La Table Ronde Du Roi Arthur Bertin, Georges

7/28/2019 La Table Ronde Du Roi Arthur Bertin, Georges

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LA TABLE RONDE

DU ROI ARTHUR

Georges Bertin

Anthologie


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"LES ARMES DU CHEVALIER"

Damoiselles, Gentils Sires, Gentes Dames et Preux

Chevaliers,

Ds l'antiquit, les guerriers ont eu l'habitude de peindre

ou sculpter des emblmes sur leurs boucliers ou leurs

cuirasses, mais ces ornements, vaguement symboliques,

n'avaient aucun caractre exclusif, permanent ou

hrditaire.

Au XIIme sicle, les chevaliers avaient la figure cache parun heaume perc seulement de minces fentes hauteur

des yeux.

Comme il tait alors impossible de les reconnatre, ils

prirent l'habitude de peindre sur leur bouclier une figure,

toujours la mme, qui, dans la seconde moiti du XIIme

sicle, eut une tendance de plus en plus marque devenir

hrditaire : elle symbolisa d'abord celui qui se l'tait

attribue, puis ses possessions, et ensuite sa famille.

Il est gnralement admis par les chercheurs que les

Armoiries apparaissent entre la Loire et la Meuse au dbut

du XIIme sicle et que leur diffusion s'est opre dans la

pratique des tournois, o s'affrontaient des quipes de

plusieurs dizaines de personnes.

Pour les croisades, des centaines de milliers de

combattants doivent s'organiser pour mener une action

militaire commune, sans ngliger leur cohsion nationale.

Les forces en prsence ont besoin d'une identification

rapide et prcise des guerriers et de leurs nations.


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Aprs l'amplification de cette mode par les Croiss,

l'Hraldique, la science des armoiries, cessa d'tre utilise

uniquement par la noblesse et la chevalerie. Au cours des

trois sicles suivants, le Blason se prcisa selon des rglesde plus en plus strictes, pour atteindre sa plus grande

perfection la fin du XVme sicle. Au XVIme sicle les

souvenirs de l'antiquit, mis en honneur par la

Renaissance, portrent au Blason un prjudice sensible, et

les Rvolutionnaires de 1792, on peut les comprendre,

voyant dans le Blason un symbole du pouvoir

aristocratique, ont dtruit une grande partie du patrimoinehraldique franais.

L'Hraldique a un style particulier, synthse de concision,

d'expression et d'esthtique, rpondant au besoin

fondamental d'une perception distance sans quivoque,

et d'une comprhension rapide. Pour ces impratifs on a

d'abord recours au contraste entre couleurs claires et

couleurs fonces. Puis, afin de multiplier les possibilits de

distinction, on ajoute des figures, dont l'efficacit repose

sur la clart de leurs contours, voire sur l'exagration de

certains dtails, tels que les griffes d'un lion, le bec ou les

serres d'un aigle, les cornes d'un taureau.

La forme des armoiries est le plus souvent tributaire d'une

base triangulaire dcoulant de l'cu mdival. Bon nombred'Armoiries nous sont parvenues sans couleur : c'est le cas

de la plupart des blasons figurant sur les sceaux, le

mobilier, les tombeaux, les difices. Mais les armoriaux

nous permettent de connatre les coloris employs. On

appelle mauxles teintes utilises dans le Blason.

Lesmaux

se divisent en trois catgories :- les mtaux, savoir l'or ou jaune, l'argent ou blanc.


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- les couleurs :le bleu qui est dit azur

le rouge qui est dit gueules

le vert qui est dit sinoplele noir qui est dit sable

le violet qui est dit pourpre

- les fourrures qui sont des maux composs,comprennent : l'hermine, le vair et leurs drivs.

L'Hermine hraldique doit sa silhouette stylise au faitque l'on accrochait aux vtements mdivaux des queues

d'hermine au moyen de trois pingles disposes en croix.

Le Vair est constitu par le dos et les pattes d'cureuilsdoublant le manteau des personnalits. Pour l'anecdote,

quand Cendrillon va au bal, et qu'elle perd son soulier de

Vair, elle est effectivement chausse de chaussures en

peau, mais au fil du temps, raconter que Cendrillon porte

des souliers en peau d'cureuil ne va pas faire plaisir aux

enfants, et les imprimeurs criront " verre ", ce qui, mme

dans un conte de fes, semble peu adapt pour aller

danser.

Et puis il y a les Figures : elles sont innombrables, mais enEurope quatre figures ont connu un immense succs : la

Croix, l'Aigle, le Lion et la Fleur de Lys. Le Lion est le

reprsentant le plus rpandu, le plus ancien et le plusstylis de la faune hraldique. Sa tte estobligatoirement

de profil, faute de quoi il devient un lopard.

Et j'en arrive au but essentiel de ce travail, qui est de

rendre hommage au bel ouvrage de notre Gente Dame

Jeanine, qui a confectionn ce baudrier que je porte.


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A l'poque o j'tais compagnon, je n'ai pas eu beaucoup

de temps pour penser au blason qui devait orner ce

baudrier, et c'est tant mieux ! Gente Dame Jeanine m'a

propos par tlphone de me choisir un motif hraldiqueet je sais qu'une muse bnfique a guid sa main.

Ces armoiries se lisent ainsi : " de gueules l'pe d'or,

flanqu en sautoir d'argent au lopard de sable"

Le lopard, mammifre le plus rapide sur terre quand il

attaque sa proie, cela me convient trs bien, enfin cela meconvenait bien, quand j'avais 18 ans, aujourd'hui ayant

chang de profil, peut-tre qu'un gros ours serait plus

adquat ! Mais ceux qui me connaissent savent que j'ai

toujours 18 ans dans ma tte ! Et puis il y a l'pe d'or, quel

symbole !

Gentes Dames et Chevaliers de La Table Ronde du RoiArthur, nous sommes impatients d'une humanit o

auraient disparu : la peur, la haine et l'agressivit. Mais en

attendant cette humanit meilleure et plus claire, le vrai

chevalier doit avoir au fourreau une pe d'or, droite et

pure, car, comme le Samoura, s'il se sait arm, il ne

connat plus la peur, il n'a plus d'agressivit, mais il peut

remplir son devoir de protger le faible et l'opprim.

Damoiselles, Gentils Sires, Gentes Dames et Preux

Chevaliers, j'ai dit.

Travail de Daniel de SMET

Chapitre d'hiver de l'O.T.R.

Le Dimanche 16 dcembre 2007


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ARTHUR

Arthur, nous prvient demble le grand historien Martin

Aurell1, hante limaginaire des hommes et des femmes qui

entretiennent le souvenir de ses aventures .

La lgende dArthur sinscrit dabord ans un contexte

panceltique, non spcifiquement de Petite Bretagne. En

effet, on situe le berceau de la civilisation celtique vers2000 avant JC en Europe centrale (Bavire) et cest partir

du 1er millnaire que les celtes ont progressivement

occup toute lEurope et arrivent en Grande Bretagne

entre les 2me et 7me sicles avant JC. Les romains

occuperont lIle de 43 + 383 aprs JC. Cest lpoque des

invasions saxonnes et de laffirmation dune forte identit

galloise. A cette poque nous disent les contes, un chef de

guerre nomm Arthur bat les Saxons au Mont Badon (500),

poque o meurt Saint David, patron du Pays de Galles, (en

589).

.Limagination populaire en a fait un grand roi, ce qui

semble anachronique pour Alban Gautier2 car les textes les

1Aurell Martin,La lgende du Roi Arthur, 550-1250. Paris, ditions acadmiques Perrin, 2007, 632 p.

2Gautier Alban,Arthur, Ellipses, Paris , 2007.


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plus anciens le mentionnent comme un chef de guerre, un

soldat, sans plus. Quant aux seuls textes historiques

contemporain que nous ayons au 5me sicle, ils nen disent

rien. Avec Arthur, la lgende est donc ellemme un objet

historique puisquelle contribue crer un hros, comme

les ntres les socits mdivales fonctionnent avec une

grande part dimaginaire, lequel vient rencontrer quelques

lments de la ralit pour constituer un mythe soit un

systme de symboles agencs en rcit. Quen est-il donc du

roi Arthur ?

Lgende.

Il y a le lgendaire roi Arthur, n de lunion illgitime

dUter Pendragon et de lpouse du duc de Cornouailles,

surprise grce un stratagme de Merlin, lequel lvera le

futur roi en retrait et dans lanonymat. Tout un chacun

connat lpisode de son accession la vie publique. Encore

cuyer, une nuit de Nol, il parvient arracher lperoyale de lenclume (ou du perron) et reconnu comme roi,

ralliera lui les tribus de Grande Bretagne, pisode

directement emprunt au folklore irlandais qui voulait que

les rois insulaires soient acclams sur la pierre de

souverainet, la pierre de Fail qui crie dans la nuit. Aprs


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avoir fond la Table Ronde, le plus ancien ordre

chevaleresque du monde vou la qute du Saint Graal,

vaincu nombre dennemis dans douze batailles dont,

oppos aux Saxons (la plus clbre tant celle du Mont

Badon), il sort victorieux, il finira, tu par Mordred le fils

incestueux quil avait eu de sa sur Morgane. Transport

par les fes en lIle dAvalon, il doit en revenir pour

apporter la paix ce monde troubl. Encore y est, bretons

lattendent, crivait Rober Wace, le vieux trouvre anglo-

normand.

Mais comment comprendre son immense popularit ?

Histoire et historiographie.

Aprs le sac de Rome, en 410, et la perte dinfluence des

romains qui en rsulta, la Mer dIrlande devint de fait le

centre dune nouvelle culture do merge une fore

originale de chrtient dite insulaire (cf.la figure de saintPatrick). Aux 6me et 7me sicles, les moines irlandais,

tel saint Columba, tablirent leurs monastres de part et

dautre de lEcosse encourags par le pape Honorius. La

chrtient sorganise alors autour des abbayes face une


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glise organise autour des vques. Bientt considre

comme anarchique, elle fut dtracte et dtruite.

