24
L’ASTRONOMIE SE LA RACONTE Campagne de l’Observatoire de Paris, 2014 Étude réalisée par Marie Cécile Pérez et Marie Delor Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne — Master 1 Direction de projets ou établissements culturels Source : Observatoire de Paris & l’Agence MSPROD

L’ASTRONOMIE SE LA RACONTE · 2019-06-12 · L’astronomie se la raconte 2014 Conception 3 scientifique. En plus de ça, pendant l’événement qui a eu lieu fin mai 2014, ils

  • Upload
    others

  • View
    4

  • Download
    0

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: L’ASTRONOMIE SE LA RACONTE · 2019-06-12 · L’astronomie se la raconte 2014 Conception 3 scientifique. En plus de ça, pendant l’événement qui a eu lieu fin mai 2014, ils

L’ASTRONOMIE SE LA RACONTE

Campagne de l’Observatoire de Paris, 2014Étude réalisée par Marie Cécile Pérez et Marie Delor

Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne — Master 1 Direction de projets ou établissements culturels

Source : Observatoire de Paris & l’Agence MSPROD

Page 2: L’ASTRONOMIE SE LA RACONTE · 2019-06-12 · L’astronomie se la raconte 2014 Conception 3 scientifique. En plus de ça, pendant l’événement qui a eu lieu fin mai 2014, ils

2L’astronomie se la raconte — 2014 — Conception

ENTRETIEN CONCEPTION

Athitaya Hennard, chef de projet, Millie Servant, conceptrice rédactrice, Philippe Keang et Benjamin Bartholet, graphistes illustrateurs, de l’agence Multimédia Sorbonne.

Tout d’abord nous aimerions savoir ce qu’est exactement l’Observatoire de Paris.

— C’est une institution scientifique française, une des plus grandes, le plus grand pôle d’astro-nomie en Europe. Le problème est qu’ils n’arrivent pas à créer une communication qui marche vraiment. La plupart des gens croient que c’est un musée alors que c’est un lieu actif où tra-vaillent des chercheurs.— Le client du projet est l’Observatoire, c’est lui qui chapote le projet mais il y a plusieurs labo-ratoires d’astronomie en France qui ne sont pas forcément dépendants de l’Observatoire. Là, le but de ce projet était de promouvoir la recherche astronomique en Île-de-France, de montrer qu’il y a des laboratoires en Île-de-France. Donc le projet est chapoté par l’Observatoire mais ce n’est pas le seul client.

Quelles sont exactement les volontés de l’Observatoire ? Est-ce un appel d’offres ou autre ?

— C’était un appel d’offres, un DIM exactement : Domaine d’Intérêt Majeur. C’est une bourse donnée par la région Île-de-France par une institution. Le but était de déposer une demande pour cette bourse, ce financement. Il faut déposer un dossier et à l’issu de ce dossier, l’Obser-vatoire a eu l’argent pour promouvoir la recherche en astronomie en Île-de-France. À la base c’était un appel d’offres, avec un montant déterminé, divisé selon ce qu’ils choisissent de faire, mais le budget s’est considérablement réduit selon les affichages dans le métro et les coûts supplémentaires donc ce n’était pas nécessaire de passer par un appel d’offres. C’est des-cendu en dessous de la limite de l’appel d’offres (En dessous de 15 000 euros. Il faut un coût minimum de 15 000 euros pour pouvoir faire un appel d’offres).— Pour revenir sur la première question, au début, la volonté de l’Observatoire était de faire parler de la recherche en Île-de-France. Ils sont conscients que la communication scientifique n’est pas vraiment très répandue. Ils souhaitaient faire une réelle publicité, qu’on voit dans le métro, qui attire l’œil et qui paraît moins scientifique que ce qu’ils ont l’habitude de faire.

Quelles étaient les cibles ?

— Ils voulaient à la fois avoir un message pédagogique et en même temps les références des publicités données ont été « adopteunmec » et ce genre de choses pour que leur publicité touche un public plus large. C’est aussi pour ça qu’ils ont choisi le métro. Ils voulaient interpel-ler, avoir de l’impact et toucher un public large, un public qui n’a pas l’habitude d’être touché par ce genre de sujet normalement. Toucher une cible de personnes non sensibilisées à cette recherche, et avec un message que les gens n’ont pas l’habitude de voir de la part d’un institut

Page 3: L’ASTRONOMIE SE LA RACONTE · 2019-06-12 · L’astronomie se la raconte 2014 Conception 3 scientifique. En plus de ça, pendant l’événement qui a eu lieu fin mai 2014, ils

3L’astronomie se la raconte — 2014 — Conception

scientifique. En plus de ça, pendant l’événement qui a eu lieu fin mai 2014, ils proposent des ateliers enfants, donc le but était aussi de toucher un public le plus large possible, pourquoi pas toucher les enfants, les petits amis, les parents, les adultes, les grands-parents… et viser spécifiquement les gens plutôt néophytes de l’astronomie. Ils avaient une volonté de proximité, de se faire connaître et de montrer qu’ils sont présents, qu’ils existent. C’est de la présence à travers l’image.

Avez-vous été contacté par l’Observatoire, comment cela s’est-il passé ?

— On avait contacté le DIMACAV pour savoir s’ils n’avaient pas un projet à nous proposer, et en effet ils avaient ce projet de l’Observatoire, sur lequel ils étaient en retard, donc on a com-mencé à faire le planning, qui a été très serré, avec 18 affiches à faire en 2 semaines. Heureu-sement nous étions nombreux sur le projet et la coordination a bien fonctionné.

Que représente chaque affiche ?

— Chaque affiche représente un thème, une thématique de recherche. La relation avec les laboratoires était donc relativement compliquée car chaque labo avait des choses à redire sur ses affiches. Les 19 laboratoires travaillent sur les galaxies mais ils se sont concertés pour faire émerger autant de thèmes qu’il y a d’affiches. La spécificité du projet est que l’Observatoire était un intermédiaire, il n’avait pas toujours le dernier mot car il devait toujours y avoir une va-lidation scientifique, donc ça mettait toujours plus de temps que si on fonctionnait directement avec un client.

Au niveau de la création de ces affiches, combien étiez-vous et qui faisait quoi ?

— Au départ on a dû trouver des accroches, puisque chaque affiche devait avoir une accroche. Nous avons tout réfléchi ensemble, de l’accroche au visuel, et avec l’aide du pole communica-tion de l’obs. Nous avons « brainstormé » sur des accroches qui puissent être importantes, sur un esprit général. Ce qui a été difficile au départ c’était de partir sur une piste graphique, ou de savoir quel allait être le visuel. On ne savait pas si ça allait être une photo, une illustration, une typographie. Et nous ne savions pas non plus pour l’ambiance générale si on devait rester sur le côté décalé ou plutôt sur le côté pédagogique. Nous avions plusieurs pistes. Ils nous ont donné beaucoup d’envies mais pas de consignes précises, ils attendaient que l’on prenne possession du projet, ils n’avaient pas d’idée de ce qu’ils voulaient précisément donc ils attendaient qu’on leur soumette des idées. Au départ, ça a donc été un travail d’écriture que l’on a fait. On était 6, 7, le groupe s’est naturellement formé, certaines personnes sont parties, d’autres sont venues s’ajouter au projet. Une personne a travaillé principalement sur le site internet qui a été conçu en parallèle des affiches. Le flashcode renvoie à la thématique évoquée dans l’affiche. En gros, il y avait une conceptrice rédactrice, une conceptrice de projet et graphisme, des graphistes et des illustrateurs, le développeur et directeur technique (pour la partie site internet et flashcode). Nous étions 7 dont 5 graphistes.

Pouvez-vous nous expliquer le processus de création ; à partir du moment où ils vous ont dit ce qu’ils voulaient, comment avez-vous élaboré et mis en place vos idées ?

