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PUBLICATIONS DU BUREAU DES RESSOURCES GENETIQUES Chou a grosses cules ordinaire. Chu a grosses eûtes frangé. Rit!. au douzième. Rrd. au douzième. LA DIVERSITE DES PLANTES LEGUMIERES : HIER, AUJOURD'HUI ET DEMAIN Actes du Symposium organisé à Angers du 17 au 19 octobre 1985 par l' Association pour l'Inventaire et la Conservation des Plantes Cultivées dans les Pays de la Loire (A.I.C.P.C.) l' Association des Conservatoires Français d'Espèces Végétales (A.C.F.E.V.) le Bureau des Ressources Génétiques (B.R.G.) avec l'appui : du Ministère de l'Agriculture du Ministère de la Recherche et de la Technologie du Ministère de l'Environnement de l'Institut National de la Recherche Agronomique lavoisier TEC _ K- U DOC Journal d'Agriculture Traditionnelle et de Botanique appliquée

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LA DIVERSITE DES PLANTESLEGUMIERES

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  • PUBLICATIONS DU BUREAU DES RESSOURCES GENETIQUES

    Chou a grosses cules ordinaire. Chu a grosses etes frang. Rit!. au douzime. Rrd. au douzime.

    LA DIVERSITE DES PLANTES LEGUMIERES :

    HIER, AUJOURD'HUI ET DEMAIN

    Actes du Symposium organis Angers du 17 au 19 octobre 1985 par

    l'Association pour l'Inventaire et la Conservation des Plantes Cultives dans les Pays de la Loire (A.I.C.P.C.)

    l'Association des Conservatoires Franais d'Espces Vgtales (A.C.F.E.V.) le Bureau des Ressources Gntiques (B.R.G.)

    avec l'appui : du Ministre de l'Agriculture

    du Ministre de la Recherche et de la Technologie du Ministre de l'Environnement

    de l'Institut National de la Recherche Agronomique

    lavoisier

    TEC _ K-

    U DOC Journal d'Agriculture Traditionnelle et de Botanique applique

  • Le Bureau des Ressources Gntiques a t cr en avril 1983 auprs du Ministre de la Recherche. Il a pour mission :

    a) D'animer et de coordonner, en matire scientifique, les actions menes en France sur les ressources gntiques en prenant particulirement en compte leurs perspectives de mise en oeuvre ;

    b) De mettre en place un systme d'information runissant partir de l'ensemble des actions menes en France dans ce domaine, toutes donnes se rapportant directement ou indirectement au matriel gntique ;

    c) De conseiller les pouvoirs publics et d'en assurer la reprsentation au niveau international dans les domaines de sa comptence. Pour la dfinition de ses programmes, il est assist d'un conseil d'orientation caractre interministriel et d'un comit scientifique.

    Dans la mme srie : UN PATRIMOINE : LES VARIETES LOCALES D'ESPECES FRUITIERES . Actes du symposium de Nancy, du 6 au 8 septembre 1984. Paris, BRG/JATBA , 1985. 17 x 24 cm, 220 p. prix : 100 F. T.T.C. (diffus par TEC & DOC - Lavoisier).

  • (2Es; ; errE U- ^

    PUBLICATIONS DU BUREAU DES RESSOURCES GENETIQUES 57, RUE CUVIER, 75231 PARIS CEDEX 05 FRANCE

    LA DIVERSITE DES PLANTES LEGUMIERES

    : HIER, AUJOURD'HUI ET DEMAIN

    Actes du Symposium organis Angers du 17 au 19 octobre 1985 par

    l'Association pour l'Inventaire et la Conservation des Plantes Cultives dans les Pays de la Loire (A.I.C.P.C.)

    l'Association des Conservatoires Franais d'Espces Vgtales (A.C.F.E.V.) le Bureau des Ressources Gntiques (B.R.G.)

    avec l'appui : du Ministre de l'Agriculture

    du Ministre de la Recherche et de la Technologie du Ministre de l'Environnement

    de l'Institut National de la Recherche Agronomique

    diffuseur : Technique & Documentation - LAVOISIER

    11, rue Lavoisier 75384 PARIS cedex 08

    DIFFUS I ON

    11, rue Lavoisier F-75384 Paris Cedex 08

  • O JATBA Journal d'Agriculture Traditionnelle et de Botanique Applique

    Laboratoire dBthnobotanique et dEthnozoologie Musum National d'Histoire Naturelle 57, rue Cuvier, 75231 Paris Cedex 05

    1986

    Imprim par Gerfau Impressions 73, rue de l'Evangile 75018 PARIS

  • TABLE DES MATIERES

    Pages Avant-propos. 5 Franois MANGENOT

    INTRODUCTION 7

    L'histoire des lgumes. 9 Michel CHAUVE?'

    - SITUATION ACTUELLE DES ESPECES ET VARIETES CULTIVEES ; REGLEMENTATION EN VIGUEUR.

    *Evolution et situation varitale actuelle chez quelques espces d'intrt conomique.

    Evolution et situation varitale actuelle chez le haricot. Elie MARX

    Evolution et situation varitale actuelle chez la laitue. Jean-Nol PLAGES

    Evolution et situation varitale actuelle chez la tomate. Jacqueline PHILOU'ZE

    Evolution et situation varitale du poireau. Raymond MORLE

    Point de vue d'un ancien slectionneur au service d'un centre maracher. Ren GUILLARD

    L'volution de l'amlioration des varits de lgumes. 53 Hubert BANNEROT

    *Les rglementations des varits et des semences. 65

    L'inscription aux catalogues officiels et la protection des.obtentions vgtales. 67 Jacques BROSSIER

    La certification des semences et plants des espces lgumires et leur commercialisation. 75 Raoul SERPET "l'E

    Le contrle du march des semences et plants des espces lgumires. 85 Henri LIPSCHIT1Z

    A.I.C.P.C./A.C.F.E.V./B.R.G.La diversit des plantes Igumires. 1986 1

    23

    25

    29

    33

    43

    49

  • La slection conservatrice. 91 Yvette DATTEE

    Maintien et volution d'une varit du domaine public chez une espce allogame : exemple du radis "de 18 jours". 95 Philippe BURET, Franois BOULINEAU et Richard BRAND

    La conservation des semences potagres. 99 Henry-Andr RENARD

    La conservation des semences. Ralisations actuelles dans un tablissement grainier. 111 Michel GAUDILLAT

    Il - LE PATRIMOINE GENETIQUE EN SURSIS 119

    Potagres autrefois rpandues et aujourd'hui disparues. Suggestions pour une typologie. 121 Claude-Charles MATHON

    Les aspects ethnobotaniques de la diversit varitale : application la prospection des varits traditionnelles. 127 Philippe MARCHENAY

    Contribution la rmergence de lgumes oublis. 135 Jean-Yves PERON

    Le point de vue d'un producteur sur la diversit des cultures lgumires. 153 Jean-Claude BOUCHARD

    Le patrimoine gntique en sursis : le point de vue d'une association. 155 Jean ROY

    Le patrimoine gntique en sursis : un point de vue de l'interprofession des lgumes frais. 159 Jean LETEINTURIER et Bernard MOREAU

    Le patrimoine gntique en sursis : un point de vue de l'interprofession des lgumes d'industrie. 163 Jean-Marc JAMARD

    Diversit des produits et alimentation humaine. 169 Yves RIO

    III - COMMENT ORGANISER LE MAINTIEN ET LA VALORISATION DE LA DIVERSITE ?

    Les actions engages en France. Exemple de la pomme de terre. Pierre PERENNEC

    175

    177

    2

  • Diversit des Crucifres lgumires et collecte des ressources gntiques. 181 Yves HERVE

    Les actions entreprises au plan international dans le domaine de la conservation et de l'utilisation des ressources gntiques des plantes lgumires. Pierre-Michel PERRET et Dick Van SLOTEN

    Le maintien et la valorisation de la diversit des plantes lgumires ; rle de la recherche agronomique. Bertrand SCHWEISGUTH

    Comment organiser le maintien et la valorisation de la diversit. Le point de vue de l'association des crateurs de varits potagres et florales 199 Denis LOR

    Le point de vue des collectionneurs amateurs. 203 Andr HATESSE et Jean Ch. GUILLAUME

    Pour un Centre de ressources gntiques des plantes lgumires. Les fondements d'un conservatoire des plantes lgumires. Jean BEGAULT

    Conclusion : voies actuelles pour la diversification gntique des productions lgumires. 213 Andr CAUDERON

    219

    221

    229

    230

    Par suite d'une mauvaise transmission, le Ministre de l'Agriculture n'a pu rpondre l'invitation qui lui tait faite

    par le Comit d'Organisation d'intervenir au Symposium.

    187

    195

    207

    ANNEXES

    Liste des participants au symposium.

    Index des sigles.

    Index des principaux noms de plantes cits.

    3

  • AVANT-PROPOS

    Franois MANGENOT Prsident de l'Association des

    Conservatoires Franais d'Espces Vgtales Conservatoire et Jardins Botaniques de Nancy

    100, rue du Jardin Botanique 54600 Villers-ls-Nancy

    Le Colloque d'Angers 1985 fait suite au Colloque de Nancy 1984 sur les varits fruitires. Comme lui, il est organis conjointement par l'ACFEV et le BRG. Mais c'est l'AICPC qui en a conu le programme, choisi les confrenciers et port le poids de l'organisation matrielle.

    La coopration entre le BRG, dont les finalits sont d'ordre scientifique, et l'ACFEV qui regroupe des organismes aussi divers que les Parcs Naturels et les Associations d'amateurs, a le mrite d'ouvrir le dialogue entre des conceptions apparemment divergentes de la conservation du patrimoine gntique.

    Les Colloques sont l'occasion d'un tel dialogue, mais ils permettent aussi la rencontre de reprsentants de secteurs conomiques trs varis et qui se connaissent insuffisamment.

    A.I.C.P.C./A.C.F.E.V./B.R.G.La diversit des plantes lgumires. 1986 5

  • INTRODUCTION

  • L'HISTOIRE DES LEGUMES Michel CHAUVET

    membre de l'UA 882 du CNRS Bureau des Ressources Gntiques

    57, rue Cuvier, 75231 Paris Cedex 05

    avec la collaboration de MM. Albert BRY, Pierre MONCOURTOIS et Georges TREBUCHET.

    INTRODUCTION

    Dans l'avant-propos son "Histoire des Lgumes", GIBAULT (1912) remarquait : "Depuis le point initial de leur mise en culture jusqu'au moment prsent, combien d'tapes parcourues dont le souvenir est jamais perdu ! On aurait dsir pouvoir les suivre dans leurs migrations chez les diffrents peuples, voir leurs transformations successives sous l'influence du changement de milieu, assister la naissance des varits de plus en plus amliores par l'effet de la slection naturelle ou par la main intelligente de l'homme. Une telle histoire complte des vgtaux cultivs, si elle tait possible, serait en mme temps une vritable histc ire de la civilisation". Plutt que d'esquisser une synthse qui reste difficile aujourd'hui, nous avons prfr, dans les limites de cet expos, aborder l'histoire des lgumes suivant diffrents points de vue, qui constituent autant de domaines de recherche.

