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Le magazine indépendant du 13 e arrondissement N° 02 Décembre 2010 | www.le13dumois.fr | En vente le 13 de chaque mois 3 , 90 V I OS UR V E I LLA NC E LES CAMÉRAS DÉBARQUENT L E 13 e DE MISS. TIC S A N T É ME N TAL E RUE DE LA GLACIÈRE, THÉRAPIE EN CLUB « ULT R A S » REPE N T I S À CHA R L É TY PA R I S 13 e LA M O S A ÏQU E RE L IGI E U SE

Le 13 du Mois n°2

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Le magazine indépendant du 13e arrondissement

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Page 1: Le 13 du Mois n°2

Le magazine indépendant du 13e arrondissement

N° 02 — Décembre 2010 | www.le13dumois.fr | En vente le 13 de chaque mois3,90 !

VIDÉOSURVEILLANCELES CAMÉRAS DÉBARQUENT

LE 13e DE… MISS. TIC

SANTÉ MENTALERUE DE LA GLACIÈRE, THÉRAPIE EN CLUB

« ULTRAS » REPENTIS À CHARLÉTY

PARIS 13e

LA MOSAÏQUERELIGIEUSE

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Le 13e de...

Le 13 du Mois : Bon nombre de vos pochoirs habillent les murs du 13e. Est-ce votre terrain artistique de prédilection ?Miss. Tic : J’ai commencé en 1985 dans le 13e mais aussi ailleurs, dans les 20e, 5e, 6e ou 3e arrondissements. Je ne suis pas « nationaliste » d’un quartier ni enfermée dans le 13e même si mes œuvres y sont très visibles.

Pourquoi y sont-elles plus présentes qu’ailleurs ?Parce qu’elles sont récentes. En 2006, Serge Blisko, ancien maire [PS, ndlr] du 13e, m’a sollicitée pour réaliser un projet artistique sur l’arrondissement. Avec les autorisations des propriétaires de certains murs, j’ai pu poser une cinquan-taine de pochoirs. De cette collaboration est née ensuite l’exposition « Parisienne femme capitale » présentée à la mairie. Plus tard, j’ai recontacté des propriétaires afi n de réaliser des pochoirs dans le quartier de la Butte-aux-Cailles et ainsi illustrer mon dernier livre.

Quels sont les quartiers qui vous inspirent le plus ? Le 13e est un arrondissement varié. Il y a malheureusement des quartiers terriblement laids avec leurs constructions des années 1960-1970 où se situe aujourd’hui Chinatown. Je n’aime pas l’avenue d’Italie, le boulevard Vincent Auriol ou l’avenue d’Ivry, que je trouve sinistres. Le 13e qui me plaît, c’est la Butte-aux-Cailles, le boulevard Auguste Blanqui et les Gobelins. J’aime les maisons de ville de la Butte, on se croirait à Bourg-en-Bresse (rires). J’adore aussi le Quai de la gare. Il est cerné par les immeubles mais il est très riche avec ses ateliers d’artistes et ses « Frigos ». La BNF est une mons-truosité, je préfère me promener sur les quais qui lui font

face. Sinon, il y a malheureusement peu de quartiers festifs dans le 13e. C’est d’ailleurs scandaleux que dans une ville comme Paris, il y ait un couvre-feu. Je suis pour les bars, les restaurants, la vie nocturne. Si cela empêche certains de regarder la télé, tant pis, qu’ils aillent en Creuse !

Votre atelier est également dans le 13e, est-ce volontaire ? Je n’ai rien choisi, c’est circonstanciel. J’habite dans le 13e depuis 1992. À l’époque, on m’a proposé un logement à prix raisonnable où j’ai également installé mon atelier. Après plu-sieurs années, par manque d’espace, j’ai déménagé les trois quarts de l’atelier à proximité. Mais il n’est pas extensible et avec les loyers demandés à Paris… Pourtant, mon rêve serait de pouvoir un jour choisir où habiter dans la capitale.