Le gallois est la langue celtique la plus vivace, elle contient

deux dialectes, Nord et Sud, et les textes les plus

intressants sont ceux des 12me -15me sicles. On y a

trouv nombre de toponymes mentionnant Arthur.

Pour retrouver sa figure, il convient donc dexplorer deux

sources, les galloises et les latines do driveront les

crits lgendaires anglo-normands. Elles sont, bien

entendu, en interaction constante.

Littrature galloise.

Cest l que lon est le plus proche du folklore celte, de la

tradition populaire proprement dite, les plus anciens crits

datent du 6me sicle, ils sont rdigs en gallois mdival

car, ds le 5me sicle, on y trouve trace de posie.

Les Bardd. Pour le professeur Martin Aurell, les bardd, au

6me sicle, participent du combat contre les envahisseurs

britanniques, ce sont des conteurs professionnels,

dorigine nobiliaire ou druidique connus pour leur

mmoire et leurs performances orales. Ils forment une


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caste hrditaire. Initis au sein de leurs familles, ce sont

de vritables conservatoires des mythes celtes, la fois

potes, gnalogistes, conteurs. On distingue deus

catgories : le pencerdd qui chante avant les autres et le

widdconteur plus que pote. La posie hroque de Galles

est le fait des cynfeirdd, potes anciens, dont le plus connu

est Talisin, barde (534-599), du roi de Powys, Brachfol.

Au 19me sicle, Alfred Tennyson en fera le barde officiel

dArthur en sa cour.

En 570, Mynyddog Mwynfawr, le riche chef des Gododdin,

attaque les Angles dans le Sud et met le sige devant

Caireth, ce sera une catastrophe. Sur trois cent soixante

trois guerriers, un seul survcut. Pour les lancer

lattaque, le roi avait runi les chefs des tribus britanniques

pendant un an, les conviant festoyer dans son chteau,

Din Eidyn. En souvenir le barde Anairin (un des cinqgrands bardes mentionns par Nennius, le premier

historien latin qui mentionnera Arthur) compose les

Gododdin, pope lgiaque consacr aux hros de la

bataille, un des premiers crits gallois. On en conserve, en

1250, le livre dAneirin. Le strophe 102 y fait mention


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dArthur, parangon du combattant. Diverses interpolations

ont vu le jour, et le pome a influenc la littrature galloise

du Moyen Age aux romantiques.

Les Mabinogii ou Mabinogion, de Mab : (mot gallois pour

fils ou garon), soit Les contes de la jeunesse rendent

compte de deux collections de contes. Il sagit dun cycle de

lgendes galloises collectes sur le terrain. Cest un des

chefs duvre de la littrature mondiale labors partir

de rcits anciens dont :

Le Livre noir, Black book of Camarthen, copi Camarthen vers 1250, en terre galique, raconte des

histoires de hros de navigations, cest le plus

ancien.

Le White book of Rydderch de 1325 conserv Aberstwyth, crit labbaye de Santa Florida (Ystrad

Ffur) au royaume de Deheubarth pour Rhydderch ab

Lewan Llywd de Glyn Aeron Caerdigan, contient

aussi Les Mabinogion.

le Red Book of Hergest, dit en 1400, compilationde prose et de posie, dont le clbre Livre de Taliesin

dont un pome gallois en stances de 8 lignes, (The


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spoils of Annwyn), Preidden Annwyn, incomplet et

nigmatique, lequel raconte le voyage dArthur et de

ses compagnons Caer Siddi (le Sidhe, chteau des

fes) pour retrouver un mystrieux chaudron.

Caer Siddi apparat aussi dans un autre pome de Talisin,

cest un endroit o il ny a ni malheur ni chagrin et o les

souvenirs du pass naffligent pas celui qui y sjourne.

Trois instruments y jouent autour dun feu. Cest le sige

dune forteresse imprenable dont les angles sont entours

par la mer avec une fontaine inpuisable au dessus, leau y

est plus douce que le vin blanc. Rhiannon (ou Rigantona, la

grande desse) y rgne ave Prydin, son fils (le dieu

irlandais Cuchulainn). Ils sont associs avec les chevaux et

la mer. Dylan, fils de Aranrhol plonge dans la mer car il y

est n. Le fils de Llyr, Mamawydan est le dieu de la mer.

Cest un endroit o il ny a ni malheur, ni chagrin, et o les

souvenirs du pass naffligent pas celui qui y sjourne.Cest l que les lgendes porteront Arthur son dernier

souffle.

Tous ces rcits mettent en scne un chef de guerre

(Gereint, fils de Erbin, c'est--dire Arthur), chef des


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seigneurs associ aux chevaux, il est invincible. Ainsi

Arthur combat neuf ennemis la bataille. Chef des

seigneurs, il possde les objets sacrs : pe, lance,

bouclier, manteau, bateau, ainsi quun chien magique

Cavall qui tue lYskithrwynn et entretient une relation

avec lau-del. Il raconte les expditions dArthur sur son

navire Prydwinn pour prendre le chaudron dabondance,

un talisman gard par six mille guerriers dans une

forteresse quadrangulaire et en verre o Gwair est

emprisonne. Ils sagit dun rcit dimrara soit dune

navigation lappel dune fe pour sapproprier les

dpouilles de lAutre Monde.

Dans Qui est le portier ? un gardien rcalcitrant interdit

Arthur et ses compagnons dentrer. Sensuit un rcit

dexploits dont le fait davoir transperc Anglesey le

chat de Palug , anthropophage, qui se nourrissait des

cent quatre vingt guerriers de lle, on y trouve encore desmonstres tte de chien et des sorcires. On verra encore

le Chat de Palug apparatre dans Les Triades de lIle de

Bretagne (14me -17me sicles), courtes histoires

transcrivant des traditions orales, copies partir du

13me sicle, ainsi que dans Le roman des Franais (1155-


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1204), La suite Merlin (1230-1234). On y narre encore la

victoire du Mont Badon, reprise dans LHistoria Britonum,

o six cent guerriers prissent et o lon assiste au combat

de Ker et Llochaw, fils dArthur.

La seconde bataille de Mag Tured, (rcit galique ancien

irlandais traduit au 13me sicle), met en scne le combat

entre les Fomoire, et les Tuatha de Danan (fils de la desse

Ana) pour pntrer dans Tara, la mythique capitale de

lIrlande. Le Dieu Lug y dcline sa gnalogie et sous son

autre nom Samildanach (le matre des Arts et Mtiers),

dresse la liste des arts quil matrise.

Kulwch et Olwen est un rcit compos partir de

traditions orales, conte o le portier Gwelwyd Gavaelvowr,

engage la conversation. Il sagit dun conte tribal qui reflte

la vie du temps. Arthur y est un hros surnaturel qui passeun trait avec Kulwch. Il combat le gant Yspadaden, pre

dOlwen, et conquiert le chaudron dargent. Prsent dans

ces rcits comme le protecteur de lIle de Bretagne, il

dterre la tte de Bran, fils de Llyr, de la colline blanche de


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Londres et par son action pargne linvasion de lle et se

trouve en contact avec lAutre Monde.

La Chasse au sanglier Twrch Trwyth exploite le thme

de la chasse surnaturelle, et incarne la lutte de lOurs

(Arth) contre le sanglier, soit des guerriers contre les

druides. Celui qui sempare du sanglier conquiert vigueur

et souverainet (le sanglier est lanimal des druides). Il

sagirait aussi dallgories de rvoltes contre les normands.

Le sanglier ravage lle (Sud Galles) partir de lIrlande et

lhistoire symbolise le retour en 1081 de Grieffed ab

Cynon, roi Gwynedd, (Nord Ouest de Galles), exil par les

Normands quil combat victorieusement, ou de Grified ap

Rhys successeur du premier en rvolte contre Henri 1er

(1100-1135) roi dAngleterre. La figure dArthur

rassemble ici les gallois contre le sanglier, cest dire le roi

dAngleterre accus davoir tu son frre Guillaume leRoux.

Sources latines.

Il sagit dabord des Vitae sancti (vies de saints). Vers 100-

1130, cinq vies de saints copies dans le scriptorium de


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Marmoutiers (prieur bndictin de Dol de Bretagne

rattach St Florent de Saumur et dot par Wihenoc),

mentionnent Arthur et en Galles celles de saint Cadog,

saint Illtud, saint Carannog, saint Padern, et Glastonbury,

saint Gildas.

Le contexte de lpoque explique ces mentions

arthuriennes, en effet aux normands conqurants qui

imposent des saints trangers comme Augustin de

Cantorbry, les gallois ripostent avec leurs propres saints.

Ainsi, en 1107 -1130, le normand Urban (Llandalf)

encouragera la vie de saint Cadog pour faire valoir ses

droits sur son diocse. Nous avons donc affaire une

hagiographie de combat et dintrt o le roi Arthur

comme figure sacre joue bien entendu un rle politique

(Aurell, 2007).

Lhistorien Nennius disciple dElfoddw, Elvogadus, vquede Bangor (768-809), glise celte chrtienne, aurait

travaill pour le roi de Gwynedd, Merfyn Frych. Son

Historia Britonum est une compilation dcrits des 9me et

10me sicles et comprend :

prface,


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histoire de lIle,

gnalogie des rois bretons, (dont Arthur),

comput.

Il rserve un rle dexcellence aux celtes, descendants des

Troyens, et leur capacit de rsistance manifeste par la

prophtie dAmbrosius qui incarne lespoir breton.

Les Annales de Cambriae de 954 (la Cambrie, cest le pays

de Galles) sont une liste des gnalogies romaines,

compiles au 10me sicle Saint David, ville piscopale

du Dyfed, elles racontent les vnements de 454 954

dont la Bataille du Mont Badon, o Arthur porte la croix,

soutenu par Medwrad.