    HISTOIRE DE LA GAMME DES ESPECES ET VARIETES

    Si certains lgumes ont t domestiqus trs tard, de nombreux autres remontent aux origines de l'agriculture, qui est apparue entre 10 000 et 7 000 avant J.C. et probablement en plusieurs lieux (Proche-Orient, Asie du Sud-Est, Proche-Orient, Asie du Sud-Est, Prou, Mexique ...) (HARLAN, 1975 ; HAUDRICOURT et HEDIN, 1943). En tudiant la rpartition gographique de la diversit gntique des diffrentes espces ou complexes d'espces, Vavilov a invent le concept de centre d'origine, o un grand nombre d'espces cultives prsentent leur maximum de diversit. Ces centres correspondent d'ailleurs aux lieux d'apparition de l'agriculture. Depuis Vavilov, l'origine des plantes cultives a fait l'objet de nombreuses tudes, et la ralit apparat bien plus complexe (ZEVEN et de WET, 1982). On prfre parler de centre de diversit, que l'on dfinit de faon trs large (carte 1 et tableau 1). Trs vite, les plantes ont voyag d'une rgion du globe l'autre. Cette histoire ancienne est trs difficile reconstituer, car la mme espce a pu tre domestique sparment en plusieurs lieux, et les formes cultives introduites ont pu s'hybrider avec des formes sauvages autochtones. On ne peut pas isoler l'histoire des lgumes de celle des autres plantes cultives, car bien souvent, au sein de la mme espce biologique, l'homme a slectionn des formes olagineuses, fourragres, tinctoriales, textiles ... et des formes lgumires. Ces dernires sont souvent apparues bien plus tard que les autres. Les exemples de ces diverses orientations de "slection" sont nombreux :

    A.I.C.P.C. /A.C.F.E.V. / B.R.G. La diversit des plantes lgumires. 1986 9

  • parmi les Crucifres, Brassica rapa L. a donn des lgumes-racines en Europe (navets et raves), des olagineux (navette en Europe, sarson et toria en Inde), des lgumes-feuilles (choux chinois en Chine), des brocolis en Italie (broccoletti di rapa, cima di rapa) ; les courges (Cucurbita spp.) ont d'abord t domestiques pour leurs graines olagineuses, avant que n'apparaissent des formes chair comestible ; Corchorus olitorius L. est utilis comme textile (jute) et pour ses feuilles consommes en pinards (meloukhia ou mauve des Juifs, du Liban l'gypte).

    Il est donc difficile et quelque peu illusoire de dater l'apparition en Europe des diverses espces. Si l'on prend l'exemple des radis, une tude philologique dtaille permet de reconstituer plusieurs vagues d'introduction (CHAUVET, 1985) :

    originaires du Proche-Orient et de Msopotamie, les gros radis se sont rpandus en Grce et en Italie avant l're chrtienne, probablement sous plusieurs formes, comme le laissent penser les trois noms qui coexistent en latin (armoracea, raphanus, radix) ; avec l'Empire Romain, les gros radis se sont rpandus dans toute l'Europe (cartes 2 et 3) ; au 16me

    sicle, les petits radis sont apparus en Italie (types "radis-raves" comme la "rave de glace"), suivis au 18me

    sicle par les petits radis ronds ou oblongs, la France prenant alors le relais de la diversification (carte 4).

    Ceci dit, on peut classer schmatiquement les lgumes connus en Europe de l'Ouest par priode d'introduction et par origine.

    Etaient prsents ds la prhistoire : navet, certains choux non pomms, fve, lentille, pois. Sont arrivs pendant l'Antiquit grco -romaine : gros radis, melons, concombre, gourde, oignon, bette,

    panais, carotte ?, haricot lbcil noir (Vigna). Ont t introduits du 10me au 15me sicle, par les Arabes (et les Juifs) : aubergine, chou -fleur,

    pastque, pinard, artichaut ?, gombo. Introduits d'Amrique, aprs 1492 : tomate, pomme de terre, patate douce, haricots (Phaseolus),

    courges, piment et poivron. D'Asie : certains lgumes nous taient dj parvenus par les Arabes, d'autres n'ont pu tre acclimats ;

    crosne, igname, choux chinois, laitue-asperge ne sont arrivs qu'au 19me - 20me sicle.

    Lgumes obtenus ou amliors en Italie : chicore amres, laitues, choux pomms et de Milan, choux- fleurs et brocolis, radis, fenouil, betterave ?

    Lgumes venant d'Europe centrale et du nord : raifort (Armoracia), rutabaga, anglique, cresson de fontaine.

    Lgumes rcents : mche (17me), chou de Bruxelles (18me), pissenlit (19me), endive (19me).

    Jusqu'au 19me sicle, seuls le savoir-faire et l'ingniosit des jardiniers, joints aux hasards des hybridations spontanes et la diversit des terroirs, ont permis de nouvelles varits de voir le jour. Il fallait un grand sens de l'observation pour liminer les hors-type et pratiquer ainsi une slection massale

    efficace. Ces techniques de slection empirique mriteraient d'tre tudies en collaboration entre ethnobotanistes

    et gnticiens, tant leur rle a t grand dans l'histoire. Depuis lors, des marchands grainiers ont progressivement pris le relais, introduit de nouvelles mthodes de slection et contribu amliorer la qualit des semences (puret, tri, calibrage...). Des premiers colporteurs et marchands qui faisaient venir de Chypre, de Crte, de Malte puis d'Italie des graines de chou-fleur jusqu'aux entreprises modernes de slection, il y aurait l toute une histoire crire. Les bases scientifiques de l'amlioration des plantes sont apparues assez tard. H fallait tout d'abord dcouvrir que les plantes avaient un sexe. Or les herboristes, qui sont les prcurseurs des botanistes, s'intressaient surtout aux racines des plantes (d'o leur nom grec de "rhizotomoi",

    coupeurs de

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  • racines), et beaucoup moins aux fleurs. Camerarius (1694) et Linn (1760) sont parmi les premiers avoir dcouvert que les plantes avaient des organes sexuels, et Klreuter (1761-66) est pratiquement le premier avoir tudi la pollinisation et effectu des hybridations systmatiques, en entrevoyant immdiatement l'intrt de ses dcouvertes pour l'amlioration des plantes. Le 19me sicle sera le sicle des "hybrideurs" o s'illustreront Lecoq, Godron, Naudin et les Vilmorin, pour ne citer que des Franais. Enfin l'oeuvre de Darwin et Mendel permettra la naissance d'une nouvelle discipline, la gntique, au dbut du 20me sicle (ROBERTS, 1929 ; TREBUCHET et GAUTIER, 1982). Sur ces nouvelles bases, des plantes de grande culture comme le bl, le mas, la betterave feront l'objet des premires recherches. A la fin du 19me et au dbut du 20me sicle, les lgumes ont fait l'objet d'un travail d'inventaire dont les rsultats nous sont encore prcieux (VILMORIN-ANDRIEUX, 1883 1925 ; BOIS, 1927 ; PAILLIEUX et BOIS, 1899). Leur amlioration systmatique et raisonne n'a vraiment dbut qu'aprs la deuxime Guerre mondiale, que ce soit l'INRA ou dans les entreprises de slection. Les premires varits hybrides F1 sont apparues dans les annes 1950, pour la tomate et le chou. Les espces cultives sous serre ou destines la conserve sont celles qui ont le plus volu (TREBUCHET, 1977). Ce sont en effet les secteurs qui exprimaient les demandes les plus prcises et pressantes, et qui s'cartaient le plus de la culture traditionnelle.

    HISTOIRE DE L'ALIMENTATION

    Comme le souligne BARRAU (1983, p. 74), "l'invention culinaire est une trs vieille histoire bien antrieure la domestication" des plantes. Ce qui dfinit peut-tre le mieux l'homme, c'est qu'il est un animal qui fait la cuisine. Ds qu'il a matris le feu, l'homme a pu rtir, cuire l'touffe, et chauffer des liquides l'aide de pierres brlantes. L'invention de la poterie a reprsent une tape importante, car elle permettait la confection de bouillies, soupes et potages primitifs. Les lgumes ont commenc par tre les potagres, les plantes pot. Ceci dit, les lgumes non fculents ne sont pas des aliments de base. Ce rle est dvolu des tubercules dans certaines civilisations (Ocanie, certaines rgions d'Amrique tropicale) ou des crales, associes des lgumes secs dans d'autres. C'est le cas de notre civilisation mditerranenne et europenne. Pendant longtemps, la cueillette a procur un complment de "lgumes" que l'on consommait cuits en potages ou comme des pinards. Cette cueillette se pratique encore largement de nos jours en Italie et surtout en Grce, au printemps, o l'on ramasse les rosettes de nombreuses Composes et Crucifres, les jets d'asperges sauvages ou de tamier... Cependant trs tt est apparue la distinction entre le champ, lieu ouvert o l'on cultivait les crales et le jardin, bien ferm par une haie ou un mur, prs de l'habitation, et o l'on cultivait arbres fruitiers, plantes mdicinales, condimentaires et lgumes. Quand on remonte dans le temps, il est d'ailleurs souvent difficile de sparer ces trois dernires catgories. Nombre de lgumes ont commenc par tre consomms pour leurs proprits mdicinales. Et comme dit BARRAU (1983, p. 101), "un aspect de nos croyances et de nos comportements alimentaires rside en ce qu'il est souvent difficile d'y dissocier ce qui relve du nutriment de ce qui concerne le mdicament". Les historiens de l'alimentation se heurtent un problme important : les sources crites nous font part bien souvent de l'alimentation des riches, qui formaient une fraction infime de la population, et pouvaient faire cultiver des lgumes rares ou hors-saison par de nombreux jardiniers, comme dans la Rome antique par exemple. Par contre, les pauvres se contentaient, et se contentent souvent encore, d'une alimentation plus monotone. MAURIZIO (1932) a bien montr l'importance de la conservation des aliments, et en particulier de la fermentation. Au contraire des crales, les lgumes sont en effet souvent trs prissables, et indisponibles pendant les longs hivers de l'Europe Centrale. Les aliments ferments ont donc constitu un apport alimentaire important dans la prhistoire. Les cuisines slaves connaissent encore les soupes (le barszcz polonais), les concombres, les boissons de fruits rouges... La rencontre de ces techniques primitives et d'une plante venue du sud, le chou pomm, a donn la choucroute, qui est apparue sous

