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Bureau de dépôt : 6099 Charleroi X P401047 marchés/tendances Le label “Bois Plus”, une exigence commune de qualité dossier page 16 La prise en compte du développement durable, un atout de plus pour la pierre wallonne Ressources Naturelles Développement 2 e numéro 2011 Mai - Juin - Juillet les infos de RND Quelle cohabitation entre bois d’industrie et bois énergie ? page 12 a découvrir page 8

La prise en compte du développement durable, · Bien sûr que oui, car quoi de mieux pour fonder son jugement entre valorisation énergétique et valorisation matière, qu’une

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Page 1: La prise en compte du développement durable, · Bien sûr que oui, car quoi de mieux pour fonder son jugement entre valorisation énergétique et valorisation matière, qu’une

Bureau de dépôt :6099 Charleroi XP401047

marchés/tendances

Le label “Bois Plus”, une exigence commune de qualité

dossier page 16

La prise en compte du développement durable,un atout de plus pour la pierre wallonne

Ressources Naturelles Développement2e numéro 2011Mai - Juin - Juillet

les infos de RND

Quelle cohabitationentre bois d’industrieet bois énergie?

page 12

a découvrir page 8

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2 - LES INFOS DE RND - 2e numéro 2011

À la confluence des ressources naturellesIl y a six mois, nous portions à votre connaissance, notre changementde nom, ce passage revendiqué de Valbois RN à Ressources Natu-relles Développement, synthétisé en RND.

Derrière notre volonté de consolider les liens tissés, année aprèsannée, avec les secteurs professionnels du bois et de la pierre, notreasbl a fait le pari du développement durable. Nos actions en faveurde deux ressources naturelles, importantes pour le développementéconomique de la Wallonie, s’articulent autour d’un principe par-tagé, notre philosophie RID:

- le R de Raisonné, pour une valorisation optimale de la ressourcenaturelle en fonction de ses potentialités et qualités intrinsèques

- le l d’Intégré, pour une valorisation prenant en compte les pa-ramètres économiques, sociaux et environnementaux

- et le D de Durable, pour une valorisation s’inscrivant dans lesmoyen et long termes et favorisant une plus-value locale.

Ce nouveau numéro des “Infos de RND” en atteste, nous travaillonsà ces différents objectifs!

Nous mesurons évidemment toute la distance qu’il nous reste à ac-complir pour les atteindre. Mais nous avons la conviction que, pource faire, nous disposons d’un atout: le positionnement de notre asbl,à la confluence de deux ressources naturelles wallonnes, la pierre etle bois!

Ainsi, en page 8, nous saluons l’initiative de Pierres et Marbres deWallonie qui s’est fait accompagner de spécialistes pour conduire desanalyses du cycle de vie, destinées à comparer nos pierres régionalesavec des pierres asiatiques. Les résultats sont éloquents pour la pierrewallonne! Ce travail remarquable, similaire dans ses fondements à notre philo-sophie RID, prouve que nous sommes sur la bonne voie.

Parallèlement, notre dossier sur le bois énergie, qui débute en page16,laisse entrevoir toute la marge de progrès qui est devant nous. Essen-tiellement nourries de témoignages venant de professionnels et fata-lement partisans, les pages que nous consacrons à cette problématiquesont destinées, avant tout, à dresser un état des lieux, le plus objectifpossible et à envisager des pistes pour une cohabitation entre la valo-risation énergétique et la valorisation matière du bois.

Mais au terme de cette lecture, ne voit-on pas aussi se dessiner unegrande proximité avec la problématique que nous traitons dans l’ar-ticle consacré à nos pierres régionales?

Bien sûr que oui, car quoi de mieux pour fonder son jugement entrevalorisation énergétique et valorisation matière, qu’une analyse ob-jective du cycle de vie des produits bois, pour les deux filières.Incontestablement, cet outil d’aide à la décision concourrait à unebien meilleure prise en compte des répercussions de nos choix.

Voilà un travail sur lequel notre asbl peut apporter son concours…

RND se construit jour après jour pour accompagner le développe-ment des secteurs de la pierre et du bois. À la confluence, mais aussipour jouer pleinement son rôle d’influence!

RND Ressources Naturelles Développement asbl

44, rue de la Converserie - B-6870 Saint-HubertTél. 061 29 30 70 - Fax 061 61 27 32

E-mail : [email protected] - www.portailpierre.org

Toute reproduction, même partielle, des textes et des documents de ce numéroest soumise à l’approbation préalable de la rédaction.

Photos © RND sauf indication contraire.

Les Infos de RND sont réalisées avec le soutien financierde la Région wallonne, de l’Union européenne

et de la Province de LuxembourgPROVINCE DELUXEMBOURG

Réseau bois- À la découverte d’une cellule en mutation :

un homme, des missions et un nouvel avenir . . . . . . . . . . . . . . . . . 3

- Des talents venus du monde entier

au 1er symposium de sculpture sur bois . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26

- 6èmes Rencontres Filière Bois

le tour du monde sans 1 g de CO2 ! . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28

Portrait- HMS Bausysteme SA, des projets plein la tête . . . . . . . . . . . . . . . . . 6

Réseau pierre- La prise en compte du développement durable,

un atout de plus pour la pierre wallonne . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8

Marchés / tendances- Le label “Bois Plus”, une exigence commune de qualité . . . . . . . . 12

Le dossier du trimestre- Quelle cohabitation entre bois d’industrie

et bois énergie? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16

Lectures / événements . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 30

éditorial sommaireNadine GodetDirectrice

Équipe de rédaction : Nadine Godet, Bastien Wauthoz, Eugène Bays,François Deneufbourg, Frédéric Castaings

www.espacemedia.com - Tél. 061 23 34 76Conception et réalisation :

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LES INFOS DE RND - 2e numéro 2011 - 3

réseau bois

À la découverte d’une cellule en mutation :un homme, des missions et un nouvel avenir

Les départs s’accompagnent parfois d’un “cen’est qu’un au revoir, mes frères” et, plus qu’end’autres circonstances, le cas présent en est uneexcellente illustration. Si Marc Herman s’éloignede la DRF, ce n’est que de quelques encablurespour rejoindre sa petite sœur, la Direction duMilieu Forestier du DEMNA. Alors, le savoir qu’ila accumulé ne sera pas perdu, au contraire enreprenant certaines de ses prérogatives an-ciennes, le nouveau Directeur devrait donnerune impulsion bienvenue à cette jeune directiondont le principal objectif, jusqu’à très récem-ment, a été de donner naissance à l’observatoirede la santé de nos forêts.

Alors, quels projets emporte-t-il dans ses ba-gages? Un peu de tout ce qui a rythmé ses dixans passés à la DRF.

Le suivi de la lutte sanitaireen forêt

«À peine arrivé à la Direction des Ressources Fo-restières, en 2000, j’ai été chargé de la coordina-tion de la cellule de crise relative aux hêtresscolytés», une mission brûlante tant cette mala-die faisait des ravages dans les années 2000-2001. Sitôt ce premier incendie maîtrisé, unnouveau départ, «en 2003, avec les épicéas sco-lytés suite aux différents chablis qui nous ont tou-chés» évoque un Marc Herman qui garde unsouvenir très net et très posé de ces situationsd’urgence. Informer et coordonner étaient lesmaîtres mots de son action, mais il y avait égale-

Au gré de nos pérégrinations au sein des composantes de la Direction des RessourcesForestières (DRF) du DNF, à chaque publication il nous est permis de découvrir des acteursqui tous démontrent une réelle utilité, le plus souvent d’une portée insoupçonnée deprime abord. Aujourd’hui, nous nous penchons sur un cas un peu particulier car derrièrela cellule que nous allons explorer, se cache un homme, Marc Herman, avec qui nousavons pris l’habitude de travailler. Avec lui, et de nombreux autres, année après année,s’est bâti en Wallonie un véritable esprit filière… Vous en doutez? Mais savez-vous qu’ac-compagné des représentants des fédérations et opérateurs du secteur, il est l’un des arti-sans des “Rencontres Filières Bois”, ce rendez-vous annuel unique où convergent fores-tiers, entrepreneurs, chercheurs, étudiants, curieux, bref tous ceux qui désirent mieuxconnaître la filière bois et jouir d’une vision d’ensemble. Mais ce n’est pas là son seul ter-rain d’action, loin de là !Marc Herman a souvent préféré œuvrer dans l’ombre, mais sa récente nomination au rangde Directeur f.f. à la Direction du Milieu Forestier (DMF) du DEMNA (Département del’Étude du Milieu Naturel et Agricole) le projette, bien malgré lui, sous les feux de larampe. Alors, pointons vers lui nos projecteurs, pour un portrait de l’homme et de sacontribution à la filière bois wallonne.

ment tout un volet pratique : « la mise en placeet l’évaluation de différents pièges à insectes».Interlocuteur identifié et reconnu pour son pro-fessionnalisme, notre témoin continuera à assurer«un suivi régulier de ce volet sanitaire, avec sur-tout la supervision de conventions de rechercheavec l’ULB et le Centre wallon de RecherchesAgronomiques sur ces problématiques».Le suivi de la lutte sanitaire en forêt reste unepréoccupation latente car «on dénombre beau-

coup de populations d’insectes qui peuvent trèsvite passer du statut endémique à une situationde crise ». Rien d’étonnant à ce que cette mis-sion soit désormais dévolue à la DMF, un pre-mier transfert de mission opportun.

Un jour à la DRF, l’autre à la DMF, visiblement Marc Hermans’épanouit en endossant ce double costume.

Différentes initiatives permettent de lutter contre le scolyte du hêtre, dont un réseau de 20 000 pièges en forêt wallonne.

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4 - LES INFOS DE RND - 2e numéro 2011

L’Accord-cadre de rechercheet de vulgarisation forestière

Derrière cette dénomination très institutionnellese cache en fait un programme de rechercheparticulièrement pragmatique et utile. Initié parla Région Wallonne en 1999, sous l’égide duMinistre Guy Lutgen, l’Accord-cadre court parpériodes de cinq années et se voit doté d’unbudget d’environ 1,3 million d’euros. Unesomme loin d’être négligeable !

Au niveau de Marc Herman, « il s’agit d’assurerla coordination de ce plan pluriannuel de re-cherche qui réunit les universités qui formentnos ingénieurs des eaux et forêts, à savoir la fa-culté de Gembloux et l’UCL. Nous développonsun programme de recherche qui intéresse direc-tement le gestionnaire forestier. En effet, dèsque nous sommes confrontés à une probléma-tique en lien avec la gestion forestière, l’Accord-cadre permet de s’y pencher en y consacrant letemps et les moyens nécessaires. Les résultatsde ces études sont formalisés et donnent lieu àune restitution, auprès de nos personnels, viades modules de formation très concrets, élabo-rés par l’asbl Forêt Wallonne».

Comme on peut le voir, l’Accord-cadre est unoutil de grande valeur pour développer lesconnaissances des forestiers. La rencontre entredes pools de recherche qui n’avaient pas cou-tume de collaborer ensemble, à l’initiative duservice public, permet de créer des synergies, auplus grand bénéfice des personnels du DNF quiprofitent de la restitution de ces travaux.D’ailleurs l’intérêt de la démarche n’auraéchappé à personne, Marc Herman relevant que

« ce programme est une première en RégionWallonne. Aujourd’hui nous sommes au cœurdu troisième Accord-cadre, qui va courir de2009 à 2014, et l’initiative est unanimement sa-luée, citée en référence et c’est un système quifonctionne très bien ! ».

Concrètement, le troisième Accord-cadre - celuide la maturité - établit un programme communavec des actions de recherche qui sont parta-gées par les deux équipes de recherche. «C’estsans conteste une réussite énorme quand onvoit travailler ensemble ces deux institutions quiavaient tout pour ne pas collaborer l’une avecl’autre. Elles prennent désormais en charge dif-férents aspects d’une même problématique etse répartissent le travail » constate Marc Her-man.

Mais pour en arriver là, il aura fallu du temps :pas moins de deux Accords-cadres, 1999-2004et 2004-2009. «Nous sommes passés, en unedouzaine d’années, d’un premier Accord-cadrequi a mis en commun les spécialités, les fleuronsde chaque université à un deuxième Accord-cadre qui a renforcé l’aspect symbiose entre lesacteurs de la recherche et la Région Wallonne ;tout ceci pour aboutir à l’Accord-cadre actuelqui met en œuvre, pour la première fois, devraies actions de recherche qui sont partagées.Et les résultats sont très probants ».

Devant un dossier aussi transversal que peutl’être la coordination de l’Accord-cadre de re-cherche et de vulgarisation forestière, et unestructure telle que le DEMNA qui rassemble desdonnées sur la forêt et son écosystème, les lienssautent aux yeux. «Programmes de recherched’un côté, suivi de la santé des forêts entreautres pour le DEMNA, il est logique de faireappel aux outils déjà en place. Dans mes nou-

Les recherches menées grâce à l’Accord-cadre sont nombreuses etvariées. Il importe de savoir qu’elles font l’objet d’évaluations dela part d’experts extérieurs et gens de terrain pour s’assurer deleur pertinence méthodologique ainsi que pratique. Exemples…

La mise au point de l’inventaire des dégâts d’écorcement dugrand gibierL’Accord-cadre a permis de mettre au point cet inventaire forestier, sousla coordination de Forêt Wallonne. Aujourd’hui, avec une méthodologiefinalisée, les cantonnements du DNF réalisent le travail de terrain en en-codant les données qui sont analysées par la Direction de la Chasse et dela Pêche du DNF. Ceci a une incidence directe sur les plans de tir

Le cahier des charges pour la réception des plantsFaisant suite à différents travaux sur des itinéraires sylvicoles, et notam-ment la plantation des espèces boisées, l’Accord-cadre s’est focalisé avecles pépiniéristes, sur une procédure homogénéisée de réception et d’éva-

luation de la qualité des plants. Un acte qui concourt à une augmentationde la qualité des plantations en forêt publique.

Le suivi et le devenir des sols à argile blanchePour ce sujet d’actualité, et relatif à un type de sol que l’on rencontre trèssouvent en Ardenne ou Haute Ardenne, l’Accord-cadre a été sollicité pourclasser ces différents sols et définir les modes de gestion adaptés. Une in-formation qui est redescendue auprès des cantonnements sous formed’une formation et d’une note technique.

La révision du fichier écologique des essences et du guide de boi-sementAutre thème de travail encore en cours, il s’inspire des recommandationsdu nouveau Code forestier qui demande le respect de l’adéquation entreessence et station. Dans un contexte de changement climatique, cette ré-vision est devenue urgente et devrait se concrétiser par la mise à jour deces outils fondamentaux pour les forestiers, d’ici quelques mois.

Quelques illustrations des avancées permises par l’Accord-cadre

Cet ouvrage de synthèse, auquel a participé MarcHerman, illustre parfaitement le travail de vulgarisationdes travaux scientifiques et leur traduction en guidede conseil pour la gestion de l’épicéa.

velles fonctions, à la DMF, je souhaite poursuivrela coordination de l’Accord-cadre, tandis que sagestion quotidienne et administrative resteraitau sein de la DRF» confie Marc Herman.