Geoffroy de Monmouth, issu dune famille dArmorique,

mort en 1155, aprs une carrire Oxford o il devient

magister, est membre du chapitre de Saint Georges fonden 1074 par le normand Robert dOilly. Il a pour prvt

Gautier, archidiacre dOxford qui lui aurait apport de

Britanniae un livre ancien en langue celtique. En 1151, il

est vque de Saint Asaph dans Nord Galles. Consacr

Cantorbry en 1152, il ne prendra jamais son sige vu


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lopposition dOwain, prince de Gwynned, aux rois anglais.

Familier de la trs haute aristocratie normande, il publie

l Histoire des rois de Bretagne -historia regum

britanniae - (1136-1137), ddie Robert de Gloucester,

seigneur de Caen, btard dHenri 1er Beauclerc. Il restera

attach Caen quil dira fonde par Keu, et Bayeux,

fonde par Bedoier, soit par deux lieutenants dArthur.

Robert soutient, contre le roi Etienne de Blois, le camp

angevin pendant la guerre civile de succession et donc

Mathilde lEmpresse , petite fille du Conqurant, pouse

en seconde noces de Geoffroy le Bel Plantegent.

On lui doit aussi Les prophties de Merlin (1134-1135)

ainsi quune Vie de Merlin -Vita Merlini- (1149-1151). Les

rcits arthuriens reflteront aussi ses partis pris. Cest un

admirateur des bretons et de leurs rois, particulirement

des celtes gallois, qui ont pour lui, une mission civilisatrice.

En 1135, les trois royaumes de Galles chassent lesnormands de plusieurs forteresses dans le Sud Est des

Galles.

En 1158, Margon ab Owain prend Usk, restaure le titre

perdu par son grand pre Carady, prince de Gwent. Dans

ses crits, Geoffroy y dploiera la cour Caerleon au


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dtriment de traditions plus anciennes. Ainsi les gallois se

vanteront de reconqurir lle grce Arthur revenu de

lau-del.

Pour Geoffroi, Constantin, le grand pre dArthur provenait

dArmorique, et il va sattacher valoriser ainsi

larchevch de Dol (12me sicle) comme les Cornouailles

lieu de la conception dArthur. Arthur y est le paladin de

lindpendance et de la grandeur bretonne et sa matire

de Bretagne constitue ainsi une riposte ouverte la

matire dAngleterre.

Martin Aurell crit que Geoffroy compose le rcit des

origines de Grande Bretagne partir des traditions orales

celtiques, du folkore, et des renseignements quil puise

dans La dcadence de Bretagne de Gildas, dans

LHistoire ecclsiastique des Anglais de Bde le

vnrable, et dans LHistoire des bretons de Nennius.

Quitte malmener ses sources, ces rcits lui fournissentune structure quil interprte alors en fonction du contexte

de lpoque la gloire des bretons insulaires et notamment

les celtes du pays de Galles au dtriment des normands

dehors Normands ! crit-il dans La Vita Merlini. Pour lui

Arthur est bien le paladin de lindpendance bretonne.


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Geoffroi de Monmouth a exerc une influence permanente

sur lhistoriographie arthurienne (Aurell p. 103). Il est

proche de Robert de Gloucester et frquente, la trs haute

aristocratie normande Oxford o il tudie. Bien

quvque des Galles du Nord, il crit son uvre la cour

dHenri 1er Beauclerc, et Geoffroi sera partisan de

limpratrice Mathilde, pouse de Geoffroi Le Bel

Plantagent, ce qui nous ramne encore aux Marches de

lOuest. Il cite souvent Caen et Bayeux, tout en tant

partisan des gallois et plus largement des celtes quil

valorise au travers de lvch de Dol et des Cornouailles.

Pour Martin Aurell, son uvre prsente des rcits

dorigines diverses greffs sur une structure narrative

dont les spcialistes qutent avec bonheur les racines (p.

117), il campe un Arthur fils de son temps, introduisant

mme avant Chrtien de Troyes les valeurs chevaleresques

et courtoises dans ses rcits et cest encore lui quiparticipe de la sacralisation dArthur en lui faisant faire

retraite en Avalon. On lui doit aussi, souligne M.A., la

superbe mise en scne de Merlin : Les Prophties de Merlin

(1134-35), conserves avec lHistoire dans labbaye


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normande du Bec Hellouin qui semble en avoir eu une des

premires copies.

Les Plantagents mneront une contre offensive contre les

Gallois avec la dcouverte, par Richard Cur de Lion, de la

tombe dArthur en lAbbaye de Glastonbury cinquante ans

plus tard, on ly montre encore. Si Arthur est enterr, cest

quil ne pourra revenir !

Quelle figure ?

La figure dArthur dans ces rcits renvoie au paganisme

celte, il est en effet:

Un gant entour de colosses, il participe la chasseau sanglier,

Un roi transform en bte sauvage suite unepunition divine,

il navigue vers lAutre Monde, il affronte un cerbre intraitable, Il veut obtenir dans cet Au-del quelques

talismans de richesse et de domination, ou librer sa

femme retenue par des forces mystrieuses,

il reviendra un jour mener son peuple lavictoire, Rex Arturus, rex quondam futurus.


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Avatar tardif dun hros mythologique, le roi Arthur fait

partie des rcits folkloriques et se trouve galement fig

dans la topographie, aux Marches de Bretagne, en Passais,

nous avons inventoris une quinzaine de lieux dits en

relation avec son nom ainsi quune lgende de Chasse

Fantastique qui lui est rapporte dans les traditions orales

de la rgion3. Gant protecteur tantt bonnasse tantt

tragique, cest un hros fondateur. Le contexte des rcits

vient ici interpoler avec ces bases et nous disent aussi la

situation de laristocratie de lle abandonne elle-mme

par les romains et dans une situation dsespre face

lenvahisseur germanique.

Et sa propagation ?

Les souverains anglo-normands surtout avec Henri II

Plantagent et Alinor dAquitaine devenue son pousevont favoriser la diffusion de la lgende arthurienne en

Occident4 Grce eux elle sera apprcie au del dun

groupe restreint dinitis normands qui la connaissaient

3Bertin Georges, Guide des chevaliers de la Table Ronde en Normandie, Corlet, 1990.

4Aurell Martin, op cit p .165.


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sur le continent . Martin Aurell a fit linventaire

minutieux des diverses sources bibliographiques

existantes en les discutant soigneusement.

Ainsi, Robert de Gloucester a contribu lapropagation de LHistoire de Geoffroi traduite en

anglo normand par Robert Gaimar. Il est par ailleurs

li Robert de Torigni abb du Mont saint Michel,

ancien bibliothcaire du Bec Helluin !

Alinor dAquitaine connat la Matire de Bretagne etplusieurs des troubadours de sa cour mentionnent les

thmes arthuriens dans leurs crits,

Lauteur du Roman de Brut, Wace, est n en lle anglo-normande de Jersey et a t duqu Caen et o il a

crit la majeure partie de son uvre, il est sensible

aux ralits continentales.

Le cycle des chansons des amours de Tristan et Yseut,compos en Angleterre (nous savons aussi que Broul

tait de Mortain) prsente des ressemblances avec les

vnements et les attitudes politiques du temps (p.

177),

Marie de France et ses lais : rexaminant la questioncontroverse de lidentit de Marie de France, Martin


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Aurell la rattache par ses origines (elle est fille de

Galeron de Meulan) laristocratie normande de la

cour dHenri II quelle aurait frquent.

A propos de lutilisation de la Matire de Bretagne enidologie favorable la maison dAnjou, Aurell montre

quelle participe de la lgitimation de sa dynastie en

Normandie . Linvention en 1190-1191 des

dpouilles dArthur et de Guenivre Glastonbury,

lavnement de Richard Cur de Lion, est ainsi

examine dans le sens dun dtournement de la

vocation initiale du hros des celtes au profit de

Plantagents, comme dailleurs le don de Caliburn

(Excalibur) Tancrde de Sicile, (un normand), par

Richard en signe dalliance en 1191. Richard ne se

privera pas non plus de cette captation lgendaire

tant le premier roi dAngleterre tre compar

Arthur. Dans ce sens les latimers (clercs traducteurset transmetteurs ) au travers de la Manche, plus

trait dunion que frontire, joueront un rle important

(nous avions nous mme montr par exemple quelle

avait pu tre linfluence de lAbbaye de Lonlay en

Passais via ses prieurs en Angleterre dont


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Stogursey, proche de Glastonbury- et sur le

continent). Ils contribuent, comme les jongleurs,

passer la Matire de Bretagne dun univers

linguistique lautre. Ainsi limage dArthur va

prolifrer lpoque jusqu Santiago de Compostella

(on trouvait sur la faade de ldifice pr romanique

des scnes du Tristan), Modne (le clbre

archivolte de la cathdrale du 12me sicle prsente

Arthur librant Guenivre de ses ravisseurs) ainsi

qu Otrante (mosaque arthurienne rappelant la

Chasse Hellequin appele Chasse Artus au bocage

normand). Cette ville fut de fait conquise par le

normand Robert Guiscard (originaire dune famille du

Contentin), en 1070, et dont le fils Bohmond 1er,

futur prince dAntioche, prsidera aux travaux de la

cathdrale.

Chrtien de Troye est situ5 avec une trs grandeprobabilit de certitude dans lentourage de Marie de

Champagne (fille dAlinor) et de son poux Henri le

Libral, ctait un chanoine trs rudit, sans doute de

5Aurell op. cit. p 182 sq


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la cathdrale Saint Loup de Troyes. Lauteur du Cligs

avait une connaissance prcise du Sud de lAngleterre

et, pour Le chevalier la Charrette, entretenait une

certaine familiarit avec la BasseNormandie. Ainsi

constate Martin Aurell, : les micro toponymes de

lAvranchin ou la disposition exacte du site de

Windsor (nous pourrions ajouter celle du site de

Gorron ou de certains paysages du Passais), que

Chrtien est capable de donner cadrent mal avec des

informations de seconde main . Do cette

proposition que fait Martin Aurell dun voyage de

Chrtien en Normandie et en Angleterre lpoque de

la publication du roman dErec et Enide, (1170-1176).

