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Les Entretiens de Royaumont royaumont les Entretiens L’ère des robots ou la nouvelle révolution CAHIER DES ENTRETIENS VENDREDI 1 ER DÉCEMBRE SAMEDI 2 DÉCEMBRE 2017 Abbaye de Royaumont www.entretiensroyaumont.org Ce cahier appartient à ........................................................................................................................ ........................................................................................................................ LAISSEZ-VOUS BOUSCULER PAR LA PENSÉE

L’ère des robots ou la nouvelle révolution - Les Entretiens de ......ce que nous en ferons. Et au-delà de cette notion «d’intelligence » artificielle si difficile à définir,

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L’ère des robots ou la nouvelle révolution

CAHIER DES ENTRETIENSVENDREDI 1ER DÉCEMBRE • SAMEDI 2 DÉCEMBRE 2017

Abbaye de Royaumontwww.entretiensroyaumont.org

Ce cahier appartient à

........................................................................................................................

........................................................................................................................

LAISSEZ-VOUS BOUSCULER PAR LA PENSÉE

L’intelligence artificielle et la robotique mettent à nos portes le progrès le plus fantastique. Elles transforment les scénarios les plus imaginatifs en réalité du quotidien, comme si à l’aube de la quatrième révolution industrielle l’impossible devenait possible.

L’homme se transforme, s’augmente, évolue. Les entreprises doivent se renouveler, inventer de nouveaux schémas de croissance, remodeler les usines et les bureaux, les produits et les services. Le travail aussi change, jusqu’à remettre en cause sa nature même.

La France a une belle carte à jouer. La French Tech est reconnue, mondialement. À quelles conditions saurons-nous saisir l’occasion pour faire grandir nos entreprises et nos idées ?

Comment se préparer à l’inconnu ? Éthique, sécurité, protection de l’individu et de son identité, risques inhérents au progrès technologique… De la technologie naît une réflexion qui met en cause notre manière de vivre et de penser. Comment mettre en jeu notre responsabilité et notre vigilance pour que les machines restent toujours des moyens – comment garder l’humanité comme seule fin ?

Partenaires officiels des Entretiens de Royaumont :

Partenaires de soutien :

Partenaire hôte :

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CAHIER DES ENTRETIENS

L’ère des robots ou la nouvelle révolution

Abbaye de Royaumontwww.entretiensroyaumont.org

VENDREDI 1ER DÉCEMBRE • SAMEDI 2 DÉCEMBRE 2017

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EDITORIAL 9

PARTENAIRES 11

PROGRAMME 14

LES ORATEURS DES ENTRETIENS DE ROYAUMONT EN 2017 19

LA FONDATION ROYAUMONT 31

L’ÈRE DES ROBOTS OU LA NOUVELLE RÉVOLUTION 32

BLOC-NOTES 53

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Editorial

Stéphane RICHARDPrésident-directeur général, Orange

Président de la session 2017 des Entretiens

PRENDRE LA VAGUE DE L’INTELLIGENCE ARTIFICIELLE ET DE LA ROBOTIQUE

L’intelligence artificielle et la robotique vont révolutionner nos vies, tant personnelles que professionnelles. Elles élargissent nos horizons, compressent le temps, transforment l’inimaginable en possible. Relais de croissance, facilitateurs de la vie quotidienne, accélérateurs de développement humain… Tous les espoirs sont permis. Et crédibles.

Les grandes tendances à l’œuvre dessinent peu à peu cet avenir technologique. Une explosion du volume de données, sur chacun et sur tout, que l’émergence de l’Internet des objets va encore nourrir. Un stockage structuré de ces données et un accès à distance – le Cloud est désormais généralisé – facilitant leur utilisation. Des techniques émergentes (Deep learning, traitement du langage naturel…) qui alimentent une IA de plus en plus performante. Ou encore des progrès dans la mécanique qui, fermant ce cercle d’innovation avec les objets connectés, permettent une robotique intelligente et connectée.

L’entrée dans l’ère de l’IA et des robots bouleverse évidemment l’économie et en premier lieu les entreprises, qui ont pour la plupart compris à la fois l’ampleur des opportunités qui s’ouvrent, mais aussi l’impératif de changer pour ne pas disparaître. Désireuses de tirer parti des possibilités quasiment infinies promises par ces technologies, elles sont en quête de nouveaux business models. Et partout dans le monde, des sommes considérables sont mises sur la table pour mobiliser la recherche sur ce sujet : organismes publics, startups ou grands groupes. Chez Orange, cela fait déjà plusieurs années que nous avons fait de l’IA une priorité stratégique. Qu’il s’agisse de notre assistant personnel pour la maison Djingo, qui sera disponible en 2018, ou bien du conseiller virtuel d’Orange Bank, de nombreux services à valeur ajoutée reposant sur l’IA permettent d’améliorer l’expérience de nos clients.

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Est-ce que les entreprises européennes sauront profiter de cette nouvelle donne ? Les Européens ont collectivement raté la vague du PC et des infrastructures SI dans les années 1980-1990, puis celle de services numériques (recherche en ligne, e-commerce, réseaux sociaux…). Une troisième vague approche : celle de la transformation digitale au plus profond des entreprises et de la généralisation du numérique au sein des foyers. Nous avons sur notre continent les idées et les talents pour faire naître l’innovation et pour créer les produits et les services que demain. Nous devons garantir les meilleures conditions pour les développer.

N’ayons pas peur du progrès technologique. Évidemment, le travail va changer. Mais n’est-ce pas un progrès pour l’homme que de pouvoir se consacrer à des tâches à plus forte valeur ajoutée ? Évidemment, certains esprits chagrins nous promettent mille maux si les machines deviennent plus intelligentes que les hommes. Mais la technologie, neutre par nature, sera ce que nous en ferons. Et au-delà de cette notion « d’intelligence » artificielle si difficile à définir, tant de choses propres à l’humain resteront à jamais impossibles à reproduire : l’affect, les émotions, le goût du risque, le désir et le manque, la bienveillance, le sens de la solidarité… En étant un moyen et non une fin, IA et robots aideront l’homme à vivre mieux et à être encore plus humain.

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PARTENAIRES

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Partenaires officiels des Entretiens de Royaumont :

Les ENTRETIENS DE ROYAUMONT tiennent à témoigner leur sincère reconnaissance aux fondations, associations et entreprises qui ont facilité financièrement ou matériellement l’organisation de cet événement.

Partenaire hôte :

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Partenaires de soutien :

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PROGRAMME

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15CAHIER DES ENTRETIENS

L’ère des robots ou la nouvelle révolution

09:00 OUVERTURE Lorsque le progrès le plus fantastique est à nos portes

— Stéphane RICHARD président-directeur général, Orange

09:20 INTRODUCTION L’avenir nous tend les bras, pour le meilleur ?

— Laurent ALEXANDRE président fondateur, DNA Vision, spécialiste du transhumanisme

09:50 ENTRETIEN La révolution des robots, l’humanité transformée

— Charles-Édouard BOUÉE président-directeur général, Roland Berger — Antoine BLONDEAU CEO chairman, Sentient Technologies

Animation : Patrick POIVRE D’ARVOR

10:20 ENTRETIEN Le travail sans l’homme signifie-t-il l’homme sans travail ?

— Jacques ATTALI président, Positive Planet — Robert VASSOYAN président, Cisco System France

Animation : Patrick POIVRE D’ARVOR

11:00 PAUSE

11:20 ECLAIRAGE Quel avenir pour le travail quand les robots seront présents ?

— Augustin de ROMANET président-directeur général, ADP

11:40 ENTRETIEN L’avènement d’un nouveau monde auquel personne n’est préparé ?

— Luc FERRY philosophe — Isabelle KOCHER directrice générale, Engie

Animation : Christophe BARBIER

VENDREDI 1ER DÉCEMBRE 2017

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12:30 ECLAIRAGE Les dernières tendances de la recherche technologique dans la Silicon Valley

— Roland ACRA general manager, Cisco System’s Data Center, Palo Alto

12:50 DEJEUNER ET À 13:30 UNE SURPRISE

14:00 ECLAIRAGE Une grande entreprise face au digital : l’usine 4.0

— Stuart RUSSELL professeur, Berkeley, Université de Californie, spécialiste d’IA

14:20 TABLE RONDE Robotique et French Tech : la France en pointe

— Xavier WARTELLE directeur général, Prime, Silicon Valley, créateur du Frenchtech Hub

— Viviane CHAINE présidente, Fédération Syntec — Yves BONNEFONT directeur général, DS

Animation : Jean-Pierre ELKABBACH

15:10 TABLE RONDE Les services de l’économie pour l’avenir de l’homme transformé

— Nicolas BOUZOU économiste, Astérès — Arnaud VAISSIÉ président-directeur général, International SOS — Thierry LABORDE directeur général adjoint, BNP Paribas — Patrick HUBERT avocat associé, Cabinet Orrick Rambaud Martel

Animation : Jean-Pierre ELKABBACH

16:00 ENTRETIEN Robots, supercalculateurs ou la génération de l’homme transformé

— Thierry BRETON président-directeur général, ATOS

Face à face avec Jean-Pierre ELKABBACH

16:30 SUSPENSION DES ENTRETIENS

VENDREDI 1ER DÉCEMBRE 2017

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17CAHIER DES ENTRETIENS

L’ère des robots ou la nouvelle révolution

09:00 OUVERTURE Lorsque les robots remplacent déjà l’homme — Jean-Bernard LÉVY président-directeur général, EDF

09:20 ENTRETIEN Intelligence artificielle et robots peuvent-ils avoir une éthique ?