Cela fait 25 ans que vous arpentez les rues de Paris, n’en avez-vous pas assez ?Non, ça m’excite de plus en plus ! C’est comme un couple qui dure ou un diamant que vous ciselez. Il m’a fallu telle-ment de temps pour être visible… Je viens d’un milieu peu cultivé et le fait que mes pochoirs rendent l’art accessible à ceux qui ne vont pas dans les musées et ne poussent pas les portes des galeries me plaît beaucoup. Ce côté populaire, j’y suis très attachée. Et puis, j’ai souvent été coursée par la police, alors aujourd’hui quand les fl ics me saluent, c’est une petite victoire (rires) !

Miss. Tic : exposition « À la vie, à l’amor » à la Galerie W, 44 rue Lepic dans le 18e, jusqu’au 12 janvier 2011.

En 25 ans, Miss. Tic est devenue la fi gure de proue du street art parisien. Ses pochoirs ornent les murs de la capitale, en particulier dans le 13e.

VIVRE ICI

Par Caroline VaissonPhotographies : Mathieu Génon

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—« J’ai souvent été coursée

par la police, alors aujourd’hui quand ils me saluent,

c’est une petite victoire ! »—

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Pagodes, synagogues, églises françaises ou chinoise , salles de prière musulmanes : les cultes du 13e collent à sa population métissée. Nous vous invitons à pèleriner en des endroits souvent insolites.

PARIS 13e

LA MOSAÏQUE RELIGIEUSE

DOSSIER

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L’Aïd el-Kébir mi-novembre, ‘Hanouc-cah début décembre et enfi n Noël : les trois grandes religions monothéistes

célèbrent chacune une fête majeure de leur calendrier en cette fi n d’année 2010. La période nous a paru propice à un tour d’horizon, sans prétendre traiter toutes les confessions, du fait religieux dans le 13e.Nos estimations, à prendre avec des pincettes - l’exercice est complexe ! -, indiquent que la pratique religieuse régulière concerne au grand maximum 20 000 personnes sur les 180 000 habitants de l’arrondissement. De quelles pra-tiques parle-t-on ? Le 13e abrite la seule église catholique chinoise de France, deux pagodes bouddhistes, des temples protestants, une église chrétienne orthodoxe, sept paroisses catholiques. En ce qui concerne les musulmans et les juifs, il est plus diffi cile de répertorier les lieux de culte et parfois d’y avoir accès. Le site Internet de la mairie du 13e procède bien à son propre recensement, mais sa liste diffère en de nombreux points avec la réalité consta-tée sur le terrain – les quelques salles de prière musulmanes parmi la dizaine existante n’y sont mentionnées que depuis le milieu du mois de novembre... Quant au nombre de synagogues, il varie entre cinq et huit selon les sources. Au-delà de ces froides statistiques, nous avons voulu nous pencher sur des lieux et des parcours personnels. La façon dont les prati-quants occupent le tissu urbain particulier de l’arrondissement justifi e à elle seule le terme de mosaïque. De nos jours, des lieux de culte s’installent à l’unisson des programmes de « concertation » en cours : à Paris Rive-Gauche, juifs et chrétiens s’adaptent désormais aux heures de bureau (voir pages 19 et 24). Par