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  • sa forme actuelle vers le 15me sicle, et a connu une grande diffusion. Par contre, les pays mditerranens pouvaient, eux, disposer de lgumes frais toute l'anne, et apprciaient les salades crues rafrachissantes. Dans l'histoire, des plantes introduites ont pu se substituer plus ou moins totalement d'autres plus anciennes. Les haricots (Phaseolus spp.) venus d'Amrique ont ainsi presque fait disparatre le haricot l'oeil noir (Vigny unguiculata (L.) Walpers) et la fve, qui tait abondamment consomme dans toute l'Europe depuis la Prhistoire. Il faut bien sr citer la pomme de terre, qui a remplac la chtaigne (BRUNETON-GOVERNATORI 1984) et limit l'usage de racines comme le navet, le panais. La tomate quant elle, ne s'est vraiment substitu aucun autre lgume, mais elle a boulevers nos coutumes alimentaires au point de devenir l'un de nos lgumes les plus importants en un sicle seulement. Enfin, au 20me sicle, quand nos besoins de base se sont trouvs assurs et que notre civilisation est devenue de plus en plus urbaine, est apparu un mode de consommation que l'on peut qualifier d'hdonique. On recherche maintenant des lgumes aqueux, apportant peu de calories, mais susceptibles de nous apporter la "vitalit" par leurs vitamines. Ainsi des concombres et des petits radis, ainsi de la vogue rcente des salades et autres lgumes crus. On ne peut parler d'alimentation sans voquer l'apparition des techniques industrielles de conservation des aliments. Avant l're industrielle, la mise en silos, la fermentation et la dessication taient trs employs, alors que la salaison tait plutt rserve aux viandes, en raison du cot du sel augment de la gabelle. Mais les conserves familiales au sel se rpandent au 18me (BRAUDEL, 1979, p. 179). L'appertisation, dont le principe est connu ds 1810, ne s'est vraiment vulgarise qu'aprs la deuxime Guerre mondiale, et a entran la spcialisation des cultures dans quelques rgions, et surtout, un changement profond dans nos coutumes alimentaires, qui sont devenues moins tributaires des saisons. D'autres techniques comme la surglation et la dshydration ont galement contribu faire des lgumes des matires premires pour l'industrie agro-alimentaire, dont l'importance a cr un point tel que pour certains produits (petits pois, haricots verts, scorsonres...), le march du frais est devenu mineur ou ngligeable. L'histoire de la cuisine a enfin un intrt indirect. Pour des poques o nous manquons de donnes, comme le Moyen-Age, nous disposons d'assez nombreux ouvrages de cuisine, qui nous permettent de savoir si tel ou tel lgume tait vraiment utilis l'poque de leur publication. Des ditions critiques de ces ouvrages nous sont donc prcieuses, et il est heureux de constater que cela suscite l'intrt d'historiens, philologues et ethnologues (ANDRE, 1981 ; HIEATT et BUTLER, 1985 ; LIBRE DE SENT SOVI, ca. 1324 ; MENAGIER DE PARIS, ca. 1394...).

    HISTOIRE DES SYSTEMES AGRAIRES ET DES SOCIETES Les produits stockables comme les crales sont devenus trs tt des enjeux de pouvoir et des objets d'change, au point que historiens et ethnologues voient l un des fondements des empires de l'Antiquit. Par contre les lgumes, plantes vivrires, sont de l'ordre du priv, du jardin attenant la maison. Dans les socits o les transports taient difficiles, chaque communaut villageoise devait disposer de divers terroirs de faon vivre en autarcie. Les lgumes, ayant besoin d'eau, taient tout naturellement cultivs dans les "marais", chaque famille y ayant son lopin de terre ; c'est l'origine du terme de marachage. Les marais situs prs des villes ont constitu les premires ceintures vertes. Il faut insister sur le rle tenu par les monastres au Moyen-Age. A une priode o survivre tait dj une prouesse, les monastres ont constitu en Europe des foyers de transmission des savoirs techniques relatifs aux plantes, qu'elles soient mdicinales, rituelles ou alimentaires. Les moines pouvaient lire les rares ouvrages de botanique et d'agriculture disponibles. Par leurs contacts d'un monastre l'autre, ils pouvaient changer des plantes et des techniques. Plus tard, au 17me, l'essor des jardins de chteaux et des maisons de campagne, joint au dveloppement de la pense agronomique, provoque l'apparition de nombreux ouvrages d'horticulture (BONNEFONS 1651, COMBLES 1749, LIEBAUT 1564, LA QUINTINIE 1692, LE BERRYAIS 1775, SERRES 1600 ; Bon Jardinier ; cf. BOURDE 1967).

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  • HISTOIRE DES TECHNIQUES DE PRODUCTION

    Les lgumes ont toujours fait l'objet de soins attentifs. Des techniques ingnieuses ont t dveloppes trs tt pour amliorer la production ou obtenir des produits hors-saison. L'irrigation des jardins tait dj connue en Egypte et en Msopotamie ancienne, et s'est rpandue dans tout le Bassin Mditerranen ; les Arabes ont contribu la diffuser (PARAIN 1979, pp. 77-79). La distribution de l'eau, facteur limitant, ne pouvait tre assure que dans des socits structures, en priode de paix. Elle disparaissait quand les empires s'croulaient. De nos jours, on peut cependant encore admirer en Espagne l'organisation trs complexe et les savoir-faire hrits des Arabes andalous. Les Romains pratiquaient dj le forage des cultures par chauffage. Les couches chaudes, avec du fumier de cheval ou des feuilles, sont galement connues depuis longtemps. Mais les procds de protection des cultures restaient rudimentaires. Les Romains employaient des plaques de mica (lapis secularis) pour assurer un clairement minimum. Au 16me sicle quand a dbut la mode des orangeries, celles-ci avaient un toit plein, des murs pais et des baies non vitres. Elles taient d'ailleurs rserves aux arbres (agrumes, grenadiers...). Les lgumes se contentaient de divers abris en bois ou en osier, ou de chassis recouverts de paillassons pour la nuit, techniques que l'on retrouve encore la fin du 19me sicle (MUIJZENBERG, 1980). L'amlioration des techniques de fabrication du verre en Italie permet l'usage de cloches partir de la fin du 16me sicle, mais ces cloches n'arrivent dans la rgion parisienne qu'au dbut du 18me. "On avait auparavant des cloches faites avec des assemblages de plomb petits carreaux de verre" (SCHABOL 1767, cit par SIMONI-AUREMBOU 1982, p. 111). Ce n'est qu'au 17me sicle que les orangeries commencent avoir des vitres. Encore celles-ci ne pouvaient-elles tre utilises que pour des produits de luxe, comme l'ananas, dont les Hollandais fournissent les cours europennes ds la fin du 17me sicle. On se contentait souvent de papier huil comme matriau transparent. Le verre utilis tait d'ailleurs de petites dimensions et serti au plomb. Le verre plat qui apparat la fin du 18me sicle tait trs cher, de mauvaise qualit, et posait des problmes d'tanchit (problme du mastic) ; on se contentait bien souvent de chutes de verreries. A partir du 19me sicle, l'explosion des connaissances scientifiques entrane l'apparition de nombreuses techniques utilisables en cultures protges. Mais ce n'est qu'au dbut du 20me qu'apparaissent, aux Etats-Unis et aux Pays-Bas, les premires serres ayant vraiment une vocation commerciale. Celles-ci taient rserves des produits de luxe comme le raisin et les fleurs. Les lgumes forcs, eux, se cultivaient en chassis, qui reprsentaient 90 % des surfaces sous verre aux Pays-Bas vers 1900. Il semble aujourd'hui normal de surlever les abris pour permettre un homme d'y travailler debout, mais il est curieux de constater que cette pratique est trs rcente. L'usage des serres pour la production de masse de tomate, concombre et laitue, ne se dveloppe que dans les annes 1950. Au 20me sicle on assiste l'introduction de l'lectricit, pour le chauffage et l'clairage, puis pour l'automatisation des serres. Les progrs dans la connaissance de la physiologie des plantes mnent progressivement un contrle du climat sous serre. A partir des annes 1950, les plastiques rcemment invents s'introduisent comme matriaux de couverture, d'abord aux Etats-Unis et au Japon. Leur usage se rpand dans de nombreux domaines ; dans les annes 1960, la plupart des zones marachres mditerranennes les adoptent, et on assiste une explosion des surfaces dans les annes 1970 (Provence, Roussillon, Almeria en Espagne, Crte et Ploponnse...). Dans les champs cette fois-ci on assiste avec l'essor de l'agronomie au 18me sicle "une rvolution qui a chass des jardins vers les champs une grande varit de lgumes" (BRAUDEL, 1979, p. 143). Pour supprimer la jachre et nourrir les animaux, on lance la culture des raves connues dj en Limousin et en Savoie et des turneps venus d'Angleterre, ainsi que des panais, carottes, choux et lgumes secs (longtemps classs parmi les bls) (BOURDE 1967, 2, pp. 630-636). Je mentionnerai enfin le problme de la lutte contre les maladies et parasites, en soulignant que les

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  • pesticides de synthse ne sont apparus qu'aprs 1950, et plus rcemment encore, les varits rsistantes gntiquement.

    HISTOIRE DES TRANSPORTS ET DU COMMERCE

    En Europe et ailleurs, la difficult des transports a longtemps oblig les villes qui se dveloppaient s'approvisionner en produits frais dans leurs abords immdiats. On a donc eu trs tt des ceintures vertes, les marachers apportant leurs produits chaque matin la halle ou les vendant eux-mmes. Les rapports entre la ville et sa ceinture verte ont toujours t conflictuels. L'extension de la ville et la hausse du prix des terrains ont progressivement repouss les "marais". Il y avait par exemple dans l'enceinte mme de Paris environ 1800 marachers cultivant 1 400 ha en 1845 (MOREAU & DAVERNE, 1845). Et nombre de nos varits de lgumes portent encore des noms comme ceux de Saint-Denis, Aubervilliers, Argenteuil, Vaugirard, la plaine des Vertus... De nos jours, il faudrait aller Montlhry ou surtout Orlans pour trouver ce qui pourrait s'appeler une ceinture verte. Mais entre-temps, la concurrence a forc les ceintures vertes se limiter une gamme de produits complmentaires de celle des zones d'expdition. Dans l'amlioration des moyens de transport, et aprs celle du rseau routier au 18me sicle, une mention spciale doit tre accord au chemin de fer, qui a couvert la France de 1850 1870 (DUBY 1978, p. 120 ; PITTE, 1983, pp. 56-89). Celui-ci ouvrait des rgions loignes le march des grandes villes ; les socits de chemin de fer, soucieuses d'augmenter leur fret, ont cr leurs propres services de vulgarisation agricole, et permis le dveloppement des rgions d'expdition comme le Val de Loire, la Bretagne, la valle de la Garonne ou le Bas-Rhne. C'est sous le Second Empire que le paysage actuel du Comtat-Venaissin se forme. En effet, on assiste alors une crise des trois grandes productions de l'poque : la soie artificielle fait reculer l'levage du ver soie, et la culture du mrier ; les colorants industriels remplacent la garance, et la vigne est frappe par le phylloxra. Avec l'arrive du chemin de fer, Cavaillon et Chteaurenard peuvent s'orienter vers la production de lgumes. Afin de se protger du mistral, on plante des haies de cyprs, qui est alors un nouveau venu dans la rgion, et le paysage se transforme en bocage (SPECKLIN 1976, p. 259). Enfin le dveloppement des techniques de rfrigration, la baisse du cot du transport arien ont acclr la spcialisation des rgions, au niveau d'un pays bien sr, mais aussi des continents ou mme du monde entier. Si en 1845, les marachers parisiens souffraient dj de la concurrence des choux-fleurs d'hiver du Finistre et du Midi de la France (MOREAU & DAVERNE, 1845), de nos jours, le march europen de ce lgume est pratiquement entre les mains de deux seuls partenaires : la Bretagne et l'Italie. Le March Commun a acclr ce processus. Les producteurs franais ont du mal rsister la pression des pays mditerranens pour les tomates, courgettes, aubergines, poivrons... Cette spcialisation arrive des extrmes l o il n'y a pas de frontires : la Floride et surtout la Californie produisent l'essentiel des lgumes frais commercialiss en Amrique du Nord, certaines valles se spcialisant dans le chou-fleur, la laitue iceberg, l'ail ou le radis. Il arrive mme qu'une seule entreprise suffise pour approvisionner le march, en ciboulette ou en chalote par exemple.