— Laurence DEVILLERS chercheur, CNRS, professeur d’informatique — Isabelle FALQUE-PIERROTIN présidente, CNIL — Nicolas SEKKAKI président-directeur général, IBM France

10:00 SURPRISE

10:10 ENTRETIEN Robots et intelligence artificielle au service de la sécurité

— Patrick de CASTELBAJAC directeur de la Stratégie et de l’International, Airbus — Guillaume POUPARD directeur général, ANSSI — Marc DARMON directeur général adjoint, Thales,

président du Conseil des Industries de Confiance et de Sécurité

10:50 PAUSE

11:10 ECLAIRAGE Les robots, nouveau gisement pour la croissance française ?

— Jay NIRSIMLOO président, KPMG

11:30 ENTRETIEN L’ère des robots : la nouvelle révolution culturelle ?

— Jean-Dominique SÉNARD président, Michelin — Jacques BIOT président, école Polytechnique

SAMEDI 2 DÉCEMBRE 2017

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12:30 ANNONCE DU THÈME des XVe Entretiens de Royaumont

12:40 CONCLUSION Le progrès est-il le destin optimiste de l’homme ?

— Joël de ROSNAY scientifique, écrivain, prospectiviste

SAMEDI 2 DÉCEMBRE 2017

Tout au long des Entretiens, séquence « Technologie & cinéma : de la fiction naît la réalité »

narrée par Frédéric Diefenthal

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LES ORATEURS

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21LES ORATEURS DES ENTRETIENS DE ROYAUMONT EN 2017

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Roland ACRAGeneral manager, Cisco System’s Data Center, Palo AltoArrivé aux États-Unis en 1984 pour y effectuer un post-doctorat, il devient en 1989 l’un des premiers salariés d’une start-up, Omni Solutions. En 1992, il est embauché par Cisco Europe pour travailler à Paris, avant de rentrer en 1996 dans la Silicon Valley pour un poste de responsable du développement des nouvelles lignes de produits de Cisco. En 1999, il prend la direction de la division de Cisco qui s’occupait de développer la voix sur IP. En 2004, il devient président-directeur général de Procket Networks. Il est aujourd’hui Senior vice-président, General Manager du Data Center Business Group de Cisco.

Laurent ALEXANDREPrésident fondateur, DNA VisionLaurent Alexandre est diplômé de Science Po, d’HEC et de l’ENA. Fondateur et développeur de Doctissimo.fr. et d’une dizaine d’entreprises high-tech, il dirige aujourd’hui NBIC Finance. Auteur de plusieurs livres dont La guerre des intelligences et La mort de la mort, il s’intéresse aujourd’hui aux bouleversements engendrés par les NBIC (nanotechnologies, biotechnologies, informatique et sciences cognitives).

Jacques ATTALIÉconomiste, écrivain, président de Positive PlanetProfesseur, écrivain, conseiller d’État honoraire, conseiller spécial auprès du président de la République de 1981 à 1991, fondateur et premier président de la Banque européenne pour la reconstruction et le développement, il est aujourd’hui président de de la Fondation Positive Planet, du Groupe A&A, et de Slate.fr.

Jacques BIOTPrésident, école PolytechniqueAprès avoir travaillé auprès du gouvernement sur les sujets de l’industrie, de la technologie et du financement de l’innovation, il a occupé des fonctions exécutives dans des entreprises françaises de la biopharmacie. À partir de 1992, il a mené une carrière d’entrepreneur et d’investisseur dans de jeunes pousses françaises du domaine de la santé.Après avoir présidé le conseil d’administration de l’École des mines d’Alès de 2002 à 2013, il est devenu président exécutif de l’École Polytechnique.

Antoine BLONDEAUCEO chairman, Sentient TechnologiesFrançais installé dans la Silicon Valley, il a contribué au développement de la technologie ayant débouché sur la saisie intuitive et Siri, l’assistant vocal d’Apple. Il est le cofondateur et PDG de Sentient Technologies, une plateforme spécialisée dans l’intelligence artificielle.

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23LES ORATEURS DES ENTRETIENS DE ROYAUMONT EN 2017

L’ère des robots ou la nouvelle révolution

Yves BONNEFONTDirecteur général, DSIl a débuté sa carrière dans le Groupe PSA en 1994 à Rennes, puis au centre technique de Vélizy.Il passe ensuite dans le conseil, Arthur Andersen puis McKinsey, dont il dirige la recherche mondiale dans le secteur automobile. En 2012, il réintègre PSA comme directeur de la stratégie et pilote notamment la réflexion sur l’évolution du positionnement des marques Peugeot et Citroën. En avril 2013, il est nommé directeur général adjoint de Citroën, avant de devenir le premier directeur général de la marque DS à sa création en 2014.

Charles-Édouard BOUÉEPrésident-directeur général, Roland BergerAprès avoir commencé sa carrière à la Société Générale, il travaille ensuite de 1994 à 1997 chez Booz Allen et Hamilton en tant qu’associé. De 1997 à 2001 il rejoint le cabinet de conseil américain A. T. Kearney, où il est vice-président pendant quatre ans. Il rejoint Roland Berger en 2001, en tant que Senior Partner au bureau de Paris, puis responsable des activités du groupe en Chine, et en 2009 président Asie du groupe. En 2010, il prend la responsabilité de la France notamment, avant d’être élu en 2014 CEO du groupe. Il est spécialiste des questions d’intelligence artificielle, auteur de La chute de l’empire humain.

Nicolas BOUZOUÉconomiste, AstérèsÉconomiste et essayiste français, il a fondé le cabinet de conseil Astérès en 2006 qu’il dirige depuis et est directeur d’études au sein du MBA Law & Management de l’Université de Paris II Assas. Il a également créé le Cercle de Bélem qui rassemble des intellectuels européens libéraux et progressistes. Il est régulièrement publié dans la presse française et étrangère. Il est l’auteur d’une dizaine d’ouvrages, dont : Le travail est l’avenir de l’homme (2017).

Thierry BRETONPrésident-directeur général, ATOSPDG d’Atos depuis 2008, il a mené à bien l’acquisition entre autres de Siemens IT Solutions &

Services, puis de BULL et de Xerox ITO.Auparavant, Thierry Breton a occupé de nombreuses fonctions de direction dans le monde économique, politique et académique. Avant d’entrer chez Atos, il était professeur à la Harvard Business School. Il a été ministre de l’Économie, des Finances et de l’Industrie de 2005 à 2007, PDG de France Télécom de 2002 à 2005, PDG de Thomson de 1997 à 2002. Il est entré chez Bull en 1993 comme directeur de la stratégie pour repositionner les activités du groupe, directeur général et vice-président du Conseil d’administration. Il est

président de l’Association nationale de la recherche et de la technologie (ANRT) et membre

de l’Académie nationale des technologies.

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Patrick de CASTELBAJACDirecteur de la Stratégie et de l’International d’AirbusAprès avoir été secrétaire général de la branche avions d’Airbus, et président exécutif d’ATR, le leader mondial des avions de transport régionaux, il est aujourd’hui responsable de la Stratégie et de l’International pour le groupe Airbus.Avocat chez Baker McKenzie, passionné d’aéronautique, il a rejoint Airbus en 2002. Après avoir bâti une expertise dans les contrats et le contentieux, il devient vice-président juridique en charge des achats et de la propriété intellectuelle.En 2010, il rejoint la direction commerciale d’Airbus et devient le responsable des négociations commerciales et adjoint du directeur des contrats.

Viviane CHAINEPrésidente, Fédération SyntecÀ la tête de Talentia Software, un éditeur de logiciels, repris et redressé en 2007, elle est aussi présidente de la Fédération Syntec, qui réunit près de 1 250 entreprises d’ingénierie et de services informatiques. Elle a été lauréate des premiers trophées des Femmes de l’industrie. Présidente de l’association Femmes du numérique, elle organise des rencontres dans les lycées pour convaincre les jeunes filles, à l’heure du choix de l’orientation scolaire, d’embrasser une carrière scientifique ou de ne pas craindre de devenir ingénieur.

Marc DARMONDirecteur général monde, Thales, président du Conseil des Industries de Confiance et de SécuritéAprès un début de carrière chez Alcatel en 1988, il rejoint Thales en 1998 en tant que directeur du département Réseaux d’Infrastructure. Il exerce ensuite différentes fonctions de DG dans le groupe (Unité Réseaux, Systèmes Interarmées, Thales Communications, Division Naval). En 2012, il devient senior vice-président, Systèmes C4I de Défense et Sécurité.Il est aujourd’hui directeur général adjoint et membre du comité exécutif de Thales, en charge des activités systèmes d’information et de communication sécurisés. Il est également président du Conseil des Industries de la Confiance et de la Sécurité.