le passé, les pagodes chinoises se sont au contraire installées là où un urbanisme délirant le permettait (page 22).Mosaïque également comme la rencontre fortuite des traditions religieuses. Notre-Dame de Chine compte parmi ses fi dèles des chré-tiens convertis de fraîche date qui ont délaissé le bouddhisme à la recherche d’une foi peut-être moins exigeante (voir page suivante). Le mélange peut aussi s’exprimer au sein d’une même communauté religieuse : dans les temples bouddhistes, les rituels chinois s’ac-commodent volontiers des pratiques venues d’Asie du Sud-Est. Quelques rayures, tout de même, dans cette fresque religieuse. Les musulmans en effet sont les seuls à ne disposer d’aucun lieu « offi ciel », d’aucune véritable mosquée. On trouve une dizaine de salles de prière - un nombre élevé qui n’a d’équivalent à Paris que dans le 19e arrondissement -, toutes situées dans des foyers sociaux. La grande mosquée de Paris est certes proche du 13e (rue Saint-Hilaire dans le 5e arrondissement voisin), mais on peut s’inter-roger sur le manque de structures offi cielles à disposition de cette communauté, un problème général dans la capitale (voir page 20). Un responsable associatif nous a d’ailleurs confi é sa vive inquiétude devant cette situation, qui lui fait craindre que « cela ne nourrisse des frustrations, sources d’intégrisme ». Pour le reste, la cohabitation inter religieuse est ici exempte de tensions, sans que l’on puisse s’exalter sur un quelconque œcuménisme. Seul véritable exemple en ce sens, le Festival des musiques sacrées de la ville de Paris organisé par des résidents du 13e (voir page 25).Par David Even - Jérémie Potée

Photographie : Mathieu Génon

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DOSSIER

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Curé de Saint-Hippolyte depuis deux ans, Renaud de La Soujeole s’applique à déve-lopper et mettre en valeur sa paroisse qu’il souhaite - comme depuis sa création il y a 100 ans - à l’image de son quartier.

Le 13 du Mois : La paroisse a fêté ses 100 ans cette année. Quels ont été les moments clés de son histoire ?Père Renaud de La Soujeole : Au départ, il n’y avait qu’une petite roulotte au plein milieu d’un quartier de plus de 5 000 ouvriers. Une petite église a été érigée en 1910 puis agrandie après la Première Guerre mondiale grâce au soutien fi nancier de la famille Panhart, pro-priétaire de l’usine automobile toute proche. Ensuite, après la Seconde Guerre mondiale, Saint-Hippolyte a accueilli pendant quinze ans des prêtres ouvriers. Enfi n, depuis les années

70 et la construction des tours d’habitation accompagnant l’arrivée massive de migrants, la paroisse accueille le monde entier. C’est d’ailleurs la vocation principale de Saint-Hip-polyte, l’accueil de l’étranger.

Les gens se détournent de plus en plus de l’Église en ce moment. Qu’en est-il à Saint-Hippolyte ?Nous ne connaissons pas trop la crise. On a dû racheter deux cents chaises cette année ! Nous rassemblons chaque semaine un millier de personnes. Qui peut se targuer d’en faire autant ? Ce n’est pas dans les conseils de quartier qu’ils ont autant de monde, du propre aveu de certains de mes paroissiens membres du Conseil municipal ! Mais en même temps nous sommes au cœur d’un quartier de plus de 45 000 personnes. La grande majorité des gens

n’en a rien à faire du Christ. Et fi nancièrement ce n’est pas simple. Comme le quartier est pauvre, les deniers du culte sont faibles.

L’église voisine qui dépend de votre paroisse, Notre-Dame de Chine, voit aussi le nombre de ses fi dèles croître…Notre-Dame de Chine est très active le dimanche avec les activités culturelles qu’ils proposent. Par contre en semaine c’est beau-coup moins vivant que Saint-Hippolyte qui est une vraie paroisse de quartier, très implantée au niveau local. L’église chinoise ne touche pas le quartier. À peine dix familles viennent du 13e, les autres viennent de toute l’Île-de-France. Les asia-tiques qui parlent bien français fréquentent d’ailleurs plutôt Saint-Hippolyte.

Entretien« LE MONDE ENTIER VIENT À SAINT-HIPPOLYTE »

Père Renaud de La Soujeole célébrant l’office de midi à Saint-Hippolyte.

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Le foyer « Chevaleret ».

