuis ont été pendant longtemps aux mains du public. Il est indispensable que les ressources publiques soient également orientées vers le secteur privé afin d’y avoir des acteurs capables de dialoguer avec le secteur public.

Selon les propos du secrétaire permanent du CCR-B, « C’est véritablement le projet PAFIRIZ qui a permis aux riziculteurs de connaître ce que c’est qu’un aménagement rizicole et comment on s’y prend pour aménager un bas-fond ». L’approche d’intervention de PAFIRIZ, « l’accompagnement participatif et l’appui rapproché » des organisations professionnelles agricoles, mérite d’être généralisée pour voir les projets d’investissement dans des aménagements d’une part être appropriés par les bénéficiaires et d’autre part être valorisés. Ceci suppose qu’il faut accorder la véritable place de partenaire à ces organisations, les respecter dans leurs choix par un accompagnement critique et constructif, créer un climat de confiance afin de leur permettre de contribuer pour faire aboutir l’appui qu’elles reçoivent.

L’appui aux organisations professionnelles agricoles exige d’aller au rythme des producteurs. De plus, l’appui institutionnel demande du temps et de la patience. Appuyer les organisations concernées dans le choix qu’elles opèrent et s’aligner derrière leur vision contribue au développement des filières agricoles.

L’expérience vécue des accords d’exécution entre le PAFIRIZ et le CCR-B mérite d’être poursuivie car elle responsabilise l’organisation. Néanmoins, sa mise en œuvre nécessite des diagnostics approfondis pour évaluer les compétences et les capacités des organisations à gérer aisément les conventions qui les lient aux partenaires de développement. Ces diagnostics devraient être guidés voire complétés par d’autres outils comme les auto-évaluations accompagnées, les audits, etc. afin de soutenir les organisations dans leurs évolutions.

Il est alors souhaitable, pour un soucis d’efficacité des appuis et d’appropriation des acquis dans la durée, que les appuis externes aux organisations professionnelles agricoles se fassent de façon concertée, en harmonie avec la volonté du principal concerné. Comme le dit un adage au Bénin « ce qui se fait pour nous sans notre avis, finit souvent par être contre nous ».

Notes de référence a. La PNOPPA est la faîtière des réseaux d’organisations paysannes nationales. C’est une organisation qui est aujourd’hui l’interlocuteur premier du gouvernement

béninois en ce qui concerne les préoccupations des organisations professionnelles agricoles. Elle assure la vice-présidence du Comité National d’Orientation et de

Suivi (CNOS) pour la mise en œuvre du PSRSA.

b. LA FUPRO est une faitière nationale regroupant en son sein certaines organisations nationales liées à des filières ainsi que les six (6) organisations paysannes

nationales, généralistes et territoriales. C’est l’un des plus grands réseaux membre de la plateforme des organisations professionnelles agricoles du Bénin.

c. Le programme bénino-français a soutenu et accompagné pendant une décennie le mouvement paysan au Bénin.

d. Fédération des Unions des Producteurs du Bénin (FUPRO) ; Plateforme Nationale des Organisations Paysannes et de Producteurs Agricoles (PNOPPA) ; Ministère de

l’Agriculture, de l’Elevage et de la Pêche (MAEP) ; Société Nationale pour la Promotion Agricole (SONAPRA) ; Centre Agricole Régional pour le Développement Rural

(CARDER) ; Fédération des Caisses d’Epargne et de Crédit Agricole Mutuel (FECECAM) ; Facilité d’Appui aux Filières Agricoles (FAFA) de l’Atacora et de la Donga (AD)

et du Mono et du Couffo (MC) ; Programme de Promotion de l’Agriculture (ProAgri/GiZ) ; Vredeseilanden West Africa (VECO WA) ; Expanded Agribusiness and Trade

Promotion (E-ATP/USAID) ; et Comité permanent Inter-Etats de Lutte contre la Sécheresse dans le Sahel (CILLS).

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Les communes contribuent à l’émergence de filières agricoles prometteuses

Annexe : Présentation du CCR-B

Nom : Conseil de Concertation des riziculteurs du Bénin Sigle : CCR-B Adresse : 03BP 252 ABOMEY Téléphone : (+229) 22 13 02 71 E-mail : [email protected]

Création : Juillet 2005 (initiative) et Décembre 2006 (récognition formelle).

Statut légal : Association selon Loi 1901.

Structure organisationnelle : pyramidale (du niveau village au niveau national en passant par les régions et les communes). Le CCR-B compte 6 Unions Régionales et 56 Unions Communales.

Zone de couverture : Territoire national.

Nombre de membres : environ 40 000 riziculteurs dont 40% de femmes (recensement de 2010).

Conditions requises pour devenir membre : être une union régionale de riziculteurs ; s’acquitter de ses obligations ; et s’engager à respecter les dispositions légales relatives aux associations, au statut et règlement intérieur du CCR-B.

Vision : La vision du CCR-B est de devenir une organisation dynamique, incontournable sur le plan national, crédible et prospère où les membres s’épanouissent dans la solidarité.

Mission : Contribuer à améliorer les conditions socio-économiques des producteurs et productrices de riz du Bénin et leur insertion dans le processus de développement par la représentation, la défense des intérêts et la professionnalisation tout en veillant à la bonne gouvernance et gestion à tous les niveaux du réseau.

Objectifs du CCR-B : � Représenter les producteurs et productrices de riz du Bénin dans tous les actes de vie civile, administrative et politique agricole au Bénin et dans toutes les instances de décision tant au niveau national, régional et international ;� Sauvegarder et défendre sans exclusivité et en tout lieu les intérêts de la profession de production de riz;� Promouvoir le professionnalisme des producteurs/-trices de riz et coordonner toute action rentrant dans le cadre de la production de riz au Bénin.

Services fournis et prévus par le CCR-B : � plaidoyer/lobbying ;� information et sensibilisation des membres, formation et appui-conseil aux producteurs/-trices de riz ;� organisation des membres et développement de la vie associative au sein des organisations à la base ;� services économiques en direction des membres (prévus) ;� prestations de services (frais de gestion des projets ; prévues).

Organisation interne :� Organes de gouvernance et de gestion : Assemblée Générale ; Conseil d’Administration ; Bureau Exécutif et Comité de Contrôle. � Staff technique : un Secrétaire Permanent, une comptable, une secrétaire et un conducteur de véhicule. Relations externes (d.) :� Partenaires et alliés stratégiques : FUPRO et PNOPPA.� Services publics d’appui technique : MAEP (différents départements techniques); SONAPRA ; et 6 CARDER.� Institutions financières : FECECAM et Eco Bank (début de partenariat).� Partenaires au développement : CTB (PAFIRIZ et FAFA-AD et MC) ; GiZ (ProAgri) (appui technique et financier) ; ETD/CIDR ; VECO WA ; E-ATP ; Inter-réseaux (appui à la diffusion) ; et CILSS.

Financement de l’organisation : cotisation annuelle de 5.000 Francs CFA par riziculteur dont 1000 F CFA pour le CCR-B.

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Notes

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