Laurence DEVILLERSChercheur, CNRS, professeur d’informatiqueProfesseure à l’université Paris-Sorbonne et chercheuse au Laboratoire d’informatique pour la mécanique et les sciences de l’ingénieur (Limsi) du CNRS, elle anime l’équipe de recherche Dimensions affectives et sociales dans les interactions parlées. Ses domaines de recherche portent principalement sur l’interaction homme-machine, la détection des émotions, le dialogue oral et la robotique affective et interactive. Elle a participé à plusieurs projets nationaux et européens portant sur les interactions affectives et sociales humain-robot, et anime le pôle sur la coévolution humain-machine dans le cadre de l’Institut de la société numérique.

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25LES ORATEURS DES ENTRETIENS DE ROYAUMONT EN 2017

L’ère des robots ou la nouvelle révolution

Isabelle FALQUE-PIERROTINPrésidente, CNILConseillère d’État, elle a été directrice adjointe au cabinet du ministre de la Culture (1993-1995). Elle a mis en place en 2000 le Forum des droits sur l’internet, dont elle est devenue la déléguée générale et la présidente du Conseil d’orientation en 2001. Vice-présidente de la CNIL en 2009, elle est élue présidente en 2011, réélue en 2014. Elle préside la Conférence mondiale des autorités de protection de données.

Luc FERRYPhilosophePhilosophe, écrivain, ancien ministre de la Jeunesse, de l’Éducation nationale et de la Recherche, il est l’auteur de nombreux ouvrages, notamment Apprendre à vivre – Traité de philosophie à l’usage des jeunes générations (2006), L’innovation destructrice (2014), La Révolution transhumaniste – Comment la technomédecine et l’uberisation du monde vont bouleverser nos vies (avril 2016). Il est aussi chroniqueur au Figaro et à Radio Classique, président d’honneur du comité scientifique de l’École Polytechnique d’Assurance (EPA) sur le numérique et le big data dans le cadre de la création d’un MBA « data scientist des métiers d’assurance ».

Patrick HUBERTAvocat associé, Cabinet Orrick Rambaud MartelAvocat au sein du département Concurrence du bureau parisien d’Orrick, il conseille en particulier des entreprises du secteur tech, sur les aspects de droit français et européen de la concurrence. Auparavant, il était l’associé en charge du département Concurrence de Clifford Chance pendant 10 ans. Il a été directeur adjoint puis directeur du cabinet du ministre de la Justice (1995 à 1997 et 2002 à 2004) et rapporteur général du Conseil de la concurrence (de 1999 à 2002), et membre du Conseil d’État.

Isabelle KOCHERDirectrice générale, EngieNormalienne, ingénieur du Corps des Mines, elle a exercé plusieurs fonctions dans le monde industriel, chez SAFRAN, à la DRIRE Île-de-France, au ministère de l’Économie, devenant en 1999 conseillère pour les affaires industrielles au cabinet du Premier ministre. Elle entre en 2002 chez SUEZ, nommée en 2005 directrice de la performance et de l’organisation, en 2007 directrice générale déléguée de Lyonnaise des Eaux puis directrice générale. En 2014, elle est nommée directrice générale adjointe de GDF SUEZ, en charge des finances. Depuis 2016, elle est directrice générale d’ENGIE.

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Thierry LABORDEDirecteur général adjoint, BNP ParibasAprès une carrière dans la banque de détail en France, responsable en 2006 des réseaux de proximité de la banque de détail en France, il a été de 2005 à 2015 administrateur directeur général puis PDG de BNP Paribas Personal Finance. Depuis 2015, il est directeur général adjoint de BNP Paribas, responsable au sein de BNP Paribas pour Domestic Markets, et depuis 2011 membre du comité exécutif de BNP Paribas.

Jean-Bernard LÉVYPrésident-directeur général, EDFAprès une carrière débutée à France Télécom, plusieurs expériences en cabinet ministériel, il devient en 1995 PDG de Matra Communication. Directeur général de Vivendi en 2002, président du directoire (2005-2012), il est de 2012 à 2014 PDG de Thales. Il est aujourd’hui président-directeur général du groupe EDF.

Jay NIRSIMLOOPrésident, KPMGChartered accountant, expert-comptable et commissaire aux comptes, il a exercé pendant plusieurs années à Londres avant de rejoindre KPMG à Paris. Il a une double expérience d’audit et de conseil de grands groupes français et internationaux. Il est aujourd’hui président du directoire de KPMG France et membre du board mondial.

Guillaume POUPARDDirecteur général, ANSSIIl a débuté sa carrière comme expert puis chef du laboratoire de cryptographie de la Direction centrale de la sécurité des systèmes d’information, devenue en 2009 l’Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information.Il rejoint en 2006 le ministère de la Défense, toujours dans le domaine de la cryptographie gouvernementale puis de la cyberdéfense. En 2010, il devient responsable du pôle « sécurité des systèmes d’information » au sein de la direction technique de la Direction générale de l’armement, responsable de l’expertise et de la politique technique dans le domaine de la cybersécurité. En 2014, il devient directeur général de l’Agence nationale de sécurité des systèmes d’information.

Stéphane RICHARDPrésident-directeur général, Orange, président de la session 2017 des EntretiensPrésident-directeur général d’Orange depuis 2011, il a rejoint le groupe en 2009 et a exercé successivement les fonctions de directeur général adjoint chargé des Opérations France, de directeur général délégué et de directeur général. Entre 1992 et 2003, il a été successivement adjoint du directeur financier de la Compagnie générale des eaux, directeur général de la Compagnie immobilière Phénix et président de la CGIS (Compagnie générale d’immobilier et de services) devenue Nexity. Entre 2003 et 2007, il

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27LES ORATEURS DES ENTRETIENS DE ROYAUMONT EN 2017

L’ère des robots ou la nouvelle révolution

était directeur général adjoint de Veolia Environnement et directeur général de Veolia Transport ainsi qu’administrateur d’Orange. De 2007 à 2009, il était directeur de cabinet du ministre de l’Économie, de l’Industrie et de l’Emploi.

Augustin de ROMANETPrésident-directeur général, ADPAprès avoir été directeur général de la Caisse des dépôts et consignations (2007-2012) et présidé le Fonds stratégique d’investissement de 2009 à 2012, il est depuis 2012 président-directeur général d’Aéroports de Paris. Il a notamment été secrétaire général adjoint de la présidence de la République (2005-2006) et a exercé des responsabilités au sein de différents cabinets ministériels.

Joël de ROSNAYScientifique, écrivain, prospectivisteScientifique, prospectiviste, mais aussi pionnier du surf en France, Joël de Rosnay est aujourd’hui conseiller du président d’Universcience (Cité des sciences et de l’industrie à la Villette et Palais de la découverte) et président exécutif de Biotics International. Quand on lui demande comment il envisage l’avenir, il répond : « L’avenir me passionne, car c’est là que je vais passer le reste de ma vie. Je fais en sorte que les gens aient envie de l’avenir ».

Stuart RUSSELLProfesseur, Berkeley, Université de Californie, spécialiste d’IANé à Portsmouth en Angleterre, Stuart Russell a reçu un diplôme Bachelor of Arts en finissant premier de sa promotion, avec les honneurs en physique à Wadham College (Oxford) en 1982, et son Ph.D. en informatique à l’université Stanford en 1986. Il a ensuite rejoint l’université de Californie, où il est actuellement professeur d’informatique. Il détient également une nomination comme professeur adjoint de chirurgie neurologique à Berkeley, l’université de Californie, où il poursuit des recherches en physiologie de calcul et en surveillance d’unité de soins intensifs.

Nicolas SEKKAKIPrésident-directeur général, IBM FrancePrésident d’IBM France depuis 2015, il était auparavant vice-président de la division System & Technology Group pour l’Europe. Diplômé de SupAero, passionné des technologies, porté par les enjeux de la nouvelle ère cognitive avec Watson, il a rejoint IBM en 1991 en tant qu’ingénieur commercial, en charge du secteur aéronautique puis assurance. Il a ensuite successivement occupé diverses fonctions de management. Il a également été directeur général SAP France & Maghreb (2010-2012).

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Jean-Dominique SÉNARDPrésident, MichelinAprès une carrière débutée chez Total, puis Saint-Gobain, il entre chez Pechiney en 1996 (directeur financier, puis directeur du secteur Aluminium Primaire, enfin président de Pechiney SA). Il rejoint Michelin en 2005 comme directeur financier et membre du conseil exécutif. Nommé en 2011 associé commandité gérant du groupe Michelin, il est depuis 2012 président de Michelin.

Arnaud VAISSIÉPrésident-directeur général, International SOSCofondateur et président-directeur général d’International SOS, il préside CCI France International (le réseau des Chambres de commerce et d’industrie françaises à l’étranger). Il a cofondé le Cercle d’outre-Manche, un think-tank rassemblant des dirigeants français de groupes internationaux opérant au Royaume-Uni et en France. Il est également le président du nouveau Lycée international de Londres, Winston Churchill.