Page 4: L’ASTRONOMIE SE LA RACONTE · 2019-06-12 · L’astronomie se la raconte 2014 Conception 3 scientifique. En plus de ça, pendant l’événement qui a eu lieu fin mai 2014, ils

4L’astronomie se la raconte — 2014 — Conception

— Premièrement, on est parti des textes avec les thématiques que chaque laboratoire voulait évoquer (thèmes par exemple : étoile/soleil). Avec ces thématiques, on doit imaginer une in-teraction et une accroche terre/soleil. Ce qui a été difficile c’est qu’on n’avait pas de connais-sances particulières dans le domaine de l’astronomie, et qu’en plus de ça on devait trouver une accroche qui fasse sourire intelligemment. Même eux avaient des thématiques qu’on avait du mal à visualiser, un mot qu’on ne comprenait pas, etc. On a proposé des idées, mais le démar-rage a été difficile en effet. Heureusement on pouvait facilement les contacter. Pour chaque thématique, ils nous ont donné quelques exemples et précisions (par exemple, ils nous ont dit de quoi ils voulaient parler spécifiquement quand ils évoquaient le thème « étoile », etc.). Tout cela a mis du temps à se préciser. Nous avons commencé le travail sur les textes alors que tous les thèmes n’étaient pas encore bien définis, deux affiches ont été supprimées. Mais nous avons pu discuter avec les laboratoires restant pour élaborer un peu plus finement le travail sur les autres affiches. Il y a donc eu un gros travail de conception et rédaction au début car il a d’abord fallu comprendre les souhaits et le sujet des laboratoires, ce qu’ils voulaient exprimer, ce qui n’était parfois pour nous pas toujours très clair. — Ensuite nous avons fait des « moodboards » : plein de propositions graphiques et rédac-tionnelles, nous avons fait des recherches de photos, illustrations, etc. Un gros travail de re-cherche, de documentation.

Comment la charte graphique est-elle apparue ?

— C’était une question très importante de notre projet. Nous étions nombreux, et une seule personne de l’équipe ne pouvait pas tout faire. Nous étions obligés d’être nombreux et d’adop-ter un style graphique facilement reproductible, donc nous avons utilisé du « flatdesign ». De plus, avec l’emplacement du texte et le bandeau, il y avait une sorte d’harmonie qui s’est faite toute seule.

Après, comment se sont effectués leurs choix sur les différentes propositions/pistes que vous leur avez faites ?

— On a digressé au fur et à mesure. Au début, on leur a proposé uniquement de la compo-typo, de la photo avec de la typo, de l’illustration, etc. On leur a montré toutes les possibilités mais en les conseillant également, sur ce qui se fait déjà, sur ce qu’il est judicieux de faire ou non, sur la manière de se démarquer, par exemple par rapport à la photo avec la typo, on voit ça tout le temps dans le métro et c’est le choix de la cité des sciences, donc pour se démarquer il vaut mieux prendre le contre-pied. On est alors parti sur l’illustration. Une fois ce premier, on leur a proposé 2 pistes : une relativement compliquée, et une plus simple, ils ont choisi l’illustration la plus simple. Au départ, on leur a montré vraiment tous nos styles différents, le style de chaque porteur du projet au sein de notre équipe et ils ont beaucoup aimé le style d’un de nos membres de l’équipe, nous avons donc travaillé sur ce style dès le départ.— Chaque affiche a subi son lot de tests auprès des labos, ils ont choisi l’illustration, l’accroche, l’affiche, le visuel ; il y a eu pas mal d’allers-retours. Au départ, ils voulaient une accroche très scientifique, nous avons essayé de les convaincre que le plus important était l’idée et non pas la rigueur scientifique. Ca a été difficile avec certains laboratoires, qui avaient du mal à com-prendre que cette campagne était destinée au grand public. On a du leur montrer que l’affiche

Page 5: L’ASTRONOMIE SE LA RACONTE · 2019-06-12 · L’astronomie se la raconte 2014 Conception 3 scientifique. En plus de ça, pendant l’événement qui a eu lieu fin mai 2014, ils

5L’astronomie se la raconte — 2014 — Conception

était là pour la communication de l’événement, et que l’exposition était là pour montrer tout le côté scientifique mais qu’il n’était pas nécessaire de faire apparaître tous les aspects scien-tifiques développés au sein de l’exposition sur l’affiche. Que l’affiche est seulement une ac-croche. Par exemple, on avait une accroche qui disait « Petite sonde spatiale cherche comète pour RDV galant », ils nous ont répondu que la sonde n’était pas petite, et qu’il fallait plutôt écrire « relation durable » car ça fait 10 ans qu’elle est dans l’espace, etc. Tout ça a été parfois compliqué.

Comment la charte graphique et les types d’accroches arrivent-ils à toucher la cible ? Quel est le processus ?

— Par le biais de l’illustration, on a regardé ce qu’ont fait les festivals, il y a beaucoup de choses dessinées, l’illustration permet d’enlever le côté un peu réel, scientifique et technique, c’est plus accessible. L’idée était aussi de rapprocher de référents connus. L’illustration permettait aussi de rompre avec ce qu’on voit dans le métro habituellement, on voit beaucoup de photos dans le métro. On a vu récemment, quelques mois avant notre campagne, une campagne de publi-cité sur l’eau sur mars, on voulait vraiment se démarquer pour qu’on puisse reconnaître notre campagne. On a toujours essayé d’être rigolos dans les accroches que l’on a trouvées, pour se démarquer et atteindre un large public.— Si on avait eu une photo et un texte pédagogique comme départ, on serait retombé dans leurs codes classiques. On a en effet pu voir les anciennes affiches de l’Observatoire, de col-loques ou de conférences, et pour le grand public, c’est le genre d’affiche qui ne marque pas, avec une liste de conférences ou une liste de noms de planètes, etc. On voulait également éviter le côté « carte postale » dans lequel on aurait pu tomber facilement avec de belles pho-tographies planétaires, etc.— Pour le texte, au début on était parti sur l’idée de garder un vocabulaire populaire, avec des références populaires. On voulait reprendre des formules que tout le monde a déjà entendues pour interpeller et en même temps y glisser un élément accrocheur scientifique pour interroger, interpeller, intriguer le public.— On avait d’autres idées, certaines qui ont été refusées, car trop dérisoires par exemple. Cer-tains chercheurs donnaient leur avis, sachant que leur métier n’est pas la communication, du coup ça leur paraissait parfois too-much, d’autres se sont pris au jeu, avec par exemple notre accroche « naître ou ne pas naître ».

Combien de temps au total avez-vous mis pour réaliser cette campagne, depuis le début du projet jusqu’au moment de la validation des affiches ?

— Notre projet s’est déroulé du 13 février 2014 environ, jusqu’au BAT vers le 16 avril 2014, donc environ 2 mois. C’était assez dense. La plus grosse difficulté a été que certains cher-cheurs ou collaborateurs des laboratoires ne comprenaient pas que cette campagne n’avait pas d’enjeu pédagogique mais que c’était un enjeu de communication.

Par rapport au flashcode, avez-vous souhaité rester vague et susciter des questions auprès des personnes qui voient l’affiche, pour qu’elles aient la volonté d’aller chercher d’autres informations ?

Page 6: L’ASTRONOMIE SE LA RACONTE · 2019-06-12 · L’astronomie se la raconte 2014 Conception 3 scientifique. En plus de ça, pendant l’événement qui a eu lieu fin mai 2014, ils

6L’astronomie se la raconte — 2014 — Conception

— On souhaitait donner une limite aux chercheurs dans les explications qu’ils voulaient donner à travers ces affiches, mais en effet le but était de susciter l’intérêt du public pour qu’un maxi-mum de personnes se rende à l’exposition. Le site web est indispensable pour comprendre l’événement, c’est ce que les affiches permettaient. Le côté événementiel était très important. Une autre difficulté a été que l’Observatoire souhaitait à la fois que les gens aillent sur le ban-deau du site internet pour découvrir le contenu, que les gens viennent au rendez-vous, et aussi qu’ils sachent qu’il y a de la recherche en Île-de-France. On a donc pensé aux stickers à la fin, sinon il y avait trop d’éléments sur l’affiche, c’était trop dense. Trop d’informations à dire sur une seule affiche. Les stickers ont été un bon compromis et ça allait bien avec l’événementiel, de plus ça respectait bien la volonté de faire apparaître les 3 éléments.