Chrtien y aurait frquent la cour dHenri II, do les

synchronismes et concordances onomastiques ave les

vnements de lpoque. Il est en tout cas certain que

Chrtien est bien renseign sur la gographie delempire Plantagent dont les habitants lui valent

respect et admiration : vers ces gens mon cur

mattire crit-il dans Erec et Enide (v. 6036), aprs

avoir list les peuples gouverns par Henri II. Et il

est presque certain quil a visit lAngleterre et la


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Normandie, principaut de prdilection du roi .

Chrtien a marqu, de faon quasi irrversible, la

littrature arthurienne, soumettant le merveilleux

breton un traitement raliste, humanisant les fes

christianisant en profondeur cette matire et faisant

du thme du Graal un des plus populaires de

lOccident et ce sur fond de Croisades, entreprise de

chevalerie spirituelle et guerrire qui marque

profondment les esprits et laquelle participe aussi

la littrature de Chrtien.

Une hypothse continentale.

Pour le celtisant Gwenchlan Le Scouzec6, qui

prsente une hypothse complmentaire, Arthur,

dont la plupart des auteurs font un dux bellorum

de Domnone ou du pays de Galles au VIme sicle

de notre re, est un gant, une figure sacreprotoceltique (un dieu des pierres) du continent

6Arthur , roi des bretons d'Armorique,par Gwenc'hlan Le Scouezec. Ed Le Manoir

du Tertre, 1998, 670p.


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dans sa partie Armorique. Nous devrions donc au

gnie du peuple breton d'avoir fait passer ce

mythe dans notre inconscient collectif qu'il habite

dsormais. Aussi, le royaume d'Arthur ne devrait

pas grand chose aux Iles Britanniques, il concide

en effet avec l'expansion des bretons armoricains

du Mnez Hom jusqu'au Grand Saint Bernard, et

les arguments toponymiques et historiques de

Gwenc'hlan Le Scouezec sappuie sur des sources

cartulaires et des Chroniques en mme temps que

sur les traditions locales servi par une prodigieuse

connaissance du terrain, ses hypothses sont tout

fait intressantes.

L'auteur insiste notamment, et ses propres

travaux rejoignent ici tout fait l'hypothse dite

Bansard-Payen7 que nous servons depuis trente

ans, sur le rle capital des Marches armoricainescomprenant Maine, Anjou et le Cotentin et allant

jusqu' l'Ile de R. De mme que la Fdration des

gaulois d'Armorique s'est tendue avant la

7La Lgende arthurienne et la Normandie, collectif dirig par JC Payen, Corlet, 1984.


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conqute romaine sur l'Ouest des Gaules, ce qui lui

fait assigner aux deux bonnes villes de Chartres et

d'Angers le rle de ples de la bretonnit, de

mme, les Bretons reprenant cette ambition dans

le Haut Moyen Age, sont devenus les matres d'une

partie du domaine gaulois. Nos analyses

convergent encore quand il examine avec

prcision comment et pourquoi les Plantagents

ont ensuite rcupr le mythe arthurien, pointant

ici avec propos cet aspect cyclique de l'histoire. On

voit bien que la question des sources bretonnes

dpasse de loin le cadre troit o certains se sont

souvent complu lenfermer. On sait ainsi que les

celto ligures occupaient la valle dAoste

galement porteuse de traditions arthuriennes

En fait cest un mythe universel.

La figure d'Arthur senracine donc aussi dans

l'histoire et la gographie de l'Armorique ( ne pas

confondre avec l'actuelle Bretagne). Ltude des

traits constitutifs du mythe comme le recueil de

toutes les donnes sur la question, dont la lgende


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du Roi Marc'h qui fait pendant celle d'Arthur,

l'claire comme a giorno. Elment non ngligeable,

dj soulign propose des Galles, les chrtients

celtiques ont eu leur heure de gloire et

d'expansion et nombre de rcits s'en sont trouvs

contamins.

Conclusion.

Sur ce point nous pensons toutefois qu'il ne

faudrait toutefois pas enfermer par trop le mythe

arthurien dans la celtitude. S'il en fait l'hritage, il

la prcde et la dpasse de beaucoup et nous

connaissons de nombreux travaux qui montrent la

contamination des romans arthuriens, par

exemple, par les rcits orientaux. Arthur est une

figure universelle, comme la Table Ronde qu'il a

fonde mme sil nous faut ancrer rsolument le

roi Arthur comme figure originelle dans lesarchtypes lis la pierre (Arz en breton), ou

encore, pour dautres approches, la Grande

Ourse, et d'admirer le rle de conservatoire des

langues celtes cet gard dans la transmission du

synthme.


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Rex Arturus rex futurus, chantait le vieux trouvre

normand du roman de Rou. Les travaux actuels

permettent d'en percevoir dsormais et la gense

et les avatars. Ceci n'est pas galement sans

informer notre avenir, mais c'est une autre

histoire

Georges Bertin


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Yves-Nol Lelouvier, Lancelot en Normandie, revue Notre Histoire, N 178.


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Chaudron

Dans toutes les traditions, les contenants, bassin,

vase, chaudron, coupe, uf, nef, sont en relation

avec la matrice, symbolisant l'inconscient en son

principe crateur, avec le royaume des mres et del'humide ? Ce sont exactement les images que nous

renvoie l'archtype du chaudron, la fois issu de la

mer et li aux forces productrices et rgnratrices,

fcond par la puissance des objets guerriers

(lance, pe ou massue) dont il est indissociable. Il

tait de fait trs important, pour l'homme primitif,

de possder un vase pour transporter l'eau, la vie.

D'o la rencontre d'un vase merveilleux dans

toutes les mythologies. Il dispense jeunesse et vie,

possde parfois le pouvoir de gurir. Jean Markale

souligne que l'invention du Chaudron fut sans

doute, pour les peuplades primitives, un progrs

technologique important. Il la date du Nolithique,

soit l'poque de l'invention conjointe de


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l'agriculture et de l'artisanat. Consommer du bouilli

tait un progrs par rapport au rti. Le chaudron

permettait en effet de conserver et de transporter

les aliments. Cest aussi ce que nous disent les

mythes celtes.

De calidus (latin), chaud, issu de l'indoeuropen

KERTtress, qui a aussi donn cratis cratre (objet

tress) et encore nomm en romangraal (vase) ou,

avec, en drivs,graduel (livre),gral(degr) et en

gallois per, le chaudron jouit de proprits

merveilleuses. Dans l'Antiquit celte, le chaudron

est un objet merveilleux reprsent sur les

mdailles antiques: chez les Unelles et les

Baiocasses, il est dentel sur ses bords et pourvu de

suspensions, large et profond, c'est le Cocabus, le

chaudron de guerre des chefs gaulois. Sur une

gravure du Muse de Copenhague, il est port parun hraut pareil aux phbes des vases trusques.

Il est parfois associ l'Aigle et la foudre devant

un boeuf beuglant. L'expertise des artisans celtes

rendait possible la fabrication de chaudrons,

l'poque de la Tne, en tmoignent de nombreuses


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traces archologiques et le fait que ces ustensiles

avaient une fonction sacre est galement

confirme par la narration de Strabon sur l'envoi

d'un chaudron considr comme "le plus sacr de

leur pays" par les Cimbres Csar-Auguste. Les

chaudrons celtes sont ainsi trs varis et souvent

richement dcors.

Dans la littrature traditionnelle d'Irlande

(lgende des Tuatha de Dannan, les fils de la desse

Ana, la grande desse), le chaudron est inpuisable,

symbole de prosprit, il est en effet li au Dagda, le

grand dieu des druides, dieu efficace, qui possde la

souverainet magico-religieuse et est le dieu du

sacr, de la science et des contrats et rgne sur le

temps, l'ternit ainsi que sur le Sidh (l'Autre

Monde celtique). Son frre Ogmios, son pendant est

le dieu de la magie guerrire. De par sa fonction,cest un druide parfait, il est omniscient et

omnipotent, cest aussi un guerrier puissant. Il a un

ct paternel et nourricier. On le dcrit parfois

comme un gant hideux et un ogre paillard. Ses

accouplements avec les desses sont nombreux. Ses


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autres talismans sont la massue qui tue et

ressuscite (symbole de sa puissance) et la roue

(symbole cosmique).

Trouv au fond de la mer, il est Murias (de Muir

la mer) et a t offert au roi d'Irlande par Bran le

Bni en rparation d'offrandes. Bran le tenait de

Llasar, un gant venu d'Irlande qui lui mme tait

sorti de l'eau avec un chaudron sur le dos. Les

morts qu'on y jettait ressortaient vivants mais

muets, car ils n'appartenaient plus au monde cr.

Cuchulainn, le hros, lors d' une expdition au sein

de la Terre des Ombres, s'tait ausssi empar d'un

chaudron qui lui avait t remis par la fille du roi de

l'Autre Monde. Il se baignera dans trois cuves

successives, marques de son initiation.

Au pays de Galles, le chaudron de rsurrectionapparat dans les Mabinogion (Mabinogi de

Branwen), on y jetait les morts pour qu'ils

renaissent le lendemain. Dans le chaudron celte,

bouillait le liquide de la prophtie. C'est aprs avoir

bu trois gouttes du chaudron de la desse-mre


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Cerridwen que Taliesin, le savant druide du Pays de

Galles, eut la vision des choses venir et devint

matre des arts et des transformations car ayant

accd la connaissance parfaite; il le place dans le

temple d'une desse o il inspire le gnie

prophtique, donne la sagesse, dcouvre ses

admirateurs la science de l'avenir, les mystres du

monde. Ses bords sont orns de perles et de

diamants.

