Claude Keifl inDominique Mercier

Ignacio Haaser

Éditions du Signe

L’excellence en

Le savoir -faire des entreprises

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Sous titre

Entreprise

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Chapeau

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Norcan

L ’ e x c e L L e n c e e n A L s A c e

> Le contrôle des pièces destinées au catalogue

Paul Hannès, originaire de Mulhouse, avait 63 ans lorsqu’il a fondé Norcan, avec sa fille Marie-José Lambla et son fils Jean-Victor. Interné au camp de Schirmeck pen-dant la Seconde Guerre mondiale pour faits de résistance, engagé dans la Première Armée française après moult aventures en Allemagne, il entre à la Manurhin à Mulhouse où il sera pendant dix ans un directeur commercial très efficace. Il est remarqué par les frères Wilhelm et Georges Schaeffler, propriétaires du groupe INA Roulements, dont le siège est à Herzogenaurach, en Bavière (Allemagne). Ils lui proposent en 1962 la direction générale de leur usine de Haguenau (connue aujourd’hui sous le nom de Schaeffler France), qui compte alors une centaine de sala-riés. Lors de son départ en retraite, en 1984, les effectifs dépassent les 1400 personnes. Marqué par ses années de guerre, Paul Hannès est animé par un « patriotisme régional » qui lui fait dire en 1997 : « La meilleure manière d’enrichir une région, c’est d’y fonder des entreprises et de les rendre prospères en créant le plus grand nombre possible d’emplois ».

Un conseil qu’il ne manquera pas de mettre lui-même en application, en créant en marge de ses responsabilités dans le groupe Schaeffler, l’entreprise SM Noral (Société Mécanique du Nord de l’Alsace), spécialisée dans le gui-dage linéaire. Il la cède en 1987 à INA-Roulements pour créer Norcan. « J’avais senti qu’il manquait aux profilés en aluminium un système de fixation simple et astucieux », dira-t-il. Avec l’ingénieur Matthias Keller qu’il recrute dans son équipe, il met au point un assemblage des profilés autour de la visserie M8 standard, sans soudure. Dans les rainures des profilés peuvent être fixés toute une sé-rie d’accessoires. « Au début, on débitait et usinait des profilés aluminium au mètre, mais on a vite compris que pour se démarquer des concurrents, il fallait concevoir des solutions clés en main », explique Marie-José Lambla, la fille de Paul Hannès, cofondatrice de Norcan dont elle est devenue le PDG, alors que son frère Jean-Victor, directeur général, avait en charge la logistique et le né-goce. « Nous avons la chance d’avoir été mis sur les rails par nos parents. Nous étions tous fiers, dans la famille,

Le mécano industriel

À partir d’un ingénieux système d’assemblage de profilés d’aluminium et d’accessoires, l’entreprise Norcan propose des solutions mécano-montées modulaires sur mesure comme des structures, postes de travail, chariots,

moyens d’accès et convoyeurs. Par combinaison de ces solutions, elle est capable de proposer des installations spécialisées complètes. Créée en 1987 à Haguenau par Paul Hannès,

ancien directeur d’Ina Roulements-Schaeffler, la société a été reprise en 2014 par Stéphane Fauth, alsacien d’origine, passionné par le monde de l’industrie, qui ambitionne de faire grandir l’entreprise.

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« J’avais remarqué qu’il y avait une bonne osmose entre lui et les cadres de Norcan.»

> Poste d’usinage panneaux,Bruno, Chef d’équipe

> Une gamme de 80 profilés propres à Norcan > Poste de perçage, Jean-Georges, opérateur de production

> Conception assistée par ordinateur, Julien, Chargé d’affaire> Poste de tronçonnage, Joël,

Responsable atelier d’usinage multifonction

d’avoir été sollicités pour entrer en bourse, sur le second marché. L’aventure a duré quatre ans, au bout desquels nous avons racheté nos actions », dit Marie-José Lambla.

