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REPUBLIQUE DU SENEGAL --------------- INSTITUT NATIONAL SUPERIEUR MINISTERE DE LA JEUNESSE DE L’EDUCATION POPULAIRE ET DES SPORTS ET DU SPORT ------------- (I.N.S.E.P.S.) MEMOIRE DE MAÎTRISE Es-SCIENCES ET TECHNIQUES DE L’ACTIVITE PHYSIQUE ET DU SPORT LA LUTTE TRADITIONNELLE : son importance, sa signification en fonction des ethos et des habitus ethniques au Sénégal Présenté par : Monsieur Joseph Victor FAYE Sous la direction de M. Jean Marc ROCHEZ Professeur à l’INSEPS Année de soutenance : 1984

La lutte traditionnelle : son importance, sa signification ... · Le profil du lutteur sérère ----- 3.3.5. ... apprendre de ',eus. ::ous qui, sans cesse davantage, oublions que

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REPUBLIQUE DU SENEGAL --------------shy INSTITUT NATIONAL SUPERIEUR

MINISTERE DE LA JEUNESSE DE LrsquoEDUCATION POPULAIRE

ET DES SPORTS ET DU SPORT

------------shy

(INSEPS)

MEMOIRE DE MAIcircTRISE Es-SCIENCES ET TECHNIQUES

DE LrsquoACTIVITE PHYSIQUE ET DU SPORT

LA LUTTE TRADITIONNELLE son importance sa signification en fonction des

ethos et des habitus ethniques au Seacuteneacutegal

Preacutesenteacute par

Monsieur Joseph Victor FAYE

Sous la direction de M Jean Marc ROCHEZ

Professeur agrave lrsquoINSEPS

Anneacutee de soutenance 1984

L6UQJE OU SENE3AL

LA LUTTE TRADITIONNELLE SON IMPORTANCE 1 SA SIGNIFICATION EN FONCTION

DES ITHOS ET DES HABITUS ETHNIQUES AU SENEGAL

ANNEE CIVILE DE SOUTENANCE 1984

Joseph Victor FAYE MEMOIRE DE MAITRISE

ES SCIENCES TECHNIQUES DE L ACTIVITE PHYSIQUE

ET DE SPORT

D E DIe ACE --00--00--00-shy

Je deacutedie ce meacutemoire

agrave ma grand-megravere Louise Marie SOKHNA

agrave mes parents Jean et Francisca FAYE

agrave mes fregraveres et soeurs et plus particuliegraverement agrave ma femme

et ma fille bien aimeacutees Lala Khadidja et Feacuteliciteacute FAYE

-----shy

REMERCIEMENTS

Mes vifs remerciements agrave M Jean Marc ROCHEZ qui maura beaucoup

aideacute dans la confection de ce meacutemoire

Je remercie tregraves sincegraverement M YADE Directeur Technique de

lEquipe Nationale t1essieurs Abdou BADJI Kory SARR Djibril SECK

tous professeurs dEPS M Julien DAl-fIEN 1me Simone DAROZA

-Hle Marie DIEllE et tous ces speacutecialistes qui auront contliibueacute de

pres ou de loin agrave mes travaux

so IYPORA~CE SA SIGIFICATION E~ FONCTlOl

DES ETHOS ET DES HABITUS ETHNIQVE~ AD SENEGAL

SOM MAI R E Pages

1 INTRODUCTIO~ ---------------------------------------- shy

II QUELQUES NOTIONS DE SOCIOLOGIE POUR UNE MEILLEURE

COMPREHENSION DE LA LUTTE TRADITIONNELLE ------------- 5

- Habitus et techniques du corps --------------------- 5

- Habitus de classe et style de vie ------------------ 6

- Ethnomotriciteacute ------------------------------------- 7 - Analy~~ des demandes sociales en matiegravere

de pratique des sports de combat ------------------- 8

Judo --------------------------------------------- 9 Lutte libre traditionnelle ----------------------- 10 ft Lutte olympique ---------~------------------------ 10 Boxe anglaise ------------------------------------ Il ft Karateacute ------------------------------------------- II Lutte traditionllelle avec frappe ------------------ 11

III DIVERSITE ETHNIQUE - PLURALITE DES STYLES DE LUTTE --- 16

31 LA COMMUNAUTE DIOLA ----------------------------- 16

311 Preacutesentation ----------------------------- 16 312 Quelques aspects de leacuteducation

et des rites en milieu diola ------------- 17

313 Croyances et pratiques mystiques --------- 19

314 Impact des moeurs sur la pratique

de la lutte diola 20

32 LA COMMUNAUTE WOLOF ----------------------------- 24

321 Preacutesentation ----------------------------- 24 322 Les moeurs ~t les croyancEs wolof -------- 24

323 Leacuteducation d~ w810f --------------------- 26

32~ Incidences des ~~~urs s~r l~ l~tte ------- 28

tiques physiques du lutr~uT wolof -------shy 31

33 LA CO~GAUTE SERERE ---------------------------shy

331 Preacutesentation ----------------------------shy332 Leacuteducation les moeurs lES crOyanCES

et les pratiqUES seacuteregraverc -----------------shy

333 impact des ethos sur la lutte

dans le monde seacuteregravere --------------------shy

334 Le profil du lutteur seacuteregravere -------------shy

335 Comportement et attitude du lutteur seacuteregravere

336 La tenue du lutteur ou Ngimbe ---------shy

337 Larbitrage -----------------------------shy

3~

37

38

40

40

41

34 LA COMMUNAUTE TOUCOULEUR -----------------------shy

341 Preacutesentation ----------------------------shy342 Education moeurs croyances

et pratiques religieuses ----------------shy343 Activiteacutes ludiques et pratiques

sportives en milieu toucouleur ----------shy

344 Profil psychologique --------------------shy

42

43

~S

47

35 CONCLUSION -------------------------------------shy 48

IV AUJOURDHUI VERS DE NOUVELLES FORMES DE LUTTES ------shy

41 LA LUTTE TRADITIONNELLE AVEC FRAPPE ------------shy 50

V CONCLUSION ------------------------------------------shy

ln LI) 1 5 L bull 0 G R A PHI E -------------------------shy

52

Ce ~eacutemoire est une riflexion 3ur la lutte car ~lie apparatt sur le

continent africai~comme un phinomegravene social important Elle le doit

sans doute au fait que depuis le fond des temps elle est itroitement

associeacutee agrave la vie de lhomme Or en deacutecouvrant ses vestiges du passeacute

lAfrique confirme lhypothegravese d~tre le berceau de lhumaniteacute Il en

reacutesulte que sur ce continent la lutte y possegravede une longue tradition

et serait-il paradoxal de preacutetendre que lAfrique a acquis le besoin

de lutter qui cherche agrave se satisfaire selon des moyens congeacutenitaux

cest dans cette perspectiveque nOus approcherons la LUTTE SENEGALAISE

car il est admis que la preacutesence de lHomo-Sapiens en Afriquecircde lOues

remonte agrave plus de 10000 ans Autrement dit nos anc~tres ont reccedilu

lhistoire de la lutte et sa longue eacutevolution lieacutee agrave celle de la civili

sat ion

Nos premiers anctres pratiquegraverent la lutte utilitaire celle dont la

possession eacutetait neacutecessaire pour survivre dans un milieu hostile et

inquieacutetant agrave la fois pour se nourrir et pour se deacutefendre

En se regroupant en clans et tribus nos anc~tres modifiaient radicaleshy

ment leurs conditions dexistence certes ils eacutetaient mieux agrave

mme dassurer leurs besoins vitaux mais ils devaient faire face aux

rivaliteacutes qui ne manquegraverent pas de surgir entre les diffeacuterents groupes

Cette installation dun eacutetat endeacutemique de guerres ougrave le but eacutetait de

soumettre et de ravir ou de se libeacuterer et de reacutecupeacuterer transforma la

lutte en activiteacute martiale Ainsi se deacuteveloppa la science du combat agrave

mains nues celle qui permet de deviner lautre et de le surprendre en

deacutecidant et agissant plus rapidement que lui Mais il ny a pas si long

temps le corps agrave corps eacutetait leacutepisode deacutecisif de toute bataille

Gagnant en sagesse et en technique nos anc~tres saperccedilurent quil

existait dautres modes de vie que celle de vivre aux deacutepens de ses

semblables et progressivementiles temps de paix prirent le pas sur les

temps de guerre La lutte en perdant son utiliteacute ~ais non sa fonction

devint lobjet dlun rite initiatique Il eacutetait du devoir des anciens de

- ~

d~tre en mesure dassurer acirc 1 ur tour Id protection du ~roupe En

deve~ant contenu denseignement la lutte ecircvoluait acirc nouveau Elle

perdit son caract~re preacutepa=atoi=e et devenait ~ctivit~ d~ c0~pensa-

tion (1) Au-delagrave des techniques de mise hors combat qui devaient se

deacutepouiller de leur violence et des risques de dommages corporels on

visait une action formatrice sous un triple aspect physique caracshy

teacuteriel et moral

Puis survint le temps de paix durable celui ougrave leacutenergie eacutetait

essentiellement consacreacutee agrave produire des biens pour sa collectiviteacute

dappartenance Deacutesormais lhomme eacutequilibrait sa vie entre le travail

le repos et le divertissement Cest ainsi que la lutte se retrouva au

coeur des reacutejouissances populaires En se faisant ludique celle ougrave

lon joue agrave mesurer sa force sa ruse son agiliteacute sa bravoure bullbullbull La

lutte se speacutecifiait agrave nouveau en simbriquant aux moeurs aux coutumes

et aux croyances

Cette longue histoire commune du neacutegro africain et de la lutte expliqUE

qUegravecette derniegravere fait partie des traditions auxquelles il est le plu

attacheacute et ort heacutesite pas agrave parler de sport national mecircme quand elle

doit ceacuteder en populariteacute devant le foot-baIl

En Afrique toute activiteacute physique veacutehicule un message et la lutte

traditionnelle elle aussi se trouve impreacutegneacutee de valeurs socio-cultushy

relIes et il arrive quon lui assigne de les veacutehiculer et de les trans~

mettre Parler de lutte en Afrique deacutecouvrir sa signification et comshy

prendre son histoire consiste agrave montrer quelle participe aux eacutethos et

habitus de groupe comme nous proposons de le faire

(1) - CARR The survival values of play citeacute par CIAPAREDE dans Psychologie de lEducation et Peacutedagogie Expeacuterimentale Edition Delachaux et Niestle (244 pages)

iotre reacuteflexion se ci-conscrird au S-~sJl -t mecircle si le peuple

seacuteneacutegalais est o-igilaire de la volonteacute cocnmune due dizaine deacutethries

de vivre ensemble ~ous nous limitert~s 1 analyser les rapports quentr

tiennent les quatre grands groupes diola seacuteregravere toucouleur et wolo

et les styles de lutte correspondant

Nous entendons veacuterifier lhypothegravese quaux particulariteacutes ethniques

(mode de vie coutumes rites et croyances) correspondent des particushy

lariteacutes de lutte (signification valeacuteurs veacutehiculeacutees mode de pratique

regravegles dorganisation bullbullbull )

Ce meacutemoire consiste agrave reacutealiser une approche socio-culturelle du pheacutenomegravel

lutte en Afrique avec le secret espoir quil puisse servir de preacuteface

agrave lhistoire des diffeacuterents styles reacutegionaux que dautres ont commenceacute

agrave eacutecrire

gt Si nous devions justifier le choix dun tel sujet t tous les arguments

se regrouperaient autour dune meurome motivation recouvrir notre authenmiddot

ticiteacute

En premier lieu parce que nous adheacuterons totalement agrave ce souhait des

Pouvoirs Publics de mettre laccent sur une eacuteducation physique et spormiddot

tive qui tout en souvrant aux appels feacutecondants de la techniques

fondera son action dans les valeurs traditionnelles du pays La lutte el

tant que pratique eacuteducative et manifestation dessence collective est

bien placeacutee pour justifier cette tendance

Elle reacutepond aux aspirations dune eacuteducation physique et sportive qui

veut creacuteer les conditions de son deacuteveloppement et de qUumlI i~ertion dans

les habitudes sociales des populationsff(l)

(1) Travaux du IV~ C~n-r~s Sports de 2223 Avril 1981

WotrQ CCYVcftOl de llnteacute~t JiU W sectU~ e6t ~~pu_~ deacuteclarations de 2rsonnaliceacutes du monde sportif lLrlsi ce Ii1essage agrave lir shy

tention des dirig~ants africains

-ous ~ T beaucoup agrave apprendre de eus ous qui sans

cesse davantage oublions que leacutequilibre de lhomme veuc

quiL sinscrive harmonieusement t aussi bien dans la nature

que dans la civilisation deacutecouvrons que les Atricains nont

pas eacuteteacute initieacutes aux principes du sport et ses vertus au

contraire de maints pays europeacuteens par exemple aupregraves desquels

tout ou presque est agrave retaire agrave chaque geacuten~ration Lexercie

physique tait partie de la vie atricaine il est moyen de commushy

nication et de locomotion- (1)

Or la lutte constitue par excellence ce Veacutecu moteur que nous t1ansshy

mettons de geacuteneacuteration en geacuterieacuteration et ce patrimoine doit survivre agrave

toutes les agravegressions or iginaires dautres modes de civilisation dont

certains effets ne manquent pas de se faire sentir sur le devenir de la

lutte traditionnelle

A la preacuteoccupation de preacuteserver notre authenticiteacute sajoute celle den

assurer la deacutefense

Aussi au-delagrave de nOs analyses destineacutees agrave eacutetablir les rapports entre

modes de vie et styles de lutte nous nous poserons le problegraveme dune

codification objective de la lutte traditionnelle constituant la mise

en communauteacute des apports pertinents de chaque style reacutegional Ce style

national apparatt indispensable en raison de lavegravenement prochain dune

socieacuteteacute seacuteneacutegalaise nouvelle qui ne peut se b~tir que par un partiel

renoncement au passeacute et son contenu (2)

Enfin nous voulons faire partager notre ~nthousiasme gagner agrave notre

cause eacuteducateurs entratneurs de lutte les amener agrave reacutefleacutechir sur leur

pratique et peut-~tre les aider agrave tnseigner avec plus de coheacuterence cette

discipline pour le plus grand bien de notre jeunesse

(1) Bulletin n 91 du CIO du 15 AoOt 1965 - Page 15

(2) Cette preacuteoccupation semble ecirctre partageacutee par de nombreux pays afri shycains ougrave la lutte est de tradition on y pressent quagrave de nouveaux types de socieacuteteacute doit correspondre de nouveaux hlbitus En conseacutequence la lutte doit eacutevoluer Darlllegrave~1e1t SO3 pine d amptre in~niaterpnt l~l~dJl-J~ (Sw~JL~c~ ~ - 13 P~v~~L)ti-~l j Ld L~t~ cr~lJit0nn~l12

otgalisecirce pH la cmFJS - iJAKAR - lai ~~)

-5shy

II QUELQUES NOTIONS DE SOCIOLOGIE POUR UBE MEILLEUR~

COMPREHENSION DE LA LUTTE TRADITIONNELLE

Essayons dexpliquer simplement les termes ETROS et HABITUS et

ETHNOMOTRICITE pour la clarteacute de notre deacutemarche

ETROS dans sa deacutefinition premiegravere veut dire en parlant dun individu

lice qui distingue cet individu des autres (1)

En eacutetudiant cette signification dans le cadre de la sociologie on

entendra par eacutethos ethnique (eacuteducation croyance rite etc bullbullbull ) lenshy

semble des caracteacuteristiques dune communauteacute sociale

HABITUS QCe sont les habitudes et attitudes socialement acquises qui

sous-tendent et preacute-deacuteterminent partiellement les faccedilons de penser de

sentir dagir de tout individu et traduisent notamment le rapport quil

entretient avec son corps (2)

Dans le cadre de ce meacutemoire nous allons essayer de faire une approche

de la lutte traditionnelle sous deux angles dabord en leacutetudiant comme

habitus en tant que technique du corps et ensuite COmme habitus de classe

fonction du style de vie des individus et nous nous proposons dans cette~gt

partie de deacutefinir ces deux notions dhabitus

Marcel MAUSS dans une viseacutee anthropologique emploie ce terme dune maniegravere

tregraves large pour rendre compte des faccedilons dont les hommes socieacuteteacute par

socieacuteteacute dune faccedilon traditionnelle savent se servir de leur corps Ces

habitudes varient avec les individus et leur imitations elles varient surshy

tout avec les socieacuteteacutes les eacuteducations les convenances et les modes les

prestiges

Analysant de multiples techniques du corpsll la marche la course la nage

le beacutechage le saut la danse et toutes les techniques corporelles en geacuteneacuteshy

ral (techniques alimentaires sexuelles de soins de repos bullbullbull ) MAUSS

insiste sur le fait que celles-ci ne sont pas naturelles mais acquises

(1) PIERON Henri Vocabulaire de la psychologie 2egraveme eacutedition revue et augmenteacutee PUF 1957 page Ill

(2) POCIELLO Christian Sport et Socieacuteteacute Approche sodo-culturelledeacutell pratiques Paris Vigot 1981 pages 78-79

La notion dethnomotriciteacute part dune constatation

- la grande diversiteacute des caracteacuteristiques preacutesenteacutees par les pratiques

corporelles en fonction de leacutepoque du lieu des groupes elle teacutemoigne

de linfluence despotique des normeS et des valeurs sociales sur la mise

en jeu du corps

Dougrave sa deacutefinition

Le champ et la nature des pratiques motrices envisageacutees sous langle de

leur rapport agrave la culture et au milieu social au sein desquelles elles

se sont deacuteveloppeacutees (1)

Conseacutequence le contrat ludosportif est aussi un contrat social il

reflegravete la faccedilon dont une socieacuteteacute aime agrave se penser agrave se repreacutesenter bullbullbull

et accepte de se donner en spectacle

Lethnomotriciteacute donne naiss~nce agrave deux sortes danalyses

- lanalyse synchronique -ou eacutetude spacialeshy

de type interculturel agrave hagravebitus diffeacuterents styles de vie divergents

de type intraculturel apparition dhabitus de classe et de pratiques

distinctives

- lanalyse diachronique -ou eacutetude temporelle- ou eacutevolution sur une longue

peacuteriode des pratiques motrices pour une cateacutegorisation dindividus

Cette hypothegravese de lenracinement social de la motriciteacute est une atteacutenuashy

tion des explications psychologisantes consideacuterant lindividu indeacutepenshy

damment de son environnement et sexprimant en termes de goQts motivations

() PARLEBAS pierre Contribution agrave un lexique commenteacute en Science 4e laction motrice Paris Publication INSEP 981 322 pages

AicircAgraveLYSE CES iJFrADES iDe I LES EN flA TIERE

DE PRATIQUE DES SPORTS DE Oicirc-itlAT

Objet Veacuterificat~on de la theacuteorie de lhab~tus

Hypothegravese En raison de son histoire de ses speacutecificiteacutes des valeurs

symboliques dont on linvestit une pratique sportive est en faveur aushy

pris dun groupe de pratiquants en fonction dattentes de niveaux dexishy

gence de fierteacute dappartenance qui sont socialement et culturellement

deacutetermineacutes

Il sagit en quelque sorte danalyser les goOts et les motivations des

sportifs en rapport avec leur condition sociale et le sentiment attachi

agrave ce statut

Remarque Cette analyse sera meneacutee en fonction des classes sociales et

non agrave partir de cla~se dage ou encore de classe socio-politique comme il

est dusage pour toute reacuteflexion sur notre socieacuteteacute trJditionnelle

Cette particulariti provient du fait que nos enquites ont iteacute effectueacutees

en milieu urbain -en raison des problimes de temps et de moyensagrave Dakar

et agrave Thiis pour itre plus preacutecis et il est deacutesormais hasardeux de preacuteshy

tendre y retrouver les structures traditionnelles c~e on pourrait le

faire en milieu rural

Par classe sociale et nous inspirant de la notion marxiste -deacutefinition

du rapport aux moyens de production- nous entendons la distance_dun

groupe social aux postes de deacutecision et de responsabiliteacute Plus cette

distance est grande moins le statut eacuteconomique est eacuteleveacute

Nous distinguons quatre (4) classes sociales car au niveau dune telle

analyse nous ne pouvons preacutetendre agrave la finesse de discrimination indiciaire

de la Fonction publique par exemple

r~partieuml

come il egravest rsectc eacute dans 1 ablea~ ci-dessous

CATEGORISATIONGROUPE EXEMPLE DE FONCTIONADMISE

Administrateur civil - Ingeacutenieur - Meacutedec ilCadre supeacuterieur1 Officier - Professeur

Instituteur - Mattre dEPS shy2 Cadre moyen Secreacutetaire - Technicien

Chauffeur - Militaire Policier3 Cadre subalterne shyPatron - Artisan

Artisan - Cultivateur - Ouvrier temporail4 Non cadre Pcheur

Conditions denqute Six (6) sports de ~ombat sont officiellement

pratiqueacutes Ils possegravedent une structure para-eacutetatique de gestion de contr

ce sont

3 sports de preacutehension - JUDO - LUTTE LIBRE TRADITIONNELLE - LUTTE OLYMPIQUE

2 sports de percussion - BOXE ANGLAISE - KARATE

sport mixte - LUTTE TRADITIONNELLE AVEC FRAPPE

Pour chacun de ces sports 50 pratiquants ont eacuteteacute interrogeacutes sur leur

statut socio-eacuteconomique avec la discreacutetion et la prudence quexige ce

genre de question

Cette enqute sest deacuterouleacutee dans les conditions suivantes

JUDO

Lieu DAKAR - Clubs USTD - DUC - FJAKS - DOJO HOMAR DIENG

Date du 020J84 au 28-05-84

Circonstances Les principaux inteacuteresseacutes eacutetant la plupart sur le tatami

pour lentratnement il fallait souvent attendre la fin

de lentratnement uumlur pouvoir avoir une ou deux entreshy

vues de sorte qu~ le~qu~te a pris beaucoup plus de

On constate que le no~bre de p=a~iq~~-ts ~st ~eauccup plus importd~t dans

les groupes 2 et 3 - Il es ~oindre dans les grQupes 1 et 4

LUTTE LIBRE TRADITION~~LLE

Lieu Dakar - Thiegraves bull Aregravenes Landing DIAME - Ecurie Seacuteregravere (pregraves de

lautoroute) Lutteur diola - toucouleur - Entratneurs - encadreurs

de diverses eacutecuries Stade Iba Mar DIOP - Aregravenes de Pikine et de

Thiegraves - CNPES - INSEPS

Date du 040284 au 020684

Circonstances Elles sont parallegraveles car les pratiquants semblent beaushy

coup plus disponibles que dans les autres disciplines Notre travail

parfoi~ peacutenible en raison de la diversiteacute des ethnies repreacutesenteacutees

et la traduction n1est pas toujours aiseacutee

Observations

Nous constatons que la lutte libre traditionnelle est plus pratiqueacutee

par les groupes 4 et 3 que par les groupes 1 et 2

LUTTE OLYMPIQUE

Lieu CNPES - INSEPS - Iba Mar DIOP (Equipe Nationale) - DUC

Date du 040284 au 020684

Circonstances Les conditions sont meilleures dans la mesure ougrave le

hasard a fait que pendant cette peacuteriode leacutequipe nationale soit

en regroupement et ceci nous a permis d-interroger un nombre

important de lutteurs de grand renom

Observations

En raison du petit nombre de pratiquants r~guliers lenquecircte ne porle

que sur 2S personnes Arbitrairement pour les besoins de comparaison

les raisons de comparaison les reacutesultats cbtenus sont multipli~s par 2 bull

BOXE A~~GLISE

Lieu Iba l-ar DIOP - ASFA - ASFPO - SC -ASC JJAF - ASC lA

ugraveate du 201283 au 020684

~E~~~~E~~~~ Ici nous ferons la mecircme remarque que pour le Judo

Notons que toute lenquecircte a eacuteteacute faite agrave Dakar

Observation

La boxe recrute ses pratiquants surtout dans les classes 3 et 4 et

on note que le nombre de pratiquants nest pas aussi important comme

dans les autres disciplines

KARATE

Lieu YUKOKAI KARATE CLUB - SAMOURAI KARATE CLUB - Iba Mar DIOP

CLUB DE GIBRALTAR - ASFA - ASFA - ASFPO - GM Thiegraves

Date du 201283 au 020684

SE~~~~E~~~ Notre enquecircte se passait dans une ambiance sympathique

de camaraderie Geacuteneacuteralement apregraves la seacuteance dentratnement

Observation

Nous constatons que la distribution des pratiquants bien que favorisant

les groupes 2 et 3 semble plus homogegravene que dans les autres disciplines

~ LUTTE TRADITIONNELLE AVEC FRAPPE

Lieu Ecurie de Fass - Ecurie des Seacuteregraveres - Ecurie Mermoz

- Ecurie des Casamanccedilais

Date du 04-02-84 au 020684

Ccedilj~9~~~aEccedil~ Il est agrave signaler que cest la discipline ougrave l~ contact

avec les pratiquants a eacuteteacute plus difficile les speacutecialistes qui~ la plushy

part du temps semblent meacutefiants quand on commeucircce agrave leur poser des quesshy

tions preacutecises sur leur revenu mensuel

2 -liCc 055cllt le lle11ent SegraveS praLicltants dans le ba

de lecirc~helle ces~-agrave-dire dans le ~ruumlupe 4

~ecircsultats

Les reacutesultats enregistreacutes sont reacutecapituleacutes en nombre et en pourcentage

-agrave lapproximation pregraves- dans le tableau ci-dessous

LUTTE 1 LUTTELUTTEGROUPES BOXE KARATE JUDO AVEC OLYMshySIMPLE i i FRAPPE PIQUE

1 11 1 1 1

1 11 1 1 1 11 0 1 0 8 1 16 9 1 18 4 1 8 0 1 0 7 1 14

1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1

1 11 1 1 1 1 12 3 1

1 6 21 1

1 42 22 1 44 6 1 12 4 1 8 17 1 341 1

1 1 1 1 1 1 1

1 1

1 1 1 1 1

3 22 1 44 13 1 26 15 1 30 16 1 32 5 1

1 10 10 1 20

1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1

1 1 1 11 1 1

14 25 1 50 8 1 16 4 1 8 24 48 41 1 1 82 16 1 321 1 1 1 bull 1 1 1 1 1

1 1 1 1 1 11 1 1 1 TOTAUX 50 1100 50 1100 50 100 50 pOO 50 pOO 50 1100

1 1 1 1 1 1 1 1 1 1

Afin dG failiter la lect~~e je c~ table3~ t ~2 re~dre sig~ific~tives

s info~~ations quil contient ces difteacutere ts reacutesultats nu~eacuteriques

peuvent ecirctre formuleacutes selon des repreacutesentations graphiques

1 Clientegravele des Sports de combat

FIGURE l

Il apparatt nettement que les sports de combat recrutent essentiellement

dans le bas de la hieacuterarchie sociale ce sont des sports populaires don

propices agrave une massification de la pratique

Toutefois on peut nourrir quelques inquieacutetudes pour que soient reacuteunies

les conditions de leur deacuteveloppement en raison du faible statut quils

possegravedent au regard defllintelligentsia seacuteneacutegalaise

2 Hieacuterarchisation des gants sportifs en matiegravere de sport

de combat au sein des cadres supeacuterieurs -Groupe 1shy

FIGURE I[

La f-appe est honni aucl1 pratiqua1t de boxe Olt de lutte avec frappe

agraveUloins quelle fasse lobjet dune stylisation cxtrecircme COTIme cest le

cas dans le karateacute Ce groupe manifeste un seuil extrecircmement bas de toleacuteshy

rance agrave la violence ce qui explique les discours infamants degraves que la

lutte avec frappe est secoueacutee par quelques excegraves Leacuteopold Seacutedar SENGHOR 1

navait-il paS deacuteclareacute que cette forme de lutte eacutetait une atteinte permashy

nente agrave limage de marque du Seacuteneacutegal

Bien quil soit difficile de proposer une explication unique curiositeacute

esprit douvetture permeacuteabiliteacute aux modes bullbullbull les repreacutesentants de ce

groupe adoptet facilement des sports importeacutes 85 des goOts pour le 1

Judo le Karateacute et la Lutte Olympique qui pourtant est bien peu pratishy1

queacutee au Seacuteneacutegfll j

Faut-il en deacuted~~re une attitude geacuteneacuterale favoris~agrave tout ce qui provient

de leacutetranger

Nous nous refu~ons preacutesentement agrave ce genre dexplicationJ ne ser~it-ce que

par ses conseacuteqJences sur notre sport national dont les perspectives appashyj

raicirctraient bie sombres

Admettons que la pratique de ces disciplines sont en rapport avec des

deacuteterminants eacuteconomiques et que ceux-lagrave sont un frein P4ur la popularisashy

tion de ces pratiques A lappui de cette interpreacutetation~ il suffit de

composer le champ social du Judo et celui de la Lutte libre traditionnelle

--== G J

32

LUTTE SIHPLEJUDO FIGURE JI(

Le groupe 2 qui manifeste un inteacuterecirct reacuteel pour les sports de combat -pregraves

de 25 iuml de la population i~tervieweacutee- et qui p6ssegravede les ~oyens de choisir

ses pratiques opte massivement pour le judo CDnme lexprirre le rapport de

agrave 4

- shy

A la lumiegravere de cette succi~te analyse des demandes sociales en matiegravere

de pratique des sports de combat nous pensons recouper la theacuteorie de

lhabitus selon BOURDIEU qui veut que des hatitus diffeacuterents impliquent

des styles de vie divergents si lon entend par style de vie un systegraveme

de pratiques classeacutees et classantes(I)

La mutation de la socieacuteteacute seacuteneacutegalaise celle du milieu urbain se caracteacuteshy

rise par lapparition despaces sociaux qui sont en rapport avec des

espaces culturels Il en reacutesulte des pratiques distinctives comme

lexprime le pogam

En effet si les cateacutegories sociales existent et si chaccedilune delle exprime

une marque sur les conduites des sujets il est naturel ~e penser que des

pratiques1 sportives servent de modegraveles distinctifs et detrsymbOles dorgashy

nisation ieacuterarChique dans la socieacuteteacute exprimant les dif eacuterentes clas8eamp(2)

Ces const4tations ont dimportantes implications sur leeacuteveloppement et

lavenir des pratiques Si dans notre IIIegrave partie nous 1tenterons de 1

mettre en rapport les particulariteacutes ethniques avec les pluraliteacutes de

style de lutte nous parlons presque au passeacute Une IVegraveme partie devra

e~visager la situation actuelle de la lutte afin de pouvoir eacutemettre

qu~lques hypothegraveses sur son devenir

Cest auss~ une ambition de ce meacutemoire daider ceux qui sinteacuteressent reacuteellE

ment agrave la lutte de savoir entendre au travers des deacuteclarations normatives

et apologeacutetiques Nous ne doutons nullement de la conviction ou de la bonne

foi de leurs auteurs mais parmi les possibles il yale probable et seul

ceiui-lagrave meacuterite decirctre retenu car plus proche agravee la recirc~liteacute

(I) BOURDIEU pierre La distinction Les Editions de minuit 1979 page 191

(2) Le POgdlt Deacuterrocratisation du sport ythe (u reacutealiteacute

- 1f shy

j j l IlL DL l H L S DE

3 1 LA COll1ŒNAUTE DIOLA

311 Preacutesentation

Les diolas vivent dans la reacutegion de Casamance et repreacutesertent 9 de la

population totale du Seacuteneacutegal Ce sont geacuteneacuteralement des cultivateurs de

riz et des artisans Cependant on peut les trouver aujourdhui disperseacutes

dans toutes les capitales reacutegionales affecteacutes agrave divers meacutetiers militaire

gendarme fonctionnaires de lEtat ouvrier etc bullbullbull

Dans les villes la plus grande partie des diolas vit dans les qoartiers

populaires Par exemple agrave Dakar on les trouvera agrave Colobane agrave Fass agrave

Grand Yoff ou agrave Khar Yalla La plupart du temps cesDnt des artisans et des

ouvriers du secteur priveacute qui vont essayer dune maniegravere ou dune autre de

vivoter en bricolant deci de lagrave Mais mecircme loin de la Casamance cette

ethnie conserve une grande partie de ses caracteacuteristiques et plus partishy

culiegraverement la solidariteacute ethnique qui veut que les Diolas forment toujours

un bloc bien soudeacute quand le besoin se ifait sentir et cecisans discrimishy

nation de rang social Ainsi tous lesdiolas de Dakar se mobilisent pour

supporter le Casa Sport chaque fois qbe cette eacutequipe de foot-baIl vient

jouer agrave Dakar Cette mobilisation se fera aussi dans le cas ougrave leur chamshy

pion de lutte Mamadou SAKHO livre uncombatimportant

Lethnie diola est diviseacutee en trois sous-groupes

- les dio1as Fogny de Bignona

- les diolas Kassa autour dOussouye

- les diolas Blouf dans la preacutefecture de Tendouck

Mais en lutte on a pris lhabitude ~e les grouper en deux zones dune

part le Kassa qui preacutesente des particulariteacutes et dautre part lE Fogny

et le Blouf

- J 7 shy

3 ) 2 ~U(lquE5 aspects d~ l~ducatio~ ~t des rit~s en milieu diol~

L eacuteducat ion veacuteritable de lenfant diola est sociale et ne se corlprend

que dans la relation sociale elle deacutepasse de loin le strict cadre

famililal Elle commence au stade de lapprentissage du langage

Lenfant apprendra agrave reconnattre le langage du regard de ses parents

Il doit connaicirctre et faire la diffeacuterence entre un regard approbateur

et un regard qui blacircme De mecircme il doit apprendre agrave faire les gestes

de la tecircte qui expriment lapprobation En aucun cas lenfant nest

laisseacute agrave lui-mecircme Aura-t-il deacutesobeacuteit par complaisance naura-t-il pas

eacutecouteacute ou fait attention aux recommandations reacutepeacuteteacutees plusieurs fois

sans reacutesultat il fera lobjet dune punition corporelle avec la chicotte

Elle a pour effet de faire mal au corps de lenfant afin datteindre son

acircme sa sensibiliteacute et instaurer en lui une sorte de 1iaision de la

meacutemoire du mauvais comportement agrave la douleur quen voulant eacuteviter la

douleur il finit par eacuteviter le mauvais comportement en tout cas den

prendre conscience degraves cet acircge Cest une meacutethode deacuteducation mora1e (])

i 3121 Leacuteduca~ion maternelle

1

Notre eacutetude nous a montreacute que mecircme de nos jours leacuteducation diola

conserve encore ses caracteacuteristiques traditionnelles au niveau des rites

des moeurs des habitudes des principes et des normes

Leacuteducation de lenfant reste lune des plus rigoureuses Elle commence

degraves le plus bas acircge car pour le dio1a on ne peut redresser une personne

adulte donc autant leacuteduquer tregraves jeune Jusquagrave lacircge de trois ans

lenfant sera encadreacute par sa megravere qui bien queacutetant tregraves douce fait

preuve daucune indulgence Elle lui apprend les interdits de la communaushy

teacute respecter son prochain ne pas insulter ni profeacuterer de gros mots surshy

tout en preacutesence de grandes personnes ni faire violence agrave autrui

Plus terd v~rs cinq ou SlX ans le jeune garccedilon est initi~ a~x travaux

ces cna~ps des rizi~r~s cles pal~eraiEs ce Gui ne manquer6 pa5

davoir ces rEpcrcussic~s sur SOn deurovelopperncnt morpholoique

- 1( shy

3122 La circoncisio~

cest un rite obligatoire Il a pour but dintroduire le garccedilon dans

la communauteacute des hommes en tant que responsable Cest un rite qui

laisse une trace indeacuteleacutebile dans la vie du jeune diola Les principes

de la vie en socieacuteteacute y sont enseigneacutes agrave fond Le rite de la circoncishy

sion preacuteseuro~teuro uneuro forme p~lticul do~t s~uls les diolas connaissent

lorganisation internecar la circoncision est agrave la fois une eacutepreuve

physique intellectuelle et morale

Cette circoncision en milieu diola se passe dans le bois sacreacute En ce

lieu les Njoulis (circoncis) sont encadreacutes par des mattres les

Kintangs et au-dessus de ces mattres regravegnent un ecirctre doteacute de faculteacutes

occultes il sagit du Kankourang Le kankourang a cette capaciteacute de

disparattre de voler quand bon lui semble Il incarne la justice et la

violence et assure la protection de ses disciples contre les mauvais

esprits Ainsi le kankourang incite agrave lobeacuteissance et agrave lordre dans

cette socieacuteteacute Dans la tradition diola le kankourang repreacutesente un

pouvoir mystique capable de choses extraordinaires dont la socieacuteteacute

moderne avide de raisonnement ne pourra trouver une explication Au

cours de la circoncision les initieacutes subissent un certain nombre

deacutepreuves physiques que le diola appelle samasso Il doit se soushy

mettre agrave lensemble de ces eacutepreuves consideacutereacutees comme indispensables

agrave sa formation pour lui permettre de juger ses capaciteacutes physiques

mais eacutegalement deacutepouver sa valeur intellectuelle morale et sociale

Il pourra aussi se mesurer aux autres dans le domaine de la consideacuteration

et du respect En quittant le bois sacreacute le jeune doit posseacuteder une

grande partie des qualiteacutes humaines et socisles quil faut agrave un howmE

pour vivre en harmonie avec la socieacuteteacute traditionnelle Il serait bien

sOr possible dans le cadre dune eacutetude plus approfondie de parler de

bien dautres rites et pratiques traditionnelles

Notons cependant que le rite de la circoncision appartient aux anc~t~es

et que dans les villages reacutecents ougrave les structures ont changeacute on ne

Jeux jours avant la re~trfE cans le bois sacr[ les adolescents so~r

-

- Jo shy

por lE diola 11-071- doit rester en harrc1iE avec lE

tal lanimal lui-mecircme les ancecirctres les geacutenies Le rit~ du rasdge co~sist~

acirc ~loigner la ~alchance de lenfant Si l~ ritE nest pas respecteuro eumlr es

parents du futur initieacute celui-ci connaicirctra la malchance pendant toute sa viE

Ce rite a aussi pour faculteacute deacuteloigner le mal et de preacuteserver lenfant des

mauvais esprits

Le rite de leau sacreacutee se fait un jour avant lentreacutee dans le bois sacrEacute

Les femmes doivent se garder davoir le moindre contact avec leau beacutenite

pour se preacuteserver des conseacutequences facirccheuses qui pourraient en reacutesulter La

tradition veut quune seule goutte soit capable de deacuteclencher lavortement

l chez la femme enceinte de rendre steacuterile la jeune fille ou de provoquer des

menstrues perpeacutetuelles chez la femme ayant atteint la meacutenopause bull

bull Le rite de la forge protegravege le futur initieacute pendant son seacutejour dans le bois

sacreacute Mais cette protection seacutetend bien au-delagrave et de rite veut que toute

personne qui y faillit soit condamneacutee agrave devenir leacutepreuse

Pendant plusieurs semaines les jeunes initieacutes subissent une formation capishy

tale qui fera deux des hommes complets

313 Croyances et pratiques mystiques

Si nombreux sont les diolas convertis au Christianisme ou agrave lIslam leur

foi napparatt jamais incompatible avec leurs croyances animistes Lhisshy

toire des rois et reines diolas nous reacutevegravele quils eacutetaient les ffprecirctres fl de

ces cultes feacutetichistes destineacutes agrave maintenir la fertiliteacute et agrave provoquer

la chute des pluies De nos jours existent encore des socieacuteteacutes secregravetes agrave

base religieuse ou magique la plus redouteacutee eacutetant lassociation neacutecrophashy

gique Kousanga des Floup (1)

Deux fafu expliquent la coexistence du dogme et de la croyance

le contact tardif de la socieacuteteacute diola avec les civilisations eacutetrangegraveres

et leacutevangeacutelisation ou lislamisation quelles veacutehiculaient Il e~ reacutes~lt~

une importance des traditions leur reacutesstance agrave une remise en questic~ ce qui confegrave~e agrave la socieacuteteacute diola un caractegravere conservateur

r~c~~i]EE 2~fr~~ ~c - t

ct ~Cc egraveE~ Cimiddotilisatilaquo~ eacute

la neacutecessiteacute de lanimisme consiegraveeuroreacute comme base de toutes legrave~

religi0~s uumlegrave serait-ce que corr~e tentative ciexpliquer li1explishy

cable en se repreacutesentant en particulier comme un ensemble de puisshy

sances mystiques Ainsi pour lanimiste agir sur la nature cest

intervenir psychologiquement aupregraves de ceLX qui la gouvernent

314 Imeact des moeurs sur la prat~que de la lutte diola

Lorigine de la populariteacute de la lutte eugrave milieu diola est par trop

impreacutecise aussi nous nous limiterons agrave en donner la signification

actuelle La lutte apparatt dabord comme un moyen privileacutegieacute deacutedushy

cation

- sur le plan corporel afin de deacutevelopper la force lagiliteacute la

rapiditeacute et la souplesse

- sur le plan moral afin de deacutevelopper les vertus caracteacuterielles

courage tenaciteacute digniteacute bullbullbull neacuteces~aires agrave laction

Mais la lutte apparatt aussi comme un mpyen dinteacutegration sociale car

le jeune diola qui se refuserait agrave se sbumettre agrave leacutepreuve de la lutte

encourrait un isolement alors que celui qui excelle en bravoure devient

rapidement populaire Dougrave ces affrontements agrave linteacuterieur dune classe

dige qui tout en restant un moyen de reacutejouissance servent eacutegalement

agrave eacutetablir des comparaisons

Nos observations et nos interviews confirment le caractire tris physique

de la lutte diola immeacutediatement les lutteurs sont au corps agrave corps et

les techniques consistant agrave aracher ladversaire priment sur toutes les

autres Exprimer sa force est une preacuteoccupation constante il suffit pour

sen persuader de voir le groupe de lutteurs peacuteneacutetrer dans laregravene au son

du Born bol on que rythme le claquement de mains des femmes

C~tte da~se est une deacutebauche dAnegie Ougrave les lutteurs pieacutetin~Ert avec

force L sol

i shy

3141 EorphologUgrave et valeur physiques du lut teur diola

Le lutteur diola possegraveagrave~ un deacuteveloppement caracteacuteristique du trai~

supeacuterieur et de la musculature doso-lombaire Ceci est tregraves certaineshy

ment lieacute au maniement de la houe de la daba et surtout dukadiando

dont lusage permanent a modeleacute la morphologie du lutteur diola

La valeur physique de ce lutteur semble reposer sur sa force sa

reacutesistance mais aussi sa rapiditeacute

3142 Reacutepertoire technique

Dans le Blouf la forme du corps la plus utiliseacutee est le deacutecalage souvent

combineacute avec un crochet de jambe (gal gal) ceci semble ecirctre lieacute agrave

lutilisation quotidienne dans les riziegraveres du kadiando Le paysan du

Blouf sera ameneacute agrave faire un mouvement de torsion pour deacutecalerlinstrushy

ment enprenant appui sur son genou et ceci continuellEment pendant toute

la jourpeacutee Chez les diolas du Fogny le kadiando eacutefait surtout utiliseacute

par les femmes qui soccupaient autrefois exclusivement de la riziculture

et ce n~est quaujourdhui que les hommes cultivent le riz 1

La principale culture dans le Fogpy est celle du mil on y cultive aussi

de larachide De ce fait loutil le plus utiliseacute est le donkoton qui

est un instrument tregraves petit avec un manche court et dont le maniement

expliquerait peut-ecirctre leacutetonnante musculature du train supeacuterieur et surshy

tout de la zone dorso-lombaire du 4i6la fogny qui excelle dans les techshy

niques en force genre arracheacute avec les bras sur contrOle de la ceinture

de ladversaire Lulisation du donkoton semble eacutegalement expliquer la

garde tregraves basse du lutteur fogny

Dans le kassa on aurait pu trouver la mecircme forme de lutte car la morphoshy

logie du lutteur est agrave peu pregraves la mecircme mais linterdiction formelle de

la prise du ~gimbe modifie et limite tout le repertoire technicult2 ou

lutteur Le lutteur kassa adopte une garde basse et agrave une preacutefeacuterence pc~r

legraveS tc~-iccedilues n passa~ dessous - - ~ shymiddotmiddotcrc t--=~ c-

----

contact et agrave partir de ce TtoTteuront ils peuvent se relever et conti~uEr

en lutte debout jusquau terrassemen~

Toutes les gardes sont rapprocheacutees en milieu diola

irbi trage

Les combats sont arbitreacutes par un deacuteleacutegueacute geacuteneacuteralement anClen lutteur

Ces anciens lutteurs ont pour rocircle de veiller au bon deacuteroulement du

combat La victoire est deacutecreacuteteacutee dans les cas ougrave un des lutteurs se

retrouve en position assise sur le ventre sur la cuisse ou les

genoux (sauf dans le Kassa)

Il existe un autre mode de victoire celle qui est proclameacutee agrave la

suite dune supeacuterioriteacute eacutevidente du~ des lutteurs A savoir quand

un lutteur soulegraveve tregraves haut son camarade et que son manager estime i

quil est pratiquement battu il peut arrecircter le combat en touchant

dabord le lutteur adverse popr eacuteviter que son lutteur ne soit terrasseacute

tregraves fOrt Nest-ce pas un deacutecision sage des managers qui peut contribuer

agrave maintenir le caractegravere reacutecr~atif de la lutte joola 1

La victoire dun village sur un autre village ne se mesure pas au

nombre de victoires obtenues par lensemble des lutteurs En effet

il suffit que le champion soit battu pour que le village soit consideacutereacute

comme deacutefait Ce qui explique limportance et le seacuterieux que le village

accorde agrave la preacuteparation des championsl)

Il est cependant important de signaler que larbitrage dans les centres

urbains revecirct une iautre forme beaucoup plus codifieacutee et cest peut-ecirctre

une des raisons qui font quen milieu urbain la lutte diola perde une

partie de son originaliteacute

En dehors des techniques speacutecifiques agrave chaque sous-groupe il faut

signaler quil y a une multitude de prises et quelGues formes de corps

comTIunes agrave letnn Car reconnaissons qu il cO unE ror-euro approp=i~eacute

dE ~ouvane du l~tteur diola en TaI

-----~-----

LE tableau ci-dessous se propose dE reacutesumer les diffeacuterentes consideacuteshy

rations techniques envisagEacutees dans cette partie

FORlŒSSOGS-GRGUPES 1 COItltOLE GA~JESDt CORF=

i ~

1 1

Passage dessous de jambes et BassE KASSA saisies Moyenne1annexes bras (rapprocheacutee)

ceinture tecircte

Deacutecalage de Moyenne et BLOUF Demi-souplesse Ngimbe

HauteHancheacute Bras (rapprocheacutee)

Jambe

Arracheacute CouFOGNY Tregraves basse

Hancheacute ii 1

1 1

3 14 3 bull LeIIa~~jueetlecom~ortementdulutteur-+iola

1 Le comportement et lattitude du lutteur dans laregravene pe sont en fait

t

que le reflet de sa psychologie et plus partiCUliegraverem t de son eacutetat

dacircme Or il napparatt pas abusif deacutetablir des cor eacutelations entre

le psychisme dun individu et lempreinte eacuteducative quil a subie En effet en sortant du bois sacreacute le jeune diola a acquis un ~ca~~l

eacutequilibre physique et mental

Cette matrise de lui-mecircme permet au lutteur dans la~egravene dadopter

un aire enjoueacute de manifester beaucoup denthousiasme~ La lutte devient 1

essentiellement un jeu laspec ludique y est privileacutegieacute et ~ela influe

sur le comportement du lutteur

Ainsi queurolq~c soit limporta~cE de le~je~ le lutt~c~ dic1e Seuroreacute

to~jours serein et s~ livrera sa~s arri~re pe~s6e da~$ ~E CO=beacute ou-

tons que le lutteur diola est trecircs fair-play et sil arrive quun rdnd

lll L COIicircilU1Ul L ULOF

32 J Preacutesentation

La soc tEacute wucirc10f est celle qU1 a eacuteteacute la plus marqueacutee par la colonisation

~~ fait peut-gtre de sa position geuroographiquE dune part ct de 50~ imporshy

tanCE sur le plan dfmographiquE dautre part En effEt ceurootteuro CC-~ucircautE

wolof repreacutesente environ 20 de la population seacuteneacutegalaise

Elle est constitueacutee de pecirccheurs (ce sont les leacutebous) dagriculteurs de

fonctionnaires de lEtat mais surtout de commerccedilants

A pqrtir de leur reacutegime dimplantation le Cayor le Walo le Baol le

Djolof et la presquicircle du Cap-Vert les wolofs ont tendance agrave irradier

sur lensemble du territoire sous leffet de leur speacuteculation agrave la culshy

ture de larachide et du nombre important de fonctionnaires quon trouve

dans cette ethnie

322 Les moeurs et croyances wolofs

Bien queacutetant en grande partie des musulmans convaincus les wolofs

conservent toujours une croyance animiste et continuent agrave faire des

sacrifices agrave porter des cornes ou des morceaux de bois agrave la ceinture

aux jambes ou aux bras et agrave croire agrave lexistence des Djinneacutes et des

Raps bull

Le Djinneacute cest une creacuteature malfaisante en geacuteneacuteral capable de choses

extraordinaires Il possegravede des faculteacutes surnaturelles Cependant dapregraves

la croyance animiste certains Djinneacutes peuvent ecirctre bons

Le Hapl cest une creacuteature ayant des dons occultes appartena71t agrave une

famille ou agrave une communauteacute et dont le rOcircle est de veiller cu daider

les reCJrES de le fai11p ou dt la conmunauteacute en cas de da1gel Le Rap

~ ut te c ) ~~c-

ei sltcificE cJ sanl dE meut0 dL chat de pC)wleurot 5E1lt les conveuroshy

lances parfois leur dorner COrllTe offrande du lait Laii

Qua1d une famille ou une communauteacute neacuteglige les Sarakh (ici dans

le sens de sacrifice ou Offrande) elle se voit aussitocirct vouEacutee agrave la

maleacutediction des mauvais esprit~ (fcllec dans touteacuteS lEs ~treprises

de la vie maladie mort bullbullbull ) Les lieux ougrave habitent ls Taps et ougrave

se font les sacrifices se nomment Khambs

Geacuteneacuteralement le khamb se trouve dans lenceinte de la maison ou

dans un coin approprieacute du village Les lieux du khamb sont marqueacutes

par la disposition de calebasses de pilons de morceaux de poterie

briseacutes de grosses pierres de cornes et dautres objets heacuteteacuteroclytes

La superstition wolof est tregraves marqueacutee En effet pour le wolof toutes

les manifestations quotidiennes trouvent leur signification dans le

mysticisme Citons agrave cet effet quelques ezemples Une femme enceinte

ne doit pas marcher agrave nimporte quelle heure de la journeacutee Certaines

heures de la journeacutee lui sont interdites le Timiss (creacutepuscule

le Ndjo~or (de 13 H agrave 14 H de lapregraves-midi) le souf-segravede (de

minuit i4 H du matin) Selon la tradition ~t la croyance wolof les

mauvais ~sprits choisissent ces heures pour jeter des sorts Et la

femme enceinte eacutetant tregraves vulneacuterable le Djinneacute essaiera de lui insufshy

fler son souffle pour atteindre son beacutebeacute afin dentratner soit la

meacutetamorphose de cedernier en monstre soit de le tuer avant sa naissance

Dailleurs pour le wolof et pour certaines autres ethnies au Seacuteneacutegal

le timis le tdjolor le souf-segravede repreacutesentent des peacuteriodes de

la journeacutee ougrave lon ne doit pas se hasarder dans les rues et les champs

Ce sont des heures propices aux apparitions des Djinnes sous nimporte

quelle forme humaine ou animale

Il est eacutegalement interdit au wolof de marcher ou de serti la nuit du

~eacutellfria-

loutes c~s pratiques ~ystiqu~s et cr0ya~ces religi~us~5 ~xistent eL~~[

certainement dues agrave un meacutetissage culturel Parallegravelement aux feacutetiches

aux incantations et agrave lutilisation des safaras (substance magique)

notons lexistence de ga l a tchs (ce sOnt des talismans ougrave sont inscrits

du qui les porte Toutes ces croyances biEn sucircr auront une rEacutepercussicrI

sur leacuteducation du jeune wolof

323 Leacuteducation du wolof

Pour caracteacuteriser leacuteducation wolof nous avons penseacute donner comme

illustration cet extrait de la revue DEM ak TEY Pour deacutefinir leacutedushy

cation le wolof fait appel agrave un symbolisme qui eDglobe aussi bien les

moyens mis en oeuvre Yar que le reacutesultat obtenu agrave laide de ces mecircmes

moyens cest-agrave-dire la formation et le deacuteveloppement de lecirctre humain

ou Yaru

Le substantif Yar deacutesigne le fouet

Ce symbolisme deacutesigne donc au-delagrave du simple sens mateacuteriel de lobjet

lutilisation qui permet daboutir au reacutesultat escompteacute (Yaru) Au sens

geacuteneacuteral Yar deacutesigne tout instrument servant agrave infliger une punition Le

terme laisse supposer agrave priori que cette phase de lenfance durant lashy

quelle se preacutepare la vie de lhomme est lieacutee agrave la souffrance au supplice

Dailleurs une maxime wolof compare lenfant agrave une tige quon a tout le

loisir de redresser alors quelle est encore flexible bull

bullbullbull Pour leacuteducateur wolof la perfection nest point de ce monde malS

le devoir de chaque homme est de tendre vers la pleacutenitude en luttant

contre ses propres faiblesses Leacuteducation va d01c iisister essentielle~(-~t

sur lexercice quotidien de leacutelevation ffiora1e d~ lindividu Pour cela

elle privileacutegie la patience munI) vertu dabneacutegdtion et dE deacutesinteacuteresseshy

m(~t autour dE laquelle sarticulent toutes ]e~ ~u~~~s qualiteuros

i _

aan~ ~ s0cieacutet gt~olcf ocirclt~tartt nul -Jt- poulait sabecircisstr

tion de sa libertEacute La liberteacute est le preuumler drcmiddotir dE l ho-)euro egrave~S

baigner dans une beacuteate admiration du passeacute la comparaison avec le pr~$(middott

si~posc dclle-mecircme car lon reste s reacute devant la deacutesinvolture aVEC

laquelle dES honmes daujourdhui descendants de cette ~~~EacuteTatic ccedil~l se

une fois [largis bullbull tTasque fiers davoir fait leacute priS0n PEut-2tTE

faut-il mettre cela sur le compte de lurbanisation et des nouvelles

valeurs qui ont pour nom enrichissement reacuteussite sociale avec ce que

cela comporte de deacuteshumanisant et de deacutepreacuteciateur (1)

3 bull 2 bull 3 1 bull Lesri tes

Le sevrage et la circoncision constituent les deux grandes phases initiashy

tiques chez le wolof

- Le rituel du sevrage est appeleacute maga1 (litteacuteralement rendre grand)

Cest un eacutevegravenement important aussi bien pour les parents de lenfant que

pour la co~unauteacute Durant cet eacutevegravenement qui survient geacuteneacuteralement deux

ans apregraves la naissance du beacutebeacute les personnes vivant dans lentouragE

apportent leur soutien moral et mateacuteriel

- le rituel de la circoncision revecirct pratiquement la mecircme signification

que dans les autres ethnies seule la forme diffegravere La circoncision reste

encore une eacutepreuve de la vie au sort i r de laque Ile ladolescent devient un

homme Aujourdhui il faut noter une meacutetamorphose de la structure sociale

et des croyances religieuses tregraves accentueacutee aussi bien chez les wolof que

chez les autres groupes ethniques et ceci est peut-ecirctre dO au contact

permanent quils ont avec la socieacuteteacute occidentale

Malgreacute ces constat~tions il semblerait pcu=tant qUE la sociecirct~ lecircbou Gci

bien que se trouvaLt en grande partie dans ~a Presquth du Cap-ETt Et

en contact permane~t avec les blancs soit la portior la plu8 cc~serva-

----------~_- ---~-- -----

~

Incidences d s ~00urs sur la l~ttE

Le wolof connaicirct deux formes de luttes la lutte sirplE- sans t-t

la lutte avec frappe La lutte avec frappe a une crigi~e purement r

et ce nest que plus tard quelle devint une prati1uE sportive et lud

preacuteparer agrave la guerre Aussi tout en luttant On eacutetait autoris~ agrave frapper~

griffer mordre voire introduire son doigt dans loeil de son adversaire

Le jeune wolof devait eacutegalement se livrer agrave la lutte avec frappe afin de

favoriser son insertion dans la socieacuteteacute adulte et sinitier au meacutetier de

soldat faute de quoi il ne pouvait se faire entendre ne avoir des marques

de respect Pour montrer la populariteacute de la lutte dans le Cayor signalons

que les Damels ll (rois) et les Teignes (nobles) nheacutesitaient pas agrave sy

livrer Quant au IIMbeu~ (lutteur) elle lui servait de moyen de promotion

sociale car d8S que sa reacuteputation eacutetait eacutetablie il pouvait ecirctre choisi

par les rois et les nobles comme garde de corps

325 Signification de la lutte en milieu wolof

La lutte se pratique dabord pour lhonneur qui est une vertu tregraves signishy

ficative pour le wolof Elle permet de renforcer les liens amicaux entre

les jeunes de villages diffeacuterents Le champion veut gagner

confiance et la consideacuteration de son village de ses amis

Etre champion cest aussi susciter ladmiration chez les

sentant la force la viriliteacute et la deacutetermination

326 Organisation d~s eacutepreuves de lutte

3261 Les Mbapatts Ce sont les seacuteances nocturnes

pour meacuteriter la

et des anciens

filles en repreacuteshy

Ils sont organiseacutes apregraves les reacutecoltes agrave la fin de la saiscn des pluies

Ceci surtout p~ndant les peacuteriodes de clair de lune car ils peuven~ durEr

toute la nuit Le but des ~Dapatts lt=tait de prfpa-er FhysicuemeH et

~ arb Sil

326 Le 1

cest une organisation beaucoup plus importante que les I~apatts ~

loccasion de laquelle on peut voir plusieurs lutteurs de grande reDommfe

saffronteLLa fin dl lamb est toujours couronneacutee par une grand co~bat

duquel le vainqueur est sacreacute champion de la contrecirce

Le choix du lieu est lieacute agrave limportance de ce lieu dans le village cest

la place publique ougrave geacuteneacuteralement se passent toutes les manifestations

assembleacutee geacuteneacuterale sabar (danse) cest aussi lendroit ougrave sont prises

les grandes deacutecisions

3623 Lappariement

Dans un village ou un quartier les lutteurs se regroupent en lang

(eacutequipe) et jamais deux lutteurs de mecircme lang ne se rencontrent lors

du lamb

L appariement s~ fait librement entre lutteurs de lang diffeacuterents l1hs

une regravegle veut ~uavant de lutter avec le Mbeur Kanur de tel lang si

on est soukh (l~tteur pas encore confirmeacute) il est neacutecessaire de lutter

dabord avec ses soukh et ce nest quapregraves les avoir terrasseacutes tous

quon se voit octroyer la chance de lutter contre lui

Notons que la cateacutegorisation des lutteurs par poids nest jamais prise

en consideacuteration

3624 La tenue du lutteur ou NGIMBE

Le middotNGimbe est confectionneacute par le marabout de la famille ou du clan Il

est constituecirc de pagnes en coton tisseacute geacuteneacuteralement offerts par la megravere ou

la grand-megravere du lutteur ceci lors des organisations de ~rande Tportance

COrlune lef 1amb Dans le cadre des l-bapatt les pagnes sont C tErts peumlr

~~~rcfcis ct ffi~mc aujourdhui d218 cErtaInes fa~ille5 on devj~Gr

luttEur de pegravere en fils et dans ce cas h 1

gimbell du pEgravere Est recircr i tEacute

par le fils Le fait de porter le lI~gimbe agravee ses aiumleux peut susciter

cne~ le jeune lutteur une motivation et une volontecirc in~branlable rlasshy

surer 12 supeacuterioritEacute cis SIcirct-ns dallS

le xgimbe de la famille ne touche pas le sable

La tenue du lutteur a une signification et une importance sur le plan

mystique car selon les anciens le vrai feacutetiche du lutteur celui qui

le proteacutegera agrave vaincre le Djinneacute ou le Rap de ladversaire se trouve

cacheacute dans ce Ngimbe Celui qui confectionne-le Ngimbe est doueacute de

faculteacutes occultes

~~r~i~rg Il est assureacute par un sage du village qui geacuteneacuteralement fut

championde lutte de son temps Dailleurs cet ancien nintervient que

si le terrassement est litigieux

Hormis le public qui proclame la victoire ou le match nul le lutteur

lui-mecircme est arbitre et il arrive quil se deacuteclare vaincu ~ous

pouvons citer comme exemple Meacutedoune KHOULE un des plus grands lutteurs

seacuteneacutegalais qui a donneacute une victoire agrave Djeacuteri SADIO son adversaire qui a

reacuteussi agrave lui faire toucher le sol de la main

Il Y a terrassement quand le lutteur se retrouve

- assis sur le sol

- eacutetaleacute sur le dos

eacutetaleacute sur le cocircteacute

les deux genoux au sol

- les deux ma~ns au sol

la tecircte (front au sol agrave la suite dune brouette)

Il peut y aVOIr match nul si apregraves li1 temps ccmsideacuterable les lutteurs

SE sont ~ ivrEacutes respectivement agrave des assauts rEacutepEacutetEacutes et n arrivEt pas a

3265 L~ precircparation mystique

Il faut reconnattre quon ne peut parler de lutte en milieu wolof sans

envisager une preacuteparation mystique seacuterieuse Co~~e ~ous lEvans vu a~teacute-

1middot ~ d ~ ~rlturenent t0utes es actlvmiddotltesmiddot u W010 sont lles a SeS croyances

- la lutte ne concerne pas seule~ent deux acteurs se livrant faruumlucheshy

ment agrave un combat au milieu de laregravene mais eacutegalement les marabouts et les

feacutetichistes du village ou du clan qui doivent deacutefendre leur savoir et

leur prestige Avant le combat le lutteur doit se livrer agrave un certain

nombre de preacuteparations mystiques pour assurer sa victoire Aussi sommesshy

nous appeleacutes agrave parler de BACK (cest le chant et la danse du lutteur)

- le batteur de tam-tam compose un rythme en fonction du Galagne ou du

Senghor (gds-gris) du lutteur Chaque galagne sera choisi en fonction

du Rap ou du Djinneacute correspondant au Totem du lutteur

Le chant geacuterleacuterique Feinte woy veut dire litteacuteralement composer un 1

chant Ce chant est geacuteneacuteralement composeacute par les filles du viilage du

champion ou par un griot de sa communauteacute Et agrave travers ce chrnt on

arrive agrave toucher la corde sensible du lutteur en chantant lesl innombrables 1

victoires de ses ancecirctres ou en lui rappelant ses prouesses eacuteblatantes 1

Chaque lutteur doit avoir un chant et un back qui lui sont propres

327 Le reacutepertoire technique et les caracteacuteristiques physiques dulutteur wolof

Le lutteur wolof est geacuteneacuteralement moyen de taille la musculagraveture est

tregraves saillante ce qui fait ressortir un aspect tregraves athleacutetique ceci

est vrai sans exception pour le lutteur leacutebou mais il arrive que le Cacircyoshy

rien le baol-baol le walo-walo soient de grands gabarits de forte constishy

tution

CepEndant pour une meilleure compreacutehension du sujet nous pouvons eacutetudiEr

deux jroups d lut teurs qui vont deacuteterminer deux st yI e s de lut tes

- ~ t

les tc~tativ~s de~[reacutee e~ ramassement de jambes de la~v~sairL Ce~~

peut Ecirctre expliqueacute par le fait que les lutteurs leacutebou ou walo-walc qui

sont des pecirccheursadoptent cette garde tasseacutee du fait quils so~t tou-

jours pencheacutes en tirant le fil ou en poussant la plrogue On verra techrugravequeacutes dt cirr 2C ~lt 5Jllicitocirct

surLuumlut les membres supeacuterieurs

Le cayorien et le baol-baol par contre sont les plus grands cultivateurs

darachide chez eux les techniques de lutte sont plus varieacutees et la

garde est moins renfermeacutee Les lutteurs cayorien et baol-baol ont une

morphologie et une reacutepartition musculaire bien eacutequilibreacutee ils excellent

dans les techniques en deacutecalage les techniques de jambe et surtout les

techniques de riposte ougrave lon peut voir des prises de hancheacute tregraves amples

Dune maniegravere geacuteneacuterale on peut dire que le lutteur wolof est un fin

technicien qui sait surtout creacuteer les opportuniteacutes e~ avec sa rapiditeacute

utiliser la force de ladversaire pour le deacuteseacutequilibrer le noodju

le mbas le weacuteheacuteleacute et le rasu sont des techniques propres au lutteur

wolof

En deacutefense il utilise surtout des kl~klets ou gal-gal Notons que

le balancement des bras ou Lewato e$t tregraves marqueacute dans la lutte wolof

TABLEAU RECAPITULATIF DES COMPOSANTES TECHNIQUES

( 1 )

1 SOUS-GROUPES GARDES CONTROLES FORHES DE CORPS l

Walo-walo Basse de jambe Arracheacute l l10yenne de Ngimbe et i

Leacutebou Tasseacutee et saisies annexesj Deacutecalage 1 1 distante de bras de tecirct1

j de bras Deacutecalaeuro

~-----------------~-

- ~ ~- shy - ~ ~ bull L _ _ bull

Profil psyc~~iqUE du lutteu- et son comporterent dars l 2regravere

La preacuteparation mystique dans laregravene est plus marqueacutee chez les wolofs

que ChE~ les autres ethnies En effet on verra de grands champions

preliGrE plusiEurs heures pour Enduire leur corps de cll2badep ou ci

rmiddot- ~ a la proprieacuteteacute de proteacuteger li1egraveividu J

les mauvais sorts) Cest dailleurs un aspect dt la luttE qui iJcsc

des problegraveJles

Le lutteur wolof est tregraves superstitieux et la peacuteriode de preacuteparation

est capitale pour lui car elle permet non seulement de rendre

hommage aux ancecirctres mais aussi dintimider son adversaire Cest

geacuteneacuteralement un lutteur agressif combatif et teacutemeacuteraire Il se fait

souvent remarquer par son esprit dentreprise Mais cette fougue dans

le combat lamegravene parfois bien que ce soit regrettable agrave oublier les

usages et les normes Ce manque de maicirctrise de soi peut faire croire

que le lutteur wolof manque de fair-play ce qui nest pas toujours le

cas

~A~Ugrave~ t 4AA CbUrs k LA ucirctotve f~tPle Sesect prores mou W ~ lesquelles vont se couler les comporteme~ts individuels qui sont ainsi

monteacutes par et pour lautoriteacute sociale

Les faccedilons de boire de marcher ou de sasseoir se manifestent indivishy

duellement dans le corps de chaque personne ces habitus sont cependant

des montages sociaux lieacutes agrave des significationssymboliques variables

dailleurs selon la position sociale occupeacutee par chaque sujet Ces modes

dagir se rangent dans un systegraveme de montages symboliques et lindivishy

du les apprend de la socieacuteteacute dont il fait partie agrave la place quil occupe

Lhabitus est un montage social agrave la valeur symbolique deacutependant des pheacuteshy

nomegravenes deacuteducation et de prestige et lieacute agrave la position sociale du sujet

Cette penseacutee sonne de faccedilon eacutetonamment moderne

Pierre BOURDIEU qui dans une perspective a approfondi le contenue de la

notion en le reportant aux oppositions entre classes et fractions sociales

Il deacutefinit lhabitus comme un systegraveme de dispositions durables acquis au

cours dune histoire personnelle dans une milieu social donneacute systegraveme qui

engendre ensuite des pra~iques socialement deacutetermineacutees faccedilons de manger

de parler ou de marcher comportements de politesse contenu des preacutefeacuterencel

et des deacutegoOts bullbullbull lhabitus est le produit de conditions eacuteconomiques et

sociales Lauteur rattache directement la formation de lhabitus dun

individu agrave la trajectoire parcourue par celui-ci dans sa classe dapparteshy

nance il deacutefend lideacutee dun habitus de classe qui deacutefinit le sens confeacuteshy

reacute agrave la pratique sportive les profits qui en sont attendus

Ce dernier serait lui-m~me lieacute agrave un systegraveme de valeurs ou ETHOS de classe

prenant sens au sein doppositions distinctives entre classes sociales

De sorte lhabitus fonctionne comme un systegraveme dt- regravegles inteacuterioriseacutees

souvent informuleacutees permettant ou non agrave lagent de sadapter dembleacutee aux

multiples pratiques de la vie quotidienne et de la vie sportive il est agrave

lorigine des schegravemes de transcription qui favorisent les ajustements aux

situations corporelles nouvelles (1)

t ~

(1) P~IE11D dwi6Han ISpoy-l et sodeacutebi Approche Bocio-culturelle des pratiques P~tis Vigot 1981 page 81

33

331 Preacutesentation

Les Seacuteregravere auraient pour origine le Fouta Toro quils auraient quitteacute

vers le Xllegrave siegravecle pour fuir lislamisation de cette reacutegioD par lempire

dJ Xali (ils seraient donc apparEnt~s aux Peul et Toucouleur ) Ils

auraient trouveacute dans la rEacutegion du Sine les Sosseacute dorigine manding avec

lesquels ils salliegraverent

Au XVegrave siegravecle une autre immigrationSos~ conqueacuterante cette fois-ci

apporta son organisation eacutetatique Ils se divisegraverent en deux monarchies

deacutemocratiques lune seacutetablit au Sine et lautre au Saloum Les Sosseacute

conqueacuterants constituaient lautocratie appeleacutee Guelowar

La royauteacute seacuteregravere eacutetait laiumlque Les premiers souverains durent secouer

la tutelle des Toucouleur et progressivement arrivegraverent agrave unifier lethshy

nie des seacuteregravere etdea Sosseacute Les deux royauteacutes eacutetaient organiseacutees selon

acirces modegraveles tregraves deacutemocratiques Le souverain deacutependait dune assembleacutee

de ministres et de chefs locaux qui assuraient ladministration centrale

et reacutegionale())

Aujourdhui lethnie seacuteregravere repreacutesente 20 de la population seacuteneacutegalaise

Ils sont reacutepartis sur presque toute leacutetendue du territoire notamment

dans le Baol la reacutegion du Sine-Saloum et la reacutegion de Thiegraves

Signalons quil existe plusieurs sous-groupes dans lethnie ainsi on

trouvera

- dans la reacutegion de Thiegraves les Ndut les Safegravene et les None

- dans le Sine-Saloum les Sine-sine et les Saloum-salouIT

On trouvera vers foundioune et agrave Nioro du cocircteacute de la Gambie les

Niominka (pecirccheurs) Cest une portion tregraves mandinguiseacutee

( 1

Le rattache~2~t d~ to~s ccs sous-groupes pose problecircme ~25 0~ r0~V~

uc grande partie de traits COITul1uns dans leurs modes dE vie Ct pOUT phs

de faciliteacute nous allons essayer de faire une ~tude globale de la lutte

traditionnelle seacuterecircre Lactiviteacute socio-eacuteconomique qui est essentielleme~t

agro-pasorale caracteacuterisE leacutethnie seacuteregravere

332 Lecircducation les moeurs les croyances et pratiques sEr~rc

Chez les Seacuteregravere la vie humaine se deacuteroule selon les grandes eacutetapes

le baptecircme lenfance ladolescencemarqueacutee par la circoncision lsectge

adulte le mariage la vieillesse et la mort (funeacuterailles)

La vie de la communauteacute seacuteregravere reste une des plus originales sinon

celle qui de nos jours garde la presque totaliteacute des pratiques et

habitudes traditionnelles

Bien qu aujotltdhui con~r-tis aux religions chreacutetienne et musulmane les

Seacuteregravere conservent leurs croyances et pratiques animistes

Quelque soit leur degreacute dadheacutesion aux religions reacuteveacuteleacutees les Seacuteregravere

croient en un Dieu puissant et miseacutericordieux Rog Segravene et les hommes

Les ~angols sont repreacutesenteacutes mateacuteriellement dans tous les villages

seacuteregraveres par des arbres (baobab et tamariniers) des animaux (geacuteneacuteraleshy

ment serpent doreacute ou iguane) des ustensiles (pilon calebasse et mortier)

De nombreux teacutemoignages nous apprennent que certains totems (serpent

iguane) font leur apparicion agrave loccasion de certaines manifestations

rituelles comme les sacrifices ceacuteleacutebreacutes lors dun mariage de ceacutereacutemonies

mortuaires ou des circoncisions

Le Seacuteregravere comme il nous a eacuteteacute donneacute loccasion de le dire plus haut

preacutesente des speacutecificiteacutes authentiques aussi bien en tout ce qui touch~

son eacuteducation ses croyanCES et pratiques mystiques q~e ses activiteacute~

socio-ecirccc~omiquEs Apr~s a ~aissa~c~ le beurob~ ~~ pcs~ 5~~ lE S~ __

On lui mouille les l~vres avec un peu d~ lait de mil et apr~s U~ bain

purificateur on versera leau dans un trou cr~us~ derri~r~ la Camp~~

Pendant huit jours la megravere et lenfant sont cacheacutes dans la case car

selon les anciens ils sont tregraves vulneacuterables La case deacutens certains cas

est entoureacutee dun fil blanc et lon place sur le seuil des fais(cauy di

veacutegeacutetaux pour chasser les mauvais esprits (geacutenies malfaisants et illangeUY~

dacircmes) Au bout du huitiegraveme jour la megravere et lenfant peuvent sortir de

la case bull

bullbullbull Le matin du huitiegraveme jour la tante paternelle va chercher de leau

(plusieurs fois)t elle doit rester muette pendant ses alleacutees et venues

si elle parlait t lenfant pourrait ecirctre muet bullbullbull

La megravere et lenfant prennent un bain purificateur dans lequel sont

trempeacutees certaines plantes (ce sont des veacutegeacutetaux pr~tecteurs tels le

begravene le yag le ngud) On y lavera aussi le linge e1t les ustensiles utishyj

liseacutes pendant les huit jours qui viennet de seacutecoul~r On rase le crine

de lenfant Les cheveux sont donneacutes agrave la megravere qui ~s enterrera avec le

reste du cordon ombilical dans un endroit que11e esit seule agrave connattre

La megravere sassied sur une natte devant la maison Une femme igeacutee de la

famille prend le beacutebeacute dans ses bras et le preacutesente aux quatre coins de

lhorizon

La tante paternelle tient ensuite un van sur la tecircte de la megravere on y

verse le mil on y verse eacutegalement en abondance sur la megravere et sur

lenfant La tante oint ensuite le corps du beacutebeacute avec du lait e11e

touche en particulier le front t le nez la bouche la poitrine le dos

et les oreilles

Elle pose enfin un ~rain de sel dans la paume du beacutebeacute (le sel purifie

et deacutetruit les puissances mauvaises)

Apregraves un nouveau bain la megravere et lenfant revEcirctent des habits de fecircte

(est

lenfant Ce precircnore a toujours U~ SEns Il sy~bolise parfois C0 qUi

lOIl sounaitt agrave lEufant l)

La circoncision comme dans les autres ethnies est obligatoire Elle

permet au jeune adolescent dacceacuteder agrave la classe adulte Les jeunes

sont regroupes en classe dacircge dans le bois ougrave sc fait la r0tr~it0 des

circoncis et ceci pendant plusieurs mois

Le Selbeacute qui est geacuteneacuteralement un ancien craint de tous les eacutelegraveves

enseigne le respect de la hieacuterarchie la discreacutetion le goOt de linishy

tiative Les activiteacutes physiques et leacuteducation artistique ne sont pas

en reste la deacutecoration la sculpture la lutte et la danse A sa sortie

du bois linitieacute appartient deacutesormais agrave la classe des virils et des

sages du clan car on lui aura enseigneacute les vertus fondamentales que

sont la justice lhonneur lamour du prochain 1 amour du travail

lhonnecircteteacute et surtout le respect des coutumes ancestrales

Le rite du mariage esd aussi un fait tregraves important dans le monde 1

seacuteregravere mais par manq~e dinformation nous serons obligeacutes de nous en

tenir lagrave

333 Impact des ethos sur la lutte dans le monde seacuteregravere

Lorigine de la lutte seacuteregravere ne semble pas claire ma1S nous pouvons

dire quil existait deux formes de lutte comme chez les Wolofs une

lutte sans frappe et une lutte avec frappe Et cest cette derniegravere

qui peut-ecirctre nous ameacutenerait agrave croire que la lutte seacuteregravere aurait une

origine plus preacuteciseacutement guerriegravere

Aujourdhui la lutte est uniquement une activiteacute sportive agrave travers

laquelle le jeune seacuteregravere eacutevalue sa force son courage et SOn ingeacutenioshy

siteacute Cest une occasion de deacutefendre lhonneur de son village ou de

la corrnnunauteacute

La luttE ~5t avant tout u~e rnanifcs[dtic~ c~lturclie et surtout

fo lkhriqut-

Gracircce agrave elle on peut deacutesormais comprendre un certain nombre de chants

et de symboles A travers la lutte seacuteregravere on ccedilomprend les inter-relashy

tions entreacute la vie et le monde surntiturel

Sil devait y avoir la mort dun villageacuteois pendant la fecirctE au T qUE

de linterrompre on proceacutedait gracircce aux connaissances magico-religieuses

agrave la suspension de la mort jusquagrave une peacuteriode ougrave la population sera plus

disponible pour organiser des funeacuterailles sil y eacutetait preacutedit la possibishy

liteacute dune deacutefait du champion local au profit dun champion dun autre

village des recettes dordre maginque et religieux eacutetaient mises en prashy

tique afin que le champion du village ne soit jamais terrasseacute(J)

334 Le profil du lutteur seacuteregraver~

Le lutteur seacuteregravere est par essence un athlegravete impressionnant de par sa i

carrure et sa musculature saillante mais cest aussi une force tranquille

et calme quelque soit lenjeu du combagravet et particuliegraverement lhonneur

Cet aspect nous pousse agrave parler du NGiMBE cest-agrave-dire de la tenue du

lutteur qui va influencer sur sa faccedilon de lutter

La confection du Ngimbe revient agrave la communauteacute entiegravere Le Ngimbe a

une signification symbolique et le lutteur pour meacuteriter la confiance du

groupe se doit de tout faire pour ne pas toucher le sol Toute la commushy

nauteacute elle aussi sengage pour assurer la longeacuteviteacute et le succegraves du lutteur

dans laregravene par lorganisation droffrandes et de sacrifices en lhonneur

des Pangols bull

bull

Daucuns nheacutesitent pas agrave dire que lessentiel du mysticisme se fait agrave

la maison et non dans laregravene tout le reste nest quintimidation de

ladversaire

lsvcns

Tt- pi ~- t

t 1 ~ l _ ~ t

par rapport agrave lautre Cbci est trEgraves lieacute agrave lactiviteacute journaliegravere du

jeune seacuteregravere qui est un cultivateur donc toujours bien planteacute sur ses

jambes et qui continuellement manie lhiler

Le fait de couper le boi~ peut eacutegalement constituer un moyen de muscushy

lation non neacutegligeable pour le jeune lutteur

Un certain nombre de traits techniques speacutecifiques au lutteur seacuteregravere

semblent ressortir des diffeacuterentes interviews que nous aVOns fait subir

agrave certains lutteurs seacuteregraveres et agrave diffeacuterents techniciens

SOUS-GROUPES FORMES DU CORPS CONTROLES GARDES

SAFEN Moyenne en fente NONE Hancheacute Bras (distante) j

NDUTJ

f

SINE-SINE Deacutecalage Ngimbe

Moyenne

SALOUM-SALOUM Passage- Jambe (rapprocheacutee) 1

i

PETITE dessous Tecircte Basse et 1

COTE Moyenne (rapprocheacutee)

Notons que le Niominka ll commence agrave lutter agrave partir du sol pour avoir

assez deacutelan et sauter sur ladversaire afin davoir la prise du lion

(contr6le de la nuque et du bassin)

Co a -tem-nt ccedilt attitude du lutteur sEacuteregravere335 np -1t ~

Les croyances mystiques sont indissociables des activiteacutes quotidiennes

duseacuteregravere Ce qui explique le cocircteacute supersticieux du lutteur seacuteregravere En

~ffet certains lutteurs refusent de lutter avant certaines heures

Certains teacutemoignages nous apprennent quil nest pas donneacute agrave tout le

monde decirctre champion de lutte et que le lutteur doit avoir des dons

surnaturels pour ecirctre agrave mesure de livrer ses combats dans la nuit

et trouver seul un gris-gris speacutecial appeleacute Njatch

Le vrai champion de lutte chez les seacuteregraveres ne lutte pas seulement avec

~a force et sa technique mais surtout avec ses dons occultes

Chez les seacuteregraveres les morts sont toujours preacutesents et les ~pangols

Servent dintermeacutediaire entre les hommes et les morts Le pangol prend i

le nom dhumain dans certains villages (IIHeacuteJga NDONG Har Wag NGOUYE) i 1

De ce fait on verra le lutteur danser dufe maniegravere ou dune autre en

fonction du pangol de sa famille Ainsi nrus aurons le back (chant et

danse du lutteur) des DIOUF des FAYE etclbullbullbull

Dans laregravene le lutteur seacuteregravere a un comportement exemplaire aussi bien

agrave leacutegard de son adversaire direct quave~ le public en geacuteneacuteral Lexpli shy

cation semble tenir au fait que le lutteur seacuteregravere est avant tout selon

la tradition orale le repreacutesentant de toute la communauteacute seacuteregravere Par

conseacutequent il devra saffirmer non seulement en tant que lutteur dans

laregravene mais aussi en tant quentiteacute morale

336 La tenue du lutteur ou NGIMBE est confectionneacutee par le marabout de la

famille ou du clan Le Ngimbe est constitueacute de pagne en cCton tisseacute

Il doit ecirctre propre le lutteur qui le porte ne devra pas avoir de rapshy

port sexuel pendant toute la peacuteriode des cOTpeacutetitians car le Ngi~bE ne

doit pas ~tre souilleacute

Autrefois et mecircme aujourdthui dans certaines familles on devient

lutteur de pegravere en fils et dans ce cas le Ngimbe du pegravere est heacuteriteacute

par le fils Le fait de porter le Ngimbe de ses aieux peut susciter

chez le jeune lutteur une motivation et une volonteacute ineacutebranlable dtasshy

surer la supeacuterioriteacute d~s siens dans ltaregravene Il fera tout pour que le

Ngimbe de la ramille ne touche le sable

La tenue du lutteur a une signification et une importance sur le plan

mystique car selon les anciens le vra1 feacutetiche du lutteur celui qui

le proteacutegera et laidera agrave vaincre le nDjinne ou le tRapu de ladvershy

saire se trouve cacheacute dans ce Ngimbeu bull Celui qui confectionne donc le

Ngimbe U est doueacute de faculteacutes occultes

337 Larbitrase est assureacute par un sage du village qui geacuteneacuteralement fut

champion de lutte de son temps Dailleurs cet ancien nintervient que

si le terrassement est litigieux Hormis le public qui proclame la vicshy

toire ou le match nul le lutteur lui-mecircme est arbitre et il arrive

quil se deacuteclare vaincu

Nous avons pu cfter Meacutedoune KHOULE un desplus grands lutteurs seacuteneacutegashy

lais qui a donn~ une victoire agrave Djeacuteri SADIO son adversaire qui a reacuteussi

agrave lui faire touegraveher le sol de la main

IlL

34 1 Preacutesentation

Lethnie toucouleur vit En grandt partit ciE~~ la vallfc du S~~~gal

pt reprecircsente i peu pr~s 8 de la population totale secircn~galaise

o Histoire

Il semblerait que dans lancien royaume du Tekrour (IX~ siegravecle) des

eacuteleacutements neacutegroiumldes Sarakoleacute et des Peul aient formEacute par meacutetissage le

peuple Toucouleur (Toucouleur serait dailleurs une deacuteformation du

mot portugais Tacouror)

Ce empire a domineacute aussi bien les wolofs de lOuest que les Peul

nomades du Fouta Toro Cette reacutegion fut le premier pays islamiseacute par

les Almoravides ce qui peut expliquer le proseacutelytisme toucouleur

Ce sont les guerriers toucouleur islamiseacutes qui attaqu~rent avec les

Almoravides la capitale du Ghana Koumbi en 1067 On convertit par

la force les animistes Cest sans doute agrave cette eacutepoque que de nombreuses

ethnies reacutefractaires agrave lIslam ont dO accentuer leur migration vers

le sud (Seacuteregravere wolof Sarakoleacute Bambara Songhaiuml Akan et Peul se reacuteshy

fugiaient vers les hauteurs du Fouta Djalon)

Au XIXegrave siegravecle les Toucouleur allaient trouver en El Hadj Omar Tall

un grand conqueacuterent qui sous le preacutetexte religieux de la gJerre sainte

contre les tribus animistes (entre autres Bambara) eacutetendit lempire

toucouleur sur presque tout lensemble du gali et la partie de la Guineacutee

proche du l1ali

Lempire toucouleur composeacute de Sarakoleacute de Bambar~ de ~alinkeacute de

Xassonkeacute dE Peul et de Dogon eut le meurorit~ dunir CES diif~rentes ~ ~ - - - - - et~ics ~t dE CD~stituer l~Sl la b2S~ ~r 1

_ ~ ~ ~_ L ~

~ ~- ~- - - ---- _ 1 v _ t 1 ~-_ --

marabout tOL~culcuuml~ ~ middotlrrany a l ick SI venu des E1i rClS dE Pocior~ (

~ Vi~ euroconomicue et sociale -----------~-------------

Les Toucouleur sont des cultivateurs mais bien quils n~ soie~t pa~

pasteurs comrre les Peul leacutelevage a une place inportarteacute decirc1S ltur

eacutecono~ie Pour faciliter leur conquecircte guerriegraverE ils c~t Eucirc une preacuteshy

dilection pour leacutelevage des chevaux On y trouve aussi des pecirccheurs

appeleacutes Tchioubalo La socieacuteteacute toucouleur aurait une stratification

sociale tregraves rigide Les groupes ethniques et les castes eacutetaient

diffeacuterencieacutes et strictement exogamiques les Rimbe classe des nobles

comprenant la famille reacutegnante et les guerriers libres la classe des

Nieacutenieacutebegens de castes artisanales i les Rimaibeacute anciens esclaves

devenus serviteurs qui portent les noms de famille de leur maicirctres A

la base de lorganisation de la collectiviteacute toucouleur se situe le

village (Wouro)

Toutes ces castes sont cloisonneacutees entre elle~ Ainsi il nest pas

permis agrave un Torodo (noble) de se marier avec un Tchioubalo Ces

consideacuterations sont importantes dans le domaine de la lutte ougrave nous

apercevrons que les nobles ne sont pas faits pour lutter Le noble

preacutesidera les seacuteances de lutte et on luttera pour lui Ces condeacute rat ions

de noblesse et de rang social sont extrecircmement importantes dans le

monde toucouleur

Le noble ne doit pas se salir on lutte pour lui il ne vit la lutte

quen tant que spectateur

342 Education moeurs croyances et eratiques religieuses

Deux formes d~ducation sont agrave consideacuterer leacutedJcatio~ dES enfarts Et

celle des adultes

oG lenfant sait m2n~~r et apprfcier le goOt d~5 ~iifeurorents r~pas lt

le moment ougrave il CO~~e~CE agrave marcher

tivirt n~sormais le petit toucou]eur est eacuteduquf par toutmiddot 12 f2~i)]E

dabord puis par toutes lespersc~nes du village ou du C13~

Lenfant peut ~tre corrigeacute par tout adulte appartenant au groupe social

Son eacuteducation est deacutesormais laffaire de toute la communauteacute et non

exclusivement celle ces parents On linitie ainsi au travail quotidien

qui se fait dans la bergel~ e les champs et les bords du fleuve Au sein

du village il pourra apprendre agrave filer la laine et agrave tisser des pagnes

dans les champs il apprend agrave manier la houe et lhiler pour la culture

du riz et du mil Mais signalons que lactiviteacute essentielle du toucouleur

est leacutelevage des boeufs des moutons et des chegravevres Chez les Ichioushy

balos (p~cheurs ) lenfant sera initieacute tregraves tat au maniement des pagaies

agrave la p~che propremccedilnt dite et agrave la nage

Vers cinq-six ans lenfant est confieacute au maicirctre coranique le Ihierno

et ce dernier dispose exclusivement de toute sa vie Lavenir du jeune

enfant lui appartient

Comme dans les autres groupes ethniques les enfants sont regroupeacutes en

classe dacircge et cest dans cette structure que lenfant subit les rite

de passe et plus particuliegraverement celui de la circoncision

La circoncision est non seulement unE opeacuteration chirurgicale malS surshy

tout une peacuteriode au cours de laquelle le jeune garccedilon passe de leacutetat

dadolescent agrave leacutetat dadulte Les circoncis sont reacuteunis en classe

dacircge dans un endroit situeacute hors duvillage geacuteneacuteralement choisi par les

vieux Cet endroit n~st accessible que par des individus de SExe ffi8SCUshy

li~ ~ta~t au preacutealabl circoncis

- - - -

quable et complet sur le plan phy~ique et ~oral Ai~si liniti~

acquiert les qualitecircs indispensables que sont le courag~ la modest

lesprit de sacrifice lendurance

Le toucoule~r est un pleux musulma~ Cela sexp1

SOil le premier agrave tre en contact avec la religion musulmane de par sa

position frontaliegravere Lethnie toucouleur de par son histoire a preacutesenteacute

les plus grands chefs militaires et religieux musulmans seacuteneacutegalais Et

pour illustrer cela on peut citer en exemple la grande famille musulmane

des SY agrave TIVAOUANE repreacutesentant la confreacuterie des TIDJANES

Bien que lon note une majoriteacute musulmane on peut dire que certaines

croyances et pratiques mystiques et animistes persistent encore surtout

dans la reacutegion du fleuve

Une pratique courante se fait elle sappelle le Djatt Elle consiste

agrave faire sortir le caiman du fleuve agrave limmobiliser et agrave lattacher

sans quil ne reacuteagisse et tout ceci agrave laide de versets et dincantashy

tions magiques Dapregraves les teacutemoignages ces pratiques sont plutocirct

freacutequentes chez les Tchioubalos (pecirccheurs) Il arrive aussi que cershy

tains chasseurs ayant des dons se livrent agrave certaines pratiques an1shy

mis tes qui consistent agrave invoquer certaines puissances et agrave moduler sous

forme de chant des versets occultes pour se proteacuteger des mauvais esprits

et pour eacuteloigner les fauves Ce chant est geacuteneacuteralement incompreacutehensible

et deacutenueacute de sens pour le profane

343 Activiteacutes ludiques et pratiques sportives en milieu toucouleur

Durant toute son histoire lethnie ~oucouleur a toujours EacutetEacute Frese~teacute~

comme celle qui avait ue activit essentiellement guerr e e~ particushy

liegraverement farouche Trois eacuteleacutements ret r t l ecirc t te nt i c- euro so~t

le manie~~nt du ~acircton 12 luttE Et 1eacute danSE

l

Lecircducation ph~sique et artistique Dcc~pe un place precircpondecircra~rp

dans la fDrmat~on du jEune toucouleur A loccasion agraveeacutevegravenemen~ imporshy

tants reacutecoltJs mariages baptecircme nous assistons agrave des manifestashy

tions folkloriques de grande envergure le Wango oucirc dailse toucouleur

tregraves gymnique iles chants et surtout les sEacuteances de lutte

La lutte toucouleur est la forme de lutte la plus spectaclaire dans

tout le territoire seacuteneacutegalais Elle est essentiellement baseacutee sur des

techniques en hancheacute et surtout en souplesse Ceci sexplique par le

fait q~e le jeune toucouleur est tregraves tocirct initieacute agrave la gymnastique (saut 1

per saut de main salto arriegravere saut de tecircte couronneacute etc bullbullbull ) pour

la dans~ du wa~go En dansant le wango qui est une danse rythmeacutee et

gymnique le Jeune toucou1eur est capable de prouesses extraordinaires

1

En lutte lattaquant se deacuteplace tregraves peu pour avoir une bonne saisie

(geacuteneacutera~ement controcircle du Ngimben ) et enchaine brusqueme~t avec une

attaque surpris~ Cependant les ripostes sont souvent surprenantes et

spectaculaires (baseacutees sur la souplesse et la rapiditeacute) ontrairement

aux autr~s form~s de luttes ougrave lon voyait tous les jeune adheacuterer la

lutte to~cou1eur Verra un groupe de speacutecialistes sadonne agrave la lutte 1

(la lutte est lieacutee agrave la position sociale de lindividu problegraveme de

caste)

Q La morphologie du lutteur toucou1eur 1

1 1

Ce dernier nest pas aussi large et aussi fort que les lutteurs diola

et seacuteregravere Cependant il est tregraves reacutesistant La musculatJre est saillante 1

et tregraves souple lindividu est longiligne mais tregraves athleacutetique

Les mouvements de lutteurs sont semblables agrave ceux dun grand fe1in Cette 1

morphologie semble ecirctre lieacutee agrave la position geacuteographique de lethnie

(reacutegion du fleuve) et agrave lacitiviteacute socio-eacuteconomique du toucouleur qui

est agrave la fois cultivateur (activiteacute lieacutee agrave la crue et deacutecrUE du fleuve)

pecirccheuro~T CIcr~icubaon) et sttout jEumlrgcr qui est U~ rc~2eumlr

shy

Deux formes egrave~ corps sembl~nt ecirctre preacutefeacutereacutees du lutteur toucouleur

le hancheacute et la souplesse Les hancheacutes sont faits agrave partir de plusieurs

positions de doset se terminent geacuteneacuteralement par des techniques de

tregraves grande amplitude

TABLEAU RECAPITULATIF DES TECHNIQUES ET FORMES DE CORPS SPECIFIQUES

i

L441 r

GARDE FORMES DU CORPS CONTROLES --shy - -

Moyenne Souplesse Ngimbe

Hancheacute bras

Demi-souplesse

1

Profil psycholosigue 1

TECHNIQUES

ContrOle du bassin et 12 souplesse

arriegravere

Klicket et allegravegement de la hanche

Le lutteur toucouleur est celui lUi se livre le moins aux preacuteparaqons

maraboutiques Cela est dO au f~t que le toucouleur est un grand ~USUlshyman et que les pratiques animisges ont presque disparu dans ce mil~eu

Dans la pratique le lutteur esJ combaif mais il est calme et tr~s reacutefleacutechi quant agrave la deacutecision agrave prendre en plein corps agrave corps ct~st un des seuls techniciens qui reJte tregraves lucide au cours de ses comb~ts

l Dans toutes les circonstances e lutteur toucouleur est tenu de re~pecshyter son adversaire et ceux de s4n eacutequipemecircme sil est vaincu

Comme nous avons dO nous en rendre compte la rigueur des principes

eacuteducationnels a une influence tregraves sensible sur l~ comportement du

toucouleur

i

III S COCL ~s 1DO

Dans cette partie nous avons essay~ de montrer lftroite re1atic~

Entre les diverses activiteacutes socio-eacuteconomiques dans les ethnies et

lES diffEacuterentes faccedilons de lutter

Daucuns seraient tent~s de conclure trop rapidement et cest p0~r

cette raison que nOUS avons penseacute preacuteciser que le pheacutenotype nest

pas geacuteneacuterateur du geacutenotype Et nous sommes convaincus que la morphoshy

logie et les techniques des lutteurs relegravevent de leurs modes de vie

et de leurs croyances agrave une eacutepoque et danE un contexte bien deacutetermishy

neacutes

Est-ce que les lutteurs dio1a ou seacuteregravere travaillant avec leurs bras

dans les champs auraient les mecircmes pr 0 fil s physiques que les lutteurs

utilisant des machines pour lagriculture

- 69 shy

I UJOURDH~1 E-S ut O[l LES FORfilS Ut LU11t~

~otons que notre enqu~te a ecirctE essentiellement faiteen milieu urbain

Les seacuteances de lutte ont tendance agrave perdre leur particulariteacute de r~shy

jouissance pour devenir des pheacutenomegravenes de sportisatio Deux fores

de luttes so~t principale~cnt prat s dans les aregrave~es du 5 al

la lutte traditiunnelle simple et la lutte traditionnelle avec frappe

De nos jours la lutte traditionnelle tend vers une reacuteglementation

et une institutionalisation

Le reacutesultat de nos investigations nous donne le tableau ci-dessous

REPARTITION ETHNIQUE SUR 100 PRATIQUANTS

LUTTE LUTTE RAPPORTETHNIES SANS FRAPPE AVEC FRAPPE J2

Diola 40 16 71 j

Seacuteregravere 26 21 57

Toucouleur 23 10 69

Wolof 1 1 53 17

La demande sociale par ordre deacutecroissant pour la lutte sans frappe

se preacutesente comrre suit

]0_ Ethnie diola avec pregraves de 3 lutteur~ sur 4

2deg_ Ethnie toucouleur

Ethri dun

~ 1 LA LUTTE TR])IIIO~~ELLE AVEC H-PPE

Cette forme deacute lutte a une histoire qui date de lantiquiteacute elle

sa~pelait le Pugilat Au Seacuteneacutegal elle a vu le jour dans le Cayor

bien avant la colonisation Le coup dE pied l~Lrdn~lement la morshy

sure la frappe et le doigtf eacutetaient permis dans le cc=bat ~ ~middot~p0~~e

Dans certains cas la giffle eacutetait beaucoup plus dangereuse que le

poing quand elle eacutetait donneacutee par un speacutecialiste Cette giffle pouvait

agrave elle seule deacutechirer et mecircme parfois amputer la joue de ladverser

Selon les informations la lutte avec frappede nos jours serait une

forme de lutte tregraves eupheacutemiseacutee de celle dantan ougrave une blessure

pouvait souvent ecirctre mortelle

Aujourdhui au niveau du folklore la lutte na plus la mecircme

le spectaculaire a remplaceacute le significatif iLa lutte avec frappe se 1

pratique surtout dans les centres urbains C~aque fois quun grand combat 1

est progra~eacute par le Comiteacute National Proviso~re (CNP) des centaines damashy

teurs sont mobiliseacutes vers le stade lba Mar D~OP qui est aujourdhui le i

lieu approprieacute ougrave se deacuteroulent les grands conkbats de lutte Cest la formE

de lutte qui semble drainer une foule de personnes beaucoup plus importante

que celle de la lutte simple

La lutte avec frappe deacuteriverait dune forme de lutte traditionnelle

pratiqueacutee jadis dans le Cayor au temps des Damels et la frappe serait

le substitut dun certain nombre de pratiques doigteacute jet de produits

etc bullbullbull dont le but eacutetait laveuglement de ladversaire La lutte avec

frappe serait une continuation logique dune carriegravere sportive de la

lutte traditionnelle qui sen sert comme moyen socio-eacuteconomique En

effet la majoriteacute des lutteurs avec frappe ont dabord eacuteteacute initieacutes agrave la

lutte simple Cependant il faut signaler que de nOS jours il arrive

que le jeune lutteur avec frappE- soit directenent formEacute conne speacutecialistE

agrave la frappe sa~s pour autant faire son chemin dabcrd egravea~s la lutte

- ~ shy

Le recircsultat dE ~os interviews ncus rec~trE qGune pcpulatiD~ divcrsishy

fiampe sint~resse agrave ce sport et qUE les intecircr~[s des uns et d~SlautrE~

semble~t divergents naucuns affirment que la lutte traditionnelle

avec frappe serait monteacutee par des personnes dont la vocation est dexshy

ploiter ce pheacuteLomegravene agrave des fins commerciales Dautres disent gJellegrave

jouit de mcyens irport~nts t[l[~isio

tation etc bullbullbull ) pour toucher toutes les couches sociales CEpe~~a~t

nous remarquons que mecircme si certaines personnes reprochent agrave cette

forme de lutte decirctre brutale ces mecircmes personnes nheacutesitent pas agrave

se rendre le dimanche agrave laregravene Bien que critiqueacutee elle semble ecirctre

adopteacutee par une tregraves grande partie de la population seacuteneacutegalaise Cepenshy

dant en tant que techniciens il nous est permis de faire une remarque

Il sagit de

- Limpression nette decirctre devant des professionnels de la frappe

qui sont ~ntratneacutes pour cela Dailleurs les propos que nous avons

recueilli~ nous prouvent que la plupart des champions de lutte avec 1

frappe s~ntratnent dans certains sports de combat tels ~ue la boxe i 1

le karateacute le judo Dans cette nouvelle forme de pratique de la lutte

contrairefuent agrave la lutte traditionnelle le technicien e~t souvent

perdant face au puncheur Ce dernier adopte une lutte agrave distance qui

lui permet de placer agrave bon escient ses coups animeacute du deacutesir de vaincre

Le technicien lui se voit contreacute dans toutes ses entreprises par

un uppercut ou un crochet

On peut dire cependant que nul sport au Seacuteneacutegal que la lutte tradishy

tionnelle avec frappe ne deacutechaicircne autant de passions et autant de

pheacutenomegravenes poussant agrave lexcegraves et deacutereacuteglements quon ne peut que deacuteplorer

Mais comment deacutecrier un spectacle de lutte qui bien quayant perdu la

presque totaliteacute des valeurs traditionnelles veacutehiculeacutees autrefois par

elle sait susciter une participation effective de tous ceux qui sont

preacutesents

CONCLUSION

Dans ce meacutemoire nous sommes efforceacutes ~e faire ressort ir limportance des

ethos et des habitus et leurs effets sur la pratique de la lutte tradishy

tionnelle au Seacuteneacutegal

L~b egravethos repr~sentent dune maniegravere g~neurorale tous les eacuteleacutements speacutec

fiques sux Seacuteneacutegalais par conampeacuteguent un systegraveme de valeurs traditionnellEs

Mais m~me si ces valeurs rev~tent une signification universelle (honneur

digniteacute courage etc bullbullbull ) il nen demeure pas moins que ce nest pas leur

nature qui fait leur speacutecificiteacute mais la hieacuterarchisation et limportance i

quon accorde agrave toutes ces valeurs de ~ar leacuteducation ou la culture

i 1

Aussi les valeurs traditionnelles puient leur speacutecificiteacute dans les

caracteacuteristiques propres aux eacuteleacutements ~e la socio-cu1ture (la technologie

et leacuteconomie la politique et la pareteacute la psychologie et lideacuteologie)

dans la socieacuteteacute seacuteneacutegalaise agrave n momen donneacute de son eacutevolution Cest i

dire la neacuteceesiteacute de ne point faire della valeur une reacutealiteacute statique

Cest dite aussi quagrave tout mome~t le ~eacuteneacutegalais peut eacutevoluer et creacuteer

ou vivre par conseacutequent de nouv~lles fprmes de valeur qui lui sont 1

propres ft (J)

La lutte traditionnelle veacutehiculant deS valeurs socio-cu1ture1les speacutecishy

fiquement seacuteneacutegalaises (croyances valeurs morales norme de comportement

opinion attitude bullbullbull ) devient un eacuteleacutement important qui tregraves certaiaement

nous aidera dans notre effort de valoriser et de peacuterenniser notre patri shy

moine culturel par le biais dactiviteacutes physiques et sportives

Leacutetude des habitus nous permet de prouver quil y a plusieurs faccedilons

de se mouvoir comme danser lutter bullbullbull qui varient avec les diffeacuterentes

ethnies (wolof toucouleur seacuteregravere diolagt leurs convenances et leurs

eacuteducations

(1) Revue Ethiopiques 31 Les valeurs traditionnelles et le problegraveme de leur inteacutegration dans les systegravemes modernes jtducatio-1 2 6r--70

nautre part cette eacutetude permet aussi de nous rendrE compte de la

correacutelatipn eacutetroite existant entre la pratique de la lutte traditionnelle

et le sta~ut socio-eacuteconomique du pratiquant

Nos inves~igations nous indiquent que la lutte recrute essentiellement

au niveau des classes socio-eacuteconomiques situeacutees en bas de leacutechelle

donc posseacutedant le statut social le moins favoriseacute La lutte avec frappe

-et un certain secteur commercialiseacute de la lutte simple- y trouve sa

leacutegitimiteacute Comme le dit BOURDIEU nA habitus diffeacuterents styles de Vle

divergents et il oppse les pratiques aristocpatiques correspondants agrave

des activiteacutes qui favorisent les situations eupheacutemiseacutees ougrave la stylisashy

tion est importante aux pratiques populaires qui font appel agrave des

qualiteacutes qpposeacutees bllutes rugueuses Certaines interviews nous

montrent que plus lindividu occupe une place eacuteleveacutee dans leacutechelle

sQciale e~ 1

moin$ il sinteacuteresse agrave la lutte

Les reacutesultats recueillis dans nos diverses investig~tions confirment 1 1

1er propos qui disent que nous assistons aujourdhu~ agrave une involution

de la lutte traditionnelle parce que perdant toutes ses speacutecificiteacutes au 1

pryfit d~ne autre forme de lutte que lon continue agrave appeler nostalshy

giqlementIIlutte traditionnelle

Ceci pourrait peut-~tre trouver une explication dan la citation suivante

La liberteacute de creacuteer dinnover de vivre Pleineinenf decirctre soi et de

preacuteserver son authenticiteacute la digniteacute et lhonneu1demeurent des illushy

sions dans la misegravere eacuteconomique~ Nos ancecirctres creacuteai~nt des valeurs de cishyl

vilisation parce quils eacutetaient libres parce qu1i~s ignoraient toute

deacutependance eacuteconomique ils cultivaient en eux et cbez leurs enfants le 1

Jorn et la Kersa et preacutefeacuteraient la mort agrave la hoJte lI (1)

Or le Seacuteneacutegal comme la plupart des pays africainsi est un pays sousshy

deacuteveloppeacute t cependant face agrave cette volonteacute du gou~ernement seacuteneacutegalais

de faire inteacutegrer dans leacuteducation des valeurs traditionnelles nous

pouvons espeacuterer utiliser comme moyen deacuteducation la lutteacute traditionnelle

qui reste quand mecircme vecteur jethos et dhabit~s

- 54 shy

Mecircme si lon a noteacute un appauvrissement notoire sur les plans socioshy

culturel et moral la lutte traditionnelle recegravele une gamme importante

et varieacutee de techniques permettant incontestablement une ouverture vers

les luttes olympiques libre et g~eacuteco-romaine

La lecture de ce meacutemoire permettra agrave lentratneur et au professeur de

lutte en fonction du lieu ougrave ils seront affecteacutes dans le territoire

seacuteneacutegalaisdavoir une information sur les techniques contrOles et

formes de corps propres agrave chaque groupe ethnique et de les mettre en

relation avec leurs croyances et leurs mentaliteacutes

Nous avons essayeacute de montrer que la pratique de la lutte traditionnelle

doit tre axeacutee sur une ethnomotriciteacute au Seacuteneacutegal qui permette une inishy

tiation facile Cette pratique de la lutte traditionnelle seacuteneacutegalaise

devra dailleurs essayer de ~eacutepondre aux aspirations du Seacuteneacutegalaisl

moderne en souvrant aux ap~orts positifs des autres civilisations

ex~eacuterieures nous voulons Jvidemment parler du judo et des luttes oiymshyJ

piques 1

1 j Nous navons pas la preacutetentfon dans le cadre de ce meacutemoire demattrise

de reacutepondre agrave toutes les qutstions se rattachant agrave leacutetude de ~a lutte

traditionnelle souslangle~socio-culturel car non seulement il nous

manque lexpeacuterience et la c peacutetence en la mati~re mais aussil l le temps

et les moyens dont nous dis osions ne nous permettaient pas d~puiser le 1sujet i

1 1 1 t 1

l

- )5 shy

BIBLIOGRAPHIE

BIBLIOGRAPHIE

1- CLAPAREDE Psychologie de leacuteducation et peacutedagogie expeacuterimentale

Edition Delachaux et Niestleacute 244 pages

2- POCIELLC Christian Sport et Socieacuteteacute approche socio-culturelle

des pratiques Paris Vigot 1981 377 pages

3- PIERON Henri Vocabulaire de la psychologie

PUF Deuxiegraveme eacutedition 1957 469 pages

4- Revue socialiste de culture neacutegro-africaine ETHIOPIQUES

Les valeurs traditionnelles et le problegraveme de leur inteacutegration

dans les systegravemes modernes deacuteducation

GIA 21 Juillet 1982 213 pages

5- N2 Revue du Centre dEtudedes Civilisations DEM ak TEY

NIS IVegrave Trimestre 1982 96 pages

6- Document lNSEP Colloque sur la lutte aeacuteregravere

DAKAR MAI-JUIN 1980

t 1

~- Travaux du IVegrave Congregraves National ~es Sports agrave DAKAR les 2223041981

Bulletin n2 91 du CIO du 15 Aont 1965

l____________________________

8- Meacutemoire de Mattrise BADJI Abdou La lutte traditionnelle Joola

Etude et perspective

9- Meacutemoire Inspectorat JS DJITTE Mandy Les pratiques corporelles

traditionnelles au Seacuteneacutegal pour leur exploitation et leur

utilisation en peacutedagogie Marly le Roi 1980

REPUBLIQUE DU SENEGAL

--------------- INSTITUT NATIONAL SUPERIEUR

MINISTERE DE LA JEUNESSE DE LrsquoEDUCATION POPULAIRE

ET DES SPORTS ET DU SPORT

-------------

(INSEPS)

MEMOIRE DE MAIcircTRISE

Es-SCIENCES ET TECHNIQUES

DE LrsquoACTIVITE PHYSIQUE ET DU SPORT

LA LUTTE TRADITIONNELLE

son importance sa signification en fonction des ethos et des habitus ethniques au Seacuteneacutegal

Preacutesenteacute par

Monsieur Joseph Victor FAYE

Sous la direction de

M Jean Marc ROCHEZ

Professeur agrave lrsquoINSEPS

Anneacutee de soutenance 1984

L6UQJE OU SENE3AL

LA LUTTE TRADITIONNELLE SON IMPORTANCE 1 SA SIGNIFICATION EN FONCTION

DES ITHOS ET DES HABITUS ETHNIQUES AU SENEGAL

ANNEE CIVILE DE SOUTENANCE 1984

Joseph Victor FAYE MEMOIRE DE MAITRISE

ES SCIENCES TECHNIQUES DE L ACTIVITE PHYSIQUE

ET DE SPORT

D E DIe ACE --00--00--00-shy

Je deacutedie ce meacutemoire

agrave ma grand-megravere Louise Marie SOKHNA

agrave mes parents Jean et Francisca FAYE

agrave mes fregraveres et soeurs et plus particuliegraverement agrave ma femme

et ma fille bien aimeacutees Lala Khadidja et Feacuteliciteacute FAYE

-----shy

REMERCIEMENTS

Mes vifs remerciements agrave M Jean Marc ROCHEZ qui maura beaucoup

aideacute dans la confection de ce meacutemoire

Je remercie tregraves sincegraverement M YADE Directeur Technique de

lEquipe Nationale t1essieurs Abdou BADJI Kory SARR Djibril SECK

tous professeurs dEPS M Julien DAl-fIEN 1me Simone DAROZA

-Hle Marie DIEllE et tous ces speacutecialistes qui auront contliibueacute de

pres ou de loin agrave mes travaux

so IYPORA~CE SA SIGIFICATION E~ FONCTlOl

DES ETHOS ET DES HABITUS ETHNIQVE~ AD SENEGAL

SOM MAI R E Pages

1 INTRODUCTIO~ ---------------------------------------- shy

II QUELQUES NOTIONS DE SOCIOLOGIE POUR UNE MEILLEURE

COMPREHENSION DE LA LUTTE TRADITIONNELLE ------------- 5

- Habitus et techniques du corps --------------------- 5

- Habitus de classe et style de vie ------------------ 6

- Ethnomotriciteacute ------------------------------------- 7 - Analy~~ des demandes sociales en matiegravere

de pratique des sports de combat ------------------- 8

Judo --------------------------------------------- 9 Lutte libre traditionnelle ----------------------- 10 ft Lutte olympique ---------~------------------------ 10 Boxe anglaise ------------------------------------ Il ft Karateacute ------------------------------------------- II Lutte traditionllelle avec frappe ------------------ 11

III DIVERSITE ETHNIQUE - PLURALITE DES STYLES DE LUTTE --- 16

31 LA COMMUNAUTE DIOLA ----------------------------- 16

311 Preacutesentation ----------------------------- 16 312 Quelques aspects de leacuteducation

et des rites en milieu diola ------------- 17

313 Croyances et pratiques mystiques --------- 19

314 Impact des moeurs sur la pratique

de la lutte diola 20

32 LA COMMUNAUTE WOLOF ----------------------------- 24

321 Preacutesentation ----------------------------- 24 322 Les moeurs ~t les croyancEs wolof -------- 24

323 Leacuteducation d~ w810f --------------------- 26

32~ Incidences des ~~~urs s~r l~ l~tte ------- 28

tiques physiques du lutr~uT wolof -------shy 31

33 LA CO~GAUTE SERERE ---------------------------shy

331 Preacutesentation ----------------------------shy332 Leacuteducation les moeurs lES crOyanCES

et les pratiqUES seacuteregraverc -----------------shy

333 impact des ethos sur la lutte

dans le monde seacuteregravere --------------------shy

334 Le profil du lutteur seacuteregravere -------------shy

335 Comportement et attitude du lutteur seacuteregravere

336 La tenue du lutteur ou Ngimbe ---------shy

337 Larbitrage -----------------------------shy

3~

37

38

40

40

41

34 LA COMMUNAUTE TOUCOULEUR -----------------------shy

341 Preacutesentation ----------------------------shy342 Education moeurs croyances

et pratiques religieuses ----------------shy343 Activiteacutes ludiques et pratiques

sportives en milieu toucouleur ----------shy

344 Profil psychologique --------------------shy

42

43

~S

47

35 CONCLUSION -------------------------------------shy 48

IV AUJOURDHUI VERS DE NOUVELLES FORMES DE LUTTES ------shy

41 LA LUTTE TRADITIONNELLE AVEC FRAPPE ------------shy 50

V CONCLUSION ------------------------------------------shy

ln LI) 1 5 L bull 0 G R A PHI E -------------------------shy

52

Ce ~eacutemoire est une riflexion 3ur la lutte car ~lie apparatt sur le

continent africai~comme un phinomegravene social important Elle le doit

sans doute au fait que depuis le fond des temps elle est itroitement

associeacutee agrave la vie de lhomme Or en deacutecouvrant ses vestiges du passeacute

lAfrique confirme lhypothegravese d~tre le berceau de lhumaniteacute Il en

reacutesulte que sur ce continent la lutte y possegravede une longue tradition

et serait-il paradoxal de preacutetendre que lAfrique a acquis le besoin

de lutter qui cherche agrave se satisfaire selon des moyens congeacutenitaux

cest dans cette perspectiveque nOus approcherons la LUTTE SENEGALAISE

car il est admis que la preacutesence de lHomo-Sapiens en Afriquecircde lOues

remonte agrave plus de 10000 ans Autrement dit nos anc~tres ont reccedilu

lhistoire de la lutte et sa longue eacutevolution lieacutee agrave celle de la civili

sat ion

Nos premiers anctres pratiquegraverent la lutte utilitaire celle dont la

possession eacutetait neacutecessaire pour survivre dans un milieu hostile et

inquieacutetant agrave la fois pour se nourrir et pour se deacutefendre

En se regroupant en clans et tribus nos anc~tres modifiaient radicaleshy

ment leurs conditions dexistence certes ils eacutetaient mieux agrave

mme dassurer leurs besoins vitaux mais ils devaient faire face aux

rivaliteacutes qui ne manquegraverent pas de surgir entre les diffeacuterents groupes

Cette installation dun eacutetat endeacutemique de guerres ougrave le but eacutetait de

soumettre et de ravir ou de se libeacuterer et de reacutecupeacuterer transforma la

lutte en activiteacute martiale Ainsi se deacuteveloppa la science du combat agrave

mains nues celle qui permet de deviner lautre et de le surprendre en

deacutecidant et agissant plus rapidement que lui Mais il ny a pas si long

temps le corps agrave corps eacutetait leacutepisode deacutecisif de toute bataille

Gagnant en sagesse et en technique nos anc~tres saperccedilurent quil

existait dautres modes de vie que celle de vivre aux deacutepens de ses

semblables et progressivementiles temps de paix prirent le pas sur les

temps de guerre La lutte en perdant son utiliteacute ~ais non sa fonction

devint lobjet dlun rite initiatique Il eacutetait du devoir des anciens de

- ~

d~tre en mesure dassurer acirc 1 ur tour Id protection du ~roupe En

deve~ant contenu denseignement la lutte ecircvoluait acirc nouveau Elle

perdit son caract~re preacutepa=atoi=e et devenait ~ctivit~ d~ c0~pensa-

tion (1) Au-delagrave des techniques de mise hors combat qui devaient se

deacutepouiller de leur violence et des risques de dommages corporels on

visait une action formatrice sous un triple aspect physique caracshy

teacuteriel et moral

Puis survint le temps de paix durable celui ougrave leacutenergie eacutetait

essentiellement consacreacutee agrave produire des biens pour sa collectiviteacute

dappartenance Deacutesormais lhomme eacutequilibrait sa vie entre le travail

le repos et le divertissement Cest ainsi que la lutte se retrouva au

coeur des reacutejouissances populaires En se faisant ludique celle ougrave

lon joue agrave mesurer sa force sa ruse son agiliteacute sa bravoure bullbullbull La

lutte se speacutecifiait agrave nouveau en simbriquant aux moeurs aux coutumes

et aux croyances

Cette longue histoire commune du neacutegro africain et de la lutte expliqUE

qUegravecette derniegravere fait partie des traditions auxquelles il est le plu

attacheacute et ort heacutesite pas agrave parler de sport national mecircme quand elle

doit ceacuteder en populariteacute devant le foot-baIl

En Afrique toute activiteacute physique veacutehicule un message et la lutte

traditionnelle elle aussi se trouve impreacutegneacutee de valeurs socio-cultushy

relIes et il arrive quon lui assigne de les veacutehiculer et de les trans~

mettre Parler de lutte en Afrique deacutecouvrir sa signification et comshy

prendre son histoire consiste agrave montrer quelle participe aux eacutethos et

habitus de groupe comme nous proposons de le faire

(1) - CARR The survival values of play citeacute par CIAPAREDE dans Psychologie de lEducation et Peacutedagogie Expeacuterimentale Edition Delachaux et Niestle (244 pages)

iotre reacuteflexion se ci-conscrird au S-~sJl -t mecircle si le peuple

seacuteneacutegalais est o-igilaire de la volonteacute cocnmune due dizaine deacutethries

de vivre ensemble ~ous nous limitert~s 1 analyser les rapports quentr

tiennent les quatre grands groupes diola seacuteregravere toucouleur et wolo

et les styles de lutte correspondant

Nous entendons veacuterifier lhypothegravese quaux particulariteacutes ethniques

(mode de vie coutumes rites et croyances) correspondent des particushy

lariteacutes de lutte (signification valeacuteurs veacutehiculeacutees mode de pratique

regravegles dorganisation bullbullbull )

Ce meacutemoire consiste agrave reacutealiser une approche socio-culturelle du pheacutenomegravel

lutte en Afrique avec le secret espoir quil puisse servir de preacuteface

agrave lhistoire des diffeacuterents styles reacutegionaux que dautres ont commenceacute

agrave eacutecrire

gt Si nous devions justifier le choix dun tel sujet t tous les arguments

se regrouperaient autour dune meurome motivation recouvrir notre authenmiddot

ticiteacute

En premier lieu parce que nous adheacuterons totalement agrave ce souhait des

Pouvoirs Publics de mettre laccent sur une eacuteducation physique et spormiddot

tive qui tout en souvrant aux appels feacutecondants de la techniques

fondera son action dans les valeurs traditionnelles du pays La lutte el

tant que pratique eacuteducative et manifestation dessence collective est

bien placeacutee pour justifier cette tendance

Elle reacutepond aux aspirations dune eacuteducation physique et sportive qui

veut creacuteer les conditions de son deacuteveloppement et de qUumlI i~ertion dans

les habitudes sociales des populationsff(l)

(1) Travaux du IV~ C~n-r~s Sports de 2223 Avril 1981

WotrQ CCYVcftOl de llnteacute~t JiU W sectU~ e6t ~~pu_~ deacuteclarations de 2rsonnaliceacutes du monde sportif lLrlsi ce Ii1essage agrave lir shy

tention des dirig~ants africains

-ous ~ T beaucoup agrave apprendre de eus ous qui sans

cesse davantage oublions que leacutequilibre de lhomme veuc

quiL sinscrive harmonieusement t aussi bien dans la nature

que dans la civilisation deacutecouvrons que les Atricains nont

pas eacuteteacute initieacutes aux principes du sport et ses vertus au

contraire de maints pays europeacuteens par exemple aupregraves desquels

tout ou presque est agrave retaire agrave chaque geacuten~ration Lexercie

physique tait partie de la vie atricaine il est moyen de commushy

nication et de locomotion- (1)

Or la lutte constitue par excellence ce Veacutecu moteur que nous t1ansshy

mettons de geacuteneacuteration en geacuterieacuteration et ce patrimoine doit survivre agrave

toutes les agravegressions or iginaires dautres modes de civilisation dont

certains effets ne manquent pas de se faire sentir sur le devenir de la

lutte traditionnelle

A la preacuteoccupation de preacuteserver notre authenticiteacute sajoute celle den

assurer la deacutefense

Aussi au-delagrave de nOs analyses destineacutees agrave eacutetablir les rapports entre

modes de vie et styles de lutte nous nous poserons le problegraveme dune

codification objective de la lutte traditionnelle constituant la mise

en communauteacute des apports pertinents de chaque style reacutegional Ce style

national apparatt indispensable en raison de lavegravenement prochain dune

socieacuteteacute seacuteneacutegalaise nouvelle qui ne peut se b~tir que par un partiel

renoncement au passeacute et son contenu (2)

Enfin nous voulons faire partager notre ~nthousiasme gagner agrave notre

cause eacuteducateurs entratneurs de lutte les amener agrave reacutefleacutechir sur leur

pratique et peut-~tre les aider agrave tnseigner avec plus de coheacuterence cette

discipline pour le plus grand bien de notre jeunesse

(1) Bulletin n 91 du CIO du 15 AoOt 1965 - Page 15

(2) Cette preacuteoccupation semble ecirctre partageacutee par de nombreux pays afri shycains ougrave la lutte est de tradition on y pressent quagrave de nouveaux types de socieacuteteacute doit correspondre de nouveaux hlbitus En conseacutequence la lutte doit eacutevoluer Darlllegrave~1e1t SO3 pine d amptre in~niaterpnt l~l~dJl-J~ (Sw~JL~c~ ~ - 13 P~v~~L)ti-~l j Ld L~t~ cr~lJit0nn~l12

otgalisecirce pH la cmFJS - iJAKAR - lai ~~)

-5shy

II QUELQUES NOTIONS DE SOCIOLOGIE POUR UBE MEILLEUR~

COMPREHENSION DE LA LUTTE TRADITIONNELLE

Essayons dexpliquer simplement les termes ETROS et HABITUS et

ETHNOMOTRICITE pour la clarteacute de notre deacutemarche

ETROS dans sa deacutefinition premiegravere veut dire en parlant dun individu

lice qui distingue cet individu des autres (1)

En eacutetudiant cette signification dans le cadre de la sociologie on

entendra par eacutethos ethnique (eacuteducation croyance rite etc bullbullbull ) lenshy

semble des caracteacuteristiques dune communauteacute sociale

HABITUS QCe sont les habitudes et attitudes socialement acquises qui

sous-tendent et preacute-deacuteterminent partiellement les faccedilons de penser de

sentir dagir de tout individu et traduisent notamment le rapport quil

entretient avec son corps (2)

Dans le cadre de ce meacutemoire nous allons essayer de faire une approche

de la lutte traditionnelle sous deux angles dabord en leacutetudiant comme

habitus en tant que technique du corps et ensuite COmme habitus de classe

fonction du style de vie des individus et nous nous proposons dans cette~gt

partie de deacutefinir ces deux notions dhabitus

Marcel MAUSS dans une viseacutee anthropologique emploie ce terme dune maniegravere

tregraves large pour rendre compte des faccedilons dont les hommes socieacuteteacute par

socieacuteteacute dune faccedilon traditionnelle savent se servir de leur corps Ces

habitudes varient avec les individus et leur imitations elles varient surshy

tout avec les socieacuteteacutes les eacuteducations les convenances et les modes les

prestiges

Analysant de multiples techniques du corpsll la marche la course la nage

le beacutechage le saut la danse et toutes les techniques corporelles en geacuteneacuteshy

ral (techniques alimentaires sexuelles de soins de repos bullbullbull ) MAUSS

insiste sur le fait que celles-ci ne sont pas naturelles mais acquises

(1) PIERON Henri Vocabulaire de la psychologie 2egraveme eacutedition revue et augmenteacutee PUF 1957 page Ill

(2) POCIELLO Christian Sport et Socieacuteteacute Approche sodo-culturelledeacutell pratiques Paris Vigot 1981 pages 78-79

La notion dethnomotriciteacute part dune constatation

- la grande diversiteacute des caracteacuteristiques preacutesenteacutees par les pratiques

corporelles en fonction de leacutepoque du lieu des groupes elle teacutemoigne

de linfluence despotique des normeS et des valeurs sociales sur la mise

en jeu du corps

Dougrave sa deacutefinition

Le champ et la nature des pratiques motrices envisageacutees sous langle de

leur rapport agrave la culture et au milieu social au sein desquelles elles

se sont deacuteveloppeacutees (1)

Conseacutequence le contrat ludosportif est aussi un contrat social il

reflegravete la faccedilon dont une socieacuteteacute aime agrave se penser agrave se repreacutesenter bullbullbull

et accepte de se donner en spectacle

Lethnomotriciteacute donne naiss~nce agrave deux sortes danalyses

- lanalyse synchronique -ou eacutetude spacialeshy

de type interculturel agrave hagravebitus diffeacuterents styles de vie divergents

de type intraculturel apparition dhabitus de classe et de pratiques

distinctives

- lanalyse diachronique -ou eacutetude temporelle- ou eacutevolution sur une longue

peacuteriode des pratiques motrices pour une cateacutegorisation dindividus

Cette hypothegravese de lenracinement social de la motriciteacute est une atteacutenuashy

tion des explications psychologisantes consideacuterant lindividu indeacutepenshy

damment de son environnement et sexprimant en termes de goQts motivations

() PARLEBAS pierre Contribution agrave un lexique commenteacute en Science 4e laction motrice Paris Publication INSEP 981 322 pages

AicircAgraveLYSE CES iJFrADES iDe I LES EN flA TIERE

DE PRATIQUE DES SPORTS DE Oicirc-itlAT

Objet Veacuterificat~on de la theacuteorie de lhab~tus

Hypothegravese En raison de son histoire de ses speacutecificiteacutes des valeurs

symboliques dont on linvestit une pratique sportive est en faveur aushy

pris dun groupe de pratiquants en fonction dattentes de niveaux dexishy

gence de fierteacute dappartenance qui sont socialement et culturellement

deacutetermineacutes

Il sagit en quelque sorte danalyser les goOts et les motivations des

sportifs en rapport avec leur condition sociale et le sentiment attachi

agrave ce statut

Remarque Cette analyse sera meneacutee en fonction des classes sociales et

non agrave partir de cla~se dage ou encore de classe socio-politique comme il

est dusage pour toute reacuteflexion sur notre socieacuteteacute trJditionnelle

Cette particulariti provient du fait que nos enquites ont iteacute effectueacutees

en milieu urbain -en raison des problimes de temps et de moyensagrave Dakar

et agrave Thiis pour itre plus preacutecis et il est deacutesormais hasardeux de preacuteshy

tendre y retrouver les structures traditionnelles c~e on pourrait le

faire en milieu rural

Par classe sociale et nous inspirant de la notion marxiste -deacutefinition

du rapport aux moyens de production- nous entendons la distance_dun

groupe social aux postes de deacutecision et de responsabiliteacute Plus cette

distance est grande moins le statut eacuteconomique est eacuteleveacute

Nous distinguons quatre (4) classes sociales car au niveau dune telle

analyse nous ne pouvons preacutetendre agrave la finesse de discrimination indiciaire

de la Fonction publique par exemple

r~partieuml

come il egravest rsectc eacute dans 1 ablea~ ci-dessous

CATEGORISATIONGROUPE EXEMPLE DE FONCTIONADMISE

Administrateur civil - Ingeacutenieur - Meacutedec ilCadre supeacuterieur1 Officier - Professeur

Instituteur - Mattre dEPS shy2 Cadre moyen Secreacutetaire - Technicien

Chauffeur - Militaire Policier3 Cadre subalterne shyPatron - Artisan

Artisan - Cultivateur - Ouvrier temporail4 Non cadre Pcheur

Conditions denqute Six (6) sports de ~ombat sont officiellement

pratiqueacutes Ils possegravedent une structure para-eacutetatique de gestion de contr

ce sont

3 sports de preacutehension - JUDO - LUTTE LIBRE TRADITIONNELLE - LUTTE OLYMPIQUE

2 sports de percussion - BOXE ANGLAISE - KARATE

sport mixte - LUTTE TRADITIONNELLE AVEC FRAPPE

Pour chacun de ces sports 50 pratiquants ont eacuteteacute interrogeacutes sur leur

statut socio-eacuteconomique avec la discreacutetion et la prudence quexige ce

genre de question

Cette enqute sest deacuterouleacutee dans les conditions suivantes

JUDO

Lieu DAKAR - Clubs USTD - DUC - FJAKS - DOJO HOMAR DIENG

Date du 020J84 au 28-05-84

Circonstances Les principaux inteacuteresseacutes eacutetant la plupart sur le tatami

pour lentratnement il fallait souvent attendre la fin

de lentratnement uumlur pouvoir avoir une ou deux entreshy

vues de sorte qu~ le~qu~te a pris beaucoup plus de

On constate que le no~bre de p=a~iq~~-ts ~st ~eauccup plus importd~t dans

les groupes 2 et 3 - Il es ~oindre dans les grQupes 1 et 4

LUTTE LIBRE TRADITION~~LLE

Lieu Dakar - Thiegraves bull Aregravenes Landing DIAME - Ecurie Seacuteregravere (pregraves de

lautoroute) Lutteur diola - toucouleur - Entratneurs - encadreurs

de diverses eacutecuries Stade Iba Mar DIOP - Aregravenes de Pikine et de

Thiegraves - CNPES - INSEPS

Date du 040284 au 020684

Circonstances Elles sont parallegraveles car les pratiquants semblent beaushy

coup plus disponibles que dans les autres disciplines Notre travail

parfoi~ peacutenible en raison de la diversiteacute des ethnies repreacutesenteacutees

et la traduction n1est pas toujours aiseacutee

Observations

Nous constatons que la lutte libre traditionnelle est plus pratiqueacutee

par les groupes 4 et 3 que par les groupes 1 et 2

LUTTE OLYMPIQUE

Lieu CNPES - INSEPS - Iba Mar DIOP (Equipe Nationale) - DUC

Date du 040284 au 020684

Circonstances Les conditions sont meilleures dans la mesure ougrave le

hasard a fait que pendant cette peacuteriode leacutequipe nationale soit

en regroupement et ceci nous a permis d-interroger un nombre

important de lutteurs de grand renom

Observations

En raison du petit nombre de pratiquants r~guliers lenquecircte ne porle

que sur 2S personnes Arbitrairement pour les besoins de comparaison

les raisons de comparaison les reacutesultats cbtenus sont multipli~s par 2 bull

BOXE A~~GLISE

Lieu Iba l-ar DIOP - ASFA - ASFPO - SC -ASC JJAF - ASC lA

ugraveate du 201283 au 020684

~E~~~~E~~~~ Ici nous ferons la mecircme remarque que pour le Judo

Notons que toute lenquecircte a eacuteteacute faite agrave Dakar

Observation

La boxe recrute ses pratiquants surtout dans les classes 3 et 4 et

on note que le nombre de pratiquants nest pas aussi important comme

dans les autres disciplines

KARATE

Lieu YUKOKAI KARATE CLUB - SAMOURAI KARATE CLUB - Iba Mar DIOP

CLUB DE GIBRALTAR - ASFA - ASFA - ASFPO - GM Thiegraves

Date du 201283 au 020684

SE~~~~E~~~ Notre enquecircte se passait dans une ambiance sympathique

de camaraderie Geacuteneacuteralement apregraves la seacuteance dentratnement

Observation

Nous constatons que la distribution des pratiquants bien que favorisant

les groupes 2 et 3 semble plus homogegravene que dans les autres disciplines

~ LUTTE TRADITIONNELLE AVEC FRAPPE

Lieu Ecurie de Fass - Ecurie des Seacuteregraveres - Ecurie Mermoz

- Ecurie des Casamanccedilais

Date du 04-02-84 au 020684

Ccedilj~9~~~aEccedil~ Il est agrave signaler que cest la discipline ougrave l~ contact

avec les pratiquants a eacuteteacute plus difficile les speacutecialistes qui~ la plushy

part du temps semblent meacutefiants quand on commeucircce agrave leur poser des quesshy

tions preacutecises sur leur revenu mensuel

2 -liCc 055cllt le lle11ent SegraveS praLicltants dans le ba

de lecirc~helle ces~-agrave-dire dans le ~ruumlupe 4

~ecircsultats

Les reacutesultats enregistreacutes sont reacutecapituleacutes en nombre et en pourcentage

-agrave lapproximation pregraves- dans le tableau ci-dessous

LUTTE 1 LUTTELUTTEGROUPES BOXE KARATE JUDO AVEC OLYMshySIMPLE i i FRAPPE PIQUE

1 11 1 1 1

1 11 1 1 1 11 0 1 0 8 1 16 9 1 18 4 1 8 0 1 0 7 1 14

1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1

1 11 1 1 1 1 12 3 1

1 6 21 1

1 42 22 1 44 6 1 12 4 1 8 17 1 341 1

1 1 1 1 1 1 1

1 1

1 1 1 1 1

3 22 1 44 13 1 26 15 1 30 16 1 32 5 1

1 10 10 1 20

1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1

1 1 1 11 1 1

14 25 1 50 8 1 16 4 1 8 24 48 41 1 1 82 16 1 321 1 1 1 bull 1 1 1 1 1

1 1 1 1 1 11 1 1 1 TOTAUX 50 1100 50 1100 50 100 50 pOO 50 pOO 50 1100

1 1 1 1 1 1 1 1 1 1

Afin dG failiter la lect~~e je c~ table3~ t ~2 re~dre sig~ific~tives

s info~~ations quil contient ces difteacutere ts reacutesultats nu~eacuteriques

peuvent ecirctre formuleacutes selon des repreacutesentations graphiques

1 Clientegravele des Sports de combat

FIGURE l

Il apparatt nettement que les sports de combat recrutent essentiellement

dans le bas de la hieacuterarchie sociale ce sont des sports populaires don

propices agrave une massification de la pratique

Toutefois on peut nourrir quelques inquieacutetudes pour que soient reacuteunies

les conditions de leur deacuteveloppement en raison du faible statut quils

possegravedent au regard defllintelligentsia seacuteneacutegalaise

2 Hieacuterarchisation des gants sportifs en matiegravere de sport

de combat au sein des cadres supeacuterieurs -Groupe 1shy

FIGURE I[

La f-appe est honni aucl1 pratiqua1t de boxe Olt de lutte avec frappe

agraveUloins quelle fasse lobjet dune stylisation cxtrecircme COTIme cest le

cas dans le karateacute Ce groupe manifeste un seuil extrecircmement bas de toleacuteshy

rance agrave la violence ce qui explique les discours infamants degraves que la

lutte avec frappe est secoueacutee par quelques excegraves Leacuteopold Seacutedar SENGHOR 1

navait-il paS deacuteclareacute que cette forme de lutte eacutetait une atteinte permashy

nente agrave limage de marque du Seacuteneacutegal

Bien quil soit difficile de proposer une explication unique curiositeacute

esprit douvetture permeacuteabiliteacute aux modes bullbullbull les repreacutesentants de ce

groupe adoptet facilement des sports importeacutes 85 des goOts pour le 1

Judo le Karateacute et la Lutte Olympique qui pourtant est bien peu pratishy1

queacutee au Seacuteneacutegfll j

Faut-il en deacuted~~re une attitude geacuteneacuterale favoris~agrave tout ce qui provient

de leacutetranger

Nous nous refu~ons preacutesentement agrave ce genre dexplicationJ ne ser~it-ce que

par ses conseacuteqJences sur notre sport national dont les perspectives appashyj

raicirctraient bie sombres

Admettons que la pratique de ces disciplines sont en rapport avec des

deacuteterminants eacuteconomiques et que ceux-lagrave sont un frein P4ur la popularisashy

tion de ces pratiques A lappui de cette interpreacutetation~ il suffit de

composer le champ social du Judo et celui de la Lutte libre traditionnelle

--== G J

32

LUTTE SIHPLEJUDO FIGURE JI(

Le groupe 2 qui manifeste un inteacuterecirct reacuteel pour les sports de combat -pregraves

de 25 iuml de la population i~tervieweacutee- et qui p6ssegravede les ~oyens de choisir

ses pratiques opte massivement pour le judo CDnme lexprirre le rapport de

agrave 4

- shy

A la lumiegravere de cette succi~te analyse des demandes sociales en matiegravere

de pratique des sports de combat nous pensons recouper la theacuteorie de

lhabitus selon BOURDIEU qui veut que des hatitus diffeacuterents impliquent

des styles de vie divergents si lon entend par style de vie un systegraveme

de pratiques classeacutees et classantes(I)

La mutation de la socieacuteteacute seacuteneacutegalaise celle du milieu urbain se caracteacuteshy

rise par lapparition despaces sociaux qui sont en rapport avec des

espaces culturels Il en reacutesulte des pratiques distinctives comme

lexprime le pogam

En effet si les cateacutegories sociales existent et si chaccedilune delle exprime

une marque sur les conduites des sujets il est naturel ~e penser que des

pratiques1 sportives servent de modegraveles distinctifs et detrsymbOles dorgashy

nisation ieacuterarChique dans la socieacuteteacute exprimant les dif eacuterentes clas8eamp(2)

Ces const4tations ont dimportantes implications sur leeacuteveloppement et

lavenir des pratiques Si dans notre IIIegrave partie nous 1tenterons de 1

mettre en rapport les particulariteacutes ethniques avec les pluraliteacutes de

style de lutte nous parlons presque au passeacute Une IVegraveme partie devra

e~visager la situation actuelle de la lutte afin de pouvoir eacutemettre

qu~lques hypothegraveses sur son devenir

Cest auss~ une ambition de ce meacutemoire daider ceux qui sinteacuteressent reacuteellE

ment agrave la lutte de savoir entendre au travers des deacuteclarations normatives

et apologeacutetiques Nous ne doutons nullement de la conviction ou de la bonne

foi de leurs auteurs mais parmi les possibles il yale probable et seul

ceiui-lagrave meacuterite decirctre retenu car plus proche agravee la recirc~liteacute

(I) BOURDIEU pierre La distinction Les Editions de minuit 1979 page 191

(2) Le POgdlt Deacuterrocratisation du sport ythe (u reacutealiteacute

- 1f shy

j j l IlL DL l H L S DE

3 1 LA COll1ŒNAUTE DIOLA

311 Preacutesentation

Les diolas vivent dans la reacutegion de Casamance et repreacutesertent 9 de la

population totale du Seacuteneacutegal Ce sont geacuteneacuteralement des cultivateurs de

riz et des artisans Cependant on peut les trouver aujourdhui disperseacutes

dans toutes les capitales reacutegionales affecteacutes agrave divers meacutetiers militaire

gendarme fonctionnaires de lEtat ouvrier etc bullbullbull

Dans les villes la plus grande partie des diolas vit dans les qoartiers

populaires Par exemple agrave Dakar on les trouvera agrave Colobane agrave Fass agrave

Grand Yoff ou agrave Khar Yalla La plupart du temps cesDnt des artisans et des

ouvriers du secteur priveacute qui vont essayer dune maniegravere ou dune autre de

vivoter en bricolant deci de lagrave Mais mecircme loin de la Casamance cette

ethnie conserve une grande partie de ses caracteacuteristiques et plus partishy

culiegraverement la solidariteacute ethnique qui veut que les Diolas forment toujours

un bloc bien soudeacute quand le besoin se ifait sentir et cecisans discrimishy

nation de rang social Ainsi tous lesdiolas de Dakar se mobilisent pour

supporter le Casa Sport chaque fois qbe cette eacutequipe de foot-baIl vient

jouer agrave Dakar Cette mobilisation se fera aussi dans le cas ougrave leur chamshy

pion de lutte Mamadou SAKHO livre uncombatimportant

Lethnie diola est diviseacutee en trois sous-groupes

- les dio1as Fogny de Bignona

- les diolas Kassa autour dOussouye

- les diolas Blouf dans la preacutefecture de Tendouck

Mais en lutte on a pris lhabitude ~e les grouper en deux zones dune

part le Kassa qui preacutesente des particulariteacutes et dautre part lE Fogny

et le Blouf

- J 7 shy

3 ) 2 ~U(lquE5 aspects d~ l~ducatio~ ~t des rit~s en milieu diol~

L eacuteducat ion veacuteritable de lenfant diola est sociale et ne se corlprend

que dans la relation sociale elle deacutepasse de loin le strict cadre

famililal Elle commence au stade de lapprentissage du langage

Lenfant apprendra agrave reconnattre le langage du regard de ses parents

Il doit connaicirctre et faire la diffeacuterence entre un regard approbateur

et un regard qui blacircme De mecircme il doit apprendre agrave faire les gestes

de la tecircte qui expriment lapprobation En aucun cas lenfant nest

laisseacute agrave lui-mecircme Aura-t-il deacutesobeacuteit par complaisance naura-t-il pas

eacutecouteacute ou fait attention aux recommandations reacutepeacuteteacutees plusieurs fois

sans reacutesultat il fera lobjet dune punition corporelle avec la chicotte

Elle a pour effet de faire mal au corps de lenfant afin datteindre son

acircme sa sensibiliteacute et instaurer en lui une sorte de 1iaision de la

meacutemoire du mauvais comportement agrave la douleur quen voulant eacuteviter la

douleur il finit par eacuteviter le mauvais comportement en tout cas den

prendre conscience degraves cet acircge Cest une meacutethode deacuteducation mora1e (])

i 3121 Leacuteduca~ion maternelle

1

Notre eacutetude nous a montreacute que mecircme de nos jours leacuteducation diola

conserve encore ses caracteacuteristiques traditionnelles au niveau des rites

des moeurs des habitudes des principes et des normes

Leacuteducation de lenfant reste lune des plus rigoureuses Elle commence

degraves le plus bas acircge car pour le dio1a on ne peut redresser une personne

adulte donc autant leacuteduquer tregraves jeune Jusquagrave lacircge de trois ans

lenfant sera encadreacute par sa megravere qui bien queacutetant tregraves douce fait

preuve daucune indulgence Elle lui apprend les interdits de la communaushy

teacute respecter son prochain ne pas insulter ni profeacuterer de gros mots surshy

tout en preacutesence de grandes personnes ni faire violence agrave autrui

Plus terd v~rs cinq ou SlX ans le jeune garccedilon est initi~ a~x travaux

ces cna~ps des rizi~r~s cles pal~eraiEs ce Gui ne manquer6 pa5

davoir ces rEpcrcussic~s sur SOn deurovelopperncnt morpholoique

- 1( shy

3122 La circoncisio~

cest un rite obligatoire Il a pour but dintroduire le garccedilon dans

la communauteacute des hommes en tant que responsable Cest un rite qui

laisse une trace indeacuteleacutebile dans la vie du jeune diola Les principes

de la vie en socieacuteteacute y sont enseigneacutes agrave fond Le rite de la circoncishy

sion preacuteseuro~teuro uneuro forme p~lticul do~t s~uls les diolas connaissent

lorganisation internecar la circoncision est agrave la fois une eacutepreuve

physique intellectuelle et morale

Cette circoncision en milieu diola se passe dans le bois sacreacute En ce

lieu les Njoulis (circoncis) sont encadreacutes par des mattres les

Kintangs et au-dessus de ces mattres regravegnent un ecirctre doteacute de faculteacutes

occultes il sagit du Kankourang Le kankourang a cette capaciteacute de

disparattre de voler quand bon lui semble Il incarne la justice et la

violence et assure la protection de ses disciples contre les mauvais

esprits Ainsi le kankourang incite agrave lobeacuteissance et agrave lordre dans

cette socieacuteteacute Dans la tradition diola le kankourang repreacutesente un

pouvoir mystique capable de choses extraordinaires dont la socieacuteteacute

moderne avide de raisonnement ne pourra trouver une explication Au

cours de la circoncision les initieacutes subissent un certain nombre

deacutepreuves physiques que le diola appelle samasso Il doit se soushy

mettre agrave lensemble de ces eacutepreuves consideacutereacutees comme indispensables

agrave sa formation pour lui permettre de juger ses capaciteacutes physiques

mais eacutegalement deacutepouver sa valeur intellectuelle morale et sociale

Il pourra aussi se mesurer aux autres dans le domaine de la consideacuteration

et du respect En quittant le bois sacreacute le jeune doit posseacuteder une

grande partie des qualiteacutes humaines et socisles quil faut agrave un howmE

pour vivre en harmonie avec la socieacuteteacute traditionnelle Il serait bien

sOr possible dans le cadre dune eacutetude plus approfondie de parler de

bien dautres rites et pratiques traditionnelles

Notons cependant que le rite de la circoncision appartient aux anc~t~es

et que dans les villages reacutecents ougrave les structures ont changeacute on ne

Jeux jours avant la re~trfE cans le bois sacr[ les adolescents so~r

-

- Jo shy

por lE diola 11-071- doit rester en harrc1iE avec lE

tal lanimal lui-mecircme les ancecirctres les geacutenies Le rit~ du rasdge co~sist~

acirc ~loigner la ~alchance de lenfant Si l~ ritE nest pas respecteuro eumlr es

parents du futur initieacute celui-ci connaicirctra la malchance pendant toute sa viE

Ce rite a aussi pour faculteacute deacuteloigner le mal et de preacuteserver lenfant des

mauvais esprits

Le rite de leau sacreacutee se fait un jour avant lentreacutee dans le bois sacrEacute

Les femmes doivent se garder davoir le moindre contact avec leau beacutenite

pour se preacuteserver des conseacutequences facirccheuses qui pourraient en reacutesulter La

tradition veut quune seule goutte soit capable de deacuteclencher lavortement

l chez la femme enceinte de rendre steacuterile la jeune fille ou de provoquer des

menstrues perpeacutetuelles chez la femme ayant atteint la meacutenopause bull

bull Le rite de la forge protegravege le futur initieacute pendant son seacutejour dans le bois

sacreacute Mais cette protection seacutetend bien au-delagrave et de rite veut que toute

personne qui y faillit soit condamneacutee agrave devenir leacutepreuse

Pendant plusieurs semaines les jeunes initieacutes subissent une formation capishy

tale qui fera deux des hommes complets

313 Croyances et pratiques mystiques

Si nombreux sont les diolas convertis au Christianisme ou agrave lIslam leur

foi napparatt jamais incompatible avec leurs croyances animistes Lhisshy

toire des rois et reines diolas nous reacutevegravele quils eacutetaient les ffprecirctres fl de

ces cultes feacutetichistes destineacutes agrave maintenir la fertiliteacute et agrave provoquer

la chute des pluies De nos jours existent encore des socieacuteteacutes secregravetes agrave

base religieuse ou magique la plus redouteacutee eacutetant lassociation neacutecrophashy

gique Kousanga des Floup (1)

Deux fafu expliquent la coexistence du dogme et de la croyance

le contact tardif de la socieacuteteacute diola avec les civilisations eacutetrangegraveres

et leacutevangeacutelisation ou lislamisation quelles veacutehiculaient Il e~ reacutes~lt~

une importance des traditions leur reacutesstance agrave une remise en questic~ ce qui confegrave~e agrave la socieacuteteacute diola un caractegravere conservateur

r~c~~i]EE 2~fr~~ ~c - t

ct ~Cc egraveE~ Cimiddotilisatilaquo~ eacute

la neacutecessiteacute de lanimisme consiegraveeuroreacute comme base de toutes legrave~

religi0~s uumlegrave serait-ce que corr~e tentative ciexpliquer li1explishy

cable en se repreacutesentant en particulier comme un ensemble de puisshy

sances mystiques Ainsi pour lanimiste agir sur la nature cest

intervenir psychologiquement aupregraves de ceLX qui la gouvernent

314 Imeact des moeurs sur la prat~que de la lutte diola

Lorigine de la populariteacute de la lutte eugrave milieu diola est par trop

impreacutecise aussi nous nous limiterons agrave en donner la signification

actuelle La lutte apparatt dabord comme un moyen privileacutegieacute deacutedushy

cation

- sur le plan corporel afin de deacutevelopper la force lagiliteacute la

rapiditeacute et la souplesse

- sur le plan moral afin de deacutevelopper les vertus caracteacuterielles

courage tenaciteacute digniteacute bullbullbull neacuteces~aires agrave laction

Mais la lutte apparatt aussi comme un mpyen dinteacutegration sociale car

le jeune diola qui se refuserait agrave se sbumettre agrave leacutepreuve de la lutte

encourrait un isolement alors que celui qui excelle en bravoure devient

rapidement populaire Dougrave ces affrontements agrave linteacuterieur dune classe

dige qui tout en restant un moyen de reacutejouissance servent eacutegalement

agrave eacutetablir des comparaisons

Nos observations et nos interviews confirment le caractire tris physique

de la lutte diola immeacutediatement les lutteurs sont au corps agrave corps et

les techniques consistant agrave aracher ladversaire priment sur toutes les

autres Exprimer sa force est une preacuteoccupation constante il suffit pour

sen persuader de voir le groupe de lutteurs peacuteneacutetrer dans laregravene au son

du Born bol on que rythme le claquement de mains des femmes

C~tte da~se est une deacutebauche dAnegie Ougrave les lutteurs pieacutetin~Ert avec

force L sol

i shy

3141 EorphologUgrave et valeur physiques du lut teur diola

Le lutteur diola possegraveagrave~ un deacuteveloppement caracteacuteristique du trai~

supeacuterieur et de la musculature doso-lombaire Ceci est tregraves certaineshy

ment lieacute au maniement de la houe de la daba et surtout dukadiando

dont lusage permanent a modeleacute la morphologie du lutteur diola

La valeur physique de ce lutteur semble reposer sur sa force sa

reacutesistance mais aussi sa rapiditeacute

3142 Reacutepertoire technique

Dans le Blouf la forme du corps la plus utiliseacutee est le deacutecalage souvent

combineacute avec un crochet de jambe (gal gal) ceci semble ecirctre lieacute agrave

lutilisation quotidienne dans les riziegraveres du kadiando Le paysan du

Blouf sera ameneacute agrave faire un mouvement de torsion pour deacutecalerlinstrushy

ment enprenant appui sur son genou et ceci continuellEment pendant toute

la jourpeacutee Chez les diolas du Fogny le kadiando eacutefait surtout utiliseacute

par les femmes qui soccupaient autrefois exclusivement de la riziculture

et ce n~est quaujourdhui que les hommes cultivent le riz 1

La principale culture dans le Fogpy est celle du mil on y cultive aussi

de larachide De ce fait loutil le plus utiliseacute est le donkoton qui

est un instrument tregraves petit avec un manche court et dont le maniement

expliquerait peut-ecirctre leacutetonnante musculature du train supeacuterieur et surshy

tout de la zone dorso-lombaire du 4i6la fogny qui excelle dans les techshy

niques en force genre arracheacute avec les bras sur contrOle de la ceinture

de ladversaire Lulisation du donkoton semble eacutegalement expliquer la

garde tregraves basse du lutteur fogny

Dans le kassa on aurait pu trouver la mecircme forme de lutte car la morphoshy

logie du lutteur est agrave peu pregraves la mecircme mais linterdiction formelle de

la prise du ~gimbe modifie et limite tout le repertoire technicult2 ou

lutteur Le lutteur kassa adopte une garde basse et agrave une preacutefeacuterence pc~r

legraveS tc~-iccedilues n passa~ dessous - - ~ shymiddotmiddotcrc t--=~ c-

----

contact et agrave partir de ce TtoTteuront ils peuvent se relever et conti~uEr

en lutte debout jusquau terrassemen~

Toutes les gardes sont rapprocheacutees en milieu diola

irbi trage

Les combats sont arbitreacutes par un deacuteleacutegueacute geacuteneacuteralement anClen lutteur

Ces anciens lutteurs ont pour rocircle de veiller au bon deacuteroulement du

combat La victoire est deacutecreacuteteacutee dans les cas ougrave un des lutteurs se

retrouve en position assise sur le ventre sur la cuisse ou les

genoux (sauf dans le Kassa)

Il existe un autre mode de victoire celle qui est proclameacutee agrave la

suite dune supeacuterioriteacute eacutevidente du~ des lutteurs A savoir quand

un lutteur soulegraveve tregraves haut son camarade et que son manager estime i

quil est pratiquement battu il peut arrecircter le combat en touchant

dabord le lutteur adverse popr eacuteviter que son lutteur ne soit terrasseacute

tregraves fOrt Nest-ce pas un deacutecision sage des managers qui peut contribuer

agrave maintenir le caractegravere reacutecr~atif de la lutte joola 1

La victoire dun village sur un autre village ne se mesure pas au

nombre de victoires obtenues par lensemble des lutteurs En effet

il suffit que le champion soit battu pour que le village soit consideacutereacute

comme deacutefait Ce qui explique limportance et le seacuterieux que le village

accorde agrave la preacuteparation des championsl)

Il est cependant important de signaler que larbitrage dans les centres

urbains revecirct une iautre forme beaucoup plus codifieacutee et cest peut-ecirctre

une des raisons qui font quen milieu urbain la lutte diola perde une

partie de son originaliteacute

En dehors des techniques speacutecifiques agrave chaque sous-groupe il faut

signaler quil y a une multitude de prises et quelGues formes de corps

comTIunes agrave letnn Car reconnaissons qu il cO unE ror-euro approp=i~eacute

dE ~ouvane du l~tteur diola en TaI

-----~-----

LE tableau ci-dessous se propose dE reacutesumer les diffeacuterentes consideacuteshy

rations techniques envisagEacutees dans cette partie

FORlŒSSOGS-GRGUPES 1 COItltOLE GA~JESDt CORF=

i ~

1 1

Passage dessous de jambes et BassE KASSA saisies Moyenne1annexes bras (rapprocheacutee)

ceinture tecircte

Deacutecalage de Moyenne et BLOUF Demi-souplesse Ngimbe

HauteHancheacute Bras (rapprocheacutee)

Jambe

Arracheacute CouFOGNY Tregraves basse

Hancheacute ii 1

1 1

3 14 3 bull LeIIa~~jueetlecom~ortementdulutteur-+iola

1 Le comportement et lattitude du lutteur dans laregravene pe sont en fait

t

que le reflet de sa psychologie et plus partiCUliegraverem t de son eacutetat

dacircme Or il napparatt pas abusif deacutetablir des cor eacutelations entre

le psychisme dun individu et lempreinte eacuteducative quil a subie En effet en sortant du bois sacreacute le jeune diola a acquis un ~ca~~l

eacutequilibre physique et mental

Cette matrise de lui-mecircme permet au lutteur dans la~egravene dadopter

un aire enjoueacute de manifester beaucoup denthousiasme~ La lutte devient 1

essentiellement un jeu laspec ludique y est privileacutegieacute et ~ela influe

sur le comportement du lutteur

Ainsi queurolq~c soit limporta~cE de le~je~ le lutt~c~ dic1e Seuroreacute

to~jours serein et s~ livrera sa~s arri~re pe~s6e da~$ ~E CO=beacute ou-

tons que le lutteur diola est trecircs fair-play et sil arrive quun rdnd

lll L COIicircilU1Ul L ULOF

32 J Preacutesentation

La soc tEacute wucirc10f est celle qU1 a eacuteteacute la plus marqueacutee par la colonisation

~~ fait peut-gtre de sa position geuroographiquE dune part ct de 50~ imporshy

tanCE sur le plan dfmographiquE dautre part En effEt ceurootteuro CC-~ucircautE

wolof repreacutesente environ 20 de la population seacuteneacutegalaise

Elle est constitueacutee de pecirccheurs (ce sont les leacutebous) dagriculteurs de

fonctionnaires de lEtat mais surtout de commerccedilants

A pqrtir de leur reacutegime dimplantation le Cayor le Walo le Baol le

Djolof et la presquicircle du Cap-Vert les wolofs ont tendance agrave irradier

sur lensemble du territoire sous leffet de leur speacuteculation agrave la culshy

ture de larachide et du nombre important de fonctionnaires quon trouve

dans cette ethnie

322 Les moeurs et croyances wolofs

Bien queacutetant en grande partie des musulmans convaincus les wolofs

conservent toujours une croyance animiste et continuent agrave faire des

sacrifices agrave porter des cornes ou des morceaux de bois agrave la ceinture

aux jambes ou aux bras et agrave croire agrave lexistence des Djinneacutes et des

Raps bull

Le Djinneacute cest une creacuteature malfaisante en geacuteneacuteral capable de choses

extraordinaires Il possegravede des faculteacutes surnaturelles Cependant dapregraves

la croyance animiste certains Djinneacutes peuvent ecirctre bons

Le Hapl cest une creacuteature ayant des dons occultes appartena71t agrave une

famille ou agrave une communauteacute et dont le rOcircle est de veiller cu daider

les reCJrES de le fai11p ou dt la conmunauteacute en cas de da1gel Le Rap

~ ut te c ) ~~c-

ei sltcificE cJ sanl dE meut0 dL chat de pC)wleurot 5E1lt les conveuroshy

lances parfois leur dorner COrllTe offrande du lait Laii

Qua1d une famille ou une communauteacute neacuteglige les Sarakh (ici dans

le sens de sacrifice ou Offrande) elle se voit aussitocirct vouEacutee agrave la

maleacutediction des mauvais esprit~ (fcllec dans touteacuteS lEs ~treprises

de la vie maladie mort bullbullbull ) Les lieux ougrave habitent ls Taps et ougrave

se font les sacrifices se nomment Khambs

Geacuteneacuteralement le khamb se trouve dans lenceinte de la maison ou

dans un coin approprieacute du village Les lieux du khamb sont marqueacutes

par la disposition de calebasses de pilons de morceaux de poterie

briseacutes de grosses pierres de cornes et dautres objets heacuteteacuteroclytes

La superstition wolof est tregraves marqueacutee En effet pour le wolof toutes

les manifestations quotidiennes trouvent leur signification dans le

mysticisme Citons agrave cet effet quelques ezemples Une femme enceinte

ne doit pas marcher agrave nimporte quelle heure de la journeacutee Certaines

heures de la journeacutee lui sont interdites le Timiss (creacutepuscule

le Ndjo~or (de 13 H agrave 14 H de lapregraves-midi) le souf-segravede (de

minuit i4 H du matin) Selon la tradition ~t la croyance wolof les

mauvais ~sprits choisissent ces heures pour jeter des sorts Et la

femme enceinte eacutetant tregraves vulneacuterable le Djinneacute essaiera de lui insufshy

fler son souffle pour atteindre son beacutebeacute afin dentratner soit la

meacutetamorphose de cedernier en monstre soit de le tuer avant sa naissance

Dailleurs pour le wolof et pour certaines autres ethnies au Seacuteneacutegal

le timis le tdjolor le souf-segravede repreacutesentent des peacuteriodes de

la journeacutee ougrave lon ne doit pas se hasarder dans les rues et les champs

Ce sont des heures propices aux apparitions des Djinnes sous nimporte

quelle forme humaine ou animale

Il est eacutegalement interdit au wolof de marcher ou de serti la nuit du

~eacutellfria-

loutes c~s pratiques ~ystiqu~s et cr0ya~ces religi~us~5 ~xistent eL~~[

certainement dues agrave un meacutetissage culturel Parallegravelement aux feacutetiches

aux incantations et agrave lutilisation des safaras (substance magique)

notons lexistence de ga l a tchs (ce sOnt des talismans ougrave sont inscrits

du qui les porte Toutes ces croyances biEn sucircr auront une rEacutepercussicrI

sur leacuteducation du jeune wolof

323 Leacuteducation du wolof

Pour caracteacuteriser leacuteducation wolof nous avons penseacute donner comme

illustration cet extrait de la revue DEM ak TEY Pour deacutefinir leacutedushy

cation le wolof fait appel agrave un symbolisme qui eDglobe aussi bien les

moyens mis en oeuvre Yar que le reacutesultat obtenu agrave laide de ces mecircmes

moyens cest-agrave-dire la formation et le deacuteveloppement de lecirctre humain

ou Yaru

Le substantif Yar deacutesigne le fouet

Ce symbolisme deacutesigne donc au-delagrave du simple sens mateacuteriel de lobjet

lutilisation qui permet daboutir au reacutesultat escompteacute (Yaru) Au sens

geacuteneacuteral Yar deacutesigne tout instrument servant agrave infliger une punition Le

terme laisse supposer agrave priori que cette phase de lenfance durant lashy

quelle se preacutepare la vie de lhomme est lieacutee agrave la souffrance au supplice

Dailleurs une maxime wolof compare lenfant agrave une tige quon a tout le

loisir de redresser alors quelle est encore flexible bull

bullbullbull Pour leacuteducateur wolof la perfection nest point de ce monde malS

le devoir de chaque homme est de tendre vers la pleacutenitude en luttant

contre ses propres faiblesses Leacuteducation va d01c iisister essentielle~(-~t

sur lexercice quotidien de leacutelevation ffiora1e d~ lindividu Pour cela

elle privileacutegie la patience munI) vertu dabneacutegdtion et dE deacutesinteacuteresseshy

m(~t autour dE laquelle sarticulent toutes ]e~ ~u~~~s qualiteuros

i _

aan~ ~ s0cieacutet gt~olcf ocirclt~tartt nul -Jt- poulait sabecircisstr

tion de sa libertEacute La liberteacute est le preuumler drcmiddotir dE l ho-)euro egrave~S

baigner dans une beacuteate admiration du passeacute la comparaison avec le pr~$(middott

si~posc dclle-mecircme car lon reste s reacute devant la deacutesinvolture aVEC

laquelle dES honmes daujourdhui descendants de cette ~~~EacuteTatic ccedil~l se

une fois [largis bullbull tTasque fiers davoir fait leacute priS0n PEut-2tTE

faut-il mettre cela sur le compte de lurbanisation et des nouvelles

valeurs qui ont pour nom enrichissement reacuteussite sociale avec ce que

cela comporte de deacuteshumanisant et de deacutepreacuteciateur (1)

3 bull 2 bull 3 1 bull Lesri tes

Le sevrage et la circoncision constituent les deux grandes phases initiashy

tiques chez le wolof

- Le rituel du sevrage est appeleacute maga1 (litteacuteralement rendre grand)

Cest un eacutevegravenement important aussi bien pour les parents de lenfant que

pour la co~unauteacute Durant cet eacutevegravenement qui survient geacuteneacuteralement deux

ans apregraves la naissance du beacutebeacute les personnes vivant dans lentouragE

apportent leur soutien moral et mateacuteriel

- le rituel de la circoncision revecirct pratiquement la mecircme signification

que dans les autres ethnies seule la forme diffegravere La circoncision reste

encore une eacutepreuve de la vie au sort i r de laque Ile ladolescent devient un

homme Aujourdhui il faut noter une meacutetamorphose de la structure sociale

et des croyances religieuses tregraves accentueacutee aussi bien chez les wolof que

chez les autres groupes ethniques et ceci est peut-ecirctre dO au contact

permanent quils ont avec la socieacuteteacute occidentale

Malgreacute ces constat~tions il semblerait pcu=tant qUE la sociecirct~ lecircbou Gci

bien que se trouvaLt en grande partie dans ~a Presquth du Cap-ETt Et

en contact permane~t avec les blancs soit la portior la plu8 cc~serva-

----------~_- ---~-- -----

~

Incidences d s ~00urs sur la l~ttE

Le wolof connaicirct deux formes de luttes la lutte sirplE- sans t-t

la lutte avec frappe La lutte avec frappe a une crigi~e purement r

et ce nest que plus tard quelle devint une prati1uE sportive et lud

preacuteparer agrave la guerre Aussi tout en luttant On eacutetait autoris~ agrave frapper~

griffer mordre voire introduire son doigt dans loeil de son adversaire

Le jeune wolof devait eacutegalement se livrer agrave la lutte avec frappe afin de

favoriser son insertion dans la socieacuteteacute adulte et sinitier au meacutetier de

soldat faute de quoi il ne pouvait se faire entendre ne avoir des marques

de respect Pour montrer la populariteacute de la lutte dans le Cayor signalons

que les Damels ll (rois) et les Teignes (nobles) nheacutesitaient pas agrave sy

livrer Quant au IIMbeu~ (lutteur) elle lui servait de moyen de promotion

sociale car d8S que sa reacuteputation eacutetait eacutetablie il pouvait ecirctre choisi

par les rois et les nobles comme garde de corps

325 Signification de la lutte en milieu wolof

La lutte se pratique dabord pour lhonneur qui est une vertu tregraves signishy

ficative pour le wolof Elle permet de renforcer les liens amicaux entre

les jeunes de villages diffeacuterents Le champion veut gagner

confiance et la consideacuteration de son village de ses amis

Etre champion cest aussi susciter ladmiration chez les

sentant la force la viriliteacute et la deacutetermination

326 Organisation d~s eacutepreuves de lutte

3261 Les Mbapatts Ce sont les seacuteances nocturnes

pour meacuteriter la

et des anciens

filles en repreacuteshy

Ils sont organiseacutes apregraves les reacutecoltes agrave la fin de la saiscn des pluies

Ceci surtout p~ndant les peacuteriodes de clair de lune car ils peuven~ durEr

toute la nuit Le but des ~Dapatts lt=tait de prfpa-er FhysicuemeH et

~ arb Sil

326 Le 1

cest une organisation beaucoup plus importante que les I~apatts ~

loccasion de laquelle on peut voir plusieurs lutteurs de grande reDommfe

saffronteLLa fin dl lamb est toujours couronneacutee par une grand co~bat

duquel le vainqueur est sacreacute champion de la contrecirce

Le choix du lieu est lieacute agrave limportance de ce lieu dans le village cest

la place publique ougrave geacuteneacuteralement se passent toutes les manifestations

assembleacutee geacuteneacuterale sabar (danse) cest aussi lendroit ougrave sont prises

les grandes deacutecisions

3623 Lappariement

Dans un village ou un quartier les lutteurs se regroupent en lang

(eacutequipe) et jamais deux lutteurs de mecircme lang ne se rencontrent lors

du lamb

L appariement s~ fait librement entre lutteurs de lang diffeacuterents l1hs

une regravegle veut ~uavant de lutter avec le Mbeur Kanur de tel lang si

on est soukh (l~tteur pas encore confirmeacute) il est neacutecessaire de lutter

dabord avec ses soukh et ce nest quapregraves les avoir terrasseacutes tous

quon se voit octroyer la chance de lutter contre lui

Notons que la cateacutegorisation des lutteurs par poids nest jamais prise

en consideacuteration

3624 La tenue du lutteur ou NGIMBE

Le middotNGimbe est confectionneacute par le marabout de la famille ou du clan Il

est constituecirc de pagnes en coton tisseacute geacuteneacuteralement offerts par la megravere ou

la grand-megravere du lutteur ceci lors des organisations de ~rande Tportance

COrlune lef 1amb Dans le cadre des l-bapatt les pagnes sont C tErts peumlr

~~~rcfcis ct ffi~mc aujourdhui d218 cErtaInes fa~ille5 on devj~Gr

luttEur de pegravere en fils et dans ce cas h 1

gimbell du pEgravere Est recircr i tEacute

par le fils Le fait de porter le lI~gimbe agravee ses aiumleux peut susciter

cne~ le jeune lutteur une motivation et une volontecirc in~branlable rlasshy

surer 12 supeacuterioritEacute cis SIcirct-ns dallS

le xgimbe de la famille ne touche pas le sable

La tenue du lutteur a une signification et une importance sur le plan

mystique car selon les anciens le vrai feacutetiche du lutteur celui qui

le proteacutegera agrave vaincre le Djinneacute ou le Rap de ladversaire se trouve

cacheacute dans ce Ngimbe Celui qui confectionne-le Ngimbe est doueacute de

faculteacutes occultes

~~r~i~rg Il est assureacute par un sage du village qui geacuteneacuteralement fut

championde lutte de son temps Dailleurs cet ancien nintervient que

si le terrassement est litigieux

Hormis le public qui proclame la victoire ou le match nul le lutteur

lui-mecircme est arbitre et il arrive quil se deacuteclare vaincu ~ous

pouvons citer comme exemple Meacutedoune KHOULE un des plus grands lutteurs

seacuteneacutegalais qui a donneacute une victoire agrave Djeacuteri SADIO son adversaire qui a

reacuteussi agrave lui faire toucher le sol de la main

Il Y a terrassement quand le lutteur se retrouve

- assis sur le sol

- eacutetaleacute sur le dos

eacutetaleacute sur le cocircteacute

les deux genoux au sol

- les deux ma~ns au sol

la tecircte (front au sol agrave la suite dune brouette)

Il peut y aVOIr match nul si apregraves li1 temps ccmsideacuterable les lutteurs

SE sont ~ ivrEacutes respectivement agrave des assauts rEacutepEacutetEacutes et n arrivEt pas a

3265 L~ precircparation mystique

Il faut reconnattre quon ne peut parler de lutte en milieu wolof sans

envisager une preacuteparation mystique seacuterieuse Co~~e ~ous lEvans vu a~teacute-

1middot ~ d ~ ~rlturenent t0utes es actlvmiddotltesmiddot u W010 sont lles a SeS croyances

- la lutte ne concerne pas seule~ent deux acteurs se livrant faruumlucheshy

ment agrave un combat au milieu de laregravene mais eacutegalement les marabouts et les

feacutetichistes du village ou du clan qui doivent deacutefendre leur savoir et

leur prestige Avant le combat le lutteur doit se livrer agrave un certain

nombre de preacuteparations mystiques pour assurer sa victoire Aussi sommesshy

nous appeleacutes agrave parler de BACK (cest le chant et la danse du lutteur)

- le batteur de tam-tam compose un rythme en fonction du Galagne ou du

Senghor (gds-gris) du lutteur Chaque galagne sera choisi en fonction

du Rap ou du Djinneacute correspondant au Totem du lutteur

Le chant geacuterleacuterique Feinte woy veut dire litteacuteralement composer un 1

chant Ce chant est geacuteneacuteralement composeacute par les filles du viilage du

champion ou par un griot de sa communauteacute Et agrave travers ce chrnt on

arrive agrave toucher la corde sensible du lutteur en chantant lesl innombrables 1

victoires de ses ancecirctres ou en lui rappelant ses prouesses eacuteblatantes 1

Chaque lutteur doit avoir un chant et un back qui lui sont propres

327 Le reacutepertoire technique et les caracteacuteristiques physiques dulutteur wolof

Le lutteur wolof est geacuteneacuteralement moyen de taille la musculagraveture est

tregraves saillante ce qui fait ressortir un aspect tregraves athleacutetique ceci

est vrai sans exception pour le lutteur leacutebou mais il arrive que le Cacircyoshy

rien le baol-baol le walo-walo soient de grands gabarits de forte constishy

tution

CepEndant pour une meilleure compreacutehension du sujet nous pouvons eacutetudiEr

deux jroups d lut teurs qui vont deacuteterminer deux st yI e s de lut tes

- ~ t

les tc~tativ~s de~[reacutee e~ ramassement de jambes de la~v~sairL Ce~~

peut Ecirctre expliqueacute par le fait que les lutteurs leacutebou ou walo-walc qui

sont des pecirccheursadoptent cette garde tasseacutee du fait quils so~t tou-

jours pencheacutes en tirant le fil ou en poussant la plrogue On verra techrugravequeacutes dt cirr 2C ~lt 5Jllicitocirct

surLuumlut les membres supeacuterieurs

Le cayorien et le baol-baol par contre sont les plus grands cultivateurs

darachide chez eux les techniques de lutte sont plus varieacutees et la

garde est moins renfermeacutee Les lutteurs cayorien et baol-baol ont une

morphologie et une reacutepartition musculaire bien eacutequilibreacutee ils excellent

dans les techniques en deacutecalage les techniques de jambe et surtout les

techniques de riposte ougrave lon peut voir des prises de hancheacute tregraves amples

Dune maniegravere geacuteneacuterale on peut dire que le lutteur wolof est un fin

technicien qui sait surtout creacuteer les opportuniteacutes e~ avec sa rapiditeacute

utiliser la force de ladversaire pour le deacuteseacutequilibrer le noodju

le mbas le weacuteheacuteleacute et le rasu sont des techniques propres au lutteur

wolof

En deacutefense il utilise surtout des kl~klets ou gal-gal Notons que

le balancement des bras ou Lewato e$t tregraves marqueacute dans la lutte wolof

TABLEAU RECAPITULATIF DES COMPOSANTES TECHNIQUES

( 1 )

1 SOUS-GROUPES GARDES CONTROLES FORHES DE CORPS l

Walo-walo Basse de jambe Arracheacute l l10yenne de Ngimbe et i

Leacutebou Tasseacutee et saisies annexesj Deacutecalage 1 1 distante de bras de tecirct1

j de bras Deacutecalaeuro

~-----------------~-

- ~ ~- shy - ~ ~ bull L _ _ bull

Profil psyc~~iqUE du lutteu- et son comporterent dars l 2regravere

La preacuteparation mystique dans laregravene est plus marqueacutee chez les wolofs

que ChE~ les autres ethnies En effet on verra de grands champions

preliGrE plusiEurs heures pour Enduire leur corps de cll2badep ou ci

rmiddot- ~ a la proprieacuteteacute de proteacuteger li1egraveividu J

les mauvais sorts) Cest dailleurs un aspect dt la luttE qui iJcsc

des problegraveJles

Le lutteur wolof est tregraves superstitieux et la peacuteriode de preacuteparation

est capitale pour lui car elle permet non seulement de rendre

hommage aux ancecirctres mais aussi dintimider son adversaire Cest

geacuteneacuteralement un lutteur agressif combatif et teacutemeacuteraire Il se fait

souvent remarquer par son esprit dentreprise Mais cette fougue dans

le combat lamegravene parfois bien que ce soit regrettable agrave oublier les

usages et les normes Ce manque de maicirctrise de soi peut faire croire

que le lutteur wolof manque de fair-play ce qui nest pas toujours le

cas

~A~Ugrave~ t 4AA CbUrs k LA ucirctotve f~tPle Sesect prores mou W ~ lesquelles vont se couler les comporteme~ts individuels qui sont ainsi

monteacutes par et pour lautoriteacute sociale

Les faccedilons de boire de marcher ou de sasseoir se manifestent indivishy

duellement dans le corps de chaque personne ces habitus sont cependant

des montages sociaux lieacutes agrave des significationssymboliques variables

dailleurs selon la position sociale occupeacutee par chaque sujet Ces modes

dagir se rangent dans un systegraveme de montages symboliques et lindivishy

du les apprend de la socieacuteteacute dont il fait partie agrave la place quil occupe

Lhabitus est un montage social agrave la valeur symbolique deacutependant des pheacuteshy

nomegravenes deacuteducation et de prestige et lieacute agrave la position sociale du sujet

Cette penseacutee sonne de faccedilon eacutetonamment moderne

Pierre BOURDIEU qui dans une perspective a approfondi le contenue de la

notion en le reportant aux oppositions entre classes et fractions sociales

Il deacutefinit lhabitus comme un systegraveme de dispositions durables acquis au

cours dune histoire personnelle dans une milieu social donneacute systegraveme qui

engendre ensuite des pra~iques socialement deacutetermineacutees faccedilons de manger

de parler ou de marcher comportements de politesse contenu des preacutefeacuterencel

et des deacutegoOts bullbullbull lhabitus est le produit de conditions eacuteconomiques et

sociales Lauteur rattache directement la formation de lhabitus dun

individu agrave la trajectoire parcourue par celui-ci dans sa classe dapparteshy

nance il deacutefend lideacutee dun habitus de classe qui deacutefinit le sens confeacuteshy

reacute agrave la pratique sportive les profits qui en sont attendus

Ce dernier serait lui-m~me lieacute agrave un systegraveme de valeurs ou ETHOS de classe

prenant sens au sein doppositions distinctives entre classes sociales

De sorte lhabitus fonctionne comme un systegraveme dt- regravegles inteacuterioriseacutees

souvent informuleacutees permettant ou non agrave lagent de sadapter dembleacutee aux

multiples pratiques de la vie quotidienne et de la vie sportive il est agrave

lorigine des schegravemes de transcription qui favorisent les ajustements aux

situations corporelles nouvelles (1)

t ~

(1) P~IE11D dwi6Han ISpoy-l et sodeacutebi Approche Bocio-culturelle des pratiques P~tis Vigot 1981 page 81

33

331 Preacutesentation

Les Seacuteregravere auraient pour origine le Fouta Toro quils auraient quitteacute

vers le Xllegrave siegravecle pour fuir lislamisation de cette reacutegioD par lempire

dJ Xali (ils seraient donc apparEnt~s aux Peul et Toucouleur ) Ils

auraient trouveacute dans la rEacutegion du Sine les Sosseacute dorigine manding avec

lesquels ils salliegraverent

Au XVegrave siegravecle une autre immigrationSos~ conqueacuterante cette fois-ci

apporta son organisation eacutetatique Ils se divisegraverent en deux monarchies

deacutemocratiques lune seacutetablit au Sine et lautre au Saloum Les Sosseacute

conqueacuterants constituaient lautocratie appeleacutee Guelowar

La royauteacute seacuteregravere eacutetait laiumlque Les premiers souverains durent secouer

la tutelle des Toucouleur et progressivement arrivegraverent agrave unifier lethshy

nie des seacuteregravere etdea Sosseacute Les deux royauteacutes eacutetaient organiseacutees selon

acirces modegraveles tregraves deacutemocratiques Le souverain deacutependait dune assembleacutee

de ministres et de chefs locaux qui assuraient ladministration centrale

et reacutegionale())

Aujourdhui lethnie seacuteregravere repreacutesente 20 de la population seacuteneacutegalaise

Ils sont reacutepartis sur presque toute leacutetendue du territoire notamment

dans le Baol la reacutegion du Sine-Saloum et la reacutegion de Thiegraves

Signalons quil existe plusieurs sous-groupes dans lethnie ainsi on

trouvera

- dans la reacutegion de Thiegraves les Ndut les Safegravene et les None

- dans le Sine-Saloum les Sine-sine et les Saloum-salouIT

On trouvera vers foundioune et agrave Nioro du cocircteacute de la Gambie les

Niominka (pecirccheurs) Cest une portion tregraves mandinguiseacutee

( 1

Le rattache~2~t d~ to~s ccs sous-groupes pose problecircme ~25 0~ r0~V~

uc grande partie de traits COITul1uns dans leurs modes dE vie Ct pOUT phs

de faciliteacute nous allons essayer de faire une ~tude globale de la lutte

traditionnelle seacuterecircre Lactiviteacute socio-eacuteconomique qui est essentielleme~t

agro-pasorale caracteacuterisE leacutethnie seacuteregravere

332 Lecircducation les moeurs les croyances et pratiques sEr~rc

Chez les Seacuteregravere la vie humaine se deacuteroule selon les grandes eacutetapes

le baptecircme lenfance ladolescencemarqueacutee par la circoncision lsectge

adulte le mariage la vieillesse et la mort (funeacuterailles)

La vie de la communauteacute seacuteregravere reste une des plus originales sinon

celle qui de nos jours garde la presque totaliteacute des pratiques et

habitudes traditionnelles

Bien qu aujotltdhui con~r-tis aux religions chreacutetienne et musulmane les

Seacuteregravere conservent leurs croyances et pratiques animistes

Quelque soit leur degreacute dadheacutesion aux religions reacuteveacuteleacutees les Seacuteregravere

croient en un Dieu puissant et miseacutericordieux Rog Segravene et les hommes

Les ~angols sont repreacutesenteacutes mateacuteriellement dans tous les villages

seacuteregraveres par des arbres (baobab et tamariniers) des animaux (geacuteneacuteraleshy

ment serpent doreacute ou iguane) des ustensiles (pilon calebasse et mortier)

De nombreux teacutemoignages nous apprennent que certains totems (serpent

iguane) font leur apparicion agrave loccasion de certaines manifestations

rituelles comme les sacrifices ceacuteleacutebreacutes lors dun mariage de ceacutereacutemonies

mortuaires ou des circoncisions

Le Seacuteregravere comme il nous a eacuteteacute donneacute loccasion de le dire plus haut

preacutesente des speacutecificiteacutes authentiques aussi bien en tout ce qui touch~

son eacuteducation ses croyanCES et pratiques mystiques q~e ses activiteacute~

socio-ecirccc~omiquEs Apr~s a ~aissa~c~ le beurob~ ~~ pcs~ 5~~ lE S~ __

On lui mouille les l~vres avec un peu d~ lait de mil et apr~s U~ bain

purificateur on versera leau dans un trou cr~us~ derri~r~ la Camp~~

Pendant huit jours la megravere et lenfant sont cacheacutes dans la case car

selon les anciens ils sont tregraves vulneacuterables La case deacutens certains cas

est entoureacutee dun fil blanc et lon place sur le seuil des fais(cauy di

veacutegeacutetaux pour chasser les mauvais esprits (geacutenies malfaisants et illangeUY~

dacircmes) Au bout du huitiegraveme jour la megravere et lenfant peuvent sortir de

la case bull

bullbullbull Le matin du huitiegraveme jour la tante paternelle va chercher de leau

(plusieurs fois)t elle doit rester muette pendant ses alleacutees et venues

si elle parlait t lenfant pourrait ecirctre muet bullbullbull

La megravere et lenfant prennent un bain purificateur dans lequel sont

trempeacutees certaines plantes (ce sont des veacutegeacutetaux pr~tecteurs tels le

begravene le yag le ngud) On y lavera aussi le linge e1t les ustensiles utishyj

liseacutes pendant les huit jours qui viennet de seacutecoul~r On rase le crine

de lenfant Les cheveux sont donneacutes agrave la megravere qui ~s enterrera avec le

reste du cordon ombilical dans un endroit que11e esit seule agrave connattre

La megravere sassied sur une natte devant la maison Une femme igeacutee de la

famille prend le beacutebeacute dans ses bras et le preacutesente aux quatre coins de

lhorizon

La tante paternelle tient ensuite un van sur la tecircte de la megravere on y

verse le mil on y verse eacutegalement en abondance sur la megravere et sur

lenfant La tante oint ensuite le corps du beacutebeacute avec du lait e11e

touche en particulier le front t le nez la bouche la poitrine le dos

et les oreilles

Elle pose enfin un ~rain de sel dans la paume du beacutebeacute (le sel purifie

et deacutetruit les puissances mauvaises)

Apregraves un nouveau bain la megravere et lenfant revEcirctent des habits de fecircte

(est

lenfant Ce precircnore a toujours U~ SEns Il sy~bolise parfois C0 qUi

lOIl sounaitt agrave lEufant l)

La circoncision comme dans les autres ethnies est obligatoire Elle

permet au jeune adolescent dacceacuteder agrave la classe adulte Les jeunes

sont regroupes en classe dacircge dans le bois ougrave sc fait la r0tr~it0 des

circoncis et ceci pendant plusieurs mois

Le Selbeacute qui est geacuteneacuteralement un ancien craint de tous les eacutelegraveves

enseigne le respect de la hieacuterarchie la discreacutetion le goOt de linishy

tiative Les activiteacutes physiques et leacuteducation artistique ne sont pas

en reste la deacutecoration la sculpture la lutte et la danse A sa sortie

du bois linitieacute appartient deacutesormais agrave la classe des virils et des

sages du clan car on lui aura enseigneacute les vertus fondamentales que

sont la justice lhonneur lamour du prochain 1 amour du travail

lhonnecircteteacute et surtout le respect des coutumes ancestrales

Le rite du mariage esd aussi un fait tregraves important dans le monde 1

seacuteregravere mais par manq~e dinformation nous serons obligeacutes de nous en

tenir lagrave

333 Impact des ethos sur la lutte dans le monde seacuteregravere

Lorigine de la lutte seacuteregravere ne semble pas claire ma1S nous pouvons

dire quil existait deux formes de lutte comme chez les Wolofs une

lutte sans frappe et une lutte avec frappe Et cest cette derniegravere

qui peut-ecirctre nous ameacutenerait agrave croire que la lutte seacuteregravere aurait une

origine plus preacuteciseacutement guerriegravere

Aujourdhui la lutte est uniquement une activiteacute sportive agrave travers

laquelle le jeune seacuteregravere eacutevalue sa force son courage et SOn ingeacutenioshy

siteacute Cest une occasion de deacutefendre lhonneur de son village ou de

la corrnnunauteacute

La luttE ~5t avant tout u~e rnanifcs[dtic~ c~lturclie et surtout

fo lkhriqut-

Gracircce agrave elle on peut deacutesormais comprendre un certain nombre de chants

et de symboles A travers la lutte seacuteregravere on ccedilomprend les inter-relashy

tions entreacute la vie et le monde surntiturel

Sil devait y avoir la mort dun villageacuteois pendant la fecirctE au T qUE

de linterrompre on proceacutedait gracircce aux connaissances magico-religieuses

agrave la suspension de la mort jusquagrave une peacuteriode ougrave la population sera plus

disponible pour organiser des funeacuterailles sil y eacutetait preacutedit la possibishy

liteacute dune deacutefait du champion local au profit dun champion dun autre

village des recettes dordre maginque et religieux eacutetaient mises en prashy

tique afin que le champion du village ne soit jamais terrasseacute(J)

334 Le profil du lutteur seacuteregraver~

Le lutteur seacuteregravere est par essence un athlegravete impressionnant de par sa i

carrure et sa musculature saillante mais cest aussi une force tranquille

et calme quelque soit lenjeu du combagravet et particuliegraverement lhonneur

Cet aspect nous pousse agrave parler du NGiMBE cest-agrave-dire de la tenue du

lutteur qui va influencer sur sa faccedilon de lutter

La confection du Ngimbe revient agrave la communauteacute entiegravere Le Ngimbe a

une signification symbolique et le lutteur pour meacuteriter la confiance du

groupe se doit de tout faire pour ne pas toucher le sol Toute la commushy

nauteacute elle aussi sengage pour assurer la longeacuteviteacute et le succegraves du lutteur

dans laregravene par lorganisation droffrandes et de sacrifices en lhonneur

des Pangols bull

bull

Daucuns nheacutesitent pas agrave dire que lessentiel du mysticisme se fait agrave

la maison et non dans laregravene tout le reste nest quintimidation de

ladversaire

lsvcns

Tt- pi ~- t

t 1 ~ l _ ~ t

par rapport agrave lautre Cbci est trEgraves lieacute agrave lactiviteacute journaliegravere du

jeune seacuteregravere qui est un cultivateur donc toujours bien planteacute sur ses

jambes et qui continuellement manie lhiler

Le fait de couper le boi~ peut eacutegalement constituer un moyen de muscushy

lation non neacutegligeable pour le jeune lutteur

Un certain nombre de traits techniques speacutecifiques au lutteur seacuteregravere

semblent ressortir des diffeacuterentes interviews que nous aVOns fait subir

agrave certains lutteurs seacuteregraveres et agrave diffeacuterents techniciens

SOUS-GROUPES FORMES DU CORPS CONTROLES GARDES

SAFEN Moyenne en fente NONE Hancheacute Bras (distante) j

NDUTJ

f

SINE-SINE Deacutecalage Ngimbe

Moyenne

SALOUM-SALOUM Passage- Jambe (rapprocheacutee) 1

i

PETITE dessous Tecircte Basse et 1

COTE Moyenne (rapprocheacutee)

Notons que le Niominka ll commence agrave lutter agrave partir du sol pour avoir

assez deacutelan et sauter sur ladversaire afin davoir la prise du lion

(contr6le de la nuque et du bassin)

Co a -tem-nt ccedilt attitude du lutteur sEacuteregravere335 np -1t ~

Les croyances mystiques sont indissociables des activiteacutes quotidiennes

duseacuteregravere Ce qui explique le cocircteacute supersticieux du lutteur seacuteregravere En

~ffet certains lutteurs refusent de lutter avant certaines heures

Certains teacutemoignages nous apprennent quil nest pas donneacute agrave tout le

monde decirctre champion de lutte et que le lutteur doit avoir des dons

surnaturels pour ecirctre agrave mesure de livrer ses combats dans la nuit

et trouver seul un gris-gris speacutecial appeleacute Njatch

Le vrai champion de lutte chez les seacuteregraveres ne lutte pas seulement avec

~a force et sa technique mais surtout avec ses dons occultes

Chez les seacuteregraveres les morts sont toujours preacutesents et les ~pangols

Servent dintermeacutediaire entre les hommes et les morts Le pangol prend i

le nom dhumain dans certains villages (IIHeacuteJga NDONG Har Wag NGOUYE) i 1

De ce fait on verra le lutteur danser dufe maniegravere ou dune autre en

fonction du pangol de sa famille Ainsi nrus aurons le back (chant et

danse du lutteur) des DIOUF des FAYE etclbullbullbull

Dans laregravene le lutteur seacuteregravere a un comportement exemplaire aussi bien

agrave leacutegard de son adversaire direct quave~ le public en geacuteneacuteral Lexpli shy

cation semble tenir au fait que le lutteur seacuteregravere est avant tout selon

la tradition orale le repreacutesentant de toute la communauteacute seacuteregravere Par

conseacutequent il devra saffirmer non seulement en tant que lutteur dans

laregravene mais aussi en tant quentiteacute morale

336 La tenue du lutteur ou NGIMBE est confectionneacutee par le marabout de la

famille ou du clan Le Ngimbe est constitueacute de pagne en cCton tisseacute

Il doit ecirctre propre le lutteur qui le porte ne devra pas avoir de rapshy

port sexuel pendant toute la peacuteriode des cOTpeacutetitians car le Ngi~bE ne

doit pas ~tre souilleacute

Autrefois et mecircme aujourdthui dans certaines familles on devient

lutteur de pegravere en fils et dans ce cas le Ngimbe du pegravere est heacuteriteacute

par le fils Le fait de porter le Ngimbe de ses aieux peut susciter

chez le jeune lutteur une motivation et une volonteacute ineacutebranlable dtasshy

surer la supeacuterioriteacute d~s siens dans ltaregravene Il fera tout pour que le

Ngimbe de la ramille ne touche le sable

La tenue du lutteur a une signification et une importance sur le plan

mystique car selon les anciens le vra1 feacutetiche du lutteur celui qui

le proteacutegera et laidera agrave vaincre le nDjinne ou le tRapu de ladvershy

saire se trouve cacheacute dans ce Ngimbeu bull Celui qui confectionne donc le

Ngimbe U est doueacute de faculteacutes occultes

337 Larbitrase est assureacute par un sage du village qui geacuteneacuteralement fut

champion de lutte de son temps Dailleurs cet ancien nintervient que

si le terrassement est litigieux Hormis le public qui proclame la vicshy

toire ou le match nul le lutteur lui-mecircme est arbitre et il arrive

quil se deacuteclare vaincu

Nous avons pu cfter Meacutedoune KHOULE un desplus grands lutteurs seacuteneacutegashy

lais qui a donn~ une victoire agrave Djeacuteri SADIO son adversaire qui a reacuteussi

agrave lui faire touegraveher le sol de la main

IlL

34 1 Preacutesentation

Lethnie toucouleur vit En grandt partit ciE~~ la vallfc du S~~~gal

pt reprecircsente i peu pr~s 8 de la population totale secircn~galaise

o Histoire

Il semblerait que dans lancien royaume du Tekrour (IX~ siegravecle) des

eacuteleacutements neacutegroiumldes Sarakoleacute et des Peul aient formEacute par meacutetissage le

peuple Toucouleur (Toucouleur serait dailleurs une deacuteformation du

mot portugais Tacouror)

Ce empire a domineacute aussi bien les wolofs de lOuest que les Peul

nomades du Fouta Toro Cette reacutegion fut le premier pays islamiseacute par

les Almoravides ce qui peut expliquer le proseacutelytisme toucouleur

Ce sont les guerriers toucouleur islamiseacutes qui attaqu~rent avec les

Almoravides la capitale du Ghana Koumbi en 1067 On convertit par

la force les animistes Cest sans doute agrave cette eacutepoque que de nombreuses

ethnies reacutefractaires agrave lIslam ont dO accentuer leur migration vers

le sud (Seacuteregravere wolof Sarakoleacute Bambara Songhaiuml Akan et Peul se reacuteshy

fugiaient vers les hauteurs du Fouta Djalon)

Au XIXegrave siegravecle les Toucouleur allaient trouver en El Hadj Omar Tall

un grand conqueacuterent qui sous le preacutetexte religieux de la gJerre sainte

contre les tribus animistes (entre autres Bambara) eacutetendit lempire

toucouleur sur presque tout lensemble du gali et la partie de la Guineacutee

proche du l1ali

Lempire toucouleur composeacute de Sarakoleacute de Bambar~ de ~alinkeacute de

Xassonkeacute dE Peul et de Dogon eut le meurorit~ dunir CES diif~rentes ~ ~ - - - - - et~ics ~t dE CD~stituer l~Sl la b2S~ ~r 1

_ ~ ~ ~_ L ~

~ ~- ~- - - ---- _ 1 v _ t 1 ~-_ --

marabout tOL~culcuuml~ ~ middotlrrany a l ick SI venu des E1i rClS dE Pocior~ (

~ Vi~ euroconomicue et sociale -----------~-------------

Les Toucouleur sont des cultivateurs mais bien quils n~ soie~t pa~

pasteurs comrre les Peul leacutelevage a une place inportarteacute decirc1S ltur

eacutecono~ie Pour faciliter leur conquecircte guerriegraverE ils c~t Eucirc une preacuteshy

dilection pour leacutelevage des chevaux On y trouve aussi des pecirccheurs

appeleacutes Tchioubalo La socieacuteteacute toucouleur aurait une stratification

sociale tregraves rigide Les groupes ethniques et les castes eacutetaient

diffeacuterencieacutes et strictement exogamiques les Rimbe classe des nobles

comprenant la famille reacutegnante et les guerriers libres la classe des

Nieacutenieacutebegens de castes artisanales i les Rimaibeacute anciens esclaves

devenus serviteurs qui portent les noms de famille de leur maicirctres A

la base de lorganisation de la collectiviteacute toucouleur se situe le

village (Wouro)

Toutes ces castes sont cloisonneacutees entre elle~ Ainsi il nest pas

permis agrave un Torodo (noble) de se marier avec un Tchioubalo Ces

consideacuterations sont importantes dans le domaine de la lutte ougrave nous

apercevrons que les nobles ne sont pas faits pour lutter Le noble

preacutesidera les seacuteances de lutte et on luttera pour lui Ces condeacute rat ions

de noblesse et de rang social sont extrecircmement importantes dans le

monde toucouleur

Le noble ne doit pas se salir on lutte pour lui il ne vit la lutte

quen tant que spectateur

342 Education moeurs croyances et eratiques religieuses

Deux formes d~ducation sont agrave consideacuterer leacutedJcatio~ dES enfarts Et

celle des adultes

oG lenfant sait m2n~~r et apprfcier le goOt d~5 ~iifeurorents r~pas lt

le moment ougrave il CO~~e~CE agrave marcher

tivirt n~sormais le petit toucou]eur est eacuteduquf par toutmiddot 12 f2~i)]E

dabord puis par toutes lespersc~nes du village ou du C13~

Lenfant peut ~tre corrigeacute par tout adulte appartenant au groupe social

Son eacuteducation est deacutesormais laffaire de toute la communauteacute et non

exclusivement celle ces parents On linitie ainsi au travail quotidien

qui se fait dans la bergel~ e les champs et les bords du fleuve Au sein

du village il pourra apprendre agrave filer la laine et agrave tisser des pagnes

dans les champs il apprend agrave manier la houe et lhiler pour la culture

du riz et du mil Mais signalons que lactiviteacute essentielle du toucouleur

est leacutelevage des boeufs des moutons et des chegravevres Chez les Ichioushy

balos (p~cheurs ) lenfant sera initieacute tregraves tat au maniement des pagaies

agrave la p~che propremccedilnt dite et agrave la nage

Vers cinq-six ans lenfant est confieacute au maicirctre coranique le Ihierno

et ce dernier dispose exclusivement de toute sa vie Lavenir du jeune

enfant lui appartient

Comme dans les autres groupes ethniques les enfants sont regroupeacutes en

classe dacircge et cest dans cette structure que lenfant subit les rite

de passe et plus particuliegraverement celui de la circoncision

La circoncision est non seulement unE opeacuteration chirurgicale malS surshy

tout une peacuteriode au cours de laquelle le jeune garccedilon passe de leacutetat

dadolescent agrave leacutetat dadulte Les circoncis sont reacuteunis en classe

dacircge dans un endroit situeacute hors duvillage geacuteneacuteralement choisi par les

vieux Cet endroit n~st accessible que par des individus de SExe ffi8SCUshy

li~ ~ta~t au preacutealabl circoncis

- - - -

quable et complet sur le plan phy~ique et ~oral Ai~si liniti~

acquiert les qualitecircs indispensables que sont le courag~ la modest

lesprit de sacrifice lendurance

Le toucoule~r est un pleux musulma~ Cela sexp1

SOil le premier agrave tre en contact avec la religion musulmane de par sa

position frontaliegravere Lethnie toucouleur de par son histoire a preacutesenteacute

les plus grands chefs militaires et religieux musulmans seacuteneacutegalais Et

pour illustrer cela on peut citer en exemple la grande famille musulmane

des SY agrave TIVAOUANE repreacutesentant la confreacuterie des TIDJANES

Bien que lon note une majoriteacute musulmane on peut dire que certaines

croyances et pratiques mystiques et animistes persistent encore surtout

dans la reacutegion du fleuve

Une pratique courante se fait elle sappelle le Djatt Elle consiste

agrave faire sortir le caiman du fleuve agrave limmobiliser et agrave lattacher

sans quil ne reacuteagisse et tout ceci agrave laide de versets et dincantashy

tions magiques Dapregraves les teacutemoignages ces pratiques sont plutocirct

freacutequentes chez les Tchioubalos (pecirccheurs) Il arrive aussi que cershy

tains chasseurs ayant des dons se livrent agrave certaines pratiques an1shy

mis tes qui consistent agrave invoquer certaines puissances et agrave moduler sous

forme de chant des versets occultes pour se proteacuteger des mauvais esprits

et pour eacuteloigner les fauves Ce chant est geacuteneacuteralement incompreacutehensible

et deacutenueacute de sens pour le profane

343 Activiteacutes ludiques et pratiques sportives en milieu toucouleur

Durant toute son histoire lethnie ~oucouleur a toujours EacutetEacute Frese~teacute~

comme celle qui avait ue activit essentiellement guerr e e~ particushy

liegraverement farouche Trois eacuteleacutements ret r t l ecirc t te nt i c- euro so~t

le manie~~nt du ~acircton 12 luttE Et 1eacute danSE

l

Lecircducation ph~sique et artistique Dcc~pe un place precircpondecircra~rp

dans la fDrmat~on du jEune toucouleur A loccasion agraveeacutevegravenemen~ imporshy

tants reacutecoltJs mariages baptecircme nous assistons agrave des manifestashy

tions folkloriques de grande envergure le Wango oucirc dailse toucouleur

tregraves gymnique iles chants et surtout les sEacuteances de lutte

La lutte toucouleur est la forme de lutte la plus spectaclaire dans

tout le territoire seacuteneacutegalais Elle est essentiellement baseacutee sur des

techniques en hancheacute et surtout en souplesse Ceci sexplique par le

fait q~e le jeune toucouleur est tregraves tocirct initieacute agrave la gymnastique (saut 1

per saut de main salto arriegravere saut de tecircte couronneacute etc bullbullbull ) pour

la dans~ du wa~go En dansant le wango qui est une danse rythmeacutee et

gymnique le Jeune toucou1eur est capable de prouesses extraordinaires

1

En lutte lattaquant se deacuteplace tregraves peu pour avoir une bonne saisie

(geacuteneacutera~ement controcircle du Ngimben ) et enchaine brusqueme~t avec une

attaque surpris~ Cependant les ripostes sont souvent surprenantes et

spectaculaires (baseacutees sur la souplesse et la rapiditeacute) ontrairement

aux autr~s form~s de luttes ougrave lon voyait tous les jeune adheacuterer la

lutte to~cou1eur Verra un groupe de speacutecialistes sadonne agrave la lutte 1

(la lutte est lieacutee agrave la position sociale de lindividu problegraveme de

caste)

Q La morphologie du lutteur toucou1eur 1

1 1

Ce dernier nest pas aussi large et aussi fort que les lutteurs diola

et seacuteregravere Cependant il est tregraves reacutesistant La musculatJre est saillante 1

et tregraves souple lindividu est longiligne mais tregraves athleacutetique

Les mouvements de lutteurs sont semblables agrave ceux dun grand fe1in Cette 1

morphologie semble ecirctre lieacutee agrave la position geacuteographique de lethnie

(reacutegion du fleuve) et agrave lacitiviteacute socio-eacuteconomique du toucouleur qui

est agrave la fois cultivateur (activiteacute lieacutee agrave la crue et deacutecrUE du fleuve)

pecirccheuro~T CIcr~icubaon) et sttout jEumlrgcr qui est U~ rc~2eumlr

shy

Deux formes egrave~ corps sembl~nt ecirctre preacutefeacutereacutees du lutteur toucouleur

le hancheacute et la souplesse Les hancheacutes sont faits agrave partir de plusieurs

positions de doset se terminent geacuteneacuteralement par des techniques de

tregraves grande amplitude

TABLEAU RECAPITULATIF DES TECHNIQUES ET FORMES DE CORPS SPECIFIQUES

i

L441 r

GARDE FORMES DU CORPS CONTROLES --shy - -

Moyenne Souplesse Ngimbe

Hancheacute bras

Demi-souplesse

1

Profil psycholosigue 1

TECHNIQUES

ContrOle du bassin et 12 souplesse

arriegravere

Klicket et allegravegement de la hanche

Le lutteur toucouleur est celui lUi se livre le moins aux preacuteparaqons

maraboutiques Cela est dO au f~t que le toucouleur est un grand ~USUlshyman et que les pratiques animisges ont presque disparu dans ce mil~eu

Dans la pratique le lutteur esJ combaif mais il est calme et tr~s reacutefleacutechi quant agrave la deacutecision agrave prendre en plein corps agrave corps ct~st un des seuls techniciens qui reJte tregraves lucide au cours de ses comb~ts

l Dans toutes les circonstances e lutteur toucouleur est tenu de re~pecshyter son adversaire et ceux de s4n eacutequipemecircme sil est vaincu

Comme nous avons dO nous en rendre compte la rigueur des principes

eacuteducationnels a une influence tregraves sensible sur l~ comportement du

toucouleur

i

III S COCL ~s 1DO

Dans cette partie nous avons essay~ de montrer lftroite re1atic~

Entre les diverses activiteacutes socio-eacuteconomiques dans les ethnies et

lES diffEacuterentes faccedilons de lutter

Daucuns seraient tent~s de conclure trop rapidement et cest p0~r

cette raison que nOUS avons penseacute preacuteciser que le pheacutenotype nest

pas geacuteneacuterateur du geacutenotype Et nous sommes convaincus que la morphoshy

logie et les techniques des lutteurs relegravevent de leurs modes de vie

et de leurs croyances agrave une eacutepoque et danE un contexte bien deacutetermishy

neacutes

Est-ce que les lutteurs dio1a ou seacuteregravere travaillant avec leurs bras

dans les champs auraient les mecircmes pr 0 fil s physiques que les lutteurs

utilisant des machines pour lagriculture

- 69 shy

I UJOURDH~1 E-S ut O[l LES FORfilS Ut LU11t~

~otons que notre enqu~te a ecirctE essentiellement faiteen milieu urbain

Les seacuteances de lutte ont tendance agrave perdre leur particulariteacute de r~shy

jouissance pour devenir des pheacutenomegravenes de sportisatio Deux fores

de luttes so~t principale~cnt prat s dans les aregrave~es du 5 al

la lutte traditiunnelle simple et la lutte traditionnelle avec frappe

De nos jours la lutte traditionnelle tend vers une reacuteglementation

et une institutionalisation

Le reacutesultat de nos investigations nous donne le tableau ci-dessous

REPARTITION ETHNIQUE SUR 100 PRATIQUANTS

LUTTE LUTTE RAPPORTETHNIES SANS FRAPPE AVEC FRAPPE J2

Diola 40 16 71 j

Seacuteregravere 26 21 57

Toucouleur 23 10 69

Wolof 1 1 53 17

La demande sociale par ordre deacutecroissant pour la lutte sans frappe

se preacutesente comrre suit

]0_ Ethnie diola avec pregraves de 3 lutteur~ sur 4

2deg_ Ethnie toucouleur

Ethri dun

~ 1 LA LUTTE TR])IIIO~~ELLE AVEC H-PPE

Cette forme deacute lutte a une histoire qui date de lantiquiteacute elle

sa~pelait le Pugilat Au Seacuteneacutegal elle a vu le jour dans le Cayor

bien avant la colonisation Le coup dE pied l~Lrdn~lement la morshy

sure la frappe et le doigtf eacutetaient permis dans le cc=bat ~ ~middot~p0~~e

Dans certains cas la giffle eacutetait beaucoup plus dangereuse que le

poing quand elle eacutetait donneacutee par un speacutecialiste Cette giffle pouvait

agrave elle seule deacutechirer et mecircme parfois amputer la joue de ladverser

Selon les informations la lutte avec frappede nos jours serait une

forme de lutte tregraves eupheacutemiseacutee de celle dantan ougrave une blessure

pouvait souvent ecirctre mortelle

Aujourdhui au niveau du folklore la lutte na plus la mecircme

le spectaculaire a remplaceacute le significatif iLa lutte avec frappe se 1

pratique surtout dans les centres urbains C~aque fois quun grand combat 1

est progra~eacute par le Comiteacute National Proviso~re (CNP) des centaines damashy

teurs sont mobiliseacutes vers le stade lba Mar D~OP qui est aujourdhui le i

lieu approprieacute ougrave se deacuteroulent les grands conkbats de lutte Cest la formE

de lutte qui semble drainer une foule de personnes beaucoup plus importante

que celle de la lutte simple

La lutte avec frappe deacuteriverait dune forme de lutte traditionnelle

pratiqueacutee jadis dans le Cayor au temps des Damels et la frappe serait

le substitut dun certain nombre de pratiques doigteacute jet de produits

etc bullbullbull dont le but eacutetait laveuglement de ladversaire La lutte avec

frappe serait une continuation logique dune carriegravere sportive de la

lutte traditionnelle qui sen sert comme moyen socio-eacuteconomique En

effet la majoriteacute des lutteurs avec frappe ont dabord eacuteteacute initieacutes agrave la

lutte simple Cependant il faut signaler que de nOS jours il arrive

que le jeune lutteur avec frappE- soit directenent formEacute conne speacutecialistE

agrave la frappe sa~s pour autant faire son chemin dabcrd egravea~s la lutte

- ~ shy

Le recircsultat dE ~os interviews ncus rec~trE qGune pcpulatiD~ divcrsishy

fiampe sint~resse agrave ce sport et qUE les intecircr~[s des uns et d~SlautrE~

semble~t divergents naucuns affirment que la lutte traditionnelle

avec frappe serait monteacutee par des personnes dont la vocation est dexshy

ploiter ce pheacuteLomegravene agrave des fins commerciales Dautres disent gJellegrave

jouit de mcyens irport~nts t[l[~isio

tation etc bullbullbull ) pour toucher toutes les couches sociales CEpe~~a~t

nous remarquons que mecircme si certaines personnes reprochent agrave cette

forme de lutte decirctre brutale ces mecircmes personnes nheacutesitent pas agrave

se rendre le dimanche agrave laregravene Bien que critiqueacutee elle semble ecirctre

adopteacutee par une tregraves grande partie de la population seacuteneacutegalaise Cepenshy

dant en tant que techniciens il nous est permis de faire une remarque

Il sagit de

- Limpression nette decirctre devant des professionnels de la frappe

qui sont ~ntratneacutes pour cela Dailleurs les propos que nous avons

recueilli~ nous prouvent que la plupart des champions de lutte avec 1

frappe s~ntratnent dans certains sports de combat tels ~ue la boxe i 1

le karateacute le judo Dans cette nouvelle forme de pratique de la lutte

contrairefuent agrave la lutte traditionnelle le technicien e~t souvent

perdant face au puncheur Ce dernier adopte une lutte agrave distance qui

lui permet de placer agrave bon escient ses coups animeacute du deacutesir de vaincre

Le technicien lui se voit contreacute dans toutes ses entreprises par

un uppercut ou un crochet

On peut dire cependant que nul sport au Seacuteneacutegal que la lutte tradishy

tionnelle avec frappe ne deacutechaicircne autant de passions et autant de

pheacutenomegravenes poussant agrave lexcegraves et deacutereacuteglements quon ne peut que deacuteplorer

Mais comment deacutecrier un spectacle de lutte qui bien quayant perdu la

presque totaliteacute des valeurs traditionnelles veacutehiculeacutees autrefois par

elle sait susciter une participation effective de tous ceux qui sont

preacutesents

CONCLUSION

Dans ce meacutemoire nous sommes efforceacutes ~e faire ressort ir limportance des

ethos et des habitus et leurs effets sur la pratique de la lutte tradishy

tionnelle au Seacuteneacutegal

L~b egravethos repr~sentent dune maniegravere g~neurorale tous les eacuteleacutements speacutec

fiques sux Seacuteneacutegalais par conampeacuteguent un systegraveme de valeurs traditionnellEs

Mais m~me si ces valeurs rev~tent une signification universelle (honneur

digniteacute courage etc bullbullbull ) il nen demeure pas moins que ce nest pas leur

nature qui fait leur speacutecificiteacute mais la hieacuterarchisation et limportance i

quon accorde agrave toutes ces valeurs de ~ar leacuteducation ou la culture

i 1

Aussi les valeurs traditionnelles puient leur speacutecificiteacute dans les

caracteacuteristiques propres aux eacuteleacutements ~e la socio-cu1ture (la technologie

et leacuteconomie la politique et la pareteacute la psychologie et lideacuteologie)

dans la socieacuteteacute seacuteneacutegalaise agrave n momen donneacute de son eacutevolution Cest i

dire la neacuteceesiteacute de ne point faire della valeur une reacutealiteacute statique

Cest dite aussi quagrave tout mome~t le ~eacuteneacutegalais peut eacutevoluer et creacuteer

ou vivre par conseacutequent de nouv~lles fprmes de valeur qui lui sont 1

propres ft (J)

La lutte traditionnelle veacutehiculant deS valeurs socio-cu1ture1les speacutecishy

fiquement seacuteneacutegalaises (croyances valeurs morales norme de comportement

opinion attitude bullbullbull ) devient un eacuteleacutement important qui tregraves certaiaement

nous aidera dans notre effort de valoriser et de peacuterenniser notre patri shy

moine culturel par le biais dactiviteacutes physiques et sportives

Leacutetude des habitus nous permet de prouver quil y a plusieurs faccedilons

de se mouvoir comme danser lutter bullbullbull qui varient avec les diffeacuterentes

ethnies (wolof toucouleur seacuteregravere diolagt leurs convenances et leurs

eacuteducations

(1) Revue Ethiopiques 31 Les valeurs traditionnelles et le problegraveme de leur inteacutegration dans les systegravemes modernes jtducatio-1 2 6r--70

nautre part cette eacutetude permet aussi de nous rendrE compte de la

correacutelatipn eacutetroite existant entre la pratique de la lutte traditionnelle

et le sta~ut socio-eacuteconomique du pratiquant

Nos inves~igations nous indiquent que la lutte recrute essentiellement

au niveau des classes socio-eacuteconomiques situeacutees en bas de leacutechelle

donc posseacutedant le statut social le moins favoriseacute La lutte avec frappe

-et un certain secteur commercialiseacute de la lutte simple- y trouve sa

leacutegitimiteacute Comme le dit BOURDIEU nA habitus diffeacuterents styles de Vle

divergents et il oppse les pratiques aristocpatiques correspondants agrave

des activiteacutes qui favorisent les situations eupheacutemiseacutees ougrave la stylisashy

tion est importante aux pratiques populaires qui font appel agrave des

qualiteacutes qpposeacutees bllutes rugueuses Certaines interviews nous

montrent que plus lindividu occupe une place eacuteleveacutee dans leacutechelle

sQciale e~ 1

moin$ il sinteacuteresse agrave la lutte

Les reacutesultats recueillis dans nos diverses investig~tions confirment 1 1

1er propos qui disent que nous assistons aujourdhu~ agrave une involution

de la lutte traditionnelle parce que perdant toutes ses speacutecificiteacutes au 1

pryfit d~ne autre forme de lutte que lon continue agrave appeler nostalshy

giqlementIIlutte traditionnelle

Ceci pourrait peut-~tre trouver une explication dan la citation suivante

La liberteacute de creacuteer dinnover de vivre Pleineinenf decirctre soi et de

preacuteserver son authenticiteacute la digniteacute et lhonneu1demeurent des illushy

sions dans la misegravere eacuteconomique~ Nos ancecirctres creacuteai~nt des valeurs de cishyl

vilisation parce quils eacutetaient libres parce qu1i~s ignoraient toute

deacutependance eacuteconomique ils cultivaient en eux et cbez leurs enfants le 1

Jorn et la Kersa et preacutefeacuteraient la mort agrave la hoJte lI (1)

Or le Seacuteneacutegal comme la plupart des pays africainsi est un pays sousshy

deacuteveloppeacute t cependant face agrave cette volonteacute du gou~ernement seacuteneacutegalais

de faire inteacutegrer dans leacuteducation des valeurs traditionnelles nous

pouvons espeacuterer utiliser comme moyen deacuteducation la lutteacute traditionnelle

qui reste quand mecircme vecteur jethos et dhabit~s

- 54 shy

Mecircme si lon a noteacute un appauvrissement notoire sur les plans socioshy

culturel et moral la lutte traditionnelle recegravele une gamme importante

et varieacutee de techniques permettant incontestablement une ouverture vers

les luttes olympiques libre et g~eacuteco-romaine

La lecture de ce meacutemoire permettra agrave lentratneur et au professeur de

lutte en fonction du lieu ougrave ils seront affecteacutes dans le territoire

seacuteneacutegalaisdavoir une information sur les techniques contrOles et

formes de corps propres agrave chaque groupe ethnique et de les mettre en

relation avec leurs croyances et leurs mentaliteacutes

Nous avons essayeacute de montrer que la pratique de la lutte traditionnelle

doit tre axeacutee sur une ethnomotriciteacute au Seacuteneacutegal qui permette une inishy

tiation facile Cette pratique de la lutte traditionnelle seacuteneacutegalaise

devra dailleurs essayer de ~eacutepondre aux aspirations du Seacuteneacutegalaisl

moderne en souvrant aux ap~orts positifs des autres civilisations

ex~eacuterieures nous voulons Jvidemment parler du judo et des luttes oiymshyJ

piques 1

1 j Nous navons pas la preacutetentfon dans le cadre de ce meacutemoire demattrise

de reacutepondre agrave toutes les qutstions se rattachant agrave leacutetude de ~a lutte

traditionnelle souslangle~socio-culturel car non seulement il nous

manque lexpeacuterience et la c peacutetence en la mati~re mais aussil l le temps

et les moyens dont nous dis osions ne nous permettaient pas d~puiser le 1sujet i

1 1 1 t 1

l

- )5 shy

BIBLIOGRAPHIE

BIBLIOGRAPHIE

1- CLAPAREDE Psychologie de leacuteducation et peacutedagogie expeacuterimentale

Edition Delachaux et Niestleacute 244 pages

2- POCIELLC Christian Sport et Socieacuteteacute approche socio-culturelle

des pratiques Paris Vigot 1981 377 pages

3- PIERON Henri Vocabulaire de la psychologie

PUF Deuxiegraveme eacutedition 1957 469 pages

4- Revue socialiste de culture neacutegro-africaine ETHIOPIQUES

Les valeurs traditionnelles et le problegraveme de leur inteacutegration

dans les systegravemes modernes deacuteducation

GIA 21 Juillet 1982 213 pages

5- N2 Revue du Centre dEtudedes Civilisations DEM ak TEY

NIS IVegrave Trimestre 1982 96 pages

6- Document lNSEP Colloque sur la lutte aeacuteregravere

DAKAR MAI-JUIN 1980

t 1

~- Travaux du IVegrave Congregraves National ~es Sports agrave DAKAR les 2223041981

Bulletin n2 91 du CIO du 15 Aont 1965

l____________________________

8- Meacutemoire de Mattrise BADJI Abdou La lutte traditionnelle Joola

Etude et perspective

9- Meacutemoire Inspectorat JS DJITTE Mandy Les pratiques corporelles

traditionnelles au Seacuteneacutegal pour leur exploitation et leur

utilisation en peacutedagogie Marly le Roi 1980

REPUBLIQUE DU SENEGAL

--------------- INSTITUT NATIONAL SUPERIEUR

MINISTERE DE LA JEUNESSE DE LrsquoEDUCATION POPULAIRE

ET DES SPORTS ET DU SPORT

-------------

(INSEPS)

MEMOIRE DE MAIcircTRISE

Es-SCIENCES ET TECHNIQUES

DE LrsquoACTIVITE PHYSIQUE ET DU SPORT

LA LUTTE TRADITIONNELLE

son importance sa signification en fonction des ethos et des habitus ethniques au Seacuteneacutegal

Preacutesenteacute par

Monsieur Joseph Victor FAYE

Sous la direction de

M Jean Marc ROCHEZ

Professeur agrave lrsquoINSEPS

Anneacutee de soutenance 1984

D E DIe ACE --00--00--00-shy

Je deacutedie ce meacutemoire

agrave ma grand-megravere Louise Marie SOKHNA

agrave mes parents Jean et Francisca FAYE

agrave mes fregraveres et soeurs et plus particuliegraverement agrave ma femme

et ma fille bien aimeacutees Lala Khadidja et Feacuteliciteacute FAYE

-----shy

REMERCIEMENTS

Mes vifs remerciements agrave M Jean Marc ROCHEZ qui maura beaucoup

aideacute dans la confection de ce meacutemoire

Je remercie tregraves sincegraverement M YADE Directeur Technique de

lEquipe Nationale t1essieurs Abdou BADJI Kory SARR Djibril SECK

tous professeurs dEPS M Julien DAl-fIEN 1me Simone DAROZA

-Hle Marie DIEllE et tous ces speacutecialistes qui auront contliibueacute de

pres ou de loin agrave mes travaux

so IYPORA~CE SA SIGIFICATION E~ FONCTlOl

DES ETHOS ET DES HABITUS ETHNIQVE~ AD SENEGAL

SOM MAI R E Pages

1 INTRODUCTIO~ ---------------------------------------- shy

II QUELQUES NOTIONS DE SOCIOLOGIE POUR UNE MEILLEURE

COMPREHENSION DE LA LUTTE TRADITIONNELLE ------------- 5

- Habitus et techniques du corps --------------------- 5

- Habitus de classe et style de vie ------------------ 6

- Ethnomotriciteacute ------------------------------------- 7 - Analy~~ des demandes sociales en matiegravere

de pratique des sports de combat ------------------- 8

Judo --------------------------------------------- 9 Lutte libre traditionnelle ----------------------- 10 ft Lutte olympique ---------~------------------------ 10 Boxe anglaise ------------------------------------ Il ft Karateacute ------------------------------------------- II Lutte traditionllelle avec frappe ------------------ 11

III DIVERSITE ETHNIQUE - PLURALITE DES STYLES DE LUTTE --- 16

31 LA COMMUNAUTE DIOLA ----------------------------- 16

311 Preacutesentation ----------------------------- 16 312 Quelques aspects de leacuteducation

et des rites en milieu diola ------------- 17

313 Croyances et pratiques mystiques --------- 19

314 Impact des moeurs sur la pratique

de la lutte diola 20

32 LA COMMUNAUTE WOLOF ----------------------------- 24

321 Preacutesentation ----------------------------- 24 322 Les moeurs ~t les croyancEs wolof -------- 24

323 Leacuteducation d~ w810f --------------------- 26

32~ Incidences des ~~~urs s~r l~ l~tte ------- 28

tiques physiques du lutr~uT wolof -------shy 31

33 LA CO~GAUTE SERERE ---------------------------shy

331 Preacutesentation ----------------------------shy332 Leacuteducation les moeurs lES crOyanCES

et les pratiqUES seacuteregraverc -----------------shy

333 impact des ethos sur la lutte

dans le monde seacuteregravere --------------------shy

334 Le profil du lutteur seacuteregravere -------------shy

335 Comportement et attitude du lutteur seacuteregravere

336 La tenue du lutteur ou Ngimbe ---------shy

337 Larbitrage -----------------------------shy

3~

37

38

40

40

41

34 LA COMMUNAUTE TOUCOULEUR -----------------------shy

341 Preacutesentation ----------------------------shy342 Education moeurs croyances

et pratiques religieuses ----------------shy343 Activiteacutes ludiques et pratiques

sportives en milieu toucouleur ----------shy

344 Profil psychologique --------------------shy

42

43

~S

47

35 CONCLUSION -------------------------------------shy 48

IV AUJOURDHUI VERS DE NOUVELLES FORMES DE LUTTES ------shy

41 LA LUTTE TRADITIONNELLE AVEC FRAPPE ------------shy 50

V CONCLUSION ------------------------------------------shy

ln LI) 1 5 L bull 0 G R A PHI E -------------------------shy

52

Ce ~eacutemoire est une riflexion 3ur la lutte car ~lie apparatt sur le

continent africai~comme un phinomegravene social important Elle le doit

sans doute au fait que depuis le fond des temps elle est itroitement

associeacutee agrave la vie de lhomme Or en deacutecouvrant ses vestiges du passeacute

lAfrique confirme lhypothegravese d~tre le berceau de lhumaniteacute Il en

reacutesulte que sur ce continent la lutte y possegravede une longue tradition

et serait-il paradoxal de preacutetendre que lAfrique a acquis le besoin

de lutter qui cherche agrave se satisfaire selon des moyens congeacutenitaux

cest dans cette perspectiveque nOus approcherons la LUTTE SENEGALAISE

car il est admis que la preacutesence de lHomo-Sapiens en Afriquecircde lOues

remonte agrave plus de 10000 ans Autrement dit nos anc~tres ont reccedilu

lhistoire de la lutte et sa longue eacutevolution lieacutee agrave celle de la civili

sat ion

Nos premiers anctres pratiquegraverent la lutte utilitaire celle dont la

possession eacutetait neacutecessaire pour survivre dans un milieu hostile et

inquieacutetant agrave la fois pour se nourrir et pour se deacutefendre

En se regroupant en clans et tribus nos anc~tres modifiaient radicaleshy

ment leurs conditions dexistence certes ils eacutetaient mieux agrave

mme dassurer leurs besoins vitaux mais ils devaient faire face aux

rivaliteacutes qui ne manquegraverent pas de surgir entre les diffeacuterents groupes

Cette installation dun eacutetat endeacutemique de guerres ougrave le but eacutetait de

soumettre et de ravir ou de se libeacuterer et de reacutecupeacuterer transforma la

lutte en activiteacute martiale Ainsi se deacuteveloppa la science du combat agrave

mains nues celle qui permet de deviner lautre et de le surprendre en

deacutecidant et agissant plus rapidement que lui Mais il ny a pas si long

temps le corps agrave corps eacutetait leacutepisode deacutecisif de toute bataille

Gagnant en sagesse et en technique nos anc~tres saperccedilurent quil

existait dautres modes de vie que celle de vivre aux deacutepens de ses

semblables et progressivementiles temps de paix prirent le pas sur les

temps de guerre La lutte en perdant son utiliteacute ~ais non sa fonction

devint lobjet dlun rite initiatique Il eacutetait du devoir des anciens de

- ~

d~tre en mesure dassurer acirc 1 ur tour Id protection du ~roupe En

deve~ant contenu denseignement la lutte ecircvoluait acirc nouveau Elle

perdit son caract~re preacutepa=atoi=e et devenait ~ctivit~ d~ c0~pensa-

tion (1) Au-delagrave des techniques de mise hors combat qui devaient se

deacutepouiller de leur violence et des risques de dommages corporels on

visait une action formatrice sous un triple aspect physique caracshy

teacuteriel et moral

Puis survint le temps de paix durable celui ougrave leacutenergie eacutetait

essentiellement consacreacutee agrave produire des biens pour sa collectiviteacute

dappartenance Deacutesormais lhomme eacutequilibrait sa vie entre le travail

le repos et le divertissement Cest ainsi que la lutte se retrouva au

coeur des reacutejouissances populaires En se faisant ludique celle ougrave

lon joue agrave mesurer sa force sa ruse son agiliteacute sa bravoure bullbullbull La

lutte se speacutecifiait agrave nouveau en simbriquant aux moeurs aux coutumes

et aux croyances

Cette longue histoire commune du neacutegro africain et de la lutte expliqUE

qUegravecette derniegravere fait partie des traditions auxquelles il est le plu

attacheacute et ort heacutesite pas agrave parler de sport national mecircme quand elle

doit ceacuteder en populariteacute devant le foot-baIl

En Afrique toute activiteacute physique veacutehicule un message et la lutte

traditionnelle elle aussi se trouve impreacutegneacutee de valeurs socio-cultushy

relIes et il arrive quon lui assigne de les veacutehiculer et de les trans~

mettre Parler de lutte en Afrique deacutecouvrir sa signification et comshy

prendre son histoire consiste agrave montrer quelle participe aux eacutethos et

habitus de groupe comme nous proposons de le faire

(1) - CARR The survival values of play citeacute par CIAPAREDE dans Psychologie de lEducation et Peacutedagogie Expeacuterimentale Edition Delachaux et Niestle (244 pages)

iotre reacuteflexion se ci-conscrird au S-~sJl -t mecircle si le peuple

seacuteneacutegalais est o-igilaire de la volonteacute cocnmune due dizaine deacutethries

de vivre ensemble ~ous nous limitert~s 1 analyser les rapports quentr

tiennent les quatre grands groupes diola seacuteregravere toucouleur et wolo

et les styles de lutte correspondant

Nous entendons veacuterifier lhypothegravese quaux particulariteacutes ethniques

(mode de vie coutumes rites et croyances) correspondent des particushy

lariteacutes de lutte (signification valeacuteurs veacutehiculeacutees mode de pratique

regravegles dorganisation bullbullbull )

Ce meacutemoire consiste agrave reacutealiser une approche socio-culturelle du pheacutenomegravel

lutte en Afrique avec le secret espoir quil puisse servir de preacuteface

agrave lhistoire des diffeacuterents styles reacutegionaux que dautres ont commenceacute

agrave eacutecrire

gt Si nous devions justifier le choix dun tel sujet t tous les arguments

se regrouperaient autour dune meurome motivation recouvrir notre authenmiddot

ticiteacute

En premier lieu parce que nous adheacuterons totalement agrave ce souhait des

Pouvoirs Publics de mettre laccent sur une eacuteducation physique et spormiddot

tive qui tout en souvrant aux appels feacutecondants de la techniques

fondera son action dans les valeurs traditionnelles du pays La lutte el

tant que pratique eacuteducative et manifestation dessence collective est

bien placeacutee pour justifier cette tendance

Elle reacutepond aux aspirations dune eacuteducation physique et sportive qui

veut creacuteer les conditions de son deacuteveloppement et de qUumlI i~ertion dans

les habitudes sociales des populationsff(l)

(1) Travaux du IV~ C~n-r~s Sports de 2223 Avril 1981

WotrQ CCYVcftOl de llnteacute~t JiU W sectU~ e6t ~~pu_~ deacuteclarations de 2rsonnaliceacutes du monde sportif lLrlsi ce Ii1essage agrave lir shy

tention des dirig~ants africains

-ous ~ T beaucoup agrave apprendre de eus ous qui sans

cesse davantage oublions que leacutequilibre de lhomme veuc

quiL sinscrive harmonieusement t aussi bien dans la nature

que dans la civilisation deacutecouvrons que les Atricains nont

pas eacuteteacute initieacutes aux principes du sport et ses vertus au

contraire de maints pays europeacuteens par exemple aupregraves desquels

tout ou presque est agrave retaire agrave chaque geacuten~ration Lexercie

physique tait partie de la vie atricaine il est moyen de commushy

nication et de locomotion- (1)

Or la lutte constitue par excellence ce Veacutecu moteur que nous t1ansshy

mettons de geacuteneacuteration en geacuterieacuteration et ce patrimoine doit survivre agrave

toutes les agravegressions or iginaires dautres modes de civilisation dont

certains effets ne manquent pas de se faire sentir sur le devenir de la

lutte traditionnelle

A la preacuteoccupation de preacuteserver notre authenticiteacute sajoute celle den

assurer la deacutefense

Aussi au-delagrave de nOs analyses destineacutees agrave eacutetablir les rapports entre

modes de vie et styles de lutte nous nous poserons le problegraveme dune

codification objective de la lutte traditionnelle constituant la mise

en communauteacute des apports pertinents de chaque style reacutegional Ce style

national apparatt indispensable en raison de lavegravenement prochain dune

socieacuteteacute seacuteneacutegalaise nouvelle qui ne peut se b~tir que par un partiel

renoncement au passeacute et son contenu (2)

Enfin nous voulons faire partager notre ~nthousiasme gagner agrave notre

cause eacuteducateurs entratneurs de lutte les amener agrave reacutefleacutechir sur leur

pratique et peut-~tre les aider agrave tnseigner avec plus de coheacuterence cette

discipline pour le plus grand bien de notre jeunesse

(1) Bulletin n 91 du CIO du 15 AoOt 1965 - Page 15

(2) Cette preacuteoccupation semble ecirctre partageacutee par de nombreux pays afri shycains ougrave la lutte est de tradition on y pressent quagrave de nouveaux types de socieacuteteacute doit correspondre de nouveaux hlbitus En conseacutequence la lutte doit eacutevoluer Darlllegrave~1e1t SO3 pine d amptre in~niaterpnt l~l~dJl-J~ (Sw~JL~c~ ~ - 13 P~v~~L)ti-~l j Ld L~t~ cr~lJit0nn~l12

otgalisecirce pH la cmFJS - iJAKAR - lai ~~)

-5shy

II QUELQUES NOTIONS DE SOCIOLOGIE POUR UBE MEILLEUR~

COMPREHENSION DE LA LUTTE TRADITIONNELLE

Essayons dexpliquer simplement les termes ETROS et HABITUS et

ETHNOMOTRICITE pour la clarteacute de notre deacutemarche

ETROS dans sa deacutefinition premiegravere veut dire en parlant dun individu

lice qui distingue cet individu des autres (1)

En eacutetudiant cette signification dans le cadre de la sociologie on

entendra par eacutethos ethnique (eacuteducation croyance rite etc bullbullbull ) lenshy

semble des caracteacuteristiques dune communauteacute sociale

HABITUS QCe sont les habitudes et attitudes socialement acquises qui

sous-tendent et preacute-deacuteterminent partiellement les faccedilons de penser de

sentir dagir de tout individu et traduisent notamment le rapport quil

entretient avec son corps (2)

Dans le cadre de ce meacutemoire nous allons essayer de faire une approche

de la lutte traditionnelle sous deux angles dabord en leacutetudiant comme

habitus en tant que technique du corps et ensuite COmme habitus de classe

fonction du style de vie des individus et nous nous proposons dans cette~gt

partie de deacutefinir ces deux notions dhabitus

Marcel MAUSS dans une viseacutee anthropologique emploie ce terme dune maniegravere

tregraves large pour rendre compte des faccedilons dont les hommes socieacuteteacute par

socieacuteteacute dune faccedilon traditionnelle savent se servir de leur corps Ces

habitudes varient avec les individus et leur imitations elles varient surshy

tout avec les socieacuteteacutes les eacuteducations les convenances et les modes les

prestiges

Analysant de multiples techniques du corpsll la marche la course la nage

le beacutechage le saut la danse et toutes les techniques corporelles en geacuteneacuteshy

ral (techniques alimentaires sexuelles de soins de repos bullbullbull ) MAUSS

insiste sur le fait que celles-ci ne sont pas naturelles mais acquises

(1) PIERON Henri Vocabulaire de la psychologie 2egraveme eacutedition revue et augmenteacutee PUF 1957 page Ill

(2) POCIELLO Christian Sport et Socieacuteteacute Approche sodo-culturelledeacutell pratiques Paris Vigot 1981 pages 78-79

La notion dethnomotriciteacute part dune constatation

- la grande diversiteacute des caracteacuteristiques preacutesenteacutees par les pratiques

corporelles en fonction de leacutepoque du lieu des groupes elle teacutemoigne

de linfluence despotique des normeS et des valeurs sociales sur la mise

en jeu du corps

Dougrave sa deacutefinition

Le champ et la nature des pratiques motrices envisageacutees sous langle de

leur rapport agrave la culture et au milieu social au sein desquelles elles

se sont deacuteveloppeacutees (1)

Conseacutequence le contrat ludosportif est aussi un contrat social il

reflegravete la faccedilon dont une socieacuteteacute aime agrave se penser agrave se repreacutesenter bullbullbull

et accepte de se donner en spectacle

Lethnomotriciteacute donne naiss~nce agrave deux sortes danalyses

- lanalyse synchronique -ou eacutetude spacialeshy

de type interculturel agrave hagravebitus diffeacuterents styles de vie divergents

de type intraculturel apparition dhabitus de classe et de pratiques

distinctives

- lanalyse diachronique -ou eacutetude temporelle- ou eacutevolution sur une longue

peacuteriode des pratiques motrices pour une cateacutegorisation dindividus

Cette hypothegravese de lenracinement social de la motriciteacute est une atteacutenuashy

tion des explications psychologisantes consideacuterant lindividu indeacutepenshy

damment de son environnement et sexprimant en termes de goQts motivations

() PARLEBAS pierre Contribution agrave un lexique commenteacute en Science 4e laction motrice Paris Publication INSEP 981 322 pages

AicircAgraveLYSE CES iJFrADES iDe I LES EN flA TIERE

DE PRATIQUE DES SPORTS DE Oicirc-itlAT

Objet Veacuterificat~on de la theacuteorie de lhab~tus

Hypothegravese En raison de son histoire de ses speacutecificiteacutes des valeurs

symboliques dont on linvestit une pratique sportive est en faveur aushy

pris dun groupe de pratiquants en fonction dattentes de niveaux dexishy

gence de fierteacute dappartenance qui sont socialement et culturellement

deacutetermineacutes

Il sagit en quelque sorte danalyser les goOts et les motivations des

sportifs en rapport avec leur condition sociale et le sentiment attachi

agrave ce statut

Remarque Cette analyse sera meneacutee en fonction des classes sociales et

non agrave partir de cla~se dage ou encore de classe socio-politique comme il

est dusage pour toute reacuteflexion sur notre socieacuteteacute trJditionnelle

Cette particulariti provient du fait que nos enquites ont iteacute effectueacutees

en milieu urbain -en raison des problimes de temps et de moyensagrave Dakar

et agrave Thiis pour itre plus preacutecis et il est deacutesormais hasardeux de preacuteshy

tendre y retrouver les structures traditionnelles c~e on pourrait le

faire en milieu rural

Par classe sociale et nous inspirant de la notion marxiste -deacutefinition

du rapport aux moyens de production- nous entendons la distance_dun

groupe social aux postes de deacutecision et de responsabiliteacute Plus cette

distance est grande moins le statut eacuteconomique est eacuteleveacute

Nous distinguons quatre (4) classes sociales car au niveau dune telle

analyse nous ne pouvons preacutetendre agrave la finesse de discrimination indiciaire

de la Fonction publique par exemple

r~partieuml

come il egravest rsectc eacute dans 1 ablea~ ci-dessous

CATEGORISATIONGROUPE EXEMPLE DE FONCTIONADMISE

Administrateur civil - Ingeacutenieur - Meacutedec ilCadre supeacuterieur1 Officier - Professeur

Instituteur - Mattre dEPS shy2 Cadre moyen Secreacutetaire - Technicien

Chauffeur - Militaire Policier3 Cadre subalterne shyPatron - Artisan

Artisan - Cultivateur - Ouvrier temporail4 Non cadre Pcheur

Conditions denqute Six (6) sports de ~ombat sont officiellement

pratiqueacutes Ils possegravedent une structure para-eacutetatique de gestion de contr

ce sont

3 sports de preacutehension - JUDO - LUTTE LIBRE TRADITIONNELLE - LUTTE OLYMPIQUE

2 sports de percussion - BOXE ANGLAISE - KARATE

sport mixte - LUTTE TRADITIONNELLE AVEC FRAPPE

Pour chacun de ces sports 50 pratiquants ont eacuteteacute interrogeacutes sur leur

statut socio-eacuteconomique avec la discreacutetion et la prudence quexige ce

genre de question

Cette enqute sest deacuterouleacutee dans les conditions suivantes

JUDO

Lieu DAKAR - Clubs USTD - DUC - FJAKS - DOJO HOMAR DIENG

Date du 020J84 au 28-05-84

Circonstances Les principaux inteacuteresseacutes eacutetant la plupart sur le tatami

pour lentratnement il fallait souvent attendre la fin

de lentratnement uumlur pouvoir avoir une ou deux entreshy

vues de sorte qu~ le~qu~te a pris beaucoup plus de

On constate que le no~bre de p=a~iq~~-ts ~st ~eauccup plus importd~t dans

les groupes 2 et 3 - Il es ~oindre dans les grQupes 1 et 4

LUTTE LIBRE TRADITION~~LLE

Lieu Dakar - Thiegraves bull Aregravenes Landing DIAME - Ecurie Seacuteregravere (pregraves de

lautoroute) Lutteur diola - toucouleur - Entratneurs - encadreurs

de diverses eacutecuries Stade Iba Mar DIOP - Aregravenes de Pikine et de

Thiegraves - CNPES - INSEPS

Date du 040284 au 020684

Circonstances Elles sont parallegraveles car les pratiquants semblent beaushy

coup plus disponibles que dans les autres disciplines Notre travail

parfoi~ peacutenible en raison de la diversiteacute des ethnies repreacutesenteacutees

et la traduction n1est pas toujours aiseacutee

Observations

Nous constatons que la lutte libre traditionnelle est plus pratiqueacutee

par les groupes 4 et 3 que par les groupes 1 et 2

LUTTE OLYMPIQUE

Lieu CNPES - INSEPS - Iba Mar DIOP (Equipe Nationale) - DUC

Date du 040284 au 020684

Circonstances Les conditions sont meilleures dans la mesure ougrave le

hasard a fait que pendant cette peacuteriode leacutequipe nationale soit

en regroupement et ceci nous a permis d-interroger un nombre

important de lutteurs de grand renom

Observations

En raison du petit nombre de pratiquants r~guliers lenquecircte ne porle

que sur 2S personnes Arbitrairement pour les besoins de comparaison

les raisons de comparaison les reacutesultats cbtenus sont multipli~s par 2 bull

BOXE A~~GLISE

Lieu Iba l-ar DIOP - ASFA - ASFPO - SC -ASC JJAF - ASC lA

ugraveate du 201283 au 020684

~E~~~~E~~~~ Ici nous ferons la mecircme remarque que pour le Judo

Notons que toute lenquecircte a eacuteteacute faite agrave Dakar

Observation

La boxe recrute ses pratiquants surtout dans les classes 3 et 4 et

on note que le nombre de pratiquants nest pas aussi important comme

dans les autres disciplines

KARATE

Lieu YUKOKAI KARATE CLUB - SAMOURAI KARATE CLUB - Iba Mar DIOP

CLUB DE GIBRALTAR - ASFA - ASFA - ASFPO - GM Thiegraves

Date du 201283 au 020684

SE~~~~E~~~ Notre enquecircte se passait dans une ambiance sympathique

de camaraderie Geacuteneacuteralement apregraves la seacuteance dentratnement

Observation

Nous constatons que la distribution des pratiquants bien que favorisant

les groupes 2 et 3 semble plus homogegravene que dans les autres disciplines

~ LUTTE TRADITIONNELLE AVEC FRAPPE

Lieu Ecurie de Fass - Ecurie des Seacuteregraveres - Ecurie Mermoz

- Ecurie des Casamanccedilais

Date du 04-02-84 au 020684

Ccedilj~9~~~aEccedil~ Il est agrave signaler que cest la discipline ougrave l~ contact

avec les pratiquants a eacuteteacute plus difficile les speacutecialistes qui~ la plushy

part du temps semblent meacutefiants quand on commeucircce agrave leur poser des quesshy

tions preacutecises sur leur revenu mensuel

2 -liCc 055cllt le lle11ent SegraveS praLicltants dans le ba

de lecirc~helle ces~-agrave-dire dans le ~ruumlupe 4

~ecircsultats

Les reacutesultats enregistreacutes sont reacutecapituleacutes en nombre et en pourcentage

-agrave lapproximation pregraves- dans le tableau ci-dessous

LUTTE 1 LUTTELUTTEGROUPES BOXE KARATE JUDO AVEC OLYMshySIMPLE i i FRAPPE PIQUE

1 11 1 1 1

1 11 1 1 1 11 0 1 0 8 1 16 9 1 18 4 1 8 0 1 0 7 1 14

1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1

1 11 1 1 1 1 12 3 1

1 6 21 1

1 42 22 1 44 6 1 12 4 1 8 17 1 341 1

1 1 1 1 1 1 1

1 1

1 1 1 1 1

3 22 1 44 13 1 26 15 1 30 16 1 32 5 1

1 10 10 1 20

1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1

1 1 1 11 1 1

14 25 1 50 8 1 16 4 1 8 24 48 41 1 1 82 16 1 321 1 1 1 bull 1 1 1 1 1

1 1 1 1 1 11 1 1 1 TOTAUX 50 1100 50 1100 50 100 50 pOO 50 pOO 50 1100

1 1 1 1 1 1 1 1 1 1

Afin dG failiter la lect~~e je c~ table3~ t ~2 re~dre sig~ific~tives

s info~~ations quil contient ces difteacutere ts reacutesultats nu~eacuteriques

peuvent ecirctre formuleacutes selon des repreacutesentations graphiques

1 Clientegravele des Sports de combat

FIGURE l

Il apparatt nettement que les sports de combat recrutent essentiellement

dans le bas de la hieacuterarchie sociale ce sont des sports populaires don

propices agrave une massification de la pratique

Toutefois on peut nourrir quelques inquieacutetudes pour que soient reacuteunies

les conditions de leur deacuteveloppement en raison du faible statut quils

possegravedent au regard defllintelligentsia seacuteneacutegalaise

2 Hieacuterarchisation des gants sportifs en matiegravere de sport

de combat au sein des cadres supeacuterieurs -Groupe 1shy

FIGURE I[

La f-appe est honni aucl1 pratiqua1t de boxe Olt de lutte avec frappe

agraveUloins quelle fasse lobjet dune stylisation cxtrecircme COTIme cest le

cas dans le karateacute Ce groupe manifeste un seuil extrecircmement bas de toleacuteshy

rance agrave la violence ce qui explique les discours infamants degraves que la

lutte avec frappe est secoueacutee par quelques excegraves Leacuteopold Seacutedar SENGHOR 1

navait-il paS deacuteclareacute que cette forme de lutte eacutetait une atteinte permashy

nente agrave limage de marque du Seacuteneacutegal

Bien quil soit difficile de proposer une explication unique curiositeacute

esprit douvetture permeacuteabiliteacute aux modes bullbullbull les repreacutesentants de ce

groupe adoptet facilement des sports importeacutes 85 des goOts pour le 1

Judo le Karateacute et la Lutte Olympique qui pourtant est bien peu pratishy1

queacutee au Seacuteneacutegfll j

Faut-il en deacuted~~re une attitude geacuteneacuterale favoris~agrave tout ce qui provient

de leacutetranger

Nous nous refu~ons preacutesentement agrave ce genre dexplicationJ ne ser~it-ce que

par ses conseacuteqJences sur notre sport national dont les perspectives appashyj

raicirctraient bie sombres

Admettons que la pratique de ces disciplines sont en rapport avec des

deacuteterminants eacuteconomiques et que ceux-lagrave sont un frein P4ur la popularisashy

tion de ces pratiques A lappui de cette interpreacutetation~ il suffit de

composer le champ social du Judo et celui de la Lutte libre traditionnelle

--== G J

32

LUTTE SIHPLEJUDO FIGURE JI(

Le groupe 2 qui manifeste un inteacuterecirct reacuteel pour les sports de combat -pregraves

de 25 iuml de la population i~tervieweacutee- et qui p6ssegravede les ~oyens de choisir

ses pratiques opte massivement pour le judo CDnme lexprirre le rapport de

agrave 4

- shy

A la lumiegravere de cette succi~te analyse des demandes sociales en matiegravere

de pratique des sports de combat nous pensons recouper la theacuteorie de

lhabitus selon BOURDIEU qui veut que des hatitus diffeacuterents impliquent

des styles de vie divergents si lon entend par style de vie un systegraveme

de pratiques classeacutees et classantes(I)

La mutation de la socieacuteteacute seacuteneacutegalaise celle du milieu urbain se caracteacuteshy

rise par lapparition despaces sociaux qui sont en rapport avec des

espaces culturels Il en reacutesulte des pratiques distinctives comme

lexprime le pogam

En effet si les cateacutegories sociales existent et si chaccedilune delle exprime

une marque sur les conduites des sujets il est naturel ~e penser que des

pratiques1 sportives servent de modegraveles distinctifs et detrsymbOles dorgashy

nisation ieacuterarChique dans la socieacuteteacute exprimant les dif eacuterentes clas8eamp(2)

Ces const4tations ont dimportantes implications sur leeacuteveloppement et

lavenir des pratiques Si dans notre IIIegrave partie nous 1tenterons de 1

mettre en rapport les particulariteacutes ethniques avec les pluraliteacutes de

style de lutte nous parlons presque au passeacute Une IVegraveme partie devra

e~visager la situation actuelle de la lutte afin de pouvoir eacutemettre

qu~lques hypothegraveses sur son devenir

Cest auss~ une ambition de ce meacutemoire daider ceux qui sinteacuteressent reacuteellE

ment agrave la lutte de savoir entendre au travers des deacuteclarations normatives

et apologeacutetiques Nous ne doutons nullement de la conviction ou de la bonne

foi de leurs auteurs mais parmi les possibles il yale probable et seul

ceiui-lagrave meacuterite decirctre retenu car plus proche agravee la recirc~liteacute

(I) BOURDIEU pierre La distinction Les Editions de minuit 1979 page 191

(2) Le POgdlt Deacuterrocratisation du sport ythe (u reacutealiteacute

- 1f shy

j j l IlL DL l H L S DE

3 1 LA COll1ŒNAUTE DIOLA

311 Preacutesentation

Les diolas vivent dans la reacutegion de Casamance et repreacutesertent 9 de la

population totale du Seacuteneacutegal Ce sont geacuteneacuteralement des cultivateurs de

riz et des artisans Cependant on peut les trouver aujourdhui disperseacutes

dans toutes les capitales reacutegionales affecteacutes agrave divers meacutetiers militaire

gendarme fonctionnaires de lEtat ouvrier etc bullbullbull

Dans les villes la plus grande partie des diolas vit dans les qoartiers

populaires Par exemple agrave Dakar on les trouvera agrave Colobane agrave Fass agrave

Grand Yoff ou agrave Khar Yalla La plupart du temps cesDnt des artisans et des

ouvriers du secteur priveacute qui vont essayer dune maniegravere ou dune autre de

vivoter en bricolant deci de lagrave Mais mecircme loin de la Casamance cette

ethnie conserve une grande partie de ses caracteacuteristiques et plus partishy

culiegraverement la solidariteacute ethnique qui veut que les Diolas forment toujours

un bloc bien soudeacute quand le besoin se ifait sentir et cecisans discrimishy

nation de rang social Ainsi tous lesdiolas de Dakar se mobilisent pour

supporter le Casa Sport chaque fois qbe cette eacutequipe de foot-baIl vient

jouer agrave Dakar Cette mobilisation se fera aussi dans le cas ougrave leur chamshy

pion de lutte Mamadou SAKHO livre uncombatimportant

Lethnie diola est diviseacutee en trois sous-groupes

- les dio1as Fogny de Bignona

- les diolas Kassa autour dOussouye

- les diolas Blouf dans la preacutefecture de Tendouck

Mais en lutte on a pris lhabitude ~e les grouper en deux zones dune

part le Kassa qui preacutesente des particulariteacutes et dautre part lE Fogny

et le Blouf

- J 7 shy

3 ) 2 ~U(lquE5 aspects d~ l~ducatio~ ~t des rit~s en milieu diol~

L eacuteducat ion veacuteritable de lenfant diola est sociale et ne se corlprend

que dans la relation sociale elle deacutepasse de loin le strict cadre

famililal Elle commence au stade de lapprentissage du langage

Lenfant apprendra agrave reconnattre le langage du regard de ses parents

Il doit connaicirctre et faire la diffeacuterence entre un regard approbateur

et un regard qui blacircme De mecircme il doit apprendre agrave faire les gestes

de la tecircte qui expriment lapprobation En aucun cas lenfant nest

laisseacute agrave lui-mecircme Aura-t-il deacutesobeacuteit par complaisance naura-t-il pas

eacutecouteacute ou fait attention aux recommandations reacutepeacuteteacutees plusieurs fois

sans reacutesultat il fera lobjet dune punition corporelle avec la chicotte

Elle a pour effet de faire mal au corps de lenfant afin datteindre son

acircme sa sensibiliteacute et instaurer en lui une sorte de 1iaision de la

meacutemoire du mauvais comportement agrave la douleur quen voulant eacuteviter la

douleur il finit par eacuteviter le mauvais comportement en tout cas den

prendre conscience degraves cet acircge Cest une meacutethode deacuteducation mora1e (])

i 3121 Leacuteduca~ion maternelle

1

Notre eacutetude nous a montreacute que mecircme de nos jours leacuteducation diola

conserve encore ses caracteacuteristiques traditionnelles au niveau des rites

des moeurs des habitudes des principes et des normes

Leacuteducation de lenfant reste lune des plus rigoureuses Elle commence

degraves le plus bas acircge car pour le dio1a on ne peut redresser une personne

adulte donc autant leacuteduquer tregraves jeune Jusquagrave lacircge de trois ans

lenfant sera encadreacute par sa megravere qui bien queacutetant tregraves douce fait

preuve daucune indulgence Elle lui apprend les interdits de la communaushy

teacute respecter son prochain ne pas insulter ni profeacuterer de gros mots surshy

tout en preacutesence de grandes personnes ni faire violence agrave autrui

Plus terd v~rs cinq ou SlX ans le jeune garccedilon est initi~ a~x travaux

ces cna~ps des rizi~r~s cles pal~eraiEs ce Gui ne manquer6 pa5

davoir ces rEpcrcussic~s sur SOn deurovelopperncnt morpholoique

- 1( shy

3122 La circoncisio~

cest un rite obligatoire Il a pour but dintroduire le garccedilon dans

la communauteacute des hommes en tant que responsable Cest un rite qui

laisse une trace indeacuteleacutebile dans la vie du jeune diola Les principes

de la vie en socieacuteteacute y sont enseigneacutes agrave fond Le rite de la circoncishy

sion preacuteseuro~teuro uneuro forme p~lticul do~t s~uls les diolas connaissent

lorganisation internecar la circoncision est agrave la fois une eacutepreuve

physique intellectuelle et morale

Cette circoncision en milieu diola se passe dans le bois sacreacute En ce

lieu les Njoulis (circoncis) sont encadreacutes par des mattres les

Kintangs et au-dessus de ces mattres regravegnent un ecirctre doteacute de faculteacutes

occultes il sagit du Kankourang Le kankourang a cette capaciteacute de

disparattre de voler quand bon lui semble Il incarne la justice et la

violence et assure la protection de ses disciples contre les mauvais

esprits Ainsi le kankourang incite agrave lobeacuteissance et agrave lordre dans

cette socieacuteteacute Dans la tradition diola le kankourang repreacutesente un

pouvoir mystique capable de choses extraordinaires dont la socieacuteteacute

moderne avide de raisonnement ne pourra trouver une explication Au

cours de la circoncision les initieacutes subissent un certain nombre

deacutepreuves physiques que le diola appelle samasso Il doit se soushy

mettre agrave lensemble de ces eacutepreuves consideacutereacutees comme indispensables

agrave sa formation pour lui permettre de juger ses capaciteacutes physiques

mais eacutegalement deacutepouver sa valeur intellectuelle morale et sociale

Il pourra aussi se mesurer aux autres dans le domaine de la consideacuteration

et du respect En quittant le bois sacreacute le jeune doit posseacuteder une

grande partie des qualiteacutes humaines et socisles quil faut agrave un howmE

pour vivre en harmonie avec la socieacuteteacute traditionnelle Il serait bien

sOr possible dans le cadre dune eacutetude plus approfondie de parler de

bien dautres rites et pratiques traditionnelles

Notons cependant que le rite de la circoncision appartient aux anc~t~es

et que dans les villages reacutecents ougrave les structures ont changeacute on ne

Jeux jours avant la re~trfE cans le bois sacr[ les adolescents so~r

-

- Jo shy

por lE diola 11-071- doit rester en harrc1iE avec lE

tal lanimal lui-mecircme les ancecirctres les geacutenies Le rit~ du rasdge co~sist~

acirc ~loigner la ~alchance de lenfant Si l~ ritE nest pas respecteuro eumlr es

parents du futur initieacute celui-ci connaicirctra la malchance pendant toute sa viE

Ce rite a aussi pour faculteacute deacuteloigner le mal et de preacuteserver lenfant des

mauvais esprits

Le rite de leau sacreacutee se fait un jour avant lentreacutee dans le bois sacrEacute

Les femmes doivent se garder davoir le moindre contact avec leau beacutenite

pour se preacuteserver des conseacutequences facirccheuses qui pourraient en reacutesulter La

tradition veut quune seule goutte soit capable de deacuteclencher lavortement

l chez la femme enceinte de rendre steacuterile la jeune fille ou de provoquer des

menstrues perpeacutetuelles chez la femme ayant atteint la meacutenopause bull

bull Le rite de la forge protegravege le futur initieacute pendant son seacutejour dans le bois

sacreacute Mais cette protection seacutetend bien au-delagrave et de rite veut que toute

personne qui y faillit soit condamneacutee agrave devenir leacutepreuse

Pendant plusieurs semaines les jeunes initieacutes subissent une formation capishy

tale qui fera deux des hommes complets

313 Croyances et pratiques mystiques

Si nombreux sont les diolas convertis au Christianisme ou agrave lIslam leur

foi napparatt jamais incompatible avec leurs croyances animistes Lhisshy

toire des rois et reines diolas nous reacutevegravele quils eacutetaient les ffprecirctres fl de

ces cultes feacutetichistes destineacutes agrave maintenir la fertiliteacute et agrave provoquer

la chute des pluies De nos jours existent encore des socieacuteteacutes secregravetes agrave

base religieuse ou magique la plus redouteacutee eacutetant lassociation neacutecrophashy

gique Kousanga des Floup (1)

Deux fafu expliquent la coexistence du dogme et de la croyance

le contact tardif de la socieacuteteacute diola avec les civilisations eacutetrangegraveres

et leacutevangeacutelisation ou lislamisation quelles veacutehiculaient Il e~ reacutes~lt~

une importance des traditions leur reacutesstance agrave une remise en questic~ ce qui confegrave~e agrave la socieacuteteacute diola un caractegravere conservateur

r~c~~i]EE 2~fr~~ ~c - t

ct ~Cc egraveE~ Cimiddotilisatilaquo~ eacute

la neacutecessiteacute de lanimisme consiegraveeuroreacute comme base de toutes legrave~

religi0~s uumlegrave serait-ce que corr~e tentative ciexpliquer li1explishy

cable en se repreacutesentant en particulier comme un ensemble de puisshy

sances mystiques Ainsi pour lanimiste agir sur la nature cest

intervenir psychologiquement aupregraves de ceLX qui la gouvernent

314 Imeact des moeurs sur la prat~que de la lutte diola

Lorigine de la populariteacute de la lutte eugrave milieu diola est par trop

impreacutecise aussi nous nous limiterons agrave en donner la signification

actuelle La lutte apparatt dabord comme un moyen privileacutegieacute deacutedushy

cation

- sur le plan corporel afin de deacutevelopper la force lagiliteacute la

rapiditeacute et la souplesse

- sur le plan moral afin de deacutevelopper les vertus caracteacuterielles

courage tenaciteacute digniteacute bullbullbull neacuteces~aires agrave laction

Mais la lutte apparatt aussi comme un mpyen dinteacutegration sociale car

le jeune diola qui se refuserait agrave se sbumettre agrave leacutepreuve de la lutte

encourrait un isolement alors que celui qui excelle en bravoure devient

rapidement populaire Dougrave ces affrontements agrave linteacuterieur dune classe

dige qui tout en restant un moyen de reacutejouissance servent eacutegalement

agrave eacutetablir des comparaisons

Nos observations et nos interviews confirment le caractire tris physique

de la lutte diola immeacutediatement les lutteurs sont au corps agrave corps et

les techniques consistant agrave aracher ladversaire priment sur toutes les

autres Exprimer sa force est une preacuteoccupation constante il suffit pour

sen persuader de voir le groupe de lutteurs peacuteneacutetrer dans laregravene au son

du Born bol on que rythme le claquement de mains des femmes

C~tte da~se est une deacutebauche dAnegie Ougrave les lutteurs pieacutetin~Ert avec

force L sol

i shy

3141 EorphologUgrave et valeur physiques du lut teur diola

Le lutteur diola possegraveagrave~ un deacuteveloppement caracteacuteristique du trai~

supeacuterieur et de la musculature doso-lombaire Ceci est tregraves certaineshy

ment lieacute au maniement de la houe de la daba et surtout dukadiando

dont lusage permanent a modeleacute la morphologie du lutteur diola

La valeur physique de ce lutteur semble reposer sur sa force sa

reacutesistance mais aussi sa rapiditeacute

3142 Reacutepertoire technique

Dans le Blouf la forme du corps la plus utiliseacutee est le deacutecalage souvent

combineacute avec un crochet de jambe (gal gal) ceci semble ecirctre lieacute agrave

lutilisation quotidienne dans les riziegraveres du kadiando Le paysan du

Blouf sera ameneacute agrave faire un mouvement de torsion pour deacutecalerlinstrushy

ment enprenant appui sur son genou et ceci continuellEment pendant toute

la jourpeacutee Chez les diolas du Fogny le kadiando eacutefait surtout utiliseacute

par les femmes qui soccupaient autrefois exclusivement de la riziculture

et ce n~est quaujourdhui que les hommes cultivent le riz 1

La principale culture dans le Fogpy est celle du mil on y cultive aussi

de larachide De ce fait loutil le plus utiliseacute est le donkoton qui

est un instrument tregraves petit avec un manche court et dont le maniement

expliquerait peut-ecirctre leacutetonnante musculature du train supeacuterieur et surshy

tout de la zone dorso-lombaire du 4i6la fogny qui excelle dans les techshy

niques en force genre arracheacute avec les bras sur contrOle de la ceinture

de ladversaire Lulisation du donkoton semble eacutegalement expliquer la

garde tregraves basse du lutteur fogny

Dans le kassa on aurait pu trouver la mecircme forme de lutte car la morphoshy

logie du lutteur est agrave peu pregraves la mecircme mais linterdiction formelle de

la prise du ~gimbe modifie et limite tout le repertoire technicult2 ou

lutteur Le lutteur kassa adopte une garde basse et agrave une preacutefeacuterence pc~r

legraveS tc~-iccedilues n passa~ dessous - - ~ shymiddotmiddotcrc t--=~ c-

----

contact et agrave partir de ce TtoTteuront ils peuvent se relever et conti~uEr

en lutte debout jusquau terrassemen~

Toutes les gardes sont rapprocheacutees en milieu diola

irbi trage

Les combats sont arbitreacutes par un deacuteleacutegueacute geacuteneacuteralement anClen lutteur

Ces anciens lutteurs ont pour rocircle de veiller au bon deacuteroulement du

combat La victoire est deacutecreacuteteacutee dans les cas ougrave un des lutteurs se

retrouve en position assise sur le ventre sur la cuisse ou les

genoux (sauf dans le Kassa)

Il existe un autre mode de victoire celle qui est proclameacutee agrave la

suite dune supeacuterioriteacute eacutevidente du~ des lutteurs A savoir quand

un lutteur soulegraveve tregraves haut son camarade et que son manager estime i

quil est pratiquement battu il peut arrecircter le combat en touchant

dabord le lutteur adverse popr eacuteviter que son lutteur ne soit terrasseacute

tregraves fOrt Nest-ce pas un deacutecision sage des managers qui peut contribuer

agrave maintenir le caractegravere reacutecr~atif de la lutte joola 1

La victoire dun village sur un autre village ne se mesure pas au

nombre de victoires obtenues par lensemble des lutteurs En effet

il suffit que le champion soit battu pour que le village soit consideacutereacute

comme deacutefait Ce qui explique limportance et le seacuterieux que le village

accorde agrave la preacuteparation des championsl)

Il est cependant important de signaler que larbitrage dans les centres

urbains revecirct une iautre forme beaucoup plus codifieacutee et cest peut-ecirctre

une des raisons qui font quen milieu urbain la lutte diola perde une

partie de son originaliteacute

En dehors des techniques speacutecifiques agrave chaque sous-groupe il faut

signaler quil y a une multitude de prises et quelGues formes de corps

comTIunes agrave letnn Car reconnaissons qu il cO unE ror-euro approp=i~eacute

dE ~ouvane du l~tteur diola en TaI

-----~-----

LE tableau ci-dessous se propose dE reacutesumer les diffeacuterentes consideacuteshy

rations techniques envisagEacutees dans cette partie

FORlŒSSOGS-GRGUPES 1 COItltOLE GA~JESDt CORF=

i ~

1 1

Passage dessous de jambes et BassE KASSA saisies Moyenne1annexes bras (rapprocheacutee)

ceinture tecircte

Deacutecalage de Moyenne et BLOUF Demi-souplesse Ngimbe

HauteHancheacute Bras (rapprocheacutee)

Jambe

Arracheacute CouFOGNY Tregraves basse

Hancheacute ii 1

1 1

3 14 3 bull LeIIa~~jueetlecom~ortementdulutteur-+iola

1 Le comportement et lattitude du lutteur dans laregravene pe sont en fait

t

que le reflet de sa psychologie et plus partiCUliegraverem t de son eacutetat

dacircme Or il napparatt pas abusif deacutetablir des cor eacutelations entre

le psychisme dun individu et lempreinte eacuteducative quil a subie En effet en sortant du bois sacreacute le jeune diola a acquis un ~ca~~l

eacutequilibre physique et mental

Cette matrise de lui-mecircme permet au lutteur dans la~egravene dadopter

un aire enjoueacute de manifester beaucoup denthousiasme~ La lutte devient 1

essentiellement un jeu laspec ludique y est privileacutegieacute et ~ela influe

sur le comportement du lutteur

Ainsi queurolq~c soit limporta~cE de le~je~ le lutt~c~ dic1e Seuroreacute

to~jours serein et s~ livrera sa~s arri~re pe~s6e da~$ ~E CO=beacute ou-

tons que le lutteur diola est trecircs fair-play et sil arrive quun rdnd

lll L COIicircilU1Ul L ULOF

32 J Preacutesentation

La soc tEacute wucirc10f est celle qU1 a eacuteteacute la plus marqueacutee par la colonisation

~~ fait peut-gtre de sa position geuroographiquE dune part ct de 50~ imporshy

tanCE sur le plan dfmographiquE dautre part En effEt ceurootteuro CC-~ucircautE

wolof repreacutesente environ 20 de la population seacuteneacutegalaise

Elle est constitueacutee de pecirccheurs (ce sont les leacutebous) dagriculteurs de

fonctionnaires de lEtat mais surtout de commerccedilants

A pqrtir de leur reacutegime dimplantation le Cayor le Walo le Baol le

Djolof et la presquicircle du Cap-Vert les wolofs ont tendance agrave irradier

sur lensemble du territoire sous leffet de leur speacuteculation agrave la culshy

ture de larachide et du nombre important de fonctionnaires quon trouve

dans cette ethnie

322 Les moeurs et croyances wolofs

Bien queacutetant en grande partie des musulmans convaincus les wolofs

conservent toujours une croyance animiste et continuent agrave faire des

sacrifices agrave porter des cornes ou des morceaux de bois agrave la ceinture

aux jambes ou aux bras et agrave croire agrave lexistence des Djinneacutes et des

Raps bull

Le Djinneacute cest une creacuteature malfaisante en geacuteneacuteral capable de choses

extraordinaires Il possegravede des faculteacutes surnaturelles Cependant dapregraves

la croyance animiste certains Djinneacutes peuvent ecirctre bons

Le Hapl cest une creacuteature ayant des dons occultes appartena71t agrave une

famille ou agrave une communauteacute et dont le rOcircle est de veiller cu daider

les reCJrES de le fai11p ou dt la conmunauteacute en cas de da1gel Le Rap

~ ut te c ) ~~c-

ei sltcificE cJ sanl dE meut0 dL chat de pC)wleurot 5E1lt les conveuroshy

lances parfois leur dorner COrllTe offrande du lait Laii

Qua1d une famille ou une communauteacute neacuteglige les Sarakh (ici dans

le sens de sacrifice ou Offrande) elle se voit aussitocirct vouEacutee agrave la

maleacutediction des mauvais esprit~ (fcllec dans touteacuteS lEs ~treprises

de la vie maladie mort bullbullbull ) Les lieux ougrave habitent ls Taps et ougrave

se font les sacrifices se nomment Khambs

Geacuteneacuteralement le khamb se trouve dans lenceinte de la maison ou

dans un coin approprieacute du village Les lieux du khamb sont marqueacutes

par la disposition de calebasses de pilons de morceaux de poterie

briseacutes de grosses pierres de cornes et dautres objets heacuteteacuteroclytes

La superstition wolof est tregraves marqueacutee En effet pour le wolof toutes

les manifestations quotidiennes trouvent leur signification dans le

mysticisme Citons agrave cet effet quelques ezemples Une femme enceinte

ne doit pas marcher agrave nimporte quelle heure de la journeacutee Certaines

heures de la journeacutee lui sont interdites le Timiss (creacutepuscule

le Ndjo~or (de 13 H agrave 14 H de lapregraves-midi) le souf-segravede (de

minuit i4 H du matin) Selon la tradition ~t la croyance wolof les

mauvais ~sprits choisissent ces heures pour jeter des sorts Et la

femme enceinte eacutetant tregraves vulneacuterable le Djinneacute essaiera de lui insufshy

fler son souffle pour atteindre son beacutebeacute afin dentratner soit la

meacutetamorphose de cedernier en monstre soit de le tuer avant sa naissance

Dailleurs pour le wolof et pour certaines autres ethnies au Seacuteneacutegal

le timis le tdjolor le souf-segravede repreacutesentent des peacuteriodes de

la journeacutee ougrave lon ne doit pas se hasarder dans les rues et les champs

Ce sont des heures propices aux apparitions des Djinnes sous nimporte

quelle forme humaine ou animale

Il est eacutegalement interdit au wolof de marcher ou de serti la nuit du

~eacutellfria-

loutes c~s pratiques ~ystiqu~s et cr0ya~ces religi~us~5 ~xistent eL~~[

certainement dues agrave un meacutetissage culturel Parallegravelement aux feacutetiches

aux incantations et agrave lutilisation des safaras (substance magique)

notons lexistence de ga l a tchs (ce sOnt des talismans ougrave sont inscrits

du qui les porte Toutes ces croyances biEn sucircr auront une rEacutepercussicrI

sur leacuteducation du jeune wolof

323 Leacuteducation du wolof

Pour caracteacuteriser leacuteducation wolof nous avons penseacute donner comme

illustration cet extrait de la revue DEM ak TEY Pour deacutefinir leacutedushy

cation le wolof fait appel agrave un symbolisme qui eDglobe aussi bien les

moyens mis en oeuvre Yar que le reacutesultat obtenu agrave laide de ces mecircmes

moyens cest-agrave-dire la formation et le deacuteveloppement de lecirctre humain

ou Yaru

Le substantif Yar deacutesigne le fouet

Ce symbolisme deacutesigne donc au-delagrave du simple sens mateacuteriel de lobjet

lutilisation qui permet daboutir au reacutesultat escompteacute (Yaru) Au sens

geacuteneacuteral Yar deacutesigne tout instrument servant agrave infliger une punition Le

terme laisse supposer agrave priori que cette phase de lenfance durant lashy

quelle se preacutepare la vie de lhomme est lieacutee agrave la souffrance au supplice

Dailleurs une maxime wolof compare lenfant agrave une tige quon a tout le

loisir de redresser alors quelle est encore flexible bull

bullbullbull Pour leacuteducateur wolof la perfection nest point de ce monde malS

le devoir de chaque homme est de tendre vers la pleacutenitude en luttant

contre ses propres faiblesses Leacuteducation va d01c iisister essentielle~(-~t

sur lexercice quotidien de leacutelevation ffiora1e d~ lindividu Pour cela

elle privileacutegie la patience munI) vertu dabneacutegdtion et dE deacutesinteacuteresseshy

m(~t autour dE laquelle sarticulent toutes ]e~ ~u~~~s qualiteuros

i _

aan~ ~ s0cieacutet gt~olcf ocirclt~tartt nul -Jt- poulait sabecircisstr

tion de sa libertEacute La liberteacute est le preuumler drcmiddotir dE l ho-)euro egrave~S

baigner dans une beacuteate admiration du passeacute la comparaison avec le pr~$(middott

si~posc dclle-mecircme car lon reste s reacute devant la deacutesinvolture aVEC

laquelle dES honmes daujourdhui descendants de cette ~~~EacuteTatic ccedil~l se

une fois [largis bullbull tTasque fiers davoir fait leacute priS0n PEut-2tTE

faut-il mettre cela sur le compte de lurbanisation et des nouvelles

valeurs qui ont pour nom enrichissement reacuteussite sociale avec ce que

cela comporte de deacuteshumanisant et de deacutepreacuteciateur (1)

3 bull 2 bull 3 1 bull Lesri tes

Le sevrage et la circoncision constituent les deux grandes phases initiashy

tiques chez le wolof

- Le rituel du sevrage est appeleacute maga1 (litteacuteralement rendre grand)

Cest un eacutevegravenement important aussi bien pour les parents de lenfant que

pour la co~unauteacute Durant cet eacutevegravenement qui survient geacuteneacuteralement deux

ans apregraves la naissance du beacutebeacute les personnes vivant dans lentouragE

apportent leur soutien moral et mateacuteriel

- le rituel de la circoncision revecirct pratiquement la mecircme signification

que dans les autres ethnies seule la forme diffegravere La circoncision reste

encore une eacutepreuve de la vie au sort i r de laque Ile ladolescent devient un

homme Aujourdhui il faut noter une meacutetamorphose de la structure sociale

et des croyances religieuses tregraves accentueacutee aussi bien chez les wolof que

chez les autres groupes ethniques et ceci est peut-ecirctre dO au contact

permanent quils ont avec la socieacuteteacute occidentale

Malgreacute ces constat~tions il semblerait pcu=tant qUE la sociecirct~ lecircbou Gci

bien que se trouvaLt en grande partie dans ~a Presquth du Cap-ETt Et

en contact permane~t avec les blancs soit la portior la plu8 cc~serva-

----------~_- ---~-- -----

~

Incidences d s ~00urs sur la l~ttE

Le wolof connaicirct deux formes de luttes la lutte sirplE- sans t-t

la lutte avec frappe La lutte avec frappe a une crigi~e purement r

et ce nest que plus tard quelle devint une prati1uE sportive et lud

preacuteparer agrave la guerre Aussi tout en luttant On eacutetait autoris~ agrave frapper~

griffer mordre voire introduire son doigt dans loeil de son adversaire

Le jeune wolof devait eacutegalement se livrer agrave la lutte avec frappe afin de

favoriser son insertion dans la socieacuteteacute adulte et sinitier au meacutetier de

soldat faute de quoi il ne pouvait se faire entendre ne avoir des marques

de respect Pour montrer la populariteacute de la lutte dans le Cayor signalons

que les Damels ll (rois) et les Teignes (nobles) nheacutesitaient pas agrave sy

livrer Quant au IIMbeu~ (lutteur) elle lui servait de moyen de promotion

sociale car d8S que sa reacuteputation eacutetait eacutetablie il pouvait ecirctre choisi

par les rois et les nobles comme garde de corps

325 Signification de la lutte en milieu wolof

La lutte se pratique dabord pour lhonneur qui est une vertu tregraves signishy

ficative pour le wolof Elle permet de renforcer les liens amicaux entre

les jeunes de villages diffeacuterents Le champion veut gagner

confiance et la consideacuteration de son village de ses amis

Etre champion cest aussi susciter ladmiration chez les

sentant la force la viriliteacute et la deacutetermination

326 Organisation d~s eacutepreuves de lutte

3261 Les Mbapatts Ce sont les seacuteances nocturnes

pour meacuteriter la

et des anciens

filles en repreacuteshy

Ils sont organiseacutes apregraves les reacutecoltes agrave la fin de la saiscn des pluies

Ceci surtout p~ndant les peacuteriodes de clair de lune car ils peuven~ durEr

toute la nuit Le but des ~Dapatts lt=tait de prfpa-er FhysicuemeH et

~ arb Sil

326 Le 1

cest une organisation beaucoup plus importante que les I~apatts ~

loccasion de laquelle on peut voir plusieurs lutteurs de grande reDommfe

saffronteLLa fin dl lamb est toujours couronneacutee par une grand co~bat

duquel le vainqueur est sacreacute champion de la contrecirce

Le choix du lieu est lieacute agrave limportance de ce lieu dans le village cest

la place publique ougrave geacuteneacuteralement se passent toutes les manifestations

assembleacutee geacuteneacuterale sabar (danse) cest aussi lendroit ougrave sont prises

les grandes deacutecisions

3623 Lappariement

Dans un village ou un quartier les lutteurs se regroupent en lang

(eacutequipe) et jamais deux lutteurs de mecircme lang ne se rencontrent lors

du lamb

L appariement s~ fait librement entre lutteurs de lang diffeacuterents l1hs

une regravegle veut ~uavant de lutter avec le Mbeur Kanur de tel lang si

on est soukh (l~tteur pas encore confirmeacute) il est neacutecessaire de lutter

dabord avec ses soukh et ce nest quapregraves les avoir terrasseacutes tous

quon se voit octroyer la chance de lutter contre lui

Notons que la cateacutegorisation des lutteurs par poids nest jamais prise

en consideacuteration

3624 La tenue du lutteur ou NGIMBE

Le middotNGimbe est confectionneacute par le marabout de la famille ou du clan Il

est constituecirc de pagnes en coton tisseacute geacuteneacuteralement offerts par la megravere ou

la grand-megravere du lutteur ceci lors des organisations de ~rande Tportance

COrlune lef 1amb Dans le cadre des l-bapatt les pagnes sont C tErts peumlr

~~~rcfcis ct ffi~mc aujourdhui d218 cErtaInes fa~ille5 on devj~Gr

luttEur de pegravere en fils et dans ce cas h 1

gimbell du pEgravere Est recircr i tEacute

par le fils Le fait de porter le lI~gimbe agravee ses aiumleux peut susciter

cne~ le jeune lutteur une motivation et une volontecirc in~branlable rlasshy

surer 12 supeacuterioritEacute cis SIcirct-ns dallS

le xgimbe de la famille ne touche pas le sable

La tenue du lutteur a une signification et une importance sur le plan

mystique car selon les anciens le vrai feacutetiche du lutteur celui qui

le proteacutegera agrave vaincre le Djinneacute ou le Rap de ladversaire se trouve

cacheacute dans ce Ngimbe Celui qui confectionne-le Ngimbe est doueacute de

faculteacutes occultes

~~r~i~rg Il est assureacute par un sage du village qui geacuteneacuteralement fut

championde lutte de son temps Dailleurs cet ancien nintervient que

si le terrassement est litigieux

Hormis le public qui proclame la victoire ou le match nul le lutteur

lui-mecircme est arbitre et il arrive quil se deacuteclare vaincu ~ous

pouvons citer comme exemple Meacutedoune KHOULE un des plus grands lutteurs

seacuteneacutegalais qui a donneacute une victoire agrave Djeacuteri SADIO son adversaire qui a

reacuteussi agrave lui faire toucher le sol de la main

Il Y a terrassement quand le lutteur se retrouve

- assis sur le sol

- eacutetaleacute sur le dos

eacutetaleacute sur le cocircteacute

les deux genoux au sol

- les deux ma~ns au sol

la tecircte (front au sol agrave la suite dune brouette)

Il peut y aVOIr match nul si apregraves li1 temps ccmsideacuterable les lutteurs

SE sont ~ ivrEacutes respectivement agrave des assauts rEacutepEacutetEacutes et n arrivEt pas a

3265 L~ precircparation mystique

Il faut reconnattre quon ne peut parler de lutte en milieu wolof sans

envisager une preacuteparation mystique seacuterieuse Co~~e ~ous lEvans vu a~teacute-

1middot ~ d ~ ~rlturenent t0utes es actlvmiddotltesmiddot u W010 sont lles a SeS croyances

- la lutte ne concerne pas seule~ent deux acteurs se livrant faruumlucheshy

ment agrave un combat au milieu de laregravene mais eacutegalement les marabouts et les

feacutetichistes du village ou du clan qui doivent deacutefendre leur savoir et

leur prestige Avant le combat le lutteur doit se livrer agrave un certain

nombre de preacuteparations mystiques pour assurer sa victoire Aussi sommesshy

nous appeleacutes agrave parler de BACK (cest le chant et la danse du lutteur)

- le batteur de tam-tam compose un rythme en fonction du Galagne ou du

Senghor (gds-gris) du lutteur Chaque galagne sera choisi en fonction

du Rap ou du Djinneacute correspondant au Totem du lutteur

Le chant geacuterleacuterique Feinte woy veut dire litteacuteralement composer un 1

chant Ce chant est geacuteneacuteralement composeacute par les filles du viilage du

champion ou par un griot de sa communauteacute Et agrave travers ce chrnt on

arrive agrave toucher la corde sensible du lutteur en chantant lesl innombrables 1

victoires de ses ancecirctres ou en lui rappelant ses prouesses eacuteblatantes 1

Chaque lutteur doit avoir un chant et un back qui lui sont propres

327 Le reacutepertoire technique et les caracteacuteristiques physiques dulutteur wolof

Le lutteur wolof est geacuteneacuteralement moyen de taille la musculagraveture est

tregraves saillante ce qui fait ressortir un aspect tregraves athleacutetique ceci

est vrai sans exception pour le lutteur leacutebou mais il arrive que le Cacircyoshy

rien le baol-baol le walo-walo soient de grands gabarits de forte constishy

tution

CepEndant pour une meilleure compreacutehension du sujet nous pouvons eacutetudiEr

deux jroups d lut teurs qui vont deacuteterminer deux st yI e s de lut tes

- ~ t

les tc~tativ~s de~[reacutee e~ ramassement de jambes de la~v~sairL Ce~~

peut Ecirctre expliqueacute par le fait que les lutteurs leacutebou ou walo-walc qui

sont des pecirccheursadoptent cette garde tasseacutee du fait quils so~t tou-

jours pencheacutes en tirant le fil ou en poussant la plrogue On verra techrugravequeacutes dt cirr 2C ~lt 5Jllicitocirct

surLuumlut les membres supeacuterieurs

Le cayorien et le baol-baol par contre sont les plus grands cultivateurs

darachide chez eux les techniques de lutte sont plus varieacutees et la

garde est moins renfermeacutee Les lutteurs cayorien et baol-baol ont une

morphologie et une reacutepartition musculaire bien eacutequilibreacutee ils excellent

dans les techniques en deacutecalage les techniques de jambe et surtout les

techniques de riposte ougrave lon peut voir des prises de hancheacute tregraves amples

Dune maniegravere geacuteneacuterale on peut dire que le lutteur wolof est un fin

technicien qui sait surtout creacuteer les opportuniteacutes e~ avec sa rapiditeacute

utiliser la force de ladversaire pour le deacuteseacutequilibrer le noodju

le mbas le weacuteheacuteleacute et le rasu sont des techniques propres au lutteur

wolof

En deacutefense il utilise surtout des kl~klets ou gal-gal Notons que

le balancement des bras ou Lewato e$t tregraves marqueacute dans la lutte wolof

TABLEAU RECAPITULATIF DES COMPOSANTES TECHNIQUES

( 1 )

1 SOUS-GROUPES GARDES CONTROLES FORHES DE CORPS l

Walo-walo Basse de jambe Arracheacute l l10yenne de Ngimbe et i

Leacutebou Tasseacutee et saisies annexesj Deacutecalage 1 1 distante de bras de tecirct1

j de bras Deacutecalaeuro

~-----------------~-

- ~ ~- shy - ~ ~ bull L _ _ bull

Profil psyc~~iqUE du lutteu- et son comporterent dars l 2regravere

La preacuteparation mystique dans laregravene est plus marqueacutee chez les wolofs

que ChE~ les autres ethnies En effet on verra de grands champions

preliGrE plusiEurs heures pour Enduire leur corps de cll2badep ou ci

rmiddot- ~ a la proprieacuteteacute de proteacuteger li1egraveividu J

les mauvais sorts) Cest dailleurs un aspect dt la luttE qui iJcsc

des problegraveJles

Le lutteur wolof est tregraves superstitieux et la peacuteriode de preacuteparation

est capitale pour lui car elle permet non seulement de rendre

hommage aux ancecirctres mais aussi dintimider son adversaire Cest

geacuteneacuteralement un lutteur agressif combatif et teacutemeacuteraire Il se fait

souvent remarquer par son esprit dentreprise Mais cette fougue dans

le combat lamegravene parfois bien que ce soit regrettable agrave oublier les

usages et les normes Ce manque de maicirctrise de soi peut faire croire

que le lutteur wolof manque de fair-play ce qui nest pas toujours le

cas

~A~Ugrave~ t 4AA CbUrs k LA ucirctotve f~tPle Sesect prores mou W ~ lesquelles vont se couler les comporteme~ts individuels qui sont ainsi

monteacutes par et pour lautoriteacute sociale

Les faccedilons de boire de marcher ou de sasseoir se manifestent indivishy

duellement dans le corps de chaque personne ces habitus sont cependant

des montages sociaux lieacutes agrave des significationssymboliques variables

dailleurs selon la position sociale occupeacutee par chaque sujet Ces modes

dagir se rangent dans un systegraveme de montages symboliques et lindivishy

du les apprend de la socieacuteteacute dont il fait partie agrave la place quil occupe

Lhabitus est un montage social agrave la valeur symbolique deacutependant des pheacuteshy

nomegravenes deacuteducation et de prestige et lieacute agrave la position sociale du sujet

Cette penseacutee sonne de faccedilon eacutetonamment moderne

Pierre BOURDIEU qui dans une perspective a approfondi le contenue de la

notion en le reportant aux oppositions entre classes et fractions sociales

Il deacutefinit lhabitus comme un systegraveme de dispositions durables acquis au

cours dune histoire personnelle dans une milieu social donneacute systegraveme qui

engendre ensuite des pra~iques socialement deacutetermineacutees faccedilons de manger

de parler ou de marcher comportements de politesse contenu des preacutefeacuterencel

et des deacutegoOts bullbullbull lhabitus est le produit de conditions eacuteconomiques et

sociales Lauteur rattache directement la formation de lhabitus dun

individu agrave la trajectoire parcourue par celui-ci dans sa classe dapparteshy

nance il deacutefend lideacutee dun habitus de classe qui deacutefinit le sens confeacuteshy

reacute agrave la pratique sportive les profits qui en sont attendus

Ce dernier serait lui-m~me lieacute agrave un systegraveme de valeurs ou ETHOS de classe

prenant sens au sein doppositions distinctives entre classes sociales

De sorte lhabitus fonctionne comme un systegraveme dt- regravegles inteacuterioriseacutees

souvent informuleacutees permettant ou non agrave lagent de sadapter dembleacutee aux

multiples pratiques de la vie quotidienne et de la vie sportive il est agrave

lorigine des schegravemes de transcription qui favorisent les ajustements aux

situations corporelles nouvelles (1)

t ~

(1) P~IE11D dwi6Han ISpoy-l et sodeacutebi Approche Bocio-culturelle des pratiques P~tis Vigot 1981 page 81

33

331 Preacutesentation

Les Seacuteregravere auraient pour origine le Fouta Toro quils auraient quitteacute

vers le Xllegrave siegravecle pour fuir lislamisation de cette reacutegioD par lempire

dJ Xali (ils seraient donc apparEnt~s aux Peul et Toucouleur ) Ils

auraient trouveacute dans la rEacutegion du Sine les Sosseacute dorigine manding avec

lesquels ils salliegraverent

Au XVegrave siegravecle une autre immigrationSos~ conqueacuterante cette fois-ci

apporta son organisation eacutetatique Ils se divisegraverent en deux monarchies

deacutemocratiques lune seacutetablit au Sine et lautre au Saloum Les Sosseacute

conqueacuterants constituaient lautocratie appeleacutee Guelowar

La royauteacute seacuteregravere eacutetait laiumlque Les premiers souverains durent secouer

la tutelle des Toucouleur et progressivement arrivegraverent agrave unifier lethshy

nie des seacuteregravere etdea Sosseacute Les deux royauteacutes eacutetaient organiseacutees selon

acirces modegraveles tregraves deacutemocratiques Le souverain deacutependait dune assembleacutee

de ministres et de chefs locaux qui assuraient ladministration centrale

et reacutegionale())

Aujourdhui lethnie seacuteregravere repreacutesente 20 de la population seacuteneacutegalaise

Ils sont reacutepartis sur presque toute leacutetendue du territoire notamment

dans le Baol la reacutegion du Sine-Saloum et la reacutegion de Thiegraves

Signalons quil existe plusieurs sous-groupes dans lethnie ainsi on

trouvera

- dans la reacutegion de Thiegraves les Ndut les Safegravene et les None

- dans le Sine-Saloum les Sine-sine et les Saloum-salouIT

On trouvera vers foundioune et agrave Nioro du cocircteacute de la Gambie les

Niominka (pecirccheurs) Cest une portion tregraves mandinguiseacutee

( 1

Le rattache~2~t d~ to~s ccs sous-groupes pose problecircme ~25 0~ r0~V~

uc grande partie de traits COITul1uns dans leurs modes dE vie Ct pOUT phs

de faciliteacute nous allons essayer de faire une ~tude globale de la lutte

traditionnelle seacuterecircre Lactiviteacute socio-eacuteconomique qui est essentielleme~t

agro-pasorale caracteacuterisE leacutethnie seacuteregravere

332 Lecircducation les moeurs les croyances et pratiques sEr~rc

Chez les Seacuteregravere la vie humaine se deacuteroule selon les grandes eacutetapes

le baptecircme lenfance ladolescencemarqueacutee par la circoncision lsectge

adulte le mariage la vieillesse et la mort (funeacuterailles)

La vie de la communauteacute seacuteregravere reste une des plus originales sinon

celle qui de nos jours garde la presque totaliteacute des pratiques et

habitudes traditionnelles

Bien qu aujotltdhui con~r-tis aux religions chreacutetienne et musulmane les

Seacuteregravere conservent leurs croyances et pratiques animistes

Quelque soit leur degreacute dadheacutesion aux religions reacuteveacuteleacutees les Seacuteregravere

croient en un Dieu puissant et miseacutericordieux Rog Segravene et les hommes

Les ~angols sont repreacutesenteacutes mateacuteriellement dans tous les villages

seacuteregraveres par des arbres (baobab et tamariniers) des animaux (geacuteneacuteraleshy

ment serpent doreacute ou iguane) des ustensiles (pilon calebasse et mortier)

De nombreux teacutemoignages nous apprennent que certains totems (serpent

iguane) font leur apparicion agrave loccasion de certaines manifestations

rituelles comme les sacrifices ceacuteleacutebreacutes lors dun mariage de ceacutereacutemonies

mortuaires ou des circoncisions

Le Seacuteregravere comme il nous a eacuteteacute donneacute loccasion de le dire plus haut

preacutesente des speacutecificiteacutes authentiques aussi bien en tout ce qui touch~

son eacuteducation ses croyanCES et pratiques mystiques q~e ses activiteacute~

socio-ecirccc~omiquEs Apr~s a ~aissa~c~ le beurob~ ~~ pcs~ 5~~ lE S~ __

On lui mouille les l~vres avec un peu d~ lait de mil et apr~s U~ bain

purificateur on versera leau dans un trou cr~us~ derri~r~ la Camp~~

Pendant huit jours la megravere et lenfant sont cacheacutes dans la case car

selon les anciens ils sont tregraves vulneacuterables La case deacutens certains cas

est entoureacutee dun fil blanc et lon place sur le seuil des fais(cauy di

veacutegeacutetaux pour chasser les mauvais esprits (geacutenies malfaisants et illangeUY~

dacircmes) Au bout du huitiegraveme jour la megravere et lenfant peuvent sortir de

la case bull

bullbullbull Le matin du huitiegraveme jour la tante paternelle va chercher de leau

(plusieurs fois)t elle doit rester muette pendant ses alleacutees et venues

si elle parlait t lenfant pourrait ecirctre muet bullbullbull

La megravere et lenfant prennent un bain purificateur dans lequel sont

trempeacutees certaines plantes (ce sont des veacutegeacutetaux pr~tecteurs tels le

begravene le yag le ngud) On y lavera aussi le linge e1t les ustensiles utishyj

liseacutes pendant les huit jours qui viennet de seacutecoul~r On rase le crine

de lenfant Les cheveux sont donneacutes agrave la megravere qui ~s enterrera avec le

reste du cordon ombilical dans un endroit que11e esit seule agrave connattre

La megravere sassied sur une natte devant la maison Une femme igeacutee de la

famille prend le beacutebeacute dans ses bras et le preacutesente aux quatre coins de

lhorizon

La tante paternelle tient ensuite un van sur la tecircte de la megravere on y

verse le mil on y verse eacutegalement en abondance sur la megravere et sur

lenfant La tante oint ensuite le corps du beacutebeacute avec du lait e11e

touche en particulier le front t le nez la bouche la poitrine le dos

et les oreilles

Elle pose enfin un ~rain de sel dans la paume du beacutebeacute (le sel purifie

et deacutetruit les puissances mauvaises)

Apregraves un nouveau bain la megravere et lenfant revEcirctent des habits de fecircte

(est

lenfant Ce precircnore a toujours U~ SEns Il sy~bolise parfois C0 qUi

lOIl sounaitt agrave lEufant l)

La circoncision comme dans les autres ethnies est obligatoire Elle

permet au jeune adolescent dacceacuteder agrave la classe adulte Les jeunes

sont regroupes en classe dacircge dans le bois ougrave sc fait la r0tr~it0 des

circoncis et ceci pendant plusieurs mois

Le Selbeacute qui est geacuteneacuteralement un ancien craint de tous les eacutelegraveves

enseigne le respect de la hieacuterarchie la discreacutetion le goOt de linishy

tiative Les activiteacutes physiques et leacuteducation artistique ne sont pas

en reste la deacutecoration la sculpture la lutte et la danse A sa sortie

du bois linitieacute appartient deacutesormais agrave la classe des virils et des

sages du clan car on lui aura enseigneacute les vertus fondamentales que

sont la justice lhonneur lamour du prochain 1 amour du travail

lhonnecircteteacute et surtout le respect des coutumes ancestrales

Le rite du mariage esd aussi un fait tregraves important dans le monde 1

seacuteregravere mais par manq~e dinformation nous serons obligeacutes de nous en

tenir lagrave

333 Impact des ethos sur la lutte dans le monde seacuteregravere

Lorigine de la lutte seacuteregravere ne semble pas claire ma1S nous pouvons

dire quil existait deux formes de lutte comme chez les Wolofs une

lutte sans frappe et une lutte avec frappe Et cest cette derniegravere

qui peut-ecirctre nous ameacutenerait agrave croire que la lutte seacuteregravere aurait une

origine plus preacuteciseacutement guerriegravere

Aujourdhui la lutte est uniquement une activiteacute sportive agrave travers

laquelle le jeune seacuteregravere eacutevalue sa force son courage et SOn ingeacutenioshy

siteacute Cest une occasion de deacutefendre lhonneur de son village ou de

la corrnnunauteacute

La luttE ~5t avant tout u~e rnanifcs[dtic~ c~lturclie et surtout

fo lkhriqut-

Gracircce agrave elle on peut deacutesormais comprendre un certain nombre de chants

et de symboles A travers la lutte seacuteregravere on ccedilomprend les inter-relashy

tions entreacute la vie et le monde surntiturel

Sil devait y avoir la mort dun villageacuteois pendant la fecirctE au T qUE

de linterrompre on proceacutedait gracircce aux connaissances magico-religieuses

agrave la suspension de la mort jusquagrave une peacuteriode ougrave la population sera plus

disponible pour organiser des funeacuterailles sil y eacutetait preacutedit la possibishy

liteacute dune deacutefait du champion local au profit dun champion dun autre

village des recettes dordre maginque et religieux eacutetaient mises en prashy

tique afin que le champion du village ne soit jamais terrasseacute(J)

334 Le profil du lutteur seacuteregraver~

Le lutteur seacuteregravere est par essence un athlegravete impressionnant de par sa i

carrure et sa musculature saillante mais cest aussi une force tranquille

et calme quelque soit lenjeu du combagravet et particuliegraverement lhonneur

Cet aspect nous pousse agrave parler du NGiMBE cest-agrave-dire de la tenue du

lutteur qui va influencer sur sa faccedilon de lutter

La confection du Ngimbe revient agrave la communauteacute entiegravere Le Ngimbe a

une signification symbolique et le lutteur pour meacuteriter la confiance du

groupe se doit de tout faire pour ne pas toucher le sol Toute la commushy

nauteacute elle aussi sengage pour assurer la longeacuteviteacute et le succegraves du lutteur

dans laregravene par lorganisation droffrandes et de sacrifices en lhonneur

des Pangols bull

bull

Daucuns nheacutesitent pas agrave dire que lessentiel du mysticisme se fait agrave

la maison et non dans laregravene tout le reste nest quintimidation de

ladversaire

lsvcns

Tt- pi ~- t

t 1 ~ l _ ~ t

par rapport agrave lautre Cbci est trEgraves lieacute agrave lactiviteacute journaliegravere du

jeune seacuteregravere qui est un cultivateur donc toujours bien planteacute sur ses

jambes et qui continuellement manie lhiler

Le fait de couper le boi~ peut eacutegalement constituer un moyen de muscushy

lation non neacutegligeable pour le jeune lutteur

Un certain nombre de traits techniques speacutecifiques au lutteur seacuteregravere

semblent ressortir des diffeacuterentes interviews que nous aVOns fait subir

agrave certains lutteurs seacuteregraveres et agrave diffeacuterents techniciens

SOUS-GROUPES FORMES DU CORPS CONTROLES GARDES

SAFEN Moyenne en fente NONE Hancheacute Bras (distante) j

NDUTJ

f

SINE-SINE Deacutecalage Ngimbe

Moyenne

SALOUM-SALOUM Passage- Jambe (rapprocheacutee) 1

i

PETITE dessous Tecircte Basse et 1

COTE Moyenne (rapprocheacutee)

Notons que le Niominka ll commence agrave lutter agrave partir du sol pour avoir

assez deacutelan et sauter sur ladversaire afin davoir la prise du lion

(contr6le de la nuque et du bassin)

Co a -tem-nt ccedilt attitude du lutteur sEacuteregravere335 np -1t ~

Les croyances mystiques sont indissociables des activiteacutes quotidiennes

duseacuteregravere Ce qui explique le cocircteacute supersticieux du lutteur seacuteregravere En

~ffet certains lutteurs refusent de lutter avant certaines heures

Certains teacutemoignages nous apprennent quil nest pas donneacute agrave tout le

monde decirctre champion de lutte et que le lutteur doit avoir des dons

surnaturels pour ecirctre agrave mesure de livrer ses combats dans la nuit

et trouver seul un gris-gris speacutecial appeleacute Njatch

Le vrai champion de lutte chez les seacuteregraveres ne lutte pas seulement avec

~a force et sa technique mais surtout avec ses dons occultes

Chez les seacuteregraveres les morts sont toujours preacutesents et les ~pangols

Servent dintermeacutediaire entre les hommes et les morts Le pangol prend i

le nom dhumain dans certains villages (IIHeacuteJga NDONG Har Wag NGOUYE) i 1

De ce fait on verra le lutteur danser dufe maniegravere ou dune autre en

fonction du pangol de sa famille Ainsi nrus aurons le back (chant et

danse du lutteur) des DIOUF des FAYE etclbullbullbull

Dans laregravene le lutteur seacuteregravere a un comportement exemplaire aussi bien

agrave leacutegard de son adversaire direct quave~ le public en geacuteneacuteral Lexpli shy

cation semble tenir au fait que le lutteur seacuteregravere est avant tout selon

la tradition orale le repreacutesentant de toute la communauteacute seacuteregravere Par

conseacutequent il devra saffirmer non seulement en tant que lutteur dans

laregravene mais aussi en tant quentiteacute morale

336 La tenue du lutteur ou NGIMBE est confectionneacutee par le marabout de la

famille ou du clan Le Ngimbe est constitueacute de pagne en cCton tisseacute

Il doit ecirctre propre le lutteur qui le porte ne devra pas avoir de rapshy

port sexuel pendant toute la peacuteriode des cOTpeacutetitians car le Ngi~bE ne

doit pas ~tre souilleacute

Autrefois et mecircme aujourdthui dans certaines familles on devient

lutteur de pegravere en fils et dans ce cas le Ngimbe du pegravere est heacuteriteacute

par le fils Le fait de porter le Ngimbe de ses aieux peut susciter

chez le jeune lutteur une motivation et une volonteacute ineacutebranlable dtasshy

surer la supeacuterioriteacute d~s siens dans ltaregravene Il fera tout pour que le

Ngimbe de la ramille ne touche le sable

La tenue du lutteur a une signification et une importance sur le plan

mystique car selon les anciens le vra1 feacutetiche du lutteur celui qui

le proteacutegera et laidera agrave vaincre le nDjinne ou le tRapu de ladvershy

saire se trouve cacheacute dans ce Ngimbeu bull Celui qui confectionne donc le

Ngimbe U est doueacute de faculteacutes occultes

337 Larbitrase est assureacute par un sage du village qui geacuteneacuteralement fut

champion de lutte de son temps Dailleurs cet ancien nintervient que

si le terrassement est litigieux Hormis le public qui proclame la vicshy

toire ou le match nul le lutteur lui-mecircme est arbitre et il arrive

quil se deacuteclare vaincu

Nous avons pu cfter Meacutedoune KHOULE un desplus grands lutteurs seacuteneacutegashy

lais qui a donn~ une victoire agrave Djeacuteri SADIO son adversaire qui a reacuteussi

agrave lui faire touegraveher le sol de la main

IlL

34 1 Preacutesentation

Lethnie toucouleur vit En grandt partit ciE~~ la vallfc du S~~~gal

pt reprecircsente i peu pr~s 8 de la population totale secircn~galaise

o Histoire

Il semblerait que dans lancien royaume du Tekrour (IX~ siegravecle) des

eacuteleacutements neacutegroiumldes Sarakoleacute et des Peul aient formEacute par meacutetissage le

peuple Toucouleur (Toucouleur serait dailleurs une deacuteformation du

mot portugais Tacouror)

Ce empire a domineacute aussi bien les wolofs de lOuest que les Peul

nomades du Fouta Toro Cette reacutegion fut le premier pays islamiseacute par

les Almoravides ce qui peut expliquer le proseacutelytisme toucouleur

Ce sont les guerriers toucouleur islamiseacutes qui attaqu~rent avec les

Almoravides la capitale du Ghana Koumbi en 1067 On convertit par

la force les animistes Cest sans doute agrave cette eacutepoque que de nombreuses

ethnies reacutefractaires agrave lIslam ont dO accentuer leur migration vers

le sud (Seacuteregravere wolof Sarakoleacute Bambara Songhaiuml Akan et Peul se reacuteshy

fugiaient vers les hauteurs du Fouta Djalon)

Au XIXegrave siegravecle les Toucouleur allaient trouver en El Hadj Omar Tall

un grand conqueacuterent qui sous le preacutetexte religieux de la gJerre sainte

contre les tribus animistes (entre autres Bambara) eacutetendit lempire

toucouleur sur presque tout lensemble du gali et la partie de la Guineacutee

proche du l1ali

Lempire toucouleur composeacute de Sarakoleacute de Bambar~ de ~alinkeacute de

Xassonkeacute dE Peul et de Dogon eut le meurorit~ dunir CES diif~rentes ~ ~ - - - - - et~ics ~t dE CD~stituer l~Sl la b2S~ ~r 1

_ ~ ~ ~_ L ~

~ ~- ~- - - ---- _ 1 v _ t 1 ~-_ --

marabout tOL~culcuuml~ ~ middotlrrany a l ick SI venu des E1i rClS dE Pocior~ (

~ Vi~ euroconomicue et sociale -----------~-------------

Les Toucouleur sont des cultivateurs mais bien quils n~ soie~t pa~

pasteurs comrre les Peul leacutelevage a une place inportarteacute decirc1S ltur

eacutecono~ie Pour faciliter leur conquecircte guerriegraverE ils c~t Eucirc une preacuteshy

dilection pour leacutelevage des chevaux On y trouve aussi des pecirccheurs

appeleacutes Tchioubalo La socieacuteteacute toucouleur aurait une stratification

sociale tregraves rigide Les groupes ethniques et les castes eacutetaient

diffeacuterencieacutes et strictement exogamiques les Rimbe classe des nobles

comprenant la famille reacutegnante et les guerriers libres la classe des

Nieacutenieacutebegens de castes artisanales i les Rimaibeacute anciens esclaves

devenus serviteurs qui portent les noms de famille de leur maicirctres A

la base de lorganisation de la collectiviteacute toucouleur se situe le

village (Wouro)

Toutes ces castes sont cloisonneacutees entre elle~ Ainsi il nest pas

permis agrave un Torodo (noble) de se marier avec un Tchioubalo Ces

consideacuterations sont importantes dans le domaine de la lutte ougrave nous

apercevrons que les nobles ne sont pas faits pour lutter Le noble

preacutesidera les seacuteances de lutte et on luttera pour lui Ces condeacute rat ions

de noblesse et de rang social sont extrecircmement importantes dans le

monde toucouleur

Le noble ne doit pas se salir on lutte pour lui il ne vit la lutte

quen tant que spectateur

342 Education moeurs croyances et eratiques religieuses

Deux formes d~ducation sont agrave consideacuterer leacutedJcatio~ dES enfarts Et

celle des adultes

oG lenfant sait m2n~~r et apprfcier le goOt d~5 ~iifeurorents r~pas lt

le moment ougrave il CO~~e~CE agrave marcher

tivirt n~sormais le petit toucou]eur est eacuteduquf par toutmiddot 12 f2~i)]E

dabord puis par toutes lespersc~nes du village ou du C13~

Lenfant peut ~tre corrigeacute par tout adulte appartenant au groupe social

Son eacuteducation est deacutesormais laffaire de toute la communauteacute et non

exclusivement celle ces parents On linitie ainsi au travail quotidien

qui se fait dans la bergel~ e les champs et les bords du fleuve Au sein

du village il pourra apprendre agrave filer la laine et agrave tisser des pagnes

dans les champs il apprend agrave manier la houe et lhiler pour la culture

du riz et du mil Mais signalons que lactiviteacute essentielle du toucouleur

est leacutelevage des boeufs des moutons et des chegravevres Chez les Ichioushy

balos (p~cheurs ) lenfant sera initieacute tregraves tat au maniement des pagaies

agrave la p~che propremccedilnt dite et agrave la nage

Vers cinq-six ans lenfant est confieacute au maicirctre coranique le Ihierno

et ce dernier dispose exclusivement de toute sa vie Lavenir du jeune

enfant lui appartient

Comme dans les autres groupes ethniques les enfants sont regroupeacutes en

classe dacircge et cest dans cette structure que lenfant subit les rite

de passe et plus particuliegraverement celui de la circoncision

La circoncision est non seulement unE opeacuteration chirurgicale malS surshy

tout une peacuteriode au cours de laquelle le jeune garccedilon passe de leacutetat

dadolescent agrave leacutetat dadulte Les circoncis sont reacuteunis en classe

dacircge dans un endroit situeacute hors duvillage geacuteneacuteralement choisi par les

vieux Cet endroit n~st accessible que par des individus de SExe ffi8SCUshy

li~ ~ta~t au preacutealabl circoncis

- - - -

quable et complet sur le plan phy~ique et ~oral Ai~si liniti~

acquiert les qualitecircs indispensables que sont le courag~ la modest

lesprit de sacrifice lendurance

Le toucoule~r est un pleux musulma~ Cela sexp1

SOil le premier agrave tre en contact avec la religion musulmane de par sa

position frontaliegravere Lethnie toucouleur de par son histoire a preacutesenteacute

les plus grands chefs militaires et religieux musulmans seacuteneacutegalais Et

pour illustrer cela on peut citer en exemple la grande famille musulmane

des SY agrave TIVAOUANE repreacutesentant la confreacuterie des TIDJANES

Bien que lon note une majoriteacute musulmane on peut dire que certaines

croyances et pratiques mystiques et animistes persistent encore surtout

dans la reacutegion du fleuve

Une pratique courante se fait elle sappelle le Djatt Elle consiste

agrave faire sortir le caiman du fleuve agrave limmobiliser et agrave lattacher

sans quil ne reacuteagisse et tout ceci agrave laide de versets et dincantashy

tions magiques Dapregraves les teacutemoignages ces pratiques sont plutocirct

freacutequentes chez les Tchioubalos (pecirccheurs) Il arrive aussi que cershy

tains chasseurs ayant des dons se livrent agrave certaines pratiques an1shy

mis tes qui consistent agrave invoquer certaines puissances et agrave moduler sous

forme de chant des versets occultes pour se proteacuteger des mauvais esprits

et pour eacuteloigner les fauves Ce chant est geacuteneacuteralement incompreacutehensible

et deacutenueacute de sens pour le profane

343 Activiteacutes ludiques et pratiques sportives en milieu toucouleur

Durant toute son histoire lethnie ~oucouleur a toujours EacutetEacute Frese~teacute~

comme celle qui avait ue activit essentiellement guerr e e~ particushy

liegraverement farouche Trois eacuteleacutements ret r t l ecirc t te nt i c- euro so~t

le manie~~nt du ~acircton 12 luttE Et 1eacute danSE

l

Lecircducation ph~sique et artistique Dcc~pe un place precircpondecircra~rp

dans la fDrmat~on du jEune toucouleur A loccasion agraveeacutevegravenemen~ imporshy

tants reacutecoltJs mariages baptecircme nous assistons agrave des manifestashy

tions folkloriques de grande envergure le Wango oucirc dailse toucouleur

tregraves gymnique iles chants et surtout les sEacuteances de lutte

La lutte toucouleur est la forme de lutte la plus spectaclaire dans

tout le territoire seacuteneacutegalais Elle est essentiellement baseacutee sur des

techniques en hancheacute et surtout en souplesse Ceci sexplique par le

fait q~e le jeune toucouleur est tregraves tocirct initieacute agrave la gymnastique (saut 1

per saut de main salto arriegravere saut de tecircte couronneacute etc bullbullbull ) pour

la dans~ du wa~go En dansant le wango qui est une danse rythmeacutee et

gymnique le Jeune toucou1eur est capable de prouesses extraordinaires

1

En lutte lattaquant se deacuteplace tregraves peu pour avoir une bonne saisie

(geacuteneacutera~ement controcircle du Ngimben ) et enchaine brusqueme~t avec une

attaque surpris~ Cependant les ripostes sont souvent surprenantes et

spectaculaires (baseacutees sur la souplesse et la rapiditeacute) ontrairement

aux autr~s form~s de luttes ougrave lon voyait tous les jeune adheacuterer la

lutte to~cou1eur Verra un groupe de speacutecialistes sadonne agrave la lutte 1

(la lutte est lieacutee agrave la position sociale de lindividu problegraveme de

caste)

Q La morphologie du lutteur toucou1eur 1

1 1

Ce dernier nest pas aussi large et aussi fort que les lutteurs diola

et seacuteregravere Cependant il est tregraves reacutesistant La musculatJre est saillante 1

et tregraves souple lindividu est longiligne mais tregraves athleacutetique

Les mouvements de lutteurs sont semblables agrave ceux dun grand fe1in Cette 1

morphologie semble ecirctre lieacutee agrave la position geacuteographique de lethnie

(reacutegion du fleuve) et agrave lacitiviteacute socio-eacuteconomique du toucouleur qui

est agrave la fois cultivateur (activiteacute lieacutee agrave la crue et deacutecrUE du fleuve)

pecirccheuro~T CIcr~icubaon) et sttout jEumlrgcr qui est U~ rc~2eumlr

shy

Deux formes egrave~ corps sembl~nt ecirctre preacutefeacutereacutees du lutteur toucouleur

le hancheacute et la souplesse Les hancheacutes sont faits agrave partir de plusieurs

positions de doset se terminent geacuteneacuteralement par des techniques de

tregraves grande amplitude

TABLEAU RECAPITULATIF DES TECHNIQUES ET FORMES DE CORPS SPECIFIQUES

i

L441 r

GARDE FORMES DU CORPS CONTROLES --shy - -

Moyenne Souplesse Ngimbe

Hancheacute bras

Demi-souplesse

1

Profil psycholosigue 1

TECHNIQUES

ContrOle du bassin et 12 souplesse

arriegravere

Klicket et allegravegement de la hanche

Le lutteur toucouleur est celui lUi se livre le moins aux preacuteparaqons

maraboutiques Cela est dO au f~t que le toucouleur est un grand ~USUlshyman et que les pratiques animisges ont presque disparu dans ce mil~eu

Dans la pratique le lutteur esJ combaif mais il est calme et tr~s reacutefleacutechi quant agrave la deacutecision agrave prendre en plein corps agrave corps ct~st un des seuls techniciens qui reJte tregraves lucide au cours de ses comb~ts

l Dans toutes les circonstances e lutteur toucouleur est tenu de re~pecshyter son adversaire et ceux de s4n eacutequipemecircme sil est vaincu

Comme nous avons dO nous en rendre compte la rigueur des principes

eacuteducationnels a une influence tregraves sensible sur l~ comportement du

toucouleur

i

III S COCL ~s 1DO

Dans cette partie nous avons essay~ de montrer lftroite re1atic~

Entre les diverses activiteacutes socio-eacuteconomiques dans les ethnies et

lES diffEacuterentes faccedilons de lutter

Daucuns seraient tent~s de conclure trop rapidement et cest p0~r

cette raison que nOUS avons penseacute preacuteciser que le pheacutenotype nest

pas geacuteneacuterateur du geacutenotype Et nous sommes convaincus que la morphoshy

logie et les techniques des lutteurs relegravevent de leurs modes de vie

et de leurs croyances agrave une eacutepoque et danE un contexte bien deacutetermishy

neacutes

Est-ce que les lutteurs dio1a ou seacuteregravere travaillant avec leurs bras

dans les champs auraient les mecircmes pr 0 fil s physiques que les lutteurs

utilisant des machines pour lagriculture

- 69 shy

I UJOURDH~1 E-S ut O[l LES FORfilS Ut LU11t~

~otons que notre enqu~te a ecirctE essentiellement faiteen milieu urbain

Les seacuteances de lutte ont tendance agrave perdre leur particulariteacute de r~shy

jouissance pour devenir des pheacutenomegravenes de sportisatio Deux fores

de luttes so~t principale~cnt prat s dans les aregrave~es du 5 al

la lutte traditiunnelle simple et la lutte traditionnelle avec frappe

De nos jours la lutte traditionnelle tend vers une reacuteglementation

et une institutionalisation

Le reacutesultat de nos investigations nous donne le tableau ci-dessous

REPARTITION ETHNIQUE SUR 100 PRATIQUANTS

LUTTE LUTTE RAPPORTETHNIES SANS FRAPPE AVEC FRAPPE J2

Diola 40 16 71 j

Seacuteregravere 26 21 57

Toucouleur 23 10 69

Wolof 1 1 53 17

La demande sociale par ordre deacutecroissant pour la lutte sans frappe

se preacutesente comrre suit

]0_ Ethnie diola avec pregraves de 3 lutteur~ sur 4

2deg_ Ethnie toucouleur

Ethri dun

~ 1 LA LUTTE TR])IIIO~~ELLE AVEC H-PPE

Cette forme deacute lutte a une histoire qui date de lantiquiteacute elle

sa~pelait le Pugilat Au Seacuteneacutegal elle a vu le jour dans le Cayor

bien avant la colonisation Le coup dE pied l~Lrdn~lement la morshy

sure la frappe et le doigtf eacutetaient permis dans le cc=bat ~ ~middot~p0~~e

Dans certains cas la giffle eacutetait beaucoup plus dangereuse que le

poing quand elle eacutetait donneacutee par un speacutecialiste Cette giffle pouvait

agrave elle seule deacutechirer et mecircme parfois amputer la joue de ladverser

Selon les informations la lutte avec frappede nos jours serait une

forme de lutte tregraves eupheacutemiseacutee de celle dantan ougrave une blessure

pouvait souvent ecirctre mortelle

Aujourdhui au niveau du folklore la lutte na plus la mecircme

le spectaculaire a remplaceacute le significatif iLa lutte avec frappe se 1

pratique surtout dans les centres urbains C~aque fois quun grand combat 1

est progra~eacute par le Comiteacute National Proviso~re (CNP) des centaines damashy

teurs sont mobiliseacutes vers le stade lba Mar D~OP qui est aujourdhui le i

lieu approprieacute ougrave se deacuteroulent les grands conkbats de lutte Cest la formE

de lutte qui semble drainer une foule de personnes beaucoup plus importante

que celle de la lutte simple

La lutte avec frappe deacuteriverait dune forme de lutte traditionnelle

pratiqueacutee jadis dans le Cayor au temps des Damels et la frappe serait

le substitut dun certain nombre de pratiques doigteacute jet de produits

etc bullbullbull dont le but eacutetait laveuglement de ladversaire La lutte avec

frappe serait une continuation logique dune carriegravere sportive de la

lutte traditionnelle qui sen sert comme moyen socio-eacuteconomique En

effet la majoriteacute des lutteurs avec frappe ont dabord eacuteteacute initieacutes agrave la

lutte simple Cependant il faut signaler que de nOS jours il arrive

que le jeune lutteur avec frappE- soit directenent formEacute conne speacutecialistE

agrave la frappe sa~s pour autant faire son chemin dabcrd egravea~s la lutte

- ~ shy

Le recircsultat dE ~os interviews ncus rec~trE qGune pcpulatiD~ divcrsishy

fiampe sint~resse agrave ce sport et qUE les intecircr~[s des uns et d~SlautrE~

semble~t divergents naucuns affirment que la lutte traditionnelle

avec frappe serait monteacutee par des personnes dont la vocation est dexshy

ploiter ce pheacuteLomegravene agrave des fins commerciales Dautres disent gJellegrave

jouit de mcyens irport~nts t[l[~isio

tation etc bullbullbull ) pour toucher toutes les couches sociales CEpe~~a~t

nous remarquons que mecircme si certaines personnes reprochent agrave cette

forme de lutte decirctre brutale ces mecircmes personnes nheacutesitent pas agrave

se rendre le dimanche agrave laregravene Bien que critiqueacutee elle semble ecirctre

adopteacutee par une tregraves grande partie de la population seacuteneacutegalaise Cepenshy

dant en tant que techniciens il nous est permis de faire une remarque

Il sagit de

- Limpression nette decirctre devant des professionnels de la frappe

qui sont ~ntratneacutes pour cela Dailleurs les propos que nous avons

recueilli~ nous prouvent que la plupart des champions de lutte avec 1

frappe s~ntratnent dans certains sports de combat tels ~ue la boxe i 1

le karateacute le judo Dans cette nouvelle forme de pratique de la lutte

contrairefuent agrave la lutte traditionnelle le technicien e~t souvent

perdant face au puncheur Ce dernier adopte une lutte agrave distance qui

lui permet de placer agrave bon escient ses coups animeacute du deacutesir de vaincre

Le technicien lui se voit contreacute dans toutes ses entreprises par

un uppercut ou un crochet

On peut dire cependant que nul sport au Seacuteneacutegal que la lutte tradishy

tionnelle avec frappe ne deacutechaicircne autant de passions et autant de

pheacutenomegravenes poussant agrave lexcegraves et deacutereacuteglements quon ne peut que deacuteplorer

Mais comment deacutecrier un spectacle de lutte qui bien quayant perdu la

presque totaliteacute des valeurs traditionnelles veacutehiculeacutees autrefois par

elle sait susciter une participation effective de tous ceux qui sont

preacutesents

CONCLUSION

Dans ce meacutemoire nous sommes efforceacutes ~e faire ressort ir limportance des

ethos et des habitus et leurs effets sur la pratique de la lutte tradishy

tionnelle au Seacuteneacutegal

L~b egravethos repr~sentent dune maniegravere g~neurorale tous les eacuteleacutements speacutec

fiques sux Seacuteneacutegalais par conampeacuteguent un systegraveme de valeurs traditionnellEs

Mais m~me si ces valeurs rev~tent une signification universelle (honneur

digniteacute courage etc bullbullbull ) il nen demeure pas moins que ce nest pas leur

nature qui fait leur speacutecificiteacute mais la hieacuterarchisation et limportance i

quon accorde agrave toutes ces valeurs de ~ar leacuteducation ou la culture

i 1

Aussi les valeurs traditionnelles puient leur speacutecificiteacute dans les

caracteacuteristiques propres aux eacuteleacutements ~e la socio-cu1ture (la technologie

et leacuteconomie la politique et la pareteacute la psychologie et lideacuteologie)

dans la socieacuteteacute seacuteneacutegalaise agrave n momen donneacute de son eacutevolution Cest i

dire la neacuteceesiteacute de ne point faire della valeur une reacutealiteacute statique

Cest dite aussi quagrave tout mome~t le ~eacuteneacutegalais peut eacutevoluer et creacuteer

ou vivre par conseacutequent de nouv~lles fprmes de valeur qui lui sont 1

propres ft (J)

La lutte traditionnelle veacutehiculant deS valeurs socio-cu1ture1les speacutecishy

fiquement seacuteneacutegalaises (croyances valeurs morales norme de comportement

opinion attitude bullbullbull ) devient un eacuteleacutement important qui tregraves certaiaement

nous aidera dans notre effort de valoriser et de peacuterenniser notre patri shy

moine culturel par le biais dactiviteacutes physiques et sportives

Leacutetude des habitus nous permet de prouver quil y a plusieurs faccedilons

de se mouvoir comme danser lutter bullbullbull qui varient avec les diffeacuterentes

ethnies (wolof toucouleur seacuteregravere diolagt leurs convenances et leurs

eacuteducations

(1) Revue Ethiopiques 31 Les valeurs traditionnelles et le problegraveme de leur inteacutegration dans les systegravemes modernes jtducatio-1 2 6r--70

nautre part cette eacutetude permet aussi de nous rendrE compte de la

correacutelatipn eacutetroite existant entre la pratique de la lutte traditionnelle

et le sta~ut socio-eacuteconomique du pratiquant

Nos inves~igations nous indiquent que la lutte recrute essentiellement

au niveau des classes socio-eacuteconomiques situeacutees en bas de leacutechelle

donc posseacutedant le statut social le moins favoriseacute La lutte avec frappe

-et un certain secteur commercialiseacute de la lutte simple- y trouve sa

leacutegitimiteacute Comme le dit BOURDIEU nA habitus diffeacuterents styles de Vle

divergents et il oppse les pratiques aristocpatiques correspondants agrave

des activiteacutes qui favorisent les situations eupheacutemiseacutees ougrave la stylisashy

tion est importante aux pratiques populaires qui font appel agrave des

qualiteacutes qpposeacutees bllutes rugueuses Certaines interviews nous

montrent que plus lindividu occupe une place eacuteleveacutee dans leacutechelle

sQciale e~ 1

moin$ il sinteacuteresse agrave la lutte

Les reacutesultats recueillis dans nos diverses investig~tions confirment 1 1

1er propos qui disent que nous assistons aujourdhu~ agrave une involution

de la lutte traditionnelle parce que perdant toutes ses speacutecificiteacutes au 1

pryfit d~ne autre forme de lutte que lon continue agrave appeler nostalshy

giqlementIIlutte traditionnelle

Ceci pourrait peut-~tre trouver une explication dan la citation suivante

La liberteacute de creacuteer dinnover de vivre Pleineinenf decirctre soi et de

preacuteserver son authenticiteacute la digniteacute et lhonneu1demeurent des illushy

sions dans la misegravere eacuteconomique~ Nos ancecirctres creacuteai~nt des valeurs de cishyl

vilisation parce quils eacutetaient libres parce qu1i~s ignoraient toute

deacutependance eacuteconomique ils cultivaient en eux et cbez leurs enfants le 1

Jorn et la Kersa et preacutefeacuteraient la mort agrave la hoJte lI (1)

Or le Seacuteneacutegal comme la plupart des pays africainsi est un pays sousshy

deacuteveloppeacute t cependant face agrave cette volonteacute du gou~ernement seacuteneacutegalais

de faire inteacutegrer dans leacuteducation des valeurs traditionnelles nous

pouvons espeacuterer utiliser comme moyen deacuteducation la lutteacute traditionnelle

qui reste quand mecircme vecteur jethos et dhabit~s

- 54 shy

Mecircme si lon a noteacute un appauvrissement notoire sur les plans socioshy

culturel et moral la lutte traditionnelle recegravele une gamme importante

et varieacutee de techniques permettant incontestablement une ouverture vers

les luttes olympiques libre et g~eacuteco-romaine

La lecture de ce meacutemoire permettra agrave lentratneur et au professeur de

lutte en fonction du lieu ougrave ils seront affecteacutes dans le territoire

seacuteneacutegalaisdavoir une information sur les techniques contrOles et

formes de corps propres agrave chaque groupe ethnique et de les mettre en

relation avec leurs croyances et leurs mentaliteacutes

Nous avons essayeacute de montrer que la pratique de la lutte traditionnelle

doit tre axeacutee sur une ethnomotriciteacute au Seacuteneacutegal qui permette une inishy

tiation facile Cette pratique de la lutte traditionnelle seacuteneacutegalaise

devra dailleurs essayer de ~eacutepondre aux aspirations du Seacuteneacutegalaisl

moderne en souvrant aux ap~orts positifs des autres civilisations

ex~eacuterieures nous voulons Jvidemment parler du judo et des luttes oiymshyJ

piques 1

1 j Nous navons pas la preacutetentfon dans le cadre de ce meacutemoire demattrise

de reacutepondre agrave toutes les qutstions se rattachant agrave leacutetude de ~a lutte

traditionnelle souslangle~socio-culturel car non seulement il nous

manque lexpeacuterience et la c peacutetence en la mati~re mais aussil l le temps

et les moyens dont nous dis osions ne nous permettaient pas d~puiser le 1sujet i

1 1 1 t 1

l

- )5 shy

BIBLIOGRAPHIE

BIBLIOGRAPHIE

1- CLAPAREDE Psychologie de leacuteducation et peacutedagogie expeacuterimentale

Edition Delachaux et Niestleacute 244 pages

2- POCIELLC Christian Sport et Socieacuteteacute approche socio-culturelle

des pratiques Paris Vigot 1981 377 pages

3- PIERON Henri Vocabulaire de la psychologie

PUF Deuxiegraveme eacutedition 1957 469 pages

4- Revue socialiste de culture neacutegro-africaine ETHIOPIQUES

Les valeurs traditionnelles et le problegraveme de leur inteacutegration

dans les systegravemes modernes deacuteducation

GIA 21 Juillet 1982 213 pages

5- N2 Revue du Centre dEtudedes Civilisations DEM ak TEY

NIS IVegrave Trimestre 1982 96 pages

6- Document lNSEP Colloque sur la lutte aeacuteregravere

DAKAR MAI-JUIN 1980

t 1

~- Travaux du IVegrave Congregraves National ~es Sports agrave DAKAR les 2223041981

Bulletin n2 91 du CIO du 15 Aont 1965

l____________________________

8- Meacutemoire de Mattrise BADJI Abdou La lutte traditionnelle Joola

Etude et perspective

9- Meacutemoire Inspectorat JS DJITTE Mandy Les pratiques corporelles

traditionnelles au Seacuteneacutegal pour leur exploitation et leur

utilisation en peacutedagogie Marly le Roi 1980

REPUBLIQUE DU SENEGAL

--------------- INSTITUT NATIONAL SUPERIEUR

MINISTERE DE LA JEUNESSE DE LrsquoEDUCATION POPULAIRE

ET DES SPORTS ET DU SPORT

-------------

(INSEPS)

MEMOIRE DE MAIcircTRISE

Es-SCIENCES ET TECHNIQUES

DE LrsquoACTIVITE PHYSIQUE ET DU SPORT

LA LUTTE TRADITIONNELLE

son importance sa signification en fonction des ethos et des habitus ethniques au Seacuteneacutegal

Preacutesenteacute par

Monsieur Joseph Victor FAYE

Sous la direction de

M Jean Marc ROCHEZ

Professeur agrave lrsquoINSEPS

Anneacutee de soutenance 1984

REMERCIEMENTS

Mes vifs remerciements agrave M Jean Marc ROCHEZ qui maura beaucoup

aideacute dans la confection de ce meacutemoire

Je remercie tregraves sincegraverement M YADE Directeur Technique de

lEquipe Nationale t1essieurs Abdou BADJI Kory SARR Djibril SECK

tous professeurs dEPS M Julien DAl-fIEN 1me Simone DAROZA

-Hle Marie DIEllE et tous ces speacutecialistes qui auront contliibueacute de

pres ou de loin agrave mes travaux

so IYPORA~CE SA SIGIFICATION E~ FONCTlOl

DES ETHOS ET DES HABITUS ETHNIQVE~ AD SENEGAL

SOM MAI R E Pages

1 INTRODUCTIO~ ---------------------------------------- shy

II QUELQUES NOTIONS DE SOCIOLOGIE POUR UNE MEILLEURE

COMPREHENSION DE LA LUTTE TRADITIONNELLE ------------- 5

- Habitus et techniques du corps --------------------- 5

- Habitus de classe et style de vie ------------------ 6

- Ethnomotriciteacute ------------------------------------- 7 - Analy~~ des demandes sociales en matiegravere

de pratique des sports de combat ------------------- 8

Judo --------------------------------------------- 9 Lutte libre traditionnelle ----------------------- 10 ft Lutte olympique ---------~------------------------ 10 Boxe anglaise ------------------------------------ Il ft Karateacute ------------------------------------------- II Lutte traditionllelle avec frappe ------------------ 11

III DIVERSITE ETHNIQUE - PLURALITE DES STYLES DE LUTTE --- 16

31 LA COMMUNAUTE DIOLA ----------------------------- 16

311 Preacutesentation ----------------------------- 16 312 Quelques aspects de leacuteducation

et des rites en milieu diola ------------- 17

313 Croyances et pratiques mystiques --------- 19

314 Impact des moeurs sur la pratique

de la lutte diola 20

32 LA COMMUNAUTE WOLOF ----------------------------- 24

321 Preacutesentation ----------------------------- 24 322 Les moeurs ~t les croyancEs wolof -------- 24

323 Leacuteducation d~ w810f --------------------- 26

32~ Incidences des ~~~urs s~r l~ l~tte ------- 28

tiques physiques du lutr~uT wolof -------shy 31

33 LA CO~GAUTE SERERE ---------------------------shy

331 Preacutesentation ----------------------------shy332 Leacuteducation les moeurs lES crOyanCES

et les pratiqUES seacuteregraverc -----------------shy

333 impact des ethos sur la lutte

dans le monde seacuteregravere --------------------shy

334 Le profil du lutteur seacuteregravere -------------shy

335 Comportement et attitude du lutteur seacuteregravere

336 La tenue du lutteur ou Ngimbe ---------shy

337 Larbitrage -----------------------------shy

3~

37

38

40

40

41

34 LA COMMUNAUTE TOUCOULEUR -----------------------shy

341 Preacutesentation ----------------------------shy342 Education moeurs croyances

et pratiques religieuses ----------------shy343 Activiteacutes ludiques et pratiques

sportives en milieu toucouleur ----------shy

344 Profil psychologique --------------------shy

42

43

~S

47

35 CONCLUSION -------------------------------------shy 48

IV AUJOURDHUI VERS DE NOUVELLES FORMES DE LUTTES ------shy

41 LA LUTTE TRADITIONNELLE AVEC FRAPPE ------------shy 50

V CONCLUSION ------------------------------------------shy

ln LI) 1 5 L bull 0 G R A PHI E -------------------------shy

52

Ce ~eacutemoire est une riflexion 3ur la lutte car ~lie apparatt sur le

continent africai~comme un phinomegravene social important Elle le doit

sans doute au fait que depuis le fond des temps elle est itroitement

associeacutee agrave la vie de lhomme Or en deacutecouvrant ses vestiges du passeacute

lAfrique confirme lhypothegravese d~tre le berceau de lhumaniteacute Il en

reacutesulte que sur ce continent la lutte y possegravede une longue tradition

et serait-il paradoxal de preacutetendre que lAfrique a acquis le besoin

de lutter qui cherche agrave se satisfaire selon des moyens congeacutenitaux

cest dans cette perspectiveque nOus approcherons la LUTTE SENEGALAISE

car il est admis que la preacutesence de lHomo-Sapiens en Afriquecircde lOues

remonte agrave plus de 10000 ans Autrement dit nos anc~tres ont reccedilu

lhistoire de la lutte et sa longue eacutevolution lieacutee agrave celle de la civili

sat ion

Nos premiers anctres pratiquegraverent la lutte utilitaire celle dont la

possession eacutetait neacutecessaire pour survivre dans un milieu hostile et

inquieacutetant agrave la fois pour se nourrir et pour se deacutefendre

En se regroupant en clans et tribus nos anc~tres modifiaient radicaleshy

ment leurs conditions dexistence certes ils eacutetaient mieux agrave

mme dassurer leurs besoins vitaux mais ils devaient faire face aux

rivaliteacutes qui ne manquegraverent pas de surgir entre les diffeacuterents groupes

Cette installation dun eacutetat endeacutemique de guerres ougrave le but eacutetait de

soumettre et de ravir ou de se libeacuterer et de reacutecupeacuterer transforma la

lutte en activiteacute martiale Ainsi se deacuteveloppa la science du combat agrave

mains nues celle qui permet de deviner lautre et de le surprendre en

deacutecidant et agissant plus rapidement que lui Mais il ny a pas si long

temps le corps agrave corps eacutetait leacutepisode deacutecisif de toute bataille

Gagnant en sagesse et en technique nos anc~tres saperccedilurent quil

existait dautres modes de vie que celle de vivre aux deacutepens de ses

semblables et progressivementiles temps de paix prirent le pas sur les

temps de guerre La lutte en perdant son utiliteacute ~ais non sa fonction

devint lobjet dlun rite initiatique Il eacutetait du devoir des anciens de

- ~

d~tre en mesure dassurer acirc 1 ur tour Id protection du ~roupe En

deve~ant contenu denseignement la lutte ecircvoluait acirc nouveau Elle

perdit son caract~re preacutepa=atoi=e et devenait ~ctivit~ d~ c0~pensa-

tion (1) Au-delagrave des techniques de mise hors combat qui devaient se

deacutepouiller de leur violence et des risques de dommages corporels on

visait une action formatrice sous un triple aspect physique caracshy

teacuteriel et moral

Puis survint le temps de paix durable celui ougrave leacutenergie eacutetait

essentiellement consacreacutee agrave produire des biens pour sa collectiviteacute

dappartenance Deacutesormais lhomme eacutequilibrait sa vie entre le travail

le repos et le divertissement Cest ainsi que la lutte se retrouva au

coeur des reacutejouissances populaires En se faisant ludique celle ougrave

lon joue agrave mesurer sa force sa ruse son agiliteacute sa bravoure bullbullbull La

lutte se speacutecifiait agrave nouveau en simbriquant aux moeurs aux coutumes

et aux croyances

Cette longue histoire commune du neacutegro africain et de la lutte expliqUE

qUegravecette derniegravere fait partie des traditions auxquelles il est le plu

attacheacute et ort heacutesite pas agrave parler de sport national mecircme quand elle

doit ceacuteder en populariteacute devant le foot-baIl

En Afrique toute activiteacute physique veacutehicule un message et la lutte

traditionnelle elle aussi se trouve impreacutegneacutee de valeurs socio-cultushy

relIes et il arrive quon lui assigne de les veacutehiculer et de les trans~

mettre Parler de lutte en Afrique deacutecouvrir sa signification et comshy

prendre son histoire consiste agrave montrer quelle participe aux eacutethos et

habitus de groupe comme nous proposons de le faire

(1) - CARR The survival values of play citeacute par CIAPAREDE dans Psychologie de lEducation et Peacutedagogie Expeacuterimentale Edition Delachaux et Niestle (244 pages)

iotre reacuteflexion se ci-conscrird au S-~sJl -t mecircle si le peuple

seacuteneacutegalais est o-igilaire de la volonteacute cocnmune due dizaine deacutethries

de vivre ensemble ~ous nous limitert~s 1 analyser les rapports quentr

tiennent les quatre grands groupes diola seacuteregravere toucouleur et wolo

et les styles de lutte correspondant

Nous entendons veacuterifier lhypothegravese quaux particulariteacutes ethniques

(mode de vie coutumes rites et croyances) correspondent des particushy

lariteacutes de lutte (signification valeacuteurs veacutehiculeacutees mode de pratique

regravegles dorganisation bullbullbull )

Ce meacutemoire consiste agrave reacutealiser une approche socio-culturelle du pheacutenomegravel

lutte en Afrique avec le secret espoir quil puisse servir de preacuteface

agrave lhistoire des diffeacuterents styles reacutegionaux que dautres ont commenceacute

agrave eacutecrire

gt Si nous devions justifier le choix dun tel sujet t tous les arguments

se regrouperaient autour dune meurome motivation recouvrir notre authenmiddot

ticiteacute

En premier lieu parce que nous adheacuterons totalement agrave ce souhait des

Pouvoirs Publics de mettre laccent sur une eacuteducation physique et spormiddot

tive qui tout en souvrant aux appels feacutecondants de la techniques

fondera son action dans les valeurs traditionnelles du pays La lutte el

tant que pratique eacuteducative et manifestation dessence collective est

bien placeacutee pour justifier cette tendance

Elle reacutepond aux aspirations dune eacuteducation physique et sportive qui

veut creacuteer les conditions de son deacuteveloppement et de qUumlI i~ertion dans

les habitudes sociales des populationsff(l)

(1) Travaux du IV~ C~n-r~s Sports de 2223 Avril 1981

WotrQ CCYVcftOl de llnteacute~t JiU W sectU~ e6t ~~pu_~ deacuteclarations de 2rsonnaliceacutes du monde sportif lLrlsi ce Ii1essage agrave lir shy

tention des dirig~ants africains

-ous ~ T beaucoup agrave apprendre de eus ous qui sans

cesse davantage oublions que leacutequilibre de lhomme veuc

quiL sinscrive harmonieusement t aussi bien dans la nature

que dans la civilisation deacutecouvrons que les Atricains nont

pas eacuteteacute initieacutes aux principes du sport et ses vertus au

contraire de maints pays europeacuteens par exemple aupregraves desquels

tout ou presque est agrave retaire agrave chaque geacuten~ration Lexercie

physique tait partie de la vie atricaine il est moyen de commushy

nication et de locomotion- (1)

Or la lutte constitue par excellence ce Veacutecu moteur que nous t1ansshy

mettons de geacuteneacuteration en geacuterieacuteration et ce patrimoine doit survivre agrave

toutes les agravegressions or iginaires dautres modes de civilisation dont

certains effets ne manquent pas de se faire sentir sur le devenir de la

lutte traditionnelle

A la preacuteoccupation de preacuteserver notre authenticiteacute sajoute celle den

assurer la deacutefense

Aussi au-delagrave de nOs analyses destineacutees agrave eacutetablir les rapports entre

modes de vie et styles de lutte nous nous poserons le problegraveme dune

codification objective de la lutte traditionnelle constituant la mise

en communauteacute des apports pertinents de chaque style reacutegional Ce style

national apparatt indispensable en raison de lavegravenement prochain dune

socieacuteteacute seacuteneacutegalaise nouvelle qui ne peut se b~tir que par un partiel

renoncement au passeacute et son contenu (2)

Enfin nous voulons faire partager notre ~nthousiasme gagner agrave notre

cause eacuteducateurs entratneurs de lutte les amener agrave reacutefleacutechir sur leur

pratique et peut-~tre les aider agrave tnseigner avec plus de coheacuterence cette

discipline pour le plus grand bien de notre jeunesse

(1) Bulletin n 91 du CIO du 15 AoOt 1965 - Page 15

(2) Cette preacuteoccupation semble ecirctre partageacutee par de nombreux pays afri shycains ougrave la lutte est de tradition on y pressent quagrave de nouveaux types de socieacuteteacute doit correspondre de nouveaux hlbitus En conseacutequence la lutte doit eacutevoluer Darlllegrave~1e1t SO3 pine d amptre in~niaterpnt l~l~dJl-J~ (Sw~JL~c~ ~ - 13 P~v~~L)ti-~l j Ld L~t~ cr~lJit0nn~l12

otgalisecirce pH la cmFJS - iJAKAR - lai ~~)

-5shy

II QUELQUES NOTIONS DE SOCIOLOGIE POUR UBE MEILLEUR~

COMPREHENSION DE LA LUTTE TRADITIONNELLE

Essayons dexpliquer simplement les termes ETROS et HABITUS et

ETHNOMOTRICITE pour la clarteacute de notre deacutemarche

ETROS dans sa deacutefinition premiegravere veut dire en parlant dun individu

lice qui distingue cet individu des autres (1)

En eacutetudiant cette signification dans le cadre de la sociologie on

entendra par eacutethos ethnique (eacuteducation croyance rite etc bullbullbull ) lenshy

semble des caracteacuteristiques dune communauteacute sociale

HABITUS QCe sont les habitudes et attitudes socialement acquises qui

sous-tendent et preacute-deacuteterminent partiellement les faccedilons de penser de

sentir dagir de tout individu et traduisent notamment le rapport quil

entretient avec son corps (2)

Dans le cadre de ce meacutemoire nous allons essayer de faire une approche

de la lutte traditionnelle sous deux angles dabord en leacutetudiant comme

habitus en tant que technique du corps et ensuite COmme habitus de classe

fonction du style de vie des individus et nous nous proposons dans cette~gt

partie de deacutefinir ces deux notions dhabitus

Marcel MAUSS dans une viseacutee anthropologique emploie ce terme dune maniegravere

tregraves large pour rendre compte des faccedilons dont les hommes socieacuteteacute par

socieacuteteacute dune faccedilon traditionnelle savent se servir de leur corps Ces

habitudes varient avec les individus et leur imitations elles varient surshy

tout avec les socieacuteteacutes les eacuteducations les convenances et les modes les

prestiges

Analysant de multiples techniques du corpsll la marche la course la nage

le beacutechage le saut la danse et toutes les techniques corporelles en geacuteneacuteshy

ral (techniques alimentaires sexuelles de soins de repos bullbullbull ) MAUSS

insiste sur le fait que celles-ci ne sont pas naturelles mais acquises

(1) PIERON Henri Vocabulaire de la psychologie 2egraveme eacutedition revue et augmenteacutee PUF 1957 page Ill

(2) POCIELLO Christian Sport et Socieacuteteacute Approche sodo-culturelledeacutell pratiques Paris Vigot 1981 pages 78-79

La notion dethnomotriciteacute part dune constatation

- la grande diversiteacute des caracteacuteristiques preacutesenteacutees par les pratiques

corporelles en fonction de leacutepoque du lieu des groupes elle teacutemoigne

de linfluence despotique des normeS et des valeurs sociales sur la mise

en jeu du corps

Dougrave sa deacutefinition

Le champ et la nature des pratiques motrices envisageacutees sous langle de

leur rapport agrave la culture et au milieu social au sein desquelles elles

se sont deacuteveloppeacutees (1)

Conseacutequence le contrat ludosportif est aussi un contrat social il

reflegravete la faccedilon dont une socieacuteteacute aime agrave se penser agrave se repreacutesenter bullbullbull

et accepte de se donner en spectacle

Lethnomotriciteacute donne naiss~nce agrave deux sortes danalyses

- lanalyse synchronique -ou eacutetude spacialeshy

de type interculturel agrave hagravebitus diffeacuterents styles de vie divergents

de type intraculturel apparition dhabitus de classe et de pratiques

distinctives

- lanalyse diachronique -ou eacutetude temporelle- ou eacutevolution sur une longue

peacuteriode des pratiques motrices pour une cateacutegorisation dindividus

Cette hypothegravese de lenracinement social de la motriciteacute est une atteacutenuashy

tion des explications psychologisantes consideacuterant lindividu indeacutepenshy

damment de son environnement et sexprimant en termes de goQts motivations

() PARLEBAS pierre Contribution agrave un lexique commenteacute en Science 4e laction motrice Paris Publication INSEP 981 322 pages

AicircAgraveLYSE CES iJFrADES iDe I LES EN flA TIERE

DE PRATIQUE DES SPORTS DE Oicirc-itlAT

Objet Veacuterificat~on de la theacuteorie de lhab~tus

Hypothegravese En raison de son histoire de ses speacutecificiteacutes des valeurs

symboliques dont on linvestit une pratique sportive est en faveur aushy

pris dun groupe de pratiquants en fonction dattentes de niveaux dexishy

gence de fierteacute dappartenance qui sont socialement et culturellement

deacutetermineacutes

Il sagit en quelque sorte danalyser les goOts et les motivations des

sportifs en rapport avec leur condition sociale et le sentiment attachi

agrave ce statut

Remarque Cette analyse sera meneacutee en fonction des classes sociales et

non agrave partir de cla~se dage ou encore de classe socio-politique comme il

est dusage pour toute reacuteflexion sur notre socieacuteteacute trJditionnelle

Cette particulariti provient du fait que nos enquites ont iteacute effectueacutees

en milieu urbain -en raison des problimes de temps et de moyensagrave Dakar

et agrave Thiis pour itre plus preacutecis et il est deacutesormais hasardeux de preacuteshy

tendre y retrouver les structures traditionnelles c~e on pourrait le

faire en milieu rural

Par classe sociale et nous inspirant de la notion marxiste -deacutefinition

du rapport aux moyens de production- nous entendons la distance_dun

groupe social aux postes de deacutecision et de responsabiliteacute Plus cette

distance est grande moins le statut eacuteconomique est eacuteleveacute

Nous distinguons quatre (4) classes sociales car au niveau dune telle

analyse nous ne pouvons preacutetendre agrave la finesse de discrimination indiciaire

de la Fonction publique par exemple

r~partieuml

come il egravest rsectc eacute dans 1 ablea~ ci-dessous

CATEGORISATIONGROUPE EXEMPLE DE FONCTIONADMISE

Administrateur civil - Ingeacutenieur - Meacutedec ilCadre supeacuterieur1 Officier - Professeur

Instituteur - Mattre dEPS shy2 Cadre moyen Secreacutetaire - Technicien

Chauffeur - Militaire Policier3 Cadre subalterne shyPatron - Artisan

Artisan - Cultivateur - Ouvrier temporail4 Non cadre Pcheur

Conditions denqute Six (6) sports de ~ombat sont officiellement

pratiqueacutes Ils possegravedent une structure para-eacutetatique de gestion de contr

ce sont

3 sports de preacutehension - JUDO - LUTTE LIBRE TRADITIONNELLE - LUTTE OLYMPIQUE

2 sports de percussion - BOXE ANGLAISE - KARATE

sport mixte - LUTTE TRADITIONNELLE AVEC FRAPPE

Pour chacun de ces sports 50 pratiquants ont eacuteteacute interrogeacutes sur leur

statut socio-eacuteconomique avec la discreacutetion et la prudence quexige ce

genre de question

Cette enqute sest deacuterouleacutee dans les conditions suivantes

JUDO

Lieu DAKAR - Clubs USTD - DUC - FJAKS - DOJO HOMAR DIENG

Date du 020J84 au 28-05-84

Circonstances Les principaux inteacuteresseacutes eacutetant la plupart sur le tatami

pour lentratnement il fallait souvent attendre la fin

de lentratnement uumlur pouvoir avoir une ou deux entreshy

vues de sorte qu~ le~qu~te a pris beaucoup plus de

On constate que le no~bre de p=a~iq~~-ts ~st ~eauccup plus importd~t dans

les groupes 2 et 3 - Il es ~oindre dans les grQupes 1 et 4

LUTTE LIBRE TRADITION~~LLE

Lieu Dakar - Thiegraves bull Aregravenes Landing DIAME - Ecurie Seacuteregravere (pregraves de

lautoroute) Lutteur diola - toucouleur - Entratneurs - encadreurs

de diverses eacutecuries Stade Iba Mar DIOP - Aregravenes de Pikine et de

Thiegraves - CNPES - INSEPS

Date du 040284 au 020684

Circonstances Elles sont parallegraveles car les pratiquants semblent beaushy

coup plus disponibles que dans les autres disciplines Notre travail

parfoi~ peacutenible en raison de la diversiteacute des ethnies repreacutesenteacutees

et la traduction n1est pas toujours aiseacutee

Observations

Nous constatons que la lutte libre traditionnelle est plus pratiqueacutee

par les groupes 4 et 3 que par les groupes 1 et 2

LUTTE OLYMPIQUE

Lieu CNPES - INSEPS - Iba Mar DIOP (Equipe Nationale) - DUC

Date du 040284 au 020684

Circonstances Les conditions sont meilleures dans la mesure ougrave le

hasard a fait que pendant cette peacuteriode leacutequipe nationale soit

en regroupement et ceci nous a permis d-interroger un nombre

important de lutteurs de grand renom

Observations

En raison du petit nombre de pratiquants r~guliers lenquecircte ne porle

que sur 2S personnes Arbitrairement pour les besoins de comparaison

les raisons de comparaison les reacutesultats cbtenus sont multipli~s par 2 bull

BOXE A~~GLISE

Lieu Iba l-ar DIOP - ASFA - ASFPO - SC -ASC JJAF - ASC lA

ugraveate du 201283 au 020684

~E~~~~E~~~~ Ici nous ferons la mecircme remarque que pour le Judo

Notons que toute lenquecircte a eacuteteacute faite agrave Dakar

Observation

La boxe recrute ses pratiquants surtout dans les classes 3 et 4 et

on note que le nombre de pratiquants nest pas aussi important comme

dans les autres disciplines

KARATE

Lieu YUKOKAI KARATE CLUB - SAMOURAI KARATE CLUB - Iba Mar DIOP

CLUB DE GIBRALTAR - ASFA - ASFA - ASFPO - GM Thiegraves

Date du 201283 au 020684

SE~~~~E~~~ Notre enquecircte se passait dans une ambiance sympathique

de camaraderie Geacuteneacuteralement apregraves la seacuteance dentratnement

Observation

Nous constatons que la distribution des pratiquants bien que favorisant

les groupes 2 et 3 semble plus homogegravene que dans les autres disciplines

~ LUTTE TRADITIONNELLE AVEC FRAPPE

Lieu Ecurie de Fass - Ecurie des Seacuteregraveres - Ecurie Mermoz

- Ecurie des Casamanccedilais

Date du 04-02-84 au 020684

Ccedilj~9~~~aEccedil~ Il est agrave signaler que cest la discipline ougrave l~ contact

avec les pratiquants a eacuteteacute plus difficile les speacutecialistes qui~ la plushy

part du temps semblent meacutefiants quand on commeucircce agrave leur poser des quesshy

tions preacutecises sur leur revenu mensuel

2 -liCc 055cllt le lle11ent SegraveS praLicltants dans le ba

de lecirc~helle ces~-agrave-dire dans le ~ruumlupe 4

~ecircsultats

Les reacutesultats enregistreacutes sont reacutecapituleacutes en nombre et en pourcentage

-agrave lapproximation pregraves- dans le tableau ci-dessous

LUTTE 1 LUTTELUTTEGROUPES BOXE KARATE JUDO AVEC OLYMshySIMPLE i i FRAPPE PIQUE

1 11 1 1 1

1 11 1 1 1 11 0 1 0 8 1 16 9 1 18 4 1 8 0 1 0 7 1 14

1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1

1 11 1 1 1 1 12 3 1

1 6 21 1

1 42 22 1 44 6 1 12 4 1 8 17 1 341 1

1 1 1 1 1 1 1

1 1

1 1 1 1 1

3 22 1 44 13 1 26 15 1 30 16 1 32 5 1

1 10 10 1 20

1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1

1 1 1 11 1 1

14 25 1 50 8 1 16 4 1 8 24 48 41 1 1 82 16 1 321 1 1 1 bull 1 1 1 1 1

1 1 1 1 1 11 1 1 1 TOTAUX 50 1100 50 1100 50 100 50 pOO 50 pOO 50 1100

1 1 1 1 1 1 1 1 1 1

Afin dG failiter la lect~~e je c~ table3~ t ~2 re~dre sig~ific~tives

s info~~ations quil contient ces difteacutere ts reacutesultats nu~eacuteriques

peuvent ecirctre formuleacutes selon des repreacutesentations graphiques

1 Clientegravele des Sports de combat

FIGURE l

Il apparatt nettement que les sports de combat recrutent essentiellement

dans le bas de la hieacuterarchie sociale ce sont des sports populaires don

propices agrave une massification de la pratique

Toutefois on peut nourrir quelques inquieacutetudes pour que soient reacuteunies

les conditions de leur deacuteveloppement en raison du faible statut quils

possegravedent au regard defllintelligentsia seacuteneacutegalaise

2 Hieacuterarchisation des gants sportifs en matiegravere de sport

de combat au sein des cadres supeacuterieurs -Groupe 1shy

FIGURE I[

La f-appe est honni aucl1 pratiqua1t de boxe Olt de lutte avec frappe

agraveUloins quelle fasse lobjet dune stylisation cxtrecircme COTIme cest le

cas dans le karateacute Ce groupe manifeste un seuil extrecircmement bas de toleacuteshy

rance agrave la violence ce qui explique les discours infamants degraves que la

lutte avec frappe est secoueacutee par quelques excegraves Leacuteopold Seacutedar SENGHOR 1

navait-il paS deacuteclareacute que cette forme de lutte eacutetait une atteinte permashy

nente agrave limage de marque du Seacuteneacutegal

Bien quil soit difficile de proposer une explication unique curiositeacute

esprit douvetture permeacuteabiliteacute aux modes bullbullbull les repreacutesentants de ce

groupe adoptet facilement des sports importeacutes 85 des goOts pour le 1

Judo le Karateacute et la Lutte Olympique qui pourtant est bien peu pratishy1

queacutee au Seacuteneacutegfll j

Faut-il en deacuted~~re une attitude geacuteneacuterale favoris~agrave tout ce qui provient

de leacutetranger

Nous nous refu~ons preacutesentement agrave ce genre dexplicationJ ne ser~it-ce que

par ses conseacuteqJences sur notre sport national dont les perspectives appashyj

raicirctraient bie sombres

Admettons que la pratique de ces disciplines sont en rapport avec des

deacuteterminants eacuteconomiques et que ceux-lagrave sont un frein P4ur la popularisashy

tion de ces pratiques A lappui de cette interpreacutetation~ il suffit de

composer le champ social du Judo et celui de la Lutte libre traditionnelle

--== G J

32

LUTTE SIHPLEJUDO FIGURE JI(

Le groupe 2 qui manifeste un inteacuterecirct reacuteel pour les sports de combat -pregraves

de 25 iuml de la population i~tervieweacutee- et qui p6ssegravede les ~oyens de choisir

ses pratiques opte massivement pour le judo CDnme lexprirre le rapport de

agrave 4

- shy

A la lumiegravere de cette succi~te analyse des demandes sociales en matiegravere

de pratique des sports de combat nous pensons recouper la theacuteorie de

lhabitus selon BOURDIEU qui veut que des hatitus diffeacuterents impliquent

des styles de vie divergents si lon entend par style de vie un systegraveme

de pratiques classeacutees et classantes(I)

La mutation de la socieacuteteacute seacuteneacutegalaise celle du milieu urbain se caracteacuteshy

rise par lapparition despaces sociaux qui sont en rapport avec des

espaces culturels Il en reacutesulte des pratiques distinctives comme

lexprime le pogam

En effet si les cateacutegories sociales existent et si chaccedilune delle exprime

une marque sur les conduites des sujets il est naturel ~e penser que des

pratiques1 sportives servent de modegraveles distinctifs et detrsymbOles dorgashy

nisation ieacuterarChique dans la socieacuteteacute exprimant les dif eacuterentes clas8eamp(2)

Ces const4tations ont dimportantes implications sur leeacuteveloppement et

lavenir des pratiques Si dans notre IIIegrave partie nous 1tenterons de 1

mettre en rapport les particulariteacutes ethniques avec les pluraliteacutes de

style de lutte nous parlons presque au passeacute Une IVegraveme partie devra

e~visager la situation actuelle de la lutte afin de pouvoir eacutemettre

qu~lques hypothegraveses sur son devenir

Cest auss~ une ambition de ce meacutemoire daider ceux qui sinteacuteressent reacuteellE

ment agrave la lutte de savoir entendre au travers des deacuteclarations normatives

et apologeacutetiques Nous ne doutons nullement de la conviction ou de la bonne

foi de leurs auteurs mais parmi les possibles il yale probable et seul

ceiui-lagrave meacuterite decirctre retenu car plus proche agravee la recirc~liteacute

(I) BOURDIEU pierre La distinction Les Editions de minuit 1979 page 191

(2) Le POgdlt Deacuterrocratisation du sport ythe (u reacutealiteacute

- 1f shy

j j l IlL DL l H L S DE

3 1 LA COll1ŒNAUTE DIOLA

311 Preacutesentation

Les diolas vivent dans la reacutegion de Casamance et repreacutesertent 9 de la

population totale du Seacuteneacutegal Ce sont geacuteneacuteralement des cultivateurs de

riz et des artisans Cependant on peut les trouver aujourdhui disperseacutes

dans toutes les capitales reacutegionales affecteacutes agrave divers meacutetiers militaire

gendarme fonctionnaires de lEtat ouvrier etc bullbullbull

Dans les villes la plus grande partie des diolas vit dans les qoartiers

populaires Par exemple agrave Dakar on les trouvera agrave Colobane agrave Fass agrave

Grand Yoff ou agrave Khar Yalla La plupart du temps cesDnt des artisans et des

ouvriers du secteur priveacute qui vont essayer dune maniegravere ou dune autre de

vivoter en bricolant deci de lagrave Mais mecircme loin de la Casamance cette

ethnie conserve une grande partie de ses caracteacuteristiques et plus partishy

culiegraverement la solidariteacute ethnique qui veut que les Diolas forment toujours

un bloc bien soudeacute quand le besoin se ifait sentir et cecisans discrimishy

nation de rang social Ainsi tous lesdiolas de Dakar se mobilisent pour

supporter le Casa Sport chaque fois qbe cette eacutequipe de foot-baIl vient

jouer agrave Dakar Cette mobilisation se fera aussi dans le cas ougrave leur chamshy

pion de lutte Mamadou SAKHO livre uncombatimportant

Lethnie diola est diviseacutee en trois sous-groupes

- les dio1as Fogny de Bignona

- les diolas Kassa autour dOussouye

- les diolas Blouf dans la preacutefecture de Tendouck

Mais en lutte on a pris lhabitude ~e les grouper en deux zones dune

part le Kassa qui preacutesente des particulariteacutes et dautre part lE Fogny

et le Blouf

- J 7 shy

3 ) 2 ~U(lquE5 aspects d~ l~ducatio~ ~t des rit~s en milieu diol~

L eacuteducat ion veacuteritable de lenfant diola est sociale et ne se corlprend

que dans la relation sociale elle deacutepasse de loin le strict cadre

famililal Elle commence au stade de lapprentissage du langage

Lenfant apprendra agrave reconnattre le langage du regard de ses parents

Il doit connaicirctre et faire la diffeacuterence entre un regard approbateur

et un regard qui blacircme De mecircme il doit apprendre agrave faire les gestes

de la tecircte qui expriment lapprobation En aucun cas lenfant nest

laisseacute agrave lui-mecircme Aura-t-il deacutesobeacuteit par complaisance naura-t-il pas

eacutecouteacute ou fait attention aux recommandations reacutepeacuteteacutees plusieurs fois

sans reacutesultat il fera lobjet dune punition corporelle avec la chicotte

Elle a pour effet de faire mal au corps de lenfant afin datteindre son

acircme sa sensibiliteacute et instaurer en lui une sorte de 1iaision de la

meacutemoire du mauvais comportement agrave la douleur quen voulant eacuteviter la

douleur il finit par eacuteviter le mauvais comportement en tout cas den

prendre conscience degraves cet acircge Cest une meacutethode deacuteducation mora1e (])

i 3121 Leacuteduca~ion maternelle

1

Notre eacutetude nous a montreacute que mecircme de nos jours leacuteducation diola

conserve encore ses caracteacuteristiques traditionnelles au niveau des rites

des moeurs des habitudes des principes et des normes

Leacuteducation de lenfant reste lune des plus rigoureuses Elle commence

degraves le plus bas acircge car pour le dio1a on ne peut redresser une personne

adulte donc autant leacuteduquer tregraves jeune Jusquagrave lacircge de trois ans

lenfant sera encadreacute par sa megravere qui bien queacutetant tregraves douce fait

preuve daucune indulgence Elle lui apprend les interdits de la communaushy

teacute respecter son prochain ne pas insulter ni profeacuterer de gros mots surshy

tout en preacutesence de grandes personnes ni faire violence agrave autrui

Plus terd v~rs cinq ou SlX ans le jeune garccedilon est initi~ a~x travaux

ces cna~ps des rizi~r~s cles pal~eraiEs ce Gui ne manquer6 pa5

davoir ces rEpcrcussic~s sur SOn deurovelopperncnt morpholoique

- 1( shy

3122 La circoncisio~

cest un rite obligatoire Il a pour but dintroduire le garccedilon dans

la communauteacute des hommes en tant que responsable Cest un rite qui

laisse une trace indeacuteleacutebile dans la vie du jeune diola Les principes

de la vie en socieacuteteacute y sont enseigneacutes agrave fond Le rite de la circoncishy

sion preacuteseuro~teuro uneuro forme p~lticul do~t s~uls les diolas connaissent

lorganisation internecar la circoncision est agrave la fois une eacutepreuve

physique intellectuelle et morale

Cette circoncision en milieu diola se passe dans le bois sacreacute En ce

lieu les Njoulis (circoncis) sont encadreacutes par des mattres les

Kintangs et au-dessus de ces mattres regravegnent un ecirctre doteacute de faculteacutes

occultes il sagit du Kankourang Le kankourang a cette capaciteacute de

disparattre de voler quand bon lui semble Il incarne la justice et la

violence et assure la protection de ses disciples contre les mauvais

esprits Ainsi le kankourang incite agrave lobeacuteissance et agrave lordre dans

cette socieacuteteacute Dans la tradition diola le kankourang repreacutesente un

pouvoir mystique capable de choses extraordinaires dont la socieacuteteacute

moderne avide de raisonnement ne pourra trouver une explication Au

cours de la circoncision les initieacutes subissent un certain nombre

deacutepreuves physiques que le diola appelle samasso Il doit se soushy

mettre agrave lensemble de ces eacutepreuves consideacutereacutees comme indispensables

agrave sa formation pour lui permettre de juger ses capaciteacutes physiques

mais eacutegalement deacutepouver sa valeur intellectuelle morale et sociale

Il pourra aussi se mesurer aux autres dans le domaine de la consideacuteration

et du respect En quittant le bois sacreacute le jeune doit posseacuteder une

grande partie des qualiteacutes humaines et socisles quil faut agrave un howmE

pour vivre en harmonie avec la socieacuteteacute traditionnelle Il serait bien

sOr possible dans le cadre dune eacutetude plus approfondie de parler de

bien dautres rites et pratiques traditionnelles

Notons cependant que le rite de la circoncision appartient aux anc~t~es

et que dans les villages reacutecents ougrave les structures ont changeacute on ne

Jeux jours avant la re~trfE cans le bois sacr[ les adolescents so~r

-

- Jo shy

por lE diola 11-071- doit rester en harrc1iE avec lE

tal lanimal lui-mecircme les ancecirctres les geacutenies Le rit~ du rasdge co~sist~

acirc ~loigner la ~alchance de lenfant Si l~ ritE nest pas respecteuro eumlr es

parents du futur initieacute celui-ci connaicirctra la malchance pendant toute sa viE

Ce rite a aussi pour faculteacute deacuteloigner le mal et de preacuteserver lenfant des

mauvais esprits

Le rite de leau sacreacutee se fait un jour avant lentreacutee dans le bois sacrEacute

Les femmes doivent se garder davoir le moindre contact avec leau beacutenite

pour se preacuteserver des conseacutequences facirccheuses qui pourraient en reacutesulter La

tradition veut quune seule goutte soit capable de deacuteclencher lavortement

l chez la femme enceinte de rendre steacuterile la jeune fille ou de provoquer des

menstrues perpeacutetuelles chez la femme ayant atteint la meacutenopause bull

bull Le rite de la forge protegravege le futur initieacute pendant son seacutejour dans le bois

sacreacute Mais cette protection seacutetend bien au-delagrave et de rite veut que toute

personne qui y faillit soit condamneacutee agrave devenir leacutepreuse

Pendant plusieurs semaines les jeunes initieacutes subissent une formation capishy

tale qui fera deux des hommes complets

313 Croyances et pratiques mystiques

Si nombreux sont les diolas convertis au Christianisme ou agrave lIslam leur

foi napparatt jamais incompatible avec leurs croyances animistes Lhisshy

toire des rois et reines diolas nous reacutevegravele quils eacutetaient les ffprecirctres fl de

ces cultes feacutetichistes destineacutes agrave maintenir la fertiliteacute et agrave provoquer

la chute des pluies De nos jours existent encore des socieacuteteacutes secregravetes agrave

base religieuse ou magique la plus redouteacutee eacutetant lassociation neacutecrophashy

gique Kousanga des Floup (1)

Deux fafu expliquent la coexistence du dogme et de la croyance

le contact tardif de la socieacuteteacute diola avec les civilisations eacutetrangegraveres

et leacutevangeacutelisation ou lislamisation quelles veacutehiculaient Il e~ reacutes~lt~

une importance des traditions leur reacutesstance agrave une remise en questic~ ce qui confegrave~e agrave la socieacuteteacute diola un caractegravere conservateur

r~c~~i]EE 2~fr~~ ~c - t

ct ~Cc egraveE~ Cimiddotilisatilaquo~ eacute

la neacutecessiteacute de lanimisme consiegraveeuroreacute comme base de toutes legrave~

religi0~s uumlegrave serait-ce que corr~e tentative ciexpliquer li1explishy

cable en se repreacutesentant en particulier comme un ensemble de puisshy

sances mystiques Ainsi pour lanimiste agir sur la nature cest

intervenir psychologiquement aupregraves de ceLX qui la gouvernent

314 Imeact des moeurs sur la prat~que de la lutte diola

Lorigine de la populariteacute de la lutte eugrave milieu diola est par trop

impreacutecise aussi nous nous limiterons agrave en donner la signification

actuelle La lutte apparatt dabord comme un moyen privileacutegieacute deacutedushy

cation

- sur le plan corporel afin de deacutevelopper la force lagiliteacute la

rapiditeacute et la souplesse

- sur le plan moral afin de deacutevelopper les vertus caracteacuterielles

courage tenaciteacute digniteacute bullbullbull neacuteces~aires agrave laction

Mais la lutte apparatt aussi comme un mpyen dinteacutegration sociale car

le jeune diola qui se refuserait agrave se sbumettre agrave leacutepreuve de la lutte

encourrait un isolement alors que celui qui excelle en bravoure devient

rapidement populaire Dougrave ces affrontements agrave linteacuterieur dune classe

dige qui tout en restant un moyen de reacutejouissance servent eacutegalement

agrave eacutetablir des comparaisons

Nos observations et nos interviews confirment le caractire tris physique

de la lutte diola immeacutediatement les lutteurs sont au corps agrave corps et

les techniques consistant agrave aracher ladversaire priment sur toutes les

autres Exprimer sa force est une preacuteoccupation constante il suffit pour

sen persuader de voir le groupe de lutteurs peacuteneacutetrer dans laregravene au son

du Born bol on que rythme le claquement de mains des femmes

C~tte da~se est une deacutebauche dAnegie Ougrave les lutteurs pieacutetin~Ert avec

force L sol

i shy

3141 EorphologUgrave et valeur physiques du lut teur diola

Le lutteur diola possegraveagrave~ un deacuteveloppement caracteacuteristique du trai~

supeacuterieur et de la musculature doso-lombaire Ceci est tregraves certaineshy

ment lieacute au maniement de la houe de la daba et surtout dukadiando

dont lusage permanent a modeleacute la morphologie du lutteur diola

La valeur physique de ce lutteur semble reposer sur sa force sa

reacutesistance mais aussi sa rapiditeacute

3142 Reacutepertoire technique

Dans le Blouf la forme du corps la plus utiliseacutee est le deacutecalage souvent

combineacute avec un crochet de jambe (gal gal) ceci semble ecirctre lieacute agrave

lutilisation quotidienne dans les riziegraveres du kadiando Le paysan du

Blouf sera ameneacute agrave faire un mouvement de torsion pour deacutecalerlinstrushy

ment enprenant appui sur son genou et ceci continuellEment pendant toute

la jourpeacutee Chez les diolas du Fogny le kadiando eacutefait surtout utiliseacute

par les femmes qui soccupaient autrefois exclusivement de la riziculture

et ce n~est quaujourdhui que les hommes cultivent le riz 1

La principale culture dans le Fogpy est celle du mil on y cultive aussi

de larachide De ce fait loutil le plus utiliseacute est le donkoton qui

est un instrument tregraves petit avec un manche court et dont le maniement

expliquerait peut-ecirctre leacutetonnante musculature du train supeacuterieur et surshy

tout de la zone dorso-lombaire du 4i6la fogny qui excelle dans les techshy

niques en force genre arracheacute avec les bras sur contrOle de la ceinture

de ladversaire Lulisation du donkoton semble eacutegalement expliquer la

garde tregraves basse du lutteur fogny

Dans le kassa on aurait pu trouver la mecircme forme de lutte car la morphoshy

logie du lutteur est agrave peu pregraves la mecircme mais linterdiction formelle de

la prise du ~gimbe modifie et limite tout le repertoire technicult2 ou

lutteur Le lutteur kassa adopte une garde basse et agrave une preacutefeacuterence pc~r

legraveS tc~-iccedilues n passa~ dessous - - ~ shymiddotmiddotcrc t--=~ c-

----

contact et agrave partir de ce TtoTteuront ils peuvent se relever et conti~uEr

en lutte debout jusquau terrassemen~

Toutes les gardes sont rapprocheacutees en milieu diola

irbi trage

Les combats sont arbitreacutes par un deacuteleacutegueacute geacuteneacuteralement anClen lutteur

Ces anciens lutteurs ont pour rocircle de veiller au bon deacuteroulement du

combat La victoire est deacutecreacuteteacutee dans les cas ougrave un des lutteurs se

retrouve en position assise sur le ventre sur la cuisse ou les

genoux (sauf dans le Kassa)

Il existe un autre mode de victoire celle qui est proclameacutee agrave la

suite dune supeacuterioriteacute eacutevidente du~ des lutteurs A savoir quand

un lutteur soulegraveve tregraves haut son camarade et que son manager estime i

quil est pratiquement battu il peut arrecircter le combat en touchant

dabord le lutteur adverse popr eacuteviter que son lutteur ne soit terrasseacute

tregraves fOrt Nest-ce pas un deacutecision sage des managers qui peut contribuer

agrave maintenir le caractegravere reacutecr~atif de la lutte joola 1

La victoire dun village sur un autre village ne se mesure pas au

nombre de victoires obtenues par lensemble des lutteurs En effet

il suffit que le champion soit battu pour que le village soit consideacutereacute

comme deacutefait Ce qui explique limportance et le seacuterieux que le village

accorde agrave la preacuteparation des championsl)

Il est cependant important de signaler que larbitrage dans les centres

urbains revecirct une iautre forme beaucoup plus codifieacutee et cest peut-ecirctre

une des raisons qui font quen milieu urbain la lutte diola perde une

partie de son originaliteacute

En dehors des techniques speacutecifiques agrave chaque sous-groupe il faut

signaler quil y a une multitude de prises et quelGues formes de corps

comTIunes agrave letnn Car reconnaissons qu il cO unE ror-euro approp=i~eacute

dE ~ouvane du l~tteur diola en TaI

-----~-----

LE tableau ci-dessous se propose dE reacutesumer les diffeacuterentes consideacuteshy

rations techniques envisagEacutees dans cette partie

FORlŒSSOGS-GRGUPES 1 COItltOLE GA~JESDt CORF=

i ~

1 1

Passage dessous de jambes et BassE KASSA saisies Moyenne1annexes bras (rapprocheacutee)

ceinture tecircte

Deacutecalage de Moyenne et BLOUF Demi-souplesse Ngimbe

HauteHancheacute Bras (rapprocheacutee)

Jambe

Arracheacute CouFOGNY Tregraves basse

Hancheacute ii 1

1 1

3 14 3 bull LeIIa~~jueetlecom~ortementdulutteur-+iola

1 Le comportement et lattitude du lutteur dans laregravene pe sont en fait

t

que le reflet de sa psychologie et plus partiCUliegraverem t de son eacutetat

dacircme Or il napparatt pas abusif deacutetablir des cor eacutelations entre

le psychisme dun individu et lempreinte eacuteducative quil a subie En effet en sortant du bois sacreacute le jeune diola a acquis un ~ca~~l

eacutequilibre physique et mental

Cette matrise de lui-mecircme permet au lutteur dans la~egravene dadopter

un aire enjoueacute de manifester beaucoup denthousiasme~ La lutte devient 1

essentiellement un jeu laspec ludique y est privileacutegieacute et ~ela influe

sur le comportement du lutteur

Ainsi queurolq~c soit limporta~cE de le~je~ le lutt~c~ dic1e Seuroreacute

to~jours serein et s~ livrera sa~s arri~re pe~s6e da~$ ~E CO=beacute ou-

tons que le lutteur diola est trecircs fair-play et sil arrive quun rdnd

lll L COIicircilU1Ul L ULOF

32 J Preacutesentation

La soc tEacute wucirc10f est celle qU1 a eacuteteacute la plus marqueacutee par la colonisation

~~ fait peut-gtre de sa position geuroographiquE dune part ct de 50~ imporshy

tanCE sur le plan dfmographiquE dautre part En effEt ceurootteuro CC-~ucircautE

wolof repreacutesente environ 20 de la population seacuteneacutegalaise

Elle est constitueacutee de pecirccheurs (ce sont les leacutebous) dagriculteurs de

fonctionnaires de lEtat mais surtout de commerccedilants

A pqrtir de leur reacutegime dimplantation le Cayor le Walo le Baol le

Djolof et la presquicircle du Cap-Vert les wolofs ont tendance agrave irradier

sur lensemble du territoire sous leffet de leur speacuteculation agrave la culshy

ture de larachide et du nombre important de fonctionnaires quon trouve

dans cette ethnie

322 Les moeurs et croyances wolofs

Bien queacutetant en grande partie des musulmans convaincus les wolofs

conservent toujours une croyance animiste et continuent agrave faire des

sacrifices agrave porter des cornes ou des morceaux de bois agrave la ceinture

aux jambes ou aux bras et agrave croire agrave lexistence des Djinneacutes et des

Raps bull

Le Djinneacute cest une creacuteature malfaisante en geacuteneacuteral capable de choses

extraordinaires Il possegravede des faculteacutes surnaturelles Cependant dapregraves

la croyance animiste certains Djinneacutes peuvent ecirctre bons

Le Hapl cest une creacuteature ayant des dons occultes appartena71t agrave une

famille ou agrave une communauteacute et dont le rOcircle est de veiller cu daider

les reCJrES de le fai11p ou dt la conmunauteacute en cas de da1gel Le Rap

~ ut te c ) ~~c-

ei sltcificE cJ sanl dE meut0 dL chat de pC)wleurot 5E1lt les conveuroshy

lances parfois leur dorner COrllTe offrande du lait Laii

Qua1d une famille ou une communauteacute neacuteglige les Sarakh (ici dans

le sens de sacrifice ou Offrande) elle se voit aussitocirct vouEacutee agrave la

maleacutediction des mauvais esprit~ (fcllec dans touteacuteS lEs ~treprises

de la vie maladie mort bullbullbull ) Les lieux ougrave habitent ls Taps et ougrave

se font les sacrifices se nomment Khambs

Geacuteneacuteralement le khamb se trouve dans lenceinte de la maison ou

dans un coin approprieacute du village Les lieux du khamb sont marqueacutes

par la disposition de calebasses de pilons de morceaux de poterie

briseacutes de grosses pierres de cornes et dautres objets heacuteteacuteroclytes

La superstition wolof est tregraves marqueacutee En effet pour le wolof toutes

les manifestations quotidiennes trouvent leur signification dans le

mysticisme Citons agrave cet effet quelques ezemples Une femme enceinte

ne doit pas marcher agrave nimporte quelle heure de la journeacutee Certaines

heures de la journeacutee lui sont interdites le Timiss (creacutepuscule

le Ndjo~or (de 13 H agrave 14 H de lapregraves-midi) le souf-segravede (de

minuit i4 H du matin) Selon la tradition ~t la croyance wolof les

mauvais ~sprits choisissent ces heures pour jeter des sorts Et la

femme enceinte eacutetant tregraves vulneacuterable le Djinneacute essaiera de lui insufshy

fler son souffle pour atteindre son beacutebeacute afin dentratner soit la

meacutetamorphose de cedernier en monstre soit de le tuer avant sa naissance

Dailleurs pour le wolof et pour certaines autres ethnies au Seacuteneacutegal

le timis le tdjolor le souf-segravede repreacutesentent des peacuteriodes de

la journeacutee ougrave lon ne doit pas se hasarder dans les rues et les champs

Ce sont des heures propices aux apparitions des Djinnes sous nimporte

quelle forme humaine ou animale

Il est eacutegalement interdit au wolof de marcher ou de serti la nuit du

~eacutellfria-

loutes c~s pratiques ~ystiqu~s et cr0ya~ces religi~us~5 ~xistent eL~~[

certainement dues agrave un meacutetissage culturel Parallegravelement aux feacutetiches

aux incantations et agrave lutilisation des safaras (substance magique)

notons lexistence de ga l a tchs (ce sOnt des talismans ougrave sont inscrits

du qui les porte Toutes ces croyances biEn sucircr auront une rEacutepercussicrI

sur leacuteducation du jeune wolof

323 Leacuteducation du wolof

Pour caracteacuteriser leacuteducation wolof nous avons penseacute donner comme

illustration cet extrait de la revue DEM ak TEY Pour deacutefinir leacutedushy

cation le wolof fait appel agrave un symbolisme qui eDglobe aussi bien les

moyens mis en oeuvre Yar que le reacutesultat obtenu agrave laide de ces mecircmes

moyens cest-agrave-dire la formation et le deacuteveloppement de lecirctre humain

ou Yaru

Le substantif Yar deacutesigne le fouet

Ce symbolisme deacutesigne donc au-delagrave du simple sens mateacuteriel de lobjet

lutilisation qui permet daboutir au reacutesultat escompteacute (Yaru) Au sens

geacuteneacuteral Yar deacutesigne tout instrument servant agrave infliger une punition Le

terme laisse supposer agrave priori que cette phase de lenfance durant lashy

quelle se preacutepare la vie de lhomme est lieacutee agrave la souffrance au supplice

Dailleurs une maxime wolof compare lenfant agrave une tige quon a tout le

loisir de redresser alors quelle est encore flexible bull

bullbullbull Pour leacuteducateur wolof la perfection nest point de ce monde malS

le devoir de chaque homme est de tendre vers la pleacutenitude en luttant

contre ses propres faiblesses Leacuteducation va d01c iisister essentielle~(-~t

sur lexercice quotidien de leacutelevation ffiora1e d~ lindividu Pour cela

elle privileacutegie la patience munI) vertu dabneacutegdtion et dE deacutesinteacuteresseshy

m(~t autour dE laquelle sarticulent toutes ]e~ ~u~~~s qualiteuros

i _

aan~ ~ s0cieacutet gt~olcf ocirclt~tartt nul -Jt- poulait sabecircisstr

tion de sa libertEacute La liberteacute est le preuumler drcmiddotir dE l ho-)euro egrave~S

baigner dans une beacuteate admiration du passeacute la comparaison avec le pr~$(middott

si~posc dclle-mecircme car lon reste s reacute devant la deacutesinvolture aVEC

laquelle dES honmes daujourdhui descendants de cette ~~~EacuteTatic ccedil~l se

une fois [largis bullbull tTasque fiers davoir fait leacute priS0n PEut-2tTE

faut-il mettre cela sur le compte de lurbanisation et des nouvelles

valeurs qui ont pour nom enrichissement reacuteussite sociale avec ce que

cela comporte de deacuteshumanisant et de deacutepreacuteciateur (1)

3 bull 2 bull 3 1 bull Lesri tes

Le sevrage et la circoncision constituent les deux grandes phases initiashy

tiques chez le wolof

- Le rituel du sevrage est appeleacute maga1 (litteacuteralement rendre grand)

Cest un eacutevegravenement important aussi bien pour les parents de lenfant que

pour la co~unauteacute Durant cet eacutevegravenement qui survient geacuteneacuteralement deux

ans apregraves la naissance du beacutebeacute les personnes vivant dans lentouragE

apportent leur soutien moral et mateacuteriel

- le rituel de la circoncision revecirct pratiquement la mecircme signification

que dans les autres ethnies seule la forme diffegravere La circoncision reste

encore une eacutepreuve de la vie au sort i r de laque Ile ladolescent devient un

homme Aujourdhui il faut noter une meacutetamorphose de la structure sociale

et des croyances religieuses tregraves accentueacutee aussi bien chez les wolof que

chez les autres groupes ethniques et ceci est peut-ecirctre dO au contact

permanent quils ont avec la socieacuteteacute occidentale

Malgreacute ces constat~tions il semblerait pcu=tant qUE la sociecirct~ lecircbou Gci

bien que se trouvaLt en grande partie dans ~a Presquth du Cap-ETt Et

en contact permane~t avec les blancs soit la portior la plu8 cc~serva-

----------~_- ---~-- -----

~

Incidences d s ~00urs sur la l~ttE

Le wolof connaicirct deux formes de luttes la lutte sirplE- sans t-t

la lutte avec frappe La lutte avec frappe a une crigi~e purement r

et ce nest que plus tard quelle devint une prati1uE sportive et lud

preacuteparer agrave la guerre Aussi tout en luttant On eacutetait autoris~ agrave frapper~

griffer mordre voire introduire son doigt dans loeil de son adversaire

Le jeune wolof devait eacutegalement se livrer agrave la lutte avec frappe afin de

favoriser son insertion dans la socieacuteteacute adulte et sinitier au meacutetier de

soldat faute de quoi il ne pouvait se faire entendre ne avoir des marques

de respect Pour montrer la populariteacute de la lutte dans le Cayor signalons

que les Damels ll (rois) et les Teignes (nobles) nheacutesitaient pas agrave sy

livrer Quant au IIMbeu~ (lutteur) elle lui servait de moyen de promotion

sociale car d8S que sa reacuteputation eacutetait eacutetablie il pouvait ecirctre choisi

par les rois et les nobles comme garde de corps

325 Signification de la lutte en milieu wolof

La lutte se pratique dabord pour lhonneur qui est une vertu tregraves signishy

ficative pour le wolof Elle permet de renforcer les liens amicaux entre

les jeunes de villages diffeacuterents Le champion veut gagner

confiance et la consideacuteration de son village de ses amis

Etre champion cest aussi susciter ladmiration chez les

sentant la force la viriliteacute et la deacutetermination

326 Organisation d~s eacutepreuves de lutte

3261 Les Mbapatts Ce sont les seacuteances nocturnes

pour meacuteriter la

et des anciens

filles en repreacuteshy

Ils sont organiseacutes apregraves les reacutecoltes agrave la fin de la saiscn des pluies

Ceci surtout p~ndant les peacuteriodes de clair de lune car ils peuven~ durEr

toute la nuit Le but des ~Dapatts lt=tait de prfpa-er FhysicuemeH et

~ arb Sil

326 Le 1

cest une organisation beaucoup plus importante que les I~apatts ~

loccasion de laquelle on peut voir plusieurs lutteurs de grande reDommfe

saffronteLLa fin dl lamb est toujours couronneacutee par une grand co~bat

duquel le vainqueur est sacreacute champion de la contrecirce

Le choix du lieu est lieacute agrave limportance de ce lieu dans le village cest

la place publique ougrave geacuteneacuteralement se passent toutes les manifestations

assembleacutee geacuteneacuterale sabar (danse) cest aussi lendroit ougrave sont prises

les grandes deacutecisions

3623 Lappariement

Dans un village ou un quartier les lutteurs se regroupent en lang

(eacutequipe) et jamais deux lutteurs de mecircme lang ne se rencontrent lors

du lamb

L appariement s~ fait librement entre lutteurs de lang diffeacuterents l1hs

une regravegle veut ~uavant de lutter avec le Mbeur Kanur de tel lang si

on est soukh (l~tteur pas encore confirmeacute) il est neacutecessaire de lutter

dabord avec ses soukh et ce nest quapregraves les avoir terrasseacutes tous

quon se voit octroyer la chance de lutter contre lui

Notons que la cateacutegorisation des lutteurs par poids nest jamais prise

en consideacuteration

3624 La tenue du lutteur ou NGIMBE

Le middotNGimbe est confectionneacute par le marabout de la famille ou du clan Il

est constituecirc de pagnes en coton tisseacute geacuteneacuteralement offerts par la megravere ou

la grand-megravere du lutteur ceci lors des organisations de ~rande Tportance

COrlune lef 1amb Dans le cadre des l-bapatt les pagnes sont C tErts peumlr