Dans Peredur ab Ewrawc, la cour du roi des

Souffrances, Peredur voit des femmes plonger des

cadavres dans une cuve dont ils ressortent vivants

comme sur les scnes du chaudron de Gundestrup,

(Himmerland, Danemark) lequel servait recueillir

le sang des victimes et passait pour un chaudron de

rgnration. On y voit des fantassins dfiler en fileindienne devant un chaudron o les jette une

desse. Ils en ressortent cavaliers, changement

d'tat qui est le signe de leur initiation, de leur

accs des connaissances qui les mettent en


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rapport avec le monde de l'au-del (le cheval est

psychopompe).

Dans Kulhwch et Olwen, Arthur conquiert le

chaudron du roi d'Irlande Diwrnach qui est plein

de monnaie irlandaise (le chaudron est pourvoyeur

de richesses). Dans Preidden Annwn, il dcouvre

un chaudron magique dans l'Autre Monde;

Immortalit, richesse en abondance, don de

prophtie sont donc les caractres du chaudron des

celtes, lequel appartient au cortge des objets

merveilleux des peuples indo-europens. Associ

aux objets magiques qui permettent de se dplacer

(1re fonction), et aux talismans de la 2me

fonction qui mettent le bras sculier au service de

leur possesseur (bton, sabre), il appartient la

3me fonction car procure l'abondance. La qute

des objets sacrs, dont le chaudron, serait unetentative de reconstitution de l'tat paradisiaque

qui a prcd la naissance. De mme la tentative

qui vise tenter de rechercher la souverainet

serait, dans la socit celtique, o la souverainet


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est toujours reprsente par une femme, celle de la

fminit.

Ceci se retrouve dans l'sotrisme chrtien, le

Graal hritant des proprits merveilleuses du

chaudron des celtes. Ainsi dans le Roman du Graal

de Robert de Boron, une partie des paroles

prononces sur le calice ne sont pas communiques

aux fidles mais restent secrtes. En effet, Dieu a

accord Joseph d'Arimathie, le premier dtenteur

du Graal d'entendre une voix divine toutes les fois

qu'il aura besoin d'un avis et qu'agenouill devant

le prcieux vaisseau, il implorera son secours.

Comme les images matricielles, celles du vase

mystique qui connat les lendemains, celles-ci

appartiennent au rgime nocturne de l'Imaginaire

mis en vidence par Gilbert Durand qui insiste sur

le fait que le Graal affirme dans la penseoccidentale la prsence d'un indicible, d'un non

dicible, ce qui est illustr par les rvlations dont

est l'objet Joseph d'Arimathie, lequel a appris lire

de Jsus les paroles secrtes que personne ne peut

conter ni crire moins qu'il n'aie lu le grand livre


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o elles ont consignes et ce sont les mots que l'on

ple au moment de la conscration du Graal.

Sur un chapiteau de la cathdrale du Mans, des

colombes queue de serpent boivent dans une

coupe. Celle-ci est, dans un vitrail du XIIIme sicle

de cette mme cathdrale (chapelle ND du Chevet),

l'enjeu d'une lgende, l'Enfant la coupe fait un

sjour dans les eaux maritimes la recherche d'une

coupe consacre avant d'tre ressuscit. Rendu

ses parents par saint Nicolas, il accdera au service

divin. Thme proche des lgendes de Lancelot du

Lac et de saint Fraimbault, le prtre roi des bocages

du pays cnoman, l'un comme l'autre tant enlevs

l'affection des leurs par des eaux ravisseuses.

Le Chaudron est aussi li au tombeau, comme on le

voit dans les reprsentations relates supra, car la

Mre ne se contente pas de donner la vie, elle estaussi la Terre Mre qui accueille le dfunt. Ce

double aspect de la Vie et de la Mort correspond

l'image primordiale de la mre. D'o les cultes de

passage, (Mystres) qui entretiennent des relations


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avec le culte des desses-mres et l'importance

accorde au chaudron dans les initiations.

Face aux visages du Temps qui valorisent le

rgime diurne des Images, ascensionnel et

diartique, celui des hros et des idaux o les

principes d'exclusion et de contradiction jouent

plein, et l'on voit trs bien que ce rgime est celui

des guerriers de la deuxime fonction lorsqu'ils

s'en vont en qute d'aventures, une autre attitude

imaginative se dresse donc qui "consiste capter les

forces vitales du devenir, les transmuter,

incorporer l'inluctable mouvance du temps les

rassurantes figures de constantes, de cycles qui au

sein mme du devenir semblent accomplir un dessein

ternel". Gilbert Durand y voit encore une

surdtermination digestive et alimentaire qui

conduit confondre tout rcipient avec l'estomac(cf la forme des alambics des alchimistes). "Le vase

se situe mi-chemin entre les images du ventre

digestif et sexuel et celles du liquide nutritif, de

l'lixir de vie et de jouvence". Et peu importe les

formes attribues par les traditions ou les auteurs.


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Le vase rejoint ici le symbolisme de la boisson

sacre.

Le Chaudron participe ainsi du rgime nocturne

des images, de "la chaude et rassurante intimit de

la substance". Vase hermtique, il est gouvern par

le ternaire, auquel il se trouve sans cesse associ, il

symbolise la religion celtique, occulte, laquelle

repose sur des triades divines dont le vase au

trepied est une des piphanies, creuset de

rsolution des contraires car il est la fois:

- coupe de souverainet rempli de boisson

enivrante comme le souligne Christian

Guyonvarc'h, il procure l'ivresse du pouvoir,

- degr d'lvation et de rvlation de la

Connaissance, il est alors charg de puissance

magique, rgnratrice et confre l'initiation,

- coupe d'abondance, reli qu'il est aux matricesindividuelles et collectives, symbole de fcondit.

Georges Bertin


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11

Bibliographie.

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Picollec, 1981.

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Piggott Stuart, The Druids, London, Thames and

Hodson, 1975.

Vries (de) Jean, La religion des Celtes, Paris, Payot,

1963.


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LA COUPE(Rflexions personnelles sur un symbole)

Le texte qui suit est assez peu structur mais

quimporte, il fait tat du courant de ma conscience au

moment o lOfficier de lEperon dOr mengagea rdiger

un court texte sur un symbole difiant. Mon choix sest

aussitt port sur la Coupe, facilement identifiable au Graal

mdival qui reprsente pour moi ltoile, la guidance

privilgie tout au long de la queste, les vertus essentielles

que sont la foi, lesprance, la charit, ce vers quoi tout

mon tre tend, cest dire lidal, lAbsolu.

Si lon observe une coupe, lon est immdiatement

frapp par sa bivalence : Contenant et contenu, intrieur

et extrieur, matriel et spirituel, solide et liquide, fixe et

volatil, fminin et masculin, lune et soleil

Lobjet est rond, circulaire et il est fait pour

circuler . Aussi se passe-t-on la coupe de main en main.

Il voque la rondeur du monde.

Lobjet est beau, esthtique et dgage des ondes de

formes particulirement douces, fminines, bnfiques.

Une coupe possde de multiples fonctions ; en voici

quelques unes :

- elle permet de boire, dtancher sa soif physique ouspirituelle.

- on peut trinquer. Ce mot nous rappelle dailleurs loraclede la Dive Bouteille chre Rabelais.


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- on peut la remplir (verser), la vider, la briser, la jeter. (levvoque encore notre objet).

- On peut lchanger et cest presquun gage de confiance,de fidlit.

- Selon une superstition populaire, boire dans la mmecoupe que quelquun dautre permettrait de connatre

ses penses.

- Cest aussi un cadeau car lon offre une coupe quelquun.

- Enfin, elle reprsente une certaine forme de dignit caron lve la coupe. Ce faisant, un axe verticalmtaphysique se cre (axis mundi).

- De plus, une coupe se tient au niveau de son cur et seporte aux lvres. Elle

commence au chakra du cur et finit celui de la parole,

comme pour sceller quelque chose (vie, verbe). Dans le

film Excalibur de John Boorman, lon se souvient que

Gauvain devait selon la supplique de Guenivre porter lacoupe de Messire Lancelot (absent quelque temps la

Table Ronde) ses lvres afin dtre touch par lui. Ici la

coupe a valeur de transmission, didentification.

Peu importe la matire de notre objet : meraude,

cristal, bois

Il y en a pour tous les gots. La coupe en cramique estintressante en ce quelle rappelle la terre, notre

constitution physique et notre condition humaine.

Ensuite, mes penses vagabondent sur les aspects

protiformes de la coupe (contenant et contenu mls) : le

chaudron magique de Keridwen ou du Dagda, le vaissel ou

la corne dabondance (contes), le philtre damour ou boire herb (cher Tristan et Iseut), la coupe de


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souverainet (rois mythiques dIrlande), lil frontal ou

troisime il (Lucifer), la pierre tombe du Ciel (Wolfram

von Eschenbach), le pampre de Bacchus, las de coupe

(jeux de cartes, tarot), le croissant de lune, la barquesolaire (civilisation gyptienne), lhiroglyphe du cur

(vase AB gyptien), le livre (Blaise), la Parole perdue

(Franc-maonnerie), un plat, un cratre, une tte sanglante

(Bron ou Jean-Baptiste), la roue du zodiaque, luf du

monde qui se spare en deux coupes opposes, le mercure

ou aimant des sages (alchimie), la coupe de loubli (roi de

Thul), le vase de Ganymde, lchanson des Dieux etsymbole du verseau (verse eau), la coupe ou cruche

prsente dans certains pays par une jeune fille llu de

son cur (Celtie, Egypte, Extrme-Orient ), deux visages

de profil tourns lun vers lautre reprsentent galement

une coupe. On la retrouve encore dans lme humaine, la

Sainte Ampoule, La Mre du Sauveur (litanies de la Sainte

Vierge), le Saint Suaire, (Templiers), le sang Real ou sangroyal (culte du Prcieux Sang), lidal ou le but de la Queste

du GRAAL, sans parler de ses rapprochements avec la

Kabbale ou autres systmes

Le sujet est si vaste que son vocation chrtienne

suffira largement mon propos daujourdhui puisquelle

englobe, approfondit, prolonge, sublime et accomplit les

diffrentes formes cites plus haut en un symbole et enune ralit unique : la coupe eucharistique. A Robert de

Boron reviendra la singularit de montrer la continuit

entre lments paens lis notre objet et un certain

nombre dlments chrtiens, de les fondre, de les

fusionner dans le creuset de son Estoire dou Graal.