    L'OBSTACLE DE LA DIVERSITE DES LANGUES ET DES NOMS DE PLANTES

    Avant de conclure, j'insisterai sur un problme qui n'est pas toujours bien peru : pour l'essentiel, nos sources sont des documents crits, et plus nous remontons dans le temps, plus les descriptions sont imprcises et l'iconographie absente. Nous devons donc nous fier de simples noms. L'tude de ceux-ci relve de la linguistique. Alphonse de Candolle (1882) en avait dj utilis les donnes. Depuis lors, nous disposons heureusement d'excellents dictionnaires historiques ou tymologiques, et d'atlas linguistiques. Les acquis de la phonologie diachronique et synchronique nous permettent d'tudier l'histoire des noms de faon raisonne, au travers des sicles et des dialectes. Reste

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  • le problme de l'identification des plantes ainsi dnommes. Il faut savoir que la notion d'espce est abstraite pour la plupart des gens. Ce qui est nomm, ce peut tre un groupe de cultivars, ce peut tre un ensemble d'espces... D'infinies prcautions sont ncessaires pour s'assurer du statut des noms que l'on trouve et viter les contre-sens historiques (HAUDRICOURT & HEDIN, 1943).

    CONCLUSION

    J'espre avoir montr que l'histoire des lgumes pouvait s'aborder d'une grande diversit de points de vue. Cette approche interdisciplinaire est mme indispensable si on veut que ce thme soit un objet d'tude scientifique. Il faudrait faire une vritable introduction bibliographique, que les limites de cet expos ne permettaient pas, et souligner que les sources sont trs nombreuses et disparates, posent de redoutables problmes d'interprtation, et demandent tre croises largement entre elles si on veut aller au-del de simples suppositions htives, et bien resituer les faits dans le temps et dans l'espace. L'histoire nous montre qu' diverses poques et en divers lieux, les socits humaines ont su modeler les plantes en fonction de besoins qui changeaient. Les migrations des plantes et des techniques taient lentes. Aujourd'hui, nous pouvons disposer de la diversit du monde entier. Paradoxalement, cette diversit gntique si prcieuse est menace de disparatre. Il nous faut donc apprendre la grer au mieux, pour pouvoir en disposer demain pour de nouveaux usages, prvisibles ou inconnus.

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  • TABLEAU 1 REPARTITION DE L'ORIGINE DES LEGUMES

    SELON LES CENTRES DE DIVERSITE DE ZHUKOVSKY (1968)

    1. SINO-JAPONAIS : Ails aromatiques, aralia, aubergine, haricot azuki, bambous divers, bardane, chtaigne d'eau chinoise, choux chinois, chrysanthme, crosne, datkon, igname de Chine, laitue asperge, mauve verticille, melon, moutarde (Brassica juncea), patate aquatique, soja, zinnia. 2. INDO-INDONESIEN : Banane, bambous divers, baselle, Benincasa, ignames divers, pois ail, taro et allis, soja, haricots (Vigna).

    4. INDO-BIRMAN : Aubergine, bambous divers, banane, concombre, gombo, luffa, moringa, moutarde brune, pois chiche ?, radis serpent, taro et allis.

    5. CENTRE ASIATIQUE : Ail, betterave*, carottes orientales*, pinard, fve, melon, oignon, pois chiche ?

    6. PROCHE-ORIENTAL : Ail, choux mditerranens ?, fve, lentille, melon, poireau ?, pois, pois chiche.

    7. MEDITERRANEEN : Amaranthe ?, artichaut, bette et betterave*, cardon, carotte occidentale*, cleri, choux mditerranens, fenouil, fve, laitues, lupins divers, oignon, poireau ?, pois chiche ?, radis.

    8. AFRICAIN TROPICAL : Aubergines africaines, colus tubreux, concombres africains, gombo, ignames africains, lablab, melon, nib, pastque, pois divers dont pois de bois (Cajanus).

    9. EURO-ASIATIQUE : Ail*, asperge, betterave*, chnopodes, chicores diverses, choux, cramb, cresson de fontaine, mche, moutarde, navet, panais, pissenlit, radis*, raifort.

    10. SUD-AMERICAIN : Amaranthes, canna, capucine tubreuse, courges, haricots, manioc, oca, patate, piments*, pois manioc, pois sabre, pomme de terre, coquerets, tomates*, ulluco.

    11. MESO-AMERICAIN : Amaranthes,

    claytone, courges, haricots, patate, piment*, tomate*.

    12. NORD-AMERICAIN : Topinambour, martynia.

    N.B. - Le pluriel indique d'assez nombreuses espces, le singulier une ou quelques-unes, le qualificatif dsigne une espce distincte d'une autre appartenant un centre diffrent. Les cas de diversifications secondaires sont indiqus en caractres gras ; en raison de son isolement assez long et de l'intensit de la slection, la zone nord-amricaine peut tre considre comme un centre secondaire pour nombre de cultivars. L'astrisque indique la participation de plusieurs espces de diffrents centres l'laboration de "l'espce" cultive. Le point d'interrogation exprime le doute. L'aire africaine a t rduite la zone tropicale selon HARLAN (1975). Le schma est trs simplifi.

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  • I

    SITUATION ACTUELLE DES ESPECES ET VARIETES CULTIVEES ;

    REGLEMENTATION EN VIGUEUR .

    * Evolution et situation varitale actuelle

    chez quelques espces d'intrt conomique .

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  • EVOLUTION ET SITUATION VARIETALE ACTUELLE CHEZ LE HARICOT

    Elie MARX Centre de Slection des Graines Caillard Chemin de Pouill 49130 Les Ponts de Ch

    ORIGINE DES HARICOTS CULTIVES

    On admet gnralement que les espces cultives de Phaseolus sont originaires d'Amrique latine. On discute parfois encore pour savoir si le Sud de l'Amrique du Nord et le Nord de l'Amrique du Sud sont galement considrer comme la zone d'origine des Phaseolus cultivs.

    Les espces les plus importantes sur le plan conomique sont Phaseolus vulgaris L., Phaseolus lunatus L., Phaseolus coccineus L. et Phaseolus acutifolius A. Gray.

    Des travaux archologiques permettent de dire que le Haricot tait dj domestiqu au Prou, au Mexique il y a 8 - 10 000 ans.

    DISPERSION DU HARICOT A TRAVERS LE MONDE

    Les Espagnols amenrent le Phaseolus lunatus travers le Pacifique vers les Philippines et de l vers l'Asie. Ils l'amenrent aussi du Prou Madagascar. Phaseolus lunatus et Phaseolus vulgaris partirent du Brsil vers l'Afrique (route des esclaves). Phaseolus vulgaris arrive en Europe entre le 16me et et le 17me sicle, et en Angleterre en 1594. La culture du Haricot se fait en Italie ds le 17me sicle puis en Grce, en Turquie et en Ir an . La culture du Haricot pntre en Amrique du Nord par la Californie sur la cte Ouest. De nombreuses introductions de types se font sur la cte Est des U.S.A. la fin du 19me sicle en provenance d'Europe (immigrants europens).

    AMELIORATION DU HARICOT (PHASEOLUS VULGARIS) JUSQU'A LA FIN DU 19me SIECLE

    L'amlioration est empirique. Elle consiste reprer des hybrides naturels ou des mutants ventuels. Cette amlioration est favorise par le rgime de reproduction de l'espce savoir l'autogamie qui a favoris l'clatement de la variabilit et la stabilit des innombrables types morphologiques et physiologiques.

    A.I.C.P.C./A.C.F.E.V./B.R.G.la diversit des plantes lgumires. 1986 25

  • On admet que les caractres suivants sont des mutations : plante naine, gousse sans fil, gousse sans parchemin, gousse verte, gousse beurre, grain blanc, etc ...

    La diversification sur la structure du fruit a permis la consommation de la gousse comme lgume vert alors que le Haricot est fondamentalement consomm dans son aire d'origine et dans une grande partie de son aire de dispersion sous forme de grain.

    AMELIORATION DIRIGEE DU HARICOT

    A la fin du 19me sicle, sur la cte Est des U.S.A. est effectu le premier travail orient

    d'amlioration : la slection de types gousses sans fil. Vers 1915-20, les slectionneurs amricains vont utiliser la rsistance rcessive au Virus 1 dcouverte dans le Nord des U.S.A., celle appele IDAHO REFUGE N 5 et la disperser dans de nombreux haricots grains et mangetouts. Un peu plus tard une autre rsistance au Virus 1, dominante celle-l, sera utilise trs large chelle tant en Amrique qu'en Europe. Ces deux amliorations sont capitales. La premire confirme le Haricot comme lgume vert et lui confre une qualit gustative essentielle. La deuxime amlioration, c'est la scurit du rendement pour l'agriculteur producteur de semences (consommation du Haricot en grain) et pour le producteur du Haricot lgume vert (consommation de la gousse). Ds avant la deuxime guerre mondiale, de nombreuses socits grainires amricaines vont migrer de l'Est vers l'Ouest des U.S.A., vers l'Idaho, le Nebraska, en Californie ou dans le Colorado. Ces socits trouveront dans ces zones les conditions climatiques favorables pour reproduire les semences de Haricot sans risques importants d'Anthracnose et de maladies bactriennes (graisse). Les varits amricaines vont se rpandre dans le monde et y occuper une place trs dominante. En Europe, l'amlioration dirige du Haricot existe ds le dbut du 20me sicle (travaux de LAMPRECHT, travaux de SCHREIBER en Allemagne sur l'Anthracnose, par exemple). Mais sur le plan varital, l'amlioration consistera pour beaucoup rechercher puis fixer les hybrides naturels trouvs ici et l. 1960 est un tournant pour le Haricot en France :

    un nouveau type de Haricot va se dvelopper : le mangetout hollandais ; dveloppement, perfectionnement et gnralisation de la rcolte mcanique ; gnralisation des solutions gntiques (rsistances aux maladies, spcialisation des varits).

    LE MANGETOUT HOLLANDAIS

    Il est totalement diffrent du mangetout amricain par l'aspect et la structure interne de sa gousse ainsi que par la plante. La premire varit du type a t "PRELUDE" (Royal Sluis). Puis il y a eu "CORENE" (Nunhems), "INTERNOR" (Seminor), "GITANA" (Royal Sluis) et "FARIA" (Caillard) pour les varits les plus marquantes.

    RECOLTE MECANIQUE

    Elle se dveloppe ds 1960. Vers 1970, la rcolte longitudinale fait place la rcolte frontale. Les varits du Haricot ont d tre modeles puis remodeles pour suivre l'volution du machinisme agricole. 26

  • GENERALISATION DES SOLUTIONS GENETIQUES

    Les socits amricaines ont choisi une solution "climatique" l'Anthracnose et aux maladies bactriennes en migrant vers des zones de culture climatiquement dfavorables ces maladies. Ds 1960, les Hollandais suivis par l'INRA (dpartement "Amlioration des plantes" de Versailles) ont travaill la rsistance gntique l'Anthracnose. En 1985, les principales socits grainires franaises et hollandaises commercialisent des varits prsentant galement un trs haut niveau de tolrance la graisse. Ainsi les trois grandes maladies transmissibles par la semence ( savoir l'Anthracnose, le Virus 1 et la Graisse) et pour lesquelles on ne connat gure jusqu' prsent de traitements chimiques efficaces, ont-elles trouv en France et en Hollande une solution gntique. La solution gntique a galement t choisie pour spcialiser les varits par calibre. Il existe des varits donnant un gros pourcentage d'extra-fins telles que "MASAI" et "FARIA" (Caillard) ou "CABRI" et "CAID" (Clause), mais galement toute une gamme de varits nouvelles dans le type Haricot hollandais et spcialises par calibre.