~~~rcfcis ct ffi~mc aujourdhui d218 cErtaInes fa~ille5 on devj~Gr

luttEur de pegravere en fils et dans ce cas h 1

gimbell du pEgravere Est recircr i tEacute

par le fils Le fait de porter le lI~gimbe agravee ses aiumleux peut susciter

cne~ le jeune lutteur une motivation et une volontecirc in~branlable rlasshy

surer 12 supeacuterioritEacute cis SIcirct-ns dallS

le xgimbe de la famille ne touche pas le sable

La tenue du lutteur a une signification et une importance sur le plan

mystique car selon les anciens le vrai feacutetiche du lutteur celui qui

le proteacutegera agrave vaincre le Djinneacute ou le Rap de ladversaire se trouve

cacheacute dans ce Ngimbe Celui qui confectionne-le Ngimbe est doueacute de

faculteacutes occultes

~~r~i~rg Il est assureacute par un sage du village qui geacuteneacuteralement fut

championde lutte de son temps Dailleurs cet ancien nintervient que

si le terrassement est litigieux

Hormis le public qui proclame la victoire ou le match nul le lutteur

lui-mecircme est arbitre et il arrive quil se deacuteclare vaincu ~ous

pouvons citer comme exemple Meacutedoune KHOULE un des plus grands lutteurs

seacuteneacutegalais qui a donneacute une victoire agrave Djeacuteri SADIO son adversaire qui a

reacuteussi agrave lui faire toucher le sol de la main

Il Y a terrassement quand le lutteur se retrouve

- assis sur le sol

- eacutetaleacute sur le dos

eacutetaleacute sur le cocircteacute

les deux genoux au sol

- les deux ma~ns au sol

la tecircte (front au sol agrave la suite dune brouette)

Il peut y aVOIr match nul si apregraves li1 temps ccmsideacuterable les lutteurs

SE sont ~ ivrEacutes respectivement agrave des assauts rEacutepEacutetEacutes et n arrivEt pas a

3265 L~ precircparation mystique

Il faut reconnattre quon ne peut parler de lutte en milieu wolof sans

envisager une preacuteparation mystique seacuterieuse Co~~e ~ous lEvans vu a~teacute-

1middot ~ d ~ ~rlturenent t0utes es actlvmiddotltesmiddot u W010 sont lles a SeS croyances

- la lutte ne concerne pas seule~ent deux acteurs se livrant faruumlucheshy

ment agrave un combat au milieu de laregravene mais eacutegalement les marabouts et les

feacutetichistes du village ou du clan qui doivent deacutefendre leur savoir et

leur prestige Avant le combat le lutteur doit se livrer agrave un certain

nombre de preacuteparations mystiques pour assurer sa victoire Aussi sommesshy

nous appeleacutes agrave parler de BACK (cest le chant et la danse du lutteur)

- le batteur de tam-tam compose un rythme en fonction du Galagne ou du

Senghor (gds-gris) du lutteur Chaque galagne sera choisi en fonction

du Rap ou du Djinneacute correspondant au Totem du lutteur

Le chant geacuterleacuterique Feinte woy veut dire litteacuteralement composer un 1

chant Ce chant est geacuteneacuteralement composeacute par les filles du viilage du

champion ou par un griot de sa communauteacute Et agrave travers ce chrnt on

arrive agrave toucher la corde sensible du lutteur en chantant lesl innombrables 1

victoires de ses ancecirctres ou en lui rappelant ses prouesses eacuteblatantes 1

Chaque lutteur doit avoir un chant et un back qui lui sont propres

327 Le reacutepertoire technique et les caracteacuteristiques physiques dulutteur wolof

Le lutteur wolof est geacuteneacuteralement moyen de taille la musculagraveture est

tregraves saillante ce qui fait ressortir un aspect tregraves athleacutetique ceci

est vrai sans exception pour le lutteur leacutebou mais il arrive que le Cacircyoshy

rien le baol-baol le walo-walo soient de grands gabarits de forte constishy

tution

CepEndant pour une meilleure compreacutehension du sujet nous pouvons eacutetudiEr

deux jroups d lut teurs qui vont deacuteterminer deux st yI e s de lut tes

- ~ t

les tc~tativ~s de~[reacutee e~ ramassement de jambes de la~v~sairL Ce~~

peut Ecirctre expliqueacute par le fait que les lutteurs leacutebou ou walo-walc qui

sont des pecirccheursadoptent cette garde tasseacutee du fait quils so~t tou-

jours pencheacutes en tirant le fil ou en poussant la plrogue On verra techrugravequeacutes dt cirr 2C ~lt 5Jllicitocirct

surLuumlut les membres supeacuterieurs

Le cayorien et le baol-baol par contre sont les plus grands cultivateurs

darachide chez eux les techniques de lutte sont plus varieacutees et la

garde est moins renfermeacutee Les lutteurs cayorien et baol-baol ont une

morphologie et une reacutepartition musculaire bien eacutequilibreacutee ils excellent

dans les techniques en deacutecalage les techniques de jambe et surtout les

techniques de riposte ougrave lon peut voir des prises de hancheacute tregraves amples

Dune maniegravere geacuteneacuterale on peut dire que le lutteur wolof est un fin

technicien qui sait surtout creacuteer les opportuniteacutes e~ avec sa rapiditeacute

utiliser la force de ladversaire pour le deacuteseacutequilibrer le noodju

le mbas le weacuteheacuteleacute et le rasu sont des techniques propres au lutteur

wolof

En deacutefense il utilise surtout des kl~klets ou gal-gal Notons que

le balancement des bras ou Lewato e$t tregraves marqueacute dans la lutte wolof

TABLEAU RECAPITULATIF DES COMPOSANTES TECHNIQUES

( 1 )

1 SOUS-GROUPES GARDES CONTROLES FORHES DE CORPS l

Walo-walo Basse de jambe Arracheacute l l10yenne de Ngimbe et i

Leacutebou Tasseacutee et saisies annexesj Deacutecalage 1 1 distante de bras de tecirct1

j de bras Deacutecalaeuro

~-----------------~-

- ~ ~- shy - ~ ~ bull L _ _ bull

Profil psyc~~iqUE du lutteu- et son comporterent dars l 2regravere

La preacuteparation mystique dans laregravene est plus marqueacutee chez les wolofs

que ChE~ les autres ethnies En effet on verra de grands champions

preliGrE plusiEurs heures pour Enduire leur corps de cll2badep ou ci

rmiddot- ~ a la proprieacuteteacute de proteacuteger li1egraveividu J

les mauvais sorts) Cest dailleurs un aspect dt la luttE qui iJcsc

des problegraveJles

Le lutteur wolof est tregraves superstitieux et la peacuteriode de preacuteparation

est capitale pour lui car elle permet non seulement de rendre

hommage aux ancecirctres mais aussi dintimider son adversaire Cest

geacuteneacuteralement un lutteur agressif combatif et teacutemeacuteraire Il se fait

souvent remarquer par son esprit dentreprise Mais cette fougue dans

le combat lamegravene parfois bien que ce soit regrettable agrave oublier les

usages et les normes Ce manque de maicirctrise de soi peut faire croire

que le lutteur wolof manque de fair-play ce qui nest pas toujours le

cas

~A~Ugrave~ t 4AA CbUrs k LA ucirctotve f~tPle Sesect prores mou W ~ lesquelles vont se couler les comporteme~ts individuels qui sont ainsi

monteacutes par et pour lautoriteacute sociale

Les faccedilons de boire de marcher ou de sasseoir se manifestent indivishy

duellement dans le corps de chaque personne ces habitus sont cependant

des montages sociaux lieacutes agrave des significationssymboliques variables

dailleurs selon la position sociale occupeacutee par chaque sujet Ces modes

dagir se rangent dans un systegraveme de montages symboliques et lindivishy

du les apprend de la socieacuteteacute dont il fait partie agrave la place quil occupe

Lhabitus est un montage social agrave la valeur symbolique deacutependant des pheacuteshy

nomegravenes deacuteducation et de prestige et lieacute agrave la position sociale du sujet

Cette penseacutee sonne de faccedilon eacutetonamment moderne

Pierre BOURDIEU qui dans une perspective a approfondi le contenue de la

notion en le reportant aux oppositions entre classes et fractions sociales

Il deacutefinit lhabitus comme un systegraveme de dispositions durables acquis au

cours dune histoire personnelle dans une milieu social donneacute systegraveme qui

engendre ensuite des pra~iques socialement deacutetermineacutees faccedilons de manger

de parler ou de marcher comportements de politesse contenu des preacutefeacuterencel

et des deacutegoOts bullbullbull lhabitus est le produit de conditions eacuteconomiques et

sociales Lauteur rattache directement la formation de lhabitus dun

individu agrave la trajectoire parcourue par celui-ci dans sa classe dapparteshy

nance il deacutefend lideacutee dun habitus de classe qui deacutefinit le sens confeacuteshy

reacute agrave la pratique sportive les profits qui en sont attendus

Ce dernier serait lui-m~me lieacute agrave un systegraveme de valeurs ou ETHOS de classe

prenant sens au sein doppositions distinctives entre classes sociales

De sorte lhabitus fonctionne comme un systegraveme dt- regravegles inteacuterioriseacutees

souvent informuleacutees permettant ou non agrave lagent de sadapter dembleacutee aux

multiples pratiques de la vie quotidienne et de la vie sportive il est agrave

lorigine des schegravemes de transcription qui favorisent les ajustements aux

situations corporelles nouvelles (1)

t ~

(1) P~IE11D dwi6Han ISpoy-l et sodeacutebi Approche Bocio-culturelle des pratiques P~tis Vigot 1981 page 81

33

331 Preacutesentation

Les Seacuteregravere auraient pour origine le Fouta Toro quils auraient quitteacute

vers le Xllegrave siegravecle pour fuir lislamisation de cette reacutegioD par lempire

dJ Xali (ils seraient donc apparEnt~s aux Peul et Toucouleur ) Ils

auraient trouveacute dans la rEacutegion du Sine les Sosseacute dorigine manding avec

lesquels ils salliegraverent

Au XVegrave siegravecle une autre immigrationSos~ conqueacuterante cette fois-ci

apporta son organisation eacutetatique Ils se divisegraverent en deux monarchies

deacutemocratiques lune seacutetablit au Sine et lautre au Saloum Les Sosseacute

conqueacuterants constituaient lautocratie appeleacutee Guelowar

La royauteacute seacuteregravere eacutetait laiumlque Les premiers souverains durent secouer

la tutelle des Toucouleur et progressivement arrivegraverent agrave unifier lethshy

nie des seacuteregravere etdea Sosseacute Les deux royauteacutes eacutetaient organiseacutees selon

acirces modegraveles tregraves deacutemocratiques Le souverain deacutependait dune assembleacutee

de ministres et de chefs locaux qui assuraient ladministration centrale

et reacutegionale())

Aujourdhui lethnie seacuteregravere repreacutesente 20 de la population seacuteneacutegalaise

Ils sont reacutepartis sur presque toute leacutetendue du territoire notamment

dans le Baol la reacutegion du Sine-Saloum et la reacutegion de Thiegraves

Signalons quil existe plusieurs sous-groupes dans lethnie ainsi on

trouvera

- dans la reacutegion de Thiegraves les Ndut les Safegravene et les None

- dans le Sine-Saloum les Sine-sine et les Saloum-salouIT

On trouvera vers foundioune et agrave Nioro du cocircteacute de la Gambie les

Niominka (pecirccheurs) Cest une portion tregraves mandinguiseacutee

( 1

Le rattache~2~t d~ to~s ccs sous-groupes pose problecircme ~25 0~ r0~V~

uc grande partie de traits COITul1uns dans leurs modes dE vie Ct pOUT phs

de faciliteacute nous allons essayer de faire une ~tude globale de la lutte

traditionnelle seacuterecircre Lactiviteacute socio-eacuteconomique qui est essentielleme~t

agro-pasorale caracteacuterisE leacutethnie seacuteregravere

332 Lecircducation les moeurs les croyances et pratiques sEr~rc

Chez les Seacuteregravere la vie humaine se deacuteroule selon les grandes eacutetapes

le baptecircme lenfance ladolescencemarqueacutee par la circoncision lsectge

adulte le mariage la vieillesse et la mort (funeacuterailles)

La vie de la communauteacute seacuteregravere reste une des plus originales sinon

celle qui de nos jours garde la presque totaliteacute des pratiques et

habitudes traditionnelles

Bien qu aujotltdhui con~r-tis aux religions chreacutetienne et musulmane les

Seacuteregravere conservent leurs croyances et pratiques animistes

Quelque soit leur degreacute dadheacutesion aux religions reacuteveacuteleacutees les Seacuteregravere

croient en un Dieu puissant et miseacutericordieux Rog Segravene et les hommes

Les ~angols sont repreacutesenteacutes mateacuteriellement dans tous les villages

seacuteregraveres par des arbres (baobab et tamariniers) des animaux (geacuteneacuteraleshy

ment serpent doreacute ou iguane) des ustensiles (pilon calebasse et mortier)

De nombreux teacutemoignages nous apprennent que certains totems (serpent

iguane) font leur apparicion agrave loccasion de certaines manifestations

rituelles comme les sacrifices ceacuteleacutebreacutes lors dun mariage de ceacutereacutemonies

mortuaires ou des circoncisions

Le Seacuteregravere comme il nous a eacuteteacute donneacute loccasion de le dire plus haut

preacutesente des speacutecificiteacutes authentiques aussi bien en tout ce qui touch~

son eacuteducation ses croyanCES et pratiques mystiques q~e ses activiteacute~

socio-ecirccc~omiquEs Apr~s a ~aissa~c~ le beurob~ ~~ pcs~ 5~~ lE S~ __

On lui mouille les l~vres avec un peu d~ lait de mil et apr~s U~ bain

purificateur on versera leau dans un trou cr~us~ derri~r~ la Camp~~

Pendant huit jours la megravere et lenfant sont cacheacutes dans la case car

selon les anciens ils sont tregraves vulneacuterables La case deacutens certains cas

est entoureacutee dun fil blanc et lon place sur le seuil des fais(cauy di

veacutegeacutetaux pour chasser les mauvais esprits (geacutenies malfaisants et illangeUY~

dacircmes) Au bout du huitiegraveme jour la megravere et lenfant peuvent sortir de

la case bull

bullbullbull Le matin du huitiegraveme jour la tante paternelle va chercher de leau

(plusieurs fois)t elle doit rester muette pendant ses alleacutees et venues

si elle parlait t lenfant pourrait ecirctre muet bullbullbull

La megravere et lenfant prennent un bain purificateur dans lequel sont

trempeacutees certaines plantes (ce sont des veacutegeacutetaux pr~tecteurs tels le

begravene le yag le ngud) On y lavera aussi le linge e1t les ustensiles utishyj

liseacutes pendant les huit jours qui viennet de seacutecoul~r On rase le crine

de lenfant Les cheveux sont donneacutes agrave la megravere qui ~s enterrera avec le

reste du cordon ombilical dans un endroit que11e esit seule agrave connattre

La megravere sassied sur une natte devant la maison Une femme igeacutee de la

famille prend le beacutebeacute dans ses bras et le preacutesente aux quatre coins de

lhorizon

La tante paternelle tient ensuite un van sur la tecircte de la megravere on y

verse le mil on y verse eacutegalement en abondance sur la megravere et sur

lenfant La tante oint ensuite le corps du beacutebeacute avec du lait e11e

touche en particulier le front t le nez la bouche la poitrine le dos

et les oreilles

Elle pose enfin un ~rain de sel dans la paume du beacutebeacute (le sel purifie

et deacutetruit les puissances mauvaises)

Apregraves un nouveau bain la megravere et lenfant revEcirctent des habits de fecircte

(est

lenfant Ce precircnore a toujours U~ SEns Il sy~bolise parfois C0 qUi

lOIl sounaitt agrave lEufant l)

La circoncision comme dans les autres ethnies est obligatoire Elle

permet au jeune adolescent dacceacuteder agrave la classe adulte Les jeunes

sont regroupes en classe dacircge dans le bois ougrave sc fait la r0tr~it0 des

circoncis et ceci pendant plusieurs mois

Le Selbeacute qui est geacuteneacuteralement un ancien craint de tous les eacutelegraveves

enseigne le respect de la hieacuterarchie la discreacutetion le goOt de linishy

tiative Les activiteacutes physiques et leacuteducation artistique ne sont pas

en reste la deacutecoration la sculpture la lutte et la danse A sa sortie

du bois linitieacute appartient deacutesormais agrave la classe des virils et des

sages du clan car on lui aura enseigneacute les vertus fondamentales que

sont la justice lhonneur lamour du prochain 1 amour du travail

lhonnecircteteacute et surtout le respect des coutumes ancestrales

Le rite du mariage esd aussi un fait tregraves important dans le monde 1

seacuteregravere mais par manq~e dinformation nous serons obligeacutes de nous en

tenir lagrave

333 Impact des ethos sur la lutte dans le monde seacuteregravere

Lorigine de la lutte seacuteregravere ne semble pas claire ma1S nous pouvons

dire quil existait deux formes de lutte comme chez les Wolofs une

lutte sans frappe et une lutte avec frappe Et cest cette derniegravere

qui peut-ecirctre nous ameacutenerait agrave croire que la lutte seacuteregravere aurait une

origine plus preacuteciseacutement guerriegravere

Aujourdhui la lutte est uniquement une activiteacute sportive agrave travers

laquelle le jeune seacuteregravere eacutevalue sa force son courage et SOn ingeacutenioshy

siteacute Cest une occasion de deacutefendre lhonneur de son village ou de

la corrnnunauteacute

La luttE ~5t avant tout u~e rnanifcs[dtic~ c~lturclie et surtout

fo lkhriqut-

Gracircce agrave elle on peut deacutesormais comprendre un certain nombre de chants

et de symboles A travers la lutte seacuteregravere on ccedilomprend les inter-relashy

tions entreacute la vie et le monde surntiturel

Sil devait y avoir la mort dun villageacuteois pendant la fecirctE au T qUE

de linterrompre on proceacutedait gracircce aux connaissances magico-religieuses

agrave la suspension de la mort jusquagrave une peacuteriode ougrave la population sera plus

disponible pour organiser des funeacuterailles sil y eacutetait preacutedit la possibishy

liteacute dune deacutefait du champion local au profit dun champion dun autre

village des recettes dordre maginque et religieux eacutetaient mises en prashy

tique afin que le champion du village ne soit jamais terrasseacute(J)

334 Le profil du lutteur seacuteregraver~

Le lutteur seacuteregravere est par essence un athlegravete impressionnant de par sa i

carrure et sa musculature saillante mais cest aussi une force tranquille

et calme quelque soit lenjeu du combagravet et particuliegraverement lhonneur

Cet aspect nous pousse agrave parler du NGiMBE cest-agrave-dire de la tenue du

lutteur qui va influencer sur sa faccedilon de lutter

La confection du Ngimbe revient agrave la communauteacute entiegravere Le Ngimbe a

une signification symbolique et le lutteur pour meacuteriter la confiance du

groupe se doit de tout faire pour ne pas toucher le sol Toute la commushy

nauteacute elle aussi sengage pour assurer la longeacuteviteacute et le succegraves du lutteur

dans laregravene par lorganisation droffrandes et de sacrifices en lhonneur

des Pangols bull

bull

Daucuns nheacutesitent pas agrave dire que lessentiel du mysticisme se fait agrave

la maison et non dans laregravene tout le reste nest quintimidation de

ladversaire

lsvcns

Tt- pi ~- t

t 1 ~ l _ ~ t

par rapport agrave lautre Cbci est trEgraves lieacute agrave lactiviteacute journaliegravere du

jeune seacuteregravere qui est un cultivateur donc toujours bien planteacute sur ses

jambes et qui continuellement manie lhiler

Le fait de couper le boi~ peut eacutegalement constituer un moyen de muscushy

lation non neacutegligeable pour le jeune lutteur

Un certain nombre de traits techniques speacutecifiques au lutteur seacuteregravere

semblent ressortir des diffeacuterentes interviews que nous aVOns fait subir

agrave certains lutteurs seacuteregraveres et agrave diffeacuterents techniciens

SOUS-GROUPES FORMES DU CORPS CONTROLES GARDES

SAFEN Moyenne en fente NONE Hancheacute Bras (distante) j

NDUTJ

f

SINE-SINE Deacutecalage Ngimbe

Moyenne

SALOUM-SALOUM Passage- Jambe (rapprocheacutee) 1

i

PETITE dessous Tecircte Basse et 1

COTE Moyenne (rapprocheacutee)

Notons que le Niominka ll commence agrave lutter agrave partir du sol pour avoir

assez deacutelan et sauter sur ladversaire afin davoir la prise du lion

(contr6le de la nuque et du bassin)

Co a -tem-nt ccedilt attitude du lutteur sEacuteregravere335 np -1t ~

Les croyances mystiques sont indissociables des activiteacutes quotidiennes

duseacuteregravere Ce qui explique le cocircteacute supersticieux du lutteur seacuteregravere En

~ffet certains lutteurs refusent de lutter avant certaines heures

Certains teacutemoignages nous apprennent quil nest pas donneacute agrave tout le

monde decirctre champion de lutte et que le lutteur doit avoir des dons

surnaturels pour ecirctre agrave mesure de livrer ses combats dans la nuit

et trouver seul un gris-gris speacutecial appeleacute Njatch

Le vrai champion de lutte chez les seacuteregraveres ne lutte pas seulement avec

~a force et sa technique mais surtout avec ses dons occultes

Chez les seacuteregraveres les morts sont toujours preacutesents et les ~pangols

Servent dintermeacutediaire entre les hommes et les morts Le pangol prend i

le nom dhumain dans certains villages (IIHeacuteJga NDONG Har Wag NGOUYE) i 1

De ce fait on verra le lutteur danser dufe maniegravere ou dune autre en

fonction du pangol de sa famille Ainsi nrus aurons le back (chant et

danse du lutteur) des DIOUF des FAYE etclbullbullbull

Dans laregravene le lutteur seacuteregravere a un comportement exemplaire aussi bien

agrave leacutegard de son adversaire direct quave~ le public en geacuteneacuteral Lexpli shy

cation semble tenir au fait que le lutteur seacuteregravere est avant tout selon

la tradition orale le repreacutesentant de toute la communauteacute seacuteregravere Par

conseacutequent il devra saffirmer non seulement en tant que lutteur dans

laregravene mais aussi en tant quentiteacute morale

336 La tenue du lutteur ou NGIMBE est confectionneacutee par le marabout de la

famille ou du clan Le Ngimbe est constitueacute de pagne en cCton tisseacute

Il doit ecirctre propre le lutteur qui le porte ne devra pas avoir de rapshy

port sexuel pendant toute la peacuteriode des cOTpeacutetitians car le Ngi~bE ne

doit pas ~tre souilleacute

Autrefois et mecircme aujourdthui dans certaines familles on devient

lutteur de pegravere en fils et dans ce cas le Ngimbe du pegravere est heacuteriteacute

par le fils Le fait de porter le Ngimbe de ses aieux peut susciter

chez le jeune lutteur une motivation et une volonteacute ineacutebranlable dtasshy

surer la supeacuterioriteacute d~s siens dans ltaregravene Il fera tout pour que le

Ngimbe de la ramille ne touche le sable

La tenue du lutteur a une signification et une importance sur le plan

mystique car selon les anciens le vra1 feacutetiche du lutteur celui qui

le proteacutegera et laidera agrave vaincre le nDjinne ou le tRapu de ladvershy

saire se trouve cacheacute dans ce Ngimbeu bull Celui qui confectionne donc le

Ngimbe U est doueacute de faculteacutes occultes

337 Larbitrase est assureacute par un sage du village qui geacuteneacuteralement fut

champion de lutte de son temps Dailleurs cet ancien nintervient que

si le terrassement est litigieux Hormis le public qui proclame la vicshy

toire ou le match nul le lutteur lui-mecircme est arbitre et il arrive

quil se deacuteclare vaincu

Nous avons pu cfter Meacutedoune KHOULE un desplus grands lutteurs seacuteneacutegashy

lais qui a donn~ une victoire agrave Djeacuteri SADIO son adversaire qui a reacuteussi

agrave lui faire touegraveher le sol de la main

IlL

34 1 Preacutesentation

Lethnie toucouleur vit En grandt partit ciE~~ la vallfc du S~~~gal

pt reprecircsente i peu pr~s 8 de la population totale secircn~galaise

o Histoire

Il semblerait que dans lancien royaume du Tekrour (IX~ siegravecle) des

eacuteleacutements neacutegroiumldes Sarakoleacute et des Peul aient formEacute par meacutetissage le

peuple Toucouleur (Toucouleur serait dailleurs une deacuteformation du

mot portugais Tacouror)

Ce empire a domineacute aussi bien les wolofs de lOuest que les Peul

nomades du Fouta Toro Cette reacutegion fut le premier pays islamiseacute par

les Almoravides ce qui peut expliquer le proseacutelytisme toucouleur

Ce sont les guerriers toucouleur islamiseacutes qui attaqu~rent avec les

Almoravides la capitale du Ghana Koumbi en 1067 On convertit par

la force les animistes Cest sans doute agrave cette eacutepoque que de nombreuses

ethnies reacutefractaires agrave lIslam ont dO accentuer leur migration vers

le sud (Seacuteregravere wolof Sarakoleacute Bambara Songhaiuml Akan et Peul se reacuteshy

fugiaient vers les hauteurs du Fouta Djalon)

Au XIXegrave siegravecle les Toucouleur allaient trouver en El Hadj Omar Tall

un grand conqueacuterent qui sous le preacutetexte religieux de la gJerre sainte

contre les tribus animistes (entre autres Bambara) eacutetendit lempire

toucouleur sur presque tout lensemble du gali et la partie de la Guineacutee

proche du l1ali

Lempire toucouleur composeacute de Sarakoleacute de Bambar~ de ~alinkeacute de

Xassonkeacute dE Peul et de Dogon eut le meurorit~ dunir CES diif~rentes ~ ~ - - - - - et~ics ~t dE CD~stituer l~Sl la b2S~ ~r 1

_ ~ ~ ~_ L ~

~ ~- ~- - - ---- _ 1 v _ t 1 ~-_ --

marabout tOL~culcuuml~ ~ middotlrrany a l ick SI venu des E1i rClS dE Pocior~ (

~ Vi~ euroconomicue et sociale -----------~-------------

Les Toucouleur sont des cultivateurs mais bien quils n~ soie~t pa~

pasteurs comrre les Peul leacutelevage a une place inportarteacute decirc1S ltur

eacutecono~ie Pour faciliter leur conquecircte guerriegraverE ils c~t Eucirc une preacuteshy

dilection pour leacutelevage des chevaux On y trouve aussi des pecirccheurs

appeleacutes Tchioubalo La socieacuteteacute toucouleur aurait une stratification

sociale tregraves rigide Les groupes ethniques et les castes eacutetaient

diffeacuterencieacutes et strictement exogamiques les Rimbe classe des nobles

comprenant la famille reacutegnante et les guerriers libres la classe des

Nieacutenieacutebegens de castes artisanales i les Rimaibeacute anciens esclaves

devenus serviteurs qui portent les noms de famille de leur maicirctres A

la base de lorganisation de la collectiviteacute toucouleur se situe le

village (Wouro)

Toutes ces castes sont cloisonneacutees entre elle~ Ainsi il nest pas

permis agrave un Torodo (noble) de se marier avec un Tchioubalo Ces

consideacuterations sont importantes dans le domaine de la lutte ougrave nous

apercevrons que les nobles ne sont pas faits pour lutter Le noble

preacutesidera les seacuteances de lutte et on luttera pour lui Ces condeacute rat ions

de noblesse et de rang social sont extrecircmement importantes dans le

monde toucouleur

Le noble ne doit pas se salir on lutte pour lui il ne vit la lutte

quen tant que spectateur

342 Education moeurs croyances et eratiques religieuses

Deux formes d~ducation sont agrave consideacuterer leacutedJcatio~ dES enfarts Et

celle des adultes

oG lenfant sait m2n~~r et apprfcier le goOt d~5 ~iifeurorents r~pas lt

le moment ougrave il CO~~e~CE agrave marcher

tivirt n~sormais le petit toucou]eur est eacuteduquf par toutmiddot 12 f2~i)]E

dabord puis par toutes lespersc~nes du village ou du C13~

Lenfant peut ~tre corrigeacute par tout adulte appartenant au groupe social

Son eacuteducation est deacutesormais laffaire de toute la communauteacute et non

exclusivement celle ces parents On linitie ainsi au travail quotidien

qui se fait dans la bergel~ e les champs et les bords du fleuve Au sein

du village il pourra apprendre agrave filer la laine et agrave tisser des pagnes

dans les champs il apprend agrave manier la houe et lhiler pour la culture

du riz et du mil Mais signalons que lactiviteacute essentielle du toucouleur

est leacutelevage des boeufs des moutons et des chegravevres Chez les Ichioushy

balos (p~cheurs ) lenfant sera initieacute tregraves tat au maniement des pagaies

agrave la p~che propremccedilnt dite et agrave la nage

Vers cinq-six ans lenfant est confieacute au maicirctre coranique le Ihierno

et ce dernier dispose exclusivement de toute sa vie Lavenir du jeune

enfant lui appartient

Comme dans les autres groupes ethniques les enfants sont regroupeacutes en

classe dacircge et cest dans cette structure que lenfant subit les rite

de passe et plus particuliegraverement celui de la circoncision

La circoncision est non seulement unE opeacuteration chirurgicale malS surshy

tout une peacuteriode au cours de laquelle le jeune garccedilon passe de leacutetat

dadolescent agrave leacutetat dadulte Les circoncis sont reacuteunis en classe

dacircge dans un endroit situeacute hors duvillage geacuteneacuteralement choisi par les

vieux Cet endroit n~st accessible que par des individus de SExe ffi8SCUshy

li~ ~ta~t au preacutealabl circoncis

- - - -

quable et complet sur le plan phy~ique et ~oral Ai~si liniti~

acquiert les qualitecircs indispensables que sont le courag~ la modest

lesprit de sacrifice lendurance

Le toucoule~r est un pleux musulma~ Cela sexp1

SOil le premier agrave tre en contact avec la religion musulmane de par sa

position frontaliegravere Lethnie toucouleur de par son histoire a preacutesenteacute

les plus grands chefs militaires et religieux musulmans seacuteneacutegalais Et

pour illustrer cela on peut citer en exemple la grande famille musulmane

des SY agrave TIVAOUANE repreacutesentant la confreacuterie des TIDJANES

Bien que lon note une majoriteacute musulmane on peut dire que certaines

croyances et pratiques mystiques et animistes persistent encore surtout

dans la reacutegion du fleuve

Une pratique courante se fait elle sappelle le Djatt Elle consiste

agrave faire sortir le caiman du fleuve agrave limmobiliser et agrave lattacher

sans quil ne reacuteagisse et tout ceci agrave laide de versets et dincantashy

tions magiques Dapregraves les teacutemoignages ces pratiques sont plutocirct

freacutequentes chez les Tchioubalos (pecirccheurs) Il arrive aussi que cershy

tains chasseurs ayant des dons se livrent agrave certaines pratiques an1shy

mis tes qui consistent agrave invoquer certaines puissances et agrave moduler sous

forme de chant des versets occultes pour se proteacuteger des mauvais esprits

et pour eacuteloigner les fauves Ce chant est geacuteneacuteralement incompreacutehensible

et deacutenueacute de sens pour le profane

343 Activiteacutes ludiques et pratiques sportives en milieu toucouleur

Durant toute son histoire lethnie ~oucouleur a toujours EacutetEacute Frese~teacute~

comme celle qui avait ue activit essentiellement guerr e e~ particushy

liegraverement farouche Trois eacuteleacutements ret r t l ecirc t te nt i c- euro so~t

le manie~~nt du ~acircton 12 luttE Et 1eacute danSE

l

Lecircducation ph~sique et artistique Dcc~pe un place precircpondecircra~rp

dans la fDrmat~on du jEune toucouleur A loccasion agraveeacutevegravenemen~ imporshy

tants reacutecoltJs mariages baptecircme nous assistons agrave des manifestashy

tions folkloriques de grande envergure le Wango oucirc dailse toucouleur

tregraves gymnique iles chants et surtout les sEacuteances de lutte

La lutte toucouleur est la forme de lutte la plus spectaclaire dans

tout le territoire seacuteneacutegalais Elle est essentiellement baseacutee sur des

techniques en hancheacute et surtout en souplesse Ceci sexplique par le

fait q~e le jeune toucouleur est tregraves tocirct initieacute agrave la gymnastique (saut 1

per saut de main salto arriegravere saut de tecircte couronneacute etc bullbullbull ) pour

la dans~ du wa~go En dansant le wango qui est une danse rythmeacutee et

gymnique le Jeune toucou1eur est capable de prouesses extraordinaires

1

En lutte lattaquant se deacuteplace tregraves peu pour avoir une bonne saisie

(geacuteneacutera~ement controcircle du Ngimben ) et enchaine brusqueme~t avec une

attaque surpris~ Cependant les ripostes sont souvent surprenantes et

spectaculaires (baseacutees sur la souplesse et la rapiditeacute) ontrairement

aux autr~s form~s de luttes ougrave lon voyait tous les jeune adheacuterer la

lutte to~cou1eur Verra un groupe de speacutecialistes sadonne agrave la lutte 1

(la lutte est lieacutee agrave la position sociale de lindividu problegraveme de

caste)

Q La morphologie du lutteur toucou1eur 1

1 1

Ce dernier nest pas aussi large et aussi fort que les lutteurs diola

et seacuteregravere Cependant il est tregraves reacutesistant La musculatJre est saillante 1

et tregraves souple lindividu est longiligne mais tregraves athleacutetique

Les mouvements de lutteurs sont semblables agrave ceux dun grand fe1in Cette 1

morphologie semble ecirctre lieacutee agrave la position geacuteographique de lethnie

(reacutegion du fleuve) et agrave lacitiviteacute socio-eacuteconomique du toucouleur qui

est agrave la fois cultivateur (activiteacute lieacutee agrave la crue et deacutecrUE du fleuve)

pecirccheuro~T CIcr~icubaon) et sttout jEumlrgcr qui est U~ rc~2eumlr

shy

Deux formes egrave~ corps sembl~nt ecirctre preacutefeacutereacutees du lutteur toucouleur

le hancheacute et la souplesse Les hancheacutes sont faits agrave partir de plusieurs

positions de doset se terminent geacuteneacuteralement par des techniques de

tregraves grande amplitude

TABLEAU RECAPITULATIF DES TECHNIQUES ET FORMES DE CORPS SPECIFIQUES

i

L441 r

GARDE FORMES DU CORPS CONTROLES --shy - -

Moyenne Souplesse Ngimbe

Hancheacute bras

Demi-souplesse

1

Profil psycholosigue 1

TECHNIQUES

ContrOle du bassin et 12 souplesse

arriegravere

Klicket et allegravegement de la hanche

Le lutteur toucouleur est celui lUi se livre le moins aux preacuteparaqons

maraboutiques Cela est dO au f~t que le toucouleur est un grand ~USUlshyman et que les pratiques animisges ont presque disparu dans ce mil~eu

Dans la pratique le lutteur esJ combaif mais il est calme et tr~s reacutefleacutechi quant agrave la deacutecision agrave prendre en plein corps agrave corps ct~st un des seuls techniciens qui reJte tregraves lucide au cours de ses comb~ts

l Dans toutes les circonstances e lutteur toucouleur est tenu de re~pecshyter son adversaire et ceux de s4n eacutequipemecircme sil est vaincu

Comme nous avons dO nous en rendre compte la rigueur des principes

eacuteducationnels a une influence tregraves sensible sur l~ comportement du

toucouleur

i

III S COCL ~s 1DO

Dans cette partie nous avons essay~ de montrer lftroite re1atic~

Entre les diverses activiteacutes socio-eacuteconomiques dans les ethnies et

lES diffEacuterentes faccedilons de lutter

Daucuns seraient tent~s de conclure trop rapidement et cest p0~r

cette raison que nOUS avons penseacute preacuteciser que le pheacutenotype nest

pas geacuteneacuterateur du geacutenotype Et nous sommes convaincus que la morphoshy

logie et les techniques des lutteurs relegravevent de leurs modes de vie

et de leurs croyances agrave une eacutepoque et danE un contexte bien deacutetermishy

neacutes

Est-ce que les lutteurs dio1a ou seacuteregravere travaillant avec leurs bras

dans les champs auraient les mecircmes pr 0 fil s physiques que les lutteurs

utilisant des machines pour lagriculture

- 69 shy

I UJOURDH~1 E-S ut O[l LES FORfilS Ut LU11t~

~otons que notre enqu~te a ecirctE essentiellement faiteen milieu urbain

Les seacuteances de lutte ont tendance agrave perdre leur particulariteacute de r~shy

jouissance pour devenir des pheacutenomegravenes de sportisatio Deux fores

de luttes so~t principale~cnt prat s dans les aregrave~es du 5 al

la lutte traditiunnelle simple et la lutte traditionnelle avec frappe

De nos jours la lutte traditionnelle tend vers une reacuteglementation

et une institutionalisation

Le reacutesultat de nos investigations nous donne le tableau ci-dessous

REPARTITION ETHNIQUE SUR 100 PRATIQUANTS

LUTTE LUTTE RAPPORTETHNIES SANS FRAPPE AVEC FRAPPE J2

Diola 40 16 71 j

Seacuteregravere 26 21 57

Toucouleur 23 10 69

Wolof 1 1 53 17

La demande sociale par ordre deacutecroissant pour la lutte sans frappe

se preacutesente comrre suit

]0_ Ethnie diola avec pregraves de 3 lutteur~ sur 4

2deg_ Ethnie toucouleur

Ethri dun

~ 1 LA LUTTE TR])IIIO~~ELLE AVEC H-PPE

Cette forme deacute lutte a une histoire qui date de lantiquiteacute elle

sa~pelait le Pugilat Au Seacuteneacutegal elle a vu le jour dans le Cayor

bien avant la colonisation Le coup dE pied l~Lrdn~lement la morshy

sure la frappe et le doigtf eacutetaient permis dans le cc=bat ~ ~middot~p0~~e

Dans certains cas la giffle eacutetait beaucoup plus dangereuse que le

poing quand elle eacutetait donneacutee par un speacutecialiste Cette giffle pouvait

agrave elle seule deacutechirer et mecircme parfois amputer la joue de ladverser

Selon les informations la lutte avec frappede nos jours serait une

forme de lutte tregraves eupheacutemiseacutee de celle dantan ougrave une blessure

pouvait souvent ecirctre mortelle

Aujourdhui au niveau du folklore la lutte na plus la mecircme

le spectaculaire a remplaceacute le significatif iLa lutte avec frappe se 1

pratique surtout dans les centres urbains C~aque fois quun grand combat 1

est progra~eacute par le Comiteacute National Proviso~re (CNP) des centaines damashy

teurs sont mobiliseacutes vers le stade lba Mar D~OP qui est aujourdhui le i

lieu approprieacute ougrave se deacuteroulent les grands conkbats de lutte Cest la formE

de lutte qui semble drainer une foule de personnes beaucoup plus importante

que celle de la lutte simple

La lutte avec frappe deacuteriverait dune forme de lutte traditionnelle

pratiqueacutee jadis dans le Cayor au temps des Damels et la frappe serait

le substitut dun certain nombre de pratiques doigteacute jet de produits

etc bullbullbull dont le but eacutetait laveuglement de ladversaire La lutte avec

frappe serait une continuation logique dune carriegravere sportive de la

lutte traditionnelle qui sen sert comme moyen socio-eacuteconomique En

effet la majoriteacute des lutteurs avec frappe ont dabord eacuteteacute initieacutes agrave la

lutte simple Cependant il faut signaler que de nOS jours il arrive

que le jeune lutteur avec frappE- soit directenent formEacute conne speacutecialistE

agrave la frappe sa~s pour autant faire son chemin dabcrd egravea~s la lutte

- ~ shy

Le recircsultat dE ~os interviews ncus rec~trE qGune pcpulatiD~ divcrsishy

fiampe sint~resse agrave ce sport et qUE les intecircr~[s des uns et d~SlautrE~

semble~t divergents naucuns affirment que la lutte traditionnelle

avec frappe serait monteacutee par des personnes dont la vocation est dexshy

ploiter ce pheacuteLomegravene agrave des fins commerciales Dautres disent gJellegrave

jouit de mcyens irport~nts t[l[~isio

tation etc bullbullbull ) pour toucher toutes les couches sociales CEpe~~a~t

nous remarquons que mecircme si certaines personnes reprochent agrave cette

forme de lutte decirctre brutale ces mecircmes personnes nheacutesitent pas agrave

se rendre le dimanche agrave laregravene Bien que critiqueacutee elle semble ecirctre

adopteacutee par une tregraves grande partie de la population seacuteneacutegalaise Cepenshy

dant en tant que techniciens il nous est permis de faire une remarque

Il sagit de

- Limpression nette decirctre devant des professionnels de la frappe

qui sont ~ntratneacutes pour cela Dailleurs les propos que nous avons

recueilli~ nous prouvent que la plupart des champions de lutte avec 1

frappe s~ntratnent dans certains sports de combat tels ~ue la boxe i 1

le karateacute le judo Dans cette nouvelle forme de pratique de la lutte

contrairefuent agrave la lutte traditionnelle le technicien e~t souvent

perdant face au puncheur Ce dernier adopte une lutte agrave distance qui

lui permet de placer agrave bon escient ses coups animeacute du deacutesir de vaincre

Le technicien lui se voit contreacute dans toutes ses entreprises par

un uppercut ou un crochet

On peut dire cependant que nul sport au Seacuteneacutegal que la lutte tradishy

tionnelle avec frappe ne deacutechaicircne autant de passions et autant de

pheacutenomegravenes poussant agrave lexcegraves et deacutereacuteglements quon ne peut que deacuteplorer

Mais comment deacutecrier un spectacle de lutte qui bien quayant perdu la

presque totaliteacute des valeurs traditionnelles veacutehiculeacutees autrefois par

elle sait susciter une participation effective de tous ceux qui sont

preacutesents

CONCLUSION

Dans ce meacutemoire nous sommes efforceacutes ~e faire ressort ir limportance des

ethos et des habitus et leurs effets sur la pratique de la lutte tradishy

tionnelle au Seacuteneacutegal

L~b egravethos repr~sentent dune maniegravere g~neurorale tous les eacuteleacutements speacutec

fiques sux Seacuteneacutegalais par conampeacuteguent un systegraveme de valeurs traditionnellEs

Mais m~me si ces valeurs rev~tent une signification universelle (honneur

digniteacute courage etc bullbullbull ) il nen demeure pas moins que ce nest pas leur

nature qui fait leur speacutecificiteacute mais la hieacuterarchisation et limportance i

quon accorde agrave toutes ces valeurs de ~ar leacuteducation ou la culture

i 1

Aussi les valeurs traditionnelles puient leur speacutecificiteacute dans les

caracteacuteristiques propres aux eacuteleacutements ~e la socio-cu1ture (la technologie

et leacuteconomie la politique et la pareteacute la psychologie et lideacuteologie)

dans la socieacuteteacute seacuteneacutegalaise agrave n momen donneacute de son eacutevolution Cest i

dire la neacuteceesiteacute de ne point faire della valeur une reacutealiteacute statique

Cest dite aussi quagrave tout mome~t le ~eacuteneacutegalais peut eacutevoluer et creacuteer

ou vivre par conseacutequent de nouv~lles fprmes de valeur qui lui sont 1

propres ft (J)

La lutte traditionnelle veacutehiculant deS valeurs socio-cu1ture1les speacutecishy

fiquement seacuteneacutegalaises (croyances valeurs morales norme de comportement

opinion attitude bullbullbull ) devient un eacuteleacutement important qui tregraves certaiaement

nous aidera dans notre effort de valoriser et de peacuterenniser notre patri shy

moine culturel par le biais dactiviteacutes physiques et sportives

Leacutetude des habitus nous permet de prouver quil y a plusieurs faccedilons

de se mouvoir comme danser lutter bullbullbull qui varient avec les diffeacuterentes

ethnies (wolof toucouleur seacuteregravere diolagt leurs convenances et leurs

eacuteducations

(1) Revue Ethiopiques 31 Les valeurs traditionnelles et le problegraveme de leur inteacutegration dans les systegravemes modernes jtducatio-1 2 6r--70

nautre part cette eacutetude permet aussi de nous rendrE compte de la

correacutelatipn eacutetroite existant entre la pratique de la lutte traditionnelle

et le sta~ut socio-eacuteconomique du pratiquant

Nos inves~igations nous indiquent que la lutte recrute essentiellement

au niveau des classes socio-eacuteconomiques situeacutees en bas de leacutechelle

donc posseacutedant le statut social le moins favoriseacute La lutte avec frappe

-et un certain secteur commercialiseacute de la lutte simple- y trouve sa

leacutegitimiteacute Comme le dit BOURDIEU nA habitus diffeacuterents styles de Vle

divergents et il oppse les pratiques aristocpatiques correspondants agrave

des activiteacutes qui favorisent les situations eupheacutemiseacutees ougrave la stylisashy

tion est importante aux pratiques populaires qui font appel agrave des

qualiteacutes qpposeacutees bllutes rugueuses Certaines interviews nous

montrent que plus lindividu occupe une place eacuteleveacutee dans leacutechelle

sQciale e~ 1

moin$ il sinteacuteresse agrave la lutte

Les reacutesultats recueillis dans nos diverses investig~tions confirment 1 1

1er propos qui disent que nous assistons aujourdhu~ agrave une involution

de la lutte traditionnelle parce que perdant toutes ses speacutecificiteacutes au 1

pryfit d~ne autre forme de lutte que lon continue agrave appeler nostalshy

giqlementIIlutte traditionnelle

Ceci pourrait peut-~tre trouver une explication dan la citation suivante

La liberteacute de creacuteer dinnover de vivre Pleineinenf decirctre soi et de

preacuteserver son authenticiteacute la digniteacute et lhonneu1demeurent des illushy

sions dans la misegravere eacuteconomique~ Nos ancecirctres creacuteai~nt des valeurs de cishyl

vilisation parce quils eacutetaient libres parce qu1i~s ignoraient toute

deacutependance eacuteconomique ils cultivaient en eux et cbez leurs enfants le 1

Jorn et la Kersa et preacutefeacuteraient la mort agrave la hoJte lI (1)

Or le Seacuteneacutegal comme la plupart des pays africainsi est un pays sousshy

deacuteveloppeacute t cependant face agrave cette volonteacute du gou~ernement seacuteneacutegalais

de faire inteacutegrer dans leacuteducation des valeurs traditionnelles nous

pouvons espeacuterer utiliser comme moyen deacuteducation la lutteacute traditionnelle

qui reste quand mecircme vecteur jethos et dhabit~s

- 54 shy

Mecircme si lon a noteacute un appauvrissement notoire sur les plans socioshy

culturel et moral la lutte traditionnelle recegravele une gamme importante

et varieacutee de techniques permettant incontestablement une ouverture vers

les luttes olympiques libre et g~eacuteco-romaine

La lecture de ce meacutemoire permettra agrave lentratneur et au professeur de

lutte en fonction du lieu ougrave ils seront affecteacutes dans le territoire

seacuteneacutegalaisdavoir une information sur les techniques contrOles et

formes de corps propres agrave chaque groupe ethnique et de les mettre en

relation avec leurs croyances et leurs mentaliteacutes

Nous avons essayeacute de montrer que la pratique de la lutte traditionnelle

doit tre axeacutee sur une ethnomotriciteacute au Seacuteneacutegal qui permette une inishy

tiation facile Cette pratique de la lutte traditionnelle seacuteneacutegalaise

devra dailleurs essayer de ~eacutepondre aux aspirations du Seacuteneacutegalaisl

moderne en souvrant aux ap~orts positifs des autres civilisations

ex~eacuterieures nous voulons Jvidemment parler du judo et des luttes oiymshyJ

piques 1

1 j Nous navons pas la preacutetentfon dans le cadre de ce meacutemoire demattrise

de reacutepondre agrave toutes les qutstions se rattachant agrave leacutetude de ~a lutte

traditionnelle souslangle~socio-culturel car non seulement il nous

manque lexpeacuterience et la c peacutetence en la mati~re mais aussil l le temps

et les moyens dont nous dis osions ne nous permettaient pas d~puiser le 1sujet i

1 1 1 t 1

l

- )5 shy

BIBLIOGRAPHIE

BIBLIOGRAPHIE

1- CLAPAREDE Psychologie de leacuteducation et peacutedagogie expeacuterimentale

Edition Delachaux et Niestleacute 244 pages

2- POCIELLC Christian Sport et Socieacuteteacute approche socio-culturelle

des pratiques Paris Vigot 1981 377 pages

3- PIERON Henri Vocabulaire de la psychologie

PUF Deuxiegraveme eacutedition 1957 469 pages

4- Revue socialiste de culture neacutegro-africaine ETHIOPIQUES

Les valeurs traditionnelles et le problegraveme de leur inteacutegration

dans les systegravemes modernes deacuteducation

GIA 21 Juillet 1982 213 pages

5- N2 Revue du Centre dEtudedes Civilisations DEM ak TEY

NIS IVegrave Trimestre 1982 96 pages

6- Document lNSEP Colloque sur la lutte aeacuteregravere

DAKAR MAI-JUIN 1980

t 1

~- Travaux du IVegrave Congregraves National ~es Sports agrave DAKAR les 2223041981

Bulletin n2 91 du CIO du 15 Aont 1965

l____________________________

8- Meacutemoire de Mattrise BADJI Abdou La lutte traditionnelle Joola

Etude et perspective

9- Meacutemoire Inspectorat JS DJITTE Mandy Les pratiques corporelles

traditionnelles au Seacuteneacutegal pour leur exploitation et leur

utilisation en peacutedagogie Marly le Roi 1980

REPUBLIQUE DU SENEGAL

--------------- INSTITUT NATIONAL SUPERIEUR

MINISTERE DE LA JEUNESSE DE LrsquoEDUCATION POPULAIRE

ET DES SPORTS ET DU SPORT

-------------

(INSEPS)

MEMOIRE DE MAIcircTRISE

Es-SCIENCES ET TECHNIQUES

DE LrsquoACTIVITE PHYSIQUE ET DU SPORT

LA LUTTE TRADITIONNELLE

son importance sa signification en fonction des ethos et des habitus ethniques au Seacuteneacutegal

Preacutesenteacute par

Monsieur Joseph Victor FAYE

Sous la direction de

M Jean Marc ROCHEZ

Professeur agrave lrsquoINSEPS

Anneacutee de soutenance 1984

so IYPORA~CE SA SIGIFICATION E~ FONCTlOl

DES ETHOS ET DES HABITUS ETHNIQVE~ AD SENEGAL

SOM MAI R E Pages

1 INTRODUCTIO~ ---------------------------------------- shy

II QUELQUES NOTIONS DE SOCIOLOGIE POUR UNE MEILLEURE

COMPREHENSION DE LA LUTTE TRADITIONNELLE ------------- 5

- Habitus et techniques du corps --------------------- 5

- Habitus de classe et style de vie ------------------ 6

- Ethnomotriciteacute ------------------------------------- 7 - Analy~~ des demandes sociales en matiegravere

de pratique des sports de combat ------------------- 8

Judo --------------------------------------------- 9 Lutte libre traditionnelle ----------------------- 10 ft Lutte olympique ---------~------------------------ 10 Boxe anglaise ------------------------------------ Il ft Karateacute ------------------------------------------- II Lutte traditionllelle avec frappe ------------------ 11

III DIVERSITE ETHNIQUE - PLURALITE DES STYLES DE LUTTE --- 16

31 LA COMMUNAUTE DIOLA ----------------------------- 16

311 Preacutesentation ----------------------------- 16 312 Quelques aspects de leacuteducation

et des rites en milieu diola ------------- 17

313 Croyances et pratiques mystiques --------- 19

314 Impact des moeurs sur la pratique

de la lutte diola 20

32 LA COMMUNAUTE WOLOF ----------------------------- 24

321 Preacutesentation ----------------------------- 24 322 Les moeurs ~t les croyancEs wolof -------- 24

323 Leacuteducation d~ w810f --------------------- 26

32~ Incidences des ~~~urs s~r l~ l~tte ------- 28

tiques physiques du lutr~uT wolof -------shy 31

33 LA CO~GAUTE SERERE ---------------------------shy

331 Preacutesentation ----------------------------shy332 Leacuteducation les moeurs lES crOyanCES

et les pratiqUES seacuteregraverc -----------------shy

333 impact des ethos sur la lutte

dans le monde seacuteregravere --------------------shy

334 Le profil du lutteur seacuteregravere -------------shy

335 Comportement et attitude du lutteur seacuteregravere

336 La tenue du lutteur ou Ngimbe ---------shy

337 Larbitrage -----------------------------shy

3~

37

38

40

40

41

34 LA COMMUNAUTE TOUCOULEUR -----------------------shy

341 Preacutesentation ----------------------------shy342 Education moeurs croyances

et pratiques religieuses ----------------shy343 Activiteacutes ludiques et pratiques

sportives en milieu toucouleur ----------shy

344 Profil psychologique --------------------shy

42

43

~S

47

35 CONCLUSION -------------------------------------shy 48

IV AUJOURDHUI VERS DE NOUVELLES FORMES DE LUTTES ------shy

41 LA LUTTE TRADITIONNELLE AVEC FRAPPE ------------shy 50

V CONCLUSION ------------------------------------------shy

ln LI) 1 5 L bull 0 G R A PHI E -------------------------shy

52

Ce ~eacutemoire est une riflexion 3ur la lutte car ~lie apparatt sur le

continent africai~comme un phinomegravene social important Elle le doit

sans doute au fait que depuis le fond des temps elle est itroitement

associeacutee agrave la vie de lhomme Or en deacutecouvrant ses vestiges du passeacute

lAfrique confirme lhypothegravese d~tre le berceau de lhumaniteacute Il en

reacutesulte que sur ce continent la lutte y possegravede une longue tradition

et serait-il paradoxal de preacutetendre que lAfrique a acquis le besoin

de lutter qui cherche agrave se satisfaire selon des moyens congeacutenitaux

cest dans cette perspectiveque nOus approcherons la LUTTE SENEGALAISE

car il est admis que la preacutesence de lHomo-Sapiens en Afriquecircde lOues

remonte agrave plus de 10000 ans Autrement dit nos anc~tres ont reccedilu

lhistoire de la lutte et sa longue eacutevolution lieacutee agrave celle de la civili

sat ion

Nos premiers anctres pratiquegraverent la lutte utilitaire celle dont la

possession eacutetait neacutecessaire pour survivre dans un milieu hostile et

inquieacutetant agrave la fois pour se nourrir et pour se deacutefendre

En se regroupant en clans et tribus nos anc~tres modifiaient radicaleshy

ment leurs conditions dexistence certes ils eacutetaient mieux agrave

mme dassurer leurs besoins vitaux mais ils devaient faire face aux

rivaliteacutes qui ne manquegraverent pas de surgir entre les diffeacuterents groupes

Cette installation dun eacutetat endeacutemique de guerres ougrave le but eacutetait de

soumettre et de ravir ou de se libeacuterer et de reacutecupeacuterer transforma la

lutte en activiteacute martiale Ainsi se deacuteveloppa la science du combat agrave

mains nues celle qui permet de deviner lautre et de le surprendre en

deacutecidant et agissant plus rapidement que lui Mais il ny a pas si long

temps le corps agrave corps eacutetait leacutepisode deacutecisif de toute bataille

Gagnant en sagesse et en technique nos anc~tres saperccedilurent quil

existait dautres modes de vie que celle de vivre aux deacutepens de ses

semblables et progressivementiles temps de paix prirent le pas sur les

temps de guerre La lutte en perdant son utiliteacute ~ais non sa fonction

devint lobjet dlun rite initiatique Il eacutetait du devoir des anciens de

- ~

d~tre en mesure dassurer acirc 1 ur tour Id protection du ~roupe En

deve~ant contenu denseignement la lutte ecircvoluait acirc nouveau Elle

perdit son caract~re preacutepa=atoi=e et devenait ~ctivit~ d~ c0~pensa-

tion (1) Au-delagrave des techniques de mise hors combat qui devaient se

deacutepouiller de leur violence et des risques de dommages corporels on

visait une action formatrice sous un triple aspect physique caracshy

teacuteriel et moral

Puis survint le temps de paix durable celui ougrave leacutenergie eacutetait

essentiellement consacreacutee agrave produire des biens pour sa collectiviteacute

dappartenance Deacutesormais lhomme eacutequilibrait sa vie entre le travail

le repos et le divertissement Cest ainsi que la lutte se retrouva au

coeur des reacutejouissances populaires En se faisant ludique celle ougrave

lon joue agrave mesurer sa force sa ruse son agiliteacute sa bravoure bullbullbull La

lutte se speacutecifiait agrave nouveau en simbriquant aux moeurs aux coutumes

et aux croyances

Cette longue histoire commune du neacutegro africain et de la lutte expliqUE

qUegravecette derniegravere fait partie des traditions auxquelles il est le plu

attacheacute et ort heacutesite pas agrave parler de sport national mecircme quand elle

doit ceacuteder en populariteacute devant le foot-baIl

En Afrique toute activiteacute physique veacutehicule un message et la lutte

traditionnelle elle aussi se trouve impreacutegneacutee de valeurs socio-cultushy

relIes et il arrive quon lui assigne de les veacutehiculer et de les trans~

mettre Parler de lutte en Afrique deacutecouvrir sa signification et comshy

prendre son histoire consiste agrave montrer quelle participe aux eacutethos et

habitus de groupe comme nous proposons de le faire

(1) - CARR The survival values of play citeacute par CIAPAREDE dans Psychologie de lEducation et Peacutedagogie Expeacuterimentale Edition Delachaux et Niestle (244 pages)

iotre reacuteflexion se ci-conscrird au S-~sJl -t mecircle si le peuple

seacuteneacutegalais est o-igilaire de la volonteacute cocnmune due dizaine deacutethries

de vivre ensemble ~ous nous limitert~s 1 analyser les rapports quentr

tiennent les quatre grands groupes diola seacuteregravere toucouleur et wolo

et les styles de lutte correspondant

Nous entendons veacuterifier lhypothegravese quaux particulariteacutes ethniques

(mode de vie coutumes rites et croyances) correspondent des particushy

lariteacutes de lutte (signification valeacuteurs veacutehiculeacutees mode de pratique

regravegles dorganisation bullbullbull )

Ce meacutemoire consiste agrave reacutealiser une approche socio-culturelle du pheacutenomegravel

lutte en Afrique avec le secret espoir quil puisse servir de preacuteface

agrave lhistoire des diffeacuterents styles reacutegionaux que dautres ont commenceacute

agrave eacutecrire

gt Si nous devions justifier le choix dun tel sujet t tous les arguments

se regrouperaient autour dune meurome motivation recouvrir notre authenmiddot

ticiteacute

En premier lieu parce que nous adheacuterons totalement agrave ce souhait des

Pouvoirs Publics de mettre laccent sur une eacuteducation physique et spormiddot

tive qui tout en souvrant aux appels feacutecondants de la techniques

fondera son action dans les valeurs traditionnelles du pays La lutte el

tant que pratique eacuteducative et manifestation dessence collective est

bien placeacutee pour justifier cette tendance

Elle reacutepond aux aspirations dune eacuteducation physique et sportive qui

veut creacuteer les conditions de son deacuteveloppement et de qUumlI i~ertion dans

les habitudes sociales des populationsff(l)

(1) Travaux du IV~ C~n-r~s Sports de 2223 Avril 1981

WotrQ CCYVcftOl de llnteacute~t JiU W sectU~ e6t ~~pu_~ deacuteclarations de 2rsonnaliceacutes du monde sportif lLrlsi ce Ii1essage agrave lir shy

tention des dirig~ants africains

-ous ~ T beaucoup agrave apprendre de eus ous qui sans

cesse davantage oublions que leacutequilibre de lhomme veuc

quiL sinscrive harmonieusement t aussi bien dans la nature

que dans la civilisation deacutecouvrons que les Atricains nont

pas eacuteteacute initieacutes aux principes du sport et ses vertus au

contraire de maints pays europeacuteens par exemple aupregraves desquels

tout ou presque est agrave retaire agrave chaque geacuten~ration Lexercie

physique tait partie de la vie atricaine il est moyen de commushy

nication et de locomotion- (1)

Or la lutte constitue par excellence ce Veacutecu moteur que nous t1ansshy

mettons de geacuteneacuteration en geacuterieacuteration et ce patrimoine doit survivre agrave

toutes les agravegressions or iginaires dautres modes de civilisation dont

certains effets ne manquent pas de se faire sentir sur le devenir de la

lutte traditionnelle

A la preacuteoccupation de preacuteserver notre authenticiteacute sajoute celle den

assurer la deacutefense

Aussi au-delagrave de nOs analyses destineacutees agrave eacutetablir les rapports entre

modes de vie et styles de lutte nous nous poserons le problegraveme dune

codification objective de la lutte traditionnelle constituant la mise

en communauteacute des apports pertinents de chaque style reacutegional Ce style

national apparatt indispensable en raison de lavegravenement prochain dune

socieacuteteacute seacuteneacutegalaise nouvelle qui ne peut se b~tir que par un partiel

renoncement au passeacute et son contenu (2)

Enfin nous voulons faire partager notre ~nthousiasme gagner agrave notre

cause eacuteducateurs entratneurs de lutte les amener agrave reacutefleacutechir sur leur

pratique et peut-~tre les aider agrave tnseigner avec plus de coheacuterence cette

discipline pour le plus grand bien de notre jeunesse

(1) Bulletin n 91 du CIO du 15 AoOt 1965 - Page 15

(2) Cette preacuteoccupation semble ecirctre partageacutee par de nombreux pays afri shycains ougrave la lutte est de tradition on y pressent quagrave de nouveaux types de socieacuteteacute doit correspondre de nouveaux hlbitus En conseacutequence la lutte doit eacutevoluer Darlllegrave~1e1t SO3 pine d amptre in~niaterpnt l~l~dJl-J~ (Sw~JL~c~ ~ - 13 P~v~~L)ti-~l j Ld L~t~ cr~lJit0nn~l12

otgalisecirce pH la cmFJS - iJAKAR - lai ~~)

-5shy

II QUELQUES NOTIONS DE SOCIOLOGIE POUR UBE MEILLEUR~

COMPREHENSION DE LA LUTTE TRADITIONNELLE

Essayons dexpliquer simplement les termes ETROS et HABITUS et

ETHNOMOTRICITE pour la clarteacute de notre deacutemarche

ETROS dans sa deacutefinition premiegravere veut dire en parlant dun individu

lice qui distingue cet individu des autres (1)

En eacutetudiant cette signification dans le cadre de la sociologie on

entendra par eacutethos ethnique (eacuteducation croyance rite etc bullbullbull ) lenshy

semble des caracteacuteristiques dune communauteacute sociale

HABITUS QCe sont les habitudes et attitudes socialement acquises qui

sous-tendent et preacute-deacuteterminent partiellement les faccedilons de penser de

sentir dagir de tout individu et traduisent notamment le rapport quil

entretient avec son corps (2)

Dans le cadre de ce meacutemoire nous allons essayer de faire une approche

de la lutte traditionnelle sous deux angles dabord en leacutetudiant comme

habitus en tant que technique du corps et ensuite COmme habitus de classe

fonction du style de vie des individus et nous nous proposons dans cette~gt

partie de deacutefinir ces deux notions dhabitus

Marcel MAUSS dans une viseacutee anthropologique emploie ce terme dune maniegravere

tregraves large pour rendre compte des faccedilons dont les hommes socieacuteteacute par

socieacuteteacute dune faccedilon traditionnelle savent se servir de leur corps Ces

habitudes varient avec les individus et leur imitations elles varient surshy

tout avec les socieacuteteacutes les eacuteducations les convenances et les modes les

prestiges

Analysant de multiples techniques du corpsll la marche la course la nage

le beacutechage le saut la danse et toutes les techniques corporelles en geacuteneacuteshy

ral (techniques alimentaires sexuelles de soins de repos bullbullbull ) MAUSS

insiste sur le fait que celles-ci ne sont pas naturelles mais acquises

(1) PIERON Henri Vocabulaire de la psychologie 2egraveme eacutedition revue et augmenteacutee PUF 1957 page Ill

(2) POCIELLO Christian Sport et Socieacuteteacute Approche sodo-culturelledeacutell pratiques Paris Vigot 1981 pages 78-79

La notion dethnomotriciteacute part dune constatation

- la grande diversiteacute des caracteacuteristiques preacutesenteacutees par les pratiques

corporelles en fonction de leacutepoque du lieu des groupes elle teacutemoigne

de linfluence despotique des normeS et des valeurs sociales sur la mise

en jeu du corps

Dougrave sa deacutefinition

Le champ et la nature des pratiques motrices envisageacutees sous langle de

leur rapport agrave la culture et au milieu social au sein desquelles elles

se sont deacuteveloppeacutees (1)

Conseacutequence le contrat ludosportif est aussi un contrat social il

reflegravete la faccedilon dont une socieacuteteacute aime agrave se penser agrave se repreacutesenter bullbullbull

et accepte de se donner en spectacle

Lethnomotriciteacute donne naiss~nce agrave deux sortes danalyses

- lanalyse synchronique -ou eacutetude spacialeshy

de type interculturel agrave hagravebitus diffeacuterents styles de vie divergents

de type intraculturel apparition dhabitus de classe et de pratiques

distinctives

- lanalyse diachronique -ou eacutetude temporelle- ou eacutevolution sur une longue

peacuteriode des pratiques motrices pour une cateacutegorisation dindividus

Cette hypothegravese de lenracinement social de la motriciteacute est une atteacutenuashy

tion des explications psychologisantes consideacuterant lindividu indeacutepenshy

damment de son environnement et sexprimant en termes de goQts motivations

() PARLEBAS pierre Contribution agrave un lexique commenteacute en Science 4e laction motrice Paris Publication INSEP 981 322 pages

AicircAgraveLYSE CES iJFrADES iDe I LES EN flA TIERE

DE PRATIQUE DES SPORTS DE Oicirc-itlAT

Objet Veacuterificat~on de la theacuteorie de lhab~tus

Hypothegravese En raison de son histoire de ses speacutecificiteacutes des valeurs

symboliques dont on linvestit une pratique sportive est en faveur aushy

pris dun groupe de pratiquants en fonction dattentes de niveaux dexishy

gence de fierteacute dappartenance qui sont socialement et culturellement

deacutetermineacutes

Il sagit en quelque sorte danalyser les goOts et les motivations des

sportifs en rapport avec leur condition sociale et le sentiment attachi

agrave ce statut

Remarque Cette analyse sera meneacutee en fonction des classes sociales et

non agrave partir de cla~se dage ou encore de classe socio-politique comme il

est dusage pour toute reacuteflexion sur notre socieacuteteacute trJditionnelle

Cette particulariti provient du fait que nos enquites ont iteacute effectueacutees

en milieu urbain -en raison des problimes de temps et de moyensagrave Dakar

et agrave Thiis pour itre plus preacutecis et il est deacutesormais hasardeux de preacuteshy

tendre y retrouver les structures traditionnelles c~e on pourrait le

faire en milieu rural

Par classe sociale et nous inspirant de la notion marxiste -deacutefinition

du rapport aux moyens de production- nous entendons la distance_dun

groupe social aux postes de deacutecision et de responsabiliteacute Plus cette

distance est grande moins le statut eacuteconomique est eacuteleveacute

Nous distinguons quatre (4) classes sociales car au niveau dune telle

analyse nous ne pouvons preacutetendre agrave la finesse de discrimination indiciaire

de la Fonction publique par exemple

r~partieuml

come il egravest rsectc eacute dans 1 ablea~ ci-dessous

CATEGORISATIONGROUPE EXEMPLE DE FONCTIONADMISE

Administrateur civil - Ingeacutenieur - Meacutedec ilCadre supeacuterieur1 Officier - Professeur

Instituteur - Mattre dEPS shy2 Cadre moyen Secreacutetaire - Technicien

Chauffeur - Militaire Policier3 Cadre subalterne shyPatron - Artisan

Artisan - Cultivateur - Ouvrier temporail4 Non cadre Pcheur

Conditions denqute Six (6) sports de ~ombat sont officiellement

pratiqueacutes Ils possegravedent une structure para-eacutetatique de gestion de contr

ce sont

3 sports de preacutehension - JUDO - LUTTE LIBRE TRADITIONNELLE - LUTTE OLYMPIQUE

2 sports de percussion - BOXE ANGLAISE - KARATE

sport mixte - LUTTE TRADITIONNELLE AVEC FRAPPE

Pour chacun de ces sports 50 pratiquants ont eacuteteacute interrogeacutes sur leur

statut socio-eacuteconomique avec la discreacutetion et la prudence quexige ce

genre de question

Cette enqute sest deacuterouleacutee dans les conditions suivantes

JUDO

Lieu DAKAR - Clubs USTD - DUC - FJAKS - DOJO HOMAR DIENG

Date du 020J84 au 28-05-84

Circonstances Les principaux inteacuteresseacutes eacutetant la plupart sur le tatami

pour lentratnement il fallait souvent attendre la fin

de lentratnement uumlur pouvoir avoir une ou deux entreshy

vues de sorte qu~ le~qu~te a pris beaucoup plus de

On constate que le no~bre de p=a~iq~~-ts ~st ~eauccup plus importd~t dans

les groupes 2 et 3 - Il es ~oindre dans les grQupes 1 et 4

LUTTE LIBRE TRADITION~~LLE

Lieu Dakar - Thiegraves bull Aregravenes Landing DIAME - Ecurie Seacuteregravere (pregraves de

lautoroute) Lutteur diola - toucouleur - Entratneurs - encadreurs

de diverses eacutecuries Stade Iba Mar DIOP - Aregravenes de Pikine et de

Thiegraves - CNPES - INSEPS

Date du 040284 au 020684

Circonstances Elles sont parallegraveles car les pratiquants semblent beaushy

coup plus disponibles que dans les autres disciplines Notre travail

parfoi~ peacutenible en raison de la diversiteacute des ethnies repreacutesenteacutees

et la traduction n1est pas toujours aiseacutee

Observations

Nous constatons que la lutte libre traditionnelle est plus pratiqueacutee

par les groupes 4 et 3 que par les groupes 1 et 2

LUTTE OLYMPIQUE

Lieu CNPES - INSEPS - Iba Mar DIOP (Equipe Nationale) - DUC

Date du 040284 au 020684

Circonstances Les conditions sont meilleures dans la mesure ougrave le

hasard a fait que pendant cette peacuteriode leacutequipe nationale soit

en regroupement et ceci nous a permis d-interroger un nombre

important de lutteurs de grand renom

Observations

En raison du petit nombre de pratiquants r~guliers lenquecircte ne porle

que sur 2S personnes Arbitrairement pour les besoins de comparaison

les raisons de comparaison les reacutesultats cbtenus sont multipli~s par 2 bull

BOXE A~~GLISE

Lieu Iba l-ar DIOP - ASFA - ASFPO - SC -ASC JJAF - ASC lA

ugraveate du 201283 au 020684

~E~~~~E~~~~ Ici nous ferons la mecircme remarque que pour le Judo

Notons que toute lenquecircte a eacuteteacute faite agrave Dakar

Observation

La boxe recrute ses pratiquants surtout dans les classes 3 et 4 et

on note que le nombre de pratiquants nest pas aussi important comme

dans les autres disciplines

KARATE

Lieu YUKOKAI KARATE CLUB - SAMOURAI KARATE CLUB - Iba Mar DIOP

CLUB DE GIBRALTAR - ASFA - ASFA - ASFPO - GM Thiegraves

Date du 201283 au 020684

SE~~~~E~~~ Notre enquecircte se passait dans une ambiance sympathique

de camaraderie Geacuteneacuteralement apregraves la seacuteance dentratnement

Observation

Nous constatons que la distribution des pratiquants bien que favorisant

les groupes 2 et 3 semble plus homogegravene que dans les autres disciplines

~ LUTTE TRADITIONNELLE AVEC FRAPPE

Lieu Ecurie de Fass - Ecurie des Seacuteregraveres - Ecurie Mermoz

- Ecurie des Casamanccedilais

Date du 04-02-84 au 020684

Ccedilj~9~~~aEccedil~ Il est agrave signaler que cest la discipline ougrave l~ contact

avec les pratiquants a eacuteteacute plus difficile les speacutecialistes qui~ la plushy

part du temps semblent meacutefiants quand on commeucircce agrave leur poser des quesshy

tions preacutecises sur leur revenu mensuel

2 -liCc 055cllt le lle11ent SegraveS praLicltants dans le ba

de lecirc~helle ces~-agrave-dire dans le ~ruumlupe 4

~ecircsultats

Les reacutesultats enregistreacutes sont reacutecapituleacutes en nombre et en pourcentage

-agrave lapproximation pregraves- dans le tableau ci-dessous

LUTTE 1 LUTTELUTTEGROUPES BOXE KARATE JUDO AVEC OLYMshySIMPLE i i FRAPPE PIQUE

1 11 1 1 1

1 11 1 1 1 11 0 1 0 8 1 16 9 1 18 4 1 8 0 1 0 7 1 14

1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1

1 11 1 1 1 1 12 3 1

1 6 21 1

1 42 22 1 44 6 1 12 4 1 8 17 1 341 1

1 1 1 1 1 1 1

1 1

1 1 1 1 1

3 22 1 44 13 1 26 15 1 30 16 1 32 5 1

1 10 10 1 20

1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1

1 1 1 11 1 1

14 25 1 50 8 1 16 4 1 8 24 48 41 1 1 82 16 1 321 1 1 1 bull 1 1 1 1 1

1 1 1 1 1 11 1 1 1 TOTAUX 50 1100 50 1100 50 100 50 pOO 50 pOO 50 1100

1 1 1 1 1 1 1 1 1 1

Afin dG failiter la lect~~e je c~ table3~ t ~2 re~dre sig~ific~tives

s info~~ations quil contient ces difteacutere ts reacutesultats nu~eacuteriques

peuvent ecirctre formuleacutes selon des repreacutesentations graphiques

1 Clientegravele des Sports de combat

FIGURE l

Il apparatt nettement que les sports de combat recrutent essentiellement

dans le bas de la hieacuterarchie sociale ce sont des sports populaires don

propices agrave une massification de la pratique

Toutefois on peut nourrir quelques inquieacutetudes pour que soient reacuteunies

les conditions de leur deacuteveloppement en raison du faible statut quils

possegravedent au regard defllintelligentsia seacuteneacutegalaise

2 Hieacuterarchisation des gants sportifs en matiegravere de sport

de combat au sein des cadres supeacuterieurs -Groupe 1shy

FIGURE I[

La f-appe est honni aucl1 pratiqua1t de boxe Olt de lutte avec frappe

agraveUloins quelle fasse lobjet dune stylisation cxtrecircme COTIme cest le

cas dans le karateacute Ce groupe manifeste un seuil extrecircmement bas de toleacuteshy

rance agrave la violence ce qui explique les discours infamants degraves que la

lutte avec frappe est secoueacutee par quelques excegraves Leacuteopold Seacutedar SENGHOR 1

navait-il paS deacuteclareacute que cette forme de lutte eacutetait une atteinte permashy

nente agrave limage de marque du Seacuteneacutegal

Bien quil soit difficile de proposer une explication unique curiositeacute

esprit douvetture permeacuteabiliteacute aux modes bullbullbull les repreacutesentants de ce

groupe adoptet facilement des sports importeacutes 85 des goOts pour le 1

Judo le Karateacute et la Lutte Olympique qui pourtant est bien peu pratishy1

queacutee au Seacuteneacutegfll j

Faut-il en deacuted~~re une attitude geacuteneacuterale favoris~agrave tout ce qui provient

de leacutetranger

Nous nous refu~ons preacutesentement agrave ce genre dexplicationJ ne ser~it-ce que

par ses conseacuteqJences sur notre sport national dont les perspectives appashyj

raicirctraient bie sombres

Admettons que la pratique de ces disciplines sont en rapport avec des

deacuteterminants eacuteconomiques et que ceux-lagrave sont un frein P4ur la popularisashy

tion de ces pratiques A lappui de cette interpreacutetation~ il suffit de

composer le champ social du Judo et celui de la Lutte libre traditionnelle

--== G J

32

LUTTE SIHPLEJUDO FIGURE JI(

Le groupe 2 qui manifeste un inteacuterecirct reacuteel pour les sports de combat -pregraves

de 25 iuml de la population i~tervieweacutee- et qui p6ssegravede les ~oyens de choisir

ses pratiques opte massivement pour le judo CDnme lexprirre le rapport de

agrave 4

- shy

A la lumiegravere de cette succi~te analyse des demandes sociales en matiegravere

de pratique des sports de combat nous pensons recouper la theacuteorie de

lhabitus selon BOURDIEU qui veut que des hatitus diffeacuterents impliquent

des styles de vie divergents si lon entend par style de vie un systegraveme

de pratiques classeacutees et classantes(I)

La mutation de la socieacuteteacute seacuteneacutegalaise celle du milieu urbain se caracteacuteshy

rise par lapparition despaces sociaux qui sont en rapport avec des

espaces culturels Il en reacutesulte des pratiques distinctives comme

lexprime le pogam

En effet si les cateacutegories sociales existent et si chaccedilune delle exprime

une marque sur les conduites des sujets il est naturel ~e penser que des

pratiques1 sportives servent de modegraveles distinctifs et detrsymbOles dorgashy

nisation ieacuterarChique dans la socieacuteteacute exprimant les dif eacuterentes clas8eamp(2)

Ces const4tations ont dimportantes implications sur leeacuteveloppement et

lavenir des pratiques Si dans notre IIIegrave partie nous 1tenterons de 1

mettre en rapport les particulariteacutes ethniques avec les pluraliteacutes de

style de lutte nous parlons presque au passeacute Une IVegraveme partie devra

e~visager la situation actuelle de la lutte afin de pouvoir eacutemettre

qu~lques hypothegraveses sur son devenir

Cest auss~ une ambition de ce meacutemoire daider ceux qui sinteacuteressent reacuteellE

ment agrave la lutte de savoir entendre au travers des deacuteclarations normatives

et apologeacutetiques Nous ne doutons nullement de la conviction ou de la bonne

foi de leurs auteurs mais parmi les possibles il yale probable et seul

ceiui-lagrave meacuterite decirctre retenu car plus proche agravee la recirc~liteacute

(I) BOURDIEU pierre La distinction Les Editions de minuit 1979 page 191

(2) Le POgdlt Deacuterrocratisation du sport ythe (u reacutealiteacute

- 1f shy

j j l IlL DL l H L S DE

3 1 LA COll1ŒNAUTE DIOLA

311 Preacutesentation

Les diolas vivent dans la reacutegion de Casamance et repreacutesertent 9 de la

population totale du Seacuteneacutegal Ce sont geacuteneacuteralement des cultivateurs de

riz et des artisans Cependant on peut les trouver aujourdhui disperseacutes

dans toutes les capitales reacutegionales affecteacutes agrave divers meacutetiers militaire

gendarme fonctionnaires de lEtat ouvrier etc bullbullbull

Dans les villes la plus grande partie des diolas vit dans les qoartiers

populaires Par exemple agrave Dakar on les trouvera agrave Colobane agrave Fass agrave

Grand Yoff ou agrave Khar Yalla La plupart du temps cesDnt des artisans et des

ouvriers du secteur priveacute qui vont essayer dune maniegravere ou dune autre de

vivoter en bricolant deci de lagrave Mais mecircme loin de la Casamance cette

ethnie conserve une grande partie de ses caracteacuteristiques et plus partishy

culiegraverement la solidariteacute ethnique qui veut que les Diolas forment toujours

un bloc bien soudeacute quand le besoin se ifait sentir et cecisans discrimishy

nation de rang social Ainsi tous lesdiolas de Dakar se mobilisent pour

supporter le Casa Sport chaque fois qbe cette eacutequipe de foot-baIl vient

jouer agrave Dakar Cette mobilisation se fera aussi dans le cas ougrave leur chamshy

pion de lutte Mamadou SAKHO livre uncombatimportant

Lethnie diola est diviseacutee en trois sous-groupes

- les dio1as Fogny de Bignona

- les diolas Kassa autour dOussouye

- les diolas Blouf dans la preacutefecture de Tendouck

Mais en lutte on a pris lhabitude ~e les grouper en deux zones dune

part le Kassa qui preacutesente des particulariteacutes et dautre part lE Fogny

et le Blouf

- J 7 shy

3 ) 2 ~U(lquE5 aspects d~ l~ducatio~ ~t des rit~s en milieu diol~

L eacuteducat ion veacuteritable de lenfant diola est sociale et ne se corlprend

que dans la relation sociale elle deacutepasse de loin le strict cadre

famililal Elle commence au stade de lapprentissage du langage

Lenfant apprendra agrave reconnattre le langage du regard de ses parents

Il doit connaicirctre et faire la diffeacuterence entre un regard approbateur

et un regard qui blacircme De mecircme il doit apprendre agrave faire les gestes

de la tecircte qui expriment lapprobation En aucun cas lenfant nest

laisseacute agrave lui-mecircme Aura-t-il deacutesobeacuteit par complaisance naura-t-il pas

eacutecouteacute ou fait attention aux recommandations reacutepeacuteteacutees plusieurs fois

sans reacutesultat il fera lobjet dune punition corporelle avec la chicotte

Elle a pour effet de faire mal au corps de lenfant afin datteindre son

acircme sa sensibiliteacute et instaurer en lui une sorte de 1iaision de la

meacutemoire du mauvais comportement agrave la douleur quen voulant eacuteviter la

douleur il finit par eacuteviter le mauvais comportement en tout cas den

prendre conscience degraves cet acircge Cest une meacutethode deacuteducation mora1e (])

i 3121 Leacuteduca~ion maternelle

1

Notre eacutetude nous a montreacute que mecircme de nos jours leacuteducation diola

conserve encore ses caracteacuteristiques traditionnelles au niveau des rites

des moeurs des habitudes des principes et des normes

Leacuteducation de lenfant reste lune des plus rigoureuses Elle commence

degraves le plus bas acircge car pour le dio1a on ne peut redresser une personne

adulte donc autant leacuteduquer tregraves jeune Jusquagrave lacircge de trois ans

lenfant sera encadreacute par sa megravere qui bien queacutetant tregraves douce fait

preuve daucune indulgence Elle lui apprend les interdits de la communaushy

teacute respecter son prochain ne pas insulter ni profeacuterer de gros mots surshy

tout en preacutesence de grandes personnes ni faire violence agrave autrui

Plus terd v~rs cinq ou SlX ans le jeune garccedilon est initi~ a~x travaux

ces cna~ps des rizi~r~s cles pal~eraiEs ce Gui ne manquer6 pa5

davoir ces rEpcrcussic~s sur SOn deurovelopperncnt morpholoique

- 1( shy

3122 La circoncisio~

cest un rite obligatoire Il a pour but dintroduire le garccedilon dans

la communauteacute des hommes en tant que responsable Cest un rite qui

laisse une trace indeacuteleacutebile dans la vie du jeune diola Les principes

de la vie en socieacuteteacute y sont enseigneacutes agrave fond Le rite de la circoncishy

sion preacuteseuro~teuro uneuro forme p~lticul do~t s~uls les diolas connaissent

lorganisation internecar la circoncision est agrave la fois une eacutepreuve

physique intellectuelle et morale

Cette circoncision en milieu diola se passe dans le bois sacreacute En ce

lieu les Njoulis (circoncis) sont encadreacutes par des mattres les

Kintangs et au-dessus de ces mattres regravegnent un ecirctre doteacute de faculteacutes

occultes il sagit du Kankourang Le kankourang a cette capaciteacute de

disparattre de voler quand bon lui semble Il incarne la justice et la

violence et assure la protection de ses disciples contre les mauvais

esprits Ainsi le kankourang incite agrave lobeacuteissance et agrave lordre dans

cette socieacuteteacute Dans la tradition diola le kankourang repreacutesente un

pouvoir mystique capable de choses extraordinaires dont la socieacuteteacute

moderne avide de raisonnement ne pourra trouver une explication Au

cours de la circoncision les initieacutes subissent un certain nombre

deacutepreuves physiques que le diola appelle samasso Il doit se soushy

mettre agrave lensemble de ces eacutepreuves consideacutereacutees comme indispensables

agrave sa formation pour lui permettre de juger ses capaciteacutes physiques

mais eacutegalement deacutepouver sa valeur intellectuelle morale et sociale

Il pourra aussi se mesurer aux autres dans le domaine de la consideacuteration

et du respect En quittant le bois sacreacute le jeune doit posseacuteder une

grande partie des qualiteacutes humaines et socisles quil faut agrave un howmE

pour vivre en harmonie avec la socieacuteteacute traditionnelle Il serait bien

sOr possible dans le cadre dune eacutetude plus approfondie de parler de

bien dautres rites et pratiques traditionnelles

Notons cependant que le rite de la circoncision appartient aux anc~t~es

et que dans les villages reacutecents ougrave les structures ont changeacute on ne

Jeux jours avant la re~trfE cans le bois sacr[ les adolescents so~r

-

- Jo shy

por lE diola 11-071- doit rester en harrc1iE avec lE

tal lanimal lui-mecircme les ancecirctres les geacutenies Le rit~ du rasdge co~sist~

acirc ~loigner la ~alchance de lenfant Si l~ ritE nest pas respecteuro eumlr es

parents du futur initieacute celui-ci connaicirctra la malchance pendant toute sa viE

Ce rite a aussi pour faculteacute deacuteloigner le mal et de preacuteserver lenfant des

mauvais esprits

Le rite de leau sacreacutee se fait un jour avant lentreacutee dans le bois sacrEacute

Les femmes doivent se garder davoir le moindre contact avec leau beacutenite

pour se preacuteserver des conseacutequences facirccheuses qui pourraient en reacutesulter La

tradition veut quune seule goutte soit capable de deacuteclencher lavortement

l chez la femme enceinte de rendre steacuterile la jeune fille ou de provoquer des

menstrues perpeacutetuelles chez la femme ayant atteint la meacutenopause bull

bull Le rite de la forge protegravege le futur initieacute pendant son seacutejour dans le bois

sacreacute Mais cette protection seacutetend bien au-delagrave et de rite veut que toute

personne qui y faillit soit condamneacutee agrave devenir leacutepreuse

Pendant plusieurs semaines les jeunes initieacutes subissent une formation capishy

tale qui fera deux des hommes complets

313 Croyances et pratiques mystiques

Si nombreux sont les diolas convertis au Christianisme ou agrave lIslam leur

foi napparatt jamais incompatible avec leurs croyances animistes Lhisshy

toire des rois et reines diolas nous reacutevegravele quils eacutetaient les ffprecirctres fl de

ces cultes feacutetichistes destineacutes agrave maintenir la fertiliteacute et agrave provoquer

la chute des pluies De nos jours existent encore des socieacuteteacutes secregravetes agrave

base religieuse ou magique la plus redouteacutee eacutetant lassociation neacutecrophashy

gique Kousanga des Floup (1)

Deux fafu expliquent la coexistence du dogme et de la croyance

le contact tardif de la socieacuteteacute diola avec les civilisations eacutetrangegraveres

et leacutevangeacutelisation ou lislamisation quelles veacutehiculaient Il e~ reacutes~lt~

une importance des traditions leur reacutesstance agrave une remise en questic~ ce qui confegrave~e agrave la socieacuteteacute diola un caractegravere conservateur

r~c~~i]EE 2~fr~~ ~c - t

ct ~Cc egraveE~ Cimiddotilisatilaquo~ eacute

la neacutecessiteacute de lanimisme consiegraveeuroreacute comme base de toutes legrave~

religi0~s uumlegrave serait-ce que corr~e tentative ciexpliquer li1explishy

cable en se repreacutesentant en particulier comme un ensemble de puisshy

sances mystiques Ainsi pour lanimiste agir sur la nature cest

intervenir psychologiquement aupregraves de ceLX qui la gouvernent

314 Imeact des moeurs sur la prat~que de la lutte diola

Lorigine de la populariteacute de la lutte eugrave milieu diola est par trop

impreacutecise aussi nous nous limiterons agrave en donner la signification

actuelle La lutte apparatt dabord comme un moyen privileacutegieacute deacutedushy

cation

- sur le plan corporel afin de deacutevelopper la force lagiliteacute la

rapiditeacute et la souplesse

- sur le plan moral afin de deacutevelopper les vertus caracteacuterielles

courage tenaciteacute digniteacute bullbullbull neacuteces~aires agrave laction

Mais la lutte apparatt aussi comme un mpyen dinteacutegration sociale car

le jeune diola qui se refuserait agrave se sbumettre agrave leacutepreuve de la lutte

encourrait un isolement alors que celui qui excelle en bravoure devient

rapidement populaire Dougrave ces affrontements agrave linteacuterieur dune classe

dige qui tout en restant un moyen de reacutejouissance servent eacutegalement

agrave eacutetablir des comparaisons

Nos observations et nos interviews confirment le caractire tris physique

de la lutte diola immeacutediatement les lutteurs sont au corps agrave corps et

les techniques consistant agrave aracher ladversaire priment sur toutes les

autres Exprimer sa force est une preacuteoccupation constante il suffit pour

sen persuader de voir le groupe de lutteurs peacuteneacutetrer dans laregravene au son

du Born bol on que rythme le claquement de mains des femmes

C~tte da~se est une deacutebauche dAnegie Ougrave les lutteurs pieacutetin~Ert avec

force L sol

i shy

3141 EorphologUgrave et valeur physiques du lut teur diola

Le lutteur diola possegraveagrave~ un deacuteveloppement caracteacuteristique du trai~

supeacuterieur et de la musculature doso-lombaire Ceci est tregraves certaineshy

ment lieacute au maniement de la houe de la daba et surtout dukadiando

dont lusage permanent a modeleacute la morphologie du lutteur diola

La valeur physique de ce lutteur semble reposer sur sa force sa

reacutesistance mais aussi sa rapiditeacute

3142 Reacutepertoire technique

Dans le Blouf la forme du corps la plus utiliseacutee est le deacutecalage souvent

combineacute avec un crochet de jambe (gal gal) ceci semble ecirctre lieacute agrave

lutilisation quotidienne dans les riziegraveres du kadiando Le paysan du

Blouf sera ameneacute agrave faire un mouvement de torsion pour deacutecalerlinstrushy

ment enprenant appui sur son genou et ceci continuellEment pendant toute

la jourpeacutee Chez les diolas du Fogny le kadiando eacutefait surtout utiliseacute

par les femmes qui soccupaient autrefois exclusivement de la riziculture

et ce n~est quaujourdhui que les hommes cultivent le riz 1

La principale culture dans le Fogpy est celle du mil on y cultive aussi

de larachide De ce fait loutil le plus utiliseacute est le donkoton qui

est un instrument tregraves petit avec un manche court et dont le maniement

expliquerait peut-ecirctre leacutetonnante musculature du train supeacuterieur et surshy

tout de la zone dorso-lombaire du 4i6la fogny qui excelle dans les techshy

niques en force genre arracheacute avec les bras sur contrOle de la ceinture

de ladversaire Lulisation du donkoton semble eacutegalement expliquer la

garde tregraves basse du lutteur fogny

Dans le kassa on aurait pu trouver la mecircme forme de lutte car la morphoshy

logie du lutteur est agrave peu pregraves la mecircme mais linterdiction formelle de

la prise du ~gimbe modifie et limite tout le repertoire technicult2 ou

lutteur Le lutteur kassa adopte une garde basse et agrave une preacutefeacuterence pc~r

legraveS tc~-iccedilues n passa~ dessous - - ~ shymiddotmiddotcrc t--=~ c-

----

contact et agrave partir de ce TtoTteuront ils peuvent se relever et conti~uEr

en lutte debout jusquau terrassemen~

Toutes les gardes sont rapprocheacutees en milieu diola

irbi trage

Les combats sont arbitreacutes par un deacuteleacutegueacute geacuteneacuteralement anClen lutteur

Ces anciens lutteurs ont pour rocircle de veiller au bon deacuteroulement du

combat La victoire est deacutecreacuteteacutee dans les cas ougrave un des lutteurs se

retrouve en position assise sur le ventre sur la cuisse ou les

genoux (sauf dans le Kassa)

Il existe un autre mode de victoire celle qui est proclameacutee agrave la

suite dune supeacuterioriteacute eacutevidente du~ des lutteurs A savoir quand

un lutteur soulegraveve tregraves haut son camarade et que son manager estime i

quil est pratiquement battu il peut arrecircter le combat en touchant

dabord le lutteur adverse popr eacuteviter que son lutteur ne soit terrasseacute

tregraves fOrt Nest-ce pas un deacutecision sage des managers qui peut contribuer

agrave maintenir le caractegravere reacutecr~atif de la lutte joola 1

La victoire dun village sur un autre village ne se mesure pas au

nombre de victoires obtenues par lensemble des lutteurs En effet

il suffit que le champion soit battu pour que le village soit consideacutereacute

comme deacutefait Ce qui explique limportance et le seacuterieux que le village

accorde agrave la preacuteparation des championsl)

Il est cependant important de signaler que larbitrage dans les centres

urbains revecirct une iautre forme beaucoup plus codifieacutee et cest peut-ecirctre

une des raisons qui font quen milieu urbain la lutte diola perde une

partie de son originaliteacute

En dehors des techniques speacutecifiques agrave chaque sous-groupe il faut

signaler quil y a une multitude de prises et quelGues formes de corps

comTIunes agrave letnn Car reconnaissons qu il cO unE ror-euro approp=i~eacute

dE ~ouvane du l~tteur diola en TaI

-----~-----

LE tableau ci-dessous se propose dE reacutesumer les diffeacuterentes consideacuteshy

rations techniques envisagEacutees dans cette partie

FORlŒSSOGS-GRGUPES 1 COItltOLE GA~JESDt CORF=

i ~

1 1

Passage dessous de jambes et BassE KASSA saisies Moyenne1annexes bras (rapprocheacutee)

ceinture tecircte

Deacutecalage de Moyenne et BLOUF Demi-souplesse Ngimbe

HauteHancheacute Bras (rapprocheacutee)

Jambe

Arracheacute CouFOGNY Tregraves basse

Hancheacute ii 1

1 1

3 14 3 bull LeIIa~~jueetlecom~ortementdulutteur-+iola

1 Le comportement et lattitude du lutteur dans laregravene pe sont en fait

t

que le reflet de sa psychologie et plus partiCUliegraverem t de son eacutetat

dacircme Or il napparatt pas abusif deacutetablir des cor eacutelations entre

le psychisme dun individu et lempreinte eacuteducative quil a subie En effet en sortant du bois sacreacute le jeune diola a acquis un ~ca~~l

eacutequilibre physique et mental

Cette matrise de lui-mecircme permet au lutteur dans la~egravene dadopter

un aire enjoueacute de manifester beaucoup denthousiasme~ La lutte devient 1

essentiellement un jeu laspec ludique y est privileacutegieacute et ~ela influe

sur le comportement du lutteur

Ainsi queurolq~c soit limporta~cE de le~je~ le lutt~c~ dic1e Seuroreacute

to~jours serein et s~ livrera sa~s arri~re pe~s6e da~$ ~E CO=beacute ou-

tons que le lutteur diola est trecircs fair-play et sil arrive quun rdnd

lll L COIicircilU1Ul L ULOF

32 J Preacutesentation

La soc tEacute wucirc10f est celle qU1 a eacuteteacute la plus marqueacutee par la colonisation

~~ fait peut-gtre de sa position geuroographiquE dune part ct de 50~ imporshy

tanCE sur le plan dfmographiquE dautre part En effEt ceurootteuro CC-~ucircautE

wolof repreacutesente environ 20 de la population seacuteneacutegalaise

Elle est constitueacutee de pecirccheurs (ce sont les leacutebous) dagriculteurs de

fonctionnaires de lEtat mais surtout de commerccedilants

A pqrtir de leur reacutegime dimplantation le Cayor le Walo le Baol le

Djolof et la presquicircle du Cap-Vert les wolofs ont tendance agrave irradier

sur lensemble du territoire sous leffet de leur speacuteculation agrave la culshy

ture de larachide et du nombre important de fonctionnaires quon trouve

dans cette ethnie

322 Les moeurs et croyances wolofs

Bien queacutetant en grande partie des musulmans convaincus les wolofs

conservent toujours une croyance animiste et continuent agrave faire des

sacrifices agrave porter des cornes ou des morceaux de bois agrave la ceinture

aux jambes ou aux bras et agrave croire agrave lexistence des Djinneacutes et des

Raps bull

Le Djinneacute cest une creacuteature malfaisante en geacuteneacuteral capable de choses

extraordinaires Il possegravede des faculteacutes surnaturelles Cependant dapregraves

la croyance animiste certains Djinneacutes peuvent ecirctre bons

Le Hapl cest une creacuteature ayant des dons occultes appartena71t agrave une

famille ou agrave une communauteacute et dont le rOcircle est de veiller cu daider

les reCJrES de le fai11p ou dt la conmunauteacute en cas de da1gel Le Rap

~ ut te c ) ~~c-

ei sltcificE cJ sanl dE meut0 dL chat de pC)wleurot 5E1lt les conveuroshy

lances parfois leur dorner COrllTe offrande du lait Laii

Qua1d une famille ou une communauteacute neacuteglige les Sarakh (ici dans

le sens de sacrifice ou Offrande) elle se voit aussitocirct vouEacutee agrave la

maleacutediction des mauvais esprit~ (fcllec dans touteacuteS lEs ~treprises

de la vie maladie mort bullbullbull ) Les lieux ougrave habitent ls Taps et ougrave

se font les sacrifices se nomment Khambs

Geacuteneacuteralement le khamb se trouve dans lenceinte de la maison ou

dans un coin approprieacute du village Les lieux du khamb sont marqueacutes

par la disposition de calebasses de pilons de morceaux de poterie

briseacutes de grosses pierres de cornes et dautres objets heacuteteacuteroclytes

La superstition wolof est tregraves marqueacutee En effet pour le wolof toutes

les manifestations quotidiennes trouvent leur signification dans le

mysticisme Citons agrave cet effet quelques ezemples Une femme enceinte

ne doit pas marcher agrave nimporte quelle heure de la journeacutee Certaines

heures de la journeacutee lui sont interdites le Timiss (creacutepuscule

le Ndjo~or (de 13 H agrave 14 H de lapregraves-midi) le souf-segravede (de

minuit i4 H du matin) Selon la tradition ~t la croyance wolof les

mauvais ~sprits choisissent ces heures pour jeter des sorts Et la

femme enceinte eacutetant tregraves vulneacuterable le Djinneacute essaiera de lui insufshy

fler son souffle pour atteindre son beacutebeacute afin dentratner soit la

meacutetamorphose de cedernier en monstre soit de le tuer avant sa naissance

Dailleurs pour le wolof et pour certaines autres ethnies au Seacuteneacutegal

le timis le tdjolor le souf-segravede repreacutesentent des peacuteriodes de

la journeacutee ougrave lon ne doit pas se hasarder dans les rues et les champs

Ce sont des heures propices aux apparitions des Djinnes sous nimporte

quelle forme humaine ou animale

Il est eacutegalement interdit au wolof de marcher ou de serti la nuit du

~eacutellfria-

loutes c~s pratiques ~ystiqu~s et cr0ya~ces religi~us~5 ~xistent eL~~[

certainement dues agrave un meacutetissage culturel Parallegravelement aux feacutetiches

aux incantations et agrave lutilisation des safaras (substance magique)

notons lexistence de ga l a tchs (ce sOnt des talismans ougrave sont inscrits

du qui les porte Toutes ces croyances biEn sucircr auront une rEacutepercussicrI

sur leacuteducation du jeune wolof

323 Leacuteducation du wolof

Pour caracteacuteriser leacuteducation wolof nous avons penseacute donner comme

illustration cet extrait de la revue DEM ak TEY Pour deacutefinir leacutedushy

cation le wolof fait appel agrave un symbolisme qui eDglobe aussi bien les

moyens mis en oeuvre Yar que le reacutesultat obtenu agrave laide de ces mecircmes

moyens cest-agrave-dire la formation et le deacuteveloppement de lecirctre humain

ou Yaru

Le substantif Yar deacutesigne le fouet

Ce symbolisme deacutesigne donc au-delagrave du simple sens mateacuteriel de lobjet

lutilisation qui permet daboutir au reacutesultat escompteacute (Yaru) Au sens

geacuteneacuteral Yar deacutesigne tout instrument servant agrave infliger une punition Le

terme laisse supposer agrave priori que cette phase de lenfance durant lashy

quelle se preacutepare la vie de lhomme est lieacutee agrave la souffrance au supplice

Dailleurs une maxime wolof compare lenfant agrave une tige quon a tout le

loisir de redresser alors quelle est encore flexible bull

bullbullbull Pour leacuteducateur wolof la perfection nest point de ce monde malS

le devoir de chaque homme est de tendre vers la pleacutenitude en luttant

contre ses propres faiblesses Leacuteducation va d01c iisister essentielle~(-~t

sur lexercice quotidien de leacutelevation ffiora1e d~ lindividu Pour cela

elle privileacutegie la patience munI) vertu dabneacutegdtion et dE deacutesinteacuteresseshy

m(~t autour dE laquelle sarticulent toutes ]e~ ~u~~~s qualiteuros

i _

aan~ ~ s0cieacutet gt~olcf ocirclt~tartt nul -Jt- poulait sabecircisstr

tion de sa libertEacute La liberteacute est le preuumler drcmiddotir dE l ho-)euro egrave~S

baigner dans une beacuteate admiration du passeacute la comparaison avec le pr~$(middott

si~posc dclle-mecircme car lon reste s reacute devant la deacutesinvolture aVEC

laquelle dES honmes daujourdhui descendants de cette ~~~EacuteTatic ccedil~l se

une fois [largis bullbull tTasque fiers davoir fait leacute priS0n PEut-2tTE

faut-il mettre cela sur le compte de lurbanisation et des nouvelles

valeurs qui ont pour nom enrichissement reacuteussite sociale avec ce que

cela comporte de deacuteshumanisant et de deacutepreacuteciateur (1)

3 bull 2 bull 3 1 bull Lesri tes

Le sevrage et la circoncision constituent les deux grandes phases initiashy

tiques chez le wolof

- Le rituel du sevrage est appeleacute maga1 (litteacuteralement rendre grand)

Cest un eacutevegravenement important aussi bien pour les parents de lenfant que

pour la co~unauteacute Durant cet eacutevegravenement qui survient geacuteneacuteralement deux

ans apregraves la naissance du beacutebeacute les personnes vivant dans lentouragE

apportent leur soutien moral et mateacuteriel

- le rituel de la circoncision revecirct pratiquement la mecircme signification

que dans les autres ethnies seule la forme diffegravere La circoncision reste

encore une eacutepreuve de la vie au sort i r de laque Ile ladolescent devient un

homme Aujourdhui il faut noter une meacutetamorphose de la structure sociale

et des croyances religieuses tregraves accentueacutee aussi bien chez les wolof que

chez les autres groupes ethniques et ceci est peut-ecirctre dO au contact

permanent quils ont avec la socieacuteteacute occidentale

Malgreacute ces constat~tions il semblerait pcu=tant qUE la sociecirct~ lecircbou Gci

bien que se trouvaLt en grande partie dans ~a Presquth du Cap-ETt Et

en contact permane~t avec les blancs soit la portior la plu8 cc~serva-

----------~_- ---~-- -----

~

Incidences d s ~00urs sur la l~ttE

Le wolof connaicirct deux formes de luttes la lutte sirplE- sans t-t

la lutte avec frappe La lutte avec frappe a une crigi~e purement r

et ce nest que plus tard quelle devint une prati1uE sportive et lud

preacuteparer agrave la guerre Aussi tout en luttant On eacutetait autoris~ agrave frapper~

griffer mordre voire introduire son doigt dans loeil de son adversaire

Le jeune wolof devait eacutegalement se livrer agrave la lutte avec frappe afin de

favoriser son insertion dans la socieacuteteacute adulte et sinitier au meacutetier de

soldat faute de quoi il ne pouvait se faire entendre ne avoir des marques

de respect Pour montrer la populariteacute de la lutte dans le Cayor signalons

que les Damels ll (rois) et les Teignes (nobles) nheacutesitaient pas agrave sy

livrer Quant au IIMbeu~ (lutteur) elle lui servait de moyen de promotion

sociale car d8S que sa reacuteputation eacutetait eacutetablie il pouvait ecirctre choisi

par les rois et les nobles comme garde de corps

325 Signification de la lutte en milieu wolof

La lutte se pratique dabord pour lhonneur qui est une vertu tregraves signishy

ficative pour le wolof Elle permet de renforcer les liens amicaux entre

les jeunes de villages diffeacuterents Le champion veut gagner

confiance et la consideacuteration de son village de ses amis

Etre champion cest aussi susciter ladmiration chez les

sentant la force la viriliteacute et la deacutetermination

326 Organisation d~s eacutepreuves de lutte

3261 Les Mbapatts Ce sont les seacuteances nocturnes

pour meacuteriter la

et des anciens

filles en repreacuteshy

Ils sont organiseacutes apregraves les reacutecoltes agrave la fin de la saiscn des pluies

Ceci surtout p~ndant les peacuteriodes de clair de lune car ils peuven~ durEr

toute la nuit Le but des ~Dapatts lt=tait de prfpa-er FhysicuemeH et

~ arb Sil

326 Le 1

cest une organisation beaucoup plus importante que les I~apatts ~

loccasion de laquelle on peut voir plusieurs lutteurs de grande reDommfe

saffronteLLa fin dl lamb est toujours couronneacutee par une grand co~bat

duquel le vainqueur est sacreacute champion de la contrecirce

Le choix du lieu est lieacute agrave limportance de ce lieu dans le village cest

la place publique ougrave geacuteneacuteralement se passent toutes les manifestations

assembleacutee geacuteneacuterale sabar (danse) cest aussi lendroit ougrave sont prises

les grandes deacutecisions

3623 Lappariement

Dans un village ou un quartier les lutteurs se regroupent en lang

(eacutequipe) et jamais deux lutteurs de mecircme lang ne se rencontrent lors

du lamb

L appariement s~ fait librement entre lutteurs de lang diffeacuterents l1hs

une regravegle veut ~uavant de lutter avec le Mbeur Kanur de tel lang si

on est soukh (l~tteur pas encore confirmeacute) il est neacutecessaire de lutter

dabord avec ses soukh et ce nest quapregraves les avoir terrasseacutes tous

quon se voit octroyer la chance de lutter contre lui

Notons que la cateacutegorisation des lutteurs par poids nest jamais prise

en consideacuteration

3624 La tenue du lutteur ou NGIMBE

Le middotNGimbe est confectionneacute par le marabout de la famille ou du clan Il

est constituecirc de pagnes en coton tisseacute geacuteneacuteralement offerts par la megravere ou

la grand-megravere du lutteur ceci lors des organisations de ~rande Tportance

COrlune lef 1amb Dans le cadre des l-bapatt les pagnes sont C tErts peumlr

~~~rcfcis ct ffi~mc aujourdhui d218 cErtaInes fa~ille5 on devj~Gr

luttEur de pegravere en fils et dans ce cas h 1

gimbell du pEgravere Est recircr i tEacute

par le fils Le fait de porter le lI~gimbe agravee ses aiumleux peut susciter

cne~ le jeune lutteur une motivation et une volontecirc in~branlable rlasshy

surer 12 supeacuterioritEacute cis SIcirct-ns dallS

le xgimbe de la famille ne touche pas le sable

La tenue du lutteur a une signification et une importance sur le plan

mystique car selon les anciens le vrai feacutetiche du lutteur celui qui

le proteacutegera agrave vaincre le Djinneacute ou le Rap de ladversaire se trouve

cacheacute dans ce Ngimbe Celui qui confectionne-le Ngimbe est doueacute de

faculteacutes occultes

~~r~i~rg Il est assureacute par un sage du village qui geacuteneacuteralement fut

championde lutte de son temps Dailleurs cet ancien nintervient que

si le terrassement est litigieux

Hormis le public qui proclame la victoire ou le match nul le lutteur

lui-mecircme est arbitre et il arrive quil se deacuteclare vaincu ~ous

pouvons citer comme exemple Meacutedoune KHOULE un des plus grands lutteurs

seacuteneacutegalais qui a donneacute une victoire agrave Djeacuteri SADIO son adversaire qui a

reacuteussi agrave lui faire toucher le sol de la main

Il Y a terrassement quand le lutteur se retrouve

- assis sur le sol

- eacutetaleacute sur le dos

eacutetaleacute sur le cocircteacute

les deux genoux au sol

- les deux ma~ns au sol

la tecircte (front au sol agrave la suite dune brouette)

Il peut y aVOIr match nul si apregraves li1 temps ccmsideacuterable les lutteurs

SE sont ~ ivrEacutes respectivement agrave des assauts rEacutepEacutetEacutes et n arrivEt pas a

3265 L~ precircparation mystique

Il faut reconnattre quon ne peut parler de lutte en milieu wolof sans

envisager une preacuteparation mystique seacuterieuse Co~~e ~ous lEvans vu a~teacute-

1middot ~ d ~ ~rlturenent t0utes es actlvmiddotltesmiddot u W010 sont lles a SeS croyances

- la lutte ne concerne pas seule~ent deux acteurs se livrant faruumlucheshy

ment agrave un combat au milieu de laregravene mais eacutegalement les marabouts et les

feacutetichistes du village ou du clan qui doivent deacutefendre leur savoir et

leur prestige Avant le combat le lutteur doit se livrer agrave un certain

nombre de preacuteparations mystiques pour assurer sa victoire Aussi sommesshy

nous appeleacutes agrave parler de BACK (cest le chant et la danse du lutteur)

- le batteur de tam-tam compose un rythme en fonction du Galagne ou du

Senghor (gds-gris) du lutteur Chaque galagne sera choisi en fonction

du Rap ou du Djinneacute correspondant au Totem du lutteur

Le chant geacuterleacuterique Feinte woy veut dire litteacuteralement composer un 1

chant Ce chant est geacuteneacuteralement composeacute par les filles du viilage du

champion ou par un griot de sa communauteacute Et agrave travers ce chrnt on

arrive agrave toucher la corde sensible du lutteur en chantant lesl innombrables 1

victoires de ses ancecirctres ou en lui rappelant ses prouesses eacuteblatantes 1

Chaque lutteur doit avoir un chant et un back qui lui sont propres

327 Le reacutepertoire technique et les caracteacuteristiques physiques dulutteur wolof

Le lutteur wolof est geacuteneacuteralement moyen de taille la musculagraveture est

tregraves saillante ce qui fait ressortir un aspect tregraves athleacutetique ceci

est vrai sans exception pour le lutteur leacutebou mais il arrive que le Cacircyoshy

rien le baol-baol le walo-walo soient de grands gabarits de forte constishy

tution

CepEndant pour une meilleure compreacutehension du sujet nous pouvons eacutetudiEr

deux jroups d lut teurs qui vont deacuteterminer deux st yI e s de lut tes

- ~ t

les tc~tativ~s de~[reacutee e~ ramassement de jambes de la~v~sairL Ce~~

peut Ecirctre expliqueacute par le fait que les lutteurs leacutebou ou walo-walc qui

sont des pecirccheursadoptent cette garde tasseacutee du fait quils so~t tou-

jours pencheacutes en tirant le fil ou en poussant la plrogue On verra techrugravequeacutes dt cirr 2C ~lt 5Jllicitocirct

surLuumlut les membres supeacuterieurs

Le cayorien et le baol-baol par contre sont les plus grands cultivateurs

darachide chez eux les techniques de lutte sont plus varieacutees et la

garde est moins renfermeacutee Les lutteurs cayorien et baol-baol ont une

morphologie et une reacutepartition musculaire bien eacutequilibreacutee ils excellent

dans les techniques en deacutecalage les techniques de jambe et surtout les

techniques de riposte ougrave lon peut voir des prises de hancheacute tregraves amples

Dune maniegravere geacuteneacuterale on peut dire que le lutteur wolof est un fin

technicien qui sait surtout creacuteer les opportuniteacutes e~ avec sa rapiditeacute

utiliser la force de ladversaire pour le deacuteseacutequilibrer le noodju

le mbas le weacuteheacuteleacute et le rasu sont des techniques propres au lutteur

wolof

En deacutefense il utilise surtout des kl~klets ou gal-gal Notons que

le balancement des bras ou Lewato e$t tregraves marqueacute dans la lutte wolof

TABLEAU RECAPITULATIF DES COMPOSANTES TECHNIQUES

( 1 )

1 SOUS-GROUPES GARDES CONTROLES FORHES DE CORPS l

Walo-walo Basse de jambe Arracheacute l l10yenne de Ngimbe et i

Leacutebou Tasseacutee et saisies annexesj Deacutecalage 1 1 distante de bras de tecirct1

j de bras Deacutecalaeuro

~-----------------~-

- ~ ~- shy - ~ ~ bull L _ _ bull

Profil psyc~~iqUE du lutteu- et son comporterent dars l 2regravere

La preacuteparation mystique dans laregravene est plus marqueacutee chez les wolofs

que ChE~ les autres ethnies En effet on verra de grands champions

preliGrE plusiEurs heures pour Enduire leur corps de cll2badep ou ci

rmiddot- ~ a la proprieacuteteacute de proteacuteger li1egraveividu J

les mauvais sorts) Cest dailleurs un aspect dt la luttE qui iJcsc

des problegraveJles

Le lutteur wolof est tregraves superstitieux et la peacuteriode de preacuteparation

est capitale pour lui car elle permet non seulement de rendre

hommage aux ancecirctres mais aussi dintimider son adversaire Cest

geacuteneacuteralement un lutteur agressif combatif et teacutemeacuteraire Il se fait

souvent remarquer par son esprit dentreprise Mais cette fougue dans

le combat lamegravene parfois bien que ce soit regrettable agrave oublier les

usages et les normes Ce manque de maicirctrise de soi peut faire croire

que le lutteur wolof manque de fair-play ce qui nest pas toujours le

cas

~A~Ugrave~ t 4AA CbUrs k LA ucirctotve f~tPle Sesect prores mou W ~ lesquelles vont se couler les comporteme~ts individuels qui sont ainsi

monteacutes par et pour lautoriteacute sociale

Les faccedilons de boire de marcher ou de sasseoir se manifestent indivishy

duellement dans le corps de chaque personne ces habitus sont cependant

des montages sociaux lieacutes agrave des significationssymboliques variables

dailleurs selon la position sociale occupeacutee par chaque sujet Ces modes

dagir se rangent dans un systegraveme de montages symboliques et lindivishy

du les apprend de la socieacuteteacute dont il fait partie agrave la place quil occupe

Lhabitus est un montage social agrave la valeur symbolique deacutependant des pheacuteshy

nomegravenes deacuteducation et de prestige et lieacute agrave la position sociale du sujet

Cette penseacutee sonne de faccedilon eacutetonamment moderne

Pierre BOURDIEU qui dans une perspective a approfondi le contenue de la

notion en le reportant aux oppositions entre classes et fractions sociales

Il deacutefinit lhabitus comme un systegraveme de dispositions durables acquis au

cours dune histoire personnelle dans une milieu social donneacute systegraveme qui

engendre ensuite des pra~iques socialement deacutetermineacutees faccedilons de manger

de parler ou de marcher comportements de politesse contenu des preacutefeacuterencel

et des deacutegoOts bullbullbull lhabitus est le produit de conditions eacuteconomiques et

sociales Lauteur rattache directement la formation de lhabitus dun

individu agrave la trajectoire parcourue par celui-ci dans sa classe dapparteshy

nance il deacutefend lideacutee dun habitus de classe qui deacutefinit le sens confeacuteshy

reacute agrave la pratique sportive les profits qui en sont attendus

Ce dernier serait lui-m~me lieacute agrave un systegraveme de valeurs ou ETHOS de classe

prenant sens au sein doppositions distinctives entre classes sociales

De sorte lhabitus fonctionne comme un systegraveme dt- regravegles inteacuterioriseacutees

souvent informuleacutees permettant ou non agrave lagent de sadapter dembleacutee aux

multiples pratiques de la vie quotidienne et de la vie sportive il est agrave

lorigine des schegravemes de transcription qui favorisent les ajustements aux

situations corporelles nouvelles (1)

t ~

(1) P~IE11D dwi6Han ISpoy-l et sodeacutebi Approche Bocio-culturelle des pratiques P~tis Vigot 1981 page 81

33

331 Preacutesentation

Les Seacuteregravere auraient pour origine le Fouta Toro quils auraient quitteacute

vers le Xllegrave siegravecle pour fuir lislamisation de cette reacutegioD par lempire

dJ Xali (ils seraient donc apparEnt~s aux Peul et Toucouleur ) Ils

auraient trouveacute dans la rEacutegion du Sine les Sosseacute dorigine manding avec

lesquels ils salliegraverent

Au XVegrave siegravecle une autre immigrationSos~ conqueacuterante cette fois-ci

apporta son organisation eacutetatique Ils se divisegraverent en deux monarchies

deacutemocratiques lune seacutetablit au Sine et lautre au Saloum Les Sosseacute

conqueacuterants constituaient lautocratie appeleacutee Guelowar

La royauteacute seacuteregravere eacutetait laiumlque Les premiers souverains durent secouer

la tutelle des Toucouleur et progressivement arrivegraverent agrave unifier lethshy

nie des seacuteregravere etdea Sosseacute Les deux royauteacutes eacutetaient organiseacutees selon

acirces modegraveles tregraves deacutemocratiques Le souverain deacutependait dune assembleacutee

de ministres et de chefs locaux qui assuraient ladministration centrale

et reacutegionale())

Aujourdhui lethnie seacuteregravere repreacutesente 20 de la population seacuteneacutegalaise

Ils sont reacutepartis sur presque toute leacutetendue du territoire notamment

dans le Baol la reacutegion du Sine-Saloum et la reacutegion de Thiegraves

Signalons quil existe plusieurs sous-groupes dans lethnie ainsi on

trouvera

- dans la reacutegion de Thiegraves les Ndut les Safegravene et les None

- dans le Sine-Saloum les Sine-sine et les Saloum-salouIT

On trouvera vers foundioune et agrave Nioro du cocircteacute de la Gambie les

Niominka (pecirccheurs) Cest une portion tregraves mandinguiseacutee

( 1

Le rattache~2~t d~ to~s ccs sous-groupes pose problecircme ~25 0~ r0~V~

uc grande partie de traits COITul1uns dans leurs modes dE vie Ct pOUT phs

de faciliteacute nous allons essayer de faire une ~tude globale de la lutte

traditionnelle seacuterecircre Lactiviteacute socio-eacuteconomique qui est essentielleme~t

agro-pasorale caracteacuterisE leacutethnie seacuteregravere

332 Lecircducation les moeurs les croyances et pratiques sEr~rc

Chez les Seacuteregravere la vie humaine se deacuteroule selon les grandes eacutetapes

le baptecircme lenfance ladolescencemarqueacutee par la circoncision lsectge

adulte le mariage la vieillesse et la mort (funeacuterailles)

La vie de la communauteacute seacuteregravere reste une des plus originales sinon

celle qui de nos jours garde la presque totaliteacute des pratiques et

habitudes traditionnelles

Bien qu aujotltdhui con~r-tis aux religions chreacutetienne et musulmane les

Seacuteregravere conservent leurs croyances et pratiques animistes

Quelque soit leur degreacute dadheacutesion aux religions reacuteveacuteleacutees les Seacuteregravere

croient en un Dieu puissant et miseacutericordieux Rog Segravene et les hommes

Les ~angols sont repreacutesenteacutes mateacuteriellement dans tous les villages

seacuteregraveres par des arbres (baobab et tamariniers) des animaux (geacuteneacuteraleshy

ment serpent doreacute ou iguane) des ustensiles (pilon calebasse et mortier)

De nombreux teacutemoignages nous apprennent que certains totems (serpent

iguane) font leur apparicion agrave loccasion de certaines manifestations

rituelles comme les sacrifices ceacuteleacutebreacutes lors dun mariage de ceacutereacutemonies

mortuaires ou des circoncisions

Le Seacuteregravere comme il nous a eacuteteacute donneacute loccasion de le dire plus haut

preacutesente des speacutecificiteacutes authentiques aussi bien en tout ce qui touch~

son eacuteducation ses croyanCES et pratiques mystiques q~e ses activiteacute~

socio-ecirccc~omiquEs Apr~s a ~aissa~c~ le beurob~ ~~ pcs~ 5~~ lE S~ __

On lui mouille les l~vres avec un peu d~ lait de mil et apr~s U~ bain

purificateur on versera leau dans un trou cr~us~ derri~r~ la Camp~~

Pendant huit jours la megravere et lenfant sont cacheacutes dans la case car

selon les anciens ils sont tregraves vulneacuterables La case deacutens certains cas

est entoureacutee dun fil blanc et lon place sur le seuil des fais(cauy di

veacutegeacutetaux pour chasser les mauvais esprits (geacutenies malfaisants et illangeUY~

dacircmes) Au bout du huitiegraveme jour la megravere et lenfant peuvent sortir de

la case bull

bullbullbull Le matin du huitiegraveme jour la tante paternelle va chercher de leau

(plusieurs fois)t elle doit rester muette pendant ses alleacutees et venues

si elle parlait t lenfant pourrait ecirctre muet bullbullbull

La megravere et lenfant prennent un bain purificateur dans lequel sont

trempeacutees certaines plantes (ce sont des veacutegeacutetaux pr~tecteurs tels le

begravene le yag le ngud) On y lavera aussi le linge e1t les ustensiles utishyj

liseacutes pendant les huit jours qui viennet de seacutecoul~r On rase le crine

de lenfant Les cheveux sont donneacutes agrave la megravere qui ~s enterrera avec le

reste du cordon ombilical dans un endroit que11e esit seule agrave connattre

La megravere sassied sur une natte devant la maison Une femme igeacutee de la

famille prend le beacutebeacute dans ses bras et le preacutesente aux quatre coins de

lhorizon

La tante paternelle tient ensuite un van sur la tecircte de la megravere on y

verse le mil on y verse eacutegalement en abondance sur la megravere et sur

lenfant La tante oint ensuite le corps du beacutebeacute avec du lait e11e

touche en particulier le front t le nez la bouche la poitrine le dos

et les oreilles

Elle pose enfin un ~rain de sel dans la paume du beacutebeacute (le sel purifie

et deacutetruit les puissances mauvaises)

Apregraves un nouveau bain la megravere et lenfant revEcirctent des habits de fecircte

(est

lenfant Ce precircnore a toujours U~ SEns Il sy~bolise parfois C0 qUi

lOIl sounaitt agrave lEufant l)

La circoncision comme dans les autres ethnies est obligatoire Elle

permet au jeune adolescent dacceacuteder agrave la classe adulte Les jeunes

sont regroupes en classe dacircge dans le bois ougrave sc fait la r0tr~it0 des

circoncis et ceci pendant plusieurs mois

Le Selbeacute qui est geacuteneacuteralement un ancien craint de tous les eacutelegraveves

enseigne le respect de la hieacuterarchie la discreacutetion le goOt de linishy

tiative Les activiteacutes physiques et leacuteducation artistique ne sont pas

en reste la deacutecoration la sculpture la lutte et la danse A sa sortie

du bois linitieacute appartient deacutesormais agrave la classe des virils et des

sages du clan car on lui aura enseigneacute les vertus fondamentales que

sont la justice lhonneur lamour du prochain 1 amour du travail

lhonnecircteteacute et surtout le respect des coutumes ancestrales

Le rite du mariage esd aussi un fait tregraves important dans le monde 1

seacuteregravere mais par manq~e dinformation nous serons obligeacutes de nous en

tenir lagrave

333 Impact des ethos sur la lutte dans le monde seacuteregravere

Lorigine de la lutte seacuteregravere ne semble pas claire ma1S nous pouvons

dire quil existait deux formes de lutte comme chez les Wolofs une

lutte sans frappe et une lutte avec frappe Et cest cette derniegravere

qui peut-ecirctre nous ameacutenerait agrave croire que la lutte seacuteregravere aurait une

origine plus preacuteciseacutement guerriegravere

Aujourdhui la lutte est uniquement une activiteacute sportive agrave travers

laquelle le jeune seacuteregravere eacutevalue sa force son courage et SOn ingeacutenioshy

siteacute Cest une occasion de deacutefendre lhonneur de son village ou de

la corrnnunauteacute

La luttE ~5t avant tout u~e rnanifcs[dtic~ c~lturclie et surtout

fo lkhriqut-

Gracircce agrave elle on peut deacutesormais comprendre un certain nombre de chants

et de symboles A travers la lutte seacuteregravere on ccedilomprend les inter-relashy

tions entreacute la vie et le monde surntiturel

Sil devait y avoir la mort dun villageacuteois pendant la fecirctE au T qUE

de linterrompre on proceacutedait gracircce aux connaissances magico-religieuses

agrave la suspension de la mort jusquagrave une peacuteriode ougrave la population sera plus

disponible pour organiser des funeacuterailles sil y eacutetait preacutedit la possibishy

liteacute dune deacutefait du champion local au profit dun champion dun autre

village des recettes dordre maginque et religieux eacutetaient mises en prashy

tique afin que le champion du village ne soit jamais terrasseacute(J)

334 Le profil du lutteur seacuteregraver~

Le lutteur seacuteregravere est par essence un athlegravete impressionnant de par sa i

carrure et sa musculature saillante mais cest aussi une force tranquille

et calme quelque soit lenjeu du combagravet et particuliegraverement lhonneur

Cet aspect nous pousse agrave parler du NGiMBE cest-agrave-dire de la tenue du

lutteur qui va influencer sur sa faccedilon de lutter

La confection du Ngimbe revient agrave la communauteacute entiegravere Le Ngimbe a

une signification symbolique et le lutteur pour meacuteriter la confiance du

groupe se doit de tout faire pour ne pas toucher le sol Toute la commushy

nauteacute elle aussi sengage pour assurer la longeacuteviteacute et le succegraves du lutteur

dans laregravene par lorganisation droffrandes et de sacrifices en lhonneur

des Pangols bull

bull

Daucuns nheacutesitent pas agrave dire que lessentiel du mysticisme se fait agrave

la maison et non dans laregravene tout le reste nest quintimidation de

ladversaire

lsvcns

Tt- pi ~- t

t 1 ~ l _ ~ t

par rapport agrave lautre Cbci est trEgraves lieacute agrave lactiviteacute journaliegravere du

jeune seacuteregravere qui est un cultivateur donc toujours bien planteacute sur ses

jambes et qui continuellement manie lhiler

Le fait de couper le boi~ peut eacutegalement constituer un moyen de muscushy

lation non neacutegligeable pour le jeune lutteur

Un certain nombre de traits techniques speacutecifiques au lutteur seacuteregravere

semblent ressortir des diffeacuterentes interviews que nous aVOns fait subir

agrave certains lutteurs seacuteregraveres et agrave diffeacuterents techniciens

SOUS-GROUPES FORMES DU CORPS CONTROLES GARDES

SAFEN Moyenne en fente NONE Hancheacute Bras (distante) j

NDUTJ

f

SINE-SINE Deacutecalage Ngimbe

Moyenne

SALOUM-SALOUM Passage- Jambe (rapprocheacutee) 1

i

PETITE dessous Tecircte Basse et 1

COTE Moyenne (rapprocheacutee)

Notons que le Niominka ll commence agrave lutter agrave partir du sol pour avoir

assez deacutelan et sauter sur ladversaire afin davoir la prise du lion

(contr6le de la nuque et du bassin)

Co a -tem-nt ccedilt attitude du lutteur sEacuteregravere335 np -1t ~

Les croyances mystiques sont indissociables des activiteacutes quotidiennes

duseacuteregravere Ce qui explique le cocircteacute supersticieux du lutteur seacuteregravere En

~ffet certains lutteurs refusent de lutter avant certaines heures

Certains teacutemoignages nous apprennent quil nest pas donneacute agrave tout le

monde decirctre champion de lutte et que le lutteur doit avoir des dons

surnaturels pour ecirctre agrave mesure de livrer ses combats dans la nuit

et trouver seul un gris-gris speacutecial appeleacute Njatch

Le vrai champion de lutte chez les seacuteregraveres ne lutte pas seulement avec

~a force et sa technique mais surtout avec ses dons occultes

Chez les seacuteregraveres les morts sont toujours preacutesents et les ~pangols

Servent dintermeacutediaire entre les hommes et les morts Le pangol prend i

le nom dhumain dans certains villages (IIHeacuteJga NDONG Har Wag NGOUYE) i 1

De ce fait on verra le lutteur danser dufe maniegravere ou dune autre en

fonction du pangol de sa famille Ainsi nrus aurons le back (chant et

danse du lutteur) des DIOUF des FAYE etclbullbullbull

Dans laregravene le lutteur seacuteregravere a un comportement exemplaire aussi bien

agrave leacutegard de son adversaire direct quave~ le public en geacuteneacuteral Lexpli shy

cation semble tenir au fait que le lutteur seacuteregravere est avant tout selon

la tradition orale le repreacutesentant de toute la communauteacute seacuteregravere Par

conseacutequent il devra saffirmer non seulement en tant que lutteur dans

laregravene mais aussi en tant quentiteacute morale

336 La tenue du lutteur ou NGIMBE est confectionneacutee par le marabout de la

famille ou du clan Le Ngimbe est constitueacute de pagne en cCton tisseacute

Il doit ecirctre propre le lutteur qui le porte ne devra pas avoir de rapshy

port sexuel pendant toute la peacuteriode des cOTpeacutetitians car le Ngi~bE ne

doit pas ~tre souilleacute

Autrefois et mecircme aujourdthui dans certaines familles on devient

lutteur de pegravere en fils et dans ce cas le Ngimbe du pegravere est heacuteriteacute

par le fils Le fait de porter le Ngimbe de ses aieux peut susciter

chez le jeune lutteur une motivation et une volonteacute ineacutebranlable dtasshy

surer la supeacuterioriteacute d~s siens dans ltaregravene Il fera tout pour que le

Ngimbe de la ramille ne touche le sable

La tenue du lutteur a une signification et une importance sur le plan

mystique car selon les anciens le vra1 feacutetiche du lutteur celui qui

le proteacutegera et laidera agrave vaincre le nDjinne ou le tRapu de ladvershy

saire se trouve cacheacute dans ce Ngimbeu bull Celui qui confectionne donc le

Ngimbe U est doueacute de faculteacutes occultes

337 Larbitrase est assureacute par un sage du village qui geacuteneacuteralement fut

champion de lutte de son temps Dailleurs cet ancien nintervient que

si le terrassement est litigieux Hormis le public qui proclame la vicshy

toire ou le match nul le lutteur lui-mecircme est arbitre et il arrive

quil se deacuteclare vaincu

Nous avons pu cfter Meacutedoune KHOULE un desplus grands lutteurs seacuteneacutegashy

lais qui a donn~ une victoire agrave Djeacuteri SADIO son adversaire qui a reacuteussi

agrave lui faire touegraveher le sol de la main

IlL

34 1 Preacutesentation

Lethnie toucouleur vit En grandt partit ciE~~ la vallfc du S~~~gal

pt reprecircsente i peu pr~s 8 de la population totale secircn~galaise

o Histoire

Il semblerait que dans lancien royaume du Tekrour (IX~ siegravecle) des

eacuteleacutements neacutegroiumldes Sarakoleacute et des Peul aient formEacute par meacutetissage le

peuple Toucouleur (Toucouleur serait dailleurs une deacuteformation du

mot portugais Tacouror)

Ce empire a domineacute aussi bien les wolofs de lOuest que les Peul

nomades du Fouta Toro Cette reacutegion fut le premier pays islamiseacute par

les Almoravides ce qui peut expliquer le proseacutelytisme toucouleur

Ce sont les guerriers toucouleur islamiseacutes qui attaqu~rent avec les

Almoravides la capitale du Ghana Koumbi en 1067 On convertit par

la force les animistes Cest sans doute agrave cette eacutepoque que de nombreuses

ethnies reacutefractaires agrave lIslam ont dO accentuer leur migration vers

le sud (Seacuteregravere wolof Sarakoleacute Bambara Songhaiuml Akan et Peul se reacuteshy

fugiaient vers les hauteurs du Fouta Djalon)

Au XIXegrave siegravecle les Toucouleur allaient trouver en El Hadj Omar Tall

un grand conqueacuterent qui sous le preacutetexte religieux de la gJerre sainte

contre les tribus animistes (entre autres Bambara) eacutetendit lempire

toucouleur sur presque tout lensemble du gali et la partie de la Guineacutee

proche du l1ali

Lempire toucouleur composeacute de Sarakoleacute de Bambar~ de ~alinkeacute de

Xassonkeacute dE Peul et de Dogon eut le meurorit~ dunir CES diif~rentes ~ ~ - - - - - et~ics ~t dE CD~stituer l~Sl la b2S~ ~r 1

_ ~ ~ ~_ L ~

~ ~- ~- - - ---- _ 1 v _ t 1 ~-_ --

marabout tOL~culcuuml~ ~ middotlrrany a l ick SI venu des E1i rClS dE Pocior~ (

~ Vi~ euroconomicue et sociale -----------~-------------

Les Toucouleur sont des cultivateurs mais bien quils n~ soie~t pa~

pasteurs comrre les Peul leacutelevage a une place inportarteacute decirc1S ltur

eacutecono~ie Pour faciliter leur conquecircte guerriegraverE ils c~t Eucirc une preacuteshy

dilection pour leacutelevage des chevaux On y trouve aussi des pecirccheurs

appeleacutes Tchioubalo La socieacuteteacute toucouleur aurait une stratification

sociale tregraves rigide Les groupes ethniques et les castes eacutetaient

diffeacuterencieacutes et strictement exogamiques les Rimbe classe des nobles

comprenant la famille reacutegnante et les guerriers libres la classe des

Nieacutenieacutebegens de castes artisanales i les Rimaibeacute anciens esclaves

devenus serviteurs qui portent les noms de famille de leur maicirctres A

la base de lorganisation de la collectiviteacute toucouleur se situe le

village (Wouro)

Toutes ces castes sont cloisonneacutees entre elle~ Ainsi il nest pas

permis agrave un Torodo (noble) de se marier avec un Tchioubalo Ces

consideacuterations sont importantes dans le domaine de la lutte ougrave nous

apercevrons que les nobles ne sont pas faits pour lutter Le noble

preacutesidera les seacuteances de lutte et on luttera pour lui Ces condeacute rat ions

de noblesse et de rang social sont extrecircmement importantes dans le

monde toucouleur

Le noble ne doit pas se salir on lutte pour lui il ne vit la lutte

quen tant que spectateur

342 Education moeurs croyances et eratiques religieuses

Deux formes d~ducation sont agrave consideacuterer leacutedJcatio~ dES enfarts Et

celle des adultes

oG lenfant sait m2n~~r et apprfcier le goOt d~5 ~iifeurorents r~pas lt

le moment ougrave il CO~~e~CE agrave marcher

tivirt n~sormais le petit toucou]eur est eacuteduquf par toutmiddot 12 f2~i)]E

dabord puis par toutes lespersc~nes du village ou du C13~

Lenfant peut ~tre corrigeacute par tout adulte appartenant au groupe social

Son eacuteducation est deacutesormais laffaire de toute la communauteacute et non

exclusivement celle ces parents On linitie ainsi au travail quotidien

qui se fait dans la bergel~ e les champs et les bords du fleuve Au sein

du village il pourra apprendre agrave filer la laine et agrave tisser des pagnes

dans les champs il apprend agrave manier la houe et lhiler pour la culture

du riz et du mil Mais signalons que lactiviteacute essentielle du toucouleur

est leacutelevage des boeufs des moutons et des chegravevres Chez les Ichioushy

balos (p~cheurs ) lenfant sera initieacute tregraves tat au maniement des pagaies

agrave la p~che propremccedilnt dite et agrave la nage

Vers cinq-six ans lenfant est confieacute au maicirctre coranique le Ihierno

et ce dernier dispose exclusivement de toute sa vie Lavenir du jeune

enfant lui appartient

Comme dans les autres groupes ethniques les enfants sont regroupeacutes en

classe dacircge et cest dans cette structure que lenfant subit les rite

de passe et plus particuliegraverement celui de la circoncision

La circoncision est non seulement unE opeacuteration chirurgicale malS surshy

tout une peacuteriode au cours de laquelle le jeune garccedilon passe de leacutetat

dadolescent agrave leacutetat dadulte Les circoncis sont reacuteunis en classe

dacircge dans un endroit situeacute hors duvillage geacuteneacuteralement choisi par les

vieux Cet endroit n~st accessible que par des individus de SExe ffi8SCUshy

li~ ~ta~t au preacutealabl circoncis

- - - -

quable et complet sur le plan phy~ique et ~oral Ai~si liniti~

acquiert les qualitecircs indispensables que sont le courag~ la modest

lesprit de sacrifice lendurance

Le toucoule~r est un pleux musulma~ Cela sexp1

SOil le premier agrave tre en contact avec la religion musulmane de par sa

position frontaliegravere Lethnie toucouleur de par son histoire a preacutesenteacute

les plus grands chefs militaires et religieux musulmans seacuteneacutegalais Et

pour illustrer cela on peut citer en exemple la grande famille musulmane

des SY agrave TIVAOUANE repreacutesentant la confreacuterie des TIDJANES

Bien que lon note une majoriteacute musulmane on peut dire que certaines

croyances et pratiques mystiques et animistes persistent encore surtout

dans la reacutegion du fleuve

Une pratique courante se fait elle sappelle le Djatt Elle consiste

agrave faire sortir le caiman du fleuve agrave limmobiliser et agrave lattacher

sans quil ne reacuteagisse et tout ceci agrave laide de versets et dincantashy

tions magiques Dapregraves les teacutemoignages ces pratiques sont plutocirct

freacutequentes chez les Tchioubalos (pecirccheurs) Il arrive aussi que cershy

tains chasseurs ayant des dons se livrent agrave certaines pratiques an1shy

mis tes qui consistent agrave invoquer certaines puissances et agrave moduler sous

forme de chant des versets occultes pour se proteacuteger des mauvais esprits

et pour eacuteloigner les fauves Ce chant est geacuteneacuteralement incompreacutehensible

et deacutenueacute de sens pour le profane

343 Activiteacutes ludiques et pratiques sportives en milieu toucouleur

Durant toute son histoire lethnie ~oucouleur a toujours EacutetEacute Frese~teacute~

comme celle qui avait ue activit essentiellement guerr e e~ particushy

liegraverement farouche Trois eacuteleacutements ret r t l ecirc t te nt i c- euro so~t

le manie~~nt du ~acircton 12 luttE Et 1eacute danSE

l

Lecircducation ph~sique et artistique Dcc~pe un place precircpondecircra~rp

dans la fDrmat~on du jEune toucouleur A loccasion agraveeacutevegravenemen~ imporshy

tants reacutecoltJs mariages baptecircme nous assistons agrave des manifestashy

tions folkloriques de grande envergure le Wango oucirc dailse toucouleur

tregraves gymnique iles chants et surtout les sEacuteances de lutte

La lutte toucouleur est la forme de lutte la plus spectaclaire dans

tout le territoire seacuteneacutegalais Elle est essentiellement baseacutee sur des

techniques en hancheacute et surtout en souplesse Ceci sexplique par le

fait q~e le jeune toucouleur est tregraves tocirct initieacute agrave la gymnastique (saut 1

per saut de main salto arriegravere saut de tecircte couronneacute etc bullbullbull ) pour

la dans~ du wa~go En dansant le wango qui est une danse rythmeacutee et

gymnique le Jeune toucou1eur est capable de prouesses extraordinaires

1

En lutte lattaquant se deacuteplace tregraves peu pour avoir une bonne saisie

(geacuteneacutera~ement controcircle du Ngimben ) et enchaine brusqueme~t avec une

attaque surpris~ Cependant les ripostes sont souvent surprenantes et

spectaculaires (baseacutees sur la souplesse et la rapiditeacute) ontrairement

aux autr~s form~s de luttes ougrave lon voyait tous les jeune adheacuterer la

lutte to~cou1eur Verra un groupe de speacutecialistes sadonne agrave la lutte 1

(la lutte est lieacutee agrave la position sociale de lindividu problegraveme de

caste)

Q La morphologie du lutteur toucou1eur 1

1 1

Ce dernier nest pas aussi large et aussi fort que les lutteurs diola

et seacuteregravere Cependant il est tregraves reacutesistant La musculatJre est saillante 1

et tregraves souple lindividu est longiligne mais tregraves athleacutetique

Les mouvements de lutteurs sont semblables agrave ceux dun grand fe1in Cette 1

morphologie semble ecirctre lieacutee agrave la position geacuteographique de lethnie

(reacutegion du fleuve) et agrave lacitiviteacute socio-eacuteconomique du toucouleur qui

est agrave la fois cultivateur (activiteacute lieacutee agrave la crue et deacutecrUE du fleuve)

pecirccheuro~T CIcr~icubaon) et sttout jEumlrgcr qui est U~ rc~2eumlr

shy

Deux formes egrave~ corps sembl~nt ecirctre preacutefeacutereacutees du lutteur toucouleur

le hancheacute et la souplesse Les hancheacutes sont faits agrave partir de plusieurs

positions de doset se terminent geacuteneacuteralement par des techniques de

tregraves grande amplitude

TABLEAU RECAPITULATIF DES TECHNIQUES ET FORMES DE CORPS SPECIFIQUES

i

L441 r

GARDE FORMES DU CORPS CONTROLES --shy - -

Moyenne Souplesse Ngimbe

Hancheacute bras

Demi-souplesse

1

Profil psycholosigue 1

TECHNIQUES

ContrOle du bassin et 12 souplesse

arriegravere

Klicket et allegravegement de la hanche

Le lutteur toucouleur est celui lUi se livre le moins aux preacuteparaqons

maraboutiques Cela est dO au f~t que le toucouleur est un grand ~USUlshyman et que les pratiques animisges ont presque disparu dans ce mil~eu

Dans la pratique le lutteur esJ combaif mais il est calme et tr~s reacutefleacutechi quant agrave la deacutecision agrave prendre en plein corps agrave corps ct~st un des seuls techniciens qui reJte tregraves lucide au cours de ses comb~ts

l Dans toutes les circonstances e lutteur toucouleur est tenu de re~pecshyter son adversaire et ceux de s4n eacutequipemecircme sil est vaincu

Comme nous avons dO nous en rendre compte la rigueur des principes

eacuteducationnels a une influence tregraves sensible sur l~ comportement du

toucouleur

i

III S COCL ~s 1DO

Dans cette partie nous avons essay~ de montrer lftroite re1atic~

Entre les diverses activiteacutes socio-eacuteconomiques dans les ethnies et

lES diffEacuterentes faccedilons de lutter

Daucuns seraient tent~s de conclure trop rapidement et cest p0~r

cette raison que nOUS avons penseacute preacuteciser que le pheacutenotype nest

pas geacuteneacuterateur du geacutenotype Et nous sommes convaincus que la morphoshy

logie et les techniques des lutteurs relegravevent de leurs modes de vie

et de leurs croyances agrave une eacutepoque et danE un contexte bien deacutetermishy

neacutes

Est-ce que les lutteurs dio1a ou seacuteregravere travaillant avec leurs bras

dans les champs auraient les mecircmes pr 0 fil s physiques que les lutteurs

utilisant des machines pour lagriculture

- 69 shy

I UJOURDH~1 E-S ut O[l LES FORfilS Ut LU11t~

~otons que notre enqu~te a ecirctE essentiellement faiteen milieu urbain

Les seacuteances de lutte ont tendance agrave perdre leur particulariteacute de r~shy

jouissance pour devenir des pheacutenomegravenes de sportisatio Deux fores

de luttes so~t principale~cnt prat s dans les aregrave~es du 5 al

la lutte traditiunnelle simple et la lutte traditionnelle avec frappe

De nos jours la lutte traditionnelle tend vers une reacuteglementation

et une institutionalisation

Le reacutesultat de nos investigations nous donne le tableau ci-dessous

REPARTITION ETHNIQUE SUR 100 PRATIQUANTS

LUTTE LUTTE RAPPORTETHNIES SANS FRAPPE AVEC FRAPPE J2

Diola 40 16 71 j

Seacuteregravere 26 21 57

Toucouleur 23 10 69

Wolof 1 1 53 17

La demande sociale par ordre deacutecroissant pour la lutte sans frappe

se preacutesente comrre suit

]0_ Ethnie diola avec pregraves de 3 lutteur~ sur 4

2deg_ Ethnie toucouleur

Ethri dun

~ 1 LA LUTTE TR])IIIO~~ELLE AVEC H-PPE

Cette forme deacute lutte a une histoire qui date de lantiquiteacute elle

sa~pelait le Pugilat Au Seacuteneacutegal elle a vu le jour dans le Cayor

bien avant la colonisation Le coup dE pied l~Lrdn~lement la morshy

sure la frappe et le doigtf eacutetaient permis dans le cc=bat ~ ~middot~p0~~e

Dans certains cas la giffle eacutetait beaucoup plus dangereuse que le

poing quand elle eacutetait donneacutee par un speacutecialiste Cette giffle pouvait

agrave elle seule deacutechirer et mecircme parfois amputer la joue de ladverser

Selon les informations la lutte avec frappede nos jours serait une

forme de lutte tregraves eupheacutemiseacutee de celle dantan ougrave une blessure

pouvait souvent ecirctre mortelle

Aujourdhui au niveau du folklore la lutte na plus la mecircme

le spectaculaire a remplaceacute le significatif iLa lutte avec frappe se 1

pratique surtout dans les centres urbains C~aque fois quun grand combat 1

est progra~eacute par le Comiteacute National Proviso~re (CNP) des centaines damashy

teurs sont mobiliseacutes vers le stade lba Mar D~OP qui est aujourdhui le i

lieu approprieacute ougrave se deacuteroulent les grands conkbats de lutte Cest la formE

de lutte qui semble drainer une foule de personnes beaucoup plus importante

que celle de la lutte simple

La lutte avec frappe deacuteriverait dune forme de lutte traditionnelle

pratiqueacutee jadis dans le Cayor au temps des Damels et la frappe serait

le substitut dun certain nombre de pratiques doigteacute jet de produits

etc bullbullbull dont le but eacutetait laveuglement de ladversaire La lutte avec

frappe serait une continuation logique dune carriegravere sportive de la

lutte traditionnelle qui sen sert comme moyen socio-eacuteconomique En

effet la majoriteacute des lutteurs avec frappe ont dabord eacuteteacute initieacutes agrave la

lutte simple Cependant il faut signaler que de nOS jours il arrive

que le jeune lutteur avec frappE- soit directenent formEacute conne speacutecialistE

agrave la frappe sa~s pour autant faire son chemin dabcrd egravea~s la lutte

- ~ shy

Le recircsultat dE ~os interviews ncus rec~trE qGune pcpulatiD~ divcrsishy

fiampe sint~resse agrave ce sport et qUE les intecircr~[s des uns et d~SlautrE~

semble~t divergents naucuns affirment que la lutte traditionnelle

avec frappe serait monteacutee par des personnes dont la vocation est dexshy

ploiter ce pheacuteLomegravene agrave des fins commerciales Dautres disent gJellegrave

jouit de mcyens irport~nts t[l[~isio

tation etc bullbullbull ) pour toucher toutes les couches sociales CEpe~~a~t

nous remarquons que mecircme si certaines personnes reprochent agrave cette

forme de lutte decirctre brutale ces mecircmes personnes nheacutesitent pas agrave

se rendre le dimanche agrave laregravene Bien que critiqueacutee elle semble ecirctre

adopteacutee par une tregraves grande partie de la population seacuteneacutegalaise Cepenshy

dant en tant que techniciens il nous est permis de faire une remarque

Il sagit de

- Limpression nette decirctre devant des professionnels de la frappe

qui sont ~ntratneacutes pour cela Dailleurs les propos que nous avons

recueilli~ nous prouvent que la plupart des champions de lutte avec 1

frappe s~ntratnent dans certains sports de combat tels ~ue la boxe i 1

le karateacute le judo Dans cette nouvelle forme de pratique de la lutte

contrairefuent agrave la lutte traditionnelle le technicien e~t souvent

perdant face au puncheur Ce dernier adopte une lutte agrave distance qui

lui permet de placer agrave bon escient ses coups animeacute du deacutesir de vaincre

Le technicien lui se voit contreacute dans toutes ses entreprises par

un uppercut ou un crochet

On peut dire cependant que nul sport au Seacuteneacutegal que la lutte tradishy

tionnelle avec frappe ne deacutechaicircne autant de passions et autant de

pheacutenomegravenes poussant agrave lexcegraves et deacutereacuteglements quon ne peut que deacuteplorer

Mais comment deacutecrier un spectacle de lutte qui bien quayant perdu la

presque totaliteacute des valeurs traditionnelles veacutehiculeacutees autrefois par

elle sait susciter une participation effective de tous ceux qui sont

preacutesents

CONCLUSION

Dans ce meacutemoire nous sommes efforceacutes ~e faire ressort ir limportance des

ethos et des habitus et leurs effets sur la pratique de la lutte tradishy

tionnelle au Seacuteneacutegal

L~b egravethos repr~sentent dune maniegravere g~neurorale tous les eacuteleacutements speacutec

fiques sux Seacuteneacutegalais par conampeacuteguent un systegraveme de valeurs traditionnellEs

Mais m~me si ces valeurs rev~tent une signification universelle (honneur

digniteacute courage etc bullbullbull ) il nen demeure pas moins que ce nest pas leur

nature qui fait leur speacutecificiteacute mais la hieacuterarchisation et limportance i

quon accorde agrave toutes ces valeurs de ~ar leacuteducation ou la culture

i 1

Aussi les valeurs traditionnelles puient leur speacutecificiteacute dans les

caracteacuteristiques propres aux eacuteleacutements ~e la socio-cu1ture (la technologie

et leacuteconomie la politique et la pareteacute la psychologie et lideacuteologie)

dans la socieacuteteacute seacuteneacutegalaise agrave n momen donneacute de son eacutevolution Cest i

dire la neacuteceesiteacute de ne point faire della valeur une reacutealiteacute statique

Cest dite aussi quagrave tout mome~t le ~eacuteneacutegalais peut eacutevoluer et creacuteer

ou vivre par conseacutequent de nouv~lles fprmes de valeur qui lui sont 1

propres ft (J)

La lutte traditionnelle veacutehiculant deS valeurs socio-cu1ture1les speacutecishy

fiquement seacuteneacutegalaises (croyances valeurs morales norme de comportement

opinion attitude bullbullbull ) devient un eacuteleacutement important qui tregraves certaiaement

nous aidera dans notre effort de valoriser et de peacuterenniser notre patri shy

moine culturel par le biais dactiviteacutes physiques et sportives

Leacutetude des habitus nous permet de prouver quil y a plusieurs faccedilons

de se mouvoir comme danser lutter bullbullbull qui varient avec les diffeacuterentes

ethnies (wolof toucouleur seacuteregravere diolagt leurs convenances et leurs

eacuteducations

(1) Revue Ethiopiques 31 Les valeurs traditionnelles et le problegraveme de leur inteacutegration dans les systegravemes modernes jtducatio-1 2 6r--70

nautre part cette eacutetude permet aussi de nous rendrE compte de la

correacutelatipn eacutetroite existant entre la pratique de la lutte traditionnelle

et le sta~ut socio-eacuteconomique du pratiquant

Nos inves~igations nous indiquent que la lutte recrute essentiellement

au niveau des classes socio-eacuteconomiques situeacutees en bas de leacutechelle

donc posseacutedant le statut social le moins favoriseacute La lutte avec frappe

-et un certain secteur commercialiseacute de la lutte simple- y trouve sa

leacutegitimiteacute Comme le dit BOURDIEU nA habitus diffeacuterents styles de Vle

divergents et il oppse les pratiques aristocpatiques correspondants agrave

des activiteacutes qui favorisent les situations eupheacutemiseacutees ougrave la stylisashy

tion est importante aux pratiques populaires qui font appel agrave des

qualiteacutes qpposeacutees bllutes rugueuses Certaines interviews nous

montrent que plus lindividu occupe une place eacuteleveacutee dans leacutechelle

sQciale e~ 1

moin$ il sinteacuteresse agrave la lutte

Les reacutesultats recueillis dans nos diverses investig~tions confirment 1 1

1er propos qui disent que nous assistons aujourdhu~ agrave une involution

de la lutte traditionnelle parce que perdant toutes ses speacutecificiteacutes au 1

pryfit d~ne autre forme de lutte que lon continue agrave appeler nostalshy

giqlementIIlutte traditionnelle

Ceci pourrait peut-~tre trouver une explication dan la citation suivante

La liberteacute de creacuteer dinnover de vivre Pleineinenf decirctre soi et de

preacuteserver son authenticiteacute la digniteacute et lhonneu1demeurent des illushy

sions dans la misegravere eacuteconomique~ Nos ancecirctres creacuteai~nt des valeurs de cishyl

vilisation parce quils eacutetaient libres parce qu1i~s ignoraient toute

deacutependance eacuteconomique ils cultivaient en eux et cbez leurs enfants le 1

Jorn et la Kersa et preacutefeacuteraient la mort agrave la hoJte lI (1)

Or le Seacuteneacutegal comme la plupart des pays africainsi est un pays sousshy

deacuteveloppeacute t cependant face agrave cette volonteacute du gou~ernement seacuteneacutegalais

de faire inteacutegrer dans leacuteducation des valeurs traditionnelles nous

pouvons espeacuterer utiliser comme moyen deacuteducation la lutteacute traditionnelle

qui reste quand mecircme vecteur jethos et dhabit~s

- 54 shy

Mecircme si lon a noteacute un appauvrissement notoire sur les plans socioshy

culturel et moral la lutte traditionnelle recegravele une gamme importante

et varieacutee de techniques permettant incontestablement une ouverture vers

les luttes olympiques libre et g~eacuteco-romaine

La lecture de ce meacutemoire permettra agrave lentratneur et au professeur de

lutte en fonction du lieu ougrave ils seront affecteacutes dans le territoire

seacuteneacutegalaisdavoir une information sur les techniques contrOles et

formes de corps propres agrave chaque groupe ethnique et de les mettre en

relation avec leurs croyances et leurs mentaliteacutes

Nous avons essayeacute de montrer que la pratique de la lutte traditionnelle

doit tre axeacutee sur une ethnomotriciteacute au Seacuteneacutegal qui permette une inishy

tiation facile Cette pratique de la lutte traditionnelle seacuteneacutegalaise

devra dailleurs essayer de ~eacutepondre aux aspirations du Seacuteneacutegalaisl

moderne en souvrant aux ap~orts positifs des autres civilisations

ex~eacuterieures nous voulons Jvidemment parler du judo et des luttes oiymshyJ

piques 1

1 j Nous navons pas la preacutetentfon dans le cadre de ce meacutemoire demattrise

de reacutepondre agrave toutes les qutstions se rattachant agrave leacutetude de ~a lutte

traditionnelle souslangle~socio-culturel car non seulement il nous

manque lexpeacuterience et la c peacutetence en la mati~re mais aussil l le temps

et les moyens dont nous dis osions ne nous permettaient pas d~puiser le 1sujet i

1 1 1 t 1

l

- )5 shy

BIBLIOGRAPHIE

BIBLIOGRAPHIE

1- CLAPAREDE Psychologie de leacuteducation et peacutedagogie expeacuterimentale

Edition Delachaux et Niestleacute 244 pages

2- POCIELLC Christian Sport et Socieacuteteacute approche socio-culturelle

des pratiques Paris Vigot 1981 377 pages

3- PIERON Henri Vocabulaire de la psychologie

PUF Deuxiegraveme eacutedition 1957 469 pages

4- Revue socialiste de culture neacutegro-africaine ETHIOPIQUES

Les valeurs traditionnelles et le problegraveme de leur inteacutegration

dans les systegravemes modernes deacuteducation

GIA 21 Juillet 1982 213 pages

5- N2 Revue du Centre dEtudedes Civilisations DEM ak TEY

NIS IVegrave Trimestre 1982 96 pages

6- Document lNSEP Colloque sur la lutte aeacuteregravere

DAKAR MAI-JUIN 1980

t 1

~- Travaux du IVegrave Congregraves National ~es Sports agrave DAKAR les 2223041981

Bulletin n2 91 du CIO du 15 Aont 1965

l____________________________

8- Meacutemoire de Mattrise BADJI Abdou La lutte traditionnelle Joola

Etude et perspective

9- Meacutemoire Inspectorat JS DJITTE Mandy Les pratiques corporelles

traditionnelles au Seacuteneacutegal pour leur exploitation et leur

utilisation en peacutedagogie Marly le Roi 1980

REPUBLIQUE DU SENEGAL

--------------- INSTITUT NATIONAL SUPERIEUR

MINISTERE DE LA JEUNESSE DE LrsquoEDUCATION POPULAIRE

ET DES SPORTS ET DU SPORT

-------------

(INSEPS)

MEMOIRE DE MAIcircTRISE

Es-SCIENCES ET TECHNIQUES

DE LrsquoACTIVITE PHYSIQUE ET DU SPORT

LA LUTTE TRADITIONNELLE

son importance sa signification en fonction des ethos et des habitus ethniques au Seacuteneacutegal

Preacutesenteacute par

Monsieur Joseph Victor FAYE

Sous la direction de

M Jean Marc ROCHEZ

Professeur agrave lrsquoINSEPS

Anneacutee de soutenance 1984

tiques physiques du lutr~uT wolof -------shy 31

33 LA CO~GAUTE SERERE ---------------------------shy

331 Preacutesentation ----------------------------shy332 Leacuteducation les moeurs lES crOyanCES

et les pratiqUES seacuteregraverc -----------------shy

333 impact des ethos sur la lutte

dans le monde seacuteregravere --------------------shy

334 Le profil du lutteur seacuteregravere -------------shy

335 Comportement et attitude du lutteur seacuteregravere

336 La tenue du lutteur ou Ngimbe ---------shy

337 Larbitrage -----------------------------shy

3~

37

38

40

40

41

34 LA COMMUNAUTE TOUCOULEUR -----------------------shy

341 Preacutesentation ----------------------------shy342 Education moeurs croyances

et pratiques religieuses ----------------shy343 Activiteacutes ludiques et pratiques

sportives en milieu toucouleur ----------shy

344 Profil psychologique --------------------shy

42

43

~S

47

35 CONCLUSION -------------------------------------shy 48

IV AUJOURDHUI VERS DE NOUVELLES FORMES DE LUTTES ------shy

41 LA LUTTE TRADITIONNELLE AVEC FRAPPE ------------shy 50

V CONCLUSION ------------------------------------------shy

ln LI) 1 5 L bull 0 G R A PHI E -------------------------shy

52

Ce ~eacutemoire est une riflexion 3ur la lutte car ~lie apparatt sur le

continent africai~comme un phinomegravene social important Elle le doit

sans doute au fait que depuis le fond des temps elle est itroitement

associeacutee agrave la vie de lhomme Or en deacutecouvrant ses vestiges du passeacute

lAfrique confirme lhypothegravese d~tre le berceau de lhumaniteacute Il en

reacutesulte que sur ce continent la lutte y possegravede une longue tradition

et serait-il paradoxal de preacutetendre que lAfrique a acquis le besoin

de lutter qui cherche agrave se satisfaire selon des moyens congeacutenitaux

cest dans cette perspectiveque nOus approcherons la LUTTE SENEGALAISE

car il est admis que la preacutesence de lHomo-Sapiens en Afriquecircde lOues

remonte agrave plus de 10000 ans Autrement dit nos anc~tres ont reccedilu

lhistoire de la lutte et sa longue eacutevolution lieacutee agrave celle de la civili

sat ion

Nos premiers anctres pratiquegraverent la lutte utilitaire celle dont la

possession eacutetait neacutecessaire pour survivre dans un milieu hostile et

inquieacutetant agrave la fois pour se nourrir et pour se deacutefendre

En se regroupant en clans et tribus nos anc~tres modifiaient radicaleshy

ment leurs conditions dexistence certes ils eacutetaient mieux agrave

mme dassurer leurs besoins vitaux mais ils devaient faire face aux

rivaliteacutes qui ne manquegraverent pas de surgir entre les diffeacuterents groupes

Cette installation dun eacutetat endeacutemique de guerres ougrave le but eacutetait de

soumettre et de ravir ou de se libeacuterer et de reacutecupeacuterer transforma la

lutte en activiteacute martiale Ainsi se deacuteveloppa la science du combat agrave

mains nues celle qui permet de deviner lautre et de le surprendre en

deacutecidant et agissant plus rapidement que lui Mais il ny a pas si long

temps le corps agrave corps eacutetait leacutepisode deacutecisif de toute bataille

Gagnant en sagesse et en technique nos anc~tres saperccedilurent quil

existait dautres modes de vie que celle de vivre aux deacutepens de ses

semblables et progressivementiles temps de paix prirent le pas sur les

temps de guerre La lutte en perdant son utiliteacute ~ais non sa fonction

devint lobjet dlun rite initiatique Il eacutetait du devoir des anciens de

- ~

d~tre en mesure dassurer acirc 1 ur tour Id protection du ~roupe En

deve~ant contenu denseignement la lutte ecircvoluait acirc nouveau Elle

perdit son caract~re preacutepa=atoi=e et devenait ~ctivit~ d~ c0~pensa-

tion (1) Au-delagrave des techniques de mise hors combat qui devaient se

deacutepouiller de leur violence et des risques de dommages corporels on

visait une action formatrice sous un triple aspect physique caracshy

teacuteriel et moral

Puis survint le temps de paix durable celui ougrave leacutenergie eacutetait

essentiellement consacreacutee agrave produire des biens pour sa collectiviteacute

dappartenance Deacutesormais lhomme eacutequilibrait sa vie entre le travail

le repos et le divertissement Cest ainsi que la lutte se retrouva au

coeur des reacutejouissances populaires En se faisant ludique celle ougrave

lon joue agrave mesurer sa force sa ruse son agiliteacute sa bravoure bullbullbull La

lutte se speacutecifiait agrave nouveau en simbriquant aux moeurs aux coutumes

et aux croyances

Cette longue histoire commune du neacutegro africain et de la lutte expliqUE

qUegravecette derniegravere fait partie des traditions auxquelles il est le plu

attacheacute et ort heacutesite pas agrave parler de sport national mecircme quand elle

doit ceacuteder en populariteacute devant le foot-baIl

En Afrique toute activiteacute physique veacutehicule un message et la lutte

traditionnelle elle aussi se trouve impreacutegneacutee de valeurs socio-cultushy

relIes et il arrive quon lui assigne de les veacutehiculer et de les trans~

mettre Parler de lutte en Afrique deacutecouvrir sa signification et comshy

prendre son histoire consiste agrave montrer quelle participe aux eacutethos et

habitus de groupe comme nous proposons de le faire

(1) - CARR The survival values of play citeacute par CIAPAREDE dans Psychologie de lEducation et Peacutedagogie Expeacuterimentale Edition Delachaux et Niestle (244 pages)

iotre reacuteflexion se ci-conscrird au S-~sJl -t mecircle si le peuple

seacuteneacutegalais est o-igilaire de la volonteacute cocnmune due dizaine deacutethries

de vivre ensemble ~ous nous limitert~s 1 analyser les rapports quentr

tiennent les quatre grands groupes diola seacuteregravere toucouleur et wolo

et les styles de lutte correspondant

Nous entendons veacuterifier lhypothegravese quaux particulariteacutes ethniques

(mode de vie coutumes rites et croyances) correspondent des particushy

lariteacutes de lutte (signification valeacuteurs veacutehiculeacutees mode de pratique

regravegles dorganisation bullbullbull )

Ce meacutemoire consiste agrave reacutealiser une approche socio-culturelle du pheacutenomegravel

lutte en Afrique avec le secret espoir quil puisse servir de preacuteface

agrave lhistoire des diffeacuterents styles reacutegionaux que dautres ont commenceacute

agrave eacutecrire

gt Si nous devions justifier le choix dun tel sujet t tous les arguments

se regrouperaient autour dune meurome motivation recouvrir notre authenmiddot

ticiteacute

En premier lieu parce que nous adheacuterons totalement agrave ce souhait des

Pouvoirs Publics de mettre laccent sur une eacuteducation physique et spormiddot

tive qui tout en souvrant aux appels feacutecondants de la techniques

fondera son action dans les valeurs traditionnelles du pays La lutte el

tant que pratique eacuteducative et manifestation dessence collective est

bien placeacutee pour justifier cette tendance

Elle reacutepond aux aspirations dune eacuteducation physique et sportive qui

veut creacuteer les conditions de son deacuteveloppement et de qUumlI i~ertion dans

les habitudes sociales des populationsff(l)

(1) Travaux du IV~ C~n-r~s Sports de 2223 Avril 1981

WotrQ CCYVcftOl de llnteacute~t JiU W sectU~ e6t ~~pu_~ deacuteclarations de 2rsonnaliceacutes du monde sportif lLrlsi ce Ii1essage agrave lir shy

tention des dirig~ants africains

-ous ~ T beaucoup agrave apprendre de eus ous qui sans

cesse davantage oublions que leacutequilibre de lhomme veuc

quiL sinscrive harmonieusement t aussi bien dans la nature

que dans la civilisation deacutecouvrons que les Atricains nont

pas eacuteteacute initieacutes aux principes du sport et ses vertus au

contraire de maints pays europeacuteens par exemple aupregraves desquels

tout ou presque est agrave retaire agrave chaque geacuten~ration Lexercie

physique tait partie de la vie atricaine il est moyen de commushy

nication et de locomotion- (1)

Or la lutte constitue par excellence ce Veacutecu moteur que nous t1ansshy

mettons de geacuteneacuteration en geacuterieacuteration et ce patrimoine doit survivre agrave

toutes les agravegressions or iginaires dautres modes de civilisation dont

certains effets ne manquent pas de se faire sentir sur le devenir de la

lutte traditionnelle

A la preacuteoccupation de preacuteserver notre authenticiteacute sajoute celle den

assurer la deacutefense

Aussi au-delagrave de nOs analyses destineacutees agrave eacutetablir les rapports entre

modes de vie et styles de lutte nous nous poserons le problegraveme dune

codification objective de la lutte traditionnelle constituant la mise

en communauteacute des apports pertinents de chaque style reacutegional Ce style

national apparatt indispensable en raison de lavegravenement prochain dune

socieacuteteacute seacuteneacutegalaise nouvelle qui ne peut se b~tir que par un partiel

renoncement au passeacute et son contenu (2)

Enfin nous voulons faire partager notre ~nthousiasme gagner agrave notre

cause eacuteducateurs entratneurs de lutte les amener agrave reacutefleacutechir sur leur

pratique et peut-~tre les aider agrave tnseigner avec plus de coheacuterence cette

discipline pour le plus grand bien de notre jeunesse

(1) Bulletin n 91 du CIO du 15 AoOt 1965 - Page 15

(2) Cette preacuteoccupation semble ecirctre partageacutee par de nombreux pays afri shycains ougrave la lutte est de tradition on y pressent quagrave de nouveaux types de socieacuteteacute doit correspondre de nouveaux hlbitus En conseacutequence la lutte doit eacutevoluer Darlllegrave~1e1t SO3 pine d amptre in~niaterpnt l~l~dJl-J~ (Sw~JL~c~ ~ - 13 P~v~~L)ti-~l j Ld L~t~ cr~lJit0nn~l12

otgalisecirce pH la cmFJS - iJAKAR - lai ~~)

-5shy

II QUELQUES NOTIONS DE SOCIOLOGIE POUR UBE MEILLEUR~

COMPREHENSION DE LA LUTTE TRADITIONNELLE

Essayons dexpliquer simplement les termes ETROS et HABITUS et

ETHNOMOTRICITE pour la clarteacute de notre deacutemarche

ETROS dans sa deacutefinition premiegravere veut dire en parlant dun individu

lice qui distingue cet individu des autres (1)

En eacutetudiant cette signification dans le cadre de la sociologie on

entendra par eacutethos ethnique (eacuteducation croyance rite etc bullbullbull ) lenshy

semble des caracteacuteristiques dune communauteacute sociale

HABITUS QCe sont les habitudes et attitudes socialement acquises qui

sous-tendent et preacute-deacuteterminent partiellement les faccedilons de penser de

sentir dagir de tout individu et traduisent notamment le rapport quil

entretient avec son corps (2)

Dans le cadre de ce meacutemoire nous allons essayer de faire une approche

de la lutte traditionnelle sous deux angles dabord en leacutetudiant comme

habitus en tant que technique du corps et ensuite COmme habitus de classe

fonction du style de vie des individus et nous nous proposons dans cette~gt

partie de deacutefinir ces deux notions dhabitus

Marcel MAUSS dans une viseacutee anthropologique emploie ce terme dune maniegravere

tregraves large pour rendre compte des faccedilons dont les hommes socieacuteteacute par

socieacuteteacute dune faccedilon traditionnelle savent se servir de leur corps Ces

habitudes varient avec les individus et leur imitations elles varient surshy

tout avec les socieacuteteacutes les eacuteducations les convenances et les modes les

prestiges

Analysant de multiples techniques du corpsll la marche la course la nage

le beacutechage le saut la danse et toutes les techniques corporelles en geacuteneacuteshy

ral (techniques alimentaires sexuelles de soins de repos bullbullbull ) MAUSS

insiste sur le fait que celles-ci ne sont pas naturelles mais acquises

(1) PIERON Henri Vocabulaire de la psychologie 2egraveme eacutedition revue et augmenteacutee PUF 1957 page Ill

(2) POCIELLO Christian Sport et Socieacuteteacute Approche sodo-culturelledeacutell pratiques Paris Vigot 1981 pages 78-79

La notion dethnomotriciteacute part dune constatation

- la grande diversiteacute des caracteacuteristiques preacutesenteacutees par les pratiques

corporelles en fonction de leacutepoque du lieu des groupes elle teacutemoigne

de linfluence despotique des normeS et des valeurs sociales sur la mise

en jeu du corps

Dougrave sa deacutefinition

Le champ et la nature des pratiques motrices envisageacutees sous langle de

leur rapport agrave la culture et au milieu social au sein desquelles elles

se sont deacuteveloppeacutees (1)

Conseacutequence le contrat ludosportif est aussi un contrat social il

reflegravete la faccedilon dont une socieacuteteacute aime agrave se penser agrave se repreacutesenter bullbullbull

et accepte de se donner en spectacle

Lethnomotriciteacute donne naiss~nce agrave deux sortes danalyses

- lanalyse synchronique -ou eacutetude spacialeshy

de type interculturel agrave hagravebitus diffeacuterents styles de vie divergents

de type intraculturel apparition dhabitus de classe et de pratiques

distinctives

- lanalyse diachronique -ou eacutetude temporelle- ou eacutevolution sur une longue

peacuteriode des pratiques motrices pour une cateacutegorisation dindividus

Cette hypothegravese de lenracinement social de la motriciteacute est une atteacutenuashy

tion des explications psychologisantes consideacuterant lindividu indeacutepenshy

damment de son environnement et sexprimant en termes de goQts motivations

() PARLEBAS pierre Contribution agrave un lexique commenteacute en Science 4e laction motrice Paris Publication INSEP 981 322 pages

AicircAgraveLYSE CES iJFrADES iDe I LES EN flA TIERE

DE PRATIQUE DES SPORTS DE Oicirc-itlAT

Objet Veacuterificat~on de la theacuteorie de lhab~tus

Hypothegravese En raison de son histoire de ses speacutecificiteacutes des valeurs

symboliques dont on linvestit une pratique sportive est en faveur aushy

pris dun groupe de pratiquants en fonction dattentes de niveaux dexishy

gence de fierteacute dappartenance qui sont socialement et culturellement

deacutetermineacutes

Il sagit en quelque sorte danalyser les goOts et les motivations des

sportifs en rapport avec leur condition sociale et le sentiment attachi

agrave ce statut

Remarque Cette analyse sera meneacutee en fonction des classes sociales et

non agrave partir de cla~se dage ou encore de classe socio-politique comme il

est dusage pour toute reacuteflexion sur notre socieacuteteacute trJditionnelle

Cette particulariti provient du fait que nos enquites ont iteacute effectueacutees

en milieu urbain -en raison des problimes de temps et de moyensagrave Dakar

et agrave Thiis pour itre plus preacutecis et il est deacutesormais hasardeux de preacuteshy

tendre y retrouver les structures traditionnelles c~e on pourrait le

faire en milieu rural

Par classe sociale et nous inspirant de la notion marxiste -deacutefinition

du rapport aux moyens de production- nous entendons la distance_dun

groupe social aux postes de deacutecision et de responsabiliteacute Plus cette

distance est grande moins le statut eacuteconomique est eacuteleveacute

Nous distinguons quatre (4) classes sociales car au niveau dune telle

analyse nous ne pouvons preacutetendre agrave la finesse de discrimination indiciaire

de la Fonction publique par exemple

r~partieuml

come il egravest rsectc eacute dans 1 ablea~ ci-dessous

CATEGORISATIONGROUPE EXEMPLE DE FONCTIONADMISE

Administrateur civil - Ingeacutenieur - Meacutedec ilCadre supeacuterieur1 Officier - Professeur

Instituteur - Mattre dEPS shy2 Cadre moyen Secreacutetaire - Technicien

Chauffeur - Militaire Policier3 Cadre subalterne shyPatron - Artisan

Artisan - Cultivateur - Ouvrier temporail4 Non cadre Pcheur

Conditions denqute Six (6) sports de ~ombat sont officiellement

pratiqueacutes Ils possegravedent une structure para-eacutetatique de gestion de contr

ce sont

3 sports de preacutehension - JUDO - LUTTE LIBRE TRADITIONNELLE - LUTTE OLYMPIQUE

2 sports de percussion - BOXE ANGLAISE - KARATE

sport mixte - LUTTE TRADITIONNELLE AVEC FRAPPE

Pour chacun de ces sports 50 pratiquants ont eacuteteacute interrogeacutes sur leur

statut socio-eacuteconomique avec la discreacutetion et la prudence quexige ce

genre de question

Cette enqute sest deacuterouleacutee dans les conditions suivantes

JUDO

Lieu DAKAR - Clubs USTD - DUC - FJAKS - DOJO HOMAR DIENG

Date du 020J84 au 28-05-84

Circonstances Les principaux inteacuteresseacutes eacutetant la plupart sur le tatami

pour lentratnement il fallait souvent attendre la fin

de lentratnement uumlur pouvoir avoir une ou deux entreshy

vues de sorte qu~ le~qu~te a pris beaucoup plus de

On constate que le no~bre de p=a~iq~~-ts ~st ~eauccup plus importd~t dans

les groupes 2 et 3 - Il es ~oindre dans les grQupes 1 et 4

LUTTE LIBRE TRADITION~~LLE

Lieu Dakar - Thiegraves bull Aregravenes Landing DIAME - Ecurie Seacuteregravere (pregraves de

lautoroute) Lutteur diola - toucouleur - Entratneurs - encadreurs

de diverses eacutecuries Stade Iba Mar DIOP - Aregravenes de Pikine et de

Thiegraves - CNPES - INSEPS

Date du 040284 au 020684

Circonstances Elles sont parallegraveles car les pratiquants semblent beaushy

coup plus disponibles que dans les autres disciplines Notre travail

parfoi~ peacutenible en raison de la diversiteacute des ethnies repreacutesenteacutees

et la traduction n1est pas toujours aiseacutee

Observations

Nous constatons que la lutte libre traditionnelle est plus pratiqueacutee

par les groupes 4 et 3 que par les groupes 1 et 2

LUTTE OLYMPIQUE

Lieu CNPES - INSEPS - Iba Mar DIOP (Equipe Nationale) - DUC

Date du 040284 au 020684

Circonstances Les conditions sont meilleures dans la mesure ougrave le

hasard a fait que pendant cette peacuteriode leacutequipe nationale soit

en regroupement et ceci nous a permis d-interroger un nombre

important de lutteurs de grand renom

Observations

En raison du petit nombre de pratiquants r~guliers lenquecircte ne porle

que sur 2S personnes Arbitrairement pour les besoins de comparaison

les raisons de comparaison les reacutesultats cbtenus sont multipli~s par 2 bull

BOXE A~~GLISE

Lieu Iba l-ar DIOP - ASFA - ASFPO - SC -ASC JJAF - ASC lA

ugraveate du 201283 au 020684

~E~~~~E~~~~ Ici nous ferons la mecircme remarque que pour le Judo

Notons que toute lenquecircte a eacuteteacute faite agrave Dakar

Observation

La boxe recrute ses pratiquants surtout dans les classes 3 et 4 et

on note que le nombre de pratiquants nest pas aussi important comme

dans les autres disciplines

KARATE

Lieu YUKOKAI KARATE CLUB - SAMOURAI KARATE CLUB - Iba Mar DIOP

CLUB DE GIBRALTAR - ASFA - ASFA - ASFPO - GM Thiegraves

Date du 201283 au 020684

SE~~~~E~~~ Notre enquecircte se passait dans une ambiance sympathique

de camaraderie Geacuteneacuteralement apregraves la seacuteance dentratnement

Observation

Nous constatons que la distribution des pratiquants bien que favorisant

les groupes 2 et 3 semble plus homogegravene que dans les autres disciplines

~ LUTTE TRADITIONNELLE AVEC FRAPPE

Lieu Ecurie de Fass - Ecurie des Seacuteregraveres - Ecurie Mermoz

- Ecurie des Casamanccedilais

Date du 04-02-84 au 020684

Ccedilj~9~~~aEccedil~ Il est agrave signaler que cest la discipline ougrave l~ contact

avec les pratiquants a eacuteteacute plus difficile les speacutecialistes qui~ la plushy

part du temps semblent meacutefiants quand on commeucircce agrave leur poser des quesshy

tions preacutecises sur leur revenu mensuel

2 -liCc 055cllt le lle11ent SegraveS praLicltants dans le ba

de lecirc~helle ces~-agrave-dire dans le ~ruumlupe 4

~ecircsultats

Les reacutesultats enregistreacutes sont reacutecapituleacutes en nombre et en pourcentage

-agrave lapproximation pregraves- dans le tableau ci-dessous

LUTTE 1 LUTTELUTTEGROUPES BOXE KARATE JUDO AVEC OLYMshySIMPLE i i FRAPPE PIQUE

1 11 1 1 1

1 11 1 1 1 11 0 1 0 8 1 16 9 1 18 4 1 8 0 1 0 7 1 14

1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1

1 11 1 1 1 1 12 3 1

1 6 21 1

1 42 22 1 44 6 1 12 4 1 8 17 1 341 1

1 1 1 1 1 1 1

1 1

1 1 1 1 1

3 22 1 44 13 1 26 15 1 30 16 1 32 5 1

1 10 10 1 20

1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1

1 1 1 11 1 1

14 25 1 50 8 1 16 4 1 8 24 48 41 1 1 82 16 1 321 1 1 1 bull 1 1 1 1 1

1 1 1 1 1 11 1 1 1 TOTAUX 50 1100 50 1100 50 100 50 pOO 50 pOO 50 1100

1 1 1 1 1 1 1 1 1 1

Afin dG failiter la lect~~e je c~ table3~ t ~2 re~dre sig~ific~tives

s info~~ations quil contient ces difteacutere ts reacutesultats nu~eacuteriques

peuvent ecirctre formuleacutes selon des repreacutesentations graphiques

1 Clientegravele des Sports de combat

FIGURE l

Il apparatt nettement que les sports de combat recrutent essentiellement

dans le bas de la hieacuterarchie sociale ce sont des sports populaires don

propices agrave une massification de la pratique

Toutefois on peut nourrir quelques inquieacutetudes pour que soient reacuteunies

les conditions de leur deacuteveloppement en raison du faible statut quils

possegravedent au regard defllintelligentsia seacuteneacutegalaise

2 Hieacuterarchisation des gants sportifs en matiegravere de sport

de combat au sein des cadres supeacuterieurs -Groupe 1shy

FIGURE I[

La f-appe est honni aucl1 pratiqua1t de boxe Olt de lutte avec frappe

agraveUloins quelle fasse lobjet dune stylisation cxtrecircme COTIme cest le

cas dans le karateacute Ce groupe manifeste un seuil extrecircmement bas de toleacuteshy

rance agrave la violence ce qui explique les discours infamants degraves que la

lutte avec frappe est secoueacutee par quelques excegraves Leacuteopold Seacutedar SENGHOR 1

navait-il paS deacuteclareacute que cette forme de lutte eacutetait une atteinte permashy

nente agrave limage de marque du Seacuteneacutegal

Bien quil soit difficile de proposer une explication unique curiositeacute

esprit douvetture permeacuteabiliteacute aux modes bullbullbull les repreacutesentants de ce

groupe adoptet facilement des sports importeacutes 85 des goOts pour le 1

Judo le Karateacute et la Lutte Olympique qui pourtant est bien peu pratishy1

queacutee au Seacuteneacutegfll j

Faut-il en deacuted~~re une attitude geacuteneacuterale favoris~agrave tout ce qui provient

de leacutetranger

Nous nous refu~ons preacutesentement agrave ce genre dexplicationJ ne ser~it-ce que

par ses conseacuteqJences sur notre sport national dont les perspectives appashyj

raicirctraient bie sombres

Admettons que la pratique de ces disciplines sont en rapport avec des

deacuteterminants eacuteconomiques et que ceux-lagrave sont un frein P4ur la popularisashy

tion de ces pratiques A lappui de cette interpreacutetation~ il suffit de

composer le champ social du Judo et celui de la Lutte libre traditionnelle

--== G J

32

LUTTE SIHPLEJUDO FIGURE JI(

Le groupe 2 qui manifeste un inteacuterecirct reacuteel pour les sports de combat -pregraves

de 25 iuml de la population i~tervieweacutee- et qui p6ssegravede les ~oyens de choisir

ses pratiques opte massivement pour le judo CDnme lexprirre le rapport de

agrave 4

- shy

A la lumiegravere de cette succi~te analyse des demandes sociales en matiegravere

de pratique des sports de combat nous pensons recouper la theacuteorie de

lhabitus selon BOURDIEU qui veut que des hatitus diffeacuterents impliquent

des styles de vie divergents si lon entend par style de vie un systegraveme

de pratiques classeacutees et classantes(I)

La mutation de la socieacuteteacute seacuteneacutegalaise celle du milieu urbain se caracteacuteshy

rise par lapparition despaces sociaux qui sont en rapport avec des

espaces culturels Il en reacutesulte des pratiques distinctives comme

lexprime le pogam

En effet si les cateacutegories sociales existent et si chaccedilune delle exprime

une marque sur les conduites des sujets il est naturel ~e penser que des

pratiques1 sportives servent de modegraveles distinctifs et detrsymbOles dorgashy

nisation ieacuterarChique dans la socieacuteteacute exprimant les dif eacuterentes clas8eamp(2)

Ces const4tations ont dimportantes implications sur leeacuteveloppement et

lavenir des pratiques Si dans notre IIIegrave partie nous 1tenterons de 1

mettre en rapport les particulariteacutes ethniques avec les pluraliteacutes de

style de lutte nous parlons presque au passeacute Une IVegraveme partie devra

e~visager la situation actuelle de la lutte afin de pouvoir eacutemettre

qu~lques hypothegraveses sur son devenir

Cest auss~ une ambition de ce meacutemoire daider ceux qui sinteacuteressent reacuteellE

ment agrave la lutte de savoir entendre au travers des deacuteclarations normatives

et apologeacutetiques Nous ne doutons nullement de la conviction ou de la bonne

foi de leurs auteurs mais parmi les possibles il yale probable et seul

ceiui-lagrave meacuterite decirctre retenu car plus proche agravee la recirc~liteacute

(I) BOURDIEU pierre La distinction Les Editions de minuit 1979 page 191

(2) Le POgdlt Deacuterrocratisation du sport ythe (u reacutealiteacute

- 1f shy

j j l IlL DL l H L S DE

3 1 LA COll1ŒNAUTE DIOLA

311 Preacutesentation

Les diolas vivent dans la reacutegion de Casamance et repreacutesertent 9 de la

population totale du Seacuteneacutegal Ce sont geacuteneacuteralement des cultivateurs de

riz et des artisans Cependant on peut les trouver aujourdhui disperseacutes

dans toutes les capitales reacutegionales affecteacutes agrave divers meacutetiers militaire

gendarme fonctionnaires de lEtat ouvrier etc bullbullbull

Dans les villes la plus grande partie des diolas vit dans les qoartiers

populaires Par exemple agrave Dakar on les trouvera agrave Colobane agrave Fass agrave

Grand Yoff ou agrave Khar Yalla La plupart du temps cesDnt des artisans et des

ouvriers du secteur priveacute qui vont essayer dune maniegravere ou dune autre de

vivoter en bricolant deci de lagrave Mais mecircme loin de la Casamance cette

ethnie conserve une grande partie de ses caracteacuteristiques et plus partishy

culiegraverement la solidariteacute ethnique qui veut que les Diolas forment toujours

un bloc bien soudeacute quand le besoin se ifait sentir et cecisans discrimishy

nation de rang social Ainsi tous lesdiolas de Dakar se mobilisent pour

supporter le Casa Sport chaque fois qbe cette eacutequipe de foot-baIl vient

jouer agrave Dakar Cette mobilisation se fera aussi dans le cas ougrave leur chamshy

pion de lutte Mamadou SAKHO livre uncombatimportant

Lethnie diola est diviseacutee en trois sous-groupes

- les dio1as Fogny de Bignona

- les diolas Kassa autour dOussouye

- les diolas Blouf dans la preacutefecture de Tendouck

Mais en lutte on a pris lhabitude ~e les grouper en deux zones dune

part le Kassa qui preacutesente des particulariteacutes et dautre part lE Fogny

et le Blouf

- J 7 shy

3 ) 2 ~U(lquE5 aspects d~ l~ducatio~ ~t des rit~s en milieu diol~

L eacuteducat ion veacuteritable de lenfant diola est sociale et ne se corlprend

que dans la relation sociale elle deacutepasse de loin le strict cadre

famililal Elle commence au stade de lapprentissage du langage

Lenfant apprendra agrave reconnattre le langage du regard de ses parents

Il doit connaicirctre et faire la diffeacuterence entre un regard approbateur

et un regard qui blacircme De mecircme il doit apprendre agrave faire les gestes

de la tecircte qui expriment lapprobation En aucun cas lenfant nest

laisseacute agrave lui-mecircme Aura-t-il deacutesobeacuteit par complaisance naura-t-il pas

eacutecouteacute ou fait attention aux recommandations reacutepeacuteteacutees plusieurs fois

sans reacutesultat il fera lobjet dune punition corporelle avec la chicotte

Elle a pour effet de faire mal au corps de lenfant afin datteindre son

acircme sa sensibiliteacute et instaurer en lui une sorte de 1iaision de la

meacutemoire du mauvais comportement agrave la douleur quen voulant eacuteviter la

douleur il finit par eacuteviter le mauvais comportement en tout cas den

prendre conscience degraves cet acircge Cest une meacutethode deacuteducation mora1e (])

i 3121 Leacuteduca~ion maternelle

1

Notre eacutetude nous a montreacute que mecircme de nos jours leacuteducation diola

conserve encore ses caracteacuteristiques traditionnelles au niveau des rites

des moeurs des habitudes des principes et des normes

Leacuteducation de lenfant reste lune des plus rigoureuses Elle commence

degraves le plus bas acircge car pour le dio1a on ne peut redresser une personne

adulte donc autant leacuteduquer tregraves jeune Jusquagrave lacircge de trois ans

lenfant sera encadreacute par sa megravere qui bien queacutetant tregraves douce fait

preuve daucune indulgence Elle lui apprend les interdits de la communaushy

teacute respecter son prochain ne pas insulter ni profeacuterer de gros mots surshy

tout en preacutesence de grandes personnes ni faire violence agrave autrui

Plus terd v~rs cinq ou SlX ans le jeune garccedilon est initi~ a~x travaux

ces cna~ps des rizi~r~s cles pal~eraiEs ce Gui ne manquer6 pa5

davoir ces rEpcrcussic~s sur SOn deurovelopperncnt morpholoique

- 1( shy

3122 La circoncisio~

cest un rite obligatoire Il a pour but dintroduire le garccedilon dans

la communauteacute des hommes en tant que responsable Cest un rite qui

laisse une trace indeacuteleacutebile dans la vie du jeune diola Les principes

de la vie en socieacuteteacute y sont enseigneacutes agrave fond Le rite de la circoncishy

sion preacuteseuro~teuro uneuro forme p~lticul do~t s~uls les diolas connaissent

lorganisation internecar la circoncision est agrave la fois une eacutepreuve

physique intellectuelle et morale

Cette circoncision en milieu diola se passe dans le bois sacreacute En ce

lieu les Njoulis (circoncis) sont encadreacutes par des mattres les

Kintangs et au-dessus de ces mattres regravegnent un ecirctre doteacute de faculteacutes

occultes il sagit du Kankourang Le kankourang a cette capaciteacute de

disparattre de voler quand bon lui semble Il incarne la justice et la

violence et assure la protection de ses disciples contre les mauvais

esprits Ainsi le kankourang incite agrave lobeacuteissance et agrave lordre dans

cette socieacuteteacute Dans la tradition diola le kankourang repreacutesente un

pouvoir mystique capable de choses extraordinaires dont la socieacuteteacute

moderne avide de raisonnement ne pourra trouver une explication Au

cours de la circoncision les initieacutes subissent un certain nombre

deacutepreuves physiques que le diola appelle samasso Il doit se soushy

mettre agrave lensemble de ces eacutepreuves consideacutereacutees comme indispensables

agrave sa formation pour lui permettre de juger ses capaciteacutes physiques

mais eacutegalement deacutepouver sa valeur intellectuelle morale et sociale

Il pourra aussi se mesurer aux autres dans le domaine de la consideacuteration

et du respect En quittant le bois sacreacute le jeune doit posseacuteder une

grande partie des qualiteacutes humaines et socisles quil faut agrave un howmE

pour vivre en harmonie avec la socieacuteteacute traditionnelle Il serait bien

sOr possible dans le cadre dune eacutetude plus approfondie de parler de

bien dautres rites et pratiques traditionnelles

Notons cependant que le rite de la circoncision appartient aux anc~t~es

et que dans les villages reacutecents ougrave les structures ont changeacute on ne

Jeux jours avant la re~trfE cans le bois sacr[ les adolescents so~r

-

- Jo shy

por lE diola 11-071- doit rester en harrc1iE avec lE

tal lanimal lui-mecircme les ancecirctres les geacutenies Le rit~ du rasdge co~sist~

acirc ~loigner la ~alchance de lenfant Si l~ ritE nest pas respecteuro eumlr es

parents du futur initieacute celui-ci connaicirctra la malchance pendant toute sa viE

Ce rite a aussi pour faculteacute deacuteloigner le mal et de preacuteserver lenfant des

mauvais esprits

Le rite de leau sacreacutee se fait un jour avant lentreacutee dans le bois sacrEacute

Les femmes doivent se garder davoir le moindre contact avec leau beacutenite

pour se preacuteserver des conseacutequences facirccheuses qui pourraient en reacutesulter La

tradition veut quune seule goutte soit capable de deacuteclencher lavortement

l chez la femme enceinte de rendre steacuterile la jeune fille ou de provoquer des

menstrues perpeacutetuelles chez la femme ayant atteint la meacutenopause bull

bull Le rite de la forge protegravege le futur initieacute pendant son seacutejour dans le bois

sacreacute Mais cette protection seacutetend bien au-delagrave et de rite veut que toute

personne qui y faillit soit condamneacutee agrave devenir leacutepreuse

Pendant plusieurs semaines les jeunes initieacutes subissent une formation capishy

tale qui fera deux des hommes complets

313 Croyances et pratiques mystiques

Si nombreux sont les diolas convertis au Christianisme ou agrave lIslam leur

foi napparatt jamais incompatible avec leurs croyances animistes Lhisshy

toire des rois et reines diolas nous reacutevegravele quils eacutetaient les ffprecirctres fl de

ces cultes feacutetichistes destineacutes agrave maintenir la fertiliteacute et agrave provoquer

la chute des pluies De nos jours existent encore des socieacuteteacutes secregravetes agrave

base religieuse ou magique la plus redouteacutee eacutetant lassociation neacutecrophashy

gique Kousanga des Floup (1)

Deux fafu expliquent la coexistence du dogme et de la croyance

le contact tardif de la socieacuteteacute diola avec les civilisations eacutetrangegraveres

et leacutevangeacutelisation ou lislamisation quelles veacutehiculaient Il e~ reacutes~lt~

une importance des traditions leur reacutesstance agrave une remise en questic~ ce qui confegrave~e agrave la socieacuteteacute diola un caractegravere conservateur

r~c~~i]EE 2~fr~~ ~c - t

ct ~Cc egraveE~ Cimiddotilisatilaquo~ eacute

la neacutecessiteacute de lanimisme consiegraveeuroreacute comme base de toutes legrave~

religi0~s uumlegrave serait-ce que corr~e tentative ciexpliquer li1explishy

cable en se repreacutesentant en particulier comme un ensemble de puisshy

sances mystiques Ainsi pour lanimiste agir sur la nature cest

intervenir psychologiquement aupregraves de ceLX qui la gouvernent

314 Imeact des moeurs sur la prat~que de la lutte diola

Lorigine de la populariteacute de la lutte eugrave milieu diola est par trop

impreacutecise aussi nous nous limiterons agrave en donner la signification

actuelle La lutte apparatt dabord comme un moyen privileacutegieacute deacutedushy

cation

- sur le plan corporel afin de deacutevelopper la force lagiliteacute la

rapiditeacute et la souplesse

- sur le plan moral afin de deacutevelopper les vertus caracteacuterielles

courage tenaciteacute digniteacute bullbullbull neacuteces~aires agrave laction

Mais la lutte apparatt aussi comme un mpyen dinteacutegration sociale car

le jeune diola qui se refuserait agrave se sbumettre agrave leacutepreuve de la lutte

encourrait un isolement alors que celui qui excelle en bravoure devient

rapidement populaire Dougrave ces affrontements agrave linteacuterieur dune classe

dige qui tout en restant un moyen de reacutejouissance servent eacutegalement

agrave eacutetablir des comparaisons

Nos observations et nos interviews confirment le caractire tris physique

de la lutte diola immeacutediatement les lutteurs sont au corps agrave corps et

les techniques consistant agrave aracher ladversaire priment sur toutes les

autres Exprimer sa force est une preacuteoccupation constante il suffit pour

sen persuader de voir le groupe de lutteurs peacuteneacutetrer dans laregravene au son

du Born bol on que rythme le claquement de mains des femmes

C~tte da~se est une deacutebauche dAnegie Ougrave les lutteurs pieacutetin~Ert avec

force L sol

i shy

3141 EorphologUgrave et valeur physiques du lut teur diola

Le lutteur diola possegraveagrave~ un deacuteveloppement caracteacuteristique du trai~

supeacuterieur et de la musculature doso-lombaire Ceci est tregraves certaineshy

ment lieacute au maniement de la houe de la daba et surtout dukadiando

dont lusage permanent a modeleacute la morphologie du lutteur diola

La valeur physique de ce lutteur semble reposer sur sa force sa

reacutesistance mais aussi sa rapiditeacute

3142 Reacutepertoire technique

Dans le Blouf la forme du corps la plus utiliseacutee est le deacutecalage souvent

combineacute avec un crochet de jambe (gal gal) ceci semble ecirctre lieacute agrave

lutilisation quotidienne dans les riziegraveres du kadiando Le paysan du

Blouf sera ameneacute agrave faire un mouvement de torsion pour deacutecalerlinstrushy

ment enprenant appui sur son genou et ceci continuellEment pendant toute

la jourpeacutee Chez les diolas du Fogny le kadiando eacutefait surtout utiliseacute

par les femmes qui soccupaient autrefois exclusivement de la riziculture

et ce n~est quaujourdhui que les hommes cultivent le riz 1

La principale culture dans le Fogpy est celle du mil on y cultive aussi

de larachide De ce fait loutil le plus utiliseacute est le donkoton qui

est un instrument tregraves petit avec un manche court et dont le maniement

expliquerait peut-ecirctre leacutetonnante musculature du train supeacuterieur et surshy

tout de la zone dorso-lombaire du 4i6la fogny qui excelle dans les techshy

niques en force genre arracheacute avec les bras sur contrOle de la ceinture

de ladversaire Lulisation du donkoton semble eacutegalement expliquer la

garde tregraves basse du lutteur fogny

Dans le kassa on aurait pu trouver la mecircme forme de lutte car la morphoshy

logie du lutteur est agrave peu pregraves la mecircme mais linterdiction formelle de

la prise du ~gimbe modifie et limite tout le repertoire technicult2 ou

lutteur Le lutteur kassa adopte une garde basse et agrave une preacutefeacuterence pc~r

legraveS tc~-iccedilues n passa~ dessous - - ~ shymiddotmiddotcrc t--=~ c-

----

contact et agrave partir de ce TtoTteuront ils peuvent se relever et conti~uEr

en lutte debout jusquau terrassemen~

Toutes les gardes sont rapprocheacutees en milieu diola

irbi trage

Les combats sont arbitreacutes par un deacuteleacutegueacute geacuteneacuteralement anClen lutteur

Ces anciens lutteurs ont pour rocircle de veiller au bon deacuteroulement du

combat La victoire est deacutecreacuteteacutee dans les cas ougrave un des lutteurs se

retrouve en position assise sur le ventre sur la cuisse ou les

genoux (sauf dans le Kassa)

Il existe un autre mode de victoire celle qui est proclameacutee agrave la

suite dune supeacuterioriteacute eacutevidente du~ des lutteurs A savoir quand

un lutteur soulegraveve tregraves haut son camarade et que son manager estime i

quil est pratiquement battu il peut arrecircter le combat en touchant

dabord le lutteur adverse popr eacuteviter que son lutteur ne soit terrasseacute

tregraves fOrt Nest-ce pas un deacutecision sage des managers qui peut contribuer

agrave maintenir le caractegravere reacutecr~atif de la lutte joola 1

La victoire dun village sur un autre village ne se mesure pas au

nombre de victoires obtenues par lensemble des lutteurs En effet

il suffit que le champion soit battu pour que le village soit consideacutereacute

comme deacutefait Ce qui explique limportance et le seacuterieux que le village

accorde agrave la preacuteparation des championsl)

Il est cependant important de signaler que larbitrage dans les centres

urbains revecirct une iautre forme beaucoup plus codifieacutee et cest peut-ecirctre

une des raisons qui font quen milieu urbain la lutte diola perde une

partie de son originaliteacute

En dehors des techniques speacutecifiques agrave chaque sous-groupe il faut

signaler quil y a une multitude de prises et quelGues formes de corps

comTIunes agrave letnn Car reconnaissons qu il cO unE ror-euro approp=i~eacute

dE ~ouvane du l~tteur diola en TaI

-----~-----

LE tableau ci-dessous se propose dE reacutesumer les diffeacuterentes consideacuteshy

rations techniques envisagEacutees dans cette partie

FORlŒSSOGS-GRGUPES 1 COItltOLE GA~JESDt CORF=

i ~

1 1

Passage dessous de jambes et BassE KASSA saisies Moyenne1annexes bras (rapprocheacutee)

ceinture tecircte

Deacutecalage de Moyenne et BLOUF Demi-souplesse Ngimbe

HauteHancheacute Bras (rapprocheacutee)

Jambe

Arracheacute CouFOGNY Tregraves basse

Hancheacute ii 1

1 1

3 14 3 bull LeIIa~~jueetlecom~ortementdulutteur-+iola

1 Le comportement et lattitude du lutteur dans laregravene pe sont en fait

t

que le reflet de sa psychologie et plus partiCUliegraverem t de son eacutetat

dacircme Or il napparatt pas abusif deacutetablir des cor eacutelations entre

le psychisme dun individu et lempreinte eacuteducative quil a subie En effet en sortant du bois sacreacute le jeune diola a acquis un ~ca~~l

eacutequilibre physique et mental

Cette matrise de lui-mecircme permet au lutteur dans la~egravene dadopter

un aire enjoueacute de manifester beaucoup denthousiasme~ La lutte devient 1

essentiellement un jeu laspec ludique y est privileacutegieacute et ~ela influe

sur le comportement du lutteur

Ainsi queurolq~c soit limporta~cE de le~je~ le lutt~c~ dic1e Seuroreacute

to~jours serein et s~ livrera sa~s arri~re pe~s6e da~$ ~E CO=beacute ou-

tons que le lutteur diola est trecircs fair-play et sil arrive quun rdnd

lll L COIicircilU1Ul L ULOF

32 J Preacutesentation

La soc tEacute wucirc10f est celle qU1 a eacuteteacute la plus marqueacutee par la colonisation

~~ fait peut-gtre de sa position geuroographiquE dune part ct de 50~ imporshy

tanCE sur le plan dfmographiquE dautre part En effEt ceurootteuro CC-~ucircautE

wolof repreacutesente environ 20 de la population seacuteneacutegalaise

Elle est constitueacutee de pecirccheurs (ce sont les leacutebous) dagriculteurs de

fonctionnaires de lEtat mais surtout de commerccedilants

A pqrtir de leur reacutegime dimplantation le Cayor le Walo le Baol le

Djolof et la presquicircle du Cap-Vert les wolofs ont tendance agrave irradier

sur lensemble du territoire sous leffet de leur speacuteculation agrave la culshy

ture de larachide et du nombre important de fonctionnaires quon trouve

dans cette ethnie

322 Les moeurs et croyances wolofs

Bien queacutetant en grande partie des musulmans convaincus les wolofs

conservent toujours une croyance animiste et continuent agrave faire des

sacrifices agrave porter des cornes ou des morceaux de bois agrave la ceinture

aux jambes ou aux bras et agrave croire agrave lexistence des Djinneacutes et des

Raps bull

Le Djinneacute cest une creacuteature malfaisante en geacuteneacuteral capable de choses

extraordinaires Il possegravede des faculteacutes surnaturelles Cependant dapregraves

la croyance animiste certains Djinneacutes peuvent ecirctre bons

Le Hapl cest une creacuteature ayant des dons occultes appartena71t agrave une

famille ou agrave une communauteacute et dont le rOcircle est de veiller cu daider

les reCJrES de le fai11p ou dt la conmunauteacute en cas de da1gel Le Rap

~ ut te c ) ~~c-

ei sltcificE cJ sanl dE meut0 dL chat de pC)wleurot 5E1lt les conveuroshy

lances parfois leur dorner COrllTe offrande du lait Laii

Qua1d une famille ou une communauteacute neacuteglige les Sarakh (ici dans

le sens de sacrifice ou Offrande) elle se voit aussitocirct vouEacutee agrave la

maleacutediction des mauvais esprit~ (fcllec dans touteacuteS lEs ~treprises

de la vie maladie mort bullbullbull ) Les lieux ougrave habitent ls Taps et ougrave

se font les sacrifices se nomment Khambs

Geacuteneacuteralement le khamb se trouve dans lenceinte de la maison ou

dans un coin approprieacute du village Les lieux du khamb sont marqueacutes

par la disposition de calebasses de pilons de morceaux de poterie

briseacutes de grosses pierres de cornes et dautres objets heacuteteacuteroclytes

La superstition wolof est tregraves marqueacutee En effet pour le wolof toutes

les manifestations quotidiennes trouvent leur signification dans le

mysticisme Citons agrave cet effet quelques ezemples Une femme enceinte

ne doit pas marcher agrave nimporte quelle heure de la journeacutee Certaines

heures de la journeacutee lui sont interdites le Timiss (creacutepuscule

le Ndjo~or (de 13 H agrave 14 H de lapregraves-midi) le souf-segravede (de

minuit i4 H du matin) Selon la tradition ~t la croyance wolof les

mauvais ~sprits choisissent ces heures pour jeter des sorts Et la

femme enceinte eacutetant tregraves vulneacuterable le Djinneacute essaiera de lui insufshy

fler son souffle pour atteindre son beacutebeacute afin dentratner soit la

meacutetamorphose de cedernier en monstre soit de le tuer avant sa naissance

Dailleurs pour le wolof et pour certaines autres ethnies au Seacuteneacutegal

le timis le tdjolor le souf-segravede repreacutesentent des peacuteriodes de

la journeacutee ougrave lon ne doit pas se hasarder dans les rues et les champs

Ce sont des heures propices aux apparitions des Djinnes sous nimporte

quelle forme humaine ou animale

Il est eacutegalement interdit au wolof de marcher ou de serti la nuit du

~eacutellfria-

loutes c~s pratiques ~ystiqu~s et cr0ya~ces religi~us~5 ~xistent eL~~[

certainement dues agrave un meacutetissage culturel Parallegravelement aux feacutetiches

aux incantations et agrave lutilisation des safaras (substance magique)

notons lexistence de ga l a tchs (ce sOnt des talismans ougrave sont inscrits

du qui les porte Toutes ces croyances biEn sucircr auront une rEacutepercussicrI

sur leacuteducation du jeune wolof

323 Leacuteducation du wolof

Pour caracteacuteriser leacuteducation wolof nous avons penseacute donner comme

illustration cet extrait de la revue DEM ak TEY Pour deacutefinir leacutedushy

cation le wolof fait appel agrave un symbolisme qui eDglobe aussi bien les

moyens mis en oeuvre Yar que le reacutesultat obtenu agrave laide de ces mecircmes

moyens cest-agrave-dire la formation et le deacuteveloppement de lecirctre humain

ou Yaru

Le substantif Yar deacutesigne le fouet

Ce symbolisme deacutesigne donc au-delagrave du simple sens mateacuteriel de lobjet

lutilisation qui permet daboutir au reacutesultat escompteacute (Yaru) Au sens

geacuteneacuteral Yar deacutesigne tout instrument servant agrave infliger une punition Le

terme laisse supposer agrave priori que cette phase de lenfance durant lashy

quelle se preacutepare la vie de lhomme est lieacutee agrave la souffrance au supplice

Dailleurs une maxime wolof compare lenfant agrave une tige quon a tout le

loisir de redresser alors quelle est encore flexible bull

bullbullbull Pour leacuteducateur wolof la perfection nest point de ce monde malS

le devoir de chaque homme est de tendre vers la pleacutenitude en luttant

contre ses propres faiblesses Leacuteducation va d01c iisister essentielle~(-~t

sur lexercice quotidien de leacutelevation ffiora1e d~ lindividu Pour cela

elle privileacutegie la patience munI) vertu dabneacutegdtion et dE deacutesinteacuteresseshy

m(~t autour dE laquelle sarticulent toutes ]e~ ~u~~~s qualiteuros

i _

aan~ ~ s0cieacutet gt~olcf ocirclt~tartt nul -Jt- poulait sabecircisstr

tion de sa libertEacute La liberteacute est le preuumler drcmiddotir dE l ho-)euro egrave~S

baigner dans une beacuteate admiration du passeacute la comparaison avec le pr~$(middott

si~posc dclle-mecircme car lon reste s reacute devant la deacutesinvolture aVEC

laquelle dES honmes daujourdhui descendants de cette ~~~EacuteTatic ccedil~l se

une fois [largis bullbull tTasque fiers davoir fait leacute priS0n PEut-2tTE

faut-il mettre cela sur le compte de lurbanisation et des nouvelles

valeurs qui ont pour nom enrichissement reacuteussite sociale avec ce que

cela comporte de deacuteshumanisant et de deacutepreacuteciateur (1)

3 bull 2 bull 3 1 bull Lesri tes

Le sevrage et la circoncision constituent les deux grandes phases initiashy

tiques chez le wolof

- Le rituel du sevrage est appeleacute maga1 (litteacuteralement rendre grand)

Cest un eacutevegravenement important aussi bien pour les parents de lenfant que

pour la co~unauteacute Durant cet eacutevegravenement qui survient geacuteneacuteralement deux

ans apregraves la naissance du beacutebeacute les personnes vivant dans lentouragE

apportent leur soutien moral et mateacuteriel

- le rituel de la circoncision revecirct pratiquement la mecircme signification

que dans les autres ethnies seule la forme diffegravere La circoncision reste

encore une eacutepreuve de la vie au sort i r de laque Ile ladolescent devient un

homme Aujourdhui il faut noter une meacutetamorphose de la structure sociale

et des croyances religieuses tregraves accentueacutee aussi bien chez les wolof que

chez les autres groupes ethniques et ceci est peut-ecirctre dO au contact

permanent quils ont avec la socieacuteteacute occidentale

Malgreacute ces constat~tions il semblerait pcu=tant qUE la sociecirct~ lecircbou Gci

bien que se trouvaLt en grande partie dans ~a Presquth du Cap-ETt Et

en contact permane~t avec les blancs soit la portior la plu8 cc~serva-

----------~_- ---~-- -----

~

Incidences d s ~00urs sur la l~ttE

Le wolof connaicirct deux formes de luttes la lutte sirplE- sans t-t

la lutte avec frappe La lutte avec frappe a une crigi~e purement r

et ce nest que plus tard quelle devint une prati1uE sportive et lud

preacuteparer agrave la guerre Aussi tout en luttant On eacutetait autoris~ agrave frapper~

griffer mordre voire introduire son doigt dans loeil de son adversaire

Le jeune wolof devait eacutegalement se livrer agrave la lutte avec frappe afin de

favoriser son insertion dans la socieacuteteacute adulte et sinitier au meacutetier de

soldat faute de quoi il ne pouvait se faire entendre ne avoir des marques

de respect Pour montrer la populariteacute de la lutte dans le Cayor signalons

que les Damels ll (rois) et les Teignes (nobles) nheacutesitaient pas agrave sy

livrer Quant au IIMbeu~ (lutteur) elle lui servait de moyen de promotion

sociale car d8S que sa reacuteputation eacutetait eacutetablie il pouvait ecirctre choisi

par les rois et les nobles comme garde de corps

325 Signification de la lutte en milieu wolof

La lutte se pratique dabord pour lhonneur qui est une vertu tregraves signishy

ficative pour le wolof Elle permet de renforcer les liens amicaux entre

les jeunes de villages diffeacuterents Le champion veut gagner

confiance et la consideacuteration de son village de ses amis

Etre champion cest aussi susciter ladmiration chez les

sentant la force la viriliteacute et la deacutetermination

326 Organisation d~s eacutepreuves de lutte

3261 Les Mbapatts Ce sont les seacuteances nocturnes

pour meacuteriter la

et des anciens

filles en repreacuteshy

Ils sont organiseacutes apregraves les reacutecoltes agrave la fin de la saiscn des pluies

Ceci surtout p~ndant les peacuteriodes de clair de lune car ils peuven~ durEr

toute la nuit Le but des ~Dapatts lt=tait de prfpa-er FhysicuemeH et

~ arb Sil

326 Le 1

cest une organisation beaucoup plus importante que les I~apatts ~

loccasion de laquelle on peut voir plusieurs lutteurs de grande reDommfe

saffronteLLa fin dl lamb est toujours couronneacutee par une grand co~bat

duquel le vainqueur est sacreacute champion de la contrecirce

Le choix du lieu est lieacute agrave limportance de ce lieu dans le village cest

la place publique ougrave geacuteneacuteralement se passent toutes les manifestations

assembleacutee geacuteneacuterale sabar (danse) cest aussi lendroit ougrave sont prises

les grandes deacutecisions

3623 Lappariement

Dans un village ou un quartier les lutteurs se regroupent en lang

(eacutequipe) et jamais deux lutteurs de mecircme lang ne se rencontrent lors

du lamb

L appariement s~ fait librement entre lutteurs de lang diffeacuterents l1hs

une regravegle veut ~uavant de lutter avec le Mbeur Kanur de tel lang si

on est soukh (l~tteur pas encore confirmeacute) il est neacutecessaire de lutter

dabord avec ses soukh et ce nest quapregraves les avoir terrasseacutes tous

quon se voit octroyer la chance de lutter contre lui

Notons que la cateacutegorisation des lutteurs par poids nest jamais prise

en consideacuteration

3624 La tenue du lutteur ou NGIMBE

Le middotNGimbe est confectionneacute par le marabout de la famille ou du clan Il

est constituecirc de pagnes en coton tisseacute geacuteneacuteralement offerts par la megravere ou

la grand-megravere du lutteur ceci lors des organisations de ~rande Tportance

COrlune lef 1amb Dans le cadre des l-bapatt les pagnes sont C tErts peumlr

~~~rcfcis ct ffi~mc aujourdhui d218 cErtaInes fa~ille5 on devj~Gr

luttEur de pegravere en fils et dans ce cas h 1

gimbell du pEgravere Est recircr i tEacute

par le fils Le fait de porter le lI~gimbe agravee ses aiumleux peut susciter

cne~ le jeune lutteur une motivation et une volontecirc in~branlable rlasshy

surer 12 supeacuterioritEacute cis SIcirct-ns dallS

le xgimbe de la famille ne touche pas le sable

La tenue du lutteur a une signification et une importance sur le plan

mystique car selon les anciens le vrai feacutetiche du lutteur celui qui

le proteacutegera agrave vaincre le Djinneacute ou le Rap de ladversaire se trouve

cacheacute dans ce Ngimbe Celui qui confectionne-le Ngimbe est doueacute de

faculteacutes occultes

~~r~i~rg Il est assureacute par un sage du village qui geacuteneacuteralement fut

championde lutte de son temps Dailleurs cet ancien nintervient que

si le terrassement est litigieux

Hormis le public qui proclame la victoire ou le match nul le lutteur

lui-mecircme est arbitre et il arrive quil se deacuteclare vaincu ~ous

pouvons citer comme exemple Meacutedoune KHOULE un des plus grands lutteurs

seacuteneacutegalais qui a donneacute une victoire agrave Djeacuteri SADIO son adversaire qui a

reacuteussi agrave lui faire toucher le sol de la main

Il Y a terrassement quand le lutteur se retrouve

- assis sur le sol

- eacutetaleacute sur le dos

eacutetaleacute sur le cocircteacute

les deux genoux au sol

- les deux ma~ns au sol

la tecircte (front au sol agrave la suite dune brouette)

Il peut y aVOIr match nul si apregraves li1 temps ccmsideacuterable les lutteurs

SE sont ~ ivrEacutes respectivement agrave des assauts rEacutepEacutetEacutes et n arrivEt pas a

3265 L~ precircparation mystique

Il faut reconnattre quon ne peut parler de lutte en milieu wolof sans

envisager une preacuteparation mystique seacuterieuse Co~~e ~ous lEvans vu a~teacute-

1middot ~ d ~ ~rlturenent t0utes es actlvmiddotltesmiddot u W010 sont lles a SeS croyances

- la lutte ne concerne pas seule~ent deux acteurs se livrant faruumlucheshy

ment agrave un combat au milieu de laregravene mais eacutegalement les marabouts et les

feacutetichistes du village ou du clan qui doivent deacutefendre leur savoir et

leur prestige Avant le combat le lutteur doit se livrer agrave un certain

nombre de preacuteparations mystiques pour assurer sa victoire Aussi sommesshy

nous appeleacutes agrave parler de BACK (cest le chant et la danse du lutteur)

- le batteur de tam-tam compose un rythme en fonction du Galagne ou du

Senghor (gds-gris) du lutteur Chaque galagne sera choisi en fonction

du Rap ou du Djinneacute correspondant au Totem du lutteur

Le chant geacuterleacuterique Feinte woy veut dire litteacuteralement composer un 1

chant Ce chant est geacuteneacuteralement composeacute par les filles du viilage du

champion ou par un griot de sa communauteacute Et agrave travers ce chrnt on

arrive agrave toucher la corde sensible du lutteur en chantant lesl innombrables 1

victoires de ses ancecirctres ou en lui rappelant ses prouesses eacuteblatantes 1

Chaque lutteur doit avoir un chant et un back qui lui sont propres

327 Le reacutepertoire technique et les caracteacuteristiques physiques dulutteur wolof

Le lutteur wolof est geacuteneacuteralement moyen de taille la musculagraveture est

tregraves saillante ce qui fait ressortir un aspect tregraves athleacutetique ceci

est vrai sans exception pour le lutteur leacutebou mais il arrive que le Cacircyoshy

rien le baol-baol le walo-walo soient de grands gabarits de forte constishy

tution

CepEndant pour une meilleure compreacutehension du sujet nous pouvons eacutetudiEr

deux jroups d lut teurs qui vont deacuteterminer deux st yI e s de lut tes

- ~ t

les tc~tativ~s de~[reacutee e~ ramassement de jambes de la~v~sairL Ce~~

peut Ecirctre expliqueacute par le fait que les lutteurs leacutebou ou walo-walc qui

sont des pecirccheursadoptent cette garde tasseacutee du fait quils so~t tou-

jours pencheacutes en tirant le fil ou en poussant la plrogue On verra techrugravequeacutes dt cirr 2C ~lt 5Jllicitocirct

surLuumlut les membres supeacuterieurs

Le cayorien et le baol-baol par contre sont les plus grands cultivateurs

darachide chez eux les techniques de lutte sont plus varieacutees et la

garde est moins renfermeacutee Les lutteurs cayorien et baol-baol ont une

morphologie et une reacutepartition musculaire bien eacutequilibreacutee ils excellent

dans les techniques en deacutecalage les techniques de jambe et surtout les

techniques de riposte ougrave lon peut voir des prises de hancheacute tregraves amples

Dune maniegravere geacuteneacuterale on peut dire que le lutteur wolof est un fin

technicien qui sait surtout creacuteer les opportuniteacutes e~ avec sa rapiditeacute

utiliser la force de ladversaire pour le deacuteseacutequilibrer le noodju

le mbas le weacuteheacuteleacute et le rasu sont des techniques propres au lutteur

wolof

En deacutefense il utilise surtout des kl~klets ou gal-gal Notons que

le balancement des bras ou Lewato e$t tregraves marqueacute dans la lutte wolof

TABLEAU RECAPITULATIF DES COMPOSANTES TECHNIQUES

( 1 )

1 SOUS-GROUPES GARDES CONTROLES FORHES DE CORPS l

Walo-walo Basse de jambe Arracheacute l l10yenne de Ngimbe et i

Leacutebou Tasseacutee et saisies annexesj Deacutecalage 1 1 distante de bras de tecirct1

j de bras Deacutecalaeuro

~-----------------~-

- ~ ~- shy - ~ ~ bull L _ _ bull

Profil psyc~~iqUE du lutteu- et son comporterent dars l 2regravere

La preacuteparation mystique dans laregravene est plus marqueacutee chez les wolofs

que ChE~ les autres ethnies En effet on verra de grands champions

preliGrE plusiEurs heures pour Enduire leur corps de cll2badep ou ci

rmiddot- ~ a la proprieacuteteacute de proteacuteger li1egraveividu J

les mauvais sorts) Cest dailleurs un aspect dt la luttE qui iJcsc

des problegraveJles

Le lutteur wolof est tregraves superstitieux et la peacuteriode de preacuteparation

est capitale pour lui car elle permet non seulement de rendre

hommage aux ancecirctres mais aussi dintimider son adversaire Cest

geacuteneacuteralement un lutteur agressif combatif et teacutemeacuteraire Il se fait

souvent remarquer par son esprit dentreprise Mais cette fougue dans

le combat lamegravene parfois bien que ce soit regrettable agrave oublier les

usages et les normes Ce manque de maicirctrise de soi peut faire croire

que le lutteur wolof manque de fair-play ce qui nest pas toujours le

cas

~A~Ugrave~ t 4AA CbUrs k LA ucirctotve f~tPle Sesect prores mou W ~ lesquelles vont se couler les comporteme~ts individuels qui sont ainsi

monteacutes par et pour lautoriteacute sociale

Les faccedilons de boire de marcher ou de sasseoir se manifestent indivishy

duellement dans le corps de chaque personne ces habitus sont cependant

des montages sociaux lieacutes agrave des significationssymboliques variables

dailleurs selon la position sociale occupeacutee par chaque sujet Ces modes

dagir se rangent dans un systegraveme de montages symboliques et lindivishy

du les apprend de la socieacuteteacute dont il fait partie agrave la place quil occupe

Lhabitus est un montage social agrave la valeur symbolique deacutependant des pheacuteshy

nomegravenes deacuteducation et de prestige et lieacute agrave la position sociale du sujet

Cette penseacutee sonne de faccedilon eacutetonamment moderne

Pierre BOURDIEU qui dans une perspective a approfondi le contenue de la

notion en le reportant aux oppositions entre classes et fractions sociales

Il deacutefinit lhabitus comme un systegraveme de dispositions durables acquis au

cours dune histoire personnelle dans une milieu social donneacute systegraveme qui

engendre ensuite des pra~iques socialement deacutetermineacutees faccedilons de manger

de parler ou de marcher comportements de politesse contenu des preacutefeacuterencel

et des deacutegoOts bullbullbull lhabitus est le produit de conditions eacuteconomiques et

sociales Lauteur rattache directement la formation de lhabitus dun

individu agrave la trajectoire parcourue par celui-ci dans sa classe dapparteshy

nance il deacutefend lideacutee dun habitus de classe qui deacutefinit le sens confeacuteshy

reacute agrave la pratique sportive les profits qui en sont attendus

Ce dernier serait lui-m~me lieacute agrave un systegraveme de valeurs ou ETHOS de classe

prenant sens au sein doppositions distinctives entre classes sociales

De sorte lhabitus fonctionne comme un systegraveme dt- regravegles inteacuterioriseacutees

souvent informuleacutees permettant ou non agrave lagent de sadapter dembleacutee aux

multiples pratiques de la vie quotidienne et de la vie sportive il est agrave

lorigine des schegravemes de transcription qui favorisent les ajustements aux

situations corporelles nouvelles (1)

t ~

(1) P~IE11D dwi6Han ISpoy-l et sodeacutebi Approche Bocio-culturelle des pratiques P~tis Vigot 1981 page 81

33

331 Preacutesentation

Les Seacuteregravere auraient pour origine le Fouta Toro quils auraient quitteacute

vers le Xllegrave siegravecle pour fuir lislamisation de cette reacutegioD par lempire

dJ Xali (ils seraient donc apparEnt~s aux Peul et Toucouleur ) Ils

auraient trouveacute dans la rEacutegion du Sine les Sosseacute dorigine manding avec

lesquels ils salliegraverent

Au XVegrave siegravecle une autre immigrationSos~ conqueacuterante cette fois-ci

apporta son organisation eacutetatique Ils se divisegraverent en deux monarchies

deacutemocratiques lune seacutetablit au Sine et lautre au Saloum Les Sosseacute

conqueacuterants constituaient lautocratie appeleacutee Guelowar

La royauteacute seacuteregravere eacutetait laiumlque Les premiers souverains durent secouer

la tutelle des Toucouleur et progressivement arrivegraverent agrave unifier lethshy

nie des seacuteregravere etdea Sosseacute Les deux royauteacutes eacutetaient organiseacutees selon

acirces modegraveles tregraves deacutemocratiques Le souverain deacutependait dune assembleacutee

de ministres et de chefs locaux qui assuraient ladministration centrale

et reacutegionale())

Aujourdhui lethnie seacuteregravere repreacutesente 20 de la population seacuteneacutegalaise

Ils sont reacutepartis sur presque toute leacutetendue du territoire notamment

dans le Baol la reacutegion du Sine-Saloum et la reacutegion de Thiegraves

Signalons quil existe plusieurs sous-groupes dans lethnie ainsi on

trouvera

- dans la reacutegion de Thiegraves les Ndut les Safegravene et les None

- dans le Sine-Saloum les Sine-sine et les Saloum-salouIT

On trouvera vers foundioune et agrave Nioro du cocircteacute de la Gambie les

Niominka (pecirccheurs) Cest une portion tregraves mandinguiseacutee

( 1

Le rattache~2~t d~ to~s ccs sous-groupes pose problecircme ~25 0~ r0~V~

uc grande partie de traits COITul1uns dans leurs modes dE vie Ct pOUT phs

de faciliteacute nous allons essayer de faire une ~tude globale de la lutte

traditionnelle seacuterecircre Lactiviteacute socio-eacuteconomique qui est essentielleme~t

agro-pasorale caracteacuterisE leacutethnie seacuteregravere

332 Lecircducation les moeurs les croyances et pratiques sEr~rc

Chez les Seacuteregravere la vie humaine se deacuteroule selon les grandes eacutetapes

le baptecircme lenfance ladolescencemarqueacutee par la circoncision lsectge

adulte le mariage la vieillesse et la mort (funeacuterailles)

La vie de la communauteacute seacuteregravere reste une des plus originales sinon

celle qui de nos jours garde la presque totaliteacute des pratiques et

habitudes traditionnelles

Bien qu aujotltdhui con~r-tis aux religions chreacutetienne et musulmane les

Seacuteregravere conservent leurs croyances et pratiques animistes

Quelque soit leur degreacute dadheacutesion aux religions reacuteveacuteleacutees les Seacuteregravere

croient en un Dieu puissant et miseacutericordieux Rog Segravene et les hommes

Les ~angols sont repreacutesenteacutes mateacuteriellement dans tous les villages

seacuteregraveres par des arbres (baobab et tamariniers) des animaux (geacuteneacuteraleshy

ment serpent doreacute ou iguane) des ustensiles (pilon calebasse et mortier)

De nombreux teacutemoignages nous apprennent que certains totems (serpent

iguane) font leur apparicion agrave loccasion de certaines manifestations

rituelles comme les sacrifices ceacuteleacutebreacutes lors dun mariage de ceacutereacutemonies

mortuaires ou des circoncisions

Le Seacuteregravere comme il nous a eacuteteacute donneacute loccasion de le dire plus haut

preacutesente des speacutecificiteacutes authentiques aussi bien en tout ce qui touch~

son eacuteducation ses croyanCES et pratiques mystiques q~e ses activiteacute~

socio-ecirccc~omiquEs Apr~s a ~aissa~c~ le beurob~ ~~ pcs~ 5~~ lE S~ __

On lui mouille les l~vres avec un peu d~ lait de mil et apr~s U~ bain

purificateur on versera leau dans un trou cr~us~ derri~r~ la Camp~~

Pendant huit jours la megravere et lenfant sont cacheacutes dans la case car

selon les anciens ils sont tregraves vulneacuterables La case deacutens certains cas

est entoureacutee dun fil blanc et lon place sur le seuil des fais(cauy di

veacutegeacutetaux pour chasser les mauvais esprits (geacutenies malfaisants et illangeUY~

dacircmes) Au bout du huitiegraveme jour la megravere et lenfant peuvent sortir de

la case bull

bullbullbull Le matin du huitiegraveme jour la tante paternelle va chercher de leau

(plusieurs fois)t elle doit rester muette pendant ses alleacutees et venues

si elle parlait t lenfant pourrait ecirctre muet bullbullbull

La megravere et lenfant prennent un bain purificateur dans lequel sont

trempeacutees certaines plantes (ce sont des veacutegeacutetaux pr~tecteurs tels le

begravene le yag le ngud) On y lavera aussi le linge e1t les ustensiles utishyj

liseacutes pendant les huit jours qui viennet de seacutecoul~r On rase le crine

de lenfant Les cheveux sont donneacutes agrave la megravere qui ~s enterrera avec le

reste du cordon ombilical dans un endroit que11e esit seule agrave connattre

La megravere sassied sur une natte devant la maison Une femme igeacutee de la

famille prend le beacutebeacute dans ses bras et le preacutesente aux quatre coins de

lhorizon

La tante paternelle tient ensuite un van sur la tecircte de la megravere on y

verse le mil on y verse eacutegalement en abondance sur la megravere et sur

lenfant La tante oint ensuite le corps du beacutebeacute avec du lait e11e

touche en particulier le front t le nez la bouche la poitrine le dos

et les oreilles

Elle pose enfin un ~rain de sel dans la paume du beacutebeacute (le sel purifie

et deacutetruit les puissances mauvaises)

Apregraves un nouveau bain la megravere et lenfant revEcirctent des habits de fecircte

(est

lenfant Ce precircnore a toujours U~ SEns Il sy~bolise parfois C0 qUi

lOIl sounaitt agrave lEufant l)

La circoncision comme dans les autres ethnies est obligatoire Elle

permet au jeune adolescent dacceacuteder agrave la classe adulte Les jeunes

sont regroupes en classe dacircge dans le bois ougrave sc fait la r0tr~it0 des

circoncis et ceci pendant plusieurs mois

Le Selbeacute qui est geacuteneacuteralement un ancien craint de tous les eacutelegraveves

enseigne le respect de la hieacuterarchie la discreacutetion le goOt de linishy

tiative Les activiteacutes physiques et leacuteducation artistique ne sont pas

en reste la deacutecoration la sculpture la lutte et la danse A sa sortie

du bois linitieacute appartient deacutesormais agrave la classe des virils et des

sages du clan car on lui aura enseigneacute les vertus fondamentales que

sont la justice lhonneur lamour du prochain 1 amour du travail

lhonnecircteteacute et surtout le respect des coutumes ancestrales

Le rite du mariage esd aussi un fait tregraves important dans le monde 1

seacuteregravere mais par manq~e dinformation nous serons obligeacutes de nous en

tenir lagrave

333 Impact des ethos sur la lutte dans le monde seacuteregravere

Lorigine de la lutte seacuteregravere ne semble pas claire ma1S nous pouvons

dire quil existait deux formes de lutte comme chez les Wolofs une

lutte sans frappe et une lutte avec frappe Et cest cette derniegravere

qui peut-ecirctre nous ameacutenerait agrave croire que la lutte seacuteregravere aurait une

origine plus preacuteciseacutement guerriegravere

Aujourdhui la lutte est uniquement une activiteacute sportive agrave travers

laquelle le jeune seacuteregravere eacutevalue sa force son courage et SOn ingeacutenioshy

siteacute Cest une occasion de deacutefendre lhonneur de son village ou de

la corrnnunauteacute

La luttE ~5t avant tout u~e rnanifcs[dtic~ c~lturclie et surtout

fo lkhriqut-

Gracircce agrave elle on peut deacutesormais comprendre un certain nombre de chants

et de symboles A travers la lutte seacuteregravere on ccedilomprend les inter-relashy

tions entreacute la vie et le monde surntiturel

Sil devait y avoir la mort dun villageacuteois pendant la fecirctE au T qUE

de linterrompre on proceacutedait gracircce aux connaissances magico-religieuses

agrave la suspension de la mort jusquagrave une peacuteriode ougrave la population sera plus

disponible pour organiser des funeacuterailles sil y eacutetait preacutedit la possibishy

liteacute dune deacutefait du champion local au profit dun champion dun autre

village des recettes dordre maginque et religieux eacutetaient mises en prashy

tique afin que le champion du village ne soit jamais terrasseacute(J)

334 Le profil du lutteur seacuteregraver~

Le lutteur seacuteregravere est par essence un athlegravete impressionnant de par sa i

carrure et sa musculature saillante mais cest aussi une force tranquille

et calme quelque soit lenjeu du combagravet et particuliegraverement lhonneur

Cet aspect nous pousse agrave parler du NGiMBE cest-agrave-dire de la tenue du

lutteur qui va influencer sur sa faccedilon de lutter

La confection du Ngimbe revient agrave la communauteacute entiegravere Le Ngimbe a

une signification symbolique et le lutteur pour meacuteriter la confiance du

groupe se doit de tout faire pour ne pas toucher le sol Toute la commushy

nauteacute elle aussi sengage pour assurer la longeacuteviteacute et le succegraves du lutteur

dans laregravene par lorganisation droffrandes et de sacrifices en lhonneur

des Pangols bull

bull

Daucuns nheacutesitent pas agrave dire que lessentiel du mysticisme se fait agrave

la maison et non dans laregravene tout le reste nest quintimidation de

ladversaire

lsvcns

Tt- pi ~- t

t 1 ~ l _ ~ t

par rapport agrave lautre Cbci est trEgraves lieacute agrave lactiviteacute journaliegravere du

jeune seacuteregravere qui est un cultivateur donc toujours bien planteacute sur ses

jambes et qui continuellement manie lhiler

Le fait de couper le boi~ peut eacutegalement constituer un moyen de muscushy

lation non neacutegligeable pour le jeune lutteur

Un certain nombre de traits techniques speacutecifiques au lutteur seacuteregravere

semblent ressortir des diffeacuterentes interviews que nous aVOns fait subir

agrave certains lutteurs seacuteregraveres et agrave diffeacuterents techniciens

SOUS-GROUPES FORMES DU CORPS CONTROLES GARDES

SAFEN Moyenne en fente NONE Hancheacute Bras (distante) j

NDUTJ

f

SINE-SINE Deacutecalage Ngimbe

Moyenne

SALOUM-SALOUM Passage- Jambe (rapprocheacutee) 1

i

PETITE dessous Tecircte Basse et 1

COTE Moyenne (rapprocheacutee)

Notons que le Niominka ll commence agrave lutter agrave partir du sol pour avoir

assez deacutelan et sauter sur ladversaire afin davoir la prise du lion

(contr6le de la nuque et du bassin)

Co a -tem-nt ccedilt attitude du lutteur sEacuteregravere335 np -1t ~

Les croyances mystiques sont indissociables des activiteacutes quotidiennes

duseacuteregravere Ce qui explique le cocircteacute supersticieux du lutteur seacuteregravere En

~ffet certains lutteurs refusent de lutter avant certaines heures

Certains teacutemoignages nous apprennent quil nest pas donneacute agrave tout le

monde decirctre champion de lutte et que le lutteur doit avoir des dons

surnaturels pour ecirctre agrave mesure de livrer ses combats dans la nuit

et trouver seul un gris-gris speacutecial appeleacute Njatch

Le vrai champion de lutte chez les seacuteregraveres ne lutte pas seulement avec

~a force et sa technique mais surtout avec ses dons occultes

Chez les seacuteregraveres les morts sont toujours preacutesents et les ~pangols

Servent dintermeacutediaire entre les hommes et les morts Le pangol prend i

le nom dhumain dans certains villages (IIHeacuteJga NDONG Har Wag NGOUYE) i 1

De ce fait on verra le lutteur danser dufe maniegravere ou dune autre en

fonction du pangol de sa famille Ainsi nrus aurons le back (chant et

danse du lutteur) des DIOUF des FAYE etclbullbullbull

Dans laregravene le lutteur seacuteregravere a un comportement exemplaire aussi bien

agrave leacutegard de son adversaire direct quave~ le public en geacuteneacuteral Lexpli shy

cation semble tenir au fait que le lutteur seacuteregravere est avant tout selon

la tradition orale le repreacutesentant de toute la communauteacute seacuteregravere Par

conseacutequent il devra saffirmer non seulement en tant que lutteur dans

laregravene mais aussi en tant quentiteacute morale

336 La tenue du lutteur ou NGIMBE est confectionneacutee par le marabout de la

famille ou du clan Le Ngimbe est constitueacute de pagne en cCton tisseacute

Il doit ecirctre propre le lutteur qui le porte ne devra pas avoir de rapshy

port sexuel pendant toute la peacuteriode des cOTpeacutetitians car le Ngi~bE ne

doit pas ~tre souilleacute

Autrefois et mecircme aujourdthui dans certaines familles on devient

lutteur de pegravere en fils et dans ce cas le Ngimbe du pegravere est heacuteriteacute

par le fils Le fait de porter le Ngimbe de ses aieux peut susciter

chez le jeune lutteur une motivation et une volonteacute ineacutebranlable dtasshy

surer la supeacuterioriteacute d~s siens dans ltaregravene Il fera tout pour que le

Ngimbe de la ramille ne touche le sable

La tenue du lutteur a une signification et une importance sur le plan

mystique car selon les anciens le vra1 feacutetiche du lutteur celui qui

le proteacutegera et laidera agrave vaincre le nDjinne ou le tRapu de ladvershy

saire se trouve cacheacute dans ce Ngimbeu bull Celui qui confectionne donc le

Ngimbe U est doueacute de faculteacutes occultes

337 Larbitrase est assureacute par un sage du village qui geacuteneacuteralement fut

champion de lutte de son temps Dailleurs cet ancien nintervient que

si le terrassement est litigieux Hormis le public qui proclame la vicshy

toire ou le match nul le lutteur lui-mecircme est arbitre et il arrive

quil se deacuteclare vaincu

Nous avons pu cfter Meacutedoune KHOULE un desplus grands lutteurs seacuteneacutegashy

lais qui a donn~ une victoire agrave Djeacuteri SADIO son adversaire qui a reacuteussi

agrave lui faire touegraveher le sol de la main

IlL

34 1 Preacutesentation

Lethnie toucouleur vit En grandt partit ciE~~ la vallfc du S~~~gal

pt reprecircsente i peu pr~s 8 de la population totale secircn~galaise

o Histoire

Il semblerait que dans lancien royaume du Tekrour (IX~ siegravecle) des

eacuteleacutements neacutegroiumldes Sarakoleacute et des Peul aient formEacute par meacutetissage le

peuple Toucouleur (Toucouleur serait dailleurs une deacuteformation du

mot portugais Tacouror)

Ce empire a domineacute aussi bien les wolofs de lOuest que les Peul

nomades du Fouta Toro Cette reacutegion fut le premier pays islamiseacute par

les Almoravides ce qui peut expliquer le proseacutelytisme toucouleur

Ce sont les guerriers toucouleur islamiseacutes qui attaqu~rent avec les

Almoravides la capitale du Ghana Koumbi en 1067 On convertit par

la force les animistes Cest sans doute agrave cette eacutepoque que de nombreuses

ethnies reacutefractaires agrave lIslam ont dO accentuer leur migration vers

le sud (Seacuteregravere wolof Sarakoleacute Bambara Songhaiuml Akan et Peul se reacuteshy

fugiaient vers les hauteurs du Fouta Djalon)

Au XIXegrave siegravecle les Toucouleur allaient trouver en El Hadj Omar Tall

un grand conqueacuterent qui sous le preacutetexte religieux de la gJerre sainte

contre les tribus animistes (entre autres Bambara) eacutetendit lempire

toucouleur sur presque tout lensemble du gali et la partie de la Guineacutee

proche du l1ali

Lempire toucouleur composeacute de Sarakoleacute de Bambar~ de ~alinkeacute de

Xassonkeacute dE Peul et de Dogon eut le meurorit~ dunir CES diif~rentes ~ ~ - - - - - et~ics ~t dE CD~stituer l~Sl la b2S~ ~r 1

_ ~ ~ ~_ L ~

~ ~- ~- - - ---- _ 1 v _ t 1 ~-_ --

marabout tOL~culcuuml~ ~ middotlrrany a l ick SI venu des E1i rClS dE Pocior~ (

~ Vi~ euroconomicue et sociale -----------~-------------

Les Toucouleur sont des cultivateurs mais bien quils n~ soie~t pa~

pasteurs comrre les Peul leacutelevage a une place inportarteacute decirc1S ltur

eacutecono~ie Pour faciliter leur conquecircte guerriegraverE ils c~t Eucirc une preacuteshy

dilection pour leacutelevage des chevaux On y trouve aussi des pecirccheurs

appeleacutes Tchioubalo La socieacuteteacute toucouleur aurait une stratification

sociale tregraves rigide Les groupes ethniques et les castes eacutetaient

diffeacuterencieacutes et strictement exogamiques les Rimbe classe des nobles

comprenant la famille reacutegnante et les guerriers libres la classe des

Nieacutenieacutebegens de castes artisanales i les Rimaibeacute anciens esclaves

devenus serviteurs qui portent les noms de famille de leur maicirctres A

la base de lorganisation de la collectiviteacute toucouleur se situe le

village (Wouro)

Toutes ces castes sont cloisonneacutees entre elle~ Ainsi il nest pas

permis agrave un Torodo (noble) de se marier avec un Tchioubalo Ces

consideacuterations sont importantes dans le domaine de la lutte ougrave nous

apercevrons que les nobles ne sont pas faits pour lutter Le noble

preacutesidera les seacuteances de lutte et on luttera pour lui Ces condeacute rat ions

de noblesse et de rang social sont extrecircmement importantes dans le

monde toucouleur

Le noble ne doit pas se salir on lutte pour lui il ne vit la lutte

quen tant que spectateur

342 Education moeurs croyances et eratiques religieuses

Deux formes d~ducation sont agrave consideacuterer leacutedJcatio~ dES enfarts Et

celle des adultes

oG lenfant sait m2n~~r et apprfcier le goOt d~5 ~iifeurorents r~pas lt

le moment ougrave il CO~~e~CE agrave marcher

tivirt n~sormais le petit toucou]eur est eacuteduquf par toutmiddot 12 f2~i)]E

dabord puis par toutes lespersc~nes du village ou du C13~

Lenfant peut ~tre corrigeacute par tout adulte appartenant au groupe social

Son eacuteducation est deacutesormais laffaire de toute la communauteacute et non

exclusivement celle ces parents On linitie ainsi au travail quotidien

qui se fait dans la bergel~ e les champs et les bords du fleuve Au sein

du village il pourra apprendre agrave filer la laine et agrave tisser des pagnes

dans les champs il apprend agrave manier la houe et lhiler pour la culture

du riz et du mil Mais signalons que lactiviteacute essentielle du toucouleur

est leacutelevage des boeufs des moutons et des chegravevres Chez les Ichioushy

balos (p~cheurs ) lenfant sera initieacute tregraves tat au maniement des pagaies

agrave la p~che propremccedilnt dite et agrave la nage

Vers cinq-six ans lenfant est confieacute au maicirctre coranique le Ihierno

et ce dernier dispose exclusivement de toute sa vie Lavenir du jeune

enfant lui appartient

Comme dans les autres groupes ethniques les enfants sont regroupeacutes en

classe dacircge et cest dans cette structure que lenfant subit les rite

de passe et plus particuliegraverement celui de la circoncision

La circoncision est non seulement unE opeacuteration chirurgicale malS surshy

tout une peacuteriode au cours de laquelle le jeune garccedilon passe de leacutetat

dadolescent agrave leacutetat dadulte Les circoncis sont reacuteunis en classe

dacircge dans un endroit situeacute hors duvillage geacuteneacuteralement choisi par les

vieux Cet endroit n~st accessible que par des individus de SExe ffi8SCUshy

li~ ~ta~t au preacutealabl circoncis

- - - -

quable et complet sur le plan phy~ique et ~oral Ai~si liniti~

acquiert les qualitecircs indispensables que sont le courag~ la modest

lesprit de sacrifice lendurance

Le toucoule~r est un pleux musulma~ Cela sexp1

SOil le premier agrave tre en contact avec la religion musulmane de par sa

position frontaliegravere Lethnie toucouleur de par son histoire a preacutesenteacute

les plus grands chefs militaires et religieux musulmans seacuteneacutegalais Et

pour illustrer cela on peut citer en exemple la grande famille musulmane

des SY agrave TIVAOUANE repreacutesentant la confreacuterie des TIDJANES

Bien que lon note une majoriteacute musulmane on peut dire que certaines

croyances et pratiques mystiques et animistes persistent encore surtout

dans la reacutegion du fleuve

Une pratique courante se fait elle sappelle le Djatt Elle consiste

agrave faire sortir le caiman du fleuve agrave limmobiliser et agrave lattacher

sans quil ne reacuteagisse et tout ceci agrave laide de versets et dincantashy

tions magiques Dapregraves les teacutemoignages ces pratiques sont plutocirct

freacutequentes chez les Tchioubalos (pecirccheurs) Il arrive aussi que cershy

tains chasseurs ayant des dons se livrent agrave certaines pratiques an1shy

mis tes qui consistent agrave invoquer certaines puissances et agrave moduler sous

forme de chant des versets occultes pour se proteacuteger des mauvais esprits

et pour eacuteloigner les fauves Ce chant est geacuteneacuteralement incompreacutehensible

et deacutenueacute de sens pour le profane

343 Activiteacutes ludiques et pratiques sportives en milieu toucouleur

Durant toute son histoire lethnie ~oucouleur a toujours EacutetEacute Frese~teacute~

comme celle qui avait ue activit essentiellement guerr e e~ particushy

liegraverement farouche Trois eacuteleacutements ret r t l ecirc t te nt i c- euro so~t

le manie~~nt du ~acircton 12 luttE Et 1eacute danSE

l

Lecircducation ph~sique et artistique Dcc~pe un place precircpondecircra~rp

dans la fDrmat~on du jEune toucouleur A loccasion agraveeacutevegravenemen~ imporshy

tants reacutecoltJs mariages baptecircme nous assistons agrave des manifestashy

tions folkloriques de grande envergure le Wango oucirc dailse toucouleur

tregraves gymnique iles chants et surtout les sEacuteances de lutte

La lutte toucouleur est la forme de lutte la plus spectaclaire dans

tout le territoire seacuteneacutegalais Elle est essentiellement baseacutee sur des

techniques en hancheacute et surtout en souplesse Ceci sexplique par le

fait q~e le jeune toucouleur est tregraves tocirct initieacute agrave la gymnastique (saut 1

per saut de main salto arriegravere saut de tecircte couronneacute etc bullbullbull ) pour

la dans~ du wa~go En dansant le wango qui est une danse rythmeacutee et

gymnique le Jeune toucou1eur est capable de prouesses extraordinaires

1

En lutte lattaquant se deacuteplace tregraves peu pour avoir une bonne saisie

(geacuteneacutera~ement controcircle du Ngimben ) et enchaine brusqueme~t avec une

attaque surpris~ Cependant les ripostes sont souvent surprenantes et

spectaculaires (baseacutees sur la souplesse et la rapiditeacute) ontrairement

aux autr~s form~s de luttes ougrave lon voyait tous les jeune adheacuterer la

lutte to~cou1eur Verra un groupe de speacutecialistes sadonne agrave la lutte 1

(la lutte est lieacutee agrave la position sociale de lindividu problegraveme de

caste)

Q La morphologie du lutteur toucou1eur 1

1 1

Ce dernier nest pas aussi large et aussi fort que les lutteurs diola

et seacuteregravere Cependant il est tregraves reacutesistant La musculatJre est saillante 1

et tregraves souple lindividu est longiligne mais tregraves athleacutetique

Les mouvements de lutteurs sont semblables agrave ceux dun grand fe1in Cette 1

morphologie semble ecirctre lieacutee agrave la position geacuteographique de lethnie

(reacutegion du fleuve) et agrave lacitiviteacute socio-eacuteconomique du toucouleur qui

est agrave la fois cultivateur (activiteacute lieacutee agrave la crue et deacutecrUE du fleuve)

pecirccheuro~T CIcr~icubaon) et sttout jEumlrgcr qui est U~ rc~2eumlr

shy

Deux formes egrave~ corps sembl~nt ecirctre preacutefeacutereacutees du lutteur toucouleur

le hancheacute et la souplesse Les hancheacutes sont faits agrave partir de plusieurs

positions de doset se terminent geacuteneacuteralement par des techniques de

tregraves grande amplitude

TABLEAU RECAPITULATIF DES TECHNIQUES ET FORMES DE CORPS SPECIFIQUES

i

L441 r

GARDE FORMES DU CORPS CONTROLES --shy - -

Moyenne Souplesse Ngimbe

Hancheacute bras

Demi-souplesse

1

Profil psycholosigue 1

TECHNIQUES

ContrOle du bassin et 12 souplesse

arriegravere

Klicket et allegravegement de la hanche

Le lutteur toucouleur est celui lUi se livre le moins aux preacuteparaqons

maraboutiques Cela est dO au f~t que le toucouleur est un grand ~USUlshyman et que les pratiques animisges ont presque disparu dans ce mil~eu

Dans la pratique le lutteur esJ combaif mais il est calme et tr~s reacutefleacutechi quant agrave la deacutecision agrave prendre en plein corps agrave corps ct~st un des seuls techniciens qui reJte tregraves lucide au cours de ses comb~ts

l Dans toutes les circonstances e lutteur toucouleur est tenu de re~pecshyter son adversaire et ceux de s4n eacutequipemecircme sil est vaincu

Comme nous avons dO nous en rendre compte la rigueur des principes

eacuteducationnels a une influence tregraves sensible sur l~ comportement du

toucouleur

i

III S COCL ~s 1DO

Dans cette partie nous avons essay~ de montrer lftroite re1atic~

Entre les diverses activiteacutes socio-eacuteconomiques dans les ethnies et

lES diffEacuterentes faccedilons de lutter

Daucuns seraient tent~s de conclure trop rapidement et cest p0~r

cette raison que nOUS avons penseacute preacuteciser que le pheacutenotype nest

pas geacuteneacuterateur du geacutenotype Et nous sommes convaincus que la morphoshy

logie et les techniques des lutteurs relegravevent de leurs modes de vie

et de leurs croyances agrave une eacutepoque et danE un contexte bien deacutetermishy

neacutes

Est-ce que les lutteurs dio1a ou seacuteregravere travaillant avec leurs bras

dans les champs auraient les mecircmes pr 0 fil s physiques que les lutteurs

utilisant des machines pour lagriculture

- 69 shy

I UJOURDH~1 E-S ut O[l LES FORfilS Ut LU11t~

~otons que notre enqu~te a ecirctE essentiellement faiteen milieu urbain

Les seacuteances de lutte ont tendance agrave perdre leur particulariteacute de r~shy

jouissance pour devenir des pheacutenomegravenes de sportisatio Deux fores

de luttes so~t principale~cnt prat s dans les aregrave~es du 5 al

la lutte traditiunnelle simple et la lutte traditionnelle avec frappe

De nos jours la lutte traditionnelle tend vers une reacuteglementation

et une institutionalisation

Le reacutesultat de nos investigations nous donne le tableau ci-dessous

REPARTITION ETHNIQUE SUR 100 PRATIQUANTS

LUTTE LUTTE RAPPORTETHNIES SANS FRAPPE AVEC FRAPPE J2

Diola 40 16 71 j

Seacuteregravere 26 21 57

Toucouleur 23 10 69

Wolof 1 1 53 17

La demande sociale par ordre deacutecroissant pour la lutte sans frappe

se preacutesente comrre suit

]0_ Ethnie diola avec pregraves de 3 lutteur~ sur 4

2deg_ Ethnie toucouleur

Ethri dun

~ 1 LA LUTTE TR])IIIO~~ELLE AVEC H-PPE

Cette forme deacute lutte a une histoire qui date de lantiquiteacute elle

sa~pelait le Pugilat Au Seacuteneacutegal elle a vu le jour dans le Cayor

bien avant la colonisation Le coup dE pied l~Lrdn~lement la morshy

sure la frappe et le doigtf eacutetaient permis dans le cc=bat ~ ~middot~p0~~e

Dans certains cas la giffle eacutetait beaucoup plus dangereuse que le

poing quand elle eacutetait donneacutee par un speacutecialiste Cette giffle pouvait

agrave elle seule deacutechirer et mecircme parfois amputer la joue de ladverser

Selon les informations la lutte avec frappede nos jours serait une

forme de lutte tregraves eupheacutemiseacutee de celle dantan ougrave une blessure

pouvait souvent ecirctre mortelle

Aujourdhui au niveau du folklore la lutte na plus la mecircme

le spectaculaire a remplaceacute le significatif iLa lutte avec frappe se 1

pratique surtout dans les centres urbains C~aque fois quun grand combat 1

est progra~eacute par le Comiteacute National Proviso~re (CNP) des centaines damashy

teurs sont mobiliseacutes vers le stade lba Mar D~OP qui est aujourdhui le i

lieu approprieacute ougrave se deacuteroulent les grands conkbats de lutte Cest la formE

de lutte qui semble drainer une foule de personnes beaucoup plus importante

que celle de la lutte simple

La lutte avec frappe deacuteriverait dune forme de lutte traditionnelle

pratiqueacutee jadis dans le Cayor au temps des Damels et la frappe serait

le substitut dun certain nombre de pratiques doigteacute jet de produits

etc bullbullbull dont le but eacutetait laveuglement de ladversaire La lutte avec

frappe serait une continuation logique dune carriegravere sportive de la

lutte traditionnelle qui sen sert comme moyen socio-eacuteconomique En

effet la majoriteacute des lutteurs avec frappe ont dabord eacuteteacute initieacutes agrave la

lutte simple Cependant il faut signaler que de nOS jours il arrive

que le jeune lutteur avec frappE- soit directenent formEacute conne speacutecialistE

agrave la frappe sa~s pour autant faire son chemin dabcrd egravea~s la lutte

- ~ shy

Le recircsultat dE ~os interviews ncus rec~trE qGune pcpulatiD~ divcrsishy

fiampe sint~resse agrave ce sport et qUE les intecircr~[s des uns et d~SlautrE~

semble~t divergents naucuns affirment que la lutte traditionnelle

avec frappe serait monteacutee par des personnes dont la vocation est dexshy

ploiter ce pheacuteLomegravene agrave des fins commerciales Dautres disent gJellegrave

jouit de mcyens irport~nts t[l[~isio

tation etc bullbullbull ) pour toucher toutes les couches sociales CEpe~~a~t

nous remarquons que mecircme si certaines personnes reprochent agrave cette

forme de lutte decirctre brutale ces mecircmes personnes nheacutesitent pas agrave

se rendre le dimanche agrave laregravene Bien que critiqueacutee elle semble ecirctre

adopteacutee par une tregraves grande partie de la population seacuteneacutegalaise Cepenshy

dant en tant que techniciens il nous est permis de faire une remarque

Il sagit de

- Limpression nette decirctre devant des professionnels de la frappe

qui sont ~ntratneacutes pour cela Dailleurs les propos que nous avons

recueilli~ nous prouvent que la plupart des champions de lutte avec 1

frappe s~ntratnent dans certains sports de combat tels ~ue la boxe i 1

le karateacute le judo Dans cette nouvelle forme de pratique de la lutte

contrairefuent agrave la lutte traditionnelle le technicien e~t souvent

perdant face au puncheur Ce dernier adopte une lutte agrave distance qui

lui permet de placer agrave bon escient ses coups animeacute du deacutesir de vaincre

Le technicien lui se voit contreacute dans toutes ses entreprises par

un uppercut ou un crochet

On peut dire cependant que nul sport au Seacuteneacutegal que la lutte tradishy

tionnelle avec frappe ne deacutechaicircne autant de passions et autant de

pheacutenomegravenes poussant agrave lexcegraves et deacutereacuteglements quon ne peut que deacuteplorer

Mais comment deacutecrier un spectacle de lutte qui bien quayant perdu la

presque totaliteacute des valeurs traditionnelles veacutehiculeacutees autrefois par

elle sait susciter une participation effective de tous ceux qui sont

preacutesents

CONCLUSION

Dans ce meacutemoire nous sommes efforceacutes ~e faire ressort ir limportance des

ethos et des habitus et leurs effets sur la pratique de la lutte tradishy

tionnelle au Seacuteneacutegal

L~b egravethos repr~sentent dune maniegravere g~neurorale tous les eacuteleacutements speacutec

fiques sux Seacuteneacutegalais par conampeacuteguent un systegraveme de valeurs traditionnellEs

Mais m~me si ces valeurs rev~tent une signification universelle (honneur

digniteacute courage etc bullbullbull ) il nen demeure pas moins que ce nest pas leur

nature qui fait leur speacutecificiteacute mais la hieacuterarchisation et limportance i

quon accorde agrave toutes ces valeurs de ~ar leacuteducation ou la culture

i 1

Aussi les valeurs traditionnelles puient leur speacutecificiteacute dans les

caracteacuteristiques propres aux eacuteleacutements ~e la socio-cu1ture (la technologie

et leacuteconomie la politique et la pareteacute la psychologie et lideacuteologie)

dans la socieacuteteacute seacuteneacutegalaise agrave n momen donneacute de son eacutevolution Cest i

dire la neacuteceesiteacute de ne point faire della valeur une reacutealiteacute statique

Cest dite aussi quagrave tout mome~t le ~eacuteneacutegalais peut eacutevoluer et creacuteer

ou vivre par conseacutequent de nouv~lles fprmes de valeur qui lui sont 1

propres ft (J)

La lutte traditionnelle veacutehiculant deS valeurs socio-cu1ture1les speacutecishy

fiquement seacuteneacutegalaises (croyances valeurs morales norme de comportement

opinion attitude bullbullbull ) devient un eacuteleacutement important qui tregraves certaiaement

nous aidera dans notre effort de valoriser et de peacuterenniser notre patri shy

moine culturel par le biais dactiviteacutes physiques et sportives

Leacutetude des habitus nous permet de prouver quil y a plusieurs faccedilons

de se mouvoir comme danser lutter bullbullbull qui varient avec les diffeacuterentes

ethnies (wolof toucouleur seacuteregravere diolagt leurs convenances et leurs

eacuteducations

(1) Revue Ethiopiques 31 Les valeurs traditionnelles et le problegraveme de leur inteacutegration dans les systegravemes modernes jtducatio-1 2 6r--70

nautre part cette eacutetude permet aussi de nous rendrE compte de la

correacutelatipn eacutetroite existant entre la pratique de la lutte traditionnelle

et le sta~ut socio-eacuteconomique du pratiquant

Nos inves~igations nous indiquent que la lutte recrute essentiellement

au niveau des classes socio-eacuteconomiques situeacutees en bas de leacutechelle

donc posseacutedant le statut social le moins favoriseacute La lutte avec frappe

-et un certain secteur commercialiseacute de la lutte simple- y trouve sa

leacutegitimiteacute Comme le dit BOURDIEU nA habitus diffeacuterents styles de Vle

divergents et il oppse les pratiques aristocpatiques correspondants agrave

des activiteacutes qui favorisent les situations eupheacutemiseacutees ougrave la stylisashy

tion est importante aux pratiques populaires qui font appel agrave des

qualiteacutes qpposeacutees bllutes rugueuses Certaines interviews nous

montrent que plus lindividu occupe une place eacuteleveacutee dans leacutechelle

sQciale e~ 1

moin$ il sinteacuteresse agrave la lutte

Les reacutesultats recueillis dans nos diverses investig~tions confirment 1 1

1er propos qui disent que nous assistons aujourdhu~ agrave une involution

de la lutte traditionnelle parce que perdant toutes ses speacutecificiteacutes au 1

pryfit d~ne autre forme de lutte que lon continue agrave appeler nostalshy

giqlementIIlutte traditionnelle

Ceci pourrait peut-~tre trouver une explication dan la citation suivante

La liberteacute de creacuteer dinnover de vivre Pleineinenf decirctre soi et de

preacuteserver son authenticiteacute la digniteacute et lhonneu1demeurent des illushy

sions dans la misegravere eacuteconomique~ Nos ancecirctres creacuteai~nt des valeurs de cishyl

vilisation parce quils eacutetaient libres parce qu1i~s ignoraient toute

deacutependance eacuteconomique ils cultivaient en eux et cbez leurs enfants le 1

Jorn et la Kersa et preacutefeacuteraient la mort agrave la hoJte lI (1)

Or le Seacuteneacutegal comme la plupart des pays africainsi est un pays sousshy

deacuteveloppeacute t cependant face agrave cette volonteacute du gou~ernement seacuteneacutegalais

de faire inteacutegrer dans leacuteducation des valeurs traditionnelles nous

pouvons espeacuterer utiliser comme moyen deacuteducation la lutteacute traditionnelle

qui reste quand mecircme vecteur jethos et dhabit~s

- 54 shy

Mecircme si lon a noteacute un appauvrissement notoire sur les plans socioshy

culturel et moral la lutte traditionnelle recegravele une gamme importante

et varieacutee de techniques permettant incontestablement une ouverture vers

les luttes olympiques libre et g~eacuteco-romaine

La lecture de ce meacutemoire permettra agrave lentratneur et au professeur de

lutte en fonction du lieu ougrave ils seront affecteacutes dans le territoire

seacuteneacutegalaisdavoir une information sur les techniques contrOles et

formes de corps propres agrave chaque groupe ethnique et de les mettre en

relation avec leurs croyances et leurs mentaliteacutes

Nous avons essayeacute de montrer que la pratique de la lutte traditionnelle

doit tre axeacutee sur une ethnomotriciteacute au Seacuteneacutegal qui permette une inishy

tiation facile Cette pratique de la lutte traditionnelle seacuteneacutegalaise

devra dailleurs essayer de ~eacutepondre aux aspirations du Seacuteneacutegalaisl

moderne en souvrant aux ap~orts positifs des autres civilisations

ex~eacuterieures nous voulons Jvidemment parler du judo et des luttes oiymshyJ

piques 1

1 j Nous navons pas la preacutetentfon dans le cadre de ce meacutemoire demattrise

de reacutepondre agrave toutes les qutstions se rattachant agrave leacutetude de ~a lutte

traditionnelle souslangle~socio-culturel car non seulement il nous

manque lexpeacuterience et la c peacutetence en la mati~re mais aussil l le temps

et les moyens dont nous dis osions ne nous permettaient pas d~puiser le 1sujet i

1 1 1 t 1

l

- )5 shy

BIBLIOGRAPHIE

BIBLIOGRAPHIE

1- CLAPAREDE Psychologie de leacuteducation et peacutedagogie expeacuterimentale

Edition Delachaux et Niestleacute 244 pages

2- POCIELLC Christian Sport et Socieacuteteacute approche socio-culturelle

des pratiques Paris Vigot 1981 377 pages

3- PIERON Henri Vocabulaire de la psychologie

PUF Deuxiegraveme eacutedition 1957 469 pages

4- Revue socialiste de culture neacutegro-africaine ETHIOPIQUES

Les valeurs traditionnelles et le problegraveme de leur inteacutegration

dans les systegravemes modernes deacuteducation

GIA 21 Juillet 1982 213 pages

5- N2 Revue du Centre dEtudedes Civilisations DEM ak TEY

NIS IVegrave Trimestre 1982 96 pages

6- Document lNSEP Colloque sur la lutte aeacuteregravere

DAKAR MAI-JUIN 1980

t 1

~- Travaux du IVegrave Congregraves National ~es Sports agrave DAKAR les 2223041981

Bulletin n2 91 du CIO du 15 Aont 1965

l____________________________

8- Meacutemoire de Mattrise BADJI Abdou La lutte traditionnelle Joola

Etude et perspective

9- Meacutemoire Inspectorat JS DJITTE Mandy Les pratiques corporelles

traditionnelles au Seacuteneacutegal pour leur exploitation et leur

utilisation en peacutedagogie Marly le Roi 1980

REPUBLIQUE DU SENEGAL

--------------- INSTITUT NATIONAL SUPERIEUR

MINISTERE DE LA JEUNESSE DE LrsquoEDUCATION POPULAIRE

ET DES SPORTS ET DU SPORT

-------------

(INSEPS)

MEMOIRE DE MAIcircTRISE

Es-SCIENCES ET TECHNIQUES

DE LrsquoACTIVITE PHYSIQUE ET DU SPORT

LA LUTTE TRADITIONNELLE

son importance sa signification en fonction des ethos et des habitus ethniques au Seacuteneacutegal

Preacutesenteacute par

Monsieur Joseph Victor FAYE

Sous la direction de

M Jean Marc ROCHEZ

Professeur agrave lrsquoINSEPS

Anneacutee de soutenance 1984

Ce ~eacutemoire est une riflexion 3ur la lutte car ~lie apparatt sur le

continent africai~comme un phinomegravene social important Elle le doit

sans doute au fait que depuis le fond des temps elle est itroitement

associeacutee agrave la vie de lhomme Or en deacutecouvrant ses vestiges du passeacute

lAfrique confirme lhypothegravese d~tre le berceau de lhumaniteacute Il en

reacutesulte que sur ce continent la lutte y possegravede une longue tradition

et serait-il paradoxal de preacutetendre que lAfrique a acquis le besoin

de lutter qui cherche agrave se satisfaire selon des moyens congeacutenitaux

cest dans cette perspectiveque nOus approcherons la LUTTE SENEGALAISE

car il est admis que la preacutesence de lHomo-Sapiens en Afriquecircde lOues

remonte agrave plus de 10000 ans Autrement dit nos anc~tres ont reccedilu

lhistoire de la lutte et sa longue eacutevolution lieacutee agrave celle de la civili

sat ion

Nos premiers anctres pratiquegraverent la lutte utilitaire celle dont la

possession eacutetait neacutecessaire pour survivre dans un milieu hostile et

inquieacutetant agrave la fois pour se nourrir et pour se deacutefendre

En se regroupant en clans et tribus nos anc~tres modifiaient radicaleshy

ment leurs conditions dexistence certes ils eacutetaient mieux agrave

mme dassurer leurs besoins vitaux mais ils devaient faire face aux

rivaliteacutes qui ne manquegraverent pas de surgir entre les diffeacuterents groupes

Cette installation dun eacutetat endeacutemique de guerres ougrave le but eacutetait de

soumettre et de ravir ou de se libeacuterer et de reacutecupeacuterer transforma la

lutte en activiteacute martiale Ainsi se deacuteveloppa la science du combat agrave

mains nues celle qui permet de deviner lautre et de le surprendre en

deacutecidant et agissant plus rapidement que lui Mais il ny a pas si long

temps le corps agrave corps eacutetait leacutepisode deacutecisif de toute bataille

Gagnant en sagesse et en technique nos anc~tres saperccedilurent quil

existait dautres modes de vie que celle de vivre aux deacutepens de ses

semblables et progressivementiles temps de paix prirent le pas sur les

temps de guerre La lutte en perdant son utiliteacute ~ais non sa fonction

devint lobjet dlun rite initiatique Il eacutetait du devoir des anciens de

- ~

d~tre en mesure dassurer acirc 1 ur tour Id protection du ~roupe En

deve~ant contenu denseignement la lutte ecircvoluait acirc nouveau Elle

perdit son caract~re preacutepa=atoi=e et devenait ~ctivit~ d~ c0~pensa-

tion (1) Au-delagrave des techniques de mise hors combat qui devaient se

deacutepouiller de leur violence et des risques de dommages corporels on

visait une action formatrice sous un triple aspect physique caracshy

teacuteriel et moral

Puis survint le temps de paix durable celui ougrave leacutenergie eacutetait

essentiellement consacreacutee agrave produire des biens pour sa collectiviteacute

dappartenance Deacutesormais lhomme eacutequilibrait sa vie entre le travail

le repos et le divertissement Cest ainsi que la lutte se retrouva au

coeur des reacutejouissances populaires En se faisant ludique celle ougrave

lon joue agrave mesurer sa force sa ruse son agiliteacute sa bravoure bullbullbull La

lutte se speacutecifiait agrave nouveau en simbriquant aux moeurs aux coutumes

et aux croyances

Cette longue histoire commune du neacutegro africain et de la lutte expliqUE

qUegravecette derniegravere fait partie des traditions auxquelles il est le plu

attacheacute et ort heacutesite pas agrave parler de sport national mecircme quand elle

doit ceacuteder en populariteacute devant le foot-baIl

En Afrique toute activiteacute physique veacutehicule un message et la lutte

traditionnelle elle aussi se trouve impreacutegneacutee de valeurs socio-cultushy

relIes et il arrive quon lui assigne de les veacutehiculer et de les trans~

mettre Parler de lutte en Afrique deacutecouvrir sa signification et comshy

prendre son histoire consiste agrave montrer quelle participe aux eacutethos et

habitus de groupe comme nous proposons de le faire

(1) - CARR The survival values of play citeacute par CIAPAREDE dans Psychologie de lEducation et Peacutedagogie Expeacuterimentale Edition Delachaux et Niestle (244 pages)

iotre reacuteflexion se ci-conscrird au S-~sJl -t mecircle si le peuple

seacuteneacutegalais est o-igilaire de la volonteacute cocnmune due dizaine deacutethries

de vivre ensemble ~ous nous limitert~s 1 analyser les rapports quentr

tiennent les quatre grands groupes diola seacuteregravere toucouleur et wolo

et les styles de lutte correspondant

Nous entendons veacuterifier lhypothegravese quaux particulariteacutes ethniques

(mode de vie coutumes rites et croyances) correspondent des particushy

lariteacutes de lutte (signification valeacuteurs veacutehiculeacutees mode de pratique

regravegles dorganisation bullbullbull )

Ce meacutemoire consiste agrave reacutealiser une approche socio-culturelle du pheacutenomegravel

lutte en Afrique avec le secret espoir quil puisse servir de preacuteface

agrave lhistoire des diffeacuterents styles reacutegionaux que dautres ont commenceacute

agrave eacutecrire

gt Si nous devions justifier le choix dun tel sujet t tous les arguments

se regrouperaient autour dune meurome motivation recouvrir notre authenmiddot

ticiteacute

En premier lieu parce que nous adheacuterons totalement agrave ce souhait des

Pouvoirs Publics de mettre laccent sur une eacuteducation physique et spormiddot

tive qui tout en souvrant aux appels feacutecondants de la techniques

fondera son action dans les valeurs traditionnelles du pays La lutte el

tant que pratique eacuteducative et manifestation dessence collective est

bien placeacutee pour justifier cette tendance

Elle reacutepond aux aspirations dune eacuteducation physique et sportive qui

veut creacuteer les conditions de son deacuteveloppement et de qUumlI i~ertion dans

les habitudes sociales des populationsff(l)

(1) Travaux du IV~ C~n-r~s Sports de 2223 Avril 1981

WotrQ CCYVcftOl de llnteacute~t JiU W sectU~ e6t ~~pu_~ deacuteclarations de 2rsonnaliceacutes du monde sportif lLrlsi ce Ii1essage agrave lir shy

tention des dirig~ants africains

-ous ~ T beaucoup agrave apprendre de eus ous qui sans

cesse davantage oublions que leacutequilibre de lhomme veuc

quiL sinscrive harmonieusement t aussi bien dans la nature

que dans la civilisation deacutecouvrons que les Atricains nont

pas eacuteteacute initieacutes aux principes du sport et ses vertus au

contraire de maints pays europeacuteens par exemple aupregraves desquels

tout ou presque est agrave retaire agrave chaque geacuten~ration Lexercie

physique tait partie de la vie atricaine il est moyen de commushy

nication et de locomotion- (1)

Or la lutte constitue par excellence ce Veacutecu moteur que nous t1ansshy

mettons de geacuteneacuteration en geacuterieacuteration et ce patrimoine doit survivre agrave

toutes les agravegressions or iginaires dautres modes de civilisation dont

certains effets ne manquent pas de se faire sentir sur le devenir de la

lutte traditionnelle

A la preacuteoccupation de preacuteserver notre authenticiteacute sajoute celle den

assurer la deacutefense

Aussi au-delagrave de nOs analyses destineacutees agrave eacutetablir les rapports entre

modes de vie et styles de lutte nous nous poserons le problegraveme dune

codification objective de la lutte traditionnelle constituant la mise

en communauteacute des apports pertinents de chaque style reacutegional Ce style

national apparatt indispensable en raison de lavegravenement prochain dune

socieacuteteacute seacuteneacutegalaise nouvelle qui ne peut se b~tir que par un partiel

renoncement au passeacute et son contenu (2)

Enfin nous voulons faire partager notre ~nthousiasme gagner agrave notre

cause eacuteducateurs entratneurs de lutte les amener agrave reacutefleacutechir sur leur

pratique et peut-~tre les aider agrave tnseigner avec plus de coheacuterence cette

discipline pour le plus grand bien de notre jeunesse

(1) Bulletin n 91 du CIO du 15 AoOt 1965 - Page 15

(2) Cette preacuteoccupation semble ecirctre partageacutee par de nombreux pays afri shycains ougrave la lutte est de tradition on y pressent quagrave de nouveaux types de socieacuteteacute doit correspondre de nouveaux hlbitus En conseacutequence la lutte doit eacutevoluer Darlllegrave~1e1t SO3 pine d amptre in~niaterpnt l~l~dJl-J~ (Sw~JL~c~ ~ - 13 P~v~~L)ti-~l j Ld L~t~ cr~lJit0nn~l12

otgalisecirce pH la cmFJS - iJAKAR - lai ~~)

-5shy

II QUELQUES NOTIONS DE SOCIOLOGIE POUR UBE MEILLEUR~

COMPREHENSION DE LA LUTTE TRADITIONNELLE

Essayons dexpliquer simplement les termes ETROS et HABITUS et

ETHNOMOTRICITE pour la clarteacute de notre deacutemarche

ETROS dans sa deacutefinition premiegravere veut dire en parlant dun individu

lice qui distingue cet individu des autres (1)

En eacutetudiant cette signification dans le cadre de la sociologie on

entendra par eacutethos ethnique (eacuteducation croyance rite etc bullbullbull ) lenshy

semble des caracteacuteristiques dune communauteacute sociale

HABITUS QCe sont les habitudes et attitudes socialement acquises qui

sous-tendent et preacute-deacuteterminent partiellement les faccedilons de penser de

sentir dagir de tout individu et traduisent notamment le rapport quil

entretient avec son corps (2)

Dans le cadre de ce meacutemoire nous allons essayer de faire une approche

de la lutte traditionnelle sous deux angles dabord en leacutetudiant comme

habitus en tant que technique du corps et ensuite COmme habitus de classe

fonction du style de vie des individus et nous nous proposons dans cette~gt

partie de deacutefinir ces deux notions dhabitus

Marcel MAUSS dans une viseacutee anthropologique emploie ce terme dune maniegravere

tregraves large pour rendre compte des faccedilons dont les hommes socieacuteteacute par

socieacuteteacute dune faccedilon traditionnelle savent se servir de leur corps Ces

habitudes varient avec les individus et leur imitations elles varient surshy

tout avec les socieacuteteacutes les eacuteducations les convenances et les modes les

prestiges

Analysant de multiples techniques du corpsll la marche la course la nage

le beacutechage le saut la danse et toutes les techniques corporelles en geacuteneacuteshy

ral (techniques alimentaires sexuelles de soins de repos bullbullbull ) MAUSS

insiste sur le fait que celles-ci ne sont pas naturelles mais acquises

(1) PIERON Henri Vocabulaire de la psychologie 2egraveme eacutedition revue et augmenteacutee PUF 1957 page Ill

(2) POCIELLO Christian Sport et Socieacuteteacute Approche sodo-culturelledeacutell pratiques Paris Vigot 1981 pages 78-79

La notion dethnomotriciteacute part dune constatation

- la grande diversiteacute des caracteacuteristiques preacutesenteacutees par les pratiques

corporelles en fonction de leacutepoque du lieu des groupes elle teacutemoigne

de linfluence despotique des normeS et des valeurs sociales sur la mise

en jeu du corps

Dougrave sa deacutefinition

Le champ et la nature des pratiques motrices envisageacutees sous langle de

leur rapport agrave la culture et au milieu social au sein desquelles elles

se sont deacuteveloppeacutees (1)

Conseacutequence le contrat ludosportif est aussi un contrat social il

reflegravete la faccedilon dont une socieacuteteacute aime agrave se penser agrave se repreacutesenter bullbullbull

et accepte de se donner en spectacle

Lethnomotriciteacute donne naiss~nce agrave deux sortes danalyses

- lanalyse synchronique -ou eacutetude spacialeshy

de type interculturel agrave hagravebitus diffeacuterents styles de vie divergents

de type intraculturel apparition dhabitus de classe et de pratiques

distinctives

- lanalyse diachronique -ou eacutetude temporelle- ou eacutevolution sur une longue

peacuteriode des pratiques motrices pour une cateacutegorisation dindividus

Cette hypothegravese de lenracinement social de la motriciteacute est une atteacutenuashy

tion des explications psychologisantes consideacuterant lindividu indeacutepenshy

damment de son environnement et sexprimant en termes de goQts motivations

() PARLEBAS pierre Contribution agrave un lexique commenteacute en Science 4e laction motrice Paris Publication INSEP 981 322 pages

AicircAgraveLYSE CES iJFrADES iDe I LES EN flA TIERE

DE PRATIQUE DES SPORTS DE Oicirc-itlAT

Objet Veacuterificat~on de la theacuteorie de lhab~tus

Hypothegravese En raison de son histoire de ses speacutecificiteacutes des valeurs

symboliques dont on linvestit une pratique sportive est en faveur aushy

pris dun groupe de pratiquants en fonction dattentes de niveaux dexishy

gence de fierteacute dappartenance qui sont socialement et culturellement

deacutetermineacutes

Il sagit en quelque sorte danalyser les goOts et les motivations des

sportifs en rapport avec leur condition sociale et le sentiment attachi

agrave ce statut

Remarque Cette analyse sera meneacutee en fonction des classes sociales et

non agrave partir de cla~se dage ou encore de classe socio-politique comme il

est dusage pour toute reacuteflexion sur notre socieacuteteacute trJditionnelle

Cette particulariti provient du fait que nos enquites ont iteacute effectueacutees

en milieu urbain -en raison des problimes de temps et de moyensagrave Dakar

et agrave Thiis pour itre plus preacutecis et il est deacutesormais hasardeux de preacuteshy

tendre y retrouver les structures traditionnelles c~e on pourrait le

faire en milieu rural

Par classe sociale et nous inspirant de la notion marxiste -deacutefinition

du rapport aux moyens de production- nous entendons la distance_dun

groupe social aux postes de deacutecision et de responsabiliteacute Plus cette

distance est grande moins le statut eacuteconomique est eacuteleveacute

Nous distinguons quatre (4) classes sociales car au niveau dune telle

analyse nous ne pouvons preacutetendre agrave la finesse de discrimination indiciaire

de la Fonction publique par exemple

r~partieuml

come il egravest rsectc eacute dans 1 ablea~ ci-dessous

CATEGORISATIONGROUPE EXEMPLE DE FONCTIONADMISE

Administrateur civil - Ingeacutenieur - Meacutedec ilCadre supeacuterieur1 Officier - Professeur

Instituteur - Mattre dEPS shy2 Cadre moyen Secreacutetaire - Technicien

Chauffeur - Militaire Policier3 Cadre subalterne shyPatron - Artisan

Artisan - Cultivateur - Ouvrier temporail4 Non cadre Pcheur

Conditions denqute Six (6) sports de ~ombat sont officiellement

pratiqueacutes Ils possegravedent une structure para-eacutetatique de gestion de contr

ce sont

3 sports de preacutehension - JUDO - LUTTE LIBRE TRADITIONNELLE - LUTTE OLYMPIQUE

2 sports de percussion - BOXE ANGLAISE - KARATE

sport mixte - LUTTE TRADITIONNELLE AVEC FRAPPE

Pour chacun de ces sports 50 pratiquants ont eacuteteacute interrogeacutes sur leur

statut socio-eacuteconomique avec la discreacutetion et la prudence quexige ce

genre de question

Cette enqute sest deacuterouleacutee dans les conditions suivantes

JUDO

Lieu DAKAR - Clubs USTD - DUC - FJAKS - DOJO HOMAR DIENG

Date du 020J84 au 28-05-84

Circonstances Les principaux inteacuteresseacutes eacutetant la plupart sur le tatami

pour lentratnement il fallait souvent attendre la fin

de lentratnement uumlur pouvoir avoir une ou deux entreshy

vues de sorte qu~ le~qu~te a pris beaucoup plus de

On constate que le no~bre de p=a~iq~~-ts ~st ~eauccup plus importd~t dans

les groupes 2 et 3 - Il es ~oindre dans les grQupes 1 et 4

LUTTE LIBRE TRADITION~~LLE

Lieu Dakar - Thiegraves bull Aregravenes Landing DIAME - Ecurie Seacuteregravere (pregraves de

lautoroute) Lutteur diola - toucouleur - Entratneurs - encadreurs

de diverses eacutecuries Stade Iba Mar DIOP - Aregravenes de Pikine et de

Thiegraves - CNPES - INSEPS

Date du 040284 au 020684

Circonstances Elles sont parallegraveles car les pratiquants semblent beaushy

coup plus disponibles que dans les autres disciplines Notre travail

parfoi~ peacutenible en raison de la diversiteacute des ethnies repreacutesenteacutees

et la traduction n1est pas toujours aiseacutee

Observations

Nous constatons que la lutte libre traditionnelle est plus pratiqueacutee

par les groupes 4 et 3 que par les groupes 1 et 2

LUTTE OLYMPIQUE

Lieu CNPES - INSEPS - Iba Mar DIOP (Equipe Nationale) - DUC

Date du 040284 au 020684

Circonstances Les conditions sont meilleures dans la mesure ougrave le

hasard a fait que pendant cette peacuteriode leacutequipe nationale soit

en regroupement et ceci nous a permis d-interroger un nombre

important de lutteurs de grand renom

Observations

En raison du petit nombre de pratiquants r~guliers lenquecircte ne porle

que sur 2S personnes Arbitrairement pour les besoins de comparaison

les raisons de comparaison les reacutesultats cbtenus sont multipli~s par 2 bull

BOXE A~~GLISE

Lieu Iba l-ar DIOP - ASFA - ASFPO - SC -ASC JJAF - ASC lA

ugraveate du 201283 au 020684

~E~~~~E~~~~ Ici nous ferons la mecircme remarque que pour le Judo

Notons que toute lenquecircte a eacuteteacute faite agrave Dakar

Observation

La boxe recrute ses pratiquants surtout dans les classes 3 et 4 et

on note que le nombre de pratiquants nest pas aussi important comme

dans les autres disciplines

KARATE

Lieu YUKOKAI KARATE CLUB - SAMOURAI KARATE CLUB - Iba Mar DIOP

CLUB DE GIBRALTAR - ASFA - ASFA - ASFPO - GM Thiegraves

Date du 201283 au 020684

SE~~~~E~~~ Notre enquecircte se passait dans une ambiance sympathique

de camaraderie Geacuteneacuteralement apregraves la seacuteance dentratnement

Observation

Nous constatons que la distribution des pratiquants bien que favorisant

les groupes 2 et 3 semble plus homogegravene que dans les autres disciplines

~ LUTTE TRADITIONNELLE AVEC FRAPPE

Lieu Ecurie de Fass - Ecurie des Seacuteregraveres - Ecurie Mermoz

- Ecurie des Casamanccedilais

Date du 04-02-84 au 020684

Ccedilj~9~~~aEccedil~ Il est agrave signaler que cest la discipline ougrave l~ contact

avec les pratiquants a eacuteteacute plus difficile les speacutecialistes qui~ la plushy

part du temps semblent meacutefiants quand on commeucircce agrave leur poser des quesshy

tions preacutecises sur leur revenu mensuel

2 -liCc 055cllt le lle11ent SegraveS praLicltants dans le ba

de lecirc~helle ces~-agrave-dire dans le ~ruumlupe 4

~ecircsultats

Les reacutesultats enregistreacutes sont reacutecapituleacutes en nombre et en pourcentage

-agrave lapproximation pregraves- dans le tableau ci-dessous

LUTTE 1 LUTTELUTTEGROUPES BOXE KARATE JUDO AVEC OLYMshySIMPLE i i FRAPPE PIQUE

1 11 1 1 1

1 11 1 1 1 11 0 1 0 8 1 16 9 1 18 4 1 8 0 1 0 7 1 14

1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1

1 11 1 1 1 1 12 3 1

1 6 21 1

1 42 22 1 44 6 1 12 4 1 8 17 1 341 1

1 1 1 1 1 1 1

1 1

1 1 1 1 1

3 22 1 44 13 1 26 15 1 30 16 1 32 5 1

1 10 10 1 20

1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1

1 1 1 11 1 1

14 25 1 50 8 1 16 4 1 8 24 48 41 1 1 82 16 1 321 1 1 1 bull 1 1 1 1 1

1 1 1 1 1 11 1 1 1 TOTAUX 50 1100 50 1100 50 100 50 pOO 50 pOO 50 1100

1 1 1 1 1 1 1 1 1 1

Afin dG failiter la lect~~e je c~ table3~ t ~2 re~dre sig~ific~tives

s info~~ations quil contient ces difteacutere ts reacutesultats nu~eacuteriques

peuvent ecirctre formuleacutes selon des repreacutesentations graphiques

1 Clientegravele des Sports de combat

FIGURE l

Il apparatt nettement que les sports de combat recrutent essentiellement

dans le bas de la hieacuterarchie sociale ce sont des sports populaires don

propices agrave une massification de la pratique

Toutefois on peut nourrir quelques inquieacutetudes pour que soient reacuteunies

les conditions de leur deacuteveloppement en raison du faible statut quils

possegravedent au regard defllintelligentsia seacuteneacutegalaise

2 Hieacuterarchisation des gants sportifs en matiegravere de sport

de combat au sein des cadres supeacuterieurs -Groupe 1shy

FIGURE I[

La f-appe est honni aucl1 pratiqua1t de boxe Olt de lutte avec frappe

agraveUloins quelle fasse lobjet dune stylisation cxtrecircme COTIme cest le

cas dans le karateacute Ce groupe manifeste un seuil extrecircmement bas de toleacuteshy

rance agrave la violence ce qui explique les discours infamants degraves que la

lutte avec frappe est secoueacutee par quelques excegraves Leacuteopold Seacutedar SENGHOR 1

navait-il paS deacuteclareacute que cette forme de lutte eacutetait une atteinte permashy

nente agrave limage de marque du Seacuteneacutegal

Bien quil soit difficile de proposer une explication unique curiositeacute

esprit douvetture permeacuteabiliteacute aux modes bullbullbull les repreacutesentants de ce

groupe adoptet facilement des sports importeacutes 85 des goOts pour le 1

Judo le Karateacute et la Lutte Olympique qui pourtant est bien peu pratishy1

queacutee au Seacuteneacutegfll j

Faut-il en deacuted~~re une attitude geacuteneacuterale favoris~agrave tout ce qui provient

de leacutetranger

Nous nous refu~ons preacutesentement agrave ce genre dexplicationJ ne ser~it-ce que

par ses conseacuteqJences sur notre sport national dont les perspectives appashyj

raicirctraient bie sombres

Admettons que la pratique de ces disciplines sont en rapport avec des

deacuteterminants eacuteconomiques et que ceux-lagrave sont un frein P4ur la popularisashy

tion de ces pratiques A lappui de cette interpreacutetation~ il suffit de

composer le champ social du Judo et celui de la Lutte libre traditionnelle

--== G J

32

LUTTE SIHPLEJUDO FIGURE JI(

Le groupe 2 qui manifeste un inteacuterecirct reacuteel pour les sports de combat -pregraves

de 25 iuml de la population i~tervieweacutee- et qui p6ssegravede les ~oyens de choisir

ses pratiques opte massivement pour le judo CDnme lexprirre le rapport de

agrave 4

- shy

A la lumiegravere de cette succi~te analyse des demandes sociales en matiegravere

de pratique des sports de combat nous pensons recouper la theacuteorie de

lhabitus selon BOURDIEU qui veut que des hatitus diffeacuterents impliquent

des styles de vie divergents si lon entend par style de vie un systegraveme

de pratiques classeacutees et classantes(I)

La mutation de la socieacuteteacute seacuteneacutegalaise celle du milieu urbain se caracteacuteshy

rise par lapparition despaces sociaux qui sont en rapport avec des

espaces culturels Il en reacutesulte des pratiques distinctives comme

lexprime le pogam

En effet si les cateacutegories sociales existent et si chaccedilune delle exprime

une marque sur les conduites des sujets il est naturel ~e penser que des

pratiques1 sportives servent de modegraveles distinctifs et detrsymbOles dorgashy

nisation ieacuterarChique dans la socieacuteteacute exprimant les dif eacuterentes clas8eamp(2)

Ces const4tations ont dimportantes implications sur leeacuteveloppement et

lavenir des pratiques Si dans notre IIIegrave partie nous 1tenterons de 1

mettre en rapport les particulariteacutes ethniques avec les pluraliteacutes de

style de lutte nous parlons presque au passeacute Une IVegraveme partie devra

e~visager la situation actuelle de la lutte afin de pouvoir eacutemettre

qu~lques hypothegraveses sur son devenir

Cest auss~ une ambition de ce meacutemoire daider ceux qui sinteacuteressent reacuteellE

ment agrave la lutte de savoir entendre au travers des deacuteclarations normatives

et apologeacutetiques Nous ne doutons nullement de la conviction ou de la bonne

foi de leurs auteurs mais parmi les possibles il yale probable et seul

ceiui-lagrave meacuterite decirctre retenu car plus proche agravee la recirc~liteacute

(I) BOURDIEU pierre La distinction Les Editions de minuit 1979 page 191

(2) Le POgdlt Deacuterrocratisation du sport ythe (u reacutealiteacute

- 1f shy

j j l IlL DL l H L S DE

3 1 LA COll1ŒNAUTE DIOLA

311 Preacutesentation

Les diolas vivent dans la reacutegion de Casamance et repreacutesertent 9 de la

population totale du Seacuteneacutegal Ce sont geacuteneacuteralement des cultivateurs de

riz et des artisans Cependant on peut les trouver aujourdhui disperseacutes

dans toutes les capitales reacutegionales affecteacutes agrave divers meacutetiers militaire

gendarme fonctionnaires de lEtat ouvrier etc bullbullbull

Dans les villes la plus grande partie des diolas vit dans les qoartiers

populaires Par exemple agrave Dakar on les trouvera agrave Colobane agrave Fass agrave

Grand Yoff ou agrave Khar Yalla La plupart du temps cesDnt des artisans et des

ouvriers du secteur priveacute qui vont essayer dune maniegravere ou dune autre de

vivoter en bricolant deci de lagrave Mais mecircme loin de la Casamance cette

ethnie conserve une grande partie de ses caracteacuteristiques et plus partishy

culiegraverement la solidariteacute ethnique qui veut que les Diolas forment toujours

un bloc bien soudeacute quand le besoin se ifait sentir et cecisans discrimishy

nation de rang social Ainsi tous lesdiolas de Dakar se mobilisent pour

supporter le Casa Sport chaque fois qbe cette eacutequipe de foot-baIl vient

jouer agrave Dakar Cette mobilisation se fera aussi dans le cas ougrave leur chamshy

pion de lutte Mamadou SAKHO livre uncombatimportant

Lethnie diola est diviseacutee en trois sous-groupes

- les dio1as Fogny de Bignona

- les diolas Kassa autour dOussouye

- les diolas Blouf dans la preacutefecture de Tendouck

Mais en lutte on a pris lhabitude ~e les grouper en deux zones dune

part le Kassa qui preacutesente des particulariteacutes et dautre part lE Fogny

et le Blouf

- J 7 shy

3 ) 2 ~U(lquE5 aspects d~ l~ducatio~ ~t des rit~s en milieu diol~

L eacuteducat ion veacuteritable de lenfant diola est sociale et ne se corlprend

que dans la relation sociale elle deacutepasse de loin le strict cadre

famililal Elle commence au stade de lapprentissage du langage

Lenfant apprendra agrave reconnattre le langage du regard de ses parents

Il doit connaicirctre et faire la diffeacuterence entre un regard approbateur

et un regard qui blacircme De mecircme il doit apprendre agrave faire les gestes

de la tecircte qui expriment lapprobation En aucun cas lenfant nest

laisseacute agrave lui-mecircme Aura-t-il deacutesobeacuteit par complaisance naura-t-il pas

eacutecouteacute ou fait attention aux recommandations reacutepeacuteteacutees plusieurs fois

sans reacutesultat il fera lobjet dune punition corporelle avec la chicotte

Elle a pour effet de faire mal au corps de lenfant afin datteindre son

acircme sa sensibiliteacute et instaurer en lui une sorte de 1iaision de la

meacutemoire du mauvais comportement agrave la douleur quen voulant eacuteviter la

douleur il finit par eacuteviter le mauvais comportement en tout cas den

prendre conscience degraves cet acircge Cest une meacutethode deacuteducation mora1e (])

i 3121 Leacuteduca~ion maternelle

1

Notre eacutetude nous a montreacute que mecircme de nos jours leacuteducation diola

conserve encore ses caracteacuteristiques traditionnelles au niveau des rites

des moeurs des habitudes des principes et des normes

Leacuteducation de lenfant reste lune des plus rigoureuses Elle commence

degraves le plus bas acircge car pour le dio1a on ne peut redresser une personne

adulte donc autant leacuteduquer tregraves jeune Jusquagrave lacircge de trois ans

lenfant sera encadreacute par sa megravere qui bien queacutetant tregraves douce fait

preuve daucune indulgence Elle lui apprend les interdits de la communaushy

teacute respecter son prochain ne pas insulter ni profeacuterer de gros mots surshy

tout en preacutesence de grandes personnes ni faire violence agrave autrui

Plus terd v~rs cinq ou SlX ans le jeune garccedilon est initi~ a~x travaux

ces cna~ps des rizi~r~s cles pal~eraiEs ce Gui ne manquer6 pa5

davoir ces rEpcrcussic~s sur SOn deurovelopperncnt morpholoique

- 1( shy

3122 La circoncisio~

cest un rite obligatoire Il a pour but dintroduire le garccedilon dans

la communauteacute des hommes en tant que responsable Cest un rite qui

laisse une trace indeacuteleacutebile dans la vie du jeune diola Les principes

de la vie en socieacuteteacute y sont enseigneacutes agrave fond Le rite de la circoncishy

sion preacuteseuro~teuro uneuro forme p~lticul do~t s~uls les diolas connaissent

lorganisation internecar la circoncision est agrave la fois une eacutepreuve

physique intellectuelle et morale

Cette circoncision en milieu diola se passe dans le bois sacreacute En ce

lieu les Njoulis (circoncis) sont encadreacutes par des mattres les

Kintangs et au-dessus de ces mattres regravegnent un ecirctre doteacute de faculteacutes

occultes il sagit du Kankourang Le kankourang a cette capaciteacute de

disparattre de voler quand bon lui semble Il incarne la justice et la

violence et assure la protection de ses disciples contre les mauvais

esprits Ainsi le kankourang incite agrave lobeacuteissance et agrave lordre dans

cette socieacuteteacute Dans la tradition diola le kankourang repreacutesente un

pouvoir mystique capable de choses extraordinaires dont la socieacuteteacute

moderne avide de raisonnement ne pourra trouver une explication Au

cours de la circoncision les initieacutes subissent un certain nombre

deacutepreuves physiques que le diola appelle samasso Il doit se soushy

mettre agrave lensemble de ces eacutepreuves consideacutereacutees comme indispensables

agrave sa formation pour lui permettre de juger ses capaciteacutes physiques

mais eacutegalement deacutepouver sa valeur intellectuelle morale et sociale

Il pourra aussi se mesurer aux autres dans le domaine de la consideacuteration

et du respect En quittant le bois sacreacute le jeune doit posseacuteder une

grande partie des qualiteacutes humaines et socisles quil faut agrave un howmE

pour vivre en harmonie avec la socieacuteteacute traditionnelle Il serait bien

sOr possible dans le cadre dune eacutetude plus approfondie de parler de

bien dautres rites et pratiques traditionnelles

Notons cependant que le rite de la circoncision appartient aux anc~t~es

et que dans les villages reacutecents ougrave les structures ont changeacute on ne

Jeux jours avant la re~trfE cans le bois sacr[ les adolescents so~r

-

- Jo shy

por lE diola 11-071- doit rester en harrc1iE avec lE

tal lanimal lui-mecircme les ancecirctres les geacutenies Le rit~ du rasdge co~sist~

acirc ~loigner la ~alchance de lenfant Si l~ ritE nest pas respecteuro eumlr es

parents du futur initieacute celui-ci connaicirctra la malchance pendant toute sa viE

Ce rite a aussi pour faculteacute deacuteloigner le mal et de preacuteserver lenfant des

mauvais esprits

Le rite de leau sacreacutee se fait un jour avant lentreacutee dans le bois sacrEacute

Les femmes doivent se garder davoir le moindre contact avec leau beacutenite

pour se preacuteserver des conseacutequences facirccheuses qui pourraient en reacutesulter La

tradition veut quune seule goutte soit capable de deacuteclencher lavortement

l chez la femme enceinte de rendre steacuterile la jeune fille ou de provoquer des

menstrues perpeacutetuelles chez la femme ayant atteint la meacutenopause bull

bull Le rite de la forge protegravege le futur initieacute pendant son seacutejour dans le bois

sacreacute Mais cette protection seacutetend bien au-delagrave et de rite veut que toute

personne qui y faillit soit condamneacutee agrave devenir leacutepreuse

Pendant plusieurs semaines les jeunes initieacutes subissent une formation capishy

tale qui fera deux des hommes complets

313 Croyances et pratiques mystiques

Si nombreux sont les diolas convertis au Christianisme ou agrave lIslam leur

foi napparatt jamais incompatible avec leurs croyances animistes Lhisshy

toire des rois et reines diolas nous reacutevegravele quils eacutetaient les ffprecirctres fl de

ces cultes feacutetichistes destineacutes agrave maintenir la fertiliteacute et agrave provoquer

la chute des pluies De nos jours existent encore des socieacuteteacutes secregravetes agrave

base religieuse ou magique la plus redouteacutee eacutetant lassociation neacutecrophashy

gique Kousanga des Floup (1)

Deux fafu expliquent la coexistence du dogme et de la croyance

le contact tardif de la socieacuteteacute diola avec les civilisations eacutetrangegraveres

et leacutevangeacutelisation ou lislamisation quelles veacutehiculaient Il e~ reacutes~lt~

une importance des traditions leur reacutesstance agrave une remise en questic~ ce qui confegrave~e agrave la socieacuteteacute diola un caractegravere conservateur

r~c~~i]EE 2~fr~~ ~c - t

ct ~Cc egraveE~ Cimiddotilisatilaquo~ eacute

la neacutecessiteacute de lanimisme consiegraveeuroreacute comme base de toutes legrave~

religi0~s uumlegrave serait-ce que corr~e tentative ciexpliquer li1explishy

cable en se repreacutesentant en particulier comme un ensemble de puisshy

sances mystiques Ainsi pour lanimiste agir sur la nature cest

intervenir psychologiquement aupregraves de ceLX qui la gouvernent

314 Imeact des moeurs sur la prat~que de la lutte diola

Lorigine de la populariteacute de la lutte eugrave milieu diola est par trop

impreacutecise aussi nous nous limiterons agrave en donner la signification

actuelle La lutte apparatt dabord comme un moyen privileacutegieacute deacutedushy

cation

- sur le plan corporel afin de deacutevelopper la force lagiliteacute la

rapiditeacute et la souplesse

- sur le plan moral afin de deacutevelopper les vertus caracteacuterielles

courage tenaciteacute digniteacute bullbullbull neacuteces~aires agrave laction

Mais la lutte apparatt aussi comme un mpyen dinteacutegration sociale car

le jeune diola qui se refuserait agrave se sbumettre agrave leacutepreuve de la lutte

encourrait un isolement alors que celui qui excelle en bravoure devient

rapidement populaire Dougrave ces affrontements agrave linteacuterieur dune classe

dige qui tout en restant un moyen de reacutejouissance servent eacutegalement

agrave eacutetablir des comparaisons

Nos observations et nos interviews confirment le caractire tris physique

de la lutte diola immeacutediatement les lutteurs sont au corps agrave corps et

les techniques consistant agrave aracher ladversaire priment sur toutes les

autres Exprimer sa force est une preacuteoccupation constante il suffit pour

sen persuader de voir le groupe de lutteurs peacuteneacutetrer dans laregravene au son

du Born bol on que rythme le claquement de mains des femmes

C~tte da~se est une deacutebauche dAnegie Ougrave les lutteurs pieacutetin~Ert avec

force L sol

i shy

3141 EorphologUgrave et valeur physiques du lut teur diola

Le lutteur diola possegraveagrave~ un deacuteveloppement caracteacuteristique du trai~

supeacuterieur et de la musculature doso-lombaire Ceci est tregraves certaineshy

ment lieacute au maniement de la houe de la daba et surtout dukadiando

dont lusage permanent a modeleacute la morphologie du lutteur diola

La valeur physique de ce lutteur semble reposer sur sa force sa

reacutesistance mais aussi sa rapiditeacute

3142 Reacutepertoire technique

Dans le Blouf la forme du corps la plus utiliseacutee est le deacutecalage souvent

combineacute avec un crochet de jambe (gal gal) ceci semble ecirctre lieacute agrave

lutilisation quotidienne dans les riziegraveres du kadiando Le paysan du

Blouf sera ameneacute agrave faire un mouvement de torsion pour deacutecalerlinstrushy

ment enprenant appui sur son genou et ceci continuellEment pendant toute

la jourpeacutee Chez les diolas du Fogny le kadiando eacutefait surtout utiliseacute

par les femmes qui soccupaient autrefois exclusivement de la riziculture

et ce n~est quaujourdhui que les hommes cultivent le riz 1

La principale culture dans le Fogpy est celle du mil on y cultive aussi

de larachide De ce fait loutil le plus utiliseacute est le donkoton qui

est un instrument tregraves petit avec un manche court et dont le maniement

expliquerait peut-ecirctre leacutetonnante musculature du train supeacuterieur et surshy

tout de la zone dorso-lombaire du 4i6la fogny qui excelle dans les techshy

niques en force genre arracheacute avec les bras sur contrOle de la ceinture

de ladversaire Lulisation du donkoton semble eacutegalement expliquer la

garde tregraves basse du lutteur fogny

Dans le kassa on aurait pu trouver la mecircme forme de lutte car la morphoshy

logie du lutteur est agrave peu pregraves la mecircme mais linterdiction formelle de

la prise du ~gimbe modifie et limite tout le repertoire technicult2 ou

lutteur Le lutteur kassa adopte une garde basse et agrave une preacutefeacuterence pc~r

legraveS tc~-iccedilues n passa~ dessous - - ~ shymiddotmiddotcrc t--=~ c-

----

contact et agrave partir de ce TtoTteuront ils peuvent se relever et conti~uEr

en lutte debout jusquau terrassemen~

Toutes les gardes sont rapprocheacutees en milieu diola

irbi trage

Les combats sont arbitreacutes par un deacuteleacutegueacute geacuteneacuteralement anClen lutteur

