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Laissez-vous conterl’hydroélectricité
en Roya-Bévéra
Énergie électrique renouvelable, obtenue par conversion de l'énergie hydraulique des différents flux d'eau naturels en électricité...
Les prémices de l’exploitation de l’eau dans la Roya
D a n s l e s v a l l é e s , l ’ e a u
e s t c a n a l i s é e d è s l’exploitation des terres par
l’Homme. Des canaux servent à irriguer les cultures par dérivation de
cours d’eau, alimentant ainsi les moulins à farine et à huile. Certains de ces moulins sont
équipés entre le XIXe et le début du XXe siècle d’un système permettant la production électrique, comme à La
Brigue et à Tende. Ces petites unités privées qui se concurrencent au début du XXe siècle sont les premières à fournir l’électricité
nécessaire à l’éclairage public des communes de la Roya et de la Bévéra. Tende est l’une des premières communes du territoire dotée d’un tel système,
à l’initiative d’A. Lanteri, alors exploitant de la carrière de pierre verte du quartier Fenale. Dès 1902, il prendra la concession de l’éclairage électrique public, gérant la production et l’alimentation en électricité du village. Certaines demeures privées comme la villa Mader (actuelle Mairie), sont équipées de la toute nouvelle « fée électricité », qui pose des problèmes de gestion l’été, l’eau du moulin étant alors réservée à l’arrosage le week-end. Suivent La Brigue, où le moulin de Cianese
fournit l’électricité pour l’éclairage public du village dès le début du XXe siècle, mais aussi Breil, où la société Goulden construit une petite usine électrique
au quartier des Tuileries (détruite depuis). En 1903, Saorge et Fontan sont éclairées grâce à l’usine hydroélectrique du quartier d’Ambo,
et Sospel, grâce à l’installation d’une petite unité le long de la Bévéra, à la sortie des gorges de Moulinet, près
de la cascade du Piaon (ruine).
Histoire de l’implantation des barrages et centrales
Jusqu’en 1947, la haute vallée de la Roya, au-dessus des gorges de Paganin, reste en territoire italien. Nombreuses sont les infrastructures reprises ou construites par la société Negri entre 1910 et 1917, reprises ensuite par la société Cieli. L’usine de Saint-Dalmas, d’allure massive, est construite à partir de 1910 et sera mise en service en 1914, alors que celle de Paganin, située à proximité du poste frontière (détruit) l’est en 1917.
Les rotors qui équipent ces usines sont de facture allemande. La production d’électricité dans la zone nord de la vallée va permettre entre autre l’électrification du chemin de fer. Ces infrastructures seront largement endommagées durant l’hiver 1944-45.
Du côté français, trois usines sont construites à la même époque : EELM (Énergie Électrique du Littoral Méditerranéen) aménage dès juillet 1912 l’usine de Fontan, alors que l’usine de Breil-village est construite par la société Goulden et celle de Breil-Piène Basse par l’ex société hydroélectrique du Sud-Est.
Pour augmenter les réserves turbinables, des lacs de haute montagne sont aménagés : 8 sont équipés de vannes qui agissent sur le remplissage et la vidange, 7 sont surélevés par un barrage en maçonnerie. Usine de Saint-Dalmas 1914
E n H a u t e R oya , d è s l e d é b u t d u s i è c l e, l e
fonctionnement des mines de Vallauria entraîne le besoin de construire une usine électrique, pour un usage local.
La société « Vieille Montagne », qui gère le site depuis 1892, modernise ces installations. A partir de 1906, un téléphérique achemine le minerai de la
galerie Charles-Emmanuel à l’atelier de préparation mécanique situé au niveau du lac des Mesce. Le même système permettait d’emmener le matériau trié jusqu’à l’usine de traitement électrolytique de Saint-Dalmas pour la production de zinc. En 1915, la production est reprise par la société Elettro Mineraria, à l’origine de la construction de l’usine électrique
des Mesce. Quant au barrage de type « barrage-poids », il est achevé en 1916 et mis en service en 1917. Le site des Mesce est alors en
autonomie presque complète ; une école fonctionne pour les enfants du personnel, qui est logé
sur place.
Un œil sur le site des Mesce
Les Mesce vers 1920
Histoire humaine
Pour construire et aménager l’ensemble de ces infrastructures, des centaines d’hommes vont œuvrer sur les différents chantiers. Jusqu’en 1914, entre Paganin et Fontan, ce sont près de 500 ouvriers qui travaillent sur ces chantiers.