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  • EVOLUTION ET SITUATION VARIETALE ACTUELLE CHEZ LA LAITUE

    Jean-Nol PLAGES Centre de Slection Vilmorin Andrieux La Mnitr 49250 Beaufort-en-Valle

    I - PRESENTATION DE L'ESPECE

    Lactuca saliva L. - famille des Composes - 2n = 18. Bien que l'poque d'introduction en Europe soit mal dtermine, la laitue est cultive depuis trs longtemps. Il existe une grande diversit de varits. Son origine est mal connue mais elle drive probablement de types europens ou orientaux, presque tous 2n = 18 chromosomes alors que d'autre Lactuca sont 2n= 16. On retrouve parmi les espces sauvages une bonne variabilit quant la morphologie et la compatibilit des croisements sexus entre elles. Parmi les principales, citons : Lactuca serriola L. ou scariola L., annuelle ou bisanuelle, Lactuca virosa L., Lactuca saligna L., Lactuca viminea (L.) J. & C. Presl., Lactuca perennis L. trs diffrente de toutes les prcdentes, Lactuca muralis (L.) Gaertn.ou Mycelis muralis (L.) Dumort. assez loigne des Lactuca mais capitules 5 ou 10 fleurons ligules jaunes et 2n = 18. Toutes les ligules sont jaunes sauf pour Lactuca perennis o elles sont bleues. La hampe florale se dveloppe trs souvent dans l'anne et les fleurs sont groupes en capitule portant 6 35 fleurons liguls dont les tamines et les ptales, au nombre de 5, sont souds. La laitue est une plante autogame. Un trs faible pourcentage d'allogamie est possible (4 8 %) et est d'autant plus lev que le climat est plus chaud et plus ensoleill. Le capitule s'panouit trs peu de temps aprs le lever du soleil et la fcondation intervient dans les cinq six heures. La graine de type akne est ovale, allonge, surmonte d'une aigrette de poils pour sa dissmination. Sa couleur est blanche, noire ou quelquefois jaune. Elle porte en surface 5 15 stries de couleur grise ou brune. La germination de la laitue est souvent capricieuse. La dormance (photo et thermodormance) est prsente, aussitt aprs la rcolte, soit aprs induction par les conditions du milieu. C'est une des raisons du maintien de la diversit culturale de l'espce. Les feuilles de forme et de couleur variables sont en rosette, plus ou moins dresse, avec parfois une tige - ex. "Celtuce" encore cultive en Chine de nos jours. La classification des varits cultives tient compte de la couleur de la graine, de la forme et de la couleur de la feuille, de la prsence ou de l'absence d'anthocyane, de la formation ou non d'une pomme.

    A.I.C.P.C. /A.C.F.E.V. / B.R.G. La diversit des plantes lgumires. 1986 29

  • On distingue :

    a - Laitues couper ne pommant gnralement pas. b - Laitues romaines feuilles allonges et pomme oblongue. c - Laitues grasses feuilles trs paisses et dures. d - Laitues pommes formant une pomme plus ou moins serre de feuilles blanches.

    Parmi les laitues pommes, les plus cultives l'heure actuelle, d'autres subdivisions peuvent tre faites : Laitues Batavias feuilles craquantes, bords plus ou moins profondment dents, de couleur vert

    jaune (Batavias de type europen) vert trs fonc (Batavias amricaines dites "ICEBERG"). Laitues Beurres dont le feuillage est bords lisses ou dentation trs fine.

    Une autre classification tient compte de l'poque de culture : a - Laitues de plein champ Laitues d'hiver

    Laitues de printemps Laitues d't

    b - Laitues d'abris Laitues d'automne Laitues d'hiver Laitues de printemps Laitues d't

    La rsistance au froid est trs variable et la monte fleurs est influence par la longueur du jour et la temprature.

    Il - EVOLUTION DES VARIETES

    A - VARIETES ANCIENNES

    De nos jours, de trs nombreuses varits anciennes subsistent. Je ne donnerai que quelques exemples. Parmi les laitues couper o peu d'amlioration a t faite : "A couper feuille de chne" tait au catalogue VILMORIN en 1771. Dans le groupe des batavias, la "batavia blonde bord rouge" y figurait dj en 1856 et plus prs de nous la "batavia blonde de Paris" fut mise au commerce par VILMORIN en 1922.

    Chez les laitues beurres de trs nombreuses amliorations ont t apportes mais quelques noms sont encore bien connus : Laitue grosse blonde paresseuse VILMORIN 1854 Laitue brune d'hiver VILMORIN 1856 Laitue merveille des 4 saisons VILMORIN 1880 Sucrine VILMORIN 1880 Trocadro VILMORIN 1883 Laitue Gotte graine blanche et gotte jaune d'or VILMORIN 1883 Reine de mai VILMORIN 1902 Monstrueuse ronde d't VILMORIN 1917 Laitue du Bon Jardinier VILMORIN 1926

    De nombreuses varits ont servi l'amlioration des types actuels. C'est partir de "Gotte chassis graine noire" qu'ont t cres les premires varits pour cultures sous serre en hiver. C'est partir des types "Trocadro", "Attraction", "Sans Rivale", "Lilloise" qu'a t obtenue la majorit des varits modernes.

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  • B - OBJECTIFS DE L'AMELIORATION ACTUELLE

    Elle porte sur trois grands critres : a) La prsentation de la pomme et l'aptitude culturale, b) L'paisseur du feuillage, c) La rsistance aux maladies et accidents physiologiques.

    a) La prsentation de la pomme et l'aptitude culturale La laitue ragit trs fortement l'environnement. Son adaptation aux sols et aux conditions climatiques conditionne la forme et l'importance de la pomme. Celle-ci doit tre volumineuse, avec un dessous plat, bien form et blanc.

    b) L'paisseur du feuillage Etant donnes les nouvelles formes de commercialisation, la feuille doit rester frache pendant le transport et la prparation. Dans la production sous abri, aprs l'utilisation des "Reine de mai", des "Proeftuins Blackpool" croissance rapide mais feuillage fin, sont arrives, vers 1965 "Deci-minor" feuillage d'paisseur moyenne, puis vers les annes 1970-1975, des varits feuillage pais comme "Averya", "Estelle", "Ravel".

    c) La rsistance aux maladies et aux accidents physiologiques Le slectionneur a d'abord fait appel aux varits cultives pour amliorer les "dfauts physiologiques" des types les plus utiliss. C'est ainsi que sont apparues des varits peu sensibles aux brlures des bords des feuilles, l'chauffement interne de la pomme. Pour les cultures d't, la lenteur de monte graine est aussi une caractristique importante. Puis le "meunier" ou blanc de la laitue (mildiou) d Bremia lactucae Regel est devenu le problme principal de ces dernires annes, cause des rsidus des produits phytosanitaires utiliss dans la lutte contre ce parasite. Aprs avoir fait appel aux varits anciennes porteuses parfois d'un ou plusieurs gnes de rsistance, c'est vers la fin des annes 1960 que des rsistances ont t introduites partir de Lactuca serriola L. Ces premiers travaux se sont avrs insuffisants pour stopper l'volution du parasite, les espces sauvages et quelques varits anciennes comme "Kinemontepas" (BORET 1952) ont d tre utilises. C'est partir d'une ancienne varit de laitue grasse : "Gallega de invierno" que H. Bannerot a introduit la tolrance au virus de la mosaque, virus transmis par la semence et par les pucerons et causant d'importants dgts. Mais d'autres maladies virales se manifestent maintenant. Il sera ncessaire de faire appel toute la variabilit de l'espce et des espces voisines pour lutter contre ces nouveaux parasites.

    III - CONCLUSION

    Les varits anciennes comme "Gotte chassis graine noire", "Bourguignonne", "Sucrine", "Kinemontepas" ont t largement utilises par le slectionneur dans la lutte contre le Bremia lactucae. D'autres varits ont fourni les caractres adaptatifs, d'autres la lenteur de monte graines, d'autres enfin comme "d'Hiver de Verrires" l'paisseur du feuillage pour les varits cultiver en jours courts. Mais malgr la grande variabilit de Lactuca sativa L., il a t ncessaire de faire appel aux espces sauvages largement reprsentes en Europe. C'est toujours un travail long et difficile que d'utiliser ces dernires. De nombreuses varits locales portent des caractristiques spcifiques comme le bon comportement au froid, la lenteur de monte graines, l'absence de ncrose de bord de feuilles en conditions difficiles, etc...

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  • BIBLIOGRAPHIE

    RODENBURG C. - Varits de laitues. Monographie internationale - Wageningen, IVT. VILMORIN - ANDRIEUX et Cie, 1925 - Les plantes potagres.

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  • EVOLUTION ET SITUATION VARIETALE ACTUELLE CHEZ LA TOMATE

    Jacqueline PHILOUZE INRA, Station d'Amlioration des Plantes Marachres

    BP 94 - 84140 Montfavet

    I - INTRODUCTION - LA TOMATE D'AVANT-HIER

    Un bref aperu sur l'origine de la tomate cultive et son extension dans le monde permettra de mieux comprendre la situation de la tomate en France hier et aujourd'hui. Les espces sauvages de tomate (genre Lycopersicon, famille des Solanaceae) sont originaires de l'Ouest de l'Amrique du Sud, dans une zone allant du Sud de la Colombie au Nord du Chili et de la cte Pacifique (en incluant les I1es Galapagos) aux contreforts Est des Andes, jusqu' une altitude pouvant atteindre 3 400 m pour certaines espces. La forme sauvage de la tomate cultive est L. esculentum var. cerasiforme, originaire de la mme zone gographique. Contrairement aux 8 autres espces sauvages de tomate qui sont restes dans les limites de leur zone native, L. esculentum var. cerasiforme s'est largement installe dans toutes les zones tropicales et subtropicales d'Amrique, allant jusqu'au Texas et en Floride. Une hypothse maintenant largement admise est que la domestication de la tomate aurait eu lieu au Mexique, on ignore quelle poque (RICK, 1976, 1978).Le mot tomate vient d'ailleurs de "tomat", nom sous lequel cette plante tait connue dans la langue Nahua du Mexique (RICK, 1978). La tomate a t introduite du Mexique en Espagne, puis de l dans les autres pays d'Europe dans la premire moiti du 16me sicle. Cette plante a longtemps t considre avec suspicion, on la croyait toxique comme d'autres espces de la mme famille (Belladone, Morelles ...) ; elle tait alors cultive comme plante ornementale ou comme curiosit. Ces prjugs sont demeurs tenaces en France jusqu'au milieu du 18me sicle o on commena la cultiver dans le midi. Son importance s'accrt au 19me puis au 20me sicle, jusqu' tre aujourd'hui un des lgumes les plus consomms. L'histoire de la tomate aux Etats-Unis suit de trs prs ce qui se passe en Europe, puisque c'est d'Europe que viendront les premires varits cultives aux Etats-Unis. On trouve dans ce pays les mmes superstitions qu'en Europe ; on raconte que dans le New Jersey un certain JOHNSON aurait acquis la clbrit en 1820 en mangeant des tomates sur les marches du Palais de Justice de la ville de Salem (RICK, 1978). Par la suite, il y eut des changes rciproques de varits entre l'Europe et les Etats-Unis, pays o une vritable slection de la tomate a t entreprise ds les annes 1920 (RICK, 1976). Dans cette prsentation, hier va des premires cultures de tomate en France jusqu'au dbut des annes 1960. C'est en effet vers cette poque, pour des raisons qui seront exposes plus loin, qu'on a assist une volution varitale importante, conduisant aux varits de 1985. Pour finir, je tenterai de dgager quelques orientations pour la slection, donc les varits, des annes venir.