Ces anciens lutteurs ont pour rocircle de veiller au bon deacuteroulement du

combat La victoire est deacutecreacuteteacutee dans les cas ougrave un des lutteurs se

retrouve en position assise sur le ventre sur la cuisse ou les

genoux (sauf dans le Kassa)

Il existe un autre mode de victoire celle qui est proclameacutee agrave la

suite dune supeacuterioriteacute eacutevidente du~ des lutteurs A savoir quand

un lutteur soulegraveve tregraves haut son camarade et que son manager estime i

quil est pratiquement battu il peut arrecircter le combat en touchant

dabord le lutteur adverse popr eacuteviter que son lutteur ne soit terrasseacute

tregraves fOrt Nest-ce pas un deacutecision sage des managers qui peut contribuer

agrave maintenir le caractegravere reacutecr~atif de la lutte joola 1

La victoire dun village sur un autre village ne se mesure pas au

nombre de victoires obtenues par lensemble des lutteurs En effet

il suffit que le champion soit battu pour que le village soit consideacutereacute

comme deacutefait Ce qui explique limportance et le seacuterieux que le village

accorde agrave la preacuteparation des championsl)

Il est cependant important de signaler que larbitrage dans les centres

urbains revecirct une iautre forme beaucoup plus codifieacutee et cest peut-ecirctre

une des raisons qui font quen milieu urbain la lutte diola perde une

partie de son originaliteacute

En dehors des techniques speacutecifiques agrave chaque sous-groupe il faut

signaler quil y a une multitude de prises et quelGues formes de corps

comTIunes agrave letnn Car reconnaissons qu il cO unE ror-euro approp=i~eacute

dE ~ouvane du l~tteur diola en TaI

-----~-----

LE tableau ci-dessous se propose dE reacutesumer les diffeacuterentes consideacuteshy

rations techniques envisagEacutees dans cette partie

FORlŒSSOGS-GRGUPES 1 COItltOLE GA~JESDt CORF=

i ~

1 1

Passage dessous de jambes et BassE KASSA saisies Moyenne1annexes bras (rapprocheacutee)

ceinture tecircte

Deacutecalage de Moyenne et BLOUF Demi-souplesse Ngimbe

HauteHancheacute Bras (rapprocheacutee)

Jambe

Arracheacute CouFOGNY Tregraves basse

Hancheacute ii 1

1 1

3 14 3 bull LeIIa~~jueetlecom~ortementdulutteur-+iola

1 Le comportement et lattitude du lutteur dans laregravene pe sont en fait

t

que le reflet de sa psychologie et plus partiCUliegraverem t de son eacutetat

dacircme Or il napparatt pas abusif deacutetablir des cor eacutelations entre

le psychisme dun individu et lempreinte eacuteducative quil a subie En effet en sortant du bois sacreacute le jeune diola a acquis un ~ca~~l

eacutequilibre physique et mental

Cette matrise de lui-mecircme permet au lutteur dans la~egravene dadopter

un aire enjoueacute de manifester beaucoup denthousiasme~ La lutte devient 1

essentiellement un jeu laspec ludique y est privileacutegieacute et ~ela influe

sur le comportement du lutteur

Ainsi queurolq~c soit limporta~cE de le~je~ le lutt~c~ dic1e Seuroreacute

to~jours serein et s~ livrera sa~s arri~re pe~s6e da~$ ~E CO=beacute ou-

tons que le lutteur diola est trecircs fair-play et sil arrive quun rdnd

lll L COIicircilU1Ul L ULOF

32 J Preacutesentation

La soc tEacute wucirc10f est celle qU1 a eacuteteacute la plus marqueacutee par la colonisation

~~ fait peut-gtre de sa position geuroographiquE dune part ct de 50~ imporshy

tanCE sur le plan dfmographiquE dautre part En effEt ceurootteuro CC-~ucircautE

wolof repreacutesente environ 20 de la population seacuteneacutegalaise

Elle est constitueacutee de pecirccheurs (ce sont les leacutebous) dagriculteurs de

fonctionnaires de lEtat mais surtout de commerccedilants

A pqrtir de leur reacutegime dimplantation le Cayor le Walo le Baol le

Djolof et la presquicircle du Cap-Vert les wolofs ont tendance agrave irradier

sur lensemble du territoire sous leffet de leur speacuteculation agrave la culshy

ture de larachide et du nombre important de fonctionnaires quon trouve

dans cette ethnie

322 Les moeurs et croyances wolofs

Bien queacutetant en grande partie des musulmans convaincus les wolofs

conservent toujours une croyance animiste et continuent agrave faire des

sacrifices agrave porter des cornes ou des morceaux de bois agrave la ceinture

aux jambes ou aux bras et agrave croire agrave lexistence des Djinneacutes et des

Raps bull

Le Djinneacute cest une creacuteature malfaisante en geacuteneacuteral capable de choses

extraordinaires Il possegravede des faculteacutes surnaturelles Cependant dapregraves

la croyance animiste certains Djinneacutes peuvent ecirctre bons

Le Hapl cest une creacuteature ayant des dons occultes appartena71t agrave une

famille ou agrave une communauteacute et dont le rOcircle est de veiller cu daider

les reCJrES de le fai11p ou dt la conmunauteacute en cas de da1gel Le Rap

~ ut te c ) ~~c-

ei sltcificE cJ sanl dE meut0 dL chat de pC)wleurot 5E1lt les conveuroshy

lances parfois leur dorner COrllTe offrande du lait Laii

Qua1d une famille ou une communauteacute neacuteglige les Sarakh (ici dans

le sens de sacrifice ou Offrande) elle se voit aussitocirct vouEacutee agrave la

maleacutediction des mauvais esprit~ (fcllec dans touteacuteS lEs ~treprises

de la vie maladie mort bullbullbull ) Les lieux ougrave habitent ls Taps et ougrave

se font les sacrifices se nomment Khambs

Geacuteneacuteralement le khamb se trouve dans lenceinte de la maison ou

dans un coin approprieacute du village Les lieux du khamb sont marqueacutes

par la disposition de calebasses de pilons de morceaux de poterie

briseacutes de grosses pierres de cornes et dautres objets heacuteteacuteroclytes

La superstition wolof est tregraves marqueacutee En effet pour le wolof toutes

les manifestations quotidiennes trouvent leur signification dans le

mysticisme Citons agrave cet effet quelques ezemples Une femme enceinte

ne doit pas marcher agrave nimporte quelle heure de la journeacutee Certaines

heures de la journeacutee lui sont interdites le Timiss (creacutepuscule

le Ndjo~or (de 13 H agrave 14 H de lapregraves-midi) le souf-segravede (de

minuit i4 H du matin) Selon la tradition ~t la croyance wolof les

mauvais ~sprits choisissent ces heures pour jeter des sorts Et la

femme enceinte eacutetant tregraves vulneacuterable le Djinneacute essaiera de lui insufshy

fler son souffle pour atteindre son beacutebeacute afin dentratner soit la

meacutetamorphose de cedernier en monstre soit de le tuer avant sa naissance

Dailleurs pour le wolof et pour certaines autres ethnies au Seacuteneacutegal

le timis le tdjolor le souf-segravede repreacutesentent des peacuteriodes de

la journeacutee ougrave lon ne doit pas se hasarder dans les rues et les champs

Ce sont des heures propices aux apparitions des Djinnes sous nimporte

quelle forme humaine ou animale

Il est eacutegalement interdit au wolof de marcher ou de serti la nuit du

~eacutellfria-

loutes c~s pratiques ~ystiqu~s et cr0ya~ces religi~us~5 ~xistent eL~~[

certainement dues agrave un meacutetissage culturel Parallegravelement aux feacutetiches

aux incantations et agrave lutilisation des safaras (substance magique)

notons lexistence de ga l a tchs (ce sOnt des talismans ougrave sont inscrits

du qui les porte Toutes ces croyances biEn sucircr auront une rEacutepercussicrI

sur leacuteducation du jeune wolof

323 Leacuteducation du wolof

Pour caracteacuteriser leacuteducation wolof nous avons penseacute donner comme

illustration cet extrait de la revue DEM ak TEY Pour deacutefinir leacutedushy

cation le wolof fait appel agrave un symbolisme qui eDglobe aussi bien les

moyens mis en oeuvre Yar que le reacutesultat obtenu agrave laide de ces mecircmes

moyens cest-agrave-dire la formation et le deacuteveloppement de lecirctre humain

ou Yaru

Le substantif Yar deacutesigne le fouet

Ce symbolisme deacutesigne donc au-delagrave du simple sens mateacuteriel de lobjet

lutilisation qui permet daboutir au reacutesultat escompteacute (Yaru) Au sens

geacuteneacuteral Yar deacutesigne tout instrument servant agrave infliger une punition Le

terme laisse supposer agrave priori que cette phase de lenfance durant lashy

quelle se preacutepare la vie de lhomme est lieacutee agrave la souffrance au supplice

Dailleurs une maxime wolof compare lenfant agrave une tige quon a tout le

loisir de redresser alors quelle est encore flexible bull

bullbullbull Pour leacuteducateur wolof la perfection nest point de ce monde malS

le devoir de chaque homme est de tendre vers la pleacutenitude en luttant

contre ses propres faiblesses Leacuteducation va d01c iisister essentielle~(-~t

sur lexercice quotidien de leacutelevation ffiora1e d~ lindividu Pour cela

elle privileacutegie la patience munI) vertu dabneacutegdtion et dE deacutesinteacuteresseshy

m(~t autour dE laquelle sarticulent toutes ]e~ ~u~~~s qualiteuros

i _

aan~ ~ s0cieacutet gt~olcf ocirclt~tartt nul -Jt- poulait sabecircisstr

tion de sa libertEacute La liberteacute est le preuumler drcmiddotir dE l ho-)euro egrave~S

baigner dans une beacuteate admiration du passeacute la comparaison avec le pr~$(middott

si~posc dclle-mecircme car lon reste s reacute devant la deacutesinvolture aVEC

laquelle dES honmes daujourdhui descendants de cette ~~~EacuteTatic ccedil~l se

une fois [largis bullbull tTasque fiers davoir fait leacute priS0n PEut-2tTE

faut-il mettre cela sur le compte de lurbanisation et des nouvelles

valeurs qui ont pour nom enrichissement reacuteussite sociale avec ce que

cela comporte de deacuteshumanisant et de deacutepreacuteciateur (1)

3 bull 2 bull 3 1 bull Lesri tes

Le sevrage et la circoncision constituent les deux grandes phases initiashy

tiques chez le wolof

- Le rituel du sevrage est appeleacute maga1 (litteacuteralement rendre grand)

Cest un eacutevegravenement important aussi bien pour les parents de lenfant que

pour la co~unauteacute Durant cet eacutevegravenement qui survient geacuteneacuteralement deux

ans apregraves la naissance du beacutebeacute les personnes vivant dans lentouragE

apportent leur soutien moral et mateacuteriel

- le rituel de la circoncision revecirct pratiquement la mecircme signification

que dans les autres ethnies seule la forme diffegravere La circoncision reste

encore une eacutepreuve de la vie au sort i r de laque Ile ladolescent devient un

homme Aujourdhui il faut noter une meacutetamorphose de la structure sociale

et des croyances religieuses tregraves accentueacutee aussi bien chez les wolof que

chez les autres groupes ethniques et ceci est peut-ecirctre dO au contact

permanent quils ont avec la socieacuteteacute occidentale

Malgreacute ces constat~tions il semblerait pcu=tant qUE la sociecirct~ lecircbou Gci

bien que se trouvaLt en grande partie dans ~a Presquth du Cap-ETt Et

en contact permane~t avec les blancs soit la portior la plu8 cc~serva-

----------~_- ---~-- -----

~

Incidences d s ~00urs sur la l~ttE

Le wolof connaicirct deux formes de luttes la lutte sirplE- sans t-t

la lutte avec frappe La lutte avec frappe a une crigi~e purement r

et ce nest que plus tard quelle devint une prati1uE sportive et lud

preacuteparer agrave la guerre Aussi tout en luttant On eacutetait autoris~ agrave frapper~

griffer mordre voire introduire son doigt dans loeil de son adversaire

Le jeune wolof devait eacutegalement se livrer agrave la lutte avec frappe afin de

favoriser son insertion dans la socieacuteteacute adulte et sinitier au meacutetier de

soldat faute de quoi il ne pouvait se faire entendre ne avoir des marques

de respect Pour montrer la populariteacute de la lutte dans le Cayor signalons

que les Damels ll (rois) et les Teignes (nobles) nheacutesitaient pas agrave sy

livrer Quant au IIMbeu~ (lutteur) elle lui servait de moyen de promotion

sociale car d8S que sa reacuteputation eacutetait eacutetablie il pouvait ecirctre choisi

par les rois et les nobles comme garde de corps

325 Signification de la lutte en milieu wolof

La lutte se pratique dabord pour lhonneur qui est une vertu tregraves signishy

ficative pour le wolof Elle permet de renforcer les liens amicaux entre

les jeunes de villages diffeacuterents Le champion veut gagner

confiance et la consideacuteration de son village de ses amis

Etre champion cest aussi susciter ladmiration chez les

sentant la force la viriliteacute et la deacutetermination

326 Organisation d~s eacutepreuves de lutte

3261 Les Mbapatts Ce sont les seacuteances nocturnes

pour meacuteriter la

et des anciens

filles en repreacuteshy

Ils sont organiseacutes apregraves les reacutecoltes agrave la fin de la saiscn des pluies

Ceci surtout p~ndant les peacuteriodes de clair de lune car ils peuven~ durEr

toute la nuit Le but des ~Dapatts lt=tait de prfpa-er FhysicuemeH et

~ arb Sil

326 Le 1

cest une organisation beaucoup plus importante que les I~apatts ~

loccasion de laquelle on peut voir plusieurs lutteurs de grande reDommfe

saffronteLLa fin dl lamb est toujours couronneacutee par une grand co~bat

duquel le vainqueur est sacreacute champion de la contrecirce

Le choix du lieu est lieacute agrave limportance de ce lieu dans le village cest

la place publique ougrave geacuteneacuteralement se passent toutes les manifestations

assembleacutee geacuteneacuterale sabar (danse) cest aussi lendroit ougrave sont prises

les grandes deacutecisions

3623 Lappariement

Dans un village ou un quartier les lutteurs se regroupent en lang

(eacutequipe) et jamais deux lutteurs de mecircme lang ne se rencontrent lors

du lamb

L appariement s~ fait librement entre lutteurs de lang diffeacuterents l1hs

une regravegle veut ~uavant de lutter avec le Mbeur Kanur de tel lang si

on est soukh (l~tteur pas encore confirmeacute) il est neacutecessaire de lutter

dabord avec ses soukh et ce nest quapregraves les avoir terrasseacutes tous

quon se voit octroyer la chance de lutter contre lui

Notons que la cateacutegorisation des lutteurs par poids nest jamais prise

en consideacuteration

3624 La tenue du lutteur ou NGIMBE

Le middotNGimbe est confectionneacute par le marabout de la famille ou du clan Il

est constituecirc de pagnes en coton tisseacute geacuteneacuteralement offerts par la megravere ou

la grand-megravere du lutteur ceci lors des organisations de ~rande Tportance

COrlune lef 1amb Dans le cadre des l-bapatt les pagnes sont C tErts peumlr

~~~rcfcis ct ffi~mc aujourdhui d218 cErtaInes fa~ille5 on devj~Gr

luttEur de pegravere en fils et dans ce cas h 1

gimbell du pEgravere Est recircr i tEacute

par le fils Le fait de porter le lI~gimbe agravee ses aiumleux peut susciter

cne~ le jeune lutteur une motivation et une volontecirc in~branlable rlasshy

surer 12 supeacuterioritEacute cis SIcirct-ns dallS

le xgimbe de la famille ne touche pas le sable

La tenue du lutteur a une signification et une importance sur le plan

mystique car selon les anciens le vrai feacutetiche du lutteur celui qui

le proteacutegera agrave vaincre le Djinneacute ou le Rap de ladversaire se trouve

cacheacute dans ce Ngimbe Celui qui confectionne-le Ngimbe est doueacute de

faculteacutes occultes

~~r~i~rg Il est assureacute par un sage du village qui geacuteneacuteralement fut

championde lutte de son temps Dailleurs cet ancien nintervient que

si le terrassement est litigieux

Hormis le public qui proclame la victoire ou le match nul le lutteur

lui-mecircme est arbitre et il arrive quil se deacuteclare vaincu ~ous

pouvons citer comme exemple Meacutedoune KHOULE un des plus grands lutteurs

seacuteneacutegalais qui a donneacute une victoire agrave Djeacuteri SADIO son adversaire qui a

reacuteussi agrave lui faire toucher le sol de la main

Il Y a terrassement quand le lutteur se retrouve

- assis sur le sol

- eacutetaleacute sur le dos

eacutetaleacute sur le cocircteacute

les deux genoux au sol

- les deux ma~ns au sol

la tecircte (front au sol agrave la suite dune brouette)

Il peut y aVOIr match nul si apregraves li1 temps ccmsideacuterable les lutteurs

SE sont ~ ivrEacutes respectivement agrave des assauts rEacutepEacutetEacutes et n arrivEt pas a

3265 L~ precircparation mystique

Il faut reconnattre quon ne peut parler de lutte en milieu wolof sans

envisager une preacuteparation mystique seacuterieuse Co~~e ~ous lEvans vu a~teacute-

1middot ~ d ~ ~rlturenent t0utes es actlvmiddotltesmiddot u W010 sont lles a SeS croyances

- la lutte ne concerne pas seule~ent deux acteurs se livrant faruumlucheshy

ment agrave un combat au milieu de laregravene mais eacutegalement les marabouts et les

feacutetichistes du village ou du clan qui doivent deacutefendre leur savoir et

leur prestige Avant le combat le lutteur doit se livrer agrave un certain

nombre de preacuteparations mystiques pour assurer sa victoire Aussi sommesshy

nous appeleacutes agrave parler de BACK (cest le chant et la danse du lutteur)

- le batteur de tam-tam compose un rythme en fonction du Galagne ou du

Senghor (gds-gris) du lutteur Chaque galagne sera choisi en fonction

du Rap ou du Djinneacute correspondant au Totem du lutteur

Le chant geacuterleacuterique Feinte woy veut dire litteacuteralement composer un 1

chant Ce chant est geacuteneacuteralement composeacute par les filles du viilage du

champion ou par un griot de sa communauteacute Et agrave travers ce chrnt on

arrive agrave toucher la corde sensible du lutteur en chantant lesl innombrables 1

victoires de ses ancecirctres ou en lui rappelant ses prouesses eacuteblatantes 1

Chaque lutteur doit avoir un chant et un back qui lui sont propres

327 Le reacutepertoire technique et les caracteacuteristiques physiques dulutteur wolof

Le lutteur wolof est geacuteneacuteralement moyen de taille la musculagraveture est

tregraves saillante ce qui fait ressortir un aspect tregraves athleacutetique ceci

est vrai sans exception pour le lutteur leacutebou mais il arrive que le Cacircyoshy

rien le baol-baol le walo-walo soient de grands gabarits de forte constishy

tution

CepEndant pour une meilleure compreacutehension du sujet nous pouvons eacutetudiEr

deux jroups d lut teurs qui vont deacuteterminer deux st yI e s de lut tes

- ~ t

les tc~tativ~s de~[reacutee e~ ramassement de jambes de la~v~sairL Ce~~

peut Ecirctre expliqueacute par le fait que les lutteurs leacutebou ou walo-walc qui

sont des pecirccheursadoptent cette garde tasseacutee du fait quils so~t tou-

jours pencheacutes en tirant le fil ou en poussant la plrogue On verra techrugravequeacutes dt cirr 2C ~lt 5Jllicitocirct

surLuumlut les membres supeacuterieurs

Le cayorien et le baol-baol par contre sont les plus grands cultivateurs

darachide chez eux les techniques de lutte sont plus varieacutees et la

garde est moins renfermeacutee Les lutteurs cayorien et baol-baol ont une

morphologie et une reacutepartition musculaire bien eacutequilibreacutee ils excellent

dans les techniques en deacutecalage les techniques de jambe et surtout les

techniques de riposte ougrave lon peut voir des prises de hancheacute tregraves amples

Dune maniegravere geacuteneacuterale on peut dire que le lutteur wolof est un fin

technicien qui sait surtout creacuteer les opportuniteacutes e~ avec sa rapiditeacute

utiliser la force de ladversaire pour le deacuteseacutequilibrer le noodju

le mbas le weacuteheacuteleacute et le rasu sont des techniques propres au lutteur

wolof

En deacutefense il utilise surtout des kl~klets ou gal-gal Notons que

le balancement des bras ou Lewato e$t tregraves marqueacute dans la lutte wolof

TABLEAU RECAPITULATIF DES COMPOSANTES TECHNIQUES

( 1 )

1 SOUS-GROUPES GARDES CONTROLES FORHES DE CORPS l

Walo-walo Basse de jambe Arracheacute l l10yenne de Ngimbe et i

Leacutebou Tasseacutee et saisies annexesj Deacutecalage 1 1 distante de bras de tecirct1

j de bras Deacutecalaeuro

~-----------------~-

- ~ ~- shy - ~ ~ bull L _ _ bull

Profil psyc~~iqUE du lutteu- et son comporterent dars l 2regravere

La preacuteparation mystique dans laregravene est plus marqueacutee chez les wolofs

que ChE~ les autres ethnies En effet on verra de grands champions

preliGrE plusiEurs heures pour Enduire leur corps de cll2badep ou ci

rmiddot- ~ a la proprieacuteteacute de proteacuteger li1egraveividu J

les mauvais sorts) Cest dailleurs un aspect dt la luttE qui iJcsc

des problegraveJles

Le lutteur wolof est tregraves superstitieux et la peacuteriode de preacuteparation

est capitale pour lui car elle permet non seulement de rendre

hommage aux ancecirctres mais aussi dintimider son adversaire Cest

geacuteneacuteralement un lutteur agressif combatif et teacutemeacuteraire Il se fait

souvent remarquer par son esprit dentreprise Mais cette fougue dans

le combat lamegravene parfois bien que ce soit regrettable agrave oublier les

usages et les normes Ce manque de maicirctrise de soi peut faire croire

que le lutteur wolof manque de fair-play ce qui nest pas toujours le

cas

~A~Ugrave~ t 4AA CbUrs k LA ucirctotve f~tPle Sesect prores mou W ~ lesquelles vont se couler les comporteme~ts individuels qui sont ainsi

monteacutes par et pour lautoriteacute sociale

Les faccedilons de boire de marcher ou de sasseoir se manifestent indivishy

duellement dans le corps de chaque personne ces habitus sont cependant

des montages sociaux lieacutes agrave des significationssymboliques variables

dailleurs selon la position sociale occupeacutee par chaque sujet Ces modes

dagir se rangent dans un systegraveme de montages symboliques et lindivishy

du les apprend de la socieacuteteacute dont il fait partie agrave la place quil occupe

Lhabitus est un montage social agrave la valeur symbolique deacutependant des pheacuteshy

nomegravenes deacuteducation et de prestige et lieacute agrave la position sociale du sujet

Cette penseacutee sonne de faccedilon eacutetonamment moderne

Pierre BOURDIEU qui dans une perspective a approfondi le contenue de la

notion en le reportant aux oppositions entre classes et fractions sociales

Il deacutefinit lhabitus comme un systegraveme de dispositions durables acquis au

cours dune histoire personnelle dans une milieu social donneacute systegraveme qui

engendre ensuite des pra~iques socialement deacutetermineacutees faccedilons de manger

de parler ou de marcher comportements de politesse contenu des preacutefeacuterencel

et des deacutegoOts bullbullbull lhabitus est le produit de conditions eacuteconomiques et

sociales Lauteur rattache directement la formation de lhabitus dun

individu agrave la trajectoire parcourue par celui-ci dans sa classe dapparteshy

nance il deacutefend lideacutee dun habitus de classe qui deacutefinit le sens confeacuteshy

reacute agrave la pratique sportive les profits qui en sont attendus

Ce dernier serait lui-m~me lieacute agrave un systegraveme de valeurs ou ETHOS de classe

prenant sens au sein doppositions distinctives entre classes sociales

De sorte lhabitus fonctionne comme un systegraveme dt- regravegles inteacuterioriseacutees

souvent informuleacutees permettant ou non agrave lagent de sadapter dembleacutee aux

multiples pratiques de la vie quotidienne et de la vie sportive il est agrave

lorigine des schegravemes de transcription qui favorisent les ajustements aux

situations corporelles nouvelles (1)

t ~

(1) P~IE11D dwi6Han ISpoy-l et sodeacutebi Approche Bocio-culturelle des pratiques P~tis Vigot 1981 page 81

33

331 Preacutesentation

Les Seacuteregravere auraient pour origine le Fouta Toro quils auraient quitteacute

vers le Xllegrave siegravecle pour fuir lislamisation de cette reacutegioD par lempire

dJ Xali (ils seraient donc apparEnt~s aux Peul et Toucouleur ) Ils

auraient trouveacute dans la rEacutegion du Sine les Sosseacute dorigine manding avec

lesquels ils salliegraverent

Au XVegrave siegravecle une autre immigrationSos~ conqueacuterante cette fois-ci

apporta son organisation eacutetatique Ils se divisegraverent en deux monarchies

deacutemocratiques lune seacutetablit au Sine et lautre au Saloum Les Sosseacute

conqueacuterants constituaient lautocratie appeleacutee Guelowar

La royauteacute seacuteregravere eacutetait laiumlque Les premiers souverains durent secouer

la tutelle des Toucouleur et progressivement arrivegraverent agrave unifier lethshy

nie des seacuteregravere etdea Sosseacute Les deux royauteacutes eacutetaient organiseacutees selon

acirces modegraveles tregraves deacutemocratiques Le souverain deacutependait dune assembleacutee

de ministres et de chefs locaux qui assuraient ladministration centrale

et reacutegionale())

Aujourdhui lethnie seacuteregravere repreacutesente 20 de la population seacuteneacutegalaise

Ils sont reacutepartis sur presque toute leacutetendue du territoire notamment

dans le Baol la reacutegion du Sine-Saloum et la reacutegion de Thiegraves

Signalons quil existe plusieurs sous-groupes dans lethnie ainsi on

trouvera

- dans la reacutegion de Thiegraves les Ndut les Safegravene et les None

- dans le Sine-Saloum les Sine-sine et les Saloum-salouIT

On trouvera vers foundioune et agrave Nioro du cocircteacute de la Gambie les

Niominka (pecirccheurs) Cest une portion tregraves mandinguiseacutee

( 1

Le rattache~2~t d~ to~s ccs sous-groupes pose problecircme ~25 0~ r0~V~

uc grande partie de traits COITul1uns dans leurs modes dE vie Ct pOUT phs

de faciliteacute nous allons essayer de faire une ~tude globale de la lutte

traditionnelle seacuterecircre Lactiviteacute socio-eacuteconomique qui est essentielleme~t

agro-pasorale caracteacuterisE leacutethnie seacuteregravere

332 Lecircducation les moeurs les croyances et pratiques sEr~rc

Chez les Seacuteregravere la vie humaine se deacuteroule selon les grandes eacutetapes

le baptecircme lenfance ladolescencemarqueacutee par la circoncision lsectge

adulte le mariage la vieillesse et la mort (funeacuterailles)

La vie de la communauteacute seacuteregravere reste une des plus originales sinon

celle qui de nos jours garde la presque totaliteacute des pratiques et

habitudes traditionnelles

Bien qu aujotltdhui con~r-tis aux religions chreacutetienne et musulmane les

Seacuteregravere conservent leurs croyances et pratiques animistes

Quelque soit leur degreacute dadheacutesion aux religions reacuteveacuteleacutees les Seacuteregravere

croient en un Dieu puissant et miseacutericordieux Rog Segravene et les hommes

Les ~angols sont repreacutesenteacutes mateacuteriellement dans tous les villages

seacuteregraveres par des arbres (baobab et tamariniers) des animaux (geacuteneacuteraleshy

ment serpent doreacute ou iguane) des ustensiles (pilon calebasse et mortier)

De nombreux teacutemoignages nous apprennent que certains totems (serpent

iguane) font leur apparicion agrave loccasion de certaines manifestations

rituelles comme les sacrifices ceacuteleacutebreacutes lors dun mariage de ceacutereacutemonies

mortuaires ou des circoncisions

Le Seacuteregravere comme il nous a eacuteteacute donneacute loccasion de le dire plus haut

preacutesente des speacutecificiteacutes authentiques aussi bien en tout ce qui touch~

son eacuteducation ses croyanCES et pratiques mystiques q~e ses activiteacute~

socio-ecirccc~omiquEs Apr~s a ~aissa~c~ le beurob~ ~~ pcs~ 5~~ lE S~ __

On lui mouille les l~vres avec un peu d~ lait de mil et apr~s U~ bain

purificateur on versera leau dans un trou cr~us~ derri~r~ la Camp~~

Pendant huit jours la megravere et lenfant sont cacheacutes dans la case car

selon les anciens ils sont tregraves vulneacuterables La case deacutens certains cas

est entoureacutee dun fil blanc et lon place sur le seuil des fais(cauy di

veacutegeacutetaux pour chasser les mauvais esprits (geacutenies malfaisants et illangeUY~

dacircmes) Au bout du huitiegraveme jour la megravere et lenfant peuvent sortir de

la case bull

bullbullbull Le matin du huitiegraveme jour la tante paternelle va chercher de leau

(plusieurs fois)t elle doit rester muette pendant ses alleacutees et venues

si elle parlait t lenfant pourrait ecirctre muet bullbullbull

La megravere et lenfant prennent un bain purificateur dans lequel sont

trempeacutees certaines plantes (ce sont des veacutegeacutetaux pr~tecteurs tels le

begravene le yag le ngud) On y lavera aussi le linge e1t les ustensiles utishyj

liseacutes pendant les huit jours qui viennet de seacutecoul~r On rase le crine

de lenfant Les cheveux sont donneacutes agrave la megravere qui ~s enterrera avec le

reste du cordon ombilical dans un endroit que11e esit seule agrave connattre

La megravere sassied sur une natte devant la maison Une femme igeacutee de la

famille prend le beacutebeacute dans ses bras et le preacutesente aux quatre coins de

lhorizon

La tante paternelle tient ensuite un van sur la tecircte de la megravere on y

verse le mil on y verse eacutegalement en abondance sur la megravere et sur

lenfant La tante oint ensuite le corps du beacutebeacute avec du lait e11e

touche en particulier le front t le nez la bouche la poitrine le dos

et les oreilles

Elle pose enfin un ~rain de sel dans la paume du beacutebeacute (le sel purifie

et deacutetruit les puissances mauvaises)

Apregraves un nouveau bain la megravere et lenfant revEcirctent des habits de fecircte

(est

lenfant Ce precircnore a toujours U~ SEns Il sy~bolise parfois C0 qUi

lOIl sounaitt agrave lEufant l)

La circoncision comme dans les autres ethnies est obligatoire Elle

permet au jeune adolescent dacceacuteder agrave la classe adulte Les jeunes

sont regroupes en classe dacircge dans le bois ougrave sc fait la r0tr~it0 des

circoncis et ceci pendant plusieurs mois

Le Selbeacute qui est geacuteneacuteralement un ancien craint de tous les eacutelegraveves

enseigne le respect de la hieacuterarchie la discreacutetion le goOt de linishy

tiative Les activiteacutes physiques et leacuteducation artistique ne sont pas

en reste la deacutecoration la sculpture la lutte et la danse A sa sortie

du bois linitieacute appartient deacutesormais agrave la classe des virils et des

sages du clan car on lui aura enseigneacute les vertus fondamentales que

sont la justice lhonneur lamour du prochain 1 amour du travail

lhonnecircteteacute et surtout le respect des coutumes ancestrales

Le rite du mariage esd aussi un fait tregraves important dans le monde 1

seacuteregravere mais par manq~e dinformation nous serons obligeacutes de nous en

tenir lagrave

333 Impact des ethos sur la lutte dans le monde seacuteregravere

Lorigine de la lutte seacuteregravere ne semble pas claire ma1S nous pouvons

dire quil existait deux formes de lutte comme chez les Wolofs une

lutte sans frappe et une lutte avec frappe Et cest cette derniegravere

qui peut-ecirctre nous ameacutenerait agrave croire que la lutte seacuteregravere aurait une

origine plus preacuteciseacutement guerriegravere

Aujourdhui la lutte est uniquement une activiteacute sportive agrave travers

laquelle le jeune seacuteregravere eacutevalue sa force son courage et SOn ingeacutenioshy

siteacute Cest une occasion de deacutefendre lhonneur de son village ou de

la corrnnunauteacute

La luttE ~5t avant tout u~e rnanifcs[dtic~ c~lturclie et surtout

fo lkhriqut-

Gracircce agrave elle on peut deacutesormais comprendre un certain nombre de chants

et de symboles A travers la lutte seacuteregravere on ccedilomprend les inter-relashy

tions entreacute la vie et le monde surntiturel

Sil devait y avoir la mort dun villageacuteois pendant la fecirctE au T qUE

de linterrompre on proceacutedait gracircce aux connaissances magico-religieuses

agrave la suspension de la mort jusquagrave une peacuteriode ougrave la population sera plus

disponible pour organiser des funeacuterailles sil y eacutetait preacutedit la possibishy

liteacute dune deacutefait du champion local au profit dun champion dun autre

village des recettes dordre maginque et religieux eacutetaient mises en prashy

tique afin que le champion du village ne soit jamais terrasseacute(J)

334 Le profil du lutteur seacuteregraver~

Le lutteur seacuteregravere est par essence un athlegravete impressionnant de par sa i

carrure et sa musculature saillante mais cest aussi une force tranquille

et calme quelque soit lenjeu du combagravet et particuliegraverement lhonneur

Cet aspect nous pousse agrave parler du NGiMBE cest-agrave-dire de la tenue du

lutteur qui va influencer sur sa faccedilon de lutter

La confection du Ngimbe revient agrave la communauteacute entiegravere Le Ngimbe a

une signification symbolique et le lutteur pour meacuteriter la confiance du

groupe se doit de tout faire pour ne pas toucher le sol Toute la commushy

nauteacute elle aussi sengage pour assurer la longeacuteviteacute et le succegraves du lutteur

dans laregravene par lorganisation droffrandes et de sacrifices en lhonneur

des Pangols bull

bull

Daucuns nheacutesitent pas agrave dire que lessentiel du mysticisme se fait agrave

la maison et non dans laregravene tout le reste nest quintimidation de

ladversaire

lsvcns

Tt- pi ~- t

t 1 ~ l _ ~ t

par rapport agrave lautre Cbci est trEgraves lieacute agrave lactiviteacute journaliegravere du

jeune seacuteregravere qui est un cultivateur donc toujours bien planteacute sur ses

jambes et qui continuellement manie lhiler

Le fait de couper le boi~ peut eacutegalement constituer un moyen de muscushy

lation non neacutegligeable pour le jeune lutteur

Un certain nombre de traits techniques speacutecifiques au lutteur seacuteregravere

semblent ressortir des diffeacuterentes interviews que nous aVOns fait subir

agrave certains lutteurs seacuteregraveres et agrave diffeacuterents techniciens

SOUS-GROUPES FORMES DU CORPS CONTROLES GARDES

SAFEN Moyenne en fente NONE Hancheacute Bras (distante) j

NDUTJ

f

SINE-SINE Deacutecalage Ngimbe

Moyenne

SALOUM-SALOUM Passage- Jambe (rapprocheacutee) 1

i

PETITE dessous Tecircte Basse et 1

COTE Moyenne (rapprocheacutee)

Notons que le Niominka ll commence agrave lutter agrave partir du sol pour avoir

assez deacutelan et sauter sur ladversaire afin davoir la prise du lion

(contr6le de la nuque et du bassin)

Co a -tem-nt ccedilt attitude du lutteur sEacuteregravere335 np -1t ~

Les croyances mystiques sont indissociables des activiteacutes quotidiennes

duseacuteregravere Ce qui explique le cocircteacute supersticieux du lutteur seacuteregravere En

~ffet certains lutteurs refusent de lutter avant certaines heures

Certains teacutemoignages nous apprennent quil nest pas donneacute agrave tout le

monde decirctre champion de lutte et que le lutteur doit avoir des dons

surnaturels pour ecirctre agrave mesure de livrer ses combats dans la nuit

et trouver seul un gris-gris speacutecial appeleacute Njatch

Le vrai champion de lutte chez les seacuteregraveres ne lutte pas seulement avec

~a force et sa technique mais surtout avec ses dons occultes

Chez les seacuteregraveres les morts sont toujours preacutesents et les ~pangols

Servent dintermeacutediaire entre les hommes et les morts Le pangol prend i

le nom dhumain dans certains villages (IIHeacuteJga NDONG Har Wag NGOUYE) i 1

De ce fait on verra le lutteur danser dufe maniegravere ou dune autre en

fonction du pangol de sa famille Ainsi nrus aurons le back (chant et

danse du lutteur) des DIOUF des FAYE etclbullbullbull

Dans laregravene le lutteur seacuteregravere a un comportement exemplaire aussi bien

agrave leacutegard de son adversaire direct quave~ le public en geacuteneacuteral Lexpli shy

cation semble tenir au fait que le lutteur seacuteregravere est avant tout selon

la tradition orale le repreacutesentant de toute la communauteacute seacuteregravere Par

conseacutequent il devra saffirmer non seulement en tant que lutteur dans

laregravene mais aussi en tant quentiteacute morale

336 La tenue du lutteur ou NGIMBE est confectionneacutee par le marabout de la

famille ou du clan Le Ngimbe est constitueacute de pagne en cCton tisseacute

Il doit ecirctre propre le lutteur qui le porte ne devra pas avoir de rapshy

port sexuel pendant toute la peacuteriode des cOTpeacutetitians car le Ngi~bE ne

doit pas ~tre souilleacute

Autrefois et mecircme aujourdthui dans certaines familles on devient

lutteur de pegravere en fils et dans ce cas le Ngimbe du pegravere est heacuteriteacute

par le fils Le fait de porter le Ngimbe de ses aieux peut susciter

chez le jeune lutteur une motivation et une volonteacute ineacutebranlable dtasshy

surer la supeacuterioriteacute d~s siens dans ltaregravene Il fera tout pour que le

Ngimbe de la ramille ne touche le sable

La tenue du lutteur a une signification et une importance sur le plan

mystique car selon les anciens le vra1 feacutetiche du lutteur celui qui

le proteacutegera et laidera agrave vaincre le nDjinne ou le tRapu de ladvershy

saire se trouve cacheacute dans ce Ngimbeu bull Celui qui confectionne donc le

Ngimbe U est doueacute de faculteacutes occultes

337 Larbitrase est assureacute par un sage du village qui geacuteneacuteralement fut

champion de lutte de son temps Dailleurs cet ancien nintervient que

si le terrassement est litigieux Hormis le public qui proclame la vicshy

toire ou le match nul le lutteur lui-mecircme est arbitre et il arrive

quil se deacuteclare vaincu

Nous avons pu cfter Meacutedoune KHOULE un desplus grands lutteurs seacuteneacutegashy

lais qui a donn~ une victoire agrave Djeacuteri SADIO son adversaire qui a reacuteussi

agrave lui faire touegraveher le sol de la main

IlL

34 1 Preacutesentation

Lethnie toucouleur vit En grandt partit ciE~~ la vallfc du S~~~gal

pt reprecircsente i peu pr~s 8 de la population totale secircn~galaise

o Histoire

Il semblerait que dans lancien royaume du Tekrour (IX~ siegravecle) des

eacuteleacutements neacutegroiumldes Sarakoleacute et des Peul aient formEacute par meacutetissage le

peuple Toucouleur (Toucouleur serait dailleurs une deacuteformation du

mot portugais Tacouror)

Ce empire a domineacute aussi bien les wolofs de lOuest que les Peul

nomades du Fouta Toro Cette reacutegion fut le premier pays islamiseacute par

les Almoravides ce qui peut expliquer le proseacutelytisme toucouleur

Ce sont les guerriers toucouleur islamiseacutes qui attaqu~rent avec les

Almoravides la capitale du Ghana Koumbi en 1067 On convertit par

la force les animistes Cest sans doute agrave cette eacutepoque que de nombreuses

ethnies reacutefractaires agrave lIslam ont dO accentuer leur migration vers

le sud (Seacuteregravere wolof Sarakoleacute Bambara Songhaiuml Akan et Peul se reacuteshy

fugiaient vers les hauteurs du Fouta Djalon)

Au XIXegrave siegravecle les Toucouleur allaient trouver en El Hadj Omar Tall

un grand conqueacuterent qui sous le preacutetexte religieux de la gJerre sainte

contre les tribus animistes (entre autres Bambara) eacutetendit lempire

toucouleur sur presque tout lensemble du gali et la partie de la Guineacutee

proche du l1ali

Lempire toucouleur composeacute de Sarakoleacute de Bambar~ de ~alinkeacute de

Xassonkeacute dE Peul et de Dogon eut le meurorit~ dunir CES diif~rentes ~ ~ - - - - - et~ics ~t dE CD~stituer l~Sl la b2S~ ~r 1

_ ~ ~ ~_ L ~

~ ~- ~- - - ---- _ 1 v _ t 1 ~-_ --

marabout tOL~culcuuml~ ~ middotlrrany a l ick SI venu des E1i rClS dE Pocior~ (

~ Vi~ euroconomicue et sociale -----------~-------------

Les Toucouleur sont des cultivateurs mais bien quils n~ soie~t pa~

pasteurs comrre les Peul leacutelevage a une place inportarteacute decirc1S ltur

eacutecono~ie Pour faciliter leur conquecircte guerriegraverE ils c~t Eucirc une preacuteshy

dilection pour leacutelevage des chevaux On y trouve aussi des pecirccheurs

appeleacutes Tchioubalo La socieacuteteacute toucouleur aurait une stratification

sociale tregraves rigide Les groupes ethniques et les castes eacutetaient

diffeacuterencieacutes et strictement exogamiques les Rimbe classe des nobles

comprenant la famille reacutegnante et les guerriers libres la classe des

Nieacutenieacutebegens de castes artisanales i les Rimaibeacute anciens esclaves

devenus serviteurs qui portent les noms de famille de leur maicirctres A

la base de lorganisation de la collectiviteacute toucouleur se situe le

village (Wouro)

Toutes ces castes sont cloisonneacutees entre elle~ Ainsi il nest pas

permis agrave un Torodo (noble) de se marier avec un Tchioubalo Ces

consideacuterations sont importantes dans le domaine de la lutte ougrave nous

apercevrons que les nobles ne sont pas faits pour lutter Le noble

preacutesidera les seacuteances de lutte et on luttera pour lui Ces condeacute rat ions

de noblesse et de rang social sont extrecircmement importantes dans le

monde toucouleur

Le noble ne doit pas se salir on lutte pour lui il ne vit la lutte

quen tant que spectateur

342 Education moeurs croyances et eratiques religieuses

Deux formes d~ducation sont agrave consideacuterer leacutedJcatio~ dES enfarts Et

celle des adultes

oG lenfant sait m2n~~r et apprfcier le goOt d~5 ~iifeurorents r~pas lt

le moment ougrave il CO~~e~CE agrave marcher

tivirt n~sormais le petit toucou]eur est eacuteduquf par toutmiddot 12 f2~i)]E

dabord puis par toutes lespersc~nes du village ou du C13~

Lenfant peut ~tre corrigeacute par tout adulte appartenant au groupe social

Son eacuteducation est deacutesormais laffaire de toute la communauteacute et non

exclusivement celle ces parents On linitie ainsi au travail quotidien

qui se fait dans la bergel~ e les champs et les bords du fleuve Au sein

du village il pourra apprendre agrave filer la laine et agrave tisser des pagnes

dans les champs il apprend agrave manier la houe et lhiler pour la culture

du riz et du mil Mais signalons que lactiviteacute essentielle du toucouleur

est leacutelevage des boeufs des moutons et des chegravevres Chez les Ichioushy

balos (p~cheurs ) lenfant sera initieacute tregraves tat au maniement des pagaies

agrave la p~che propremccedilnt dite et agrave la nage

Vers cinq-six ans lenfant est confieacute au maicirctre coranique le Ihierno

et ce dernier dispose exclusivement de toute sa vie Lavenir du jeune

enfant lui appartient

Comme dans les autres groupes ethniques les enfants sont regroupeacutes en

classe dacircge et cest dans cette structure que lenfant subit les rite

de passe et plus particuliegraverement celui de la circoncision

La circoncision est non seulement unE opeacuteration chirurgicale malS surshy

tout une peacuteriode au cours de laquelle le jeune garccedilon passe de leacutetat

dadolescent agrave leacutetat dadulte Les circoncis sont reacuteunis en classe

dacircge dans un endroit situeacute hors duvillage geacuteneacuteralement choisi par les

vieux Cet endroit n~st accessible que par des individus de SExe ffi8SCUshy

li~ ~ta~t au preacutealabl circoncis

- - - -

quable et complet sur le plan phy~ique et ~oral Ai~si liniti~

acquiert les qualitecircs indispensables que sont le courag~ la modest

lesprit de sacrifice lendurance

Le toucoule~r est un pleux musulma~ Cela sexp1

SOil le premier agrave tre en contact avec la religion musulmane de par sa

position frontaliegravere Lethnie toucouleur de par son histoire a preacutesenteacute

les plus grands chefs militaires et religieux musulmans seacuteneacutegalais Et

pour illustrer cela on peut citer en exemple la grande famille musulmane

des SY agrave TIVAOUANE repreacutesentant la confreacuterie des TIDJANES

Bien que lon note une majoriteacute musulmane on peut dire que certaines

croyances et pratiques mystiques et animistes persistent encore surtout

dans la reacutegion du fleuve

Une pratique courante se fait elle sappelle le Djatt Elle consiste

agrave faire sortir le caiman du fleuve agrave limmobiliser et agrave lattacher

sans quil ne reacuteagisse et tout ceci agrave laide de versets et dincantashy

tions magiques Dapregraves les teacutemoignages ces pratiques sont plutocirct

freacutequentes chez les Tchioubalos (pecirccheurs) Il arrive aussi que cershy

tains chasseurs ayant des dons se livrent agrave certaines pratiques an1shy

mis tes qui consistent agrave invoquer certaines puissances et agrave moduler sous

forme de chant des versets occultes pour se proteacuteger des mauvais esprits

et pour eacuteloigner les fauves Ce chant est geacuteneacuteralement incompreacutehensible

et deacutenueacute de sens pour le profane

343 Activiteacutes ludiques et pratiques sportives en milieu toucouleur

Durant toute son histoire lethnie ~oucouleur a toujours EacutetEacute Frese~teacute~

comme celle qui avait ue activit essentiellement guerr e e~ particushy

liegraverement farouche Trois eacuteleacutements ret r t l ecirc t te nt i c- euro so~t

le manie~~nt du ~acircton 12 luttE Et 1eacute danSE

l

Lecircducation ph~sique et artistique Dcc~pe un place precircpondecircra~rp

dans la fDrmat~on du jEune toucouleur A loccasion agraveeacutevegravenemen~ imporshy

tants reacutecoltJs mariages baptecircme nous assistons agrave des manifestashy

tions folkloriques de grande envergure le Wango oucirc dailse toucouleur

tregraves gymnique iles chants et surtout les sEacuteances de lutte

La lutte toucouleur est la forme de lutte la plus spectaclaire dans

tout le territoire seacuteneacutegalais Elle est essentiellement baseacutee sur des

techniques en hancheacute et surtout en souplesse Ceci sexplique par le

fait q~e le jeune toucouleur est tregraves tocirct initieacute agrave la gymnastique (saut 1

per saut de main salto arriegravere saut de tecircte couronneacute etc bullbullbull ) pour

la dans~ du wa~go En dansant le wango qui est une danse rythmeacutee et

gymnique le Jeune toucou1eur est capable de prouesses extraordinaires

1

En lutte lattaquant se deacuteplace tregraves peu pour avoir une bonne saisie

(geacuteneacutera~ement controcircle du Ngimben ) et enchaine brusqueme~t avec une

attaque surpris~ Cependant les ripostes sont souvent surprenantes et

spectaculaires (baseacutees sur la souplesse et la rapiditeacute) ontrairement

aux autr~s form~s de luttes ougrave lon voyait tous les jeune adheacuterer la

lutte to~cou1eur Verra un groupe de speacutecialistes sadonne agrave la lutte 1

(la lutte est lieacutee agrave la position sociale de lindividu problegraveme de

caste)

Q La morphologie du lutteur toucou1eur 1

1 1

Ce dernier nest pas aussi large et aussi fort que les lutteurs diola

et seacuteregravere Cependant il est tregraves reacutesistant La musculatJre est saillante 1

et tregraves souple lindividu est longiligne mais tregraves athleacutetique

Les mouvements de lutteurs sont semblables agrave ceux dun grand fe1in Cette 1

morphologie semble ecirctre lieacutee agrave la position geacuteographique de lethnie

(reacutegion du fleuve) et agrave lacitiviteacute socio-eacuteconomique du toucouleur qui

est agrave la fois cultivateur (activiteacute lieacutee agrave la crue et deacutecrUE du fleuve)

pecirccheuro~T CIcr~icubaon) et sttout jEumlrgcr qui est U~ rc~2eumlr

shy

Deux formes egrave~ corps sembl~nt ecirctre preacutefeacutereacutees du lutteur toucouleur

le hancheacute et la souplesse Les hancheacutes sont faits agrave partir de plusieurs

positions de doset se terminent geacuteneacuteralement par des techniques de

tregraves grande amplitude

TABLEAU RECAPITULATIF DES TECHNIQUES ET FORMES DE CORPS SPECIFIQUES

i

L441 r

GARDE FORMES DU CORPS CONTROLES --shy - -

Moyenne Souplesse Ngimbe

Hancheacute bras

Demi-souplesse

1

Profil psycholosigue 1

TECHNIQUES

ContrOle du bassin et 12 souplesse

arriegravere

Klicket et allegravegement de la hanche

Le lutteur toucouleur est celui lUi se livre le moins aux preacuteparaqons

maraboutiques Cela est dO au f~t que le toucouleur est un grand ~USUlshyman et que les pratiques animisges ont presque disparu dans ce mil~eu

Dans la pratique le lutteur esJ combaif mais il est calme et tr~s reacutefleacutechi quant agrave la deacutecision agrave prendre en plein corps agrave corps ct~st un des seuls techniciens qui reJte tregraves lucide au cours de ses comb~ts

l Dans toutes les circonstances e lutteur toucouleur est tenu de re~pecshyter son adversaire et ceux de s4n eacutequipemecircme sil est vaincu

Comme nous avons dO nous en rendre compte la rigueur des principes

eacuteducationnels a une influence tregraves sensible sur l~ comportement du

toucouleur

i

III S COCL ~s 1DO

Dans cette partie nous avons essay~ de montrer lftroite re1atic~

Entre les diverses activiteacutes socio-eacuteconomiques dans les ethnies et

lES diffEacuterentes faccedilons de lutter

Daucuns seraient tent~s de conclure trop rapidement et cest p0~r

cette raison que nOUS avons penseacute preacuteciser que le pheacutenotype nest

pas geacuteneacuterateur du geacutenotype Et nous sommes convaincus que la morphoshy

logie et les techniques des lutteurs relegravevent de leurs modes de vie

et de leurs croyances agrave une eacutepoque et danE un contexte bien deacutetermishy

neacutes

Est-ce que les lutteurs dio1a ou seacuteregravere travaillant avec leurs bras

dans les champs auraient les mecircmes pr 0 fil s physiques que les lutteurs

utilisant des machines pour lagriculture

- 69 shy

I UJOURDH~1 E-S ut O[l LES FORfilS Ut LU11t~

~otons que notre enqu~te a ecirctE essentiellement faiteen milieu urbain

Les seacuteances de lutte ont tendance agrave perdre leur particulariteacute de r~shy

jouissance pour devenir des pheacutenomegravenes de sportisatio Deux fores

de luttes so~t principale~cnt prat s dans les aregrave~es du 5 al

la lutte traditiunnelle simple et la lutte traditionnelle avec frappe

De nos jours la lutte traditionnelle tend vers une reacuteglementation

et une institutionalisation

Le reacutesultat de nos investigations nous donne le tableau ci-dessous

REPARTITION ETHNIQUE SUR 100 PRATIQUANTS

LUTTE LUTTE RAPPORTETHNIES SANS FRAPPE AVEC FRAPPE J2

Diola 40 16 71 j

Seacuteregravere 26 21 57

Toucouleur 23 10 69

Wolof 1 1 53 17

La demande sociale par ordre deacutecroissant pour la lutte sans frappe

se preacutesente comrre suit

]0_ Ethnie diola avec pregraves de 3 lutteur~ sur 4

2deg_ Ethnie toucouleur

Ethri dun

~ 1 LA LUTTE TR])IIIO~~ELLE AVEC H-PPE

Cette forme deacute lutte a une histoire qui date de lantiquiteacute elle

sa~pelait le Pugilat Au Seacuteneacutegal elle a vu le jour dans le Cayor

bien avant la colonisation Le coup dE pied l~Lrdn~lement la morshy

sure la frappe et le doigtf eacutetaient permis dans le cc=bat ~ ~middot~p0~~e

Dans certains cas la giffle eacutetait beaucoup plus dangereuse que le

poing quand elle eacutetait donneacutee par un speacutecialiste Cette giffle pouvait

agrave elle seule deacutechirer et mecircme parfois amputer la joue de ladverser

Selon les informations la lutte avec frappede nos jours serait une

forme de lutte tregraves eupheacutemiseacutee de celle dantan ougrave une blessure

pouvait souvent ecirctre mortelle

Aujourdhui au niveau du folklore la lutte na plus la mecircme

le spectaculaire a remplaceacute le significatif iLa lutte avec frappe se 1

pratique surtout dans les centres urbains C~aque fois quun grand combat 1

est progra~eacute par le Comiteacute National Proviso~re (CNP) des centaines damashy

teurs sont mobiliseacutes vers le stade lba Mar D~OP qui est aujourdhui le i

lieu approprieacute ougrave se deacuteroulent les grands conkbats de lutte Cest la formE

de lutte qui semble drainer une foule de personnes beaucoup plus importante

que celle de la lutte simple

La lutte avec frappe deacuteriverait dune forme de lutte traditionnelle

pratiqueacutee jadis dans le Cayor au temps des Damels et la frappe serait

le substitut dun certain nombre de pratiques doigteacute jet de produits

etc bullbullbull dont le but eacutetait laveuglement de ladversaire La lutte avec

frappe serait une continuation logique dune carriegravere sportive de la

lutte traditionnelle qui sen sert comme moyen socio-eacuteconomique En

effet la majoriteacute des lutteurs avec frappe ont dabord eacuteteacute initieacutes agrave la

lutte simple Cependant il faut signaler que de nOS jours il arrive

que le jeune lutteur avec frappE- soit directenent formEacute conne speacutecialistE

agrave la frappe sa~s pour autant faire son chemin dabcrd egravea~s la lutte

- ~ shy

Le recircsultat dE ~os interviews ncus rec~trE qGune pcpulatiD~ divcrsishy

fiampe sint~resse agrave ce sport et qUE les intecircr~[s des uns et d~SlautrE~

semble~t divergents naucuns affirment que la lutte traditionnelle

avec frappe serait monteacutee par des personnes dont la vocation est dexshy

ploiter ce pheacuteLomegravene agrave des fins commerciales Dautres disent gJellegrave

jouit de mcyens irport~nts t[l[~isio

tation etc bullbullbull ) pour toucher toutes les couches sociales CEpe~~a~t

nous remarquons que mecircme si certaines personnes reprochent agrave cette

forme de lutte decirctre brutale ces mecircmes personnes nheacutesitent pas agrave

se rendre le dimanche agrave laregravene Bien que critiqueacutee elle semble ecirctre

adopteacutee par une tregraves grande partie de la population seacuteneacutegalaise Cepenshy

dant en tant que techniciens il nous est permis de faire une remarque

Il sagit de

- Limpression nette decirctre devant des professionnels de la frappe

qui sont ~ntratneacutes pour cela Dailleurs les propos que nous avons

recueilli~ nous prouvent que la plupart des champions de lutte avec 1

frappe s~ntratnent dans certains sports de combat tels ~ue la boxe i 1

le karateacute le judo Dans cette nouvelle forme de pratique de la lutte

contrairefuent agrave la lutte traditionnelle le technicien e~t souvent

perdant face au puncheur Ce dernier adopte une lutte agrave distance qui

lui permet de placer agrave bon escient ses coups animeacute du deacutesir de vaincre

Le technicien lui se voit contreacute dans toutes ses entreprises par

un uppercut ou un crochet

On peut dire cependant que nul sport au Seacuteneacutegal que la lutte tradishy

tionnelle avec frappe ne deacutechaicircne autant de passions et autant de

pheacutenomegravenes poussant agrave lexcegraves et deacutereacuteglements quon ne peut que deacuteplorer

Mais comment deacutecrier un spectacle de lutte qui bien quayant perdu la

presque totaliteacute des valeurs traditionnelles veacutehiculeacutees autrefois par

elle sait susciter une participation effective de tous ceux qui sont

preacutesents

CONCLUSION

Dans ce meacutemoire nous sommes efforceacutes ~e faire ressort ir limportance des

ethos et des habitus et leurs effets sur la pratique de la lutte tradishy

tionnelle au Seacuteneacutegal

L~b egravethos repr~sentent dune maniegravere g~neurorale tous les eacuteleacutements speacutec

fiques sux Seacuteneacutegalais par conampeacuteguent un systegraveme de valeurs traditionnellEs

Mais m~me si ces valeurs rev~tent une signification universelle (honneur

digniteacute courage etc bullbullbull ) il nen demeure pas moins que ce nest pas leur

nature qui fait leur speacutecificiteacute mais la hieacuterarchisation et limportance i

quon accorde agrave toutes ces valeurs de ~ar leacuteducation ou la culture

i 1

Aussi les valeurs traditionnelles puient leur speacutecificiteacute dans les

caracteacuteristiques propres aux eacuteleacutements ~e la socio-cu1ture (la technologie

et leacuteconomie la politique et la pareteacute la psychologie et lideacuteologie)

dans la socieacuteteacute seacuteneacutegalaise agrave n momen donneacute de son eacutevolution Cest i

dire la neacuteceesiteacute de ne point faire della valeur une reacutealiteacute statique

Cest dite aussi quagrave tout mome~t le ~eacuteneacutegalais peut eacutevoluer et creacuteer

ou vivre par conseacutequent de nouv~lles fprmes de valeur qui lui sont 1

propres ft (J)

La lutte traditionnelle veacutehiculant deS valeurs socio-cu1ture1les speacutecishy

fiquement seacuteneacutegalaises (croyances valeurs morales norme de comportement

opinion attitude bullbullbull ) devient un eacuteleacutement important qui tregraves certaiaement

nous aidera dans notre effort de valoriser et de peacuterenniser notre patri shy

moine culturel par le biais dactiviteacutes physiques et sportives

Leacutetude des habitus nous permet de prouver quil y a plusieurs faccedilons

de se mouvoir comme danser lutter bullbullbull qui varient avec les diffeacuterentes

ethnies (wolof toucouleur seacuteregravere diolagt leurs convenances et leurs

eacuteducations

(1) Revue Ethiopiques 31 Les valeurs traditionnelles et le problegraveme de leur inteacutegration dans les systegravemes modernes jtducatio-1 2 6r--70

nautre part cette eacutetude permet aussi de nous rendrE compte de la

correacutelatipn eacutetroite existant entre la pratique de la lutte traditionnelle

et le sta~ut socio-eacuteconomique du pratiquant

Nos inves~igations nous indiquent que la lutte recrute essentiellement

au niveau des classes socio-eacuteconomiques situeacutees en bas de leacutechelle

donc posseacutedant le statut social le moins favoriseacute La lutte avec frappe

-et un certain secteur commercialiseacute de la lutte simple- y trouve sa

leacutegitimiteacute Comme le dit BOURDIEU nA habitus diffeacuterents styles de Vle

divergents et il oppse les pratiques aristocpatiques correspondants agrave

des activiteacutes qui favorisent les situations eupheacutemiseacutees ougrave la stylisashy

tion est importante aux pratiques populaires qui font appel agrave des

qualiteacutes qpposeacutees bllutes rugueuses Certaines interviews nous

montrent que plus lindividu occupe une place eacuteleveacutee dans leacutechelle

sQciale e~ 1

moin$ il sinteacuteresse agrave la lutte

Les reacutesultats recueillis dans nos diverses investig~tions confirment 1 1

1er propos qui disent que nous assistons aujourdhu~ agrave une involution

de la lutte traditionnelle parce que perdant toutes ses speacutecificiteacutes au 1

pryfit d~ne autre forme de lutte que lon continue agrave appeler nostalshy

giqlementIIlutte traditionnelle

Ceci pourrait peut-~tre trouver une explication dan la citation suivante

La liberteacute de creacuteer dinnover de vivre Pleineinenf decirctre soi et de

preacuteserver son authenticiteacute la digniteacute et lhonneu1demeurent des illushy

sions dans la misegravere eacuteconomique~ Nos ancecirctres creacuteai~nt des valeurs de cishyl

vilisation parce quils eacutetaient libres parce qu1i~s ignoraient toute

deacutependance eacuteconomique ils cultivaient en eux et cbez leurs enfants le 1

Jorn et la Kersa et preacutefeacuteraient la mort agrave la hoJte lI (1)

Or le Seacuteneacutegal comme la plupart des pays africainsi est un pays sousshy

deacuteveloppeacute t cependant face agrave cette volonteacute du gou~ernement seacuteneacutegalais

de faire inteacutegrer dans leacuteducation des valeurs traditionnelles nous

pouvons espeacuterer utiliser comme moyen deacuteducation la lutteacute traditionnelle

qui reste quand mecircme vecteur jethos et dhabit~s

- 54 shy

Mecircme si lon a noteacute un appauvrissement notoire sur les plans socioshy

culturel et moral la lutte traditionnelle recegravele une gamme importante

et varieacutee de techniques permettant incontestablement une ouverture vers

les luttes olympiques libre et g~eacuteco-romaine

La lecture de ce meacutemoire permettra agrave lentratneur et au professeur de

lutte en fonction du lieu ougrave ils seront affecteacutes dans le territoire

seacuteneacutegalaisdavoir une information sur les techniques contrOles et

formes de corps propres agrave chaque groupe ethnique et de les mettre en

relation avec leurs croyances et leurs mentaliteacutes

Nous avons essayeacute de montrer que la pratique de la lutte traditionnelle

doit tre axeacutee sur une ethnomotriciteacute au Seacuteneacutegal qui permette une inishy

tiation facile Cette pratique de la lutte traditionnelle seacuteneacutegalaise

devra dailleurs essayer de ~eacutepondre aux aspirations du Seacuteneacutegalaisl

moderne en souvrant aux ap~orts positifs des autres civilisations

ex~eacuterieures nous voulons Jvidemment parler du judo et des luttes oiymshyJ

piques 1

1 j Nous navons pas la preacutetentfon dans le cadre de ce meacutemoire demattrise

de reacutepondre agrave toutes les qutstions se rattachant agrave leacutetude de ~a lutte

traditionnelle souslangle~socio-culturel car non seulement il nous

manque lexpeacuterience et la c peacutetence en la mati~re mais aussil l le temps

et les moyens dont nous dis osions ne nous permettaient pas d~puiser le 1sujet i

1 1 1 t 1

l

- )5 shy

BIBLIOGRAPHIE

BIBLIOGRAPHIE

1- CLAPAREDE Psychologie de leacuteducation et peacutedagogie expeacuterimentale

Edition Delachaux et Niestleacute 244 pages

2- POCIELLC Christian Sport et Socieacuteteacute approche socio-culturelle

des pratiques Paris Vigot 1981 377 pages

3- PIERON Henri Vocabulaire de la psychologie

PUF Deuxiegraveme eacutedition 1957 469 pages

4- Revue socialiste de culture neacutegro-africaine ETHIOPIQUES

Les valeurs traditionnelles et le problegraveme de leur inteacutegration

dans les systegravemes modernes deacuteducation

GIA 21 Juillet 1982 213 pages

5- N2 Revue du Centre dEtudedes Civilisations DEM ak TEY

NIS IVegrave Trimestre 1982 96 pages

6- Document lNSEP Colloque sur la lutte aeacuteregravere

DAKAR MAI-JUIN 1980

t 1

~- Travaux du IVegrave Congregraves National ~es Sports agrave DAKAR les 2223041981

Bulletin n2 91 du CIO du 15 Aont 1965

l____________________________

8- Meacutemoire de Mattrise BADJI Abdou La lutte traditionnelle Joola

Etude et perspective

9- Meacutemoire Inspectorat JS DJITTE Mandy Les pratiques corporelles

traditionnelles au Seacuteneacutegal pour leur exploitation et leur

utilisation en peacutedagogie Marly le Roi 1980

REPUBLIQUE DU SENEGAL

--------------- INSTITUT NATIONAL SUPERIEUR

MINISTERE DE LA JEUNESSE DE LrsquoEDUCATION POPULAIRE

ET DES SPORTS ET DU SPORT

-------------

(INSEPS)

MEMOIRE DE MAIcircTRISE

Es-SCIENCES ET TECHNIQUES

DE LrsquoACTIVITE PHYSIQUE ET DU SPORT

LA LUTTE TRADITIONNELLE

son importance sa signification en fonction des ethos et des habitus ethniques au Seacuteneacutegal

Preacutesenteacute par

Monsieur Joseph Victor FAYE

Sous la direction de

M Jean Marc ROCHEZ

Professeur agrave lrsquoINSEPS

Anneacutee de soutenance 1984

- ~

d~tre en mesure dassurer acirc 1 ur tour Id protection du ~roupe En

deve~ant contenu denseignement la lutte ecircvoluait acirc nouveau Elle

perdit son caract~re preacutepa=atoi=e et devenait ~ctivit~ d~ c0~pensa-

tion (1) Au-delagrave des techniques de mise hors combat qui devaient se

deacutepouiller de leur violence et des risques de dommages corporels on

visait une action formatrice sous un triple aspect physique caracshy

teacuteriel et moral

Puis survint le temps de paix durable celui ougrave leacutenergie eacutetait

essentiellement consacreacutee agrave produire des biens pour sa collectiviteacute

dappartenance Deacutesormais lhomme eacutequilibrait sa vie entre le travail

le repos et le divertissement Cest ainsi que la lutte se retrouva au

coeur des reacutejouissances populaires En se faisant ludique celle ougrave

lon joue agrave mesurer sa force sa ruse son agiliteacute sa bravoure bullbullbull La

lutte se speacutecifiait agrave nouveau en simbriquant aux moeurs aux coutumes

et aux croyances

Cette longue histoire commune du neacutegro africain et de la lutte expliqUE

qUegravecette derniegravere fait partie des traditions auxquelles il est le plu

attacheacute et ort heacutesite pas agrave parler de sport national mecircme quand elle

doit ceacuteder en populariteacute devant le foot-baIl

En Afrique toute activiteacute physique veacutehicule un message et la lutte

traditionnelle elle aussi se trouve impreacutegneacutee de valeurs socio-cultushy

relIes et il arrive quon lui assigne de les veacutehiculer et de les trans~

mettre Parler de lutte en Afrique deacutecouvrir sa signification et comshy

prendre son histoire consiste agrave montrer quelle participe aux eacutethos et

habitus de groupe comme nous proposons de le faire

(1) - CARR The survival values of play citeacute par CIAPAREDE dans Psychologie de lEducation et Peacutedagogie Expeacuterimentale Edition Delachaux et Niestle (244 pages)

iotre reacuteflexion se ci-conscrird au S-~sJl -t mecircle si le peuple

seacuteneacutegalais est o-igilaire de la volonteacute cocnmune due dizaine deacutethries

de vivre ensemble ~ous nous limitert~s 1 analyser les rapports quentr

tiennent les quatre grands groupes diola seacuteregravere toucouleur et wolo

et les styles de lutte correspondant

Nous entendons veacuterifier lhypothegravese quaux particulariteacutes ethniques

(mode de vie coutumes rites et croyances) correspondent des particushy

lariteacutes de lutte (signification valeacuteurs veacutehiculeacutees mode de pratique

regravegles dorganisation bullbullbull )

Ce meacutemoire consiste agrave reacutealiser une approche socio-culturelle du pheacutenomegravel

lutte en Afrique avec le secret espoir quil puisse servir de preacuteface

agrave lhistoire des diffeacuterents styles reacutegionaux que dautres ont commenceacute

agrave eacutecrire

gt Si nous devions justifier le choix dun tel sujet t tous les arguments

se regrouperaient autour dune meurome motivation recouvrir notre authenmiddot

ticiteacute

En premier lieu parce que nous adheacuterons totalement agrave ce souhait des

Pouvoirs Publics de mettre laccent sur une eacuteducation physique et spormiddot

tive qui tout en souvrant aux appels feacutecondants de la techniques

fondera son action dans les valeurs traditionnelles du pays La lutte el

tant que pratique eacuteducative et manifestation dessence collective est

bien placeacutee pour justifier cette tendance

Elle reacutepond aux aspirations dune eacuteducation physique et sportive qui

veut creacuteer les conditions de son deacuteveloppement et de qUumlI i~ertion dans

les habitudes sociales des populationsff(l)

(1) Travaux du IV~ C~n-r~s Sports de 2223 Avril 1981

WotrQ CCYVcftOl de llnteacute~t JiU W sectU~ e6t ~~pu_~ deacuteclarations de 2rsonnaliceacutes du monde sportif lLrlsi ce Ii1essage agrave lir shy

tention des dirig~ants africains

-ous ~ T beaucoup agrave apprendre de eus ous qui sans

cesse davantage oublions que leacutequilibre de lhomme veuc

quiL sinscrive harmonieusement t aussi bien dans la nature

que dans la civilisation deacutecouvrons que les Atricains nont

pas eacuteteacute initieacutes aux principes du sport et ses vertus au

contraire de maints pays europeacuteens par exemple aupregraves desquels

tout ou presque est agrave retaire agrave chaque geacuten~ration Lexercie

physique tait partie de la vie atricaine il est moyen de commushy

nication et de locomotion- (1)

Or la lutte constitue par excellence ce Veacutecu moteur que nous t1ansshy

mettons de geacuteneacuteration en geacuterieacuteration et ce patrimoine doit survivre agrave

toutes les agravegressions or iginaires dautres modes de civilisation dont

certains effets ne manquent pas de se faire sentir sur le devenir de la

lutte traditionnelle

A la preacuteoccupation de preacuteserver notre authenticiteacute sajoute celle den

assurer la deacutefense

Aussi au-delagrave de nOs analyses destineacutees agrave eacutetablir les rapports entre

modes de vie et styles de lutte nous nous poserons le problegraveme dune

codification objective de la lutte traditionnelle constituant la mise

en communauteacute des apports pertinents de chaque style reacutegional Ce style

national apparatt indispensable en raison de lavegravenement prochain dune

socieacuteteacute seacuteneacutegalaise nouvelle qui ne peut se b~tir que par un partiel

renoncement au passeacute et son contenu (2)

Enfin nous voulons faire partager notre ~nthousiasme gagner agrave notre

cause eacuteducateurs entratneurs de lutte les amener agrave reacutefleacutechir sur leur

pratique et peut-~tre les aider agrave tnseigner avec plus de coheacuterence cette

discipline pour le plus grand bien de notre jeunesse

(1) Bulletin n 91 du CIO du 15 AoOt 1965 - Page 15

(2) Cette preacuteoccupation semble ecirctre partageacutee par de nombreux pays afri shycains ougrave la lutte est de tradition on y pressent quagrave de nouveaux types de socieacuteteacute doit correspondre de nouveaux hlbitus En conseacutequence la lutte doit eacutevoluer Darlllegrave~1e1t SO3 pine d amptre in~niaterpnt l~l~dJl-J~ (Sw~JL~c~ ~ - 13 P~v~~L)ti-~l j Ld L~t~ cr~lJit0nn~l12

otgalisecirce pH la cmFJS - iJAKAR - lai ~~)

-5shy

II QUELQUES NOTIONS DE SOCIOLOGIE POUR UBE MEILLEUR~

COMPREHENSION DE LA LUTTE TRADITIONNELLE

Essayons dexpliquer simplement les termes ETROS et HABITUS et

ETHNOMOTRICITE pour la clarteacute de notre deacutemarche

ETROS dans sa deacutefinition premiegravere veut dire en parlant dun individu

lice qui distingue cet individu des autres (1)

En eacutetudiant cette signification dans le cadre de la sociologie on

entendra par eacutethos ethnique (eacuteducation croyance rite etc bullbullbull ) lenshy

semble des caracteacuteristiques dune communauteacute sociale

HABITUS QCe sont les habitudes et attitudes socialement acquises qui

sous-tendent et preacute-deacuteterminent partiellement les faccedilons de penser de

sentir dagir de tout individu et traduisent notamment le rapport quil

entretient avec son corps (2)

Dans le cadre de ce meacutemoire nous allons essayer de faire une approche

de la lutte traditionnelle sous deux angles dabord en leacutetudiant comme

habitus en tant que technique du corps et ensuite COmme habitus de classe

fonction du style de vie des individus et nous nous proposons dans cette~gt

partie de deacutefinir ces deux notions dhabitus

Marcel MAUSS dans une viseacutee anthropologique emploie ce terme dune maniegravere

tregraves large pour rendre compte des faccedilons dont les hommes socieacuteteacute par

socieacuteteacute dune faccedilon traditionnelle savent se servir de leur corps Ces

habitudes varient avec les individus et leur imitations elles varient surshy

tout avec les socieacuteteacutes les eacuteducations les convenances et les modes les

prestiges

Analysant de multiples techniques du corpsll la marche la course la nage

le beacutechage le saut la danse et toutes les techniques corporelles en geacuteneacuteshy

ral (techniques alimentaires sexuelles de soins de repos bullbullbull ) MAUSS

insiste sur le fait que celles-ci ne sont pas naturelles mais acquises

(1) PIERON Henri Vocabulaire de la psychologie 2egraveme eacutedition revue et augmenteacutee PUF 1957 page Ill

(2) POCIELLO Christian Sport et Socieacuteteacute Approche sodo-culturelledeacutell pratiques Paris Vigot 1981 pages 78-79

La notion dethnomotriciteacute part dune constatation

- la grande diversiteacute des caracteacuteristiques preacutesenteacutees par les pratiques

corporelles en fonction de leacutepoque du lieu des groupes elle teacutemoigne

de linfluence despotique des normeS et des valeurs sociales sur la mise

en jeu du corps

Dougrave sa deacutefinition

Le champ et la nature des pratiques motrices envisageacutees sous langle de

leur rapport agrave la culture et au milieu social au sein desquelles elles

se sont deacuteveloppeacutees (1)

Conseacutequence le contrat ludosportif est aussi un contrat social il

reflegravete la faccedilon dont une socieacuteteacute aime agrave se penser agrave se repreacutesenter bullbullbull

et accepte de se donner en spectacle

Lethnomotriciteacute donne naiss~nce agrave deux sortes danalyses

- lanalyse synchronique -ou eacutetude spacialeshy

de type interculturel agrave hagravebitus diffeacuterents styles de vie divergents

de type intraculturel apparition dhabitus de classe et de pratiques

distinctives

- lanalyse diachronique -ou eacutetude temporelle- ou eacutevolution sur une longue

peacuteriode des pratiques motrices pour une cateacutegorisation dindividus

Cette hypothegravese de lenracinement social de la motriciteacute est une atteacutenuashy

tion des explications psychologisantes consideacuterant lindividu indeacutepenshy

damment de son environnement et sexprimant en termes de goQts motivations

() PARLEBAS pierre Contribution agrave un lexique commenteacute en Science 4e laction motrice Paris Publication INSEP 981 322 pages

AicircAgraveLYSE CES iJFrADES iDe I LES EN flA TIERE

DE PRATIQUE DES SPORTS DE Oicirc-itlAT

Objet Veacuterificat~on de la theacuteorie de lhab~tus

Hypothegravese En raison de son histoire de ses speacutecificiteacutes des valeurs

symboliques dont on linvestit une pratique sportive est en faveur aushy

pris dun groupe de pratiquants en fonction dattentes de niveaux dexishy

gence de fierteacute dappartenance qui sont socialement et culturellement

deacutetermineacutes

Il sagit en quelque sorte danalyser les goOts et les motivations des

sportifs en rapport avec leur condition sociale et le sentiment attachi

agrave ce statut

Remarque Cette analyse sera meneacutee en fonction des classes sociales et

non agrave partir de cla~se dage ou encore de classe socio-politique comme il

est dusage pour toute reacuteflexion sur notre socieacuteteacute trJditionnelle

Cette particulariti provient du fait que nos enquites ont iteacute effectueacutees

en milieu urbain -en raison des problimes de temps et de moyensagrave Dakar

et agrave Thiis pour itre plus preacutecis et il est deacutesormais hasardeux de preacuteshy

tendre y retrouver les structures traditionnelles c~e on pourrait le

faire en milieu rural

Par classe sociale et nous inspirant de la notion marxiste -deacutefinition

du rapport aux moyens de production- nous entendons la distance_dun

groupe social aux postes de deacutecision et de responsabiliteacute Plus cette

distance est grande moins le statut eacuteconomique est eacuteleveacute

Nous distinguons quatre (4) classes sociales car au niveau dune telle

analyse nous ne pouvons preacutetendre agrave la finesse de discrimination indiciaire

de la Fonction publique par exemple

r~partieuml

come il egravest rsectc eacute dans 1 ablea~ ci-dessous

CATEGORISATIONGROUPE EXEMPLE DE FONCTIONADMISE

Administrateur civil - Ingeacutenieur - Meacutedec ilCadre supeacuterieur1 Officier - Professeur

Instituteur - Mattre dEPS shy2 Cadre moyen Secreacutetaire - Technicien

Chauffeur - Militaire Policier3 Cadre subalterne shyPatron - Artisan

Artisan - Cultivateur - Ouvrier temporail4 Non cadre Pcheur

Conditions denqute Six (6) sports de ~ombat sont officiellement

pratiqueacutes Ils possegravedent une structure para-eacutetatique de gestion de contr

ce sont

3 sports de preacutehension - JUDO - LUTTE LIBRE TRADITIONNELLE - LUTTE OLYMPIQUE

2 sports de percussion - BOXE ANGLAISE - KARATE

sport mixte - LUTTE TRADITIONNELLE AVEC FRAPPE

Pour chacun de ces sports 50 pratiquants ont eacuteteacute interrogeacutes sur leur

statut socio-eacuteconomique avec la discreacutetion et la prudence quexige ce

genre de question

Cette enqute sest deacuterouleacutee dans les conditions suivantes

JUDO

Lieu DAKAR - Clubs USTD - DUC - FJAKS - DOJO HOMAR DIENG

Date du 020J84 au 28-05-84

Circonstances Les principaux inteacuteresseacutes eacutetant la plupart sur le tatami

pour lentratnement il fallait souvent attendre la fin

de lentratnement uumlur pouvoir avoir une ou deux entreshy

vues de sorte qu~ le~qu~te a pris beaucoup plus de

On constate que le no~bre de p=a~iq~~-ts ~st ~eauccup plus importd~t dans

les groupes 2 et 3 - Il es ~oindre dans les grQupes 1 et 4

LUTTE LIBRE TRADITION~~LLE

Lieu Dakar - Thiegraves bull Aregravenes Landing DIAME - Ecurie Seacuteregravere (pregraves de

lautoroute) Lutteur diola - toucouleur - Entratneurs - encadreurs

de diverses eacutecuries Stade Iba Mar DIOP - Aregravenes de Pikine et de

Thiegraves - CNPES - INSEPS

Date du 040284 au 020684

Circonstances Elles sont parallegraveles car les pratiquants semblent beaushy

coup plus disponibles que dans les autres disciplines Notre travail

parfoi~ peacutenible en raison de la diversiteacute des ethnies repreacutesenteacutees

et la traduction n1est pas toujours aiseacutee

Observations

Nous constatons que la lutte libre traditionnelle est plus pratiqueacutee

par les groupes 4 et 3 que par les groupes 1 et 2

LUTTE OLYMPIQUE

Lieu CNPES - INSEPS - Iba Mar DIOP (Equipe Nationale) - DUC

Date du 040284 au 020684

Circonstances Les conditions sont meilleures dans la mesure ougrave le

hasard a fait que pendant cette peacuteriode leacutequipe nationale soit

en regroupement et ceci nous a permis d-interroger un nombre

important de lutteurs de grand renom

Observations

En raison du petit nombre de pratiquants r~guliers lenquecircte ne porle

que sur 2S personnes Arbitrairement pour les besoins de comparaison

les raisons de comparaison les reacutesultats cbtenus sont multipli~s par 2 bull

BOXE A~~GLISE

Lieu Iba l-ar DIOP - ASFA - ASFPO - SC -ASC JJAF - ASC lA

ugraveate du 201283 au 020684

~E~~~~E~~~~ Ici nous ferons la mecircme remarque que pour le Judo

Notons que toute lenquecircte a eacuteteacute faite agrave Dakar

Observation

La boxe recrute ses pratiquants surtout dans les classes 3 et 4 et

on note que le nombre de pratiquants nest pas aussi important comme

dans les autres disciplines

KARATE

Lieu YUKOKAI KARATE CLUB - SAMOURAI KARATE CLUB - Iba Mar DIOP

CLUB DE GIBRALTAR - ASFA - ASFA - ASFPO - GM Thiegraves

Date du 201283 au 020684

SE~~~~E~~~ Notre enquecircte se passait dans une ambiance sympathique

de camaraderie Geacuteneacuteralement apregraves la seacuteance dentratnement

Observation

Nous constatons que la distribution des pratiquants bien que favorisant

les groupes 2 et 3 semble plus homogegravene que dans les autres disciplines

~ LUTTE TRADITIONNELLE AVEC FRAPPE

Lieu Ecurie de Fass - Ecurie des Seacuteregraveres - Ecurie Mermoz

- Ecurie des Casamanccedilais

Date du 04-02-84 au 020684

Ccedilj~9~~~aEccedil~ Il est agrave signaler que cest la discipline ougrave l~ contact

avec les pratiquants a eacuteteacute plus difficile les speacutecialistes qui~ la plushy

part du temps semblent meacutefiants quand on commeucircce agrave leur poser des quesshy

tions preacutecises sur leur revenu mensuel

2 -liCc 055cllt le lle11ent SegraveS praLicltants dans le ba

de lecirc~helle ces~-agrave-dire dans le ~ruumlupe 4

~ecircsultats

Les reacutesultats enregistreacutes sont reacutecapituleacutes en nombre et en pourcentage

-agrave lapproximation pregraves- dans le tableau ci-dessous

LUTTE 1 LUTTELUTTEGROUPES BOXE KARATE JUDO AVEC OLYMshySIMPLE i i FRAPPE PIQUE

1 11 1 1 1

1 11 1 1 1 11 0 1 0 8 1 16 9 1 18 4 1 8 0 1 0 7 1 14

1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1

1 11 1 1 1 1 12 3 1

1 6 21 1

1 42 22 1 44 6 1 12 4 1 8 17 1 341 1

1 1 1 1 1 1 1

1 1

1 1 1 1 1

3 22 1 44 13 1 26 15 1 30 16 1 32 5 1

1 10 10 1 20

1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1

1 1 1 11 1 1

14 25 1 50 8 1 16 4 1 8 24 48 41 1 1 82 16 1 321 1 1 1 bull 1 1 1 1 1

1 1 1 1 1 11 1 1 1 TOTAUX 50 1100 50 1100 50 100 50 pOO 50 pOO 50 1100

1 1 1 1 1 1 1 1 1 1

Afin dG failiter la lect~~e je c~ table3~ t ~2 re~dre sig~ific~tives

s info~~ations quil contient ces difteacutere ts reacutesultats nu~eacuteriques

peuvent ecirctre formuleacutes selon des repreacutesentations graphiques

1 Clientegravele des Sports de combat

FIGURE l

Il apparatt nettement que les sports de combat recrutent essentiellement

dans le bas de la hieacuterarchie sociale ce sont des sports populaires don

propices agrave une massification de la pratique

Toutefois on peut nourrir quelques inquieacutetudes pour que soient reacuteunies

les conditions de leur deacuteveloppement en raison du faible statut quils

possegravedent au regard defllintelligentsia seacuteneacutegalaise

2 Hieacuterarchisation des gants sportifs en matiegravere de sport

de combat au sein des cadres supeacuterieurs -Groupe 1shy

FIGURE I[

La f-appe est honni aucl1 pratiqua1t de boxe Olt de lutte avec frappe

agraveUloins quelle fasse lobjet dune stylisation cxtrecircme COTIme cest le

cas dans le karateacute Ce groupe manifeste un seuil extrecircmement bas de toleacuteshy

rance agrave la violence ce qui explique les discours infamants degraves que la

lutte avec frappe est secoueacutee par quelques excegraves Leacuteopold Seacutedar SENGHOR 1

navait-il paS deacuteclareacute que cette forme de lutte eacutetait une atteinte permashy

nente agrave limage de marque du Seacuteneacutegal

Bien quil soit difficile de proposer une explication unique curiositeacute

esprit douvetture permeacuteabiliteacute aux modes bullbullbull les repreacutesentants de ce

groupe adoptet facilement des sports importeacutes 85 des goOts pour le 1

Judo le Karateacute et la Lutte Olympique qui pourtant est bien peu pratishy1

queacutee au Seacuteneacutegfll j

Faut-il en deacuted~~re une attitude geacuteneacuterale favoris~agrave tout ce qui provient

de leacutetranger

Nous nous refu~ons preacutesentement agrave ce genre dexplicationJ ne ser~it-ce que

par ses conseacuteqJences sur notre sport national dont les perspectives appashyj

raicirctraient bie sombres

Admettons que la pratique de ces disciplines sont en rapport avec des

deacuteterminants eacuteconomiques et que ceux-lagrave sont un frein P4ur la popularisashy

tion de ces pratiques A lappui de cette interpreacutetation~ il suffit de

composer le champ social du Judo et celui de la Lutte libre traditionnelle

--== G J

32

LUTTE SIHPLEJUDO FIGURE JI(

Le groupe 2 qui manifeste un inteacuterecirct reacuteel pour les sports de combat -pregraves

de 25 iuml de la population i~tervieweacutee- et qui p6ssegravede les ~oyens de choisir

ses pratiques opte massivement pour le judo CDnme lexprirre le rapport de

agrave 4

- shy

A la lumiegravere de cette succi~te analyse des demandes sociales en matiegravere

de pratique des sports de combat nous pensons recouper la theacuteorie de

lhabitus selon BOURDIEU qui veut que des hatitus diffeacuterents impliquent

des styles de vie divergents si lon entend par style de vie un systegraveme

de pratiques classeacutees et classantes(I)

La mutation de la socieacuteteacute seacuteneacutegalaise celle du milieu urbain se caracteacuteshy

rise par lapparition despaces sociaux qui sont en rapport avec des

espaces culturels Il en reacutesulte des pratiques distinctives comme

lexprime le pogam

En effet si les cateacutegories sociales existent et si chaccedilune delle exprime

une marque sur les conduites des sujets il est naturel ~e penser que des

pratiques1 sportives servent de modegraveles distinctifs et detrsymbOles dorgashy

nisation ieacuterarChique dans la socieacuteteacute exprimant les dif eacuterentes clas8eamp(2)

Ces const4tations ont dimportantes implications sur leeacuteveloppement et

lavenir des pratiques Si dans notre IIIegrave partie nous 1tenterons de 1

mettre en rapport les particulariteacutes ethniques avec les pluraliteacutes de

style de lutte nous parlons presque au passeacute Une IVegraveme partie devra

e~visager la situation actuelle de la lutte afin de pouvoir eacutemettre

qu~lques hypothegraveses sur son devenir

Cest auss~ une ambition de ce meacutemoire daider ceux qui sinteacuteressent reacuteellE

ment agrave la lutte de savoir entendre au travers des deacuteclarations normatives

et apologeacutetiques Nous ne doutons nullement de la conviction ou de la bonne

foi de leurs auteurs mais parmi les possibles il yale probable et seul

ceiui-lagrave meacuterite decirctre retenu car plus proche agravee la recirc~liteacute

(I) BOURDIEU pierre La distinction Les Editions de minuit 1979 page 191

(2) Le POgdlt Deacuterrocratisation du sport ythe (u reacutealiteacute

- 1f shy

j j l IlL DL l H L S DE

3 1 LA COll1ŒNAUTE DIOLA

311 Preacutesentation

Les diolas vivent dans la reacutegion de Casamance et repreacutesertent 9 de la

population totale du Seacuteneacutegal Ce sont geacuteneacuteralement des cultivateurs de

riz et des artisans Cependant on peut les trouver aujourdhui disperseacutes

dans toutes les capitales reacutegionales affecteacutes agrave divers meacutetiers militaire

gendarme fonctionnaires de lEtat ouvrier etc bullbullbull

Dans les villes la plus grande partie des diolas vit dans les qoartiers

populaires Par exemple agrave Dakar on les trouvera agrave Colobane agrave Fass agrave

Grand Yoff ou agrave Khar Yalla La plupart du temps cesDnt des artisans et des

ouvriers du secteur priveacute qui vont essayer dune maniegravere ou dune autre de

vivoter en bricolant deci de lagrave Mais mecircme loin de la Casamance cette

ethnie conserve une grande partie de ses caracteacuteristiques et plus partishy

culiegraverement la solidariteacute ethnique qui veut que les Diolas forment toujours

un bloc bien soudeacute quand le besoin se ifait sentir et cecisans discrimishy

nation de rang social Ainsi tous lesdiolas de Dakar se mobilisent pour

supporter le Casa Sport chaque fois qbe cette eacutequipe de foot-baIl vient

jouer agrave Dakar Cette mobilisation se fera aussi dans le cas ougrave leur chamshy

pion de lutte Mamadou SAKHO livre uncombatimportant

Lethnie diola est diviseacutee en trois sous-groupes

- les dio1as Fogny de Bignona

- les diolas Kassa autour dOussouye

- les diolas Blouf dans la preacutefecture de Tendouck

Mais en lutte on a pris lhabitude ~e les grouper en deux zones dune

part le Kassa qui preacutesente des particulariteacutes et dautre part lE Fogny

et le Blouf

- J 7 shy

3 ) 2 ~U(lquE5 aspects d~ l~ducatio~ ~t des rit~s en milieu diol~

L eacuteducat ion veacuteritable de lenfant diola est sociale et ne se corlprend

que dans la relation sociale elle deacutepasse de loin le strict cadre

famililal Elle commence au stade de lapprentissage du langage

Lenfant apprendra agrave reconnattre le langage du regard de ses parents

Il doit connaicirctre et faire la diffeacuterence entre un regard approbateur

et un regard qui blacircme De mecircme il doit apprendre agrave faire les gestes

de la tecircte qui expriment lapprobation En aucun cas lenfant nest

laisseacute agrave lui-mecircme Aura-t-il deacutesobeacuteit par complaisance naura-t-il pas

eacutecouteacute ou fait attention aux recommandations reacutepeacuteteacutees plusieurs fois

sans reacutesultat il fera lobjet dune punition corporelle avec la chicotte

Elle a pour effet de faire mal au corps de lenfant afin datteindre son

acircme sa sensibiliteacute et instaurer en lui une sorte de 1iaision de la

meacutemoire du mauvais comportement agrave la douleur quen voulant eacuteviter la

douleur il finit par eacuteviter le mauvais comportement en tout cas den

prendre conscience degraves cet acircge Cest une meacutethode deacuteducation mora1e (])

i 3121 Leacuteduca~ion maternelle

1

Notre eacutetude nous a montreacute que mecircme de nos jours leacuteducation diola

conserve encore ses caracteacuteristiques traditionnelles au niveau des rites

des moeurs des habitudes des principes et des normes

Leacuteducation de lenfant reste lune des plus rigoureuses Elle commence

degraves le plus bas acircge car pour le dio1a on ne peut redresser une personne

adulte donc autant leacuteduquer tregraves jeune Jusquagrave lacircge de trois ans

lenfant sera encadreacute par sa megravere qui bien queacutetant tregraves douce fait

preuve daucune indulgence Elle lui apprend les interdits de la communaushy

teacute respecter son prochain ne pas insulter ni profeacuterer de gros mots surshy

tout en preacutesence de grandes personnes ni faire violence agrave autrui

Plus terd v~rs cinq ou SlX ans le jeune garccedilon est initi~ a~x travaux

ces cna~ps des rizi~r~s cles pal~eraiEs ce Gui ne manquer6 pa5

davoir ces rEpcrcussic~s sur SOn deurovelopperncnt morpholoique

- 1( shy

3122 La circoncisio~

cest un rite obligatoire Il a pour but dintroduire le garccedilon dans

la communauteacute des hommes en tant que responsable Cest un rite qui

laisse une trace indeacuteleacutebile dans la vie du jeune diola Les principes

de la vie en socieacuteteacute y sont enseigneacutes agrave fond Le rite de la circoncishy

sion preacuteseuro~teuro uneuro forme p~lticul do~t s~uls les diolas connaissent

lorganisation internecar la circoncision est agrave la fois une eacutepreuve

physique intellectuelle et morale

Cette circoncision en milieu diola se passe dans le bois sacreacute En ce

lieu les Njoulis (circoncis) sont encadreacutes par des mattres les

Kintangs et au-dessus de ces mattres regravegnent un ecirctre doteacute de faculteacutes

occultes il sagit du Kankourang Le kankourang a cette capaciteacute de

disparattre de voler quand bon lui semble Il incarne la justice et la

violence et assure la protection de ses disciples contre les mauvais

esprits Ainsi le kankourang incite agrave lobeacuteissance et agrave lordre dans

cette socieacuteteacute Dans la tradition diola le kankourang repreacutesente un

pouvoir mystique capable de choses extraordinaires dont la socieacuteteacute

moderne avide de raisonnement ne pourra trouver une explication Au

cours de la circoncision les initieacutes subissent un certain nombre

deacutepreuves physiques que le diola appelle samasso Il doit se soushy

mettre agrave lensemble de ces eacutepreuves consideacutereacutees comme indispensables

agrave sa formation pour lui permettre de juger ses capaciteacutes physiques

mais eacutegalement deacutepouver sa valeur intellectuelle morale et sociale

Il pourra aussi se mesurer aux autres dans le domaine de la consideacuteration

et du respect En quittant le bois sacreacute le jeune doit posseacuteder une

grande partie des qualiteacutes humaines et socisles quil faut agrave un howmE

pour vivre en harmonie avec la socieacuteteacute traditionnelle Il serait bien

sOr possible dans le cadre dune eacutetude plus approfondie de parler de

bien dautres rites et pratiques traditionnelles

Notons cependant que le rite de la circoncision appartient aux anc~t~es

et que dans les villages reacutecents ougrave les structures ont changeacute on ne

Jeux jours avant la re~trfE cans le bois sacr[ les adolescents so~r

-

- Jo shy

por lE diola 11-071- doit rester en harrc1iE avec lE

tal lanimal lui-mecircme les ancecirctres les geacutenies Le rit~ du rasdge co~sist~

acirc ~loigner la ~alchance de lenfant Si l~ ritE nest pas respecteuro eumlr es

parents du futur initieacute celui-ci connaicirctra la malchance pendant toute sa viE

Ce rite a aussi pour faculteacute deacuteloigner le mal et de preacuteserver lenfant des

mauvais esprits

Le rite de leau sacreacutee se fait un jour avant lentreacutee dans le bois sacrEacute

Les femmes doivent se garder davoir le moindre contact avec leau beacutenite

pour se preacuteserver des conseacutequences facirccheuses qui pourraient en reacutesulter La

tradition veut quune seule goutte soit capable de deacuteclencher lavortement

l chez la femme enceinte de rendre steacuterile la jeune fille ou de provoquer des

menstrues perpeacutetuelles chez la femme ayant atteint la meacutenopause bull

bull Le rite de la forge protegravege le futur initieacute pendant son seacutejour dans le bois

sacreacute Mais cette protection seacutetend bien au-delagrave et de rite veut que toute

personne qui y faillit soit condamneacutee agrave devenir leacutepreuse

Pendant plusieurs semaines les jeunes initieacutes subissent une formation capishy

tale qui fera deux des hommes complets

313 Croyances et pratiques mystiques

Si nombreux sont les diolas convertis au Christianisme ou agrave lIslam leur

foi napparatt jamais incompatible avec leurs croyances animistes Lhisshy

toire des rois et reines diolas nous reacutevegravele quils eacutetaient les ffprecirctres fl de

ces cultes feacutetichistes destineacutes agrave maintenir la fertiliteacute et agrave provoquer

la chute des pluies De nos jours existent encore des socieacuteteacutes secregravetes agrave

base religieuse ou magique la plus redouteacutee eacutetant lassociation neacutecrophashy

gique Kousanga des Floup (1)

Deux fafu expliquent la coexistence du dogme et de la croyance

le contact tardif de la socieacuteteacute diola avec les civilisations eacutetrangegraveres

et leacutevangeacutelisation ou lislamisation quelles veacutehiculaient Il e~ reacutes~lt~

une importance des traditions leur reacutesstance agrave une remise en questic~ ce qui confegrave~e agrave la socieacuteteacute diola un caractegravere conservateur

r~c~~i]EE 2~fr~~ ~c - t

ct ~Cc egraveE~ Cimiddotilisatilaquo~ eacute

la neacutecessiteacute de lanimisme consiegraveeuroreacute comme base de toutes legrave~

religi0~s uumlegrave serait-ce que corr~e tentative ciexpliquer li1explishy

cable en se repreacutesentant en particulier comme un ensemble de puisshy

sances mystiques Ainsi pour lanimiste agir sur la nature cest

intervenir psychologiquement aupregraves de ceLX qui la gouvernent

314 Imeact des moeurs sur la prat~que de la lutte diola

Lorigine de la populariteacute de la lutte eugrave milieu diola est par trop

impreacutecise aussi nous nous limiterons agrave en donner la signification

actuelle La lutte apparatt dabord comme un moyen privileacutegieacute deacutedushy

cation

- sur le plan corporel afin de deacutevelopper la force lagiliteacute la

rapiditeacute et la souplesse

- sur le plan moral afin de deacutevelopper les vertus caracteacuterielles

courage tenaciteacute digniteacute bullbullbull neacuteces~aires agrave laction

Mais la lutte apparatt aussi comme un mpyen dinteacutegration sociale car

le jeune diola qui se refuserait agrave se sbumettre agrave leacutepreuve de la lutte

encourrait un isolement alors que celui qui excelle en bravoure devient

rapidement populaire Dougrave ces affrontements agrave linteacuterieur dune classe

dige qui tout en restant un moyen de reacutejouissance servent eacutegalement

agrave eacutetablir des comparaisons

Nos observations et nos interviews confirment le caractire tris physique

de la lutte diola immeacutediatement les lutteurs sont au corps agrave corps et

les techniques consistant agrave aracher ladversaire priment sur toutes les

autres Exprimer sa force est une preacuteoccupation constante il suffit pour

sen persuader de voir le groupe de lutteurs peacuteneacutetrer dans laregravene au son

du Born bol on que rythme le claquement de mains des femmes

C~tte da~se est une deacutebauche dAnegie Ougrave les lutteurs pieacutetin~Ert avec

force L sol

i shy

3141 EorphologUgrave et valeur physiques du lut teur diola

Le lutteur diola possegraveagrave~ un deacuteveloppement caracteacuteristique du trai~

supeacuterieur et de la musculature doso-lombaire Ceci est tregraves certaineshy

ment lieacute au maniement de la houe de la daba et surtout dukadiando

dont lusage permanent a modeleacute la morphologie du lutteur diola

La valeur physique de ce lutteur semble reposer sur sa force sa

reacutesistance mais aussi sa rapiditeacute

3142 Reacutepertoire technique

Dans le Blouf la forme du corps la plus utiliseacutee est le deacutecalage souvent

combineacute avec un crochet de jambe (gal gal) ceci semble ecirctre lieacute agrave

lutilisation quotidienne dans les riziegraveres du kadiando Le paysan du

Blouf sera ameneacute agrave faire un mouvement de torsion pour deacutecalerlinstrushy

ment enprenant appui sur son genou et ceci continuellEment pendant toute

la jourpeacutee Chez les diolas du Fogny le kadiando eacutefait surtout utiliseacute

par les femmes qui soccupaient autrefois exclusivement de la riziculture

et ce n~est quaujourdhui que les hommes cultivent le riz 1

La principale culture dans le Fogpy est celle du mil on y cultive aussi

de larachide De ce fait loutil le plus utiliseacute est le donkoton qui

est un instrument tregraves petit avec un manche court et dont le maniement

expliquerait peut-ecirctre leacutetonnante musculature du train supeacuterieur et surshy

tout de la zone dorso-lombaire du 4i6la fogny qui excelle dans les techshy

niques en force genre arracheacute avec les bras sur contrOle de la ceinture

de ladversaire Lulisation du donkoton semble eacutegalement expliquer la

garde tregraves basse du lutteur fogny

Dans le kassa on aurait pu trouver la mecircme forme de lutte car la morphoshy

logie du lutteur est agrave peu pregraves la mecircme mais linterdiction formelle de

la prise du ~gimbe modifie et limite tout le repertoire technicult2 ou

lutteur Le lutteur kassa adopte une garde basse et agrave une preacutefeacuterence pc~r

legraveS tc~-iccedilues n passa~ dessous - - ~ shymiddotmiddotcrc t--=~ c-

----

contact et agrave partir de ce TtoTteuront ils peuvent se relever et conti~uEr

en lutte debout jusquau terrassemen~

Toutes les gardes sont rapprocheacutees en milieu diola

irbi trage

Les combats sont arbitreacutes par un deacuteleacutegueacute geacuteneacuteralement anClen lutteur

Ces anciens lutteurs ont pour rocircle de veiller au bon deacuteroulement du

combat La victoire est deacutecreacuteteacutee dans les cas ougrave un des lutteurs se

retrouve en position assise sur le ventre sur la cuisse ou les

genoux (sauf dans le Kassa)

Il existe un autre mode de victoire celle qui est proclameacutee agrave la

suite dune supeacuterioriteacute eacutevidente du~ des lutteurs A savoir quand

un lutteur soulegraveve tregraves haut son camarade et que son manager estime i

quil est pratiquement battu il peut arrecircter le combat en touchant

dabord le lutteur adverse popr eacuteviter que son lutteur ne soit terrasseacute

tregraves fOrt Nest-ce pas un deacutecision sage des managers qui peut contribuer

agrave maintenir le caractegravere reacutecr~atif de la lutte joola 1

La victoire dun village sur un autre village ne se mesure pas au

nombre de victoires obtenues par lensemble des lutteurs En effet

il suffit que le champion soit battu pour que le village soit consideacutereacute

comme deacutefait Ce qui explique limportance et le seacuterieux que le village

accorde agrave la preacuteparation des championsl)

Il est cependant important de signaler que larbitrage dans les centres

urbains revecirct une iautre forme beaucoup plus codifieacutee et cest peut-ecirctre

une des raisons qui font quen milieu urbain la lutte diola perde une

partie de son originaliteacute

En dehors des techniques speacutecifiques agrave chaque sous-groupe il faut

signaler quil y a une multitude de prises et quelGues formes de corps

comTIunes agrave letnn Car reconnaissons qu il cO unE ror-euro approp=i~eacute

dE ~ouvane du l~tteur diola en TaI

-----~-----

LE tableau ci-dessous se propose dE reacutesumer les diffeacuterentes consideacuteshy

rations techniques envisagEacutees dans cette partie

FORlŒSSOGS-GRGUPES 1 COItltOLE GA~JESDt CORF=

i ~

1 1

Passage dessous de jambes et BassE KASSA saisies Moyenne1annexes bras (rapprocheacutee)

ceinture tecircte

Deacutecalage de Moyenne et BLOUF Demi-souplesse Ngimbe

HauteHancheacute Bras (rapprocheacutee)

Jambe

Arracheacute CouFOGNY Tregraves basse

Hancheacute ii 1

1 1

3 14 3 bull LeIIa~~jueetlecom~ortementdulutteur-+iola

1 Le comportement et lattitude du lutteur dans laregravene pe sont en fait

t

que le reflet de sa psychologie et plus partiCUliegraverem t de son eacutetat

dacircme Or il napparatt pas abusif deacutetablir des cor eacutelations entre

le psychisme dun individu et lempreinte eacuteducative quil a subie En effet en sortant du bois sacreacute le jeune diola a acquis un ~ca~~l

eacutequilibre physique et mental

Cette matrise de lui-mecircme permet au lutteur dans la~egravene dadopter

un aire enjoueacute de manifester beaucoup denthousiasme~ La lutte devient 1

essentiellement un jeu laspec ludique y est privileacutegieacute et ~ela influe

sur le comportement du lutteur

Ainsi queurolq~c soit limporta~cE de le~je~ le lutt~c~ dic1e Seuroreacute

to~jours serein et s~ livrera sa~s arri~re pe~s6e da~$ ~E CO=beacute ou-

tons que le lutteur diola est trecircs fair-play et sil arrive quun rdnd

lll L COIicircilU1Ul L ULOF

32 J Preacutesentation

La soc tEacute wucirc10f est celle qU1 a eacuteteacute la plus marqueacutee par la colonisation

~~ fait peut-gtre de sa position geuroographiquE dune part ct de 50~ imporshy

tanCE sur le plan dfmographiquE dautre part En effEt ceurootteuro CC-~ucircautE

wolof repreacutesente environ 20 de la population seacuteneacutegalaise

Elle est constitueacutee de pecirccheurs (ce sont les leacutebous) dagriculteurs de

fonctionnaires de lEtat mais surtout de commerccedilants

A pqrtir de leur reacutegime dimplantation le Cayor le Walo le Baol le

Djolof et la presquicircle du Cap-Vert les wolofs ont tendance agrave irradier

sur lensemble du territoire sous leffet de leur speacuteculation agrave la culshy

ture de larachide et du nombre important de fonctionnaires quon trouve

dans cette ethnie

322 Les moeurs et croyances wolofs

Bien queacutetant en grande partie des musulmans convaincus les wolofs

conservent toujours une croyance animiste et continuent agrave faire des

sacrifices agrave porter des cornes ou des morceaux de bois agrave la ceinture

aux jambes ou aux bras et agrave croire agrave lexistence des Djinneacutes et des

Raps bull

Le Djinneacute cest une creacuteature malfaisante en geacuteneacuteral capable de choses

extraordinaires Il possegravede des faculteacutes surnaturelles Cependant dapregraves

la croyance animiste certains Djinneacutes peuvent ecirctre bons

Le Hapl cest une creacuteature ayant des dons occultes appartena71t agrave une

famille ou agrave une communauteacute et dont le rOcircle est de veiller cu daider

les reCJrES de le fai11p ou dt la conmunauteacute en cas de da1gel Le Rap

~ ut te c ) ~~c-

ei sltcificE cJ sanl dE meut0 dL chat de pC)wleurot 5E1lt les conveuroshy

lances parfois leur dorner COrllTe offrande du lait Laii

Qua1d une famille ou une communauteacute neacuteglige les Sarakh (ici dans

le sens de sacrifice ou Offrande) elle se voit aussitocirct vouEacutee agrave la

maleacutediction des mauvais esprit~ (fcllec dans touteacuteS lEs ~treprises

de la vie maladie mort bullbullbull ) Les lieux ougrave habitent ls Taps et ougrave

se font les sacrifices se nomment Khambs

Geacuteneacuteralement le khamb se trouve dans lenceinte de la maison ou

dans un coin approprieacute du village Les lieux du khamb sont marqueacutes

par la disposition de calebasses de pilons de morceaux de poterie

briseacutes de grosses pierres de cornes et dautres objets heacuteteacuteroclytes

La superstition wolof est tregraves marqueacutee En effet pour le wolof toutes

les manifestations quotidiennes trouvent leur signification dans le

mysticisme Citons agrave cet effet quelques ezemples Une femme enceinte

ne doit pas marcher agrave nimporte quelle heure de la journeacutee Certaines

heures de la journeacutee lui sont interdites le Timiss (creacutepuscule

le Ndjo~or (de 13 H agrave 14 H de lapregraves-midi) le souf-segravede (de

minuit i4 H du matin) Selon la tradition ~t la croyance wolof les

mauvais ~sprits choisissent ces heures pour jeter des sorts Et la

femme enceinte eacutetant tregraves vulneacuterable le Djinneacute essaiera de lui insufshy

fler son souffle pour atteindre son beacutebeacute afin dentratner soit la

meacutetamorphose de cedernier en monstre soit de le tuer avant sa naissance

Dailleurs pour le wolof et pour certaines autres ethnies au Seacuteneacutegal

le timis le tdjolor le souf-segravede repreacutesentent des peacuteriodes de

la journeacutee ougrave lon ne doit pas se hasarder dans les rues et les champs

Ce sont des heures propices aux apparitions des Djinnes sous nimporte

quelle forme humaine ou animale

Il est eacutegalement interdit au wolof de marcher ou de serti la nuit du

~eacutellfria-

loutes c~s pratiques ~ystiqu~s et cr0ya~ces religi~us~5 ~xistent eL~~[

certainement dues agrave un meacutetissage culturel Parallegravelement aux feacutetiches

aux incantations et agrave lutilisation des safaras (substance magique)

notons lexistence de ga l a tchs (ce sOnt des talismans ougrave sont inscrits

du qui les porte Toutes ces croyances biEn sucircr auront une rEacutepercussicrI

sur leacuteducation du jeune wolof

323 Leacuteducation du wolof

Pour caracteacuteriser leacuteducation wolof nous avons penseacute donner comme

illustration cet extrait de la revue DEM ak TEY Pour deacutefinir leacutedushy

cation le wolof fait appel agrave un symbolisme qui eDglobe aussi bien les

moyens mis en oeuvre Yar que le reacutesultat obtenu agrave laide de ces mecircmes

moyens cest-agrave-dire la formation et le deacuteveloppement de lecirctre humain

ou Yaru

Le substantif Yar deacutesigne le fouet

Ce symbolisme deacutesigne donc au-delagrave du simple sens mateacuteriel de lobjet

lutilisation qui permet daboutir au reacutesultat escompteacute (Yaru) Au sens

geacuteneacuteral Yar deacutesigne tout instrument servant agrave infliger une punition Le

terme laisse supposer agrave priori que cette phase de lenfance durant lashy

quelle se preacutepare la vie de lhomme est lieacutee agrave la souffrance au supplice

Dailleurs une maxime wolof compare lenfant agrave une tige quon a tout le

loisir de redresser alors quelle est encore flexible bull

bullbullbull Pour leacuteducateur wolof la perfection nest point de ce monde malS

le devoir de chaque homme est de tendre vers la pleacutenitude en luttant

contre ses propres faiblesses Leacuteducation va d01c iisister essentielle~(-~t

sur lexercice quotidien de leacutelevation ffiora1e d~ lindividu Pour cela

elle privileacutegie la patience munI) vertu dabneacutegdtion et dE deacutesinteacuteresseshy

m(~t autour dE laquelle sarticulent toutes ]e~ ~u~~~s qualiteuros

i _

aan~ ~ s0cieacutet gt~olcf ocirclt~tartt nul -Jt- poulait sabecircisstr

tion de sa libertEacute La liberteacute est le preuumler drcmiddotir dE l ho-)euro egrave~S

baigner dans une beacuteate admiration du passeacute la comparaison avec le pr~$(middott

si~posc dclle-mecircme car lon reste s reacute devant la deacutesinvolture aVEC

laquelle dES honmes daujourdhui descendants de cette ~~~EacuteTatic ccedil~l se

une fois [largis bullbull tTasque fiers davoir fait leacute priS0n PEut-2tTE

faut-il mettre cela sur le compte de lurbanisation et des nouvelles

valeurs qui ont pour nom enrichissement reacuteussite sociale avec ce que

cela comporte de deacuteshumanisant et de deacutepreacuteciateur (1)

3 bull 2 bull 3 1 bull Lesri tes

Le sevrage et la circoncision constituent les deux grandes phases initiashy

tiques chez le wolof

- Le rituel du sevrage est appeleacute maga1 (litteacuteralement rendre grand)

Cest un eacutevegravenement important aussi bien pour les parents de lenfant que

pour la co~unauteacute Durant cet eacutevegravenement qui survient geacuteneacuteralement deux

ans apregraves la naissance du beacutebeacute les personnes vivant dans lentouragE

apportent leur soutien moral et mateacuteriel

- le rituel de la circoncision revecirct pratiquement la mecircme signification

que dans les autres ethnies seule la forme diffegravere La circoncision reste

encore une eacutepreuve de la vie au sort i r de laque Ile ladolescent devient un

homme Aujourdhui il faut noter une meacutetamorphose de la structure sociale

et des croyances religieuses tregraves accentueacutee aussi bien chez les wolof que

chez les autres groupes ethniques et ceci est peut-ecirctre dO au contact

permanent quils ont avec la socieacuteteacute occidentale

Malgreacute ces constat~tions il semblerait pcu=tant qUE la sociecirct~ lecircbou Gci

bien que se trouvaLt en grande partie dans ~a Presquth du Cap-ETt Et

en contact permane~t avec les blancs soit la portior la plu8 cc~serva-

----------~_- ---~-- -----

~

Incidences d s ~00urs sur la l~ttE

Le wolof connaicirct deux formes de luttes la lutte sirplE- sans t-t

la lutte avec frappe La lutte avec frappe a une crigi~e purement r

et ce nest que plus tard quelle devint une prati1uE sportive et lud

preacuteparer agrave la guerre Aussi tout en luttant On eacutetait autoris~ agrave frapper~

griffer mordre voire introduire son doigt dans loeil de son adversaire

Le jeune wolof devait eacutegalement se livrer agrave la lutte avec frappe afin de

favoriser son insertion dans la socieacuteteacute adulte et sinitier au meacutetier de

soldat faute de quoi il ne pouvait se faire entendre ne avoir des marques

de respect Pour montrer la populariteacute de la lutte dans le Cayor signalons

que les Damels ll (rois) et les Teignes (nobles) nheacutesitaient pas agrave sy

livrer Quant au IIMbeu~ (lutteur) elle lui servait de moyen de promotion

sociale car d8S que sa reacuteputation eacutetait eacutetablie il pouvait ecirctre choisi

par les rois et les nobles comme garde de corps

325 Signification de la lutte en milieu wolof

La lutte se pratique dabord pour lhonneur qui est une vertu tregraves signishy

ficative pour le wolof Elle permet de renforcer les liens amicaux entre

les jeunes de villages diffeacuterents Le champion veut gagner

confiance et la consideacuteration de son village de ses amis

Etre champion cest aussi susciter ladmiration chez les

sentant la force la viriliteacute et la deacutetermination

326 Organisation d~s eacutepreuves de lutte

3261 Les Mbapatts Ce sont les seacuteances nocturnes

pour meacuteriter la

et des anciens

filles en repreacuteshy

Ils sont organiseacutes apregraves les reacutecoltes agrave la fin de la saiscn des pluies

Ceci surtout p~ndant les peacuteriodes de clair de lune car ils peuven~ durEr

toute la nuit Le but des ~Dapatts lt=tait de prfpa-er FhysicuemeH et

~ arb Sil

326 Le 1

cest une organisation beaucoup plus importante que les I~apatts ~

loccasion de laquelle on peut voir plusieurs lutteurs de grande reDommfe

saffronteLLa fin dl lamb est toujours couronneacutee par une grand co~bat

duquel le vainqueur est sacreacute champion de la contrecirce

Le choix du lieu est lieacute agrave limportance de ce lieu dans le village cest

la place publique ougrave geacuteneacuteralement se passent toutes les manifestations

assembleacutee geacuteneacuterale sabar (danse) cest aussi lendroit ougrave sont prises

les grandes deacutecisions

3623 Lappariement

Dans un village ou un quartier les lutteurs se regroupent en lang

(eacutequipe) et jamais deux lutteurs de mecircme lang ne se rencontrent lors

du lamb

L appariement s~ fait librement entre lutteurs de lang diffeacuterents l1hs

une regravegle veut ~uavant de lutter avec le Mbeur Kanur de tel lang si

on est soukh (l~tteur pas encore confirmeacute) il est neacutecessaire de lutter

dabord avec ses soukh et ce nest quapregraves les avoir terrasseacutes tous

quon se voit octroyer la chance de lutter contre lui

Notons que la cateacutegorisation des lutteurs par poids nest jamais prise

en consideacuteration

3624 La tenue du lutteur ou NGIMBE

Le middotNGimbe est confectionneacute par le marabout de la famille ou du clan Il

est constituecirc de pagnes en coton tisseacute geacuteneacuteralement offerts par la megravere ou

la grand-megravere du lutteur ceci lors des organisations de ~rande Tportance

COrlune lef 1amb Dans le cadre des l-bapatt les pagnes sont C tErts peumlr

~~~rcfcis ct ffi~mc aujourdhui d218 cErtaInes fa~ille5 on devj~Gr

luttEur de pegravere en fils et dans ce cas h 1

gimbell du pEgravere Est recircr i tEacute

par le fils Le fait de porter le lI~gimbe agravee ses aiumleux peut susciter

cne~ le jeune lutteur une motivation et une volontecirc in~branlable rlasshy

surer 12 supeacuterioritEacute cis SIcirct-ns dallS

le xgimbe de la famille ne touche pas le sable

La tenue du lutteur a une signification et une importance sur le plan

mystique car selon les anciens le vrai feacutetiche du lutteur celui qui

le proteacutegera agrave vaincre le Djinneacute ou le Rap de ladversaire se trouve

cacheacute dans ce Ngimbe Celui qui confectionne-le Ngimbe est doueacute de

faculteacutes occultes

~~r~i~rg Il est assureacute par un sage du village qui geacuteneacuteralement fut

championde lutte de son temps Dailleurs cet ancien nintervient que

si le terrassement est litigieux

Hormis le public qui proclame la victoire ou le match nul le lutteur

lui-mecircme est arbitre et il arrive quil se deacuteclare vaincu ~ous

pouvons citer comme exemple Meacutedoune KHOULE un des plus grands lutteurs

seacuteneacutegalais qui a donneacute une victoire agrave Djeacuteri SADIO son adversaire qui a

reacuteussi agrave lui faire toucher le sol de la main

Il Y a terrassement quand le lutteur se retrouve

- assis sur le sol

- eacutetaleacute sur le dos

eacutetaleacute sur le cocircteacute

les deux genoux au sol

- les deux ma~ns au sol

la tecircte (front au sol agrave la suite dune brouette)

Il peut y aVOIr match nul si apregraves li1 temps ccmsideacuterable les lutteurs

SE sont ~ ivrEacutes respectivement agrave des assauts rEacutepEacutetEacutes et n arrivEt pas a

3265 L~ precircparation mystique

Il faut reconnattre quon ne peut parler de lutte en milieu wolof sans

envisager une preacuteparation mystique seacuterieuse Co~~e ~ous lEvans vu a~teacute-

1middot ~ d ~ ~rlturenent t0utes es actlvmiddotltesmiddot u W010 sont lles a SeS croyances

- la lutte ne concerne pas seule~ent deux acteurs se livrant faruumlucheshy

ment agrave un combat au milieu de laregravene mais eacutegalement les marabouts et les

feacutetichistes du village ou du clan qui doivent deacutefendre leur savoir et

leur prestige Avant le combat le lutteur doit se livrer agrave un certain

nombre de preacuteparations mystiques pour assurer sa victoire Aussi sommesshy

nous appeleacutes agrave parler de BACK (cest le chant et la danse du lutteur)

- le batteur de tam-tam compose un rythme en fonction du Galagne ou du

Senghor (gds-gris) du lutteur Chaque galagne sera choisi en fonction

du Rap ou du Djinneacute correspondant au Totem du lutteur

Le chant geacuterleacuterique Feinte woy veut dire litteacuteralement composer un 1

chant Ce chant est geacuteneacuteralement composeacute par les filles du viilage du

champion ou par un griot de sa communauteacute Et agrave travers ce chrnt on

arrive agrave toucher la corde sensible du lutteur en chantant lesl innombrables 1

victoires de ses ancecirctres ou en lui rappelant ses prouesses eacuteblatantes 1

Chaque lutteur doit avoir un chant et un back qui lui sont propres

327 Le reacutepertoire technique et les caracteacuteristiques physiques dulutteur wolof

Le lutteur wolof est geacuteneacuteralement moyen de taille la musculagraveture est

tregraves saillante ce qui fait ressortir un aspect tregraves athleacutetique ceci

est vrai sans exception pour le lutteur leacutebou mais il arrive que le Cacircyoshy

rien le baol-baol le walo-walo soient de grands gabarits de forte constishy

tution

CepEndant pour une meilleure compreacutehension du sujet nous pouvons eacutetudiEr

deux jroups d lut teurs qui vont deacuteterminer deux st yI e s de lut tes

- ~ t

les tc~tativ~s de~[reacutee e~ ramassement de jambes de la~v~sairL Ce~~

peut Ecirctre expliqueacute par le fait que les lutteurs leacutebou ou walo-walc qui

sont des pecirccheursadoptent cette garde tasseacutee du fait quils so~t tou-

jours pencheacutes en tirant le fil ou en poussant la plrogue On verra techrugravequeacutes dt cirr 2C ~lt 5Jllicitocirct

surLuumlut les membres supeacuterieurs

Le cayorien et le baol-baol par contre sont les plus grands cultivateurs

darachide chez eux les techniques de lutte sont plus varieacutees et la

garde est moins renfermeacutee Les lutteurs cayorien et baol-baol ont une

morphologie et une reacutepartition musculaire bien eacutequilibreacutee ils excellent

dans les techniques en deacutecalage les techniques de jambe et surtout les

techniques de riposte ougrave lon peut voir des prises de hancheacute tregraves amples

Dune maniegravere geacuteneacuterale on peut dire que le lutteur wolof est un fin

technicien qui sait surtout creacuteer les opportuniteacutes e~ avec sa rapiditeacute

utiliser la force de ladversaire pour le deacuteseacutequilibrer le noodju

le mbas le weacuteheacuteleacute et le rasu sont des techniques propres au lutteur

wolof

En deacutefense il utilise surtout des kl~klets ou gal-gal Notons que

le balancement des bras ou Lewato e$t tregraves marqueacute dans la lutte wolof

TABLEAU RECAPITULATIF DES COMPOSANTES TECHNIQUES

( 1 )

1 SOUS-GROUPES GARDES CONTROLES FORHES DE CORPS l

Walo-walo Basse de jambe Arracheacute l l10yenne de Ngimbe et i

Leacutebou Tasseacutee et saisies annexesj Deacutecalage 1 1 distante de bras de tecirct1

j de bras Deacutecalaeuro

~-----------------~-

- ~ ~- shy - ~ ~ bull L _ _ bull

Profil psyc~~iqUE du lutteu- et son comporterent dars l 2regravere

La preacuteparation mystique dans laregravene est plus marqueacutee chez les wolofs

que ChE~ les autres ethnies En effet on verra de grands champions

preliGrE plusiEurs heures pour Enduire leur corps de cll2badep ou ci

rmiddot- ~ a la proprieacuteteacute de proteacuteger li1egraveividu J

les mauvais sorts) Cest dailleurs un aspect dt la luttE qui iJcsc

des problegraveJles

Le lutteur wolof est tregraves superstitieux et la peacuteriode de preacuteparation

est capitale pour lui car elle permet non seulement de rendre

hommage aux ancecirctres mais aussi dintimider son adversaire Cest

geacuteneacuteralement un lutteur agressif combatif et teacutemeacuteraire Il se fait

souvent remarquer par son esprit dentreprise Mais cette fougue dans

le combat lamegravene parfois bien que ce soit regrettable agrave oublier les

usages et les normes Ce manque de maicirctrise de soi peut faire croire

que le lutteur wolof manque de fair-play ce qui nest pas toujours le

cas

~A~Ugrave~ t 4AA CbUrs k LA ucirctotve f~tPle Sesect prores mou W ~ lesquelles vont se couler les comporteme~ts individuels qui sont ainsi

monteacutes par et pour lautoriteacute sociale

Les faccedilons de boire de marcher ou de sasseoir se manifestent indivishy

duellement dans le corps de chaque personne ces habitus sont cependant

des montages sociaux lieacutes agrave des significationssymboliques variables

dailleurs selon la position sociale occupeacutee par chaque sujet Ces modes

dagir se rangent dans un systegraveme de montages symboliques et lindivishy

du les apprend de la socieacuteteacute dont il fait partie agrave la place quil occupe

Lhabitus est un montage social agrave la valeur symbolique deacutependant des pheacuteshy

nomegravenes deacuteducation et de prestige et lieacute agrave la position sociale du sujet

Cette penseacutee sonne de faccedilon eacutetonamment moderne

Pierre BOURDIEU qui dans une perspective a approfondi le contenue de la

notion en le reportant aux oppositions entre classes et fractions sociales

Il deacutefinit lhabitus comme un systegraveme de dispositions durables acquis au

cours dune histoire personnelle dans une milieu social donneacute systegraveme qui

engendre ensuite des pra~iques socialement deacutetermineacutees faccedilons de manger

de parler ou de marcher comportements de politesse contenu des preacutefeacuterencel

et des deacutegoOts bullbullbull lhabitus est le produit de conditions eacuteconomiques et

sociales Lauteur rattache directement la formation de lhabitus dun

individu agrave la trajectoire parcourue par celui-ci dans sa classe dapparteshy

nance il deacutefend lideacutee dun habitus de classe qui deacutefinit le sens confeacuteshy

reacute agrave la pratique sportive les profits qui en sont attendus

Ce dernier serait lui-m~me lieacute agrave un systegraveme de valeurs ou ETHOS de classe

prenant sens au sein doppositions distinctives entre classes sociales

De sorte lhabitus fonctionne comme un systegraveme dt- regravegles inteacuterioriseacutees

souvent informuleacutees permettant ou non agrave lagent de sadapter dembleacutee aux

multiples pratiques de la vie quotidienne et de la vie sportive il est agrave

lorigine des schegravemes de transcription qui favorisent les ajustements aux

situations corporelles nouvelles (1)

t ~

(1) P~IE11D dwi6Han ISpoy-l et sodeacutebi Approche Bocio-culturelle des pratiques P~tis Vigot 1981 page 81

33

331 Preacutesentation

Les Seacuteregravere auraient pour origine le Fouta Toro quils auraient quitteacute

vers le Xllegrave siegravecle pour fuir lislamisation de cette reacutegioD par lempire

dJ Xali (ils seraient donc apparEnt~s aux Peul et Toucouleur ) Ils

auraient trouveacute dans la rEacutegion du Sine les Sosseacute dorigine manding avec

lesquels ils salliegraverent

Au XVegrave siegravecle une autre immigrationSos~ conqueacuterante cette fois-ci

apporta son organisation eacutetatique Ils se divisegraverent en deux monarchies

deacutemocratiques lune seacutetablit au Sine et lautre au Saloum Les Sosseacute

conqueacuterants constituaient lautocratie appeleacutee Guelowar

La royauteacute seacuteregravere eacutetait laiumlque Les premiers souverains durent secouer

la tutelle des Toucouleur et progressivement arrivegraverent agrave unifier lethshy

nie des seacuteregravere etdea Sosseacute Les deux royauteacutes eacutetaient organiseacutees selon

acirces modegraveles tregraves deacutemocratiques Le souverain deacutependait dune assembleacutee

de ministres et de chefs locaux qui assuraient ladministration centrale

et reacutegionale())

Aujourdhui lethnie seacuteregravere repreacutesente 20 de la population seacuteneacutegalaise

Ils sont reacutepartis sur presque toute leacutetendue du territoire notamment

dans le Baol la reacutegion du Sine-Saloum et la reacutegion de Thiegraves

Signalons quil existe plusieurs sous-groupes dans lethnie ainsi on

trouvera

- dans la reacutegion de Thiegraves les Ndut les Safegravene et les None

- dans le Sine-Saloum les Sine-sine et les Saloum-salouIT

On trouvera vers foundioune et agrave Nioro du cocircteacute de la Gambie les

Niominka (pecirccheurs) Cest une portion tregraves mandinguiseacutee

( 1

Le rattache~2~t d~ to~s ccs sous-groupes pose problecircme ~25 0~ r0~V~

uc grande partie de traits COITul1uns dans leurs modes dE vie Ct pOUT phs

de faciliteacute nous allons essayer de faire une ~tude globale de la lutte

traditionnelle seacuterecircre Lactiviteacute socio-eacuteconomique qui est essentielleme~t

agro-pasorale caracteacuterisE leacutethnie seacuteregravere

332 Lecircducation les moeurs les croyances et pratiques sEr~rc

Chez les Seacuteregravere la vie humaine se deacuteroule selon les grandes eacutetapes

le baptecircme lenfance ladolescencemarqueacutee par la circoncision lsectge

adulte le mariage la vieillesse et la mort (funeacuterailles)

La vie de la communauteacute seacuteregravere reste une des plus originales sinon

celle qui de nos jours garde la presque totaliteacute des pratiques et

habitudes traditionnelles

Bien qu aujotltdhui con~r-tis aux religions chreacutetienne et musulmane les

Seacuteregravere conservent leurs croyances et pratiques animistes

Quelque soit leur degreacute dadheacutesion aux religions reacuteveacuteleacutees les Seacuteregravere

croient en un Dieu puissant et miseacutericordieux Rog Segravene et les hommes

Les ~angols sont repreacutesenteacutes mateacuteriellement dans tous les villages

seacuteregraveres par des arbres (baobab et tamariniers) des animaux (geacuteneacuteraleshy

ment serpent doreacute ou iguane) des ustensiles (pilon calebasse et mortier)

De nombreux teacutemoignages nous apprennent que certains totems (serpent

iguane) font leur apparicion agrave loccasion de certaines manifestations

rituelles comme les sacrifices ceacuteleacutebreacutes lors dun mariage de ceacutereacutemonies

mortuaires ou des circoncisions

Le Seacuteregravere comme il nous a eacuteteacute donneacute loccasion de le dire plus haut

preacutesente des speacutecificiteacutes authentiques aussi bien en tout ce qui touch~

son eacuteducation ses croyanCES et pratiques mystiques q~e ses activiteacute~

socio-ecirccc~omiquEs Apr~s a ~aissa~c~ le beurob~ ~~ pcs~ 5~~ lE S~ __

On lui mouille les l~vres avec un peu d~ lait de mil et apr~s U~ bain

purificateur on versera leau dans un trou cr~us~ derri~r~ la Camp~~

Pendant huit jours la megravere et lenfant sont cacheacutes dans la case car

selon les anciens ils sont tregraves vulneacuterables La case deacutens certains cas

est entoureacutee dun fil blanc et lon place sur le seuil des fais(cauy di

veacutegeacutetaux pour chasser les mauvais esprits (geacutenies malfaisants et illangeUY~

dacircmes) Au bout du huitiegraveme jour la megravere et lenfant peuvent sortir de

la case bull

bullbullbull Le matin du huitiegraveme jour la tante paternelle va chercher de leau

(plusieurs fois)t elle doit rester muette pendant ses alleacutees et venues

si elle parlait t lenfant pourrait ecirctre muet bullbullbull

La megravere et lenfant prennent un bain purificateur dans lequel sont

trempeacutees certaines plantes (ce sont des veacutegeacutetaux pr~tecteurs tels le

begravene le yag le ngud) On y lavera aussi le linge e1t les ustensiles utishyj

liseacutes pendant les huit jours qui viennet de seacutecoul~r On rase le crine

de lenfant Les cheveux sont donneacutes agrave la megravere qui ~s enterrera avec le

reste du cordon ombilical dans un endroit que11e esit seule agrave connattre

La megravere sassied sur une natte devant la maison Une femme igeacutee de la

famille prend le beacutebeacute dans ses bras et le preacutesente aux quatre coins de

lhorizon

La tante paternelle tient ensuite un van sur la tecircte de la megravere on y

verse le mil on y verse eacutegalement en abondance sur la megravere et sur

lenfant La tante oint ensuite le corps du beacutebeacute avec du lait e11e

touche en particulier le front t le nez la bouche la poitrine le dos

et les oreilles

Elle pose enfin un ~rain de sel dans la paume du beacutebeacute (le sel purifie

et deacutetruit les puissances mauvaises)

Apregraves un nouveau bain la megravere et lenfant revEcirctent des habits de fecircte

(est

lenfant Ce precircnore a toujours U~ SEns Il sy~bolise parfois C0 qUi

lOIl sounaitt agrave lEufant l)

La circoncision comme dans les autres ethnies est obligatoire Elle

permet au jeune adolescent dacceacuteder agrave la classe adulte Les jeunes

sont regroupes en classe dacircge dans le bois ougrave sc fait la r0tr~it0 des

circoncis et ceci pendant plusieurs mois

Le Selbeacute qui est geacuteneacuteralement un ancien craint de tous les eacutelegraveves

enseigne le respect de la hieacuterarchie la discreacutetion le goOt de linishy

tiative Les activiteacutes physiques et leacuteducation artistique ne sont pas

en reste la deacutecoration la sculpture la lutte et la danse A sa sortie

du bois linitieacute appartient deacutesormais agrave la classe des virils et des

sages du clan car on lui aura enseigneacute les vertus fondamentales que

sont la justice lhonneur lamour du prochain 1 amour du travail

lhonnecircteteacute et surtout le respect des coutumes ancestrales

Le rite du mariage esd aussi un fait tregraves important dans le monde 1

seacuteregravere mais par manq~e dinformation nous serons obligeacutes de nous en

tenir lagrave

333 Impact des ethos sur la lutte dans le monde seacuteregravere

Lorigine de la lutte seacuteregravere ne semble pas claire ma1S nous pouvons

dire quil existait deux formes de lutte comme chez les Wolofs une

lutte sans frappe et une lutte avec frappe Et cest cette derniegravere

qui peut-ecirctre nous ameacutenerait agrave croire que la lutte seacuteregravere aurait une

origine plus preacuteciseacutement guerriegravere

Aujourdhui la lutte est uniquement une activiteacute sportive agrave travers

laquelle le jeune seacuteregravere eacutevalue sa force son courage et SOn ingeacutenioshy

siteacute Cest une occasion de deacutefendre lhonneur de son village ou de

la corrnnunauteacute

La luttE ~5t avant tout u~e rnanifcs[dtic~ c~lturclie et surtout

fo lkhriqut-

Gracircce agrave elle on peut deacutesormais comprendre un certain nombre de chants

et de symboles A travers la lutte seacuteregravere on ccedilomprend les inter-relashy

tions entreacute la vie et le monde surntiturel

Sil devait y avoir la mort dun villageacuteois pendant la fecirctE au T qUE

de linterrompre on proceacutedait gracircce aux connaissances magico-religieuses

agrave la suspension de la mort jusquagrave une peacuteriode ougrave la population sera plus

disponible pour organiser des funeacuterailles sil y eacutetait preacutedit la possibishy

liteacute dune deacutefait du champion local au profit dun champion dun autre

village des recettes dordre maginque et religieux eacutetaient mises en prashy

tique afin que le champion du village ne soit jamais terrasseacute(J)

334 Le profil du lutteur seacuteregraver~

Le lutteur seacuteregravere est par essence un athlegravete impressionnant de par sa i

carrure et sa musculature saillante mais cest aussi une force tranquille

et calme quelque soit lenjeu du combagravet et particuliegraverement lhonneur

Cet aspect nous pousse agrave parler du NGiMBE cest-agrave-dire de la tenue du

lutteur qui va influencer sur sa faccedilon de lutter

La confection du Ngimbe revient agrave la communauteacute entiegravere Le Ngimbe a

une signification symbolique et le lutteur pour meacuteriter la confiance du

groupe se doit de tout faire pour ne pas toucher le sol Toute la commushy

nauteacute elle aussi sengage pour assurer la longeacuteviteacute et le succegraves du lutteur

dans laregravene par lorganisation droffrandes et de sacrifices en lhonneur

des Pangols bull

bull

Daucuns nheacutesitent pas agrave dire que lessentiel du mysticisme se fait agrave

la maison et non dans laregravene tout le reste nest quintimidation de

ladversaire

lsvcns

Tt- pi ~- t

t 1 ~ l _ ~ t

par rapport agrave lautre Cbci est trEgraves lieacute agrave lactiviteacute journaliegravere du

jeune seacuteregravere qui est un cultivateur donc toujours bien planteacute sur ses

jambes et qui continuellement manie lhiler

Le fait de couper le boi~ peut eacutegalement constituer un moyen de muscushy

lation non neacutegligeable pour le jeune lutteur

Un certain nombre de traits techniques speacutecifiques au lutteur seacuteregravere

semblent ressortir des diffeacuterentes interviews que nous aVOns fait subir

agrave certains lutteurs seacuteregraveres et agrave diffeacuterents techniciens

SOUS-GROUPES FORMES DU CORPS CONTROLES GARDES

SAFEN Moyenne en fente NONE Hancheacute Bras (distante) j

NDUTJ

f

SINE-SINE Deacutecalage Ngimbe

Moyenne

SALOUM-SALOUM Passage- Jambe (rapprocheacutee) 1

i

PETITE dessous Tecircte Basse et 1

COTE Moyenne (rapprocheacutee)

Notons que le Niominka ll commence agrave lutter agrave partir du sol pour avoir

assez deacutelan et sauter sur ladversaire afin davoir la prise du lion

(contr6le de la nuque et du bassin)

Co a -tem-nt ccedilt attitude du lutteur sEacuteregravere335 np -1t ~

Les croyances mystiques sont indissociables des activiteacutes quotidiennes

duseacuteregravere Ce qui explique le cocircteacute supersticieux du lutteur seacuteregravere En

~ffet certains lutteurs refusent de lutter avant certaines heures

Certains teacutemoignages nous apprennent quil nest pas donneacute agrave tout le

monde decirctre champion de lutte et que le lutteur doit avoir des dons

surnaturels pour ecirctre agrave mesure de livrer ses combats dans la nuit

et trouver seul un gris-gris speacutecial appeleacute Njatch

Le vrai champion de lutte chez les seacuteregraveres ne lutte pas seulement avec

~a force et sa technique mais surtout avec ses dons occultes

Chez les seacuteregraveres les morts sont toujours preacutesents et les ~pangols

Servent dintermeacutediaire entre les hommes et les morts Le pangol prend i

le nom dhumain dans certains villages (IIHeacuteJga NDONG Har Wag NGOUYE) i 1

De ce fait on verra le lutteur danser dufe maniegravere ou dune autre en

fonction du pangol de sa famille Ainsi nrus aurons le back (chant et

danse du lutteur) des DIOUF des FAYE etclbullbullbull

Dans laregravene le lutteur seacuteregravere a un comportement exemplaire aussi bien

agrave leacutegard de son adversaire direct quave~ le public en geacuteneacuteral Lexpli shy

cation semble tenir au fait que le lutteur seacuteregravere est avant tout selon

la tradition orale le repreacutesentant de toute la communauteacute seacuteregravere Par

conseacutequent il devra saffirmer non seulement en tant que lutteur dans

laregravene mais aussi en tant quentiteacute morale

336 La tenue du lutteur ou NGIMBE est confectionneacutee par le marabout de la

famille ou du clan Le Ngimbe est constitueacute de pagne en cCton tisseacute

Il doit ecirctre propre le lutteur qui le porte ne devra pas avoir de rapshy

port sexuel pendant toute la peacuteriode des cOTpeacutetitians car le Ngi~bE ne

doit pas ~tre souilleacute

Autrefois et mecircme aujourdthui dans certaines familles on devient

lutteur de pegravere en fils et dans ce cas le Ngimbe du pegravere est heacuteriteacute

par le fils Le fait de porter le Ngimbe de ses aieux peut susciter

chez le jeune lutteur une motivation et une volonteacute ineacutebranlable dtasshy

surer la supeacuterioriteacute d~s siens dans ltaregravene Il fera tout pour que le

Ngimbe de la ramille ne touche le sable

La tenue du lutteur a une signification et une importance sur le plan

mystique car selon les anciens le vra1 feacutetiche du lutteur celui qui

le proteacutegera et laidera agrave vaincre le nDjinne ou le tRapu de ladvershy

saire se trouve cacheacute dans ce Ngimbeu bull Celui qui confectionne donc le

Ngimbe U est doueacute de faculteacutes occultes

337 Larbitrase est assureacute par un sage du village qui geacuteneacuteralement fut

champion de lutte de son temps Dailleurs cet ancien nintervient que

si le terrassement est litigieux Hormis le public qui proclame la vicshy

toire ou le match nul le lutteur lui-mecircme est arbitre et il arrive

quil se deacuteclare vaincu

Nous avons pu cfter Meacutedoune KHOULE un desplus grands lutteurs seacuteneacutegashy

lais qui a donn~ une victoire agrave Djeacuteri SADIO son adversaire qui a reacuteussi

agrave lui faire touegraveher le sol de la main

IlL

34 1 Preacutesentation

Lethnie toucouleur vit En grandt partit ciE~~ la vallfc du S~~~gal

pt reprecircsente i peu pr~s 8 de la population totale secircn~galaise

o Histoire

Il semblerait que dans lancien royaume du Tekrour (IX~ siegravecle) des

eacuteleacutements neacutegroiumldes Sarakoleacute et des Peul aient formEacute par meacutetissage le

peuple Toucouleur (Toucouleur serait dailleurs une deacuteformation du

mot portugais Tacouror)

Ce empire a domineacute aussi bien les wolofs de lOuest que les Peul

nomades du Fouta Toro Cette reacutegion fut le premier pays islamiseacute par

les Almoravides ce qui peut expliquer le proseacutelytisme toucouleur

Ce sont les guerriers toucouleur islamiseacutes qui attaqu~rent avec les

Almoravides la capitale du Ghana Koumbi en 1067 On convertit par

la force les animistes Cest sans doute agrave cette eacutepoque que de nombreuses

ethnies reacutefractaires agrave lIslam ont dO accentuer leur migration vers

le sud (Seacuteregravere wolof Sarakoleacute Bambara Songhaiuml Akan et Peul se reacuteshy

fugiaient vers les hauteurs du Fouta Djalon)

Au XIXegrave siegravecle les Toucouleur allaient trouver en El Hadj Omar Tall

un grand conqueacuterent qui sous le preacutetexte religieux de la gJerre sainte

contre les tribus animistes (entre autres Bambara) eacutetendit lempire

toucouleur sur presque tout lensemble du gali et la partie de la Guineacutee

proche du l1ali

Lempire toucouleur composeacute de Sarakoleacute de Bambar~ de ~alinkeacute de

Xassonkeacute dE Peul et de Dogon eut le meurorit~ dunir CES diif~rentes ~ ~ - - - - - et~ics ~t dE CD~stituer l~Sl la b2S~ ~r 1

_ ~ ~ ~_ L ~

~ ~- ~- - - ---- _ 1 v _ t 1 ~-_ --

marabout tOL~culcuuml~ ~ middotlrrany a l ick SI venu des E1i rClS dE Pocior~ (

~ Vi~ euroconomicue et sociale -----------~-------------

Les Toucouleur sont des cultivateurs mais bien quils n~ soie~t pa~

pasteurs comrre les Peul leacutelevage a une place inportarteacute decirc1S ltur

eacutecono~ie Pour faciliter leur conquecircte guerriegraverE ils c~t Eucirc une preacuteshy

dilection pour leacutelevage des chevaux On y trouve aussi des pecirccheurs

appeleacutes Tchioubalo La socieacuteteacute toucouleur aurait une stratification

sociale tregraves rigide Les groupes ethniques et les castes eacutetaient

diffeacuterencieacutes et strictement exogamiques les Rimbe classe des nobles

comprenant la famille reacutegnante et les guerriers libres la classe des

Nieacutenieacutebegens de castes artisanales i les Rimaibeacute anciens esclaves

devenus serviteurs qui portent les noms de famille de leur maicirctres A

la base de lorganisation de la collectiviteacute toucouleur se situe le

village (Wouro)

Toutes ces castes sont cloisonneacutees entre elle~ Ainsi il nest pas

permis agrave un Torodo (noble) de se marier avec un Tchioubalo Ces

consideacuterations sont importantes dans le domaine de la lutte ougrave nous

apercevrons que les nobles ne sont pas faits pour lutter Le noble

preacutesidera les seacuteances de lutte et on luttera pour lui Ces condeacute rat ions

de noblesse et de rang social sont extrecircmement importantes dans le

monde toucouleur

Le noble ne doit pas se salir on lutte pour lui il ne vit la lutte

quen tant que spectateur

342 Education moeurs croyances et eratiques religieuses

Deux formes d~ducation sont agrave consideacuterer leacutedJcatio~ dES enfarts Et

celle des adultes

oG lenfant sait m2n~~r et apprfcier le goOt d~5 ~iifeurorents r~pas lt

le moment ougrave il CO~~e~CE agrave marcher

tivirt n~sormais le petit toucou]eur est eacuteduquf par toutmiddot 12 f2~i)]E

dabord puis par toutes lespersc~nes du village ou du C13~

Lenfant peut ~tre corrigeacute par tout adulte appartenant au groupe social

Son eacuteducation est deacutesormais laffaire de toute la communauteacute et non

exclusivement celle ces parents On linitie ainsi au travail quotidien

qui se fait dans la bergel~ e les champs et les bords du fleuve Au sein

du village il pourra apprendre agrave filer la laine et agrave tisser des pagnes

dans les champs il apprend agrave manier la houe et lhiler pour la culture

du riz et du mil Mais signalons que lactiviteacute essentielle du toucouleur

est leacutelevage des boeufs des moutons et des chegravevres Chez les Ichioushy

balos (p~cheurs ) lenfant sera initieacute tregraves tat au maniement des pagaies

agrave la p~che propremccedilnt dite et agrave la nage

Vers cinq-six ans lenfant est confieacute au maicirctre coranique le Ihierno

et ce dernier dispose exclusivement de toute sa vie Lavenir du jeune

enfant lui appartient

Comme dans les autres groupes ethniques les enfants sont regroupeacutes en

classe dacircge et cest dans cette structure que lenfant subit les rite

de passe et plus particuliegraverement celui de la circoncision

La circoncision est non seulement unE opeacuteration chirurgicale malS surshy

tout une peacuteriode au cours de laquelle le jeune garccedilon passe de leacutetat

dadolescent agrave leacutetat dadulte Les circoncis sont reacuteunis en classe

dacircge dans un endroit situeacute hors duvillage geacuteneacuteralement choisi par les

vieux Cet endroit n~st accessible que par des individus de SExe ffi8SCUshy

li~ ~ta~t au preacutealabl circoncis

- - - -

quable et complet sur le plan phy~ique et ~oral Ai~si liniti~

acquiert les qualitecircs indispensables que sont le courag~ la modest

lesprit de sacrifice lendurance

Le toucoule~r est un pleux musulma~ Cela sexp1

SOil le premier agrave tre en contact avec la religion musulmane de par sa

position frontaliegravere Lethnie toucouleur de par son histoire a preacutesenteacute

les plus grands chefs militaires et religieux musulmans seacuteneacutegalais Et

pour illustrer cela on peut citer en exemple la grande famille musulmane

des SY agrave TIVAOUANE repreacutesentant la confreacuterie des TIDJANES

Bien que lon note une majoriteacute musulmane on peut dire que certaines

croyances et pratiques mystiques et animistes persistent encore surtout

dans la reacutegion du fleuve

Une pratique courante se fait elle sappelle le Djatt Elle consiste

agrave faire sortir le caiman du fleuve agrave limmobiliser et agrave lattacher

sans quil ne reacuteagisse et tout ceci agrave laide de versets et dincantashy

tions magiques Dapregraves les teacutemoignages ces pratiques sont plutocirct

freacutequentes chez les Tchioubalos (pecirccheurs) Il arrive aussi que cershy

tains chasseurs ayant des dons se livrent agrave certaines pratiques an1shy

mis tes qui consistent agrave invoquer certaines puissances et agrave moduler sous

forme de chant des versets occultes pour se proteacuteger des mauvais esprits

et pour eacuteloigner les fauves Ce chant est geacuteneacuteralement incompreacutehensible

et deacutenueacute de sens pour le profane

343 Activiteacutes ludiques et pratiques sportives en milieu toucouleur

Durant toute son histoire lethnie ~oucouleur a toujours EacutetEacute Frese~teacute~

comme celle qui avait ue activit essentiellement guerr e e~ particushy

liegraverement farouche Trois eacuteleacutements ret r t l ecirc t te nt i c- euro so~t

le manie~~nt du ~acircton 12 luttE Et 1eacute danSE

l

Lecircducation ph~sique et artistique Dcc~pe un place precircpondecircra~rp

dans la fDrmat~on du jEune toucouleur A loccasion agraveeacutevegravenemen~ imporshy

tants reacutecoltJs mariages baptecircme nous assistons agrave des manifestashy

tions folkloriques de grande envergure le Wango oucirc dailse toucouleur

tregraves gymnique iles chants et surtout les sEacuteances de lutte

La lutte toucouleur est la forme de lutte la plus spectaclaire dans

tout le territoire seacuteneacutegalais Elle est essentiellement baseacutee sur des

techniques en hancheacute et surtout en souplesse Ceci sexplique par le

fait q~e le jeune toucouleur est tregraves tocirct initieacute agrave la gymnastique (saut 1

per saut de main salto arriegravere saut de tecircte couronneacute etc bullbullbull ) pour

la dans~ du wa~go En dansant le wango qui est une danse rythmeacutee et

gymnique le Jeune toucou1eur est capable de prouesses extraordinaires

1

En lutte lattaquant se deacuteplace tregraves peu pour avoir une bonne saisie

(geacuteneacutera~ement controcircle du Ngimben ) et enchaine brusqueme~t avec une

attaque surpris~ Cependant les ripostes sont souvent surprenantes et

spectaculaires (baseacutees sur la souplesse et la rapiditeacute) ontrairement

aux autr~s form~s de luttes ougrave lon voyait tous les jeune adheacuterer la

lutte to~cou1eur Verra un groupe de speacutecialistes sadonne agrave la lutte 1

(la lutte est lieacutee agrave la position sociale de lindividu problegraveme de

caste)

Q La morphologie du lutteur toucou1eur 1

1 1

Ce dernier nest pas aussi large et aussi fort que les lutteurs diola

et seacuteregravere Cependant il est tregraves reacutesistant La musculatJre est saillante 1

et tregraves souple lindividu est longiligne mais tregraves athleacutetique

Les mouvements de lutteurs sont semblables agrave ceux dun grand fe1in Cette 1

morphologie semble ecirctre lieacutee agrave la position geacuteographique de lethnie

(reacutegion du fleuve) et agrave lacitiviteacute socio-eacuteconomique du toucouleur qui

est agrave la fois cultivateur (activiteacute lieacutee agrave la crue et deacutecrUE du fleuve)

pecirccheuro~T CIcr~icubaon) et sttout jEumlrgcr qui est U~ rc~2eumlr

shy

Deux formes egrave~ corps sembl~nt ecirctre preacutefeacutereacutees du lutteur toucouleur

le hancheacute et la souplesse Les hancheacutes sont faits agrave partir de plusieurs

positions de doset se terminent geacuteneacuteralement par des techniques de

tregraves grande amplitude

TABLEAU RECAPITULATIF DES TECHNIQUES ET FORMES DE CORPS SPECIFIQUES

i

L441 r

GARDE FORMES DU CORPS CONTROLES --shy - -

Moyenne Souplesse Ngimbe

Hancheacute bras

Demi-souplesse

1

Profil psycholosigue 1

TECHNIQUES

ContrOle du bassin et 12 souplesse

arriegravere

Klicket et allegravegement de la hanche

Le lutteur toucouleur est celui lUi se livre le moins aux preacuteparaqons

maraboutiques Cela est dO au f~t que le toucouleur est un grand ~USUlshyman et que les pratiques animisges ont presque disparu dans ce mil~eu

Dans la pratique le lutteur esJ combaif mais il est calme et tr~s reacutefleacutechi quant agrave la deacutecision agrave prendre en plein corps agrave corps ct~st un des seuls techniciens qui reJte tregraves lucide au cours de ses comb~ts

l Dans toutes les circonstances e lutteur toucouleur est tenu de re~pecshyter son adversaire et ceux de s4n eacutequipemecircme sil est vaincu

Comme nous avons dO nous en rendre compte la rigueur des principes

eacuteducationnels a une influence tregraves sensible sur l~ comportement du

toucouleur

i

III S COCL ~s 1DO

Dans cette partie nous avons essay~ de montrer lftroite re1atic~

Entre les diverses activiteacutes socio-eacuteconomiques dans les ethnies et

lES diffEacuterentes faccedilons de lutter

Daucuns seraient tent~s de conclure trop rapidement et cest p0~r

cette raison que nOUS avons penseacute preacuteciser que le pheacutenotype nest

pas geacuteneacuterateur du geacutenotype Et nous sommes convaincus que la morphoshy

logie et les techniques des lutteurs relegravevent de leurs modes de vie

et de leurs croyances agrave une eacutepoque et danE un contexte bien deacutetermishy

neacutes

Est-ce que les lutteurs dio1a ou seacuteregravere travaillant avec leurs bras

dans les champs auraient les mecircmes pr 0 fil s physiques que les lutteurs

utilisant des machines pour lagriculture

- 69 shy

I UJOURDH~1 E-S ut O[l LES FORfilS Ut LU11t~

~otons que notre enqu~te a ecirctE essentiellement faiteen milieu urbain

Les seacuteances de lutte ont tendance agrave perdre leur particulariteacute de r~shy

jouissance pour devenir des pheacutenomegravenes de sportisatio Deux fores

de luttes so~t principale~cnt prat s dans les aregrave~es du 5 al

la lutte traditiunnelle simple et la lutte traditionnelle avec frappe

De nos jours la lutte traditionnelle tend vers une reacuteglementation

et une institutionalisation

Le reacutesultat de nos investigations nous donne le tableau ci-dessous

REPARTITION ETHNIQUE SUR 100 PRATIQUANTS

LUTTE LUTTE RAPPORTETHNIES SANS FRAPPE AVEC FRAPPE J2

Diola 40 16 71 j

Seacuteregravere 26 21 57

Toucouleur 23 10 69

Wolof 1 1 53 17

La demande sociale par ordre deacutecroissant pour la lutte sans frappe

se preacutesente comrre suit

]0_ Ethnie diola avec pregraves de 3 lutteur~ sur 4

2deg_ Ethnie toucouleur

Ethri dun

~ 1 LA LUTTE TR])IIIO~~ELLE AVEC H-PPE

Cette forme deacute lutte a une histoire qui date de lantiquiteacute elle

sa~pelait le Pugilat Au Seacuteneacutegal elle a vu le jour dans le Cayor

bien avant la colonisation Le coup dE pied l~Lrdn~lement la morshy

sure la frappe et le doigtf eacutetaient permis dans le cc=bat ~ ~middot~p0~~e

Dans certains cas la giffle eacutetait beaucoup plus dangereuse que le

poing quand elle eacutetait donneacutee par un speacutecialiste Cette giffle pouvait

agrave elle seule deacutechirer et mecircme parfois amputer la joue de ladverser

Selon les informations la lutte avec frappede nos jours serait une

forme de lutte tregraves eupheacutemiseacutee de celle dantan ougrave une blessure

pouvait souvent ecirctre mortelle

Aujourdhui au niveau du folklore la lutte na plus la mecircme

le spectaculaire a remplaceacute le significatif iLa lutte avec frappe se 1

pratique surtout dans les centres urbains C~aque fois quun grand combat 1

est progra~eacute par le Comiteacute National Proviso~re (CNP) des centaines damashy

teurs sont mobiliseacutes vers le stade lba Mar D~OP qui est aujourdhui le i

lieu approprieacute ougrave se deacuteroulent les grands conkbats de lutte Cest la formE

de lutte qui semble drainer une foule de personnes beaucoup plus importante

que celle de la lutte simple

La lutte avec frappe deacuteriverait dune forme de lutte traditionnelle

pratiqueacutee jadis dans le Cayor au temps des Damels et la frappe serait

le substitut dun certain nombre de pratiques doigteacute jet de produits

etc bullbullbull dont le but eacutetait laveuglement de ladversaire La lutte avec

frappe serait une continuation logique dune carriegravere sportive de la

lutte traditionnelle qui sen sert comme moyen socio-eacuteconomique En

effet la majoriteacute des lutteurs avec frappe ont dabord eacuteteacute initieacutes agrave la

lutte simple Cependant il faut signaler que de nOS jours il arrive

que le jeune lutteur avec frappE- soit directenent formEacute conne speacutecialistE

agrave la frappe sa~s pour autant faire son chemin dabcrd egravea~s la lutte

- ~ shy

Le recircsultat dE ~os interviews ncus rec~trE qGune pcpulatiD~ divcrsishy

fiampe sint~resse agrave ce sport et qUE les intecircr~[s des uns et d~SlautrE~

semble~t divergents naucuns affirment que la lutte traditionnelle

avec frappe serait monteacutee par des personnes dont la vocation est dexshy

ploiter ce pheacuteLomegravene agrave des fins commerciales Dautres disent gJellegrave

jouit de mcyens irport~nts t[l[~isio

tation etc bullbullbull ) pour toucher toutes les couches sociales CEpe~~a~t

nous remarquons que mecircme si certaines personnes reprochent agrave cette

forme de lutte decirctre brutale ces mecircmes personnes nheacutesitent pas agrave

se rendre le dimanche agrave laregravene Bien que critiqueacutee elle semble ecirctre

adopteacutee par une tregraves grande partie de la population seacuteneacutegalaise Cepenshy

dant en tant que techniciens il nous est permis de faire une remarque

Il sagit de

- Limpression nette decirctre devant des professionnels de la frappe

qui sont ~ntratneacutes pour cela Dailleurs les propos que nous avons

recueilli~ nous prouvent que la plupart des champions de lutte avec 1

frappe s~ntratnent dans certains sports de combat tels ~ue la boxe i 1

le karateacute le judo Dans cette nouvelle forme de pratique de la lutte

contrairefuent agrave la lutte traditionnelle le technicien e~t souvent

perdant face au puncheur Ce dernier adopte une lutte agrave distance qui

lui permet de placer agrave bon escient ses coups animeacute du deacutesir de vaincre

Le technicien lui se voit contreacute dans toutes ses entreprises par

un uppercut ou un crochet

On peut dire cependant que nul sport au Seacuteneacutegal que la lutte tradishy

tionnelle avec frappe ne deacutechaicircne autant de passions et autant de

pheacutenomegravenes poussant agrave lexcegraves et deacutereacuteglements quon ne peut que deacuteplorer

Mais comment deacutecrier un spectacle de lutte qui bien quayant perdu la

presque totaliteacute des valeurs traditionnelles veacutehiculeacutees autrefois par

elle sait susciter une participation effective de tous ceux qui sont

preacutesents

CONCLUSION

Dans ce meacutemoire nous sommes efforceacutes ~e faire ressort ir limportance des

ethos et des habitus et leurs effets sur la pratique de la lutte tradishy

tionnelle au Seacuteneacutegal

L~b egravethos repr~sentent dune maniegravere g~neurorale tous les eacuteleacutements speacutec

fiques sux Seacuteneacutegalais par conampeacuteguent un systegraveme de valeurs traditionnellEs

Mais m~me si ces valeurs rev~tent une signification universelle (honneur

digniteacute courage etc bullbullbull ) il nen demeure pas moins que ce nest pas leur

nature qui fait leur speacutecificiteacute mais la hieacuterarchisation et limportance i

quon accorde agrave toutes ces valeurs de ~ar leacuteducation ou la culture

i 1

Aussi les valeurs traditionnelles puient leur speacutecificiteacute dans les

caracteacuteristiques propres aux eacuteleacutements ~e la socio-cu1ture (la technologie

et leacuteconomie la politique et la pareteacute la psychologie et lideacuteologie)

dans la socieacuteteacute seacuteneacutegalaise agrave n momen donneacute de son eacutevolution Cest i

dire la neacuteceesiteacute de ne point faire della valeur une reacutealiteacute statique

Cest dite aussi quagrave tout mome~t le ~eacuteneacutegalais peut eacutevoluer et creacuteer

ou vivre par conseacutequent de nouv~lles fprmes de valeur qui lui sont 1

propres ft (J)

La lutte traditionnelle veacutehiculant deS valeurs socio-cu1ture1les speacutecishy

fiquement seacuteneacutegalaises (croyances valeurs morales norme de comportement

opinion attitude bullbullbull ) devient un eacuteleacutement important qui tregraves certaiaement

nous aidera dans notre effort de valoriser et de peacuterenniser notre patri shy

moine culturel par le biais dactiviteacutes physiques et sportives

Leacutetude des habitus nous permet de prouver quil y a plusieurs faccedilons

de se mouvoir comme danser lutter bullbullbull qui varient avec les diffeacuterentes

ethnies (wolof toucouleur seacuteregravere diolagt leurs convenances et leurs

eacuteducations

(1) Revue Ethiopiques 31 Les valeurs traditionnelles et le problegraveme de leur inteacutegration dans les systegravemes modernes jtducatio-1 2 6r--70

nautre part cette eacutetude permet aussi de nous rendrE compte de la

correacutelatipn eacutetroite existant entre la pratique de la lutte traditionnelle

et le sta~ut socio-eacuteconomique du pratiquant

Nos inves~igations nous indiquent que la lutte recrute essentiellement

au niveau des classes socio-eacuteconomiques situeacutees en bas de leacutechelle

donc posseacutedant le statut social le moins favoriseacute La lutte avec frappe

-et un certain secteur commercialiseacute de la lutte simple- y trouve sa

leacutegitimiteacute Comme le dit BOURDIEU nA habitus diffeacuterents styles de Vle

divergents et il oppse les pratiques aristocpatiques correspondants agrave

des activiteacutes qui favorisent les situations eupheacutemiseacutees ougrave la stylisashy

tion est importante aux pratiques populaires qui font appel agrave des

qualiteacutes qpposeacutees bllutes rugueuses Certaines interviews nous

montrent que plus lindividu occupe une place eacuteleveacutee dans leacutechelle

sQciale e~ 1

moin$ il sinteacuteresse agrave la lutte

Les reacutesultats recueillis dans nos diverses investig~tions confirment 1 1

1er propos qui disent que nous assistons aujourdhu~ agrave une involution

de la lutte traditionnelle parce que perdant toutes ses speacutecificiteacutes au 1

pryfit d~ne autre forme de lutte que lon continue agrave appeler nostalshy

giqlementIIlutte traditionnelle

Ceci pourrait peut-~tre trouver une explication dan la citation suivante

La liberteacute de creacuteer dinnover de vivre Pleineinenf decirctre soi et de

preacuteserver son authenticiteacute la digniteacute et lhonneu1demeurent des illushy

sions dans la misegravere eacuteconomique~ Nos ancecirctres creacuteai~nt des valeurs de cishyl

vilisation parce quils eacutetaient libres parce qu1i~s ignoraient toute

deacutependance eacuteconomique ils cultivaient en eux et cbez leurs enfants le 1

Jorn et la Kersa et preacutefeacuteraient la mort agrave la hoJte lI (1)

Or le Seacuteneacutegal comme la plupart des pays africainsi est un pays sousshy

deacuteveloppeacute t cependant face agrave cette volonteacute du gou~ernement seacuteneacutegalais

de faire inteacutegrer dans leacuteducation des valeurs traditionnelles nous

pouvons espeacuterer utiliser comme moyen deacuteducation la lutteacute traditionnelle

qui reste quand mecircme vecteur jethos et dhabit~s

- 54 shy

Mecircme si lon a noteacute un appauvrissement notoire sur les plans socioshy

culturel et moral la lutte traditionnelle recegravele une gamme importante

et varieacutee de techniques permettant incontestablement une ouverture vers

les luttes olympiques libre et g~eacuteco-romaine

La lecture de ce meacutemoire permettra agrave lentratneur et au professeur de

lutte en fonction du lieu ougrave ils seront affecteacutes dans le territoire

seacuteneacutegalaisdavoir une information sur les techniques contrOles et

formes de corps propres agrave chaque groupe ethnique et de les mettre en

relation avec leurs croyances et leurs mentaliteacutes

Nous avons essayeacute de montrer que la pratique de la lutte traditionnelle

doit tre axeacutee sur une ethnomotriciteacute au Seacuteneacutegal qui permette une inishy

tiation facile Cette pratique de la lutte traditionnelle seacuteneacutegalaise

devra dailleurs essayer de ~eacutepondre aux aspirations du Seacuteneacutegalaisl

moderne en souvrant aux ap~orts positifs des autres civilisations

ex~eacuterieures nous voulons Jvidemment parler du judo et des luttes oiymshyJ

piques 1

1 j Nous navons pas la preacutetentfon dans le cadre de ce meacutemoire demattrise

de reacutepondre agrave toutes les qutstions se rattachant agrave leacutetude de ~a lutte

traditionnelle souslangle~socio-culturel car non seulement il nous

manque lexpeacuterience et la c peacutetence en la mati~re mais aussil l le temps

et les moyens dont nous dis osions ne nous permettaient pas d~puiser le 1sujet i

1 1 1 t 1

l

- )5 shy

BIBLIOGRAPHIE

BIBLIOGRAPHIE

1- CLAPAREDE Psychologie de leacuteducation et peacutedagogie expeacuterimentale

Edition Delachaux et Niestleacute 244 pages

2- POCIELLC Christian Sport et Socieacuteteacute approche socio-culturelle

des pratiques Paris Vigot 1981 377 pages

3- PIERON Henri Vocabulaire de la psychologie

PUF Deuxiegraveme eacutedition 1957 469 pages

4- Revue socialiste de culture neacutegro-africaine ETHIOPIQUES

Les valeurs traditionnelles et le problegraveme de leur inteacutegration

dans les systegravemes modernes deacuteducation

GIA 21 Juillet 1982 213 pages

5- N2 Revue du Centre dEtudedes Civilisations DEM ak TEY

NIS IVegrave Trimestre 1982 96 pages

6- Document lNSEP Colloque sur la lutte aeacuteregravere

DAKAR MAI-JUIN 1980

t 1

~- Travaux du IVegrave Congregraves National ~es Sports agrave DAKAR les 2223041981

Bulletin n2 91 du CIO du 15 Aont 1965

l____________________________

8- Meacutemoire de Mattrise BADJI Abdou La lutte traditionnelle Joola

Etude et perspective

9- Meacutemoire Inspectorat JS DJITTE Mandy Les pratiques corporelles

traditionnelles au Seacuteneacutegal pour leur exploitation et leur

utilisation en peacutedagogie Marly le Roi 1980

REPUBLIQUE DU SENEGAL

--------------- INSTITUT NATIONAL SUPERIEUR

MINISTERE DE LA JEUNESSE DE LrsquoEDUCATION POPULAIRE

ET DES SPORTS ET DU SPORT

-------------

(INSEPS)

MEMOIRE DE MAIcircTRISE

Es-SCIENCES ET TECHNIQUES

DE LrsquoACTIVITE PHYSIQUE ET DU SPORT

LA LUTTE TRADITIONNELLE

son importance sa signification en fonction des ethos et des habitus ethniques au Seacuteneacutegal

Preacutesenteacute par

Monsieur Joseph Victor FAYE

Sous la direction de

M Jean Marc ROCHEZ

Professeur agrave lrsquoINSEPS

Anneacutee de soutenance 1984

iotre reacuteflexion se ci-conscrird au S-~sJl -t mecircle si le peuple

seacuteneacutegalais est o-igilaire de la volonteacute cocnmune due dizaine deacutethries

de vivre ensemble ~ous nous limitert~s 1 analyser les rapports quentr

tiennent les quatre grands groupes diola seacuteregravere toucouleur et wolo

et les styles de lutte correspondant

Nous entendons veacuterifier lhypothegravese quaux particulariteacutes ethniques

(mode de vie coutumes rites et croyances) correspondent des particushy

lariteacutes de lutte (signification valeacuteurs veacutehiculeacutees mode de pratique

regravegles dorganisation bullbullbull )

Ce meacutemoire consiste agrave reacutealiser une approche socio-culturelle du pheacutenomegravel

lutte en Afrique avec le secret espoir quil puisse servir de preacuteface

agrave lhistoire des diffeacuterents styles reacutegionaux que dautres ont commenceacute

agrave eacutecrire

gt Si nous devions justifier le choix dun tel sujet t tous les arguments

se regrouperaient autour dune meurome motivation recouvrir notre authenmiddot

ticiteacute

En premier lieu parce que nous adheacuterons totalement agrave ce souhait des

Pouvoirs Publics de mettre laccent sur une eacuteducation physique et spormiddot

tive qui tout en souvrant aux appels feacutecondants de la techniques

fondera son action dans les valeurs traditionnelles du pays La lutte el

tant que pratique eacuteducative et manifestation dessence collective est

bien placeacutee pour justifier cette tendance

Elle reacutepond aux aspirations dune eacuteducation physique et sportive qui

veut creacuteer les conditions de son deacuteveloppement et de qUumlI i~ertion dans

les habitudes sociales des populationsff(l)

(1) Travaux du IV~ C~n-r~s Sports de 2223 Avril 1981

WotrQ CCYVcftOl de llnteacute~t JiU W sectU~ e6t ~~pu_~ deacuteclarations de 2rsonnaliceacutes du monde sportif lLrlsi ce Ii1essage agrave lir shy

tention des dirig~ants africains

-ous ~ T beaucoup agrave apprendre de eus ous qui sans

cesse davantage oublions que leacutequilibre de lhomme veuc

quiL sinscrive harmonieusement t aussi bien dans la nature

que dans la civilisation deacutecouvrons que les Atricains nont

pas eacuteteacute initieacutes aux principes du sport et ses vertus au

contraire de maints pays europeacuteens par exemple aupregraves desquels

tout ou presque est agrave retaire agrave chaque geacuten~ration Lexercie

physique tait partie de la vie atricaine il est moyen de commushy

nication et de locomotion- (1)

Or la lutte constitue par excellence ce Veacutecu moteur que nous t1ansshy

mettons de geacuteneacuteration en geacuterieacuteration et ce patrimoine doit survivre agrave

toutes les agravegressions or iginaires dautres modes de civilisation dont

certains effets ne manquent pas de se faire sentir sur le devenir de la

lutte traditionnelle

A la preacuteoccupation de preacuteserver notre authenticiteacute sajoute celle den

assurer la deacutefense

Aussi au-delagrave de nOs analyses destineacutees agrave eacutetablir les rapports entre

modes de vie et styles de lutte nous nous poserons le problegraveme dune

codification objective de la lutte traditionnelle constituant la mise

en communauteacute des apports pertinents de chaque style reacutegional Ce style

national apparatt indispensable en raison de lavegravenement prochain dune

socieacuteteacute seacuteneacutegalaise nouvelle qui ne peut se b~tir que par un partiel

renoncement au passeacute et son contenu (2)

Enfin nous voulons faire partager notre ~nthousiasme gagner agrave notre

cause eacuteducateurs entratneurs de lutte les amener agrave reacutefleacutechir sur leur

pratique et peut-~tre les aider agrave tnseigner avec plus de coheacuterence cette

discipline pour le plus grand bien de notre jeunesse

(1) Bulletin n 91 du CIO du 15 AoOt 1965 - Page 15

(2) Cette preacuteoccupation semble ecirctre partageacutee par de nombreux pays afri shycains ougrave la lutte est de tradition on y pressent quagrave de nouveaux types de socieacuteteacute doit correspondre de nouveaux hlbitus En conseacutequence la lutte doit eacutevoluer Darlllegrave~1e1t SO3 pine d amptre in~niaterpnt l~l~dJl-J~ (Sw~JL~c~ ~ - 13 P~v~~L)ti-~l j Ld L~t~ cr~lJit0nn~l12

otgalisecirce pH la cmFJS - iJAKAR - lai ~~)

-5shy

II QUELQUES NOTIONS DE SOCIOLOGIE POUR UBE MEILLEUR~

COMPREHENSION DE LA LUTTE TRADITIONNELLE

Essayons dexpliquer simplement les termes ETROS et HABITUS et

ETHNOMOTRICITE pour la clarteacute de notre deacutemarche

ETROS dans sa deacutefinition premiegravere veut dire en parlant dun individu

lice qui distingue cet individu des autres (1)

En eacutetudiant cette signification dans le cadre de la sociologie on

entendra par eacutethos ethnique (eacuteducation croyance rite etc bullbullbull ) lenshy

semble des caracteacuteristiques dune communauteacute sociale

HABITUS QCe sont les habitudes et attitudes socialement acquises qui

sous-tendent et preacute-deacuteterminent partiellement les faccedilons de penser de

sentir dagir de tout individu et traduisent notamment le rapport quil

entretient avec son corps (2)

Dans le cadre de ce meacutemoire nous allons essayer de faire une approche

de la lutte traditionnelle sous deux angles dabord en leacutetudiant comme

habitus en tant que technique du corps et ensuite COmme habitus de classe

fonction du style de vie des individus et nous nous proposons dans cette~gt

partie de deacutefinir ces deux notions dhabitus

Marcel MAUSS dans une viseacutee anthropologique emploie ce terme dune maniegravere

tregraves large pour rendre compte des faccedilons dont les hommes socieacuteteacute par

socieacuteteacute dune faccedilon traditionnelle savent se servir de leur corps Ces

habitudes varient avec les individus et leur imitations elles varient surshy

tout avec les socieacuteteacutes les eacuteducations les convenances et les modes les

prestiges

Analysant de multiples techniques du corpsll la marche la course la nage

le beacutechage le saut la danse et toutes les techniques corporelles en geacuteneacuteshy

ral (techniques alimentaires sexuelles de soins de repos bullbullbull ) MAUSS

insiste sur le fait que celles-ci ne sont pas naturelles mais acquises

(1) PIERON Henri Vocabulaire de la psychologie 2egraveme eacutedition revue et augmenteacutee PUF 1957 page Ill

(2) POCIELLO Christian Sport et Socieacuteteacute Approche sodo-culturelledeacutell pratiques Paris Vigot 1981 pages 78-79

La notion dethnomotriciteacute part dune constatation

- la grande diversiteacute des caracteacuteristiques preacutesenteacutees par les pratiques

corporelles en fonction de leacutepoque du lieu des groupes elle teacutemoigne

de linfluence despotique des normeS et des valeurs sociales sur la mise

en jeu du corps

Dougrave sa deacutefinition

Le champ et la nature des pratiques motrices envisageacutees sous langle de

leur rapport agrave la culture et au milieu social au sein desquelles elles

se sont deacuteveloppeacutees (1)

Conseacutequence le contrat ludosportif est aussi un contrat social il

reflegravete la faccedilon dont une socieacuteteacute aime agrave se penser agrave se repreacutesenter bullbullbull

et accepte de se donner en spectacle

Lethnomotriciteacute donne naiss~nce agrave deux sortes danalyses

- lanalyse synchronique -ou eacutetude spacialeshy

de type interculturel agrave hagravebitus diffeacuterents styles de vie divergents

de type intraculturel apparition dhabitus de classe et de pratiques

distinctives

- lanalyse diachronique -ou eacutetude temporelle- ou eacutevolution sur une longue

peacuteriode des pratiques motrices pour une cateacutegorisation dindividus

Cette hypothegravese de lenracinement social de la motriciteacute est une atteacutenuashy

tion des explications psychologisantes consideacuterant lindividu indeacutepenshy

damment de son environnement et sexprimant en termes de goQts motivations

() PARLEBAS pierre Contribution agrave un lexique commenteacute en Science 4e laction motrice Paris Publication INSEP 981 322 pages

AicircAgraveLYSE CES iJFrADES iDe I LES EN flA TIERE

DE PRATIQUE DES SPORTS DE Oicirc-itlAT

Objet Veacuterificat~on de la theacuteorie de lhab~tus

Hypothegravese En raison de son histoire de ses speacutecificiteacutes des valeurs

symboliques dont on linvestit une pratique sportive est en faveur aushy

pris dun groupe de pratiquants en fonction dattentes de niveaux dexishy

gence de fierteacute dappartenance qui sont socialement et culturellement

deacutetermineacutes

Il sagit en quelque sorte danalyser les goOts et les motivations des

sportifs en rapport avec leur condition sociale et le sentiment attachi

agrave ce statut

Remarque Cette analyse sera meneacutee en fonction des classes sociales et

non agrave partir de cla~se dage ou encore de classe socio-politique comme il

est dusage pour toute reacuteflexion sur notre socieacuteteacute trJditionnelle

Cette particulariti provient du fait que nos enquites ont iteacute effectueacutees

en milieu urbain -en raison des problimes de temps et de moyensagrave Dakar

et agrave Thiis pour itre plus preacutecis et il est deacutesormais hasardeux de preacuteshy

tendre y retrouver les structures traditionnelles c~e on pourrait le

faire en milieu rural

Par classe sociale et nous inspirant de la notion marxiste -deacutefinition

du rapport aux moyens de production- nous entendons la distance_dun

groupe social aux postes de deacutecision et de responsabiliteacute Plus cette

distance est grande moins le statut eacuteconomique est eacuteleveacute

Nous distinguons quatre (4) classes sociales car au niveau dune telle

analyse nous ne pouvons preacutetendre agrave la finesse de discrimination indiciaire

de la Fonction publique par exemple

r~partieuml

come il egravest rsectc eacute dans 1 ablea~ ci-dessous

CATEGORISATIONGROUPE EXEMPLE DE FONCTIONADMISE

Administrateur civil - Ingeacutenieur - Meacutedec ilCadre supeacuterieur1 Officier - Professeur

Instituteur - Mattre dEPS shy2 Cadre moyen Secreacutetaire - Technicien

Chauffeur - Militaire Policier3 Cadre subalterne shyPatron - Artisan

Artisan - Cultivateur - Ouvrier temporail4 Non cadre Pcheur

Conditions denqute Six (6) sports de ~ombat sont officiellement

pratiqueacutes Ils possegravedent une structure para-eacutetatique de gestion de contr

ce sont

3 sports de preacutehension - JUDO - LUTTE LIBRE TRADITIONNELLE - LUTTE OLYMPIQUE

2 sports de percussion - BOXE ANGLAISE - KARATE

sport mixte - LUTTE TRADITIONNELLE AVEC FRAPPE

Pour chacun de ces sports 50 pratiquants ont eacuteteacute interrogeacutes sur leur

statut socio-eacuteconomique avec la discreacutetion et la prudence quexige ce

genre de question

Cette enqute sest deacuterouleacutee dans les conditions suivantes

JUDO

Lieu DAKAR - Clubs USTD - DUC - FJAKS - DOJO HOMAR DIENG

Date du 020J84 au 28-05-84

Circonstances Les principaux inteacuteresseacutes eacutetant la plupart sur le tatami

pour lentratnement il fallait souvent attendre la fin

de lentratnement uumlur pouvoir avoir une ou deux entreshy

vues de sorte qu~ le~qu~te a pris beaucoup plus de

On constate que le no~bre de p=a~iq~~-ts ~st ~eauccup plus importd~t dans

les groupes 2 et 3 - Il es ~oindre dans les grQupes 1 et 4

LUTTE LIBRE TRADITION~~LLE

Lieu Dakar - Thiegraves bull Aregravenes Landing DIAME - Ecurie Seacuteregravere (pregraves de

lautoroute) Lutteur diola - toucouleur - Entratneurs - encadreurs

de diverses eacutecuries Stade Iba Mar DIOP - Aregravenes de Pikine et de

Thiegraves - CNPES - INSEPS

Date du 040284 au 020684

Circonstances Elles sont parallegraveles car les pratiquants semblent beaushy

coup plus disponibles que dans les autres disciplines Notre travail

parfoi~ peacutenible en raison de la diversiteacute des ethnies repreacutesenteacutees

et la traduction n1est pas toujours aiseacutee

Observations

Nous constatons que la lutte libre traditionnelle est plus pratiqueacutee

par les groupes 4 et 3 que par les groupes 1 et 2

LUTTE OLYMPIQUE

Lieu CNPES - INSEPS - Iba Mar DIOP (Equipe Nationale) - DUC

Date du 040284 au 020684

Circonstances Les conditions sont meilleures dans la mesure ougrave le

hasard a fait que pendant cette peacuteriode leacutequipe nationale soit

en regroupement et ceci nous a permis d-interroger un nombre

important de lutteurs de grand renom

Observations

En raison du petit nombre de pratiquants r~guliers lenquecircte ne porle

que sur 2S personnes Arbitrairement pour les besoins de comparaison

les raisons de comparaison les reacutesultats cbtenus sont multipli~s par 2 bull

BOXE A~~GLISE

Lieu Iba l-ar DIOP - ASFA - ASFPO - SC -ASC JJAF - ASC lA

ugraveate du 201283 au 020684

~E~~~~E~~~~ Ici nous ferons la mecircme remarque que pour le Judo

Notons que toute lenquecircte a eacuteteacute faite agrave Dakar

Observation

La boxe recrute ses pratiquants surtout dans les classes 3 et 4 et

on note que le nombre de pratiquants nest pas aussi important comme

dans les autres disciplines

KARATE

Lieu YUKOKAI KARATE CLUB - SAMOURAI KARATE CLUB - Iba Mar DIOP

CLUB DE GIBRALTAR - ASFA - ASFA - ASFPO - GM Thiegraves

Date du 201283 au 020684

SE~~~~E~~~ Notre enquecircte se passait dans une ambiance sympathique

de camaraderie Geacuteneacuteralement apregraves la seacuteance dentratnement

Observation

Nous constatons que la distribution des pratiquants bien que favorisant

les groupes 2 et 3 semble plus homogegravene que dans les autres disciplines

~ LUTTE TRADITIONNELLE AVEC FRAPPE

Lieu Ecurie de Fass - Ecurie des Seacuteregraveres - Ecurie Mermoz

- Ecurie des Casamanccedilais

Date du 04-02-84 au 020684

Ccedilj~9~~~aEccedil~ Il est agrave signaler que cest la discipline ougrave l~ contact

avec les pratiquants a eacuteteacute plus difficile les speacutecialistes qui~ la plushy

part du temps semblent meacutefiants quand on commeucircce agrave leur poser des quesshy

tions preacutecises sur leur revenu mensuel

2 -liCc 055cllt le lle11ent SegraveS praLicltants dans le ba

de lecirc~helle ces~-agrave-dire dans le ~ruumlupe 4

~ecircsultats

Les reacutesultats enregistreacutes sont reacutecapituleacutes en nombre et en pourcentage

-agrave lapproximation pregraves- dans le tableau ci-dessous

LUTTE 1 LUTTELUTTEGROUPES BOXE KARATE JUDO AVEC OLYMshySIMPLE i i FRAPPE PIQUE

1 11 1 1 1

1 11 1 1 1 11 0 1 0 8 1 16 9 1 18 4 1 8 0 1 0 7 1 14

1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1

1 11 1 1 1 1 12 3 1

1 6 21 1

1 42 22 1 44 6 1 12 4 1 8 17 1 341 1

1 1 1 1 1 1 1

1 1

1 1 1 1 1

3 22 1 44 13 1 26 15 1 30 16 1 32 5 1

1 10 10 1 20

1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1

1 1 1 11 1 1

14 25 1 50 8 1 16 4 1 8 24 48 41 1 1 82 16 1 321 1 1 1 bull 1 1 1 1 1

1 1 1 1 1 11 1 1 1 TOTAUX 50 1100 50 1100 50 100 50 pOO 50 pOO 50 1100

1 1 1 1 1 1 1 1 1 1

Afin dG failiter la lect~~e je c~ table3~ t ~2 re~dre sig~ific~tives

s info~~ations quil contient ces difteacutere ts reacutesultats nu~eacuteriques

peuvent ecirctre formuleacutes selon des repreacutesentations graphiques

1 Clientegravele des Sports de combat

FIGURE l

Il apparatt nettement que les sports de combat recrutent essentiellement

dans le bas de la hieacuterarchie sociale ce sont des sports populaires don

propices agrave une massification de la pratique

Toutefois on peut nourrir quelques inquieacutetudes pour que soient reacuteunies

les conditions de leur deacuteveloppement en raison du faible statut quils

possegravedent au regard defllintelligentsia seacuteneacutegalaise

2 Hieacuterarchisation des gants sportifs en matiegravere de sport

de combat au sein des cadres supeacuterieurs -Groupe 1shy

FIGURE I[

La f-appe est honni aucl1 pratiqua1t de boxe Olt de lutte avec frappe

agraveUloins quelle fasse lobjet dune stylisation cxtrecircme COTIme cest le

cas dans le karateacute Ce groupe manifeste un seuil extrecircmement bas de toleacuteshy

rance agrave la violence ce qui explique les discours infamants degraves que la

lutte avec frappe est secoueacutee par quelques excegraves Leacuteopold Seacutedar SENGHOR 1

navait-il paS deacuteclareacute que cette forme de lutte eacutetait une atteinte permashy

nente agrave limage de marque du Seacuteneacutegal

Bien quil soit difficile de proposer une explication unique curiositeacute

esprit douvetture permeacuteabiliteacute aux modes bullbullbull les repreacutesentants de ce

groupe adoptet facilement des sports importeacutes 85 des goOts pour le 1

Judo le Karateacute et la Lutte Olympique qui pourtant est bien peu pratishy1

queacutee au Seacuteneacutegfll j

Faut-il en deacuted~~re une attitude geacuteneacuterale favoris~agrave tout ce qui provient

de leacutetranger

Nous nous refu~ons preacutesentement agrave ce genre dexplicationJ ne ser~it-ce que

par ses conseacuteqJences sur notre sport national dont les perspectives appashyj

raicirctraient bie sombres

Admettons que la pratique de ces disciplines sont en rapport avec des

deacuteterminants eacuteconomiques et que ceux-lagrave sont un frein P4ur la popularisashy

tion de ces pratiques A lappui de cette interpreacutetation~ il suffit de

composer le champ social du Judo et celui de la Lutte libre traditionnelle

--== G J

32

LUTTE SIHPLEJUDO FIGURE JI(

Le groupe 2 qui manifeste un inteacuterecirct reacuteel pour les sports de combat -pregraves

de 25 iuml de la population i~tervieweacutee- et qui p6ssegravede les ~oyens de choisir

ses pratiques opte massivement pour le judo CDnme lexprirre le rapport de

agrave 4

- shy

A la lumiegravere de cette succi~te analyse des demandes sociales en matiegravere

de pratique des sports de combat nous pensons recouper la theacuteorie de

lhabitus selon BOURDIEU qui veut que des hatitus diffeacuterents impliquent

des styles de vie divergents si lon entend par style de vie un systegraveme

de pratiques classeacutees et classantes(I)

La mutation de la socieacuteteacute seacuteneacutegalaise celle du milieu urbain se caracteacuteshy

rise par lapparition despaces sociaux qui sont en rapport avec des

espaces culturels Il en reacutesulte des pratiques distinctives comme

lexprime le pogam

En effet si les cateacutegories sociales existent et si chaccedilune delle exprime

une marque sur les conduites des sujets il est naturel ~e penser que des

pratiques1 sportives servent de modegraveles distinctifs et detrsymbOles dorgashy

nisation ieacuterarChique dans la socieacuteteacute exprimant les dif eacuterentes clas8eamp(2)

Ces const4tations ont dimportantes implications sur leeacuteveloppement et

lavenir des pratiques Si dans notre IIIegrave partie nous 1tenterons de 1

mettre en rapport les particulariteacutes ethniques avec les pluraliteacutes de

style de lutte nous parlons presque au passeacute Une IVegraveme partie devra

e~visager la situation actuelle de la lutte afin de pouvoir eacutemettre

qu~lques hypothegraveses sur son devenir

Cest auss~ une ambition de ce meacutemoire daider ceux qui sinteacuteressent reacuteellE

ment agrave la lutte de savoir entendre au travers des deacuteclarations normatives

et apologeacutetiques Nous ne doutons nullement de la conviction ou de la bonne

foi de leurs auteurs mais parmi les possibles il yale probable et seul

ceiui-lagrave meacuterite decirctre retenu car plus proche agravee la recirc~liteacute

(I) BOURDIEU pierre La distinction Les Editions de minuit 1979 page 191

(2) Le POgdlt Deacuterrocratisation du sport ythe (u reacutealiteacute

- 1f shy

j j l IlL DL l H L S DE

3 1 LA COll1ŒNAUTE DIOLA

311 Preacutesentation

Les diolas vivent dans la reacutegion de Casamance et repreacutesertent 9 de la

population totale du Seacuteneacutegal Ce sont geacuteneacuteralement des cultivateurs de

riz et des artisans Cependant on peut les trouver aujourdhui disperseacutes

dans toutes les capitales reacutegionales affecteacutes agrave divers meacutetiers militaire

gendarme fonctionnaires de lEtat ouvrier etc bullbullbull

Dans les villes la plus grande partie des diolas vit dans les qoartiers

populaires Par exemple agrave Dakar on les trouvera agrave Colobane agrave Fass agrave

Grand Yoff ou agrave Khar Yalla La plupart du temps cesDnt des artisans et des

ouvriers du secteur priveacute qui vont essayer dune maniegravere ou dune autre de

vivoter en bricolant deci de lagrave Mais mecircme loin de la Casamance cette

ethnie conserve une grande partie de ses caracteacuteristiques et plus partishy

culiegraverement la solidariteacute ethnique qui veut que les Diolas forment toujours

un bloc bien soudeacute quand le besoin se ifait sentir et cecisans discrimishy

nation de rang social Ainsi tous lesdiolas de Dakar se mobilisent pour

supporter le Casa Sport chaque fois qbe cette eacutequipe de foot-baIl vient

jouer agrave Dakar Cette mobilisation se fera aussi dans le cas ougrave leur chamshy

pion de lutte Mamadou SAKHO livre uncombatimportant

Lethnie diola est diviseacutee en trois sous-groupes

- les dio1as Fogny de Bignona

- les diolas Kassa autour dOussouye

- les diolas Blouf dans la preacutefecture de Tendouck

Mais en lutte on a pris lhabitude ~e les grouper en deux zones dune

part le Kassa qui preacutesente des particulariteacutes et dautre part lE Fogny

et le Blouf

- J 7 shy

3 ) 2 ~U(lquE5 aspects d~ l~ducatio~ ~t des rit~s en milieu diol~

L eacuteducat ion veacuteritable de lenfant diola est sociale et ne se corlprend

que dans la relation sociale elle deacutepasse de loin le strict cadre

famililal Elle commence au stade de lapprentissage du langage

Lenfant apprendra agrave reconnattre le langage du regard de ses parents

Il doit connaicirctre et faire la diffeacuterence entre un regard approbateur

et un regard qui blacircme De mecircme il doit apprendre agrave faire les gestes

de la tecircte qui expriment lapprobation En aucun cas lenfant nest

laisseacute agrave lui-mecircme Aura-t-il deacutesobeacuteit par complaisance naura-t-il pas

eacutecouteacute ou fait attention aux recommandations reacutepeacuteteacutees plusieurs fois

sans reacutesultat il fera lobjet dune punition corporelle avec la chicotte

Elle a pour effet de faire mal au corps de lenfant afin datteindre son

acircme sa sensibiliteacute et instaurer en lui une sorte de 1iaision de la

meacutemoire du mauvais comportement agrave la douleur quen voulant eacuteviter la

douleur il finit par eacuteviter le mauvais comportement en tout cas den

prendre conscience degraves cet acircge Cest une meacutethode deacuteducation mora1e (])

i 3121 Leacuteduca~ion maternelle

1

Notre eacutetude nous a montreacute que mecircme de nos jours leacuteducation diola

conserve encore ses caracteacuteristiques traditionnelles au niveau des rites

des moeurs des habitudes des principes et des normes

Leacuteducation de lenfant reste lune des plus rigoureuses Elle commence

degraves le plus bas acircge car pour le dio1a on ne peut redresser une personne

adulte donc autant leacuteduquer tregraves jeune Jusquagrave lacircge de trois ans

lenfant sera encadreacute par sa megravere qui bien queacutetant tregraves douce fait

preuve daucune indulgence Elle lui apprend les interdits de la communaushy

teacute respecter son prochain ne pas insulter ni profeacuterer de gros mots surshy

tout en preacutesence de grandes personnes ni faire violence agrave autrui

Plus terd v~rs cinq ou SlX ans le jeune garccedilon est initi~ a~x travaux

ces cna~ps des rizi~r~s cles pal~eraiEs ce Gui ne manquer6 pa5

davoir ces rEpcrcussic~s sur SOn deurovelopperncnt morpholoique

- 1( shy

3122 La circoncisio~

cest un rite obligatoire Il a pour but dintroduire le garccedilon dans

la communauteacute des hommes en tant que responsable Cest un rite qui

laisse une trace indeacuteleacutebile dans la vie du jeune diola Les principes

de la vie en socieacuteteacute y sont enseigneacutes agrave fond Le rite de la circoncishy

sion preacuteseuro~teuro uneuro forme p~lticul do~t s~uls les diolas connaissent

lorganisation internecar la circoncision est agrave la fois une eacutepreuve

physique intellectuelle et morale

Cette circoncision en milieu diola se passe dans le bois sacreacute En ce

lieu les Njoulis (circoncis) sont encadreacutes par des mattres les

Kintangs et au-dessus de ces mattres regravegnent un ecirctre doteacute de faculteacutes

occultes il sagit du Kankourang Le kankourang a cette capaciteacute de

disparattre de voler quand bon lui semble Il incarne la justice et la

violence et assure la protection de ses disciples contre les mauvais

esprits Ainsi le kankourang incite agrave lobeacuteissance et agrave lordre dans

cette socieacuteteacute Dans la tradition diola le kankourang repreacutesente un

pouvoir mystique capable de choses extraordinaires dont la socieacuteteacute

moderne avide de raisonnement ne pourra trouver une explication Au

cours de la circoncision les initieacutes subissent un certain nombre

deacutepreuves physiques que le diola appelle samasso Il doit se soushy

mettre agrave lensemble de ces eacutepreuves consideacutereacutees comme indispensables

agrave sa formation pour lui permettre de juger ses capaciteacutes physiques

mais eacutegalement deacutepouver sa valeur intellectuelle morale et sociale

Il pourra aussi se mesurer aux autres dans le domaine de la consideacuteration

et du respect En quittant le bois sacreacute le jeune doit posseacuteder une

grande partie des qualiteacutes humaines et socisles quil faut agrave un howmE

pour vivre en harmonie avec la socieacuteteacute traditionnelle Il serait bien

sOr possible dans le cadre dune eacutetude plus approfondie de parler de

bien dautres rites et pratiques traditionnelles

Notons cependant que le rite de la circoncision appartient aux anc~t~es

et que dans les villages reacutecents ougrave les structures ont changeacute on ne

Jeux jours avant la re~trfE cans le bois sacr[ les adolescents so~r

-

- Jo shy

por lE diola 11-071- doit rester en harrc1iE avec lE

tal lanimal lui-mecircme les ancecirctres les geacutenies Le rit~ du rasdge co~sist~

acirc ~loigner la ~alchance de lenfant Si l~ ritE nest pas respecteuro eumlr es

parents du futur initieacute celui-ci connaicirctra la malchance pendant toute sa viE

Ce rite a aussi pour faculteacute deacuteloigner le mal et de preacuteserver lenfant des

mauvais esprits

Le rite de leau sacreacutee se fait un jour avant lentreacutee dans le bois sacrEacute

Les femmes doivent se garder davoir le moindre contact avec leau beacutenite

pour se preacuteserver des conseacutequences facirccheuses qui pourraient en reacutesulter La

tradition veut quune seule goutte soit capable de deacuteclencher lavortement

l chez la femme enceinte de rendre steacuterile la jeune fille ou de provoquer des

menstrues perpeacutetuelles chez la femme ayant atteint la meacutenopause bull

bull Le rite de la forge protegravege le futur initieacute pendant son seacutejour dans le bois

sacreacute Mais cette protection seacutetend bien au-delagrave et de rite veut que toute

personne qui y faillit soit condamneacutee agrave devenir leacutepreuse

Pendant plusieurs semaines les jeunes initieacutes subissent une formation capishy

tale qui fera deux des hommes complets

313 Croyances et pratiques mystiques

Si nombreux sont les diolas convertis au Christianisme ou agrave lIslam leur

foi napparatt jamais incompatible avec leurs croyances animistes Lhisshy

toire des rois et reines diolas nous reacutevegravele quils eacutetaient les ffprecirctres fl de

ces cultes feacutetichistes destineacutes agrave maintenir la fertiliteacute et agrave provoquer

la chute des pluies De nos jours existent encore des socieacuteteacutes secregravetes agrave

base religieuse ou magique la plus redouteacutee eacutetant lassociation neacutecrophashy

gique Kousanga des Floup (1)

Deux fafu expliquent la coexistence du dogme et de la croyance

le contact tardif de la socieacuteteacute diola avec les civilisations eacutetrangegraveres

et leacutevangeacutelisation ou lislamisation quelles veacutehiculaient Il e~ reacutes~lt~

une importance des traditions leur reacutesstance agrave une remise en questic~ ce qui confegrave~e agrave la socieacuteteacute diola un caractegravere conservateur

r~c~~i]EE 2~fr~~ ~c - t

ct ~Cc egraveE~ Cimiddotilisatilaquo~ eacute

la neacutecessiteacute de lanimisme consiegraveeuroreacute comme base de toutes legrave~

religi0~s uumlegrave serait-ce que corr~e tentative ciexpliquer li1explishy

cable en se repreacutesentant en particulier comme un ensemble de puisshy

sances mystiques Ainsi pour lanimiste agir sur la nature cest

intervenir psychologiquement aupregraves de ceLX qui la gouvernent

314 Imeact des moeurs sur la prat~que de la lutte diola

Lorigine de la populariteacute de la lutte eugrave milieu diola est par trop

impreacutecise aussi nous nous limiterons agrave en donner la signification

actuelle La lutte apparatt dabord comme un moyen privileacutegieacute deacutedushy

cation

- sur le plan corporel afin de deacutevelopper la force lagiliteacute la

rapiditeacute et la souplesse

- sur le plan moral afin de deacutevelopper les vertus caracteacuterielles

courage tenaciteacute digniteacute bullbullbull neacuteces~aires agrave laction

Mais la lutte apparatt aussi comme un mpyen dinteacutegration sociale car

le jeune diola qui se refuserait agrave se sbumettre agrave leacutepreuve de la lutte

encourrait un isolement alors que celui qui excelle en bravoure devient

rapidement populaire Dougrave ces affrontements agrave linteacuterieur dune classe

dige qui tout en restant un moyen de reacutejouissance servent eacutegalement

agrave eacutetablir des comparaisons

Nos observations et nos interviews confirment le caractire tris physique

de la lutte diola immeacutediatement les lutteurs sont au corps agrave corps et

les techniques consistant agrave aracher ladversaire priment sur toutes les

autres Exprimer sa force est une preacuteoccupation constante il suffit pour

sen persuader de voir le groupe de lutteurs peacuteneacutetrer dans laregravene au son

du Born bol on que rythme le claquement de mains des femmes

C~tte da~se est une deacutebauche dAnegie Ougrave les lutteurs pieacutetin~Ert avec

force L sol

i shy

3141 EorphologUgrave et valeur physiques du lut teur diola

Le lutteur diola possegraveagrave~ un deacuteveloppement caracteacuteristique du trai~

supeacuterieur et de la musculature doso-lombaire Ceci est tregraves certaineshy

ment lieacute au maniement de la houe de la daba et surtout dukadiando

dont lusage permanent a modeleacute la morphologie du lutteur diola

La valeur physique de ce lutteur semble reposer sur sa force sa

reacutesistance mais aussi sa rapiditeacute

3142 Reacutepertoire technique

Dans le Blouf la forme du corps la plus utiliseacutee est le deacutecalage souvent

combineacute avec un crochet de jambe (gal gal) ceci semble ecirctre lieacute agrave

lutilisation quotidienne dans les riziegraveres du kadiando Le paysan du

Blouf sera ameneacute agrave faire un mouvement de torsion pour deacutecalerlinstrushy

ment enprenant appui sur son genou et ceci continuellEment pendant toute

la jourpeacutee Chez les diolas du Fogny le kadiando eacutefait surtout utiliseacute

par les femmes qui soccupaient autrefois exclusivement de la riziculture

et ce n~est quaujourdhui que les hommes cultivent le riz 1

La principale culture dans le Fogpy est celle du mil on y cultive aussi

de larachide De ce fait loutil le plus utiliseacute est le donkoton qui

est un instrument tregraves petit avec un manche court et dont le maniement

expliquerait peut-ecirctre leacutetonnante musculature du train supeacuterieur et surshy

tout de la zone dorso-lombaire du 4i6la fogny qui excelle dans les techshy

niques en force genre arracheacute avec les bras sur contrOle de la ceinture

de ladversaire Lulisation du donkoton semble eacutegalement expliquer la

garde tregraves basse du lutteur fogny

Dans le kassa on aurait pu trouver la mecircme forme de lutte car la morphoshy

logie du lutteur est agrave peu pregraves la mecircme mais linterdiction formelle de

la prise du ~gimbe modifie et limite tout le repertoire technicult2 ou

lutteur Le lutteur kassa adopte une garde basse et agrave une preacutefeacuterence pc~r

legraveS tc~-iccedilues n passa~ dessous - - ~ shymiddotmiddotcrc t--=~ c-

----

contact et agrave partir de ce TtoTteuront ils peuvent se relever et conti~uEr

en lutte debout jusquau terrassemen~

Toutes les gardes sont rapprocheacutees en milieu diola

irbi trage

Les combats sont arbitreacutes par un deacuteleacutegueacute geacuteneacuteralement anClen lutteur

Ces anciens lutteurs ont pour rocircle de veiller au bon deacuteroulement du

combat La victoire est deacutecreacuteteacutee dans les cas ougrave un des lutteurs se

retrouve en position assise sur le ventre sur la cuisse ou les

genoux (sauf dans le Kassa)

Il existe un autre mode de victoire celle qui est proclameacutee agrave la

suite dune supeacuterioriteacute eacutevidente du~ des lutteurs A savoir quand

un lutteur soulegraveve tregraves haut son camarade et que son manager estime i

quil est pratiquement battu il peut arrecircter le combat en touchant

dabord le lutteur adverse popr eacuteviter que son lutteur ne soit terrasseacute

tregraves fOrt Nest-ce pas un deacutecision sage des managers qui peut contribuer

agrave maintenir le caractegravere reacutecr~atif de la lutte joola 1

La victoire dun village sur un autre village ne se mesure pas au

nombre de victoires obtenues par lensemble des lutteurs En effet

il suffit que le champion soit battu pour que le village soit consideacutereacute

comme deacutefait Ce qui explique limportance et le seacuterieux que le village

accorde agrave la preacuteparation des championsl)

Il est cependant important de signaler que larbitrage dans les centres

urbains revecirct une iautre forme beaucoup plus codifieacutee et cest peut-ecirctre

une des raisons qui font quen milieu urbain la lutte diola perde une

partie de son originaliteacute

En dehors des techniques speacutecifiques agrave chaque sous-groupe il faut

signaler quil y a une multitude de prises et quelGues formes de corps

comTIunes agrave letnn Car reconnaissons qu il cO unE ror-euro approp=i~eacute

dE ~ouvane du l~tteur diola en TaI

-----~-----

LE tableau ci-dessous se propose dE reacutesumer les diffeacuterentes consideacuteshy

rations techniques envisagEacutees dans cette partie

FORlŒSSOGS-GRGUPES 1 COItltOLE GA~JESDt CORF=

i ~

1 1

Passage dessous de jambes et BassE KASSA saisies Moyenne1annexes bras (rapprocheacutee)

ceinture tecircte

Deacutecalage de Moyenne et BLOUF Demi-souplesse Ngimbe

HauteHancheacute Bras (rapprocheacutee)

Jambe

Arracheacute CouFOGNY Tregraves basse

Hancheacute ii 1

1 1

3 14 3 bull LeIIa~~jueetlecom~ortementdulutteur-+iola

1 Le comportement et lattitude du lutteur dans laregravene pe sont en fait

t

que le reflet de sa psychologie et plus partiCUliegraverem t de son eacutetat

dacircme Or il napparatt pas abusif deacutetablir des cor eacutelations entre

le psychisme dun individu et lempreinte eacuteducative quil a subie En effet en sortant du bois sacreacute le jeune diola a acquis un ~ca~~l

eacutequilibre physique et mental

Cette matrise de lui-mecircme permet au lutteur dans la~egravene dadopter

un aire enjoueacute de manifester beaucoup denthousiasme~ La lutte devient 1

essentiellement un jeu laspec ludique y est privileacutegieacute et ~ela influe

sur le comportement du lutteur

Ainsi queurolq~c soit limporta~cE de le~je~ le lutt~c~ dic1e Seuroreacute

to~jours serein et s~ livrera sa~s arri~re pe~s6e da~$ ~E CO=beacute ou-

tons que le lutteur diola est trecircs fair-play et sil arrive quun rdnd

lll L COIicircilU1Ul L ULOF

32 J Preacutesentation

La soc tEacute wucirc10f est celle qU1 a eacuteteacute la plus marqueacutee par la colonisation

~~ fait peut-gtre de sa position geuroographiquE dune part ct de 50~ imporshy

tanCE sur le plan dfmographiquE dautre part En effEt ceurootteuro CC-~ucircautE

wolof repreacutesente environ 20 de la population seacuteneacutegalaise

Elle est constitueacutee de pecirccheurs (ce sont les leacutebous) dagriculteurs de

fonctionnaires de lEtat mais surtout de commerccedilants

A pqrtir de leur reacutegime dimplantation le Cayor le Walo le Baol le

Djolof et la presquicircle du Cap-Vert les wolofs ont tendance agrave irradier

sur lensemble du territoire sous leffet de leur speacuteculation agrave la culshy

ture de larachide et du nombre important de fonctionnaires quon trouve

dans cette ethnie

322 Les moeurs et croyances wolofs

Bien queacutetant en grande partie des musulmans convaincus les wolofs

conservent toujours une croyance animiste et continuent agrave faire des

sacrifices agrave porter des cornes ou des morceaux de bois agrave la ceinture

aux jambes ou aux bras et agrave croire agrave lexistence des Djinneacutes et des

Raps bull

Le Djinneacute cest une creacuteature malfaisante en geacuteneacuteral capable de choses

extraordinaires Il possegravede des faculteacutes surnaturelles Cependant dapregraves

la croyance animiste certains Djinneacutes peuvent ecirctre bons

Le Hapl cest une creacuteature ayant des dons occultes appartena71t agrave une

famille ou agrave une communauteacute et dont le rOcircle est de veiller cu daider

les reCJrES de le fai11p ou dt la conmunauteacute en cas de da1gel Le Rap

~ ut te c ) ~~c-

ei sltcificE cJ sanl dE meut0 dL chat de pC)wleurot 5E1lt les conveuroshy

lances parfois leur dorner COrllTe offrande du lait Laii

Qua1d une famille ou une communauteacute neacuteglige les Sarakh (ici dans

le sens de sacrifice ou Offrande) elle se voit aussitocirct vouEacutee agrave la

maleacutediction des mauvais esprit~ (fcllec dans touteacuteS lEs ~treprises

de la vie maladie mort bullbullbull ) Les lieux ougrave habitent ls Taps et ougrave

se font les sacrifices se nomment Khambs

Geacuteneacuteralement le khamb se trouve dans lenceinte de la maison ou

dans un coin approprieacute du village Les lieux du khamb sont marqueacutes

par la disposition de calebasses de pilons de morceaux de poterie

briseacutes de grosses pierres de cornes et dautres objets heacuteteacuteroclytes

La superstition wolof est tregraves marqueacutee En effet pour le wolof toutes

les manifestations quotidiennes trouvent leur signification dans le

mysticisme Citons agrave cet effet quelques ezemples Une femme enceinte

ne doit pas marcher agrave nimporte quelle heure de la journeacutee Certaines

heures de la journeacutee lui sont interdites le Timiss (creacutepuscule

le Ndjo~or (de 13 H agrave 14 H de lapregraves-midi) le souf-segravede (de

minuit i4 H du matin) Selon la tradition ~t la croyance wolof les

mauvais ~sprits choisissent ces heures pour jeter des sorts Et la

femme enceinte eacutetant tregraves vulneacuterable le Djinneacute essaiera de lui insufshy

fler son souffle pour atteindre son beacutebeacute afin dentratner soit la

meacutetamorphose de cedernier en monstre soit de le tuer avant sa naissance

Dailleurs pour le wolof et pour certaines autres ethnies au Seacuteneacutegal

le timis le tdjolor le souf-segravede repreacutesentent des peacuteriodes de

la journeacutee ougrave lon ne doit pas se hasarder dans les rues et les champs

Ce sont des heures propices aux apparitions des Djinnes sous nimporte

quelle forme humaine ou animale

Il est eacutegalement interdit au wolof de marcher ou de serti la nuit du

~eacutellfria-

loutes c~s pratiques ~ystiqu~s et cr0ya~ces religi~us~5 ~xistent eL~~[

certainement dues agrave un meacutetissage culturel Parallegravelement aux feacutetiches

aux incantations et agrave lutilisation des safaras (substance magique)

notons lexistence de ga l a tchs (ce sOnt des talismans ougrave sont inscrits

du qui les porte Toutes ces croyances biEn sucircr auront une rEacutepercussicrI

sur leacuteducation du jeune wolof

323 Leacuteducation du wolof

Pour caracteacuteriser leacuteducation wolof nous avons penseacute donner comme

illustration cet extrait de la revue DEM ak TEY Pour deacutefinir leacutedushy

cation le wolof fait appel agrave un symbolisme qui eDglobe aussi bien les

moyens mis en oeuvre Yar que le reacutesultat obtenu agrave laide de ces mecircmes

moyens cest-agrave-dire la formation et le deacuteveloppement de lecirctre humain

ou Yaru

Le substantif Yar deacutesigne le fouet

Ce symbolisme deacutesigne donc au-delagrave du simple sens mateacuteriel de lobjet

lutilisation qui permet daboutir au reacutesultat escompteacute (Yaru) Au sens

geacuteneacuteral Yar deacutesigne tout instrument servant agrave infliger une punition Le

terme laisse supposer agrave priori que cette phase de lenfance durant lashy

quelle se preacutepare la vie de lhomme est lieacutee agrave la souffrance au supplice

Dailleurs une maxime wolof compare lenfant agrave une tige quon a tout le

loisir de redresser alors quelle est encore flexible bull

bullbullbull Pour leacuteducateur wolof la perfection nest point de ce monde malS

le devoir de chaque homme est de tendre vers la pleacutenitude en luttant

contre ses propres faiblesses Leacuteducation va d01c iisister essentielle~(-~t

sur lexercice quotidien de leacutelevation ffiora1e d~ lindividu Pour cela

elle privileacutegie la patience munI) vertu dabneacutegdtion et dE deacutesinteacuteresseshy

m(~t autour dE laquelle sarticulent toutes ]e~ ~u~~~s qualiteuros

i _

aan~ ~ s0cieacutet gt~olcf ocirclt~tartt nul -Jt- poulait sabecircisstr

tion de sa libertEacute La liberteacute est le preuumler drcmiddotir dE l ho-)euro egrave~S

baigner dans une beacuteate admiration du passeacute la comparaison avec le pr~$(middott

si~posc dclle-mecircme car lon reste s reacute devant la deacutesinvolture aVEC

laquelle dES honmes daujourdhui descendants de cette ~~~EacuteTatic ccedil~l se

une fois [largis bullbull tTasque fiers davoir fait leacute priS0n PEut-2tTE

faut-il mettre cela sur le compte de lurbanisation et des nouvelles

valeurs qui ont pour nom enrichissement reacuteussite sociale avec ce que

cela comporte de deacuteshumanisant et de deacutepreacuteciateur (1)

3 bull 2 bull 3 1 bull Lesri tes

Le sevrage et la circoncision constituent les deux grandes phases initiashy

tiques chez le wolof

- Le rituel du sevrage est appeleacute maga1 (litteacuteralement rendre grand)

Cest un eacutevegravenement important aussi bien pour les parents de lenfant que

pour la co~unauteacute Durant cet eacutevegravenement qui survient geacuteneacuteralement deux

ans apregraves la naissance du beacutebeacute les personnes vivant dans lentouragE

apportent leur soutien moral et mateacuteriel

- le rituel de la circoncision revecirct pratiquement la mecircme signification

que dans les autres ethnies seule la forme diffegravere La circoncision reste

encore une eacutepreuve de la vie au sort i r de laque Ile ladolescent devient un

homme Aujourdhui il faut noter une meacutetamorphose de la structure sociale

et des croyances religieuses tregraves accentueacutee aussi bien chez les wolof que

chez les autres groupes ethniques et ceci est peut-ecirctre dO au contact

permanent quils ont avec la socieacuteteacute occidentale

Malgreacute ces constat~tions il semblerait pcu=tant qUE la sociecirct~ lecircbou Gci

bien que se trouvaLt en grande partie dans ~a Presquth du Cap-ETt Et

en contact permane~t avec les blancs soit la portior la plu8 cc~serva-

----------~_- ---~-- -----

~

Incidences d s ~00urs sur la l~ttE

Le wolof connaicirct deux formes de luttes la lutte sirplE- sans t-t

la lutte avec frappe La lutte avec frappe a une crigi~e purement r

et ce nest que plus tard quelle devint une prati1uE sportive et lud

preacuteparer agrave la guerre Aussi tout en luttant On eacutetait autoris~ agrave frapper~

griffer mordre voire introduire son doigt dans loeil de son adversaire

Le jeune wolof devait eacutegalement se livrer agrave la lutte avec frappe afin de

favoriser son insertion dans la socieacuteteacute adulte et sinitier au meacutetier de

soldat faute de quoi il ne pouvait se faire entendre ne avoir des marques

de respect Pour montrer la populariteacute de la lutte dans le Cayor signalons

que les Damels ll (rois) et les Teignes (nobles) nheacutesitaient pas agrave sy

livrer Quant au IIMbeu~ (lutteur) elle lui servait de moyen de promotion

sociale car d8S que sa reacuteputation eacutetait eacutetablie il pouvait ecirctre choisi

par les rois et les nobles comme garde de corps

325 Signification de la lutte en milieu wolof

La lutte se pratique dabord pour lhonneur qui est une vertu tregraves signishy

ficative pour le wolof Elle permet de renforcer les liens amicaux entre

les jeunes de villages diffeacuterents Le champion veut gagner

confiance et la consideacuteration de son village de ses amis

Etre champion cest aussi susciter ladmiration chez les

sentant la force la viriliteacute et la deacutetermination

326 Organisation d~s eacutepreuves de lutte

3261 Les Mbapatts Ce sont les seacuteances nocturnes

pour meacuteriter la

et des anciens

filles en repreacuteshy

Ils sont organiseacutes apregraves les reacutecoltes agrave la fin de la saiscn des pluies

Ceci surtout p~ndant les peacuteriodes de clair de lune car ils peuven~ durEr

toute la nuit Le but des ~Dapatts lt=tait de prfpa-er FhysicuemeH et

~ arb Sil

326 Le 1

cest une organisation beaucoup plus importante que les I~apatts ~

loccasion de laquelle on peut voir plusieurs lutteurs de grande reDommfe

saffronteLLa fin dl lamb est toujours couronneacutee par une grand co~bat

duquel le vainqueur est sacreacute champion de la contrecirce

Le choix du lieu est lieacute agrave limportance de ce lieu dans le village cest

la place publique ougrave geacuteneacuteralement se passent toutes les manifestations

assembleacutee geacuteneacuterale sabar (danse) cest aussi lendroit ougrave sont prises

les grandes deacutecisions

3623 Lappariement

Dans un village ou un quartier les lutteurs se regroupent en lang

(eacutequipe) et jamais deux lutteurs de mecircme lang ne se rencontrent lors

du lamb

L appariement s~ fait librement entre lutteurs de lang diffeacuterents l1hs

une regravegle veut ~uavant de lutter avec le Mbeur Kanur de tel lang si

on est soukh (l~tteur pas encore confirmeacute) il est neacutecessaire de lutter

dabord avec ses soukh et ce nest quapregraves les avoir terrasseacutes tous

quon se voit octroyer la chance de lutter contre lui

Notons que la cateacutegorisation des lutteurs par poids nest jamais prise

en consideacuteration

3624 La tenue du lutteur ou NGIMBE

Le middotNGimbe est confectionneacute par le marabout de la famille ou du clan Il

est constituecirc de pagnes en coton tisseacute geacuteneacuteralement offerts par la megravere ou

la grand-megravere du lutteur ceci lors des organisations de ~rande Tportance

COrlune lef 1amb Dans le cadre des l-bapatt les pagnes sont C tErts peumlr

~~~rcfcis ct ffi~mc aujourdhui d218 cErtaInes fa~ille5 on devj~Gr

luttEur de pegravere en fils et dans ce cas h 1

gimbell du pEgravere Est recircr i tEacute

par le fils Le fait de porter le lI~gimbe agravee ses aiumleux peut susciter

cne~ le jeune lutteur une motivation et une volontecirc in~branlable rlasshy

surer 12 supeacuterioritEacute cis SIcirct-ns dallS

le xgimbe de la famille ne touche pas le sable

La tenue du lutteur a une signification et une importance sur le plan

mystique car selon les anciens le vrai feacutetiche du lutteur celui qui

le proteacutegera agrave vaincre le Djinneacute ou le Rap de ladversaire se trouve

cacheacute dans ce Ngimbe Celui qui confectionne-le Ngimbe est doueacute de

faculteacutes occultes

~~r~i~rg Il est assureacute par un sage du village qui geacuteneacuteralement fut

championde lutte de son temps Dailleurs cet ancien nintervient que

si le terrassement est litigieux

Hormis le public qui proclame la victoire ou le match nul le lutteur

lui-mecircme est arbitre et il arrive quil se deacuteclare vaincu ~ous

pouvons citer comme exemple Meacutedoune KHOULE un des plus grands lutteurs

seacuteneacutegalais qui a donneacute une victoire agrave Djeacuteri SADIO son adversaire qui a

reacuteussi agrave lui faire toucher le sol de la main

Il Y a terrassement quand le lutteur se retrouve

- assis sur le sol

- eacutetaleacute sur le dos

eacutetaleacute sur le cocircteacute

les deux genoux au sol

- les deux ma~ns au sol

la tecircte (front au sol agrave la suite dune brouette)

Il peut y aVOIr match nul si apregraves li1 temps ccmsideacuterable les lutteurs

SE sont ~ ivrEacutes respectivement agrave des assauts rEacutepEacutetEacutes et n arrivEt pas a

3265 L~ precircparation mystique

Il faut reconnattre quon ne peut parler de lutte en milieu wolof sans

envisager une preacuteparation mystique seacuterieuse Co~~e ~ous lEvans vu a~teacute-

1middot ~ d ~ ~rlturenent t0utes es actlvmiddotltesmiddot u W010 sont lles a SeS croyances

- la lutte ne concerne pas seule~ent deux acteurs se livrant faruumlucheshy

ment agrave un combat au milieu de laregravene mais eacutegalement les marabouts et les

feacutetichistes du village ou du clan qui doivent deacutefendre leur savoir et

leur prestige Avant le combat le lutteur doit se livrer agrave un certain

nombre de preacuteparations mystiques pour assurer sa victoire Aussi sommesshy

nous appeleacutes agrave parler de BACK (cest le chant et la danse du lutteur)

- le batteur de tam-tam compose un rythme en fonction du Galagne ou du

Senghor (gds-gris) du lutteur Chaque galagne sera choisi en fonction

du Rap ou du Djinneacute correspondant au Totem du lutteur

Le chant geacuterleacuterique Feinte woy veut dire litteacuteralement composer un 1

chant Ce chant est geacuteneacuteralement composeacute par les filles du viilage du

champion ou par un griot de sa communauteacute Et agrave travers ce chrnt on

arrive agrave toucher la corde sensible du lutteur en chantant lesl innombrables 1

victoires de ses ancecirctres ou en lui rappelant ses prouesses eacuteblatantes 1

Chaque lutteur doit avoir un chant et un back qui lui sont propres

327 Le reacutepertoire technique et les caracteacuteristiques physiques dulutteur wolof

Le lutteur wolof est geacuteneacuteralement moyen de taille la musculagraveture est

tregraves saillante ce qui fait ressortir un aspect tregraves athleacutetique ceci

est vrai sans exception pour le lutteur leacutebou mais il arrive que le Cacircyoshy

rien le baol-baol le walo-walo soient de grands gabarits de forte constishy

tution

CepEndant pour une meilleure compreacutehension du sujet nous pouvons eacutetudiEr

deux jroups d lut teurs qui vont deacuteterminer deux st yI e s de lut tes

- ~ t

les tc~tativ~s de~[reacutee e~ ramassement de jambes de la~v~sairL Ce~~

peut Ecirctre expliqueacute par le fait que les lutteurs leacutebou ou walo-walc qui

sont des pecirccheursadoptent cette garde tasseacutee du fait quils so~t tou-

jours pencheacutes en tirant le fil ou en poussant la plrogue On verra techrugravequeacutes dt cirr 2C ~lt 5Jllicitocirct

surLuumlut les membres supeacuterieurs

Le cayorien et le baol-baol par contre sont les plus grands cultivateurs

darachide chez eux les techniques de lutte sont plus varieacutees et la

garde est moins renfermeacutee Les lutteurs cayorien et baol-baol ont une

morphologie et une reacutepartition musculaire bien eacutequilibreacutee ils excellent

dans les techniques en deacutecalage les techniques de jambe et surtout les

techniques de riposte ougrave lon peut voir des prises de hancheacute tregraves amples

Dune maniegravere geacuteneacuterale on peut dire que le lutteur wolof est un fin

technicien qui sait surtout creacuteer les opportuniteacutes e~ avec sa rapiditeacute

utiliser la force de ladversaire pour le deacuteseacutequilibrer le noodju

le mbas le weacuteheacuteleacute et le rasu sont des techniques propres au lutteur

wolof

En deacutefense il utilise surtout des kl~klets ou gal-gal Notons que

le balancement des bras ou Lewato e$t tregraves marqueacute dans la lutte wolof

TABLEAU RECAPITULATIF DES COMPOSANTES TECHNIQUES

( 1 )

1 SOUS-GROUPES GARDES CONTROLES FORHES DE CORPS l

Walo-walo Basse de jambe Arracheacute l l10yenne de Ngimbe et i

Leacutebou Tasseacutee et saisies annexesj Deacutecalage 1 1 distante de bras de tecirct1

j de bras Deacutecalaeuro

~-----------------~-

- ~ ~- shy - ~ ~ bull L _ _ bull

Profil psyc~~iqUE du lutteu- et son comporterent dars l 2regravere

La preacuteparation mystique dans laregravene est plus marqueacutee chez les wolofs

que ChE~ les autres ethnies En effet on verra de grands champions

preliGrE plusiEurs heures pour Enduire leur corps de cll2badep ou ci

rmiddot- ~ a la proprieacuteteacute de proteacuteger li1egraveividu J

les mauvais sorts) Cest dailleurs un aspect dt la luttE qui iJcsc

des problegraveJles

Le lutteur wolof est tregraves superstitieux et la peacuteriode de preacuteparation

est capitale pour lui car elle permet non seulement de rendre

hommage aux ancecirctres mais aussi dintimider son adversaire Cest

geacuteneacuteralement un lutteur agressif combatif et teacutemeacuteraire Il se fait

souvent remarquer par son esprit dentreprise Mais cette fougue dans

le combat lamegravene parfois bien que ce soit regrettable agrave oublier les

usages et les normes Ce manque de maicirctrise de soi peut faire croire

que le lutteur wolof manque de fair-play ce qui nest pas toujours le

cas

~A~Ugrave~ t 4AA CbUrs k LA ucirctotve f~tPle Sesect prores mou W ~ lesquelles vont se couler les comporteme~ts individuels qui sont ainsi

monteacutes par et pour lautoriteacute sociale

Les faccedilons de boire de marcher ou de sasseoir se manifestent indivishy

duellement dans le corps de chaque personne ces habitus sont cependant

des montages sociaux lieacutes agrave des significationssymboliques variables

dailleurs selon la position sociale occupeacutee par chaque sujet Ces modes

dagir se rangent dans un systegraveme de montages symboliques et lindivishy

du les apprend de la socieacuteteacute dont il fait partie agrave la place quil occupe

Lhabitus est un montage social agrave la valeur symbolique deacutependant des pheacuteshy

nomegravenes deacuteducation et de prestige et lieacute agrave la position sociale du sujet

Cette penseacutee sonne de faccedilon eacutetonamment moderne

Pierre BOURDIEU qui dans une perspective a approfondi le contenue de la

notion en le reportant aux oppositions entre classes et fractions sociales

Il deacutefinit lhabitus comme un systegraveme de dispositions durables acquis au

cours dune histoire personnelle dans une milieu social donneacute systegraveme qui

engendre ensuite des pra~iques socialement deacutetermineacutees faccedilons de manger

de parler ou de marcher comportements de politesse contenu des preacutefeacuterencel

et des deacutegoOts bullbullbull lhabitus est le produit de conditions eacuteconomiques et

sociales Lauteur rattache directement la formation de lhabitus dun

individu agrave la trajectoire parcourue par celui-ci dans sa classe dapparteshy

nance il deacutefend lideacutee dun habitus de classe qui deacutefinit le sens confeacuteshy

reacute agrave la pratique sportive les profits qui en sont attendus

Ce dernier serait lui-m~me lieacute agrave un systegraveme de valeurs ou ETHOS de classe

prenant sens au sein doppositions distinctives entre classes sociales

De sorte lhabitus fonctionne comme un systegraveme dt- regravegles inteacuterioriseacutees

souvent informuleacutees permettant ou non agrave lagent de sadapter dembleacutee aux

multiples pratiques de la vie quotidienne et de la vie sportive il est agrave

lorigine des schegravemes de transcription qui favorisent les ajustements aux

situations corporelles nouvelles (1)

t ~

(1) P~IE11D dwi6Han ISpoy-l et sodeacutebi Approche Bocio-culturelle des pratiques P~tis Vigot 1981 page 81

33

331 Preacutesentation

Les Seacuteregravere auraient pour origine le Fouta Toro quils auraient quitteacute

vers le Xllegrave siegravecle pour fuir lislamisation de cette reacutegioD par lempire

dJ Xali (ils seraient donc apparEnt~s aux Peul et Toucouleur ) Ils

auraient trouveacute dans la rEacutegion du Sine les Sosseacute dorigine manding avec

lesquels ils salliegraverent

Au XVegrave siegravecle une autre immigrationSos~ conqueacuterante cette fois-ci

apporta son organisation eacutetatique Ils se divisegraverent en deux monarchies

deacutemocratiques lune seacutetablit au Sine et lautre au Saloum Les Sosseacute

conqueacuterants constituaient lautocratie appeleacutee Guelowar

La royauteacute seacuteregravere eacutetait laiumlque Les premiers souverains durent secouer

la tutelle des Toucouleur et progressivement arrivegraverent agrave unifier lethshy

nie des seacuteregravere etdea Sosseacute Les deux royauteacutes eacutetaient organiseacutees selon

acirces modegraveles tregraves deacutemocratiques Le souverain deacutependait dune assembleacutee

de ministres et de chefs locaux qui assuraient ladministration centrale

et reacutegionale())

Aujourdhui lethnie seacuteregravere repreacutesente 20 de la population seacuteneacutegalaise

Ils sont reacutepartis sur presque toute leacutetendue du territoire notamment

dans le Baol la reacutegion du Sine-Saloum et la reacutegion de Thiegraves

Signalons quil existe plusieurs sous-groupes dans lethnie ainsi on

trouvera

- dans la reacutegion de Thiegraves les Ndut les Safegravene et les None

- dans le Sine-Saloum les Sine-sine et les Saloum-salouIT

On trouvera vers foundioune et agrave Nioro du cocircteacute de la Gambie les

Niominka (pecirccheurs) Cest une portion tregraves mandinguiseacutee

( 1

Le rattache~2~t d~ to~s ccs sous-groupes pose problecircme ~25 0~ r0~V~

uc grande partie de traits COITul1uns dans leurs modes dE vie Ct pOUT phs

de faciliteacute nous allons essayer de faire une ~tude globale de la lutte

traditionnelle seacuterecircre Lactiviteacute socio-eacuteconomique qui est essentielleme~t

agro-pasorale caracteacuterisE leacutethnie seacuteregravere

332 Lecircducation les moeurs les croyances et pratiques sEr~rc

Chez les Seacuteregravere la vie humaine se deacuteroule selon les grandes eacutetapes

le baptecircme lenfance ladolescencemarqueacutee par la circoncision lsectge

adulte le mariage la vieillesse et la mort (funeacuterailles)

La vie de la communauteacute seacuteregravere reste une des plus originales sinon

celle qui de nos jours garde la presque totaliteacute des pratiques et

habitudes traditionnelles

Bien qu aujotltdhui con~r-tis aux religions chreacutetienne et musulmane les

Seacuteregravere conservent leurs croyances et pratiques animistes

Quelque soit leur degreacute dadheacutesion aux religions reacuteveacuteleacutees les Seacuteregravere

croient en un Dieu puissant et miseacutericordieux Rog Segravene et les hommes

Les ~angols sont repreacutesenteacutes mateacuteriellement dans tous les villages

seacuteregraveres par des arbres (baobab et tamariniers) des animaux (geacuteneacuteraleshy

ment serpent doreacute ou iguane) des ustensiles (pilon calebasse et mortier)

De nombreux teacutemoignages nous apprennent que certains totems (serpent

iguane) font leur apparicion agrave loccasion de certaines manifestations

rituelles comme les sacrifices ceacuteleacutebreacutes lors dun mariage de ceacutereacutemonies

mortuaires ou des circoncisions

Le Seacuteregravere comme il nous a eacuteteacute donneacute loccasion de le dire plus haut

preacutesente des speacutecificiteacutes authentiques aussi bien en tout ce qui touch~

son eacuteducation ses croyanCES et pratiques mystiques q~e ses activiteacute~

socio-ecirccc~omiquEs Apr~s a ~aissa~c~ le beurob~ ~~ pcs~ 5~~ lE S~ __

On lui mouille les l~vres avec un peu d~ lait de mil et apr~s U~ bain

purificateur on versera leau dans un trou cr~us~ derri~r~ la Camp~~

Pendant huit jours la megravere et lenfant sont cacheacutes dans la case car

selon les anciens ils sont tregraves vulneacuterables La case deacutens certains cas

est entoureacutee dun fil blanc et lon place sur le seuil des fais(cauy di

veacutegeacutetaux pour chasser les mauvais esprits (geacutenies malfaisants et illangeUY~

dacircmes) Au bout du huitiegraveme jour la megravere et lenfant peuvent sortir de

la case bull

bullbullbull Le matin du huitiegraveme jour la tante paternelle va chercher de leau

(plusieurs fois)t elle doit rester muette pendant ses alleacutees et venues

si elle parlait t lenfant pourrait ecirctre muet bullbullbull

La megravere et lenfant prennent un bain purificateur dans lequel sont

trempeacutees certaines plantes (ce sont des veacutegeacutetaux pr~tecteurs tels le

begravene le yag le ngud) On y lavera aussi le linge e1t les ustensiles utishyj

liseacutes pendant les huit jours qui viennet de seacutecoul~r On rase le crine

de lenfant Les cheveux sont donneacutes agrave la megravere qui ~s enterrera avec le

reste du cordon ombilical dans un endroit que11e esit seule agrave connattre

La megravere sassied sur une natte devant la maison Une femme igeacutee de la

famille prend le beacutebeacute dans ses bras et le preacutesente aux quatre coins de

lhorizon

La tante paternelle tient ensuite un van sur la tecircte de la megravere on y

verse le mil on y verse eacutegalement en abondance sur la megravere et sur

lenfant La tante oint ensuite le corps du beacutebeacute avec du lait e11e

touche en particulier le front t le nez la bouche la poitrine le dos

et les oreilles

Elle pose enfin un ~rain de sel dans la paume du beacutebeacute (le sel purifie

et deacutetruit les puissances mauvaises)

Apregraves un nouveau bain la megravere et lenfant revEcirctent des habits de fecircte

(est

lenfant Ce precircnore a toujours U~ SEns Il sy~bolise parfois C0 qUi

lOIl sounaitt agrave lEufant l)

La circoncision comme dans les autres ethnies est obligatoire Elle

permet au jeune adolescent dacceacuteder agrave la classe adulte Les jeunes

sont regroupes en classe dacircge dans le bois ougrave sc fait la r0tr~it0 des

circoncis et ceci pendant plusieurs mois

Le Selbeacute qui est geacuteneacuteralement un ancien craint de tous les eacutelegraveves

enseigne le respect de la hieacuterarchie la discreacutetion le goOt de linishy

tiative Les activiteacutes physiques et leacuteducation artistique ne sont pas

en reste la deacutecoration la sculpture la lutte et la danse A sa sortie

du bois linitieacute appartient deacutesormais agrave la classe des virils et des

sages du clan car on lui aura enseigneacute les vertus fondamentales que

sont la justice lhonneur lamour du prochain 1 amour du travail

lhonnecircteteacute et surtout le respect des coutumes ancestrales

Le rite du mariage esd aussi un fait tregraves important dans le monde 1

seacuteregravere mais par manq~e dinformation nous serons obligeacutes de nous en

tenir lagrave

333 Impact des ethos sur la lutte dans le monde seacuteregravere

Lorigine de la lutte seacuteregravere ne semble pas claire ma1S nous pouvons

dire quil existait deux formes de lutte comme chez les Wolofs une

lutte sans frappe et une lutte avec frappe Et cest cette derniegravere

qui peut-ecirctre nous ameacutenerait agrave croire que la lutte seacuteregravere aurait une

origine plus preacuteciseacutement guerriegravere

Aujourdhui la lutte est uniquement une activiteacute sportive agrave travers

laquelle le jeune seacuteregravere eacutevalue sa force son courage et SOn ingeacutenioshy

siteacute Cest une occasion de deacutefendre lhonneur de son village ou de

la corrnnunauteacute

La luttE ~5t avant tout u~e rnanifcs[dtic~ c~lturclie et surtout

fo lkhriqut-

Gracircce agrave elle on peut deacutesormais comprendre un certain nombre de chants

et de symboles A travers la lutte seacuteregravere on ccedilomprend les inter-relashy

tions entreacute la vie et le monde surntiturel

Sil devait y avoir la mort dun villageacuteois pendant la fecirctE au T qUE

de linterrompre on proceacutedait gracircce aux connaissances magico-religieuses

agrave la suspension de la mort jusquagrave une peacuteriode ougrave la population sera plus

disponible pour organiser des funeacuterailles sil y eacutetait preacutedit la possibishy

liteacute dune deacutefait du champion local au profit dun champion dun autre

village des recettes dordre maginque et religieux eacutetaient mises en prashy

tique afin que le champion du village ne soit jamais terrasseacute(J)

334 Le profil du lutteur seacuteregraver~

Le lutteur seacuteregravere est par essence un athlegravete impressionnant de par sa i

carrure et sa musculature saillante mais cest aussi une force tranquille

et calme quelque soit lenjeu du combagravet et particuliegraverement lhonneur

Cet aspect nous pousse agrave parler du NGiMBE cest-agrave-dire de la tenue du

lutteur qui va influencer sur sa faccedilon de lutter

La confection du Ngimbe revient agrave la communauteacute entiegravere Le Ngimbe a

une signification symbolique et le lutteur pour meacuteriter la confiance du

groupe se doit de tout faire pour ne pas toucher le sol Toute la commushy

nauteacute elle aussi sengage pour assurer la longeacuteviteacute et le succegraves du lutteur

dans laregravene par lorganisation droffrandes et de sacrifices en lhonneur

des Pangols bull

bull

Daucuns nheacutesitent pas agrave dire que lessentiel du mysticisme se fait agrave

la maison et non dans laregravene tout le reste nest quintimidation de

ladversaire

lsvcns

Tt- pi ~- t

t 1 ~ l _ ~ t

par rapport agrave lautre Cbci est trEgraves lieacute agrave lactiviteacute journaliegravere du

jeune seacuteregravere qui est un cultivateur donc toujours bien planteacute sur ses

jambes et qui continuellement manie lhiler

Le fait de couper le boi~ peut eacutegalement constituer un moyen de muscushy

lation non neacutegligeable pour le jeune lutteur

Un certain nombre de traits techniques speacutecifiques au lutteur seacuteregravere

semblent ressortir des diffeacuterentes interviews que nous aVOns fait subir

agrave certains lutteurs seacuteregraveres et agrave diffeacuterents techniciens

SOUS-GROUPES FORMES DU CORPS CONTROLES GARDES

SAFEN Moyenne en fente NONE Hancheacute Bras (distante) j

NDUTJ

f

SINE-SINE Deacutecalage Ngimbe

Moyenne

SALOUM-SALOUM Passage- Jambe (rapprocheacutee) 1

i

PETITE dessous Tecircte Basse et 1

COTE Moyenne (rapprocheacutee)

Notons que le Niominka ll commence agrave lutter agrave partir du sol pour avoir

assez deacutelan et sauter sur ladversaire afin davoir la prise du lion

(contr6le de la nuque et du bassin)

Co a -tem-nt ccedilt attitude du lutteur sEacuteregravere335 np -1t ~

Les croyances mystiques sont indissociables des activiteacutes quotidiennes

duseacuteregravere Ce qui explique le cocircteacute supersticieux du lutteur seacuteregravere En

~ffet certains lutteurs refusent de lutter avant certaines heures

Certains teacutemoignages nous apprennent quil nest pas donneacute agrave tout le

monde decirctre champion de lutte et que le lutteur doit avoir des dons

surnaturels pour ecirctre agrave mesure de livrer ses combats dans la nuit

et trouver seul un gris-gris speacutecial appeleacute Njatch

Le vrai champion de lutte chez les seacuteregraveres ne lutte pas seulement avec

~a force et sa technique mais surtout avec ses dons occultes

Chez les seacuteregraveres les morts sont toujours preacutesents et les ~pangols

Servent dintermeacutediaire entre les hommes et les morts Le pangol prend i

le nom dhumain dans certains villages (IIHeacuteJga NDONG Har Wag NGOUYE) i 1

De ce fait on verra le lutteur danser dufe maniegravere ou dune autre en

fonction du pangol de sa famille Ainsi nrus aurons le back (chant et

danse du lutteur) des DIOUF des FAYE etclbullbullbull

Dans laregravene le lutteur seacuteregravere a un comportement exemplaire aussi bien

agrave leacutegard de son adversaire direct quave~ le public en geacuteneacuteral Lexpli shy

cation semble tenir au fait que le lutteur seacuteregravere est avant tout selon

la tradition orale le repreacutesentant de toute la communauteacute seacuteregravere Par

conseacutequent il devra saffirmer non seulement en tant que lutteur dans

laregravene mais aussi en tant quentiteacute morale

336 La tenue du lutteur ou NGIMBE est confectionneacutee par le marabout de la

famille ou du clan Le Ngimbe est constitueacute de pagne en cCton tisseacute

Il doit ecirctre propre le lutteur qui le porte ne devra pas avoir de rapshy

port sexuel pendant toute la peacuteriode des cOTpeacutetitians car le Ngi~bE ne

doit pas ~tre souilleacute

Autrefois et mecircme aujourdthui dans certaines familles on devient

lutteur de pegravere en fils et dans ce cas le Ngimbe du pegravere est heacuteriteacute

par le fils Le fait de porter le Ngimbe de ses aieux peut susciter

chez le jeune lutteur une motivation et une volonteacute ineacutebranlable dtasshy

surer la supeacuterioriteacute d~s siens dans ltaregravene Il fera tout pour que le

Ngimbe de la ramille ne touche le sable

La tenue du lutteur a une signification et une importance sur le plan

mystique car selon les anciens le vra1 feacutetiche du lutteur celui qui

le proteacutegera et laidera agrave vaincre le nDjinne ou le tRapu de ladvershy

saire se trouve cacheacute dans ce Ngimbeu bull Celui qui confectionne donc le

Ngimbe U est doueacute de faculteacutes occultes

337 Larbitrase est assureacute par un sage du village qui geacuteneacuteralement fut

champion de lutte de son temps Dailleurs cet ancien nintervient que

si le terrassement est litigieux Hormis le public qui proclame la vicshy

toire ou le match nul le lutteur lui-mecircme est arbitre et il arrive

quil se deacuteclare vaincu

Nous avons pu cfter Meacutedoune KHOULE un desplus grands lutteurs seacuteneacutegashy

lais qui a donn~ une victoire agrave Djeacuteri SADIO son adversaire qui a reacuteussi

agrave lui faire touegraveher le sol de la main

IlL

34 1 Preacutesentation

Lethnie toucouleur vit En grandt partit ciE~~ la vallfc du S~~~gal

pt reprecircsente i peu pr~s 8 de la population totale secircn~galaise

o Histoire

Il semblerait que dans lancien royaume du Tekrour (IX~ siegravecle) des

eacuteleacutements neacutegroiumldes Sarakoleacute et des Peul aient formEacute par meacutetissage le

peuple Toucouleur (Toucouleur serait dailleurs une deacuteformation du

mot portugais Tacouror)

Ce empire a domineacute aussi bien les wolofs de lOuest que les Peul

nomades du Fouta Toro Cette reacutegion fut le premier pays islamiseacute par

les Almoravides ce qui peut expliquer le proseacutelytisme toucouleur

Ce sont les guerriers toucouleur islamiseacutes qui attaqu~rent avec les

Almoravides la capitale du Ghana Koumbi en 1067 On convertit par

la force les animistes Cest sans doute agrave cette eacutepoque que de nombreuses

ethnies reacutefractaires agrave lIslam ont dO accentuer leur migration vers

le sud (Seacuteregravere wolof Sarakoleacute Bambara Songhaiuml Akan et Peul se reacuteshy

fugiaient vers les hauteurs du Fouta Djalon)

Au XIXegrave siegravecle les Toucouleur allaient trouver en El Hadj Omar Tall

un grand conqueacuterent qui sous le preacutetexte religieux de la gJerre sainte

contre les tribus animistes (entre autres Bambara) eacutetendit lempire

toucouleur sur presque tout lensemble du gali et la partie de la Guineacutee

proche du l1ali

Lempire toucouleur composeacute de Sarakoleacute de Bambar~ de ~alinkeacute de

Xassonkeacute dE Peul et de Dogon eut le meurorit~ dunir CES diif~rentes ~ ~ - - - - - et~ics ~t dE CD~stituer l~Sl la b2S~ ~r 1

_ ~ ~ ~_ L ~

~ ~- ~- - - ---- _ 1 v _ t 1 ~-_ --

marabout tOL~culcuuml~ ~ middotlrrany a l ick SI venu des E1i rClS dE Pocior~ (

~ Vi~ euroconomicue et sociale -----------~-------------

Les Toucouleur sont des cultivateurs mais bien quils n~ soie~t pa~

pasteurs comrre les Peul leacutelevage a une place inportarteacute decirc1S ltur

eacutecono~ie Pour faciliter leur conquecircte guerriegraverE ils c~t Eucirc une preacuteshy

dilection pour leacutelevage des chevaux On y trouve aussi des pecirccheurs

appeleacutes Tchioubalo La socieacuteteacute toucouleur aurait une stratification

sociale tregraves rigide Les groupes ethniques et les castes eacutetaient

diffeacuterencieacutes et strictement exogamiques les Rimbe classe des nobles

comprenant la famille reacutegnante et les guerriers libres la classe des

Nieacutenieacutebegens de castes artisanales i les Rimaibeacute anciens esclaves

devenus serviteurs qui portent les noms de famille de leur maicirctres A

la base de lorganisation de la collectiviteacute toucouleur se situe le

village (Wouro)

Toutes ces castes sont cloisonneacutees entre elle~ Ainsi il nest pas

permis agrave un Torodo (noble) de se marier avec un Tchioubalo Ces

consideacuterations sont importantes dans le domaine de la lutte ougrave nous

apercevrons que les nobles ne sont pas faits pour lutter Le noble

preacutesidera les seacuteances de lutte et on luttera pour lui Ces condeacute rat ions

de noblesse et de rang social sont extrecircmement importantes dans le

monde toucouleur

Le noble ne doit pas se salir on lutte pour lui il ne vit la lutte

quen tant que spectateur

342 Education moeurs croyances et eratiques religieuses

Deux formes d~ducation sont agrave consideacuterer leacutedJcatio~ dES enfarts Et

celle des adultes

oG lenfant sait m2n~~r et apprfcier le goOt d~5 ~iifeurorents r~pas lt

le moment ougrave il CO~~e~CE agrave marcher

tivirt n~sormais le petit toucou]eur est eacuteduquf par toutmiddot 12 f2~i)]E

dabord puis par toutes lespersc~nes du village ou du C13~

Lenfant peut ~tre corrigeacute par tout adulte appartenant au groupe social

Son eacuteducation est deacutesormais laffaire de toute la communauteacute et non

exclusivement celle ces parents On linitie ainsi au travail quotidien

qui se fait dans la bergel~ e les champs et les bords du fleuve Au sein

du village il pourra apprendre agrave filer la laine et agrave tisser des pagnes

dans les champs il apprend agrave manier la houe et lhiler pour la culture

du riz et du mil Mais signalons que lactiviteacute essentielle du toucouleur

est leacutelevage des boeufs des moutons et des chegravevres Chez les Ichioushy

balos (p~cheurs ) lenfant sera initieacute tregraves tat au maniement des pagaies

agrave la p~che propremccedilnt dite et agrave la nage

Vers cinq-six ans lenfant est confieacute au maicirctre coranique le Ihierno

et ce dernier dispose exclusivement de toute sa vie Lavenir du jeune

enfant lui appartient

Comme dans les autres groupes ethniques les enfants sont regroupeacutes en

classe dacircge et cest dans cette structure que lenfant subit les rite

de passe et plus particuliegraverement celui de la circoncision

La circoncision est non seulement unE opeacuteration chirurgicale malS surshy

tout une peacuteriode au cours de laquelle le jeune garccedilon passe de leacutetat

dadolescent agrave leacutetat dadulte Les circoncis sont reacuteunis en classe

dacircge dans un endroit situeacute hors duvillage geacuteneacuteralement choisi par les

vieux Cet endroit n~st accessible que par des individus de SExe ffi8SCUshy

li~ ~ta~t au preacutealabl circoncis

- - - -

quable et complet sur le plan phy~ique et ~oral Ai~si liniti~

acquiert les qualitecircs indispensables que sont le courag~ la modest

lesprit de sacrifice lendurance

Le toucoule~r est un pleux musulma~ Cela sexp1

SOil le premier agrave tre en contact avec la religion musulmane de par sa

position frontaliegravere Lethnie toucouleur de par son histoire a preacutesenteacute

les plus grands chefs militaires et religieux musulmans seacuteneacutegalais Et

pour illustrer cela on peut citer en exemple la grande famille musulmane

des SY agrave TIVAOUANE repreacutesentant la confreacuterie des TIDJANES

Bien que lon note une majoriteacute musulmane on peut dire que certaines

croyances et pratiques mystiques et animistes persistent encore surtout

dans la reacutegion du fleuve

Une pratique courante se fait elle sappelle le Djatt Elle consiste

agrave faire sortir le caiman du fleuve agrave limmobiliser et agrave lattacher

sans quil ne reacuteagisse et tout ceci agrave laide de versets et dincantashy

tions magiques Dapregraves les teacutemoignages ces pratiques sont plutocirct

freacutequentes chez les Tchioubalos (pecirccheurs) Il arrive aussi que cershy

tains chasseurs ayant des dons se livrent agrave certaines pratiques an1shy

mis tes qui consistent agrave invoquer certaines puissances et agrave moduler sous

forme de chant des versets occultes pour se proteacuteger des mauvais esprits

et pour eacuteloigner les fauves Ce chant est geacuteneacuteralement incompreacutehensible

et deacutenueacute de sens pour le profane

343 Activiteacutes ludiques et pratiques sportives en milieu toucouleur

Durant toute son histoire lethnie ~oucouleur a toujours EacutetEacute Frese~teacute~

comme celle qui avait ue activit essentiellement guerr e e~ particushy

liegraverement farouche Trois eacuteleacutements ret r t l ecirc t te nt i c- euro so~t

le manie~~nt du ~acircton 12 luttE Et 1eacute danSE

l

Lecircducation ph~sique et artistique Dcc~pe un place precircpondecircra~rp

dans la fDrmat~on du jEune toucouleur A loccasion agraveeacutevegravenemen~ imporshy

tants reacutecoltJs mariages baptecircme nous assistons agrave des manifestashy

tions folkloriques de grande envergure le Wango oucirc dailse toucouleur

tregraves gymnique iles chants et surtout les sEacuteances de lutte

La lutte toucouleur est la forme de lutte la plus spectaclaire dans

tout le territoire seacuteneacutegalais Elle est essentiellement baseacutee sur des

techniques en hancheacute et surtout en souplesse Ceci sexplique par le

fait q~e le jeune toucouleur est tregraves tocirct initieacute agrave la gymnastique (saut 1

per saut de main salto arriegravere saut de tecircte couronneacute etc bullbullbull ) pour

la dans~ du wa~go En dansant le wango qui est une danse rythmeacutee et

gymnique le Jeune toucou1eur est capable de prouesses extraordinaires

1

En lutte lattaquant se deacuteplace tregraves peu pour avoir une bonne saisie

(geacuteneacutera~ement controcircle du Ngimben ) et enchaine brusqueme~t avec une

attaque surpris~ Cependant les ripostes sont souvent surprenantes et

spectaculaires (baseacutees sur la souplesse et la rapiditeacute) ontrairement

aux autr~s form~s de luttes ougrave lon voyait tous les jeune adheacuterer la

lutte to~cou1eur Verra un groupe de speacutecialistes sadonne agrave la lutte 1

(la lutte est lieacutee agrave la position sociale de lindividu problegraveme de

caste)

Q La morphologie du lutteur toucou1eur 1

1 1

Ce dernier nest pas aussi large et aussi fort que les lutteurs diola

et seacuteregravere Cependant il est tregraves reacutesistant La musculatJre est saillante 1

et tregraves souple lindividu est longiligne mais tregraves athleacutetique

Les mouvements de lutteurs sont semblables agrave ceux dun grand fe1in Cette 1

morphologie semble ecirctre lieacutee agrave la position geacuteographique de lethnie

(reacutegion du fleuve) et agrave lacitiviteacute socio-eacuteconomique du toucouleur qui

est agrave la fois cultivateur (activiteacute lieacutee agrave la crue et deacutecrUE du fleuve)

pecirccheuro~T CIcr~icubaon) et sttout jEumlrgcr qui est U~ rc~2eumlr

shy

Deux formes egrave~ corps sembl~nt ecirctre preacutefeacutereacutees du lutteur toucouleur

le hancheacute et la souplesse Les hancheacutes sont faits agrave partir de plusieurs

positions de doset se terminent geacuteneacuteralement par des techniques de

tregraves grande amplitude

TABLEAU RECAPITULATIF DES TECHNIQUES ET FORMES DE CORPS SPECIFIQUES

i

L441 r

GARDE FORMES DU CORPS CONTROLES --shy - -

Moyenne Souplesse Ngimbe

Hancheacute bras

Demi-souplesse

1

Profil psycholosigue 1

TECHNIQUES

ContrOle du bassin et 12 souplesse

arriegravere

Klicket et allegravegement de la hanche

Le lutteur toucouleur est celui lUi se livre le moins aux preacuteparaqons

maraboutiques Cela est dO au f~t que le toucouleur est un grand ~USUlshyman et que les pratiques animisges ont presque disparu dans ce mil~eu

Dans la pratique le lutteur esJ combaif mais il est calme et tr~s reacutefleacutechi quant agrave la deacutecision agrave prendre en plein corps agrave corps ct~st un des seuls techniciens qui reJte tregraves lucide au cours de ses comb~ts

l Dans toutes les circonstances e lutteur toucouleur est tenu de re~pecshyter son adversaire et ceux de s4n eacutequipemecircme sil est vaincu

Comme nous avons dO nous en rendre compte la rigueur des principes

eacuteducationnels a une influence tregraves sensible sur l~ comportement du

toucouleur

i

III S COCL ~s 1DO

Dans cette partie nous avons essay~ de montrer lftroite re1atic~

Entre les diverses activiteacutes socio-eacuteconomiques dans les ethnies et

lES diffEacuterentes faccedilons de lutter

Daucuns seraient tent~s de conclure trop rapidement et cest p0~r

cette raison que nOUS avons penseacute preacuteciser que le pheacutenotype nest

pas geacuteneacuterateur du geacutenotype Et nous sommes convaincus que la morphoshy

logie et les techniques des lutteurs relegravevent de leurs modes de vie

et de leurs croyances agrave une eacutepoque et danE un contexte bien deacutetermishy

neacutes

Est-ce que les lutteurs dio1a ou seacuteregravere travaillant avec leurs bras

dans les champs auraient les mecircmes pr 0 fil s physiques que les lutteurs

utilisant des machines pour lagriculture

- 69 shy

I UJOURDH~1 E-S ut O[l LES FORfilS Ut LU11t~

~otons que notre enqu~te a ecirctE essentiellement faiteen milieu urbain

Les seacuteances de lutte ont tendance agrave perdre leur particulariteacute de r~shy

jouissance pour devenir des pheacutenomegravenes de sportisatio Deux fores

de luttes so~t principale~cnt prat s dans les aregrave~es du 5 al

la lutte traditiunnelle simple et la lutte traditionnelle avec frappe

De nos jours la lutte traditionnelle tend vers une reacuteglementation

et une institutionalisation

Le reacutesultat de nos investigations nous donne le tableau ci-dessous

REPARTITION ETHNIQUE SUR 100 PRATIQUANTS

LUTTE LUTTE RAPPORTETHNIES SANS FRAPPE AVEC FRAPPE J2

Diola 40 16 71 j

Seacuteregravere 26 21 57

Toucouleur 23 10 69

Wolof 1 1 53 17

La demande sociale par ordre deacutecroissant pour la lutte sans frappe

se preacutesente comrre suit

]0_ Ethnie diola avec pregraves de 3 lutteur~ sur 4

2deg_ Ethnie toucouleur

Ethri dun

~ 1 LA LUTTE TR])IIIO~~ELLE AVEC H-PPE

Cette forme deacute lutte a une histoire qui date de lantiquiteacute elle

sa~pelait le Pugilat Au Seacuteneacutegal elle a vu le jour dans le Cayor

bien avant la colonisation Le coup dE pied l~Lrdn~lement la morshy

sure la frappe et le doigtf eacutetaient permis dans le cc=bat ~ ~middot~p0~~e

Dans certains cas la giffle eacutetait beaucoup plus dangereuse que le

poing quand elle eacutetait donneacutee par un speacutecialiste Cette giffle pouvait

agrave elle seule deacutechirer et mecircme parfois amputer la joue de ladverser

Selon les informations la lutte avec frappede nos jours serait une

forme de lutte tregraves eupheacutemiseacutee de celle dantan ougrave une blessure

pouvait souvent ecirctre mortelle

Aujourdhui au niveau du folklore la lutte na plus la mecircme

le spectaculaire a remplaceacute le significatif iLa lutte avec frappe se 1

pratique surtout dans les centres urbains C~aque fois quun grand combat 1

est progra~eacute par le Comiteacute National Proviso~re (CNP) des centaines damashy

teurs sont mobiliseacutes vers le stade lba Mar D~OP qui est aujourdhui le i

lieu approprieacute ougrave se deacuteroulent les grands conkbats de lutte Cest la formE

de lutte qui semble drainer une foule de personnes beaucoup plus importante

que celle de la lutte simple

La lutte avec frappe deacuteriverait dune forme de lutte traditionnelle

pratiqueacutee jadis dans le Cayor au temps des Damels et la frappe serait

le substitut dun certain nombre de pratiques doigteacute jet de produits

etc bullbullbull dont le but eacutetait laveuglement de ladversaire La lutte avec

frappe serait une continuation logique dune carriegravere sportive de la

lutte traditionnelle qui sen sert comme moyen socio-eacuteconomique En

effet la majoriteacute des lutteurs avec frappe ont dabord eacuteteacute initieacutes agrave la

lutte simple Cependant il faut signaler que de nOS jours il arrive

que le jeune lutteur avec frappE- soit directenent formEacute conne speacutecialistE

agrave la frappe sa~s pour autant faire son chemin dabcrd egravea~s la lutte

- ~ shy

Le recircsultat dE ~os interviews ncus rec~trE qGune pcpulatiD~ divcrsishy

fiampe sint~resse agrave ce sport et qUE les intecircr~[s des uns et d~SlautrE~

semble~t divergents naucuns affirment que la lutte traditionnelle

avec frappe serait monteacutee par des personnes dont la vocation est dexshy

ploiter ce pheacuteLomegravene agrave des fins commerciales Dautres disent gJellegrave

jouit de mcyens irport~nts t[l[~isio

tation etc bullbullbull ) pour toucher toutes les couches sociales CEpe~~a~t

nous remarquons que mecircme si certaines personnes reprochent agrave cette

forme de lutte decirctre brutale ces mecircmes personnes nheacutesitent pas agrave

se rendre le dimanche agrave laregravene Bien que critiqueacutee elle semble ecirctre

adopteacutee par une tregraves grande partie de la population seacuteneacutegalaise Cepenshy

dant en tant que techniciens il nous est permis de faire une remarque

Il sagit de

- Limpression nette decirctre devant des professionnels de la frappe

qui sont ~ntratneacutes pour cela Dailleurs les propos que nous avons

recueilli~ nous prouvent que la plupart des champions de lutte avec 1

frappe s~ntratnent dans certains sports de combat tels ~ue la boxe i 1

le karateacute le judo Dans cette nouvelle forme de pratique de la lutte

contrairefuent agrave la lutte traditionnelle le technicien e~t souvent

perdant face au puncheur Ce dernier adopte une lutte agrave distance qui

lui permet de placer agrave bon escient ses coups animeacute du deacutesir de vaincre

Le technicien lui se voit contreacute dans toutes ses entreprises par

un uppercut ou un crochet

On peut dire cependant que nul sport au Seacuteneacutegal que la lutte tradishy

tionnelle avec frappe ne deacutechaicircne autant de passions et autant de

pheacutenomegravenes poussant agrave lexcegraves et deacutereacuteglements quon ne peut que deacuteplorer

Mais comment deacutecrier un spectacle de lutte qui bien quayant perdu la

presque totaliteacute des valeurs traditionnelles veacutehiculeacutees autrefois par

elle sait susciter une participation effective de tous ceux qui sont

preacutesents

CONCLUSION

Dans ce meacutemoire nous sommes efforceacutes ~e faire ressort ir limportance des

ethos et des habitus et leurs effets sur la pratique de la lutte tradishy

tionnelle au Seacuteneacutegal

L~b egravethos repr~sentent dune maniegravere g~neurorale tous les eacuteleacutements speacutec

fiques sux Seacuteneacutegalais par conampeacuteguent un systegraveme de valeurs traditionnellEs

Mais m~me si ces valeurs rev~tent une signification universelle (honneur

digniteacute courage etc bullbullbull ) il nen demeure pas moins que ce nest pas leur

nature qui fait leur speacutecificiteacute mais la hieacuterarchisation et limportance i

quon accorde agrave toutes ces valeurs de ~ar leacuteducation ou la culture

i 1

Aussi les valeurs traditionnelles puient leur speacutecificiteacute dans les

caracteacuteristiques propres aux eacuteleacutements ~e la socio-cu1ture (la technologie

et leacuteconomie la politique et la pareteacute la psychologie et lideacuteologie)

dans la socieacuteteacute seacuteneacutegalaise agrave n momen donneacute de son eacutevolution Cest i

dire la neacuteceesiteacute de ne point faire della valeur une reacutealiteacute statique

Cest dite aussi quagrave tout mome~t le ~eacuteneacutegalais peut eacutevoluer et creacuteer

ou vivre par conseacutequent de nouv~lles fprmes de valeur qui lui sont 1

propres ft (J)

La lutte traditionnelle veacutehiculant deS valeurs socio-cu1ture1les speacutecishy

fiquement seacuteneacutegalaises (croyances valeurs morales norme de comportement

opinion attitude bullbullbull ) devient un eacuteleacutement important qui tregraves certaiaement

nous aidera dans notre effort de valoriser et de peacuterenniser notre patri shy

moine culturel par le biais dactiviteacutes physiques et sportives

Leacutetude des habitus nous permet de prouver quil y a plusieurs faccedilons

de se mouvoir comme danser lutter bullbullbull qui varient avec les diffeacuterentes

ethnies (wolof toucouleur seacuteregravere diolagt leurs convenances et leurs

eacuteducations

(1) Revue Ethiopiques 31 Les valeurs traditionnelles et le problegraveme de leur inteacutegration dans les systegravemes modernes jtducatio-1 2 6r--70

nautre part cette eacutetude permet aussi de nous rendrE compte de la

correacutelatipn eacutetroite existant entre la pratique de la lutte traditionnelle

et le sta~ut socio-eacuteconomique du pratiquant

Nos inves~igations nous indiquent que la lutte recrute essentiellement

au niveau des classes socio-eacuteconomiques situeacutees en bas de leacutechelle

donc posseacutedant le statut social le moins favoriseacute La lutte avec frappe

-et un certain secteur commercialiseacute de la lutte simple- y trouve sa

leacutegitimiteacute Comme le dit BOURDIEU nA habitus diffeacuterents styles de Vle

divergents et il oppse les pratiques aristocpatiques correspondants agrave

des activiteacutes qui favorisent les situations eupheacutemiseacutees ougrave la stylisashy

tion est importante aux pratiques populaires qui font appel agrave des

qualiteacutes qpposeacutees bllutes rugueuses Certaines interviews nous

montrent que plus lindividu occupe une place eacuteleveacutee dans leacutechelle

sQciale e~ 1

moin$ il sinteacuteresse agrave la lutte

Les reacutesultats recueillis dans nos diverses investig~tions confirment 1 1

1er propos qui disent que nous assistons aujourdhu~ agrave une involution

de la lutte traditionnelle parce que perdant toutes ses speacutecificiteacutes au 1

pryfit d~ne autre forme de lutte que lon continue agrave appeler nostalshy

giqlementIIlutte traditionnelle

Ceci pourrait peut-~tre trouver une explication dan la citation suivante

La liberteacute de creacuteer dinnover de vivre Pleineinenf decirctre soi et de

preacuteserver son authenticiteacute la digniteacute et lhonneu1demeurent des illushy

sions dans la misegravere eacuteconomique~ Nos ancecirctres creacuteai~nt des valeurs de cishyl

vilisation parce quils eacutetaient libres parce qu1i~s ignoraient toute

deacutependance eacuteconomique ils cultivaient en eux et cbez leurs enfants le 1

Jorn et la Kersa et preacutefeacuteraient la mort agrave la hoJte lI (1)

Or le Seacuteneacutegal comme la plupart des pays africainsi est un pays sousshy

deacuteveloppeacute t cependant face agrave cette volonteacute du gou~ernement seacuteneacutegalais

de faire inteacutegrer dans leacuteducation des valeurs traditionnelles nous

pouvons espeacuterer utiliser comme moyen deacuteducation la lutteacute traditionnelle

qui reste quand mecircme vecteur jethos et dhabit~s

- 54 shy

Mecircme si lon a noteacute un appauvrissement notoire sur les plans socioshy

culturel et moral la lutte traditionnelle recegravele une gamme importante

et varieacutee de techniques permettant incontestablement une ouverture vers

les luttes olympiques libre et g~eacuteco-romaine

La lecture de ce meacutemoire permettra agrave lentratneur et au professeur de

lutte en fonction du lieu ougrave ils seront affecteacutes dans le territoire

seacuteneacutegalaisdavoir une information sur les techniques contrOles et

formes de corps propres agrave chaque groupe ethnique et de les mettre en

relation avec leurs croyances et leurs mentaliteacutes

Nous avons essayeacute de montrer que la pratique de la lutte traditionnelle

doit tre axeacutee sur une ethnomotriciteacute au Seacuteneacutegal qui permette une inishy

tiation facile Cette pratique de la lutte traditionnelle seacuteneacutegalaise

devra dailleurs essayer de ~eacutepondre aux aspirations du Seacuteneacutegalaisl

moderne en souvrant aux ap~orts positifs des autres civilisations

ex~eacuterieures nous voulons Jvidemment parler du judo et des luttes oiymshyJ

piques 1

1 j Nous navons pas la preacutetentfon dans le cadre de ce meacutemoire demattrise

de reacutepondre agrave toutes les qutstions se rattachant agrave leacutetude de ~a lutte

traditionnelle souslangle~socio-culturel car non seulement il nous

manque lexpeacuterience et la c peacutetence en la mati~re mais aussil l le temps

et les moyens dont nous dis osions ne nous permettaient pas d~puiser le 1sujet i

1 1 1 t 1

l

- )5 shy

BIBLIOGRAPHIE

BIBLIOGRAPHIE

1- CLAPAREDE Psychologie de leacuteducation et peacutedagogie expeacuterimentale

Edition Delachaux et Niestleacute 244 pages

2- POCIELLC Christian Sport et Socieacuteteacute approche socio-culturelle

des pratiques Paris Vigot 1981 377 pages

3- PIERON Henri Vocabulaire de la psychologie

PUF Deuxiegraveme eacutedition 1957 469 pages

4- Revue socialiste de culture neacutegro-africaine ETHIOPIQUES

Les valeurs traditionnelles et le problegraveme de leur inteacutegration

dans les systegravemes modernes deacuteducation

GIA 21 Juillet 1982 213 pages

5- N2 Revue du Centre dEtudedes Civilisations DEM ak TEY

NIS IVegrave Trimestre 1982 96 pages

6- Document lNSEP Colloque sur la lutte aeacuteregravere

DAKAR MAI-JUIN 1980

t 1

~- Travaux du IVegrave Congregraves National ~es Sports agrave DAKAR les 2223041981

Bulletin n2 91 du CIO du 15 Aont 1965

l____________________________

8- Meacutemoire de Mattrise BADJI Abdou La lutte traditionnelle Joola

Etude et perspective

9- Meacutemoire Inspectorat JS DJITTE Mandy Les pratiques corporelles

traditionnelles au Seacuteneacutegal pour leur exploitation et leur

utilisation en peacutedagogie Marly le Roi 1980

REPUBLIQUE DU SENEGAL

--------------- INSTITUT NATIONAL SUPERIEUR

MINISTERE DE LA JEUNESSE DE LrsquoEDUCATION POPULAIRE

ET DES SPORTS ET DU SPORT

-------------

(INSEPS)

MEMOIRE DE MAIcircTRISE

Es-SCIENCES ET TECHNIQUES

DE LrsquoACTIVITE PHYSIQUE ET DU SPORT

LA LUTTE TRADITIONNELLE

son importance sa signification en fonction des ethos et des habitus ethniques au Seacuteneacutegal

Preacutesenteacute par

Monsieur Joseph Victor FAYE

Sous la direction de

M Jean Marc ROCHEZ

Professeur agrave lrsquoINSEPS

Anneacutee de soutenance 1984

WotrQ CCYVcftOl de llnteacute~t JiU W sectU~ e6t ~~pu_~ deacuteclarations de 2rsonnaliceacutes du monde sportif lLrlsi ce Ii1essage agrave lir shy

tention des dirig~ants africains

-ous ~ T beaucoup agrave apprendre de eus ous qui sans

cesse davantage oublions que leacutequilibre de lhomme veuc

quiL sinscrive harmonieusement t aussi bien dans la nature

que dans la civilisation deacutecouvrons que les Atricains nont

pas eacuteteacute initieacutes aux principes du sport et ses vertus au

contraire de maints pays europeacuteens par exemple aupregraves desquels

tout ou presque est agrave retaire agrave chaque geacuten~ration Lexercie

physique tait partie de la vie atricaine il est moyen de commushy

nication et de locomotion- (1)

Or la lutte constitue par excellence ce Veacutecu moteur que nous t1ansshy

mettons de geacuteneacuteration en geacuterieacuteration et ce patrimoine doit survivre agrave

toutes les agravegressions or iginaires dautres modes de civilisation dont

certains effets ne manquent pas de se faire sentir sur le devenir de la

lutte traditionnelle

A la preacuteoccupation de preacuteserver notre authenticiteacute sajoute celle den

assurer la deacutefense

Aussi au-delagrave de nOs analyses destineacutees agrave eacutetablir les rapports entre

modes de vie et styles de lutte nous nous poserons le problegraveme dune

codification objective de la lutte traditionnelle constituant la mise

en communauteacute des apports pertinents de chaque style reacutegional Ce style

national apparatt indispensable en raison de lavegravenement prochain dune

socieacuteteacute seacuteneacutegalaise nouvelle qui ne peut se b~tir que par un partiel

renoncement au passeacute et son contenu (2)

Enfin nous voulons faire partager notre ~nthousiasme gagner agrave notre

cause eacuteducateurs entratneurs de lutte les amener agrave reacutefleacutechir sur leur

pratique et peut-~tre les aider agrave tnseigner avec plus de coheacuterence cette

discipline pour le plus grand bien de notre jeunesse

(1) Bulletin n 91 du CIO du 15 AoOt 1965 - Page 15

(2) Cette preacuteoccupation semble ecirctre partageacutee par de nombreux pays afri shycains ougrave la lutte est de tradition on y pressent quagrave de nouveaux types de socieacuteteacute doit correspondre de nouveaux hlbitus En conseacutequence la lutte doit eacutevoluer Darlllegrave~1e1t SO3 pine d amptre in~niaterpnt l~l~dJl-J~ (Sw~JL~c~ ~ - 13 P~v~~L)ti-~l j Ld L~t~ cr~lJit0nn~l12

otgalisecirce pH la cmFJS - iJAKAR - lai ~~)

-5shy

II QUELQUES NOTIONS DE SOCIOLOGIE POUR UBE MEILLEUR~

COMPREHENSION DE LA LUTTE TRADITIONNELLE

Essayons dexpliquer simplement les termes ETROS et HABITUS et

ETHNOMOTRICITE pour la clarteacute de notre deacutemarche

ETROS dans sa deacutefinition premiegravere veut dire en parlant dun individu

lice qui distingue cet individu des autres (1)

En eacutetudiant cette signification dans le cadre de la sociologie on

entendra par eacutethos ethnique (eacuteducation croyance rite etc bullbullbull ) lenshy

semble des caracteacuteristiques dune communauteacute sociale

HABITUS QCe sont les habitudes et attitudes socialement acquises qui

sous-tendent et preacute-deacuteterminent partiellement les faccedilons de penser de

sentir dagir de tout individu et traduisent notamment le rapport quil

entretient avec son corps (2)

Dans le cadre de ce meacutemoire nous allons essayer de faire une approche

de la lutte traditionnelle sous deux angles dabord en leacutetudiant comme

habitus en tant que technique du corps et ensuite COmme habitus de classe

fonction du style de vie des individus et nous nous proposons dans cette~gt

partie de deacutefinir ces deux notions dhabitus

Marcel MAUSS dans une viseacutee anthropologique emploie ce terme dune maniegravere

tregraves large pour rendre compte des faccedilons dont les hommes socieacuteteacute par

socieacuteteacute dune faccedilon traditionnelle savent se servir de leur corps Ces

habitudes varient avec les individus et leur imitations elles varient surshy

tout avec les socieacuteteacutes les eacuteducations les convenances et les modes les

prestiges

Analysant de multiples techniques du corpsll la marche la course la nage

le beacutechage le saut la danse et toutes les techniques corporelles en geacuteneacuteshy

ral (techniques alimentaires sexuelles de soins de repos bullbullbull ) MAUSS

insiste sur le fait que celles-ci ne sont pas naturelles mais acquises

(1) PIERON Henri Vocabulaire de la psychologie 2egraveme eacutedition revue et augmenteacutee PUF 1957 page Ill

(2) POCIELLO Christian Sport et Socieacuteteacute Approche sodo-culturelledeacutell pratiques Paris Vigot 1981 pages 78-79

La notion dethnomotriciteacute part dune constatation

- la grande diversiteacute des caracteacuteristiques preacutesenteacutees par les pratiques

corporelles en fonction de leacutepoque du lieu des groupes elle teacutemoigne

de linfluence despotique des normeS et des valeurs sociales sur la mise

en jeu du corps

Dougrave sa deacutefinition

Le champ et la nature des pratiques motrices envisageacutees sous langle de

leur rapport agrave la culture et au milieu social au sein desquelles elles

se sont deacuteveloppeacutees (1)

Conseacutequence le contrat ludosportif est aussi un contrat social il

reflegravete la faccedilon dont une socieacuteteacute aime agrave se penser agrave se repreacutesenter bullbullbull

et accepte de se donner en spectacle

Lethnomotriciteacute donne naiss~nce agrave deux sortes danalyses

- lanalyse synchronique -ou eacutetude spacialeshy

de type interculturel agrave hagravebitus diffeacuterents styles de vie divergents

de type intraculturel apparition dhabitus de classe et de pratiques

distinctives

- lanalyse diachronique -ou eacutetude temporelle- ou eacutevolution sur une longue

peacuteriode des pratiques motrices pour une cateacutegorisation dindividus

Cette hypothegravese de lenracinement social de la motriciteacute est une atteacutenuashy

tion des explications psychologisantes consideacuterant lindividu indeacutepenshy

damment de son environnement et sexprimant en termes de goQts motivations

() PARLEBAS pierre Contribution agrave un lexique commenteacute en Science 4e laction motrice Paris Publication INSEP 981 322 pages

AicircAgraveLYSE CES iJFrADES iDe I LES EN flA TIERE

DE PRATIQUE DES SPORTS DE Oicirc-itlAT

Objet Veacuterificat~on de la theacuteorie de lhab~tus

Hypothegravese En raison de son histoire de ses speacutecificiteacutes des valeurs

symboliques dont on linvestit une pratique sportive est en faveur aushy

pris dun groupe de pratiquants en fonction dattentes de niveaux dexishy

gence de fierteacute dappartenance qui sont socialement et culturellement

deacutetermineacutes

Il sagit en quelque sorte danalyser les goOts et les motivations des

sportifs en rapport avec leur condition sociale et le sentiment attachi

agrave ce statut

Remarque Cette analyse sera meneacutee en fonction des classes sociales et

non agrave partir de cla~se dage ou encore de classe socio-politique comme il

est dusage pour toute reacuteflexion sur notre socieacuteteacute trJditionnelle

Cette particulariti provient du fait que nos enquites ont iteacute effectueacutees

en milieu urbain -en raison des problimes de temps et de moyensagrave Dakar

et agrave Thiis pour itre plus preacutecis et il est deacutesormais hasardeux de preacuteshy

tendre y retrouver les structures traditionnelles c~e on pourrait le

faire en milieu rural

Par classe sociale et nous inspirant de la notion marxiste -deacutefinition

du rapport aux moyens de production- nous entendons la distance_dun

groupe social aux postes de deacutecision et de responsabiliteacute Plus cette

distance est grande moins le statut eacuteconomique est eacuteleveacute

Nous distinguons quatre (4) classes sociales car au niveau dune telle

analyse nous ne pouvons preacutetendre agrave la finesse de discrimination indiciaire

de la Fonction publique par exemple

r~partieuml

come il egravest rsectc eacute dans 1 ablea~ ci-dessous

CATEGORISATIONGROUPE EXEMPLE DE FONCTIONADMISE

Administrateur civil - Ingeacutenieur - Meacutedec ilCadre supeacuterieur1 Officier - Professeur

Instituteur - Mattre dEPS shy2 Cadre moyen Secreacutetaire - Technicien

Chauffeur - Militaire Policier3 Cadre subalterne shyPatron - Artisan

Artisan - Cultivateur - Ouvrier temporail4 Non cadre Pcheur

Conditions denqute Six (6) sports de ~ombat sont officiellement

pratiqueacutes Ils possegravedent une structure para-eacutetatique de gestion de contr

ce sont

3 sports de preacutehension - JUDO - LUTTE LIBRE TRADITIONNELLE - LUTTE OLYMPIQUE

2 sports de percussion - BOXE ANGLAISE - KARATE

sport mixte - LUTTE TRADITIONNELLE AVEC FRAPPE

Pour chacun de ces sports 50 pratiquants ont eacuteteacute interrogeacutes sur leur

statut socio-eacuteconomique avec la discreacutetion et la prudence quexige ce

genre de question

Cette enqute sest deacuterouleacutee dans les conditions suivantes

JUDO

Lieu DAKAR - Clubs USTD - DUC - FJAKS - DOJO HOMAR DIENG

Date du 020J84 au 28-05-84

Circonstances Les principaux inteacuteresseacutes eacutetant la plupart sur le tatami

pour lentratnement il fallait souvent attendre la fin

de lentratnement uumlur pouvoir avoir une ou deux entreshy

vues de sorte qu~ le~qu~te a pris beaucoup plus de

On constate que le no~bre de p=a~iq~~-ts ~st ~eauccup plus importd~t dans

les groupes 2 et 3 - Il es ~oindre dans les grQupes 1 et 4

LUTTE LIBRE TRADITION~~LLE

Lieu Dakar - Thiegraves bull Aregravenes Landing DIAME - Ecurie Seacuteregravere (pregraves de

lautoroute) Lutteur diola - toucouleur - Entratneurs - encadreurs

de diverses eacutecuries Stade Iba Mar DIOP - Aregravenes de Pikine et de

Thiegraves - CNPES - INSEPS

Date du 040284 au 020684

Circonstances Elles sont parallegraveles car les pratiquants semblent beaushy

coup plus disponibles que dans les autres disciplines Notre travail

parfoi~ peacutenible en raison de la diversiteacute des ethnies repreacutesenteacutees

et la traduction n1est pas toujours aiseacutee

Observations

Nous constatons que la lutte libre traditionnelle est plus pratiqueacutee

par les groupes 4 et 3 que par les groupes 1 et 2

LUTTE OLYMPIQUE

Lieu CNPES - INSEPS - Iba Mar DIOP (Equipe Nationale) - DUC

Date du 040284 au 020684

Circonstances Les conditions sont meilleures dans la mesure ougrave le

hasard a fait que pendant cette peacuteriode leacutequipe nationale soit

en regroupement et ceci nous a permis d-interroger un nombre

important de lutteurs de grand renom

Observations

En raison du petit nombre de pratiquants r~guliers lenquecircte ne porle

que sur 2S personnes Arbitrairement pour les besoins de comparaison

les raisons de comparaison les reacutesultats cbtenus sont multipli~s par 2 bull

BOXE A~~GLISE

Lieu Iba l-ar DIOP - ASFA - ASFPO - SC -ASC JJAF - ASC lA

ugraveate du 201283 au 020684

~E~~~~E~~~~ Ici nous ferons la mecircme remarque que pour le Judo

Notons que toute lenquecircte a eacuteteacute faite agrave Dakar

Observation

La boxe recrute ses pratiquants surtout dans les classes 3 et 4 et

on note que le nombre de pratiquants nest pas aussi important comme

dans les autres disciplines

KARATE

Lieu YUKOKAI KARATE CLUB - SAMOURAI KARATE CLUB - Iba Mar DIOP

CLUB DE GIBRALTAR - ASFA - ASFA - ASFPO - GM Thiegraves

Date du 201283 au 020684

SE~~~~E~~~ Notre enquecircte se passait dans une ambiance sympathique

de camaraderie Geacuteneacuteralement apregraves la seacuteance dentratnement

Observation

Nous constatons que la distribution des pratiquants bien que favorisant

les groupes 2 et 3 semble plus homogegravene que dans les autres disciplines

~ LUTTE TRADITIONNELLE AVEC FRAPPE

Lieu Ecurie de Fass - Ecurie des Seacuteregraveres - Ecurie Mermoz

- Ecurie des Casamanccedilais

Date du 04-02-84 au 020684

Ccedilj~9~~~aEccedil~ Il est agrave signaler que cest la discipline ougrave l~ contact

avec les pratiquants a eacuteteacute plus difficile les speacutecialistes qui~ la plushy

part du temps semblent meacutefiants quand on commeucircce agrave leur poser des quesshy

tions preacutecises sur leur revenu mensuel

2 -liCc 055cllt le lle11ent SegraveS praLicltants dans le ba

de lecirc~helle ces~-agrave-dire dans le ~ruumlupe 4

~ecircsultats

Les reacutesultats enregistreacutes sont reacutecapituleacutes en nombre et en pourcentage

-agrave lapproximation pregraves- dans le tableau ci-dessous

LUTTE 1 LUTTELUTTEGROUPES BOXE KARATE JUDO AVEC OLYMshySIMPLE i i FRAPPE PIQUE

1 11 1 1 1

1 11 1 1 1 11 0 1 0 8 1 16 9 1 18 4 1 8 0 1 0 7 1 14

1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1

1 11 1 1 1 1 12 3 1

1 6 21 1

1 42 22 1 44 6 1 12 4 1 8 17 1 341 1

1 1 1 1 1 1 1

1 1

1 1 1 1 1

3 22 1 44 13 1 26 15 1 30 16 1 32 5 1

1 10 10 1 20

1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1

1 1 1 11 1 1

14 25 1 50 8 1 16 4 1 8 24 48 41 1 1 82 16 1 321 1 1 1 bull 1 1 1 1 1

1 1 1 1 1 11 1 1 1 TOTAUX 50 1100 50 1100 50 100 50 pOO 50 pOO 50 1100

1 1 1 1 1 1 1 1 1 1

Afin dG failiter la lect~~e je c~ table3~ t ~2 re~dre sig~ific~tives

s info~~ations quil contient ces difteacutere ts reacutesultats nu~eacuteriques

peuvent ecirctre formuleacutes selon des repreacutesentations graphiques

1 Clientegravele des Sports de combat

FIGURE l

Il apparatt nettement que les sports de combat recrutent essentiellement

dans le bas de la hieacuterarchie sociale ce sont des sports populaires don

propices agrave une massification de la pratique

Toutefois on peut nourrir quelques inquieacutetudes pour que soient reacuteunies

les conditions de leur deacuteveloppement en raison du faible statut quils

possegravedent au regard defllintelligentsia seacuteneacutegalaise

2 Hieacuterarchisation des gants sportifs en matiegravere de sport

de combat au sein des cadres supeacuterieurs -Groupe 1shy

FIGURE I[

La f-appe est honni aucl1 pratiqua1t de boxe Olt de lutte avec frappe

agraveUloins quelle fasse lobjet dune stylisation cxtrecircme COTIme cest le

cas dans le karateacute Ce groupe manifeste un seuil extrecircmement bas de toleacuteshy

rance agrave la violence ce qui explique les discours infamants degraves que la

lutte avec frappe est secoueacutee par quelques excegraves Leacuteopold Seacutedar SENGHOR 1

navait-il paS deacuteclareacute que cette forme de lutte eacutetait une atteinte permashy

nente agrave limage de marque du Seacuteneacutegal

Bien quil soit difficile de proposer une explication unique curiositeacute

esprit douvetture permeacuteabiliteacute aux modes bullbullbull les repreacutesentants de ce

groupe adoptet facilement des sports importeacutes 85 des goOts pour le 1

Judo le Karateacute et la Lutte Olympique qui pourtant est bien peu pratishy1

queacutee au Seacuteneacutegfll j

Faut-il en deacuted~~re une attitude geacuteneacuterale favoris~agrave tout ce qui provient

de leacutetranger

Nous nous refu~ons preacutesentement agrave ce genre dexplicationJ ne ser~it-ce que

par ses conseacuteqJences sur notre sport national dont les perspectives appashyj

raicirctraient bie sombres

Admettons que la pratique de ces disciplines sont en rapport avec des

deacuteterminants eacuteconomiques et que ceux-lagrave sont un frein P4ur la popularisashy

tion de ces pratiques A lappui de cette interpreacutetation~ il suffit de

composer le champ social du Judo et celui de la Lutte libre traditionnelle

--== G J

32

LUTTE SIHPLEJUDO FIGURE JI(

Le groupe 2 qui manifeste un inteacuterecirct reacuteel pour les sports de combat -pregraves

de 25 iuml de la population i~tervieweacutee- et qui p6ssegravede les ~oyens de choisir

ses pratiques opte massivement pour le judo CDnme lexprirre le rapport de

agrave 4

- shy

A la lumiegravere de cette succi~te analyse des demandes sociales en matiegravere

de pratique des sports de combat nous pensons recouper la theacuteorie de

lhabitus selon BOURDIEU qui veut que des hatitus diffeacuterents impliquent

des styles de vie divergents si lon entend par style de vie un systegraveme

de pratiques classeacutees et classantes(I)

La mutation de la socieacuteteacute seacuteneacutegalaise celle du milieu urbain se caracteacuteshy

rise par lapparition despaces sociaux qui sont en rapport avec des

espaces culturels Il en reacutesulte des pratiques distinctives comme

lexprime le pogam

En effet si les cateacutegories sociales existent et si chaccedilune delle exprime

une marque sur les conduites des sujets il est naturel ~e penser que des

pratiques1 sportives servent de modegraveles distinctifs et detrsymbOles dorgashy

nisation ieacuterarChique dans la socieacuteteacute exprimant les dif eacuterentes clas8eamp(2)

Ces const4tations ont dimportantes implications sur leeacuteveloppement et

lavenir des pratiques Si dans notre IIIegrave partie nous 1tenterons de 1

mettre en rapport les particulariteacutes ethniques avec les pluraliteacutes de

style de lutte nous parlons presque au passeacute Une IVegraveme partie devra

e~visager la situation actuelle de la lutte afin de pouvoir eacutemettre

qu~lques hypothegraveses sur son devenir

Cest auss~ une ambition de ce meacutemoire daider ceux qui sinteacuteressent reacuteellE

ment agrave la lutte de savoir entendre au travers des deacuteclarations normatives

et apologeacutetiques Nous ne doutons nullement de la conviction ou de la bonne

foi de leurs auteurs mais parmi les possibles il yale probable et seul

ceiui-lagrave meacuterite decirctre retenu car plus proche agravee la recirc~liteacute

(I) BOURDIEU pierre La distinction Les Editions de minuit 1979 page 191

(2) Le POgdlt Deacuterrocratisation du sport ythe (u reacutealiteacute

- 1f shy

j j l IlL DL l H L S DE

3 1 LA COll1ŒNAUTE DIOLA

311 Preacutesentation

Les diolas vivent dans la reacutegion de Casamance et repreacutesertent 9 de la

population totale du Seacuteneacutegal Ce sont geacuteneacuteralement des cultivateurs de

riz et des artisans Cependant on peut les trouver aujourdhui disperseacutes

dans toutes les capitales reacutegionales affecteacutes agrave divers meacutetiers militaire

gendarme fonctionnaires de lEtat ouvrier etc bullbullbull

Dans les villes la plus grande partie des diolas vit dans les qoartiers

populaires Par exemple agrave Dakar on les trouvera agrave Colobane agrave Fass agrave

Grand Yoff ou agrave Khar Yalla La plupart du temps cesDnt des artisans et des

ouvriers du secteur priveacute qui vont essayer dune maniegravere ou dune autre de

vivoter en bricolant deci de lagrave Mais mecircme loin de la Casamance cette

ethnie conserve une grande partie de ses caracteacuteristiques et plus partishy

culiegraverement la solidariteacute ethnique qui veut que les Diolas forment toujours

un bloc bien soudeacute quand le besoin se ifait sentir et cecisans discrimishy

nation de rang social Ainsi tous lesdiolas de Dakar se mobilisent pour

supporter le Casa Sport chaque fois qbe cette eacutequipe de foot-baIl vient

jouer agrave Dakar Cette mobilisation se fera aussi dans le cas ougrave leur chamshy

pion de lutte Mamadou SAKHO livre uncombatimportant

Lethnie diola est diviseacutee en trois sous-groupes

- les dio1as Fogny de Bignona

- les diolas Kassa autour dOussouye

- les diolas Blouf dans la preacutefecture de Tendouck

Mais en lutte on a pris lhabitude ~e les grouper en deux zones dune

part le Kassa qui preacutesente des particulariteacutes et dautre part lE Fogny

et le Blouf

- J 7 shy

3 ) 2 ~U(lquE5 aspects d~ l~ducatio~ ~t des rit~s en milieu diol~

L eacuteducat ion veacuteritable de lenfant diola est sociale et ne se corlprend

que dans la relation sociale elle deacutepasse de loin le strict cadre

famililal Elle commence au stade de lapprentissage du langage

Lenfant apprendra agrave reconnattre le langage du regard de ses parents

Il doit connaicirctre et faire la diffeacuterence entre un regard approbateur

et un regard qui blacircme De mecircme il doit apprendre agrave faire les gestes

de la tecircte qui expriment lapprobation En aucun cas lenfant nest

laisseacute agrave lui-mecircme Aura-t-il deacutesobeacuteit par complaisance naura-t-il pas

eacutecouteacute ou fait attention aux recommandations reacutepeacuteteacutees plusieurs fois

sans reacutesultat il fera lobjet dune punition corporelle avec la chicotte

Elle a pour effet de faire mal au corps de lenfant afin datteindre son

acircme sa sensibiliteacute et instaurer en lui une sorte de 1iaision de la

meacutemoire du mauvais comportement agrave la douleur quen voulant eacuteviter la

douleur il finit par eacuteviter le mauvais comportement en tout cas den

prendre conscience degraves cet acircge Cest une meacutethode deacuteducation mora1e (])

i 3121 Leacuteduca~ion maternelle

1

Notre eacutetude nous a montreacute que mecircme de nos jours leacuteducation diola

conserve encore ses caracteacuteristiques traditionnelles au niveau des rites

des moeurs des habitudes des principes et des normes

Leacuteducation de lenfant reste lune des plus rigoureuses Elle commence

degraves le plus bas acircge car pour le dio1a on ne peut redresser une personne

adulte donc autant leacuteduquer tregraves jeune Jusquagrave lacircge de trois ans

lenfant sera encadreacute par sa megravere qui bien queacutetant tregraves douce fait

preuve daucune indulgence Elle lui apprend les interdits de la communaushy

teacute respecter son prochain ne pas insulter ni profeacuterer de gros mots surshy

tout en preacutesence de grandes personnes ni faire violence agrave autrui

Plus terd v~rs cinq ou SlX ans le jeune garccedilon est initi~ a~x travaux

ces cna~ps des rizi~r~s cles pal~eraiEs ce Gui ne manquer6 pa5

davoir ces rEpcrcussic~s sur SOn deurovelopperncnt morpholoique

- 1( shy

3122 La circoncisio~

cest un rite obligatoire Il a pour but dintroduire le garccedilon dans

la communauteacute des hommes en tant que responsable Cest un rite qui

laisse une trace indeacuteleacutebile dans la vie du jeune diola Les principes

de la vie en socieacuteteacute y sont enseigneacutes agrave fond Le rite de la circoncishy

sion preacuteseuro~teuro uneuro forme p~lticul do~t s~uls les diolas connaissent

lorganisation internecar la circoncision est agrave la fois une eacutepreuve

physique intellectuelle et morale

Cette circoncision en milieu diola se passe dans le bois sacreacute En ce

lieu les Njoulis (circoncis) sont encadreacutes par des mattres les

Kintangs et au-dessus de ces mattres regravegnent un ecirctre doteacute de faculteacutes

occultes il sagit du Kankourang Le kankourang a cette capaciteacute de

disparattre de voler quand bon lui semble Il incarne la justice et la

violence et assure la protection de ses disciples contre les mauvais

esprits Ainsi le kankourang incite agrave lobeacuteissance et agrave lordre dans

cette socieacuteteacute Dans la tradition diola le kankourang repreacutesente un

pouvoir mystique capable de choses extraordinaires dont la socieacuteteacute

moderne avide de raisonnement ne pourra trouver une explication Au

cours de la circoncision les initieacutes subissent un certain nombre

deacutepreuves physiques que le diola appelle samasso Il doit se soushy

mettre agrave lensemble de ces eacutepreuves consideacutereacutees comme indispensables

agrave sa formation pour lui permettre de juger ses capaciteacutes physiques

mais eacutegalement deacutepouver sa valeur intellectuelle morale et sociale

Il pourra aussi se mesurer aux autres dans le domaine de la consideacuteration

et du respect En quittant le bois sacreacute le jeune doit posseacuteder une

grande partie des qualiteacutes humaines et socisles quil faut agrave un howmE

pour vivre en harmonie avec la socieacuteteacute traditionnelle Il serait bien

sOr possible dans le cadre dune eacutetude plus approfondie de parler de

bien dautres rites et pratiques traditionnelles

Notons cependant que le rite de la circoncision appartient aux anc~t~es

et que dans les villages reacutecents ougrave les structures ont changeacute on ne

Jeux jours avant la re~trfE cans le bois sacr[ les adolescents so~r

-

- Jo shy

por lE diola 11-071- doit rester en harrc1iE avec lE

tal lanimal lui-mecircme les ancecirctres les geacutenies Le rit~ du rasdge co~sist~

acirc ~loigner la ~alchance de lenfant Si l~ ritE nest pas respecteuro eumlr es

parents du futur initieacute celui-ci connaicirctra la malchance pendant toute sa viE

Ce rite a aussi pour faculteacute deacuteloigner le mal et de preacuteserver lenfant des

mauvais esprits

Le rite de leau sacreacutee se fait un jour avant lentreacutee dans le bois sacrEacute

Les femmes doivent se garder davoir le moindre contact avec leau beacutenite

pour se preacuteserver des conseacutequences facirccheuses qui pourraient en reacutesulter La

tradition veut quune seule goutte soit capable de deacuteclencher lavortement

l chez la femme enceinte de rendre steacuterile la jeune fille ou de provoquer des

menstrues perpeacutetuelles chez la femme ayant atteint la meacutenopause bull

bull Le rite de la forge protegravege le futur initieacute pendant son seacutejour dans le bois

sacreacute Mais cette protection seacutetend bien au-delagrave et de rite veut que toute

personne qui y faillit soit condamneacutee agrave devenir leacutepreuse

Pendant plusieurs semaines les jeunes initieacutes subissent une formation capishy

tale qui fera deux des hommes complets

313 Croyances et pratiques mystiques

Si nombreux sont les diolas convertis au Christianisme ou agrave lIslam leur

foi napparatt jamais incompatible avec leurs croyances animistes Lhisshy

toire des rois et reines diolas nous reacutevegravele quils eacutetaient les ffprecirctres fl de

ces cultes feacutetichistes destineacutes agrave maintenir la fertiliteacute et agrave provoquer

la chute des pluies De nos jours existent encore des socieacuteteacutes secregravetes agrave

base religieuse ou magique la plus redouteacutee eacutetant lassociation neacutecrophashy

gique Kousanga des Floup (1)

Deux fafu expliquent la coexistence du dogme et de la croyance

le contact tardif de la socieacuteteacute diola avec les civilisations eacutetrangegraveres

et leacutevangeacutelisation ou lislamisation quelles veacutehiculaient Il e~ reacutes~lt~

une importance des traditions leur reacutesstance agrave une remise en questic~ ce qui confegrave~e agrave la socieacuteteacute diola un caractegravere conservateur

r~c~~i]EE 2~fr~~ ~c - t

ct ~Cc egraveE~ Cimiddotilisatilaquo~ eacute

la neacutecessiteacute de lanimisme consiegraveeuroreacute comme base de toutes legrave~

religi0~s uumlegrave serait-ce que corr~e tentative ciexpliquer li1explishy

cable en se repreacutesentant en particulier comme un ensemble de puisshy

sances mystiques Ainsi pour lanimiste agir sur la nature cest

intervenir psychologiquement aupregraves de ceLX qui la gouvernent

314 Imeact des moeurs sur la prat~que de la lutte diola

Lorigine de la populariteacute de la lutte eugrave milieu diola est par trop

impreacutecise aussi nous nous limiterons agrave en donner la signification

actuelle La lutte apparatt dabord comme un moyen privileacutegieacute deacutedushy

cation

- sur le plan corporel afin de deacutevelopper la force lagiliteacute la

rapiditeacute et la souplesse

- sur le plan moral afin de deacutevelopper les vertus caracteacuterielles

courage tenaciteacute digniteacute bullbullbull neacuteces~aires agrave laction

Mais la lutte apparatt aussi comme un mpyen dinteacutegration sociale car

le jeune diola qui se refuserait agrave se sbumettre agrave leacutepreuve de la lutte

encourrait un isolement alors que celui qui excelle en bravoure devient

rapidement populaire Dougrave ces affrontements agrave linteacuterieur dune classe

dige qui tout en restant un moyen de reacutejouissance servent eacutegalement

agrave eacutetablir des comparaisons

Nos observations et nos interviews confirment le caractire tris physique

de la lutte diola immeacutediatement les lutteurs sont au corps agrave corps et

les techniques consistant agrave aracher ladversaire priment sur toutes les

autres Exprimer sa force est une preacuteoccupation constante il suffit pour

sen persuader de voir le groupe de lutteurs peacuteneacutetrer dans laregravene au son

du Born bol on que rythme le claquement de mains des femmes

C~tte da~se est une deacutebauche dAnegie Ougrave les lutteurs pieacutetin~Ert avec

force L sol

i shy

3141 EorphologUgrave et valeur physiques du lut teur diola

Le lutteur diola possegraveagrave~ un deacuteveloppement caracteacuteristique du trai~

supeacuterieur et de la musculature doso-lombaire Ceci est tregraves certaineshy

ment lieacute au maniement de la houe de la daba et surtout dukadiando

dont lusage permanent a modeleacute la morphologie du lutteur diola

La valeur physique de ce lutteur semble reposer sur sa force sa

reacutesistance mais aussi sa rapiditeacute

3142 Reacutepertoire technique

Dans le Blouf la forme du corps la plus utiliseacutee est le deacutecalage souvent

combineacute avec un crochet de jambe (gal gal) ceci semble ecirctre lieacute agrave

lutilisation quotidienne dans les riziegraveres du kadiando Le paysan du

Blouf sera ameneacute agrave faire un mouvement de torsion pour deacutecalerlinstrushy

ment enprenant appui sur son genou et ceci continuellEment pendant toute

la jourpeacutee Chez les diolas du Fogny le kadiando eacutefait surtout utiliseacute

par les femmes qui soccupaient autrefois exclusivement de la riziculture

et ce n~est quaujourdhui que les hommes cultivent le riz 1

La principale culture dans le Fogpy est celle du mil on y cultive aussi

de larachide De ce fait loutil le plus utiliseacute est le donkoton qui

est un instrument tregraves petit avec un manche court et dont le maniement

expliquerait peut-ecirctre leacutetonnante musculature du train supeacuterieur et surshy

tout de la zone dorso-lombaire du 4i6la fogny qui excelle dans les techshy

niques en force genre arracheacute avec les bras sur contrOle de la ceinture

de ladversaire Lulisation du donkoton semble eacutegalement expliquer la

garde tregraves basse du lutteur fogny

Dans le kassa on aurait pu trouver la mecircme forme de lutte car la morphoshy

logie du lutteur est agrave peu pregraves la mecircme mais linterdiction formelle de

la prise du ~gimbe modifie et limite tout le repertoire technicult2 ou

lutteur Le lutteur kassa adopte une garde basse et agrave une preacutefeacuterence pc~r

legraveS tc~-iccedilues n passa~ dessous - - ~ shymiddotmiddotcrc t--=~ c-

----

contact et agrave partir de ce TtoTteuront ils peuvent se relever et conti~uEr

en lutte debout jusquau terrassemen~

Toutes les gardes sont rapprocheacutees en milieu diola

irbi trage

Les combats sont arbitreacutes par un deacuteleacutegueacute geacuteneacuteralement anClen lutteur

Ces anciens lutteurs ont pour rocircle de veiller au bon deacuteroulement du

combat La victoire est deacutecreacuteteacutee dans les cas ougrave un des lutteurs se

retrouve en position assise sur le ventre sur la cuisse ou les

genoux (sauf dans le Kassa)

Il existe un autre mode de victoire celle qui est proclameacutee agrave la

suite dune supeacuterioriteacute eacutevidente du~ des lutteurs A savoir quand

un lutteur soulegraveve tregraves haut son camarade et que son manager estime i

quil est pratiquement battu il peut arrecircter le combat en touchant

dabord le lutteur adverse popr eacuteviter que son lutteur ne soit terrasseacute

tregraves fOrt Nest-ce pas un deacutecision sage des managers qui peut contribuer

agrave maintenir le caractegravere reacutecr~atif de la lutte joola 1

La victoire dun village sur un autre village ne se mesure pas au

nombre de victoires obtenues par lensemble des lutteurs En effet

il suffit que le champion soit battu pour que le village soit consideacutereacute

comme deacutefait Ce qui explique limportance et le seacuterieux que le village

accorde agrave la preacuteparation des championsl)

Il est cependant important de signaler que larbitrage dans les centres

urbains revecirct une iautre forme beaucoup plus codifieacutee et cest peut-ecirctre

une des raisons qui font quen milieu urbain la lutte diola perde une

partie de son originaliteacute

En dehors des techniques speacutecifiques agrave chaque sous-groupe il faut

signaler quil y a une multitude de prises et quelGues formes de corps

comTIunes agrave letnn Car reconnaissons qu il cO unE ror-euro approp=i~eacute

dE ~ouvane du l~tteur diola en TaI

-----~-----

LE tableau ci-dessous se propose dE reacutesumer les diffeacuterentes consideacuteshy

rations techniques envisagEacutees dans cette partie

FORlŒSSOGS-GRGUPES 1 COItltOLE GA~JESDt CORF=

i ~

1 1

Passage dessous de jambes et BassE KASSA saisies Moyenne1annexes bras (rapprocheacutee)

ceinture tecircte

Deacutecalage de Moyenne et BLOUF Demi-souplesse Ngimbe

HauteHancheacute Bras (rapprocheacutee)

Jambe

Arracheacute CouFOGNY Tregraves basse

Hancheacute ii 1

1 1

3 14 3 bull LeIIa~~jueetlecom~ortementdulutteur-+iola

1 Le comportement et lattitude du lutteur dans laregravene pe sont en fait

t

que le reflet de sa psychologie et plus partiCUliegraverem t de son eacutetat

dacircme Or il napparatt pas abusif deacutetablir des cor eacutelations entre

le psychisme dun individu et lempreinte eacuteducative quil a subie En effet en sortant du bois sacreacute le jeune diola a acquis un ~ca~~l

eacutequilibre physique et mental

Cette matrise de lui-mecircme permet au lutteur dans la~egravene dadopter

un aire enjoueacute de manifester beaucoup denthousiasme~ La lutte devient 1

essentiellement un jeu laspec ludique y est privileacutegieacute et ~ela influe

sur le comportement du lutteur

Ainsi queurolq~c soit limporta~cE de le~je~ le lutt~c~ dic1e Seuroreacute

to~jours serein et s~ livrera sa~s arri~re pe~s6e da~$ ~E CO=beacute ou-

tons que le lutteur diola est trecircs fair-play et sil arrive quun rdnd

lll L COIicircilU1Ul L ULOF

32 J Preacutesentation

La soc tEacute wucirc10f est celle qU1 a eacuteteacute la plus marqueacutee par la colonisation

~~ fait peut-gtre de sa position geuroographiquE dune part ct de 50~ imporshy

tanCE sur le plan dfmographiquE dautre part En effEt ceurootteuro CC-~ucircautE

wolof repreacutesente environ 20 de la population seacuteneacutegalaise

Elle est constitueacutee de pecirccheurs (ce sont les leacutebous) dagriculteurs de

fonctionnaires de lEtat mais surtout de commerccedilants

A pqrtir de leur reacutegime dimplantation le Cayor le Walo le Baol le

Djolof et la presquicircle du Cap-Vert les wolofs ont tendance agrave irradier

sur lensemble du territoire sous leffet de leur speacuteculation agrave la culshy

ture de larachide et du nombre important de fonctionnaires quon trouve

dans cette ethnie

322 Les moeurs et croyances wolofs

Bien queacutetant en grande partie des musulmans convaincus les wolofs

conservent toujours une croyance animiste et continuent agrave faire des

sacrifices agrave porter des cornes ou des morceaux de bois agrave la ceinture

aux jambes ou aux bras et agrave croire agrave lexistence des Djinneacutes et des

Raps bull

Le Djinneacute cest une creacuteature malfaisante en geacuteneacuteral capable de choses

extraordinaires Il possegravede des faculteacutes surnaturelles Cependant dapregraves

la croyance animiste certains Djinneacutes peuvent ecirctre bons

Le Hapl cest une creacuteature ayant des dons occultes appartena71t agrave une

famille ou agrave une communauteacute et dont le rOcircle est de veiller cu daider

les reCJrES de le fai11p ou dt la conmunauteacute en cas de da1gel Le Rap

~ ut te c ) ~~c-

ei sltcificE cJ sanl dE meut0 dL chat de pC)wleurot 5E1lt les conveuroshy

lances parfois leur dorner COrllTe offrande du lait Laii

Qua1d une famille ou une communauteacute neacuteglige les Sarakh (ici dans

le sens de sacrifice ou Offrande) elle se voit aussitocirct vouEacutee agrave la

maleacutediction des mauvais esprit~ (fcllec dans touteacuteS lEs ~treprises

de la vie maladie mort bullbullbull ) Les lieux ougrave habitent ls Taps et ougrave

se font les sacrifices se nomment Khambs

Geacuteneacuteralement le khamb se trouve dans lenceinte de la maison ou

dans un coin approprieacute du village Les lieux du khamb sont marqueacutes

par la disposition de calebasses de pilons de morceaux de poterie

briseacutes de grosses pierres de cornes et dautres objets heacuteteacuteroclytes

La superstition wolof est tregraves marqueacutee En effet pour le wolof toutes

les manifestations quotidiennes trouvent leur signification dans le

mysticisme Citons agrave cet effet quelques ezemples Une femme enceinte

ne doit pas marcher agrave nimporte quelle heure de la journeacutee Certaines

heures de la journeacutee lui sont interdites le Timiss (creacutepuscule

le Ndjo~or (de 13 H agrave 14 H de lapregraves-midi) le souf-segravede (de

minuit i4 H du matin) Selon la tradition ~t la croyance wolof les

mauvais ~sprits choisissent ces heures pour jeter des sorts Et la

femme enceinte eacutetant tregraves vulneacuterable le Djinneacute essaiera de lui insufshy

fler son souffle pour atteindre son beacutebeacute afin dentratner soit la

meacutetamorphose de cedernier en monstre soit de le tuer avant sa naissance

Dailleurs pour le wolof et pour certaines autres ethnies au Seacuteneacutegal

le timis le tdjolor le souf-segravede repreacutesentent des peacuteriodes de

la journeacutee ougrave lon ne doit pas se hasarder dans les rues et les champs

Ce sont des heures propices aux apparitions des Djinnes sous nimporte

quelle forme humaine ou animale

Il est eacutegalement interdit au wolof de marcher ou de serti la nuit du

~eacutellfria-

loutes c~s pratiques ~ystiqu~s et cr0ya~ces religi~us~5 ~xistent eL~~[

certainement dues agrave un meacutetissage culturel Parallegravelement aux feacutetiches

aux incantations et agrave lutilisation des safaras (substance magique)

notons lexistence de ga l a tchs (ce sOnt des talismans ougrave sont inscrits

du qui les porte Toutes ces croyances biEn sucircr auront une rEacutepercussicrI

sur leacuteducation du jeune wolof

323 Leacuteducation du wolof

Pour caracteacuteriser leacuteducation wolof nous avons penseacute donner comme

illustration cet extrait de la revue DEM ak TEY Pour deacutefinir leacutedushy

cation le wolof fait appel agrave un symbolisme qui eDglobe aussi bien les

moyens mis en oeuvre Yar que le reacutesultat obtenu agrave laide de ces mecircmes

moyens cest-agrave-dire la formation et le deacuteveloppement de lecirctre humain

ou Yaru

Le substantif Yar deacutesigne le fouet

Ce symbolisme deacutesigne donc au-delagrave du simple sens mateacuteriel de lobjet

lutilisation qui permet daboutir au reacutesultat escompteacute (Yaru) Au sens

geacuteneacuteral Yar deacutesigne tout instrument servant agrave infliger une punition Le

terme laisse supposer agrave priori que cette phase de lenfance durant lashy

quelle se preacutepare la vie de lhomme est lieacutee agrave la souffrance au supplice

Dailleurs une maxime wolof compare lenfant agrave une tige quon a tout le

loisir de redresser alors quelle est encore flexible bull

bullbullbull Pour leacuteducateur wolof la perfection nest point de ce monde malS

le devoir de chaque homme est de tendre vers la pleacutenitude en luttant

contre ses propres faiblesses Leacuteducation va d01c iisister essentielle~(-~t

sur lexercice quotidien de leacutelevation ffiora1e d~ lindividu Pour cela

elle privileacutegie la patience munI) vertu dabneacutegdtion et dE deacutesinteacuteresseshy

m(~t autour dE laquelle sarticulent toutes ]e~ ~u~~~s qualiteuros

i _

aan~ ~ s0cieacutet gt~olcf ocirclt~tartt nul -Jt- poulait sabecircisstr

tion de sa libertEacute La liberteacute est le preuumler drcmiddotir dE l ho-)euro egrave~S

baigner dans une beacuteate admiration du passeacute la comparaison avec le pr~$(middott

si~posc dclle-mecircme car lon reste s reacute devant la deacutesinvolture aVEC

laquelle dES honmes daujourdhui descendants de cette ~~~EacuteTatic ccedil~l se

une fois [largis bullbull tTasque fiers davoir fait leacute priS0n PEut-2tTE

faut-il mettre cela sur le compte de lurbanisation et des nouvelles

valeurs qui ont pour nom enrichissement reacuteussite sociale avec ce que

cela comporte de deacuteshumanisant et de deacutepreacuteciateur (1)

3 bull 2 bull 3 1 bull Lesri tes

Le sevrage et la circoncision constituent les deux grandes phases initiashy

tiques chez le wolof

- Le rituel du sevrage est appeleacute maga1 (litteacuteralement rendre grand)

Cest un eacutevegravenement important aussi bien pour les parents de lenfant que

pour la co~unauteacute Durant cet eacutevegravenement qui survient geacuteneacuteralement deux

ans apregraves la naissance du beacutebeacute les personnes vivant dans lentouragE

apportent leur soutien moral et mateacuteriel

- le rituel de la circoncision revecirct pratiquement la mecircme signification

que dans les autres ethnies seule la forme diffegravere La circoncision reste

encore une eacutepreuve de la vie au sort i r de laque Ile ladolescent devient un

homme Aujourdhui il faut noter une meacutetamorphose de la structure sociale

et des croyances religieuses tregraves accentueacutee aussi bien chez les wolof que

chez les autres groupes ethniques et ceci est peut-ecirctre dO au contact

permanent quils ont avec la socieacuteteacute occidentale

Malgreacute ces constat~tions il semblerait pcu=tant qUE la sociecirct~ lecircbou Gci

bien que se trouvaLt en grande partie dans ~a Presquth du Cap-ETt Et

en contact permane~t avec les blancs soit la portior la plu8 cc~serva-

----------~_- ---~-- -----

~

Incidences d s ~00urs sur la l~ttE

Le wolof connaicirct deux formes de luttes la lutte sirplE- sans t-t

la lutte avec frappe La lutte avec frappe a une crigi~e purement r

et ce nest que plus tard quelle devint une prati1uE sportive et lud

preacuteparer agrave la guerre Aussi tout en luttant On eacutetait autoris~ agrave frapper~

griffer mordre voire introduire son doigt dans loeil de son adversaire

Le jeune wolof devait eacutegalement se livrer agrave la lutte avec frappe afin de

favoriser son insertion dans la socieacuteteacute adulte et sinitier au meacutetier de

soldat faute de quoi il ne pouvait se faire entendre ne avoir des marques

de respect Pour montrer la populariteacute de la lutte dans le Cayor signalons

que les Damels ll (rois) et les Teignes (nobles) nheacutesitaient pas agrave sy

livrer Quant au IIMbeu~ (lutteur) elle lui servait de moyen de promotion

sociale car d8S que sa reacuteputation eacutetait eacutetablie il pouvait ecirctre choisi

par les rois et les nobles comme garde de corps

325 Signification de la lutte en milieu wolof

La lutte se pratique dabord pour lhonneur qui est une vertu tregraves signishy

ficative pour le wolof Elle permet de renforcer les liens amicaux entre

les jeunes de villages diffeacuterents Le champion veut gagner

confiance et la consideacuteration de son village de ses amis

Etre champion cest aussi susciter ladmiration chez les

sentant la force la viriliteacute et la deacutetermination

326 Organisation d~s eacutepreuves de lutte

3261 Les Mbapatts Ce sont les seacuteances nocturnes

pour meacuteriter la

et des anciens

filles en repreacuteshy

Ils sont organiseacutes apregraves les reacutecoltes agrave la fin de la saiscn des pluies

Ceci surtout p~ndant les peacuteriodes de clair de lune car ils peuven~ durEr

toute la nuit Le but des ~Dapatts lt=tait de prfpa-er FhysicuemeH et

~ arb Sil

326 Le 1

cest une organisation beaucoup plus importante que les I~apatts ~

loccasion de laquelle on peut voir plusieurs lutteurs de grande reDommfe

saffronteLLa fin dl lamb est toujours couronneacutee par une grand co~bat

duquel le vainqueur est sacreacute champion de la contrecirce

Le choix du lieu est lieacute agrave limportance de ce lieu dans le village cest

la place publique ougrave geacuteneacuteralement se passent toutes les manifestations

assembleacutee geacuteneacuterale sabar (danse) cest aussi lendroit ougrave sont prises

les grandes deacutecisions

3623 Lappariement

Dans un village ou un quartier les lutteurs se regroupent en lang

(eacutequipe) et jamais deux lutteurs de mecircme lang ne se rencontrent lors

du lamb

L appariement s~ fait librement entre lutteurs de lang diffeacuterents l1hs

une regravegle veut ~uavant de lutter avec le Mbeur Kanur de tel lang si

on est soukh (l~tteur pas encore confirmeacute) il est neacutecessaire de lutter

dabord avec ses soukh et ce nest quapregraves les avoir terrasseacutes tous

quon se voit octroyer la chance de lutter contre lui

Notons que la cateacutegorisation des lutteurs par poids nest jamais prise

en consideacuteration

3624 La tenue du lutteur ou NGIMBE

Le middotNGimbe est confectionneacute par le marabout de la famille ou du clan Il

est constituecirc de pagnes en coton tisseacute geacuteneacuteralement offerts par la megravere ou

la grand-megravere du lutteur ceci lors des organisations de ~rande Tportance

COrlune lef 1amb Dans le cadre des l-bapatt les pagnes sont C tErts peumlr

~~~rcfcis ct ffi~mc aujourdhui d218 cErtaInes fa~ille5 on devj~Gr

luttEur de pegravere en fils et dans ce cas h 1

gimbell du pEgravere Est recircr i tEacute

par le fils Le fait de porter le lI~gimbe agravee ses aiumleux peut susciter

cne~ le jeune lutteur une motivation et une volontecirc in~branlable rlasshy

surer 12 supeacuterioritEacute cis SIcirct-ns dallS

le xgimbe de la famille ne touche pas le sable

La tenue du lutteur a une signification et une importance sur le plan

mystique car selon les anciens le vrai feacutetiche du lutteur celui qui

le proteacutegera agrave vaincre le Djinneacute ou le Rap de ladversaire se trouve

cacheacute dans ce Ngimbe Celui qui confectionne-le Ngimbe est doueacute de

faculteacutes occultes

~~r~i~rg Il est assureacute par un sage du village qui geacuteneacuteralement fut

championde lutte de son temps Dailleurs cet ancien nintervient que

si le terrassement est litigieux

Hormis le public qui proclame la victoire ou le match nul le lutteur

lui-mecircme est arbitre et il arrive quil se deacuteclare vaincu ~ous

pouvons citer comme exemple Meacutedoune KHOULE un des plus grands lutteurs

seacuteneacutegalais qui a donneacute une victoire agrave Djeacuteri SADIO son adversaire qui a

reacuteussi agrave lui faire toucher le sol de la main

Il Y a terrassement quand le lutteur se retrouve

- assis sur le sol

- eacutetaleacute sur le dos

eacutetaleacute sur le cocircteacute

les deux genoux au sol

- les deux ma~ns au sol

la tecircte (front au sol agrave la suite dune brouette)

Il peut y aVOIr match nul si apregraves li1 temps ccmsideacuterable les lutteurs

SE sont ~ ivrEacutes respectivement agrave des assauts rEacutepEacutetEacutes et n arrivEt pas a

3265 L~ precircparation mystique

Il faut reconnattre quon ne peut parler de lutte en milieu wolof sans

envisager une preacuteparation mystique seacuterieuse Co~~e ~ous lEvans vu a~teacute-

1middot ~ d ~ ~rlturenent t0utes es actlvmiddotltesmiddot u W010 sont lles a SeS croyances

- la lutte ne concerne pas seule~ent deux acteurs se livrant faruumlucheshy

ment agrave un combat au milieu de laregravene mais eacutegalement les marabouts et les

feacutetichistes du village ou du clan qui doivent deacutefendre leur savoir et

leur prestige Avant le combat le lutteur doit se livrer agrave un certain

nombre de preacuteparations mystiques pour assurer sa victoire Aussi sommesshy

nous appeleacutes agrave parler de BACK (cest le chant et la danse du lutteur)

- le batteur de tam-tam compose un rythme en fonction du Galagne ou du

Senghor (gds-gris) du lutteur Chaque galagne sera choisi en fonction

du Rap ou du Djinneacute correspondant au Totem du lutteur

Le chant geacuterleacuterique Feinte woy veut dire litteacuteralement composer un 1

chant Ce chant est geacuteneacuteralement composeacute par les filles du viilage du

champion ou par un griot de sa communauteacute Et agrave travers ce chrnt on

arrive agrave toucher la corde sensible du lutteur en chantant lesl innombrables 1

victoires de ses ancecirctres ou en lui rappelant ses prouesses eacuteblatantes 1

Chaque lutteur doit avoir un chant et un back qui lui sont propres

327 Le reacutepertoire technique et les caracteacuteristiques physiques dulutteur wolof

Le lutteur wolof est geacuteneacuteralement moyen de taille la musculagraveture est

tregraves saillante ce qui fait ressortir un aspect tregraves athleacutetique ceci

est vrai sans exception pour le lutteur leacutebou mais il arrive que le Cacircyoshy

rien le baol-baol le walo-walo soient de grands gabarits de forte constishy

tution

CepEndant pour une meilleure compreacutehension du sujet nous pouvons eacutetudiEr

deux jroups d lut teurs qui vont deacuteterminer deux st yI e s de lut tes

- ~ t

les tc~tativ~s de~[reacutee e~ ramassement de jambes de la~v~sairL Ce~~

peut Ecirctre expliqueacute par le fait que les lutteurs leacutebou ou walo-walc qui

sont des pecirccheursadoptent cette garde tasseacutee du fait quils so~t tou-

jours pencheacutes en tirant le fil ou en poussant la plrogue On verra techrugravequeacutes dt cirr 2C ~lt 5Jllicitocirct

surLuumlut les membres supeacuterieurs

Le cayorien et le baol-baol par contre sont les plus grands cultivateurs

darachide chez eux les techniques de lutte sont plus varieacutees et la

garde est moins renfermeacutee Les lutteurs cayorien et baol-baol ont une

morphologie et une reacutepartition musculaire bien eacutequilibreacutee ils excellent

dans les techniques en deacutecalage les techniques de jambe et surtout les

techniques de riposte ougrave lon peut voir des prises de hancheacute tregraves amples

Dune maniegravere geacuteneacuterale on peut dire que le lutteur wolof est un fin

technicien qui sait surtout creacuteer les opportuniteacutes e~ avec sa rapiditeacute

utiliser la force de ladversaire pour le deacuteseacutequilibrer le noodju

le mbas le weacuteheacuteleacute et le rasu sont des techniques propres au lutteur

wolof

En deacutefense il utilise surtout des kl~klets ou gal-gal Notons que

le balancement des bras ou Lewato e$t tregraves marqueacute dans la lutte wolof

TABLEAU RECAPITULATIF DES COMPOSANTES TECHNIQUES

( 1 )

1 SOUS-GROUPES GARDES CONTROLES FORHES DE CORPS l

Walo-walo Basse de jambe Arracheacute l l10yenne de Ngimbe et i

Leacutebou Tasseacutee et saisies annexesj Deacutecalage 1 1 distante de bras de tecirct1

j de bras Deacutecalaeuro

~-----------------~-

- ~ ~- shy - ~ ~ bull L _ _ bull

Profil psyc~~iqUE du lutteu- et son comporterent dars l 2regravere

La preacuteparation mystique dans laregravene est plus marqueacutee chez les wolofs

que ChE~ les autres ethnies En effet on verra de grands champions

preliGrE plusiEurs heures pour Enduire leur corps de cll2badep ou ci

rmiddot- ~ a la proprieacuteteacute de proteacuteger li1egraveividu J

les mauvais sorts) Cest dailleurs un aspect dt la luttE qui iJcsc

des problegraveJles

Le lutteur wolof est tregraves superstitieux et la peacuteriode de preacuteparation

est capitale pour lui car elle permet non seulement de rendre

hommage aux ancecirctres mais aussi dintimider son adversaire Cest

geacuteneacuteralement un lutteur agressif combatif et teacutemeacuteraire Il se fait

souvent remarquer par son esprit dentreprise Mais cette fougue dans

le combat lamegravene parfois bien que ce soit regrettable agrave oublier les

usages et les normes Ce manque de maicirctrise de soi peut faire croire

que le lutteur wolof manque de fair-play ce qui nest pas toujours le

cas

~A~Ugrave~ t 4AA CbUrs k LA ucirctotve f~tPle Sesect prores mou W ~ lesquelles vont se couler les comporteme~ts individuels qui sont ainsi

monteacutes par et pour lautoriteacute sociale

Les faccedilons de boire de marcher ou de sasseoir se manifestent indivishy

duellement dans le corps de chaque personne ces habitus sont cependant

des montages sociaux lieacutes agrave des significationssymboliques variables

dailleurs selon la position sociale occupeacutee par chaque sujet Ces modes

dagir se rangent dans un systegraveme de montages symboliques et lindivishy

du les apprend de la socieacuteteacute dont il fait partie agrave la place quil occupe

Lhabitus est un montage social agrave la valeur symbolique deacutependant des pheacuteshy

nomegravenes deacuteducation et de prestige et lieacute agrave la position sociale du sujet

Cette penseacutee sonne de faccedilon eacutetonamment moderne

Pierre BOURDIEU qui dans une perspective a approfondi le contenue de la

notion en le reportant aux oppositions entre classes et fractions sociales

Il deacutefinit lhabitus comme un systegraveme de dispositions durables acquis au

cours dune histoire personnelle dans une milieu social donneacute systegraveme qui

engendre ensuite des pra~iques socialement deacutetermineacutees faccedilons de manger

de parler ou de marcher comportements de politesse contenu des preacutefeacuterencel

et des deacutegoOts bullbullbull lhabitus est le produit de conditions eacuteconomiques et

sociales Lauteur rattache directement la formation de lhabitus dun

individu agrave la trajectoire parcourue par celui-ci dans sa classe dapparteshy

nance il deacutefend lideacutee dun habitus de classe qui deacutefinit le sens confeacuteshy

reacute agrave la pratique sportive les profits qui en sont attendus

Ce dernier serait lui-m~me lieacute agrave un systegraveme de valeurs ou ETHOS de classe

prenant sens au sein doppositions distinctives entre classes sociales

De sorte lhabitus fonctionne comme un systegraveme dt- regravegles inteacuterioriseacutees

souvent informuleacutees permettant ou non agrave lagent de sadapter dembleacutee aux

multiples pratiques de la vie quotidienne et de la vie sportive il est agrave

lorigine des schegravemes de transcription qui favorisent les ajustements aux

situations corporelles nouvelles (1)

t ~

(1) P~IE11D dwi6Han ISpoy-l et sodeacutebi Approche Bocio-culturelle des pratiques P~tis Vigot 1981 page 81

33

331 Preacutesentation

Les Seacuteregravere auraient pour origine le Fouta Toro quils auraient quitteacute

vers le Xllegrave siegravecle pour fuir lislamisation de cette reacutegioD par lempire

dJ Xali (ils seraient donc apparEnt~s aux Peul et Toucouleur ) Ils

auraient trouveacute dans la rEacutegion du Sine les Sosseacute dorigine manding avec

lesquels ils salliegraverent

Au XVegrave siegravecle une autre immigrationSos~ conqueacuterante cette fois-ci

apporta son organisation eacutetatique Ils se divisegraverent en deux monarchies

deacutemocratiques lune seacutetablit au Sine et lautre au Saloum Les Sosseacute

conqueacuterants constituaient lautocratie appeleacutee Guelowar

La royauteacute seacuteregravere eacutetait laiumlque Les premiers souverains durent secouer

la tutelle des Toucouleur et progressivement arrivegraverent agrave unifier lethshy

nie des seacuteregravere etdea Sosseacute Les deux royauteacutes eacutetaient organiseacutees selon

acirces modegraveles tregraves deacutemocratiques Le souverain deacutependait dune assembleacutee

de ministres et de chefs locaux qui assuraient ladministration centrale

et reacutegionale())

Aujourdhui lethnie seacuteregravere repreacutesente 20 de la population seacuteneacutegalaise

Ils sont reacutepartis sur presque toute leacutetendue du territoire notamment

dans le Baol la reacutegion du Sine-Saloum et la reacutegion de Thiegraves

Signalons quil existe plusieurs sous-groupes dans lethnie ainsi on

trouvera

- dans la reacutegion de Thiegraves les Ndut les Safegravene et les None

- dans le Sine-Saloum les Sine-sine et les Saloum-salouIT

On trouvera vers foundioune et agrave Nioro du cocircteacute de la Gambie les

Niominka (pecirccheurs) Cest une portion tregraves mandinguiseacutee

( 1

Le rattache~2~t d~ to~s ccs sous-groupes pose problecircme ~25 0~ r0~V~

uc grande partie de traits COITul1uns dans leurs modes dE vie Ct pOUT phs

de faciliteacute nous allons essayer de faire une ~tude globale de la lutte

traditionnelle seacuterecircre Lactiviteacute socio-eacuteconomique qui est essentielleme~t

agro-pasorale caracteacuterisE leacutethnie seacuteregravere

332 Lecircducation les moeurs les croyances et pratiques sEr~rc

Chez les Seacuteregravere la vie humaine se deacuteroule selon les grandes eacutetapes

le baptecircme lenfance ladolescencemarqueacutee par la circoncision lsectge

adulte le mariage la vieillesse et la mort (funeacuterailles)

La vie de la communauteacute seacuteregravere reste une des plus originales sinon

celle qui de nos jours garde la presque totaliteacute des pratiques et

habitudes traditionnelles

Bien qu aujotltdhui con~r-tis aux religions chreacutetienne et musulmane les

Seacuteregravere conservent leurs croyances et pratiques animistes

Quelque soit leur degreacute dadheacutesion aux religions reacuteveacuteleacutees les Seacuteregravere

croient en un Dieu puissant et miseacutericordieux Rog Segravene et les hommes

Les ~angols sont repreacutesenteacutes mateacuteriellement dans tous les villages

seacuteregraveres par des arbres (baobab et tamariniers) des animaux (geacuteneacuteraleshy

ment serpent doreacute ou iguane) des ustensiles (pilon calebasse et mortier)

De nombreux teacutemoignages nous apprennent que certains totems (serpent

iguane) font leur apparicion agrave loccasion de certaines manifestations

rituelles comme les sacrifices ceacuteleacutebreacutes lors dun mariage de ceacutereacutemonies

mortuaires ou des circoncisions

Le Seacuteregravere comme il nous a eacuteteacute donneacute loccasion de le dire plus haut

preacutesente des speacutecificiteacutes authentiques aussi bien en tout ce qui touch~

son eacuteducation ses croyanCES et pratiques mystiques q~e ses activiteacute~

socio-ecirccc~omiquEs Apr~s a ~aissa~c~ le beurob~ ~~ pcs~ 5~~ lE S~ __

On lui mouille les l~vres avec un peu d~ lait de mil et apr~s U~ bain

purificateur on versera leau dans un trou cr~us~ derri~r~ la Camp~~

Pendant huit jours la megravere et lenfant sont cacheacutes dans la case car

selon les anciens ils sont tregraves vulneacuterables La case deacutens certains cas

est entoureacutee dun fil blanc et lon place sur le seuil des fais(cauy di

veacutegeacutetaux pour chasser les mauvais esprits (geacutenies malfaisants et illangeUY~

dacircmes) Au bout du huitiegraveme jour la megravere et lenfant peuvent sortir de

la case bull

bullbullbull Le matin du huitiegraveme jour la tante paternelle va chercher de leau

(plusieurs fois)t elle doit rester muette pendant ses alleacutees et venues

si elle parlait t lenfant pourrait ecirctre muet bullbullbull

La megravere et lenfant prennent un bain purificateur dans lequel sont

trempeacutees certaines plantes (ce sont des veacutegeacutetaux pr~tecteurs tels le

begravene le yag le ngud) On y lavera aussi le linge e1t les ustensiles utishyj

liseacutes pendant les huit jours qui viennet de seacutecoul~r On rase le crine

de lenfant Les cheveux sont donneacutes agrave la megravere qui ~s enterrera avec le

reste du cordon ombilical dans un endroit que11e esit seule agrave connattre

La megravere sassied sur une natte devant la maison Une femme igeacutee de la

famille prend le beacutebeacute dans ses bras et le preacutesente aux quatre coins de

lhorizon

La tante paternelle tient ensuite un van sur la tecircte de la megravere on y

verse le mil on y verse eacutegalement en abondance sur la megravere et sur

lenfant La tante oint ensuite le corps du beacutebeacute avec du lait e11e

touche en particulier le front t le nez la bouche la poitrine le dos

et les oreilles

Elle pose enfin un ~rain de sel dans la paume du beacutebeacute (le sel purifie

et deacutetruit les puissances mauvaises)

Apregraves un nouveau bain la megravere et lenfant revEcirctent des habits de fecircte

(est

lenfant Ce precircnore a toujours U~ SEns Il sy~bolise parfois C0 qUi

lOIl sounaitt agrave lEufant l)

La circoncision comme dans les autres ethnies est obligatoire Elle

permet au jeune adolescent dacceacuteder agrave la classe adulte Les jeunes

sont regroupes en classe dacircge dans le bois ougrave sc fait la r0tr~it0 des

circoncis et ceci pendant plusieurs mois

Le Selbeacute qui est geacuteneacuteralement un ancien craint de tous les eacutelegraveves

enseigne le respect de la hieacuterarchie la discreacutetion le goOt de linishy

tiative Les activiteacutes physiques et leacuteducation artistique ne sont pas

en reste la deacutecoration la sculpture la lutte et la danse A sa sortie

du bois linitieacute appartient deacutesormais agrave la classe des virils et des

sages du clan car on lui aura enseigneacute les vertus fondamentales que

sont la justice lhonneur lamour du prochain 1 amour du travail

lhonnecircteteacute et surtout le respect des coutumes ancestrales

Le rite du mariage esd aussi un fait tregraves important dans le monde 1

seacuteregravere mais par manq~e dinformation nous serons obligeacutes de nous en

tenir lagrave

333 Impact des ethos sur la lutte dans le monde seacuteregravere

Lorigine de la lutte seacuteregravere ne semble pas claire ma1S nous pouvons

dire quil existait deux formes de lutte comme chez les Wolofs une

lutte sans frappe et une lutte avec frappe Et cest cette derniegravere

qui peut-ecirctre nous ameacutenerait agrave croire que la lutte seacuteregravere aurait une

origine plus preacuteciseacutement guerriegravere

Aujourdhui la lutte est uniquement une activiteacute sportive agrave travers

laquelle le jeune seacuteregravere eacutevalue sa force son courage et SOn ingeacutenioshy

siteacute Cest une occasion de deacutefendre lhonneur de son village ou de

la corrnnunauteacute

La luttE ~5t avant tout u~e rnanifcs[dtic~ c~lturclie et surtout

fo lkhriqut-

Gracircce agrave elle on peut deacutesormais comprendre un certain nombre de chants

et de symboles A travers la lutte seacuteregravere on ccedilomprend les inter-relashy

tions entreacute la vie et le monde surntiturel

Sil devait y avoir la mort dun villageacuteois pendant la fecirctE au T qUE

de linterrompre on proceacutedait gracircce aux connaissances magico-religieuses

agrave la suspension de la mort jusquagrave une peacuteriode ougrave la population sera plus

disponible pour organiser des funeacuterailles sil y eacutetait preacutedit la possibishy

liteacute dune deacutefait du champion local au profit dun champion dun autre

village des recettes dordre maginque et religieux eacutetaient mises en prashy

tique afin que le champion du village ne soit jamais terrasseacute(J)

334 Le profil du lutteur seacuteregraver~

Le lutteur seacuteregravere est par essence un athlegravete impressionnant de par sa i

carrure et sa musculature saillante mais cest aussi une force tranquille

et calme quelque soit lenjeu du combagravet et particuliegraverement lhonneur

Cet aspect nous pousse agrave parler du NGiMBE cest-agrave-dire de la tenue du

lutteur qui va influencer sur sa faccedilon de lutter

La confection du Ngimbe revient agrave la communauteacute entiegravere Le Ngimbe a

une signification symbolique et le lutteur pour meacuteriter la confiance du

groupe se doit de tout faire pour ne pas toucher le sol Toute la commushy

nauteacute elle aussi sengage pour assurer la longeacuteviteacute et le succegraves du lutteur

dans laregravene par lorganisation droffrandes et de sacrifices en lhonneur

des Pangols bull

bull

Daucuns nheacutesitent pas agrave dire que lessentiel du mysticisme se fait agrave

la maison et non dans laregravene tout le reste nest quintimidation de

ladversaire

lsvcns

Tt- pi ~- t

t 1 ~ l _ ~ t

par rapport agrave lautre Cbci est trEgraves lieacute agrave lactiviteacute journaliegravere du

jeune seacuteregravere qui est un cultivateur donc toujours bien planteacute sur ses

jambes et qui continuellement manie lhiler

Le fait de couper le boi~ peut eacutegalement constituer un moyen de muscushy

lation non neacutegligeable pour le jeune lutteur

Un certain nombre de traits techniques speacutecifiques au lutteur seacuteregravere

semblent ressortir des diffeacuterentes interviews que nous aVOns fait subir

agrave certains lutteurs seacuteregraveres et agrave diffeacuterents techniciens

SOUS-GROUPES FORMES DU CORPS CONTROLES GARDES

SAFEN Moyenne en fente NONE Hancheacute Bras (distante) j

NDUTJ

f

SINE-SINE Deacutecalage Ngimbe

Moyenne

SALOUM-SALOUM Passage- Jambe (rapprocheacutee) 1

i

PETITE dessous Tecircte Basse et 1

COTE Moyenne (rapprocheacutee)

Notons que le Niominka ll commence agrave lutter agrave partir du sol pour avoir

assez deacutelan et sauter sur ladversaire afin davoir la prise du lion

(contr6le de la nuque et du bassin)

Co a -tem-nt ccedilt attitude du lutteur sEacuteregravere335 np -1t ~

Les croyances mystiques sont indissociables des activiteacutes quotidiennes

duseacuteregravere Ce qui explique le cocircteacute supersticieux du lutteur seacuteregravere En

~ffet certains lutteurs refusent de lutter avant certaines heures

Certains teacutemoignages nous apprennent quil nest pas donneacute agrave tout le

monde decirctre champion de lutte et que le lutteur doit avoir des dons

surnaturels pour ecirctre agrave mesure de livrer ses combats dans la nuit

et trouver seul un gris-gris speacutecial appeleacute Njatch

Le vrai champion de lutte chez les seacuteregraveres ne lutte pas seulement avec

~a force et sa technique mais surtout avec ses dons occultes

Chez les seacuteregraveres les morts sont toujours preacutesents et les ~pangols

Servent dintermeacutediaire entre les hommes et les morts Le pangol prend i

le nom dhumain dans certains villages (IIHeacuteJga NDONG Har Wag NGOUYE) i 1

De ce fait on verra le lutteur danser dufe maniegravere ou dune autre en

fonction du pangol de sa famille Ainsi nrus aurons le back (chant et

danse du lutteur) des DIOUF des FAYE etclbullbullbull

Dans laregravene le lutteur seacuteregravere a un comportement exemplaire aussi bien

agrave leacutegard de son adversaire direct quave~ le public en geacuteneacuteral Lexpli shy

cation semble tenir au fait que le lutteur seacuteregravere est avant tout selon

la tradition orale le repreacutesentant de toute la communauteacute seacuteregravere Par

conseacutequent il devra saffirmer non seulement en tant que lutteur dans

laregravene mais aussi en tant quentiteacute morale

336 La tenue du lutteur ou NGIMBE est confectionneacutee par le marabout de la

famille ou du clan Le Ngimbe est constitueacute de pagne en cCton tisseacute

Il doit ecirctre propre le lutteur qui le porte ne devra pas avoir de rapshy

port sexuel pendant toute la peacuteriode des cOTpeacutetitians car le Ngi~bE ne

doit pas ~tre souilleacute

Autrefois et mecircme aujourdthui dans certaines familles on devient

lutteur de pegravere en fils et dans ce cas le Ngimbe du pegravere est heacuteriteacute

par le fils Le fait de porter le Ngimbe de ses aieux peut susciter

chez le jeune lutteur une motivation et une volonteacute ineacutebranlable dtasshy

surer la supeacuterioriteacute d~s siens dans ltaregravene Il fera tout pour que le

Ngimbe de la ramille ne touche le sable

La tenue du lutteur a une signification et une importance sur le plan

mystique car selon les anciens le vra1 feacutetiche du lutteur celui qui

le proteacutegera et laidera agrave vaincre le nDjinne ou le tRapu de ladvershy

saire se trouve cacheacute dans ce Ngimbeu bull Celui qui confectionne donc le

Ngimbe U est doueacute de faculteacutes occultes

337 Larbitrase est assureacute par un sage du village qui geacuteneacuteralement fut

champion de lutte de son temps Dailleurs cet ancien nintervient que

si le terrassement est litigieux Hormis le public qui proclame la vicshy

toire ou le match nul le lutteur lui-mecircme est arbitre et il arrive

quil se deacuteclare vaincu

Nous avons pu cfter Meacutedoune KHOULE un desplus grands lutteurs seacuteneacutegashy

lais qui a donn~ une victoire agrave Djeacuteri SADIO son adversaire qui a reacuteussi

agrave lui faire touegraveher le sol de la main

IlL

34 1 Preacutesentation

Lethnie toucouleur vit En grandt partit ciE~~ la vallfc du S~~~gal

pt reprecircsente i peu pr~s 8 de la population totale secircn~galaise

o Histoire

Il semblerait que dans lancien royaume du Tekrour (IX~ siegravecle) des

eacuteleacutements neacutegroiumldes Sarakoleacute et des Peul aient formEacute par meacutetissage le

peuple Toucouleur (Toucouleur serait dailleurs une deacuteformation du

mot portugais Tacouror)

Ce empire a domineacute aussi bien les wolofs de lOuest que les Peul

nomades du Fouta Toro Cette reacutegion fut le premier pays islamiseacute par

les Almoravides ce qui peut expliquer le proseacutelytisme toucouleur

Ce sont les guerriers toucouleur islamiseacutes qui attaqu~rent avec les

Almoravides la capitale du Ghana Koumbi en 1067 On convertit par

la force les animistes Cest sans doute agrave cette eacutepoque que de nombreuses

ethnies reacutefractaires agrave lIslam ont dO accentuer leur migration vers

le sud (Seacuteregravere wolof Sarakoleacute Bambara Songhaiuml Akan et Peul se reacuteshy

fugiaient vers les hauteurs du Fouta Djalon)

Au XIXegrave siegravecle les Toucouleur allaient trouver en El Hadj Omar Tall

un grand conqueacuterent qui sous le preacutetexte religieux de la gJerre sainte

contre les tribus animistes (entre autres Bambara) eacutetendit lempire

toucouleur sur presque tout lensemble du gali et la partie de la Guineacutee

proche du l1ali

Lempire toucouleur composeacute de Sarakoleacute de Bambar~ de ~alinkeacute de

Xassonkeacute dE Peul et de Dogon eut le meurorit~ dunir CES diif~rentes ~ ~ - - - - - et~ics ~t dE CD~stituer l~Sl la b2S~ ~r 1

_ ~ ~ ~_ L ~

~ ~- ~- - - ---- _ 1 v _ t 1 ~-_ --

marabout tOL~culcuuml~ ~ middotlrrany a l ick SI venu des E1i rClS dE Pocior~ (

~ Vi~ euroconomicue et sociale -----------~-------------

Les Toucouleur sont des cultivateurs mais bien quils n~ soie~t pa~

pasteurs comrre les Peul leacutelevage a une place inportarteacute decirc1S ltur

eacutecono~ie Pour faciliter leur conquecircte guerriegraverE ils c~t Eucirc une preacuteshy

dilection pour leacutelevage des chevaux On y trouve aussi des pecirccheurs

appeleacutes Tchioubalo La socieacuteteacute toucouleur aurait une stratification

sociale tregraves rigide Les groupes ethniques et les castes eacutetaient

diffeacuterencieacutes et strictement exogamiques les Rimbe classe des nobles

comprenant la famille reacutegnante et les guerriers libres la classe des

Nieacutenieacutebegens de castes artisanales i les Rimaibeacute anciens esclaves

devenus serviteurs qui portent les noms de famille de leur maicirctres A

la base de lorganisation de la collectiviteacute toucouleur se situe le

village (Wouro)