80 modèles de profilés et 400 accessoires

« Nous avons débuté avec deux types de profilés et une dizaine d’accessoires. En 2014, lorsque nous avons cédé l’entreprise, le catalogue comportait environ 80 profilés et plus de 400 accessoires divers », ajoute Jean-Victor Hannès. La famille Hannès a mis du temps à se résoudre à transmettre l’entreprise familiale à un « étranger », ni Jean-Victor, ni Marie-José n’ayant d’enfant. Et pourtant un repre-neur sérieux frappait depuis quelque temps à la porte. Pendant trois ans en effet, Stéphane Fauth, qui avait jeté son dévolu sur cette entreprise et elle seule, a fait le siège des propriétaires. Passionné par le monde de l’industrie, fort d’une expérience de cadre dirigeant dans plusieurs grands groupes, il ne rêvait plus que de Norcan depuis que Régis Bello, ancien PDG du groupe De Dietrich, aujourd’hui président de la Fondation Université de Strasbourg, avait attiré son attention sur la PME de Haguenau.

Ingénieur diplômé de l’ENSAM (Arts et Métiers) et de l’ENSAé (École nationale supérieure des techniques aéro-nautiques), Stéphane Fauth a débuté sa carrière au bureau d’études en propulsion aéronautique chez Aérospatiale et Matra, avant d’intégrer le groupe De Dietrich en 1990. Il fut notamment directeur des opérations sur le site de Reichshoffen, puis, après le rachat par Alstom, directeur industriel chez Cogifer, resté dans le giron de De Dietrich. En 2002, il rejoint Bombardier comme directeur général du site de Crespin, près de Valenciennes. Recruté par Alstom Transport en 2005, il dirige pendant 5 ans le site

de Salzgitter, en Allemagne. Alors qu’il représente Alstom à Londres, pour l’activité services des tramways et métros de Londres et Dublin, lui vient le besoin impérieux de se mettre à son propre compte et la volonté de racheter Norcan. On est en 2011. Il prend contact avec la famille Hannès : « Je veux racheter votre société ». « Elle n’est pas à vendre », répond Paul Hannès qui avait alors 87 ans.

La persévérance d’un repreneur passionné d’industrie

Stéphane Fauth ne se laisse pas décourager par cette rebuf-fade. Il élabore plusieurs offres de reprise. En août 2012, au décès de Paul Hannès, la transaction semblait en bonne voie de se conclure. Il a déjà un pied dans l’entreprise où il passe trois mois après sa démission d’Alstom. Mais Marie-José Lambla n’arrive pas à se résoudre à prendre sa retraite. Elle lui propose le poste de directeur général. « J’avais remarqué qu’il y avait une bonne osmose entre lui et les cadres de Norcan ». La direction générale n’est pas ce que recherche Stéphane Fauth, il préfère s’éloigner à nouveau et prendre les commandes des chantiers navals de la divi-sion sous‐marins de DCNS à Cherbourg. Il n’en revient pas moins à la charge auprès des enfants de Paul Hannès qui finissent par céder. La vente est signée le 31 juillet 2014. Le tour de table réunit trois actionnaires qui détiennent cha-cun un tiers du capital : le fonds d’investissement Siparex qui accompagne les PME sur le long terme, le fonds Alsace Capital à fort ancrage régional, et Stéphane Fauth qui a réussi à fédérer les quatre principaux directeurs de Norcan, Jean-Maurice Baer pour le commercial, Damien Winling pour la partie technique, Vincent Billerey pour les opéra-tions et Carinne Kratz, pour l’administration et les finances. Stéphane Fauth détient lui-même 17 % du capital.

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Effectifs : mmmmmmChiffre d'affaires : mmmmmm

Export : mmmmmmm

L'Alsace en chif fres

> Légende à venir

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« Nous nous adaptons très vite aux besoins des clients, nous sommes capables de réaliser un prototype de chariot en un temps record.»