    A.I.C.P.C. /A.C.F.E.V. / B.R.G. La diversit des plantes lgumires. 1986 33

  • II - LA TOMATE D'HIER

    La tomate, introduite en Europe il y a un peu plus de 4 sicles, n'est rellement cultive en France que depuis 200 ans environ. Lycopersicon esculentuni est sous nos climats temprs une espce parfaite-ment autogame. La variabilit du matriel provenait donc :

    d'abord d'introductions, plusieurs reprises srement, en provenance du Mexique. La tomate avait atteint au Mexique un degr de domestication lev. Il semble que les premires introductions consistaient en matriel dj assez diversifi pour la taille, la forme et la couleur des fruits (RICK, 1978). plus tard d'introductions en provenance des autres pays d'Europe et des Etats-Unis.

    de slection, pratique par les jardiniers et marachers, partir de matriels en mlange, d'hybridations accidentelles, de mutations.

    Il est intressant de suivre l'importance prise par la tomate au cours des deux derniers sicles. Dans les sept lignes consacres la tomate, dans la rubrique "Plantes potagres" du Bon Jardinier de l'an IX de la Rpublique franaise (de GRACE, 1800), la seule rfrence l'aspect varital est la suivante : "il y a la grosse et la petite". Les choses se sont un peu compliques par la suite. Je donne en annexe une liste des varits cultives en France de 1856 1966. Pour ce faire, j'ai utilis les listes des varits de tomate publies par VILMORIN-ANDRIEUX en 1856 (liste exhaustive de 7 varits), en 1890 (liste non exhaustive de 24 varits), en 1925 (liste non exhaustive de 34 varits), en 1946 ("choix" effectu par VILMORIN-ANDRIEUX de 35 varits "parmi les innombrables varits de tomate") ainsi que la liste des varits inscrites au Catalogue officiel des varits de tomate, parue au Journal Officiel en 1966. Les essais pour l'tablissement de ce Catalogue ont t conduits la Station d'Amlioration des Plantes Marachres de Montfavet de 1962 1964. Tous les Etablissements faisant le commerce des semences ont t invits fournir un chantillon de graines des varits de tomate qu'ils commercialisaient ; 126 lots, reus sous 85 dnominations diffrentes, ont t tudis. Ce travail a permis une clarification indispensable, par l'tude et la description des principaux caractres distinctifs, la dfinition de grands types varitaux, l'tablissement de synonymies ou au contraire la distinction entre lots connus sous une mme dnomination. Soixante et une varits ont t inscrites, dont 22 en rubrique particulire (rubrique ouverte pour les varits n'tant pratiquement plus cultives et dont la commercialisation devait tre suspendue 5 ans aprs la mise en vigueur du Catalogue). En 1985, le Catalogue comprend 21 varits fixes, parmi celles-ci 7 seulement figuraient au Catalogue en 1966. Et encore ces 7 varits ne sont-elles plus gure cultives. Il faut tout de suite prciser que, en 1985, on cultive beaucoup d'hybrides F1 et, en non tuteur, des cultivars d'origine trangre - amricaine en particulier - inscrits au Catalogue europen. Mais revenons aux varits cultives hier. Peut-on parler d'rosion gntique, et si oui, jusqu' quel point ? Tout d'abord on peut constater une rosion certaine au niveau des adjectifs, les termes "rouge", "grosse", "lisse", "htive", "naine" ont disparu des dnominations. Il y a eu paralllement un abandon progressif de toutes les varits anciennement cultives. Beaucoup de ces varits ne se diffrenciaient les unes des autres que par des caractres dont on sait maintenant qu'ils sont dus des mutations un seul locus, apparues dans l'espce L. esculentum. Citons sp (self pruning) entranant le type de croissance dtermine (ce sont les varits "naines" des anciennes dnominations), d (dwarf) avec des entrenmuds courts, une tige raide et un feuillage cloqu vert fonc, c (feuilles de pomme de terre) dont les folioles sont peu dcoupes, u (uniform color) fruits sans collet vert avant maturit, y qui entrane un piderme du fruit incolore (donc des fruits roses ; ce sont les "violettes" ou les "roses" des anciennes dnominations), r (yellow flesh) avec des fruits jaunes, t (tangerine) avec des fruits oranges, etc ... Aucun de ces gnes n'a t perdu (ils existent dans les collections des gnticiens et des slectionneurs). Si on s'intresse aux caractres quantitatifs, tels que la forme et la taille du fruit, on peut considrer qu'il n'y a pas eu non plus perte de variabilit. Si de la variabilit a t perdue, c'est antrieurement l'volution varitale en France au cours des dernires annes. En effet des tudes ont t ralises aux Etats-Unis au niveau des isoenzymes, c'est--dire de protines codes directement par

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  • les gnes. A un mme locus, il peut exister des sries d'allles diffrents, qui codent pour des protines diffrentes que l'on peut identifier grce aux techniques d'lectrophorse. RICK et ses collaborateurs (RICK, 1976, 1978) ont ainsi pu montrer que L. esculentum est extrmement homogne, c'est le cas galement pour la forme sauvage var. cerasiforme de L. esculentum, qui montre cependant une variabilit plus grande dans sa zone native en Equateur-Prou que dans les autres zones tropicales ou subtropicales o elle pousse spontanment. La variabilit est encore plus importante chez les espces sauvages telles que L. pimpinellifolium, pour devenir extraordinairement leve chez les espces allogames auto-incompatibles L. peruvianum et L. chilense. L'volution, la domestication et l'introduction de la tomate dans le Nouveau Monde sont autant d'tapes qui se sont traduites par une perte norme de variabilit. Le remde est bien sr de remonter aux sources et de rechercher de la variabilit dans les formes sauvages de tomate. Par contre, ce qui risque d'avoir t perdu, ce sont des combinaisons russies de gnes ayant abouti, par slection rpte, des cultivars bien adapts des conditions locales de climat et de culture. C'est le cas en particulier des types que nous connaissons maintenant sous le nom de "Marmande" et qui se caractrisent par des fruits de bonne grosseur, plus ou moins plats, plus ou moins ctels, loges nombreuses, prcoces, avec un premier bouquet charg, des bouquets suprieurs souvent moins productifs. Il existe toute une srie de lignes diffrant par la grosseur des fruits ou la prcocit. " Marmande" est une varit rustique, capable de nouer ses fruits dans des conditions de temprature relativement basse, et, de ce fait, a t trs cultive en primeur dans tous les pays du Bassin Mditerranen. Cette varit a t remplace par des cultivars fruits plus ronds, plus lisses, plus rguliers. On ne la trouve plus en France, sauf dans quelques jardins. Quelques lignes de "Marmande" sont entretenues Montfavet, au mme titre que toutes les varits du Catalogue 1966. Il est certain que le type "Marmande" mrite d'tre sauvegard, et cela galement dans d'autres pays que la France.

    III - LA TOMATE D'AUJOURD'HUI

    En 1985, le Catalogue officiel des varits de tomate comprend : 21 varits fixes (dont 7 seulement figuraient au Catalogue 1966) et 73 hybrides F1 (dont 13 seulement figuraient au Catalogue 1973, date de l'ouverture du Catalogue des hybrides ; le Catalogue 1973 comprenait 28 hybrides). Par ailleurs on cultive, en particulier pour l'industrie, plusieurs cultivars, non inscrits au Catalogue franais mais inscrits au Catalogue europen. Ces constatations traduisent en fait un changement considrable survenu au cours des 20-25 dernires annes. Tout d'abord, les techniques de slection faisant intervenir hybridations contrles et choix des individus les plus performants dans les gnrations en disjonction n'ont rellement t appliques en France sur la tomate que relativement rcemment. La Station d'Amlioration des Plantes Marachres de l'INRA s'est installe Montfavet en 1958 ; les Etablissements de slection implants en France n'ont entrepris un vritable travail de slection sur la tomate qu'au dbut des annes 1960. Ainsi la slection varitale est-elle devenue le fait d'entreprises spcialises et a-t-elle compltement chapp aux marachers qui la pratiquaient auparavant. Le dveloppement des serres et abris vers la fin des annes 1950 et le dbut des annes 1960 a entran la ncessit de disposer de varits adaptes ce nouveau type de culture. Dans une toute premire tape, les serristes ont cultiv sans grand succs les varits qu'ils cultivaient traditionnellement au champ. Par la suite, la culture sous abri s'est beaucoup diversifie : serre verre ou plastique, chauffe ou non chauffe, culture de printemps, d'hiver-printemps ou d'automne, culture en sol ou hors-sol (sacs de tourbe, pouzzolane, laine de roche, NFT ...). Chacune de ces nouvelles techniques exige des varits adaptes. On a galement assist une spcialisation au niveau de la destination des produits rcolts : march frais ou industrie, et dans ce dernier cas : concentr, tomates peles, jus, poudre, etc ... Les varits ne peuvent plus tre les mmes pour ces diffrents usages. L encore ce sont les varits de type " Marmande" ou "Saint-Pierre", traditionnellement cultives en tuteur pour le march frais, qui ont,

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  • dans une premire tape, t utilises pour l'industrie, en culture non tuteure. Ces varits ont trs rapidement t remplaces vers 1960 par "Roma", puis "Roma VF", dont le mode de croissance dtermine et les fruits longs convenaient beaucoup mieux. L'extension des tomates cultives pour l'industrie s'est accompagne d'un changement complet des techniques de culture et de rcolte. l'objectif numro un est la rcolte mcanique - donc unique -

    ce qui exige des plantes vgtation compacte, des fruits trs fermes maturit groupe. Le mode de culture non tuteure, indispensable pour la mcanisation des rcoltes destines l'industrie, s'est tendu aux cultures destines au march frais, ceci afin de diminuer les cots d'entretien de la culture. Ce mode de culture exige des varits croissance dtermine, fruits de forme et de calibre acceptables pour le march frais. Les problmes phytosanitaires ont pris une grande importance en culture intensive, des progrs considrables ont t raliss avec l'incorporation dans les varits cultives de gnes de rsistance venant des espces sauvages de tomate. Actuellement, une varit destine la serre se doit d'tre au minimum rsistante au virus de la Mosaque du Tabac, une varit de plein champ au Verticillium. Enfin une attention de plus en plus grande est porte aux problmes de qualit des fruits : forme, calibre, couleur, fermet, rsistance l'clatement, qualit organoleptique pour les cultivars destins au march frais, teneur en matire sche pour ceux destins au concentr ... Le parc varital

    essaie de rpondre tout ou partie de ces exigences. Le fait le plus notable est l'extension des hybrides F1.