Toutes ces castes sont cloisonneacutees entre elle~ Ainsi il nest pas

permis agrave un Torodo (noble) de se marier avec un Tchioubalo Ces

consideacuterations sont importantes dans le domaine de la lutte ougrave nous

apercevrons que les nobles ne sont pas faits pour lutter Le noble

preacutesidera les seacuteances de lutte et on luttera pour lui Ces condeacute rat ions

de noblesse et de rang social sont extrecircmement importantes dans le

monde toucouleur

Le noble ne doit pas se salir on lutte pour lui il ne vit la lutte

quen tant que spectateur

342 Education moeurs croyances et eratiques religieuses

Deux formes d~ducation sont agrave consideacuterer leacutedJcatio~ dES enfarts Et

celle des adultes

oG lenfant sait m2n~~r et apprfcier le goOt d~5 ~iifeurorents r~pas lt

le moment ougrave il CO~~e~CE agrave marcher

tivirt n~sormais le petit toucou]eur est eacuteduquf par toutmiddot 12 f2~i)]E

dabord puis par toutes lespersc~nes du village ou du C13~

Lenfant peut ~tre corrigeacute par tout adulte appartenant au groupe social

Son eacuteducation est deacutesormais laffaire de toute la communauteacute et non

exclusivement celle ces parents On linitie ainsi au travail quotidien

qui se fait dans la bergel~ e les champs et les bords du fleuve Au sein

du village il pourra apprendre agrave filer la laine et agrave tisser des pagnes

dans les champs il apprend agrave manier la houe et lhiler pour la culture

du riz et du mil Mais signalons que lactiviteacute essentielle du toucouleur

est leacutelevage des boeufs des moutons et des chegravevres Chez les Ichioushy

balos (p~cheurs ) lenfant sera initieacute tregraves tat au maniement des pagaies

agrave la p~che propremccedilnt dite et agrave la nage

Vers cinq-six ans lenfant est confieacute au maicirctre coranique le Ihierno

et ce dernier dispose exclusivement de toute sa vie Lavenir du jeune

enfant lui appartient

Comme dans les autres groupes ethniques les enfants sont regroupeacutes en

classe dacircge et cest dans cette structure que lenfant subit les rite

de passe et plus particuliegraverement celui de la circoncision

La circoncision est non seulement unE opeacuteration chirurgicale malS surshy

tout une peacuteriode au cours de laquelle le jeune garccedilon passe de leacutetat

dadolescent agrave leacutetat dadulte Les circoncis sont reacuteunis en classe

dacircge dans un endroit situeacute hors duvillage geacuteneacuteralement choisi par les

vieux Cet endroit n~st accessible que par des individus de SExe ffi8SCUshy

li~ ~ta~t au preacutealabl circoncis

- - - -

quable et complet sur le plan phy~ique et ~oral Ai~si liniti~

acquiert les qualitecircs indispensables que sont le courag~ la modest

lesprit de sacrifice lendurance

Le toucoule~r est un pleux musulma~ Cela sexp1

SOil le premier agrave tre en contact avec la religion musulmane de par sa

position frontaliegravere Lethnie toucouleur de par son histoire a preacutesenteacute

les plus grands chefs militaires et religieux musulmans seacuteneacutegalais Et

pour illustrer cela on peut citer en exemple la grande famille musulmane

des SY agrave TIVAOUANE repreacutesentant la confreacuterie des TIDJANES

Bien que lon note une majoriteacute musulmane on peut dire que certaines

croyances et pratiques mystiques et animistes persistent encore surtout

dans la reacutegion du fleuve

Une pratique courante se fait elle sappelle le Djatt Elle consiste

agrave faire sortir le caiman du fleuve agrave limmobiliser et agrave lattacher

sans quil ne reacuteagisse et tout ceci agrave laide de versets et dincantashy

tions magiques Dapregraves les teacutemoignages ces pratiques sont plutocirct

freacutequentes chez les Tchioubalos (pecirccheurs) Il arrive aussi que cershy

tains chasseurs ayant des dons se livrent agrave certaines pratiques an1shy

mis tes qui consistent agrave invoquer certaines puissances et agrave moduler sous

forme de chant des versets occultes pour se proteacuteger des mauvais esprits

et pour eacuteloigner les fauves Ce chant est geacuteneacuteralement incompreacutehensible

et deacutenueacute de sens pour le profane

343 Activiteacutes ludiques et pratiques sportives en milieu toucouleur

Durant toute son histoire lethnie ~oucouleur a toujours EacutetEacute Frese~teacute~

comme celle qui avait ue activit essentiellement guerr e e~ particushy

liegraverement farouche Trois eacuteleacutements ret r t l ecirc t te nt i c- euro so~t

le manie~~nt du ~acircton 12 luttE Et 1eacute danSE

l

Lecircducation ph~sique et artistique Dcc~pe un place precircpondecircra~rp

dans la fDrmat~on du jEune toucouleur A loccasion agraveeacutevegravenemen~ imporshy

tants reacutecoltJs mariages baptecircme nous assistons agrave des manifestashy

tions folkloriques de grande envergure le Wango oucirc dailse toucouleur

tregraves gymnique iles chants et surtout les sEacuteances de lutte

La lutte toucouleur est la forme de lutte la plus spectaclaire dans

tout le territoire seacuteneacutegalais Elle est essentiellement baseacutee sur des

techniques en hancheacute et surtout en souplesse Ceci sexplique par le

fait q~e le jeune toucouleur est tregraves tocirct initieacute agrave la gymnastique (saut 1

per saut de main salto arriegravere saut de tecircte couronneacute etc bullbullbull ) pour

la dans~ du wa~go En dansant le wango qui est une danse rythmeacutee et

gymnique le Jeune toucou1eur est capable de prouesses extraordinaires

1

En lutte lattaquant se deacuteplace tregraves peu pour avoir une bonne saisie

(geacuteneacutera~ement controcircle du Ngimben ) et enchaine brusqueme~t avec une

attaque surpris~ Cependant les ripostes sont souvent surprenantes et

spectaculaires (baseacutees sur la souplesse et la rapiditeacute) ontrairement

aux autr~s form~s de luttes ougrave lon voyait tous les jeune adheacuterer la

lutte to~cou1eur Verra un groupe de speacutecialistes sadonne agrave la lutte 1

(la lutte est lieacutee agrave la position sociale de lindividu problegraveme de

caste)

Q La morphologie du lutteur toucou1eur 1

1 1

Ce dernier nest pas aussi large et aussi fort que les lutteurs diola

et seacuteregravere Cependant il est tregraves reacutesistant La musculatJre est saillante 1

et tregraves souple lindividu est longiligne mais tregraves athleacutetique

Les mouvements de lutteurs sont semblables agrave ceux dun grand fe1in Cette 1

morphologie semble ecirctre lieacutee agrave la position geacuteographique de lethnie

(reacutegion du fleuve) et agrave lacitiviteacute socio-eacuteconomique du toucouleur qui

est agrave la fois cultivateur (activiteacute lieacutee agrave la crue et deacutecrUE du fleuve)

pecirccheuro~T CIcr~icubaon) et sttout jEumlrgcr qui est U~ rc~2eumlr

shy

Deux formes egrave~ corps sembl~nt ecirctre preacutefeacutereacutees du lutteur toucouleur

le hancheacute et la souplesse Les hancheacutes sont faits agrave partir de plusieurs

positions de doset se terminent geacuteneacuteralement par des techniques de

tregraves grande amplitude

TABLEAU RECAPITULATIF DES TECHNIQUES ET FORMES DE CORPS SPECIFIQUES

i

L441 r

GARDE FORMES DU CORPS CONTROLES --shy - -

Moyenne Souplesse Ngimbe

Hancheacute bras

Demi-souplesse

1

Profil psycholosigue 1

TECHNIQUES

ContrOle du bassin et 12 souplesse

arriegravere

Klicket et allegravegement de la hanche

Le lutteur toucouleur est celui lUi se livre le moins aux preacuteparaqons

maraboutiques Cela est dO au f~t que le toucouleur est un grand ~USUlshyman et que les pratiques animisges ont presque disparu dans ce mil~eu

Dans la pratique le lutteur esJ combaif mais il est calme et tr~s reacutefleacutechi quant agrave la deacutecision agrave prendre en plein corps agrave corps ct~st un des seuls techniciens qui reJte tregraves lucide au cours de ses comb~ts

l Dans toutes les circonstances e lutteur toucouleur est tenu de re~pecshyter son adversaire et ceux de s4n eacutequipemecircme sil est vaincu

Comme nous avons dO nous en rendre compte la rigueur des principes

eacuteducationnels a une influence tregraves sensible sur l~ comportement du

toucouleur

i

III S COCL ~s 1DO

Dans cette partie nous avons essay~ de montrer lftroite re1atic~

Entre les diverses activiteacutes socio-eacuteconomiques dans les ethnies et

lES diffEacuterentes faccedilons de lutter

Daucuns seraient tent~s de conclure trop rapidement et cest p0~r

cette raison que nOUS avons penseacute preacuteciser que le pheacutenotype nest

pas geacuteneacuterateur du geacutenotype Et nous sommes convaincus que la morphoshy

logie et les techniques des lutteurs relegravevent de leurs modes de vie

et de leurs croyances agrave une eacutepoque et danE un contexte bien deacutetermishy

neacutes

Est-ce que les lutteurs dio1a ou seacuteregravere travaillant avec leurs bras

dans les champs auraient les mecircmes pr 0 fil s physiques que les lutteurs

utilisant des machines pour lagriculture

- 69 shy

I UJOURDH~1 E-S ut O[l LES FORfilS Ut LU11t~

~otons que notre enqu~te a ecirctE essentiellement faiteen milieu urbain

Les seacuteances de lutte ont tendance agrave perdre leur particulariteacute de r~shy

jouissance pour devenir des pheacutenomegravenes de sportisatio Deux fores

de luttes so~t principale~cnt prat s dans les aregrave~es du 5 al

la lutte traditiunnelle simple et la lutte traditionnelle avec frappe

De nos jours la lutte traditionnelle tend vers une reacuteglementation

et une institutionalisation

Le reacutesultat de nos investigations nous donne le tableau ci-dessous

REPARTITION ETHNIQUE SUR 100 PRATIQUANTS

LUTTE LUTTE RAPPORTETHNIES SANS FRAPPE AVEC FRAPPE J2

Diola 40 16 71 j

Seacuteregravere 26 21 57

Toucouleur 23 10 69

Wolof 1 1 53 17

La demande sociale par ordre deacutecroissant pour la lutte sans frappe

se preacutesente comrre suit

]0_ Ethnie diola avec pregraves de 3 lutteur~ sur 4

2deg_ Ethnie toucouleur

Ethri dun

~ 1 LA LUTTE TR])IIIO~~ELLE AVEC H-PPE

Cette forme deacute lutte a une histoire qui date de lantiquiteacute elle

sa~pelait le Pugilat Au Seacuteneacutegal elle a vu le jour dans le Cayor

bien avant la colonisation Le coup dE pied l~Lrdn~lement la morshy

sure la frappe et le doigtf eacutetaient permis dans le cc=bat ~ ~middot~p0~~e

Dans certains cas la giffle eacutetait beaucoup plus dangereuse que le

poing quand elle eacutetait donneacutee par un speacutecialiste Cette giffle pouvait

agrave elle seule deacutechirer et mecircme parfois amputer la joue de ladverser

Selon les informations la lutte avec frappede nos jours serait une

forme de lutte tregraves eupheacutemiseacutee de celle dantan ougrave une blessure

pouvait souvent ecirctre mortelle

Aujourdhui au niveau du folklore la lutte na plus la mecircme

le spectaculaire a remplaceacute le significatif iLa lutte avec frappe se 1

pratique surtout dans les centres urbains C~aque fois quun grand combat 1

est progra~eacute par le Comiteacute National Proviso~re (CNP) des centaines damashy

teurs sont mobiliseacutes vers le stade lba Mar D~OP qui est aujourdhui le i

lieu approprieacute ougrave se deacuteroulent les grands conkbats de lutte Cest la formE

de lutte qui semble drainer une foule de personnes beaucoup plus importante

que celle de la lutte simple

La lutte avec frappe deacuteriverait dune forme de lutte traditionnelle

pratiqueacutee jadis dans le Cayor au temps des Damels et la frappe serait

le substitut dun certain nombre de pratiques doigteacute jet de produits

etc bullbullbull dont le but eacutetait laveuglement de ladversaire La lutte avec

frappe serait une continuation logique dune carriegravere sportive de la

lutte traditionnelle qui sen sert comme moyen socio-eacuteconomique En

effet la majoriteacute des lutteurs avec frappe ont dabord eacuteteacute initieacutes agrave la

lutte simple Cependant il faut signaler que de nOS jours il arrive

que le jeune lutteur avec frappE- soit directenent formEacute conne speacutecialistE

agrave la frappe sa~s pour autant faire son chemin dabcrd egravea~s la lutte

- ~ shy

Le recircsultat dE ~os interviews ncus rec~trE qGune pcpulatiD~ divcrsishy

fiampe sint~resse agrave ce sport et qUE les intecircr~[s des uns et d~SlautrE~

semble~t divergents naucuns affirment que la lutte traditionnelle

avec frappe serait monteacutee par des personnes dont la vocation est dexshy

ploiter ce pheacuteLomegravene agrave des fins commerciales Dautres disent gJellegrave

jouit de mcyens irport~nts t[l[~isio

tation etc bullbullbull ) pour toucher toutes les couches sociales CEpe~~a~t

nous remarquons que mecircme si certaines personnes reprochent agrave cette

forme de lutte decirctre brutale ces mecircmes personnes nheacutesitent pas agrave

se rendre le dimanche agrave laregravene Bien que critiqueacutee elle semble ecirctre

adopteacutee par une tregraves grande partie de la population seacuteneacutegalaise Cepenshy

dant en tant que techniciens il nous est permis de faire une remarque

Il sagit de

- Limpression nette decirctre devant des professionnels de la frappe

qui sont ~ntratneacutes pour cela Dailleurs les propos que nous avons

recueilli~ nous prouvent que la plupart des champions de lutte avec 1

frappe s~ntratnent dans certains sports de combat tels ~ue la boxe i 1

le karateacute le judo Dans cette nouvelle forme de pratique de la lutte

contrairefuent agrave la lutte traditionnelle le technicien e~t souvent

perdant face au puncheur Ce dernier adopte une lutte agrave distance qui

lui permet de placer agrave bon escient ses coups animeacute du deacutesir de vaincre

Le technicien lui se voit contreacute dans toutes ses entreprises par

un uppercut ou un crochet

On peut dire cependant que nul sport au Seacuteneacutegal que la lutte tradishy

tionnelle avec frappe ne deacutechaicircne autant de passions et autant de

pheacutenomegravenes poussant agrave lexcegraves et deacutereacuteglements quon ne peut que deacuteplorer

Mais comment deacutecrier un spectacle de lutte qui bien quayant perdu la

presque totaliteacute des valeurs traditionnelles veacutehiculeacutees autrefois par

elle sait susciter une participation effective de tous ceux qui sont

preacutesents

CONCLUSION

Dans ce meacutemoire nous sommes efforceacutes ~e faire ressort ir limportance des

ethos et des habitus et leurs effets sur la pratique de la lutte tradishy

tionnelle au Seacuteneacutegal

L~b egravethos repr~sentent dune maniegravere g~neurorale tous les eacuteleacutements speacutec

fiques sux Seacuteneacutegalais par conampeacuteguent un systegraveme de valeurs traditionnellEs

Mais m~me si ces valeurs rev~tent une signification universelle (honneur

digniteacute courage etc bullbullbull ) il nen demeure pas moins que ce nest pas leur

nature qui fait leur speacutecificiteacute mais la hieacuterarchisation et limportance i

quon accorde agrave toutes ces valeurs de ~ar leacuteducation ou la culture

i 1

Aussi les valeurs traditionnelles puient leur speacutecificiteacute dans les

caracteacuteristiques propres aux eacuteleacutements ~e la socio-cu1ture (la technologie

et leacuteconomie la politique et la pareteacute la psychologie et lideacuteologie)

dans la socieacuteteacute seacuteneacutegalaise agrave n momen donneacute de son eacutevolution Cest i

dire la neacuteceesiteacute de ne point faire della valeur une reacutealiteacute statique

Cest dite aussi quagrave tout mome~t le ~eacuteneacutegalais peut eacutevoluer et creacuteer

ou vivre par conseacutequent de nouv~lles fprmes de valeur qui lui sont 1

propres ft (J)

La lutte traditionnelle veacutehiculant deS valeurs socio-cu1ture1les speacutecishy

fiquement seacuteneacutegalaises (croyances valeurs morales norme de comportement

opinion attitude bullbullbull ) devient un eacuteleacutement important qui tregraves certaiaement

nous aidera dans notre effort de valoriser et de peacuterenniser notre patri shy

moine culturel par le biais dactiviteacutes physiques et sportives

Leacutetude des habitus nous permet de prouver quil y a plusieurs faccedilons

de se mouvoir comme danser lutter bullbullbull qui varient avec les diffeacuterentes

ethnies (wolof toucouleur seacuteregravere diolagt leurs convenances et leurs

eacuteducations

(1) Revue Ethiopiques 31 Les valeurs traditionnelles et le problegraveme de leur inteacutegration dans les systegravemes modernes jtducatio-1 2 6r--70

nautre part cette eacutetude permet aussi de nous rendrE compte de la

correacutelatipn eacutetroite existant entre la pratique de la lutte traditionnelle

et le sta~ut socio-eacuteconomique du pratiquant

Nos inves~igations nous indiquent que la lutte recrute essentiellement

au niveau des classes socio-eacuteconomiques situeacutees en bas de leacutechelle

donc posseacutedant le statut social le moins favoriseacute La lutte avec frappe

-et un certain secteur commercialiseacute de la lutte simple- y trouve sa

leacutegitimiteacute Comme le dit BOURDIEU nA habitus diffeacuterents styles de Vle

divergents et il oppse les pratiques aristocpatiques correspondants agrave

des activiteacutes qui favorisent les situations eupheacutemiseacutees ougrave la stylisashy

tion est importante aux pratiques populaires qui font appel agrave des

qualiteacutes qpposeacutees bllutes rugueuses Certaines interviews nous

montrent que plus lindividu occupe une place eacuteleveacutee dans leacutechelle

sQciale e~ 1

moin$ il sinteacuteresse agrave la lutte

Les reacutesultats recueillis dans nos diverses investig~tions confirment 1 1

1er propos qui disent que nous assistons aujourdhu~ agrave une involution

de la lutte traditionnelle parce que perdant toutes ses speacutecificiteacutes au 1

pryfit d~ne autre forme de lutte que lon continue agrave appeler nostalshy

giqlementIIlutte traditionnelle

Ceci pourrait peut-~tre trouver une explication dan la citation suivante

La liberteacute de creacuteer dinnover de vivre Pleineinenf decirctre soi et de

preacuteserver son authenticiteacute la digniteacute et lhonneu1demeurent des illushy

sions dans la misegravere eacuteconomique~ Nos ancecirctres creacuteai~nt des valeurs de cishyl

vilisation parce quils eacutetaient libres parce qu1i~s ignoraient toute

deacutependance eacuteconomique ils cultivaient en eux et cbez leurs enfants le 1

Jorn et la Kersa et preacutefeacuteraient la mort agrave la hoJte lI (1)

Or le Seacuteneacutegal comme la plupart des pays africainsi est un pays sousshy

deacuteveloppeacute t cependant face agrave cette volonteacute du gou~ernement seacuteneacutegalais

de faire inteacutegrer dans leacuteducation des valeurs traditionnelles nous

pouvons espeacuterer utiliser comme moyen deacuteducation la lutteacute traditionnelle

qui reste quand mecircme vecteur jethos et dhabit~s

- 54 shy

Mecircme si lon a noteacute un appauvrissement notoire sur les plans socioshy

culturel et moral la lutte traditionnelle recegravele une gamme importante

et varieacutee de techniques permettant incontestablement une ouverture vers

les luttes olympiques libre et g~eacuteco-romaine

La lecture de ce meacutemoire permettra agrave lentratneur et au professeur de

lutte en fonction du lieu ougrave ils seront affecteacutes dans le territoire

seacuteneacutegalaisdavoir une information sur les techniques contrOles et

formes de corps propres agrave chaque groupe ethnique et de les mettre en

relation avec leurs croyances et leurs mentaliteacutes

Nous avons essayeacute de montrer que la pratique de la lutte traditionnelle

doit tre axeacutee sur une ethnomotriciteacute au Seacuteneacutegal qui permette une inishy

tiation facile Cette pratique de la lutte traditionnelle seacuteneacutegalaise

devra dailleurs essayer de ~eacutepondre aux aspirations du Seacuteneacutegalaisl

moderne en souvrant aux ap~orts positifs des autres civilisations

ex~eacuterieures nous voulons Jvidemment parler du judo et des luttes oiymshyJ

piques 1

1 j Nous navons pas la preacutetentfon dans le cadre de ce meacutemoire demattrise

de reacutepondre agrave toutes les qutstions se rattachant agrave leacutetude de ~a lutte

traditionnelle souslangle~socio-culturel car non seulement il nous

manque lexpeacuterience et la c peacutetence en la mati~re mais aussil l le temps

et les moyens dont nous dis osions ne nous permettaient pas d~puiser le 1sujet i

1 1 1 t 1

l

- )5 shy

BIBLIOGRAPHIE

BIBLIOGRAPHIE

1- CLAPAREDE Psychologie de leacuteducation et peacutedagogie expeacuterimentale

Edition Delachaux et Niestleacute 244 pages

2- POCIELLC Christian Sport et Socieacuteteacute approche socio-culturelle

des pratiques Paris Vigot 1981 377 pages

3- PIERON Henri Vocabulaire de la psychologie

PUF Deuxiegraveme eacutedition 1957 469 pages

4- Revue socialiste de culture neacutegro-africaine ETHIOPIQUES

Les valeurs traditionnelles et le problegraveme de leur inteacutegration

dans les systegravemes modernes deacuteducation

GIA 21 Juillet 1982 213 pages

5- N2 Revue du Centre dEtudedes Civilisations DEM ak TEY

NIS IVegrave Trimestre 1982 96 pages

6- Document lNSEP Colloque sur la lutte aeacuteregravere

DAKAR MAI-JUIN 1980

t 1

~- Travaux du IVegrave Congregraves National ~es Sports agrave DAKAR les 2223041981

Bulletin n2 91 du CIO du 15 Aont 1965

l____________________________

8- Meacutemoire de Mattrise BADJI Abdou La lutte traditionnelle Joola

Etude et perspective

9- Meacutemoire Inspectorat JS DJITTE Mandy Les pratiques corporelles

traditionnelles au Seacuteneacutegal pour leur exploitation et leur

utilisation en peacutedagogie Marly le Roi 1980

REPUBLIQUE DU SENEGAL

--------------- INSTITUT NATIONAL SUPERIEUR

MINISTERE DE LA JEUNESSE DE LrsquoEDUCATION POPULAIRE

ET DES SPORTS ET DU SPORT

-------------

(INSEPS)

MEMOIRE DE MAIcircTRISE

Es-SCIENCES ET TECHNIQUES

DE LrsquoACTIVITE PHYSIQUE ET DU SPORT

LA LUTTE TRADITIONNELLE

son importance sa signification en fonction des ethos et des habitus ethniques au Seacuteneacutegal

Preacutesenteacute par

Monsieur Joseph Victor FAYE

Sous la direction de

M Jean Marc ROCHEZ

Professeur agrave lrsquoINSEPS

Anneacutee de soutenance 1984

-5shy

II QUELQUES NOTIONS DE SOCIOLOGIE POUR UBE MEILLEUR~

COMPREHENSION DE LA LUTTE TRADITIONNELLE

Essayons dexpliquer simplement les termes ETROS et HABITUS et

ETHNOMOTRICITE pour la clarteacute de notre deacutemarche

ETROS dans sa deacutefinition premiegravere veut dire en parlant dun individu

lice qui distingue cet individu des autres (1)

En eacutetudiant cette signification dans le cadre de la sociologie on

entendra par eacutethos ethnique (eacuteducation croyance rite etc bullbullbull ) lenshy

semble des caracteacuteristiques dune communauteacute sociale

HABITUS QCe sont les habitudes et attitudes socialement acquises qui

sous-tendent et preacute-deacuteterminent partiellement les faccedilons de penser de

sentir dagir de tout individu et traduisent notamment le rapport quil

entretient avec son corps (2)

Dans le cadre de ce meacutemoire nous allons essayer de faire une approche

de la lutte traditionnelle sous deux angles dabord en leacutetudiant comme

habitus en tant que technique du corps et ensuite COmme habitus de classe

fonction du style de vie des individus et nous nous proposons dans cette~gt

partie de deacutefinir ces deux notions dhabitus

Marcel MAUSS dans une viseacutee anthropologique emploie ce terme dune maniegravere

tregraves large pour rendre compte des faccedilons dont les hommes socieacuteteacute par

socieacuteteacute dune faccedilon traditionnelle savent se servir de leur corps Ces

habitudes varient avec les individus et leur imitations elles varient surshy

tout avec les socieacuteteacutes les eacuteducations les convenances et les modes les

prestiges

Analysant de multiples techniques du corpsll la marche la course la nage

le beacutechage le saut la danse et toutes les techniques corporelles en geacuteneacuteshy

ral (techniques alimentaires sexuelles de soins de repos bullbullbull ) MAUSS

insiste sur le fait que celles-ci ne sont pas naturelles mais acquises

(1) PIERON Henri Vocabulaire de la psychologie 2egraveme eacutedition revue et augmenteacutee PUF 1957 page Ill

(2) POCIELLO Christian Sport et Socieacuteteacute Approche sodo-culturelledeacutell pratiques Paris Vigot 1981 pages 78-79

La notion dethnomotriciteacute part dune constatation

- la grande diversiteacute des caracteacuteristiques preacutesenteacutees par les pratiques

corporelles en fonction de leacutepoque du lieu des groupes elle teacutemoigne

de linfluence despotique des normeS et des valeurs sociales sur la mise

en jeu du corps

Dougrave sa deacutefinition

Le champ et la nature des pratiques motrices envisageacutees sous langle de

leur rapport agrave la culture et au milieu social au sein desquelles elles

se sont deacuteveloppeacutees (1)

Conseacutequence le contrat ludosportif est aussi un contrat social il

reflegravete la faccedilon dont une socieacuteteacute aime agrave se penser agrave se repreacutesenter bullbullbull

et accepte de se donner en spectacle

Lethnomotriciteacute donne naiss~nce agrave deux sortes danalyses

- lanalyse synchronique -ou eacutetude spacialeshy

de type interculturel agrave hagravebitus diffeacuterents styles de vie divergents

de type intraculturel apparition dhabitus de classe et de pratiques

distinctives

- lanalyse diachronique -ou eacutetude temporelle- ou eacutevolution sur une longue

peacuteriode des pratiques motrices pour une cateacutegorisation dindividus

Cette hypothegravese de lenracinement social de la motriciteacute est une atteacutenuashy

tion des explications psychologisantes consideacuterant lindividu indeacutepenshy

damment de son environnement et sexprimant en termes de goQts motivations

() PARLEBAS pierre Contribution agrave un lexique commenteacute en Science 4e laction motrice Paris Publication INSEP 981 322 pages

AicircAgraveLYSE CES iJFrADES iDe I LES EN flA TIERE

DE PRATIQUE DES SPORTS DE Oicirc-itlAT

Objet Veacuterificat~on de la theacuteorie de lhab~tus

Hypothegravese En raison de son histoire de ses speacutecificiteacutes des valeurs

symboliques dont on linvestit une pratique sportive est en faveur aushy

pris dun groupe de pratiquants en fonction dattentes de niveaux dexishy

gence de fierteacute dappartenance qui sont socialement et culturellement

deacutetermineacutes

Il sagit en quelque sorte danalyser les goOts et les motivations des

sportifs en rapport avec leur condition sociale et le sentiment attachi

agrave ce statut

Remarque Cette analyse sera meneacutee en fonction des classes sociales et

non agrave partir de cla~se dage ou encore de classe socio-politique comme il

est dusage pour toute reacuteflexion sur notre socieacuteteacute trJditionnelle

Cette particulariti provient du fait que nos enquites ont iteacute effectueacutees

en milieu urbain -en raison des problimes de temps et de moyensagrave Dakar

et agrave Thiis pour itre plus preacutecis et il est deacutesormais hasardeux de preacuteshy

tendre y retrouver les structures traditionnelles c~e on pourrait le

faire en milieu rural

Par classe sociale et nous inspirant de la notion marxiste -deacutefinition

du rapport aux moyens de production- nous entendons la distance_dun

groupe social aux postes de deacutecision et de responsabiliteacute Plus cette

distance est grande moins le statut eacuteconomique est eacuteleveacute

Nous distinguons quatre (4) classes sociales car au niveau dune telle

analyse nous ne pouvons preacutetendre agrave la finesse de discrimination indiciaire

de la Fonction publique par exemple

r~partieuml

come il egravest rsectc eacute dans 1 ablea~ ci-dessous

CATEGORISATIONGROUPE EXEMPLE DE FONCTIONADMISE

Administrateur civil - Ingeacutenieur - Meacutedec ilCadre supeacuterieur1 Officier - Professeur

Instituteur - Mattre dEPS shy2 Cadre moyen Secreacutetaire - Technicien

Chauffeur - Militaire Policier3 Cadre subalterne shyPatron - Artisan

Artisan - Cultivateur - Ouvrier temporail4 Non cadre Pcheur

Conditions denqute Six (6) sports de ~ombat sont officiellement

pratiqueacutes Ils possegravedent une structure para-eacutetatique de gestion de contr

ce sont

3 sports de preacutehension - JUDO - LUTTE LIBRE TRADITIONNELLE - LUTTE OLYMPIQUE

2 sports de percussion - BOXE ANGLAISE - KARATE

sport mixte - LUTTE TRADITIONNELLE AVEC FRAPPE

Pour chacun de ces sports 50 pratiquants ont eacuteteacute interrogeacutes sur leur

statut socio-eacuteconomique avec la discreacutetion et la prudence quexige ce

genre de question

Cette enqute sest deacuterouleacutee dans les conditions suivantes

JUDO

Lieu DAKAR - Clubs USTD - DUC - FJAKS - DOJO HOMAR DIENG

Date du 020J84 au 28-05-84

Circonstances Les principaux inteacuteresseacutes eacutetant la plupart sur le tatami

pour lentratnement il fallait souvent attendre la fin

de lentratnement uumlur pouvoir avoir une ou deux entreshy

vues de sorte qu~ le~qu~te a pris beaucoup plus de

On constate que le no~bre de p=a~iq~~-ts ~st ~eauccup plus importd~t dans

les groupes 2 et 3 - Il es ~oindre dans les grQupes 1 et 4

LUTTE LIBRE TRADITION~~LLE

Lieu Dakar - Thiegraves bull Aregravenes Landing DIAME - Ecurie Seacuteregravere (pregraves de

lautoroute) Lutteur diola - toucouleur - Entratneurs - encadreurs

de diverses eacutecuries Stade Iba Mar DIOP - Aregravenes de Pikine et de

Thiegraves - CNPES - INSEPS

Date du 040284 au 020684

Circonstances Elles sont parallegraveles car les pratiquants semblent beaushy

coup plus disponibles que dans les autres disciplines Notre travail

parfoi~ peacutenible en raison de la diversiteacute des ethnies repreacutesenteacutees

et la traduction n1est pas toujours aiseacutee

Observations

Nous constatons que la lutte libre traditionnelle est plus pratiqueacutee

par les groupes 4 et 3 que par les groupes 1 et 2

LUTTE OLYMPIQUE

Lieu CNPES - INSEPS - Iba Mar DIOP (Equipe Nationale) - DUC

Date du 040284 au 020684

Circonstances Les conditions sont meilleures dans la mesure ougrave le

hasard a fait que pendant cette peacuteriode leacutequipe nationale soit

en regroupement et ceci nous a permis d-interroger un nombre

important de lutteurs de grand renom

Observations

En raison du petit nombre de pratiquants r~guliers lenquecircte ne porle

que sur 2S personnes Arbitrairement pour les besoins de comparaison

les raisons de comparaison les reacutesultats cbtenus sont multipli~s par 2 bull

BOXE A~~GLISE

Lieu Iba l-ar DIOP - ASFA - ASFPO - SC -ASC JJAF - ASC lA

ugraveate du 201283 au 020684

~E~~~~E~~~~ Ici nous ferons la mecircme remarque que pour le Judo

Notons que toute lenquecircte a eacuteteacute faite agrave Dakar

Observation

La boxe recrute ses pratiquants surtout dans les classes 3 et 4 et

on note que le nombre de pratiquants nest pas aussi important comme

dans les autres disciplines

KARATE

Lieu YUKOKAI KARATE CLUB - SAMOURAI KARATE CLUB - Iba Mar DIOP

CLUB DE GIBRALTAR - ASFA - ASFA - ASFPO - GM Thiegraves

Date du 201283 au 020684

SE~~~~E~~~ Notre enquecircte se passait dans une ambiance sympathique

de camaraderie Geacuteneacuteralement apregraves la seacuteance dentratnement

Observation

Nous constatons que la distribution des pratiquants bien que favorisant

les groupes 2 et 3 semble plus homogegravene que dans les autres disciplines

~ LUTTE TRADITIONNELLE AVEC FRAPPE

Lieu Ecurie de Fass - Ecurie des Seacuteregraveres - Ecurie Mermoz

- Ecurie des Casamanccedilais

Date du 04-02-84 au 020684

Ccedilj~9~~~aEccedil~ Il est agrave signaler que cest la discipline ougrave l~ contact

avec les pratiquants a eacuteteacute plus difficile les speacutecialistes qui~ la plushy

part du temps semblent meacutefiants quand on commeucircce agrave leur poser des quesshy

tions preacutecises sur leur revenu mensuel

2 -liCc 055cllt le lle11ent SegraveS praLicltants dans le ba

de lecirc~helle ces~-agrave-dire dans le ~ruumlupe 4

~ecircsultats

Les reacutesultats enregistreacutes sont reacutecapituleacutes en nombre et en pourcentage

-agrave lapproximation pregraves- dans le tableau ci-dessous

LUTTE 1 LUTTELUTTEGROUPES BOXE KARATE JUDO AVEC OLYMshySIMPLE i i FRAPPE PIQUE

1 11 1 1 1

1 11 1 1 1 11 0 1 0 8 1 16 9 1 18 4 1 8 0 1 0 7 1 14

1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1

1 11 1 1 1 1 12 3 1

1 6 21 1

1 42 22 1 44 6 1 12 4 1 8 17 1 341 1

1 1 1 1 1 1 1

1 1

1 1 1 1 1

3 22 1 44 13 1 26 15 1 30 16 1 32 5 1

1 10 10 1 20

1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1

1 1 1 11 1 1

14 25 1 50 8 1 16 4 1 8 24 48 41 1 1 82 16 1 321 1 1 1 bull 1 1 1 1 1

1 1 1 1 1 11 1 1 1 TOTAUX 50 1100 50 1100 50 100 50 pOO 50 pOO 50 1100

1 1 1 1 1 1 1 1 1 1

Afin dG failiter la lect~~e je c~ table3~ t ~2 re~dre sig~ific~tives

s info~~ations quil contient ces difteacutere ts reacutesultats nu~eacuteriques

peuvent ecirctre formuleacutes selon des repreacutesentations graphiques

1 Clientegravele des Sports de combat

FIGURE l

Il apparatt nettement que les sports de combat recrutent essentiellement

dans le bas de la hieacuterarchie sociale ce sont des sports populaires don

propices agrave une massification de la pratique

Toutefois on peut nourrir quelques inquieacutetudes pour que soient reacuteunies

les conditions de leur deacuteveloppement en raison du faible statut quils

possegravedent au regard defllintelligentsia seacuteneacutegalaise

2 Hieacuterarchisation des gants sportifs en matiegravere de sport

de combat au sein des cadres supeacuterieurs -Groupe 1shy

FIGURE I[

La f-appe est honni aucl1 pratiqua1t de boxe Olt de lutte avec frappe

agraveUloins quelle fasse lobjet dune stylisation cxtrecircme COTIme cest le

cas dans le karateacute Ce groupe manifeste un seuil extrecircmement bas de toleacuteshy

rance agrave la violence ce qui explique les discours infamants degraves que la

lutte avec frappe est secoueacutee par quelques excegraves Leacuteopold Seacutedar SENGHOR 1

navait-il paS deacuteclareacute que cette forme de lutte eacutetait une atteinte permashy

nente agrave limage de marque du Seacuteneacutegal

Bien quil soit difficile de proposer une explication unique curiositeacute

esprit douvetture permeacuteabiliteacute aux modes bullbullbull les repreacutesentants de ce

groupe adoptet facilement des sports importeacutes 85 des goOts pour le 1

Judo le Karateacute et la Lutte Olympique qui pourtant est bien peu pratishy1

queacutee au Seacuteneacutegfll j

Faut-il en deacuted~~re une attitude geacuteneacuterale favoris~agrave tout ce qui provient

de leacutetranger

Nous nous refu~ons preacutesentement agrave ce genre dexplicationJ ne ser~it-ce que

par ses conseacuteqJences sur notre sport national dont les perspectives appashyj

raicirctraient bie sombres

Admettons que la pratique de ces disciplines sont en rapport avec des

deacuteterminants eacuteconomiques et que ceux-lagrave sont un frein P4ur la popularisashy

tion de ces pratiques A lappui de cette interpreacutetation~ il suffit de

composer le champ social du Judo et celui de la Lutte libre traditionnelle

--== G J

32

LUTTE SIHPLEJUDO FIGURE JI(

Le groupe 2 qui manifeste un inteacuterecirct reacuteel pour les sports de combat -pregraves

de 25 iuml de la population i~tervieweacutee- et qui p6ssegravede les ~oyens de choisir

ses pratiques opte massivement pour le judo CDnme lexprirre le rapport de

agrave 4

- shy

A la lumiegravere de cette succi~te analyse des demandes sociales en matiegravere

de pratique des sports de combat nous pensons recouper la theacuteorie de

lhabitus selon BOURDIEU qui veut que des hatitus diffeacuterents impliquent

des styles de vie divergents si lon entend par style de vie un systegraveme

de pratiques classeacutees et classantes(I)

La mutation de la socieacuteteacute seacuteneacutegalaise celle du milieu urbain se caracteacuteshy

rise par lapparition despaces sociaux qui sont en rapport avec des

espaces culturels Il en reacutesulte des pratiques distinctives comme

lexprime le pogam

En effet si les cateacutegories sociales existent et si chaccedilune delle exprime

une marque sur les conduites des sujets il est naturel ~e penser que des

pratiques1 sportives servent de modegraveles distinctifs et detrsymbOles dorgashy

nisation ieacuterarChique dans la socieacuteteacute exprimant les dif eacuterentes clas8eamp(2)

Ces const4tations ont dimportantes implications sur leeacuteveloppement et

lavenir des pratiques Si dans notre IIIegrave partie nous 1tenterons de 1

mettre en rapport les particulariteacutes ethniques avec les pluraliteacutes de

style de lutte nous parlons presque au passeacute Une IVegraveme partie devra

e~visager la situation actuelle de la lutte afin de pouvoir eacutemettre

qu~lques hypothegraveses sur son devenir

Cest auss~ une ambition de ce meacutemoire daider ceux qui sinteacuteressent reacuteellE

ment agrave la lutte de savoir entendre au travers des deacuteclarations normatives

et apologeacutetiques Nous ne doutons nullement de la conviction ou de la bonne

foi de leurs auteurs mais parmi les possibles il yale probable et seul

ceiui-lagrave meacuterite decirctre retenu car plus proche agravee la recirc~liteacute

(I) BOURDIEU pierre La distinction Les Editions de minuit 1979 page 191

(2) Le POgdlt Deacuterrocratisation du sport ythe (u reacutealiteacute

- 1f shy

j j l IlL DL l H L S DE

3 1 LA COll1ŒNAUTE DIOLA

311 Preacutesentation

Les diolas vivent dans la reacutegion de Casamance et repreacutesertent 9 de la

population totale du Seacuteneacutegal Ce sont geacuteneacuteralement des cultivateurs de

riz et des artisans Cependant on peut les trouver aujourdhui disperseacutes

dans toutes les capitales reacutegionales affecteacutes agrave divers meacutetiers militaire

gendarme fonctionnaires de lEtat ouvrier etc bullbullbull

Dans les villes la plus grande partie des diolas vit dans les qoartiers

populaires Par exemple agrave Dakar on les trouvera agrave Colobane agrave Fass agrave

Grand Yoff ou agrave Khar Yalla La plupart du temps cesDnt des artisans et des

ouvriers du secteur priveacute qui vont essayer dune maniegravere ou dune autre de

vivoter en bricolant deci de lagrave Mais mecircme loin de la Casamance cette

ethnie conserve une grande partie de ses caracteacuteristiques et plus partishy

culiegraverement la solidariteacute ethnique qui veut que les Diolas forment toujours

un bloc bien soudeacute quand le besoin se ifait sentir et cecisans discrimishy

nation de rang social Ainsi tous lesdiolas de Dakar se mobilisent pour

supporter le Casa Sport chaque fois qbe cette eacutequipe de foot-baIl vient

jouer agrave Dakar Cette mobilisation se fera aussi dans le cas ougrave leur chamshy

pion de lutte Mamadou SAKHO livre uncombatimportant

Lethnie diola est diviseacutee en trois sous-groupes

- les dio1as Fogny de Bignona

- les diolas Kassa autour dOussouye

- les diolas Blouf dans la preacutefecture de Tendouck

Mais en lutte on a pris lhabitude ~e les grouper en deux zones dune

part le Kassa qui preacutesente des particulariteacutes et dautre part lE Fogny

et le Blouf

- J 7 shy

3 ) 2 ~U(lquE5 aspects d~ l~ducatio~ ~t des rit~s en milieu diol~

L eacuteducat ion veacuteritable de lenfant diola est sociale et ne se corlprend

que dans la relation sociale elle deacutepasse de loin le strict cadre

famililal Elle commence au stade de lapprentissage du langage

Lenfant apprendra agrave reconnattre le langage du regard de ses parents

Il doit connaicirctre et faire la diffeacuterence entre un regard approbateur

et un regard qui blacircme De mecircme il doit apprendre agrave faire les gestes

de la tecircte qui expriment lapprobation En aucun cas lenfant nest

laisseacute agrave lui-mecircme Aura-t-il deacutesobeacuteit par complaisance naura-t-il pas

eacutecouteacute ou fait attention aux recommandations reacutepeacuteteacutees plusieurs fois

sans reacutesultat il fera lobjet dune punition corporelle avec la chicotte

Elle a pour effet de faire mal au corps de lenfant afin datteindre son

acircme sa sensibiliteacute et instaurer en lui une sorte de 1iaision de la

meacutemoire du mauvais comportement agrave la douleur quen voulant eacuteviter la

douleur il finit par eacuteviter le mauvais comportement en tout cas den

prendre conscience degraves cet acircge Cest une meacutethode deacuteducation mora1e (])

i 3121 Leacuteduca~ion maternelle

1

Notre eacutetude nous a montreacute que mecircme de nos jours leacuteducation diola

conserve encore ses caracteacuteristiques traditionnelles au niveau des rites

des moeurs des habitudes des principes et des normes

Leacuteducation de lenfant reste lune des plus rigoureuses Elle commence

degraves le plus bas acircge car pour le dio1a on ne peut redresser une personne

adulte donc autant leacuteduquer tregraves jeune Jusquagrave lacircge de trois ans

lenfant sera encadreacute par sa megravere qui bien queacutetant tregraves douce fait

preuve daucune indulgence Elle lui apprend les interdits de la communaushy

teacute respecter son prochain ne pas insulter ni profeacuterer de gros mots surshy

tout en preacutesence de grandes personnes ni faire violence agrave autrui

Plus terd v~rs cinq ou SlX ans le jeune garccedilon est initi~ a~x travaux

ces cna~ps des rizi~r~s cles pal~eraiEs ce Gui ne manquer6 pa5

davoir ces rEpcrcussic~s sur SOn deurovelopperncnt morpholoique

- 1( shy

3122 La circoncisio~

cest un rite obligatoire Il a pour but dintroduire le garccedilon dans

la communauteacute des hommes en tant que responsable Cest un rite qui

laisse une trace indeacuteleacutebile dans la vie du jeune diola Les principes

de la vie en socieacuteteacute y sont enseigneacutes agrave fond Le rite de la circoncishy

sion preacuteseuro~teuro uneuro forme p~lticul do~t s~uls les diolas connaissent

lorganisation internecar la circoncision est agrave la fois une eacutepreuve

physique intellectuelle et morale

Cette circoncision en milieu diola se passe dans le bois sacreacute En ce

lieu les Njoulis (circoncis) sont encadreacutes par des mattres les

Kintangs et au-dessus de ces mattres regravegnent un ecirctre doteacute de faculteacutes

occultes il sagit du Kankourang Le kankourang a cette capaciteacute de

disparattre de voler quand bon lui semble Il incarne la justice et la

violence et assure la protection de ses disciples contre les mauvais

esprits Ainsi le kankourang incite agrave lobeacuteissance et agrave lordre dans

cette socieacuteteacute Dans la tradition diola le kankourang repreacutesente un

pouvoir mystique capable de choses extraordinaires dont la socieacuteteacute

moderne avide de raisonnement ne pourra trouver une explication Au

cours de la circoncision les initieacutes subissent un certain nombre

deacutepreuves physiques que le diola appelle samasso Il doit se soushy

mettre agrave lensemble de ces eacutepreuves consideacutereacutees comme indispensables

agrave sa formation pour lui permettre de juger ses capaciteacutes physiques

mais eacutegalement deacutepouver sa valeur intellectuelle morale et sociale

Il pourra aussi se mesurer aux autres dans le domaine de la consideacuteration

et du respect En quittant le bois sacreacute le jeune doit posseacuteder une

grande partie des qualiteacutes humaines et socisles quil faut agrave un howmE

pour vivre en harmonie avec la socieacuteteacute traditionnelle Il serait bien

sOr possible dans le cadre dune eacutetude plus approfondie de parler de

bien dautres rites et pratiques traditionnelles

Notons cependant que le rite de la circoncision appartient aux anc~t~es

et que dans les villages reacutecents ougrave les structures ont changeacute on ne

Jeux jours avant la re~trfE cans le bois sacr[ les adolescents so~r

-

- Jo shy

por lE diola 11-071- doit rester en harrc1iE avec lE

tal lanimal lui-mecircme les ancecirctres les geacutenies Le rit~ du rasdge co~sist~

acirc ~loigner la ~alchance de lenfant Si l~ ritE nest pas respecteuro eumlr es

parents du futur initieacute celui-ci connaicirctra la malchance pendant toute sa viE

Ce rite a aussi pour faculteacute deacuteloigner le mal et de preacuteserver lenfant des

mauvais esprits

Le rite de leau sacreacutee se fait un jour avant lentreacutee dans le bois sacrEacute

Les femmes doivent se garder davoir le moindre contact avec leau beacutenite

pour se preacuteserver des conseacutequences facirccheuses qui pourraient en reacutesulter La

tradition veut quune seule goutte soit capable de deacuteclencher lavortement

l chez la femme enceinte de rendre steacuterile la jeune fille ou de provoquer des

menstrues perpeacutetuelles chez la femme ayant atteint la meacutenopause bull

bull Le rite de la forge protegravege le futur initieacute pendant son seacutejour dans le bois

sacreacute Mais cette protection seacutetend bien au-delagrave et de rite veut que toute

personne qui y faillit soit condamneacutee agrave devenir leacutepreuse

Pendant plusieurs semaines les jeunes initieacutes subissent une formation capishy

tale qui fera deux des hommes complets

313 Croyances et pratiques mystiques

Si nombreux sont les diolas convertis au Christianisme ou agrave lIslam leur

foi napparatt jamais incompatible avec leurs croyances animistes Lhisshy

toire des rois et reines diolas nous reacutevegravele quils eacutetaient les ffprecirctres fl de

ces cultes feacutetichistes destineacutes agrave maintenir la fertiliteacute et agrave provoquer

la chute des pluies De nos jours existent encore des socieacuteteacutes secregravetes agrave

base religieuse ou magique la plus redouteacutee eacutetant lassociation neacutecrophashy

gique Kousanga des Floup (1)

Deux fafu expliquent la coexistence du dogme et de la croyance

le contact tardif de la socieacuteteacute diola avec les civilisations eacutetrangegraveres

et leacutevangeacutelisation ou lislamisation quelles veacutehiculaient Il e~ reacutes~lt~

une importance des traditions leur reacutesstance agrave une remise en questic~ ce qui confegrave~e agrave la socieacuteteacute diola un caractegravere conservateur

r~c~~i]EE 2~fr~~ ~c - t

ct ~Cc egraveE~ Cimiddotilisatilaquo~ eacute

la neacutecessiteacute de lanimisme consiegraveeuroreacute comme base de toutes legrave~

religi0~s uumlegrave serait-ce que corr~e tentative ciexpliquer li1explishy

cable en se repreacutesentant en particulier comme un ensemble de puisshy

sances mystiques Ainsi pour lanimiste agir sur la nature cest

intervenir psychologiquement aupregraves de ceLX qui la gouvernent

314 Imeact des moeurs sur la prat~que de la lutte diola

Lorigine de la populariteacute de la lutte eugrave milieu diola est par trop

impreacutecise aussi nous nous limiterons agrave en donner la signification

actuelle La lutte apparatt dabord comme un moyen privileacutegieacute deacutedushy

cation

- sur le plan corporel afin de deacutevelopper la force lagiliteacute la

rapiditeacute et la souplesse

- sur le plan moral afin de deacutevelopper les vertus caracteacuterielles

courage tenaciteacute digniteacute bullbullbull neacuteces~aires agrave laction

Mais la lutte apparatt aussi comme un mpyen dinteacutegration sociale car

le jeune diola qui se refuserait agrave se sbumettre agrave leacutepreuve de la lutte

encourrait un isolement alors que celui qui excelle en bravoure devient

rapidement populaire Dougrave ces affrontements agrave linteacuterieur dune classe

dige qui tout en restant un moyen de reacutejouissance servent eacutegalement

agrave eacutetablir des comparaisons

Nos observations et nos interviews confirment le caractire tris physique

de la lutte diola immeacutediatement les lutteurs sont au corps agrave corps et

les techniques consistant agrave aracher ladversaire priment sur toutes les

autres Exprimer sa force est une preacuteoccupation constante il suffit pour

sen persuader de voir le groupe de lutteurs peacuteneacutetrer dans laregravene au son

du Born bol on que rythme le claquement de mains des femmes

C~tte da~se est une deacutebauche dAnegie Ougrave les lutteurs pieacutetin~Ert avec

force L sol

i shy

3141 EorphologUgrave et valeur physiques du lut teur diola

Le lutteur diola possegraveagrave~ un deacuteveloppement caracteacuteristique du trai~

supeacuterieur et de la musculature doso-lombaire Ceci est tregraves certaineshy

ment lieacute au maniement de la houe de la daba et surtout dukadiando

dont lusage permanent a modeleacute la morphologie du lutteur diola

La valeur physique de ce lutteur semble reposer sur sa force sa

reacutesistance mais aussi sa rapiditeacute

3142 Reacutepertoire technique

Dans le Blouf la forme du corps la plus utiliseacutee est le deacutecalage souvent

combineacute avec un crochet de jambe (gal gal) ceci semble ecirctre lieacute agrave

lutilisation quotidienne dans les riziegraveres du kadiando Le paysan du

Blouf sera ameneacute agrave faire un mouvement de torsion pour deacutecalerlinstrushy

ment enprenant appui sur son genou et ceci continuellEment pendant toute

la jourpeacutee Chez les diolas du Fogny le kadiando eacutefait surtout utiliseacute

par les femmes qui soccupaient autrefois exclusivement de la riziculture

et ce n~est quaujourdhui que les hommes cultivent le riz 1

La principale culture dans le Fogpy est celle du mil on y cultive aussi

de larachide De ce fait loutil le plus utiliseacute est le donkoton qui

est un instrument tregraves petit avec un manche court et dont le maniement

expliquerait peut-ecirctre leacutetonnante musculature du train supeacuterieur et surshy

tout de la zone dorso-lombaire du 4i6la fogny qui excelle dans les techshy

niques en force genre arracheacute avec les bras sur contrOle de la ceinture

de ladversaire Lulisation du donkoton semble eacutegalement expliquer la

garde tregraves basse du lutteur fogny

Dans le kassa on aurait pu trouver la mecircme forme de lutte car la morphoshy

logie du lutteur est agrave peu pregraves la mecircme mais linterdiction formelle de

la prise du ~gimbe modifie et limite tout le repertoire technicult2 ou

lutteur Le lutteur kassa adopte une garde basse et agrave une preacutefeacuterence pc~r

legraveS tc~-iccedilues n passa~ dessous - - ~ shymiddotmiddotcrc t--=~ c-

----

contact et agrave partir de ce TtoTteuront ils peuvent se relever et conti~uEr

en lutte debout jusquau terrassemen~

Toutes les gardes sont rapprocheacutees en milieu diola

irbi trage

Les combats sont arbitreacutes par un deacuteleacutegueacute geacuteneacuteralement anClen lutteur

Ces anciens lutteurs ont pour rocircle de veiller au bon deacuteroulement du

combat La victoire est deacutecreacuteteacutee dans les cas ougrave un des lutteurs se

retrouve en position assise sur le ventre sur la cuisse ou les

genoux (sauf dans le Kassa)

Il existe un autre mode de victoire celle qui est proclameacutee agrave la

suite dune supeacuterioriteacute eacutevidente du~ des lutteurs A savoir quand

un lutteur soulegraveve tregraves haut son camarade et que son manager estime i

quil est pratiquement battu il peut arrecircter le combat en touchant

dabord le lutteur adverse popr eacuteviter que son lutteur ne soit terrasseacute

tregraves fOrt Nest-ce pas un deacutecision sage des managers qui peut contribuer

agrave maintenir le caractegravere reacutecr~atif de la lutte joola 1

La victoire dun village sur un autre village ne se mesure pas au

nombre de victoires obtenues par lensemble des lutteurs En effet

il suffit que le champion soit battu pour que le village soit consideacutereacute

comme deacutefait Ce qui explique limportance et le seacuterieux que le village

accorde agrave la preacuteparation des championsl)

Il est cependant important de signaler que larbitrage dans les centres

urbains revecirct une iautre forme beaucoup plus codifieacutee et cest peut-ecirctre

une des raisons qui font quen milieu urbain la lutte diola perde une

partie de son originaliteacute

En dehors des techniques speacutecifiques agrave chaque sous-groupe il faut

signaler quil y a une multitude de prises et quelGues formes de corps

comTIunes agrave letnn Car reconnaissons qu il cO unE ror-euro approp=i~eacute

dE ~ouvane du l~tteur diola en TaI

-----~-----

LE tableau ci-dessous se propose dE reacutesumer les diffeacuterentes consideacuteshy

rations techniques envisagEacutees dans cette partie

FORlŒSSOGS-GRGUPES 1 COItltOLE GA~JESDt CORF=

i ~

1 1

Passage dessous de jambes et BassE KASSA saisies Moyenne1annexes bras (rapprocheacutee)

ceinture tecircte

Deacutecalage de Moyenne et BLOUF Demi-souplesse Ngimbe

HauteHancheacute Bras (rapprocheacutee)

Jambe

Arracheacute CouFOGNY Tregraves basse

Hancheacute ii 1

1 1

3 14 3 bull LeIIa~~jueetlecom~ortementdulutteur-+iola

1 Le comportement et lattitude du lutteur dans laregravene pe sont en fait

t

que le reflet de sa psychologie et plus partiCUliegraverem t de son eacutetat

dacircme Or il napparatt pas abusif deacutetablir des cor eacutelations entre

le psychisme dun individu et lempreinte eacuteducative quil a subie En effet en sortant du bois sacreacute le jeune diola a acquis un ~ca~~l

eacutequilibre physique et mental

Cette matrise de lui-mecircme permet au lutteur dans la~egravene dadopter

un aire enjoueacute de manifester beaucoup denthousiasme~ La lutte devient 1

essentiellement un jeu laspec ludique y est privileacutegieacute et ~ela influe

sur le comportement du lutteur

Ainsi queurolq~c soit limporta~cE de le~je~ le lutt~c~ dic1e Seuroreacute

to~jours serein et s~ livrera sa~s arri~re pe~s6e da~$ ~E CO=beacute ou-

tons que le lutteur diola est trecircs fair-play et sil arrive quun rdnd

lll L COIicircilU1Ul L ULOF

32 J Preacutesentation

La soc tEacute wucirc10f est celle qU1 a eacuteteacute la plus marqueacutee par la colonisation

~~ fait peut-gtre de sa position geuroographiquE dune part ct de 50~ imporshy

tanCE sur le plan dfmographiquE dautre part En effEt ceurootteuro CC-~ucircautE

wolof repreacutesente environ 20 de la population seacuteneacutegalaise

Elle est constitueacutee de pecirccheurs (ce sont les leacutebous) dagriculteurs de

fonctionnaires de lEtat mais surtout de commerccedilants

A pqrtir de leur reacutegime dimplantation le Cayor le Walo le Baol le

Djolof et la presquicircle du Cap-Vert les wolofs ont tendance agrave irradier

sur lensemble du territoire sous leffet de leur speacuteculation agrave la culshy

ture de larachide et du nombre important de fonctionnaires quon trouve

dans cette ethnie

322 Les moeurs et croyances wolofs

Bien queacutetant en grande partie des musulmans convaincus les wolofs

conservent toujours une croyance animiste et continuent agrave faire des

sacrifices agrave porter des cornes ou des morceaux de bois agrave la ceinture

aux jambes ou aux bras et agrave croire agrave lexistence des Djinneacutes et des

Raps bull

Le Djinneacute cest une creacuteature malfaisante en geacuteneacuteral capable de choses

extraordinaires Il possegravede des faculteacutes surnaturelles Cependant dapregraves

la croyance animiste certains Djinneacutes peuvent ecirctre bons

Le Hapl cest une creacuteature ayant des dons occultes appartena71t agrave une

famille ou agrave une communauteacute et dont le rOcircle est de veiller cu daider

les reCJrES de le fai11p ou dt la conmunauteacute en cas de da1gel Le Rap

~ ut te c ) ~~c-

ei sltcificE cJ sanl dE meut0 dL chat de pC)wleurot 5E1lt les conveuroshy

lances parfois leur dorner COrllTe offrande du lait Laii

Qua1d une famille ou une communauteacute neacuteglige les Sarakh (ici dans

le sens de sacrifice ou Offrande) elle se voit aussitocirct vouEacutee agrave la

maleacutediction des mauvais esprit~ (fcllec dans touteacuteS lEs ~treprises

de la vie maladie mort bullbullbull ) Les lieux ougrave habitent ls Taps et ougrave

se font les sacrifices se nomment Khambs

Geacuteneacuteralement le khamb se trouve dans lenceinte de la maison ou

dans un coin approprieacute du village Les lieux du khamb sont marqueacutes

par la disposition de calebasses de pilons de morceaux de poterie

briseacutes de grosses pierres de cornes et dautres objets heacuteteacuteroclytes

La superstition wolof est tregraves marqueacutee En effet pour le wolof toutes

les manifestations quotidiennes trouvent leur signification dans le

mysticisme Citons agrave cet effet quelques ezemples Une femme enceinte

ne doit pas marcher agrave nimporte quelle heure de la journeacutee Certaines

heures de la journeacutee lui sont interdites le Timiss (creacutepuscule

le Ndjo~or (de 13 H agrave 14 H de lapregraves-midi) le souf-segravede (de

minuit i4 H du matin) Selon la tradition ~t la croyance wolof les

mauvais ~sprits choisissent ces heures pour jeter des sorts Et la

femme enceinte eacutetant tregraves vulneacuterable le Djinneacute essaiera de lui insufshy

fler son souffle pour atteindre son beacutebeacute afin dentratner soit la

meacutetamorphose de cedernier en monstre soit de le tuer avant sa naissance

Dailleurs pour le wolof et pour certaines autres ethnies au Seacuteneacutegal

le timis le tdjolor le souf-segravede repreacutesentent des peacuteriodes de

la journeacutee ougrave lon ne doit pas se hasarder dans les rues et les champs

Ce sont des heures propices aux apparitions des Djinnes sous nimporte

quelle forme humaine ou animale

Il est eacutegalement interdit au wolof de marcher ou de serti la nuit du

~eacutellfria-

loutes c~s pratiques ~ystiqu~s et cr0ya~ces religi~us~5 ~xistent eL~~[

certainement dues agrave un meacutetissage culturel Parallegravelement aux feacutetiches

aux incantations et agrave lutilisation des safaras (substance magique)

notons lexistence de ga l a tchs (ce sOnt des talismans ougrave sont inscrits

du qui les porte Toutes ces croyances biEn sucircr auront une rEacutepercussicrI

sur leacuteducation du jeune wolof

323 Leacuteducation du wolof

Pour caracteacuteriser leacuteducation wolof nous avons penseacute donner comme

illustration cet extrait de la revue DEM ak TEY Pour deacutefinir leacutedushy

cation le wolof fait appel agrave un symbolisme qui eDglobe aussi bien les

moyens mis en oeuvre Yar que le reacutesultat obtenu agrave laide de ces mecircmes

moyens cest-agrave-dire la formation et le deacuteveloppement de lecirctre humain

ou Yaru

Le substantif Yar deacutesigne le fouet

Ce symbolisme deacutesigne donc au-delagrave du simple sens mateacuteriel de lobjet

lutilisation qui permet daboutir au reacutesultat escompteacute (Yaru) Au sens

geacuteneacuteral Yar deacutesigne tout instrument servant agrave infliger une punition Le

terme laisse supposer agrave priori que cette phase de lenfance durant lashy

quelle se preacutepare la vie de lhomme est lieacutee agrave la souffrance au supplice

Dailleurs une maxime wolof compare lenfant agrave une tige quon a tout le

loisir de redresser alors quelle est encore flexible bull

bullbullbull Pour leacuteducateur wolof la perfection nest point de ce monde malS

le devoir de chaque homme est de tendre vers la pleacutenitude en luttant

contre ses propres faiblesses Leacuteducation va d01c iisister essentielle~(-~t

sur lexercice quotidien de leacutelevation ffiora1e d~ lindividu Pour cela

elle privileacutegie la patience munI) vertu dabneacutegdtion et dE deacutesinteacuteresseshy

m(~t autour dE laquelle sarticulent toutes ]e~ ~u~~~s qualiteuros

i _

aan~ ~ s0cieacutet gt~olcf ocirclt~tartt nul -Jt- poulait sabecircisstr

tion de sa libertEacute La liberteacute est le preuumler drcmiddotir dE l ho-)euro egrave~S

baigner dans une beacuteate admiration du passeacute la comparaison avec le pr~$(middott

si~posc dclle-mecircme car lon reste s reacute devant la deacutesinvolture aVEC

laquelle dES honmes daujourdhui descendants de cette ~~~EacuteTatic ccedil~l se

une fois [largis bullbull tTasque fiers davoir fait leacute priS0n PEut-2tTE

faut-il mettre cela sur le compte de lurbanisation et des nouvelles

valeurs qui ont pour nom enrichissement reacuteussite sociale avec ce que

cela comporte de deacuteshumanisant et de deacutepreacuteciateur (1)

3 bull 2 bull 3 1 bull Lesri tes

Le sevrage et la circoncision constituent les deux grandes phases initiashy

tiques chez le wolof

- Le rituel du sevrage est appeleacute maga1 (litteacuteralement rendre grand)

Cest un eacutevegravenement important aussi bien pour les parents de lenfant que

pour la co~unauteacute Durant cet eacutevegravenement qui survient geacuteneacuteralement deux

ans apregraves la naissance du beacutebeacute les personnes vivant dans lentouragE

apportent leur soutien moral et mateacuteriel

- le rituel de la circoncision revecirct pratiquement la mecircme signification

que dans les autres ethnies seule la forme diffegravere La circoncision reste

encore une eacutepreuve de la vie au sort i r de laque Ile ladolescent devient un

homme Aujourdhui il faut noter une meacutetamorphose de la structure sociale

et des croyances religieuses tregraves accentueacutee aussi bien chez les wolof que

chez les autres groupes ethniques et ceci est peut-ecirctre dO au contact

permanent quils ont avec la socieacuteteacute occidentale

Malgreacute ces constat~tions il semblerait pcu=tant qUE la sociecirct~ lecircbou Gci

bien que se trouvaLt en grande partie dans ~a Presquth du Cap-ETt Et

en contact permane~t avec les blancs soit la portior la plu8 cc~serva-

----------~_- ---~-- -----

~

Incidences d s ~00urs sur la l~ttE

Le wolof connaicirct deux formes de luttes la lutte sirplE- sans t-t

la lutte avec frappe La lutte avec frappe a une crigi~e purement r

et ce nest que plus tard quelle devint une prati1uE sportive et lud

preacuteparer agrave la guerre Aussi tout en luttant On eacutetait autoris~ agrave frapper~

griffer mordre voire introduire son doigt dans loeil de son adversaire

Le jeune wolof devait eacutegalement se livrer agrave la lutte avec frappe afin de

favoriser son insertion dans la socieacuteteacute adulte et sinitier au meacutetier de

soldat faute de quoi il ne pouvait se faire entendre ne avoir des marques

de respect Pour montrer la populariteacute de la lutte dans le Cayor signalons

que les Damels ll (rois) et les Teignes (nobles) nheacutesitaient pas agrave sy

livrer Quant au IIMbeu~ (lutteur) elle lui servait de moyen de promotion

sociale car d8S que sa reacuteputation eacutetait eacutetablie il pouvait ecirctre choisi

par les rois et les nobles comme garde de corps

325 Signification de la lutte en milieu wolof

La lutte se pratique dabord pour lhonneur qui est une vertu tregraves signishy

ficative pour le wolof Elle permet de renforcer les liens amicaux entre

les jeunes de villages diffeacuterents Le champion veut gagner

confiance et la consideacuteration de son village de ses amis

Etre champion cest aussi susciter ladmiration chez les

sentant la force la viriliteacute et la deacutetermination

326 Organisation d~s eacutepreuves de lutte

3261 Les Mbapatts Ce sont les seacuteances nocturnes

pour meacuteriter la

et des anciens

filles en repreacuteshy

Ils sont organiseacutes apregraves les reacutecoltes agrave la fin de la saiscn des pluies

Ceci surtout p~ndant les peacuteriodes de clair de lune car ils peuven~ durEr

toute la nuit Le but des ~Dapatts lt=tait de prfpa-er FhysicuemeH et

~ arb Sil

326 Le 1

cest une organisation beaucoup plus importante que les I~apatts ~

loccasion de laquelle on peut voir plusieurs lutteurs de grande reDommfe

saffronteLLa fin dl lamb est toujours couronneacutee par une grand co~bat

duquel le vainqueur est sacreacute champion de la contrecirce

Le choix du lieu est lieacute agrave limportance de ce lieu dans le village cest

la place publique ougrave geacuteneacuteralement se passent toutes les manifestations

assembleacutee geacuteneacuterale sabar (danse) cest aussi lendroit ougrave sont prises

les grandes deacutecisions

3623 Lappariement

Dans un village ou un quartier les lutteurs se regroupent en lang

(eacutequipe) et jamais deux lutteurs de mecircme lang ne se rencontrent lors

du lamb

L appariement s~ fait librement entre lutteurs de lang diffeacuterents l1hs

une regravegle veut ~uavant de lutter avec le Mbeur Kanur de tel lang si

on est soukh (l~tteur pas encore confirmeacute) il est neacutecessaire de lutter

dabord avec ses soukh et ce nest quapregraves les avoir terrasseacutes tous

quon se voit octroyer la chance de lutter contre lui

Notons que la cateacutegorisation des lutteurs par poids nest jamais prise

en consideacuteration

3624 La tenue du lutteur ou NGIMBE

Le middotNGimbe est confectionneacute par le marabout de la famille ou du clan Il

est constituecirc de pagnes en coton tisseacute geacuteneacuteralement offerts par la megravere ou

la grand-megravere du lutteur ceci lors des organisations de ~rande Tportance

COrlune lef 1amb Dans le cadre des l-bapatt les pagnes sont C tErts peumlr

~~~rcfcis ct ffi~mc aujourdhui d218 cErtaInes fa~ille5 on devj~Gr

luttEur de pegravere en fils et dans ce cas h 1

gimbell du pEgravere Est recircr i tEacute

par le fils Le fait de porter le lI~gimbe agravee ses aiumleux peut susciter

cne~ le jeune lutteur une motivation et une volontecirc in~branlable rlasshy

surer 12 supeacuterioritEacute cis SIcirct-ns dallS

le xgimbe de la famille ne touche pas le sable

La tenue du lutteur a une signification et une importance sur le plan

mystique car selon les anciens le vrai feacutetiche du lutteur celui qui

le proteacutegera agrave vaincre le Djinneacute ou le Rap de ladversaire se trouve

cacheacute dans ce Ngimbe Celui qui confectionne-le Ngimbe est doueacute de

faculteacutes occultes

~~r~i~rg Il est assureacute par un sage du village qui geacuteneacuteralement fut

championde lutte de son temps Dailleurs cet ancien nintervient que

si le terrassement est litigieux

Hormis le public qui proclame la victoire ou le match nul le lutteur

lui-mecircme est arbitre et il arrive quil se deacuteclare vaincu ~ous

pouvons citer comme exemple Meacutedoune KHOULE un des plus grands lutteurs

seacuteneacutegalais qui a donneacute une victoire agrave Djeacuteri SADIO son adversaire qui a

reacuteussi agrave lui faire toucher le sol de la main

Il Y a terrassement quand le lutteur se retrouve

- assis sur le sol

- eacutetaleacute sur le dos

eacutetaleacute sur le cocircteacute

les deux genoux au sol

- les deux ma~ns au sol

la tecircte (front au sol agrave la suite dune brouette)

Il peut y aVOIr match nul si apregraves li1 temps ccmsideacuterable les lutteurs

SE sont ~ ivrEacutes respectivement agrave des assauts rEacutepEacutetEacutes et n arrivEt pas a

3265 L~ precircparation mystique

Il faut reconnattre quon ne peut parler de lutte en milieu wolof sans

envisager une preacuteparation mystique seacuterieuse Co~~e ~ous lEvans vu a~teacute-

1middot ~ d ~ ~rlturenent t0utes es actlvmiddotltesmiddot u W010 sont lles a SeS croyances

- la lutte ne concerne pas seule~ent deux acteurs se livrant faruumlucheshy

ment agrave un combat au milieu de laregravene mais eacutegalement les marabouts et les

feacutetichistes du village ou du clan qui doivent deacutefendre leur savoir et

leur prestige Avant le combat le lutteur doit se livrer agrave un certain

nombre de preacuteparations mystiques pour assurer sa victoire Aussi sommesshy

nous appeleacutes agrave parler de BACK (cest le chant et la danse du lutteur)

- le batteur de tam-tam compose un rythme en fonction du Galagne ou du

Senghor (gds-gris) du lutteur Chaque galagne sera choisi en fonction

du Rap ou du Djinneacute correspondant au Totem du lutteur

Le chant geacuterleacuterique Feinte woy veut dire litteacuteralement composer un 1

chant Ce chant est geacuteneacuteralement composeacute par les filles du viilage du

champion ou par un griot de sa communauteacute Et agrave travers ce chrnt on

arrive agrave toucher la corde sensible du lutteur en chantant lesl innombrables 1

victoires de ses ancecirctres ou en lui rappelant ses prouesses eacuteblatantes 1

Chaque lutteur doit avoir un chant et un back qui lui sont propres

327 Le reacutepertoire technique et les caracteacuteristiques physiques dulutteur wolof

Le lutteur wolof est geacuteneacuteralement moyen de taille la musculagraveture est

tregraves saillante ce qui fait ressortir un aspect tregraves athleacutetique ceci

est vrai sans exception pour le lutteur leacutebou mais il arrive que le Cacircyoshy

rien le baol-baol le walo-walo soient de grands gabarits de forte constishy

tution

CepEndant pour une meilleure compreacutehension du sujet nous pouvons eacutetudiEr

deux jroups d lut teurs qui vont deacuteterminer deux st yI e s de lut tes

- ~ t

les tc~tativ~s de~[reacutee e~ ramassement de jambes de la~v~sairL Ce~~

peut Ecirctre expliqueacute par le fait que les lutteurs leacutebou ou walo-walc qui

sont des pecirccheursadoptent cette garde tasseacutee du fait quils so~t tou-

jours pencheacutes en tirant le fil ou en poussant la plrogue On verra techrugravequeacutes dt cirr 2C ~lt 5Jllicitocirct

surLuumlut les membres supeacuterieurs

Le cayorien et le baol-baol par contre sont les plus grands cultivateurs

darachide chez eux les techniques de lutte sont plus varieacutees et la

garde est moins renfermeacutee Les lutteurs cayorien et baol-baol ont une

morphologie et une reacutepartition musculaire bien eacutequilibreacutee ils excellent

dans les techniques en deacutecalage les techniques de jambe et surtout les

techniques de riposte ougrave lon peut voir des prises de hancheacute tregraves amples

Dune maniegravere geacuteneacuterale on peut dire que le lutteur wolof est un fin

technicien qui sait surtout creacuteer les opportuniteacutes e~ avec sa rapiditeacute

utiliser la force de ladversaire pour le deacuteseacutequilibrer le noodju

le mbas le weacuteheacuteleacute et le rasu sont des techniques propres au lutteur

wolof

En deacutefense il utilise surtout des kl~klets ou gal-gal Notons que

le balancement des bras ou Lewato e$t tregraves marqueacute dans la lutte wolof

TABLEAU RECAPITULATIF DES COMPOSANTES TECHNIQUES

( 1 )

1 SOUS-GROUPES GARDES CONTROLES FORHES DE CORPS l

Walo-walo Basse de jambe Arracheacute l l10yenne de Ngimbe et i

Leacutebou Tasseacutee et saisies annexesj Deacutecalage 1 1 distante de bras de tecirct1

j de bras Deacutecalaeuro

~-----------------~-

- ~ ~- shy - ~ ~ bull L _ _ bull

Profil psyc~~iqUE du lutteu- et son comporterent dars l 2regravere

La preacuteparation mystique dans laregravene est plus marqueacutee chez les wolofs

que ChE~ les autres ethnies En effet on verra de grands champions

preliGrE plusiEurs heures pour Enduire leur corps de cll2badep ou ci

rmiddot- ~ a la proprieacuteteacute de proteacuteger li1egraveividu J

les mauvais sorts) Cest dailleurs un aspect dt la luttE qui iJcsc

des problegraveJles

Le lutteur wolof est tregraves superstitieux et la peacuteriode de preacuteparation

est capitale pour lui car elle permet non seulement de rendre

hommage aux ancecirctres mais aussi dintimider son adversaire Cest

geacuteneacuteralement un lutteur agressif combatif et teacutemeacuteraire Il se fait

souvent remarquer par son esprit dentreprise Mais cette fougue dans

le combat lamegravene parfois bien que ce soit regrettable agrave oublier les

usages et les normes Ce manque de maicirctrise de soi peut faire croire

que le lutteur wolof manque de fair-play ce qui nest pas toujours le

cas

~A~Ugrave~ t 4AA CbUrs k LA ucirctotve f~tPle Sesect prores mou W ~ lesquelles vont se couler les comporteme~ts individuels qui sont ainsi

monteacutes par et pour lautoriteacute sociale

Les faccedilons de boire de marcher ou de sasseoir se manifestent indivishy

duellement dans le corps de chaque personne ces habitus sont cependant

des montages sociaux lieacutes agrave des significationssymboliques variables

dailleurs selon la position sociale occupeacutee par chaque sujet Ces modes

dagir se rangent dans un systegraveme de montages symboliques et lindivishy

du les apprend de la socieacuteteacute dont il fait partie agrave la place quil occupe

Lhabitus est un montage social agrave la valeur symbolique deacutependant des pheacuteshy

nomegravenes deacuteducation et de prestige et lieacute agrave la position sociale du sujet

Cette penseacutee sonne de faccedilon eacutetonamment moderne

Pierre BOURDIEU qui dans une perspective a approfondi le contenue de la

notion en le reportant aux oppositions entre classes et fractions sociales

Il deacutefinit lhabitus comme un systegraveme de dispositions durables acquis au

cours dune histoire personnelle dans une milieu social donneacute systegraveme qui

engendre ensuite des pra~iques socialement deacutetermineacutees faccedilons de manger

de parler ou de marcher comportements de politesse contenu des preacutefeacuterencel

et des deacutegoOts bullbullbull lhabitus est le produit de conditions eacuteconomiques et

sociales Lauteur rattache directement la formation de lhabitus dun

individu agrave la trajectoire parcourue par celui-ci dans sa classe dapparteshy

nance il deacutefend lideacutee dun habitus de classe qui deacutefinit le sens confeacuteshy

reacute agrave la pratique sportive les profits qui en sont attendus

Ce dernier serait lui-m~me lieacute agrave un systegraveme de valeurs ou ETHOS de classe

prenant sens au sein doppositions distinctives entre classes sociales

De sorte lhabitus fonctionne comme un systegraveme dt- regravegles inteacuterioriseacutees

souvent informuleacutees permettant ou non agrave lagent de sadapter dembleacutee aux

multiples pratiques de la vie quotidienne et de la vie sportive il est agrave

lorigine des schegravemes de transcription qui favorisent les ajustements aux

situations corporelles nouvelles (1)

t ~

(1) P~IE11D dwi6Han ISpoy-l et sodeacutebi Approche Bocio-culturelle des pratiques P~tis Vigot 1981 page 81

33

331 Preacutesentation

Les Seacuteregravere auraient pour origine le Fouta Toro quils auraient quitteacute

vers le Xllegrave siegravecle pour fuir lislamisation de cette reacutegioD par lempire

dJ Xali (ils seraient donc apparEnt~s aux Peul et Toucouleur ) Ils

auraient trouveacute dans la rEacutegion du Sine les Sosseacute dorigine manding avec

lesquels ils salliegraverent

Au XVegrave siegravecle une autre immigrationSos~ conqueacuterante cette fois-ci

apporta son organisation eacutetatique Ils se divisegraverent en deux monarchies

deacutemocratiques lune seacutetablit au Sine et lautre au Saloum Les Sosseacute

conqueacuterants constituaient lautocratie appeleacutee Guelowar

La royauteacute seacuteregravere eacutetait laiumlque Les premiers souverains durent secouer

la tutelle des Toucouleur et progressivement arrivegraverent agrave unifier lethshy

nie des seacuteregravere etdea Sosseacute Les deux royauteacutes eacutetaient organiseacutees selon

acirces modegraveles tregraves deacutemocratiques Le souverain deacutependait dune assembleacutee

de ministres et de chefs locaux qui assuraient ladministration centrale

et reacutegionale())

Aujourdhui lethnie seacuteregravere repreacutesente 20 de la population seacuteneacutegalaise

Ils sont reacutepartis sur presque toute leacutetendue du territoire notamment

dans le Baol la reacutegion du Sine-Saloum et la reacutegion de Thiegraves

Signalons quil existe plusieurs sous-groupes dans lethnie ainsi on

trouvera

- dans la reacutegion de Thiegraves les Ndut les Safegravene et les None

- dans le Sine-Saloum les Sine-sine et les Saloum-salouIT

On trouvera vers foundioune et agrave Nioro du cocircteacute de la Gambie les

Niominka (pecirccheurs) Cest une portion tregraves mandinguiseacutee

( 1

Le rattache~2~t d~ to~s ccs sous-groupes pose problecircme ~25 0~ r0~V~

uc grande partie de traits COITul1uns dans leurs modes dE vie Ct pOUT phs

de faciliteacute nous allons essayer de faire une ~tude globale de la lutte

traditionnelle seacuterecircre Lactiviteacute socio-eacuteconomique qui est essentielleme~t

agro-pasorale caracteacuterisE leacutethnie seacuteregravere

332 Lecircducation les moeurs les croyances et pratiques sEr~rc

Chez les Seacuteregravere la vie humaine se deacuteroule selon les grandes eacutetapes

le baptecircme lenfance ladolescencemarqueacutee par la circoncision lsectge

adulte le mariage la vieillesse et la mort (funeacuterailles)

La vie de la communauteacute seacuteregravere reste une des plus originales sinon

celle qui de nos jours garde la presque totaliteacute des pratiques et

habitudes traditionnelles

Bien qu aujotltdhui con~r-tis aux religions chreacutetienne et musulmane les

Seacuteregravere conservent leurs croyances et pratiques animistes

Quelque soit leur degreacute dadheacutesion aux religions reacuteveacuteleacutees les Seacuteregravere

croient en un Dieu puissant et miseacutericordieux Rog Segravene et les hommes

Les ~angols sont repreacutesenteacutes mateacuteriellement dans tous les villages

seacuteregraveres par des arbres (baobab et tamariniers) des animaux (geacuteneacuteraleshy

ment serpent doreacute ou iguane) des ustensiles (pilon calebasse et mortier)

De nombreux teacutemoignages nous apprennent que certains totems (serpent

iguane) font leur apparicion agrave loccasion de certaines manifestations

rituelles comme les sacrifices ceacuteleacutebreacutes lors dun mariage de ceacutereacutemonies

mortuaires ou des circoncisions

Le Seacuteregravere comme il nous a eacuteteacute donneacute loccasion de le dire plus haut

preacutesente des speacutecificiteacutes authentiques aussi bien en tout ce qui touch~

son eacuteducation ses croyanCES et pratiques mystiques q~e ses activiteacute~

socio-ecirccc~omiquEs Apr~s a ~aissa~c~ le beurob~ ~~ pcs~ 5~~ lE S~ __

On lui mouille les l~vres avec un peu d~ lait de mil et apr~s U~ bain

purificateur on versera leau dans un trou cr~us~ derri~r~ la Camp~~

Pendant huit jours la megravere et lenfant sont cacheacutes dans la case car

selon les anciens ils sont tregraves vulneacuterables La case deacutens certains cas

est entoureacutee dun fil blanc et lon place sur le seuil des fais(cauy di

veacutegeacutetaux pour chasser les mauvais esprits (geacutenies malfaisants et illangeUY~

dacircmes) Au bout du huitiegraveme jour la megravere et lenfant peuvent sortir de

la case bull

bullbullbull Le matin du huitiegraveme jour la tante paternelle va chercher de leau

(plusieurs fois)t elle doit rester muette pendant ses alleacutees et venues

si elle parlait t lenfant pourrait ecirctre muet bullbullbull

La megravere et lenfant prennent un bain purificateur dans lequel sont

trempeacutees certaines plantes (ce sont des veacutegeacutetaux pr~tecteurs tels le

begravene le yag le ngud) On y lavera aussi le linge e1t les ustensiles utishyj

liseacutes pendant les huit jours qui viennet de seacutecoul~r On rase le crine

de lenfant Les cheveux sont donneacutes agrave la megravere qui ~s enterrera avec le

reste du cordon ombilical dans un endroit que11e esit seule agrave connattre

La megravere sassied sur une natte devant la maison Une femme igeacutee de la

famille prend le beacutebeacute dans ses bras et le preacutesente aux quatre coins de

lhorizon

La tante paternelle tient ensuite un van sur la tecircte de la megravere on y

verse le mil on y verse eacutegalement en abondance sur la megravere et sur

lenfant La tante oint ensuite le corps du beacutebeacute avec du lait e11e

touche en particulier le front t le nez la bouche la poitrine le dos

et les oreilles

Elle pose enfin un ~rain de sel dans la paume du beacutebeacute (le sel purifie

et deacutetruit les puissances mauvaises)

Apregraves un nouveau bain la megravere et lenfant revEcirctent des habits de fecircte

(est

lenfant Ce precircnore a toujours U~ SEns Il sy~bolise parfois C0 qUi

lOIl sounaitt agrave lEufant l)

La circoncision comme dans les autres ethnies est obligatoire Elle

permet au jeune adolescent dacceacuteder agrave la classe adulte Les jeunes

sont regroupes en classe dacircge dans le bois ougrave sc fait la r0tr~it0 des

circoncis et ceci pendant plusieurs mois

Le Selbeacute qui est geacuteneacuteralement un ancien craint de tous les eacutelegraveves

enseigne le respect de la hieacuterarchie la discreacutetion le goOt de linishy

tiative Les activiteacutes physiques et leacuteducation artistique ne sont pas

en reste la deacutecoration la sculpture la lutte et la danse A sa sortie

du bois linitieacute appartient deacutesormais agrave la classe des virils et des

sages du clan car on lui aura enseigneacute les vertus fondamentales que

sont la justice lhonneur lamour du prochain 1 amour du travail

lhonnecircteteacute et surtout le respect des coutumes ancestrales

Le rite du mariage esd aussi un fait tregraves important dans le monde 1

seacuteregravere mais par manq~e dinformation nous serons obligeacutes de nous en

tenir lagrave

333 Impact des ethos sur la lutte dans le monde seacuteregravere

Lorigine de la lutte seacuteregravere ne semble pas claire ma1S nous pouvons

dire quil existait deux formes de lutte comme chez les Wolofs une

lutte sans frappe et une lutte avec frappe Et cest cette derniegravere

qui peut-ecirctre nous ameacutenerait agrave croire que la lutte seacuteregravere aurait une

origine plus preacuteciseacutement guerriegravere

Aujourdhui la lutte est uniquement une activiteacute sportive agrave travers

laquelle le jeune seacuteregravere eacutevalue sa force son courage et SOn ingeacutenioshy

siteacute Cest une occasion de deacutefendre lhonneur de son village ou de

la corrnnunauteacute

La luttE ~5t avant tout u~e rnanifcs[dtic~ c~lturclie et surtout

fo lkhriqut-

Gracircce agrave elle on peut deacutesormais comprendre un certain nombre de chants

et de symboles A travers la lutte seacuteregravere on ccedilomprend les inter-relashy

tions entreacute la vie et le monde surntiturel

Sil devait y avoir la mort dun villageacuteois pendant la fecirctE au T qUE

de linterrompre on proceacutedait gracircce aux connaissances magico-religieuses

agrave la suspension de la mort jusquagrave une peacuteriode ougrave la population sera plus

disponible pour organiser des funeacuterailles sil y eacutetait preacutedit la possibishy

liteacute dune deacutefait du champion local au profit dun champion dun autre

village des recettes dordre maginque et religieux eacutetaient mises en prashy

tique afin que le champion du village ne soit jamais terrasseacute(J)

334 Le profil du lutteur seacuteregraver~

Le lutteur seacuteregravere est par essence un athlegravete impressionnant de par sa i

carrure et sa musculature saillante mais cest aussi une force tranquille

et calme quelque soit lenjeu du combagravet et particuliegraverement lhonneur

Cet aspect nous pousse agrave parler du NGiMBE cest-agrave-dire de la tenue du

lutteur qui va influencer sur sa faccedilon de lutter

La confection du Ngimbe revient agrave la communauteacute entiegravere Le Ngimbe a

une signification symbolique et le lutteur pour meacuteriter la confiance du

groupe se doit de tout faire pour ne pas toucher le sol Toute la commushy

nauteacute elle aussi sengage pour assurer la longeacuteviteacute et le succegraves du lutteur

dans laregravene par lorganisation droffrandes et de sacrifices en lhonneur

des Pangols bull

bull

Daucuns nheacutesitent pas agrave dire que lessentiel du mysticisme se fait agrave

la maison et non dans laregravene tout le reste nest quintimidation de

ladversaire

lsvcns

Tt- pi ~- t

t 1 ~ l _ ~ t

par rapport agrave lautre Cbci est trEgraves lieacute agrave lactiviteacute journaliegravere du

jeune seacuteregravere qui est un cultivateur donc toujours bien planteacute sur ses

jambes et qui continuellement manie lhiler

Le fait de couper le boi~ peut eacutegalement constituer un moyen de muscushy

lation non neacutegligeable pour le jeune lutteur

Un certain nombre de traits techniques speacutecifiques au lutteur seacuteregravere

semblent ressortir des diffeacuterentes interviews que nous aVOns fait subir

agrave certains lutteurs seacuteregraveres et agrave diffeacuterents techniciens

SOUS-GROUPES FORMES DU CORPS CONTROLES GARDES

SAFEN Moyenne en fente NONE Hancheacute Bras (distante) j

NDUTJ

f

SINE-SINE Deacutecalage Ngimbe

Moyenne

SALOUM-SALOUM Passage- Jambe (rapprocheacutee) 1

i

PETITE dessous Tecircte Basse et 1

COTE Moyenne (rapprocheacutee)

Notons que le Niominka ll commence agrave lutter agrave partir du sol pour avoir

assez deacutelan et sauter sur ladversaire afin davoir la prise du lion

(contr6le de la nuque et du bassin)

Co a -tem-nt ccedilt attitude du lutteur sEacuteregravere335 np -1t ~

Les croyances mystiques sont indissociables des activiteacutes quotidiennes

duseacuteregravere Ce qui explique le cocircteacute supersticieux du lutteur seacuteregravere En

~ffet certains lutteurs refusent de lutter avant certaines heures

Certains teacutemoignages nous apprennent quil nest pas donneacute agrave tout le

monde decirctre champion de lutte et que le lutteur doit avoir des dons

surnaturels pour ecirctre agrave mesure de livrer ses combats dans la nuit

et trouver seul un gris-gris speacutecial appeleacute Njatch

Le vrai champion de lutte chez les seacuteregraveres ne lutte pas seulement avec

~a force et sa technique mais surtout avec ses dons occultes

Chez les seacuteregraveres les morts sont toujours preacutesents et les ~pangols

Servent dintermeacutediaire entre les hommes et les morts Le pangol prend i

le nom dhumain dans certains villages (IIHeacuteJga NDONG Har Wag NGOUYE) i 1

De ce fait on verra le lutteur danser dufe maniegravere ou dune autre en

fonction du pangol de sa famille Ainsi nrus aurons le back (chant et

danse du lutteur) des DIOUF des FAYE etclbullbullbull

Dans laregravene le lutteur seacuteregravere a un comportement exemplaire aussi bien

agrave leacutegard de son adversaire direct quave~ le public en geacuteneacuteral Lexpli shy

cation semble tenir au fait que le lutteur seacuteregravere est avant tout selon

la tradition orale le repreacutesentant de toute la communauteacute seacuteregravere Par

conseacutequent il devra saffirmer non seulement en tant que lutteur dans

laregravene mais aussi en tant quentiteacute morale

336 La tenue du lutteur ou NGIMBE est confectionneacutee par le marabout de la

famille ou du clan Le Ngimbe est constitueacute de pagne en cCton tisseacute

Il doit ecirctre propre le lutteur qui le porte ne devra pas avoir de rapshy

port sexuel pendant toute la peacuteriode des cOTpeacutetitians car le Ngi~bE ne

doit pas ~tre souilleacute

Autrefois et mecircme aujourdthui dans certaines familles on devient

lutteur de pegravere en fils et dans ce cas le Ngimbe du pegravere est heacuteriteacute

par le fils Le fait de porter le Ngimbe de ses aieux peut susciter

chez le jeune lutteur une motivation et une volonteacute ineacutebranlable dtasshy

surer la supeacuterioriteacute d~s siens dans ltaregravene Il fera tout pour que le

Ngimbe de la ramille ne touche le sable

La tenue du lutteur a une signification et une importance sur le plan

mystique car selon les anciens le vra1 feacutetiche du lutteur celui qui

le proteacutegera et laidera agrave vaincre le nDjinne ou le tRapu de ladvershy

saire se trouve cacheacute dans ce Ngimbeu bull Celui qui confectionne donc le

Ngimbe U est doueacute de faculteacutes occultes

337 Larbitrase est assureacute par un sage du village qui geacuteneacuteralement fut

champion de lutte de son temps Dailleurs cet ancien nintervient que

si le terrassement est litigieux Hormis le public qui proclame la vicshy

toire ou le match nul le lutteur lui-mecircme est arbitre et il arrive

quil se deacuteclare vaincu

Nous avons pu cfter Meacutedoune KHOULE un desplus grands lutteurs seacuteneacutegashy

lais qui a donn~ une victoire agrave Djeacuteri SADIO son adversaire qui a reacuteussi

agrave lui faire touegraveher le sol de la main

IlL

34 1 Preacutesentation

Lethnie toucouleur vit En grandt partit ciE~~ la vallfc du S~~~gal

pt reprecircsente i peu pr~s 8 de la population totale secircn~galaise

o Histoire

Il semblerait que dans lancien royaume du Tekrour (IX~ siegravecle) des

eacuteleacutements neacutegroiumldes Sarakoleacute et des Peul aient formEacute par meacutetissage le

peuple Toucouleur (Toucouleur serait dailleurs une deacuteformation du

mot portugais Tacouror)

Ce empire a domineacute aussi bien les wolofs de lOuest que les Peul

nomades du Fouta Toro Cette reacutegion fut le premier pays islamiseacute par

les Almoravides ce qui peut expliquer le proseacutelytisme toucouleur

Ce sont les guerriers toucouleur islamiseacutes qui attaqu~rent avec les

Almoravides la capitale du Ghana Koumbi en 1067 On convertit par

la force les animistes Cest sans doute agrave cette eacutepoque que de nombreuses

ethnies reacutefractaires agrave lIslam ont dO accentuer leur migration vers

le sud (Seacuteregravere wolof Sarakoleacute Bambara Songhaiuml Akan et Peul se reacuteshy

fugiaient vers les hauteurs du Fouta Djalon)

Au XIXegrave siegravecle les Toucouleur allaient trouver en El Hadj Omar Tall

un grand conqueacuterent qui sous le preacutetexte religieux de la gJerre sainte

contre les tribus animistes (entre autres Bambara) eacutetendit lempire

toucouleur sur presque tout lensemble du gali et la partie de la Guineacutee

proche du l1ali

Lempire toucouleur composeacute de Sarakoleacute de Bambar~ de ~alinkeacute de

Xassonkeacute dE Peul et de Dogon eut le meurorit~ dunir CES diif~rentes ~ ~ - - - - - et~ics ~t dE CD~stituer l~Sl la b2S~ ~r 1

_ ~ ~ ~_ L ~

~ ~- ~- - - ---- _ 1 v _ t 1 ~-_ --

marabout tOL~culcuuml~ ~ middotlrrany a l ick SI venu des E1i rClS dE Pocior~ (

~ Vi~ euroconomicue et sociale -----------~-------------

Les Toucouleur sont des cultivateurs mais bien quils n~ soie~t pa~

pasteurs comrre les Peul leacutelevage a une place inportarteacute decirc1S ltur

eacutecono~ie Pour faciliter leur conquecircte guerriegraverE ils c~t Eucirc une preacuteshy

dilection pour leacutelevage des chevaux On y trouve aussi des pecirccheurs

appeleacutes Tchioubalo La socieacuteteacute toucouleur aurait une stratification

sociale tregraves rigide Les groupes ethniques et les castes eacutetaient

diffeacuterencieacutes et strictement exogamiques les Rimbe classe des nobles

comprenant la famille reacutegnante et les guerriers libres la classe des

Nieacutenieacutebegens de castes artisanales i les Rimaibeacute anciens esclaves

devenus serviteurs qui portent les noms de famille de leur maicirctres A

la base de lorganisation de la collectiviteacute toucouleur se situe le

village (Wouro)

Toutes ces castes sont cloisonneacutees entre elle~ Ainsi il nest pas

permis agrave un Torodo (noble) de se marier avec un Tchioubalo Ces

consideacuterations sont importantes dans le domaine de la lutte ougrave nous

apercevrons que les nobles ne sont pas faits pour lutter Le noble

preacutesidera les seacuteances de lutte et on luttera pour lui Ces condeacute rat ions

de noblesse et de rang social sont extrecircmement importantes dans le

monde toucouleur

Le noble ne doit pas se salir on lutte pour lui il ne vit la lutte

quen tant que spectateur

342 Education moeurs croyances et eratiques religieuses

Deux formes d~ducation sont agrave consideacuterer leacutedJcatio~ dES enfarts Et

celle des adultes

oG lenfant sait m2n~~r et apprfcier le goOt d~5 ~iifeurorents r~pas lt

le moment ougrave il CO~~e~CE agrave marcher

tivirt n~sormais le petit toucou]eur est eacuteduquf par toutmiddot 12 f2~i)]E

dabord puis par toutes lespersc~nes du village ou du C13~

Lenfant peut ~tre corrigeacute par tout adulte appartenant au groupe social

Son eacuteducation est deacutesormais laffaire de toute la communauteacute et non

exclusivement celle ces parents On linitie ainsi au travail quotidien

qui se fait dans la bergel~ e les champs et les bords du fleuve Au sein

du village il pourra apprendre agrave filer la laine et agrave tisser des pagnes

dans les champs il apprend agrave manier la houe et lhiler pour la culture

du riz et du mil Mais signalons que lactiviteacute essentielle du toucouleur

est leacutelevage des boeufs des moutons et des chegravevres Chez les Ichioushy

balos (p~cheurs ) lenfant sera initieacute tregraves tat au maniement des pagaies

agrave la p~che propremccedilnt dite et agrave la nage

Vers cinq-six ans lenfant est confieacute au maicirctre coranique le Ihierno

et ce dernier dispose exclusivement de toute sa vie Lavenir du jeune

enfant lui appartient

Comme dans les autres groupes ethniques les enfants sont regroupeacutes en

classe dacircge et cest dans cette structure que lenfant subit les rite

de passe et plus particuliegraverement celui de la circoncision

La circoncision est non seulement unE opeacuteration chirurgicale malS surshy

tout une peacuteriode au cours de laquelle le jeune garccedilon passe de leacutetat

dadolescent agrave leacutetat dadulte Les circoncis sont reacuteunis en classe

dacircge dans un endroit situeacute hors duvillage geacuteneacuteralement choisi par les

vieux Cet endroit n~st accessible que par des individus de SExe ffi8SCUshy

li~ ~ta~t au preacutealabl circoncis

- - - -

quable et complet sur le plan phy~ique et ~oral Ai~si liniti~

acquiert les qualitecircs indispensables que sont le courag~ la modest

lesprit de sacrifice lendurance

Le toucoule~r est un pleux musulma~ Cela sexp1

SOil le premier agrave tre en contact avec la religion musulmane de par sa

position frontaliegravere Lethnie toucouleur de par son histoire a preacutesenteacute

les plus grands chefs militaires et religieux musulmans seacuteneacutegalais Et

pour illustrer cela on peut citer en exemple la grande famille musulmane

des SY agrave TIVAOUANE repreacutesentant la confreacuterie des TIDJANES

Bien que lon note une majoriteacute musulmane on peut dire que certaines

croyances et pratiques mystiques et animistes persistent encore surtout

dans la reacutegion du fleuve

Une pratique courante se fait elle sappelle le Djatt Elle consiste

agrave faire sortir le caiman du fleuve agrave limmobiliser et agrave lattacher

sans quil ne reacuteagisse et tout ceci agrave laide de versets et dincantashy

tions magiques Dapregraves les teacutemoignages ces pratiques sont plutocirct

freacutequentes chez les Tchioubalos (pecirccheurs) Il arrive aussi que cershy

tains chasseurs ayant des dons se livrent agrave certaines pratiques an1shy

mis tes qui consistent agrave invoquer certaines puissances et agrave moduler sous

forme de chant des versets occultes pour se proteacuteger des mauvais esprits

et pour eacuteloigner les fauves Ce chant est geacuteneacuteralement incompreacutehensible

et deacutenueacute de sens pour le profane

343 Activiteacutes ludiques et pratiques sportives en milieu toucouleur

Durant toute son histoire lethnie ~oucouleur a toujours EacutetEacute Frese~teacute~

comme celle qui avait ue activit essentiellement guerr e e~ particushy

liegraverement farouche Trois eacuteleacutements ret r t l ecirc t te nt i c- euro so~t

le manie~~nt du ~acircton 12 luttE Et 1eacute danSE

l

Lecircducation ph~sique et artistique Dcc~pe un place precircpondecircra~rp

dans la fDrmat~on du jEune toucouleur A loccasion agraveeacutevegravenemen~ imporshy

tants reacutecoltJs mariages baptecircme nous assistons agrave des manifestashy

tions folkloriques de grande envergure le Wango oucirc dailse toucouleur

tregraves gymnique iles chants et surtout les sEacuteances de lutte

La lutte toucouleur est la forme de lutte la plus spectaclaire dans

tout le territoire seacuteneacutegalais Elle est essentiellement baseacutee sur des

techniques en hancheacute et surtout en souplesse Ceci sexplique par le

fait q~e le jeune toucouleur est tregraves tocirct initieacute agrave la gymnastique (saut 1

per saut de main salto arriegravere saut de tecircte couronneacute etc bullbullbull ) pour

la dans~ du wa~go En dansant le wango qui est une danse rythmeacutee et

gymnique le Jeune toucou1eur est capable de prouesses extraordinaires

1

En lutte lattaquant se deacuteplace tregraves peu pour avoir une bonne saisie

(geacuteneacutera~ement controcircle du Ngimben ) et enchaine brusqueme~t avec une

attaque surpris~ Cependant les ripostes sont souvent surprenantes et

spectaculaires (baseacutees sur la souplesse et la rapiditeacute) ontrairement

aux autr~s form~s de luttes ougrave lon voyait tous les jeune adheacuterer la

lutte to~cou1eur Verra un groupe de speacutecialistes sadonne agrave la lutte 1

(la lutte est lieacutee agrave la position sociale de lindividu problegraveme de

caste)

Q La morphologie du lutteur toucou1eur 1

1 1

Ce dernier nest pas aussi large et aussi fort que les lutteurs diola

et seacuteregravere Cependant il est tregraves reacutesistant La musculatJre est saillante 1

et tregraves souple lindividu est longiligne mais tregraves athleacutetique

Les mouvements de lutteurs sont semblables agrave ceux dun grand fe1in Cette 1

morphologie semble ecirctre lieacutee agrave la position geacuteographique de lethnie

(reacutegion du fleuve) et agrave lacitiviteacute socio-eacuteconomique du toucouleur qui

est agrave la fois cultivateur (activiteacute lieacutee agrave la crue et deacutecrUE du fleuve)

pecirccheuro~T CIcr~icubaon) et sttout jEumlrgcr qui est U~ rc~2eumlr

shy

Deux formes egrave~ corps sembl~nt ecirctre preacutefeacutereacutees du lutteur toucouleur

le hancheacute et la souplesse Les hancheacutes sont faits agrave partir de plusieurs

positions de doset se terminent geacuteneacuteralement par des techniques de

tregraves grande amplitude

TABLEAU RECAPITULATIF DES TECHNIQUES ET FORMES DE CORPS SPECIFIQUES

i

L441 r

GARDE FORMES DU CORPS CONTROLES --shy - -

Moyenne Souplesse Ngimbe

Hancheacute bras

Demi-souplesse

1

Profil psycholosigue 1

TECHNIQUES

ContrOle du bassin et 12 souplesse

arriegravere

Klicket et allegravegement de la hanche

Le lutteur toucouleur est celui lUi se livre le moins aux preacuteparaqons

maraboutiques Cela est dO au f~t que le toucouleur est un grand ~USUlshyman et que les pratiques animisges ont presque disparu dans ce mil~eu

Dans la pratique le lutteur esJ combaif mais il est calme et tr~s reacutefleacutechi quant agrave la deacutecision agrave prendre en plein corps agrave corps ct~st un des seuls techniciens qui reJte tregraves lucide au cours de ses comb~ts

l Dans toutes les circonstances e lutteur toucouleur est tenu de re~pecshyter son adversaire et ceux de s4n eacutequipemecircme sil est vaincu

Comme nous avons dO nous en rendre compte la rigueur des principes

eacuteducationnels a une influence tregraves sensible sur l~ comportement du

toucouleur

i

III S COCL ~s 1DO

Dans cette partie nous avons essay~ de montrer lftroite re1atic~

Entre les diverses activiteacutes socio-eacuteconomiques dans les ethnies et

lES diffEacuterentes faccedilons de lutter

Daucuns seraient tent~s de conclure trop rapidement et cest p0~r

cette raison que nOUS avons penseacute preacuteciser que le pheacutenotype nest

pas geacuteneacuterateur du geacutenotype Et nous sommes convaincus que la morphoshy

logie et les techniques des lutteurs relegravevent de leurs modes de vie

et de leurs croyances agrave une eacutepoque et danE un contexte bien deacutetermishy

neacutes

Est-ce que les lutteurs dio1a ou seacuteregravere travaillant avec leurs bras

dans les champs auraient les mecircmes pr 0 fil s physiques que les lutteurs

utilisant des machines pour lagriculture

- 69 shy

I UJOURDH~1 E-S ut O[l LES FORfilS Ut LU11t~

~otons que notre enqu~te a ecirctE essentiellement faiteen milieu urbain

Les seacuteances de lutte ont tendance agrave perdre leur particulariteacute de r~shy

jouissance pour devenir des pheacutenomegravenes de sportisatio Deux fores

de luttes so~t principale~cnt prat s dans les aregrave~es du 5 al

la lutte traditiunnelle simple et la lutte traditionnelle avec frappe

De nos jours la lutte traditionnelle tend vers une reacuteglementation

et une institutionalisation

Le reacutesultat de nos investigations nous donne le tableau ci-dessous

REPARTITION ETHNIQUE SUR 100 PRATIQUANTS

LUTTE LUTTE RAPPORTETHNIES SANS FRAPPE AVEC FRAPPE J2

Diola 40 16 71 j

Seacuteregravere 26 21 57

Toucouleur 23 10 69

Wolof 1 1 53 17

La demande sociale par ordre deacutecroissant pour la lutte sans frappe

se preacutesente comrre suit

]0_ Ethnie diola avec pregraves de 3 lutteur~ sur 4

2deg_ Ethnie toucouleur

Ethri dun

~ 1 LA LUTTE TR])IIIO~~ELLE AVEC H-PPE

Cette forme deacute lutte a une histoire qui date de lantiquiteacute elle

sa~pelait le Pugilat Au Seacuteneacutegal elle a vu le jour dans le Cayor

bien avant la colonisation Le coup dE pied l~Lrdn~lement la morshy

sure la frappe et le doigtf eacutetaient permis dans le cc=bat ~ ~middot~p0~~e

Dans certains cas la giffle eacutetait beaucoup plus dangereuse que le

poing quand elle eacutetait donneacutee par un speacutecialiste Cette giffle pouvait

agrave elle seule deacutechirer et mecircme parfois amputer la joue de ladverser

Selon les informations la lutte avec frappede nos jours serait une

forme de lutte tregraves eupheacutemiseacutee de celle dantan ougrave une blessure

pouvait souvent ecirctre mortelle

Aujourdhui au niveau du folklore la lutte na plus la mecircme

le spectaculaire a remplaceacute le significatif iLa lutte avec frappe se 1

pratique surtout dans les centres urbains C~aque fois quun grand combat 1

est progra~eacute par le Comiteacute National Proviso~re (CNP) des centaines damashy

teurs sont mobiliseacutes vers le stade lba Mar D~OP qui est aujourdhui le i

lieu approprieacute ougrave se deacuteroulent les grands conkbats de lutte Cest la formE

de lutte qui semble drainer une foule de personnes beaucoup plus importante

que celle de la lutte simple

La lutte avec frappe deacuteriverait dune forme de lutte traditionnelle

pratiqueacutee jadis dans le Cayor au temps des Damels et la frappe serait

le substitut dun certain nombre de pratiques doigteacute jet de produits

etc bullbullbull dont le but eacutetait laveuglement de ladversaire La lutte avec

frappe serait une continuation logique dune carriegravere sportive de la

lutte traditionnelle qui sen sert comme moyen socio-eacuteconomique En

effet la majoriteacute des lutteurs avec frappe ont dabord eacuteteacute initieacutes agrave la

lutte simple Cependant il faut signaler que de nOS jours il arrive

que le jeune lutteur avec frappE- soit directenent formEacute conne speacutecialistE

agrave la frappe sa~s pour autant faire son chemin dabcrd egravea~s la lutte

- ~ shy

Le recircsultat dE ~os interviews ncus rec~trE qGune pcpulatiD~ divcrsishy

fiampe sint~resse agrave ce sport et qUE les intecircr~[s des uns et d~SlautrE~

semble~t divergents naucuns affirment que la lutte traditionnelle

avec frappe serait monteacutee par des personnes dont la vocation est dexshy

ploiter ce pheacuteLomegravene agrave des fins commerciales Dautres disent gJellegrave

jouit de mcyens irport~nts t[l[~isio

tation etc bullbullbull ) pour toucher toutes les couches sociales CEpe~~a~t

nous remarquons que mecircme si certaines personnes reprochent agrave cette

forme de lutte decirctre brutale ces mecircmes personnes nheacutesitent pas agrave

se rendre le dimanche agrave laregravene Bien que critiqueacutee elle semble ecirctre

adopteacutee par une tregraves grande partie de la population seacuteneacutegalaise Cepenshy

dant en tant que techniciens il nous est permis de faire une remarque

Il sagit de

- Limpression nette decirctre devant des professionnels de la frappe

qui sont ~ntratneacutes pour cela Dailleurs les propos que nous avons

recueilli~ nous prouvent que la plupart des champions de lutte avec 1

frappe s~ntratnent dans certains sports de combat tels ~ue la boxe i 1

le karateacute le judo Dans cette nouvelle forme de pratique de la lutte

contrairefuent agrave la lutte traditionnelle le technicien e~t souvent

perdant face au puncheur Ce dernier adopte une lutte agrave distance qui

lui permet de placer agrave bon escient ses coups animeacute du deacutesir de vaincre

Le technicien lui se voit contreacute dans toutes ses entreprises par

un uppercut ou un crochet

On peut dire cependant que nul sport au Seacuteneacutegal que la lutte tradishy

tionnelle avec frappe ne deacutechaicircne autant de passions et autant de

pheacutenomegravenes poussant agrave lexcegraves et deacutereacuteglements quon ne peut que deacuteplorer

Mais comment deacutecrier un spectacle de lutte qui bien quayant perdu la

presque totaliteacute des valeurs traditionnelles veacutehiculeacutees autrefois par

elle sait susciter une participation effective de tous ceux qui sont

preacutesents

CONCLUSION

Dans ce meacutemoire nous sommes efforceacutes ~e faire ressort ir limportance des

ethos et des habitus et leurs effets sur la pratique de la lutte tradishy

tionnelle au Seacuteneacutegal

L~b egravethos repr~sentent dune maniegravere g~neurorale tous les eacuteleacutements speacutec

fiques sux Seacuteneacutegalais par conampeacuteguent un systegraveme de valeurs traditionnellEs

Mais m~me si ces valeurs rev~tent une signification universelle (honneur

digniteacute courage etc bullbullbull ) il nen demeure pas moins que ce nest pas leur

nature qui fait leur speacutecificiteacute mais la hieacuterarchisation et limportance i

quon accorde agrave toutes ces valeurs de ~ar leacuteducation ou la culture

i 1

Aussi les valeurs traditionnelles puient leur speacutecificiteacute dans les

caracteacuteristiques propres aux eacuteleacutements ~e la socio-cu1ture (la technologie

et leacuteconomie la politique et la pareteacute la psychologie et lideacuteologie)

dans la socieacuteteacute seacuteneacutegalaise agrave n momen donneacute de son eacutevolution Cest i

dire la neacuteceesiteacute de ne point faire della valeur une reacutealiteacute statique

Cest dite aussi quagrave tout mome~t le ~eacuteneacutegalais peut eacutevoluer et creacuteer

ou vivre par conseacutequent de nouv~lles fprmes de valeur qui lui sont 1

propres ft (J)

La lutte traditionnelle veacutehiculant deS valeurs socio-cu1ture1les speacutecishy

fiquement seacuteneacutegalaises (croyances valeurs morales norme de comportement

opinion attitude bullbullbull ) devient un eacuteleacutement important qui tregraves certaiaement

nous aidera dans notre effort de valoriser et de peacuterenniser notre patri shy

moine culturel par le biais dactiviteacutes physiques et sportives

Leacutetude des habitus nous permet de prouver quil y a plusieurs faccedilons

de se mouvoir comme danser lutter bullbullbull qui varient avec les diffeacuterentes

ethnies (wolof toucouleur seacuteregravere diolagt leurs convenances et leurs

eacuteducations

(1) Revue Ethiopiques 31 Les valeurs traditionnelles et le problegraveme de leur inteacutegration dans les systegravemes modernes jtducatio-1 2 6r--70

nautre part cette eacutetude permet aussi de nous rendrE compte de la

correacutelatipn eacutetroite existant entre la pratique de la lutte traditionnelle

et le sta~ut socio-eacuteconomique du pratiquant

Nos inves~igations nous indiquent que la lutte recrute essentiellement

au niveau des classes socio-eacuteconomiques situeacutees en bas de leacutechelle

donc posseacutedant le statut social le moins favoriseacute La lutte avec frappe

-et un certain secteur commercialiseacute de la lutte simple- y trouve sa

leacutegitimiteacute Comme le dit BOURDIEU nA habitus diffeacuterents styles de Vle

divergents et il oppse les pratiques aristocpatiques correspondants agrave

des activiteacutes qui favorisent les situations eupheacutemiseacutees ougrave la stylisashy

tion est importante aux pratiques populaires qui font appel agrave des

qualiteacutes qpposeacutees bllutes rugueuses Certaines interviews nous

montrent que plus lindividu occupe une place eacuteleveacutee dans leacutechelle

sQciale e~ 1

moin$ il sinteacuteresse agrave la lutte

Les reacutesultats recueillis dans nos diverses investig~tions confirment 1 1

1er propos qui disent que nous assistons aujourdhu~ agrave une involution

de la lutte traditionnelle parce que perdant toutes ses speacutecificiteacutes au 1

pryfit d~ne autre forme de lutte que lon continue agrave appeler nostalshy

giqlementIIlutte traditionnelle

Ceci pourrait peut-~tre trouver une explication dan la citation suivante

La liberteacute de creacuteer dinnover de vivre Pleineinenf decirctre soi et de

preacuteserver son authenticiteacute la digniteacute et lhonneu1demeurent des illushy

sions dans la misegravere eacuteconomique~ Nos ancecirctres creacuteai~nt des valeurs de cishyl

vilisation parce quils eacutetaient libres parce qu1i~s ignoraient toute

deacutependance eacuteconomique ils cultivaient en eux et cbez leurs enfants le 1

Jorn et la Kersa et preacutefeacuteraient la mort agrave la hoJte lI (1)

Or le Seacuteneacutegal comme la plupart des pays africainsi est un pays sousshy

deacuteveloppeacute t cependant face agrave cette volonteacute du gou~ernement seacuteneacutegalais

de faire inteacutegrer dans leacuteducation des valeurs traditionnelles nous

pouvons espeacuterer utiliser comme moyen deacuteducation la lutteacute traditionnelle

qui reste quand mecircme vecteur jethos et dhabit~s

- 54 shy

Mecircme si lon a noteacute un appauvrissement notoire sur les plans socioshy

culturel et moral la lutte traditionnelle recegravele une gamme importante

et varieacutee de techniques permettant incontestablement une ouverture vers

les luttes olympiques libre et g~eacuteco-romaine

La lecture de ce meacutemoire permettra agrave lentratneur et au professeur de

lutte en fonction du lieu ougrave ils seront affecteacutes dans le territoire

seacuteneacutegalaisdavoir une information sur les techniques contrOles et

formes de corps propres agrave chaque groupe ethnique et de les mettre en

relation avec leurs croyances et leurs mentaliteacutes

Nous avons essayeacute de montrer que la pratique de la lutte traditionnelle

doit tre axeacutee sur une ethnomotriciteacute au Seacuteneacutegal qui permette une inishy

tiation facile Cette pratique de la lutte traditionnelle seacuteneacutegalaise

devra dailleurs essayer de ~eacutepondre aux aspirations du Seacuteneacutegalaisl

moderne en souvrant aux ap~orts positifs des autres civilisations

ex~eacuterieures nous voulons Jvidemment parler du judo et des luttes oiymshyJ

piques 1

1 j Nous navons pas la preacutetentfon dans le cadre de ce meacutemoire demattrise

de reacutepondre agrave toutes les qutstions se rattachant agrave leacutetude de ~a lutte

traditionnelle souslangle~socio-culturel car non seulement il nous

manque lexpeacuterience et la c peacutetence en la mati~re mais aussil l le temps

et les moyens dont nous dis osions ne nous permettaient pas d~puiser le 1sujet i

1 1 1 t 1

l

- )5 shy

BIBLIOGRAPHIE

BIBLIOGRAPHIE

1- CLAPAREDE Psychologie de leacuteducation et peacutedagogie expeacuterimentale

Edition Delachaux et Niestleacute 244 pages

2- POCIELLC Christian Sport et Socieacuteteacute approche socio-culturelle

des pratiques Paris Vigot 1981 377 pages

3- PIERON Henri Vocabulaire de la psychologie

PUF Deuxiegraveme eacutedition 1957 469 pages

4- Revue socialiste de culture neacutegro-africaine ETHIOPIQUES

Les valeurs traditionnelles et le problegraveme de leur inteacutegration

dans les systegravemes modernes deacuteducation

GIA 21 Juillet 1982 213 pages

5- N2 Revue du Centre dEtudedes Civilisations DEM ak TEY

NIS IVegrave Trimestre 1982 96 pages

6- Document lNSEP Colloque sur la lutte aeacuteregravere

DAKAR MAI-JUIN 1980

t 1

~- Travaux du IVegrave Congregraves National ~es Sports agrave DAKAR les 2223041981

Bulletin n2 91 du CIO du 15 Aont 1965

l____________________________

8- Meacutemoire de Mattrise BADJI Abdou La lutte traditionnelle Joola

Etude et perspective

9- Meacutemoire Inspectorat JS DJITTE Mandy Les pratiques corporelles

traditionnelles au Seacuteneacutegal pour leur exploitation et leur

utilisation en peacutedagogie Marly le Roi 1980

REPUBLIQUE DU SENEGAL

--------------- INSTITUT NATIONAL SUPERIEUR

MINISTERE DE LA JEUNESSE DE LrsquoEDUCATION POPULAIRE

ET DES SPORTS ET DU SPORT

-------------

(INSEPS)

MEMOIRE DE MAIcircTRISE

Es-SCIENCES ET TECHNIQUES

DE LrsquoACTIVITE PHYSIQUE ET DU SPORT

LA LUTTE TRADITIONNELLE

son importance sa signification en fonction des ethos et des habitus ethniques au Seacuteneacutegal

Preacutesenteacute par

Monsieur Joseph Victor FAYE

Sous la direction de

M Jean Marc ROCHEZ

Professeur agrave lrsquoINSEPS

Anneacutee de soutenance 1984

La notion dethnomotriciteacute part dune constatation

- la grande diversiteacute des caracteacuteristiques preacutesenteacutees par les pratiques

corporelles en fonction de leacutepoque du lieu des groupes elle teacutemoigne

de linfluence despotique des normeS et des valeurs sociales sur la mise

en jeu du corps

Dougrave sa deacutefinition

Le champ et la nature des pratiques motrices envisageacutees sous langle de

leur rapport agrave la culture et au milieu social au sein desquelles elles

se sont deacuteveloppeacutees (1)

Conseacutequence le contrat ludosportif est aussi un contrat social il

reflegravete la faccedilon dont une socieacuteteacute aime agrave se penser agrave se repreacutesenter bullbullbull

et accepte de se donner en spectacle

Lethnomotriciteacute donne naiss~nce agrave deux sortes danalyses

- lanalyse synchronique -ou eacutetude spacialeshy

de type interculturel agrave hagravebitus diffeacuterents styles de vie divergents

de type intraculturel apparition dhabitus de classe et de pratiques

distinctives

- lanalyse diachronique -ou eacutetude temporelle- ou eacutevolution sur une longue

peacuteriode des pratiques motrices pour une cateacutegorisation dindividus

Cette hypothegravese de lenracinement social de la motriciteacute est une atteacutenuashy

tion des explications psychologisantes consideacuterant lindividu indeacutepenshy

damment de son environnement et sexprimant en termes de goQts motivations

() PARLEBAS pierre Contribution agrave un lexique commenteacute en Science 4e laction motrice Paris Publication INSEP 981 322 pages

AicircAgraveLYSE CES iJFrADES iDe I LES EN flA TIERE

DE PRATIQUE DES SPORTS DE Oicirc-itlAT

Objet Veacuterificat~on de la theacuteorie de lhab~tus

Hypothegravese En raison de son histoire de ses speacutecificiteacutes des valeurs

symboliques dont on linvestit une pratique sportive est en faveur aushy

pris dun groupe de pratiquants en fonction dattentes de niveaux dexishy

gence de fierteacute dappartenance qui sont socialement et culturellement

deacutetermineacutes

Il sagit en quelque sorte danalyser les goOts et les motivations des

sportifs en rapport avec leur condition sociale et le sentiment attachi

agrave ce statut

Remarque Cette analyse sera meneacutee en fonction des classes sociales et

non agrave partir de cla~se dage ou encore de classe socio-politique comme il

est dusage pour toute reacuteflexion sur notre socieacuteteacute trJditionnelle

Cette particulariti provient du fait que nos enquites ont iteacute effectueacutees

en milieu urbain -en raison des problimes de temps et de moyensagrave Dakar

et agrave Thiis pour itre plus preacutecis et il est deacutesormais hasardeux de preacuteshy

tendre y retrouver les structures traditionnelles c~e on pourrait le

faire en milieu rural

Par classe sociale et nous inspirant de la notion marxiste -deacutefinition

du rapport aux moyens de production- nous entendons la distance_dun

groupe social aux postes de deacutecision et de responsabiliteacute Plus cette

distance est grande moins le statut eacuteconomique est eacuteleveacute

Nous distinguons quatre (4) classes sociales car au niveau dune telle

analyse nous ne pouvons preacutetendre agrave la finesse de discrimination indiciaire

de la Fonction publique par exemple

r~partieuml

come il egravest rsectc eacute dans 1 ablea~ ci-dessous

CATEGORISATIONGROUPE EXEMPLE DE FONCTIONADMISE

Administrateur civil - Ingeacutenieur - Meacutedec ilCadre supeacuterieur1 Officier - Professeur

Instituteur - Mattre dEPS shy2 Cadre moyen Secreacutetaire - Technicien

Chauffeur - Militaire Policier3 Cadre subalterne shyPatron - Artisan

Artisan - Cultivateur - Ouvrier temporail4 Non cadre Pcheur

Conditions denqute Six (6) sports de ~ombat sont officiellement

pratiqueacutes Ils possegravedent une structure para-eacutetatique de gestion de contr

ce sont

3 sports de preacutehension - JUDO - LUTTE LIBRE TRADITIONNELLE - LUTTE OLYMPIQUE

2 sports de percussion - BOXE ANGLAISE - KARATE

sport mixte - LUTTE TRADITIONNELLE AVEC FRAPPE

Pour chacun de ces sports 50 pratiquants ont eacuteteacute interrogeacutes sur leur

statut socio-eacuteconomique avec la discreacutetion et la prudence quexige ce

genre de question

Cette enqute sest deacuterouleacutee dans les conditions suivantes

JUDO

Lieu DAKAR - Clubs USTD - DUC - FJAKS - DOJO HOMAR DIENG

Date du 020J84 au 28-05-84

Circonstances Les principaux inteacuteresseacutes eacutetant la plupart sur le tatami

pour lentratnement il fallait souvent attendre la fin

de lentratnement uumlur pouvoir avoir une ou deux entreshy

vues de sorte qu~ le~qu~te a pris beaucoup plus de

On constate que le no~bre de p=a~iq~~-ts ~st ~eauccup plus importd~t dans

les groupes 2 et 3 - Il es ~oindre dans les grQupes 1 et 4

LUTTE LIBRE TRADITION~~LLE

Lieu Dakar - Thiegraves bull Aregravenes Landing DIAME - Ecurie Seacuteregravere (pregraves de

lautoroute) Lutteur diola - toucouleur - Entratneurs - encadreurs

de diverses eacutecuries Stade Iba Mar DIOP - Aregravenes de Pikine et de

Thiegraves - CNPES - INSEPS

Date du 040284 au 020684

Circonstances Elles sont parallegraveles car les pratiquants semblent beaushy

coup plus disponibles que dans les autres disciplines Notre travail

parfoi~ peacutenible en raison de la diversiteacute des ethnies repreacutesenteacutees

et la traduction n1est pas toujours aiseacutee

Observations

Nous constatons que la lutte libre traditionnelle est plus pratiqueacutee

par les groupes 4 et 3 que par les groupes 1 et 2

LUTTE OLYMPIQUE

Lieu CNPES - INSEPS - Iba Mar DIOP (Equipe Nationale) - DUC

Date du 040284 au 020684

Circonstances Les conditions sont meilleures dans la mesure ougrave le

hasard a fait que pendant cette peacuteriode leacutequipe nationale soit

en regroupement et ceci nous a permis d-interroger un nombre

important de lutteurs de grand renom

Observations

En raison du petit nombre de pratiquants r~guliers lenquecircte ne porle

que sur 2S personnes Arbitrairement pour les besoins de comparaison

les raisons de comparaison les reacutesultats cbtenus sont multipli~s par 2 bull

BOXE A~~GLISE

Lieu Iba l-ar DIOP - ASFA - ASFPO - SC -ASC JJAF - ASC lA

ugraveate du 201283 au 020684

~E~~~~E~~~~ Ici nous ferons la mecircme remarque que pour le Judo

Notons que toute lenquecircte a eacuteteacute faite agrave Dakar

Observation

La boxe recrute ses pratiquants surtout dans les classes 3 et 4 et

on note que le nombre de pratiquants nest pas aussi important comme

dans les autres disciplines

KARATE

Lieu YUKOKAI KARATE CLUB - SAMOURAI KARATE CLUB - Iba Mar DIOP

CLUB DE GIBRALTAR - ASFA - ASFA - ASFPO - GM Thiegraves

Date du 201283 au 020684

SE~~~~E~~~ Notre enquecircte se passait dans une ambiance sympathique

de camaraderie Geacuteneacuteralement apregraves la seacuteance dentratnement

Observation

Nous constatons que la distribution des pratiquants bien que favorisant

les groupes 2 et 3 semble plus homogegravene que dans les autres disciplines

~ LUTTE TRADITIONNELLE AVEC FRAPPE

Lieu Ecurie de Fass - Ecurie des Seacuteregraveres - Ecurie Mermoz

- Ecurie des Casamanccedilais

Date du 04-02-84 au 020684

Ccedilj~9~~~aEccedil~ Il est agrave signaler que cest la discipline ougrave l~ contact

avec les pratiquants a eacuteteacute plus difficile les speacutecialistes qui~ la plushy

part du temps semblent meacutefiants quand on commeucircce agrave leur poser des quesshy

tions preacutecises sur leur revenu mensuel

2 -liCc 055cllt le lle11ent SegraveS praLicltants dans le ba

de lecirc~helle ces~-agrave-dire dans le ~ruumlupe 4

~ecircsultats

Les reacutesultats enregistreacutes sont reacutecapituleacutes en nombre et en pourcentage

-agrave lapproximation pregraves- dans le tableau ci-dessous

LUTTE 1 LUTTELUTTEGROUPES BOXE KARATE JUDO AVEC OLYMshySIMPLE i i FRAPPE PIQUE

1 11 1 1 1

1 11 1 1 1 11 0 1 0 8 1 16 9 1 18 4 1 8 0 1 0 7 1 14

1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1

1 11 1 1 1 1 12 3 1

1 6 21 1

1 42 22 1 44 6 1 12 4 1 8 17 1 341 1

1 1 1 1 1 1 1

1 1

1 1 1 1 1

3 22 1 44 13 1 26 15 1 30 16 1 32 5 1

1 10 10 1 20

1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1

1 1 1 11 1 1

14 25 1 50 8 1 16 4 1 8 24 48 41 1 1 82 16 1 321 1 1 1 bull 1 1 1 1 1

1 1 1 1 1 11 1 1 1 TOTAUX 50 1100 50 1100 50 100 50 pOO 50 pOO 50 1100

1 1 1 1 1 1 1 1 1 1

Afin dG failiter la lect~~e je c~ table3~ t ~2 re~dre sig~ific~tives

s info~~ations quil contient ces difteacutere ts reacutesultats nu~eacuteriques

peuvent ecirctre formuleacutes selon des repreacutesentations graphiques

1 Clientegravele des Sports de combat

FIGURE l

Il apparatt nettement que les sports de combat recrutent essentiellement

dans le bas de la hieacuterarchie sociale ce sont des sports populaires don

propices agrave une massification de la pratique

Toutefois on peut nourrir quelques inquieacutetudes pour que soient reacuteunies

les conditions de leur deacuteveloppement en raison du faible statut quils

possegravedent au regard defllintelligentsia seacuteneacutegalaise

2 Hieacuterarchisation des gants sportifs en matiegravere de sport

de combat au sein des cadres supeacuterieurs -Groupe 1shy

FIGURE I[

La f-appe est honni aucl1 pratiqua1t de boxe Olt de lutte avec frappe

agraveUloins quelle fasse lobjet dune stylisation cxtrecircme COTIme cest le

cas dans le karateacute Ce groupe manifeste un seuil extrecircmement bas de toleacuteshy

rance agrave la violence ce qui explique les discours infamants degraves que la

lutte avec frappe est secoueacutee par quelques excegraves Leacuteopold Seacutedar SENGHOR 1

navait-il paS deacuteclareacute que cette forme de lutte eacutetait une atteinte permashy

nente agrave limage de marque du Seacuteneacutegal

Bien quil soit difficile de proposer une explication unique curiositeacute

esprit douvetture permeacuteabiliteacute aux modes bullbullbull les repreacutesentants de ce

groupe adoptet facilement des sports importeacutes 85 des goOts pour le 1

Judo le Karateacute et la Lutte Olympique qui pourtant est bien peu pratishy1

queacutee au Seacuteneacutegfll j

Faut-il en deacuted~~re une attitude geacuteneacuterale favoris~agrave tout ce qui provient

de leacutetranger

Nous nous refu~ons preacutesentement agrave ce genre dexplicationJ ne ser~it-ce que

par ses conseacuteqJences sur notre sport national dont les perspectives appashyj

raicirctraient bie sombres

Admettons que la pratique de ces disciplines sont en rapport avec des

deacuteterminants eacuteconomiques et que ceux-lagrave sont un frein P4ur la popularisashy

tion de ces pratiques A lappui de cette interpreacutetation~ il suffit de

composer le champ social du Judo et celui de la Lutte libre traditionnelle

--== G J

32

LUTTE SIHPLEJUDO FIGURE JI(

Le groupe 2 qui manifeste un inteacuterecirct reacuteel pour les sports de combat -pregraves

de 25 iuml de la population i~tervieweacutee- et qui p6ssegravede les ~oyens de choisir

ses pratiques opte massivement pour le judo CDnme lexprirre le rapport de

agrave 4

- shy

A la lumiegravere de cette succi~te analyse des demandes sociales en matiegravere

de pratique des sports de combat nous pensons recouper la theacuteorie de

lhabitus selon BOURDIEU qui veut que des hatitus diffeacuterents impliquent

des styles de vie divergents si lon entend par style de vie un systegraveme

de pratiques classeacutees et classantes(I)

La mutation de la socieacuteteacute seacuteneacutegalaise celle du milieu urbain se caracteacuteshy

rise par lapparition despaces sociaux qui sont en rapport avec des

espaces culturels Il en reacutesulte des pratiques distinctives comme

lexprime le pogam

En effet si les cateacutegories sociales existent et si chaccedilune delle exprime

une marque sur les conduites des sujets il est naturel ~e penser que des

pratiques1 sportives servent de modegraveles distinctifs et detrsymbOles dorgashy

nisation ieacuterarChique dans la socieacuteteacute exprimant les dif eacuterentes clas8eamp(2)

Ces const4tations ont dimportantes implications sur leeacuteveloppement et

lavenir des pratiques Si dans notre IIIegrave partie nous 1tenterons de 1

mettre en rapport les particulariteacutes ethniques avec les pluraliteacutes de

style de lutte nous parlons presque au passeacute Une IVegraveme partie devra

e~visager la situation actuelle de la lutte afin de pouvoir eacutemettre

qu~lques hypothegraveses sur son devenir

Cest auss~ une ambition de ce meacutemoire daider ceux qui sinteacuteressent reacuteellE

ment agrave la lutte de savoir entendre au travers des deacuteclarations normatives

et apologeacutetiques Nous ne doutons nullement de la conviction ou de la bonne

foi de leurs auteurs mais parmi les possibles il yale probable et seul

ceiui-lagrave meacuterite decirctre retenu car plus proche agravee la recirc~liteacute

(I) BOURDIEU pierre La distinction Les Editions de minuit 1979 page 191

(2) Le POgdlt Deacuterrocratisation du sport ythe (u reacutealiteacute

- 1f shy

j j l IlL DL l H L S DE

3 1 LA COll1ŒNAUTE DIOLA

311 Preacutesentation

Les diolas vivent dans la reacutegion de Casamance et repreacutesertent 9 de la

population totale du Seacuteneacutegal Ce sont geacuteneacuteralement des cultivateurs de

riz et des artisans Cependant on peut les trouver aujourdhui disperseacutes

dans toutes les capitales reacutegionales affecteacutes agrave divers meacutetiers militaire

gendarme fonctionnaires de lEtat ouvrier etc bullbullbull

Dans les villes la plus grande partie des diolas vit dans les qoartiers

populaires Par exemple agrave Dakar on les trouvera agrave Colobane agrave Fass agrave

Grand Yoff ou agrave Khar Yalla La plupart du temps cesDnt des artisans et des

ouvriers du secteur priveacute qui vont essayer dune maniegravere ou dune autre de

vivoter en bricolant deci de lagrave Mais mecircme loin de la Casamance cette

ethnie conserve une grande partie de ses caracteacuteristiques et plus partishy

culiegraverement la solidariteacute ethnique qui veut que les Diolas forment toujours

un bloc bien soudeacute quand le besoin se ifait sentir et cecisans discrimishy

nation de rang social Ainsi tous lesdiolas de Dakar se mobilisent pour

supporter le Casa Sport chaque fois qbe cette eacutequipe de foot-baIl vient

jouer agrave Dakar Cette mobilisation se fera aussi dans le cas ougrave leur chamshy

pion de lutte Mamadou SAKHO livre uncombatimportant

Lethnie diola est diviseacutee en trois sous-groupes

- les dio1as Fogny de Bignona

- les diolas Kassa autour dOussouye

- les diolas Blouf dans la preacutefecture de Tendouck

Mais en lutte on a pris lhabitude ~e les grouper en deux zones dune

part le Kassa qui preacutesente des particulariteacutes et dautre part lE Fogny

et le Blouf

- J 7 shy

3 ) 2 ~U(lquE5 aspects d~ l~ducatio~ ~t des rit~s en milieu diol~

L eacuteducat ion veacuteritable de lenfant diola est sociale et ne se corlprend

que dans la relation sociale elle deacutepasse de loin le strict cadre

famililal Elle commence au stade de lapprentissage du langage

Lenfant apprendra agrave reconnattre le langage du regard de ses parents

Il doit connaicirctre et faire la diffeacuterence entre un regard approbateur

et un regard qui blacircme De mecircme il doit apprendre agrave faire les gestes

de la tecircte qui expriment lapprobation En aucun cas lenfant nest

laisseacute agrave lui-mecircme Aura-t-il deacutesobeacuteit par complaisance naura-t-il pas

eacutecouteacute ou fait attention aux recommandations reacutepeacuteteacutees plusieurs fois

sans reacutesultat il fera lobjet dune punition corporelle avec la chicotte

Elle a pour effet de faire mal au corps de lenfant afin datteindre son

acircme sa sensibiliteacute et instaurer en lui une sorte de 1iaision de la

meacutemoire du mauvais comportement agrave la douleur quen voulant eacuteviter la

douleur il finit par eacuteviter le mauvais comportement en tout cas den

prendre conscience degraves cet acircge Cest une meacutethode deacuteducation mora1e (])

i 3121 Leacuteduca~ion maternelle

1

Notre eacutetude nous a montreacute que mecircme de nos jours leacuteducation diola

conserve encore ses caracteacuteristiques traditionnelles au niveau des rites

des moeurs des habitudes des principes et des normes

Leacuteducation de lenfant reste lune des plus rigoureuses Elle commence

degraves le plus bas acircge car pour le dio1a on ne peut redresser une personne

adulte donc autant leacuteduquer tregraves jeune Jusquagrave lacircge de trois ans

lenfant sera encadreacute par sa megravere qui bien queacutetant tregraves douce fait

preuve daucune indulgence Elle lui apprend les interdits de la communaushy

teacute respecter son prochain ne pas insulter ni profeacuterer de gros mots surshy

tout en preacutesence de grandes personnes ni faire violence agrave autrui

Plus terd v~rs cinq ou SlX ans le jeune garccedilon est initi~ a~x travaux

ces cna~ps des rizi~r~s cles pal~eraiEs ce Gui ne manquer6 pa5

davoir ces rEpcrcussic~s sur SOn deurovelopperncnt morpholoique

- 1( shy

3122 La circoncisio~

cest un rite obligatoire Il a pour but dintroduire le garccedilon dans

la communauteacute des hommes en tant que responsable Cest un rite qui

laisse une trace indeacuteleacutebile dans la vie du jeune diola Les principes

de la vie en socieacuteteacute y sont enseigneacutes agrave fond Le rite de la circoncishy

sion preacuteseuro~teuro uneuro forme p~lticul do~t s~uls les diolas connaissent

lorganisation internecar la circoncision est agrave la fois une eacutepreuve

physique intellectuelle et morale

Cette circoncision en milieu diola se passe dans le bois sacreacute En ce

lieu les Njoulis (circoncis) sont encadreacutes par des mattres les

Kintangs et au-dessus de ces mattres regravegnent un ecirctre doteacute de faculteacutes

occultes il sagit du Kankourang Le kankourang a cette capaciteacute de

disparattre de voler quand bon lui semble Il incarne la justice et la

violence et assure la protection de ses disciples contre les mauvais

esprits Ainsi le kankourang incite agrave lobeacuteissance et agrave lordre dans

cette socieacuteteacute Dans la tradition diola le kankourang repreacutesente un

pouvoir mystique capable de choses extraordinaires dont la socieacuteteacute

moderne avide de raisonnement ne pourra trouver une explication Au

cours de la circoncision les initieacutes subissent un certain nombre

deacutepreuves physiques que le diola appelle samasso Il doit se soushy

mettre agrave lensemble de ces eacutepreuves consideacutereacutees comme indispensables

agrave sa formation pour lui permettre de juger ses capaciteacutes physiques

mais eacutegalement deacutepouver sa valeur intellectuelle morale et sociale

Il pourra aussi se mesurer aux autres dans le domaine de la consideacuteration

et du respect En quittant le bois sacreacute le jeune doit posseacuteder une

grande partie des qualiteacutes humaines et socisles quil faut agrave un howmE

pour vivre en harmonie avec la socieacuteteacute traditionnelle Il serait bien

sOr possible dans le cadre dune eacutetude plus approfondie de parler de

bien dautres rites et pratiques traditionnelles

Notons cependant que le rite de la circoncision appartient aux anc~t~es

et que dans les villages reacutecents ougrave les structures ont changeacute on ne

Jeux jours avant la re~trfE cans le bois sacr[ les adolescents so~r

-

- Jo shy

por lE diola 11-071- doit rester en harrc1iE avec lE

tal lanimal lui-mecircme les ancecirctres les geacutenies Le rit~ du rasdge co~sist~

acirc ~loigner la ~alchance de lenfant Si l~ ritE nest pas respecteuro eumlr es

parents du futur initieacute celui-ci connaicirctra la malchance pendant toute sa viE

Ce rite a aussi pour faculteacute deacuteloigner le mal et de preacuteserver lenfant des

mauvais esprits

Le rite de leau sacreacutee se fait un jour avant lentreacutee dans le bois sacrEacute

Les femmes doivent se garder davoir le moindre contact avec leau beacutenite

pour se preacuteserver des conseacutequences facirccheuses qui pourraient en reacutesulter La

tradition veut quune seule goutte soit capable de deacuteclencher lavortement

l chez la femme enceinte de rendre steacuterile la jeune fille ou de provoquer des

menstrues perpeacutetuelles chez la femme ayant atteint la meacutenopause bull

bull Le rite de la forge protegravege le futur initieacute pendant son seacutejour dans le bois

sacreacute Mais cette protection seacutetend bien au-delagrave et de rite veut que toute

personne qui y faillit soit condamneacutee agrave devenir leacutepreuse

Pendant plusieurs semaines les jeunes initieacutes subissent une formation capishy

tale qui fera deux des hommes complets

313 Croyances et pratiques mystiques

Si nombreux sont les diolas convertis au Christianisme ou agrave lIslam leur

foi napparatt jamais incompatible avec leurs croyances animistes Lhisshy

toire des rois et reines diolas nous reacutevegravele quils eacutetaient les ffprecirctres fl de

ces cultes feacutetichistes destineacutes agrave maintenir la fertiliteacute et agrave provoquer

la chute des pluies De nos jours existent encore des socieacuteteacutes secregravetes agrave

base religieuse ou magique la plus redouteacutee eacutetant lassociation neacutecrophashy

gique Kousanga des Floup (1)

Deux fafu expliquent la coexistence du dogme et de la croyance

le contact tardif de la socieacuteteacute diola avec les civilisations eacutetrangegraveres

et leacutevangeacutelisation ou lislamisation quelles veacutehiculaient Il e~ reacutes~lt~

une importance des traditions leur reacutesstance agrave une remise en questic~ ce qui confegrave~e agrave la socieacuteteacute diola un caractegravere conservateur

r~c~~i]EE 2~fr~~ ~c - t

ct ~Cc egraveE~ Cimiddotilisatilaquo~ eacute

la neacutecessiteacute de lanimisme consiegraveeuroreacute comme base de toutes legrave~

religi0~s uumlegrave serait-ce que corr~e tentative ciexpliquer li1explishy

cable en se repreacutesentant en particulier comme un ensemble de puisshy

sances mystiques Ainsi pour lanimiste agir sur la nature cest

intervenir psychologiquement aupregraves de ceLX qui la gouvernent

314 Imeact des moeurs sur la prat~que de la lutte diola

Lorigine de la populariteacute de la lutte eugrave milieu diola est par trop

impreacutecise aussi nous nous limiterons agrave en donner la signification

actuelle La lutte apparatt dabord comme un moyen privileacutegieacute deacutedushy

cation

- sur le plan corporel afin de deacutevelopper la force lagiliteacute la

rapiditeacute et la souplesse

- sur le plan moral afin de deacutevelopper les vertus caracteacuterielles

courage tenaciteacute digniteacute bullbullbull neacuteces~aires agrave laction

Mais la lutte apparatt aussi comme un mpyen dinteacutegration sociale car

le jeune diola qui se refuserait agrave se sbumettre agrave leacutepreuve de la lutte

encourrait un isolement alors que celui qui excelle en bravoure devient

rapidement populaire Dougrave ces affrontements agrave linteacuterieur dune classe

dige qui tout en restant un moyen de reacutejouissance servent eacutegalement

agrave eacutetablir des comparaisons

Nos observations et nos interviews confirment le caractire tris physique

de la lutte diola immeacutediatement les lutteurs sont au corps agrave corps et

les techniques consistant agrave aracher ladversaire priment sur toutes les

autres Exprimer sa force est une preacuteoccupation constante il suffit pour

sen persuader de voir le groupe de lutteurs peacuteneacutetrer dans laregravene au son

du Born bol on que rythme le claquement de mains des femmes

C~tte da~se est une deacutebauche dAnegie Ougrave les lutteurs pieacutetin~Ert avec

force L sol

i shy

3141 EorphologUgrave et valeur physiques du lut teur diola

Le lutteur diola possegraveagrave~ un deacuteveloppement caracteacuteristique du trai~

supeacuterieur et de la musculature doso-lombaire Ceci est tregraves certaineshy

ment lieacute au maniement de la houe de la daba et surtout dukadiando

dont lusage permanent a modeleacute la morphologie du lutteur diola

La valeur physique de ce lutteur semble reposer sur sa force sa

reacutesistance mais aussi sa rapiditeacute

3142 Reacutepertoire technique

Dans le Blouf la forme du corps la plus utiliseacutee est le deacutecalage souvent

combineacute avec un crochet de jambe (gal gal) ceci semble ecirctre lieacute agrave

lutilisation quotidienne dans les riziegraveres du kadiando Le paysan du

Blouf sera ameneacute agrave faire un mouvement de torsion pour deacutecalerlinstrushy

ment enprenant appui sur son genou et ceci continuellEment pendant toute

la jourpeacutee Chez les diolas du Fogny le kadiando eacutefait surtout utiliseacute

par les femmes qui soccupaient autrefois exclusivement de la riziculture

et ce n~est quaujourdhui que les hommes cultivent le riz 1

La principale culture dans le Fogpy est celle du mil on y cultive aussi

de larachide De ce fait loutil le plus utiliseacute est le donkoton qui

est un instrument tregraves petit avec un manche court et dont le maniement

expliquerait peut-ecirctre leacutetonnante musculature du train supeacuterieur et surshy

tout de la zone dorso-lombaire du 4i6la fogny qui excelle dans les techshy

niques en force genre arracheacute avec les bras sur contrOle de la ceinture

de ladversaire Lulisation du donkoton semble eacutegalement expliquer la

garde tregraves basse du lutteur fogny

Dans le kassa on aurait pu trouver la mecircme forme de lutte car la morphoshy

logie du lutteur est agrave peu pregraves la mecircme mais linterdiction formelle de

la prise du ~gimbe modifie et limite tout le repertoire technicult2 ou

lutteur Le lutteur kassa adopte une garde basse et agrave une preacutefeacuterence pc~r

legraveS tc~-iccedilues n passa~ dessous - - ~ shymiddotmiddotcrc t--=~ c-

----

contact et agrave partir de ce TtoTteuront ils peuvent se relever et conti~uEr

en lutte debout jusquau terrassemen~

Toutes les gardes sont rapprocheacutees en milieu diola

irbi trage

Les combats sont arbitreacutes par un deacuteleacutegueacute geacuteneacuteralement anClen lutteur

Ces anciens lutteurs ont pour rocircle de veiller au bon deacuteroulement du

combat La victoire est deacutecreacuteteacutee dans les cas ougrave un des lutteurs se

retrouve en position assise sur le ventre sur la cuisse ou les

genoux (sauf dans le Kassa)

Il existe un autre mode de victoire celle qui est proclameacutee agrave la

suite dune supeacuterioriteacute eacutevidente du~ des lutteurs A savoir quand

un lutteur soulegraveve tregraves haut son camarade et que son manager estime i

quil est pratiquement battu il peut arrecircter le combat en touchant

dabord le lutteur adverse popr eacuteviter que son lutteur ne soit terrasseacute

tregraves fOrt Nest-ce pas un deacutecision sage des managers qui peut contribuer

agrave maintenir le caractegravere reacutecr~atif de la lutte joola 1

La victoire dun village sur un autre village ne se mesure pas au

nombre de victoires obtenues par lensemble des lutteurs En effet

il suffit que le champion soit battu pour que le village soit consideacutereacute

comme deacutefait Ce qui explique limportance et le seacuterieux que le village

accorde agrave la preacuteparation des championsl)

Il est cependant important de signaler que larbitrage dans les centres

urbains revecirct une iautre forme beaucoup plus codifieacutee et cest peut-ecirctre

une des raisons qui font quen milieu urbain la lutte diola perde une

partie de son originaliteacute

En dehors des techniques speacutecifiques agrave chaque sous-groupe il faut

signaler quil y a une multitude de prises et quelGues formes de corps

comTIunes agrave letnn Car reconnaissons qu il cO unE ror-euro approp=i~eacute

dE ~ouvane du l~tteur diola en TaI

-----~-----

LE tableau ci-dessous se propose dE reacutesumer les diffeacuterentes consideacuteshy

rations techniques envisagEacutees dans cette partie

FORlŒSSOGS-GRGUPES 1 COItltOLE GA~JESDt CORF=

i ~

1 1

Passage dessous de jambes et BassE KASSA saisies Moyenne1annexes bras (rapprocheacutee)

ceinture tecircte

Deacutecalage de Moyenne et BLOUF Demi-souplesse Ngimbe

HauteHancheacute Bras (rapprocheacutee)

Jambe

Arracheacute CouFOGNY Tregraves basse

Hancheacute ii 1

1 1

3 14 3 bull LeIIa~~jueetlecom~ortementdulutteur-+iola

1 Le comportement et lattitude du lutteur dans laregravene pe sont en fait

t

que le reflet de sa psychologie et plus partiCUliegraverem t de son eacutetat

dacircme Or il napparatt pas abusif deacutetablir des cor eacutelations entre

le psychisme dun individu et lempreinte eacuteducative quil a subie En effet en sortant du bois sacreacute le jeune diola a acquis un ~ca~~l

eacutequilibre physique et mental

Cette matrise de lui-mecircme permet au lutteur dans la~egravene dadopter

un aire enjoueacute de manifester beaucoup denthousiasme~ La lutte devient 1

essentiellement un jeu laspec ludique y est privileacutegieacute et ~ela influe

sur le comportement du lutteur

Ainsi queurolq~c soit limporta~cE de le~je~ le lutt~c~ dic1e Seuroreacute

to~jours serein et s~ livrera sa~s arri~re pe~s6e da~$ ~E CO=beacute ou-

tons que le lutteur diola est trecircs fair-play et sil arrive quun rdnd

lll L COIicircilU1Ul L ULOF

32 J Preacutesentation

La soc tEacute wucirc10f est celle qU1 a eacuteteacute la plus marqueacutee par la colonisation

~~ fait peut-gtre de sa position geuroographiquE dune part ct de 50~ imporshy

tanCE sur le plan dfmographiquE dautre part En effEt ceurootteuro CC-~ucircautE

wolof repreacutesente environ 20 de la population seacuteneacutegalaise

Elle est constitueacutee de pecirccheurs (ce sont les leacutebous) dagriculteurs de

fonctionnaires de lEtat mais surtout de commerccedilants

A pqrtir de leur reacutegime dimplantation le Cayor le Walo le Baol le

Djolof et la presquicircle du Cap-Vert les wolofs ont tendance agrave irradier

sur lensemble du territoire sous leffet de leur speacuteculation agrave la culshy

ture de larachide et du nombre important de fonctionnaires quon trouve

dans cette ethnie

322 Les moeurs et croyances wolofs

Bien queacutetant en grande partie des musulmans convaincus les wolofs

conservent toujours une croyance animiste et continuent agrave faire des

sacrifices agrave porter des cornes ou des morceaux de bois agrave la ceinture

aux jambes ou aux bras et agrave croire agrave lexistence des Djinneacutes et des

Raps bull

Le Djinneacute cest une creacuteature malfaisante en geacuteneacuteral capable de choses

extraordinaires Il possegravede des faculteacutes surnaturelles Cependant dapregraves

la croyance animiste certains Djinneacutes peuvent ecirctre bons

Le Hapl cest une creacuteature ayant des dons occultes appartena71t agrave une

famille ou agrave une communauteacute et dont le rOcircle est de veiller cu daider

les reCJrES de le fai11p ou dt la conmunauteacute en cas de da1gel Le Rap

~ ut te c ) ~~c-

ei sltcificE cJ sanl dE meut0 dL chat de pC)wleurot 5E1lt les conveuroshy

lances parfois leur dorner COrllTe offrande du lait Laii

Qua1d une famille ou une communauteacute neacuteglige les Sarakh (ici dans

le sens de sacrifice ou Offrande) elle se voit aussitocirct vouEacutee agrave la

maleacutediction des mauvais esprit~ (fcllec dans touteacuteS lEs ~treprises

de la vie maladie mort bullbullbull ) Les lieux ougrave habitent ls Taps et ougrave

se font les sacrifices se nomment Khambs

Geacuteneacuteralement le khamb se trouve dans lenceinte de la maison ou

dans un coin approprieacute du village Les lieux du khamb sont marqueacutes

par la disposition de calebasses de pilons de morceaux de poterie

briseacutes de grosses pierres de cornes et dautres objets heacuteteacuteroclytes

La superstition wolof est tregraves marqueacutee En effet pour le wolof toutes

les manifestations quotidiennes trouvent leur signification dans le

mysticisme Citons agrave cet effet quelques ezemples Une femme enceinte

ne doit pas marcher agrave nimporte quelle heure de la journeacutee Certaines

heures de la journeacutee lui sont interdites le Timiss (creacutepuscule

le Ndjo~or (de 13 H agrave 14 H de lapregraves-midi) le souf-segravede (de

minuit i4 H du matin) Selon la tradition ~t la croyance wolof les

mauvais ~sprits choisissent ces heures pour jeter des sorts Et la

femme enceinte eacutetant tregraves vulneacuterable le Djinneacute essaiera de lui insufshy

fler son souffle pour atteindre son beacutebeacute afin dentratner soit la

meacutetamorphose de cedernier en monstre soit de le tuer avant sa naissance

Dailleurs pour le wolof et pour certaines autres ethnies au Seacuteneacutegal

le timis le tdjolor le souf-segravede repreacutesentent des peacuteriodes de

la journeacutee ougrave lon ne doit pas se hasarder dans les rues et les champs

Ce sont des heures propices aux apparitions des Djinnes sous nimporte

quelle forme humaine ou animale

Il est eacutegalement interdit au wolof de marcher ou de serti la nuit du

~eacutellfria-

loutes c~s pratiques ~ystiqu~s et cr0ya~ces religi~us~5 ~xistent eL~~[

certainement dues agrave un meacutetissage culturel Parallegravelement aux feacutetiches

aux incantations et agrave lutilisation des safaras (substance magique)

notons lexistence de ga l a tchs (ce sOnt des talismans ougrave sont inscrits

du qui les porte Toutes ces croyances biEn sucircr auront une rEacutepercussicrI

sur leacuteducation du jeune wolof

323 Leacuteducation du wolof

Pour caracteacuteriser leacuteducation wolof nous avons penseacute donner comme

illustration cet extrait de la revue DEM ak TEY Pour deacutefinir leacutedushy

cation le wolof fait appel agrave un symbolisme qui eDglobe aussi bien les

moyens mis en oeuvre Yar que le reacutesultat obtenu agrave laide de ces mecircmes

moyens cest-agrave-dire la formation et le deacuteveloppement de lecirctre humain

ou Yaru

Le substantif Yar deacutesigne le fouet

Ce symbolisme deacutesigne donc au-delagrave du simple sens mateacuteriel de lobjet

lutilisation qui permet daboutir au reacutesultat escompteacute (Yaru) Au sens

geacuteneacuteral Yar deacutesigne tout instrument servant agrave infliger une punition Le

terme laisse supposer agrave priori que cette phase de lenfance durant lashy

quelle se preacutepare la vie de lhomme est lieacutee agrave la souffrance au supplice

Dailleurs une maxime wolof compare lenfant agrave une tige quon a tout le

loisir de redresser alors quelle est encore flexible bull

bullbullbull Pour leacuteducateur wolof la perfection nest point de ce monde malS

le devoir de chaque homme est de tendre vers la pleacutenitude en luttant

contre ses propres faiblesses Leacuteducation va d01c iisister essentielle~(-~t

sur lexercice quotidien de leacutelevation ffiora1e d~ lindividu Pour cela

elle privileacutegie la patience munI) vertu dabneacutegdtion et dE deacutesinteacuteresseshy

m(~t autour dE laquelle sarticulent toutes ]e~ ~u~~~s qualiteuros

i _

aan~ ~ s0cieacutet gt~olcf ocirclt~tartt nul -Jt- poulait sabecircisstr

tion de sa libertEacute La liberteacute est le preuumler drcmiddotir dE l ho-)euro egrave~S

baigner dans une beacuteate admiration du passeacute la comparaison avec le pr~$(middott

si~posc dclle-mecircme car lon reste s reacute devant la deacutesinvolture aVEC

laquelle dES honmes daujourdhui descendants de cette ~~~EacuteTatic ccedil~l se

une fois [largis bullbull tTasque fiers davoir fait leacute priS0n PEut-2tTE

faut-il mettre cela sur le compte de lurbanisation et des nouvelles

valeurs qui ont pour nom enrichissement reacuteussite sociale avec ce que

cela comporte de deacuteshumanisant et de deacutepreacuteciateur (1)

3 bull 2 bull 3 1 bull Lesri tes

Le sevrage et la circoncision constituent les deux grandes phases initiashy

tiques chez le wolof

- Le rituel du sevrage est appeleacute maga1 (litteacuteralement rendre grand)

Cest un eacutevegravenement important aussi bien pour les parents de lenfant que

pour la co~unauteacute Durant cet eacutevegravenement qui survient geacuteneacuteralement deux

ans apregraves la naissance du beacutebeacute les personnes vivant dans lentouragE

apportent leur soutien moral et mateacuteriel

- le rituel de la circoncision revecirct pratiquement la mecircme signification

que dans les autres ethnies seule la forme diffegravere La circoncision reste

encore une eacutepreuve de la vie au sort i r de laque Ile ladolescent devient un

homme Aujourdhui il faut noter une meacutetamorphose de la structure sociale

et des croyances religieuses tregraves accentueacutee aussi bien chez les wolof que

chez les autres groupes ethniques et ceci est peut-ecirctre dO au contact

permanent quils ont avec la socieacuteteacute occidentale

Malgreacute ces constat~tions il semblerait pcu=tant qUE la sociecirct~ lecircbou Gci

bien que se trouvaLt en grande partie dans ~a Presquth du Cap-ETt Et

en contact permane~t avec les blancs soit la portior la plu8 cc~serva-

----------~_- ---~-- -----

~

Incidences d s ~00urs sur la l~ttE

Le wolof connaicirct deux formes de luttes la lutte sirplE- sans t-t

la lutte avec frappe La lutte avec frappe a une crigi~e purement r

et ce nest que plus tard quelle devint une prati1uE sportive et lud

preacuteparer agrave la guerre Aussi tout en luttant On eacutetait autoris~ agrave frapper~

griffer mordre voire introduire son doigt dans loeil de son adversaire

Le jeune wolof devait eacutegalement se livrer agrave la lutte avec frappe afin de

favoriser son insertion dans la socieacuteteacute adulte et sinitier au meacutetier de

soldat faute de quoi il ne pouvait se faire entendre ne avoir des marques

de respect Pour montrer la populariteacute de la lutte dans le Cayor signalons

que les Damels ll (rois) et les Teignes (nobles) nheacutesitaient pas agrave sy

livrer Quant au IIMbeu~ (lutteur) elle lui servait de moyen de promotion

sociale car d8S que sa reacuteputation eacutetait eacutetablie il pouvait ecirctre choisi

par les rois et les nobles comme garde de corps

325 Signification de la lutte en milieu wolof

La lutte se pratique dabord pour lhonneur qui est une vertu tregraves signishy

ficative pour le wolof Elle permet de renforcer les liens amicaux entre

les jeunes de villages diffeacuterents Le champion veut gagner

confiance et la consideacuteration de son village de ses amis

Etre champion cest aussi susciter ladmiration chez les

sentant la force la viriliteacute et la deacutetermination

326 Organisation d~s eacutepreuves de lutte

3261 Les Mbapatts Ce sont les seacuteances nocturnes

pour meacuteriter la

et des anciens

filles en repreacuteshy

Ils sont organiseacutes apregraves les reacutecoltes agrave la fin de la saiscn des pluies

Ceci surtout p~ndant les peacuteriodes de clair de lune car ils peuven~ durEr

toute la nuit Le but des ~Dapatts lt=tait de prfpa-er FhysicuemeH et

~ arb Sil

326 Le 1

cest une organisation beaucoup plus importante que les I~apatts ~

loccasion de laquelle on peut voir plusieurs lutteurs de grande reDommfe

saffronteLLa fin dl lamb est toujours couronneacutee par une grand co~bat

duquel le vainqueur est sacreacute champion de la contrecirce

Le choix du lieu est lieacute agrave limportance de ce lieu dans le village cest

la place publique ougrave geacuteneacuteralement se passent toutes les manifestations

assembleacutee geacuteneacuterale sabar (danse) cest aussi lendroit ougrave sont prises

les grandes deacutecisions

3623 Lappariement

Dans un village ou un quartier les lutteurs se regroupent en lang

(eacutequipe) et jamais deux lutteurs de mecircme lang ne se rencontrent lors

du lamb

L appariement s~ fait librement entre lutteurs de lang diffeacuterents l1hs

une regravegle veut ~uavant de lutter avec le Mbeur Kanur de tel lang si

on est soukh (l~tteur pas encore confirmeacute) il est neacutecessaire de lutter

dabord avec ses soukh et ce nest quapregraves les avoir terrasseacutes tous

quon se voit octroyer la chance de lutter contre lui

Notons que la cateacutegorisation des lutteurs par poids nest jamais prise

en consideacuteration

3624 La tenue du lutteur ou NGIMBE

Le middotNGimbe est confectionneacute par le marabout de la famille ou du clan Il

est constituecirc de pagnes en coton tisseacute geacuteneacuteralement offerts par la megravere ou

la grand-megravere du lutteur ceci lors des organisations de ~rande Tportance

COrlune lef 1amb Dans le cadre des l-bapatt les pagnes sont C tErts peumlr

~~~rcfcis ct ffi~mc aujourdhui d218 cErtaInes fa~ille5 on devj~Gr

luttEur de pegravere en fils et dans ce cas h 1

gimbell du pEgravere Est recircr i tEacute

par le fils Le fait de porter le lI~gimbe agravee ses aiumleux peut susciter

cne~ le jeune lutteur une motivation et une volontecirc in~branlable rlasshy

surer 12 supeacuterioritEacute cis SIcirct-ns dallS

le xgimbe de la famille ne touche pas le sable

La tenue du lutteur a une signification et une importance sur le plan

mystique car selon les anciens le vrai feacutetiche du lutteur celui qui

le proteacutegera agrave vaincre le Djinneacute ou le Rap de ladversaire se trouve

cacheacute dans ce Ngimbe Celui qui confectionne-le Ngimbe est doueacute de

faculteacutes occultes

~~r~i~rg Il est assureacute par un sage du village qui geacuteneacuteralement fut

championde lutte de son temps Dailleurs cet ancien nintervient que

si le terrassement est litigieux

Hormis le public qui proclame la victoire ou le match nul le lutteur

lui-mecircme est arbitre et il arrive quil se deacuteclare vaincu ~ous

pouvons citer comme exemple Meacutedoune KHOULE un des plus grands lutteurs

seacuteneacutegalais qui a donneacute une victoire agrave Djeacuteri SADIO son adversaire qui a

reacuteussi agrave lui faire toucher le sol de la main

Il Y a terrassement quand le lutteur se retrouve

- assis sur le sol

- eacutetaleacute sur le dos

eacutetaleacute sur le cocircteacute

les deux genoux au sol

- les deux ma~ns au sol

la tecircte (front au sol agrave la suite dune brouette)

Il peut y aVOIr match nul si apregraves li1 temps ccmsideacuterable les lutteurs

SE sont ~ ivrEacutes respectivement agrave des assauts rEacutepEacutetEacutes et n arrivEt pas a

3265 L~ precircparation mystique

Il faut reconnattre quon ne peut parler de lutte en milieu wolof sans

envisager une preacuteparation mystique seacuterieuse Co~~e ~ous lEvans vu a~teacute-

1middot ~ d ~ ~rlturenent t0utes es actlvmiddotltesmiddot u W010 sont lles a SeS croyances

- la lutte ne concerne pas seule~ent deux acteurs se livrant faruumlucheshy

ment agrave un combat au milieu de laregravene mais eacutegalement les marabouts et les

feacutetichistes du village ou du clan qui doivent deacutefendre leur savoir et

leur prestige Avant le combat le lutteur doit se livrer agrave un certain

nombre de preacuteparations mystiques pour assurer sa victoire Aussi sommesshy

nous appeleacutes agrave parler de BACK (cest le chant et la danse du lutteur)

- le batteur de tam-tam compose un rythme en fonction du Galagne ou du

Senghor (gds-gris) du lutteur Chaque galagne sera choisi en fonction

du Rap ou du Djinneacute correspondant au Totem du lutteur

Le chant geacuterleacuterique Feinte woy veut dire litteacuteralement composer un 1

chant Ce chant est geacuteneacuteralement composeacute par les filles du viilage du

champion ou par un griot de sa communauteacute Et agrave travers ce chrnt on

arrive agrave toucher la corde sensible du lutteur en chantant lesl innombrables 1

victoires de ses ancecirctres ou en lui rappelant ses prouesses eacuteblatantes 1

Chaque lutteur doit avoir un chant et un back qui lui sont propres

327 Le reacutepertoire technique et les caracteacuteristiques physiques dulutteur wolof

Le lutteur wolof est geacuteneacuteralement moyen de taille la musculagraveture est

tregraves saillante ce qui fait ressortir un aspect tregraves athleacutetique ceci

est vrai sans exception pour le lutteur leacutebou mais il arrive que le Cacircyoshy

rien le baol-baol le walo-walo soient de grands gabarits de forte constishy

tution

CepEndant pour une meilleure compreacutehension du sujet nous pouvons eacutetudiEr

deux jroups d lut teurs qui vont deacuteterminer deux st yI e s de lut tes

- ~ t

les tc~tativ~s de~[reacutee e~ ramassement de jambes de la~v~sairL Ce~~

peut Ecirctre expliqueacute par le fait que les lutteurs leacutebou ou walo-walc qui

sont des pecirccheursadoptent cette garde tasseacutee du fait quils so~t tou-

jours pencheacutes en tirant le fil ou en poussant la plrogue On verra techrugravequeacutes dt cirr 2C ~lt 5Jllicitocirct

surLuumlut les membres supeacuterieurs

Le cayorien et le baol-baol par contre sont les plus grands cultivateurs

darachide chez eux les techniques de lutte sont plus varieacutees et la

garde est moins renfermeacutee Les lutteurs cayorien et baol-baol ont une

morphologie et une reacutepartition musculaire bien eacutequilibreacutee ils excellent

dans les techniques en deacutecalage les techniques de jambe et surtout les

techniques de riposte ougrave lon peut voir des prises de hancheacute tregraves amples

Dune maniegravere geacuteneacuterale on peut dire que le lutteur wolof est un fin

technicien qui sait surtout creacuteer les opportuniteacutes e~ avec sa rapiditeacute

utiliser la force de ladversaire pour le deacuteseacutequilibrer le noodju

le mbas le weacuteheacuteleacute et le rasu sont des techniques propres au lutteur

wolof

En deacutefense il utilise surtout des kl~klets ou gal-gal Notons que

le balancement des bras ou Lewato e$t tregraves marqueacute dans la lutte wolof

TABLEAU RECAPITULATIF DES COMPOSANTES TECHNIQUES

( 1 )

1 SOUS-GROUPES GARDES CONTROLES FORHES DE CORPS l

Walo-walo Basse de jambe Arracheacute l l10yenne de Ngimbe et i

Leacutebou Tasseacutee et saisies annexesj Deacutecalage 1 1 distante de bras de tecirct1

j de bras Deacutecalaeuro

~-----------------~-

- ~ ~- shy - ~ ~ bull L _ _ bull

Profil psyc~~iqUE du lutteu- et son comporterent dars l 2regravere

La preacuteparation mystique dans laregravene est plus marqueacutee chez les wolofs

que ChE~ les autres ethnies En effet on verra de grands champions

preliGrE plusiEurs heures pour Enduire leur corps de cll2badep ou ci

rmiddot- ~ a la proprieacuteteacute de proteacuteger li1egraveividu J

les mauvais sorts) Cest dailleurs un aspect dt la luttE qui iJcsc

des problegraveJles

Le lutteur wolof est tregraves superstitieux et la peacuteriode de preacuteparation

est capitale pour lui car elle permet non seulement de rendre

hommage aux ancecirctres mais aussi dintimider son adversaire Cest

geacuteneacuteralement un lutteur agressif combatif et teacutemeacuteraire Il se fait

souvent remarquer par son esprit dentreprise Mais cette fougue dans

le combat lamegravene parfois bien que ce soit regrettable agrave oublier les

usages et les normes Ce manque de maicirctrise de soi peut faire croire

que le lutteur wolof manque de fair-play ce qui nest pas toujours le

cas

~A~Ugrave~ t 4AA CbUrs k LA ucirctotve f~tPle Sesect prores mou W ~ lesquelles vont se couler les comporteme~ts individuels qui sont ainsi

monteacutes par et pour lautoriteacute sociale

Les faccedilons de boire de marcher ou de sasseoir se manifestent indivishy

duellement dans le corps de chaque personne ces habitus sont cependant

des montages sociaux lieacutes agrave des significationssymboliques variables

dailleurs selon la position sociale occupeacutee par chaque sujet Ces modes

dagir se rangent dans un systegraveme de montages symboliques et lindivishy

du les apprend de la socieacuteteacute dont il fait partie agrave la place quil occupe

Lhabitus est un montage social agrave la valeur symbolique deacutependant des pheacuteshy

nomegravenes deacuteducation et de prestige et lieacute agrave la position sociale du sujet

Cette penseacutee sonne de faccedilon eacutetonamment moderne

Pierre BOURDIEU qui dans une perspective a approfondi le contenue de la

notion en le reportant aux oppositions entre classes et fractions sociales

Il deacutefinit lhabitus comme un systegraveme de dispositions durables acquis au

cours dune histoire personnelle dans une milieu social donneacute systegraveme qui

engendre ensuite des pra~iques socialement deacutetermineacutees faccedilons de manger

de parler ou de marcher comportements de politesse contenu des preacutefeacuterencel

et des deacutegoOts bullbullbull lhabitus est le produit de conditions eacuteconomiques et

sociales Lauteur rattache directement la formation de lhabitus dun

individu agrave la trajectoire parcourue par celui-ci dans sa classe dapparteshy

nance il deacutefend lideacutee dun habitus de classe qui deacutefinit le sens confeacuteshy

reacute agrave la pratique sportive les profits qui en sont attendus

Ce dernier serait lui-m~me lieacute agrave un systegraveme de valeurs ou ETHOS de classe

prenant sens au sein doppositions distinctives entre classes sociales

De sorte lhabitus fonctionne comme un systegraveme dt- regravegles inteacuterioriseacutees

souvent informuleacutees permettant ou non agrave lagent de sadapter dembleacutee aux

multiples pratiques de la vie quotidienne et de la vie sportive il est agrave

lorigine des schegravemes de transcription qui favorisent les ajustements aux

situations corporelles nouvelles (1)

t ~

(1) P~IE11D dwi6Han ISpoy-l et sodeacutebi Approche Bocio-culturelle des pratiques P~tis Vigot 1981 page 81

33

331 Preacutesentation

Les Seacuteregravere auraient pour origine le Fouta Toro quils auraient quitteacute

vers le Xllegrave siegravecle pour fuir lislamisation de cette reacutegioD par lempire

dJ Xali (ils seraient donc apparEnt~s aux Peul et Toucouleur ) Ils

auraient trouveacute dans la rEacutegion du Sine les Sosseacute dorigine manding avec

lesquels ils salliegraverent

Au XVegrave siegravecle une autre immigrationSos~ conqueacuterante cette fois-ci

apporta son organisation eacutetatique Ils se divisegraverent en deux monarchies

deacutemocratiques lune seacutetablit au Sine et lautre au Saloum Les Sosseacute

conqueacuterants constituaient lautocratie appeleacutee Guelowar

La royauteacute seacuteregravere eacutetait laiumlque Les premiers souverains durent secouer

la tutelle des Toucouleur et progressivement arrivegraverent agrave unifier lethshy

nie des seacuteregravere etdea Sosseacute Les deux royauteacutes eacutetaient organiseacutees selon

acirces modegraveles tregraves deacutemocratiques Le souverain deacutependait dune assembleacutee

de ministres et de chefs locaux qui assuraient ladministration centrale

et reacutegionale())

Aujourdhui lethnie seacuteregravere repreacutesente 20 de la population seacuteneacutegalaise

Ils sont reacutepartis sur presque toute leacutetendue du territoire notamment

dans le Baol la reacutegion du Sine-Saloum et la reacutegion de Thiegraves

Signalons quil existe plusieurs sous-groupes dans lethnie ainsi on

trouvera

- dans la reacutegion de Thiegraves les Ndut les Safegravene et les None

- dans le Sine-Saloum les Sine-sine et les Saloum-salouIT

On trouvera vers foundioune et agrave Nioro du cocircteacute de la Gambie les

Niominka (pecirccheurs) Cest une portion tregraves mandinguiseacutee

( 1

Le rattache~2~t d~ to~s ccs sous-groupes pose problecircme ~25 0~ r0~V~

uc grande partie de traits COITul1uns dans leurs modes dE vie Ct pOUT phs

de faciliteacute nous allons essayer de faire une ~tude globale de la lutte

traditionnelle seacuterecircre Lactiviteacute socio-eacuteconomique qui est essentielleme~t

agro-pasorale caracteacuterisE leacutethnie seacuteregravere

332 Lecircducation les moeurs les croyances et pratiques sEr~rc

Chez les Seacuteregravere la vie humaine se deacuteroule selon les grandes eacutetapes

le baptecircme lenfance ladolescencemarqueacutee par la circoncision lsectge

adulte le mariage la vieillesse et la mort (funeacuterailles)

La vie de la communauteacute seacuteregravere reste une des plus originales sinon

celle qui de nos jours garde la presque totaliteacute des pratiques et

habitudes traditionnelles

Bien qu aujotltdhui con~r-tis aux religions chreacutetienne et musulmane les

Seacuteregravere conservent leurs croyances et pratiques animistes

Quelque soit leur degreacute dadheacutesion aux religions reacuteveacuteleacutees les Seacuteregravere

croient en un Dieu puissant et miseacutericordieux Rog Segravene et les hommes

Les ~angols sont repreacutesenteacutes mateacuteriellement dans tous les villages

seacuteregraveres par des arbres (baobab et tamariniers) des animaux (geacuteneacuteraleshy

ment serpent doreacute ou iguane) des ustensiles (pilon calebasse et mortier)

De nombreux teacutemoignages nous apprennent que certains totems (serpent

iguane) font leur apparicion agrave loccasion de certaines manifestations

rituelles comme les sacrifices ceacuteleacutebreacutes lors dun mariage de ceacutereacutemonies

mortuaires ou des circoncisions

Le Seacuteregravere comme il nous a eacuteteacute donneacute loccasion de le dire plus haut

preacutesente des speacutecificiteacutes authentiques aussi bien en tout ce qui touch~

son eacuteducation ses croyanCES et pratiques mystiques q~e ses activiteacute~

socio-ecirccc~omiquEs Apr~s a ~aissa~c~ le beurob~ ~~ pcs~ 5~~ lE S~ __

On lui mouille les l~vres avec un peu d~ lait de mil et apr~s U~ bain

purificateur on versera leau dans un trou cr~us~ derri~r~ la Camp~~

Pendant huit jours la megravere et lenfant sont cacheacutes dans la case car

selon les anciens ils sont tregraves vulneacuterables La case deacutens certains cas

est entoureacutee dun fil blanc et lon place sur le seuil des fais(cauy di

veacutegeacutetaux pour chasser les mauvais esprits (geacutenies malfaisants et illangeUY~

dacircmes) Au bout du huitiegraveme jour la megravere et lenfant peuvent sortir de

la case bull

bullbullbull Le matin du huitiegraveme jour la tante paternelle va chercher de leau

(plusieurs fois)t elle doit rester muette pendant ses alleacutees et venues

si elle parlait t lenfant pourrait ecirctre muet bullbullbull

La megravere et lenfant prennent un bain purificateur dans lequel sont

trempeacutees certaines plantes (ce sont des veacutegeacutetaux pr~tecteurs tels le

begravene le yag le ngud) On y lavera aussi le linge e1t les ustensiles utishyj

liseacutes pendant les huit jours qui viennet de seacutecoul~r On rase le crine

de lenfant Les cheveux sont donneacutes agrave la megravere qui ~s enterrera avec le

reste du cordon ombilical dans un endroit que11e esit seule agrave connattre

La megravere sassied sur une natte devant la maison Une femme igeacutee de la

famille prend le beacutebeacute dans ses bras et le preacutesente aux quatre coins de

lhorizon

La tante paternelle tient ensuite un van sur la tecircte de la megravere on y

verse le mil on y verse eacutegalement en abondance sur la megravere et sur

lenfant La tante oint ensuite le corps du beacutebeacute avec du lait e11e

touche en particulier le front t le nez la bouche la poitrine le dos

et les oreilles

Elle pose enfin un ~rain de sel dans la paume du beacutebeacute (le sel purifie

et deacutetruit les puissances mauvaises)

Apregraves un nouveau bain la megravere et lenfant revEcirctent des habits de fecircte

(est

lenfant Ce precircnore a toujours U~ SEns Il sy~bolise parfois C0 qUi

lOIl sounaitt agrave lEufant l)

La circoncision comme dans les autres ethnies est obligatoire Elle

permet au jeune adolescent dacceacuteder agrave la classe adulte Les jeunes

sont regroupes en classe dacircge dans le bois ougrave sc fait la r0tr~it0 des

circoncis et ceci pendant plusieurs mois

Le Selbeacute qui est geacuteneacuteralement un ancien craint de tous les eacutelegraveves

enseigne le respect de la hieacuterarchie la discreacutetion le goOt de linishy

tiative Les activiteacutes physiques et leacuteducation artistique ne sont pas

en reste la deacutecoration la sculpture la lutte et la danse A sa sortie

du bois linitieacute appartient deacutesormais agrave la classe des virils et des

sages du clan car on lui aura enseigneacute les vertus fondamentales que

sont la justice lhonneur lamour du prochain 1 amour du travail

lhonnecircteteacute et surtout le respect des coutumes ancestrales

Le rite du mariage esd aussi un fait tregraves important dans le monde 1

seacuteregravere mais par manq~e dinformation nous serons obligeacutes de nous en

tenir lagrave

333 Impact des ethos sur la lutte dans le monde seacuteregravere

Lorigine de la lutte seacuteregravere ne semble pas claire ma1S nous pouvons

dire quil existait deux formes de lutte comme chez les Wolofs une

lutte sans frappe et une lutte avec frappe Et cest cette derniegravere

qui peut-ecirctre nous ameacutenerait agrave croire que la lutte seacuteregravere aurait une

origine plus preacuteciseacutement guerriegravere

Aujourdhui la lutte est uniquement une activiteacute sportive agrave travers

laquelle le jeune seacuteregravere eacutevalue sa force son courage et SOn ingeacutenioshy

siteacute Cest une occasion de deacutefendre lhonneur de son village ou de

la corrnnunauteacute

La luttE ~5t avant tout u~e rnanifcs[dtic~ c~lturclie et surtout

fo lkhriqut-

Gracircce agrave elle on peut deacutesormais comprendre un certain nombre de chants

et de symboles A travers la lutte seacuteregravere on ccedilomprend les inter-relashy

tions entreacute la vie et le monde surntiturel

Sil devait y avoir la mort dun villageacuteois pendant la fecirctE au T qUE

de linterrompre on proceacutedait gracircce aux connaissances magico-religieuses

agrave la suspension de la mort jusquagrave une peacuteriode ougrave la population sera plus

disponible pour organiser des funeacuterailles sil y eacutetait preacutedit la possibishy

liteacute dune deacutefait du champion local au profit dun champion dun autre

village des recettes dordre maginque et religieux eacutetaient mises en prashy

tique afin que le champion du village ne soit jamais terrasseacute(J)

334 Le profil du lutteur seacuteregraver~

Le lutteur seacuteregravere est par essence un athlegravete impressionnant de par sa i

carrure et sa musculature saillante mais cest aussi une force tranquille

et calme quelque soit lenjeu du combagravet et particuliegraverement lhonneur

Cet aspect nous pousse agrave parler du NGiMBE cest-agrave-dire de la tenue du

lutteur qui va influencer sur sa faccedilon de lutter

La confection du Ngimbe revient agrave la communauteacute entiegravere Le Ngimbe a

une signification symbolique et le lutteur pour meacuteriter la confiance du

groupe se doit de tout faire pour ne pas toucher le sol Toute la commushy

nauteacute elle aussi sengage pour assurer la longeacuteviteacute et le succegraves du lutteur

dans laregravene par lorganisation droffrandes et de sacrifices en lhonneur

des Pangols bull

bull

Daucuns nheacutesitent pas agrave dire que lessentiel du mysticisme se fait agrave

la maison et non dans laregravene tout le reste nest quintimidation de

ladversaire

lsvcns

Tt- pi ~- t

t 1 ~ l _ ~ t

par rapport agrave lautre Cbci est trEgraves lieacute agrave lactiviteacute journaliegravere du

jeune seacuteregravere qui est un cultivateur donc toujours bien planteacute sur ses

jambes et qui continuellement manie lhiler

Le fait de couper le boi~ peut eacutegalement constituer un moyen de muscushy

lation non neacutegligeable pour le jeune lutteur

Un certain nombre de traits techniques speacutecifiques au lutteur seacuteregravere

semblent ressortir des diffeacuterentes interviews que nous aVOns fait subir

agrave certains lutteurs seacuteregraveres et agrave diffeacuterents techniciens

SOUS-GROUPES FORMES DU CORPS CONTROLES GARDES

SAFEN Moyenne en fente NONE Hancheacute Bras (distante) j

NDUTJ

f

SINE-SINE Deacutecalage Ngimbe

Moyenne

SALOUM-SALOUM Passage- Jambe (rapprocheacutee) 1

i

PETITE dessous Tecircte Basse et 1

COTE Moyenne (rapprocheacutee)

Notons que le Niominka ll commence agrave lutter agrave partir du sol pour avoir

assez deacutelan et sauter sur ladversaire afin davoir la prise du lion

(contr6le de la nuque et du bassin)

Co a -tem-nt ccedilt attitude du lutteur sEacuteregravere335 np -1t ~

Les croyances mystiques sont indissociables des activiteacutes quotidiennes

duseacuteregravere Ce qui explique le cocircteacute supersticieux du lutteur seacuteregravere En

~ffet certains lutteurs refusent de lutter avant certaines heures

Certains teacutemoignages nous apprennent quil nest pas donneacute agrave tout le

monde decirctre champion de lutte et que le lutteur doit avoir des dons

surnaturels pour ecirctre agrave mesure de livrer ses combats dans la nuit

et trouver seul un gris-gris speacutecial appeleacute Njatch

Le vrai champion de lutte chez les seacuteregraveres ne lutte pas seulement avec

~a force et sa technique mais surtout avec ses dons occultes

Chez les seacuteregraveres les morts sont toujours preacutesents et les ~pangols

Servent dintermeacutediaire entre les hommes et les morts Le pangol prend i

le nom dhumain dans certains villages (IIHeacuteJga NDONG Har Wag NGOUYE) i 1

De ce fait on verra le lutteur danser dufe maniegravere ou dune autre en

fonction du pangol de sa famille Ainsi nrus aurons le back (chant et

danse du lutteur) des DIOUF des FAYE etclbullbullbull

Dans laregravene le lutteur seacuteregravere a un comportement exemplaire aussi bien

agrave leacutegard de son adversaire direct quave~ le public en geacuteneacuteral Lexpli shy

cation semble tenir au fait que le lutteur seacuteregravere est avant tout selon

la tradition orale le repreacutesentant de toute la communauteacute seacuteregravere Par

conseacutequent il devra saffirmer non seulement en tant que lutteur dans

laregravene mais aussi en tant quentiteacute morale

336 La tenue du lutteur ou NGIMBE est confectionneacutee par le marabout de la

famille ou du clan Le Ngimbe est constitueacute de pagne en cCton tisseacute

Il doit ecirctre propre le lutteur qui le porte ne devra pas avoir de rapshy

port sexuel pendant toute la peacuteriode des cOTpeacutetitians car le Ngi~bE ne

doit pas ~tre souilleacute

Autrefois et mecircme aujourdthui dans certaines familles on devient

lutteur de pegravere en fils et dans ce cas le Ngimbe du pegravere est heacuteriteacute

par le fils Le fait de porter le Ngimbe de ses aieux peut susciter

chez le jeune lutteur une motivation et une volonteacute ineacutebranlable dtasshy

surer la supeacuterioriteacute d~s siens dans ltaregravene Il fera tout pour que le

Ngimbe de la ramille ne touche le sable

La tenue du lutteur a une signification et une importance sur le plan

mystique car selon les anciens le vra1 feacutetiche du lutteur celui qui

le proteacutegera et laidera agrave vaincre le nDjinne ou le tRapu de ladvershy

saire se trouve cacheacute dans ce Ngimbeu bull Celui qui confectionne donc le

Ngimbe U est doueacute de faculteacutes occultes

337 Larbitrase est assureacute par un sage du village qui geacuteneacuteralement fut

champion de lutte de son temps Dailleurs cet ancien nintervient que

si le terrassement est litigieux Hormis le public qui proclame la vicshy

toire ou le match nul le lutteur lui-mecircme est arbitre et il arrive

quil se deacuteclare vaincu

Nous avons pu cfter Meacutedoune KHOULE un desplus grands lutteurs seacuteneacutegashy

lais qui a donn~ une victoire agrave Djeacuteri SADIO son adversaire qui a reacuteussi

agrave lui faire touegraveher le sol de la main

IlL

34 1 Preacutesentation

Lethnie toucouleur vit En grandt partit ciE~~ la vallfc du S~~~gal

pt reprecircsente i peu pr~s 8 de la population totale secircn~galaise

o Histoire

Il semblerait que dans lancien royaume du Tekrour (IX~ siegravecle) des

eacuteleacutements neacutegroiumldes Sarakoleacute et des Peul aient formEacute par meacutetissage le

peuple Toucouleur (Toucouleur serait dailleurs une deacuteformation du

mot portugais Tacouror)

Ce empire a domineacute aussi bien les wolofs de lOuest que les Peul

nomades du Fouta Toro Cette reacutegion fut le premier pays islamiseacute par

les Almoravides ce qui peut expliquer le proseacutelytisme toucouleur

Ce sont les guerriers toucouleur islamiseacutes qui attaqu~rent avec les

Almoravides la capitale du Ghana Koumbi en 1067 On convertit par

la force les animistes Cest sans doute agrave cette eacutepoque que de nombreuses

ethnies reacutefractaires agrave lIslam ont dO accentuer leur migration vers

le sud (Seacuteregravere wolof Sarakoleacute Bambara Songhaiuml Akan et Peul se reacuteshy

fugiaient vers les hauteurs du Fouta Djalon)

Au XIXegrave siegravecle les Toucouleur allaient trouver en El Hadj Omar Tall

un grand conqueacuterent qui sous le preacutetexte religieux de la gJerre sainte

contre les tribus animistes (entre autres Bambara) eacutetendit lempire

toucouleur sur presque tout lensemble du gali et la partie de la Guineacutee

proche du l1ali

Lempire toucouleur composeacute de Sarakoleacute de Bambar~ de ~alinkeacute de

Xassonkeacute dE Peul et de Dogon eut le meurorit~ dunir CES diif~rentes ~ ~ - - - - - et~ics ~t dE CD~stituer l~Sl la b2S~ ~r 1

_ ~ ~ ~_ L ~

~ ~- ~- - - ---- _ 1 v _ t 1 ~-_ --

marabout tOL~culcuuml~ ~ middotlrrany a l ick SI venu des E1i rClS dE Pocior~ (

~ Vi~ euroconomicue et sociale -----------~-------------

Les Toucouleur sont des cultivateurs mais bien quils n~ soie~t pa~

pasteurs comrre les Peul leacutelevage a une place inportarteacute decirc1S ltur

eacutecono~ie Pour faciliter leur conquecircte guerriegraverE ils c~t Eucirc une preacuteshy

dilection pour leacutelevage des chevaux On y trouve aussi des pecirccheurs

appeleacutes Tchioubalo La socieacuteteacute toucouleur aurait une stratification

sociale tregraves rigide Les groupes ethniques et les castes eacutetaient

diffeacuterencieacutes et strictement exogamiques les Rimbe classe des nobles

comprenant la famille reacutegnante et les guerriers libres la classe des

Nieacutenieacutebegens de castes artisanales i les Rimaibeacute anciens esclaves

devenus serviteurs qui portent les noms de famille de leur maicirctres A

la base de lorganisation de la collectiviteacute toucouleur se situe le

village (Wouro)

Toutes ces castes sont cloisonneacutees entre elle~ Ainsi il nest pas

permis agrave un Torodo (noble) de se marier avec un Tchioubalo Ces

consideacuterations sont importantes dans le domaine de la lutte ougrave nous

apercevrons que les nobles ne sont pas faits pour lutter Le noble

preacutesidera les seacuteances de lutte et on luttera pour lui Ces condeacute rat ions

de noblesse et de rang social sont extrecircmement importantes dans le

monde toucouleur

Le noble ne doit pas se salir on lutte pour lui il ne vit la lutte

quen tant que spectateur

342 Education moeurs croyances et eratiques religieuses

Deux formes d~ducation sont agrave consideacuterer leacutedJcatio~ dES enfarts Et

celle des adultes

oG lenfant sait m2n~~r et apprfcier le goOt d~5 ~iifeurorents r~pas lt

le moment ougrave il CO~~e~CE agrave marcher

tivirt n~sormais le petit toucou]eur est eacuteduquf par toutmiddot 12 f2~i)]E

dabord puis par toutes lespersc~nes du village ou du C13~

Lenfant peut ~tre corrigeacute par tout adulte appartenant au groupe social

Son eacuteducation est deacutesormais laffaire de toute la communauteacute et non

exclusivement celle ces parents On linitie ainsi au travail quotidien

qui se fait dans la bergel~ e les champs et les bords du fleuve Au sein

du village il pourra apprendre agrave filer la laine et agrave tisser des pagnes

dans les champs il apprend agrave manier la houe et lhiler pour la culture

du riz et du mil Mais signalons que lactiviteacute essentielle du toucouleur

est leacutelevage des boeufs des moutons et des chegravevres Chez les Ichioushy

balos (p~cheurs ) lenfant sera initieacute tregraves tat au maniement des pagaies

agrave la p~che propremccedilnt dite et agrave la nage

Vers cinq-six ans lenfant est confieacute au maicirctre coranique le Ihierno

et ce dernier dispose exclusivement de toute sa vie Lavenir du jeune

enfant lui appartient

Comme dans les autres groupes ethniques les enfants sont regroupeacutes en

classe dacircge et cest dans cette structure que lenfant subit les rite

de passe et plus particuliegraverement celui de la circoncision

La circoncision est non seulement unE opeacuteration chirurgicale malS surshy

tout une peacuteriode au cours de laquelle le jeune garccedilon passe de leacutetat

dadolescent agrave leacutetat dadulte Les circoncis sont reacuteunis en classe

dacircge dans un endroit situeacute hors duvillage geacuteneacuteralement choisi par les

vieux Cet endroit n~st accessible que par des individus de SExe ffi8SCUshy

li~ ~ta~t au preacutealabl circoncis

- - - -

quable et complet sur le plan phy~ique et ~oral Ai~si liniti~

acquiert les qualitecircs indispensables que sont le courag~ la modest

lesprit de sacrifice lendurance

Le toucoule~r est un pleux musulma~ Cela sexp1

SOil le premier agrave tre en contact avec la religion musulmane de par sa

position frontaliegravere Lethnie toucouleur de par son histoire a preacutesenteacute

les plus grands chefs militaires et religieux musulmans seacuteneacutegalais Et

pour illustrer cela on peut citer en exemple la grande famille musulmane

des SY agrave TIVAOUANE repreacutesentant la confreacuterie des TIDJANES

Bien que lon note une majoriteacute musulmane on peut dire que certaines

croyances et pratiques mystiques et animistes persistent encore surtout

dans la reacutegion du fleuve

Une pratique courante se fait elle sappelle le Djatt Elle consiste

agrave faire sortir le caiman du fleuve agrave limmobiliser et agrave lattacher

sans quil ne reacuteagisse et tout ceci agrave laide de versets et dincantashy

tions magiques Dapregraves les teacutemoignages ces pratiques sont plutocirct

freacutequentes chez les Tchioubalos (pecirccheurs) Il arrive aussi que cershy

tains chasseurs ayant des dons se livrent agrave certaines pratiques an1shy

mis tes qui consistent agrave invoquer certaines puissances et agrave moduler sous

forme de chant des versets occultes pour se proteacuteger des mauvais esprits

et pour eacuteloigner les fauves Ce chant est geacuteneacuteralement incompreacutehensible

et deacutenueacute de sens pour le profane

343 Activiteacutes ludiques et pratiques sportives en milieu toucouleur

Durant toute son histoire lethnie ~oucouleur a toujours EacutetEacute Frese~teacute~

comme celle qui avait ue activit essentiellement guerr e e~ particushy

liegraverement farouche Trois eacuteleacutements ret r t l ecirc t te nt i c- euro so~t

le manie~~nt du ~acircton 12 luttE Et 1eacute danSE

l

Lecircducation ph~sique et artistique Dcc~pe un place precircpondecircra~rp

dans la fDrmat~on du jEune toucouleur A loccasion agraveeacutevegravenemen~ imporshy

tants reacutecoltJs mariages baptecircme nous assistons agrave des manifestashy

tions folkloriques de grande envergure le Wango oucirc dailse toucouleur

tregraves gymnique iles chants et surtout les sEacuteances de lutte

La lutte toucouleur est la forme de lutte la plus spectaclaire dans

tout le territoire seacuteneacutegalais Elle est essentiellement baseacutee sur des

techniques en hancheacute et surtout en souplesse Ceci sexplique par le

fait q~e le jeune toucouleur est tregraves tocirct initieacute agrave la gymnastique (saut 1

per saut de main salto arriegravere saut de tecircte couronneacute etc bullbullbull ) pour

la dans~ du wa~go En dansant le wango qui est une danse rythmeacutee et

gymnique le Jeune toucou1eur est capable de prouesses extraordinaires

1

En lutte lattaquant se deacuteplace tregraves peu pour avoir une bonne saisie

(geacuteneacutera~ement controcircle du Ngimben ) et enchaine brusqueme~t avec une

attaque surpris~ Cependant les ripostes sont souvent surprenantes et

spectaculaires (baseacutees sur la souplesse et la rapiditeacute) ontrairement

aux autr~s form~s de luttes ougrave lon voyait tous les jeune adheacuterer la

lutte to~cou1eur Verra un groupe de speacutecialistes sadonne agrave la lutte 1

(la lutte est lieacutee agrave la position sociale de lindividu problegraveme de

caste)

Q La morphologie du lutteur toucou1eur 1

1 1

Ce dernier nest pas aussi large et aussi fort que les lutteurs diola

et seacuteregravere Cependant il est tregraves reacutesistant La musculatJre est saillante 1

et tregraves souple lindividu est longiligne mais tregraves athleacutetique

Les mouvements de lutteurs sont semblables agrave ceux dun grand fe1in Cette 1

morphologie semble ecirctre lieacutee agrave la position geacuteographique de lethnie

(reacutegion du fleuve) et agrave lacitiviteacute socio-eacuteconomique du toucouleur qui

est agrave la fois cultivateur (activiteacute lieacutee agrave la crue et deacutecrUE du fleuve)

pecirccheuro~T CIcr~icubaon) et sttout jEumlrgcr qui est U~ rc~2eumlr

shy

Deux formes egrave~ corps sembl~nt ecirctre preacutefeacutereacutees du lutteur toucouleur

le hancheacute et la souplesse Les hancheacutes sont faits agrave partir de plusieurs

positions de doset se terminent geacuteneacuteralement par des techniques de

tregraves grande amplitude

TABLEAU RECAPITULATIF DES TECHNIQUES ET FORMES DE CORPS SPECIFIQUES

i

L441 r

GARDE FORMES DU CORPS CONTROLES --shy - -

Moyenne Souplesse Ngimbe

Hancheacute bras

Demi-souplesse

1

Profil psycholosigue 1

TECHNIQUES

ContrOle du bassin et 12 souplesse

arriegravere

Klicket et allegravegement de la hanche

Le lutteur toucouleur est celui lUi se livre le moins aux preacuteparaqons

maraboutiques Cela est dO au f~t que le toucouleur est un grand ~USUlshyman et que les pratiques animisges ont presque disparu dans ce mil~eu

Dans la pratique le lutteur esJ combaif mais il est calme et tr~s reacutefleacutechi quant agrave la deacutecision agrave prendre en plein corps agrave corps ct~st un des seuls techniciens qui reJte tregraves lucide au cours de ses comb~ts

l Dans toutes les circonstances e lutteur toucouleur est tenu de re~pecshyter son adversaire et ceux de s4n eacutequipemecircme sil est vaincu

Comme nous avons dO nous en rendre compte la rigueur des principes

eacuteducationnels a une influence tregraves sensible sur l~ comportement du

toucouleur

i

III S COCL ~s 1DO

Dans cette partie nous avons essay~ de montrer lftroite re1atic~

Entre les diverses activiteacutes socio-eacuteconomiques dans les ethnies et

lES diffEacuterentes faccedilons de lutter

Daucuns seraient tent~s de conclure trop rapidement et cest p0~r

cette raison que nOUS avons penseacute preacuteciser que le pheacutenotype nest

pas geacuteneacuterateur du geacutenotype Et nous sommes convaincus que la morphoshy

logie et les techniques des lutteurs relegravevent de leurs modes de vie

et de leurs croyances agrave une eacutepoque et danE un contexte bien deacutetermishy

neacutes

Est-ce que les lutteurs dio1a ou seacuteregravere travaillant avec leurs bras

dans les champs auraient les mecircmes pr 0 fil s physiques que les lutteurs

utilisant des machines pour lagriculture

- 69 shy

I UJOURDH~1 E-S ut O[l LES FORfilS Ut LU11t~

~otons que notre enqu~te a ecirctE essentiellement faiteen milieu urbain

Les seacuteances de lutte ont tendance agrave perdre leur particulariteacute de r~shy

jouissance pour devenir des pheacutenomegravenes de sportisatio Deux fores

de luttes so~t principale~cnt prat s dans les aregrave~es du 5 al

la lutte traditiunnelle simple et la lutte traditionnelle avec frappe

De nos jours la lutte traditionnelle tend vers une reacuteglementation

et une institutionalisation

Le reacutesultat de nos investigations nous donne le tableau ci-dessous

REPARTITION ETHNIQUE SUR 100 PRATIQUANTS

LUTTE LUTTE RAPPORTETHNIES SANS FRAPPE AVEC FRAPPE J2

Diola 40 16 71 j

Seacuteregravere 26 21 57

Toucouleur 23 10 69

Wolof 1 1 53 17

La demande sociale par ordre deacutecroissant pour la lutte sans frappe

se preacutesente comrre suit

]0_ Ethnie diola avec pregraves de 3 lutteur~ sur 4

2deg_ Ethnie toucouleur

Ethri dun

~ 1 LA LUTTE TR])IIIO~~ELLE AVEC H-PPE

Cette forme deacute lutte a une histoire qui date de lantiquiteacute elle

sa~pelait le Pugilat Au Seacuteneacutegal elle a vu le jour dans le Cayor

bien avant la colonisation Le coup dE pied l~Lrdn~lement la morshy

sure la frappe et le doigtf eacutetaient permis dans le cc=bat ~ ~middot~p0~~e

Dans certains cas la giffle eacutetait beaucoup plus dangereuse que le

poing quand elle eacutetait donneacutee par un speacutecialiste Cette giffle pouvait

agrave elle seule deacutechirer et mecircme parfois amputer la joue de ladverser

Selon les informations la lutte avec frappede nos jours serait une

forme de lutte tregraves eupheacutemiseacutee de celle dantan ougrave une blessure

pouvait souvent ecirctre mortelle

Aujourdhui au niveau du folklore la lutte na plus la mecircme

le spectaculaire a remplaceacute le significatif iLa lutte avec frappe se 1

pratique surtout dans les centres urbains C~aque fois quun grand combat 1

est progra~eacute par le Comiteacute National Proviso~re (CNP) des centaines damashy

teurs sont mobiliseacutes vers le stade lba Mar D~OP qui est aujourdhui le i

lieu approprieacute ougrave se deacuteroulent les grands conkbats de lutte Cest la formE

de lutte qui semble drainer une foule de personnes beaucoup plus importante

que celle de la lutte simple

La lutte avec frappe deacuteriverait dune forme de lutte traditionnelle

pratiqueacutee jadis dans le Cayor au temps des Damels et la frappe serait

le substitut dun certain nombre de pratiques doigteacute jet de produits

etc bullbullbull dont le but eacutetait laveuglement de ladversaire La lutte avec

frappe serait une continuation logique dune carriegravere sportive de la

lutte traditionnelle qui sen sert comme moyen socio-eacuteconomique En

effet la majoriteacute des lutteurs avec frappe ont dabord eacuteteacute initieacutes agrave la

lutte simple Cependant il faut signaler que de nOS jours il arrive

que le jeune lutteur avec frappE- soit directenent formEacute conne speacutecialistE

agrave la frappe sa~s pour autant faire son chemin dabcrd egravea~s la lutte

- ~ shy

Le recircsultat dE ~os interviews ncus rec~trE qGune pcpulatiD~ divcrsishy

fiampe sint~resse agrave ce sport et qUE les intecircr~[s des uns et d~SlautrE~

semble~t divergents naucuns affirment que la lutte traditionnelle

avec frappe serait monteacutee par des personnes dont la vocation est dexshy

ploiter ce pheacuteLomegravene agrave des fins commerciales Dautres disent gJellegrave

jouit de mcyens irport~nts t[l[~isio

tation etc bullbullbull ) pour toucher toutes les couches sociales CEpe~~a~t

nous remarquons que mecircme si certaines personnes reprochent agrave cette

forme de lutte decirctre brutale ces mecircmes personnes nheacutesitent pas agrave

se rendre le dimanche agrave laregravene Bien que critiqueacutee elle semble ecirctre

adopteacutee par une tregraves grande partie de la population seacuteneacutegalaise Cepenshy

dant en tant que techniciens il nous est permis de faire une remarque

Il sagit de

- Limpression nette decirctre devant des professionnels de la frappe

qui sont ~ntratneacutes pour cela Dailleurs les propos que nous avons

recueilli~ nous prouvent que la plupart des champions de lutte avec 1

frappe s~ntratnent dans certains sports de combat tels ~ue la boxe i 1

le karateacute le judo Dans cette nouvelle forme de pratique de la lutte

contrairefuent agrave la lutte traditionnelle le technicien e~t souvent

perdant face au puncheur Ce dernier adopte une lutte agrave distance qui

lui permet de placer agrave bon escient ses coups animeacute du deacutesir de vaincre

Le technicien lui se voit contreacute dans toutes ses entreprises par

un uppercut ou un crochet

On peut dire cependant que nul sport au Seacuteneacutegal que la lutte tradishy

tionnelle avec frappe ne deacutechaicircne autant de passions et autant de

pheacutenomegravenes poussant agrave lexcegraves et deacutereacuteglements quon ne peut que deacuteplorer

Mais comment deacutecrier un spectacle de lutte qui bien quayant perdu la

presque totaliteacute des valeurs traditionnelles veacutehiculeacutees autrefois par

elle sait susciter une participation effective de tous ceux qui sont

preacutesents

CONCLUSION

Dans ce meacutemoire nous sommes efforceacutes ~e faire ressort ir limportance des

ethos et des habitus et leurs effets sur la pratique de la lutte tradishy

tionnelle au Seacuteneacutegal

L~b egravethos repr~sentent dune maniegravere g~neurorale tous les eacuteleacutements speacutec

fiques sux Seacuteneacutegalais par conampeacuteguent un systegraveme de valeurs traditionnellEs

Mais m~me si ces valeurs rev~tent une signification universelle (honneur

digniteacute courage etc bullbullbull ) il nen demeure pas moins que ce nest pas leur

nature qui fait leur speacutecificiteacute mais la hieacuterarchisation et limportance i

quon accorde agrave toutes ces valeurs de ~ar leacuteducation ou la culture

i 1

Aussi les valeurs traditionnelles puient leur speacutecificiteacute dans les

caracteacuteristiques propres aux eacuteleacutements ~e la socio-cu1ture (la technologie

et leacuteconomie la politique et la pareteacute la psychologie et lideacuteologie)

dans la socieacuteteacute seacuteneacutegalaise agrave n momen donneacute de son eacutevolution Cest i

dire la neacuteceesiteacute de ne point faire della valeur une reacutealiteacute statique

Cest dite aussi quagrave tout mome~t le ~eacuteneacutegalais peut eacutevoluer et creacuteer

ou vivre par conseacutequent de nouv~lles fprmes de valeur qui lui sont 1

propres ft (J)

La lutte traditionnelle veacutehiculant deS valeurs socio-cu1ture1les speacutecishy

fiquement seacuteneacutegalaises (croyances valeurs morales norme de comportement

opinion attitude bullbullbull ) devient un eacuteleacutement important qui tregraves certaiaement

nous aidera dans notre effort de valoriser et de peacuterenniser notre patri shy

moine culturel par le biais dactiviteacutes physiques et sportives

Leacutetude des habitus nous permet de prouver quil y a plusieurs faccedilons

de se mouvoir comme danser lutter bullbullbull qui varient avec les diffeacuterentes

ethnies (wolof toucouleur seacuteregravere diolagt leurs convenances et leurs

eacuteducations

(1) Revue Ethiopiques 31 Les valeurs traditionnelles et le problegraveme de leur inteacutegration dans les systegravemes modernes jtducatio-1 2 6r--70

nautre part cette eacutetude permet aussi de nous rendrE compte de la

correacutelatipn eacutetroite existant entre la pratique de la lutte traditionnelle

et le sta~ut socio-eacuteconomique du pratiquant

Nos inves~igations nous indiquent que la lutte recrute essentiellement

au niveau des classes socio-eacuteconomiques situeacutees en bas de leacutechelle

donc posseacutedant le statut social le moins favoriseacute La lutte avec frappe

-et un certain secteur commercialiseacute de la lutte simple- y trouve sa

leacutegitimiteacute Comme le dit BOURDIEU nA habitus diffeacuterents styles de Vle

divergents et il oppse les pratiques aristocpatiques correspondants agrave

des activiteacutes qui favorisent les situations eupheacutemiseacutees ougrave la stylisashy

tion est importante aux pratiques populaires qui font appel agrave des

qualiteacutes qpposeacutees bllutes rugueuses Certaines interviews nous

montrent que plus lindividu occupe une place eacuteleveacutee dans leacutechelle

sQciale e~ 1

moin$ il sinteacuteresse agrave la lutte

Les reacutesultats recueillis dans nos diverses investig~tions confirment 1 1

1er propos qui disent que nous assistons aujourdhu~ agrave une involution

de la lutte traditionnelle parce que perdant toutes ses speacutecificiteacutes au 1

pryfit d~ne autre forme de lutte que lon continue agrave appeler nostalshy

giqlementIIlutte traditionnelle

Ceci pourrait peut-~tre trouver une explication dan la citation suivante

La liberteacute de creacuteer dinnover de vivre Pleineinenf decirctre soi et de

preacuteserver son authenticiteacute la digniteacute et lhonneu1demeurent des illushy

sions dans la misegravere eacuteconomique~ Nos ancecirctres creacuteai~nt des valeurs de cishyl

vilisation parce quils eacutetaient libres parce qu1i~s ignoraient toute

deacutependance eacuteconomique ils cultivaient en eux et cbez leurs enfants le 1

Jorn et la Kersa et preacutefeacuteraient la mort agrave la hoJte lI (1)

Or le Seacuteneacutegal comme la plupart des pays africainsi est un pays sousshy

deacuteveloppeacute t cependant face agrave cette volonteacute du gou~ernement seacuteneacutegalais

de faire inteacutegrer dans leacuteducation des valeurs traditionnelles nous

pouvons espeacuterer utiliser comme moyen deacuteducation la lutteacute traditionnelle

qui reste quand mecircme vecteur jethos et dhabit~s

- 54 shy

Mecircme si lon a noteacute un appauvrissement notoire sur les plans socioshy

culturel et moral la lutte traditionnelle recegravele une gamme importante

et varieacutee de techniques permettant incontestablement une ouverture vers

les luttes olympiques libre et g~eacuteco-romaine

La lecture de ce meacutemoire permettra agrave lentratneur et au professeur de

lutte en fonction du lieu ougrave ils seront affecteacutes dans le territoire

seacuteneacutegalaisdavoir une information sur les techniques contrOles et

formes de corps propres agrave chaque groupe ethnique et de les mettre en

relation avec leurs croyances et leurs mentaliteacutes

Nous avons essayeacute de montrer que la pratique de la lutte traditionnelle

doit tre axeacutee sur une ethnomotriciteacute au Seacuteneacutegal qui permette une inishy

tiation facile Cette pratique de la lutte traditionnelle seacuteneacutegalaise

devra dailleurs essayer de ~eacutepondre aux aspirations du Seacuteneacutegalaisl

moderne en souvrant aux ap~orts positifs des autres civilisations

ex~eacuterieures nous voulons Jvidemment parler du judo et des luttes oiymshyJ

piques 1

1 j Nous navons pas la preacutetentfon dans le cadre de ce meacutemoire demattrise

de reacutepondre agrave toutes les qutstions se rattachant agrave leacutetude de ~a lutte

traditionnelle souslangle~socio-culturel car non seulement il nous

manque lexpeacuterience et la c peacutetence en la mati~re mais aussil l le temps

et les moyens dont nous dis osions ne nous permettaient pas d~puiser le 1sujet i

1 1 1 t 1

l

- )5 shy

BIBLIOGRAPHIE

BIBLIOGRAPHIE

1- CLAPAREDE Psychologie de leacuteducation et peacutedagogie expeacuterimentale

Edition Delachaux et Niestleacute 244 pages

2- POCIELLC Christian Sport et Socieacuteteacute approche socio-culturelle

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3- PIERON Henri Vocabulaire de la psychologie

PUF Deuxiegraveme eacutedition 1957 469 pages

4- Revue socialiste de culture neacutegro-africaine ETHIOPIQUES

Les valeurs traditionnelles et le problegraveme de leur inteacutegration

dans les systegravemes modernes deacuteducation

GIA 21 Juillet 1982 213 pages

5- N2 Revue du Centre dEtudedes Civilisations DEM ak TEY

NIS IVegrave Trimestre 1982 96 pages

6- Document lNSEP Colloque sur la lutte aeacuteregravere

DAKAR MAI-JUIN 1980

t 1

~- Travaux du IVegrave Congregraves National ~es Sports agrave DAKAR les 2223041981

Bulletin n2 91 du CIO du 15 Aont 1965

l____________________________

8- Meacutemoire de Mattrise BADJI Abdou La lutte traditionnelle Joola

Etude et perspective

9- Meacutemoire Inspectorat JS DJITTE Mandy Les pratiques corporelles

traditionnelles au Seacuteneacutegal pour leur exploitation et leur

utilisation en peacutedagogie Marly le Roi 1980

REPUBLIQUE DU SENEGAL

--------------- INSTITUT NATIONAL SUPERIEUR

MINISTERE DE LA JEUNESSE DE LrsquoEDUCATION POPULAIRE

ET DES SPORTS ET DU SPORT

-------------

(INSEPS)

MEMOIRE DE MAIcircTRISE

Es-SCIENCES ET TECHNIQUES

DE LrsquoACTIVITE PHYSIQUE ET DU SPORT

LA LUTTE TRADITIONNELLE

son importance sa signification en fonction des ethos et des habitus ethniques au Seacuteneacutegal

Preacutesenteacute par

Monsieur Joseph Victor FAYE

Sous la direction de

M Jean Marc ROCHEZ

Professeur agrave lrsquoINSEPS

Anneacutee de soutenance 1984

AicircAgraveLYSE CES iJFrADES iDe I LES EN flA TIERE

DE PRATIQUE DES SPORTS DE Oicirc-itlAT

Objet Veacuterificat~on de la theacuteorie de lhab~tus

Hypothegravese En raison de son histoire de ses speacutecificiteacutes des valeurs

symboliques dont on linvestit une pratique sportive est en faveur aushy

pris dun groupe de pratiquants en fonction dattentes de niveaux dexishy

gence de fierteacute dappartenance qui sont socialement et culturellement

deacutetermineacutes

Il sagit en quelque sorte danalyser les goOts et les motivations des

sportifs en rapport avec leur condition sociale et le sentiment attachi

agrave ce statut

Remarque Cette analyse sera meneacutee en fonction des classes sociales et

non agrave partir de cla~se dage ou encore de classe socio-politique comme il

est dusage pour toute reacuteflexion sur notre socieacuteteacute trJditionnelle

Cette particulariti provient du fait que nos enquites ont iteacute effectueacutees

en milieu urbain -en raison des problimes de temps et de moyensagrave Dakar

et agrave Thiis pour itre plus preacutecis et il est deacutesormais hasardeux de preacuteshy

tendre y retrouver les structures traditionnelles c~e on pourrait le

faire en milieu rural

Par classe sociale et nous inspirant de la notion marxiste -deacutefinition

du rapport aux moyens de production- nous entendons la distance_dun

groupe social aux postes de deacutecision et de responsabiliteacute Plus cette

distance est grande moins le statut eacuteconomique est eacuteleveacute

Nous distinguons quatre (4) classes sociales car au niveau dune telle

analyse nous ne pouvons preacutetendre agrave la finesse de discrimination indiciaire

de la Fonction publique par exemple

r~partieuml

come il egravest rsectc eacute dans 1 ablea~ ci-dessous

CATEGORISATIONGROUPE EXEMPLE DE FONCTIONADMISE

Administrateur civil - Ingeacutenieur - Meacutedec ilCadre supeacuterieur1 Officier - Professeur

Instituteur - Mattre dEPS shy2 Cadre moyen Secreacutetaire - Technicien

Chauffeur - Militaire Policier3 Cadre subalterne shyPatron - Artisan

Artisan - Cultivateur - Ouvrier temporail4 Non cadre Pcheur

Conditions denqute Six (6) sports de ~ombat sont officiellement

pratiqueacutes Ils possegravedent une structure para-eacutetatique de gestion de contr

ce sont

3 sports de preacutehension - JUDO - LUTTE LIBRE TRADITIONNELLE - LUTTE OLYMPIQUE

2 sports de percussion - BOXE ANGLAISE - KARATE

sport mixte - LUTTE TRADITIONNELLE AVEC FRAPPE

Pour chacun de ces sports 50 pratiquants ont eacuteteacute interrogeacutes sur leur

statut socio-eacuteconomique avec la discreacutetion et la prudence quexige ce

genre de question

Cette enqute sest deacuterouleacutee dans les conditions suivantes

JUDO

Lieu DAKAR - Clubs USTD - DUC - FJAKS - DOJO HOMAR DIENG

Date du 020J84 au 28-05-84

Circonstances Les principaux inteacuteresseacutes eacutetant la plupart sur le tatami

pour lentratnement il fallait souvent attendre la fin

de lentratnement uumlur pouvoir avoir une ou deux entreshy

vues de sorte qu~ le~qu~te a pris beaucoup plus de

On constate que le no~bre de p=a~iq~~-ts ~st ~eauccup plus importd~t dans

les groupes 2 et 3 - Il es ~oindre dans les grQupes 1 et 4

LUTTE LIBRE TRADITION~~LLE

Lieu Dakar - Thiegraves bull Aregravenes Landing DIAME - Ecurie Seacuteregravere (pregraves de

lautoroute) Lutteur diola - toucouleur - Entratneurs - encadreurs

de diverses eacutecuries Stade Iba Mar DIOP - Aregravenes de Pikine et de

Thiegraves - CNPES - INSEPS

Date du 040284 au 020684

Circonstances Elles sont parallegraveles car les pratiquants semblent beaushy

coup plus disponibles que dans les autres disciplines Notre travail

parfoi~ peacutenible en raison de la diversiteacute des ethnies repreacutesenteacutees

et la traduction n1est pas toujours aiseacutee

Observations

Nous constatons que la lutte libre traditionnelle est plus pratiqueacutee

par les groupes 4 et 3 que par les groupes 1 et 2

LUTTE OLYMPIQUE

Lieu CNPES - INSEPS - Iba Mar DIOP (Equipe Nationale) - DUC

Date du 040284 au 020684

Circonstances Les conditions sont meilleures dans la mesure ougrave le

hasard a fait que pendant cette peacuteriode leacutequipe nationale soit

en regroupement et ceci nous a permis d-interroger un nombre

important de lutteurs de grand renom

Observations

En raison du petit nombre de pratiquants r~guliers lenquecircte ne porle

que sur 2S personnes Arbitrairement pour les besoins de comparaison

les raisons de comparaison les reacutesultats cbtenus sont multipli~s par 2 bull

BOXE A~~GLISE

Lieu Iba l-ar DIOP - ASFA - ASFPO - SC -ASC JJAF - ASC lA

ugraveate du 201283 au 020684

~E~~~~E~~~~ Ici nous ferons la mecircme remarque que pour le Judo

Notons que toute lenquecircte a eacuteteacute faite agrave Dakar

Observation

La boxe recrute ses pratiquants surtout dans les classes 3 et 4 et

on note que le nombre de pratiquants nest pas aussi important comme

dans les autres disciplines

KARATE

Lieu YUKOKAI KARATE CLUB - SAMOURAI KARATE CLUB - Iba Mar DIOP

CLUB DE GIBRALTAR - ASFA - ASFA - ASFPO - GM Thiegraves

Date du 201283 au 020684

SE~~~~E~~~ Notre enquecircte se passait dans une ambiance sympathique

de camaraderie Geacuteneacuteralement apregraves la seacuteance dentratnement

Observation

Nous constatons que la distribution des pratiquants bien que favorisant

les groupes 2 et 3 semble plus homogegravene que dans les autres disciplines

~ LUTTE TRADITIONNELLE AVEC FRAPPE

Lieu Ecurie de Fass - Ecurie des Seacuteregraveres - Ecurie Mermoz

- Ecurie des Casamanccedilais

Date du 04-02-84 au 020684

Ccedilj~9~~~aEccedil~ Il est agrave signaler que cest la discipline ougrave l~ contact

avec les pratiquants a eacuteteacute plus difficile les speacutecialistes qui~ la plushy

part du temps semblent meacutefiants quand on commeucircce agrave leur poser des quesshy

tions preacutecises sur leur revenu mensuel

2 -liCc 055cllt le lle11ent SegraveS praLicltants dans le ba

de lecirc~helle ces~-agrave-dire dans le ~ruumlupe 4

~ecircsultats

Les reacutesultats enregistreacutes sont reacutecapituleacutes en nombre et en pourcentage

-agrave lapproximation pregraves- dans le tableau ci-dessous

LUTTE 1 LUTTELUTTEGROUPES BOXE KARATE JUDO AVEC OLYMshySIMPLE i i FRAPPE PIQUE

1 11 1 1 1

1 11 1 1 1 11 0 1 0 8 1 16 9 1 18 4 1 8 0 1 0 7 1 14

1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1

1 11 1 1 1 1 12 3 1

1 6 21 1

1 42 22 1 44 6 1 12 4 1 8 17 1 341 1

1 1 1 1 1 1 1

1 1

1 1 1 1 1

3 22 1 44 13 1 26 15 1 30 16 1 32 5 1

1 10 10 1 20

1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1

1 1 1 11 1 1

14 25 1 50 8 1 16 4 1 8 24 48 41 1 1 82 16 1 321 1 1 1 bull 1 1 1 1 1

1 1 1 1 1 11 1 1 1 TOTAUX 50 1100 50 1100 50 100 50 pOO 50 pOO 50 1100

1 1 1 1 1 1 1 1 1 1

Afin dG failiter la lect~~e je c~ table3~ t ~2 re~dre sig~ific~tives

s info~~ations quil contient ces difteacutere ts reacutesultats nu~eacuteriques

peuvent ecirctre formuleacutes selon des repreacutesentations graphiques

1 Clientegravele des Sports de combat

FIGURE l

Il apparatt nettement que les sports de combat recrutent essentiellement

dans le bas de la hieacuterarchie sociale ce sont des sports populaires don

propices agrave une massification de la pratique

Toutefois on peut nourrir quelques inquieacutetudes pour que soient reacuteunies

les conditions de leur deacuteveloppement en raison du faible statut quils

possegravedent au regard defllintelligentsia seacuteneacutegalaise

2 Hieacuterarchisation des gants sportifs en matiegravere de sport

de combat au sein des cadres supeacuterieurs -Groupe 1shy

FIGURE I[

La f-appe est honni aucl1 pratiqua1t de boxe Olt de lutte avec frappe

agraveUloins quelle fasse lobjet dune stylisation cxtrecircme COTIme cest le

cas dans le karateacute Ce groupe manifeste un seuil extrecircmement bas de toleacuteshy

rance agrave la violence ce qui explique les discours infamants degraves que la

lutte avec frappe est secoueacutee par quelques excegraves Leacuteopold Seacutedar SENGHOR 1

navait-il paS deacuteclareacute que cette forme de lutte eacutetait une atteinte permashy

nente agrave limage de marque du Seacuteneacutegal

Bien quil soit difficile de proposer une explication unique curiositeacute

esprit douvetture permeacuteabiliteacute aux modes bullbullbull les repreacutesentants de ce

groupe adoptet facilement des sports importeacutes 85 des goOts pour le 1

Judo le Karateacute et la Lutte Olympique qui pourtant est bien peu pratishy1

queacutee au Seacuteneacutegfll j

Faut-il en deacuted~~re une attitude geacuteneacuterale favoris~agrave tout ce qui provient

de leacutetranger

Nous nous refu~ons preacutesentement agrave ce genre dexplicationJ ne ser~it-ce que

par ses conseacuteqJences sur notre sport national dont les perspectives appashyj

raicirctraient bie sombres

Admettons que la pratique de ces disciplines sont en rapport avec des

deacuteterminants eacuteconomiques et que ceux-lagrave sont un frein P4ur la popularisashy

tion de ces pratiques A lappui de cette interpreacutetation~ il suffit de

composer le champ social du Judo et celui de la Lutte libre traditionnelle

--== G J

32

LUTTE SIHPLEJUDO FIGURE JI(

Le groupe 2 qui manifeste un inteacuterecirct reacuteel pour les sports de combat -pregraves

de 25 iuml de la population i~tervieweacutee- et qui p6ssegravede les ~oyens de choisir

ses pratiques opte massivement pour le judo CDnme lexprirre le rapport de

agrave 4

- shy

A la lumiegravere de cette succi~te analyse des demandes sociales en matiegravere

de pratique des sports de combat nous pensons recouper la theacuteorie de

lhabitus selon BOURDIEU qui veut que des hatitus diffeacuterents impliquent

des styles de vie divergents si lon entend par style de vie un systegraveme

de pratiques classeacutees et classantes(I)

La mutation de la socieacuteteacute seacuteneacutegalaise celle du milieu urbain se caracteacuteshy

rise par lapparition despaces sociaux qui sont en rapport avec des

espaces culturels Il en reacutesulte des pratiques distinctives comme

lexprime le pogam

En effet si les cateacutegories sociales existent et si chaccedilune delle exprime

une marque sur les conduites des sujets il est naturel ~e penser que des

pratiques1 sportives servent de modegraveles distinctifs et detrsymbOles dorgashy

nisation ieacuterarChique dans la socieacuteteacute exprimant les dif eacuterentes clas8eamp(2)

Ces const4tations ont dimportantes implications sur leeacuteveloppement et

lavenir des pratiques Si dans notre IIIegrave partie nous 1tenterons de 1

mettre en rapport les particulariteacutes ethniques avec les pluraliteacutes de

style de lutte nous parlons presque au passeacute Une IVegraveme partie devra

e~visager la situation actuelle de la lutte afin de pouvoir eacutemettre

qu~lques hypothegraveses sur son devenir

Cest auss~ une ambition de ce meacutemoire daider ceux qui sinteacuteressent reacuteellE

ment agrave la lutte de savoir entendre au travers des deacuteclarations normatives

et apologeacutetiques Nous ne doutons nullement de la conviction ou de la bonne

foi de leurs auteurs mais parmi les possibles il yale probable et seul

ceiui-lagrave meacuterite decirctre retenu car plus proche agravee la recirc~liteacute

(I) BOURDIEU pierre La distinction Les Editions de minuit 1979 page 191

(2) Le POgdlt Deacuterrocratisation du sport ythe (u reacutealiteacute

- 1f shy

j j l IlL DL l H L S DE

3 1 LA COll1ŒNAUTE DIOLA

311 Preacutesentation

Les diolas vivent dans la reacutegion de Casamance et repreacutesertent 9 de la

population totale du Seacuteneacutegal Ce sont geacuteneacuteralement des cultivateurs de

riz et des artisans Cependant on peut les trouver aujourdhui disperseacutes

dans toutes les capitales reacutegionales affecteacutes agrave divers meacutetiers militaire

gendarme fonctionnaires de lEtat ouvrier etc bullbullbull

Dans les villes la plus grande partie des diolas vit dans les qoartiers

populaires Par exemple agrave Dakar on les trouvera agrave Colobane agrave Fass agrave

Grand Yoff ou agrave Khar Yalla La plupart du temps cesDnt des artisans et des

ouvriers du secteur priveacute qui vont essayer dune maniegravere ou dune autre de

vivoter en bricolant deci de lagrave Mais mecircme loin de la Casamance cette

ethnie conserve une grande partie de ses caracteacuteristiques et plus partishy

culiegraverement la solidariteacute ethnique qui veut que les Diolas forment toujours

un bloc bien soudeacute quand le besoin se ifait sentir et cecisans discrimishy

nation de rang social Ainsi tous lesdiolas de Dakar se mobilisent pour

supporter le Casa Sport chaque fois qbe cette eacutequipe de foot-baIl vient

jouer agrave Dakar Cette mobilisation se fera aussi dans le cas ougrave leur chamshy

pion de lutte Mamadou SAKHO livre uncombatimportant

Lethnie diola est diviseacutee en trois sous-groupes

- les dio1as Fogny de Bignona

- les diolas Kassa autour dOussouye

- les diolas Blouf dans la preacutefecture de Tendouck

Mais en lutte on a pris lhabitude ~e les grouper en deux zones dune

part le Kassa qui preacutesente des particulariteacutes et dautre part lE Fogny

et le Blouf

- J 7 shy

3 ) 2 ~U(lquE5 aspects d~ l~ducatio~ ~t des rit~s en milieu diol~

L eacuteducat ion veacuteritable de lenfant diola est sociale et ne se corlprend

que dans la relation sociale elle deacutepasse de loin le strict cadre

famililal Elle commence au stade de lapprentissage du langage

Lenfant apprendra agrave reconnattre le langage du regard de ses parents

Il doit connaicirctre et faire la diffeacuterence entre un regard approbateur

et un regard qui blacircme De mecircme il doit apprendre agrave faire les gestes

de la tecircte qui expriment lapprobation En aucun cas lenfant nest

laisseacute agrave lui-mecircme Aura-t-il deacutesobeacuteit par complaisance naura-t-il pas

eacutecouteacute ou fait attention aux recommandations reacutepeacuteteacutees plusieurs fois

sans reacutesultat il fera lobjet dune punition corporelle avec la chicotte

Elle a pour effet de faire mal au corps de lenfant afin datteindre son

acircme sa sensibiliteacute et instaurer en lui une sorte de 1iaision de la

meacutemoire du mauvais comportement agrave la douleur quen voulant eacuteviter la

douleur il finit par eacuteviter le mauvais comportement en tout cas den

prendre conscience degraves cet acircge Cest une meacutethode deacuteducation mora1e (])

i 3121 Leacuteduca~ion maternelle

1

Notre eacutetude nous a montreacute que mecircme de nos jours leacuteducation diola

conserve encore ses caracteacuteristiques traditionnelles au niveau des rites

des moeurs des habitudes des principes et des normes

Leacuteducation de lenfant reste lune des plus rigoureuses Elle commence

degraves le plus bas acircge car pour le dio1a on ne peut redresser une personne

adulte donc autant leacuteduquer tregraves jeune Jusquagrave lacircge de trois ans

lenfant sera encadreacute par sa megravere qui bien queacutetant tregraves douce fait

preuve daucune indulgence Elle lui apprend les interdits de la communaushy

teacute respecter son prochain ne pas insulter ni profeacuterer de gros mots surshy

tout en preacutesence de grandes personnes ni faire violence agrave autrui

Plus terd v~rs cinq ou SlX ans le jeune garccedilon est initi~ a~x travaux

ces cna~ps des rizi~r~s cles pal~eraiEs ce Gui ne manquer6 pa5

davoir ces rEpcrcussic~s sur SOn deurovelopperncnt morpholoique

- 1( shy

3122 La circoncisio~

cest un rite obligatoire Il a pour but dintroduire le garccedilon dans

la communauteacute des hommes en tant que responsable Cest un rite qui

laisse une trace indeacuteleacutebile dans la vie du jeune diola Les principes

de la vie en socieacuteteacute y sont enseigneacutes agrave fond Le rite de la circoncishy

sion preacuteseuro~teuro uneuro forme p~lticul do~t s~uls les diolas connaissent

lorganisation internecar la circoncision est agrave la fois une eacutepreuve

physique intellectuelle et morale

Cette circoncision en milieu diola se passe dans le bois sacreacute En ce

lieu les Njoulis (circoncis) sont encadreacutes par des mattres les

Kintangs et au-dessus de ces mattres regravegnent un ecirctre doteacute de faculteacutes

occultes il sagit du Kankourang Le kankourang a cette capaciteacute de

disparattre de voler quand bon lui semble Il incarne la justice et la

violence et assure la protection de ses disciples contre les mauvais

esprits Ainsi le kankourang incite agrave lobeacuteissance et agrave lordre dans

cette socieacuteteacute Dans la tradition diola le kankourang repreacutesente un

pouvoir mystique capable de choses extraordinaires dont la socieacuteteacute

moderne avide de raisonnement ne pourra trouver une explication Au

cours de la circoncision les initieacutes subissent un certain nombre

deacutepreuves physiques que le diola appelle samasso Il doit se soushy

mettre agrave lensemble de ces eacutepreuves consideacutereacutees comme indispensables

agrave sa formation pour lui permettre de juger ses capaciteacutes physiques

mais eacutegalement deacutepouver sa valeur intellectuelle morale et sociale

Il pourra aussi se mesurer aux autres dans le domaine de la consideacuteration

et du respect En quittant le bois sacreacute le jeune doit posseacuteder une

grande partie des qualiteacutes humaines et socisles quil faut agrave un howmE

pour vivre en harmonie avec la socieacuteteacute traditionnelle Il serait bien

sOr possible dans le cadre dune eacutetude plus approfondie de parler de

bien dautres rites et pratiques traditionnelles

Notons cependant que le rite de la circoncision appartient aux anc~t~es

et que dans les villages reacutecents ougrave les structures ont changeacute on ne

Jeux jours avant la re~trfE cans le bois sacr[ les adolescents so~r

-

- Jo shy

por lE diola 11-071- doit rester en harrc1iE avec lE

tal lanimal lui-mecircme les ancecirctres les geacutenies Le rit~ du rasdge co~sist~

acirc ~loigner la ~alchance de lenfant Si l~ ritE nest pas respecteuro eumlr es

parents du futur initieacute celui-ci connaicirctra la malchance pendant toute sa viE

Ce rite a aussi pour faculteacute deacuteloigner le mal et de preacuteserver lenfant des

mauvais esprits

Le rite de leau sacreacutee se fait un jour avant lentreacutee dans le bois sacrEacute

Les femmes doivent se garder davoir le moindre contact avec leau beacutenite

pour se preacuteserver des conseacutequences facirccheuses qui pourraient en reacutesulter La

tradition veut quune seule goutte soit capable de deacuteclencher lavortement

l chez la femme enceinte de rendre steacuterile la jeune fille ou de provoquer des

menstrues perpeacutetuelles chez la femme ayant atteint la meacutenopause bull

bull Le rite de la forge protegravege le futur initieacute pendant son seacutejour dans le bois

sacreacute Mais cette protection seacutetend bien au-delagrave et de rite veut que toute

personne qui y faillit soit condamneacutee agrave devenir leacutepreuse

Pendant plusieurs semaines les jeunes initieacutes subissent une formation capishy

tale qui fera deux des hommes complets

313 Croyances et pratiques mystiques

Si nombreux sont les diolas convertis au Christianisme ou agrave lIslam leur

foi napparatt jamais incompatible avec leurs croyances animistes Lhisshy

toire des rois et reines diolas nous reacutevegravele quils eacutetaient les ffprecirctres fl de

ces cultes feacutetichistes destineacutes agrave maintenir la fertiliteacute et agrave provoquer

la chute des pluies De nos jours existent encore des socieacuteteacutes secregravetes agrave

base religieuse ou magique la plus redouteacutee eacutetant lassociation neacutecrophashy

gique Kousanga des Floup (1)

Deux fafu expliquent la coexistence du dogme et de la croyance

le contact tardif de la socieacuteteacute diola avec les civilisations eacutetrangegraveres

et leacutevangeacutelisation ou lislamisation quelles veacutehiculaient Il e~ reacutes~lt~

une importance des traditions leur reacutesstance agrave une remise en questic~ ce qui confegrave~e agrave la socieacuteteacute diola un caractegravere conservateur

r~c~~i]EE 2~fr~~ ~c - t

ct ~Cc egraveE~ Cimiddotilisatilaquo~ eacute

la neacutecessiteacute de lanimisme consiegraveeuroreacute comme base de toutes legrave~

religi0~s uumlegrave serait-ce que corr~e tentative ciexpliquer li1explishy

cable en se repreacutesentant en particulier comme un ensemble de puisshy

sances mystiques Ainsi pour lanimiste agir sur la nature cest

intervenir psychologiquement aupregraves de ceLX qui la gouvernent

314 Imeact des moeurs sur la prat~que de la lutte diola

Lorigine de la populariteacute de la lutte eugrave milieu diola est par trop

impreacutecise aussi nous nous limiterons agrave en donner la signification

actuelle La lutte apparatt dabord comme un moyen privileacutegieacute deacutedushy

cation

- sur le plan corporel afin de deacutevelopper la force lagiliteacute la

rapiditeacute et la souplesse

- sur le plan moral afin de deacutevelopper les vertus caracteacuterielles

courage tenaciteacute digniteacute bullbullbull neacuteces~aires agrave laction

Mais la lutte apparatt aussi comme un mpyen dinteacutegration sociale car

le jeune diola qui se refuserait agrave se sbumettre agrave leacutepreuve de la lutte

encourrait un isolement alors que celui qui excelle en bravoure devient

rapidement populaire Dougrave ces affrontements agrave linteacuterieur dune classe

dige qui tout en restant un moyen de reacutejouissance servent eacutegalement

agrave eacutetablir des comparaisons

Nos observations et nos interviews confirment le caractire tris physique

de la lutte diola immeacutediatement les lutteurs sont au corps agrave corps et

les techniques consistant agrave aracher ladversaire priment sur toutes les

autres Exprimer sa force est une preacuteoccupation constante il suffit pour

sen persuader de voir le groupe de lutteurs peacuteneacutetrer dans laregravene au son

du Born bol on que rythme le claquement de mains des femmes

C~tte da~se est une deacutebauche dAnegie Ougrave les lutteurs pieacutetin~Ert avec

force L sol

i shy

3141 EorphologUgrave et valeur physiques du lut teur diola

Le lutteur diola possegraveagrave~ un deacuteveloppement caracteacuteristique du trai~

supeacuterieur et de la musculature doso-lombaire Ceci est tregraves certaineshy

ment lieacute au maniement de la houe de la daba et surtout dukadiando

dont lusage permanent a modeleacute la morphologie du lutteur diola

La valeur physique de ce lutteur semble reposer sur sa force sa

reacutesistance mais aussi sa rapiditeacute

3142 Reacutepertoire technique

Dans le Blouf la forme du corps la plus utiliseacutee est le deacutecalage souvent

combineacute avec un crochet de jambe (gal gal) ceci semble ecirctre lieacute agrave

lutilisation quotidienne dans les riziegraveres du kadiando Le paysan du

Blouf sera ameneacute agrave faire un mouvement de torsion pour deacutecalerlinstrushy

ment enprenant appui sur son genou et ceci continuellEment pendant toute

la jourpeacutee Chez les diolas du Fogny le kadiando eacutefait surtout utiliseacute

par les femmes qui soccupaient autrefois exclusivement de la riziculture

et ce n~est quaujourdhui que les hommes cultivent le riz 1

La principale culture dans le Fogpy est celle du mil on y cultive aussi

de larachide De ce fait loutil le plus utiliseacute est le donkoton qui

est un instrument tregraves petit avec un manche court et dont le maniement

expliquerait peut-ecirctre leacutetonnante musculature du train supeacuterieur et surshy

tout de la zone dorso-lombaire du 4i6la fogny qui excelle dans les techshy

niques en force genre arracheacute avec les bras sur contrOle de la ceinture

de ladversaire Lulisation du donkoton semble eacutegalement expliquer la

garde tregraves basse du lutteur fogny

Dans le kassa on aurait pu trouver la mecircme forme de lutte car la morphoshy

logie du lutteur est agrave peu pregraves la mecircme mais linterdiction formelle de

la prise du ~gimbe modifie et limite tout le repertoire technicult2 ou

lutteur Le lutteur kassa adopte une garde basse et agrave une preacutefeacuterence pc~r

legraveS tc~-iccedilues n passa~ dessous - - ~ shymiddotmiddotcrc t--=~ c-

----

contact et agrave partir de ce TtoTteuront ils peuvent se relever et conti~uEr

en lutte debout jusquau terrassemen~

Toutes les gardes sont rapprocheacutees en milieu diola

irbi trage

Les combats sont arbitreacutes par un deacuteleacutegueacute geacuteneacuteralement anClen lutteur

Ces anciens lutteurs ont pour rocircle de veiller au bon deacuteroulement du

combat La victoire est deacutecreacuteteacutee dans les cas ougrave un des lutteurs se

retrouve en position assise sur le ventre sur la cuisse ou les

genoux (sauf dans le Kassa)

Il existe un autre mode de victoire celle qui est proclameacutee agrave la

suite dune supeacuterioriteacute eacutevidente du~ des lutteurs A savoir quand

un lutteur soulegraveve tregraves haut son camarade et que son manager estime i

quil est pratiquement battu il peut arrecircter le combat en touchant

dabord le lutteur adverse popr eacuteviter que son lutteur ne soit terrasseacute

tregraves fOrt Nest-ce pas un deacutecision sage des managers qui peut contribuer

agrave maintenir le caractegravere reacutecr~atif de la lutte joola 1

La victoire dun village sur un autre village ne se mesure pas au

nombre de victoires obtenues par lensemble des lutteurs En effet

il suffit que le champion soit battu pour que le village soit consideacutereacute

comme deacutefait Ce qui explique limportance et le seacuterieux que le village

accorde agrave la preacuteparation des championsl)

Il est cependant important de signaler que larbitrage dans les centres

urbains revecirct une iautre forme beaucoup plus codifieacutee et cest peut-ecirctre

une des raisons qui font quen milieu urbain la lutte diola perde une

partie de son originaliteacute

En dehors des techniques speacutecifiques agrave chaque sous-groupe il faut

signaler quil y a une multitude de prises et quelGues formes de corps

comTIunes agrave letnn Car reconnaissons qu il cO unE ror-euro approp=i~eacute

dE ~ouvane du l~tteur diola en TaI

-----~-----

LE tableau ci-dessous se propose dE reacutesumer les diffeacuterentes consideacuteshy

rations techniques envisagEacutees dans cette partie

FORlŒSSOGS-GRGUPES 1 COItltOLE GA~JESDt CORF=

i ~

1 1

Passage dessous de jambes et BassE KASSA saisies Moyenne1annexes bras (rapprocheacutee)

ceinture tecircte

Deacutecalage de Moyenne et BLOUF Demi-souplesse Ngimbe

HauteHancheacute Bras (rapprocheacutee)

Jambe

Arracheacute CouFOGNY Tregraves basse

Hancheacute ii 1

1 1

3 14 3 bull LeIIa~~jueetlecom~ortementdulutteur-+iola

1 Le comportement et lattitude du lutteur dans laregravene pe sont en fait

t

que le reflet de sa psychologie et plus partiCUliegraverem t de son eacutetat

dacircme Or il napparatt pas abusif deacutetablir des cor eacutelations entre

le psychisme dun individu et lempreinte eacuteducative quil a subie En effet en sortant du bois sacreacute le jeune diola a acquis un ~ca~~l

eacutequilibre physique et mental

Cette matrise de lui-mecircme permet au lutteur dans la~egravene dadopter

un aire enjoueacute de manifester beaucoup denthousiasme~ La lutte devient 1

essentiellement un jeu laspec ludique y est privileacutegieacute et ~ela influe

sur le comportement du lutteur

Ainsi queurolq~c soit limporta~cE de le~je~ le lutt~c~ dic1e Seuroreacute

to~jours serein et s~ livrera sa~s arri~re pe~s6e da~$ ~E CO=beacute ou-

tons que le lutteur diola est trecircs fair-play et sil arrive quun rdnd

lll L COIicircilU1Ul L ULOF

32 J Preacutesentation

La soc tEacute wucirc10f est celle qU1 a eacuteteacute la plus marqueacutee par la colonisation

~~ fait peut-gtre de sa position geuroographiquE dune part ct de 50~ imporshy

tanCE sur le plan dfmographiquE dautre part En effEt ceurootteuro CC-~ucircautE

wolof repreacutesente environ 20 de la population seacuteneacutegalaise

Elle est constitueacutee de pecirccheurs (ce sont les leacutebous) dagriculteurs de

fonctionnaires de lEtat mais surtout de commerccedilants

A pqrtir de leur reacutegime dimplantation le Cayor le Walo le Baol le

Djolof et la presquicircle du Cap-Vert les wolofs ont tendance agrave irradier

sur lensemble du territoire sous leffet de leur speacuteculation agrave la culshy

ture de larachide et du nombre important de fonctionnaires quon trouve

dans cette ethnie

322 Les moeurs et croyances wolofs

Bien queacutetant en grande partie des musulmans convaincus les wolofs

conservent toujours une croyance animiste et continuent agrave faire des

sacrifices agrave porter des cornes ou des morceaux de bois agrave la ceinture

aux jambes ou aux bras et agrave croire agrave lexistence des Djinneacutes et des

Raps bull

Le Djinneacute cest une creacuteature malfaisante en geacuteneacuteral capable de choses

extraordinaires Il possegravede des faculteacutes surnaturelles Cependant dapregraves

la croyance animiste certains Djinneacutes peuvent ecirctre bons

Le Hapl cest une creacuteature ayant des dons occultes appartena71t agrave une

famille ou agrave une communauteacute et dont le rOcircle est de veiller cu daider

les reCJrES de le fai11p ou dt la conmunauteacute en cas de da1gel Le Rap

~ ut te c ) ~~c-

ei sltcificE cJ sanl dE meut0 dL chat de pC)wleurot 5E1lt les conveuroshy

lances parfois leur dorner COrllTe offrande du lait Laii

Qua1d une famille ou une communauteacute neacuteglige les Sarakh (ici dans

le sens de sacrifice ou Offrande) elle se voit aussitocirct vouEacutee agrave la

maleacutediction des mauvais esprit~ (fcllec dans touteacuteS lEs ~treprises

de la vie maladie mort bullbullbull ) Les lieux ougrave habitent ls Taps et ougrave

se font les sacrifices se nomment Khambs

Geacuteneacuteralement le khamb se trouve dans lenceinte de la maison ou

dans un coin approprieacute du village Les lieux du khamb sont marqueacutes

par la disposition de calebasses de pilons de morceaux de poterie

briseacutes de grosses pierres de cornes et dautres objets heacuteteacuteroclytes

La superstition wolof est tregraves marqueacutee En effet pour le wolof toutes

les manifestations quotidiennes trouvent leur signification dans le

mysticisme Citons agrave cet effet quelques ezemples Une femme enceinte

ne doit pas marcher agrave nimporte quelle heure de la journeacutee Certaines

heures de la journeacutee lui sont interdites le Timiss (creacutepuscule

le Ndjo~or (de 13 H agrave 14 H de lapregraves-midi) le souf-segravede (de

minuit i4 H du matin) Selon la tradition ~t la croyance wolof les

mauvais ~sprits choisissent ces heures pour jeter des sorts Et la

femme enceinte eacutetant tregraves vulneacuterable le Djinneacute essaiera de lui insufshy

fler son souffle pour atteindre son beacutebeacute afin dentratner soit la

meacutetamorphose de cedernier en monstre soit de le tuer avant sa naissance

Dailleurs pour le wolof et pour certaines autres ethnies au Seacuteneacutegal

le timis le tdjolor le souf-segravede repreacutesentent des peacuteriodes de

la journeacutee ougrave lon ne doit pas se hasarder dans les rues et les champs

Ce sont des heures propices aux apparitions des Djinnes sous nimporte

quelle forme humaine ou animale

Il est eacutegalement interdit au wolof de marcher ou de serti la nuit du

~eacutellfria-

loutes c~s pratiques ~ystiqu~s et cr0ya~ces religi~us~5 ~xistent eL~~[

certainement dues agrave un meacutetissage culturel Parallegravelement aux feacutetiches

aux incantations et agrave lutilisation des safaras (substance magique)

notons lexistence de ga l a tchs (ce sOnt des talismans ougrave sont inscrits

du qui les porte Toutes ces croyances biEn sucircr auront une rEacutepercussicrI

sur leacuteducation du jeune wolof

323 Leacuteducation du wolof

Pour caracteacuteriser leacuteducation wolof nous avons penseacute donner comme

illustration cet extrait de la revue DEM ak TEY Pour deacutefinir leacutedushy

cation le wolof fait appel agrave un symbolisme qui eDglobe aussi bien les

moyens mis en oeuvre Yar que le reacutesultat obtenu agrave laide de ces mecircmes

moyens cest-agrave-dire la formation et le deacuteveloppement de lecirctre humain

ou Yaru

Le substantif Yar deacutesigne le fouet

Ce symbolisme deacutesigne donc au-delagrave du simple sens mateacuteriel de lobjet

lutilisation qui permet daboutir au reacutesultat escompteacute (Yaru) Au sens

geacuteneacuteral Yar deacutesigne tout instrument servant agrave infliger une punition Le

terme laisse supposer agrave priori que cette phase de lenfance durant lashy

quelle se preacutepare la vie de lhomme est lieacutee agrave la souffrance au supplice

Dailleurs une maxime wolof compare lenfant agrave une tige quon a tout le

loisir de redresser alors quelle est encore flexible bull

bullbullbull Pour leacuteducateur wolof la perfection nest point de ce monde malS

le devoir de chaque homme est de tendre vers la pleacutenitude en luttant

contre ses propres faiblesses Leacuteducation va d01c iisister essentielle~(-~t

sur lexercice quotidien de leacutelevation ffiora1e d~ lindividu Pour cela

elle privileacutegie la patience munI) vertu dabneacutegdtion et dE deacutesinteacuteresseshy

m(~t autour dE laquelle sarticulent toutes ]e~ ~u~~~s qualiteuros

i _

aan~ ~ s0cieacutet gt~olcf ocirclt~tartt nul -Jt- poulait sabecircisstr

tion de sa libertEacute La liberteacute est le preuumler drcmiddotir dE l ho-)euro egrave~S

baigner dans une beacuteate admiration du passeacute la comparaison avec le pr~$(middott

si~posc dclle-mecircme car lon reste s reacute devant la deacutesinvolture aVEC

laquelle dES honmes daujourdhui descendants de cette ~~~EacuteTatic ccedil~l se

une fois [largis bullbull tTasque fiers davoir fait leacute priS0n PEut-2tTE

faut-il mettre cela sur le compte de lurbanisation et des nouvelles

valeurs qui ont pour nom enrichissement reacuteussite sociale avec ce que

cela comporte de deacuteshumanisant et de deacutepreacuteciateur (1)

3 bull 2 bull 3 1 bull Lesri tes

Le sevrage et la circoncision constituent les deux grandes phases initiashy

tiques chez le wolof

- Le rituel du sevrage est appeleacute maga1 (litteacuteralement rendre grand)

Cest un eacutevegravenement important aussi bien pour les parents de lenfant que

pour la co~unauteacute Durant cet eacutevegravenement qui survient geacuteneacuteralement deux

ans apregraves la naissance du beacutebeacute les personnes vivant dans lentouragE

apportent leur soutien moral et mateacuteriel

- le rituel de la circoncision revecirct pratiquement la mecircme signification

que dans les autres ethnies seule la forme diffegravere La circoncision reste

encore une eacutepreuve de la vie au sort i r de laque Ile ladolescent devient un

homme Aujourdhui il faut noter une meacutetamorphose de la structure sociale

et des croyances religieuses tregraves accentueacutee aussi bien chez les wolof que

chez les autres groupes ethniques et ceci est peut-ecirctre dO au contact

permanent quils ont avec la socieacuteteacute occidentale

Malgreacute ces constat~tions il semblerait pcu=tant qUE la sociecirct~ lecircbou Gci

bien que se trouvaLt en grande partie dans ~a Presquth du Cap-ETt Et

en contact permane~t avec les blancs soit la portior la plu8 cc~serva-

----------~_- ---~-- -----

~

Incidences d s ~00urs sur la l~ttE

Le wolof connaicirct deux formes de luttes la lutte sirplE- sans t-t

la lutte avec frappe La lutte avec frappe a une crigi~e purement r

et ce nest que plus tard quelle devint une prati1uE sportive et lud

preacuteparer agrave la guerre Aussi tout en luttant On eacutetait autoris~ agrave frapper~

griffer mordre voire introduire son doigt dans loeil de son adversaire

Le jeune wolof devait eacutegalement se livrer agrave la lutte avec frappe afin de

favoriser son insertion dans la socieacuteteacute adulte et sinitier au meacutetier de

soldat faute de quoi il ne pouvait se faire entendre ne avoir des marques

de respect Pour montrer la populariteacute de la lutte dans le Cayor signalons

que les Damels ll (rois) et les Teignes (nobles) nheacutesitaient pas agrave sy

livrer Quant au IIMbeu~ (lutteur) elle lui servait de moyen de promotion

sociale car d8S que sa reacuteputation eacutetait eacutetablie il pouvait ecirctre choisi

par les rois et les nobles comme garde de corps

325 Signification de la lutte en milieu wolof

La lutte se pratique dabord pour lhonneur qui est une vertu tregraves signishy

ficative pour le wolof Elle permet de renforcer les liens amicaux entre

les jeunes de villages diffeacuterents Le champion veut gagner

confiance et la consideacuteration de son village de ses amis

Etre champion cest aussi susciter ladmiration chez les

sentant la force la viriliteacute et la deacutetermination

326 Organisation d~s eacutepreuves de lutte

3261 Les Mbapatts Ce sont les seacuteances nocturnes

pour meacuteriter la

et des anciens

filles en repreacuteshy

Ils sont organiseacutes apregraves les reacutecoltes agrave la fin de la saiscn des pluies

Ceci surtout p~ndant les peacuteriodes de clair de lune car ils peuven~ durEr

toute la nuit Le but des ~Dapatts lt=tait de prfpa-er FhysicuemeH et

~ arb Sil

326 Le 1

cest une organisation beaucoup plus importante que les I~apatts ~

loccasion de laquelle on peut voir plusieurs lutteurs de grande reDommfe

saffronteLLa fin dl lamb est toujours couronneacutee par une grand co~bat

duquel le vainqueur est sacreacute champion de la contrecirce

Le choix du lieu est lieacute agrave limportance de ce lieu dans le village cest

la place publique ougrave geacuteneacuteralement se passent toutes les manifestations

assembleacutee geacuteneacuterale sabar (danse) cest aussi lendroit ougrave sont prises

les grandes deacutecisions

3623 Lappariement

Dans un village ou un quartier les lutteurs se regroupent en lang

(eacutequipe) et jamais deux lutteurs de mecircme lang ne se rencontrent lors

du lamb

L appariement s~ fait librement entre lutteurs de lang diffeacuterents l1hs

une regravegle veut ~uavant de lutter avec le Mbeur Kanur de tel lang si

on est soukh (l~tteur pas encore confirmeacute) il est neacutecessaire de lutter

dabord avec ses soukh et ce nest quapregraves les avoir terrasseacutes tous

quon se voit octroyer la chance de lutter contre lui

Notons que la cateacutegorisation des lutteurs par poids nest jamais prise

en consideacuteration

3624 La tenue du lutteur ou NGIMBE

Le middotNGimbe est confectionneacute par le marabout de la famille ou du clan Il

est constituecirc de pagnes en coton tisseacute geacuteneacuteralement offerts par la megravere ou

la grand-megravere du lutteur ceci lors des organisations de ~rande Tportance

COrlune lef 1amb Dans le cadre des l-bapatt les pagnes sont C tErts peumlr

~~~rcfcis ct ffi~mc aujourdhui d218 cErtaInes fa~ille5 on devj~Gr

luttEur de pegravere en fils et dans ce cas h 1

gimbell du pEgravere Est recircr i tEacute

par le fils Le fait de porter le lI~gimbe agravee ses aiumleux peut susciter

cne~ le jeune lutteur une motivation et une volontecirc in~branlable rlasshy

surer 12 supeacuterioritEacute cis SIcirct-ns dallS

le xgimbe de la famille ne touche pas le sable

La tenue du lutteur a une signification et une importance sur le plan

mystique car selon les anciens le vrai feacutetiche du lutteur celui qui

le proteacutegera agrave vaincre le Djinneacute ou le Rap de ladversaire se trouve

cacheacute dans ce Ngimbe Celui qui confectionne-le Ngimbe est doueacute de

faculteacutes occultes

~~r~i~rg Il est assureacute par un sage du village qui geacuteneacuteralement fut

championde lutte de son temps Dailleurs cet ancien nintervient que

si le terrassement est litigieux

Hormis le public qui proclame la victoire ou le match nul le lutteur

lui-mecircme est arbitre et il arrive quil se deacuteclare vaincu ~ous

pouvons citer comme exemple Meacutedoune KHOULE un des plus grands lutteurs

seacuteneacutegalais qui a donneacute une victoire agrave Djeacuteri SADIO son adversaire qui a

reacuteussi agrave lui faire toucher le sol de la main

Il Y a terrassement quand le lutteur se retrouve

- assis sur le sol

- eacutetaleacute sur le dos

eacutetaleacute sur le cocircteacute

les deux genoux au sol

- les deux ma~ns au sol

la tecircte (front au sol agrave la suite dune brouette)

Il peut y aVOIr match nul si apregraves li1 temps ccmsideacuterable les lutteurs

SE sont ~ ivrEacutes respectivement agrave des assauts rEacutepEacutetEacutes et n arrivEt pas a

3265 L~ precircparation mystique

Il faut reconnattre quon ne peut parler de lutte en milieu wolof sans

envisager une preacuteparation mystique seacuterieuse Co~~e ~ous lEvans vu a~teacute-

1middot ~ d ~ ~rlturenent t0utes es actlvmiddotltesmiddot u W010 sont lles a SeS croyances

- la lutte ne concerne pas seule~ent deux acteurs se livrant faruumlucheshy

ment agrave un combat au milieu de laregravene mais eacutegalement les marabouts et les

feacutetichistes du village ou du clan qui doivent deacutefendre leur savoir et

leur prestige Avant le combat le lutteur doit se livrer agrave un certain

nombre de preacuteparations mystiques pour assurer sa victoire Aussi sommesshy

nous appeleacutes agrave parler de BACK (cest le chant et la danse du lutteur)

- le batteur de tam-tam compose un rythme en fonction du Galagne ou du

Senghor (gds-gris) du lutteur Chaque galagne sera choisi en fonction

du Rap ou du Djinneacute correspondant au Totem du lutteur

Le chant geacuterleacuterique Feinte woy veut dire litteacuteralement composer un 1

chant Ce chant est geacuteneacuteralement composeacute par les filles du viilage du

champion ou par un griot de sa communauteacute Et agrave travers ce chrnt on

arrive agrave toucher la corde sensible du lutteur en chantant lesl innombrables 1

victoires de ses ancecirctres ou en lui rappelant ses prouesses eacuteblatantes 1

Chaque lutteur doit avoir un chant et un back qui lui sont propres

327 Le reacutepertoire technique et les caracteacuteristiques physiques dulutteur wolof

Le lutteur wolof est geacuteneacuteralement moyen de taille la musculagraveture est

tregraves saillante ce qui fait ressortir un aspect tregraves athleacutetique ceci

est vrai sans exception pour le lutteur leacutebou mais il arrive que le Cacircyoshy

rien le baol-baol le walo-walo soient de grands gabarits de forte constishy

tution

CepEndant pour une meilleure compreacutehension du sujet nous pouvons eacutetudiEr

deux jroups d lut teurs qui vont deacuteterminer deux st yI e s de lut tes

- ~ t

les tc~tativ~s de~[reacutee e~ ramassement de jambes de la~v~sairL Ce~~

peut Ecirctre expliqueacute par le fait que les lutteurs leacutebou ou walo-walc qui

sont des pecirccheursadoptent cette garde tasseacutee du fait quils so~t tou-

jours pencheacutes en tirant le fil ou en poussant la plrogue On verra techrugravequeacutes dt cirr 2C ~lt 5Jllicitocirct

surLuumlut les membres supeacuterieurs

Le cayorien et le baol-baol par contre sont les plus grands cultivateurs

darachide chez eux les techniques de lutte sont plus varieacutees et la

garde est moins renfermeacutee Les lutteurs cayorien et baol-baol ont une

morphologie et une reacutepartition musculaire bien eacutequilibreacutee ils excellent

dans les techniques en deacutecalage les techniques de jambe et surtout les

techniques de riposte ougrave lon peut voir des prises de hancheacute tregraves amples

Dune maniegravere geacuteneacuterale on peut dire que le lutteur wolof est un fin

technicien qui sait surtout creacuteer les opportuniteacutes e~ avec sa rapiditeacute

utiliser la force de ladversaire pour le deacuteseacutequilibrer le noodju

le mbas le weacuteheacuteleacute et le rasu sont des techniques propres au lutteur

wolof

En deacutefense il utilise surtout des kl~klets ou gal-gal Notons que

le balancement des bras ou Lewato e$t tregraves marqueacute dans la lutte wolof

TABLEAU RECAPITULATIF DES COMPOSANTES TECHNIQUES

( 1 )

1 SOUS-GROUPES GARDES CONTROLES FORHES DE CORPS l

Walo-walo Basse de jambe Arracheacute l l10yenne de Ngimbe et i

Leacutebou Tasseacutee et saisies annexesj Deacutecalage 1 1 distante de bras de tecirct1

j de bras Deacutecalaeuro

~-----------------~-

- ~ ~- shy - ~ ~ bull L _ _ bull

Profil psyc~~iqUE du lutteu- et son comporterent dars l 2regravere

La preacuteparation mystique dans laregravene est plus marqueacutee chez les wolofs

que ChE~ les autres ethnies En effet on verra de grands champions

preliGrE plusiEurs heures pour Enduire leur corps de cll2badep ou ci

rmiddot- ~ a la proprieacuteteacute de proteacuteger li1egraveividu J

les mauvais sorts) Cest dailleurs un aspect dt la luttE qui iJcsc

des problegraveJles

Le lutteur wolof est tregraves superstitieux et la peacuteriode de preacuteparation

est capitale pour lui car elle permet non seulement de rendre

hommage aux ancecirctres mais aussi dintimider son adversaire Cest

geacuteneacuteralement un lutteur agressif combatif et teacutemeacuteraire Il se fait

souvent remarquer par son esprit dentreprise Mais cette fougue dans

le combat lamegravene parfois bien que ce soit regrettable agrave oublier les

usages et les normes Ce manque de maicirctrise de soi peut faire croire

que le lutteur wolof manque de fair-play ce qui nest pas toujours le

cas

~A~Ugrave~ t 4AA CbUrs k LA ucirctotve f~tPle Sesect prores mou W ~ lesquelles vont se couler les comporteme~ts individuels qui sont ainsi

monteacutes par et pour lautoriteacute sociale

Les faccedilons de boire de marcher ou de sasseoir se manifestent indivishy

duellement dans le corps de chaque personne ces habitus sont cependant

des montages sociaux lieacutes agrave des significationssymboliques variables

dailleurs selon la position sociale occupeacutee par chaque sujet Ces modes

dagir se rangent dans un systegraveme de montages symboliques et lindivishy

du les apprend de la socieacuteteacute dont il fait partie agrave la place quil occupe

Lhabitus est un montage social agrave la valeur symbolique deacutependant des pheacuteshy

nomegravenes deacuteducation et de prestige et lieacute agrave la position sociale du sujet

Cette penseacutee sonne de faccedilon eacutetonamment moderne

Pierre BOURDIEU qui dans une perspective a approfondi le contenue de la

notion en le reportant aux oppositions entre classes et fractions sociales

Il deacutefinit lhabitus comme un systegraveme de dispositions durables acquis au

cours dune histoire personnelle dans une milieu social donneacute systegraveme qui

engendre ensuite des pra~iques socialement deacutetermineacutees faccedilons de manger

de parler ou de marcher comportements de politesse contenu des preacutefeacuterencel

et des deacutegoOts bullbullbull lhabitus est le produit de conditions eacuteconomiques et

sociales Lauteur rattache directement la formation de lhabitus dun

individu agrave la trajectoire parcourue par celui-ci dans sa classe dapparteshy

nance il deacutefend lideacutee dun habitus de classe qui deacutefinit le sens confeacuteshy

reacute agrave la pratique sportive les profits qui en sont attendus

Ce dernier serait lui-m~me lieacute agrave un systegraveme de valeurs ou ETHOS de classe

prenant sens au sein doppositions distinctives entre classes sociales

De sorte lhabitus fonctionne comme un systegraveme dt- regravegles inteacuterioriseacutees

souvent informuleacutees permettant ou non agrave lagent de sadapter dembleacutee aux

multiples pratiques de la vie quotidienne et de la vie sportive il est agrave

lorigine des schegravemes de transcription qui favorisent les ajustements aux

situations corporelles nouvelles (1)

t ~

(1) P~IE11D dwi6Han ISpoy-l et sodeacutebi Approche Bocio-culturelle des pratiques P~tis Vigot 1981 page 81

33

331 Preacutesentation

Les Seacuteregravere auraient pour origine le Fouta Toro quils auraient quitteacute

vers le Xllegrave siegravecle pour fuir lislamisation de cette reacutegioD par lempire

dJ Xali (ils seraient donc apparEnt~s aux Peul et Toucouleur ) Ils

auraient trouveacute dans la rEacutegion du Sine les Sosseacute dorigine manding avec

lesquels ils salliegraverent

Au XVegrave siegravecle une autre immigrationSos~ conqueacuterante cette fois-ci

apporta son organisation eacutetatique Ils se divisegraverent en deux monarchies

deacutemocratiques lune seacutetablit au Sine et lautre au Saloum Les Sosseacute

conqueacuterants constituaient lautocratie appeleacutee Guelowar

La royauteacute seacuteregravere eacutetait laiumlque Les premiers souverains durent secouer

la tutelle des Toucouleur et progressivement arrivegraverent agrave unifier lethshy

nie des seacuteregravere etdea Sosseacute Les deux royauteacutes eacutetaient organiseacutees selon

acirces modegraveles tregraves deacutemocratiques Le souverain deacutependait dune assembleacutee

de ministres et de chefs locaux qui assuraient ladministration centrale

et reacutegionale())

Aujourdhui lethnie seacuteregravere repreacutesente 20 de la population seacuteneacutegalaise

Ils sont reacutepartis sur presque toute leacutetendue du territoire notamment

dans le Baol la reacutegion du Sine-Saloum et la reacutegion de Thiegraves

Signalons quil existe plusieurs sous-groupes dans lethnie ainsi on

trouvera

- dans la reacutegion de Thiegraves les Ndut les Safegravene et les None

- dans le Sine-Saloum les Sine-sine et les Saloum-salouIT

On trouvera vers foundioune et agrave Nioro du cocircteacute de la Gambie les

Niominka (pecirccheurs) Cest une portion tregraves mandinguiseacutee

( 1

Le rattache~2~t d~ to~s ccs sous-groupes pose problecircme ~25 0~ r0~V~

uc grande partie de traits COITul1uns dans leurs modes dE vie Ct pOUT phs

de faciliteacute nous allons essayer de faire une ~tude globale de la lutte

traditionnelle seacuterecircre Lactiviteacute socio-eacuteconomique qui est essentielleme~t

agro-pasorale caracteacuterisE leacutethnie seacuteregravere

332 Lecircducation les moeurs les croyances et pratiques sEr~rc

Chez les Seacuteregravere la vie humaine se deacuteroule selon les grandes eacutetapes

le baptecircme lenfance ladolescencemarqueacutee par la circoncision lsectge

adulte le mariage la vieillesse et la mort (funeacuterailles)

La vie de la communauteacute seacuteregravere reste une des plus originales sinon

celle qui de nos jours garde la presque totaliteacute des pratiques et

habitudes traditionnelles

Bien qu aujotltdhui con~r-tis aux religions chreacutetienne et musulmane les

Seacuteregravere conservent leurs croyances et pratiques animistes

Quelque soit leur degreacute dadheacutesion aux religions reacuteveacuteleacutees les Seacuteregravere

croient en un Dieu puissant et miseacutericordieux Rog Segravene et les hommes

Les ~angols sont repreacutesenteacutes mateacuteriellement dans tous les villages

seacuteregraveres par des arbres (baobab et tamariniers) des animaux (geacuteneacuteraleshy

ment serpent doreacute ou iguane) des ustensiles (pilon calebasse et mortier)

De nombreux teacutemoignages nous apprennent que certains totems (serpent

iguane) font leur apparicion agrave loccasion de certaines manifestations

rituelles comme les sacrifices ceacuteleacutebreacutes lors dun mariage de ceacutereacutemonies

mortuaires ou des circoncisions

Le Seacuteregravere comme il nous a eacuteteacute donneacute loccasion de le dire plus haut

preacutesente des speacutecificiteacutes authentiques aussi bien en tout ce qui touch~

son eacuteducation ses croyanCES et pratiques mystiques q~e ses activiteacute~

socio-ecirccc~omiquEs Apr~s a ~aissa~c~ le beurob~ ~~ pcs~ 5~~ lE S~ __

On lui mouille les l~vres avec un peu d~ lait de mil et apr~s U~ bain

purificateur on versera leau dans un trou cr~us~ derri~r~ la Camp~~

Pendant huit jours la megravere et lenfant sont cacheacutes dans la case car

selon les anciens ils sont tregraves vulneacuterables La case deacutens certains cas

est entoureacutee dun fil blanc et lon place sur le seuil des fais(cauy di

veacutegeacutetaux pour chasser les mauvais esprits (geacutenies malfaisants et illangeUY~

dacircmes) Au bout du huitiegraveme jour la megravere et lenfant peuvent sortir de

la case bull

bullbullbull Le matin du huitiegraveme jour la tante paternelle va chercher de leau

(plusieurs fois)t elle doit rester muette pendant ses alleacutees et venues

si elle parlait t lenfant pourrait ecirctre muet bullbullbull

La megravere et lenfant prennent un bain purificateur dans lequel sont

trempeacutees certaines plantes (ce sont des veacutegeacutetaux pr~tecteurs tels le

begravene le yag le ngud) On y lavera aussi le linge e1t les ustensiles utishyj

liseacutes pendant les huit jours qui viennet de seacutecoul~r On rase le crine

de lenfant Les cheveux sont donneacutes agrave la megravere qui ~s enterrera avec le

reste du cordon ombilical dans un endroit que11e esit seule agrave connattre

La megravere sassied sur une natte devant la maison Une femme igeacutee de la

famille prend le beacutebeacute dans ses bras et le preacutesente aux quatre coins de

lhorizon

La tante paternelle tient ensuite un van sur la tecircte de la megravere on y

verse le mil on y verse eacutegalement en abondance sur la megravere et sur

lenfant La tante oint ensuite le corps du beacutebeacute avec du lait e11e

touche en particulier le front t le nez la bouche la poitrine le dos

et les oreilles

Elle pose enfin un ~rain de sel dans la paume du beacutebeacute (le sel purifie

et deacutetruit les puissances mauvaises)

Apregraves un nouveau bain la megravere et lenfant revEcirctent des habits de fecircte

(est

lenfant Ce precircnore a toujours U~ SEns Il sy~bolise parfois C0 qUi

lOIl sounaitt agrave lEufant l)

La circoncision comme dans les autres ethnies est obligatoire Elle

permet au jeune adolescent dacceacuteder agrave la classe adulte Les jeunes

sont regroupes en classe dacircge dans le bois ougrave sc fait la r0tr~it0 des

circoncis et ceci pendant plusieurs mois

Le Selbeacute qui est geacuteneacuteralement un ancien craint de tous les eacutelegraveves

enseigne le respect de la hieacuterarchie la discreacutetion le goOt de linishy

tiative Les activiteacutes physiques et leacuteducation artistique ne sont pas

en reste la deacutecoration la sculpture la lutte et la danse A sa sortie

du bois linitieacute appartient deacutesormais agrave la classe des virils et des

sages du clan car on lui aura enseigneacute les vertus fondamentales que

sont la justice lhonneur lamour du prochain 1 amour du travail

lhonnecircteteacute et surtout le respect des coutumes ancestrales

Le rite du mariage esd aussi un fait tregraves important dans le monde 1

seacuteregravere mais par manq~e dinformation nous serons obligeacutes de nous en

tenir lagrave

333 Impact des ethos sur la lutte dans le monde seacuteregravere

Lorigine de la lutte seacuteregravere ne semble pas claire ma1S nous pouvons

dire quil existait deux formes de lutte comme chez les Wolofs une

lutte sans frappe et une lutte avec frappe Et cest cette derniegravere

qui peut-ecirctre nous ameacutenerait agrave croire que la lutte seacuteregravere aurait une

origine plus preacuteciseacutement guerriegravere

Aujourdhui la lutte est uniquement une activiteacute sportive agrave travers

laquelle le jeune seacuteregravere eacutevalue sa force son courage et SOn ingeacutenioshy

siteacute Cest une occasion de deacutefendre lhonneur de son village ou de

la corrnnunauteacute

La luttE ~5t avant tout u~e rnanifcs[dtic~ c~lturclie et surtout

fo lkhriqut-

Gracircce agrave elle on peut deacutesormais comprendre un certain nombre de chants

et de symboles A travers la lutte seacuteregravere on ccedilomprend les inter-relashy

tions entreacute la vie et le monde surntiturel

Sil devait y avoir la mort dun villageacuteois pendant la fecirctE au T qUE

de linterrompre on proceacutedait gracircce aux connaissances magico-religieuses

agrave la suspension de la mort jusquagrave une peacuteriode ougrave la population sera plus

disponible pour organiser des funeacuterailles sil y eacutetait preacutedit la possibishy

liteacute dune deacutefait du champion local au profit dun champion dun autre

village des recettes dordre maginque et religieux eacutetaient mises en prashy

tique afin que le champion du village ne soit jamais terrasseacute(J)

334 Le profil du lutteur seacuteregraver~

Le lutteur seacuteregravere est par essence un athlegravete impressionnant de par sa i

carrure et sa musculature saillante mais cest aussi une force tranquille

et calme quelque soit lenjeu du combagravet et particuliegraverement lhonneur

Cet aspect nous pousse agrave parler du NGiMBE cest-agrave-dire de la tenue du

lutteur qui va influencer sur sa faccedilon de lutter

La confection du Ngimbe revient agrave la communauteacute entiegravere Le Ngimbe a

une signification symbolique et le lutteur pour meacuteriter la confiance du

groupe se doit de tout faire pour ne pas toucher le sol Toute la commushy

nauteacute elle aussi sengage pour assurer la longeacuteviteacute et le succegraves du lutteur

dans laregravene par lorganisation droffrandes et de sacrifices en lhonneur

des Pangols bull

bull

Daucuns nheacutesitent pas agrave dire que lessentiel du mysticisme se fait agrave

la maison et non dans laregravene tout le reste nest quintimidation de

ladversaire

lsvcns

Tt- pi ~- t

t 1 ~ l _ ~ t

par rapport agrave lautre Cbci est trEgraves lieacute agrave lactiviteacute journaliegravere du

jeune seacuteregravere qui est un cultivateur donc toujours bien planteacute sur ses

jambes et qui continuellement manie lhiler

Le fait de couper le boi~ peut eacutegalement constituer un moyen de muscushy

lation non neacutegligeable pour le jeune lutteur

Un certain nombre de traits techniques speacutecifiques au lutteur seacuteregravere

semblent ressortir des diffeacuterentes interviews que nous aVOns fait subir

agrave certains lutteurs seacuteregraveres et agrave diffeacuterents techniciens

SOUS-GROUPES FORMES DU CORPS CONTROLES GARDES

SAFEN Moyenne en fente NONE Hancheacute Bras (distante) j

NDUTJ

f

SINE-SINE Deacutecalage Ngimbe

Moyenne

SALOUM-SALOUM Passage- Jambe (rapprocheacutee) 1

i

PETITE dessous Tecircte Basse et 1

COTE Moyenne (rapprocheacutee)

Notons que le Niominka ll commence agrave lutter agrave partir du sol pour avoir

assez deacutelan et sauter sur ladversaire afin davoir la prise du lion

(contr6le de la nuque et du bassin)

Co a -tem-nt ccedilt attitude du lutteur sEacuteregravere335 np -1t ~

Les croyances mystiques sont indissociables des activiteacutes quotidiennes

duseacuteregravere Ce qui explique le cocircteacute supersticieux du lutteur seacuteregravere En

~ffet certains lutteurs refusent de lutter avant certaines heures

Certains teacutemoignages nous apprennent quil nest pas donneacute agrave tout le

monde decirctre champion de lutte et que le lutteur doit avoir des dons

surnaturels pour ecirctre agrave mesure de livrer ses combats dans la nuit

et trouver seul un gris-gris speacutecial appeleacute Njatch

Le vrai champion de lutte chez les seacuteregraveres ne lutte pas seulement avec

~a force et sa technique mais surtout avec ses dons occultes

Chez les seacuteregraveres les morts sont toujours preacutesents et les ~pangols

Servent dintermeacutediaire entre les hommes et les morts Le pangol prend i

le nom dhumain dans certains villages (IIHeacuteJga NDONG Har Wag NGOUYE) i 1

De ce fait on verra le lutteur danser dufe maniegravere ou dune autre en

fonction du pangol de sa famille Ainsi nrus aurons le back (chant et

danse du lutteur) des DIOUF des FAYE etclbullbullbull

Dans laregravene le lutteur seacuteregravere a un comportement exemplaire aussi bien

agrave leacutegard de son adversaire direct quave~ le public en geacuteneacuteral Lexpli shy

cation semble tenir au fait que le lutteur seacuteregravere est avant tout selon

la tradition orale le repreacutesentant de toute la communauteacute seacuteregravere Par

conseacutequent il devra saffirmer non seulement en tant que lutteur dans

laregravene mais aussi en tant quentiteacute morale

336 La tenue du lutteur ou NGIMBE est confectionneacutee par le marabout de la

famille ou du clan Le Ngimbe est constitueacute de pagne en cCton tisseacute

Il doit ecirctre propre le lutteur qui le porte ne devra pas avoir de rapshy

port sexuel pendant toute la peacuteriode des cOTpeacutetitians car le Ngi~bE ne

doit pas ~tre souilleacute

Autrefois et mecircme aujourdthui dans certaines familles on devient

lutteur de pegravere en fils et dans ce cas le Ngimbe du pegravere est heacuteriteacute

par le fils Le fait de porter le Ngimbe de ses aieux peut susciter

chez le jeune lutteur une motivation et une volonteacute ineacutebranlable dtasshy

surer la supeacuterioriteacute d~s siens dans ltaregravene Il fera tout pour que le

Ngimbe de la ramille ne touche le sable

La tenue du lutteur a une signification et une importance sur le plan

mystique car selon les anciens le vra1 feacutetiche du lutteur celui qui

le proteacutegera et laidera agrave vaincre le nDjinne ou le tRapu de ladvershy

saire se trouve cacheacute dans ce Ngimbeu bull Celui qui confectionne donc le

Ngimbe U est doueacute de faculteacutes occultes

337 Larbitrase est assureacute par un sage du village qui geacuteneacuteralement fut

champion de lutte de son temps Dailleurs cet ancien nintervient que

si le terrassement est litigieux Hormis le public qui proclame la vicshy

toire ou le match nul le lutteur lui-mecircme est arbitre et il arrive

quil se deacuteclare vaincu

Nous avons pu cfter Meacutedoune KHOULE un desplus grands lutteurs seacuteneacutegashy

lais qui a donn~ une victoire agrave Djeacuteri SADIO son adversaire qui a reacuteussi

agrave lui faire touegraveher le sol de la main

IlL

34 1 Preacutesentation

Lethnie toucouleur vit En grandt partit ciE~~ la vallfc du S~~~gal

pt reprecircsente i peu pr~s 8 de la population totale secircn~galaise

o Histoire

Il semblerait que dans lancien royaume du Tekrour (IX~ siegravecle) des

eacuteleacutements neacutegroiumldes Sarakoleacute et des Peul aient formEacute par meacutetissage le

peuple Toucouleur (Toucouleur serait dailleurs une deacuteformation du

mot portugais Tacouror)

Ce empire a domineacute aussi bien les wolofs de lOuest que les Peul

nomades du Fouta Toro Cette reacutegion fut le premier pays islamiseacute par

les Almoravides ce qui peut expliquer le proseacutelytisme toucouleur

Ce sont les guerriers toucouleur islamiseacutes qui attaqu~rent avec les

Almoravides la capitale du Ghana Koumbi en 1067 On convertit par

la force les animistes Cest sans doute agrave cette eacutepoque que de nombreuses

ethnies reacutefractaires agrave lIslam ont dO accentuer leur migration vers

le sud (Seacuteregravere wolof Sarakoleacute Bambara Songhaiuml Akan et Peul se reacuteshy

fugiaient vers les hauteurs du Fouta Djalon)

Au XIXegrave siegravecle les Toucouleur allaient trouver en El Hadj Omar Tall

un grand conqueacuterent qui sous le preacutetexte religieux de la gJerre sainte

contre les tribus animistes (entre autres Bambara) eacutetendit lempire

toucouleur sur presque tout lensemble du gali et la partie de la Guineacutee

proche du l1ali

Lempire toucouleur composeacute de Sarakoleacute de Bambar~ de ~alinkeacute de

Xassonkeacute dE Peul et de Dogon eut le meurorit~ dunir CES diif~rentes ~ ~ - - - - - et~ics ~t dE CD~stituer l~Sl la b2S~ ~r 1

_ ~ ~ ~_ L ~

~ ~- ~- - - ---- _ 1 v _ t 1 ~-_ --

marabout tOL~culcuuml~ ~ middotlrrany a l ick SI venu des E1i rClS dE Pocior~ (

~ Vi~ euroconomicue et sociale -----------~-------------

Les Toucouleur sont des cultivateurs mais bien quils n~ soie~t pa~

pasteurs comrre les Peul leacutelevage a une place inportarteacute decirc1S ltur

eacutecono~ie Pour faciliter leur conquecircte guerriegraverE ils c~t Eucirc une preacuteshy

dilection pour leacutelevage des chevaux On y trouve aussi des pecirccheurs

appeleacutes Tchioubalo La socieacuteteacute toucouleur aurait une stratification

sociale tregraves rigide Les groupes ethniques et les castes eacutetaient

diffeacuterencieacutes et strictement exogamiques les Rimbe classe des nobles

comprenant la famille reacutegnante et les guerriers libres la classe des

Nieacutenieacutebegens de castes artisanales i les Rimaibeacute anciens esclaves

devenus serviteurs qui portent les noms de famille de leur maicirctres A

la base de lorganisation de la collectiviteacute toucouleur se situe le

village (Wouro)

Toutes ces castes sont cloisonneacutees entre elle~ Ainsi il nest pas

permis agrave un Torodo (noble) de se marier avec un Tchioubalo Ces

consideacuterations sont importantes dans le domaine de la lutte ougrave nous

apercevrons que les nobles ne sont pas faits pour lutter Le noble

preacutesidera les seacuteances de lutte et on luttera pour lui Ces condeacute rat ions

de noblesse et de rang social sont extrecircmement importantes dans le

monde toucouleur

Le noble ne doit pas se salir on lutte pour lui il ne vit la lutte

quen tant que spectateur

342 Education moeurs croyances et eratiques religieuses

Deux formes d~ducation sont agrave consideacuterer leacutedJcatio~ dES enfarts Et

celle des adultes

oG lenfant sait m2n~~r et apprfcier le goOt d~5 ~iifeurorents r~pas lt

le moment ougrave il CO~~e~CE agrave marcher

tivirt n~sormais le petit toucou]eur est eacuteduquf par toutmiddot 12 f2~i)]E

dabord puis par toutes lespersc~nes du village ou du C13~

Lenfant peut ~tre corrigeacute par tout adulte appartenant au groupe social

Son eacuteducation est deacutesormais laffaire de toute la communauteacute et non

exclusivement celle ces parents On linitie ainsi au travail quotidien

qui se fait dans la bergel~ e les champs et les bords du fleuve Au sein

du village il pourra apprendre agrave filer la laine et agrave tisser des pagnes

dans les champs il apprend agrave manier la houe et lhiler pour la culture

du riz et du mil Mais signalons que lactiviteacute essentielle du toucouleur

est leacutelevage des boeufs des moutons et des chegravevres Chez les Ichioushy

balos (p~cheurs ) lenfant sera initieacute tregraves tat au maniement des pagaies

agrave la p~che propremccedilnt dite et agrave la nage

Vers cinq-six ans lenfant est confieacute au maicirctre coranique le Ihierno

et ce dernier dispose exclusivement de toute sa vie Lavenir du jeune

enfant lui appartient

Comme dans les autres groupes ethniques les enfants sont regroupeacutes en

classe dacircge et cest dans cette structure que lenfant subit les rite

de passe et plus particuliegraverement celui de la circoncision

La circoncision est non seulement unE opeacuteration chirurgicale malS surshy

tout une peacuteriode au cours de laquelle le jeune garccedilon passe de leacutetat

dadolescent agrave leacutetat dadulte Les circoncis sont reacuteunis en classe

dacircge dans un endroit situeacute hors duvillage geacuteneacuteralement choisi par les

vieux Cet endroit n~st accessible que par des individus de SExe ffi8SCUshy

li~ ~ta~t au preacutealabl circoncis

- - - -

quable et complet sur le plan phy~ique et ~oral Ai~si liniti~

acquiert les qualitecircs indispensables que sont le courag~ la modest

lesprit de sacrifice lendurance

Le toucoule~r est un pleux musulma~ Cela sexp1

SOil le premier agrave tre en contact avec la religion musulmane de par sa

position frontaliegravere Lethnie toucouleur de par son histoire a preacutesenteacute

les plus grands chefs militaires et religieux musulmans seacuteneacutegalais Et

pour illustrer cela on peut citer en exemple la grande famille musulmane

des SY agrave TIVAOUANE repreacutesentant la confreacuterie des TIDJANES

Bien que lon note une majoriteacute musulmane on peut dire que certaines

croyances et pratiques mystiques et animistes persistent encore surtout

dans la reacutegion du fleuve

Une pratique courante se fait elle sappelle le Djatt Elle consiste

agrave faire sortir le caiman du fleuve agrave limmobiliser et agrave lattacher

sans quil ne reacuteagisse et tout ceci agrave laide de versets et dincantashy

tions magiques Dapregraves les teacutemoignages ces pratiques sont plutocirct

freacutequentes chez les Tchioubalos (pecirccheurs) Il arrive aussi que cershy

tains chasseurs ayant des dons se livrent agrave certaines pratiques an1shy

mis tes qui consistent agrave invoquer certaines puissances et agrave moduler sous

forme de chant des versets occultes pour se proteacuteger des mauvais esprits

et pour eacuteloigner les fauves Ce chant est geacuteneacuteralement incompreacutehensible

et deacutenueacute de sens pour le profane

343 Activiteacutes ludiques et pratiques sportives en milieu toucouleur

Durant toute son histoire lethnie ~oucouleur a toujours EacutetEacute Frese~teacute~

comme celle qui avait ue activit essentiellement guerr e e~ particushy

liegraverement farouche Trois eacuteleacutements ret r t l ecirc t te nt i c- euro so~t

le manie~~nt du ~acircton 12 luttE Et 1eacute danSE

l

Lecircducation ph~sique et artistique Dcc~pe un place precircpondecircra~rp

dans la fDrmat~on du jEune toucouleur A loccasion agraveeacutevegravenemen~ imporshy

tants reacutecoltJs mariages baptecircme nous assistons agrave des manifestashy

tions folkloriques de grande envergure le Wango oucirc dailse toucouleur

tregraves gymnique iles chants et surtout les sEacuteances de lutte

La lutte toucouleur est la forme de lutte la plus spectaclaire dans

tout le territoire seacuteneacutegalais Elle est essentiellement baseacutee sur des

techniques en hancheacute et surtout en souplesse Ceci sexplique par le

fait q~e le jeune toucouleur est tregraves tocirct initieacute agrave la gymnastique (saut 1

per saut de main salto arriegravere saut de tecircte couronneacute etc bullbullbull ) pour

la dans~ du wa~go En dansant le wango qui est une danse rythmeacutee et

gymnique le Jeune toucou1eur est capable de prouesses extraordinaires

1

En lutte lattaquant se deacuteplace tregraves peu pour avoir une bonne saisie

(geacuteneacutera~ement controcircle du Ngimben ) et enchaine brusqueme~t avec une

attaque surpris~ Cependant les ripostes sont souvent surprenantes et

spectaculaires (baseacutees sur la souplesse et la rapiditeacute) ontrairement

aux autr~s form~s de luttes ougrave lon voyait tous les jeune adheacuterer la

lutte to~cou1eur Verra un groupe de speacutecialistes sadonne agrave la lutte 1

(la lutte est lieacutee agrave la position sociale de lindividu problegraveme de

caste)

Q La morphologie du lutteur toucou1eur 1

1 1

Ce dernier nest pas aussi large et aussi fort que les lutteurs diola

et seacuteregravere Cependant il est tregraves reacutesistant La musculatJre est saillante 1

et tregraves souple lindividu est longiligne mais tregraves athleacutetique

Les mouvements de lutteurs sont semblables agrave ceux dun grand fe1in Cette 1

morphologie semble ecirctre lieacutee agrave la position geacuteographique de lethnie

(reacutegion du fleuve) et agrave lacitiviteacute socio-eacuteconomique du toucouleur qui

est agrave la fois cultivateur (activiteacute lieacutee agrave la crue et deacutecrUE du fleuve)

pecirccheuro~T CIcr~icubaon) et sttout jEumlrgcr qui est U~ rc~2eumlr

shy

Deux formes egrave~ corps sembl~nt ecirctre preacutefeacutereacutees du lutteur toucouleur

le hancheacute et la souplesse Les hancheacutes sont faits agrave partir de plusieurs

positions de doset se terminent geacuteneacuteralement par des techniques de

tregraves grande amplitude

TABLEAU RECAPITULATIF DES TECHNIQUES ET FORMES DE CORPS SPECIFIQUES

i

L441 r

GARDE FORMES DU CORPS CONTROLES --shy - -

Moyenne Souplesse Ngimbe

Hancheacute bras

Demi-souplesse

1

Profil psycholosigue 1

TECHNIQUES

ContrOle du bassin et 12 souplesse

arriegravere

Klicket et allegravegement de la hanche

Le lutteur toucouleur est celui lUi se livre le moins aux preacuteparaqons

maraboutiques Cela est dO au f~t que le toucouleur est un grand ~USUlshyman et que les pratiques animisges ont presque disparu dans ce mil~eu

Dans la pratique le lutteur esJ combaif mais il est calme et tr~s reacutefleacutechi quant agrave la deacutecision agrave prendre en plein corps agrave corps ct~st un des seuls techniciens qui reJte tregraves lucide au cours de ses comb~ts

l Dans toutes les circonstances e lutteur toucouleur est tenu de re~pecshyter son adversaire et ceux de s4n eacutequipemecircme sil est vaincu

Comme nous avons dO nous en rendre compte la rigueur des principes

eacuteducationnels a une influence tregraves sensible sur l~ comportement du

toucouleur

i

III S COCL ~s 1DO

Dans cette partie nous avons essay~ de montrer lftroite re1atic~

Entre les diverses activiteacutes socio-eacuteconomiques dans les ethnies et

lES diffEacuterentes faccedilons de lutter

Daucuns seraient tent~s de conclure trop rapidement et cest p0~r

cette raison que nOUS avons penseacute preacuteciser que le pheacutenotype nest

pas geacuteneacuterateur du geacutenotype Et nous sommes convaincus que la morphoshy

logie et les techniques des lutteurs relegravevent de leurs modes de vie

et de leurs croyances agrave une eacutepoque et danE un contexte bien deacutetermishy

neacutes

Est-ce que les lutteurs dio1a ou seacuteregravere travaillant avec leurs bras

dans les champs auraient les mecircmes pr 0 fil s physiques que les lutteurs

utilisant des machines pour lagriculture

- 69 shy

I UJOURDH~1 E-S ut O[l LES FORfilS Ut LU11t~

~otons que notre enqu~te a ecirctE essentiellement faiteen milieu urbain

Les seacuteances de lutte ont tendance agrave perdre leur particulariteacute de r~shy

jouissance pour devenir des pheacutenomegravenes de sportisatio Deux fores

de luttes so~t principale~cnt prat s dans les aregrave~es du 5 al

la lutte traditiunnelle simple et la lutte traditionnelle avec frappe

De nos jours la lutte traditionnelle tend vers une reacuteglementation

et une institutionalisation

Le reacutesultat de nos investigations nous donne le tableau ci-dessous

REPARTITION ETHNIQUE SUR 100 PRATIQUANTS

LUTTE LUTTE RAPPORTETHNIES SANS FRAPPE AVEC FRAPPE J2

Diola 40 16 71 j

Seacuteregravere 26 21 57

Toucouleur 23 10 69

Wolof 1 1 53 17

La demande sociale par ordre deacutecroissant pour la lutte sans frappe

se preacutesente comrre suit

]0_ Ethnie diola avec pregraves de 3 lutteur~ sur 4

2deg_ Ethnie toucouleur

Ethri dun

~ 1 LA LUTTE TR])IIIO~~ELLE AVEC H-PPE

Cette forme deacute lutte a une histoire qui date de lantiquiteacute elle

sa~pelait le Pugilat Au Seacuteneacutegal elle a vu le jour dans le Cayor

bien avant la colonisation Le coup dE pied l~Lrdn~lement la morshy

sure la frappe et le doigtf eacutetaient permis dans le cc=bat ~ ~middot~p0~~e

Dans certains cas la giffle eacutetait beaucoup plus dangereuse que le

poing quand elle eacutetait donneacutee par un speacutecialiste Cette giffle pouvait

agrave elle seule deacutechirer et mecircme parfois amputer la joue de ladverser

Selon les informations la lutte avec frappede nos jours serait une

forme de lutte tregraves eupheacutemiseacutee de celle dantan ougrave une blessure

pouvait souvent ecirctre mortelle

Aujourdhui au niveau du folklore la lutte na plus la mecircme

le spectaculaire a remplaceacute le significatif iLa lutte avec frappe se 1

pratique surtout dans les centres urbains C~aque fois quun grand combat 1

est progra~eacute par le Comiteacute National Proviso~re (CNP) des centaines damashy

teurs sont mobiliseacutes vers le stade lba Mar D~OP qui est aujourdhui le i

lieu approprieacute ougrave se deacuteroulent les grands conkbats de lutte Cest la formE

de lutte qui semble drainer une foule de personnes beaucoup plus importante

que celle de la lutte simple

La lutte avec frappe deacuteriverait dune forme de lutte traditionnelle

pratiqueacutee jadis dans le Cayor au temps des Damels et la frappe serait

le substitut dun certain nombre de pratiques doigteacute jet de produits

etc bullbullbull dont le but eacutetait laveuglement de ladversaire La lutte avec

frappe serait une continuation logique dune carriegravere sportive de la

lutte traditionnelle qui sen sert comme moyen socio-eacuteconomique En

effet la majoriteacute des lutteurs avec frappe ont dabord eacuteteacute initieacutes agrave la

lutte simple Cependant il faut signaler que de nOS jours il arrive

que le jeune lutteur avec frappE- soit directenent formEacute conne speacutecialistE

agrave la frappe sa~s pour autant faire son chemin dabcrd egravea~s la lutte

- ~ shy

Le recircsultat dE ~os interviews ncus rec~trE qGune pcpulatiD~ divcrsishy

fiampe sint~resse agrave ce sport et qUE les intecircr~[s des uns et d~SlautrE~

semble~t divergents naucuns affirment que la lutte traditionnelle

avec frappe serait monteacutee par des personnes dont la vocation est dexshy

ploiter ce pheacuteLomegravene agrave des fins commerciales Dautres disent gJellegrave

jouit de mcyens irport~nts t[l[~isio

tation etc bullbullbull ) pour toucher toutes les couches sociales CEpe~~a~t

nous remarquons que mecircme si certaines personnes reprochent agrave cette

forme de lutte decirctre brutale ces mecircmes personnes nheacutesitent pas agrave

se rendre le dimanche agrave laregravene Bien que critiqueacutee elle semble ecirctre

adopteacutee par une tregraves grande partie de la population seacuteneacutegalaise Cepenshy

dant en tant que techniciens il nous est permis de faire une remarque

Il sagit de

- Limpression nette decirctre devant des professionnels de la frappe

qui sont ~ntratneacutes pour cela Dailleurs les propos que nous avons

recueilli~ nous prouvent que la plupart des champions de lutte avec 1

frappe s~ntratnent dans certains sports de combat tels ~ue la boxe i 1

le karateacute le judo Dans cette nouvelle forme de pratique de la lutte

contrairefuent agrave la lutte traditionnelle le technicien e~t souvent

perdant face au puncheur Ce dernier adopte une lutte agrave distance qui

lui permet de placer agrave bon escient ses coups animeacute du deacutesir de vaincre

Le technicien lui se voit contreacute dans toutes ses entreprises par

un uppercut ou un crochet

On peut dire cependant que nul sport au Seacuteneacutegal que la lutte tradishy

tionnelle avec frappe ne deacutechaicircne autant de passions et autant de

pheacutenomegravenes poussant agrave lexcegraves et deacutereacuteglements quon ne peut que deacuteplorer

Mais comment deacutecrier un spectacle de lutte qui bien quayant perdu la

presque totaliteacute des valeurs traditionnelles veacutehiculeacutees autrefois par

elle sait susciter une participation effective de tous ceux qui sont

preacutesents

CONCLUSION

Dans ce meacutemoire nous sommes efforceacutes ~e faire ressort ir limportance des

ethos et des habitus et leurs effets sur la pratique de la lutte tradishy

tionnelle au Seacuteneacutegal

L~b egravethos repr~sentent dune maniegravere g~neurorale tous les eacuteleacutements speacutec

fiques sux Seacuteneacutegalais par conampeacuteguent un systegraveme de valeurs traditionnellEs

Mais m~me si ces valeurs rev~tent une signification universelle (honneur

digniteacute courage etc bullbullbull ) il nen demeure pas moins que ce nest pas leur

nature qui fait leur speacutecificiteacute mais la hieacuterarchisation et limportance i

quon accorde agrave toutes ces valeurs de ~ar leacuteducation ou la culture

i 1

Aussi les valeurs traditionnelles puient leur speacutecificiteacute dans les

caracteacuteristiques propres aux eacuteleacutements ~e la socio-cu1ture (la technologie

et leacuteconomie la politique et la pareteacute la psychologie et lideacuteologie)

dans la socieacuteteacute seacuteneacutegalaise agrave n momen donneacute de son eacutevolution Cest i

dire la neacuteceesiteacute de ne point faire della valeur une reacutealiteacute statique

Cest dite aussi quagrave tout mome~t le ~eacuteneacutegalais peut eacutevoluer et creacuteer

ou vivre par conseacutequent de nouv~lles fprmes de valeur qui lui sont 1

propres ft (J)

La lutte traditionnelle veacutehiculant deS valeurs socio-cu1ture1les speacutecishy

fiquement seacuteneacutegalaises (croyances valeurs morales norme de comportement

opinion attitude bullbullbull ) devient un eacuteleacutement important qui tregraves certaiaement

nous aidera dans notre effort de valoriser et de peacuterenniser notre patri shy

moine culturel par le biais dactiviteacutes physiques et sportives

Leacutetude des habitus nous permet de prouver quil y a plusieurs faccedilons

de se mouvoir comme danser lutter bullbullbull qui varient avec les diffeacuterentes

ethnies (wolof toucouleur seacuteregravere diolagt leurs convenances et leurs

eacuteducations

(1) Revue Ethiopiques 31 Les valeurs traditionnelles et le problegraveme de leur inteacutegration dans les systegravemes modernes jtducatio-1 2 6r--70

nautre part cette eacutetude permet aussi de nous rendrE compte de la

correacutelatipn eacutetroite existant entre la pratique de la lutte traditionnelle

et le sta~ut socio-eacuteconomique du pratiquant

Nos inves~igations nous indiquent que la lutte recrute essentiellement

au niveau des classes socio-eacuteconomiques situeacutees en bas de leacutechelle

donc posseacutedant le statut social le moins favoriseacute La lutte avec frappe

-et un certain secteur commercialiseacute de la lutte simple- y trouve sa

leacutegitimiteacute Comme le dit BOURDIEU nA habitus diffeacuterents styles de Vle

divergents et il oppse les pratiques aristocpatiques correspondants agrave

des activiteacutes qui favorisent les situations eupheacutemiseacutees ougrave la stylisashy

tion est importante aux pratiques populaires qui font appel agrave des

qualiteacutes qpposeacutees bllutes rugueuses Certaines interviews nous

montrent que plus lindividu occupe une place eacuteleveacutee dans leacutechelle

sQciale e~ 1

moin$ il sinteacuteresse agrave la lutte

Les reacutesultats recueillis dans nos diverses investig~tions confirment 1 1

1er propos qui disent que nous assistons aujourdhu~ agrave une involution

de la lutte traditionnelle parce que perdant toutes ses speacutecificiteacutes au 1

pryfit d~ne autre forme de lutte que lon continue agrave appeler nostalshy

giqlementIIlutte traditionnelle

Ceci pourrait peut-~tre trouver une explication dan la citation suivante

La liberteacute de creacuteer dinnover de vivre Pleineinenf decirctre soi et de

preacuteserver son authenticiteacute la digniteacute et lhonneu1demeurent des illushy

sions dans la misegravere eacuteconomique~ Nos ancecirctres creacuteai~nt des valeurs de cishyl

vilisation parce quils eacutetaient libres parce qu1i~s ignoraient toute

deacutependance eacuteconomique ils cultivaient en eux et cbez leurs enfants le 1

Jorn et la Kersa et preacutefeacuteraient la mort agrave la hoJte lI (1)

Or le Seacuteneacutegal comme la plupart des pays africainsi est un pays sousshy

deacuteveloppeacute t cependant face agrave cette volonteacute du gou~ernement seacuteneacutegalais

de faire inteacutegrer dans leacuteducation des valeurs traditionnelles nous

pouvons espeacuterer utiliser comme moyen deacuteducation la lutteacute traditionnelle

qui reste quand mecircme vecteur jethos et dhabit~s

- 54 shy

Mecircme si lon a noteacute un appauvrissement notoire sur les plans socioshy

culturel et moral la lutte traditionnelle recegravele une gamme importante

et varieacutee de techniques permettant incontestablement une ouverture vers

les luttes olympiques libre et g~eacuteco-romaine

La lecture de ce meacutemoire permettra agrave lentratneur et au professeur de

lutte en fonction du lieu ougrave ils seront affecteacutes dans le territoire

seacuteneacutegalaisdavoir une information sur les techniques contrOles et

formes de corps propres agrave chaque groupe ethnique et de les mettre en

relation avec leurs croyances et leurs mentaliteacutes

Nous avons essayeacute de montrer que la pratique de la lutte traditionnelle

doit tre axeacutee sur une ethnomotriciteacute au Seacuteneacutegal qui permette une inishy

tiation facile Cette pratique de la lutte traditionnelle seacuteneacutegalaise

devra dailleurs essayer de ~eacutepondre aux aspirations du Seacuteneacutegalaisl

moderne en souvrant aux ap~orts positifs des autres civilisations

ex~eacuterieures nous voulons Jvidemment parler du judo et des luttes oiymshyJ

piques 1

1 j Nous navons pas la preacutetentfon dans le cadre de ce meacutemoire demattrise

de reacutepondre agrave toutes les qutstions se rattachant agrave leacutetude de ~a lutte

traditionnelle souslangle~socio-culturel car non seulement il nous

manque lexpeacuterience et la c peacutetence en la mati~re mais aussil l le temps

et les moyens dont nous dis osions ne nous permettaient pas d~puiser le 1sujet i

1 1 1 t 1

l

- )5 shy

BIBLIOGRAPHIE

BIBLIOGRAPHIE

1- CLAPAREDE Psychologie de leacuteducation et peacutedagogie expeacuterimentale

Edition Delachaux et Niestleacute 244 pages

2- POCIELLC Christian Sport et Socieacuteteacute approche socio-culturelle

des pratiques Paris Vigot 1981 377 pages

3- PIERON Henri Vocabulaire de la psychologie

PUF Deuxiegraveme eacutedition 1957 469 pages

4- Revue socialiste de culture neacutegro-africaine ETHIOPIQUES

Les valeurs traditionnelles et le problegraveme de leur inteacutegration

dans les systegravemes modernes deacuteducation

GIA 21 Juillet 1982 213 pages

5- N2 Revue du Centre dEtudedes Civilisations DEM ak TEY

NIS IVegrave Trimestre 1982 96 pages

6- Document lNSEP Colloque sur la lutte aeacuteregravere

DAKAR MAI-JUIN 1980

t 1

~- Travaux du IVegrave Congregraves National ~es Sports agrave DAKAR les 2223041981

Bulletin n2 91 du CIO du 15 Aont 1965

l____________________________

8- Meacutemoire de Mattrise BADJI Abdou La lutte traditionnelle Joola

Etude et perspective

9- Meacutemoire Inspectorat JS DJITTE Mandy Les pratiques corporelles

traditionnelles au Seacuteneacutegal pour leur exploitation et leur

utilisation en peacutedagogie Marly le Roi 1980

REPUBLIQUE DU SENEGAL

--------------- INSTITUT NATIONAL SUPERIEUR

MINISTERE DE LA JEUNESSE DE LrsquoEDUCATION POPULAIRE

ET DES SPORTS ET DU SPORT

-------------

(INSEPS)

MEMOIRE DE MAIcircTRISE

Es-SCIENCES ET TECHNIQUES

DE LrsquoACTIVITE PHYSIQUE ET DU SPORT

LA LUTTE TRADITIONNELLE

son importance sa signification en fonction des ethos et des habitus ethniques au Seacuteneacutegal

Preacutesenteacute par

Monsieur Joseph Victor FAYE

Sous la direction de

M Jean Marc ROCHEZ

Professeur agrave lrsquoINSEPS

Anneacutee de soutenance 1984

r~partieuml

come il egravest rsectc eacute dans 1 ablea~ ci-dessous

CATEGORISATIONGROUPE EXEMPLE DE FONCTIONADMISE

Administrateur civil - Ingeacutenieur - Meacutedec ilCadre supeacuterieur1 Officier - Professeur

Instituteur - Mattre dEPS shy2 Cadre moyen Secreacutetaire - Technicien

Chauffeur - Militaire Policier3 Cadre subalterne shyPatron - Artisan

Artisan - Cultivateur - Ouvrier temporail4 Non cadre Pcheur

Conditions denqute Six (6) sports de ~ombat sont officiellement

pratiqueacutes Ils possegravedent une structure para-eacutetatique de gestion de contr

ce sont

3 sports de preacutehension - JUDO - LUTTE LIBRE TRADITIONNELLE - LUTTE OLYMPIQUE

2 sports de percussion - BOXE ANGLAISE - KARATE

sport mixte - LUTTE TRADITIONNELLE AVEC FRAPPE

Pour chacun de ces sports 50 pratiquants ont eacuteteacute interrogeacutes sur leur

statut socio-eacuteconomique avec la discreacutetion et la prudence quexige ce

genre de question

Cette enqute sest deacuterouleacutee dans les conditions suivantes

JUDO

Lieu DAKAR - Clubs USTD - DUC - FJAKS - DOJO HOMAR DIENG

Date du 020J84 au 28-05-84

Circonstances Les principaux inteacuteresseacutes eacutetant la plupart sur le tatami

pour lentratnement il fallait souvent attendre la fin

de lentratnement uumlur pouvoir avoir une ou deux entreshy

vues de sorte qu~ le~qu~te a pris beaucoup plus de

On constate que le no~bre de p=a~iq~~-ts ~st ~eauccup plus importd~t dans

les groupes 2 et 3 - Il es ~oindre dans les grQupes 1 et 4

LUTTE LIBRE TRADITION~~LLE

Lieu Dakar - Thiegraves bull Aregravenes Landing DIAME - Ecurie Seacuteregravere (pregraves de

lautoroute) Lutteur diola - toucouleur - Entratneurs - encadreurs

de diverses eacutecuries Stade Iba Mar DIOP - Aregravenes de Pikine et de

Thiegraves - CNPES - INSEPS

Date du 040284 au 020684

Circonstances Elles sont parallegraveles car les pratiquants semblent beaushy

coup plus disponibles que dans les autres disciplines Notre travail

parfoi~ peacutenible en raison de la diversiteacute des ethnies repreacutesenteacutees

et la traduction n1est pas toujours aiseacutee

Observations

Nous constatons que la lutte libre traditionnelle est plus pratiqueacutee

par les groupes 4 et 3 que par les groupes 1 et 2

LUTTE OLYMPIQUE

Lieu CNPES - INSEPS - Iba Mar DIOP (Equipe Nationale) - DUC

Date du 040284 au 020684

Circonstances Les conditions sont meilleures dans la mesure ougrave le

hasard a fait que pendant cette peacuteriode leacutequipe nationale soit

en regroupement et ceci nous a permis d-interroger un nombre

important de lutteurs de grand renom

Observations

En raison du petit nombre de pratiquants r~guliers lenquecircte ne porle

que sur 2S personnes Arbitrairement pour les besoins de comparaison

les raisons de comparaison les reacutesultats cbtenus sont multipli~s par 2 bull

BOXE A~~GLISE

Lieu Iba l-ar DIOP - ASFA - ASFPO - SC -ASC JJAF - ASC lA

ugraveate du 201283 au 020684

~E~~~~E~~~~ Ici nous ferons la mecircme remarque que pour le Judo

Notons que toute lenquecircte a eacuteteacute faite agrave Dakar

Observation

La boxe recrute ses pratiquants surtout dans les classes 3 et 4 et

on note que le nombre de pratiquants nest pas aussi important comme

dans les autres disciplines

KARATE

Lieu YUKOKAI KARATE CLUB - SAMOURAI KARATE CLUB - Iba Mar DIOP

CLUB DE GIBRALTAR - ASFA - ASFA - ASFPO - GM Thiegraves

Date du 201283 au 020684

SE~~~~E~~~ Notre enquecircte se passait dans une ambiance sympathique

de camaraderie Geacuteneacuteralement apregraves la seacuteance dentratnement

Observation

Nous constatons que la distribution des pratiquants bien que favorisant

les groupes 2 et 3 semble plus homogegravene que dans les autres disciplines

~ LUTTE TRADITIONNELLE AVEC FRAPPE

Lieu Ecurie de Fass - Ecurie des Seacuteregraveres - Ecurie Mermoz

- Ecurie des Casamanccedilais

Date du 04-02-84 au 020684

Ccedilj~9~~~aEccedil~ Il est agrave signaler que cest la discipline ougrave l~ contact

avec les pratiquants a eacuteteacute plus difficile les speacutecialistes qui~ la plushy

part du temps semblent meacutefiants quand on commeucircce agrave leur poser des quesshy

tions preacutecises sur leur revenu mensuel

2 -liCc 055cllt le lle11ent SegraveS praLicltants dans le ba

de lecirc~helle ces~-agrave-dire dans le ~ruumlupe 4

~ecircsultats

Les reacutesultats enregistreacutes sont reacutecapituleacutes en nombre et en pourcentage

-agrave lapproximation pregraves- dans le tableau ci-dessous

LUTTE 1 LUTTELUTTEGROUPES BOXE KARATE JUDO AVEC OLYMshySIMPLE i i FRAPPE PIQUE

1 11 1 1 1

1 11 1 1 1 11 0 1 0 8 1 16 9 1 18 4 1 8 0 1 0 7 1 14

1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1

1 11 1 1 1 1 12 3 1

1 6 21 1

1 42 22 1 44 6 1 12 4 1 8 17 1 341 1

1 1 1 1 1 1 1

1 1

1 1 1 1 1

3 22 1 44 13 1 26 15 1 30 16 1 32 5 1

1 10 10 1 20

1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1

1 1 1 11 1 1

14 25 1 50 8 1 16 4 1 8 24 48 41 1 1 82 16 1 321 1 1 1 bull 1 1 1 1 1

1 1 1 1 1 11 1 1 1 TOTAUX 50 1100 50 1100 50 100 50 pOO 50 pOO 50 1100

1 1 1 1 1 1 1 1 1 1

Afin dG failiter la lect~~e je c~ table3~ t ~2 re~dre sig~ific~tives

s info~~ations quil contient ces difteacutere ts reacutesultats nu~eacuteriques

peuvent ecirctre formuleacutes selon des repreacutesentations graphiques

1 Clientegravele des Sports de combat

FIGURE l

Il apparatt nettement que les sports de combat recrutent essentiellement

dans le bas de la hieacuterarchie sociale ce sont des sports populaires don

propices agrave une massification de la pratique

Toutefois on peut nourrir quelques inquieacutetudes pour que soient reacuteunies

les conditions de leur deacuteveloppement en raison du faible statut quils

possegravedent au regard defllintelligentsia seacuteneacutegalaise

2 Hieacuterarchisation des gants sportifs en matiegravere de sport

de combat au sein des cadres supeacuterieurs -Groupe 1shy

FIGURE I[

La f-appe est honni aucl1 pratiqua1t de boxe Olt de lutte avec frappe

agraveUloins quelle fasse lobjet dune stylisation cxtrecircme COTIme cest le

cas dans le karateacute Ce groupe manifeste un seuil extrecircmement bas de toleacuteshy

rance agrave la violence ce qui explique les discours infamants degraves que la

lutte avec frappe est secoueacutee par quelques excegraves Leacuteopold Seacutedar SENGHOR 1

navait-il paS deacuteclareacute que cette forme de lutte eacutetait une atteinte permashy

nente agrave limage de marque du Seacuteneacutegal

Bien quil soit difficile de proposer une explication unique curiositeacute

esprit douvetture permeacuteabiliteacute aux modes bullbullbull les repreacutesentants de ce

groupe adoptet facilement des sports importeacutes 85 des goOts pour le 1

Judo le Karateacute et la Lutte Olympique qui pourtant est bien peu pratishy1

queacutee au Seacuteneacutegfll j

Faut-il en deacuted~~re une attitude geacuteneacuterale favoris~agrave tout ce qui provient

de leacutetranger

Nous nous refu~ons preacutesentement agrave ce genre dexplicationJ ne ser~it-ce que

par ses conseacuteqJences sur notre sport national dont les perspectives appashyj

raicirctraient bie sombres

Admettons que la pratique de ces disciplines sont en rapport avec des

deacuteterminants eacuteconomiques et que ceux-lagrave sont un frein P4ur la popularisashy

tion de ces pratiques A lappui de cette interpreacutetation~ il suffit de

composer le champ social du Judo et celui de la Lutte libre traditionnelle

--== G J

32

LUTTE SIHPLEJUDO FIGURE JI(

Le groupe 2 qui manifeste un inteacuterecirct reacuteel pour les sports de combat -pregraves

de 25 iuml de la population i~tervieweacutee- et qui p6ssegravede les ~oyens de choisir

ses pratiques opte massivement pour le judo CDnme lexprirre le rapport de

agrave 4

- shy

A la lumiegravere de cette succi~te analyse des demandes sociales en matiegravere

de pratique des sports de combat nous pensons recouper la theacuteorie de

lhabitus selon BOURDIEU qui veut que des hatitus diffeacuterents impliquent

des styles de vie divergents si lon entend par style de vie un systegraveme

de pratiques classeacutees et classantes(I)

La mutation de la socieacuteteacute seacuteneacutegalaise celle du milieu urbain se caracteacuteshy

rise par lapparition despaces sociaux qui sont en rapport avec des

espaces culturels Il en reacutesulte des pratiques distinctives comme

lexprime le pogam

En effet si les cateacutegories sociales existent et si chaccedilune delle exprime

une marque sur les conduites des sujets il est naturel ~e penser que des

pratiques1 sportives servent de modegraveles distinctifs et detrsymbOles dorgashy

nisation ieacuterarChique dans la socieacuteteacute exprimant les dif eacuterentes clas8eamp(2)

Ces const4tations ont dimportantes implications sur leeacuteveloppement et

lavenir des pratiques Si dans notre IIIegrave partie nous 1tenterons de 1

mettre en rapport les particulariteacutes ethniques avec les pluraliteacutes de

style de lutte nous parlons presque au passeacute Une IVegraveme partie devra

e~visager la situation actuelle de la lutte afin de pouvoir eacutemettre

qu~lques hypothegraveses sur son devenir

Cest auss~ une ambition de ce meacutemoire daider ceux qui sinteacuteressent reacuteellE

ment agrave la lutte de savoir entendre au travers des deacuteclarations normatives

et apologeacutetiques Nous ne doutons nullement de la conviction ou de la bonne

foi de leurs auteurs mais parmi les possibles il yale probable et seul

ceiui-lagrave meacuterite decirctre retenu car plus proche agravee la recirc~liteacute

(I) BOURDIEU pierre La distinction Les Editions de minuit 1979 page 191

(2) Le POgdlt Deacuterrocratisation du sport ythe (u reacutealiteacute

- 1f shy

j j l IlL DL l H L S DE

3 1 LA COll1ŒNAUTE DIOLA

311 Preacutesentation

Les diolas vivent dans la reacutegion de Casamance et repreacutesertent 9 de la

population totale du Seacuteneacutegal Ce sont geacuteneacuteralement des cultivateurs de

riz et des artisans Cependant on peut les trouver aujourdhui disperseacutes

dans toutes les capitales reacutegionales affecteacutes agrave divers meacutetiers militaire

gendarme fonctionnaires de lEtat ouvrier etc bullbullbull

Dans les villes la plus grande partie des diolas vit dans les qoartiers

populaires Par exemple agrave Dakar on les trouvera agrave Colobane agrave Fass agrave

Grand Yoff ou agrave Khar Yalla La plupart du temps cesDnt des artisans et des

ouvriers du secteur priveacute qui vont essayer dune maniegravere ou dune autre de

vivoter en bricolant deci de lagrave Mais mecircme loin de la Casamance cette

ethnie conserve une grande partie de ses caracteacuteristiques et plus partishy

culiegraverement la solidariteacute ethnique qui veut que les Diolas forment toujours

un bloc bien soudeacute quand le besoin se ifait sentir et cecisans discrimishy

nation de rang social Ainsi tous lesdiolas de Dakar se mobilisent pour

supporter le Casa Sport chaque fois qbe cette eacutequipe de foot-baIl vient

jouer agrave Dakar Cette mobilisation se fera aussi dans le cas ougrave leur chamshy

pion de lutte Mamadou SAKHO livre uncombatimportant

Lethnie diola est diviseacutee en trois sous-groupes

- les dio1as Fogny de Bignona

- les diolas Kassa autour dOussouye

- les diolas Blouf dans la preacutefecture de Tendouck

Mais en lutte on a pris lhabitude ~e les grouper en deux zones dune

part le Kassa qui preacutesente des particulariteacutes et dautre part lE Fogny

et le Blouf

- J 7 shy

3 ) 2 ~U(lquE5 aspects d~ l~ducatio~ ~t des rit~s en milieu diol~

L eacuteducat ion veacuteritable de lenfant diola est sociale et ne se corlprend

que dans la relation sociale elle deacutepasse de loin le strict cadre

famililal Elle commence au stade de lapprentissage du langage

Lenfant apprendra agrave reconnattre le langage du regard de ses parents

Il doit connaicirctre et faire la diffeacuterence entre un regard approbateur

et un regard qui blacircme De mecircme il doit apprendre agrave faire les gestes

de la tecircte qui expriment lapprobation En aucun cas lenfant nest

laisseacute agrave lui-mecircme Aura-t-il deacutesobeacuteit par complaisance naura-t-il pas

eacutecouteacute ou fait attention aux recommandations reacutepeacuteteacutees plusieurs fois

sans reacutesultat il fera lobjet dune punition corporelle avec la chicotte

Elle a pour effet de faire mal au corps de lenfant afin datteindre son

acircme sa sensibiliteacute et instaurer en lui une sorte de 1iaision de la

meacutemoire du mauvais comportement agrave la douleur quen voulant eacuteviter la

douleur il finit par eacuteviter le mauvais comportement en tout cas den

prendre conscience degraves cet acircge Cest une meacutethode deacuteducation mora1e (])

i 3121 Leacuteduca~ion maternelle

1

Notre eacutetude nous a montreacute que mecircme de nos jours leacuteducation diola

conserve encore ses caracteacuteristiques traditionnelles au niveau des rites

des moeurs des habitudes des principes et des normes

Leacuteducation de lenfant reste lune des plus rigoureuses Elle commence

degraves le plus bas acircge car pour le dio1a on ne peut redresser une personne

adulte donc autant leacuteduquer tregraves jeune Jusquagrave lacircge de trois ans

lenfant sera encadreacute par sa megravere qui bien queacutetant tregraves douce fait

preuve daucune indulgence Elle lui apprend les interdits de la communaushy

teacute respecter son prochain ne pas insulter ni profeacuterer de gros mots surshy

tout en preacutesence de grandes personnes ni faire violence agrave autrui

Plus terd v~rs cinq ou SlX ans le jeune garccedilon est initi~ a~x travaux

ces cna~ps des rizi~r~s cles pal~eraiEs ce Gui ne manquer6 pa5

davoir ces rEpcrcussic~s sur SOn deurovelopperncnt morpholoique

- 1( shy

3122 La circoncisio~

cest un rite obligatoire Il a pour but dintroduire le garccedilon dans

la communauteacute des hommes en tant que responsable Cest un rite qui

laisse une trace indeacuteleacutebile dans la vie du jeune diola Les principes

de la vie en socieacuteteacute y sont enseigneacutes agrave fond Le rite de la circoncishy

sion preacuteseuro~teuro uneuro forme p~lticul do~t s~uls les diolas connaissent

lorganisation internecar la circoncision est agrave la fois une eacutepreuve

physique intellectuelle et morale

Cette circoncision en milieu diola se passe dans le bois sacreacute En ce

lieu les Njoulis (circoncis) sont encadreacutes par des mattres les

Kintangs et au-dessus de ces mattres regravegnent un ecirctre doteacute de faculteacutes

occultes il sagit du Kankourang Le kankourang a cette capaciteacute de

disparattre de voler quand bon lui semble Il incarne la justice et la

violence et assure la protection de ses disciples contre les mauvais

esprits Ainsi le kankourang incite agrave lobeacuteissance et agrave lordre dans

cette socieacuteteacute Dans la tradition diola le kankourang repreacutesente un

pouvoir mystique capable de choses extraordinaires dont la socieacuteteacute

moderne avide de raisonnement ne pourra trouver une explication Au

cours de la circoncision les initieacutes subissent un certain nombre

deacutepreuves physiques que le diola appelle samasso Il doit se soushy

mettre agrave lensemble de ces eacutepreuves consideacutereacutees comme indispensables

agrave sa formation pour lui permettre de juger ses capaciteacutes physiques

mais eacutegalement deacutepouver sa valeur intellectuelle morale et sociale

Il pourra aussi se mesurer aux autres dans le domaine de la consideacuteration

et du respect En quittant le bois sacreacute le jeune doit posseacuteder une

grande partie des qualiteacutes humaines et socisles quil faut agrave un howmE

pour vivre en harmonie avec la socieacuteteacute traditionnelle Il serait bien

sOr possible dans le cadre dune eacutetude plus approfondie de parler de

bien dautres rites et pratiques traditionnelles

Notons cependant que le rite de la circoncision appartient aux anc~t~es

et que dans les villages reacutecents ougrave les structures ont changeacute on ne

Jeux jours avant la re~trfE cans le bois sacr[ les adolescents so~r

-

- Jo shy

por lE diola 11-071- doit rester en harrc1iE avec lE

tal lanimal lui-mecircme les ancecirctres les geacutenies Le rit~ du rasdge co~sist~

acirc ~loigner la ~alchance de lenfant Si l~ ritE nest pas respecteuro eumlr es

parents du futur initieacute celui-ci connaicirctra la malchance pendant toute sa viE

Ce rite a aussi pour faculteacute deacuteloigner le mal et de preacuteserver lenfant des

mauvais esprits

Le rite de leau sacreacutee se fait un jour avant lentreacutee dans le bois sacrEacute

Les femmes doivent se garder davoir le moindre contact avec leau beacutenite

pour se preacuteserver des conseacutequences facirccheuses qui pourraient en reacutesulter La

tradition veut quune seule goutte soit capable de deacuteclencher lavortement

l chez la femme enceinte de rendre steacuterile la jeune fille ou de provoquer des

menstrues perpeacutetuelles chez la femme ayant atteint la meacutenopause bull

bull Le rite de la forge protegravege le futur initieacute pendant son seacutejour dans le bois

sacreacute Mais cette protection seacutetend bien au-delagrave et de rite veut que toute

personne qui y faillit soit condamneacutee agrave devenir leacutepreuse

Pendant plusieurs semaines les jeunes initieacutes subissent une formation capishy

tale qui fera deux des hommes complets

313 Croyances et pratiques mystiques

Si nombreux sont les diolas convertis au Christianisme ou agrave lIslam leur

foi napparatt jamais incompatible avec leurs croyances animistes Lhisshy

toire des rois et reines diolas nous reacutevegravele quils eacutetaient les ffprecirctres fl de

ces cultes feacutetichistes destineacutes agrave maintenir la fertiliteacute et agrave provoquer

la chute des pluies De nos jours existent encore des socieacuteteacutes secregravetes agrave

base religieuse ou magique la plus redouteacutee eacutetant lassociation neacutecrophashy

gique Kousanga des Floup (1)

Deux fafu expliquent la coexistence du dogme et de la croyance

le contact tardif de la socieacuteteacute diola avec les civilisations eacutetrangegraveres

et leacutevangeacutelisation ou lislamisation quelles veacutehiculaient Il e~ reacutes~lt~

une importance des traditions leur reacutesstance agrave une remise en questic~ ce qui confegrave~e agrave la socieacuteteacute diola un caractegravere conservateur

r~c~~i]EE 2~fr~~ ~c - t

ct ~Cc egraveE~ Cimiddotilisatilaquo~ eacute

la neacutecessiteacute de lanimisme consiegraveeuroreacute comme base de toutes legrave~

religi0~s uumlegrave serait-ce que corr~e tentative ciexpliquer li1explishy

cable en se repreacutesentant en particulier comme un ensemble de puisshy

sances mystiques Ainsi pour lanimiste agir sur la nature cest

intervenir psychologiquement aupregraves de ceLX qui la gouvernent

314 Imeact des moeurs sur la prat~que de la lutte diola

Lorigine de la populariteacute de la lutte eugrave milieu diola est par trop

impreacutecise aussi nous nous limiterons agrave en donner la signification

actuelle La lutte apparatt dabord comme un moyen privileacutegieacute deacutedushy

cation

- sur le plan corporel afin de deacutevelopper la force lagiliteacute la

rapiditeacute et la souplesse

- sur le plan moral afin de deacutevelopper les vertus caracteacuterielles

courage tenaciteacute digniteacute bullbullbull neacuteces~aires agrave laction

Mais la lutte apparatt aussi comme un mpyen dinteacutegration sociale car

le jeune diola qui se refuserait agrave se sbumettre agrave leacutepreuve de la lutte

encourrait un isolement alors que celui qui excelle en bravoure devient

rapidement populaire Dougrave ces affrontements agrave linteacuterieur dune classe

dige qui tout en restant un moyen de reacutejouissance servent eacutegalement

agrave eacutetablir des comparaisons

Nos observations et nos interviews confirment le caractire tris physique

de la lutte diola immeacutediatement les lutteurs sont au corps agrave corps et

les techniques consistant agrave aracher ladversaire priment sur toutes les

autres Exprimer sa force est une preacuteoccupation constante il suffit pour

sen persuader de voir le groupe de lutteurs peacuteneacutetrer dans laregravene au son

du Born bol on que rythme le claquement de mains des femmes

C~tte da~se est une deacutebauche dAnegie Ougrave les lutteurs pieacutetin~Ert avec

force L sol

i shy

3141 EorphologUgrave et valeur physiques du lut teur diola

Le lutteur diola possegraveagrave~ un deacuteveloppement caracteacuteristique du trai~

supeacuterieur et de la musculature doso-lombaire Ceci est tregraves certaineshy

ment lieacute au maniement de la houe de la daba et surtout dukadiando

dont lusage permanent a modeleacute la morphologie du lutteur diola

La valeur physique de ce lutteur semble reposer sur sa force sa

reacutesistance mais aussi sa rapiditeacute

3142 Reacutepertoire technique

Dans le Blouf la forme du corps la plus utiliseacutee est le deacutecalage souvent

combineacute avec un crochet de jambe (gal gal) ceci semble ecirctre lieacute agrave

lutilisation quotidienne dans les riziegraveres du kadiando Le paysan du

Blouf sera ameneacute agrave faire un mouvement de torsion pour deacutecalerlinstrushy

ment enprenant appui sur son genou et ceci continuellEment pendant toute

la jourpeacutee Chez les diolas du Fogny le kadiando eacutefait surtout utiliseacute

par les femmes qui soccupaient autrefois exclusivement de la riziculture

et ce n~est quaujourdhui que les hommes cultivent le riz 1

La principale culture dans le Fogpy est celle du mil on y cultive aussi

de larachide De ce fait loutil le plus utiliseacute est le donkoton qui

est un instrument tregraves petit avec un manche court et dont le maniement

expliquerait peut-ecirctre leacutetonnante musculature du train supeacuterieur et surshy

tout de la zone dorso-lombaire du 4i6la fogny qui excelle dans les techshy

niques en force genre arracheacute avec les bras sur contrOle de la ceinture

de ladversaire Lulisation du donkoton semble eacutegalement expliquer la

garde tregraves basse du lutteur fogny

Dans le kassa on aurait pu trouver la mecircme forme de lutte car la morphoshy

logie du lutteur est agrave peu pregraves la mecircme mais linterdiction formelle de

la prise du ~gimbe modifie et limite tout le repertoire technicult2 ou

lutteur Le lutteur kassa adopte une garde basse et agrave une preacutefeacuterence pc~r

legraveS tc~-iccedilues n passa~ dessous - - ~ shymiddotmiddotcrc t--=~ c-

----

contact et agrave partir de ce TtoTteuront ils peuvent se relever et conti~uEr

en lutte debout jusquau terrassemen~

Toutes les gardes sont rapprocheacutees en milieu diola

irbi trage

Les combats sont arbitreacutes par un deacuteleacutegueacute geacuteneacuteralement anClen lutteur

Ces anciens lutteurs ont pour rocircle de veiller au bon deacuteroulement du

combat La victoire est deacutecreacuteteacutee dans les cas ougrave un des lutteurs se

retrouve en position assise sur le ventre sur la cuisse ou les

genoux (sauf dans le Kassa)

Il existe un autre mode de victoire celle qui est proclameacutee agrave la

suite dune supeacuterioriteacute eacutevidente du~ des lutteurs A savoir quand

un lutteur soulegraveve tregraves haut son camarade et que son manager estime i

quil est pratiquement battu il peut arrecircter le combat en touchant

dabord le lutteur adverse popr eacuteviter que son lutteur ne soit terrasseacute

tregraves fOrt Nest-ce pas un deacutecision sage des managers qui peut contribuer

agrave maintenir le caractegravere reacutecr~atif de la lutte joola 1

La victoire dun village sur un autre village ne se mesure pas au

nombre de victoires obtenues par lensemble des lutteurs En effet

il suffit que le champion soit battu pour que le village soit consideacutereacute

comme deacutefait Ce qui explique limportance et le seacuterieux que le village

accorde agrave la preacuteparation des championsl)

Il est cependant important de signaler que larbitrage dans les centres

urbains revecirct une iautre forme beaucoup plus codifieacutee et cest peut-ecirctre

une des raisons qui font quen milieu urbain la lutte diola perde une

partie de son originaliteacute

En dehors des techniques speacutecifiques agrave chaque sous-groupe il faut

signaler quil y a une multitude de prises et quelGues formes de corps

comTIunes agrave letnn Car reconnaissons qu il cO unE ror-euro approp=i~eacute

dE ~ouvane du l~tteur diola en TaI

-----~-----

LE tableau ci-dessous se propose dE reacutesumer les diffeacuterentes consideacuteshy

rations techniques envisagEacutees dans cette partie

FORlŒSSOGS-GRGUPES 1 COItltOLE GA~JESDt CORF=

i ~

1 1

Passage dessous de jambes et BassE KASSA saisies Moyenne1annexes bras (rapprocheacutee)

ceinture tecircte

Deacutecalage de Moyenne et BLOUF Demi-souplesse Ngimbe

HauteHancheacute Bras (rapprocheacutee)

Jambe

Arracheacute CouFOGNY Tregraves basse

Hancheacute ii 1

1 1

3 14 3 bull LeIIa~~jueetlecom~ortementdulutteur-+iola

1 Le comportement et lattitude du lutteur dans laregravene pe sont en fait

t

que le reflet de sa psychologie et plus partiCUliegraverem t de son eacutetat

dacircme Or il napparatt pas abusif deacutetablir des cor eacutelations entre

le psychisme dun individu et lempreinte eacuteducative quil a subie En effet en sortant du bois sacreacute le jeune diola a acquis un ~ca~~l

eacutequilibre physique et mental

Cette matrise de lui-mecircme permet au lutteur dans la~egravene dadopter

un aire enjoueacute de manifester beaucoup denthousiasme~ La lutte devient 1

essentiellement un jeu laspec ludique y est privileacutegieacute et ~ela influe

sur le comportement du lutteur

Ainsi queurolq~c soit limporta~cE de le~je~ le lutt~c~ dic1e Seuroreacute

to~jours serein et s~ livrera sa~s arri~re pe~s6e da~$ ~E CO=beacute ou-

tons que le lutteur diola est trecircs fair-play et sil arrive quun rdnd

lll L COIicircilU1Ul L ULOF

32 J Preacutesentation

La soc tEacute wucirc10f est celle qU1 a eacuteteacute la plus marqueacutee par la colonisation

~~ fait peut-gtre de sa position geuroographiquE dune part ct de 50~ imporshy

tanCE sur le plan dfmographiquE dautre part En effEt ceurootteuro CC-~ucircautE

wolof repreacutesente environ 20 de la population seacuteneacutegalaise

Elle est constitueacutee de pecirccheurs (ce sont les leacutebous) dagriculteurs de

fonctionnaires de lEtat mais surtout de commerccedilants

A pqrtir de leur reacutegime dimplantation le Cayor le Walo le Baol le

Djolof et la presquicircle du Cap-Vert les wolofs ont tendance agrave irradier

sur lensemble du territoire sous leffet de leur speacuteculation agrave la culshy

ture de larachide et du nombre important de fonctionnaires quon trouve

dans cette ethnie

322 Les moeurs et croyances wolofs

Bien queacutetant en grande partie des musulmans convaincus les wolofs

conservent toujours une croyance animiste et continuent agrave faire des

sacrifices agrave porter des cornes ou des morceaux de bois agrave la ceinture

aux jambes ou aux bras et agrave croire agrave lexistence des Djinneacutes et des

Raps bull

Le Djinneacute cest une creacuteature malfaisante en geacuteneacuteral capable de choses

extraordinaires Il possegravede des faculteacutes surnaturelles Cependant dapregraves

la croyance animiste certains Djinneacutes peuvent ecirctre bons

Le Hapl cest une creacuteature ayant des dons occultes appartena71t agrave une

famille ou agrave une communauteacute et dont le rOcircle est de veiller cu daider

les reCJrES de le fai11p ou dt la conmunauteacute en cas de da1gel Le Rap

~ ut te c ) ~~c-

ei sltcificE cJ sanl dE meut0 dL chat de pC)wleurot 5E1lt les conveuroshy

lances parfois leur dorner COrllTe offrande du lait Laii

Qua1d une famille ou une communauteacute neacuteglige les Sarakh (ici dans

le sens de sacrifice ou Offrande) elle se voit aussitocirct vouEacutee agrave la

maleacutediction des mauvais esprit~ (fcllec dans touteacuteS lEs ~treprises

de la vie maladie mort bullbullbull ) Les lieux ougrave habitent ls Taps et ougrave

se font les sacrifices se nomment Khambs

Geacuteneacuteralement le khamb se trouve dans lenceinte de la maison ou

dans un coin approprieacute du village Les lieux du khamb sont marqueacutes

par la disposition de calebasses de pilons de morceaux de poterie

briseacutes de grosses pierres de cornes et dautres objets heacuteteacuteroclytes

La superstition wolof est tregraves marqueacutee En effet pour le wolof toutes

les manifestations quotidiennes trouvent leur signification dans le

mysticisme Citons agrave cet effet quelques ezemples Une femme enceinte

ne doit pas marcher agrave nimporte quelle heure de la journeacutee Certaines

heures de la journeacutee lui sont interdites le Timiss (creacutepuscule

le Ndjo~or (de 13 H agrave 14 H de lapregraves-midi) le souf-segravede (de

minuit i4 H du matin) Selon la tradition ~t la croyance wolof les

mauvais ~sprits choisissent ces heures pour jeter des sorts Et la

femme enceinte eacutetant tregraves vulneacuterable le Djinneacute essaiera de lui insufshy

fler son souffle pour atteindre son beacutebeacute afin dentratner soit la

meacutetamorphose de cedernier en monstre soit de le tuer avant sa naissance

Dailleurs pour le wolof et pour certaines autres ethnies au Seacuteneacutegal

le timis le tdjolor le souf-segravede repreacutesentent des peacuteriodes de

la journeacutee ougrave lon ne doit pas se hasarder dans les rues et les champs

Ce sont des heures propices aux apparitions des Djinnes sous nimporte

quelle forme humaine ou animale

Il est eacutegalement interdit au wolof de marcher ou de serti la nuit du

~eacutellfria-

loutes c~s pratiques ~ystiqu~s et cr0ya~ces religi~us~5 ~xistent eL~~[

certainement dues agrave un meacutetissage culturel Parallegravelement aux feacutetiches

aux incantations et agrave lutilisation des safaras (substance magique)

notons lexistence de ga l a tchs (ce sOnt des talismans ougrave sont inscrits

du qui les porte Toutes ces croyances biEn sucircr auront une rEacutepercussicrI

sur leacuteducation du jeune wolof

323 Leacuteducation du wolof

Pour caracteacuteriser leacuteducation wolof nous avons penseacute donner comme

illustration cet extrait de la revue DEM ak TEY Pour deacutefinir leacutedushy

cation le wolof fait appel agrave un symbolisme qui eDglobe aussi bien les

moyens mis en oeuvre Yar que le reacutesultat obtenu agrave laide de ces mecircmes

moyens cest-agrave-dire la formation et le deacuteveloppement de lecirctre humain

ou Yaru

Le substantif Yar deacutesigne le fouet

Ce symbolisme deacutesigne donc au-delagrave du simple sens mateacuteriel de lobjet

lutilisation qui permet daboutir au reacutesultat escompteacute (Yaru) Au sens

geacuteneacuteral Yar deacutesigne tout instrument servant agrave infliger une punition Le

terme laisse supposer agrave priori que cette phase de lenfance durant lashy

quelle se preacutepare la vie de lhomme est lieacutee agrave la souffrance au supplice

Dailleurs une maxime wolof compare lenfant agrave une tige quon a tout le

loisir de redresser alors quelle est encore flexible bull

bullbullbull Pour leacuteducateur wolof la perfection nest point de ce monde malS

le devoir de chaque homme est de tendre vers la pleacutenitude en luttant

contre ses propres faiblesses Leacuteducation va d01c iisister essentielle~(-~t

sur lexercice quotidien de leacutelevation ffiora1e d~ lindividu Pour cela

elle privileacutegie la patience munI) vertu dabneacutegdtion et dE deacutesinteacuteresseshy

m(~t autour dE laquelle sarticulent toutes ]e~ ~u~~~s qualiteuros

i _

aan~ ~ s0cieacutet gt~olcf ocirclt~tartt nul -Jt- poulait sabecircisstr

tion de sa libertEacute La liberteacute est le preuumler drcmiddotir dE l ho-)euro egrave~S

baigner dans une beacuteate admiration du passeacute la comparaison avec le pr~$(middott

si~posc dclle-mecircme car lon reste s reacute devant la deacutesinvolture aVEC

laquelle dES honmes daujourdhui descendants de cette ~~~EacuteTatic ccedil~l se

une fois [largis bullbull tTasque fiers davoir fait leacute priS0n PEut-2tTE

faut-il mettre cela sur le compte de lurbanisation et des nouvelles

valeurs qui ont pour nom enrichissement reacuteussite sociale avec ce que

cela comporte de deacuteshumanisant et de deacutepreacuteciateur (1)

3 bull 2 bull 3 1 bull Lesri tes

Le sevrage et la circoncision constituent les deux grandes phases initiashy

tiques chez le wolof

- Le rituel du sevrage est appeleacute maga1 (litteacuteralement rendre grand)

Cest un eacutevegravenement important aussi bien pour les parents de lenfant que

pour la co~unauteacute Durant cet eacutevegravenement qui survient geacuteneacuteralement deux

ans apregraves la naissance du beacutebeacute les personnes vivant dans lentouragE

apportent leur soutien moral et mateacuteriel

- le rituel de la circoncision revecirct pratiquement la mecircme signification

que dans les autres ethnies seule la forme diffegravere La circoncision reste

encore une eacutepreuve de la vie au sort i r de laque Ile ladolescent devient un

homme Aujourdhui il faut noter une meacutetamorphose de la structure sociale

et des croyances religieuses tregraves accentueacutee aussi bien chez les wolof que

chez les autres groupes ethniques et ceci est peut-ecirctre dO au contact

permanent quils ont avec la socieacuteteacute occidentale

Malgreacute ces constat~tions il semblerait pcu=tant qUE la sociecirct~ lecircbou Gci

bien que se trouvaLt en grande partie dans ~a Presquth du Cap-ETt Et

en contact permane~t avec les blancs soit la portior la plu8 cc~serva-

----------~_- ---~-- -----

~

Incidences d s ~00urs sur la l~ttE

Le wolof connaicirct deux formes de luttes la lutte sirplE- sans t-t

la lutte avec frappe La lutte avec frappe a une crigi~e purement r

et ce nest que plus tard quelle devint une prati1uE sportive et lud

preacuteparer agrave la guerre Aussi tout en luttant On eacutetait autoris~ agrave frapper~

griffer mordre voire introduire son doigt dans loeil de son adversaire

Le jeune wolof devait eacutegalement se livrer agrave la lutte avec frappe afin de

favoriser son insertion dans la socieacuteteacute adulte et sinitier au meacutetier de

soldat faute de quoi il ne pouvait se faire entendre ne avoir des marques

de respect Pour montrer la populariteacute de la lutte dans le Cayor signalons

que les Damels ll (rois) et les Teignes (nobles) nheacutesitaient pas agrave sy

livrer Quant au IIMbeu~ (lutteur) elle lui servait de moyen de promotion

sociale car d8S que sa reacuteputation eacutetait eacutetablie il pouvait ecirctre choisi

par les rois et les nobles comme garde de corps

325 Signification de la lutte en milieu wolof

La lutte se pratique dabord pour lhonneur qui est une vertu tregraves signishy

ficative pour le wolof Elle permet de renforcer les liens amicaux entre

les jeunes de villages diffeacuterents Le champion veut gagner

confiance et la consideacuteration de son village de ses amis

Etre champion cest aussi susciter ladmiration chez les

sentant la force la viriliteacute et la deacutetermination

326 Organisation d~s eacutepreuves de lutte

3261 Les Mbapatts Ce sont les seacuteances nocturnes

pour meacuteriter la

et des anciens

filles en repreacuteshy

Ils sont organiseacutes apregraves les reacutecoltes agrave la fin de la saiscn des pluies

Ceci surtout p~ndant les peacuteriodes de clair de lune car ils peuven~ durEr

toute la nuit Le but des ~Dapatts lt=tait de prfpa-er FhysicuemeH et

~ arb Sil

326 Le 1

cest une organisation beaucoup plus importante que les I~apatts ~

loccasion de laquelle on peut voir plusieurs lutteurs de grande reDommfe

saffronteLLa fin dl lamb est toujours couronneacutee par une grand co~bat

duquel le vainqueur est sacreacute champion de la contrecirce

Le choix du lieu est lieacute agrave limportance de ce lieu dans le village cest

la place publique ougrave geacuteneacuteralement se passent toutes les manifestations

assembleacutee geacuteneacuterale sabar (danse) cest aussi lendroit ougrave sont prises

les grandes deacutecisions

3623 Lappariement

Dans un village ou un quartier les lutteurs se regroupent en lang

(eacutequipe) et jamais deux lutteurs de mecircme lang ne se rencontrent lors

du lamb

L appariement s~ fait librement entre lutteurs de lang diffeacuterents l1hs

une regravegle veut ~uavant de lutter avec le Mbeur Kanur de tel lang si

on est soukh (l~tteur pas encore confirmeacute) il est neacutecessaire de lutter

dabord avec ses soukh et ce nest quapregraves les avoir terrasseacutes tous

quon se voit octroyer la chance de lutter contre lui

Notons que la cateacutegorisation des lutteurs par poids nest jamais prise

en consideacuteration

3624 La tenue du lutteur ou NGIMBE

Le middotNGimbe est confectionneacute par le marabout de la famille ou du clan Il

est constituecirc de pagnes en coton tisseacute geacuteneacuteralement offerts par la megravere ou

la grand-megravere du lutteur ceci lors des organisations de ~rande Tportance

COrlune lef 1amb Dans le cadre des l-bapatt les pagnes sont C tErts peumlr