Robert VASSOYANPrésident, Cisco System FranceIl a débuté sa carrière chez Renault en 1990 avant de rejoindre Compaq France où il occupe plusieurs fonctions dont celles de directeur marketing et directeur des ventes PME. En 2002 il devient directeur de la division des serveurs chez HP France puis prend une fonction internationale à la tête des alliances pour HP EMEA (Europe, Moyen-Orient, Afrique). Il a ensuite rejoint Cisco France en qualité de directeur commercial en charge des PME/PMI, puis directeur général en charge des grands comptes. Il est depuis 2011 président de Cisco France.

Xavier WARTELLEDirecteur général, Prime, Silicon Valley, créateur du Frenchtech HubXavier Wartelle vit depuis 22 ans en Silicon Valley, où il a lancé avec succès 5 start-up high-tech. Il est aujourd’hui le CEO et fondateur du French Tech Hub, un accélérateur de start-up et de PME innovantes. Il est également le CEO de PRIME qui assure à la fois la promotion de la région Île-de-France tout en offrant des services de sourcing d’innovations aux grands groupes.

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29LES ORATEURS DES ENTRETIENS DE ROYAUMONT EN 2017

L’ère des robots ou la nouvelle révolution

ILS ANIMERONT LES DÉBATS :

Christophe BARBIERJournaliste, conseiller éditorial de la direction du Groupe L’Express

Jean-Pierre ELKABBACHJournaliste, animateur

Patrick POIVRE D’ARVORJournaliste, animateur, écrivain

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Jean-Pierre ELKABBACHJournaliste, animateurAprès avoir été journaliste en Algérie, il travaille pour l’ORTF jusqu’en 1968. En 1970, il rejoint TF1 pour présenter le journal télévisé, puis Antenne 2 dès 1972. En 1974, il entre à France Inter, devenant rédacteur en chef. En 1977, il est nommé directeur de l’information d’Antenne 2. En 1982, il rejoint Europe 1 ; en 1988, il est nommé directeur général adjoint.En 1990, il devient conseiller auprès du PDG de la Cinq, où il anime le magazine Pile et face et Dimanche, 20 h 10, Elkabbach. En 1992, il rejoint France 3 pour présenter l’émission Repères. En 1993, il est élu président de France 2 et France 3 qui deviennent France Télévisions. En 1996, il revient à Europe 1 pour présenter L’invité du matin. Conseiller spécial pour la stratégie des médias du groupe Lagardère en 1990, il devient, quinze ans après, directeur général de l’antenne d’Europe 1 et administrateur de Lagardère Active Broadcast. En 1999, il est nommé à la tête de la chaîne Public Sénat. En 2008, il quitte la tête d’Europe 1, mais conserve son interview dans la Matinale.En 2017, il rejoint CNews et est nommé conseiller de Vincent Bolloré.

Christophe BARBIERJournaliste, conseiller éditorial de la direction du Groupe L’ExpressJournaliste, il est conseiller éditorial de la direction du Groupe L’Express, éditorialiste politique pour l’ensemble du groupe SFR Média, notamment à BFM TV. Journaliste politique passé par Le Point et Europe 1, il est devenu rédacteur en chef du service politique de L’Express en 1996, puis directeur adjoint de la rédaction en 2001 et en 2006 directeur de la rédaction. Il a animé Affaires publiques en compagnie de Denis Jeambar (La Cinquième) et participé de 2003 à 2006 à l’émission Ça se dispute sur I-Télé en compagnie d’Éric Zemmour, puis participé à la matinale sur I-Télé. Il a écrit en 2012 Maquillages. Les politiques sans fard (Grasset) et en 2015 un Dictionnaire amoureux du théâtre (Plon). En 2016, il a mis en scène Présents parallèles, pièce écrite par Jacques Attali.

Patrick POIVRE D’ARVORJournaliste, animateur, écrivainIl est journaliste, animateur de télévision et de radio. Il a été journaliste à France Inter de 1971 à 1974, avant d’entrer à Antenne 2 en 1975, comme chef adjoint du service « politique intérieure », puis chef du service « politique, économique et social ». Il présente le journal de 20 heures d’Antenne 2 de 1976 à 1983.En 1984, il quitte Antenne 2 pour rejoindre Canal+, où il anime Tous en scène. En 1986, il rejoint TF1, où il présente le journal de 20 heures jusqu’en 2008. Il a également animé des émissions littéraires, Ex-libris (1988-1989), puis Vol de nuit (1999-2008). À partir de 2014, il anime le 19 h-20 h sur Radio Classique. Il anime également Vive les livres sur CNews.Il mène également une carrière d’écrivain, et a publié une soixantaine d’ouvrages.

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L’ère des robots ou la nouvelle révolution

LA FONDATION ROYAUMONT

C’est en 1936 qu’Henry Goüin et son épouse Isabel, héritiers d’une dynastie d’entrepreneurs et de banquiers philanthropes, décident d’ouvrir l’abbaye de Royaumont, devenue propriété familiale en 1905, à un nouveau destin : en y organisant des concerts publics puis des résidences d’artistes à partir de 1938, ils préfiguraient avec près de 40 ans d’avance le modèle des Centres culturels de rencontre, formalisé en 1972 par Jacques Duhamel et Jacques Rigaud.

En 1964, avec le soutien d’André Malraux qui y verra « le premier exemple de ces grandes fondations privées qu’on aimerait voir se développer en France pour le plus grand bien de la Culture et le plus grand prestige de notre pays », ils constituent la Fondation Royaumont (Goüin-Lang) pour le Progrès des Sciences de l’Homme à laquelle ils apportent leur abbaye en dotation.

L’idée fondatrice était d’assurer la conservation et la mise en valeur de ce patrimoine exceptionnel par la présence d’artistes et d’intellectuels, et de mettre la rencontre et le dialogue au cœur de leur démarche.

Royaumont s’est toujours attaché à aborder des questions de son temps, dans des domaines tournés vers la création et la réflexion prospective : la littérature, la philosophie, les sciences humaines, la poésie, l’ethnologie ont successivement investi l’ancienne abbaye cistercienne, aux côtés de la musique, jamais absente.

Son Centre international pour les artistes de la musique et de la danse remplit aujourd’hui une double mission : accompagner les artistes dans le développement de leur projet professionnel ; être un incubateur de projets innovants autour du répertoire et de la création. Il associe de manière féconde recherche artistique et recherche en sciences sociales.

La Fondation propose chaque année de multiples formations professionnelles, des résidences de recherche, un festival, des tournées « hors les murs », des actions pédagogiques pour les jeunes et les publics éloignés des pratiques artistiques.

Les partenaires publics, Conseil départemental, ministère de la Culture, Conseil régional, Communautés de communes, les mécènes privés – entreprises et particuliers, se sont ainsi associés à la Fondation, devenue la première entreprise culturelle du Val-d’Oise et le premier Centre culturel de rencontre d’Europe.

Elle accueille chaque année plus de 300 séminaires résidentiels, journées d’étude, colloques, événements…

Sa capacité à faire dialoguer le monde de la culture et de la pensée avec les acteurs de l’économie et de la société prédisposait la Fondation à accueillir « les Entretiens de Royaumont » et à en devenir un partenaire fidèle.

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L’ÈRE DES ROBOTS OU LA NOUVELLE RÉVOLUTION

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L’ère des robots ou la nouvelle révolution

L’INTELLIGENCE ARTIFICIELLE : QUAND LA MACHINE DEVIENT INTELLIGENTE

Après la machine à vapeur, l’électricité et l’informatique, l’intelligence artificielle induit une nouvelle révolution industrielle, qui est en train de bouleverser l’économie, la société, la vie quotidienne… Encore à ses balbutiements dans les années 1950, la technologie a trouvé aujourd’hui des applications tous azimuts, grâce à une puissance de calcul inconcevable il y a de cela quelques années.

Il y a toujours un esprit de science-fiction quand on parle d’intelligence artificielle, comme si ces deux mots n’avaient un lien ensemble que dans des films futuristes ou des romans de Barjavel.

Pourtant, l’intelligence artificielle (IA) est une discipline artificielle qui remonte à la fin des années 1950. On peut la définir comme l’ensemble des outils permettant de modéliser les mécanismes de l’intelligence.