Le rôle d’interfaceavec la filière bois

«De mes antécédents et de mes travaux de re-cherche en technologie du bois lorsque j’étais àl’UCL, j’ai toujours gardé cette sensibilité pourl’aval de la filière» concède Marc Herman. Unparcours atypique pour ce forestier, dont les res-ponsables du DNF auront su tirer un bel avan-tage, le positionnant à un poste stratégique deconcertation en lien avec l’ensemble de la filière.

À cette place très en vue, Marc Herman a ac-compagné l’essor du secteur bois en Wallonie.

réseau bois

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Parallèlement aux opérations largement médiati-sées, il s’agit de ne pas omettre ces petits pas dis-crets qui changent peu à peu la physionomie d’unsecteur. Comme par exemple, «la réflexion sur lescahiers des charges des ventes de bois. Depuis2006, nous avons poursuivi au sein d’un groupede travail associant les parties concernées, commeFedemar, l’optimisation du cahier des charges enmatière de gestion et d’exploitation. Le travail ac-compli a d’ailleurs été repris dans le nouveauCode forestier, ce qui atteste de sa qualité. Mêmeles propriétaires privés s’en inspirent désormais».Une initiative peu connue et qui, aujourd’hui,trouve un prolongement encore plus importantavec la préparation de l’article sur l’agrémenttechnique forestier, une référence pour s’assurerque tous les acteurs qui interviennent en forêt lefassent correctement, sous peine de sanction.

Autre mission à la charge de cette cellule, la ré-ponse au flot des questions quotidiennes. «Parexemple, très récemment, nous avons beau-coup travaillé sur la méthode des cloisonne-ments en forêt et sur le compactage des sols.Cela amène pas mal d’interrogations de la partdes exploitants et on essaie de leur apportertoutes les réponses».

Enfin, volet le plus visible, la promotion du boisau sens large. «Nous assurons ici le suivi de sub-ventions, notamment celles liées au salon Bois &Habitat depuis 1999. Nous participons égale-ment à la promotion du bois, par l’entremise del’UCL, avec la mise en place de modules de for-mation à l’utilisation du bois dans la construction,dont la cible est principalement constituée d’ar-chitectes. Nous apportons également notrecontribution à la promotion du bois en soutenantle marquage CE et les travaux que mènent collé-

Autre axe de travail important développé avec l’appui de l’Accord-cadre, c’est la promotion d’un bois de qualité. Ce fut le cas avec le douglas dont les grumes ci-dessous, fruit d’une récolteen Wallonie, ne devraient pas laisser indifférents les connaisseurs.

Année après année, les Rencontres restent fidèles àleur positionnement et à leur charte graphique. À quoibon changer quand le succès ne cesse de s’amplifier ?

gialement Hout Info Bois, RND et la Fédérationdes Négociants en matière de machines de mar-quage». Aux yeux de Marc Herman, «ces sou-tiens financiers sont logiques car nous avons lapréoccupation constante de faire converger versle marché un bois de qualité. Il est normal demettre les moyens pour le faire savoir, en pro-mouvoir la meilleure utilisation et ainsi le sortirdu lot. Une démarche qui n’est finalement pastrès éloignée de celle d’un industriel qui veut faireconnaître son produit ! » relève-t-il.

Mais ce que beaucoup ont à l’esprit, lorsquel’on parle de promotion du bois au sens large,ce sont les Rencontres Filière Bois. «La promo-tion du bois, en lien avec la filière, nous a ame-nés à créer, il y a six ans, ces Rencontres FilièreBois. Ce rendez-vous, qui trouve naturellementsa place dans le salon Bois & Habitat, là où lebois est bien mis en avant, permet de fédéreret rassembler les gens de tous les horizons ».Une idée qui émane de Marc Herman, et dontla concrétisation doit beaucoup aux décideursdu DNF mais aussi à ce qui est devenu une“bande de copains”, qui se retrouvent autourd’un souhait commun : faire ensemble la pro-motion du bois et de la forêt.

D’édition en professionnalisation, les 6èmes Ren-contres se tenaient fin mars dernier (à lire enpage 28), le concept n’a cessé de prendre del’ampleur pour finalement s’inscrire comme undes événements annuels phare de la filière. Deces succès auxquels on souhaite rester associé,surtout quand on en est l’un des créateurs !C’est donc naturellement qu’il révèle «assurerà ce jour encore, les fonctions de coordinateuret de secrétaire du groupe Rencontres FilièresBois. Cette implication ne sera pas remise en

cause, je vais pouvoir continuer à m’impliquerdans cette organisation».D’ailleurs, sans dévoiler le moindre secret, sa-chez que notre témoin s’est montré particuliè-rement actif pour définir le contenu de laprochaine édition de Rencontres. Un sujet quidevrait être palpitant, mais nous n’en dirons pasplus… du moins pour l’instant !

Bref, voilà un homme qui ne manque pas de su-jets d’occupation. Outre ses nouvelles missionsau DEMNA, dont le pilier central est l’Observa-toire wallon de la santé des forêts inauguré le29 mars dernier, il aura repris avec lui, pas malde prérogatives antérieures. Attention à la sur-charge de travail ! Et à très bientôt… �

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6 - LES INFOS DE RND - 2e numéro 2011

Les plus attentifs à l’offre en matière decomposants pour la construction bois ontdéjà entendu parler de HMS, cette sociétéimplantée, depuis 2002, près de chez nous,à Manhay. HMS Bausysteme SA produitactuellement, dans sa nouvelle usine, despanneaux en bois massif contrecollés.La complémentarité entre la technologiegermanique, l'esprit de créativité et larecherche de nouveaux marchés à conqué-rir, a permis à la firme wallonne, frianded’innovation et d’un service de qualité, dese développer remarquablement.L’entretien avec Sergio Wolf, administra-teur, et Raphaël Mérenne, administrateuret architecte, prouve, s’il en était encorebesoin, qu’un produit d’excellente qualité,un process industriel mûrement réfléchi etdes idées novatrices préfigurent les succèsde demain.

Un produit porteur

Les panneaux en bois massif contrecollé croisésont à la base de la réussite de HMS BausystemeSA. Le process mis en œuvre s’appuie, toutd’abord, sur un assemblage de planches d’épi-céa de 25 à 31 mm d’épaisseur, collées entreelles sur la tranche. Les plaques ainsi obtenues,de dimensions de 60 cm ou 1,2 m de largeur etd’une longueur de 13,5 m - longueur maximumacceptable pour transport - sont assemblées plipar pli par collage agrafage, à contresens et ennombre impair.

L’intérêt technique est immédiat car, comme lefait remarquer Raphaël Mérenne, « le travailcouche par couche permet d’incorporer, dès laconception, tous les fraisages et percements, àquelque endroit que ce soit. Mais en plus, grâceau croisement des plaques de bois, on donnenaissance à un composant parfaitement stable :exit les problèmes de tassement, les variationsdimensionnelles, le voilage». Pour l’architectequi là s’exprime, « le principal problème du boisn’existe plus ! ».

Reprenant la balle au bond, Sergio Wolf metl’accent sur les qualités intrinsèques du ma-tériau, notant qu’ «en utilisant les panneauxHMS, le client s’oriente résolument dans une

voie écologique, économique et durable. Laconstruction bois, et le panneau en bois mas-sif contrecollé en particulier, n’a plus rien àdémontrer de ce côté-là. On est en présenced’un matériau renouvelable, qui stocke leCO2, principal gaz responsable de l’effet deserre. Et quand on sait qu’une maison d’en-viron 150 m2 au sol consomme entre 30 et35 m3 de panneaux en bois, soit autant detonnes de CO2 stockées, c’est loin d’être né-gligeable ! ».

Cette préoccupation environnementale est trèsprésente dans le process développé par HMS etdans les esprits. «Bien entendu, tous nos boissont certifiés PEFC, garantie que la matière uti-lisée ne met pas en péril l’avenir des forêts d’oùelle est issue. Mais notre démarche va plus loincar nous constatons chaque année que notremarché croît. De 14 maisons livrées en 2007,soit environ 500000 euros de chiffre d’affaires,nous sommes parvenus en 2010, à 67 maisonset un C.A. proche de 4 millions» font remarquerles deux hommes.Pour eux, «on ne pouvait plus se satisfaire d’uneproduction de panneaux basée en Allemagne. Ilétait temps de produire ici. C’est, de plus, judi-cieux en terme environnemental car nous rédui-sons la part transport, et en terme économique,c’est plus intéressant pour le client».

La production va bon train dans la nouvelleusine, achevée fin 2010, sur le site de Vaux-Chavanne. Et pour cet investissement consé-quent - pas moins de 3400000 euros - HMSBausysteme SA a poussé jusqu’au bout sa lo-gique technologique et écologique. Ce projet,qui a reçu le prix de l’empreinte écologique lorsdu salon Énergie et Habitat, respecte à la lettrela philosophie de la société en matière de déve-loppement durable.«Notre nouveau bâtiment est une des raresusines basse énergie de Belgique. Tout a étépensé pour réduire son empreinte écologiqueet pour abaisser au maximum ses consomma-tions énergétiques. En plus, elle est construiteavec 2200 m3 de bois sous forme de panneauxHMS, sans parler de la structure en bois lamellé-collé » se félicite Raphaël Mérenne.

Une offre modulable

L’une des caractéristiques qui fait la force deHMS Bausysteme SA, c’est sa capacité à tra-vailler en flux tendu. «Nous avons un bureaud’études en interne, à Manhay» relève RaphaëlMérenne, pour qui « c’est une force, car onprend le dessin de l’architecte et on peut toutconcevoir, en informatique, sur base de nospanneaux. Les données sont ensuite transmises

HMS Bausysteme SA,des projets plein la tête

Sergio Wolf et Raphaël Mérenne misent sur le service à la clientèle et de nouvelles offres pour se développer.

portrait

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LES INFOS DE RND - 2e numéro 2011 - 7

vers la fabrication, où les panneaux sont dimen-sionnés exactement en fonction du projet et in-tègrent toutes les découpes».

À noter que chaque élément, mur, toiture ouplancher, est produit à l’inverse de sa mise enœuvre. Cela permet de débuter la constructionsur chantier, dès l’arrivée du premier camion.Précisons également que pour le client, les dé-lais sont des plus réduits, « il nous faut entre sixà huit semaines entre la signature de la com-mande et la livraison des éléments ».

Mais l’autre force de HMS Bausysteme SA, c’estde proposer des produits en complément dugros œuvre bois. «Nous avons développé desproduits spéciaux comme des kits électriques ousanitaires, un kit d’étanchéité à l’air, égalementun système de ventilation double flux haute per-formance ou encore des châssis triple vitragepassif que nous pouvons proposer à nosclients ».Une offre très modulable qui séduit de plus enplus, et pour cause : « le client a tout au traversd’un seul interlocuteur. C’est pour lui à la foisun confort et l’assurance d’acheter des produitsadaptés à son projet ».

Alors on voit fleurir les projets bois de HMS Bau-systeme SA, avec une forte croissance du côtédu passif. Pour l’expliquer, Sergio Wolf met enavant « la facilité et le coût très compétitif despanneaux HMS pour ce type de projet. C’est unmarché qui se développe très fortement du faitde la hausse des prix des énergies mais aussi desprimes et incitations fiscales. Il est aujourd’huimoins coûteux de faire du passif qu’un bâti-ment basse énergie. Les gens en sont parfaite-ment conscients ».

Des pistes de diversificationtrès avancées

«Avec une soixantaine de maisons produiteschaque année, notre affaire est à l’équilibre »lâche Sergio Wolf, le financier du tandem. Unchiffre largement dépassé en 2010, alors lesdeux hommes ont l’esprit libre pour imaginerde nouveaux développements…

«Nous voyons que de plus en plus de promo-teurs s’intéressent à notre produit. La préfabri-cation apporte moins de soucis, les chantierssont plus rapides, sans déchets, les techniquesde second œuvre sont très simples car les réser-vations sont déjà prévues… Bref, un chantierd’un an en traditionnel se réalise en trois àquatre mois avec nos panneaux, voire seule-ment une semaine pour le gros œuvre fermé

Dans le showroom de HMS Bausysteme SA, une maquette permet d’appréhender en détail le système constructif HMS.

d’une maison. C’est ainsi que nous avons étéapprochés par un promoteur canadien auquelnous avons vendu huit logements de trois ap-partements chacun. Là-bas, on ne connaît quel’ossature traditionnelle. Le panneau a séduitnotre client et nous songeons à nous associeret à y installer une machine de production depanneaux HMS dès 2012».

Sur sa zone plus habituelle de travail, le Beneluxet la France, les hommes de HMS BausystemeSA comptent lancer «une nouvelle ligne de mo-dules 3D. L’idée est de fabriquer, pour desclients répétitifs, comme les chaînes hôtelières,les résidences pour étudiants ; ou simplementde fournir quelques éléments du bâtiment : lesdouches, les WC, les chambres… ».Seul frein à ce type d’initiative, « le transport quipeut se révéler très coûteux, il faut des modulestransportables quelle que soit leur taille ».

Les idées ne manquent pas dans ces deux têtes.Les associés envisagent également de « faireévoluer la machine de production de panneauxHMS de Manhay. Nous avons dans l’idée de va-loriser la production locale de bois en mettanten œuvre des planches aboutées. Cela demandede profondes modifications au niveau de notreoutil de production mais nous pensons que c’estfaisable pour une première production dès2012! ».

Ces deux-là ne manquent ni d’énergie, nid’idées. Tout semble présager un bel avenir, bondéveloppement à HMS Bausysteme SA. �

L’usine HMS Bausysteme SA de Manhay illustre toutes les qualités du bois et du panneau commercialisé par ce site.

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Contact :

HMS Bausysteme SARue des Boussines, 486960 ManhayTél. : 086 21 06 86E-mail : [email protected] Internet : www.hms-systeme.eu

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8 - LES INFOS DE RND - 2e numéro 2011

réseau pierre

Pour Francis Tourneur, le Secrétaire Général dePierres et Marbres de Wallonie qui a accepté denous recevoir, il est une réalité que « l’intérêtpour une démarche de développement durableau niveau des marchés de la pierre n’est pasune idée nouvelle, ni un effet de mode. Depuisle début des années 2000, nous travaillons surce type de problématique».