Dans la Bible, lhomme reoit de Dieu son destin

comme une coupe de bndictions (Psaumes) ou de colre(Apocalypse) pour ne se limiter qu ces deux exemples.


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Quant aux rcits vangliques, ils peuvent nous

donner quelques claircissements sur le sujet :

1)Avec la rencontre de la samaritaine.Si quelquun a soif, quil vienne Moi et quil boive.

2)Avec le miracle des Noces de Cana o le Christ versedans un vase leau de la vie ternelle. Celle-ci est

change en vin et le vin se transforme en sang, lequel

devient Esprit.

3)Avec le Christ au Mont des Oliviers.Pre, loigne cette coupe de moi. Il sagit de la coupe

diniquit.4)Avec la Coupe de La Sainte Cne

o a lieu le partage du Pain et du Vin, Mystre de la

Transsubstantiation,

coupe dans laquelle Joseph dArimathie rcolta le

Prcieux Sang

du Rdempteur.

Sang du Verbe, miracle du Sang qui coule pour les

pchs du monde afin que

lhomme puisse obtenir son rachat ou se rgnrer. Face

ce Mystre et pour revenir des considrations plus

humaines, lon peut dire que depuis laube des temps, il a

exist une assimilation symbolique du cur de lhomme

avec la coupe et il nest pas tonnant que celle-ci se rvletre ambivalente. En effet, le cur illumine ou entnbre

nos actes. Il gurit comme il corrompt. Colre, mpris,

injures viennent du cur et il faut parvenir le dompter,

lapaiser, ladoucir, le sublimiser.

La coupe de notre cur doit donc tre exempte de

tous les piges, rompre tous les sortilges ouenchantements sous peine dchec au cours de la queste et


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sous peine, comme le rappelle la sagesse populaire de

boire le calice jusqu la lie mais comme le dit un autre

dicton A cur vaillant rien dimpossible.

Boire la coupe est donc un acte de grande

importance, un acte sacr, un rituel, une communion qui

doivent nous engager plus dhumilit, une plus grande

puret intrieure dans nos penses, nos paroles, nos

engagements et nos actions. (Souvenons-nous de lofficier

nazi devant choisir sa coupe dans Indiana Jones ou la

dernire croisade de Steven Spielberg !)

Faire passer la coupe son voisin, cest faire acte de

fraternit, en donnant quelque chose de soi, dintime, de

profond, de beau, de bon et de vrai. Chaque personne qui

boit fait partie du mme cercle, figure de plnitude,

dharmonie, dinfini et de perfection. Le trajet (souvent un

cercle) effectu par la coupe scelle tous les curs et toutesles bouches en un cur et une bouche unique. Un souffle,

un esprit singulier parcourt lassistance.

Aussi la coupe fut-elle servie aux orgies sacres et

agapes fraternelles et sert-elle la communion

eucharistique. La coupe fait partie de la fte et peut

procurer livresse sacre car elle contient le breuvagedimmortalit : ichor ou nectar, cervoise, ambroisie,

amrita, sma, lait, eau de vie ou cidre fait avec les

pommes dor dAvalon (notamment celui de lO. T. R. !)

De plus, par le jeu de lhomophonie, lon coupe et lon

se coupe, cest double tranchant. Ici encore, le sang coule

et nous renvoie la coupe du Sacrifice et lunion


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batifique avec la Divinit. Rappelons-nous lextase de

Perceval devant les trois gouttes de sang sur la neige.

Jarrte l toutes ces lucubrations quelques peudcousues et devant LAigle, en ce Chastel du Fontenil,

aujourdhui le 20 juin de lAn de Grces 1999, je vous

remercie tous de maccueillir parmi vous. Pour ce faire, je

vous offre la coupe de mon cur.

Gil Alonso-Mier


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Education, Symboles et chevalerie ARTHURIENNE

La progression ducative propose dans notre ordreest base sur le symbolisme des lgendes de la Table

Ronde, c'est de lui et dans cette voie quil est propos

chacun de cheminer progressivement dans la recherche

toujours inacheve de la Lumire, de celle qui vient

clairer tout homme venant en ce monde? Pourvu que les

voies en soient prpares, ce quoi sexerce justement la

chevalerie et ce depuis des temps reculs.

La chevalerie initiatique, en effet, se veut mthode: mise

sur la voie , elle a l'ambition d'aider ceux qui sy exposent

grandir dans leur qute dun principe. Visant oprer

lchange entre les Hommes par une communication mise

au service de la Tradition, elle assume de fait le tragique de

lexistence sans le nier.

Car la Lgende arthurienne propose divers scnarii

mythiques, elle met en scne de faon les faire vivre des

rcits symboliques, dans des espaces qui sont lieux

singuliers, multiples et vcus, fonds sur une tendue

spirituelle, lieux pour limagination, espaces profonds,

intermdiaires entre le monde des formes immuables et le

monde sensible o les choses sont voues prir.

Rconciliant le temps des origines celui de l'initiation avec

limaginaire: elle nous permet un temps retrouv,

recommencement, qui devient, chaque rencontre rituelle

ou romanesque rcit fondateur, mythique. Comme l'crit

le sociologue Georges Balandier : l'imaginaire emport

dans le flux ininterrompu des images et des figures qui le

manifestent se nourrit encore de thmes anciens: ceux qui le


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rtablissent dans une dure et l'allient aux mythes dont les

significations restent vives, ceux qui resurgissent dans les

vides que l'homme imaginant de ce temps ne parvient pas

combler. Et toutes les priodes de transition rvlent ceretournement vers les sources premires, vers les mythes du

commencement, vers les savoirs cachs et protgs... [1] En

ce sens, elle est une pdagogie de l'Imaginaire en

actes Et nous rejoindrons ici le philosophe Ren Gunon

[2]: quand les traditions se rfrent ces ailleurs o

perdurent les mainteneurs de La Tradition, crivait-il, elles

ne font pas autre chose que daffirmer quaucune entreprisehumaine, culture, civilisation, ne peut apparatre ni se

maintenir sans un minimum de rfrence la problmatique

qui constitue la figure de lhomme .

Aujourd'hui, plus que jamais, semble-t-il, cette pdagogie

du symbole semble une ncessit pour l'humanit toute

entire. En effet, comme l'crivait Gilbert Durand [3]"une

exprience symbolique authentique est recommande

l'homme du 20me sicle comme antidote, contre la mare

touffante des images passives, une pdagogie totalitaire

de type mcaniste que fournissent avec surabondance les

techniques de notre temps".

Les voies traes par la chevalerie arthurienne sont en

effet minemmentducatives et ce double titre:

- au sens le plus usuel du terme duquer (educare :=

nourrir), en offrant par la richesse des contenus

symboliques dveloppes dans les Romans de la Table

Ronde une vritable nourriture spirituelle quil appartient

chacun de sapproprier.


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- au sens plus moderne du verbe duquer (e-ducere : =

faire sortir de) soit aider les hommes chapper leurs

propres prjugs, leurs allant de soi, leurs habitudes, et,

? se sentant pris de douceur et d'amiti?, les conduire ainsi abandonner des habitudes de penser faonnes par une

socit profane matrialiste rigeant le rgne de la

quantit en systme de pense.

En ce sens l'ducation chevaleresque est une activit

rellement symbolique qui conduit chacun rassembler

les deux parties de son tre, souvent divises. Soit

symboliser avec soi, en ses parties les plus sacres, les plus

spirituelles, retrouver ce quelque chose en nous qui ne nous

ressemble pas (A. Machen), notre prsence ? divine ?.

Dire cel, poser la question du rapport de la voie de la

chevalerie l'Education, c'est ainsi nous interroger deux

niveaux de sens:

- celui de la fonction ducative du symbole et du mythe,

-celui de leur efficacit symbolique.

A) Fonction ducative du symbole et des mythesARTHURIENS.

Dans notre qute, la fonction du symbole et du mythe estincontestable et relle car valorise par le rituel

d'intgration. De fait, les mythes fondateurs de l'ordre

arthurien construisent, l'attention de chacun, des

modles a priori, des archtypes, qui remplissent un

certain nombre de fonctions visant l'volution

individuelle et sociale des individus qui composent nos

Chapitres.


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Toute socit, tout systme culturel labore ainsi, pour se

perptuer, ses propres processus de symbolisation interne

et l'tude des mythes, en fait succession de symboles

agencs en rcits, celle de leur volution, nous apprendraitsans doute que lordre des vnements relats (enfances

de Lancelot du Lac, dlivrance de la reine, qute du Graal,

mort d'Arthur) n'est en aucune faon subordonne une

rgle logique ou de continuit. Et pourtant les comparant

ceux des grandes traditions, et mme certains

vnements historiques, on s'aperoit vite qu'ils

reproduisent les mmes caractres et sans doute lesmmes dtails dans les diverses rgions du monde et de

l'histoire tant, partout o ils ont vcu, les hommes, comme

lcrivait Calude Levi-Strauss, ont aussi bien pens, pourvu

quils se donnent la peine de penser.

Les mythes mis en scne dans la Lgende Arthurienne

combinent ainsi plusieurs caractres. Ils se rapportent

des vnements passs dans un temps merveilleux,

intemporel, o rgnait l'harmonie et en mme temps dans

un moment du temps rel (la vie d'Arthur), ils nous

enseignent galement que ces vnements mythiques ne

sont pas sans rapport avec notre propre vie.

Ils se rapportent donc simultanment au Pass, au Prsent

et au Futur. Ils symbolisent avec nous, avec le tempsprimordial comme avec le temps historique.

Le fait d'entretenir chez les hommes la capacit d'une

approche symbolique, en utilisant les rituels, voie daccs

toute rflexion sur les symboles, relve bien d'une

ducation, car nourrissant notre esprit en mme temps

qu'elle le conduit hors des voies du temps de la ncessit.