~~~rcfcis ct ffi~mc aujourdhui d218 cErtaInes fa~ille5 on devj~Gr

luttEur de pegravere en fils et dans ce cas h 1

gimbell du pEgravere Est recircr i tEacute

par le fils Le fait de porter le lI~gimbe agravee ses aiumleux peut susciter

cne~ le jeune lutteur une motivation et une volontecirc in~branlable rlasshy

surer 12 supeacuterioritEacute cis SIcirct-ns dallS

le xgimbe de la famille ne touche pas le sable

La tenue du lutteur a une signification et une importance sur le plan

mystique car selon les anciens le vrai feacutetiche du lutteur celui qui

le proteacutegera agrave vaincre le Djinneacute ou le Rap de ladversaire se trouve

cacheacute dans ce Ngimbe Celui qui confectionne-le Ngimbe est doueacute de

faculteacutes occultes

~~r~i~rg Il est assureacute par un sage du village qui geacuteneacuteralement fut

championde lutte de son temps Dailleurs cet ancien nintervient que

si le terrassement est litigieux

Hormis le public qui proclame la victoire ou le match nul le lutteur

lui-mecircme est arbitre et il arrive quil se deacuteclare vaincu ~ous

pouvons citer comme exemple Meacutedoune KHOULE un des plus grands lutteurs

seacuteneacutegalais qui a donneacute une victoire agrave Djeacuteri SADIO son adversaire qui a

reacuteussi agrave lui faire toucher le sol de la main

Il Y a terrassement quand le lutteur se retrouve

- assis sur le sol

- eacutetaleacute sur le dos

eacutetaleacute sur le cocircteacute

les deux genoux au sol

- les deux ma~ns au sol

la tecircte (front au sol agrave la suite dune brouette)

Il peut y aVOIr match nul si apregraves li1 temps ccmsideacuterable les lutteurs

SE sont ~ ivrEacutes respectivement agrave des assauts rEacutepEacutetEacutes et n arrivEt pas a

3265 L~ precircparation mystique

Il faut reconnattre quon ne peut parler de lutte en milieu wolof sans

envisager une preacuteparation mystique seacuterieuse Co~~e ~ous lEvans vu a~teacute-

1middot ~ d ~ ~rlturenent t0utes es actlvmiddotltesmiddot u W010 sont lles a SeS croyances

- la lutte ne concerne pas seule~ent deux acteurs se livrant faruumlucheshy

ment agrave un combat au milieu de laregravene mais eacutegalement les marabouts et les

feacutetichistes du village ou du clan qui doivent deacutefendre leur savoir et

leur prestige Avant le combat le lutteur doit se livrer agrave un certain

nombre de preacuteparations mystiques pour assurer sa victoire Aussi sommesshy

nous appeleacutes agrave parler de BACK (cest le chant et la danse du lutteur)

- le batteur de tam-tam compose un rythme en fonction du Galagne ou du

Senghor (gds-gris) du lutteur Chaque galagne sera choisi en fonction

du Rap ou du Djinneacute correspondant au Totem du lutteur

Le chant geacuterleacuterique Feinte woy veut dire litteacuteralement composer un 1

chant Ce chant est geacuteneacuteralement composeacute par les filles du viilage du

champion ou par un griot de sa communauteacute Et agrave travers ce chrnt on

arrive agrave toucher la corde sensible du lutteur en chantant lesl innombrables 1

victoires de ses ancecirctres ou en lui rappelant ses prouesses eacuteblatantes 1

Chaque lutteur doit avoir un chant et un back qui lui sont propres

327 Le reacutepertoire technique et les caracteacuteristiques physiques dulutteur wolof

Le lutteur wolof est geacuteneacuteralement moyen de taille la musculagraveture est

tregraves saillante ce qui fait ressortir un aspect tregraves athleacutetique ceci

est vrai sans exception pour le lutteur leacutebou mais il arrive que le Cacircyoshy

rien le baol-baol le walo-walo soient de grands gabarits de forte constishy

tution

CepEndant pour une meilleure compreacutehension du sujet nous pouvons eacutetudiEr

deux jroups d lut teurs qui vont deacuteterminer deux st yI e s de lut tes

- ~ t

les tc~tativ~s de~[reacutee e~ ramassement de jambes de la~v~sairL Ce~~

peut Ecirctre expliqueacute par le fait que les lutteurs leacutebou ou walo-walc qui

sont des pecirccheursadoptent cette garde tasseacutee du fait quils so~t tou-

jours pencheacutes en tirant le fil ou en poussant la plrogue On verra techrugravequeacutes dt cirr 2C ~lt 5Jllicitocirct

surLuumlut les membres supeacuterieurs

Le cayorien et le baol-baol par contre sont les plus grands cultivateurs

darachide chez eux les techniques de lutte sont plus varieacutees et la

garde est moins renfermeacutee Les lutteurs cayorien et baol-baol ont une

morphologie et une reacutepartition musculaire bien eacutequilibreacutee ils excellent

dans les techniques en deacutecalage les techniques de jambe et surtout les

techniques de riposte ougrave lon peut voir des prises de hancheacute tregraves amples

Dune maniegravere geacuteneacuterale on peut dire que le lutteur wolof est un fin

technicien qui sait surtout creacuteer les opportuniteacutes e~ avec sa rapiditeacute

utiliser la force de ladversaire pour le deacuteseacutequilibrer le noodju

le mbas le weacuteheacuteleacute et le rasu sont des techniques propres au lutteur

wolof

En deacutefense il utilise surtout des kl~klets ou gal-gal Notons que

le balancement des bras ou Lewato e$t tregraves marqueacute dans la lutte wolof

TABLEAU RECAPITULATIF DES COMPOSANTES TECHNIQUES

( 1 )

1 SOUS-GROUPES GARDES CONTROLES FORHES DE CORPS l

Walo-walo Basse de jambe Arracheacute l l10yenne de Ngimbe et i

Leacutebou Tasseacutee et saisies annexesj Deacutecalage 1 1 distante de bras de tecirct1

j de bras Deacutecalaeuro

~-----------------~-

- ~ ~- shy - ~ ~ bull L _ _ bull

Profil psyc~~iqUE du lutteu- et son comporterent dars l 2regravere

La preacuteparation mystique dans laregravene est plus marqueacutee chez les wolofs

que ChE~ les autres ethnies En effet on verra de grands champions

preliGrE plusiEurs heures pour Enduire leur corps de cll2badep ou ci

rmiddot- ~ a la proprieacuteteacute de proteacuteger li1egraveividu J

les mauvais sorts) Cest dailleurs un aspect dt la luttE qui iJcsc

des problegraveJles

Le lutteur wolof est tregraves superstitieux et la peacuteriode de preacuteparation

est capitale pour lui car elle permet non seulement de rendre

hommage aux ancecirctres mais aussi dintimider son adversaire Cest

geacuteneacuteralement un lutteur agressif combatif et teacutemeacuteraire Il se fait

souvent remarquer par son esprit dentreprise Mais cette fougue dans

le combat lamegravene parfois bien que ce soit regrettable agrave oublier les

usages et les normes Ce manque de maicirctrise de soi peut faire croire

que le lutteur wolof manque de fair-play ce qui nest pas toujours le

cas

~A~Ugrave~ t 4AA CbUrs k LA ucirctotve f~tPle Sesect prores mou W ~ lesquelles vont se couler les comporteme~ts individuels qui sont ainsi

monteacutes par et pour lautoriteacute sociale

Les faccedilons de boire de marcher ou de sasseoir se manifestent indivishy

duellement dans le corps de chaque personne ces habitus sont cependant

des montages sociaux lieacutes agrave des significationssymboliques variables

dailleurs selon la position sociale occupeacutee par chaque sujet Ces modes

dagir se rangent dans un systegraveme de montages symboliques et lindivishy

du les apprend de la socieacuteteacute dont il fait partie agrave la place quil occupe

Lhabitus est un montage social agrave la valeur symbolique deacutependant des pheacuteshy

nomegravenes deacuteducation et de prestige et lieacute agrave la position sociale du sujet

Cette penseacutee sonne de faccedilon eacutetonamment moderne

Pierre BOURDIEU qui dans une perspective a approfondi le contenue de la

notion en le reportant aux oppositions entre classes et fractions sociales

Il deacutefinit lhabitus comme un systegraveme de dispositions durables acquis au

cours dune histoire personnelle dans une milieu social donneacute systegraveme qui

engendre ensuite des pra~iques socialement deacutetermineacutees faccedilons de manger

de parler ou de marcher comportements de politesse contenu des preacutefeacuterencel

et des deacutegoOts bullbullbull lhabitus est le produit de conditions eacuteconomiques et

sociales Lauteur rattache directement la formation de lhabitus dun

individu agrave la trajectoire parcourue par celui-ci dans sa classe dapparteshy

nance il deacutefend lideacutee dun habitus de classe qui deacutefinit le sens confeacuteshy

reacute agrave la pratique sportive les profits qui en sont attendus

Ce dernier serait lui-m~me lieacute agrave un systegraveme de valeurs ou ETHOS de classe

prenant sens au sein doppositions distinctives entre classes sociales

De sorte lhabitus fonctionne comme un systegraveme dt- regravegles inteacuterioriseacutees

souvent informuleacutees permettant ou non agrave lagent de sadapter dembleacutee aux

multiples pratiques de la vie quotidienne et de la vie sportive il est agrave

lorigine des schegravemes de transcription qui favorisent les ajustements aux

situations corporelles nouvelles (1)

t ~

(1) P~IE11D dwi6Han ISpoy-l et sodeacutebi Approche Bocio-culturelle des pratiques P~tis Vigot 1981 page 81

33

331 Preacutesentation

Les Seacuteregravere auraient pour origine le Fouta Toro quils auraient quitteacute

vers le Xllegrave siegravecle pour fuir lislamisation de cette reacutegioD par lempire

dJ Xali (ils seraient donc apparEnt~s aux Peul et Toucouleur ) Ils

auraient trouveacute dans la rEacutegion du Sine les Sosseacute dorigine manding avec

lesquels ils salliegraverent

Au XVegrave siegravecle une autre immigrationSos~ conqueacuterante cette fois-ci

apporta son organisation eacutetatique Ils se divisegraverent en deux monarchies

deacutemocratiques lune seacutetablit au Sine et lautre au Saloum Les Sosseacute

conqueacuterants constituaient lautocratie appeleacutee Guelowar

La royauteacute seacuteregravere eacutetait laiumlque Les premiers souverains durent secouer

la tutelle des Toucouleur et progressivement arrivegraverent agrave unifier lethshy

nie des seacuteregravere etdea Sosseacute Les deux royauteacutes eacutetaient organiseacutees selon

acirces modegraveles tregraves deacutemocratiques Le souverain deacutependait dune assembleacutee

de ministres et de chefs locaux qui assuraient ladministration centrale

et reacutegionale())

Aujourdhui lethnie seacuteregravere repreacutesente 20 de la population seacuteneacutegalaise

Ils sont reacutepartis sur presque toute leacutetendue du territoire notamment

dans le Baol la reacutegion du Sine-Saloum et la reacutegion de Thiegraves

Signalons quil existe plusieurs sous-groupes dans lethnie ainsi on

trouvera

- dans la reacutegion de Thiegraves les Ndut les Safegravene et les None

- dans le Sine-Saloum les Sine-sine et les Saloum-salouIT

On trouvera vers foundioune et agrave Nioro du cocircteacute de la Gambie les

Niominka (pecirccheurs) Cest une portion tregraves mandinguiseacutee

( 1

Le rattache~2~t d~ to~s ccs sous-groupes pose problecircme ~25 0~ r0~V~

uc grande partie de traits COITul1uns dans leurs modes dE vie Ct pOUT phs

de faciliteacute nous allons essayer de faire une ~tude globale de la lutte

traditionnelle seacuterecircre Lactiviteacute socio-eacuteconomique qui est essentielleme~t

agro-pasorale caracteacuterisE leacutethnie seacuteregravere

332 Lecircducation les moeurs les croyances et pratiques sEr~rc

Chez les Seacuteregravere la vie humaine se deacuteroule selon les grandes eacutetapes

le baptecircme lenfance ladolescencemarqueacutee par la circoncision lsectge

adulte le mariage la vieillesse et la mort (funeacuterailles)

La vie de la communauteacute seacuteregravere reste une des plus originales sinon

celle qui de nos jours garde la presque totaliteacute des pratiques et

habitudes traditionnelles

Bien qu aujotltdhui con~r-tis aux religions chreacutetienne et musulmane les

Seacuteregravere conservent leurs croyances et pratiques animistes

Quelque soit leur degreacute dadheacutesion aux religions reacuteveacuteleacutees les Seacuteregravere

croient en un Dieu puissant et miseacutericordieux Rog Segravene et les hommes

Les ~angols sont repreacutesenteacutes mateacuteriellement dans tous les villages

seacuteregraveres par des arbres (baobab et tamariniers) des animaux (geacuteneacuteraleshy

ment serpent doreacute ou iguane) des ustensiles (pilon calebasse et mortier)

De nombreux teacutemoignages nous apprennent que certains totems (serpent

iguane) font leur apparicion agrave loccasion de certaines manifestations

rituelles comme les sacrifices ceacuteleacutebreacutes lors dun mariage de ceacutereacutemonies

mortuaires ou des circoncisions

Le Seacuteregravere comme il nous a eacuteteacute donneacute loccasion de le dire plus haut

preacutesente des speacutecificiteacutes authentiques aussi bien en tout ce qui touch~

son eacuteducation ses croyanCES et pratiques mystiques q~e ses activiteacute~

socio-ecirccc~omiquEs Apr~s a ~aissa~c~ le beurob~ ~~ pcs~ 5~~ lE S~ __

On lui mouille les l~vres avec un peu d~ lait de mil et apr~s U~ bain

purificateur on versera leau dans un trou cr~us~ derri~r~ la Camp~~

Pendant huit jours la megravere et lenfant sont cacheacutes dans la case car

selon les anciens ils sont tregraves vulneacuterables La case deacutens certains cas

est entoureacutee dun fil blanc et lon place sur le seuil des fais(cauy di

veacutegeacutetaux pour chasser les mauvais esprits (geacutenies malfaisants et illangeUY~

dacircmes) Au bout du huitiegraveme jour la megravere et lenfant peuvent sortir de

la case bull

bullbullbull Le matin du huitiegraveme jour la tante paternelle va chercher de leau

(plusieurs fois)t elle doit rester muette pendant ses alleacutees et venues

si elle parlait t lenfant pourrait ecirctre muet bullbullbull

La megravere et lenfant prennent un bain purificateur dans lequel sont

trempeacutees certaines plantes (ce sont des veacutegeacutetaux pr~tecteurs tels le

begravene le yag le ngud) On y lavera aussi le linge e1t les ustensiles utishyj

liseacutes pendant les huit jours qui viennet de seacutecoul~r On rase le crine

de lenfant Les cheveux sont donneacutes agrave la megravere qui ~s enterrera avec le

reste du cordon ombilical dans un endroit que11e esit seule agrave connattre

La megravere sassied sur une natte devant la maison Une femme igeacutee de la

famille prend le beacutebeacute dans ses bras et le preacutesente aux quatre coins de

lhorizon

La tante paternelle tient ensuite un van sur la tecircte de la megravere on y

verse le mil on y verse eacutegalement en abondance sur la megravere et sur

lenfant La tante oint ensuite le corps du beacutebeacute avec du lait e11e

touche en particulier le front t le nez la bouche la poitrine le dos

et les oreilles

Elle pose enfin un ~rain de sel dans la paume du beacutebeacute (le sel purifie

et deacutetruit les puissances mauvaises)

Apregraves un nouveau bain la megravere et lenfant revEcirctent des habits de fecircte

(est

lenfant Ce precircnore a toujours U~ SEns Il sy~bolise parfois C0 qUi

lOIl sounaitt agrave lEufant l)

La circoncision comme dans les autres ethnies est obligatoire Elle

permet au jeune adolescent dacceacuteder agrave la classe adulte Les jeunes

sont regroupes en classe dacircge dans le bois ougrave sc fait la r0tr~it0 des

circoncis et ceci pendant plusieurs mois

Le Selbeacute qui est geacuteneacuteralement un ancien craint de tous les eacutelegraveves

enseigne le respect de la hieacuterarchie la discreacutetion le goOt de linishy

tiative Les activiteacutes physiques et leacuteducation artistique ne sont pas

en reste la deacutecoration la sculpture la lutte et la danse A sa sortie

du bois linitieacute appartient deacutesormais agrave la classe des virils et des

sages du clan car on lui aura enseigneacute les vertus fondamentales que

sont la justice lhonneur lamour du prochain 1 amour du travail

lhonnecircteteacute et surtout le respect des coutumes ancestrales

Le rite du mariage esd aussi un fait tregraves important dans le monde 1

seacuteregravere mais par manq~e dinformation nous serons obligeacutes de nous en

tenir lagrave

333 Impact des ethos sur la lutte dans le monde seacuteregravere

Lorigine de la lutte seacuteregravere ne semble pas claire ma1S nous pouvons

dire quil existait deux formes de lutte comme chez les Wolofs une

lutte sans frappe et une lutte avec frappe Et cest cette derniegravere

qui peut-ecirctre nous ameacutenerait agrave croire que la lutte seacuteregravere aurait une

origine plus preacuteciseacutement guerriegravere

Aujourdhui la lutte est uniquement une activiteacute sportive agrave travers

laquelle le jeune seacuteregravere eacutevalue sa force son courage et SOn ingeacutenioshy

siteacute Cest une occasion de deacutefendre lhonneur de son village ou de

la corrnnunauteacute

La luttE ~5t avant tout u~e rnanifcs[dtic~ c~lturclie et surtout

fo lkhriqut-

Gracircce agrave elle on peut deacutesormais comprendre un certain nombre de chants

et de symboles A travers la lutte seacuteregravere on ccedilomprend les inter-relashy

tions entreacute la vie et le monde surntiturel

Sil devait y avoir la mort dun villageacuteois pendant la fecirctE au T qUE

de linterrompre on proceacutedait gracircce aux connaissances magico-religieuses

agrave la suspension de la mort jusquagrave une peacuteriode ougrave la population sera plus

disponible pour organiser des funeacuterailles sil y eacutetait preacutedit la possibishy

liteacute dune deacutefait du champion local au profit dun champion dun autre

village des recettes dordre maginque et religieux eacutetaient mises en prashy

tique afin que le champion du village ne soit jamais terrasseacute(J)

334 Le profil du lutteur seacuteregraver~

Le lutteur seacuteregravere est par essence un athlegravete impressionnant de par sa i

carrure et sa musculature saillante mais cest aussi une force tranquille

et calme quelque soit lenjeu du combagravet et particuliegraverement lhonneur

Cet aspect nous pousse agrave parler du NGiMBE cest-agrave-dire de la tenue du

lutteur qui va influencer sur sa faccedilon de lutter

La confection du Ngimbe revient agrave la communauteacute entiegravere Le Ngimbe a

une signification symbolique et le lutteur pour meacuteriter la confiance du

groupe se doit de tout faire pour ne pas toucher le sol Toute la commushy

nauteacute elle aussi sengage pour assurer la longeacuteviteacute et le succegraves du lutteur

dans laregravene par lorganisation droffrandes et de sacrifices en lhonneur

des Pangols bull

bull

Daucuns nheacutesitent pas agrave dire que lessentiel du mysticisme se fait agrave

la maison et non dans laregravene tout le reste nest quintimidation de

ladversaire

lsvcns

Tt- pi ~- t

t 1 ~ l _ ~ t

par rapport agrave lautre Cbci est trEgraves lieacute agrave lactiviteacute journaliegravere du

jeune seacuteregravere qui est un cultivateur donc toujours bien planteacute sur ses

jambes et qui continuellement manie lhiler

Le fait de couper le boi~ peut eacutegalement constituer un moyen de muscushy

lation non neacutegligeable pour le jeune lutteur

Un certain nombre de traits techniques speacutecifiques au lutteur seacuteregravere

semblent ressortir des diffeacuterentes interviews que nous aVOns fait subir

agrave certains lutteurs seacuteregraveres et agrave diffeacuterents techniciens

SOUS-GROUPES FORMES DU CORPS CONTROLES GARDES

SAFEN Moyenne en fente NONE Hancheacute Bras (distante) j

NDUTJ

f

SINE-SINE Deacutecalage Ngimbe

Moyenne

SALOUM-SALOUM Passage- Jambe (rapprocheacutee) 1

i

PETITE dessous Tecircte Basse et 1

COTE Moyenne (rapprocheacutee)

Notons que le Niominka ll commence agrave lutter agrave partir du sol pour avoir

assez deacutelan et sauter sur ladversaire afin davoir la prise du lion

(contr6le de la nuque et du bassin)

Co a -tem-nt ccedilt attitude du lutteur sEacuteregravere335 np -1t ~

Les croyances mystiques sont indissociables des activiteacutes quotidiennes

duseacuteregravere Ce qui explique le cocircteacute supersticieux du lutteur seacuteregravere En

~ffet certains lutteurs refusent de lutter avant certaines heures

Certains teacutemoignages nous apprennent quil nest pas donneacute agrave tout le

monde decirctre champion de lutte et que le lutteur doit avoir des dons

surnaturels pour ecirctre agrave mesure de livrer ses combats dans la nuit

et trouver seul un gris-gris speacutecial appeleacute Njatch

Le vrai champion de lutte chez les seacuteregraveres ne lutte pas seulement avec

~a force et sa technique mais surtout avec ses dons occultes

Chez les seacuteregraveres les morts sont toujours preacutesents et les ~pangols

Servent dintermeacutediaire entre les hommes et les morts Le pangol prend i

le nom dhumain dans certains villages (IIHeacuteJga NDONG Har Wag NGOUYE) i 1

De ce fait on verra le lutteur danser dufe maniegravere ou dune autre en

fonction du pangol de sa famille Ainsi nrus aurons le back (chant et

danse du lutteur) des DIOUF des FAYE etclbullbullbull

Dans laregravene le lutteur seacuteregravere a un comportement exemplaire aussi bien

agrave leacutegard de son adversaire direct quave~ le public en geacuteneacuteral Lexpli shy

cation semble tenir au fait que le lutteur seacuteregravere est avant tout selon

la tradition orale le repreacutesentant de toute la communauteacute seacuteregravere Par

conseacutequent il devra saffirmer non seulement en tant que lutteur dans

laregravene mais aussi en tant quentiteacute morale

336 La tenue du lutteur ou NGIMBE est confectionneacutee par le marabout de la

famille ou du clan Le Ngimbe est constitueacute de pagne en cCton tisseacute

Il doit ecirctre propre le lutteur qui le porte ne devra pas avoir de rapshy

port sexuel pendant toute la peacuteriode des cOTpeacutetitians car le Ngi~bE ne

doit pas ~tre souilleacute

Autrefois et mecircme aujourdthui dans certaines familles on devient

lutteur de pegravere en fils et dans ce cas le Ngimbe du pegravere est heacuteriteacute

par le fils Le fait de porter le Ngimbe de ses aieux peut susciter

chez le jeune lutteur une motivation et une volonteacute ineacutebranlable dtasshy

surer la supeacuterioriteacute d~s siens dans ltaregravene Il fera tout pour que le

Ngimbe de la ramille ne touche le sable

La tenue du lutteur a une signification et une importance sur le plan

mystique car selon les anciens le vra1 feacutetiche du lutteur celui qui

le proteacutegera et laidera agrave vaincre le nDjinne ou le tRapu de ladvershy

saire se trouve cacheacute dans ce Ngimbeu bull Celui qui confectionne donc le

Ngimbe U est doueacute de faculteacutes occultes

337 Larbitrase est assureacute par un sage du village qui geacuteneacuteralement fut

champion de lutte de son temps Dailleurs cet ancien nintervient que

si le terrassement est litigieux Hormis le public qui proclame la vicshy

toire ou le match nul le lutteur lui-mecircme est arbitre et il arrive

quil se deacuteclare vaincu

Nous avons pu cfter Meacutedoune KHOULE un desplus grands lutteurs seacuteneacutegashy

lais qui a donn~ une victoire agrave Djeacuteri SADIO son adversaire qui a reacuteussi

agrave lui faire touegraveher le sol de la main

IlL

34 1 Preacutesentation

Lethnie toucouleur vit En grandt partit ciE~~ la vallfc du S~~~gal

pt reprecircsente i peu pr~s 8 de la population totale secircn~galaise

o Histoire

Il semblerait que dans lancien royaume du Tekrour (IX~ siegravecle) des

eacuteleacutements neacutegroiumldes Sarakoleacute et des Peul aient formEacute par meacutetissage le

peuple Toucouleur (Toucouleur serait dailleurs une deacuteformation du

mot portugais Tacouror)

Ce empire a domineacute aussi bien les wolofs de lOuest que les Peul

nomades du Fouta Toro Cette reacutegion fut le premier pays islamiseacute par

les Almoravides ce qui peut expliquer le proseacutelytisme toucouleur

Ce sont les guerriers toucouleur islamiseacutes qui attaqu~rent avec les

Almoravides la capitale du Ghana Koumbi en 1067 On convertit par

la force les animistes Cest sans doute agrave cette eacutepoque que de nombreuses

ethnies reacutefractaires agrave lIslam ont dO accentuer leur migration vers

le sud (Seacuteregravere wolof Sarakoleacute Bambara Songhaiuml Akan et Peul se reacuteshy

fugiaient vers les hauteurs du Fouta Djalon)

Au XIXegrave siegravecle les Toucouleur allaient trouver en El Hadj Omar Tall

un grand conqueacuterent qui sous le preacutetexte religieux de la gJerre sainte

contre les tribus animistes (entre autres Bambara) eacutetendit lempire

toucouleur sur presque tout lensemble du gali et la partie de la Guineacutee

proche du l1ali

Lempire toucouleur composeacute de Sarakoleacute de Bambar~ de ~alinkeacute de

Xassonkeacute dE Peul et de Dogon eut le meurorit~ dunir CES diif~rentes ~ ~ - - - - - et~ics ~t dE CD~stituer l~Sl la b2S~ ~r 1

_ ~ ~ ~_ L ~

~ ~- ~- - - ---- _ 1 v _ t 1 ~-_ --

marabout tOL~culcuuml~ ~ middotlrrany a l ick SI venu des E1i rClS dE Pocior~ (

~ Vi~ euroconomicue et sociale -----------~-------------

Les Toucouleur sont des cultivateurs mais bien quils n~ soie~t pa~

pasteurs comrre les Peul leacutelevage a une place inportarteacute decirc1S ltur

eacutecono~ie Pour faciliter leur conquecircte guerriegraverE ils c~t Eucirc une preacuteshy

dilection pour leacutelevage des chevaux On y trouve aussi des pecirccheurs

appeleacutes Tchioubalo La socieacuteteacute toucouleur aurait une stratification

sociale tregraves rigide Les groupes ethniques et les castes eacutetaient

diffeacuterencieacutes et strictement exogamiques les Rimbe classe des nobles

comprenant la famille reacutegnante et les guerriers libres la classe des

Nieacutenieacutebegens de castes artisanales i les Rimaibeacute anciens esclaves

devenus serviteurs qui portent les noms de famille de leur maicirctres A

la base de lorganisation de la collectiviteacute toucouleur se situe le

village (Wouro)

Toutes ces castes sont cloisonneacutees entre elle~ Ainsi il nest pas

permis agrave un Torodo (noble) de se marier avec un Tchioubalo Ces

consideacuterations sont importantes dans le domaine de la lutte ougrave nous

apercevrons que les nobles ne sont pas faits pour lutter Le noble

preacutesidera les seacuteances de lutte et on luttera pour lui Ces condeacute rat ions

de noblesse et de rang social sont extrecircmement importantes dans le

monde toucouleur

Le noble ne doit pas se salir on lutte pour lui il ne vit la lutte

quen tant que spectateur

342 Education moeurs croyances et eratiques religieuses

Deux formes d~ducation sont agrave consideacuterer leacutedJcatio~ dES enfarts Et

celle des adultes

oG lenfant sait m2n~~r et apprfcier le goOt d~5 ~iifeurorents r~pas lt

le moment ougrave il CO~~e~CE agrave marcher

tivirt n~sormais le petit toucou]eur est eacuteduquf par toutmiddot 12 f2~i)]E

dabord puis par toutes lespersc~nes du village ou du C13~

Lenfant peut ~tre corrigeacute par tout adulte appartenant au groupe social

Son eacuteducation est deacutesormais laffaire de toute la communauteacute et non

exclusivement celle ces parents On linitie ainsi au travail quotidien

qui se fait dans la bergel~ e les champs et les bords du fleuve Au sein

du village il pourra apprendre agrave filer la laine et agrave tisser des pagnes

dans les champs il apprend agrave manier la houe et lhiler pour la culture

du riz et du mil Mais signalons que lactiviteacute essentielle du toucouleur

est leacutelevage des boeufs des moutons et des chegravevres Chez les Ichioushy

balos (p~cheurs ) lenfant sera initieacute tregraves tat au maniement des pagaies

agrave la p~che propremccedilnt dite et agrave la nage

Vers cinq-six ans lenfant est confieacute au maicirctre coranique le Ihierno

et ce dernier dispose exclusivement de toute sa vie Lavenir du jeune

enfant lui appartient

Comme dans les autres groupes ethniques les enfants sont regroupeacutes en

classe dacircge et cest dans cette structure que lenfant subit les rite

de passe et plus particuliegraverement celui de la circoncision

La circoncision est non seulement unE opeacuteration chirurgicale malS surshy

tout une peacuteriode au cours de laquelle le jeune garccedilon passe de leacutetat

dadolescent agrave leacutetat dadulte Les circoncis sont reacuteunis en classe

dacircge dans un endroit situeacute hors duvillage geacuteneacuteralement choisi par les

vieux Cet endroit n~st accessible que par des individus de SExe ffi8SCUshy

li~ ~ta~t au preacutealabl circoncis

- - - -

quable et complet sur le plan phy~ique et ~oral Ai~si liniti~

acquiert les qualitecircs indispensables que sont le courag~ la modest

lesprit de sacrifice lendurance

Le toucoule~r est un pleux musulma~ Cela sexp1

SOil le premier agrave tre en contact avec la religion musulmane de par sa

position frontaliegravere Lethnie toucouleur de par son histoire a preacutesenteacute

les plus grands chefs militaires et religieux musulmans seacuteneacutegalais Et

pour illustrer cela on peut citer en exemple la grande famille musulmane

des SY agrave TIVAOUANE repreacutesentant la confreacuterie des TIDJANES

Bien que lon note une majoriteacute musulmane on peut dire que certaines

croyances et pratiques mystiques et animistes persistent encore surtout

dans la reacutegion du fleuve

Une pratique courante se fait elle sappelle le Djatt Elle consiste

agrave faire sortir le caiman du fleuve agrave limmobiliser et agrave lattacher

sans quil ne reacuteagisse et tout ceci agrave laide de versets et dincantashy

tions magiques Dapregraves les teacutemoignages ces pratiques sont plutocirct

freacutequentes chez les Tchioubalos (pecirccheurs) Il arrive aussi que cershy

tains chasseurs ayant des dons se livrent agrave certaines pratiques an1shy

mis tes qui consistent agrave invoquer certaines puissances et agrave moduler sous

forme de chant des versets occultes pour se proteacuteger des mauvais esprits

et pour eacuteloigner les fauves Ce chant est geacuteneacuteralement incompreacutehensible

et deacutenueacute de sens pour le profane

343 Activiteacutes ludiques et pratiques sportives en milieu toucouleur

Durant toute son histoire lethnie ~oucouleur a toujours EacutetEacute Frese~teacute~

comme celle qui avait ue activit essentiellement guerr e e~ particushy

liegraverement farouche Trois eacuteleacutements ret r t l ecirc t te nt i c- euro so~t

le manie~~nt du ~acircton 12 luttE Et 1eacute danSE

l

Lecircducation ph~sique et artistique Dcc~pe un place precircpondecircra~rp

dans la fDrmat~on du jEune toucouleur A loccasion agraveeacutevegravenemen~ imporshy

tants reacutecoltJs mariages baptecircme nous assistons agrave des manifestashy

tions folkloriques de grande envergure le Wango oucirc dailse toucouleur

tregraves gymnique iles chants et surtout les sEacuteances de lutte

La lutte toucouleur est la forme de lutte la plus spectaclaire dans

tout le territoire seacuteneacutegalais Elle est essentiellement baseacutee sur des

techniques en hancheacute et surtout en souplesse Ceci sexplique par le

fait q~e le jeune toucouleur est tregraves tocirct initieacute agrave la gymnastique (saut 1

per saut de main salto arriegravere saut de tecircte couronneacute etc bullbullbull ) pour

la dans~ du wa~go En dansant le wango qui est une danse rythmeacutee et

gymnique le Jeune toucou1eur est capable de prouesses extraordinaires

1

En lutte lattaquant se deacuteplace tregraves peu pour avoir une bonne saisie

(geacuteneacutera~ement controcircle du Ngimben ) et enchaine brusqueme~t avec une

attaque surpris~ Cependant les ripostes sont souvent surprenantes et

spectaculaires (baseacutees sur la souplesse et la rapiditeacute) ontrairement

aux autr~s form~s de luttes ougrave lon voyait tous les jeune adheacuterer la

lutte to~cou1eur Verra un groupe de speacutecialistes sadonne agrave la lutte 1

(la lutte est lieacutee agrave la position sociale de lindividu problegraveme de

caste)

Q La morphologie du lutteur toucou1eur 1

1 1

Ce dernier nest pas aussi large et aussi fort que les lutteurs diola

et seacuteregravere Cependant il est tregraves reacutesistant La musculatJre est saillante 1

et tregraves souple lindividu est longiligne mais tregraves athleacutetique

Les mouvements de lutteurs sont semblables agrave ceux dun grand fe1in Cette 1

morphologie semble ecirctre lieacutee agrave la position geacuteographique de lethnie

(reacutegion du fleuve) et agrave lacitiviteacute socio-eacuteconomique du toucouleur qui

est agrave la fois cultivateur (activiteacute lieacutee agrave la crue et deacutecrUE du fleuve)

pecirccheuro~T CIcr~icubaon) et sttout jEumlrgcr qui est U~ rc~2eumlr

shy

Deux formes egrave~ corps sembl~nt ecirctre preacutefeacutereacutees du lutteur toucouleur

le hancheacute et la souplesse Les hancheacutes sont faits agrave partir de plusieurs

positions de doset se terminent geacuteneacuteralement par des techniques de

tregraves grande amplitude

TABLEAU RECAPITULATIF DES TECHNIQUES ET FORMES DE CORPS SPECIFIQUES

i

L441 r

GARDE FORMES DU CORPS CONTROLES --shy - -

Moyenne Souplesse Ngimbe

Hancheacute bras

Demi-souplesse

1

Profil psycholosigue 1

TECHNIQUES

ContrOle du bassin et 12 souplesse

arriegravere

Klicket et allegravegement de la hanche

Le lutteur toucouleur est celui lUi se livre le moins aux preacuteparaqons

maraboutiques Cela est dO au f~t que le toucouleur est un grand ~USUlshyman et que les pratiques animisges ont presque disparu dans ce mil~eu

Dans la pratique le lutteur esJ combaif mais il est calme et tr~s reacutefleacutechi quant agrave la deacutecision agrave prendre en plein corps agrave corps ct~st un des seuls techniciens qui reJte tregraves lucide au cours de ses comb~ts

l Dans toutes les circonstances e lutteur toucouleur est tenu de re~pecshyter son adversaire et ceux de s4n eacutequipemecircme sil est vaincu

Comme nous avons dO nous en rendre compte la rigueur des principes

eacuteducationnels a une influence tregraves sensible sur l~ comportement du

toucouleur

i

III S COCL ~s 1DO

Dans cette partie nous avons essay~ de montrer lftroite re1atic~

Entre les diverses activiteacutes socio-eacuteconomiques dans les ethnies et

lES diffEacuterentes faccedilons de lutter

Daucuns seraient tent~s de conclure trop rapidement et cest p0~r

cette raison que nOUS avons penseacute preacuteciser que le pheacutenotype nest

pas geacuteneacuterateur du geacutenotype Et nous sommes convaincus que la morphoshy

logie et les techniques des lutteurs relegravevent de leurs modes de vie

et de leurs croyances agrave une eacutepoque et danE un contexte bien deacutetermishy

neacutes

Est-ce que les lutteurs dio1a ou seacuteregravere travaillant avec leurs bras

dans les champs auraient les mecircmes pr 0 fil s physiques que les lutteurs

utilisant des machines pour lagriculture

- 69 shy

I UJOURDH~1 E-S ut O[l LES FORfilS Ut LU11t~

~otons que notre enqu~te a ecirctE essentiellement faiteen milieu urbain

Les seacuteances de lutte ont tendance agrave perdre leur particulariteacute de r~shy

jouissance pour devenir des pheacutenomegravenes de sportisatio Deux fores

de luttes so~t principale~cnt prat s dans les aregrave~es du 5 al

la lutte traditiunnelle simple et la lutte traditionnelle avec frappe

De nos jours la lutte traditionnelle tend vers une reacuteglementation

et une institutionalisation

Le reacutesultat de nos investigations nous donne le tableau ci-dessous

REPARTITION ETHNIQUE SUR 100 PRATIQUANTS

LUTTE LUTTE RAPPORTETHNIES SANS FRAPPE AVEC FRAPPE J2

Diola 40 16 71 j

Seacuteregravere 26 21 57

Toucouleur 23 10 69

Wolof 1 1 53 17

La demande sociale par ordre deacutecroissant pour la lutte sans frappe

se preacutesente comrre suit

]0_ Ethnie diola avec pregraves de 3 lutteur~ sur 4

2deg_ Ethnie toucouleur

Ethri dun

~ 1 LA LUTTE TR])IIIO~~ELLE AVEC H-PPE

Cette forme deacute lutte a une histoire qui date de lantiquiteacute elle

sa~pelait le Pugilat Au Seacuteneacutegal elle a vu le jour dans le Cayor

bien avant la colonisation Le coup dE pied l~Lrdn~lement la morshy

sure la frappe et le doigtf eacutetaient permis dans le cc=bat ~ ~middot~p0~~e

Dans certains cas la giffle eacutetait beaucoup plus dangereuse que le

poing quand elle eacutetait donneacutee par un speacutecialiste Cette giffle pouvait

agrave elle seule deacutechirer et mecircme parfois amputer la joue de ladverser

Selon les informations la lutte avec frappede nos jours serait une

forme de lutte tregraves eupheacutemiseacutee de celle dantan ougrave une blessure

pouvait souvent ecirctre mortelle

Aujourdhui au niveau du folklore la lutte na plus la mecircme

le spectaculaire a remplaceacute le significatif iLa lutte avec frappe se 1

pratique surtout dans les centres urbains C~aque fois quun grand combat 1

est progra~eacute par le Comiteacute National Proviso~re (CNP) des centaines damashy

teurs sont mobiliseacutes vers le stade lba Mar D~OP qui est aujourdhui le i

lieu approprieacute ougrave se deacuteroulent les grands conkbats de lutte Cest la formE

de lutte qui semble drainer une foule de personnes beaucoup plus importante

que celle de la lutte simple

La lutte avec frappe deacuteriverait dune forme de lutte traditionnelle

pratiqueacutee jadis dans le Cayor au temps des Damels et la frappe serait

le substitut dun certain nombre de pratiques doigteacute jet de produits

etc bullbullbull dont le but eacutetait laveuglement de ladversaire La lutte avec

frappe serait une continuation logique dune carriegravere sportive de la

lutte traditionnelle qui sen sert comme moyen socio-eacuteconomique En

effet la majoriteacute des lutteurs avec frappe ont dabord eacuteteacute initieacutes agrave la

lutte simple Cependant il faut signaler que de nOS jours il arrive

que le jeune lutteur avec frappE- soit directenent formEacute conne speacutecialistE

agrave la frappe sa~s pour autant faire son chemin dabcrd egravea~s la lutte

- ~ shy

Le recircsultat dE ~os interviews ncus rec~trE qGune pcpulatiD~ divcrsishy

fiampe sint~resse agrave ce sport et qUE les intecircr~[s des uns et d~SlautrE~

semble~t divergents naucuns affirment que la lutte traditionnelle

avec frappe serait monteacutee par des personnes dont la vocation est dexshy

ploiter ce pheacuteLomegravene agrave des fins commerciales Dautres disent gJellegrave

jouit de mcyens irport~nts t[l[~isio

tation etc bullbullbull ) pour toucher toutes les couches sociales CEpe~~a~t

nous remarquons que mecircme si certaines personnes reprochent agrave cette

forme de lutte decirctre brutale ces mecircmes personnes nheacutesitent pas agrave

se rendre le dimanche agrave laregravene Bien que critiqueacutee elle semble ecirctre

adopteacutee par une tregraves grande partie de la population seacuteneacutegalaise Cepenshy

dant en tant que techniciens il nous est permis de faire une remarque

Il sagit de

- Limpression nette decirctre devant des professionnels de la frappe

qui sont ~ntratneacutes pour cela Dailleurs les propos que nous avons

recueilli~ nous prouvent que la plupart des champions de lutte avec 1

frappe s~ntratnent dans certains sports de combat tels ~ue la boxe i 1

le karateacute le judo Dans cette nouvelle forme de pratique de la lutte

contrairefuent agrave la lutte traditionnelle le technicien e~t souvent

perdant face au puncheur Ce dernier adopte une lutte agrave distance qui

lui permet de placer agrave bon escient ses coups animeacute du deacutesir de vaincre

Le technicien lui se voit contreacute dans toutes ses entreprises par

un uppercut ou un crochet

On peut dire cependant que nul sport au Seacuteneacutegal que la lutte tradishy

tionnelle avec frappe ne deacutechaicircne autant de passions et autant de

pheacutenomegravenes poussant agrave lexcegraves et deacutereacuteglements quon ne peut que deacuteplorer

Mais comment deacutecrier un spectacle de lutte qui bien quayant perdu la

presque totaliteacute des valeurs traditionnelles veacutehiculeacutees autrefois par

elle sait susciter une participation effective de tous ceux qui sont

preacutesents

CONCLUSION

Dans ce meacutemoire nous sommes efforceacutes ~e faire ressort ir limportance des

ethos et des habitus et leurs effets sur la pratique de la lutte tradishy

tionnelle au Seacuteneacutegal

L~b egravethos repr~sentent dune maniegravere g~neurorale tous les eacuteleacutements speacutec

fiques sux Seacuteneacutegalais par conampeacuteguent un systegraveme de valeurs traditionnellEs

Mais m~me si ces valeurs rev~tent une signification universelle (honneur

digniteacute courage etc bullbullbull ) il nen demeure pas moins que ce nest pas leur

nature qui fait leur speacutecificiteacute mais la hieacuterarchisation et limportance i

quon accorde agrave toutes ces valeurs de ~ar leacuteducation ou la culture

i 1

Aussi les valeurs traditionnelles puient leur speacutecificiteacute dans les

caracteacuteristiques propres aux eacuteleacutements ~e la socio-cu1ture (la technologie

et leacuteconomie la politique et la pareteacute la psychologie et lideacuteologie)

dans la socieacuteteacute seacuteneacutegalaise agrave n momen donneacute de son eacutevolution Cest i

dire la neacuteceesiteacute de ne point faire della valeur une reacutealiteacute statique

Cest dite aussi quagrave tout mome~t le ~eacuteneacutegalais peut eacutevoluer et creacuteer

ou vivre par conseacutequent de nouv~lles fprmes de valeur qui lui sont 1

propres ft (J)

La lutte traditionnelle veacutehiculant deS valeurs socio-cu1ture1les speacutecishy

fiquement seacuteneacutegalaises (croyances valeurs morales norme de comportement

opinion attitude bullbullbull ) devient un eacuteleacutement important qui tregraves certaiaement

nous aidera dans notre effort de valoriser et de peacuterenniser notre patri shy

moine culturel par le biais dactiviteacutes physiques et sportives

Leacutetude des habitus nous permet de prouver quil y a plusieurs faccedilons

de se mouvoir comme danser lutter bullbullbull qui varient avec les diffeacuterentes

ethnies (wolof toucouleur seacuteregravere diolagt leurs convenances et leurs

eacuteducations

(1) Revue Ethiopiques 31 Les valeurs traditionnelles et le problegraveme de leur inteacutegration dans les systegravemes modernes jtducatio-1 2 6r--70

nautre part cette eacutetude permet aussi de nous rendrE compte de la

correacutelatipn eacutetroite existant entre la pratique de la lutte traditionnelle

et le sta~ut socio-eacuteconomique du pratiquant

Nos inves~igations nous indiquent que la lutte recrute essentiellement

au niveau des classes socio-eacuteconomiques situeacutees en bas de leacutechelle

donc posseacutedant le statut social le moins favoriseacute La lutte avec frappe

-et un certain secteur commercialiseacute de la lutte simple- y trouve sa

leacutegitimiteacute Comme le dit BOURDIEU nA habitus diffeacuterents styles de Vle

divergents et il oppse les pratiques aristocpatiques correspondants agrave

des activiteacutes qui favorisent les situations eupheacutemiseacutees ougrave la stylisashy

tion est importante aux pratiques populaires qui font appel agrave des

qualiteacutes qpposeacutees bllutes rugueuses Certaines interviews nous

montrent que plus lindividu occupe une place eacuteleveacutee dans leacutechelle

sQciale e~ 1

moin$ il sinteacuteresse agrave la lutte

Les reacutesultats recueillis dans nos diverses investig~tions confirment 1 1

1er propos qui disent que nous assistons aujourdhu~ agrave une involution

de la lutte traditionnelle parce que perdant toutes ses speacutecificiteacutes au 1

pryfit d~ne autre forme de lutte que lon continue agrave appeler nostalshy

giqlementIIlutte traditionnelle

Ceci pourrait peut-~tre trouver une explication dan la citation suivante

La liberteacute de creacuteer dinnover de vivre Pleineinenf decirctre soi et de

preacuteserver son authenticiteacute la digniteacute et lhonneu1demeurent des illushy

sions dans la misegravere eacuteconomique~ Nos ancecirctres creacuteai~nt des valeurs de cishyl

vilisation parce quils eacutetaient libres parce qu1i~s ignoraient toute

deacutependance eacuteconomique ils cultivaient en eux et cbez leurs enfants le 1

Jorn et la Kersa et preacutefeacuteraient la mort agrave la hoJte lI (1)

Or le Seacuteneacutegal comme la plupart des pays africainsi est un pays sousshy

deacuteveloppeacute t cependant face agrave cette volonteacute du gou~ernement seacuteneacutegalais

de faire inteacutegrer dans leacuteducation des valeurs traditionnelles nous

pouvons espeacuterer utiliser comme moyen deacuteducation la lutteacute traditionnelle

qui reste quand mecircme vecteur jethos et dhabit~s

- 54 shy

Mecircme si lon a noteacute un appauvrissement notoire sur les plans socioshy

culturel et moral la lutte traditionnelle recegravele une gamme importante

et varieacutee de techniques permettant incontestablement une ouverture vers

les luttes olympiques libre et g~eacuteco-romaine

La lecture de ce meacutemoire permettra agrave lentratneur et au professeur de

lutte en fonction du lieu ougrave ils seront affecteacutes dans le territoire

seacuteneacutegalaisdavoir une information sur les techniques contrOles et

formes de corps propres agrave chaque groupe ethnique et de les mettre en

relation avec leurs croyances et leurs mentaliteacutes

Nous avons essayeacute de montrer que la pratique de la lutte traditionnelle

doit tre axeacutee sur une ethnomotriciteacute au Seacuteneacutegal qui permette une inishy

tiation facile Cette pratique de la lutte traditionnelle seacuteneacutegalaise

devra dailleurs essayer de ~eacutepondre aux aspirations du Seacuteneacutegalaisl

moderne en souvrant aux ap~orts positifs des autres civilisations

ex~eacuterieures nous voulons Jvidemment parler du judo et des luttes oiymshyJ

piques 1

1 j Nous navons pas la preacutetentfon dans le cadre de ce meacutemoire demattrise

de reacutepondre agrave toutes les qutstions se rattachant agrave leacutetude de ~a lutte

traditionnelle souslangle~socio-culturel car non seulement il nous

manque lexpeacuterience et la c peacutetence en la mati~re mais aussil l le temps

et les moyens dont nous dis osions ne nous permettaient pas d~puiser le 1sujet i

1 1 1 t 1

l

- )5 shy

BIBLIOGRAPHIE

BIBLIOGRAPHIE

1- CLAPAREDE Psychologie de leacuteducation et peacutedagogie expeacuterimentale

Edition Delachaux et Niestleacute 244 pages

2- POCIELLC Christian Sport et Socieacuteteacute approche socio-culturelle

des pratiques Paris Vigot 1981 377 pages

3- PIERON Henri Vocabulaire de la psychologie

PUF Deuxiegraveme eacutedition 1957 469 pages

4- Revue socialiste de culture neacutegro-africaine ETHIOPIQUES

Les valeurs traditionnelles et le problegraveme de leur inteacutegration

dans les systegravemes modernes deacuteducation

GIA 21 Juillet 1982 213 pages

5- N2 Revue du Centre dEtudedes Civilisations DEM ak TEY

NIS IVegrave Trimestre 1982 96 pages

6- Document lNSEP Colloque sur la lutte aeacuteregravere

DAKAR MAI-JUIN 1980

t 1

~- Travaux du IVegrave Congregraves National ~es Sports agrave DAKAR les 2223041981

Bulletin n2 91 du CIO du 15 Aont 1965

l____________________________

8- Meacutemoire de Mattrise BADJI Abdou La lutte traditionnelle Joola

Etude et perspective

9- Meacutemoire Inspectorat JS DJITTE Mandy Les pratiques corporelles

traditionnelles au Seacuteneacutegal pour leur exploitation et leur

utilisation en peacutedagogie Marly le Roi 1980

REPUBLIQUE DU SENEGAL

--------------- INSTITUT NATIONAL SUPERIEUR

MINISTERE DE LA JEUNESSE DE LrsquoEDUCATION POPULAIRE

ET DES SPORTS ET DU SPORT

-------------

(INSEPS)

MEMOIRE DE MAIcircTRISE

Es-SCIENCES ET TECHNIQUES

DE LrsquoACTIVITE PHYSIQUE ET DU SPORT

LA LUTTE TRADITIONNELLE

son importance sa signification en fonction des ethos et des habitus ethniques au Seacuteneacutegal

Preacutesenteacute par

Monsieur Joseph Victor FAYE

Sous la direction de

M Jean Marc ROCHEZ

Professeur agrave lrsquoINSEPS

Anneacutee de soutenance 1984

On constate que le no~bre de p=a~iq~~-ts ~st ~eauccup plus importd~t dans

les groupes 2 et 3 - Il es ~oindre dans les grQupes 1 et 4

LUTTE LIBRE TRADITION~~LLE

Lieu Dakar - Thiegraves bull Aregravenes Landing DIAME - Ecurie Seacuteregravere (pregraves de

lautoroute) Lutteur diola - toucouleur - Entratneurs - encadreurs

de diverses eacutecuries Stade Iba Mar DIOP - Aregravenes de Pikine et de

Thiegraves - CNPES - INSEPS

Date du 040284 au 020684

Circonstances Elles sont parallegraveles car les pratiquants semblent beaushy

coup plus disponibles que dans les autres disciplines Notre travail

parfoi~ peacutenible en raison de la diversiteacute des ethnies repreacutesenteacutees

et la traduction n1est pas toujours aiseacutee

Observations

Nous constatons que la lutte libre traditionnelle est plus pratiqueacutee

par les groupes 4 et 3 que par les groupes 1 et 2

LUTTE OLYMPIQUE

Lieu CNPES - INSEPS - Iba Mar DIOP (Equipe Nationale) - DUC

Date du 040284 au 020684

Circonstances Les conditions sont meilleures dans la mesure ougrave le

hasard a fait que pendant cette peacuteriode leacutequipe nationale soit

en regroupement et ceci nous a permis d-interroger un nombre

important de lutteurs de grand renom

Observations

En raison du petit nombre de pratiquants r~guliers lenquecircte ne porle

que sur 2S personnes Arbitrairement pour les besoins de comparaison

les raisons de comparaison les reacutesultats cbtenus sont multipli~s par 2 bull

BOXE A~~GLISE

Lieu Iba l-ar DIOP - ASFA - ASFPO - SC -ASC JJAF - ASC lA

ugraveate du 201283 au 020684

~E~~~~E~~~~ Ici nous ferons la mecircme remarque que pour le Judo

Notons que toute lenquecircte a eacuteteacute faite agrave Dakar

Observation

La boxe recrute ses pratiquants surtout dans les classes 3 et 4 et

on note que le nombre de pratiquants nest pas aussi important comme

dans les autres disciplines

KARATE

Lieu YUKOKAI KARATE CLUB - SAMOURAI KARATE CLUB - Iba Mar DIOP

CLUB DE GIBRALTAR - ASFA - ASFA - ASFPO - GM Thiegraves

Date du 201283 au 020684

SE~~~~E~~~ Notre enquecircte se passait dans une ambiance sympathique

de camaraderie Geacuteneacuteralement apregraves la seacuteance dentratnement

Observation

Nous constatons que la distribution des pratiquants bien que favorisant

les groupes 2 et 3 semble plus homogegravene que dans les autres disciplines

~ LUTTE TRADITIONNELLE AVEC FRAPPE

Lieu Ecurie de Fass - Ecurie des Seacuteregraveres - Ecurie Mermoz

- Ecurie des Casamanccedilais

Date du 04-02-84 au 020684

Ccedilj~9~~~aEccedil~ Il est agrave signaler que cest la discipline ougrave l~ contact

avec les pratiquants a eacuteteacute plus difficile les speacutecialistes qui~ la plushy

part du temps semblent meacutefiants quand on commeucircce agrave leur poser des quesshy

tions preacutecises sur leur revenu mensuel

2 -liCc 055cllt le lle11ent SegraveS praLicltants dans le ba

de lecirc~helle ces~-agrave-dire dans le ~ruumlupe 4

~ecircsultats

Les reacutesultats enregistreacutes sont reacutecapituleacutes en nombre et en pourcentage

-agrave lapproximation pregraves- dans le tableau ci-dessous

LUTTE 1 LUTTELUTTEGROUPES BOXE KARATE JUDO AVEC OLYMshySIMPLE i i FRAPPE PIQUE

1 11 1 1 1

1 11 1 1 1 11 0 1 0 8 1 16 9 1 18 4 1 8 0 1 0 7 1 14

1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1

1 11 1 1 1 1 12 3 1

1 6 21 1

1 42 22 1 44 6 1 12 4 1 8 17 1 341 1

1 1 1 1 1 1 1

1 1

1 1 1 1 1

3 22 1 44 13 1 26 15 1 30 16 1 32 5 1

1 10 10 1 20

1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1

1 1 1 11 1 1

14 25 1 50 8 1 16 4 1 8 24 48 41 1 1 82 16 1 321 1 1 1 bull 1 1 1 1 1

1 1 1 1 1 11 1 1 1 TOTAUX 50 1100 50 1100 50 100 50 pOO 50 pOO 50 1100

1 1 1 1 1 1 1 1 1 1

Afin dG failiter la lect~~e je c~ table3~ t ~2 re~dre sig~ific~tives

s info~~ations quil contient ces difteacutere ts reacutesultats nu~eacuteriques

peuvent ecirctre formuleacutes selon des repreacutesentations graphiques

1 Clientegravele des Sports de combat

FIGURE l

Il apparatt nettement que les sports de combat recrutent essentiellement

dans le bas de la hieacuterarchie sociale ce sont des sports populaires don

propices agrave une massification de la pratique

Toutefois on peut nourrir quelques inquieacutetudes pour que soient reacuteunies

les conditions de leur deacuteveloppement en raison du faible statut quils

possegravedent au regard defllintelligentsia seacuteneacutegalaise

2 Hieacuterarchisation des gants sportifs en matiegravere de sport

de combat au sein des cadres supeacuterieurs -Groupe 1shy

FIGURE I[

La f-appe est honni aucl1 pratiqua1t de boxe Olt de lutte avec frappe

agraveUloins quelle fasse lobjet dune stylisation cxtrecircme COTIme cest le

cas dans le karateacute Ce groupe manifeste un seuil extrecircmement bas de toleacuteshy

rance agrave la violence ce qui explique les discours infamants degraves que la

lutte avec frappe est secoueacutee par quelques excegraves Leacuteopold Seacutedar SENGHOR 1

navait-il paS deacuteclareacute que cette forme de lutte eacutetait une atteinte permashy

nente agrave limage de marque du Seacuteneacutegal

Bien quil soit difficile de proposer une explication unique curiositeacute

esprit douvetture permeacuteabiliteacute aux modes bullbullbull les repreacutesentants de ce

groupe adoptet facilement des sports importeacutes 85 des goOts pour le 1

Judo le Karateacute et la Lutte Olympique qui pourtant est bien peu pratishy1

queacutee au Seacuteneacutegfll j

Faut-il en deacuted~~re une attitude geacuteneacuterale favoris~agrave tout ce qui provient

de leacutetranger

Nous nous refu~ons preacutesentement agrave ce genre dexplicationJ ne ser~it-ce que

par ses conseacuteqJences sur notre sport national dont les perspectives appashyj

raicirctraient bie sombres

Admettons que la pratique de ces disciplines sont en rapport avec des

deacuteterminants eacuteconomiques et que ceux-lagrave sont un frein P4ur la popularisashy

tion de ces pratiques A lappui de cette interpreacutetation~ il suffit de

composer le champ social du Judo et celui de la Lutte libre traditionnelle

--== G J

32

LUTTE SIHPLEJUDO FIGURE JI(

Le groupe 2 qui manifeste un inteacuterecirct reacuteel pour les sports de combat -pregraves

de 25 iuml de la population i~tervieweacutee- et qui p6ssegravede les ~oyens de choisir

ses pratiques opte massivement pour le judo CDnme lexprirre le rapport de

agrave 4

- shy

A la lumiegravere de cette succi~te analyse des demandes sociales en matiegravere

de pratique des sports de combat nous pensons recouper la theacuteorie de

lhabitus selon BOURDIEU qui veut que des hatitus diffeacuterents impliquent

des styles de vie divergents si lon entend par style de vie un systegraveme

de pratiques classeacutees et classantes(I)

La mutation de la socieacuteteacute seacuteneacutegalaise celle du milieu urbain se caracteacuteshy

rise par lapparition despaces sociaux qui sont en rapport avec des

espaces culturels Il en reacutesulte des pratiques distinctives comme

lexprime le pogam

En effet si les cateacutegories sociales existent et si chaccedilune delle exprime

une marque sur les conduites des sujets il est naturel ~e penser que des

pratiques1 sportives servent de modegraveles distinctifs et detrsymbOles dorgashy

nisation ieacuterarChique dans la socieacuteteacute exprimant les dif eacuterentes clas8eamp(2)

Ces const4tations ont dimportantes implications sur leeacuteveloppement et

lavenir des pratiques Si dans notre IIIegrave partie nous 1tenterons de 1

mettre en rapport les particulariteacutes ethniques avec les pluraliteacutes de

style de lutte nous parlons presque au passeacute Une IVegraveme partie devra

e~visager la situation actuelle de la lutte afin de pouvoir eacutemettre

qu~lques hypothegraveses sur son devenir

Cest auss~ une ambition de ce meacutemoire daider ceux qui sinteacuteressent reacuteellE

ment agrave la lutte de savoir entendre au travers des deacuteclarations normatives

et apologeacutetiques Nous ne doutons nullement de la conviction ou de la bonne

foi de leurs auteurs mais parmi les possibles il yale probable et seul

ceiui-lagrave meacuterite decirctre retenu car plus proche agravee la recirc~liteacute

(I) BOURDIEU pierre La distinction Les Editions de minuit 1979 page 191

(2) Le POgdlt Deacuterrocratisation du sport ythe (u reacutealiteacute

- 1f shy

j j l IlL DL l H L S DE

3 1 LA COll1ŒNAUTE DIOLA

311 Preacutesentation

Les diolas vivent dans la reacutegion de Casamance et repreacutesertent 9 de la

population totale du Seacuteneacutegal Ce sont geacuteneacuteralement des cultivateurs de

riz et des artisans Cependant on peut les trouver aujourdhui disperseacutes

dans toutes les capitales reacutegionales affecteacutes agrave divers meacutetiers militaire

gendarme fonctionnaires de lEtat ouvrier etc bullbullbull

Dans les villes la plus grande partie des diolas vit dans les qoartiers

populaires Par exemple agrave Dakar on les trouvera agrave Colobane agrave Fass agrave

Grand Yoff ou agrave Khar Yalla La plupart du temps cesDnt des artisans et des

ouvriers du secteur priveacute qui vont essayer dune maniegravere ou dune autre de

vivoter en bricolant deci de lagrave Mais mecircme loin de la Casamance cette

ethnie conserve une grande partie de ses caracteacuteristiques et plus partishy

culiegraverement la solidariteacute ethnique qui veut que les Diolas forment toujours

un bloc bien soudeacute quand le besoin se ifait sentir et cecisans discrimishy

nation de rang social Ainsi tous lesdiolas de Dakar se mobilisent pour

supporter le Casa Sport chaque fois qbe cette eacutequipe de foot-baIl vient

jouer agrave Dakar Cette mobilisation se fera aussi dans le cas ougrave leur chamshy

pion de lutte Mamadou SAKHO livre uncombatimportant

Lethnie diola est diviseacutee en trois sous-groupes

- les dio1as Fogny de Bignona

- les diolas Kassa autour dOussouye

- les diolas Blouf dans la preacutefecture de Tendouck

Mais en lutte on a pris lhabitude ~e les grouper en deux zones dune

part le Kassa qui preacutesente des particulariteacutes et dautre part lE Fogny

et le Blouf

- J 7 shy

3 ) 2 ~U(lquE5 aspects d~ l~ducatio~ ~t des rit~s en milieu diol~

L eacuteducat ion veacuteritable de lenfant diola est sociale et ne se corlprend

que dans la relation sociale elle deacutepasse de loin le strict cadre

famililal Elle commence au stade de lapprentissage du langage

Lenfant apprendra agrave reconnattre le langage du regard de ses parents

Il doit connaicirctre et faire la diffeacuterence entre un regard approbateur

et un regard qui blacircme De mecircme il doit apprendre agrave faire les gestes

de la tecircte qui expriment lapprobation En aucun cas lenfant nest

laisseacute agrave lui-mecircme Aura-t-il deacutesobeacuteit par complaisance naura-t-il pas

eacutecouteacute ou fait attention aux recommandations reacutepeacuteteacutees plusieurs fois

sans reacutesultat il fera lobjet dune punition corporelle avec la chicotte

Elle a pour effet de faire mal au corps de lenfant afin datteindre son

acircme sa sensibiliteacute et instaurer en lui une sorte de 1iaision de la

meacutemoire du mauvais comportement agrave la douleur quen voulant eacuteviter la

douleur il finit par eacuteviter le mauvais comportement en tout cas den

prendre conscience degraves cet acircge Cest une meacutethode deacuteducation mora1e (])

i 3121 Leacuteduca~ion maternelle

1

Notre eacutetude nous a montreacute que mecircme de nos jours leacuteducation diola

conserve encore ses caracteacuteristiques traditionnelles au niveau des rites

des moeurs des habitudes des principes et des normes

Leacuteducation de lenfant reste lune des plus rigoureuses Elle commence

degraves le plus bas acircge car pour le dio1a on ne peut redresser une personne

adulte donc autant leacuteduquer tregraves jeune Jusquagrave lacircge de trois ans

lenfant sera encadreacute par sa megravere qui bien queacutetant tregraves douce fait

preuve daucune indulgence Elle lui apprend les interdits de la communaushy

teacute respecter son prochain ne pas insulter ni profeacuterer de gros mots surshy

tout en preacutesence de grandes personnes ni faire violence agrave autrui

Plus terd v~rs cinq ou SlX ans le jeune garccedilon est initi~ a~x travaux

ces cna~ps des rizi~r~s cles pal~eraiEs ce Gui ne manquer6 pa5

davoir ces rEpcrcussic~s sur SOn deurovelopperncnt morpholoique

- 1( shy

3122 La circoncisio~

cest un rite obligatoire Il a pour but dintroduire le garccedilon dans

la communauteacute des hommes en tant que responsable Cest un rite qui

laisse une trace indeacuteleacutebile dans la vie du jeune diola Les principes

de la vie en socieacuteteacute y sont enseigneacutes agrave fond Le rite de la circoncishy

sion preacuteseuro~teuro uneuro forme p~lticul do~t s~uls les diolas connaissent

lorganisation internecar la circoncision est agrave la fois une eacutepreuve

physique intellectuelle et morale

Cette circoncision en milieu diola se passe dans le bois sacreacute En ce

lieu les Njoulis (circoncis) sont encadreacutes par des mattres les

Kintangs et au-dessus de ces mattres regravegnent un ecirctre doteacute de faculteacutes

occultes il sagit du Kankourang Le kankourang a cette capaciteacute de

disparattre de voler quand bon lui semble Il incarne la justice et la

violence et assure la protection de ses disciples contre les mauvais

esprits Ainsi le kankourang incite agrave lobeacuteissance et agrave lordre dans

cette socieacuteteacute Dans la tradition diola le kankourang repreacutesente un

pouvoir mystique capable de choses extraordinaires dont la socieacuteteacute

moderne avide de raisonnement ne pourra trouver une explication Au

cours de la circoncision les initieacutes subissent un certain nombre

deacutepreuves physiques que le diola appelle samasso Il doit se soushy

mettre agrave lensemble de ces eacutepreuves consideacutereacutees comme indispensables

agrave sa formation pour lui permettre de juger ses capaciteacutes physiques

mais eacutegalement deacutepouver sa valeur intellectuelle morale et sociale

Il pourra aussi se mesurer aux autres dans le domaine de la consideacuteration

et du respect En quittant le bois sacreacute le jeune doit posseacuteder une

grande partie des qualiteacutes humaines et socisles quil faut agrave un howmE

pour vivre en harmonie avec la socieacuteteacute traditionnelle Il serait bien

sOr possible dans le cadre dune eacutetude plus approfondie de parler de

bien dautres rites et pratiques traditionnelles

Notons cependant que le rite de la circoncision appartient aux anc~t~es

et que dans les villages reacutecents ougrave les structures ont changeacute on ne

Jeux jours avant la re~trfE cans le bois sacr[ les adolescents so~r

-

- Jo shy

por lE diola 11-071- doit rester en harrc1iE avec lE

tal lanimal lui-mecircme les ancecirctres les geacutenies Le rit~ du rasdge co~sist~

acirc ~loigner la ~alchance de lenfant Si l~ ritE nest pas respecteuro eumlr es

parents du futur initieacute celui-ci connaicirctra la malchance pendant toute sa viE

Ce rite a aussi pour faculteacute deacuteloigner le mal et de preacuteserver lenfant des

mauvais esprits

Le rite de leau sacreacutee se fait un jour avant lentreacutee dans le bois sacrEacute

Les femmes doivent se garder davoir le moindre contact avec leau beacutenite

pour se preacuteserver des conseacutequences facirccheuses qui pourraient en reacutesulter La

tradition veut quune seule goutte soit capable de deacuteclencher lavortement

l chez la femme enceinte de rendre steacuterile la jeune fille ou de provoquer des

menstrues perpeacutetuelles chez la femme ayant atteint la meacutenopause bull

bull Le rite de la forge protegravege le futur initieacute pendant son seacutejour dans le bois

sacreacute Mais cette protection seacutetend bien au-delagrave et de rite veut que toute

personne qui y faillit soit condamneacutee agrave devenir leacutepreuse

Pendant plusieurs semaines les jeunes initieacutes subissent une formation capishy

tale qui fera deux des hommes complets

313 Croyances et pratiques mystiques

Si nombreux sont les diolas convertis au Christianisme ou agrave lIslam leur

foi napparatt jamais incompatible avec leurs croyances animistes Lhisshy

toire des rois et reines diolas nous reacutevegravele quils eacutetaient les ffprecirctres fl de

ces cultes feacutetichistes destineacutes agrave maintenir la fertiliteacute et agrave provoquer

la chute des pluies De nos jours existent encore des socieacuteteacutes secregravetes agrave

base religieuse ou magique la plus redouteacutee eacutetant lassociation neacutecrophashy

gique Kousanga des Floup (1)

Deux fafu expliquent la coexistence du dogme et de la croyance

le contact tardif de la socieacuteteacute diola avec les civilisations eacutetrangegraveres

et leacutevangeacutelisation ou lislamisation quelles veacutehiculaient Il e~ reacutes~lt~

une importance des traditions leur reacutesstance agrave une remise en questic~ ce qui confegrave~e agrave la socieacuteteacute diola un caractegravere conservateur

r~c~~i]EE 2~fr~~ ~c - t

ct ~Cc egraveE~ Cimiddotilisatilaquo~ eacute

la neacutecessiteacute de lanimisme consiegraveeuroreacute comme base de toutes legrave~

religi0~s uumlegrave serait-ce que corr~e tentative ciexpliquer li1explishy

cable en se repreacutesentant en particulier comme un ensemble de puisshy

sances mystiques Ainsi pour lanimiste agir sur la nature cest

intervenir psychologiquement aupregraves de ceLX qui la gouvernent

314 Imeact des moeurs sur la prat~que de la lutte diola

Lorigine de la populariteacute de la lutte eugrave milieu diola est par trop

impreacutecise aussi nous nous limiterons agrave en donner la signification

actuelle La lutte apparatt dabord comme un moyen privileacutegieacute deacutedushy

cation

- sur le plan corporel afin de deacutevelopper la force lagiliteacute la

rapiditeacute et la souplesse

- sur le plan moral afin de deacutevelopper les vertus caracteacuterielles

courage tenaciteacute digniteacute bullbullbull neacuteces~aires agrave laction

Mais la lutte apparatt aussi comme un mpyen dinteacutegration sociale car

le jeune diola qui se refuserait agrave se sbumettre agrave leacutepreuve de la lutte

encourrait un isolement alors que celui qui excelle en bravoure devient

rapidement populaire Dougrave ces affrontements agrave linteacuterieur dune classe

dige qui tout en restant un moyen de reacutejouissance servent eacutegalement

agrave eacutetablir des comparaisons

Nos observations et nos interviews confirment le caractire tris physique

de la lutte diola immeacutediatement les lutteurs sont au corps agrave corps et

les techniques consistant agrave aracher ladversaire priment sur toutes les

autres Exprimer sa force est une preacuteoccupation constante il suffit pour

sen persuader de voir le groupe de lutteurs peacuteneacutetrer dans laregravene au son

du Born bol on que rythme le claquement de mains des femmes

C~tte da~se est une deacutebauche dAnegie Ougrave les lutteurs pieacutetin~Ert avec

force L sol

i shy

3141 EorphologUgrave et valeur physiques du lut teur diola

Le lutteur diola possegraveagrave~ un deacuteveloppement caracteacuteristique du trai~

supeacuterieur et de la musculature doso-lombaire Ceci est tregraves certaineshy

ment lieacute au maniement de la houe de la daba et surtout dukadiando

dont lusage permanent a modeleacute la morphologie du lutteur diola

La valeur physique de ce lutteur semble reposer sur sa force sa

reacutesistance mais aussi sa rapiditeacute

3142 Reacutepertoire technique

Dans le Blouf la forme du corps la plus utiliseacutee est le deacutecalage souvent

combineacute avec un crochet de jambe (gal gal) ceci semble ecirctre lieacute agrave

lutilisation quotidienne dans les riziegraveres du kadiando Le paysan du

Blouf sera ameneacute agrave faire un mouvement de torsion pour deacutecalerlinstrushy

ment enprenant appui sur son genou et ceci continuellEment pendant toute

la jourpeacutee Chez les diolas du Fogny le kadiando eacutefait surtout utiliseacute

par les femmes qui soccupaient autrefois exclusivement de la riziculture

et ce n~est quaujourdhui que les hommes cultivent le riz 1

La principale culture dans le Fogpy est celle du mil on y cultive aussi

de larachide De ce fait loutil le plus utiliseacute est le donkoton qui

est un instrument tregraves petit avec un manche court et dont le maniement

expliquerait peut-ecirctre leacutetonnante musculature du train supeacuterieur et surshy

tout de la zone dorso-lombaire du 4i6la fogny qui excelle dans les techshy

niques en force genre arracheacute avec les bras sur contrOle de la ceinture

de ladversaire Lulisation du donkoton semble eacutegalement expliquer la

garde tregraves basse du lutteur fogny

Dans le kassa on aurait pu trouver la mecircme forme de lutte car la morphoshy

logie du lutteur est agrave peu pregraves la mecircme mais linterdiction formelle de

la prise du ~gimbe modifie et limite tout le repertoire technicult2 ou

lutteur Le lutteur kassa adopte une garde basse et agrave une preacutefeacuterence pc~r

legraveS tc~-iccedilues n passa~ dessous - - ~ shymiddotmiddotcrc t--=~ c-

----

contact et agrave partir de ce TtoTteuront ils peuvent se relever et conti~uEr

en lutte debout jusquau terrassemen~

Toutes les gardes sont rapprocheacutees en milieu diola

irbi trage

Les combats sont arbitreacutes par un deacuteleacutegueacute geacuteneacuteralement anClen lutteur

Ces anciens lutteurs ont pour rocircle de veiller au bon deacuteroulement du

combat La victoire est deacutecreacuteteacutee dans les cas ougrave un des lutteurs se

retrouve en position assise sur le ventre sur la cuisse ou les

genoux (sauf dans le Kassa)

Il existe un autre mode de victoire celle qui est proclameacutee agrave la

suite dune supeacuterioriteacute eacutevidente du~ des lutteurs A savoir quand

un lutteur soulegraveve tregraves haut son camarade et que son manager estime i

quil est pratiquement battu il peut arrecircter le combat en touchant

dabord le lutteur adverse popr eacuteviter que son lutteur ne soit terrasseacute

tregraves fOrt Nest-ce pas un deacutecision sage des managers qui peut contribuer

agrave maintenir le caractegravere reacutecr~atif de la lutte joola 1

La victoire dun village sur un autre village ne se mesure pas au

nombre de victoires obtenues par lensemble des lutteurs En effet

il suffit que le champion soit battu pour que le village soit consideacutereacute

comme deacutefait Ce qui explique limportance et le seacuterieux que le village

accorde agrave la preacuteparation des championsl)

Il est cependant important de signaler que larbitrage dans les centres

urbains revecirct une iautre forme beaucoup plus codifieacutee et cest peut-ecirctre

une des raisons qui font quen milieu urbain la lutte diola perde une

partie de son originaliteacute

En dehors des techniques speacutecifiques agrave chaque sous-groupe il faut

signaler quil y a une multitude de prises et quelGues formes de corps

comTIunes agrave letnn Car reconnaissons qu il cO unE ror-euro approp=i~eacute

dE ~ouvane du l~tteur diola en TaI

-----~-----

LE tableau ci-dessous se propose dE reacutesumer les diffeacuterentes consideacuteshy

rations techniques envisagEacutees dans cette partie

FORlŒSSOGS-GRGUPES 1 COItltOLE GA~JESDt CORF=

i ~

1 1

Passage dessous de jambes et BassE KASSA saisies Moyenne1annexes bras (rapprocheacutee)

ceinture tecircte

Deacutecalage de Moyenne et BLOUF Demi-souplesse Ngimbe

HauteHancheacute Bras (rapprocheacutee)

Jambe

Arracheacute CouFOGNY Tregraves basse

Hancheacute ii 1

1 1

3 14 3 bull LeIIa~~jueetlecom~ortementdulutteur-+iola

1 Le comportement et lattitude du lutteur dans laregravene pe sont en fait

t

que le reflet de sa psychologie et plus partiCUliegraverem t de son eacutetat

dacircme Or il napparatt pas abusif deacutetablir des cor eacutelations entre

le psychisme dun individu et lempreinte eacuteducative quil a subie En effet en sortant du bois sacreacute le jeune diola a acquis un ~ca~~l

eacutequilibre physique et mental

Cette matrise de lui-mecircme permet au lutteur dans la~egravene dadopter

un aire enjoueacute de manifester beaucoup denthousiasme~ La lutte devient 1

essentiellement un jeu laspec ludique y est privileacutegieacute et ~ela influe

sur le comportement du lutteur

Ainsi queurolq~c soit limporta~cE de le~je~ le lutt~c~ dic1e Seuroreacute

to~jours serein et s~ livrera sa~s arri~re pe~s6e da~$ ~E CO=beacute ou-

tons que le lutteur diola est trecircs fair-play et sil arrive quun rdnd

lll L COIicircilU1Ul L ULOF

32 J Preacutesentation

La soc tEacute wucirc10f est celle qU1 a eacuteteacute la plus marqueacutee par la colonisation

~~ fait peut-gtre de sa position geuroographiquE dune part ct de 50~ imporshy

tanCE sur le plan dfmographiquE dautre part En effEt ceurootteuro CC-~ucircautE

wolof repreacutesente environ 20 de la population seacuteneacutegalaise

Elle est constitueacutee de pecirccheurs (ce sont les leacutebous) dagriculteurs de

fonctionnaires de lEtat mais surtout de commerccedilants

A pqrtir de leur reacutegime dimplantation le Cayor le Walo le Baol le

Djolof et la presquicircle du Cap-Vert les wolofs ont tendance agrave irradier

sur lensemble du territoire sous leffet de leur speacuteculation agrave la culshy

ture de larachide et du nombre important de fonctionnaires quon trouve

dans cette ethnie

322 Les moeurs et croyances wolofs

Bien queacutetant en grande partie des musulmans convaincus les wolofs

conservent toujours une croyance animiste et continuent agrave faire des

sacrifices agrave porter des cornes ou des morceaux de bois agrave la ceinture

aux jambes ou aux bras et agrave croire agrave lexistence des Djinneacutes et des

Raps bull

Le Djinneacute cest une creacuteature malfaisante en geacuteneacuteral capable de choses

extraordinaires Il possegravede des faculteacutes surnaturelles Cependant dapregraves

la croyance animiste certains Djinneacutes peuvent ecirctre bons

Le Hapl cest une creacuteature ayant des dons occultes appartena71t agrave une

famille ou agrave une communauteacute et dont le rOcircle est de veiller cu daider

les reCJrES de le fai11p ou dt la conmunauteacute en cas de da1gel Le Rap

~ ut te c ) ~~c-

ei sltcificE cJ sanl dE meut0 dL chat de pC)wleurot 5E1lt les conveuroshy

lances parfois leur dorner COrllTe offrande du lait Laii

Qua1d une famille ou une communauteacute neacuteglige les Sarakh (ici dans

le sens de sacrifice ou Offrande) elle se voit aussitocirct vouEacutee agrave la

maleacutediction des mauvais esprit~ (fcllec dans touteacuteS lEs ~treprises

de la vie maladie mort bullbullbull ) Les lieux ougrave habitent ls Taps et ougrave

se font les sacrifices se nomment Khambs

Geacuteneacuteralement le khamb se trouve dans lenceinte de la maison ou

dans un coin approprieacute du village Les lieux du khamb sont marqueacutes

par la disposition de calebasses de pilons de morceaux de poterie

briseacutes de grosses pierres de cornes et dautres objets heacuteteacuteroclytes

La superstition wolof est tregraves marqueacutee En effet pour le wolof toutes

les manifestations quotidiennes trouvent leur signification dans le

mysticisme Citons agrave cet effet quelques ezemples Une femme enceinte

ne doit pas marcher agrave nimporte quelle heure de la journeacutee Certaines

heures de la journeacutee lui sont interdites le Timiss (creacutepuscule

le Ndjo~or (de 13 H agrave 14 H de lapregraves-midi) le souf-segravede (de

minuit i4 H du matin) Selon la tradition ~t la croyance wolof les

mauvais ~sprits choisissent ces heures pour jeter des sorts Et la

femme enceinte eacutetant tregraves vulneacuterable le Djinneacute essaiera de lui insufshy

fler son souffle pour atteindre son beacutebeacute afin dentratner soit la

meacutetamorphose de cedernier en monstre soit de le tuer avant sa naissance

Dailleurs pour le wolof et pour certaines autres ethnies au Seacuteneacutegal

le timis le tdjolor le souf-segravede repreacutesentent des peacuteriodes de

la journeacutee ougrave lon ne doit pas se hasarder dans les rues et les champs

Ce sont des heures propices aux apparitions des Djinnes sous nimporte

quelle forme humaine ou animale

Il est eacutegalement interdit au wolof de marcher ou de serti la nuit du

~eacutellfria-

loutes c~s pratiques ~ystiqu~s et cr0ya~ces religi~us~5 ~xistent eL~~[

certainement dues agrave un meacutetissage culturel Parallegravelement aux feacutetiches

aux incantations et agrave lutilisation des safaras (substance magique)

notons lexistence de ga l a tchs (ce sOnt des talismans ougrave sont inscrits

du qui les porte Toutes ces croyances biEn sucircr auront une rEacutepercussicrI

sur leacuteducation du jeune wolof

323 Leacuteducation du wolof

Pour caracteacuteriser leacuteducation wolof nous avons penseacute donner comme

illustration cet extrait de la revue DEM ak TEY Pour deacutefinir leacutedushy

cation le wolof fait appel agrave un symbolisme qui eDglobe aussi bien les

moyens mis en oeuvre Yar que le reacutesultat obtenu agrave laide de ces mecircmes

moyens cest-agrave-dire la formation et le deacuteveloppement de lecirctre humain

ou Yaru

Le substantif Yar deacutesigne le fouet

Ce symbolisme deacutesigne donc au-delagrave du simple sens mateacuteriel de lobjet

lutilisation qui permet daboutir au reacutesultat escompteacute (Yaru) Au sens

geacuteneacuteral Yar deacutesigne tout instrument servant agrave infliger une punition Le

terme laisse supposer agrave priori que cette phase de lenfance durant lashy

quelle se preacutepare la vie de lhomme est lieacutee agrave la souffrance au supplice

Dailleurs une maxime wolof compare lenfant agrave une tige quon a tout le

loisir de redresser alors quelle est encore flexible bull

bullbullbull Pour leacuteducateur wolof la perfection nest point de ce monde malS

le devoir de chaque homme est de tendre vers la pleacutenitude en luttant

contre ses propres faiblesses Leacuteducation va d01c iisister essentielle~(-~t

sur lexercice quotidien de leacutelevation ffiora1e d~ lindividu Pour cela

elle privileacutegie la patience munI) vertu dabneacutegdtion et dE deacutesinteacuteresseshy

m(~t autour dE laquelle sarticulent toutes ]e~ ~u~~~s qualiteuros

i _

aan~ ~ s0cieacutet gt~olcf ocirclt~tartt nul -Jt- poulait sabecircisstr

tion de sa libertEacute La liberteacute est le preuumler drcmiddotir dE l ho-)euro egrave~S

baigner dans une beacuteate admiration du passeacute la comparaison avec le pr~$(middott

si~posc dclle-mecircme car lon reste s reacute devant la deacutesinvolture aVEC

laquelle dES honmes daujourdhui descendants de cette ~~~EacuteTatic ccedil~l se

une fois [largis bullbull tTasque fiers davoir fait leacute priS0n PEut-2tTE

faut-il mettre cela sur le compte de lurbanisation et des nouvelles

valeurs qui ont pour nom enrichissement reacuteussite sociale avec ce que

cela comporte de deacuteshumanisant et de deacutepreacuteciateur (1)

3 bull 2 bull 3 1 bull Lesri tes

Le sevrage et la circoncision constituent les deux grandes phases initiashy

tiques chez le wolof

- Le rituel du sevrage est appeleacute maga1 (litteacuteralement rendre grand)

Cest un eacutevegravenement important aussi bien pour les parents de lenfant que

pour la co~unauteacute Durant cet eacutevegravenement qui survient geacuteneacuteralement deux

ans apregraves la naissance du beacutebeacute les personnes vivant dans lentouragE

apportent leur soutien moral et mateacuteriel

- le rituel de la circoncision revecirct pratiquement la mecircme signification

que dans les autres ethnies seule la forme diffegravere La circoncision reste

encore une eacutepreuve de la vie au sort i r de laque Ile ladolescent devient un

homme Aujourdhui il faut noter une meacutetamorphose de la structure sociale

et des croyances religieuses tregraves accentueacutee aussi bien chez les wolof que

chez les autres groupes ethniques et ceci est peut-ecirctre dO au contact

permanent quils ont avec la socieacuteteacute occidentale

Malgreacute ces constat~tions il semblerait pcu=tant qUE la sociecirct~ lecircbou Gci

bien que se trouvaLt en grande partie dans ~a Presquth du Cap-ETt Et

en contact permane~t avec les blancs soit la portior la plu8 cc~serva-

----------~_- ---~-- -----

~

Incidences d s ~00urs sur la l~ttE

Le wolof connaicirct deux formes de luttes la lutte sirplE- sans t-t

la lutte avec frappe La lutte avec frappe a une crigi~e purement r

et ce nest que plus tard quelle devint une prati1uE sportive et lud

preacuteparer agrave la guerre Aussi tout en luttant On eacutetait autoris~ agrave frapper~

griffer mordre voire introduire son doigt dans loeil de son adversaire

Le jeune wolof devait eacutegalement se livrer agrave la lutte avec frappe afin de

favoriser son insertion dans la socieacuteteacute adulte et sinitier au meacutetier de

soldat faute de quoi il ne pouvait se faire entendre ne avoir des marques

de respect Pour montrer la populariteacute de la lutte dans le Cayor signalons

que les Damels ll (rois) et les Teignes (nobles) nheacutesitaient pas agrave sy

livrer Quant au IIMbeu~ (lutteur) elle lui servait de moyen de promotion

sociale car d8S que sa reacuteputation eacutetait eacutetablie il pouvait ecirctre choisi

par les rois et les nobles comme garde de corps

325 Signification de la lutte en milieu wolof

La lutte se pratique dabord pour lhonneur qui est une vertu tregraves signishy

ficative pour le wolof Elle permet de renforcer les liens amicaux entre

les jeunes de villages diffeacuterents Le champion veut gagner

confiance et la consideacuteration de son village de ses amis

Etre champion cest aussi susciter ladmiration chez les

sentant la force la viriliteacute et la deacutetermination

326 Organisation d~s eacutepreuves de lutte

3261 Les Mbapatts Ce sont les seacuteances nocturnes

pour meacuteriter la

et des anciens

filles en repreacuteshy

Ils sont organiseacutes apregraves les reacutecoltes agrave la fin de la saiscn des pluies

Ceci surtout p~ndant les peacuteriodes de clair de lune car ils peuven~ durEr

toute la nuit Le but des ~Dapatts lt=tait de prfpa-er FhysicuemeH et

~ arb Sil

326 Le 1

cest une organisation beaucoup plus importante que les I~apatts ~

loccasion de laquelle on peut voir plusieurs lutteurs de grande reDommfe

saffronteLLa fin dl lamb est toujours couronneacutee par une grand co~bat

duquel le vainqueur est sacreacute champion de la contrecirce

Le choix du lieu est lieacute agrave limportance de ce lieu dans le village cest

la place publique ougrave geacuteneacuteralement se passent toutes les manifestations

assembleacutee geacuteneacuterale sabar (danse) cest aussi lendroit ougrave sont prises

les grandes deacutecisions

3623 Lappariement

Dans un village ou un quartier les lutteurs se regroupent en lang

(eacutequipe) et jamais deux lutteurs de mecircme lang ne se rencontrent lors

du lamb

L appariement s~ fait librement entre lutteurs de lang diffeacuterents l1hs

une regravegle veut ~uavant de lutter avec le Mbeur Kanur de tel lang si

on est soukh (l~tteur pas encore confirmeacute) il est neacutecessaire de lutter

dabord avec ses soukh et ce nest quapregraves les avoir terrasseacutes tous

quon se voit octroyer la chance de lutter contre lui

Notons que la cateacutegorisation des lutteurs par poids nest jamais prise

en consideacuteration

3624 La tenue du lutteur ou NGIMBE

Le middotNGimbe est confectionneacute par le marabout de la famille ou du clan Il

est constituecirc de pagnes en coton tisseacute geacuteneacuteralement offerts par la megravere ou

la grand-megravere du lutteur ceci lors des organisations de ~rande Tportance

COrlune lef 1amb Dans le cadre des l-bapatt les pagnes sont C tErts peumlr

~~~rcfcis ct ffi~mc aujourdhui d218 cErtaInes fa~ille5 on devj~Gr

luttEur de pegravere en fils et dans ce cas h 1

gimbell du pEgravere Est recircr i tEacute

par le fils Le fait de porter le lI~gimbe agravee ses aiumleux peut susciter

cne~ le jeune lutteur une motivation et une volontecirc in~branlable rlasshy

surer 12 supeacuterioritEacute cis SIcirct-ns dallS

le xgimbe de la famille ne touche pas le sable

La tenue du lutteur a une signification et une importance sur le plan

mystique car selon les anciens le vrai feacutetiche du lutteur celui qui

le proteacutegera agrave vaincre le Djinneacute ou le Rap de ladversaire se trouve

cacheacute dans ce Ngimbe Celui qui confectionne-le Ngimbe est doueacute de

faculteacutes occultes

~~r~i~rg Il est assureacute par un sage du village qui geacuteneacuteralement fut

championde lutte de son temps Dailleurs cet ancien nintervient que

si le terrassement est litigieux

Hormis le public qui proclame la victoire ou le match nul le lutteur

lui-mecircme est arbitre et il arrive quil se deacuteclare vaincu ~ous

pouvons citer comme exemple Meacutedoune KHOULE un des plus grands lutteurs

seacuteneacutegalais qui a donneacute une victoire agrave Djeacuteri SADIO son adversaire qui a

reacuteussi agrave lui faire toucher le sol de la main

Il Y a terrassement quand le lutteur se retrouve

- assis sur le sol

- eacutetaleacute sur le dos

eacutetaleacute sur le cocircteacute

les deux genoux au sol

- les deux ma~ns au sol

la tecircte (front au sol agrave la suite dune brouette)

Il peut y aVOIr match nul si apregraves li1 temps ccmsideacuterable les lutteurs

SE sont ~ ivrEacutes respectivement agrave des assauts rEacutepEacutetEacutes et n arrivEt pas a

3265 L~ precircparation mystique

Il faut reconnattre quon ne peut parler de lutte en milieu wolof sans

envisager une preacuteparation mystique seacuterieuse Co~~e ~ous lEvans vu a~teacute-

1middot ~ d ~ ~rlturenent t0utes es actlvmiddotltesmiddot u W010 sont lles a SeS croyances

- la lutte ne concerne pas seule~ent deux acteurs se livrant faruumlucheshy

ment agrave un combat au milieu de laregravene mais eacutegalement les marabouts et les

feacutetichistes du village ou du clan qui doivent deacutefendre leur savoir et

leur prestige Avant le combat le lutteur doit se livrer agrave un certain

nombre de preacuteparations mystiques pour assurer sa victoire Aussi sommesshy

nous appeleacutes agrave parler de BACK (cest le chant et la danse du lutteur)

- le batteur de tam-tam compose un rythme en fonction du Galagne ou du

Senghor (gds-gris) du lutteur Chaque galagne sera choisi en fonction

du Rap ou du Djinneacute correspondant au Totem du lutteur

Le chant geacuterleacuterique Feinte woy veut dire litteacuteralement composer un 1

chant Ce chant est geacuteneacuteralement composeacute par les filles du viilage du

champion ou par un griot de sa communauteacute Et agrave travers ce chrnt on

arrive agrave toucher la corde sensible du lutteur en chantant lesl innombrables 1

victoires de ses ancecirctres ou en lui rappelant ses prouesses eacuteblatantes 1

Chaque lutteur doit avoir un chant et un back qui lui sont propres

327 Le reacutepertoire technique et les caracteacuteristiques physiques dulutteur wolof

Le lutteur wolof est geacuteneacuteralement moyen de taille la musculagraveture est

tregraves saillante ce qui fait ressortir un aspect tregraves athleacutetique ceci

est vrai sans exception pour le lutteur leacutebou mais il arrive que le Cacircyoshy

rien le baol-baol le walo-walo soient de grands gabarits de forte constishy

tution

CepEndant pour une meilleure compreacutehension du sujet nous pouvons eacutetudiEr

deux jroups d lut teurs qui vont deacuteterminer deux st yI e s de lut tes

- ~ t

les tc~tativ~s de~[reacutee e~ ramassement de jambes de la~v~sairL Ce~~

peut Ecirctre expliqueacute par le fait que les lutteurs leacutebou ou walo-walc qui

sont des pecirccheursadoptent cette garde tasseacutee du fait quils so~t tou-

jours pencheacutes en tirant le fil ou en poussant la plrogue On verra techrugravequeacutes dt cirr 2C ~lt 5Jllicitocirct

surLuumlut les membres supeacuterieurs

Le cayorien et le baol-baol par contre sont les plus grands cultivateurs

darachide chez eux les techniques de lutte sont plus varieacutees et la

garde est moins renfermeacutee Les lutteurs cayorien et baol-baol ont une

morphologie et une reacutepartition musculaire bien eacutequilibreacutee ils excellent

dans les techniques en deacutecalage les techniques de jambe et surtout les

techniques de riposte ougrave lon peut voir des prises de hancheacute tregraves amples

Dune maniegravere geacuteneacuterale on peut dire que le lutteur wolof est un fin

technicien qui sait surtout creacuteer les opportuniteacutes e~ avec sa rapiditeacute

utiliser la force de ladversaire pour le deacuteseacutequilibrer le noodju

le mbas le weacuteheacuteleacute et le rasu sont des techniques propres au lutteur

wolof

En deacutefense il utilise surtout des kl~klets ou gal-gal Notons que

le balancement des bras ou Lewato e$t tregraves marqueacute dans la lutte wolof

TABLEAU RECAPITULATIF DES COMPOSANTES TECHNIQUES

( 1 )

1 SOUS-GROUPES GARDES CONTROLES FORHES DE CORPS l

Walo-walo Basse de jambe Arracheacute l l10yenne de Ngimbe et i

Leacutebou Tasseacutee et saisies annexesj Deacutecalage 1 1 distante de bras de tecirct1

j de bras Deacutecalaeuro

~-----------------~-

- ~ ~- shy - ~ ~ bull L _ _ bull

Profil psyc~~iqUE du lutteu- et son comporterent dars l 2regravere

La preacuteparation mystique dans laregravene est plus marqueacutee chez les wolofs

que ChE~ les autres ethnies En effet on verra de grands champions

preliGrE plusiEurs heures pour Enduire leur corps de cll2badep ou ci

rmiddot- ~ a la proprieacuteteacute de proteacuteger li1egraveividu J

les mauvais sorts) Cest dailleurs un aspect dt la luttE qui iJcsc

des problegraveJles

Le lutteur wolof est tregraves superstitieux et la peacuteriode de preacuteparation

est capitale pour lui car elle permet non seulement de rendre

hommage aux ancecirctres mais aussi dintimider son adversaire Cest

geacuteneacuteralement un lutteur agressif combatif et teacutemeacuteraire Il se fait

souvent remarquer par son esprit dentreprise Mais cette fougue dans

le combat lamegravene parfois bien que ce soit regrettable agrave oublier les

usages et les normes Ce manque de maicirctrise de soi peut faire croire

que le lutteur wolof manque de fair-play ce qui nest pas toujours le

cas

~A~Ugrave~ t 4AA CbUrs k LA ucirctotve f~tPle Sesect prores mou W ~ lesquelles vont se couler les comporteme~ts individuels qui sont ainsi

monteacutes par et pour lautoriteacute sociale

Les faccedilons de boire de marcher ou de sasseoir se manifestent indivishy

duellement dans le corps de chaque personne ces habitus sont cependant

des montages sociaux lieacutes agrave des significationssymboliques variables

dailleurs selon la position sociale occupeacutee par chaque sujet Ces modes

dagir se rangent dans un systegraveme de montages symboliques et lindivishy

du les apprend de la socieacuteteacute dont il fait partie agrave la place quil occupe

Lhabitus est un montage social agrave la valeur symbolique deacutependant des pheacuteshy

nomegravenes deacuteducation et de prestige et lieacute agrave la position sociale du sujet

Cette penseacutee sonne de faccedilon eacutetonamment moderne

Pierre BOURDIEU qui dans une perspective a approfondi le contenue de la

notion en le reportant aux oppositions entre classes et fractions sociales

Il deacutefinit lhabitus comme un systegraveme de dispositions durables acquis au

cours dune histoire personnelle dans une milieu social donneacute systegraveme qui

engendre ensuite des pra~iques socialement deacutetermineacutees faccedilons de manger

de parler ou de marcher comportements de politesse contenu des preacutefeacuterencel

et des deacutegoOts bullbullbull lhabitus est le produit de conditions eacuteconomiques et

sociales Lauteur rattache directement la formation de lhabitus dun

individu agrave la trajectoire parcourue par celui-ci dans sa classe dapparteshy

nance il deacutefend lideacutee dun habitus de classe qui deacutefinit le sens confeacuteshy

reacute agrave la pratique sportive les profits qui en sont attendus

Ce dernier serait lui-m~me lieacute agrave un systegraveme de valeurs ou ETHOS de classe

prenant sens au sein doppositions distinctives entre classes sociales

De sorte lhabitus fonctionne comme un systegraveme dt- regravegles inteacuterioriseacutees

souvent informuleacutees permettant ou non agrave lagent de sadapter dembleacutee aux

multiples pratiques de la vie quotidienne et de la vie sportive il est agrave

lorigine des schegravemes de transcription qui favorisent les ajustements aux

situations corporelles nouvelles (1)

t ~

(1) P~IE11D dwi6Han ISpoy-l et sodeacutebi Approche Bocio-culturelle des pratiques P~tis Vigot 1981 page 81

33

331 Preacutesentation

Les Seacuteregravere auraient pour origine le Fouta Toro quils auraient quitteacute

vers le Xllegrave siegravecle pour fuir lislamisation de cette reacutegioD par lempire

dJ Xali (ils seraient donc apparEnt~s aux Peul et Toucouleur ) Ils

auraient trouveacute dans la rEacutegion du Sine les Sosseacute dorigine manding avec

lesquels ils salliegraverent

Au XVegrave siegravecle une autre immigrationSos~ conqueacuterante cette fois-ci

apporta son organisation eacutetatique Ils se divisegraverent en deux monarchies

deacutemocratiques lune seacutetablit au Sine et lautre au Saloum Les Sosseacute

conqueacuterants constituaient lautocratie appeleacutee Guelowar

La royauteacute seacuteregravere eacutetait laiumlque Les premiers souverains durent secouer

la tutelle des Toucouleur et progressivement arrivegraverent agrave unifier lethshy

nie des seacuteregravere etdea Sosseacute Les deux royauteacutes eacutetaient organiseacutees selon

acirces modegraveles tregraves deacutemocratiques Le souverain deacutependait dune assembleacutee

de ministres et de chefs locaux qui assuraient ladministration centrale

et reacutegionale())

Aujourdhui lethnie seacuteregravere repreacutesente 20 de la population seacuteneacutegalaise

Ils sont reacutepartis sur presque toute leacutetendue du territoire notamment

dans le Baol la reacutegion du Sine-Saloum et la reacutegion de Thiegraves

Signalons quil existe plusieurs sous-groupes dans lethnie ainsi on

trouvera

- dans la reacutegion de Thiegraves les Ndut les Safegravene et les None

- dans le Sine-Saloum les Sine-sine et les Saloum-salouIT

On trouvera vers foundioune et agrave Nioro du cocircteacute de la Gambie les

Niominka (pecirccheurs) Cest une portion tregraves mandinguiseacutee

( 1

Le rattache~2~t d~ to~s ccs sous-groupes pose problecircme ~25 0~ r0~V~

uc grande partie de traits COITul1uns dans leurs modes dE vie Ct pOUT phs

de faciliteacute nous allons essayer de faire une ~tude globale de la lutte

traditionnelle seacuterecircre Lactiviteacute socio-eacuteconomique qui est essentielleme~t

agro-pasorale caracteacuterisE leacutethnie seacuteregravere

332 Lecircducation les moeurs les croyances et pratiques sEr~rc

Chez les Seacuteregravere la vie humaine se deacuteroule selon les grandes eacutetapes

le baptecircme lenfance ladolescencemarqueacutee par la circoncision lsectge

adulte le mariage la vieillesse et la mort (funeacuterailles)

La vie de la communauteacute seacuteregravere reste une des plus originales sinon

celle qui de nos jours garde la presque totaliteacute des pratiques et

habitudes traditionnelles

Bien qu aujotltdhui con~r-tis aux religions chreacutetienne et musulmane les

Seacuteregravere conservent leurs croyances et pratiques animistes

Quelque soit leur degreacute dadheacutesion aux religions reacuteveacuteleacutees les Seacuteregravere

croient en un Dieu puissant et miseacutericordieux Rog Segravene et les hommes

Les ~angols sont repreacutesenteacutes mateacuteriellement dans tous les villages

seacuteregraveres par des arbres (baobab et tamariniers) des animaux (geacuteneacuteraleshy

ment serpent doreacute ou iguane) des ustensiles (pilon calebasse et mortier)

De nombreux teacutemoignages nous apprennent que certains totems (serpent

iguane) font leur apparicion agrave loccasion de certaines manifestations

rituelles comme les sacrifices ceacuteleacutebreacutes lors dun mariage de ceacutereacutemonies

mortuaires ou des circoncisions

Le Seacuteregravere comme il nous a eacuteteacute donneacute loccasion de le dire plus haut

preacutesente des speacutecificiteacutes authentiques aussi bien en tout ce qui touch~

son eacuteducation ses croyanCES et pratiques mystiques q~e ses activiteacute~

socio-ecirccc~omiquEs Apr~s a ~aissa~c~ le beurob~ ~~ pcs~ 5~~ lE S~ __

On lui mouille les l~vres avec un peu d~ lait de mil et apr~s U~ bain

purificateur on versera leau dans un trou cr~us~ derri~r~ la Camp~~

Pendant huit jours la megravere et lenfant sont cacheacutes dans la case car

selon les anciens ils sont tregraves vulneacuterables La case deacutens certains cas

est entoureacutee dun fil blanc et lon place sur le seuil des fais(cauy di

veacutegeacutetaux pour chasser les mauvais esprits (geacutenies malfaisants et illangeUY~

dacircmes) Au bout du huitiegraveme jour la megravere et lenfant peuvent sortir de

la case bull

bullbullbull Le matin du huitiegraveme jour la tante paternelle va chercher de leau

(plusieurs fois)t elle doit rester muette pendant ses alleacutees et venues

si elle parlait t lenfant pourrait ecirctre muet bullbullbull

La megravere et lenfant prennent un bain purificateur dans lequel sont

trempeacutees certaines plantes (ce sont des veacutegeacutetaux pr~tecteurs tels le

begravene le yag le ngud) On y lavera aussi le linge e1t les ustensiles utishyj

liseacutes pendant les huit jours qui viennet de seacutecoul~r On rase le crine

de lenfant Les cheveux sont donneacutes agrave la megravere qui ~s enterrera avec le

reste du cordon ombilical dans un endroit que11e esit seule agrave connattre

La megravere sassied sur une natte devant la maison Une femme igeacutee de la

famille prend le beacutebeacute dans ses bras et le preacutesente aux quatre coins de

lhorizon

La tante paternelle tient ensuite un van sur la tecircte de la megravere on y

verse le mil on y verse eacutegalement en abondance sur la megravere et sur

lenfant La tante oint ensuite le corps du beacutebeacute avec du lait e11e

touche en particulier le front t le nez la bouche la poitrine le dos

et les oreilles

Elle pose enfin un ~rain de sel dans la paume du beacutebeacute (le sel purifie

et deacutetruit les puissances mauvaises)

Apregraves un nouveau bain la megravere et lenfant revEcirctent des habits de fecircte

(est

lenfant Ce precircnore a toujours U~ SEns Il sy~bolise parfois C0 qUi

lOIl sounaitt agrave lEufant l)

La circoncision comme dans les autres ethnies est obligatoire Elle

permet au jeune adolescent dacceacuteder agrave la classe adulte Les jeunes

sont regroupes en classe dacircge dans le bois ougrave sc fait la r0tr~it0 des

circoncis et ceci pendant plusieurs mois

Le Selbeacute qui est geacuteneacuteralement un ancien craint de tous les eacutelegraveves

enseigne le respect de la hieacuterarchie la discreacutetion le goOt de linishy

tiative Les activiteacutes physiques et leacuteducation artistique ne sont pas

en reste la deacutecoration la sculpture la lutte et la danse A sa sortie

du bois linitieacute appartient deacutesormais agrave la classe des virils et des

sages du clan car on lui aura enseigneacute les vertus fondamentales que

sont la justice lhonneur lamour du prochain 1 amour du travail

lhonnecircteteacute et surtout le respect des coutumes ancestrales

Le rite du mariage esd aussi un fait tregraves important dans le monde 1

seacuteregravere mais par manq~e dinformation nous serons obligeacutes de nous en

tenir lagrave

333 Impact des ethos sur la lutte dans le monde seacuteregravere

Lorigine de la lutte seacuteregravere ne semble pas claire ma1S nous pouvons

dire quil existait deux formes de lutte comme chez les Wolofs une

lutte sans frappe et une lutte avec frappe Et cest cette derniegravere

qui peut-ecirctre nous ameacutenerait agrave croire que la lutte seacuteregravere aurait une

origine plus preacuteciseacutement guerriegravere

Aujourdhui la lutte est uniquement une activiteacute sportive agrave travers

laquelle le jeune seacuteregravere eacutevalue sa force son courage et SOn ingeacutenioshy

siteacute Cest une occasion de deacutefendre lhonneur de son village ou de

la corrnnunauteacute

La luttE ~5t avant tout u~e rnanifcs[dtic~ c~lturclie et surtout

fo lkhriqut-

Gracircce agrave elle on peut deacutesormais comprendre un certain nombre de chants

et de symboles A travers la lutte seacuteregravere on ccedilomprend les inter-relashy

tions entreacute la vie et le monde surntiturel

Sil devait y avoir la mort dun villageacuteois pendant la fecirctE au T qUE

de linterrompre on proceacutedait gracircce aux connaissances magico-religieuses

agrave la suspension de la mort jusquagrave une peacuteriode ougrave la population sera plus

disponible pour organiser des funeacuterailles sil y eacutetait preacutedit la possibishy

liteacute dune deacutefait du champion local au profit dun champion dun autre

village des recettes dordre maginque et religieux eacutetaient mises en prashy

tique afin que le champion du village ne soit jamais terrasseacute(J)

334 Le profil du lutteur seacuteregraver~

Le lutteur seacuteregravere est par essence un athlegravete impressionnant de par sa i

carrure et sa musculature saillante mais cest aussi une force tranquille

et calme quelque soit lenjeu du combagravet et particuliegraverement lhonneur

Cet aspect nous pousse agrave parler du NGiMBE cest-agrave-dire de la tenue du

lutteur qui va influencer sur sa faccedilon de lutter

La confection du Ngimbe revient agrave la communauteacute entiegravere Le Ngimbe a

une signification symbolique et le lutteur pour meacuteriter la confiance du

groupe se doit de tout faire pour ne pas toucher le sol Toute la commushy

nauteacute elle aussi sengage pour assurer la longeacuteviteacute et le succegraves du lutteur

dans laregravene par lorganisation droffrandes et de sacrifices en lhonneur

des Pangols bull

bull

Daucuns nheacutesitent pas agrave dire que lessentiel du mysticisme se fait agrave

la maison et non dans laregravene tout le reste nest quintimidation de

ladversaire

lsvcns

Tt- pi ~- t

t 1 ~ l _ ~ t

par rapport agrave lautre Cbci est trEgraves lieacute agrave lactiviteacute journaliegravere du

jeune seacuteregravere qui est un cultivateur donc toujours bien planteacute sur ses

jambes et qui continuellement manie lhiler

Le fait de couper le boi~ peut eacutegalement constituer un moyen de muscushy

lation non neacutegligeable pour le jeune lutteur

Un certain nombre de traits techniques speacutecifiques au lutteur seacuteregravere

semblent ressortir des diffeacuterentes interviews que nous aVOns fait subir

agrave certains lutteurs seacuteregraveres et agrave diffeacuterents techniciens

SOUS-GROUPES FORMES DU CORPS CONTROLES GARDES

SAFEN Moyenne en fente NONE Hancheacute Bras (distante) j

NDUTJ

f

SINE-SINE Deacutecalage Ngimbe

Moyenne

SALOUM-SALOUM Passage- Jambe (rapprocheacutee) 1

i

PETITE dessous Tecircte Basse et 1

COTE Moyenne (rapprocheacutee)

Notons que le Niominka ll commence agrave lutter agrave partir du sol pour avoir

assez deacutelan et sauter sur ladversaire afin davoir la prise du lion

(contr6le de la nuque et du bassin)

Co a -tem-nt ccedilt attitude du lutteur sEacuteregravere335 np -1t ~

Les croyances mystiques sont indissociables des activiteacutes quotidiennes

duseacuteregravere Ce qui explique le cocircteacute supersticieux du lutteur seacuteregravere En

~ffet certains lutteurs refusent de lutter avant certaines heures

Certains teacutemoignages nous apprennent quil nest pas donneacute agrave tout le

monde decirctre champion de lutte et que le lutteur doit avoir des dons

surnaturels pour ecirctre agrave mesure de livrer ses combats dans la nuit

et trouver seul un gris-gris speacutecial appeleacute Njatch

Le vrai champion de lutte chez les seacuteregraveres ne lutte pas seulement avec

~a force et sa technique mais surtout avec ses dons occultes

Chez les seacuteregraveres les morts sont toujours preacutesents et les ~pangols

Servent dintermeacutediaire entre les hommes et les morts Le pangol prend i

le nom dhumain dans certains villages (IIHeacuteJga NDONG Har Wag NGOUYE) i 1

De ce fait on verra le lutteur danser dufe maniegravere ou dune autre en

fonction du pangol de sa famille Ainsi nrus aurons le back (chant et

danse du lutteur) des DIOUF des FAYE etclbullbullbull

Dans laregravene le lutteur seacuteregravere a un comportement exemplaire aussi bien

agrave leacutegard de son adversaire direct quave~ le public en geacuteneacuteral Lexpli shy

cation semble tenir au fait que le lutteur seacuteregravere est avant tout selon

la tradition orale le repreacutesentant de toute la communauteacute seacuteregravere Par

conseacutequent il devra saffirmer non seulement en tant que lutteur dans

laregravene mais aussi en tant quentiteacute morale

336 La tenue du lutteur ou NGIMBE est confectionneacutee par le marabout de la

famille ou du clan Le Ngimbe est constitueacute de pagne en cCton tisseacute

Il doit ecirctre propre le lutteur qui le porte ne devra pas avoir de rapshy

port sexuel pendant toute la peacuteriode des cOTpeacutetitians car le Ngi~bE ne

doit pas ~tre souilleacute

Autrefois et mecircme aujourdthui dans certaines familles on devient

lutteur de pegravere en fils et dans ce cas le Ngimbe du pegravere est heacuteriteacute

par le fils Le fait de porter le Ngimbe de ses aieux peut susciter

chez le jeune lutteur une motivation et une volonteacute ineacutebranlable dtasshy

surer la supeacuterioriteacute d~s siens dans ltaregravene Il fera tout pour que le

Ngimbe de la ramille ne touche le sable

La tenue du lutteur a une signification et une importance sur le plan

mystique car selon les anciens le vra1 feacutetiche du lutteur celui qui

le proteacutegera et laidera agrave vaincre le nDjinne ou le tRapu de ladvershy

saire se trouve cacheacute dans ce Ngimbeu bull Celui qui confectionne donc le

Ngimbe U est doueacute de faculteacutes occultes

337 Larbitrase est assureacute par un sage du village qui geacuteneacuteralement fut

champion de lutte de son temps Dailleurs cet ancien nintervient que

si le terrassement est litigieux Hormis le public qui proclame la vicshy

toire ou le match nul le lutteur lui-mecircme est arbitre et il arrive

quil se deacuteclare vaincu

Nous avons pu cfter Meacutedoune KHOULE un desplus grands lutteurs seacuteneacutegashy

lais qui a donn~ une victoire agrave Djeacuteri SADIO son adversaire qui a reacuteussi

agrave lui faire touegraveher le sol de la main

IlL

34 1 Preacutesentation

Lethnie toucouleur vit En grandt partit ciE~~ la vallfc du S~~~gal

pt reprecircsente i peu pr~s 8 de la population totale secircn~galaise

o Histoire

Il semblerait que dans lancien royaume du Tekrour (IX~ siegravecle) des

eacuteleacutements neacutegroiumldes Sarakoleacute et des Peul aient formEacute par meacutetissage le

peuple Toucouleur (Toucouleur serait dailleurs une deacuteformation du

mot portugais Tacouror)

Ce empire a domineacute aussi bien les wolofs de lOuest que les Peul

nomades du Fouta Toro Cette reacutegion fut le premier pays islamiseacute par

les Almoravides ce qui peut expliquer le proseacutelytisme toucouleur

Ce sont les guerriers toucouleur islamiseacutes qui attaqu~rent avec les

Almoravides la capitale du Ghana Koumbi en 1067 On convertit par

la force les animistes Cest sans doute agrave cette eacutepoque que de nombreuses

ethnies reacutefractaires agrave lIslam ont dO accentuer leur migration vers

le sud (Seacuteregravere wolof Sarakoleacute Bambara Songhaiuml Akan et Peul se reacuteshy

fugiaient vers les hauteurs du Fouta Djalon)

Au XIXegrave siegravecle les Toucouleur allaient trouver en El Hadj Omar Tall

un grand conqueacuterent qui sous le preacutetexte religieux de la gJerre sainte

contre les tribus animistes (entre autres Bambara) eacutetendit lempire

toucouleur sur presque tout lensemble du gali et la partie de la Guineacutee

proche du l1ali

Lempire toucouleur composeacute de Sarakoleacute de Bambar~ de ~alinkeacute de

Xassonkeacute dE Peul et de Dogon eut le meurorit~ dunir CES diif~rentes ~ ~ - - - - - et~ics ~t dE CD~stituer l~Sl la b2S~ ~r 1

_ ~ ~ ~_ L ~

~ ~- ~- - - ---- _ 1 v _ t 1 ~-_ --

marabout tOL~culcuuml~ ~ middotlrrany a l ick SI venu des E1i rClS dE Pocior~ (

~ Vi~ euroconomicue et sociale -----------~-------------

Les Toucouleur sont des cultivateurs mais bien quils n~ soie~t pa~

pasteurs comrre les Peul leacutelevage a une place inportarteacute decirc1S ltur

eacutecono~ie Pour faciliter leur conquecircte guerriegraverE ils c~t Eucirc une preacuteshy

dilection pour leacutelevage des chevaux On y trouve aussi des pecirccheurs

appeleacutes Tchioubalo La socieacuteteacute toucouleur aurait une stratification

sociale tregraves rigide Les groupes ethniques et les castes eacutetaient

diffeacuterencieacutes et strictement exogamiques les Rimbe classe des nobles

comprenant la famille reacutegnante et les guerriers libres la classe des

Nieacutenieacutebegens de castes artisanales i les Rimaibeacute anciens esclaves

devenus serviteurs qui portent les noms de famille de leur maicirctres A

la base de lorganisation de la collectiviteacute toucouleur se situe le

village (Wouro)

Toutes ces castes sont cloisonneacutees entre elle~ Ainsi il nest pas

permis agrave un Torodo (noble) de se marier avec un Tchioubalo Ces

consideacuterations sont importantes dans le domaine de la lutte ougrave nous

apercevrons que les nobles ne sont pas faits pour lutter Le noble

preacutesidera les seacuteances de lutte et on luttera pour lui Ces condeacute rat ions

de noblesse et de rang social sont extrecircmement importantes dans le

monde toucouleur

Le noble ne doit pas se salir on lutte pour lui il ne vit la lutte

quen tant que spectateur

342 Education moeurs croyances et eratiques religieuses

Deux formes d~ducation sont agrave consideacuterer leacutedJcatio~ dES enfarts Et

celle des adultes

oG lenfant sait m2n~~r et apprfcier le goOt d~5 ~iifeurorents r~pas lt

le moment ougrave il CO~~e~CE agrave marcher

tivirt n~sormais le petit toucou]eur est eacuteduquf par toutmiddot 12 f2~i)]E

dabord puis par toutes lespersc~nes du village ou du C13~

Lenfant peut ~tre corrigeacute par tout adulte appartenant au groupe social

Son eacuteducation est deacutesormais laffaire de toute la communauteacute et non

exclusivement celle ces parents On linitie ainsi au travail quotidien

qui se fait dans la bergel~ e les champs et les bords du fleuve Au sein

du village il pourra apprendre agrave filer la laine et agrave tisser des pagnes

dans les champs il apprend agrave manier la houe et lhiler pour la culture

du riz et du mil Mais signalons que lactiviteacute essentielle du toucouleur

est leacutelevage des boeufs des moutons et des chegravevres Chez les Ichioushy

balos (p~cheurs ) lenfant sera initieacute tregraves tat au maniement des pagaies

agrave la p~che propremccedilnt dite et agrave la nage

Vers cinq-six ans lenfant est confieacute au maicirctre coranique le Ihierno

et ce dernier dispose exclusivement de toute sa vie Lavenir du jeune

enfant lui appartient

Comme dans les autres groupes ethniques les enfants sont regroupeacutes en

classe dacircge et cest dans cette structure que lenfant subit les rite

de passe et plus particuliegraverement celui de la circoncision

La circoncision est non seulement unE opeacuteration chirurgicale malS surshy

tout une peacuteriode au cours de laquelle le jeune garccedilon passe de leacutetat

dadolescent agrave leacutetat dadulte Les circoncis sont reacuteunis en classe

dacircge dans un endroit situeacute hors duvillage geacuteneacuteralement choisi par les

vieux Cet endroit n~st accessible que par des individus de SExe ffi8SCUshy

li~ ~ta~t au preacutealabl circoncis

- - - -

quable et complet sur le plan phy~ique et ~oral Ai~si liniti~

acquiert les qualitecircs indispensables que sont le courag~ la modest

lesprit de sacrifice lendurance

Le toucoule~r est un pleux musulma~ Cela sexp1

SOil le premier agrave tre en contact avec la religion musulmane de par sa

position frontaliegravere Lethnie toucouleur de par son histoire a preacutesenteacute

les plus grands chefs militaires et religieux musulmans seacuteneacutegalais Et

pour illustrer cela on peut citer en exemple la grande famille musulmane

des SY agrave TIVAOUANE repreacutesentant la confreacuterie des TIDJANES

Bien que lon note une majoriteacute musulmane on peut dire que certaines

croyances et pratiques mystiques et animistes persistent encore surtout

dans la reacutegion du fleuve

Une pratique courante se fait elle sappelle le Djatt Elle consiste

agrave faire sortir le caiman du fleuve agrave limmobiliser et agrave lattacher

sans quil ne reacuteagisse et tout ceci agrave laide de versets et dincantashy

tions magiques Dapregraves les teacutemoignages ces pratiques sont plutocirct

freacutequentes chez les Tchioubalos (pecirccheurs) Il arrive aussi que cershy

tains chasseurs ayant des dons se livrent agrave certaines pratiques an1shy

mis tes qui consistent agrave invoquer certaines puissances et agrave moduler sous

forme de chant des versets occultes pour se proteacuteger des mauvais esprits

et pour eacuteloigner les fauves Ce chant est geacuteneacuteralement incompreacutehensible

et deacutenueacute de sens pour le profane

343 Activiteacutes ludiques et pratiques sportives en milieu toucouleur

Durant toute son histoire lethnie ~oucouleur a toujours EacutetEacute Frese~teacute~

comme celle qui avait ue activit essentiellement guerr e e~ particushy

liegraverement farouche Trois eacuteleacutements ret r t l ecirc t te nt i c- euro so~t

le manie~~nt du ~acircton 12 luttE Et 1eacute danSE

l

Lecircducation ph~sique et artistique Dcc~pe un place precircpondecircra~rp

dans la fDrmat~on du jEune toucouleur A loccasion agraveeacutevegravenemen~ imporshy

tants reacutecoltJs mariages baptecircme nous assistons agrave des manifestashy

tions folkloriques de grande envergure le Wango oucirc dailse toucouleur

tregraves gymnique iles chants et surtout les sEacuteances de lutte

La lutte toucouleur est la forme de lutte la plus spectaclaire dans

tout le territoire seacuteneacutegalais Elle est essentiellement baseacutee sur des

techniques en hancheacute et surtout en souplesse Ceci sexplique par le

fait q~e le jeune toucouleur est tregraves tocirct initieacute agrave la gymnastique (saut 1

per saut de main salto arriegravere saut de tecircte couronneacute etc bullbullbull ) pour

la dans~ du wa~go En dansant le wango qui est une danse rythmeacutee et

gymnique le Jeune toucou1eur est capable de prouesses extraordinaires

1

En lutte lattaquant se deacuteplace tregraves peu pour avoir une bonne saisie

(geacuteneacutera~ement controcircle du Ngimben ) et enchaine brusqueme~t avec une

attaque surpris~ Cependant les ripostes sont souvent surprenantes et

spectaculaires (baseacutees sur la souplesse et la rapiditeacute) ontrairement

aux autr~s form~s de luttes ougrave lon voyait tous les jeune adheacuterer la

lutte to~cou1eur Verra un groupe de speacutecialistes sadonne agrave la lutte 1

(la lutte est lieacutee agrave la position sociale de lindividu problegraveme de

caste)

Q La morphologie du lutteur toucou1eur 1

1 1

Ce dernier nest pas aussi large et aussi fort que les lutteurs diola

et seacuteregravere Cependant il est tregraves reacutesistant La musculatJre est saillante 1

et tregraves souple lindividu est longiligne mais tregraves athleacutetique

Les mouvements de lutteurs sont semblables agrave ceux dun grand fe1in Cette 1

morphologie semble ecirctre lieacutee agrave la position geacuteographique de lethnie

(reacutegion du fleuve) et agrave lacitiviteacute socio-eacuteconomique du toucouleur qui

est agrave la fois cultivateur (activiteacute lieacutee agrave la crue et deacutecrUE du fleuve)

pecirccheuro~T CIcr~icubaon) et sttout jEumlrgcr qui est U~ rc~2eumlr

shy

Deux formes egrave~ corps sembl~nt ecirctre preacutefeacutereacutees du lutteur toucouleur

le hancheacute et la souplesse Les hancheacutes sont faits agrave partir de plusieurs

positions de doset se terminent geacuteneacuteralement par des techniques de

tregraves grande amplitude

TABLEAU RECAPITULATIF DES TECHNIQUES ET FORMES DE CORPS SPECIFIQUES

i

L441 r

GARDE FORMES DU CORPS CONTROLES --shy - -

Moyenne Souplesse Ngimbe

Hancheacute bras

Demi-souplesse

1

Profil psycholosigue 1

TECHNIQUES

ContrOle du bassin et 12 souplesse

arriegravere

Klicket et allegravegement de la hanche

Le lutteur toucouleur est celui lUi se livre le moins aux preacuteparaqons

maraboutiques Cela est dO au f~t que le toucouleur est un grand ~USUlshyman et que les pratiques animisges ont presque disparu dans ce mil~eu

Dans la pratique le lutteur esJ combaif mais il est calme et tr~s reacutefleacutechi quant agrave la deacutecision agrave prendre en plein corps agrave corps ct~st un des seuls techniciens qui reJte tregraves lucide au cours de ses comb~ts

l Dans toutes les circonstances e lutteur toucouleur est tenu de re~pecshyter son adversaire et ceux de s4n eacutequipemecircme sil est vaincu

Comme nous avons dO nous en rendre compte la rigueur des principes

eacuteducationnels a une influence tregraves sensible sur l~ comportement du

toucouleur

i

III S COCL ~s 1DO

Dans cette partie nous avons essay~ de montrer lftroite re1atic~

Entre les diverses activiteacutes socio-eacuteconomiques dans les ethnies et

lES diffEacuterentes faccedilons de lutter

Daucuns seraient tent~s de conclure trop rapidement et cest p0~r

cette raison que nOUS avons penseacute preacuteciser que le pheacutenotype nest

pas geacuteneacuterateur du geacutenotype Et nous sommes convaincus que la morphoshy

logie et les techniques des lutteurs relegravevent de leurs modes de vie

et de leurs croyances agrave une eacutepoque et danE un contexte bien deacutetermishy

neacutes

Est-ce que les lutteurs dio1a ou seacuteregravere travaillant avec leurs bras

dans les champs auraient les mecircmes pr 0 fil s physiques que les lutteurs

utilisant des machines pour lagriculture

- 69 shy

I UJOURDH~1 E-S ut O[l LES FORfilS Ut LU11t~

~otons que notre enqu~te a ecirctE essentiellement faiteen milieu urbain

Les seacuteances de lutte ont tendance agrave perdre leur particulariteacute de r~shy

jouissance pour devenir des pheacutenomegravenes de sportisatio Deux fores

de luttes so~t principale~cnt prat s dans les aregrave~es du 5 al

la lutte traditiunnelle simple et la lutte traditionnelle avec frappe

De nos jours la lutte traditionnelle tend vers une reacuteglementation

et une institutionalisation

Le reacutesultat de nos investigations nous donne le tableau ci-dessous

REPARTITION ETHNIQUE SUR 100 PRATIQUANTS

LUTTE LUTTE RAPPORTETHNIES SANS FRAPPE AVEC FRAPPE J2

Diola 40 16 71 j

Seacuteregravere 26 21 57

Toucouleur 23 10 69

Wolof 1 1 53 17

La demande sociale par ordre deacutecroissant pour la lutte sans frappe

se preacutesente comrre suit

]0_ Ethnie diola avec pregraves de 3 lutteur~ sur 4

2deg_ Ethnie toucouleur

Ethri dun

~ 1 LA LUTTE TR])IIIO~~ELLE AVEC H-PPE

Cette forme deacute lutte a une histoire qui date de lantiquiteacute elle

sa~pelait le Pugilat Au Seacuteneacutegal elle a vu le jour dans le Cayor

bien avant la colonisation Le coup dE pied l~Lrdn~lement la morshy

sure la frappe et le doigtf eacutetaient permis dans le cc=bat ~ ~middot~p0~~e

Dans certains cas la giffle eacutetait beaucoup plus dangereuse que le

poing quand elle eacutetait donneacutee par un speacutecialiste Cette giffle pouvait

agrave elle seule deacutechirer et mecircme parfois amputer la joue de ladverser

Selon les informations la lutte avec frappede nos jours serait une

forme de lutte tregraves eupheacutemiseacutee de celle dantan ougrave une blessure

pouvait souvent ecirctre mortelle

Aujourdhui au niveau du folklore la lutte na plus la mecircme

le spectaculaire a remplaceacute le significatif iLa lutte avec frappe se 1

pratique surtout dans les centres urbains C~aque fois quun grand combat 1

est progra~eacute par le Comiteacute National Proviso~re (CNP) des centaines damashy

teurs sont mobiliseacutes vers le stade lba Mar D~OP qui est aujourdhui le i

lieu approprieacute ougrave se deacuteroulent les grands conkbats de lutte Cest la formE

de lutte qui semble drainer une foule de personnes beaucoup plus importante

que celle de la lutte simple

La lutte avec frappe deacuteriverait dune forme de lutte traditionnelle

pratiqueacutee jadis dans le Cayor au temps des Damels et la frappe serait

le substitut dun certain nombre de pratiques doigteacute jet de produits

etc bullbullbull dont le but eacutetait laveuglement de ladversaire La lutte avec

frappe serait une continuation logique dune carriegravere sportive de la

lutte traditionnelle qui sen sert comme moyen socio-eacuteconomique En

effet la majoriteacute des lutteurs avec frappe ont dabord eacuteteacute initieacutes agrave la

lutte simple Cependant il faut signaler que de nOS jours il arrive

que le jeune lutteur avec frappE- soit directenent formEacute conne speacutecialistE

agrave la frappe sa~s pour autant faire son chemin dabcrd egravea~s la lutte

- ~ shy

Le recircsultat dE ~os interviews ncus rec~trE qGune pcpulatiD~ divcrsishy

fiampe sint~resse agrave ce sport et qUE les intecircr~[s des uns et d~SlautrE~

semble~t divergents naucuns affirment que la lutte traditionnelle

avec frappe serait monteacutee par des personnes dont la vocation est dexshy

ploiter ce pheacuteLomegravene agrave des fins commerciales Dautres disent gJellegrave

jouit de mcyens irport~nts t[l[~isio

tation etc bullbullbull ) pour toucher toutes les couches sociales CEpe~~a~t

nous remarquons que mecircme si certaines personnes reprochent agrave cette

forme de lutte decirctre brutale ces mecircmes personnes nheacutesitent pas agrave

se rendre le dimanche agrave laregravene Bien que critiqueacutee elle semble ecirctre

adopteacutee par une tregraves grande partie de la population seacuteneacutegalaise Cepenshy

dant en tant que techniciens il nous est permis de faire une remarque

Il sagit de

- Limpression nette decirctre devant des professionnels de la frappe

qui sont ~ntratneacutes pour cela Dailleurs les propos que nous avons

recueilli~ nous prouvent que la plupart des champions de lutte avec 1

frappe s~ntratnent dans certains sports de combat tels ~ue la boxe i 1

le karateacute le judo Dans cette nouvelle forme de pratique de la lutte

contrairefuent agrave la lutte traditionnelle le technicien e~t souvent

perdant face au puncheur Ce dernier adopte une lutte agrave distance qui

lui permet de placer agrave bon escient ses coups animeacute du deacutesir de vaincre

Le technicien lui se voit contreacute dans toutes ses entreprises par

un uppercut ou un crochet

On peut dire cependant que nul sport au Seacuteneacutegal que la lutte tradishy

tionnelle avec frappe ne deacutechaicircne autant de passions et autant de

pheacutenomegravenes poussant agrave lexcegraves et deacutereacuteglements quon ne peut que deacuteplorer

Mais comment deacutecrier un spectacle de lutte qui bien quayant perdu la

presque totaliteacute des valeurs traditionnelles veacutehiculeacutees autrefois par

elle sait susciter une participation effective de tous ceux qui sont

preacutesents

CONCLUSION

Dans ce meacutemoire nous sommes efforceacutes ~e faire ressort ir limportance des

ethos et des habitus et leurs effets sur la pratique de la lutte tradishy

tionnelle au Seacuteneacutegal

L~b egravethos repr~sentent dune maniegravere g~neurorale tous les eacuteleacutements speacutec

fiques sux Seacuteneacutegalais par conampeacuteguent un systegraveme de valeurs traditionnellEs

Mais m~me si ces valeurs rev~tent une signification universelle (honneur

digniteacute courage etc bullbullbull ) il nen demeure pas moins que ce nest pas leur

nature qui fait leur speacutecificiteacute mais la hieacuterarchisation et limportance i

quon accorde agrave toutes ces valeurs de ~ar leacuteducation ou la culture

i 1

Aussi les valeurs traditionnelles puient leur speacutecificiteacute dans les

caracteacuteristiques propres aux eacuteleacutements ~e la socio-cu1ture (la technologie

et leacuteconomie la politique et la pareteacute la psychologie et lideacuteologie)

dans la socieacuteteacute seacuteneacutegalaise agrave n momen donneacute de son eacutevolution Cest i

dire la neacuteceesiteacute de ne point faire della valeur une reacutealiteacute statique

Cest dite aussi quagrave tout mome~t le ~eacuteneacutegalais peut eacutevoluer et creacuteer

ou vivre par conseacutequent de nouv~lles fprmes de valeur qui lui sont 1

propres ft (J)

La lutte traditionnelle veacutehiculant deS valeurs socio-cu1ture1les speacutecishy

fiquement seacuteneacutegalaises (croyances valeurs morales norme de comportement

opinion attitude bullbullbull ) devient un eacuteleacutement important qui tregraves certaiaement

nous aidera dans notre effort de valoriser et de peacuterenniser notre patri shy

moine culturel par le biais dactiviteacutes physiques et sportives

Leacutetude des habitus nous permet de prouver quil y a plusieurs faccedilons

de se mouvoir comme danser lutter bullbullbull qui varient avec les diffeacuterentes

ethnies (wolof toucouleur seacuteregravere diolagt leurs convenances et leurs

eacuteducations

(1) Revue Ethiopiques 31 Les valeurs traditionnelles et le problegraveme de leur inteacutegration dans les systegravemes modernes jtducatio-1 2 6r--70

nautre part cette eacutetude permet aussi de nous rendrE compte de la

correacutelatipn eacutetroite existant entre la pratique de la lutte traditionnelle

et le sta~ut socio-eacuteconomique du pratiquant

Nos inves~igations nous indiquent que la lutte recrute essentiellement

au niveau des classes socio-eacuteconomiques situeacutees en bas de leacutechelle

donc posseacutedant le statut social le moins favoriseacute La lutte avec frappe

-et un certain secteur commercialiseacute de la lutte simple- y trouve sa

leacutegitimiteacute Comme le dit BOURDIEU nA habitus diffeacuterents styles de Vle

divergents et il oppse les pratiques aristocpatiques correspondants agrave

des activiteacutes qui favorisent les situations eupheacutemiseacutees ougrave la stylisashy

tion est importante aux pratiques populaires qui font appel agrave des

qualiteacutes qpposeacutees bllutes rugueuses Certaines interviews nous

montrent que plus lindividu occupe une place eacuteleveacutee dans leacutechelle

sQciale e~ 1

moin$ il sinteacuteresse agrave la lutte

Les reacutesultats recueillis dans nos diverses investig~tions confirment 1 1

1er propos qui disent que nous assistons aujourdhu~ agrave une involution

de la lutte traditionnelle parce que perdant toutes ses speacutecificiteacutes au 1

pryfit d~ne autre forme de lutte que lon continue agrave appeler nostalshy

giqlementIIlutte traditionnelle

Ceci pourrait peut-~tre trouver une explication dan la citation suivante

La liberteacute de creacuteer dinnover de vivre Pleineinenf decirctre soi et de

preacuteserver son authenticiteacute la digniteacute et lhonneu1demeurent des illushy

sions dans la misegravere eacuteconomique~ Nos ancecirctres creacuteai~nt des valeurs de cishyl

vilisation parce quils eacutetaient libres parce qu1i~s ignoraient toute

deacutependance eacuteconomique ils cultivaient en eux et cbez leurs enfants le 1

Jorn et la Kersa et preacutefeacuteraient la mort agrave la hoJte lI (1)

Or le Seacuteneacutegal comme la plupart des pays africainsi est un pays sousshy

deacuteveloppeacute t cependant face agrave cette volonteacute du gou~ernement seacuteneacutegalais

de faire inteacutegrer dans leacuteducation des valeurs traditionnelles nous

pouvons espeacuterer utiliser comme moyen deacuteducation la lutteacute traditionnelle

qui reste quand mecircme vecteur jethos et dhabit~s

- 54 shy

Mecircme si lon a noteacute un appauvrissement notoire sur les plans socioshy

culturel et moral la lutte traditionnelle recegravele une gamme importante

et varieacutee de techniques permettant incontestablement une ouverture vers

les luttes olympiques libre et g~eacuteco-romaine

La lecture de ce meacutemoire permettra agrave lentratneur et au professeur de

lutte en fonction du lieu ougrave ils seront affecteacutes dans le territoire

seacuteneacutegalaisdavoir une information sur les techniques contrOles et

formes de corps propres agrave chaque groupe ethnique et de les mettre en

relation avec leurs croyances et leurs mentaliteacutes

Nous avons essayeacute de montrer que la pratique de la lutte traditionnelle

doit tre axeacutee sur une ethnomotriciteacute au Seacuteneacutegal qui permette une inishy

tiation facile Cette pratique de la lutte traditionnelle seacuteneacutegalaise

devra dailleurs essayer de ~eacutepondre aux aspirations du Seacuteneacutegalaisl

moderne en souvrant aux ap~orts positifs des autres civilisations

ex~eacuterieures nous voulons Jvidemment parler du judo et des luttes oiymshyJ

piques 1

1 j Nous navons pas la preacutetentfon dans le cadre de ce meacutemoire demattrise

de reacutepondre agrave toutes les qutstions se rattachant agrave leacutetude de ~a lutte

traditionnelle souslangle~socio-culturel car non seulement il nous

manque lexpeacuterience et la c peacutetence en la mati~re mais aussil l le temps

et les moyens dont nous dis osions ne nous permettaient pas d~puiser le 1sujet i

1 1 1 t 1

l

- )5 shy

BIBLIOGRAPHIE

BIBLIOGRAPHIE

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Edition Delachaux et Niestleacute 244 pages

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3- PIERON Henri Vocabulaire de la psychologie

PUF Deuxiegraveme eacutedition 1957 469 pages

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DAKAR MAI-JUIN 1980

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REPUBLIQUE DU SENEGAL

--------------- INSTITUT NATIONAL SUPERIEUR

MINISTERE DE LA JEUNESSE DE LrsquoEDUCATION POPULAIRE

ET DES SPORTS ET DU SPORT

-------------

(INSEPS)

MEMOIRE DE MAIcircTRISE

Es-SCIENCES ET TECHNIQUES

DE LrsquoACTIVITE PHYSIQUE ET DU SPORT

LA LUTTE TRADITIONNELLE

son importance sa signification en fonction des ethos et des habitus ethniques au Seacuteneacutegal

Preacutesenteacute par

Monsieur Joseph Victor FAYE

Sous la direction de

M Jean Marc ROCHEZ

Professeur agrave lrsquoINSEPS

Anneacutee de soutenance 1984

BOXE A~~GLISE

Lieu Iba l-ar DIOP - ASFA - ASFPO - SC -ASC JJAF - ASC lA

ugraveate du 201283 au 020684

~E~~~~E~~~~ Ici nous ferons la mecircme remarque que pour le Judo

Notons que toute lenquecircte a eacuteteacute faite agrave Dakar

Observation

La boxe recrute ses pratiquants surtout dans les classes 3 et 4 et

on note que le nombre de pratiquants nest pas aussi important comme

dans les autres disciplines

KARATE

Lieu YUKOKAI KARATE CLUB - SAMOURAI KARATE CLUB - Iba Mar DIOP

CLUB DE GIBRALTAR - ASFA - ASFA - ASFPO - GM Thiegraves

Date du 201283 au 020684

SE~~~~E~~~ Notre enquecircte se passait dans une ambiance sympathique

de camaraderie Geacuteneacuteralement apregraves la seacuteance dentratnement

Observation

Nous constatons que la distribution des pratiquants bien que favorisant

les groupes 2 et 3 semble plus homogegravene que dans les autres disciplines

~ LUTTE TRADITIONNELLE AVEC FRAPPE

Lieu Ecurie de Fass - Ecurie des Seacuteregraveres - Ecurie Mermoz

- Ecurie des Casamanccedilais

Date du 04-02-84 au 020684

Ccedilj~9~~~aEccedil~ Il est agrave signaler que cest la discipline ougrave l~ contact

avec les pratiquants a eacuteteacute plus difficile les speacutecialistes qui~ la plushy

part du temps semblent meacutefiants quand on commeucircce agrave leur poser des quesshy

tions preacutecises sur leur revenu mensuel

2 -liCc 055cllt le lle11ent SegraveS praLicltants dans le ba

de lecirc~helle ces~-agrave-dire dans le ~ruumlupe 4

~ecircsultats

Les reacutesultats enregistreacutes sont reacutecapituleacutes en nombre et en pourcentage

-agrave lapproximation pregraves- dans le tableau ci-dessous

LUTTE 1 LUTTELUTTEGROUPES BOXE KARATE JUDO AVEC OLYMshySIMPLE i i FRAPPE PIQUE

1 11 1 1 1

1 11 1 1 1 11 0 1 0 8 1 16 9 1 18 4 1 8 0 1 0 7 1 14

1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1

1 11 1 1 1 1 12 3 1

1 6 21 1

1 42 22 1 44 6 1 12 4 1 8 17 1 341 1

1 1 1 1 1 1 1

1 1

1 1 1 1 1

3 22 1 44 13 1 26 15 1 30 16 1 32 5 1

1 10 10 1 20

1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1

1 1 1 11 1 1

14 25 1 50 8 1 16 4 1 8 24 48 41 1 1 82 16 1 321 1 1 1 bull 1 1 1 1 1

1 1 1 1 1 11 1 1 1 TOTAUX 50 1100 50 1100 50 100 50 pOO 50 pOO 50 1100

1 1 1 1 1 1 1 1 1 1

Afin dG failiter la lect~~e je c~ table3~ t ~2 re~dre sig~ific~tives

s info~~ations quil contient ces difteacutere ts reacutesultats nu~eacuteriques

peuvent ecirctre formuleacutes selon des repreacutesentations graphiques

1 Clientegravele des Sports de combat

FIGURE l

Il apparatt nettement que les sports de combat recrutent essentiellement

dans le bas de la hieacuterarchie sociale ce sont des sports populaires don

propices agrave une massification de la pratique

Toutefois on peut nourrir quelques inquieacutetudes pour que soient reacuteunies

les conditions de leur deacuteveloppement en raison du faible statut quils

possegravedent au regard defllintelligentsia seacuteneacutegalaise

2 Hieacuterarchisation des gants sportifs en matiegravere de sport

de combat au sein des cadres supeacuterieurs -Groupe 1shy

FIGURE I[

La f-appe est honni aucl1 pratiqua1t de boxe Olt de lutte avec frappe

agraveUloins quelle fasse lobjet dune stylisation cxtrecircme COTIme cest le

cas dans le karateacute Ce groupe manifeste un seuil extrecircmement bas de toleacuteshy

rance agrave la violence ce qui explique les discours infamants degraves que la

lutte avec frappe est secoueacutee par quelques excegraves Leacuteopold Seacutedar SENGHOR 1

navait-il paS deacuteclareacute que cette forme de lutte eacutetait une atteinte permashy

nente agrave limage de marque du Seacuteneacutegal

Bien quil soit difficile de proposer une explication unique curiositeacute

esprit douvetture permeacuteabiliteacute aux modes bullbullbull les repreacutesentants de ce

groupe adoptet facilement des sports importeacutes 85 des goOts pour le 1

Judo le Karateacute et la Lutte Olympique qui pourtant est bien peu pratishy1

queacutee au Seacuteneacutegfll j

Faut-il en deacuted~~re une attitude geacuteneacuterale favoris~agrave tout ce qui provient

de leacutetranger

Nous nous refu~ons preacutesentement agrave ce genre dexplicationJ ne ser~it-ce que

par ses conseacuteqJences sur notre sport national dont les perspectives appashyj

raicirctraient bie sombres

Admettons que la pratique de ces disciplines sont en rapport avec des

deacuteterminants eacuteconomiques et que ceux-lagrave sont un frein P4ur la popularisashy

tion de ces pratiques A lappui de cette interpreacutetation~ il suffit de

composer le champ social du Judo et celui de la Lutte libre traditionnelle

--== G J

32

LUTTE SIHPLEJUDO FIGURE JI(

Le groupe 2 qui manifeste un inteacuterecirct reacuteel pour les sports de combat -pregraves

de 25 iuml de la population i~tervieweacutee- et qui p6ssegravede les ~oyens de choisir

ses pratiques opte massivement pour le judo CDnme lexprirre le rapport de

agrave 4

- shy

A la lumiegravere de cette succi~te analyse des demandes sociales en matiegravere

de pratique des sports de combat nous pensons recouper la theacuteorie de

lhabitus selon BOURDIEU qui veut que des hatitus diffeacuterents impliquent

des styles de vie divergents si lon entend par style de vie un systegraveme

de pratiques classeacutees et classantes(I)

La mutation de la socieacuteteacute seacuteneacutegalaise celle du milieu urbain se caracteacuteshy

rise par lapparition despaces sociaux qui sont en rapport avec des

espaces culturels Il en reacutesulte des pratiques distinctives comme

lexprime le pogam

En effet si les cateacutegories sociales existent et si chaccedilune delle exprime

une marque sur les conduites des sujets il est naturel ~e penser que des

pratiques1 sportives servent de modegraveles distinctifs et detrsymbOles dorgashy

nisation ieacuterarChique dans la socieacuteteacute exprimant les dif eacuterentes clas8eamp(2)

Ces const4tations ont dimportantes implications sur leeacuteveloppement et

lavenir des pratiques Si dans notre IIIegrave partie nous 1tenterons de 1

mettre en rapport les particulariteacutes ethniques avec les pluraliteacutes de

style de lutte nous parlons presque au passeacute Une IVegraveme partie devra

e~visager la situation actuelle de la lutte afin de pouvoir eacutemettre

qu~lques hypothegraveses sur son devenir

Cest auss~ une ambition de ce meacutemoire daider ceux qui sinteacuteressent reacuteellE

ment agrave la lutte de savoir entendre au travers des deacuteclarations normatives

et apologeacutetiques Nous ne doutons nullement de la conviction ou de la bonne

foi de leurs auteurs mais parmi les possibles il yale probable et seul

ceiui-lagrave meacuterite decirctre retenu car plus proche agravee la recirc~liteacute

(I) BOURDIEU pierre La distinction Les Editions de minuit 1979 page 191

(2) Le POgdlt Deacuterrocratisation du sport ythe (u reacutealiteacute

- 1f shy

j j l IlL DL l H L S DE

3 1 LA COll1ŒNAUTE DIOLA

311 Preacutesentation

Les diolas vivent dans la reacutegion de Casamance et repreacutesertent 9 de la

population totale du Seacuteneacutegal Ce sont geacuteneacuteralement des cultivateurs de

riz et des artisans Cependant on peut les trouver aujourdhui disperseacutes

dans toutes les capitales reacutegionales affecteacutes agrave divers meacutetiers militaire

gendarme fonctionnaires de lEtat ouvrier etc bullbullbull

Dans les villes la plus grande partie des diolas vit dans les qoartiers

populaires Par exemple agrave Dakar on les trouvera agrave Colobane agrave Fass agrave

Grand Yoff ou agrave Khar Yalla La plupart du temps cesDnt des artisans et des

ouvriers du secteur priveacute qui vont essayer dune maniegravere ou dune autre de

vivoter en bricolant deci de lagrave Mais mecircme loin de la Casamance cette

ethnie conserve une grande partie de ses caracteacuteristiques et plus partishy

culiegraverement la solidariteacute ethnique qui veut que les Diolas forment toujours

un bloc bien soudeacute quand le besoin se ifait sentir et cecisans discrimishy

nation de rang social Ainsi tous lesdiolas de Dakar se mobilisent pour

supporter le Casa Sport chaque fois qbe cette eacutequipe de foot-baIl vient

jouer agrave Dakar Cette mobilisation se fera aussi dans le cas ougrave leur chamshy

pion de lutte Mamadou SAKHO livre uncombatimportant

Lethnie diola est diviseacutee en trois sous-groupes

- les dio1as Fogny de Bignona

- les diolas Kassa autour dOussouye

- les diolas Blouf dans la preacutefecture de Tendouck

Mais en lutte on a pris lhabitude ~e les grouper en deux zones dune

part le Kassa qui preacutesente des particulariteacutes et dautre part lE Fogny

et le Blouf

- J 7 shy

3 ) 2 ~U(lquE5 aspects d~ l~ducatio~ ~t des rit~s en milieu diol~

L eacuteducat ion veacuteritable de lenfant diola est sociale et ne se corlprend

que dans la relation sociale elle deacutepasse de loin le strict cadre

famililal Elle commence au stade de lapprentissage du langage

Lenfant apprendra agrave reconnattre le langage du regard de ses parents

Il doit connaicirctre et faire la diffeacuterence entre un regard approbateur

et un regard qui blacircme De mecircme il doit apprendre agrave faire les gestes

de la tecircte qui expriment lapprobation En aucun cas lenfant nest

laisseacute agrave lui-mecircme Aura-t-il deacutesobeacuteit par complaisance naura-t-il pas

eacutecouteacute ou fait attention aux recommandations reacutepeacuteteacutees plusieurs fois

sans reacutesultat il fera lobjet dune punition corporelle avec la chicotte

Elle a pour effet de faire mal au corps de lenfant afin datteindre son

acircme sa sensibiliteacute et instaurer en lui une sorte de 1iaision de la

meacutemoire du mauvais comportement agrave la douleur quen voulant eacuteviter la

douleur il finit par eacuteviter le mauvais comportement en tout cas den

prendre conscience degraves cet acircge Cest une meacutethode deacuteducation mora1e (])

i 3121 Leacuteduca~ion maternelle

1

Notre eacutetude nous a montreacute que mecircme de nos jours leacuteducation diola

conserve encore ses caracteacuteristiques traditionnelles au niveau des rites

des moeurs des habitudes des principes et des normes

Leacuteducation de lenfant reste lune des plus rigoureuses Elle commence

degraves le plus bas acircge car pour le dio1a on ne peut redresser une personne

adulte donc autant leacuteduquer tregraves jeune Jusquagrave lacircge de trois ans

lenfant sera encadreacute par sa megravere qui bien queacutetant tregraves douce fait

preuve daucune indulgence Elle lui apprend les interdits de la communaushy

teacute respecter son prochain ne pas insulter ni profeacuterer de gros mots surshy

tout en preacutesence de grandes personnes ni faire violence agrave autrui

Plus terd v~rs cinq ou SlX ans le jeune garccedilon est initi~ a~x travaux

ces cna~ps des rizi~r~s cles pal~eraiEs ce Gui ne manquer6 pa5

davoir ces rEpcrcussic~s sur SOn deurovelopperncnt morpholoique

- 1( shy

3122 La circoncisio~

cest un rite obligatoire Il a pour but dintroduire le garccedilon dans

la communauteacute des hommes en tant que responsable Cest un rite qui

laisse une trace indeacuteleacutebile dans la vie du jeune diola Les principes

de la vie en socieacuteteacute y sont enseigneacutes agrave fond Le rite de la circoncishy

sion preacuteseuro~teuro uneuro forme p~lticul do~t s~uls les diolas connaissent

lorganisation internecar la circoncision est agrave la fois une eacutepreuve

physique intellectuelle et morale

Cette circoncision en milieu diola se passe dans le bois sacreacute En ce

lieu les Njoulis (circoncis) sont encadreacutes par des mattres les

Kintangs et au-dessus de ces mattres regravegnent un ecirctre doteacute de faculteacutes

occultes il sagit du Kankourang Le kankourang a cette capaciteacute de

disparattre de voler quand bon lui semble Il incarne la justice et la

violence et assure la protection de ses disciples contre les mauvais

esprits Ainsi le kankourang incite agrave lobeacuteissance et agrave lordre dans

cette socieacuteteacute Dans la tradition diola le kankourang repreacutesente un

pouvoir mystique capable de choses extraordinaires dont la socieacuteteacute

moderne avide de raisonnement ne pourra trouver une explication Au

cours de la circoncision les initieacutes subissent un certain nombre

deacutepreuves physiques que le diola appelle samasso Il doit se soushy

mettre agrave lensemble de ces eacutepreuves consideacutereacutees comme indispensables

agrave sa formation pour lui permettre de juger ses capaciteacutes physiques

mais eacutegalement deacutepouver sa valeur intellectuelle morale et sociale

Il pourra aussi se mesurer aux autres dans le domaine de la consideacuteration

et du respect En quittant le bois sacreacute le jeune doit posseacuteder une

grande partie des qualiteacutes humaines et socisles quil faut agrave un howmE

pour vivre en harmonie avec la socieacuteteacute traditionnelle Il serait bien

sOr possible dans le cadre dune eacutetude plus approfondie de parler de

bien dautres rites et pratiques traditionnelles

Notons cependant que le rite de la circoncision appartient aux anc~t~es

et que dans les villages reacutecents ougrave les structures ont changeacute on ne

Jeux jours avant la re~trfE cans le bois sacr[ les adolescents so~r

-

- Jo shy

por lE diola 11-071- doit rester en harrc1iE avec lE

tal lanimal lui-mecircme les ancecirctres les geacutenies Le rit~ du rasdge co~sist~

acirc ~loigner la ~alchance de lenfant Si l~ ritE nest pas respecteuro eumlr es

parents du futur initieacute celui-ci connaicirctra la malchance pendant toute sa viE

Ce rite a aussi pour faculteacute deacuteloigner le mal et de preacuteserver lenfant des

mauvais esprits

Le rite de leau sacreacutee se fait un jour avant lentreacutee dans le bois sacrEacute

Les femmes doivent se garder davoir le moindre contact avec leau beacutenite

pour se preacuteserver des conseacutequences facirccheuses qui pourraient en reacutesulter La

tradition veut quune seule goutte soit capable de deacuteclencher lavortement

l chez la femme enceinte de rendre steacuterile la jeune fille ou de provoquer des

menstrues perpeacutetuelles chez la femme ayant atteint la meacutenopause bull

bull Le rite de la forge protegravege le futur initieacute pendant son seacutejour dans le bois

sacreacute Mais cette protection seacutetend bien au-delagrave et de rite veut que toute

personne qui y faillit soit condamneacutee agrave devenir leacutepreuse

Pendant plusieurs semaines les jeunes initieacutes subissent une formation capishy

tale qui fera deux des hommes complets

313 Croyances et pratiques mystiques

Si nombreux sont les diolas convertis au Christianisme ou agrave lIslam leur

foi napparatt jamais incompatible avec leurs croyances animistes Lhisshy

toire des rois et reines diolas nous reacutevegravele quils eacutetaient les ffprecirctres fl de

ces cultes feacutetichistes destineacutes agrave maintenir la fertiliteacute et agrave provoquer

la chute des pluies De nos jours existent encore des socieacuteteacutes secregravetes agrave

base religieuse ou magique la plus redouteacutee eacutetant lassociation neacutecrophashy

gique Kousanga des Floup (1)

Deux fafu expliquent la coexistence du dogme et de la croyance

le contact tardif de la socieacuteteacute diola avec les civilisations eacutetrangegraveres

et leacutevangeacutelisation ou lislamisation quelles veacutehiculaient Il e~ reacutes~lt~

une importance des traditions leur reacutesstance agrave une remise en questic~ ce qui confegrave~e agrave la socieacuteteacute diola un caractegravere conservateur

r~c~~i]EE 2~fr~~ ~c - t

ct ~Cc egraveE~ Cimiddotilisatilaquo~ eacute

la neacutecessiteacute de lanimisme consiegraveeuroreacute comme base de toutes legrave~

religi0~s uumlegrave serait-ce que corr~e tentative ciexpliquer li1explishy

cable en se repreacutesentant en particulier comme un ensemble de puisshy

sances mystiques Ainsi pour lanimiste agir sur la nature cest

intervenir psychologiquement aupregraves de ceLX qui la gouvernent

314 Imeact des moeurs sur la prat~que de la lutte diola

Lorigine de la populariteacute de la lutte eugrave milieu diola est par trop

impreacutecise aussi nous nous limiterons agrave en donner la signification

actuelle La lutte apparatt dabord comme un moyen privileacutegieacute deacutedushy

cation

- sur le plan corporel afin de deacutevelopper la force lagiliteacute la

rapiditeacute et la souplesse

- sur le plan moral afin de deacutevelopper les vertus caracteacuterielles

courage tenaciteacute digniteacute bullbullbull neacuteces~aires agrave laction

Mais la lutte apparatt aussi comme un mpyen dinteacutegration sociale car

le jeune diola qui se refuserait agrave se sbumettre agrave leacutepreuve de la lutte

encourrait un isolement alors que celui qui excelle en bravoure devient

rapidement populaire Dougrave ces affrontements agrave linteacuterieur dune classe

dige qui tout en restant un moyen de reacutejouissance servent eacutegalement

agrave eacutetablir des comparaisons

Nos observations et nos interviews confirment le caractire tris physique

de la lutte diola immeacutediatement les lutteurs sont au corps agrave corps et

les techniques consistant agrave aracher ladversaire priment sur toutes les

autres Exprimer sa force est une preacuteoccupation constante il suffit pour

sen persuader de voir le groupe de lutteurs peacuteneacutetrer dans laregravene au son

du Born bol on que rythme le claquement de mains des femmes

C~tte da~se est une deacutebauche dAnegie Ougrave les lutteurs pieacutetin~Ert avec

force L sol

i shy

3141 EorphologUgrave et valeur physiques du lut teur diola

Le lutteur diola possegraveagrave~ un deacuteveloppement caracteacuteristique du trai~

supeacuterieur et de la musculature doso-lombaire Ceci est tregraves certaineshy

ment lieacute au maniement de la houe de la daba et surtout dukadiando

dont lusage permanent a modeleacute la morphologie du lutteur diola

La valeur physique de ce lutteur semble reposer sur sa force sa

reacutesistance mais aussi sa rapiditeacute

3142 Reacutepertoire technique

Dans le Blouf la forme du corps la plus utiliseacutee est le deacutecalage souvent

combineacute avec un crochet de jambe (gal gal) ceci semble ecirctre lieacute agrave

lutilisation quotidienne dans les riziegraveres du kadiando Le paysan du

Blouf sera ameneacute agrave faire un mouvement de torsion pour deacutecalerlinstrushy

ment enprenant appui sur son genou et ceci continuellEment pendant toute

la jourpeacutee Chez les diolas du Fogny le kadiando eacutefait surtout utiliseacute

par les femmes qui soccupaient autrefois exclusivement de la riziculture

et ce n~est quaujourdhui que les hommes cultivent le riz 1

La principale culture dans le Fogpy est celle du mil on y cultive aussi

de larachide De ce fait loutil le plus utiliseacute est le donkoton qui

est un instrument tregraves petit avec un manche court et dont le maniement

expliquerait peut-ecirctre leacutetonnante musculature du train supeacuterieur et surshy

tout de la zone dorso-lombaire du 4i6la fogny qui excelle dans les techshy

niques en force genre arracheacute avec les bras sur contrOle de la ceinture

de ladversaire Lulisation du donkoton semble eacutegalement expliquer la

garde tregraves basse du lutteur fogny

Dans le kassa on aurait pu trouver la mecircme forme de lutte car la morphoshy

logie du lutteur est agrave peu pregraves la mecircme mais linterdiction formelle de

la prise du ~gimbe modifie et limite tout le repertoire technicult2 ou

lutteur Le lutteur kassa adopte une garde basse et agrave une preacutefeacuterence pc~r

legraveS tc~-iccedilues n passa~ dessous - - ~ shymiddotmiddotcrc t--=~ c-

----

contact et agrave partir de ce TtoTteuront ils peuvent se relever et conti~uEr

en lutte debout jusquau terrassemen~

Toutes les gardes sont rapprocheacutees en milieu diola

irbi trage

Les combats sont arbitreacutes par un deacuteleacutegueacute geacuteneacuteralement anClen lutteur

Ces anciens lutteurs ont pour rocircle de veiller au bon deacuteroulement du

combat La victoire est deacutecreacuteteacutee dans les cas ougrave un des lutteurs se

retrouve en position assise sur le ventre sur la cuisse ou les

genoux (sauf dans le Kassa)

Il existe un autre mode de victoire celle qui est proclameacutee agrave la

suite dune supeacuterioriteacute eacutevidente du~ des lutteurs A savoir quand

un lutteur soulegraveve tregraves haut son camarade et que son manager estime i

quil est pratiquement battu il peut arrecircter le combat en touchant

dabord le lutteur adverse popr eacuteviter que son lutteur ne soit terrasseacute

tregraves fOrt Nest-ce pas un deacutecision sage des managers qui peut contribuer

agrave maintenir le caractegravere reacutecr~atif de la lutte joola 1

La victoire dun village sur un autre village ne se mesure pas au

nombre de victoires obtenues par lensemble des lutteurs En effet

il suffit que le champion soit battu pour que le village soit consideacutereacute

comme deacutefait Ce qui explique limportance et le seacuterieux que le village

accorde agrave la preacuteparation des championsl)

Il est cependant important de signaler que larbitrage dans les centres

urbains revecirct une iautre forme beaucoup plus codifieacutee et cest peut-ecirctre

une des raisons qui font quen milieu urbain la lutte diola perde une

partie de son originaliteacute

En dehors des techniques speacutecifiques agrave chaque sous-groupe il faut

signaler quil y a une multitude de prises et quelGues formes de corps

comTIunes agrave letnn Car reconnaissons qu il cO unE ror-euro approp=i~eacute

dE ~ouvane du l~tteur diola en TaI

-----~-----

LE tableau ci-dessous se propose dE reacutesumer les diffeacuterentes consideacuteshy

rations techniques envisagEacutees dans cette partie

FORlŒSSOGS-GRGUPES 1 COItltOLE GA~JESDt CORF=

i ~

1 1

Passage dessous de jambes et BassE KASSA saisies Moyenne1annexes bras (rapprocheacutee)

ceinture tecircte

Deacutecalage de Moyenne et BLOUF Demi-souplesse Ngimbe

HauteHancheacute Bras (rapprocheacutee)

Jambe

Arracheacute CouFOGNY Tregraves basse

Hancheacute ii 1

1 1

3 14 3 bull LeIIa~~jueetlecom~ortementdulutteur-+iola

1 Le comportement et lattitude du lutteur dans laregravene pe sont en fait

t

que le reflet de sa psychologie et plus partiCUliegraverem t de son eacutetat

dacircme Or il napparatt pas abusif deacutetablir des cor eacutelations entre

le psychisme dun individu et lempreinte eacuteducative quil a subie En effet en sortant du bois sacreacute le jeune diola a acquis un ~ca~~l

eacutequilibre physique et mental

Cette matrise de lui-mecircme permet au lutteur dans la~egravene dadopter

un aire enjoueacute de manifester beaucoup denthousiasme~ La lutte devient 1

essentiellement un jeu laspec ludique y est privileacutegieacute et ~ela influe

sur le comportement du lutteur

Ainsi queurolq~c soit limporta~cE de le~je~ le lutt~c~ dic1e Seuroreacute

to~jours serein et s~ livrera sa~s arri~re pe~s6e da~$ ~E CO=beacute ou-

tons que le lutteur diola est trecircs fair-play et sil arrive quun rdnd

lll L COIicircilU1Ul L ULOF

32 J Preacutesentation

La soc tEacute wucirc10f est celle qU1 a eacuteteacute la plus marqueacutee par la colonisation

~~ fait peut-gtre de sa position geuroographiquE dune part ct de 50~ imporshy

tanCE sur le plan dfmographiquE dautre part En effEt ceurootteuro CC-~ucircautE

wolof repreacutesente environ 20 de la population seacuteneacutegalaise

Elle est constitueacutee de pecirccheurs (ce sont les leacutebous) dagriculteurs de

fonctionnaires de lEtat mais surtout de commerccedilants

A pqrtir de leur reacutegime dimplantation le Cayor le Walo le Baol le

Djolof et la presquicircle du Cap-Vert les wolofs ont tendance agrave irradier

sur lensemble du territoire sous leffet de leur speacuteculation agrave la culshy

ture de larachide et du nombre important de fonctionnaires quon trouve

dans cette ethnie

322 Les moeurs et croyances wolofs

Bien queacutetant en grande partie des musulmans convaincus les wolofs

conservent toujours une croyance animiste et continuent agrave faire des

sacrifices agrave porter des cornes ou des morceaux de bois agrave la ceinture

aux jambes ou aux bras et agrave croire agrave lexistence des Djinneacutes et des

Raps bull

Le Djinneacute cest une creacuteature malfaisante en geacuteneacuteral capable de choses

extraordinaires Il possegravede des faculteacutes surnaturelles Cependant dapregraves

la croyance animiste certains Djinneacutes peuvent ecirctre bons

Le Hapl cest une creacuteature ayant des dons occultes appartena71t agrave une

famille ou agrave une communauteacute et dont le rOcircle est de veiller cu daider

les reCJrES de le fai11p ou dt la conmunauteacute en cas de da1gel Le Rap

~ ut te c ) ~~c-

ei sltcificE cJ sanl dE meut0 dL chat de pC)wleurot 5E1lt les conveuroshy

lances parfois leur dorner COrllTe offrande du lait Laii

Qua1d une famille ou une communauteacute neacuteglige les Sarakh (ici dans

le sens de sacrifice ou Offrande) elle se voit aussitocirct vouEacutee agrave la

maleacutediction des mauvais esprit~ (fcllec dans touteacuteS lEs ~treprises

de la vie maladie mort bullbullbull ) Les lieux ougrave habitent ls Taps et ougrave

se font les sacrifices se nomment Khambs

Geacuteneacuteralement le khamb se trouve dans lenceinte de la maison ou

dans un coin approprieacute du village Les lieux du khamb sont marqueacutes

par la disposition de calebasses de pilons de morceaux de poterie

briseacutes de grosses pierres de cornes et dautres objets heacuteteacuteroclytes

La superstition wolof est tregraves marqueacutee En effet pour le wolof toutes

les manifestations quotidiennes trouvent leur signification dans le

mysticisme Citons agrave cet effet quelques ezemples Une femme enceinte

ne doit pas marcher agrave nimporte quelle heure de la journeacutee Certaines

heures de la journeacutee lui sont interdites le Timiss (creacutepuscule

le Ndjo~or (de 13 H agrave 14 H de lapregraves-midi) le souf-segravede (de

minuit i4 H du matin) Selon la tradition ~t la croyance wolof les

mauvais ~sprits choisissent ces heures pour jeter des sorts Et la

femme enceinte eacutetant tregraves vulneacuterable le Djinneacute essaiera de lui insufshy

fler son souffle pour atteindre son beacutebeacute afin dentratner soit la

meacutetamorphose de cedernier en monstre soit de le tuer avant sa naissance

Dailleurs pour le wolof et pour certaines autres ethnies au Seacuteneacutegal

le timis le tdjolor le souf-segravede repreacutesentent des peacuteriodes de

la journeacutee ougrave lon ne doit pas se hasarder dans les rues et les champs

Ce sont des heures propices aux apparitions des Djinnes sous nimporte

quelle forme humaine ou animale

Il est eacutegalement interdit au wolof de marcher ou de serti la nuit du

~eacutellfria-

loutes c~s pratiques ~ystiqu~s et cr0ya~ces religi~us~5 ~xistent eL~~[

certainement dues agrave un meacutetissage culturel Parallegravelement aux feacutetiches

aux incantations et agrave lutilisation des safaras (substance magique)

notons lexistence de ga l a tchs (ce sOnt des talismans ougrave sont inscrits

du qui les porte Toutes ces croyances biEn sucircr auront une rEacutepercussicrI

sur leacuteducation du jeune wolof

323 Leacuteducation du wolof

Pour caracteacuteriser leacuteducation wolof nous avons penseacute donner comme

illustration cet extrait de la revue DEM ak TEY Pour deacutefinir leacutedushy

cation le wolof fait appel agrave un symbolisme qui eDglobe aussi bien les

moyens mis en oeuvre Yar que le reacutesultat obtenu agrave laide de ces mecircmes

moyens cest-agrave-dire la formation et le deacuteveloppement de lecirctre humain

ou Yaru

Le substantif Yar deacutesigne le fouet

Ce symbolisme deacutesigne donc au-delagrave du simple sens mateacuteriel de lobjet

lutilisation qui permet daboutir au reacutesultat escompteacute (Yaru) Au sens

geacuteneacuteral Yar deacutesigne tout instrument servant agrave infliger une punition Le

terme laisse supposer agrave priori que cette phase de lenfance durant lashy

quelle se preacutepare la vie de lhomme est lieacutee agrave la souffrance au supplice

Dailleurs une maxime wolof compare lenfant agrave une tige quon a tout le

loisir de redresser alors quelle est encore flexible bull

bullbullbull Pour leacuteducateur wolof la perfection nest point de ce monde malS

le devoir de chaque homme est de tendre vers la pleacutenitude en luttant

contre ses propres faiblesses Leacuteducation va d01c iisister essentielle~(-~t

sur lexercice quotidien de leacutelevation ffiora1e d~ lindividu Pour cela

elle privileacutegie la patience munI) vertu dabneacutegdtion et dE deacutesinteacuteresseshy

m(~t autour dE laquelle sarticulent toutes ]e~ ~u~~~s qualiteuros

i _

aan~ ~ s0cieacutet gt~olcf ocirclt~tartt nul -Jt- poulait sabecircisstr

tion de sa libertEacute La liberteacute est le preuumler drcmiddotir dE l ho-)euro egrave~S

baigner dans une beacuteate admiration du passeacute la comparaison avec le pr~$(middott

si~posc dclle-mecircme car lon reste s reacute devant la deacutesinvolture aVEC

laquelle dES honmes daujourdhui descendants de cette ~~~EacuteTatic ccedil~l se

une fois [largis bullbull tTasque fiers davoir fait leacute priS0n PEut-2tTE

faut-il mettre cela sur le compte de lurbanisation et des nouvelles

valeurs qui ont pour nom enrichissement reacuteussite sociale avec ce que

cela comporte de deacuteshumanisant et de deacutepreacuteciateur (1)

3 bull 2 bull 3 1 bull Lesri tes

Le sevrage et la circoncision constituent les deux grandes phases initiashy

tiques chez le wolof

- Le rituel du sevrage est appeleacute maga1 (litteacuteralement rendre grand)

Cest un eacutevegravenement important aussi bien pour les parents de lenfant que

pour la co~unauteacute Durant cet eacutevegravenement qui survient geacuteneacuteralement deux

ans apregraves la naissance du beacutebeacute les personnes vivant dans lentouragE

apportent leur soutien moral et mateacuteriel

- le rituel de la circoncision revecirct pratiquement la mecircme signification

que dans les autres ethnies seule la forme diffegravere La circoncision reste

encore une eacutepreuve de la vie au sort i r de laque Ile ladolescent devient un

homme Aujourdhui il faut noter une meacutetamorphose de la structure sociale

et des croyances religieuses tregraves accentueacutee aussi bien chez les wolof que

chez les autres groupes ethniques et ceci est peut-ecirctre dO au contact

permanent quils ont avec la socieacuteteacute occidentale

Malgreacute ces constat~tions il semblerait pcu=tant qUE la sociecirct~ lecircbou Gci

bien que se trouvaLt en grande partie dans ~a Presquth du Cap-ETt Et

en contact permane~t avec les blancs soit la portior la plu8 cc~serva-

----------~_- ---~-- -----

~

Incidences d s ~00urs sur la l~ttE

Le wolof connaicirct deux formes de luttes la lutte sirplE- sans t-t

la lutte avec frappe La lutte avec frappe a une crigi~e purement r

et ce nest que plus tard quelle devint une prati1uE sportive et lud

preacuteparer agrave la guerre Aussi tout en luttant On eacutetait autoris~ agrave frapper~

griffer mordre voire introduire son doigt dans loeil de son adversaire

Le jeune wolof devait eacutegalement se livrer agrave la lutte avec frappe afin de

favoriser son insertion dans la socieacuteteacute adulte et sinitier au meacutetier de

soldat faute de quoi il ne pouvait se faire entendre ne avoir des marques

de respect Pour montrer la populariteacute de la lutte dans le Cayor signalons

que les Damels ll (rois) et les Teignes (nobles) nheacutesitaient pas agrave sy

livrer Quant au IIMbeu~ (lutteur) elle lui servait de moyen de promotion

sociale car d8S que sa reacuteputation eacutetait eacutetablie il pouvait ecirctre choisi

par les rois et les nobles comme garde de corps

325 Signification de la lutte en milieu wolof

La lutte se pratique dabord pour lhonneur qui est une vertu tregraves signishy

ficative pour le wolof Elle permet de renforcer les liens amicaux entre

les jeunes de villages diffeacuterents Le champion veut gagner

confiance et la consideacuteration de son village de ses amis

Etre champion cest aussi susciter ladmiration chez les

sentant la force la viriliteacute et la deacutetermination

326 Organisation d~s eacutepreuves de lutte

3261 Les Mbapatts Ce sont les seacuteances nocturnes

pour meacuteriter la

et des anciens

filles en repreacuteshy

Ils sont organiseacutes apregraves les reacutecoltes agrave la fin de la saiscn des pluies

Ceci surtout p~ndant les peacuteriodes de clair de lune car ils peuven~ durEr

toute la nuit Le but des ~Dapatts lt=tait de prfpa-er FhysicuemeH et

~ arb Sil

326 Le 1

cest une organisation beaucoup plus importante que les I~apatts ~

loccasion de laquelle on peut voir plusieurs lutteurs de grande reDommfe

saffronteLLa fin dl lamb est toujours couronneacutee par une grand co~bat

duquel le vainqueur est sacreacute champion de la contrecirce

Le choix du lieu est lieacute agrave limportance de ce lieu dans le village cest

la place publique ougrave geacuteneacuteralement se passent toutes les manifestations

assembleacutee geacuteneacuterale sabar (danse) cest aussi lendroit ougrave sont prises

les grandes deacutecisions

3623 Lappariement

Dans un village ou un quartier les lutteurs se regroupent en lang

(eacutequipe) et jamais deux lutteurs de mecircme lang ne se rencontrent lors

du lamb

L appariement s~ fait librement entre lutteurs de lang diffeacuterents l1hs

une regravegle veut ~uavant de lutter avec le Mbeur Kanur de tel lang si

on est soukh (l~tteur pas encore confirmeacute) il est neacutecessaire de lutter

dabord avec ses soukh et ce nest quapregraves les avoir terrasseacutes tous

quon se voit octroyer la chance de lutter contre lui

Notons que la cateacutegorisation des lutteurs par poids nest jamais prise

en consideacuteration

3624 La tenue du lutteur ou NGIMBE

Le middotNGimbe est confectionneacute par le marabout de la famille ou du clan Il

est constituecirc de pagnes en coton tisseacute geacuteneacuteralement offerts par la megravere ou

la grand-megravere du lutteur ceci lors des organisations de ~rande Tportance

COrlune lef 1amb Dans le cadre des l-bapatt les pagnes sont C tErts peumlr

~~~rcfcis ct ffi~mc aujourdhui d218 cErtaInes fa~ille5 on devj~Gr

luttEur de pegravere en fils et dans ce cas h 1

gimbell du pEgravere Est recircr i tEacute

par le fils Le fait de porter le lI~gimbe agravee ses aiumleux peut susciter

cne~ le jeune lutteur une motivation et une volontecirc in~branlable rlasshy

surer 12 supeacuterioritEacute cis SIcirct-ns dallS

le xgimbe de la famille ne touche pas le sable

La tenue du lutteur a une signification et une importance sur le plan

mystique car selon les anciens le vrai feacutetiche du lutteur celui qui

le proteacutegera agrave vaincre le Djinneacute ou le Rap de ladversaire se trouve

cacheacute dans ce Ngimbe Celui qui confectionne-le Ngimbe est doueacute de

faculteacutes occultes

~~r~i~rg Il est assureacute par un sage du village qui geacuteneacuteralement fut

championde lutte de son temps Dailleurs cet ancien nintervient que

si le terrassement est litigieux

Hormis le public qui proclame la victoire ou le match nul le lutteur

lui-mecircme est arbitre et il arrive quil se deacuteclare vaincu ~ous

pouvons citer comme exemple Meacutedoune KHOULE un des plus grands lutteurs

seacuteneacutegalais qui a donneacute une victoire agrave Djeacuteri SADIO son adversaire qui a

reacuteussi agrave lui faire toucher le sol de la main

Il Y a terrassement quand le lutteur se retrouve

- assis sur le sol

- eacutetaleacute sur le dos

eacutetaleacute sur le cocircteacute

les deux genoux au sol

- les deux ma~ns au sol

la tecircte (front au sol agrave la suite dune brouette)

Il peut y aVOIr match nul si apregraves li1 temps ccmsideacuterable les lutteurs

SE sont ~ ivrEacutes respectivement agrave des assauts rEacutepEacutetEacutes et n arrivEt pas a

3265 L~ precircparation mystique

Il faut reconnattre quon ne peut parler de lutte en milieu wolof sans

envisager une preacuteparation mystique seacuterieuse Co~~e ~ous lEvans vu a~teacute-

1middot ~ d ~ ~rlturenent t0utes es actlvmiddotltesmiddot u W010 sont lles a SeS croyances

- la lutte ne concerne pas seule~ent deux acteurs se livrant faruumlucheshy

ment agrave un combat au milieu de laregravene mais eacutegalement les marabouts et les

feacutetichistes du village ou du clan qui doivent deacutefendre leur savoir et

leur prestige Avant le combat le lutteur doit se livrer agrave un certain

nombre de preacuteparations mystiques pour assurer sa victoire Aussi sommesshy

nous appeleacutes agrave parler de BACK (cest le chant et la danse du lutteur)

- le batteur de tam-tam compose un rythme en fonction du Galagne ou du

Senghor (gds-gris) du lutteur Chaque galagne sera choisi en fonction

du Rap ou du Djinneacute correspondant au Totem du lutteur

Le chant geacuterleacuterique Feinte woy veut dire litteacuteralement composer un 1

chant Ce chant est geacuteneacuteralement composeacute par les filles du viilage du

champion ou par un griot de sa communauteacute Et agrave travers ce chrnt on

arrive agrave toucher la corde sensible du lutteur en chantant lesl innombrables 1

victoires de ses ancecirctres ou en lui rappelant ses prouesses eacuteblatantes 1

Chaque lutteur doit avoir un chant et un back qui lui sont propres

327 Le reacutepertoire technique et les caracteacuteristiques physiques dulutteur wolof

Le lutteur wolof est geacuteneacuteralement moyen de taille la musculagraveture est

tregraves saillante ce qui fait ressortir un aspect tregraves athleacutetique ceci

est vrai sans exception pour le lutteur leacutebou mais il arrive que le Cacircyoshy

rien le baol-baol le walo-walo soient de grands gabarits de forte constishy

tution

CepEndant pour une meilleure compreacutehension du sujet nous pouvons eacutetudiEr

deux jroups d lut teurs qui vont deacuteterminer deux st yI e s de lut tes

- ~ t

les tc~tativ~s de~[reacutee e~ ramassement de jambes de la~v~sairL Ce~~

peut Ecirctre expliqueacute par le fait que les lutteurs leacutebou ou walo-walc qui

sont des pecirccheursadoptent cette garde tasseacutee du fait quils so~t tou-

jours pencheacutes en tirant le fil ou en poussant la plrogue On verra techrugravequeacutes dt cirr 2C ~lt 5Jllicitocirct

surLuumlut les membres supeacuterieurs

Le cayorien et le baol-baol par contre sont les plus grands cultivateurs

darachide chez eux les techniques de lutte sont plus varieacutees et la

garde est moins renfermeacutee Les lutteurs cayorien et baol-baol ont une

morphologie et une reacutepartition musculaire bien eacutequilibreacutee ils excellent

dans les techniques en deacutecalage les techniques de jambe et surtout les

techniques de riposte ougrave lon peut voir des prises de hancheacute tregraves amples

Dune maniegravere geacuteneacuterale on peut dire que le lutteur wolof est un fin

technicien qui sait surtout creacuteer les opportuniteacutes e~ avec sa rapiditeacute

utiliser la force de ladversaire pour le deacuteseacutequilibrer le noodju

le mbas le weacuteheacuteleacute et le rasu sont des techniques propres au lutteur

wolof

En deacutefense il utilise surtout des kl~klets ou gal-gal Notons que

le balancement des bras ou Lewato e$t tregraves marqueacute dans la lutte wolof

TABLEAU RECAPITULATIF DES COMPOSANTES TECHNIQUES

( 1 )

1 SOUS-GROUPES GARDES CONTROLES FORHES DE CORPS l

Walo-walo Basse de jambe Arracheacute l l10yenne de Ngimbe et i

Leacutebou Tasseacutee et saisies annexesj Deacutecalage 1 1 distante de bras de tecirct1

j de bras Deacutecalaeuro

~-----------------~-

- ~ ~- shy - ~ ~ bull L _ _ bull

Profil psyc~~iqUE du lutteu- et son comporterent dars l 2regravere

La preacuteparation mystique dans laregravene est plus marqueacutee chez les wolofs

que ChE~ les autres ethnies En effet on verra de grands champions

preliGrE plusiEurs heures pour Enduire leur corps de cll2badep ou ci

rmiddot- ~ a la proprieacuteteacute de proteacuteger li1egraveividu J

les mauvais sorts) Cest dailleurs un aspect dt la luttE qui iJcsc

des problegraveJles

Le lutteur wolof est tregraves superstitieux et la peacuteriode de preacuteparation

est capitale pour lui car elle permet non seulement de rendre

hommage aux ancecirctres mais aussi dintimider son adversaire Cest

geacuteneacuteralement un lutteur agressif combatif et teacutemeacuteraire Il se fait

souvent remarquer par son esprit dentreprise Mais cette fougue dans

le combat lamegravene parfois bien que ce soit regrettable agrave oublier les

usages et les normes Ce manque de maicirctrise de soi peut faire croire

que le lutteur wolof manque de fair-play ce qui nest pas toujours le

cas

~A~Ugrave~ t 4AA CbUrs k LA ucirctotve f~tPle Sesect prores mou W ~ lesquelles vont se couler les comporteme~ts individuels qui sont ainsi

monteacutes par et pour lautoriteacute sociale

Les faccedilons de boire de marcher ou de sasseoir se manifestent indivishy

duellement dans le corps de chaque personne ces habitus sont cependant

des montages sociaux lieacutes agrave des significationssymboliques variables

dailleurs selon la position sociale occupeacutee par chaque sujet Ces modes

dagir se rangent dans un systegraveme de montages symboliques et lindivishy

du les apprend de la socieacuteteacute dont il fait partie agrave la place quil occupe

Lhabitus est un montage social agrave la valeur symbolique deacutependant des pheacuteshy

nomegravenes deacuteducation et de prestige et lieacute agrave la position sociale du sujet

Cette penseacutee sonne de faccedilon eacutetonamment moderne

Pierre BOURDIEU qui dans une perspective a approfondi le contenue de la

notion en le reportant aux oppositions entre classes et fractions sociales

Il deacutefinit lhabitus comme un systegraveme de dispositions durables acquis au

cours dune histoire personnelle dans une milieu social donneacute systegraveme qui

engendre ensuite des pra~iques socialement deacutetermineacutees faccedilons de manger

de parler ou de marcher comportements de politesse contenu des preacutefeacuterencel

et des deacutegoOts bullbullbull lhabitus est le produit de conditions eacuteconomiques et

sociales Lauteur rattache directement la formation de lhabitus dun

individu agrave la trajectoire parcourue par celui-ci dans sa classe dapparteshy

nance il deacutefend lideacutee dun habitus de classe qui deacutefinit le sens confeacuteshy

reacute agrave la pratique sportive les profits qui en sont attendus

Ce dernier serait lui-m~me lieacute agrave un systegraveme de valeurs ou ETHOS de classe

prenant sens au sein doppositions distinctives entre classes sociales

De sorte lhabitus fonctionne comme un systegraveme dt- regravegles inteacuterioriseacutees

souvent informuleacutees permettant ou non agrave lagent de sadapter dembleacutee aux

multiples pratiques de la vie quotidienne et de la vie sportive il est agrave

lorigine des schegravemes de transcription qui favorisent les ajustements aux

situations corporelles nouvelles (1)

t ~

(1) P~IE11D dwi6Han ISpoy-l et sodeacutebi Approche Bocio-culturelle des pratiques P~tis Vigot 1981 page 81

33

331 Preacutesentation

Les Seacuteregravere auraient pour origine le Fouta Toro quils auraient quitteacute

vers le Xllegrave siegravecle pour fuir lislamisation de cette reacutegioD par lempire

dJ Xali (ils seraient donc apparEnt~s aux Peul et Toucouleur ) Ils

auraient trouveacute dans la rEacutegion du Sine les Sosseacute dorigine manding avec

lesquels ils salliegraverent

Au XVegrave siegravecle une autre immigrationSos~ conqueacuterante cette fois-ci

apporta son organisation eacutetatique Ils se divisegraverent en deux monarchies

deacutemocratiques lune seacutetablit au Sine et lautre au Saloum Les Sosseacute

conqueacuterants constituaient lautocratie appeleacutee Guelowar

La royauteacute seacuteregravere eacutetait laiumlque Les premiers souverains durent secouer

la tutelle des Toucouleur et progressivement arrivegraverent agrave unifier lethshy

nie des seacuteregravere etdea Sosseacute Les deux royauteacutes eacutetaient organiseacutees selon

acirces modegraveles tregraves deacutemocratiques Le souverain deacutependait dune assembleacutee

de ministres et de chefs locaux qui assuraient ladministration centrale

et reacutegionale())

Aujourdhui lethnie seacuteregravere repreacutesente 20 de la population seacuteneacutegalaise

Ils sont reacutepartis sur presque toute leacutetendue du territoire notamment

dans le Baol la reacutegion du Sine-Saloum et la reacutegion de Thiegraves

Signalons quil existe plusieurs sous-groupes dans lethnie ainsi on

trouvera

- dans la reacutegion de Thiegraves les Ndut les Safegravene et les None

- dans le Sine-Saloum les Sine-sine et les Saloum-salouIT

On trouvera vers foundioune et agrave Nioro du cocircteacute de la Gambie les

Niominka (pecirccheurs) Cest une portion tregraves mandinguiseacutee

( 1

Le rattache~2~t d~ to~s ccs sous-groupes pose problecircme ~25 0~ r0~V~

uc grande partie de traits COITul1uns dans leurs modes dE vie Ct pOUT phs

de faciliteacute nous allons essayer de faire une ~tude globale de la lutte

traditionnelle seacuterecircre Lactiviteacute socio-eacuteconomique qui est essentielleme~t

agro-pasorale caracteacuterisE leacutethnie seacuteregravere

332 Lecircducation les moeurs les croyances et pratiques sEr~rc

Chez les Seacuteregravere la vie humaine se deacuteroule selon les grandes eacutetapes

le baptecircme lenfance ladolescencemarqueacutee par la circoncision lsectge

adulte le mariage la vieillesse et la mort (funeacuterailles)

La vie de la communauteacute seacuteregravere reste une des plus originales sinon

celle qui de nos jours garde la presque totaliteacute des pratiques et

habitudes traditionnelles

Bien qu aujotltdhui con~r-tis aux religions chreacutetienne et musulmane les

Seacuteregravere conservent leurs croyances et pratiques animistes

Quelque soit leur degreacute dadheacutesion aux religions reacuteveacuteleacutees les Seacuteregravere

croient en un Dieu puissant et miseacutericordieux Rog Segravene et les hommes

Les ~angols sont repreacutesenteacutes mateacuteriellement dans tous les villages

seacuteregraveres par des arbres (baobab et tamariniers) des animaux (geacuteneacuteraleshy

ment serpent doreacute ou iguane) des ustensiles (pilon calebasse et mortier)

De nombreux teacutemoignages nous apprennent que certains totems (serpent

iguane) font leur apparicion agrave loccasion de certaines manifestations

rituelles comme les sacrifices ceacuteleacutebreacutes lors dun mariage de ceacutereacutemonies

mortuaires ou des circoncisions

Le Seacuteregravere comme il nous a eacuteteacute donneacute loccasion de le dire plus haut

preacutesente des speacutecificiteacutes authentiques aussi bien en tout ce qui touch~

son eacuteducation ses croyanCES et pratiques mystiques q~e ses activiteacute~

socio-ecirccc~omiquEs Apr~s a ~aissa~c~ le beurob~ ~~ pcs~ 5~~ lE S~ __

On lui mouille les l~vres avec un peu d~ lait de mil et apr~s U~ bain

purificateur on versera leau dans un trou cr~us~ derri~r~ la Camp~~

Pendant huit jours la megravere et lenfant sont cacheacutes dans la case car

selon les anciens ils sont tregraves vulneacuterables La case deacutens certains cas

est entoureacutee dun fil blanc et lon place sur le seuil des fais(cauy di

veacutegeacutetaux pour chasser les mauvais esprits (geacutenies malfaisants et illangeUY~

dacircmes) Au bout du huitiegraveme jour la megravere et lenfant peuvent sortir de

la case bull

bullbullbull Le matin du huitiegraveme jour la tante paternelle va chercher de leau

(plusieurs fois)t elle doit rester muette pendant ses alleacutees et venues

si elle parlait t lenfant pourrait ecirctre muet bullbullbull

La megravere et lenfant prennent un bain purificateur dans lequel sont

trempeacutees certaines plantes (ce sont des veacutegeacutetaux pr~tecteurs tels le

begravene le yag le ngud) On y lavera aussi le linge e1t les ustensiles utishyj

liseacutes pendant les huit jours qui viennet de seacutecoul~r On rase le crine

de lenfant Les cheveux sont donneacutes agrave la megravere qui ~s enterrera avec le

reste du cordon ombilical dans un endroit que11e esit seule agrave connattre

La megravere sassied sur une natte devant la maison Une femme igeacutee de la

famille prend le beacutebeacute dans ses bras et le preacutesente aux quatre coins de

lhorizon

La tante paternelle tient ensuite un van sur la tecircte de la megravere on y

verse le mil on y verse eacutegalement en abondance sur la megravere et sur

lenfant La tante oint ensuite le corps du beacutebeacute avec du lait e11e

touche en particulier le front t le nez la bouche la poitrine le dos

et les oreilles

Elle pose enfin un ~rain de sel dans la paume du beacutebeacute (le sel purifie

et deacutetruit les puissances mauvaises)

Apregraves un nouveau bain la megravere et lenfant revEcirctent des habits de fecircte

(est

lenfant Ce precircnore a toujours U~ SEns Il sy~bolise parfois C0 qUi

lOIl sounaitt agrave lEufant l)

La circoncision comme dans les autres ethnies est obligatoire Elle

permet au jeune adolescent dacceacuteder agrave la classe adulte Les jeunes

sont regroupes en classe dacircge dans le bois ougrave sc fait la r0tr~it0 des

circoncis et ceci pendant plusieurs mois

Le Selbeacute qui est geacuteneacuteralement un ancien craint de tous les eacutelegraveves

enseigne le respect de la hieacuterarchie la discreacutetion le goOt de linishy

tiative Les activiteacutes physiques et leacuteducation artistique ne sont pas

en reste la deacutecoration la sculpture la lutte et la danse A sa sortie

du bois linitieacute appartient deacutesormais agrave la classe des virils et des

sages du clan car on lui aura enseigneacute les vertus fondamentales que

sont la justice lhonneur lamour du prochain 1 amour du travail

lhonnecircteteacute et surtout le respect des coutumes ancestrales

Le rite du mariage esd aussi un fait tregraves important dans le monde 1

seacuteregravere mais par manq~e dinformation nous serons obligeacutes de nous en

tenir lagrave

333 Impact des ethos sur la lutte dans le monde seacuteregravere

Lorigine de la lutte seacuteregravere ne semble pas claire ma1S nous pouvons

dire quil existait deux formes de lutte comme chez les Wolofs une

lutte sans frappe et une lutte avec frappe Et cest cette derniegravere

qui peut-ecirctre nous ameacutenerait agrave croire que la lutte seacuteregravere aurait une

origine plus preacuteciseacutement guerriegravere

Aujourdhui la lutte est uniquement une activiteacute sportive agrave travers

laquelle le jeune seacuteregravere eacutevalue sa force son courage et SOn ingeacutenioshy

siteacute Cest une occasion de deacutefendre lhonneur de son village ou de

la corrnnunauteacute

La luttE ~5t avant tout u~e rnanifcs[dtic~ c~lturclie et surtout

fo lkhriqut-

Gracircce agrave elle on peut deacutesormais comprendre un certain nombre de chants

et de symboles A travers la lutte seacuteregravere on ccedilomprend les inter-relashy

tions entreacute la vie et le monde surntiturel

Sil devait y avoir la mort dun villageacuteois pendant la fecirctE au T qUE

de linterrompre on proceacutedait gracircce aux connaissances magico-religieuses

agrave la suspension de la mort jusquagrave une peacuteriode ougrave la population sera plus

disponible pour organiser des funeacuterailles sil y eacutetait preacutedit la possibishy

liteacute dune deacutefait du champion local au profit dun champion dun autre

village des recettes dordre maginque et religieux eacutetaient mises en prashy

tique afin que le champion du village ne soit jamais terrasseacute(J)

334 Le profil du lutteur seacuteregraver~

Le lutteur seacuteregravere est par essence un athlegravete impressionnant de par sa i

carrure et sa musculature saillante mais cest aussi une force tranquille

et calme quelque soit lenjeu du combagravet et particuliegraverement lhonneur

Cet aspect nous pousse agrave parler du NGiMBE cest-agrave-dire de la tenue du

lutteur qui va influencer sur sa faccedilon de lutter

La confection du Ngimbe revient agrave la communauteacute entiegravere Le Ngimbe a

une signification symbolique et le lutteur pour meacuteriter la confiance du

groupe se doit de tout faire pour ne pas toucher le sol Toute la commushy

nauteacute elle aussi sengage pour assurer la longeacuteviteacute et le succegraves du lutteur

dans laregravene par lorganisation droffrandes et de sacrifices en lhonneur

des Pangols bull

bull

Daucuns nheacutesitent pas agrave dire que lessentiel du mysticisme se fait agrave

la maison et non dans laregravene tout le reste nest quintimidation de

ladversaire

lsvcns

Tt- pi ~- t

t 1 ~ l _ ~ t

par rapport agrave lautre Cbci est trEgraves lieacute agrave lactiviteacute journaliegravere du

jeune seacuteregravere qui est un cultivateur donc toujours bien planteacute sur ses

jambes et qui continuellement manie lhiler

Le fait de couper le boi~ peut eacutegalement constituer un moyen de muscushy

lation non neacutegligeable pour le jeune lutteur

Un certain nombre de traits techniques speacutecifiques au lutteur seacuteregravere

semblent ressortir des diffeacuterentes interviews que nous aVOns fait subir

agrave certains lutteurs seacuteregraveres et agrave diffeacuterents techniciens

SOUS-GROUPES FORMES DU CORPS CONTROLES GARDES

SAFEN Moyenne en fente NONE Hancheacute Bras (distante) j

NDUTJ

f

SINE-SINE Deacutecalage Ngimbe

Moyenne

SALOUM-SALOUM Passage- Jambe (rapprocheacutee) 1

i

PETITE dessous Tecircte Basse et 1

COTE Moyenne (rapprocheacutee)

Notons que le Niominka ll commence agrave lutter agrave partir du sol pour avoir

assez deacutelan et sauter sur ladversaire afin davoir la prise du lion

(contr6le de la nuque et du bassin)

Co a -tem-nt ccedilt attitude du lutteur sEacuteregravere335 np -1t ~

Les croyances mystiques sont indissociables des activiteacutes quotidiennes

duseacuteregravere Ce qui explique le cocircteacute supersticieux du lutteur seacuteregravere En

~ffet certains lutteurs refusent de lutter avant certaines heures

Certains teacutemoignages nous apprennent quil nest pas donneacute agrave tout le

monde decirctre champion de lutte et que le lutteur doit avoir des dons

surnaturels pour ecirctre agrave mesure de livrer ses combats dans la nuit

et trouver seul un gris-gris speacutecial appeleacute Njatch

Le vrai champion de lutte chez les seacuteregraveres ne lutte pas seulement avec

~a force et sa technique mais surtout avec ses dons occultes

Chez les seacuteregraveres les morts sont toujours preacutesents et les ~pangols

Servent dintermeacutediaire entre les hommes et les morts Le pangol prend i

le nom dhumain dans certains villages (IIHeacuteJga NDONG Har Wag NGOUYE) i 1

De ce fait on verra le lutteur danser dufe maniegravere ou dune autre en

fonction du pangol de sa famille Ainsi nrus aurons le back (chant et

danse du lutteur) des DIOUF des FAYE etclbullbullbull

Dans laregravene le lutteur seacuteregravere a un comportement exemplaire aussi bien

agrave leacutegard de son adversaire direct quave~ le public en geacuteneacuteral Lexpli shy

cation semble tenir au fait que le lutteur seacuteregravere est avant tout selon

la tradition orale le repreacutesentant de toute la communauteacute seacuteregravere Par

conseacutequent il devra saffirmer non seulement en tant que lutteur dans

laregravene mais aussi en tant quentiteacute morale

336 La tenue du lutteur ou NGIMBE est confectionneacutee par le marabout de la

famille ou du clan Le Ngimbe est constitueacute de pagne en cCton tisseacute

Il doit ecirctre propre le lutteur qui le porte ne devra pas avoir de rapshy

port sexuel pendant toute la peacuteriode des cOTpeacutetitians car le Ngi~bE ne

doit pas ~tre souilleacute

Autrefois et mecircme aujourdthui dans certaines familles on devient

lutteur de pegravere en fils et dans ce cas le Ngimbe du pegravere est heacuteriteacute

par le fils Le fait de porter le Ngimbe de ses aieux peut susciter

chez le jeune lutteur une motivation et une volonteacute ineacutebranlable dtasshy

surer la supeacuterioriteacute d~s siens dans ltaregravene Il fera tout pour que le

Ngimbe de la ramille ne touche le sable

La tenue du lutteur a une signification et une importance sur le plan

mystique car selon les anciens le vra1 feacutetiche du lutteur celui qui

le proteacutegera et laidera agrave vaincre le nDjinne ou le tRapu de ladvershy

saire se trouve cacheacute dans ce Ngimbeu bull Celui qui confectionne donc le

Ngimbe U est doueacute de faculteacutes occultes

337 Larbitrase est assureacute par un sage du village qui geacuteneacuteralement fut

champion de lutte de son temps Dailleurs cet ancien nintervient que

si le terrassement est litigieux Hormis le public qui proclame la vicshy

toire ou le match nul le lutteur lui-mecircme est arbitre et il arrive

quil se deacuteclare vaincu

Nous avons pu cfter Meacutedoune KHOULE un desplus grands lutteurs seacuteneacutegashy

lais qui a donn~ une victoire agrave Djeacuteri SADIO son adversaire qui a reacuteussi

agrave lui faire touegraveher le sol de la main

IlL

34 1 Preacutesentation

Lethnie toucouleur vit En grandt partit ciE~~ la vallfc du S~~~gal

pt reprecircsente i peu pr~s 8 de la population totale secircn~galaise

o Histoire

Il semblerait que dans lancien royaume du Tekrour (IX~ siegravecle) des

eacuteleacutements neacutegroiumldes Sarakoleacute et des Peul aient formEacute par meacutetissage le

peuple Toucouleur (Toucouleur serait dailleurs une deacuteformation du

mot portugais Tacouror)

Ce empire a domineacute aussi bien les wolofs de lOuest que les Peul

nomades du Fouta Toro Cette reacutegion fut le premier pays islamiseacute par

les Almoravides ce qui peut expliquer le proseacutelytisme toucouleur

Ce sont les guerriers toucouleur islamiseacutes qui attaqu~rent avec les

Almoravides la capitale du Ghana Koumbi en 1067 On convertit par

la force les animistes Cest sans doute agrave cette eacutepoque que de nombreuses

ethnies reacutefractaires agrave lIslam ont dO accentuer leur migration vers

le sud (Seacuteregravere wolof Sarakoleacute Bambara Songhaiuml Akan et Peul se reacuteshy

fugiaient vers les hauteurs du Fouta Djalon)

Au XIXegrave siegravecle les Toucouleur allaient trouver en El Hadj Omar Tall

un grand conqueacuterent qui sous le preacutetexte religieux de la gJerre sainte

contre les tribus animistes (entre autres Bambara) eacutetendit lempire

toucouleur sur presque tout lensemble du gali et la partie de la Guineacutee

proche du l1ali

Lempire toucouleur composeacute de Sarakoleacute de Bambar~ de ~alinkeacute de

Xassonkeacute dE Peul et de Dogon eut le meurorit~ dunir CES diif~rentes ~ ~ - - - - - et~ics ~t dE CD~stituer l~Sl la b2S~ ~r 1

_ ~ ~ ~_ L ~

~ ~- ~- - - ---- _ 1 v _ t 1 ~-_ --

marabout tOL~culcuuml~ ~ middotlrrany a l ick SI venu des E1i rClS dE Pocior~ (

~ Vi~ euroconomicue et sociale -----------~-------------

Les Toucouleur sont des cultivateurs mais bien quils n~ soie~t pa~

pasteurs comrre les Peul leacutelevage a une place inportarteacute decirc1S ltur

eacutecono~ie Pour faciliter leur conquecircte guerriegraverE ils c~t Eucirc une preacuteshy

dilection pour leacutelevage des chevaux On y trouve aussi des pecirccheurs

appeleacutes Tchioubalo La socieacuteteacute toucouleur aurait une stratification

sociale tregraves rigide Les groupes ethniques et les castes eacutetaient

diffeacuterencieacutes et strictement exogamiques les Rimbe classe des nobles

comprenant la famille reacutegnante et les guerriers libres la classe des

Nieacutenieacutebegens de castes artisanales i les Rimaibeacute anciens esclaves

devenus serviteurs qui portent les noms de famille de leur maicirctres A

la base de lorganisation de la collectiviteacute toucouleur se situe le

village (Wouro)

Toutes ces castes sont cloisonneacutees entre elle~ Ainsi il nest pas

permis agrave un Torodo (noble) de se marier avec un Tchioubalo Ces

consideacuterations sont importantes dans le domaine de la lutte ougrave nous

apercevrons que les nobles ne sont pas faits pour lutter Le noble

preacutesidera les seacuteances de lutte et on luttera pour lui Ces condeacute rat ions

de noblesse et de rang social sont extrecircmement importantes dans le

monde toucouleur

Le noble ne doit pas se salir on lutte pour lui il ne vit la lutte

quen tant que spectateur

342 Education moeurs croyances et eratiques religieuses

Deux formes d~ducation sont agrave consideacuterer leacutedJcatio~ dES enfarts Et

celle des adultes

oG lenfant sait m2n~~r et apprfcier le goOt d~5 ~iifeurorents r~pas lt

le moment ougrave il CO~~e~CE agrave marcher

tivirt n~sormais le petit toucou]eur est eacuteduquf par toutmiddot 12 f2~i)]E

dabord puis par toutes lespersc~nes du village ou du C13~

Lenfant peut ~tre corrigeacute par tout adulte appartenant au groupe social

Son eacuteducation est deacutesormais laffaire de toute la communauteacute et non

exclusivement celle ces parents On linitie ainsi au travail quotidien

qui se fait dans la bergel~ e les champs et les bords du fleuve Au sein

du village il pourra apprendre agrave filer la laine et agrave tisser des pagnes

dans les champs il apprend agrave manier la houe et lhiler pour la culture

du riz et du mil Mais signalons que lactiviteacute essentielle du toucouleur

est leacutelevage des boeufs des moutons et des chegravevres Chez les Ichioushy

balos (p~cheurs ) lenfant sera initieacute tregraves tat au maniement des pagaies

agrave la p~che propremccedilnt dite et agrave la nage

Vers cinq-six ans lenfant est confieacute au maicirctre coranique le Ihierno

et ce dernier dispose exclusivement de toute sa vie Lavenir du jeune

enfant lui appartient

Comme dans les autres groupes ethniques les enfants sont regroupeacutes en

classe dacircge et cest dans cette structure que lenfant subit les rite

de passe et plus particuliegraverement celui de la circoncision

La circoncision est non seulement unE opeacuteration chirurgicale malS surshy

tout une peacuteriode au cours de laquelle le jeune garccedilon passe de leacutetat

dadolescent agrave leacutetat dadulte Les circoncis sont reacuteunis en classe

dacircge dans un endroit situeacute hors duvillage geacuteneacuteralement choisi par les

vieux Cet endroit n~st accessible que par des individus de SExe ffi8SCUshy

li~ ~ta~t au preacutealabl circoncis

- - - -

quable et complet sur le plan phy~ique et ~oral Ai~si liniti~

acquiert les qualitecircs indispensables que sont le courag~ la modest

lesprit de sacrifice lendurance

Le toucoule~r est un pleux musulma~ Cela sexp1

SOil le premier agrave tre en contact avec la religion musulmane de par sa

position frontaliegravere Lethnie toucouleur de par son histoire a preacutesenteacute

les plus grands chefs militaires et religieux musulmans seacuteneacutegalais Et

pour illustrer cela on peut citer en exemple la grande famille musulmane

des SY agrave TIVAOUANE repreacutesentant la confreacuterie des TIDJANES

Bien que lon note une majoriteacute musulmane on peut dire que certaines

croyances et pratiques mystiques et animistes persistent encore surtout

dans la reacutegion du fleuve

Une pratique courante se fait elle sappelle le Djatt Elle consiste

agrave faire sortir le caiman du fleuve agrave limmobiliser et agrave lattacher

sans quil ne reacuteagisse et tout ceci agrave laide de versets et dincantashy

tions magiques Dapregraves les teacutemoignages ces pratiques sont plutocirct

freacutequentes chez les Tchioubalos (pecirccheurs) Il arrive aussi que cershy

tains chasseurs ayant des dons se livrent agrave certaines pratiques an1shy

mis tes qui consistent agrave invoquer certaines puissances et agrave moduler sous

forme de chant des versets occultes pour se proteacuteger des mauvais esprits

et pour eacuteloigner les fauves Ce chant est geacuteneacuteralement incompreacutehensible

et deacutenueacute de sens pour le profane

343 Activiteacutes ludiques et pratiques sportives en milieu toucouleur

Durant toute son histoire lethnie ~oucouleur a toujours EacutetEacute Frese~teacute~

comme celle qui avait ue activit essentiellement guerr e e~ particushy

liegraverement farouche Trois eacuteleacutements ret r t l ecirc t te nt i c- euro so~t

le manie~~nt du ~acircton 12 luttE Et 1eacute danSE

l

Lecircducation ph~sique et artistique Dcc~pe un place precircpondecircra~rp

dans la fDrmat~on du jEune toucouleur A loccasion agraveeacutevegravenemen~ imporshy

tants reacutecoltJs mariages baptecircme nous assistons agrave des manifestashy

tions folkloriques de grande envergure le Wango oucirc dailse toucouleur

tregraves gymnique iles chants et surtout les sEacuteances de lutte

La lutte toucouleur est la forme de lutte la plus spectaclaire dans

tout le territoire seacuteneacutegalais Elle est essentiellement baseacutee sur des

techniques en hancheacute et surtout en souplesse Ceci sexplique par le

fait q~e le jeune toucouleur est tregraves tocirct initieacute agrave la gymnastique (saut 1

per saut de main salto arriegravere saut de tecircte couronneacute etc bullbullbull ) pour

la dans~ du wa~go En dansant le wango qui est une danse rythmeacutee et

gymnique le Jeune toucou1eur est capable de prouesses extraordinaires

1

En lutte lattaquant se deacuteplace tregraves peu pour avoir une bonne saisie

(geacuteneacutera~ement controcircle du Ngimben ) et enchaine brusqueme~t avec une

attaque surpris~ Cependant les ripostes sont souvent surprenantes et

spectaculaires (baseacutees sur la souplesse et la rapiditeacute) ontrairement

aux autr~s form~s de luttes ougrave lon voyait tous les jeune adheacuterer la

lutte to~cou1eur Verra un groupe de speacutecialistes sadonne agrave la lutte 1

(la lutte est lieacutee agrave la position sociale de lindividu problegraveme de

caste)

Q La morphologie du lutteur toucou1eur 1

1 1

Ce dernier nest pas aussi large et aussi fort que les lutteurs diola

et seacuteregravere Cependant il est tregraves reacutesistant La musculatJre est saillante 1

et tregraves souple lindividu est longiligne mais tregraves athleacutetique

Les mouvements de lutteurs sont semblables agrave ceux dun grand fe1in Cette 1

morphologie semble ecirctre lieacutee agrave la position geacuteographique de lethnie

(reacutegion du fleuve) et agrave lacitiviteacute socio-eacuteconomique du toucouleur qui

est agrave la fois cultivateur (activiteacute lieacutee agrave la crue et deacutecrUE du fleuve)

pecirccheuro~T CIcr~icubaon) et sttout jEumlrgcr qui est U~ rc~2eumlr

shy

Deux formes egrave~ corps sembl~nt ecirctre preacutefeacutereacutees du lutteur toucouleur

le hancheacute et la souplesse Les hancheacutes sont faits agrave partir de plusieurs

positions de doset se terminent geacuteneacuteralement par des techniques de

tregraves grande amplitude

TABLEAU RECAPITULATIF DES TECHNIQUES ET FORMES DE CORPS SPECIFIQUES

i

L441 r

GARDE FORMES DU CORPS CONTROLES --shy - -

Moyenne Souplesse Ngimbe

Hancheacute bras

Demi-souplesse

1

Profil psycholosigue 1

TECHNIQUES

ContrOle du bassin et 12 souplesse

arriegravere

Klicket et allegravegement de la hanche

Le lutteur toucouleur est celui lUi se livre le moins aux preacuteparaqons

maraboutiques Cela est dO au f~t que le toucouleur est un grand ~USUlshyman et que les pratiques animisges ont presque disparu dans ce mil~eu

Dans la pratique le lutteur esJ combaif mais il est calme et tr~s reacutefleacutechi quant agrave la deacutecision agrave prendre en plein corps agrave corps ct~st un des seuls techniciens qui reJte tregraves lucide au cours de ses comb~ts

l Dans toutes les circonstances e lutteur toucouleur est tenu de re~pecshyter son adversaire et ceux de s4n eacutequipemecircme sil est vaincu

Comme nous avons dO nous en rendre compte la rigueur des principes

eacuteducationnels a une influence tregraves sensible sur l~ comportement du

toucouleur

i

III S COCL ~s 1DO

Dans cette partie nous avons essay~ de montrer lftroite re1atic~

Entre les diverses activiteacutes socio-eacuteconomiques dans les ethnies et

lES diffEacuterentes faccedilons de lutter

Daucuns seraient tent~s de conclure trop rapidement et cest p0~r

cette raison que nOUS avons penseacute preacuteciser que le pheacutenotype nest

pas geacuteneacuterateur du geacutenotype Et nous sommes convaincus que la morphoshy

logie et les techniques des lutteurs relegravevent de leurs modes de vie

et de leurs croyances agrave une eacutepoque et danE un contexte bien deacutetermishy

neacutes

Est-ce que les lutteurs dio1a ou seacuteregravere travaillant avec leurs bras

dans les champs auraient les mecircmes pr 0 fil s physiques que les lutteurs

utilisant des machines pour lagriculture

- 69 shy

I UJOURDH~1 E-S ut O[l LES FORfilS Ut LU11t~

~otons que notre enqu~te a ecirctE essentiellement faiteen milieu urbain

Les seacuteances de lutte ont tendance agrave perdre leur particulariteacute de r~shy

jouissance pour devenir des pheacutenomegravenes de sportisatio Deux fores

de luttes so~t principale~cnt prat s dans les aregrave~es du 5 al

la lutte traditiunnelle simple et la lutte traditionnelle avec frappe

De nos jours la lutte traditionnelle tend vers une reacuteglementation

et une institutionalisation

Le reacutesultat de nos investigations nous donne le tableau ci-dessous

REPARTITION ETHNIQUE SUR 100 PRATIQUANTS

LUTTE LUTTE RAPPORTETHNIES SANS FRAPPE AVEC FRAPPE J2

Diola 40 16 71 j

Seacuteregravere 26 21 57

Toucouleur 23 10 69

Wolof 1 1 53 17

La demande sociale par ordre deacutecroissant pour la lutte sans frappe

se preacutesente comrre suit

]0_ Ethnie diola avec pregraves de 3 lutteur~ sur 4

2deg_ Ethnie toucouleur

Ethri dun

~ 1 LA LUTTE TR])IIIO~~ELLE AVEC H-PPE

Cette forme deacute lutte a une histoire qui date de lantiquiteacute elle

sa~pelait le Pugilat Au Seacuteneacutegal elle a vu le jour dans le Cayor

bien avant la colonisation Le coup dE pied l~Lrdn~lement la morshy

sure la frappe et le doigtf eacutetaient permis dans le cc=bat ~ ~middot~p0~~e

Dans certains cas la giffle eacutetait beaucoup plus dangereuse que le

poing quand elle eacutetait donneacutee par un speacutecialiste Cette giffle pouvait

agrave elle seule deacutechirer et mecircme parfois amputer la joue de ladverser

Selon les informations la lutte avec frappede nos jours serait une

forme de lutte tregraves eupheacutemiseacutee de celle dantan ougrave une blessure

pouvait souvent ecirctre mortelle

Aujourdhui au niveau du folklore la lutte na plus la mecircme

le spectaculaire a remplaceacute le significatif iLa lutte avec frappe se 1

pratique surtout dans les centres urbains C~aque fois quun grand combat 1

est progra~eacute par le Comiteacute National Proviso~re (CNP) des centaines damashy

teurs sont mobiliseacutes vers le stade lba Mar D~OP qui est aujourdhui le i

lieu approprieacute ougrave se deacuteroulent les grands conkbats de lutte Cest la formE

de lutte qui semble drainer une foule de personnes beaucoup plus importante

que celle de la lutte simple

La lutte avec frappe deacuteriverait dune forme de lutte traditionnelle

pratiqueacutee jadis dans le Cayor au temps des Damels et la frappe serait

le substitut dun certain nombre de pratiques doigteacute jet de produits

etc bullbullbull dont le but eacutetait laveuglement de ladversaire La lutte avec

frappe serait une continuation logique dune carriegravere sportive de la

lutte traditionnelle qui sen sert comme moyen socio-eacuteconomique En

effet la majoriteacute des lutteurs avec frappe ont dabord eacuteteacute initieacutes agrave la

lutte simple Cependant il faut signaler que de nOS jours il arrive

que le jeune lutteur avec frappE- soit directenent formEacute conne speacutecialistE

agrave la frappe sa~s pour autant faire son chemin dabcrd egravea~s la lutte

- ~ shy

Le recircsultat dE ~os interviews ncus rec~trE qGune pcpulatiD~ divcrsishy

fiampe sint~resse agrave ce sport et qUE les intecircr~[s des uns et d~SlautrE~

semble~t divergents naucuns affirment que la lutte traditionnelle

avec frappe serait monteacutee par des personnes dont la vocation est dexshy

ploiter ce pheacuteLomegravene agrave des fins commerciales Dautres disent gJellegrave

jouit de mcyens irport~nts t[l[~isio

tation etc bullbullbull ) pour toucher toutes les couches sociales CEpe~~a~t

nous remarquons que mecircme si certaines personnes reprochent agrave cette

forme de lutte decirctre brutale ces mecircmes personnes nheacutesitent pas agrave

se rendre le dimanche agrave laregravene Bien que critiqueacutee elle semble ecirctre

adopteacutee par une tregraves grande partie de la population seacuteneacutegalaise Cepenshy

dant en tant que techniciens il nous est permis de faire une remarque

Il sagit de

- Limpression nette decirctre devant des professionnels de la frappe

qui sont ~ntratneacutes pour cela Dailleurs les propos que nous avons

recueilli~ nous prouvent que la plupart des champions de lutte avec 1

frappe s~ntratnent dans certains sports de combat tels ~ue la boxe i 1

le karateacute le judo Dans cette nouvelle forme de pratique de la lutte

contrairefuent agrave la lutte traditionnelle le technicien e~t souvent

perdant face au puncheur Ce dernier adopte une lutte agrave distance qui

lui permet de placer agrave bon escient ses coups animeacute du deacutesir de vaincre

Le technicien lui se voit contreacute dans toutes ses entreprises par

un uppercut ou un crochet

On peut dire cependant que nul sport au Seacuteneacutegal que la lutte tradishy

tionnelle avec frappe ne deacutechaicircne autant de passions et autant de

pheacutenomegravenes poussant agrave lexcegraves et deacutereacuteglements quon ne peut que deacuteplorer

Mais comment deacutecrier un spectacle de lutte qui bien quayant perdu la

presque totaliteacute des valeurs traditionnelles veacutehiculeacutees autrefois par

elle sait susciter une participation effective de tous ceux qui sont

preacutesents

CONCLUSION

Dans ce meacutemoire nous sommes efforceacutes ~e faire ressort ir limportance des

ethos et des habitus et leurs effets sur la pratique de la lutte tradishy

tionnelle au Seacuteneacutegal

L~b egravethos repr~sentent dune maniegravere g~neurorale tous les eacuteleacutements speacutec

fiques sux Seacuteneacutegalais par conampeacuteguent un systegraveme de valeurs traditionnellEs

Mais m~me si ces valeurs rev~tent une signification universelle (honneur

digniteacute courage etc bullbullbull ) il nen demeure pas moins que ce nest pas leur

nature qui fait leur speacutecificiteacute mais la hieacuterarchisation et limportance i

quon accorde agrave toutes ces valeurs de ~ar leacuteducation ou la culture

i 1

Aussi les valeurs traditionnelles puient leur speacutecificiteacute dans les

caracteacuteristiques propres aux eacuteleacutements ~e la socio-cu1ture (la technologie

et leacuteconomie la politique et la pareteacute la psychologie et lideacuteologie)

dans la socieacuteteacute seacuteneacutegalaise agrave n momen donneacute de son eacutevolution Cest i

dire la neacuteceesiteacute de ne point faire della valeur une reacutealiteacute statique

Cest dite aussi quagrave tout mome~t le ~eacuteneacutegalais peut eacutevoluer et creacuteer

ou vivre par conseacutequent de nouv~lles fprmes de valeur qui lui sont 1

propres ft (J)

La lutte traditionnelle veacutehiculant deS valeurs socio-cu1ture1les speacutecishy

fiquement seacuteneacutegalaises (croyances valeurs morales norme de comportement

opinion attitude bullbullbull ) devient un eacuteleacutement important qui tregraves certaiaement

nous aidera dans notre effort de valoriser et de peacuterenniser notre patri shy

moine culturel par le biais dactiviteacutes physiques et sportives

Leacutetude des habitus nous permet de prouver quil y a plusieurs faccedilons

de se mouvoir comme danser lutter bullbullbull qui varient avec les diffeacuterentes

ethnies (wolof toucouleur seacuteregravere diolagt leurs convenances et leurs

eacuteducations

(1) Revue Ethiopiques 31 Les valeurs traditionnelles et le problegraveme de leur inteacutegration dans les systegravemes modernes jtducatio-1 2 6r--70

nautre part cette eacutetude permet aussi de nous rendrE compte de la

correacutelatipn eacutetroite existant entre la pratique de la lutte traditionnelle

et le sta~ut socio-eacuteconomique du pratiquant

Nos inves~igations nous indiquent que la lutte recrute essentiellement

au niveau des classes socio-eacuteconomiques situeacutees en bas de leacutechelle

donc posseacutedant le statut social le moins favoriseacute La lutte avec frappe

-et un certain secteur commercialiseacute de la lutte simple- y trouve sa

leacutegitimiteacute Comme le dit BOURDIEU nA habitus diffeacuterents styles de Vle

divergents et il oppse les pratiques aristocpatiques correspondants agrave

des activiteacutes qui favorisent les situations eupheacutemiseacutees ougrave la stylisashy

tion est importante aux pratiques populaires qui font appel agrave des

qualiteacutes qpposeacutees bllutes rugueuses Certaines interviews nous

montrent que plus lindividu occupe une place eacuteleveacutee dans leacutechelle

sQciale e~ 1

moin$ il sinteacuteresse agrave la lutte

Les reacutesultats recueillis dans nos diverses investig~tions confirment 1 1

1er propos qui disent que nous assistons aujourdhu~ agrave une involution

de la lutte traditionnelle parce que perdant toutes ses speacutecificiteacutes au 1

pryfit d~ne autre forme de lutte que lon continue agrave appeler nostalshy

giqlementIIlutte traditionnelle

Ceci pourrait peut-~tre trouver une explication dan la citation suivante

La liberteacute de creacuteer dinnover de vivre Pleineinenf decirctre soi et de

preacuteserver son authenticiteacute la digniteacute et lhonneu1demeurent des illushy

sions dans la misegravere eacuteconomique~ Nos ancecirctres creacuteai~nt des valeurs de cishyl

vilisation parce quils eacutetaient libres parce qu1i~s ignoraient toute

deacutependance eacuteconomique ils cultivaient en eux et cbez leurs enfants le 1

Jorn et la Kersa et preacutefeacuteraient la mort agrave la hoJte lI (1)

Or le Seacuteneacutegal comme la plupart des pays africainsi est un pays sousshy

deacuteveloppeacute t cependant face agrave cette volonteacute du gou~ernement seacuteneacutegalais

de faire inteacutegrer dans leacuteducation des valeurs traditionnelles nous

pouvons espeacuterer utiliser comme moyen deacuteducation la lutteacute traditionnelle

qui reste quand mecircme vecteur jethos et dhabit~s

- 54 shy

Mecircme si lon a noteacute un appauvrissement notoire sur les plans socioshy

culturel et moral la lutte traditionnelle recegravele une gamme importante

et varieacutee de techniques permettant incontestablement une ouverture vers

les luttes olympiques libre et g~eacuteco-romaine

La lecture de ce meacutemoire permettra agrave lentratneur et au professeur de

lutte en fonction du lieu ougrave ils seront affecteacutes dans le territoire

seacuteneacutegalaisdavoir une information sur les techniques contrOles et

formes de corps propres agrave chaque groupe ethnique et de les mettre en

relation avec leurs croyances et leurs mentaliteacutes

Nous avons essayeacute de montrer que la pratique de la lutte traditionnelle

doit tre axeacutee sur une ethnomotriciteacute au Seacuteneacutegal qui permette une inishy

tiation facile Cette pratique de la lutte traditionnelle seacuteneacutegalaise

devra dailleurs essayer de ~eacutepondre aux aspirations du Seacuteneacutegalaisl

moderne en souvrant aux ap~orts positifs des autres civilisations

ex~eacuterieures nous voulons Jvidemment parler du judo et des luttes oiymshyJ

piques 1

1 j Nous navons pas la preacutetentfon dans le cadre de ce meacutemoire demattrise

de reacutepondre agrave toutes les qutstions se rattachant agrave leacutetude de ~a lutte

traditionnelle souslangle~socio-culturel car non seulement il nous

manque lexpeacuterience et la c peacutetence en la mati~re mais aussil l le temps

et les moyens dont nous dis osions ne nous permettaient pas d~puiser le 1sujet i

1 1 1 t 1

l

- )5 shy

BIBLIOGRAPHIE

BIBLIOGRAPHIE

1- CLAPAREDE Psychologie de leacuteducation et peacutedagogie expeacuterimentale

Edition Delachaux et Niestleacute 244 pages

2- POCIELLC Christian Sport et Socieacuteteacute approche socio-culturelle

des pratiques Paris Vigot 1981 377 pages

3- PIERON Henri Vocabulaire de la psychologie

PUF Deuxiegraveme eacutedition 1957 469 pages

4- Revue socialiste de culture neacutegro-africaine ETHIOPIQUES

Les valeurs traditionnelles et le problegraveme de leur inteacutegration

dans les systegravemes modernes deacuteducation

GIA 21 Juillet 1982 213 pages

5- N2 Revue du Centre dEtudedes Civilisations DEM ak TEY

NIS IVegrave Trimestre 1982 96 pages

6- Document lNSEP Colloque sur la lutte aeacuteregravere

DAKAR MAI-JUIN 1980

t 1

~- Travaux du IVegrave Congregraves National ~es Sports agrave DAKAR les 2223041981

Bulletin n2 91 du CIO du 15 Aont 1965

l____________________________

8- Meacutemoire de Mattrise BADJI Abdou La lutte traditionnelle Joola

Etude et perspective

9- Meacutemoire Inspectorat JS DJITTE Mandy Les pratiques corporelles

traditionnelles au Seacuteneacutegal pour leur exploitation et leur

utilisation en peacutedagogie Marly le Roi 1980

REPUBLIQUE DU SENEGAL

--------------- INSTITUT NATIONAL SUPERIEUR

MINISTERE DE LA JEUNESSE DE LrsquoEDUCATION POPULAIRE

ET DES SPORTS ET DU SPORT

-------------

(INSEPS)

MEMOIRE DE MAIcircTRISE

Es-SCIENCES ET TECHNIQUES

DE LrsquoACTIVITE PHYSIQUE ET DU SPORT

LA LUTTE TRADITIONNELLE

son importance sa signification en fonction des ethos et des habitus ethniques au Seacuteneacutegal

Preacutesenteacute par

Monsieur Joseph Victor FAYE

Sous la direction de

M Jean Marc ROCHEZ

Professeur agrave lrsquoINSEPS

Anneacutee de soutenance 1984

2 -liCc 055cllt le lle11ent SegraveS praLicltants dans le ba

de lecirc~helle ces~-agrave-dire dans le ~ruumlupe 4

~ecircsultats

Les reacutesultats enregistreacutes sont reacutecapituleacutes en nombre et en pourcentage

-agrave lapproximation pregraves- dans le tableau ci-dessous

LUTTE 1 LUTTELUTTEGROUPES BOXE KARATE JUDO AVEC OLYMshySIMPLE i i FRAPPE PIQUE

1 11 1 1 1

1 11 1 1 1 11 0 1 0 8 1 16 9 1 18 4 1 8 0 1 0 7 1 14

1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1

1 11 1 1 1 1 12 3 1

1 6 21 1

1 42 22 1 44 6 1 12 4 1 8 17 1 341 1

1 1 1 1 1 1 1

1 1

1 1 1 1 1

3 22 1 44 13 1 26 15 1 30 16 1 32 5 1

1 10 10 1 20

1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1

1 1 1 11 1 1

14 25 1 50 8 1 16 4 1 8 24 48 41 1 1 82 16 1 321 1 1 1 bull 1 1 1 1 1

1 1 1 1 1 11 1 1 1 TOTAUX 50 1100 50 1100 50 100 50 pOO 50 pOO 50 1100

1 1 1 1 1 1 1 1 1 1

Afin dG failiter la lect~~e je c~ table3~ t ~2 re~dre sig~ific~tives

s info~~ations quil contient ces difteacutere ts reacutesultats nu~eacuteriques

peuvent ecirctre formuleacutes selon des repreacutesentations graphiques

1 Clientegravele des Sports de combat

FIGURE l

Il apparatt nettement que les sports de combat recrutent essentiellement

dans le bas de la hieacuterarchie sociale ce sont des sports populaires don

propices agrave une massification de la pratique

Toutefois on peut nourrir quelques inquieacutetudes pour que soient reacuteunies

les conditions de leur deacuteveloppement en raison du faible statut quils

possegravedent au regard defllintelligentsia seacuteneacutegalaise

2 Hieacuterarchisation des gants sportifs en matiegravere de sport

de combat au sein des cadres supeacuterieurs -Groupe 1shy

FIGURE I[

La f-appe est honni aucl1 pratiqua1t de boxe Olt de lutte avec frappe

agraveUloins quelle fasse lobjet dune stylisation cxtrecircme COTIme cest le

cas dans le karateacute Ce groupe manifeste un seuil extrecircmement bas de toleacuteshy

rance agrave la violence ce qui explique les discours infamants degraves que la

lutte avec frappe est secoueacutee par quelques excegraves Leacuteopold Seacutedar SENGHOR 1

navait-il paS deacuteclareacute que cette forme de lutte eacutetait une atteinte permashy

nente agrave limage de marque du Seacuteneacutegal

Bien quil soit difficile de proposer une explication unique curiositeacute

esprit douvetture permeacuteabiliteacute aux modes bullbullbull les repreacutesentants de ce

groupe adoptet facilement des sports importeacutes 85 des goOts pour le 1

Judo le Karateacute et la Lutte Olympique qui pourtant est bien peu pratishy1

queacutee au Seacuteneacutegfll j

Faut-il en deacuted~~re une attitude geacuteneacuterale favoris~agrave tout ce qui provient

de leacutetranger

Nous nous refu~ons preacutesentement agrave ce genre dexplicationJ ne ser~it-ce que

par ses conseacuteqJences sur notre sport national dont les perspectives appashyj

raicirctraient bie sombres

Admettons que la pratique de ces disciplines sont en rapport avec des

deacuteterminants eacuteconomiques et que ceux-lagrave sont un frein P4ur la popularisashy

tion de ces pratiques A lappui de cette interpreacutetation~ il suffit de

composer le champ social du Judo et celui de la Lutte libre traditionnelle

--== G J

32

LUTTE SIHPLEJUDO FIGURE JI(

Le groupe 2 qui manifeste un inteacuterecirct reacuteel pour les sports de combat -pregraves

de 25 iuml de la population i~tervieweacutee- et qui p6ssegravede les ~oyens de choisir

ses pratiques opte massivement pour le judo CDnme lexprirre le rapport de

agrave 4

- shy

A la lumiegravere de cette succi~te analyse des demandes sociales en matiegravere

de pratique des sports de combat nous pensons recouper la theacuteorie de

lhabitus selon BOURDIEU qui veut que des hatitus diffeacuterents impliquent

des styles de vie divergents si lon entend par style de vie un systegraveme

de pratiques classeacutees et classantes(I)

La mutation de la socieacuteteacute seacuteneacutegalaise celle du milieu urbain se caracteacuteshy

rise par lapparition despaces sociaux qui sont en rapport avec des

espaces culturels Il en reacutesulte des pratiques distinctives comme

lexprime le pogam

En effet si les cateacutegories sociales existent et si chaccedilune delle exprime

une marque sur les conduites des sujets il est naturel ~e penser que des

pratiques1 sportives servent de modegraveles distinctifs et detrsymbOles dorgashy

nisation ieacuterarChique dans la socieacuteteacute exprimant les dif eacuterentes clas8eamp(2)

Ces const4tations ont dimportantes implications sur leeacuteveloppement et

lavenir des pratiques Si dans notre IIIegrave partie nous 1tenterons de 1

mettre en rapport les particulariteacutes ethniques avec les pluraliteacutes de

style de lutte nous parlons presque au passeacute Une IVegraveme partie devra

e~visager la situation actuelle de la lutte afin de pouvoir eacutemettre

qu~lques hypothegraveses sur son devenir

Cest auss~ une ambition de ce meacutemoire daider ceux qui sinteacuteressent reacuteellE

ment agrave la lutte de savoir entendre au travers des deacuteclarations normatives

et apologeacutetiques Nous ne doutons nullement de la conviction ou de la bonne

foi de leurs auteurs mais parmi les possibles il yale probable et seul

ceiui-lagrave meacuterite decirctre retenu car plus proche agravee la recirc~liteacute

(I) BOURDIEU pierre La distinction Les Editions de minuit 1979 page 191

(2) Le POgdlt Deacuterrocratisation du sport ythe (u reacutealiteacute

- 1f shy

j j l IlL DL l H L S DE

3 1 LA COll1ŒNAUTE DIOLA

311 Preacutesentation

Les diolas vivent dans la reacutegion de Casamance et repreacutesertent 9 de la

population totale du Seacuteneacutegal Ce sont geacuteneacuteralement des cultivateurs de

riz et des artisans Cependant on peut les trouver aujourdhui disperseacutes

dans toutes les capitales reacutegionales affecteacutes agrave divers meacutetiers militaire

gendarme fonctionnaires de lEtat ouvrier etc bullbullbull

Dans les villes la plus grande partie des diolas vit dans les qoartiers

populaires Par exemple agrave Dakar on les trouvera agrave Colobane agrave Fass agrave

Grand Yoff ou agrave Khar Yalla La plupart du temps cesDnt des artisans et des

ouvriers du secteur priveacute qui vont essayer dune maniegravere ou dune autre de

vivoter en bricolant deci de lagrave Mais mecircme loin de la Casamance cette

ethnie conserve une grande partie de ses caracteacuteristiques et plus partishy

culiegraverement la solidariteacute ethnique qui veut que les Diolas forment toujours

un bloc bien soudeacute quand le besoin se ifait sentir et cecisans discrimishy

nation de rang social Ainsi tous lesdiolas de Dakar se mobilisent pour

supporter le Casa Sport chaque fois qbe cette eacutequipe de foot-baIl vient

jouer agrave Dakar Cette mobilisation se fera aussi dans le cas ougrave leur chamshy

pion de lutte Mamadou SAKHO livre uncombatimportant

Lethnie diola est diviseacutee en trois sous-groupes

- les dio1as Fogny de Bignona

- les diolas Kassa autour dOussouye

- les diolas Blouf dans la preacutefecture de Tendouck

Mais en lutte on a pris lhabitude ~e les grouper en deux zones dune

part le Kassa qui preacutesente des particulariteacutes et dautre part lE Fogny

et le Blouf

- J 7 shy

3 ) 2 ~U(lquE5 aspects d~ l~ducatio~ ~t des rit~s en milieu diol~

L eacuteducat ion veacuteritable de lenfant diola est sociale et ne se corlprend

que dans la relation sociale elle deacutepasse de loin le strict cadre

famililal Elle commence au stade de lapprentissage du langage

Lenfant apprendra agrave reconnattre le langage du regard de ses parents

Il doit connaicirctre et faire la diffeacuterence entre un regard approbateur

et un regard qui blacircme De mecircme il doit apprendre agrave faire les gestes

de la tecircte qui expriment lapprobation En aucun cas lenfant nest

laisseacute agrave lui-mecircme Aura-t-il deacutesobeacuteit par complaisance naura-t-il pas

eacutecouteacute ou fait attention aux recommandations reacutepeacuteteacutees plusieurs fois

sans reacutesultat il fera lobjet dune punition corporelle avec la chicotte

Elle a pour effet de faire mal au corps de lenfant afin datteindre son

acircme sa sensibiliteacute et instaurer en lui une sorte de 1iaision de la

meacutemoire du mauvais comportement agrave la douleur quen voulant eacuteviter la

douleur il finit par eacuteviter le mauvais comportement en tout cas den

prendre conscience degraves cet acircge Cest une meacutethode deacuteducation mora1e (])

i 3121 Leacuteduca~ion maternelle

1

Notre eacutetude nous a montreacute que mecircme de nos jours leacuteducation diola

conserve encore ses caracteacuteristiques traditionnelles au niveau des rites

des moeurs des habitudes des principes et des normes

Leacuteducation de lenfant reste lune des plus rigoureuses Elle commence

degraves le plus bas acircge car pour le dio1a on ne peut redresser une personne

adulte donc autant leacuteduquer tregraves jeune Jusquagrave lacircge de trois ans

lenfant sera encadreacute par sa megravere qui bien queacutetant tregraves douce fait

preuve daucune indulgence Elle lui apprend les interdits de la communaushy

teacute respecter son prochain ne pas insulter ni profeacuterer de gros mots surshy

tout en preacutesence de grandes personnes ni faire violence agrave autrui

Plus terd v~rs cinq ou SlX ans le jeune garccedilon est initi~ a~x travaux

ces cna~ps des rizi~r~s cles pal~eraiEs ce Gui ne manquer6 pa5

davoir ces rEpcrcussic~s sur SOn deurovelopperncnt morpholoique

- 1( shy

3122 La circoncisio~

cest un rite obligatoire Il a pour but dintroduire le garccedilon dans

la communauteacute des hommes en tant que responsable Cest un rite qui

laisse une trace indeacuteleacutebile dans la vie du jeune diola Les principes

de la vie en socieacuteteacute y sont enseigneacutes agrave fond Le rite de la circoncishy

sion preacuteseuro~teuro uneuro forme p~lticul do~t s~uls les diolas connaissent

lorganisation internecar la circoncision est agrave la fois une eacutepreuve

physique intellectuelle et morale

Cette circoncision en milieu diola se passe dans le bois sacreacute En ce

lieu les Njoulis (circoncis) sont encadreacutes par des mattres les

Kintangs et au-dessus de ces mattres regravegnent un ecirctre doteacute de faculteacutes

occultes il sagit du Kankourang Le kankourang a cette capaciteacute de

disparattre de voler quand bon lui semble Il incarne la justice et la

violence et assure la protection de ses disciples contre les mauvais

esprits Ainsi le kankourang incite agrave lobeacuteissance et agrave lordre dans

cette socieacuteteacute Dans la tradition diola le kankourang repreacutesente un

pouvoir mystique capable de choses extraordinaires dont la socieacuteteacute

moderne avide de raisonnement ne pourra trouver une explication Au

cours de la circoncision les initieacutes subissent un certain nombre

deacutepreuves physiques que le diola appelle samasso Il doit se soushy

mettre agrave lensemble de ces eacutepreuves consideacutereacutees comme indispensables

agrave sa formation pour lui permettre de juger ses capaciteacutes physiques

mais eacutegalement deacutepouver sa valeur intellectuelle morale et sociale

Il pourra aussi se mesurer aux autres dans le domaine de la consideacuteration

et du respect En quittant le bois sacreacute le jeune doit posseacuteder une

grande partie des qualiteacutes humaines et socisles quil faut agrave un howmE

pour vivre en harmonie avec la socieacuteteacute traditionnelle Il serait bien

sOr possible dans le cadre dune eacutetude plus approfondie de parler de

bien dautres rites et pratiques traditionnelles

Notons cependant que le rite de la circoncision appartient aux anc~t~es

et que dans les villages reacutecents ougrave les structures ont changeacute on ne

Jeux jours avant la re~trfE cans le bois sacr[ les adolescents so~r

-

- Jo shy

por lE diola 11-071- doit rester en harrc1iE avec lE

tal lanimal lui-mecircme les ancecirctres les geacutenies Le rit~ du rasdge co~sist~

acirc ~loigner la ~alchance de lenfant Si l~ ritE nest pas respecteuro eumlr es

parents du futur initieacute celui-ci connaicirctra la malchance pendant toute sa viE

Ce rite a aussi pour faculteacute deacuteloigner le mal et de preacuteserver lenfant des

mauvais esprits

Le rite de leau sacreacutee se fait un jour avant lentreacutee dans le bois sacrEacute

Les femmes doivent se garder davoir le moindre contact avec leau beacutenite

pour se preacuteserver des conseacutequences facirccheuses qui pourraient en reacutesulter La

tradition veut quune seule goutte soit capable de deacuteclencher lavortement

l chez la femme enceinte de rendre steacuterile la jeune fille ou de provoquer des

menstrues perpeacutetuelles chez la femme ayant atteint la meacutenopause bull

bull Le rite de la forge protegravege le futur initieacute pendant son seacutejour dans le bois

sacreacute Mais cette protection seacutetend bien au-delagrave et de rite veut que toute

personne qui y faillit soit condamneacutee agrave devenir leacutepreuse

Pendant plusieurs semaines les jeunes initieacutes subissent une formation capishy

tale qui fera deux des hommes complets

313 Croyances et pratiques mystiques

Si nombreux sont les diolas convertis au Christianisme ou agrave lIslam leur

foi napparatt jamais incompatible avec leurs croyances animistes Lhisshy

toire des rois et reines diolas nous reacutevegravele quils eacutetaient les ffprecirctres fl de

ces cultes feacutetichistes destineacutes agrave maintenir la fertiliteacute et agrave provoquer

la chute des pluies De nos jours existent encore des socieacuteteacutes secregravetes agrave

base religieuse ou magique la plus redouteacutee eacutetant lassociation neacutecrophashy

gique Kousanga des Floup (1)

Deux fafu expliquent la coexistence du dogme et de la croyance

le contact tardif de la socieacuteteacute diola avec les civilisations eacutetrangegraveres

et leacutevangeacutelisation ou lislamisation quelles veacutehiculaient Il e~ reacutes~lt~

une importance des traditions leur reacutesstance agrave une remise en questic~ ce qui confegrave~e agrave la socieacuteteacute diola un caractegravere conservateur

r~c~~i]EE 2~fr~~ ~c - t

ct ~Cc egraveE~ Cimiddotilisatilaquo~ eacute

la neacutecessiteacute de lanimisme consiegraveeuroreacute comme base de toutes legrave~

religi0~s uumlegrave serait-ce que corr~e tentative ciexpliquer li1explishy

cable en se repreacutesentant en particulier comme un ensemble de puisshy

sances mystiques Ainsi pour lanimiste agir sur la nature cest

intervenir psychologiquement aupregraves de ceLX qui la gouvernent

314 Imeact des moeurs sur la prat~que de la lutte diola

Lorigine de la populariteacute de la lutte eugrave milieu diola est par trop

impreacutecise aussi nous nous limiterons agrave en donner la signification

actuelle La lutte apparatt dabord comme un moyen privileacutegieacute deacutedushy

cation

- sur le plan corporel afin de deacutevelopper la force lagiliteacute la

rapiditeacute et la souplesse

- sur le plan moral afin de deacutevelopper les vertus caracteacuterielles

courage tenaciteacute digniteacute bullbullbull neacuteces~aires agrave laction

Mais la lutte apparatt aussi comme un mpyen dinteacutegration sociale car

le jeune diola qui se refuserait agrave se sbumettre agrave leacutepreuve de la lutte

encourrait un isolement alors que celui qui excelle en bravoure devient

rapidement populaire Dougrave ces affrontements agrave linteacuterieur dune classe

dige qui tout en restant un moyen de reacutejouissance servent eacutegalement

agrave eacutetablir des comparaisons

Nos observations et nos interviews confirment le caractire tris physique

de la lutte diola immeacutediatement les lutteurs sont au corps agrave corps et

les techniques consistant agrave aracher ladversaire priment sur toutes les

autres Exprimer sa force est une preacuteoccupation constante il suffit pour

sen persuader de voir le groupe de lutteurs peacuteneacutetrer dans laregravene au son

du Born bol on que rythme le claquement de mains des femmes

C~tte da~se est une deacutebauche dAnegie Ougrave les lutteurs pieacutetin~Ert avec

force L sol

i shy

3141 EorphologUgrave et valeur physiques du lut teur diola

Le lutteur diola possegraveagrave~ un deacuteveloppement caracteacuteristique du trai~

supeacuterieur et de la musculature doso-lombaire Ceci est tregraves certaineshy

ment lieacute au maniement de la houe de la daba et surtout dukadiando

dont lusage permanent a modeleacute la morphologie du lutteur diola

La valeur physique de ce lutteur semble reposer sur sa force sa

reacutesistance mais aussi sa rapiditeacute

3142 Reacutepertoire technique

Dans le Blouf la forme du corps la plus utiliseacutee est le deacutecalage souvent

combineacute avec un crochet de jambe (gal gal) ceci semble ecirctre lieacute agrave

lutilisation quotidienne dans les riziegraveres du kadiando Le paysan du

Blouf sera ameneacute agrave faire un mouvement de torsion pour deacutecalerlinstrushy

ment enprenant appui sur son genou et ceci continuellEment pendant toute

la jourpeacutee Chez les diolas du Fogny le kadiando eacutefait surtout utiliseacute

par les femmes qui soccupaient autrefois exclusivement de la riziculture

et ce n~est quaujourdhui que les hommes cultivent le riz 1

La principale culture dans le Fogpy est celle du mil on y cultive aussi

de larachide De ce fait loutil le plus utiliseacute est le donkoton qui

est un instrument tregraves petit avec un manche court et dont le maniement

expliquerait peut-ecirctre leacutetonnante musculature du train supeacuterieur et surshy

tout de la zone dorso-lombaire du 4i6la fogny qui excelle dans les techshy

niques en force genre arracheacute avec les bras sur contrOle de la ceinture

de ladversaire Lulisation du donkoton semble eacutegalement expliquer la

garde tregraves basse du lutteur fogny

Dans le kassa on aurait pu trouver la mecircme forme de lutte car la morphoshy

logie du lutteur est agrave peu pregraves la mecircme mais linterdiction formelle de

la prise du ~gimbe modifie et limite tout le repertoire technicult2 ou

lutteur Le lutteur kassa adopte une garde basse et agrave une preacutefeacuterence pc~r

legraveS tc~-iccedilues n passa~ dessous - - ~ shymiddotmiddotcrc t--=~ c-

----

contact et agrave partir de ce TtoTteuront ils peuvent se relever et conti~uEr

en lutte debout jusquau terrassemen~

Toutes les gardes sont rapprocheacutees en milieu diola

irbi trage

Les combats sont arbitreacutes par un deacuteleacutegueacute geacuteneacuteralement anClen lutteur

Ces anciens lutteurs ont pour rocircle de veiller au bon deacuteroulement du

combat La victoire est deacutecreacuteteacutee dans les cas ougrave un des lutteurs se

retrouve en position assise sur le ventre sur la cuisse ou les

genoux (sauf dans le Kassa)

Il existe un autre mode de victoire celle qui est proclameacutee agrave la

suite dune supeacuterioriteacute eacutevidente du~ des lutteurs A savoir quand

un lutteur soulegraveve tregraves haut son camarade et que son manager estime i

quil est pratiquement battu il peut arrecircter le combat en touchant

dabord le lutteur adverse popr eacuteviter que son lutteur ne soit terrasseacute

tregraves fOrt Nest-ce pas un deacutecision sage des managers qui peut contribuer

agrave maintenir le caractegravere reacutecr~atif de la lutte joola 1

La victoire dun village sur un autre village ne se mesure pas au

nombre de victoires obtenues par lensemble des lutteurs En effet

il suffit que le champion soit battu pour que le village soit consideacutereacute

comme deacutefait Ce qui explique limportance et le seacuterieux que le village

accorde agrave la preacuteparation des championsl)

Il est cependant important de signaler que larbitrage dans les centres

urbains revecirct une iautre forme beaucoup plus codifieacutee et cest peut-ecirctre

une des raisons qui font quen milieu urbain la lutte diola perde une

partie de son originaliteacute

En dehors des techniques speacutecifiques agrave chaque sous-groupe il faut

signaler quil y a une multitude de prises et quelGues formes de corps

comTIunes agrave letnn Car reconnaissons qu il cO unE ror-euro approp=i~eacute

dE ~ouvane du l~tteur diola en TaI

-----~-----

LE tableau ci-dessous se propose dE reacutesumer les diffeacuterentes consideacuteshy

rations techniques envisagEacutees dans cette partie

FORlŒSSOGS-GRGUPES 1 COItltOLE GA~JESDt CORF=

i ~

1 1

Passage dessous de jambes et BassE KASSA saisies Moyenne1annexes bras (rapprocheacutee)

ceinture tecircte

Deacutecalage de Moyenne et BLOUF Demi-souplesse Ngimbe

HauteHancheacute Bras (rapprocheacutee)

Jambe

Arracheacute CouFOGNY Tregraves basse

Hancheacute ii 1

1 1

3 14 3 bull LeIIa~~jueetlecom~ortementdulutteur-+iola

1 Le comportement et lattitude du lutteur dans laregravene pe sont en fait

t

que le reflet de sa psychologie et plus partiCUliegraverem t de son eacutetat

dacircme Or il napparatt pas abusif deacutetablir des cor eacutelations entre

le psychisme dun individu et lempreinte eacuteducative quil a subie En effet en sortant du bois sacreacute le jeune diola a acquis un ~ca~~l

eacutequilibre physique et mental

Cette matrise de lui-mecircme permet au lutteur dans la~egravene dadopter

un aire enjoueacute de manifester beaucoup denthousiasme~ La lutte devient 1

essentiellement un jeu laspec ludique y est privileacutegieacute et ~ela influe

sur le comportement du lutteur

Ainsi queurolq~c soit limporta~cE de le~je~ le lutt~c~ dic1e Seuroreacute

to~jours serein et s~ livrera sa~s arri~re pe~s6e da~$ ~E CO=beacute ou-

tons que le lutteur diola est trecircs fair-play et sil arrive quun rdnd

lll L COIicircilU1Ul L ULOF

32 J Preacutesentation

La soc tEacute wucirc10f est celle qU1 a eacuteteacute la plus marqueacutee par la colonisation

~~ fait peut-gtre de sa position geuroographiquE dune part ct de 50~ imporshy

tanCE sur le plan dfmographiquE dautre part En effEt ceurootteuro CC-~ucircautE

wolof repreacutesente environ 20 de la population seacuteneacutegalaise

Elle est constitueacutee de pecirccheurs (ce sont les leacutebous) dagriculteurs de

fonctionnaires de lEtat mais surtout de commerccedilants

A pqrtir de leur reacutegime dimplantation le Cayor le Walo le Baol le

Djolof et la presquicircle du Cap-Vert les wolofs ont tendance agrave irradier

sur lensemble du territoire sous leffet de leur speacuteculation agrave la culshy

ture de larachide et du nombre important de fonctionnaires quon trouve

dans cette ethnie

322 Les moeurs et croyances wolofs

Bien queacutetant en grande partie des musulmans convaincus les wolofs

conservent toujours une croyance animiste et continuent agrave faire des

sacrifices agrave porter des cornes ou des morceaux de bois agrave la ceinture

aux jambes ou aux bras et agrave croire agrave lexistence des Djinneacutes et des

Raps bull

Le Djinneacute cest une creacuteature malfaisante en geacuteneacuteral capable de choses

extraordinaires Il possegravede des faculteacutes surnaturelles Cependant dapregraves

la croyance animiste certains Djinneacutes peuvent ecirctre bons

Le Hapl cest une creacuteature ayant des dons occultes appartena71t agrave une

famille ou agrave une communauteacute et dont le rOcircle est de veiller cu daider

les reCJrES de le fai11p ou dt la conmunauteacute en cas de da1gel Le Rap

~ ut te c ) ~~c-

ei sltcificE cJ sanl dE meut0 dL chat de pC)wleurot 5E1lt les conveuroshy

lances parfois leur dorner COrllTe offrande du lait Laii

Qua1d une famille ou une communauteacute neacuteglige les Sarakh (ici dans

le sens de sacrifice ou Offrande) elle se voit aussitocirct vouEacutee agrave la

maleacutediction des mauvais esprit~ (fcllec dans touteacuteS lEs ~treprises

de la vie maladie mort bullbullbull ) Les lieux ougrave habitent ls Taps et ougrave

se font les sacrifices se nomment Khambs

Geacuteneacuteralement le khamb se trouve dans lenceinte de la maison ou

dans un coin approprieacute du village Les lieux du khamb sont marqueacutes

par la disposition de calebasses de pilons de morceaux de poterie

briseacutes de grosses pierres de cornes et dautres objets heacuteteacuteroclytes

La superstition wolof est tregraves marqueacutee En effet pour le wolof toutes

les manifestations quotidiennes trouvent leur signification dans le

mysticisme Citons agrave cet effet quelques ezemples Une femme enceinte

ne doit pas marcher agrave nimporte quelle heure de la journeacutee Certaines

heures de la journeacutee lui sont interdites le Timiss (creacutepuscule

le Ndjo~or (de 13 H agrave 14 H de lapregraves-midi) le souf-segravede (de

minuit i4 H du matin) Selon la tradition ~t la croyance wolof les

mauvais ~sprits choisissent ces heures pour jeter des sorts Et la

femme enceinte eacutetant tregraves vulneacuterable le Djinneacute essaiera de lui insufshy

fler son souffle pour atteindre son beacutebeacute afin dentratner soit la

meacutetamorphose de cedernier en monstre soit de le tuer avant sa naissance

Dailleurs pour le wolof et pour certaines autres ethnies au Seacuteneacutegal

le timis le tdjolor le souf-segravede repreacutesentent des peacuteriodes de

la journeacutee ougrave lon ne doit pas se hasarder dans les rues et les champs

Ce sont des heures propices aux apparitions des Djinnes sous nimporte

quelle forme humaine ou animale

Il est eacutegalement interdit au wolof de marcher ou de serti la nuit du

~eacutellfria-

loutes c~s pratiques ~ystiqu~s et cr0ya~ces religi~us~5 ~xistent eL~~[

certainement dues agrave un meacutetissage culturel Parallegravelement aux feacutetiches

aux incantations et agrave lutilisation des safaras (substance magique)

notons lexistence de ga l a tchs (ce sOnt des talismans ougrave sont inscrits

du qui les porte Toutes ces croyances biEn sucircr auront une rEacutepercussicrI

sur leacuteducation du jeune wolof

323 Leacuteducation du wolof

Pour caracteacuteriser leacuteducation wolof nous avons penseacute donner comme

illustration cet extrait de la revue DEM ak TEY Pour deacutefinir leacutedushy

cation le wolof fait appel agrave un symbolisme qui eDglobe aussi bien les

moyens mis en oeuvre Yar que le reacutesultat obtenu agrave laide de ces mecircmes

moyens cest-agrave-dire la formation et le deacuteveloppement de lecirctre humain

ou Yaru

Le substantif Yar deacutesigne le fouet

Ce symbolisme deacutesigne donc au-delagrave du simple sens mateacuteriel de lobjet

lutilisation qui permet daboutir au reacutesultat escompteacute (Yaru) Au sens

geacuteneacuteral Yar deacutesigne tout instrument servant agrave infliger une punition Le

terme laisse supposer agrave priori que cette phase de lenfance durant lashy

quelle se preacutepare la vie de lhomme est lieacutee agrave la souffrance au supplice

Dailleurs une maxime wolof compare lenfant agrave une tige quon a tout le

loisir de redresser alors quelle est encore flexible bull

bullbullbull Pour leacuteducateur wolof la perfection nest point de ce monde malS

le devoir de chaque homme est de tendre vers la pleacutenitude en luttant

contre ses propres faiblesses Leacuteducation va d01c iisister essentielle~(-~t

sur lexercice quotidien de leacutelevation ffiora1e d~ lindividu Pour cela

elle privileacutegie la patience munI) vertu dabneacutegdtion et dE deacutesinteacuteresseshy

m(~t autour dE laquelle sarticulent toutes ]e~ ~u~~~s qualiteuros

i _

aan~ ~ s0cieacutet gt~olcf ocirclt~tartt nul -Jt- poulait sabecircisstr

tion de sa libertEacute La liberteacute est le preuumler drcmiddotir dE l ho-)euro egrave~S

baigner dans une beacuteate admiration du passeacute la comparaison avec le pr~$(middott

si~posc dclle-mecircme car lon reste s reacute devant la deacutesinvolture aVEC

laquelle dES honmes daujourdhui descendants de cette ~~~EacuteTatic ccedil~l se

une fois [largis bullbull tTasque fiers davoir fait leacute priS0n PEut-2tTE

faut-il mettre cela sur le compte de lurbanisation et des nouvelles

valeurs qui ont pour nom enrichissement reacuteussite sociale avec ce que

cela comporte de deacuteshumanisant et de deacutepreacuteciateur (1)

3 bull 2 bull 3 1 bull Lesri tes

Le sevrage et la circoncision constituent les deux grandes phases initiashy

tiques chez le wolof

- Le rituel du sevrage est appeleacute maga1 (litteacuteralement rendre grand)

Cest un eacutevegravenement important aussi bien pour les parents de lenfant que

pour la co~unauteacute Durant cet eacutevegravenement qui survient geacuteneacuteralement deux

ans apregraves la naissance du beacutebeacute les personnes vivant dans lentouragE

apportent leur soutien moral et mateacuteriel

- le rituel de la circoncision revecirct pratiquement la mecircme signification

que dans les autres ethnies seule la forme diffegravere La circoncision reste

encore une eacutepreuve de la vie au sort i r de laque Ile ladolescent devient un

homme Aujourdhui il faut noter une meacutetamorphose de la structure sociale

et des croyances religieuses tregraves accentueacutee aussi bien chez les wolof que

chez les autres groupes ethniques et ceci est peut-ecirctre dO au contact

permanent quils ont avec la socieacuteteacute occidentale

Malgreacute ces constat~tions il semblerait pcu=tant qUE la sociecirct~ lecircbou Gci

bien que se trouvaLt en grande partie dans ~a Presquth du Cap-ETt Et

en contact permane~t avec les blancs soit la portior la plu8 cc~serva-

----------~_- ---~-- -----

~

Incidences d s ~00urs sur la l~ttE

Le wolof connaicirct deux formes de luttes la lutte sirplE- sans t-t

la lutte avec frappe La lutte avec frappe a une crigi~e purement r

et ce nest que plus tard quelle devint une prati1uE sportive et lud

preacuteparer agrave la guerre Aussi tout en luttant On eacutetait autoris~ agrave frapper~

griffer mordre voire introduire son doigt dans loeil de son adversaire

Le jeune wolof devait eacutegalement se livrer agrave la lutte avec frappe afin de

favoriser son insertion dans la socieacuteteacute adulte et sinitier au meacutetier de

soldat faute de quoi il ne pouvait se faire entendre ne avoir des marques

de respect Pour montrer la populariteacute de la lutte dans le Cayor signalons

que les Damels ll (rois) et les Teignes (nobles) nheacutesitaient pas agrave sy

livrer Quant au IIMbeu~ (lutteur) elle lui servait de moyen de promotion

sociale car d8S que sa reacuteputation eacutetait eacutetablie il pouvait ecirctre choisi

par les rois et les nobles comme garde de corps

325 Signification de la lutte en milieu wolof

La lutte se pratique dabord pour lhonneur qui est une vertu tregraves signishy

ficative pour le wolof Elle permet de renforcer les liens amicaux entre

les jeunes de villages diffeacuterents Le champion veut gagner

confiance et la consideacuteration de son village de ses amis

Etre champion cest aussi susciter ladmiration chez les

sentant la force la viriliteacute et la deacutetermination

326 Organisation d~s eacutepreuves de lutte

3261 Les Mbapatts Ce sont les seacuteances nocturnes

pour meacuteriter la

et des anciens

filles en repreacuteshy

Ils sont organiseacutes apregraves les reacutecoltes agrave la fin de la saiscn des pluies

Ceci surtout p~ndant les peacuteriodes de clair de lune car ils peuven~ durEr

toute la nuit Le but des ~Dapatts lt=tait de prfpa-er FhysicuemeH et

~ arb Sil

326 Le 1

cest une organisation beaucoup plus importante que les I~apatts ~

loccasion de laquelle on peut voir plusieurs lutteurs de grande reDommfe

saffronteLLa fin dl lamb est toujours couronneacutee par une grand co~bat

duquel le vainqueur est sacreacute champion de la contrecirce

Le choix du lieu est lieacute agrave limportance de ce lieu dans le village cest

la place publique ougrave geacuteneacuteralement se passent toutes les manifestations

assembleacutee geacuteneacuterale sabar (danse) cest aussi lendroit ougrave sont prises

les grandes deacutecisions

3623 Lappariement

Dans un village ou un quartier les lutteurs se regroupent en lang

(eacutequipe) et jamais deux lutteurs de mecircme lang ne se rencontrent lors

du lamb

L appariement s~ fait librement entre lutteurs de lang diffeacuterents l1hs

une regravegle veut ~uavant de lutter avec le Mbeur Kanur de tel lang si

on est soukh (l~tteur pas encore confirmeacute) il est neacutecessaire de lutter

dabord avec ses soukh et ce nest quapregraves les avoir terrasseacutes tous

quon se voit octroyer la chance de lutter contre lui

Notons que la cateacutegorisation des lutteurs par poids nest jamais prise

en consideacuteration

3624 La tenue du lutteur ou NGIMBE

Le middotNGimbe est confectionneacute par le marabout de la famille ou du clan Il

est constituecirc de pagnes en coton tisseacute geacuteneacuteralement offerts par la megravere ou

la grand-megravere du lutteur ceci lors des organisations de ~rande Tportance

COrlune lef 1amb Dans le cadre des l-bapatt les pagnes sont C tErts peumlr

~~~rcfcis ct ffi~mc aujourdhui d218 cErtaInes fa~ille5 on devj~Gr

luttEur de pegravere en fils et dans ce cas h 1

gimbell du pEgravere Est recircr i tEacute

par le fils Le fait de porter le lI~gimbe agravee ses aiumleux peut susciter

cne~ le jeune lutteur une motivation et une volontecirc in~branlable rlasshy

surer 12 supeacuterioritEacute cis SIcirct-ns dallS

le xgimbe de la famille ne touche pas le sable

La tenue du lutteur a une signification et une importance sur le plan

mystique car selon les anciens le vrai feacutetiche du lutteur celui qui

le proteacutegera agrave vaincre le Djinneacute ou le Rap de ladversaire se trouve

cacheacute dans ce Ngimbe Celui qui confectionne-le Ngimbe est doueacute de

faculteacutes occultes

~~r~i~rg Il est assureacute par un sage du village qui geacuteneacuteralement fut

championde lutte de son temps Dailleurs cet ancien nintervient que

si le terrassement est litigieux

Hormis le public qui proclame la victoire ou le match nul le lutteur

lui-mecircme est arbitre et il arrive quil se deacuteclare vaincu ~ous

pouvons citer comme exemple Meacutedoune KHOULE un des plus grands lutteurs

seacuteneacutegalais qui a donneacute une victoire agrave Djeacuteri SADIO son adversaire qui a

reacuteussi agrave lui faire toucher le sol de la main

Il Y a terrassement quand le lutteur se retrouve

- assis sur le sol

- eacutetaleacute sur le dos

eacutetaleacute sur le cocircteacute

les deux genoux au sol

- les deux ma~ns au sol

la tecircte (front au sol agrave la suite dune brouette)

Il peut y aVOIr match nul si apregraves li1 temps ccmsideacuterable les lutteurs

SE sont ~ ivrEacutes respectivement agrave des assauts rEacutepEacutetEacutes et n arrivEt pas a

3265 L~ precircparation mystique

Il faut reconnattre quon ne peut parler de lutte en milieu wolof sans

envisager une preacuteparation mystique seacuterieuse Co~~e ~ous lEvans vu a~teacute-

1middot ~ d ~ ~rlturenent t0utes es actlvmiddotltesmiddot u W010 sont lles a SeS croyances

- la lutte ne concerne pas seule~ent deux acteurs se livrant faruumlucheshy

ment agrave un combat au milieu de laregravene mais eacutegalement les marabouts et les

feacutetichistes du village ou du clan qui doivent deacutefendre leur savoir et

leur prestige Avant le combat le lutteur doit se livrer agrave un certain

nombre de preacuteparations mystiques pour assurer sa victoire Aussi sommesshy

nous appeleacutes agrave parler de BACK (cest le chant et la danse du lutteur)

- le batteur de tam-tam compose un rythme en fonction du Galagne ou du

Senghor (gds-gris) du lutteur Chaque galagne sera choisi en fonction

du Rap ou du Djinneacute correspondant au Totem du lutteur

Le chant geacuterleacuterique Feinte woy veut dire litteacuteralement composer un 1

chant Ce chant est geacuteneacuteralement composeacute par les filles du viilage du

champion ou par un griot de sa communauteacute Et agrave travers ce chrnt on

arrive agrave toucher la corde sensible du lutteur en chantant lesl innombrables 1

victoires de ses ancecirctres ou en lui rappelant ses prouesses eacuteblatantes 1

Chaque lutteur doit avoir un chant et un back qui lui sont propres

327 Le reacutepertoire technique et les caracteacuteristiques physiques dulutteur wolof

Le lutteur wolof est geacuteneacuteralement moyen de taille la musculagraveture est

tregraves saillante ce qui fait ressortir un aspect tregraves athleacutetique ceci

est vrai sans exception pour le lutteur leacutebou mais il arrive que le Cacircyoshy

rien le baol-baol le walo-walo soient de grands gabarits de forte constishy

tution

CepEndant pour une meilleure compreacutehension du sujet nous pouvons eacutetudiEr

deux jroups d lut teurs qui vont deacuteterminer deux st yI e s de lut tes

- ~ t

les tc~tativ~s de~[reacutee e~ ramassement de jambes de la~v~sairL Ce~~

peut Ecirctre expliqueacute par le fait que les lutteurs leacutebou ou walo-walc qui

sont des pecirccheursadoptent cette garde tasseacutee du fait quils so~t tou-

jours pencheacutes en tirant le fil ou en poussant la plrogue On verra techrugravequeacutes dt cirr 2C ~lt 5Jllicitocirct

surLuumlut les membres supeacuterieurs

Le cayorien et le baol-baol par contre sont les plus grands cultivateurs

darachide chez eux les techniques de lutte sont plus varieacutees et la

garde est moins renfermeacutee Les lutteurs cayorien et baol-baol ont une

morphologie et une reacutepartition musculaire bien eacutequilibreacutee ils excellent

dans les techniques en deacutecalage les techniques de jambe et surtout les

techniques de riposte ougrave lon peut voir des prises de hancheacute tregraves amples

Dune maniegravere geacuteneacuterale on peut dire que le lutteur wolof est un fin

technicien qui sait surtout creacuteer les opportuniteacutes e~ avec sa rapiditeacute

utiliser la force de ladversaire pour le deacuteseacutequilibrer le noodju

le mbas le weacuteheacuteleacute et le rasu sont des techniques propres au lutteur

wolof

En deacutefense il utilise surtout des kl~klets ou gal-gal Notons que

le balancement des bras ou Lewato e$t tregraves marqueacute dans la lutte wolof

TABLEAU RECAPITULATIF DES COMPOSANTES TECHNIQUES

( 1 )

1 SOUS-GROUPES GARDES CONTROLES FORHES DE CORPS l

Walo-walo Basse de jambe Arracheacute l l10yenne de Ngimbe et i

Leacutebou Tasseacutee et saisies annexesj Deacutecalage 1 1 distante de bras de tecirct1

j de bras Deacutecalaeuro

~-----------------~-

- ~ ~- shy - ~ ~ bull L _ _ bull

Profil psyc~~iqUE du lutteu- et son comporterent dars l 2regravere

La preacuteparation mystique dans laregravene est plus marqueacutee chez les wolofs

que ChE~ les autres ethnies En effet on verra de grands champions

preliGrE plusiEurs heures pour Enduire leur corps de cll2badep ou ci

rmiddot- ~ a la proprieacuteteacute de proteacuteger li1egraveividu J

les mauvais sorts) Cest dailleurs un aspect dt la luttE qui iJcsc

des problegraveJles

Le lutteur wolof est tregraves superstitieux et la peacuteriode de preacuteparation

est capitale pour lui car elle permet non seulement de rendre

hommage aux ancecirctres mais aussi dintimider son adversaire Cest

geacuteneacuteralement un lutteur agressif combatif et teacutemeacuteraire Il se fait

souvent remarquer par son esprit dentreprise Mais cette fougue dans

le combat lamegravene parfois bien que ce soit regrettable agrave oublier les

usages et les normes Ce manque de maicirctrise de soi peut faire croire

que le lutteur wolof manque de fair-play ce qui nest pas toujours le

cas

~A~Ugrave~ t 4AA CbUrs k LA ucirctotve f~tPle Sesect prores mou W ~ lesquelles vont se couler les comporteme~ts individuels qui sont ainsi

monteacutes par et pour lautoriteacute sociale

Les faccedilons de boire de marcher ou de sasseoir se manifestent indivishy

duellement dans le corps de chaque personne ces habitus sont cependant

des montages sociaux lieacutes agrave des significationssymboliques variables

dailleurs selon la position sociale occupeacutee par chaque sujet Ces modes

dagir se rangent dans un systegraveme de montages symboliques et lindivishy

du les apprend de la socieacuteteacute dont il fait partie agrave la place quil occupe

Lhabitus est un montage social agrave la valeur symbolique deacutependant des pheacuteshy

nomegravenes deacuteducation et de prestige et lieacute agrave la position sociale du sujet

Cette penseacutee sonne de faccedilon eacutetonamment moderne

Pierre BOURDIEU qui dans une perspective a approfondi le contenue de la

notion en le reportant aux oppositions entre classes et fractions sociales

Il deacutefinit lhabitus comme un systegraveme de dispositions durables acquis au

cours dune histoire personnelle dans une milieu social donneacute systegraveme qui

engendre ensuite des pra~iques socialement deacutetermineacutees faccedilons de manger

de parler ou de marcher comportements de politesse contenu des preacutefeacuterencel

et des deacutegoOts bullbullbull lhabitus est le produit de conditions eacuteconomiques et

sociales Lauteur rattache directement la formation de lhabitus dun

individu agrave la trajectoire parcourue par celui-ci dans sa classe dapparteshy

nance il deacutefend lideacutee dun habitus de classe qui deacutefinit le sens confeacuteshy

reacute agrave la pratique sportive les profits qui en sont attendus

Ce dernier serait lui-m~me lieacute agrave un systegraveme de valeurs ou ETHOS de classe

prenant sens au sein doppositions distinctives entre classes sociales

De sorte lhabitus fonctionne comme un systegraveme dt- regravegles inteacuterioriseacutees

souvent informuleacutees permettant ou non agrave lagent de sadapter dembleacutee aux

multiples pratiques de la vie quotidienne et de la vie sportive il est agrave

lorigine des schegravemes de transcription qui favorisent les ajustements aux

situations corporelles nouvelles (1)

t ~

(1) P~IE11D dwi6Han ISpoy-l et sodeacutebi Approche Bocio-culturelle des pratiques P~tis Vigot 1981 page 81

33

331 Preacutesentation

Les Seacuteregravere auraient pour origine le Fouta Toro quils auraient quitteacute

vers le Xllegrave siegravecle pour fuir lislamisation de cette reacutegioD par lempire

dJ Xali (ils seraient donc apparEnt~s aux Peul et Toucouleur ) Ils

auraient trouveacute dans la rEacutegion du Sine les Sosseacute dorigine manding avec

lesquels ils salliegraverent

Au XVegrave siegravecle une autre immigrationSos~ conqueacuterante cette fois-ci

apporta son organisation eacutetatique Ils se divisegraverent en deux monarchies

deacutemocratiques lune seacutetablit au Sine et lautre au Saloum Les Sosseacute

conqueacuterants constituaient lautocratie appeleacutee Guelowar

La royauteacute seacuteregravere eacutetait laiumlque Les premiers souverains durent secouer

la tutelle des Toucouleur et progressivement arrivegraverent agrave unifier lethshy

nie des seacuteregravere etdea Sosseacute Les deux royauteacutes eacutetaient organiseacutees selon

acirces modegraveles tregraves deacutemocratiques Le souverain deacutependait dune assembleacutee

de ministres et de chefs locaux qui assuraient ladministration centrale

et reacutegionale())

Aujourdhui lethnie seacuteregravere repreacutesente 20 de la population seacuteneacutegalaise

Ils sont reacutepartis sur presque toute leacutetendue du territoire notamment

dans le Baol la reacutegion du Sine-Saloum et la reacutegion de Thiegraves

Signalons quil existe plusieurs sous-groupes dans lethnie ainsi on

trouvera

- dans la reacutegion de Thiegraves les Ndut les Safegravene et les None

- dans le Sine-Saloum les Sine-sine et les Saloum-salouIT

On trouvera vers foundioune et agrave Nioro du cocircteacute de la Gambie les

Niominka (pecirccheurs) Cest une portion tregraves mandinguiseacutee

( 1

Le rattache~2~t d~ to~s ccs sous-groupes pose problecircme ~25 0~ r0~V~

uc grande partie de traits COITul1uns dans leurs modes dE vie Ct pOUT phs

de faciliteacute nous allons essayer de faire une ~tude globale de la lutte

traditionnelle seacuterecircre Lactiviteacute socio-eacuteconomique qui est essentielleme~t

agro-pasorale caracteacuterisE leacutethnie seacuteregravere

332 Lecircducation les moeurs les croyances et pratiques sEr~rc

Chez les Seacuteregravere la vie humaine se deacuteroule selon les grandes eacutetapes

le baptecircme lenfance ladolescencemarqueacutee par la circoncision lsectge

adulte le mariage la vieillesse et la mort (funeacuterailles)

La vie de la communauteacute seacuteregravere reste une des plus originales sinon

celle qui de nos jours garde la presque totaliteacute des pratiques et

habitudes traditionnelles

Bien qu aujotltdhui con~r-tis aux religions chreacutetienne et musulmane les

Seacuteregravere conservent leurs croyances et pratiques animistes

Quelque soit leur degreacute dadheacutesion aux religions reacuteveacuteleacutees les Seacuteregravere

croient en un Dieu puissant et miseacutericordieux Rog Segravene et les hommes

Les ~angols sont repreacutesenteacutes mateacuteriellement dans tous les villages

seacuteregraveres par des arbres (baobab et tamariniers) des animaux (geacuteneacuteraleshy

ment serpent doreacute ou iguane) des ustensiles (pilon calebasse et mortier)

De nombreux teacutemoignages nous apprennent que certains totems (serpent

iguane) font leur apparicion agrave loccasion de certaines manifestations

rituelles comme les sacrifices ceacuteleacutebreacutes lors dun mariage de ceacutereacutemonies

mortuaires ou des circoncisions

Le Seacuteregravere comme il nous a eacuteteacute donneacute loccasion de le dire plus haut

preacutesente des speacutecificiteacutes authentiques aussi bien en tout ce qui touch~

son eacuteducation ses croyanCES et pratiques mystiques q~e ses activiteacute~

socio-ecirccc~omiquEs Apr~s a ~aissa~c~ le beurob~ ~~ pcs~ 5~~ lE S~ __

On lui mouille les l~vres avec un peu d~ lait de mil et apr~s U~ bain

purificateur on versera leau dans un trou cr~us~ derri~r~ la Camp~~

Pendant huit jours la megravere et lenfant sont cacheacutes dans la case car

selon les anciens ils sont tregraves vulneacuterables La case deacutens certains cas

est entoureacutee dun fil blanc et lon place sur le seuil des fais(cauy di

veacutegeacutetaux pour chasser les mauvais esprits (geacutenies malfaisants et illangeUY~

dacircmes) Au bout du huitiegraveme jour la megravere et lenfant peuvent sortir de

la case bull

bullbullbull Le matin du huitiegraveme jour la tante paternelle va chercher de leau

(plusieurs fois)t elle doit rester muette pendant ses alleacutees et venues

si elle parlait t lenfant pourrait ecirctre muet bullbullbull

La megravere et lenfant prennent un bain purificateur dans lequel sont

trempeacutees certaines plantes (ce sont des veacutegeacutetaux pr~tecteurs tels le

begravene le yag le ngud) On y lavera aussi le linge e1t les ustensiles utishyj

liseacutes pendant les huit jours qui viennet de seacutecoul~r On rase le crine

de lenfant Les cheveux sont donneacutes agrave la megravere qui ~s enterrera avec le

reste du cordon ombilical dans un endroit que11e esit seule agrave connattre

La megravere sassied sur une natte devant la maison Une femme igeacutee de la

famille prend le beacutebeacute dans ses bras et le preacutesente aux quatre coins de

lhorizon

La tante paternelle tient ensuite un van sur la tecircte de la megravere on y

verse le mil on y verse eacutegalement en abondance sur la megravere et sur

lenfant La tante oint ensuite le corps du beacutebeacute avec du lait e11e

touche en particulier le front t le nez la bouche la poitrine le dos

et les oreilles

Elle pose enfin un ~rain de sel dans la paume du beacutebeacute (le sel purifie

et deacutetruit les puissances mauvaises)

Apregraves un nouveau bain la megravere et lenfant revEcirctent des habits de fecircte

(est

lenfant Ce precircnore a toujours U~ SEns Il sy~bolise parfois C0 qUi

lOIl sounaitt agrave lEufant l)

La circoncision comme dans les autres ethnies est obligatoire Elle

permet au jeune adolescent dacceacuteder agrave la classe adulte Les jeunes

sont regroupes en classe dacircge dans le bois ougrave sc fait la r0tr~it0 des

circoncis et ceci pendant plusieurs mois

Le Selbeacute qui est geacuteneacuteralement un ancien craint de tous les eacutelegraveves

enseigne le respect de la hieacuterarchie la discreacutetion le goOt de linishy

tiative Les activiteacutes physiques et leacuteducation artistique ne sont pas

en reste la deacutecoration la sculpture la lutte et la danse A sa sortie

du bois linitieacute appartient deacutesormais agrave la classe des virils et des

sages du clan car on lui aura enseigneacute les vertus fondamentales que

sont la justice lhonneur lamour du prochain 1 amour du travail

lhonnecircteteacute et surtout le respect des coutumes ancestrales

Le rite du mariage esd aussi un fait tregraves important dans le monde 1

seacuteregravere mais par manq~e dinformation nous serons obligeacutes de nous en

tenir lagrave

333 Impact des ethos sur la lutte dans le monde seacuteregravere

Lorigine de la lutte seacuteregravere ne semble pas claire ma1S nous pouvons

dire quil existait deux formes de lutte comme chez les Wolofs une

lutte sans frappe et une lutte avec frappe Et cest cette derniegravere

qui peut-ecirctre nous ameacutenerait agrave croire que la lutte seacuteregravere aurait une

origine plus preacuteciseacutement guerriegravere

Aujourdhui la lutte est uniquement une activiteacute sportive agrave travers

laquelle le jeune seacuteregravere eacutevalue sa force son courage et SOn ingeacutenioshy

siteacute Cest une occasion de deacutefendre lhonneur de son village ou de

la corrnnunauteacute

La luttE ~5t avant tout u~e rnanifcs[dtic~ c~lturclie et surtout

fo lkhriqut-

Gracircce agrave elle on peut deacutesormais comprendre un certain nombre de chants

et de symboles A travers la lutte seacuteregravere on ccedilomprend les inter-relashy

tions entreacute la vie et le monde surntiturel

Sil devait y avoir la mort dun villageacuteois pendant la fecirctE au T qUE

de linterrompre on proceacutedait gracircce aux connaissances magico-religieuses

agrave la suspension de la mort jusquagrave une peacuteriode ougrave la population sera plus

disponible pour organiser des funeacuterailles sil y eacutetait preacutedit la possibishy

liteacute dune deacutefait du champion local au profit dun champion dun autre

village des recettes dordre maginque et religieux eacutetaient mises en prashy

tique afin que le champion du village ne soit jamais terrasseacute(J)

334 Le profil du lutteur seacuteregraver~

Le lutteur seacuteregravere est par essence un athlegravete impressionnant de par sa i

carrure et sa musculature saillante mais cest aussi une force tranquille

et calme quelque soit lenjeu du combagravet et particuliegraverement lhonneur

Cet aspect nous pousse agrave parler du NGiMBE cest-agrave-dire de la tenue du

lutteur qui va influencer sur sa faccedilon de lutter

La confection du Ngimbe revient agrave la communauteacute entiegravere Le Ngimbe a

une signification symbolique et le lutteur pour meacuteriter la confiance du

groupe se doit de tout faire pour ne pas toucher le sol Toute la commushy

nauteacute elle aussi sengage pour assurer la longeacuteviteacute et le succegraves du lutteur

dans laregravene par lorganisation droffrandes et de sacrifices en lhonneur

des Pangols bull

bull

Daucuns nheacutesitent pas agrave dire que lessentiel du mysticisme se fait agrave

la maison et non dans laregravene tout le reste nest quintimidation de

ladversaire

lsvcns

Tt- pi ~- t

t 1 ~ l _ ~ t

par rapport agrave lautre Cbci est trEgraves lieacute agrave lactiviteacute journaliegravere du

jeune seacuteregravere qui est un cultivateur donc toujours bien planteacute sur ses

jambes et qui continuellement manie lhiler

Le fait de couper le boi~ peut eacutegalement constituer un moyen de muscushy

lation non neacutegligeable pour le jeune lutteur

Un certain nombre de traits techniques speacutecifiques au lutteur seacuteregravere

semblent ressortir des diffeacuterentes interviews que nous aVOns fait subir

agrave certains lutteurs seacuteregraveres et agrave diffeacuterents techniciens

SOUS-GROUPES FORMES DU CORPS CONTROLES GARDES

SAFEN Moyenne en fente NONE Hancheacute Bras (distante) j

NDUTJ

f

SINE-SINE Deacutecalage Ngimbe

Moyenne

SALOUM-SALOUM Passage- Jambe (rapprocheacutee) 1

i

PETITE dessous Tecircte Basse et 1

COTE Moyenne (rapprocheacutee)

Notons que le Niominka ll commence agrave lutter agrave partir du sol pour avoir

assez deacutelan et sauter sur ladversaire afin davoir la prise du lion

(contr6le de la nuque et du bassin)

Co a -tem-nt ccedilt attitude du lutteur sEacuteregravere335 np -1t ~

Les croyances mystiques sont indissociables des activiteacutes quotidiennes

duseacuteregravere Ce qui explique le cocircteacute supersticieux du lutteur seacuteregravere En

~ffet certains lutteurs refusent de lutter avant certaines heures

Certains teacutemoignages nous apprennent quil nest pas donneacute agrave tout le

monde decirctre champion de lutte et que le lutteur doit avoir des dons

surnaturels pour ecirctre agrave mesure de livrer ses combats dans la nuit

et trouver seul un gris-gris speacutecial appeleacute Njatch

Le vrai champion de lutte chez les seacuteregraveres ne lutte pas seulement avec

~a force et sa technique mais surtout avec ses dons occultes

Chez les seacuteregraveres les morts sont toujours preacutesents et les ~pangols

Servent dintermeacutediaire entre les hommes et les morts Le pangol prend i

le nom dhumain dans certains villages (IIHeacuteJga NDONG Har Wag NGOUYE) i 1

De ce fait on verra le lutteur danser dufe maniegravere ou dune autre en

fonction du pangol de sa famille Ainsi nrus aurons le back (chant et

danse du lutteur) des DIOUF des FAYE etclbullbullbull

Dans laregravene le lutteur seacuteregravere a un comportement exemplaire aussi bien

agrave leacutegard de son adversaire direct quave~ le public en geacuteneacuteral Lexpli shy

cation semble tenir au fait que le lutteur seacuteregravere est avant tout selon

la tradition orale le repreacutesentant de toute la communauteacute seacuteregravere Par

conseacutequent il devra saffirmer non seulement en tant que lutteur dans

laregravene mais aussi en tant quentiteacute morale

336 La tenue du lutteur ou NGIMBE est confectionneacutee par le marabout de la

famille ou du clan Le Ngimbe est constitueacute de pagne en cCton tisseacute

Il doit ecirctre propre le lutteur qui le porte ne devra pas avoir de rapshy

port sexuel pendant toute la peacuteriode des cOTpeacutetitians car le Ngi~bE ne

doit pas ~tre souilleacute

Autrefois et mecircme aujourdthui dans certaines familles on devient

lutteur de pegravere en fils et dans ce cas le Ngimbe du pegravere est heacuteriteacute

par le fils Le fait de porter le Ngimbe de ses aieux peut susciter

chez le jeune lutteur une motivation et une volonteacute ineacutebranlable dtasshy

surer la supeacuterioriteacute d~s siens dans ltaregravene Il fera tout pour que le

Ngimbe de la ramille ne touche le sable

La tenue du lutteur a une signification et une importance sur le plan

mystique car selon les anciens le vra1 feacutetiche du lutteur celui qui

le proteacutegera et laidera agrave vaincre le nDjinne ou le tRapu de ladvershy

saire se trouve cacheacute dans ce Ngimbeu bull Celui qui confectionne donc le

Ngimbe U est doueacute de faculteacutes occultes

337 Larbitrase est assureacute par un sage du village qui geacuteneacuteralement fut

champion de lutte de son temps Dailleurs cet ancien nintervient que

si le terrassement est litigieux Hormis le public qui proclame la vicshy

toire ou le match nul le lutteur lui-mecircme est arbitre et il arrive

quil se deacuteclare vaincu

Nous avons pu cfter Meacutedoune KHOULE un desplus grands lutteurs seacuteneacutegashy

lais qui a donn~ une victoire agrave Djeacuteri SADIO son adversaire qui a reacuteussi

agrave lui faire touegraveher le sol de la main

IlL

34 1 Preacutesentation

Lethnie toucouleur vit En grandt partit ciE~~ la vallfc du S~~~gal

pt reprecircsente i peu pr~s 8 de la population totale secircn~galaise

o Histoire

Il semblerait que dans lancien royaume du Tekrour (IX~ siegravecle) des

eacuteleacutements neacutegroiumldes Sarakoleacute et des Peul aient formEacute par meacutetissage le

peuple Toucouleur (Toucouleur serait dailleurs une deacuteformation du

mot portugais Tacouror)

Ce empire a domineacute aussi bien les wolofs de lOuest que les Peul

nomades du Fouta Toro Cette reacutegion fut le premier pays islamiseacute par

les Almoravides ce qui peut expliquer le proseacutelytisme toucouleur

Ce sont les guerriers toucouleur islamiseacutes qui attaqu~rent avec les

Almoravides la capitale du Ghana Koumbi en 1067 On convertit par

la force les animistes Cest sans doute agrave cette eacutepoque que de nombreuses

ethnies reacutefractaires agrave lIslam ont dO accentuer leur migration vers

le sud (Seacuteregravere wolof Sarakoleacute Bambara Songhaiuml Akan et Peul se reacuteshy

fugiaient vers les hauteurs du Fouta Djalon)

Au XIXegrave siegravecle les Toucouleur allaient trouver en El Hadj Omar Tall

un grand conqueacuterent qui sous le preacutetexte religieux de la gJerre sainte

contre les tribus animistes (entre autres Bambara) eacutetendit lempire

toucouleur sur presque tout lensemble du gali et la partie de la Guineacutee

proche du l1ali

Lempire toucouleur composeacute de Sarakoleacute de Bambar~ de ~alinkeacute de

Xassonkeacute dE Peul et de Dogon eut le meurorit~ dunir CES diif~rentes ~ ~ - - - - - et~ics ~t dE CD~stituer l~Sl la b2S~ ~r 1

_ ~ ~ ~_ L ~

~ ~- ~- - - ---- _ 1 v _ t 1 ~-_ --

marabout tOL~culcuuml~ ~ middotlrrany a l ick SI venu des E1i rClS dE Pocior~ (

~ Vi~ euroconomicue et sociale -----------~-------------

Les Toucouleur sont des cultivateurs mais bien quils n~ soie~t pa~

pasteurs comrre les Peul leacutelevage a une place inportarteacute decirc1S ltur

eacutecono~ie Pour faciliter leur conquecircte guerriegraverE ils c~t Eucirc une preacuteshy

dilection pour leacutelevage des chevaux On y trouve aussi des pecirccheurs

appeleacutes Tchioubalo La socieacuteteacute toucouleur aurait une stratification

sociale tregraves rigide Les groupes ethniques et les castes eacutetaient

diffeacuterencieacutes et strictement exogamiques les Rimbe classe des nobles

comprenant la famille reacutegnante et les guerriers libres la classe des

Nieacutenieacutebegens de castes artisanales i les Rimaibeacute anciens esclaves

devenus serviteurs qui portent les noms de famille de leur maicirctres A

la base de lorganisation de la collectiviteacute toucouleur se situe le

village (Wouro)

Toutes ces castes sont cloisonneacutees entre elle~ Ainsi il nest pas

permis agrave un Torodo (noble) de se marier avec un Tchioubalo Ces

consideacuterations sont importantes dans le domaine de la lutte ougrave nous

apercevrons que les nobles ne sont pas faits pour lutter Le noble

preacutesidera les seacuteances de lutte et on luttera pour lui Ces condeacute rat ions

de noblesse et de rang social sont extrecircmement importantes dans le

monde toucouleur

Le noble ne doit pas se salir on lutte pour lui il ne vit la lutte

quen tant que spectateur

342 Education moeurs croyances et eratiques religieuses

Deux formes d~ducation sont agrave consideacuterer leacutedJcatio~ dES enfarts Et

celle des adultes

oG lenfant sait m2n~~r et apprfcier le goOt d~5 ~iifeurorents r~pas lt

le moment ougrave il CO~~e~CE agrave marcher

tivirt n~sormais le petit toucou]eur est eacuteduquf par toutmiddot 12 f2~i)]E

dabord puis par toutes lespersc~nes du village ou du C13~

Lenfant peut ~tre corrigeacute par tout adulte appartenant au groupe social

Son eacuteducation est deacutesormais laffaire de toute la communauteacute et non

exclusivement celle ces parents On linitie ainsi au travail quotidien

qui se fait dans la bergel~ e les champs et les bords du fleuve Au sein

du village il pourra apprendre agrave filer la laine et agrave tisser des pagnes

dans les champs il apprend agrave manier la houe et lhiler pour la culture

du riz et du mil Mais signalons que lactiviteacute essentielle du toucouleur

est leacutelevage des boeufs des moutons et des chegravevres Chez les Ichioushy

balos (p~cheurs ) lenfant sera initieacute tregraves tat au maniement des pagaies

agrave la p~che propremccedilnt dite et agrave la nage

Vers cinq-six ans lenfant est confieacute au maicirctre coranique le Ihierno

et ce dernier dispose exclusivement de toute sa vie Lavenir du jeune

enfant lui appartient

Comme dans les autres groupes ethniques les enfants sont regroupeacutes en

classe dacircge et cest dans cette structure que lenfant subit les rite

de passe et plus particuliegraverement celui de la circoncision

La circoncision est non seulement unE opeacuteration chirurgicale malS surshy

tout une peacuteriode au cours de laquelle le jeune garccedilon passe de leacutetat

dadolescent agrave leacutetat dadulte Les circoncis sont reacuteunis en classe

dacircge dans un endroit situeacute hors duvillage geacuteneacuteralement choisi par les

vieux Cet endroit n~st accessible que par des individus de SExe ffi8SCUshy

li~ ~ta~t au preacutealabl circoncis

- - - -

quable et complet sur le plan phy~ique et ~oral Ai~si liniti~

acquiert les qualitecircs indispensables que sont le courag~ la modest

lesprit de sacrifice lendurance

Le toucoule~r est un pleux musulma~ Cela sexp1

SOil le premier agrave tre en contact avec la religion musulmane de par sa

position frontaliegravere Lethnie toucouleur de par son histoire a preacutesenteacute

les plus grands chefs militaires et religieux musulmans seacuteneacutegalais Et

pour illustrer cela on peut citer en exemple la grande famille musulmane

des SY agrave TIVAOUANE repreacutesentant la confreacuterie des TIDJANES

Bien que lon note une majoriteacute musulmane on peut dire que certaines

croyances et pratiques mystiques et animistes persistent encore surtout

dans la reacutegion du fleuve

Une pratique courante se fait elle sappelle le Djatt Elle consiste

agrave faire sortir le caiman du fleuve agrave limmobiliser et agrave lattacher

sans quil ne reacuteagisse et tout ceci agrave laide de versets et dincantashy

tions magiques Dapregraves les teacutemoignages ces pratiques sont plutocirct

freacutequentes chez les Tchioubalos (pecirccheurs) Il arrive aussi que cershy

tains chasseurs ayant des dons se livrent agrave certaines pratiques an1shy

mis tes qui consistent agrave invoquer certaines puissances et agrave moduler sous

forme de chant des versets occultes pour se proteacuteger des mauvais esprits

et pour eacuteloigner les fauves Ce chant est geacuteneacuteralement incompreacutehensible

et deacutenueacute de sens pour le profane

343 Activiteacutes ludiques et pratiques sportives en milieu toucouleur

Durant toute son histoire lethnie ~oucouleur a toujours EacutetEacute Frese~teacute~

comme celle qui avait ue activit essentiellement guerr e e~ particushy

liegraverement farouche Trois eacuteleacutements ret r t l ecirc t te nt i c- euro so~t

le manie~~nt du ~acircton 12 luttE Et 1eacute danSE

l

Lecircducation ph~sique et artistique Dcc~pe un place precircpondecircra~rp

dans la fDrmat~on du jEune toucouleur A loccasion agraveeacutevegravenemen~ imporshy

tants reacutecoltJs mariages baptecircme nous assistons agrave des manifestashy

tions folkloriques de grande envergure le Wango oucirc dailse toucouleur

tregraves gymnique iles chants et surtout les sEacuteances de lutte

La lutte toucouleur est la forme de lutte la plus spectaclaire dans

tout le territoire seacuteneacutegalais Elle est essentiellement baseacutee sur des

techniques en hancheacute et surtout en souplesse Ceci sexplique par le

fait q~e le jeune toucouleur est tregraves tocirct initieacute agrave la gymnastique (saut 1

per saut de main salto arriegravere saut de tecircte couronneacute etc bullbullbull ) pour

la dans~ du wa~go En dansant le wango qui est une danse rythmeacutee et

gymnique le Jeune toucou1eur est capable de prouesses extraordinaires

1

En lutte lattaquant se deacuteplace tregraves peu pour avoir une bonne saisie

(geacuteneacutera~ement controcircle du Ngimben ) et enchaine brusqueme~t avec une

attaque surpris~ Cependant les ripostes sont souvent surprenantes et

spectaculaires (baseacutees sur la souplesse et la rapiditeacute) ontrairement

aux autr~s form~s de luttes ougrave lon voyait tous les jeune adheacuterer la

lutte to~cou1eur Verra un groupe de speacutecialistes sadonne agrave la lutte 1

(la lutte est lieacutee agrave la position sociale de lindividu problegraveme de

caste)

Q La morphologie du lutteur toucou1eur 1

1 1

Ce dernier nest pas aussi large et aussi fort que les lutteurs diola

et seacuteregravere Cependant il est tregraves reacutesistant La musculatJre est saillante 1

et tregraves souple lindividu est longiligne mais tregraves athleacutetique

Les mouvements de lutteurs sont semblables agrave ceux dun grand fe1in Cette 1

morphologie semble ecirctre lieacutee agrave la position geacuteographique de lethnie

(reacutegion du fleuve) et agrave lacitiviteacute socio-eacuteconomique du toucouleur qui

est agrave la fois cultivateur (activiteacute lieacutee agrave la crue et deacutecrUE du fleuve)

pecirccheuro~T CIcr~icubaon) et sttout jEumlrgcr qui est U~ rc~2eumlr

shy

Deux formes egrave~ corps sembl~nt ecirctre preacutefeacutereacutees du lutteur toucouleur

le hancheacute et la souplesse Les hancheacutes sont faits agrave partir de plusieurs

positions de doset se terminent geacuteneacuteralement par des techniques de

tregraves grande amplitude

TABLEAU RECAPITULATIF DES TECHNIQUES ET FORMES DE CORPS SPECIFIQUES

i

L441 r

GARDE FORMES DU CORPS CONTROLES --shy - -

Moyenne Souplesse Ngimbe

Hancheacute bras

Demi-souplesse

1

Profil psycholosigue 1

TECHNIQUES

ContrOle du bassin et 12 souplesse

arriegravere

Klicket et allegravegement de la hanche

Le lutteur toucouleur est celui lUi se livre le moins aux preacuteparaqons

maraboutiques Cela est dO au f~t que le toucouleur est un grand ~USUlshyman et que les pratiques animisges ont presque disparu dans ce mil~eu

Dans la pratique le lutteur esJ combaif mais il est calme et tr~s reacutefleacutechi quant agrave la deacutecision agrave prendre en plein corps agrave corps ct~st un des seuls techniciens qui reJte tregraves lucide au cours de ses comb~ts

l Dans toutes les circonstances e lutteur toucouleur est tenu de re~pecshyter son adversaire et ceux de s4n eacutequipemecircme sil est vaincu

Comme nous avons dO nous en rendre compte la rigueur des principes

eacuteducationnels a une influence tregraves sensible sur l~ comportement du

toucouleur

i

III S COCL ~s 1DO

Dans cette partie nous avons essay~ de montrer lftroite re1atic~

Entre les diverses activiteacutes socio-eacuteconomiques dans les ethnies et

lES diffEacuterentes faccedilons de lutter

Daucuns seraient tent~s de conclure trop rapidement et cest p0~r

cette raison que nOUS avons penseacute preacuteciser que le pheacutenotype nest

pas geacuteneacuterateur du geacutenotype Et nous sommes convaincus que la morphoshy

logie et les techniques des lutteurs relegravevent de leurs modes de vie

et de leurs croyances agrave une eacutepoque et danE un contexte bien deacutetermishy

neacutes

Est-ce que les lutteurs dio1a ou seacuteregravere travaillant avec leurs bras

dans les champs auraient les mecircmes pr 0 fil s physiques que les lutteurs

utilisant des machines pour lagriculture

- 69 shy

I UJOURDH~1 E-S ut O[l LES FORfilS Ut LU11t~

~otons que notre enqu~te a ecirctE essentiellement faiteen milieu urbain

Les seacuteances de lutte ont tendance agrave perdre leur particulariteacute de r~shy

jouissance pour devenir des pheacutenomegravenes de sportisatio Deux fores

de luttes so~t principale~cnt prat s dans les aregrave~es du 5 al

la lutte traditiunnelle simple et la lutte traditionnelle avec frappe

De nos jours la lutte traditionnelle tend vers une reacuteglementation

et une institutionalisation

Le reacutesultat de nos investigations nous donne le tableau ci-dessous

REPARTITION ETHNIQUE SUR 100 PRATIQUANTS

LUTTE LUTTE RAPPORTETHNIES SANS FRAPPE AVEC FRAPPE J2

Diola 40 16 71 j

Seacuteregravere 26 21 57

Toucouleur 23 10 69

Wolof 1 1 53 17

La demande sociale par ordre deacutecroissant pour la lutte sans frappe

se preacutesente comrre suit

]0_ Ethnie diola avec pregraves de 3 lutteur~ sur 4

2deg_ Ethnie toucouleur

Ethri dun

~ 1 LA LUTTE TR])IIIO~~ELLE AVEC H-PPE

Cette forme deacute lutte a une histoire qui date de lantiquiteacute elle

sa~pelait le Pugilat Au Seacuteneacutegal elle a vu le jour dans le Cayor

bien avant la colonisation Le coup dE pied l~Lrdn~lement la morshy

sure la frappe et le doigtf eacutetaient permis dans le cc=bat ~ ~middot~p0~~e

Dans certains cas la giffle eacutetait beaucoup plus dangereuse que le

poing quand elle eacutetait donneacutee par un speacutecialiste Cette giffle pouvait

agrave elle seule deacutechirer et mecircme parfois amputer la joue de ladverser

Selon les informations la lutte avec frappede nos jours serait une

forme de lutte tregraves eupheacutemiseacutee de celle dantan ougrave une blessure

pouvait souvent ecirctre mortelle

Aujourdhui au niveau du folklore la lutte na plus la mecircme

le spectaculaire a remplaceacute le significatif iLa lutte avec frappe se 1

pratique surtout dans les centres urbains C~aque fois quun grand combat 1

est progra~eacute par le Comiteacute National Proviso~re (CNP) des centaines damashy

teurs sont mobiliseacutes vers le stade lba Mar D~OP qui est aujourdhui le i

lieu approprieacute ougrave se deacuteroulent les grands conkbats de lutte Cest la formE

de lutte qui semble drainer une foule de personnes beaucoup plus importante

que celle de la lutte simple

La lutte avec frappe deacuteriverait dune forme de lutte traditionnelle

pratiqueacutee jadis dans le Cayor au temps des Damels et la frappe serait

le substitut dun certain nombre de pratiques doigteacute jet de produits

etc bullbullbull dont le but eacutetait laveuglement de ladversaire La lutte avec

frappe serait une continuation logique dune carriegravere sportive de la

lutte traditionnelle qui sen sert comme moyen socio-eacuteconomique En

effet la majoriteacute des lutteurs avec frappe ont dabord eacuteteacute initieacutes agrave la

lutte simple Cependant il faut signaler que de nOS jours il arrive

que le jeune lutteur avec frappE- soit directenent formEacute conne speacutecialistE

agrave la frappe sa~s pour autant faire son chemin dabcrd egravea~s la lutte

- ~ shy

Le recircsultat dE ~os interviews ncus rec~trE qGune pcpulatiD~ divcrsishy

fiampe sint~resse agrave ce sport et qUE les intecircr~[s des uns et d~SlautrE~

semble~t divergents naucuns affirment que la lutte traditionnelle

avec frappe serait monteacutee par des personnes dont la vocation est dexshy

ploiter ce pheacuteLomegravene agrave des fins commerciales Dautres disent gJellegrave

jouit de mcyens irport~nts t[l[~isio

tation etc bullbullbull ) pour toucher toutes les couches sociales CEpe~~a~t

nous remarquons que mecircme si certaines personnes reprochent agrave cette

forme de lutte decirctre brutale ces mecircmes personnes nheacutesitent pas agrave

se rendre le dimanche agrave laregravene Bien que critiqueacutee elle semble ecirctre

adopteacutee par une tregraves grande partie de la population seacuteneacutegalaise Cepenshy

dant en tant que techniciens il nous est permis de faire une remarque

Il sagit de

- Limpression nette decirctre devant des professionnels de la frappe

qui sont ~ntratneacutes pour cela Dailleurs les propos que nous avons

recueilli~ nous prouvent que la plupart des champions de lutte avec 1

frappe s~ntratnent dans certains sports de combat tels ~ue la boxe i 1

le karateacute le judo Dans cette nouvelle forme de pratique de la lutte

contrairefuent agrave la lutte traditionnelle le technicien e~t souvent

perdant face au puncheur Ce dernier adopte une lutte agrave distance qui

lui permet de placer agrave bon escient ses coups animeacute du deacutesir de vaincre

Le technicien lui se voit contreacute dans toutes ses entreprises par

un uppercut ou un crochet

On peut dire cependant que nul sport au Seacuteneacutegal que la lutte tradishy

tionnelle avec frappe ne deacutechaicircne autant de passions et autant de

pheacutenomegravenes poussant agrave lexcegraves et deacutereacuteglements quon ne peut que deacuteplorer

Mais comment deacutecrier un spectacle de lutte qui bien quayant perdu la

presque totaliteacute des valeurs traditionnelles veacutehiculeacutees autrefois par

elle sait susciter une participation effective de tous ceux qui sont

preacutesents

CONCLUSION

Dans ce meacutemoire nous sommes efforceacutes ~e faire ressort ir limportance des

ethos et des habitus et leurs effets sur la pratique de la lutte tradishy

tionnelle au Seacuteneacutegal

L~b egravethos repr~sentent dune maniegravere g~neurorale tous les eacuteleacutements speacutec

fiques sux Seacuteneacutegalais par conampeacuteguent un systegraveme de valeurs traditionnellEs

Mais m~me si ces valeurs rev~tent une signification universelle (honneur

digniteacute courage etc bullbullbull ) il nen demeure pas moins que ce nest pas leur

nature qui fait leur speacutecificiteacute mais la hieacuterarchisation et limportance i

quon accorde agrave toutes ces valeurs de ~ar leacuteducation ou la culture

i 1

Aussi les valeurs traditionnelles puient leur speacutecificiteacute dans les

caracteacuteristiques propres aux eacuteleacutements ~e la socio-cu1ture (la technologie

et leacuteconomie la politique et la pareteacute la psychologie et lideacuteologie)

dans la socieacuteteacute seacuteneacutegalaise agrave n momen donneacute de son eacutevolution Cest i

dire la neacuteceesiteacute de ne point faire della valeur une reacutealiteacute statique

Cest dite aussi quagrave tout mome~t le ~eacuteneacutegalais peut eacutevoluer et creacuteer

ou vivre par conseacutequent de nouv~lles fprmes de valeur qui lui sont 1

propres ft (J)

La lutte traditionnelle veacutehiculant deS valeurs socio-cu1ture1les speacutecishy

fiquement seacuteneacutegalaises (croyances valeurs morales norme de comportement

opinion attitude bullbullbull ) devient un eacuteleacutement important qui tregraves certaiaement

nous aidera dans notre effort de valoriser et de peacuterenniser notre patri shy

moine culturel par le biais dactiviteacutes physiques et sportives

Leacutetude des habitus nous permet de prouver quil y a plusieurs faccedilons

de se mouvoir comme danser lutter bullbullbull qui varient avec les diffeacuterentes

ethnies (wolof toucouleur seacuteregravere diolagt leurs convenances et leurs

eacuteducations

(1) Revue Ethiopiques 31 Les valeurs traditionnelles et le problegraveme de leur inteacutegration dans les systegravemes modernes jtducatio-1 2 6r--70

nautre part cette eacutetude permet aussi de nous rendrE compte de la

correacutelatipn eacutetroite existant entre la pratique de la lutte traditionnelle

et le sta~ut socio-eacuteconomique du pratiquant

Nos inves~igations nous indiquent que la lutte recrute essentiellement

au niveau des classes socio-eacuteconomiques situeacutees en bas de leacutechelle

donc posseacutedant le statut social le moins favoriseacute La lutte avec frappe

-et un certain secteur commercialiseacute de la lutte simple- y trouve sa

leacutegitimiteacute Comme le dit BOURDIEU nA habitus diffeacuterents styles de Vle

divergents et il oppse les pratiques aristocpatiques correspondants agrave

des activiteacutes qui favorisent les situations eupheacutemiseacutees ougrave la stylisashy

tion est importante aux pratiques populaires qui font appel agrave des

qualiteacutes qpposeacutees bllutes rugueuses Certaines interviews nous

montrent que plus lindividu occupe une place eacuteleveacutee dans leacutechelle

sQciale e~ 1

moin$ il sinteacuteresse agrave la lutte

Les reacutesultats recueillis dans nos diverses investig~tions confirment 1 1

1er propos qui disent que nous assistons aujourdhu~ agrave une involution

de la lutte traditionnelle parce que perdant toutes ses speacutecificiteacutes au 1

pryfit d~ne autre forme de lutte que lon continue agrave appeler nostalshy

giqlementIIlutte traditionnelle

Ceci pourrait peut-~tre trouver une explication dan la citation suivante

La liberteacute de creacuteer dinnover de vivre Pleineinenf decirctre soi et de

preacuteserver son authenticiteacute la digniteacute et lhonneu1demeurent des illushy

sions dans la misegravere eacuteconomique~ Nos ancecirctres creacuteai~nt des valeurs de cishyl

vilisation parce quils eacutetaient libres parce qu1i~s ignoraient toute

deacutependance eacuteconomique ils cultivaient en eux et cbez leurs enfants le 1

Jorn et la Kersa et preacutefeacuteraient la mort agrave la hoJte lI (1)

Or le Seacuteneacutegal comme la plupart des pays africainsi est un pays sousshy

deacuteveloppeacute t cependant face agrave cette volonteacute du gou~ernement seacuteneacutegalais

de faire inteacutegrer dans leacuteducation des valeurs traditionnelles nous

pouvons espeacuterer utiliser comme moyen deacuteducation la lutteacute traditionnelle

qui reste quand mecircme vecteur jethos et dhabit~s

- 54 shy

Mecircme si lon a noteacute un appauvrissement notoire sur les plans socioshy

culturel et moral la lutte traditionnelle recegravele une gamme importante

et varieacutee de techniques permettant incontestablement une ouverture vers

les luttes olympiques libre et g~eacuteco-romaine

La lecture de ce meacutemoire permettra agrave lentratneur et au professeur de

lutte en fonction du lieu ougrave ils seront affecteacutes dans le territoire

seacuteneacutegalaisdavoir une information sur les techniques contrOles et

formes de corps propres agrave chaque groupe ethnique et de les mettre en

relation avec leurs croyances et leurs mentaliteacutes

Nous avons essayeacute de montrer que la pratique de la lutte traditionnelle

doit tre axeacutee sur une ethnomotriciteacute au Seacuteneacutegal qui permette une inishy

tiation facile Cette pratique de la lutte traditionnelle seacuteneacutegalaise

devra dailleurs essayer de ~eacutepondre aux aspirations du Seacuteneacutegalaisl

moderne en souvrant aux ap~orts positifs des autres civilisations

ex~eacuterieures nous voulons Jvidemment parler du judo et des luttes oiymshyJ

piques 1

1 j Nous navons pas la preacutetentfon dans le cadre de ce meacutemoire demattrise

de reacutepondre agrave toutes les qutstions se rattachant agrave leacutetude de ~a lutte

traditionnelle souslangle~socio-culturel car non seulement il nous

manque lexpeacuterience et la c peacutetence en la mati~re mais aussil l le temps

et les moyens dont nous dis osions ne nous permettaient pas d~puiser le 1sujet i

1 1 1 t 1

l

- )5 shy

BIBLIOGRAPHIE

BIBLIOGRAPHIE

1- CLAPAREDE Psychologie de leacuteducation et peacutedagogie expeacuterimentale

Edition Delachaux et Niestleacute 244 pages

2- POCIELLC Christian Sport et Socieacuteteacute approche socio-culturelle

des pratiques Paris Vigot 1981 377 pages

3- PIERON Henri Vocabulaire de la psychologie

PUF Deuxiegraveme eacutedition 1957 469 pages

4- Revue socialiste de culture neacutegro-africaine ETHIOPIQUES

Les valeurs traditionnelles et le problegraveme de leur inteacutegration

dans les systegravemes modernes deacuteducation

GIA 21 Juillet 1982 213 pages

5- N2 Revue du Centre dEtudedes Civilisations DEM ak TEY

NIS IVegrave Trimestre 1982 96 pages

6- Document lNSEP Colloque sur la lutte aeacuteregravere

DAKAR MAI-JUIN 1980

t 1

~- Travaux du IVegrave Congregraves National ~es Sports agrave DAKAR les 2223041981

Bulletin n2 91 du CIO du 15 Aont 1965

l____________________________

8- Meacutemoire de Mattrise BADJI Abdou La lutte traditionnelle Joola

Etude et perspective

9- Meacutemoire Inspectorat JS DJITTE Mandy Les pratiques corporelles

traditionnelles au Seacuteneacutegal pour leur exploitation et leur

utilisation en peacutedagogie Marly le Roi 1980

REPUBLIQUE DU SENEGAL

--------------- INSTITUT NATIONAL SUPERIEUR

MINISTERE DE LA JEUNESSE DE LrsquoEDUCATION POPULAIRE

ET DES SPORTS ET DU SPORT

-------------

(INSEPS)

MEMOIRE DE MAIcircTRISE

Es-SCIENCES ET TECHNIQUES

DE LrsquoACTIVITE PHYSIQUE ET DU SPORT

LA LUTTE TRADITIONNELLE

son importance sa signification en fonction des ethos et des habitus ethniques au Seacuteneacutegal

Preacutesenteacute par

Monsieur Joseph Victor FAYE

Sous la direction de

M Jean Marc ROCHEZ

Professeur agrave lrsquoINSEPS

Anneacutee de soutenance 1984

Afin dG failiter la lect~~e je c~ table3~ t ~2 re~dre sig~ific~tives

s info~~ations quil contient ces difteacutere ts reacutesultats nu~eacuteriques

peuvent ecirctre formuleacutes selon des repreacutesentations graphiques

1 Clientegravele des Sports de combat

FIGURE l

Il apparatt nettement que les sports de combat recrutent essentiellement

dans le bas de la hieacuterarchie sociale ce sont des sports populaires don

propices agrave une massification de la pratique

Toutefois on peut nourrir quelques inquieacutetudes pour que soient reacuteunies

les conditions de leur deacuteveloppement en raison du faible statut quils

possegravedent au regard defllintelligentsia seacuteneacutegalaise

2 Hieacuterarchisation des gants sportifs en matiegravere de sport

de combat au sein des cadres supeacuterieurs -Groupe 1shy

FIGURE I[

La f-appe est honni aucl1 pratiqua1t de boxe Olt de lutte avec frappe

agraveUloins quelle fasse lobjet dune stylisation cxtrecircme COTIme cest le

cas dans le karateacute Ce groupe manifeste un seuil extrecircmement bas de toleacuteshy

rance agrave la violence ce qui explique les discours infamants degraves que la

lutte avec frappe est secoueacutee par quelques excegraves Leacuteopold Seacutedar SENGHOR 1

navait-il paS deacuteclareacute que cette forme de lutte eacutetait une atteinte permashy

nente agrave limage de marque du Seacuteneacutegal

Bien quil soit difficile de proposer une explication unique curiositeacute

esprit douvetture permeacuteabiliteacute aux modes bullbullbull les repreacutesentants de ce

groupe adoptet facilement des sports importeacutes 85 des goOts pour le 1

Judo le Karateacute et la Lutte Olympique qui pourtant est bien peu pratishy1

queacutee au Seacuteneacutegfll j

Faut-il en deacuted~~re une attitude geacuteneacuterale favoris~agrave tout ce qui provient

de leacutetranger

Nous nous refu~ons preacutesentement agrave ce genre dexplicationJ ne ser~it-ce que

par ses conseacuteqJences sur notre sport national dont les perspectives appashyj

raicirctraient bie sombres

Admettons que la pratique de ces disciplines sont en rapport avec des

deacuteterminants eacuteconomiques et que ceux-lagrave sont un frein P4ur la popularisashy

tion de ces pratiques A lappui de cette interpreacutetation~ il suffit de

composer le champ social du Judo et celui de la Lutte libre traditionnelle

--== G J

32

LUTTE SIHPLEJUDO FIGURE JI(

Le groupe 2 qui manifeste un inteacuterecirct reacuteel pour les sports de combat -pregraves

de 25 iuml de la population i~tervieweacutee- et qui p6ssegravede les ~oyens de choisir

ses pratiques opte massivement pour le judo CDnme lexprirre le rapport de

agrave 4

- shy

A la lumiegravere de cette succi~te analyse des demandes sociales en matiegravere

de pratique des sports de combat nous pensons recouper la theacuteorie de

lhabitus selon BOURDIEU qui veut que des hatitus diffeacuterents impliquent

des styles de vie divergents si lon entend par style de vie un systegraveme

de pratiques classeacutees et classantes(I)

La mutation de la socieacuteteacute seacuteneacutegalaise celle du milieu urbain se caracteacuteshy

rise par lapparition despaces sociaux qui sont en rapport avec des

espaces culturels Il en reacutesulte des pratiques distinctives comme

lexprime le pogam

En effet si les cateacutegories sociales existent et si chaccedilune delle exprime

une marque sur les conduites des sujets il est naturel ~e penser que des

pratiques1 sportives servent de modegraveles distinctifs et detrsymbOles dorgashy

nisation ieacuterarChique dans la socieacuteteacute exprimant les dif eacuterentes clas8eamp(2)

Ces const4tations ont dimportantes implications sur leeacuteveloppement et

lavenir des pratiques Si dans notre IIIegrave partie nous 1tenterons de 1

mettre en rapport les particulariteacutes ethniques avec les pluraliteacutes de

style de lutte nous parlons presque au passeacute Une IVegraveme partie devra

e~visager la situation actuelle de la lutte afin de pouvoir eacutemettre

qu~lques hypothegraveses sur son devenir

Cest auss~ une ambition de ce meacutemoire daider ceux qui sinteacuteressent reacuteellE

ment agrave la lutte de savoir entendre au travers des deacuteclarations normatives

et apologeacutetiques Nous ne doutons nullement de la conviction ou de la bonne

foi de leurs auteurs mais parmi les possibles il yale probable et seul

ceiui-lagrave meacuterite decirctre retenu car plus proche agravee la recirc~liteacute

(I) BOURDIEU pierre La distinction Les Editions de minuit 1979 page 191

(2) Le POgdlt Deacuterrocratisation du sport ythe (u reacutealiteacute

- 1f shy

j j l IlL DL l H L S DE

3 1 LA COll1ŒNAUTE DIOLA

311 Preacutesentation

Les diolas vivent dans la reacutegion de Casamance et repreacutesertent 9 de la

population totale du Seacuteneacutegal Ce sont geacuteneacuteralement des cultivateurs de

riz et des artisans Cependant on peut les trouver aujourdhui disperseacutes

dans toutes les capitales reacutegionales affecteacutes agrave divers meacutetiers militaire

gendarme fonctionnaires de lEtat ouvrier etc bullbullbull

Dans les villes la plus grande partie des diolas vit dans les qoartiers

populaires Par exemple agrave Dakar on les trouvera agrave Colobane agrave Fass agrave

Grand Yoff ou agrave Khar Yalla La plupart du temps cesDnt des artisans et des

ouvriers du secteur priveacute qui vont essayer dune maniegravere ou dune autre de

vivoter en bricolant deci de lagrave Mais mecircme loin de la Casamance cette

ethnie conserve une grande partie de ses caracteacuteristiques et plus partishy

culiegraverement la solidariteacute ethnique qui veut que les Diolas forment toujours

un bloc bien soudeacute quand le besoin se ifait sentir et cecisans discrimishy

nation de rang social Ainsi tous lesdiolas de Dakar se mobilisent pour

supporter le Casa Sport chaque fois qbe cette eacutequipe de foot-baIl vient

jouer agrave Dakar Cette mobilisation se fera aussi dans le cas ougrave leur chamshy

pion de lutte Mamadou SAKHO livre uncombatimportant

Lethnie diola est diviseacutee en trois sous-groupes

- les dio1as Fogny de Bignona

- les diolas Kassa autour dOussouye

- les diolas Blouf dans la preacutefecture de Tendouck

Mais en lutte on a pris lhabitude ~e les grouper en deux zones dune

part le Kassa qui preacutesente des particulariteacutes et dautre part lE Fogny

et le Blouf

- J 7 shy

3 ) 2 ~U(lquE5 aspects d~ l~ducatio~ ~t des rit~s en milieu diol~

L eacuteducat ion veacuteritable de lenfant diola est sociale et ne se corlprend

que dans la relation sociale elle deacutepasse de loin le strict cadre

famililal Elle commence au stade de lapprentissage du langage

Lenfant apprendra agrave reconnattre le langage du regard de ses parents

Il doit connaicirctre et faire la diffeacuterence entre un regard approbateur

et un regard qui blacircme De mecircme il doit apprendre agrave faire les gestes

de la tecircte qui expriment lapprobation En aucun cas lenfant nest

laisseacute agrave lui-mecircme Aura-t-il deacutesobeacuteit par complaisance naura-t-il pas

eacutecouteacute ou fait attention aux recommandations reacutepeacuteteacutees plusieurs fois

sans reacutesultat il fera lobjet dune punition corporelle avec la chicotte

Elle a pour effet de faire mal au corps de lenfant afin datteindre son

acircme sa sensibiliteacute et instaurer en lui une sorte de 1iaision de la

meacutemoire du mauvais comportement agrave la douleur quen voulant eacuteviter la

douleur il finit par eacuteviter le mauvais comportement en tout cas den

prendre conscience degraves cet acircge Cest une meacutethode deacuteducation mora1e (])

i 3121 Leacuteduca~ion maternelle

1

Notre eacutetude nous a montreacute que mecircme de nos jours leacuteducation diola

conserve encore ses caracteacuteristiques traditionnelles au niveau des rites

des moeurs des habitudes des principes et des normes

Leacuteducation de lenfant reste lune des plus rigoureuses Elle commence

degraves le plus bas acircge car pour le dio1a on ne peut redresser une personne

adulte donc autant leacuteduquer tregraves jeune Jusquagrave lacircge de trois ans

lenfant sera encadreacute par sa megravere qui bien queacutetant tregraves douce fait

preuve daucune indulgence Elle lui apprend les interdits de la communaushy

teacute respecter son prochain ne pas insulter ni profeacuterer de gros mots surshy

tout en preacutesence de grandes personnes ni faire violence agrave autrui

Plus terd v~rs cinq ou SlX ans le jeune garccedilon est initi~ a~x travaux

ces cna~ps des rizi~r~s cles pal~eraiEs ce Gui ne manquer6 pa5

davoir ces rEpcrcussic~s sur SOn deurovelopperncnt morpholoique

- 1( shy

3122 La circoncisio~

cest un rite obligatoire Il a pour but dintroduire le garccedilon dans

la communauteacute des hommes en tant que responsable Cest un rite qui

laisse une trace indeacuteleacutebile dans la vie du jeune diola Les principes

de la vie en socieacuteteacute y sont enseigneacutes agrave fond Le rite de la circoncishy

sion preacuteseuro~teuro uneuro forme p~lticul do~t s~uls les diolas connaissent

lorganisation internecar la circoncision est agrave la fois une eacutepreuve

physique intellectuelle et morale

Cette circoncision en milieu diola se passe dans le bois sacreacute En ce

lieu les Njoulis (circoncis) sont encadreacutes par des mattres les

Kintangs et au-dessus de ces mattres regravegnent un ecirctre doteacute de faculteacutes

occultes il sagit du Kankourang Le kankourang a cette capaciteacute de

disparattre de voler quand bon lui semble Il incarne la justice et la

violence et assure la protection de ses disciples contre les mauvais

esprits Ainsi le kankourang incite agrave lobeacuteissance et agrave lordre dans

cette socieacuteteacute Dans la tradition diola le kankourang repreacutesente un

pouvoir mystique capable de choses extraordinaires dont la socieacuteteacute

moderne avide de raisonnement ne pourra trouver une explication Au

cours de la circoncision les initieacutes subissent un certain nombre

deacutepreuves physiques que le diola appelle samasso Il doit se soushy

mettre agrave lensemble de ces eacutepreuves consideacutereacutees comme indispensables

agrave sa formation pour lui permettre de juger ses capaciteacutes physiques

mais eacutegalement deacutepouver sa valeur intellectuelle morale et sociale

Il pourra aussi se mesurer aux autres dans le domaine de la consideacuteration

et du respect En quittant le bois sacreacute le jeune doit posseacuteder une

grande partie des qualiteacutes humaines et socisles quil faut agrave un howmE

pour vivre en harmonie avec la socieacuteteacute traditionnelle Il serait bien

sOr possible dans le cadre dune eacutetude plus approfondie de parler de

bien dautres rites et pratiques traditionnelles

Notons cependant que le rite de la circoncision appartient aux anc~t~es

et que dans les villages reacutecents ougrave les structures ont changeacute on ne

Jeux jours avant la re~trfE cans le bois sacr[ les adolescents so~r

-

- Jo shy

por lE diola 11-071- doit rester en harrc1iE avec lE

tal lanimal lui-mecircme les ancecirctres les geacutenies Le rit~ du rasdge co~sist~

acirc ~loigner la ~alchance de lenfant Si l~ ritE nest pas respecteuro eumlr es

parents du futur initieacute celui-ci connaicirctra la malchance pendant toute sa viE

Ce rite a aussi pour faculteacute deacuteloigner le mal et de preacuteserver lenfant des

mauvais esprits

Le rite de leau sacreacutee se fait un jour avant lentreacutee dans le bois sacrEacute

Les femmes doivent se garder davoir le moindre contact avec leau beacutenite

pour se preacuteserver des conseacutequences facirccheuses qui pourraient en reacutesulter La

tradition veut quune seule goutte soit capable de deacuteclencher lavortement

l chez la femme enceinte de rendre steacuterile la jeune fille ou de provoquer des

menstrues perpeacutetuelles chez la femme ayant atteint la meacutenopause bull

bull Le rite de la forge protegravege le futur initieacute pendant son seacutejour dans le bois

sacreacute Mais cette protection seacutetend bien au-delagrave et de rite veut que toute

personne qui y faillit soit condamneacutee agrave devenir leacutepreuse

Pendant plusieurs semaines les jeunes initieacutes subissent une formation capishy

tale qui fera deux des hommes complets

313 Croyances et pratiques mystiques

Si nombreux sont les diolas convertis au Christianisme ou agrave lIslam leur

foi napparatt jamais incompatible avec leurs croyances animistes Lhisshy

toire des rois et reines diolas nous reacutevegravele quils eacutetaient les ffprecirctres fl de

ces cultes feacutetichistes destineacutes agrave maintenir la fertiliteacute et agrave provoquer

la chute des pluies De nos jours existent encore des socieacuteteacutes secregravetes agrave

base religieuse ou magique la plus redouteacutee eacutetant lassociation neacutecrophashy

gique Kousanga des Floup (1)

Deux fafu expliquent la coexistence du dogme et de la croyance

le contact tardif de la socieacuteteacute diola avec les civilisations eacutetrangegraveres

et leacutevangeacutelisation ou lislamisation quelles veacutehiculaient Il e~ reacutes~lt~

une importance des traditions leur reacutesstance agrave une remise en questic~ ce qui confegrave~e agrave la socieacuteteacute diola un caractegravere conservateur

r~c~~i]EE 2~fr~~ ~c - t

ct ~Cc egraveE~ Cimiddotilisatilaquo~ eacute

la neacutecessiteacute de lanimisme consiegraveeuroreacute comme base de toutes legrave~

religi0~s uumlegrave serait-ce que corr~e tentative ciexpliquer li1explishy

cable en se repreacutesentant en particulier comme un ensemble de puisshy

sances mystiques Ainsi pour lanimiste agir sur la nature cest

intervenir psychologiquement aupregraves de ceLX qui la gouvernent

314 Imeact des moeurs sur la prat~que de la lutte diola

Lorigine de la populariteacute de la lutte eugrave milieu diola est par trop

impreacutecise aussi nous nous limiterons agrave en donner la signification

actuelle La lutte apparatt dabord comme un moyen privileacutegieacute deacutedushy

cation

- sur le plan corporel afin de deacutevelopper la force lagiliteacute la

rapiditeacute et la souplesse

- sur le plan moral afin de deacutevelopper les vertus caracteacuterielles

courage tenaciteacute digniteacute bullbullbull neacuteces~aires agrave laction

Mais la lutte apparatt aussi comme un mpyen dinteacutegration sociale car

le jeune diola qui se refuserait agrave se sbumettre agrave leacutepreuve de la lutte

encourrait un isolement alors que celui qui excelle en bravoure devient

rapidement populaire Dougrave ces affrontements agrave linteacuterieur dune classe

dige qui tout en restant un moyen de reacutejouissance servent eacutegalement

agrave eacutetablir des comparaisons

Nos observations et nos interviews confirment le caractire tris physique

de la lutte diola immeacutediatement les lutteurs sont au corps agrave corps et

les techniques consistant agrave aracher ladversaire priment sur toutes les

autres Exprimer sa force est une preacuteoccupation constante il suffit pour

sen persuader de voir le groupe de lutteurs peacuteneacutetrer dans laregravene au son

du Born bol on que rythme le claquement de mains des femmes

C~tte da~se est une deacutebauche dAnegie Ougrave les lutteurs pieacutetin~Ert avec

force L sol

i shy

3141 EorphologUgrave et valeur physiques du lut teur diola

Le lutteur diola possegraveagrave~ un deacuteveloppement caracteacuteristique du trai~

supeacuterieur et de la musculature doso-lombaire Ceci est tregraves certaineshy

ment lieacute au maniement de la houe de la daba et surtout dukadiando

dont lusage permanent a modeleacute la morphologie du lutteur diola

La valeur physique de ce lutteur semble reposer sur sa force sa

reacutesistance mais aussi sa rapiditeacute

3142 Reacutepertoire technique

Dans le Blouf la forme du corps la plus utiliseacutee est le deacutecalage souvent

combineacute avec un crochet de jambe (gal gal) ceci semble ecirctre lieacute agrave

lutilisation quotidienne dans les riziegraveres du kadiando Le paysan du

Blouf sera ameneacute agrave faire un mouvement de torsion pour deacutecalerlinstrushy

ment enprenant appui sur son genou et ceci continuellEment pendant toute

la jourpeacutee Chez les diolas du Fogny le kadiando eacutefait surtout utiliseacute

par les femmes qui soccupaient autrefois exclusivement de la riziculture

et ce n~est quaujourdhui que les hommes cultivent le riz 1

La principale culture dans le Fogpy est celle du mil on y cultive aussi

de larachide De ce fait loutil le plus utiliseacute est le donkoton qui

est un instrument tregraves petit avec un manche court et dont le maniement

expliquerait peut-ecirctre leacutetonnante musculature du train supeacuterieur et surshy

tout de la zone dorso-lombaire du 4i6la fogny qui excelle dans les techshy

niques en force genre arracheacute avec les bras sur contrOle de la ceinture

de ladversaire Lulisation du donkoton semble eacutegalement expliquer la

garde tregraves basse du lutteur fogny

Dans le kassa on aurait pu trouver la mecircme forme de lutte car la morphoshy

logie du lutteur est agrave peu pregraves la mecircme mais linterdiction formelle de

la prise du ~gimbe modifie et limite tout le repertoire technicult2 ou

lutteur Le lutteur kassa adopte une garde basse et agrave une preacutefeacuterence pc~r

legraveS tc~-iccedilues n passa~ dessous - - ~ shymiddotmiddotcrc t--=~ c-

----

contact et agrave partir de ce TtoTteuront ils peuvent se relever et conti~uEr

en lutte debout jusquau terrassemen~

Toutes les gardes sont rapprocheacutees en milieu diola

irbi trage

Les combats sont arbitreacutes par un deacuteleacutegueacute geacuteneacuteralement anClen lutteur

Ces anciens lutteurs ont pour rocircle de veiller au bon deacuteroulement du

combat La victoire est deacutecreacuteteacutee dans les cas ougrave un des lutteurs se

retrouve en position assise sur le ventre sur la cuisse ou les

genoux (sauf dans le Kassa)

Il existe un autre mode de victoire celle qui est proclameacutee agrave la

suite dune supeacuterioriteacute eacutevidente du~ des lutteurs A savoir quand

un lutteur soulegraveve tregraves haut son camarade et que son manager estime i

quil est pratiquement battu il peut arrecircter le combat en touchant

dabord le lutteur adverse popr eacuteviter que son lutteur ne soit terrasseacute

tregraves fOrt Nest-ce pas un deacutecision sage des managers qui peut contribuer

agrave maintenir le caractegravere reacutecr~atif de la lutte joola 1

La victoire dun village sur un autre village ne se mesure pas au

nombre de victoires obtenues par lensemble des lutteurs En effet

il suffit que le champion soit battu pour que le village soit consideacutereacute

comme deacutefait Ce qui explique limportance et le seacuterieux que le village

accorde agrave la preacuteparation des championsl)

Il est cependant important de signaler que larbitrage dans les centres

urbains revecirct une iautre forme beaucoup plus codifieacutee et cest peut-ecirctre

une des raisons qui font quen milieu urbain la lutte diola perde une

partie de son originaliteacute

En dehors des techniques speacutecifiques agrave chaque sous-groupe il faut

signaler quil y a une multitude de prises et quelGues formes de corps

comTIunes agrave letnn Car reconnaissons qu il cO unE ror-euro approp=i~eacute

dE ~ouvane du l~tteur diola en TaI

-----~-----

LE tableau ci-dessous se propose dE reacutesumer les diffeacuterentes consideacuteshy

rations techniques envisagEacutees dans cette partie

FORlŒSSOGS-GRGUPES 1 COItltOLE GA~JESDt CORF=

i ~

1 1

Passage dessous de jambes et BassE KASSA saisies Moyenne1annexes bras (rapprocheacutee)

ceinture tecircte

Deacutecalage de Moyenne et BLOUF Demi-souplesse Ngimbe

HauteHancheacute Bras (rapprocheacutee)

Jambe

Arracheacute CouFOGNY Tregraves basse

Hancheacute ii 1

1 1

3 14 3 bull LeIIa~~jueetlecom~ortementdulutteur-+iola

1 Le comportement et lattitude du lutteur dans laregravene pe sont en fait

t

que le reflet de sa psychologie et plus partiCUliegraverem t de son eacutetat

dacircme Or il napparatt pas abusif deacutetablir des cor eacutelations entre

le psychisme dun individu et lempreinte eacuteducative quil a subie En effet en sortant du bois sacreacute le jeune diola a acquis un ~ca~~l

eacutequilibre physique et mental

Cette matrise de lui-mecircme permet au lutteur dans la~egravene dadopter

un aire enjoueacute de manifester beaucoup denthousiasme~ La lutte devient 1

essentiellement un jeu laspec ludique y est privileacutegieacute et ~ela influe

sur le comportement du lutteur

Ainsi queurolq~c soit limporta~cE de le~je~ le lutt~c~ dic1e Seuroreacute

to~jours serein et s~ livrera sa~s arri~re pe~s6e da~$ ~E CO=beacute ou-

tons que le lutteur diola est trecircs fair-play et sil arrive quun rdnd

lll L COIicircilU1Ul L ULOF

32 J Preacutesentation

La soc tEacute wucirc10f est celle qU1 a eacuteteacute la plus marqueacutee par la colonisation

~~ fait peut-gtre de sa position geuroographiquE dune part ct de 50~ imporshy

tanCE sur le plan dfmographiquE dautre part En effEt ceurootteuro CC-~ucircautE

wolof repreacutesente environ 20 de la population seacuteneacutegalaise

Elle est constitueacutee de pecirccheurs (ce sont les leacutebous) dagriculteurs de

fonctionnaires de lEtat mais surtout de commerccedilants

A pqrtir de leur reacutegime dimplantation le Cayor le Walo le Baol le

Djolof et la presquicircle du Cap-Vert les wolofs ont tendance agrave irradier

sur lensemble du territoire sous leffet de leur speacuteculation agrave la culshy

ture de larachide et du nombre important de fonctionnaires quon trouve

dans cette ethnie

322 Les moeurs et croyances wolofs

Bien queacutetant en grande partie des musulmans convaincus les wolofs

conservent toujours une croyance animiste et continuent agrave faire des

sacrifices agrave porter des cornes ou des morceaux de bois agrave la ceinture

aux jambes ou aux bras et agrave croire agrave lexistence des Djinneacutes et des

Raps bull

Le Djinneacute cest une creacuteature malfaisante en geacuteneacuteral capable de choses

extraordinaires Il possegravede des faculteacutes surnaturelles Cependant dapregraves

la croyance animiste certains Djinneacutes peuvent ecirctre bons

Le Hapl cest une creacuteature ayant des dons occultes appartena71t agrave une

famille ou agrave une communauteacute et dont le rOcircle est de veiller cu daider

les reCJrES de le fai11p ou dt la conmunauteacute en cas de da1gel Le Rap

~ ut te c ) ~~c-

ei sltcificE cJ sanl dE meut0 dL chat de pC)wleurot 5E1lt les conveuroshy

lances parfois leur dorner COrllTe offrande du lait Laii

Qua1d une famille ou une communauteacute neacuteglige les Sarakh (ici dans

le sens de sacrifice ou Offrande) elle se voit aussitocirct vouEacutee agrave la

maleacutediction des mauvais esprit~ (fcllec dans touteacuteS lEs ~treprises

de la vie maladie mort bullbullbull ) Les lieux ougrave habitent ls Taps et ougrave

se font les sacrifices se nomment Khambs

Geacuteneacuteralement le khamb se trouve dans lenceinte de la maison ou

dans un coin approprieacute du village Les lieux du khamb sont marqueacutes

par la disposition de calebasses de pilons de morceaux de poterie

briseacutes de grosses pierres de cornes et dautres objets heacuteteacuteroclytes

La superstition wolof est tregraves marqueacutee En effet pour le wolof toutes

les manifestations quotidiennes trouvent leur signification dans le

mysticisme Citons agrave cet effet quelques ezemples Une femme enceinte

ne doit pas marcher agrave nimporte quelle heure de la journeacutee Certaines

heures de la journeacutee lui sont interdites le Timiss (creacutepuscule

le Ndjo~or (de 13 H agrave 14 H de lapregraves-midi) le souf-segravede (de

minuit i4 H du matin) Selon la tradition ~t la croyance wolof les

mauvais ~sprits choisissent ces heures pour jeter des sorts Et la

femme enceinte eacutetant tregraves vulneacuterable le Djinneacute essaiera de lui insufshy

fler son souffle pour atteindre son beacutebeacute afin dentratner soit la

meacutetamorphose de cedernier en monstre soit de le tuer avant sa naissance

Dailleurs pour le wolof et pour certaines autres ethnies au Seacuteneacutegal

le timis le tdjolor le souf-segravede repreacutesentent des peacuteriodes de

la journeacutee ougrave lon ne doit pas se hasarder dans les rues et les champs

Ce sont des heures propices aux apparitions des Djinnes sous nimporte

quelle forme humaine ou animale

Il est eacutegalement interdit au wolof de marcher ou de serti la nuit du

~eacutellfria-

loutes c~s pratiques ~ystiqu~s et cr0ya~ces religi~us~5 ~xistent eL~~[

certainement dues agrave un meacutetissage culturel Parallegravelement aux feacutetiches

aux incantations et agrave lutilisation des safaras (substance magique)

notons lexistence de ga l a tchs (ce sOnt des talismans ougrave sont inscrits

du qui les porte Toutes ces croyances biEn sucircr auront une rEacutepercussicrI

sur leacuteducation du jeune wolof

323 Leacuteducation du wolof

Pour caracteacuteriser leacuteducation wolof nous avons penseacute donner comme

illustration cet extrait de la revue DEM ak TEY Pour deacutefinir leacutedushy

cation le wolof fait appel agrave un symbolisme qui eDglobe aussi bien les

moyens mis en oeuvre Yar que le reacutesultat obtenu agrave laide de ces mecircmes

moyens cest-agrave-dire la formation et le deacuteveloppement de lecirctre humain

ou Yaru

Le substantif Yar deacutesigne le fouet

Ce symbolisme deacutesigne donc au-delagrave du simple sens mateacuteriel de lobjet

lutilisation qui permet daboutir au reacutesultat escompteacute (Yaru) Au sens

geacuteneacuteral Yar deacutesigne tout instrument servant agrave infliger une punition Le

terme laisse supposer agrave priori que cette phase de lenfance durant lashy

quelle se preacutepare la vie de lhomme est lieacutee agrave la souffrance au supplice

Dailleurs une maxime wolof compare lenfant agrave une tige quon a tout le

loisir de redresser alors quelle est encore flexible bull

bullbullbull Pour leacuteducateur wolof la perfection nest point de ce monde malS

le devoir de chaque homme est de tendre vers la pleacutenitude en luttant

contre ses propres faiblesses Leacuteducation va d01c iisister essentielle~(-~t

sur lexercice quotidien de leacutelevation ffiora1e d~ lindividu Pour cela

elle privileacutegie la patience munI) vertu dabneacutegdtion et dE deacutesinteacuteresseshy

m(~t autour dE laquelle sarticulent toutes ]e~ ~u~~~s qualiteuros

i _

aan~ ~ s0cieacutet gt~olcf ocirclt~tartt nul -Jt- poulait sabecircisstr

tion de sa libertEacute La liberteacute est le preuumler drcmiddotir dE l ho-)euro egrave~S

baigner dans une beacuteate admiration du passeacute la comparaison avec le pr~$(middott

si~posc dclle-mecircme car lon reste s reacute devant la deacutesinvolture aVEC

laquelle dES honmes daujourdhui descendants de cette ~~~EacuteTatic ccedil~l se

une fois [largis bullbull tTasque fiers davoir fait leacute priS0n PEut-2tTE

faut-il mettre cela sur le compte de lurbanisation et des nouvelles

valeurs qui ont pour nom enrichissement reacuteussite sociale avec ce que

cela comporte de deacuteshumanisant et de deacutepreacuteciateur (1)

3 bull 2 bull 3 1 bull Lesri tes

Le sevrage et la circoncision constituent les deux grandes phases initiashy

tiques chez le wolof

- Le rituel du sevrage est appeleacute maga1 (litteacuteralement rendre grand)

Cest un eacutevegravenement important aussi bien pour les parents de lenfant que

pour la co~unauteacute Durant cet eacutevegravenement qui survient geacuteneacuteralement deux

ans apregraves la naissance du beacutebeacute les personnes vivant dans lentouragE

apportent leur soutien moral et mateacuteriel

- le rituel de la circoncision revecirct pratiquement la mecircme signification

que dans les autres ethnies seule la forme diffegravere La circoncision reste

encore une eacutepreuve de la vie au sort i r de laque Ile ladolescent devient un

homme Aujourdhui il faut noter une meacutetamorphose de la structure sociale

et des croyances religieuses tregraves accentueacutee aussi bien chez les wolof que

chez les autres groupes ethniques et ceci est peut-ecirctre dO au contact

permanent quils ont avec la socieacuteteacute occidentale

Malgreacute ces constat~tions il semblerait pcu=tant qUE la sociecirct~ lecircbou Gci

bien que se trouvaLt en grande partie dans ~a Presquth du Cap-ETt Et

en contact permane~t avec les blancs soit la portior la plu8 cc~serva-

----------~_- ---~-- -----

~

Incidences d s ~00urs sur la l~ttE

Le wolof connaicirct deux formes de luttes la lutte sirplE- sans t-t

la lutte avec frappe La lutte avec frappe a une crigi~e purement r

et ce nest que plus tard quelle devint une prati1uE sportive et lud

preacuteparer agrave la guerre Aussi tout en luttant On eacutetait autoris~ agrave frapper~

griffer mordre voire introduire son doigt dans loeil de son adversaire

Le jeune wolof devait eacutegalement se livrer agrave la lutte avec frappe afin de

favoriser son insertion dans la socieacuteteacute adulte et sinitier au meacutetier de

soldat faute de quoi il ne pouvait se faire entendre ne avoir des marques

de respect Pour montrer la populariteacute de la lutte dans le Cayor signalons

que les Damels ll (rois) et les Teignes (nobles) nheacutesitaient pas agrave sy

livrer Quant au IIMbeu~ (lutteur) elle lui servait de moyen de promotion

sociale car d8S que sa reacuteputation eacutetait eacutetablie il pouvait ecirctre choisi

par les rois et les nobles comme garde de corps

325 Signification de la lutte en milieu wolof

La lutte se pratique dabord pour lhonneur qui est une vertu tregraves signishy

ficative pour le wolof Elle permet de renforcer les liens amicaux entre

les jeunes de villages diffeacuterents Le champion veut gagner

confiance et la consideacuteration de son village de ses amis

Etre champion cest aussi susciter ladmiration chez les

sentant la force la viriliteacute et la deacutetermination

326 Organisation d~s eacutepreuves de lutte

3261 Les Mbapatts Ce sont les seacuteances nocturnes

pour meacuteriter la

et des anciens

filles en repreacuteshy

Ils sont organiseacutes apregraves les reacutecoltes agrave la fin de la saiscn des pluies

Ceci surtout p~ndant les peacuteriodes de clair de lune car ils peuven~ durEr

toute la nuit Le but des ~Dapatts lt=tait de prfpa-er FhysicuemeH et

~ arb Sil

326 Le 1

cest une organisation beaucoup plus importante que les I~apatts ~

loccasion de laquelle on peut voir plusieurs lutteurs de grande reDommfe

saffronteLLa fin dl lamb est toujours couronneacutee par une grand co~bat

duquel le vainqueur est sacreacute champion de la contrecirce

Le choix du lieu est lieacute agrave limportance de ce lieu dans le village cest

la place publique ougrave geacuteneacuteralement se passent toutes les manifestations

assembleacutee geacuteneacuterale sabar (danse) cest aussi lendroit ougrave sont prises

les grandes deacutecisions

3623 Lappariement

Dans un village ou un quartier les lutteurs se regroupent en lang

(eacutequipe) et jamais deux lutteurs de mecircme lang ne se rencontrent lors

du lamb

L appariement s~ fait librement entre lutteurs de lang diffeacuterents l1hs

une regravegle veut ~uavant de lutter avec le Mbeur Kanur de tel lang si

on est soukh (l~tteur pas encore confirmeacute) il est neacutecessaire de lutter

dabord avec ses soukh et ce nest quapregraves les avoir terrasseacutes tous

quon se voit octroyer la chance de lutter contre lui

Notons que la cateacutegorisation des lutteurs par poids nest jamais prise

en consideacuteration

3624 La tenue du lutteur ou NGIMBE

Le middotNGimbe est confectionneacute par le marabout de la famille ou du clan Il

est constituecirc de pagnes en coton tisseacute geacuteneacuteralement offerts par la megravere ou

la grand-megravere du lutteur ceci lors des organisations de ~rande Tportance

COrlune lef 1amb Dans le cadre des l-bapatt les pagnes sont C tErts peumlr

