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LA PETITE HISTOIRE DU TANGO La naissance du tango remonterait aux années 1870. Né dans les quartiers pauvres de Buenos Aires, le tango des origines est purement instrumental (guitare, violon, flûte) et se danse, surtout dans les maisons closes par des gens sans ressources pour la plupart issus de l’immigration. Le tango est le fruit des métissages et des rencontres entre différentes populations et leurs cultures. Chacun s’empare de la musique de l’autre pour construire — ou recons- truire — la sienne. Chacun utilise également les codes de l’autre pour parodier et se moquer. L’apport des instruments et des mélodies européennes contribue ainsi à faire du tango un genre créole par excellence et, plus largement, un genre identitaire des classes populaires du Rio de la Plata. Peu à peu, le tango parvient à réaliser une alchimie entre les nostalgies, les espoirs des étrangers et ceux des hommes venus de l’intérieur du pays. Entre douleur et déracinement, il exprimera ce qui est perdu pour toujours. A l’orée du XX ème siècle, le tango tend à se codifier ; le bandonéon fait son apparition et devient l’instrument du tango par excellence tandis que la bourgeoisie lui accorde plus d’attention. Le tango-cancion (ou tango-chanson) devient populaire avec Carlos Gardel qui immortalise des centaines de chansons sur disque. La musique de tango devient plus complexe et dans les années 50 se détache de la danse pour devenir un genre musical à part entière. Les années 1960-1970 voient encore le tango se transformer. Astor Piazzolla associe le tango au jazz et au classique. « Il était nécessaire de libérer le tango de la monotonie harmonique, mélodique, rythmique et esthétique qui l’engonçait » (Astor Piazzolla) : le Tango Nuevo était né ! Aujourd’hui, le tango se porte très bien. Pour preuve, il est reconnu depuis 2003 comme un héritage culturel mondial par l’Unesco et le 11 décembre (jour anniversaire de Carlos Gardel) a été institué « Journée nationale du tango en Argentine ». QUINTETTE TANGUEDIA

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LA PETITE HISTOIRE DU TANGO

La naissance du tango remonterait aux années 1870. Né dans les quartiers pauvres de Buenos Aires, le tango des origines est purement instrumental (guitare, violon, flûte) et se danse, surtout dans les maisons closes par des gens sans ressources pour la plupart issus de l’immigration.

Le tango est le fruit des métissages et des rencontres entre différentes populations et leurs cultures. Chacun s’empare de la musique de l’autre pour construire — ou recons-truire — la sienne. Chacun utilise également les codes de l’autre pour parodier et se moquer. L’apport des instruments et des mélodies européennes contribue ainsi à faire du tango un genre créole par excellence et, plus largement, un genre identitaire des classes populaires du Rio de la Plata. Peu à peu, le tango parvient à réaliser une alchimie entre les nostalgies, les espoirs des étrangers et ceux des hommes venus de l’intérieur du pays. Entre douleur et déracinement, il exprimera ce qui est perdu pour toujours.

A l’orée du XXème siècle, le tango tend à se codifier ; le bandonéon fait son apparition et devient l’instrument du tango par excellence tandis que la bourgeoisie lui accorde plus d’attention. Le tango-cancion (ou tango-chanson) devient populaire avec Carlos Gardel qui immortalise des centaines de chansons sur disque. La musique de tango devient plus complexe et dans les années 50 se détache de la danse pour devenir un genre musical à part entière.

Les années 1960-1970 voient encore le tango se transformer. Astor Piazzolla associe le tango au jazz et au classique. « Il était nécessaire de libérer le tango de la monotonie harmonique, mélodique, rythmique et esthétique qui l’engonçait » (Astor Piazzolla) : le Tango Nuevo était né !

Aujourd’hui, le tango se porte très bien. Pour preuve, il est reconnu depuis 2003 comme un héritage culturel mondial par l’Unesco et le 11 décembre (jour anniversaire de Carlos Gardel) a été institué « Journée nationale du tango en Argentine ».

QUINTETTE TANGUEDIA

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ASTOR PIAZOLLA

Astor Piazzolla, fils d’immigrés italiens, est né à Mar del Plata, au sud de Buenos Aires, un port de pêche qui n’est pas encore devenu une station balnéaire aristocratique. À l’âge de trois ans, il part avec ses pa-rents Vicente Piazzolla et Asunta Manetti pour New York.

Quand Astor Piazzolla a huit ans, son père, passionné de tango, lui offre un bandonéon. L’enfant est déçu, il aurait préféré un saxophone car la musique qui le passionne alors est le jazz. Un jour qu’il joue dans la cour de son immeuble, Astor découvre Jean-Sébastien Bach : c’est le pianiste Bela Wilda, ancien élève de Rachmaninoff, qui étudie neuf heures par jour. La musique de Bach l’impressionne tant qu’il veut prendre des cours avec Bela.

Au début des années 1950, Astor Piazzolla se tourne vers la composition et ob-tient une bourse du gouvernement français qui lui permet d’étudier à Paris pen-dant neuf mois avec Nadia Boulanger (professeur, pianiste, musicologue et chef d’orchestre). Cette dernière l’incitera à rester fidèle à ses racines et à la musique de son pays natal, le tango. À cette époque, Piazzolla se cherche : devenir pianiste ou bandonéoniste ? Il désire cependant fermement composer de la musique sa-vante (« classique »). Nadia Boulanger décèle en lui la capacité de synthétiser plu-sieurs genres qui se regardent encore en chien de faïence : le tango et la musique savante d’une part, le tango et le jazz d’autre part. « Elle m’a donné confiance en moi-même, m’a fait voir qu’au fond, j’étais un compositeur de tango, que le reste, certes, était important, mais n’était pas ma voie. Cela appartenait à un autre que moi, cérébral et faux. Et tout ce que j’avais contre le tango s’est tout à coup, en moi, retourné en ma faveur. »

QUINTETTE TANGUEDIA

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ASTOR PIAZOLLA LE TANGO NUEVO D’ASTOR PIAZOLLA

À partir de ce moment naît son style : un genre populaire – le tango – exprimé dans un langage savant et mâtiné d’emprunts au jazz. Dans la lignée des compositeurs tels que le hongrois Belà Bartok, le français Maurice Ravel, le russe Igor Stravinsky, les espagnols Heitor Villa-Lobos et Manuel de Falla ou encore le cubain Joaquin Nin, Piazzolla construit sa mu-sique sur la base des musiques populaires de son pays d’origine. Il se veut fidèle à l’identité de sa ville natale, Buenos Aires, tout en puisant dans la musique moderne de son époque. Par exemple, l’une des versions d’Adios Nonino accompagnée d’un orchestre, se termine par une « coda pianissimo » (très très doux), alors que le tango traditionnel se finit fortissimo (très très fort).

Piazzolla a modernisé le tango sans toutefois faire table rase de la tradition. Il en fait évoluer la forme traditionnelle vers un « nouveau tango » : on lui doit l’expression tango nuevo, qu’il définissait comme musique comme « un tango différent, intellectuel, un tango qui n’était pas chanté ni dansé. C’était un tango pour penser ». Et le tango s’écoute désormais dans les salles de concert !

QUINTETTE TANGUEDIA

Pour écouter Astor Piazolla : https://www.youtube.com/watch?v=LTKyePoB23g

Pour découvrir l’artiste : Documentaire Arte : https://www.facebook.com/watch/?v=10156536670678945