Un exercice de fond long, parfois difficile, trèssouvent parsemé d’embûches, mais grâceauquel «dans un premier temps, nous avonsrécolté pas mal de données qui ont permis demodifier nos pratiques pour réduire notreimpact sur l’environnement. Dans une secondephase, ces travaux ont servi de base à une com-paraison objective avec nos principaux concur-rents d’Asie ». Détails…

L’expression “développement durable”, avec son cortège de terminologies associées,est servie à toutes les sauces, en toutes circonstances. Les éminences grises des servicesmarketing ont compris depuis pas mal d’années que le consommateur occidental duXXIe siècle intégrait de plus en plus l’impact de son acte d’achat sur l’environnement.Alors, aujourd’hui, quel est le produit qui ne se revendique pas vert ? Mais derrière cesallégations de façade, quel fondement scientifique? Aucun le plus souvent !Pourtant les outils existent, des méthodologies réglementées par les normes ISO ont faitleurs preuves… alors pourquoi ne pas sauter le pas? C’est ce qu’a entrepris l’asbl Pierreset Marbres de Wallonie avec l’appui du Laboratoire de Génie Chimique de l’Université deLiège. Au travers d’une étude inédite, l’organe de promotion de la pierre wallonneapporte un argument de poids en faveur de l’utilisation de la ressource locale et entendbien se faire entendre de tous les consommateurs potentiels, privés comme publics.

Une démarche de progrèspour la pierre wallonne

Dans un domaine aussi pointu et aussi avant-gardiste qu’une étude d’impact environnemen-tal, remémorons-nous que nous ne sommesque dans la première moitié des années 2000,l’asbl Pierres et Marbres de Wallonie s’estentourée de références qui faisaient déjà auto-rité à l’époque. «Nous avons noué des contactsavec le Laboratoire de Génie Chimique de l’Uni-versité de Liège qui avait déjà formalisé destechniques d’analyse du cycle de vie de pro-duits et des bilans globaux, notamment dansles secteurs de l’énergie et de l’automobile ».

Rapidement s’est posée la question du maté-riau à analyser, sachant que la gamme des pro-ductions wallonnes est très large. «Nous avonsopté pour le petit granit, la pierre bleue de Bel-gique plus exactement. On a sélectionné deuxproduits standards : une dalle intérieure, uneextérieure. Il s’agit d’un dallage de 1000 m2 enpierre bleue de dimensions 20 x 20 cm et de2 cm d’épaisseur en intérieur, 3 cm en extérieur.Le tout livré et posé à Bruxelles ».

Pour une telle analyse, toutes les étapes ducycle de vie du produit sont reprises. Comme leprécise Francis Tourneur, « l’analyse du cycle devie - ACV, LCA en anglais - étudie les aspectsenvironnementaux et les impacts potentielstout au long de la vie d’un produit, de l’acqui-sition de la matière première à sa production,son utilisation et à sa destruction. C’est uneapproche du berceau à la tombe, réalisée dansle cadre des normes ISO 14040 et 14044».

«Nous avons également analysé deux types decarrières, en phase humide ou sèche, car l’ex-haure a un impact non négligeable».

En 2008-2009, après plusieurs années d’obser-vations et de travaux, les résultats tombent.«Cela nous a permis de bien hiérarchiser l’im-pact des différentes étapes de valorisation de lapierre bleue. Nous avons identifié les postes lesplus épineux pour agir prioritairement sur eux,c’est le cas par exemple de l’emballage. Celanous a surpris de voir à quel point la palette,son cerclage métallique et son film plastiqueavaient un impact écologique négatif. Beau-coup d’entreprises du secteur y ont réfléchi etmis en place des alternatives ».

Mais l’étude a également suscité un autre inté-rêt, à savoir la comparaison avec d’autres pro-duits. «Pour le dallage intérieur, nous avons misen vis-à-vis la pierre bleue et les céramiques, quisont de simples imitations. L’impact environne-mental s’est avéré beaucoup plus lourd pour lacéramique du fait, notamment, du poste cuis-son qui génère de fortes émissions en gaz àeffet de serre».

Finalement, ne restait plus qu’une comparaisonà effectuer, «celle avec un produit équivalentmais originaire de chez notre principal concur-rent : l’Asie. Et c’est désormais chose faite ! ».

Avantage à la pierre wallonne

«Comparer l’impact environnemental de nosproduits à leur équivalent chinois ou indien estquelque chose de très compliqué car cela sup-pose de connaître précisément le processindustriel là-bas. Cela relève de l’espionnage etnous avons abandonné cette piste. Nous avonsdécidé de nous focaliser uniquement sur letransport depuis la Chine jusqu’à Anvers, puispar camion jusqu’à Bruxelles pour compareravec les données que nous avions déjà».

la prise en compte du développement durable,un atout de plus pour la pierre wallonne

Pour le Secrétaire Général de Pierre et Marbres de Wallo-nie, Francis Tourneur, cette étude d’impact environnementaln’est qu’une petite pierre dans l’édifice, mais de celles quipermettent de bâtir de vrais remparts !

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Chacun notera “l’indulgence” des promoteursde cette étude qui ont décidé de ne s’intéresserqu’à la partie transport ! Mais pour autant, «ona mis en évidence que ce long cheminement,de la Chine à notre point de livraison, avait unimpact colossal. À tel point que dès 2008-2009, nous avons décidé d’élargir nos investi-gations à un autre type de pierre belge, un pro-duit en grès qui sert à l’aménagement detrottoirs, c’est-à-dire un pavé platine de 15 x 15x 8,5 cm. Nous avons aussi comparé le trans-port de ce produit à son concurrent, indienpour le coup. Toutes les données ont étéreprises sous la forme d’une analyse du cycle devie, accompagnée d’une fiche de déclarationenvironnementale, qui n’est ni plus ni moinsqu’un bilan environnemental détaillé ».

Alors quels sont les grands enseignements ?« En mars dernier, lors du salon Bois & Habitatde Namur, nous avons présenté ces trois pre-mières analyses du cycle de vie : dalle mince,dalle épaisse et pavé. Premières, car nous enavons commandité de nouvelles autour dumoellon en grès, d’une bordure et d’uneplaque mince en pierre bleue. Résultats atten-dus au printemps 2012».

Et pour ce qui est des conclusions sur les troispremiers produits, elles sont édifiantes. «Pourla pierre bleue, parmi de nombreux indicateursprésents dans l’étude, l’analyse ACV pour ledallage extérieur illustre que l’impact CO2 d’unmètre carré de pierre bleue de Belgique est de6 kg, tandis que celui de son succédané chinois,incluant le seul poste de transport, est de24 kg, soit un impact quatre fois plus impor-

tant ! L’analyse d’autres indicateurs illustre quel’écotoxicité (facteur agrégeant plusieurs pol-luants) de la filière belge est environ vingt foismoindre que celle de la filière chinoise ! ».

« D’autre part », renchérit Francis Tourneur,« les fiches de déclaration environnementaleont permis d’établir que le seul impact destransports depuis l’Asie, pour le petit granit uti-lisé en intérieur ou en extérieur, est égal, voireun peu supérieur, à toute la filière de produc-tion des pierres en Belgique : extraction, débi-tage, façonnage, emballage, transport… Cerésultat est d’autant plus intéressant qu’il est àmettre en parallèle avec les grandes quantitésde matière habituellement requises pour lesaménagements urbains ».

Et pour le grès, le tableau brossé n’est guèreplus flatteur pour nos amis Indiens. «L’analysedu cycle de vie pour le pavage extérieur laisseapparaître un impact équivalent CO2 des pavésplatines en grès du Condroz de 396 kg pour1000 m2, tandis que seul le transport de sonconcurrent indien est de 465 kg, soit 55 %d’impact en plus ! Et je le répète, pour le pro-duit étranger on ne parle même pas de l’impactsur l’environnement de l’acquisition de lamatière première ou de sa valorisation. Oncompare un cycle complet chez nous et seule-ment le transport depuis l’Inde ou la Chine ! ».

Voilà effectivement des résultats qui posentquestion… et que Pierres et Marbres de Wallo-nie est bien décidée à exploiter pour en tireravantage. D’ailleurs grand public et décideurspolitiques sont les cibles privilégiées.

Une stratégie decommunication sur les rails

Pour communiquer le plus efficacement pos-sible, Pierres et Marbres de Wallonie s’est tour-née vers des professionnels.

Première campagne à voir le jour, celle en direc-tion du grand public. «Nous l’avons inaugurée àl’occasion du salon Batibouw de Bruxelles, finfévrier de cette année, avec un visuel qui fait allu-sion à des légumes et un slogan tout indiqué:Croquer local, c’est bon pour l’environnement».

Cette campagne - à admirer en page 11 - sedécline autour d’une affiche mettant en scènetrois pierres-légumes : la pierre bleue, le marbrerouge et le quartzite. «Ce visuel est déclinédans la presse magazine et les premièresremontées démontrent un fort impact ».

Une autre entreprise de communication, spécia-lisée “vert”, a été mandatée dans une autredirection. «Elle est en train de concevoir unguide, autrement plus simple et plus accessibleque les fiches de déclaration environnementales.Le but est de faire connaître dans le détail lesrésultats de nos travaux mais de manière ludiqueet attrayante. Notre objectif est de présenter cenouvel outil à Batimat, en novembre 2011».

Depuis sa position privilégiée, véritable inter-face entre les entreprises du secteur, leursclients et les décideurs politiques, Francis Tour-neur est convaincu d’être dans l’air du temps.«Mais il y a encore beaucoup de travaux àconduire ! ».

« Le transport par bateau et par camion depuis la Chine est très préjudiciable à l’environnement », c’est l’une des conclusions de l’étude diligentée par Pierres et Marbres de Wallonie.

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Tout d’abord auprès des maîtres d’ouvrage pri-vés… «Grâce à la communication via nosaffiches, et une présence forte sur les foires etsalons, des articles dans la presse et les revues,nous pourrons faire comprendre aux gens lefaible impact environnemental des produitsindigènes. Ils sont très sensibles à ce type dediscours. Nous disposons de données irréfu-tables, à nous de nous faire entendre».

Mais les maîtres d’ouvrage publics constituentégalement une cible prioritaire. «Là, la commu-nication diffère énormément car il faut unargumentaire juridico-informatif beaucoupplus travaillé. On le ressent quotidiennement,ce type de sujet touchant à la sensibilité envi-ronnementale et sociétale des pouvoirs publicsest écouté très attentivement de nos jours ».

Les discussions avec les Ministres de l’Économieet de l’Environnement ont déjà donné desrésultats en matière d’achats durables dansl’alimentation et les consommables de bureau.Francis Tourneur compte bien s’engouffrerdans la brèche avec un souhait : « les voir passerà la vitesse supérieure en élargissant leurréflexion à d’autres domaines et, bien entendu,aux chantiers de construction».

En effet, la puissance publique n’a-t-elle pas unrôle d’exemple à entretenir ?Alors simplifions-lui la tâche… «Nous tra-vaillons sur les fondements juridiques des mar-chés publics depuis 2007 avec des spécialistes,notamment universitaires. Un cabinet d’avo-cats finalise actuellement une démarche avecles différents niveaux de la procédure comme

le type de marché ou la sélection des entre-prises. Nous souhaitons, au moins au niveaulocal, mettre les éléments d’impact environne-mental en avant dans les marchés publics ».

Le niveau fédéral n’est pas non plus oublié. «Onporte également le message auprès du groupe“achats durables”, au niveau fédéral. On évoluedans une thématique très “dans l’air du temps”et on essaie de surfer sur cette vague verte pourque nos entreprises se différencient le plus etmieux possible de la concurrence! ».

Et l’homme n’est pas dupe, lâchant qu’ « il y aplein de travail à réaliser, dans plein de direc-tions. Mais si on peut commencer à introduireces préoccupations dans l’esprit de nos interlo-cuteurs, ce serait déjà intéressant ».

L’analyse environnementale compare les produits surbase de 10 indicateurs d’impacts environnementaux :� Consommation de ressources énergétiques� Épuisement des ressources� Consommation d’eau� Déchets solides� Changement climatique� Acidification atmosphérique� Pollution de l’air� Pollution de l’eau� Destruction de la couche d’ozone stratosphérique� Formation d’ozone photochimique

Dans le cadre de la comparaison opérée, portantsur la seule variable “transport” pour la Chine, onconstate que :

� L’impact du seul transport asiatique estéquivalent à l’impact de la production et de lamise en œuvre des produits belges

� L’impact est doublé pour les produitsasiatiques en matière de :• Changements climatiques• Ressources énergétiques• Acidification

Principauxrésultatsde l’analyseenvironnementale

Cas de la pierre bleue

réseau pierre

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Alors nul doute que Pierres et Marbres de Wal-lonie continue son action bénéfique de lob-bying dans les prochains mois. Par contre pourle Secrétaire Général de l’asbl, il faut resterattentif à ce que l’on fait. Il relate la récenteétude de la Fédération Européenne des Car-rières qui a mandaté une comparaison entreune façade en pierre et une autre en verre.«Ce type d’approche, réalisé en Allemagne, nem’apparaît aucunement pertinent. On fait tota-lement abstraction des qualités et des effetsrecherchés au travers de l’un ou l’autre maté-riau. Comment peut-on comparer pierre etverre? Ce sont deux produits complémentaireset non pas concurrents ».

On en a bien confirmation, l’adversaire pourPierres et Marbres de Wallonie c’est le concur-rent asiatique. Il n’a pour lui que le prix, danstoutes les autres catégories il était déjà donnéperdant (qualité du produit, longévité…).Aujourd’hui, c’est une autre estocade qui lui estportée. Vue la taille des marchés intérieursindiens et chinois, et leurs besoins en loge-ments, ne serait-il pas plus ingénieux d’y incor-porer leur propre production? C’est le cheminqu’ils devront sûrement emprunter, de gré oude force. �

L’affiche générale avec ses trois pierres emblématiques dusecteur wallon, maquillées en légumes, se décline en an-nonce presse où le “Croquer local, c’est bon pour l’environ-nement” fait mouche !

Contact :

Pierres et Marbres de Wallonie asbl11, rue des Pieds d’Alouette5100 NaninneTél. : 081 22 76 64E-mail : [email protected] Internet: www.pierresetmarbres.be

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marchés / tendances

Ces quatre entreprises wallonnes du secteur dela construction bois, ce sont Biospeedhome(Manhay), Chimsco (Achêne), Mobic (Harzé),Stabilame (Mariembourg). Grâce à un cataly-seur, la Financière du Bois (Marche-en-Famenne), elles sont en passe de démontrerqu’on peut s’adresser autrement à son marchéet à ses clients. Une tendance de fond? Il y afort à parier que oui.

Le besoin de se faire entendre

Pour la Financière du Bois, et de l’avis de GillesKoestel, son Responsable opérationnel, «on aperçu que le marché de la construction bois enWallonie évoluait salon après salon et se struc-turait progressivement. On a vu apparaître des

entreprises de plus en plus spécialisées ».

Pour ce partenaire privilégié du tissu entrepre-neurial bois qu’est la Financière du Bois, tou-jours attentif aux évolutions du secteur, « lesfabricants de la première heure ont prisconscience que leur activité attirait beaucoupde monde. Sûrement trop ! Ils se retrouvaientsouvent face à des acteurs non industriels, auxconnaissances techniques malheureusementinsuffisantes. Sans parler des produits proposésaux clients, des éléments préfabriqués demanière semi-industrielle pas toujours adaptésau contexte».