DES FOYERS EN GUISE DE SALLES DE PRIÈRELes lieux de culte musulmans seraient-ils pour autant inexistants dans le 13e ? En apparence seule-ment. Car en réalité, une dizaine de salles de prière sont éparpillées dans l’arrondissement. Certaines sont même référencées sur le site Internet de la Mairie. Et toutes, sans exception, sont situées dans des foyers pour jeunes travailleurs et immigrés. Ces centres sociaux, qui abritent environ 2 000 personnes, sont composés principalement d’indi-vidus de religion musulmane. Le foyer dit « Che-valeret », situé dans la rue du même nom, est l’un des plus grands d’entre eux. Au rez-de-chaussée, tapis et décorations africaines ornent la salle poly-valente d’une quarantaine de mètres carrés. Tout le monde ici l’appelle « la mosquée ». Cinq fois par jour, les résidents effectuent leurs prières rituelles. L’un d’entre eux, désigné pour mener le prêche, se place dans le couloir et scande l’adhân – l’appel à la prière. Très vite, la salle se remplit. Des tapis sont même disposés dans le couloir au cas où la place viendrait à manquer. Pour Mamadi, qui a habité

quelques stations de métro. Il est donc facile de s’y rendre pour les prières ou à l’occasion des fêtes. Sur place, Nadour Slemen, chargé de la communication de la Mosquée, nous explique : « La construction d’une mosquée est un projet très long. Entre trois et cinq ans minimum, sans compter les délais d’autorisation. Il y a aussi un problème de budget : la loi sur la laïcité inter-dit que des fonds publics fi nancent un lieu de culte. C’est donc à la communauté musulmane de trouver les ressources nécessaires. » Mais à l’échelle de l’arrondissement, la commu-

nauté reste peu représentée, puisqu’une seule association revendique son appartenance à la religion musulmane (voir encadré). Et l’implan-tation d’une mosquée dans le quartier n’est pas dans ses priorités.

Catholique, protestant, orthodoxe, juif, ou encore bouddhiste... Quand on est croyant et habitant du 13e, les lieux de culte ne

manquent pas. Pourtant, l’islam, deuxième reli-gion de France, semble être la grande oubliée de notre arrondissement : il n’y existe aucune mosquée. Au Conseil français du culte musulman, situé dans le 15e arrondissement, cette situation ne semble pas étonner : « Le manque de mosquée est un problème général en France », nous ex-plique l’un des responsables. « Dans la capi-

tale, cela touche particulièrement le côté rive gauche et l’ouest parisien. Ceux qui y habitent sont donc obligés de se déplacer. » Les musul-mans du 13e ont cependant un avantage : la Grande Mosquée de Paris n’est située qu’à

— « On s’en fout de savoir si notre salle est offi cielle ou pas.

Pour nous, ça reste une mosquée » —

MUSULMANS : PRIÈRE DE VOUSDÉBROUILLER

Si le 13e est riche de sa diversité confessionnelle, la religion musulmane n’est pas la mieux lotie. Confrontés au manque de structures, ses fi dèles n’ont souvent d’autre choix que de s’approprier des espaces de prière.

Par Julien BadaudPhotographie : Mathieu Génon

DOSSIER

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Prière devant la pagode des Teochew sur la dalle des Olympiades à l’occasion de la fête des ancêtres en septembre dernier.

À voir où se nichent les deux temples bouddhistes que compte le 13e, on pourrait

croire les voies du Bouddha tout aussi impénétrables que celles de son Homologue. Au cœur du dédale des Olympiades se trouvent, toutes proches l’une de l’autre, les pagodes des Teochew et des Wenzhou (voir encadré).Les Teochew sont coincés à l’ombre des tours de la dalle, dans un recoin jouxtant cet étonnant bazar asia-tique qu’est la galerie Oslo. Pour trouver le temple des Wenzhou, il faut s’engouffrer sous le parvis, rue du Disque. Cette « rue » n’est autre qu’une voie d’accès au par-king du centre commercial. En pénétrant dans cet antre intimi-dant, on distingue à une cinquan-taine de mètres le rougeoiement

Les Teochew viennent d’une région à l’est de Canton, dans le sud de la Chine. Les Teochew de France ont des origines indochi-noises, où ils se sont installés au début du 19e siècle avant de fuir les communismes du Vietnam, du Cambodge et du Laos.