Page 7: L’ASTRONOMIE SE LA RACONTE · 2019-06-12 · L’astronomie se la raconte 2014 Conception 3 scientifique. En plus de ça, pendant l’événement qui a eu lieu fin mai 2014, ils

7L’astronomie se la raconte — 2014 — Diffusion

Cet entretien va nous permettre de comprendre le processus de diffusion des affiches et plus généralement de la campagne de communication. Pour introduire brièvement ce propos, pouvez-vous me dire ce qu’est l’Observatoire de Paris, pourquoi a-t-il mené cette campagne de communication et quelles en sont les cibles ?

ST : L’Observatoire de Paris coordonne la manifestation mais c’est une manifestation portée par l’ensemble des laboratoires d’astrophysiques d’Île de France. Ce sont donc 19 laboratoires dont 7 à l’Observatoire de Paris, il y a aussi des laboratoires extérieurs à l’Observatoire mais c’est nous qui avons coordonné la campagne. L’Observatoire de Paris est un grand centre de recherche constitué de sept laboratoires, 500 personnes qui y travaillent, c’est le plus gros centre de recherche en astronomie de France. L’Observatoire a trois missions, la recherche bien sûr, l’enseignement au niveau master et doctorat et la diffusion des connaissances. La dif-fusion des connaissances est prise en charge par ce service, la direction de la communication. Nous menons pas mal d’actions « classiques », des journées portes ouvertes, des expositions, des soirées d’observation, on a tout un panel d’actions de diffusion des savoirs.

Concernant cette campagne spécifique, nous voulions élargir les cibles car on se rend compte que les gens qui viennent à l’Observatoire, ceux qui viennent pour les expositions, etc. consti-tuent ce que j’appelle un public « acquis ». On se rend compte que ce sont des gens qui ont l’habitude d’aller au musée, d’aller à la cité des sciences, ou alors des gens intéressés par l’astrophysique. Donc nous avons essayé de mener des actions pour tenter d’élargir le public. Par exemple, lorsqu’on ouvre les portes de l’Observatoire, on fait systématiquement des ate-liers pour enfants pour essayer de capter l’attention des parents surtout. De cette manière on tente de capter les jeunes parents qui sont quand même une cible assez difficile à toucher. Mais là pour cette opération on avait envie de tester, de se lancer dans une action de commu-nication qui touche un public de passage donc là, l’objectif numéro un, c’était vraiment que les personnes les plus lambda, lisent l’affiche, soient intéressées par l’affiche ensuite le site web et tout, c’est une deuxième étape. L’objectif numéro un est donc d’attiser la curiosité. C’est pour ça qu’on a choisi un affichage dans les rames du métro, pour capter le public d’attente, de passage, des gens lambda. L’objectif n’était bien évidemment pas de faire des posters pédagogiques classiques, le contenu est donc très léger pour toucher un public qui n’est pas sensibilisé aux sciences. C’est donc un test car on n’a jamais fait ce genre d’actions mais à travers nos actions habituelles, on a toujours l’impression de toucher le même public, un public éclairé ou qui a l’habitude d’aller dans des expositions, des musées. C’est difficile de toucher le très grand public.

ENTRETIEN DIFFUSION

Sabrina Thiery (ST), Directrice de la direction de la communica-tion de l’Observatoire de Paris.

Page 8: L’ASTRONOMIE SE LA RACONTE · 2019-06-12 · L’astronomie se la raconte 2014 Conception 3 scientifique. En plus de ça, pendant l’événement qui a eu lieu fin mai 2014, ils

8L’astronomie se la raconte — 2014 — Diffusion

Pour vous c’était véritablement un choix que l’affichage soit dans la rame de métro plu-tôt qu’à l’extérieur, dans la station par exemple.

ST : Exactement, c’était un choix que ce ne soit pas une exposition dans le métro parce que le public qui s’attarde sur une exposition, c’est un public qui a envie de regarder l’expo. Elle peut capter l’attention, mais ça nécessite tout de même une démarche alors que là, on a essayé de trouver un emplacement qui n’est pas du tout dédié aux expositions, qui est normalement dédié à une publicité.

Oui et puis qui est un peu sous l’œil de chacun.

ST : Oui effectivement, par expérience, cet emplacement est vu par tout le monde. On est dans le métro sur son portable, on lève le nez, on est obligé de lire ce qui s’y trouve.

Combien de temps cet affichage dans le métro a-t-il duré ?

ST : Un mois, le budget n’était malheureusement pas illimité donc on a 550 emplacements environ, ce qui à mon sens n’est pas suffisant. Vu le nombre de métro, statistiquement, je ne suis pas sûre que les gens soient tombés sur beaucoup d’affiches pendant leur trajet quotidien, c’est un peu le regret que j’ai. Je pense que le fait de revoir toujours les mêmes choses aurait fait que les gens s’intéressent à la campagne. Cette campagne est menée en trois volets : l’affi-chage dans le métro, le site internet pour les gens qui veulent en savoir plus et la manifestation sur les berges de Seine où là on reprend les affiches mais en ajoutant du contenu, c’est une vraie expo.

Concernant ce « triple » processus de communication, quels sont les intérêts d’avoir choisi ces trois formes de communication pour une seule et même campagne ?

ST : L’objectif initial, c’était vraiment les affiches, après on s’est dit que pour les gens qui sou-haitaient en savoir plus, c’est-à-dire un autre public que celui qu’on veut capter, on met en place le site internet. Il faut savoir que ce site internet est propre à cette campagne de communica-tion, il est totalement indépendant du site web de l’Observatoire de Paris. Ce site vient aussi en appui de la manifestation sur les berges de Seine, donc concernant le choix du lieu de cette manifestation, là aussi on a tenté de capter un public de passage, donc on n’a pas choisi le Palais de la Découverte ou l’Observatoire, un lieu de science, on choisit un lieu de passage. Ici, la cible est la même que celle du métro. Concernant le site, la cible est un peu différente mais il nous permet aussi de voir un peu l’impact de la campagne, de savoir le nombre de personnes qui ont flashé le code pour en savoir davantage.

Pour vous, y a-t-il vraiment un lien entre l’affichage dans le métro et l’exposition sur les berges de Seine ? Vous attendez-vous à retrouver le public du métro sur les berges ?

ST : Les deux, sur les affiches se trouve le sticker mentionnant l’exposition sur les berges. Les affiches ont trois fonctions à vrai dire, communiquer un savoir scientifique, attiser la curiosité et informer de la manifestation sur les berges de Seine.

Page 9: L’ASTRONOMIE SE LA RACONTE · 2019-06-12 · L’astronomie se la raconte 2014 Conception 3 scientifique. En plus de ça, pendant l’événement qui a eu lieu fin mai 2014, ils

9L’astronomie se la raconte — 2014 — Diffusion

Il y a une campagne de communication à part pour l’exposition sur les berges, elle est menée par les berges de Seine, sur leur site web.

Les trois aspects de la campagne de communication sont-ils donc menés de façon relativement indépendante ?

ST : Oui c’est ça. En fait, il y a plusieurs attitudes face à cette campagne : le public du métro qui regarde l’affiche et s’en va, le public du métro qui dit « c’est quoi ce truc ? » qui flashe et va voir le site web, et celui qui dit « ah, il y a des ateliers pour enfants, une exposition sur les berges de Seine, je vais y aller ». Pour les berges, c’est la même chose, il y a le public de passage, il y a ceux qui viennent parce qu’ils ont vu l’affiche dans le métro ou l’information sur le site des berges de Seine.

Donc vous, vous n’avez pas mis en place une autre forme de communication pour infor-mer de l’exposition sur les berges.

ST : On va essayer d’en faire une mais pour le moment on n’a pas eu trop le temps mais on va essayer de faire un communiqué de presse pour l’annoncer.

Et quelle est l’attitude que vous attendez ou espérez des personnes faces à ces affiches ? À travers l’illustration et l’accroche comment pensez-vous que les passants réagissent ?

ST : Volontairement on ne voulait pas utiliser des images d’astronomie qu’on a l’habitude de voir et puis par ailleurs, toujours pour capter un nouveau public, on ne souhaitait pas faire voir des images scientifiques. Les accroches ont été conçues avec les designers de l’agence universitaire Multimédia Sorbonne, sous la forme publicitaire, un peu décalée par rapport à l’image. Ce que j’attendrais, dans l’idéal c’est que les gens se disent « c’est quoi ce truc ? », que ça interpelle.