~~~rcfcis ct ffi~mc aujourdhui d218 cErtaInes fa~ille5 on devj~Gr

luttEur de pegravere en fils et dans ce cas h 1

gimbell du pEgravere Est recircr i tEacute

par le fils Le fait de porter le lI~gimbe agravee ses aiumleux peut susciter

cne~ le jeune lutteur une motivation et une volontecirc in~branlable rlasshy

surer 12 supeacuterioritEacute cis SIcirct-ns dallS

le xgimbe de la famille ne touche pas le sable

La tenue du lutteur a une signification et une importance sur le plan

mystique car selon les anciens le vrai feacutetiche du lutteur celui qui

le proteacutegera agrave vaincre le Djinneacute ou le Rap de ladversaire se trouve

cacheacute dans ce Ngimbe Celui qui confectionne-le Ngimbe est doueacute de

faculteacutes occultes

~~r~i~rg Il est assureacute par un sage du village qui geacuteneacuteralement fut

championde lutte de son temps Dailleurs cet ancien nintervient que

si le terrassement est litigieux

Hormis le public qui proclame la victoire ou le match nul le lutteur

lui-mecircme est arbitre et il arrive quil se deacuteclare vaincu ~ous

pouvons citer comme exemple Meacutedoune KHOULE un des plus grands lutteurs

seacuteneacutegalais qui a donneacute une victoire agrave Djeacuteri SADIO son adversaire qui a

reacuteussi agrave lui faire toucher le sol de la main

Il Y a terrassement quand le lutteur se retrouve

- assis sur le sol

- eacutetaleacute sur le dos

eacutetaleacute sur le cocircteacute

les deux genoux au sol

- les deux ma~ns au sol

la tecircte (front au sol agrave la suite dune brouette)

Il peut y aVOIr match nul si apregraves li1 temps ccmsideacuterable les lutteurs

SE sont ~ ivrEacutes respectivement agrave des assauts rEacutepEacutetEacutes et n arrivEt pas a

3265 L~ precircparation mystique

Il faut reconnattre quon ne peut parler de lutte en milieu wolof sans

envisager une preacuteparation mystique seacuterieuse Co~~e ~ous lEvans vu a~teacute-

1middot ~ d ~ ~rlturenent t0utes es actlvmiddotltesmiddot u W010 sont lles a SeS croyances

- la lutte ne concerne pas seule~ent deux acteurs se livrant faruumlucheshy

ment agrave un combat au milieu de laregravene mais eacutegalement les marabouts et les

feacutetichistes du village ou du clan qui doivent deacutefendre leur savoir et

leur prestige Avant le combat le lutteur doit se livrer agrave un certain

nombre de preacuteparations mystiques pour assurer sa victoire Aussi sommesshy

nous appeleacutes agrave parler de BACK (cest le chant et la danse du lutteur)

- le batteur de tam-tam compose un rythme en fonction du Galagne ou du

Senghor (gds-gris) du lutteur Chaque galagne sera choisi en fonction

du Rap ou du Djinneacute correspondant au Totem du lutteur

Le chant geacuterleacuterique Feinte woy veut dire litteacuteralement composer un 1

chant Ce chant est geacuteneacuteralement composeacute par les filles du viilage du

champion ou par un griot de sa communauteacute Et agrave travers ce chrnt on

arrive agrave toucher la corde sensible du lutteur en chantant lesl innombrables 1

victoires de ses ancecirctres ou en lui rappelant ses prouesses eacuteblatantes 1

Chaque lutteur doit avoir un chant et un back qui lui sont propres

327 Le reacutepertoire technique et les caracteacuteristiques physiques dulutteur wolof

Le lutteur wolof est geacuteneacuteralement moyen de taille la musculagraveture est

tregraves saillante ce qui fait ressortir un aspect tregraves athleacutetique ceci

est vrai sans exception pour le lutteur leacutebou mais il arrive que le Cacircyoshy

rien le baol-baol le walo-walo soient de grands gabarits de forte constishy

tution

CepEndant pour une meilleure compreacutehension du sujet nous pouvons eacutetudiEr

deux jroups d lut teurs qui vont deacuteterminer deux st yI e s de lut tes

- ~ t

les tc~tativ~s de~[reacutee e~ ramassement de jambes de la~v~sairL Ce~~

peut Ecirctre expliqueacute par le fait que les lutteurs leacutebou ou walo-walc qui

sont des pecirccheursadoptent cette garde tasseacutee du fait quils so~t tou-

jours pencheacutes en tirant le fil ou en poussant la plrogue On verra techrugravequeacutes dt cirr 2C ~lt 5Jllicitocirct

surLuumlut les membres supeacuterieurs

Le cayorien et le baol-baol par contre sont les plus grands cultivateurs

darachide chez eux les techniques de lutte sont plus varieacutees et la

garde est moins renfermeacutee Les lutteurs cayorien et baol-baol ont une

morphologie et une reacutepartition musculaire bien eacutequilibreacutee ils excellent

dans les techniques en deacutecalage les techniques de jambe et surtout les

techniques de riposte ougrave lon peut voir des prises de hancheacute tregraves amples

Dune maniegravere geacuteneacuterale on peut dire que le lutteur wolof est un fin

technicien qui sait surtout creacuteer les opportuniteacutes e~ avec sa rapiditeacute

utiliser la force de ladversaire pour le deacuteseacutequilibrer le noodju

le mbas le weacuteheacuteleacute et le rasu sont des techniques propres au lutteur

wolof

En deacutefense il utilise surtout des kl~klets ou gal-gal Notons que

le balancement des bras ou Lewato e$t tregraves marqueacute dans la lutte wolof

TABLEAU RECAPITULATIF DES COMPOSANTES TECHNIQUES

( 1 )

1 SOUS-GROUPES GARDES CONTROLES FORHES DE CORPS l

Walo-walo Basse de jambe Arracheacute l l10yenne de Ngimbe et i

Leacutebou Tasseacutee et saisies annexesj Deacutecalage 1 1 distante de bras de tecirct1

j de bras Deacutecalaeuro

~-----------------~-

- ~ ~- shy - ~ ~ bull L _ _ bull

Profil psyc~~iqUE du lutteu- et son comporterent dars l 2regravere

La preacuteparation mystique dans laregravene est plus marqueacutee chez les wolofs

que ChE~ les autres ethnies En effet on verra de grands champions

preliGrE plusiEurs heures pour Enduire leur corps de cll2badep ou ci

rmiddot- ~ a la proprieacuteteacute de proteacuteger li1egraveividu J

les mauvais sorts) Cest dailleurs un aspect dt la luttE qui iJcsc

des problegraveJles

Le lutteur wolof est tregraves superstitieux et la peacuteriode de preacuteparation

est capitale pour lui car elle permet non seulement de rendre

hommage aux ancecirctres mais aussi dintimider son adversaire Cest

geacuteneacuteralement un lutteur agressif combatif et teacutemeacuteraire Il se fait

souvent remarquer par son esprit dentreprise Mais cette fougue dans

le combat lamegravene parfois bien que ce soit regrettable agrave oublier les

usages et les normes Ce manque de maicirctrise de soi peut faire croire

que le lutteur wolof manque de fair-play ce qui nest pas toujours le

cas

~A~Ugrave~ t 4AA CbUrs k LA ucirctotve f~tPle Sesect prores mou W ~ lesquelles vont se couler les comporteme~ts individuels qui sont ainsi

monteacutes par et pour lautoriteacute sociale

Les faccedilons de boire de marcher ou de sasseoir se manifestent indivishy

duellement dans le corps de chaque personne ces habitus sont cependant

des montages sociaux lieacutes agrave des significationssymboliques variables

dailleurs selon la position sociale occupeacutee par chaque sujet Ces modes

dagir se rangent dans un systegraveme de montages symboliques et lindivishy

du les apprend de la socieacuteteacute dont il fait partie agrave la place quil occupe

Lhabitus est un montage social agrave la valeur symbolique deacutependant des pheacuteshy

nomegravenes deacuteducation et de prestige et lieacute agrave la position sociale du sujet

Cette penseacutee sonne de faccedilon eacutetonamment moderne

Pierre BOURDIEU qui dans une perspective a approfondi le contenue de la

notion en le reportant aux oppositions entre classes et fractions sociales

Il deacutefinit lhabitus comme un systegraveme de dispositions durables acquis au

cours dune histoire personnelle dans une milieu social donneacute systegraveme qui

engendre ensuite des pra~iques socialement deacutetermineacutees faccedilons de manger

de parler ou de marcher comportements de politesse contenu des preacutefeacuterencel

et des deacutegoOts bullbullbull lhabitus est le produit de conditions eacuteconomiques et

sociales Lauteur rattache directement la formation de lhabitus dun

individu agrave la trajectoire parcourue par celui-ci dans sa classe dapparteshy

nance il deacutefend lideacutee dun habitus de classe qui deacutefinit le sens confeacuteshy

reacute agrave la pratique sportive les profits qui en sont attendus

Ce dernier serait lui-m~me lieacute agrave un systegraveme de valeurs ou ETHOS de classe

prenant sens au sein doppositions distinctives entre classes sociales

De sorte lhabitus fonctionne comme un systegraveme dt- regravegles inteacuterioriseacutees

souvent informuleacutees permettant ou non agrave lagent de sadapter dembleacutee aux

multiples pratiques de la vie quotidienne et de la vie sportive il est agrave

lorigine des schegravemes de transcription qui favorisent les ajustements aux

situations corporelles nouvelles (1)

t ~

(1) P~IE11D dwi6Han ISpoy-l et sodeacutebi Approche Bocio-culturelle des pratiques P~tis Vigot 1981 page 81

33

331 Preacutesentation

Les Seacuteregravere auraient pour origine le Fouta Toro quils auraient quitteacute

vers le Xllegrave siegravecle pour fuir lislamisation de cette reacutegioD par lempire

dJ Xali (ils seraient donc apparEnt~s aux Peul et Toucouleur ) Ils

auraient trouveacute dans la rEacutegion du Sine les Sosseacute dorigine manding avec

lesquels ils salliegraverent

Au XVegrave siegravecle une autre immigrationSos~ conqueacuterante cette fois-ci

apporta son organisation eacutetatique Ils se divisegraverent en deux monarchies

deacutemocratiques lune seacutetablit au Sine et lautre au Saloum Les Sosseacute

conqueacuterants constituaient lautocratie appeleacutee Guelowar

La royauteacute seacuteregravere eacutetait laiumlque Les premiers souverains durent secouer

la tutelle des Toucouleur et progressivement arrivegraverent agrave unifier lethshy

nie des seacuteregravere etdea Sosseacute Les deux royauteacutes eacutetaient organiseacutees selon

acirces modegraveles tregraves deacutemocratiques Le souverain deacutependait dune assembleacutee

de ministres et de chefs locaux qui assuraient ladministration centrale

et reacutegionale())

Aujourdhui lethnie seacuteregravere repreacutesente 20 de la population seacuteneacutegalaise

Ils sont reacutepartis sur presque toute leacutetendue du territoire notamment

dans le Baol la reacutegion du Sine-Saloum et la reacutegion de Thiegraves

Signalons quil existe plusieurs sous-groupes dans lethnie ainsi on

trouvera

- dans la reacutegion de Thiegraves les Ndut les Safegravene et les None

- dans le Sine-Saloum les Sine-sine et les Saloum-salouIT

On trouvera vers foundioune et agrave Nioro du cocircteacute de la Gambie les

Niominka (pecirccheurs) Cest une portion tregraves mandinguiseacutee

( 1

Le rattache~2~t d~ to~s ccs sous-groupes pose problecircme ~25 0~ r0~V~

uc grande partie de traits COITul1uns dans leurs modes dE vie Ct pOUT phs

de faciliteacute nous allons essayer de faire une ~tude globale de la lutte

traditionnelle seacuterecircre Lactiviteacute socio-eacuteconomique qui est essentielleme~t

agro-pasorale caracteacuterisE leacutethnie seacuteregravere

332 Lecircducation les moeurs les croyances et pratiques sEr~rc

Chez les Seacuteregravere la vie humaine se deacuteroule selon les grandes eacutetapes

le baptecircme lenfance ladolescencemarqueacutee par la circoncision lsectge

adulte le mariage la vieillesse et la mort (funeacuterailles)

La vie de la communauteacute seacuteregravere reste une des plus originales sinon

celle qui de nos jours garde la presque totaliteacute des pratiques et

habitudes traditionnelles

Bien qu aujotltdhui con~r-tis aux religions chreacutetienne et musulmane les

Seacuteregravere conservent leurs croyances et pratiques animistes

Quelque soit leur degreacute dadheacutesion aux religions reacuteveacuteleacutees les Seacuteregravere

croient en un Dieu puissant et miseacutericordieux Rog Segravene et les hommes

Les ~angols sont repreacutesenteacutes mateacuteriellement dans tous les villages

seacuteregraveres par des arbres (baobab et tamariniers) des animaux (geacuteneacuteraleshy

ment serpent doreacute ou iguane) des ustensiles (pilon calebasse et mortier)

De nombreux teacutemoignages nous apprennent que certains totems (serpent

iguane) font leur apparicion agrave loccasion de certaines manifestations

rituelles comme les sacrifices ceacuteleacutebreacutes lors dun mariage de ceacutereacutemonies

mortuaires ou des circoncisions

Le Seacuteregravere comme il nous a eacuteteacute donneacute loccasion de le dire plus haut

preacutesente des speacutecificiteacutes authentiques aussi bien en tout ce qui touch~

son eacuteducation ses croyanCES et pratiques mystiques q~e ses activiteacute~

socio-ecirccc~omiquEs Apr~s a ~aissa~c~ le beurob~ ~~ pcs~ 5~~ lE S~ __

On lui mouille les l~vres avec un peu d~ lait de mil et apr~s U~ bain

purificateur on versera leau dans un trou cr~us~ derri~r~ la Camp~~

Pendant huit jours la megravere et lenfant sont cacheacutes dans la case car

selon les anciens ils sont tregraves vulneacuterables La case deacutens certains cas

est entoureacutee dun fil blanc et lon place sur le seuil des fais(cauy di

veacutegeacutetaux pour chasser les mauvais esprits (geacutenies malfaisants et illangeUY~

dacircmes) Au bout du huitiegraveme jour la megravere et lenfant peuvent sortir de

la case bull

bullbullbull Le matin du huitiegraveme jour la tante paternelle va chercher de leau

(plusieurs fois)t elle doit rester muette pendant ses alleacutees et venues

si elle parlait t lenfant pourrait ecirctre muet bullbullbull

La megravere et lenfant prennent un bain purificateur dans lequel sont

trempeacutees certaines plantes (ce sont des veacutegeacutetaux pr~tecteurs tels le

begravene le yag le ngud) On y lavera aussi le linge e1t les ustensiles utishyj

liseacutes pendant les huit jours qui viennet de seacutecoul~r On rase le crine

de lenfant Les cheveux sont donneacutes agrave la megravere qui ~s enterrera avec le

reste du cordon ombilical dans un endroit que11e esit seule agrave connattre

La megravere sassied sur une natte devant la maison Une femme igeacutee de la

famille prend le beacutebeacute dans ses bras et le preacutesente aux quatre coins de

lhorizon

La tante paternelle tient ensuite un van sur la tecircte de la megravere on y

verse le mil on y verse eacutegalement en abondance sur la megravere et sur

lenfant La tante oint ensuite le corps du beacutebeacute avec du lait e11e

touche en particulier le front t le nez la bouche la poitrine le dos

et les oreilles

Elle pose enfin un ~rain de sel dans la paume du beacutebeacute (le sel purifie

et deacutetruit les puissances mauvaises)

Apregraves un nouveau bain la megravere et lenfant revEcirctent des habits de fecircte

(est

lenfant Ce precircnore a toujours U~ SEns Il sy~bolise parfois C0 qUi

lOIl sounaitt agrave lEufant l)

La circoncision comme dans les autres ethnies est obligatoire Elle

permet au jeune adolescent dacceacuteder agrave la classe adulte Les jeunes

sont regroupes en classe dacircge dans le bois ougrave sc fait la r0tr~it0 des

circoncis et ceci pendant plusieurs mois

Le Selbeacute qui est geacuteneacuteralement un ancien craint de tous les eacutelegraveves

enseigne le respect de la hieacuterarchie la discreacutetion le goOt de linishy

tiative Les activiteacutes physiques et leacuteducation artistique ne sont pas

en reste la deacutecoration la sculpture la lutte et la danse A sa sortie

du bois linitieacute appartient deacutesormais agrave la classe des virils et des

sages du clan car on lui aura enseigneacute les vertus fondamentales que

sont la justice lhonneur lamour du prochain 1 amour du travail

lhonnecircteteacute et surtout le respect des coutumes ancestrales

Le rite du mariage esd aussi un fait tregraves important dans le monde 1

seacuteregravere mais par manq~e dinformation nous serons obligeacutes de nous en

tenir lagrave

333 Impact des ethos sur la lutte dans le monde seacuteregravere

Lorigine de la lutte seacuteregravere ne semble pas claire ma1S nous pouvons

dire quil existait deux formes de lutte comme chez les Wolofs une

lutte sans frappe et une lutte avec frappe Et cest cette derniegravere

qui peut-ecirctre nous ameacutenerait agrave croire que la lutte seacuteregravere aurait une

origine plus preacuteciseacutement guerriegravere

Aujourdhui la lutte est uniquement une activiteacute sportive agrave travers

laquelle le jeune seacuteregravere eacutevalue sa force son courage et SOn ingeacutenioshy

siteacute Cest une occasion de deacutefendre lhonneur de son village ou de

la corrnnunauteacute

La luttE ~5t avant tout u~e rnanifcs[dtic~ c~lturclie et surtout

fo lkhriqut-

Gracircce agrave elle on peut deacutesormais comprendre un certain nombre de chants

et de symboles A travers la lutte seacuteregravere on ccedilomprend les inter-relashy

tions entreacute la vie et le monde surntiturel

Sil devait y avoir la mort dun villageacuteois pendant la fecirctE au T qUE

de linterrompre on proceacutedait gracircce aux connaissances magico-religieuses

agrave la suspension de la mort jusquagrave une peacuteriode ougrave la population sera plus

disponible pour organiser des funeacuterailles sil y eacutetait preacutedit la possibishy

liteacute dune deacutefait du champion local au profit dun champion dun autre

village des recettes dordre maginque et religieux eacutetaient mises en prashy

tique afin que le champion du village ne soit jamais terrasseacute(J)

334 Le profil du lutteur seacuteregraver~

Le lutteur seacuteregravere est par essence un athlegravete impressionnant de par sa i

carrure et sa musculature saillante mais cest aussi une force tranquille

et calme quelque soit lenjeu du combagravet et particuliegraverement lhonneur

Cet aspect nous pousse agrave parler du NGiMBE cest-agrave-dire de la tenue du

lutteur qui va influencer sur sa faccedilon de lutter

La confection du Ngimbe revient agrave la communauteacute entiegravere Le Ngimbe a

une signification symbolique et le lutteur pour meacuteriter la confiance du

groupe se doit de tout faire pour ne pas toucher le sol Toute la commushy

nauteacute elle aussi sengage pour assurer la longeacuteviteacute et le succegraves du lutteur

dans laregravene par lorganisation droffrandes et de sacrifices en lhonneur

des Pangols bull

bull

Daucuns nheacutesitent pas agrave dire que lessentiel du mysticisme se fait agrave

la maison et non dans laregravene tout le reste nest quintimidation de

ladversaire

lsvcns

Tt- pi ~- t

t 1 ~ l _ ~ t

par rapport agrave lautre Cbci est trEgraves lieacute agrave lactiviteacute journaliegravere du

jeune seacuteregravere qui est un cultivateur donc toujours bien planteacute sur ses

jambes et qui continuellement manie lhiler

Le fait de couper le boi~ peut eacutegalement constituer un moyen de muscushy

lation non neacutegligeable pour le jeune lutteur

Un certain nombre de traits techniques speacutecifiques au lutteur seacuteregravere

semblent ressortir des diffeacuterentes interviews que nous aVOns fait subir

agrave certains lutteurs seacuteregraveres et agrave diffeacuterents techniciens

SOUS-GROUPES FORMES DU CORPS CONTROLES GARDES

SAFEN Moyenne en fente NONE Hancheacute Bras (distante) j

NDUTJ

f

SINE-SINE Deacutecalage Ngimbe

Moyenne

SALOUM-SALOUM Passage- Jambe (rapprocheacutee) 1

i

PETITE dessous Tecircte Basse et 1

COTE Moyenne (rapprocheacutee)

Notons que le Niominka ll commence agrave lutter agrave partir du sol pour avoir

assez deacutelan et sauter sur ladversaire afin davoir la prise du lion

(contr6le de la nuque et du bassin)

Co a -tem-nt ccedilt attitude du lutteur sEacuteregravere335 np -1t ~

Les croyances mystiques sont indissociables des activiteacutes quotidiennes

duseacuteregravere Ce qui explique le cocircteacute supersticieux du lutteur seacuteregravere En

~ffet certains lutteurs refusent de lutter avant certaines heures

Certains teacutemoignages nous apprennent quil nest pas donneacute agrave tout le

monde decirctre champion de lutte et que le lutteur doit avoir des dons

surnaturels pour ecirctre agrave mesure de livrer ses combats dans la nuit

et trouver seul un gris-gris speacutecial appeleacute Njatch

Le vrai champion de lutte chez les seacuteregraveres ne lutte pas seulement avec

~a force et sa technique mais surtout avec ses dons occultes

Chez les seacuteregraveres les morts sont toujours preacutesents et les ~pangols

Servent dintermeacutediaire entre les hommes et les morts Le pangol prend i

le nom dhumain dans certains villages (IIHeacuteJga NDONG Har Wag NGOUYE) i 1

De ce fait on verra le lutteur danser dufe maniegravere ou dune autre en

fonction du pangol de sa famille Ainsi nrus aurons le back (chant et

danse du lutteur) des DIOUF des FAYE etclbullbullbull

Dans laregravene le lutteur seacuteregravere a un comportement exemplaire aussi bien

agrave leacutegard de son adversaire direct quave~ le public en geacuteneacuteral Lexpli shy

cation semble tenir au fait que le lutteur seacuteregravere est avant tout selon

la tradition orale le repreacutesentant de toute la communauteacute seacuteregravere Par

conseacutequent il devra saffirmer non seulement en tant que lutteur dans

laregravene mais aussi en tant quentiteacute morale

336 La tenue du lutteur ou NGIMBE est confectionneacutee par le marabout de la

famille ou du clan Le Ngimbe est constitueacute de pagne en cCton tisseacute

Il doit ecirctre propre le lutteur qui le porte ne devra pas avoir de rapshy

port sexuel pendant toute la peacuteriode des cOTpeacutetitians car le Ngi~bE ne

doit pas ~tre souilleacute

Autrefois et mecircme aujourdthui dans certaines familles on devient

lutteur de pegravere en fils et dans ce cas le Ngimbe du pegravere est heacuteriteacute

par le fils Le fait de porter le Ngimbe de ses aieux peut susciter

chez le jeune lutteur une motivation et une volonteacute ineacutebranlable dtasshy

surer la supeacuterioriteacute d~s siens dans ltaregravene Il fera tout pour que le

Ngimbe de la ramille ne touche le sable

La tenue du lutteur a une signification et une importance sur le plan

mystique car selon les anciens le vra1 feacutetiche du lutteur celui qui

le proteacutegera et laidera agrave vaincre le nDjinne ou le tRapu de ladvershy

saire se trouve cacheacute dans ce Ngimbeu bull Celui qui confectionne donc le

Ngimbe U est doueacute de faculteacutes occultes

337 Larbitrase est assureacute par un sage du village qui geacuteneacuteralement fut

champion de lutte de son temps Dailleurs cet ancien nintervient que

si le terrassement est litigieux Hormis le public qui proclame la vicshy

toire ou le match nul le lutteur lui-mecircme est arbitre et il arrive

quil se deacuteclare vaincu

Nous avons pu cfter Meacutedoune KHOULE un desplus grands lutteurs seacuteneacutegashy

lais qui a donn~ une victoire agrave Djeacuteri SADIO son adversaire qui a reacuteussi

agrave lui faire touegraveher le sol de la main

IlL

34 1 Preacutesentation

Lethnie toucouleur vit En grandt partit ciE~~ la vallfc du S~~~gal

pt reprecircsente i peu pr~s 8 de la population totale secircn~galaise

o Histoire

Il semblerait que dans lancien royaume du Tekrour (IX~ siegravecle) des

eacuteleacutements neacutegroiumldes Sarakoleacute et des Peul aient formEacute par meacutetissage le

peuple Toucouleur (Toucouleur serait dailleurs une deacuteformation du

mot portugais Tacouror)

Ce empire a domineacute aussi bien les wolofs de lOuest que les Peul

nomades du Fouta Toro Cette reacutegion fut le premier pays islamiseacute par

les Almoravides ce qui peut expliquer le proseacutelytisme toucouleur

Ce sont les guerriers toucouleur islamiseacutes qui attaqu~rent avec les

Almoravides la capitale du Ghana Koumbi en 1067 On convertit par

la force les animistes Cest sans doute agrave cette eacutepoque que de nombreuses

ethnies reacutefractaires agrave lIslam ont dO accentuer leur migration vers

le sud (Seacuteregravere wolof Sarakoleacute Bambara Songhaiuml Akan et Peul se reacuteshy

fugiaient vers les hauteurs du Fouta Djalon)

Au XIXegrave siegravecle les Toucouleur allaient trouver en El Hadj Omar Tall

un grand conqueacuterent qui sous le preacutetexte religieux de la gJerre sainte

contre les tribus animistes (entre autres Bambara) eacutetendit lempire

toucouleur sur presque tout lensemble du gali et la partie de la Guineacutee

proche du l1ali

Lempire toucouleur composeacute de Sarakoleacute de Bambar~ de ~alinkeacute de

Xassonkeacute dE Peul et de Dogon eut le meurorit~ dunir CES diif~rentes ~ ~ - - - - - et~ics ~t dE CD~stituer l~Sl la b2S~ ~r 1

_ ~ ~ ~_ L ~

~ ~- ~- - - ---- _ 1 v _ t 1 ~-_ --

marabout tOL~culcuuml~ ~ middotlrrany a l ick SI venu des E1i rClS dE Pocior~ (

~ Vi~ euroconomicue et sociale -----------~-------------

Les Toucouleur sont des cultivateurs mais bien quils n~ soie~t pa~

pasteurs comrre les Peul leacutelevage a une place inportarteacute decirc1S ltur

eacutecono~ie Pour faciliter leur conquecircte guerriegraverE ils c~t Eucirc une preacuteshy

dilection pour leacutelevage des chevaux On y trouve aussi des pecirccheurs

appeleacutes Tchioubalo La socieacuteteacute toucouleur aurait une stratification

sociale tregraves rigide Les groupes ethniques et les castes eacutetaient

diffeacuterencieacutes et strictement exogamiques les Rimbe classe des nobles

comprenant la famille reacutegnante et les guerriers libres la classe des

Nieacutenieacutebegens de castes artisanales i les Rimaibeacute anciens esclaves

devenus serviteurs qui portent les noms de famille de leur maicirctres A

la base de lorganisation de la collectiviteacute toucouleur se situe le

village (Wouro)

Toutes ces castes sont cloisonneacutees entre elle~ Ainsi il nest pas

permis agrave un Torodo (noble) de se marier avec un Tchioubalo Ces

consideacuterations sont importantes dans le domaine de la lutte ougrave nous

apercevrons que les nobles ne sont pas faits pour lutter Le noble

preacutesidera les seacuteances de lutte et on luttera pour lui Ces condeacute rat ions

de noblesse et de rang social sont extrecircmement importantes dans le

monde toucouleur

Le noble ne doit pas se salir on lutte pour lui il ne vit la lutte

quen tant que spectateur

342 Education moeurs croyances et eratiques religieuses

Deux formes d~ducation sont agrave consideacuterer leacutedJcatio~ dES enfarts Et

celle des adultes

oG lenfant sait m2n~~r et apprfcier le goOt d~5 ~iifeurorents r~pas lt

le moment ougrave il CO~~e~CE agrave marcher

tivirt n~sormais le petit toucou]eur est eacuteduquf par toutmiddot 12 f2~i)]E

dabord puis par toutes lespersc~nes du village ou du C13~

Lenfant peut ~tre corrigeacute par tout adulte appartenant au groupe social

Son eacuteducation est deacutesormais laffaire de toute la communauteacute et non

exclusivement celle ces parents On linitie ainsi au travail quotidien

qui se fait dans la bergel~ e les champs et les bords du fleuve Au sein

du village il pourra apprendre agrave filer la laine et agrave tisser des pagnes

dans les champs il apprend agrave manier la houe et lhiler pour la culture

du riz et du mil Mais signalons que lactiviteacute essentielle du toucouleur

est leacutelevage des boeufs des moutons et des chegravevres Chez les Ichioushy

balos (p~cheurs ) lenfant sera initieacute tregraves tat au maniement des pagaies

agrave la p~che propremccedilnt dite et agrave la nage

Vers cinq-six ans lenfant est confieacute au maicirctre coranique le Ihierno

et ce dernier dispose exclusivement de toute sa vie Lavenir du jeune

enfant lui appartient

Comme dans les autres groupes ethniques les enfants sont regroupeacutes en

classe dacircge et cest dans cette structure que lenfant subit les rite

de passe et plus particuliegraverement celui de la circoncision

La circoncision est non seulement unE opeacuteration chirurgicale malS surshy

tout une peacuteriode au cours de laquelle le jeune garccedilon passe de leacutetat

dadolescent agrave leacutetat dadulte Les circoncis sont reacuteunis en classe

dacircge dans un endroit situeacute hors duvillage geacuteneacuteralement choisi par les

vieux Cet endroit n~st accessible que par des individus de SExe ffi8SCUshy

li~ ~ta~t au preacutealabl circoncis

- - - -

quable et complet sur le plan phy~ique et ~oral Ai~si liniti~

acquiert les qualitecircs indispensables que sont le courag~ la modest

lesprit de sacrifice lendurance

Le toucoule~r est un pleux musulma~ Cela sexp1

SOil le premier agrave tre en contact avec la religion musulmane de par sa

position frontaliegravere Lethnie toucouleur de par son histoire a preacutesenteacute

les plus grands chefs militaires et religieux musulmans seacuteneacutegalais Et

pour illustrer cela on peut citer en exemple la grande famille musulmane

des SY agrave TIVAOUANE repreacutesentant la confreacuterie des TIDJANES

Bien que lon note une majoriteacute musulmane on peut dire que certaines

croyances et pratiques mystiques et animistes persistent encore surtout

dans la reacutegion du fleuve

Une pratique courante se fait elle sappelle le Djatt Elle consiste

agrave faire sortir le caiman du fleuve agrave limmobiliser et agrave lattacher

sans quil ne reacuteagisse et tout ceci agrave laide de versets et dincantashy

tions magiques Dapregraves les teacutemoignages ces pratiques sont plutocirct

freacutequentes chez les Tchioubalos (pecirccheurs) Il arrive aussi que cershy

tains chasseurs ayant des dons se livrent agrave certaines pratiques an1shy

mis tes qui consistent agrave invoquer certaines puissances et agrave moduler sous

forme de chant des versets occultes pour se proteacuteger des mauvais esprits

et pour eacuteloigner les fauves Ce chant est geacuteneacuteralement incompreacutehensible

et deacutenueacute de sens pour le profane

343 Activiteacutes ludiques et pratiques sportives en milieu toucouleur

Durant toute son histoire lethnie ~oucouleur a toujours EacutetEacute Frese~teacute~

comme celle qui avait ue activit essentiellement guerr e e~ particushy

liegraverement farouche Trois eacuteleacutements ret r t l ecirc t te nt i c- euro so~t

le manie~~nt du ~acircton 12 luttE Et 1eacute danSE

l

Lecircducation ph~sique et artistique Dcc~pe un place precircpondecircra~rp

dans la fDrmat~on du jEune toucouleur A loccasion agraveeacutevegravenemen~ imporshy

tants reacutecoltJs mariages baptecircme nous assistons agrave des manifestashy

tions folkloriques de grande envergure le Wango oucirc dailse toucouleur

tregraves gymnique iles chants et surtout les sEacuteances de lutte

La lutte toucouleur est la forme de lutte la plus spectaclaire dans

tout le territoire seacuteneacutegalais Elle est essentiellement baseacutee sur des

techniques en hancheacute et surtout en souplesse Ceci sexplique par le

fait q~e le jeune toucouleur est tregraves tocirct initieacute agrave la gymnastique (saut 1

per saut de main salto arriegravere saut de tecircte couronneacute etc bullbullbull ) pour

la dans~ du wa~go En dansant le wango qui est une danse rythmeacutee et

gymnique le Jeune toucou1eur est capable de prouesses extraordinaires

1

En lutte lattaquant se deacuteplace tregraves peu pour avoir une bonne saisie

(geacuteneacutera~ement controcircle du Ngimben ) et enchaine brusqueme~t avec une

attaque surpris~ Cependant les ripostes sont souvent surprenantes et

spectaculaires (baseacutees sur la souplesse et la rapiditeacute) ontrairement

aux autr~s form~s de luttes ougrave lon voyait tous les jeune adheacuterer la

lutte to~cou1eur Verra un groupe de speacutecialistes sadonne agrave la lutte 1

(la lutte est lieacutee agrave la position sociale de lindividu problegraveme de

caste)

Q La morphologie du lutteur toucou1eur 1

1 1

Ce dernier nest pas aussi large et aussi fort que les lutteurs diola

et seacuteregravere Cependant il est tregraves reacutesistant La musculatJre est saillante 1

et tregraves souple lindividu est longiligne mais tregraves athleacutetique

Les mouvements de lutteurs sont semblables agrave ceux dun grand fe1in Cette 1

morphologie semble ecirctre lieacutee agrave la position geacuteographique de lethnie

(reacutegion du fleuve) et agrave lacitiviteacute socio-eacuteconomique du toucouleur qui

est agrave la fois cultivateur (activiteacute lieacutee agrave la crue et deacutecrUE du fleuve)

pecirccheuro~T CIcr~icubaon) et sttout jEumlrgcr qui est U~ rc~2eumlr

shy

Deux formes egrave~ corps sembl~nt ecirctre preacutefeacutereacutees du lutteur toucouleur

le hancheacute et la souplesse Les hancheacutes sont faits agrave partir de plusieurs

positions de doset se terminent geacuteneacuteralement par des techniques de

tregraves grande amplitude

TABLEAU RECAPITULATIF DES TECHNIQUES ET FORMES DE CORPS SPECIFIQUES

i

L441 r

GARDE FORMES DU CORPS CONTROLES --shy - -

Moyenne Souplesse Ngimbe

Hancheacute bras

Demi-souplesse

1

Profil psycholosigue 1

TECHNIQUES

ContrOle du bassin et 12 souplesse

arriegravere

Klicket et allegravegement de la hanche

Le lutteur toucouleur est celui lUi se livre le moins aux preacuteparaqons

maraboutiques Cela est dO au f~t que le toucouleur est un grand ~USUlshyman et que les pratiques animisges ont presque disparu dans ce mil~eu

Dans la pratique le lutteur esJ combaif mais il est calme et tr~s reacutefleacutechi quant agrave la deacutecision agrave prendre en plein corps agrave corps ct~st un des seuls techniciens qui reJte tregraves lucide au cours de ses comb~ts

l Dans toutes les circonstances e lutteur toucouleur est tenu de re~pecshyter son adversaire et ceux de s4n eacutequipemecircme sil est vaincu

Comme nous avons dO nous en rendre compte la rigueur des principes

eacuteducationnels a une influence tregraves sensible sur l~ comportement du

toucouleur

i

III S COCL ~s 1DO

Dans cette partie nous avons essay~ de montrer lftroite re1atic~

Entre les diverses activiteacutes socio-eacuteconomiques dans les ethnies et

lES diffEacuterentes faccedilons de lutter

Daucuns seraient tent~s de conclure trop rapidement et cest p0~r

cette raison que nOUS avons penseacute preacuteciser que le pheacutenotype nest

pas geacuteneacuterateur du geacutenotype Et nous sommes convaincus que la morphoshy

logie et les techniques des lutteurs relegravevent de leurs modes de vie

et de leurs croyances agrave une eacutepoque et danE un contexte bien deacutetermishy

neacutes

Est-ce que les lutteurs dio1a ou seacuteregravere travaillant avec leurs bras

dans les champs auraient les mecircmes pr 0 fil s physiques que les lutteurs

utilisant des machines pour lagriculture

- 69 shy

I UJOURDH~1 E-S ut O[l LES FORfilS Ut LU11t~

~otons que notre enqu~te a ecirctE essentiellement faiteen milieu urbain

Les seacuteances de lutte ont tendance agrave perdre leur particulariteacute de r~shy

jouissance pour devenir des pheacutenomegravenes de sportisatio Deux fores

de luttes so~t principale~cnt prat s dans les aregrave~es du 5 al

la lutte traditiunnelle simple et la lutte traditionnelle avec frappe

De nos jours la lutte traditionnelle tend vers une reacuteglementation

et une institutionalisation

Le reacutesultat de nos investigations nous donne le tableau ci-dessous

REPARTITION ETHNIQUE SUR 100 PRATIQUANTS

LUTTE LUTTE RAPPORTETHNIES SANS FRAPPE AVEC FRAPPE J2

Diola 40 16 71 j

Seacuteregravere 26 21 57

Toucouleur 23 10 69

Wolof 1 1 53 17

La demande sociale par ordre deacutecroissant pour la lutte sans frappe

se preacutesente comrre suit

]0_ Ethnie diola avec pregraves de 3 lutteur~ sur 4

2deg_ Ethnie toucouleur

Ethri dun

~ 1 LA LUTTE TR])IIIO~~ELLE AVEC H-PPE

Cette forme deacute lutte a une histoire qui date de lantiquiteacute elle

sa~pelait le Pugilat Au Seacuteneacutegal elle a vu le jour dans le Cayor

bien avant la colonisation Le coup dE pied l~Lrdn~lement la morshy

sure la frappe et le doigtf eacutetaient permis dans le cc=bat ~ ~middot~p0~~e

Dans certains cas la giffle eacutetait beaucoup plus dangereuse que le

poing quand elle eacutetait donneacutee par un speacutecialiste Cette giffle pouvait

agrave elle seule deacutechirer et mecircme parfois amputer la joue de ladverser

Selon les informations la lutte avec frappede nos jours serait une

forme de lutte tregraves eupheacutemiseacutee de celle dantan ougrave une blessure

pouvait souvent ecirctre mortelle

Aujourdhui au niveau du folklore la lutte na plus la mecircme

le spectaculaire a remplaceacute le significatif iLa lutte avec frappe se 1

pratique surtout dans les centres urbains C~aque fois quun grand combat 1

est progra~eacute par le Comiteacute National Proviso~re (CNP) des centaines damashy

teurs sont mobiliseacutes vers le stade lba Mar D~OP qui est aujourdhui le i

lieu approprieacute ougrave se deacuteroulent les grands conkbats de lutte Cest la formE

de lutte qui semble drainer une foule de personnes beaucoup plus importante

que celle de la lutte simple

La lutte avec frappe deacuteriverait dune forme de lutte traditionnelle

pratiqueacutee jadis dans le Cayor au temps des Damels et la frappe serait

le substitut dun certain nombre de pratiques doigteacute jet de produits

etc bullbullbull dont le but eacutetait laveuglement de ladversaire La lutte avec

frappe serait une continuation logique dune carriegravere sportive de la

lutte traditionnelle qui sen sert comme moyen socio-eacuteconomique En

effet la majoriteacute des lutteurs avec frappe ont dabord eacuteteacute initieacutes agrave la

lutte simple Cependant il faut signaler que de nOS jours il arrive

que le jeune lutteur avec frappE- soit directenent formEacute conne speacutecialistE

agrave la frappe sa~s pour autant faire son chemin dabcrd egravea~s la lutte

- ~ shy

Le recircsultat dE ~os interviews ncus rec~trE qGune pcpulatiD~ divcrsishy

fiampe sint~resse agrave ce sport et qUE les intecircr~[s des uns et d~SlautrE~

semble~t divergents naucuns affirment que la lutte traditionnelle

avec frappe serait monteacutee par des personnes dont la vocation est dexshy

ploiter ce pheacuteLomegravene agrave des fins commerciales Dautres disent gJellegrave

jouit de mcyens irport~nts t[l[~isio

tation etc bullbullbull ) pour toucher toutes les couches sociales CEpe~~a~t

nous remarquons que mecircme si certaines personnes reprochent agrave cette

forme de lutte decirctre brutale ces mecircmes personnes nheacutesitent pas agrave

se rendre le dimanche agrave laregravene Bien que critiqueacutee elle semble ecirctre

adopteacutee par une tregraves grande partie de la population seacuteneacutegalaise Cepenshy

dant en tant que techniciens il nous est permis de faire une remarque

Il sagit de

- Limpression nette decirctre devant des professionnels de la frappe

qui sont ~ntratneacutes pour cela Dailleurs les propos que nous avons

recueilli~ nous prouvent que la plupart des champions de lutte avec 1

frappe s~ntratnent dans certains sports de combat tels ~ue la boxe i 1

le karateacute le judo Dans cette nouvelle forme de pratique de la lutte

contrairefuent agrave la lutte traditionnelle le technicien e~t souvent

perdant face au puncheur Ce dernier adopte une lutte agrave distance qui

lui permet de placer agrave bon escient ses coups animeacute du deacutesir de vaincre

Le technicien lui se voit contreacute dans toutes ses entreprises par

un uppercut ou un crochet

On peut dire cependant que nul sport au Seacuteneacutegal que la lutte tradishy

tionnelle avec frappe ne deacutechaicircne autant de passions et autant de

pheacutenomegravenes poussant agrave lexcegraves et deacutereacuteglements quon ne peut que deacuteplorer

Mais comment deacutecrier un spectacle de lutte qui bien quayant perdu la

presque totaliteacute des valeurs traditionnelles veacutehiculeacutees autrefois par

elle sait susciter une participation effective de tous ceux qui sont

preacutesents

CONCLUSION

Dans ce meacutemoire nous sommes efforceacutes ~e faire ressort ir limportance des

ethos et des habitus et leurs effets sur la pratique de la lutte tradishy

tionnelle au Seacuteneacutegal

L~b egravethos repr~sentent dune maniegravere g~neurorale tous les eacuteleacutements speacutec

fiques sux Seacuteneacutegalais par conampeacuteguent un systegraveme de valeurs traditionnellEs

Mais m~me si ces valeurs rev~tent une signification universelle (honneur

digniteacute courage etc bullbullbull ) il nen demeure pas moins que ce nest pas leur

nature qui fait leur speacutecificiteacute mais la hieacuterarchisation et limportance i

quon accorde agrave toutes ces valeurs de ~ar leacuteducation ou la culture

i 1

Aussi les valeurs traditionnelles puient leur speacutecificiteacute dans les

caracteacuteristiques propres aux eacuteleacutements ~e la socio-cu1ture (la technologie

et leacuteconomie la politique et la pareteacute la psychologie et lideacuteologie)

dans la socieacuteteacute seacuteneacutegalaise agrave n momen donneacute de son eacutevolution Cest i

dire la neacuteceesiteacute de ne point faire della valeur une reacutealiteacute statique

Cest dite aussi quagrave tout mome~t le ~eacuteneacutegalais peut eacutevoluer et creacuteer

ou vivre par conseacutequent de nouv~lles fprmes de valeur qui lui sont 1

propres ft (J)

La lutte traditionnelle veacutehiculant deS valeurs socio-cu1ture1les speacutecishy

fiquement seacuteneacutegalaises (croyances valeurs morales norme de comportement

opinion attitude bullbullbull ) devient un eacuteleacutement important qui tregraves certaiaement

nous aidera dans notre effort de valoriser et de peacuterenniser notre patri shy

moine culturel par le biais dactiviteacutes physiques et sportives

Leacutetude des habitus nous permet de prouver quil y a plusieurs faccedilons

de se mouvoir comme danser lutter bullbullbull qui varient avec les diffeacuterentes

ethnies (wolof toucouleur seacuteregravere diolagt leurs convenances et leurs

eacuteducations

(1) Revue Ethiopiques 31 Les valeurs traditionnelles et le problegraveme de leur inteacutegration dans les systegravemes modernes jtducatio-1 2 6r--70

nautre part cette eacutetude permet aussi de nous rendrE compte de la

correacutelatipn eacutetroite existant entre la pratique de la lutte traditionnelle

et le sta~ut socio-eacuteconomique du pratiquant

Nos inves~igations nous indiquent que la lutte recrute essentiellement

au niveau des classes socio-eacuteconomiques situeacutees en bas de leacutechelle

donc posseacutedant le statut social le moins favoriseacute La lutte avec frappe

-et un certain secteur commercialiseacute de la lutte simple- y trouve sa

leacutegitimiteacute Comme le dit BOURDIEU nA habitus diffeacuterents styles de Vle

divergents et il oppse les pratiques aristocpatiques correspondants agrave

des activiteacutes qui favorisent les situations eupheacutemiseacutees ougrave la stylisashy

tion est importante aux pratiques populaires qui font appel agrave des

qualiteacutes qpposeacutees bllutes rugueuses Certaines interviews nous

montrent que plus lindividu occupe une place eacuteleveacutee dans leacutechelle

sQciale e~ 1

moin$ il sinteacuteresse agrave la lutte

Les reacutesultats recueillis dans nos diverses investig~tions confirment 1 1

1er propos qui disent que nous assistons aujourdhu~ agrave une involution

de la lutte traditionnelle parce que perdant toutes ses speacutecificiteacutes au 1

pryfit d~ne autre forme de lutte que lon continue agrave appeler nostalshy

giqlementIIlutte traditionnelle

Ceci pourrait peut-~tre trouver une explication dan la citation suivante

La liberteacute de creacuteer dinnover de vivre Pleineinenf decirctre soi et de

preacuteserver son authenticiteacute la digniteacute et lhonneu1demeurent des illushy

sions dans la misegravere eacuteconomique~ Nos ancecirctres creacuteai~nt des valeurs de cishyl

vilisation parce quils eacutetaient libres parce qu1i~s ignoraient toute

deacutependance eacuteconomique ils cultivaient en eux et cbez leurs enfants le 1

Jorn et la Kersa et preacutefeacuteraient la mort agrave la hoJte lI (1)

Or le Seacuteneacutegal comme la plupart des pays africainsi est un pays sousshy

deacuteveloppeacute t cependant face agrave cette volonteacute du gou~ernement seacuteneacutegalais

de faire inteacutegrer dans leacuteducation des valeurs traditionnelles nous

pouvons espeacuterer utiliser comme moyen deacuteducation la lutteacute traditionnelle

qui reste quand mecircme vecteur jethos et dhabit~s

- 54 shy

Mecircme si lon a noteacute un appauvrissement notoire sur les plans socioshy

culturel et moral la lutte traditionnelle recegravele une gamme importante

et varieacutee de techniques permettant incontestablement une ouverture vers

les luttes olympiques libre et g~eacuteco-romaine

La lecture de ce meacutemoire permettra agrave lentratneur et au professeur de

lutte en fonction du lieu ougrave ils seront affecteacutes dans le territoire

seacuteneacutegalaisdavoir une information sur les techniques contrOles et

formes de corps propres agrave chaque groupe ethnique et de les mettre en

relation avec leurs croyances et leurs mentaliteacutes

Nous avons essayeacute de montrer que la pratique de la lutte traditionnelle

doit tre axeacutee sur une ethnomotriciteacute au Seacuteneacutegal qui permette une inishy

tiation facile Cette pratique de la lutte traditionnelle seacuteneacutegalaise

devra dailleurs essayer de ~eacutepondre aux aspirations du Seacuteneacutegalaisl

moderne en souvrant aux ap~orts positifs des autres civilisations

ex~eacuterieures nous voulons Jvidemment parler du judo et des luttes oiymshyJ

piques 1

1 j Nous navons pas la preacutetentfon dans le cadre de ce meacutemoire demattrise

de reacutepondre agrave toutes les qutstions se rattachant agrave leacutetude de ~a lutte

traditionnelle souslangle~socio-culturel car non seulement il nous

manque lexpeacuterience et la c peacutetence en la mati~re mais aussil l le temps

et les moyens dont nous dis osions ne nous permettaient pas d~puiser le 1sujet i

1 1 1 t 1

l

- )5 shy

BIBLIOGRAPHIE

BIBLIOGRAPHIE

1- CLAPAREDE Psychologie de leacuteducation et peacutedagogie expeacuterimentale

Edition Delachaux et Niestleacute 244 pages

2- POCIELLC Christian Sport et Socieacuteteacute approche socio-culturelle

des pratiques Paris Vigot 1981 377 pages

3- PIERON Henri Vocabulaire de la psychologie

PUF Deuxiegraveme eacutedition 1957 469 pages

4- Revue socialiste de culture neacutegro-africaine ETHIOPIQUES

Les valeurs traditionnelles et le problegraveme de leur inteacutegration

dans les systegravemes modernes deacuteducation

GIA 21 Juillet 1982 213 pages

5- N2 Revue du Centre dEtudedes Civilisations DEM ak TEY

NIS IVegrave Trimestre 1982 96 pages

6- Document lNSEP Colloque sur la lutte aeacuteregravere

DAKAR MAI-JUIN 1980

t 1

~- Travaux du IVegrave Congregraves National ~es Sports agrave DAKAR les 2223041981

Bulletin n2 91 du CIO du 15 Aont 1965

l____________________________

8- Meacutemoire de Mattrise BADJI Abdou La lutte traditionnelle Joola

Etude et perspective

9- Meacutemoire Inspectorat JS DJITTE Mandy Les pratiques corporelles

traditionnelles au Seacuteneacutegal pour leur exploitation et leur

utilisation en peacutedagogie Marly le Roi 1980

REPUBLIQUE DU SENEGAL

--------------- INSTITUT NATIONAL SUPERIEUR

MINISTERE DE LA JEUNESSE DE LrsquoEDUCATION POPULAIRE

ET DES SPORTS ET DU SPORT

-------------

(INSEPS)

MEMOIRE DE MAIcircTRISE

Es-SCIENCES ET TECHNIQUES

DE LrsquoACTIVITE PHYSIQUE ET DU SPORT

LA LUTTE TRADITIONNELLE

son importance sa signification en fonction des ethos et des habitus ethniques au Seacuteneacutegal

Preacutesenteacute par

Monsieur Joseph Victor FAYE

Sous la direction de

M Jean Marc ROCHEZ

Professeur agrave lrsquoINSEPS

Anneacutee de soutenance 1984

La f-appe est honni aucl1 pratiqua1t de boxe Olt de lutte avec frappe

agraveUloins quelle fasse lobjet dune stylisation cxtrecircme COTIme cest le

cas dans le karateacute Ce groupe manifeste un seuil extrecircmement bas de toleacuteshy

rance agrave la violence ce qui explique les discours infamants degraves que la

lutte avec frappe est secoueacutee par quelques excegraves Leacuteopold Seacutedar SENGHOR 1

navait-il paS deacuteclareacute que cette forme de lutte eacutetait une atteinte permashy

nente agrave limage de marque du Seacuteneacutegal

Bien quil soit difficile de proposer une explication unique curiositeacute

esprit douvetture permeacuteabiliteacute aux modes bullbullbull les repreacutesentants de ce

groupe adoptet facilement des sports importeacutes 85 des goOts pour le 1

Judo le Karateacute et la Lutte Olympique qui pourtant est bien peu pratishy1

queacutee au Seacuteneacutegfll j

Faut-il en deacuted~~re une attitude geacuteneacuterale favoris~agrave tout ce qui provient

de leacutetranger

Nous nous refu~ons preacutesentement agrave ce genre dexplicationJ ne ser~it-ce que

par ses conseacuteqJences sur notre sport national dont les perspectives appashyj

raicirctraient bie sombres

Admettons que la pratique de ces disciplines sont en rapport avec des

deacuteterminants eacuteconomiques et que ceux-lagrave sont un frein P4ur la popularisashy

tion de ces pratiques A lappui de cette interpreacutetation~ il suffit de

composer le champ social du Judo et celui de la Lutte libre traditionnelle

--== G J

32

LUTTE SIHPLEJUDO FIGURE JI(

Le groupe 2 qui manifeste un inteacuterecirct reacuteel pour les sports de combat -pregraves

de 25 iuml de la population i~tervieweacutee- et qui p6ssegravede les ~oyens de choisir

ses pratiques opte massivement pour le judo CDnme lexprirre le rapport de

agrave 4

- shy

A la lumiegravere de cette succi~te analyse des demandes sociales en matiegravere

de pratique des sports de combat nous pensons recouper la theacuteorie de

lhabitus selon BOURDIEU qui veut que des hatitus diffeacuterents impliquent

des styles de vie divergents si lon entend par style de vie un systegraveme

de pratiques classeacutees et classantes(I)

La mutation de la socieacuteteacute seacuteneacutegalaise celle du milieu urbain se caracteacuteshy

rise par lapparition despaces sociaux qui sont en rapport avec des

espaces culturels Il en reacutesulte des pratiques distinctives comme

lexprime le pogam

En effet si les cateacutegories sociales existent et si chaccedilune delle exprime

une marque sur les conduites des sujets il est naturel ~e penser que des

pratiques1 sportives servent de modegraveles distinctifs et detrsymbOles dorgashy

nisation ieacuterarChique dans la socieacuteteacute exprimant les dif eacuterentes clas8eamp(2)

Ces const4tations ont dimportantes implications sur leeacuteveloppement et

lavenir des pratiques Si dans notre IIIegrave partie nous 1tenterons de 1

mettre en rapport les particulariteacutes ethniques avec les pluraliteacutes de

style de lutte nous parlons presque au passeacute Une IVegraveme partie devra

e~visager la situation actuelle de la lutte afin de pouvoir eacutemettre

qu~lques hypothegraveses sur son devenir

Cest auss~ une ambition de ce meacutemoire daider ceux qui sinteacuteressent reacuteellE

ment agrave la lutte de savoir entendre au travers des deacuteclarations normatives

et apologeacutetiques Nous ne doutons nullement de la conviction ou de la bonne

foi de leurs auteurs mais parmi les possibles il yale probable et seul

ceiui-lagrave meacuterite decirctre retenu car plus proche agravee la recirc~liteacute

(I) BOURDIEU pierre La distinction Les Editions de minuit 1979 page 191

(2) Le POgdlt Deacuterrocratisation du sport ythe (u reacutealiteacute

- 1f shy

j j l IlL DL l H L S DE

3 1 LA COll1ŒNAUTE DIOLA

311 Preacutesentation

Les diolas vivent dans la reacutegion de Casamance et repreacutesertent 9 de la

population totale du Seacuteneacutegal Ce sont geacuteneacuteralement des cultivateurs de

riz et des artisans Cependant on peut les trouver aujourdhui disperseacutes

dans toutes les capitales reacutegionales affecteacutes agrave divers meacutetiers militaire

gendarme fonctionnaires de lEtat ouvrier etc bullbullbull

Dans les villes la plus grande partie des diolas vit dans les qoartiers

populaires Par exemple agrave Dakar on les trouvera agrave Colobane agrave Fass agrave

Grand Yoff ou agrave Khar Yalla La plupart du temps cesDnt des artisans et des

ouvriers du secteur priveacute qui vont essayer dune maniegravere ou dune autre de

vivoter en bricolant deci de lagrave Mais mecircme loin de la Casamance cette

ethnie conserve une grande partie de ses caracteacuteristiques et plus partishy

culiegraverement la solidariteacute ethnique qui veut que les Diolas forment toujours

un bloc bien soudeacute quand le besoin se ifait sentir et cecisans discrimishy

nation de rang social Ainsi tous lesdiolas de Dakar se mobilisent pour

supporter le Casa Sport chaque fois qbe cette eacutequipe de foot-baIl vient

jouer agrave Dakar Cette mobilisation se fera aussi dans le cas ougrave leur chamshy

pion de lutte Mamadou SAKHO livre uncombatimportant

Lethnie diola est diviseacutee en trois sous-groupes

- les dio1as Fogny de Bignona

- les diolas Kassa autour dOussouye

- les diolas Blouf dans la preacutefecture de Tendouck

Mais en lutte on a pris lhabitude ~e les grouper en deux zones dune

part le Kassa qui preacutesente des particulariteacutes et dautre part lE Fogny

et le Blouf

- J 7 shy

3 ) 2 ~U(lquE5 aspects d~ l~ducatio~ ~t des rit~s en milieu diol~

L eacuteducat ion veacuteritable de lenfant diola est sociale et ne se corlprend

que dans la relation sociale elle deacutepasse de loin le strict cadre

famililal Elle commence au stade de lapprentissage du langage

Lenfant apprendra agrave reconnattre le langage du regard de ses parents

Il doit connaicirctre et faire la diffeacuterence entre un regard approbateur

et un regard qui blacircme De mecircme il doit apprendre agrave faire les gestes

de la tecircte qui expriment lapprobation En aucun cas lenfant nest

laisseacute agrave lui-mecircme Aura-t-il deacutesobeacuteit par complaisance naura-t-il pas

eacutecouteacute ou fait attention aux recommandations reacutepeacuteteacutees plusieurs fois

sans reacutesultat il fera lobjet dune punition corporelle avec la chicotte

Elle a pour effet de faire mal au corps de lenfant afin datteindre son

acircme sa sensibiliteacute et instaurer en lui une sorte de 1iaision de la

meacutemoire du mauvais comportement agrave la douleur quen voulant eacuteviter la

douleur il finit par eacuteviter le mauvais comportement en tout cas den

prendre conscience degraves cet acircge Cest une meacutethode deacuteducation mora1e (])

i 3121 Leacuteduca~ion maternelle

1

Notre eacutetude nous a montreacute que mecircme de nos jours leacuteducation diola

conserve encore ses caracteacuteristiques traditionnelles au niveau des rites

des moeurs des habitudes des principes et des normes

Leacuteducation de lenfant reste lune des plus rigoureuses Elle commence

degraves le plus bas acircge car pour le dio1a on ne peut redresser une personne

adulte donc autant leacuteduquer tregraves jeune Jusquagrave lacircge de trois ans

lenfant sera encadreacute par sa megravere qui bien queacutetant tregraves douce fait

preuve daucune indulgence Elle lui apprend les interdits de la communaushy

teacute respecter son prochain ne pas insulter ni profeacuterer de gros mots surshy

tout en preacutesence de grandes personnes ni faire violence agrave autrui

Plus terd v~rs cinq ou SlX ans le jeune garccedilon est initi~ a~x travaux

ces cna~ps des rizi~r~s cles pal~eraiEs ce Gui ne manquer6 pa5

davoir ces rEpcrcussic~s sur SOn deurovelopperncnt morpholoique

- 1( shy

3122 La circoncisio~

cest un rite obligatoire Il a pour but dintroduire le garccedilon dans

la communauteacute des hommes en tant que responsable Cest un rite qui

laisse une trace indeacuteleacutebile dans la vie du jeune diola Les principes

de la vie en socieacuteteacute y sont enseigneacutes agrave fond Le rite de la circoncishy

sion preacuteseuro~teuro uneuro forme p~lticul do~t s~uls les diolas connaissent

lorganisation internecar la circoncision est agrave la fois une eacutepreuve

physique intellectuelle et morale

Cette circoncision en milieu diola se passe dans le bois sacreacute En ce

lieu les Njoulis (circoncis) sont encadreacutes par des mattres les

Kintangs et au-dessus de ces mattres regravegnent un ecirctre doteacute de faculteacutes

occultes il sagit du Kankourang Le kankourang a cette capaciteacute de

disparattre de voler quand bon lui semble Il incarne la justice et la

violence et assure la protection de ses disciples contre les mauvais

esprits Ainsi le kankourang incite agrave lobeacuteissance et agrave lordre dans

cette socieacuteteacute Dans la tradition diola le kankourang repreacutesente un

pouvoir mystique capable de choses extraordinaires dont la socieacuteteacute

moderne avide de raisonnement ne pourra trouver une explication Au

cours de la circoncision les initieacutes subissent un certain nombre

deacutepreuves physiques que le diola appelle samasso Il doit se soushy

mettre agrave lensemble de ces eacutepreuves consideacutereacutees comme indispensables

agrave sa formation pour lui permettre de juger ses capaciteacutes physiques

mais eacutegalement deacutepouver sa valeur intellectuelle morale et sociale

Il pourra aussi se mesurer aux autres dans le domaine de la consideacuteration

et du respect En quittant le bois sacreacute le jeune doit posseacuteder une

grande partie des qualiteacutes humaines et socisles quil faut agrave un howmE

pour vivre en harmonie avec la socieacuteteacute traditionnelle Il serait bien

sOr possible dans le cadre dune eacutetude plus approfondie de parler de

bien dautres rites et pratiques traditionnelles

Notons cependant que le rite de la circoncision appartient aux anc~t~es

et que dans les villages reacutecents ougrave les structures ont changeacute on ne

Jeux jours avant la re~trfE cans le bois sacr[ les adolescents so~r

-

- Jo shy

por lE diola 11-071- doit rester en harrc1iE avec lE

tal lanimal lui-mecircme les ancecirctres les geacutenies Le rit~ du rasdge co~sist~

acirc ~loigner la ~alchance de lenfant Si l~ ritE nest pas respecteuro eumlr es

parents du futur initieacute celui-ci connaicirctra la malchance pendant toute sa viE

Ce rite a aussi pour faculteacute deacuteloigner le mal et de preacuteserver lenfant des

mauvais esprits

Le rite de leau sacreacutee se fait un jour avant lentreacutee dans le bois sacrEacute

Les femmes doivent se garder davoir le moindre contact avec leau beacutenite

pour se preacuteserver des conseacutequences facirccheuses qui pourraient en reacutesulter La

tradition veut quune seule goutte soit capable de deacuteclencher lavortement

l chez la femme enceinte de rendre steacuterile la jeune fille ou de provoquer des

menstrues perpeacutetuelles chez la femme ayant atteint la meacutenopause bull

bull Le rite de la forge protegravege le futur initieacute pendant son seacutejour dans le bois

sacreacute Mais cette protection seacutetend bien au-delagrave et de rite veut que toute

personne qui y faillit soit condamneacutee agrave devenir leacutepreuse

Pendant plusieurs semaines les jeunes initieacutes subissent une formation capishy

tale qui fera deux des hommes complets

313 Croyances et pratiques mystiques

Si nombreux sont les diolas convertis au Christianisme ou agrave lIslam leur

foi napparatt jamais incompatible avec leurs croyances animistes Lhisshy

toire des rois et reines diolas nous reacutevegravele quils eacutetaient les ffprecirctres fl de

ces cultes feacutetichistes destineacutes agrave maintenir la fertiliteacute et agrave provoquer

la chute des pluies De nos jours existent encore des socieacuteteacutes secregravetes agrave

base religieuse ou magique la plus redouteacutee eacutetant lassociation neacutecrophashy

gique Kousanga des Floup (1)

Deux fafu expliquent la coexistence du dogme et de la croyance

le contact tardif de la socieacuteteacute diola avec les civilisations eacutetrangegraveres

et leacutevangeacutelisation ou lislamisation quelles veacutehiculaient Il e~ reacutes~lt~

une importance des traditions leur reacutesstance agrave une remise en questic~ ce qui confegrave~e agrave la socieacuteteacute diola un caractegravere conservateur

r~c~~i]EE 2~fr~~ ~c - t

ct ~Cc egraveE~ Cimiddotilisatilaquo~ eacute

la neacutecessiteacute de lanimisme consiegraveeuroreacute comme base de toutes legrave~

religi0~s uumlegrave serait-ce que corr~e tentative ciexpliquer li1explishy

cable en se repreacutesentant en particulier comme un ensemble de puisshy

sances mystiques Ainsi pour lanimiste agir sur la nature cest

intervenir psychologiquement aupregraves de ceLX qui la gouvernent

314 Imeact des moeurs sur la prat~que de la lutte diola

Lorigine de la populariteacute de la lutte eugrave milieu diola est par trop

impreacutecise aussi nous nous limiterons agrave en donner la signification

actuelle La lutte apparatt dabord comme un moyen privileacutegieacute deacutedushy

cation

- sur le plan corporel afin de deacutevelopper la force lagiliteacute la

rapiditeacute et la souplesse

- sur le plan moral afin de deacutevelopper les vertus caracteacuterielles

courage tenaciteacute digniteacute bullbullbull neacuteces~aires agrave laction

Mais la lutte apparatt aussi comme un mpyen dinteacutegration sociale car

le jeune diola qui se refuserait agrave se sbumettre agrave leacutepreuve de la lutte

encourrait un isolement alors que celui qui excelle en bravoure devient

rapidement populaire Dougrave ces affrontements agrave linteacuterieur dune classe

dige qui tout en restant un moyen de reacutejouissance servent eacutegalement

agrave eacutetablir des comparaisons

Nos observations et nos interviews confirment le caractire tris physique

de la lutte diola immeacutediatement les lutteurs sont au corps agrave corps et

les techniques consistant agrave aracher ladversaire priment sur toutes les

autres Exprimer sa force est une preacuteoccupation constante il suffit pour

sen persuader de voir le groupe de lutteurs peacuteneacutetrer dans laregravene au son

du Born bol on que rythme le claquement de mains des femmes

C~tte da~se est une deacutebauche dAnegie Ougrave les lutteurs pieacutetin~Ert avec

force L sol

i shy

3141 EorphologUgrave et valeur physiques du lut teur diola

Le lutteur diola possegraveagrave~ un deacuteveloppement caracteacuteristique du trai~

supeacuterieur et de la musculature doso-lombaire Ceci est tregraves certaineshy

ment lieacute au maniement de la houe de la daba et surtout dukadiando

dont lusage permanent a modeleacute la morphologie du lutteur diola

La valeur physique de ce lutteur semble reposer sur sa force sa

reacutesistance mais aussi sa rapiditeacute

3142 Reacutepertoire technique

Dans le Blouf la forme du corps la plus utiliseacutee est le deacutecalage souvent

combineacute avec un crochet de jambe (gal gal) ceci semble ecirctre lieacute agrave

lutilisation quotidienne dans les riziegraveres du kadiando Le paysan du

Blouf sera ameneacute agrave faire un mouvement de torsion pour deacutecalerlinstrushy

ment enprenant appui sur son genou et ceci continuellEment pendant toute

la jourpeacutee Chez les diolas du Fogny le kadiando eacutefait surtout utiliseacute

par les femmes qui soccupaient autrefois exclusivement de la riziculture

et ce n~est quaujourdhui que les hommes cultivent le riz 1

La principale culture dans le Fogpy est celle du mil on y cultive aussi

de larachide De ce fait loutil le plus utiliseacute est le donkoton qui

est un instrument tregraves petit avec un manche court et dont le maniement

expliquerait peut-ecirctre leacutetonnante musculature du train supeacuterieur et surshy

tout de la zone dorso-lombaire du 4i6la fogny qui excelle dans les techshy

niques en force genre arracheacute avec les bras sur contrOle de la ceinture

de ladversaire Lulisation du donkoton semble eacutegalement expliquer la

garde tregraves basse du lutteur fogny

Dans le kassa on aurait pu trouver la mecircme forme de lutte car la morphoshy

logie du lutteur est agrave peu pregraves la mecircme mais linterdiction formelle de

la prise du ~gimbe modifie et limite tout le repertoire technicult2 ou

lutteur Le lutteur kassa adopte une garde basse et agrave une preacutefeacuterence pc~r

legraveS tc~-iccedilues n passa~ dessous - - ~ shymiddotmiddotcrc t--=~ c-

----

contact et agrave partir de ce TtoTteuront ils peuvent se relever et conti~uEr

en lutte debout jusquau terrassemen~

Toutes les gardes sont rapprocheacutees en milieu diola

irbi trage

Les combats sont arbitreacutes par un deacuteleacutegueacute geacuteneacuteralement anClen lutteur

Ces anciens lutteurs ont pour rocircle de veiller au bon deacuteroulement du

combat La victoire est deacutecreacuteteacutee dans les cas ougrave un des lutteurs se

retrouve en position assise sur le ventre sur la cuisse ou les

genoux (sauf dans le Kassa)

Il existe un autre mode de victoire celle qui est proclameacutee agrave la

suite dune supeacuterioriteacute eacutevidente du~ des lutteurs A savoir quand

un lutteur soulegraveve tregraves haut son camarade et que son manager estime i

quil est pratiquement battu il peut arrecircter le combat en touchant

dabord le lutteur adverse popr eacuteviter que son lutteur ne soit terrasseacute

tregraves fOrt Nest-ce pas un deacutecision sage des managers qui peut contribuer

agrave maintenir le caractegravere reacutecr~atif de la lutte joola 1

La victoire dun village sur un autre village ne se mesure pas au

nombre de victoires obtenues par lensemble des lutteurs En effet

il suffit que le champion soit battu pour que le village soit consideacutereacute

comme deacutefait Ce qui explique limportance et le seacuterieux que le village

accorde agrave la preacuteparation des championsl)

Il est cependant important de signaler que larbitrage dans les centres

urbains revecirct une iautre forme beaucoup plus codifieacutee et cest peut-ecirctre

une des raisons qui font quen milieu urbain la lutte diola perde une

partie de son originaliteacute

En dehors des techniques speacutecifiques agrave chaque sous-groupe il faut

signaler quil y a une multitude de prises et quelGues formes de corps

comTIunes agrave letnn Car reconnaissons qu il cO unE ror-euro approp=i~eacute

dE ~ouvane du l~tteur diola en TaI

-----~-----

LE tableau ci-dessous se propose dE reacutesumer les diffeacuterentes consideacuteshy

rations techniques envisagEacutees dans cette partie

FORlŒSSOGS-GRGUPES 1 COItltOLE GA~JESDt CORF=

i ~

1 1

Passage dessous de jambes et BassE KASSA saisies Moyenne1annexes bras (rapprocheacutee)

ceinture tecircte

Deacutecalage de Moyenne et BLOUF Demi-souplesse Ngimbe

HauteHancheacute Bras (rapprocheacutee)

Jambe

Arracheacute CouFOGNY Tregraves basse

Hancheacute ii 1

1 1

3 14 3 bull LeIIa~~jueetlecom~ortementdulutteur-+iola

1 Le comportement et lattitude du lutteur dans laregravene pe sont en fait

t

que le reflet de sa psychologie et plus partiCUliegraverem t de son eacutetat

dacircme Or il napparatt pas abusif deacutetablir des cor eacutelations entre

le psychisme dun individu et lempreinte eacuteducative quil a subie En effet en sortant du bois sacreacute le jeune diola a acquis un ~ca~~l

eacutequilibre physique et mental

Cette matrise de lui-mecircme permet au lutteur dans la~egravene dadopter

un aire enjoueacute de manifester beaucoup denthousiasme~ La lutte devient 1

essentiellement un jeu laspec ludique y est privileacutegieacute et ~ela influe

sur le comportement du lutteur

Ainsi queurolq~c soit limporta~cE de le~je~ le lutt~c~ dic1e Seuroreacute

to~jours serein et s~ livrera sa~s arri~re pe~s6e da~$ ~E CO=beacute ou-

tons que le lutteur diola est trecircs fair-play et sil arrive quun rdnd

lll L COIicircilU1Ul L ULOF

32 J Preacutesentation

La soc tEacute wucirc10f est celle qU1 a eacuteteacute la plus marqueacutee par la colonisation

~~ fait peut-gtre de sa position geuroographiquE dune part ct de 50~ imporshy

tanCE sur le plan dfmographiquE dautre part En effEt ceurootteuro CC-~ucircautE

wolof repreacutesente environ 20 de la population seacuteneacutegalaise

Elle est constitueacutee de pecirccheurs (ce sont les leacutebous) dagriculteurs de

fonctionnaires de lEtat mais surtout de commerccedilants

A pqrtir de leur reacutegime dimplantation le Cayor le Walo le Baol le

Djolof et la presquicircle du Cap-Vert les wolofs ont tendance agrave irradier

sur lensemble du territoire sous leffet de leur speacuteculation agrave la culshy

ture de larachide et du nombre important de fonctionnaires quon trouve

dans cette ethnie

322 Les moeurs et croyances wolofs

Bien queacutetant en grande partie des musulmans convaincus les wolofs

conservent toujours une croyance animiste et continuent agrave faire des

sacrifices agrave porter des cornes ou des morceaux de bois agrave la ceinture

aux jambes ou aux bras et agrave croire agrave lexistence des Djinneacutes et des

Raps bull

Le Djinneacute cest une creacuteature malfaisante en geacuteneacuteral capable de choses

extraordinaires Il possegravede des faculteacutes surnaturelles Cependant dapregraves

la croyance animiste certains Djinneacutes peuvent ecirctre bons

Le Hapl cest une creacuteature ayant des dons occultes appartena71t agrave une

famille ou agrave une communauteacute et dont le rOcircle est de veiller cu daider

les reCJrES de le fai11p ou dt la conmunauteacute en cas de da1gel Le Rap

~ ut te c ) ~~c-

ei sltcificE cJ sanl dE meut0 dL chat de pC)wleurot 5E1lt les conveuroshy

lances parfois leur dorner COrllTe offrande du lait Laii

Qua1d une famille ou une communauteacute neacuteglige les Sarakh (ici dans

le sens de sacrifice ou Offrande) elle se voit aussitocirct vouEacutee agrave la

maleacutediction des mauvais esprit~ (fcllec dans touteacuteS lEs ~treprises

de la vie maladie mort bullbullbull ) Les lieux ougrave habitent ls Taps et ougrave

se font les sacrifices se nomment Khambs

Geacuteneacuteralement le khamb se trouve dans lenceinte de la maison ou

dans un coin approprieacute du village Les lieux du khamb sont marqueacutes

par la disposition de calebasses de pilons de morceaux de poterie

briseacutes de grosses pierres de cornes et dautres objets heacuteteacuteroclytes

La superstition wolof est tregraves marqueacutee En effet pour le wolof toutes

les manifestations quotidiennes trouvent leur signification dans le

mysticisme Citons agrave cet effet quelques ezemples Une femme enceinte

ne doit pas marcher agrave nimporte quelle heure de la journeacutee Certaines

heures de la journeacutee lui sont interdites le Timiss (creacutepuscule

le Ndjo~or (de 13 H agrave 14 H de lapregraves-midi) le souf-segravede (de

minuit i4 H du matin) Selon la tradition ~t la croyance wolof les

mauvais ~sprits choisissent ces heures pour jeter des sorts Et la

femme enceinte eacutetant tregraves vulneacuterable le Djinneacute essaiera de lui insufshy

fler son souffle pour atteindre son beacutebeacute afin dentratner soit la

meacutetamorphose de cedernier en monstre soit de le tuer avant sa naissance

Dailleurs pour le wolof et pour certaines autres ethnies au Seacuteneacutegal

le timis le tdjolor le souf-segravede repreacutesentent des peacuteriodes de

la journeacutee ougrave lon ne doit pas se hasarder dans les rues et les champs

Ce sont des heures propices aux apparitions des Djinnes sous nimporte

quelle forme humaine ou animale

Il est eacutegalement interdit au wolof de marcher ou de serti la nuit du

~eacutellfria-

loutes c~s pratiques ~ystiqu~s et cr0ya~ces religi~us~5 ~xistent eL~~[

certainement dues agrave un meacutetissage culturel Parallegravelement aux feacutetiches

aux incantations et agrave lutilisation des safaras (substance magique)

notons lexistence de ga l a tchs (ce sOnt des talismans ougrave sont inscrits

du qui les porte Toutes ces croyances biEn sucircr auront une rEacutepercussicrI

sur leacuteducation du jeune wolof

323 Leacuteducation du wolof

Pour caracteacuteriser leacuteducation wolof nous avons penseacute donner comme

illustration cet extrait de la revue DEM ak TEY Pour deacutefinir leacutedushy

cation le wolof fait appel agrave un symbolisme qui eDglobe aussi bien les

moyens mis en oeuvre Yar que le reacutesultat obtenu agrave laide de ces mecircmes

moyens cest-agrave-dire la formation et le deacuteveloppement de lecirctre humain

ou Yaru

Le substantif Yar deacutesigne le fouet

Ce symbolisme deacutesigne donc au-delagrave du simple sens mateacuteriel de lobjet

lutilisation qui permet daboutir au reacutesultat escompteacute (Yaru) Au sens

geacuteneacuteral Yar deacutesigne tout instrument servant agrave infliger une punition Le

terme laisse supposer agrave priori que cette phase de lenfance durant lashy

quelle se preacutepare la vie de lhomme est lieacutee agrave la souffrance au supplice

Dailleurs une maxime wolof compare lenfant agrave une tige quon a tout le

loisir de redresser alors quelle est encore flexible bull

bullbullbull Pour leacuteducateur wolof la perfection nest point de ce monde malS

le devoir de chaque homme est de tendre vers la pleacutenitude en luttant

contre ses propres faiblesses Leacuteducation va d01c iisister essentielle~(-~t

sur lexercice quotidien de leacutelevation ffiora1e d~ lindividu Pour cela

elle privileacutegie la patience munI) vertu dabneacutegdtion et dE deacutesinteacuteresseshy

m(~t autour dE laquelle sarticulent toutes ]e~ ~u~~~s qualiteuros

i _

aan~ ~ s0cieacutet gt~olcf ocirclt~tartt nul -Jt- poulait sabecircisstr

tion de sa libertEacute La liberteacute est le preuumler drcmiddotir dE l ho-)euro egrave~S

baigner dans une beacuteate admiration du passeacute la comparaison avec le pr~$(middott

si~posc dclle-mecircme car lon reste s reacute devant la deacutesinvolture aVEC

laquelle dES honmes daujourdhui descendants de cette ~~~EacuteTatic ccedil~l se

une fois [largis bullbull tTasque fiers davoir fait leacute priS0n PEut-2tTE

faut-il mettre cela sur le compte de lurbanisation et des nouvelles

valeurs qui ont pour nom enrichissement reacuteussite sociale avec ce que

cela comporte de deacuteshumanisant et de deacutepreacuteciateur (1)

3 bull 2 bull 3 1 bull Lesri tes

Le sevrage et la circoncision constituent les deux grandes phases initiashy

tiques chez le wolof

- Le rituel du sevrage est appeleacute maga1 (litteacuteralement rendre grand)

Cest un eacutevegravenement important aussi bien pour les parents de lenfant que

pour la co~unauteacute Durant cet eacutevegravenement qui survient geacuteneacuteralement deux

ans apregraves la naissance du beacutebeacute les personnes vivant dans lentouragE

apportent leur soutien moral et mateacuteriel

- le rituel de la circoncision revecirct pratiquement la mecircme signification

que dans les autres ethnies seule la forme diffegravere La circoncision reste

encore une eacutepreuve de la vie au sort i r de laque Ile ladolescent devient un

homme Aujourdhui il faut noter une meacutetamorphose de la structure sociale

et des croyances religieuses tregraves accentueacutee aussi bien chez les wolof que

chez les autres groupes ethniques et ceci est peut-ecirctre dO au contact

permanent quils ont avec la socieacuteteacute occidentale

Malgreacute ces constat~tions il semblerait pcu=tant qUE la sociecirct~ lecircbou Gci

bien que se trouvaLt en grande partie dans ~a Presquth du Cap-ETt Et

en contact permane~t avec les blancs soit la portior la plu8 cc~serva-

----------~_- ---~-- -----

~

Incidences d s ~00urs sur la l~ttE

Le wolof connaicirct deux formes de luttes la lutte sirplE- sans t-t

la lutte avec frappe La lutte avec frappe a une crigi~e purement r

et ce nest que plus tard quelle devint une prati1uE sportive et lud

preacuteparer agrave la guerre Aussi tout en luttant On eacutetait autoris~ agrave frapper~

griffer mordre voire introduire son doigt dans loeil de son adversaire

Le jeune wolof devait eacutegalement se livrer agrave la lutte avec frappe afin de

favoriser son insertion dans la socieacuteteacute adulte et sinitier au meacutetier de

soldat faute de quoi il ne pouvait se faire entendre ne avoir des marques

de respect Pour montrer la populariteacute de la lutte dans le Cayor signalons

que les Damels ll (rois) et les Teignes (nobles) nheacutesitaient pas agrave sy

livrer Quant au IIMbeu~ (lutteur) elle lui servait de moyen de promotion

sociale car d8S que sa reacuteputation eacutetait eacutetablie il pouvait ecirctre choisi

par les rois et les nobles comme garde de corps

325 Signification de la lutte en milieu wolof

La lutte se pratique dabord pour lhonneur qui est une vertu tregraves signishy

ficative pour le wolof Elle permet de renforcer les liens amicaux entre

les jeunes de villages diffeacuterents Le champion veut gagner

confiance et la consideacuteration de son village de ses amis

Etre champion cest aussi susciter ladmiration chez les

sentant la force la viriliteacute et la deacutetermination

326 Organisation d~s eacutepreuves de lutte

3261 Les Mbapatts Ce sont les seacuteances nocturnes

pour meacuteriter la

et des anciens

filles en repreacuteshy

Ils sont organiseacutes apregraves les reacutecoltes agrave la fin de la saiscn des pluies

Ceci surtout p~ndant les peacuteriodes de clair de lune car ils peuven~ durEr

toute la nuit Le but des ~Dapatts lt=tait de prfpa-er FhysicuemeH et

~ arb Sil

326 Le 1

cest une organisation beaucoup plus importante que les I~apatts ~

loccasion de laquelle on peut voir plusieurs lutteurs de grande reDommfe

saffronteLLa fin dl lamb est toujours couronneacutee par une grand co~bat

duquel le vainqueur est sacreacute champion de la contrecirce

Le choix du lieu est lieacute agrave limportance de ce lieu dans le village cest

la place publique ougrave geacuteneacuteralement se passent toutes les manifestations

assembleacutee geacuteneacuterale sabar (danse) cest aussi lendroit ougrave sont prises

les grandes deacutecisions

3623 Lappariement

Dans un village ou un quartier les lutteurs se regroupent en lang

(eacutequipe) et jamais deux lutteurs de mecircme lang ne se rencontrent lors

du lamb

L appariement s~ fait librement entre lutteurs de lang diffeacuterents l1hs

une regravegle veut ~uavant de lutter avec le Mbeur Kanur de tel lang si

on est soukh (l~tteur pas encore confirmeacute) il est neacutecessaire de lutter

dabord avec ses soukh et ce nest quapregraves les avoir terrasseacutes tous

quon se voit octroyer la chance de lutter contre lui

Notons que la cateacutegorisation des lutteurs par poids nest jamais prise

en consideacuteration

3624 La tenue du lutteur ou NGIMBE

Le middotNGimbe est confectionneacute par le marabout de la famille ou du clan Il

est constituecirc de pagnes en coton tisseacute geacuteneacuteralement offerts par la megravere ou

la grand-megravere du lutteur ceci lors des organisations de ~rande Tportance

COrlune lef 1amb Dans le cadre des l-bapatt les pagnes sont C tErts peumlr

~~~rcfcis ct ffi~mc aujourdhui d218 cErtaInes fa~ille5 on devj~Gr

luttEur de pegravere en fils et dans ce cas h 1

gimbell du pEgravere Est recircr i tEacute

par le fils Le fait de porter le lI~gimbe agravee ses aiumleux peut susciter

cne~ le jeune lutteur une motivation et une volontecirc in~branlable rlasshy

surer 12 supeacuterioritEacute cis SIcirct-ns dallS

le xgimbe de la famille ne touche pas le sable

La tenue du lutteur a une signification et une importance sur le plan

mystique car selon les anciens le vrai feacutetiche du lutteur celui qui

le proteacutegera agrave vaincre le Djinneacute ou le Rap de ladversaire se trouve

cacheacute dans ce Ngimbe Celui qui confectionne-le Ngimbe est doueacute de

faculteacutes occultes

~~r~i~rg Il est assureacute par un sage du village qui geacuteneacuteralement fut

championde lutte de son temps Dailleurs cet ancien nintervient que

si le terrassement est litigieux

Hormis le public qui proclame la victoire ou le match nul le lutteur

lui-mecircme est arbitre et il arrive quil se deacuteclare vaincu ~ous

pouvons citer comme exemple Meacutedoune KHOULE un des plus grands lutteurs

seacuteneacutegalais qui a donneacute une victoire agrave Djeacuteri SADIO son adversaire qui a

reacuteussi agrave lui faire toucher le sol de la main

Il Y a terrassement quand le lutteur se retrouve

- assis sur le sol

- eacutetaleacute sur le dos

eacutetaleacute sur le cocircteacute

les deux genoux au sol

- les deux ma~ns au sol

la tecircte (front au sol agrave la suite dune brouette)

Il peut y aVOIr match nul si apregraves li1 temps ccmsideacuterable les lutteurs

SE sont ~ ivrEacutes respectivement agrave des assauts rEacutepEacutetEacutes et n arrivEt pas a

3265 L~ precircparation mystique

Il faut reconnattre quon ne peut parler de lutte en milieu wolof sans

envisager une preacuteparation mystique seacuterieuse Co~~e ~ous lEvans vu a~teacute-

1middot ~ d ~ ~rlturenent t0utes es actlvmiddotltesmiddot u W010 sont lles a SeS croyances

- la lutte ne concerne pas seule~ent deux acteurs se livrant faruumlucheshy

ment agrave un combat au milieu de laregravene mais eacutegalement les marabouts et les

feacutetichistes du village ou du clan qui doivent deacutefendre leur savoir et

leur prestige Avant le combat le lutteur doit se livrer agrave un certain

nombre de preacuteparations mystiques pour assurer sa victoire Aussi sommesshy

nous appeleacutes agrave parler de BACK (cest le chant et la danse du lutteur)

- le batteur de tam-tam compose un rythme en fonction du Galagne ou du

Senghor (gds-gris) du lutteur Chaque galagne sera choisi en fonction

du Rap ou du Djinneacute correspondant au Totem du lutteur

Le chant geacuterleacuterique Feinte woy veut dire litteacuteralement composer un 1

chant Ce chant est geacuteneacuteralement composeacute par les filles du viilage du

champion ou par un griot de sa communauteacute Et agrave travers ce chrnt on

arrive agrave toucher la corde sensible du lutteur en chantant lesl innombrables 1

victoires de ses ancecirctres ou en lui rappelant ses prouesses eacuteblatantes 1

Chaque lutteur doit avoir un chant et un back qui lui sont propres

327 Le reacutepertoire technique et les caracteacuteristiques physiques dulutteur wolof

Le lutteur wolof est geacuteneacuteralement moyen de taille la musculagraveture est

tregraves saillante ce qui fait ressortir un aspect tregraves athleacutetique ceci

est vrai sans exception pour le lutteur leacutebou mais il arrive que le Cacircyoshy

rien le baol-baol le walo-walo soient de grands gabarits de forte constishy

tution

CepEndant pour une meilleure compreacutehension du sujet nous pouvons eacutetudiEr

deux jroups d lut teurs qui vont deacuteterminer deux st yI e s de lut tes

- ~ t

les tc~tativ~s de~[reacutee e~ ramassement de jambes de la~v~sairL Ce~~

peut Ecirctre expliqueacute par le fait que les lutteurs leacutebou ou walo-walc qui

sont des pecirccheursadoptent cette garde tasseacutee du fait quils so~t tou-

jours pencheacutes en tirant le fil ou en poussant la plrogue On verra techrugravequeacutes dt cirr 2C ~lt 5Jllicitocirct

surLuumlut les membres supeacuterieurs

Le cayorien et le baol-baol par contre sont les plus grands cultivateurs

darachide chez eux les techniques de lutte sont plus varieacutees et la

garde est moins renfermeacutee Les lutteurs cayorien et baol-baol ont une

morphologie et une reacutepartition musculaire bien eacutequilibreacutee ils excellent

dans les techniques en deacutecalage les techniques de jambe et surtout les

techniques de riposte ougrave lon peut voir des prises de hancheacute tregraves amples

Dune maniegravere geacuteneacuterale on peut dire que le lutteur wolof est un fin

technicien qui sait surtout creacuteer les opportuniteacutes e~ avec sa rapiditeacute

utiliser la force de ladversaire pour le deacuteseacutequilibrer le noodju

le mbas le weacuteheacuteleacute et le rasu sont des techniques propres au lutteur

wolof

En deacutefense il utilise surtout des kl~klets ou gal-gal Notons que

le balancement des bras ou Lewato e$t tregraves marqueacute dans la lutte wolof

TABLEAU RECAPITULATIF DES COMPOSANTES TECHNIQUES

( 1 )

1 SOUS-GROUPES GARDES CONTROLES FORHES DE CORPS l

Walo-walo Basse de jambe Arracheacute l l10yenne de Ngimbe et i

Leacutebou Tasseacutee et saisies annexesj Deacutecalage 1 1 distante de bras de tecirct1

j de bras Deacutecalaeuro

~-----------------~-

- ~ ~- shy - ~ ~ bull L _ _ bull

Profil psyc~~iqUE du lutteu- et son comporterent dars l 2regravere

La preacuteparation mystique dans laregravene est plus marqueacutee chez les wolofs

que ChE~ les autres ethnies En effet on verra de grands champions

preliGrE plusiEurs heures pour Enduire leur corps de cll2badep ou ci

rmiddot- ~ a la proprieacuteteacute de proteacuteger li1egraveividu J

les mauvais sorts) Cest dailleurs un aspect dt la luttE qui iJcsc

des problegraveJles

Le lutteur wolof est tregraves superstitieux et la peacuteriode de preacuteparation

est capitale pour lui car elle permet non seulement de rendre

hommage aux ancecirctres mais aussi dintimider son adversaire Cest

geacuteneacuteralement un lutteur agressif combatif et teacutemeacuteraire Il se fait

souvent remarquer par son esprit dentreprise Mais cette fougue dans

le combat lamegravene parfois bien que ce soit regrettable agrave oublier les

usages et les normes Ce manque de maicirctrise de soi peut faire croire

que le lutteur wolof manque de fair-play ce qui nest pas toujours le

cas

~A~Ugrave~ t 4AA CbUrs k LA ucirctotve f~tPle Sesect prores mou W ~ lesquelles vont se couler les comporteme~ts individuels qui sont ainsi

monteacutes par et pour lautoriteacute sociale

Les faccedilons de boire de marcher ou de sasseoir se manifestent indivishy

duellement dans le corps de chaque personne ces habitus sont cependant

des montages sociaux lieacutes agrave des significationssymboliques variables

dailleurs selon la position sociale occupeacutee par chaque sujet Ces modes

dagir se rangent dans un systegraveme de montages symboliques et lindivishy

du les apprend de la socieacuteteacute dont il fait partie agrave la place quil occupe

Lhabitus est un montage social agrave la valeur symbolique deacutependant des pheacuteshy

nomegravenes deacuteducation et de prestige et lieacute agrave la position sociale du sujet

Cette penseacutee sonne de faccedilon eacutetonamment moderne

Pierre BOURDIEU qui dans une perspective a approfondi le contenue de la

notion en le reportant aux oppositions entre classes et fractions sociales

Il deacutefinit lhabitus comme un systegraveme de dispositions durables acquis au

cours dune histoire personnelle dans une milieu social donneacute systegraveme qui

engendre ensuite des pra~iques socialement deacutetermineacutees faccedilons de manger

de parler ou de marcher comportements de politesse contenu des preacutefeacuterencel

et des deacutegoOts bullbullbull lhabitus est le produit de conditions eacuteconomiques et

sociales Lauteur rattache directement la formation de lhabitus dun

individu agrave la trajectoire parcourue par celui-ci dans sa classe dapparteshy

nance il deacutefend lideacutee dun habitus de classe qui deacutefinit le sens confeacuteshy

reacute agrave la pratique sportive les profits qui en sont attendus

Ce dernier serait lui-m~me lieacute agrave un systegraveme de valeurs ou ETHOS de classe

prenant sens au sein doppositions distinctives entre classes sociales

De sorte lhabitus fonctionne comme un systegraveme dt- regravegles inteacuterioriseacutees

souvent informuleacutees permettant ou non agrave lagent de sadapter dembleacutee aux

multiples pratiques de la vie quotidienne et de la vie sportive il est agrave

lorigine des schegravemes de transcription qui favorisent les ajustements aux

situations corporelles nouvelles (1)

t ~

(1) P~IE11D dwi6Han ISpoy-l et sodeacutebi Approche Bocio-culturelle des pratiques P~tis Vigot 1981 page 81

33

331 Preacutesentation

Les Seacuteregravere auraient pour origine le Fouta Toro quils auraient quitteacute

vers le Xllegrave siegravecle pour fuir lislamisation de cette reacutegioD par lempire

dJ Xali (ils seraient donc apparEnt~s aux Peul et Toucouleur ) Ils

auraient trouveacute dans la rEacutegion du Sine les Sosseacute dorigine manding avec

lesquels ils salliegraverent

Au XVegrave siegravecle une autre immigrationSos~ conqueacuterante cette fois-ci

apporta son organisation eacutetatique Ils se divisegraverent en deux monarchies

deacutemocratiques lune seacutetablit au Sine et lautre au Saloum Les Sosseacute

conqueacuterants constituaient lautocratie appeleacutee Guelowar

La royauteacute seacuteregravere eacutetait laiumlque Les premiers souverains durent secouer

la tutelle des Toucouleur et progressivement arrivegraverent agrave unifier lethshy

nie des seacuteregravere etdea Sosseacute Les deux royauteacutes eacutetaient organiseacutees selon

acirces modegraveles tregraves deacutemocratiques Le souverain deacutependait dune assembleacutee

de ministres et de chefs locaux qui assuraient ladministration centrale

et reacutegionale())

Aujourdhui lethnie seacuteregravere repreacutesente 20 de la population seacuteneacutegalaise

Ils sont reacutepartis sur presque toute leacutetendue du territoire notamment

dans le Baol la reacutegion du Sine-Saloum et la reacutegion de Thiegraves

Signalons quil existe plusieurs sous-groupes dans lethnie ainsi on

trouvera

- dans la reacutegion de Thiegraves les Ndut les Safegravene et les None

- dans le Sine-Saloum les Sine-sine et les Saloum-salouIT

On trouvera vers foundioune et agrave Nioro du cocircteacute de la Gambie les

Niominka (pecirccheurs) Cest une portion tregraves mandinguiseacutee

( 1

Le rattache~2~t d~ to~s ccs sous-groupes pose problecircme ~25 0~ r0~V~

uc grande partie de traits COITul1uns dans leurs modes dE vie Ct pOUT phs

de faciliteacute nous allons essayer de faire une ~tude globale de la lutte

traditionnelle seacuterecircre Lactiviteacute socio-eacuteconomique qui est essentielleme~t

agro-pasorale caracteacuterisE leacutethnie seacuteregravere

332 Lecircducation les moeurs les croyances et pratiques sEr~rc

Chez les Seacuteregravere la vie humaine se deacuteroule selon les grandes eacutetapes

le baptecircme lenfance ladolescencemarqueacutee par la circoncision lsectge

adulte le mariage la vieillesse et la mort (funeacuterailles)

La vie de la communauteacute seacuteregravere reste une des plus originales sinon

celle qui de nos jours garde la presque totaliteacute des pratiques et

habitudes traditionnelles

Bien qu aujotltdhui con~r-tis aux religions chreacutetienne et musulmane les

Seacuteregravere conservent leurs croyances et pratiques animistes

Quelque soit leur degreacute dadheacutesion aux religions reacuteveacuteleacutees les Seacuteregravere

croient en un Dieu puissant et miseacutericordieux Rog Segravene et les hommes

Les ~angols sont repreacutesenteacutes mateacuteriellement dans tous les villages

seacuteregraveres par des arbres (baobab et tamariniers) des animaux (geacuteneacuteraleshy

ment serpent doreacute ou iguane) des ustensiles (pilon calebasse et mortier)

De nombreux teacutemoignages nous apprennent que certains totems (serpent

iguane) font leur apparicion agrave loccasion de certaines manifestations

rituelles comme les sacrifices ceacuteleacutebreacutes lors dun mariage de ceacutereacutemonies

mortuaires ou des circoncisions

Le Seacuteregravere comme il nous a eacuteteacute donneacute loccasion de le dire plus haut

preacutesente des speacutecificiteacutes authentiques aussi bien en tout ce qui touch~

son eacuteducation ses croyanCES et pratiques mystiques q~e ses activiteacute~

socio-ecirccc~omiquEs Apr~s a ~aissa~c~ le beurob~ ~~ pcs~ 5~~ lE S~ __

On lui mouille les l~vres avec un peu d~ lait de mil et apr~s U~ bain

purificateur on versera leau dans un trou cr~us~ derri~r~ la Camp~~

Pendant huit jours la megravere et lenfant sont cacheacutes dans la case car

selon les anciens ils sont tregraves vulneacuterables La case deacutens certains cas

est entoureacutee dun fil blanc et lon place sur le seuil des fais(cauy di

veacutegeacutetaux pour chasser les mauvais esprits (geacutenies malfaisants et illangeUY~

dacircmes) Au bout du huitiegraveme jour la megravere et lenfant peuvent sortir de

la case bull

bullbullbull Le matin du huitiegraveme jour la tante paternelle va chercher de leau

(plusieurs fois)t elle doit rester muette pendant ses alleacutees et venues

si elle parlait t lenfant pourrait ecirctre muet bullbullbull

La megravere et lenfant prennent un bain purificateur dans lequel sont

trempeacutees certaines plantes (ce sont des veacutegeacutetaux pr~tecteurs tels le

begravene le yag le ngud) On y lavera aussi le linge e1t les ustensiles utishyj

liseacutes pendant les huit jours qui viennet de seacutecoul~r On rase le crine

de lenfant Les cheveux sont donneacutes agrave la megravere qui ~s enterrera avec le

reste du cordon ombilical dans un endroit que11e esit seule agrave connattre

La megravere sassied sur une natte devant la maison Une femme igeacutee de la

famille prend le beacutebeacute dans ses bras et le preacutesente aux quatre coins de

lhorizon

La tante paternelle tient ensuite un van sur la tecircte de la megravere on y

verse le mil on y verse eacutegalement en abondance sur la megravere et sur

lenfant La tante oint ensuite le corps du beacutebeacute avec du lait e11e

touche en particulier le front t le nez la bouche la poitrine le dos

et les oreilles

Elle pose enfin un ~rain de sel dans la paume du beacutebeacute (le sel purifie

et deacutetruit les puissances mauvaises)

Apregraves un nouveau bain la megravere et lenfant revEcirctent des habits de fecircte

(est

lenfant Ce precircnore a toujours U~ SEns Il sy~bolise parfois C0 qUi

lOIl sounaitt agrave lEufant l)

La circoncision comme dans les autres ethnies est obligatoire Elle

permet au jeune adolescent dacceacuteder agrave la classe adulte Les jeunes

sont regroupes en classe dacircge dans le bois ougrave sc fait la r0tr~it0 des

circoncis et ceci pendant plusieurs mois

Le Selbeacute qui est geacuteneacuteralement un ancien craint de tous les eacutelegraveves

enseigne le respect de la hieacuterarchie la discreacutetion le goOt de linishy

tiative Les activiteacutes physiques et leacuteducation artistique ne sont pas

en reste la deacutecoration la sculpture la lutte et la danse A sa sortie

du bois linitieacute appartient deacutesormais agrave la classe des virils et des

sages du clan car on lui aura enseigneacute les vertus fondamentales que

sont la justice lhonneur lamour du prochain 1 amour du travail

lhonnecircteteacute et surtout le respect des coutumes ancestrales

Le rite du mariage esd aussi un fait tregraves important dans le monde 1

seacuteregravere mais par manq~e dinformation nous serons obligeacutes de nous en

tenir lagrave

333 Impact des ethos sur la lutte dans le monde seacuteregravere

Lorigine de la lutte seacuteregravere ne semble pas claire ma1S nous pouvons

dire quil existait deux formes de lutte comme chez les Wolofs une

lutte sans frappe et une lutte avec frappe Et cest cette derniegravere

qui peut-ecirctre nous ameacutenerait agrave croire que la lutte seacuteregravere aurait une

origine plus preacuteciseacutement guerriegravere

Aujourdhui la lutte est uniquement une activiteacute sportive agrave travers

laquelle le jeune seacuteregravere eacutevalue sa force son courage et SOn ingeacutenioshy

siteacute Cest une occasion de deacutefendre lhonneur de son village ou de

la corrnnunauteacute

La luttE ~5t avant tout u~e rnanifcs[dtic~ c~lturclie et surtout

fo lkhriqut-

Gracircce agrave elle on peut deacutesormais comprendre un certain nombre de chants

et de symboles A travers la lutte seacuteregravere on ccedilomprend les inter-relashy

tions entreacute la vie et le monde surntiturel

Sil devait y avoir la mort dun villageacuteois pendant la fecirctE au T qUE

de linterrompre on proceacutedait gracircce aux connaissances magico-religieuses

agrave la suspension de la mort jusquagrave une peacuteriode ougrave la population sera plus

disponible pour organiser des funeacuterailles sil y eacutetait preacutedit la possibishy

liteacute dune deacutefait du champion local au profit dun champion dun autre

village des recettes dordre maginque et religieux eacutetaient mises en prashy

tique afin que le champion du village ne soit jamais terrasseacute(J)

334 Le profil du lutteur seacuteregraver~

Le lutteur seacuteregravere est par essence un athlegravete impressionnant de par sa i

carrure et sa musculature saillante mais cest aussi une force tranquille

et calme quelque soit lenjeu du combagravet et particuliegraverement lhonneur

Cet aspect nous pousse agrave parler du NGiMBE cest-agrave-dire de la tenue du

lutteur qui va influencer sur sa faccedilon de lutter

La confection du Ngimbe revient agrave la communauteacute entiegravere Le Ngimbe a

une signification symbolique et le lutteur pour meacuteriter la confiance du

groupe se doit de tout faire pour ne pas toucher le sol Toute la commushy

nauteacute elle aussi sengage pour assurer la longeacuteviteacute et le succegraves du lutteur

dans laregravene par lorganisation droffrandes et de sacrifices en lhonneur

des Pangols bull

bull

Daucuns nheacutesitent pas agrave dire que lessentiel du mysticisme se fait agrave

la maison et non dans laregravene tout le reste nest quintimidation de

ladversaire

lsvcns

Tt- pi ~- t

t 1 ~ l _ ~ t

par rapport agrave lautre Cbci est trEgraves lieacute agrave lactiviteacute journaliegravere du

jeune seacuteregravere qui est un cultivateur donc toujours bien planteacute sur ses

jambes et qui continuellement manie lhiler

Le fait de couper le boi~ peut eacutegalement constituer un moyen de muscushy

lation non neacutegligeable pour le jeune lutteur

Un certain nombre de traits techniques speacutecifiques au lutteur seacuteregravere

semblent ressortir des diffeacuterentes interviews que nous aVOns fait subir

agrave certains lutteurs seacuteregraveres et agrave diffeacuterents techniciens

SOUS-GROUPES FORMES DU CORPS CONTROLES GARDES

SAFEN Moyenne en fente NONE Hancheacute Bras (distante) j

NDUTJ

f

SINE-SINE Deacutecalage Ngimbe

Moyenne

SALOUM-SALOUM Passage- Jambe (rapprocheacutee) 1

i

PETITE dessous Tecircte Basse et 1

COTE Moyenne (rapprocheacutee)

Notons que le Niominka ll commence agrave lutter agrave partir du sol pour avoir

assez deacutelan et sauter sur ladversaire afin davoir la prise du lion

(contr6le de la nuque et du bassin)

Co a -tem-nt ccedilt attitude du lutteur sEacuteregravere335 np -1t ~

Les croyances mystiques sont indissociables des activiteacutes quotidiennes

duseacuteregravere Ce qui explique le cocircteacute supersticieux du lutteur seacuteregravere En

~ffet certains lutteurs refusent de lutter avant certaines heures

Certains teacutemoignages nous apprennent quil nest pas donneacute agrave tout le

monde decirctre champion de lutte et que le lutteur doit avoir des dons

surnaturels pour ecirctre agrave mesure de livrer ses combats dans la nuit

et trouver seul un gris-gris speacutecial appeleacute Njatch

Le vrai champion de lutte chez les seacuteregraveres ne lutte pas seulement avec

~a force et sa technique mais surtout avec ses dons occultes

Chez les seacuteregraveres les morts sont toujours preacutesents et les ~pangols

Servent dintermeacutediaire entre les hommes et les morts Le pangol prend i

le nom dhumain dans certains villages (IIHeacuteJga NDONG Har Wag NGOUYE) i 1

De ce fait on verra le lutteur danser dufe maniegravere ou dune autre en

fonction du pangol de sa famille Ainsi nrus aurons le back (chant et

danse du lutteur) des DIOUF des FAYE etclbullbullbull

Dans laregravene le lutteur seacuteregravere a un comportement exemplaire aussi bien

agrave leacutegard de son adversaire direct quave~ le public en geacuteneacuteral Lexpli shy

cation semble tenir au fait que le lutteur seacuteregravere est avant tout selon

la tradition orale le repreacutesentant de toute la communauteacute seacuteregravere Par

conseacutequent il devra saffirmer non seulement en tant que lutteur dans

laregravene mais aussi en tant quentiteacute morale

336 La tenue du lutteur ou NGIMBE est confectionneacutee par le marabout de la

famille ou du clan Le Ngimbe est constitueacute de pagne en cCton tisseacute

Il doit ecirctre propre le lutteur qui le porte ne devra pas avoir de rapshy

port sexuel pendant toute la peacuteriode des cOTpeacutetitians car le Ngi~bE ne

doit pas ~tre souilleacute

Autrefois et mecircme aujourdthui dans certaines familles on devient

lutteur de pegravere en fils et dans ce cas le Ngimbe du pegravere est heacuteriteacute

par le fils Le fait de porter le Ngimbe de ses aieux peut susciter

chez le jeune lutteur une motivation et une volonteacute ineacutebranlable dtasshy

surer la supeacuterioriteacute d~s siens dans ltaregravene Il fera tout pour que le

Ngimbe de la ramille ne touche le sable

La tenue du lutteur a une signification et une importance sur le plan

mystique car selon les anciens le vra1 feacutetiche du lutteur celui qui

le proteacutegera et laidera agrave vaincre le nDjinne ou le tRapu de ladvershy

saire se trouve cacheacute dans ce Ngimbeu bull Celui qui confectionne donc le

Ngimbe U est doueacute de faculteacutes occultes

337 Larbitrase est assureacute par un sage du village qui geacuteneacuteralement fut

champion de lutte de son temps Dailleurs cet ancien nintervient que

si le terrassement est litigieux Hormis le public qui proclame la vicshy

toire ou le match nul le lutteur lui-mecircme est arbitre et il arrive

quil se deacuteclare vaincu

Nous avons pu cfter Meacutedoune KHOULE un desplus grands lutteurs seacuteneacutegashy

lais qui a donn~ une victoire agrave Djeacuteri SADIO son adversaire qui a reacuteussi

agrave lui faire touegraveher le sol de la main

IlL

34 1 Preacutesentation

Lethnie toucouleur vit En grandt partit ciE~~ la vallfc du S~~~gal

pt reprecircsente i peu pr~s 8 de la population totale secircn~galaise

o Histoire

Il semblerait que dans lancien royaume du Tekrour (IX~ siegravecle) des

eacuteleacutements neacutegroiumldes Sarakoleacute et des Peul aient formEacute par meacutetissage le

peuple Toucouleur (Toucouleur serait dailleurs une deacuteformation du

mot portugais Tacouror)

Ce empire a domineacute aussi bien les wolofs de lOuest que les Peul

nomades du Fouta Toro Cette reacutegion fut le premier pays islamiseacute par

les Almoravides ce qui peut expliquer le proseacutelytisme toucouleur

Ce sont les guerriers toucouleur islamiseacutes qui attaqu~rent avec les

Almoravides la capitale du Ghana Koumbi en 1067 On convertit par

la force les animistes Cest sans doute agrave cette eacutepoque que de nombreuses

ethnies reacutefractaires agrave lIslam ont dO accentuer leur migration vers

le sud (Seacuteregravere wolof Sarakoleacute Bambara Songhaiuml Akan et Peul se reacuteshy

fugiaient vers les hauteurs du Fouta Djalon)

Au XIXegrave siegravecle les Toucouleur allaient trouver en El Hadj Omar Tall

un grand conqueacuterent qui sous le preacutetexte religieux de la gJerre sainte

contre les tribus animistes (entre autres Bambara) eacutetendit lempire

toucouleur sur presque tout lensemble du gali et la partie de la Guineacutee

proche du l1ali

Lempire toucouleur composeacute de Sarakoleacute de Bambar~ de ~alinkeacute de

Xassonkeacute dE Peul et de Dogon eut le meurorit~ dunir CES diif~rentes ~ ~ - - - - - et~ics ~t dE CD~stituer l~Sl la b2S~ ~r 1

_ ~ ~ ~_ L ~

~ ~- ~- - - ---- _ 1 v _ t 1 ~-_ --

marabout tOL~culcuuml~ ~ middotlrrany a l ick SI venu des E1i rClS dE Pocior~ (

~ Vi~ euroconomicue et sociale -----------~-------------

Les Toucouleur sont des cultivateurs mais bien quils n~ soie~t pa~

pasteurs comrre les Peul leacutelevage a une place inportarteacute decirc1S ltur

eacutecono~ie Pour faciliter leur conquecircte guerriegraverE ils c~t Eucirc une preacuteshy

dilection pour leacutelevage des chevaux On y trouve aussi des pecirccheurs

appeleacutes Tchioubalo La socieacuteteacute toucouleur aurait une stratification

sociale tregraves rigide Les groupes ethniques et les castes eacutetaient

diffeacuterencieacutes et strictement exogamiques les Rimbe classe des nobles

comprenant la famille reacutegnante et les guerriers libres la classe des

Nieacutenieacutebegens de castes artisanales i les Rimaibeacute anciens esclaves

devenus serviteurs qui portent les noms de famille de leur maicirctres A

la base de lorganisation de la collectiviteacute toucouleur se situe le

village (Wouro)

Toutes ces castes sont cloisonneacutees entre elle~ Ainsi il nest pas

permis agrave un Torodo (noble) de se marier avec un Tchioubalo Ces

consideacuterations sont importantes dans le domaine de la lutte ougrave nous

apercevrons que les nobles ne sont pas faits pour lutter Le noble

preacutesidera les seacuteances de lutte et on luttera pour lui Ces condeacute rat ions

de noblesse et de rang social sont extrecircmement importantes dans le

monde toucouleur

Le noble ne doit pas se salir on lutte pour lui il ne vit la lutte

quen tant que spectateur

342 Education moeurs croyances et eratiques religieuses

Deux formes d~ducation sont agrave consideacuterer leacutedJcatio~ dES enfarts Et

celle des adultes

oG lenfant sait m2n~~r et apprfcier le goOt d~5 ~iifeurorents r~pas lt

le moment ougrave il CO~~e~CE agrave marcher

tivirt n~sormais le petit toucou]eur est eacuteduquf par toutmiddot 12 f2~i)]E

dabord puis par toutes lespersc~nes du village ou du C13~

Lenfant peut ~tre corrigeacute par tout adulte appartenant au groupe social

Son eacuteducation est deacutesormais laffaire de toute la communauteacute et non

exclusivement celle ces parents On linitie ainsi au travail quotidien

qui se fait dans la bergel~ e les champs et les bords du fleuve Au sein

du village il pourra apprendre agrave filer la laine et agrave tisser des pagnes

dans les champs il apprend agrave manier la houe et lhiler pour la culture

du riz et du mil Mais signalons que lactiviteacute essentielle du toucouleur

est leacutelevage des boeufs des moutons et des chegravevres Chez les Ichioushy

balos (p~cheurs ) lenfant sera initieacute tregraves tat au maniement des pagaies

agrave la p~che propremccedilnt dite et agrave la nage

Vers cinq-six ans lenfant est confieacute au maicirctre coranique le Ihierno

et ce dernier dispose exclusivement de toute sa vie Lavenir du jeune

enfant lui appartient

Comme dans les autres groupes ethniques les enfants sont regroupeacutes en

classe dacircge et cest dans cette structure que lenfant subit les rite

de passe et plus particuliegraverement celui de la circoncision

La circoncision est non seulement unE opeacuteration chirurgicale malS surshy

tout une peacuteriode au cours de laquelle le jeune garccedilon passe de leacutetat

dadolescent agrave leacutetat dadulte Les circoncis sont reacuteunis en classe

dacircge dans un endroit situeacute hors duvillage geacuteneacuteralement choisi par les

vieux Cet endroit n~st accessible que par des individus de SExe ffi8SCUshy

li~ ~ta~t au preacutealabl circoncis

- - - -

quable et complet sur le plan phy~ique et ~oral Ai~si liniti~

acquiert les qualitecircs indispensables que sont le courag~ la modest

lesprit de sacrifice lendurance

Le toucoule~r est un pleux musulma~ Cela sexp1

SOil le premier agrave tre en contact avec la religion musulmane de par sa

position frontaliegravere Lethnie toucouleur de par son histoire a preacutesenteacute

les plus grands chefs militaires et religieux musulmans seacuteneacutegalais Et

pour illustrer cela on peut citer en exemple la grande famille musulmane

des SY agrave TIVAOUANE repreacutesentant la confreacuterie des TIDJANES

Bien que lon note une majoriteacute musulmane on peut dire que certaines

croyances et pratiques mystiques et animistes persistent encore surtout

dans la reacutegion du fleuve

Une pratique courante se fait elle sappelle le Djatt Elle consiste

agrave faire sortir le caiman du fleuve agrave limmobiliser et agrave lattacher

sans quil ne reacuteagisse et tout ceci agrave laide de versets et dincantashy

tions magiques Dapregraves les teacutemoignages ces pratiques sont plutocirct

freacutequentes chez les Tchioubalos (pecirccheurs) Il arrive aussi que cershy

tains chasseurs ayant des dons se livrent agrave certaines pratiques an1shy

mis tes qui consistent agrave invoquer certaines puissances et agrave moduler sous

forme de chant des versets occultes pour se proteacuteger des mauvais esprits

et pour eacuteloigner les fauves Ce chant est geacuteneacuteralement incompreacutehensible

et deacutenueacute de sens pour le profane

343 Activiteacutes ludiques et pratiques sportives en milieu toucouleur

Durant toute son histoire lethnie ~oucouleur a toujours EacutetEacute Frese~teacute~

comme celle qui avait ue activit essentiellement guerr e e~ particushy

liegraverement farouche Trois eacuteleacutements ret r t l ecirc t te nt i c- euro so~t

le manie~~nt du ~acircton 12 luttE Et 1eacute danSE

l

Lecircducation ph~sique et artistique Dcc~pe un place precircpondecircra~rp

dans la fDrmat~on du jEune toucouleur A loccasion agraveeacutevegravenemen~ imporshy

tants reacutecoltJs mariages baptecircme nous assistons agrave des manifestashy

tions folkloriques de grande envergure le Wango oucirc dailse toucouleur

tregraves gymnique iles chants et surtout les sEacuteances de lutte

La lutte toucouleur est la forme de lutte la plus spectaclaire dans

tout le territoire seacuteneacutegalais Elle est essentiellement baseacutee sur des

techniques en hancheacute et surtout en souplesse Ceci sexplique par le

fait q~e le jeune toucouleur est tregraves tocirct initieacute agrave la gymnastique (saut 1

per saut de main salto arriegravere saut de tecircte couronneacute etc bullbullbull ) pour

la dans~ du wa~go En dansant le wango qui est une danse rythmeacutee et

gymnique le Jeune toucou1eur est capable de prouesses extraordinaires

1

En lutte lattaquant se deacuteplace tregraves peu pour avoir une bonne saisie

(geacuteneacutera~ement controcircle du Ngimben ) et enchaine brusqueme~t avec une

attaque surpris~ Cependant les ripostes sont souvent surprenantes et

spectaculaires (baseacutees sur la souplesse et la rapiditeacute) ontrairement

aux autr~s form~s de luttes ougrave lon voyait tous les jeune adheacuterer la

lutte to~cou1eur Verra un groupe de speacutecialistes sadonne agrave la lutte 1

(la lutte est lieacutee agrave la position sociale de lindividu problegraveme de

caste)

Q La morphologie du lutteur toucou1eur 1

1 1

Ce dernier nest pas aussi large et aussi fort que les lutteurs diola

et seacuteregravere Cependant il est tregraves reacutesistant La musculatJre est saillante 1

et tregraves souple lindividu est longiligne mais tregraves athleacutetique

Les mouvements de lutteurs sont semblables agrave ceux dun grand fe1in Cette 1

morphologie semble ecirctre lieacutee agrave la position geacuteographique de lethnie

(reacutegion du fleuve) et agrave lacitiviteacute socio-eacuteconomique du toucouleur qui

est agrave la fois cultivateur (activiteacute lieacutee agrave la crue et deacutecrUE du fleuve)

pecirccheuro~T CIcr~icubaon) et sttout jEumlrgcr qui est U~ rc~2eumlr

shy

Deux formes egrave~ corps sembl~nt ecirctre preacutefeacutereacutees du lutteur toucouleur

le hancheacute et la souplesse Les hancheacutes sont faits agrave partir de plusieurs

positions de doset se terminent geacuteneacuteralement par des techniques de

tregraves grande amplitude

TABLEAU RECAPITULATIF DES TECHNIQUES ET FORMES DE CORPS SPECIFIQUES

i

L441 r

GARDE FORMES DU CORPS CONTROLES --shy - -

Moyenne Souplesse Ngimbe

Hancheacute bras

Demi-souplesse

1

Profil psycholosigue 1

TECHNIQUES

ContrOle du bassin et 12 souplesse

arriegravere

Klicket et allegravegement de la hanche

Le lutteur toucouleur est celui lUi se livre le moins aux preacuteparaqons

maraboutiques Cela est dO au f~t que le toucouleur est un grand ~USUlshyman et que les pratiques animisges ont presque disparu dans ce mil~eu

Dans la pratique le lutteur esJ combaif mais il est calme et tr~s reacutefleacutechi quant agrave la deacutecision agrave prendre en plein corps agrave corps ct~st un des seuls techniciens qui reJte tregraves lucide au cours de ses comb~ts

l Dans toutes les circonstances e lutteur toucouleur est tenu de re~pecshyter son adversaire et ceux de s4n eacutequipemecircme sil est vaincu

Comme nous avons dO nous en rendre compte la rigueur des principes

eacuteducationnels a une influence tregraves sensible sur l~ comportement du

toucouleur

i

III S COCL ~s 1DO

Dans cette partie nous avons essay~ de montrer lftroite re1atic~

Entre les diverses activiteacutes socio-eacuteconomiques dans les ethnies et

lES diffEacuterentes faccedilons de lutter

Daucuns seraient tent~s de conclure trop rapidement et cest p0~r

cette raison que nOUS avons penseacute preacuteciser que le pheacutenotype nest

pas geacuteneacuterateur du geacutenotype Et nous sommes convaincus que la morphoshy

logie et les techniques des lutteurs relegravevent de leurs modes de vie

et de leurs croyances agrave une eacutepoque et danE un contexte bien deacutetermishy

neacutes

Est-ce que les lutteurs dio1a ou seacuteregravere travaillant avec leurs bras

dans les champs auraient les mecircmes pr 0 fil s physiques que les lutteurs

utilisant des machines pour lagriculture

- 69 shy

I UJOURDH~1 E-S ut O[l LES FORfilS Ut LU11t~

~otons que notre enqu~te a ecirctE essentiellement faiteen milieu urbain

Les seacuteances de lutte ont tendance agrave perdre leur particulariteacute de r~shy

jouissance pour devenir des pheacutenomegravenes de sportisatio Deux fores

de luttes so~t principale~cnt prat s dans les aregrave~es du 5 al

la lutte traditiunnelle simple et la lutte traditionnelle avec frappe

De nos jours la lutte traditionnelle tend vers une reacuteglementation

et une institutionalisation

Le reacutesultat de nos investigations nous donne le tableau ci-dessous

REPARTITION ETHNIQUE SUR 100 PRATIQUANTS

LUTTE LUTTE RAPPORTETHNIES SANS FRAPPE AVEC FRAPPE J2

Diola 40 16 71 j

Seacuteregravere 26 21 57

Toucouleur 23 10 69

Wolof 1 1 53 17

La demande sociale par ordre deacutecroissant pour la lutte sans frappe

se preacutesente comrre suit

]0_ Ethnie diola avec pregraves de 3 lutteur~ sur 4

2deg_ Ethnie toucouleur

Ethri dun

~ 1 LA LUTTE TR])IIIO~~ELLE AVEC H-PPE

Cette forme deacute lutte a une histoire qui date de lantiquiteacute elle

sa~pelait le Pugilat Au Seacuteneacutegal elle a vu le jour dans le Cayor

bien avant la colonisation Le coup dE pied l~Lrdn~lement la morshy

sure la frappe et le doigtf eacutetaient permis dans le cc=bat ~ ~middot~p0~~e

Dans certains cas la giffle eacutetait beaucoup plus dangereuse que le

poing quand elle eacutetait donneacutee par un speacutecialiste Cette giffle pouvait

agrave elle seule deacutechirer et mecircme parfois amputer la joue de ladverser

Selon les informations la lutte avec frappede nos jours serait une

forme de lutte tregraves eupheacutemiseacutee de celle dantan ougrave une blessure

pouvait souvent ecirctre mortelle

Aujourdhui au niveau du folklore la lutte na plus la mecircme

le spectaculaire a remplaceacute le significatif iLa lutte avec frappe se 1

pratique surtout dans les centres urbains C~aque fois quun grand combat 1

est progra~eacute par le Comiteacute National Proviso~re (CNP) des centaines damashy

teurs sont mobiliseacutes vers le stade lba Mar D~OP qui est aujourdhui le i

lieu approprieacute ougrave se deacuteroulent les grands conkbats de lutte Cest la formE

de lutte qui semble drainer une foule de personnes beaucoup plus importante

que celle de la lutte simple

La lutte avec frappe deacuteriverait dune forme de lutte traditionnelle

pratiqueacutee jadis dans le Cayor au temps des Damels et la frappe serait

le substitut dun certain nombre de pratiques doigteacute jet de produits

etc bullbullbull dont le but eacutetait laveuglement de ladversaire La lutte avec

frappe serait une continuation logique dune carriegravere sportive de la

lutte traditionnelle qui sen sert comme moyen socio-eacuteconomique En

effet la majoriteacute des lutteurs avec frappe ont dabord eacuteteacute initieacutes agrave la

lutte simple Cependant il faut signaler que de nOS jours il arrive

que le jeune lutteur avec frappE- soit directenent formEacute conne speacutecialistE

agrave la frappe sa~s pour autant faire son chemin dabcrd egravea~s la lutte

- ~ shy

Le recircsultat dE ~os interviews ncus rec~trE qGune pcpulatiD~ divcrsishy

fiampe sint~resse agrave ce sport et qUE les intecircr~[s des uns et d~SlautrE~

semble~t divergents naucuns affirment que la lutte traditionnelle

avec frappe serait monteacutee par des personnes dont la vocation est dexshy

ploiter ce pheacuteLomegravene agrave des fins commerciales Dautres disent gJellegrave

jouit de mcyens irport~nts t[l[~isio

tation etc bullbullbull ) pour toucher toutes les couches sociales CEpe~~a~t

nous remarquons que mecircme si certaines personnes reprochent agrave cette

forme de lutte decirctre brutale ces mecircmes personnes nheacutesitent pas agrave

se rendre le dimanche agrave laregravene Bien que critiqueacutee elle semble ecirctre

adopteacutee par une tregraves grande partie de la population seacuteneacutegalaise Cepenshy

dant en tant que techniciens il nous est permis de faire une remarque

Il sagit de

- Limpression nette decirctre devant des professionnels de la frappe

qui sont ~ntratneacutes pour cela Dailleurs les propos que nous avons

recueilli~ nous prouvent que la plupart des champions de lutte avec 1

frappe s~ntratnent dans certains sports de combat tels ~ue la boxe i 1

le karateacute le judo Dans cette nouvelle forme de pratique de la lutte

contrairefuent agrave la lutte traditionnelle le technicien e~t souvent

perdant face au puncheur Ce dernier adopte une lutte agrave distance qui

lui permet de placer agrave bon escient ses coups animeacute du deacutesir de vaincre

Le technicien lui se voit contreacute dans toutes ses entreprises par

un uppercut ou un crochet

On peut dire cependant que nul sport au Seacuteneacutegal que la lutte tradishy

tionnelle avec frappe ne deacutechaicircne autant de passions et autant de

pheacutenomegravenes poussant agrave lexcegraves et deacutereacuteglements quon ne peut que deacuteplorer

Mais comment deacutecrier un spectacle de lutte qui bien quayant perdu la

presque totaliteacute des valeurs traditionnelles veacutehiculeacutees autrefois par

elle sait susciter une participation effective de tous ceux qui sont

preacutesents

CONCLUSION

Dans ce meacutemoire nous sommes efforceacutes ~e faire ressort ir limportance des

ethos et des habitus et leurs effets sur la pratique de la lutte tradishy

tionnelle au Seacuteneacutegal

L~b egravethos repr~sentent dune maniegravere g~neurorale tous les eacuteleacutements speacutec

fiques sux Seacuteneacutegalais par conampeacuteguent un systegraveme de valeurs traditionnellEs

Mais m~me si ces valeurs rev~tent une signification universelle (honneur

digniteacute courage etc bullbullbull ) il nen demeure pas moins que ce nest pas leur

nature qui fait leur speacutecificiteacute mais la hieacuterarchisation et limportance i

quon accorde agrave toutes ces valeurs de ~ar leacuteducation ou la culture

i 1

Aussi les valeurs traditionnelles puient leur speacutecificiteacute dans les

caracteacuteristiques propres aux eacuteleacutements ~e la socio-cu1ture (la technologie

et leacuteconomie la politique et la pareteacute la psychologie et lideacuteologie)

dans la socieacuteteacute seacuteneacutegalaise agrave n momen donneacute de son eacutevolution Cest i

dire la neacuteceesiteacute de ne point faire della valeur une reacutealiteacute statique

Cest dite aussi quagrave tout mome~t le ~eacuteneacutegalais peut eacutevoluer et creacuteer

ou vivre par conseacutequent de nouv~lles fprmes de valeur qui lui sont 1

propres ft (J)

La lutte traditionnelle veacutehiculant deS valeurs socio-cu1ture1les speacutecishy

fiquement seacuteneacutegalaises (croyances valeurs morales norme de comportement

opinion attitude bullbullbull ) devient un eacuteleacutement important qui tregraves certaiaement

nous aidera dans notre effort de valoriser et de peacuterenniser notre patri shy

moine culturel par le biais dactiviteacutes physiques et sportives

Leacutetude des habitus nous permet de prouver quil y a plusieurs faccedilons

de se mouvoir comme danser lutter bullbullbull qui varient avec les diffeacuterentes

ethnies (wolof toucouleur seacuteregravere diolagt leurs convenances et leurs

eacuteducations

(1) Revue Ethiopiques 31 Les valeurs traditionnelles et le problegraveme de leur inteacutegration dans les systegravemes modernes jtducatio-1 2 6r--70

nautre part cette eacutetude permet aussi de nous rendrE compte de la

correacutelatipn eacutetroite existant entre la pratique de la lutte traditionnelle

et le sta~ut socio-eacuteconomique du pratiquant

Nos inves~igations nous indiquent que la lutte recrute essentiellement

au niveau des classes socio-eacuteconomiques situeacutees en bas de leacutechelle

donc posseacutedant le statut social le moins favoriseacute La lutte avec frappe

-et un certain secteur commercialiseacute de la lutte simple- y trouve sa

leacutegitimiteacute Comme le dit BOURDIEU nA habitus diffeacuterents styles de Vle

divergents et il oppse les pratiques aristocpatiques correspondants agrave

des activiteacutes qui favorisent les situations eupheacutemiseacutees ougrave la stylisashy

tion est importante aux pratiques populaires qui font appel agrave des

qualiteacutes qpposeacutees bllutes rugueuses Certaines interviews nous

montrent que plus lindividu occupe une place eacuteleveacutee dans leacutechelle

sQciale e~ 1

moin$ il sinteacuteresse agrave la lutte

Les reacutesultats recueillis dans nos diverses investig~tions confirment 1 1

1er propos qui disent que nous assistons aujourdhu~ agrave une involution

de la lutte traditionnelle parce que perdant toutes ses speacutecificiteacutes au 1

pryfit d~ne autre forme de lutte que lon continue agrave appeler nostalshy

giqlementIIlutte traditionnelle

Ceci pourrait peut-~tre trouver une explication dan la citation suivante

La liberteacute de creacuteer dinnover de vivre Pleineinenf decirctre soi et de

preacuteserver son authenticiteacute la digniteacute et lhonneu1demeurent des illushy

sions dans la misegravere eacuteconomique~ Nos ancecirctres creacuteai~nt des valeurs de cishyl

vilisation parce quils eacutetaient libres parce qu1i~s ignoraient toute

deacutependance eacuteconomique ils cultivaient en eux et cbez leurs enfants le 1

Jorn et la Kersa et preacutefeacuteraient la mort agrave la hoJte lI (1)

Or le Seacuteneacutegal comme la plupart des pays africainsi est un pays sousshy

deacuteveloppeacute t cependant face agrave cette volonteacute du gou~ernement seacuteneacutegalais

de faire inteacutegrer dans leacuteducation des valeurs traditionnelles nous

pouvons espeacuterer utiliser comme moyen deacuteducation la lutteacute traditionnelle

qui reste quand mecircme vecteur jethos et dhabit~s

- 54 shy

Mecircme si lon a noteacute un appauvrissement notoire sur les plans socioshy

culturel et moral la lutte traditionnelle recegravele une gamme importante

et varieacutee de techniques permettant incontestablement une ouverture vers

les luttes olympiques libre et g~eacuteco-romaine

La lecture de ce meacutemoire permettra agrave lentratneur et au professeur de

lutte en fonction du lieu ougrave ils seront affecteacutes dans le territoire

seacuteneacutegalaisdavoir une information sur les techniques contrOles et

formes de corps propres agrave chaque groupe ethnique et de les mettre en

relation avec leurs croyances et leurs mentaliteacutes

Nous avons essayeacute de montrer que la pratique de la lutte traditionnelle

doit tre axeacutee sur une ethnomotriciteacute au Seacuteneacutegal qui permette une inishy

tiation facile Cette pratique de la lutte traditionnelle seacuteneacutegalaise

devra dailleurs essayer de ~eacutepondre aux aspirations du Seacuteneacutegalaisl

moderne en souvrant aux ap~orts positifs des autres civilisations

ex~eacuterieures nous voulons Jvidemment parler du judo et des luttes oiymshyJ

piques 1

1 j Nous navons pas la preacutetentfon dans le cadre de ce meacutemoire demattrise

de reacutepondre agrave toutes les qutstions se rattachant agrave leacutetude de ~a lutte

traditionnelle souslangle~socio-culturel car non seulement il nous

manque lexpeacuterience et la c peacutetence en la mati~re mais aussil l le temps

et les moyens dont nous dis osions ne nous permettaient pas d~puiser le 1sujet i

1 1 1 t 1

l

- )5 shy

BIBLIOGRAPHIE

BIBLIOGRAPHIE

1- CLAPAREDE Psychologie de leacuteducation et peacutedagogie expeacuterimentale

Edition Delachaux et Niestleacute 244 pages

2- POCIELLC Christian Sport et Socieacuteteacute approche socio-culturelle

des pratiques Paris Vigot 1981 377 pages

3- PIERON Henri Vocabulaire de la psychologie

PUF Deuxiegraveme eacutedition 1957 469 pages

4- Revue socialiste de culture neacutegro-africaine ETHIOPIQUES

Les valeurs traditionnelles et le problegraveme de leur inteacutegration

dans les systegravemes modernes deacuteducation

GIA 21 Juillet 1982 213 pages

5- N2 Revue du Centre dEtudedes Civilisations DEM ak TEY

NIS IVegrave Trimestre 1982 96 pages

6- Document lNSEP Colloque sur la lutte aeacuteregravere

DAKAR MAI-JUIN 1980

t 1

~- Travaux du IVegrave Congregraves National ~es Sports agrave DAKAR les 2223041981

Bulletin n2 91 du CIO du 15 Aont 1965

l____________________________

8- Meacutemoire de Mattrise BADJI Abdou La lutte traditionnelle Joola

Etude et perspective

9- Meacutemoire Inspectorat JS DJITTE Mandy Les pratiques corporelles

traditionnelles au Seacuteneacutegal pour leur exploitation et leur

utilisation en peacutedagogie Marly le Roi 1980

REPUBLIQUE DU SENEGAL

--------------- INSTITUT NATIONAL SUPERIEUR

MINISTERE DE LA JEUNESSE DE LrsquoEDUCATION POPULAIRE

ET DES SPORTS ET DU SPORT

-------------

(INSEPS)

MEMOIRE DE MAIcircTRISE

Es-SCIENCES ET TECHNIQUES

DE LrsquoACTIVITE PHYSIQUE ET DU SPORT

LA LUTTE TRADITIONNELLE

son importance sa signification en fonction des ethos et des habitus ethniques au Seacuteneacutegal

Preacutesenteacute par

Monsieur Joseph Victor FAYE

Sous la direction de

M Jean Marc ROCHEZ

Professeur agrave lrsquoINSEPS

Anneacutee de soutenance 1984

- shy

A la lumiegravere de cette succi~te analyse des demandes sociales en matiegravere

de pratique des sports de combat nous pensons recouper la theacuteorie de

lhabitus selon BOURDIEU qui veut que des hatitus diffeacuterents impliquent

des styles de vie divergents si lon entend par style de vie un systegraveme

de pratiques classeacutees et classantes(I)

La mutation de la socieacuteteacute seacuteneacutegalaise celle du milieu urbain se caracteacuteshy

rise par lapparition despaces sociaux qui sont en rapport avec des

espaces culturels Il en reacutesulte des pratiques distinctives comme

lexprime le pogam

En effet si les cateacutegories sociales existent et si chaccedilune delle exprime

une marque sur les conduites des sujets il est naturel ~e penser que des

pratiques1 sportives servent de modegraveles distinctifs et detrsymbOles dorgashy

nisation ieacuterarChique dans la socieacuteteacute exprimant les dif eacuterentes clas8eamp(2)

Ces const4tations ont dimportantes implications sur leeacuteveloppement et

lavenir des pratiques Si dans notre IIIegrave partie nous 1tenterons de 1

mettre en rapport les particulariteacutes ethniques avec les pluraliteacutes de

style de lutte nous parlons presque au passeacute Une IVegraveme partie devra

e~visager la situation actuelle de la lutte afin de pouvoir eacutemettre

qu~lques hypothegraveses sur son devenir

Cest auss~ une ambition de ce meacutemoire daider ceux qui sinteacuteressent reacuteellE

ment agrave la lutte de savoir entendre au travers des deacuteclarations normatives

et apologeacutetiques Nous ne doutons nullement de la conviction ou de la bonne

foi de leurs auteurs mais parmi les possibles il yale probable et seul

ceiui-lagrave meacuterite decirctre retenu car plus proche agravee la recirc~liteacute

(I) BOURDIEU pierre La distinction Les Editions de minuit 1979 page 191

(2) Le POgdlt Deacuterrocratisation du sport ythe (u reacutealiteacute

- 1f shy

j j l IlL DL l H L S DE

3 1 LA COll1ŒNAUTE DIOLA

311 Preacutesentation

Les diolas vivent dans la reacutegion de Casamance et repreacutesertent 9 de la

population totale du Seacuteneacutegal Ce sont geacuteneacuteralement des cultivateurs de

riz et des artisans Cependant on peut les trouver aujourdhui disperseacutes

dans toutes les capitales reacutegionales affecteacutes agrave divers meacutetiers militaire

gendarme fonctionnaires de lEtat ouvrier etc bullbullbull

Dans les villes la plus grande partie des diolas vit dans les qoartiers

populaires Par exemple agrave Dakar on les trouvera agrave Colobane agrave Fass agrave

Grand Yoff ou agrave Khar Yalla La plupart du temps cesDnt des artisans et des

ouvriers du secteur priveacute qui vont essayer dune maniegravere ou dune autre de

vivoter en bricolant deci de lagrave Mais mecircme loin de la Casamance cette

ethnie conserve une grande partie de ses caracteacuteristiques et plus partishy

culiegraverement la solidariteacute ethnique qui veut que les Diolas forment toujours

un bloc bien soudeacute quand le besoin se ifait sentir et cecisans discrimishy

nation de rang social Ainsi tous lesdiolas de Dakar se mobilisent pour

supporter le Casa Sport chaque fois qbe cette eacutequipe de foot-baIl vient

jouer agrave Dakar Cette mobilisation se fera aussi dans le cas ougrave leur chamshy

pion de lutte Mamadou SAKHO livre uncombatimportant

Lethnie diola est diviseacutee en trois sous-groupes

- les dio1as Fogny de Bignona

- les diolas Kassa autour dOussouye

- les diolas Blouf dans la preacutefecture de Tendouck

Mais en lutte on a pris lhabitude ~e les grouper en deux zones dune

part le Kassa qui preacutesente des particulariteacutes et dautre part lE Fogny

et le Blouf

- J 7 shy

3 ) 2 ~U(lquE5 aspects d~ l~ducatio~ ~t des rit~s en milieu diol~

L eacuteducat ion veacuteritable de lenfant diola est sociale et ne se corlprend

que dans la relation sociale elle deacutepasse de loin le strict cadre

famililal Elle commence au stade de lapprentissage du langage

Lenfant apprendra agrave reconnattre le langage du regard de ses parents

Il doit connaicirctre et faire la diffeacuterence entre un regard approbateur

et un regard qui blacircme De mecircme il doit apprendre agrave faire les gestes

de la tecircte qui expriment lapprobation En aucun cas lenfant nest

laisseacute agrave lui-mecircme Aura-t-il deacutesobeacuteit par complaisance naura-t-il pas

eacutecouteacute ou fait attention aux recommandations reacutepeacuteteacutees plusieurs fois

sans reacutesultat il fera lobjet dune punition corporelle avec la chicotte

Elle a pour effet de faire mal au corps de lenfant afin datteindre son

acircme sa sensibiliteacute et instaurer en lui une sorte de 1iaision de la

meacutemoire du mauvais comportement agrave la douleur quen voulant eacuteviter la

douleur il finit par eacuteviter le mauvais comportement en tout cas den

prendre conscience degraves cet acircge Cest une meacutethode deacuteducation mora1e (])

i 3121 Leacuteduca~ion maternelle

1

Notre eacutetude nous a montreacute que mecircme de nos jours leacuteducation diola

conserve encore ses caracteacuteristiques traditionnelles au niveau des rites

des moeurs des habitudes des principes et des normes

Leacuteducation de lenfant reste lune des plus rigoureuses Elle commence

degraves le plus bas acircge car pour le dio1a on ne peut redresser une personne

adulte donc autant leacuteduquer tregraves jeune Jusquagrave lacircge de trois ans

lenfant sera encadreacute par sa megravere qui bien queacutetant tregraves douce fait

preuve daucune indulgence Elle lui apprend les interdits de la communaushy

teacute respecter son prochain ne pas insulter ni profeacuterer de gros mots surshy

tout en preacutesence de grandes personnes ni faire violence agrave autrui

Plus terd v~rs cinq ou SlX ans le jeune garccedilon est initi~ a~x travaux

ces cna~ps des rizi~r~s cles pal~eraiEs ce Gui ne manquer6 pa5

davoir ces rEpcrcussic~s sur SOn deurovelopperncnt morpholoique

- 1( shy

3122 La circoncisio~

cest un rite obligatoire Il a pour but dintroduire le garccedilon dans

la communauteacute des hommes en tant que responsable Cest un rite qui

laisse une trace indeacuteleacutebile dans la vie du jeune diola Les principes

de la vie en socieacuteteacute y sont enseigneacutes agrave fond Le rite de la circoncishy

sion preacuteseuro~teuro uneuro forme p~lticul do~t s~uls les diolas connaissent

lorganisation internecar la circoncision est agrave la fois une eacutepreuve

physique intellectuelle et morale

Cette circoncision en milieu diola se passe dans le bois sacreacute En ce

lieu les Njoulis (circoncis) sont encadreacutes par des mattres les

Kintangs et au-dessus de ces mattres regravegnent un ecirctre doteacute de faculteacutes

occultes il sagit du Kankourang Le kankourang a cette capaciteacute de

disparattre de voler quand bon lui semble Il incarne la justice et la

violence et assure la protection de ses disciples contre les mauvais

esprits Ainsi le kankourang incite agrave lobeacuteissance et agrave lordre dans

cette socieacuteteacute Dans la tradition diola le kankourang repreacutesente un

pouvoir mystique capable de choses extraordinaires dont la socieacuteteacute

moderne avide de raisonnement ne pourra trouver une explication Au

cours de la circoncision les initieacutes subissent un certain nombre

deacutepreuves physiques que le diola appelle samasso Il doit se soushy

mettre agrave lensemble de ces eacutepreuves consideacutereacutees comme indispensables

agrave sa formation pour lui permettre de juger ses capaciteacutes physiques

mais eacutegalement deacutepouver sa valeur intellectuelle morale et sociale

Il pourra aussi se mesurer aux autres dans le domaine de la consideacuteration

et du respect En quittant le bois sacreacute le jeune doit posseacuteder une

grande partie des qualiteacutes humaines et socisles quil faut agrave un howmE

pour vivre en harmonie avec la socieacuteteacute traditionnelle Il serait bien

sOr possible dans le cadre dune eacutetude plus approfondie de parler de

bien dautres rites et pratiques traditionnelles

Notons cependant que le rite de la circoncision appartient aux anc~t~es

et que dans les villages reacutecents ougrave les structures ont changeacute on ne

Jeux jours avant la re~trfE cans le bois sacr[ les adolescents so~r

-

- Jo shy

por lE diola 11-071- doit rester en harrc1iE avec lE

tal lanimal lui-mecircme les ancecirctres les geacutenies Le rit~ du rasdge co~sist~

acirc ~loigner la ~alchance de lenfant Si l~ ritE nest pas respecteuro eumlr es

parents du futur initieacute celui-ci connaicirctra la malchance pendant toute sa viE

Ce rite a aussi pour faculteacute deacuteloigner le mal et de preacuteserver lenfant des

mauvais esprits

Le rite de leau sacreacutee se fait un jour avant lentreacutee dans le bois sacrEacute

Les femmes doivent se garder davoir le moindre contact avec leau beacutenite

pour se preacuteserver des conseacutequences facirccheuses qui pourraient en reacutesulter La

tradition veut quune seule goutte soit capable de deacuteclencher lavortement

l chez la femme enceinte de rendre steacuterile la jeune fille ou de provoquer des

menstrues perpeacutetuelles chez la femme ayant atteint la meacutenopause bull

bull Le rite de la forge protegravege le futur initieacute pendant son seacutejour dans le bois

sacreacute Mais cette protection seacutetend bien au-delagrave et de rite veut que toute

personne qui y faillit soit condamneacutee agrave devenir leacutepreuse

Pendant plusieurs semaines les jeunes initieacutes subissent une formation capishy

tale qui fera deux des hommes complets

313 Croyances et pratiques mystiques

Si nombreux sont les diolas convertis au Christianisme ou agrave lIslam leur

foi napparatt jamais incompatible avec leurs croyances animistes Lhisshy

toire des rois et reines diolas nous reacutevegravele quils eacutetaient les ffprecirctres fl de

ces cultes feacutetichistes destineacutes agrave maintenir la fertiliteacute et agrave provoquer

la chute des pluies De nos jours existent encore des socieacuteteacutes secregravetes agrave

base religieuse ou magique la plus redouteacutee eacutetant lassociation neacutecrophashy

gique Kousanga des Floup (1)

Deux fafu expliquent la coexistence du dogme et de la croyance

le contact tardif de la socieacuteteacute diola avec les civilisations eacutetrangegraveres

et leacutevangeacutelisation ou lislamisation quelles veacutehiculaient Il e~ reacutes~lt~

une importance des traditions leur reacutesstance agrave une remise en questic~ ce qui confegrave~e agrave la socieacuteteacute diola un caractegravere conservateur

r~c~~i]EE 2~fr~~ ~c - t

ct ~Cc egraveE~ Cimiddotilisatilaquo~ eacute

la neacutecessiteacute de lanimisme consiegraveeuroreacute comme base de toutes legrave~

religi0~s uumlegrave serait-ce que corr~e tentative ciexpliquer li1explishy

cable en se repreacutesentant en particulier comme un ensemble de puisshy

sances mystiques Ainsi pour lanimiste agir sur la nature cest

intervenir psychologiquement aupregraves de ceLX qui la gouvernent

314 Imeact des moeurs sur la prat~que de la lutte diola

Lorigine de la populariteacute de la lutte eugrave milieu diola est par trop

impreacutecise aussi nous nous limiterons agrave en donner la signification

actuelle La lutte apparatt dabord comme un moyen privileacutegieacute deacutedushy

cation

- sur le plan corporel afin de deacutevelopper la force lagiliteacute la

rapiditeacute et la souplesse

- sur le plan moral afin de deacutevelopper les vertus caracteacuterielles

courage tenaciteacute digniteacute bullbullbull neacuteces~aires agrave laction

Mais la lutte apparatt aussi comme un mpyen dinteacutegration sociale car

le jeune diola qui se refuserait agrave se sbumettre agrave leacutepreuve de la lutte

encourrait un isolement alors que celui qui excelle en bravoure devient

rapidement populaire Dougrave ces affrontements agrave linteacuterieur dune classe

dige qui tout en restant un moyen de reacutejouissance servent eacutegalement

agrave eacutetablir des comparaisons

Nos observations et nos interviews confirment le caractire tris physique

de la lutte diola immeacutediatement les lutteurs sont au corps agrave corps et

les techniques consistant agrave aracher ladversaire priment sur toutes les

autres Exprimer sa force est une preacuteoccupation constante il suffit pour

sen persuader de voir le groupe de lutteurs peacuteneacutetrer dans laregravene au son

du Born bol on que rythme le claquement de mains des femmes

C~tte da~se est une deacutebauche dAnegie Ougrave les lutteurs pieacutetin~Ert avec

force L sol

i shy

3141 EorphologUgrave et valeur physiques du lut teur diola

Le lutteur diola possegraveagrave~ un deacuteveloppement caracteacuteristique du trai~

supeacuterieur et de la musculature doso-lombaire Ceci est tregraves certaineshy

ment lieacute au maniement de la houe de la daba et surtout dukadiando

dont lusage permanent a modeleacute la morphologie du lutteur diola

La valeur physique de ce lutteur semble reposer sur sa force sa

reacutesistance mais aussi sa rapiditeacute

3142 Reacutepertoire technique

Dans le Blouf la forme du corps la plus utiliseacutee est le deacutecalage souvent

combineacute avec un crochet de jambe (gal gal) ceci semble ecirctre lieacute agrave

lutilisation quotidienne dans les riziegraveres du kadiando Le paysan du

Blouf sera ameneacute agrave faire un mouvement de torsion pour deacutecalerlinstrushy

ment enprenant appui sur son genou et ceci continuellEment pendant toute

la jourpeacutee Chez les diolas du Fogny le kadiando eacutefait surtout utiliseacute

par les femmes qui soccupaient autrefois exclusivement de la riziculture

et ce n~est quaujourdhui que les hommes cultivent le riz 1

La principale culture dans le Fogpy est celle du mil on y cultive aussi

de larachide De ce fait loutil le plus utiliseacute est le donkoton qui

est un instrument tregraves petit avec un manche court et dont le maniement

expliquerait peut-ecirctre leacutetonnante musculature du train supeacuterieur et surshy

tout de la zone dorso-lombaire du 4i6la fogny qui excelle dans les techshy

niques en force genre arracheacute avec les bras sur contrOle de la ceinture

de ladversaire Lulisation du donkoton semble eacutegalement expliquer la

garde tregraves basse du lutteur fogny

Dans le kassa on aurait pu trouver la mecircme forme de lutte car la morphoshy

logie du lutteur est agrave peu pregraves la mecircme mais linterdiction formelle de

la prise du ~gimbe modifie et limite tout le repertoire technicult2 ou

lutteur Le lutteur kassa adopte une garde basse et agrave une preacutefeacuterence pc~r

legraveS tc~-iccedilues n passa~ dessous - - ~ shymiddotmiddotcrc t--=~ c-

----

contact et agrave partir de ce TtoTteuront ils peuvent se relever et conti~uEr

en lutte debout jusquau terrassemen~

Toutes les gardes sont rapprocheacutees en milieu diola

irbi trage

Les combats sont arbitreacutes par un deacuteleacutegueacute geacuteneacuteralement anClen lutteur

Ces anciens lutteurs ont pour rocircle de veiller au bon deacuteroulement du

combat La victoire est deacutecreacuteteacutee dans les cas ougrave un des lutteurs se

retrouve en position assise sur le ventre sur la cuisse ou les

genoux (sauf dans le Kassa)

Il existe un autre mode de victoire celle qui est proclameacutee agrave la

suite dune supeacuterioriteacute eacutevidente du~ des lutteurs A savoir quand

un lutteur soulegraveve tregraves haut son camarade et que son manager estime i

quil est pratiquement battu il peut arrecircter le combat en touchant

dabord le lutteur adverse popr eacuteviter que son lutteur ne soit terrasseacute

tregraves fOrt Nest-ce pas un deacutecision sage des managers qui peut contribuer

agrave maintenir le caractegravere reacutecr~atif de la lutte joola 1

La victoire dun village sur un autre village ne se mesure pas au

nombre de victoires obtenues par lensemble des lutteurs En effet

il suffit que le champion soit battu pour que le village soit consideacutereacute

comme deacutefait Ce qui explique limportance et le seacuterieux que le village

accorde agrave la preacuteparation des championsl)

Il est cependant important de signaler que larbitrage dans les centres

urbains revecirct une iautre forme beaucoup plus codifieacutee et cest peut-ecirctre

une des raisons qui font quen milieu urbain la lutte diola perde une

partie de son originaliteacute

En dehors des techniques speacutecifiques agrave chaque sous-groupe il faut

signaler quil y a une multitude de prises et quelGues formes de corps

comTIunes agrave letnn Car reconnaissons qu il cO unE ror-euro approp=i~eacute

dE ~ouvane du l~tteur diola en TaI

-----~-----

LE tableau ci-dessous se propose dE reacutesumer les diffeacuterentes consideacuteshy

rations techniques envisagEacutees dans cette partie

FORlŒSSOGS-GRGUPES 1 COItltOLE GA~JESDt CORF=

i ~

1 1

Passage dessous de jambes et BassE KASSA saisies Moyenne1annexes bras (rapprocheacutee)

ceinture tecircte

Deacutecalage de Moyenne et BLOUF Demi-souplesse Ngimbe

HauteHancheacute Bras (rapprocheacutee)

Jambe

Arracheacute CouFOGNY Tregraves basse

Hancheacute ii 1

1 1

3 14 3 bull LeIIa~~jueetlecom~ortementdulutteur-+iola

1 Le comportement et lattitude du lutteur dans laregravene pe sont en fait

t

que le reflet de sa psychologie et plus partiCUliegraverem t de son eacutetat

dacircme Or il napparatt pas abusif deacutetablir des cor eacutelations entre

le psychisme dun individu et lempreinte eacuteducative quil a subie En effet en sortant du bois sacreacute le jeune diola a acquis un ~ca~~l

eacutequilibre physique et mental

Cette matrise de lui-mecircme permet au lutteur dans la~egravene dadopter

un aire enjoueacute de manifester beaucoup denthousiasme~ La lutte devient 1

essentiellement un jeu laspec ludique y est privileacutegieacute et ~ela influe

sur le comportement du lutteur

Ainsi queurolq~c soit limporta~cE de le~je~ le lutt~c~ dic1e Seuroreacute

to~jours serein et s~ livrera sa~s arri~re pe~s6e da~$ ~E CO=beacute ou-

tons que le lutteur diola est trecircs fair-play et sil arrive quun rdnd

lll L COIicircilU1Ul L ULOF

32 J Preacutesentation

La soc tEacute wucirc10f est celle qU1 a eacuteteacute la plus marqueacutee par la colonisation

~~ fait peut-gtre de sa position geuroographiquE dune part ct de 50~ imporshy

tanCE sur le plan dfmographiquE dautre part En effEt ceurootteuro CC-~ucircautE

wolof repreacutesente environ 20 de la population seacuteneacutegalaise

Elle est constitueacutee de pecirccheurs (ce sont les leacutebous) dagriculteurs de

fonctionnaires de lEtat mais surtout de commerccedilants

A pqrtir de leur reacutegime dimplantation le Cayor le Walo le Baol le

Djolof et la presquicircle du Cap-Vert les wolofs ont tendance agrave irradier

sur lensemble du territoire sous leffet de leur speacuteculation agrave la culshy

ture de larachide et du nombre important de fonctionnaires quon trouve

dans cette ethnie

322 Les moeurs et croyances wolofs

Bien queacutetant en grande partie des musulmans convaincus les wolofs

conservent toujours une croyance animiste et continuent agrave faire des

sacrifices agrave porter des cornes ou des morceaux de bois agrave la ceinture

aux jambes ou aux bras et agrave croire agrave lexistence des Djinneacutes et des

Raps bull

Le Djinneacute cest une creacuteature malfaisante en geacuteneacuteral capable de choses

extraordinaires Il possegravede des faculteacutes surnaturelles Cependant dapregraves

la croyance animiste certains Djinneacutes peuvent ecirctre bons

Le Hapl cest une creacuteature ayant des dons occultes appartena71t agrave une

famille ou agrave une communauteacute et dont le rOcircle est de veiller cu daider

les reCJrES de le fai11p ou dt la conmunauteacute en cas de da1gel Le Rap

~ ut te c ) ~~c-

ei sltcificE cJ sanl dE meut0 dL chat de pC)wleurot 5E1lt les conveuroshy

lances parfois leur dorner COrllTe offrande du lait Laii

Qua1d une famille ou une communauteacute neacuteglige les Sarakh (ici dans

le sens de sacrifice ou Offrande) elle se voit aussitocirct vouEacutee agrave la

maleacutediction des mauvais esprit~ (fcllec dans touteacuteS lEs ~treprises

de la vie maladie mort bullbullbull ) Les lieux ougrave habitent ls Taps et ougrave

se font les sacrifices se nomment Khambs

Geacuteneacuteralement le khamb se trouve dans lenceinte de la maison ou

dans un coin approprieacute du village Les lieux du khamb sont marqueacutes

par la disposition de calebasses de pilons de morceaux de poterie

briseacutes de grosses pierres de cornes et dautres objets heacuteteacuteroclytes

La superstition wolof est tregraves marqueacutee En effet pour le wolof toutes

les manifestations quotidiennes trouvent leur signification dans le

mysticisme Citons agrave cet effet quelques ezemples Une femme enceinte

ne doit pas marcher agrave nimporte quelle heure de la journeacutee Certaines

heures de la journeacutee lui sont interdites le Timiss (creacutepuscule

le Ndjo~or (de 13 H agrave 14 H de lapregraves-midi) le souf-segravede (de

minuit i4 H du matin) Selon la tradition ~t la croyance wolof les

mauvais ~sprits choisissent ces heures pour jeter des sorts Et la

femme enceinte eacutetant tregraves vulneacuterable le Djinneacute essaiera de lui insufshy

fler son souffle pour atteindre son beacutebeacute afin dentratner soit la

meacutetamorphose de cedernier en monstre soit de le tuer avant sa naissance

Dailleurs pour le wolof et pour certaines autres ethnies au Seacuteneacutegal

le timis le tdjolor le souf-segravede repreacutesentent des peacuteriodes de

la journeacutee ougrave lon ne doit pas se hasarder dans les rues et les champs

Ce sont des heures propices aux apparitions des Djinnes sous nimporte

quelle forme humaine ou animale

Il est eacutegalement interdit au wolof de marcher ou de serti la nuit du

~eacutellfria-

loutes c~s pratiques ~ystiqu~s et cr0ya~ces religi~us~5 ~xistent eL~~[

certainement dues agrave un meacutetissage culturel Parallegravelement aux feacutetiches

aux incantations et agrave lutilisation des safaras (substance magique)

notons lexistence de ga l a tchs (ce sOnt des talismans ougrave sont inscrits

du qui les porte Toutes ces croyances biEn sucircr auront une rEacutepercussicrI

sur leacuteducation du jeune wolof

323 Leacuteducation du wolof

Pour caracteacuteriser leacuteducation wolof nous avons penseacute donner comme

illustration cet extrait de la revue DEM ak TEY Pour deacutefinir leacutedushy

cation le wolof fait appel agrave un symbolisme qui eDglobe aussi bien les

moyens mis en oeuvre Yar que le reacutesultat obtenu agrave laide de ces mecircmes

moyens cest-agrave-dire la formation et le deacuteveloppement de lecirctre humain

ou Yaru

Le substantif Yar deacutesigne le fouet

Ce symbolisme deacutesigne donc au-delagrave du simple sens mateacuteriel de lobjet

lutilisation qui permet daboutir au reacutesultat escompteacute (Yaru) Au sens

geacuteneacuteral Yar deacutesigne tout instrument servant agrave infliger une punition Le

terme laisse supposer agrave priori que cette phase de lenfance durant lashy

quelle se preacutepare la vie de lhomme est lieacutee agrave la souffrance au supplice

Dailleurs une maxime wolof compare lenfant agrave une tige quon a tout le

loisir de redresser alors quelle est encore flexible bull

bullbullbull Pour leacuteducateur wolof la perfection nest point de ce monde malS

le devoir de chaque homme est de tendre vers la pleacutenitude en luttant

contre ses propres faiblesses Leacuteducation va d01c iisister essentielle~(-~t

sur lexercice quotidien de leacutelevation ffiora1e d~ lindividu Pour cela

elle privileacutegie la patience munI) vertu dabneacutegdtion et dE deacutesinteacuteresseshy

m(~t autour dE laquelle sarticulent toutes ]e~ ~u~~~s qualiteuros

i _

aan~ ~ s0cieacutet gt~olcf ocirclt~tartt nul -Jt- poulait sabecircisstr

tion de sa libertEacute La liberteacute est le preuumler drcmiddotir dE l ho-)euro egrave~S

baigner dans une beacuteate admiration du passeacute la comparaison avec le pr~$(middott

si~posc dclle-mecircme car lon reste s reacute devant la deacutesinvolture aVEC

laquelle dES honmes daujourdhui descendants de cette ~~~EacuteTatic ccedil~l se

une fois [largis bullbull tTasque fiers davoir fait leacute priS0n PEut-2tTE

faut-il mettre cela sur le compte de lurbanisation et des nouvelles

valeurs qui ont pour nom enrichissement reacuteussite sociale avec ce que

cela comporte de deacuteshumanisant et de deacutepreacuteciateur (1)

3 bull 2 bull 3 1 bull Lesri tes

Le sevrage et la circoncision constituent les deux grandes phases initiashy

tiques chez le wolof

- Le rituel du sevrage est appeleacute maga1 (litteacuteralement rendre grand)

Cest un eacutevegravenement important aussi bien pour les parents de lenfant que

pour la co~unauteacute Durant cet eacutevegravenement qui survient geacuteneacuteralement deux

ans apregraves la naissance du beacutebeacute les personnes vivant dans lentouragE

apportent leur soutien moral et mateacuteriel

- le rituel de la circoncision revecirct pratiquement la mecircme signification

que dans les autres ethnies seule la forme diffegravere La circoncision reste

encore une eacutepreuve de la vie au sort i r de laque Ile ladolescent devient un

homme Aujourdhui il faut noter une meacutetamorphose de la structure sociale

et des croyances religieuses tregraves accentueacutee aussi bien chez les wolof que

chez les autres groupes ethniques et ceci est peut-ecirctre dO au contact

permanent quils ont avec la socieacuteteacute occidentale

Malgreacute ces constat~tions il semblerait pcu=tant qUE la sociecirct~ lecircbou Gci

bien que se trouvaLt en grande partie dans ~a Presquth du Cap-ETt Et

en contact permane~t avec les blancs soit la portior la plu8 cc~serva-

----------~_- ---~-- -----

~

Incidences d s ~00urs sur la l~ttE

Le wolof connaicirct deux formes de luttes la lutte sirplE- sans t-t

la lutte avec frappe La lutte avec frappe a une crigi~e purement r

et ce nest que plus tard quelle devint une prati1uE sportive et lud

preacuteparer agrave la guerre Aussi tout en luttant On eacutetait autoris~ agrave frapper~

griffer mordre voire introduire son doigt dans loeil de son adversaire

Le jeune wolof devait eacutegalement se livrer agrave la lutte avec frappe afin de

favoriser son insertion dans la socieacuteteacute adulte et sinitier au meacutetier de

soldat faute de quoi il ne pouvait se faire entendre ne avoir des marques

de respect Pour montrer la populariteacute de la lutte dans le Cayor signalons

que les Damels ll (rois) et les Teignes (nobles) nheacutesitaient pas agrave sy

livrer Quant au IIMbeu~ (lutteur) elle lui servait de moyen de promotion

sociale car d8S que sa reacuteputation eacutetait eacutetablie il pouvait ecirctre choisi

par les rois et les nobles comme garde de corps

325 Signification de la lutte en milieu wolof

La lutte se pratique dabord pour lhonneur qui est une vertu tregraves signishy

ficative pour le wolof Elle permet de renforcer les liens amicaux entre

les jeunes de villages diffeacuterents Le champion veut gagner

confiance et la consideacuteration de son village de ses amis

Etre champion cest aussi susciter ladmiration chez les

sentant la force la viriliteacute et la deacutetermination

326 Organisation d~s eacutepreuves de lutte

3261 Les Mbapatts Ce sont les seacuteances nocturnes

pour meacuteriter la

et des anciens

filles en repreacuteshy

Ils sont organiseacutes apregraves les reacutecoltes agrave la fin de la saiscn des pluies

Ceci surtout p~ndant les peacuteriodes de clair de lune car ils peuven~ durEr

toute la nuit Le but des ~Dapatts lt=tait de prfpa-er FhysicuemeH et

~ arb Sil

326 Le 1

cest une organisation beaucoup plus importante que les I~apatts ~

loccasion de laquelle on peut voir plusieurs lutteurs de grande reDommfe

saffronteLLa fin dl lamb est toujours couronneacutee par une grand co~bat

duquel le vainqueur est sacreacute champion de la contrecirce

Le choix du lieu est lieacute agrave limportance de ce lieu dans le village cest

la place publique ougrave geacuteneacuteralement se passent toutes les manifestations

assembleacutee geacuteneacuterale sabar (danse) cest aussi lendroit ougrave sont prises

les grandes deacutecisions

3623 Lappariement

Dans un village ou un quartier les lutteurs se regroupent en lang

(eacutequipe) et jamais deux lutteurs de mecircme lang ne se rencontrent lors

du lamb

L appariement s~ fait librement entre lutteurs de lang diffeacuterents l1hs

une regravegle veut ~uavant de lutter avec le Mbeur Kanur de tel lang si

on est soukh (l~tteur pas encore confirmeacute) il est neacutecessaire de lutter

dabord avec ses soukh et ce nest quapregraves les avoir terrasseacutes tous

quon se voit octroyer la chance de lutter contre lui

Notons que la cateacutegorisation des lutteurs par poids nest jamais prise

en consideacuteration

3624 La tenue du lutteur ou NGIMBE

Le middotNGimbe est confectionneacute par le marabout de la famille ou du clan Il

est constituecirc de pagnes en coton tisseacute geacuteneacuteralement offerts par la megravere ou

la grand-megravere du lutteur ceci lors des organisations de ~rande Tportance

COrlune lef 1amb Dans le cadre des l-bapatt les pagnes sont C tErts peumlr

~~~rcfcis ct ffi~mc aujourdhui d218 cErtaInes fa~ille5 on devj~Gr

luttEur de pegravere en fils et dans ce cas h 1

gimbell du pEgravere Est recircr i tEacute

par le fils Le fait de porter le lI~gimbe agravee ses aiumleux peut susciter

cne~ le jeune lutteur une motivation et une volontecirc in~branlable rlasshy

surer 12 supeacuterioritEacute cis SIcirct-ns dallS

le xgimbe de la famille ne touche pas le sable

La tenue du lutteur a une signification et une importance sur le plan

mystique car selon les anciens le vrai feacutetiche du lutteur celui qui

le proteacutegera agrave vaincre le Djinneacute ou le Rap de ladversaire se trouve

cacheacute dans ce Ngimbe Celui qui confectionne-le Ngimbe est doueacute de

faculteacutes occultes

~~r~i~rg Il est assureacute par un sage du village qui geacuteneacuteralement fut

championde lutte de son temps Dailleurs cet ancien nintervient que

si le terrassement est litigieux

Hormis le public qui proclame la victoire ou le match nul le lutteur

lui-mecircme est arbitre et il arrive quil se deacuteclare vaincu ~ous

pouvons citer comme exemple Meacutedoune KHOULE un des plus grands lutteurs

seacuteneacutegalais qui a donneacute une victoire agrave Djeacuteri SADIO son adversaire qui a

reacuteussi agrave lui faire toucher le sol de la main

Il Y a terrassement quand le lutteur se retrouve

- assis sur le sol

- eacutetaleacute sur le dos

eacutetaleacute sur le cocircteacute

les deux genoux au sol

- les deux ma~ns au sol

la tecircte (front au sol agrave la suite dune brouette)

Il peut y aVOIr match nul si apregraves li1 temps ccmsideacuterable les lutteurs

SE sont ~ ivrEacutes respectivement agrave des assauts rEacutepEacutetEacutes et n arrivEt pas a

3265 L~ precircparation mystique

Il faut reconnattre quon ne peut parler de lutte en milieu wolof sans

envisager une preacuteparation mystique seacuterieuse Co~~e ~ous lEvans vu a~teacute-

1middot ~ d ~ ~rlturenent t0utes es actlvmiddotltesmiddot u W010 sont lles a SeS croyances

- la lutte ne concerne pas seule~ent deux acteurs se livrant faruumlucheshy

ment agrave un combat au milieu de laregravene mais eacutegalement les marabouts et les

feacutetichistes du village ou du clan qui doivent deacutefendre leur savoir et

leur prestige Avant le combat le lutteur doit se livrer agrave un certain

nombre de preacuteparations mystiques pour assurer sa victoire Aussi sommesshy

nous appeleacutes agrave parler de BACK (cest le chant et la danse du lutteur)

- le batteur de tam-tam compose un rythme en fonction du Galagne ou du

Senghor (gds-gris) du lutteur Chaque galagne sera choisi en fonction

du Rap ou du Djinneacute correspondant au Totem du lutteur

Le chant geacuterleacuterique Feinte woy veut dire litteacuteralement composer un 1

chant Ce chant est geacuteneacuteralement composeacute par les filles du viilage du

champion ou par un griot de sa communauteacute Et agrave travers ce chrnt on

arrive agrave toucher la corde sensible du lutteur en chantant lesl innombrables 1

victoires de ses ancecirctres ou en lui rappelant ses prouesses eacuteblatantes 1

Chaque lutteur doit avoir un chant et un back qui lui sont propres

327 Le reacutepertoire technique et les caracteacuteristiques physiques dulutteur wolof

Le lutteur wolof est geacuteneacuteralement moyen de taille la musculagraveture est

tregraves saillante ce qui fait ressortir un aspect tregraves athleacutetique ceci

est vrai sans exception pour le lutteur leacutebou mais il arrive que le Cacircyoshy

rien le baol-baol le walo-walo soient de grands gabarits de forte constishy

tution

CepEndant pour une meilleure compreacutehension du sujet nous pouvons eacutetudiEr

deux jroups d lut teurs qui vont deacuteterminer deux st yI e s de lut tes

- ~ t

les tc~tativ~s de~[reacutee e~ ramassement de jambes de la~v~sairL Ce~~

peut Ecirctre expliqueacute par le fait que les lutteurs leacutebou ou walo-walc qui

sont des pecirccheursadoptent cette garde tasseacutee du fait quils so~t tou-

jours pencheacutes en tirant le fil ou en poussant la plrogue On verra techrugravequeacutes dt cirr 2C ~lt 5Jllicitocirct

surLuumlut les membres supeacuterieurs

Le cayorien et le baol-baol par contre sont les plus grands cultivateurs

darachide chez eux les techniques de lutte sont plus varieacutees et la

garde est moins renfermeacutee Les lutteurs cayorien et baol-baol ont une

morphologie et une reacutepartition musculaire bien eacutequilibreacutee ils excellent

dans les techniques en deacutecalage les techniques de jambe et surtout les

techniques de riposte ougrave lon peut voir des prises de hancheacute tregraves amples

Dune maniegravere geacuteneacuterale on peut dire que le lutteur wolof est un fin

technicien qui sait surtout creacuteer les opportuniteacutes e~ avec sa rapiditeacute

utiliser la force de ladversaire pour le deacuteseacutequilibrer le noodju

le mbas le weacuteheacuteleacute et le rasu sont des techniques propres au lutteur

wolof

En deacutefense il utilise surtout des kl~klets ou gal-gal Notons que

le balancement des bras ou Lewato e$t tregraves marqueacute dans la lutte wolof

TABLEAU RECAPITULATIF DES COMPOSANTES TECHNIQUES

( 1 )

1 SOUS-GROUPES GARDES CONTROLES FORHES DE CORPS l

Walo-walo Basse de jambe Arracheacute l l10yenne de Ngimbe et i

Leacutebou Tasseacutee et saisies annexesj Deacutecalage 1 1 distante de bras de tecirct1

j de bras Deacutecalaeuro

~-----------------~-

- ~ ~- shy - ~ ~ bull L _ _ bull

Profil psyc~~iqUE du lutteu- et son comporterent dars l 2regravere

La preacuteparation mystique dans laregravene est plus marqueacutee chez les wolofs

que ChE~ les autres ethnies En effet on verra de grands champions

preliGrE plusiEurs heures pour Enduire leur corps de cll2badep ou ci

rmiddot- ~ a la proprieacuteteacute de proteacuteger li1egraveividu J

les mauvais sorts) Cest dailleurs un aspect dt la luttE qui iJcsc

des problegraveJles

Le lutteur wolof est tregraves superstitieux et la peacuteriode de preacuteparation

est capitale pour lui car elle permet non seulement de rendre

hommage aux ancecirctres mais aussi dintimider son adversaire Cest

geacuteneacuteralement un lutteur agressif combatif et teacutemeacuteraire Il se fait

souvent remarquer par son esprit dentreprise Mais cette fougue dans

le combat lamegravene parfois bien que ce soit regrettable agrave oublier les

usages et les normes Ce manque de maicirctrise de soi peut faire croire

que le lutteur wolof manque de fair-play ce qui nest pas toujours le

cas

~A~Ugrave~ t 4AA CbUrs k LA ucirctotve f~tPle Sesect prores mou W ~ lesquelles vont se couler les comporteme~ts individuels qui sont ainsi

monteacutes par et pour lautoriteacute sociale

Les faccedilons de boire de marcher ou de sasseoir se manifestent indivishy

duellement dans le corps de chaque personne ces habitus sont cependant

des montages sociaux lieacutes agrave des significationssymboliques variables

dailleurs selon la position sociale occupeacutee par chaque sujet Ces modes

dagir se rangent dans un systegraveme de montages symboliques et lindivishy

du les apprend de la socieacuteteacute dont il fait partie agrave la place quil occupe

Lhabitus est un montage social agrave la valeur symbolique deacutependant des pheacuteshy

nomegravenes deacuteducation et de prestige et lieacute agrave la position sociale du sujet

Cette penseacutee sonne de faccedilon eacutetonamment moderne

Pierre BOURDIEU qui dans une perspective a approfondi le contenue de la

notion en le reportant aux oppositions entre classes et fractions sociales

Il deacutefinit lhabitus comme un systegraveme de dispositions durables acquis au

cours dune histoire personnelle dans une milieu social donneacute systegraveme qui

engendre ensuite des pra~iques socialement deacutetermineacutees faccedilons de manger

de parler ou de marcher comportements de politesse contenu des preacutefeacuterencel

et des deacutegoOts bullbullbull lhabitus est le produit de conditions eacuteconomiques et

sociales Lauteur rattache directement la formation de lhabitus dun

individu agrave la trajectoire parcourue par celui-ci dans sa classe dapparteshy

nance il deacutefend lideacutee dun habitus de classe qui deacutefinit le sens confeacuteshy

reacute agrave la pratique sportive les profits qui en sont attendus

Ce dernier serait lui-m~me lieacute agrave un systegraveme de valeurs ou ETHOS de classe

prenant sens au sein doppositions distinctives entre classes sociales

De sorte lhabitus fonctionne comme un systegraveme dt- regravegles inteacuterioriseacutees

souvent informuleacutees permettant ou non agrave lagent de sadapter dembleacutee aux

multiples pratiques de la vie quotidienne et de la vie sportive il est agrave

lorigine des schegravemes de transcription qui favorisent les ajustements aux

situations corporelles nouvelles (1)

t ~

(1) P~IE11D dwi6Han ISpoy-l et sodeacutebi Approche Bocio-culturelle des pratiques P~tis Vigot 1981 page 81

33

331 Preacutesentation

Les Seacuteregravere auraient pour origine le Fouta Toro quils auraient quitteacute

vers le Xllegrave siegravecle pour fuir lislamisation de cette reacutegioD par lempire

dJ Xali (ils seraient donc apparEnt~s aux Peul et Toucouleur ) Ils

auraient trouveacute dans la rEacutegion du Sine les Sosseacute dorigine manding avec

lesquels ils salliegraverent

Au XVegrave siegravecle une autre immigrationSos~ conqueacuterante cette fois-ci

apporta son organisation eacutetatique Ils se divisegraverent en deux monarchies

deacutemocratiques lune seacutetablit au Sine et lautre au Saloum Les Sosseacute

conqueacuterants constituaient lautocratie appeleacutee Guelowar

La royauteacute seacuteregravere eacutetait laiumlque Les premiers souverains durent secouer

la tutelle des Toucouleur et progressivement arrivegraverent agrave unifier lethshy

nie des seacuteregravere etdea Sosseacute Les deux royauteacutes eacutetaient organiseacutees selon

acirces modegraveles tregraves deacutemocratiques Le souverain deacutependait dune assembleacutee

de ministres et de chefs locaux qui assuraient ladministration centrale

et reacutegionale())

Aujourdhui lethnie seacuteregravere repreacutesente 20 de la population seacuteneacutegalaise

Ils sont reacutepartis sur presque toute leacutetendue du territoire notamment

dans le Baol la reacutegion du Sine-Saloum et la reacutegion de Thiegraves

Signalons quil existe plusieurs sous-groupes dans lethnie ainsi on

trouvera

- dans la reacutegion de Thiegraves les Ndut les Safegravene et les None

- dans le Sine-Saloum les Sine-sine et les Saloum-salouIT

On trouvera vers foundioune et agrave Nioro du cocircteacute de la Gambie les

Niominka (pecirccheurs) Cest une portion tregraves mandinguiseacutee

( 1

Le rattache~2~t d~ to~s ccs sous-groupes pose problecircme ~25 0~ r0~V~

uc grande partie de traits COITul1uns dans leurs modes dE vie Ct pOUT phs

de faciliteacute nous allons essayer de faire une ~tude globale de la lutte

traditionnelle seacuterecircre Lactiviteacute socio-eacuteconomique qui est essentielleme~t

agro-pasorale caracteacuterisE leacutethnie seacuteregravere

332 Lecircducation les moeurs les croyances et pratiques sEr~rc

Chez les Seacuteregravere la vie humaine se deacuteroule selon les grandes eacutetapes

le baptecircme lenfance ladolescencemarqueacutee par la circoncision lsectge

adulte le mariage la vieillesse et la mort (funeacuterailles)

La vie de la communauteacute seacuteregravere reste une des plus originales sinon

celle qui de nos jours garde la presque totaliteacute des pratiques et

habitudes traditionnelles

Bien qu aujotltdhui con~r-tis aux religions chreacutetienne et musulmane les

Seacuteregravere conservent leurs croyances et pratiques animistes

Quelque soit leur degreacute dadheacutesion aux religions reacuteveacuteleacutees les Seacuteregravere

croient en un Dieu puissant et miseacutericordieux Rog Segravene et les hommes

Les ~angols sont repreacutesenteacutes mateacuteriellement dans tous les villages

seacuteregraveres par des arbres (baobab et tamariniers) des animaux (geacuteneacuteraleshy

ment serpent doreacute ou iguane) des ustensiles (pilon calebasse et mortier)

De nombreux teacutemoignages nous apprennent que certains totems (serpent

iguane) font leur apparicion agrave loccasion de certaines manifestations

rituelles comme les sacrifices ceacuteleacutebreacutes lors dun mariage de ceacutereacutemonies

mortuaires ou des circoncisions

Le Seacuteregravere comme il nous a eacuteteacute donneacute loccasion de le dire plus haut

preacutesente des speacutecificiteacutes authentiques aussi bien en tout ce qui touch~

son eacuteducation ses croyanCES et pratiques mystiques q~e ses activiteacute~

socio-ecirccc~omiquEs Apr~s a ~aissa~c~ le beurob~ ~~ pcs~ 5~~ lE S~ __

On lui mouille les l~vres avec un peu d~ lait de mil et apr~s U~ bain

purificateur on versera leau dans un trou cr~us~ derri~r~ la Camp~~

Pendant huit jours la megravere et lenfant sont cacheacutes dans la case car

selon les anciens ils sont tregraves vulneacuterables La case deacutens certains cas

est entoureacutee dun fil blanc et lon place sur le seuil des fais(cauy di

veacutegeacutetaux pour chasser les mauvais esprits (geacutenies malfaisants et illangeUY~

dacircmes) Au bout du huitiegraveme jour la megravere et lenfant peuvent sortir de

la case bull

bullbullbull Le matin du huitiegraveme jour la tante paternelle va chercher de leau

(plusieurs fois)t elle doit rester muette pendant ses alleacutees et venues

si elle parlait t lenfant pourrait ecirctre muet bullbullbull

La megravere et lenfant prennent un bain purificateur dans lequel sont

trempeacutees certaines plantes (ce sont des veacutegeacutetaux pr~tecteurs tels le

begravene le yag le ngud) On y lavera aussi le linge e1t les ustensiles utishyj

liseacutes pendant les huit jours qui viennet de seacutecoul~r On rase le crine

de lenfant Les cheveux sont donneacutes agrave la megravere qui ~s enterrera avec le

reste du cordon ombilical dans un endroit que11e esit seule agrave connattre

La megravere sassied sur une natte devant la maison Une femme igeacutee de la

famille prend le beacutebeacute dans ses bras et le preacutesente aux quatre coins de

lhorizon

La tante paternelle tient ensuite un van sur la tecircte de la megravere on y

verse le mil on y verse eacutegalement en abondance sur la megravere et sur

lenfant La tante oint ensuite le corps du beacutebeacute avec du lait e11e

touche en particulier le front t le nez la bouche la poitrine le dos

et les oreilles

Elle pose enfin un ~rain de sel dans la paume du beacutebeacute (le sel purifie

et deacutetruit les puissances mauvaises)

Apregraves un nouveau bain la megravere et lenfant revEcirctent des habits de fecircte

(est

lenfant Ce precircnore a toujours U~ SEns Il sy~bolise parfois C0 qUi

lOIl sounaitt agrave lEufant l)

La circoncision comme dans les autres ethnies est obligatoire Elle

permet au jeune adolescent dacceacuteder agrave la classe adulte Les jeunes

sont regroupes en classe dacircge dans le bois ougrave sc fait la r0tr~it0 des

circoncis et ceci pendant plusieurs mois

Le Selbeacute qui est geacuteneacuteralement un ancien craint de tous les eacutelegraveves

enseigne le respect de la hieacuterarchie la discreacutetion le goOt de linishy

tiative Les activiteacutes physiques et leacuteducation artistique ne sont pas

en reste la deacutecoration la sculpture la lutte et la danse A sa sortie

du bois linitieacute appartient deacutesormais agrave la classe des virils et des

sages du clan car on lui aura enseigneacute les vertus fondamentales que

sont la justice lhonneur lamour du prochain 1 amour du travail

lhonnecircteteacute et surtout le respect des coutumes ancestrales

Le rite du mariage esd aussi un fait tregraves important dans le monde 1

seacuteregravere mais par manq~e dinformation nous serons obligeacutes de nous en

tenir lagrave

333 Impact des ethos sur la lutte dans le monde seacuteregravere

Lorigine de la lutte seacuteregravere ne semble pas claire ma1S nous pouvons

dire quil existait deux formes de lutte comme chez les Wolofs une

lutte sans frappe et une lutte avec frappe Et cest cette derniegravere

qui peut-ecirctre nous ameacutenerait agrave croire que la lutte seacuteregravere aurait une

origine plus preacuteciseacutement guerriegravere

Aujourdhui la lutte est uniquement une activiteacute sportive agrave travers

laquelle le jeune seacuteregravere eacutevalue sa force son courage et SOn ingeacutenioshy

siteacute Cest une occasion de deacutefendre lhonneur de son village ou de

la corrnnunauteacute

La luttE ~5t avant tout u~e rnanifcs[dtic~ c~lturclie et surtout

fo lkhriqut-

Gracircce agrave elle on peut deacutesormais comprendre un certain nombre de chants

et de symboles A travers la lutte seacuteregravere on ccedilomprend les inter-relashy

tions entreacute la vie et le monde surntiturel

Sil devait y avoir la mort dun villageacuteois pendant la fecirctE au T qUE

de linterrompre on proceacutedait gracircce aux connaissances magico-religieuses

agrave la suspension de la mort jusquagrave une peacuteriode ougrave la population sera plus

disponible pour organiser des funeacuterailles sil y eacutetait preacutedit la possibishy

liteacute dune deacutefait du champion local au profit dun champion dun autre

village des recettes dordre maginque et religieux eacutetaient mises en prashy

tique afin que le champion du village ne soit jamais terrasseacute(J)

334 Le profil du lutteur seacuteregraver~

Le lutteur seacuteregravere est par essence un athlegravete impressionnant de par sa i

carrure et sa musculature saillante mais cest aussi une force tranquille

et calme quelque soit lenjeu du combagravet et particuliegraverement lhonneur

Cet aspect nous pousse agrave parler du NGiMBE cest-agrave-dire de la tenue du

lutteur qui va influencer sur sa faccedilon de lutter

La confection du Ngimbe revient agrave la communauteacute entiegravere Le Ngimbe a

une signification symbolique et le lutteur pour meacuteriter la confiance du

groupe se doit de tout faire pour ne pas toucher le sol Toute la commushy

nauteacute elle aussi sengage pour assurer la longeacuteviteacute et le succegraves du lutteur

dans laregravene par lorganisation droffrandes et de sacrifices en lhonneur

des Pangols bull

bull

Daucuns nheacutesitent pas agrave dire que lessentiel du mysticisme se fait agrave

la maison et non dans laregravene tout le reste nest quintimidation de

ladversaire

lsvcns

Tt- pi ~- t

t 1 ~ l _ ~ t

par rapport agrave lautre Cbci est trEgraves lieacute agrave lactiviteacute journaliegravere du

jeune seacuteregravere qui est un cultivateur donc toujours bien planteacute sur ses

jambes et qui continuellement manie lhiler

Le fait de couper le boi~ peut eacutegalement constituer un moyen de muscushy

lation non neacutegligeable pour le jeune lutteur

Un certain nombre de traits techniques speacutecifiques au lutteur seacuteregravere

semblent ressortir des diffeacuterentes interviews que nous aVOns fait subir

agrave certains lutteurs seacuteregraveres et agrave diffeacuterents techniciens

SOUS-GROUPES FORMES DU CORPS CONTROLES GARDES

SAFEN Moyenne en fente NONE Hancheacute Bras (distante) j

NDUTJ

f

SINE-SINE Deacutecalage Ngimbe

Moyenne

SALOUM-SALOUM Passage- Jambe (rapprocheacutee) 1

i

PETITE dessous Tecircte Basse et 1

COTE Moyenne (rapprocheacutee)

Notons que le Niominka ll commence agrave lutter agrave partir du sol pour avoir

assez deacutelan et sauter sur ladversaire afin davoir la prise du lion

(contr6le de la nuque et du bassin)

Co a -tem-nt ccedilt attitude du lutteur sEacuteregravere335 np -1t ~

Les croyances mystiques sont indissociables des activiteacutes quotidiennes

duseacuteregravere Ce qui explique le cocircteacute supersticieux du lutteur seacuteregravere En

~ffet certains lutteurs refusent de lutter avant certaines heures

Certains teacutemoignages nous apprennent quil nest pas donneacute agrave tout le

monde decirctre champion de lutte et que le lutteur doit avoir des dons

surnaturels pour ecirctre agrave mesure de livrer ses combats dans la nuit

et trouver seul un gris-gris speacutecial appeleacute Njatch

Le vrai champion de lutte chez les seacuteregraveres ne lutte pas seulement avec

~a force et sa technique mais surtout avec ses dons occultes

Chez les seacuteregraveres les morts sont toujours preacutesents et les ~pangols

Servent dintermeacutediaire entre les hommes et les morts Le pangol prend i

le nom dhumain dans certains villages (IIHeacuteJga NDONG Har Wag NGOUYE) i 1

De ce fait on verra le lutteur danser dufe maniegravere ou dune autre en

fonction du pangol de sa famille Ainsi nrus aurons le back (chant et

danse du lutteur) des DIOUF des FAYE etclbullbullbull

Dans laregravene le lutteur seacuteregravere a un comportement exemplaire aussi bien

agrave leacutegard de son adversaire direct quave~ le public en geacuteneacuteral Lexpli shy

cation semble tenir au fait que le lutteur seacuteregravere est avant tout selon

la tradition orale le repreacutesentant de toute la communauteacute seacuteregravere Par

conseacutequent il devra saffirmer non seulement en tant que lutteur dans

laregravene mais aussi en tant quentiteacute morale

336 La tenue du lutteur ou NGIMBE est confectionneacutee par le marabout de la

famille ou du clan Le Ngimbe est constitueacute de pagne en cCton tisseacute

Il doit ecirctre propre le lutteur qui le porte ne devra pas avoir de rapshy

port sexuel pendant toute la peacuteriode des cOTpeacutetitians car le Ngi~bE ne

doit pas ~tre souilleacute

Autrefois et mecircme aujourdthui dans certaines familles on devient

lutteur de pegravere en fils et dans ce cas le Ngimbe du pegravere est heacuteriteacute

par le fils Le fait de porter le Ngimbe de ses aieux peut susciter

chez le jeune lutteur une motivation et une volonteacute ineacutebranlable dtasshy

surer la supeacuterioriteacute d~s siens dans ltaregravene Il fera tout pour que le

Ngimbe de la ramille ne touche le sable

La tenue du lutteur a une signification et une importance sur le plan

mystique car selon les anciens le vra1 feacutetiche du lutteur celui qui

le proteacutegera et laidera agrave vaincre le nDjinne ou le tRapu de ladvershy

saire se trouve cacheacute dans ce Ngimbeu bull Celui qui confectionne donc le

Ngimbe U est doueacute de faculteacutes occultes

337 Larbitrase est assureacute par un sage du village qui geacuteneacuteralement fut

champion de lutte de son temps Dailleurs cet ancien nintervient que

si le terrassement est litigieux Hormis le public qui proclame la vicshy

toire ou le match nul le lutteur lui-mecircme est arbitre et il arrive

quil se deacuteclare vaincu

Nous avons pu cfter Meacutedoune KHOULE un desplus grands lutteurs seacuteneacutegashy

lais qui a donn~ une victoire agrave Djeacuteri SADIO son adversaire qui a reacuteussi

agrave lui faire touegraveher le sol de la main

IlL

34 1 Preacutesentation

Lethnie toucouleur vit En grandt partit ciE~~ la vallfc du S~~~gal

pt reprecircsente i peu pr~s 8 de la population totale secircn~galaise

o Histoire

Il semblerait que dans lancien royaume du Tekrour (IX~ siegravecle) des

eacuteleacutements neacutegroiumldes Sarakoleacute et des Peul aient formEacute par meacutetissage le

peuple Toucouleur (Toucouleur serait dailleurs une deacuteformation du

mot portugais Tacouror)

Ce empire a domineacute aussi bien les wolofs de lOuest que les Peul

nomades du Fouta Toro Cette reacutegion fut le premier pays islamiseacute par

les Almoravides ce qui peut expliquer le proseacutelytisme toucouleur

Ce sont les guerriers toucouleur islamiseacutes qui attaqu~rent avec les

Almoravides la capitale du Ghana Koumbi en 1067 On convertit par

la force les animistes Cest sans doute agrave cette eacutepoque que de nombreuses

ethnies reacutefractaires agrave lIslam ont dO accentuer leur migration vers

le sud (Seacuteregravere wolof Sarakoleacute Bambara Songhaiuml Akan et Peul se reacuteshy

fugiaient vers les hauteurs du Fouta Djalon)

Au XIXegrave siegravecle les Toucouleur allaient trouver en El Hadj Omar Tall

un grand conqueacuterent qui sous le preacutetexte religieux de la gJerre sainte

contre les tribus animistes (entre autres Bambara) eacutetendit lempire

toucouleur sur presque tout lensemble du gali et la partie de la Guineacutee

proche du l1ali

Lempire toucouleur composeacute de Sarakoleacute de Bambar~ de ~alinkeacute de

Xassonkeacute dE Peul et de Dogon eut le meurorit~ dunir CES diif~rentes ~ ~ - - - - - et~ics ~t dE CD~stituer l~Sl la b2S~ ~r 1

_ ~ ~ ~_ L ~

~ ~- ~- - - ---- _ 1 v _ t 1 ~-_ --

marabout tOL~culcuuml~ ~ middotlrrany a l ick SI venu des E1i rClS dE Pocior~ (

~ Vi~ euroconomicue et sociale -----------~-------------

Les Toucouleur sont des cultivateurs mais bien quils n~ soie~t pa~

pasteurs comrre les Peul leacutelevage a une place inportarteacute decirc1S ltur

eacutecono~ie Pour faciliter leur conquecircte guerriegraverE ils c~t Eucirc une preacuteshy

dilection pour leacutelevage des chevaux On y trouve aussi des pecirccheurs

appeleacutes Tchioubalo La socieacuteteacute toucouleur aurait une stratification

sociale tregraves rigide Les groupes ethniques et les castes eacutetaient

diffeacuterencieacutes et strictement exogamiques les Rimbe classe des nobles

comprenant la famille reacutegnante et les guerriers libres la classe des

Nieacutenieacutebegens de castes artisanales i les Rimaibeacute anciens esclaves

devenus serviteurs qui portent les noms de famille de leur maicirctres A

la base de lorganisation de la collectiviteacute toucouleur se situe le

village (Wouro)

Toutes ces castes sont cloisonneacutees entre elle~ Ainsi il nest pas

permis agrave un Torodo (noble) de se marier avec un Tchioubalo Ces

consideacuterations sont importantes dans le domaine de la lutte ougrave nous

apercevrons que les nobles ne sont pas faits pour lutter Le noble

preacutesidera les seacuteances de lutte et on luttera pour lui Ces condeacute rat ions

de noblesse et de rang social sont extrecircmement importantes dans le

monde toucouleur

Le noble ne doit pas se salir on lutte pour lui il ne vit la lutte

quen tant que spectateur

342 Education moeurs croyances et eratiques religieuses

Deux formes d~ducation sont agrave consideacuterer leacutedJcatio~ dES enfarts Et

celle des adultes

oG lenfant sait m2n~~r et apprfcier le goOt d~5 ~iifeurorents r~pas lt

le moment ougrave il CO~~e~CE agrave marcher

tivirt n~sormais le petit toucou]eur est eacuteduquf par toutmiddot 12 f2~i)]E

dabord puis par toutes lespersc~nes du village ou du C13~

Lenfant peut ~tre corrigeacute par tout adulte appartenant au groupe social

Son eacuteducation est deacutesormais laffaire de toute la communauteacute et non

exclusivement celle ces parents On linitie ainsi au travail quotidien

qui se fait dans la bergel~ e les champs et les bords du fleuve Au sein

du village il pourra apprendre agrave filer la laine et agrave tisser des pagnes

dans les champs il apprend agrave manier la houe et lhiler pour la culture

du riz et du mil Mais signalons que lactiviteacute essentielle du toucouleur

est leacutelevage des boeufs des moutons et des chegravevres Chez les Ichioushy

balos (p~cheurs ) lenfant sera initieacute tregraves tat au maniement des pagaies

agrave la p~che propremccedilnt dite et agrave la nage

Vers cinq-six ans lenfant est confieacute au maicirctre coranique le Ihierno

et ce dernier dispose exclusivement de toute sa vie Lavenir du jeune

enfant lui appartient

Comme dans les autres groupes ethniques les enfants sont regroupeacutes en

classe dacircge et cest dans cette structure que lenfant subit les rite

de passe et plus particuliegraverement celui de la circoncision

La circoncision est non seulement unE opeacuteration chirurgicale malS surshy

tout une peacuteriode au cours de laquelle le jeune garccedilon passe de leacutetat

dadolescent agrave leacutetat dadulte Les circoncis sont reacuteunis en classe

dacircge dans un endroit situeacute hors duvillage geacuteneacuteralement choisi par les

vieux Cet endroit n~st accessible que par des individus de SExe ffi8SCUshy

li~ ~ta~t au preacutealabl circoncis

- - - -

quable et complet sur le plan phy~ique et ~oral Ai~si liniti~

acquiert les qualitecircs indispensables que sont le courag~ la modest

lesprit de sacrifice lendurance

Le toucoule~r est un pleux musulma~ Cela sexp1

SOil le premier agrave tre en contact avec la religion musulmane de par sa

position frontaliegravere Lethnie toucouleur de par son histoire a preacutesenteacute

les plus grands chefs militaires et religieux musulmans seacuteneacutegalais Et

pour illustrer cela on peut citer en exemple la grande famille musulmane

des SY agrave TIVAOUANE repreacutesentant la confreacuterie des TIDJANES

Bien que lon note une majoriteacute musulmane on peut dire que certaines

croyances et pratiques mystiques et animistes persistent encore surtout

dans la reacutegion du fleuve

Une pratique courante se fait elle sappelle le Djatt Elle consiste

agrave faire sortir le caiman du fleuve agrave limmobiliser et agrave lattacher

sans quil ne reacuteagisse et tout ceci agrave laide de versets et dincantashy

tions magiques Dapregraves les teacutemoignages ces pratiques sont plutocirct

freacutequentes chez les Tchioubalos (pecirccheurs) Il arrive aussi que cershy

tains chasseurs ayant des dons se livrent agrave certaines pratiques an1shy

mis tes qui consistent agrave invoquer certaines puissances et agrave moduler sous

forme de chant des versets occultes pour se proteacuteger des mauvais esprits

et pour eacuteloigner les fauves Ce chant est geacuteneacuteralement incompreacutehensible

et deacutenueacute de sens pour le profane

343 Activiteacutes ludiques et pratiques sportives en milieu toucouleur

Durant toute son histoire lethnie ~oucouleur a toujours EacutetEacute Frese~teacute~

comme celle qui avait ue activit essentiellement guerr e e~ particushy

liegraverement farouche Trois eacuteleacutements ret r t l ecirc t te nt i c- euro so~t

le manie~~nt du ~acircton 12 luttE Et 1eacute danSE

l

Lecircducation ph~sique et artistique Dcc~pe un place precircpondecircra~rp

dans la fDrmat~on du jEune toucouleur A loccasion agraveeacutevegravenemen~ imporshy

tants reacutecoltJs mariages baptecircme nous assistons agrave des manifestashy

tions folkloriques de grande envergure le Wango oucirc dailse toucouleur

tregraves gymnique iles chants et surtout les sEacuteances de lutte

La lutte toucouleur est la forme de lutte la plus spectaclaire dans

tout le territoire seacuteneacutegalais Elle est essentiellement baseacutee sur des

techniques en hancheacute et surtout en souplesse Ceci sexplique par le

fait q~e le jeune toucouleur est tregraves tocirct initieacute agrave la gymnastique (saut 1

per saut de main salto arriegravere saut de tecircte couronneacute etc bullbullbull ) pour

la dans~ du wa~go En dansant le wango qui est une danse rythmeacutee et

gymnique le Jeune toucou1eur est capable de prouesses extraordinaires

1

En lutte lattaquant se deacuteplace tregraves peu pour avoir une bonne saisie

(geacuteneacutera~ement controcircle du Ngimben ) et enchaine brusqueme~t avec une

attaque surpris~ Cependant les ripostes sont souvent surprenantes et

spectaculaires (baseacutees sur la souplesse et la rapiditeacute) ontrairement

aux autr~s form~s de luttes ougrave lon voyait tous les jeune adheacuterer la

lutte to~cou1eur Verra un groupe de speacutecialistes sadonne agrave la lutte 1

(la lutte est lieacutee agrave la position sociale de lindividu problegraveme de

caste)

Q La morphologie du lutteur toucou1eur 1

1 1

Ce dernier nest pas aussi large et aussi fort que les lutteurs diola

et seacuteregravere Cependant il est tregraves reacutesistant La musculatJre est saillante 1

et tregraves souple lindividu est longiligne mais tregraves athleacutetique

Les mouvements de lutteurs sont semblables agrave ceux dun grand fe1in Cette 1

morphologie semble ecirctre lieacutee agrave la position geacuteographique de lethnie

(reacutegion du fleuve) et agrave lacitiviteacute socio-eacuteconomique du toucouleur qui

est agrave la fois cultivateur (activiteacute lieacutee agrave la crue et deacutecrUE du fleuve)

pecirccheuro~T CIcr~icubaon) et sttout jEumlrgcr qui est U~ rc~2eumlr

shy

Deux formes egrave~ corps sembl~nt ecirctre preacutefeacutereacutees du lutteur toucouleur

le hancheacute et la souplesse Les hancheacutes sont faits agrave partir de plusieurs

positions de doset se terminent geacuteneacuteralement par des techniques de

tregraves grande amplitude

TABLEAU RECAPITULATIF DES TECHNIQUES ET FORMES DE CORPS SPECIFIQUES

i

L441 r

GARDE FORMES DU CORPS CONTROLES --shy - -

Moyenne Souplesse Ngimbe

Hancheacute bras

Demi-souplesse

1

Profil psycholosigue 1

TECHNIQUES

ContrOle du bassin et 12 souplesse

arriegravere

Klicket et allegravegement de la hanche

Le lutteur toucouleur est celui lUi se livre le moins aux preacuteparaqons

maraboutiques Cela est dO au f~t que le toucouleur est un grand ~USUlshyman et que les pratiques animisges ont presque disparu dans ce mil~eu

Dans la pratique le lutteur esJ combaif mais il est calme et tr~s reacutefleacutechi quant agrave la deacutecision agrave prendre en plein corps agrave corps ct~st un des seuls techniciens qui reJte tregraves lucide au cours de ses comb~ts

l Dans toutes les circonstances e lutteur toucouleur est tenu de re~pecshyter son adversaire et ceux de s4n eacutequipemecircme sil est vaincu

Comme nous avons dO nous en rendre compte la rigueur des principes

eacuteducationnels a une influence tregraves sensible sur l~ comportement du

toucouleur

i

III S COCL ~s 1DO

Dans cette partie nous avons essay~ de montrer lftroite re1atic~

Entre les diverses activiteacutes socio-eacuteconomiques dans les ethnies et

lES diffEacuterentes faccedilons de lutter

Daucuns seraient tent~s de conclure trop rapidement et cest p0~r

cette raison que nOUS avons penseacute preacuteciser que le pheacutenotype nest

pas geacuteneacuterateur du geacutenotype Et nous sommes convaincus que la morphoshy

logie et les techniques des lutteurs relegravevent de leurs modes de vie

et de leurs croyances agrave une eacutepoque et danE un contexte bien deacutetermishy

neacutes

Est-ce que les lutteurs dio1a ou seacuteregravere travaillant avec leurs bras

dans les champs auraient les mecircmes pr 0 fil s physiques que les lutteurs

utilisant des machines pour lagriculture

- 69 shy

I UJOURDH~1 E-S ut O[l LES FORfilS Ut LU11t~

~otons que notre enqu~te a ecirctE essentiellement faiteen milieu urbain

Les seacuteances de lutte ont tendance agrave perdre leur particulariteacute de r~shy

jouissance pour devenir des pheacutenomegravenes de sportisatio Deux fores

de luttes so~t principale~cnt prat s dans les aregrave~es du 5 al

la lutte traditiunnelle simple et la lutte traditionnelle avec frappe

De nos jours la lutte traditionnelle tend vers une reacuteglementation

et une institutionalisation

Le reacutesultat de nos investigations nous donne le tableau ci-dessous

REPARTITION ETHNIQUE SUR 100 PRATIQUANTS

LUTTE LUTTE RAPPORTETHNIES SANS FRAPPE AVEC FRAPPE J2

Diola 40 16 71 j

Seacuteregravere 26 21 57

Toucouleur 23 10 69

Wolof 1 1 53 17

La demande sociale par ordre deacutecroissant pour la lutte sans frappe

se preacutesente comrre suit

]0_ Ethnie diola avec pregraves de 3 lutteur~ sur 4

2deg_ Ethnie toucouleur

Ethri dun

~ 1 LA LUTTE TR])IIIO~~ELLE AVEC H-PPE

Cette forme deacute lutte a une histoire qui date de lantiquiteacute elle

sa~pelait le Pugilat Au Seacuteneacutegal elle a vu le jour dans le Cayor

bien avant la colonisation Le coup dE pied l~Lrdn~lement la morshy

sure la frappe et le doigtf eacutetaient permis dans le cc=bat ~ ~middot~p0~~e

Dans certains cas la giffle eacutetait beaucoup plus dangereuse que le

poing quand elle eacutetait donneacutee par un speacutecialiste Cette giffle pouvait

agrave elle seule deacutechirer et mecircme parfois amputer la joue de ladverser

Selon les informations la lutte avec frappede nos jours serait une

forme de lutte tregraves eupheacutemiseacutee de celle dantan ougrave une blessure

pouvait souvent ecirctre mortelle

Aujourdhui au niveau du folklore la lutte na plus la mecircme

le spectaculaire a remplaceacute le significatif iLa lutte avec frappe se 1

pratique surtout dans les centres urbains C~aque fois quun grand combat 1

est progra~eacute par le Comiteacute National Proviso~re (CNP) des centaines damashy

teurs sont mobiliseacutes vers le stade lba Mar D~OP qui est aujourdhui le i

lieu approprieacute ougrave se deacuteroulent les grands conkbats de lutte Cest la formE

de lutte qui semble drainer une foule de personnes beaucoup plus importante

que celle de la lutte simple

La lutte avec frappe deacuteriverait dune forme de lutte traditionnelle

pratiqueacutee jadis dans le Cayor au temps des Damels et la frappe serait

le substitut dun certain nombre de pratiques doigteacute jet de produits

etc bullbullbull dont le but eacutetait laveuglement de ladversaire La lutte avec

frappe serait une continuation logique dune carriegravere sportive de la

lutte traditionnelle qui sen sert comme moyen socio-eacuteconomique En

effet la majoriteacute des lutteurs avec frappe ont dabord eacuteteacute initieacutes agrave la

lutte simple Cependant il faut signaler que de nOS jours il arrive

que le jeune lutteur avec frappE- soit directenent formEacute conne speacutecialistE

agrave la frappe sa~s pour autant faire son chemin dabcrd egravea~s la lutte

- ~ shy

Le recircsultat dE ~os interviews ncus rec~trE qGune pcpulatiD~ divcrsishy

fiampe sint~resse agrave ce sport et qUE les intecircr~[s des uns et d~SlautrE~

semble~t divergents naucuns affirment que la lutte traditionnelle

avec frappe serait monteacutee par des personnes dont la vocation est dexshy

ploiter ce pheacuteLomegravene agrave des fins commerciales Dautres disent gJellegrave

jouit de mcyens irport~nts t[l[~isio

tation etc bullbullbull ) pour toucher toutes les couches sociales CEpe~~a~t

nous remarquons que mecircme si certaines personnes reprochent agrave cette

forme de lutte decirctre brutale ces mecircmes personnes nheacutesitent pas agrave

se rendre le dimanche agrave laregravene Bien que critiqueacutee elle semble ecirctre

adopteacutee par une tregraves grande partie de la population seacuteneacutegalaise Cepenshy

dant en tant que techniciens il nous est permis de faire une remarque

Il sagit de

- Limpression nette decirctre devant des professionnels de la frappe

qui sont ~ntratneacutes pour cela Dailleurs les propos que nous avons

recueilli~ nous prouvent que la plupart des champions de lutte avec 1

frappe s~ntratnent dans certains sports de combat tels ~ue la boxe i 1

le karateacute le judo Dans cette nouvelle forme de pratique de la lutte

contrairefuent agrave la lutte traditionnelle le technicien e~t souvent

perdant face au puncheur Ce dernier adopte une lutte agrave distance qui

lui permet de placer agrave bon escient ses coups animeacute du deacutesir de vaincre

Le technicien lui se voit contreacute dans toutes ses entreprises par

un uppercut ou un crochet

On peut dire cependant que nul sport au Seacuteneacutegal que la lutte tradishy

tionnelle avec frappe ne deacutechaicircne autant de passions et autant de

pheacutenomegravenes poussant agrave lexcegraves et deacutereacuteglements quon ne peut que deacuteplorer

Mais comment deacutecrier un spectacle de lutte qui bien quayant perdu la

presque totaliteacute des valeurs traditionnelles veacutehiculeacutees autrefois par

elle sait susciter une participation effective de tous ceux qui sont

preacutesents

CONCLUSION

Dans ce meacutemoire nous sommes efforceacutes ~e faire ressort ir limportance des

ethos et des habitus et leurs effets sur la pratique de la lutte tradishy

tionnelle au Seacuteneacutegal

L~b egravethos repr~sentent dune maniegravere g~neurorale tous les eacuteleacutements speacutec

fiques sux Seacuteneacutegalais par conampeacuteguent un systegraveme de valeurs traditionnellEs

Mais m~me si ces valeurs rev~tent une signification universelle (honneur

digniteacute courage etc bullbullbull ) il nen demeure pas moins que ce nest pas leur

nature qui fait leur speacutecificiteacute mais la hieacuterarchisation et limportance i

quon accorde agrave toutes ces valeurs de ~ar leacuteducation ou la culture

i 1

Aussi les valeurs traditionnelles puient leur speacutecificiteacute dans les

caracteacuteristiques propres aux eacuteleacutements ~e la socio-cu1ture (la technologie

et leacuteconomie la politique et la pareteacute la psychologie et lideacuteologie)

dans la socieacuteteacute seacuteneacutegalaise agrave n momen donneacute de son eacutevolution Cest i

dire la neacuteceesiteacute de ne point faire della valeur une reacutealiteacute statique

Cest dite aussi quagrave tout mome~t le ~eacuteneacutegalais peut eacutevoluer et creacuteer

ou vivre par conseacutequent de nouv~lles fprmes de valeur qui lui sont 1

propres ft (J)

La lutte traditionnelle veacutehiculant deS valeurs socio-cu1ture1les speacutecishy

fiquement seacuteneacutegalaises (croyances valeurs morales norme de comportement

opinion attitude bullbullbull ) devient un eacuteleacutement important qui tregraves certaiaement

nous aidera dans notre effort de valoriser et de peacuterenniser notre patri shy

moine culturel par le biais dactiviteacutes physiques et sportives

Leacutetude des habitus nous permet de prouver quil y a plusieurs faccedilons

de se mouvoir comme danser lutter bullbullbull qui varient avec les diffeacuterentes

ethnies (wolof toucouleur seacuteregravere diolagt leurs convenances et leurs

eacuteducations

(1) Revue Ethiopiques 31 Les valeurs traditionnelles et le problegraveme de leur inteacutegration dans les systegravemes modernes jtducatio-1 2 6r--70

nautre part cette eacutetude permet aussi de nous rendrE compte de la

correacutelatipn eacutetroite existant entre la pratique de la lutte traditionnelle

et le sta~ut socio-eacuteconomique du pratiquant

Nos inves~igations nous indiquent que la lutte recrute essentiellement

au niveau des classes socio-eacuteconomiques situeacutees en bas de leacutechelle

donc posseacutedant le statut social le moins favoriseacute La lutte avec frappe

-et un certain secteur commercialiseacute de la lutte simple- y trouve sa

leacutegitimiteacute Comme le dit BOURDIEU nA habitus diffeacuterents styles de Vle

divergents et il oppse les pratiques aristocpatiques correspondants agrave

des activiteacutes qui favorisent les situations eupheacutemiseacutees ougrave la stylisashy

tion est importante aux pratiques populaires qui font appel agrave des

qualiteacutes qpposeacutees bllutes rugueuses Certaines interviews nous

montrent que plus lindividu occupe une place eacuteleveacutee dans leacutechelle

sQciale e~ 1

moin$ il sinteacuteresse agrave la lutte

Les reacutesultats recueillis dans nos diverses investig~tions confirment 1 1

1er propos qui disent que nous assistons aujourdhu~ agrave une involution

de la lutte traditionnelle parce que perdant toutes ses speacutecificiteacutes au 1

pryfit d~ne autre forme de lutte que lon continue agrave appeler nostalshy

giqlementIIlutte traditionnelle

Ceci pourrait peut-~tre trouver une explication dan la citation suivante

La liberteacute de creacuteer dinnover de vivre Pleineinenf decirctre soi et de

preacuteserver son authenticiteacute la digniteacute et lhonneu1demeurent des illushy

sions dans la misegravere eacuteconomique~ Nos ancecirctres creacuteai~nt des valeurs de cishyl

vilisation parce quils eacutetaient libres parce qu1i~s ignoraient toute

deacutependance eacuteconomique ils cultivaient en eux et cbez leurs enfants le 1

Jorn et la Kersa et preacutefeacuteraient la mort agrave la hoJte lI (1)

Or le Seacuteneacutegal comme la plupart des pays africainsi est un pays sousshy

deacuteveloppeacute t cependant face agrave cette volonteacute du gou~ernement seacuteneacutegalais

de faire inteacutegrer dans leacuteducation des valeurs traditionnelles nous

pouvons espeacuterer utiliser comme moyen deacuteducation la lutteacute traditionnelle

qui reste quand mecircme vecteur jethos et dhabit~s

- 54 shy

Mecircme si lon a noteacute un appauvrissement notoire sur les plans socioshy

culturel et moral la lutte traditionnelle recegravele une gamme importante

et varieacutee de techniques permettant incontestablement une ouverture vers

les luttes olympiques libre et g~eacuteco-romaine

La lecture de ce meacutemoire permettra agrave lentratneur et au professeur de

lutte en fonction du lieu ougrave ils seront affecteacutes dans le territoire

seacuteneacutegalaisdavoir une information sur les techniques contrOles et

formes de corps propres agrave chaque groupe ethnique et de les mettre en

relation avec leurs croyances et leurs mentaliteacutes

Nous avons essayeacute de montrer que la pratique de la lutte traditionnelle

doit tre axeacutee sur une ethnomotriciteacute au Seacuteneacutegal qui permette une inishy

tiation facile Cette pratique de la lutte traditionnelle seacuteneacutegalaise

devra dailleurs essayer de ~eacutepondre aux aspirations du Seacuteneacutegalaisl

moderne en souvrant aux ap~orts positifs des autres civilisations

ex~eacuterieures nous voulons Jvidemment parler du judo et des luttes oiymshyJ

piques 1

1 j Nous navons pas la preacutetentfon dans le cadre de ce meacutemoire demattrise

de reacutepondre agrave toutes les qutstions se rattachant agrave leacutetude de ~a lutte

traditionnelle souslangle~socio-culturel car non seulement il nous

manque lexpeacuterience et la c peacutetence en la mati~re mais aussil l le temps

et les moyens dont nous dis osions ne nous permettaient pas d~puiser le 1sujet i

1 1 1 t 1

l

- )5 shy

BIBLIOGRAPHIE

BIBLIOGRAPHIE

1- CLAPAREDE Psychologie de leacuteducation et peacutedagogie expeacuterimentale

Edition Delachaux et Niestleacute 244 pages

2- POCIELLC Christian Sport et Socieacuteteacute approche socio-culturelle

des pratiques Paris Vigot 1981 377 pages

3- PIERON Henri Vocabulaire de la psychologie

PUF Deuxiegraveme eacutedition 1957 469 pages

4- Revue socialiste de culture neacutegro-africaine ETHIOPIQUES

Les valeurs traditionnelles et le problegraveme de leur inteacutegration

dans les systegravemes modernes deacuteducation

GIA 21 Juillet 1982 213 pages

5- N2 Revue du Centre dEtudedes Civilisations DEM ak TEY

NIS IVegrave Trimestre 1982 96 pages

6- Document lNSEP Colloque sur la lutte aeacuteregravere

DAKAR MAI-JUIN 1980

t 1

~- Travaux du IVegrave Congregraves National ~es Sports agrave DAKAR les 2223041981

Bulletin n2 91 du CIO du 15 Aont 1965

l____________________________

8- Meacutemoire de Mattrise BADJI Abdou La lutte traditionnelle Joola

Etude et perspective

9- Meacutemoire Inspectorat JS DJITTE Mandy Les pratiques corporelles

traditionnelles au Seacuteneacutegal pour leur exploitation et leur

utilisation en peacutedagogie Marly le Roi 1980

REPUBLIQUE DU SENEGAL

--------------- INSTITUT NATIONAL SUPERIEUR

MINISTERE DE LA JEUNESSE DE LrsquoEDUCATION POPULAIRE

ET DES SPORTS ET DU SPORT

-------------

(INSEPS)

MEMOIRE DE MAIcircTRISE

Es-SCIENCES ET TECHNIQUES

DE LrsquoACTIVITE PHYSIQUE ET DU SPORT

LA LUTTE TRADITIONNELLE

son importance sa signification en fonction des ethos et des habitus ethniques au Seacuteneacutegal

Preacutesenteacute par

Monsieur Joseph Victor FAYE

Sous la direction de

M Jean Marc ROCHEZ

Professeur agrave lrsquoINSEPS

Anneacutee de soutenance 1984

- 1f shy

j j l IlL DL l H L S DE

3 1 LA COll1ŒNAUTE DIOLA

311 Preacutesentation

Les diolas vivent dans la reacutegion de Casamance et repreacutesertent 9 de la

population totale du Seacuteneacutegal Ce sont geacuteneacuteralement des cultivateurs de

riz et des artisans Cependant on peut les trouver aujourdhui disperseacutes

dans toutes les capitales reacutegionales affecteacutes agrave divers meacutetiers militaire

gendarme fonctionnaires de lEtat ouvrier etc bullbullbull

Dans les villes la plus grande partie des diolas vit dans les qoartiers

populaires Par exemple agrave Dakar on les trouvera agrave Colobane agrave Fass agrave

Grand Yoff ou agrave Khar Yalla La plupart du temps cesDnt des artisans et des

ouvriers du secteur priveacute qui vont essayer dune maniegravere ou dune autre de

vivoter en bricolant deci de lagrave Mais mecircme loin de la Casamance cette

ethnie conserve une grande partie de ses caracteacuteristiques et plus partishy

culiegraverement la solidariteacute ethnique qui veut que les Diolas forment toujours

un bloc bien soudeacute quand le besoin se ifait sentir et cecisans discrimishy

nation de rang social Ainsi tous lesdiolas de Dakar se mobilisent pour

supporter le Casa Sport chaque fois qbe cette eacutequipe de foot-baIl vient

jouer agrave Dakar Cette mobilisation se fera aussi dans le cas ougrave leur chamshy

pion de lutte Mamadou SAKHO livre uncombatimportant

Lethnie diola est diviseacutee en trois sous-groupes

- les dio1as Fogny de Bignona

- les diolas Kassa autour dOussouye

- les diolas Blouf dans la preacutefecture de Tendouck

Mais en lutte on a pris lhabitude ~e les grouper en deux zones dune

part le Kassa qui preacutesente des particulariteacutes et dautre part lE Fogny

et le Blouf

- J 7 shy

3 ) 2 ~U(lquE5 aspects d~ l~ducatio~ ~t des rit~s en milieu diol~

L eacuteducat ion veacuteritable de lenfant diola est sociale et ne se corlprend

que dans la relation sociale elle deacutepasse de loin le strict cadre

famililal Elle commence au stade de lapprentissage du langage

Lenfant apprendra agrave reconnattre le langage du regard de ses parents

Il doit connaicirctre et faire la diffeacuterence entre un regard approbateur

et un regard qui blacircme De mecircme il doit apprendre agrave faire les gestes

de la tecircte qui expriment lapprobation En aucun cas lenfant nest

laisseacute agrave lui-mecircme Aura-t-il deacutesobeacuteit par complaisance naura-t-il pas

eacutecouteacute ou fait attention aux recommandations reacutepeacuteteacutees plusieurs fois

sans reacutesultat il fera lobjet dune punition corporelle avec la chicotte

Elle a pour effet de faire mal au corps de lenfant afin datteindre son

acircme sa sensibiliteacute et instaurer en lui une sorte de 1iaision de la

meacutemoire du mauvais comportement agrave la douleur quen voulant eacuteviter la

douleur il finit par eacuteviter le mauvais comportement en tout cas den

prendre conscience degraves cet acircge Cest une meacutethode deacuteducation mora1e (])

i 3121 Leacuteduca~ion maternelle

1

Notre eacutetude nous a montreacute que mecircme de nos jours leacuteducation diola

conserve encore ses caracteacuteristiques traditionnelles au niveau des rites

des moeurs des habitudes des principes et des normes

Leacuteducation de lenfant reste lune des plus rigoureuses Elle commence

degraves le plus bas acircge car pour le dio1a on ne peut redresser une personne

adulte donc autant leacuteduquer tregraves jeune Jusquagrave lacircge de trois ans

lenfant sera encadreacute par sa megravere qui bien queacutetant tregraves douce fait

preuve daucune indulgence Elle lui apprend les interdits de la communaushy

teacute respecter son prochain ne pas insulter ni profeacuterer de gros mots surshy

tout en preacutesence de grandes personnes ni faire violence agrave autrui

Plus terd v~rs cinq ou SlX ans le jeune garccedilon est initi~ a~x travaux

ces cna~ps des rizi~r~s cles pal~eraiEs ce Gui ne manquer6 pa5

davoir ces rEpcrcussic~s sur SOn deurovelopperncnt morpholoique

- 1( shy

3122 La circoncisio~

cest un rite obligatoire Il a pour but dintroduire le garccedilon dans

la communauteacute des hommes en tant que responsable Cest un rite qui

laisse une trace indeacuteleacutebile dans la vie du jeune diola Les principes

de la vie en socieacuteteacute y sont enseigneacutes agrave fond Le rite de la circoncishy

sion preacuteseuro~teuro uneuro forme p~lticul do~t s~uls les diolas connaissent

lorganisation internecar la circoncision est agrave la fois une eacutepreuve

physique intellectuelle et morale

Cette circoncision en milieu diola se passe dans le bois sacreacute En ce

lieu les Njoulis (circoncis) sont encadreacutes par des mattres les

Kintangs et au-dessus de ces mattres regravegnent un ecirctre doteacute de faculteacutes

occultes il sagit du Kankourang Le kankourang a cette capaciteacute de

disparattre de voler quand bon lui semble Il incarne la justice et la

violence et assure la protection de ses disciples contre les mauvais

esprits Ainsi le kankourang incite agrave lobeacuteissance et agrave lordre dans

cette socieacuteteacute Dans la tradition diola le kankourang repreacutesente un

pouvoir mystique capable de choses extraordinaires dont la socieacuteteacute

moderne avide de raisonnement ne pourra trouver une explication Au

cours de la circoncision les initieacutes subissent un certain nombre

deacutepreuves physiques que le diola appelle samasso Il doit se soushy

mettre agrave lensemble de ces eacutepreuves consideacutereacutees comme indispensables

agrave sa formation pour lui permettre de juger ses capaciteacutes physiques

mais eacutegalement deacutepouver sa valeur intellectuelle morale et sociale

Il pourra aussi se mesurer aux autres dans le domaine de la consideacuteration

et du respect En quittant le bois sacreacute le jeune doit posseacuteder une

grande partie des qualiteacutes humaines et socisles quil faut agrave un howmE

pour vivre en harmonie avec la socieacuteteacute traditionnelle Il serait bien

sOr possible dans le cadre dune eacutetude plus approfondie de parler de

bien dautres rites et pratiques traditionnelles

Notons cependant que le rite de la circoncision appartient aux anc~t~es

et que dans les villages reacutecents ougrave les structures ont changeacute on ne

Jeux jours avant la re~trfE cans le bois sacr[ les adolescents so~r

-

- Jo shy

por lE diola 11-071- doit rester en harrc1iE avec lE

tal lanimal lui-mecircme les ancecirctres les geacutenies Le rit~ du rasdge co~sist~

acirc ~loigner la ~alchance de lenfant Si l~ ritE nest pas respecteuro eumlr es

parents du futur initieacute celui-ci connaicirctra la malchance pendant toute sa viE

Ce rite a aussi pour faculteacute deacuteloigner le mal et de preacuteserver lenfant des

mauvais esprits

Le rite de leau sacreacutee se fait un jour avant lentreacutee dans le bois sacrEacute

Les femmes doivent se garder davoir le moindre contact avec leau beacutenite

pour se preacuteserver des conseacutequences facirccheuses qui pourraient en reacutesulter La

tradition veut quune seule goutte soit capable de deacuteclencher lavortement

l chez la femme enceinte de rendre steacuterile la jeune fille ou de provoquer des

menstrues perpeacutetuelles chez la femme ayant atteint la meacutenopause bull

bull Le rite de la forge protegravege le futur initieacute pendant son seacutejour dans le bois

sacreacute Mais cette protection seacutetend bien au-delagrave et de rite veut que toute

personne qui y faillit soit condamneacutee agrave devenir leacutepreuse

Pendant plusieurs semaines les jeunes initieacutes subissent une formation capishy

tale qui fera deux des hommes complets

313 Croyances et pratiques mystiques

Si nombreux sont les diolas convertis au Christianisme ou agrave lIslam leur

foi napparatt jamais incompatible avec leurs croyances animistes Lhisshy

toire des rois et reines diolas nous reacutevegravele quils eacutetaient les ffprecirctres fl de

ces cultes feacutetichistes destineacutes agrave maintenir la fertiliteacute et agrave provoquer

la chute des pluies De nos jours existent encore des socieacuteteacutes secregravetes agrave

base religieuse ou magique la plus redouteacutee eacutetant lassociation neacutecrophashy

gique Kousanga des Floup (1)

Deux fafu expliquent la coexistence du dogme et de la croyance

le contact tardif de la socieacuteteacute diola avec les civilisations eacutetrangegraveres

et leacutevangeacutelisation ou lislamisation quelles veacutehiculaient Il e~ reacutes~lt~

une importance des traditions leur reacutesstance agrave une remise en questic~ ce qui confegrave~e agrave la socieacuteteacute diola un caractegravere conservateur

r~c~~i]EE 2~fr~~ ~c - t

ct ~Cc egraveE~ Cimiddotilisatilaquo~ eacute

la neacutecessiteacute de lanimisme consiegraveeuroreacute comme base de toutes legrave~

religi0~s uumlegrave serait-ce que corr~e tentative ciexpliquer li1explishy

cable en se repreacutesentant en particulier comme un ensemble de puisshy

sances mystiques Ainsi pour lanimiste agir sur la nature cest

intervenir psychologiquement aupregraves de ceLX qui la gouvernent

314 Imeact des moeurs sur la prat~que de la lutte diola

Lorigine de la populariteacute de la lutte eugrave milieu diola est par trop

impreacutecise aussi nous nous limiterons agrave en donner la signification

actuelle La lutte apparatt dabord comme un moyen privileacutegieacute deacutedushy

cation

- sur le plan corporel afin de deacutevelopper la force lagiliteacute la

rapiditeacute et la souplesse

- sur le plan moral afin de deacutevelopper les vertus caracteacuterielles

courage tenaciteacute digniteacute bullbullbull neacuteces~aires agrave laction

Mais la lutte apparatt aussi comme un mpyen dinteacutegration sociale car

le jeune diola qui se refuserait agrave se sbumettre agrave leacutepreuve de la lutte

encourrait un isolement alors que celui qui excelle en bravoure devient

rapidement populaire Dougrave ces affrontements agrave linteacuterieur dune classe

dige qui tout en restant un moyen de reacutejouissance servent eacutegalement

agrave eacutetablir des comparaisons

Nos observations et nos interviews confirment le caractire tris physique

de la lutte diola immeacutediatement les lutteurs sont au corps agrave corps et

les techniques consistant agrave aracher ladversaire priment sur toutes les

autres Exprimer sa force est une preacuteoccupation constante il suffit pour

sen persuader de voir le groupe de lutteurs peacuteneacutetrer dans laregravene au son

du Born bol on que rythme le claquement de mains des femmes

C~tte da~se est une deacutebauche dAnegie Ougrave les lutteurs pieacutetin~Ert avec

force L sol

i shy

3141 EorphologUgrave et valeur physiques du lut teur diola

Le lutteur diola possegraveagrave~ un deacuteveloppement caracteacuteristique du trai~

supeacuterieur et de la musculature doso-lombaire Ceci est tregraves certaineshy

ment lieacute au maniement de la houe de la daba et surtout dukadiando

dont lusage permanent a modeleacute la morphologie du lutteur diola

La valeur physique de ce lutteur semble reposer sur sa force sa

reacutesistance mais aussi sa rapiditeacute

3142 Reacutepertoire technique

Dans le Blouf la forme du corps la plus utiliseacutee est le deacutecalage souvent

combineacute avec un crochet de jambe (gal gal) ceci semble ecirctre lieacute agrave

lutilisation quotidienne dans les riziegraveres du kadiando Le paysan du

Blouf sera ameneacute agrave faire un mouvement de torsion pour deacutecalerlinstrushy

ment enprenant appui sur son genou et ceci continuellEment pendant toute

la jourpeacutee Chez les diolas du Fogny le kadiando eacutefait surtout utiliseacute

par les femmes qui soccupaient autrefois exclusivement de la riziculture

et ce n~est quaujourdhui que les hommes cultivent le riz 1

La principale culture dans le Fogpy est celle du mil on y cultive aussi

de larachide De ce fait loutil le plus utiliseacute est le donkoton qui

est un instrument tregraves petit avec un manche court et dont le maniement

expliquerait peut-ecirctre leacutetonnante musculature du train supeacuterieur et surshy

tout de la zone dorso-lombaire du 4i6la fogny qui excelle dans les techshy

niques en force genre arracheacute avec les bras sur contrOle de la ceinture

de ladversaire Lulisation du donkoton semble eacutegalement expliquer la

garde tregraves basse du lutteur fogny

Dans le kassa on aurait pu trouver la mecircme forme de lutte car la morphoshy

logie du lutteur est agrave peu pregraves la mecircme mais linterdiction formelle de

la prise du ~gimbe modifie et limite tout le repertoire technicult2 ou

lutteur Le lutteur kassa adopte une garde basse et agrave une preacutefeacuterence pc~r

legraveS tc~-iccedilues n passa~ dessous - - ~ shymiddotmiddotcrc t--=~ c-

----

contact et agrave partir de ce TtoTteuront ils peuvent se relever et conti~uEr

en lutte debout jusquau terrassemen~

Toutes les gardes sont rapprocheacutees en milieu diola

irbi trage

Les combats sont arbitreacutes par un deacuteleacutegueacute geacuteneacuteralement anClen lutteur

Ces anciens lutteurs ont pour rocircle de veiller au bon deacuteroulement du

combat La victoire est deacutecreacuteteacutee dans les cas ougrave un des lutteurs se

retrouve en position assise sur le ventre sur la cuisse ou les

genoux (sauf dans le Kassa)

Il existe un autre mode de victoire celle qui est proclameacutee agrave la

suite dune supeacuterioriteacute eacutevidente du~ des lutteurs A savoir quand

un lutteur soulegraveve tregraves haut son camarade et que son manager estime i

quil est pratiquement battu il peut arrecircter le combat en touchant

dabord le lutteur adverse popr eacuteviter que son lutteur ne soit terrasseacute

tregraves fOrt Nest-ce pas un deacutecision sage des managers qui peut contribuer

agrave maintenir le caractegravere reacutecr~atif de la lutte joola 1

La victoire dun village sur un autre village ne se mesure pas au

nombre de victoires obtenues par lensemble des lutteurs En effet

il suffit que le champion soit battu pour que le village soit consideacutereacute

comme deacutefait Ce qui explique limportance et le seacuterieux que le village

accorde agrave la preacuteparation des championsl)

Il est cependant important de signaler que larbitrage dans les centres

urbains revecirct une iautre forme beaucoup plus codifieacutee et cest peut-ecirctre

une des raisons qui font quen milieu urbain la lutte diola perde une

partie de son originaliteacute

En dehors des techniques speacutecifiques agrave chaque sous-groupe il faut

signaler quil y a une multitude de prises et quelGues formes de corps

comTIunes agrave letnn Car reconnaissons qu il cO unE ror-euro approp=i~eacute

dE ~ouvane du l~tteur diola en TaI

-----~-----

LE tableau ci-dessous se propose dE reacutesumer les diffeacuterentes consideacuteshy

rations techniques envisagEacutees dans cette partie

FORlŒSSOGS-GRGUPES 1 COItltOLE GA~JESDt CORF=

i ~

1 1

Passage dessous de jambes et BassE KASSA saisies Moyenne1annexes bras (rapprocheacutee)

ceinture tecircte

Deacutecalage de Moyenne et BLOUF Demi-souplesse Ngimbe

HauteHancheacute Bras (rapprocheacutee)

Jambe

Arracheacute CouFOGNY Tregraves basse

Hancheacute ii 1

1 1

3 14 3 bull LeIIa~~jueetlecom~ortementdulutteur-+iola

1 Le comportement et lattitude du lutteur dans laregravene pe sont en fait

t

que le reflet de sa psychologie et plus partiCUliegraverem t de son eacutetat

dacircme Or il napparatt pas abusif deacutetablir des cor eacutelations entre

le psychisme dun individu et lempreinte eacuteducative quil a subie En effet en sortant du bois sacreacute le jeune diola a acquis un ~ca~~l

eacutequilibre physique et mental

Cette matrise de lui-mecircme permet au lutteur dans la~egravene dadopter

un aire enjoueacute de manifester beaucoup denthousiasme~ La lutte devient 1

essentiellement un jeu laspec ludique y est privileacutegieacute et ~ela influe

sur le comportement du lutteur

Ainsi queurolq~c soit limporta~cE de le~je~ le lutt~c~ dic1e Seuroreacute

to~jours serein et s~ livrera sa~s arri~re pe~s6e da~$ ~E CO=beacute ou-

tons que le lutteur diola est trecircs fair-play et sil arrive quun rdnd

lll L COIicircilU1Ul L ULOF

32 J Preacutesentation

La soc tEacute wucirc10f est celle qU1 a eacuteteacute la plus marqueacutee par la colonisation

~~ fait peut-gtre de sa position geuroographiquE dune part ct de 50~ imporshy

tanCE sur le plan dfmographiquE dautre part En effEt ceurootteuro CC-~ucircautE

wolof repreacutesente environ 20 de la population seacuteneacutegalaise

Elle est constitueacutee de pecirccheurs (ce sont les leacutebous) dagriculteurs de

fonctionnaires de lEtat mais surtout de commerccedilants

A pqrtir de leur reacutegime dimplantation le Cayor le Walo le Baol le

Djolof et la presquicircle du Cap-Vert les wolofs ont tendance agrave irradier

sur lensemble du territoire sous leffet de leur speacuteculation agrave la culshy

ture de larachide et du nombre important de fonctionnaires quon trouve

dans cette ethnie

322 Les moeurs et croyances wolofs

Bien queacutetant en grande partie des musulmans convaincus les wolofs

conservent toujours une croyance animiste et continuent agrave faire des

sacrifices agrave porter des cornes ou des morceaux de bois agrave la ceinture

aux jambes ou aux bras et agrave croire agrave lexistence des Djinneacutes et des

Raps bull

Le Djinneacute cest une creacuteature malfaisante en geacuteneacuteral capable de choses

extraordinaires Il possegravede des faculteacutes surnaturelles Cependant dapregraves

la croyance animiste certains Djinneacutes peuvent ecirctre bons

Le Hapl cest une creacuteature ayant des dons occultes appartena71t agrave une

famille ou agrave une communauteacute et dont le rOcircle est de veiller cu daider

les reCJrES de le fai11p ou dt la conmunauteacute en cas de da1gel Le Rap

~ ut te c ) ~~c-

ei sltcificE cJ sanl dE meut0 dL chat de pC)wleurot 5E1lt les conveuroshy

lances parfois leur dorner COrllTe offrande du lait Laii

Qua1d une famille ou une communauteacute neacuteglige les Sarakh (ici dans

le sens de sacrifice ou Offrande) elle se voit aussitocirct vouEacutee agrave la

maleacutediction des mauvais esprit~ (fcllec dans touteacuteS lEs ~treprises

de la vie maladie mort bullbullbull ) Les lieux ougrave habitent ls Taps et ougrave

se font les sacrifices se nomment Khambs

Geacuteneacuteralement le khamb se trouve dans lenceinte de la maison ou

dans un coin approprieacute du village Les lieux du khamb sont marqueacutes

par la disposition de calebasses de pilons de morceaux de poterie

briseacutes de grosses pierres de cornes et dautres objets heacuteteacuteroclytes

La superstition wolof est tregraves marqueacutee En effet pour le wolof toutes

les manifestations quotidiennes trouvent leur signification dans le

mysticisme Citons agrave cet effet quelques ezemples Une femme enceinte

ne doit pas marcher agrave nimporte quelle heure de la journeacutee Certaines

heures de la journeacutee lui sont interdites le Timiss (creacutepuscule

le Ndjo~or (de 13 H agrave 14 H de lapregraves-midi) le souf-segravede (de

minuit i4 H du matin) Selon la tradition ~t la croyance wolof les

mauvais ~sprits choisissent ces heures pour jeter des sorts Et la

femme enceinte eacutetant tregraves vulneacuterable le Djinneacute essaiera de lui insufshy

fler son souffle pour atteindre son beacutebeacute afin dentratner soit la

meacutetamorphose de cedernier en monstre soit de le tuer avant sa naissance

Dailleurs pour le wolof et pour certaines autres ethnies au Seacuteneacutegal

le timis le tdjolor le souf-segravede repreacutesentent des peacuteriodes de

la journeacutee ougrave lon ne doit pas se hasarder dans les rues et les champs

Ce sont des heures propices aux apparitions des Djinnes sous nimporte

quelle forme humaine ou animale

Il est eacutegalement interdit au wolof de marcher ou de serti la nuit du

~eacutellfria-

loutes c~s pratiques ~ystiqu~s et cr0ya~ces religi~us~5 ~xistent eL~~[

certainement dues agrave un meacutetissage culturel Parallegravelement aux feacutetiches

aux incantations et agrave lutilisation des safaras (substance magique)

notons lexistence de ga l a tchs (ce sOnt des talismans ougrave sont inscrits

du qui les porte Toutes ces croyances biEn sucircr auront une rEacutepercussicrI

sur leacuteducation du jeune wolof

323 Leacuteducation du wolof

Pour caracteacuteriser leacuteducation wolof nous avons penseacute donner comme

illustration cet extrait de la revue DEM ak TEY Pour deacutefinir leacutedushy

cation le wolof fait appel agrave un symbolisme qui eDglobe aussi bien les

moyens mis en oeuvre Yar que le reacutesultat obtenu agrave laide de ces mecircmes

moyens cest-agrave-dire la formation et le deacuteveloppement de lecirctre humain

ou Yaru

Le substantif Yar deacutesigne le fouet

Ce symbolisme deacutesigne donc au-delagrave du simple sens mateacuteriel de lobjet

lutilisation qui permet daboutir au reacutesultat escompteacute (Yaru) Au sens

geacuteneacuteral Yar deacutesigne tout instrument servant agrave infliger une punition Le

terme laisse supposer agrave priori que cette phase de lenfance durant lashy

quelle se preacutepare la vie de lhomme est lieacutee agrave la souffrance au supplice

Dailleurs une maxime wolof compare lenfant agrave une tige quon a tout le

loisir de redresser alors quelle est encore flexible bull

bullbullbull Pour leacuteducateur wolof la perfection nest point de ce monde malS

le devoir de chaque homme est de tendre vers la pleacutenitude en luttant

contre ses propres faiblesses Leacuteducation va d01c iisister essentielle~(-~t

sur lexercice quotidien de leacutelevation ffiora1e d~ lindividu Pour cela

elle privileacutegie la patience munI) vertu dabneacutegdtion et dE deacutesinteacuteresseshy

m(~t autour dE laquelle sarticulent toutes ]e~ ~u~~~s qualiteuros

i _

aan~ ~ s0cieacutet gt~olcf ocirclt~tartt nul -Jt- poulait sabecircisstr

tion de sa libertEacute La liberteacute est le preuumler drcmiddotir dE l ho-)euro egrave~S

baigner dans une beacuteate admiration du passeacute la comparaison avec le pr~$(middott

si~posc dclle-mecircme car lon reste s reacute devant la deacutesinvolture aVEC

laquelle dES honmes daujourdhui descendants de cette ~~~EacuteTatic ccedil~l se

une fois [largis bullbull tTasque fiers davoir fait leacute priS0n PEut-2tTE

faut-il mettre cela sur le compte de lurbanisation et des nouvelles

valeurs qui ont pour nom enrichissement reacuteussite sociale avec ce que

cela comporte de deacuteshumanisant et de deacutepreacuteciateur (1)

3 bull 2 bull 3 1 bull Lesri tes

Le sevrage et la circoncision constituent les deux grandes phases initiashy

tiques chez le wolof

- Le rituel du sevrage est appeleacute maga1 (litteacuteralement rendre grand)

Cest un eacutevegravenement important aussi bien pour les parents de lenfant que

pour la co~unauteacute Durant cet eacutevegravenement qui survient geacuteneacuteralement deux

ans apregraves la naissance du beacutebeacute les personnes vivant dans lentouragE

apportent leur soutien moral et mateacuteriel

- le rituel de la circoncision revecirct pratiquement la mecircme signification

que dans les autres ethnies seule la forme diffegravere La circoncision reste

encore une eacutepreuve de la vie au sort i r de laque Ile ladolescent devient un

homme Aujourdhui il faut noter une meacutetamorphose de la structure sociale

et des croyances religieuses tregraves accentueacutee aussi bien chez les wolof que

chez les autres groupes ethniques et ceci est peut-ecirctre dO au contact

permanent quils ont avec la socieacuteteacute occidentale

Malgreacute ces constat~tions il semblerait pcu=tant qUE la sociecirct~ lecircbou Gci

bien que se trouvaLt en grande partie dans ~a Presquth du Cap-ETt Et

en contact permane~t avec les blancs soit la portior la plu8 cc~serva-

----------~_- ---~-- -----

~

Incidences d s ~00urs sur la l~ttE

Le wolof connaicirct deux formes de luttes la lutte sirplE- sans t-t

la lutte avec frappe La lutte avec frappe a une crigi~e purement r

et ce nest que plus tard quelle devint une prati1uE sportive et lud

preacuteparer agrave la guerre Aussi tout en luttant On eacutetait autoris~ agrave frapper~

griffer mordre voire introduire son doigt dans loeil de son adversaire

Le jeune wolof devait eacutegalement se livrer agrave la lutte avec frappe afin de

favoriser son insertion dans la socieacuteteacute adulte et sinitier au meacutetier de

soldat faute de quoi il ne pouvait se faire entendre ne avoir des marques

de respect Pour montrer la populariteacute de la lutte dans le Cayor signalons

que les Damels ll (rois) et les Teignes (nobles) nheacutesitaient pas agrave sy

livrer Quant au IIMbeu~ (lutteur) elle lui servait de moyen de promotion

sociale car d8S que sa reacuteputation eacutetait eacutetablie il pouvait ecirctre choisi

par les rois et les nobles comme garde de corps

325 Signification de la lutte en milieu wolof

La lutte se pratique dabord pour lhonneur qui est une vertu tregraves signishy

ficative pour le wolof Elle permet de renforcer les liens amicaux entre

les jeunes de villages diffeacuterents Le champion veut gagner

confiance et la consideacuteration de son village de ses amis

Etre champion cest aussi susciter ladmiration chez les

sentant la force la viriliteacute et la deacutetermination

326 Organisation d~s eacutepreuves de lutte

3261 Les Mbapatts Ce sont les seacuteances nocturnes

pour meacuteriter la

et des anciens

filles en repreacuteshy

Ils sont organiseacutes apregraves les reacutecoltes agrave la fin de la saiscn des pluies

Ceci surtout p~ndant les peacuteriodes de clair de lune car ils peuven~ durEr

toute la nuit Le but des ~Dapatts lt=tait de prfpa-er FhysicuemeH et

~ arb Sil

326 Le 1

cest une organisation beaucoup plus importante que les I~apatts ~

loccasion de laquelle on peut voir plusieurs lutteurs de grande reDommfe

saffronteLLa fin dl lamb est toujours couronneacutee par une grand co~bat

duquel le vainqueur est sacreacute champion de la contrecirce

Le choix du lieu est lieacute agrave limportance de ce lieu dans le village cest

la place publique ougrave geacuteneacuteralement se passent toutes les manifestations

assembleacutee geacuteneacuterale sabar (danse) cest aussi lendroit ougrave sont prises

les grandes deacutecisions

3623 Lappariement

Dans un village ou un quartier les lutteurs se regroupent en lang

(eacutequipe) et jamais deux lutteurs de mecircme lang ne se rencontrent lors

du lamb

L appariement s~ fait librement entre lutteurs de lang diffeacuterents l1hs

une regravegle veut ~uavant de lutter avec le Mbeur Kanur de tel lang si

on est soukh (l~tteur pas encore confirmeacute) il est neacutecessaire de lutter

dabord avec ses soukh et ce nest quapregraves les avoir terrasseacutes tous

quon se voit octroyer la chance de lutter contre lui

Notons que la cateacutegorisation des lutteurs par poids nest jamais prise

en consideacuteration

3624 La tenue du lutteur ou NGIMBE

Le middotNGimbe est confectionneacute par le marabout de la famille ou du clan Il

est constituecirc de pagnes en coton tisseacute geacuteneacuteralement offerts par la megravere ou

la grand-megravere du lutteur ceci lors des organisations de ~rande Tportance

COrlune lef 1amb Dans le cadre des l-bapatt les pagnes sont C tErts peumlr

~~~rcfcis ct ffi~mc aujourdhui d218 cErtaInes fa~ille5 on devj~Gr

luttEur de pegravere en fils et dans ce cas h 1

gimbell du pEgravere Est recircr i tEacute

par le fils Le fait de porter le lI~gimbe agravee ses aiumleux peut susciter

cne~ le jeune lutteur une motivation et une volontecirc in~branlable rlasshy

surer 12 supeacuterioritEacute cis SIcirct-ns dallS

le xgimbe de la famille ne touche pas le sable

La tenue du lutteur a une signification et une importance sur le plan

mystique car selon les anciens le vrai feacutetiche du lutteur celui qui

le proteacutegera agrave vaincre le Djinneacute ou le Rap de ladversaire se trouve

cacheacute dans ce Ngimbe Celui qui confectionne-le Ngimbe est doueacute de

faculteacutes occultes

~~r~i~rg Il est assureacute par un sage du village qui geacuteneacuteralement fut

championde lutte de son temps Dailleurs cet ancien nintervient que

si le terrassement est litigieux

Hormis le public qui proclame la victoire ou le match nul le lutteur

lui-mecircme est arbitre et il arrive quil se deacuteclare vaincu ~ous

pouvons citer comme exemple Meacutedoune KHOULE un des plus grands lutteurs

seacuteneacutegalais qui a donneacute une victoire agrave Djeacuteri SADIO son adversaire qui a

reacuteussi agrave lui faire toucher le sol de la main

Il Y a terrassement quand le lutteur se retrouve

- assis sur le sol

- eacutetaleacute sur le dos

eacutetaleacute sur le cocircteacute

les deux genoux au sol

- les deux ma~ns au sol

la tecircte (front au sol agrave la suite dune brouette)

Il peut y aVOIr match nul si apregraves li1 temps ccmsideacuterable les lutteurs

SE sont ~ ivrEacutes respectivement agrave des assauts rEacutepEacutetEacutes et n arrivEt pas a

3265 L~ precircparation mystique

Il faut reconnattre quon ne peut parler de lutte en milieu wolof sans

envisager une preacuteparation mystique seacuterieuse Co~~e ~ous lEvans vu a~teacute-

1middot ~ d ~ ~rlturenent t0utes es actlvmiddotltesmiddot u W010 sont lles a SeS croyances

- la lutte ne concerne pas seule~ent deux acteurs se livrant faruumlucheshy

ment agrave un combat au milieu de laregravene mais eacutegalement les marabouts et les

feacutetichistes du village ou du clan qui doivent deacutefendre leur savoir et

leur prestige Avant le combat le lutteur doit se livrer agrave un certain

nombre de preacuteparations mystiques pour assurer sa victoire Aussi sommesshy

nous appeleacutes agrave parler de BACK (cest le chant et la danse du lutteur)

- le batteur de tam-tam compose un rythme en fonction du Galagne ou du

Senghor (gds-gris) du lutteur Chaque galagne sera choisi en fonction

du Rap ou du Djinneacute correspondant au Totem du lutteur

Le chant geacuterleacuterique Feinte woy veut dire litteacuteralement composer un 1

chant Ce chant est geacuteneacuteralement composeacute par les filles du viilage du

champion ou par un griot de sa communauteacute Et agrave travers ce chrnt on

arrive agrave toucher la corde sensible du lutteur en chantant lesl innombrables 1

victoires de ses ancecirctres ou en lui rappelant ses prouesses eacuteblatantes 1

Chaque lutteur doit avoir un chant et un back qui lui sont propres

327 Le reacutepertoire technique et les caracteacuteristiques physiques dulutteur wolof

Le lutteur wolof est geacuteneacuteralement moyen de taille la musculagraveture est

tregraves saillante ce qui fait ressortir un aspect tregraves athleacutetique ceci

est vrai sans exception pour le lutteur leacutebou mais il arrive que le Cacircyoshy

rien le baol-baol le walo-walo soient de grands gabarits de forte constishy

tution

CepEndant pour une meilleure compreacutehension du sujet nous pouvons eacutetudiEr

deux jroups d lut teurs qui vont deacuteterminer deux st yI e s de lut tes

- ~ t

les tc~tativ~s de~[reacutee e~ ramassement de jambes de la~v~sairL Ce~~

peut Ecirctre expliqueacute par le fait que les lutteurs leacutebou ou walo-walc qui

sont des pecirccheursadoptent cette garde tasseacutee du fait quils so~t tou-

jours pencheacutes en tirant le fil ou en poussant la plrogue On verra techrugravequeacutes dt cirr 2C ~lt 5Jllicitocirct

surLuumlut les membres supeacuterieurs

Le cayorien et le baol-baol par contre sont les plus grands cultivateurs

darachide chez eux les techniques de lutte sont plus varieacutees et la

garde est moins renfermeacutee Les lutteurs cayorien et baol-baol ont une

morphologie et une reacutepartition musculaire bien eacutequilibreacutee ils excellent

dans les techniques en deacutecalage les techniques de jambe et surtout les

techniques de riposte ougrave lon peut voir des prises de hancheacute tregraves amples

Dune maniegravere geacuteneacuterale on peut dire que le lutteur wolof est un fin

technicien qui sait surtout creacuteer les opportuniteacutes e~ avec sa rapiditeacute

utiliser la force de ladversaire pour le deacuteseacutequilibrer le noodju

le mbas le weacuteheacuteleacute et le rasu sont des techniques propres au lutteur

wolof

En deacutefense il utilise surtout des kl~klets ou gal-gal Notons que

le balancement des bras ou Lewato e$t tregraves marqueacute dans la lutte wolof

TABLEAU RECAPITULATIF DES COMPOSANTES TECHNIQUES

( 1 )

1 SOUS-GROUPES GARDES CONTROLES FORHES DE CORPS l

Walo-walo Basse de jambe Arracheacute l l10yenne de Ngimbe et i

Leacutebou Tasseacutee et saisies annexesj Deacutecalage 1 1 distante de bras de tecirct1

j de bras Deacutecalaeuro

~-----------------~-

- ~ ~- shy - ~ ~ bull L _ _ bull

Profil psyc~~iqUE du lutteu- et son comporterent dars l 2regravere

La preacuteparation mystique dans laregravene est plus marqueacutee chez les wolofs

que ChE~ les autres ethnies En effet on verra de grands champions

preliGrE plusiEurs heures pour Enduire leur corps de cll2badep ou ci

rmiddot- ~ a la proprieacuteteacute de proteacuteger li1egraveividu J

les mauvais sorts) Cest dailleurs un aspect dt la luttE qui iJcsc

des problegraveJles

Le lutteur wolof est tregraves superstitieux et la peacuteriode de preacuteparation

est capitale pour lui car elle permet non seulement de rendre

hommage aux ancecirctres mais aussi dintimider son adversaire Cest

geacuteneacuteralement un lutteur agressif combatif et teacutemeacuteraire Il se fait

souvent remarquer par son esprit dentreprise Mais cette fougue dans

le combat lamegravene parfois bien que ce soit regrettable agrave oublier les

usages et les normes Ce manque de maicirctrise de soi peut faire croire

que le lutteur wolof manque de fair-play ce qui nest pas toujours le

cas

~A~Ugrave~ t 4AA CbUrs k LA ucirctotve f~tPle Sesect prores mou W ~ lesquelles vont se couler les comporteme~ts individuels qui sont ainsi

monteacutes par et pour lautoriteacute sociale

Les faccedilons de boire de marcher ou de sasseoir se manifestent indivishy

duellement dans le corps de chaque personne ces habitus sont cependant

des montages sociaux lieacutes agrave des significationssymboliques variables

dailleurs selon la position sociale occupeacutee par chaque sujet Ces modes

dagir se rangent dans un systegraveme de montages symboliques et lindivishy

du les apprend de la socieacuteteacute dont il fait partie agrave la place quil occupe

Lhabitus est un montage social agrave la valeur symbolique deacutependant des pheacuteshy

nomegravenes deacuteducation et de prestige et lieacute agrave la position sociale du sujet

Cette penseacutee sonne de faccedilon eacutetonamment moderne

Pierre BOURDIEU qui dans une perspective a approfondi le contenue de la

notion en le reportant aux oppositions entre classes et fractions sociales

Il deacutefinit lhabitus comme un systegraveme de dispositions durables acquis au

cours dune histoire personnelle dans une milieu social donneacute systegraveme qui

engendre ensuite des pra~iques socialement deacutetermineacutees faccedilons de manger

de parler ou de marcher comportements de politesse contenu des preacutefeacuterencel

et des deacutegoOts bullbullbull lhabitus est le produit de conditions eacuteconomiques et

sociales Lauteur rattache directement la formation de lhabitus dun

individu agrave la trajectoire parcourue par celui-ci dans sa classe dapparteshy

nance il deacutefend lideacutee dun habitus de classe qui deacutefinit le sens confeacuteshy

reacute agrave la pratique sportive les profits qui en sont attendus

Ce dernier serait lui-m~me lieacute agrave un systegraveme de valeurs ou ETHOS de classe

prenant sens au sein doppositions distinctives entre classes sociales

De sorte lhabitus fonctionne comme un systegraveme dt- regravegles inteacuterioriseacutees

souvent informuleacutees permettant ou non agrave lagent de sadapter dembleacutee aux

multiples pratiques de la vie quotidienne et de la vie sportive il est agrave

lorigine des schegravemes de transcription qui favorisent les ajustements aux

situations corporelles nouvelles (1)

t ~

(1) P~IE11D dwi6Han ISpoy-l et sodeacutebi Approche Bocio-culturelle des pratiques P~tis Vigot 1981 page 81

33

331 Preacutesentation

Les Seacuteregravere auraient pour origine le Fouta Toro quils auraient quitteacute

vers le Xllegrave siegravecle pour fuir lislamisation de cette reacutegioD par lempire

dJ Xali (ils seraient donc apparEnt~s aux Peul et Toucouleur ) Ils

auraient trouveacute dans la rEacutegion du Sine les Sosseacute dorigine manding avec

lesquels ils salliegraverent

Au XVegrave siegravecle une autre immigrationSos~ conqueacuterante cette fois-ci

apporta son organisation eacutetatique Ils se divisegraverent en deux monarchies

deacutemocratiques lune seacutetablit au Sine et lautre au Saloum Les Sosseacute

conqueacuterants constituaient lautocratie appeleacutee Guelowar

La royauteacute seacuteregravere eacutetait laiumlque Les premiers souverains durent secouer

la tutelle des Toucouleur et progressivement arrivegraverent agrave unifier lethshy

nie des seacuteregravere etdea Sosseacute Les deux royauteacutes eacutetaient organiseacutees selon

acirces modegraveles tregraves deacutemocratiques Le souverain deacutependait dune assembleacutee

de ministres et de chefs locaux qui assuraient ladministration centrale

et reacutegionale())

Aujourdhui lethnie seacuteregravere repreacutesente 20 de la population seacuteneacutegalaise

Ils sont reacutepartis sur presque toute leacutetendue du territoire notamment

dans le Baol la reacutegion du Sine-Saloum et la reacutegion de Thiegraves

Signalons quil existe plusieurs sous-groupes dans lethnie ainsi on

trouvera

- dans la reacutegion de Thiegraves les Ndut les Safegravene et les None

- dans le Sine-Saloum les Sine-sine et les Saloum-salouIT

On trouvera vers foundioune et agrave Nioro du cocircteacute de la Gambie les

Niominka (pecirccheurs) Cest une portion tregraves mandinguiseacutee

( 1

Le rattache~2~t d~ to~s ccs sous-groupes pose problecircme ~25 0~ r0~V~

uc grande partie de traits COITul1uns dans leurs modes dE vie Ct pOUT phs

de faciliteacute nous allons essayer de faire une ~tude globale de la lutte

traditionnelle seacuterecircre Lactiviteacute socio-eacuteconomique qui est essentielleme~t

agro-pasorale caracteacuterisE leacutethnie seacuteregravere

332 Lecircducation les moeurs les croyances et pratiques sEr~rc

Chez les Seacuteregravere la vie humaine se deacuteroule selon les grandes eacutetapes

le baptecircme lenfance ladolescencemarqueacutee par la circoncision lsectge

adulte le mariage la vieillesse et la mort (funeacuterailles)

La vie de la communauteacute seacuteregravere reste une des plus originales sinon

celle qui de nos jours garde la presque totaliteacute des pratiques et

habitudes traditionnelles

Bien qu aujotltdhui con~r-tis aux religions chreacutetienne et musulmane les

Seacuteregravere conservent leurs croyances et pratiques animistes

Quelque soit leur degreacute dadheacutesion aux religions reacuteveacuteleacutees les Seacuteregravere

croient en un Dieu puissant et miseacutericordieux Rog Segravene et les hommes

Les ~angols sont repreacutesenteacutes mateacuteriellement dans tous les villages

seacuteregraveres par des arbres (baobab et tamariniers) des animaux (geacuteneacuteraleshy

ment serpent doreacute ou iguane) des ustensiles (pilon calebasse et mortier)

De nombreux teacutemoignages nous apprennent que certains totems (serpent

iguane) font leur apparicion agrave loccasion de certaines manifestations

rituelles comme les sacrifices ceacuteleacutebreacutes lors dun mariage de ceacutereacutemonies

mortuaires ou des circoncisions

Le Seacuteregravere comme il nous a eacuteteacute donneacute loccasion de le dire plus haut

preacutesente des speacutecificiteacutes authentiques aussi bien en tout ce qui touch~

son eacuteducation ses croyanCES et pratiques mystiques q~e ses activiteacute~

socio-ecirccc~omiquEs Apr~s a ~aissa~c~ le beurob~ ~~ pcs~ 5~~ lE S~ __

On lui mouille les l~vres avec un peu d~ lait de mil et apr~s U~ bain

purificateur on versera leau dans un trou cr~us~ derri~r~ la Camp~~

Pendant huit jours la megravere et lenfant sont cacheacutes dans la case car

selon les anciens ils sont tregraves vulneacuterables La case deacutens certains cas

est entoureacutee dun fil blanc et lon place sur le seuil des fais(cauy di

veacutegeacutetaux pour chasser les mauvais esprits (geacutenies malfaisants et illangeUY~

dacircmes) Au bout du huitiegraveme jour la megravere et lenfant peuvent sortir de

la case bull

bullbullbull Le matin du huitiegraveme jour la tante paternelle va chercher de leau

(plusieurs fois)t elle doit rester muette pendant ses alleacutees et venues

si elle parlait t lenfant pourrait ecirctre muet bullbullbull

La megravere et lenfant prennent un bain purificateur dans lequel sont

trempeacutees certaines plantes (ce sont des veacutegeacutetaux pr~tecteurs tels le

begravene le yag le ngud) On y lavera aussi le linge e1t les ustensiles utishyj

liseacutes pendant les huit jours qui viennet de seacutecoul~r On rase le crine

de lenfant Les cheveux sont donneacutes agrave la megravere qui ~s enterrera avec le

reste du cordon ombilical dans un endroit que11e esit seule agrave connattre

La megravere sassied sur une natte devant la maison Une femme igeacutee de la

famille prend le beacutebeacute dans ses bras et le preacutesente aux quatre coins de

lhorizon

La tante paternelle tient ensuite un van sur la tecircte de la megravere on y

verse le mil on y verse eacutegalement en abondance sur la megravere et sur

lenfant La tante oint ensuite le corps du beacutebeacute avec du lait e11e

touche en particulier le front t le nez la bouche la poitrine le dos

et les oreilles

Elle pose enfin un ~rain de sel dans la paume du beacutebeacute (le sel purifie

et deacutetruit les puissances mauvaises)

Apregraves un nouveau bain la megravere et lenfant revEcirctent des habits de fecircte

(est

lenfant Ce precircnore a toujours U~ SEns Il sy~bolise parfois C0 qUi

lOIl sounaitt agrave lEufant l)

La circoncision comme dans les autres ethnies est obligatoire Elle

permet au jeune adolescent dacceacuteder agrave la classe adulte Les jeunes

sont regroupes en classe dacircge dans le bois ougrave sc fait la r0tr~it0 des

circoncis et ceci pendant plusieurs mois

Le Selbeacute qui est geacuteneacuteralement un ancien craint de tous les eacutelegraveves

enseigne le respect de la hieacuterarchie la discreacutetion le goOt de linishy

tiative Les activiteacutes physiques et leacuteducation artistique ne sont pas

en reste la deacutecoration la sculpture la lutte et la danse A sa sortie

du bois linitieacute appartient deacutesormais agrave la classe des virils et des

sages du clan car on lui aura enseigneacute les vertus fondamentales que

sont la justice lhonneur lamour du prochain 1 amour du travail

lhonnecircteteacute et surtout le respect des coutumes ancestrales

Le rite du mariage esd aussi un fait tregraves important dans le monde 1

seacuteregravere mais par manq~e dinformation nous serons obligeacutes de nous en

tenir lagrave

333 Impact des ethos sur la lutte dans le monde seacuteregravere

Lorigine de la lutte seacuteregravere ne semble pas claire ma1S nous pouvons

dire quil existait deux formes de lutte comme chez les Wolofs une

lutte sans frappe et une lutte avec frappe Et cest cette derniegravere

qui peut-ecirctre nous ameacutenerait agrave croire que la lutte seacuteregravere aurait une

origine plus preacuteciseacutement guerriegravere

Aujourdhui la lutte est uniquement une activiteacute sportive agrave travers

laquelle le jeune seacuteregravere eacutevalue sa force son courage et SOn ingeacutenioshy

siteacute Cest une occasion de deacutefendre lhonneur de son village ou de

la corrnnunauteacute

La luttE ~5t avant tout u~e rnanifcs[dtic~ c~lturclie et surtout

fo lkhriqut-

Gracircce agrave elle on peut deacutesormais comprendre un certain nombre de chants

et de symboles A travers la lutte seacuteregravere on ccedilomprend les inter-relashy

tions entreacute la vie et le monde surntiturel

Sil devait y avoir la mort dun villageacuteois pendant la fecirctE au T qUE

de linterrompre on proceacutedait gracircce aux connaissances magico-religieuses

agrave la suspension de la mort jusquagrave une peacuteriode ougrave la population sera plus

disponible pour organiser des funeacuterailles sil y eacutetait preacutedit la possibishy

liteacute dune deacutefait du champion local au profit dun champion dun autre

village des recettes dordre maginque et religieux eacutetaient mises en prashy

tique afin que le champion du village ne soit jamais terrasseacute(J)

334 Le profil du lutteur seacuteregraver~

Le lutteur seacuteregravere est par essence un athlegravete impressionnant de par sa i

carrure et sa musculature saillante mais cest aussi une force tranquille

et calme quelque soit lenjeu du combagravet et particuliegraverement lhonneur

Cet aspect nous pousse agrave parler du NGiMBE cest-agrave-dire de la tenue du

lutteur qui va influencer sur sa faccedilon de lutter

La confection du Ngimbe revient agrave la communauteacute entiegravere Le Ngimbe a

une signification symbolique et le lutteur pour meacuteriter la confiance du

groupe se doit de tout faire pour ne pas toucher le sol Toute la commushy

nauteacute elle aussi sengage pour assurer la longeacuteviteacute et le succegraves du lutteur

dans laregravene par lorganisation droffrandes et de sacrifices en lhonneur

des Pangols bull

bull

Daucuns nheacutesitent pas agrave dire que lessentiel du mysticisme se fait agrave

la maison et non dans laregravene tout le reste nest quintimidation de

ladversaire

lsvcns

Tt- pi ~- t

t 1 ~ l _ ~ t

par rapport agrave lautre Cbci est trEgraves lieacute agrave lactiviteacute journaliegravere du

jeune seacuteregravere qui est un cultivateur donc toujours bien planteacute sur ses

jambes et qui continuellement manie lhiler

Le fait de couper le boi~ peut eacutegalement constituer un moyen de muscushy

lation non neacutegligeable pour le jeune lutteur

Un certain nombre de traits techniques speacutecifiques au lutteur seacuteregravere

semblent ressortir des diffeacuterentes interviews que nous aVOns fait subir

agrave certains lutteurs seacuteregraveres et agrave diffeacuterents techniciens

SOUS-GROUPES FORMES DU CORPS CONTROLES GARDES

SAFEN Moyenne en fente NONE Hancheacute Bras (distante) j

NDUTJ

f

SINE-SINE Deacutecalage Ngimbe

Moyenne

SALOUM-SALOUM Passage- Jambe (rapprocheacutee) 1

i

PETITE dessous Tecircte Basse et 1

COTE Moyenne (rapprocheacutee)

Notons que le Niominka ll commence agrave lutter agrave partir du sol pour avoir

assez deacutelan et sauter sur ladversaire afin davoir la prise du lion

(contr6le de la nuque et du bassin)

Co a -tem-nt ccedilt attitude du lutteur sEacuteregravere335 np -1t ~

Les croyances mystiques sont indissociables des activiteacutes quotidiennes

duseacuteregravere Ce qui explique le cocircteacute supersticieux du lutteur seacuteregravere En

~ffet certains lutteurs refusent de lutter avant certaines heures

Certains teacutemoignages nous apprennent quil nest pas donneacute agrave tout le

monde decirctre champion de lutte et que le lutteur doit avoir des dons

surnaturels pour ecirctre agrave mesure de livrer ses combats dans la nuit

et trouver seul un gris-gris speacutecial appeleacute Njatch

Le vrai champion de lutte chez les seacuteregraveres ne lutte pas seulement avec

~a force et sa technique mais surtout avec ses dons occultes

Chez les seacuteregraveres les morts sont toujours preacutesents et les ~pangols

Servent dintermeacutediaire entre les hommes et les morts Le pangol prend i

le nom dhumain dans certains villages (IIHeacuteJga NDONG Har Wag NGOUYE) i 1

De ce fait on verra le lutteur danser dufe maniegravere ou dune autre en

fonction du pangol de sa famille Ainsi nrus aurons le back (chant et

danse du lutteur) des DIOUF des FAYE etclbullbullbull

Dans laregravene le lutteur seacuteregravere a un comportement exemplaire aussi bien

agrave leacutegard de son adversaire direct quave~ le public en geacuteneacuteral Lexpli shy

cation semble tenir au fait que le lutteur seacuteregravere est avant tout selon

la tradition orale le repreacutesentant de toute la communauteacute seacuteregravere Par

conseacutequent il devra saffirmer non seulement en tant que lutteur dans

laregravene mais aussi en tant quentiteacute morale

336 La tenue du lutteur ou NGIMBE est confectionneacutee par le marabout de la

famille ou du clan Le Ngimbe est constitueacute de pagne en cCton tisseacute

Il doit ecirctre propre le lutteur qui le porte ne devra pas avoir de rapshy

port sexuel pendant toute la peacuteriode des cOTpeacutetitians car le Ngi~bE ne

doit pas ~tre souilleacute

Autrefois et mecircme aujourdthui dans certaines familles on devient

lutteur de pegravere en fils et dans ce cas le Ngimbe du pegravere est heacuteriteacute

par le fils Le fait de porter le Ngimbe de ses aieux peut susciter

chez le jeune lutteur une motivation et une volonteacute ineacutebranlable dtasshy

surer la supeacuterioriteacute d~s siens dans ltaregravene Il fera tout pour que le

Ngimbe de la ramille ne touche le sable

La tenue du lutteur a une signification et une importance sur le plan

mystique car selon les anciens le vra1 feacutetiche du lutteur celui qui

le proteacutegera et laidera agrave vaincre le nDjinne ou le tRapu de ladvershy

saire se trouve cacheacute dans ce Ngimbeu bull Celui qui confectionne donc le

Ngimbe U est doueacute de faculteacutes occultes

337 Larbitrase est assureacute par un sage du village qui geacuteneacuteralement fut

champion de lutte de son temps Dailleurs cet ancien nintervient que

si le terrassement est litigieux Hormis le public qui proclame la vicshy

toire ou le match nul le lutteur lui-mecircme est arbitre et il arrive

quil se deacuteclare vaincu

Nous avons pu cfter Meacutedoune KHOULE un desplus grands lutteurs seacuteneacutegashy

lais qui a donn~ une victoire agrave Djeacuteri SADIO son adversaire qui a reacuteussi

agrave lui faire touegraveher le sol de la main

IlL

34 1 Preacutesentation

Lethnie toucouleur vit En grandt partit ciE~~ la vallfc du S~~~gal

pt reprecircsente i peu pr~s 8 de la population totale secircn~galaise

o Histoire

Il semblerait que dans lancien royaume du Tekrour (IX~ siegravecle) des

eacuteleacutements neacutegroiumldes Sarakoleacute et des Peul aient formEacute par meacutetissage le

peuple Toucouleur (Toucouleur serait dailleurs une deacuteformation du

mot portugais Tacouror)

Ce empire a domineacute aussi bien les wolofs de lOuest que les Peul

nomades du Fouta Toro Cette reacutegion fut le premier pays islamiseacute par

les Almoravides ce qui peut expliquer le proseacutelytisme toucouleur

Ce sont les guerriers toucouleur islamiseacutes qui attaqu~rent avec les

Almoravides la capitale du Ghana Koumbi en 1067 On convertit par

la force les animistes Cest sans doute agrave cette eacutepoque que de nombreuses

ethnies reacutefractaires agrave lIslam ont dO accentuer leur migration vers

le sud (Seacuteregravere wolof Sarakoleacute Bambara Songhaiuml Akan et Peul se reacuteshy

fugiaient vers les hauteurs du Fouta Djalon)

Au XIXegrave siegravecle les Toucouleur allaient trouver en El Hadj Omar Tall

un grand conqueacuterent qui sous le preacutetexte religieux de la gJerre sainte

contre les tribus animistes (entre autres Bambara) eacutetendit lempire

toucouleur sur presque tout lensemble du gali et la partie de la Guineacutee

proche du l1ali

Lempire toucouleur composeacute de Sarakoleacute de Bambar~ de ~alinkeacute de

Xassonkeacute dE Peul et de Dogon eut le meurorit~ dunir CES diif~rentes ~ ~ - - - - - et~ics ~t dE CD~stituer l~Sl la b2S~ ~r 1

_ ~ ~ ~_ L ~

~ ~- ~- - - ---- _ 1 v _ t 1 ~-_ --

marabout tOL~culcuuml~ ~ middotlrrany a l ick SI venu des E1i rClS dE Pocior~ (

~ Vi~ euroconomicue et sociale -----------~-------------

Les Toucouleur sont des cultivateurs mais bien quils n~ soie~t pa~

pasteurs comrre les Peul leacutelevage a une place inportarteacute decirc1S ltur

eacutecono~ie Pour faciliter leur conquecircte guerriegraverE ils c~t Eucirc une preacuteshy

dilection pour leacutelevage des chevaux On y trouve aussi des pecirccheurs

appeleacutes Tchioubalo La socieacuteteacute toucouleur aurait une stratification

sociale tregraves rigide Les groupes ethniques et les castes eacutetaient

diffeacuterencieacutes et strictement exogamiques les Rimbe classe des nobles

comprenant la famille reacutegnante et les guerriers libres la classe des

Nieacutenieacutebegens de castes artisanales i les Rimaibeacute anciens esclaves

devenus serviteurs qui portent les noms de famille de leur maicirctres A

la base de lorganisation de la collectiviteacute toucouleur se situe le

village (Wouro)

Toutes ces castes sont cloisonneacutees entre elle~ Ainsi il nest pas

permis agrave un Torodo (noble) de se marier avec un Tchioubalo Ces

consideacuterations sont importantes dans le domaine de la lutte ougrave nous

apercevrons que les nobles ne sont pas faits pour lutter Le noble

preacutesidera les seacuteances de lutte et on luttera pour lui Ces condeacute rat ions

de noblesse et de rang social sont extrecircmement importantes dans le

monde toucouleur

Le noble ne doit pas se salir on lutte pour lui il ne vit la lutte

quen tant que spectateur

342 Education moeurs croyances et eratiques religieuses

Deux formes d~ducation sont agrave consideacuterer leacutedJcatio~ dES enfarts Et

celle des adultes

oG lenfant sait m2n~~r et apprfcier le goOt d~5 ~iifeurorents r~pas lt

le moment ougrave il CO~~e~CE agrave marcher

tivirt n~sormais le petit toucou]eur est eacuteduquf par toutmiddot 12 f2~i)]E

dabord puis par toutes lespersc~nes du village ou du C13~

Lenfant peut ~tre corrigeacute par tout adulte appartenant au groupe social

Son eacuteducation est deacutesormais laffaire de toute la communauteacute et non

exclusivement celle ces parents On linitie ainsi au travail quotidien

qui se fait dans la bergel~ e les champs et les bords du fleuve Au sein

du village il pourra apprendre agrave filer la laine et agrave tisser des pagnes

dans les champs il apprend agrave manier la houe et lhiler pour la culture

du riz et du mil Mais signalons que lactiviteacute essentielle du toucouleur

est leacutelevage des boeufs des moutons et des chegravevres Chez les Ichioushy

balos (p~cheurs ) lenfant sera initieacute tregraves tat au maniement des pagaies

agrave la p~che propremccedilnt dite et agrave la nage

Vers cinq-six ans lenfant est confieacute au maicirctre coranique le Ihierno

et ce dernier dispose exclusivement de toute sa vie Lavenir du jeune

enfant lui appartient

Comme dans les autres groupes ethniques les enfants sont regroupeacutes en

classe dacircge et cest dans cette structure que lenfant subit les rite

de passe et plus particuliegraverement celui de la circoncision

La circoncision est non seulement unE opeacuteration chirurgicale malS surshy

tout une peacuteriode au cours de laquelle le jeune garccedilon passe de leacutetat

dadolescent agrave leacutetat dadulte Les circoncis sont reacuteunis en classe

dacircge dans un endroit situeacute hors duvillage geacuteneacuteralement choisi par les

vieux Cet endroit n~st accessible que par des individus de SExe ffi8SCUshy

li~ ~ta~t au preacutealabl circoncis

- - - -

quable et complet sur le plan phy~ique et ~oral Ai~si liniti~

acquiert les qualitecircs indispensables que sont le courag~ la modest

lesprit de sacrifice lendurance

Le toucoule~r est un pleux musulma~ Cela sexp1

SOil le premier agrave tre en contact avec la religion musulmane de par sa

position frontaliegravere Lethnie toucouleur de par son histoire a preacutesenteacute

les plus grands chefs militaires et religieux musulmans seacuteneacutegalais Et

pour illustrer cela on peut citer en exemple la grande famille musulmane

des SY agrave TIVAOUANE repreacutesentant la confreacuterie des TIDJANES

Bien que lon note une majoriteacute musulmane on peut dire que certaines

croyances et pratiques mystiques et animistes persistent encore surtout

dans la reacutegion du fleuve

Une pratique courante se fait elle sappelle le Djatt Elle consiste

agrave faire sortir le caiman du fleuve agrave limmobiliser et agrave lattacher

sans quil ne reacuteagisse et tout ceci agrave laide de versets et dincantashy

tions magiques Dapregraves les teacutemoignages ces pratiques sont plutocirct

freacutequentes chez les Tchioubalos (pecirccheurs) Il arrive aussi que cershy

tains chasseurs ayant des dons se livrent agrave certaines pratiques an1shy

mis tes qui consistent agrave invoquer certaines puissances et agrave moduler sous

forme de chant des versets occultes pour se proteacuteger des mauvais esprits

et pour eacuteloigner les fauves Ce chant est geacuteneacuteralement incompreacutehensible

et deacutenueacute de sens pour le profane

343 Activiteacutes ludiques et pratiques sportives en milieu toucouleur

Durant toute son histoire lethnie ~oucouleur a toujours EacutetEacute Frese~teacute~

comme celle qui avait ue activit essentiellement guerr e e~ particushy

liegraverement farouche Trois eacuteleacutements ret r t l ecirc t te nt i c- euro so~t

le manie~~nt du ~acircton 12 luttE Et 1eacute danSE

l

Lecircducation ph~sique et artistique Dcc~pe un place precircpondecircra~rp

dans la fDrmat~on du jEune toucouleur A loccasion agraveeacutevegravenemen~ imporshy

tants reacutecoltJs mariages baptecircme nous assistons agrave des manifestashy

tions folkloriques de grande envergure le Wango oucirc dailse toucouleur

tregraves gymnique iles chants et surtout les sEacuteances de lutte

La lutte toucouleur est la forme de lutte la plus spectaclaire dans

tout le territoire seacuteneacutegalais Elle est essentiellement baseacutee sur des

techniques en hancheacute et surtout en souplesse Ceci sexplique par le

fait q~e le jeune toucouleur est tregraves tocirct initieacute agrave la gymnastique (saut 1

per saut de main salto arriegravere saut de tecircte couronneacute etc bullbullbull ) pour

la dans~ du wa~go En dansant le wango qui est une danse rythmeacutee et

gymnique le Jeune toucou1eur est capable de prouesses extraordinaires

1

En lutte lattaquant se deacuteplace tregraves peu pour avoir une bonne saisie

(geacuteneacutera~ement controcircle du Ngimben ) et enchaine brusqueme~t avec une

attaque surpris~ Cependant les ripostes sont souvent surprenantes et

spectaculaires (baseacutees sur la souplesse et la rapiditeacute) ontrairement

aux autr~s form~s de luttes ougrave lon voyait tous les jeune adheacuterer la

lutte to~cou1eur Verra un groupe de speacutecialistes sadonne agrave la lutte 1

(la lutte est lieacutee agrave la position sociale de lindividu problegraveme de

caste)

Q La morphologie du lutteur toucou1eur 1

1 1

Ce dernier nest pas aussi large et aussi fort que les lutteurs diola

et seacuteregravere Cependant il est tregraves reacutesistant La musculatJre est saillante 1

et tregraves souple lindividu est longiligne mais tregraves athleacutetique

Les mouvements de lutteurs sont semblables agrave ceux dun grand fe1in Cette 1

morphologie semble ecirctre lieacutee agrave la position geacuteographique de lethnie

(reacutegion du fleuve) et agrave lacitiviteacute socio-eacuteconomique du toucouleur qui

est agrave la fois cultivateur (activiteacute lieacutee agrave la crue et deacutecrUE du fleuve)

pecirccheuro~T CIcr~icubaon) et sttout jEumlrgcr qui est U~ rc~2eumlr

shy

Deux formes egrave~ corps sembl~nt ecirctre preacutefeacutereacutees du lutteur toucouleur

le hancheacute et la souplesse Les hancheacutes sont faits agrave partir de plusieurs

positions de doset se terminent geacuteneacuteralement par des techniques de

tregraves grande amplitude

TABLEAU RECAPITULATIF DES TECHNIQUES ET FORMES DE CORPS SPECIFIQUES

i

L441 r

GARDE FORMES DU CORPS CONTROLES --shy - -

Moyenne Souplesse Ngimbe

Hancheacute bras

Demi-souplesse

1

Profil psycholosigue 1

TECHNIQUES

ContrOle du bassin et 12 souplesse

arriegravere

Klicket et allegravegement de la hanche

Le lutteur toucouleur est celui lUi se livre le moins aux preacuteparaqons

maraboutiques Cela est dO au f~t que le toucouleur est un grand ~USUlshyman et que les pratiques animisges ont presque disparu dans ce mil~eu

Dans la pratique le lutteur esJ combaif mais il est calme et tr~s reacutefleacutechi quant agrave la deacutecision agrave prendre en plein corps agrave corps ct~st un des seuls techniciens qui reJte tregraves lucide au cours de ses comb~ts

l Dans toutes les circonstances e lutteur toucouleur est tenu de re~pecshyter son adversaire et ceux de s4n eacutequipemecircme sil est vaincu

Comme nous avons dO nous en rendre compte la rigueur des principes

eacuteducationnels a une influence tregraves sensible sur l~ comportement du

toucouleur

i

III S COCL ~s 1DO

Dans cette partie nous avons essay~ de montrer lftroite re1atic~

Entre les diverses activiteacutes socio-eacuteconomiques dans les ethnies et

lES diffEacuterentes faccedilons de lutter

Daucuns seraient tent~s de conclure trop rapidement et cest p0~r

cette raison que nOUS avons penseacute preacuteciser que le pheacutenotype nest

pas geacuteneacuterateur du geacutenotype Et nous sommes convaincus que la morphoshy

logie et les techniques des lutteurs relegravevent de leurs modes de vie

et de leurs croyances agrave une eacutepoque et danE un contexte bien deacutetermishy

neacutes

Est-ce que les lutteurs dio1a ou seacuteregravere travaillant avec leurs bras

dans les champs auraient les mecircmes pr 0 fil s physiques que les lutteurs

utilisant des machines pour lagriculture

- 69 shy

I UJOURDH~1 E-S ut O[l LES FORfilS Ut LU11t~

~otons que notre enqu~te a ecirctE essentiellement faiteen milieu urbain

Les seacuteances de lutte ont tendance agrave perdre leur particulariteacute de r~shy

jouissance pour devenir des pheacutenomegravenes de sportisatio Deux fores

de luttes so~t principale~cnt prat s dans les aregrave~es du 5 al

la lutte traditiunnelle simple et la lutte traditionnelle avec frappe

De nos jours la lutte traditionnelle tend vers une reacuteglementation

et une institutionalisation

Le reacutesultat de nos investigations nous donne le tableau ci-dessous

REPARTITION ETHNIQUE SUR 100 PRATIQUANTS

LUTTE LUTTE RAPPORTETHNIES SANS FRAPPE AVEC FRAPPE J2

Diola 40 16 71 j

Seacuteregravere 26 21 57

Toucouleur 23 10 69

Wolof 1 1 53 17

La demande sociale par ordre deacutecroissant pour la lutte sans frappe

se preacutesente comrre suit

]0_ Ethnie diola avec pregraves de 3 lutteur~ sur 4

2deg_ Ethnie toucouleur

Ethri dun

~ 1 LA LUTTE TR])IIIO~~ELLE AVEC H-PPE

Cette forme deacute lutte a une histoire qui date de lantiquiteacute elle

sa~pelait le Pugilat Au Seacuteneacutegal elle a vu le jour dans le Cayor

bien avant la colonisation Le coup dE pied l~Lrdn~lement la morshy

sure la frappe et le doigtf eacutetaient permis dans le cc=bat ~ ~middot~p0~~e

Dans certains cas la giffle eacutetait beaucoup plus dangereuse que le

poing quand elle eacutetait donneacutee par un speacutecialiste Cette giffle pouvait

agrave elle seule deacutechirer et mecircme parfois amputer la joue de ladverser

Selon les informations la lutte avec frappede nos jours serait une

forme de lutte tregraves eupheacutemiseacutee de celle dantan ougrave une blessure

pouvait souvent ecirctre mortelle

Aujourdhui au niveau du folklore la lutte na plus la mecircme

le spectaculaire a remplaceacute le significatif iLa lutte avec frappe se 1

pratique surtout dans les centres urbains C~aque fois quun grand combat 1

est progra~eacute par le Comiteacute National Proviso~re (CNP) des centaines damashy

teurs sont mobiliseacutes vers le stade lba Mar D~OP qui est aujourdhui le i

lieu approprieacute ougrave se deacuteroulent les grands conkbats de lutte Cest la formE

de lutte qui semble drainer une foule de personnes beaucoup plus importante

que celle de la lutte simple

La lutte avec frappe deacuteriverait dune forme de lutte traditionnelle

pratiqueacutee jadis dans le Cayor au temps des Damels et la frappe serait

le substitut dun certain nombre de pratiques doigteacute jet de produits

etc bullbullbull dont le but eacutetait laveuglement de ladversaire La lutte avec

frappe serait une continuation logique dune carriegravere sportive de la

lutte traditionnelle qui sen sert comme moyen socio-eacuteconomique En

effet la majoriteacute des lutteurs avec frappe ont dabord eacuteteacute initieacutes agrave la

lutte simple Cependant il faut signaler que de nOS jours il arrive

que le jeune lutteur avec frappE- soit directenent formEacute conne speacutecialistE

agrave la frappe sa~s pour autant faire son chemin dabcrd egravea~s la lutte

- ~ shy

Le recircsultat dE ~os interviews ncus rec~trE qGune pcpulatiD~ divcrsishy

fiampe sint~resse agrave ce sport et qUE les intecircr~[s des uns et d~SlautrE~

semble~t divergents naucuns affirment que la lutte traditionnelle

avec frappe serait monteacutee par des personnes dont la vocation est dexshy

ploiter ce pheacuteLomegravene agrave des fins commerciales Dautres disent gJellegrave

jouit de mcyens irport~nts t[l[~isio

tation etc bullbullbull ) pour toucher toutes les couches sociales CEpe~~a~t

nous remarquons que mecircme si certaines personnes reprochent agrave cette

forme de lutte decirctre brutale ces mecircmes personnes nheacutesitent pas agrave

se rendre le dimanche agrave laregravene Bien que critiqueacutee elle semble ecirctre

adopteacutee par une tregraves grande partie de la population seacuteneacutegalaise Cepenshy

dant en tant que techniciens il nous est permis de faire une remarque

Il sagit de

- Limpression nette decirctre devant des professionnels de la frappe

qui sont ~ntratneacutes pour cela Dailleurs les propos que nous avons

recueilli~ nous prouvent que la plupart des champions de lutte avec 1

frappe s~ntratnent dans certains sports de combat tels ~ue la boxe i 1

le karateacute le judo Dans cette nouvelle forme de pratique de la lutte

contrairefuent agrave la lutte traditionnelle le technicien e~t souvent

perdant face au puncheur Ce dernier adopte une lutte agrave distance qui

lui permet de placer agrave bon escient ses coups animeacute du deacutesir de vaincre

Le technicien lui se voit contreacute dans toutes ses entreprises par

un uppercut ou un crochet

On peut dire cependant que nul sport au Seacuteneacutegal que la lutte tradishy

tionnelle avec frappe ne deacutechaicircne autant de passions et autant de

pheacutenomegravenes poussant agrave lexcegraves et deacutereacuteglements quon ne peut que deacuteplorer

Mais comment deacutecrier un spectacle de lutte qui bien quayant perdu la

presque totaliteacute des valeurs traditionnelles veacutehiculeacutees autrefois par

elle sait susciter une participation effective de tous ceux qui sont

preacutesents

CONCLUSION

Dans ce meacutemoire nous sommes efforceacutes ~e faire ressort ir limportance des

ethos et des habitus et leurs effets sur la pratique de la lutte tradishy

tionnelle au Seacuteneacutegal

L~b egravethos repr~sentent dune maniegravere g~neurorale tous les eacuteleacutements speacutec

fiques sux Seacuteneacutegalais par conampeacuteguent un systegraveme de valeurs traditionnellEs

Mais m~me si ces valeurs rev~tent une signification universelle (honneur

digniteacute courage etc bullbullbull ) il nen demeure pas moins que ce nest pas leur

nature qui fait leur speacutecificiteacute mais la hieacuterarchisation et limportance i

quon accorde agrave toutes ces valeurs de ~ar leacuteducation ou la culture

i 1

Aussi les valeurs traditionnelles puient leur speacutecificiteacute dans les

caracteacuteristiques propres aux eacuteleacutements ~e la socio-cu1ture (la technologie

et leacuteconomie la politique et la pareteacute la psychologie et lideacuteologie)

dans la socieacuteteacute seacuteneacutegalaise agrave n momen donneacute de son eacutevolution Cest i

dire la neacuteceesiteacute de ne point faire della valeur une reacutealiteacute statique

Cest dite aussi quagrave tout mome~t le ~eacuteneacutegalais peut eacutevoluer et creacuteer

ou vivre par conseacutequent de nouv~lles fprmes de valeur qui lui sont 1

propres ft (J)

La lutte traditionnelle veacutehiculant deS valeurs socio-cu1ture1les speacutecishy

fiquement seacuteneacutegalaises (croyances valeurs morales norme de comportement

opinion attitude bullbullbull ) devient un eacuteleacutement important qui tregraves certaiaement

nous aidera dans notre effort de valoriser et de peacuterenniser notre patri shy

moine culturel par le biais dactiviteacutes physiques et sportives

Leacutetude des habitus nous permet de prouver quil y a plusieurs faccedilons

de se mouvoir comme danser lutter bullbullbull qui varient avec les diffeacuterentes

ethnies (wolof toucouleur seacuteregravere diolagt leurs convenances et leurs

eacuteducations

(1) Revue Ethiopiques 31 Les valeurs traditionnelles et le problegraveme de leur inteacutegration dans les systegravemes modernes jtducatio-1 2 6r--70

nautre part cette eacutetude permet aussi de nous rendrE compte de la

correacutelatipn eacutetroite existant entre la pratique de la lutte traditionnelle

et le sta~ut socio-eacuteconomique du pratiquant

Nos inves~igations nous indiquent que la lutte recrute essentiellement

au niveau des classes socio-eacuteconomiques situeacutees en bas de leacutechelle

donc posseacutedant le statut social le moins favoriseacute La lutte avec frappe

-et un certain secteur commercialiseacute de la lutte simple- y trouve sa

leacutegitimiteacute Comme le dit BOURDIEU nA habitus diffeacuterents styles de Vle

divergents et il oppse les pratiques aristocpatiques correspondants agrave

des activiteacutes qui favorisent les situations eupheacutemiseacutees ougrave la stylisashy

tion est importante aux pratiques populaires qui font appel agrave des

qualiteacutes qpposeacutees bllutes rugueuses Certaines interviews nous

montrent que plus lindividu occupe une place eacuteleveacutee dans leacutechelle

sQciale e~ 1

moin$ il sinteacuteresse agrave la lutte

Les reacutesultats recueillis dans nos diverses investig~tions confirment 1 1

1er propos qui disent que nous assistons aujourdhu~ agrave une involution

de la lutte traditionnelle parce que perdant toutes ses speacutecificiteacutes au 1

pryfit d~ne autre forme de lutte que lon continue agrave appeler nostalshy

giqlementIIlutte traditionnelle

Ceci pourrait peut-~tre trouver une explication dan la citation suivante

La liberteacute de creacuteer dinnover de vivre Pleineinenf decirctre soi et de

preacuteserver son authenticiteacute la digniteacute et lhonneu1demeurent des illushy

sions dans la misegravere eacuteconomique~ Nos ancecirctres creacuteai~nt des valeurs de cishyl

vilisation parce quils eacutetaient libres parce qu1i~s ignoraient toute

deacutependance eacuteconomique ils cultivaient en eux et cbez leurs enfants le 1

Jorn et la Kersa et preacutefeacuteraient la mort agrave la hoJte lI (1)

Or le Seacuteneacutegal comme la plupart des pays africainsi est un pays sousshy

deacuteveloppeacute t cependant face agrave cette volonteacute du gou~ernement seacuteneacutegalais

de faire inteacutegrer dans leacuteducation des valeurs traditionnelles nous

pouvons espeacuterer utiliser comme moyen deacuteducation la lutteacute traditionnelle

qui reste quand mecircme vecteur jethos et dhabit~s

- 54 shy

Mecircme si lon a noteacute un appauvrissement notoire sur les plans socioshy

culturel et moral la lutte traditionnelle recegravele une gamme importante

et varieacutee de techniques permettant incontestablement une ouverture vers

les luttes olympiques libre et g~eacuteco-romaine

La lecture de ce meacutemoire permettra agrave lentratneur et au professeur de

lutte en fonction du lieu ougrave ils seront affecteacutes dans le territoire

seacuteneacutegalaisdavoir une information sur les techniques contrOles et

formes de corps propres agrave chaque groupe ethnique et de les mettre en

relation avec leurs croyances et leurs mentaliteacutes

Nous avons essayeacute de montrer que la pratique de la lutte traditionnelle

doit tre axeacutee sur une ethnomotriciteacute au Seacuteneacutegal qui permette une inishy

tiation facile Cette pratique de la lutte traditionnelle seacuteneacutegalaise

devra dailleurs essayer de ~eacutepondre aux aspirations du Seacuteneacutegalaisl

moderne en souvrant aux ap~orts positifs des autres civilisations

ex~eacuterieures nous voulons Jvidemment parler du judo et des luttes oiymshyJ

piques 1

1 j Nous navons pas la preacutetentfon dans le cadre de ce meacutemoire demattrise

de reacutepondre agrave toutes les qutstions se rattachant agrave leacutetude de ~a lutte

traditionnelle souslangle~socio-culturel car non seulement il nous

manque lexpeacuterience et la c peacutetence en la mati~re mais aussil l le temps

et les moyens dont nous dis osions ne nous permettaient pas d~puiser le 1sujet i

1 1 1 t 1

l

- )5 shy

BIBLIOGRAPHIE

BIBLIOGRAPHIE

1- CLAPAREDE Psychologie de leacuteducation et peacutedagogie expeacuterimentale

Edition Delachaux et Niestleacute 244 pages

2- POCIELLC Christian Sport et Socieacuteteacute approche socio-culturelle

des pratiques Paris Vigot 1981 377 pages

3- PIERON Henri Vocabulaire de la psychologie

PUF Deuxiegraveme eacutedition 1957 469 pages

4- Revue socialiste de culture neacutegro-africaine ETHIOPIQUES

Les valeurs traditionnelles et le problegraveme de leur inteacutegration

dans les systegravemes modernes deacuteducation

GIA 21 Juillet 1982 213 pages

5- N2 Revue du Centre dEtudedes Civilisations DEM ak TEY

NIS IVegrave Trimestre 1982 96 pages

6- Document lNSEP Colloque sur la lutte aeacuteregravere

DAKAR MAI-JUIN 1980

t 1

~- Travaux du IVegrave Congregraves National ~es Sports agrave DAKAR les 2223041981

Bulletin n2 91 du CIO du 15 Aont 1965

l____________________________

8- Meacutemoire de Mattrise BADJI Abdou La lutte traditionnelle Joola

Etude et perspective

9- Meacutemoire Inspectorat JS DJITTE Mandy Les pratiques corporelles

traditionnelles au Seacuteneacutegal pour leur exploitation et leur

utilisation en peacutedagogie Marly le Roi 1980

REPUBLIQUE DU SENEGAL

--------------- INSTITUT NATIONAL SUPERIEUR

MINISTERE DE LA JEUNESSE DE LrsquoEDUCATION POPULAIRE

ET DES SPORTS ET DU SPORT

-------------

(INSEPS)

MEMOIRE DE MAIcircTRISE

Es-SCIENCES ET TECHNIQUES

DE LrsquoACTIVITE PHYSIQUE ET DU SPORT

LA LUTTE TRADITIONNELLE

son importance sa signification en fonction des ethos et des habitus ethniques au Seacuteneacutegal

Preacutesenteacute par

Monsieur Joseph Victor FAYE

Sous la direction de

M Jean Marc ROCHEZ

Professeur agrave lrsquoINSEPS

Anneacutee de soutenance 1984

- J 7 shy

3 ) 2 ~U(lquE5 aspects d~ l~ducatio~ ~t des rit~s en milieu diol~

L eacuteducat ion veacuteritable de lenfant diola est sociale et ne se corlprend

que dans la relation sociale elle deacutepasse de loin le strict cadre

famililal Elle commence au stade de lapprentissage du langage

Lenfant apprendra agrave reconnattre le langage du regard de ses parents

Il doit connaicirctre et faire la diffeacuterence entre un regard approbateur

et un regard qui blacircme De mecircme il doit apprendre agrave faire les gestes

de la tecircte qui expriment lapprobation En aucun cas lenfant nest

laisseacute agrave lui-mecircme Aura-t-il deacutesobeacuteit par complaisance naura-t-il pas

eacutecouteacute ou fait attention aux recommandations reacutepeacuteteacutees plusieurs fois

sans reacutesultat il fera lobjet dune punition corporelle avec la chicotte

Elle a pour effet de faire mal au corps de lenfant afin datteindre son

acircme sa sensibiliteacute et instaurer en lui une sorte de 1iaision de la

meacutemoire du mauvais comportement agrave la douleur quen voulant eacuteviter la

douleur il finit par eacuteviter le mauvais comportement en tout cas den

prendre conscience degraves cet acircge Cest une meacutethode deacuteducation mora1e (])

i 3121 Leacuteduca~ion maternelle

1

Notre eacutetude nous a montreacute que mecircme de nos jours leacuteducation diola

conserve encore ses caracteacuteristiques traditionnelles au niveau des rites

des moeurs des habitudes des principes et des normes

Leacuteducation de lenfant reste lune des plus rigoureuses Elle commence

degraves le plus bas acircge car pour le dio1a on ne peut redresser une personne

adulte donc autant leacuteduquer tregraves jeune Jusquagrave lacircge de trois ans

lenfant sera encadreacute par sa megravere qui bien queacutetant tregraves douce fait

preuve daucune indulgence Elle lui apprend les interdits de la communaushy

teacute respecter son prochain ne pas insulter ni profeacuterer de gros mots surshy

tout en preacutesence de grandes personnes ni faire violence agrave autrui

Plus terd v~rs cinq ou SlX ans le jeune garccedilon est initi~ a~x travaux

ces cna~ps des rizi~r~s cles pal~eraiEs ce Gui ne manquer6 pa5

davoir ces rEpcrcussic~s sur SOn deurovelopperncnt morpholoique

- 1( shy

3122 La circoncisio~

cest un rite obligatoire Il a pour but dintroduire le garccedilon dans

la communauteacute des hommes en tant que responsable Cest un rite qui

laisse une trace indeacuteleacutebile dans la vie du jeune diola Les principes

de la vie en socieacuteteacute y sont enseigneacutes agrave fond Le rite de la circoncishy

sion preacuteseuro~teuro uneuro forme p~lticul do~t s~uls les diolas connaissent

lorganisation internecar la circoncision est agrave la fois une eacutepreuve

physique intellectuelle et morale

Cette circoncision en milieu diola se passe dans le bois sacreacute En ce

lieu les Njoulis (circoncis) sont encadreacutes par des mattres les

Kintangs et au-dessus de ces mattres regravegnent un ecirctre doteacute de faculteacutes

occultes il sagit du Kankourang Le kankourang a cette capaciteacute de

disparattre de voler quand bon lui semble Il incarne la justice et la

violence et assure la protection de ses disciples contre les mauvais

esprits Ainsi le kankourang incite agrave lobeacuteissance et agrave lordre dans

cette socieacuteteacute Dans la tradition diola le kankourang repreacutesente un

pouvoir mystique capable de choses extraordinaires dont la socieacuteteacute

moderne avide de raisonnement ne pourra trouver une explication Au

cours de la circoncision les initieacutes subissent un certain nombre

deacutepreuves physiques que le diola appelle samasso Il doit se soushy

mettre agrave lensemble de ces eacutepreuves consideacutereacutees comme indispensables

agrave sa formation pour lui permettre de juger ses capaciteacutes physiques

mais eacutegalement deacutepouver sa valeur intellectuelle morale et sociale

Il pourra aussi se mesurer aux autres dans le domaine de la consideacuteration

et du respect En quittant le bois sacreacute le jeune doit posseacuteder une

grande partie des qualiteacutes humaines et socisles quil faut agrave un howmE

pour vivre en harmonie avec la socieacuteteacute traditionnelle Il serait bien

sOr possible dans le cadre dune eacutetude plus approfondie de parler de

bien dautres rites et pratiques traditionnelles

Notons cependant que le rite de la circoncision appartient aux anc~t~es

et que dans les villages reacutecents ougrave les structures ont changeacute on ne

Jeux jours avant la re~trfE cans le bois sacr[ les adolescents so~r

-

- Jo shy

por lE diola 11-071- doit rester en harrc1iE avec lE

tal lanimal lui-mecircme les ancecirctres les geacutenies Le rit~ du rasdge co~sist~

acirc ~loigner la ~alchance de lenfant Si l~ ritE nest pas respecteuro eumlr es

parents du futur initieacute celui-ci connaicirctra la malchance pendant toute sa viE

Ce rite a aussi pour faculteacute deacuteloigner le mal et de preacuteserver lenfant des

mauvais esprits

Le rite de leau sacreacutee se fait un jour avant lentreacutee dans le bois sacrEacute

Les femmes doivent se garder davoir le moindre contact avec leau beacutenite

pour se preacuteserver des conseacutequences facirccheuses qui pourraient en reacutesulter La

tradition veut quune seule goutte soit capable de deacuteclencher lavortement

l chez la femme enceinte de rendre steacuterile la jeune fille ou de provoquer des

menstrues perpeacutetuelles chez la femme ayant atteint la meacutenopause bull

bull Le rite de la forge protegravege le futur initieacute pendant son seacutejour dans le bois

sacreacute Mais cette protection seacutetend bien au-delagrave et de rite veut que toute

personne qui y faillit soit condamneacutee agrave devenir leacutepreuse

Pendant plusieurs semaines les jeunes initieacutes subissent une formation capishy

tale qui fera deux des hommes complets

313 Croyances et pratiques mystiques

Si nombreux sont les diolas convertis au Christianisme ou agrave lIslam leur

foi napparatt jamais incompatible avec leurs croyances animistes Lhisshy

toire des rois et reines diolas nous reacutevegravele quils eacutetaient les ffprecirctres fl de

ces cultes feacutetichistes destineacutes agrave maintenir la fertiliteacute et agrave provoquer

la chute des pluies De nos jours existent encore des socieacuteteacutes secregravetes agrave

base religieuse ou magique la plus redouteacutee eacutetant lassociation neacutecrophashy

gique Kousanga des Floup (1)

Deux fafu expliquent la coexistence du dogme et de la croyance

le contact tardif de la socieacuteteacute diola avec les civilisations eacutetrangegraveres

et leacutevangeacutelisation ou lislamisation quelles veacutehiculaient Il e~ reacutes~lt~

une importance des traditions leur reacutesstance agrave une remise en questic~ ce qui confegrave~e agrave la socieacuteteacute diola un caractegravere conservateur

r~c~~i]EE 2~fr~~ ~c - t

ct ~Cc egraveE~ Cimiddotilisatilaquo~ eacute

la neacutecessiteacute de lanimisme consiegraveeuroreacute comme base de toutes legrave~

religi0~s uumlegrave serait-ce que corr~e tentative ciexpliquer li1explishy

cable en se repreacutesentant en particulier comme un ensemble de puisshy

sances mystiques Ainsi pour lanimiste agir sur la nature cest

intervenir psychologiquement aupregraves de ceLX qui la gouvernent

314 Imeact des moeurs sur la prat~que de la lutte diola

Lorigine de la populariteacute de la lutte eugrave milieu diola est par trop

impreacutecise aussi nous nous limiterons agrave en donner la signification

actuelle La lutte apparatt dabord comme un moyen privileacutegieacute deacutedushy

cation

- sur le plan corporel afin de deacutevelopper la force lagiliteacute la

rapiditeacute et la souplesse

- sur le plan moral afin de deacutevelopper les vertus caracteacuterielles

courage tenaciteacute digniteacute bullbullbull neacuteces~aires agrave laction

Mais la lutte apparatt aussi comme un mpyen dinteacutegration sociale car

le jeune diola qui se refuserait agrave se sbumettre agrave leacutepreuve de la lutte

encourrait un isolement alors que celui qui excelle en bravoure devient

rapidement populaire Dougrave ces affrontements agrave linteacuterieur dune classe

dige qui tout en restant un moyen de reacutejouissance servent eacutegalement

agrave eacutetablir des comparaisons

Nos observations et nos interviews confirment le caractire tris physique

de la lutte diola immeacutediatement les lutteurs sont au corps agrave corps et

les techniques consistant agrave aracher ladversaire priment sur toutes les

autres Exprimer sa force est une preacuteoccupation constante il suffit pour

sen persuader de voir le groupe de lutteurs peacuteneacutetrer dans laregravene au son

du Born bol on que rythme le claquement de mains des femmes

C~tte da~se est une deacutebauche dAnegie Ougrave les lutteurs pieacutetin~Ert avec

force L sol

i shy

3141 EorphologUgrave et valeur physiques du lut teur diola

Le lutteur diola possegraveagrave~ un deacuteveloppement caracteacuteristique du trai~

supeacuterieur et de la musculature doso-lombaire Ceci est tregraves certaineshy

ment lieacute au maniement de la houe de la daba et surtout dukadiando

dont lusage permanent a modeleacute la morphologie du lutteur diola

La valeur physique de ce lutteur semble reposer sur sa force sa

reacutesistance mais aussi sa rapiditeacute

3142 Reacutepertoire technique

Dans le Blouf la forme du corps la plus utiliseacutee est le deacutecalage souvent

combineacute avec un crochet de jambe (gal gal) ceci semble ecirctre lieacute agrave

lutilisation quotidienne dans les riziegraveres du kadiando Le paysan du

Blouf sera ameneacute agrave faire un mouvement de torsion pour deacutecalerlinstrushy

ment enprenant appui sur son genou et ceci continuellEment pendant toute

la jourpeacutee Chez les diolas du Fogny le kadiando eacutefait surtout utiliseacute

par les femmes qui soccupaient autrefois exclusivement de la riziculture

et ce n~est quaujourdhui que les hommes cultivent le riz 1

La principale culture dans le Fogpy est celle du mil on y cultive aussi

de larachide De ce fait loutil le plus utiliseacute est le donkoton qui

est un instrument tregraves petit avec un manche court et dont le maniement

expliquerait peut-ecirctre leacutetonnante musculature du train supeacuterieur et surshy

tout de la zone dorso-lombaire du 4i6la fogny qui excelle dans les techshy

niques en force genre arracheacute avec les bras sur contrOle de la ceinture

de ladversaire Lulisation du donkoton semble eacutegalement expliquer la

garde tregraves basse du lutteur fogny

Dans le kassa on aurait pu trouver la mecircme forme de lutte car la morphoshy

logie du lutteur est agrave peu pregraves la mecircme mais linterdiction formelle de

la prise du ~gimbe modifie et limite tout le repertoire technicult2 ou

lutteur Le lutteur kassa adopte une garde basse et agrave une preacutefeacuterence pc~r

legraveS tc~-iccedilues n passa~ dessous - - ~ shymiddotmiddotcrc t--=~ c-

----

contact et agrave partir de ce TtoTteuront ils peuvent se relever et conti~uEr

en lutte debout jusquau terrassemen~

Toutes les gardes sont rapprocheacutees en milieu diola

irbi trage

Les combats sont arbitreacutes par un deacuteleacutegueacute geacuteneacuteralement anClen lutteur

Ces anciens lutteurs ont pour rocircle de veiller au bon deacuteroulement du

combat La victoire est deacutecreacuteteacutee dans les cas ougrave un des lutteurs se

retrouve en position assise sur le ventre sur la cuisse ou les

genoux (sauf dans le Kassa)

Il existe un autre mode de victoire celle qui est proclameacutee agrave la

suite dune supeacuterioriteacute eacutevidente du~ des lutteurs A savoir quand

un lutteur soulegraveve tregraves haut son camarade et que son manager estime i

quil est pratiquement battu il peut arrecircter le combat en touchant

dabord le lutteur adverse popr eacuteviter que son lutteur ne soit terrasseacute

tregraves fOrt Nest-ce pas un deacutecision sage des managers qui peut contribuer

agrave maintenir le caractegravere reacutecr~atif de la lutte joola 1

La victoire dun village sur un autre village ne se mesure pas au

nombre de victoires obtenues par lensemble des lutteurs En effet

il suffit que le champion soit battu pour que le village soit consideacutereacute

comme deacutefait Ce qui explique limportance et le seacuterieux que le village

accorde agrave la preacuteparation des championsl)

Il est cependant important de signaler que larbitrage dans les centres

urbains revecirct une iautre forme beaucoup plus codifieacutee et cest peut-ecirctre

une des raisons qui font quen milieu urbain la lutte diola perde une

partie de son originaliteacute

En dehors des techniques speacutecifiques agrave chaque sous-groupe il faut

signaler quil y a une multitude de prises et quelGues formes de corps

comTIunes agrave letnn Car reconnaissons qu il cO unE ror-euro approp=i~eacute

dE ~ouvane du l~tteur diola en TaI

-----~-----

LE tableau ci-dessous se propose dE reacutesumer les diffeacuterentes consideacuteshy

rations techniques envisagEacutees dans cette partie

FORlŒSSOGS-GRGUPES 1 COItltOLE GA~JESDt CORF=

i ~

1 1

Passage dessous de jambes et BassE KASSA saisies Moyenne1annexes bras (rapprocheacutee)

ceinture tecircte

Deacutecalage de Moyenne et BLOUF Demi-souplesse Ngimbe

HauteHancheacute Bras (rapprocheacutee)

Jambe

Arracheacute CouFOGNY Tregraves basse

Hancheacute ii 1

1 1

3 14 3 bull LeIIa~~jueetlecom~ortementdulutteur-+iola

1 Le comportement et lattitude du lutteur dans laregravene pe sont en fait

t

que le reflet de sa psychologie et plus partiCUliegraverem t de son eacutetat

dacircme Or il napparatt pas abusif deacutetablir des cor eacutelations entre

le psychisme dun individu et lempreinte eacuteducative quil a subie En effet en sortant du bois sacreacute le jeune diola a acquis un ~ca~~l

eacutequilibre physique et mental

Cette matrise de lui-mecircme permet au lutteur dans la~egravene dadopter

un aire enjoueacute de manifester beaucoup denthousiasme~ La lutte devient 1

essentiellement un jeu laspec ludique y est privileacutegieacute et ~ela influe

sur le comportement du lutteur

Ainsi queurolq~c soit limporta~cE de le~je~ le lutt~c~ dic1e Seuroreacute

to~jours serein et s~ livrera sa~s arri~re pe~s6e da~$ ~E CO=beacute ou-

tons que le lutteur diola est trecircs fair-play et sil arrive quun rdnd

lll L COIicircilU1Ul L ULOF

32 J Preacutesentation

La soc tEacute wucirc10f est celle qU1 a eacuteteacute la plus marqueacutee par la colonisation

~~ fait peut-gtre de sa position geuroographiquE dune part ct de 50~ imporshy

tanCE sur le plan dfmographiquE dautre part En effEt ceurootteuro CC-~ucircautE

wolof repreacutesente environ 20 de la population seacuteneacutegalaise

Elle est constitueacutee de pecirccheurs (ce sont les leacutebous) dagriculteurs de

fonctionnaires de lEtat mais surtout de commerccedilants

A pqrtir de leur reacutegime dimplantation le Cayor le Walo le Baol le

Djolof et la presquicircle du Cap-Vert les wolofs ont tendance agrave irradier

sur lensemble du territoire sous leffet de leur speacuteculation agrave la culshy

ture de larachide et du nombre important de fonctionnaires quon trouve

dans cette ethnie

322 Les moeurs et croyances wolofs

Bien queacutetant en grande partie des musulmans convaincus les wolofs

conservent toujours une croyance animiste et continuent agrave faire des

sacrifices agrave porter des cornes ou des morceaux de bois agrave la ceinture

aux jambes ou aux bras et agrave croire agrave lexistence des Djinneacutes et des

Raps bull

Le Djinneacute cest une creacuteature malfaisante en geacuteneacuteral capable de choses

extraordinaires Il possegravede des faculteacutes surnaturelles Cependant dapregraves

la croyance animiste certains Djinneacutes peuvent ecirctre bons

Le Hapl cest une creacuteature ayant des dons occultes appartena71t agrave une

famille ou agrave une communauteacute et dont le rOcircle est de veiller cu daider

les reCJrES de le fai11p ou dt la conmunauteacute en cas de da1gel Le Rap

~ ut te c ) ~~c-

ei sltcificE cJ sanl dE meut0 dL chat de pC)wleurot 5E1lt les conveuroshy

lances parfois leur dorner COrllTe offrande du lait Laii

Qua1d une famille ou une communauteacute neacuteglige les Sarakh (ici dans

le sens de sacrifice ou Offrande) elle se voit aussitocirct vouEacutee agrave la

maleacutediction des mauvais esprit~ (fcllec dans touteacuteS lEs ~treprises

de la vie maladie mort bullbullbull ) Les lieux ougrave habitent ls Taps et ougrave

se font les sacrifices se nomment Khambs

Geacuteneacuteralement le khamb se trouve dans lenceinte de la maison ou

dans un coin approprieacute du village Les lieux du khamb sont marqueacutes

par la disposition de calebasses de pilons de morceaux de poterie

briseacutes de grosses pierres de cornes et dautres objets heacuteteacuteroclytes

La superstition wolof est tregraves marqueacutee En effet pour le wolof toutes

les manifestations quotidiennes trouvent leur signification dans le

mysticisme Citons agrave cet effet quelques ezemples Une femme enceinte

ne doit pas marcher agrave nimporte quelle heure de la journeacutee Certaines

heures de la journeacutee lui sont interdites le Timiss (creacutepuscule

le Ndjo~or (de 13 H agrave 14 H de lapregraves-midi) le souf-segravede (de

minuit i4 H du matin) Selon la tradition ~t la croyance wolof les

mauvais ~sprits choisissent ces heures pour jeter des sorts Et la

femme enceinte eacutetant tregraves vulneacuterable le Djinneacute essaiera de lui insufshy

fler son souffle pour atteindre son beacutebeacute afin dentratner soit la

meacutetamorphose de cedernier en monstre soit de le tuer avant sa naissance

Dailleurs pour le wolof et pour certaines autres ethnies au Seacuteneacutegal

le timis le tdjolor le souf-segravede repreacutesentent des peacuteriodes de

la journeacutee ougrave lon ne doit pas se hasarder dans les rues et les champs

Ce sont des heures propices aux apparitions des Djinnes sous nimporte

quelle forme humaine ou animale

Il est eacutegalement interdit au wolof de marcher ou de serti la nuit du

~eacutellfria-

loutes c~s pratiques ~ystiqu~s et cr0ya~ces religi~us~5 ~xistent eL~~[

certainement dues agrave un meacutetissage culturel Parallegravelement aux feacutetiches

aux incantations et agrave lutilisation des safaras (substance magique)

notons lexistence de ga l a tchs (ce sOnt des talismans ougrave sont inscrits

du qui les porte Toutes ces croyances biEn sucircr auront une rEacutepercussicrI

sur leacuteducation du jeune wolof

323 Leacuteducation du wolof

Pour caracteacuteriser leacuteducation wolof nous avons penseacute donner comme

illustration cet extrait de la revue DEM ak TEY Pour deacutefinir leacutedushy

cation le wolof fait appel agrave un symbolisme qui eDglobe aussi bien les

moyens mis en oeuvre Yar que le reacutesultat obtenu agrave laide de ces mecircmes

moyens cest-agrave-dire la formation et le deacuteveloppement de lecirctre humain

ou Yaru

Le substantif Yar deacutesigne le fouet

Ce symbolisme deacutesigne donc au-delagrave du simple sens mateacuteriel de lobjet

lutilisation qui permet daboutir au reacutesultat escompteacute (Yaru) Au sens

geacuteneacuteral Yar deacutesigne tout instrument servant agrave infliger une punition Le

terme laisse supposer agrave priori que cette phase de lenfance durant lashy

quelle se preacutepare la vie de lhomme est lieacutee agrave la souffrance au supplice

Dailleurs une maxime wolof compare lenfant agrave une tige quon a tout le

loisir de redresser alors quelle est encore flexible bull

bullbullbull Pour leacuteducateur wolof la perfection nest point de ce monde malS

le devoir de chaque homme est de tendre vers la pleacutenitude en luttant

contre ses propres faiblesses Leacuteducation va d01c iisister essentielle~(-~t

sur lexercice quotidien de leacutelevation ffiora1e d~ lindividu Pour cela

elle privileacutegie la patience munI) vertu dabneacutegdtion et dE deacutesinteacuteresseshy

m(~t autour dE laquelle sarticulent toutes ]e~ ~u~~~s qualiteuros

i _

aan~ ~ s0cieacutet gt~olcf ocirclt~tartt nul -Jt- poulait sabecircisstr

tion de sa libertEacute La liberteacute est le preuumler drcmiddotir dE l ho-)euro egrave~S

baigner dans une beacuteate admiration du passeacute la comparaison avec le pr~$(middott

si~posc dclle-mecircme car lon reste s reacute devant la deacutesinvolture aVEC

laquelle dES honmes daujourdhui descendants de cette ~~~EacuteTatic ccedil~l se

une fois [largis bullbull tTasque fiers davoir fait leacute priS0n PEut-2tTE

faut-il mettre cela sur le compte de lurbanisation et des nouvelles

valeurs qui ont pour nom enrichissement reacuteussite sociale avec ce que

cela comporte de deacuteshumanisant et de deacutepreacuteciateur (1)

3 bull 2 bull 3 1 bull Lesri tes

Le sevrage et la circoncision constituent les deux grandes phases initiashy

tiques chez le wolof

- Le rituel du sevrage est appeleacute maga1 (litteacuteralement rendre grand)

Cest un eacutevegravenement important aussi bien pour les parents de lenfant que

pour la co~unauteacute Durant cet eacutevegravenement qui survient geacuteneacuteralement deux

ans apregraves la naissance du beacutebeacute les personnes vivant dans lentouragE

apportent leur soutien moral et mateacuteriel

- le rituel de la circoncision revecirct pratiquement la mecircme signification

que dans les autres ethnies seule la forme diffegravere La circoncision reste

encore une eacutepreuve de la vie au sort i r de laque Ile ladolescent devient un

homme Aujourdhui il faut noter une meacutetamorphose de la structure sociale

et des croyances religieuses tregraves accentueacutee aussi bien chez les wolof que

chez les autres groupes ethniques et ceci est peut-ecirctre dO au contact

permanent quils ont avec la socieacuteteacute occidentale

Malgreacute ces constat~tions il semblerait pcu=tant qUE la sociecirct~ lecircbou Gci

bien que se trouvaLt en grande partie dans ~a Presquth du Cap-ETt Et

en contact permane~t avec les blancs soit la portior la plu8 cc~serva-

----------~_- ---~-- -----

~

Incidences d s ~00urs sur la l~ttE

Le wolof connaicirct deux formes de luttes la lutte sirplE- sans t-t

la lutte avec frappe La lutte avec frappe a une crigi~e purement r

et ce nest que plus tard quelle devint une prati1uE sportive et lud

preacuteparer agrave la guerre Aussi tout en luttant On eacutetait autoris~ agrave frapper~

griffer mordre voire introduire son doigt dans loeil de son adversaire

Le jeune wolof devait eacutegalement se livrer agrave la lutte avec frappe afin de

favoriser son insertion dans la socieacuteteacute adulte et sinitier au meacutetier de

soldat faute de quoi il ne pouvait se faire entendre ne avoir des marques

de respect Pour montrer la populariteacute de la lutte dans le Cayor signalons

que les Damels ll (rois) et les Teignes (nobles) nheacutesitaient pas agrave sy

livrer Quant au IIMbeu~ (lutteur) elle lui servait de moyen de promotion

sociale car d8S que sa reacuteputation eacutetait eacutetablie il pouvait ecirctre choisi

par les rois et les nobles comme garde de corps

325 Signification de la lutte en milieu wolof

La lutte se pratique dabord pour lhonneur qui est une vertu tregraves signishy

ficative pour le wolof Elle permet de renforcer les liens amicaux entre

les jeunes de villages diffeacuterents Le champion veut gagner

confiance et la consideacuteration de son village de ses amis

Etre champion cest aussi susciter ladmiration chez les

sentant la force la viriliteacute et la deacutetermination

326 Organisation d~s eacutepreuves de lutte

3261 Les Mbapatts Ce sont les seacuteances nocturnes

pour meacuteriter la

et des anciens

filles en repreacuteshy

Ils sont organiseacutes apregraves les reacutecoltes agrave la fin de la saiscn des pluies

Ceci surtout p~ndant les peacuteriodes de clair de lune car ils peuven~ durEr

toute la nuit Le but des ~Dapatts lt=tait de prfpa-er FhysicuemeH et

~ arb Sil

326 Le 1

cest une organisation beaucoup plus importante que les I~apatts ~

loccasion de laquelle on peut voir plusieurs lutteurs de grande reDommfe

saffronteLLa fin dl lamb est toujours couronneacutee par une grand co~bat

duquel le vainqueur est sacreacute champion de la contrecirce

Le choix du lieu est lieacute agrave limportance de ce lieu dans le village cest

la place publique ougrave geacuteneacuteralement se passent toutes les manifestations

assembleacutee geacuteneacuterale sabar (danse) cest aussi lendroit ougrave sont prises

les grandes deacutecisions

3623 Lappariement

Dans un village ou un quartier les lutteurs se regroupent en lang

(eacutequipe) et jamais deux lutteurs de mecircme lang ne se rencontrent lors

du lamb

L appariement s~ fait librement entre lutteurs de lang diffeacuterents l1hs

une regravegle veut ~uavant de lutter avec le Mbeur Kanur de tel lang si

on est soukh (l~tteur pas encore confirmeacute) il est neacutecessaire de lutter

dabord avec ses soukh et ce nest quapregraves les avoir terrasseacutes tous

quon se voit octroyer la chance de lutter contre lui

Notons que la cateacutegorisation des lutteurs par poids nest jamais prise

en consideacuteration

3624 La tenue du lutteur ou NGIMBE

Le middotNGimbe est confectionneacute par le marabout de la famille ou du clan Il

est constituecirc de pagnes en coton tisseacute geacuteneacuteralement offerts par la megravere ou

la grand-megravere du lutteur ceci lors des organisations de ~rande Tportance

COrlune lef 1amb Dans le cadre des l-bapatt les pagnes sont C tErts peumlr

~~~rcfcis ct ffi~mc aujourdhui d218 cErtaInes fa~ille5 on devj~Gr

luttEur de pegravere en fils et dans ce cas h 1

gimbell du pEgravere Est recircr i tEacute

par le fils Le fait de porter le lI~gimbe agravee ses aiumleux peut susciter

cne~ le jeune lutteur une motivation et une volontecirc in~branlable rlasshy

surer 12 supeacuterioritEacute cis SIcirct-ns dallS

le xgimbe de la famille ne touche pas le sable

La tenue du lutteur a une signification et une importance sur le plan

mystique car selon les anciens le vrai feacutetiche du lutteur celui qui

le proteacutegera agrave vaincre le Djinneacute ou le Rap de ladversaire se trouve

cacheacute dans ce Ngimbe Celui qui confectionne-le Ngimbe est doueacute de

faculteacutes occultes

~~r~i~rg Il est assureacute par un sage du village qui geacuteneacuteralement fut

championde lutte de son temps Dailleurs cet ancien nintervient que

si le terrassement est litigieux

Hormis le public qui proclame la victoire ou le match nul le lutteur

lui-mecircme est arbitre et il arrive quil se deacuteclare vaincu ~ous

pouvons citer comme exemple Meacutedoune KHOULE un des plus grands lutteurs

seacuteneacutegalais qui a donneacute une victoire agrave Djeacuteri SADIO son adversaire qui a

reacuteussi agrave lui faire toucher le sol de la main

Il Y a terrassement quand le lutteur se retrouve

- assis sur le sol

- eacutetaleacute sur le dos

eacutetaleacute sur le cocircteacute

les deux genoux au sol

- les deux ma~ns au sol

la tecircte (front au sol agrave la suite dune brouette)

Il peut y aVOIr match nul si apregraves li1 temps ccmsideacuterable les lutteurs

SE sont ~ ivrEacutes respectivement agrave des assauts rEacutepEacutetEacutes et n arrivEt pas a

3265 L~ precircparation mystique

Il faut reconnattre quon ne peut parler de lutte en milieu wolof sans

envisager une preacuteparation mystique seacuterieuse Co~~e ~ous lEvans vu a~teacute-

1middot ~ d ~ ~rlturenent t0utes es actlvmiddotltesmiddot u W010 sont lles a SeS croyances

- la lutte ne concerne pas seule~ent deux acteurs se livrant faruumlucheshy

ment agrave un combat au milieu de laregravene mais eacutegalement les marabouts et les

feacutetichistes du village ou du clan qui doivent deacutefendre leur savoir et

leur prestige Avant le combat le lutteur doit se livrer agrave un certain

nombre de preacuteparations mystiques pour assurer sa victoire Aussi sommesshy

nous appeleacutes agrave parler de BACK (cest le chant et la danse du lutteur)

- le batteur de tam-tam compose un rythme en fonction du Galagne ou du

Senghor (gds-gris) du lutteur Chaque galagne sera choisi en fonction

du Rap ou du Djinneacute correspondant au Totem du lutteur

Le chant geacuterleacuterique Feinte woy veut dire litteacuteralement composer un 1

chant Ce chant est geacuteneacuteralement composeacute par les filles du viilage du

champion ou par un griot de sa communauteacute Et agrave travers ce chrnt on

arrive agrave toucher la corde sensible du lutteur en chantant lesl innombrables 1

victoires de ses ancecirctres ou en lui rappelant ses prouesses eacuteblatantes 1

Chaque lutteur doit avoir un chant et un back qui lui sont propres

327 Le reacutepertoire technique et les caracteacuteristiques physiques dulutteur wolof

Le lutteur wolof est geacuteneacuteralement moyen de taille la musculagraveture est

tregraves saillante ce qui fait ressortir un aspect tregraves athleacutetique ceci

est vrai sans exception pour le lutteur leacutebou mais il arrive que le Cacircyoshy

rien le baol-baol le walo-walo soient de grands gabarits de forte constishy

tution

CepEndant pour une meilleure compreacutehension du sujet nous pouvons eacutetudiEr

deux jroups d lut teurs qui vont deacuteterminer deux st yI e s de lut tes

- ~ t

les tc~tativ~s de~[reacutee e~ ramassement de jambes de la~v~sairL Ce~~

peut Ecirctre expliqueacute par le fait que les lutteurs leacutebou ou walo-walc qui

sont des pecirccheursadoptent cette garde tasseacutee du fait quils so~t tou-

jours pencheacutes en tirant le fil ou en poussant la plrogue On verra techrugravequeacutes dt cirr 2C ~lt 5Jllicitocirct

surLuumlut les membres supeacuterieurs

Le cayorien et le baol-baol par contre sont les plus grands cultivateurs

darachide chez eux les techniques de lutte sont plus varieacutees et la

garde est moins renfermeacutee Les lutteurs cayorien et baol-baol ont une

morphologie et une reacutepartition musculaire bien eacutequilibreacutee ils excellent

dans les techniques en deacutecalage les techniques de jambe et surtout les

techniques de riposte ougrave lon peut voir des prises de hancheacute tregraves amples

Dune maniegravere geacuteneacuterale on peut dire que le lutteur wolof est un fin

technicien qui sait surtout creacuteer les opportuniteacutes e~ avec sa rapiditeacute

utiliser la force de ladversaire pour le deacuteseacutequilibrer le noodju

le mbas le weacuteheacuteleacute et le rasu sont des techniques propres au lutteur

wolof

En deacutefense il utilise surtout des kl~klets ou gal-gal Notons que

le balancement des bras ou Lewato e$t tregraves marqueacute dans la lutte wolof

TABLEAU RECAPITULATIF DES COMPOSANTES TECHNIQUES

( 1 )

1 SOUS-GROUPES GARDES CONTROLES FORHES DE CORPS l

Walo-walo Basse de jambe Arracheacute l l10yenne de Ngimbe et i

Leacutebou Tasseacutee et saisies annexesj Deacutecalage 1 1 distante de bras de tecirct1

j de bras Deacutecalaeuro

~-----------------~-

- ~ ~- shy - ~ ~ bull L _ _ bull

Profil psyc~~iqUE du lutteu- et son comporterent dars l 2regravere

La preacuteparation mystique dans laregravene est plus marqueacutee chez les wolofs

que ChE~ les autres ethnies En effet on verra de grands champions

preliGrE plusiEurs heures pour Enduire leur corps de cll2badep ou ci

rmiddot- ~ a la proprieacuteteacute de proteacuteger li1egraveividu J

les mauvais sorts) Cest dailleurs un aspect dt la luttE qui iJcsc

des problegraveJles

Le lutteur wolof est tregraves superstitieux et la peacuteriode de preacuteparation

est capitale pour lui car elle permet non seulement de rendre

hommage aux ancecirctres mais aussi dintimider son adversaire Cest

geacuteneacuteralement un lutteur agressif combatif et teacutemeacuteraire Il se fait

souvent remarquer par son esprit dentreprise Mais cette fougue dans

le combat lamegravene parfois bien que ce soit regrettable agrave oublier les

usages et les normes Ce manque de maicirctrise de soi peut faire croire

que le lutteur wolof manque de fair-play ce qui nest pas toujours le

cas

~A~Ugrave~ t 4AA CbUrs k LA ucirctotve f~tPle Sesect prores mou W ~ lesquelles vont se couler les comporteme~ts individuels qui sont ainsi

monteacutes par et pour lautoriteacute sociale

Les faccedilons de boire de marcher ou de sasseoir se manifestent indivishy

duellement dans le corps de chaque personne ces habitus sont cependant

des montages sociaux lieacutes agrave des significationssymboliques variables

dailleurs selon la position sociale occupeacutee par chaque sujet Ces modes

dagir se rangent dans un systegraveme de montages symboliques et lindivishy

du les apprend de la socieacuteteacute dont il fait partie agrave la place quil occupe

Lhabitus est un montage social agrave la valeur symbolique deacutependant des pheacuteshy

nomegravenes deacuteducation et de prestige et lieacute agrave la position sociale du sujet

Cette penseacutee sonne de faccedilon eacutetonamment moderne

Pierre BOURDIEU qui dans une perspective a approfondi le contenue de la

notion en le reportant aux oppositions entre classes et fractions sociales

Il deacutefinit lhabitus comme un systegraveme de dispositions durables acquis au

cours dune histoire personnelle dans une milieu social donneacute systegraveme qui

engendre ensuite des pra~iques socialement deacutetermineacutees faccedilons de manger

de parler ou de marcher comportements de politesse contenu des preacutefeacuterencel

et des deacutegoOts bullbullbull lhabitus est le produit de conditions eacuteconomiques et

sociales Lauteur rattache directement la formation de lhabitus dun

individu agrave la trajectoire parcourue par celui-ci dans sa classe dapparteshy

nance il deacutefend lideacutee dun habitus de classe qui deacutefinit le sens confeacuteshy

reacute agrave la pratique sportive les profits qui en sont attendus

Ce dernier serait lui-m~me lieacute agrave un systegraveme de valeurs ou ETHOS de classe

prenant sens au sein doppositions distinctives entre classes sociales

De sorte lhabitus fonctionne comme un systegraveme dt- regravegles inteacuterioriseacutees

souvent informuleacutees permettant ou non agrave lagent de sadapter dembleacutee aux

multiples pratiques de la vie quotidienne et de la vie sportive il est agrave

lorigine des schegravemes de transcription qui favorisent les ajustements aux

situations corporelles nouvelles (1)

t ~

(1) P~IE11D dwi6Han ISpoy-l et sodeacutebi Approche Bocio-culturelle des pratiques P~tis Vigot 1981 page 81

33

331 Preacutesentation

Les Seacuteregravere auraient pour origine le Fouta Toro quils auraient quitteacute

vers le Xllegrave siegravecle pour fuir lislamisation de cette reacutegioD par lempire

dJ Xali (ils seraient donc apparEnt~s aux Peul et Toucouleur ) Ils

auraient trouveacute dans la rEacutegion du Sine les Sosseacute dorigine manding avec

lesquels ils salliegraverent

Au XVegrave siegravecle une autre immigrationSos~ conqueacuterante cette fois-ci

apporta son organisation eacutetatique Ils se divisegraverent en deux monarchies

deacutemocratiques lune seacutetablit au Sine et lautre au Saloum Les Sosseacute

conqueacuterants constituaient lautocratie appeleacutee Guelowar

La royauteacute seacuteregravere eacutetait laiumlque Les premiers souverains durent secouer

la tutelle des Toucouleur et progressivement arrivegraverent agrave unifier lethshy

nie des seacuteregravere etdea Sosseacute Les deux royauteacutes eacutetaient organiseacutees selon

acirces modegraveles tregraves deacutemocratiques Le souverain deacutependait dune assembleacutee

de ministres et de chefs locaux qui assuraient ladministration centrale

et reacutegionale())

Aujourdhui lethnie seacuteregravere repreacutesente 20 de la population seacuteneacutegalaise

Ils sont reacutepartis sur presque toute leacutetendue du territoire notamment

dans le Baol la reacutegion du Sine-Saloum et la reacutegion de Thiegraves

Signalons quil existe plusieurs sous-groupes dans lethnie ainsi on

trouvera

- dans la reacutegion de Thiegraves les Ndut les Safegravene et les None

- dans le Sine-Saloum les Sine-sine et les Saloum-salouIT

On trouvera vers foundioune et agrave Nioro du cocircteacute de la Gambie les

Niominka (pecirccheurs) Cest une portion tregraves mandinguiseacutee

( 1

Le rattache~2~t d~ to~s ccs sous-groupes pose problecircme ~25 0~ r0~V~

uc grande partie de traits COITul1uns dans leurs modes dE vie Ct pOUT phs

de faciliteacute nous allons essayer de faire une ~tude globale de la lutte

traditionnelle seacuterecircre Lactiviteacute socio-eacuteconomique qui est essentielleme~t

agro-pasorale caracteacuterisE leacutethnie seacuteregravere

332 Lecircducation les moeurs les croyances et pratiques sEr~rc

Chez les Seacuteregravere la vie humaine se deacuteroule selon les grandes eacutetapes

le baptecircme lenfance ladolescencemarqueacutee par la circoncision lsectge

adulte le mariage la vieillesse et la mort (funeacuterailles)

La vie de la communauteacute seacuteregravere reste une des plus originales sinon

celle qui de nos jours garde la presque totaliteacute des pratiques et

habitudes traditionnelles

Bien qu aujotltdhui con~r-tis aux religions chreacutetienne et musulmane les

Seacuteregravere conservent leurs croyances et pratiques animistes

Quelque soit leur degreacute dadheacutesion aux religions reacuteveacuteleacutees les Seacuteregravere

croient en un Dieu puissant et miseacutericordieux Rog Segravene et les hommes

Les ~angols sont repreacutesenteacutes mateacuteriellement dans tous les villages

seacuteregraveres par des arbres (baobab et tamariniers) des animaux (geacuteneacuteraleshy

ment serpent doreacute ou iguane) des ustensiles (pilon calebasse et mortier)

De nombreux teacutemoignages nous apprennent que certains totems (serpent

iguane) font leur apparicion agrave loccasion de certaines manifestations

rituelles comme les sacrifices ceacuteleacutebreacutes lors dun mariage de ceacutereacutemonies

mortuaires ou des circoncisions

Le Seacuteregravere comme il nous a eacuteteacute donneacute loccasion de le dire plus haut

preacutesente des speacutecificiteacutes authentiques aussi bien en tout ce qui touch~

son eacuteducation ses croyanCES et pratiques mystiques q~e ses activiteacute~

socio-ecirccc~omiquEs Apr~s a ~aissa~c~ le beurob~ ~~ pcs~ 5~~ lE S~ __

On lui mouille les l~vres avec un peu d~ lait de mil et apr~s U~ bain

purificateur on versera leau dans un trou cr~us~ derri~r~ la Camp~~

Pendant huit jours la megravere et lenfant sont cacheacutes dans la case car

selon les anciens ils sont tregraves vulneacuterables La case deacutens certains cas

est entoureacutee dun fil blanc et lon place sur le seuil des fais(cauy di

veacutegeacutetaux pour chasser les mauvais esprits (geacutenies malfaisants et illangeUY~

dacircmes) Au bout du huitiegraveme jour la megravere et lenfant peuvent sortir de

la case bull

bullbullbull Le matin du huitiegraveme jour la tante paternelle va chercher de leau

(plusieurs fois)t elle doit rester muette pendant ses alleacutees et venues

si elle parlait t lenfant pourrait ecirctre muet bullbullbull

La megravere et lenfant prennent un bain purificateur dans lequel sont

trempeacutees certaines plantes (ce sont des veacutegeacutetaux pr~tecteurs tels le

begravene le yag le ngud) On y lavera aussi le linge e1t les ustensiles utishyj

liseacutes pendant les huit jours qui viennet de seacutecoul~r On rase le crine

de lenfant Les cheveux sont donneacutes agrave la megravere qui ~s enterrera avec le

reste du cordon ombilical dans un endroit que11e esit seule agrave connattre

La megravere sassied sur une natte devant la maison Une femme igeacutee de la

famille prend le beacutebeacute dans ses bras et le preacutesente aux quatre coins de

lhorizon

La tante paternelle tient ensuite un van sur la tecircte de la megravere on y

verse le mil on y verse eacutegalement en abondance sur la megravere et sur

lenfant La tante oint ensuite le corps du beacutebeacute avec du lait e11e

touche en particulier le front t le nez la bouche la poitrine le dos

et les oreilles

Elle pose enfin un ~rain de sel dans la paume du beacutebeacute (le sel purifie

et deacutetruit les puissances mauvaises)

Apregraves un nouveau bain la megravere et lenfant revEcirctent des habits de fecircte

(est

lenfant Ce precircnore a toujours U~ SEns Il sy~bolise parfois C0 qUi

lOIl sounaitt agrave lEufant l)

La circoncision comme dans les autres ethnies est obligatoire Elle

permet au jeune adolescent dacceacuteder agrave la classe adulte Les jeunes

sont regroupes en classe dacircge dans le bois ougrave sc fait la r0tr~it0 des

circoncis et ceci pendant plusieurs mois

Le Selbeacute qui est geacuteneacuteralement un ancien craint de tous les eacutelegraveves

enseigne le respect de la hieacuterarchie la discreacutetion le goOt de linishy

tiative Les activiteacutes physiques et leacuteducation artistique ne sont pas

en reste la deacutecoration la sculpture la lutte et la danse A sa sortie

du bois linitieacute appartient deacutesormais agrave la classe des virils et des

sages du clan car on lui aura enseigneacute les vertus fondamentales que

sont la justice lhonneur lamour du prochain 1 amour du travail

lhonnecircteteacute et surtout le respect des coutumes ancestrales

Le rite du mariage esd aussi un fait tregraves important dans le monde 1

seacuteregravere mais par manq~e dinformation nous serons obligeacutes de nous en

tenir lagrave

333 Impact des ethos sur la lutte dans le monde seacuteregravere

Lorigine de la lutte seacuteregravere ne semble pas claire ma1S nous pouvons

dire quil existait deux formes de lutte comme chez les Wolofs une

lutte sans frappe et une lutte avec frappe Et cest cette derniegravere

qui peut-ecirctre nous ameacutenerait agrave croire que la lutte seacuteregravere aurait une

origine plus preacuteciseacutement guerriegravere

Aujourdhui la lutte est uniquement une activiteacute sportive agrave travers

laquelle le jeune seacuteregravere eacutevalue sa force son courage et SOn ingeacutenioshy

siteacute Cest une occasion de deacutefendre lhonneur de son village ou de

la corrnnunauteacute

La luttE ~5t avant tout u~e rnanifcs[dtic~ c~lturclie et surtout

fo lkhriqut-

Gracircce agrave elle on peut deacutesormais comprendre un certain nombre de chants

et de symboles A travers la lutte seacuteregravere on ccedilomprend les inter-relashy

tions entreacute la vie et le monde surntiturel

Sil devait y avoir la mort dun villageacuteois pendant la fecirctE au T qUE

de linterrompre on proceacutedait gracircce aux connaissances magico-religieuses

agrave la suspension de la mort jusquagrave une peacuteriode ougrave la population sera plus

disponible pour organiser des funeacuterailles sil y eacutetait preacutedit la possibishy

liteacute dune deacutefait du champion local au profit dun champion dun autre

village des recettes dordre maginque et religieux eacutetaient mises en prashy

tique afin que le champion du village ne soit jamais terrasseacute(J)

334 Le profil du lutteur seacuteregraver~

Le lutteur seacuteregravere est par essence un athlegravete impressionnant de par sa i

carrure et sa musculature saillante mais cest aussi une force tranquille

et calme quelque soit lenjeu du combagravet et particuliegraverement lhonneur

Cet aspect nous pousse agrave parler du NGiMBE cest-agrave-dire de la tenue du

lutteur qui va influencer sur sa faccedilon de lutter

La confection du Ngimbe revient agrave la communauteacute entiegravere Le Ngimbe a

une signification symbolique et le lutteur pour meacuteriter la confiance du

groupe se doit de tout faire pour ne pas toucher le sol Toute la commushy

nauteacute elle aussi sengage pour assurer la longeacuteviteacute et le succegraves du lutteur

dans laregravene par lorganisation droffrandes et de sacrifices en lhonneur

des Pangols bull

bull

Daucuns nheacutesitent pas agrave dire que lessentiel du mysticisme se fait agrave

la maison et non dans laregravene tout le reste nest quintimidation de

ladversaire

lsvcns

Tt- pi ~- t

t 1 ~ l _ ~ t

par rapport agrave lautre Cbci est trEgraves lieacute agrave lactiviteacute journaliegravere du

jeune seacuteregravere qui est un cultivateur donc toujours bien planteacute sur ses

jambes et qui continuellement manie lhiler

Le fait de couper le boi~ peut eacutegalement constituer un moyen de muscushy

lation non neacutegligeable pour le jeune lutteur

Un certain nombre de traits techniques speacutecifiques au lutteur seacuteregravere

semblent ressortir des diffeacuterentes interviews que nous aVOns fait subir

agrave certains lutteurs seacuteregraveres et agrave diffeacuterents techniciens

SOUS-GROUPES FORMES DU CORPS CONTROLES GARDES

SAFEN Moyenne en fente NONE Hancheacute Bras (distante) j

NDUTJ

f

SINE-SINE Deacutecalage Ngimbe

Moyenne

SALOUM-SALOUM Passage- Jambe (rapprocheacutee) 1

i

PETITE dessous Tecircte Basse et 1

COTE Moyenne (rapprocheacutee)

Notons que le Niominka ll commence agrave lutter agrave partir du sol pour avoir

assez deacutelan et sauter sur ladversaire afin davoir la prise du lion

(contr6le de la nuque et du bassin)

Co a -tem-nt ccedilt attitude du lutteur sEacuteregravere335 np -1t ~

Les croyances mystiques sont indissociables des activiteacutes quotidiennes

duseacuteregravere Ce qui explique le cocircteacute supersticieux du lutteur seacuteregravere En

~ffet certains lutteurs refusent de lutter avant certaines heures

Certains teacutemoignages nous apprennent quil nest pas donneacute agrave tout le

monde decirctre champion de lutte et que le lutteur doit avoir des dons

surnaturels pour ecirctre agrave mesure de livrer ses combats dans la nuit

et trouver seul un gris-gris speacutecial appeleacute Njatch

Le vrai champion de lutte chez les seacuteregraveres ne lutte pas seulement avec

~a force et sa technique mais surtout avec ses dons occultes

Chez les seacuteregraveres les morts sont toujours preacutesents et les ~pangols

Servent dintermeacutediaire entre les hommes et les morts Le pangol prend i

le nom dhumain dans certains villages (IIHeacuteJga NDONG Har Wag NGOUYE) i 1

De ce fait on verra le lutteur danser dufe maniegravere ou dune autre en

fonction du pangol de sa famille Ainsi nrus aurons le back (chant et

danse du lutteur) des DIOUF des FAYE etclbullbullbull

Dans laregravene le lutteur seacuteregravere a un comportement exemplaire aussi bien

agrave leacutegard de son adversaire direct quave~ le public en geacuteneacuteral Lexpli shy

cation semble tenir au fait que le lutteur seacuteregravere est avant tout selon

la tradition orale le repreacutesentant de toute la communauteacute seacuteregravere Par

conseacutequent il devra saffirmer non seulement en tant que lutteur dans

laregravene mais aussi en tant quentiteacute morale

336 La tenue du lutteur ou NGIMBE est confectionneacutee par le marabout de la

famille ou du clan Le Ngimbe est constitueacute de pagne en cCton tisseacute

Il doit ecirctre propre le lutteur qui le porte ne devra pas avoir de rapshy

port sexuel pendant toute la peacuteriode des cOTpeacutetitians car le Ngi~bE ne

doit pas ~tre souilleacute

Autrefois et mecircme aujourdthui dans certaines familles on devient

lutteur de pegravere en fils et dans ce cas le Ngimbe du pegravere est heacuteriteacute

par le fils Le fait de porter le Ngimbe de ses aieux peut susciter

chez le jeune lutteur une motivation et une volonteacute ineacutebranlable dtasshy

surer la supeacuterioriteacute d~s siens dans ltaregravene Il fera tout pour que le