Les Wenzhou qui fréquentent le temple du culte du Bouddha de l’Association des résidents en France d’origine indochinoise (ARFOI) sont issus de la province du Zhejiang, au sud de Shanghai. La région a connu dans les années 1970 une grave crise de son secteur textile, causant l’émigration d’une partie de sa population en France.

Amicale des Teochew en France, 44, avenue d’Ivry. Association des résidents en France d’origine indochinoise (ARFOI), 37 rue du Disque.

D’UNE DIASPORA À L’AUTRE

QUI CHERCHE (BIEN)

TROUVE BOUDDHA

Par Jérémie PotéePhotographies : Mathieu Génon

Il faut trouver son chemin sur et sous la dalle des

Olympiades pour débusquer les pagodes chinoises du 13e arrondissement. Largement ouverts au public, les lieux contredisent la réputation

d’hermétisme prêtée à la communauté asiatique.

DOSSIER

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Par David EvenPhotographie : Mathieu Génon

Une imposante ménorah [chandelier hébraïque à sept branches, ndlr] trône derrière la baie vitrée de la synagogue

Beth Loubavitch, juste en face de la station du métro aérien Quai de la gare, à deux pas de la BNF. Une seule des sept ampoules est pour l’instant allumée, signe que nous sommes au premier jour de ‘Hanouccah, la fête des Lu-mières, souvent considérée comme l’équivalent du Noël chrétien.En poussant la porte, on est frappé par l’étroi-tesse des lieux. À gauche, immédiatement à l’entrée, une armoire - l’Arche sainte - renferme les rouleaux de la Torah avec en face, le pupitre de prière sur lequel sont posées quelques kip-pas. Une vingtaine de chaises rouges entourent l’espace. Un verset de la Torah est peint en hé-

breu sur les murs blancs. Au fond de la pièce, une longue table à peine débarrassée est encore parsemée de miettes de pain et de serviettes en papier. C’est là que viennent manger - kasher - des étudiants de l’université Diderot voisine ainsi que les hommes et femmes d’affaires du quar-tier qui s’y font livrer leurs repas.

« PROMOUVOIR LE JUDAÏSME DANS LE QUARTIER »L’accueil est chaleureux, on nous offre un bei-gnet : « C’est la tradition pour ‘Hanouccah », lance derrière ses petites lunettes rondes et sa barbe fournie Emmanuel Meïr Lachkar, le rab-bin. « Mon épouse et moi avons été envoyés ici en 1997 afi n de promouvoir le judaïsme dans ce quartier en construction », poursuit-il tout en

prenant congé d’un fi dèle, un expert-comp-table venu rapidement manger un morceau et prier pendant sa pause-déjeuner. Pour coller au rythme du quartier d’affaires, des offi ces d’un quart d’heure sont organisés chaque jour à 13h30.Plusieurs dizaines de familles et une centaine d’hommes d’affaires du quartier gravitent aujourd’hui autour de la petite synagogue qui peut accueillir simultanément cinquante fi dèles mais ne fait le plein que pour le Shabbat. « Avant le quartier était vide. En plus nous n’avions pas de locaux et, les six premiers mois, les prières se faisaient le samedi dans mon ap-partement juste en face », raconte le rabbin, heureux d’avoir été contraint en 2006 d’agran-dir les lieux.

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Voiture surmontée d’une ménorah pour les festivités de ‘Hanouccah.

QUARTIER BNF,

LE PARI

La petite synagogue Beth Loubavitch, située à deux pas de la BNF au début du boulevard Vincent Auriol, cherche depuis 1997 à attirer toujours plus de fi dèles. Nous sommes allés à leur rencontre en pleines festivités de ‘Hanouccah.