Comment les choses se sont-elles passées avec la RATP et les berges de Seine pour me-ner cette campagne de communication comme vous l’entendiez ? Avez-vous rencontré des obstacles par rapport à ces relations ? L’idée d’une campagne à double (voire triple) processus de communication vient-il de vous ou est-ce suite aux obstacles rencontrés ?

ST : Non non, l’idée initiale était celle-ci. La RATP n’était pas partenaire, nous avons payé les emplacements publicitaires, heureusement on a eu un rabais énorme du fait que justement nous ne sommes pas dans une logique commerciale, on n’avait donc rien à vendre, les prix ont donc été très attractifs.

Pour les berges de Seine, nous avons juste eu un rendez-vous avec la mairie de Paris et ils ont été enchantés, nous n’avons pas du tout rencontré d’obstacle. Globalement tout s’est bien pas-sé, le projet a été bien reçu. Enfin initialement, nous avions tout de même prévu une exposition au sol sur les berges mais c’était trop cher. On avait imaginé une grande fresque, très ludique mais ça n’a pas pu se faire.

Page 10: L’ASTRONOMIE SE LA RACONTE · 2019-06-12 · L’astronomie se la raconte 2014 Conception 3 scientifique. En plus de ça, pendant l’événement qui a eu lieu fin mai 2014, ils

10L’astronomie se la raconte — 2014 — Diffusion

Le processus de diffusion n’a donc pas réellement évolué au fur et à mesure du travail mené avec l’agence Multimédia Sorbonne. Si je comprends bien, vous aviez dès le début imaginé la campagne de cette manière.

ST : Tout s’est fait très vite. L’année dernière, nous avons répondu à un appel à projet de la ré-gion qui a financé la campagne, dès le départ on avait décidé que ce serait dans le métro, dans les rames, etc. Après, bien évidemment, nous avons conçu les affiches avec les étudiants mais tout s’est fait un peu en même temps, les premières réunions datent de mi-janvier donc tout a été très vite. Ce qui a été le plus long, c’est de définir tous les thèmes scientifiques, tout le reste s’est fait très vite, les étudiants de l’agence Multimédia Sorbonne ont super bien travaillé, très efficacement.

Et comment envisagez-vous de connaître les retombées de cette campagne de commu-nication ?

ST : Ça va être très difficile. Le seul indicateur qu’on va avoir c’est le site web, mais comme on le disait tout à l’heure, le site web n’est que « la cerise sur le gâteau », il ne s’adresse pas réellement à la cible majeure de la campagne. Pour connaître l’impact dans le métro, il aurait fallu faire des enquêtes en ce moment mais ce n’est pas possible, on n’a pas le temps. C’est dommage.

Le site web va-t-il continuer à vivre après cette campagne ?

ST : On lui donne un an de vie, ce qu’on va faire pour 2014/2015 c’est exploiter les affiches sous la forme d’expo par exemple lorsque les laboratoires vont ouvrir pour la fête de la science, lorsque nous on va ouvrir pour les journées du patrimoine ; donc là ce n’est plus les mêmes cibles. Les affiches pourraient aussi être mises dans les bureaux de la région ou même à la mairie de Paris, ce serait sympa qu’elles aient encore une vie bien que les cibles ne soient plus les mêmes. Voilà, je donne environ une durée de vie d’un an mais on verra ce qu’on peut faire.

L’Observatoire de Paris affiche-t-il pour la première fois dans le métro ?

ST : Oui, le CNRS a lui mené deux affichages dans le métro et l’Observatoire a été partenaire en 2009, mais oui c’est la première fois que l’Observatoire lui-même mène une campagne dans le métro, enfin dans les rames du métro.

Revenons sur l’objectif de la campagne, vous m’avez bien dit que le but est de toucher un public lambda, qui n’a pas d’intérêt particulier pour la recherche scientifique, mais y a-t-il un second objectif comme par exemple de sensibiliser pour ensuite faciliter les dons pour la recherche ?

ST : Non pas du tout, notre mission est vraiment de diffuser les savoirs de façon pas du tout mercantile. On n’attend aucune retombée financière, le contribuable finance la recherche c’est donc notre rôle de diffuser les résultats de celle-ci au grand public. Ce qu’on souhaite c’est vraiment de diffuser les savoirs produits.

Page 11: L’ASTRONOMIE SE LA RACONTE · 2019-06-12 · L’astronomie se la raconte 2014 Conception 3 scientifique. En plus de ça, pendant l’événement qui a eu lieu fin mai 2014, ils

11L’astronomie se la raconte — 2014 — Diffusion

Très bien, merci beaucoup de m’avoir donné toutes ces informations. Avez-vous des choses à ajouter concernant la diffusion de la campagne ?

ST : Pas vraiment, la seule chose que je peux ajouter c’est que j’ai deux regrets : il n’y a pas eu suffisamment d’affiches, selon moi, et ça aurait été vraiment intéressant de connaître l’impact de cette campagne. En tout cas, on a innové.

Pensez vous vouloir récidiver ce genre de campagne ?

ST : Ah oui moi j’aimerais beaucoup. Je trouve que c’est notre devoir d’informer, d’éveiller la curiosité de gens qui ne sont pas familiers à la recherche. Il faut voir quelle forme cela peut prendre.

Page 12: L’ASTRONOMIE SE LA RACONTE · 2019-06-12 · L’astronomie se la raconte 2014 Conception 3 scientifique. En plus de ça, pendant l’événement qui a eu lieu fin mai 2014, ils

12L’astronomie se la raconte — 2014 — Réception

Dites-moi ce que cette affiche vous évoque, ce que vous voyez :

1 : Ce n’est pas pour aider ? Non je ne sais pas…2 : Personnellement, je trouve que cette affiche est très bien faite et semble plus pertinente que certaines affiches que l’on voit dans le métro mais on ne voit pas du tout ce que ça essaie d’indiquer, si c’est une exposition, ou si c’est pour nous sensibiliser, si c’est une cause, on ne voit pas vraiment, on n’a pas trop d’informations. On voit « exposition à retrouver » mais après ce n’est peut-être pas ça, en plus c’est écrit en tout petit.

Quand vous voyez ça, quand vous passez à côté dans le métro, qu’en pensez-vous ?

1 : Moi je trouve ça beau mais je ne comprends pas la cause.2 : Moi je pense que je la suis du regard, je lis le gros titre en blanc vite fait, pas le petit avec les chiffres, et si par exemple mon métro s’arrête devant, peut-être que là je vais prendre le temps de lire mais sinon non.

Ce sont des affiches situées dans les rames du métro, au fond des rames.

2 : Ah d’accord, alors dans ce cas-là on va lire cette affiche, parce que forcément, lorsqu’on s’assoit dans le métro, une fois qu’on est devant l’affiche on est posé devant pendant 45 mi-nutes dans le métro.

Allez-vous lire les phrases qui sont en bas ?

1 : Oui mais il faudrait quand même que ce soit plus visible.

Que vous évoque cette phrase située en bas ? Vous fait-elle penser à quelque chose ?

1 : Quelle phrase ?2 : « Exoplanète, détectez les doses… »1 : On apprend qu’il y a 1780 planètes qui sont découvertes, on est content d’apprendre ça mais on n’a pas plus d’informations et ce qui nous perturbe c’est qu’on ne sait pas à quoi est destinée cette affiche, on ne sait pas à quoi elle sert. Ça ne nous évoque pas spécifiquement quelque chose, on apprend juste un fait scientifique : qu’il y a 1780 planètes connues.

Maintenant pouvez-vous me dire ce que vous pensez des planètes de l’affiche en elles mêmes ?

ENTRETIEN RÉCEPTION — FOCUS GROUP

Deux élèves de 4e d’un collège de Paris interviewées en 2014.

Page 13: L’ASTRONOMIE SE LA RACONTE · 2019-06-12 · L’astronomie se la raconte 2014 Conception 3 scientifique. En plus de ça, pendant l’événement qui a eu lieu fin mai 2014, ils

13L’astronomie se la raconte — 2014 — Réception

2 : Je trouve que le graphisme est super bien fait, que c’est super simple et que ça saute di-rect aux yeux car on a les mêmes gammes de couleurs donc je trouve ça intéressant. On peut reconnaître certaines planètes. Personnellement je ne m’y connais pas trop mais je peux déjà reconnaître la Terre et Saturne.