Ngimbe de la ramille ne touche le sable

La tenue du lutteur a une signification et une importance sur le plan

mystique car selon les anciens le vra1 feacutetiche du lutteur celui qui

le proteacutegera et laidera agrave vaincre le nDjinne ou le tRapu de ladvershy

saire se trouve cacheacute dans ce Ngimbeu bull Celui qui confectionne donc le

Ngimbe U est doueacute de faculteacutes occultes

337 Larbitrase est assureacute par un sage du village qui geacuteneacuteralement fut

champion de lutte de son temps Dailleurs cet ancien nintervient que

si le terrassement est litigieux Hormis le public qui proclame la vicshy

toire ou le match nul le lutteur lui-mecircme est arbitre et il arrive

quil se deacuteclare vaincu

Nous avons pu cfter Meacutedoune KHOULE un desplus grands lutteurs seacuteneacutegashy

lais qui a donn~ une victoire agrave Djeacuteri SADIO son adversaire qui a reacuteussi

agrave lui faire touegraveher le sol de la main

IlL

34 1 Preacutesentation

Lethnie toucouleur vit En grandt partit ciE~~ la vallfc du S~~~gal

pt reprecircsente i peu pr~s 8 de la population totale secircn~galaise

o Histoire

Il semblerait que dans lancien royaume du Tekrour (IX~ siegravecle) des

eacuteleacutements neacutegroiumldes Sarakoleacute et des Peul aient formEacute par meacutetissage le

peuple Toucouleur (Toucouleur serait dailleurs une deacuteformation du

mot portugais Tacouror)

Ce empire a domineacute aussi bien les wolofs de lOuest que les Peul

nomades du Fouta Toro Cette reacutegion fut le premier pays islamiseacute par

les Almoravides ce qui peut expliquer le proseacutelytisme toucouleur

Ce sont les guerriers toucouleur islamiseacutes qui attaqu~rent avec les

Almoravides la capitale du Ghana Koumbi en 1067 On convertit par

la force les animistes Cest sans doute agrave cette eacutepoque que de nombreuses

ethnies reacutefractaires agrave lIslam ont dO accentuer leur migration vers

le sud (Seacuteregravere wolof Sarakoleacute Bambara Songhaiuml Akan et Peul se reacuteshy

fugiaient vers les hauteurs du Fouta Djalon)

Au XIXegrave siegravecle les Toucouleur allaient trouver en El Hadj Omar Tall

un grand conqueacuterent qui sous le preacutetexte religieux de la gJerre sainte

contre les tribus animistes (entre autres Bambara) eacutetendit lempire

toucouleur sur presque tout lensemble du gali et la partie de la Guineacutee

proche du l1ali

Lempire toucouleur composeacute de Sarakoleacute de Bambar~ de ~alinkeacute de

Xassonkeacute dE Peul et de Dogon eut le meurorit~ dunir CES diif~rentes ~ ~ - - - - - et~ics ~t dE CD~stituer l~Sl la b2S~ ~r 1

_ ~ ~ ~_ L ~

~ ~- ~- - - ---- _ 1 v _ t 1 ~-_ --

marabout tOL~culcuuml~ ~ middotlrrany a l ick SI venu des E1i rClS dE Pocior~ (

~ Vi~ euroconomicue et sociale -----------~-------------

Les Toucouleur sont des cultivateurs mais bien quils n~ soie~t pa~

pasteurs comrre les Peul leacutelevage a une place inportarteacute decirc1S ltur

eacutecono~ie Pour faciliter leur conquecircte guerriegraverE ils c~t Eucirc une preacuteshy

dilection pour leacutelevage des chevaux On y trouve aussi des pecirccheurs

appeleacutes Tchioubalo La socieacuteteacute toucouleur aurait une stratification

sociale tregraves rigide Les groupes ethniques et les castes eacutetaient

diffeacuterencieacutes et strictement exogamiques les Rimbe classe des nobles

comprenant la famille reacutegnante et les guerriers libres la classe des

Nieacutenieacutebegens de castes artisanales i les Rimaibeacute anciens esclaves

devenus serviteurs qui portent les noms de famille de leur maicirctres A

la base de lorganisation de la collectiviteacute toucouleur se situe le

village (Wouro)

Toutes ces castes sont cloisonneacutees entre elle~ Ainsi il nest pas

permis agrave un Torodo (noble) de se marier avec un Tchioubalo Ces

consideacuterations sont importantes dans le domaine de la lutte ougrave nous

apercevrons que les nobles ne sont pas faits pour lutter Le noble

preacutesidera les seacuteances de lutte et on luttera pour lui Ces condeacute rat ions

de noblesse et de rang social sont extrecircmement importantes dans le

monde toucouleur

Le noble ne doit pas se salir on lutte pour lui il ne vit la lutte

quen tant que spectateur

342 Education moeurs croyances et eratiques religieuses

Deux formes d~ducation sont agrave consideacuterer leacutedJcatio~ dES enfarts Et

celle des adultes

oG lenfant sait m2n~~r et apprfcier le goOt d~5 ~iifeurorents r~pas lt

le moment ougrave il CO~~e~CE agrave marcher

tivirt n~sormais le petit toucou]eur est eacuteduquf par toutmiddot 12 f2~i)]E

dabord puis par toutes lespersc~nes du village ou du C13~

Lenfant peut ~tre corrigeacute par tout adulte appartenant au groupe social

Son eacuteducation est deacutesormais laffaire de toute la communauteacute et non

exclusivement celle ces parents On linitie ainsi au travail quotidien

qui se fait dans la bergel~ e les champs et les bords du fleuve Au sein

du village il pourra apprendre agrave filer la laine et agrave tisser des pagnes

dans les champs il apprend agrave manier la houe et lhiler pour la culture

du riz et du mil Mais signalons que lactiviteacute essentielle du toucouleur

est leacutelevage des boeufs des moutons et des chegravevres Chez les Ichioushy

balos (p~cheurs ) lenfant sera initieacute tregraves tat au maniement des pagaies

agrave la p~che propremccedilnt dite et agrave la nage

Vers cinq-six ans lenfant est confieacute au maicirctre coranique le Ihierno

et ce dernier dispose exclusivement de toute sa vie Lavenir du jeune

enfant lui appartient

Comme dans les autres groupes ethniques les enfants sont regroupeacutes en

classe dacircge et cest dans cette structure que lenfant subit les rite

de passe et plus particuliegraverement celui de la circoncision

La circoncision est non seulement unE opeacuteration chirurgicale malS surshy

tout une peacuteriode au cours de laquelle le jeune garccedilon passe de leacutetat

dadolescent agrave leacutetat dadulte Les circoncis sont reacuteunis en classe

dacircge dans un endroit situeacute hors duvillage geacuteneacuteralement choisi par les

vieux Cet endroit n~st accessible que par des individus de SExe ffi8SCUshy

li~ ~ta~t au preacutealabl circoncis

- - - -

quable et complet sur le plan phy~ique et ~oral Ai~si liniti~

acquiert les qualitecircs indispensables que sont le courag~ la modest

lesprit de sacrifice lendurance

Le toucoule~r est un pleux musulma~ Cela sexp1

SOil le premier agrave tre en contact avec la religion musulmane de par sa

position frontaliegravere Lethnie toucouleur de par son histoire a preacutesenteacute

les plus grands chefs militaires et religieux musulmans seacuteneacutegalais Et

pour illustrer cela on peut citer en exemple la grande famille musulmane

des SY agrave TIVAOUANE repreacutesentant la confreacuterie des TIDJANES

Bien que lon note une majoriteacute musulmane on peut dire que certaines

croyances et pratiques mystiques et animistes persistent encore surtout

dans la reacutegion du fleuve

Une pratique courante se fait elle sappelle le Djatt Elle consiste

agrave faire sortir le caiman du fleuve agrave limmobiliser et agrave lattacher

sans quil ne reacuteagisse et tout ceci agrave laide de versets et dincantashy

tions magiques Dapregraves les teacutemoignages ces pratiques sont plutocirct

freacutequentes chez les Tchioubalos (pecirccheurs) Il arrive aussi que cershy

tains chasseurs ayant des dons se livrent agrave certaines pratiques an1shy

mis tes qui consistent agrave invoquer certaines puissances et agrave moduler sous

forme de chant des versets occultes pour se proteacuteger des mauvais esprits

et pour eacuteloigner les fauves Ce chant est geacuteneacuteralement incompreacutehensible

et deacutenueacute de sens pour le profane

343 Activiteacutes ludiques et pratiques sportives en milieu toucouleur

Durant toute son histoire lethnie ~oucouleur a toujours EacutetEacute Frese~teacute~

comme celle qui avait ue activit essentiellement guerr e e~ particushy

liegraverement farouche Trois eacuteleacutements ret r t l ecirc t te nt i c- euro so~t

le manie~~nt du ~acircton 12 luttE Et 1eacute danSE

l

Lecircducation ph~sique et artistique Dcc~pe un place precircpondecircra~rp

dans la fDrmat~on du jEune toucouleur A loccasion agraveeacutevegravenemen~ imporshy

tants reacutecoltJs mariages baptecircme nous assistons agrave des manifestashy

tions folkloriques de grande envergure le Wango oucirc dailse toucouleur

tregraves gymnique iles chants et surtout les sEacuteances de lutte

La lutte toucouleur est la forme de lutte la plus spectaclaire dans

tout le territoire seacuteneacutegalais Elle est essentiellement baseacutee sur des

techniques en hancheacute et surtout en souplesse Ceci sexplique par le

fait q~e le jeune toucouleur est tregraves tocirct initieacute agrave la gymnastique (saut 1

per saut de main salto arriegravere saut de tecircte couronneacute etc bullbullbull ) pour

la dans~ du wa~go En dansant le wango qui est une danse rythmeacutee et

gymnique le Jeune toucou1eur est capable de prouesses extraordinaires

1

En lutte lattaquant se deacuteplace tregraves peu pour avoir une bonne saisie

(geacuteneacutera~ement controcircle du Ngimben ) et enchaine brusqueme~t avec une

attaque surpris~ Cependant les ripostes sont souvent surprenantes et

spectaculaires (baseacutees sur la souplesse et la rapiditeacute) ontrairement

aux autr~s form~s de luttes ougrave lon voyait tous les jeune adheacuterer la

lutte to~cou1eur Verra un groupe de speacutecialistes sadonne agrave la lutte 1

(la lutte est lieacutee agrave la position sociale de lindividu problegraveme de

caste)

Q La morphologie du lutteur toucou1eur 1

1 1

Ce dernier nest pas aussi large et aussi fort que les lutteurs diola

et seacuteregravere Cependant il est tregraves reacutesistant La musculatJre est saillante 1

et tregraves souple lindividu est longiligne mais tregraves athleacutetique

Les mouvements de lutteurs sont semblables agrave ceux dun grand fe1in Cette 1

morphologie semble ecirctre lieacutee agrave la position geacuteographique de lethnie

(reacutegion du fleuve) et agrave lacitiviteacute socio-eacuteconomique du toucouleur qui

est agrave la fois cultivateur (activiteacute lieacutee agrave la crue et deacutecrUE du fleuve)

pecirccheuro~T CIcr~icubaon) et sttout jEumlrgcr qui est U~ rc~2eumlr

shy

Deux formes egrave~ corps sembl~nt ecirctre preacutefeacutereacutees du lutteur toucouleur

le hancheacute et la souplesse Les hancheacutes sont faits agrave partir de plusieurs

positions de doset se terminent geacuteneacuteralement par des techniques de

tregraves grande amplitude

TABLEAU RECAPITULATIF DES TECHNIQUES ET FORMES DE CORPS SPECIFIQUES

i

L441 r

GARDE FORMES DU CORPS CONTROLES --shy - -

Moyenne Souplesse Ngimbe

Hancheacute bras

Demi-souplesse

1

Profil psycholosigue 1

TECHNIQUES

ContrOle du bassin et 12 souplesse

arriegravere

Klicket et allegravegement de la hanche

Le lutteur toucouleur est celui lUi se livre le moins aux preacuteparaqons

maraboutiques Cela est dO au f~t que le toucouleur est un grand ~USUlshyman et que les pratiques animisges ont presque disparu dans ce mil~eu

Dans la pratique le lutteur esJ combaif mais il est calme et tr~s reacutefleacutechi quant agrave la deacutecision agrave prendre en plein corps agrave corps ct~st un des seuls techniciens qui reJte tregraves lucide au cours de ses comb~ts

l Dans toutes les circonstances e lutteur toucouleur est tenu de re~pecshyter son adversaire et ceux de s4n eacutequipemecircme sil est vaincu

Comme nous avons dO nous en rendre compte la rigueur des principes

eacuteducationnels a une influence tregraves sensible sur l~ comportement du

toucouleur

i

III S COCL ~s 1DO

Dans cette partie nous avons essay~ de montrer lftroite re1atic~

Entre les diverses activiteacutes socio-eacuteconomiques dans les ethnies et

lES diffEacuterentes faccedilons de lutter

Daucuns seraient tent~s de conclure trop rapidement et cest p0~r

cette raison que nOUS avons penseacute preacuteciser que le pheacutenotype nest

pas geacuteneacuterateur du geacutenotype Et nous sommes convaincus que la morphoshy

logie et les techniques des lutteurs relegravevent de leurs modes de vie

et de leurs croyances agrave une eacutepoque et danE un contexte bien deacutetermishy

neacutes

Est-ce que les lutteurs dio1a ou seacuteregravere travaillant avec leurs bras

dans les champs auraient les mecircmes pr 0 fil s physiques que les lutteurs

utilisant des machines pour lagriculture

- 69 shy

I UJOURDH~1 E-S ut O[l LES FORfilS Ut LU11t~

~otons que notre enqu~te a ecirctE essentiellement faiteen milieu urbain

Les seacuteances de lutte ont tendance agrave perdre leur particulariteacute de r~shy

jouissance pour devenir des pheacutenomegravenes de sportisatio Deux fores

de luttes so~t principale~cnt prat s dans les aregrave~es du 5 al

la lutte traditiunnelle simple et la lutte traditionnelle avec frappe

De nos jours la lutte traditionnelle tend vers une reacuteglementation

et une institutionalisation

Le reacutesultat de nos investigations nous donne le tableau ci-dessous

REPARTITION ETHNIQUE SUR 100 PRATIQUANTS

LUTTE LUTTE RAPPORTETHNIES SANS FRAPPE AVEC FRAPPE J2

Diola 40 16 71 j

Seacuteregravere 26 21 57

Toucouleur 23 10 69

Wolof 1 1 53 17

La demande sociale par ordre deacutecroissant pour la lutte sans frappe

se preacutesente comrre suit

]0_ Ethnie diola avec pregraves de 3 lutteur~ sur 4

2deg_ Ethnie toucouleur

Ethri dun

~ 1 LA LUTTE TR])IIIO~~ELLE AVEC H-PPE

Cette forme deacute lutte a une histoire qui date de lantiquiteacute elle

sa~pelait le Pugilat Au Seacuteneacutegal elle a vu le jour dans le Cayor

bien avant la colonisation Le coup dE pied l~Lrdn~lement la morshy

sure la frappe et le doigtf eacutetaient permis dans le cc=bat ~ ~middot~p0~~e

Dans certains cas la giffle eacutetait beaucoup plus dangereuse que le

poing quand elle eacutetait donneacutee par un speacutecialiste Cette giffle pouvait

agrave elle seule deacutechirer et mecircme parfois amputer la joue de ladverser

Selon les informations la lutte avec frappede nos jours serait une

forme de lutte tregraves eupheacutemiseacutee de celle dantan ougrave une blessure

pouvait souvent ecirctre mortelle

Aujourdhui au niveau du folklore la lutte na plus la mecircme

le spectaculaire a remplaceacute le significatif iLa lutte avec frappe se 1

pratique surtout dans les centres urbains C~aque fois quun grand combat 1

est progra~eacute par le Comiteacute National Proviso~re (CNP) des centaines damashy

teurs sont mobiliseacutes vers le stade lba Mar D~OP qui est aujourdhui le i

lieu approprieacute ougrave se deacuteroulent les grands conkbats de lutte Cest la formE

de lutte qui semble drainer une foule de personnes beaucoup plus importante

que celle de la lutte simple

La lutte avec frappe deacuteriverait dune forme de lutte traditionnelle

pratiqueacutee jadis dans le Cayor au temps des Damels et la frappe serait

le substitut dun certain nombre de pratiques doigteacute jet de produits

etc bullbullbull dont le but eacutetait laveuglement de ladversaire La lutte avec

frappe serait une continuation logique dune carriegravere sportive de la

lutte traditionnelle qui sen sert comme moyen socio-eacuteconomique En

effet la majoriteacute des lutteurs avec frappe ont dabord eacuteteacute initieacutes agrave la

lutte simple Cependant il faut signaler que de nOS jours il arrive

que le jeune lutteur avec frappE- soit directenent formEacute conne speacutecialistE

agrave la frappe sa~s pour autant faire son chemin dabcrd egravea~s la lutte

- ~ shy

Le recircsultat dE ~os interviews ncus rec~trE qGune pcpulatiD~ divcrsishy

fiampe sint~resse agrave ce sport et qUE les intecircr~[s des uns et d~SlautrE~

semble~t divergents naucuns affirment que la lutte traditionnelle

avec frappe serait monteacutee par des personnes dont la vocation est dexshy

ploiter ce pheacuteLomegravene agrave des fins commerciales Dautres disent gJellegrave

jouit de mcyens irport~nts t[l[~isio

tation etc bullbullbull ) pour toucher toutes les couches sociales CEpe~~a~t

nous remarquons que mecircme si certaines personnes reprochent agrave cette

forme de lutte decirctre brutale ces mecircmes personnes nheacutesitent pas agrave

se rendre le dimanche agrave laregravene Bien que critiqueacutee elle semble ecirctre

adopteacutee par une tregraves grande partie de la population seacuteneacutegalaise Cepenshy

dant en tant que techniciens il nous est permis de faire une remarque

Il sagit de

- Limpression nette decirctre devant des professionnels de la frappe

qui sont ~ntratneacutes pour cela Dailleurs les propos que nous avons

recueilli~ nous prouvent que la plupart des champions de lutte avec 1

frappe s~ntratnent dans certains sports de combat tels ~ue la boxe i 1

le karateacute le judo Dans cette nouvelle forme de pratique de la lutte

contrairefuent agrave la lutte traditionnelle le technicien e~t souvent

perdant face au puncheur Ce dernier adopte une lutte agrave distance qui

lui permet de placer agrave bon escient ses coups animeacute du deacutesir de vaincre

Le technicien lui se voit contreacute dans toutes ses entreprises par

un uppercut ou un crochet

On peut dire cependant que nul sport au Seacuteneacutegal que la lutte tradishy

tionnelle avec frappe ne deacutechaicircne autant de passions et autant de

pheacutenomegravenes poussant agrave lexcegraves et deacutereacuteglements quon ne peut que deacuteplorer

Mais comment deacutecrier un spectacle de lutte qui bien quayant perdu la

presque totaliteacute des valeurs traditionnelles veacutehiculeacutees autrefois par

elle sait susciter une participation effective de tous ceux qui sont

preacutesents

CONCLUSION

Dans ce meacutemoire nous sommes efforceacutes ~e faire ressort ir limportance des

ethos et des habitus et leurs effets sur la pratique de la lutte tradishy

tionnelle au Seacuteneacutegal

L~b egravethos repr~sentent dune maniegravere g~neurorale tous les eacuteleacutements speacutec

fiques sux Seacuteneacutegalais par conampeacuteguent un systegraveme de valeurs traditionnellEs

Mais m~me si ces valeurs rev~tent une signification universelle (honneur

digniteacute courage etc bullbullbull ) il nen demeure pas moins que ce nest pas leur

nature qui fait leur speacutecificiteacute mais la hieacuterarchisation et limportance i

quon accorde agrave toutes ces valeurs de ~ar leacuteducation ou la culture

i 1

Aussi les valeurs traditionnelles puient leur speacutecificiteacute dans les

caracteacuteristiques propres aux eacuteleacutements ~e la socio-cu1ture (la technologie

et leacuteconomie la politique et la pareteacute la psychologie et lideacuteologie)

dans la socieacuteteacute seacuteneacutegalaise agrave n momen donneacute de son eacutevolution Cest i

dire la neacuteceesiteacute de ne point faire della valeur une reacutealiteacute statique

Cest dite aussi quagrave tout mome~t le ~eacuteneacutegalais peut eacutevoluer et creacuteer

ou vivre par conseacutequent de nouv~lles fprmes de valeur qui lui sont 1

propres ft (J)

La lutte traditionnelle veacutehiculant deS valeurs socio-cu1ture1les speacutecishy

fiquement seacuteneacutegalaises (croyances valeurs morales norme de comportement

opinion attitude bullbullbull ) devient un eacuteleacutement important qui tregraves certaiaement

nous aidera dans notre effort de valoriser et de peacuterenniser notre patri shy

moine culturel par le biais dactiviteacutes physiques et sportives

Leacutetude des habitus nous permet de prouver quil y a plusieurs faccedilons

de se mouvoir comme danser lutter bullbullbull qui varient avec les diffeacuterentes

ethnies (wolof toucouleur seacuteregravere diolagt leurs convenances et leurs

eacuteducations

(1) Revue Ethiopiques 31 Les valeurs traditionnelles et le problegraveme de leur inteacutegration dans les systegravemes modernes jtducatio-1 2 6r--70

nautre part cette eacutetude permet aussi de nous rendrE compte de la

correacutelatipn eacutetroite existant entre la pratique de la lutte traditionnelle

et le sta~ut socio-eacuteconomique du pratiquant

Nos inves~igations nous indiquent que la lutte recrute essentiellement

au niveau des classes socio-eacuteconomiques situeacutees en bas de leacutechelle

donc posseacutedant le statut social le moins favoriseacute La lutte avec frappe

-et un certain secteur commercialiseacute de la lutte simple- y trouve sa

leacutegitimiteacute Comme le dit BOURDIEU nA habitus diffeacuterents styles de Vle

divergents et il oppse les pratiques aristocpatiques correspondants agrave

des activiteacutes qui favorisent les situations eupheacutemiseacutees ougrave la stylisashy

tion est importante aux pratiques populaires qui font appel agrave des

qualiteacutes qpposeacutees bllutes rugueuses Certaines interviews nous

montrent que plus lindividu occupe une place eacuteleveacutee dans leacutechelle

sQciale e~ 1

moin$ il sinteacuteresse agrave la lutte

Les reacutesultats recueillis dans nos diverses investig~tions confirment 1 1

1er propos qui disent que nous assistons aujourdhu~ agrave une involution

de la lutte traditionnelle parce que perdant toutes ses speacutecificiteacutes au 1

pryfit d~ne autre forme de lutte que lon continue agrave appeler nostalshy

giqlementIIlutte traditionnelle

Ceci pourrait peut-~tre trouver une explication dan la citation suivante

La liberteacute de creacuteer dinnover de vivre Pleineinenf decirctre soi et de

preacuteserver son authenticiteacute la digniteacute et lhonneu1demeurent des illushy

sions dans la misegravere eacuteconomique~ Nos ancecirctres creacuteai~nt des valeurs de cishyl

vilisation parce quils eacutetaient libres parce qu1i~s ignoraient toute

deacutependance eacuteconomique ils cultivaient en eux et cbez leurs enfants le 1

Jorn et la Kersa et preacutefeacuteraient la mort agrave la hoJte lI (1)

Or le Seacuteneacutegal comme la plupart des pays africainsi est un pays sousshy

deacuteveloppeacute t cependant face agrave cette volonteacute du gou~ernement seacuteneacutegalais

de faire inteacutegrer dans leacuteducation des valeurs traditionnelles nous

pouvons espeacuterer utiliser comme moyen deacuteducation la lutteacute traditionnelle

qui reste quand mecircme vecteur jethos et dhabit~s

- 54 shy

Mecircme si lon a noteacute un appauvrissement notoire sur les plans socioshy

culturel et moral la lutte traditionnelle recegravele une gamme importante

et varieacutee de techniques permettant incontestablement une ouverture vers

les luttes olympiques libre et g~eacuteco-romaine

La lecture de ce meacutemoire permettra agrave lentratneur et au professeur de

lutte en fonction du lieu ougrave ils seront affecteacutes dans le territoire

seacuteneacutegalaisdavoir une information sur les techniques contrOles et

formes de corps propres agrave chaque groupe ethnique et de les mettre en

relation avec leurs croyances et leurs mentaliteacutes

Nous avons essayeacute de montrer que la pratique de la lutte traditionnelle

doit tre axeacutee sur une ethnomotriciteacute au Seacuteneacutegal qui permette une inishy

tiation facile Cette pratique de la lutte traditionnelle seacuteneacutegalaise

devra dailleurs essayer de ~eacutepondre aux aspirations du Seacuteneacutegalaisl

moderne en souvrant aux ap~orts positifs des autres civilisations

ex~eacuterieures nous voulons Jvidemment parler du judo et des luttes oiymshyJ

piques 1

1 j Nous navons pas la preacutetentfon dans le cadre de ce meacutemoire demattrise

de reacutepondre agrave toutes les qutstions se rattachant agrave leacutetude de ~a lutte

traditionnelle souslangle~socio-culturel car non seulement il nous

manque lexpeacuterience et la c peacutetence en la mati~re mais aussil l le temps

et les moyens dont nous dis osions ne nous permettaient pas d~puiser le 1sujet i

1 1 1 t 1

l

- )5 shy

BIBLIOGRAPHIE

BIBLIOGRAPHIE

1- CLAPAREDE Psychologie de leacuteducation et peacutedagogie expeacuterimentale

Edition Delachaux et Niestleacute 244 pages

2- POCIELLC Christian Sport et Socieacuteteacute approche socio-culturelle

des pratiques Paris Vigot 1981 377 pages

3- PIERON Henri Vocabulaire de la psychologie

PUF Deuxiegraveme eacutedition 1957 469 pages

4- Revue socialiste de culture neacutegro-africaine ETHIOPIQUES

Les valeurs traditionnelles et le problegraveme de leur inteacutegration

dans les systegravemes modernes deacuteducation

GIA 21 Juillet 1982 213 pages

5- N2 Revue du Centre dEtudedes Civilisations DEM ak TEY

NIS IVegrave Trimestre 1982 96 pages

6- Document lNSEP Colloque sur la lutte aeacuteregravere

DAKAR MAI-JUIN 1980

t 1

~- Travaux du IVegrave Congregraves National ~es Sports agrave DAKAR les 2223041981

Bulletin n2 91 du CIO du 15 Aont 1965

l____________________________

8- Meacutemoire de Mattrise BADJI Abdou La lutte traditionnelle Joola

Etude et perspective

9- Meacutemoire Inspectorat JS DJITTE Mandy Les pratiques corporelles

traditionnelles au Seacuteneacutegal pour leur exploitation et leur

utilisation en peacutedagogie Marly le Roi 1980

REPUBLIQUE DU SENEGAL

--------------- INSTITUT NATIONAL SUPERIEUR

MINISTERE DE LA JEUNESSE DE LrsquoEDUCATION POPULAIRE

ET DES SPORTS ET DU SPORT

-------------

(INSEPS)

MEMOIRE DE MAIcircTRISE

Es-SCIENCES ET TECHNIQUES

DE LrsquoACTIVITE PHYSIQUE ET DU SPORT

LA LUTTE TRADITIONNELLE

son importance sa signification en fonction des ethos et des habitus ethniques au Seacuteneacutegal

Preacutesenteacute par

Monsieur Joseph Victor FAYE

Sous la direction de

M Jean Marc ROCHEZ

Professeur agrave lrsquoINSEPS

Anneacutee de soutenance 1984

- 1( shy

3122 La circoncisio~

cest un rite obligatoire Il a pour but dintroduire le garccedilon dans

la communauteacute des hommes en tant que responsable Cest un rite qui

laisse une trace indeacuteleacutebile dans la vie du jeune diola Les principes

de la vie en socieacuteteacute y sont enseigneacutes agrave fond Le rite de la circoncishy

sion preacuteseuro~teuro uneuro forme p~lticul do~t s~uls les diolas connaissent

lorganisation internecar la circoncision est agrave la fois une eacutepreuve

physique intellectuelle et morale

Cette circoncision en milieu diola se passe dans le bois sacreacute En ce

lieu les Njoulis (circoncis) sont encadreacutes par des mattres les

Kintangs et au-dessus de ces mattres regravegnent un ecirctre doteacute de faculteacutes

occultes il sagit du Kankourang Le kankourang a cette capaciteacute de

disparattre de voler quand bon lui semble Il incarne la justice et la

violence et assure la protection de ses disciples contre les mauvais

esprits Ainsi le kankourang incite agrave lobeacuteissance et agrave lordre dans

cette socieacuteteacute Dans la tradition diola le kankourang repreacutesente un

pouvoir mystique capable de choses extraordinaires dont la socieacuteteacute

moderne avide de raisonnement ne pourra trouver une explication Au

cours de la circoncision les initieacutes subissent un certain nombre

deacutepreuves physiques que le diola appelle samasso Il doit se soushy

mettre agrave lensemble de ces eacutepreuves consideacutereacutees comme indispensables

agrave sa formation pour lui permettre de juger ses capaciteacutes physiques

mais eacutegalement deacutepouver sa valeur intellectuelle morale et sociale

Il pourra aussi se mesurer aux autres dans le domaine de la consideacuteration

et du respect En quittant le bois sacreacute le jeune doit posseacuteder une

grande partie des qualiteacutes humaines et socisles quil faut agrave un howmE

pour vivre en harmonie avec la socieacuteteacute traditionnelle Il serait bien

sOr possible dans le cadre dune eacutetude plus approfondie de parler de

bien dautres rites et pratiques traditionnelles

Notons cependant que le rite de la circoncision appartient aux anc~t~es

et que dans les villages reacutecents ougrave les structures ont changeacute on ne

Jeux jours avant la re~trfE cans le bois sacr[ les adolescents so~r

-

- Jo shy

por lE diola 11-071- doit rester en harrc1iE avec lE

tal lanimal lui-mecircme les ancecirctres les geacutenies Le rit~ du rasdge co~sist~

acirc ~loigner la ~alchance de lenfant Si l~ ritE nest pas respecteuro eumlr es

parents du futur initieacute celui-ci connaicirctra la malchance pendant toute sa viE

Ce rite a aussi pour faculteacute deacuteloigner le mal et de preacuteserver lenfant des

mauvais esprits

Le rite de leau sacreacutee se fait un jour avant lentreacutee dans le bois sacrEacute

Les femmes doivent se garder davoir le moindre contact avec leau beacutenite

pour se preacuteserver des conseacutequences facirccheuses qui pourraient en reacutesulter La

tradition veut quune seule goutte soit capable de deacuteclencher lavortement

l chez la femme enceinte de rendre steacuterile la jeune fille ou de provoquer des

menstrues perpeacutetuelles chez la femme ayant atteint la meacutenopause bull

bull Le rite de la forge protegravege le futur initieacute pendant son seacutejour dans le bois

sacreacute Mais cette protection seacutetend bien au-delagrave et de rite veut que toute

personne qui y faillit soit condamneacutee agrave devenir leacutepreuse

Pendant plusieurs semaines les jeunes initieacutes subissent une formation capishy

tale qui fera deux des hommes complets

313 Croyances et pratiques mystiques

Si nombreux sont les diolas convertis au Christianisme ou agrave lIslam leur

foi napparatt jamais incompatible avec leurs croyances animistes Lhisshy

toire des rois et reines diolas nous reacutevegravele quils eacutetaient les ffprecirctres fl de

ces cultes feacutetichistes destineacutes agrave maintenir la fertiliteacute et agrave provoquer

la chute des pluies De nos jours existent encore des socieacuteteacutes secregravetes agrave

base religieuse ou magique la plus redouteacutee eacutetant lassociation neacutecrophashy

gique Kousanga des Floup (1)

Deux fafu expliquent la coexistence du dogme et de la croyance

le contact tardif de la socieacuteteacute diola avec les civilisations eacutetrangegraveres

et leacutevangeacutelisation ou lislamisation quelles veacutehiculaient Il e~ reacutes~lt~

une importance des traditions leur reacutesstance agrave une remise en questic~ ce qui confegrave~e agrave la socieacuteteacute diola un caractegravere conservateur

r~c~~i]EE 2~fr~~ ~c - t

ct ~Cc egraveE~ Cimiddotilisatilaquo~ eacute

la neacutecessiteacute de lanimisme consiegraveeuroreacute comme base de toutes legrave~

religi0~s uumlegrave serait-ce que corr~e tentative ciexpliquer li1explishy

cable en se repreacutesentant en particulier comme un ensemble de puisshy

sances mystiques Ainsi pour lanimiste agir sur la nature cest

intervenir psychologiquement aupregraves de ceLX qui la gouvernent

314 Imeact des moeurs sur la prat~que de la lutte diola

Lorigine de la populariteacute de la lutte eugrave milieu diola est par trop

impreacutecise aussi nous nous limiterons agrave en donner la signification

actuelle La lutte apparatt dabord comme un moyen privileacutegieacute deacutedushy

cation

- sur le plan corporel afin de deacutevelopper la force lagiliteacute la

rapiditeacute et la souplesse

- sur le plan moral afin de deacutevelopper les vertus caracteacuterielles

courage tenaciteacute digniteacute bullbullbull neacuteces~aires agrave laction

Mais la lutte apparatt aussi comme un mpyen dinteacutegration sociale car

le jeune diola qui se refuserait agrave se sbumettre agrave leacutepreuve de la lutte

encourrait un isolement alors que celui qui excelle en bravoure devient

rapidement populaire Dougrave ces affrontements agrave linteacuterieur dune classe

dige qui tout en restant un moyen de reacutejouissance servent eacutegalement

agrave eacutetablir des comparaisons

Nos observations et nos interviews confirment le caractire tris physique

de la lutte diola immeacutediatement les lutteurs sont au corps agrave corps et

les techniques consistant agrave aracher ladversaire priment sur toutes les

autres Exprimer sa force est une preacuteoccupation constante il suffit pour

sen persuader de voir le groupe de lutteurs peacuteneacutetrer dans laregravene au son

du Born bol on que rythme le claquement de mains des femmes

C~tte da~se est une deacutebauche dAnegie Ougrave les lutteurs pieacutetin~Ert avec

force L sol

i shy

3141 EorphologUgrave et valeur physiques du lut teur diola

Le lutteur diola possegraveagrave~ un deacuteveloppement caracteacuteristique du trai~

supeacuterieur et de la musculature doso-lombaire Ceci est tregraves certaineshy

ment lieacute au maniement de la houe de la daba et surtout dukadiando

dont lusage permanent a modeleacute la morphologie du lutteur diola

La valeur physique de ce lutteur semble reposer sur sa force sa

reacutesistance mais aussi sa rapiditeacute

3142 Reacutepertoire technique

Dans le Blouf la forme du corps la plus utiliseacutee est le deacutecalage souvent

combineacute avec un crochet de jambe (gal gal) ceci semble ecirctre lieacute agrave

lutilisation quotidienne dans les riziegraveres du kadiando Le paysan du

Blouf sera ameneacute agrave faire un mouvement de torsion pour deacutecalerlinstrushy

ment enprenant appui sur son genou et ceci continuellEment pendant toute

la jourpeacutee Chez les diolas du Fogny le kadiando eacutefait surtout utiliseacute

par les femmes qui soccupaient autrefois exclusivement de la riziculture

et ce n~est quaujourdhui que les hommes cultivent le riz 1

La principale culture dans le Fogpy est celle du mil on y cultive aussi

de larachide De ce fait loutil le plus utiliseacute est le donkoton qui

est un instrument tregraves petit avec un manche court et dont le maniement

expliquerait peut-ecirctre leacutetonnante musculature du train supeacuterieur et surshy

tout de la zone dorso-lombaire du 4i6la fogny qui excelle dans les techshy

niques en force genre arracheacute avec les bras sur contrOle de la ceinture

de ladversaire Lulisation du donkoton semble eacutegalement expliquer la

garde tregraves basse du lutteur fogny

Dans le kassa on aurait pu trouver la mecircme forme de lutte car la morphoshy

logie du lutteur est agrave peu pregraves la mecircme mais linterdiction formelle de

la prise du ~gimbe modifie et limite tout le repertoire technicult2 ou

lutteur Le lutteur kassa adopte une garde basse et agrave une preacutefeacuterence pc~r

legraveS tc~-iccedilues n passa~ dessous - - ~ shymiddotmiddotcrc t--=~ c-

----

contact et agrave partir de ce TtoTteuront ils peuvent se relever et conti~uEr

en lutte debout jusquau terrassemen~

Toutes les gardes sont rapprocheacutees en milieu diola

irbi trage

Les combats sont arbitreacutes par un deacuteleacutegueacute geacuteneacuteralement anClen lutteur

Ces anciens lutteurs ont pour rocircle de veiller au bon deacuteroulement du

combat La victoire est deacutecreacuteteacutee dans les cas ougrave un des lutteurs se

retrouve en position assise sur le ventre sur la cuisse ou les

genoux (sauf dans le Kassa)

Il existe un autre mode de victoire celle qui est proclameacutee agrave la

suite dune supeacuterioriteacute eacutevidente du~ des lutteurs A savoir quand

un lutteur soulegraveve tregraves haut son camarade et que son manager estime i

quil est pratiquement battu il peut arrecircter le combat en touchant

dabord le lutteur adverse popr eacuteviter que son lutteur ne soit terrasseacute

tregraves fOrt Nest-ce pas un deacutecision sage des managers qui peut contribuer

agrave maintenir le caractegravere reacutecr~atif de la lutte joola 1

La victoire dun village sur un autre village ne se mesure pas au

nombre de victoires obtenues par lensemble des lutteurs En effet

il suffit que le champion soit battu pour que le village soit consideacutereacute

comme deacutefait Ce qui explique limportance et le seacuterieux que le village

accorde agrave la preacuteparation des championsl)

Il est cependant important de signaler que larbitrage dans les centres

urbains revecirct une iautre forme beaucoup plus codifieacutee et cest peut-ecirctre

une des raisons qui font quen milieu urbain la lutte diola perde une

partie de son originaliteacute

En dehors des techniques speacutecifiques agrave chaque sous-groupe il faut

signaler quil y a une multitude de prises et quelGues formes de corps

comTIunes agrave letnn Car reconnaissons qu il cO unE ror-euro approp=i~eacute

dE ~ouvane du l~tteur diola en TaI

-----~-----

LE tableau ci-dessous se propose dE reacutesumer les diffeacuterentes consideacuteshy

rations techniques envisagEacutees dans cette partie

FORlŒSSOGS-GRGUPES 1 COItltOLE GA~JESDt CORF=

i ~

1 1

Passage dessous de jambes et BassE KASSA saisies Moyenne1annexes bras (rapprocheacutee)

ceinture tecircte

Deacutecalage de Moyenne et BLOUF Demi-souplesse Ngimbe

HauteHancheacute Bras (rapprocheacutee)

Jambe

Arracheacute CouFOGNY Tregraves basse

Hancheacute ii 1

1 1

3 14 3 bull LeIIa~~jueetlecom~ortementdulutteur-+iola

1 Le comportement et lattitude du lutteur dans laregravene pe sont en fait

t

que le reflet de sa psychologie et plus partiCUliegraverem t de son eacutetat

dacircme Or il napparatt pas abusif deacutetablir des cor eacutelations entre

le psychisme dun individu et lempreinte eacuteducative quil a subie En effet en sortant du bois sacreacute le jeune diola a acquis un ~ca~~l

eacutequilibre physique et mental

Cette matrise de lui-mecircme permet au lutteur dans la~egravene dadopter

un aire enjoueacute de manifester beaucoup denthousiasme~ La lutte devient 1

essentiellement un jeu laspec ludique y est privileacutegieacute et ~ela influe

sur le comportement du lutteur

Ainsi queurolq~c soit limporta~cE de le~je~ le lutt~c~ dic1e Seuroreacute

to~jours serein et s~ livrera sa~s arri~re pe~s6e da~$ ~E CO=beacute ou-

tons que le lutteur diola est trecircs fair-play et sil arrive quun rdnd

lll L COIicircilU1Ul L ULOF

32 J Preacutesentation

La soc tEacute wucirc10f est celle qU1 a eacuteteacute la plus marqueacutee par la colonisation

~~ fait peut-gtre de sa position geuroographiquE dune part ct de 50~ imporshy

tanCE sur le plan dfmographiquE dautre part En effEt ceurootteuro CC-~ucircautE

wolof repreacutesente environ 20 de la population seacuteneacutegalaise

Elle est constitueacutee de pecirccheurs (ce sont les leacutebous) dagriculteurs de

fonctionnaires de lEtat mais surtout de commerccedilants

A pqrtir de leur reacutegime dimplantation le Cayor le Walo le Baol le

Djolof et la presquicircle du Cap-Vert les wolofs ont tendance agrave irradier

sur lensemble du territoire sous leffet de leur speacuteculation agrave la culshy

ture de larachide et du nombre important de fonctionnaires quon trouve

dans cette ethnie

322 Les moeurs et croyances wolofs

Bien queacutetant en grande partie des musulmans convaincus les wolofs

conservent toujours une croyance animiste et continuent agrave faire des

sacrifices agrave porter des cornes ou des morceaux de bois agrave la ceinture

aux jambes ou aux bras et agrave croire agrave lexistence des Djinneacutes et des

Raps bull

Le Djinneacute cest une creacuteature malfaisante en geacuteneacuteral capable de choses

extraordinaires Il possegravede des faculteacutes surnaturelles Cependant dapregraves

la croyance animiste certains Djinneacutes peuvent ecirctre bons

Le Hapl cest une creacuteature ayant des dons occultes appartena71t agrave une

famille ou agrave une communauteacute et dont le rOcircle est de veiller cu daider

les reCJrES de le fai11p ou dt la conmunauteacute en cas de da1gel Le Rap

~ ut te c ) ~~c-

ei sltcificE cJ sanl dE meut0 dL chat de pC)wleurot 5E1lt les conveuroshy

lances parfois leur dorner COrllTe offrande du lait Laii

Qua1d une famille ou une communauteacute neacuteglige les Sarakh (ici dans

le sens de sacrifice ou Offrande) elle se voit aussitocirct vouEacutee agrave la

maleacutediction des mauvais esprit~ (fcllec dans touteacuteS lEs ~treprises

de la vie maladie mort bullbullbull ) Les lieux ougrave habitent ls Taps et ougrave

se font les sacrifices se nomment Khambs

Geacuteneacuteralement le khamb se trouve dans lenceinte de la maison ou

dans un coin approprieacute du village Les lieux du khamb sont marqueacutes

par la disposition de calebasses de pilons de morceaux de poterie

briseacutes de grosses pierres de cornes et dautres objets heacuteteacuteroclytes

La superstition wolof est tregraves marqueacutee En effet pour le wolof toutes

les manifestations quotidiennes trouvent leur signification dans le

mysticisme Citons agrave cet effet quelques ezemples Une femme enceinte

ne doit pas marcher agrave nimporte quelle heure de la journeacutee Certaines

heures de la journeacutee lui sont interdites le Timiss (creacutepuscule

le Ndjo~or (de 13 H agrave 14 H de lapregraves-midi) le souf-segravede (de

minuit i4 H du matin) Selon la tradition ~t la croyance wolof les

mauvais ~sprits choisissent ces heures pour jeter des sorts Et la

femme enceinte eacutetant tregraves vulneacuterable le Djinneacute essaiera de lui insufshy

fler son souffle pour atteindre son beacutebeacute afin dentratner soit la

meacutetamorphose de cedernier en monstre soit de le tuer avant sa naissance

Dailleurs pour le wolof et pour certaines autres ethnies au Seacuteneacutegal

le timis le tdjolor le souf-segravede repreacutesentent des peacuteriodes de

la journeacutee ougrave lon ne doit pas se hasarder dans les rues et les champs

Ce sont des heures propices aux apparitions des Djinnes sous nimporte

quelle forme humaine ou animale

Il est eacutegalement interdit au wolof de marcher ou de serti la nuit du

~eacutellfria-

loutes c~s pratiques ~ystiqu~s et cr0ya~ces religi~us~5 ~xistent eL~~[

certainement dues agrave un meacutetissage culturel Parallegravelement aux feacutetiches

aux incantations et agrave lutilisation des safaras (substance magique)

notons lexistence de ga l a tchs (ce sOnt des talismans ougrave sont inscrits

du qui les porte Toutes ces croyances biEn sucircr auront une rEacutepercussicrI

sur leacuteducation du jeune wolof

323 Leacuteducation du wolof

Pour caracteacuteriser leacuteducation wolof nous avons penseacute donner comme

illustration cet extrait de la revue DEM ak TEY Pour deacutefinir leacutedushy

cation le wolof fait appel agrave un symbolisme qui eDglobe aussi bien les

moyens mis en oeuvre Yar que le reacutesultat obtenu agrave laide de ces mecircmes

moyens cest-agrave-dire la formation et le deacuteveloppement de lecirctre humain

ou Yaru

Le substantif Yar deacutesigne le fouet

Ce symbolisme deacutesigne donc au-delagrave du simple sens mateacuteriel de lobjet

lutilisation qui permet daboutir au reacutesultat escompteacute (Yaru) Au sens

geacuteneacuteral Yar deacutesigne tout instrument servant agrave infliger une punition Le

terme laisse supposer agrave priori que cette phase de lenfance durant lashy

quelle se preacutepare la vie de lhomme est lieacutee agrave la souffrance au supplice

Dailleurs une maxime wolof compare lenfant agrave une tige quon a tout le

loisir de redresser alors quelle est encore flexible bull

bullbullbull Pour leacuteducateur wolof la perfection nest point de ce monde malS

le devoir de chaque homme est de tendre vers la pleacutenitude en luttant

contre ses propres faiblesses Leacuteducation va d01c iisister essentielle~(-~t

sur lexercice quotidien de leacutelevation ffiora1e d~ lindividu Pour cela

elle privileacutegie la patience munI) vertu dabneacutegdtion et dE deacutesinteacuteresseshy

m(~t autour dE laquelle sarticulent toutes ]e~ ~u~~~s qualiteuros

i _

aan~ ~ s0cieacutet gt~olcf ocirclt~tartt nul -Jt- poulait sabecircisstr

tion de sa libertEacute La liberteacute est le preuumler drcmiddotir dE l ho-)euro egrave~S

baigner dans une beacuteate admiration du passeacute la comparaison avec le pr~$(middott

si~posc dclle-mecircme car lon reste s reacute devant la deacutesinvolture aVEC

laquelle dES honmes daujourdhui descendants de cette ~~~EacuteTatic ccedil~l se

une fois [largis bullbull tTasque fiers davoir fait leacute priS0n PEut-2tTE

faut-il mettre cela sur le compte de lurbanisation et des nouvelles

valeurs qui ont pour nom enrichissement reacuteussite sociale avec ce que

cela comporte de deacuteshumanisant et de deacutepreacuteciateur (1)

3 bull 2 bull 3 1 bull Lesri tes

Le sevrage et la circoncision constituent les deux grandes phases initiashy

tiques chez le wolof

- Le rituel du sevrage est appeleacute maga1 (litteacuteralement rendre grand)

Cest un eacutevegravenement important aussi bien pour les parents de lenfant que

pour la co~unauteacute Durant cet eacutevegravenement qui survient geacuteneacuteralement deux

ans apregraves la naissance du beacutebeacute les personnes vivant dans lentouragE

apportent leur soutien moral et mateacuteriel

- le rituel de la circoncision revecirct pratiquement la mecircme signification

que dans les autres ethnies seule la forme diffegravere La circoncision reste

encore une eacutepreuve de la vie au sort i r de laque Ile ladolescent devient un

homme Aujourdhui il faut noter une meacutetamorphose de la structure sociale

et des croyances religieuses tregraves accentueacutee aussi bien chez les wolof que

chez les autres groupes ethniques et ceci est peut-ecirctre dO au contact

permanent quils ont avec la socieacuteteacute occidentale

Malgreacute ces constat~tions il semblerait pcu=tant qUE la sociecirct~ lecircbou Gci

bien que se trouvaLt en grande partie dans ~a Presquth du Cap-ETt Et

en contact permane~t avec les blancs soit la portior la plu8 cc~serva-

----------~_- ---~-- -----

~

Incidences d s ~00urs sur la l~ttE

Le wolof connaicirct deux formes de luttes la lutte sirplE- sans t-t

la lutte avec frappe La lutte avec frappe a une crigi~e purement r

et ce nest que plus tard quelle devint une prati1uE sportive et lud

preacuteparer agrave la guerre Aussi tout en luttant On eacutetait autoris~ agrave frapper~

griffer mordre voire introduire son doigt dans loeil de son adversaire

Le jeune wolof devait eacutegalement se livrer agrave la lutte avec frappe afin de

favoriser son insertion dans la socieacuteteacute adulte et sinitier au meacutetier de

soldat faute de quoi il ne pouvait se faire entendre ne avoir des marques

de respect Pour montrer la populariteacute de la lutte dans le Cayor signalons

que les Damels ll (rois) et les Teignes (nobles) nheacutesitaient pas agrave sy

livrer Quant au IIMbeu~ (lutteur) elle lui servait de moyen de promotion

sociale car d8S que sa reacuteputation eacutetait eacutetablie il pouvait ecirctre choisi

par les rois et les nobles comme garde de corps

325 Signification de la lutte en milieu wolof

La lutte se pratique dabord pour lhonneur qui est une vertu tregraves signishy

ficative pour le wolof Elle permet de renforcer les liens amicaux entre

les jeunes de villages diffeacuterents Le champion veut gagner

confiance et la consideacuteration de son village de ses amis

Etre champion cest aussi susciter ladmiration chez les

sentant la force la viriliteacute et la deacutetermination

326 Organisation d~s eacutepreuves de lutte

3261 Les Mbapatts Ce sont les seacuteances nocturnes

pour meacuteriter la

et des anciens

filles en repreacuteshy

Ils sont organiseacutes apregraves les reacutecoltes agrave la fin de la saiscn des pluies

Ceci surtout p~ndant les peacuteriodes de clair de lune car ils peuven~ durEr

toute la nuit Le but des ~Dapatts lt=tait de prfpa-er FhysicuemeH et

~ arb Sil

326 Le 1

cest une organisation beaucoup plus importante que les I~apatts ~

loccasion de laquelle on peut voir plusieurs lutteurs de grande reDommfe

saffronteLLa fin dl lamb est toujours couronneacutee par une grand co~bat

duquel le vainqueur est sacreacute champion de la contrecirce

Le choix du lieu est lieacute agrave limportance de ce lieu dans le village cest

la place publique ougrave geacuteneacuteralement se passent toutes les manifestations

assembleacutee geacuteneacuterale sabar (danse) cest aussi lendroit ougrave sont prises

les grandes deacutecisions

3623 Lappariement

Dans un village ou un quartier les lutteurs se regroupent en lang

(eacutequipe) et jamais deux lutteurs de mecircme lang ne se rencontrent lors

du lamb

L appariement s~ fait librement entre lutteurs de lang diffeacuterents l1hs

une regravegle veut ~uavant de lutter avec le Mbeur Kanur de tel lang si

on est soukh (l~tteur pas encore confirmeacute) il est neacutecessaire de lutter

dabord avec ses soukh et ce nest quapregraves les avoir terrasseacutes tous

quon se voit octroyer la chance de lutter contre lui

Notons que la cateacutegorisation des lutteurs par poids nest jamais prise

en consideacuteration

3624 La tenue du lutteur ou NGIMBE

Le middotNGimbe est confectionneacute par le marabout de la famille ou du clan Il

est constituecirc de pagnes en coton tisseacute geacuteneacuteralement offerts par la megravere ou

la grand-megravere du lutteur ceci lors des organisations de ~rande Tportance

COrlune lef 1amb Dans le cadre des l-bapatt les pagnes sont C tErts peumlr

~~~rcfcis ct ffi~mc aujourdhui d218 cErtaInes fa~ille5 on devj~Gr

luttEur de pegravere en fils et dans ce cas h 1

gimbell du pEgravere Est recircr i tEacute

par le fils Le fait de porter le lI~gimbe agravee ses aiumleux peut susciter

cne~ le jeune lutteur une motivation et une volontecirc in~branlable rlasshy

surer 12 supeacuterioritEacute cis SIcirct-ns dallS

le xgimbe de la famille ne touche pas le sable

La tenue du lutteur a une signification et une importance sur le plan

mystique car selon les anciens le vrai feacutetiche du lutteur celui qui

le proteacutegera agrave vaincre le Djinneacute ou le Rap de ladversaire se trouve

cacheacute dans ce Ngimbe Celui qui confectionne-le Ngimbe est doueacute de

faculteacutes occultes

~~r~i~rg Il est assureacute par un sage du village qui geacuteneacuteralement fut

championde lutte de son temps Dailleurs cet ancien nintervient que

si le terrassement est litigieux

Hormis le public qui proclame la victoire ou le match nul le lutteur

lui-mecircme est arbitre et il arrive quil se deacuteclare vaincu ~ous

pouvons citer comme exemple Meacutedoune KHOULE un des plus grands lutteurs

seacuteneacutegalais qui a donneacute une victoire agrave Djeacuteri SADIO son adversaire qui a

reacuteussi agrave lui faire toucher le sol de la main

Il Y a terrassement quand le lutteur se retrouve

- assis sur le sol

- eacutetaleacute sur le dos

eacutetaleacute sur le cocircteacute

les deux genoux au sol

- les deux ma~ns au sol

la tecircte (front au sol agrave la suite dune brouette)

Il peut y aVOIr match nul si apregraves li1 temps ccmsideacuterable les lutteurs

SE sont ~ ivrEacutes respectivement agrave des assauts rEacutepEacutetEacutes et n arrivEt pas a

3265 L~ precircparation mystique

Il faut reconnattre quon ne peut parler de lutte en milieu wolof sans

envisager une preacuteparation mystique seacuterieuse Co~~e ~ous lEvans vu a~teacute-

1middot ~ d ~ ~rlturenent t0utes es actlvmiddotltesmiddot u W010 sont lles a SeS croyances

- la lutte ne concerne pas seule~ent deux acteurs se livrant faruumlucheshy

ment agrave un combat au milieu de laregravene mais eacutegalement les marabouts et les

feacutetichistes du village ou du clan qui doivent deacutefendre leur savoir et

leur prestige Avant le combat le lutteur doit se livrer agrave un certain

nombre de preacuteparations mystiques pour assurer sa victoire Aussi sommesshy

nous appeleacutes agrave parler de BACK (cest le chant et la danse du lutteur)

- le batteur de tam-tam compose un rythme en fonction du Galagne ou du

Senghor (gds-gris) du lutteur Chaque galagne sera choisi en fonction

du Rap ou du Djinneacute correspondant au Totem du lutteur

Le chant geacuterleacuterique Feinte woy veut dire litteacuteralement composer un 1

chant Ce chant est geacuteneacuteralement composeacute par les filles du viilage du

champion ou par un griot de sa communauteacute Et agrave travers ce chrnt on

arrive agrave toucher la corde sensible du lutteur en chantant lesl innombrables 1

victoires de ses ancecirctres ou en lui rappelant ses prouesses eacuteblatantes 1

Chaque lutteur doit avoir un chant et un back qui lui sont propres

327 Le reacutepertoire technique et les caracteacuteristiques physiques dulutteur wolof

Le lutteur wolof est geacuteneacuteralement moyen de taille la musculagraveture est

tregraves saillante ce qui fait ressortir un aspect tregraves athleacutetique ceci

est vrai sans exception pour le lutteur leacutebou mais il arrive que le Cacircyoshy

rien le baol-baol le walo-walo soient de grands gabarits de forte constishy

tution

CepEndant pour une meilleure compreacutehension du sujet nous pouvons eacutetudiEr

deux jroups d lut teurs qui vont deacuteterminer deux st yI e s de lut tes

- ~ t

les tc~tativ~s de~[reacutee e~ ramassement de jambes de la~v~sairL Ce~~

peut Ecirctre expliqueacute par le fait que les lutteurs leacutebou ou walo-walc qui

sont des pecirccheursadoptent cette garde tasseacutee du fait quils so~t tou-

jours pencheacutes en tirant le fil ou en poussant la plrogue On verra techrugravequeacutes dt cirr 2C ~lt 5Jllicitocirct

surLuumlut les membres supeacuterieurs

Le cayorien et le baol-baol par contre sont les plus grands cultivateurs

darachide chez eux les techniques de lutte sont plus varieacutees et la

garde est moins renfermeacutee Les lutteurs cayorien et baol-baol ont une

morphologie et une reacutepartition musculaire bien eacutequilibreacutee ils excellent

dans les techniques en deacutecalage les techniques de jambe et surtout les

techniques de riposte ougrave lon peut voir des prises de hancheacute tregraves amples

Dune maniegravere geacuteneacuterale on peut dire que le lutteur wolof est un fin

technicien qui sait surtout creacuteer les opportuniteacutes e~ avec sa rapiditeacute

utiliser la force de ladversaire pour le deacuteseacutequilibrer le noodju

le mbas le weacuteheacuteleacute et le rasu sont des techniques propres au lutteur

wolof

En deacutefense il utilise surtout des kl~klets ou gal-gal Notons que

le balancement des bras ou Lewato e$t tregraves marqueacute dans la lutte wolof

TABLEAU RECAPITULATIF DES COMPOSANTES TECHNIQUES

( 1 )

1 SOUS-GROUPES GARDES CONTROLES FORHES DE CORPS l

Walo-walo Basse de jambe Arracheacute l l10yenne de Ngimbe et i

Leacutebou Tasseacutee et saisies annexesj Deacutecalage 1 1 distante de bras de tecirct1

j de bras Deacutecalaeuro

~-----------------~-

- ~ ~- shy - ~ ~ bull L _ _ bull

Profil psyc~~iqUE du lutteu- et son comporterent dars l 2regravere

La preacuteparation mystique dans laregravene est plus marqueacutee chez les wolofs

que ChE~ les autres ethnies En effet on verra de grands champions

preliGrE plusiEurs heures pour Enduire leur corps de cll2badep ou ci

rmiddot- ~ a la proprieacuteteacute de proteacuteger li1egraveividu J

les mauvais sorts) Cest dailleurs un aspect dt la luttE qui iJcsc

des problegraveJles

Le lutteur wolof est tregraves superstitieux et la peacuteriode de preacuteparation

est capitale pour lui car elle permet non seulement de rendre

hommage aux ancecirctres mais aussi dintimider son adversaire Cest

geacuteneacuteralement un lutteur agressif combatif et teacutemeacuteraire Il se fait

souvent remarquer par son esprit dentreprise Mais cette fougue dans

le combat lamegravene parfois bien que ce soit regrettable agrave oublier les

usages et les normes Ce manque de maicirctrise de soi peut faire croire

que le lutteur wolof manque de fair-play ce qui nest pas toujours le

cas

~A~Ugrave~ t 4AA CbUrs k LA ucirctotve f~tPle Sesect prores mou W ~ lesquelles vont se couler les comporteme~ts individuels qui sont ainsi

monteacutes par et pour lautoriteacute sociale

Les faccedilons de boire de marcher ou de sasseoir se manifestent indivishy

duellement dans le corps de chaque personne ces habitus sont cependant

des montages sociaux lieacutes agrave des significationssymboliques variables

dailleurs selon la position sociale occupeacutee par chaque sujet Ces modes

dagir se rangent dans un systegraveme de montages symboliques et lindivishy

du les apprend de la socieacuteteacute dont il fait partie agrave la place quil occupe

Lhabitus est un montage social agrave la valeur symbolique deacutependant des pheacuteshy

nomegravenes deacuteducation et de prestige et lieacute agrave la position sociale du sujet

Cette penseacutee sonne de faccedilon eacutetonamment moderne

Pierre BOURDIEU qui dans une perspective a approfondi le contenue de la

notion en le reportant aux oppositions entre classes et fractions sociales

Il deacutefinit lhabitus comme un systegraveme de dispositions durables acquis au

cours dune histoire personnelle dans une milieu social donneacute systegraveme qui

engendre ensuite des pra~iques socialement deacutetermineacutees faccedilons de manger

de parler ou de marcher comportements de politesse contenu des preacutefeacuterencel

et des deacutegoOts bullbullbull lhabitus est le produit de conditions eacuteconomiques et

sociales Lauteur rattache directement la formation de lhabitus dun

individu agrave la trajectoire parcourue par celui-ci dans sa classe dapparteshy

nance il deacutefend lideacutee dun habitus de classe qui deacutefinit le sens confeacuteshy

reacute agrave la pratique sportive les profits qui en sont attendus

Ce dernier serait lui-m~me lieacute agrave un systegraveme de valeurs ou ETHOS de classe

prenant sens au sein doppositions distinctives entre classes sociales

De sorte lhabitus fonctionne comme un systegraveme dt- regravegles inteacuterioriseacutees

souvent informuleacutees permettant ou non agrave lagent de sadapter dembleacutee aux

multiples pratiques de la vie quotidienne et de la vie sportive il est agrave

lorigine des schegravemes de transcription qui favorisent les ajustements aux

situations corporelles nouvelles (1)

t ~

(1) P~IE11D dwi6Han ISpoy-l et sodeacutebi Approche Bocio-culturelle des pratiques P~tis Vigot 1981 page 81

33

331 Preacutesentation

Les Seacuteregravere auraient pour origine le Fouta Toro quils auraient quitteacute

vers le Xllegrave siegravecle pour fuir lislamisation de cette reacutegioD par lempire

dJ Xali (ils seraient donc apparEnt~s aux Peul et Toucouleur ) Ils

auraient trouveacute dans la rEacutegion du Sine les Sosseacute dorigine manding avec

lesquels ils salliegraverent

Au XVegrave siegravecle une autre immigrationSos~ conqueacuterante cette fois-ci

apporta son organisation eacutetatique Ils se divisegraverent en deux monarchies

deacutemocratiques lune seacutetablit au Sine et lautre au Saloum Les Sosseacute

conqueacuterants constituaient lautocratie appeleacutee Guelowar

La royauteacute seacuteregravere eacutetait laiumlque Les premiers souverains durent secouer

la tutelle des Toucouleur et progressivement arrivegraverent agrave unifier lethshy

nie des seacuteregravere etdea Sosseacute Les deux royauteacutes eacutetaient organiseacutees selon

acirces modegraveles tregraves deacutemocratiques Le souverain deacutependait dune assembleacutee

de ministres et de chefs locaux qui assuraient ladministration centrale

et reacutegionale())

Aujourdhui lethnie seacuteregravere repreacutesente 20 de la population seacuteneacutegalaise

Ils sont reacutepartis sur presque toute leacutetendue du territoire notamment

dans le Baol la reacutegion du Sine-Saloum et la reacutegion de Thiegraves

Signalons quil existe plusieurs sous-groupes dans lethnie ainsi on

trouvera

- dans la reacutegion de Thiegraves les Ndut les Safegravene et les None

- dans le Sine-Saloum les Sine-sine et les Saloum-salouIT

On trouvera vers foundioune et agrave Nioro du cocircteacute de la Gambie les

Niominka (pecirccheurs) Cest une portion tregraves mandinguiseacutee

( 1

Le rattache~2~t d~ to~s ccs sous-groupes pose problecircme ~25 0~ r0~V~

uc grande partie de traits COITul1uns dans leurs modes dE vie Ct pOUT phs

de faciliteacute nous allons essayer de faire une ~tude globale de la lutte

traditionnelle seacuterecircre Lactiviteacute socio-eacuteconomique qui est essentielleme~t

agro-pasorale caracteacuterisE leacutethnie seacuteregravere

332 Lecircducation les moeurs les croyances et pratiques sEr~rc

Chez les Seacuteregravere la vie humaine se deacuteroule selon les grandes eacutetapes

le baptecircme lenfance ladolescencemarqueacutee par la circoncision lsectge

adulte le mariage la vieillesse et la mort (funeacuterailles)

La vie de la communauteacute seacuteregravere reste une des plus originales sinon

celle qui de nos jours garde la presque totaliteacute des pratiques et

habitudes traditionnelles

Bien qu aujotltdhui con~r-tis aux religions chreacutetienne et musulmane les

Seacuteregravere conservent leurs croyances et pratiques animistes

Quelque soit leur degreacute dadheacutesion aux religions reacuteveacuteleacutees les Seacuteregravere

croient en un Dieu puissant et miseacutericordieux Rog Segravene et les hommes

Les ~angols sont repreacutesenteacutes mateacuteriellement dans tous les villages

seacuteregraveres par des arbres (baobab et tamariniers) des animaux (geacuteneacuteraleshy

ment serpent doreacute ou iguane) des ustensiles (pilon calebasse et mortier)

De nombreux teacutemoignages nous apprennent que certains totems (serpent

iguane) font leur apparicion agrave loccasion de certaines manifestations

rituelles comme les sacrifices ceacuteleacutebreacutes lors dun mariage de ceacutereacutemonies

mortuaires ou des circoncisions

Le Seacuteregravere comme il nous a eacuteteacute donneacute loccasion de le dire plus haut

preacutesente des speacutecificiteacutes authentiques aussi bien en tout ce qui touch~

son eacuteducation ses croyanCES et pratiques mystiques q~e ses activiteacute~

socio-ecirccc~omiquEs Apr~s a ~aissa~c~ le beurob~ ~~ pcs~ 5~~ lE S~ __

On lui mouille les l~vres avec un peu d~ lait de mil et apr~s U~ bain

purificateur on versera leau dans un trou cr~us~ derri~r~ la Camp~~

Pendant huit jours la megravere et lenfant sont cacheacutes dans la case car

selon les anciens ils sont tregraves vulneacuterables La case deacutens certains cas

est entoureacutee dun fil blanc et lon place sur le seuil des fais(cauy di

veacutegeacutetaux pour chasser les mauvais esprits (geacutenies malfaisants et illangeUY~

dacircmes) Au bout du huitiegraveme jour la megravere et lenfant peuvent sortir de

la case bull

bullbullbull Le matin du huitiegraveme jour la tante paternelle va chercher de leau

(plusieurs fois)t elle doit rester muette pendant ses alleacutees et venues

si elle parlait t lenfant pourrait ecirctre muet bullbullbull

La megravere et lenfant prennent un bain purificateur dans lequel sont

trempeacutees certaines plantes (ce sont des veacutegeacutetaux pr~tecteurs tels le

begravene le yag le ngud) On y lavera aussi le linge e1t les ustensiles utishyj

liseacutes pendant les huit jours qui viennet de seacutecoul~r On rase le crine

de lenfant Les cheveux sont donneacutes agrave la megravere qui ~s enterrera avec le

reste du cordon ombilical dans un endroit que11e esit seule agrave connattre

La megravere sassied sur une natte devant la maison Une femme igeacutee de la

famille prend le beacutebeacute dans ses bras et le preacutesente aux quatre coins de

lhorizon

La tante paternelle tient ensuite un van sur la tecircte de la megravere on y

verse le mil on y verse eacutegalement en abondance sur la megravere et sur

lenfant La tante oint ensuite le corps du beacutebeacute avec du lait e11e

touche en particulier le front t le nez la bouche la poitrine le dos

et les oreilles

Elle pose enfin un ~rain de sel dans la paume du beacutebeacute (le sel purifie

et deacutetruit les puissances mauvaises)

Apregraves un nouveau bain la megravere et lenfant revEcirctent des habits de fecircte

(est

lenfant Ce precircnore a toujours U~ SEns Il sy~bolise parfois C0 qUi

lOIl sounaitt agrave lEufant l)

La circoncision comme dans les autres ethnies est obligatoire Elle

permet au jeune adolescent dacceacuteder agrave la classe adulte Les jeunes

sont regroupes en classe dacircge dans le bois ougrave sc fait la r0tr~it0 des

circoncis et ceci pendant plusieurs mois

Le Selbeacute qui est geacuteneacuteralement un ancien craint de tous les eacutelegraveves

enseigne le respect de la hieacuterarchie la discreacutetion le goOt de linishy

tiative Les activiteacutes physiques et leacuteducation artistique ne sont pas

en reste la deacutecoration la sculpture la lutte et la danse A sa sortie

du bois linitieacute appartient deacutesormais agrave la classe des virils et des

sages du clan car on lui aura enseigneacute les vertus fondamentales que

sont la justice lhonneur lamour du prochain 1 amour du travail

lhonnecircteteacute et surtout le respect des coutumes ancestrales

Le rite du mariage esd aussi un fait tregraves important dans le monde 1

seacuteregravere mais par manq~e dinformation nous serons obligeacutes de nous en

tenir lagrave

333 Impact des ethos sur la lutte dans le monde seacuteregravere

Lorigine de la lutte seacuteregravere ne semble pas claire ma1S nous pouvons

dire quil existait deux formes de lutte comme chez les Wolofs une

lutte sans frappe et une lutte avec frappe Et cest cette derniegravere

qui peut-ecirctre nous ameacutenerait agrave croire que la lutte seacuteregravere aurait une

origine plus preacuteciseacutement guerriegravere

Aujourdhui la lutte est uniquement une activiteacute sportive agrave travers

laquelle le jeune seacuteregravere eacutevalue sa force son courage et SOn ingeacutenioshy

siteacute Cest une occasion de deacutefendre lhonneur de son village ou de

la corrnnunauteacute

La luttE ~5t avant tout u~e rnanifcs[dtic~ c~lturclie et surtout

fo lkhriqut-

Gracircce agrave elle on peut deacutesormais comprendre un certain nombre de chants

et de symboles A travers la lutte seacuteregravere on ccedilomprend les inter-relashy

tions entreacute la vie et le monde surntiturel

Sil devait y avoir la mort dun villageacuteois pendant la fecirctE au T qUE

de linterrompre on proceacutedait gracircce aux connaissances magico-religieuses

agrave la suspension de la mort jusquagrave une peacuteriode ougrave la population sera plus

disponible pour organiser des funeacuterailles sil y eacutetait preacutedit la possibishy

liteacute dune deacutefait du champion local au profit dun champion dun autre

village des recettes dordre maginque et religieux eacutetaient mises en prashy

tique afin que le champion du village ne soit jamais terrasseacute(J)

334 Le profil du lutteur seacuteregraver~

Le lutteur seacuteregravere est par essence un athlegravete impressionnant de par sa i

carrure et sa musculature saillante mais cest aussi une force tranquille

et calme quelque soit lenjeu du combagravet et particuliegraverement lhonneur

Cet aspect nous pousse agrave parler du NGiMBE cest-agrave-dire de la tenue du

lutteur qui va influencer sur sa faccedilon de lutter

La confection du Ngimbe revient agrave la communauteacute entiegravere Le Ngimbe a

une signification symbolique et le lutteur pour meacuteriter la confiance du

groupe se doit de tout faire pour ne pas toucher le sol Toute la commushy

nauteacute elle aussi sengage pour assurer la longeacuteviteacute et le succegraves du lutteur

dans laregravene par lorganisation droffrandes et de sacrifices en lhonneur

des Pangols bull

bull

Daucuns nheacutesitent pas agrave dire que lessentiel du mysticisme se fait agrave

la maison et non dans laregravene tout le reste nest quintimidation de

ladversaire

lsvcns

Tt- pi ~- t

t 1 ~ l _ ~ t

par rapport agrave lautre Cbci est trEgraves lieacute agrave lactiviteacute journaliegravere du

jeune seacuteregravere qui est un cultivateur donc toujours bien planteacute sur ses

jambes et qui continuellement manie lhiler

Le fait de couper le boi~ peut eacutegalement constituer un moyen de muscushy

lation non neacutegligeable pour le jeune lutteur

Un certain nombre de traits techniques speacutecifiques au lutteur seacuteregravere

semblent ressortir des diffeacuterentes interviews que nous aVOns fait subir

agrave certains lutteurs seacuteregraveres et agrave diffeacuterents techniciens

SOUS-GROUPES FORMES DU CORPS CONTROLES GARDES

SAFEN Moyenne en fente NONE Hancheacute Bras (distante) j

NDUTJ

f

SINE-SINE Deacutecalage Ngimbe

Moyenne

SALOUM-SALOUM Passage- Jambe (rapprocheacutee) 1

i

PETITE dessous Tecircte Basse et 1

COTE Moyenne (rapprocheacutee)

Notons que le Niominka ll commence agrave lutter agrave partir du sol pour avoir

assez deacutelan et sauter sur ladversaire afin davoir la prise du lion

(contr6le de la nuque et du bassin)

Co a -tem-nt ccedilt attitude du lutteur sEacuteregravere335 np -1t ~

Les croyances mystiques sont indissociables des activiteacutes quotidiennes

duseacuteregravere Ce qui explique le cocircteacute supersticieux du lutteur seacuteregravere En

~ffet certains lutteurs refusent de lutter avant certaines heures

Certains teacutemoignages nous apprennent quil nest pas donneacute agrave tout le

monde decirctre champion de lutte et que le lutteur doit avoir des dons

surnaturels pour ecirctre agrave mesure de livrer ses combats dans la nuit

et trouver seul un gris-gris speacutecial appeleacute Njatch

Le vrai champion de lutte chez les seacuteregraveres ne lutte pas seulement avec

~a force et sa technique mais surtout avec ses dons occultes

Chez les seacuteregraveres les morts sont toujours preacutesents et les ~pangols

Servent dintermeacutediaire entre les hommes et les morts Le pangol prend i

le nom dhumain dans certains villages (IIHeacuteJga NDONG Har Wag NGOUYE) i 1

De ce fait on verra le lutteur danser dufe maniegravere ou dune autre en

fonction du pangol de sa famille Ainsi nrus aurons le back (chant et

danse du lutteur) des DIOUF des FAYE etclbullbullbull

Dans laregravene le lutteur seacuteregravere a un comportement exemplaire aussi bien

agrave leacutegard de son adversaire direct quave~ le public en geacuteneacuteral Lexpli shy

cation semble tenir au fait que le lutteur seacuteregravere est avant tout selon

la tradition orale le repreacutesentant de toute la communauteacute seacuteregravere Par

conseacutequent il devra saffirmer non seulement en tant que lutteur dans

laregravene mais aussi en tant quentiteacute morale

336 La tenue du lutteur ou NGIMBE est confectionneacutee par le marabout de la

famille ou du clan Le Ngimbe est constitueacute de pagne en cCton tisseacute

Il doit ecirctre propre le lutteur qui le porte ne devra pas avoir de rapshy

port sexuel pendant toute la peacuteriode des cOTpeacutetitians car le Ngi~bE ne

doit pas ~tre souilleacute

Autrefois et mecircme aujourdthui dans certaines familles on devient

lutteur de pegravere en fils et dans ce cas le Ngimbe du pegravere est heacuteriteacute

par le fils Le fait de porter le Ngimbe de ses aieux peut susciter

chez le jeune lutteur une motivation et une volonteacute ineacutebranlable dtasshy

surer la supeacuterioriteacute d~s siens dans ltaregravene Il fera tout pour que le

Ngimbe de la ramille ne touche le sable

La tenue du lutteur a une signification et une importance sur le plan

mystique car selon les anciens le vra1 feacutetiche du lutteur celui qui

le proteacutegera et laidera agrave vaincre le nDjinne ou le tRapu de ladvershy

saire se trouve cacheacute dans ce Ngimbeu bull Celui qui confectionne donc le

Ngimbe U est doueacute de faculteacutes occultes

337 Larbitrase est assureacute par un sage du village qui geacuteneacuteralement fut

champion de lutte de son temps Dailleurs cet ancien nintervient que

si le terrassement est litigieux Hormis le public qui proclame la vicshy

toire ou le match nul le lutteur lui-mecircme est arbitre et il arrive

quil se deacuteclare vaincu

Nous avons pu cfter Meacutedoune KHOULE un desplus grands lutteurs seacuteneacutegashy

lais qui a donn~ une victoire agrave Djeacuteri SADIO son adversaire qui a reacuteussi

agrave lui faire touegraveher le sol de la main

IlL

34 1 Preacutesentation

Lethnie toucouleur vit En grandt partit ciE~~ la vallfc du S~~~gal

pt reprecircsente i peu pr~s 8 de la population totale secircn~galaise

o Histoire

Il semblerait que dans lancien royaume du Tekrour (IX~ siegravecle) des

eacuteleacutements neacutegroiumldes Sarakoleacute et des Peul aient formEacute par meacutetissage le

peuple Toucouleur (Toucouleur serait dailleurs une deacuteformation du

mot portugais Tacouror)

Ce empire a domineacute aussi bien les wolofs de lOuest que les Peul

nomades du Fouta Toro Cette reacutegion fut le premier pays islamiseacute par

les Almoravides ce qui peut expliquer le proseacutelytisme toucouleur

Ce sont les guerriers toucouleur islamiseacutes qui attaqu~rent avec les

Almoravides la capitale du Ghana Koumbi en 1067 On convertit par

la force les animistes Cest sans doute agrave cette eacutepoque que de nombreuses

ethnies reacutefractaires agrave lIslam ont dO accentuer leur migration vers

le sud (Seacuteregravere wolof Sarakoleacute Bambara Songhaiuml Akan et Peul se reacuteshy

fugiaient vers les hauteurs du Fouta Djalon)

Au XIXegrave siegravecle les Toucouleur allaient trouver en El Hadj Omar Tall

un grand conqueacuterent qui sous le preacutetexte religieux de la gJerre sainte

contre les tribus animistes (entre autres Bambara) eacutetendit lempire

toucouleur sur presque tout lensemble du gali et la partie de la Guineacutee

proche du l1ali

Lempire toucouleur composeacute de Sarakoleacute de Bambar~ de ~alinkeacute de

Xassonkeacute dE Peul et de Dogon eut le meurorit~ dunir CES diif~rentes ~ ~ - - - - - et~ics ~t dE CD~stituer l~Sl la b2S~ ~r 1

_ ~ ~ ~_ L ~

~ ~- ~- - - ---- _ 1 v _ t 1 ~-_ --

marabout tOL~culcuuml~ ~ middotlrrany a l ick SI venu des E1i rClS dE Pocior~ (

~ Vi~ euroconomicue et sociale -----------~-------------

Les Toucouleur sont des cultivateurs mais bien quils n~ soie~t pa~

pasteurs comrre les Peul leacutelevage a une place inportarteacute decirc1S ltur

eacutecono~ie Pour faciliter leur conquecircte guerriegraverE ils c~t Eucirc une preacuteshy

dilection pour leacutelevage des chevaux On y trouve aussi des pecirccheurs

appeleacutes Tchioubalo La socieacuteteacute toucouleur aurait une stratification

sociale tregraves rigide Les groupes ethniques et les castes eacutetaient

diffeacuterencieacutes et strictement exogamiques les Rimbe classe des nobles

comprenant la famille reacutegnante et les guerriers libres la classe des

Nieacutenieacutebegens de castes artisanales i les Rimaibeacute anciens esclaves

devenus serviteurs qui portent les noms de famille de leur maicirctres A

la base de lorganisation de la collectiviteacute toucouleur se situe le

village (Wouro)

Toutes ces castes sont cloisonneacutees entre elle~ Ainsi il nest pas

permis agrave un Torodo (noble) de se marier avec un Tchioubalo Ces

consideacuterations sont importantes dans le domaine de la lutte ougrave nous

apercevrons que les nobles ne sont pas faits pour lutter Le noble

preacutesidera les seacuteances de lutte et on luttera pour lui Ces condeacute rat ions

de noblesse et de rang social sont extrecircmement importantes dans le

monde toucouleur

Le noble ne doit pas se salir on lutte pour lui il ne vit la lutte

quen tant que spectateur

342 Education moeurs croyances et eratiques religieuses

Deux formes d~ducation sont agrave consideacuterer leacutedJcatio~ dES enfarts Et

celle des adultes

oG lenfant sait m2n~~r et apprfcier le goOt d~5 ~iifeurorents r~pas lt

le moment ougrave il CO~~e~CE agrave marcher

tivirt n~sormais le petit toucou]eur est eacuteduquf par toutmiddot 12 f2~i)]E

dabord puis par toutes lespersc~nes du village ou du C13~

Lenfant peut ~tre corrigeacute par tout adulte appartenant au groupe social

Son eacuteducation est deacutesormais laffaire de toute la communauteacute et non

exclusivement celle ces parents On linitie ainsi au travail quotidien

qui se fait dans la bergel~ e les champs et les bords du fleuve Au sein

du village il pourra apprendre agrave filer la laine et agrave tisser des pagnes

dans les champs il apprend agrave manier la houe et lhiler pour la culture

du riz et du mil Mais signalons que lactiviteacute essentielle du toucouleur

est leacutelevage des boeufs des moutons et des chegravevres Chez les Ichioushy

balos (p~cheurs ) lenfant sera initieacute tregraves tat au maniement des pagaies

agrave la p~che propremccedilnt dite et agrave la nage

Vers cinq-six ans lenfant est confieacute au maicirctre coranique le Ihierno

et ce dernier dispose exclusivement de toute sa vie Lavenir du jeune

enfant lui appartient

Comme dans les autres groupes ethniques les enfants sont regroupeacutes en

classe dacircge et cest dans cette structure que lenfant subit les rite

de passe et plus particuliegraverement celui de la circoncision

La circoncision est non seulement unE opeacuteration chirurgicale malS surshy

tout une peacuteriode au cours de laquelle le jeune garccedilon passe de leacutetat

dadolescent agrave leacutetat dadulte Les circoncis sont reacuteunis en classe

dacircge dans un endroit situeacute hors duvillage geacuteneacuteralement choisi par les

vieux Cet endroit n~st accessible que par des individus de SExe ffi8SCUshy

li~ ~ta~t au preacutealabl circoncis

- - - -

quable et complet sur le plan phy~ique et ~oral Ai~si liniti~

acquiert les qualitecircs indispensables que sont le courag~ la modest

lesprit de sacrifice lendurance

Le toucoule~r est un pleux musulma~ Cela sexp1

SOil le premier agrave tre en contact avec la religion musulmane de par sa

position frontaliegravere Lethnie toucouleur de par son histoire a preacutesenteacute

les plus grands chefs militaires et religieux musulmans seacuteneacutegalais Et

pour illustrer cela on peut citer en exemple la grande famille musulmane

des SY agrave TIVAOUANE repreacutesentant la confreacuterie des TIDJANES

Bien que lon note une majoriteacute musulmane on peut dire que certaines

croyances et pratiques mystiques et animistes persistent encore surtout

dans la reacutegion du fleuve

Une pratique courante se fait elle sappelle le Djatt Elle consiste

agrave faire sortir le caiman du fleuve agrave limmobiliser et agrave lattacher

sans quil ne reacuteagisse et tout ceci agrave laide de versets et dincantashy

tions magiques Dapregraves les teacutemoignages ces pratiques sont plutocirct

freacutequentes chez les Tchioubalos (pecirccheurs) Il arrive aussi que cershy

tains chasseurs ayant des dons se livrent agrave certaines pratiques an1shy

mis tes qui consistent agrave invoquer certaines puissances et agrave moduler sous

forme de chant des versets occultes pour se proteacuteger des mauvais esprits

et pour eacuteloigner les fauves Ce chant est geacuteneacuteralement incompreacutehensible

et deacutenueacute de sens pour le profane

343 Activiteacutes ludiques et pratiques sportives en milieu toucouleur

Durant toute son histoire lethnie ~oucouleur a toujours EacutetEacute Frese~teacute~

comme celle qui avait ue activit essentiellement guerr e e~ particushy

liegraverement farouche Trois eacuteleacutements ret r t l ecirc t te nt i c- euro so~t

le manie~~nt du ~acircton 12 luttE Et 1eacute danSE

l

Lecircducation ph~sique et artistique Dcc~pe un place precircpondecircra~rp

dans la fDrmat~on du jEune toucouleur A loccasion agraveeacutevegravenemen~ imporshy

tants reacutecoltJs mariages baptecircme nous assistons agrave des manifestashy

tions folkloriques de grande envergure le Wango oucirc dailse toucouleur

tregraves gymnique iles chants et surtout les sEacuteances de lutte

La lutte toucouleur est la forme de lutte la plus spectaclaire dans

tout le territoire seacuteneacutegalais Elle est essentiellement baseacutee sur des

techniques en hancheacute et surtout en souplesse Ceci sexplique par le

fait q~e le jeune toucouleur est tregraves tocirct initieacute agrave la gymnastique (saut 1

per saut de main salto arriegravere saut de tecircte couronneacute etc bullbullbull ) pour

la dans~ du wa~go En dansant le wango qui est une danse rythmeacutee et

gymnique le Jeune toucou1eur est capable de prouesses extraordinaires

1

En lutte lattaquant se deacuteplace tregraves peu pour avoir une bonne saisie

(geacuteneacutera~ement controcircle du Ngimben ) et enchaine brusqueme~t avec une

attaque surpris~ Cependant les ripostes sont souvent surprenantes et

spectaculaires (baseacutees sur la souplesse et la rapiditeacute) ontrairement

aux autr~s form~s de luttes ougrave lon voyait tous les jeune adheacuterer la

lutte to~cou1eur Verra un groupe de speacutecialistes sadonne agrave la lutte 1

(la lutte est lieacutee agrave la position sociale de lindividu problegraveme de

caste)

Q La morphologie du lutteur toucou1eur 1

1 1

Ce dernier nest pas aussi large et aussi fort que les lutteurs diola

et seacuteregravere Cependant il est tregraves reacutesistant La musculatJre est saillante 1

et tregraves souple lindividu est longiligne mais tregraves athleacutetique

Les mouvements de lutteurs sont semblables agrave ceux dun grand fe1in Cette 1

morphologie semble ecirctre lieacutee agrave la position geacuteographique de lethnie

(reacutegion du fleuve) et agrave lacitiviteacute socio-eacuteconomique du toucouleur qui

est agrave la fois cultivateur (activiteacute lieacutee agrave la crue et deacutecrUE du fleuve)

pecirccheuro~T CIcr~icubaon) et sttout jEumlrgcr qui est U~ rc~2eumlr

shy

Deux formes egrave~ corps sembl~nt ecirctre preacutefeacutereacutees du lutteur toucouleur

le hancheacute et la souplesse Les hancheacutes sont faits agrave partir de plusieurs

positions de doset se terminent geacuteneacuteralement par des techniques de

tregraves grande amplitude

TABLEAU RECAPITULATIF DES TECHNIQUES ET FORMES DE CORPS SPECIFIQUES

i

L441 r

GARDE FORMES DU CORPS CONTROLES --shy - -

Moyenne Souplesse Ngimbe

Hancheacute bras

Demi-souplesse

1

Profil psycholosigue 1

TECHNIQUES

ContrOle du bassin et 12 souplesse

arriegravere

Klicket et allegravegement de la hanche

Le lutteur toucouleur est celui lUi se livre le moins aux preacuteparaqons

maraboutiques Cela est dO au f~t que le toucouleur est un grand ~USUlshyman et que les pratiques animisges ont presque disparu dans ce mil~eu

Dans la pratique le lutteur esJ combaif mais il est calme et tr~s reacutefleacutechi quant agrave la deacutecision agrave prendre en plein corps agrave corps ct~st un des seuls techniciens qui reJte tregraves lucide au cours de ses comb~ts

l Dans toutes les circonstances e lutteur toucouleur est tenu de re~pecshyter son adversaire et ceux de s4n eacutequipemecircme sil est vaincu

Comme nous avons dO nous en rendre compte la rigueur des principes

eacuteducationnels a une influence tregraves sensible sur l~ comportement du

toucouleur

i

III S COCL ~s 1DO

Dans cette partie nous avons essay~ de montrer lftroite re1atic~

Entre les diverses activiteacutes socio-eacuteconomiques dans les ethnies et

lES diffEacuterentes faccedilons de lutter

Daucuns seraient tent~s de conclure trop rapidement et cest p0~r

cette raison que nOUS avons penseacute preacuteciser que le pheacutenotype nest

pas geacuteneacuterateur du geacutenotype Et nous sommes convaincus que la morphoshy

logie et les techniques des lutteurs relegravevent de leurs modes de vie

et de leurs croyances agrave une eacutepoque et danE un contexte bien deacutetermishy

neacutes

Est-ce que les lutteurs dio1a ou seacuteregravere travaillant avec leurs bras

dans les champs auraient les mecircmes pr 0 fil s physiques que les lutteurs

utilisant des machines pour lagriculture

- 69 shy

I UJOURDH~1 E-S ut O[l LES FORfilS Ut LU11t~

~otons que notre enqu~te a ecirctE essentiellement faiteen milieu urbain

Les seacuteances de lutte ont tendance agrave perdre leur particulariteacute de r~shy

jouissance pour devenir des pheacutenomegravenes de sportisatio Deux fores

de luttes so~t principale~cnt prat s dans les aregrave~es du 5 al

la lutte traditiunnelle simple et la lutte traditionnelle avec frappe

De nos jours la lutte traditionnelle tend vers une reacuteglementation

et une institutionalisation

Le reacutesultat de nos investigations nous donne le tableau ci-dessous

REPARTITION ETHNIQUE SUR 100 PRATIQUANTS

LUTTE LUTTE RAPPORTETHNIES SANS FRAPPE AVEC FRAPPE J2

Diola 40 16 71 j

Seacuteregravere 26 21 57

Toucouleur 23 10 69

Wolof 1 1 53 17

La demande sociale par ordre deacutecroissant pour la lutte sans frappe

se preacutesente comrre suit

]0_ Ethnie diola avec pregraves de 3 lutteur~ sur 4

2deg_ Ethnie toucouleur

Ethri dun

~ 1 LA LUTTE TR])IIIO~~ELLE AVEC H-PPE

Cette forme deacute lutte a une histoire qui date de lantiquiteacute elle

sa~pelait le Pugilat Au Seacuteneacutegal elle a vu le jour dans le Cayor

bien avant la colonisation Le coup dE pied l~Lrdn~lement la morshy

sure la frappe et le doigtf eacutetaient permis dans le cc=bat ~ ~middot~p0~~e

Dans certains cas la giffle eacutetait beaucoup plus dangereuse que le

poing quand elle eacutetait donneacutee par un speacutecialiste Cette giffle pouvait

agrave elle seule deacutechirer et mecircme parfois amputer la joue de ladverser

Selon les informations la lutte avec frappede nos jours serait une

forme de lutte tregraves eupheacutemiseacutee de celle dantan ougrave une blessure

pouvait souvent ecirctre mortelle

Aujourdhui au niveau du folklore la lutte na plus la mecircme

le spectaculaire a remplaceacute le significatif iLa lutte avec frappe se 1

pratique surtout dans les centres urbains C~aque fois quun grand combat 1

est progra~eacute par le Comiteacute National Proviso~re (CNP) des centaines damashy

teurs sont mobiliseacutes vers le stade lba Mar D~OP qui est aujourdhui le i

lieu approprieacute ougrave se deacuteroulent les grands conkbats de lutte Cest la formE

de lutte qui semble drainer une foule de personnes beaucoup plus importante

que celle de la lutte simple

La lutte avec frappe deacuteriverait dune forme de lutte traditionnelle

pratiqueacutee jadis dans le Cayor au temps des Damels et la frappe serait

le substitut dun certain nombre de pratiques doigteacute jet de produits

etc bullbullbull dont le but eacutetait laveuglement de ladversaire La lutte avec

frappe serait une continuation logique dune carriegravere sportive de la

lutte traditionnelle qui sen sert comme moyen socio-eacuteconomique En

effet la majoriteacute des lutteurs avec frappe ont dabord eacuteteacute initieacutes agrave la

lutte simple Cependant il faut signaler que de nOS jours il arrive

que le jeune lutteur avec frappE- soit directenent formEacute conne speacutecialistE

agrave la frappe sa~s pour autant faire son chemin dabcrd egravea~s la lutte

- ~ shy

Le recircsultat dE ~os interviews ncus rec~trE qGune pcpulatiD~ divcrsishy

fiampe sint~resse agrave ce sport et qUE les intecircr~[s des uns et d~SlautrE~

semble~t divergents naucuns affirment que la lutte traditionnelle

avec frappe serait monteacutee par des personnes dont la vocation est dexshy

ploiter ce pheacuteLomegravene agrave des fins commerciales Dautres disent gJellegrave

jouit de mcyens irport~nts t[l[~isio

tation etc bullbullbull ) pour toucher toutes les couches sociales CEpe~~a~t

nous remarquons que mecircme si certaines personnes reprochent agrave cette

forme de lutte decirctre brutale ces mecircmes personnes nheacutesitent pas agrave

se rendre le dimanche agrave laregravene Bien que critiqueacutee elle semble ecirctre

adopteacutee par une tregraves grande partie de la population seacuteneacutegalaise Cepenshy

dant en tant que techniciens il nous est permis de faire une remarque

Il sagit de

- Limpression nette decirctre devant des professionnels de la frappe

qui sont ~ntratneacutes pour cela Dailleurs les propos que nous avons

recueilli~ nous prouvent que la plupart des champions de lutte avec 1

frappe s~ntratnent dans certains sports de combat tels ~ue la boxe i 1

le karateacute le judo Dans cette nouvelle forme de pratique de la lutte

contrairefuent agrave la lutte traditionnelle le technicien e~t souvent

perdant face au puncheur Ce dernier adopte une lutte agrave distance qui

lui permet de placer agrave bon escient ses coups animeacute du deacutesir de vaincre

Le technicien lui se voit contreacute dans toutes ses entreprises par

un uppercut ou un crochet

On peut dire cependant que nul sport au Seacuteneacutegal que la lutte tradishy

tionnelle avec frappe ne deacutechaicircne autant de passions et autant de

pheacutenomegravenes poussant agrave lexcegraves et deacutereacuteglements quon ne peut que deacuteplorer

Mais comment deacutecrier un spectacle de lutte qui bien quayant perdu la

presque totaliteacute des valeurs traditionnelles veacutehiculeacutees autrefois par

elle sait susciter une participation effective de tous ceux qui sont

preacutesents

CONCLUSION

Dans ce meacutemoire nous sommes efforceacutes ~e faire ressort ir limportance des

ethos et des habitus et leurs effets sur la pratique de la lutte tradishy

tionnelle au Seacuteneacutegal

L~b egravethos repr~sentent dune maniegravere g~neurorale tous les eacuteleacutements speacutec

fiques sux Seacuteneacutegalais par conampeacuteguent un systegraveme de valeurs traditionnellEs

Mais m~me si ces valeurs rev~tent une signification universelle (honneur

digniteacute courage etc bullbullbull ) il nen demeure pas moins que ce nest pas leur

nature qui fait leur speacutecificiteacute mais la hieacuterarchisation et limportance i

quon accorde agrave toutes ces valeurs de ~ar leacuteducation ou la culture

i 1

Aussi les valeurs traditionnelles puient leur speacutecificiteacute dans les

caracteacuteristiques propres aux eacuteleacutements ~e la socio-cu1ture (la technologie

et leacuteconomie la politique et la pareteacute la psychologie et lideacuteologie)

dans la socieacuteteacute seacuteneacutegalaise agrave n momen donneacute de son eacutevolution Cest i

dire la neacuteceesiteacute de ne point faire della valeur une reacutealiteacute statique

Cest dite aussi quagrave tout mome~t le ~eacuteneacutegalais peut eacutevoluer et creacuteer

ou vivre par conseacutequent de nouv~lles fprmes de valeur qui lui sont 1

propres ft (J)

La lutte traditionnelle veacutehiculant deS valeurs socio-cu1ture1les speacutecishy

fiquement seacuteneacutegalaises (croyances valeurs morales norme de comportement

opinion attitude bullbullbull ) devient un eacuteleacutement important qui tregraves certaiaement

nous aidera dans notre effort de valoriser et de peacuterenniser notre patri shy

moine culturel par le biais dactiviteacutes physiques et sportives

Leacutetude des habitus nous permet de prouver quil y a plusieurs faccedilons

de se mouvoir comme danser lutter bullbullbull qui varient avec les diffeacuterentes

ethnies (wolof toucouleur seacuteregravere diolagt leurs convenances et leurs

eacuteducations

(1) Revue Ethiopiques 31 Les valeurs traditionnelles et le problegraveme de leur inteacutegration dans les systegravemes modernes jtducatio-1 2 6r--70

nautre part cette eacutetude permet aussi de nous rendrE compte de la

correacutelatipn eacutetroite existant entre la pratique de la lutte traditionnelle

et le sta~ut socio-eacuteconomique du pratiquant

Nos inves~igations nous indiquent que la lutte recrute essentiellement

au niveau des classes socio-eacuteconomiques situeacutees en bas de leacutechelle

donc posseacutedant le statut social le moins favoriseacute La lutte avec frappe

-et un certain secteur commercialiseacute de la lutte simple- y trouve sa

leacutegitimiteacute Comme le dit BOURDIEU nA habitus diffeacuterents styles de Vle

divergents et il oppse les pratiques aristocpatiques correspondants agrave

des activiteacutes qui favorisent les situations eupheacutemiseacutees ougrave la stylisashy

tion est importante aux pratiques populaires qui font appel agrave des

qualiteacutes qpposeacutees bllutes rugueuses Certaines interviews nous

montrent que plus lindividu occupe une place eacuteleveacutee dans leacutechelle

sQciale e~ 1

moin$ il sinteacuteresse agrave la lutte

Les reacutesultats recueillis dans nos diverses investig~tions confirment 1 1

1er propos qui disent que nous assistons aujourdhu~ agrave une involution

de la lutte traditionnelle parce que perdant toutes ses speacutecificiteacutes au 1

pryfit d~ne autre forme de lutte que lon continue agrave appeler nostalshy

giqlementIIlutte traditionnelle

Ceci pourrait peut-~tre trouver une explication dan la citation suivante

La liberteacute de creacuteer dinnover de vivre Pleineinenf decirctre soi et de

preacuteserver son authenticiteacute la digniteacute et lhonneu1demeurent des illushy

sions dans la misegravere eacuteconomique~ Nos ancecirctres creacuteai~nt des valeurs de cishyl

vilisation parce quils eacutetaient libres parce qu1i~s ignoraient toute

deacutependance eacuteconomique ils cultivaient en eux et cbez leurs enfants le 1

Jorn et la Kersa et preacutefeacuteraient la mort agrave la hoJte lI (1)

Or le Seacuteneacutegal comme la plupart des pays africainsi est un pays sousshy

deacuteveloppeacute t cependant face agrave cette volonteacute du gou~ernement seacuteneacutegalais

de faire inteacutegrer dans leacuteducation des valeurs traditionnelles nous

pouvons espeacuterer utiliser comme moyen deacuteducation la lutteacute traditionnelle

qui reste quand mecircme vecteur jethos et dhabit~s

- 54 shy

Mecircme si lon a noteacute un appauvrissement notoire sur les plans socioshy

culturel et moral la lutte traditionnelle recegravele une gamme importante

et varieacutee de techniques permettant incontestablement une ouverture vers

les luttes olympiques libre et g~eacuteco-romaine

La lecture de ce meacutemoire permettra agrave lentratneur et au professeur de

lutte en fonction du lieu ougrave ils seront affecteacutes dans le territoire

seacuteneacutegalaisdavoir une information sur les techniques contrOles et

formes de corps propres agrave chaque groupe ethnique et de les mettre en

relation avec leurs croyances et leurs mentaliteacutes

Nous avons essayeacute de montrer que la pratique de la lutte traditionnelle

doit tre axeacutee sur une ethnomotriciteacute au Seacuteneacutegal qui permette une inishy

tiation facile Cette pratique de la lutte traditionnelle seacuteneacutegalaise

devra dailleurs essayer de ~eacutepondre aux aspirations du Seacuteneacutegalaisl

moderne en souvrant aux ap~orts positifs des autres civilisations

ex~eacuterieures nous voulons Jvidemment parler du judo et des luttes oiymshyJ

piques 1

1 j Nous navons pas la preacutetentfon dans le cadre de ce meacutemoire demattrise

de reacutepondre agrave toutes les qutstions se rattachant agrave leacutetude de ~a lutte

traditionnelle souslangle~socio-culturel car non seulement il nous

manque lexpeacuterience et la c peacutetence en la mati~re mais aussil l le temps

et les moyens dont nous dis osions ne nous permettaient pas d~puiser le 1sujet i

1 1 1 t 1

l

- )5 shy

BIBLIOGRAPHIE

BIBLIOGRAPHIE

1- CLAPAREDE Psychologie de leacuteducation et peacutedagogie expeacuterimentale

Edition Delachaux et Niestleacute 244 pages

2- POCIELLC Christian Sport et Socieacuteteacute approche socio-culturelle

des pratiques Paris Vigot 1981 377 pages

3- PIERON Henri Vocabulaire de la psychologie

PUF Deuxiegraveme eacutedition 1957 469 pages

4- Revue socialiste de culture neacutegro-africaine ETHIOPIQUES

Les valeurs traditionnelles et le problegraveme de leur inteacutegration

dans les systegravemes modernes deacuteducation

GIA 21 Juillet 1982 213 pages

5- N2 Revue du Centre dEtudedes Civilisations DEM ak TEY

NIS IVegrave Trimestre 1982 96 pages

6- Document lNSEP Colloque sur la lutte aeacuteregravere

DAKAR MAI-JUIN 1980

t 1

~- Travaux du IVegrave Congregraves National ~es Sports agrave DAKAR les 2223041981

Bulletin n2 91 du CIO du 15 Aont 1965

l____________________________

8- Meacutemoire de Mattrise BADJI Abdou La lutte traditionnelle Joola

Etude et perspective

9- Meacutemoire Inspectorat JS DJITTE Mandy Les pratiques corporelles

traditionnelles au Seacuteneacutegal pour leur exploitation et leur

utilisation en peacutedagogie Marly le Roi 1980

REPUBLIQUE DU SENEGAL

--------------- INSTITUT NATIONAL SUPERIEUR

MINISTERE DE LA JEUNESSE DE LrsquoEDUCATION POPULAIRE

ET DES SPORTS ET DU SPORT

-------------

(INSEPS)

MEMOIRE DE MAIcircTRISE

Es-SCIENCES ET TECHNIQUES

DE LrsquoACTIVITE PHYSIQUE ET DU SPORT

LA LUTTE TRADITIONNELLE

son importance sa signification en fonction des ethos et des habitus ethniques au Seacuteneacutegal

Preacutesenteacute par

Monsieur Joseph Victor FAYE

Sous la direction de

M Jean Marc ROCHEZ

Professeur agrave lrsquoINSEPS

Anneacutee de soutenance 1984

- Jo shy

por lE diola 11-071- doit rester en harrc1iE avec lE

tal lanimal lui-mecircme les ancecirctres les geacutenies Le rit~ du rasdge co~sist~

acirc ~loigner la ~alchance de lenfant Si l~ ritE nest pas respecteuro eumlr es

parents du futur initieacute celui-ci connaicirctra la malchance pendant toute sa viE

Ce rite a aussi pour faculteacute deacuteloigner le mal et de preacuteserver lenfant des

mauvais esprits

Le rite de leau sacreacutee se fait un jour avant lentreacutee dans le bois sacrEacute

Les femmes doivent se garder davoir le moindre contact avec leau beacutenite

pour se preacuteserver des conseacutequences facirccheuses qui pourraient en reacutesulter La

tradition veut quune seule goutte soit capable de deacuteclencher lavortement

l chez la femme enceinte de rendre steacuterile la jeune fille ou de provoquer des

menstrues perpeacutetuelles chez la femme ayant atteint la meacutenopause bull

bull Le rite de la forge protegravege le futur initieacute pendant son seacutejour dans le bois

sacreacute Mais cette protection seacutetend bien au-delagrave et de rite veut que toute

personne qui y faillit soit condamneacutee agrave devenir leacutepreuse

Pendant plusieurs semaines les jeunes initieacutes subissent une formation capishy

tale qui fera deux des hommes complets

313 Croyances et pratiques mystiques

Si nombreux sont les diolas convertis au Christianisme ou agrave lIslam leur

foi napparatt jamais incompatible avec leurs croyances animistes Lhisshy

toire des rois et reines diolas nous reacutevegravele quils eacutetaient les ffprecirctres fl de

ces cultes feacutetichistes destineacutes agrave maintenir la fertiliteacute et agrave provoquer

la chute des pluies De nos jours existent encore des socieacuteteacutes secregravetes agrave

base religieuse ou magique la plus redouteacutee eacutetant lassociation neacutecrophashy

gique Kousanga des Floup (1)

Deux fafu expliquent la coexistence du dogme et de la croyance

le contact tardif de la socieacuteteacute diola avec les civilisations eacutetrangegraveres

et leacutevangeacutelisation ou lislamisation quelles veacutehiculaient Il e~ reacutes~lt~

une importance des traditions leur reacutesstance agrave une remise en questic~ ce qui confegrave~e agrave la socieacuteteacute diola un caractegravere conservateur

r~c~~i]EE 2~fr~~ ~c - t

ct ~Cc egraveE~ Cimiddotilisatilaquo~ eacute

la neacutecessiteacute de lanimisme consiegraveeuroreacute comme base de toutes legrave~

religi0~s uumlegrave serait-ce que corr~e tentative ciexpliquer li1explishy

cable en se repreacutesentant en particulier comme un ensemble de puisshy

sances mystiques Ainsi pour lanimiste agir sur la nature cest

intervenir psychologiquement aupregraves de ceLX qui la gouvernent

314 Imeact des moeurs sur la prat~que de la lutte diola

Lorigine de la populariteacute de la lutte eugrave milieu diola est par trop

impreacutecise aussi nous nous limiterons agrave en donner la signification

actuelle La lutte apparatt dabord comme un moyen privileacutegieacute deacutedushy

cation

- sur le plan corporel afin de deacutevelopper la force lagiliteacute la

rapiditeacute et la souplesse

- sur le plan moral afin de deacutevelopper les vertus caracteacuterielles

courage tenaciteacute digniteacute bullbullbull neacuteces~aires agrave laction

Mais la lutte apparatt aussi comme un mpyen dinteacutegration sociale car

le jeune diola qui se refuserait agrave se sbumettre agrave leacutepreuve de la lutte

encourrait un isolement alors que celui qui excelle en bravoure devient

rapidement populaire Dougrave ces affrontements agrave linteacuterieur dune classe

dige qui tout en restant un moyen de reacutejouissance servent eacutegalement

agrave eacutetablir des comparaisons

Nos observations et nos interviews confirment le caractire tris physique

de la lutte diola immeacutediatement les lutteurs sont au corps agrave corps et

les techniques consistant agrave aracher ladversaire priment sur toutes les

autres Exprimer sa force est une preacuteoccupation constante il suffit pour

sen persuader de voir le groupe de lutteurs peacuteneacutetrer dans laregravene au son

du Born bol on que rythme le claquement de mains des femmes

C~tte da~se est une deacutebauche dAnegie Ougrave les lutteurs pieacutetin~Ert avec

force L sol

i shy

3141 EorphologUgrave et valeur physiques du lut teur diola

Le lutteur diola possegraveagrave~ un deacuteveloppement caracteacuteristique du trai~

supeacuterieur et de la musculature doso-lombaire Ceci est tregraves certaineshy

ment lieacute au maniement de la houe de la daba et surtout dukadiando

dont lusage permanent a modeleacute la morphologie du lutteur diola

La valeur physique de ce lutteur semble reposer sur sa force sa

reacutesistance mais aussi sa rapiditeacute

3142 Reacutepertoire technique

Dans le Blouf la forme du corps la plus utiliseacutee est le deacutecalage souvent

combineacute avec un crochet de jambe (gal gal) ceci semble ecirctre lieacute agrave

lutilisation quotidienne dans les riziegraveres du kadiando Le paysan du

Blouf sera ameneacute agrave faire un mouvement de torsion pour deacutecalerlinstrushy

ment enprenant appui sur son genou et ceci continuellEment pendant toute

la jourpeacutee Chez les diolas du Fogny le kadiando eacutefait surtout utiliseacute

par les femmes qui soccupaient autrefois exclusivement de la riziculture

et ce n~est quaujourdhui que les hommes cultivent le riz 1

La principale culture dans le Fogpy est celle du mil on y cultive aussi

de larachide De ce fait loutil le plus utiliseacute est le donkoton qui

est un instrument tregraves petit avec un manche court et dont le maniement

expliquerait peut-ecirctre leacutetonnante musculature du train supeacuterieur et surshy

tout de la zone dorso-lombaire du 4i6la fogny qui excelle dans les techshy

niques en force genre arracheacute avec les bras sur contrOle de la ceinture

de ladversaire Lulisation du donkoton semble eacutegalement expliquer la

garde tregraves basse du lutteur fogny

Dans le kassa on aurait pu trouver la mecircme forme de lutte car la morphoshy

logie du lutteur est agrave peu pregraves la mecircme mais linterdiction formelle de

la prise du ~gimbe modifie et limite tout le repertoire technicult2 ou

lutteur Le lutteur kassa adopte une garde basse et agrave une preacutefeacuterence pc~r

legraveS tc~-iccedilues n passa~ dessous - - ~ shymiddotmiddotcrc t--=~ c-

----

contact et agrave partir de ce TtoTteuront ils peuvent se relever et conti~uEr

en lutte debout jusquau terrassemen~

Toutes les gardes sont rapprocheacutees en milieu diola

irbi trage

Les combats sont arbitreacutes par un deacuteleacutegueacute geacuteneacuteralement anClen lutteur

Ces anciens lutteurs ont pour rocircle de veiller au bon deacuteroulement du

combat La victoire est deacutecreacuteteacutee dans les cas ougrave un des lutteurs se

retrouve en position assise sur le ventre sur la cuisse ou les

genoux (sauf dans le Kassa)

Il existe un autre mode de victoire celle qui est proclameacutee agrave la

suite dune supeacuterioriteacute eacutevidente du~ des lutteurs A savoir quand

un lutteur soulegraveve tregraves haut son camarade et que son manager estime i

quil est pratiquement battu il peut arrecircter le combat en touchant

dabord le lutteur adverse popr eacuteviter que son lutteur ne soit terrasseacute

tregraves fOrt Nest-ce pas un deacutecision sage des managers qui peut contribuer

agrave maintenir le caractegravere reacutecr~atif de la lutte joola 1

La victoire dun village sur un autre village ne se mesure pas au

nombre de victoires obtenues par lensemble des lutteurs En effet

il suffit que le champion soit battu pour que le village soit consideacutereacute

comme deacutefait Ce qui explique limportance et le seacuterieux que le village

accorde agrave la preacuteparation des championsl)

Il est cependant important de signaler que larbitrage dans les centres

urbains revecirct une iautre forme beaucoup plus codifieacutee et cest peut-ecirctre

une des raisons qui font quen milieu urbain la lutte diola perde une

partie de son originaliteacute

En dehors des techniques speacutecifiques agrave chaque sous-groupe il faut

signaler quil y a une multitude de prises et quelGues formes de corps

comTIunes agrave letnn Car reconnaissons qu il cO unE ror-euro approp=i~eacute

dE ~ouvane du l~tteur diola en TaI

-----~-----

LE tableau ci-dessous se propose dE reacutesumer les diffeacuterentes consideacuteshy

rations techniques envisagEacutees dans cette partie

FORlŒSSOGS-GRGUPES 1 COItltOLE GA~JESDt CORF=

i ~

1 1

Passage dessous de jambes et BassE KASSA saisies Moyenne1annexes bras (rapprocheacutee)

ceinture tecircte

Deacutecalage de Moyenne et BLOUF Demi-souplesse Ngimbe

HauteHancheacute Bras (rapprocheacutee)

Jambe

Arracheacute CouFOGNY Tregraves basse

Hancheacute ii 1

1 1

3 14 3 bull LeIIa~~jueetlecom~ortementdulutteur-+iola

1 Le comportement et lattitude du lutteur dans laregravene pe sont en fait

t

que le reflet de sa psychologie et plus partiCUliegraverem t de son eacutetat

dacircme Or il napparatt pas abusif deacutetablir des cor eacutelations entre

le psychisme dun individu et lempreinte eacuteducative quil a subie En effet en sortant du bois sacreacute le jeune diola a acquis un ~ca~~l

eacutequilibre physique et mental

Cette matrise de lui-mecircme permet au lutteur dans la~egravene dadopter

un aire enjoueacute de manifester beaucoup denthousiasme~ La lutte devient 1

essentiellement un jeu laspec ludique y est privileacutegieacute et ~ela influe

sur le comportement du lutteur

Ainsi queurolq~c soit limporta~cE de le~je~ le lutt~c~ dic1e Seuroreacute

to~jours serein et s~ livrera sa~s arri~re pe~s6e da~$ ~E CO=beacute ou-

tons que le lutteur diola est trecircs fair-play et sil arrive quun rdnd

lll L COIicircilU1Ul L ULOF

32 J Preacutesentation

La soc tEacute wucirc10f est celle qU1 a eacuteteacute la plus marqueacutee par la colonisation

~~ fait peut-gtre de sa position geuroographiquE dune part ct de 50~ imporshy

tanCE sur le plan dfmographiquE dautre part En effEt ceurootteuro CC-~ucircautE

wolof repreacutesente environ 20 de la population seacuteneacutegalaise

Elle est constitueacutee de pecirccheurs (ce sont les leacutebous) dagriculteurs de

fonctionnaires de lEtat mais surtout de commerccedilants

A pqrtir de leur reacutegime dimplantation le Cayor le Walo le Baol le

Djolof et la presquicircle du Cap-Vert les wolofs ont tendance agrave irradier

sur lensemble du territoire sous leffet de leur speacuteculation agrave la culshy

ture de larachide et du nombre important de fonctionnaires quon trouve

dans cette ethnie

322 Les moeurs et croyances wolofs

Bien queacutetant en grande partie des musulmans convaincus les wolofs

conservent toujours une croyance animiste et continuent agrave faire des

sacrifices agrave porter des cornes ou des morceaux de bois agrave la ceinture

aux jambes ou aux bras et agrave croire agrave lexistence des Djinneacutes et des

Raps bull

Le Djinneacute cest une creacuteature malfaisante en geacuteneacuteral capable de choses

extraordinaires Il possegravede des faculteacutes surnaturelles Cependant dapregraves

la croyance animiste certains Djinneacutes peuvent ecirctre bons

Le Hapl cest une creacuteature ayant des dons occultes appartena71t agrave une

famille ou agrave une communauteacute et dont le rOcircle est de veiller cu daider

les reCJrES de le fai11p ou dt la conmunauteacute en cas de da1gel Le Rap

~ ut te c ) ~~c-

ei sltcificE cJ sanl dE meut0 dL chat de pC)wleurot 5E1lt les conveuroshy

lances parfois leur dorner COrllTe offrande du lait Laii

Qua1d une famille ou une communauteacute neacuteglige les Sarakh (ici dans

le sens de sacrifice ou Offrande) elle se voit aussitocirct vouEacutee agrave la

maleacutediction des mauvais esprit~ (fcllec dans touteacuteS lEs ~treprises

de la vie maladie mort bullbullbull ) Les lieux ougrave habitent ls Taps et ougrave

se font les sacrifices se nomment Khambs

Geacuteneacuteralement le khamb se trouve dans lenceinte de la maison ou

dans un coin approprieacute du village Les lieux du khamb sont marqueacutes

par la disposition de calebasses de pilons de morceaux de poterie

briseacutes de grosses pierres de cornes et dautres objets heacuteteacuteroclytes

La superstition wolof est tregraves marqueacutee En effet pour le wolof toutes

les manifestations quotidiennes trouvent leur signification dans le

mysticisme Citons agrave cet effet quelques ezemples Une femme enceinte

ne doit pas marcher agrave nimporte quelle heure de la journeacutee Certaines

heures de la journeacutee lui sont interdites le Timiss (creacutepuscule

le Ndjo~or (de 13 H agrave 14 H de lapregraves-midi) le souf-segravede (de

minuit i4 H du matin) Selon la tradition ~t la croyance wolof les

mauvais ~sprits choisissent ces heures pour jeter des sorts Et la

femme enceinte eacutetant tregraves vulneacuterable le Djinneacute essaiera de lui insufshy

fler son souffle pour atteindre son beacutebeacute afin dentratner soit la

meacutetamorphose de cedernier en monstre soit de le tuer avant sa naissance

Dailleurs pour le wolof et pour certaines autres ethnies au Seacuteneacutegal

le timis le tdjolor le souf-segravede repreacutesentent des peacuteriodes de

la journeacutee ougrave lon ne doit pas se hasarder dans les rues et les champs

Ce sont des heures propices aux apparitions des Djinnes sous nimporte

quelle forme humaine ou animale

Il est eacutegalement interdit au wolof de marcher ou de serti la nuit du

~eacutellfria-

loutes c~s pratiques ~ystiqu~s et cr0ya~ces religi~us~5 ~xistent eL~~[

certainement dues agrave un meacutetissage culturel Parallegravelement aux feacutetiches

aux incantations et agrave lutilisation des safaras (substance magique)

notons lexistence de ga l a tchs (ce sOnt des talismans ougrave sont inscrits

du qui les porte Toutes ces croyances biEn sucircr auront une rEacutepercussicrI

sur leacuteducation du jeune wolof

323 Leacuteducation du wolof

Pour caracteacuteriser leacuteducation wolof nous avons penseacute donner comme

illustration cet extrait de la revue DEM ak TEY Pour deacutefinir leacutedushy

cation le wolof fait appel agrave un symbolisme qui eDglobe aussi bien les

moyens mis en oeuvre Yar que le reacutesultat obtenu agrave laide de ces mecircmes

moyens cest-agrave-dire la formation et le deacuteveloppement de lecirctre humain

ou Yaru

Le substantif Yar deacutesigne le fouet

Ce symbolisme deacutesigne donc au-delagrave du simple sens mateacuteriel de lobjet

lutilisation qui permet daboutir au reacutesultat escompteacute (Yaru) Au sens

geacuteneacuteral Yar deacutesigne tout instrument servant agrave infliger une punition Le

terme laisse supposer agrave priori que cette phase de lenfance durant lashy

quelle se preacutepare la vie de lhomme est lieacutee agrave la souffrance au supplice

Dailleurs une maxime wolof compare lenfant agrave une tige quon a tout le

loisir de redresser alors quelle est encore flexible bull

bullbullbull Pour leacuteducateur wolof la perfection nest point de ce monde malS

le devoir de chaque homme est de tendre vers la pleacutenitude en luttant

contre ses propres faiblesses Leacuteducation va d01c iisister essentielle~(-~t

sur lexercice quotidien de leacutelevation ffiora1e d~ lindividu Pour cela

elle privileacutegie la patience munI) vertu dabneacutegdtion et dE deacutesinteacuteresseshy

m(~t autour dE laquelle sarticulent toutes ]e~ ~u~~~s qualiteuros

i _

aan~ ~ s0cieacutet gt~olcf ocirclt~tartt nul -Jt- poulait sabecircisstr

tion de sa libertEacute La liberteacute est le preuumler drcmiddotir dE l ho-)euro egrave~S

baigner dans une beacuteate admiration du passeacute la comparaison avec le pr~$(middott

si~posc dclle-mecircme car lon reste s reacute devant la deacutesinvolture aVEC

laquelle dES honmes daujourdhui descendants de cette ~~~EacuteTatic ccedil~l se

une fois [largis bullbull tTasque fiers davoir fait leacute priS0n PEut-2tTE

faut-il mettre cela sur le compte de lurbanisation et des nouvelles

valeurs qui ont pour nom enrichissement reacuteussite sociale avec ce que

cela comporte de deacuteshumanisant et de deacutepreacuteciateur (1)

3 bull 2 bull 3 1 bull Lesri tes

Le sevrage et la circoncision constituent les deux grandes phases initiashy

tiques chez le wolof

- Le rituel du sevrage est appeleacute maga1 (litteacuteralement rendre grand)

Cest un eacutevegravenement important aussi bien pour les parents de lenfant que

pour la co~unauteacute Durant cet eacutevegravenement qui survient geacuteneacuteralement deux

ans apregraves la naissance du beacutebeacute les personnes vivant dans lentouragE

apportent leur soutien moral et mateacuteriel

- le rituel de la circoncision revecirct pratiquement la mecircme signification

que dans les autres ethnies seule la forme diffegravere La circoncision reste

encore une eacutepreuve de la vie au sort i r de laque Ile ladolescent devient un

homme Aujourdhui il faut noter une meacutetamorphose de la structure sociale

et des croyances religieuses tregraves accentueacutee aussi bien chez les wolof que

chez les autres groupes ethniques et ceci est peut-ecirctre dO au contact

permanent quils ont avec la socieacuteteacute occidentale

Malgreacute ces constat~tions il semblerait pcu=tant qUE la sociecirct~ lecircbou Gci

bien que se trouvaLt en grande partie dans ~a Presquth du Cap-ETt Et

en contact permane~t avec les blancs soit la portior la plu8 cc~serva-

----------~_- ---~-- -----

~

Incidences d s ~00urs sur la l~ttE

Le wolof connaicirct deux formes de luttes la lutte sirplE- sans t-t

la lutte avec frappe La lutte avec frappe a une crigi~e purement r

et ce nest que plus tard quelle devint une prati1uE sportive et lud

preacuteparer agrave la guerre Aussi tout en luttant On eacutetait autoris~ agrave frapper~

griffer mordre voire introduire son doigt dans loeil de son adversaire

Le jeune wolof devait eacutegalement se livrer agrave la lutte avec frappe afin de

favoriser son insertion dans la socieacuteteacute adulte et sinitier au meacutetier de

soldat faute de quoi il ne pouvait se faire entendre ne avoir des marques

de respect Pour montrer la populariteacute de la lutte dans le Cayor signalons

que les Damels ll (rois) et les Teignes (nobles) nheacutesitaient pas agrave sy

livrer Quant au IIMbeu~ (lutteur) elle lui servait de moyen de promotion

sociale car d8S que sa reacuteputation eacutetait eacutetablie il pouvait ecirctre choisi

par les rois et les nobles comme garde de corps

325 Signification de la lutte en milieu wolof

La lutte se pratique dabord pour lhonneur qui est une vertu tregraves signishy

ficative pour le wolof Elle permet de renforcer les liens amicaux entre

les jeunes de villages diffeacuterents Le champion veut gagner

confiance et la consideacuteration de son village de ses amis

Etre champion cest aussi susciter ladmiration chez les

sentant la force la viriliteacute et la deacutetermination

326 Organisation d~s eacutepreuves de lutte

3261 Les Mbapatts Ce sont les seacuteances nocturnes

pour meacuteriter la

et des anciens

filles en repreacuteshy

Ils sont organiseacutes apregraves les reacutecoltes agrave la fin de la saiscn des pluies

Ceci surtout p~ndant les peacuteriodes de clair de lune car ils peuven~ durEr

toute la nuit Le but des ~Dapatts lt=tait de prfpa-er FhysicuemeH et

~ arb Sil

326 Le 1

cest une organisation beaucoup plus importante que les I~apatts ~

loccasion de laquelle on peut voir plusieurs lutteurs de grande reDommfe

saffronteLLa fin dl lamb est toujours couronneacutee par une grand co~bat

duquel le vainqueur est sacreacute champion de la contrecirce

Le choix du lieu est lieacute agrave limportance de ce lieu dans le village cest

la place publique ougrave geacuteneacuteralement se passent toutes les manifestations

assembleacutee geacuteneacuterale sabar (danse) cest aussi lendroit ougrave sont prises

les grandes deacutecisions

3623 Lappariement

Dans un village ou un quartier les lutteurs se regroupent en lang

(eacutequipe) et jamais deux lutteurs de mecircme lang ne se rencontrent lors

du lamb

L appariement s~ fait librement entre lutteurs de lang diffeacuterents l1hs

une regravegle veut ~uavant de lutter avec le Mbeur Kanur de tel lang si

on est soukh (l~tteur pas encore confirmeacute) il est neacutecessaire de lutter

dabord avec ses soukh et ce nest quapregraves les avoir terrasseacutes tous

quon se voit octroyer la chance de lutter contre lui

Notons que la cateacutegorisation des lutteurs par poids nest jamais prise

en consideacuteration

3624 La tenue du lutteur ou NGIMBE

Le middotNGimbe est confectionneacute par le marabout de la famille ou du clan Il

est constituecirc de pagnes en coton tisseacute geacuteneacuteralement offerts par la megravere ou

la grand-megravere du lutteur ceci lors des organisations de ~rande Tportance

COrlune lef 1amb Dans le cadre des l-bapatt les pagnes sont C tErts peumlr

~~~rcfcis ct ffi~mc aujourdhui d218 cErtaInes fa~ille5 on devj~Gr

luttEur de pegravere en fils et dans ce cas h 1

gimbell du pEgravere Est recircr i tEacute

par le fils Le fait de porter le lI~gimbe agravee ses aiumleux peut susciter

cne~ le jeune lutteur une motivation et une volontecirc in~branlable rlasshy

surer 12 supeacuterioritEacute cis SIcirct-ns dallS

le xgimbe de la famille ne touche pas le sable

La tenue du lutteur a une signification et une importance sur le plan

mystique car selon les anciens le vrai feacutetiche du lutteur celui qui

le proteacutegera agrave vaincre le Djinneacute ou le Rap de ladversaire se trouve

cacheacute dans ce Ngimbe Celui qui confectionne-le Ngimbe est doueacute de

faculteacutes occultes

~~r~i~rg Il est assureacute par un sage du village qui geacuteneacuteralement fut

championde lutte de son temps Dailleurs cet ancien nintervient que

si le terrassement est litigieux

Hormis le public qui proclame la victoire ou le match nul le lutteur

lui-mecircme est arbitre et il arrive quil se deacuteclare vaincu ~ous

pouvons citer comme exemple Meacutedoune KHOULE un des plus grands lutteurs

seacuteneacutegalais qui a donneacute une victoire agrave Djeacuteri SADIO son adversaire qui a

reacuteussi agrave lui faire toucher le sol de la main

Il Y a terrassement quand le lutteur se retrouve

- assis sur le sol

- eacutetaleacute sur le dos

eacutetaleacute sur le cocircteacute

les deux genoux au sol

- les deux ma~ns au sol

la tecircte (front au sol agrave la suite dune brouette)

Il peut y aVOIr match nul si apregraves li1 temps ccmsideacuterable les lutteurs

SE sont ~ ivrEacutes respectivement agrave des assauts rEacutepEacutetEacutes et n arrivEt pas a

3265 L~ precircparation mystique

Il faut reconnattre quon ne peut parler de lutte en milieu wolof sans

envisager une preacuteparation mystique seacuterieuse Co~~e ~ous lEvans vu a~teacute-

1middot ~ d ~ ~rlturenent t0utes es actlvmiddotltesmiddot u W010 sont lles a SeS croyances

- la lutte ne concerne pas seule~ent deux acteurs se livrant faruumlucheshy

ment agrave un combat au milieu de laregravene mais eacutegalement les marabouts et les

feacutetichistes du village ou du clan qui doivent deacutefendre leur savoir et

leur prestige Avant le combat le lutteur doit se livrer agrave un certain

nombre de preacuteparations mystiques pour assurer sa victoire Aussi sommesshy

nous appeleacutes agrave parler de BACK (cest le chant et la danse du lutteur)

- le batteur de tam-tam compose un rythme en fonction du Galagne ou du

Senghor (gds-gris) du lutteur Chaque galagne sera choisi en fonction

du Rap ou du Djinneacute correspondant au Totem du lutteur

Le chant geacuterleacuterique Feinte woy veut dire litteacuteralement composer un 1

chant Ce chant est geacuteneacuteralement composeacute par les filles du viilage du

champion ou par un griot de sa communauteacute Et agrave travers ce chrnt on

arrive agrave toucher la corde sensible du lutteur en chantant lesl innombrables 1

victoires de ses ancecirctres ou en lui rappelant ses prouesses eacuteblatantes 1

Chaque lutteur doit avoir un chant et un back qui lui sont propres

327 Le reacutepertoire technique et les caracteacuteristiques physiques dulutteur wolof

Le lutteur wolof est geacuteneacuteralement moyen de taille la musculagraveture est

tregraves saillante ce qui fait ressortir un aspect tregraves athleacutetique ceci

est vrai sans exception pour le lutteur leacutebou mais il arrive que le Cacircyoshy

rien le baol-baol le walo-walo soient de grands gabarits de forte constishy

tution

CepEndant pour une meilleure compreacutehension du sujet nous pouvons eacutetudiEr

deux jroups d lut teurs qui vont deacuteterminer deux st yI e s de lut tes

- ~ t

les tc~tativ~s de~[reacutee e~ ramassement de jambes de la~v~sairL Ce~~

peut Ecirctre expliqueacute par le fait que les lutteurs leacutebou ou walo-walc qui

sont des pecirccheursadoptent cette garde tasseacutee du fait quils so~t tou-

jours pencheacutes en tirant le fil ou en poussant la plrogue On verra techrugravequeacutes dt cirr 2C ~lt 5Jllicitocirct

surLuumlut les membres supeacuterieurs

Le cayorien et le baol-baol par contre sont les plus grands cultivateurs

darachide chez eux les techniques de lutte sont plus varieacutees et la

garde est moins renfermeacutee Les lutteurs cayorien et baol-baol ont une

morphologie et une reacutepartition musculaire bien eacutequilibreacutee ils excellent

dans les techniques en deacutecalage les techniques de jambe et surtout les

techniques de riposte ougrave lon peut voir des prises de hancheacute tregraves amples

Dune maniegravere geacuteneacuterale on peut dire que le lutteur wolof est un fin

technicien qui sait surtout creacuteer les opportuniteacutes e~ avec sa rapiditeacute

utiliser la force de ladversaire pour le deacuteseacutequilibrer le noodju

le mbas le weacuteheacuteleacute et le rasu sont des techniques propres au lutteur

wolof

En deacutefense il utilise surtout des kl~klets ou gal-gal Notons que

le balancement des bras ou Lewato e$t tregraves marqueacute dans la lutte wolof

TABLEAU RECAPITULATIF DES COMPOSANTES TECHNIQUES

( 1 )

1 SOUS-GROUPES GARDES CONTROLES FORHES DE CORPS l

Walo-walo Basse de jambe Arracheacute l l10yenne de Ngimbe et i

Leacutebou Tasseacutee et saisies annexesj Deacutecalage 1 1 distante de bras de tecirct1

j de bras Deacutecalaeuro

~-----------------~-

- ~ ~- shy - ~ ~ bull L _ _ bull

Profil psyc~~iqUE du lutteu- et son comporterent dars l 2regravere

La preacuteparation mystique dans laregravene est plus marqueacutee chez les wolofs

que ChE~ les autres ethnies En effet on verra de grands champions

preliGrE plusiEurs heures pour Enduire leur corps de cll2badep ou ci

rmiddot- ~ a la proprieacuteteacute de proteacuteger li1egraveividu J

les mauvais sorts) Cest dailleurs un aspect dt la luttE qui iJcsc

des problegraveJles

Le lutteur wolof est tregraves superstitieux et la peacuteriode de preacuteparation

est capitale pour lui car elle permet non seulement de rendre

hommage aux ancecirctres mais aussi dintimider son adversaire Cest

geacuteneacuteralement un lutteur agressif combatif et teacutemeacuteraire Il se fait

souvent remarquer par son esprit dentreprise Mais cette fougue dans

le combat lamegravene parfois bien que ce soit regrettable agrave oublier les

usages et les normes Ce manque de maicirctrise de soi peut faire croire

que le lutteur wolof manque de fair-play ce qui nest pas toujours le

cas

~A~Ugrave~ t 4AA CbUrs k LA ucirctotve f~tPle Sesect prores mou W ~ lesquelles vont se couler les comporteme~ts individuels qui sont ainsi

monteacutes par et pour lautoriteacute sociale

Les faccedilons de boire de marcher ou de sasseoir se manifestent indivishy

duellement dans le corps de chaque personne ces habitus sont cependant

des montages sociaux lieacutes agrave des significationssymboliques variables

dailleurs selon la position sociale occupeacutee par chaque sujet Ces modes

dagir se rangent dans un systegraveme de montages symboliques et lindivishy

du les apprend de la socieacuteteacute dont il fait partie agrave la place quil occupe

Lhabitus est un montage social agrave la valeur symbolique deacutependant des pheacuteshy

nomegravenes deacuteducation et de prestige et lieacute agrave la position sociale du sujet

Cette penseacutee sonne de faccedilon eacutetonamment moderne

Pierre BOURDIEU qui dans une perspective a approfondi le contenue de la

notion en le reportant aux oppositions entre classes et fractions sociales

Il deacutefinit lhabitus comme un systegraveme de dispositions durables acquis au

cours dune histoire personnelle dans une milieu social donneacute systegraveme qui

engendre ensuite des pra~iques socialement deacutetermineacutees faccedilons de manger

de parler ou de marcher comportements de politesse contenu des preacutefeacuterencel

et des deacutegoOts bullbullbull lhabitus est le produit de conditions eacuteconomiques et

sociales Lauteur rattache directement la formation de lhabitus dun

individu agrave la trajectoire parcourue par celui-ci dans sa classe dapparteshy

nance il deacutefend lideacutee dun habitus de classe qui deacutefinit le sens confeacuteshy

reacute agrave la pratique sportive les profits qui en sont attendus

Ce dernier serait lui-m~me lieacute agrave un systegraveme de valeurs ou ETHOS de classe

prenant sens au sein doppositions distinctives entre classes sociales

De sorte lhabitus fonctionne comme un systegraveme dt- regravegles inteacuterioriseacutees

souvent informuleacutees permettant ou non agrave lagent de sadapter dembleacutee aux

multiples pratiques de la vie quotidienne et de la vie sportive il est agrave

lorigine des schegravemes de transcription qui favorisent les ajustements aux

situations corporelles nouvelles (1)

t ~

(1) P~IE11D dwi6Han ISpoy-l et sodeacutebi Approche Bocio-culturelle des pratiques P~tis Vigot 1981 page 81

33

331 Preacutesentation

Les Seacuteregravere auraient pour origine le Fouta Toro quils auraient quitteacute

vers le Xllegrave siegravecle pour fuir lislamisation de cette reacutegioD par lempire

dJ Xali (ils seraient donc apparEnt~s aux Peul et Toucouleur ) Ils

auraient trouveacute dans la rEacutegion du Sine les Sosseacute dorigine manding avec

lesquels ils salliegraverent

Au XVegrave siegravecle une autre immigrationSos~ conqueacuterante cette fois-ci

apporta son organisation eacutetatique Ils se divisegraverent en deux monarchies

deacutemocratiques lune seacutetablit au Sine et lautre au Saloum Les Sosseacute

conqueacuterants constituaient lautocratie appeleacutee Guelowar

La royauteacute seacuteregravere eacutetait laiumlque Les premiers souverains durent secouer

la tutelle des Toucouleur et progressivement arrivegraverent agrave unifier lethshy

nie des seacuteregravere etdea Sosseacute Les deux royauteacutes eacutetaient organiseacutees selon

acirces modegraveles tregraves deacutemocratiques Le souverain deacutependait dune assembleacutee

de ministres et de chefs locaux qui assuraient ladministration centrale

et reacutegionale())

Aujourdhui lethnie seacuteregravere repreacutesente 20 de la population seacuteneacutegalaise

Ils sont reacutepartis sur presque toute leacutetendue du territoire notamment

dans le Baol la reacutegion du Sine-Saloum et la reacutegion de Thiegraves

Signalons quil existe plusieurs sous-groupes dans lethnie ainsi on

trouvera

- dans la reacutegion de Thiegraves les Ndut les Safegravene et les None

- dans le Sine-Saloum les Sine-sine et les Saloum-salouIT

On trouvera vers foundioune et agrave Nioro du cocircteacute de la Gambie les

Niominka (pecirccheurs) Cest une portion tregraves mandinguiseacutee

( 1

Le rattache~2~t d~ to~s ccs sous-groupes pose problecircme ~25 0~ r0~V~

uc grande partie de traits COITul1uns dans leurs modes dE vie Ct pOUT phs

de faciliteacute nous allons essayer de faire une ~tude globale de la lutte

traditionnelle seacuterecircre Lactiviteacute socio-eacuteconomique qui est essentielleme~t

agro-pasorale caracteacuterisE leacutethnie seacuteregravere

332 Lecircducation les moeurs les croyances et pratiques sEr~rc

Chez les Seacuteregravere la vie humaine se deacuteroule selon les grandes eacutetapes

le baptecircme lenfance ladolescencemarqueacutee par la circoncision lsectge

adulte le mariage la vieillesse et la mort (funeacuterailles)

La vie de la communauteacute seacuteregravere reste une des plus originales sinon

celle qui de nos jours garde la presque totaliteacute des pratiques et

habitudes traditionnelles

Bien qu aujotltdhui con~r-tis aux religions chreacutetienne et musulmane les

Seacuteregravere conservent leurs croyances et pratiques animistes

Quelque soit leur degreacute dadheacutesion aux religions reacuteveacuteleacutees les Seacuteregravere

croient en un Dieu puissant et miseacutericordieux Rog Segravene et les hommes

Les ~angols sont repreacutesenteacutes mateacuteriellement dans tous les villages

seacuteregraveres par des arbres (baobab et tamariniers) des animaux (geacuteneacuteraleshy

ment serpent doreacute ou iguane) des ustensiles (pilon calebasse et mortier)

De nombreux teacutemoignages nous apprennent que certains totems (serpent

iguane) font leur apparicion agrave loccasion de certaines manifestations

rituelles comme les sacrifices ceacuteleacutebreacutes lors dun mariage de ceacutereacutemonies

mortuaires ou des circoncisions

Le Seacuteregravere comme il nous a eacuteteacute donneacute loccasion de le dire plus haut

preacutesente des speacutecificiteacutes authentiques aussi bien en tout ce qui touch~

son eacuteducation ses croyanCES et pratiques mystiques q~e ses activiteacute~

socio-ecirccc~omiquEs Apr~s a ~aissa~c~ le beurob~ ~~ pcs~ 5~~ lE S~ __

On lui mouille les l~vres avec un peu d~ lait de mil et apr~s U~ bain

purificateur on versera leau dans un trou cr~us~ derri~r~ la Camp~~

Pendant huit jours la megravere et lenfant sont cacheacutes dans la case car

selon les anciens ils sont tregraves vulneacuterables La case deacutens certains cas

est entoureacutee dun fil blanc et lon place sur le seuil des fais(cauy di

veacutegeacutetaux pour chasser les mauvais esprits (geacutenies malfaisants et illangeUY~

dacircmes) Au bout du huitiegraveme jour la megravere et lenfant peuvent sortir de

la case bull

bullbullbull Le matin du huitiegraveme jour la tante paternelle va chercher de leau

(plusieurs fois)t elle doit rester muette pendant ses alleacutees et venues

si elle parlait t lenfant pourrait ecirctre muet bullbullbull

La megravere et lenfant prennent un bain purificateur dans lequel sont

trempeacutees certaines plantes (ce sont des veacutegeacutetaux pr~tecteurs tels le

begravene le yag le ngud) On y lavera aussi le linge e1t les ustensiles utishyj

liseacutes pendant les huit jours qui viennet de seacutecoul~r On rase le crine

de lenfant Les cheveux sont donneacutes agrave la megravere qui ~s enterrera avec le

reste du cordon ombilical dans un endroit que11e esit seule agrave connattre

La megravere sassied sur une natte devant la maison Une femme igeacutee de la

famille prend le beacutebeacute dans ses bras et le preacutesente aux quatre coins de

lhorizon

La tante paternelle tient ensuite un van sur la tecircte de la megravere on y

verse le mil on y verse eacutegalement en abondance sur la megravere et sur

lenfant La tante oint ensuite le corps du beacutebeacute avec du lait e11e

touche en particulier le front t le nez la bouche la poitrine le dos

et les oreilles

Elle pose enfin un ~rain de sel dans la paume du beacutebeacute (le sel purifie

et deacutetruit les puissances mauvaises)

Apregraves un nouveau bain la megravere et lenfant revEcirctent des habits de fecircte

(est

lenfant Ce precircnore a toujours U~ SEns Il sy~bolise parfois C0 qUi

lOIl sounaitt agrave lEufant l)

La circoncision comme dans les autres ethnies est obligatoire Elle

permet au jeune adolescent dacceacuteder agrave la classe adulte Les jeunes

sont regroupes en classe dacircge dans le bois ougrave sc fait la r0tr~it0 des

circoncis et ceci pendant plusieurs mois

Le Selbeacute qui est geacuteneacuteralement un ancien craint de tous les eacutelegraveves

enseigne le respect de la hieacuterarchie la discreacutetion le goOt de linishy

tiative Les activiteacutes physiques et leacuteducation artistique ne sont pas

en reste la deacutecoration la sculpture la lutte et la danse A sa sortie

du bois linitieacute appartient deacutesormais agrave la classe des virils et des

sages du clan car on lui aura enseigneacute les vertus fondamentales que

sont la justice lhonneur lamour du prochain 1 amour du travail

lhonnecircteteacute et surtout le respect des coutumes ancestrales

Le rite du mariage esd aussi un fait tregraves important dans le monde 1

seacuteregravere mais par manq~e dinformation nous serons obligeacutes de nous en

tenir lagrave

333 Impact des ethos sur la lutte dans le monde seacuteregravere

Lorigine de la lutte seacuteregravere ne semble pas claire ma1S nous pouvons

dire quil existait deux formes de lutte comme chez les Wolofs une

lutte sans frappe et une lutte avec frappe Et cest cette derniegravere

qui peut-ecirctre nous ameacutenerait agrave croire que la lutte seacuteregravere aurait une

origine plus preacuteciseacutement guerriegravere

Aujourdhui la lutte est uniquement une activiteacute sportive agrave travers

laquelle le jeune seacuteregravere eacutevalue sa force son courage et SOn ingeacutenioshy

siteacute Cest une occasion de deacutefendre lhonneur de son village ou de

la corrnnunauteacute

La luttE ~5t avant tout u~e rnanifcs[dtic~ c~lturclie et surtout

fo lkhriqut-

Gracircce agrave elle on peut deacutesormais comprendre un certain nombre de chants

et de symboles A travers la lutte seacuteregravere on ccedilomprend les inter-relashy

tions entreacute la vie et le monde surntiturel

Sil devait y avoir la mort dun villageacuteois pendant la fecirctE au T qUE

de linterrompre on proceacutedait gracircce aux connaissances magico-religieuses

agrave la suspension de la mort jusquagrave une peacuteriode ougrave la population sera plus

disponible pour organiser des funeacuterailles sil y eacutetait preacutedit la possibishy

liteacute dune deacutefait du champion local au profit dun champion dun autre

village des recettes dordre maginque et religieux eacutetaient mises en prashy

tique afin que le champion du village ne soit jamais terrasseacute(J)

334 Le profil du lutteur seacuteregraver~

Le lutteur seacuteregravere est par essence un athlegravete impressionnant de par sa i

carrure et sa musculature saillante mais cest aussi une force tranquille

et calme quelque soit lenjeu du combagravet et particuliegraverement lhonneur

Cet aspect nous pousse agrave parler du NGiMBE cest-agrave-dire de la tenue du

lutteur qui va influencer sur sa faccedilon de lutter

La confection du Ngimbe revient agrave la communauteacute entiegravere Le Ngimbe a

une signification symbolique et le lutteur pour meacuteriter la confiance du

groupe se doit de tout faire pour ne pas toucher le sol Toute la commushy

nauteacute elle aussi sengage pour assurer la longeacuteviteacute et le succegraves du lutteur

dans laregravene par lorganisation droffrandes et de sacrifices en lhonneur

des Pangols bull

bull

Daucuns nheacutesitent pas agrave dire que lessentiel du mysticisme se fait agrave

la maison et non dans laregravene tout le reste nest quintimidation de

ladversaire

lsvcns

Tt- pi ~- t

t 1 ~ l _ ~ t

par rapport agrave lautre Cbci est trEgraves lieacute agrave lactiviteacute journaliegravere du

jeune seacuteregravere qui est un cultivateur donc toujours bien planteacute sur ses

jambes et qui continuellement manie lhiler

Le fait de couper le boi~ peut eacutegalement constituer un moyen de muscushy

lation non neacutegligeable pour le jeune lutteur

Un certain nombre de traits techniques speacutecifiques au lutteur seacuteregravere

semblent ressortir des diffeacuterentes interviews que nous aVOns fait subir

agrave certains lutteurs seacuteregraveres et agrave diffeacuterents techniciens

SOUS-GROUPES FORMES DU CORPS CONTROLES GARDES

SAFEN Moyenne en fente NONE Hancheacute Bras (distante) j

NDUTJ

f

SINE-SINE Deacutecalage Ngimbe

Moyenne

SALOUM-SALOUM Passage- Jambe (rapprocheacutee) 1

i

PETITE dessous Tecircte Basse et 1

COTE Moyenne (rapprocheacutee)

Notons que le Niominka ll commence agrave lutter agrave partir du sol pour avoir

assez deacutelan et sauter sur ladversaire afin davoir la prise du lion

(contr6le de la nuque et du bassin)

Co a -tem-nt ccedilt attitude du lutteur sEacuteregravere335 np -1t ~

Les croyances mystiques sont indissociables des activiteacutes quotidiennes

duseacuteregravere Ce qui explique le cocircteacute supersticieux du lutteur seacuteregravere En

~ffet certains lutteurs refusent de lutter avant certaines heures

Certains teacutemoignages nous apprennent quil nest pas donneacute agrave tout le

monde decirctre champion de lutte et que le lutteur doit avoir des dons

surnaturels pour ecirctre agrave mesure de livrer ses combats dans la nuit

et trouver seul un gris-gris speacutecial appeleacute Njatch

Le vrai champion de lutte chez les seacuteregraveres ne lutte pas seulement avec

~a force et sa technique mais surtout avec ses dons occultes

Chez les seacuteregraveres les morts sont toujours preacutesents et les ~pangols

Servent dintermeacutediaire entre les hommes et les morts Le pangol prend i

le nom dhumain dans certains villages (IIHeacuteJga NDONG Har Wag NGOUYE) i 1

De ce fait on verra le lutteur danser dufe maniegravere ou dune autre en

fonction du pangol de sa famille Ainsi nrus aurons le back (chant et

danse du lutteur) des DIOUF des FAYE etclbullbullbull

Dans laregravene le lutteur seacuteregravere a un comportement exemplaire aussi bien

agrave leacutegard de son adversaire direct quave~ le public en geacuteneacuteral Lexpli shy

cation semble tenir au fait que le lutteur seacuteregravere est avant tout selon

la tradition orale le repreacutesentant de toute la communauteacute seacuteregravere Par

conseacutequent il devra saffirmer non seulement en tant que lutteur dans

laregravene mais aussi en tant quentiteacute morale

336 La tenue du lutteur ou NGIMBE est confectionneacutee par le marabout de la

famille ou du clan Le Ngimbe est constitueacute de pagne en cCton tisseacute

Il doit ecirctre propre le lutteur qui le porte ne devra pas avoir de rapshy

port sexuel pendant toute la peacuteriode des cOTpeacutetitians car le Ngi~bE ne

doit pas ~tre souilleacute

Autrefois et mecircme aujourdthui dans certaines familles on devient

lutteur de pegravere en fils et dans ce cas le Ngimbe du pegravere est heacuteriteacute

par le fils Le fait de porter le Ngimbe de ses aieux peut susciter

chez le jeune lutteur une motivation et une volonteacute ineacutebranlable dtasshy

surer la supeacuterioriteacute d~s siens dans ltaregravene Il fera tout pour que le

Ngimbe de la ramille ne touche le sable

La tenue du lutteur a une signification et une importance sur le plan

mystique car selon les anciens le vra1 feacutetiche du lutteur celui qui

le proteacutegera et laidera agrave vaincre le nDjinne ou le tRapu de ladvershy

saire se trouve cacheacute dans ce Ngimbeu bull Celui qui confectionne donc le

Ngimbe U est doueacute de faculteacutes occultes

337 Larbitrase est assureacute par un sage du village qui geacuteneacuteralement fut

champion de lutte de son temps Dailleurs cet ancien nintervient que

si le terrassement est litigieux Hormis le public qui proclame la vicshy

toire ou le match nul le lutteur lui-mecircme est arbitre et il arrive

quil se deacuteclare vaincu

Nous avons pu cfter Meacutedoune KHOULE un desplus grands lutteurs seacuteneacutegashy

lais qui a donn~ une victoire agrave Djeacuteri SADIO son adversaire qui a reacuteussi

agrave lui faire touegraveher le sol de la main

IlL

34 1 Preacutesentation

Lethnie toucouleur vit En grandt partit ciE~~ la vallfc du S~~~gal

pt reprecircsente i peu pr~s 8 de la population totale secircn~galaise

o Histoire

Il semblerait que dans lancien royaume du Tekrour (IX~ siegravecle) des

eacuteleacutements neacutegroiumldes Sarakoleacute et des Peul aient formEacute par meacutetissage le

peuple Toucouleur (Toucouleur serait dailleurs une deacuteformation du

mot portugais Tacouror)

Ce empire a domineacute aussi bien les wolofs de lOuest que les Peul

nomades du Fouta Toro Cette reacutegion fut le premier pays islamiseacute par

les Almoravides ce qui peut expliquer le proseacutelytisme toucouleur

Ce sont les guerriers toucouleur islamiseacutes qui attaqu~rent avec les

Almoravides la capitale du Ghana Koumbi en 1067 On convertit par

la force les animistes Cest sans doute agrave cette eacutepoque que de nombreuses

ethnies reacutefractaires agrave lIslam ont dO accentuer leur migration vers

le sud (Seacuteregravere wolof Sarakoleacute Bambara Songhaiuml Akan et Peul se reacuteshy

fugiaient vers les hauteurs du Fouta Djalon)

Au XIXegrave siegravecle les Toucouleur allaient trouver en El Hadj Omar Tall

un grand conqueacuterent qui sous le preacutetexte religieux de la gJerre sainte

contre les tribus animistes (entre autres Bambara) eacutetendit lempire

toucouleur sur presque tout lensemble du gali et la partie de la Guineacutee

proche du l1ali

Lempire toucouleur composeacute de Sarakoleacute de Bambar~ de ~alinkeacute de

Xassonkeacute dE Peul et de Dogon eut le meurorit~ dunir CES diif~rentes ~ ~ - - - - - et~ics ~t dE CD~stituer l~Sl la b2S~ ~r 1

_ ~ ~ ~_ L ~

~ ~- ~- - - ---- _ 1 v _ t 1 ~-_ --

marabout tOL~culcuuml~ ~ middotlrrany a l ick SI venu des E1i rClS dE Pocior~ (

~ Vi~ euroconomicue et sociale -----------~-------------

Les Toucouleur sont des cultivateurs mais bien quils n~ soie~t pa~

pasteurs comrre les Peul leacutelevage a une place inportarteacute decirc1S ltur

eacutecono~ie Pour faciliter leur conquecircte guerriegraverE ils c~t Eucirc une preacuteshy

dilection pour leacutelevage des chevaux On y trouve aussi des pecirccheurs

appeleacutes Tchioubalo La socieacuteteacute toucouleur aurait une stratification

sociale tregraves rigide Les groupes ethniques et les castes eacutetaient

diffeacuterencieacutes et strictement exogamiques les Rimbe classe des nobles

comprenant la famille reacutegnante et les guerriers libres la classe des

Nieacutenieacutebegens de castes artisanales i les Rimaibeacute anciens esclaves

devenus serviteurs qui portent les noms de famille de leur maicirctres A

la base de lorganisation de la collectiviteacute toucouleur se situe le

village (Wouro)

Toutes ces castes sont cloisonneacutees entre elle~ Ainsi il nest pas

permis agrave un Torodo (noble) de se marier avec un Tchioubalo Ces

consideacuterations sont importantes dans le domaine de la lutte ougrave nous

apercevrons que les nobles ne sont pas faits pour lutter Le noble

preacutesidera les seacuteances de lutte et on luttera pour lui Ces condeacute rat ions

de noblesse et de rang social sont extrecircmement importantes dans le

monde toucouleur

Le noble ne doit pas se salir on lutte pour lui il ne vit la lutte

quen tant que spectateur

342 Education moeurs croyances et eratiques religieuses

Deux formes d~ducation sont agrave consideacuterer leacutedJcatio~ dES enfarts Et

celle des adultes

oG lenfant sait m2n~~r et apprfcier le goOt d~5 ~iifeurorents r~pas lt

le moment ougrave il CO~~e~CE agrave marcher

tivirt n~sormais le petit toucou]eur est eacuteduquf par toutmiddot 12 f2~i)]E

dabord puis par toutes lespersc~nes du village ou du C13~

Lenfant peut ~tre corrigeacute par tout adulte appartenant au groupe social

Son eacuteducation est deacutesormais laffaire de toute la communauteacute et non

exclusivement celle ces parents On linitie ainsi au travail quotidien

qui se fait dans la bergel~ e les champs et les bords du fleuve Au sein

du village il pourra apprendre agrave filer la laine et agrave tisser des pagnes

dans les champs il apprend agrave manier la houe et lhiler pour la culture

du riz et du mil Mais signalons que lactiviteacute essentielle du toucouleur

est leacutelevage des boeufs des moutons et des chegravevres Chez les Ichioushy

balos (p~cheurs ) lenfant sera initieacute tregraves tat au maniement des pagaies

agrave la p~che propremccedilnt dite et agrave la nage

Vers cinq-six ans lenfant est confieacute au maicirctre coranique le Ihierno

et ce dernier dispose exclusivement de toute sa vie Lavenir du jeune

enfant lui appartient

Comme dans les autres groupes ethniques les enfants sont regroupeacutes en

classe dacircge et cest dans cette structure que lenfant subit les rite

de passe et plus particuliegraverement celui de la circoncision

La circoncision est non seulement unE opeacuteration chirurgicale malS surshy

tout une peacuteriode au cours de laquelle le jeune garccedilon passe de leacutetat

dadolescent agrave leacutetat dadulte Les circoncis sont reacuteunis en classe

dacircge dans un endroit situeacute hors duvillage geacuteneacuteralement choisi par les

vieux Cet endroit n~st accessible que par des individus de SExe ffi8SCUshy

li~ ~ta~t au preacutealabl circoncis

- - - -

quable et complet sur le plan phy~ique et ~oral Ai~si liniti~

acquiert les qualitecircs indispensables que sont le courag~ la modest

lesprit de sacrifice lendurance

Le toucoule~r est un pleux musulma~ Cela sexp1

SOil le premier agrave tre en contact avec la religion musulmane de par sa

position frontaliegravere Lethnie toucouleur de par son histoire a preacutesenteacute

les plus grands chefs militaires et religieux musulmans seacuteneacutegalais Et

pour illustrer cela on peut citer en exemple la grande famille musulmane

des SY agrave TIVAOUANE repreacutesentant la confreacuterie des TIDJANES

Bien que lon note une majoriteacute musulmane on peut dire que certaines

croyances et pratiques mystiques et animistes persistent encore surtout

dans la reacutegion du fleuve

Une pratique courante se fait elle sappelle le Djatt Elle consiste

agrave faire sortir le caiman du fleuve agrave limmobiliser et agrave lattacher

sans quil ne reacuteagisse et tout ceci agrave laide de versets et dincantashy

tions magiques Dapregraves les teacutemoignages ces pratiques sont plutocirct

freacutequentes chez les Tchioubalos (pecirccheurs) Il arrive aussi que cershy

tains chasseurs ayant des dons se livrent agrave certaines pratiques an1shy

mis tes qui consistent agrave invoquer certaines puissances et agrave moduler sous

forme de chant des versets occultes pour se proteacuteger des mauvais esprits

et pour eacuteloigner les fauves Ce chant est geacuteneacuteralement incompreacutehensible

et deacutenueacute de sens pour le profane

343 Activiteacutes ludiques et pratiques sportives en milieu toucouleur

Durant toute son histoire lethnie ~oucouleur a toujours EacutetEacute Frese~teacute~

comme celle qui avait ue activit essentiellement guerr e e~ particushy

liegraverement farouche Trois eacuteleacutements ret r t l ecirc t te nt i c- euro so~t

le manie~~nt du ~acircton 12 luttE Et 1eacute danSE

l

Lecircducation ph~sique et artistique Dcc~pe un place precircpondecircra~rp

dans la fDrmat~on du jEune toucouleur A loccasion agraveeacutevegravenemen~ imporshy

tants reacutecoltJs mariages baptecircme nous assistons agrave des manifestashy

tions folkloriques de grande envergure le Wango oucirc dailse toucouleur

tregraves gymnique iles chants et surtout les sEacuteances de lutte

La lutte toucouleur est la forme de lutte la plus spectaclaire dans

tout le territoire seacuteneacutegalais Elle est essentiellement baseacutee sur des

techniques en hancheacute et surtout en souplesse Ceci sexplique par le

fait q~e le jeune toucouleur est tregraves tocirct initieacute agrave la gymnastique (saut 1

per saut de main salto arriegravere saut de tecircte couronneacute etc bullbullbull ) pour

la dans~ du wa~go En dansant le wango qui est une danse rythmeacutee et

gymnique le Jeune toucou1eur est capable de prouesses extraordinaires

1

En lutte lattaquant se deacuteplace tregraves peu pour avoir une bonne saisie

(geacuteneacutera~ement controcircle du Ngimben ) et enchaine brusqueme~t avec une

attaque surpris~ Cependant les ripostes sont souvent surprenantes et

spectaculaires (baseacutees sur la souplesse et la rapiditeacute) ontrairement

aux autr~s form~s de luttes ougrave lon voyait tous les jeune adheacuterer la

lutte to~cou1eur Verra un groupe de speacutecialistes sadonne agrave la lutte 1

(la lutte est lieacutee agrave la position sociale de lindividu problegraveme de

caste)

Q La morphologie du lutteur toucou1eur 1

1 1

Ce dernier nest pas aussi large et aussi fort que les lutteurs diola

et seacuteregravere Cependant il est tregraves reacutesistant La musculatJre est saillante 1

et tregraves souple lindividu est longiligne mais tregraves athleacutetique

Les mouvements de lutteurs sont semblables agrave ceux dun grand fe1in Cette 1

morphologie semble ecirctre lieacutee agrave la position geacuteographique de lethnie

(reacutegion du fleuve) et agrave lacitiviteacute socio-eacuteconomique du toucouleur qui

est agrave la fois cultivateur (activiteacute lieacutee agrave la crue et deacutecrUE du fleuve)

pecirccheuro~T CIcr~icubaon) et sttout jEumlrgcr qui est U~ rc~2eumlr

shy

Deux formes egrave~ corps sembl~nt ecirctre preacutefeacutereacutees du lutteur toucouleur

le hancheacute et la souplesse Les hancheacutes sont faits agrave partir de plusieurs

positions de doset se terminent geacuteneacuteralement par des techniques de

tregraves grande amplitude

TABLEAU RECAPITULATIF DES TECHNIQUES ET FORMES DE CORPS SPECIFIQUES

i

L441 r

GARDE FORMES DU CORPS CONTROLES --shy - -

Moyenne Souplesse Ngimbe

Hancheacute bras

Demi-souplesse

1

Profil psycholosigue 1

TECHNIQUES

ContrOle du bassin et 12 souplesse

arriegravere

Klicket et allegravegement de la hanche

Le lutteur toucouleur est celui lUi se livre le moins aux preacuteparaqons

maraboutiques Cela est dO au f~t que le toucouleur est un grand ~USUlshyman et que les pratiques animisges ont presque disparu dans ce mil~eu

Dans la pratique le lutteur esJ combaif mais il est calme et tr~s reacutefleacutechi quant agrave la deacutecision agrave prendre en plein corps agrave corps ct~st un des seuls techniciens qui reJte tregraves lucide au cours de ses comb~ts

l Dans toutes les circonstances e lutteur toucouleur est tenu de re~pecshyter son adversaire et ceux de s4n eacutequipemecircme sil est vaincu

Comme nous avons dO nous en rendre compte la rigueur des principes

eacuteducationnels a une influence tregraves sensible sur l~ comportement du

toucouleur

i

III S COCL ~s 1DO

Dans cette partie nous avons essay~ de montrer lftroite re1atic~

Entre les diverses activiteacutes socio-eacuteconomiques dans les ethnies et

lES diffEacuterentes faccedilons de lutter

Daucuns seraient tent~s de conclure trop rapidement et cest p0~r

cette raison que nOUS avons penseacute preacuteciser que le pheacutenotype nest

pas geacuteneacuterateur du geacutenotype Et nous sommes convaincus que la morphoshy

logie et les techniques des lutteurs relegravevent de leurs modes de vie

et de leurs croyances agrave une eacutepoque et danE un contexte bien deacutetermishy

neacutes

Est-ce que les lutteurs dio1a ou seacuteregravere travaillant avec leurs bras

dans les champs auraient les mecircmes pr 0 fil s physiques que les lutteurs

utilisant des machines pour lagriculture

- 69 shy

I UJOURDH~1 E-S ut O[l LES FORfilS Ut LU11t~

~otons que notre enqu~te a ecirctE essentiellement faiteen milieu urbain

Les seacuteances de lutte ont tendance agrave perdre leur particulariteacute de r~shy

jouissance pour devenir des pheacutenomegravenes de sportisatio Deux fores

de luttes so~t principale~cnt prat s dans les aregrave~es du 5 al

la lutte traditiunnelle simple et la lutte traditionnelle avec frappe

De nos jours la lutte traditionnelle tend vers une reacuteglementation

et une institutionalisation

Le reacutesultat de nos investigations nous donne le tableau ci-dessous

REPARTITION ETHNIQUE SUR 100 PRATIQUANTS

LUTTE LUTTE RAPPORTETHNIES SANS FRAPPE AVEC FRAPPE J2

Diola 40 16 71 j

Seacuteregravere 26 21 57

Toucouleur 23 10 69

Wolof 1 1 53 17

La demande sociale par ordre deacutecroissant pour la lutte sans frappe

se preacutesente comrre suit

]0_ Ethnie diola avec pregraves de 3 lutteur~ sur 4

2deg_ Ethnie toucouleur

Ethri dun

~ 1 LA LUTTE TR])IIIO~~ELLE AVEC H-PPE

Cette forme deacute lutte a une histoire qui date de lantiquiteacute elle

sa~pelait le Pugilat Au Seacuteneacutegal elle a vu le jour dans le Cayor

bien avant la colonisation Le coup dE pied l~Lrdn~lement la morshy

sure la frappe et le doigtf eacutetaient permis dans le cc=bat ~ ~middot~p0~~e

Dans certains cas la giffle eacutetait beaucoup plus dangereuse que le

poing quand elle eacutetait donneacutee par un speacutecialiste Cette giffle pouvait

agrave elle seule deacutechirer et mecircme parfois amputer la joue de ladverser

Selon les informations la lutte avec frappede nos jours serait une

forme de lutte tregraves eupheacutemiseacutee de celle dantan ougrave une blessure

pouvait souvent ecirctre mortelle

Aujourdhui au niveau du folklore la lutte na plus la mecircme

le spectaculaire a remplaceacute le significatif iLa lutte avec frappe se 1

pratique surtout dans les centres urbains C~aque fois quun grand combat 1

est progra~eacute par le Comiteacute National Proviso~re (CNP) des centaines damashy

teurs sont mobiliseacutes vers le stade lba Mar D~OP qui est aujourdhui le i

lieu approprieacute ougrave se deacuteroulent les grands conkbats de lutte Cest la formE

de lutte qui semble drainer une foule de personnes beaucoup plus importante

que celle de la lutte simple

La lutte avec frappe deacuteriverait dune forme de lutte traditionnelle

pratiqueacutee jadis dans le Cayor au temps des Damels et la frappe serait

le substitut dun certain nombre de pratiques doigteacute jet de produits

etc bullbullbull dont le but eacutetait laveuglement de ladversaire La lutte avec

frappe serait une continuation logique dune carriegravere sportive de la

lutte traditionnelle qui sen sert comme moyen socio-eacuteconomique En

effet la majoriteacute des lutteurs avec frappe ont dabord eacuteteacute initieacutes agrave la

lutte simple Cependant il faut signaler que de nOS jours il arrive

que le jeune lutteur avec frappE- soit directenent formEacute conne speacutecialistE

agrave la frappe sa~s pour autant faire son chemin dabcrd egravea~s la lutte

- ~ shy

Le recircsultat dE ~os interviews ncus rec~trE qGune pcpulatiD~ divcrsishy

fiampe sint~resse agrave ce sport et qUE les intecircr~[s des uns et d~SlautrE~

semble~t divergents naucuns affirment que la lutte traditionnelle

avec frappe serait monteacutee par des personnes dont la vocation est dexshy

ploiter ce pheacuteLomegravene agrave des fins commerciales Dautres disent gJellegrave

jouit de mcyens irport~nts t[l[~isio

tation etc bullbullbull ) pour toucher toutes les couches sociales CEpe~~a~t

nous remarquons que mecircme si certaines personnes reprochent agrave cette

forme de lutte decirctre brutale ces mecircmes personnes nheacutesitent pas agrave

se rendre le dimanche agrave laregravene Bien que critiqueacutee elle semble ecirctre

adopteacutee par une tregraves grande partie de la population seacuteneacutegalaise Cepenshy

dant en tant que techniciens il nous est permis de faire une remarque

Il sagit de

- Limpression nette decirctre devant des professionnels de la frappe

qui sont ~ntratneacutes pour cela Dailleurs les propos que nous avons

recueilli~ nous prouvent que la plupart des champions de lutte avec 1

frappe s~ntratnent dans certains sports de combat tels ~ue la boxe i 1

le karateacute le judo Dans cette nouvelle forme de pratique de la lutte

contrairefuent agrave la lutte traditionnelle le technicien e~t souvent

perdant face au puncheur Ce dernier adopte une lutte agrave distance qui

lui permet de placer agrave bon escient ses coups animeacute du deacutesir de vaincre

Le technicien lui se voit contreacute dans toutes ses entreprises par

un uppercut ou un crochet

On peut dire cependant que nul sport au Seacuteneacutegal que la lutte tradishy

tionnelle avec frappe ne deacutechaicircne autant de passions et autant de

pheacutenomegravenes poussant agrave lexcegraves et deacutereacuteglements quon ne peut que deacuteplorer

Mais comment deacutecrier un spectacle de lutte qui bien quayant perdu la

presque totaliteacute des valeurs traditionnelles veacutehiculeacutees autrefois par

elle sait susciter une participation effective de tous ceux qui sont

preacutesents

CONCLUSION

Dans ce meacutemoire nous sommes efforceacutes ~e faire ressort ir limportance des

ethos et des habitus et leurs effets sur la pratique de la lutte tradishy

tionnelle au Seacuteneacutegal

L~b egravethos repr~sentent dune maniegravere g~neurorale tous les eacuteleacutements speacutec

fiques sux Seacuteneacutegalais par conampeacuteguent un systegraveme de valeurs traditionnellEs

Mais m~me si ces valeurs rev~tent une signification universelle (honneur

digniteacute courage etc bullbullbull ) il nen demeure pas moins que ce nest pas leur

nature qui fait leur speacutecificiteacute mais la hieacuterarchisation et limportance i

quon accorde agrave toutes ces valeurs de ~ar leacuteducation ou la culture

i 1

Aussi les valeurs traditionnelles puient leur speacutecificiteacute dans les

caracteacuteristiques propres aux eacuteleacutements ~e la socio-cu1ture (la technologie

et leacuteconomie la politique et la pareteacute la psychologie et lideacuteologie)

dans la socieacuteteacute seacuteneacutegalaise agrave n momen donneacute de son eacutevolution Cest i

dire la neacuteceesiteacute de ne point faire della valeur une reacutealiteacute statique

Cest dite aussi quagrave tout mome~t le ~eacuteneacutegalais peut eacutevoluer et creacuteer

ou vivre par conseacutequent de nouv~lles fprmes de valeur qui lui sont 1

propres ft (J)

La lutte traditionnelle veacutehiculant deS valeurs socio-cu1ture1les speacutecishy

fiquement seacuteneacutegalaises (croyances valeurs morales norme de comportement

opinion attitude bullbullbull ) devient un eacuteleacutement important qui tregraves certaiaement

nous aidera dans notre effort de valoriser et de peacuterenniser notre patri shy

moine culturel par le biais dactiviteacutes physiques et sportives

Leacutetude des habitus nous permet de prouver quil y a plusieurs faccedilons

de se mouvoir comme danser lutter bullbullbull qui varient avec les diffeacuterentes

ethnies (wolof toucouleur seacuteregravere diolagt leurs convenances et leurs

eacuteducations

(1) Revue Ethiopiques 31 Les valeurs traditionnelles et le problegraveme de leur inteacutegration dans les systegravemes modernes jtducatio-1 2 6r--70

nautre part cette eacutetude permet aussi de nous rendrE compte de la

correacutelatipn eacutetroite existant entre la pratique de la lutte traditionnelle

et le sta~ut socio-eacuteconomique du pratiquant

Nos inves~igations nous indiquent que la lutte recrute essentiellement

au niveau des classes socio-eacuteconomiques situeacutees en bas de leacutechelle

donc posseacutedant le statut social le moins favoriseacute La lutte avec frappe

-et un certain secteur commercialiseacute de la lutte simple- y trouve sa

leacutegitimiteacute Comme le dit BOURDIEU nA habitus diffeacuterents styles de Vle

divergents et il oppse les pratiques aristocpatiques correspondants agrave

des activiteacutes qui favorisent les situations eupheacutemiseacutees ougrave la stylisashy

tion est importante aux pratiques populaires qui font appel agrave des

qualiteacutes qpposeacutees bllutes rugueuses Certaines interviews nous

montrent que plus lindividu occupe une place eacuteleveacutee dans leacutechelle

sQciale e~ 1

moin$ il sinteacuteresse agrave la lutte

Les reacutesultats recueillis dans nos diverses investig~tions confirment 1 1

1er propos qui disent que nous assistons aujourdhu~ agrave une involution

de la lutte traditionnelle parce que perdant toutes ses speacutecificiteacutes au 1

pryfit d~ne autre forme de lutte que lon continue agrave appeler nostalshy

giqlementIIlutte traditionnelle

Ceci pourrait peut-~tre trouver une explication dan la citation suivante

La liberteacute de creacuteer dinnover de vivre Pleineinenf decirctre soi et de

preacuteserver son authenticiteacute la digniteacute et lhonneu1demeurent des illushy

sions dans la misegravere eacuteconomique~ Nos ancecirctres creacuteai~nt des valeurs de cishyl

vilisation parce quils eacutetaient libres parce qu1i~s ignoraient toute

deacutependance eacuteconomique ils cultivaient en eux et cbez leurs enfants le 1

Jorn et la Kersa et preacutefeacuteraient la mort agrave la hoJte lI (1)

Or le Seacuteneacutegal comme la plupart des pays africainsi est un pays sousshy

deacuteveloppeacute t cependant face agrave cette volonteacute du gou~ernement seacuteneacutegalais

de faire inteacutegrer dans leacuteducation des valeurs traditionnelles nous

pouvons espeacuterer utiliser comme moyen deacuteducation la lutteacute traditionnelle

qui reste quand mecircme vecteur jethos et dhabit~s

- 54 shy

Mecircme si lon a noteacute un appauvrissement notoire sur les plans socioshy

culturel et moral la lutte traditionnelle recegravele une gamme importante

et varieacutee de techniques permettant incontestablement une ouverture vers

les luttes olympiques libre et g~eacuteco-romaine

La lecture de ce meacutemoire permettra agrave lentratneur et au professeur de

lutte en fonction du lieu ougrave ils seront affecteacutes dans le territoire

seacuteneacutegalaisdavoir une information sur les techniques contrOles et

formes de corps propres agrave chaque groupe ethnique et de les mettre en

relation avec leurs croyances et leurs mentaliteacutes

Nous avons essayeacute de montrer que la pratique de la lutte traditionnelle

doit tre axeacutee sur une ethnomotriciteacute au Seacuteneacutegal qui permette une inishy

tiation facile Cette pratique de la lutte traditionnelle seacuteneacutegalaise

devra dailleurs essayer de ~eacutepondre aux aspirations du Seacuteneacutegalaisl

moderne en souvrant aux ap~orts positifs des autres civilisations

ex~eacuterieures nous voulons Jvidemment parler du judo et des luttes oiymshyJ

piques 1

1 j Nous navons pas la preacutetentfon dans le cadre de ce meacutemoire demattrise

de reacutepondre agrave toutes les qutstions se rattachant agrave leacutetude de ~a lutte

traditionnelle souslangle~socio-culturel car non seulement il nous

manque lexpeacuterience et la c peacutetence en la mati~re mais aussil l le temps

et les moyens dont nous dis osions ne nous permettaient pas d~puiser le 1sujet i

1 1 1 t 1

l

- )5 shy

BIBLIOGRAPHIE

BIBLIOGRAPHIE

1- CLAPAREDE Psychologie de leacuteducation et peacutedagogie expeacuterimentale

Edition Delachaux et Niestleacute 244 pages

2- POCIELLC Christian Sport et Socieacuteteacute approche socio-culturelle

des pratiques Paris Vigot 1981 377 pages

3- PIERON Henri Vocabulaire de la psychologie

PUF Deuxiegraveme eacutedition 1957 469 pages

4- Revue socialiste de culture neacutegro-africaine ETHIOPIQUES

Les valeurs traditionnelles et le problegraveme de leur inteacutegration

dans les systegravemes modernes deacuteducation

GIA 21 Juillet 1982 213 pages

5- N2 Revue du Centre dEtudedes Civilisations DEM ak TEY

NIS IVegrave Trimestre 1982 96 pages

6- Document lNSEP Colloque sur la lutte aeacuteregravere

DAKAR MAI-JUIN 1980

t 1

~- Travaux du IVegrave Congregraves National ~es Sports agrave DAKAR les 2223041981

Bulletin n2 91 du CIO du 15 Aont 1965

l____________________________

8- Meacutemoire de Mattrise BADJI Abdou La lutte traditionnelle Joola

Etude et perspective

9- Meacutemoire Inspectorat JS DJITTE Mandy Les pratiques corporelles

traditionnelles au Seacuteneacutegal pour leur exploitation et leur

utilisation en peacutedagogie Marly le Roi 1980

REPUBLIQUE DU SENEGAL

--------------- INSTITUT NATIONAL SUPERIEUR

MINISTERE DE LA JEUNESSE DE LrsquoEDUCATION POPULAIRE

ET DES SPORTS ET DU SPORT

-------------

(INSEPS)

MEMOIRE DE MAIcircTRISE

Es-SCIENCES ET TECHNIQUES

DE LrsquoACTIVITE PHYSIQUE ET DU SPORT

LA LUTTE TRADITIONNELLE

son importance sa signification en fonction des ethos et des habitus ethniques au Seacuteneacutegal

Preacutesenteacute par

Monsieur Joseph Victor FAYE

Sous la direction de

M Jean Marc ROCHEZ

Professeur agrave lrsquoINSEPS

Anneacutee de soutenance 1984

la neacutecessiteacute de lanimisme consiegraveeuroreacute comme base de toutes legrave~

religi0~s uumlegrave serait-ce que corr~e tentative ciexpliquer li1explishy

cable en se repreacutesentant en particulier comme un ensemble de puisshy

sances mystiques Ainsi pour lanimiste agir sur la nature cest

intervenir psychologiquement aupregraves de ceLX qui la gouvernent

314 Imeact des moeurs sur la prat~que de la lutte diola

Lorigine de la populariteacute de la lutte eugrave milieu diola est par trop

impreacutecise aussi nous nous limiterons agrave en donner la signification

actuelle La lutte apparatt dabord comme un moyen privileacutegieacute deacutedushy

cation

- sur le plan corporel afin de deacutevelopper la force lagiliteacute la

rapiditeacute et la souplesse

- sur le plan moral afin de deacutevelopper les vertus caracteacuterielles

courage tenaciteacute digniteacute bullbullbull neacuteces~aires agrave laction

Mais la lutte apparatt aussi comme un mpyen dinteacutegration sociale car

le jeune diola qui se refuserait agrave se sbumettre agrave leacutepreuve de la lutte

encourrait un isolement alors que celui qui excelle en bravoure devient

rapidement populaire Dougrave ces affrontements agrave linteacuterieur dune classe

dige qui tout en restant un moyen de reacutejouissance servent eacutegalement

agrave eacutetablir des comparaisons

Nos observations et nos interviews confirment le caractire tris physique

de la lutte diola immeacutediatement les lutteurs sont au corps agrave corps et

les techniques consistant agrave aracher ladversaire priment sur toutes les

autres Exprimer sa force est une preacuteoccupation constante il suffit pour

sen persuader de voir le groupe de lutteurs peacuteneacutetrer dans laregravene au son

du Born bol on que rythme le claquement de mains des femmes

C~tte da~se est une deacutebauche dAnegie Ougrave les lutteurs pieacutetin~Ert avec

force L sol

i shy

3141 EorphologUgrave et valeur physiques du lut teur diola

Le lutteur diola possegraveagrave~ un deacuteveloppement caracteacuteristique du trai~

supeacuterieur et de la musculature doso-lombaire Ceci est tregraves certaineshy

ment lieacute au maniement de la houe de la daba et surtout dukadiando

dont lusage permanent a modeleacute la morphologie du lutteur diola

La valeur physique de ce lutteur semble reposer sur sa force sa

reacutesistance mais aussi sa rapiditeacute

3142 Reacutepertoire technique

Dans le Blouf la forme du corps la plus utiliseacutee est le deacutecalage souvent

combineacute avec un crochet de jambe (gal gal) ceci semble ecirctre lieacute agrave

lutilisation quotidienne dans les riziegraveres du kadiando Le paysan du

Blouf sera ameneacute agrave faire un mouvement de torsion pour deacutecalerlinstrushy

ment enprenant appui sur son genou et ceci continuellEment pendant toute

la jourpeacutee Chez les diolas du Fogny le kadiando eacutefait surtout utiliseacute

par les femmes qui soccupaient autrefois exclusivement de la riziculture

et ce n~est quaujourdhui que les hommes cultivent le riz 1

La principale culture dans le Fogpy est celle du mil on y cultive aussi

de larachide De ce fait loutil le plus utiliseacute est le donkoton qui

est un instrument tregraves petit avec un manche court et dont le maniement

expliquerait peut-ecirctre leacutetonnante musculature du train supeacuterieur et surshy

tout de la zone dorso-lombaire du 4i6la fogny qui excelle dans les techshy

niques en force genre arracheacute avec les bras sur contrOle de la ceinture

de ladversaire Lulisation du donkoton semble eacutegalement expliquer la

garde tregraves basse du lutteur fogny

Dans le kassa on aurait pu trouver la mecircme forme de lutte car la morphoshy

logie du lutteur est agrave peu pregraves la mecircme mais linterdiction formelle de

la prise du ~gimbe modifie et limite tout le repertoire technicult2 ou

lutteur Le lutteur kassa adopte une garde basse et agrave une preacutefeacuterence pc~r

legraveS tc~-iccedilues n passa~ dessous - - ~ shymiddotmiddotcrc t--=~ c-

----

contact et agrave partir de ce TtoTteuront ils peuvent se relever et conti~uEr

en lutte debout jusquau terrassemen~

Toutes les gardes sont rapprocheacutees en milieu diola

irbi trage

Les combats sont arbitreacutes par un deacuteleacutegueacute geacuteneacuteralement anClen lutteur

Ces anciens lutteurs ont pour rocircle de veiller au bon deacuteroulement du

combat La victoire est deacutecreacuteteacutee dans les cas ougrave un des lutteurs se

retrouve en position assise sur le ventre sur la cuisse ou les

genoux (sauf dans le Kassa)

Il existe un autre mode de victoire celle qui est proclameacutee agrave la

suite dune supeacuterioriteacute eacutevidente du~ des lutteurs A savoir quand

un lutteur soulegraveve tregraves haut son camarade et que son manager estime i

quil est pratiquement battu il peut arrecircter le combat en touchant

dabord le lutteur adverse popr eacuteviter que son lutteur ne soit terrasseacute

tregraves fOrt Nest-ce pas un deacutecision sage des managers qui peut contribuer

agrave maintenir le caractegravere reacutecr~atif de la lutte joola 1

La victoire dun village sur un autre village ne se mesure pas au

nombre de victoires obtenues par lensemble des lutteurs En effet

il suffit que le champion soit battu pour que le village soit consideacutereacute

comme deacutefait Ce qui explique limportance et le seacuterieux que le village

accorde agrave la preacuteparation des championsl)

Il est cependant important de signaler que larbitrage dans les centres

urbains revecirct une iautre forme beaucoup plus codifieacutee et cest peut-ecirctre

une des raisons qui font quen milieu urbain la lutte diola perde une

partie de son originaliteacute

En dehors des techniques speacutecifiques agrave chaque sous-groupe il faut

signaler quil y a une multitude de prises et quelGues formes de corps

comTIunes agrave letnn Car reconnaissons qu il cO unE ror-euro approp=i~eacute

dE ~ouvane du l~tteur diola en TaI

-----~-----

LE tableau ci-dessous se propose dE reacutesumer les diffeacuterentes consideacuteshy

rations techniques envisagEacutees dans cette partie

FORlŒSSOGS-GRGUPES 1 COItltOLE GA~JESDt CORF=

i ~

1 1

Passage dessous de jambes et BassE KASSA saisies Moyenne1annexes bras (rapprocheacutee)

ceinture tecircte

Deacutecalage de Moyenne et BLOUF Demi-souplesse Ngimbe

HauteHancheacute Bras (rapprocheacutee)

Jambe

Arracheacute CouFOGNY Tregraves basse

Hancheacute ii 1

1 1

3 14 3 bull LeIIa~~jueetlecom~ortementdulutteur-+iola

1 Le comportement et lattitude du lutteur dans laregravene pe sont en fait

t

que le reflet de sa psychologie et plus partiCUliegraverem t de son eacutetat

dacircme Or il napparatt pas abusif deacutetablir des cor eacutelations entre

le psychisme dun individu et lempreinte eacuteducative quil a subie En effet en sortant du bois sacreacute le jeune diola a acquis un ~ca~~l

eacutequilibre physique et mental

Cette matrise de lui-mecircme permet au lutteur dans la~egravene dadopter

un aire enjoueacute de manifester beaucoup denthousiasme~ La lutte devient 1

essentiellement un jeu laspec ludique y est privileacutegieacute et ~ela influe

sur le comportement du lutteur

Ainsi queurolq~c soit limporta~cE de le~je~ le lutt~c~ dic1e Seuroreacute

to~jours serein et s~ livrera sa~s arri~re pe~s6e da~$ ~E CO=beacute ou-

tons que le lutteur diola est trecircs fair-play et sil arrive quun rdnd

lll L COIicircilU1Ul L ULOF

32 J Preacutesentation

La soc tEacute wucirc10f est celle qU1 a eacuteteacute la plus marqueacutee par la colonisation

~~ fait peut-gtre de sa position geuroographiquE dune part ct de 50~ imporshy

tanCE sur le plan dfmographiquE dautre part En effEt ceurootteuro CC-~ucircautE

wolof repreacutesente environ 20 de la population seacuteneacutegalaise

Elle est constitueacutee de pecirccheurs (ce sont les leacutebous) dagriculteurs de

fonctionnaires de lEtat mais surtout de commerccedilants

A pqrtir de leur reacutegime dimplantation le Cayor le Walo le Baol le

Djolof et la presquicircle du Cap-Vert les wolofs ont tendance agrave irradier

sur lensemble du territoire sous leffet de leur speacuteculation agrave la culshy

ture de larachide et du nombre important de fonctionnaires quon trouve

dans cette ethnie

322 Les moeurs et croyances wolofs

Bien queacutetant en grande partie des musulmans convaincus les wolofs

conservent toujours une croyance animiste et continuent agrave faire des

sacrifices agrave porter des cornes ou des morceaux de bois agrave la ceinture

aux jambes ou aux bras et agrave croire agrave lexistence des Djinneacutes et des

Raps bull

Le Djinneacute cest une creacuteature malfaisante en geacuteneacuteral capable de choses

extraordinaires Il possegravede des faculteacutes surnaturelles Cependant dapregraves

la croyance animiste certains Djinneacutes peuvent ecirctre bons

Le Hapl cest une creacuteature ayant des dons occultes appartena71t agrave une

famille ou agrave une communauteacute et dont le rOcircle est de veiller cu daider

les reCJrES de le fai11p ou dt la conmunauteacute en cas de da1gel Le Rap

~ ut te c ) ~~c-

ei sltcificE cJ sanl dE meut0 dL chat de pC)wleurot 5E1lt les conveuroshy

lances parfois leur dorner COrllTe offrande du lait Laii

Qua1d une famille ou une communauteacute neacuteglige les Sarakh (ici dans

le sens de sacrifice ou Offrande) elle se voit aussitocirct vouEacutee agrave la

maleacutediction des mauvais esprit~ (fcllec dans touteacuteS lEs ~treprises

de la vie maladie mort bullbullbull ) Les lieux ougrave habitent ls Taps et ougrave

se font les sacrifices se nomment Khambs

Geacuteneacuteralement le khamb se trouve dans lenceinte de la maison ou

dans un coin approprieacute du village Les lieux du khamb sont marqueacutes

par la disposition de calebasses de pilons de morceaux de poterie

briseacutes de grosses pierres de cornes et dautres objets heacuteteacuteroclytes

La superstition wolof est tregraves marqueacutee En effet pour le wolof toutes

les manifestations quotidiennes trouvent leur signification dans le

mysticisme Citons agrave cet effet quelques ezemples Une femme enceinte

ne doit pas marcher agrave nimporte quelle heure de la journeacutee Certaines

heures de la journeacutee lui sont interdites le Timiss (creacutepuscule

le Ndjo~or (de 13 H agrave 14 H de lapregraves-midi) le souf-segravede (de

minuit i4 H du matin) Selon la tradition ~t la croyance wolof les

mauvais ~sprits choisissent ces heures pour jeter des sorts Et la

femme enceinte eacutetant tregraves vulneacuterable le Djinneacute essaiera de lui insufshy

fler son souffle pour atteindre son beacutebeacute afin dentratner soit la

meacutetamorphose de cedernier en monstre soit de le tuer avant sa naissance

Dailleurs pour le wolof et pour certaines autres ethnies au Seacuteneacutegal

le timis le tdjolor le souf-segravede repreacutesentent des peacuteriodes de

la journeacutee ougrave lon ne doit pas se hasarder dans les rues et les champs

Ce sont des heures propices aux apparitions des Djinnes sous nimporte

quelle forme humaine ou animale

Il est eacutegalement interdit au wolof de marcher ou de serti la nuit du

~eacutellfria-

loutes c~s pratiques ~ystiqu~s et cr0ya~ces religi~us~5 ~xistent eL~~[

certainement dues agrave un meacutetissage culturel Parallegravelement aux feacutetiches

aux incantations et agrave lutilisation des safaras (substance magique)

notons lexistence de ga l a tchs (ce sOnt des talismans ougrave sont inscrits

du qui les porte Toutes ces croyances biEn sucircr auront une rEacutepercussicrI

sur leacuteducation du jeune wolof

323 Leacuteducation du wolof

Pour caracteacuteriser leacuteducation wolof nous avons penseacute donner comme

illustration cet extrait de la revue DEM ak TEY Pour deacutefinir leacutedushy

cation le wolof fait appel agrave un symbolisme qui eDglobe aussi bien les

moyens mis en oeuvre Yar que le reacutesultat obtenu agrave laide de ces mecircmes

moyens cest-agrave-dire la formation et le deacuteveloppement de lecirctre humain

ou Yaru

Le substantif Yar deacutesigne le fouet

Ce symbolisme deacutesigne donc au-delagrave du simple sens mateacuteriel de lobjet

lutilisation qui permet daboutir au reacutesultat escompteacute (Yaru) Au sens

geacuteneacuteral Yar deacutesigne tout instrument servant agrave infliger une punition Le

terme laisse supposer agrave priori que cette phase de lenfance durant lashy

quelle se preacutepare la vie de lhomme est lieacutee agrave la souffrance au supplice

Dailleurs une maxime wolof compare lenfant agrave une tige quon a tout le

loisir de redresser alors quelle est encore flexible bull

bullbullbull Pour leacuteducateur wolof la perfection nest point de ce monde malS

le devoir de chaque homme est de tendre vers la pleacutenitude en luttant

contre ses propres faiblesses Leacuteducation va d01c iisister essentielle~(-~t

sur lexercice quotidien de leacutelevation ffiora1e d~ lindividu Pour cela

elle privileacutegie la patience munI) vertu dabneacutegdtion et dE deacutesinteacuteresseshy

m(~t autour dE laquelle sarticulent toutes ]e~ ~u~~~s qualiteuros

i _

aan~ ~ s0cieacutet gt~olcf ocirclt~tartt nul -Jt- poulait sabecircisstr

tion de sa libertEacute La liberteacute est le preuumler drcmiddotir dE l ho-)euro egrave~S

baigner dans une beacuteate admiration du passeacute la comparaison avec le pr~$(middott

si~posc dclle-mecircme car lon reste s reacute devant la deacutesinvolture aVEC

laquelle dES honmes daujourdhui descendants de cette ~~~EacuteTatic ccedil~l se

une fois [largis bullbull tTasque fiers davoir fait leacute priS0n PEut-2tTE

faut-il mettre cela sur le compte de lurbanisation et des nouvelles

valeurs qui ont pour nom enrichissement reacuteussite sociale avec ce que

cela comporte de deacuteshumanisant et de deacutepreacuteciateur (1)

3 bull 2 bull 3 1 bull Lesri tes

Le sevrage et la circoncision constituent les deux grandes phases initiashy

tiques chez le wolof

- Le rituel du sevrage est appeleacute maga1 (litteacuteralement rendre grand)

Cest un eacutevegravenement important aussi bien pour les parents de lenfant que

pour la co~unauteacute Durant cet eacutevegravenement qui survient geacuteneacuteralement deux

ans apregraves la naissance du beacutebeacute les personnes vivant dans lentouragE

apportent leur soutien moral et mateacuteriel

- le rituel de la circoncision revecirct pratiquement la mecircme signification

que dans les autres ethnies seule la forme diffegravere La circoncision reste

encore une eacutepreuve de la vie au sort i r de laque Ile ladolescent devient un

homme Aujourdhui il faut noter une meacutetamorphose de la structure sociale

et des croyances religieuses tregraves accentueacutee aussi bien chez les wolof que

chez les autres groupes ethniques et ceci est peut-ecirctre dO au contact

permanent quils ont avec la socieacuteteacute occidentale

Malgreacute ces constat~tions il semblerait pcu=tant qUE la sociecirct~ lecircbou Gci

bien que se trouvaLt en grande partie dans ~a Presquth du Cap-ETt Et

en contact permane~t avec les blancs soit la portior la plu8 cc~serva-

----------~_- ---~-- -----

~

Incidences d s ~00urs sur la l~ttE

Le wolof connaicirct deux formes de luttes la lutte sirplE- sans t-t

la lutte avec frappe La lutte avec frappe a une crigi~e purement r

et ce nest que plus tard quelle devint une prati1uE sportive et lud

preacuteparer agrave la guerre Aussi tout en luttant On eacutetait autoris~ agrave frapper~

griffer mordre voire introduire son doigt dans loeil de son adversaire

Le jeune wolof devait eacutegalement se livrer agrave la lutte avec frappe afin de

favoriser son insertion dans la socieacuteteacute adulte et sinitier au meacutetier de

soldat faute de quoi il ne pouvait se faire entendre ne avoir des marques

de respect Pour montrer la populariteacute de la lutte dans le Cayor signalons

que les Damels ll (rois) et les Teignes (nobles) nheacutesitaient pas agrave sy

livrer Quant au IIMbeu~ (lutteur) elle lui servait de moyen de promotion

sociale car d8S que sa reacuteputation eacutetait eacutetablie il pouvait ecirctre choisi

par les rois et les nobles comme garde de corps

325 Signification de la lutte en milieu wolof

La lutte se pratique dabord pour lhonneur qui est une vertu tregraves signishy

ficative pour le wolof Elle permet de renforcer les liens amicaux entre

les jeunes de villages diffeacuterents Le champion veut gagner

confiance et la consideacuteration de son village de ses amis

Etre champion cest aussi susciter ladmiration chez les

sentant la force la viriliteacute et la deacutetermination

326 Organisation d~s eacutepreuves de lutte

3261 Les Mbapatts Ce sont les seacuteances nocturnes

pour meacuteriter la

et des anciens

filles en repreacuteshy

Ils sont organiseacutes apregraves les reacutecoltes agrave la fin de la saiscn des pluies

Ceci surtout p~ndant les peacuteriodes de clair de lune car ils peuven~ durEr

toute la nuit Le but des ~Dapatts lt=tait de prfpa-er FhysicuemeH et

~ arb Sil

326 Le 1

cest une organisation beaucoup plus importante que les I~apatts ~

loccasion de laquelle on peut voir plusieurs lutteurs de grande reDommfe

saffronteLLa fin dl lamb est toujours couronneacutee par une grand co~bat

duquel le vainqueur est sacreacute champion de la contrecirce

Le choix du lieu est lieacute agrave limportance de ce lieu dans le village cest

la place publique ougrave geacuteneacuteralement se passent toutes les manifestations

assembleacutee geacuteneacuterale sabar (danse) cest aussi lendroit ougrave sont prises

les grandes deacutecisions

3623 Lappariement

Dans un village ou un quartier les lutteurs se regroupent en lang

(eacutequipe) et jamais deux lutteurs de mecircme lang ne se rencontrent lors

du lamb

L appariement s~ fait librement entre lutteurs de lang diffeacuterents l1hs

une regravegle veut ~uavant de lutter avec le Mbeur Kanur de tel lang si

on est soukh (l~tteur pas encore confirmeacute) il est neacutecessaire de lutter

dabord avec ses soukh et ce nest quapregraves les avoir terrasseacutes tous

quon se voit octroyer la chance de lutter contre lui

Notons que la cateacutegorisation des lutteurs par poids nest jamais prise

en consideacuteration

3624 La tenue du lutteur ou NGIMBE

Le middotNGimbe est confectionneacute par le marabout de la famille ou du clan Il

est constituecirc de pagnes en coton tisseacute geacuteneacuteralement offerts par la megravere ou

la grand-megravere du lutteur ceci lors des organisations de ~rande Tportance

COrlune lef 1amb Dans le cadre des l-bapatt les pagnes sont C tErts peumlr

~~~rcfcis ct ffi~mc aujourdhui d218 cErtaInes fa~ille5 on devj~Gr

luttEur de pegravere en fils et dans ce cas h 1

gimbell du pEgravere Est recircr i tEacute

par le fils Le fait de porter le lI~gimbe agravee ses aiumleux peut susciter

cne~ le jeune lutteur une motivation et une volontecirc in~branlable rlasshy

surer 12 supeacuterioritEacute cis SIcirct-ns dallS

le xgimbe de la famille ne touche pas le sable

La tenue du lutteur a une signification et une importance sur le plan

mystique car selon les anciens le vrai feacutetiche du lutteur celui qui

le proteacutegera agrave vaincre le Djinneacute ou le Rap de ladversaire se trouve

cacheacute dans ce Ngimbe Celui qui confectionne-le Ngimbe est doueacute de

faculteacutes occultes

~~r~i~rg Il est assureacute par un sage du village qui geacuteneacuteralement fut

championde lutte de son temps Dailleurs cet ancien nintervient que

si le terrassement est litigieux

Hormis le public qui proclame la victoire ou le match nul le lutteur

lui-mecircme est arbitre et il arrive quil se deacuteclare vaincu ~ous

pouvons citer comme exemple Meacutedoune KHOULE un des plus grands lutteurs

seacuteneacutegalais qui a donneacute une victoire agrave Djeacuteri SADIO son adversaire qui a

reacuteussi agrave lui faire toucher le sol de la main

Il Y a terrassement quand le lutteur se retrouve

- assis sur le sol

- eacutetaleacute sur le dos

eacutetaleacute sur le cocircteacute

les deux genoux au sol

- les deux ma~ns au sol

la tecircte (front au sol agrave la suite dune brouette)

Il peut y aVOIr match nul si apregraves li1 temps ccmsideacuterable les lutteurs

SE sont ~ ivrEacutes respectivement agrave des assauts rEacutepEacutetEacutes et n arrivEt pas a

3265 L~ precircparation mystique

Il faut reconnattre quon ne peut parler de lutte en milieu wolof sans

envisager une preacuteparation mystique seacuterieuse Co~~e ~ous lEvans vu a~teacute-

1middot ~ d ~ ~rlturenent t0utes es actlvmiddotltesmiddot u W010 sont lles a SeS croyances

- la lutte ne concerne pas seule~ent deux acteurs se livrant faruumlucheshy

ment agrave un combat au milieu de laregravene mais eacutegalement les marabouts et les

feacutetichistes du village ou du clan qui doivent deacutefendre leur savoir et

leur prestige Avant le combat le lutteur doit se livrer agrave un certain

nombre de preacuteparations mystiques pour assurer sa victoire Aussi sommesshy

nous appeleacutes agrave parler de BACK (cest le chant et la danse du lutteur)

- le batteur de tam-tam compose un rythme en fonction du Galagne ou du

Senghor (gds-gris) du lutteur Chaque galagne sera choisi en fonction

du Rap ou du Djinneacute correspondant au Totem du lutteur

Le chant geacuterleacuterique Feinte woy veut dire litteacuteralement composer un 1

chant Ce chant est geacuteneacuteralement composeacute par les filles du viilage du

champion ou par un griot de sa communauteacute Et agrave travers ce chrnt on

arrive agrave toucher la corde sensible du lutteur en chantant lesl innombrables 1

victoires de ses ancecirctres ou en lui rappelant ses prouesses eacuteblatantes 1

Chaque lutteur doit avoir un chant et un back qui lui sont propres

327 Le reacutepertoire technique et les caracteacuteristiques physiques dulutteur wolof

Le lutteur wolof est geacuteneacuteralement moyen de taille la musculagraveture est

tregraves saillante ce qui fait ressortir un aspect tregraves athleacutetique ceci

est vrai sans exception pour le lutteur leacutebou mais il arrive que le Cacircyoshy

rien le baol-baol le walo-walo soient de grands gabarits de forte constishy

tution

CepEndant pour une meilleure compreacutehension du sujet nous pouvons eacutetudiEr

deux jroups d lut teurs qui vont deacuteterminer deux st yI e s de lut tes

- ~ t

les tc~tativ~s de~[reacutee e~ ramassement de jambes de la~v~sairL Ce~~

peut Ecirctre expliqueacute par le fait que les lutteurs leacutebou ou walo-walc qui

sont des pecirccheursadoptent cette garde tasseacutee du fait quils so~t tou-

jours pencheacutes en tirant le fil ou en poussant la plrogue On verra techrugravequeacutes dt cirr 2C ~lt 5Jllicitocirct

surLuumlut les membres supeacuterieurs

Le cayorien et le baol-baol par contre sont les plus grands cultivateurs

darachide chez eux les techniques de lutte sont plus varieacutees et la

garde est moins renfermeacutee Les lutteurs cayorien et baol-baol ont une

morphologie et une reacutepartition musculaire bien eacutequilibreacutee ils excellent

dans les techniques en deacutecalage les techniques de jambe et surtout les

techniques de riposte ougrave lon peut voir des prises de hancheacute tregraves amples

Dune maniegravere geacuteneacuterale on peut dire que le lutteur wolof est un fin

technicien qui sait surtout creacuteer les opportuniteacutes e~ avec sa rapiditeacute

utiliser la force de ladversaire pour le deacuteseacutequilibrer le noodju

le mbas le weacuteheacuteleacute et le rasu sont des techniques propres au lutteur

wolof

En deacutefense il utilise surtout des kl~klets ou gal-gal Notons que

le balancement des bras ou Lewato e$t tregraves marqueacute dans la lutte wolof

TABLEAU RECAPITULATIF DES COMPOSANTES TECHNIQUES

( 1 )

1 SOUS-GROUPES GARDES CONTROLES FORHES DE CORPS l

Walo-walo Basse de jambe Arracheacute l l10yenne de Ngimbe et i

Leacutebou Tasseacutee et saisies annexesj Deacutecalage 1 1 distante de bras de tecirct1

j de bras Deacutecalaeuro

~-----------------~-

- ~ ~- shy - ~ ~ bull L _ _ bull

Profil psyc~~iqUE du lutteu- et son comporterent dars l 2regravere

La preacuteparation mystique dans laregravene est plus marqueacutee chez les wolofs

que ChE~ les autres ethnies En effet on verra de grands champions

preliGrE plusiEurs heures pour Enduire leur corps de cll2badep ou ci

rmiddot- ~ a la proprieacuteteacute de proteacuteger li1egraveividu J

les mauvais sorts) Cest dailleurs un aspect dt la luttE qui iJcsc

des problegraveJles

Le lutteur wolof est tregraves superstitieux et la peacuteriode de preacuteparation

est capitale pour lui car elle permet non seulement de rendre

hommage aux ancecirctres mais aussi dintimider son adversaire Cest

geacuteneacuteralement un lutteur agressif combatif et teacutemeacuteraire Il se fait

souvent remarquer par son esprit dentreprise Mais cette fougue dans

le combat lamegravene parfois bien que ce soit regrettable agrave oublier les

usages et les normes Ce manque de maicirctrise de soi peut faire croire

que le lutteur wolof manque de fair-play ce qui nest pas toujours le

cas

~A~Ugrave~ t 4AA CbUrs k LA ucirctotve f~tPle Sesect prores mou W ~ lesquelles vont se couler les comporteme~ts individuels qui sont ainsi

monteacutes par et pour lautoriteacute sociale

Les faccedilons de boire de marcher ou de sasseoir se manifestent indivishy

duellement dans le corps de chaque personne ces habitus sont cependant

des montages sociaux lieacutes agrave des significationssymboliques variables

dailleurs selon la position sociale occupeacutee par chaque sujet Ces modes

dagir se rangent dans un systegraveme de montages symboliques et lindivishy

du les apprend de la socieacuteteacute dont il fait partie agrave la place quil occupe

Lhabitus est un montage social agrave la valeur symbolique deacutependant des pheacuteshy

nomegravenes deacuteducation et de prestige et lieacute agrave la position sociale du sujet

Cette penseacutee sonne de faccedilon eacutetonamment moderne

Pierre BOURDIEU qui dans une perspective a approfondi le contenue de la

notion en le reportant aux oppositions entre classes et fractions sociales

Il deacutefinit lhabitus comme un systegraveme de dispositions durables acquis au

cours dune histoire personnelle dans une milieu social donneacute systegraveme qui

engendre ensuite des pra~iques socialement deacutetermineacutees faccedilons de manger

de parler ou de marcher comportements de politesse contenu des preacutefeacuterencel

et des deacutegoOts bullbullbull lhabitus est le produit de conditions eacuteconomiques et

sociales Lauteur rattache directement la formation de lhabitus dun

individu agrave la trajectoire parcourue par celui-ci dans sa classe dapparteshy

nance il deacutefend lideacutee dun habitus de classe qui deacutefinit le sens confeacuteshy

reacute agrave la pratique sportive les profits qui en sont attendus

Ce dernier serait lui-m~me lieacute agrave un systegraveme de valeurs ou ETHOS de classe

prenant sens au sein doppositions distinctives entre classes sociales

De sorte lhabitus fonctionne comme un systegraveme dt- regravegles inteacuterioriseacutees

souvent informuleacutees permettant ou non agrave lagent de sadapter dembleacutee aux

multiples pratiques de la vie quotidienne et de la vie sportive il est agrave

lorigine des schegravemes de transcription qui favorisent les ajustements aux

situations corporelles nouvelles (1)

t ~

(1) P~IE11D dwi6Han ISpoy-l et sodeacutebi Approche Bocio-culturelle des pratiques P~tis Vigot 1981 page 81

33

331 Preacutesentation

Les Seacuteregravere auraient pour origine le Fouta Toro quils auraient quitteacute

vers le Xllegrave siegravecle pour fuir lislamisation de cette reacutegioD par lempire

dJ Xali (ils seraient donc apparEnt~s aux Peul et Toucouleur ) Ils

auraient trouveacute dans la rEacutegion du Sine les Sosseacute dorigine manding avec

lesquels ils salliegraverent

Au XVegrave siegravecle une autre immigrationSos~ conqueacuterante cette fois-ci

apporta son organisation eacutetatique Ils se divisegraverent en deux monarchies

deacutemocratiques lune seacutetablit au Sine et lautre au Saloum Les Sosseacute

conqueacuterants constituaient lautocratie appeleacutee Guelowar

La royauteacute seacuteregravere eacutetait laiumlque Les premiers souverains durent secouer

la tutelle des Toucouleur et progressivement arrivegraverent agrave unifier lethshy

nie des seacuteregravere etdea Sosseacute Les deux royauteacutes eacutetaient organiseacutees selon

acirces modegraveles tregraves deacutemocratiques Le souverain deacutependait dune assembleacutee

de ministres et de chefs locaux qui assuraient ladministration centrale

et reacutegionale())

Aujourdhui lethnie seacuteregravere repreacutesente 20 de la population seacuteneacutegalaise

Ils sont reacutepartis sur presque toute leacutetendue du territoire notamment

dans le Baol la reacutegion du Sine-Saloum et la reacutegion de Thiegraves

Signalons quil existe plusieurs sous-groupes dans lethnie ainsi on

trouvera

- dans la reacutegion de Thiegraves les Ndut les Safegravene et les None

- dans le Sine-Saloum les Sine-sine et les Saloum-salouIT

On trouvera vers foundioune et agrave Nioro du cocircteacute de la Gambie les

Niominka (pecirccheurs) Cest une portion tregraves mandinguiseacutee

( 1

Le rattache~2~t d~ to~s ccs sous-groupes pose problecircme ~25 0~ r0~V~

uc grande partie de traits COITul1uns dans leurs modes dE vie Ct pOUT phs

de faciliteacute nous allons essayer de faire une ~tude globale de la lutte

traditionnelle seacuterecircre Lactiviteacute socio-eacuteconomique qui est essentielleme~t

agro-pasorale caracteacuterisE leacutethnie seacuteregravere

332 Lecircducation les moeurs les croyances et pratiques sEr~rc

Chez les Seacuteregravere la vie humaine se deacuteroule selon les grandes eacutetapes

le baptecircme lenfance ladolescencemarqueacutee par la circoncision lsectge

adulte le mariage la vieillesse et la mort (funeacuterailles)

La vie de la communauteacute seacuteregravere reste une des plus originales sinon

celle qui de nos jours garde la presque totaliteacute des pratiques et

habitudes traditionnelles

Bien qu aujotltdhui con~r-tis aux religions chreacutetienne et musulmane les

Seacuteregravere conservent leurs croyances et pratiques animistes

Quelque soit leur degreacute dadheacutesion aux religions reacuteveacuteleacutees les Seacuteregravere

croient en un Dieu puissant et miseacutericordieux Rog Segravene et les hommes

Les ~angols sont repreacutesenteacutes mateacuteriellement dans tous les villages

seacuteregraveres par des arbres (baobab et tamariniers) des animaux (geacuteneacuteraleshy

ment serpent doreacute ou iguane) des ustensiles (pilon calebasse et mortier)

De nombreux teacutemoignages nous apprennent que certains totems (serpent

iguane) font leur apparicion agrave loccasion de certaines manifestations

rituelles comme les sacrifices ceacuteleacutebreacutes lors dun mariage de ceacutereacutemonies

mortuaires ou des circoncisions

Le Seacuteregravere comme il nous a eacuteteacute donneacute loccasion de le dire plus haut

preacutesente des speacutecificiteacutes authentiques aussi bien en tout ce qui touch~

son eacuteducation ses croyanCES et pratiques mystiques q~e ses activiteacute~

socio-ecirccc~omiquEs Apr~s a ~aissa~c~ le beurob~ ~~ pcs~ 5~~ lE S~ __

On lui mouille les l~vres avec un peu d~ lait de mil et apr~s U~ bain

purificateur on versera leau dans un trou cr~us~ derri~r~ la Camp~~

Pendant huit jours la megravere et lenfant sont cacheacutes dans la case car

selon les anciens ils sont tregraves vulneacuterables La case deacutens certains cas

est entoureacutee dun fil blanc et lon place sur le seuil des fais(cauy di

veacutegeacutetaux pour chasser les mauvais esprits (geacutenies malfaisants et illangeUY~

dacircmes) Au bout du huitiegraveme jour la megravere et lenfant peuvent sortir de

la case bull

bullbullbull Le matin du huitiegraveme jour la tante paternelle va chercher de leau

(plusieurs fois)t elle doit rester muette pendant ses alleacutees et venues

si elle parlait t lenfant pourrait ecirctre muet bullbullbull

La megravere et lenfant prennent un bain purificateur dans lequel sont

trempeacutees certaines plantes (ce sont des veacutegeacutetaux pr~tecteurs tels le

begravene le yag le ngud) On y lavera aussi le linge e1t les ustensiles utishyj

liseacutes pendant les huit jours qui viennet de seacutecoul~r On rase le crine

de lenfant Les cheveux sont donneacutes agrave la megravere qui ~s enterrera avec le

reste du cordon ombilical dans un endroit que11e esit seule agrave connattre

La megravere sassied sur une natte devant la maison Une femme igeacutee de la

famille prend le beacutebeacute dans ses bras et le preacutesente aux quatre coins de

lhorizon

La tante paternelle tient ensuite un van sur la tecircte de la megravere on y

verse le mil on y verse eacutegalement en abondance sur la megravere et sur

lenfant La tante oint ensuite le corps du beacutebeacute avec du lait e11e

touche en particulier le front t le nez la bouche la poitrine le dos

et les oreilles

Elle pose enfin un ~rain de sel dans la paume du beacutebeacute (le sel purifie

et deacutetruit les puissances mauvaises)

Apregraves un nouveau bain la megravere et lenfant revEcirctent des habits de fecircte

(est

lenfant Ce precircnore a toujours U~ SEns Il sy~bolise parfois C0 qUi

lOIl sounaitt agrave lEufant l)

La circoncision comme dans les autres ethnies est obligatoire Elle

permet au jeune adolescent dacceacuteder agrave la classe adulte Les jeunes

sont regroupes en classe dacircge dans le bois ougrave sc fait la r0tr~it0 des

circoncis et ceci pendant plusieurs mois

Le Selbeacute qui est geacuteneacuteralement un ancien craint de tous les eacutelegraveves

enseigne le respect de la hieacuterarchie la discreacutetion le goOt de linishy

tiative Les activiteacutes physiques et leacuteducation artistique ne sont pas

en reste la deacutecoration la sculpture la lutte et la danse A sa sortie

du bois linitieacute appartient deacutesormais agrave la classe des virils et des

sages du clan car on lui aura enseigneacute les vertus fondamentales que

sont la justice lhonneur lamour du prochain 1 amour du travail

lhonnecircteteacute et surtout le respect des coutumes ancestrales

Le rite du mariage esd aussi un fait tregraves important dans le monde 1

seacuteregravere mais par manq~e dinformation nous serons obligeacutes de nous en

tenir lagrave

333 Impact des ethos sur la lutte dans le monde seacuteregravere

Lorigine de la lutte seacuteregravere ne semble pas claire ma1S nous pouvons

dire quil existait deux formes de lutte comme chez les Wolofs une

lutte sans frappe et une lutte avec frappe Et cest cette derniegravere

qui peut-ecirctre nous ameacutenerait agrave croire que la lutte seacuteregravere aurait une

origine plus preacuteciseacutement guerriegravere

Aujourdhui la lutte est uniquement une activiteacute sportive agrave travers

laquelle le jeune seacuteregravere eacutevalue sa force son courage et SOn ingeacutenioshy

siteacute Cest une occasion de deacutefendre lhonneur de son village ou de

la corrnnunauteacute

La luttE ~5t avant tout u~e rnanifcs[dtic~ c~lturclie et surtout

fo lkhriqut-

Gracircce agrave elle on peut deacutesormais comprendre un certain nombre de chants

et de symboles A travers la lutte seacuteregravere on ccedilomprend les inter-relashy

tions entreacute la vie et le monde surntiturel

Sil devait y avoir la mort dun villageacuteois pendant la fecirctE au T qUE

de linterrompre on proceacutedait gracircce aux connaissances magico-religieuses

agrave la suspension de la mort jusquagrave une peacuteriode ougrave la population sera plus

disponible pour organiser des funeacuterailles sil y eacutetait preacutedit la possibishy

liteacute dune deacutefait du champion local au profit dun champion dun autre

village des recettes dordre maginque et religieux eacutetaient mises en prashy

tique afin que le champion du village ne soit jamais terrasseacute(J)

334 Le profil du lutteur seacuteregraver~

Le lutteur seacuteregravere est par essence un athlegravete impressionnant de par sa i

carrure et sa musculature saillante mais cest aussi une force tranquille

et calme quelque soit lenjeu du combagravet et particuliegraverement lhonneur

Cet aspect nous pousse agrave parler du NGiMBE cest-agrave-dire de la tenue du

lutteur qui va influencer sur sa faccedilon de lutter

La confection du Ngimbe revient agrave la communauteacute entiegravere Le Ngimbe a

une signification symbolique et le lutteur pour meacuteriter la confiance du

groupe se doit de tout faire pour ne pas toucher le sol Toute la commushy

nauteacute elle aussi sengage pour assurer la longeacuteviteacute et le succegraves du lutteur

dans laregravene par lorganisation droffrandes et de sacrifices en lhonneur

des Pangols bull

bull

Daucuns nheacutesitent pas agrave dire que lessentiel du mysticisme se fait agrave

la maison et non dans laregravene tout le reste nest quintimidation de

ladversaire

lsvcns

Tt- pi ~- t

t 1 ~ l _ ~ t

par rapport agrave lautre Cbci est trEgraves lieacute agrave lactiviteacute journaliegravere du

jeune seacuteregravere qui est un cultivateur donc toujours bien planteacute sur ses

jambes et qui continuellement manie lhiler

Le fait de couper le boi~ peut eacutegalement constituer un moyen de muscushy

lation non neacutegligeable pour le jeune lutteur

Un certain nombre de traits techniques speacutecifiques au lutteur seacuteregravere

semblent ressortir des diffeacuterentes interviews que nous aVOns fait subir

agrave certains lutteurs seacuteregraveres et agrave diffeacuterents techniciens

SOUS-GROUPES FORMES DU CORPS CONTROLES GARDES

SAFEN Moyenne en fente NONE Hancheacute Bras (distante) j

NDUTJ

f

SINE-SINE Deacutecalage Ngimbe

Moyenne

SALOUM-SALOUM Passage- Jambe (rapprocheacutee) 1

i

PETITE dessous Tecircte Basse et 1

COTE Moyenne (rapprocheacutee)

Notons que le Niominka ll commence agrave lutter agrave partir du sol pour avoir

assez deacutelan et sauter sur ladversaire afin davoir la prise du lion

(contr6le de la nuque et du bassin)

Co a -tem-nt ccedilt attitude du lutteur sEacuteregravere335 np -1t ~

Les croyances mystiques sont indissociables des activiteacutes quotidiennes

duseacuteregravere Ce qui explique le cocircteacute supersticieux du lutteur seacuteregravere En

~ffet certains lutteurs refusent de lutter avant certaines heures

Certains teacutemoignages nous apprennent quil nest pas donneacute agrave tout le

monde decirctre champion de lutte et que le lutteur doit avoir des dons

surnaturels pour ecirctre agrave mesure de livrer ses combats dans la nuit

et trouver seul un gris-gris speacutecial appeleacute Njatch

Le vrai champion de lutte chez les seacuteregraveres ne lutte pas seulement avec

~a force et sa technique mais surtout avec ses dons occultes

Chez les seacuteregraveres les morts sont toujours preacutesents et les ~pangols

Servent dintermeacutediaire entre les hommes et les morts Le pangol prend i

le nom dhumain dans certains villages (IIHeacuteJga NDONG Har Wag NGOUYE) i 1

De ce fait on verra le lutteur danser dufe maniegravere ou dune autre en

fonction du pangol de sa famille Ainsi nrus aurons le back (chant et

danse du lutteur) des DIOUF des FAYE etclbullbullbull

Dans laregravene le lutteur seacuteregravere a un comportement exemplaire aussi bien

agrave leacutegard de son adversaire direct quave~ le public en geacuteneacuteral Lexpli shy

cation semble tenir au fait que le lutteur seacuteregravere est avant tout selon

la tradition orale le repreacutesentant de toute la communauteacute seacuteregravere Par

conseacutequent il devra saffirmer non seulement en tant que lutteur dans

laregravene mais aussi en tant quentiteacute morale

336 La tenue du lutteur ou NGIMBE est confectionneacutee par le marabout de la

famille ou du clan Le Ngimbe est constitueacute de pagne en cCton tisseacute

Il doit ecirctre propre le lutteur qui le porte ne devra pas avoir de rapshy

port sexuel pendant toute la peacuteriode des cOTpeacutetitians car le Ngi~bE ne

doit pas ~tre souilleacute

Autrefois et mecircme aujourdthui dans certaines familles on devient

lutteur de pegravere en fils et dans ce cas le Ngimbe du pegravere est heacuteriteacute

par le fils Le fait de porter le Ngimbe de ses aieux peut susciter

chez le jeune lutteur une motivation et une volonteacute ineacutebranlable dtasshy

surer la supeacuterioriteacute d~s siens dans ltaregravene Il fera tout pour que le

Ngimbe de la ramille ne touche le sable

La tenue du lutteur a une signification et une importance sur le plan

mystique car selon les anciens le vra1 feacutetiche du lutteur celui qui

le proteacutegera et laidera agrave vaincre le nDjinne ou le tRapu de ladvershy

saire se trouve cacheacute dans ce Ngimbeu bull Celui qui confectionne donc le

Ngimbe U est doueacute de faculteacutes occultes

337 Larbitrase est assureacute par un sage du village qui geacuteneacuteralement fut

champion de lutte de son temps Dailleurs cet ancien nintervient que

si le terrassement est litigieux Hormis le public qui proclame la vicshy

toire ou le match nul le lutteur lui-mecircme est arbitre et il arrive

quil se deacuteclare vaincu

Nous avons pu cfter Meacutedoune KHOULE un desplus grands lutteurs seacuteneacutegashy

lais qui a donn~ une victoire agrave Djeacuteri SADIO son adversaire qui a reacuteussi

agrave lui faire touegraveher le sol de la main

IlL

34 1 Preacutesentation

Lethnie toucouleur vit En grandt partit ciE~~ la vallfc du S~~~gal

pt reprecircsente i peu pr~s 8 de la population totale secircn~galaise

o Histoire

Il semblerait que dans lancien royaume du Tekrour (IX~ siegravecle) des

eacuteleacutements neacutegroiumldes Sarakoleacute et des Peul aient formEacute par meacutetissage le

peuple Toucouleur (Toucouleur serait dailleurs une deacuteformation du

mot portugais Tacouror)

Ce empire a domineacute aussi bien les wolofs de lOuest que les Peul

nomades du Fouta Toro Cette reacutegion fut le premier pays islamiseacute par

les Almoravides ce qui peut expliquer le proseacutelytisme toucouleur

Ce sont les guerriers toucouleur islamiseacutes qui attaqu~rent avec les

Almoravides la capitale du Ghana Koumbi en 1067 On convertit par

la force les animistes Cest sans doute agrave cette eacutepoque que de nombreuses

ethnies reacutefractaires agrave lIslam ont dO accentuer leur migration vers

le sud (Seacuteregravere wolof Sarakoleacute Bambara Songhaiuml Akan et Peul se reacuteshy

fugiaient vers les hauteurs du Fouta Djalon)

Au XIXegrave siegravecle les Toucouleur allaient trouver en El Hadj Omar Tall

un grand conqueacuterent qui sous le preacutetexte religieux de la gJerre sainte

contre les tribus animistes (entre autres Bambara) eacutetendit lempire

toucouleur sur presque tout lensemble du gali et la partie de la Guineacutee

proche du l1ali

Lempire toucouleur composeacute de Sarakoleacute de Bambar~ de ~alinkeacute de

Xassonkeacute dE Peul et de Dogon eut le meurorit~ dunir CES diif~rentes ~ ~ - - - - - et~ics ~t dE CD~stituer l~Sl la b2S~ ~r 1

_ ~ ~ ~_ L ~

~ ~- ~- - - ---- _ 1 v _ t 1 ~-_ --

marabout tOL~culcuuml~ ~ middotlrrany a l ick SI venu des E1i rClS dE Pocior~ (

~ Vi~ euroconomicue et sociale -----------~-------------

Les Toucouleur sont des cultivateurs mais bien quils n~ soie~t pa~

pasteurs comrre les Peul leacutelevage a une place inportarteacute decirc1S ltur

eacutecono~ie Pour faciliter leur conquecircte guerriegraverE ils c~t Eucirc une preacuteshy

dilection pour leacutelevage des chevaux On y trouve aussi des pecirccheurs

appeleacutes Tchioubalo La socieacuteteacute toucouleur aurait une stratification

sociale tregraves rigide Les groupes ethniques et les castes eacutetaient

diffeacuterencieacutes et strictement exogamiques les Rimbe classe des nobles

comprenant la famille reacutegnante et les guerriers libres la classe des

Nieacutenieacutebegens de castes artisanales i les Rimaibeacute anciens esclaves

devenus serviteurs qui portent les noms de famille de leur maicirctres A

la base de lorganisation de la collectiviteacute toucouleur se situe le

village (Wouro)

Toutes ces castes sont cloisonneacutees entre elle~ Ainsi il nest pas

permis agrave un Torodo (noble) de se marier avec un Tchioubalo Ces

consideacuterations sont importantes dans le domaine de la lutte ougrave nous

apercevrons que les nobles ne sont pas faits pour lutter Le noble

preacutesidera les seacuteances de lutte et on luttera pour lui Ces condeacute rat ions

de noblesse et de rang social sont extrecircmement importantes dans le

monde toucouleur

Le noble ne doit pas se salir on lutte pour lui il ne vit la lutte

quen tant que spectateur

342 Education moeurs croyances et eratiques religieuses

Deux formes d~ducation sont agrave consideacuterer leacutedJcatio~ dES enfarts Et

celle des adultes

oG lenfant sait m2n~~r et apprfcier le goOt d~5 ~iifeurorents r~pas lt

le moment ougrave il CO~~e~CE agrave marcher

tivirt n~sormais le petit toucou]eur est eacuteduquf par toutmiddot 12 f2~i)]E

dabord puis par toutes lespersc~nes du village ou du C13~

Lenfant peut ~tre corrigeacute par tout adulte appartenant au groupe social

Son eacuteducation est deacutesormais laffaire de toute la communauteacute et non

exclusivement celle ces parents On linitie ainsi au travail quotidien

qui se fait dans la bergel~ e les champs et les bords du fleuve Au sein

du village il pourra apprendre agrave filer la laine et agrave tisser des pagnes

dans les champs il apprend agrave manier la houe et lhiler pour la culture

du riz et du mil Mais signalons que lactiviteacute essentielle du toucouleur

est leacutelevage des boeufs des moutons et des chegravevres Chez les Ichioushy

balos (p~cheurs ) lenfant sera initieacute tregraves tat au maniement des pagaies

agrave la p~che propremccedilnt dite et agrave la nage

Vers cinq-six ans lenfant est confieacute au maicirctre coranique le Ihierno

et ce dernier dispose exclusivement de toute sa vie Lavenir du jeune

enfant lui appartient

Comme dans les autres groupes ethniques les enfants sont regroupeacutes en

classe dacircge et cest dans cette structure que lenfant subit les rite

de passe et plus particuliegraverement celui de la circoncision

La circoncision est non seulement unE opeacuteration chirurgicale malS surshy

tout une peacuteriode au cours de laquelle le jeune garccedilon passe de leacutetat

dadolescent agrave leacutetat dadulte Les circoncis sont reacuteunis en classe

dacircge dans un endroit situeacute hors duvillage geacuteneacuteralement choisi par les

vieux Cet endroit n~st accessible que par des individus de SExe ffi8SCUshy

li~ ~ta~t au preacutealabl circoncis

- - - -

quable et complet sur le plan phy~ique et ~oral Ai~si liniti~

acquiert les qualitecircs indispensables que sont le courag~ la modest

lesprit de sacrifice lendurance

Le toucoule~r est un pleux musulma~ Cela sexp1

SOil le premier agrave tre en contact avec la religion musulmane de par sa

position frontaliegravere Lethnie toucouleur de par son histoire a preacutesenteacute

les plus grands chefs militaires et religieux musulmans seacuteneacutegalais Et

pour illustrer cela on peut citer en exemple la grande famille musulmane

des SY agrave TIVAOUANE repreacutesentant la confreacuterie des TIDJANES

Bien que lon note une majoriteacute musulmane on peut dire que certaines

croyances et pratiques mystiques et animistes persistent encore surtout

dans la reacutegion du fleuve

Une pratique courante se fait elle sappelle le Djatt Elle consiste

agrave faire sortir le caiman du fleuve agrave limmobiliser et agrave lattacher

sans quil ne reacuteagisse et tout ceci agrave laide de versets et dincantashy

tions magiques Dapregraves les teacutemoignages ces pratiques sont plutocirct

freacutequentes chez les Tchioubalos (pecirccheurs) Il arrive aussi que cershy

tains chasseurs ayant des dons se livrent agrave certaines pratiques an1shy

mis tes qui consistent agrave invoquer certaines puissances et agrave moduler sous

forme de chant des versets occultes pour se proteacuteger des mauvais esprits

et pour eacuteloigner les fauves Ce chant est geacuteneacuteralement incompreacutehensible

et deacutenueacute de sens pour le profane

343 Activiteacutes ludiques et pratiques sportives en milieu toucouleur

Durant toute son histoire lethnie ~oucouleur a toujours EacutetEacute Frese~teacute~

comme celle qui avait ue activit essentiellement guerr e e~ particushy

liegraverement farouche Trois eacuteleacutements ret r t l ecirc t te nt i c- euro so~t

le manie~~nt du ~acircton 12 luttE Et 1eacute danSE

l

Lecircducation ph~sique et artistique Dcc~pe un place precircpondecircra~rp

dans la fDrmat~on du jEune toucouleur A loccasion agraveeacutevegravenemen~ imporshy

tants reacutecoltJs mariages baptecircme nous assistons agrave des manifestashy

tions folkloriques de grande envergure le Wango oucirc dailse toucouleur

tregraves gymnique iles chants et surtout les sEacuteances de lutte

La lutte toucouleur est la forme de lutte la plus spectaclaire dans

tout le territoire seacuteneacutegalais Elle est essentiellement baseacutee sur des

techniques en hancheacute et surtout en souplesse Ceci sexplique par le

fait q~e le jeune toucouleur est tregraves tocirct initieacute agrave la gymnastique (saut 1

per saut de main salto arriegravere saut de tecircte couronneacute etc bullbullbull ) pour

la dans~ du wa~go En dansant le wango qui est une danse rythmeacutee et

gymnique le Jeune toucou1eur est capable de prouesses extraordinaires

1

En lutte lattaquant se deacuteplace tregraves peu pour avoir une bonne saisie

(geacuteneacutera~ement controcircle du Ngimben ) et enchaine brusqueme~t avec une

attaque surpris~ Cependant les ripostes sont souvent surprenantes et

spectaculaires (baseacutees sur la souplesse et la rapiditeacute) ontrairement

aux autr~s form~s de luttes ougrave lon voyait tous les jeune adheacuterer la

lutte to~cou1eur Verra un groupe de speacutecialistes sadonne agrave la lutte 1

(la lutte est lieacutee agrave la position sociale de lindividu problegraveme de

caste)

Q La morphologie du lutteur toucou1eur 1

1 1

Ce dernier nest pas aussi large et aussi fort que les lutteurs diola

et seacuteregravere Cependant il est tregraves reacutesistant La musculatJre est saillante 1

et tregraves souple lindividu est longiligne mais tregraves athleacutetique

Les mouvements de lutteurs sont semblables agrave ceux dun grand fe1in Cette 1

morphologie semble ecirctre lieacutee agrave la position geacuteographique de lethnie

(reacutegion du fleuve) et agrave lacitiviteacute socio-eacuteconomique du toucouleur qui

est agrave la fois cultivateur (activiteacute lieacutee agrave la crue et deacutecrUE du fleuve)

pecirccheuro~T CIcr~icubaon) et sttout jEumlrgcr qui est U~ rc~2eumlr

shy

Deux formes egrave~ corps sembl~nt ecirctre preacutefeacutereacutees du lutteur toucouleur

le hancheacute et la souplesse Les hancheacutes sont faits agrave partir de plusieurs

positions de doset se terminent geacuteneacuteralement par des techniques de

tregraves grande amplitude

TABLEAU RECAPITULATIF DES TECHNIQUES ET FORMES DE CORPS SPECIFIQUES

i

L441 r

GARDE FORMES DU CORPS CONTROLES --shy - -

Moyenne Souplesse Ngimbe

Hancheacute bras

Demi-souplesse

1

Profil psycholosigue 1

TECHNIQUES

ContrOle du bassin et 12 souplesse

arriegravere

Klicket et allegravegement de la hanche

Le lutteur toucouleur est celui lUi se livre le moins aux preacuteparaqons

maraboutiques Cela est dO au f~t que le toucouleur est un grand ~USUlshyman et que les pratiques animisges ont presque disparu dans ce mil~eu

Dans la pratique le lutteur esJ combaif mais il est calme et tr~s reacutefleacutechi quant agrave la deacutecision agrave prendre en plein corps agrave corps ct~st un des seuls techniciens qui reJte tregraves lucide au cours de ses comb~ts

l Dans toutes les circonstances e lutteur toucouleur est tenu de re~pecshyter son adversaire et ceux de s4n eacutequipemecircme sil est vaincu

Comme nous avons dO nous en rendre compte la rigueur des principes

eacuteducationnels a une influence tregraves sensible sur l~ comportement du

toucouleur

i

III S COCL ~s 1DO

Dans cette partie nous avons essay~ de montrer lftroite re1atic~

Entre les diverses activiteacutes socio-eacuteconomiques dans les ethnies et

lES diffEacuterentes faccedilons de lutter

Daucuns seraient tent~s de conclure trop rapidement et cest p0~r

cette raison que nOUS avons penseacute preacuteciser que le pheacutenotype nest

pas geacuteneacuterateur du geacutenotype Et nous sommes convaincus que la morphoshy

logie et les techniques des lutteurs relegravevent de leurs modes de vie

et de leurs croyances agrave une eacutepoque et danE un contexte bien deacutetermishy

neacutes

Est-ce que les lutteurs dio1a ou seacuteregravere travaillant avec leurs bras

dans les champs auraient les mecircmes pr 0 fil s physiques que les lutteurs

utilisant des machines pour lagriculture

- 69 shy

I UJOURDH~1 E-S ut O[l LES FORfilS Ut LU11t~

~otons que notre enqu~te a ecirctE essentiellement faiteen milieu urbain

Les seacuteances de lutte ont tendance agrave perdre leur particulariteacute de r~shy

jouissance pour devenir des pheacutenomegravenes de sportisatio Deux fores

de luttes so~t principale~cnt prat s dans les aregrave~es du 5 al

la lutte traditiunnelle simple et la lutte traditionnelle avec frappe

De nos jours la lutte traditionnelle tend vers une reacuteglementation

et une institutionalisation

Le reacutesultat de nos investigations nous donne le tableau ci-dessous

REPARTITION ETHNIQUE SUR 100 PRATIQUANTS

LUTTE LUTTE RAPPORTETHNIES SANS FRAPPE AVEC FRAPPE J2

Diola 40 16 71 j

Seacuteregravere 26 21 57

Toucouleur 23 10 69

Wolof 1 1 53 17

La demande sociale par ordre deacutecroissant pour la lutte sans frappe

se preacutesente comrre suit

]0_ Ethnie diola avec pregraves de 3 lutteur~ sur 4

2deg_ Ethnie toucouleur

Ethri dun

~ 1 LA LUTTE TR])IIIO~~ELLE AVEC H-PPE

Cette forme deacute lutte a une histoire qui date de lantiquiteacute elle

sa~pelait le Pugilat Au Seacuteneacutegal elle a vu le jour dans le Cayor

bien avant la colonisation Le coup dE pied l~Lrdn~lement la morshy

sure la frappe et le doigtf eacutetaient permis dans le cc=bat ~ ~middot~p0~~e

Dans certains cas la giffle eacutetait beaucoup plus dangereuse que le

poing quand elle eacutetait donneacutee par un speacutecialiste Cette giffle pouvait

agrave elle seule deacutechirer et mecircme parfois amputer la joue de ladverser

Selon les informations la lutte avec frappede nos jours serait une

forme de lutte tregraves eupheacutemiseacutee de celle dantan ougrave une blessure

pouvait souvent ecirctre mortelle

Aujourdhui au niveau du folklore la lutte na plus la mecircme

le spectaculaire a remplaceacute le significatif iLa lutte avec frappe se 1

pratique surtout dans les centres urbains C~aque fois quun grand combat 1

est progra~eacute par le Comiteacute National Proviso~re (CNP) des centaines damashy

teurs sont mobiliseacutes vers le stade lba Mar D~OP qui est aujourdhui le i

lieu approprieacute ougrave se deacuteroulent les grands conkbats de lutte Cest la formE

de lutte qui semble drainer une foule de personnes beaucoup plus importante

que celle de la lutte simple

La lutte avec frappe deacuteriverait dune forme de lutte traditionnelle

pratiqueacutee jadis dans le Cayor au temps des Damels et la frappe serait

le substitut dun certain nombre de pratiques doigteacute jet de produits

etc bullbullbull dont le but eacutetait laveuglement de ladversaire La lutte avec

frappe serait une continuation logique dune carriegravere sportive de la

lutte traditionnelle qui sen sert comme moyen socio-eacuteconomique En

effet la majoriteacute des lutteurs avec frappe ont dabord eacuteteacute initieacutes agrave la

lutte simple Cependant il faut signaler que de nOS jours il arrive

que le jeune lutteur avec frappE- soit directenent formEacute conne speacutecialistE

agrave la frappe sa~s pour autant faire son chemin dabcrd egravea~s la lutte

- ~ shy

Le recircsultat dE ~os interviews ncus rec~trE qGune pcpulatiD~ divcrsishy

fiampe sint~resse agrave ce sport et qUE les intecircr~[s des uns et d~SlautrE~

semble~t divergents naucuns affirment que la lutte traditionnelle

avec frappe serait monteacutee par des personnes dont la vocation est dexshy

ploiter ce pheacuteLomegravene agrave des fins commerciales Dautres disent gJellegrave

jouit de mcyens irport~nts t[l[~isio

tation etc bullbullbull ) pour toucher toutes les couches sociales CEpe~~a~t

nous remarquons que mecircme si certaines personnes reprochent agrave cette

forme de lutte decirctre brutale ces mecircmes personnes nheacutesitent pas agrave

se rendre le dimanche agrave laregravene Bien que critiqueacutee elle semble ecirctre

adopteacutee par une tregraves grande partie de la population seacuteneacutegalaise Cepenshy

dant en tant que techniciens il nous est permis de faire une remarque

Il sagit de

- Limpression nette decirctre devant des professionnels de la frappe

qui sont ~ntratneacutes pour cela Dailleurs les propos que nous avons

recueilli~ nous prouvent que la plupart des champions de lutte avec 1

frappe s~ntratnent dans certains sports de combat tels ~ue la boxe i 1

le karateacute le judo Dans cette nouvelle forme de pratique de la lutte

contrairefuent agrave la lutte traditionnelle le technicien e~t souvent

perdant face au puncheur Ce dernier adopte une lutte agrave distance qui

lui permet de placer agrave bon escient ses coups animeacute du deacutesir de vaincre

Le technicien lui se voit contreacute dans toutes ses entreprises par

un uppercut ou un crochet

On peut dire cependant que nul sport au Seacuteneacutegal que la lutte tradishy

tionnelle avec frappe ne deacutechaicircne autant de passions et autant de

pheacutenomegravenes poussant agrave lexcegraves et deacutereacuteglements quon ne peut que deacuteplorer

Mais comment deacutecrier un spectacle de lutte qui bien quayant perdu la

presque totaliteacute des valeurs traditionnelles veacutehiculeacutees autrefois par

elle sait susciter une participation effective de tous ceux qui sont

preacutesents

CONCLUSION

Dans ce meacutemoire nous sommes efforceacutes ~e faire ressort ir limportance des

ethos et des habitus et leurs effets sur la pratique de la lutte tradishy

tionnelle au Seacuteneacutegal

L~b egravethos repr~sentent dune maniegravere g~neurorale tous les eacuteleacutements speacutec

fiques sux Seacuteneacutegalais par conampeacuteguent un systegraveme de valeurs traditionnellEs

Mais m~me si ces valeurs rev~tent une signification universelle (honneur

digniteacute courage etc bullbullbull ) il nen demeure pas moins que ce nest pas leur

nature qui fait leur speacutecificiteacute mais la hieacuterarchisation et limportance i

quon accorde agrave toutes ces valeurs de ~ar leacuteducation ou la culture

i 1

Aussi les valeurs traditionnelles puient leur speacutecificiteacute dans les

caracteacuteristiques propres aux eacuteleacutements ~e la socio-cu1ture (la technologie

et leacuteconomie la politique et la pareteacute la psychologie et lideacuteologie)

dans la socieacuteteacute seacuteneacutegalaise agrave n momen donneacute de son eacutevolution Cest i

dire la neacuteceesiteacute de ne point faire della valeur une reacutealiteacute statique

Cest dite aussi quagrave tout mome~t le ~eacuteneacutegalais peut eacutevoluer et creacuteer

ou vivre par conseacutequent de nouv~lles fprmes de valeur qui lui sont 1

propres ft (J)

La lutte traditionnelle veacutehiculant deS valeurs socio-cu1ture1les speacutecishy

fiquement seacuteneacutegalaises (croyances valeurs morales norme de comportement

opinion attitude bullbullbull ) devient un eacuteleacutement important qui tregraves certaiaement

nous aidera dans notre effort de valoriser et de peacuterenniser notre patri shy

moine culturel par le biais dactiviteacutes physiques et sportives

Leacutetude des habitus nous permet de prouver quil y a plusieurs faccedilons

de se mouvoir comme danser lutter bullbullbull qui varient avec les diffeacuterentes

ethnies (wolof toucouleur seacuteregravere diolagt leurs convenances et leurs

eacuteducations

(1) Revue Ethiopiques 31 Les valeurs traditionnelles et le problegraveme de leur inteacutegration dans les systegravemes modernes jtducatio-1 2 6r--70

nautre part cette eacutetude permet aussi de nous rendrE compte de la

correacutelatipn eacutetroite existant entre la pratique de la lutte traditionnelle

et le sta~ut socio-eacuteconomique du pratiquant

Nos inves~igations nous indiquent que la lutte recrute essentiellement

au niveau des classes socio-eacuteconomiques situeacutees en bas de leacutechelle

donc posseacutedant le statut social le moins favoriseacute La lutte avec frappe

-et un certain secteur commercialiseacute de la lutte simple- y trouve sa

leacutegitimiteacute Comme le dit BOURDIEU nA habitus diffeacuterents styles de Vle

divergents et il oppse les pratiques aristocpatiques correspondants agrave

des activiteacutes qui favorisent les situations eupheacutemiseacutees ougrave la stylisashy

tion est importante aux pratiques populaires qui font appel agrave des

qualiteacutes qpposeacutees bllutes rugueuses Certaines interviews nous

montrent que plus lindividu occupe une place eacuteleveacutee dans leacutechelle

sQciale e~ 1

moin$ il sinteacuteresse agrave la lutte

Les reacutesultats recueillis dans nos diverses investig~tions confirment 1 1

1er propos qui disent que nous assistons aujourdhu~ agrave une involution

de la lutte traditionnelle parce que perdant toutes ses speacutecificiteacutes au 1

pryfit d~ne autre forme de lutte que lon continue agrave appeler nostalshy

giqlementIIlutte traditionnelle

Ceci pourrait peut-~tre trouver une explication dan la citation suivante

La liberteacute de creacuteer dinnover de vivre Pleineinenf decirctre soi et de

preacuteserver son authenticiteacute la digniteacute et lhonneu1demeurent des illushy

sions dans la misegravere eacuteconomique~ Nos ancecirctres creacuteai~nt des valeurs de cishyl

vilisation parce quils eacutetaient libres parce qu1i~s ignoraient toute

deacutependance eacuteconomique ils cultivaient en eux et cbez leurs enfants le 1

Jorn et la Kersa et preacutefeacuteraient la mort agrave la hoJte lI (1)

Or le Seacuteneacutegal comme la plupart des pays africainsi est un pays sousshy

deacuteveloppeacute t cependant face agrave cette volonteacute du gou~ernement seacuteneacutegalais

de faire inteacutegrer dans leacuteducation des valeurs traditionnelles nous

pouvons espeacuterer utiliser comme moyen deacuteducation la lutteacute traditionnelle

qui reste quand mecircme vecteur jethos et dhabit~s

- 54 shy

Mecircme si lon a noteacute un appauvrissement notoire sur les plans socioshy

culturel et moral la lutte traditionnelle recegravele une gamme importante

et varieacutee de techniques permettant incontestablement une ouverture vers

les luttes olympiques libre et g~eacuteco-romaine

La lecture de ce meacutemoire permettra agrave lentratneur et au professeur de

lutte en fonction du lieu ougrave ils seront affecteacutes dans le territoire

seacuteneacutegalaisdavoir une information sur les techniques contrOles et

formes de corps propres agrave chaque groupe ethnique et de les mettre en

relation avec leurs croyances et leurs mentaliteacutes

Nous avons essayeacute de montrer que la pratique de la lutte traditionnelle

doit tre axeacutee sur une ethnomotriciteacute au Seacuteneacutegal qui permette une inishy

tiation facile Cette pratique de la lutte traditionnelle seacuteneacutegalaise

devra dailleurs essayer de ~eacutepondre aux aspirations du Seacuteneacutegalaisl

moderne en souvrant aux ap~orts positifs des autres civilisations

ex~eacuterieures nous voulons Jvidemment parler du judo et des luttes oiymshyJ

piques 1

1 j Nous navons pas la preacutetentfon dans le cadre de ce meacutemoire demattrise

de reacutepondre agrave toutes les qutstions se rattachant agrave leacutetude de ~a lutte

traditionnelle souslangle~socio-culturel car non seulement il nous

manque lexpeacuterience et la c peacutetence en la mati~re mais aussil l le temps

et les moyens dont nous dis osions ne nous permettaient pas d~puiser le 1sujet i

1 1 1 t 1

l

- )5 shy

BIBLIOGRAPHIE

BIBLIOGRAPHIE

1- CLAPAREDE Psychologie de leacuteducation et peacutedagogie expeacuterimentale

Edition Delachaux et Niestleacute 244 pages

2- POCIELLC Christian Sport et Socieacuteteacute approche socio-culturelle

des pratiques Paris Vigot 1981 377 pages

3- PIERON Henri Vocabulaire de la psychologie

PUF Deuxiegraveme eacutedition 1957 469 pages

4- Revue socialiste de culture neacutegro-africaine ETHIOPIQUES

Les valeurs traditionnelles et le problegraveme de leur inteacutegration

dans les systegravemes modernes deacuteducation

GIA 21 Juillet 1982 213 pages

5- N2 Revue du Centre dEtudedes Civilisations DEM ak TEY

NIS IVegrave Trimestre 1982 96 pages

6- Document lNSEP Colloque sur la lutte aeacuteregravere

DAKAR MAI-JUIN 1980

t 1

~- Travaux du IVegrave Congregraves National ~es Sports agrave DAKAR les 2223041981

Bulletin n2 91 du CIO du 15 Aont 1965

l____________________________

8- Meacutemoire de Mattrise BADJI Abdou La lutte traditionnelle Joola

Etude et perspective

9- Meacutemoire Inspectorat JS DJITTE Mandy Les pratiques corporelles

traditionnelles au Seacuteneacutegal pour leur exploitation et leur

utilisation en peacutedagogie Marly le Roi 1980

REPUBLIQUE DU SENEGAL

--------------- INSTITUT NATIONAL SUPERIEUR

MINISTERE DE LA JEUNESSE DE LrsquoEDUCATION POPULAIRE

ET DES SPORTS ET DU SPORT

-------------

(INSEPS)

MEMOIRE DE MAIcircTRISE

Es-SCIENCES ET TECHNIQUES

DE LrsquoACTIVITE PHYSIQUE ET DU SPORT

LA LUTTE TRADITIONNELLE

son importance sa signification en fonction des ethos et des habitus ethniques au Seacuteneacutegal

Preacutesenteacute par

Monsieur Joseph Victor FAYE

Sous la direction de

M Jean Marc ROCHEZ

Professeur agrave lrsquoINSEPS

Anneacutee de soutenance 1984

i shy

3141 EorphologUgrave et valeur physiques du lut teur diola

Le lutteur diola possegraveagrave~ un deacuteveloppement caracteacuteristique du trai~

supeacuterieur et de la musculature doso-lombaire Ceci est tregraves certaineshy

ment lieacute au maniement de la houe de la daba et surtout dukadiando

dont lusage permanent a modeleacute la morphologie du lutteur diola

La valeur physique de ce lutteur semble reposer sur sa force sa

reacutesistance mais aussi sa rapiditeacute

3142 Reacutepertoire technique

Dans le Blouf la forme du corps la plus utiliseacutee est le deacutecalage souvent

combineacute avec un crochet de jambe (gal gal) ceci semble ecirctre lieacute agrave

lutilisation quotidienne dans les riziegraveres du kadiando Le paysan du

Blouf sera ameneacute agrave faire un mouvement de torsion pour deacutecalerlinstrushy

ment enprenant appui sur son genou et ceci continuellEment pendant toute

la jourpeacutee Chez les diolas du Fogny le kadiando eacutefait surtout utiliseacute

par les femmes qui soccupaient autrefois exclusivement de la riziculture

et ce n~est quaujourdhui que les hommes cultivent le riz 1

La principale culture dans le Fogpy est celle du mil on y cultive aussi

de larachide De ce fait loutil le plus utiliseacute est le donkoton qui

est un instrument tregraves petit avec un manche court et dont le maniement

expliquerait peut-ecirctre leacutetonnante musculature du train supeacuterieur et surshy

tout de la zone dorso-lombaire du 4i6la fogny qui excelle dans les techshy

niques en force genre arracheacute avec les bras sur contrOle de la ceinture

de ladversaire Lulisation du donkoton semble eacutegalement expliquer la

garde tregraves basse du lutteur fogny

Dans le kassa on aurait pu trouver la mecircme forme de lutte car la morphoshy

logie du lutteur est agrave peu pregraves la mecircme mais linterdiction formelle de

la prise du ~gimbe modifie et limite tout le repertoire technicult2 ou

lutteur Le lutteur kassa adopte une garde basse et agrave une preacutefeacuterence pc~r

legraveS tc~-iccedilues n passa~ dessous - - ~ shymiddotmiddotcrc t--=~ c-

----

contact et agrave partir de ce TtoTteuront ils peuvent se relever et conti~uEr

en lutte debout jusquau terrassemen~

Toutes les gardes sont rapprocheacutees en milieu diola

irbi trage

Les combats sont arbitreacutes par un deacuteleacutegueacute geacuteneacuteralement anClen lutteur

Ces anciens lutteurs ont pour rocircle de veiller au bon deacuteroulement du

combat La victoire est deacutecreacuteteacutee dans les cas ougrave un des lutteurs se

retrouve en position assise sur le ventre sur la cuisse ou les

genoux (sauf dans le Kassa)

Il existe un autre mode de victoire celle qui est proclameacutee agrave la

suite dune supeacuterioriteacute eacutevidente du~ des lutteurs A savoir quand

un lutteur soulegraveve tregraves haut son camarade et que son manager estime i

quil est pratiquement battu il peut arrecircter le combat en touchant

dabord le lutteur adverse popr eacuteviter que son lutteur ne soit terrasseacute

tregraves fOrt Nest-ce pas un deacutecision sage des managers qui peut contribuer

agrave maintenir le caractegravere reacutecr~atif de la lutte joola 1

La victoire dun village sur un autre village ne se mesure pas au

nombre de victoires obtenues par lensemble des lutteurs En effet

il suffit que le champion soit battu pour que le village soit consideacutereacute

comme deacutefait Ce qui explique limportance et le seacuterieux que le village

accorde agrave la preacuteparation des championsl)

Il est cependant important de signaler que larbitrage dans les centres

urbains revecirct une iautre forme beaucoup plus codifieacutee et cest peut-ecirctre

une des raisons qui font quen milieu urbain la lutte diola perde une

partie de son originaliteacute

En dehors des techniques speacutecifiques agrave chaque sous-groupe il faut

signaler quil y a une multitude de prises et quelGues formes de corps

comTIunes agrave letnn Car reconnaissons qu il cO unE ror-euro approp=i~eacute

dE ~ouvane du l~tteur diola en TaI

-----~-----

LE tableau ci-dessous se propose dE reacutesumer les diffeacuterentes consideacuteshy

rations techniques envisagEacutees dans cette partie

FORlŒSSOGS-GRGUPES 1 COItltOLE GA~JESDt CORF=

i ~

1 1

Passage dessous de jambes et BassE KASSA saisies Moyenne1annexes bras (rapprocheacutee)

ceinture tecircte

Deacutecalage de Moyenne et BLOUF Demi-souplesse Ngimbe

HauteHancheacute Bras (rapprocheacutee)

Jambe

Arracheacute CouFOGNY Tregraves basse

Hancheacute ii 1

1 1

3 14 3 bull LeIIa~~jueetlecom~ortementdulutteur-+iola

1 Le comportement et lattitude du lutteur dans laregravene pe sont en fait

t

que le reflet de sa psychologie et plus partiCUliegraverem t de son eacutetat

dacircme Or il napparatt pas abusif deacutetablir des cor eacutelations entre

le psychisme dun individu et lempreinte eacuteducative quil a subie En effet en sortant du bois sacreacute le jeune diola a acquis un ~ca~~l

eacutequilibre physique et mental

Cette matrise de lui-mecircme permet au lutteur dans la~egravene dadopter

un aire enjoueacute de manifester beaucoup denthousiasme~ La lutte devient 1

essentiellement un jeu laspec ludique y est privileacutegieacute et ~ela influe

sur le comportement du lutteur

Ainsi queurolq~c soit limporta~cE de le~je~ le lutt~c~ dic1e Seuroreacute

to~jours serein et s~ livrera sa~s arri~re pe~s6e da~$ ~E CO=beacute ou-

tons que le lutteur diola est trecircs fair-play et sil arrive quun rdnd

lll L COIicircilU1Ul L ULOF

32 J Preacutesentation

La soc tEacute wucirc10f est celle qU1 a eacuteteacute la plus marqueacutee par la colonisation

~~ fait peut-gtre de sa position geuroographiquE dune part ct de 50~ imporshy

tanCE sur le plan dfmographiquE dautre part En effEt ceurootteuro CC-~ucircautE

wolof repreacutesente environ 20 de la population seacuteneacutegalaise

Elle est constitueacutee de pecirccheurs (ce sont les leacutebous) dagriculteurs de

fonctionnaires de lEtat mais surtout de commerccedilants

A pqrtir de leur reacutegime dimplantation le Cayor le Walo le Baol le

Djolof et la presquicircle du Cap-Vert les wolofs ont tendance agrave irradier

sur lensemble du territoire sous leffet de leur speacuteculation agrave la culshy

ture de larachide et du nombre important de fonctionnaires quon trouve

dans cette ethnie

322 Les moeurs et croyances wolofs

Bien queacutetant en grande partie des musulmans convaincus les wolofs

conservent toujours une croyance animiste et continuent agrave faire des

sacrifices agrave porter des cornes ou des morceaux de bois agrave la ceinture

aux jambes ou aux bras et agrave croire agrave lexistence des Djinneacutes et des

Raps bull

Le Djinneacute cest une creacuteature malfaisante en geacuteneacuteral capable de choses

extraordinaires Il possegravede des faculteacutes surnaturelles Cependant dapregraves

la croyance animiste certains Djinneacutes peuvent ecirctre bons

Le Hapl cest une creacuteature ayant des dons occultes appartena71t agrave une

famille ou agrave une communauteacute et dont le rOcircle est de veiller cu daider

les reCJrES de le fai11p ou dt la conmunauteacute en cas de da1gel Le Rap

~ ut te c ) ~~c-

ei sltcificE cJ sanl dE meut0 dL chat de pC)wleurot 5E1lt les conveuroshy

lances parfois leur dorner COrllTe offrande du lait Laii

Qua1d une famille ou une communauteacute neacuteglige les Sarakh (ici dans

le sens de sacrifice ou Offrande) elle se voit aussitocirct vouEacutee agrave la

maleacutediction des mauvais esprit~ (fcllec dans touteacuteS lEs ~treprises

de la vie maladie mort bullbullbull ) Les lieux ougrave habitent ls Taps et ougrave

se font les sacrifices se nomment Khambs

Geacuteneacuteralement le khamb se trouve dans lenceinte de la maison ou

dans un coin approprieacute du village Les lieux du khamb sont marqueacutes

par la disposition de calebasses de pilons de morceaux de poterie

briseacutes de grosses pierres de cornes et dautres objets heacuteteacuteroclytes

La superstition wolof est tregraves marqueacutee En effet pour le wolof toutes

les manifestations quotidiennes trouvent leur signification dans le

mysticisme Citons agrave cet effet quelques ezemples Une femme enceinte

ne doit pas marcher agrave nimporte quelle heure de la journeacutee Certaines

heures de la journeacutee lui sont interdites le Timiss (creacutepuscule

le Ndjo~or (de 13 H agrave 14 H de lapregraves-midi) le souf-segravede (de

minuit i4 H du matin) Selon la tradition ~t la croyance wolof les

mauvais ~sprits choisissent ces heures pour jeter des sorts Et la

femme enceinte eacutetant tregraves vulneacuterable le Djinneacute essaiera de lui insufshy

fler son souffle pour atteindre son beacutebeacute afin dentratner soit la

meacutetamorphose de cedernier en monstre soit de le tuer avant sa naissance

Dailleurs pour le wolof et pour certaines autres ethnies au Seacuteneacutegal

le timis le tdjolor le souf-segravede repreacutesentent des peacuteriodes de

la journeacutee ougrave lon ne doit pas se hasarder dans les rues et les champs

Ce sont des heures propices aux apparitions des Djinnes sous nimporte

quelle forme humaine ou animale

Il est eacutegalement interdit au wolof de marcher ou de serti la nuit du

~eacutellfria-

loutes c~s pratiques ~ystiqu~s et cr0ya~ces religi~us~5 ~xistent eL~~[

certainement dues agrave un meacutetissage culturel Parallegravelement aux feacutetiches

aux incantations et agrave lutilisation des safaras (substance magique)

notons lexistence de ga l a tchs (ce sOnt des talismans ougrave sont inscrits

du qui les porte Toutes ces croyances biEn sucircr auront une rEacutepercussicrI

sur leacuteducation du jeune wolof

323 Leacuteducation du wolof

Pour caracteacuteriser leacuteducation wolof nous avons penseacute donner comme

illustration cet extrait de la revue DEM ak TEY Pour deacutefinir leacutedushy

cation le wolof fait appel agrave un symbolisme qui eDglobe aussi bien les

moyens mis en oeuvre Yar que le reacutesultat obtenu agrave laide de ces mecircmes

moyens cest-agrave-dire la formation et le deacuteveloppement de lecirctre humain

ou Yaru

Le substantif Yar deacutesigne le fouet

Ce symbolisme deacutesigne donc au-delagrave du simple sens mateacuteriel de lobjet

lutilisation qui permet daboutir au reacutesultat escompteacute (Yaru) Au sens

geacuteneacuteral Yar deacutesigne tout instrument servant agrave infliger une punition Le

terme laisse supposer agrave priori que cette phase de lenfance durant lashy

quelle se preacutepare la vie de lhomme est lieacutee agrave la souffrance au supplice

Dailleurs une maxime wolof compare lenfant agrave une tige quon a tout le

loisir de redresser alors quelle est encore flexible bull

bullbullbull Pour leacuteducateur wolof la perfection nest point de ce monde malS

le devoir de chaque homme est de tendre vers la pleacutenitude en luttant

contre ses propres faiblesses Leacuteducation va d01c iisister essentielle~(-~t

sur lexercice quotidien de leacutelevation ffiora1e d~ lindividu Pour cela

elle privileacutegie la patience munI) vertu dabneacutegdtion et dE deacutesinteacuteresseshy

m(~t autour dE laquelle sarticulent toutes ]e~ ~u~~~s qualiteuros

i _

aan~ ~ s0cieacutet gt~olcf ocirclt~tartt nul -Jt- poulait sabecircisstr

tion de sa libertEacute La liberteacute est le preuumler drcmiddotir dE l ho-)euro egrave~S

baigner dans une beacuteate admiration du passeacute la comparaison avec le pr~$(middott

si~posc dclle-mecircme car lon reste s reacute devant la deacutesinvolture aVEC

laquelle dES honmes daujourdhui descendants de cette ~~~EacuteTatic ccedil~l se

une fois [largis bullbull tTasque fiers davoir fait leacute priS0n PEut-2tTE

faut-il mettre cela sur le compte de lurbanisation et des nouvelles

valeurs qui ont pour nom enrichissement reacuteussite sociale avec ce que

cela comporte de deacuteshumanisant et de deacutepreacuteciateur (1)

3 bull 2 bull 3 1 bull Lesri tes

Le sevrage et la circoncision constituent les deux grandes phases initiashy

tiques chez le wolof

- Le rituel du sevrage est appeleacute maga1 (litteacuteralement rendre grand)

Cest un eacutevegravenement important aussi bien pour les parents de lenfant que

pour la co~unauteacute Durant cet eacutevegravenement qui survient geacuteneacuteralement deux

ans apregraves la naissance du beacutebeacute les personnes vivant dans lentouragE

apportent leur soutien moral et mateacuteriel

- le rituel de la circoncision revecirct pratiquement la mecircme signification

que dans les autres ethnies seule la forme diffegravere La circoncision reste

encore une eacutepreuve de la vie au sort i r de laque Ile ladolescent devient un

homme Aujourdhui il faut noter une meacutetamorphose de la structure sociale

et des croyances religieuses tregraves accentueacutee aussi bien chez les wolof que

chez les autres groupes ethniques et ceci est peut-ecirctre dO au contact

permanent quils ont avec la socieacuteteacute occidentale

Malgreacute ces constat~tions il semblerait pcu=tant qUE la sociecirct~ lecircbou Gci

bien que se trouvaLt en grande partie dans ~a Presquth du Cap-ETt Et

en contact permane~t avec les blancs soit la portior la plu8 cc~serva-

----------~_- ---~-- -----

~

Incidences d s ~00urs sur la l~ttE

Le wolof connaicirct deux formes de luttes la lutte sirplE- sans t-t

la lutte avec frappe La lutte avec frappe a une crigi~e purement r

et ce nest que plus tard quelle devint une prati1uE sportive et lud

preacuteparer agrave la guerre Aussi tout en luttant On eacutetait autoris~ agrave frapper~

griffer mordre voire introduire son doigt dans loeil de son adversaire

Le jeune wolof devait eacutegalement se livrer agrave la lutte avec frappe afin de

favoriser son insertion dans la socieacuteteacute adulte et sinitier au meacutetier de

soldat faute de quoi il ne pouvait se faire entendre ne avoir des marques

de respect Pour montrer la populariteacute de la lutte dans le Cayor signalons

que les Damels ll (rois) et les Teignes (nobles) nheacutesitaient pas agrave sy

livrer Quant au IIMbeu~ (lutteur) elle lui servait de moyen de promotion

sociale car d8S que sa reacuteputation eacutetait eacutetablie il pouvait ecirctre choisi

par les rois et les nobles comme garde de corps

325 Signification de la lutte en milieu wolof

La lutte se pratique dabord pour lhonneur qui est une vertu tregraves signishy

ficative pour le wolof Elle permet de renforcer les liens amicaux entre

les jeunes de villages diffeacuterents Le champion veut gagner

confiance et la consideacuteration de son village de ses amis

Etre champion cest aussi susciter ladmiration chez les

sentant la force la viriliteacute et la deacutetermination

326 Organisation d~s eacutepreuves de lutte

3261 Les Mbapatts Ce sont les seacuteances nocturnes

pour meacuteriter la

et des anciens

filles en repreacuteshy

Ils sont organiseacutes apregraves les reacutecoltes agrave la fin de la saiscn des pluies

Ceci surtout p~ndant les peacuteriodes de clair de lune car ils peuven~ durEr

toute la nuit Le but des ~Dapatts lt=tait de prfpa-er FhysicuemeH et

~ arb Sil

326 Le 1

cest une organisation beaucoup plus importante que les I~apatts ~

loccasion de laquelle on peut voir plusieurs lutteurs de grande reDommfe

saffronteLLa fin dl lamb est toujours couronneacutee par une grand co~bat

duquel le vainqueur est sacreacute champion de la contrecirce

Le choix du lieu est lieacute agrave limportance de ce lieu dans le village cest

la place publique ougrave geacuteneacuteralement se passent toutes les manifestations

assembleacutee geacuteneacuterale sabar (danse) cest aussi lendroit ougrave sont prises

les grandes deacutecisions

3623 Lappariement

Dans un village ou un quartier les lutteurs se regroupent en lang

(eacutequipe) et jamais deux lutteurs de mecircme lang ne se rencontrent lors

du lamb

L appariement s~ fait librement entre lutteurs de lang diffeacuterents l1hs

une regravegle veut ~uavant de lutter avec le Mbeur Kanur de tel lang si

on est soukh (l~tteur pas encore confirmeacute) il est neacutecessaire de lutter

dabord avec ses soukh et ce nest quapregraves les avoir terrasseacutes tous

quon se voit octroyer la chance de lutter contre lui

Notons que la cateacutegorisation des lutteurs par poids nest jamais prise

en consideacuteration

3624 La tenue du lutteur ou NGIMBE

Le middotNGimbe est confectionneacute par le marabout de la famille ou du clan Il

est constituecirc de pagnes en coton tisseacute geacuteneacuteralement offerts par la megravere ou

la grand-megravere du lutteur ceci lors des organisations de ~rande Tportance

COrlune lef 1amb Dans le cadre des l-bapatt les pagnes sont C tErts peumlr

~~~rcfcis ct ffi~mc aujourdhui d218 cErtaInes fa~ille5 on devj~Gr

luttEur de pegravere en fils et dans ce cas h 1

gimbell du pEgravere Est recircr i tEacute

par le fils Le fait de porter le lI~gimbe agravee ses aiumleux peut susciter

cne~ le jeune lutteur une motivation et une volontecirc in~branlable rlasshy

surer 12 supeacuterioritEacute cis SIcirct-ns dallS

le xgimbe de la famille ne touche pas le sable

La tenue du lutteur a une signification et une importance sur le plan

mystique car selon les anciens le vrai feacutetiche du lutteur celui qui

le proteacutegera agrave vaincre le Djinneacute ou le Rap de ladversaire se trouve

cacheacute dans ce Ngimbe Celui qui confectionne-le Ngimbe est doueacute de

faculteacutes occultes

~~r~i~rg Il est assureacute par un sage du village qui geacuteneacuteralement fut

championde lutte de son temps Dailleurs cet ancien nintervient que

si le terrassement est litigieux

Hormis le public qui proclame la victoire ou le match nul le lutteur

lui-mecircme est arbitre et il arrive quil se deacuteclare vaincu ~ous

pouvons citer comme exemple Meacutedoune KHOULE un des plus grands lutteurs

seacuteneacutegalais qui a donneacute une victoire agrave Djeacuteri SADIO son adversaire qui a

reacuteussi agrave lui faire toucher le sol de la main

Il Y a terrassement quand le lutteur se retrouve

- assis sur le sol

- eacutetaleacute sur le dos

eacutetaleacute sur le cocircteacute

les deux genoux au sol

- les deux ma~ns au sol

la tecircte (front au sol agrave la suite dune brouette)

Il peut y aVOIr match nul si apregraves li1 temps ccmsideacuterable les lutteurs

SE sont ~ ivrEacutes respectivement agrave des assauts rEacutepEacutetEacutes et n arrivEt pas a

3265 L~ precircparation mystique

Il faut reconnattre quon ne peut parler de lutte en milieu wolof sans

envisager une preacuteparation mystique seacuterieuse Co~~e ~ous lEvans vu a~teacute-

1middot ~ d ~ ~rlturenent t0utes es actlvmiddotltesmiddot u W010 sont lles a SeS croyances

- la lutte ne concerne pas seule~ent deux acteurs se livrant faruumlucheshy

ment agrave un combat au milieu de laregravene mais eacutegalement les marabouts et les

feacutetichistes du village ou du clan qui doivent deacutefendre leur savoir et

leur prestige Avant le combat le lutteur doit se livrer agrave un certain

nombre de preacuteparations mystiques pour assurer sa victoire Aussi sommesshy

nous appeleacutes agrave parler de BACK (cest le chant et la danse du lutteur)

- le batteur de tam-tam compose un rythme en fonction du Galagne ou du

Senghor (gds-gris) du lutteur Chaque galagne sera choisi en fonction

du Rap ou du Djinneacute correspondant au Totem du lutteur

Le chant geacuterleacuterique Feinte woy veut dire litteacuteralement composer un 1

chant Ce chant est geacuteneacuteralement composeacute par les filles du viilage du

champion ou par un griot de sa communauteacute Et agrave travers ce chrnt on

arrive agrave toucher la corde sensible du lutteur en chantant lesl innombrables 1

victoires de ses ancecirctres ou en lui rappelant ses prouesses eacuteblatantes 1

Chaque lutteur doit avoir un chant et un back qui lui sont propres

327 Le reacutepertoire technique et les caracteacuteristiques physiques dulutteur wolof

Le lutteur wolof est geacuteneacuteralement moyen de taille la musculagraveture est

tregraves saillante ce qui fait ressortir un aspect tregraves athleacutetique ceci

est vrai sans exception pour le lutteur leacutebou mais il arrive que le Cacircyoshy

rien le baol-baol le walo-walo soient de grands gabarits de forte constishy

tution

CepEndant pour une meilleure compreacutehension du sujet nous pouvons eacutetudiEr

deux jroups d lut teurs qui vont deacuteterminer deux st yI e s de lut tes

- ~ t

les tc~tativ~s de~[reacutee e~ ramassement de jambes de la~v~sairL Ce~~

peut Ecirctre expliqueacute par le fait que les lutteurs leacutebou ou walo-walc qui

sont des pecirccheursadoptent cette garde tasseacutee du fait quils so~t tou-

jours pencheacutes en tirant le fil ou en poussant la plrogue On verra techrugravequeacutes dt cirr 2C ~lt 5Jllicitocirct

surLuumlut les membres supeacuterieurs

Le cayorien et le baol-baol par contre sont les plus grands cultivateurs

darachide chez eux les techniques de lutte sont plus varieacutees et la

garde est moins renfermeacutee Les lutteurs cayorien et baol-baol ont une

morphologie et une reacutepartition musculaire bien eacutequilibreacutee ils excellent

dans les techniques en deacutecalage les techniques de jambe et surtout les

techniques de riposte ougrave lon peut voir des prises de hancheacute tregraves amples

Dune maniegravere geacuteneacuterale on peut dire que le lutteur wolof est un fin

technicien qui sait surtout creacuteer les opportuniteacutes e~ avec sa rapiditeacute

utiliser la force de ladversaire pour le deacuteseacutequilibrer le noodju

le mbas le weacuteheacuteleacute et le rasu sont des techniques propres au lutteur

wolof

En deacutefense il utilise surtout des kl~klets ou gal-gal Notons que

le balancement des bras ou Lewato e$t tregraves marqueacute dans la lutte wolof

TABLEAU RECAPITULATIF DES COMPOSANTES TECHNIQUES

( 1 )

1 SOUS-GROUPES GARDES CONTROLES FORHES DE CORPS l

Walo-walo Basse de jambe Arracheacute l l10yenne de Ngimbe et i

Leacutebou Tasseacutee et saisies annexesj Deacutecalage 1 1 distante de bras de tecirct1

j de bras Deacutecalaeuro

~-----------------~-

- ~ ~- shy - ~ ~ bull L _ _ bull

Profil psyc~~iqUE du lutteu- et son comporterent dars l 2regravere

La preacuteparation mystique dans laregravene est plus marqueacutee chez les wolofs

que ChE~ les autres ethnies En effet on verra de grands champions

preliGrE plusiEurs heures pour Enduire leur corps de cll2badep ou ci

rmiddot- ~ a la proprieacuteteacute de proteacuteger li1egraveividu J

les mauvais sorts) Cest dailleurs un aspect dt la luttE qui iJcsc

des problegraveJles

Le lutteur wolof est tregraves superstitieux et la peacuteriode de preacuteparation

est capitale pour lui car elle permet non seulement de rendre

hommage aux ancecirctres mais aussi dintimider son adversaire Cest

geacuteneacuteralement un lutteur agressif combatif et teacutemeacuteraire Il se fait

souvent remarquer par son esprit dentreprise Mais cette fougue dans

le combat lamegravene parfois bien que ce soit regrettable agrave oublier les

usages et les normes Ce manque de maicirctrise de soi peut faire croire

que le lutteur wolof manque de fair-play ce qui nest pas toujours le

cas

~A~Ugrave~ t 4AA CbUrs k LA ucirctotve f~tPle Sesect prores mou W ~ lesquelles vont se couler les comporteme~ts individuels qui sont ainsi

monteacutes par et pour lautoriteacute sociale

Les faccedilons de boire de marcher ou de sasseoir se manifestent indivishy

duellement dans le corps de chaque personne ces habitus sont cependant

des montages sociaux lieacutes agrave des significationssymboliques variables

dailleurs selon la position sociale occupeacutee par chaque sujet Ces modes

dagir se rangent dans un systegraveme de montages symboliques et lindivishy

du les apprend de la socieacuteteacute dont il fait partie agrave la place quil occupe

Lhabitus est un montage social agrave la valeur symbolique deacutependant des pheacuteshy

nomegravenes deacuteducation et de prestige et lieacute agrave la position sociale du sujet

Cette penseacutee sonne de faccedilon eacutetonamment moderne

Pierre BOURDIEU qui dans une perspective a approfondi le contenue de la

notion en le reportant aux oppositions entre classes et fractions sociales

Il deacutefinit lhabitus comme un systegraveme de dispositions durables acquis au

cours dune histoire personnelle dans une milieu social donneacute systegraveme qui

engendre ensuite des pra~iques socialement deacutetermineacutees faccedilons de manger

de parler ou de marcher comportements de politesse contenu des preacutefeacuterencel

et des deacutegoOts bullbullbull lhabitus est le produit de conditions eacuteconomiques et

sociales Lauteur rattache directement la formation de lhabitus dun

individu agrave la trajectoire parcourue par celui-ci dans sa classe dapparteshy

nance il deacutefend lideacutee dun habitus de classe qui deacutefinit le sens confeacuteshy

reacute agrave la pratique sportive les profits qui en sont attendus

Ce dernier serait lui-m~me lieacute agrave un systegraveme de valeurs ou ETHOS de classe

prenant sens au sein doppositions distinctives entre classes sociales

De sorte lhabitus fonctionne comme un systegraveme dt- regravegles inteacuterioriseacutees

souvent informuleacutees permettant ou non agrave lagent de sadapter dembleacutee aux

multiples pratiques de la vie quotidienne et de la vie sportive il est agrave

lorigine des schegravemes de transcription qui favorisent les ajustements aux

situations corporelles nouvelles (1)

t ~

(1) P~IE11D dwi6Han ISpoy-l et sodeacutebi Approche Bocio-culturelle des pratiques P~tis Vigot 1981 page 81

33

331 Preacutesentation

Les Seacuteregravere auraient pour origine le Fouta Toro quils auraient quitteacute

vers le Xllegrave siegravecle pour fuir lislamisation de cette reacutegioD par lempire

dJ Xali (ils seraient donc apparEnt~s aux Peul et Toucouleur ) Ils

auraient trouveacute dans la rEacutegion du Sine les Sosseacute dorigine manding avec

lesquels ils salliegraverent

Au XVegrave siegravecle une autre immigrationSos~ conqueacuterante cette fois-ci

apporta son organisation eacutetatique Ils se divisegraverent en deux monarchies

deacutemocratiques lune seacutetablit au Sine et lautre au Saloum Les Sosseacute

conqueacuterants constituaient lautocratie appeleacutee Guelowar

La royauteacute seacuteregravere eacutetait laiumlque Les premiers souverains durent secouer

la tutelle des Toucouleur et progressivement arrivegraverent agrave unifier lethshy

nie des seacuteregravere etdea Sosseacute Les deux royauteacutes eacutetaient organiseacutees selon

acirces modegraveles tregraves deacutemocratiques Le souverain deacutependait dune assembleacutee

de ministres et de chefs locaux qui assuraient ladministration centrale

et reacutegionale())

Aujourdhui lethnie seacuteregravere repreacutesente 20 de la population seacuteneacutegalaise

Ils sont reacutepartis sur presque toute leacutetendue du territoire notamment

dans le Baol la reacutegion du Sine-Saloum et la reacutegion de Thiegraves

Signalons quil existe plusieurs sous-groupes dans lethnie ainsi on

trouvera

- dans la reacutegion de Thiegraves les Ndut les Safegravene et les None

- dans le Sine-Saloum les Sine-sine et les Saloum-salouIT

On trouvera vers foundioune et agrave Nioro du cocircteacute de la Gambie les

Niominka (pecirccheurs) Cest une portion tregraves mandinguiseacutee

( 1

Le rattache~2~t d~ to~s ccs sous-groupes pose problecircme ~25 0~ r0~V~

uc grande partie de traits COITul1uns dans leurs modes dE vie Ct pOUT phs

de faciliteacute nous allons essayer de faire une ~tude globale de la lutte

traditionnelle seacuterecircre Lactiviteacute socio-eacuteconomique qui est essentielleme~t

agro-pasorale caracteacuterisE leacutethnie seacuteregravere

332 Lecircducation les moeurs les croyances et pratiques sEr~rc

Chez les Seacuteregravere la vie humaine se deacuteroule selon les grandes eacutetapes

le baptecircme lenfance ladolescencemarqueacutee par la circoncision lsectge

adulte le mariage la vieillesse et la mort (funeacuterailles)

La vie de la communauteacute seacuteregravere reste une des plus originales sinon

celle qui de nos jours garde la presque totaliteacute des pratiques et

habitudes traditionnelles

Bien qu aujotltdhui con~r-tis aux religions chreacutetienne et musulmane les

Seacuteregravere conservent leurs croyances et pratiques animistes

Quelque soit leur degreacute dadheacutesion aux religions reacuteveacuteleacutees les Seacuteregravere

croient en un Dieu puissant et miseacutericordieux Rog Segravene et les hommes

Les ~angols sont repreacutesenteacutes mateacuteriellement dans tous les villages

seacuteregraveres par des arbres (baobab et tamariniers) des animaux (geacuteneacuteraleshy

ment serpent doreacute ou iguane) des ustensiles (pilon calebasse et mortier)

De nombreux teacutemoignages nous apprennent que certains totems (serpent

iguane) font leur apparicion agrave loccasion de certaines manifestations

rituelles comme les sacrifices ceacuteleacutebreacutes lors dun mariage de ceacutereacutemonies

mortuaires ou des circoncisions

Le Seacuteregravere comme il nous a eacuteteacute donneacute loccasion de le dire plus haut

preacutesente des speacutecificiteacutes authentiques aussi bien en tout ce qui touch~

son eacuteducation ses croyanCES et pratiques mystiques q~e ses activiteacute~

socio-ecirccc~omiquEs Apr~s a ~aissa~c~ le beurob~ ~~ pcs~ 5~~ lE S~ __

On lui mouille les l~vres avec un peu d~ lait de mil et apr~s U~ bain

purificateur on versera leau dans un trou cr~us~ derri~r~ la Camp~~

Pendant huit jours la megravere et lenfant sont cacheacutes dans la case car

selon les anciens ils sont tregraves vulneacuterables La case deacutens certains cas

est entoureacutee dun fil blanc et lon place sur le seuil des fais(cauy di

veacutegeacutetaux pour chasser les mauvais esprits (geacutenies malfaisants et illangeUY~

dacircmes) Au bout du huitiegraveme jour la megravere et lenfant peuvent sortir de

la case bull

bullbullbull Le matin du huitiegraveme jour la tante paternelle va chercher de leau

(plusieurs fois)t elle doit rester muette pendant ses alleacutees et venues

si elle parlait t lenfant pourrait ecirctre muet bullbullbull

La megravere et lenfant prennent un bain purificateur dans lequel sont

trempeacutees certaines plantes (ce sont des veacutegeacutetaux pr~tecteurs tels le

begravene le yag le ngud) On y lavera aussi le linge e1t les ustensiles utishyj

liseacutes pendant les huit jours qui viennet de seacutecoul~r On rase le crine

de lenfant Les cheveux sont donneacutes agrave la megravere qui ~s enterrera avec le

reste du cordon ombilical dans un endroit que11e esit seule agrave connattre

La megravere sassied sur une natte devant la maison Une femme igeacutee de la

famille prend le beacutebeacute dans ses bras et le preacutesente aux quatre coins de

lhorizon

La tante paternelle tient ensuite un van sur la tecircte de la megravere on y

verse le mil on y verse eacutegalement en abondance sur la megravere et sur

lenfant La tante oint ensuite le corps du beacutebeacute avec du lait e11e

touche en particulier le front t le nez la bouche la poitrine le dos

et les oreilles

Elle pose enfin un ~rain de sel dans la paume du beacutebeacute (le sel purifie

et deacutetruit les puissances mauvaises)

Apregraves un nouveau bain la megravere et lenfant revEcirctent des habits de fecircte

(est

lenfant Ce precircnore a toujours U~ SEns Il sy~bolise parfois C0 qUi

lOIl sounaitt agrave lEufant l)

La circoncision comme dans les autres ethnies est obligatoire Elle

permet au jeune adolescent dacceacuteder agrave la classe adulte Les jeunes

sont regroupes en classe dacircge dans le bois ougrave sc fait la r0tr~it0 des

circoncis et ceci pendant plusieurs mois

Le Selbeacute qui est geacuteneacuteralement un ancien craint de tous les eacutelegraveves

enseigne le respect de la hieacuterarchie la discreacutetion le goOt de linishy

tiative Les activiteacutes physiques et leacuteducation artistique ne sont pas

en reste la deacutecoration la sculpture la lutte et la danse A sa sortie

du bois linitieacute appartient deacutesormais agrave la classe des virils et des

sages du clan car on lui aura enseigneacute les vertus fondamentales que

sont la justice lhonneur lamour du prochain 1 amour du travail

lhonnecircteteacute et surtout le respect des coutumes ancestrales

Le rite du mariage esd aussi un fait tregraves important dans le monde 1

seacuteregravere mais par manq~e dinformation nous serons obligeacutes de nous en

tenir lagrave

333 Impact des ethos sur la lutte dans le monde seacuteregravere

Lorigine de la lutte seacuteregravere ne semble pas claire ma1S nous pouvons

dire quil existait deux formes de lutte comme chez les Wolofs une

lutte sans frappe et une lutte avec frappe Et cest cette derniegravere

qui peut-ecirctre nous ameacutenerait agrave croire que la lutte seacuteregravere aurait une

origine plus preacuteciseacutement guerriegravere

Aujourdhui la lutte est uniquement une activiteacute sportive agrave travers

laquelle le jeune seacuteregravere eacutevalue sa force son courage et SOn ingeacutenioshy

siteacute Cest une occasion de deacutefendre lhonneur de son village ou de

la corrnnunauteacute

La luttE ~5t avant tout u~e rnanifcs[dtic~ c~lturclie et surtout

fo lkhriqut-

Gracircce agrave elle on peut deacutesormais comprendre un certain nombre de chants

et de symboles A travers la lutte seacuteregravere on ccedilomprend les inter-relashy

tions entreacute la vie et le monde surntiturel

Sil devait y avoir la mort dun villageacuteois pendant la fecirctE au T qUE

de linterrompre on proceacutedait gracircce aux connaissances magico-religieuses

agrave la suspension de la mort jusquagrave une peacuteriode ougrave la population sera plus

disponible pour organiser des funeacuterailles sil y eacutetait preacutedit la possibishy

liteacute dune deacutefait du champion local au profit dun champion dun autre

village des recettes dordre maginque et religieux eacutetaient mises en prashy

tique afin que le champion du village ne soit jamais terrasseacute(J)

334 Le profil du lutteur seacuteregraver~

Le lutteur seacuteregravere est par essence un athlegravete impressionnant de par sa i

carrure et sa musculature saillante mais cest aussi une force tranquille

et calme quelque soit lenjeu du combagravet et particuliegraverement lhonneur

Cet aspect nous pousse agrave parler du NGiMBE cest-agrave-dire de la tenue du

lutteur qui va influencer sur sa faccedilon de lutter

La confection du Ngimbe revient agrave la communauteacute entiegravere Le Ngimbe a

une signification symbolique et le lutteur pour meacuteriter la confiance du

groupe se doit de tout faire pour ne pas toucher le sol Toute la commushy

nauteacute elle aussi sengage pour assurer la longeacuteviteacute et le succegraves du lutteur

dans laregravene par lorganisation droffrandes et de sacrifices en lhonneur

des Pangols bull

bull

Daucuns nheacutesitent pas agrave dire que lessentiel du mysticisme se fait agrave

la maison et non dans laregravene tout le reste nest quintimidation de

ladversaire

lsvcns

Tt- pi ~- t

t 1 ~ l _ ~ t

par rapport agrave lautre Cbci est trEgraves lieacute agrave lactiviteacute journaliegravere du

jeune seacuteregravere qui est un cultivateur donc toujours bien planteacute sur ses

jambes et qui continuellement manie lhiler

Le fait de couper le boi~ peut eacutegalement constituer un moyen de muscushy

lation non neacutegligeable pour le jeune lutteur

Un certain nombre de traits techniques speacutecifiques au lutteur seacuteregravere

semblent ressortir des diffeacuterentes interviews que nous aVOns fait subir

agrave certains lutteurs seacuteregraveres et agrave diffeacuterents techniciens

SOUS-GROUPES FORMES DU CORPS CONTROLES GARDES

SAFEN Moyenne en fente NONE Hancheacute Bras (distante) j

NDUTJ

f

SINE-SINE Deacutecalage Ngimbe

Moyenne

SALOUM-SALOUM Passage- Jambe (rapprocheacutee) 1

i

PETITE dessous Tecircte Basse et 1

COTE Moyenne (rapprocheacutee)

Notons que le Niominka ll commence agrave lutter agrave partir du sol pour avoir

assez deacutelan et sauter sur ladversaire afin davoir la prise du lion

(contr6le de la nuque et du bassin)

Co a -tem-nt ccedilt attitude du lutteur sEacuteregravere335 np -1t ~

Les croyances mystiques sont indissociables des activiteacutes quotidiennes

duseacuteregravere Ce qui explique le cocircteacute supersticieux du lutteur seacuteregravere En

~ffet certains lutteurs refusent de lutter avant certaines heures

Certains teacutemoignages nous apprennent quil nest pas donneacute agrave tout le

monde decirctre champion de lutte et que le lutteur doit avoir des dons

surnaturels pour ecirctre agrave mesure de livrer ses combats dans la nuit

et trouver seul un gris-gris speacutecial appeleacute Njatch

Le vrai champion de lutte chez les seacuteregraveres ne lutte pas seulement avec

~a force et sa technique mais surtout avec ses dons occultes

Chez les seacuteregraveres les morts sont toujours preacutesents et les ~pangols

Servent dintermeacutediaire entre les hommes et les morts Le pangol prend i

le nom dhumain dans certains villages (IIHeacuteJga NDONG Har Wag NGOUYE) i 1

De ce fait on verra le lutteur danser dufe maniegravere ou dune autre en

fonction du pangol de sa famille Ainsi nrus aurons le back (chant et

danse du lutteur) des DIOUF des FAYE etclbullbullbull

Dans laregravene le lutteur seacuteregravere a un comportement exemplaire aussi bien

agrave leacutegard de son adversaire direct quave~ le public en geacuteneacuteral Lexpli shy

cation semble tenir au fait que le lutteur seacuteregravere est avant tout selon

la tradition orale le repreacutesentant de toute la communauteacute seacuteregravere Par

conseacutequent il devra saffirmer non seulement en tant que lutteur dans

laregravene mais aussi en tant quentiteacute morale

336 La tenue du lutteur ou NGIMBE est confectionneacutee par le marabout de la

famille ou du clan Le Ngimbe est constitueacute de pagne en cCton tisseacute

Il doit ecirctre propre le lutteur qui le porte ne devra pas avoir de rapshy

port sexuel pendant toute la peacuteriode des cOTpeacutetitians car le Ngi~bE ne

doit pas ~tre souilleacute

Autrefois et mecircme aujourdthui dans certaines familles on devient

lutteur de pegravere en fils et dans ce cas le Ngimbe du pegravere est heacuteriteacute

par le fils Le fait de porter le Ngimbe de ses aieux peut susciter

chez le jeune lutteur une motivation et une volonteacute ineacutebranlable dtasshy

surer la supeacuterioriteacute d~s siens dans ltaregravene Il fera tout pour que le

Ngimbe de la ramille ne touche le sable

La tenue du lutteur a une signification et une importance sur le plan

mystique car selon les anciens le vra1 feacutetiche du lutteur celui qui

le proteacutegera et laidera agrave vaincre le nDjinne ou le tRapu de ladvershy

saire se trouve cacheacute dans ce Ngimbeu bull Celui qui confectionne donc le

Ngimbe U est doueacute de faculteacutes occultes

337 Larbitrase est assureacute par un sage du village qui geacuteneacuteralement fut

champion de lutte de son temps Dailleurs cet ancien nintervient que

si le terrassement est litigieux Hormis le public qui proclame la vicshy

toire ou le match nul le lutteur lui-mecircme est arbitre et il arrive

quil se deacuteclare vaincu

Nous avons pu cfter Meacutedoune KHOULE un desplus grands lutteurs seacuteneacutegashy

lais qui a donn~ une victoire agrave Djeacuteri SADIO son adversaire qui a reacuteussi

agrave lui faire touegraveher le sol de la main

IlL

34 1 Preacutesentation

Lethnie toucouleur vit En grandt partit ciE~~ la vallfc du S~~~gal

pt reprecircsente i peu pr~s 8 de la population totale secircn~galaise

o Histoire

Il semblerait que dans lancien royaume du Tekrour (IX~ siegravecle) des

eacuteleacutements neacutegroiumldes Sarakoleacute et des Peul aient formEacute par meacutetissage le

peuple Toucouleur (Toucouleur serait dailleurs une deacuteformation du

mot portugais Tacouror)

Ce empire a domineacute aussi bien les wolofs de lOuest que les Peul

nomades du Fouta Toro Cette reacutegion fut le premier pays islamiseacute par

les Almoravides ce qui peut expliquer le proseacutelytisme toucouleur

Ce sont les guerriers toucouleur islamiseacutes qui attaqu~rent avec les

Almoravides la capitale du Ghana Koumbi en 1067 On convertit par

la force les animistes Cest sans doute agrave cette eacutepoque que de nombreuses

ethnies reacutefractaires agrave lIslam ont dO accentuer leur migration vers

le sud (Seacuteregravere wolof Sarakoleacute Bambara Songhaiuml Akan et Peul se reacuteshy

fugiaient vers les hauteurs du Fouta Djalon)

Au XIXegrave siegravecle les Toucouleur allaient trouver en El Hadj Omar Tall

un grand conqueacuterent qui sous le preacutetexte religieux de la gJerre sainte

contre les tribus animistes (entre autres Bambara) eacutetendit lempire

toucouleur sur presque tout lensemble du gali et la partie de la Guineacutee

proche du l1ali

Lempire toucouleur composeacute de Sarakoleacute de Bambar~ de ~alinkeacute de

Xassonkeacute dE Peul et de Dogon eut le meurorit~ dunir CES diif~rentes ~ ~ - - - - - et~ics ~t dE CD~stituer l~Sl la b2S~ ~r 1

_ ~ ~ ~_ L ~

~ ~- ~- - - ---- _ 1 v _ t 1 ~-_ --

marabout tOL~culcuuml~ ~ middotlrrany a l ick SI venu des E1i rClS dE Pocior~ (

~ Vi~ euroconomicue et sociale -----------~-------------

Les Toucouleur sont des cultivateurs mais bien quils n~ soie~t pa~

pasteurs comrre les Peul leacutelevage a une place inportarteacute decirc1S ltur

eacutecono~ie Pour faciliter leur conquecircte guerriegraverE ils c~t Eucirc une preacuteshy

dilection pour leacutelevage des chevaux On y trouve aussi des pecirccheurs

appeleacutes Tchioubalo La socieacuteteacute toucouleur aurait une stratification

sociale tregraves rigide Les groupes ethniques et les castes eacutetaient

diffeacuterencieacutes et strictement exogamiques les Rimbe classe des nobles

comprenant la famille reacutegnante et les guerriers libres la classe des

Nieacutenieacutebegens de castes artisanales i les Rimaibeacute anciens esclaves

devenus serviteurs qui portent les noms de famille de leur maicirctres A

la base de lorganisation de la collectiviteacute toucouleur se situe le

village (Wouro)

Toutes ces castes sont cloisonneacutees entre elle~ Ainsi il nest pas

permis agrave un Torodo (noble) de se marier avec un Tchioubalo Ces

consideacuterations sont importantes dans le domaine de la lutte ougrave nous

apercevrons que les nobles ne sont pas faits pour lutter Le noble

preacutesidera les seacuteances de lutte et on luttera pour lui Ces condeacute rat ions

de noblesse et de rang social sont extrecircmement importantes dans le

monde toucouleur

Le noble ne doit pas se salir on lutte pour lui il ne vit la lutte

quen tant que spectateur

342 Education moeurs croyances et eratiques religieuses

Deux formes d~ducation sont agrave consideacuterer leacutedJcatio~ dES enfarts Et

celle des adultes

oG lenfant sait m2n~~r et apprfcier le goOt d~5 ~iifeurorents r~pas lt

le moment ougrave il CO~~e~CE agrave marcher

tivirt n~sormais le petit toucou]eur est eacuteduquf par toutmiddot 12 f2~i)]E

dabord puis par toutes lespersc~nes du village ou du C13~

Lenfant peut ~tre corrigeacute par tout adulte appartenant au groupe social

Son eacuteducation est deacutesormais laffaire de toute la communauteacute et non

exclusivement celle ces parents On linitie ainsi au travail quotidien

qui se fait dans la bergel~ e les champs et les bords du fleuve Au sein

du village il pourra apprendre agrave filer la laine et agrave tisser des pagnes

dans les champs il apprend agrave manier la houe et lhiler pour la culture

du riz et du mil Mais signalons que lactiviteacute essentielle du toucouleur

est leacutelevage des boeufs des moutons et des chegravevres Chez les Ichioushy

balos (p~cheurs ) lenfant sera initieacute tregraves tat au maniement des pagaies

agrave la p~che propremccedilnt dite et agrave la nage

Vers cinq-six ans lenfant est confieacute au maicirctre coranique le Ihierno

et ce dernier dispose exclusivement de toute sa vie Lavenir du jeune

enfant lui appartient

Comme dans les autres groupes ethniques les enfants sont regroupeacutes en

classe dacircge et cest dans cette structure que lenfant subit les rite

de passe et plus particuliegraverement celui de la circoncision

La circoncision est non seulement unE opeacuteration chirurgicale malS surshy

tout une peacuteriode au cours de laquelle le jeune garccedilon passe de leacutetat

dadolescent agrave leacutetat dadulte Les circoncis sont reacuteunis en classe

dacircge dans un endroit situeacute hors duvillage geacuteneacuteralement choisi par les

vieux Cet endroit n~st accessible que par des individus de SExe ffi8SCUshy

li~ ~ta~t au preacutealabl circoncis

- - - -

quable et complet sur le plan phy~ique et ~oral Ai~si liniti~

acquiert les qualitecircs indispensables que sont le courag~ la modest

lesprit de sacrifice lendurance

Le toucoule~r est un pleux musulma~ Cela sexp1

SOil le premier agrave tre en contact avec la religion musulmane de par sa

position frontaliegravere Lethnie toucouleur de par son histoire a preacutesenteacute

les plus grands chefs militaires et religieux musulmans seacuteneacutegalais Et

pour illustrer cela on peut citer en exemple la grande famille musulmane

des SY agrave TIVAOUANE repreacutesentant la confreacuterie des TIDJANES

Bien que lon note une majoriteacute musulmane on peut dire que certaines

croyances et pratiques mystiques et animistes persistent encore surtout

dans la reacutegion du fleuve

Une pratique courante se fait elle sappelle le Djatt Elle consiste

agrave faire sortir le caiman du fleuve agrave limmobiliser et agrave lattacher

sans quil ne reacuteagisse et tout ceci agrave laide de versets et dincantashy

tions magiques Dapregraves les teacutemoignages ces pratiques sont plutocirct

freacutequentes chez les Tchioubalos (pecirccheurs) Il arrive aussi que cershy

tains chasseurs ayant des dons se livrent agrave certaines pratiques an1shy

mis tes qui consistent agrave invoquer certaines puissances et agrave moduler sous

forme de chant des versets occultes pour se proteacuteger des mauvais esprits

et pour eacuteloigner les fauves Ce chant est geacuteneacuteralement incompreacutehensible

et deacutenueacute de sens pour le profane

343 Activiteacutes ludiques et pratiques sportives en milieu toucouleur

Durant toute son histoire lethnie ~oucouleur a toujours EacutetEacute Frese~teacute~

comme celle qui avait ue activit essentiellement guerr e e~ particushy

liegraverement farouche Trois eacuteleacutements ret r t l ecirc t te nt i c- euro so~t

le manie~~nt du ~acircton 12 luttE Et 1eacute danSE

l

Lecircducation ph~sique et artistique Dcc~pe un place precircpondecircra~rp

dans la fDrmat~on du jEune toucouleur A loccasion agraveeacutevegravenemen~ imporshy

tants reacutecoltJs mariages baptecircme nous assistons agrave des manifestashy

tions folkloriques de grande envergure le Wango oucirc dailse toucouleur

tregraves gymnique iles chants et surtout les sEacuteances de lutte

La lutte toucouleur est la forme de lutte la plus spectaclaire dans

tout le territoire seacuteneacutegalais Elle est essentiellement baseacutee sur des

techniques en hancheacute et surtout en souplesse Ceci sexplique par le

fait q~e le jeune toucouleur est tregraves tocirct initieacute agrave la gymnastique (saut 1

per saut de main salto arriegravere saut de tecircte couronneacute etc bullbullbull ) pour

la dans~ du wa~go En dansant le wango qui est une danse rythmeacutee et

gymnique le Jeune toucou1eur est capable de prouesses extraordinaires

1

En lutte lattaquant se deacuteplace tregraves peu pour avoir une bonne saisie

(geacuteneacutera~ement controcircle du Ngimben ) et enchaine brusqueme~t avec une

attaque surpris~ Cependant les ripostes sont souvent surprenantes et

spectaculaires (baseacutees sur la souplesse et la rapiditeacute) ontrairement

aux autr~s form~s de luttes ougrave lon voyait tous les jeune adheacuterer la

lutte to~cou1eur Verra un groupe de speacutecialistes sadonne agrave la lutte 1

(la lutte est lieacutee agrave la position sociale de lindividu problegraveme de

caste)

Q La morphologie du lutteur toucou1eur 1

1 1

Ce dernier nest pas aussi large et aussi fort que les lutteurs diola

et seacuteregravere Cependant il est tregraves reacutesistant La musculatJre est saillante 1

et tregraves souple lindividu est longiligne mais tregraves athleacutetique

Les mouvements de lutteurs sont semblables agrave ceux dun grand fe1in Cette 1

morphologie semble ecirctre lieacutee agrave la position geacuteographique de lethnie

(reacutegion du fleuve) et agrave lacitiviteacute socio-eacuteconomique du toucouleur qui

est agrave la fois cultivateur (activiteacute lieacutee agrave la crue et deacutecrUE du fleuve)

pecirccheuro~T CIcr~icubaon) et sttout jEumlrgcr qui est U~ rc~2eumlr

shy

Deux formes egrave~ corps sembl~nt ecirctre preacutefeacutereacutees du lutteur toucouleur

le hancheacute et la souplesse Les hancheacutes sont faits agrave partir de plusieurs

positions de doset se terminent geacuteneacuteralement par des techniques de

tregraves grande amplitude

TABLEAU RECAPITULATIF DES TECHNIQUES ET FORMES DE CORPS SPECIFIQUES

i

L441 r

GARDE FORMES DU CORPS CONTROLES --shy - -

Moyenne Souplesse Ngimbe

Hancheacute bras

Demi-souplesse

1

Profil psycholosigue 1

TECHNIQUES

ContrOle du bassin et 12 souplesse

arriegravere

Klicket et allegravegement de la hanche

Le lutteur toucouleur est celui lUi se livre le moins aux preacuteparaqons

maraboutiques Cela est dO au f~t que le toucouleur est un grand ~USUlshyman et que les pratiques animisges ont presque disparu dans ce mil~eu

Dans la pratique le lutteur esJ combaif mais il est calme et tr~s reacutefleacutechi quant agrave la deacutecision agrave prendre en plein corps agrave corps ct~st un des seuls techniciens qui reJte tregraves lucide au cours de ses comb~ts

l Dans toutes les circonstances e lutteur toucouleur est tenu de re~pecshyter son adversaire et ceux de s4n eacutequipemecircme sil est vaincu

Comme nous avons dO nous en rendre compte la rigueur des principes

eacuteducationnels a une influence tregraves sensible sur l~ comportement du

toucouleur

i

III S COCL ~s 1DO

Dans cette partie nous avons essay~ de montrer lftroite re1atic~

Entre les diverses activiteacutes socio-eacuteconomiques dans les ethnies et

lES diffEacuterentes faccedilons de lutter

Daucuns seraient tent~s de conclure trop rapidement et cest p0~r

cette raison que nOUS avons penseacute preacuteciser que le pheacutenotype nest

pas geacuteneacuterateur du geacutenotype Et nous sommes convaincus que la morphoshy

logie et les techniques des lutteurs relegravevent de leurs modes de vie

et de leurs croyances agrave une eacutepoque et danE un contexte bien deacutetermishy

neacutes

Est-ce que les lutteurs dio1a ou seacuteregravere travaillant avec leurs bras

dans les champs auraient les mecircmes pr 0 fil s physiques que les lutteurs

utilisant des machines pour lagriculture

- 69 shy

I UJOURDH~1 E-S ut O[l LES FORfilS Ut LU11t~

~otons que notre enqu~te a ecirctE essentiellement faiteen milieu urbain

Les seacuteances de lutte ont tendance agrave perdre leur particulariteacute de r~shy

jouissance pour devenir des pheacutenomegravenes de sportisatio Deux fores

de luttes so~t principale~cnt prat s dans les aregrave~es du 5 al

la lutte traditiunnelle simple et la lutte traditionnelle avec frappe

De nos jours la lutte traditionnelle tend vers une reacuteglementation

et une institutionalisation

Le reacutesultat de nos investigations nous donne le tableau ci-dessous

REPARTITION ETHNIQUE SUR 100 PRATIQUANTS

LUTTE LUTTE RAPPORTETHNIES SANS FRAPPE AVEC FRAPPE J2

Diola 40 16 71 j

Seacuteregravere 26 21 57

Toucouleur 23 10 69

Wolof 1 1 53 17

La demande sociale par ordre deacutecroissant pour la lutte sans frappe

se preacutesente comrre suit

]0_ Ethnie diola avec pregraves de 3 lutteur~ sur 4

2deg_ Ethnie toucouleur

Ethri dun

~ 1 LA LUTTE TR])IIIO~~ELLE AVEC H-PPE

Cette forme deacute lutte a une histoire qui date de lantiquiteacute elle

sa~pelait le Pugilat Au Seacuteneacutegal elle a vu le jour dans le Cayor

bien avant la colonisation Le coup dE pied l~Lrdn~lement la morshy

sure la frappe et le doigtf eacutetaient permis dans le cc=bat ~ ~middot~p0~~e

Dans certains cas la giffle eacutetait beaucoup plus dangereuse que le

poing quand elle eacutetait donneacutee par un speacutecialiste Cette giffle pouvait

agrave elle seule deacutechirer et mecircme parfois amputer la joue de ladverser

Selon les informations la lutte avec frappede nos jours serait une

forme de lutte tregraves eupheacutemiseacutee de celle dantan ougrave une blessure

pouvait souvent ecirctre mortelle

Aujourdhui au niveau du folklore la lutte na plus la mecircme

le spectaculaire a remplaceacute le significatif iLa lutte avec frappe se 1

pratique surtout dans les centres urbains C~aque fois quun grand combat 1

est progra~eacute par le Comiteacute National Proviso~re (CNP) des centaines damashy

teurs sont mobiliseacutes vers le stade lba Mar D~OP qui est aujourdhui le i

lieu approprieacute ougrave se deacuteroulent les grands conkbats de lutte Cest la formE

de lutte qui semble drainer une foule de personnes beaucoup plus importante

que celle de la lutte simple

La lutte avec frappe deacuteriverait dune forme de lutte traditionnelle

pratiqueacutee jadis dans le Cayor au temps des Damels et la frappe serait

le substitut dun certain nombre de pratiques doigteacute jet de produits

etc bullbullbull dont le but eacutetait laveuglement de ladversaire La lutte avec

frappe serait une continuation logique dune carriegravere sportive de la

lutte traditionnelle qui sen sert comme moyen socio-eacuteconomique En

effet la majoriteacute des lutteurs avec frappe ont dabord eacuteteacute initieacutes agrave la

lutte simple Cependant il faut signaler que de nOS jours il arrive

que le jeune lutteur avec frappE- soit directenent formEacute conne speacutecialistE

agrave la frappe sa~s pour autant faire son chemin dabcrd egravea~s la lutte

- ~ shy

Le recircsultat dE ~os interviews ncus rec~trE qGune pcpulatiD~ divcrsishy

fiampe sint~resse agrave ce sport et qUE les intecircr~[s des uns et d~SlautrE~

semble~t divergents naucuns affirment que la lutte traditionnelle

avec frappe serait monteacutee par des personnes dont la vocation est dexshy

ploiter ce pheacuteLomegravene agrave des fins commerciales Dautres disent gJellegrave

jouit de mcyens irport~nts t[l[~isio

tation etc bullbullbull ) pour toucher toutes les couches sociales CEpe~~a~t

nous remarquons que mecircme si certaines personnes reprochent agrave cette

forme de lutte decirctre brutale ces mecircmes personnes nheacutesitent pas agrave

se rendre le dimanche agrave laregravene Bien que critiqueacutee elle semble ecirctre

adopteacutee par une tregraves grande partie de la population seacuteneacutegalaise Cepenshy

dant en tant que techniciens il nous est permis de faire une remarque

Il sagit de

- Limpression nette decirctre devant des professionnels de la frappe

qui sont ~ntratneacutes pour cela Dailleurs les propos que nous avons

recueilli~ nous prouvent que la plupart des champions de lutte avec 1

frappe s~ntratnent dans certains sports de combat tels ~ue la boxe i 1

le karateacute le judo Dans cette nouvelle forme de pratique de la lutte

contrairefuent agrave la lutte traditionnelle le technicien e~t souvent

perdant face au puncheur Ce dernier adopte une lutte agrave distance qui

lui permet de placer agrave bon escient ses coups animeacute du deacutesir de vaincre

Le technicien lui se voit contreacute dans toutes ses entreprises par

un uppercut ou un crochet

On peut dire cependant que nul sport au Seacuteneacutegal que la lutte tradishy

tionnelle avec frappe ne deacutechaicircne autant de passions et autant de

pheacutenomegravenes poussant agrave lexcegraves et deacutereacuteglements quon ne peut que deacuteplorer

Mais comment deacutecrier un spectacle de lutte qui bien quayant perdu la

presque totaliteacute des valeurs traditionnelles veacutehiculeacutees autrefois par

elle sait susciter une participation effective de tous ceux qui sont

preacutesents

CONCLUSION

Dans ce meacutemoire nous sommes efforceacutes ~e faire ressort ir limportance des

ethos et des habitus et leurs effets sur la pratique de la lutte tradishy

tionnelle au Seacuteneacutegal

L~b egravethos repr~sentent dune maniegravere g~neurorale tous les eacuteleacutements speacutec

fiques sux Seacuteneacutegalais par conampeacuteguent un systegraveme de valeurs traditionnellEs

Mais m~me si ces valeurs rev~tent une signification universelle (honneur

digniteacute courage etc bullbullbull ) il nen demeure pas moins que ce nest pas leur

nature qui fait leur speacutecificiteacute mais la hieacuterarchisation et limportance i

quon accorde agrave toutes ces valeurs de ~ar leacuteducation ou la culture

i 1

Aussi les valeurs traditionnelles puient leur speacutecificiteacute dans les

caracteacuteristiques propres aux eacuteleacutements ~e la socio-cu1ture (la technologie

et leacuteconomie la politique et la pareteacute la psychologie et lideacuteologie)

dans la socieacuteteacute seacuteneacutegalaise agrave n momen donneacute de son eacutevolution Cest i

dire la neacuteceesiteacute de ne point faire della valeur une reacutealiteacute statique

Cest dite aussi quagrave tout mome~t le ~eacuteneacutegalais peut eacutevoluer et creacuteer

ou vivre par conseacutequent de nouv~lles fprmes de valeur qui lui sont 1

propres ft (J)

La lutte traditionnelle veacutehiculant deS valeurs socio-cu1ture1les speacutecishy

fiquement seacuteneacutegalaises (croyances valeurs morales norme de comportement

opinion attitude bullbullbull ) devient un eacuteleacutement important qui tregraves certaiaement

nous aidera dans notre effort de valoriser et de peacuterenniser notre patri shy

moine culturel par le biais dactiviteacutes physiques et sportives

Leacutetude des habitus nous permet de prouver quil y a plusieurs faccedilons

de se mouvoir comme danser lutter bullbullbull qui varient avec les diffeacuterentes

ethnies (wolof toucouleur seacuteregravere diolagt leurs convenances et leurs

eacuteducations

(1) Revue Ethiopiques 31 Les valeurs traditionnelles et le problegraveme de leur inteacutegration dans les systegravemes modernes jtducatio-1 2 6r--70

nautre part cette eacutetude permet aussi de nous rendrE compte de la

correacutelatipn eacutetroite existant entre la pratique de la lutte traditionnelle

et le sta~ut socio-eacuteconomique du pratiquant

Nos inves~igations nous indiquent que la lutte recrute essentiellement

au niveau des classes socio-eacuteconomiques situeacutees en bas de leacutechelle

donc posseacutedant le statut social le moins favoriseacute La lutte avec frappe

-et un certain secteur commercialiseacute de la lutte simple- y trouve sa

leacutegitimiteacute Comme le dit BOURDIEU nA habitus diffeacuterents styles de Vle

divergents et il oppse les pratiques aristocpatiques correspondants agrave

des activiteacutes qui favorisent les situations eupheacutemiseacutees ougrave la stylisashy

tion est importante aux pratiques populaires qui font appel agrave des

qualiteacutes qpposeacutees bllutes rugueuses Certaines interviews nous

montrent que plus lindividu occupe une place eacuteleveacutee dans leacutechelle

sQciale e~ 1

moin$ il sinteacuteresse agrave la lutte

Les reacutesultats recueillis dans nos diverses investig~tions confirment 1 1

1er propos qui disent que nous assistons aujourdhu~ agrave une involution

de la lutte traditionnelle parce que perdant toutes ses speacutecificiteacutes au 1

pryfit d~ne autre forme de lutte que lon continue agrave appeler nostalshy

giqlementIIlutte traditionnelle

Ceci pourrait peut-~tre trouver une explication dan la citation suivante

La liberteacute de creacuteer dinnover de vivre Pleineinenf decirctre soi et de

preacuteserver son authenticiteacute la digniteacute et lhonneu1demeurent des illushy

sions dans la misegravere eacuteconomique~ Nos ancecirctres creacuteai~nt des valeurs de cishyl

vilisation parce quils eacutetaient libres parce qu1i~s ignoraient toute

deacutependance eacuteconomique ils cultivaient en eux et cbez leurs enfants le 1

Jorn et la Kersa et preacutefeacuteraient la mort agrave la hoJte lI (1)

Or le Seacuteneacutegal comme la plupart des pays africainsi est un pays sousshy

deacuteveloppeacute t cependant face agrave cette volonteacute du gou~ernement seacuteneacutegalais

de faire inteacutegrer dans leacuteducation des valeurs traditionnelles nous

pouvons espeacuterer utiliser comme moyen deacuteducation la lutteacute traditionnelle

qui reste quand mecircme vecteur jethos et dhabit~s

- 54 shy

Mecircme si lon a noteacute un appauvrissement notoire sur les plans socioshy

culturel et moral la lutte traditionnelle recegravele une gamme importante

et varieacutee de techniques permettant incontestablement une ouverture vers

les luttes olympiques libre et g~eacuteco-romaine

La lecture de ce meacutemoire permettra agrave lentratneur et au professeur de

lutte en fonction du lieu ougrave ils seront affecteacutes dans le territoire

seacuteneacutegalaisdavoir une information sur les techniques contrOles et

formes de corps propres agrave chaque groupe ethnique et de les mettre en

relation avec leurs croyances et leurs mentaliteacutes

Nous avons essayeacute de montrer que la pratique de la lutte traditionnelle

doit tre axeacutee sur une ethnomotriciteacute au Seacuteneacutegal qui permette une inishy

tiation facile Cette pratique de la lutte traditionnelle seacuteneacutegalaise

devra dailleurs essayer de ~eacutepondre aux aspirations du Seacuteneacutegalaisl

moderne en souvrant aux ap~orts positifs des autres civilisations

ex~eacuterieures nous voulons Jvidemment parler du judo et des luttes oiymshyJ

piques 1

1 j Nous navons pas la preacutetentfon dans le cadre de ce meacutemoire demattrise

de reacutepondre agrave toutes les qutstions se rattachant agrave leacutetude de ~a lutte

traditionnelle souslangle~socio-culturel car non seulement il nous

manque lexpeacuterience et la c peacutetence en la mati~re mais aussil l le temps

et les moyens dont nous dis osions ne nous permettaient pas d~puiser le 1sujet i

1 1 1 t 1

l

- )5 shy

BIBLIOGRAPHIE

BIBLIOGRAPHIE

1- CLAPAREDE Psychologie de leacuteducation et peacutedagogie expeacuterimentale

Edition Delachaux et Niestleacute 244 pages

2- POCIELLC Christian Sport et Socieacuteteacute approche socio-culturelle

des pratiques Paris Vigot 1981 377 pages

3- PIERON Henri Vocabulaire de la psychologie

PUF Deuxiegraveme eacutedition 1957 469 pages

4- Revue socialiste de culture neacutegro-africaine ETHIOPIQUES

Les valeurs traditionnelles et le problegraveme de leur inteacutegration

dans les systegravemes modernes deacuteducation

GIA 21 Juillet 1982 213 pages

5- N2 Revue du Centre dEtudedes Civilisations DEM ak TEY

NIS IVegrave Trimestre 1982 96 pages

6- Document lNSEP Colloque sur la lutte aeacuteregravere

DAKAR MAI-JUIN 1980

t 1

~- Travaux du IVegrave Congregraves National ~es Sports agrave DAKAR les 2223041981

Bulletin n2 91 du CIO du 15 Aont 1965

l____________________________

8- Meacutemoire de Mattrise BADJI Abdou La lutte traditionnelle Joola

Etude et perspective

9- Meacutemoire Inspectorat JS DJITTE Mandy Les pratiques corporelles

traditionnelles au Seacuteneacutegal pour leur exploitation et leur

utilisation en peacutedagogie Marly le Roi 1980

REPUBLIQUE DU SENEGAL

--------------- INSTITUT NATIONAL SUPERIEUR

MINISTERE DE LA JEUNESSE DE LrsquoEDUCATION POPULAIRE

ET DES SPORTS ET DU SPORT

-------------

(INSEPS)

MEMOIRE DE MAIcircTRISE

Es-SCIENCES ET TECHNIQUES

DE LrsquoACTIVITE PHYSIQUE ET DU SPORT

LA LUTTE TRADITIONNELLE

son importance sa signification en fonction des ethos et des habitus ethniques au Seacuteneacutegal

Preacutesenteacute par

Monsieur Joseph Victor FAYE

Sous la direction de

M Jean Marc ROCHEZ

Professeur agrave lrsquoINSEPS

Anneacutee de soutenance 1984

----

contact et agrave partir de ce TtoTteuront ils peuvent se relever et conti~uEr

en lutte debout jusquau terrassemen~

Toutes les gardes sont rapprocheacutees en milieu diola

irbi trage

Les combats sont arbitreacutes par un deacuteleacutegueacute geacuteneacuteralement anClen lutteur

Ces anciens lutteurs ont pour rocircle de veiller au bon deacuteroulement du

combat La victoire est deacutecreacuteteacutee dans les cas ougrave un des lutteurs se

retrouve en position assise sur le ventre sur la cuisse ou les

genoux (sauf dans le Kassa)

Il existe un autre mode de victoire celle qui est proclameacutee agrave la

suite dune supeacuterioriteacute eacutevidente du~ des lutteurs A savoir quand

un lutteur soulegraveve tregraves haut son camarade et que son manager estime i

quil est pratiquement battu il peut arrecircter le combat en touchant

dabord le lutteur adverse popr eacuteviter que son lutteur ne soit terrasseacute

tregraves fOrt Nest-ce pas un deacutecision sage des managers qui peut contribuer

agrave maintenir le caractegravere reacutecr~atif de la lutte joola 1

La victoire dun village sur un autre village ne se mesure pas au

nombre de victoires obtenues par lensemble des lutteurs En effet

il suffit que le champion soit battu pour que le village soit consideacutereacute

comme deacutefait Ce qui explique limportance et le seacuterieux que le village

accorde agrave la preacuteparation des championsl)

Il est cependant important de signaler que larbitrage dans les centres

urbains revecirct une iautre forme beaucoup plus codifieacutee et cest peut-ecirctre

une des raisons qui font quen milieu urbain la lutte diola perde une

partie de son originaliteacute

En dehors des techniques speacutecifiques agrave chaque sous-groupe il faut

signaler quil y a une multitude de prises et quelGues formes de corps

comTIunes agrave letnn Car reconnaissons qu il cO unE ror-euro approp=i~eacute

dE ~ouvane du l~tteur diola en TaI

-----~-----

LE tableau ci-dessous se propose dE reacutesumer les diffeacuterentes consideacuteshy

rations techniques envisagEacutees dans cette partie

FORlŒSSOGS-GRGUPES 1 COItltOLE GA~JESDt CORF=

i ~

1 1

Passage dessous de jambes et BassE KASSA saisies Moyenne1annexes bras (rapprocheacutee)

ceinture tecircte

Deacutecalage de Moyenne et BLOUF Demi-souplesse Ngimbe

HauteHancheacute Bras (rapprocheacutee)

Jambe

Arracheacute CouFOGNY Tregraves basse

Hancheacute ii 1

1 1

3 14 3 bull LeIIa~~jueetlecom~ortementdulutteur-+iola

1 Le comportement et lattitude du lutteur dans laregravene pe sont en fait

t

que le reflet de sa psychologie et plus partiCUliegraverem t de son eacutetat

dacircme Or il napparatt pas abusif deacutetablir des cor eacutelations entre

le psychisme dun individu et lempreinte eacuteducative quil a subie En effet en sortant du bois sacreacute le jeune diola a acquis un ~ca~~l

eacutequilibre physique et mental

Cette matrise de lui-mecircme permet au lutteur dans la~egravene dadopter

un aire enjoueacute de manifester beaucoup denthousiasme~ La lutte devient 1

essentiellement un jeu laspec ludique y est privileacutegieacute et ~ela influe

sur le comportement du lutteur

Ainsi queurolq~c soit limporta~cE de le~je~ le lutt~c~ dic1e Seuroreacute

to~jours serein et s~ livrera sa~s arri~re pe~s6e da~$ ~E CO=beacute ou-

tons que le lutteur diola est trecircs fair-play et sil arrive quun rdnd

lll L COIicircilU1Ul L ULOF

32 J Preacutesentation

La soc tEacute wucirc10f est celle qU1 a eacuteteacute la plus marqueacutee par la colonisation

~~ fait peut-gtre de sa position geuroographiquE dune part ct de 50~ imporshy

tanCE sur le plan dfmographiquE dautre part En effEt ceurootteuro CC-~ucircautE

wolof repreacutesente environ 20 de la population seacuteneacutegalaise

Elle est constitueacutee de pecirccheurs (ce sont les leacutebous) dagriculteurs de

fonctionnaires de lEtat mais surtout de commerccedilants

A pqrtir de leur reacutegime dimplantation le Cayor le Walo le Baol le

Djolof et la presquicircle du Cap-Vert les wolofs ont tendance agrave irradier

sur lensemble du territoire sous leffet de leur speacuteculation agrave la culshy

ture de larachide et du nombre important de fonctionnaires quon trouve

dans cette ethnie

322 Les moeurs et croyances wolofs

Bien queacutetant en grande partie des musulmans convaincus les wolofs

conservent toujours une croyance animiste et continuent agrave faire des

sacrifices agrave porter des cornes ou des morceaux de bois agrave la ceinture

aux jambes ou aux bras et agrave croire agrave lexistence des Djinneacutes et des

Raps bull

Le Djinneacute cest une creacuteature malfaisante en geacuteneacuteral capable de choses

extraordinaires Il possegravede des faculteacutes surnaturelles Cependant dapregraves

la croyance animiste certains Djinneacutes peuvent ecirctre bons

Le Hapl cest une creacuteature ayant des dons occultes appartena71t agrave une

famille ou agrave une communauteacute et dont le rOcircle est de veiller cu daider

les reCJrES de le fai11p ou dt la conmunauteacute en cas de da1gel Le Rap

~ ut te c ) ~~c-

ei sltcificE cJ sanl dE meut0 dL chat de pC)wleurot 5E1lt les conveuroshy

lances parfois leur dorner COrllTe offrande du lait Laii

Qua1d une famille ou une communauteacute neacuteglige les Sarakh (ici dans

le sens de sacrifice ou Offrande) elle se voit aussitocirct vouEacutee agrave la

maleacutediction des mauvais esprit~ (fcllec dans touteacuteS lEs ~treprises

de la vie maladie mort bullbullbull ) Les lieux ougrave habitent ls Taps et ougrave

se font les sacrifices se nomment Khambs

Geacuteneacuteralement le khamb se trouve dans lenceinte de la maison ou

dans un coin approprieacute du village Les lieux du khamb sont marqueacutes

par la disposition de calebasses de pilons de morceaux de poterie

briseacutes de grosses pierres de cornes et dautres objets heacuteteacuteroclytes

La superstition wolof est tregraves marqueacutee En effet pour le wolof toutes

les manifestations quotidiennes trouvent leur signification dans le

mysticisme Citons agrave cet effet quelques ezemples Une femme enceinte

ne doit pas marcher agrave nimporte quelle heure de la journeacutee Certaines

heures de la journeacutee lui sont interdites le Timiss (creacutepuscule

le Ndjo~or (de 13 H agrave 14 H de lapregraves-midi) le souf-segravede (de

minuit i4 H du matin) Selon la tradition ~t la croyance wolof les

mauvais ~sprits choisissent ces heures pour jeter des sorts Et la

femme enceinte eacutetant tregraves vulneacuterable le Djinneacute essaiera de lui insufshy

fler son souffle pour atteindre son beacutebeacute afin dentratner soit la

meacutetamorphose de cedernier en monstre soit de le tuer avant sa naissance

Dailleurs pour le wolof et pour certaines autres ethnies au Seacuteneacutegal

le timis le tdjolor le souf-segravede repreacutesentent des peacuteriodes de

la journeacutee ougrave lon ne doit pas se hasarder dans les rues et les champs

Ce sont des heures propices aux apparitions des Djinnes sous nimporte

quelle forme humaine ou animale

Il est eacutegalement interdit au wolof de marcher ou de serti la nuit du

~eacutellfria-

loutes c~s pratiques ~ystiqu~s et cr0ya~ces religi~us~5 ~xistent eL~~[

certainement dues agrave un meacutetissage culturel Parallegravelement aux feacutetiches

aux incantations et agrave lutilisation des safaras (substance magique)

notons lexistence de ga l a tchs (ce sOnt des talismans ougrave sont inscrits

du qui les porte Toutes ces croyances biEn sucircr auront une rEacutepercussicrI

sur leacuteducation du jeune wolof

323 Leacuteducation du wolof

Pour caracteacuteriser leacuteducation wolof nous avons penseacute donner comme

illustration cet extrait de la revue DEM ak TEY Pour deacutefinir leacutedushy

cation le wolof fait appel agrave un symbolisme qui eDglobe aussi bien les

moyens mis en oeuvre Yar que le reacutesultat obtenu agrave laide de ces mecircmes

moyens cest-agrave-dire la formation et le deacuteveloppement de lecirctre humain

ou Yaru

Le substantif Yar deacutesigne le fouet

Ce symbolisme deacutesigne donc au-delagrave du simple sens mateacuteriel de lobjet

lutilisation qui permet daboutir au reacutesultat escompteacute (Yaru) Au sens

geacuteneacuteral Yar deacutesigne tout instrument servant agrave infliger une punition Le

terme laisse supposer agrave priori que cette phase de lenfance durant lashy

quelle se preacutepare la vie de lhomme est lieacutee agrave la souffrance au supplice

Dailleurs une maxime wolof compare lenfant agrave une tige quon a tout le

loisir de redresser alors quelle est encore flexible bull

bullbullbull Pour leacuteducateur wolof la perfection nest point de ce monde malS

le devoir de chaque homme est de tendre vers la pleacutenitude en luttant

contre ses propres faiblesses Leacuteducation va d01c iisister essentielle~(-~t

sur lexercice quotidien de leacutelevation ffiora1e d~ lindividu Pour cela

elle privileacutegie la patience munI) vertu dabneacutegdtion et dE deacutesinteacuteresseshy

m(~t autour dE laquelle sarticulent toutes ]e~ ~u~~~s qualiteuros

i _

aan~ ~ s0cieacutet gt~olcf ocirclt~tartt nul -Jt- poulait sabecircisstr

tion de sa libertEacute La liberteacute est le preuumler drcmiddotir dE l ho-)euro egrave~S

baigner dans une beacuteate admiration du passeacute la comparaison avec le pr~$(middott

si~posc dclle-mecircme car lon reste s reacute devant la deacutesinvolture aVEC

laquelle dES honmes daujourdhui descendants de cette ~~~EacuteTatic ccedil~l se

une fois [largis bullbull tTasque fiers davoir fait leacute priS0n PEut-2tTE

faut-il mettre cela sur le compte de lurbanisation et des nouvelles

valeurs qui ont pour nom enrichissement reacuteussite sociale avec ce que

cela comporte de deacuteshumanisant et de deacutepreacuteciateur (1)

3 bull 2 bull 3 1 bull Lesri tes

Le sevrage et la circoncision constituent les deux grandes phases initiashy

tiques chez le wolof

- Le rituel du sevrage est appeleacute maga1 (litteacuteralement rendre grand)

Cest un eacutevegravenement important aussi bien pour les parents de lenfant que

pour la co~unauteacute Durant cet eacutevegravenement qui survient geacuteneacuteralement deux

ans apregraves la naissance du beacutebeacute les personnes vivant dans lentouragE

apportent leur soutien moral et mateacuteriel

- le rituel de la circoncision revecirct pratiquement la mecircme signification

que dans les autres ethnies seule la forme diffegravere La circoncision reste

encore une eacutepreuve de la vie au sort i r de laque Ile ladolescent devient un

homme Aujourdhui il faut noter une meacutetamorphose de la structure sociale

et des croyances religieuses tregraves accentueacutee aussi bien chez les wolof que

chez les autres groupes ethniques et ceci est peut-ecirctre dO au contact

permanent quils ont avec la socieacuteteacute occidentale

Malgreacute ces constat~tions il semblerait pcu=tant qUE la sociecirct~ lecircbou Gci

bien que se trouvaLt en grande partie dans ~a Presquth du Cap-ETt Et

en contact permane~t avec les blancs soit la portior la plu8 cc~serva-

----------~_- ---~-- -----

~

Incidences d s ~00urs sur la l~ttE

Le wolof connaicirct deux formes de luttes la lutte sirplE- sans t-t

la lutte avec frappe La lutte avec frappe a une crigi~e purement r

et ce nest que plus tard quelle devint une prati1uE sportive et lud

preacuteparer agrave la guerre Aussi tout en luttant On eacutetait autoris~ agrave frapper~

griffer mordre voire introduire son doigt dans loeil de son adversaire

Le jeune wolof devait eacutegalement se livrer agrave la lutte avec frappe afin de

favoriser son insertion dans la socieacuteteacute adulte et sinitier au meacutetier de

soldat faute de quoi il ne pouvait se faire entendre ne avoir des marques

de respect Pour montrer la populariteacute de la lutte dans le Cayor signalons

que les Damels ll (rois) et les Teignes (nobles) nheacutesitaient pas agrave sy

livrer Quant au IIMbeu~ (lutteur) elle lui servait de moyen de promotion

sociale car d8S que sa reacuteputation eacutetait eacutetablie il pouvait ecirctre choisi

par les rois et les nobles comme garde de corps

325 Signification de la lutte en milieu wolof

La lutte se pratique dabord pour lhonneur qui est une vertu tregraves signishy

ficative pour le wolof Elle permet de renforcer les liens amicaux entre

les jeunes de villages diffeacuterents Le champion veut gagner

confiance et la consideacuteration de son village de ses amis

Etre champion cest aussi susciter ladmiration chez les

sentant la force la viriliteacute et la deacutetermination

326 Organisation d~s eacutepreuves de lutte

3261 Les Mbapatts Ce sont les seacuteances nocturnes

pour meacuteriter la

et des anciens

filles en repreacuteshy

Ils sont organiseacutes apregraves les reacutecoltes agrave la fin de la saiscn des pluies