    En France, l'exemple a t montr par VILMORIN

    dans les annes 1950, avec l'hybride "Fournaise" (qui figure toujours au Catalogue des hybrides en 1985). Les hybrides de l'INRA, "Montfavet n63-4" et "Montfavet n63-5", introduits il y a plus de 20 ans, ont t les premiers hybrides cultivs grande chelle en France. Chez la tomate, l'avantage essentiel des hybrides Fl

    par rapport aux varits fixes rside dans leur aptitude nouer en conditions difficiles, cet avantage est d'autant plus marqu que les conditions sont plus difficiles. C'est la raison pour laquelle les hybrides ont tout d'abord t cultivs sous abris (o actuellement on ne cultive que des hybrides), contre saison, dans des conditions de temprature et de lumire souvent infrieures l'optimum. En France, les hybrides sont ensuite sortis des serres pour gagner les cultures tuteures de plein champ, puis les cultures non tuteures destines au march frais, et enfin maintenant les cultures destines l'industrie. L'argument de l'amlioration de la nouaison reste toujours valable pour ces cultures, car la floraison s'talant sur plusieurs semaines, il y a toujours un moment o les tempratures sont soit trop basses, soit trop leves ... En outre les hybrides permettent de cumuler des rsistances plusieurs maladies, rsistances trs souvent monogniques dominantes chez la tomate. Enfin l'intrt des hybrides pour l'obtenteur est vident : protection du matriel, rentabilisation du travail de slection. La question se pose maintenant de savoir s'il est possible sur le plan technique de fabriquer des semences hybrides en quantits suffisantes - en particulier dans le type conserve o le rendement en semences par kg de fruits est relativement faible - des prix avantageux. Un autre fait remarquable a t l'introduction et la culture en France de varits amricaines, et plus prcisment californiennes, destines l'industrie. L'histoire remonte aux annes 1950-1960 quand G.C. HANNA, l'Universit de Davis en Californie, slectionnait des varits adaptes la rcolte mcanique. L'obtention en 1961 de la varit "VF 145" a concid avec l'apparition des premires machines rcolter. Cette varit fruits ronds, remarquable par sa vgtation rduite et sa maturation groupe, a connu un norme succs en Californie. La deuxime tape a t marque par l'obtention en 1970 de "UC 134", varit fruits oblongs ("square round") trs fermes. Ce type varital a permis de passer de la rcolte en caisses en bois de 450 kg la rcolte en bennes contenant 10 12 tonnes de tomate. Enfin, l'tape suivante a t ralise par M.A. STEVENS, successeur de G.C. HANNA, avec l'obtention en 1976 de "UC 82", maturit trs groupe et fruits oblongs trs fermes. Le progrs considrable ralis avec ces varits, le fait que le matriel slectionn l'Universit de Californie ait t diffus trs tt auprs des Etablissements privs amricains, qui ont slectionn des lignes partir d'un matriel bien typ, expliquent que ces types varitaux - sous forme de trs nombreuses dnominations - se sont rpandus dans le monde entier. Ainsi en France nous cultivons beaucoup les versions de PETO de "UC 134" ("Petomech") et de "UC 82" ("Earlymech").

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  • Le panorama des varits et hybrides cultivs en France est actuellement le suivant : march frais : - culture sous abris : hybrides F1, franais le plus souvent, ou hollandais ; - plein champ tuteur : hybrides F1 franais, rarement varits du type "Saint-Pierre" ; - plein champ non tuteur (ou sommairement tuteur) : varits amricaines ("Flora Dade"), hybrides amricains, hybrides franais. industrie : - varits et hybrides amricains.

    IV - LA TOMATE DE DEMAIN - CONCLUSION

    L'volution en cours se poursuivra dans l'avenir, vers une spcialisation varitale en fonction des conditions climatiques, des techniques culturales et de la destination des rcoltes. On peut ainsi imaginer un type de plante adapte la culture tuteure, avec un meilleur quilibre fruits/feuillage que celui des varits actuelles, ou encore ne ncessitant plus d'bourgeonnage ou un bourgeonnage simplifi. Pour la rcolte mcanique, l'avenir est peut-tre une culture densit trs leve de plantes trs compactes ne portant que quelques fruits. Outre les problmes d'adaptation, les problmes de qualit recevront une attention particulire, qualit aux normes dfinies selon la destination finale des produits. Les problmes de rsistance aux maladies, aux insectes, aux herbicides seront toujours d'actualit. Enfin des techniques de production de semences hybrides trs grande chelle et bas prix devront tre mises au point. Comment ces objectifs seront-ils atteints ? Tout d'abord les programmes de slection classique se poursuivront et aboutiront chaque anne l'obtention de nouveaux cultivars. Ainsi les types de tomate de conserve actuellement cultivs (types issus de la slection californienne) sont les mmes dans le monde entier. Cependant un effort colossal de slection continue, en particulier aux Etats-Unis o le march de la tomate de conserve est norme ; de nombreuses firmes ont de trs importants programmes de slection et des nouveauts devraient tre proposes aux agriculteurs, vraisemblablement de plus en plus sous forme d'hybrides F1. Les espces sauvages de tomate constituent un norme rservoir de variabilit, dont une trs faible partie a t exploite jusqu' prsent (en particulier pour la rsistance aux maladies et parasites). On peut trouver chez ces espces des adaptations des situations trs diverses et souvent excessives (tolrance au froid, la chaleur, la scheresse, la salinit par exemple), ce qui permettrait d'envisager une extension de la culture de la tomate dans les zones nouvelles ; on peut aussi y trouver des caractristiques permettant l'amlioration de la qualit des fruits (teneur en matire sche, en vitamines ...). Enfin, il est permis d'esprer des progrs considrables avec les biotechnologies. Ainsi l'espce Solanum lycopersicoides, avec laquelle il a t possible d'obtenir des hybrides F1 avec la tomate mais jamais d'aller au-del, tente bien des slectionneurs, par son excellent comportement au froid et sa tolrance au virus de la Mosaque du Concombre. Mais bien d'autres caractres utiles de provenances les plus varies pourraient tre incorpors la Tomate avec ces nouvelles techniques, qui demandent actuellement de nombreuses mises au point.

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  • BIBLIOGRAPHIE

    GNIS, 1985. Tomate, In Catalogue Officiel des espces et varits. Tome 2. Espces potagres, 76-78. GRACE, T.F. de, 1800. Tomate. In Le Bon Jardinier, Almanach pour l'an neuvime de la Rpublique franaise, Paris, 86. JOURNAL OFFICIEL, 29 juin 1966. Inscription de varits de tomates au Catalogue des espces et varits de plantes cultives, n 149, 5456. RICK, C.M., 1976. Tomato.

    In Evolution of Crop Plants, Ed. by N.W. SIMMONDS, Longman, London and

    New York, 268-273. RICK, C.M., 1978. The Tomato. Scientific American, 239 (2), 76-87. VILMORIN-ANDRIEUX et Cie, 1856. Tomate. In Description des plantes potagres, VILMORIN-ANDRIEUX

    et Cie, Paris, 377-379. VILMORIN-ANDRIEUX et Cie, 1890. Tomate. In Les plantes potagres. Description et culture des principaux lgumes des climats temprs, 2e d., VILMORIN-ANDRIEUX et Cie, Paris, 632-644. VILMORIN-ANDRIEUX et Cie, 1925. Tomate. In Les plantes potagres. Description et culture des principaux lgumes des climats temprs, 4e d.,

    VILMORIN-ANDRIEUX et Cie, Paris, 661-677. VILMORIN-ANDRIEUX S.A., 1946. Tomate. In Dictionnaire Vilmorin des plantes potagres, VILMORIN-ANDRIEUX S.A., Paris, 729-748.

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  • ANNEXE

    Varits de Tomate cultives en France de 1856 1966

    Varits

    Rfrences et annes

    Origine (et observations) Synonymes Vilmorin-Andrieux J.O.

    1856 1890 1925 1 946 1966 (1)

    Ace

    Ace VR

    Ailsa Craig

    Albino

    Alice Roosevelt

    +

    +

    ( +1

    +

    (+)

    USA, 1953

    Canada

    Angleterre, 1910

    (fruits blanc-jauntre)

    Allis + +

    Antiboise +

    Ballon Rouge + + Tzier

    Belle de Leuville +

    Obtenue Leuville, prs d'Arpajon (ressemble la T. rouge grosse, mais fruits violacs).

    Break-O-Day + USA, 1931

    Buisson +

    C2C (+) USA

    Casaque Rouge Red Jacket + + USA, 1947

    Cerise + + + + ++ Champion Champion violette + + (tige raide, feuillage cloqu vert fonc, fruits

    violacs)

    Champion carlate + (T. fruits rouges issue de Champion violette)

    Chemin Chemin rouge htive + + + ( i)' obtenue Paris, par M. CHEMIN, maracher

    Comte (+)

    Devon Surprise (+) Angleterre

    Earliana + + USA, 1900

    Early Pak I+) USA, 1951

  • Eclaireur

    FiccaraLi

    Gante Tzier

    +

    +

    Italie

    Gloire de Beaufort ( +}

    Gloire de France +

    Gloire du Rhin +

    Gloire de Versailles Sunrise + ( +) Angleterre

    Jaune demi-lisse +

    Jaune grosse Grosse jaune + + + (sous varit fruits jaunes de la T.rouge grosse)

    Jaune grosse lisse + + + +

    Jaune petite Petite jaune + + + (varit jaune de la T. cerise)

    Jaune ronde + + (ressemble aux tomates Pomme sauf pour la couleur des fruits)

    J. Moran + USA, 1949

    Joffre +

    Kaki

    Kondine red Kondine, Tuckwood + (+) Angleterre

    Leonida + Clause

    Lucullus +

    Marglobe + (+) USA, 1925

    Marise + Clause

    Marmande +

    Marmande htive Supermarmande + +

    Marmande gros fruits Marmande marachre, Marmande d'Alger

    +

    Marmande VR + Canada

    Merveille des marchs + +

    Merveille de Redbridge (+)

    Mester + Mikado carlate + I + ) (T. fruits rouges obtenue partir de Mikado

    violette ; feuilles de pomme de terre)

  • Mikado violette , Mikado + + (feuilles de pomme de terr)

    Moneymaker +

    Naine htive +

    Peach

    Perdrigeon

    Pche + +

    +

    +

    + ( +) slectionne par M. PERDRIGEON dans la rgion parisienne

    Perfection

    Perpignan +

    Piernita + I NRA

    Pierrette + ( +)

    (folioles replies en-dessus)

    PLM + l +) Poire + + + + ( Naples, plantes arraches et conserves

    tout l'hiver)

    Poire jaune + + (simple variation de la T.poire, fruits jaunes)

    Pomme rose + + (ne diffre de Pomme rouge que par la couleur de ses fruits)

    Pomme rouge + +

    Pomme violette Acm + + (fruits plus gros que Pomme rose)

    Poncette + I NRA

    Ponderosa carlate + + (issue de Ponderosa fruits rouge violac , reue des USA)

    Prcoce + (feuilles de pomme de terre)

    Prcoce des Halles +

    Premire +

    Primabel + Clause

    Primserre + Clause

    Pritchard ( +) USA, 1932

    Profusion

    Recruit Recrue + Angleterre

    Red Top VR9 + USA, 1959

  • Roi Humbert

    Roma

    Roma VF

    Ronde htive de Svign

    Ronita

    Rouge grosse

    Rouge grosse lisse

    Rouge htive

    Rouge naine htive

    Rouge naine htive de St Victor

    Rouge ronde

    Rouge tige raide de Laye

    Ronde tardive de Rochefort

    de Chateaurenard

    Trophy

    Rouge grosse htive, Quaranti Ilone

    +

    +

    +

    +

    +

    +

    +

    +

    +

    +

    +

    +

    +

    +

    +

    +

    +

    +

    +

    + +

    l +)