L’e x p l o i t at i o n e s t a s s u ré e p a r u n système de quart, avec un personnel qui réside dans une cité à proximité des ouvrages, principalement jusqu’aux années 1960. Peu à peu, les installations sont automatisées. Les cités ouvrières, qui témoignent de cette période où les employés de l’hydroélectricité étaient logés sur place, sont encore visibles à Saint-Dalmas ; elles ont depuis été transformées en logements.
En altitude…La présence humaine sur les sites d’altitude est encore aujourd’hui indispensable. Seul le barrage des Mesce est télésurveillé. EDF effectue 4 visites sur les lacs d’altitude pendant la période juin-octobre pour la surveillance des ouvrages.
Pour l’ouverture et la fermeture des lacs en hiver, les agents sont héliportés sauf si les conditions météorologiques empêchent tout décollage des hélicoptères. Dans ce cas, l’intervention s’effectue en ski ou en raquettes.
Barrage du lac du BastoBa
rrage
du la
c Lon
g
Durant la seconde
guerre mondiale, l a p l u p a r t d e s
employés sont mobilisés sur place af in d ’assurer la
production d’électricité du pays. Les installations hydroélectriques deviennent
ainsi des points stratégiques lors du retrait allemand de l’automne 1944. Les installations
françaises subissent alors de gros dégâts, tout comme les infrastructures routières et ferroviaires.
Les centrales situées du côté français sont complètement détruites. Par anticipation, les installations de Breil-sur-Roya sont démontées au printemps 1940 pour être transportées en lieu sûr, à Valence dans la Drôme. Remontées quelques
mois après suite à l’armistice avec l’Italie, elles seront bombardées par les Allemands en octobre 1944.
Celle de Fontan est quant à elle bombardée à la même période.
Des infrastructures stratégiques
Après le rattachement de Tende et La Brigue à la France, en septembre 1947, les infrastructures italiennes sont transférées à la France. Au moment du transfert, les usines sont laissées avec le minimum d’instruction et les barrages d’altitude vidés. Depuis 1946, les installations françaises de Fontan et de Breil-sur-Roya, détruites par fait de guerre, sont en cours de reconstruction.
Immédiatement après le rattachement de 1947, les infrastructures sont nationalisées suivant la loi du 8 avril 1946 qui régit l’exploitation hydraulique en France. L’ensemble du territoire des vallées est rattaché au groupe Méditerranée d’Électricité de France.
La nationalisation va entraîner la remise en état des installations, la fréquence des usines étant peu à peu unifiée à 50 Hz. A Saint-Dalmas, une quatrième conduite forcée est ajoutée au dispositif existant, parmi d’autres transformations visant à rendre plus productives les installations de la Roya.
Au cours des années 1960, les installations seront progressivement automatisées.
Aujourd’hui, l’ensemble des aménagements situés dans la vallée de la Roya est géré par EDF Hydraulique Côte d’Azur.
Après le rattachement, la nationalisation
Usine de Paganin 1961
Les usines de la Roya présentent une architecture industrielle
sous forme de halle, qui comprend un espace de commandes et de bureaux, et une salle dédiée aux turbines, largement éclairée par
des verrières. Les bâtiments conçus en béton, pierre, verre et métal imposent leur silhouette à l’espace montagnard. La charpente rivetée rappelle les plus grandes infrastructures industrielles de l’époque comme les gares. Les turbines
historiques, de type « Pelton », sont caractéristiques du système utilisé pour les hautes chutes.
Un œil sur l’usine de Saint-Dalmas-de-Tende, patrimoine industriel
Actuelle salle des turbines, usin
e de S
t-Dalm
as
1
2
3
4
5
Retenue d’eau Conduite forcée Turbine et alternateur Transformateur Lignes de transport
1
2
3
4
5
Schéma technique de la production hydraulique
De l’eau à l’électricité L’hydroélectricité
e s t u n e é n e r g i e rapidement mobilisable.
E n q u e l q u e s m i n u t e s , u n e centrale hydraul ique atteint sa
puissance maximale de production et permet de répondre aux brusques variations de
la demande en électricité.Entre la prise d’eau et la centrale, l’eau circule dans des
galeries, des conduites forcées ou des canaux d’amenée (2). Dans la centrale, l’eau est canalisée vers une turbine qui
entraîne l’alternateur (3), lequel va produire de l’électricité. Un transformateur (4) adapte la tension pour que l’électricité produite puisse être transportée par les lignes du Réseau de Transport d’Electricité (5). Un mètre cube d’eau qui tombe de 360 mètres de haut, produit une énergie de 1kWh. Cette énergie peut faire
fonctionner un radiateur électrique de taille moyenne pendant une heure.