Et par rapport à l’image que vous vous faites, par exemple des planètes ?

1 : Personnellement, je trouve que ce n’est pas du tout réaliste. Je ne pense pas qu’il y aurait plusieurs couleurs comme ça, ça me paraît simplifié, enfantin.2 : Oui mais à la limite ça attire l’œil et c’est plus ludique et sympa que quelque chose de réa-liste, parce que tout est réaliste autour de nous, donc autant s’exprimer dans le dessin.

Avez-vous une idée de qui a pu faire cette affiche ?

1 : Ça peut être des enfants comme un pro.

Mais à votre avis, quel organisme aurait mis en place cette affiche ?

1 : Je ne sais pas, peut-être quelqu’un qui est employé, enfin des gens qui font des recherches pour les planètes.

Vous dites que vous ne comprenez pas trop le but, mais pouvez-vous imaginer diffé-rents buts que pourrait avoir cette affiche ?

1 : Ça pourrait être pour aider les planètes.2 : Ça peut être pour, par exemple si c’est une exposition ou un atelier ou quelque chose qui rassemble les gens pour les intéresser à ce milieu.1 : Oui, pour découvrir les planètes.2 : Il y a aussi le code-barre, mais bon je ne pense pas qu’il y ait beaucoup de gens qui arrivent avec leur code-barre, d’ailleurs je ne sais même pas quelle application c’est.

Avez-vous personnellement un smartphone ?

1 et 2 : Oui.

Mais vous n’avez pas d’application flashcode ?

1 et 2 : Non, on ne sait même pas ce que c’est.

Quand vous voyez cette affiche, vous me dites être dans l’incompréhension mais avez-vous envie d’aller chercher plus loin ?

1 : Personnellement moi je n’irai pas trop chercher.2 : Personnellement, là on trouve l’affiche sympa et jolie, là je la vois et c’est très bien… Main-tenant quand je l’étudie comme ça oui mais si je la vois simplement dans le métro non je ne

Page 14: L’ASTRONOMIE SE LA RACONTE · 2019-06-12 · L’astronomie se la raconte 2014 Conception 3 scientifique. En plus de ça, pendant l’événement qui a eu lieu fin mai 2014, ils

14L’astronomie se la raconte — 2014 — Réception

chercherai pas à aller en savoir plus. Si on m’en parle plus tard, si on me dit « Ah tiens, il y a une nouvelle planète qui a été trouvée dernièrement », là je vais me souvenir que j’ai vu l’affiche, et peut-être que du coup oui j’irai chercher mais là c’est pas direct comme ça, je n’aurais pas l’idée dans le métro de me dire « Ah tiens, je m’ennuie je vais voir », surtout qu’il n’y a pas de réseau dans le métro.

Après dans le métro il y a un petit macaron qui a été rajouté sur ces affiches. Ce ma-caron expliquait qu’une exposition était organisée sur les Berges de Seine au mois de juin. Est-ce que ça vous donnerait un peu envie d’aller voir ce qu’il y a sur les Berges de Seine ou est-ce que c’est simplement le fait qu’on en parle qui vous intrigue, ou est-ce que vous ne seriez pas du tout intéressées ?

1 : Oh non moi ça m’intéresserait.2 : Oui ça peut être pas mal.1 : Ce n’est pas comme les autres, on voit tout le temps les mêmes peintures, là c’est différent, c’est ce qui est bien.2 : Moi ce qui me fait penser directement aux publicités dans le métro ce sont les pub liligo « Ah oui moi je vais m’envoyer en l’air ». Celle-là, c’est de l’art.

Pour vous ces publicités liligo sont des affiches types du métro…

2 : Oui pour moi c’est l’affiche représentative d’une publicité extrêmement pertinente et intelli-gente du métro (ironique).

Pour vous, l’affiche que je vous montre n’est pas pareil.

1 : Non, là au moins on ne se moque pas de nous.2 : Oui au moins là on n’a pas de slogan débile, et je ne sais pas, ça attire l’œil, ça a l’air intelli-gent et pertinent. Ce n’est pas la personne qui ne savait pas quoi faire pour la publicité liligo et qui s’est dit « tiens je vais faire un truc ridicule « viens on s’envoie en l’air » ». Pour moi quand je vois les publicités liligo, je me dis que la personne qui a travaillé sur ce projet n’a pas eu d’idée et il a proposé un truc à la con.1 : Oui là on voit sur l’affiche que vous nous montrez que c’est un travail recherché, approfondi, c’est ça qui est bien. Ça ne lui est pas venu sur un coup de tête, il a vraiment travaillé.2 : Il y a des slogans ou des logos, on dirait que la personne n’a pas du tout travaillé et n’avait pas d’idée et pourtant, ça marche quand même ! Genre « Lapeyre, il n’y en a pas deux ». 1 : En plus on n’a pas l’habitude de voir des affiches pour des choses scientifiques. En fait dans le métro on ne regarde pas trop, les gens ils sont occupés donc ils ne regardent pas forcément.2 : Enfin ça dépend, toi tu ne fais pas 2 heures de métro pour venir au collège, moi si, donc j’ai le temps de regarder les affiches !1 : Oui c’est vrai j’habite à 5 minutes d’ici donc bon…

Tant mieux, ça vous fait une expérience du métro différente l’une de l’autre. Connais-sez-vous d’autres publicités en lien avec le domaine scientifique ? Par exemple la Cité des sciences, le Palais de la Découverte, etc.

Page 15: L’ASTRONOMIE SE LA RACONTE · 2019-06-12 · L’astronomie se la raconte 2014 Conception 3 scientifique. En plus de ça, pendant l’événement qui a eu lieu fin mai 2014, ils

15L’astronomie se la raconte — 2014 — Réception

2 : La Cité des Sciences oui. Après, pour la recherche, moi je vais énormément à Londres donc j’ai la comparaison de Londres où on ne voit que des affiches pour la recherche ou des affiches choc pour ne pas rouler trop vite ou des choses comme ça. Mais c’est vrai qu’en France on en voit moins. On en a vu pour le Cancer du sein et le SIDA et une autre chose dont je ne me souviens plus. On en voit de temps en temps pour des maladies mais c’est vrai que pour la recherche scientifique, on n’en voit pas.1 : Oui enfin c’est surtout pour les sites en général. Les publicités.2 : Oui et puis les gens je suppose que la personne moyenne, ça ne l’éclate pas trop de faire des dons pour les planètes, on préfère faire des dons pour les humains.

Donc tu as l’impression que c’est un appel au don toi cette affiche.

2 : Ah non non mais comme on commençait à parler des maladies, des dons…

Pouvez-vous regarder en détail le bandeau ? Vous donne-t-il davantage d’informations, vous fait-il dire autre chose ?

2 : Oui, on a le site internet, encore faut-il que la personne dans le métro ait internet et que ça capte.1 : Après ils font bien voir que c’est une action financée.

Oui mais cela vous donne-t-il plus d’informations sur qui a fait cette affiche et pourquoi ?

2 : Oui justement, c’est pour ça qu’ils renvoient à la page internet du site, pour aller se rensei-gner sur qui a fait cette affiche et tout. Il y a écrit « en savoir plus sur le site ». Après il y a les crédits aussi.

Cette affiche a été faite par une agence de graphistes et a été commanditée par l’Obser-vatoire de Paris qui est un pôle de recherches qui veut promouvoir la recherche en Île-de-France. Il travaille avec 19 labos qui travaillent sur l’astronomie et les conditions de l’apparition de la vie. Ce sont des recherches peu connues du grand public. Je ne sais pas si ce sont des choses qui vous intéressent, on étudie ça un peu en SVT au collège ?

1 : Non, on fait la reproduction en SVT. Enfin, d’un côté c’est un peu la même chose que l’ap-parition de la vie.

On connaît tous plus ou moins mais on n’est pas sensibilisés à la recherche en Île-de-France. Donc le but de l’observatoire de Paris, via cette campagne de communication, est de faire connaître les recherches, de dire qu’elles existent et de capter l’attention du public pour que peut-être ils aillent chercher à en savoir plus. Je trouve que vous avez très bien identifié le fait que les planètes ne sont pas comme ça, dans la vraie vie. Le but n’est pas de montrer la vérité scientifique exacte, mais c’est un côté « rigolo » de se dire que nous, on peut se représenter les planètes comme ça, c’est marrant de pouvoir les imaginer un peu comme on veut. Ça donnerait peut-être plus envie d’aller voir plutôt qu’une belle affiche de nébuleuse comme on en connaît plein.