Beaucoup de techniques différentes ont été étudiées et développées pour permettre aux machines de résoudre des problèmes complexes, avec des résultats toujours plus impressionnants. Pendant longtemps, plusieurs écoles se sont affrontées (arbres de décision, systèmes multi-agents, etc.), mais depuis 2012, après des résultats spectaculaires dans le domaine de la reconnaissance d’images, une discipline de l’intelligence artificielle a pris le pas sur toutes les autres : le deep learning, ou apprentissage profond. Basé sur ce qu’on appelle des réseaux de neurones, qui reproduisent très schématiquement la structure des cellules du cerveau humain, le deep learning permet à un programme de s’améliorer par l’expérience et de pouvoir résoudre le problème pour lequel il est développé avec des résultats inimaginables il y a encore quelques années. Et ainsi s’ouvre la voie des robots de plus en plus puissants…

Le champ d’application de la robotique et de l’IA est tellement vaste qu’on peine aujourd’hui à en percevoir les limites : l’ordinateur peut apprendre à distinguer des éléments dans une image, à choisir un coup à effectuer à partir d’une situation dans un jeu (le go, les échecs ou un jeu vidéo), à anticiper un mouvement en fonction de la topographie du terrain, ou encore à traduire un texte d’une langue dans une autre. La traduction est d’ailleurs, aux côtés de la reconnaissance d’images, l’un des défis historiques de l’intelligence artificielle, et sans doute le secteur qui est en train de vivre sa plus grande révolution technologique depuis les premiers systèmes de traduction assistée par ordinateur.

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On peut être fasciné par les promesses technologiques de l’intelligence artificielle, à entendre Jean Sellenart, directeur général de Systran – il a développé un logiciel open source, Open NMT, capable d’apprendre sur n’importe quelle base textuelle, développé conjointement avec Harvard – : « J’étais habitué à maîtriser mes outils. Aujourd’hui, je me retrouve à découvrir ce que les outils qu’on a développés peuvent faire ». (Libération, 22 mars 2017).

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L’ère des robots ou la nouvelle révolution

Au sein même de la révolution de l’intelligence artificielle, plusieurs phases se distinguent, dont celle des robots est la plus récente, la plus puissante en termes d’effets et donc la plus prometteuse.

Petit retour en arrière. La première révolution numérique a vu le développement des moteurs de recherche (Google, Yahoo !). Puis, avec l’émergence d’entreprises (américaines) devenues des mastodontes du secteur, la deuxième vague a été placée sous l’angle transactionnel (Amazon, booking.com). La troisième vague a été collaborative, avec l’essor des réseaux sociaux (Facebook, puis Twitter), des sites communautaires (Tripadvisor), puis de la consommation collaborative (Blablacar, Uber, HomeAway, Airbnb). La prochaine vague, celle qui vient de commencer, est portée par l’expansion massive du digital et de l’intelligence artificielle, avec notamment le développement des objets connectés.

Quand on prend du recul sur ces différentes révolutions numériques, puis robotique, il est frappant de constater à quel point les pays émergents adoptent plus vite les nouveaux comportements que les Américains ou les Européens. Le niveau d’adoption dans les pays émergents est le double de celui des pays d’Europe, qu’il s’agisse du temps passé sur les réseaux sociaux, de la part des adultes membres de la sharing economy, des services géolocalisés par smartphone, de la recherche de produits par smartphones ou des achats par smartphone. Mais les Américains et les Européens iront probablement plus loin, une fois le pas franchi.

LA QUATRIÈME RÉVOLUTION INDUSTRIELLE ?

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QUELLE PLACE POUR LA FRANCE DANS L’ÈRE DES ROBOTS ?

On compte aujourd’hui 32 000 robots en France, contre 180 000 en Allemagne (chiffres 2015 de la Fédération internationale de la robotique). Le deuxième pays d’Europe le plus équipé en robots est l’Italie, qui possède deux fois plus de machines que la France. À l’évidence, notre pays est à la traîne. Les chiffres de vente des machines stagnent depuis 15 ans. Le nombre de robots en France n’a quasiment pas bougé. Les entreprises remplacent les robots qu’elles possèdent quand ils sont usés, dépassés ou cassés, mais comparativement elles s’équipent peu ou moins.

Comment s’explique ce retard français ?Il existe d’abord un problème d’investissement : les marges des entreprises se sont réduites depuis la crise de 2008. En France, les robots sont concentrés dans les grandes entreprises, certains secteurs sont très peu robotisés : on compte deux fois moins de robots, si l’on se réfère au nombre de salariés dans les PME ; ils sont aussi concentrés dans certains secteurs comme la mécanique. En revanche dans l’automobile, l’écart est assez faible avec l’Allemagne (source : Symop, fédération patronale de la robotique).

Il y a aussi un frein psychologique : la France fait partie des pays les plus hostiles aux robots. Les avis négatifs sont supérieurs de 6 points à la moyenne européenne d’après une étude de l’institut Fondapol.

On sait bien pourtant que la prospérité des systèmes économiques modernes trouve son origine davantage dans la qualité de leur outil de production, sa modernité et son degré d’automatisation, que dans le seul coût du travail. C’est bien la raison pour laquelle les usines du monde entier, des PME allemandes aux ateliers chinois en passant par les leaders sud-coréens, se convertissent aux robots industriels, dont les améliorations rapides offrent de formidables gains de productivité pour l’industrie. Gardons-nous de croire à un quelconque déterminisme géographique, comme si, tel un problème de riches, la robotisation n’épousait pas les contours de la mondialisation : la robotisation est partout à l’œuvre, y compris dans les pays émergents.

Prisonnière d’un appareil productif vieillissant, la France a raté la révolution robotique, manquant des opportunités d’exportation pour se replier sur le marché national. Dans les années 70 et 80, plusieurs sociétés françaises de robotique ont été vendues avec leurs brevets à des entreprises japonaises qui sont devenues ensuite des leaders mondiaux. À cause d’une vision politique conservatrice qui a assimilé robotisation et pertes d’emploi, nous avons connu une désindustrialisation du territoire. Le résultat de cette

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frilosité, c’est que la France est considérablement en retard par rapport à l’Allemagne ou l’Italie dans la robotique industrielle, comme l’explique Bruno Bonnell, cofondateur du fonds d’investissement Robolution Capital (Le Point, 6 janvier 2017).

Or l’ère de la robotique apparaît décisive pour la compétitivité, voire la survie, de l’industrie française, comme le montre Robin Rivaton dans son livre Relancer notre industrie par les robots (2013). « Toute accumulation supplémentaire de retard écarterait encore davantage le pays de cette révolution industrielle et de ses conséquences positives en termes de production et de richesse, mais aussi d’emploi, car il n’est pas de vision plus naïve que celle qui consiste à voir dans les robots les ennemis des ouvriers. » Les robots, parce qu’ils peuvent rendre de la compétitivité à l’outil industriel français, sont bien l’allié de l’emploi industriel.

Mais le paradoxe est que la France, si elle compte peu de robots dans les rangs de ses entreprises industrielles, brille par son savoir-faire dans un segment en forte croissance, la robotique de service. Et ce n’est pas son seul atout. Avec des ingénieurs de mieux en mieux formés, des start-up innovantes, des PME qui commencent à s’équiper (AZ Metal, par exemple) et des fonds d’investissement dédiés (à l’instar de Robolution Capital), elle fourbit ses armes pour se jeter dans la bataille de la « robolution » en cours. La robotique et la robotisation des entreprises constituent deux leviers de croissance pour notre pays.

La France possède plusieurs atouts de poids : le pays compte plus de 60 centres de recherche, comme le CNRS ou le CEA, qui ont continué d’investir dans le secteur de la robotique. Il existe un mouvement en faveur de la robotisation dans le pays : les PME s’équipent, les start-up se multiplient, les ingénieurs sortent avec des diplômes spécialisés en robotique…

En particulier, la robotique de service apparaît manifestement comme une opportunité pour les entreprises françaises. En effet, d’ici à vingt ans, il y aura plusieurs robots domestiques par foyer. Les start-up d’aujourd’hui seront des sociétés pérennes d’ici cinq à dix ans. La France possède une tradition dans l’électronique grand public. Nos entreprises sont longues à adopter les nouveautés, mais très rapides à les déployer. En dix ans, les robots ont conquis 10 % du marché de l’aspirateur traditionnel. On peut estimer que les entreprises vont bientôt sortir de l’aspect gadget des objets connectés pour aller vers un rapport performance/prix acceptable pour le grand public.

La France se distingue paradoxalement par une recherche de pointe et une faible base installée. Mais cette situation peut devenir une chance si les entreprises françaises décident d’investir directement dans une robotique de nouvelle génération.

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Quels peuvent être les moyens pour rattraper le retard français ? Le plan France Robot Initiative, initié par Arnaud Montebourg, avait permis de relancer l’intérêt pour la robotique via une présence dans les salons comme Innorobo en France, le CES de Las Vegas ou Robot World en Corée du Sud. D’autre part, plusieurs écoles d’ingénieurs et certaines universités proposent désormais des masters en robotique. Il existe également des fonds d’investissement en France, mais aussi Bpifrance, Orange, Thales, etc. Il s’accompagne d’une recherche de pointe, mais aussi d’initiatives comme Robot Start PME, un programme financé par l’État et porté par le Symop (Syndicat des machines et technologies de production) qui permet à des entreprises d’avoir accès à ces machines.

L’avenir économique de la France dépend de la dynamique future de ce mouvement, qui va modifier en profondeur les systèmes économiques mondiaux, et particulièrement les systèmes d’emplois – au point de remettre en cause la notion même de travail ?