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Le reprage que nous propose la pratique chevaleresque

de constellations d'images symboliques, celles la mme qui

structurent de tous temps l'imaginaire de l'humanit et qui

nous renvoient dans le mme temps nos pratiquesd'existence les plus banales relve donc d'une pdagogie

(conduite vers), nous amenant dresser une esprance

vivante devant le monde objectif de la mort, vise la

transformation euphmique du monde.

B) Efficacit symbolique.

Leur efficacit symbolique se rvle dans ce qu'elle ad'exemplaire, en permettant la structuration de contenus

htrognes entre eux et nos propres reprsentations, et

l'on voit bien quentre les penses du compagnon, qui

vient, dans nos chapitres, emporter avec lui le tumulte du

monde, les soucis du quotidien, ses luttes et ses invitables

compromissions avec la matire, la dmarche qui lui est

propose intervient directement sur son dveloppementpersonnel, en l'aidant structurer, relier entre eux des

lments pars qui, ports la Lumire des contenus

sacrs proposs sa rflexion, vont l'aider dans une sorte

de chemin oblig (chrode) se rassembler, recoller les

deux parties de son tre dans la mise en ordre,

l'intgration des contenus lgendaires, la conciliation des

contraires. Et ce qui est vrai au niveau de chaque individune lest pas moins au niveau groupal. L'Ordre (au sens

de mise en ordre, d'harmonisation), permet, de fait, par la

matrise des langages symboliques proposs, de prendre

en compte nombre de significations majeures travers

lesquelles l'exprience humaine acquiert valeur et

permanence. Car la dmarche symbolique jette un pont,


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est facteur de mdiation, exprimant, du fait des changes,

de la dclinaison de l'autre fonde sur lexprience.

Le groupe y joue un rle certain, tiers qui permet

d'chapper la srialit, l'inertie du collectif du fait de la

rciprocit mdiante et mdiatrice de chacun dans le

groupe. Chacun des membres, compagnons, dames,

chevaliers, est la fois partenaire et membre qui unifie,

mdie en mme temps que mdiateur. La relation

triadique est le modle symbolique le plus fondamental, la

clef, le Chapitre tant surface de projection et incarnation

des structures du mythe.

En conclusion, on peut estimer que si trop d'hommes

aujourd'hui, en ce sicle de l'clairement, se voient

usurper leur imprescriptible droit au luxe nocturne de la

fantaisie (G Durand), la pratique symbolique propose

par l'Ordre des Chevaliers et Dames de la Table Ronde, en

se rfrant aux manifestations du mythe, parl'enseignement du rituel et du lgendaire arthurien,

permet une rflexion vritablement anthropologique sur la

vocation de la subjectivit, facilite l'expression et la

communication des mes.

La dcouverte symbolique contribue, au triple niveau de

l'individu, du groupe et de la socit, redresser le dficitimaginaire par la ralisation symbolique. L'ducation dans

nso chapitres est ainsi une relle cure de ralisation

symbolique car elle est un temps d'ducation au deux sens

insparables car ncessaires du terme : Instruction

(educare) et capacit de Ralisation (e ducere).

Georges Bertin KRT


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[1] Balandier Georges, Le ddale, Paris, Fayard,

1994, p 31.

[2] Guenon Ren, Le roi du monde, Paris, Editions

traditionnelles, 1950.

[3] Durand Gilbert, La Foi du Cordonnier, Denol,

1984, 228 p.


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Lauteur : Peter Berling

Luvre tudie : les Enfants du Graal et continuation

Le mythe du Graal : parentalits et filiations

Que savons-nous du graal?

Wolfram von Eschenbach,

Lhrsie cathare,

Lsotrisme gnostique.

Mots clefs : graal, gnose, mythe, royaut sacre,

chevalerie, ordre.


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Lauteur

Acteur et auteur de renom, Peter Berling est n en mars

1934 dans une famille dmigrs russes Meseritz,

Obrawald, en Pologne sur lObra. Autrefois place forte

essentielle des marches de la Grande Pologne, cette cit est

connue pour avoir t le sige dune bataille opposant

lempereur Henri II, dit Le Saint, Boleslas le Vaillant en

1005.

Dabord tudiant aux Beaux Arts de Munich, Peter Berling,

aprs un sjour au Maghreb dcouvre le cinma en 1958 et

devient producteur de films et acteur dans quelques 70


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films (Le Nom de la Rose, Cobra Verde, La Dernire

Tentation du Christ, Aguirre, La colre de Dieu). On le

trouve, de 1957 2002, producteur de Rainer Werner

Fassbinder, de Jean-Jacques Annaud, de Sergio Leone, de

Martin Scorcese, de Werner Schroeter..

Sa stature colossale nest pas seulement physique, dot

dune culture mdivale et orientaliste immense, il est

connu pour sa fameuse srie romanesque Die Kinder des

Gral, Les Enfants du Graal( 1981-1986 traduite en franais

de 1996 1998) suivie de Der Schwarze Kelch, Le Calice

Noir (2 t), dont la publication stend de 1997 1999), en

tout 5 volumes totalisant quelques 4000 pages.

La premire srie Les enfants du Graal, comporte trois

tomes : Les enfants du Graal, Le Sang des Rois, La Couronne

du Monde, et la seconde, Le Calice Noir, deux : Le secret des

Templiers et Le Sceau de Salomon.

Suivent, toujours dans des thmatiques proches : LaCathare (Die Ketzerin, 2000), Zodiac (2002), La Croisade

des enfants (2006) (Das Kreuz der Kinder, 2003), La

Princesse et le Kilim (2006) (Der Kelim der Prinzessin,

2004).


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Lensemble de ses romans a connu un trs grand succs et

de nombreuses traductions.

Son roman Principal, Les Enfants du Graal, crit la

mmoire des enfants du sang royal , met en scne deux

jeunes hros Ro (Roger Raymond Bertrand ou Roger

Trencavel du Haut Sgur et Yeza ( Isabelle Constance

Ramona ou Esclarmonde du Mont Y Sion) que lon va

suivre, depuis leurs premiers jours, lanne 1244 (le

bcher Montsgur) jusqu leur maturit, laquelle concide

avec leur arrive Jrusalem, parvenus maturit.

Ils sont, crit lauteur personnages fragiles, porteurs

dune esprance que des puissances impitoyables

manipulaient sur lchiquier, (et) dans le grand

projet un couple de souverains encore enfants .

Ce Grand Projet o les enfants royaux se trouvent jets

va voir leur errance organise, en cette seconde moiti du

13me

sicle, tout au long du rcit, du Languedoc LaMongolie et de la Sicile en Terre sainte via lEgypte des

Ayyubides, Chypre et les palais de Constantinople. Il tient

justement leur parentalit : lun et lautre sont ns entre

1329 et 1240 de parents inconnus mais dune ligne

dclare demble comme sacre, puisque leur sang


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rel ou ral soit sangraal est prsent comme issu

des lignes les plus prestigieuses, (et cest ce qui en fait des

tres dexception) :

Ro est de la ligne des Trencavel de Toulouse, laquelle

descendrait en droit ligne de Jsus Christ et de Marie

Madeleine, son pouse cache dans certaines traditions :

Quand Marie Madeleine foula la terre de ce pays, elle

portait en elle le sang sacr Des druides dans le secret du

mystre, des scribes au fait de lancienne foi judaque,

lattendaient avec impatience, ils laccueillirent puis la

firent accoucher et incarner la Gesta dei per Francos ,

soit un sang qui toujours circule, vigoureux et fort vivant

(premier tome p . 571), et celui des Mrovingiens. Son pre

serait Raymond Roger II Trencavel mort en 1209

Carcassonne, fils du clbre Roger II Trencavel encore

appel Parsifal ou Perceval mort en 1194 et sa mre,

dEsclarmonde de Perella fille du seigneur de Montsgurqui prit avec sa mre dans le bcher dress par les

inquisiteurs pour les cathares du lieu,

1rf dition Livre de Poche, 1998, premire dition franaise Latts, 1996.


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Yeza serait fille de la mme Esclarmonde de Perella mais

son pre serait Enzio btard de lempereur Hohenstaufen

Frdric II.

C'est--dire que les enfants royaux qui seraient donc

demi frres et surs, ce qui ne les empchera pas, tels Isis

et Osiris, de saimer, culminent les deux principales lignes

des plus hautes familles royales. Tout au long des cinq

romans, le texte insistera, de faon rcurrente, sur les

relations dynastiques lorigine de cette pope lie au

sang royal et son devenir.

En 1244, Montsgur, au moment o les cathares (et donc

la mre des deux enfants) vont tre livrs au bcher de

lInquisition. Un vritable commando runi linstigation

dun mystrieux arrire ordre templier Le Prieur de Sion2

et de sa Grande matresse, Marie de Saint-Clair, va

favoriser leur vasion organise par Gavin Montbard de

Bthune commandeur templier de Rennes le Chteau,lantique Redhae, lequel est accompagn dun moine

franciscain Guillaume de Rubrouck, dun prince musulman,

Constance de Slinonte dit Faucon Rouge, alias Fassr ed

2Totalement fictive dun point de vue historique, cette soit disant existence du Prieur, trs rpandue du ct de

Rennes le Chteau, est due aux lucubrations dun nomm Plantard, ancien agent ptainiste qui sautoproclamait

hritier des Mrovingiens et grand Matre dudit prieur au dbut des annes 50, amplifie par Grard de Sde etreprise par les auteurs anglais Lincoln et Baigent, elle a inspir le Da Vinci Code. Peter Berling sen est donc

galement empar.


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Din Octay, de Sigbert Von Oxfeld, commandeur de lordre

des Chevaliers teutoniques, et de lAssassin Cran de

Bourivan, fils de John Turnbull, converti lIslam.