Page 16: L’ASTRONOMIE SE LA RACONTE · 2019-06-12 · L’astronomie se la raconte 2014 Conception 3 scientifique. En plus de ça, pendant l’événement qui a eu lieu fin mai 2014, ils

16L’astronomie se la raconte — 2014 — Réception

2 : Oui en plus, les phobies des visions galactiques ça existe. J’ai une amie qui ne peut pas du tout regarder des photos réalistes de galaxies ou planètes et tout, ça lui fait trop peur. Si elle voit ça, elle part en courant. Alors que là sur l’affiche comme ce n’est pas réaliste ça va. C’est vrai que ce n’est pas très agréable de se retrouver face à ce genre de choses.1 : En fait quand on voit un truc vraiment sérieux, vraiment réaliste, on se dit qu’on ne va rien apprendre, alors que là on a l’impression qu’on va apprendre des choses.

Que pensez-vous des choses qui sont affichées en dessous des planètes ?

2 : Les numéros des planètes face à leur numéro. En fait je me demande si ce ne sont pas toutes des planètes habitables ou simplement des planètes que l’on a trouvées.

Ce n’est pas vraiment leurs noms. C’est un peu la mode de l’ « hashtag », et donc là ce ne sont pas des planètes vraiment réalistes.

1 : Oui mais du coup on se demande à quoi servent les nombres, pour ceux qui le voient comme ça, qui ne vont pas approfondir. On se dit que si ça se trouve c’est leurs noms. Dans le métro je ne me dis pas « Ah ils n’ont pas trouvé de noms donc ils ont mis ça. » Le hashtag, je fais le lien avec les réseaux sociaux.2 : Pas moi. 1 : Mais sinon il faut comprendre qu’elles n’ont pas de noms ces planètes, donc on met des numéros.

Ces planètes ont des noms mais très scientifiques. Ce sont des noms compliqués et comme le but n’est pas de montrer les sciences exactes compliquées, mais de détourner cette recherche pour la faire découvrir au grand public, c’est pour cela que l’on a choisi de ne pas mettre leurs noms ici.

2 : Oui parce qu’on est des humains moyens ignorants. (rires)

J’aimerais bien qu’on reparle de la grosse phrase « exo planète, détectez-les toutes ».

2 : Ça pourrait être comme un atelier, un jeu.1 : Oui ça fait penser à un jeu, ça pourrait être cool.2 : Comme une chasse aux trésors.1 : Un jeu où il faut chercher les planètes

Cela fait un peu référence à pokémon : « Pokémon, attrapez-les tous ».

1 et 2 : Ah ouiiiii !!!!2 : Oui c’est plus ludique, ça pourrait être pour les enfants. Je ne sais pas, il y a les dessins enfantins, le slogan pour petits, tout s’explique !1 : Ça ne nous sautait pas du tout aux yeux au départ.

C’est là en en parlant un peu… ?

Page 17: L’ASTRONOMIE SE LA RACONTE · 2019-06-12 · L’astronomie se la raconte 2014 Conception 3 scientifique. En plus de ça, pendant l’événement qui a eu lieu fin mai 2014, ils

17L’astronomie se la raconte — 2014 — Réception

1 : Ah oui vraiment moi ça ne m’aurait pas sauté aux yeux, pour moi c’était plus pour les adultes.

Ce n’est pas nécessairement une affiche pour les enfants, ils cherchent à toucher le grand public. Si on reprend la référence de Pokémon, ma génération connaît bien, et du coup la génération de mes parents aussi, et on voit bien que vous aussi. Maintenant que l’on a dit ça, que pensez-vous de la deuxième phrase, par rapport à la première ? Quand vous regardez cette affiche êtes-vous attirées par les planètes, certainement par la pre-mière phrase, et ensuite, que pensez-vous de la deuxième phrase ?

2 : Ça retient l’attention comme ça on peut lire la suite. Ce n’est pas genre on lit un mot puis on arrête de lire.1 : La première phrase est plutôt rigolote, c’est le slogan, pour nous accrocher, et la deuxième phrase est plus sérieuse, on dirait que c’est dit avec une voix austère, comme si c’était grave.

Vous permet-elle aussi de comprendre qu’on ne parle pas d’un jeu vidéo mais de quelque chose de scientifique ?

1 : Oui on voit que c’est quelque chose de sérieux. La mise en place des phrases est bien faite parce qu’on lit tout de suite que c’est sérieux. Notre regard se dépose direct sur cette deuxième phrase.2 : Ça semble pertinent d’avoir choisi cette disposition.

J’aimerais maintenant revenir sur l’application flashcode.

2 : Oh moi je voudrais la télécharger tout de suite. Allons-y. Je vais « flashcoder » l’affiche.1 : Moi je pense que les gens ne vont pas oser faire ça dans le métro. Ils se soucieront trop du regard des autres je pense.2 : Oui, ils iront plutôt sur le site internet s’ils sont intéressés. Si moi je vois une publicité que j’aime, je n’oserai pas. Par exemple, l’autre jour j’ai vu une publicité d’Anne Sylvestre, je voulais la montrer à ma mère mais je n’ai pas osé la prendre en photo.

Imaginons que vous utilisiez le flashcode. Si vous vous retrouvez face à un texte scien-tifique qui explique ce que sont ces exoplanètes, comment réagiriez-vous ?

2 : Moi je vais le lire.1 : Personnellement moi non. Quand c’est trop scientifique, quand il y a trop de mots que je ne comprends pas, non. La plupart des mots, quand c’est scientifique, je ne les comprends pas.

Et si c’est simple ?

1 : Oui si c’est simple oui. Les exoplanètes ne sont pas mon centre d’intérêt mais je suis vrai-ment très curieuse donc oui je le lirai si c’est un texte assez simple à lire.2 : Moi c’est sûr que oui, quand j’ai commencé quelque chose je finis. Si je l’ai flashcodé ce n’est pas pour pas le lire. Je n’ai pas affronté le regard des autres en flashcodant dans le métro sans terminer.

Page 18: L’ASTRONOMIE SE LA RACONTE · 2019-06-12 · L’astronomie se la raconte 2014 Conception 3 scientifique. En plus de ça, pendant l’événement qui a eu lieu fin mai 2014, ils

18L’astronomie se la raconte — 2014 — Réception

Si on revient sur l’exposition qui va avoir lieu sur les Berges de Seine, il y a un macaron sur ces affiches, comme je vous le disais. En fait il y a 18 affiches qui ont été créées, 18 affiches de cette même campagne mais des affiches différentes. L’Observatoire de Paris a demandé à l’agence de graphisme de représenter un travail de recherche par affiche. 18 travaux de recherches donc 18 affiches. Il y a la même charte graphique mais pas le même slogan. Elles sont à peu près construites de la même manière et on retrouvera ces affiches sur les Berges de Seine pour l’exposition. Il y aura toutes les affiches, avec des explications des affiches, des explications de ces travaux de recherches etc.

2 : Oui je pense que je dirais bien genre « tiens, je ne sais pas quoi faire dimanche, et si on al-lait faire l’exposition ? ». Moi je le ferais. Il faudrait convaincre mes parents mais oui je pourrais essayer ça me dirait bien.1 : L’astronomie c’est lourd, moi je ne sais pas. Non je n’irai pas.2 : Je t’y traînerai. (rires)2 : Va-t-on voir ces affiches à Paris dans le métro prochainement ?

Oui elles y sont déjà, vous pouvez déjà les voir. Merci beaucoup à toutes les deux.