«Exposant très présent lors des différents évé-nements consacrés à la construction bois, nousavons noué des liens forts avec quelques

Gilles Koestel, unanimement salué par les entreprises par-tenaires pour son apport à “Bois Plus”, conçoit sa participa-tion au projet à la manière d’un facilitateur.

L’outil industriel, et ce qu’il apporte au consommateur en terme de garanties de qualité, est dans les gènes du label Bois Plus. Ici, l’unité d’usinage de madriers de Biospeedhome.

Le label “Bois Plus”,une exigence commune de qualité

Le capitalisme nous a habitués à voir des entreprises concurrentes se livrer une bataille sans merci pour leur survie.Grâce à l’innovation, dans le meilleur des cas, par les prix les plus bas, dans le pire. On a parfois l’impressiond’assister aux combats de la Rome antique, où l’arène d’hier est devenue le marché d’aujourd’hui. Maistout à coup, l’intelligence offre des moments stimulants. Les concurrents tissent entreeux des liens de respect et apprennent à se connaître. Ils ont le recul suffisant pourse rendre compte qu’il y a assez de place pour tout le monde sur ce “satané” marché.Il advient même qu’une complicité naisse entre eux et qu’ils décident de s’unir pourporter haut un étendard commun. C’est un peu ça l’histoire du label “Bois Plus”, unemarque commune et des engagements stricts qui fédèrent quatre entreprises wal-lonnes de la construction bois, une initiative encouragée par la Financière du Bois.

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constructeurs reconnus en Wallonie» indiqueGilles Koestel. «En discutant plus avant, nousavons constaté qu’ils se sentaient assez maldéfendus, un pied dans une filière bois très tra-ditionnelle qui ne parlait pas d’eux, et l’autre,au sein d’une filière construction où ils sont despetits poucets, comparés au béton et à l’acier ».

Le déclic viendra lors du salon Énergies+ de2009 qui souhaitait s’ouvrir à la constructionbois et à ses performances énergétiques. « J’aiproposé à Chimsco, Mobic et Stabilame de fairequelque chose ensemble sur le stand de laFinancière du Bois. Notre objectif n’était pas -et n’a jamais été - de se servir de ces entreprisescomme outil pour notre promotion, mais plutôtde montrer comment un organisme financier,impliqué dans la filière, souhaite participer à lapromotion d’entreprises historiquementimplantées, financièrement solides, avec unevision sociétale digne d’intérêt ».Coup d’essai, coup de maître. «Les entreprisesont parfaitement joué le jeu de la complémen-tarité. Elles ont démontré que pour obtenir unemaison stable et durable en bois, il fallait faireappel à un partenaire qui ait l’expérience, lesingénieurs, le bureau d’études, la connaissancedu matériau et des systèmes constructifs ».

Dès lors, tout s’est enchaîné très vite : «pour lesalon Énergies+ 2010, le slogan “Construire enbois, c’est du béton !” a été présenté. Il prouveque le bois est une alternative si on choisit desentreprises industrielles qui ont un minimumd’expertise, de savoir-faire, avec une vraie phi-losophie de travail. Biospeedhome a rejoint legroupe à ce moment-là. Et enfin, les quatreentreprises ont présenté le logo “Bois Plus”,leur charte d’engagements, des panneaux d’af-fichage, un folder de présentation et un siteInternet lors de Bois & Habitat, en mars dernier.Il n’y avait aucun espace spécifique pour “BoisPlus”, chaque partenaire a défendu le label surson propre stand. Ça n’a pas manqué de susci-ter la curiosité du public qui a posé beaucoupde questions».

Lever les freins auprèsdes clients

Honneur à la gente féminine, trop absente dela filière bois malheureusement, en la personnede Dominique Boccar, administratrice de Bios-peedhome. À la tête, depuis 2005, de cettefirme née en 1991, elle met en avant « la diffi-culté qui est la nôtre de se faire connaître. Horsdes salons professionnels spécialisés, on serend compte de la grande méconnaissancegénérale chez monsieur Tout-le-monde, surtout ce qui touche au bois construction. D’unemanière générale, pour le commun des mor-tels, la coutume c’est le béton ; point final ! ».

Pourtant, elle reste persuadée qu’ « il y a beau-coup de choses à faire. Le bois est un des maté-riaux constructifs les plus anciens. Il a été oubliépendant un temps, on le redécouvre seule-ment, alors que dans certains pays plus de lamoitié des ouvrages sont déjà en bois. L’unedes difficultés en Wallonie tient dans le fait quel’on fait souvent la promotion de la filière boisen général, et qu’en tant que constructeurs onse sent forts peu aidés, forts peu représentés ».

Alors pour elle, l’un des avantages de “BoisPlus”, immédiatement visible, «c’est de pou-voir fédérer des moyens, à quatre, pour mieuxfaire connaître les avantages du bois. Seul, onrayonne forcément moins ! Et notre premièredémarche en commun a été de travailler surune charte de qualité qui reprend plusieurs exi-gences à respecter. C’est un travail très impor-tant car autant on a vu les mentalités évolueren quelques années, avec une méfiance parrapport au bois moins prononcée, autant ilreste des freins à lever ».

Pour Dominique Boccar, dont la spécialité del’entreprise est le système constructif du boisempilé, un produit assez haut de gamme, lechallenge pour les quatre partenaires tientincontestablement dans la différenciation.«Quand sur un salon, les clients potentiels fontface à une telle pluralité et à une aussi grandevariété d’offres en construction bois, ils sontperdus. Ils veulent construire avec le bois maisà chaque stand on leur apporte un avis diffé-rent, toujours subjectif. On en croise souventqui nous interrogent, dubitatifs, et nousdemandent : “le bois promet plein de choses,mais quelles garanties apportez-vous?”. Cespersonnes ont grand besoin d’une informationobjective, qui fait défaut actuellement».Par l’entremise de “Bois Plus”, «on arrive aubon moment sur le marché car c’est mainte-nant plus que jamais qu’il faut faire connaîtrela construction bois, ses avantages et faire tom-ber la légende des trois petits cochons ! Maispour autant, il faut aussi se démarquer desacteurs non industrialisés qui façonnent les élé-ments sur chantier, plus nombreux chaque jour,avec une qualité qui n’est pas toujours au ren-dez-vous».

Protéger le savoir-faire

La qualité, c’est bien-là le credo de XavierMichaux de Chimsco SA, une société activedans quatre domaines bois : la charpente indus-trielle, les abris de jardins, les carports et laconstruction de maisons à ossature bois.

Son constat est sans appel, notant qu’ «on a vuarriver depuis un certain temps, de plus en plusde constructeurs “loufoques”, venus d’on ne sait

Bien que peu férue des associations, Dominique Boccar aété suffisamment intriguée par l’initiative pour sauter le pas.Un geste qu’elle ne regrette pas.

Pour Xavier Michaux, Bois Plus c’est déjà beaucoup d’in-vestissement en temps et en argent, mais c’est indéniable-ment un bon placement.

où, le plus souvent précédés de drôles de répu-tations! Comme il n’existe pas de norme spéci-fique pour s’installer en tant que constructeurbois, il nous est apparu vital de protéger notresavoir-faire».

Les quatre entreprises associées dans “Bois Plus”ne sont pas nées d’hier, un gage de sérieux quipeut aussi devenir un argument commercial depoids. « Il est important avec “Bois Plus” demettre en valeur l’expérience acquise par chacunde ses membres. On s’est battus, chacun pen-dant longtemps, pour promouvoir le systèmeconstructif que l’on utilise, il faut faire barrageaux gens peu scrupuleux qui tentent de pénétrerce marché sans respecter les règles de l’art de laconstruction bois».

Pour Xavier Michaux, « il y a urgence à protégerle secteur! Des débutants sans véritable infra-structure prennent des chantiers, sans mêmerespecter des préceptes élémentaires, et surtout

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la stabilité. C’est assez grave car ils sont en trainde gâcher des marchés et de créer les contre-exemples de demain. Nous quatre, au sein de“Bois Plus”, nous nous appuyons sur des bureauxd’études internes, sur une expérience, un savoir-faire. Nous ne sommes pas des novices et nousvoulons protéger la profession! ».

Une démarche d’autant plus fondée qu’elle rassurele client, n’est-ce pas Jean-Philippe Moutschen?

Apporter la garantied’un fabricant

Porte-parole de la société Mobic, fabricantimpliqué depuis ses débuts - il y a douze ans -dans l’essor de l’ossature bois, Jean-PhilippeMoutschen pointe également du doigt « lanécessité de promouvoir la qualité pour luttercontre la mauvaise image des petits. Il fautabsolument éviter les dérives ! En ce sens, “BoisPlus” s’assimile à la création d’un label de qua-lité : il la garantit grâce à la présence d’unbureau d’études, une expertise, une fabricationen usine, une réelle compétence».

Le terme “fabrication en usine” revêt uneimportance capitale pour notre interlocuteurcar «on ne peut intégrer le groupe “Bois Plus”si on ne fait pas de la stabilité. C’est un premierpassage obligé. Mais il est également essentielde produire de manière industrielle, et doncd’être un fabricant. C’est une seconde exigencequi a une énorme incidence parce que la pro-duction industrielle est la seule manière d’offrirun produit de qualité. L’artisanat c’est la créa-tion de pièces uniques, l’industrie et sesmachines c’est la certitude d’une qualité uni-forme et de haut niveau ! Enfin, troisième pointpour intégrer les rangs de “Bois Plus”, l’expé-rience ; il est nécessaire d’avoir à son actif, desréférences probantes».

«Pour tout client potentiel, être face à uneentreprise membre de “Bois Plus”, c’est l’assu-rance de discuter avec un interlocuteur qui a dubagage et l’infrastructure pour le servir aumieux. C’est un message très important carnous sommes confrontés au problème queconnaissent tous les secteurs en forte crois-sance : l’arrivée de concurrents pas toujoursrecommandables. Avec “Bois Plus”, le client

parle à de vrais fabricants, on lui garantit unproduit de qualité. Il peut être certain qu’on luivendra un bâtiment au top ! ».

Du côté de Jean-Philippe Moutschen, on constate que BoisPlus est aussi un bon déclencheur pour montrer que desentreprises peuvent parler d’une même voix.

Les PLUS de leur entreprise :

+ de PROXIMITÉ : les fabricants wallons ont un savoir-fairereconnu. Ils utilisent des bois issus des forêts de nos régions.

+ d’EXPÉRIENCE : ce sont des entreprises solides et expérimentées,qui peuvent vous fournir de nombreuses références.

+ de FIABILITÉ : ces fabricants utilisent du bois certifié et labellisé(PEFC ou FSC), usiné dans des ateliers de préfabrication à la pointede la technologie, disposant d’un contrôle Qualité permanent etd’un bureau d’études interne hautement qualifié.

+ de DYNAMISME: ces fabricants cherchent en permanence àaméliorer leurs produits et leurs procédés industriels pour renforcerla qualité de leurs réalisations.

+ de CONSCIENCE SOCIÉTALE : ils s’engagent à respecter 3 piliersfondamentaux :

� la satisfaction des CLIENTS ;� l’épanouissement du PERSONNEL ;� l’impact environnemental et le DÉVELOPPEMENT DURABLE,

tant au niveau des produits proposés qu’au niveau de la gestiondes déchets et de la consommation énergétique dans le cadrede leur activité industrielle.

Les PLUS du bois :

+ de RAPIDITÉ: la structure de l’habitation est réalisée en atelier sans subir deretard lié aux intempéries et à la fabrication sur chantier ; le montage sur chan-tier des éléments préfabriqués est réalisé en quelques jours seulement. La“mise au sec” rapide permet de réaliser directement les parachèvements ; pourle particulier, ce gain de temps permet de limiter la période de “double loyer”.

+ de FLEXIBILITÉ : la construction en bois permet une grande liberté archi-tecturale, elle est idéale pour la rénovation des habitations ; elle convient tantpour la réalisation de maisons unifamiliales que pour les habitats multi-rési-dentiels ; elle s’adapte à tous les types de terrains.

+ d’ESTHÉTIQUE : la construction en bois permet tous les types de finition,intérieur ou extérieur ; la construction en bois permet tous les styles, classiqueou contemporain.

+ de SÉCURITÉ ET DURABILITÉ : réalisées par des professionnels expérimen-tés disposant de bureaux d’études spécialisés, les structures des maisons enbois sont solides et durables. Elles ne nécessitent pas d’entretien ; la résistanceau feu voire aux tremblements de terre des maisons en bois est reconnue.

+ de BIEN-ÊTRE et de CONFORT : les maisons en bois sont réputées pourleur ambiance saine grâce aux propriétés du bois ; les maisons en bois sontperformantes au niveau de l’isolation thermique et acoustique.

Les professionnels de la construction bois réunis sous la bannière “Bois Plus” se mobilisent et mutualisent leur connaissance du travaildu bois pour offrir à leurs clients les PLUS de leur entreprise et les PLUS du bois !

La charte d’engagements des membres de “Bois Plus”

marchés / tendances

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Rien à envier à l’Allemagne,ni à l’Autriche

Dernier témoin de ce tour d’horizon, LaurentRiche de Stabilame, constructeur bois qui offi-cie à tous les niveaux : bois empilé, ossaturebois, poteaux-poutres ou panneaux contre-cloués. Animé par les mêmes motivations queses collègues, il ne manque pas de relever que«“Bois Plus” est devenu une nécessité pournous quatre, au moins, car personne ne nous

représente vraiment, pas une fédération neporte vraiment nos revendications».

«Ce que l’on constate depuis trop d’années,c’est que dès que fleurit un événement sur laconstruction bois, on amène les gens visiter desusines de construction bois en Allemagne ouon les conduit voir des ouvrages en Autriche !Or nous, en Belgique, nous voulons montrerqu’il y a, localement, des entreprises aussi biensi ce n’est mieux équipées. On dispose de réfé-rences aussi prestigieuses que les Allemands,les Autrichiens, il faut que cela se sache ! ».

Alors le label “Bois Plus”, se révèle une formi-dable vitrine : « jusqu’à maintenant, nous man-quions de visibilité. On ne se vendait pas assezbien et les gens nous assimilaient un peu tropà des amateurs. Or il faut bien savoir que dansnos entreprises il y a de très hautes qualifica-tions : on ne calcule pas la statique d’une struc-ture en bois, avec ses contreventements, sansdes connaissances avancées».

«Je pense que par le biais de l’association “BoisPlus”, nous pouvons démontrer que nous nesommes pas des copieurs, on est au mêmeniveau que les plus avancés. Nous maîtrisonsparfaitement nos process de fabrication respec-tifs, l’usinage, l’industrialisation. De la concep-tion à la fabrication, tout est réuni en un seul

lieu. Nous sommes des professionnels quin’avons rien à envier à nos voisins, des leadersd’hier relégués au rang de simples concurrents».

Quel avenir?

“Bois Plus” est une initiative encore très jeune.Pourtant elle a su trouver écho auprès du grandpublic et des professionnels du secteur. Certainsparmi ces derniers ont déjà manifesté leur désird’intégrer le groupe. «Une initiative que je laisseà l’entière responsabilité des quatre entreprises»souligne Gilles Koestel de la Financière du Bois.