Tous ont jur au Prieur de dfendre le Graal, trsor dans

le trsor, essence vritable qui mrite dtre protge ,

par lOrdre, lautorit vraie, celle dont on parle voix

basse. Ce mythe du Graal ainsi interprt renverrait

lEvangile de Jean et Marie Madeleine vnre comme

une sainte car, dit la cathare Esclarmonde avant daller se

livrer au bcher en confiant les enfants Constance de

Slinonte: notre testament est notre sang .

La premire tape des fugitifs les amne au chteau de

Quribus o le seigneur cathare du lieu Xacbert de

Barbera, dit le Lion de combat, se mettra leur service

tandis que les Francs appuys sur lInquisition romaine

font mainmise sur le Languedoc do les purs sont

bannis . Plus tard les enfants royaux se revendiquerontdailleurs comme hrtiques et cathares.

On voit donc se mettre en place le camp ennemi des

enfants du Graal, dont les perscutions constitueront le fil

de lintrigue : le parti captien et lEcclesia Catolica alors

que sinterroge lauteur : le (saint) Graal (la version


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allemande nemploie pas ladjectif) serait-il une chose qui,

dans les profondeurs secrtes de lesprit se montrerait

capable dunir des chevaliers militants dordres chrtiens

aux adeptes de lAmour Courtois ? et , Ro et Yeza taient-

ils des enfants de lAmour, et de quelle sorte dAmour ?

Aussi le graal, prcieux trsor des hrtiques va demeurer

introuvable pour les Inquisiteurs et les Francs. En arrire

plan la protection de lEmpereur romain germanique, lui-

mme en conflit arm avec la papaut ne leur fera pas non

plus dfaut, ne serait-ce qu cause de lorigine de Yeza..

Ltape suivante, au prix de bien des pripties, conduit les

enfants Otrante o la comtesse souveraine du lieu,

Laurence de Belgrave dite lAbbesse et son fils Hamo

lEtrange leur fourniront un premier hve de paix, ils y

passeront leurs plus belles annes denfance, y apprenant

chevalerie, religions et courtoisie.

Puis lauteur nous entrane dans une pope incroyable olon verra les enfants royaux et leurs amis chapper bien

des embuscades, aux tentatives dassassinat foments par

la curie romaine ou la cour de France. Ils trouveront

successivement refuge la Cour de Byzance, puis au Caire

chez les Ayyubides sur fond de septime croisade (1248-


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1254), laquelle choue piteusement devant Damiette et o

ils rencontreront un temps lamiti dun familier de Louis

IX, le sieur de Joinville. Sont dcrits, avec force dtails,

combats en mer, intrigues de palais, harems et

caravansrails, banquets somptueux et machinations

politiques, luttes dinfluences entre les ordres

chevaleresques, et encore les rpubliques maritimes de

lpoque, les systmes dalliance et dinfluence, le roman

offrant alors avec brio une vaste fresque quasi baroque de

lpoque et de ses acteurs, traverse de bruits et de fureur

sur fond de renversements dalliance et de mystres

soigneusement entretenus par les ordres chevaleresques...

Une autre tape les verra trouver refuge dans la secte

Ismalite des Assassins Masyaf puis dans la Rose

dAlamut, la mythique forteresse du Vieux de la Montagne,

avant dtre achemins jusqu Karakorum, la cour de la

Horde dOr du Grand Khan Mongke, le descendant deGengis Khan, qui les prendra, un temps, sous sa

protectionOccasion pour Peter Berling de dcrire avec

minutie les relations gopolitiques de lpoque, les forces

en prsence, puisant ses sources dans une rudition

soigne.


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Les deux tomes du Calice Noirvoient Ro et Yeza revenir

en Occitanie, Rennes le Chteau, o serait gard le trsor

de Salomon apport l par les Vandales aprs le sac de

Jrusalem en 455 par Gensric.

Puis, leur errance de reprendre vers Palerme o le fils de

Frdric II Manfred les recevra avant de retrouver

lEgypte, Alexandrie, sous la protection des Mamelouks.

Ils aboutissent finalement Jrusalem. L, sur la Montagne

Sainte, leur sera rvl par le Rabbin Jakov lultime secret

du Graal, celui du sceau de Salomon qui clt le cycle

romanesque.

La pierre noire dans laquelle Salomon, aprs un combat

long et acharn, a banni les dmons vaincus se tient

comme la pierre dune porte ouverte devant le dernier lieu.

Aprs lui se trouve la Lumire. Elle garde le Graal et rjouit

tous ceux qui ne peuvent encore voir la lumire car le

Graal est un objet qui abrite des miracles innombrablescest encore le librateur lumineux. Si vous avez soif de

lui, il prend forme, on ne peut le dcouvrir quici et il

napparat quau pur, au dernier de la ligne du roi David .

Protg par le sceau de Salomon, il attend les enfants dans

la montagne du Saint des Saints, il participe lultime


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connaissance. Car les enfants du Graal sont un don du ciel,

aboutissement des lignes les plus prestigieuses, dont celle

de Jsus-Christ via Marie Madeleine, et celle des

Hohenstaufen, des familles royales rgnantes, il leur

appartient donc daccomplir leur vritable destin auquel

toutes les situations vcues dans les romans les

prpareront.

Le mythe du graal : parents et filiations


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Dans une profusion de rfrences littraires et

thologiques, dallusions plus ou moins perceptibles, ces

romans ncessitent une lecture plusieurs niveaux de

sens, nous en distinguerons trois souvent mls :

La Lgende arthurienne revisite par Wolfram Von

Eschenbach,

Lhrsie cathare occitane,

Lsotrisme gnostique.

La Lgende arthurienne :

Rappel des constituants du mythe graalique

Les romans de la Table Ronde : c'est au 9me sicle que

l'on commence publier l'histoire du roi Arthur et de ses

chevaliers. L'histoire des Bretons de Nennius (Historia

regum Britanniae) met en scne un chef de guerre (dux

bellorum), Arthur, la tte des tribus celtes de lOuest de la

Grande Bretagne. On lui connat 12 batailles dont certaines

en Irlande et sur le Continent lorsqu'il rsiste la fois aux

lgions romaines et la pousse nordique des Angles et

des Saxons.


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Au dbut du XIIme sicle trois vies de saints gallois sont

publies en latin, (celles des saints Cadoc, Paterne et

Carentoc) voquant, dans divers pisodes, la figure

d'Arthur ainsi que celles de quelques uns de ses

compagnons: K et Bduire.

En 1125, Guillaume de Malmesbury crit une Gesta Regum

Anglorum dans laquelle apparat le personnages de

Gauvain

En 1137, Geoffroy de Monmouth, vque des Galles du

Nord, publie l'Histoire des Rois de Grande Bretagne et les

prophties de Merlin. Son oeuvre marque une rupture

dans la Matire de Bretagne, ses crits tant complets,

organiss, utilisant la fois sources savantes et populaires.

En 1155, Guillaume Wace, crit en Franais "le Roman de

Brut"o il dcrit la Table Ronde, la vie la cour d'Arthur et

les crmonies qui s'y droulent.

De 1170 1190, Chrtien de Troyes, agissant sur

commande de Marie de Champagne, fille d'Alinor

d'Aquitaine, publie cinq romans arthuriens passant de

l'histoire proprement dite une conception dj artistique


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du roman d'amour (analyse). Il y fait montre d'un certain

got pour l'vocation du merveilleux. Ce sont:

Erec et Enide,

Cligs ou la Fausse Morte,

Lancelot ou le Chevalier la Charrette,

Yvain ou le Chevalier au Lion,

Perceval ou le Conte du Graal, inachev,

En 1212, Robert de Boron crit une trilogie: Joseph

d'Arimathie, Merlin, Perceval. C'est le premier auteur

connu avoir tent de composer un cycle complet

concernant le Graal. On ne conserve que le dbut de son

Merlin.

Dbut 13me parat le Perlesvaus, oeuvre un peu

droutante o les barons d'Arthur font croisade contre les

paens tenants de l'ancienne loi. Perceval y est un vritable

Christ-Chevalier.

Vers 1225-1228, c'est La Vulgate du Lancelot en Prose,

ou corpus Lancelot-Graal, premier roman en prose et en

langue vulgaire de notre histoire et dans lequel Guillaume

Assolant voyait"le pre de tous nos romans". Il s'agit d'une


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"li graaus...la u li sains sans glorieux del roi des rois fu

recheus" (XIIme sicle).

Le graal y apparat comme un objet usuel (cuelle,

rcipient) au milieu de deux autres objets: le tailloir

d'argent et la lance qui dgouline de sang. Il est port par

une demoiselle. Illuminant de clart tout sur son passage, il

est dcrit comme "de l'or le plus pur. Des pierres

prcieuses y sont serties" (Le Conte du Graal). C'est de

savision que date pour Perceval le dbut de ses malheurs.

A partir de Chrtien on voit insensiblement les rcits du

Graal passer d'une problmatique celte une

problmatique chrtiennefortement influence par les

cisterciens (Robert de Boron) avec un dtour par le

manichisme (chez les continuateurs de Chrtien:

Wauchier et Manessier).

Au dbut du XIIme sicle, deux textes adaptent ce thme:le Peredur d'un anonyme gallois et le Parzival de Wolfram

von Eschenbach (vers lan 1200).

La Qute du Saint Graal devient vite la fin ultime de toute

chevalerie. Au terme de la Qute entreprise linstigation

de Merlin, seuls trois chevaliers, les plus jeunes, Bohort,


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Perceval et Galaad parviendront au chteau du Graal, ils

assisteront une messe dite par Joseph, le fils de Joseph

d'Arimathie au cours de laquelle Jsus-Christ leur apparat

et assisteront aux mystres du Graal et de la lance qui

saigne. Mais un seul d'entre eux, Galaad, sera admis

contempler l'intrieur du Vase; ayant considr les choses

spirituelles qui s'y trouvent, il sera ravi au ciel. "Depuis

lors, il garde la frache

Documents

La Table Ronde Du Roi Arthur Bertin, Georges