Page 19: L’ASTRONOMIE SE LA RACONTE · 2019-06-12 · L’astronomie se la raconte 2014 Conception 3 scientifique. En plus de ça, pendant l’événement qui a eu lieu fin mai 2014, ils

19L’astronomie se la raconte — 2014 — Médiation

La campagne de communication ici choisie dans le cadre de l’éducation à l’image, est une campagne menée par l’Observatoire de Paris, initialement imaginée par la région Île de France sous l’intitulé « L’astronomie se la raconte ». L’Observatoire de Paris rassemble 19 laboratoires du DIM ACAV (Domaine d’Intérêt Majeur en Astrophysique et Conditions d’Apparition de la Vie) pour faire connaître la recherche en astrophysique en Île de France au grand public, même aux personnes n’y portant pas d’intérêt particulier. L’objectif principal est donc de sélectionner les thèmes majeurs de recherches des laboratoires et de créer une affiche pour chacun de ces thèmes. Dix-huit affiches ont été imaginées puis montrées au grand public pendant un mois dans 550 emplacements publicitaires dans les rames de métro et RER. En plus de ce choix de communication, l’Observatoire de Paris a également décidé d’organiser une exposition sur les berges de Seine et a également mis en ligne un site internet propre à la campagne http://www.lastronomieselaraconte.fr.

Dans un premier temps, nous avons pu appréhender les réactions et interprétations person-nelles des collégiennes interrogées. Leur première réaction fut l’incompréhension face à cette image et les signes que celle-ci renvoie. En effet, elles ont tout de suite cherché à analyser le but de l’affiche car ça ne leur sautait pas aux yeux. Avant même de décrire leurs simples res-sentis face à cette image, elles cherchaient à en trouver le rôle, l’objectif. Par exemple, l’une des deux collégiennes a écrit sur sa fiche « cela ressemble à une affiche de sensibilisation ou pour une exposition ». Donc, sans même évoquer les illustrations ou ce qu’elle voit et ce à quoi cela peut la renvoyer, elle a l’impression de ne pas pouvoir interpréter « correctement » cette affiche.

On comprend alors les réactions qu’ont ces collégiennes face aux signes qu’elles ont l’habi-tude de voir. Mais il faut aussi se remettre dans le contexte : elles sont en situation de focus group, dans le cadre d’une expérience étudiante. Elles réagissent donc d’une certaine ma-nière, qui n’est peut-être pas la même que si elles avaient réellement découvert cette affiche dans le métro. Ainsi, elles se questionnent sur le but précis de cette affiche. Leurs premières idées vont alors vers une campagne de demande d’aide ou de soutien. Elles pensent en effet que l’organisme mis en avant sur cette affiche réclamerait de l’aide auprès du public visé. On constate alors leur habitude à recevoir des informations de ce type : elles ont l’habitude de voir des publicités qui poussent à l’achat ou tendent à demander de l’aide, réclamer un soutien. Enfin, ces deux collégiennes notent également dès le début une différence entre cette affiche et celles qu’elles ont l’habitude de voir dans le métro. Elles trouvent celle-ci plus ludique, colo-rée, et moins publicitaire. Elles trouvent cette affiche sérieuse comparée aux autres, elles ne comprennent pas ce que vise cette communication mais réalisent que c’est quelque chose de sérieux et qui ne sert pas à vendre quoi que ce soit.

ANALYSE ET SYNTHÈSE DES MÉDIATEURS

Page 20: L’ASTRONOMIE SE LA RACONTE · 2019-06-12 · L’astronomie se la raconte 2014 Conception 3 scientifique. En plus de ça, pendant l’événement qui a eu lieu fin mai 2014, ils

20L’astronomie se la raconte — 2014 — Médiation

Cette expérience démontre donc les habitudes de réception de l’image de ces collégiennes : elles n’ont pas l’habitude de voir des images liées au savoir, à l’enseignement, à la recherche et non à quelque chose de commercial par exemple. Cela les a donc portées à confusion et elles se sentaient perdues face à ces images inhabituelles.

Dans un deuxième temps, nous avons noté que le point paradoxal essentiel qui anime cette campagne est le décalage certain entre la volonté de l’Observatoire de Paris, et ses choix dans ses moyens de communication. Son but était en effet de mener une campagne de communica-tion à l’image des campagnes publicitaires qui poussent le consommateur à choisir et acheter produits et services, alors que son objectif était simplement d’informer le citoyen.

En effet, comme développé dans l’entretien avec l’équipe de diffusion, le rôle premier du dé-partement de communication de l’Observatoire de Paris est la diffusion des connaissances. La recherche élaborée par l’Observatoire étant financée par l’argent du contribuable, le pôle communication de l’Observatoire se donne pour mission première de montrer à la plus grande majorité des publics le résultat des recherches et de partager et diffuser ces connaissances acquises avec l’ensemble des citoyens qui les financent. Cependant, on note que les moyens de diffusion choisis sont ceux qui sont propres à la commu-nication d’informations qui recherchent un apport lucratif et d’autre part, ne ressemblent pas à ceux qui chercheraient à diffuser des informations pédagogiques avec une rigueur scientifique. En effet, L’Observatoire de Paris a choisi de financer une campagne diffusée par la RATP afin que cette dernière puisse s’inscrire au sein du réseau du métro parisien. Les affiches sont dis-posées à des emplacements publicitaires : espaces habituellement investis par des marques et grandes entreprises qui cherchent à vendre des produits et des services à l’ensemble des per-sonnes qui empruntent le métro. Outre le choix de l’espace choisi pour diffuser la campagne, l’équipe de diffusion a émis, auprès de l’équipe de production, la volonté de créer des slogans « légers » et humoristiques sur le modèle de marques qui vendent des services et des biens tel que le site de rencontre www.adopteunmec.com. À cela s’ajoute un visuel ludique qui attire l’œil.

Cela démontre bien que la campagne a quelque part « calqué » les signes d’un système de communication qui est propre au domaine de la publicité qui cherche à vendre, séduire, et convaincre ; mais ici uniquement dans le but d’attirer l’attention d’une vaste cible (l’ensemble des personnes qui empruntent le métro) afin de diffuser des connaissances scientifiques, sans vouloir vendre un bien ou un service.

L’analyse du circuit de la culture et de ses parties prenantes permet ainsi de dire que le groupe des récepteurs a été déstabilisé concernant le but premier de l’image en raison de son empla-cement choisi par les diffuseurs, accompagné par l’ensemble des composantes de l’affiche. En effet, les producteurs ont créé une image qui, par l’ensemble de ses caractéristiques et signes (sa phrase d’accroche humoristique, son design épuré et ludique, son QR…) utilisent les codes de certaines publicités actuelles qui misent sur l’humour et l’aspect « tendance » pour attirer l’attention du public. D’autre part, les diffuseurs eux, ont choisi pour l’image des emplacements d’habitude prisés par les marques afin de vendre des produits et des biens à l’ensemble des

Page 21: L’ASTRONOMIE SE LA RACONTE · 2019-06-12 · L’astronomie se la raconte 2014 Conception 3 scientifique. En plus de ça, pendant l’événement qui a eu lieu fin mai 2014, ils

21L’astronomie se la raconte — 2014 — Médiation

personnes qui empruntent le métro. Le groupe des récepteurs a donc été déstabilisé, ayant l’habitude et la croyance de voir à ces emplacements donnés des publicités pour la vente de biens et de services.

Il est intéressant donc de noter que l’image acquiert une certaine visibilité auprès du public, grâce aux codes et signes qu’elle présente et à la façon dont elle est exposée. Ce moyen de diffusion emprunte les techniques publicitaires, tout en voulant diffuser non pas un bien ou un service, mais les connaissances produites par les laboratoires de recherche en astronomie d’Île-de-France. Il semble donc que les équipes de création et de diffusion ont mis à profit les habitudes et la lecture habituelle des signes par les récepteurs au sein du métro afin de donner de la visibilité à une image, et donc de pouvoir à long terme diffuser le travail élaboré par les laboratoires. Il semble clair que ce document visuel attire l’œil du récepteur et l’interroge en raison de ses composantes et de son emplacement, mais il semble moins certain que le mes-sage de diffusion de connaissances soit perçu par l’ensemble des publics en raison de leurs habitudes face à la lecture des signes et symboles dans cet espace de diffusion.