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La « fin du travail » fait l’objet d’un débat animé. En 2015, Sam Altman, l’un des jeunes prodiges de la Silicon Valley, dirigeant à 32 ans d’Y Combinator, l’incubateur qui a donné naissance à 52 compagnies valorisées chacune à plus de 100 millions de dollars, déclarait en 2015 que le matin il se demandait combien d’emplois il allait détruire dans la journée… Aujourd’hui, plutôt que de « fin du travail », il préfère parler d’« évolution du travail » : il va exister de nouveaux emplois. Dans l’histoire de l’humanité, quand on s’est inquiété de voir les emplois disparaître, on s’est trompé. Mais évidemment le travail se transforme. La moitié environ des emplois aux États-Unis, probablement aussi en Europe, subissent une profonde mutation tous les 60 ou 90 ans. Si on pense aux années 1950, beaucoup de tâches ont disparu. En 2000, si on voulait acheter un billet d’avion, il fallait passer par une agence de voyages… Ce genre de destruction créative est positif. Comme il l’explique (Le Monde, 27 juillet 2017) : « C’est comme cela que la société avance. Et c’est aussi comme cela qu’on parvient à une société juste et égale. Ce qui est négatif, c’est quand les gens qui ont déjà la richesse ont un contrôle absolu sur un secteur industriel au point que de nouveaux acteurs n’ont plus la possibilité d’y pénétrer. Au fur et à mesure que le travail change, il est important que ceux qui ont de meilleures idées ou des solutions nouvelles puissent réussir aussi ».

Quels emplois vont disparaître ? Le travail humain répétitif ; tout ce qui ne demande pas la composante émotionnelle qui existe pour les professeurs ou les médecins, par exemple. Il est vrai que les machines et automates sont aujourd’hui capables de remplacer certaines tâches. Au-delà, il est difficile de faire des pronostics sur la manière dont l’automatisation va évoluer. Il est aisé de dire que de nombreux emplois dans les usines vont être remplacés par des robots, ou les camionneurs par des ordinateurs. Mais ce qui est moins aisé à prédire, c’est tout le reste. Cependant, il y aura des nouveaux services ou produits à créer. Ils seront juste différents.

La thèse selon laquelle les machines vont remplacer le travail humain n’est pas complètement fondée. Le chômage technologique ne frappe dans aucun pays développé. Le Japon, la Corée du Sud, l’Allemagne et les États-Unis font partie des pays les plus robotisés et se trouvent en situation de plein-emploi. Certains d’entre eux sont même à un taux d’emplois historiquement haut. Bref, la fin du travail est un mythe. Des pénibles métiers pénibles et ingrats sont voués à disparaître. Tant mieux ! D’autres auront besoin, à moyen terme, de plus d’humains. Je pense par exemple aux métiers de la santé, de l’éducation, du tourisme et de la restauration.

LA FIN DU TRAVAIL ?

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En tout cas, il est évident que la transition va être massive, beaucoup plus rapide que pendant la révolution agricole ou la révolution industrielle. Que se passe-t-il quand trois quarts des emplois sont très différents, ou n’existent plus ? On peut aussi imaginer que, si on arrive au point où les ordinateurs prennent réellement tous les métiers, le coût de la vie baisse de manière spectaculaire, puisque, si la main-d’œuvre devient gratuite, cela veut dire qu’énormément de biens et de services seront beaucoup moins chers…

Le projet OpenAI

Elon Musk (Tesla), Reid Hoffman (LinkedIn), Peter Thiel et Sam Altman (Y Combinator) ont lancé le projet OpenAI, pour démocratiser l’intelligence artificielle. Pour eux, celle-ci va être l’un des développements les plus importants de l’histoire humaine. Ils sont convaincus qu’ils vont créer un jour les « enfants » de l’humanité : la prochaine évolution de l’humanité. À court terme, ils vont développer une technologie extraordinairement puissante, et il est important que les bénéfices de cette technologie, son contrôle et la possibilité de l’utiliser, appartiennent à tout le monde : il s’agit de refuser qu’elle soit enfermée au profit d’une seule compagnie. Le but de ce groupe est ainsi de démocratiser l’accès à l’intelligence artificielle et de la rendre accessible à tout le monde.

Mais en même temps, remarquons qu’OpenAI est aussi un acteur dans la course de la Silicon Valley à l’intelligence artificielle… Certes, c’est une compagnie à but non lucratif. OpenAI a un milliard de dollars d’engagements, et a recruté quelques-uns des meilleurs scientifiques du monde. Elle dispose d’une équipe d’une soixantaine de chercheurs, qui ont déjà obtenu des résultats et publié des recherches. Quand l’intelligence artificielle arrivera, les promoteurs d’OpenAI veulent que ce soit aussi bénéfique que possible pour la planète. D’ici là, il s’agit de construire des programmes informatiques beaucoup plus performants que les humains ; il y a déjà des résultats incroyables, notamment dans la reconnaissance d’images.

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La ville intelligente : une approche systémique

Comment faire en sorte que la population citadine puisse avoir accès à la mobilité dans des conditions environnementales vertueuses ? C’est pour répondre à cet enjeu que les institutions, les opérateurs et les entreprises travaillent sur le concept de la ville intelligente.

Le modèle de smart city offre la possibilité de saisir les interactions entre les différents secteurs de fonctionnement de la ville. Il s’agit de comprendre celui-ci comme un système unifié : les silos ne sont plus considérés comme autonomes et déconnectés les uns des autres, mais réunis par un réseau rassemblant des données éparses pour les traiter comme un tout. Par exemple, l’intégration des différentes sources d’énergie et la mise en place de bornes de recharge électrique pour les véhicules témoignent de l’articulation entre le secteur de l’énergie et celui des transports. À l’avenir, ces interactions vont se développer, les approches transsectorielles vont être favorisées par la mise en place de réseaux et de systèmes d’information traitant les problématiques à un niveau général et non plus sectoriel.

La connexion entre mobilité, habitat et énergie est au cœur de la ville intelligente. Cela suppose une concentration d’une part de l’innovation et, d’autre part, des technologies sur un même territoire et, pour les aménageurs publics, de réfléchir globalement et non plus « en silos » et de penser les infrastructures comme des services. Les villes intelligentes sont pensées en logique de réseau, fruit de la collecte systématique des données issues des caméras, capteurs, ordinateurs et Smartphones. Tout est observé, quantifié et traité : transports, consommation d’énergie, température et qualité de l’air, pollution etc. Les données recueillies sont rassemblées et traitées au sein d’une grande centrale pour optimiser, rationaliser et d’une manière générale, contribuer à rendre les villes plus efficaces et durables en utilisant les ressources au mieux. Face aux défis économiques, logistiques mais aussi de santé publique, environnementaux etc., l’efficience est devenue l’objectif et la smart city un des moyens d’y parvenir.

Et la mobilité, repensée dans un sens plus collectif et moins individuel, y participe.

UNE APPLICATION DE L’INTELLIGENCE ARTIFICIELLE DANS LA VILLE :

L’ÉMERGENCE DE LA SMART CITY

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Mobilité et transports dans la smart city

Aujourd’hui, la mobilité est un facteur clé du développement de la ville intelligente. Le partage des données doit permettre à l’avenir une mobilité intégrée, qui tienne compte de tous les modes de transport pour fournir un itinéraire totalement personnalisé. C’est en effet la mixité qui fera la réussite de la mobilité. Par exemple, le développement des infrastructures intelligentes dans le cadre du Grand Paris doit optimiser la fiabilité des trajets et générer de l’activité économique autour des grands axes.

L’enjeu tourne notamment autour de la voiture partagée, qui met en avant ce moyen de transport nouveau en plein essor, alors que la voiture individualisée n’est plus un démonstrateur social. Partagée, elle doit permettre d’optimiser les trajets dans un cadre urbain ou périurbain.

D’un côté, les individus ont pour objectif d’améliorer leurs conditions de mobilité (confort, temps d’attente, accès aux informations), d’obtenir un meilleur accès aux transports, d’optimiser leurs déplacements et d’occuper ou de réduire leur temps de parcours.

De l’autre, pour la collectivité, il s’agit de limiter la congestion urbaine, de diminuer les émissions de CO2, de diversifier l’offre de transports, d’optimiser la chaîne de transports tout en offrant une meilleure information sur les modes disponibles.

Les outils pour répondre à ces objectifs sont connus : guidage automatique, interopérabilité de la billettique, utilisation du véhicule électrique et des bornes de recharge, démultiplication de l’offre des modes de transports, modes de déplacement doux, gestion des déplacements par l’information multimodale, routes intelligentes, etc.

Ce qui change fondamentalement est la combinaison de la mobilité avec les autres impératifs de la ville durable : énergie, habitat, etc. Il faut être conscient du fait que, dans la smart city, la voiture n’est plus considérée comme le moyen privilégié, voire unique, de réaliser l’objectif de la mobilité intelligente ; en effet, l’explosion de la téléphonie mobile a diffracté l’intelligence dans différents objets et, de fait, c’est le piéton qui détient le choix de son mode le plus rapide, le plus proche ou le plus économique selon ce que lui indique son smartphone… La voiture ne s’est pas approprié

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l’intelligence, celle-ci ressort de l’individu, par le choix qu’il fait de son mode de transport.