Effectivement, l’avenir de “Bois Plus” est entreles mains de ses créateurs. Il leur appartientd’écrire l’avenir du groupement : son élargisse-ment potentiel mais aussi ses nouvelles actionsde communication.

Un élément qui ne peut transparaître dansl’écrit est à relever. Bien que rencontrées sépa-rément, il est vivifiant de voir à quel point, cesentreprises “pédalent” dans le même sens. Iciaucun tiraillement, aucun coup bas, aucun sonde cloche discordant, il est rare d’être témoind’une aussi belle entente. Que leur souhaiter ?Sûrement ce qu’ils désirent tous, à savoir dispo-ser du temps suffisant pour se consacrer encoreplus à “Bois Plus”… mais que c’est dur lors-qu’on a déjà une entreprise à gérer ! �

On se presse du monde entier chez Mobic pour admirer l’outil de production totalement automatisé mis en place, lequel impressionne par son haut degré de technologies.

Laurent Riche se félicite de la réactivité de cette association,capable d’agir très vite et mue par quatre entrepreneurs to-talement libres de leurs mouvements.

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entre nécessité de respecter nos engagements européenset préservation d’un pan économique de la filière bois…

Quelle cohabitation entre

Le bois énergie, voilà un sujet qui a fait couler beaucoup d’encre depuis le27 septembre 2001, date de promulgation de la directive européenne2001/77/CE relative à la promotion de l’électricité produite à partir desources d’énergie renouvelables.

Jusqu’à très récemment, la position des différents acteurs “historiques” dela filière reflétait de vives préoccupations face à ce nouveau venu, accuséd’être a minima le futur déstabilisateur du marché.Ainsi, en 2006, Valbois RN organisait une première table ronde sur le sujetet prenait note des fortes craintes exprimées par les représentants desindustries lourdes du bois, industrie du papier et industrie du panneau. Leproblème étant que face à une ressource limitée, et déjà insuffisante pourcouvrir les besoins, le bois énergie allait nécessairement piocher ses appro-visionnements là où se fournit l’industrie lourde! À la clé, deux risquesmajeurs corrélés : une pénurie de matière et des prix qui flambent… Unscénario catastrophe pour l’industrie du bois !

Depuis 2006, beaucoup de projets bois énergie ont vu le jour. Des petits,des moyens et des très gros. Et que constate-t-on avec le recul ? Que l’onne s’était pas posé la question de son intégration dans la logique de lafilière bois. Désormais il appartient au politique de se saisir du sujet car ceque les industriels avaient avancé semble devenir réalité.

La question n’est pas tant de savoir si on est pour ou contre le bois énergiemais il s’agit plutôt de savoir comment concilier les deux secteurs, et surce second point on relève des avancées majeures.

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bois d’industrie et bois énergie ?

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À la demande du Cabinet du Ministre Jean-Claude Marcourt, Ministre ayant l’Écono-mie dans ses attributions, RND organisait,en mai dernier, une nouvelle table ronde surle bois énergie. Tous les représentants de lafilière avaient répondu présents : l’UnionRégionale des Entreprises du Bois (UREBO),la Fédération Nationale des Scieries (FNS), laFédération belge de l’industrie textile, dubois et de l’ameublement (Fedustria), l’asso-ciation des fabricants de pâtes, papiers etcartons de Belgique (Cobelpa), les facilita-teurs bois énergie “secteur public” (FRW) et“secteur entreprises” (IRCO), le gestion-naire des forêts publiques (DNF), l’associa-tion des propriétaires forestiers privés (NTF)et la Commission Wallonne pour l’Énergie(CWAPE).

Si ce rendez-vous a démontré une fois deplus l’inquiétude du secteur de l’industrielourde, premier à ressentir une pression surson approvisionnement du fait du bois éner-gie, il fut également riche en enseignementscar témoignant d’avancées de part etd’autre. Des pas importants qui sont faits dedeux côtés pour essayer de construire,ensemble, un avenir plus harmonieux.

Appréciation similaire au contact avec lesindustriels régionaux du papier ou du pan-neau que nous avons rencontrés, tels queBurgo Ardennes (Virton), Spanolux (Viel-salm), Kronospan (Sanem - GD de Luxem-bourg) et Unilin (Bazeilles - France).

Seul regret au moment de rédiger ce dossier :que les industriels du bois énergie que nousavions sollicités n’aient pas souhaité nousrencontrer. Mais fort heureusement, unancien acheteur bois, qui a longuement tra-vaillé pour chacun des deux secteurs, nous

UN OUI UNANIME AUX ÉNERGIES RENOUVELABLES, MAIS…

apportera un regard empreint de neutralitéet très enrichissant, comme on le verra plusloin.

Calcul trompeur pour 2020

«Nous devons abaisser notre taux d’émissionde CO2 et augmenter fortement la partd’énergie produite à partir de sources d’éner-gie renouvelables ». S’il est un message quiest entendu par tous nos interlocuteurs, c’estbien celui-là et c’est en tout point l’ambitionde la directive européenne de 2001. Maisderrière cet objectif, des éléments sous-jacents fâchent car en matière d’énergiesrenouvelables, la biomasse se taille la part dulion et fort évidemment l’utilisation du boisvient largement en tête.

Pour Christian Hinderschid, Responsableachats bois d’Unilin Bazeilles (France), c’est lamanière même dont a été bâti le plan euro-péen qui prévoit 20 % en moyenne d’éner-

gies renouvelables en 2020 qui pose pro-blème. «On a juxtaposé les plans nationauxde chaque pays et on a réalisé une addition.En prenant en compte les vingt-sept pays del’Union Européenne, on relève que globale-ment le déficit de bois sera de l’ordre de100 millions de m3 de bois à l’horizon 2020mais ce chiffre cache de grandes disparités.L’Europe de l’ouest à elle seule, c’est-à-direnous, présentera le déficit monumental de125 millions de m3. Une aberration ! ».

Cette analyse est confirmée par GeoffroyColyn, Conseiller en environnement chezSpanolux (Vielsalm) notant que « tous lespays occidentaux ont constaté qu’ils seraientdéficitaires en bois, mais chaque pays s’estdit qu’il importerait la matière de chez le voi-sin. On en est arrivé à un plan totalementirréaliste. À telle enseigne que si tous les pro-jets bois énergie étaient mis en œuvre telsque présentés, dans six ans il n’y aurait plusde forêt en Région Wallonne ! ».

Christian Hinderschid d’Unilin constate que les pouvoirs pu-blics prennent seulement conscience du peu de bois réel-lement disponible pour le bois énergie.

Pour Geoffroy Colyn de Spanolux, le bois énergie est partisur de mauvaises bases et il est urgent d’en revoir les fi-lières d’approvisionnement.

Rendue publique en juin 2010, l’étude sur le potentiel forestier des paysde l’Union Européenne à répondre aux changements de la demande enbois résume parfaitement le problème du bois énergie. Réalisé par UdoMantau de l’Université de Hambourg, et cautionnée par la FAO (Food andAgriculture Organization de l’ONU) ou encore l’European Forest Institute(EFI), cette étude est des plus fiables.

Partant du constat que les pays de l’Union Européenne s’orientent vers une uti-lisation accrue de la matière ligneuse en bois énergie, ces travaux s’intéressentà la capacité de la forêt à répondre à la demande existante et au nouvel appeldu bois énergie, sans mettre en danger son existence future. Globalement, onobserve que pour l’Europe des vingt-sept, la ressource mobilisable en millions

de m3 pourrait passer de 993,9 en 2010 à 1109,4 en 2030, pour une demandeprogressant de 825,5 à 1425,4 pour la même période. On passerait donc d’unexcédent en bois à un déficit de près de 315 millions de m3 en 2030.

Dans le détail, l’Europe du nord présenterait un léger excédent (10 millionsde m3) ; l’Europe de l’est un déficit de 40 millions de m3, l’Europe du sud undéficit de 55 millions de m3 ; le record nous revenant, Europe de l’ouest avecun déficit estimé à 230 millions de m3.

Au petit jeu des pays, la Belgique déjà déficitaire de 4 millions de m3 ac-centuerait la tendance avec -23 millions de m3. Guère mieux en France(-32 millions de m3) ou en Allemagne (-73 millions de m3).

La ressource forestière et de la demande à l’horizon 2030

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Comme le démontre la page précédente, lesbesoins que pourrait manifester, à terme, lebois énergie sont loin d’être négligeables, entout cas si les ambitions européennes ne sontpas refrénées.Pour autant, certains s’étonnent de la situa-tion de notre pays, déjà importateur net debois. Une situation qui perdure depuis desdécennies, mais y a-t-il là un risque, unemenace? Non à l’évidence, les industriels dubois se sont positionnés au cœur d’une res-source qu’ils se partagent harmonieusement.

Un bassind’approvisionnement élargi

Sur le territoire wallon, non loin du fabricantde panneaux Spanolux, modeste par sesbesoins en bois, de l’ordre de 300000 tonnespar an, il y a l’unité Burgo Ardennes de Virtonqui produit à la fois de la pâte à papier et dupapier pour l’écriture et l’impression. Ici, lesbesoins sont à l’image du site : imposants,avec 1400000 tonnes de bois attendueschaque année.

Pour Éric Meurisse, Chef du Service Bois,autrement dit l’acheteur bois principal dusite, il est important de préciser que « lespapetiers, comme les panneautiers, nous nesommes en rien les mobilisateurs desvolumes mis sur le marché. Nous ne sommespas des mangeurs de bois ou de forêts. End’autres termes, nous ne sommes pas les per-sonnes qui désignent les arbres à abattre».La précision peut paraître anodine au pre-mier abord, mais elle a toute son importancecar « bien qu’industriels du bois, nous

UNE RESSOURCE FORESTIÈRE SUFFISANTE ?

sommes totalement dépendants des fores-tiers publics et privés qui mettent leursvolumes sur le marché. On ne fait qu’accom-pagner les propriétaires qui prélèvent desbois tout au long de la vie du peuplement,en captant alors ces volumes».

C’est là toute la fragilité du système, avec degros demandeurs en matière, mais sansaucune concession pour pouvoir s’approvi-sionner sereinement.Depuis longtemps, ces grosses unités culti-vent le partenariat avec les propriétairesforestiers, les exploitants… toute la filière,pour avoir une garantie en terme d’approvi-sionnement, dans l’idéal à cinq ans. Une stra-tégie qui n’a que faire des frontières !

«Nos bois proviennent à 12 % de Belgique,78 % de France, le reste se partageant entreGrand-Duché de Luxembourg, Allemagne etHollande», reprend Éric Meurisse. «Nous nenous approvisionnons que très peu en Bel-gique car notre pays n’offre pas de disponi-bilités supérieures. Nous ne prenons que dufeuillu or il faut bien l’avouer, en Wallonie, lademande en bois de chauffage pèse beau-coup. Nous aimerions faire plus, c’est dom-mage d’autant plus que la composantetransport a une incidence forte sur lescomptes : 30 à 35 % du coût».

Alors pour lui, cela sonne comme une évi-dence : «plus on est proche, plus on est com-pétitif ! ». Et l’arrivée du bois énergie ne faci-lite pas sa tâche…

«En quelques années, notre rayon moyend’approvisionnement est passé de 120 à

150 km. Nous devons aller dans des zonesgéographiques plus éloignées comme laBourgogne ou la région Centre. C’est trèsloin ! Une usine comme la nôtre n’est com-pétitive que si elle peut se fournir dans sonbassin d’approvisionnement traditionnel ».

Pour cet homme, à qui on prête toujours uneoreille attentive quand il s’agit de tâter lepouls de la filière, il est établi que «quand lemarché de la pâte, celui du panneau et lebois de chauffage sont demandeurs, on atoujours trouvé un équilibre entre offre etdemande de bois. Par contre si un nouveausecteur souhaite se positionner sur le mar-ché, et le fait de façon trop ferme, on assis-tera à des hausses de prix et cela pourraitconduire à terme à une pénurie de matière.On observe déjà les premiers signes de cettetendance, les dernières ventes de bois enWallonie, en Lorraine, en Champagne-Ardenne reflètent une hausse des prix ».

Éric Meurisse, comme la plupart de ses collègues, a mis enplace une véritable politique d’approvisionnement pour faireface aux incertitudes du lendemain.

Ces billons font l’objet de toutes les convoitises : matière de prédilection pour le bois d’industrie, ils sont également dans la ligne de mire du bois énergie.

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Le propos est particulièrement bien rodé etnul ne peut rester insensible aux argumentsdéployés. C’est tout d’abord André Cochauxpuis Guy De Muelenaere, respectivementSecrétaire Général et Conseiller Technique etEnvironnement de Fedustria qui avancentleurs pions.

Le bois : matériau oucombustible du futur?

Pour le Secrétaire Général, représentant laseconde transformation du bois dont lespanneautiers, « le bois, pour nous, doit êtreutilisé en tant que matériau. On peut et ondoit prioritairement l’utiliser dans la maison,dans des usages qui vont durer trente à cin-quante ans. Pour nous, le bois est le matériaudu futur, pas le combustible de demain. Ildoit rester un matériau ! ».

Guy De Muelenaere lui emboîte aussitôt lepas, en faisant remarquer que « trop souvent,on oublie l’intérêt écologique du bois et sonrôle primordial au niveau du stockage duCO2». L’homme en veut pour exemple que« l’utilisation du bois en construction contri-bue efficacement à la lutte contre le change-ment climatique parce que la matièreligneuse séquestre le dioxyde de carbone.Ainsi, le seul fait d’utiliser 1 m3 de bois dansla construction permet de retirer de manièredurable de l’atmosphère 0,9 tonne de CO2».

UTILISER LE BOIS, MAIS D’ABORD EN TANT QUE MATÉRIAU

Une affirmation qui ne sied pas du tout aubois que l’on brûle car on rejette alors ceCO2, le bilan est neutre.

Ce discours, et c’est tout à fait normal, on leretrouve étayé de nombreuses données chif-frées auprès de Geoffroy Colyn de Spanolux.«Notre usine produit annuellement 300000m3 de panneaux, c’est 300000 tonnes deCO2 qui sont capturées, soit l’équivalent del’émission CO2 de 50000 ménages par an. Etça, sans aborder le volet énergie grise, car la

transformation du bois demande peu d’éner-gie en comparaison à d’autres matériaux deconstruction. On peut, avec le bois, considé-rer qu’1 m3 de bois produit représente autotal 2 tonnes de CO2 économisées».Nous vous le disions, l’argumentation a ététravaillée !

Le représentant du panneautier de Vielsalma également entre les mains quelqueschiffres qui font leur effet. « L’activité detransformation d’une tonne de bois génèreune richesse moyenne de 1044 euros partonne, est génératrice d’emploi à hauteur de54 hommes-heures par tonne, et le produitréalisé stocke le carbone. Nous avons réaliséle même calcul pour le bois énergie et lesrésultats sont loin d’être aussi flatteurs : larichesse créée n’est plus que de 118 eurospar tonne, en terme d’emploi ce sont seule-ment 2 hommes-heures par tonne, et enfin,le bilan carbone est neutre car terminée laséquestration du CO2».