SYNAGOGUED’UNE

DOSSIER

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13e ŒIL

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Jour de répétition aux Frigos.

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NÉCESSITÉ A FAIT SPOUMJEn 2004, l’emploi aidé du régisseur de l’Union des musiciens de jazz (UMJ) arrive à son terme. Les réserves de l’association ne suffi sent plus à fi nancer le poste. La pianiste Ann Ballester, alors présidente, lance un appel à ses amis et adhérents de l’UMJ. L’objectif est simple : monter un ensemble de jazz dont les cachets permettront le fi nancement du poste. Tous répondent présents. La salle des Frigos qui accueille la première répétition est même trop petite pour accueillir tous les musiciens, parmi lesquels trois piliers du genre, Henri Texier, Aldo Romano et François Jeanneau. Ce dernier a été le premier directeur musical de l’Orchestre national de jazz et fondateur du département jazz au Conservatoire national supérieur de musique de Paris.Après quelques concerts, François Jeanneau souhaite donner une nouvelle impulsion à l’orchestre et le sensibiliser à des techniques nouvelles venues des États-Unis. C’est l’acte de naissance du Soundpainting orchestra de l’Union des musiciens de jazz (Spoumj). Rapidement, l’orchestre devient un incontour-nable et une référence dans son domaine.

www.le13dumois.fr — Décembre 2010 27

— PHOTOREPORTAGE

Élitiste, le jazz ? Le Spoumj, premier groupe de « peintres du son » à avoir vu le jour en France, dépoussière le genre en joignant le geste à la parole musicale.

Par Mathieu Génon

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Santé mentale

CONTRE LA SOLITUDE, LA THÉRAPIE

EN CLUB

Par Jérémie PotéePhotographie : Mathieu Génon

CULTURE13e ŒIL

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Une fois passée la porte de la discrète façade lambrissée de bois du Club des peupliers, rue de la Glacière en plein quartier Croulebarbe, on accède à un vestibule

où s’affairent des joueurs de cartes. À notre gauche, une porte fermée laisse échapper le son d’un poste de télévision. Un costaud aux cheveux longs en surgit pour nous apprendre qu’à l’intérieur, c’est atelier vidéo. Ce soir : Le Mécano de la « General », de Buster Keaton, que suit un petit groupe d’une dizaine de personnes. Le costaud en question, Pierre Prungnaud, est le doyen des animateurs de l’association : voilà plus de 25 ans que ce psychologue et psychanalyste y travaille. Il nous conduit avec empressement à la rencontre de ceux qui se trouvent dans la pièce attenante au vestibule, une salle commune, avec bibliothèque et cuisine, et laisse la conversation s’engager.

Les quelques personnes réunies dans ce cercle alternent les moments de léthargie et de soudaine activité : il suffi t d’un événement minime - l’arrivée de quelqu’un ou son départ, la proposition d’un autre de rejoindre la table de jeu - pour que l’ambiance s’anime.

L’objectif du club est précisément de laisser éclore chez ses membres le désir de s’exprimer ou au contraire de s’abstenir. Le principal est d’être entouré. Ici, il n’y a ni médecins, ni patients, il n’y a que des « animateurs » - des psychologues stagiaires ou statutaires - et des « usagers », dont les plus motivés ont la possibilité d’adhérer à l’association. « C’est un peu comme une MJC, quoi », raconte Sally qui vient ici depuis 2002, avant d’embrayer sur un autre sujet. En aparté, Pierre Prungnaud nous dira que la maladie de Sally se manifeste par une tendance à passer du coq à l’âne, qui s’est nettement atténuée depuis qu’elle fréquente les lieux.

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— REPORTAGE

Rue de la Glacière, le Club des peupliers accueille depuis 50 ans des personnes atteintes de troubles mentaux. On y vient pour être ensemble et briser le cycle de la solitude.

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