La smart city implique de nouveaux modes de gouvernance et une implication du citoyen : « La ville et le territoire intelligents sont avant tout un espace d’interactions avec les usagers, qui sont à la fois consommateurs de l’information mise à leur disposition pour les accompagner dans leur vie quotidienne (déplacements, consommation énergétique, accès simplifié aux services publics…) et producteurs d’informations via les réseaux sociaux et services mobiles proposés (partage d’opinions, mise en relation pour des services individuels, enrichissement de bases de connaissance partagées…). De nouvelles formes de coopération sont nécessaires ainsi qu’une dynamique de concertation, associant l’ensemble des acteurs publics (communes, intercommunalités, conseils généraux, régionaux, agences de développement…) et privés (acteurs de l’infrastructure et services télécoms, de l’énergie, des transports, intégrateurs et sociétés de services du secteur informatique) » (Rapport du Conseil économique, social et environnemental, Révolution numérique et évolutions des mobilités individuelles et collectives (transport de personnes), avril 2015).

Le covoiturage urbain

Le covoiturage urbain, complément flexible à moindre coût qui s’appuie sur le partage entre utilisateurs, s’inscrit dans la continuité directe des réseaux de transports en commun. Il permet d’offrir des solutions là où les transports en commun connaissent des carences, que ce soit au niveau des horaires, de la fréquence ou de la qualité du service ; il offre ainsi une meilleure desserte, un maillage plus complet à moindres frais. La démarche est d’autant plus sensée qu’elle s’appuie sur un flux existant : le covoiturage urbain s’inscrit donc dans une logique d’optimisation du trafic.

Les réflexions pour savoir comment intégrer le covoiturage urbain dans un système de transport multimodal sont lancées. Néanmoins, les partenariats entre les services de covoiturage urbain et les municipalités restent encore au niveau expérimental.

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La Commission européenne a lancé un Partenariat Européen d’Innovation en juillet 2012 pour promouvoir le développement des Smart Cities. Dans le domaine du transport, les projets se développeront sur deux grands axes : la mobilité urbaine (transports publics électriques capables de s’échanger leurs surplus d’énergie entre eux et avec le système énergétique central, utilisation de l’hydrogène pour stocker l’énergie etc.) et les infrastructures digitales intelligentes et durables (solutions d’éclairage intelligentes etc.).

Des freins à la smart city ?

Outre la difficulté de décloisonner les secteurs et d’obliger les industriels à penser au-delà de la technologie appliquée à un domaine, l’acceptabilité par le citoyen de vivre dans un monde où il sera inévitablement tracé par des milliers de capteurs, compteurs individuels, caméras etc. se posera. La marchandisation de l’information ira par ailleurs probablement de pair avec ces développements. Le coût d’installation de ces infrastructures numériques, généralement assez élevé pour les collectivités, risque également de créer des inégalités croissantes entre villes et donc entre populations. Enfin, il faudra pallier les risques de panne et de piratage qui pourraient fragiliser la fiabilité du système et rendre vulnérable la ville intelligente.

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L’ère des robots ou la nouvelle révolution

Regardons comment le penseur américain Jeremy Rifkin, inventeur de la « société du coût marginal zéro », voit le monde en 2050. Pour lui, un capitalisme de plus en plus mince, astucieux et efficace sera prospère, mais il ne régnera plus. Nous vivrons dans un monde partiellement au-delà des marchés, où nous serons toujours plus interdépendants, sur un communal collaboratif mondial. Il s’agit d’imaginer qu’une vie économique puisse exister si la plupart des biens et services sont presque gratuits, si le profit est impossible, la propriété absurde et le marché superflu.

Le point de départ de Rifkin est l’idée que les nouvelles technologies, en réduisant quasiment à néant les frais de stockage et de distribution, mettent à mal le modèle capitaliste. Né avec la révolution industrielle, le capitalisme est synonyme d’investissements massifs, qui sont ensuite rémunérés grâce aux gains procurés par les économies d’échelle. Pour Rifkin, en réduisant quasiment à néant le coût marginal (c’est-à-dire le coût de production d’une unité supplémentaire), Internet change complètement la donne. Le premier exemple qu’il donne est celui de la communication : « Un tiers de l’humanité publie déjà ses propres informations avec des téléphones ou des ordinateurs relativement bon marché, et peut l’échanger sous forme de vidéo, de son et de texte à un coût marginal proche de zéro. »

Si le capitalisme cède la place, c’est parce que son principe même est devenu inopérant. La logique opératoire du capitalisme est qu’en réussissant, il se détruit : la quête d’innovations technologiques pour accroître la productivité et réduire les prix réduit la marge, et rend impossible le maintien de la valeur du capital investi. C’est-à-dire que la dynamique entrepreneuriale inhérente au marché concurrentiel accroît la productivité et réduit les coûts marginaux. Nous sommes arrivés à un tel progrès technologique que nous approchons du coût marginal quasi-zéro, de sorte que le profit, la sève qui fait vivre le capitalisme, se tarit. Ce phénomène a déjà fait des ravages dans les secteurs de l’édition, des communications, du divertissement, mais la révolution du coût marginal zéro touche aussi l’énergie renouvelable, la fabrication par impression 3D et l’enseignement supérieur en ligne. L’éducation se transforme déjà grâce aux Mooc, ces cours en ligne donnant accès à des professeurs de haut niveau pour un coût quasi nul. Le crowdfunding (financement participatif) et le microcrédit court-circuitent les acteurs traditionnels de la banque et de la finance. Même si les coûts initiaux restent assez élevés, ces secteurs ont des courbes de croissance exceptionnelles, assez proches de celle qui a réduit à pratiquement rien, en quelques décennies, le coût marginal du calcul informatique. Même

VERS UN NOUVEAU SYSTÈME ÉCONOMIQUE ?

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l’énergie, secteur capitalistique par excellence, va devoir s’adapter à ce nouveau modèle.

Chaque individu va devenir « prosommateur » (= consommateur devenu son propre producteur), grâce aux énergies renouvelables et aux réseaux intelligents - une thèse déjà au cœur du précédent livre de Rifkin. Dans les 2 ou 3 décennies qui viennent, des prosommateurs intégrés à de vastes réseaux continentaux et mondiaux, produiront et partageront énergie verte, biens et services physiques, et ils se formeront dans des classes virtuelles en ligne, à un coût marginal proche de zéro. L’économie entre donc dans une ère de biens et services pratiquement gratuits.

Un deuxième facteur, environnemental, pousse au changement de paradigme : la facture entropique de l’ère industrielle est arrivée. Le changement climatique remet en cause le modèle économique existant.

Keynes avait dès 1929 eu l’intuition de la contradiction cruciale qui propulse le capitalisme : les technologies nouvelles réduisent considérablement la quantité de travail humain nécessaire à la production, et avait créé un néologisme, le « chômage technologique ». Si celui-ci est pénible à court terme, Keynes y voyait une aubaine à long terme, car son apparition signifie que « l’humanité est en train de résoudre le problème économique ».

La jonction entre l’Internet des communications et deux structures naissantes, l’Internet de l’énergie et l’Internet de la logistique, au sein d’une infrastructure intelligente unifiée du xxie siècle, l’Internet des Objets (qui stimule déjà la productivité jusqu’au point où le coût marginal de production de nombreux biens et services est quasi nul, ce qui les rend presque gratuits), donne le coup d’envoi d’une 3e révolution industrielle. Une économie de la pénurie cède lentement la place à une économie de l’abondance.

Rifkin va plus loin, en prophétisant que les objets eux-mêmes finiront par avoir un coût marginal quasi nul et que leur production sera, en tout cas partiellement, assurée à l’échelle locale grâce aux progrès de l’impression 3D. Dotés de capteurs et connectés à Internet, les objets seront également plus durables, et pourront efficacement être mis en commun. Car la vision technologique de Rifkin s’accompagne d’un volet sociétal tout aussi important : l’émergence d’une économie du partage. Né avec le logiciel libre, le mouvement collaboratif est en train de se répandre dans tous les domaines au même rythme que la révolution numérique : puisque la production ne coûte presque plus rien, l’échange va se généraliser et devenir une valeur primordiale pour la « génération du millénaire ». Ce qui permet à Rifkin d’associer dans un même mouvement l’essor de l’économie sociale et solidaire et le succès des services de partage comme Airbnb ou Uber – oubliant au passage que, loin de menacer le capitalisme, ce dernier a vite été racheté par l’une de ses émanations les plus puissantes, Google.

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L’Internet des objets

Pour Rifkin, l’Internet des objets connectera tout et tous dans un réseau mondial intégré. Pour alimenter en Big Data son système nerveux planétaire, on fixe déjà des milliards de capteurs sur les ressources naturelles, les chaînes de production, le réseau électrique, les réseaux logistiques, les flux de recyclage, et on en implante dans les logements, les bureaux, les magasins, les véhicules, même les êtres humains. Les prosommateurs pourront se connecter au réseau et utiliser le Big Data, l’analytique, les algorithmes pour améliorer l’efficacité, accroître énormément la productivité et réduire à presque rien le coût marginal de production et de partage d’une large gamme de biens et de services, comme ils le font aujourd’hui pour les biens informationnels.