Une logique de valorisationdu bois

Firmin François, le représentant des fabri-cants de pâtes, papiers et cartons de Bel-gique, emprunte un chemin voisin s’interro-geant sur la logique du bois énergie. «Onvoit des billons qui sont déchiquetés pourfaire des pellets, ne faudrait-il pas faire autrechose avec cette matière - NDLR : la matière

Quelques fibres de bois issues du déchiquetage des billons, de la colle, le futur panneau MDF n’a plus qu’à être pressé.

Le cercle vertueux de la valorisation du bois, avec les différents acteurs de la filière.

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Illustration : © CEI-Bois/EPF

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de prédilection de la filière bois d’industrie -et mieux la valoriser, c’est-à-dire opter pourun circuit le plus intelligent possible ? ».

Introduisant son propos avec cette interroga-tion, notre orateur a une idée bien précise entête. En effet, il enchaîne aussitôt lâchantque « la directive Déchets de l’Europe du19 novembre 2008 donne l’exemple enmontrant que le recyclage est à privilégierbien avant l’incinération. Dans son Article 4,ce texte stipule que l’on doit appliquer unehiérarchie aux déchets en optant prioritaire-ment pour la prévention, puis la préparationen vue du réemploi, puis le recyclage, puisseulement toute autre valorisation notam-ment la valorisation énergétique, et enfinl’élimination. Dommage que ce texte ne soitpas transposé au monde du bois ! ».

Cette hiérarchie des déchets, aussi appeléeéchelle de Lansink, a été élaborée en 1979autour d’un ordre de préférence pour l’élimi-nation des déchets, en partant du principeque “plus on gravit d’échelons, plus l’envi-ronnement en profite”.

Ce thème est également très présent dans lespréoccupations de Christian Hinderschidd’Unilin lequel prône «un schéma idéal, lecercle vertueux où la forêt absorbe le CO2, lespetits bois sont dirigés vers l’industrie lourde(panneau et papier), le bois d’œuvre vers les

scieries, les chutes des scieries et le recyclagevers l’industrie lourde et, en fin de vie, lamatière bois pourrait alors rejoindre le sec-teur de la valorisation énergétique. C’est ceque nous voudrions et la logique que nousappliquons sachant, par exemple, que nospanneaux ont une durée de vie totale dequarante ans avec un recyclage au bout devingt années».

Firmin François, au nom des papetiers, dresseun constat similaire : «en Europe, 60 % desvieux papiers sont déjà recyclés et, pour la

Belgique, nous en sommes à environ 50 %.Nous appliquons constamment une logiquede valorisation de la matière, jusqu’à la der-nière possibilité ».

Mais pour lui, ce qui péche dans le système,«ce sont les incitants. Les certificats verts nedevraient plus être remis pour des bois quisont recyclables. En Flandre, des règles du jeuexistent depuis trois ans, et si une matièrepremière peut encore être utilisée pour uneautre valorisation que l’énergie, les certificatsverts sont nuls ». Le débat est lancé…

Vue aérienne de l’usine Kronospan de Sanem (Grand-Duché de Luxembourg).

Après son pressage, deux autres opérations attendent ces panneaux MDF : le refroidissement, qui concourt à la stabilisation du panneau, et la mise au format.

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Les certificats verts, sujet épineux par défini-tion et qui aura fait débat lors de la tableronde. Pour autant, auprès des industrielsquestionnés, le sujet est appréhendé demanière très différente… et pour cause !

Une concurrence déloyale…

À l’origine des certificats verts, les autoritésont fait le constat que les filières de produc-tion d’électricité à partir de sources d’énergierenouvelables étaient généralement plus coû-teuses que les filières classiques. Elles néces-sitaient donc une aide financière importantepour aider à leur développement. Il était donctout à fait logique de mettre en place desmécanismes favorisant leur essor, ici sous laforme d’une rentrée financière supplémen-taire pour les producteurs d’électricité verte.

« Il faut que l’on puisse jouer à armes égalesavec le bois énergie, sur un marché enmanque de matière », c’est la principalecrainte exprimée par les représentants de lafilière industrielle du bois.

Un message amplifié par Spanolux pour qui«les certificats verts, c’est en 2010 un peu plusde 11 % de la production d’électricité. Pour seconformer aux directives européennes, à l’ho-rizon 2020, la Belgique doit atteindre 13 %d’énergies de sources renouvelables - NDLR:électricité, chaleur, transport - par rapport à laconsommation totale d’énergie. Pour la partieélectricité, l’impact demain est un triplementdes certificats verts, et pour le coup, c’est toutela mécanique qui va s’emballer».

La peur est palpable car «actuellement, iln’existe pas de matière de substitution aubois et ce produit est disponible pour le plusoffrant ». Les craintes sont grandes de voirs’amplifier les hausses de prix que l’on com-mence à percevoir et de vivre une véritablepénurie de matière.

… À nuancer…

Pierre-Yves Cornélis de la CWAPE ne s’op-pose pas à ce type de projection, «d’ailleursla CWAPE a qualifié l’ambition européenned’objectif contraignant».En ce qui concerne le présent, il tient à êtreassez clair sur l’objectif des certificats vertsavançant que « le système est conçu pourfavoriser une meilleure utilisation de l’éner-gie, soit en encourageant les énergies renou-

LES CERTIFICATS VERTS, VÉRITABLE NŒUD DU PROBLÈME?

velables, soit en augmentant l’efficienceénergétique y compris des combustibles fos-siles. Celui qui va dans ce sens est aidé», maisPierre-Yves Cornélis tient à relativiser l’impor-tance de ce subside.Pour lui, « innover autour des certificats pour-rait être une autre voie».

Pour les facilitateurs bois énergie, Francis Fla-haux de la Fondation Rurale de Wallonie etJulien Hulot de IRCO, «on peut regretter queles certificats verts ne tiennent pas pluscompte de l’efficacité globale du système.Quand on voit des unités de cogénérationqui offrent un rendement de 75 % alors qu’ilest de 90 % pour des chaufferies bois, laquestion de l’efficacité reste posée, surtoutquand on utilise une ressource naturelle limi-tée en volume».

… Et à moduler

Florent Van Laetem, ancien acheteur boispour un gros industriel wallon du bois éner-gie, et précédemment pour un fabricant depanneaux, a une trajectoire atypique.Aujourd’hui acheteur bois pour la sociétéd’exploitation forestière belge Charles Lebbe(Koolskamp), il porte un regard neutre sur lesdeux secteurs, et pour cause, «nous fournis-sons aussi bien le bois énergie que le boisd’industrie. Nous ne prenons pas parti pourl’un ou l’autre». Voilà planté le décor.

Pour lui, « il faut faire attention à ce qui estdit à propos des certificats verts. La plupartdes usines de panneaux et de pâte à papieront des cogénérations dans leur processindustriel et collectent elles-mêmes des certi-

ficats verts ! Critiquer le système est un peufacile quand on joue sur les deux tableaux».

Habitué aux deux mondes, il juge que « leprincipal problème pour le bois énergie n’estpas le fait des certificats verts car ils ne sontpas suffisants pour capter les billons destinésau bois d’industrie, sauf occasionnellement.En plus, le bois énergie est obligatoirementlimité financièrement car la valeur de l’élec-tricité est fixée d’avance. Par contre lamenace est ailleurs : panneautiers et pape-tiers se battent sur un marché mondial, maisil leur restait encore assez de marge pourpayer le bois plus cher que les premiers. Maissi ce n’était plus le cas ? ».

Pour lui, « si rien n’est fait, notamment dansle sens d’une structuration d’une vraie filièred’approvisionnement pour ce nouveau sec-teur, une confrontation entre bois d’industrieet bois énergie semble à terme inéluctable».

Vue sur l’usine Unilin de Bazeilles (France).

Pour Florent Van Laetem, les acteurs du bois d’industrievont devoir cohabiter avec le bois énergie. À trouver com-ment faire bon ménage ensemble !

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L’approvisionnement, et par conséquent lastructuration d’une filière spécifique dematière pour le bois énergie, semblent bienêtre le point central du problème.

Pour notre œil extérieur à la neutralité bien-veillante, en la personne de Florent Van Lae-tem, « il est évident que le bois énergie a saplace. Il faut le défendre dans la mesure oùil s’intègre dans la filière existante. Il ne doitpas la casser, surtout qu’en Belgique cettefilière est très fragmentée. Tout le mondedoit pouvoir cohabiter ensemble, le boisénergie doit trouver sa place mais cela passeforcément par la constitution d’une filièred’approvisionnement nouvelle ».

Consensus sur la taille

Jean-Pol Mélard et Uwe Marx, tous deuxacheteurs bois chez Kronospan au Grand-Duché de Luxembourg, se partagent cetteresponsabilité, le premier auprès des franco-phones, et le second des germanophones.

Pour ces deux hommes qui travaillent depuisde nombreuses années pour ce fabricant depanneaux de taille moyenne, 600000 m3 debois consommé par an, «on recense beau-coup de projets autour du bois énergie dansun rayon relativement circonscrit. Nous per-cevons cette évolution de façon très positiveet acceptable tant qu’il s’agit de petites uni-tés, par exemple celles initiées par les com-munes et collectivités publiques».

Ils n’y voient que des avantages : «ce déve-loppement permet de l’emploi au sein despetites communes, cela concourt à unmeilleur entretien de la forêt, ne serait-ceque par le déchiquetage des branches. C’estpour nous un développement normal ! ».

Et toutes les personnes rencontrées abon-dent dans ce sens. Francis Flahaux de la FRWinsistant justement sur le fait que « le planbois énergie, initié il y a dix ans par la RégionWallonne, avait comme but essentiel de pro-mouvoir la valorisation du bois énergie dansdes projets à taille humaine. L’objectif a tou-jours été de faire des plus-values locales surla base d’une matière première qui n’étaitpas forcément valorisée».

Là où le bât blesse, «c’est au niveau desgrosses installations de bois énergie, quandon est face à ce qu’on peut appeler des“industriels” de ce nouveau secteur » repren-

CRÉER UNE VÉRITABLE FILIÈRE D’APPROVISIONNEMENT “BOIS ÉNERGIE”

nent nos deux témoins de Kronospan, n’hé-sitant pas à illustrer leur position parl’exemple.

« Il y a tout d’abord, la centrale au charbonreconverti aux pellets aux Awirs, avec uneconsommation annuelle de 450000 detonnes de pellets qui viennent en grande par-tie du Canada ! On dit d’un côté qu’on veutpromouvoir les énergies renouvelables pourle bien de la planète mais on n’hésite pas àpayer des transports, fortement émetteursen CO2, pour faire venir la matière première.Cela pose quelques questions sur le bien-fondé de la démarche ! ».

« Second exemple, celui d’un industriel wallondu bois énergie qui brûle du bois pour réalisernotamment des pellets, c’est-à-dire un pro-duit destiné à être brûlé. N’y a-t-il pas là unnon-sens? D’autant plus que pour aller cher-cher la sciure, un produit convoité aussi par lepanneau de particules, ils n’hésitent pas àfaire plusieurs centaines de kilomètres».

Ces deux illustrations, on en a parlé à la tableronde. Il est une évidence que ce n’est, pourpersonne, le chemin à emprunter pour l’inté-gration du bois énergie.

Pour Christian Hinderschid d’Unilin, « laFrance a institué un système relativementintelligent en matière d’implantation de nou-velles installations bois énergie. Le postulantdoit prouver que 50 % de son approvision-nement est déjà assuré, soit au moyen de

plaquettes forestières ou de tout autre nou-veau produit. C’est la garantie que le futurprojet industriel bois énergie s’appuiera surun volume supplémentaire et n’entrera quemodérément en concurrence avec les acteursinstallés ».C’est un fait qui avait déjà été noté lors de latable ronde de mai dernier lorsque Pierre-Yves Cornélis confiait : «quand je vois lesprojets, j’ai le sentiment que plus aucunebanque ne va prêter à un projet qui n’a passa ressource garantie à long terme, c’est-à-dire sur la durée de l’emprunt».

Or quelles garanties peut apporter aujour-d’hui un industriel dans le secteur du boisénergie? Aucunes !

Développer des matièrespremières “bois énergie”

Les industriels rencontrés et la plupart desparticipants à la table ronde évoquent troissources d’approvisionnement, spécifiques,en faveur du bois énergie :� l’utilisation du bois en fin de vie,� le développement de cultures spécifiques,� la collecte en forêt des produits spécifiques

comme les rémanents.

Pour le premier point, l’utilisation de bois enfin de vie, nos hôtes de Kronospan mettenten avant «une nouvelle filière de récupéra-tion intéressante économiquement pour lesindustriels du bois énergie. Ils veulent aussi

Jean-Pol Mélard et Uwe Marx de Kronospan militent pour des projets de petite taille, avec un approvisionnement dédié.

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dossier du trimestre

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La société d’exploitation forestière Charles Lebbe, représentée en Wal-lonie par Florent Van Laetem, est originaire de Flandre. Cette sociététrès novatrice a décidé d’exporter sur notre région, et les pays limi-trophes, son expérience très en pointe en matière de valorisation àl’échelle industrielle des rémanents.

«Notre philosophie est d’optimiser tous les produits de la forêt vers les dif-férentes filières: bois d’œuvre, bois d’industrie, bois énergie. Bien implantésen Flandre, nous sommes actifs en Wallonie depuis seulement trois mois,pour alimenter la filière bois énergie, et c’est une activité qui prend bien.

L’idée est de proposer nos services aux propriétaires privés. On constateque nous touchons essentiellement les privés motivés par le volet écono-mique puisque nous leur permettons de disposer rapidement d’un terrainnettoyé, prêt à être mis en œuvre. Mais ces clients ne sont pas insensiblesau volet écologique. Nous intervenons gratuitement, nous sommes de vé-ritables nettoyeurs et nous négocions la matière avec la filière bois énergie.

C’est une manne très intéres-sante pour eux car nous li-vrons au plus prêt. Quand onsait que l’essentiel du coût dubois énergie, c’est le trans-port !

Si on parvient à rendre unetelle activité rentable, c’estque notre grande force estd’être particulièrement bien structurés et de disposer d’un gros matériel.Nous sommes une trentaine de personnes et nous optimisons énormé-ment le transport de ces machines car c’est le volume qui fait notre santéfinancière. Nos machines doivent traiter 200 tonnes par jour, on com-prend pourquoi notre approche se veut industrielle. »

Pour en savoir plus : www.charleslebbe.be

La piste de la valorisation industrielle des rémanents forestiers

gagner de l’argent et, par cette filière, ils lepourront. En effet, ils achèteront les produitsles moins chers et proches géographique-ment parce que la ressource existe. Seuleombre au tableau, il faut organiser le tri etdans ce domaine, à l’exclusion de nos voisinsallemands et de quelques initiatives locales,nous avons pris beaucoup de retard».