> L’équipe bureau d’études composée de 15 techniciens et ingénieurs chargé d’affaires

> Poste de découpe des profilés, Maurice,

opérateur de production

> Un îlot de tronçonnage > L’assemblage d’une installation complète

Norcan vend en réalité des solutions en mécano indus-triel, un « Baukastensystem ». Ce sont les ingénieurs de Norcan qui ont conçu les matrices d’extrusion mises à la disposition des fournisseurs d’aluminium qui fabriquent les profilés. À partir de ces profilés, éventuellement combinés à des tubes acier et à une grande variété d’accessoires, assemblés avec de la visserie M8 standard, l’entreprise propose de multiples solutions pour les installations indus-trielles de ses clients. Elle s’adresse à tous les segments de l’industrie, de la logistique et de la distribution ainsi qu’aux opérateurs de l’e-commerce.

Le client a un problème d’efficacité, Norcan imagine la solution

« Notre bureau d’études, fort d’une quinzaine de per-sonnes, est centré sur l’élaboration des solutions applica-tives. Toutes les semaines, nous élaborons des dizaines de commandes qui sont toutes « à façon » ce qui nous fait concevoir plusieurs milliers d’applications par an, et que nous livrons finies et montées. Nous sommes de véritables pourvoyeurs de solutions pour améliorer l’efficacité des ins-tallations industrielles de nos clients », explique Stéphane Fauth. Norcan a ainsi réalisé les chariots qui permettent aux employés d’Amazon, le grand spécialiste de l’e-com-merce, de rassembler les différents éléments d’une com-mande et de les faire converger vers les postes de travail, où les produits sont dispatchés, jusqu’à l’emballage final.

« Nous sommes très à l’écoute de nos clients mais nous pré-férons imaginer nous-mêmes les solutions à un problème qu’ils nous soumettent, plutôt que de répondre à un volumi-neux cahier des charges », dit Stéphane Fauth. NORCAN

emploie une dizaine d’ingénieurs technico-commerciaux qui sont déployés en région à travers la France, tous des anciens du bureau d’étude. Nourris de l’expérience de ces milliers de réalisations, ils sont capables d’imaginer des solutions sur place, chez le client et de les traduire im-médiatement en un schéma directement exploitable pour un devis. « Nous nous adaptons très vite aux besoins des clients, nous sommes capables de réaliser un prototype de chariot en un temps record ainsi que des installations plus élaborées qui intègrent des postes de travail dans une ligne de convoyeurs automatisée par exemple ». L’aspect modulaire des réalisations permet aussi de rester adap-table à tout changement futur ce qui est une nécessité dans le monde d’aujourd’hui.

Une nouvelle ambition internationale

Stéphane Fauth réfléchit à une implantation industrielle en Allemagne où la PME dispose déjà d’une société com-merciale (GMBH). Norcan possède une petite usine à Barcelone et travaille aussi avec six partenaires à l’export, en Suisse, aux Pays-Bas, en Finlande, en Suède, en Angleterre et en Tunisie. Ils achètent les profilés d’alumi-nium et les accessoires et imaginent leurs propres solutions en appliquant les règles de Norcan. L’export est l’un des chantiers que le nouveau PDG compte revisiter, dans le cadre de son plan d’action pour le développement de la société. « C’est à l’export que nous ferons le plus de croissance. Nous allons privilégier la croissance externe, sur le modèle de notre installation espagnole », dit-il.

En s’appuyant sur des équipes et une main d’œuvre de qualité et d’une grande technicité, imprégnée de la culture

L ’ e x c e L L e n c e e n A L s A c e

> Le poste d’usinage des profilés

> Le stock de profilés d’environ 150 tonnes, pour plus de 600 tonnes de consommation annuelle

de travail du modèle rhénan, Stéphane Fauth veut faire franchir un nouveau palier à une entreprise qu’il a choisie et qui correspond parfaitement à la haute idée qu’il se fait d’une industrie caractérisée par une grande créativité

et une inventivité toujours renouvelée. Son ambition est de faire de la PME une entreprise de taille intermédiaire (ETI) internationale, formatée pour devenir « la » référence européenne du mécano industriel.

Effectifs : 100 personnes dont 15 techniciens et ingénieurs au bureau d’études,

10 technico-commerciaux dans les régions françaises et une dizaine d’employés dans une petite usine à Barcelone en Espagne.

Chiffre d’affaires : 17 millions d’eurosExport : 30 % du chiffre d’affaires