Page 22: L’ASTRONOMIE SE LA RACONTE · 2019-06-12 · L’astronomie se la raconte 2014 Conception 3 scientifique. En plus de ça, pendant l’événement qui a eu lieu fin mai 2014, ils

22L’astronomie se la raconte — 2014 — Synthèse et tableau comparatif

01L’item et son contexte

La campagne de communication ici choisie dans le cadre de l’éducation à l’image, est une campagne menée par l’Observatoire de Paris, initialement imaginée par la région Île de France sous l’intitulé « L’astronomie se la raconte ». L’Observatoire de Paris rassemble 19 laboratoires du DIM ACAV (Domaine d’Intérêt Majeur en Astrophysique et Conditions d’Apparition de la Vie). Dix-huit affiches ont été imaginées puis montrées au grand public pendant un mois dans 550 emplacements publicitaires dans les rames de métro et RER. L’Observatoire de Paris a également mis en ligne un site internet propre à la campagne www.lastronomieselaraconte.fr.

02Communauté de production

Agence Multimédia Sorbonne, Athitaya Hennard, Millie Servant, Philippe Keang et Ben-jamin Bartholet. Les consignes étaient d’imaginer des affiches qui attirent l’oeil, de créer un graphisme qui d’habitude ne fait pas référence à l’astrophysique afin de toucher un large public. L’agence utilise alors l’illustration pour créer les affiches afin de ne pas avoir recours à des images scientifiques et rendre plus accessible la campagne. Chaque affiche comporte égale-ment une accroche faisant référence au thème de recherche dont l’affiche est dédiée ; le but de l’accroche est d’être en décalage avec l’illustration, de faire référence à des choses connues telles qu’un dessin animé, une expression, une recette de cuisine… De cette manière l’atten-tion du public est captée par ce qu’il connaît et peut s’interroger sur le sens même de l’affiche.

03Communauté de diffusion

Sabrina Thiery, Directrice de la direction de la communication de l’Observatoire de Paris.L’affichage dans les rames mêmes de métro est un réel choix. En effet, pour Sabrina Thiery, di-rectrice de la communication de l’Observatoire que nous avons rencontrée, ces emplacements sont sous nos yeux lors de nos trajets quotidiens. L’objectif ici était donc de forcer la rencontre entre l’usager du métro et les affiches, de plus, le fait qu’elles se trouvent à l’intérieur même de la rame permet de les observer avec attention au lieu d’y jeter un rapide coup d’oeil comme si elles étaient situées dans les couloirs du métro.

SYNTHÈSE ET TABLEAU COMPARATIF

Page 23: L’ASTRONOMIE SE LA RACONTE · 2019-06-12 · L’astronomie se la raconte 2014 Conception 3 scientifique. En plus de ça, pendant l’événement qui a eu lieu fin mai 2014, ils

23L’astronomie se la raconte — 2014 — Synthèse et tableau comparatif

04Communauté de réception

Deux collégiennes en 4e de l’établissement Claude Bernard dans le 16e arrondissement de Paris. On constate que les deux jeunes filles comprennent très bien par l’illustration que le but de l’affiche n’est pas de nous apporter une connaissance scientifique très précise, elles trouvent que l’affiche est originale pour aborder l’astronomie, de plus elles la trouvent bien plus pertinente que de nombreuses affiches qu’elles voient dans le métro. Concernant l’accroche, malheureusement, les collégiennes n’ont pas fait le lien avec le dessin animé « Pokémon » au-quel elle fait référence ; elles n’ont donc pas été interpellées par un signe qu’elles connaissaient et se sentaient perdues quant au but de cette affiche. L’une d’entre elles a néanmoins dit être intéressée par l’exposition sur les berges de Seine et toutes les deux disaient être intéressées pour lire l’article faisant référence à l’affiche sur le site internet (si elles osent flasher le QR code en public).

Page 24: L’ASTRONOMIE SE LA RACONTE · 2019-06-12 · L’astronomie se la raconte 2014 Conception 3 scientifique. En plus de ça, pendant l’événement qui a eu lieu fin mai 2014, ils

24L’astronomie se la raconte — 2014 — Synthèse et tableau comparatif

Item

s si

gnifi

ants

décl

arés

lors

de

l’ent

retie

nde

pro

duct

ion

Com

posa

ntes

inte

rpré

tées

du

doc

umen

t vis

uel

Item

s si

gnifi

ants

décl

arés

lors

de

l’ent

retie

n de

diff

usio

n

Item

s si

gnifi

ants

décl

arés

lors

de

l’ent

retie

n de

réce

ptio

n

Item

s si

gnifi

ants

méd

iés

par l

e m

édia

teur

LE S

UPP

OR

TSu

ppor

t affi

che

:un

e de

man

de d

u cl

ient

.

Volo

nté

de to

uche

run

pub

lic d

e pa

ssag

e,pa

s pa

rticu

lière

men

t int

éres

par l

a re

cher

che

scie

ntifi

que.

Cam

pagn

e pr

évue

dan

sle

s ra

mes

du

mét

ro e

t RER

.

Hab

ituel

pou

r le

mét

ro c

ar

ce s

ont d

es p

ublic

ités

qui s

e tro

uven

t hab

ituel

lem

ent d

ans

ces

empl

acem

ents

.

Les

collé

gien

nes

n’ay

ant p

as

vu le

s af

fiche

s, le

méd

iate

ura

dû le

ur fa

ire p

rend

reco

nnai

ssan

ce d

e la

cam

pagn

e.

LE D

ESIG

N

Illus

tratio

n lu

diqu

eet

hum

oris

tique

On

chan

ge le

s co

des

habi

tuel

s po

ur p

arle

r de

la re

cher

che

scie

ntifi

que.

Volo

nté

de s

’élo

igne

rd’

une

imag

e tro

p sc

ient

ifiqu

e.Il

attir

e l’œ

il. O

rigin

alpo

ur a

bord

er a

stro

nom

ie.

Pas

beso

in d

’act

ion

de m

édia

tion.

LE T

EXTE

Phra

se d

’acc

roch

e :

hum

our.

Attir

er le

pub

lic.

Attis

er l’

atte

ntio

nde

l’us

ager

du

mét

ro à

trav

ers

des

code

s co

nnus

.

Volo

nté

d’at

tirer

le p

ublic

avec

un

slog

an p

ublic

itaire

(cf.

Adop

teun

mec

.com

)

Ne

com

pren

nent

pas

les

réfé

renc

es e

t l’h

umou

rde

la p

hras

e.

Le m

édia

teur

a g

uidé

le fo

cus

grou

p po

ur te

nter

de c

ompr

endr

e le

sen

s de

ce

tte a

ccro

che,

en

vain

.

LE C

ON

TEN

ULe

s no

ms

ne s

ont p

as

les

nom

s ré

els

des

plan

ètes

.Ré

fére

nce

au h

asht

aget

aux

rése

aux

soci

aux.

L’af

fiche

n’e

st p

as là

pou

r fai

re

preu

ve d

e rig

ueur

sci

entifi

que.

Beso

in d

u m

édia

teur

pou

r fa

ire le

lien

. Ne

sem

ble

pas

perti

nent

pou

r le

focu

s gr

oup.

Pens

ent q

ue c

e so

nt le

s no

ms

scie

ntifi

ques

. Ne

font

pas

le

lien

avec

les

rése

aux

soci

aux.

LE Q

R C

OD

E Il

perm

et d

’alle

r sur

le s

ite.

Util

iser

les

nouv

eaux

supp

orts

de

com

mun

icat

ion

pour

alim

ente

r la

cam

pagn

e de

com

mun

icat

ion.

Com

pren

nent

le b

ut, m

ais

dise

nt n

e pa

s fo

rcém

ent o

ser

scan

ner l

e Q

R en

pub

lic.

Visi

bilit

é du

site

: di

ffusi

onde

s co

nnai

ssan

ces.

LE S

TIC

KER

La p

astil

le p

our l

’exp

ositi

ones

t une

com

man

de d

u cl

ient

.

Élém

ent p

resq

ue d

istin

ctde

l’af

fiche

. Ajo

ute

une

info

rmat

ion

supp

lém

enta

ire.

Il pe

rmet

au

focu

s gr

oup

de d

onne

r un

sens

à l’

affic

he.

Visi

bilit

é de

l’év

énem

ent

sur l

es B

erge

s de

Scè

ne.

LES

LOG

OS

Ne

com

pren

nent

pas

l’ob

ject

if de

diff

usio

n de

l’af

fiche

.C

omm

ande

du

clie

nt.

Visi

bilit

é de

l’O

bser

vato

ire,

com

mun

icat

ion

de la

rech

erch

e.