Le développement de cultures alternatives aégalement le vent en poupe. On parle detaillis à courte rotation (TCR) ou de taillis àtrès courte rotation (TTCR). Des essencestelles que le saule, le peuplier, le robinierfaux-acacia sont les principales concernéescar aptes à supporter des coupes fréquentes.Pour Geoffroy Colyn de Spanolux, « les TCR,les TTCR, ou des plantes très spécifiques pourle bois énergie comme le miscanthus, consti-tuent des produits d’avenir. Récolté tous les2 ou 3 ans pour les TTCR, ou tous les 7 ou 8ans pour les TCR, pendant 20 ou 25 ans, cetype de plantation peut être entièrementdéchiqueté et vendu sous forme de pla-quettes pour l’énergie. En bonne intelli-gence, il serait normal de réorienter les certi-ficats verts en direction des opérateurs quipartent dans cette voie car ces cultures coû-teront plus cher ».

Une piste qui n’est pas inintéressante pourFlorent Van Laetem de la société d’exploita-tion forestière Charles Lebbe car «elle peutapporter une diversité culturale au fermier,une corde de plus à son arc d’autant que dessociétés peuvent lui garantir des revenus àlong terme». Mais attention, «en l’état actueldes choses, TCR et TTCR ne répondront quepartiellement à la demande du bois énergie.

En Wallonie, aujourd’hui on ne peut espérerproduire plus de 50000 tonnes par an».C’est loin d’être suffisant pour alimenter tousles projets belges. Mais si on ouvre les porteset que l’on consacre plus de terres à ce typede culture, comme les jachères ou les frichesindustrielles, on peut augmenter fortementce volume. Une piste à relativiser étant donnéla disponibilité en surfaces agricoles et l’épui-sement progressif des sols !

Florent Van Laetem parie également sur lacollecte en forêt des produits spécifiquescomme les rémanents. Il en est convaincu,« le problème de la gestion actuelle, c’estqu’en laissant la matière sur le terrain onperd un potentiel énergétique et du pouvoircalorifique. Par contre, les choses ne doiventpas être faites n’importe comment : il estexclu de toucher aux rémanents de feuillus.

Par contre, on peut travailler sur les réma-nents résineux, à savoir les branches et lesflèches, car ils sont peu ou pas améliorantspour les sols » dixit notre témoin. «Dernierpoint, il ne faut pas toucher aux souches carelles gardent au terrain toute sa portance».

L’homme aborde cette nouvelle piste devalorisation avec prudence «car il faut savoirque cette ressource n’est pas inépuisable. Surla base d’un bref calcul, et sachant que l’onne peut pas ramasser les rémanents dans lesforêts publiques, et en tablant sur 50 % dela matière non accessible, on estime lepotentiel à 150000 tonnes annuelles ».

C’est beaucoup et peu à la fois quand on saitque les besoins actuels pour le bois énergiedépassent le million de tonnes par an en Wal-lonie. Forcément, il faut arbitrer !

Sans le bois collecté à de courtes distances, le bois d’industrie n’a d’autre choix que de fermer ses portes.

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Il est évident, au terme de ce dossier, qu’iln’est pas possible pour les forêts wallonnesde satisfaire aux besoins cumulés de l’indus-trie lourde du bois et du secteur du bois éner-gie. Cela n’a jamais été le cas jusqu’à ce jour,même quand le secteur du bois énergien’était que balbutiant, la filière ne s’en por-tant d’ailleurs plus mal. Le secteur du bois etson mode de fonctionnement nous poussentinexorablement à prendre de la hauteur.

Ce qui importe avant tout, et cela relève dedécisions politiques, c’est de créer les condi-tions les plus favorables à une coexistenceharmonieuse entre les deux secteurs. C’estpossible mais cela suppose des choix, doncdes renoncements.

Prendre des décisions à un échelon géogra-phique limité, celui de la Wallonie, alors quele bassin d’approvisionnement des entre-prises dépasse le cadre de ces frontières, voilàtoute la difficulté de l’exercice.

Éviter la voie sans issue

«Sur un marché mondialisé, on ne peut gérerla rareté que par le prix» relève Étienne Snyers,représentant des propriétaires forestiers privés(NTF). Pour lui, cela sonne comme une évi-dence : « le propriétaire vendra son bois auplus offrant». Il est rejoint en ce point parDidier Marchal du Département de la Natureet des Forêts (DNF) qui rappelle que « le DNFaide les propriétaires publics à produire dubois de qualité, de manière durable, mais sanspossibilité d’intervenir sur le choix de l’utilisa-tion finale des bois, ni sur leur prix».

Il ne faut pas se voiler la face, les répercus-sions d’une éventuelle guerre entre bois éner-gie et bois d’industrie dépasseront largementle cercle des combattants et feront des vic-times collatérales. François Ruchenne, leSecrétaire Général de la Fédération Nationaledes Scieries en a bien conscience. «Les fabri-cants de panneaux, qui fabriquent aussi desproduits à forte valeur ajoutée, pourraient,acculés par le manque de matière, se tournervers des bois destinés au secteur du sciage. Ilspeuvent, en cas d’extrême nécessité, mettrele prix nécessaire ! C’est alors toute la filièrequi serait déstabilisée». L’effet dominos…

Ce scénario catastrophe, François De Meers-man de l’UREBO, représentant notammentles exploitants forestiers, ne l’exclut nulle-ment notant « la tendance récente caractéri-

CONCILIER BOIS D’INDUSTRIE ET BOIS ÉNERGIE, UNE DÉMARCHE NÉCESSAIRE

sée par des besoins pour le panneau et lepapier toujours aussi forts, mais où on com-mence à observer des livraisons vers les uni-tés énergétiques».

À ce stade, un citoyen lambda pourrait sedemander si l’un des deux secteurs, bois d’in-dustrie et bois énergie, n’est pas en trop! Éva-cuons vite cette réflexion simpliste au profitde quelques données objectives. Le bois d’in-dustrie c’est, pour la seule Wallonie, avecBurgo Ardennes et Spanolux, plus de 1000emplois directs et vraisemblablement le tripleen emplois induits. Par sa demande en bois,cette industrie stimule la gestion forestière enassurant un revenu aux éclaircies et à desbois, qui sans elle, se négocieraient à bas prix.En quelque sorte, pas de bois d’industrie, ave-nir incertain pour la forêt.

À l’identique, on pourrait se questionner surl’opportunité de renoncer à une filière boisénergie. Ici aussi, balayons cette incongruitéd’un revers de manche car il est admis partout un chacun que ce secteur est légitime,voire nécessaire, et a toute sa place. Mais,pour le moins, on est en droit de s’interrogerquand de grosses unités n’hésitent pas àimporter, de très loin quelquefois, leurmatière première. À l’inverse, ce secteur a eule mérite d’intensifier la demande en pro-duits connexes, au bénéfice de la premièretransformation.

Effectivement, dans nos sociétés, la raretéfait le prix. Mais si un levier possible était delutter contre cette rareté? En mettant enplace une véritable stratégie à long termepour fournir en matière ces secteurs.

Certes, l’idéal serait que ces actions soientcoordonnées entre les pays européens, maiscela semble difficilement envisageable pourl’heure. Pour autant, la mise en œuvre demesures, ne serait-ce que wallonnes, irait déjàdans le bon sens d’autant qu’une logiquecommune semble poindre, regardons à ceteffet nos voisins et notamment la France.Du discours du Président Sarkozy, le 19 mai2009 à Urmatt, pour annoncer son planpour le développement de la filière bois etsurtout le développement de l’utilisation dubois pour la production d’énergie, quereste-t-il ? Plus grand-chose ! À partir dechiffres fantaisistes, on peut dire tout et soncontraire, et par exemple que la forêt estcapable de stimuler ce nouveau secteur dubois énergie sans conséquence aucune surle bois d’industrie. Rétropédalage en règlele 7 juin 2011, en Bourgogne. Désormaison vante les mérites des acteurs “tradition-nels” du bois, d’une logique de filière… etles attentes vis-à-vis du bois énergie sontreléguées bien loin derrière l’hydraulique,l’éolien, le photovoltaïque…

Les axes d’une cohabitationentre bois d’industrieet bois énergie

Comment permettre au bois énergie detrouver sa place sans déstructurer la filièreindustrielle existante?

Première disposition, elle porterait sur lataille des projets. Exit les nouveaux grosindustriels, eux-mêmes fragilisés par des dis-tances d’approvisionnement trop éloignées.

Illustration que le bois ne connaît pas les frontières : des plaquettes d’une scierie wallonne, livrées chez Unilin (France).

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dossier du trimestre

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ET POSSIBLE !

Concernant le bois énergie, à l’image de l’Al-lemagne et de son réseau de petites unitésimplantées au plus proche de la ressource, detels projets existent en Wallonie. Ils sontmême majoritaires, émanant du secteurpublic avec des besoins de 8000 à 10000 m3

par an, ou des entreprises. D’ailleurs, danscette dernière catégorie, on trouve 75 %d’entreprises appartenant à la filière bois(menuiseries, scieries), capables de valoriserleurs produits connexes et donc peu deman-deuses en approvisionnements extérieurs.

Second axe, accroître la productivité de nosforêts, dans le respect du développementdurable. De plus en plus de mesures environ-nementales freinent, dans les zones concer-nées, la plantation d’essences productives dutype résineux et peupliers. À l’horizon 2050,on parle d’un impact de 20 à 30 % sur lesvolumes disponibles. Hors des zones Natura2000, Life… ne pourrait-on conduire une syl-viculture à vocation plus productive? Sûre-ment que oui, et on pourrait également endi-guer le non-reboisement des mises à blanc,observé parfois en forêt privée.

Troisième piste, le développement d’une filièrede valorisation du bois non recyclable. Cesbois devraient être réservés au bois énergie.

Cette décision des pouvoirs publics seraitaccompagnée d’un appui financier pour struc-turer le schéma de collecte de cette ressourceet prendre en charge les surcoûts éventuels.

Quatrième niveau d’intervention, une mobili-sation raisonnée des rémanents forestiers,avec toutes les précautions qui s’imposent :éviter dans la mesure du possible le prélève-ment des aiguilles, feuilles et ramilles qui sontles éléments les plus riches en sels minéraux ;interdiction de toucher aux souches ; main-tien d’une quantité de bois mort suffisante ;prise en compte de la fragilité des sols…

Cinquième axe, une révision complète de lapolitique d’incitation en faveur des énergiesrenouvelables. Aujourd’hui le consommateurfinal finance l’utilisation d’énergies renouve-lables sans qu’à aucun moment les indus-triels du bois énergie n’aient créé leur proprefilière d’approvisionnement, compatible avecles autres industries. Arrêtons les certificatsverts et le secteur disparaît du jour au lende-main. Les aides sont légitimes mais ellesdevraient aller vers les acteurs qui créent desfilières pérennes.Taillis à courte ou à très courte rotation doi-vent être aidés, comme le photovoltaïque.Les certificats verts concerneraient alors aussi

bien les industriels que les agriculteurs quis’engagent à fournir cette matière sur le longterme.

Ce ne sont là que quelques pistes deréflexion, forcément schématiques et lacu-naires. Puissent-elles faire avancer le débat etorienter les décideurs vers des choix équili-brés. Il est vrai que l’époque est aux consul-tations et que le sujet du bois énergie ques-tionne aux plus hauts niveaux décisionnels.

Tant mieux, il est encore temps d’agir. Maisde grâce, ne perdons pas trop de temps, onparle maintenant d’un système d’aide à lachaleur verte, un projet de directive euro-péenne circulerait déjà, ce qui va immanqua-blement avoir un impact lourd sur la res-source bois.

Essayer d’avancer tous ensemble, en visant àla meilleure valorisation de la matière et dansle respect de tous les utilisateurs, c’est unobjectif ambitieux mais plus que jamais réa-liste.À l’évidence, en croisant l’essentiel des par-ties prenantes à ce débat passionné, jamaison n’a ressenti un temps aussi favorable auxpositions partagées. Puissent les prochainsmois nous donner raison. �

Malgré ses lignes automatisées de fabrication, le bois d’industrie reste un très gros pourvoyeur d’emploi. Illustration à Spanolux avec son unité des parquets stratifié “Balterio”.

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réseau bois

Un heureux coup du sort

Daniel Ledent aime la filière bois, c’est un faitque personne n’osera contester. Et le hasardd’un déplacement lui a donné une bien belleidée : présenter le bois sous une facette inexplo-rée, à travers ce qu’il apporte à l’art et à l’ex-pression artistique.

Comme il le dévoile, « il se trouve que j’ai eul’occasion, il y a deux ans, de passer quelquesjours de vacances à La Bresse, commune desHautes Vosges. À ma grande surprise, j’ai dé-couvert un symposium qui était organisé depuisde nombreuses années dans cette ville, sur lebois et d’autres matériaux. On y présentait eneffet des sculptures en bois, mais aussi des tra-vaux en pierre et en métal ». Le coup de foudreest immédiat !

Daniel Ledent, le Député provincial et Président du Collège provincial du Luxembourg,arbore un sourire radieux. On le comprend, évoquer ce premier grand symposium inter-national de sculpture sur bois - c’est là son vrai nom - qui se déroulait en ce mois de juinsur le site du Fourneau Saint-Michel (Saint-Hubert), c’est faire remonter à la mémoire unefoultitude d’excellents souvenirs, encore tout frais.Quelques manifestations mettent du temps à trouver leur positionnement, celle-ci non!Et pourtant les organisateurs ne s’étaient pas simplifié la vie : réunir une dizaine d’artistesinternationaux, leur donner les moyens d’exprimer leur art en les faisant travailler devantle public, une semaine durant.Daniel Ledent ne s’en cache pas, une telle réussite appelle d’autres initiatives. Maisl’homme reste humble et associe à ce succès la commune française de La Bresse, avec quiil a su nouer un partenariat solide. Court décryptage de ce lien tissé entre Ardennesbelges et Vosges françaises car sur un sujet aussi visuel que la sculpture sur bois, les motsdoivent légitimement s’effacer au profit des images.

Ce festival international de sculpture, appeléfestival Camille Claudel - du nom de la célèbresculptrice dont le père est né à La Bresse - fêtaitalors sa 20e édition. « Ils ont eu la formidableidée d’organiser cette magnifique exposition,systématiquement durant la semaine de l’ascen-sion, avec des sculpteurs du monde entier ve-nant exercer leur art devant le public ».Le parallèle avec le territoire forestier que consti-tue notre province se fait aussitôt. «Pourquoine pas exporter ça chez nous? » s’interroge Da-niel Ledent. Sitôt pensé, sitôt sur pieds, le projetprend rapidement corps.

« J’ai demandé aux organisateurs du festivalvosgien si un partenariat était envisageable, etils ont répondu très positivement. Sur la basedu volontariat, dans la semaine qui a suivi le fes-tival Camille Claudel 2011, certains artistes ontdécidé de consacrer une semaine à notre pre-mier symposium international ».Une dizaine de talentueux artistes représentantune bonne partie du monde - Finlande, Argen-tine, Bolivie, Colombie, Roumanie, Italie, Esto-nie, Pologne, Belgique - ont ravi le public entravaillant des grumes de tilleul, sélectionnéespar RND auprès de Lebrun Bois (Lasne).