    +

    +

    (fruits oblongs)

    USA, 1955

    USA, 1963

    I NRA

    (folioles replies en-dessus)

    (sous varit de la T. rouge htive, tige moins leve)

    obtenue chez M. le Comte de FLEURIEU au chteau de Laye, prs de Villefranche, Rhne (tige raide, feuillage cloqu vert fonc)

    Saint Pierre

    San Marzano + (+) Italie (fruits longs pour "pelati")

    San Marzano VR +

    Sans Pareille + Sioux (+) USA, 1944

    Stambovoi + (tige raide, feuillage cloqu vert fonc)

    Stonor's Prolific (+1

    Super Export +

    Tzier Prim + Tzier

    Trs htive de pleine terre + +

    Vaillance Valiant + USA, 1937

    (1) + + : varit inscrite au Catalogue en 1966, encore inscrite en 1985

    ogue gn 1966

  • EVOLUTION ET SITUATION VARIETALE DU POIREAU Raymond MORLE

    Ingnieur Slection Lgumes Centre de Recherche - Tezier SA

    Domaine de Maninet 26000 Valence

    ORIGINE ET CLASSIFICATION

    Le poireau est une espce trs ancienne dont l'utilisation remonte l'Antiquit. Son origine se situe au Proche-Orient (Egypte, Syrie, Palestine, Perse). Il est cit aux Indes, en Grce. Les Romains le cultivaient pour ses feuilles et pour son bulbe. De son foyer Est-mditerranen, il s'est rpandu en Afrique du Nord et en Europe. Il est ensuite introduit dans les pays du Nouveau Monde par les colons. Sans entrer dans les dtails, qu'on retrouvera dans le papier trs document de B. BONNET, on peut admettre que le Poireau cultiv Allium porrum L, est trs apparent l'Ail d'Orient, Allium ampeloprasum L. et que son origine est postrieure l'Ail d'Orient dont il serait, somme toute, une forme un peu volue. Allium ampeloprasum comporte plusieurs niveaux de plodie (de 2n = 16 6n = 48). Pour notre part, nous adopterons l'avis de MESSIAEN et LEROUX (1968) qui tentent d'expliquer l'hexaplodie de l'Ail d'Orient par la runion de quatre gnomes identiques ceux du Poireau (A. porrum) avec deux gnomes coincidant avec ceux de l'Ail (A. sativum - origine A. longicuspis), expliquant l'activit antibiotique leve de l'ail d'Orient.

    Allium porrum L. ttraplode (4n = 32) pourrait ainsi tre l'tape suivante de l'volution, prsentant la fois certaines caractristiques "ancestrales", et les caractres types de son volution vers le Poireau cultiv que nous connaissons aujourd'hui :

    odeur et saveur plus douce, activit antibiotique moindre, pas de bulbe (mais tendance au gonflement de la base), une seule tige (mais possibilit de cailleux, drageons), dveloppement important des feuilles dans leur partie basale engainante.

    EVOLUTION DU POIREAU CULTIVE

    L'volution a t trs lente, depuis le Moyen-Age jusqu'au dbut du 20me sicle. Parmi les nombreux cultivars reprsents, on trouve encore des formes vivaces (Poireaux perptuels), des Poireaux bulbes, et des formes trs proches de nos varits actuelles.

    A.I.C.P.C./A.C.F.E.V./B.R.G.La diversit des plantes lgumires. 1986 43

  • EVOLUTION VARIETALE

    On peut citer les premiers essais de classification des cultivars dans les annes 1945-47. Sous l'action du C.T.P.S. et des experts profesionnels (semenciers, marachers spcialistes). C'est ainsi qu'apparaissent dj une vingtaine de varits assez dfinies et commercialises par les professionnels semenciers. Il s'agit de populations relativement stabilises par slection phnotypique (slection massale). Ces populations recenses reprsentent seulement une partie (la plus volue) des cultivars existant ce moment. D'autres non inventories lors de ce premier catalogue constituent une rserve de variabilit.

    Premier Catalogue provisoire 1949 Premier Catalogue Officiel 1952 Premire rvision du Catalogue 1964 Au Catalogue Communautaire 1964 Au Catalogue Franais 1985

    20 varits (cf. tableau)

    76 varits dont 29 varits franaises. 29 varits dont 14 taient dj au catalogue 1952.

    Entre temps 19 varits nouvelles inscrites dont 4 ne figurent plus en 1985 (radies).

    ANALYSE DE CETTE EVOLUTION

    Il est remarquable de constater la lenteur de cette volution varitale qui semble suivre, peine prcipite, l'volution des premiers Poireaux d'origine. Les causes principales en sont vraisemblablement les suivantes : le caractre gntique de l'espce (ttraplodie, inertie puissante face aux pressions de slection). ncessit de trs longs cycles de slection (caractre bisannuel, allogamie). une grande stabilit de la demande au niveau de l'utilisateur : dveloppement d'un plateau unique,

    non bulbeux, d'un ft de plus en plus dense et cylindrique et d'un feuillage dress, de plus en vert.

    En outre, on assiste une double volution des caractres agronomiques : d'une part, prcocit, vitesse de croissance, d'autre part, rsistance au froid, lenteur de croissance.

    EVOLUTION POSSIBLE DEMAIN

    Evolution de la production : rationalisation, semis direct.

    Evolution de la distribution : transformation et normalisation du produit.

    Evolu tion de la cration varitale : slection rcurrente, clonages in vitro (Beminger - Schweisguth, Claire Dor).

    Au niveau du slectionneur, concentration des objectifs conduisant : une vritable cration varitale, des varits dfinies et stables, des varits bien adaptes aux cibles commerciales,

    des semences plus coteuses (vanits synthtiques, varits hybrides ...).

    44

  • BIBLIOGRAPHIE

    BONNET B. 1976 - Le Poireau. SAUSSUREA, Travaux de la Socit Botanique de Genve. 1 (1976).

    TABLEAU 1- POIREAU - CATALOGUE PROVISOIRE 1949

    20 VARIETES

    POIREAUX A GROSSES GRAINES

    1. Type court 2. Type long

    POIREAUX A PETITES GRAINES

    Gros court htif du midi = Gros court d't Gros long d't = Long de Nmes = Long du midi = Long de Nice

    1.Type long

    2. Demi-long fin

    3. Demi-court gros

    4. Trs court

    Trs long d'hiver de Paris ; Long de Serbie ou Bulgarie ; Extra htif parisien ; Parisien amlior

    Gros Gennevilliers = long d'hiver du Chesnay = Bresse Fin Mezires ; Lyon ? Prcoce Elbeuf = Elphant = Hercule ;

    Gant prcoce ; Mammouth ; Poitou ; Gant de Provence ; Gant de Verrires

    Tardif Carentan ; Lige ; Gant Tezier ; Bleu de Solaize. Rouen = Brabant

    N.B. - Musselburg est rserv l'exportation.

    45

  • TABLEAU 2 - VARIETES DE POIREAU INSCRITES AU CATALOGUE COMMUNAUTAIRE DE 1983

    Pays D DK I GB NL F Total Nombre 9 16 4 11 7 29 76

    AGRIA x x AUTUMN GIANT = MAMMOTH x BAVARIA x BLAUGRUNER WINTER x BULGAARSE REUZEN x x DI DELFT x EKKEHARD x FAFNER x GENITA x HAFNIA x HILARI x KING RICHARD x x x LAVI x LOTI x LUNGO DELLA RIVIERA x LYON x MAKLO x MAMMOTH BLANCH x MAMMOTH POT LEEK x MUSSELBURGH x x ODIN x x OSNAPOR x PLATINA x REGIUS x x RESE x x ROLAN x SELANDIA x SUPRELLA x THOR x TITAN x x TROPITA x UNIQUE x x VITAN x WICO x WINTA x WINTER CROP x YATES EMPIRE x SWISS GIANT

    NB - Il convient d'ajouter environ 115 races dont une bonne partie est d'origine hollandaise.

    46

  • TABLEAU 3 - RACES DE POIREAUX

    Varits Nombre de races

    HOLLANDE

    BLAUWGROENE WINTER 15 SOLAISE 1 BULGAARSE REUZEN 4 FRAUSE ZOMER 1 HERFSTREUZEN 26 OLIFANT 3 WINTERREUZEN 18 ZWITSERSE 12

    TOTAL 80

    FRANCE

    LIEGE 3 ELBEUF 1 MEZIERES 1 DRIVER 8 GENNEVILLIERS 6 SAINT VICTOR 1 GEANT PRECOCE 3 LONG D ETE 4 SOLAISE 1 SWISS GEANT 1 GEANT D'AUTOMNE 1 BLAUWGROENE WINTER 2 BULGAARSE REUZEN 1 LONG GEANT DE NICE 1

    TOTAL 34

    47

  • POINT DE VUE D'UN ANCIEN SELECTIONNEUR AU SERVICE D'UN CENTRE MARAICHER

    Ren GUILLARD Ets Graines Guillard

    La Gibraye boulevard des Pas Enchants

    44230 Saint Sbastien sur Loire

    S'il est admis de reconnatre aux terriens beaucoup de sagesse, en rpondant la demande de Monsieur PERON, je suis sans doute l'exception qui confirme la rgle. Il est vrai qu'en sollicitant ma participation ce Symposium, Monsieur PERON ne m'avait pas prcis que j'aurais le redoutable honneur de m'exprimer devant les plus Hautes Instances de notre monde agricole. Je requiers donc toute votre indulgence et garde cependant un peu de sagesse pour limiter quelques minutes votre preuve et votre patience l'coute de mes propos. Il m'est demand de donner le point de vue d'un ancien slectionneur au service d'un centre maracher, j'y ajouterai au service galement et pendant plusieurs dcennies de ceux qu'il tait convenu d'appeler les marchands de graines. Comme le souligne si bien Monsieur BITEAU dans ses ouvrages sur l'Horticulture et les Marachers Nantais, ces derniers ont sans aucun doute bnfici ds le dbut du 18me sicle de l'attention du Roi. En effet, dans une ordonnance du 9 septembre 1726, il est crit : "Sa Majest ordonne que les Capitaines et Matres de Navires Marchands de NANTES qui naviguent dans les Pays trangers et colonies franaises de l'Amrique, seront tenus d'apporter leur retour graines et plantes de celles qui se trouveront dans les diffrents lieux qu'ils abordent". Nombreux taient ces navigateurs qui habitaient NANTES, ils possdaient de vastes proprits et jardins entretenus par ceux que l'on appelait dj des jardiniers de Maisons Bourgeoises. Incontestablement, l est l'origine, la souche mme des gnrations qui m'ont prcdes dans ce domaine des slections et productions grainires. Si ce rappel du pass me fait l'obligation de parler du travail de ma propre famille, c'est que bien entendu le souvenir en est le plus vivant, mais cet exemple est aussi celui de quelques autres. L'annuaire de l'Horticulture Nantaise de 1851 donne une liste de 54 Marachers et si l'on peut citer parmi eu les DAGUIN, OLIVIER, COTINEAU, BUREAU, BOUYER, GROSSET, VINET, BRUNELIER