L’ensemble des aménagements de la vallée de la Roya capitalise une production de 253 millions de kWh,
ce qui correspond à la consommation annuelle résidentielle d’une ville de 104 500
habitants.
Le dernier né des barrages de la RoyaUn nouveau barrage pour : plus d’éléctricité renouvelable face à une demande croissante en énergie
un aménagement plus respectueux de l’environnement : avec une meilleure intégration paysagère du barrage ainsi qu'une vue dégagée sur l'ensemble du village, une réduction des nuisances sonores et une attention particulière sur la biodiversité avec la création d’un ouvrage de dévalaison des poissons
améliorer la sûreté de l’ouvrage, réalisé dans le respect des dernières normes antisismiques
Chaque étape du chantier a été réalisée en coordination étroite avec les différents services de l’état et les acteurs environnementaux. Outre les rendez-vous mensuels avec la Mairie de Breil, EDF a impliqué la Maison Régionale de l’Eau, les Fédérations, Associations de Pêche, l’ONEMA ainsi que l’ONF lors des étapes clés.Plus de 12 millions d’euros ont étés investis sur ce chantier d’envergure avec l’intervention de plus d’une centaine de personnes entre 2012 et 2014.
Premier p r o d u c t e u r
d’énergies renouvelables des Alpes-Maritimes, EDF
joue un rôle stratégique dans l ’a l imenta t ion é lec t r ique du
département. En 2012, EDF initie la réhabilitation de l’aménagement des installations
de Breil-sur-Roya. Ce chant ier d ’envergure
s’achève fin 2014.
Le nouveau visage du barrage EDF de Breil -sur-R
oya
Les étapes du chantier
Bendola
BREIL
FONTAN
ST DALMAS DE TENDE
Usine de FontanMise en service en 191436 millions de KW/h
Usine de BreilMise en service en 1927
40 millions de KW/h
Usine de PaganinMise en service en 1917
44 millions de KW/h
Usine des MesceMise en service en 191918 millions de KW/h
Usine de St DalmasMise en service en 1914125 millions de KW/h
Usine + conduite forcée
Chambre d’eau ou vanne de tête
Barrage
Carte des installations du réseau hydroélectrique de la Roya
Fiches d’identité
Usine des MesceConstruction italienne Elettro Minenaria
Usine de St-DalmasConstruction italienne Sociéta Electrica Negri entre 1911-1919
Usine de PaganinConstruction italienne Sociéta Electrica Negri entre 1913-1915
Usine de FontanConstruction française EELM entre 1913-1916
Usine de Breil Piène-BasseConstruction française Société Hydroélectrique du Sud-est entre 1920-1927
Les Vallées Roya-Bévéra appartiennent au réseau national
des Villes et Pays d’art et d’histoireLe Ministère de la Culture et de la Communication attribue le label Ville ou Pays d’art et d’histoire aux collectivités locales qui mettent en œuvre des actions d’animation et de valorisation de leur architecture et de leur patrimoine. Des vestiges antiques à l’architecture du XXIe s., les villes et pays mettent en scène le patrimoine dans sa diversité. Aujourd’hui, un réseau de 181 villes et pays vous offre son savoir-faire dans toute la France.
A proximitéArles, Briançon, Fréjus, Grasse, Hyères, Martigues, Menton, Carpentras et le Comtat Venaissin, la Provence Verte et le Pays Serre-Ponçon Ubaye Durance bénéficient de l’appellation Ville et Pays d’art et d’histoire.
Pays d’art et d’histoire des vallées Roya-BévéraADTRB | Pôle Culture 3e pavillon des Ecoles
Bd Jules Ferry 06 380 SOSPEL | T 04 93 04 22 20 www.vpah-royabevera.com
ConceptionTextes : S. Favier | C. Lalande, EDF
Conception Graphique : M. RougierPhotos : S. Favier | K. Valensi CG06
Fonds du laboratoire photographique de l’Equipement, AD CG06 R. Masséglia, Lez’Art Création
Archives Musée Départemental des Merveilles CG06
Remerciements : F. Truc
En savoir +J. Bonnet, Les barrages du soleil, Éditions du Cabri, Breil, 1992.
Revues Le Haut-Pays, Les éditions du Cabri, Breil.
EDF Hydraulique PACAhttp://hydro-mediterranee.edf.com