« J’ai été très impressionné par la qualité desréalisations. Nous allons d’ailleurs les exposer,

Des talents venus du monde entierau 1er symposium de sculpture sur bois

Une affiche à laquelle on sera heureux de s’habituer.

Le Député Daniel Ledent est impatient de reconduire cettemanifestation et d’accentuer son rayonnement.

Mercredi 8 juin 2011, le futur Grand Prix du jury, le Polonais Czeslaw Fankidejski, au travail sur “sa” goutte d’eau.

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du moins celles qui ne seront pas vendues. Laprovince a hérité d’une sculpture remarquable,toute en finesse, d’une artiste italienne - IsabellaCorni - qui a gagné le prix du public. Et puis,nous avons acheté l’œuvre primée par le juryqui est une création très originale, une goutted’eau percutant les flots. C’est une réalisationqui a une histoire inattendue : elle est d’unjeune sculpteur polonais - Czeslaw Fankidejski -qui ne s’était pas inscrit à notre symposium.Suite à une rencontre amoureuse à La Bresse, ila souhaité rester huit jours de plus et s’est ma-nifesté le dernier jour pour venir chez nous ! Ar-rivé sans idée préétablie, il a trouvé soninspiration en s’asseyant au bord de l’eau, auFourneau Saint-Michel, en observant unegoutte tomber dans l’étang».

Une suite déjà programmée…

« L’année prochaine, ne fût-ce que pour leconfirmer et l’imposer comme un rendez-vousmajeur en province de Luxembourg, ce sympo-sium sera réédité. Mais les choses pourraientaller bien plus loin ! Au contact avec les autori-tés de La Bresse et plus particulièrement sonMaire, Guy Vaxelaire, j’ai constaté qu’ils sonttrès demandeurs pour un partenariat élargi. Ilssouhaitent que l’on aille ensemble plus loin enmatière de tourisme, de sculptures et plus spé-cifiquement autour de la pierre».

En effet, La Bresse ne serait pas contre se fourniren pierres de notre province pour parvenir àétendre la variété minérale travaillée, lors de leur

Toutes les techniques de sculpture étaient à l’honneur, desplus manuelles aux plus mécaniques comme ici avec uneartiste finlandaise.L’artiste argentin Nazario Veliz à côté de son œuvre.

festival. Un coup de pouce à ne pas négligerpour faire connaître cette autre ressource natu-relle importante dans notre économie !

« Je vais continuer à intensifier ce partenariat,d’autant plus que Durbuy cette année et pourla 3e fois, organisait son symposium de sculp-ture sur pierre, il y a là des synergies à pousser.Peut-être, alterner les deux symposiums, bois etpierre, une année sur deux. Le projet reste à dis-cuter avec les autorités de Durbuy».

Quand art et économie font si bon ménage, onapplaudit des deux mains. D’ailleurs le Maire deLa Bresse sera présent à la Foire forestière de Li-bramont, sur le stand de la province. La marqueirréfutable d’un intérêt réciproque. �

Czeslaw Fankidejski (Pologne) et sa réalisation finalisée.

La réalisation achevée d’Isabella Corni, prix du public.La représentante italienne, Isabella Corni, qui a remporté les suffrages du public avec une sculpture très féminine.

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réseau bois

Fort évidemment le titre ci-dessus nereflète pas tout à fait l’orientationqu’avaient donnée les organisateurs à cecolloque toujours très attendu, maisavouons que l’idée colle assez bien avec levoyage accompli. Autour du thème “Allover the W…ood: 6 continents, 6 filières”,le rendez-vous annuel de la filière wal-lonne, placé cela va sans dire sous le signede l’Année Internationale des Forêts, seproposait d’explorer les grandes ten-dances qui régissent les filières forestièresde par le monde. Nous sommes le 28 mars2011, il est 9h00 heure locale, attachez vosceintures, nous allons bientôt décoller…notre voyage débute.

Beaucoup de frénésie avant d’entamer notrepériple, chacun s’interroge sur l’itinéraire futurd’autant plus que les hypothèses les plus follesfusent : on nous a parlé de 6 continents, quelpeut bien être ce dernier îlot de terre ferme en-core inexploré par l’homme?Le mystère sera vite dévoilé par le commandantde bord, l’expérimenté Michel Lecomte. L’Amé-rique a été coupée en deux, de trop fortes dif-

férences entre Nord et Sud expliquent le coupde sécateur continental. Nous voilà tous soula-gés, nous resterons en terrains connus.

Une matinée : 4 continents

Première étape, le tarmac chaud d’un aéroportsud-américain, brésilien, pour être tout à faitprécis. Notre guide est Henri Saelens, Adminis-trateur délégué de Saelens Trading, agent spé-cialisé dans l’importation de bois brésiliens.Malgré la distance parcourue, nous sommestous très attentifs.« Le Brésil est une terre de contrastes et degrosses inégalités entre mégalopoles et terri-toires forestiers, entre une poignée de riches etbeaucoup de pauvres » amorce notre expert.Pour lui, «on connaît la forêt brésilienne sousson visage le plus obscur, celui de la déforesta-tion, mais c’est de l’histoire ancienne. Des plansd’aménagement forestier sont en place depuis2003 et un système de traçabilité du bois a étéinstitué depuis 2005, notamment, grâce à unsuivi satellite ».Deux chiffres marquent les esprits : «70 % desscieries ont fermé depuis 2005, car désormais

seules celles qui ont des concessions en forêt etacceptent d’être contrôlées, peuvent encoreexercer. 80 % de la production de bois d’unerégion comme le Mato Grosso (903 358 km2)est utilisée par la population pour ses propresbesoins en bois construction».Il est temps de se dire adieu, direction l’Afrique.

Michel Rougeron nous propose de découvrir sixpays : Cameroun, Congo, République Centrafri-caine, République Démocratique du Congo,Gabon et Guinée Équatoriale.Ce qui surprend immédiatement, c’est que «cesont les États qui attribuent des parcelles fores-tières, aux entreprises d’exploitation. Mais l’au-torité publique reste propriétaire et responsablede leur gestion, ce qui explique que la forêt estun gros pourvoyeur d’emplois ».Étonnant par rapport aux croyances, « les entre-prises d’exploitation forestières font l’objet d’unsuivi attentif. Elles doivent s’insérer dans unegestion de long terme et s’impliquer vis-à-vis del’environnement. D’ailleurs, la certification fo-restière est très présente, notamment en appli-cation du plan d’action contre le commerce debois illégal, dit FLEGT - Forest Law Enforcement,Governance and Trade».

6èmes Rencontres Filière Bois,le tour du monde sans 1 g de CO2 !

Les intervenants du matin ont suscité bien des questions, notamment la Russie avec son imposant potentiel et la Malaisie, dont les efforts en matière de certification ont marqué le public.

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Les haltes se succèdent à vive allure, nous fai-sons escale en Malaisie. L’Asie nous est présen-tée par Madame Sheam Satkuru, DirectriceEurope du Malaysian Timber Council.Vive, percutante, dynamique, l’intervenante ap-porte une fraîcheur pétillante.«Malaisie, Indonésie et Inde sont les gros pro-ducteurs de bois d’Asie. En zone tropicale, lamajorité de surfaces boisées appartient à l’Étatet fait l’objet de réglementations. Hors de ceszones, on effectue un important travail de re-plantation, sur des secteurs qui ont été très dé-gradés par le passé», confie-t-elle.Mais pour elle, l’important est de bien prendreen compte les efforts réalisés. «Nous noussommes impliqués fortement dans la certificationforestière et cela a un coût. Il ne faut pas que lespays occidentaux exigent des prix toujours plusbas, sinon les gens ne pourront plus vivre de laforêt. Il faut trouver un juste équilibre! ».

Pour d’intrépides voyageurs comme nous, lesestomacs commencent à se manifester, mais onnous avise qu’il ne nous reste plus qu’une des-tination pour le matin, en avant !Terminée la chaleur, la glaciale Russie s’étale de-vant nous. Anatoly Ivanovitch Pisarenko, Prési-dent de la Société des propriétaires forestiers dela Fédération de Russie est notre guide.«Avec 22 % des forêts mondiales, dont 50 %des résineux, on gère ce patrimoine avec atten-tion, sous la houlette du gouvernement russequi dirige la sylviculture. Le gros problème decette forêt, ce sont les incendies et on essaie dela protéger au mieux contre ce risque».Autre point saillant, « la Russie est un gros four-nisseur de bois à l’échelon mondial, une res-source vendue à un prix très compétitif. Pourautant, le pays souhaite rapatrier le maximumde valeur ajoutée entre ses frontières, en inves-tissant notamment dans les entreprises de trans-formation».

Après midi plus calme :2 continents

Après un repas bien mérité, direction un conti-nent très éparpillé, avec ses multiples îles :l’Océanie.Notre maître de cérémonie est Jean-Michel Car-nus, Chercheur franco-néo-zélandais et Direc-teur de recherche à l’INRA-Pierroton.«Les forêts sont très présentes en Nouvelle-Ca-lédonie (40 % du territoire), en Nouvelle-Zé-lande (31 %) et en Australie (21 %). Les forêtsnaturelles sont loin d’avoir disparu, avec l’adop-tion, très tôt, d’une politique de production debois, au sein d’une forêt de plantation et laconservation de la forêt patrimoniale.

Plus qu’ailleurs, les réflexions actuelles visent àla valorisation des services environnementauxque rend la forêt, une première mondiale miseen place déjà par la Nouvelle-Zélande».

Dernier atterrissage, en Amérique du Nord. USAet Canada sont présentés par Bruno Couture,Directeur du Québec Wood Export Bureau. «LesUSA consomment 75 % de leur production debois et importent essentiellement du Canada.On voit à quel point les États-Unis ont une in-fluence sur la bonne santé économique du Ca-nada qui représente 10 % de la surfaceforestière mondiale, surtout des résineux(75 %). Côté USA, l’est se révèle la zone la plusforestière mais on peut distinguer 3 grandsgroupes de forêts : les pins et douglas à l’ouest,les pins au sud, en enfin les chênes, noyers,érables, hêtre, bouleaux au nord-est ».Le réel défi pour la Canada : «diminuer sa dé-pendance vis-à-vis de son voisin immédiat et dé-velopper une seconde transformation».

Sheam Satkuru, du Malaysian Timber Council, conçoit l’avenir de son pays au travers d’investisseurs capables de mieuxvaloriser, sur place, la ressource disponible.

Anatoly Ivanovitch Pisarenko a décrit une forêt impressionnante, et qui garde une marge de progression colossale.

Et le film?

On ne fait pas un voyage transcontinental commecelui-ci sans une projection cinématographique.Et bien nous avons été particulièrement gâtés,avec deux séances différentes. Un peu avant midi,Gerd Herren, Consultant forestier et cinéaste, adiffusé un extrait de son documentaire “Le Pon-cho vert des Andes”, moment inoubliable.L’après-midi, Philippe Lambillon, Bourlingueurbien connu des téléspectateurs, est revenu surtrois de ses reportages, illustrant des échos né-gatifs entendus à propos de la filière. Force aété pour lui de reconnaître que les rapportsentre l’homme et la forêt s’améliorent.

De retour à notre point de départ, Marc Hermannous accueillait pour une synthèse finale. Queretenir de ce voyage? Quels sont les enseigne-ments pour notre filière ? Aussi vrai que lesvoyages forment la jeunesse, ce tour du mondesans 1 g de CO2 forme Notre Filière ! �

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lectures / événements

Trait souvent relégué au second plan en faveurde son envié titre de capitale européenne de lachasse et de la nature, la commune de Saint-Hubert peut aussi s’enorgueillir d’avoir vu naîtreen son sein, le 10 juillet 1759, le célèbre peintrePierre-Joseph Redouté.

Pratiquant l’aquarelle à Paris de 1782 à 1840,Pierre-Joseph Redouté a mis tout son talent etson art au service de la botanique. Passionné,durant plus d’un demi-siècle, le peintre parfaitson savoir pour reproduire, en peinture, desfleurs et plus particulièrement des roses. Vite re-marqué pour sa maestria, il est d’ailleurs sur-nommé « le Raphaël des fleurs».

C’est à la rencontre de cet artiste infatigableque vous convient la Ville de Saint-Hubert, leMusée Pierre-Joseph Redouté et le Master enGestion culturelle de l’ULB.

Pour en savoir plus :Musée Pierre-Joseph RedoutéTél. : 061 61 14 67GSM: 0498 90 28 22E-mail : [email protected] : www.musee-pierre-joseph-redoute.be

ÉVÉNEMENT

Construireen boisQuelles solutions choisir ?Les atouts de ce matériau sont connus : écologique,résistant au feu, isolant thermique et acoustique, es-thétique et confortable… Mais comment choisirentre les maisons : à ossature bois, en rondins, enmadriers, à charpente sectionnelle, en briques ouparpaings de bois, en panneaux-sandwichs…? Et si le projet est de vivre dans unenvironnement domestique plus sain, quelles sont les erreurs à ne pas commettrepour éviter les pollutions domestiques induites ? Cet ouvrage vous aidera à faire lesbons choix en vous présentant toutes les techniques et options disponibles.“Construire en bois, Quelles solutions choisir ?” par Paul de Haut, Édisud, 19 €

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À l’origine, un constat partagé. En àpeine une décennie, notre filièreforêt-bois a entrepris une profondemutation. Le matériau bois qui a sureconquérir des parts de marché dansle domaine de la construction. Notre forêt s’est adaptée aux attentes légitimes dela société et, par l’entremise de la certification forestière (PEFC en tête), elle dé-montre au consommateur qu’il utilise désormais un produit bois issu d’une ressourcegérée durablement.

Photographie idyllique s’il en est… mais qui malheureusement omet la dynamiquedu temps. Si elle n’y prend garde, la filière risque de connaître des heures sombres.C’est là que le projet Regiowood, programme Interreg IV A Grande Région, prendtoute son importance. Il permet à la filière, dans son ensemble, de s’interroger surson développement et sur sa compétitivité futurs, au sein d’un large territoire re-présentatif du pôle forêt-bois ouest européen.

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www.portailpierre.org a été réalisédans le cadre du programme Leader + « Au fil de la pierre »

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www.portailbois.org résulte d’une collaboration entreRND Ressources Naturelles Développement et le Centre de Compétence Boisde Saint-Vith. Il est réalisé grâce au soutien de la Région Wallonne, de la Pro-vince de Luxembourg et des programmes européens Leader II et Interreg III A.

CENTRE DECOMPÉTENCEDE SAINT-VITH

Les portails dynamiques et interactifsdes professionnels wallons des filières pierre et bois

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Éditeur responsable: Nadine Godet 44, rue de la Converserie - 6870 Saint-Hubert

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