L’Internet des objets insère l’environnement bâti et l’environnement naturel au sein d’un réseau fonctionnel cohérent : il permet à tous les hommes et à tous les objets de communiquer entre eux pour chercher des synergies, et il facilite ces interconnexions en vue d’optimiser l’efficacité énergétique de la société. Les plateformes technologiques des 1re et 2e révolutions industrielles aidaient à trancher les innombrables liens d’interdépendance écologique de la Terre, à tout séparer et enclore pour l’échange sur le marché et le profit personnel ; la plate-forme de la 3e révolution industrielle, l’Internet des objets, fait l’inverse. C’est pourquoi cette technologie perturbe notre façon d’organiser la vie économique. Les traits essentiels du paradigme économique émergent sont clairs : utiliser moins de ressources de façon plus efficace et productive au sein d’une économie circulaire, et passer des énergies à base carbone aux énergies renouvelables. À l’ère nouvelle, chacun de nous devient un nœud du système nerveux de la biosphère.

L’internet des objets se compose d’un Internet des communications, d’un Internet de l’énergie et d’un Internet de la logistique qui fonctionnent ensemble dans un système unique, en trouvant ponctuellement des moyens d’accroître l’efficacité énergétique et la productivité pour mobiliser les ressources, produire et distribuer biens et services, recycler les déchets. Chacun de ces trois Internet permet aux deux autres de fonctionner. Sans communication, impossible de gérer l’activité économique. Sans énergie, impossible de créer l’information ni d’alimenter le transport. Sans logistique, impossible de faire avancer l’activité économique le long de la chaîne de valeur. Ensemble, ces trois systèmes opératoires constituent la physiologie du nouvel organisme économique.

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Un monde sans travail

Cette révolution collaborative ira de pair avec une autre obsession de Jeremy Rifkin : le remplacement des travailleurs par les machines. L’intelligence artificielle et la robotique vont entraîner un tel essor de la productivité que les usines, les magasins et les bureaux auront besoin de moins en moins de bras et de cerveaux. Vingt ans après la parution de La Fin du travail, qui fut très critiquée à l’époque, Rifkin constate que l’histoire semble lui donner raison, même si cela se traduit par une montée inexorable du chômage. Pour lui, ce n’est de toute façon pas un drame, car le nouveau modèle de collaboration libre permettra aux humains de continuer à s’épanouir en dehors du monde du travail actuel, par exemple dans le bénévolat et la solidarité.

Quelques objections aux thèses de Rifkin

Rifkin s’en tient à une vision simpliste des technologies et de leurs effets, sans penser les rapports de pouvoir, les inégalités sociales, les modes de fonctionnement de ces « macrosystèmes » comme les enjeux de l’autonomie des techniques et des techno-sciences, sans parler de la finitude des ressources et de l’ampleur des ravages écologiques réels de ce capitalisme soi-disant immatériel.

Un des paradoxes de cette nouvelle Révolution industrielle qu’il prédit est que, censée promouvoir un pouvoir latéral, décentralisé et coopératif, elle fait appel à des forces hautement capitalistiques. Censée réduire les consommations d’énergie, elle repose sur des systèmes numériques hautement sophistiqués, virtuellement centralisés et dévorateurs de métaux rares, via des serveurs géants actionnés par une poignée d’entreprises mondiales qui récoltent au passage des données personnelles sur les heureux utilisateurs. Censée reposer sur la généralisation des énergies renouvelables, elle ne calcule ni la matière ni l’énergie nécessaires pour édifier ces machines. Cette nouvelle

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utopie technicienne est hors-sol et invente un nouveau mythe qui rejoint celui de la transition énergétique, conciliant l’inconciliable : croissance verte autoproclamée et pénurie de matière, entropie et expansion miraculeuse des énergies, liberté individuelle et société de contrôle.

« Le capital » est cette richesse qui finance les coûts fixes de production. Dans le domaine des biens d’information pure, ces coûts peuvent se révéler très élevés. La production musicale est un cas exemplaire de ce point de vue. Elle a un coût marginal de reproduction nul, mais la première copie est très chère à produire (instruments coûteux, les artistes doivent se rémunérer en faisant payer leurs concerts…). Si ces coûts de production ne sont pas tarifés consciencieusement dans un bien définitif, alors la production musicale ne sera pas longtemps viable économiquement.

Les biens d’équipement constituent des sources de coûts tenaces, qui empêcheront les espoirs de Rifkin autour de l’impression en 3D de se matérialiser. L’impression 3D demande des matières premières, ce qui implique un coût marginal de production qui va bien au-delà de zéro. Les plastiques ont besoin d’être produits, acheminés vers les imprimantes 3D, que quelqu’un doit faire fonctionner. Aucune de ces opérations n’a de coûts qui tendent vers zéro, ou qui se rapprocheraient proportionnellement de zéro. L’impression 3D peut augmenter l’efficacité productive en supplantant certains types de production en série, mais elle ne peut pas effacer les coûts de production. En ce qui concerne l’alimentation, l’argument de Rifkin peut être encore plus simplement réfuté : la plupart des facteurs qui entrent dans la production d’un épi de maïs, ont un coût minimal bien au-dessus de zéro ; ne serait-ce que le réseau de transport qui fait parvenir cet épi de maïs jusqu’à une cuisine, a demandé des milliards de dollars de biens d’équipement. Il n’est même pas ici question de coûts marginaux nuls ou « proche de zéro ». Dans le même sens, Rifkin défend l’idée du packaging du « transport internet », ce qui, en soi, est une bonne idée, mais qui n’est pas viable, parce que les atomes sont lourds.

Le concept de « bien commun » n’efface pas instantanément les questions d’autodétermination, de relation de pouvoir, et n’est pas non plus une solution universelle aux problèmes réels de rareté. Travailler au « bien commun » demande en pratique bien plus de sensibilité pour gérer les limites et le respect de l’autonomie de chaque individu. Si vous ne parvenez pas à trouver la façon de maximiser ensemble l’utilité individuelle et collaborative, votre « bien commun » ne fonctionnera pas.

La plupart des tentatives d’intercaler une idéologie entre « le bien commun » et « le marché » ont échoué. Notre activité commune constitue en fait un marché de réputation, qui n’effectue pas ses transactions à l’aide des prix, mais qui néanmoins se comporte comme un marché classique, avec son équilibre et les problèmes de découvertes concurrentielles étudiés habituellement par

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les économistes. Ce marché ne s’oppose pas au commerce monétisé, aux marchés libres, ou encore à la propriété privée mais fonctionne en harmonie productive avec les trois.

Quel sera le visage du monde de demain ? Des voitures sans conducteur aux algorithmes omniprésents, c’est bien la place de l’homme, et son pouvoir sur les choses et l’environnement autour de lui, qui est l’enjeu crucial. La robotique transforme nos vies, sûrement de manière inéluctable, et nous ne pouvons pas nous passer d’une réflexion sur les questions de société qu’elle soulève, notamment en termes de gouvernance ou d’éthique. Par exemple, les technologies civiques (civic tech) permettent de co-construire les lois ; ont-elles vocation à se substituer à nos anciens modèles où une technocratie éclairée décidait toute seule ?

L’IA reste une discipline scientifique, et non pas un projet de société ni une idéologie. Il est évident que la vision transhumaniste de certains GAFA, parfois relayée par les media, reste en décalage avec la réalité quotidienne. L’idée de la singularité, du dépassement de l’homme par l’IS, telle que l’a prophétisée Elon Musk, est-elle réellement valable scientifiquement ? À voir… Et si l’IA était avant tout une formidable aventure intellectuelle ?

L’ère de la robotique sera-t-elle la meilleure ou la pire des choses : c’est à l’homme de décider : si c’est son dernier et seul pouvoir sur la machine, c’est en tout cas le plus important.

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CAHIER DES ENTRETIENSVENDREDI 1ER DÉCEMBRE • SAMEDI 2 DÉCEMBRE 2017

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L’intelligence artificielle et la robotique mettent à nos portes le progrès le plus fantastique. Elles transforment les scénarios les plus imaginatifs en réalité du quotidien, comme si à l’aube de la quatrième révolution industrielle l’impossible devenait possible.

L’homme se transforme, s’augmente, évolue. Les entreprises doivent se renouveler, inventer de nouveaux schémas de croissance, remodeler les usines et les bureaux, les produits et les services. Le travail aussi change, jusqu’à remettre en cause sa nature même.

La France a une belle carte à jouer. La French Tech est reconnue, mondialement. À quelles conditions saurons-nous saisir l’occasion pour faire grandir nos entreprises et nos idées ?

Comment se préparer à l’inconnu ? Éthique, sécurité, protection de l’individu et de son identité, risques inhérents au progrès technologique… De la technologie naît une réflexion qui met en cause notre manière de vivre et de penser. Comment mettre en jeu notre responsabilité et notre vigilance pour que les machines restent toujours des moyens – comment garder l’humanité comme seule fin ?

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