Ceci surtout p~ndant les peacuteriodes de clair de lune car ils peuven~ durEr

toute la nuit Le but des ~Dapatts lt=tait de prfpa-er FhysicuemeH et

~ arb Sil

326 Le 1

cest une organisation beaucoup plus importante que les I~apatts ~

loccasion de laquelle on peut voir plusieurs lutteurs de grande reDommfe

saffronteLLa fin dl lamb est toujours couronneacutee par une grand co~bat

duquel le vainqueur est sacreacute champion de la contrecirce

Le choix du lieu est lieacute agrave limportance de ce lieu dans le village cest

la place publique ougrave geacuteneacuteralement se passent toutes les manifestations

assembleacutee geacuteneacuterale sabar (danse) cest aussi lendroit ougrave sont prises

les grandes deacutecisions

3623 Lappariement

Dans un village ou un quartier les lutteurs se regroupent en lang

(eacutequipe) et jamais deux lutteurs de mecircme lang ne se rencontrent lors

du lamb

L appariement s~ fait librement entre lutteurs de lang diffeacuterents l1hs

une regravegle veut ~uavant de lutter avec le Mbeur Kanur de tel lang si

on est soukh (l~tteur pas encore confirmeacute) il est neacutecessaire de lutter

dabord avec ses soukh et ce nest quapregraves les avoir terrasseacutes tous

quon se voit octroyer la chance de lutter contre lui

Notons que la cateacutegorisation des lutteurs par poids nest jamais prise

en consideacuteration

3624 La tenue du lutteur ou NGIMBE

Le middotNGimbe est confectionneacute par le marabout de la famille ou du clan Il

est constituecirc de pagnes en coton tisseacute geacuteneacuteralement offerts par la megravere ou

la grand-megravere du lutteur ceci lors des organisations de ~rande Tportance

COrlune lef 1amb Dans le cadre des l-bapatt les pagnes sont C tErts peumlr

~~~rcfcis ct ffi~mc aujourdhui d218 cErtaInes fa~ille5 on devj~Gr

luttEur de pegravere en fils et dans ce cas h 1

gimbell du pEgravere Est recircr i tEacute

par le fils Le fait de porter le lI~gimbe agravee ses aiumleux peut susciter

cne~ le jeune lutteur une motivation et une volontecirc in~branlable rlasshy

surer 12 supeacuterioritEacute cis SIcirct-ns dallS

le xgimbe de la famille ne touche pas le sable

La tenue du lutteur a une signification et une importance sur le plan

mystique car selon les anciens le vrai feacutetiche du lutteur celui qui

le proteacutegera agrave vaincre le Djinneacute ou le Rap de ladversaire se trouve

cacheacute dans ce Ngimbe Celui qui confectionne-le Ngimbe est doueacute de

faculteacutes occultes

~~r~i~rg Il est assureacute par un sage du village qui geacuteneacuteralement fut

championde lutte de son temps Dailleurs cet ancien nintervient que

si le terrassement est litigieux

Hormis le public qui proclame la victoire ou le match nul le lutteur

lui-mecircme est arbitre et il arrive quil se deacuteclare vaincu ~ous

pouvons citer comme exemple Meacutedoune KHOULE un des plus grands lutteurs

seacuteneacutegalais qui a donneacute une victoire agrave Djeacuteri SADIO son adversaire qui a

reacuteussi agrave lui faire toucher le sol de la main

Il Y a terrassement quand le lutteur se retrouve

- assis sur le sol

- eacutetaleacute sur le dos

eacutetaleacute sur le cocircteacute

les deux genoux au sol

- les deux ma~ns au sol

la tecircte (front au sol agrave la suite dune brouette)

Il peut y aVOIr match nul si apregraves li1 temps ccmsideacuterable les lutteurs

SE sont ~ ivrEacutes respectivement agrave des assauts rEacutepEacutetEacutes et n arrivEt pas a

3265 L~ precircparation mystique

Il faut reconnattre quon ne peut parler de lutte en milieu wolof sans

envisager une preacuteparation mystique seacuterieuse Co~~e ~ous lEvans vu a~teacute-

1middot ~ d ~ ~rlturenent t0utes es actlvmiddotltesmiddot u W010 sont lles a SeS croyances

- la lutte ne concerne pas seule~ent deux acteurs se livrant faruumlucheshy

ment agrave un combat au milieu de laregravene mais eacutegalement les marabouts et les

feacutetichistes du village ou du clan qui doivent deacutefendre leur savoir et

leur prestige Avant le combat le lutteur doit se livrer agrave un certain

nombre de preacuteparations mystiques pour assurer sa victoire Aussi sommesshy

nous appeleacutes agrave parler de BACK (cest le chant et la danse du lutteur)

- le batteur de tam-tam compose un rythme en fonction du Galagne ou du

Senghor (gds-gris) du lutteur Chaque galagne sera choisi en fonction

du Rap ou du Djinneacute correspondant au Totem du lutteur

Le chant geacuterleacuterique Feinte woy veut dire litteacuteralement composer un 1

chant Ce chant est geacuteneacuteralement composeacute par les filles du viilage du

champion ou par un griot de sa communauteacute Et agrave travers ce chrnt on

arrive agrave toucher la corde sensible du lutteur en chantant lesl innombrables 1

victoires de ses ancecirctres ou en lui rappelant ses prouesses eacuteblatantes 1

Chaque lutteur doit avoir un chant et un back qui lui sont propres

327 Le reacutepertoire technique et les caracteacuteristiques physiques dulutteur wolof

Le lutteur wolof est geacuteneacuteralement moyen de taille la musculagraveture est

tregraves saillante ce qui fait ressortir un aspect tregraves athleacutetique ceci

est vrai sans exception pour le lutteur leacutebou mais il arrive que le Cacircyoshy

rien le baol-baol le walo-walo soient de grands gabarits de forte constishy

tution

CepEndant pour une meilleure compreacutehension du sujet nous pouvons eacutetudiEr

deux jroups d lut teurs qui vont deacuteterminer deux st yI e s de lut tes

- ~ t

les tc~tativ~s de~[reacutee e~ ramassement de jambes de la~v~sairL Ce~~

peut Ecirctre expliqueacute par le fait que les lutteurs leacutebou ou walo-walc qui

sont des pecirccheursadoptent cette garde tasseacutee du fait quils so~t tou-

jours pencheacutes en tirant le fil ou en poussant la plrogue On verra techrugravequeacutes dt cirr 2C ~lt 5Jllicitocirct

surLuumlut les membres supeacuterieurs

Le cayorien et le baol-baol par contre sont les plus grands cultivateurs

darachide chez eux les techniques de lutte sont plus varieacutees et la

garde est moins renfermeacutee Les lutteurs cayorien et baol-baol ont une

morphologie et une reacutepartition musculaire bien eacutequilibreacutee ils excellent

dans les techniques en deacutecalage les techniques de jambe et surtout les

techniques de riposte ougrave lon peut voir des prises de hancheacute tregraves amples

Dune maniegravere geacuteneacuterale on peut dire que le lutteur wolof est un fin

technicien qui sait surtout creacuteer les opportuniteacutes e~ avec sa rapiditeacute

utiliser la force de ladversaire pour le deacuteseacutequilibrer le noodju

le mbas le weacuteheacuteleacute et le rasu sont des techniques propres au lutteur

wolof

En deacutefense il utilise surtout des kl~klets ou gal-gal Notons que

le balancement des bras ou Lewato e$t tregraves marqueacute dans la lutte wolof

TABLEAU RECAPITULATIF DES COMPOSANTES TECHNIQUES

( 1 )

1 SOUS-GROUPES GARDES CONTROLES FORHES DE CORPS l

Walo-walo Basse de jambe Arracheacute l l10yenne de Ngimbe et i

Leacutebou Tasseacutee et saisies annexesj Deacutecalage 1 1 distante de bras de tecirct1

j de bras Deacutecalaeuro

~-----------------~-

- ~ ~- shy - ~ ~ bull L _ _ bull

Profil psyc~~iqUE du lutteu- et son comporterent dars l 2regravere

La preacuteparation mystique dans laregravene est plus marqueacutee chez les wolofs

que ChE~ les autres ethnies En effet on verra de grands champions

preliGrE plusiEurs heures pour Enduire leur corps de cll2badep ou ci

rmiddot- ~ a la proprieacuteteacute de proteacuteger li1egraveividu J

les mauvais sorts) Cest dailleurs un aspect dt la luttE qui iJcsc

des problegraveJles

Le lutteur wolof est tregraves superstitieux et la peacuteriode de preacuteparation

est capitale pour lui car elle permet non seulement de rendre

hommage aux ancecirctres mais aussi dintimider son adversaire Cest

geacuteneacuteralement un lutteur agressif combatif et teacutemeacuteraire Il se fait

souvent remarquer par son esprit dentreprise Mais cette fougue dans

le combat lamegravene parfois bien que ce soit regrettable agrave oublier les

usages et les normes Ce manque de maicirctrise de soi peut faire croire

que le lutteur wolof manque de fair-play ce qui nest pas toujours le

cas

~A~Ugrave~ t 4AA CbUrs k LA ucirctotve f~tPle Sesect prores mou W ~ lesquelles vont se couler les comporteme~ts individuels qui sont ainsi

monteacutes par et pour lautoriteacute sociale

Les faccedilons de boire de marcher ou de sasseoir se manifestent indivishy

duellement dans le corps de chaque personne ces habitus sont cependant

des montages sociaux lieacutes agrave des significationssymboliques variables

dailleurs selon la position sociale occupeacutee par chaque sujet Ces modes

dagir se rangent dans un systegraveme de montages symboliques et lindivishy

du les apprend de la socieacuteteacute dont il fait partie agrave la place quil occupe

Lhabitus est un montage social agrave la valeur symbolique deacutependant des pheacuteshy

nomegravenes deacuteducation et de prestige et lieacute agrave la position sociale du sujet

Cette penseacutee sonne de faccedilon eacutetonamment moderne

Pierre BOURDIEU qui dans une perspective a approfondi le contenue de la

notion en le reportant aux oppositions entre classes et fractions sociales

Il deacutefinit lhabitus comme un systegraveme de dispositions durables acquis au

cours dune histoire personnelle dans une milieu social donneacute systegraveme qui

engendre ensuite des pra~iques socialement deacutetermineacutees faccedilons de manger

de parler ou de marcher comportements de politesse contenu des preacutefeacuterencel

et des deacutegoOts bullbullbull lhabitus est le produit de conditions eacuteconomiques et

sociales Lauteur rattache directement la formation de lhabitus dun

individu agrave la trajectoire parcourue par celui-ci dans sa classe dapparteshy

nance il deacutefend lideacutee dun habitus de classe qui deacutefinit le sens confeacuteshy

reacute agrave la pratique sportive les profits qui en sont attendus

Ce dernier serait lui-m~me lieacute agrave un systegraveme de valeurs ou ETHOS de classe

prenant sens au sein doppositions distinctives entre classes sociales

De sorte lhabitus fonctionne comme un systegraveme dt- regravegles inteacuterioriseacutees

souvent informuleacutees permettant ou non agrave lagent de sadapter dembleacutee aux

multiples pratiques de la vie quotidienne et de la vie sportive il est agrave

lorigine des schegravemes de transcription qui favorisent les ajustements aux

situations corporelles nouvelles (1)

t ~

(1) P~IE11D dwi6Han ISpoy-l et sodeacutebi Approche Bocio-culturelle des pratiques P~tis Vigot 1981 page 81

33

331 Preacutesentation

Les Seacuteregravere auraient pour origine le Fouta Toro quils auraient quitteacute

vers le Xllegrave siegravecle pour fuir lislamisation de cette reacutegioD par lempire

dJ Xali (ils seraient donc apparEnt~s aux Peul et Toucouleur ) Ils

auraient trouveacute dans la rEacutegion du Sine les Sosseacute dorigine manding avec

lesquels ils salliegraverent

Au XVegrave siegravecle une autre immigrationSos~ conqueacuterante cette fois-ci

apporta son organisation eacutetatique Ils se divisegraverent en deux monarchies

deacutemocratiques lune seacutetablit au Sine et lautre au Saloum Les Sosseacute

conqueacuterants constituaient lautocratie appeleacutee Guelowar

La royauteacute seacuteregravere eacutetait laiumlque Les premiers souverains durent secouer

la tutelle des Toucouleur et progressivement arrivegraverent agrave unifier lethshy

nie des seacuteregravere etdea Sosseacute Les deux royauteacutes eacutetaient organiseacutees selon

acirces modegraveles tregraves deacutemocratiques Le souverain deacutependait dune assembleacutee

de ministres et de chefs locaux qui assuraient ladministration centrale

et reacutegionale())

Aujourdhui lethnie seacuteregravere repreacutesente 20 de la population seacuteneacutegalaise

Ils sont reacutepartis sur presque toute leacutetendue du territoire notamment

dans le Baol la reacutegion du Sine-Saloum et la reacutegion de Thiegraves

Signalons quil existe plusieurs sous-groupes dans lethnie ainsi on

trouvera

- dans la reacutegion de Thiegraves les Ndut les Safegravene et les None

- dans le Sine-Saloum les Sine-sine et les Saloum-salouIT

On trouvera vers foundioune et agrave Nioro du cocircteacute de la Gambie les

Niominka (pecirccheurs) Cest une portion tregraves mandinguiseacutee

( 1

Le rattache~2~t d~ to~s ccs sous-groupes pose problecircme ~25 0~ r0~V~

uc grande partie de traits COITul1uns dans leurs modes dE vie Ct pOUT phs

de faciliteacute nous allons essayer de faire une ~tude globale de la lutte

traditionnelle seacuterecircre Lactiviteacute socio-eacuteconomique qui est essentielleme~t

agro-pasorale caracteacuterisE leacutethnie seacuteregravere

332 Lecircducation les moeurs les croyances et pratiques sEr~rc

Chez les Seacuteregravere la vie humaine se deacuteroule selon les grandes eacutetapes

le baptecircme lenfance ladolescencemarqueacutee par la circoncision lsectge

adulte le mariage la vieillesse et la mort (funeacuterailles)

La vie de la communauteacute seacuteregravere reste une des plus originales sinon

celle qui de nos jours garde la presque totaliteacute des pratiques et

habitudes traditionnelles

Bien qu aujotltdhui con~r-tis aux religions chreacutetienne et musulmane les

Seacuteregravere conservent leurs croyances et pratiques animistes

Quelque soit leur degreacute dadheacutesion aux religions reacuteveacuteleacutees les Seacuteregravere

croient en un Dieu puissant et miseacutericordieux Rog Segravene et les hommes

Les ~angols sont repreacutesenteacutes mateacuteriellement dans tous les villages

seacuteregraveres par des arbres (baobab et tamariniers) des animaux (geacuteneacuteraleshy

ment serpent doreacute ou iguane) des ustensiles (pilon calebasse et mortier)

De nombreux teacutemoignages nous apprennent que certains totems (serpent

iguane) font leur apparicion agrave loccasion de certaines manifestations

rituelles comme les sacrifices ceacuteleacutebreacutes lors dun mariage de ceacutereacutemonies

mortuaires ou des circoncisions

Le Seacuteregravere comme il nous a eacuteteacute donneacute loccasion de le dire plus haut

preacutesente des speacutecificiteacutes authentiques aussi bien en tout ce qui touch~

son eacuteducation ses croyanCES et pratiques mystiques q~e ses activiteacute~

socio-ecirccc~omiquEs Apr~s a ~aissa~c~ le beurob~ ~~ pcs~ 5~~ lE S~ __

On lui mouille les l~vres avec un peu d~ lait de mil et apr~s U~ bain

purificateur on versera leau dans un trou cr~us~ derri~r~ la Camp~~

Pendant huit jours la megravere et lenfant sont cacheacutes dans la case car

selon les anciens ils sont tregraves vulneacuterables La case deacutens certains cas

est entoureacutee dun fil blanc et lon place sur le seuil des fais(cauy di

veacutegeacutetaux pour chasser les mauvais esprits (geacutenies malfaisants et illangeUY~

dacircmes) Au bout du huitiegraveme jour la megravere et lenfant peuvent sortir de

la case bull

bullbullbull Le matin du huitiegraveme jour la tante paternelle va chercher de leau

(plusieurs fois)t elle doit rester muette pendant ses alleacutees et venues

si elle parlait t lenfant pourrait ecirctre muet bullbullbull

La megravere et lenfant prennent un bain purificateur dans lequel sont

trempeacutees certaines plantes (ce sont des veacutegeacutetaux pr~tecteurs tels le

begravene le yag le ngud) On y lavera aussi le linge e1t les ustensiles utishyj

liseacutes pendant les huit jours qui viennet de seacutecoul~r On rase le crine

de lenfant Les cheveux sont donneacutes agrave la megravere qui ~s enterrera avec le

reste du cordon ombilical dans un endroit que11e esit seule agrave connattre

La megravere sassied sur une natte devant la maison Une femme igeacutee de la

famille prend le beacutebeacute dans ses bras et le preacutesente aux quatre coins de

lhorizon

La tante paternelle tient ensuite un van sur la tecircte de la megravere on y

verse le mil on y verse eacutegalement en abondance sur la megravere et sur

lenfant La tante oint ensuite le corps du beacutebeacute avec du lait e11e

touche en particulier le front t le nez la bouche la poitrine le dos

et les oreilles

Elle pose enfin un ~rain de sel dans la paume du beacutebeacute (le sel purifie

et deacutetruit les puissances mauvaises)

Apregraves un nouveau bain la megravere et lenfant revEcirctent des habits de fecircte

(est

lenfant Ce precircnore a toujours U~ SEns Il sy~bolise parfois C0 qUi

lOIl sounaitt agrave lEufant l)

La circoncision comme dans les autres ethnies est obligatoire Elle

permet au jeune adolescent dacceacuteder agrave la classe adulte Les jeunes

sont regroupes en classe dacircge dans le bois ougrave sc fait la r0tr~it0 des

circoncis et ceci pendant plusieurs mois

Le Selbeacute qui est geacuteneacuteralement un ancien craint de tous les eacutelegraveves

enseigne le respect de la hieacuterarchie la discreacutetion le goOt de linishy

tiative Les activiteacutes physiques et leacuteducation artistique ne sont pas

en reste la deacutecoration la sculpture la lutte et la danse A sa sortie

du bois linitieacute appartient deacutesormais agrave la classe des virils et des

sages du clan car on lui aura enseigneacute les vertus fondamentales que

sont la justice lhonneur lamour du prochain 1 amour du travail

lhonnecircteteacute et surtout le respect des coutumes ancestrales

Le rite du mariage esd aussi un fait tregraves important dans le monde 1

seacuteregravere mais par manq~e dinformation nous serons obligeacutes de nous en

tenir lagrave

333 Impact des ethos sur la lutte dans le monde seacuteregravere

Lorigine de la lutte seacuteregravere ne semble pas claire ma1S nous pouvons

dire quil existait deux formes de lutte comme chez les Wolofs une

lutte sans frappe et une lutte avec frappe Et cest cette derniegravere

qui peut-ecirctre nous ameacutenerait agrave croire que la lutte seacuteregravere aurait une

origine plus preacuteciseacutement guerriegravere

Aujourdhui la lutte est uniquement une activiteacute sportive agrave travers

laquelle le jeune seacuteregravere eacutevalue sa force son courage et SOn ingeacutenioshy

siteacute Cest une occasion de deacutefendre lhonneur de son village ou de

la corrnnunauteacute

La luttE ~5t avant tout u~e rnanifcs[dtic~ c~lturclie et surtout

fo lkhriqut-

Gracircce agrave elle on peut deacutesormais comprendre un certain nombre de chants

et de symboles A travers la lutte seacuteregravere on ccedilomprend les inter-relashy

tions entreacute la vie et le monde surntiturel

Sil devait y avoir la mort dun villageacuteois pendant la fecirctE au T qUE

de linterrompre on proceacutedait gracircce aux connaissances magico-religieuses

agrave la suspension de la mort jusquagrave une peacuteriode ougrave la population sera plus

disponible pour organiser des funeacuterailles sil y eacutetait preacutedit la possibishy

liteacute dune deacutefait du champion local au profit dun champion dun autre

village des recettes dordre maginque et religieux eacutetaient mises en prashy

tique afin que le champion du village ne soit jamais terrasseacute(J)

334 Le profil du lutteur seacuteregraver~

Le lutteur seacuteregravere est par essence un athlegravete impressionnant de par sa i

carrure et sa musculature saillante mais cest aussi une force tranquille

et calme quelque soit lenjeu du combagravet et particuliegraverement lhonneur

Cet aspect nous pousse agrave parler du NGiMBE cest-agrave-dire de la tenue du

lutteur qui va influencer sur sa faccedilon de lutter

La confection du Ngimbe revient agrave la communauteacute entiegravere Le Ngimbe a

une signification symbolique et le lutteur pour meacuteriter la confiance du

groupe se doit de tout faire pour ne pas toucher le sol Toute la commushy

nauteacute elle aussi sengage pour assurer la longeacuteviteacute et le succegraves du lutteur

dans laregravene par lorganisation droffrandes et de sacrifices en lhonneur

des Pangols bull

bull

Daucuns nheacutesitent pas agrave dire que lessentiel du mysticisme se fait agrave

la maison et non dans laregravene tout le reste nest quintimidation de

ladversaire

lsvcns

Tt- pi ~- t

t 1 ~ l _ ~ t

par rapport agrave lautre Cbci est trEgraves lieacute agrave lactiviteacute journaliegravere du

jeune seacuteregravere qui est un cultivateur donc toujours bien planteacute sur ses

jambes et qui continuellement manie lhiler

Le fait de couper le boi~ peut eacutegalement constituer un moyen de muscushy

lation non neacutegligeable pour le jeune lutteur

Un certain nombre de traits techniques speacutecifiques au lutteur seacuteregravere

semblent ressortir des diffeacuterentes interviews que nous aVOns fait subir

agrave certains lutteurs seacuteregraveres et agrave diffeacuterents techniciens

SOUS-GROUPES FORMES DU CORPS CONTROLES GARDES

SAFEN Moyenne en fente NONE Hancheacute Bras (distante) j

NDUTJ

f

SINE-SINE Deacutecalage Ngimbe

Moyenne

SALOUM-SALOUM Passage- Jambe (rapprocheacutee) 1

i

PETITE dessous Tecircte Basse et 1

COTE Moyenne (rapprocheacutee)

Notons que le Niominka ll commence agrave lutter agrave partir du sol pour avoir

assez deacutelan et sauter sur ladversaire afin davoir la prise du lion

(contr6le de la nuque et du bassin)

Co a -tem-nt ccedilt attitude du lutteur sEacuteregravere335 np -1t ~

Les croyances mystiques sont indissociables des activiteacutes quotidiennes

duseacuteregravere Ce qui explique le cocircteacute supersticieux du lutteur seacuteregravere En

~ffet certains lutteurs refusent de lutter avant certaines heures

Certains teacutemoignages nous apprennent quil nest pas donneacute agrave tout le

monde decirctre champion de lutte et que le lutteur doit avoir des dons

surnaturels pour ecirctre agrave mesure de livrer ses combats dans la nuit

et trouver seul un gris-gris speacutecial appeleacute Njatch

Le vrai champion de lutte chez les seacuteregraveres ne lutte pas seulement avec

~a force et sa technique mais surtout avec ses dons occultes

Chez les seacuteregraveres les morts sont toujours preacutesents et les ~pangols

Servent dintermeacutediaire entre les hommes et les morts Le pangol prend i

le nom dhumain dans certains villages (IIHeacuteJga NDONG Har Wag NGOUYE) i 1

De ce fait on verra le lutteur danser dufe maniegravere ou dune autre en

fonction du pangol de sa famille Ainsi nrus aurons le back (chant et

danse du lutteur) des DIOUF des FAYE etclbullbullbull

Dans laregravene le lutteur seacuteregravere a un comportement exemplaire aussi bien

agrave leacutegard de son adversaire direct quave~ le public en geacuteneacuteral Lexpli shy

cation semble tenir au fait que le lutteur seacuteregravere est avant tout selon

la tradition orale le repreacutesentant de toute la communauteacute seacuteregravere Par

conseacutequent il devra saffirmer non seulement en tant que lutteur dans

laregravene mais aussi en tant quentiteacute morale

336 La tenue du lutteur ou NGIMBE est confectionneacutee par le marabout de la

famille ou du clan Le Ngimbe est constitueacute de pagne en cCton tisseacute

Il doit ecirctre propre le lutteur qui le porte ne devra pas avoir de rapshy

port sexuel pendant toute la peacuteriode des cOTpeacutetitians car le Ngi~bE ne

doit pas ~tre souilleacute

Autrefois et mecircme aujourdthui dans certaines familles on devient

lutteur de pegravere en fils et dans ce cas le Ngimbe du pegravere est heacuteriteacute

par le fils Le fait de porter le Ngimbe de ses aieux peut susciter

chez le jeune lutteur une motivation et une volonteacute ineacutebranlable dtasshy

surer la supeacuterioriteacute d~s siens dans ltaregravene Il fera tout pour que le

Ngimbe de la ramille ne touche le sable

La tenue du lutteur a une signification et une importance sur le plan

mystique car selon les anciens le vra1 feacutetiche du lutteur celui qui

le proteacutegera et laidera agrave vaincre le nDjinne ou le tRapu de ladvershy

saire se trouve cacheacute dans ce Ngimbeu bull Celui qui confectionne donc le

Ngimbe U est doueacute de faculteacutes occultes

337 Larbitrase est assureacute par un sage du village qui geacuteneacuteralement fut

champion de lutte de son temps Dailleurs cet ancien nintervient que

si le terrassement est litigieux Hormis le public qui proclame la vicshy

toire ou le match nul le lutteur lui-mecircme est arbitre et il arrive

quil se deacuteclare vaincu

Nous avons pu cfter Meacutedoune KHOULE un desplus grands lutteurs seacuteneacutegashy

lais qui a donn~ une victoire agrave Djeacuteri SADIO son adversaire qui a reacuteussi

agrave lui faire touegraveher le sol de la main

IlL

34 1 Preacutesentation

Lethnie toucouleur vit En grandt partit ciE~~ la vallfc du S~~~gal

pt reprecircsente i peu pr~s 8 de la population totale secircn~galaise

o Histoire

Il semblerait que dans lancien royaume du Tekrour (IX~ siegravecle) des

eacuteleacutements neacutegroiumldes Sarakoleacute et des Peul aient formEacute par meacutetissage le

peuple Toucouleur (Toucouleur serait dailleurs une deacuteformation du

mot portugais Tacouror)

Ce empire a domineacute aussi bien les wolofs de lOuest que les Peul

nomades du Fouta Toro Cette reacutegion fut le premier pays islamiseacute par

les Almoravides ce qui peut expliquer le proseacutelytisme toucouleur

Ce sont les guerriers toucouleur islamiseacutes qui attaqu~rent avec les

Almoravides la capitale du Ghana Koumbi en 1067 On convertit par

la force les animistes Cest sans doute agrave cette eacutepoque que de nombreuses

ethnies reacutefractaires agrave lIslam ont dO accentuer leur migration vers

le sud (Seacuteregravere wolof Sarakoleacute Bambara Songhaiuml Akan et Peul se reacuteshy

fugiaient vers les hauteurs du Fouta Djalon)

Au XIXegrave siegravecle les Toucouleur allaient trouver en El Hadj Omar Tall

un grand conqueacuterent qui sous le preacutetexte religieux de la gJerre sainte

contre les tribus animistes (entre autres Bambara) eacutetendit lempire

toucouleur sur presque tout lensemble du gali et la partie de la Guineacutee

proche du l1ali

Lempire toucouleur composeacute de Sarakoleacute de Bambar~ de ~alinkeacute de

Xassonkeacute dE Peul et de Dogon eut le meurorit~ dunir CES diif~rentes ~ ~ - - - - - et~ics ~t dE CD~stituer l~Sl la b2S~ ~r 1

_ ~ ~ ~_ L ~

~ ~- ~- - - ---- _ 1 v _ t 1 ~-_ --

marabout tOL~culcuuml~ ~ middotlrrany a l ick SI venu des E1i rClS dE Pocior~ (

~ Vi~ euroconomicue et sociale -----------~-------------

Les Toucouleur sont des cultivateurs mais bien quils n~ soie~t pa~

pasteurs comrre les Peul leacutelevage a une place inportarteacute decirc1S ltur

eacutecono~ie Pour faciliter leur conquecircte guerriegraverE ils c~t Eucirc une preacuteshy

dilection pour leacutelevage des chevaux On y trouve aussi des pecirccheurs

appeleacutes Tchioubalo La socieacuteteacute toucouleur aurait une stratification

sociale tregraves rigide Les groupes ethniques et les castes eacutetaient

diffeacuterencieacutes et strictement exogamiques les Rimbe classe des nobles

comprenant la famille reacutegnante et les guerriers libres la classe des

Nieacutenieacutebegens de castes artisanales i les Rimaibeacute anciens esclaves

devenus serviteurs qui portent les noms de famille de leur maicirctres A

la base de lorganisation de la collectiviteacute toucouleur se situe le

village (Wouro)

Toutes ces castes sont cloisonneacutees entre elle~ Ainsi il nest pas

permis agrave un Torodo (noble) de se marier avec un Tchioubalo Ces

consideacuterations sont importantes dans le domaine de la lutte ougrave nous

apercevrons que les nobles ne sont pas faits pour lutter Le noble

preacutesidera les seacuteances de lutte et on luttera pour lui Ces condeacute rat ions

de noblesse et de rang social sont extrecircmement importantes dans le

monde toucouleur

Le noble ne doit pas se salir on lutte pour lui il ne vit la lutte

quen tant que spectateur

342 Education moeurs croyances et eratiques religieuses

Deux formes d~ducation sont agrave consideacuterer leacutedJcatio~ dES enfarts Et

celle des adultes

oG lenfant sait m2n~~r et apprfcier le goOt d~5 ~iifeurorents r~pas lt

le moment ougrave il CO~~e~CE agrave marcher

tivirt n~sormais le petit toucou]eur est eacuteduquf par toutmiddot 12 f2~i)]E

dabord puis par toutes lespersc~nes du village ou du C13~

Lenfant peut ~tre corrigeacute par tout adulte appartenant au groupe social

Son eacuteducation est deacutesormais laffaire de toute la communauteacute et non

exclusivement celle ces parents On linitie ainsi au travail quotidien

qui se fait dans la bergel~ e les champs et les bords du fleuve Au sein

du village il pourra apprendre agrave filer la laine et agrave tisser des pagnes

dans les champs il apprend agrave manier la houe et lhiler pour la culture

du riz et du mil Mais signalons que lactiviteacute essentielle du toucouleur

est leacutelevage des boeufs des moutons et des chegravevres Chez les Ichioushy

balos (p~cheurs ) lenfant sera initieacute tregraves tat au maniement des pagaies

agrave la p~che propremccedilnt dite et agrave la nage

Vers cinq-six ans lenfant est confieacute au maicirctre coranique le Ihierno

et ce dernier dispose exclusivement de toute sa vie Lavenir du jeune

enfant lui appartient

Comme dans les autres groupes ethniques les enfants sont regroupeacutes en

classe dacircge et cest dans cette structure que lenfant subit les rite

de passe et plus particuliegraverement celui de la circoncision

La circoncision est non seulement unE opeacuteration chirurgicale malS surshy

tout une peacuteriode au cours de laquelle le jeune garccedilon passe de leacutetat

dadolescent agrave leacutetat dadulte Les circoncis sont reacuteunis en classe

dacircge dans un endroit situeacute hors duvillage geacuteneacuteralement choisi par les

vieux Cet endroit n~st accessible que par des individus de SExe ffi8SCUshy

li~ ~ta~t au preacutealabl circoncis

- - - -

quable et complet sur le plan phy~ique et ~oral Ai~si liniti~

acquiert les qualitecircs indispensables que sont le courag~ la modest

lesprit de sacrifice lendurance

Le toucoule~r est un pleux musulma~ Cela sexp1

SOil le premier agrave tre en contact avec la religion musulmane de par sa

position frontaliegravere Lethnie toucouleur de par son histoire a preacutesenteacute

les plus grands chefs militaires et religieux musulmans seacuteneacutegalais Et

pour illustrer cela on peut citer en exemple la grande famille musulmane

des SY agrave TIVAOUANE repreacutesentant la confreacuterie des TIDJANES

Bien que lon note une majoriteacute musulmane on peut dire que certaines

croyances et pratiques mystiques et animistes persistent encore surtout

dans la reacutegion du fleuve

Une pratique courante se fait elle sappelle le Djatt Elle consiste

agrave faire sortir le caiman du fleuve agrave limmobiliser et agrave lattacher

sans quil ne reacuteagisse et tout ceci agrave laide de versets et dincantashy

tions magiques Dapregraves les teacutemoignages ces pratiques sont plutocirct

freacutequentes chez les Tchioubalos (pecirccheurs) Il arrive aussi que cershy

tains chasseurs ayant des dons se livrent agrave certaines pratiques an1shy

mis tes qui consistent agrave invoquer certaines puissances et agrave moduler sous

forme de chant des versets occultes pour se proteacuteger des mauvais esprits

et pour eacuteloigner les fauves Ce chant est geacuteneacuteralement incompreacutehensible

et deacutenueacute de sens pour le profane

343 Activiteacutes ludiques et pratiques sportives en milieu toucouleur

Durant toute son histoire lethnie ~oucouleur a toujours EacutetEacute Frese~teacute~

comme celle qui avait ue activit essentiellement guerr e e~ particushy

liegraverement farouche Trois eacuteleacutements ret r t l ecirc t te nt i c- euro so~t

le manie~~nt du ~acircton 12 luttE Et 1eacute danSE

l

Lecircducation ph~sique et artistique Dcc~pe un place precircpondecircra~rp

dans la fDrmat~on du jEune toucouleur A loccasion agraveeacutevegravenemen~ imporshy

tants reacutecoltJs mariages baptecircme nous assistons agrave des manifestashy

tions folkloriques de grande envergure le Wango oucirc dailse toucouleur

tregraves gymnique iles chants et surtout les sEacuteances de lutte

La lutte toucouleur est la forme de lutte la plus spectaclaire dans

tout le territoire seacuteneacutegalais Elle est essentiellement baseacutee sur des

techniques en hancheacute et surtout en souplesse Ceci sexplique par le

fait q~e le jeune toucouleur est tregraves tocirct initieacute agrave la gymnastique (saut 1

per saut de main salto arriegravere saut de tecircte couronneacute etc bullbullbull ) pour

la dans~ du wa~go En dansant le wango qui est une danse rythmeacutee et

gymnique le Jeune toucou1eur est capable de prouesses extraordinaires

1

En lutte lattaquant se deacuteplace tregraves peu pour avoir une bonne saisie

(geacuteneacutera~ement controcircle du Ngimben ) et enchaine brusqueme~t avec une

attaque surpris~ Cependant les ripostes sont souvent surprenantes et

spectaculaires (baseacutees sur la souplesse et la rapiditeacute) ontrairement

aux autr~s form~s de luttes ougrave lon voyait tous les jeune adheacuterer la

lutte to~cou1eur Verra un groupe de speacutecialistes sadonne agrave la lutte 1

(la lutte est lieacutee agrave la position sociale de lindividu problegraveme de

caste)

Q La morphologie du lutteur toucou1eur 1

1 1

Ce dernier nest pas aussi large et aussi fort que les lutteurs diola

et seacuteregravere Cependant il est tregraves reacutesistant La musculatJre est saillante 1

et tregraves souple lindividu est longiligne mais tregraves athleacutetique

Les mouvements de lutteurs sont semblables agrave ceux dun grand fe1in Cette 1

morphologie semble ecirctre lieacutee agrave la position geacuteographique de lethnie

(reacutegion du fleuve) et agrave lacitiviteacute socio-eacuteconomique du toucouleur qui

est agrave la fois cultivateur (activiteacute lieacutee agrave la crue et deacutecrUE du fleuve)

pecirccheuro~T CIcr~icubaon) et sttout jEumlrgcr qui est U~ rc~2eumlr

shy

Deux formes egrave~ corps sembl~nt ecirctre preacutefeacutereacutees du lutteur toucouleur

le hancheacute et la souplesse Les hancheacutes sont faits agrave partir de plusieurs

positions de doset se terminent geacuteneacuteralement par des techniques de

tregraves grande amplitude

TABLEAU RECAPITULATIF DES TECHNIQUES ET FORMES DE CORPS SPECIFIQUES

i

L441 r

GARDE FORMES DU CORPS CONTROLES --shy - -

Moyenne Souplesse Ngimbe

Hancheacute bras

Demi-souplesse

1

Profil psycholosigue 1

TECHNIQUES

ContrOle du bassin et 12 souplesse

arriegravere

Klicket et allegravegement de la hanche

Le lutteur toucouleur est celui lUi se livre le moins aux preacuteparaqons

maraboutiques Cela est dO au f~t que le toucouleur est un grand ~USUlshyman et que les pratiques animisges ont presque disparu dans ce mil~eu

Dans la pratique le lutteur esJ combaif mais il est calme et tr~s reacutefleacutechi quant agrave la deacutecision agrave prendre en plein corps agrave corps ct~st un des seuls techniciens qui reJte tregraves lucide au cours de ses comb~ts

l Dans toutes les circonstances e lutteur toucouleur est tenu de re~pecshyter son adversaire et ceux de s4n eacutequipemecircme sil est vaincu

Comme nous avons dO nous en rendre compte la rigueur des principes

eacuteducationnels a une influence tregraves sensible sur l~ comportement du

toucouleur

i

III S COCL ~s 1DO

Dans cette partie nous avons essay~ de montrer lftroite re1atic~

Entre les diverses activiteacutes socio-eacuteconomiques dans les ethnies et

lES diffEacuterentes faccedilons de lutter

Daucuns seraient tent~s de conclure trop rapidement et cest p0~r

cette raison que nOUS avons penseacute preacuteciser que le pheacutenotype nest

pas geacuteneacuterateur du geacutenotype Et nous sommes convaincus que la morphoshy

logie et les techniques des lutteurs relegravevent de leurs modes de vie

et de leurs croyances agrave une eacutepoque et danE un contexte bien deacutetermishy

neacutes

Est-ce que les lutteurs dio1a ou seacuteregravere travaillant avec leurs bras

dans les champs auraient les mecircmes pr 0 fil s physiques que les lutteurs

utilisant des machines pour lagriculture

- 69 shy

I UJOURDH~1 E-S ut O[l LES FORfilS Ut LU11t~

~otons que notre enqu~te a ecirctE essentiellement faiteen milieu urbain

Les seacuteances de lutte ont tendance agrave perdre leur particulariteacute de r~shy

jouissance pour devenir des pheacutenomegravenes de sportisatio Deux fores

de luttes so~t principale~cnt prat s dans les aregrave~es du 5 al

la lutte traditiunnelle simple et la lutte traditionnelle avec frappe

De nos jours la lutte traditionnelle tend vers une reacuteglementation

et une institutionalisation

Le reacutesultat de nos investigations nous donne le tableau ci-dessous

REPARTITION ETHNIQUE SUR 100 PRATIQUANTS

LUTTE LUTTE RAPPORTETHNIES SANS FRAPPE AVEC FRAPPE J2

Diola 40 16 71 j

Seacuteregravere 26 21 57

Toucouleur 23 10 69

Wolof 1 1 53 17

La demande sociale par ordre deacutecroissant pour la lutte sans frappe

se preacutesente comrre suit

]0_ Ethnie diola avec pregraves de 3 lutteur~ sur 4

2deg_ Ethnie toucouleur

Ethri dun

~ 1 LA LUTTE TR])IIIO~~ELLE AVEC H-PPE

Cette forme deacute lutte a une histoire qui date de lantiquiteacute elle

sa~pelait le Pugilat Au Seacuteneacutegal elle a vu le jour dans le Cayor

bien avant la colonisation Le coup dE pied l~Lrdn~lement la morshy

sure la frappe et le doigtf eacutetaient permis dans le cc=bat ~ ~middot~p0~~e

Dans certains cas la giffle eacutetait beaucoup plus dangereuse que le

poing quand elle eacutetait donneacutee par un speacutecialiste Cette giffle pouvait

agrave elle seule deacutechirer et mecircme parfois amputer la joue de ladverser

Selon les informations la lutte avec frappede nos jours serait une

forme de lutte tregraves eupheacutemiseacutee de celle dantan ougrave une blessure

pouvait souvent ecirctre mortelle

Aujourdhui au niveau du folklore la lutte na plus la mecircme

le spectaculaire a remplaceacute le significatif iLa lutte avec frappe se 1

pratique surtout dans les centres urbains C~aque fois quun grand combat 1

est progra~eacute par le Comiteacute National Proviso~re (CNP) des centaines damashy

teurs sont mobiliseacutes vers le stade lba Mar D~OP qui est aujourdhui le i

lieu approprieacute ougrave se deacuteroulent les grands conkbats de lutte Cest la formE

de lutte qui semble drainer une foule de personnes beaucoup plus importante

que celle de la lutte simple

La lutte avec frappe deacuteriverait dune forme de lutte traditionnelle

pratiqueacutee jadis dans le Cayor au temps des Damels et la frappe serait

le substitut dun certain nombre de pratiques doigteacute jet de produits

etc bullbullbull dont le but eacutetait laveuglement de ladversaire La lutte avec

frappe serait une continuation logique dune carriegravere sportive de la

lutte traditionnelle qui sen sert comme moyen socio-eacuteconomique En

effet la majoriteacute des lutteurs avec frappe ont dabord eacuteteacute initieacutes agrave la

lutte simple Cependant il faut signaler que de nOS jours il arrive

que le jeune lutteur avec frappE- soit directenent formEacute conne speacutecialistE

agrave la frappe sa~s pour autant faire son chemin dabcrd egravea~s la lutte

- ~ shy

Le recircsultat dE ~os interviews ncus rec~trE qGune pcpulatiD~ divcrsishy

fiampe sint~resse agrave ce sport et qUE les intecircr~[s des uns et d~SlautrE~

semble~t divergents naucuns affirment que la lutte traditionnelle

avec frappe serait monteacutee par des personnes dont la vocation est dexshy

ploiter ce pheacuteLomegravene agrave des fins commerciales Dautres disent gJellegrave

jouit de mcyens irport~nts t[l[~isio

tation etc bullbullbull ) pour toucher toutes les couches sociales CEpe~~a~t

nous remarquons que mecircme si certaines personnes reprochent agrave cette

forme de lutte decirctre brutale ces mecircmes personnes nheacutesitent pas agrave

se rendre le dimanche agrave laregravene Bien que critiqueacutee elle semble ecirctre

adopteacutee par une tregraves grande partie de la population seacuteneacutegalaise Cepenshy

dant en tant que techniciens il nous est permis de faire une remarque

Il sagit de

- Limpression nette decirctre devant des professionnels de la frappe

qui sont ~ntratneacutes pour cela Dailleurs les propos que nous avons

recueilli~ nous prouvent que la plupart des champions de lutte avec 1

frappe s~ntratnent dans certains sports de combat tels ~ue la boxe i 1

le karateacute le judo Dans cette nouvelle forme de pratique de la lutte

contrairefuent agrave la lutte traditionnelle le technicien e~t souvent

perdant face au puncheur Ce dernier adopte une lutte agrave distance qui

lui permet de placer agrave bon escient ses coups animeacute du deacutesir de vaincre

Le technicien lui se voit contreacute dans toutes ses entreprises par

un uppercut ou un crochet

On peut dire cependant que nul sport au Seacuteneacutegal que la lutte tradishy

tionnelle avec frappe ne deacutechaicircne autant de passions et autant de

pheacutenomegravenes poussant agrave lexcegraves et deacutereacuteglements quon ne peut que deacuteplorer

Mais comment deacutecrier un spectacle de lutte qui bien quayant perdu la

presque totaliteacute des valeurs traditionnelles veacutehiculeacutees autrefois par

elle sait susciter une participation effective de tous ceux qui sont

preacutesents

CONCLUSION

Dans ce meacutemoire nous sommes efforceacutes ~e faire ressort ir limportance des

ethos et des habitus et leurs effets sur la pratique de la lutte tradishy

tionnelle au Seacuteneacutegal

L~b egravethos repr~sentent dune maniegravere g~neurorale tous les eacuteleacutements speacutec

fiques sux Seacuteneacutegalais par conampeacuteguent un systegraveme de valeurs traditionnellEs

Mais m~me si ces valeurs rev~tent une signification universelle (honneur

digniteacute courage etc bullbullbull ) il nen demeure pas moins que ce nest pas leur

nature qui fait leur speacutecificiteacute mais la hieacuterarchisation et limportance i

quon accorde agrave toutes ces valeurs de ~ar leacuteducation ou la culture

i 1

Aussi les valeurs traditionnelles puient leur speacutecificiteacute dans les

caracteacuteristiques propres aux eacuteleacutements ~e la socio-cu1ture (la technologie

et leacuteconomie la politique et la pareteacute la psychologie et lideacuteologie)

dans la socieacuteteacute seacuteneacutegalaise agrave n momen donneacute de son eacutevolution Cest i

dire la neacuteceesiteacute de ne point faire della valeur une reacutealiteacute statique

Cest dite aussi quagrave tout mome~t le ~eacuteneacutegalais peut eacutevoluer et creacuteer

ou vivre par conseacutequent de nouv~lles fprmes de valeur qui lui sont 1

propres ft (J)

La lutte traditionnelle veacutehiculant deS valeurs socio-cu1ture1les speacutecishy

fiquement seacuteneacutegalaises (croyances valeurs morales norme de comportement

opinion attitude bullbullbull ) devient un eacuteleacutement important qui tregraves certaiaement

nous aidera dans notre effort de valoriser et de peacuterenniser notre patri shy

moine culturel par le biais dactiviteacutes physiques et sportives

Leacutetude des habitus nous permet de prouver quil y a plusieurs faccedilons

de se mouvoir comme danser lutter bullbullbull qui varient avec les diffeacuterentes

ethnies (wolof toucouleur seacuteregravere diolagt leurs convenances et leurs

eacuteducations

(1) Revue Ethiopiques 31 Les valeurs traditionnelles et le problegraveme de leur inteacutegration dans les systegravemes modernes jtducatio-1 2 6r--70

nautre part cette eacutetude permet aussi de nous rendrE compte de la

correacutelatipn eacutetroite existant entre la pratique de la lutte traditionnelle

et le sta~ut socio-eacuteconomique du pratiquant

Nos inves~igations nous indiquent que la lutte recrute essentiellement

au niveau des classes socio-eacuteconomiques situeacutees en bas de leacutechelle

donc posseacutedant le statut social le moins favoriseacute La lutte avec frappe

-et un certain secteur commercialiseacute de la lutte simple- y trouve sa

leacutegitimiteacute Comme le dit BOURDIEU nA habitus diffeacuterents styles de Vle

divergents et il oppse les pratiques aristocpatiques correspondants agrave

des activiteacutes qui favorisent les situations eupheacutemiseacutees ougrave la stylisashy

tion est importante aux pratiques populaires qui font appel agrave des

qualiteacutes qpposeacutees bllutes rugueuses Certaines interviews nous

montrent que plus lindividu occupe une place eacuteleveacutee dans leacutechelle

sQciale e~ 1

moin$ il sinteacuteresse agrave la lutte

Les reacutesultats recueillis dans nos diverses investig~tions confirment 1 1

1er propos qui disent que nous assistons aujourdhu~ agrave une involution

de la lutte traditionnelle parce que perdant toutes ses speacutecificiteacutes au 1

pryfit d~ne autre forme de lutte que lon continue agrave appeler nostalshy

giqlementIIlutte traditionnelle

Ceci pourrait peut-~tre trouver une explication dan la citation suivante

La liberteacute de creacuteer dinnover de vivre Pleineinenf decirctre soi et de

preacuteserver son authenticiteacute la digniteacute et lhonneu1demeurent des illushy

sions dans la misegravere eacuteconomique~ Nos ancecirctres creacuteai~nt des valeurs de cishyl

vilisation parce quils eacutetaient libres parce qu1i~s ignoraient toute

deacutependance eacuteconomique ils cultivaient en eux et cbez leurs enfants le 1

Jorn et la Kersa et preacutefeacuteraient la mort agrave la hoJte lI (1)

Or le Seacuteneacutegal comme la plupart des pays africainsi est un pays sousshy

deacuteveloppeacute t cependant face agrave cette volonteacute du gou~ernement seacuteneacutegalais

de faire inteacutegrer dans leacuteducation des valeurs traditionnelles nous

pouvons espeacuterer utiliser comme moyen deacuteducation la lutteacute traditionnelle

qui reste quand mecircme vecteur jethos et dhabit~s

- 54 shy

Mecircme si lon a noteacute un appauvrissement notoire sur les plans socioshy

culturel et moral la lutte traditionnelle recegravele une gamme importante

et varieacutee de techniques permettant incontestablement une ouverture vers

les luttes olympiques libre et g~eacuteco-romaine

La lecture de ce meacutemoire permettra agrave lentratneur et au professeur de

lutte en fonction du lieu ougrave ils seront affecteacutes dans le territoire

seacuteneacutegalaisdavoir une information sur les techniques contrOles et

formes de corps propres agrave chaque groupe ethnique et de les mettre en

relation avec leurs croyances et leurs mentaliteacutes

Nous avons essayeacute de montrer que la pratique de la lutte traditionnelle

doit tre axeacutee sur une ethnomotriciteacute au Seacuteneacutegal qui permette une inishy

tiation facile Cette pratique de la lutte traditionnelle seacuteneacutegalaise

devra dailleurs essayer de ~eacutepondre aux aspirations du Seacuteneacutegalaisl

moderne en souvrant aux ap~orts positifs des autres civilisations

ex~eacuterieures nous voulons Jvidemment parler du judo et des luttes oiymshyJ

piques 1

1 j Nous navons pas la preacutetentfon dans le cadre de ce meacutemoire demattrise

de reacutepondre agrave toutes les qutstions se rattachant agrave leacutetude de ~a lutte

traditionnelle souslangle~socio-culturel car non seulement il nous

manque lexpeacuterience et la c peacutetence en la mati~re mais aussil l le temps

et les moyens dont nous dis osions ne nous permettaient pas d~puiser le 1sujet i

1 1 1 t 1

l

- )5 shy

BIBLIOGRAPHIE

BIBLIOGRAPHIE

1- CLAPAREDE Psychologie de leacuteducation et peacutedagogie expeacuterimentale

Edition Delachaux et Niestleacute 244 pages

2- POCIELLC Christian Sport et Socieacuteteacute approche socio-culturelle

des pratiques Paris Vigot 1981 377 pages

3- PIERON Henri Vocabulaire de la psychologie

PUF Deuxiegraveme eacutedition 1957 469 pages

4- Revue socialiste de culture neacutegro-africaine ETHIOPIQUES

Les valeurs traditionnelles et le problegraveme de leur inteacutegration

dans les systegravemes modernes deacuteducation

GIA 21 Juillet 1982 213 pages

5- N2 Revue du Centre dEtudedes Civilisations DEM ak TEY

NIS IVegrave Trimestre 1982 96 pages

6- Document lNSEP Colloque sur la lutte aeacuteregravere

DAKAR MAI-JUIN 1980

t 1

~- Travaux du IVegrave Congregraves National ~es Sports agrave DAKAR les 2223041981

Bulletin n2 91 du CIO du 15 Aont 1965

l____________________________

8- Meacutemoire de Mattrise BADJI Abdou La lutte traditionnelle Joola

Etude et perspective

9- Meacutemoire Inspectorat JS DJITTE Mandy Les pratiques corporelles

traditionnelles au Seacuteneacutegal pour leur exploitation et leur

utilisation en peacutedagogie Marly le Roi 1980

REPUBLIQUE DU SENEGAL

--------------- INSTITUT NATIONAL SUPERIEUR

MINISTERE DE LA JEUNESSE DE LrsquoEDUCATION POPULAIRE

ET DES SPORTS ET DU SPORT

-------------

(INSEPS)

MEMOIRE DE MAIcircTRISE

Es-SCIENCES ET TECHNIQUES

DE LrsquoACTIVITE PHYSIQUE ET DU SPORT

LA LUTTE TRADITIONNELLE

son importance sa signification en fonction des ethos et des habitus ethniques au Seacuteneacutegal

Preacutesenteacute par

Monsieur Joseph Victor FAYE

Sous la direction de

M Jean Marc ROCHEZ

Professeur agrave lrsquoINSEPS

Anneacutee de soutenance 1984

LE tableau ci-dessous se propose dE reacutesumer les diffeacuterentes consideacuteshy

rations techniques envisagEacutees dans cette partie

FORlŒSSOGS-GRGUPES 1 COItltOLE GA~JESDt CORF=

i ~

1 1

Passage dessous de jambes et BassE KASSA saisies Moyenne1annexes bras (rapprocheacutee)

ceinture tecircte

Deacutecalage de Moyenne et BLOUF Demi-souplesse Ngimbe

HauteHancheacute Bras (rapprocheacutee)

Jambe

Arracheacute CouFOGNY Tregraves basse

Hancheacute ii 1

1 1

3 14 3 bull LeIIa~~jueetlecom~ortementdulutteur-+iola

1 Le comportement et lattitude du lutteur dans laregravene pe sont en fait

t

que le reflet de sa psychologie et plus partiCUliegraverem t de son eacutetat

dacircme Or il napparatt pas abusif deacutetablir des cor eacutelations entre

le psychisme dun individu et lempreinte eacuteducative quil a subie En effet en sortant du bois sacreacute le jeune diola a acquis un ~ca~~l

eacutequilibre physique et mental

Cette matrise de lui-mecircme permet au lutteur dans la~egravene dadopter

un aire enjoueacute de manifester beaucoup denthousiasme~ La lutte devient 1

essentiellement un jeu laspec ludique y est privileacutegieacute et ~ela influe

sur le comportement du lutteur

Ainsi queurolq~c soit limporta~cE de le~je~ le lutt~c~ dic1e Seuroreacute

to~jours serein et s~ livrera sa~s arri~re pe~s6e da~$ ~E CO=beacute ou-

tons que le lutteur diola est trecircs fair-play et sil arrive quun rdnd

lll L COIicircilU1Ul L ULOF

32 J Preacutesentation

La soc tEacute wucirc10f est celle qU1 a eacuteteacute la plus marqueacutee par la colonisation

~~ fait peut-gtre de sa position geuroographiquE dune part ct de 50~ imporshy

tanCE sur le plan dfmographiquE dautre part En effEt ceurootteuro CC-~ucircautE

wolof repreacutesente environ 20 de la population seacuteneacutegalaise

Elle est constitueacutee de pecirccheurs (ce sont les leacutebous) dagriculteurs de

fonctionnaires de lEtat mais surtout de commerccedilants

A pqrtir de leur reacutegime dimplantation le Cayor le Walo le Baol le

Djolof et la presquicircle du Cap-Vert les wolofs ont tendance agrave irradier

sur lensemble du territoire sous leffet de leur speacuteculation agrave la culshy

ture de larachide et du nombre important de fonctionnaires quon trouve

dans cette ethnie

322 Les moeurs et croyances wolofs

Bien queacutetant en grande partie des musulmans convaincus les wolofs

conservent toujours une croyance animiste et continuent agrave faire des

sacrifices agrave porter des cornes ou des morceaux de bois agrave la ceinture

aux jambes ou aux bras et agrave croire agrave lexistence des Djinneacutes et des

Raps bull

Le Djinneacute cest une creacuteature malfaisante en geacuteneacuteral capable de choses

extraordinaires Il possegravede des faculteacutes surnaturelles Cependant dapregraves

la croyance animiste certains Djinneacutes peuvent ecirctre bons

Le Hapl cest une creacuteature ayant des dons occultes appartena71t agrave une

famille ou agrave une communauteacute et dont le rOcircle est de veiller cu daider

les reCJrES de le fai11p ou dt la conmunauteacute en cas de da1gel Le Rap

~ ut te c ) ~~c-

ei sltcificE cJ sanl dE meut0 dL chat de pC)wleurot 5E1lt les conveuroshy

lances parfois leur dorner COrllTe offrande du lait Laii

Qua1d une famille ou une communauteacute neacuteglige les Sarakh (ici dans

le sens de sacrifice ou Offrande) elle se voit aussitocirct vouEacutee agrave la

maleacutediction des mauvais esprit~ (fcllec dans touteacuteS lEs ~treprises

de la vie maladie mort bullbullbull ) Les lieux ougrave habitent ls Taps et ougrave

se font les sacrifices se nomment Khambs

Geacuteneacuteralement le khamb se trouve dans lenceinte de la maison ou

dans un coin approprieacute du village Les lieux du khamb sont marqueacutes

par la disposition de calebasses de pilons de morceaux de poterie

briseacutes de grosses pierres de cornes et dautres objets heacuteteacuteroclytes

La superstition wolof est tregraves marqueacutee En effet pour le wolof toutes

les manifestations quotidiennes trouvent leur signification dans le

mysticisme Citons agrave cet effet quelques ezemples Une femme enceinte

ne doit pas marcher agrave nimporte quelle heure de la journeacutee Certaines

heures de la journeacutee lui sont interdites le Timiss (creacutepuscule

le Ndjo~or (de 13 H agrave 14 H de lapregraves-midi) le souf-segravede (de

minuit i4 H du matin) Selon la tradition ~t la croyance wolof les

mauvais ~sprits choisissent ces heures pour jeter des sorts Et la

femme enceinte eacutetant tregraves vulneacuterable le Djinneacute essaiera de lui insufshy

fler son souffle pour atteindre son beacutebeacute afin dentratner soit la

meacutetamorphose de cedernier en monstre soit de le tuer avant sa naissance

Dailleurs pour le wolof et pour certaines autres ethnies au Seacuteneacutegal

le timis le tdjolor le souf-segravede repreacutesentent des peacuteriodes de

la journeacutee ougrave lon ne doit pas se hasarder dans les rues et les champs

Ce sont des heures propices aux apparitions des Djinnes sous nimporte

quelle forme humaine ou animale

Il est eacutegalement interdit au wolof de marcher ou de serti la nuit du

~eacutellfria-

loutes c~s pratiques ~ystiqu~s et cr0ya~ces religi~us~5 ~xistent eL~~[

certainement dues agrave un meacutetissage culturel Parallegravelement aux feacutetiches

aux incantations et agrave lutilisation des safaras (substance magique)

notons lexistence de ga l a tchs (ce sOnt des talismans ougrave sont inscrits

du qui les porte Toutes ces croyances biEn sucircr auront une rEacutepercussicrI

sur leacuteducation du jeune wolof

323 Leacuteducation du wolof

Pour caracteacuteriser leacuteducation wolof nous avons penseacute donner comme

illustration cet extrait de la revue DEM ak TEY Pour deacutefinir leacutedushy

cation le wolof fait appel agrave un symbolisme qui eDglobe aussi bien les

moyens mis en oeuvre Yar que le reacutesultat obtenu agrave laide de ces mecircmes

moyens cest-agrave-dire la formation et le deacuteveloppement de lecirctre humain

ou Yaru

Le substantif Yar deacutesigne le fouet

Ce symbolisme deacutesigne donc au-delagrave du simple sens mateacuteriel de lobjet

lutilisation qui permet daboutir au reacutesultat escompteacute (Yaru) Au sens

geacuteneacuteral Yar deacutesigne tout instrument servant agrave infliger une punition Le

terme laisse supposer agrave priori que cette phase de lenfance durant lashy

quelle se preacutepare la vie de lhomme est lieacutee agrave la souffrance au supplice

Dailleurs une maxime wolof compare lenfant agrave une tige quon a tout le

loisir de redresser alors quelle est encore flexible bull

bullbullbull Pour leacuteducateur wolof la perfection nest point de ce monde malS

le devoir de chaque homme est de tendre vers la pleacutenitude en luttant

contre ses propres faiblesses Leacuteducation va d01c iisister essentielle~(-~t

sur lexercice quotidien de leacutelevation ffiora1e d~ lindividu Pour cela

elle privileacutegie la patience munI) vertu dabneacutegdtion et dE deacutesinteacuteresseshy

m(~t autour dE laquelle sarticulent toutes ]e~ ~u~~~s qualiteuros

i _

aan~ ~ s0cieacutet gt~olcf ocirclt~tartt nul -Jt- poulait sabecircisstr

tion de sa libertEacute La liberteacute est le preuumler drcmiddotir dE l ho-)euro egrave~S

baigner dans une beacuteate admiration du passeacute la comparaison avec le pr~$(middott

si~posc dclle-mecircme car lon reste s reacute devant la deacutesinvolture aVEC

laquelle dES honmes daujourdhui descendants de cette ~~~EacuteTatic ccedil~l se

une fois [largis bullbull tTasque fiers davoir fait leacute priS0n PEut-2tTE

faut-il mettre cela sur le compte de lurbanisation et des nouvelles

valeurs qui ont pour nom enrichissement reacuteussite sociale avec ce que

cela comporte de deacuteshumanisant et de deacutepreacuteciateur (1)

3 bull 2 bull 3 1 bull Lesri tes

Le sevrage et la circoncision constituent les deux grandes phases initiashy

tiques chez le wolof

- Le rituel du sevrage est appeleacute maga1 (litteacuteralement rendre grand)

Cest un eacutevegravenement important aussi bien pour les parents de lenfant que

pour la co~unauteacute Durant cet eacutevegravenement qui survient geacuteneacuteralement deux

ans apregraves la naissance du beacutebeacute les personnes vivant dans lentouragE

apportent leur soutien moral et mateacuteriel

- le rituel de la circoncision revecirct pratiquement la mecircme signification

que dans les autres ethnies seule la forme diffegravere La circoncision reste

encore une eacutepreuve de la vie au sort i r de laque Ile ladolescent devient un

homme Aujourdhui il faut noter une meacutetamorphose de la structure sociale

et des croyances religieuses tregraves accentueacutee aussi bien chez les wolof que

chez les autres groupes ethniques et ceci est peut-ecirctre dO au contact

permanent quils ont avec la socieacuteteacute occidentale

Malgreacute ces constat~tions il semblerait pcu=tant qUE la sociecirct~ lecircbou Gci

bien que se trouvaLt en grande partie dans ~a Presquth du Cap-ETt Et

en contact permane~t avec les blancs soit la portior la plu8 cc~serva-

----------~_- ---~-- -----

~

Incidences d s ~00urs sur la l~ttE

Le wolof connaicirct deux formes de luttes la lutte sirplE- sans t-t

la lutte avec frappe La lutte avec frappe a une crigi~e purement r

et ce nest que plus tard quelle devint une prati1uE sportive et lud

preacuteparer agrave la guerre Aussi tout en luttant On eacutetait autoris~ agrave frapper~

griffer mordre voire introduire son doigt dans loeil de son adversaire

Le jeune wolof devait eacutegalement se livrer agrave la lutte avec frappe afin de

favoriser son insertion dans la socieacuteteacute adulte et sinitier au meacutetier de

soldat faute de quoi il ne pouvait se faire entendre ne avoir des marques

de respect Pour montrer la populariteacute de la lutte dans le Cayor signalons

que les Damels ll (rois) et les Teignes (nobles) nheacutesitaient pas agrave sy

livrer Quant au IIMbeu~ (lutteur) elle lui servait de moyen de promotion

sociale car d8S que sa reacuteputation eacutetait eacutetablie il pouvait ecirctre choisi

par les rois et les nobles comme garde de corps

325 Signification de la lutte en milieu wolof

La lutte se pratique dabord pour lhonneur qui est une vertu tregraves signishy

ficative pour le wolof Elle permet de renforcer les liens amicaux entre

les jeunes de villages diffeacuterents Le champion veut gagner

confiance et la consideacuteration de son village de ses amis

Etre champion cest aussi susciter ladmiration chez les

sentant la force la viriliteacute et la deacutetermination

326 Organisation d~s eacutepreuves de lutte

3261 Les Mbapatts Ce sont les seacuteances nocturnes

pour meacuteriter la

et des anciens

filles en repreacuteshy

Ils sont organiseacutes apregraves les reacutecoltes agrave la fin de la saiscn des pluies

Ceci surtout p~ndant les peacuteriodes de clair de lune car ils peuven~ durEr

toute la nuit Le but des ~Dapatts lt=tait de prfpa-er FhysicuemeH et

~ arb Sil

326 Le 1

cest une organisation beaucoup plus importante que les I~apatts ~

loccasion de laquelle on peut voir plusieurs lutteurs de grande reDommfe

saffronteLLa fin dl lamb est toujours couronneacutee par une grand co~bat

duquel le vainqueur est sacreacute champion de la contrecirce

Le choix du lieu est lieacute agrave limportance de ce lieu dans le village cest

la place publique ougrave geacuteneacuteralement se passent toutes les manifestations

assembleacutee geacuteneacuterale sabar (danse) cest aussi lendroit ougrave sont prises

les grandes deacutecisions

3623 Lappariement

Dans un village ou un quartier les lutteurs se regroupent en lang

(eacutequipe) et jamais deux lutteurs de mecircme lang ne se rencontrent lors

du lamb

L appariement s~ fait librement entre lutteurs de lang diffeacuterents l1hs

une regravegle veut ~uavant de lutter avec le Mbeur Kanur de tel lang si

on est soukh (l~tteur pas encore confirmeacute) il est neacutecessaire de lutter

dabord avec ses soukh et ce nest quapregraves les avoir terrasseacutes tous

quon se voit octroyer la chance de lutter contre lui

Notons que la cateacutegorisation des lutteurs par poids nest jamais prise

en consideacuteration

3624 La tenue du lutteur ou NGIMBE

Le middotNGimbe est confectionneacute par le marabout de la famille ou du clan Il

est constituecirc de pagnes en coton tisseacute geacuteneacuteralement offerts par la megravere ou

la grand-megravere du lutteur ceci lors des organisations de ~rande Tportance

COrlune lef 1amb Dans le cadre des l-bapatt les pagnes sont C tErts peumlr

~~~rcfcis ct ffi~mc aujourdhui d218 cErtaInes fa~ille5 on devj~Gr

luttEur de pegravere en fils et dans ce cas h 1

gimbell du pEgravere Est recircr i tEacute

par le fils Le fait de porter le lI~gimbe agravee ses aiumleux peut susciter

cne~ le jeune lutteur une motivation et une volontecirc in~branlable rlasshy

surer 12 supeacuterioritEacute cis SIcirct-ns dallS

le xgimbe de la famille ne touche pas le sable

La tenue du lutteur a une signification et une importance sur le plan

mystique car selon les anciens le vrai feacutetiche du lutteur celui qui

le proteacutegera agrave vaincre le Djinneacute ou le Rap de ladversaire se trouve

cacheacute dans ce Ngimbe Celui qui confectionne-le Ngimbe est doueacute de

faculteacutes occultes

~~r~i~rg Il est assureacute par un sage du village qui geacuteneacuteralement fut

championde lutte de son temps Dailleurs cet ancien nintervient que

si le terrassement est litigieux

Hormis le public qui proclame la victoire ou le match nul le lutteur

lui-mecircme est arbitre et il arrive quil se deacuteclare vaincu ~ous

pouvons citer comme exemple Meacutedoune KHOULE un des plus grands lutteurs

seacuteneacutegalais qui a donneacute une victoire agrave Djeacuteri SADIO son adversaire qui a

reacuteussi agrave lui faire toucher le sol de la main

Il Y a terrassement quand le lutteur se retrouve

- assis sur le sol

- eacutetaleacute sur le dos

eacutetaleacute sur le cocircteacute

les deux genoux au sol

- les deux ma~ns au sol

la tecircte (front au sol agrave la suite dune brouette)

Il peut y aVOIr match nul si apregraves li1 temps ccmsideacuterable les lutteurs

SE sont ~ ivrEacutes respectivement agrave des assauts rEacutepEacutetEacutes et n arrivEt pas a

3265 L~ precircparation mystique

Il faut reconnattre quon ne peut parler de lutte en milieu wolof sans

envisager une preacuteparation mystique seacuterieuse Co~~e ~ous lEvans vu a~teacute-

1middot ~ d ~ ~rlturenent t0utes es actlvmiddotltesmiddot u W010 sont lles a SeS croyances

- la lutte ne concerne pas seule~ent deux acteurs se livrant faruumlucheshy

ment agrave un combat au milieu de laregravene mais eacutegalement les marabouts et les

feacutetichistes du village ou du clan qui doivent deacutefendre leur savoir et

leur prestige Avant le combat le lutteur doit se livrer agrave un certain

nombre de preacuteparations mystiques pour assurer sa victoire Aussi sommesshy

nous appeleacutes agrave parler de BACK (cest le chant et la danse du lutteur)

- le batteur de tam-tam compose un rythme en fonction du Galagne ou du

Senghor (gds-gris) du lutteur Chaque galagne sera choisi en fonction

du Rap ou du Djinneacute correspondant au Totem du lutteur

Le chant geacuterleacuterique Feinte woy veut dire litteacuteralement composer un 1

chant Ce chant est geacuteneacuteralement composeacute par les filles du viilage du

champion ou par un griot de sa communauteacute Et agrave travers ce chrnt on

arrive agrave toucher la corde sensible du lutteur en chantant lesl innombrables 1

victoires de ses ancecirctres ou en lui rappelant ses prouesses eacuteblatantes 1

Chaque lutteur doit avoir un chant et un back qui lui sont propres

327 Le reacutepertoire technique et les caracteacuteristiques physiques dulutteur wolof

Le lutteur wolof est geacuteneacuteralement moyen de taille la musculagraveture est

tregraves saillante ce qui fait ressortir un aspect tregraves athleacutetique ceci

est vrai sans exception pour le lutteur leacutebou mais il arrive que le Cacircyoshy

rien le baol-baol le walo-walo soient de grands gabarits de forte constishy

tution

CepEndant pour une meilleure compreacutehension du sujet nous pouvons eacutetudiEr

deux jroups d lut teurs qui vont deacuteterminer deux st yI e s de lut tes

- ~ t

les tc~tativ~s de~[reacutee e~ ramassement de jambes de la~v~sairL Ce~~

peut Ecirctre expliqueacute par le fait que les lutteurs leacutebou ou walo-walc qui

sont des pecirccheursadoptent cette garde tasseacutee du fait quils so~t tou-

jours pencheacutes en tirant le fil ou en poussant la plrogue On verra techrugravequeacutes dt cirr 2C ~lt 5Jllicitocirct

surLuumlut les membres supeacuterieurs

Le cayorien et le baol-baol par contre sont les plus grands cultivateurs

darachide chez eux les techniques de lutte sont plus varieacutees et la

garde est moins renfermeacutee Les lutteurs cayorien et baol-baol ont une

morphologie et une reacutepartition musculaire bien eacutequilibreacutee ils excellent

dans les techniques en deacutecalage les techniques de jambe et surtout les

techniques de riposte ougrave lon peut voir des prises de hancheacute tregraves amples

Dune maniegravere geacuteneacuterale on peut dire que le lutteur wolof est un fin

technicien qui sait surtout creacuteer les opportuniteacutes e~ avec sa rapiditeacute

utiliser la force de ladversaire pour le deacuteseacutequilibrer le noodju

le mbas le weacuteheacuteleacute et le rasu sont des techniques propres au lutteur

wolof

En deacutefense il utilise surtout des kl~klets ou gal-gal Notons que

le balancement des bras ou Lewato e$t tregraves marqueacute dans la lutte wolof

TABLEAU RECAPITULATIF DES COMPOSANTES TECHNIQUES

( 1 )

1 SOUS-GROUPES GARDES CONTROLES FORHES DE CORPS l

Walo-walo Basse de jambe Arracheacute l l10yenne de Ngimbe et i

Leacutebou Tasseacutee et saisies annexesj Deacutecalage 1 1 distante de bras de tecirct1

j de bras Deacutecalaeuro

~-----------------~-

- ~ ~- shy - ~ ~ bull L _ _ bull

Profil psyc~~iqUE du lutteu- et son comporterent dars l 2regravere

La preacuteparation mystique dans laregravene est plus marqueacutee chez les wolofs

que ChE~ les autres ethnies En effet on verra de grands champions

preliGrE plusiEurs heures pour Enduire leur corps de cll2badep ou ci

rmiddot- ~ a la proprieacuteteacute de proteacuteger li1egraveividu J

les mauvais sorts) Cest dailleurs un aspect dt la luttE qui iJcsc

des problegraveJles

Le lutteur wolof est tregraves superstitieux et la peacuteriode de preacuteparation

est capitale pour lui car elle permet non seulement de rendre

hommage aux ancecirctres mais aussi dintimider son adversaire Cest

geacuteneacuteralement un lutteur agressif combatif et teacutemeacuteraire Il se fait

souvent remarquer par son esprit dentreprise Mais cette fougue dans

le combat lamegravene parfois bien que ce soit regrettable agrave oublier les

usages et les normes Ce manque de maicirctrise de soi peut faire croire

que le lutteur wolof manque de fair-play ce qui nest pas toujours le

cas

~A~Ugrave~ t 4AA CbUrs k LA ucirctotve f~tPle Sesect prores mou W ~ lesquelles vont se couler les comporteme~ts individuels qui sont ainsi

monteacutes par et pour lautoriteacute sociale

Les faccedilons de boire de marcher ou de sasseoir se manifestent indivishy

duellement dans le corps de chaque personne ces habitus sont cependant

des montages sociaux lieacutes agrave des significationssymboliques variables

dailleurs selon la position sociale occupeacutee par chaque sujet Ces modes

dagir se rangent dans un systegraveme de montages symboliques et lindivishy

du les apprend de la socieacuteteacute dont il fait partie agrave la place quil occupe

Lhabitus est un montage social agrave la valeur symbolique deacutependant des pheacuteshy

nomegravenes deacuteducation et de prestige et lieacute agrave la position sociale du sujet

Cette penseacutee sonne de faccedilon eacutetonamment moderne

Pierre BOURDIEU qui dans une perspective a approfondi le contenue de la

notion en le reportant aux oppositions entre classes et fractions sociales

Il deacutefinit lhabitus comme un systegraveme de dispositions durables acquis au

cours dune histoire personnelle dans une milieu social donneacute systegraveme qui

engendre ensuite des pra~iques socialement deacutetermineacutees faccedilons de manger

de parler ou de marcher comportements de politesse contenu des preacutefeacuterencel

et des deacutegoOts bullbullbull lhabitus est le produit de conditions eacuteconomiques et

sociales Lauteur rattache directement la formation de lhabitus dun

individu agrave la trajectoire parcourue par celui-ci dans sa classe dapparteshy

nance il deacutefend lideacutee dun habitus de classe qui deacutefinit le sens confeacuteshy

reacute agrave la pratique sportive les profits qui en sont attendus

Ce dernier serait lui-m~me lieacute agrave un systegraveme de valeurs ou ETHOS de classe

prenant sens au sein doppositions distinctives entre classes sociales

De sorte lhabitus fonctionne comme un systegraveme dt- regravegles inteacuterioriseacutees

souvent informuleacutees permettant ou non agrave lagent de sadapter dembleacutee aux

multiples pratiques de la vie quotidienne et de la vie sportive il est agrave

lorigine des schegravemes de transcription qui favorisent les ajustements aux

situations corporelles nouvelles (1)

t ~

(1) P~IE11D dwi6Han ISpoy-l et sodeacutebi Approche Bocio-culturelle des pratiques P~tis Vigot 1981 page 81

33

331 Preacutesentation

Les Seacuteregravere auraient pour origine le Fouta Toro quils auraient quitteacute

vers le Xllegrave siegravecle pour fuir lislamisation de cette reacutegioD par lempire

dJ Xali (ils seraient donc apparEnt~s aux Peul et Toucouleur ) Ils

auraient trouveacute dans la rEacutegion du Sine les Sosseacute dorigine manding avec

lesquels ils salliegraverent

Au XVegrave siegravecle une autre immigrationSos~ conqueacuterante cette fois-ci

apporta son organisation eacutetatique Ils se divisegraverent en deux monarchies

deacutemocratiques lune seacutetablit au Sine et lautre au Saloum Les Sosseacute

conqueacuterants constituaient lautocratie appeleacutee Guelowar

La royauteacute seacuteregravere eacutetait laiumlque Les premiers souverains durent secouer

la tutelle des Toucouleur et progressivement arrivegraverent agrave unifier lethshy

nie des seacuteregravere etdea Sosseacute Les deux royauteacutes eacutetaient organiseacutees selon

acirces modegraveles tregraves deacutemocratiques Le souverain deacutependait dune assembleacutee

de ministres et de chefs locaux qui assuraient ladministration centrale

et reacutegionale())

Aujourdhui lethnie seacuteregravere repreacutesente 20 de la population seacuteneacutegalaise

Ils sont reacutepartis sur presque toute leacutetendue du territoire notamment

dans le Baol la reacutegion du Sine-Saloum et la reacutegion de Thiegraves

Signalons quil existe plusieurs sous-groupes dans lethnie ainsi on

trouvera

- dans la reacutegion de Thiegraves les Ndut les Safegravene et les None

- dans le Sine-Saloum les Sine-sine et les Saloum-salouIT

On trouvera vers foundioune et agrave Nioro du cocircteacute de la Gambie les

Niominka (pecirccheurs) Cest une portion tregraves mandinguiseacutee

( 1

Le rattache~2~t d~ to~s ccs sous-groupes pose problecircme ~25 0~ r0~V~

uc grande partie de traits COITul1uns dans leurs modes dE vie Ct pOUT phs

de faciliteacute nous allons essayer de faire une ~tude globale de la lutte

traditionnelle seacuterecircre Lactiviteacute socio-eacuteconomique qui est essentielleme~t

agro-pasorale caracteacuterisE leacutethnie seacuteregravere

332 Lecircducation les moeurs les croyances et pratiques sEr~rc

Chez les Seacuteregravere la vie humaine se deacuteroule selon les grandes eacutetapes

le baptecircme lenfance ladolescencemarqueacutee par la circoncision lsectge

adulte le mariage la vieillesse et la mort (funeacuterailles)

La vie de la communauteacute seacuteregravere reste une des plus originales sinon

celle qui de nos jours garde la presque totaliteacute des pratiques et

habitudes traditionnelles

Bien qu aujotltdhui con~r-tis aux religions chreacutetienne et musulmane les

Seacuteregravere conservent leurs croyances et pratiques animistes

Quelque soit leur degreacute dadheacutesion aux religions reacuteveacuteleacutees les Seacuteregravere

croient en un Dieu puissant et miseacutericordieux Rog Segravene et les hommes

Les ~angols sont repreacutesenteacutes mateacuteriellement dans tous les villages

seacuteregraveres par des arbres (baobab et tamariniers) des animaux (geacuteneacuteraleshy

ment serpent doreacute ou iguane) des ustensiles (pilon calebasse et mortier)

De nombreux teacutemoignages nous apprennent que certains totems (serpent

iguane) font leur apparicion agrave loccasion de certaines manifestations

rituelles comme les sacrifices ceacuteleacutebreacutes lors dun mariage de ceacutereacutemonies

mortuaires ou des circoncisions

Le Seacuteregravere comme il nous a eacuteteacute donneacute loccasion de le dire plus haut

preacutesente des speacutecificiteacutes authentiques aussi bien en tout ce qui touch~

son eacuteducation ses croyanCES et pratiques mystiques q~e ses activiteacute~

socio-ecirccc~omiquEs Apr~s a ~aissa~c~ le beurob~ ~~ pcs~ 5~~ lE S~ __

On lui mouille les l~vres avec un peu d~ lait de mil et apr~s U~ bain

purificateur on versera leau dans un trou cr~us~ derri~r~ la Camp~~

Pendant huit jours la megravere et lenfant sont cacheacutes dans la case car

selon les anciens ils sont tregraves vulneacuterables La case deacutens certains cas

est entoureacutee dun fil blanc et lon place sur le seuil des fais(cauy di

veacutegeacutetaux pour chasser les mauvais esprits (geacutenies malfaisants et illangeUY~

dacircmes) Au bout du huitiegraveme jour la megravere et lenfant peuvent sortir de

la case bull

bullbullbull Le matin du huitiegraveme jour la tante paternelle va chercher de leau

(plusieurs fois)t elle doit rester muette pendant ses alleacutees et venues

si elle parlait t lenfant pourrait ecirctre muet bullbullbull

La megravere et lenfant prennent un bain purificateur dans lequel sont

trempeacutees certaines plantes (ce sont des veacutegeacutetaux pr~tecteurs tels le

begravene le yag le ngud) On y lavera aussi le linge e1t les ustensiles utishyj

liseacutes pendant les huit jours qui viennet de seacutecoul~r On rase le crine

de lenfant Les cheveux sont donneacutes agrave la megravere qui ~s enterrera avec le

reste du cordon ombilical dans un endroit que11e esit seule agrave connattre

La megravere sassied sur une natte devant la maison Une femme igeacutee de la

famille prend le beacutebeacute dans ses bras et le preacutesente aux quatre coins de

lhorizon

La tante paternelle tient ensuite un van sur la tecircte de la megravere on y

verse le mil on y verse eacutegalement en abondance sur la megravere et sur

lenfant La tante oint ensuite le corps du beacutebeacute avec du lait e11e

touche en particulier le front t le nez la bouche la poitrine le dos

et les oreilles

Elle pose enfin un ~rain de sel dans la paume du beacutebeacute (le sel purifie

et deacutetruit les puissances mauvaises)

Apregraves un nouveau bain la megravere et lenfant revEcirctent des habits de fecircte

(est

lenfant Ce precircnore a toujours U~ SEns Il sy~bolise parfois C0 qUi

lOIl sounaitt agrave lEufant l)

La circoncision comme dans les autres ethnies est obligatoire Elle

permet au jeune adolescent dacceacuteder agrave la classe adulte Les jeunes

sont regroupes en classe dacircge dans le bois ougrave sc fait la r0tr~it0 des

circoncis et ceci pendant plusieurs mois

Le Selbeacute qui est geacuteneacuteralement un ancien craint de tous les eacutelegraveves

enseigne le respect de la hieacuterarchie la discreacutetion le goOt de linishy

tiative Les activiteacutes physiques et leacuteducation artistique ne sont pas

en reste la deacutecoration la sculpture la lutte et la danse A sa sortie

du bois linitieacute appartient deacutesormais agrave la classe des virils et des

sages du clan car on lui aura enseigneacute les vertus fondamentales que

sont la justice lhonneur lamour du prochain 1 amour du travail

lhonnecircteteacute et surtout le respect des coutumes ancestrales

Le rite du mariage esd aussi un fait tregraves important dans le monde 1

seacuteregravere mais par manq~e dinformation nous serons obligeacutes de nous en

tenir lagrave

333 Impact des ethos sur la lutte dans le monde seacuteregravere

Lorigine de la lutte seacuteregravere ne semble pas claire ma1S nous pouvons

dire quil existait deux formes de lutte comme chez les Wolofs une

lutte sans frappe et une lutte avec frappe Et cest cette derniegravere

qui peut-ecirctre nous ameacutenerait agrave croire que la lutte seacuteregravere aurait une

origine plus preacuteciseacutement guerriegravere

Aujourdhui la lutte est uniquement une activiteacute sportive agrave travers

laquelle le jeune seacuteregravere eacutevalue sa force son courage et SOn ingeacutenioshy

siteacute Cest une occasion de deacutefendre lhonneur de son village ou de

la corrnnunauteacute

La luttE ~5t avant tout u~e rnanifcs[dtic~ c~lturclie et surtout

fo lkhriqut-

Gracircce agrave elle on peut deacutesormais comprendre un certain nombre de chants

et de symboles A travers la lutte seacuteregravere on ccedilomprend les inter-relashy

tions entreacute la vie et le monde surntiturel

Sil devait y avoir la mort dun villageacuteois pendant la fecirctE au T qUE

de linterrompre on proceacutedait gracircce aux connaissances magico-religieuses

agrave la suspension de la mort jusquagrave une peacuteriode ougrave la population sera plus

disponible pour organiser des funeacuterailles sil y eacutetait preacutedit la possibishy

liteacute dune deacutefait du champion local au profit dun champion dun autre

village des recettes dordre maginque et religieux eacutetaient mises en prashy

tique afin que le champion du village ne soit jamais terrasseacute(J)

334 Le profil du lutteur seacuteregraver~

Le lutteur seacuteregravere est par essence un athlegravete impressionnant de par sa i

carrure et sa musculature saillante mais cest aussi une force tranquille

et calme quelque soit lenjeu du combagravet et particuliegraverement lhonneur

Cet aspect nous pousse agrave parler du NGiMBE cest-agrave-dire de la tenue du

lutteur qui va influencer sur sa faccedilon de lutter

La confection du Ngimbe revient agrave la communauteacute entiegravere Le Ngimbe a

une signification symbolique et le lutteur pour meacuteriter la confiance du

groupe se doit de tout faire pour ne pas toucher le sol Toute la commushy

nauteacute elle aussi sengage pour assurer la longeacuteviteacute et le succegraves du lutteur

dans laregravene par lorganisation droffrandes et de sacrifices en lhonneur

des Pangols bull

bull

Daucuns nheacutesitent pas agrave dire que lessentiel du mysticisme se fait agrave

la maison et non dans laregravene tout le reste nest quintimidation de

ladversaire

lsvcns

Tt- pi ~- t

t 1 ~ l _ ~ t

par rapport agrave lautre Cbci est trEgraves lieacute agrave lactiviteacute journaliegravere du

jeune seacuteregravere qui est un cultivateur donc toujours bien planteacute sur ses

jambes et qui continuellement manie lhiler

Le fait de couper le boi~ peut eacutegalement constituer un moyen de muscushy

lation non neacutegligeable pour le jeune lutteur

Un certain nombre de traits techniques speacutecifiques au lutteur seacuteregravere

semblent ressortir des diffeacuterentes interviews que nous aVOns fait subir

agrave certains lutteurs seacuteregraveres et agrave diffeacuterents techniciens

SOUS-GROUPES FORMES DU CORPS CONTROLES GARDES

SAFEN Moyenne en fente NONE Hancheacute Bras (distante) j

NDUTJ

f

SINE-SINE Deacutecalage Ngimbe

Moyenne

SALOUM-SALOUM Passage- Jambe (rapprocheacutee) 1

i

PETITE dessous Tecircte Basse et 1

COTE Moyenne (rapprocheacutee)

Notons que le Niominka ll commence agrave lutter agrave partir du sol pour avoir

assez deacutelan et sauter sur ladversaire afin davoir la prise du lion

(contr6le de la nuque et du bassin)

Co a -tem-nt ccedilt attitude du lutteur sEacuteregravere335 np -1t ~

Les croyances mystiques sont indissociables des activiteacutes quotidiennes

duseacuteregravere Ce qui explique le cocircteacute supersticieux du lutteur seacuteregravere En

~ffet certains lutteurs refusent de lutter avant certaines heures

Certains teacutemoignages nous apprennent quil nest pas donneacute agrave tout le

monde decirctre champion de lutte et que le lutteur doit avoir des dons

surnaturels pour ecirctre agrave mesure de livrer ses combats dans la nuit

et trouver seul un gris-gris speacutecial appeleacute Njatch

Le vrai champion de lutte chez les seacuteregraveres ne lutte pas seulement avec

~a force et sa technique mais surtout avec ses dons occultes

Chez les seacuteregraveres les morts sont toujours preacutesents et les ~pangols

Servent dintermeacutediaire entre les hommes et les morts Le pangol prend i

le nom dhumain dans certains villages (IIHeacuteJga NDONG Har Wag NGOUYE) i 1

De ce fait on verra le lutteur danser dufe maniegravere ou dune autre en

fonction du pangol de sa famille Ainsi nrus aurons le back (chant et

danse du lutteur) des DIOUF des FAYE etclbullbullbull

Dans laregravene le lutteur seacuteregravere a un comportement exemplaire aussi bien

agrave leacutegard de son adversaire direct quave~ le public en geacuteneacuteral Lexpli shy

cation semble tenir au fait que le lutteur seacuteregravere est avant tout selon

la tradition orale le repreacutesentant de toute la communauteacute seacuteregravere Par

conseacutequent il devra saffirmer non seulement en tant que lutteur dans

laregravene mais aussi en tant quentiteacute morale

336 La tenue du lutteur ou NGIMBE est confectionneacutee par le marabout de la

famille ou du clan Le Ngimbe est constitueacute de pagne en cCton tisseacute

Il doit ecirctre propre le lutteur qui le porte ne devra pas avoir de rapshy

port sexuel pendant toute la peacuteriode des cOTpeacutetitians car le Ngi~bE ne

doit pas ~tre souilleacute

Autrefois et mecircme aujourdthui dans certaines familles on devient

lutteur de pegravere en fils et dans ce cas le Ngimbe du pegravere est heacuteriteacute

par le fils Le fait de porter le Ngimbe de ses aieux peut susciter

chez le jeune lutteur une motivation et une volonteacute ineacutebranlable dtasshy

surer la supeacuterioriteacute d~s siens dans ltaregravene Il fera tout pour que le

Ngimbe de la ramille ne touche le sable

La tenue du lutteur a une signification et une importance sur le plan

mystique car selon les anciens le vra1 feacutetiche du lutteur celui qui

le proteacutegera et laidera agrave vaincre le nDjinne ou le tRapu de ladvershy

saire se trouve cacheacute dans ce Ngimbeu bull Celui qui confectionne donc le

Ngimbe U est doueacute de faculteacutes occultes

337 Larbitrase est assureacute par un sage du village qui geacuteneacuteralement fut

champion de lutte de son temps Dailleurs cet ancien nintervient que

si le terrassement est litigieux Hormis le public qui proclame la vicshy

toire ou le match nul le lutteur lui-mecircme est arbitre et il arrive

quil se deacuteclare vaincu

Nous avons pu cfter Meacutedoune KHOULE un desplus grands lutteurs seacuteneacutegashy

lais qui a donn~ une victoire agrave Djeacuteri SADIO son adversaire qui a reacuteussi

agrave lui faire touegraveher le sol de la main

IlL

34 1 Preacutesentation

Lethnie toucouleur vit En grandt partit ciE~~ la vallfc du S~~~gal

pt reprecircsente i peu pr~s 8 de la population totale secircn~galaise

o Histoire

Il semblerait que dans lancien royaume du Tekrour (IX~ siegravecle) des

eacuteleacutements neacutegroiumldes Sarakoleacute et des Peul aient formEacute par meacutetissage le

peuple Toucouleur (Toucouleur serait dailleurs une deacuteformation du

mot portugais Tacouror)

Ce empire a domineacute aussi bien les wolofs de lOuest que les Peul

nomades du Fouta Toro Cette reacutegion fut le premier pays islamiseacute par

les Almoravides ce qui peut expliquer le proseacutelytisme toucouleur

Ce sont les guerriers toucouleur islamiseacutes qui attaqu~rent avec les

Almoravides la capitale du Ghana Koumbi en 1067 On convertit par

la force les animistes Cest sans doute agrave cette eacutepoque que de nombreuses

ethnies reacutefractaires agrave lIslam ont dO accentuer leur migration vers

le sud (Seacuteregravere wolof Sarakoleacute Bambara Songhaiuml Akan et Peul se reacuteshy

fugiaient vers les hauteurs du Fouta Djalon)

Au XIXegrave siegravecle les Toucouleur allaient trouver en El Hadj Omar Tall

un grand conqueacuterent qui sous le preacutetexte religieux de la gJerre sainte

contre les tribus animistes (entre autres Bambara) eacutetendit lempire

toucouleur sur presque tout lensemble du gali et la partie de la Guineacutee

proche du l1ali

Lempire toucouleur composeacute de Sarakoleacute de Bambar~ de ~alinkeacute de

Xassonkeacute dE Peul et de Dogon eut le meurorit~ dunir CES diif~rentes ~ ~ - - - - - et~ics ~t dE CD~stituer l~Sl la b2S~ ~r 1

_ ~ ~ ~_ L ~

~ ~- ~- - - ---- _ 1 v _ t 1 ~-_ --

marabout tOL~culcuuml~ ~ middotlrrany a l ick SI venu des E1i rClS dE Pocior~ (

~ Vi~ euroconomicue et sociale -----------~-------------

Les Toucouleur sont des cultivateurs mais bien quils n~ soie~t pa~

pasteurs comrre les Peul leacutelevage a une place inportarteacute decirc1S ltur

eacutecono~ie Pour faciliter leur conquecircte guerriegraverE ils c~t Eucirc une preacuteshy

dilection pour leacutelevage des chevaux On y trouve aussi des pecirccheurs

appeleacutes Tchioubalo La socieacuteteacute toucouleur aurait une stratification

sociale tregraves rigide Les groupes ethniques et les castes eacutetaient

diffeacuterencieacutes et strictement exogamiques les Rimbe classe des nobles

comprenant la famille reacutegnante et les guerriers libres la classe des

Nieacutenieacutebegens de castes artisanales i les Rimaibeacute anciens esclaves

devenus serviteurs qui portent les noms de famille de leur maicirctres A

la base de lorganisation de la collectiviteacute toucouleur se situe le

village (Wouro)

Toutes ces castes sont cloisonneacutees entre elle~ Ainsi il nest pas

permis agrave un Torodo (noble) de se marier avec un Tchioubalo Ces

consideacuterations sont importantes dans le domaine de la lutte ougrave nous

apercevrons que les nobles ne sont pas faits pour lutter Le noble

preacutesidera les seacuteances de lutte et on luttera pour lui Ces condeacute rat ions

de noblesse et de rang social sont extrecircmement importantes dans le

monde toucouleur

Le noble ne doit pas se salir on lutte pour lui il ne vit la lutte

quen tant que spectateur

342 Education moeurs croyances et eratiques religieuses

Deux formes d~ducation sont agrave consideacuterer leacutedJcatio~ dES enfarts Et

celle des adultes

oG lenfant sait m2n~~r et apprfcier le goOt d~5 ~iifeurorents r~pas lt

le moment ougrave il CO~~e~CE agrave marcher

tivirt n~sormais le petit toucou]eur est eacuteduquf par toutmiddot 12 f2~i)]E

dabord puis par toutes lespersc~nes du village ou du C13~

Lenfant peut ~tre corrigeacute par tout adulte appartenant au groupe social

Son eacuteducation est deacutesormais laffaire de toute la communauteacute et non

exclusivement celle ces parents On linitie ainsi au travail quotidien

qui se fait dans la bergel~ e les champs et les bords du fleuve Au sein

du village il pourra apprendre agrave filer la laine et agrave tisser des pagnes

dans les champs il apprend agrave manier la houe et lhiler pour la culture

du riz et du mil Mais signalons que lactiviteacute essentielle du toucouleur

est leacutelevage des boeufs des moutons et des chegravevres Chez les Ichioushy

balos (p~cheurs ) lenfant sera initieacute tregraves tat au maniement des pagaies

agrave la p~che propremccedilnt dite et agrave la nage

Vers cinq-six ans lenfant est confieacute au maicirctre coranique le Ihierno

et ce dernier dispose exclusivement de toute sa vie Lavenir du jeune

enfant lui appartient

Comme dans les autres groupes ethniques les enfants sont regroupeacutes en

classe dacircge et cest dans cette structure que lenfant subit les rite

de passe et plus particuliegraverement celui de la circoncision

La circoncision est non seulement unE opeacuteration chirurgicale malS surshy

tout une peacuteriode au cours de laquelle le jeune garccedilon passe de leacutetat

dadolescent agrave leacutetat dadulte Les circoncis sont reacuteunis en classe

dacircge dans un endroit situeacute hors duvillage geacuteneacuteralement choisi par les

vieux Cet endroit n~st accessible que par des individus de SExe ffi8SCUshy

li~ ~ta~t au preacutealabl circoncis

- - - -

quable et complet sur le plan phy~ique et ~oral Ai~si liniti~

acquiert les qualitecircs indispensables que sont le courag~ la modest

lesprit de sacrifice lendurance

Le toucoule~r est un pleux musulma~ Cela sexp1

SOil le premier agrave tre en contact avec la religion musulmane de par sa

position frontaliegravere Lethnie toucouleur de par son histoire a preacutesenteacute

les plus grands chefs militaires et religieux musulmans seacuteneacutegalais Et

pour illustrer cela on peut citer en exemple la grande famille musulmane

des SY agrave TIVAOUANE repreacutesentant la confreacuterie des TIDJANES

Bien que lon note une majoriteacute musulmane on peut dire que certaines

croyances et pratiques mystiques et animistes persistent encore surtout

dans la reacutegion du fleuve

Une pratique courante se fait elle sappelle le Djatt Elle consiste

agrave faire sortir le caiman du fleuve agrave limmobiliser et agrave lattacher

sans quil ne reacuteagisse et tout ceci agrave laide de versets et dincantashy

tions magiques Dapregraves les teacutemoignages ces pratiques sont plutocirct

freacutequentes chez les Tchioubalos (pecirccheurs) Il arrive aussi que cershy

tains chasseurs ayant des dons se livrent agrave certaines pratiques an1shy

mis tes qui consistent agrave invoquer certaines puissances et agrave moduler sous

forme de chant des versets occultes pour se proteacuteger des mauvais esprits

et pour eacuteloigner les fauves Ce chant est geacuteneacuteralement incompreacutehensible

et deacutenueacute de sens pour le profane

343 Activiteacutes ludiques et pratiques sportives en milieu toucouleur

Durant toute son histoire lethnie ~oucouleur a toujours EacutetEacute Frese~teacute~

comme celle qui avait ue activit essentiellement guerr e e~ particushy

liegraverement farouche Trois eacuteleacutements ret r t l ecirc t te nt i c- euro so~t

le manie~~nt du ~acircton 12 luttE Et 1eacute danSE

l

Lecircducation ph~sique et artistique Dcc~pe un place precircpondecircra~rp

dans la fDrmat~on du jEune toucouleur A loccasion agraveeacutevegravenemen~ imporshy

tants reacutecoltJs mariages baptecircme nous assistons agrave des manifestashy

tions folkloriques de grande envergure le Wango oucirc dailse toucouleur

tregraves gymnique iles chants et surtout les sEacuteances de lutte

La lutte toucouleur est la forme de lutte la plus spectaclaire dans

tout le territoire seacuteneacutegalais Elle est essentiellement baseacutee sur des

techniques en hancheacute et surtout en souplesse Ceci sexplique par le

fait q~e le jeune toucouleur est tregraves tocirct initieacute agrave la gymnastique (saut 1

per saut de main salto arriegravere saut de tecircte couronneacute etc bullbullbull ) pour

la dans~ du wa~go En dansant le wango qui est une danse rythmeacutee et

gymnique le Jeune toucou1eur est capable de prouesses extraordinaires

1

En lutte lattaquant se deacuteplace tregraves peu pour avoir une bonne saisie

(geacuteneacutera~ement controcircle du Ngimben ) et enchaine brusqueme~t avec une

attaque surpris~ Cependant les ripostes sont souvent surprenantes et

spectaculaires (baseacutees sur la souplesse et la rapiditeacute) ontrairement

aux autr~s form~s de luttes ougrave lon voyait tous les jeune adheacuterer la

lutte to~cou1eur Verra un groupe de speacutecialistes sadonne agrave la lutte 1

(la lutte est lieacutee agrave la position sociale de lindividu problegraveme de

caste)

Q La morphologie du lutteur toucou1eur 1

1 1

Ce dernier nest pas aussi large et aussi fort que les lutteurs diola

et seacuteregravere Cependant il est tregraves reacutesistant La musculatJre est saillante 1

et tregraves souple lindividu est longiligne mais tregraves athleacutetique

Les mouvements de lutteurs sont semblables agrave ceux dun grand fe1in Cette 1

morphologie semble ecirctre lieacutee agrave la position geacuteographique de lethnie

(reacutegion du fleuve) et agrave lacitiviteacute socio-eacuteconomique du toucouleur qui

est agrave la fois cultivateur (activiteacute lieacutee agrave la crue et deacutecrUE du fleuve)

pecirccheuro~T CIcr~icubaon) et sttout jEumlrgcr qui est U~ rc~2eumlr

shy

Deux formes egrave~ corps sembl~nt ecirctre preacutefeacutereacutees du lutteur toucouleur

le hancheacute et la souplesse Les hancheacutes sont faits agrave partir de plusieurs

positions de doset se terminent geacuteneacuteralement par des techniques de

tregraves grande amplitude

TABLEAU RECAPITULATIF DES TECHNIQUES ET FORMES DE CORPS SPECIFIQUES

i

L441 r

GARDE FORMES DU CORPS CONTROLES --shy - -

Moyenne Souplesse Ngimbe

Hancheacute bras

Demi-souplesse

1

Profil psycholosigue 1

TECHNIQUES

ContrOle du bassin et 12 souplesse

arriegravere

Klicket et allegravegement de la hanche

Le lutteur toucouleur est celui lUi se livre le moins aux preacuteparaqons

maraboutiques Cela est dO au f~t que le toucouleur est un grand ~USUlshyman et que les pratiques animisges ont presque disparu dans ce mil~eu

Dans la pratique le lutteur esJ combaif mais il est calme et tr~s reacutefleacutechi quant agrave la deacutecision agrave prendre en plein corps agrave corps ct~st un des seuls techniciens qui reJte tregraves lucide au cours de ses comb~ts

l Dans toutes les circonstances e lutteur toucouleur est tenu de re~pecshyter son adversaire et ceux de s4n eacutequipemecircme sil est vaincu

Comme nous avons dO nous en rendre compte la rigueur des principes

eacuteducationnels a une influence tregraves sensible sur l~ comportement du

toucouleur

i

III S COCL ~s 1DO

Dans cette partie nous avons essay~ de montrer lftroite re1atic~

Entre les diverses activiteacutes socio-eacuteconomiques dans les ethnies et

lES diffEacuterentes faccedilons de lutter

Daucuns seraient tent~s de conclure trop rapidement et cest p0~r

cette raison que nOUS avons penseacute preacuteciser que le pheacutenotype nest

pas geacuteneacuterateur du geacutenotype Et nous sommes convaincus que la morphoshy

logie et les techniques des lutteurs relegravevent de leurs modes de vie

et de leurs croyances agrave une eacutepoque et danE un contexte bien deacutetermishy

neacutes

Est-ce que les lutteurs dio1a ou seacuteregravere travaillant avec leurs bras

dans les champs auraient les mecircmes pr 0 fil s physiques que les lutteurs

utilisant des machines pour lagriculture

- 69 shy

I UJOURDH~1 E-S ut O[l LES FORfilS Ut LU11t~

~otons que notre enqu~te a ecirctE essentiellement faiteen milieu urbain

Les seacuteances de lutte ont tendance agrave perdre leur particulariteacute de r~shy

jouissance pour devenir des pheacutenomegravenes de sportisatio Deux fores

de luttes so~t principale~cnt prat s dans les aregrave~es du 5 al

la lutte traditiunnelle simple et la lutte traditionnelle avec frappe

De nos jours la lutte traditionnelle tend vers une reacuteglementation

et une institutionalisation

Le reacutesultat de nos investigations nous donne le tableau ci-dessous

REPARTITION ETHNIQUE SUR 100 PRATIQUANTS

LUTTE LUTTE RAPPORTETHNIES SANS FRAPPE AVEC FRAPPE J2

Diola 40 16 71 j

Seacuteregravere 26 21 57

Toucouleur 23 10 69

Wolof 1 1 53 17

La demande sociale par ordre deacutecroissant pour la lutte sans frappe

se preacutesente comrre suit

]0_ Ethnie diola avec pregraves de 3 lutteur~ sur 4

2deg_ Ethnie toucouleur

Ethri dun

~ 1 LA LUTTE TR])IIIO~~ELLE AVEC H-PPE

Cette forme deacute lutte a une histoire qui date de lantiquiteacute elle

sa~pelait le Pugilat Au Seacuteneacutegal elle a vu le jour dans le Cayor

bien avant la colonisation Le coup dE pied l~Lrdn~lement la morshy

sure la frappe et le doigtf eacutetaient permis dans le cc=bat ~ ~middot~p0~~e

Dans certains cas la giffle eacutetait beaucoup plus dangereuse que le

poing quand elle eacutetait donneacutee par un speacutecialiste Cette giffle pouvait

agrave elle seule deacutechirer et mecircme parfois amputer la joue de ladverser

Selon les informations la lutte avec frappede nos jours serait une

forme de lutte tregraves eupheacutemiseacutee de celle dantan ougrave une blessure

pouvait souvent ecirctre mortelle

Aujourdhui au niveau du folklore la lutte na plus la mecircme

le spectaculaire a remplaceacute le significatif iLa lutte avec frappe se 1

pratique surtout dans les centres urbains C~aque fois quun grand combat 1

est progra~eacute par le Comiteacute National Proviso~re (CNP) des centaines damashy

teurs sont mobiliseacutes vers le stade lba Mar D~OP qui est aujourdhui le i

lieu approprieacute ougrave se deacuteroulent les grands conkbats de lutte Cest la formE

de lutte qui semble drainer une foule de personnes beaucoup plus importante

que celle de la lutte simple

La lutte avec frappe deacuteriverait dune forme de lutte traditionnelle

pratiqueacutee jadis dans le Cayor au temps des Damels et la frappe serait

le substitut dun certain nombre de pratiques doigteacute jet de produits

etc bullbullbull dont le but eacutetait laveuglement de ladversaire La lutte avec

frappe serait une continuation logique dune carriegravere sportive de la

lutte traditionnelle qui sen sert comme moyen socio-eacuteconomique En

effet la majoriteacute des lutteurs avec frappe ont dabord eacuteteacute initieacutes agrave la

lutte simple Cependant il faut signaler que de nOS jours il arrive

que le jeune lutteur avec frappE- soit directenent formEacute conne speacutecialistE

agrave la frappe sa~s pour autant faire son chemin dabcrd egravea~s la lutte

- ~ shy

Le recircsultat dE ~os interviews ncus rec~trE qGune pcpulatiD~ divcrsishy

fiampe sint~resse agrave ce sport et qUE les intecircr~[s des uns et d~SlautrE~

semble~t divergents naucuns affirment que la lutte traditionnelle

avec frappe serait monteacutee par des personnes dont la vocation est dexshy

ploiter ce pheacuteLomegravene agrave des fins commerciales Dautres disent gJellegrave

jouit de mcyens irport~nts t[l[~isio

tation etc bullbullbull ) pour toucher toutes les couches sociales CEpe~~a~t

nous remarquons que mecircme si certaines personnes reprochent agrave cette

forme de lutte decirctre brutale ces mecircmes personnes nheacutesitent pas agrave

se rendre le dimanche agrave laregravene Bien que critiqueacutee elle semble ecirctre

adopteacutee par une tregraves grande partie de la population seacuteneacutegalaise Cepenshy

dant en tant que techniciens il nous est permis de faire une remarque

Il sagit de

- Limpression nette decirctre devant des professionnels de la frappe

qui sont ~ntratneacutes pour cela Dailleurs les propos que nous avons

recueilli~ nous prouvent que la plupart des champions de lutte avec 1

frappe s~ntratnent dans certains sports de combat tels ~ue la boxe i 1

le karateacute le judo Dans cette nouvelle forme de pratique de la lutte

contrairefuent agrave la lutte traditionnelle le technicien e~t souvent

perdant face au puncheur Ce dernier adopte une lutte agrave distance qui

lui permet de placer agrave bon escient ses coups animeacute du deacutesir de vaincre

Le technicien lui se voit contreacute dans toutes ses entreprises par

un uppercut ou un crochet

On peut dire cependant que nul sport au Seacuteneacutegal que la lutte tradishy

tionnelle avec frappe ne deacutechaicircne autant de passions et autant de

pheacutenomegravenes poussant agrave lexcegraves et deacutereacuteglements quon ne peut que deacuteplorer

Mais comment deacutecrier un spectacle de lutte qui bien quayant perdu la

presque totaliteacute des valeurs traditionnelles veacutehiculeacutees autrefois par

elle sait susciter une participation effective de tous ceux qui sont

preacutesents

CONCLUSION

Dans ce meacutemoire nous sommes efforceacutes ~e faire ressort ir limportance des

ethos et des habitus et leurs effets sur la pratique de la lutte tradishy

tionnelle au Seacuteneacutegal

L~b egravethos repr~sentent dune maniegravere g~neurorale tous les eacuteleacutements speacutec

fiques sux Seacuteneacutegalais par conampeacuteguent un systegraveme de valeurs traditionnellEs

Mais m~me si ces valeurs rev~tent une signification universelle (honneur

digniteacute courage etc bullbullbull ) il nen demeure pas moins que ce nest pas leur

nature qui fait leur speacutecificiteacute mais la hieacuterarchisation et limportance i

quon accorde agrave toutes ces valeurs de ~ar leacuteducation ou la culture

i 1

Aussi les valeurs traditionnelles puient leur speacutecificiteacute dans les

caracteacuteristiques propres aux eacuteleacutements ~e la socio-cu1ture (la technologie

et leacuteconomie la politique et la pareteacute la psychologie et lideacuteologie)

dans la socieacuteteacute seacuteneacutegalaise agrave n momen donneacute de son eacutevolution Cest i

dire la neacuteceesiteacute de ne point faire della valeur une reacutealiteacute statique

Cest dite aussi quagrave tout mome~t le ~eacuteneacutegalais peut eacutevoluer et creacuteer

ou vivre par conseacutequent de nouv~lles fprmes de valeur qui lui sont 1

propres ft (J)

La lutte traditionnelle veacutehiculant deS valeurs socio-cu1ture1les speacutecishy

fiquement seacuteneacutegalaises (croyances valeurs morales norme de comportement

opinion attitude bullbullbull ) devient un eacuteleacutement important qui tregraves certaiaement

nous aidera dans notre effort de valoriser et de peacuterenniser notre patri shy

moine culturel par le biais dactiviteacutes physiques et sportives

Leacutetude des habitus nous permet de prouver quil y a plusieurs faccedilons

de se mouvoir comme danser lutter bullbullbull qui varient avec les diffeacuterentes

ethnies (wolof toucouleur seacuteregravere diolagt leurs convenances et leurs

eacuteducations

(1) Revue Ethiopiques 31 Les valeurs traditionnelles et le problegraveme de leur inteacutegration dans les systegravemes modernes jtducatio-1 2 6r--70

nautre part cette eacutetude permet aussi de nous rendrE compte de la

correacutelatipn eacutetroite existant entre la pratique de la lutte traditionnelle

et le sta~ut socio-eacuteconomique du pratiquant

Nos inves~igations nous indiquent que la lutte recrute essentiellement

au niveau des classes socio-eacuteconomiques situeacutees en bas de leacutechelle

donc posseacutedant le statut social le moins favoriseacute La lutte avec frappe

-et un certain secteur commercialiseacute de la lutte simple- y trouve sa

leacutegitimiteacute Comme le dit BOURDIEU nA habitus diffeacuterents styles de Vle

divergents et il oppse les pratiques aristocpatiques correspondants agrave

des activiteacutes qui favorisent les situations eupheacutemiseacutees ougrave la stylisashy

tion est importante aux pratiques populaires qui font appel agrave des

qualiteacutes qpposeacutees bllutes rugueuses Certaines interviews nous

montrent que plus lindividu occupe une place eacuteleveacutee dans leacutechelle

sQciale e~ 1

moin$ il sinteacuteresse agrave la lutte

Les reacutesultats recueillis dans nos diverses investig~tions confirment 1 1

1er propos qui disent que nous assistons aujourdhu~ agrave une involution

de la lutte traditionnelle parce que perdant toutes ses speacutecificiteacutes au 1

pryfit d~ne autre forme de lutte que lon continue agrave appeler nostalshy

giqlementIIlutte traditionnelle

Ceci pourrait peut-~tre trouver une explication dan la citation suivante

La liberteacute de creacuteer dinnover de vivre Pleineinenf decirctre soi et de

preacuteserver son authenticiteacute la digniteacute et lhonneu1demeurent des illushy

sions dans la misegravere eacuteconomique~ Nos ancecirctres creacuteai~nt des valeurs de cishyl

vilisation parce quils eacutetaient libres parce qu1i~s ignoraient toute

deacutependance eacuteconomique ils cultivaient en eux et cbez leurs enfants le 1

Jorn et la Kersa et preacutefeacuteraient la mort agrave la hoJte lI (1)

Or le Seacuteneacutegal comme la plupart des pays africainsi est un pays sousshy

deacuteveloppeacute t cependant face agrave cette volonteacute du gou~ernement seacuteneacutegalais

de faire inteacutegrer dans leacuteducation des valeurs traditionnelles nous

pouvons espeacuterer utiliser comme moyen deacuteducation la lutteacute traditionnelle

qui reste quand mecircme vecteur jethos et dhabit~s

- 54 shy

Mecircme si lon a noteacute un appauvrissement notoire sur les plans socioshy

culturel et moral la lutte traditionnelle recegravele une gamme importante

et varieacutee de techniques permettant incontestablement une ouverture vers

les luttes olympiques libre et g~eacuteco-romaine

La lecture de ce meacutemoire permettra agrave lentratneur et au professeur de

lutte en fonction du lieu ougrave ils seront affecteacutes dans le territoire

seacuteneacutegalaisdavoir une information sur les techniques contrOles et

formes de corps propres agrave chaque groupe ethnique et de les mettre en

relation avec leurs croyances et leurs mentaliteacutes

Nous avons essayeacute de montrer que la pratique de la lutte traditionnelle

doit tre axeacutee sur une ethnomotriciteacute au Seacuteneacutegal qui permette une inishy

tiation facile Cette pratique de la lutte traditionnelle seacuteneacutegalaise

devra dailleurs essayer de ~eacutepondre aux aspirations du Seacuteneacutegalaisl

moderne en souvrant aux ap~orts positifs des autres civilisations

ex~eacuterieures nous voulons Jvidemment parler du judo et des luttes oiymshyJ

piques 1

1 j Nous navons pas la preacutetentfon dans le cadre de ce meacutemoire demattrise

de reacutepondre agrave toutes les qutstions se rattachant agrave leacutetude de ~a lutte

traditionnelle souslangle~socio-culturel car non seulement il nous

manque lexpeacuterience et la c peacutetence en la mati~re mais aussil l le temps

et les moyens dont nous dis osions ne nous permettaient pas d~puiser le 1sujet i

1 1 1 t 1

l

- )5 shy

BIBLIOGRAPHIE

BIBLIOGRAPHIE

1- CLAPAREDE Psychologie de leacuteducation et peacutedagogie expeacuterimentale

Edition Delachaux et Niestleacute 244 pages

2- POCIELLC Christian Sport et Socieacuteteacute approche socio-culturelle

des pratiques Paris Vigot 1981 377 pages

3- PIERON Henri Vocabulaire de la psychologie

PUF Deuxiegraveme eacutedition 1957 469 pages

4- Revue socialiste de culture neacutegro-africaine ETHIOPIQUES

Les valeurs traditionnelles et le problegraveme de leur inteacutegration

dans les systegravemes modernes deacuteducation

GIA 21 Juillet 1982 213 pages

5- N2 Revue du Centre dEtudedes Civilisations DEM ak TEY

NIS IVegrave Trimestre 1982 96 pages

6- Document lNSEP Colloque sur la lutte aeacuteregravere

DAKAR MAI-JUIN 1980

t 1

~- Travaux du IVegrave Congregraves National ~es Sports agrave DAKAR les 2223041981

Bulletin n2 91 du CIO du 15 Aont 1965

l____________________________

8- Meacutemoire de Mattrise BADJI Abdou La lutte traditionnelle Joola

Etude et perspective

9- Meacutemoire Inspectorat JS DJITTE Mandy Les pratiques corporelles

traditionnelles au Seacuteneacutegal pour leur exploitation et leur

utilisation en peacutedagogie Marly le Roi 1980

REPUBLIQUE DU SENEGAL

--------------- INSTITUT NATIONAL SUPERIEUR

MINISTERE DE LA JEUNESSE DE LrsquoEDUCATION POPULAIRE

ET DES SPORTS ET DU SPORT

-------------

(INSEPS)

MEMOIRE DE MAIcircTRISE

Es-SCIENCES ET TECHNIQUES

DE LrsquoACTIVITE PHYSIQUE ET DU SPORT

LA LUTTE TRADITIONNELLE

son importance sa signification en fonction des ethos et des habitus ethniques au Seacuteneacutegal

Preacutesenteacute par

Monsieur Joseph Victor FAYE

Sous la direction de

M Jean Marc ROCHEZ

Professeur agrave lrsquoINSEPS

Anneacutee de soutenance 1984

lll L COIicircilU1Ul L ULOF

32 J Preacutesentation

La soc tEacute wucirc10f est celle qU1 a eacuteteacute la plus marqueacutee par la colonisation

~~ fait peut-gtre de sa position geuroographiquE dune part ct de 50~ imporshy

tanCE sur le plan dfmographiquE dautre part En effEt ceurootteuro CC-~ucircautE

wolof repreacutesente environ 20 de la population seacuteneacutegalaise

Elle est constitueacutee de pecirccheurs (ce sont les leacutebous) dagriculteurs de

fonctionnaires de lEtat mais surtout de commerccedilants

A pqrtir de leur reacutegime dimplantation le Cayor le Walo le Baol le

Djolof et la presquicircle du Cap-Vert les wolofs ont tendance agrave irradier

sur lensemble du territoire sous leffet de leur speacuteculation agrave la culshy

ture de larachide et du nombre important de fonctionnaires quon trouve

dans cette ethnie

322 Les moeurs et croyances wolofs

Bien queacutetant en grande partie des musulmans convaincus les wolofs

conservent toujours une croyance animiste et continuent agrave faire des

sacrifices agrave porter des cornes ou des morceaux de bois agrave la ceinture

aux jambes ou aux bras et agrave croire agrave lexistence des Djinneacutes et des

Raps bull

Le Djinneacute cest une creacuteature malfaisante en geacuteneacuteral capable de choses

extraordinaires Il possegravede des faculteacutes surnaturelles Cependant dapregraves

la croyance animiste certains Djinneacutes peuvent ecirctre bons

Le Hapl cest une creacuteature ayant des dons occultes appartena71t agrave une

famille ou agrave une communauteacute et dont le rOcircle est de veiller cu daider

les reCJrES de le fai11p ou dt la conmunauteacute en cas de da1gel Le Rap

~ ut te c ) ~~c-

ei sltcificE cJ sanl dE meut0 dL chat de pC)wleurot 5E1lt les conveuroshy

lances parfois leur dorner COrllTe offrande du lait Laii

Qua1d une famille ou une communauteacute neacuteglige les Sarakh (ici dans

le sens de sacrifice ou Offrande) elle se voit aussitocirct vouEacutee agrave la

maleacutediction des mauvais esprit~ (fcllec dans touteacuteS lEs ~treprises

de la vie maladie mort bullbullbull ) Les lieux ougrave habitent ls Taps et ougrave

se font les sacrifices se nomment Khambs

Geacuteneacuteralement le khamb se trouve dans lenceinte de la maison ou

dans un coin approprieacute du village Les lieux du khamb sont marqueacutes

par la disposition de calebasses de pilons de morceaux de poterie

briseacutes de grosses pierres de cornes et dautres objets heacuteteacuteroclytes

La superstition wolof est tregraves marqueacutee En effet pour le wolof toutes

les manifestations quotidiennes trouvent leur signification dans le

mysticisme Citons agrave cet effet quelques ezemples Une femme enceinte

ne doit pas marcher agrave nimporte quelle heure de la journeacutee Certaines

heures de la journeacutee lui sont interdites le Timiss (creacutepuscule

le Ndjo~or (de 13 H agrave 14 H de lapregraves-midi) le souf-segravede (de

minuit i4 H du matin) Selon la tradition ~t la croyance wolof les

mauvais ~sprits choisissent ces heures pour jeter des sorts Et la

femme enceinte eacutetant tregraves vulneacuterable le Djinneacute essaiera de lui insufshy

fler son souffle pour atteindre son beacutebeacute afin dentratner soit la

meacutetamorphose de cedernier en monstre soit de le tuer avant sa naissance

Dailleurs pour le wolof et pour certaines autres ethnies au Seacuteneacutegal

le timis le tdjolor le souf-segravede repreacutesentent des peacuteriodes de

la journeacutee ougrave lon ne doit pas se hasarder dans les rues et les champs

Ce sont des heures propices aux apparitions des Djinnes sous nimporte

quelle forme humaine ou animale

Il est eacutegalement interdit au wolof de marcher ou de serti la nuit du

~eacutellfria-

loutes c~s pratiques ~ystiqu~s et cr0ya~ces religi~us~5 ~xistent eL~~[

certainement dues agrave un meacutetissage culturel Parallegravelement aux feacutetiches

aux incantations et agrave lutilisation des safaras (substance magique)

notons lexistence de ga l a tchs (ce sOnt des talismans ougrave sont inscrits

du qui les porte Toutes ces croyances biEn sucircr auront une rEacutepercussicrI

sur leacuteducation du jeune wolof

323 Leacuteducation du wolof

Pour caracteacuteriser leacuteducation wolof nous avons penseacute donner comme

illustration cet extrait de la revue DEM ak TEY Pour deacutefinir leacutedushy

cation le wolof fait appel agrave un symbolisme qui eDglobe aussi bien les

moyens mis en oeuvre Yar que le reacutesultat obtenu agrave laide de ces mecircmes

moyens cest-agrave-dire la formation et le deacuteveloppement de lecirctre humain

ou Yaru

Le substantif Yar deacutesigne le fouet

Ce symbolisme deacutesigne donc au-delagrave du simple sens mateacuteriel de lobjet

lutilisation qui permet daboutir au reacutesultat escompteacute (Yaru) Au sens

geacuteneacuteral Yar deacutesigne tout instrument servant agrave infliger une punition Le

terme laisse supposer agrave priori que cette phase de lenfance durant lashy

quelle se preacutepare la vie de lhomme est lieacutee agrave la souffrance au supplice

Dailleurs une maxime wolof compare lenfant agrave une tige quon a tout le

loisir de redresser alors quelle est encore flexible bull

bullbullbull Pour leacuteducateur wolof la perfection nest point de ce monde malS

le devoir de chaque homme est de tendre vers la pleacutenitude en luttant

contre ses propres faiblesses Leacuteducation va d01c iisister essentielle~(-~t

sur lexercice quotidien de leacutelevation ffiora1e d~ lindividu Pour cela

elle privileacutegie la patience munI) vertu dabneacutegdtion et dE deacutesinteacuteresseshy

m(~t autour dE laquelle sarticulent toutes ]e~ ~u~~~s qualiteuros

i _

aan~ ~ s0cieacutet gt~olcf ocirclt~tartt nul -Jt- poulait sabecircisstr

tion de sa libertEacute La liberteacute est le preuumler drcmiddotir dE l ho-)euro egrave~S

baigner dans une beacuteate admiration du passeacute la comparaison avec le pr~$(middott

si~posc dclle-mecircme car lon reste s reacute devant la deacutesinvolture aVEC

laquelle dES honmes daujourdhui descendants de cette ~~~EacuteTatic ccedil~l se

une fois [largis bullbull tTasque fiers davoir fait leacute priS0n PEut-2tTE

faut-il mettre cela sur le compte de lurbanisation et des nouvelles

valeurs qui ont pour nom enrichissement reacuteussite sociale avec ce que

cela comporte de deacuteshumanisant et de deacutepreacuteciateur (1)

3 bull 2 bull 3 1 bull Lesri tes

Le sevrage et la circoncision constituent les deux grandes phases initiashy

tiques chez le wolof

- Le rituel du sevrage est appeleacute maga1 (litteacuteralement rendre grand)

Cest un eacutevegravenement important aussi bien pour les parents de lenfant que

pour la co~unauteacute Durant cet eacutevegravenement qui survient geacuteneacuteralement deux

ans apregraves la naissance du beacutebeacute les personnes vivant dans lentouragE

apportent leur soutien moral et mateacuteriel

- le rituel de la circoncision revecirct pratiquement la mecircme signification

que dans les autres ethnies seule la forme diffegravere La circoncision reste

encore une eacutepreuve de la vie au sort i r de laque Ile ladolescent devient un

homme Aujourdhui il faut noter une meacutetamorphose de la structure sociale

et des croyances religieuses tregraves accentueacutee aussi bien chez les wolof que

chez les autres groupes ethniques et ceci est peut-ecirctre dO au contact

permanent quils ont avec la socieacuteteacute occidentale

Malgreacute ces constat~tions il semblerait pcu=tant qUE la sociecirct~ lecircbou Gci

bien que se trouvaLt en grande partie dans ~a Presquth du Cap-ETt Et

en contact permane~t avec les blancs soit la portior la plu8 cc~serva-

----------~_- ---~-- -----

~

Incidences d s ~00urs sur la l~ttE

Le wolof connaicirct deux formes de luttes la lutte sirplE- sans t-t

la lutte avec frappe La lutte avec frappe a une crigi~e purement r

et ce nest que plus tard quelle devint une prati1uE sportive et lud

preacuteparer agrave la guerre Aussi tout en luttant On eacutetait autoris~ agrave frapper~

griffer mordre voire introduire son doigt dans loeil de son adversaire

Le jeune wolof devait eacutegalement se livrer agrave la lutte avec frappe afin de

favoriser son insertion dans la socieacuteteacute adulte et sinitier au meacutetier de

soldat faute de quoi il ne pouvait se faire entendre ne avoir des marques

de respect Pour montrer la populariteacute de la lutte dans le Cayor signalons

que les Damels ll (rois) et les Teignes (nobles) nheacutesitaient pas agrave sy

livrer Quant au IIMbeu~ (lutteur) elle lui servait de moyen de promotion

sociale car d8S que sa reacuteputation eacutetait eacutetablie il pouvait ecirctre choisi

par les rois et les nobles comme garde de corps

325 Signification de la lutte en milieu wolof

La lutte se pratique dabord pour lhonneur qui est une vertu tregraves signishy

ficative pour le wolof Elle permet de renforcer les liens amicaux entre

les jeunes de villages diffeacuterents Le champion veut gagner

confiance et la consideacuteration de son village de ses amis

Etre champion cest aussi susciter ladmiration chez les

sentant la force la viriliteacute et la deacutetermination

326 Organisation d~s eacutepreuves de lutte

3261 Les Mbapatts Ce sont les seacuteances nocturnes

pour meacuteriter la

et des anciens

filles en repreacuteshy

Ils sont organiseacutes apregraves les reacutecoltes agrave la fin de la saiscn des pluies

Ceci surtout p~ndant les peacuteriodes de clair de lune car ils peuven~ durEr

toute la nuit Le but des ~Dapatts lt=tait de prfpa-er FhysicuemeH et

~ arb Sil

326 Le 1

cest une organisation beaucoup plus importante que les I~apatts ~

loccasion de laquelle on peut voir plusieurs lutteurs de grande reDommfe

saffronteLLa fin dl lamb est toujours couronneacutee par une grand co~bat

duquel le vainqueur est sacreacute champion de la contrecirce

Le choix du lieu est lieacute agrave limportance de ce lieu dans le village cest

la place publique ougrave geacuteneacuteralement se passent toutes les manifestations

assembleacutee geacuteneacuterale sabar (danse) cest aussi lendroit ougrave sont prises

les grandes deacutecisions

3623 Lappariement

Dans un village ou un quartier les lutteurs se regroupent en lang

(eacutequipe) et jamais deux lutteurs de mecircme lang ne se rencontrent lors

du lamb

L appariement s~ fait librement entre lutteurs de lang diffeacuterents l1hs

une regravegle veut ~uavant de lutter avec le Mbeur Kanur de tel lang si

on est soukh (l~tteur pas encore confirmeacute) il est neacutecessaire de lutter

dabord avec ses soukh et ce nest quapregraves les avoir terrasseacutes tous

quon se voit octroyer la chance de lutter contre lui

Notons que la cateacutegorisation des lutteurs par poids nest jamais prise

en consideacuteration

3624 La tenue du lutteur ou NGIMBE

Le middotNGimbe est confectionneacute par le marabout de la famille ou du clan Il

est constituecirc de pagnes en coton tisseacute geacuteneacuteralement offerts par la megravere ou

la grand-megravere du lutteur ceci lors des organisations de ~rande Tportance

COrlune lef 1amb Dans le cadre des l-bapatt les pagnes sont C tErts peumlr

~~~rcfcis ct ffi~mc aujourdhui d218 cErtaInes fa~ille5 on devj~Gr

luttEur de pegravere en fils et dans ce cas h 1

gimbell du pEgravere Est recircr i tEacute

par le fils Le fait de porter le lI~gimbe agravee ses aiumleux peut susciter

cne~ le jeune lutteur une motivation et une volontecirc in~branlable rlasshy

surer 12 supeacuterioritEacute cis SIcirct-ns dallS

le xgimbe de la famille ne touche pas le sable

La tenue du lutteur a une signification et une importance sur le plan

mystique car selon les anciens le vrai feacutetiche du lutteur celui qui

le proteacutegera agrave vaincre le Djinneacute ou le Rap de ladversaire se trouve

cacheacute dans ce Ngimbe Celui qui confectionne-le Ngimbe est doueacute de

faculteacutes occultes

~~r~i~rg Il est assureacute par un sage du village qui geacuteneacuteralement fut

championde lutte de son temps Dailleurs cet ancien nintervient que

si le terrassement est litigieux

Hormis le public qui proclame la victoire ou le match nul le lutteur

lui-mecircme est arbitre et il arrive quil se deacuteclare vaincu ~ous

pouvons citer comme exemple Meacutedoune KHOULE un des plus grands lutteurs

seacuteneacutegalais qui a donneacute une victoire agrave Djeacuteri SADIO son adversaire qui a

reacuteussi agrave lui faire toucher le sol de la main

Il Y a terrassement quand le lutteur se retrouve

- assis sur le sol

- eacutetaleacute sur le dos

eacutetaleacute sur le cocircteacute

les deux genoux au sol

- les deux ma~ns au sol

la tecircte (front au sol agrave la suite dune brouette)

Il peut y aVOIr match nul si apregraves li1 temps ccmsideacuterable les lutteurs

SE sont ~ ivrEacutes respectivement agrave des assauts rEacutepEacutetEacutes et n arrivEt pas a

3265 L~ precircparation mystique

Il faut reconnattre quon ne peut parler de lutte en milieu wolof sans

envisager une preacuteparation mystique seacuterieuse Co~~e ~ous lEvans vu a~teacute-

1middot ~ d ~ ~rlturenent t0utes es actlvmiddotltesmiddot u W010 sont lles a SeS croyances

- la lutte ne concerne pas seule~ent deux acteurs se livrant faruumlucheshy

ment agrave un combat au milieu de laregravene mais eacutegalement les marabouts et les

feacutetichistes du village ou du clan qui doivent deacutefendre leur savoir et

leur prestige Avant le combat le lutteur doit se livrer agrave un certain

nombre de preacuteparations mystiques pour assurer sa victoire Aussi sommesshy

nous appeleacutes agrave parler de BACK (cest le chant et la danse du lutteur)

- le batteur de tam-tam compose un rythme en fonction du Galagne ou du

Senghor (gds-gris) du lutteur Chaque galagne sera choisi en fonction

du Rap ou du Djinneacute correspondant au Totem du lutteur

Le chant geacuterleacuterique Feinte woy veut dire litteacuteralement composer un 1

chant Ce chant est geacuteneacuteralement composeacute par les filles du viilage du

champion ou par un griot de sa communauteacute Et agrave travers ce chrnt on

arrive agrave toucher la corde sensible du lutteur en chantant lesl innombrables 1

victoires de ses ancecirctres ou en lui rappelant ses prouesses eacuteblatantes 1

Chaque lutteur doit avoir un chant et un back qui lui sont propres

327 Le reacutepertoire technique et les caracteacuteristiques physiques dulutteur wolof

Le lutteur wolof est geacuteneacuteralement moyen de taille la musculagraveture est

tregraves saillante ce qui fait ressortir un aspect tregraves athleacutetique ceci

est vrai sans exception pour le lutteur leacutebou mais il arrive que le Cacircyoshy

rien le baol-baol le walo-walo soient de grands gabarits de forte constishy

tution

CepEndant pour une meilleure compreacutehension du sujet nous pouvons eacutetudiEr

deux jroups d lut teurs qui vont deacuteterminer deux st yI e s de lut tes

- ~ t

les tc~tativ~s de~[reacutee e~ ramassement de jambes de la~v~sairL Ce~~

peut Ecirctre expliqueacute par le fait que les lutteurs leacutebou ou walo-walc qui

sont des pecirccheursadoptent cette garde tasseacutee du fait quils so~t tou-

jours pencheacutes en tirant le fil ou en poussant la plrogue On verra techrugravequeacutes dt cirr 2C ~lt 5Jllicitocirct

surLuumlut les membres supeacuterieurs

Le cayorien et le baol-baol par contre sont les plus grands cultivateurs

darachide chez eux les techniques de lutte sont plus varieacutees et la

garde est moins renfermeacutee Les lutteurs cayorien et baol-baol ont une

morphologie et une reacutepartition musculaire bien eacutequilibreacutee ils excellent

dans les techniques en deacutecalage les techniques de jambe et surtout les

techniques de riposte ougrave lon peut voir des prises de hancheacute tregraves amples

Dune maniegravere geacuteneacuterale on peut dire que le lutteur wolof est un fin

technicien qui sait surtout creacuteer les opportuniteacutes e~ avec sa rapiditeacute

utiliser la force de ladversaire pour le deacuteseacutequilibrer le noodju

le mbas le weacuteheacuteleacute et le rasu sont des techniques propres au lutteur

wolof

En deacutefense il utilise surtout des kl~klets ou gal-gal Notons que

le balancement des bras ou Lewato e$t tregraves marqueacute dans la lutte wolof

TABLEAU RECAPITULATIF DES COMPOSANTES TECHNIQUES

( 1 )

1 SOUS-GROUPES GARDES CONTROLES FORHES DE CORPS l

Walo-walo Basse de jambe Arracheacute l l10yenne de Ngimbe et i

Leacutebou Tasseacutee et saisies annexesj Deacutecalage 1 1 distante de bras de tecirct1

j de bras Deacutecalaeuro

~-----------------~-

- ~ ~- shy - ~ ~ bull L _ _ bull

Profil psyc~~iqUE du lutteu- et son comporterent dars l 2regravere

La preacuteparation mystique dans laregravene est plus marqueacutee chez les wolofs

que ChE~ les autres ethnies En effet on verra de grands champions

preliGrE plusiEurs heures pour Enduire leur corps de cll2badep ou ci

rmiddot- ~ a la proprieacuteteacute de proteacuteger li1egraveividu J

les mauvais sorts) Cest dailleurs un aspect dt la luttE qui iJcsc

des problegraveJles

Le lutteur wolof est tregraves superstitieux et la peacuteriode de preacuteparation

est capitale pour lui car elle permet non seulement de rendre

hommage aux ancecirctres mais aussi dintimider son adversaire Cest

geacuteneacuteralement un lutteur agressif combatif et teacutemeacuteraire Il se fait

souvent remarquer par son esprit dentreprise Mais cette fougue dans

le combat lamegravene parfois bien que ce soit regrettable agrave oublier les

usages et les normes Ce manque de maicirctrise de soi peut faire croire

que le lutteur wolof manque de fair-play ce qui nest pas toujours le

cas

~A~Ugrave~ t 4AA CbUrs k LA ucirctotve f~tPle Sesect prores mou W ~ lesquelles vont se couler les comporteme~ts individuels qui sont ainsi

monteacutes par et pour lautoriteacute sociale

Les faccedilons de boire de marcher ou de sasseoir se manifestent indivishy

duellement dans le corps de chaque personne ces habitus sont cependant

des montages sociaux lieacutes agrave des significationssymboliques variables

dailleurs selon la position sociale occupeacutee par chaque sujet Ces modes

dagir se rangent dans un systegraveme de montages symboliques et lindivishy

du les apprend de la socieacuteteacute dont il fait partie agrave la place quil occupe

Lhabitus est un montage social agrave la valeur symbolique deacutependant des pheacuteshy

nomegravenes deacuteducation et de prestige et lieacute agrave la position sociale du sujet

Cette penseacutee sonne de faccedilon eacutetonamment moderne

Pierre BOURDIEU qui dans une perspective a approfondi le contenue de la

notion en le reportant aux oppositions entre classes et fractions sociales

Il deacutefinit lhabitus comme un systegraveme de dispositions durables acquis au

cours dune histoire personnelle dans une milieu social donneacute systegraveme qui

engendre ensuite des pra~iques socialement deacutetermineacutees faccedilons de manger

de parler ou de marcher comportements de politesse contenu des preacutefeacuterencel

et des deacutegoOts bullbullbull lhabitus est le produit de conditions eacuteconomiques et

sociales Lauteur rattache directement la formation de lhabitus dun

individu agrave la trajectoire parcourue par celui-ci dans sa classe dapparteshy

nance il deacutefend lideacutee dun habitus de classe qui deacutefinit le sens confeacuteshy

reacute agrave la pratique sportive les profits qui en sont attendus

Ce dernier serait lui-m~me lieacute agrave un systegraveme de valeurs ou ETHOS de classe

prenant sens au sein doppositions distinctives entre classes sociales

De sorte lhabitus fonctionne comme un systegraveme dt- regravegles inteacuterioriseacutees

souvent informuleacutees permettant ou non agrave lagent de sadapter dembleacutee aux

multiples pratiques de la vie quotidienne et de la vie sportive il est agrave

lorigine des schegravemes de transcription qui favorisent les ajustements aux

situations corporelles nouvelles (1)

t ~

(1) P~IE11D dwi6Han ISpoy-l et sodeacutebi Approche Bocio-culturelle des pratiques P~tis Vigot 1981 page 81

33

331 Preacutesentation

Les Seacuteregravere auraient pour origine le Fouta Toro quils auraient quitteacute

vers le Xllegrave siegravecle pour fuir lislamisation de cette reacutegioD par lempire

dJ Xali (ils seraient donc apparEnt~s aux Peul et Toucouleur ) Ils

auraient trouveacute dans la rEacutegion du Sine les Sosseacute dorigine manding avec

lesquels ils salliegraverent

Au XVegrave siegravecle une autre immigrationSos~ conqueacuterante cette fois-ci

apporta son organisation eacutetatique Ils se divisegraverent en deux monarchies

deacutemocratiques lune seacutetablit au Sine et lautre au Saloum Les Sosseacute

conqueacuterants constituaient lautocratie appeleacutee Guelowar

La royauteacute seacuteregravere eacutetait laiumlque Les premiers souverains durent secouer

la tutelle des Toucouleur et progressivement arrivegraverent agrave unifier lethshy

nie des seacuteregravere etdea Sosseacute Les deux royauteacutes eacutetaient organiseacutees selon

acirces modegraveles tregraves deacutemocratiques Le souverain deacutependait dune assembleacutee

de ministres et de chefs locaux qui assuraient ladministration centrale

et reacutegionale())

Aujourdhui lethnie seacuteregravere repreacutesente 20 de la population seacuteneacutegalaise

Ils sont reacutepartis sur presque toute leacutetendue du territoire notamment

dans le Baol la reacutegion du Sine-Saloum et la reacutegion de Thiegraves

Signalons quil existe plusieurs sous-groupes dans lethnie ainsi on

trouvera

- dans la reacutegion de Thiegraves les Ndut les Safegravene et les None

- dans le Sine-Saloum les Sine-sine et les Saloum-salouIT

On trouvera vers foundioune et agrave Nioro du cocircteacute de la Gambie les

Niominka (pecirccheurs) Cest une portion tregraves mandinguiseacutee

( 1

Le rattache~2~t d~ to~s ccs sous-groupes pose problecircme ~25 0~ r0~V~

uc grande partie de traits COITul1uns dans leurs modes dE vie Ct pOUT phs

de faciliteacute nous allons essayer de faire une ~tude globale de la lutte

traditionnelle seacuterecircre Lactiviteacute socio-eacuteconomique qui est essentielleme~t

agro-pasorale caracteacuterisE leacutethnie seacuteregravere

332 Lecircducation les moeurs les croyances et pratiques sEr~rc

Chez les Seacuteregravere la vie humaine se deacuteroule selon les grandes eacutetapes

le baptecircme lenfance ladolescencemarqueacutee par la circoncision lsectge

adulte le mariage la vieillesse et la mort (funeacuterailles)

La vie de la communauteacute seacuteregravere reste une des plus originales sinon

celle qui de nos jours garde la presque totaliteacute des pratiques et

habitudes traditionnelles

Bien qu aujotltdhui con~r-tis aux religions chreacutetienne et musulmane les

Seacuteregravere conservent leurs croyances et pratiques animistes

Quelque soit leur degreacute dadheacutesion aux religions reacuteveacuteleacutees les Seacuteregravere

croient en un Dieu puissant et miseacutericordieux Rog Segravene et les hommes

Les ~angols sont repreacutesenteacutes mateacuteriellement dans tous les villages

seacuteregraveres par des arbres (baobab et tamariniers) des animaux (geacuteneacuteraleshy

ment serpent doreacute ou iguane) des ustensiles (pilon calebasse et mortier)

De nombreux teacutemoignages nous apprennent que certains totems (serpent

iguane) font leur apparicion agrave loccasion de certaines manifestations

rituelles comme les sacrifices ceacuteleacutebreacutes lors dun mariage de ceacutereacutemonies

mortuaires ou des circoncisions

Le Seacuteregravere comme il nous a eacuteteacute donneacute loccasion de le dire plus haut

preacutesente des speacutecificiteacutes authentiques aussi bien en tout ce qui touch~

son eacuteducation ses croyanCES et pratiques mystiques q~e ses activiteacute~

socio-ecirccc~omiquEs Apr~s a ~aissa~c~ le beurob~ ~~ pcs~ 5~~ lE S~ __

On lui mouille les l~vres avec un peu d~ lait de mil et apr~s U~ bain

purificateur on versera leau dans un trou cr~us~ derri~r~ la Camp~~

Pendant huit jours la megravere et lenfant sont cacheacutes dans la case car

selon les anciens ils sont tregraves vulneacuterables La case deacutens certains cas

est entoureacutee dun fil blanc et lon place sur le seuil des fais(cauy di

veacutegeacutetaux pour chasser les mauvais esprits (geacutenies malfaisants et illangeUY~

dacircmes) Au bout du huitiegraveme jour la megravere et lenfant peuvent sortir de

la case bull

bullbullbull Le matin du huitiegraveme jour la tante paternelle va chercher de leau

(plusieurs fois)t elle doit rester muette pendant ses alleacutees et venues

si elle parlait t lenfant pourrait ecirctre muet bullbullbull

La megravere et lenfant prennent un bain purificateur dans lequel sont

trempeacutees certaines plantes (ce sont des veacutegeacutetaux pr~tecteurs tels le

begravene le yag le ngud) On y lavera aussi le linge e1t les ustensiles utishyj

liseacutes pendant les huit jours qui viennet de seacutecoul~r On rase le crine

de lenfant Les cheveux sont donneacutes agrave la megravere qui ~s enterrera avec le

reste du cordon ombilical dans un endroit que11e esit seule agrave connattre

La megravere sassied sur une natte devant la maison Une femme igeacutee de la

famille prend le beacutebeacute dans ses bras et le preacutesente aux quatre coins de

lhorizon

La tante paternelle tient ensuite un van sur la tecircte de la megravere on y

verse le mil on y verse eacutegalement en abondance sur la megravere et sur

lenfant La tante oint ensuite le corps du beacutebeacute avec du lait e11e

touche en particulier le front t le nez la bouche la poitrine le dos

et les oreilles

Elle pose enfin un ~rain de sel dans la paume du beacutebeacute (le sel purifie

et deacutetruit les puissances mauvaises)

Apregraves un nouveau bain la megravere et lenfant revEcirctent des habits de fecircte

(est

lenfant Ce precircnore a toujours U~ SEns Il sy~bolise parfois C0 qUi

lOIl sounaitt agrave lEufant l)

La circoncision comme dans les autres ethnies est obligatoire Elle

permet au jeune adolescent dacceacuteder agrave la classe adulte Les jeunes

sont regroupes en classe dacircge dans le bois ougrave sc fait la r0tr~it0 des

circoncis et ceci pendant plusieurs mois

Le Selbeacute qui est geacuteneacuteralement un ancien craint de tous les eacutelegraveves

enseigne le respect de la hieacuterarchie la discreacutetion le goOt de linishy

tiative Les activiteacutes physiques et leacuteducation artistique ne sont pas

en reste la deacutecoration la sculpture la lutte et la danse A sa sortie

du bois linitieacute appartient deacutesormais agrave la classe des virils et des

sages du clan car on lui aura enseigneacute les vertus fondamentales que

sont la justice lhonneur lamour du prochain 1 amour du travail

lhonnecircteteacute et surtout le respect des coutumes ancestrales

Le rite du mariage esd aussi un fait tregraves important dans le monde 1

seacuteregravere mais par manq~e dinformation nous serons obligeacutes de nous en

tenir lagrave

333 Impact des ethos sur la lutte dans le monde seacuteregravere

Lorigine de la lutte seacuteregravere ne semble pas claire ma1S nous pouvons

dire quil existait deux formes de lutte comme chez les Wolofs une

lutte sans frappe et une lutte avec frappe Et cest cette derniegravere

qui peut-ecirctre nous ameacutenerait agrave croire que la lutte seacuteregravere aurait une

origine plus preacuteciseacutement guerriegravere

Aujourdhui la lutte est uniquement une activiteacute sportive agrave travers

laquelle le jeune seacuteregravere eacutevalue sa force son courage et SOn ingeacutenioshy

siteacute Cest une occasion de deacutefendre lhonneur de son village ou de

la corrnnunauteacute

La luttE ~5t avant tout u~e rnanifcs[dtic~ c~lturclie et surtout

fo lkhriqut-

Gracircce agrave elle on peut deacutesormais comprendre un certain nombre de chants

et de symboles A travers la lutte seacuteregravere on ccedilomprend les inter-relashy

tions entreacute la vie et le monde surntiturel

Sil devait y avoir la mort dun villageacuteois pendant la fecirctE au T qUE

de linterrompre on proceacutedait gracircce aux connaissances magico-religieuses

agrave la suspension de la mort jusquagrave une peacuteriode ougrave la population sera plus

disponible pour organiser des funeacuterailles sil y eacutetait preacutedit la possibishy

liteacute dune deacutefait du champion local au profit dun champion dun autre

village des recettes dordre maginque et religieux eacutetaient mises en prashy

tique afin que le champion du village ne soit jamais terrasseacute(J)

334 Le profil du lutteur seacuteregraver~

Le lutteur seacuteregravere est par essence un athlegravete impressionnant de par sa i

carrure et sa musculature saillante mais cest aussi une force tranquille

et calme quelque soit lenjeu du combagravet et particuliegraverement lhonneur

Cet aspect nous pousse agrave parler du NGiMBE cest-agrave-dire de la tenue du

lutteur qui va influencer sur sa faccedilon de lutter

La confection du Ngimbe revient agrave la communauteacute entiegravere Le Ngimbe a

une signification symbolique et le lutteur pour meacuteriter la confiance du

groupe se doit de tout faire pour ne pas toucher le sol Toute la commushy

nauteacute elle aussi sengage pour assurer la longeacuteviteacute et le succegraves du lutteur

dans laregravene par lorganisation droffrandes et de sacrifices en lhonneur

des Pangols bull

bull

Daucuns nheacutesitent pas agrave dire que lessentiel du mysticisme se fait agrave

la maison et non dans laregravene tout le reste nest quintimidation de

ladversaire

lsvcns

Tt- pi ~- t

t 1 ~ l _ ~ t

par rapport agrave lautre Cbci est trEgraves lieacute agrave lactiviteacute journaliegravere du

jeune seacuteregravere qui est un cultivateur donc toujours bien planteacute sur ses

jambes et qui continuellement manie lhiler

Le fait de couper le boi~ peut eacutegalement constituer un moyen de muscushy

lation non neacutegligeable pour le jeune lutteur

Un certain nombre de traits techniques speacutecifiques au lutteur seacuteregravere

semblent ressortir des diffeacuterentes interviews que nous aVOns fait subir

agrave certains lutteurs seacuteregraveres et agrave diffeacuterents techniciens

SOUS-GROUPES FORMES DU CORPS CONTROLES GARDES

SAFEN Moyenne en fente NONE Hancheacute Bras (distante) j

NDUTJ

f

SINE-SINE Deacutecalage Ngimbe

Moyenne

SALOUM-SALOUM Passage- Jambe (rapprocheacutee) 1

i

PETITE dessous Tecircte Basse et 1

COTE Moyenne (rapprocheacutee)

Notons que le Niominka ll commence agrave lutter agrave partir du sol pour avoir

assez deacutelan et sauter sur ladversaire afin davoir la prise du lion

(contr6le de la nuque et du bassin)

Co a -tem-nt ccedilt attitude du lutteur sEacuteregravere335 np -1t ~

Les croyances mystiques sont indissociables des activiteacutes quotidiennes

duseacuteregravere Ce qui explique le cocircteacute supersticieux du lutteur seacuteregravere En

~ffet certains lutteurs refusent de lutter avant certaines heures

Certains teacutemoignages nous apprennent quil nest pas donneacute agrave tout le

monde decirctre champion de lutte et que le lutteur doit avoir des dons

surnaturels pour ecirctre agrave mesure de livrer ses combats dans la nuit

et trouver seul un gris-gris speacutecial appeleacute Njatch

Le vrai champion de lutte chez les seacuteregraveres ne lutte pas seulement avec

~a force et sa technique mais surtout avec ses dons occultes

Chez les seacuteregraveres les morts sont toujours preacutesents et les ~pangols

Servent dintermeacutediaire entre les hommes et les morts Le pangol prend i

le nom dhumain dans certains villages (IIHeacuteJga NDONG Har Wag NGOUYE) i 1

De ce fait on verra le lutteur danser dufe maniegravere ou dune autre en

fonction du pangol de sa famille Ainsi nrus aurons le back (chant et

danse du lutteur) des DIOUF des FAYE etclbullbullbull

Dans laregravene le lutteur seacuteregravere a un comportement exemplaire aussi bien

agrave leacutegard de son adversaire direct quave~ le public en geacuteneacuteral Lexpli shy

cation semble tenir au fait que le lutteur seacuteregravere est avant tout selon

la tradition orale le repreacutesentant de toute la communauteacute seacuteregravere Par

conseacutequent il devra saffirmer non seulement en tant que lutteur dans

laregravene mais aussi en tant quentiteacute morale

336 La tenue du lutteur ou NGIMBE est confectionneacutee par le marabout de la

famille ou du clan Le Ngimbe est constitueacute de pagne en cCton tisseacute

Il doit ecirctre propre le lutteur qui le porte ne devra pas avoir de rapshy

port sexuel pendant toute la peacuteriode des cOTpeacutetitians car le Ngi~bE ne

doit pas ~tre souilleacute

Autrefois et mecircme aujourdthui dans certaines familles on devient

lutteur de pegravere en fils et dans ce cas le Ngimbe du pegravere est heacuteriteacute

par le fils Le fait de porter le Ngimbe de ses aieux peut susciter

chez le jeune lutteur une motivation et une volonteacute ineacutebranlable dtasshy

surer la supeacuterioriteacute d~s siens dans ltaregravene Il fera tout pour que le

Ngimbe de la ramille ne touche le sable

La tenue du lutteur a une signification et une importance sur le plan

mystique car selon les anciens le vra1 feacutetiche du lutteur celui qui

le proteacutegera et laidera agrave vaincre le nDjinne ou le tRapu de ladvershy

saire se trouve cacheacute dans ce Ngimbeu bull Celui qui confectionne donc le

Ngimbe U est doueacute de faculteacutes occultes

337 Larbitrase est assureacute par un sage du village qui geacuteneacuteralement fut

champion de lutte de son temps Dailleurs cet ancien nintervient que

si le terrassement est litigieux Hormis le public qui proclame la vicshy

toire ou le match nul le lutteur lui-mecircme est arbitre et il arrive

quil se deacuteclare vaincu

Nous avons pu cfter Meacutedoune KHOULE un desplus grands lutteurs seacuteneacutegashy

lais qui a donn~ une victoire agrave Djeacuteri SADIO son adversaire qui a reacuteussi

agrave lui faire touegraveher le sol de la main

IlL

34 1 Preacutesentation

Lethnie toucouleur vit En grandt partit ciE~~ la vallfc du S~~~gal

pt reprecircsente i peu pr~s 8 de la population totale secircn~galaise

o Histoire

Il semblerait que dans lancien royaume du Tekrour (IX~ siegravecle) des

eacuteleacutements neacutegroiumldes Sarakoleacute et des Peul aient formEacute par meacutetissage le

peuple Toucouleur (Toucouleur serait dailleurs une deacuteformation du

mot portugais Tacouror)

Ce empire a domineacute aussi bien les wolofs de lOuest que les Peul

nomades du Fouta Toro Cette reacutegion fut le premier pays islamiseacute par

les Almoravides ce qui peut expliquer le proseacutelytisme toucouleur

Ce sont les guerriers toucouleur islamiseacutes qui attaqu~rent avec les

Almoravides la capitale du Ghana Koumbi en 1067 On convertit par

la force les animistes Cest sans doute agrave cette eacutepoque que de nombreuses

ethnies reacutefractaires agrave lIslam ont dO accentuer leur migration vers

le sud (Seacuteregravere wolof Sarakoleacute Bambara Songhaiuml Akan et Peul se reacuteshy

fugiaient vers les hauteurs du Fouta Djalon)

Au XIXegrave siegravecle les Toucouleur allaient trouver en El Hadj Omar Tall

un grand conqueacuterent qui sous le preacutetexte religieux de la gJerre sainte

contre les tribus animistes (entre autres Bambara) eacutetendit lempire

toucouleur sur presque tout lensemble du gali et la partie de la Guineacutee

proche du l1ali

Lempire toucouleur composeacute de Sarakoleacute de Bambar~ de ~alinkeacute de

Xassonkeacute dE Peul et de Dogon eut le meurorit~ dunir CES diif~rentes ~ ~ - - - - - et~ics ~t dE CD~stituer l~Sl la b2S~ ~r 1

_ ~ ~ ~_ L ~

~ ~- ~- - - ---- _ 1 v _ t 1 ~-_ --

marabout tOL~culcuuml~ ~ middotlrrany a l ick SI venu des E1i rClS dE Pocior~ (

~ Vi~ euroconomicue et sociale -----------~-------------

Les Toucouleur sont des cultivateurs mais bien quils n~ soie~t pa~

pasteurs comrre les Peul leacutelevage a une place inportarteacute decirc1S ltur

eacutecono~ie Pour faciliter leur conquecircte guerriegraverE ils c~t Eucirc une preacuteshy

dilection pour leacutelevage des chevaux On y trouve aussi des pecirccheurs

appeleacutes Tchioubalo La socieacuteteacute toucouleur aurait une stratification

sociale tregraves rigide Les groupes ethniques et les castes eacutetaient

diffeacuterencieacutes et strictement exogamiques les Rimbe classe des nobles

comprenant la famille reacutegnante et les guerriers libres la classe des

Nieacutenieacutebegens de castes artisanales i les Rimaibeacute anciens esclaves

devenus serviteurs qui portent les noms de famille de leur maicirctres A

la base de lorganisation de la collectiviteacute toucouleur se situe le

village (Wouro)

Toutes ces castes sont cloisonneacutees entre elle~ Ainsi il nest pas

permis agrave un Torodo (noble) de se marier avec un Tchioubalo Ces

consideacuterations sont importantes dans le domaine de la lutte ougrave nous

apercevrons que les nobles ne sont pas faits pour lutter Le noble

preacutesidera les seacuteances de lutte et on luttera pour lui Ces condeacute rat ions

de noblesse et de rang social sont extrecircmement importantes dans le

monde toucouleur

Le noble ne doit pas se salir on lutte pour lui il ne vit la lutte

quen tant que spectateur

342 Education moeurs croyances et eratiques religieuses

Deux formes d~ducation sont agrave consideacuterer leacutedJcatio~ dES enfarts Et

celle des adultes

oG lenfant sait m2n~~r et apprfcier le goOt d~5 ~iifeurorents r~pas lt

le moment ougrave il CO~~e~CE agrave marcher

tivirt n~sormais le petit toucou]eur est eacuteduquf par toutmiddot 12 f2~i)]E

dabord puis par toutes lespersc~nes du village ou du C13~

Lenfant peut ~tre corrigeacute par tout adulte appartenant au groupe social

Son eacuteducation est deacutesormais laffaire de toute la communauteacute et non

exclusivement celle ces parents On linitie ainsi au travail quotidien

qui se fait dans la bergel~ e les champs et les bords du fleuve Au sein

du village il pourra apprendre agrave filer la laine et agrave tisser des pagnes

dans les champs il apprend agrave manier la houe et lhiler pour la culture

du riz et du mil Mais signalons que lactiviteacute essentielle du toucouleur

est leacutelevage des boeufs des moutons et des chegravevres Chez les Ichioushy

balos (p~cheurs ) lenfant sera initieacute tregraves tat au maniement des pagaies

agrave la p~che propremccedilnt dite et agrave la nage

Vers cinq-six ans lenfant est confieacute au maicirctre coranique le Ihierno

et ce dernier dispose exclusivement de toute sa vie Lavenir du jeune

enfant lui appartient

Comme dans les autres groupes ethniques les enfants sont regroupeacutes en

classe dacircge et cest dans cette structure que lenfant subit les rite

de passe et plus particuliegraverement celui de la circoncision

La circoncision est non seulement unE opeacuteration chirurgicale malS surshy

tout une peacuteriode au cours de laquelle le jeune garccedilon passe de leacutetat

dadolescent agrave leacutetat dadulte Les circoncis sont reacuteunis en classe

dacircge dans un endroit situeacute hors duvillage geacuteneacuteralement choisi par les

vieux Cet endroit n~st accessible que par des individus de SExe ffi8SCUshy

li~ ~ta~t au preacutealabl circoncis

- - - -

quable et complet sur le plan phy~ique et ~oral Ai~si liniti~

acquiert les qualitecircs indispensables que sont le courag~ la modest

lesprit de sacrifice lendurance

Le toucoule~r est un pleux musulma~ Cela sexp1

SOil le premier agrave tre en contact avec la religion musulmane de par sa

position frontaliegravere Lethnie toucouleur de par son histoire a preacutesenteacute

les plus grands chefs militaires et religieux musulmans seacuteneacutegalais Et

pour illustrer cela on peut citer en exemple la grande famille musulmane

des SY agrave TIVAOUANE repreacutesentant la confreacuterie des TIDJANES

Bien que lon note une majoriteacute musulmane on peut dire que certaines

croyances et pratiques mystiques et animistes persistent encore surtout

dans la reacutegion du fleuve

Une pratique courante se fait elle sappelle le Djatt Elle consiste

agrave faire sortir le caiman du fleuve agrave limmobiliser et agrave lattacher

sans quil ne reacuteagisse et tout ceci agrave laide de versets et dincantashy

tions magiques Dapregraves les teacutemoignages ces pratiques sont plutocirct

freacutequentes chez les Tchioubalos (pecirccheurs) Il arrive aussi que cershy

tains chasseurs ayant des dons se livrent agrave certaines pratiques an1shy

mis tes qui consistent agrave invoquer certaines puissances et agrave moduler sous

forme de chant des versets occultes pour se proteacuteger des mauvais esprits

et pour eacuteloigner les fauves Ce chant est geacuteneacuteralement incompreacutehensible

et deacutenueacute de sens pour le profane

343 Activiteacutes ludiques et pratiques sportives en milieu toucouleur

Durant toute son histoire lethnie ~oucouleur a toujours EacutetEacute Frese~teacute~

comme celle qui avait ue activit essentiellement guerr e e~ particushy

liegraverement farouche Trois eacuteleacutements ret r t l ecirc t te nt i c- euro so~t

le manie~~nt du ~acircton 12 luttE Et 1eacute danSE

l

Lecircducation ph~sique et artistique Dcc~pe un place precircpondecircra~rp

dans la fDrmat~on du jEune toucouleur A loccasion agraveeacutevegravenemen~ imporshy

tants reacutecoltJs mariages baptecircme nous assistons agrave des manifestashy

tions folkloriques de grande envergure le Wango oucirc dailse toucouleur

tregraves gymnique iles chants et surtout les sEacuteances de lutte

La lutte toucouleur est la forme de lutte la plus spectaclaire dans

tout le territoire seacuteneacutegalais Elle est essentiellement baseacutee sur des

techniques en hancheacute et surtout en souplesse Ceci sexplique par le

fait q~e le jeune toucouleur est tregraves tocirct initieacute agrave la gymnastique (saut 1

per saut de main salto arriegravere saut de tecircte couronneacute etc bullbullbull ) pour

la dans~ du wa~go En dansant le wango qui est une danse rythmeacutee et

gymnique le Jeune toucou1eur est capable de prouesses extraordinaires

1

En lutte lattaquant se deacuteplace tregraves peu pour avoir une bonne saisie

(geacuteneacutera~ement controcircle du Ngimben ) et enchaine brusqueme~t avec une

attaque surpris~ Cependant les ripostes sont souvent surprenantes et

spectaculaires (baseacutees sur la souplesse et la rapiditeacute) ontrairement

aux autr~s form~s de luttes ougrave lon voyait tous les jeune adheacuterer la

lutte to~cou1eur Verra un groupe de speacutecialistes sadonne agrave la lutte 1

(la lutte est lieacutee agrave la position sociale de lindividu problegraveme de

caste)

Q La morphologie du lutteur toucou1eur 1

1 1

Ce dernier nest pas aussi large et aussi fort que les lutteurs diola

et seacuteregravere Cependant il est tregraves reacutesistant La musculatJre est saillante 1

et tregraves souple lindividu est longiligne mais tregraves athleacutetique

Les mouvements de lutteurs sont semblables agrave ceux dun grand fe1in Cette 1

morphologie semble ecirctre lieacutee agrave la position geacuteographique de lethnie

(reacutegion du fleuve) et agrave lacitiviteacute socio-eacuteconomique du toucouleur qui

est agrave la fois cultivateur (activiteacute lieacutee agrave la crue et deacutecrUE du fleuve)

pecirccheuro~T CIcr~icubaon) et sttout jEumlrgcr qui est U~ rc~2eumlr

shy

Deux formes egrave~ corps sembl~nt ecirctre preacutefeacutereacutees du lutteur toucouleur

le hancheacute et la souplesse Les hancheacutes sont faits agrave partir de plusieurs

positions de doset se terminent geacuteneacuteralement par des techniques de

tregraves grande amplitude

TABLEAU RECAPITULATIF DES TECHNIQUES ET FORMES DE CORPS SPECIFIQUES

i

L441 r

GARDE FORMES DU CORPS CONTROLES --shy - -

Moyenne Souplesse Ngimbe

Hancheacute bras

Demi-souplesse

1

Profil psycholosigue 1

TECHNIQUES

ContrOle du bassin et 12 souplesse

arriegravere

Klicket et allegravegement de la hanche

Le lutteur toucouleur est celui lUi se livre le moins aux preacuteparaqons

maraboutiques Cela est dO au f~t que le toucouleur est un grand ~USUlshyman et que les pratiques animisges ont presque disparu dans ce mil~eu

Dans la pratique le lutteur esJ combaif mais il est calme et tr~s reacutefleacutechi quant agrave la deacutecision agrave prendre en plein corps agrave corps ct~st un des seuls techniciens qui reJte tregraves lucide au cours de ses comb~ts

l Dans toutes les circonstances e lutteur toucouleur est tenu de re~pecshyter son adversaire et ceux de s4n eacutequipemecircme sil est vaincu

Comme nous avons dO nous en rendre compte la rigueur des principes

eacuteducationnels a une influence tregraves sensible sur l~ comportement du

toucouleur

i

III S COCL ~s 1DO

Dans cette partie nous avons essay~ de montrer lftroite re1atic~

Entre les diverses activiteacutes socio-eacuteconomiques dans les ethnies et

lES diffEacuterentes faccedilons de lutter

Daucuns seraient tent~s de conclure trop rapidement et cest p0~r

cette raison que nOUS avons penseacute preacuteciser que le pheacutenotype nest

pas geacuteneacuterateur du geacutenotype Et nous sommes convaincus que la morphoshy

logie et les techniques des lutteurs relegravevent de leurs modes de vie

et de leurs croyances agrave une eacutepoque et danE un contexte bien deacutetermishy

neacutes

Est-ce que les lutteurs dio1a ou seacuteregravere travaillant avec leurs bras

dans les champs auraient les mecircmes pr 0 fil s physiques que les lutteurs

utilisant des machines pour lagriculture

- 69 shy

I UJOURDH~1 E-S ut O[l LES FORfilS Ut LU11t~

~otons que notre enqu~te a ecirctE essentiellement faiteen milieu urbain

Les seacuteances de lutte ont tendance agrave perdre leur particulariteacute de r~shy

jouissance pour devenir des pheacutenomegravenes de sportisatio Deux fores

de luttes so~t principale~cnt prat s dans les aregrave~es du 5 al

la lutte traditiunnelle simple et la lutte traditionnelle avec frappe

De nos jours la lutte traditionnelle tend vers une reacuteglementation

et une institutionalisation

Le reacutesultat de nos investigations nous donne le tableau ci-dessous

REPARTITION ETHNIQUE SUR 100 PRATIQUANTS

LUTTE LUTTE RAPPORTETHNIES SANS FRAPPE AVEC FRAPPE J2

Diola 40 16 71 j

Seacuteregravere 26 21 57

Toucouleur 23 10 69

Wolof 1 1 53 17

La demande sociale par ordre deacutecroissant pour la lutte sans frappe

se preacutesente comrre suit

]0_ Ethnie diola avec pregraves de 3 lutteur~ sur 4

2deg_ Ethnie toucouleur

Ethri dun

~ 1 LA LUTTE TR])IIIO~~ELLE AVEC H-PPE

Cette forme deacute lutte a une histoire qui date de lantiquiteacute elle

sa~pelait le Pugilat Au Seacuteneacutegal elle a vu le jour dans le Cayor

bien avant la colonisation Le coup dE pied l~Lrdn~lement la morshy

sure la frappe et le doigtf eacutetaient permis dans le cc=bat ~ ~middot~p0~~e

Dans certains cas la giffle eacutetait beaucoup plus dangereuse que le

poing quand elle eacutetait donneacutee par un speacutecialiste Cette giffle pouvait

agrave elle seule deacutechirer et mecircme parfois amputer la joue de ladverser

Selon les informations la lutte avec frappede nos jours serait une

forme de lutte tregraves eupheacutemiseacutee de celle dantan ougrave une blessure

pouvait souvent ecirctre mortelle

Aujourdhui au niveau du folklore la lutte na plus la mecircme

le spectaculaire a remplaceacute le significatif iLa lutte avec frappe se 1

pratique surtout dans les centres urbains C~aque fois quun grand combat 1

est progra~eacute par le Comiteacute National Proviso~re (CNP) des centaines damashy

teurs sont mobiliseacutes vers le stade lba Mar D~OP qui est aujourdhui le i

lieu approprieacute ougrave se deacuteroulent les grands conkbats de lutte Cest la formE

de lutte qui semble drainer une foule de personnes beaucoup plus importante

que celle de la lutte simple

La lutte avec frappe deacuteriverait dune forme de lutte traditionnelle

pratiqueacutee jadis dans le Cayor au temps des Damels et la frappe serait

le substitut dun certain nombre de pratiques doigteacute jet de produits

etc bullbullbull dont le but eacutetait laveuglement de ladversaire La lutte avec

frappe serait une continuation logique dune carriegravere sportive de la

lutte traditionnelle qui sen sert comme moyen socio-eacuteconomique En

effet la majoriteacute des lutteurs avec frappe ont dabord eacuteteacute initieacutes agrave la

lutte simple Cependant il faut signaler que de nOS jours il arrive

que le jeune lutteur avec frappE- soit directenent formEacute conne speacutecialistE

agrave la frappe sa~s pour autant faire son chemin dabcrd egravea~s la lutte

- ~ shy

Le recircsultat dE ~os interviews ncus rec~trE qGune pcpulatiD~ divcrsishy

fiampe sint~resse agrave ce sport et qUE les intecircr~[s des uns et d~SlautrE~

semble~t divergents naucuns affirment que la lutte traditionnelle

avec frappe serait monteacutee par des personnes dont la vocation est dexshy

ploiter ce pheacuteLomegravene agrave des fins commerciales Dautres disent gJellegrave

jouit de mcyens irport~nts t[l[~isio

tation etc bullbullbull ) pour toucher toutes les couches sociales CEpe~~a~t

nous remarquons que mecircme si certaines personnes reprochent agrave cette

forme de lutte decirctre brutale ces mecircmes personnes nheacutesitent pas agrave

se rendre le dimanche agrave laregravene Bien que critiqueacutee elle semble ecirctre

adopteacutee par une tregraves grande partie de la population seacuteneacutegalaise Cepenshy

dant en tant que techniciens il nous est permis de faire une remarque

Il sagit de

- Limpression nette decirctre devant des professionnels de la frappe

qui sont ~ntratneacutes pour cela Dailleurs les propos que nous avons

recueilli~ nous prouvent que la plupart des champions de lutte avec 1

frappe s~ntratnent dans certains sports de combat tels ~ue la boxe i 1

le karateacute le judo Dans cette nouvelle forme de pratique de la lutte

contrairefuent agrave la lutte traditionnelle le technicien e~t souvent

perdant face au puncheur Ce dernier adopte une lutte agrave distance qui

lui permet de placer agrave bon escient ses coups animeacute du deacutesir de vaincre

Le technicien lui se voit contreacute dans toutes ses entreprises par

un uppercut ou un crochet

On peut dire cependant que nul sport au Seacuteneacutegal que la lutte tradishy

tionnelle avec frappe ne deacutechaicircne autant de passions et autant de

pheacutenomegravenes poussant agrave lexcegraves et deacutereacuteglements quon ne peut que deacuteplorer

Mais comment deacutecrier un spectacle de lutte qui bien quayant perdu la

presque totaliteacute des valeurs traditionnelles veacutehiculeacutees autrefois par

elle sait susciter une participation effective de tous ceux qui sont

preacutesents

CONCLUSION

Dans ce meacutemoire nous sommes efforceacutes ~e faire ressort ir limportance des

ethos et des habitus et leurs effets sur la pratique de la lutte tradishy

tionnelle au Seacuteneacutegal

L~b egravethos repr~sentent dune maniegravere g~neurorale tous les eacuteleacutements speacutec

fiques sux Seacuteneacutegalais par conampeacuteguent un systegraveme de valeurs traditionnellEs

Mais m~me si ces valeurs rev~tent une signification universelle (honneur

digniteacute courage etc bullbullbull ) il nen demeure pas moins que ce nest pas leur

nature qui fait leur speacutecificiteacute mais la hieacuterarchisation et limportance i

quon accorde agrave toutes ces valeurs de ~ar leacuteducation ou la culture

i 1

Aussi les valeurs traditionnelles puient leur speacutecificiteacute dans les

caracteacuteristiques propres aux eacuteleacutements ~e la socio-cu1ture (la technologie

et leacuteconomie la politique et la pareteacute la psychologie et lideacuteologie)

dans la socieacuteteacute seacuteneacutegalaise agrave n momen donneacute de son eacutevolution Cest i

dire la neacuteceesiteacute de ne point faire della valeur une reacutealiteacute statique

Cest dite aussi quagrave tout mome~t le ~eacuteneacutegalais peut eacutevoluer et creacuteer

ou vivre par conseacutequent de nouv~lles fprmes de valeur qui lui sont 1

propres ft (J)

La lutte traditionnelle veacutehiculant deS valeurs socio-cu1ture1les speacutecishy

fiquement seacuteneacutegalaises (croyances valeurs morales norme de comportement

opinion attitude bullbullbull ) devient un eacuteleacutement important qui tregraves certaiaement

nous aidera dans notre effort de valoriser et de peacuterenniser notre patri shy

moine culturel par le biais dactiviteacutes physiques et sportives

Leacutetude des habitus nous permet de prouver quil y a plusieurs faccedilons

de se mouvoir comme danser lutter bullbullbull qui varient avec les diffeacuterentes

ethnies (wolof toucouleur seacuteregravere diolagt leurs convenances et leurs

eacuteducations

(1) Revue Ethiopiques 31 Les valeurs traditionnelles et le problegraveme de leur inteacutegration dans les systegravemes modernes jtducatio-1 2 6r--70

nautre part cette eacutetude permet aussi de nous rendrE compte de la

correacutelatipn eacutetroite existant entre la pratique de la lutte traditionnelle

et le sta~ut socio-eacuteconomique du pratiquant

Nos inves~igations nous indiquent que la lutte recrute essentiellement

au niveau des classes socio-eacuteconomiques situeacutees en bas de leacutechelle

donc posseacutedant le statut social le moins favoriseacute La lutte avec frappe

-et un certain secteur commercialiseacute de la lutte simple- y trouve sa

leacutegitimiteacute Comme le dit BOURDIEU nA habitus diffeacuterents styles de Vle

divergents et il oppse les pratiques aristocpatiques correspondants agrave

des activiteacutes qui favorisent les situations eupheacutemiseacutees ougrave la stylisashy

tion est importante aux pratiques populaires qui font appel agrave des

qualiteacutes qpposeacutees bllutes rugueuses Certaines interviews nous

montrent que plus lindividu occupe une place eacuteleveacutee dans leacutechelle

sQciale e~ 1

moin$ il sinteacuteresse agrave la lutte

Les reacutesultats recueillis dans nos diverses investig~tions confirment 1 1

1er propos qui disent que nous assistons aujourdhu~ agrave une involution

de la lutte traditionnelle parce que perdant toutes ses speacutecificiteacutes au 1

pryfit d~ne autre forme de lutte que lon continue agrave appeler nostalshy

giqlementIIlutte traditionnelle

Ceci pourrait peut-~tre trouver une explication dan la citation suivante

La liberteacute de creacuteer dinnover de vivre Pleineinenf decirctre soi et de

preacuteserver son authenticiteacute la digniteacute et lhonneu1demeurent des illushy

sions dans la misegravere eacuteconomique~ Nos ancecirctres creacuteai~nt des valeurs de cishyl

vilisation parce quils eacutetaient libres parce qu1i~s ignoraient toute

deacutependance eacuteconomique ils cultivaient en eux et cbez leurs enfants le 1

Jorn et la Kersa et preacutefeacuteraient la mort agrave la hoJte lI (1)

Or le Seacuteneacutegal comme la plupart des pays africainsi est un pays sousshy

deacuteveloppeacute t cependant face agrave cette volonteacute du gou~ernement seacuteneacutegalais

de faire inteacutegrer dans leacuteducation des valeurs traditionnelles nous

pouvons espeacuterer utiliser comme moyen deacuteducation la lutteacute traditionnelle

qui reste quand mecircme vecteur jethos et dhabit~s

- 54 shy

Mecircme si lon a noteacute un appauvrissement notoire sur les plans socioshy

culturel et moral la lutte traditionnelle recegravele une gamme importante

et varieacutee de techniques permettant incontestablement une ouverture vers

les luttes olympiques libre et g~eacuteco-romaine

La lecture de ce meacutemoire permettra agrave lentratneur et au professeur de

lutte en fonction du lieu ougrave ils seront affecteacutes dans le territoire

seacuteneacutegalaisdavoir une information sur les techniques contrOles et

formes de corps propres agrave chaque groupe ethnique et de les mettre en

relation avec leurs croyances et leurs mentaliteacutes

Nous avons essayeacute de montrer que la pratique de la lutte traditionnelle

doit tre axeacutee sur une ethnomotriciteacute au Seacuteneacutegal qui permette une inishy

tiation facile Cette pratique de la lutte traditionnelle seacuteneacutegalaise

devra dailleurs essayer de ~eacutepondre aux aspirations du Seacuteneacutegalaisl

moderne en souvrant aux ap~orts positifs des autres civilisations

ex~eacuterieures nous voulons Jvidemment parler du judo et des luttes oiymshyJ

piques 1

1 j Nous navons pas la preacutetentfon dans le cadre de ce meacutemoire demattrise

de reacutepondre agrave toutes les qutstions se rattachant agrave leacutetude de ~a lutte

traditionnelle souslangle~socio-culturel car non seulement il nous

manque lexpeacuterience et la c peacutetence en la mati~re mais aussil l le temps

et les moyens dont nous dis osions ne nous permettaient pas d~puiser le 1sujet i

1 1 1 t 1

l

- )5 shy

BIBLIOGRAPHIE

BIBLIOGRAPHIE

1- CLAPAREDE Psychologie de leacuteducation et peacutedagogie expeacuterimentale

Edition Delachaux et Niestleacute 244 pages

2- POCIELLC Christian Sport et Socieacuteteacute approche socio-culturelle

des pratiques Paris Vigot 1981 377 pages

3- PIERON Henri Vocabulaire de la psychologie

PUF Deuxiegraveme eacutedition 1957 469 pages

4- Revue socialiste de culture neacutegro-africaine ETHIOPIQUES

Les valeurs traditionnelles et le problegraveme de leur inteacutegration

dans les systegravemes modernes deacuteducation

GIA 21 Juillet 1982 213 pages

5- N2 Revue du Centre dEtudedes Civilisations DEM ak TEY

NIS IVegrave Trimestre 1982 96 pages

6- Document lNSEP Colloque sur la lutte aeacuteregravere

DAKAR MAI-JUIN 1980

t 1

~- Travaux du IVegrave Congregraves National ~es Sports agrave DAKAR les 2223041981

Bulletin n2 91 du CIO du 15 Aont 1965

l____________________________

8- Meacutemoire de Mattrise BADJI Abdou La lutte traditionnelle Joola

Etude et perspective

9- Meacutemoire Inspectorat JS DJITTE Mandy Les pratiques corporelles

traditionnelles au Seacuteneacutegal pour leur exploitation et leur

utilisation en peacutedagogie Marly le Roi 1980

REPUBLIQUE DU SENEGAL

--------------- INSTITUT NATIONAL SUPERIEUR

MINISTERE DE LA JEUNESSE DE LrsquoEDUCATION POPULAIRE

ET DES SPORTS ET DU SPORT

-------------

(INSEPS)

MEMOIRE DE MAIcircTRISE

Es-SCIENCES ET TECHNIQUES

DE LrsquoACTIVITE PHYSIQUE ET DU SPORT

LA LUTTE TRADITIONNELLE

son importance sa signification en fonction des ethos et des habitus ethniques au Seacuteneacutegal

Preacutesenteacute par

Monsieur Joseph Victor FAYE

Sous la direction de

M Jean Marc ROCHEZ

Professeur agrave lrsquoINSEPS

Anneacutee de soutenance 1984

ei sltcificE cJ sanl dE meut0 dL chat de pC)wleurot 5E1lt les conveuroshy

lances parfois leur dorner COrllTe offrande du lait Laii

Qua1d une famille ou une communauteacute neacuteglige les Sarakh (ici dans

le sens de sacrifice ou Offrande) elle se voit aussitocirct vouEacutee agrave la

maleacutediction des mauvais esprit~ (fcllec dans touteacuteS lEs ~treprises

de la vie maladie mort bullbullbull ) Les lieux ougrave habitent ls Taps et ougrave

se font les sacrifices se nomment Khambs

Geacuteneacuteralement le khamb se trouve dans lenceinte de la maison ou

dans un coin approprieacute du village Les lieux du khamb sont marqueacutes

par la disposition de calebasses de pilons de morceaux de poterie

briseacutes de grosses pierres de cornes et dautres objets heacuteteacuteroclytes

La superstition wolof est tregraves marqueacutee En effet pour le wolof toutes

les manifestations quotidiennes trouvent leur signification dans le

mysticisme Citons agrave cet effet quelques ezemples Une femme enceinte

ne doit pas marcher agrave nimporte quelle heure de la journeacutee Certaines

heures de la journeacutee lui sont interdites le Timiss (creacutepuscule

le Ndjo~or (de 13 H agrave 14 H de lapregraves-midi) le souf-segravede (de

minuit i4 H du matin) Selon la tradition ~t la croyance wolof les

mauvais ~sprits choisissent ces heures pour jeter des sorts Et la

femme enceinte eacutetant tregraves vulneacuterable le Djinneacute essaiera de lui insufshy

fler son souffle pour atteindre son beacutebeacute afin dentratner soit la

meacutetamorphose de cedernier en monstre soit de le tuer avant sa naissance

Dailleurs pour le wolof et pour certaines autres ethnies au Seacuteneacutegal

le timis le tdjolor le souf-segravede repreacutesentent des peacuteriodes de

la journeacutee ougrave lon ne doit pas se hasarder dans les rues et les champs

Ce sont des heures propices aux apparitions des Djinnes sous nimporte

quelle forme humaine ou animale

Il est eacutegalement interdit au wolof de marcher ou de serti la nuit du

~eacutellfria-

loutes c~s pratiques ~ystiqu~s et cr0ya~ces religi~us~5 ~xistent eL~~[

certainement dues agrave un meacutetissage culturel Parallegravelement aux feacutetiches

aux incantations et agrave lutilisation des safaras (substance magique)

notons lexistence de ga l a tchs (ce sOnt des talismans ougrave sont inscrits

du qui les porte Toutes ces croyances biEn sucircr auront une rEacutepercussicrI

sur leacuteducation du jeune wolof

323 Leacuteducation du wolof

Pour caracteacuteriser leacuteducation wolof nous avons penseacute donner comme

illustration cet extrait de la revue DEM ak TEY Pour deacutefinir leacutedushy

cation le wolof fait appel agrave un symbolisme qui eDglobe aussi bien les

moyens mis en oeuvre Yar que le reacutesultat obtenu agrave laide de ces mecircmes

moyens cest-agrave-dire la formation et le deacuteveloppement de lecirctre humain

ou Yaru

Le substantif Yar deacutesigne le fouet

Ce symbolisme deacutesigne donc au-delagrave du simple sens mateacuteriel de lobjet

lutilisation qui permet daboutir au reacutesultat escompteacute (Yaru) Au sens

geacuteneacuteral Yar deacutesigne tout instrument servant agrave infliger une punition Le

terme laisse supposer agrave priori que cette phase de lenfance durant lashy

quelle se preacutepare la vie de lhomme est lieacutee agrave la souffrance au supplice

Dailleurs une maxime wolof compare lenfant agrave une tige quon a tout le

loisir de redresser alors quelle est encore flexible bull

bullbullbull Pour leacuteducateur wolof la perfection nest point de ce monde malS

le devoir de chaque homme est de tendre vers la pleacutenitude en luttant

contre ses propres faiblesses Leacuteducation va d01c iisister essentielle~(-~t

sur lexercice quotidien de leacutelevation ffiora1e d~ lindividu Pour cela

elle privileacutegie la patience munI) vertu dabneacutegdtion et dE deacutesinteacuteresseshy

m(~t autour dE laquelle sarticulent toutes ]e~ ~u~~~s qualiteuros

i _

aan~ ~ s0cieacutet gt~olcf ocirclt~tartt nul -Jt- poulait sabecircisstr

tion de sa libertEacute La liberteacute est le preuumler drcmiddotir dE l ho-)euro egrave~S

baigner dans une beacuteate admiration du passeacute la comparaison avec le pr~$(middott

si~posc dclle-mecircme car lon reste s reacute devant la deacutesinvolture aVEC

laquelle dES honmes daujourdhui descendants de cette ~~~EacuteTatic ccedil~l se

une fois [largis bullbull tTasque fiers davoir fait leacute priS0n PEut-2tTE

faut-il mettre cela sur le compte de lurbanisation et des nouvelles

valeurs qui ont pour nom enrichissement reacuteussite sociale avec ce que

cela comporte de deacuteshumanisant et de deacutepreacuteciateur (1)

3 bull 2 bull 3 1 bull Lesri tes

Le sevrage et la circoncision constituent les deux grandes phases initiashy

tiques chez le wolof

- Le rituel du sevrage est appeleacute maga1 (litteacuteralement rendre grand)

Cest un eacutevegravenement important aussi bien pour les parents de lenfant que

pour la co~unauteacute Durant cet eacutevegravenement qui survient geacuteneacuteralement deux

ans apregraves la naissance du beacutebeacute les personnes vivant dans lentouragE

apportent leur soutien moral et mateacuteriel

- le rituel de la circoncision revecirct pratiquement la mecircme signification

que dans les autres ethnies seule la forme diffegravere La circoncision reste

encore une eacutepreuve de la vie au sort i r de laque Ile ladolescent devient un

homme Aujourdhui il faut noter une meacutetamorphose de la structure sociale

et des croyances religieuses tregraves accentueacutee aussi bien chez les wolof que

chez les autres groupes ethniques et ceci est peut-ecirctre dO au contact

permanent quils ont avec la socieacuteteacute occidentale

Malgreacute ces constat~tions il semblerait pcu=tant qUE la sociecirct~ lecircbou Gci

bien que se trouvaLt en grande partie dans ~a Presquth du Cap-ETt Et

en contact permane~t avec les blancs soit la portior la plu8 cc~serva-

----------~_- ---~-- -----

~

Incidences d s ~00urs sur la l~ttE

Le wolof connaicirct deux formes de luttes la lutte sirplE- sans t-t

la lutte avec frappe La lutte avec frappe a une crigi~e purement r

et ce nest que plus tard quelle devint une prati1uE sportive et lud

preacuteparer agrave la guerre Aussi tout en luttant On eacutetait autoris~ agrave frapper~

griffer mordre voire introduire son doigt dans loeil de son adversaire

Le jeune wolof devait eacutegalement se livrer agrave la lutte avec frappe afin de

favoriser son insertion dans la socieacuteteacute adulte et sinitier au meacutetier de

soldat faute de quoi il ne pouvait se faire entendre ne avoir des marques

de respect Pour montrer la populariteacute de la lutte dans le Cayor signalons

que les Damels ll (rois) et les Teignes (nobles) nheacutesitaient pas agrave sy

livrer Quant au IIMbeu~ (lutteur) elle lui servait de moyen de promotion

sociale car d8S que sa reacuteputation eacutetait eacutetablie il pouvait ecirctre choisi

par les rois et les nobles comme garde de corps

325 Signification de la lutte en milieu wolof

La lutte se pratique dabord pour lhonneur qui est une vertu tregraves signishy

ficative pour le wolof Elle permet de renforcer les liens amicaux entre

les jeunes de villages diffeacuterents Le champion veut gagner

confiance et la consideacuteration de son village de ses amis

Etre champion cest aussi susciter ladmiration chez les

sentant la force la viriliteacute et la deacutetermination

326 Organisation d~s eacutepreuves de lutte

3261 Les Mbapatts Ce sont les seacuteances nocturnes

pour meacuteriter la

et des anciens

filles en repreacuteshy

Ils sont organiseacutes apregraves les reacutecoltes agrave la fin de la saiscn des pluies

Ceci surtout p~ndant les peacuteriodes de clair de lune car ils peuven~ durEr

toute la nuit Le but des ~Dapatts lt=tait de prfpa-er FhysicuemeH et

~ arb Sil

326 Le 1

cest une organisation beaucoup plus importante que les I~apatts ~

loccasion de laquelle on peut voir plusieurs lutteurs de grande reDommfe

saffronteLLa fin dl lamb est toujours couronneacutee par une grand co~bat

duquel le vainqueur est sacreacute champion de la contrecirce

Le choix du lieu est lieacute agrave limportance de ce lieu dans le village cest

la place publique ougrave geacuteneacuteralement se passent toutes les manifestations

assembleacutee geacuteneacuterale sabar (danse) cest aussi lendroit ougrave sont prises

les grandes deacutecisions

3623 Lappariement

Dans un village ou un quartier les lutteurs se regroupent en lang

(eacutequipe) et jamais deux lutteurs de mecircme lang ne se rencontrent lors

du lamb

L appariement s~ fait librement entre lutteurs de lang diffeacuterents l1hs

une regravegle veut ~uavant de lutter avec le Mbeur Kanur de tel lang si

on est soukh (l~tteur pas encore confirmeacute) il est neacutecessaire de lutter

dabord avec ses soukh et ce nest quapregraves les avoir terrasseacutes tous

quon se voit octroyer la chance de lutter contre lui

Notons que la cateacutegorisation des lutteurs par poids nest jamais prise

en consideacuteration

3624 La tenue du lutteur ou NGIMBE

Le middotNGimbe est confectionneacute par le marabout de la famille ou du clan Il

est constituecirc de pagnes en coton tisseacute geacuteneacuteralement offerts par la megravere ou

la grand-megravere du lutteur ceci lors des organisations de ~rande Tportance

COrlune lef 1amb Dans le cadre des l-bapatt les pagnes sont C tErts peumlr

~~~rcfcis ct ffi~mc aujourdhui d218 cErtaInes fa~ille5 on devj~Gr

luttEur de pegravere en fils et dans ce cas h 1

gimbell du pEgravere Est recircr i tEacute

par le fils Le fait de porter le lI~gimbe agravee ses aiumleux peut susciter

cne~ le jeune lutteur une motivation et une volontecirc in~branlable rlasshy

surer 12 supeacuterioritEacute cis SIcirct-ns dallS

le xgimbe de la famille ne touche pas le sable

La tenue du lutteur a une signification et une importance sur le plan

mystique car selon les anciens le vrai feacutetiche du lutteur celui qui

le proteacutegera agrave vaincre le Djinneacute ou le Rap de ladversaire se trouve

cacheacute dans ce Ngimbe Celui qui confectionne-le Ngimbe est doueacute de

faculteacutes occultes

~~r~i~rg Il est assureacute par un sage du village qui geacuteneacuteralement fut

championde lutte de son temps Dailleurs cet ancien nintervient que

si le terrassement est litigieux

Hormis le public qui proclame la victoire ou le match nul le lutteur

lui-mecircme est arbitre et il arrive quil se deacuteclare vaincu ~ous

pouvons citer comme exemple Meacutedoune KHOULE un des plus grands lutteurs

seacuteneacutegalais qui a donneacute une victoire agrave Djeacuteri SADIO son adversaire qui a

reacuteussi agrave lui faire toucher le sol de la main

Il Y a terrassement quand le lutteur se retrouve

- assis sur le sol

- eacutetaleacute sur le dos

eacutetaleacute sur le cocircteacute

les deux genoux au sol

- les deux ma~ns au sol

la tecircte (front au sol agrave la suite dune brouette)

Il peut y aVOIr match nul si apregraves li1 temps ccmsideacuterable les lutteurs

SE sont ~ ivrEacutes respectivement agrave des assauts rEacutepEacutetEacutes et n arrivEt pas a

3265 L~ precircparation mystique

Il faut reconnattre quon ne peut parler de lutte en milieu wolof sans

envisager une preacuteparation mystique seacuterieuse Co~~e ~ous lEvans vu a~teacute-

1middot ~ d ~ ~rlturenent t0utes es actlvmiddotltesmiddot u W010 sont lles a SeS croyances

- la lutte ne concerne pas seule~ent deux acteurs se livrant faruumlucheshy

ment agrave un combat au milieu de laregravene mais eacutegalement les marabouts et les

feacutetichistes du village ou du clan qui doivent deacutefendre leur savoir et

leur prestige Avant le combat le lutteur doit se livrer agrave un certain

nombre de preacuteparations mystiques pour assurer sa victoire Aussi sommesshy

nous appeleacutes agrave parler de BACK (cest le chant et la danse du lutteur)

- le batteur de tam-tam compose un rythme en fonction du Galagne ou du

Senghor (gds-gris) du lutteur Chaque galagne sera choisi en fonction

du Rap ou du Djinneacute correspondant au Totem du lutteur

Le chant geacuterleacuterique Feinte woy veut dire litteacuteralement composer un 1

chant Ce chant est geacuteneacuteralement composeacute par les filles du viilage du

champion ou par un griot de sa communauteacute Et agrave travers ce chrnt on

arrive agrave toucher la corde sensible du lutteur en chantant lesl innombrables 1

victoires de ses ancecirctres ou en lui rappelant ses prouesses eacuteblatantes 1

Chaque lutteur doit avoir un chant et un back qui lui sont propres

327 Le reacutepertoire technique et les caracteacuteristiques physiques dulutteur wolof

Le lutteur wolof est geacuteneacuteralement moyen de taille la musculagraveture est

tregraves saillante ce qui fait ressortir un aspect tregraves athleacutetique ceci

est vrai sans exception pour le lutteur leacutebou mais il arrive que le Cacircyoshy

rien le baol-baol le walo-walo soient de grands gabarits de forte constishy

tution

CepEndant pour une meilleure compreacutehension du sujet nous pouvons eacutetudiEr

deux jroups d lut teurs qui vont deacuteterminer deux st yI e s de lut tes

- ~ t

les tc~tativ~s de~[reacutee e~ ramassement de jambes de la~v~sairL Ce~~

peut Ecirctre expliqueacute par le fait que les lutteurs leacutebou ou walo-walc qui

sont des pecirccheursadoptent cette garde tasseacutee du fait quils so~t tou-

jours pencheacutes en tirant le fil ou en poussant la plrogue On verra techrugravequeacutes dt cirr 2C ~lt 5Jllicitocirct

surLuumlut les membres supeacuterieurs

Le cayorien et le baol-baol par contre sont les plus grands cultivateurs

darachide chez eux les techniques de lutte sont plus varieacutees et la

garde est moins renfermeacutee Les lutteurs cayorien et baol-baol ont une

morphologie et une reacutepartition musculaire bien eacutequilibreacutee ils excellent

dans les techniques en deacutecalage les techniques de jambe et surtout les

techniques de riposte ougrave lon peut voir des prises de hancheacute tregraves amples

Dune maniegravere geacuteneacuterale on peut dire que le lutteur wolof est un fin

technicien qui sait surtout creacuteer les opportuniteacutes e~ avec sa rapiditeacute

utiliser la force de ladversaire pour le deacuteseacutequilibrer le noodju

le mbas le weacuteheacuteleacute et le rasu sont des techniques propres au lutteur

wolof

En deacutefense il utilise surtout des kl~klets ou gal-gal Notons que

le balancement des bras ou Lewato e$t tregraves marqueacute dans la lutte wolof

TABLEAU RECAPITULATIF DES COMPOSANTES TECHNIQUES

( 1 )

1 SOUS-GROUPES GARDES CONTROLES FORHES DE CORPS l

Walo-walo Basse de jambe Arracheacute l l10yenne de Ngimbe et i

Leacutebou Tasseacutee et saisies annexesj Deacutecalage 1 1 distante de bras de tecirct1

j de bras Deacutecalaeuro

~-----------------~-

- ~ ~- shy - ~ ~ bull L _ _ bull

Profil psyc~~iqUE du lutteu- et son comporterent dars l 2regravere

La preacuteparation mystique dans laregravene est plus marqueacutee chez les wolofs

que ChE~ les autres ethnies En effet on verra de grands champions

preliGrE plusiEurs heures pour Enduire leur corps de cll2badep ou ci

rmiddot- ~ a la proprieacuteteacute de proteacuteger li1egraveividu J

les mauvais sorts) Cest dailleurs un aspect dt la luttE qui iJcsc

des problegraveJles

Le lutteur wolof est tregraves superstitieux et la peacuteriode de preacuteparation

est capitale pour lui car elle permet non seulement de rendre

hommage aux ancecirctres mais aussi dintimider son adversaire Cest

geacuteneacuteralement un lutteur agressif combatif et teacutemeacuteraire Il se fait

souvent remarquer par son esprit dentreprise Mais cette fougue dans

le combat lamegravene parfois bien que ce soit regrettable agrave oublier les

usages et les normes Ce manque de maicirctrise de soi peut faire croire

que le lutteur wolof manque de fair-play ce qui nest pas toujours le

cas

~A~Ugrave~ t 4AA CbUrs k LA ucirctotve f~tPle Sesect prores mou W ~ lesquelles vont se couler les comporteme~ts individuels qui sont ainsi

monteacutes par et pour lautoriteacute sociale

Les faccedilons de boire de marcher ou de sasseoir se manifestent indivishy

duellement dans le corps de chaque personne ces habitus sont cependant

des montages sociaux lieacutes agrave des significationssymboliques variables

dailleurs selon la position sociale occupeacutee par chaque sujet Ces modes

dagir se rangent dans un systegraveme de montages symboliques et lindivishy

du les apprend de la socieacuteteacute dont il fait partie agrave la place quil occupe

Lhabitus est un montage social agrave la valeur symbolique deacutependant des pheacuteshy

nomegravenes deacuteducation et de prestige et lieacute agrave la position sociale du sujet

Cette penseacutee sonne de faccedilon eacutetonamment moderne

Pierre BOURDIEU qui dans une perspective a approfondi le contenue de la

notion en le reportant aux oppositions entre classes et fractions sociales

Il deacutefinit lhabitus comme un systegraveme de dispositions durables acquis au

cours dune histoire personnelle dans une milieu social donneacute systegraveme qui

engendre ensuite des pra~iques socialement deacutetermineacutees faccedilons de manger

de parler ou de marcher comportements de politesse contenu des preacutefeacuterencel

et des deacutegoOts bullbullbull lhabitus est le produit de conditions eacuteconomiques et

sociales Lauteur rattache directement la formation de lhabitus dun

individu agrave la trajectoire parcourue par celui-ci dans sa classe dapparteshy

nance il deacutefend lideacutee dun habitus de classe qui deacutefinit le sens confeacuteshy

reacute agrave la pratique sportive les profits qui en sont attendus

Ce dernier serait lui-m~me lieacute agrave un systegraveme de valeurs ou ETHOS de classe

prenant sens au sein doppositions distinctives entre classes sociales

De sorte lhabitus fonctionne comme un systegraveme dt- regravegles inteacuterioriseacutees

souvent informuleacutees permettant ou non agrave lagent de sadapter dembleacutee aux

multiples pratiques de la vie quotidienne et de la vie sportive il est agrave

lorigine des schegravemes de transcription qui favorisent les ajustements aux

situations corporelles nouvelles (1)

t ~

(1) P~IE11D dwi6Han ISpoy-l et sodeacutebi Approche Bocio-culturelle des pratiques P~tis Vigot 1981 page 81

33

331 Preacutesentation

Les Seacuteregravere auraient pour origine le Fouta Toro quils auraient quitteacute

vers le Xllegrave siegravecle pour fuir lislamisation de cette reacutegioD par lempire

dJ Xali (ils seraient donc apparEnt~s aux Peul et Toucouleur ) Ils

auraient trouveacute dans la rEacutegion du Sine les Sosseacute dorigine manding avec

lesquels ils salliegraverent

Au XVegrave siegravecle une autre immigrationSos~ conqueacuterante cette fois-ci

apporta son organisation eacutetatique Ils se divisegraverent en deux monarchies

deacutemocratiques lune seacutetablit au Sine et lautre au Saloum Les Sosseacute

conqueacuterants constituaient lautocratie appeleacutee Guelowar

La royauteacute seacuteregravere eacutetait laiumlque Les premiers souverains durent secouer

la tutelle des Toucouleur et progressivement arrivegraverent agrave unifier lethshy

nie des seacuteregravere etdea Sosseacute Les deux royauteacutes eacutetaient organiseacutees selon

acirces modegraveles tregraves deacutemocratiques Le souverain deacutependait dune assembleacutee

de ministres et de chefs locaux qui assuraient ladministration centrale

et reacutegionale())

Aujourdhui lethnie seacuteregravere repreacutesente 20 de la population seacuteneacutegalaise

Ils sont reacutepartis sur presque toute leacutetendue du territoire notamment

dans le Baol la reacutegion du Sine-Saloum et la reacutegion de Thiegraves

Signalons quil existe plusieurs sous-groupes dans lethnie ainsi on

trouvera

- dans la reacutegion de Thiegraves les Ndut les Safegravene et les None

- dans le Sine-Saloum les Sine-sine et les Saloum-salouIT

On trouvera vers foundioune et agrave Nioro du cocircteacute de la Gambie les

Niominka (pecirccheurs) Cest une portion tregraves mandinguiseacutee

( 1

Le rattache~2~t d~ to~s ccs sous-groupes pose problecircme ~25 0~ r0~V~

uc grande partie de traits COITul1uns dans leurs modes dE vie Ct pOUT phs

de faciliteacute nous allons essayer de faire une ~tude globale de la lutte

traditionnelle seacuterecircre Lactiviteacute socio-eacuteconomique qui est essentielleme~t

agro-pasorale caracteacuterisE leacutethnie seacuteregravere

332 Lecircducation les moeurs les croyances et pratiques sEr~rc

Chez les Seacuteregravere la vie humaine se deacuteroule selon les grandes eacutetapes

le baptecircme lenfance ladolescencemarqueacutee par la circoncision lsectge

adulte le mariage la vieillesse et la mort (funeacuterailles)

La vie de la communauteacute seacuteregravere reste une des plus originales sinon

celle qui de nos jours garde la presque totaliteacute des pratiques et

habitudes traditionnelles

Bien qu aujotltdhui con~r-tis aux religions chreacutetienne et musulmane les

Seacuteregravere conservent leurs croyances et pratiques animistes

Quelque soit leur degreacute dadheacutesion aux religions reacuteveacuteleacutees les Seacuteregravere

croient en un Dieu puissant et miseacutericordieux Rog Segravene et les hommes

Les ~angols sont repreacutesenteacutes mateacuteriellement dans tous les villages

seacuteregraveres par des arbres (baobab et tamariniers) des animaux (geacuteneacuteraleshy

ment serpent doreacute ou iguane) des ustensiles (pilon calebasse et mortier)

De nombreux teacutemoignages nous apprennent que certains totems (serpent

iguane) font leur apparicion agrave loccasion de certaines manifestations

rituelles comme les sacrifices ceacuteleacutebreacutes lors dun mariage de ceacutereacutemonies

mortuaires ou des circoncisions

Le Seacuteregravere comme il nous a eacuteteacute donneacute loccasion de le dire plus haut

preacutesente des speacutecificiteacutes authentiques aussi bien en tout ce qui touch~

son eacuteducation ses croyanCES et pratiques mystiques q~e ses activiteacute~

socio-ecirccc~omiquEs Apr~s a ~aissa~c~ le beurob~ ~~ pcs~ 5~~ lE S~ __

On lui mouille les l~vres avec un peu d~ lait de mil et apr~s U~ bain

purificateur on versera leau dans un trou cr~us~ derri~r~ la Camp~~

Pendant huit jours la megravere et lenfant sont cacheacutes dans la case car

selon les anciens ils sont tregraves vulneacuterables La case deacutens certains cas

est entoureacutee dun fil blanc et lon place sur le seuil des fais(cauy di

veacutegeacutetaux pour chasser les mauvais esprits (geacutenies malfaisants et illangeUY~

dacircmes) Au bout du huitiegraveme jour la megravere et lenfant peuvent sortir de

la case bull

bullbullbull Le matin du huitiegraveme jour la tante paternelle va chercher de leau

(plusieurs fois)t elle doit rester muette pendant ses alleacutees et venues

si elle parlait t lenfant pourrait ecirctre muet bullbullbull

La megravere et lenfant prennent un bain purificateur dans lequel sont

trempeacutees certaines plantes (ce sont des veacutegeacutetaux pr~tecteurs tels le

begravene le yag le ngud) On y lavera aussi le linge e1t les ustensiles utishyj

liseacutes pendant les huit jours qui viennet de seacutecoul~r On rase le crine

de lenfant Les cheveux sont donneacutes agrave la megravere qui ~s enterrera avec le

reste du cordon ombilical dans un endroit que11e esit seule agrave connattre

La megravere sassied sur une natte devant la maison Une femme igeacutee de la

famille prend le beacutebeacute dans ses bras et le preacutesente aux quatre coins de

lhorizon

La tante paternelle tient ensuite un van sur la tecircte de la megravere on y

verse le mil on y verse eacutegalement en abondance sur la megravere et sur

lenfant La tante oint ensuite le corps du beacutebeacute avec du lait e11e

touche en particulier le front t le nez la bouche la poitrine le dos

et les oreilles

Elle pose enfin un ~rain de sel dans la paume du beacutebeacute (le sel purifie

et deacutetruit les puissances mauvaises)

Apregraves un nouveau bain la megravere et lenfant revEcirctent des habits de fecircte

(est

lenfant Ce precircnore a toujours U~ SEns Il sy~bolise parfois C0 qUi

lOIl sounaitt agrave lEufant l)

La circoncision comme dans les autres ethnies est obligatoire Elle

permet au jeune adolescent dacceacuteder agrave la classe adulte Les jeunes

sont regroupes en classe dacircge dans le bois ougrave sc fait la r0tr~it0 des

circoncis et ceci pendant plusieurs mois

Le Selbeacute qui est geacuteneacuteralement un ancien craint de tous les eacutelegraveves

enseigne le respect de la hieacuterarchie la discreacutetion le goOt de linishy

tiative Les activiteacutes physiques et leacuteducation artistique ne sont pas

en reste la deacutecoration la sculpture la lutte et la danse A sa sortie

du bois linitieacute appartient deacutesormais agrave la classe des virils et des

sages du clan car on lui aura enseigneacute les vertus fondamentales que

sont la justice lhonneur lamour du prochain 1 amour du travail

lhonnecircteteacute et surtout le respect des coutumes ancestrales

Le rite du mariage esd aussi un fait tregraves important dans le monde 1

seacuteregravere mais par manq~e dinformation nous serons obligeacutes de nous en

tenir lagrave

333 Impact des ethos sur la lutte dans le monde seacuteregravere

Lorigine de la lutte seacuteregravere ne semble pas claire ma1S nous pouvons

dire quil existait deux formes de lutte comme chez les Wolofs une

lutte sans frappe et une lutte avec frappe Et cest cette derniegravere

qui peut-ecirctre nous ameacutenerait agrave croire que la lutte seacuteregravere aurait une

origine plus preacuteciseacutement guerriegravere

Aujourdhui la lutte est uniquement une activiteacute sportive agrave travers

laquelle le jeune seacuteregravere eacutevalue sa force son courage et SOn ingeacutenioshy

siteacute Cest une occasion de deacutefendre lhonneur de son village ou de

la corrnnunauteacute

La luttE ~5t avant tout u~e rnanifcs[dtic~ c~lturclie et surtout

fo lkhriqut-

Gracircce agrave elle on peut deacutesormais comprendre un certain nombre de chants

et de symboles A travers la lutte seacuteregravere on ccedilomprend les inter-relashy

tions entreacute la vie et le monde surntiturel

Sil devait y avoir la mort dun villageacuteois pendant la fecirctE au T qUE

de linterrompre on proceacutedait gracircce aux connaissances magico-religieuses

agrave la suspension de la mort jusquagrave une peacuteriode ougrave la population sera plus

disponible pour organiser des funeacuterailles sil y eacutetait preacutedit la possibishy

liteacute dune deacutefait du champion local au profit dun champion dun autre

village des recettes dordre maginque et religieux eacutetaient mises en prashy

tique afin que le champion du village ne soit jamais terrasseacute(J)

334 Le profil du lutteur seacuteregraver~

Le lutteur seacuteregravere est par essence un athlegravete impressionnant de par sa i

carrure et sa musculature saillante mais cest aussi une force tranquille

et calme quelque soit lenjeu du combagravet et particuliegraverement lhonneur

Cet aspect nous pousse agrave parler du NGiMBE cest-agrave-dire de la tenue du

lutteur qui va influencer sur sa faccedilon de lutter

La confection du Ngimbe revient agrave la communauteacute entiegravere Le Ngimbe a

une signification symbolique et le lutteur pour meacuteriter la confiance du

groupe se doit de tout faire pour ne pas toucher le sol Toute la commushy

nauteacute elle aussi sengage pour assurer la longeacuteviteacute et le succegraves du lutteur

dans laregravene par lorganisation droffrandes et de sacrifices en lhonneur

des Pangols bull

bull

Daucuns nheacutesitent pas agrave dire que lessentiel du mysticisme se fait agrave

la maison et non dans laregravene tout le reste nest quintimidation de

ladversaire

lsvcns

Tt- pi ~- t

t 1 ~ l _ ~ t

par rapport agrave lautre Cbci est trEgraves lieacute agrave lactiviteacute journaliegravere du

jeune seacuteregravere qui est un cultivateur donc toujours bien planteacute sur ses

jambes et qui continuellement manie lhiler

Le fait de couper le boi~ peut eacutegalement constituer un moyen de muscushy

lation non neacutegligeable pour le jeune lutteur

Un certain nombre de traits techniques speacutecifiques au lutteur seacuteregravere

semblent ressortir des diffeacuterentes interviews que nous aVOns fait subir

agrave certains lutteurs seacuteregraveres et agrave diffeacuterents techniciens

SOUS-GROUPES FORMES DU CORPS CONTROLES GARDES

SAFEN Moyenne en fente NONE Hancheacute Bras (distante) j

NDUTJ

f

SINE-SINE Deacutecalage Ngimbe

Moyenne

SALOUM-SALOUM Passage- Jambe (rapprocheacutee) 1

i

PETITE dessous Tecircte Basse et 1

COTE Moyenne (rapprocheacutee)

Notons que le Niominka ll commence agrave lutter agrave partir du sol pour avoir

assez deacutelan et sauter sur ladversaire afin davoir la prise du lion

(contr6le de la nuque et du bassin)

Co a -tem-nt ccedilt attitude du lutteur sEacuteregravere335 np -1t ~

Les croyances mystiques sont indissociables des activiteacutes quotidiennes

duseacuteregravere Ce qui explique le cocircteacute supersticieux du lutteur seacuteregravere En

~ffet certains lutteurs refusent de lutter avant certaines heures

Certains teacutemoignages nous apprennent quil nest pas donneacute agrave tout le

monde decirctre champion de lutte et que le lutteur doit avoir des dons

surnaturels pour ecirctre agrave mesure de livrer ses combats dans la nuit

et trouver seul un gris-gris speacutecial appeleacute Njatch

Le vrai champion de lutte chez les seacuteregraveres ne lutte pas seulement avec

~a force et sa technique mais surtout avec ses dons occultes

Chez les seacuteregraveres les morts sont toujours preacutesents et les ~pangols

Servent dintermeacutediaire entre les hommes et les morts Le pangol prend i

le nom dhumain dans certains villages (IIHeacuteJga NDONG Har Wag NGOUYE) i 1

De ce fait on verra le lutteur danser dufe maniegravere ou dune autre en

fonction du pangol de sa famille Ainsi nrus aurons le back (chant et

danse du lutteur) des DIOUF des FAYE etclbullbullbull

Dans laregravene le lutteur seacuteregravere a un comportement exemplaire aussi bien

agrave leacutegard de son adversaire direct quave~ le public en geacuteneacuteral Lexpli shy

cation semble tenir au fait que le lutteur seacuteregravere est avant tout selon

la tradition orale le repreacutesentant de toute la communauteacute seacuteregravere Par

conseacutequent il devra saffirmer non seulement en tant que lutteur dans

laregravene mais aussi en tant quentiteacute morale

336 La tenue du lutteur ou NGIMBE est confectionneacutee par le marabout de la

famille ou du clan Le Ngimbe est constitueacute de pagne en cCton tisseacute

Il doit ecirctre propre le lutteur qui le porte ne devra pas avoir de rapshy

port sexuel pendant toute la peacuteriode des cOTpeacutetitians car le Ngi~bE ne

doit pas ~tre souilleacute

Autrefois et mecircme aujourdthui dans certaines familles on devient

lutteur de pegravere en fils et dans ce cas le Ngimbe du pegravere est heacuteriteacute

par le fils Le fait de porter le Ngimbe de ses aieux peut susciter

chez le jeune lutteur une motivation et une volonteacute ineacutebranlable dtasshy

surer la supeacuterioriteacute d~s siens dans ltaregravene Il fera tout pour que le

Ngimbe de la ramille ne touche le sable

La tenue du lutteur a une signification et une importance sur le plan

mystique car selon les anciens le vra1 feacutetiche du lutteur celui qui

le proteacutegera et laidera agrave vaincre le nDjinne ou le tRapu de ladvershy

saire se trouve cacheacute dans ce Ngimbeu bull Celui qui confectionne donc le

Ngimbe U est doueacute de faculteacutes occultes

337 Larbitrase est assureacute par un sage du village qui geacuteneacuteralement fut

champion de lutte de son temps Dailleurs cet ancien nintervient que

si le terrassement est litigieux Hormis le public qui proclame la vicshy

toire ou le match nul le lutteur lui-mecircme est arbitre et il arrive

quil se deacuteclare vaincu

Nous avons pu cfter Meacutedoune KHOULE un desplus grands lutteurs seacuteneacutegashy

lais qui a donn~ une victoire agrave Djeacuteri SADIO son adversaire qui a reacuteussi

agrave lui faire touegraveher le sol de la main

IlL

34 1 Preacutesentation

Lethnie toucouleur vit En grandt partit ciE~~ la vallfc du S~~~gal

pt reprecircsente i peu pr~s 8 de la population totale secircn~galaise

o Histoire

Il semblerait que dans lancien royaume du Tekrour (IX~ siegravecle) des

eacuteleacutements neacutegroiumldes Sarakoleacute et des Peul aient formEacute par meacutetissage le

peuple Toucouleur (Toucouleur serait dailleurs une deacuteformation du

mot portugais Tacouror)

Ce empire a domineacute aussi bien les wolofs de lOuest que les Peul

nomades du Fouta Toro Cette reacutegion fut le premier pays islamiseacute par

les Almoravides ce qui peut expliquer le proseacutelytisme toucouleur

Ce sont les guerriers toucouleur islamiseacutes qui attaqu~rent avec les

Almoravides la capitale du Ghana Koumbi en 1067 On convertit par

la force les animistes Cest sans doute agrave cette eacutepoque que de nombreuses

ethnies reacutefractaires agrave lIslam ont dO accentuer leur migration vers

le sud (Seacuteregravere wolof Sarakoleacute Bambara Songhaiuml Akan et Peul se reacuteshy

fugiaient vers les hauteurs du Fouta Djalon)

Au XIXegrave siegravecle les Toucouleur allaient trouver en El Hadj Omar Tall

un grand conqueacuterent qui sous le preacutetexte religieux de la gJerre sainte

contre les tribus animistes (entre autres Bambara) eacutetendit lempire

toucouleur sur presque tout lensemble du gali et la partie de la Guineacutee

proche du l1ali

Lempire toucouleur composeacute de Sarakoleacute de Bambar~ de ~alinkeacute de

Xassonkeacute dE Peul et de Dogon eut le meurorit~ dunir CES diif~rentes ~ ~ - - - - - et~ics ~t dE CD~stituer l~Sl la b2S~ ~r 1

_ ~ ~ ~_ L ~

~ ~- ~- - - ---- _ 1 v _ t 1 ~-_ --

marabout tOL~culcuuml~ ~ middotlrrany a l ick SI venu des E1i rClS dE Pocior~ (

~ Vi~ euroconomicue et sociale -----------~-------------

Les Toucouleur sont des cultivateurs mais bien quils n~ soie~t pa~

pasteurs comrre les Peul leacutelevage a une place inportarteacute decirc1S ltur

eacutecono~ie Pour faciliter leur conquecircte guerriegraverE ils c~t Eucirc une preacuteshy

dilection pour leacutelevage des chevaux On y trouve aussi des pecirccheurs

appeleacutes Tchioubalo La socieacuteteacute toucouleur aurait une stratification

sociale tregraves rigide Les groupes ethniques et les castes eacutetaient

diffeacuterencieacutes et strictement exogamiques les Rimbe classe des nobles

comprenant la famille reacutegnante et les guerriers libres la classe des

Nieacutenieacutebegens de castes artisanales i les Rimaibeacute anciens esclaves

devenus serviteurs qui portent les noms de famille de leur maicirctres A

la base de lorganisation de la collectiviteacute toucouleur se situe le

village (Wouro)

Toutes ces castes sont cloisonneacutees entre elle~ Ainsi il nest pas

permis agrave un Torodo (noble) de se marier avec un Tchioubalo Ces

consideacuterations sont importantes dans le domaine de la lutte ougrave nous

apercevrons que les nobles ne sont pas faits pour lutter Le noble

preacutesidera les seacuteances de lutte et on luttera pour lui Ces condeacute rat ions

de noblesse et de rang social sont extrecircmement importantes dans le

monde toucouleur

Le noble ne doit pas se salir on lutte pour lui il ne vit la lutte

quen tant que spectateur

342 Education moeurs croyances et eratiques religieuses

Deux formes d~ducation sont agrave consideacuterer leacutedJcatio~ dES enfarts Et

celle des adultes

oG lenfant sait m2n~~r et apprfcier le goOt d~5 ~iifeurorents r~pas lt

le moment ougrave il CO~~e~CE agrave marcher

tivirt n~sormais le petit toucou]eur est eacuteduquf par toutmiddot 12 f2~i)]E

dabord puis par toutes lespersc~nes du village ou du C13~

Lenfant peut ~tre corrigeacute par tout adulte appartenant au groupe social

Son eacuteducation est deacutesormais laffaire de toute la communauteacute et non

exclusivement celle ces parents On linitie ainsi au travail quotidien

qui se fait dans la bergel~ e les champs et les bords du fleuve Au sein

du village il pourra apprendre agrave filer la laine et agrave tisser des pagnes

dans les champs il apprend agrave manier la houe et lhiler pour la culture

du riz et du mil Mais signalons que lactiviteacute essentielle du toucouleur

est leacutelevage des boeufs des moutons et des chegravevres Chez les Ichioushy

balos (p~cheurs ) lenfant sera initieacute tregraves tat au maniement des pagaies

agrave la p~che propremccedilnt dite et agrave la nage

Vers cinq-six ans lenfant est confieacute au maicirctre coranique le Ihierno

et ce dernier dispose exclusivement de toute sa vie Lavenir du jeune

enfant lui appartient

Comme dans les autres groupes ethniques les enfants sont regroupeacutes en

classe dacircge et cest dans cette structure que lenfant subit les rite

de passe et plus particuliegraverement celui de la circoncision

La circoncision est non seulement unE opeacuteration chirurgicale malS surshy

tout une peacuteriode au cours de laquelle le jeune garccedilon passe de leacutetat

dadolescent agrave leacutetat dadulte Les circoncis sont reacuteunis en classe

dacircge dans un endroit situeacute hors duvillage geacuteneacuteralement choisi par les

vieux Cet endroit n~st accessible que par des individus de SExe ffi8SCUshy

li~ ~ta~t au preacutealabl circoncis

- - - -

quable et complet sur le plan phy~ique et ~oral Ai~si liniti~

acquiert les qualitecircs indispensables que sont le courag~ la modest

lesprit de sacrifice lendurance

Le toucoule~r est un pleux musulma~ Cela sexp1

SOil le premier agrave tre en contact avec la religion musulmane de par sa

position frontaliegravere Lethnie toucouleur de par son histoire a preacutesenteacute

les plus grands chefs militaires et religieux musulmans seacuteneacutegalais Et

pour illustrer cela on peut citer en exemple la grande famille musulmane

des SY agrave TIVAOUANE repreacutesentant la confreacuterie des TIDJANES

Bien que lon note une majoriteacute musulmane on peut dire que certaines

croyances et pratiques mystiques et animistes persistent encore surtout

dans la reacutegion du fleuve

Une pratique courante se fait elle sappelle le Djatt Elle consiste

agrave faire sortir le caiman du fleuve agrave limmobiliser et agrave lattacher

sans quil ne reacuteagisse et tout ceci agrave laide de versets et dincantashy

tions magiques Dapregraves les teacutemoignages ces pratiques sont plutocirct

freacutequentes chez les Tchioubalos (pecirccheurs) Il arrive aussi que cershy

tains chasseurs ayant des dons se livrent agrave certaines pratiques an1shy

mis tes qui consistent agrave invoquer certaines puissances et agrave moduler sous

forme de chant des versets occultes pour se proteacuteger des mauvais esprits

et pour eacuteloigner les fauves Ce chant est geacuteneacuteralement incompreacutehensible

et deacutenueacute de sens pour le profane

343 Activiteacutes ludiques et pratiques sportives en milieu toucouleur

Durant toute son histoire lethnie ~oucouleur a toujours EacutetEacute Frese~teacute~

comme celle qui avait ue activit essentiellement guerr e e~ particushy

liegraverement farouche Trois eacuteleacutements ret r t l ecirc t te nt i c- euro so~t

le manie~~nt du ~acircton 12 luttE Et 1eacute danSE

l

Lecircducation ph~sique et artistique Dcc~pe un place precircpondecircra~rp

dans la fDrmat~on du jEune toucouleur A loccasion agraveeacutevegravenemen~ imporshy

tants reacutecoltJs mariages baptecircme nous assistons agrave des manifestashy

tions folkloriques de grande envergure le Wango oucirc dailse toucouleur

tregraves gymnique iles chants et surtout les sEacuteances de lutte

La lutte toucouleur est la forme de lutte la plus spectaclaire dans

tout le territoire seacuteneacutegalais Elle est essentiellement baseacutee sur des

techniques en hancheacute et surtout en souplesse Ceci sexplique par le

fait q~e le jeune toucouleur est tregraves tocirct initieacute agrave la gymnastique (saut 1

per saut de main salto arriegravere saut de tecircte couronneacute etc bullbullbull ) pour

la dans~ du wa~go En dansant le wango qui est une danse rythmeacutee et

gymnique le Jeune toucou1eur est capable de prouesses extraordinaires

1

En lutte lattaquant se deacuteplace tregraves peu pour avoir une bonne saisie

(geacuteneacutera~ement controcircle du Ngimben ) et enchaine brusqueme~t avec une

attaque surpris~ Cependant les ripostes sont souvent surprenantes et

spectaculaires (baseacutees sur la souplesse et la rapiditeacute) ontrairement

aux autr~s form~s de luttes ougrave lon voyait tous les jeune adheacuterer la

lutte to~cou1eur Verra un groupe de speacutecialistes sadonne agrave la lutte 1

(la lutte est lieacutee agrave la position sociale de lindividu problegraveme de

caste)

Q La morphologie du lutteur toucou1eur 1

1 1

Ce dernier nest pas aussi large et aussi fort que les lutteurs diola

et seacuteregravere Cependant il est tregraves reacutesistant La musculatJre est saillante 1

et tregraves souple lindividu est longiligne mais tregraves athleacutetique

Les mouvements de lutteurs sont semblables agrave ceux dun grand fe1in Cette 1

morphologie semble ecirctre lieacutee agrave la position geacuteographique de lethnie

(reacutegion du fleuve) et agrave lacitiviteacute socio-eacuteconomique du toucouleur qui

est agrave la fois cultivateur (activiteacute lieacutee agrave la crue et deacutecrUE du fleuve)

pecirccheuro~T CIcr~icubaon) et sttout jEumlrgcr qui est U~ rc~2eumlr

shy

Deux formes egrave~ corps sembl~nt ecirctre preacutefeacutereacutees du lutteur toucouleur

le hancheacute et la souplesse Les hancheacutes sont faits agrave partir de plusieurs

positions de doset se terminent geacuteneacuteralement par des techniques de

tregraves grande amplitude

TABLEAU RECAPITULATIF DES TECHNIQUES ET FORMES DE CORPS SPECIFIQUES

i

L441 r

GARDE FORMES DU CORPS CONTROLES --shy - -

Moyenne Souplesse Ngimbe

Hancheacute bras

Demi-souplesse

1

Profil psycholosigue 1

TECHNIQUES

ContrOle du bassin et 12 souplesse

arriegravere

Klicket et allegravegement de la hanche

Le lutteur toucouleur est celui lUi se livre le moins aux preacuteparaqons

maraboutiques Cela est dO au f~t que le toucouleur est un grand ~USUlshyman et que les pratiques animisges ont presque disparu dans ce mil~eu

Dans la pratique le lutteur esJ combaif mais il est calme et tr~s reacutefleacutechi quant agrave la deacutecision agrave prendre en plein corps agrave corps ct~st un des seuls techniciens qui reJte tregraves lucide au cours de ses comb~ts

l Dans toutes les circonstances e lutteur toucouleur est tenu de re~pecshyter son adversaire et ceux de s4n eacutequipemecircme sil est vaincu

Comme nous avons dO nous en rendre compte la rigueur des principes

eacuteducationnels a une influence tregraves sensible sur l~ comportement du

toucouleur

i

III S COCL ~s 1DO

Dans cette partie nous avons essay~ de montrer lftroite re1atic~

Entre les diverses activiteacutes socio-eacuteconomiques dans les ethnies et

lES diffEacuterentes faccedilons de lutter

Daucuns seraient tent~s de conclure trop rapidement et cest p0~r

cette raison que nOUS avons penseacute preacuteciser que le pheacutenotype nest

pas geacuteneacuterateur du geacutenotype Et nous sommes convaincus que la morphoshy

logie et les techniques des lutteurs relegravevent de leurs modes de vie

et de leurs croyances agrave une eacutepoque et danE un contexte bien deacutetermishy

neacutes

Est-ce que les lutteurs dio1a ou seacuteregravere travaillant avec leurs bras

dans les champs auraient les mecircmes pr 0 fil s physiques que les lutteurs

utilisant des machines pour lagriculture

- 69 shy

I UJOURDH~1 E-S ut O[l LES FORfilS Ut LU11t~

~otons que notre enqu~te a ecirctE essentiellement faiteen milieu urbain

Les seacuteances de lutte ont tendance agrave perdre leur particulariteacute de r~shy

jouissance pour devenir des pheacutenomegravenes de sportisatio Deux fores

de luttes so~t principale~cnt prat s dans les aregrave~es du 5 al

la lutte traditiunnelle simple et la lutte traditionnelle avec frappe

De nos jours la lutte traditionnelle tend vers une reacuteglementation

et une institutionalisation

Le reacutesultat de nos investigations nous donne le tableau ci-dessous

REPARTITION ETHNIQUE SUR 100 PRATIQUANTS

LUTTE LUTTE RAPPORTETHNIES SANS FRAPPE AVEC FRAPPE J2

Diola 40 16 71 j

Seacuteregravere 26 21 57

Toucouleur 23 10 69

Wolof 1 1 53 17

La demande sociale par ordre deacutecroissant pour la lutte sans frappe

se preacutesente comrre suit

]0_ Ethnie diola avec pregraves de 3 lutteur~ sur 4

2deg_ Ethnie toucouleur

Ethri dun

~ 1 LA LUTTE TR])IIIO~~ELLE AVEC H-PPE

Cette forme deacute lutte a une histoire qui date de lantiquiteacute elle

sa~pelait le Pugilat Au Seacuteneacutegal elle a vu le jour dans le Cayor

bien avant la colonisation Le coup dE pied l~Lrdn~lement la morshy

sure la frappe et le doigtf eacutetaient permis dans le cc=bat ~ ~middot~p0~~e

Dans certains cas la giffle eacutetait beaucoup plus dangereuse que le

poing quand elle eacutetait donneacutee par un speacutecialiste Cette giffle pouvait

agrave elle seule deacutechirer et mecircme parfois amputer la joue de ladverser

Selon les informations la lutte avec frappede nos jours serait une

forme de lutte tregraves eupheacutemiseacutee de celle dantan ougrave une blessure

pouvait souvent ecirctre mortelle

Aujourdhui au niveau du folklore la lutte na plus la mecircme

le spectaculaire a remplaceacute le significatif iLa lutte avec frappe se 1

pratique surtout dans les centres urbains C~aque fois quun grand combat 1

est progra~eacute par le Comiteacute National Proviso~re (CNP) des centaines damashy

teurs sont mobiliseacutes vers le stade lba Mar D~OP qui est aujourdhui le i

lieu approprieacute ougrave se deacuteroulent les grands conkbats de lutte Cest la formE

de lutte qui semble drainer une foule de personnes beaucoup plus importante

que celle de la lutte simple

La lutte avec frappe deacuteriverait dune forme de lutte traditionnelle

pratiqueacutee jadis dans le Cayor au temps des Damels et la frappe serait

le substitut dun certain nombre de pratiques doigteacute jet de produits

etc bullbullbull dont le but eacutetait laveuglement de ladversaire La lutte avec

frappe serait une continuation logique dune carriegravere sportive de la

lutte traditionnelle qui sen sert comme moyen socio-eacuteconomique En

effet la majoriteacute des lutteurs avec frappe ont dabord eacuteteacute initieacutes agrave la

lutte simple Cependant il faut signaler que de nOS jours il arrive

que le jeune lutteur avec frappE- soit directenent formEacute conne speacutecialistE

agrave la frappe sa~s pour autant faire son chemin dabcrd egravea~s la lutte

- ~ shy

Le recircsultat dE ~os interviews ncus rec~trE qGune pcpulatiD~ divcrsishy

fiampe sint~resse agrave ce sport et qUE les intecircr~[s des uns et d~SlautrE~

semble~t divergents naucuns affirment que la lutte traditionnelle

avec frappe serait monteacutee par des personnes dont la vocation est dexshy

ploiter ce pheacuteLomegravene agrave des fins commerciales Dautres disent gJellegrave

jouit de mcyens irport~nts t[l[~isio

tation etc bullbullbull ) pour toucher toutes les couches sociales CEpe~~a~t

nous remarquons que mecircme si certaines personnes reprochent agrave cette

forme de lutte decirctre brutale ces mecircmes personnes nheacutesitent pas agrave

se rendre le dimanche agrave laregravene Bien que critiqueacutee elle semble ecirctre

adopteacutee par une tregraves grande partie de la population seacuteneacutegalaise Cepenshy

dant en tant que techniciens il nous est permis de faire une remarque

Il sagit de

- Limpression nette decirctre devant des professionnels de la frappe

qui sont ~ntratneacutes pour cela Dailleurs les propos que nous avons

recueilli~ nous prouvent que la plupart des champions de lutte avec 1

frappe s~ntratnent dans certains sports de combat tels ~ue la boxe i 1

le karateacute le judo Dans cette nouvelle forme de pratique de la lutte

contrairefuent agrave la lutte traditionnelle le technicien e~t souvent

perdant face au puncheur Ce dernier adopte une lutte agrave distance qui

lui permet de placer agrave bon escient ses coups animeacute du deacutesir de vaincre

Le technicien lui se voit contreacute dans toutes ses entreprises par

un uppercut ou un crochet

On peut dire cependant que nul sport au Seacuteneacutegal que la lutte tradishy

tionnelle avec frappe ne deacutechaicircne autant de passions et autant de

pheacutenomegravenes poussant agrave lexcegraves et deacutereacuteglements quon ne peut que deacuteplorer

Mais comment deacutecrier un spectacle de lutte qui bien quayant perdu la

presque totaliteacute des valeurs traditionnelles veacutehiculeacutees autrefois par

elle sait susciter une participation effective de tous ceux qui sont

preacutesents

CONCLUSION

Dans ce meacutemoire nous sommes efforceacutes ~e faire ressort ir limportance des

ethos et des habitus et leurs effets sur la pratique de la lutte tradishy

tionnelle au Seacuteneacutegal

L~b egravethos repr~sentent dune maniegravere g~neurorale tous les eacuteleacutements speacutec

fiques sux Seacuteneacutegalais par conampeacuteguent un systegraveme de valeurs traditionnellEs

Mais m~me si ces valeurs rev~tent une signification universelle (honneur

digniteacute courage etc bullbullbull ) il nen demeure pas moins que ce nest pas leur

nature qui fait leur speacutecificiteacute mais la hieacuterarchisation et limportance i

quon accorde agrave toutes ces valeurs de ~ar leacuteducation ou la culture

i 1

Aussi les valeurs traditionnelles puient leur speacutecificiteacute dans les

caracteacuteristiques propres aux eacuteleacutements ~e la socio-cu1ture (la technologie

et leacuteconomie la politique et la pareteacute la psychologie et lideacuteologie)

dans la socieacuteteacute seacuteneacutegalaise agrave n momen donneacute de son eacutevolution Cest i

dire la neacuteceesiteacute de ne point faire della valeur une reacutealiteacute statique

Cest dite aussi quagrave tout mome~t le ~eacuteneacutegalais peut eacutevoluer et creacuteer

ou vivre par conseacutequent de nouv~lles fprmes de valeur qui lui sont 1

propres ft (J)

La lutte traditionnelle veacutehiculant deS valeurs socio-cu1ture1les speacutecishy

fiquement seacuteneacutegalaises (croyances valeurs morales norme de comportement

opinion attitude bullbullbull ) devient un eacuteleacutement important qui tregraves certaiaement

nous aidera dans notre effort de valoriser et de peacuterenniser notre patri shy

moine culturel par le biais dactiviteacutes physiques et sportives

Leacutetude des habitus nous permet de prouver quil y a plusieurs faccedilons

de se mouvoir comme danser lutter bullbullbull qui varient avec les diffeacuterentes

ethnies (wolof toucouleur seacuteregravere diolagt leurs convenances et leurs

eacuteducations

(1) Revue Ethiopiques 31 Les valeurs traditionnelles et le problegraveme de leur inteacutegration dans les systegravemes modernes jtducatio-1 2 6r--70

nautre part cette eacutetude permet aussi de nous rendrE compte de la

correacutelatipn eacutetroite existant entre la pratique de la lutte traditionnelle

et le sta~ut socio-eacuteconomique du pratiquant

Nos inves~igations nous indiquent que la lutte recrute essentiellement

au niveau des classes socio-eacuteconomiques situeacutees en bas de leacutechelle

donc posseacutedant le statut social le moins favoriseacute La lutte avec frappe

-et un certain secteur commercialiseacute de la lutte simple- y trouve sa

leacutegitimiteacute Comme le dit BOURDIEU nA habitus diffeacuterents styles de Vle

divergents et il oppse les pratiques aristocpatiques correspondants agrave

des activiteacutes qui favorisent les situations eupheacutemiseacutees ougrave la stylisashy

tion est importante aux pratiques populaires qui font appel agrave des

qualiteacutes qpposeacutees bllutes rugueuses Certaines interviews nous

montrent que plus lindividu occupe une place eacuteleveacutee dans leacutechelle

sQciale e~ 1

moin$ il sinteacuteresse agrave la lutte

Les reacutesultats recueillis dans nos diverses investig~tions confirment 1 1

1er propos qui disent que nous assistons aujourdhu~ agrave une involution

de la lutte traditionnelle parce que perdant toutes ses speacutecificiteacutes au 1

pryfit d~ne autre forme de lutte que lon continue agrave appeler nostalshy

giqlementIIlutte traditionnelle

Ceci pourrait peut-~tre trouver une explication dan la citation suivante

La liberteacute de creacuteer dinnover de vivre Pleineinenf decirctre soi et de

preacuteserver son authenticiteacute la digniteacute et lhonneu1demeurent des illushy

sions dans la misegravere eacuteconomique~ Nos ancecirctres creacuteai~nt des valeurs de cishyl

vilisation parce quils eacutetaient libres parce qu1i~s ignoraient toute

deacutependance eacuteconomique ils cultivaient en eux et cbez leurs enfants le 1

Jorn et la Kersa et preacutefeacuteraient la mort agrave la hoJte lI (1)

Or le Seacuteneacutegal comme la plupart des pays africainsi est un pays sousshy

deacuteveloppeacute t cependant face agrave cette volonteacute du gou~ernement seacuteneacutegalais

de faire inteacutegrer dans leacuteducation des valeurs traditionnelles nous

pouvons espeacuterer utiliser comme moyen deacuteducation la lutteacute traditionnelle

qui reste quand mecircme vecteur jethos et dhabit~s

- 54 shy

Mecircme si lon a noteacute un appauvrissement notoire sur les plans socioshy

culturel et moral la lutte traditionnelle recegravele une gamme importante

et varieacutee de techniques permettant incontestablement une ouverture vers

les luttes olympiques libre et g~eacuteco-romaine

La lecture de ce meacutemoire permettra agrave lentratneur et au professeur de

lutte en fonction du lieu ougrave ils seront affecteacutes dans le territoire

seacuteneacutegalaisdavoir une information sur les techniques contrOles et

formes de corps propres agrave chaque groupe ethnique et de les mettre en

relation avec leurs croyances et leurs mentaliteacutes

Nous avons essayeacute de montrer que la pratique de la lutte traditionnelle

doit tre axeacutee sur une ethnomotriciteacute au Seacuteneacutegal qui permette une inishy

tiation facile Cette pratique de la lutte traditionnelle seacuteneacutegalaise

devra dailleurs essayer de ~eacutepondre aux aspirations du Seacuteneacutegalaisl

moderne en souvrant aux ap~orts positifs des autres civilisations

ex~eacuterieures nous voulons Jvidemment parler du judo et des luttes oiymshyJ

piques 1

1 j Nous navons pas la preacutetentfon dans le cadre de ce meacutemoire demattrise

de reacutepondre agrave toutes les qutstions se rattachant agrave leacutetude de ~a lutte

traditionnelle souslangle~socio-culturel car non seulement il nous

manque lexpeacuterience et la c peacutetence en la mati~re mais aussil l le temps

et les moyens dont nous dis osions ne nous permettaient pas d~puiser le 1sujet i

1 1 1 t 1

l

- )5 shy

BIBLIOGRAPHIE

BIBLIOGRAPHIE

1- CLAPAREDE Psychologie de leacuteducation et peacutedagogie expeacuterimentale

Edition Delachaux et Niestleacute 244 pages

2- POCIELLC Christian Sport et Socieacuteteacute approche socio-culturelle

des pratiques Paris Vigot 1981 377 pages

3- PIERON Henri Vocabulaire de la psychologie

PUF Deuxiegraveme eacutedition 1957 469 pages

4- Revue socialiste de culture neacutegro-africaine ETHIOPIQUES

Les valeurs traditionnelles et le problegraveme de leur inteacutegration

dans les systegravemes modernes deacuteducation

GIA 21 Juillet 1982 213 pages

5- N2 Revue du Centre dEtudedes Civilisations DEM ak TEY

NIS IVegrave Trimestre 1982 96 pages

6- Document lNSEP Colloque sur la lutte aeacuteregravere

DAKAR MAI-JUIN 1980

t 1

~- Travaux du IVegrave Congregraves National ~es Sports agrave DAKAR les 2223041981

Bulletin n2 91 du CIO du 15 Aont 1965

l____________________________

8- Meacutemoire de Mattrise BADJI Abdou La lutte traditionnelle Joola

Etude et perspective

9- Meacutemoire Inspectorat JS DJITTE Mandy Les pratiques corporelles

traditionnelles au Seacuteneacutegal pour leur exploitation et leur

utilisation en peacutedagogie Marly le Roi 1980

REPUBLIQUE DU SENEGAL

--------------- INSTITUT NATIONAL SUPERIEUR

MINISTERE DE LA JEUNESSE DE LrsquoEDUCATION POPULAIRE

ET DES SPORTS ET DU SPORT

-------------

(INSEPS)

MEMOIRE DE MAIcircTRISE

Es-SCIENCES ET TECHNIQUES

DE LrsquoACTIVITE PHYSIQUE ET DU SPORT

LA LUTTE TRADITIONNELLE

son importance sa signification en fonction des ethos et des habitus ethniques au Seacuteneacutegal

Preacutesenteacute par

Monsieur Joseph Victor FAYE

Sous la direction de

M Jean Marc ROCHEZ

Professeur agrave lrsquoINSEPS

Anneacutee de soutenance 1984

loutes c~s pratiques ~ystiqu~s et cr0ya~ces religi~us~5 ~xistent eL~~[

certainement dues agrave un meacutetissage culturel Parallegravelement aux feacutetiches

aux incantations et agrave lutilisation des safaras (substance magique)

notons lexistence de ga l a tchs (ce sOnt des talismans ougrave sont inscrits

du qui les porte Toutes ces croyances biEn sucircr auront une rEacutepercussicrI

sur leacuteducation du jeune wolof

323 Leacuteducation du wolof

Pour caracteacuteriser leacuteducation wolof nous avons penseacute donner comme

illustration cet extrait de la revue DEM ak TEY Pour deacutefinir leacutedushy

cation le wolof fait appel agrave un symbolisme qui eDglobe aussi bien les

moyens mis en oeuvre Yar que le reacutesultat obtenu agrave laide de ces mecircmes

moyens cest-agrave-dire la formation et le deacuteveloppement de lecirctre humain

ou Yaru

Le substantif Yar deacutesigne le fouet

Ce symbolisme deacutesigne donc au-delagrave du simple sens mateacuteriel de lobjet

lutilisation qui permet daboutir au reacutesultat escompteacute (Yaru) Au sens

geacuteneacuteral Yar deacutesigne tout instrument servant agrave infliger une punition Le

terme laisse supposer agrave priori que cette phase de lenfance durant lashy

quelle se preacutepare la vie de lhomme est lieacutee agrave la souffrance au supplice

Dailleurs une maxime wolof compare lenfant agrave une tige quon a tout le

loisir de redresser alors quelle est encore flexible bull

bullbullbull Pour leacuteducateur wolof la perfection nest point de ce monde malS

le devoir de chaque homme est de tendre vers la pleacutenitude en luttant

contre ses propres faiblesses Leacuteducation va d01c iisister essentielle~(-~t

sur lexercice quotidien de leacutelevation ffiora1e d~ lindividu Pour cela

elle privileacutegie la patience munI) vertu dabneacutegdtion et dE deacutesinteacuteresseshy

m(~t autour dE laquelle sarticulent toutes ]e~ ~u~~~s qualiteuros

i _

aan~ ~ s0cieacutet gt~olcf ocirclt~tartt nul -Jt- poulait sabecircisstr

tion de sa libertEacute La liberteacute est le preuumler drcmiddotir dE l ho-)euro egrave~S

baigner dans une beacuteate admiration du passeacute la comparaison avec le pr~$(middott

si~posc dclle-mecircme car lon reste s reacute devant la deacutesinvolture aVEC

laquelle dES honmes daujourdhui descendants de cette ~~~EacuteTatic ccedil~l se

une fois [largis bullbull tTasque fiers davoir fait leacute priS0n PEut-2tTE

faut-il mettre cela sur le compte de lurbanisation et des nouvelles

valeurs qui ont pour nom enrichissement reacuteussite sociale avec ce que

cela comporte de deacuteshumanisant et de deacutepreacuteciateur (1)

3 bull 2 bull 3 1 bull Lesri tes

Le sevrage et la circoncision constituent les deux grandes phases initiashy

tiques chez le wolof

- Le rituel du sevrage est appeleacute maga1 (litteacuteralement rendre grand)

Cest un eacutevegravenement important aussi bien pour les parents de lenfant que

pour la co~unauteacute Durant cet eacutevegravenement qui survient geacuteneacuteralement deux

ans apregraves la naissance du beacutebeacute les personnes vivant dans lentouragE

apportent leur soutien moral et mateacuteriel

- le rituel de la circoncision revecirct pratiquement la mecircme signification

que dans les autres ethnies seule la forme diffegravere La circoncision reste

encore une eacutepreuve de la vie au sort i r de laque Ile ladolescent devient un

homme Aujourdhui il faut noter une meacutetamorphose de la structure sociale

et des croyances religieuses tregraves accentueacutee aussi bien chez les wolof que

chez les autres groupes ethniques et ceci est peut-ecirctre dO au contact

permanent quils ont avec la socieacuteteacute occidentale

Malgreacute ces constat~tions il semblerait pcu=tant qUE la sociecirct~ lecircbou Gci

bien que se trouvaLt en grande partie dans ~a Presquth du Cap-ETt Et

en contact permane~t avec les blancs soit la portior la plu8 cc~serva-

----------~_- ---~-- -----

~

Incidences d s ~00urs sur la l~ttE

Le wolof connaicirct deux formes de luttes la lutte sirplE- sans t-t

la lutte avec frappe La lutte avec frappe a une crigi~e purement r

et ce nest que plus tard quelle devint une prati1uE sportive et lud

preacuteparer agrave la guerre Aussi tout en luttant On eacutetait autoris~ agrave frapper~

griffer mordre voire introduire son doigt dans loeil de son adversaire

Le jeune wolof devait eacutegalement se livrer agrave la lutte avec frappe afin de

favoriser son insertion dans la socieacuteteacute adulte et sinitier au meacutetier de

soldat faute de quoi il ne pouvait se faire entendre ne avoir des marques

de respect Pour montrer la populariteacute de la lutte dans le Cayor signalons

que les Damels ll (rois) et les Teignes (nobles) nheacutesitaient pas agrave sy

livrer Quant au IIMbeu~ (lutteur) elle lui servait de moyen de promotion

sociale car d8S que sa reacuteputation eacutetait eacutetablie il pouvait ecirctre choisi

par les rois et les nobles comme garde de corps

325 Signification de la lutte en milieu wolof

La lutte se pratique dabord pour lhonneur qui est une vertu tregraves signishy

ficative pour le wolof Elle permet de renforcer les liens amicaux entre

les jeunes de villages diffeacuterents Le champion veut gagner

confiance et la consideacuteration de son village de ses amis

Etre champion cest aussi susciter ladmiration chez les

sentant la force la viriliteacute et la deacutetermination

326 Organisation d~s eacutepreuves de lutte

3261 Les Mbapatts Ce sont les seacuteances nocturnes

pour meacuteriter la

et des anciens

filles en repreacuteshy

Ils sont organiseacutes apregraves les reacutecoltes agrave la fin de la saiscn des pluies

Ceci surtout p~ndant les peacuteriodes de clair de lune car ils peuven~ durEr

toute la nuit Le but des ~Dapatts lt=tait de prfpa-er FhysicuemeH et

~ arb Sil

326 Le 1

cest une organisation beaucoup plus importante que les I~apatts ~

loccasion de laquelle on peut voir plusieurs lutteurs de grande reDommfe

saffronteLLa fin dl lamb est toujours couronneacutee par une grand co~bat

duquel le vainqueur est sacreacute champion de la contrecirce

Le choix du lieu est lieacute agrave limportance de ce lieu dans le village cest

la place publique ougrave geacuteneacuteralement se passent toutes les manifestations

assembleacutee geacuteneacuterale sabar (danse) cest aussi lendroit ougrave sont prises

les grandes deacutecisions

3623 Lappariement

Dans un village ou un quartier les lutteurs se regroupent en lang

(eacutequipe) et jamais deux lutteurs de mecircme lang ne se rencontrent lors

du lamb

L appariement s~ fait librement entre lutteurs de lang diffeacuterents l1hs

une regravegle veut ~uavant de lutter avec le Mbeur Kanur de tel lang si

on est soukh (l~tteur pas encore confirmeacute) il est neacutecessaire de lutter

dabord avec ses soukh et ce nest quapregraves les avoir terrasseacutes tous

quon se voit octroyer la chance de lutter contre lui

Notons que la cateacutegorisation des lutteurs par poids nest jamais prise

en consideacuteration

3624 La tenue du lutteur ou NGIMBE

Le middotNGimbe est confectionneacute par le marabout de la famille ou du clan Il

est constituecirc de pagnes en coton tisseacute geacuteneacuteralement offerts par la megravere ou

la grand-megravere du lutteur ceci lors des organisations de ~rande Tportance

COrlune lef 1amb Dans le cadre des l-bapatt les pagnes sont C tErts peumlr

~~~rcfcis ct ffi~mc aujourdhui d218 cErtaInes fa~ille5 on devj~Gr

luttEur de pegravere en fils et dans ce cas h 1

gimbell du pEgravere Est recircr i tEacute

par le fils Le fait de porter le lI~gimbe agravee ses aiumleux peut susciter

cne~ le jeune lutteur une motivation et une volontecirc in~branlable rlasshy

surer 12 supeacuterioritEacute cis SIcirct-ns dallS

le xgimbe de la famille ne touche pas le sable

La tenue du lutteur a une signification et une importance sur le plan

mystique car selon les anciens le vrai feacutetiche du lutteur celui qui

le proteacutegera agrave vaincre le Djinneacute ou le Rap de ladversaire se trouve

cacheacute dans ce Ngimbe Celui qui confectionne-le Ngimbe est doueacute de

faculteacutes occultes

~~r~i~rg Il est assureacute par un sage du village qui geacuteneacuteralement fut

championde lutte de son temps Dailleurs cet ancien nintervient que

si le terrassement est litigieux

Hormis le public qui proclame la victoire ou le match nul le lutteur

lui-mecircme est arbitre et il arrive quil se deacuteclare vaincu ~ous

pouvons citer comme exemple Meacutedoune KHOULE un des plus grands lutteurs

seacuteneacutegalais qui a donneacute une victoire agrave Djeacuteri SADIO son adversaire qui a

reacuteussi agrave lui faire toucher le sol de la main

Il Y a terrassement quand le lutteur se retrouve

- assis sur le sol

- eacutetaleacute sur le dos

eacutetaleacute sur le cocircteacute

les deux genoux au sol

- les deux ma~ns au sol

la tecircte (front au sol agrave la suite dune brouette)

Il peut y aVOIr match nul si apregraves li1 temps ccmsideacuterable les lutteurs

SE sont ~ ivrEacutes respectivement agrave des assauts rEacutepEacutetEacutes et n arrivEt pas a

3265 L~ precircparation mystique

Il faut reconnattre quon ne peut parler de lutte en milieu wolof sans

envisager une preacuteparation mystique seacuterieuse Co~~e ~ous lEvans vu a~teacute-

1middot ~ d ~ ~rlturenent t0utes es actlvmiddotltesmiddot u W010 sont lles a SeS croyances

- la lutte ne concerne pas seule~ent deux acteurs se livrant faruumlucheshy

ment agrave un combat au milieu de laregravene mais eacutegalement les marabouts et les

feacutetichistes du village ou du clan qui doivent deacutefendre leur savoir et

leur prestige Avant le combat le lutteur doit se livrer agrave un certain

nombre de preacuteparations mystiques pour assurer sa victoire Aussi sommesshy

nous appeleacutes agrave parler de BACK (cest le chant et la danse du lutteur)

- le batteur de tam-tam compose un rythme en fonction du Galagne ou du

Senghor (gds-gris) du lutteur Chaque galagne sera choisi en fonction

du Rap ou du Djinneacute correspondant au Totem du lutteur

Le chant geacuterleacuterique Feinte woy veut dire litteacuteralement composer un 1

chant Ce chant est geacuteneacuteralement composeacute par les filles du viilage du

champion ou par un griot de sa communauteacute Et agrave travers ce chrnt on

arrive agrave toucher la corde sensible du lutteur en chantant lesl innombrables 1

victoires de ses ancecirctres ou en lui rappelant ses prouesses eacuteblatantes 1

Chaque lutteur doit avoir un chant et un back qui lui sont propres

327 Le reacutepertoire technique et les caracteacuteristiques physiques dulutteur wolof

Le lutteur wolof est geacuteneacuteralement moyen de taille la musculagraveture est

tregraves saillante ce qui fait ressortir un aspect tregraves athleacutetique ceci

est vrai sans exception pour le lutteur leacutebou mais il arrive que le Cacircyoshy

rien le baol-baol le walo-walo soient de grands gabarits de forte constishy

tution

CepEndant pour une meilleure compreacutehension du sujet nous pouvons eacutetudiEr

deux jroups d lut teurs qui vont deacuteterminer deux st yI e s de lut tes

- ~ t

les tc~tativ~s de~[reacutee e~ ramassement de jambes de la~v~sairL Ce~~

peut Ecirctre expliqueacute par le fait que les lutteurs leacutebou ou walo-walc qui

sont des pecirccheursadoptent cette garde tasseacutee du fait quils so~t tou-

jours pencheacutes en tirant le fil ou en poussant la plrogue On verra techrugravequeacutes dt cirr 2C ~lt 5Jllicitocirct

surLuumlut les membres supeacuterieurs

Le cayorien et le baol-baol par contre sont les plus grands cultivateurs

darachide chez eux les techniques de lutte sont plus varieacutees et la

garde est moins renfermeacutee Les lutteurs cayorien et baol-baol ont une

morphologie et une reacutepartition musculaire bien eacutequilibreacutee ils excellent

dans les techniques en deacutecalage les techniques de jambe et surtout les

techniques de riposte ougrave lon peut voir des prises de hancheacute tregraves amples

Dune maniegravere geacuteneacuterale on peut dire que le lutteur wolof est un fin

technicien qui sait surtout creacuteer les opportuniteacutes e~ avec sa rapiditeacute

utiliser la force de ladversaire pour le deacuteseacutequilibrer le noodju

le mbas le weacuteheacuteleacute et le rasu sont des techniques propres au lutteur

wolof

En deacutefense il utilise surtout des kl~klets ou gal-gal Notons que

le balancement des bras ou Lewato e$t tregraves marqueacute dans la lutte wolof

TABLEAU RECAPITULATIF DES COMPOSANTES TECHNIQUES

( 1 )

1 SOUS-GROUPES GARDES CONTROLES FORHES DE CORPS l

Walo-walo Basse de jambe Arracheacute l l10yenne de Ngimbe et i

Leacutebou Tasseacutee et saisies annexesj Deacutecalage 1 1 distante de bras de tecirct1

j de bras Deacutecalaeuro

~-----------------~-

- ~ ~- shy - ~ ~ bull L _ _ bull

Profil psyc~~iqUE du lutteu- et son comporterent dars l 2regravere

La preacuteparation mystique dans laregravene est plus marqueacutee chez les wolofs

que ChE~ les autres ethnies En effet on verra de grands champions

preliGrE plusiEurs heures pour Enduire leur corps de cll2badep ou ci

rmiddot- ~ a la proprieacuteteacute de proteacuteger li1egraveividu J

les mauvais sorts) Cest dailleurs un aspect dt la luttE qui iJcsc

des problegraveJles

Le lutteur wolof est tregraves superstitieux et la peacuteriode de preacuteparation

est capitale pour lui car elle permet non seulement de rendre

hommage aux ancecirctres mais aussi dintimider son adversaire Cest

geacuteneacuteralement un lutteur agressif combatif et teacutemeacuteraire Il se fait

souvent remarquer par son esprit dentreprise Mais cette fougue dans

le combat lamegravene parfois bien que ce soit regrettable agrave oublier les

usages et les normes Ce manque de maicirctrise de soi peut faire croire

que le lutteur wolof manque de fair-play ce qui nest pas toujours le

cas

~A~Ugrave~ t 4AA CbUrs k LA ucirctotve f~tPle Sesect prores mou W ~ lesquelles vont se couler les comporteme~ts individuels qui sont ainsi

monteacutes par et pour lautoriteacute sociale

Les faccedilons de boire de marcher ou de sasseoir se manifestent indivishy

duellement dans le corps de chaque personne ces habitus sont cependant

des montages sociaux lieacutes agrave des significationssymboliques variables

dailleurs selon la position sociale occupeacutee par chaque sujet Ces modes

dagir se rangent dans un systegraveme de montages symboliques et lindivishy

du les apprend de la socieacuteteacute dont il fait partie agrave la place quil occupe

Lhabitus est un montage social agrave la valeur symbolique deacutependant des pheacuteshy

nomegravenes deacuteducation et de prestige et lieacute agrave la position sociale du sujet

Cette penseacutee sonne de faccedilon eacutetonamment moderne

Pierre BOURDIEU qui dans une perspective a approfondi le contenue de la

notion en le reportant aux oppositions entre classes et fractions sociales

Il deacutefinit lhabitus comme un systegraveme de dispositions durables acquis au

cours dune histoire personnelle dans une milieu social donneacute systegraveme qui

engendre ensuite des pra~iques socialement deacutetermineacutees faccedilons de manger

de parler ou de marcher comportements de politesse contenu des preacutefeacuterencel

et des deacutegoOts bullbullbull lhabitus est le produit de conditions eacuteconomiques et

sociales Lauteur rattache directement la formation de lhabitus dun

individu agrave la trajectoire parcourue par celui-ci dans sa classe dapparteshy

nance il deacutefend lideacutee dun habitus de classe qui deacutefinit le sens confeacuteshy

reacute agrave la pratique sportive les profits qui en sont attendus

Ce dernier serait lui-m~me lieacute agrave un systegraveme de valeurs ou ETHOS de classe

prenant sens au sein doppositions distinctives entre classes sociales

De sorte lhabitus fonctionne comme un systegraveme dt- regravegles inteacuterioriseacutees

souvent informuleacutees permettant ou non agrave lagent de sadapter dembleacutee aux

multiples pratiques de la vie quotidienne et de la vie sportive il est agrave

lorigine des schegravemes de transcription qui favorisent les ajustements aux

situations corporelles nouvelles (1)

t ~

(1) P~IE11D dwi6Han ISpoy-l et sodeacutebi Approche Bocio-culturelle des pratiques P~tis Vigot 1981 page 81

33

331 Preacutesentation

Les Seacuteregravere auraient pour origine le Fouta Toro quils auraient quitteacute

vers le Xllegrave siegravecle pour fuir lislamisation de cette reacutegioD par lempire

dJ Xali (ils seraient donc apparEnt~s aux Peul et Toucouleur ) Ils

auraient trouveacute dans la rEacutegion du Sine les Sosseacute dorigine manding avec

lesquels ils salliegraverent

Au XVegrave siegravecle une autre immigrationSos~ conqueacuterante cette fois-ci

apporta son organisation eacutetatique Ils se divisegraverent en deux monarchies

deacutemocratiques lune seacutetablit au Sine et lautre au Saloum Les Sosseacute

conqueacuterants constituaient lautocratie appeleacutee Guelowar

La royauteacute seacuteregravere eacutetait laiumlque Les premiers souverains durent secouer

la tutelle des Toucouleur et progressivement arrivegraverent agrave unifier lethshy

nie des seacuteregravere etdea Sosseacute Les deux royauteacutes eacutetaient organiseacutees selon

acirces modegraveles tregraves deacutemocratiques Le souverain deacutependait dune assembleacutee

de ministres et de chefs locaux qui assuraient ladministration centrale

et reacutegionale())

Aujourdhui lethnie seacuteregravere repreacutesente 20 de la population seacuteneacutegalaise

Ils sont reacutepartis sur presque toute leacutetendue du territoire notamment

dans le Baol la reacutegion du Sine-Saloum et la reacutegion de Thiegraves

Signalons quil existe plusieurs sous-groupes dans lethnie ainsi on

trouvera

- dans la reacutegion de Thiegraves les Ndut les Safegravene et les None

- dans le Sine-Saloum les Sine-sine et les Saloum-salouIT

On trouvera vers foundioune et agrave Nioro du cocircteacute de la Gambie les

Niominka (pecirccheurs) Cest une portion tregraves mandinguiseacutee

( 1

Le rattache~2~t d~ to~s ccs sous-groupes pose problecircme ~25 0~ r0~V~

uc grande partie de traits COITul1uns dans leurs modes dE vie Ct pOUT phs

de faciliteacute nous allons essayer de faire une ~tude globale de la lutte

traditionnelle seacuterecircre Lactiviteacute socio-eacuteconomique qui est essentielleme~t

agro-pasorale caracteacuterisE leacutethnie seacuteregravere

332 Lecircducation les moeurs les croyances et pratiques sEr~rc

Chez les Seacuteregravere la vie humaine se deacuteroule selon les grandes eacutetapes

le baptecircme lenfance ladolescencemarqueacutee par la circoncision lsectge

adulte le mariage la vieillesse et la mort (funeacuterailles)

La vie de la communauteacute seacuteregravere reste une des plus originales sinon

celle qui de nos jours garde la presque totaliteacute des pratiques et

habitudes traditionnelles

Bien qu aujotltdhui con~r-tis aux religions chreacutetienne et musulmane les

Seacuteregravere conservent leurs croyances et pratiques animistes

Quelque soit leur degreacute dadheacutesion aux religions reacuteveacuteleacutees les Seacuteregravere

croient en un Dieu puissant et miseacutericordieux Rog Segravene et les hommes

Les ~angols sont repreacutesenteacutes mateacuteriellement dans tous les villages

seacuteregraveres par des arbres (baobab et tamariniers) des animaux (geacuteneacuteraleshy

ment serpent doreacute ou iguane) des ustensiles (pilon calebasse et mortier)

De nombreux teacutemoignages nous apprennent que certains totems (serpent

iguane) font leur apparicion agrave loccasion de certaines manifestations

rituelles comme les sacrifices ceacuteleacutebreacutes lors dun mariage de ceacutereacutemonies

mortuaires ou des circoncisions

Le Seacuteregravere comme il nous a eacuteteacute donneacute loccasion de le dire plus haut

preacutesente des speacutecificiteacutes authentiques aussi bien en tout ce qui touch~

son eacuteducation ses croyanCES et pratiques mystiques q~e ses activiteacute~

socio-ecirccc~omiquEs Apr~s a ~aissa~c~ le beurob~ ~~ pcs~ 5~~ lE S~ __

On lui mouille les l~vres avec un peu d~ lait de mil et apr~s U~ bain

purificateur on versera leau dans un trou cr~us~ derri~r~ la Camp~~

Pendant huit jours la megravere et lenfant sont cacheacutes dans la case car

selon les anciens ils sont tregraves vulneacuterables La case deacutens certains cas

est entoureacutee dun fil blanc et lon place sur le seuil des fais(cauy di

veacutegeacutetaux pour chasser les mauvais esprits (geacutenies malfaisants et illangeUY~

dacircmes) Au bout du huitiegraveme jour la megravere et lenfant peuvent sortir de

la case bull

bullbullbull Le matin du huitiegraveme jour la tante paternelle va chercher de leau

(plusieurs fois)t elle doit rester muette pendant ses alleacutees et venues

si elle parlait t lenfant pourrait ecirctre muet bullbullbull

La megravere et lenfant prennent un bain purificateur dans lequel sont

trempeacutees certaines plantes (ce sont des veacutegeacutetaux pr~tecteurs tels le

begravene le yag le ngud) On y lavera aussi le linge e1t les ustensiles utishyj

liseacutes pendant les huit jours qui viennet de seacutecoul~r On rase le crine

de lenfant Les cheveux sont donneacutes agrave la megravere qui ~s enterrera avec le

reste du cordon ombilical dans un endroit que11e esit seule agrave connattre

La megravere sassied sur une natte devant la maison Une femme igeacutee de la

famille prend le beacutebeacute dans ses bras et le preacutesente aux quatre coins de

lhorizon

La tante paternelle tient ensuite un van sur la tecircte de la megravere on y

verse le mil on y verse eacutegalement en abondance sur la megravere et sur

lenfant La tante oint ensuite le corps du beacutebeacute avec du lait e11e

touche en particulier le front t le nez la bouche la poitrine le dos

et les oreilles

Elle pose enfin un ~rain de sel dans la paume du beacutebeacute (le sel purifie

et deacutetruit les puissances mauvaises)

Apregraves un nouveau bain la megravere et lenfant revEcirctent des habits de fecircte

(est

lenfant Ce precircnore a toujours U~ SEns Il sy~bolise parfois C0 qUi

lOIl sounaitt agrave lEufant l)

La circoncision comme dans les autres ethnies est obligatoire Elle

permet au jeune adolescent dacceacuteder agrave la classe adulte Les jeunes

sont regroupes en classe dacircge dans le bois ougrave sc fait la r0tr~it0 des

circoncis et ceci pendant plusieurs mois

Le Selbeacute qui est geacuteneacuteralement un ancien craint de tous les eacutelegraveves

enseigne le respect de la hieacuterarchie la discreacutetion le goOt de linishy

tiative Les activiteacutes physiques et leacuteducation artistique ne sont pas

en reste la deacutecoration la sculpture la lutte et la danse A sa sortie

du bois linitieacute appartient deacutesormais agrave la classe des virils et des

sages du clan car on lui aura enseigneacute les vertus fondamentales que

sont la justice lhonneur lamour du prochain 1 amour du travail

lhonnecircteteacute et surtout le respect des coutumes ancestrales

Le rite du mariage esd aussi un fait tregraves important dans le monde 1

seacuteregravere mais par manq~e dinformation nous serons obligeacutes de nous en

tenir lagrave

333 Impact des ethos sur la lutte dans le monde seacuteregravere

Lorigine de la lutte seacuteregravere ne semble pas claire ma1S nous pouvons

dire quil existait deux formes de lutte comme chez les Wolofs une

lutte sans frappe et une lutte avec frappe Et cest cette derniegravere

qui peut-ecirctre nous ameacutenerait agrave croire que la lutte seacuteregravere aurait une

origine plus preacuteciseacutement guerriegravere

Aujourdhui la lutte est uniquement une activiteacute sportive agrave travers

laquelle le jeune seacuteregravere eacutevalue sa force son courage et SOn ingeacutenioshy

siteacute Cest une occasion de deacutefendre lhonneur de son village ou de

la corrnnunauteacute

La luttE ~5t avant tout u~e rnanifcs[dtic~ c~lturclie et surtout

fo lkhriqut-

Gracircce agrave elle on peut deacutesormais comprendre un certain nombre de chants

et de symboles A travers la lutte seacuteregravere on ccedilomprend les inter-relashy

tions entreacute la vie et le monde surntiturel

Sil devait y avoir la mort dun villageacuteois pendant la fecirctE au T qUE

de linterrompre on proceacutedait gracircce aux connaissances magico-religieuses

agrave la suspension de la mort jusquagrave une peacuteriode ougrave la population sera plus

disponible pour organiser des funeacuterailles sil y eacutetait preacutedit la possibishy

liteacute dune deacutefait du champion local au profit dun champion dun autre

village des recettes dordre maginque et religieux eacutetaient mises en prashy

tique afin que le champion du village ne soit jamais terrasseacute(J)

334 Le profil du lutteur seacuteregraver~

Le lutteur seacuteregravere est par essence un athlegravete impressionnant de par sa i

carrure et sa musculature saillante mais cest aussi une force tranquille

et calme quelque soit lenjeu du combagravet et particuliegraverement lhonneur

Cet aspect nous pousse agrave parler du NGiMBE cest-agrave-dire de la tenue du

lutteur qui va influencer sur sa faccedilon de lutter

La confection du Ngimbe revient agrave la communauteacute entiegravere Le Ngimbe a

une signification symbolique et le lutteur pour meacuteriter la confiance du

groupe se doit de tout faire pour ne pas toucher le sol Toute la commushy

nauteacute elle aussi sengage pour assurer la longeacuteviteacute et le succegraves du lutteur

dans laregravene par lorganisation droffrandes et de sacrifices en lhonneur

des Pangols bull

bull

Daucuns nheacutesitent pas agrave dire que lessentiel du mysticisme se fait agrave

la maison et non dans laregravene tout le reste nest quintimidation de

ladversaire

lsvcns

Tt- pi ~- t

t 1 ~ l _ ~ t

par rapport agrave lautre Cbci est trEgraves lieacute agrave lactiviteacute journaliegravere du

jeune seacuteregravere qui est un cultivateur donc toujours bien planteacute sur ses

jambes et qui continuellement manie lhiler

Le fait de couper le boi~ peut eacutegalement constituer un moyen de muscushy

lation non neacutegligeable pour le jeune lutteur

Un certain nombre de traits techniques speacutecifiques au lutteur seacuteregravere

semblent ressortir des diffeacuterentes interviews que nous aVOns fait subir

agrave certains lutteurs seacuteregraveres et agrave diffeacuterents techniciens

SOUS-GROUPES FORMES DU CORPS CONTROLES GARDES

SAFEN Moyenne en fente NONE Hancheacute Bras (distante) j

NDUTJ

f

SINE-SINE Deacutecalage Ngimbe

Moyenne

SALOUM-SALOUM Passage- Jambe (rapprocheacutee) 1

i

PETITE dessous Tecircte Basse et 1

COTE Moyenne (rapprocheacutee)

Notons que le Niominka ll commence agrave lutter agrave partir du sol pour avoir

assez deacutelan et sauter sur ladversaire afin davoir la prise du lion

(contr6le de la nuque et du bassin)

Co a -tem-nt ccedilt attitude du lutteur sEacuteregravere335 np -1t ~

Les croyances mystiques sont indissociables des activiteacutes quotidiennes

duseacuteregravere Ce qui explique le cocircteacute supersticieux du lutteur seacuteregravere En

~ffet certains lutteurs refusent de lutter avant certaines heures

Certains teacutemoignages nous apprennent quil nest pas donneacute agrave tout le

monde decirctre champion de lutte et que le lutteur doit avoir des dons

surnaturels pour ecirctre agrave mesure de livrer ses combats dans la nuit

et trouver seul un gris-gris speacutecial appeleacute Njatch

Le vrai champion de lutte chez les seacuteregraveres ne lutte pas seulement avec

~a force et sa technique mais surtout avec ses dons occultes

Chez les seacuteregraveres les morts sont toujours preacutesents et les ~pangols

Servent dintermeacutediaire entre les hommes et les morts Le pangol prend i

le nom dhumain dans certains villages (IIHeacuteJga NDONG Har Wag NGOUYE) i 1

De ce fait on verra le lutteur danser dufe maniegravere ou dune autre en

fonction du pangol de sa famille Ainsi nrus aurons le back (chant et

danse du lutteur) des DIOUF des FAYE etclbullbullbull

Dans laregravene le lutteur seacuteregravere a un comportement exemplaire aussi bien

agrave leacutegard de son adversaire direct quave~ le public en geacuteneacuteral Lexpli shy

cation semble tenir au fait que le lutteur seacuteregravere est avant tout selon

la tradition orale le repreacutesentant de toute la communauteacute seacuteregravere Par

conseacutequent il devra saffirmer non seulement en tant que lutteur dans

laregravene mais aussi en tant quentiteacute morale

336 La tenue du lutteur ou NGIMBE est confectionneacutee par le marabout de la

famille ou du clan Le Ngimbe est constitueacute de pagne en cCton tisseacute

Il doit ecirctre propre le lutteur qui le porte ne devra pas avoir de rapshy

port sexuel pendant toute la peacuteriode des cOTpeacutetitians car le Ngi~bE ne

doit pas ~tre souilleacute

Autrefois et mecircme aujourdthui dans certaines familles on devient

lutteur de pegravere en fils et dans ce cas le Ngimbe du pegravere est heacuteriteacute

par le fils Le fait de porter le Ngimbe de ses aieux peut susciter

chez le jeune lutteur une motivation et une volonteacute ineacutebranlable dtasshy

surer la supeacuterioriteacute d~s siens dans ltaregravene Il fera tout pour que le

Ngimbe de la ramille ne touche le sable

La tenue du lutteur a une signification et une importance sur le plan

mystique car selon les anciens le vra1 feacutetiche du lutteur celui qui

le proteacutegera et laidera agrave vaincre le nDjinne ou le tRapu de ladvershy

saire se trouve cacheacute dans ce Ngimbeu bull Celui qui confectionne donc le

Ngimbe U est doueacute de faculteacutes occultes

337 Larbitrase est assureacute par un sage du village qui geacuteneacuteralement fut

champion de lutte de son temps Dailleurs cet ancien nintervient que

si le terrassement est litigieux Hormis le public qui proclame la vicshy

toire ou le match nul le lutteur lui-mecircme est arbitre et il arrive

quil se deacuteclare vaincu

Nous avons pu cfter Meacutedoune KHOULE un desplus grands lutteurs seacuteneacutegashy

lais qui a donn~ une victoire agrave Djeacuteri SADIO son adversaire qui a reacuteussi

agrave lui faire touegraveher le sol de la main

IlL

34 1 Preacutesentation

Lethnie toucouleur vit En grandt partit ciE~~ la vallfc du S~~~gal

pt reprecircsente i peu pr~s 8 de la population totale secircn~galaise

o Histoire

Il semblerait que dans lancien royaume du Tekrour (IX~ siegravecle) des

eacuteleacutements neacutegroiumldes Sarakoleacute et des Peul aient formEacute par meacutetissage le

peuple Toucouleur (Toucouleur serait dailleurs une deacuteformation du

mot portugais Tacouror)

Ce empire a domineacute aussi bien les wolofs de lOuest que les Peul

nomades du Fouta Toro Cette reacutegion fut le premier pays islamiseacute par

les Almoravides ce qui peut expliquer le proseacutelytisme toucouleur

Ce sont les guerriers toucouleur islamiseacutes qui attaqu~rent avec les

Almoravides la capitale du Ghana Koumbi en 1067 On convertit par

la force les animistes Cest sans doute agrave cette eacutepoque que de nombreuses

ethnies reacutefractaires agrave lIslam ont dO accentuer leur migration vers

le sud (Seacuteregravere wolof Sarakoleacute Bambara Songhaiuml Akan et Peul se reacuteshy

fugiaient vers les hauteurs du Fouta Djalon)

Au XIXegrave siegravecle les Toucouleur allaient trouver en El Hadj Omar Tall

un grand conqueacuterent qui sous le preacutetexte religieux de la gJerre sainte

contre les tribus animistes (entre autres Bambara) eacutetendit lempire

toucouleur sur presque tout lensemble du gali et la partie de la Guineacutee

proche du l1ali

Lempire toucouleur composeacute de Sarakoleacute de Bambar~ de ~alinkeacute de

Xassonkeacute dE Peul et de Dogon eut le meurorit~ dunir CES diif~rentes ~ ~ - - - - - et~ics ~t dE CD~stituer l~Sl la b2S~ ~r 1

_ ~ ~ ~_ L ~

~ ~- ~- - - ---- _ 1 v _ t 1 ~-_ --

marabout tOL~culcuuml~ ~ middotlrrany a l ick SI venu des E1i rClS dE Pocior~ (

~ Vi~ euroconomicue et sociale -----------~-------------

Les Toucouleur sont des cultivateurs mais bien quils n~ soie~t pa~

pasteurs comrre les Peul leacutelevage a une place inportarteacute decirc1S ltur

eacutecono~ie Pour faciliter leur conquecircte guerriegraverE ils c~t Eucirc une preacuteshy

dilection pour leacutelevage des chevaux On y trouve aussi des pecirccheurs

appeleacutes Tchioubalo La socieacuteteacute toucouleur aurait une stratification

sociale tregraves rigide Les groupes ethniques et les castes eacutetaient

diffeacuterencieacutes et strictement exogamiques les Rimbe classe des nobles

comprenant la famille reacutegnante et les guerriers libres la classe des

Nieacutenieacutebegens de castes artisanales i les Rimaibeacute anciens esclaves

devenus serviteurs qui portent les noms de famille de leur maicirctres A

la base de lorganisation de la collectiviteacute toucouleur se situe le

village (Wouro)

Toutes ces castes sont cloisonneacutees entre elle~ Ainsi il nest pas

permis agrave un Torodo (noble) de se marier avec un Tchioubalo Ces

consideacuterations sont importantes dans le domaine de la lutte ougrave nous

apercevrons que les nobles ne sont pas faits pour lutter Le noble

preacutesidera les seacuteances de lutte et on luttera pour lui Ces condeacute rat ions

de noblesse et de rang social sont extrecircmement importantes dans le

monde toucouleur

Le noble ne doit pas se salir on lutte pour lui il ne vit la lutte

quen tant que spectateur

342 Education moeurs croyances et eratiques religieuses

Deux formes d~ducation sont agrave consideacuterer leacutedJcatio~ dES enfarts Et

celle des adultes

oG lenfant sait m2n~~r et apprfcier le goOt d~5 ~iifeurorents r~pas lt

le moment ougrave il CO~~e~CE agrave marcher

tivirt n~sormais le petit toucou]eur est eacuteduquf par toutmiddot 12 f2~i)]E

dabord puis par toutes lespersc~nes du village ou du C13~

Lenfant peut ~tre corrigeacute par tout adulte appartenant au groupe social

Son eacuteducation est deacutesormais laffaire de toute la communauteacute et non

exclusivement celle ces parents On linitie ainsi au travail quotidien

qui se fait dans la bergel~ e les champs et les bords du fleuve Au sein

du village il pourra apprendre agrave filer la laine et agrave tisser des pagnes

dans les champs il apprend agrave manier la houe et lhiler pour la culture

du riz et du mil Mais signalons que lactiviteacute essentielle du toucouleur

est leacutelevage des boeufs des moutons et des chegravevres Chez les Ichioushy

balos (p~cheurs ) lenfant sera initieacute tregraves tat au maniement des pagaies

agrave la p~che propremccedilnt dite et agrave la nage

Vers cinq-six ans lenfant est confieacute au maicirctre coranique le Ihierno

et ce dernier dispose exclusivement de toute sa vie Lavenir du jeune

enfant lui appartient

Comme dans les autres groupes ethniques les enfants sont regroupeacutes en

classe dacircge et cest dans cette structure que lenfant subit les rite

de passe et plus particuliegraverement celui de la circoncision

La circoncision est non seulement unE opeacuteration chirurgicale malS surshy

tout une peacuteriode au cours de laquelle le jeune garccedilon passe de leacutetat

dadolescent agrave leacutetat dadulte Les circoncis sont reacuteunis en classe

dacircge dans un endroit situeacute hors duvillage geacuteneacuteralement choisi par les

vieux Cet endroit n~st accessible que par des individus de SExe ffi8SCUshy

li~ ~ta~t au preacutealabl circoncis

- - - -

quable et complet sur le plan phy~ique et ~oral Ai~si liniti~

acquiert les qualitecircs indispensables que sont le courag~ la modest

lesprit de sacrifice lendurance

Le toucoule~r est un pleux musulma~ Cela sexp1

SOil le premier agrave tre en contact avec la religion musulmane de par sa

position frontaliegravere Lethnie toucouleur de par son histoire a preacutesenteacute

les plus grands chefs militaires et religieux musulmans seacuteneacutegalais Et

pour illustrer cela on peut citer en exemple la grande famille musulmane

des SY agrave TIVAOUANE repreacutesentant la confreacuterie des TIDJANES

Bien que lon note une majoriteacute musulmane on peut dire que certaines

croyances et pratiques mystiques et animistes persistent encore surtout

dans la reacutegion du fleuve

Une pratique courante se fait elle sappelle le Djatt Elle consiste

agrave faire sortir le caiman du fleuve agrave limmobiliser et agrave lattacher

sans quil ne reacuteagisse et tout ceci agrave laide de versets et dincantashy

tions magiques Dapregraves les teacutemoignages ces pratiques sont plutocirct

freacutequentes chez les Tchioubalos (pecirccheurs) Il arrive aussi que cershy

tains chasseurs ayant des dons se livrent agrave certaines pratiques an1shy

mis tes qui consistent agrave invoquer certaines puissances et agrave moduler sous

forme de chant des versets occultes pour se proteacuteger des mauvais esprits

et pour eacuteloigner les fauves Ce chant est geacuteneacuteralement incompreacutehensible

et deacutenueacute de sens pour le profane

343 Activiteacutes ludiques et pratiques sportives en milieu toucouleur

Durant toute son histoire lethnie ~oucouleur a toujours EacutetEacute Frese~teacute~

comme celle qui avait ue activit essentiellement guerr e e~ particushy

liegraverement farouche Trois eacuteleacutements ret r t l ecirc t te nt i c- euro so~t

le manie~~nt du ~acircton 12 luttE Et 1eacute danSE

l

Lecircducation ph~sique et artistique Dcc~pe un place precircpondecircra~rp

dans la fDrmat~on du jEune toucouleur A loccasion agraveeacutevegravenemen~ imporshy

tants reacutecoltJs mariages baptecircme nous assistons agrave des manifestashy

tions folkloriques de grande envergure le Wango oucirc dailse toucouleur

tregraves gymnique iles chants et surtout les sEacuteances de lutte

La lutte toucouleur est la forme de lutte la plus spectaclaire dans

tout le territoire seacuteneacutegalais Elle est essentiellement baseacutee sur des

techniques en hancheacute et surtout en souplesse Ceci sexplique par le

fait q~e le jeune toucouleur est tregraves tocirct initieacute agrave la gymnastique (saut 1

per saut de main salto arriegravere saut de tecircte couronneacute etc bullbullbull ) pour

la dans~ du wa~go En dansant le wango qui est une danse rythmeacutee et

gymnique le Jeune toucou1eur est capable de prouesses extraordinaires

1

En lutte lattaquant se deacuteplace tregraves peu pour avoir une bonne saisie

(geacuteneacutera~ement controcircle du Ngimben ) et enchaine brusqueme~t avec une

attaque surpris~ Cependant les ripostes sont souvent surprenantes et

spectaculaires (baseacutees sur la souplesse et la rapiditeacute) ontrairement

aux autr~s form~s de luttes ougrave lon voyait tous les jeune adheacuterer la

lutte to~cou1eur Verra un groupe de speacutecialistes sadonne agrave la lutte 1

(la lutte est lieacutee agrave la position sociale de lindividu problegraveme de

caste)

Q La morphologie du lutteur toucou1eur 1

1 1

Ce dernier nest pas aussi large et aussi fort que les lutteurs diola

et seacuteregravere Cependant il est tregraves reacutesistant La musculatJre est saillante 1

et tregraves souple lindividu est longiligne mais tregraves athleacutetique

Les mouvements de lutteurs sont semblables agrave ceux dun grand fe1in Cette 1

morphologie semble ecirctre lieacutee agrave la position geacuteographique de lethnie

(reacutegion du fleuve) et agrave lacitiviteacute socio-eacuteconomique du toucouleur qui

est agrave la fois cultivateur (activiteacute lieacutee agrave la crue et deacutecrUE du fleuve)

pecirccheuro~T CIcr~icubaon) et sttout jEumlrgcr qui est U~ rc~2eumlr

shy

Deux formes egrave~ corps sembl~nt ecirctre preacutefeacutereacutees du lutteur toucouleur

le hancheacute et la souplesse Les hancheacutes sont faits agrave partir de plusieurs

positions de doset se terminent geacuteneacuteralement par des techniques de

tregraves grande amplitude

TABLEAU RECAPITULATIF DES TECHNIQUES ET FORMES DE CORPS SPECIFIQUES

i

L441 r

GARDE FORMES DU CORPS CONTROLES --shy - -

Moyenne Souplesse Ngimbe

Hancheacute bras

Demi-souplesse

1

Profil psycholosigue 1

TECHNIQUES

ContrOle du bassin et 12 souplesse

arriegravere

Klicket et allegravegement de la hanche

Le lutteur toucouleur est celui lUi se livre le moins aux preacuteparaqons

maraboutiques Cela est dO au f~t que le toucouleur est un grand ~USUlshyman et que les pratiques animisges ont presque disparu dans ce mil~eu

Dans la pratique le lutteur esJ combaif mais il est calme et tr~s reacutefleacutechi quant agrave la deacutecision agrave prendre en plein corps agrave corps ct~st un des seuls techniciens qui reJte tregraves lucide au cours de ses comb~ts

l Dans toutes les circonstances e lutteur toucouleur est tenu de re~pecshyter son adversaire et ceux de s4n eacutequipemecircme sil est vaincu

Comme nous avons dO nous en rendre compte la rigueur des principes

eacuteducationnels a une influence tregraves sensible sur l~ comportement du

toucouleur

i

III S COCL ~s 1DO

Dans cette partie nous avons essay~ de montrer lftroite re1atic~

Entre les diverses activiteacutes socio-eacuteconomiques dans les ethnies et

lES diffEacuterentes faccedilons de lutter

Daucuns seraient tent~s de conclure trop rapidement et cest p0~r

cette raison que nOUS avons penseacute preacuteciser que le pheacutenotype nest

pas geacuteneacuterateur du geacutenotype Et nous sommes convaincus que la morphoshy

logie et les techniques des lutteurs relegravevent de leurs modes de vie

et de leurs croyances agrave une eacutepoque et danE un contexte bien deacutetermishy

neacutes

Est-ce que les lutteurs dio1a ou seacuteregravere travaillant avec leurs bras

dans les champs auraient les mecircmes pr 0 fil s physiques que les lutteurs

utilisant des machines pour lagriculture

- 69 shy

I UJOURDH~1 E-S ut O[l LES FORfilS Ut LU11t~

~otons que notre enqu~te a ecirctE essentiellement faiteen milieu urbain

Les seacuteances de lutte ont tendance agrave perdre leur particulariteacute de r~shy

jouissance pour devenir des pheacutenomegravenes de sportisatio Deux fores

de luttes so~t principale~cnt prat s dans les aregrave~es du 5 al

la lutte traditiunnelle simple et la lutte traditionnelle avec frappe

De nos jours la lutte traditionnelle tend vers une reacuteglementation

et une institutionalisation

Le reacutesultat de nos investigations nous donne le tableau ci-dessous

REPARTITION ETHNIQUE SUR 100 PRATIQUANTS

LUTTE LUTTE RAPPORTETHNIES SANS FRAPPE AVEC FRAPPE J2

Diola 40 16 71 j

Seacuteregravere 26 21 57

Toucouleur 23 10 69

Wolof 1 1 53 17

La demande sociale par ordre deacutecroissant pour la lutte sans frappe

se preacutesente comrre suit

]0_ Ethnie diola avec pregraves de 3 lutteur~ sur 4

2deg_ Ethnie toucouleur

Ethri dun

~ 1 LA LUTTE TR])IIIO~~ELLE AVEC H-PPE

Cette forme deacute lutte a une histoire qui date de lantiquiteacute elle

sa~pelait le Pugilat Au Seacuteneacutegal elle a vu le jour dans le Cayor

bien avant la colonisation Le coup dE pied l~Lrdn~lement la morshy

sure la frappe et le doigtf eacutetaient permis dans le cc=bat ~ ~middot~p0~~e

Dans certains cas la giffle eacutetait beaucoup plus dangereuse que le

poing quand elle eacutetait donneacutee par un speacutecialiste Cette giffle pouvait

agrave elle seule deacutechirer et mecircme parfois amputer la joue de ladverser

Selon les informations la lutte avec frappede nos jours serait une

forme de lutte tregraves eupheacutemiseacutee de celle dantan ougrave une blessure

pouvait souvent ecirctre mortelle

Aujourdhui au niveau du folklore la lutte na plus la mecircme

le spectaculaire a remplaceacute le significatif iLa lutte avec frappe se 1

pratique surtout dans les centres urbains C~aque fois quun grand combat 1

est progra~eacute par le Comiteacute National Proviso~re (CNP) des centaines damashy

teurs sont mobiliseacutes vers le stade lba Mar D~OP qui est aujourdhui le i

lieu approprieacute ougrave se deacuteroulent les grands conkbats de lutte Cest la formE

de lutte qui semble drainer une foule de personnes beaucoup plus importante

que celle de la lutte simple

La lutte avec frappe deacuteriverait dune forme de lutte traditionnelle

pratiqueacutee jadis dans le Cayor au temps des Damels et la frappe serait

le substitut dun certain nombre de pratiques doigteacute jet de produits

etc bullbullbull dont le but eacutetait laveuglement de ladversaire La lutte avec

frappe serait une continuation logique dune carriegravere sportive de la

lutte traditionnelle qui sen sert comme moyen socio-eacuteconomique En

effet la majoriteacute des lutteurs avec frappe ont dabord eacuteteacute initieacutes agrave la

lutte simple Cependant il faut signaler que de nOS jours il arrive

que le jeune lutteur avec frappE- soit directenent formEacute conne speacutecialistE

agrave la frappe sa~s pour autant faire son chemin dabcrd egravea~s la lutte

- ~ shy

Le recircsultat dE ~os interviews ncus rec~trE qGune pcpulatiD~ divcrsishy

fiampe sint~resse agrave ce sport et qUE les intecircr~[s des uns et d~SlautrE~

semble~t divergents naucuns affirment que la lutte traditionnelle

avec frappe serait monteacutee par des personnes dont la vocation est dexshy

ploiter ce pheacuteLomegravene agrave des fins commerciales Dautres disent gJellegrave

jouit de mcyens irport~nts t[l[~isio

tation etc bullbullbull ) pour toucher toutes les couches sociales CEpe~~a~t

nous remarquons que mecircme si certaines personnes reprochent agrave cette

forme de lutte decirctre brutale ces mecircmes personnes nheacutesitent pas agrave

se rendre le dimanche agrave laregravene Bien que critiqueacutee elle semble ecirctre

adopteacutee par une tregraves grande partie de la population seacuteneacutegalaise Cepenshy

dant en tant que techniciens il nous est permis de faire une remarque

Il sagit de

- Limpression nette decirctre devant des professionnels de la frappe

qui sont ~ntratneacutes pour cela Dailleurs les propos que nous avons

recueilli~ nous prouvent que la plupart des champions de lutte avec 1

frappe s~ntratnent dans certains sports de combat tels ~ue la boxe i 1

le karateacute le judo Dans cette nouvelle forme de pratique de la lutte

contrairefuent agrave la lutte traditionnelle le technicien e~t souvent

perdant face au puncheur Ce dernier adopte une lutte agrave distance qui

lui permet de placer agrave bon escient ses coups animeacute du deacutesir de vaincre

Le technicien lui se voit contreacute dans toutes ses entreprises par

un uppercut ou un crochet

On peut dire cependant que nul sport au Seacuteneacutegal que la lutte tradishy

tionnelle avec frappe ne deacutechaicircne autant de passions et autant de

pheacutenomegravenes poussant agrave lexcegraves et deacutereacuteglements quon ne peut que deacuteplorer

Mais comment deacutecrier un spectacle de lutte qui bien quayant perdu la

presque totaliteacute des valeurs traditionnelles veacutehiculeacutees autrefois par

elle sait susciter une participation effective de tous ceux qui sont

preacutesents

CONCLUSION

Dans ce meacutemoire nous sommes efforceacutes ~e faire ressort ir limportance des

ethos et des habitus et leurs effets sur la pratique de la lutte tradishy

tionnelle au Seacuteneacutegal

L~b egravethos repr~sentent dune maniegravere g~neurorale tous les eacuteleacutements speacutec

fiques sux Seacuteneacutegalais par conampeacuteguent un systegraveme de valeurs traditionnellEs

Mais m~me si ces valeurs rev~tent une signification universelle (honneur

digniteacute courage etc bullbullbull ) il nen demeure pas moins que ce nest pas leur

nature qui fait leur speacutecificiteacute mais la hieacuterarchisation et limportance i

quon accorde agrave toutes ces valeurs de ~ar leacuteducation ou la culture

i 1

Aussi les valeurs traditionnelles puient leur speacutecificiteacute dans les

caracteacuteristiques propres aux eacuteleacutements ~e la socio-cu1ture (la technologie

et leacuteconomie la politique et la pareteacute la psychologie et lideacuteologie)

dans la socieacuteteacute seacuteneacutegalaise agrave n momen donneacute de son eacutevolution Cest i

dire la neacuteceesiteacute de ne point faire della valeur une reacutealiteacute statique

Cest dite aussi quagrave tout mome~t le ~eacuteneacutegalais peut eacutevoluer et creacuteer

ou vivre par conseacutequent de nouv~lles fprmes de valeur qui lui sont 1

propres ft (J)

La lutte traditionnelle veacutehiculant deS valeurs socio-cu1ture1les speacutecishy

fiquement seacuteneacutegalaises (croyances valeurs morales norme de comportement

opinion attitude bullbullbull ) devient un eacuteleacutement important qui tregraves certaiaement

nous aidera dans notre effort de valoriser et de peacuterenniser notre patri shy

moine culturel par le biais dactiviteacutes physiques et sportives

Leacutetude des habitus nous permet de prouver quil y a plusieurs faccedilons

de se mouvoir comme danser lutter bullbullbull qui varient avec les diffeacuterentes

ethnies (wolof toucouleur seacuteregravere diolagt leurs convenances et leurs

eacuteducations

(1) Revue Ethiopiques 31 Les valeurs traditionnelles et le problegraveme de leur inteacutegration dans les systegravemes modernes jtducatio-1 2 6r--70

nautre part cette eacutetude permet aussi de nous rendrE compte de la

correacutelatipn eacutetroite existant entre la pratique de la lutte traditionnelle

et le sta~ut socio-eacuteconomique du pratiquant

Nos inves~igations nous indiquent que la lutte recrute essentiellement

au niveau des classes socio-eacuteconomiques situeacutees en bas de leacutechelle

donc posseacutedant le statut social le moins favoriseacute La lutte avec frappe

-et un certain secteur commercialiseacute de la lutte simple- y trouve sa

leacutegitimiteacute Comme le dit BOURDIEU nA habitus diffeacuterents styles de Vle

divergents et il oppse les pratiques aristocpatiques correspondants agrave

des activiteacutes qui favorisent les situations eupheacutemiseacutees ougrave la stylisashy

tion est importante aux pratiques populaires qui font appel agrave des

qualiteacutes qpposeacutees bllutes rugueuses Certaines interviews nous

montrent que plus lindividu occupe une place eacuteleveacutee dans leacutechelle

sQciale e~ 1

moin$ il sinteacuteresse agrave la lutte

Les reacutesultats recueillis dans nos diverses investig~tions confirment 1 1

1er propos qui disent que nous assistons aujourdhu~ agrave une involution

de la lutte traditionnelle parce que perdant toutes ses speacutecificiteacutes au 1

pryfit d~ne autre forme de lutte que lon continue agrave appeler nostalshy

giqlementIIlutte traditionnelle

Ceci pourrait peut-~tre trouver une explication dan la citation suivante

La liberteacute de creacuteer dinnover de vivre Pleineinenf decirctre soi et de

preacuteserver son authenticiteacute la digniteacute et lhonneu1demeurent des illushy

sions dans la misegravere eacuteconomique~ Nos ancecirctres creacuteai~nt des valeurs de cishyl

vilisation parce quils eacutetaient libres parce qu1i~s ignoraient toute

deacutependance eacuteconomique ils cultivaient en eux et cbez leurs enfants le 1

Jorn et la Kersa et preacutefeacuteraient la mort agrave la hoJte lI (1)

Or le Seacuteneacutegal comme la plupart des pays africainsi est un pays sousshy

deacuteveloppeacute t cependant face agrave cette volonteacute du gou~ernement seacuteneacutegalais

de faire inteacutegrer dans leacuteducation des valeurs traditionnelles nous

pouvons espeacuterer utiliser comme moyen deacuteducation la lutteacute traditionnelle

qui reste quand mecircme vecteur jethos et dhabit~s

- 54 shy

Mecircme si lon a noteacute un appauvrissement notoire sur les plans socioshy

culturel et moral la lutte traditionnelle recegravele une gamme importante

et varieacutee de techniques permettant incontestablement une ouverture vers

les luttes olympiques libre et g~eacuteco-romaine

La lecture de ce meacutemoire permettra agrave lentratneur et au professeur de

lutte en fonction du lieu ougrave ils seront affecteacutes dans le territoire

seacuteneacutegalaisdavoir une information sur les techniques contrOles et

formes de corps propres agrave chaque groupe ethnique et de les mettre en

relation avec leurs croyances et leurs mentaliteacutes

Nous avons essayeacute de montrer que la pratique de la lutte traditionnelle

doit tre axeacutee sur une ethnomotriciteacute au Seacuteneacutegal qui permette une inishy

tiation facile Cette pratique de la lutte traditionnelle seacuteneacutegalaise

devra dailleurs essayer de ~eacutepondre aux aspirations du Seacuteneacutegalaisl

moderne en souvrant aux ap~orts positifs des autres civilisations

ex~eacuterieures nous voulons Jvidemment parler du judo et des luttes oiymshyJ

piques 1

1 j Nous navons pas la preacutetentfon dans le cadre de ce meacutemoire demattrise

de reacutepondre agrave toutes les qutstions se rattachant agrave leacutetude de ~a lutte

traditionnelle souslangle~socio-culturel car non seulement il nous

manque lexpeacuterience et la c peacutetence en la mati~re mais aussil l le temps

et les moyens dont nous dis osions ne nous permettaient pas d~puiser le 1sujet i

1 1 1 t 1

l

- )5 shy

BIBLIOGRAPHIE

BIBLIOGRAPHIE

1- CLAPAREDE Psychologie de leacuteducation et peacutedagogie expeacuterimentale

Edition Delachaux et Niestleacute 244 pages

2- POCIELLC Christian Sport et Socieacuteteacute approche socio-culturelle

des pratiques Paris Vigot 1981 377 pages

3- PIERON Henri Vocabulaire de la psychologie

PUF Deuxiegraveme eacutedition 1957 469 pages

4- Revue socialiste de culture neacutegro-africaine ETHIOPIQUES

Les valeurs traditionnelles et le problegraveme de leur inteacutegration

dans les systegravemes modernes deacuteducation

GIA 21 Juillet 1982 213 pages

5- N2 Revue du Centre dEtudedes Civilisations DEM ak TEY

NIS IVegrave Trimestre 1982 96 pages

6- Document lNSEP Colloque sur la lutte aeacuteregravere

DAKAR MAI-JUIN 1980

t 1

~- Travaux du IVegrave Congregraves National ~es Sports agrave DAKAR les 2223041981

Bulletin n2 91 du CIO du 15 Aont 1965

l____________________________

8- Meacutemoire de Mattrise BADJI Abdou La lutte traditionnelle Joola

Etude et perspective

9- Meacutemoire Inspectorat JS DJITTE Mandy Les pratiques corporelles

traditionnelles au Seacuteneacutegal pour leur exploitation et leur

utilisation en peacutedagogie Marly le Roi 1980

REPUBLIQUE DU SENEGAL

--------------- INSTITUT NATIONAL SUPERIEUR

MINISTERE DE LA JEUNESSE DE LrsquoEDUCATION POPULAIRE

ET DES SPORTS ET DU SPORT

-------------

(INSEPS)

MEMOIRE DE MAIcircTRISE

Es-SCIENCES ET TECHNIQUES

DE LrsquoACTIVITE PHYSIQUE ET DU SPORT

LA LUTTE TRADITIONNELLE

son importance sa signification en fonction des ethos et des habitus ethniques au Seacuteneacutegal

Preacutesenteacute par

Monsieur Joseph Victor FAYE

Sous la direction de

M Jean Marc ROCHEZ

Professeur agrave lrsquoINSEPS

Anneacutee de soutenance 1984

i _

aan~ ~ s0cieacutet gt~olcf ocirclt~tartt nul -Jt- poulait sabecircisstr

tion de sa libertEacute La liberteacute est le preuumler drcmiddotir dE l ho-)euro egrave~S

baigner dans une beacuteate admiration du passeacute la comparaison avec le pr~$(middott

si~posc dclle-mecircme car lon reste s reacute devant la deacutesinvolture aVEC

laquelle dES honmes daujourdhui descendants de cette ~~~EacuteTatic ccedil~l se

une fois [largis bullbull tTasque fiers davoir fait leacute priS0n PEut-2tTE

faut-il mettre cela sur le compte de lurbanisation et des nouvelles

valeurs qui ont pour nom enrichissement reacuteussite sociale avec ce que

cela comporte de deacuteshumanisant et de deacutepreacuteciateur (1)

3 bull 2 bull 3 1 bull Lesri tes

Le sevrage et la circoncision constituent les deux grandes phases initiashy

tiques chez le wolof

- Le rituel du sevrage est appeleacute maga1 (litteacuteralement rendre grand)

Cest un eacutevegravenement important aussi bien pour les parents de lenfant que

pour la co~unauteacute Durant cet eacutevegravenement qui survient geacuteneacuteralement deux

ans apregraves la naissance du beacutebeacute les personnes vivant dans lentouragE

apportent leur soutien moral et mateacuteriel

- le rituel de la circoncision revecirct pratiquement la mecircme signification

que dans les autres ethnies seule la forme diffegravere La circoncision reste

encore une eacutepreuve de la vie au sort i r de laque Ile ladolescent devient un

homme Aujourdhui il faut noter une meacutetamorphose de la structure sociale

et des croyances religieuses tregraves accentueacutee aussi bien chez les wolof que

chez les autres groupes ethniques et ceci est peut-ecirctre dO au contact

permanent quils ont avec la socieacuteteacute occidentale

Malgreacute ces constat~tions il semblerait pcu=tant qUE la sociecirct~ lecircbou Gci

bien que se trouvaLt en grande partie dans ~a Presquth du Cap-ETt Et

en contact permane~t avec les blancs soit la portior la plu8 cc~serva-

----------~_- ---~-- -----

~

Incidences d s ~00urs sur la l~ttE

Le wolof connaicirct deux formes de luttes la lutte sirplE- sans t-t

la lutte avec frappe La lutte avec frappe a une crigi~e purement r

et ce nest que plus tard quelle devint une prati1uE sportive et lud

preacuteparer agrave la guerre Aussi tout en luttant On eacutetait autoris~ agrave frapper~

griffer mordre voire introduire son doigt dans loeil de son adversaire

Le jeune wolof devait eacutegalement se livrer agrave la lutte avec frappe afin de

favoriser son insertion dans la socieacuteteacute adulte et sinitier au meacutetier de

soldat faute de quoi il ne pouvait se faire entendre ne avoir des marques

de respect Pour montrer la populariteacute de la lutte dans le Cayor signalons

que les Damels ll (rois) et les Teignes (nobles) nheacutesitaient pas agrave sy

livrer Quant au IIMbeu~ (lutteur) elle lui servait de moyen de promotion

sociale car d8S que sa reacuteputation eacutetait eacutetablie il pouvait ecirctre choisi

par les rois et les nobles comme garde de corps

325 Signification de la lutte en milieu wolof

La lutte se pratique dabord pour lhonneur qui est une vertu tregraves signishy

ficative pour le wolof Elle permet de renforcer les liens amicaux entre

les jeunes de villages diffeacuterents Le champion veut gagner

confiance et la consideacuteration de son village de ses amis

Etre champion cest aussi susciter ladmiration chez les

sentant la force la viriliteacute et la deacutetermination

326 Organisation d~s eacutepreuves de lutte

3261 Les Mbapatts Ce sont les seacuteances nocturnes

pour meacuteriter la

et des anciens

filles en repreacuteshy

Ils sont organiseacutes apregraves les reacutecoltes agrave la fin de la saiscn des pluies

Ceci surtout p~ndant les peacuteriodes de clair de lune car ils peuven~ durEr

toute la nuit Le but des ~Dapatts lt=tait de prfpa-er FhysicuemeH et

~ arb Sil

326 Le 1

cest une organisation beaucoup plus importante que les I~apatts ~

loccasion de laquelle on peut voir plusieurs lutteurs de grande reDommfe

saffronteLLa fin dl lamb est toujours couronneacutee par une grand co~bat

duquel le vainqueur est sacreacute champion de la contrecirce

Le choix du lieu est lieacute agrave limportance de ce lieu dans le village cest

la place publique ougrave geacuteneacuteralement se passent toutes les manifestations

assembleacutee geacuteneacuterale sabar (danse) cest aussi lendroit ougrave sont prises

les grandes deacutecisions

3623 Lappariement

Dans un village ou un quartier les lutteurs se regroupent en lang

(eacutequipe) et jamais deux lutteurs de mecircme lang ne se rencontrent lors

du lamb

L appariement s~ fait librement entre lutteurs de lang diffeacuterents l1hs

une regravegle veut ~uavant de lutter avec le Mbeur Kanur de tel lang si

on est soukh (l~tteur pas encore confirmeacute) il est neacutecessaire de lutter

dabord avec ses soukh et ce nest quapregraves les avoir terrasseacutes tous

quon se voit octroyer la chance de lutter contre lui

Notons que la cateacutegorisation des lutteurs par poids nest jamais prise

en consideacuteration

3624 La tenue du lutteur ou NGIMBE

Le middotNGimbe est confectionneacute par le marabout de la famille ou du clan Il

est constituecirc de pagnes en coton tisseacute geacuteneacuteralement offerts par la megravere ou

la grand-megravere du lutteur ceci lors des organisations de ~rande Tportance

COrlune lef 1amb Dans le cadre des l-bapatt les pagnes sont C tErts peumlr

~~~rcfcis ct ffi~mc aujourdhui d218 cErtaInes fa~ille5 on devj~Gr

luttEur de pegravere en fils et dans ce cas h 1

gimbell du pEgravere Est recircr i tEacute

par le fils Le fait de porter le lI~gimbe agravee ses aiumleux peut susciter

cne~ le jeune lutteur une motivation et une volontecirc in~branlable rlasshy

surer 12 supeacuterioritEacute cis SIcirct-ns dallS

le xgimbe de la famille ne touche pas le sable

La tenue du lutteur a une signification et une importance sur le plan

mystique car selon les anciens le vrai feacutetiche du lutteur celui qui

le proteacutegera agrave vaincre le Djinneacute ou le Rap de ladversaire se trouve

cacheacute dans ce Ngimbe Celui qui confectionne-le Ngimbe est doueacute de

faculteacutes occultes

~~r~i~rg Il est assureacute par un sage du village qui geacuteneacuteralement fut

championde lutte de son temps Dailleurs cet ancien nintervient que

si le terrassement est litigieux

Hormis le public qui proclame la victoire ou le match nul le lutteur

lui-mecircme est arbitre et il arrive quil se deacuteclare vaincu ~ous

pouvons citer comme exemple Meacutedoune KHOULE un des plus grands lutteurs

seacuteneacutegalais qui a donneacute une victoire agrave Djeacuteri SADIO son adversaire qui a

reacuteussi agrave lui faire toucher le sol de la main

Il Y a terrassement quand le lutteur se retrouve

- assis sur le sol

- eacutetaleacute sur le dos

eacutetaleacute sur le cocircteacute

les deux genoux au sol

- les deux ma~ns au sol

la tecircte (front au sol agrave la suite dune brouette)

Il peut y aVOIr match nul si apregraves li1 temps ccmsideacuterable les lutteurs

SE sont ~ ivrEacutes respectivement agrave des assauts rEacutepEacutetEacutes et n arrivEt pas a

3265 L~ precircparation mystique

Il faut reconnattre quon ne peut parler de lutte en milieu wolof sans

envisager une preacuteparation mystique seacuterieuse Co~~e ~ous lEvans vu a~teacute-

1middot ~ d ~ ~rlturenent t0utes es actlvmiddotltesmiddot u W010 sont lles a SeS croyances

- la lutte ne concerne pas seule~ent deux acteurs se livrant faruumlucheshy

ment agrave un combat au milieu de laregravene mais eacutegalement les marabouts et les

feacutetichistes du village ou du clan qui doivent deacutefendre leur savoir et

leur prestige Avant le combat le lutteur doit se livrer agrave un certain

nombre de preacuteparations mystiques pour assurer sa victoire Aussi sommesshy

nous appeleacutes agrave parler de BACK (cest le chant et la danse du lutteur)

- le batteur de tam-tam compose un rythme en fonction du Galagne ou du

Senghor (gds-gris) du lutteur Chaque galagne sera choisi en fonction

du Rap ou du Djinneacute correspondant au Totem du lutteur

Le chant geacuterleacuterique Feinte woy veut dire litteacuteralement composer un 1

chant Ce chant est geacuteneacuteralement composeacute par les filles du viilage du

champion ou par un griot de sa communauteacute Et agrave travers ce chrnt on

arrive agrave toucher la corde sensible du lutteur en chantant lesl innombrables 1

victoires de ses ancecirctres ou en lui rappelant ses prouesses eacuteblatantes 1

Chaque lutteur doit avoir un chant et un back qui lui sont propres

327 Le reacutepertoire technique et les caracteacuteristiques physiques dulutteur wolof

Le lutteur wolof est geacuteneacuteralement moyen de taille la musculagraveture est

tregraves saillante ce qui fait ressortir un aspect tregraves athleacutetique ceci

est vrai sans exception pour le lutteur leacutebou mais il arrive que le Cacircyoshy

rien le baol-baol le walo-walo soient de grands gabarits de forte constishy

tution

CepEndant pour une meilleure compreacutehension du sujet nous pouvons eacutetudiEr

deux jroups d lut teurs qui vont deacuteterminer deux st yI e s de lut tes

- ~ t

les tc~tativ~s de~[reacutee e~ ramassement de jambes de la~v~sairL Ce~~

peut Ecirctre expliqueacute par le fait que les lutteurs leacutebou ou walo-walc qui

sont des pecirccheursadoptent cette garde tasseacutee du fait quils so~t tou-

jours pencheacutes en tirant le fil ou en poussant la plrogue On verra techrugravequeacutes dt cirr 2C ~lt 5Jllicitocirct

surLuumlut les membres supeacuterieurs

Le cayorien et le baol-baol par contre sont les plus grands cultivateurs

darachide chez eux les techniques de lutte sont plus varieacutees et la

garde est moins renfermeacutee Les lutteurs cayorien et baol-baol ont une

morphologie et une reacutepartition musculaire bien eacutequilibreacutee ils excellent

dans les techniques en deacutecalage les techniques de jambe et surtout les

techniques de riposte ougrave lon peut voir des prises de hancheacute tregraves amples

Dune maniegravere geacuteneacuterale on peut dire que le lutteur wolof est un fin

technicien qui sait surtout creacuteer les opportuniteacutes e~ avec sa rapiditeacute

utiliser la force de ladversaire pour le deacuteseacutequilibrer le noodju

le mbas le weacuteheacuteleacute et le rasu sont des techniques propres au lutteur

wolof

En deacutefense il utilise surtout des kl~klets ou gal-gal Notons que

le balancement des bras ou Lewato e$t tregraves marqueacute dans la lutte wolof

TABLEAU RECAPITULATIF DES COMPOSANTES TECHNIQUES

( 1 )

1 SOUS-GROUPES GARDES CONTROLES FORHES DE CORPS l

Walo-walo Basse de jambe Arracheacute l l10yenne de Ngimbe et i

Leacutebou Tasseacutee et saisies annexesj Deacutecalage 1 1 distante de bras de tecirct1

j de bras Deacutecalaeuro

~-----------------~-

- ~ ~- shy - ~ ~ bull L _ _ bull

Profil psyc~~iqUE du lutteu- et son comporterent dars l 2regravere

La preacuteparation mystique dans laregravene est plus marqueacutee chez les wolofs

que ChE~ les autres ethnies En effet on verra de grands champions

preliGrE plusiEurs heures pour Enduire leur corps de cll2badep ou ci

rmiddot- ~ a la proprieacuteteacute de proteacuteger li1egraveividu J

les mauvais sorts) Cest dailleurs un aspect dt la luttE qui iJcsc

des problegraveJles

Le lutteur wolof est tregraves superstitieux et la peacuteriode de preacuteparation

est capitale pour lui car elle permet non seulement de rendre

hommage aux ancecirctres mais aussi dintimider son adversaire Cest

geacuteneacuteralement un lutteur agressif combatif et teacutemeacuteraire Il se fait

souvent remarquer par son esprit dentreprise Mais cette fougue dans

le combat lamegravene parfois bien que ce soit regrettable agrave oublier les

usages et les normes Ce manque de maicirctrise de soi peut faire croire

que le lutteur wolof manque de fair-play ce qui nest pas toujours le

cas

~A~Ugrave~ t 4AA CbUrs k LA ucirctotve f~tPle Sesect prores mou W ~ lesquelles vont se couler les comporteme~ts individuels qui sont ainsi

monteacutes par et pour lautoriteacute sociale

Les faccedilons de boire de marcher ou de sasseoir se manifestent indivishy

duellement dans le corps de chaque personne ces habitus sont cependant

des montages sociaux lieacutes agrave des significationssymboliques variables

dailleurs selon la position sociale occupeacutee par chaque sujet Ces modes

dagir se rangent dans un systegraveme de montages symboliques et lindivishy

du les apprend de la socieacuteteacute dont il fait partie agrave la place quil occupe

Lhabitus est un montage social agrave la valeur symbolique deacutependant des pheacuteshy

nomegravenes deacuteducation et de prestige et lieacute agrave la position sociale du sujet

Cette penseacutee sonne de faccedilon eacutetonamment moderne

Pierre BOURDIEU qui dans une perspective a approfondi le contenue de la

notion en le reportant aux oppositions entre classes et fractions sociales

Il deacutefinit lhabitus comme un systegraveme de dispositions durables acquis au

cours dune histoire personnelle dans une milieu social donneacute systegraveme qui

engendre ensuite des pra~iques socialement deacutetermineacutees faccedilons de manger

de parler ou de marcher comportements de politesse contenu des preacutefeacuterencel

et des deacutegoOts bullbullbull lhabitus est le produit de conditions eacuteconomiques et

sociales Lauteur rattache directement la formation de lhabitus dun

individu agrave la trajectoire parcourue par celui-ci dans sa classe dapparteshy

nance il deacutefend lideacutee dun habitus de classe qui deacutefinit le sens confeacuteshy

reacute agrave la pratique sportive les profits qui en sont attendus

Ce dernier serait lui-m~me lieacute agrave un systegraveme de valeurs ou ETHOS de classe

prenant sens au sein doppositions distinctives entre classes sociales

De sorte lhabitus fonctionne comme un systegraveme dt- regravegles inteacuterioriseacutees

souvent informuleacutees permettant ou non agrave lagent de sadapter dembleacutee aux

multiples pratiques de la vie quotidienne et de la vie sportive il est agrave

lorigine des schegravemes de transcription qui favorisent les ajustements aux

situations corporelles nouvelles (1)

t ~

(1) P~IE11D dwi6Han ISpoy-l et sodeacutebi Approche Bocio-culturelle des pratiques P~tis Vigot 1981 page 81

33

331 Preacutesentation

Les Seacuteregravere auraient pour origine le Fouta Toro quils auraient quitteacute

vers le Xllegrave siegravecle pour fuir lislamisation de cette reacutegioD par lempire

dJ Xali (ils seraient donc apparEnt~s aux Peul et Toucouleur ) Ils

auraient trouveacute dans la rEacutegion du Sine les Sosseacute dorigine manding avec

lesquels ils salliegraverent

Au XVegrave siegravecle une autre immigrationSos~ conqueacuterante cette fois-ci

apporta son organisation eacutetatique Ils se divisegraverent en deux monarchies

deacutemocratiques lune seacutetablit au Sine et lautre au Saloum Les Sosseacute

conqueacuterants constituaient lautocratie appeleacutee Guelowar

La royauteacute seacuteregravere eacutetait laiumlque Les premiers souverains durent secouer

la tutelle des Toucouleur et progressivement arrivegraverent agrave unifier lethshy

nie des seacuteregravere etdea Sosseacute Les deux royauteacutes eacutetaient organiseacutees selon

acirces modegraveles tregraves deacutemocratiques Le souverain deacutependait dune assembleacutee

de ministres et de chefs locaux qui assuraient ladministration centrale

et reacutegionale())

Aujourdhui lethnie seacuteregravere repreacutesente 20 de la population seacuteneacutegalaise

Ils sont reacutepartis sur presque toute leacutetendue du territoire notamment

dans le Baol la reacutegion du Sine-Saloum et la reacutegion de Thiegraves

Signalons quil existe plusieurs sous-groupes dans lethnie ainsi on

trouvera

- dans la reacutegion de Thiegraves les Ndut les Safegravene et les None

- dans le Sine-Saloum les Sine-sine et les Saloum-salouIT

On trouvera vers foundioune et agrave Nioro du cocircteacute de la Gambie les

Niominka (pecirccheurs) Cest une portion tregraves mandinguiseacutee

( 1

Le rattache~2~t d~ to~s ccs sous-groupes pose problecircme ~25 0~ r0~V~

uc grande partie de traits COITul1uns dans leurs modes dE vie Ct pOUT phs

de faciliteacute nous allons essayer de faire une ~tude globale de la lutte

traditionnelle seacuterecircre Lactiviteacute socio-eacuteconomique qui est essentielleme~t

agro-pasorale caracteacuterisE leacutethnie seacuteregravere

332 Lecircducation les moeurs les croyances et pratiques sEr~rc

Chez les Seacuteregravere la vie humaine se deacuteroule selon les grandes eacutetapes

le baptecircme lenfance ladolescencemarqueacutee par la circoncision lsectge

adulte le mariage la vieillesse et la mort (funeacuterailles)

La vie de la communauteacute seacuteregravere reste une des plus originales sinon

celle qui de nos jours garde la presque totaliteacute des pratiques et

habitudes traditionnelles

Bien qu aujotltdhui con~r-tis aux religions chreacutetienne et musulmane les

Seacuteregravere conservent leurs croyances et pratiques animistes

Quelque soit leur degreacute dadheacutesion aux religions reacuteveacuteleacutees les Seacuteregravere

croient en un Dieu puissant et miseacutericordieux Rog Segravene et les hommes

Les ~angols sont repreacutesenteacutes mateacuteriellement dans tous les villages

seacuteregraveres par des arbres (baobab et tamariniers) des animaux (geacuteneacuteraleshy

ment serpent doreacute ou iguane) des ustensiles (pilon calebasse et mortier)

De nombreux teacutemoignages nous apprennent que certains totems (serpent

iguane) font leur apparicion agrave loccasion de certaines manifestations

rituelles comme les sacrifices ceacuteleacutebreacutes lors dun mariage de ceacutereacutemonies

mortuaires ou des circoncisions

Le Seacuteregravere comme il nous a eacuteteacute donneacute loccasion de le dire plus haut

preacutesente des speacutecificiteacutes authentiques aussi bien en tout ce qui touch~

son eacuteducation ses croyanCES et pratiques mystiques q~e ses activiteacute~

socio-ecirccc~omiquEs Apr~s a ~aissa~c~ le beurob~ ~~ pcs~ 5~~ lE S~ __

On lui mouille les l~vres avec un peu d~ lait de mil et apr~s U~ bain

purificateur on versera leau dans un trou cr~us~ derri~r~ la Camp~~

Pendant huit jours la megravere et lenfant sont cacheacutes dans la case car

selon les anciens ils sont tregraves vulneacuterables La case deacutens certains cas

est entoureacutee dun fil blanc et lon place sur le seuil des fais(cauy di

veacutegeacutetaux pour chasser les mauvais esprits (geacutenies malfaisants et illangeUY~

dacircmes) Au bout du huitiegraveme jour la megravere et lenfant peuvent sortir de

la case bull

bullbullbull Le matin du huitiegraveme jour la tante paternelle va chercher de leau

(plusieurs fois)t elle doit rester muette pendant ses alleacutees et venues

si elle parlait t lenfant pourrait ecirctre muet bullbullbull

La megravere et lenfant prennent un bain purificateur dans lequel sont

trempeacutees certaines plantes (ce sont des veacutegeacutetaux pr~tecteurs tels le

begravene le yag le ngud) On y lavera aussi le linge e1t les ustensiles utishyj

liseacutes pendant les huit jours qui viennet de seacutecoul~r On rase le crine

de lenfant Les cheveux sont donneacutes agrave la megravere qui ~s enterrera avec le

reste du cordon ombilical dans un endroit que11e esit seule agrave connattre

La megravere sassied sur une natte devant la maison Une femme igeacutee de la

famille prend le beacutebeacute dans ses bras et le preacutesente aux quatre coins de

lhorizon

La tante paternelle tient ensuite un van sur la tecircte de la megravere on y

verse le mil on y verse eacutegalement en abondance sur la megravere et sur

lenfant La tante oint ensuite le corps du beacutebeacute avec du lait e11e

touche en particulier le front t le nez la bouche la poitrine le dos

et les oreilles

Elle pose enfin un ~rain de sel dans la paume du beacutebeacute (le sel purifie

et deacutetruit les puissances mauvaises)

Apregraves un nouveau bain la megravere et lenfant revEcirctent des habits de fecircte

(est

lenfant Ce precircnore a toujours U~ SEns Il sy~bolise parfois C0 qUi

lOIl sounaitt agrave lEufant l)

La circoncision comme dans les autres ethnies est obligatoire Elle

permet au jeune adolescent dacceacuteder agrave la classe adulte Les jeunes

sont regroupes en classe dacircge dans le bois ougrave sc fait la r0tr~it0 des

circoncis et ceci pendant plusieurs mois

Le Selbeacute qui est geacuteneacuteralement un ancien craint de tous les eacutelegraveves

enseigne le respect de la hieacuterarchie la discreacutetion le goOt de linishy

tiative Les activiteacutes physiques et leacuteducation artistique ne sont pas

en reste la deacutecoration la sculpture la lutte et la danse A sa sortie

du bois linitieacute appartient deacutesormais agrave la classe des virils et des

sages du clan car on lui aura enseigneacute les vertus fondamentales que

sont la justice lhonneur lamour du prochain 1 amour du travail

lhonnecircteteacute et surtout le respect des coutumes ancestrales

Le rite du mariage esd aussi un fait tregraves important dans le monde 1

seacuteregravere mais par manq~e dinformation nous serons obligeacutes de nous en

tenir lagrave

333 Impact des ethos sur la lutte dans le monde seacuteregravere

Lorigine de la lutte seacuteregravere ne semble pas claire ma1S nous pouvons

dire quil existait deux formes de lutte comme chez les Wolofs une

lutte sans frappe et une lutte avec frappe Et cest cette derniegravere

qui peut-ecirctre nous ameacutenerait agrave croire que la lutte seacuteregravere aurait une

origine plus preacuteciseacutement guerriegravere

Aujourdhui la lutte est uniquement une activiteacute sportive agrave travers

laquelle le jeune seacuteregravere eacutevalue sa force son courage et SOn ingeacutenioshy

siteacute Cest une occasion de deacutefendre lhonneur de son village ou de

la corrnnunauteacute

La luttE ~5t avant tout u~e rnanifcs[dtic~ c~lturclie et surtout

fo lkhriqut-

Gracircce agrave elle on peut deacutesormais comprendre un certain nombre de chants

et de symboles A travers la lutte seacuteregravere on ccedilomprend les inter-relashy

tions entreacute la vie et le monde surntiturel

Sil devait y avoir la mort dun villageacuteois pendant la fecirctE au T qUE

de linterrompre on proceacutedait gracircce aux connaissances magico-religieuses

agrave la suspension de la mort jusquagrave une peacuteriode ougrave la population sera plus

disponible pour organiser des funeacuterailles sil y eacutetait preacutedit la possibishy

liteacute dune deacutefait du champion local au profit dun champion dun autre

village des recettes dordre maginque et religieux eacutetaient mises en prashy

tique afin que le champion du village ne soit jamais terrasseacute(J)

334 Le profil du lutteur seacuteregraver~

Le lutteur seacuteregravere est par essence un athlegravete impressionnant de par sa i

carrure et sa musculature saillante mais cest aussi une force tranquille

et calme quelque soit lenjeu du combagravet et particuliegraverement lhonneur

Cet aspect nous pousse agrave parler du NGiMBE cest-agrave-dire de la tenue du

lutteur qui va influencer sur sa faccedilon de lutter

La confection du Ngimbe revient agrave la communauteacute entiegravere Le Ngimbe a

une signification symbolique et le lutteur pour meacuteriter la confiance du

groupe se doit de tout faire pour ne pas toucher le sol Toute la commushy

nauteacute elle aussi sengage pour assurer la longeacuteviteacute et le succegraves du lutteur

dans laregravene par lorganisation droffrandes et de sacrifices en lhonneur

des Pangols bull

bull

Daucuns nheacutesitent pas agrave dire que lessentiel du mysticisme se fait agrave

la maison et non dans laregravene tout le reste nest quintimidation de

ladversaire

lsvcns

Tt- pi ~- t

t 1 ~ l _ ~ t

par rapport agrave lautre Cbci est trEgraves lieacute agrave lactiviteacute journaliegravere du

jeune seacuteregravere qui est un cultivateur donc toujours bien planteacute sur ses

jambes et qui continuellement manie lhiler

Le fait de couper le boi~ peut eacutegalement constituer un moyen de muscushy

lation non neacutegligeable pour le jeune lutteur

Un certain nombre de traits techniques speacutecifiques au lutteur seacuteregravere

semblent ressortir des diffeacuterentes interviews que nous aVOns fait subir

agrave certains lutteurs seacuteregraveres et agrave diffeacuterents techniciens

SOUS-GROUPES FORMES DU CORPS CONTROLES GARDES

SAFEN Moyenne en fente NONE Hancheacute Bras (distante) j

NDUTJ

f

SINE-SINE Deacutecalage Ngimbe

Moyenne

SALOUM-SALOUM Passage- Jambe (rapprocheacutee) 1

i

PETITE dessous Tecircte Basse et 1

COTE Moyenne (rapprocheacutee)

Notons que le Niominka ll commence agrave lutter agrave partir du sol pour avoir

assez deacutelan et sauter sur ladversaire afin davoir la prise du lion

(contr6le de la nuque et du bassin)

Co a -tem-nt ccedilt attitude du lutteur sEacuteregravere335 np -1t ~

Les croyances mystiques sont indissociables des activiteacutes quotidiennes

duseacuteregravere Ce qui explique le cocircteacute supersticieux du lutteur seacuteregravere En

~ffet certains lutteurs refusent de lutter avant certaines heures

Certains teacutemoignages nous apprennent quil nest pas donneacute agrave tout le

monde decirctre champion de lutte et que le lutteur doit avoir des dons

surnaturels pour ecirctre agrave mesure de livrer ses combats dans la nuit

et trouver seul un gris-gris speacutecial appeleacute Njatch

Le vrai champion de lutte chez les seacuteregraveres ne lutte pas seulement avec

~a force et sa technique mais surtout avec ses dons occultes

Chez les seacuteregraveres les morts sont toujours preacutesents et les ~pangols

Servent dintermeacutediaire entre les hommes et les morts Le pangol prend i

le nom dhumain dans certains villages (IIHeacuteJga NDONG Har Wag NGOUYE) i 1

De ce fait on verra le lutteur danser dufe maniegravere ou dune autre en

fonction du pangol de sa famille Ainsi nrus aurons le back (chant et

danse du lutteur) des DIOUF des FAYE etclbullbullbull

Dans laregravene le lutteur seacuteregravere a un comportement exemplaire aussi bien

agrave leacutegard de son adversaire direct quave~ le public en geacuteneacuteral Lexpli shy

cation semble tenir au fait que le lutteur seacuteregravere est avant tout selon

la tradition orale le repreacutesentant de toute la communauteacute seacuteregravere Par

conseacutequent il devra saffirmer non seulement en tant que lutteur dans

laregravene mais aussi en tant quentiteacute morale

336 La tenue du lutteur ou NGIMBE est confectionneacutee par le marabout de la

famille ou du clan Le Ngimbe est constitueacute de pagne en cCton tisseacute

Il doit ecirctre propre le lutteur qui le porte ne devra pas avoir de rapshy

port sexuel pendant toute la peacuteriode des cOTpeacutetitians car le Ngi~bE ne

doit pas ~tre souilleacute

Autrefois et mecircme aujourdthui dans certaines familles on devient

lutteur de pegravere en fils et dans ce cas le Ngimbe du pegravere est heacuteriteacute

par le fils Le fait de porter le Ngimbe de ses aieux peut susciter

chez le jeune lutteur une motivation et une volonteacute ineacutebranlable dtasshy

surer la supeacuterioriteacute d~s siens dans ltaregravene Il fera tout pour que le

Ngimbe de la ramille ne touche le sable

La tenue du lutteur a une signification et une importance sur le plan

mystique car selon les anciens le vra1 feacutetiche du lutteur celui qui

le proteacutegera et laidera agrave vaincre le nDjinne ou le tRapu de ladvershy

saire se trouve cacheacute dans ce Ngimbeu bull Celui qui confectionne donc le

Ngimbe U est doueacute de faculteacutes occultes

337 Larbitrase est assureacute par un sage du village qui geacuteneacuteralement fut

champion de lutte de son temps Dailleurs cet ancien nintervient que

si le terrassement est litigieux Hormis le public qui proclame la vicshy

toire ou le match nul le lutteur lui-mecircme est arbitre et il arrive

quil se deacuteclare vaincu

Nous avons pu cfter Meacutedoune KHOULE un desplus grands lutteurs seacuteneacutegashy

lais qui a donn~ une victoire agrave Djeacuteri SADIO son adversaire qui a reacuteussi

agrave lui faire touegraveher le sol de la main

IlL

34 1 Preacutesentation

Lethnie toucouleur vit En grandt partit ciE~~ la vallfc du S~~~gal

pt reprecircsente i peu pr~s 8 de la population totale secircn~galaise

o Histoire

Il semblerait que dans lancien royaume du Tekrour (IX~ siegravecle) des

eacuteleacutements neacutegroiumldes Sarakoleacute et des Peul aient formEacute par meacutetissage le

peuple Toucouleur (Toucouleur serait dailleurs une deacuteformation du

mot portugais Tacouror)

Ce empire a domineacute aussi bien les wolofs de lOuest que les Peul

nomades du Fouta Toro Cette reacutegion fut le premier pays islamiseacute par

les Almoravides ce qui peut expliquer le proseacutelytisme toucouleur

Ce sont les guerriers toucouleur islamiseacutes qui attaqu~rent avec les

Almoravides la capitale du Ghana Koumbi en 1067 On convertit par

la force les animistes Cest sans doute agrave cette eacutepoque que de nombreuses

ethnies reacutefractaires agrave lIslam ont dO accentuer leur migration vers

le sud (Seacuteregravere wolof Sarakoleacute Bambara Songhaiuml Akan et Peul se reacuteshy

fugiaient vers les hauteurs du Fouta Djalon)

Au XIXegrave siegravecle les Toucouleur allaient trouver en El Hadj Omar Tall

un grand conqueacuterent qui sous le preacutetexte religieux de la gJerre sainte

contre les tribus animistes (entre autres Bambara) eacutetendit lempire

toucouleur sur presque tout lensemble du gali et la partie de la Guineacutee

proche du l1ali

Lempire toucouleur composeacute de Sarakoleacute de Bambar~ de ~alinkeacute de

Xassonkeacute dE Peul et de Dogon eut le meurorit~ dunir CES diif~rentes ~ ~ - - - - - et~ics ~t dE CD~stituer l~Sl la b2S~ ~r 1

_ ~ ~ ~_ L ~

~ ~- ~- - - ---- _ 1 v _ t 1 ~-_ --

marabout tOL~culcuuml~ ~ middotlrrany a l ick SI venu des E1i rClS dE Pocior~ (

~ Vi~ euroconomicue et sociale -----------~-------------

Les Toucouleur sont des cultivateurs mais bien quils n~ soie~t pa~

pasteurs comrre les Peul leacutelevage a une place inportarteacute decirc1S ltur

eacutecono~ie Pour faciliter leur conquecircte guerriegraverE ils c~t Eucirc une preacuteshy

dilection pour leacutelevage des chevaux On y trouve aussi des pecirccheurs

appeleacutes Tchioubalo La socieacuteteacute toucouleur aurait une stratification

sociale tregraves rigide Les groupes ethniques et les castes eacutetaient

diffeacuterencieacutes et strictement exogamiques les Rimbe classe des nobles

comprenant la famille reacutegnante et les guerriers libres la classe des

Nieacutenieacutebegens de castes artisanales i les Rimaibeacute anciens esclaves

devenus serviteurs qui portent les noms de famille de leur maicirctres A

la base de lorganisation de la collectiviteacute toucouleur se situe le

village (Wouro)

Toutes ces castes sont cloisonneacutees entre elle~ Ainsi il nest pas

permis agrave un Torodo (noble) de se marier avec un Tchioubalo Ces

consideacuterations sont importantes dans le domaine de la lutte ougrave nous

apercevrons que les nobles ne sont pas faits pour lutter Le noble

preacutesidera les seacuteances de lutte et on luttera pour lui Ces condeacute rat ions

de noblesse et de rang social sont extrecircmement importantes dans le

monde toucouleur

Le noble ne doit pas se salir on lutte pour lui il ne vit la lutte

quen tant que spectateur

342 Education moeurs croyances et eratiques religieuses

Deux formes d~ducation sont agrave consideacuterer leacutedJcatio~ dES enfarts Et

celle des adultes

oG lenfant sait m2n~~r et apprfcier le goOt d~5 ~iifeurorents r~pas lt

le moment ougrave il CO~~e~CE agrave marcher

tivirt n~sormais le petit toucou]eur est eacuteduquf par toutmiddot 12 f2~i)]E

dabord puis par toutes lespersc~nes du village ou du C13~

Lenfant peut ~tre corrigeacute par tout adulte appartenant au groupe social

Son eacuteducation est deacutesormais laffaire de toute la communauteacute et non

exclusivement celle ces parents On linitie ainsi au travail quotidien

qui se fait dans la bergel~ e les champs et les bords du fleuve Au sein

du village il pourra apprendre agrave filer la laine et agrave tisser des pagnes

dans les champs il apprend agrave manier la houe et lhiler pour la culture

du riz et du mil Mais signalons que lactiviteacute essentielle du toucouleur

est leacutelevage des boeufs des moutons et des chegravevres Chez les Ichioushy

balos (p~cheurs ) lenfant sera initieacute tregraves tat au maniement des pagaies

agrave la p~che propremccedilnt dite et agrave la nage

Vers cinq-six ans lenfant est confieacute au maicirctre coranique le Ihierno

et ce dernier dispose exclusivement de toute sa vie Lavenir du jeune

enfant lui appartient

Comme dans les autres groupes ethniques les enfants sont regroupeacutes en

classe dacircge et cest dans cette structure que lenfant subit les rite

de passe et plus particuliegraverement celui de la circoncision

La circoncision est non seulement unE opeacuteration chirurgicale malS surshy

tout une peacuteriode au cours de laquelle le jeune garccedilon passe de leacutetat

dadolescent agrave leacutetat dadulte Les circoncis sont reacuteunis en classe

dacircge dans un endroit situeacute hors duvillage geacuteneacuteralement choisi par les

vieux Cet endroit n~st accessible que par des individus de SExe ffi8SCUshy

li~ ~ta~t au preacutealabl circoncis

- - - -

quable et complet sur le plan phy~ique et ~oral Ai~si liniti~

acquiert les qualitecircs indispensables que sont le courag~ la modest

lesprit de sacrifice lendurance

Le toucoule~r est un pleux musulma~ Cela sexp1

SOil le premier agrave tre en contact avec la religion musulmane de par sa

position frontaliegravere Lethnie toucouleur de par son histoire a preacutesenteacute

les plus grands chefs militaires et religieux musulmans seacuteneacutegalais Et

pour illustrer cela on peut citer en exemple la grande famille musulmane

des SY agrave TIVAOUANE repreacutesentant la confreacuterie des TIDJANES

Bien que lon note une majoriteacute musulmane on peut dire que certaines

croyances et pratiques mystiques et animistes persistent encore surtout

dans la reacutegion du fleuve

Une pratique courante se fait elle sappelle le Djatt Elle consiste

agrave faire sortir le caiman du fleuve agrave limmobiliser et agrave lattacher

sans quil ne reacuteagisse et tout ceci agrave laide de versets et dincantashy

tions magiques Dapregraves les teacutemoignages ces pratiques sont plutocirct

freacutequentes chez les Tchioubalos (pecirccheurs) Il arrive aussi que cershy

tains chasseurs ayant des dons se livrent agrave certaines pratiques an1shy

mis tes qui consistent agrave invoquer certaines puissances et agrave moduler sous

forme de chant des versets occultes pour se proteacuteger des mauvais esprits

et pour eacuteloigner les fauves Ce chant est geacuteneacuteralement incompreacutehensible

et deacutenueacute de sens pour le profane

343 Activiteacutes ludiques et pratiques sportives en milieu toucouleur

Durant toute son histoire lethnie ~oucouleur a toujours EacutetEacute Frese~teacute~

comme celle qui avait ue activit essentiellement guerr e e~ particushy

liegraverement farouche Trois eacuteleacutements ret r t l ecirc t te nt i c- euro so~t

le manie~~nt du ~acircton 12 luttE Et 1eacute danSE

l

Lecircducation ph~sique et artistique Dcc~pe un place precircpondecircra~rp

dans la fDrmat~on du jEune toucouleur A loccasion agraveeacutevegravenemen~ imporshy

tants reacutecoltJs mariages baptecircme nous assistons agrave des manifestashy

tions folkloriques de grande envergure le Wango oucirc dailse toucouleur

tregraves gymnique iles chants et surtout les sEacuteances de lutte

La lutte toucouleur est la forme de lutte la plus spectaclaire dans

tout le territoire seacuteneacutegalais Elle est essentiellement baseacutee sur des

techniques en hancheacute et surtout en souplesse Ceci sexplique par le

fait q~e le jeune toucouleur est tregraves tocirct initieacute agrave la gymnastique (saut 1

per saut de main salto arriegravere saut de tecircte couronneacute etc bullbullbull ) pour

la dans~ du wa~go En dansant le wango qui est une danse rythmeacutee et

gymnique le Jeune toucou1eur est capable de prouesses extraordinaires

1

En lutte lattaquant se deacuteplace tregraves peu pour avoir une bonne saisie

(geacuteneacutera~ement controcircle du Ngimben ) et enchaine brusqueme~t avec une

attaque surpris~ Cependant les ripostes sont souvent surprenantes et

spectaculaires (baseacutees sur la souplesse et la rapiditeacute) ontrairement

aux autr~s form~s de luttes ougrave lon voyait tous les jeune adheacuterer la

lutte to~cou1eur Verra un groupe de speacutecialistes sadonne agrave la lutte 1

(la lutte est lieacutee agrave la position sociale de lindividu problegraveme de

caste)

Q La morphologie du lutteur toucou1eur 1

1 1

Ce dernier nest pas aussi large et aussi fort que les lutteurs diola

et seacuteregravere Cependant il est tregraves reacutesistant La musculatJre est saillante 1

et tregraves souple lindividu est longiligne mais tregraves athleacutetique

Les mouvements de lutteurs sont semblables agrave ceux dun grand fe1in Cette 1

morphologie semble ecirctre lieacutee agrave la position geacuteographique de lethnie

(reacutegion du fleuve) et agrave lacitiviteacute socio-eacuteconomique du toucouleur qui

est agrave la fois cultivateur (activiteacute lieacutee agrave la crue et deacutecrUE du fleuve)

pecirccheuro~T CIcr~icubaon) et sttout jEumlrgcr qui est U~ rc~2eumlr

shy

Deux formes egrave~ corps sembl~nt ecirctre preacutefeacutereacutees du lutteur toucouleur

le hancheacute et la souplesse Les hancheacutes sont faits agrave partir de plusieurs

positions de doset se terminent geacuteneacuteralement par des techniques de

tregraves grande amplitude

TABLEAU RECAPITULATIF DES TECHNIQUES ET FORMES DE CORPS SPECIFIQUES

i

L441 r

GARDE FORMES DU CORPS CONTROLES --shy - -

Moyenne Souplesse Ngimbe

Hancheacute bras

Demi-souplesse

1

Profil psycholosigue 1

TECHNIQUES

ContrOle du bassin et 12 souplesse

arriegravere

Klicket et allegravegement de la hanche

Le lutteur toucouleur est celui lUi se livre le moins aux preacuteparaqons

maraboutiques Cela est dO au f~t que le toucouleur est un grand ~USUlshyman et que les pratiques animisges ont presque disparu dans ce mil~eu

Dans la pratique le lutteur esJ combaif mais il est calme et tr~s reacutefleacutechi quant agrave la deacutecision agrave prendre en plein corps agrave corps ct~st un des seuls techniciens qui reJte tregraves lucide au cours de ses comb~ts

l Dans toutes les circonstances e lutteur toucouleur est tenu de re~pecshyter son adversaire et ceux de s4n eacutequipemecircme sil est vaincu

Comme nous avons dO nous en rendre compte la rigueur des principes

eacuteducationnels a une influence tregraves sensible sur l~ comportement du

toucouleur

i

III S COCL ~s 1DO

Dans cette partie nous avons essay~ de montrer lftroite re1atic~

Entre les diverses activiteacutes socio-eacuteconomiques dans les ethnies et

lES diffEacuterentes faccedilons de lutter

Daucuns seraient tent~s de conclure trop rapidement et cest p0~r

cette raison que nOUS avons penseacute preacuteciser que le pheacutenotype nest

pas geacuteneacuterateur du geacutenotype Et nous sommes convaincus que la morphoshy

logie et les techniques des lutteurs relegravevent de leurs modes de vie

et de leurs croyances agrave une eacutepoque et danE un contexte bien deacutetermishy

neacutes

Est-ce que les lutteurs dio1a ou seacuteregravere travaillant avec leurs bras

dans les champs auraient les mecircmes pr 0 fil s physiques que les lutteurs

utilisant des machines pour lagriculture

- 69 shy

I UJOURDH~1 E-S ut O[l LES FORfilS Ut LU11t~

~otons que notre enqu~te a ecirctE essentiellement faiteen milieu urbain

Les seacuteances de lutte ont tendance agrave perdre leur particulariteacute de r~shy

jouissance pour devenir des pheacutenomegravenes de sportisatio Deux fores

de luttes so~t principale~cnt prat s dans les aregrave~es du 5 al

la lutte traditiunnelle simple et la lutte traditionnelle avec frappe

De nos jours la lutte traditionnelle tend vers une reacuteglementation

et une institutionalisation

Le reacutesultat de nos investigations nous donne le tableau ci-dessous

REPARTITION ETHNIQUE SUR 100 PRATIQUANTS

LUTTE LUTTE RAPPORTETHNIES SANS FRAPPE AVEC FRAPPE J2

Diola 40 16 71 j

Seacuteregravere 26 21 57

Toucouleur 23 10 69

Wolof 1 1 53 17

La demande sociale par ordre deacutecroissant pour la lutte sans frappe

se preacutesente comrre suit

]0_ Ethnie diola avec pregraves de 3 lutteur~ sur 4

2deg_ Ethnie toucouleur

Ethri dun

~ 1 LA LUTTE TR])IIIO~~ELLE AVEC H-PPE

Cette forme deacute lutte a une histoire qui date de lantiquiteacute elle

sa~pelait le Pugilat Au Seacuteneacutegal elle a vu le jour dans le Cayor

bien avant la colonisation Le coup dE pied l~Lrdn~lement la morshy

sure la frappe et le doigtf eacutetaient permis dans le cc=bat ~ ~middot~p0~~e

Dans certains cas la giffle eacutetait beaucoup plus dangereuse que le

poing quand elle eacutetait donneacutee par un speacutecialiste Cette giffle pouvait

agrave elle seule deacutechirer et mecircme parfois amputer la joue de ladverser

Selon les informations la lutte avec frappede nos jours serait une

forme de lutte tregraves eupheacutemiseacutee de celle dantan ougrave une blessure

pouvait souvent ecirctre mortelle

Aujourdhui au niveau du folklore la lutte na plus la mecircme

le spectaculaire a remplaceacute le significatif iLa lutte avec frappe se 1

pratique surtout dans les centres urbains C~aque fois quun grand combat 1

est progra~eacute par le Comiteacute National Proviso~re (CNP) des centaines damashy

teurs sont mobiliseacutes vers le stade lba Mar D~OP qui est aujourdhui le i

lieu approprieacute ougrave se deacuteroulent les grands conkbats de lutte Cest la formE

de lutte qui semble drainer une foule de personnes beaucoup plus importante

que celle de la lutte simple

La lutte avec frappe deacuteriverait dune forme de lutte traditionnelle

pratiqueacutee jadis dans le Cayor au temps des Damels et la frappe serait

le substitut dun certain nombre de pratiques doigteacute jet de produits

etc bullbullbull dont le but eacutetait laveuglement de ladversaire La lutte avec

frappe serait une continuation logique dune carriegravere sportive de la

lutte traditionnelle qui sen sert comme moyen socio-eacuteconomique En

effet la majoriteacute des lutteurs avec frappe ont dabord eacuteteacute initieacutes agrave la

lutte simple Cependant il faut signaler que de nOS jours il arrive

que le jeune lutteur avec frappE- soit directenent formEacute conne speacutecialistE

agrave la frappe sa~s pour autant faire son chemin dabcrd egravea~s la lutte

- ~ shy

Le recircsultat dE ~os interviews ncus rec~trE qGune pcpulatiD~ divcrsishy

fiampe sint~resse agrave ce sport et qUE les intecircr~[s des uns et d~SlautrE~

semble~t divergents naucuns affirment que la lutte traditionnelle

avec frappe serait monteacutee par des personnes dont la vocation est dexshy

ploiter ce pheacuteLomegravene agrave des fins commerciales Dautres disent gJellegrave

jouit de mcyens irport~nts t[l[~isio

tation etc bullbullbull ) pour toucher toutes les couches sociales CEpe~~a~t

nous remarquons que mecircme si certaines personnes reprochent agrave cette

forme de lutte decirctre brutale ces mecircmes personnes nheacutesitent pas agrave

se rendre le dimanche agrave laregravene Bien que critiqueacutee elle semble ecirctre

adopteacutee par une tregraves grande partie de la population seacuteneacutegalaise Cepenshy

dant en tant que techniciens il nous est permis de faire une remarque

Il sagit de

- Limpression nette decirctre devant des professionnels de la frappe

qui sont ~ntratneacutes pour cela Dailleurs les propos que nous avons

recueilli~ nous prouvent que la plupart des champions de lutte avec 1

frappe s~ntratnent dans certains sports de combat tels ~ue la boxe i 1

le karateacute le judo Dans cette nouvelle forme de pratique de la lutte

contrairefuent agrave la lutte traditionnelle le technicien e~t souvent

perdant face au puncheur Ce dernier adopte une lutte agrave distance qui

lui permet de placer agrave bon escient ses coups animeacute du deacutesir de vaincre

Le technicien lui se voit contreacute dans toutes ses entreprises par

un uppercut ou un crochet

On peut dire cependant que nul sport au Seacuteneacutegal que la lutte tradishy

tionnelle avec frappe ne deacutechaicircne autant de passions et autant de

pheacutenomegravenes poussant agrave lexcegraves et deacutereacuteglements quon ne peut que deacuteplorer

Mais comment deacutecrier un spectacle de lutte qui bien quayant perdu la

presque totaliteacute des valeurs traditionnelles veacutehiculeacutees autrefois par

elle sait susciter une participation effective de tous ceux qui sont

preacutesents

CONCLUSION

Dans ce meacutemoire nous sommes efforceacutes ~e faire ressort ir limportance des

ethos et des habitus et leurs effets sur la pratique de la lutte tradishy

tionnelle au Seacuteneacutegal

L~b egravethos repr~sentent dune maniegravere g~neurorale tous les eacuteleacutements speacutec

fiques sux Seacuteneacutegalais par conampeacuteguent un systegraveme de valeurs traditionnellEs

Mais m~me si ces valeurs rev~tent une signification universelle (honneur

digniteacute courage etc bullbullbull ) il nen demeure pas moins que ce nest pas leur

nature qui fait leur speacutecificiteacute mais la hieacuterarchisation et limportance i

quon accorde agrave toutes ces valeurs de ~ar leacuteducation ou la culture

i 1

Aussi les valeurs traditionnelles puient leur speacutecificiteacute dans les

caracteacuteristiques propres aux eacuteleacutements ~e la socio-cu1ture (la technologie

et leacuteconomie la politique et la pareteacute la psychologie et lideacuteologie)

dans la socieacuteteacute seacuteneacutegalaise agrave n momen donneacute de son eacutevolution Cest i

dire la neacuteceesiteacute de ne point faire della valeur une reacutealiteacute statique

Cest dite aussi quagrave tout mome~t le ~eacuteneacutegalais peut eacutevoluer et creacuteer

ou vivre par conseacutequent de nouv~lles fprmes de valeur qui lui sont 1

propres ft (J)

La lutte traditionnelle veacutehiculant deS valeurs socio-cu1ture1les speacutecishy

fiquement seacuteneacutegalaises (croyances valeurs morales norme de comportement

opinion attitude bullbullbull ) devient un eacuteleacutement important qui tregraves certaiaement

nous aidera dans notre effort de valoriser et de peacuterenniser notre patri shy

moine culturel par le biais dactiviteacutes physiques et sportives

Leacutetude des habitus nous permet de prouver quil y a plusieurs faccedilons

de se mouvoir comme danser lutter bullbullbull qui varient avec les diffeacuterentes

ethnies (wolof toucouleur seacuteregravere diolagt leurs convenances et leurs

eacuteducations

(1) Revue Ethiopiques 31 Les valeurs traditionnelles et le problegraveme de leur inteacutegration dans les systegravemes modernes jtducatio-1 2 6r--70

nautre part cette eacutetude permet aussi de nous rendrE compte de la

correacutelatipn eacutetroite existant entre la pratique de la lutte traditionnelle

et le sta~ut socio-eacuteconomique du pratiquant

Nos inves~igations nous indiquent que la lutte recrute essentiellement

au niveau des classes socio-eacuteconomiques situeacutees en bas de leacutechelle

donc posseacutedant le statut social le moins favoriseacute La lutte avec frappe

-et un certain secteur commercialiseacute de la lutte simple- y trouve sa

leacutegitimiteacute Comme le dit BOURDIEU nA habitus diffeacuterents styles de Vle

divergents et il oppse les pratiques aristocpatiques correspondants agrave

des activiteacutes qui favorisent les situations eupheacutemiseacutees ougrave la stylisashy

tion est importante aux pratiques populaires qui font appel agrave des

qualiteacutes qpposeacutees bllutes rugueuses Certaines interviews nous

montrent que plus lindividu occupe une place eacuteleveacutee dans leacutechelle

sQciale e~ 1

moin$ il sinteacuteresse agrave la lutte

Les reacutesultats recueillis dans nos diverses investig~tions confirment 1 1

1er propos qui disent que nous assistons aujourdhu~ agrave une involution

de la lutte traditionnelle parce que perdant toutes ses speacutecificiteacutes au 1

pryfit d~ne autre forme de lutte que lon continue agrave appeler nostalshy

giqlementIIlutte traditionnelle

Ceci pourrait peut-~tre trouver une explication dan la citation suivante

La liberteacute de creacuteer dinnover de vivre Pleineinenf decirctre soi et de

preacuteserver son authenticiteacute la digniteacute et lhonneu1demeurent des illushy

sions dans la misegravere eacuteconomique~ Nos ancecirctres creacuteai~nt des valeurs de cishyl

vilisation parce quils eacutetaient libres parce qu1i~s ignoraient toute

deacutependance eacuteconomique ils cultivaient en eux et cbez leurs enfants le 1

Jorn et la Kersa et preacutefeacuteraient la mort agrave la hoJte lI (1)

Or le Seacuteneacutegal comme la plupart des pays africainsi est un pays sousshy

deacuteveloppeacute t cependant face agrave cette volonteacute du gou~ernement seacuteneacutegalais

de faire inteacutegrer dans leacuteducation des valeurs traditionnelles nous

pouvons espeacuterer utiliser comme moyen deacuteducation la lutteacute traditionnelle

qui reste quand mecircme vecteur jethos et dhabit~s

- 54 shy

Mecircme si lon a noteacute un appauvrissement notoire sur les plans socioshy

culturel et moral la lutte traditionnelle recegravele une gamme importante

et varieacutee de techniques permettant incontestablement une ouverture vers

les luttes olympiques libre et g~eacuteco-romaine

La lecture de ce meacutemoire permettra agrave lentratneur et au professeur de

lutte en fonction du lieu ougrave ils seront affecteacutes dans le territoire

seacuteneacutegalaisdavoir une information sur les techniques contrOles et

formes de corps propres agrave chaque groupe ethnique et de les mettre en

relation avec leurs croyances et leurs mentaliteacutes

Nous avons essayeacute de montrer que la pratique de la lutte traditionnelle

doit tre axeacutee sur une ethnomotriciteacute au Seacuteneacutegal qui permette une inishy

tiation facile Cette pratique de la lutte traditionnelle seacuteneacutegalaise

devra dailleurs essayer de ~eacutepondre aux aspirations du Seacuteneacutegalaisl

moderne en souvrant aux ap~orts positifs des autres civilisations

ex~eacuterieures nous voulons Jvidemment parler du judo et des luttes oiymshyJ

piques 1

1 j Nous navons pas la preacutetentfon dans le cadre de ce meacutemoire demattrise

de reacutepondre agrave toutes les qutstions se rattachant agrave leacutetude de ~a lutte

traditionnelle souslangle~socio-culturel car non seulement il nous

manque lexpeacuterience et la c peacutetence en la mati~re mais aussil l le temps

et les moyens dont nous dis osions ne nous permettaient pas d~puiser le 1sujet i

1 1 1 t 1

l

- )5 shy

BIBLIOGRAPHIE

BIBLIOGRAPHIE

1- CLAPAREDE Psychologie de leacuteducation et peacutedagogie expeacuterimentale

Edition Delachaux et Niestleacute 244 pages

2- POCIELLC Christian Sport et Socieacuteteacute approche socio-culturelle

des pratiques Paris Vigot 1981 377 pages

3- PIERON Henri Vocabulaire de la psychologie

PUF Deuxiegraveme eacutedition 1957 469 pages

4- Revue socialiste de culture neacutegro-africaine ETHIOPIQUES

Les valeurs traditionnelles et le problegraveme de leur inteacutegration

dans les systegravemes modernes deacuteducation

GIA 21 Juillet 1982 213 pages

5- N2 Revue du Centre dEtudedes Civilisations DEM ak TEY

NIS IVegrave Trimestre 1982 96 pages

6- Document lNSEP Colloque sur la lutte aeacuteregravere

DAKAR MAI-JUIN 1980

t 1

~- Travaux du IVegrave Congregraves National ~es Sports agrave DAKAR les 2223041981

Bulletin n2 91 du CIO du 15 Aont 1965

l____________________________

8- Meacutemoire de Mattrise BADJI Abdou La lutte traditionnelle Joola

Etude et perspective

9- Meacutemoire Inspectorat JS DJITTE Mandy Les pratiques corporelles

traditionnelles au Seacuteneacutegal pour leur exploitation et leur

utilisation en peacutedagogie Marly le Roi 1980

REPUBLIQUE DU SENEGAL

--------------- INSTITUT NATIONAL SUPERIEUR

MINISTERE DE LA JEUNESSE DE LrsquoEDUCATION POPULAIRE

ET DES SPORTS ET DU SPORT

-------------

(INSEPS)

MEMOIRE DE MAIcircTRISE

Es-SCIENCES ET TECHNIQUES

DE LrsquoACTIVITE PHYSIQUE ET DU SPORT

LA LUTTE TRADITIONNELLE

son importance sa signification en fonction des ethos et des habitus ethniques au Seacuteneacutegal

Preacutesenteacute par

Monsieur Joseph Victor FAYE

Sous la direction de

M Jean Marc ROCHEZ

Professeur agrave lrsquoINSEPS

Anneacutee de soutenance 1984

Incidences d s ~00urs sur la l~ttE

Le wolof connaicirct deux formes de luttes la lutte sirplE- sans t-t

la lutte avec frappe La lutte avec frappe a une crigi~e purement r

et ce nest que plus tard quelle devint une prati1uE sportive et lud

preacuteparer agrave la guerre Aussi tout en luttant On eacutetait autoris~ agrave frapper~

griffer mordre voire introduire son doigt dans loeil de son adversaire

Le jeune wolof devait eacutegalement se livrer agrave la lutte avec frappe afin de

favoriser son insertion dans la socieacuteteacute adulte et sinitier au meacutetier de

soldat faute de quoi il ne pouvait se faire entendre ne avoir des marques

de respect Pour montrer la populariteacute de la lutte dans le Cayor signalons

que les Damels ll (rois) et les Teignes (nobles) nheacutesitaient pas agrave sy

livrer Quant au IIMbeu~ (lutteur) elle lui servait de moyen de promotion

sociale car d8S que sa reacuteputation eacutetait eacutetablie il pouvait ecirctre choisi

par les rois et les nobles comme garde de corps

325 Signification de la lutte en milieu wolof

La lutte se pratique dabord pour lhonneur qui est une vertu tregraves signishy

ficative pour le wolof Elle permet de renforcer les liens amicaux entre

les jeunes de villages diffeacuterents Le champion veut gagner

confiance et la consideacuteration de son village de ses amis

Etre champion cest aussi susciter ladmiration chez les

sentant la force la viriliteacute et la deacutetermination

326 Organisation d~s eacutepreuves de lutte

3261 Les Mbapatts Ce sont les seacuteances nocturnes

pour meacuteriter la

et des anciens

filles en repreacuteshy

Ils sont organiseacutes apregraves les reacutecoltes agrave la fin de la saiscn des pluies

Ceci surtout p~ndant les peacuteriodes de clair de lune car ils peuven~ durEr

toute la nuit Le but des ~Dapatts lt=tait de prfpa-er FhysicuemeH et

~ arb Sil

326 Le 1

cest une organisation beaucoup plus importante que les I~apatts ~

loccasion de laquelle on peut voir plusieurs lutteurs de grande reDommfe

saffronteLLa fin dl lamb est toujours couronneacutee par une grand co~bat

duquel le vainqueur est sacreacute champion de la contrecirce

Le choix du lieu est lieacute agrave limportance de ce lieu dans le village cest

la place publique ougrave geacuteneacuteralement se passent toutes les manifestations

assembleacutee geacuteneacuterale sabar (danse) cest aussi lendroit ougrave sont prises

les grandes deacutecisions

3623 Lappariement

Dans un village ou un quartier les lutteurs se regroupent en lang

(eacutequipe) et jamais deux lutteurs de mecircme lang ne se rencontrent lors

du lamb

L appariement s~ fait librement entre lutteurs de lang diffeacuterents l1hs

une regravegle veut ~uavant de lutter avec le Mbeur Kanur de tel lang si

on est soukh (l~tteur pas encore confirmeacute) il est neacutecessaire de lutter

dabord avec ses soukh et ce nest quapregraves les avoir terrasseacutes tous

quon se voit octroyer la chance de lutter contre lui

Notons que la cateacutegorisation des lutteurs par poids nest jamais prise

en consideacuteration

3624 La tenue du lutteur ou NGIMBE

Le middotNGimbe est confectionneacute par le marabout de la famille ou du clan Il

est constituecirc de pagnes en coton tisseacute geacuteneacuteralement offerts par la megravere ou

la grand-megravere du lutteur ceci lors des organisations de ~rande Tportance

COrlune lef 1amb Dans le cadre des l-bapatt les pagnes sont C tErts peumlr

~~~rcfcis ct ffi~mc aujourdhui d218 cErtaInes fa~ille5 on devj~Gr

luttEur de pegravere en fils et dans ce cas h 1

gimbell du pEgravere Est recircr i tEacute

par le fils Le fait de porter le lI~gimbe agravee ses aiumleux peut susciter

cne~ le jeune lutteur une motivation et une volontecirc in~branlable rlasshy

surer 12 supeacuterioritEacute cis SIcirct-ns dallS

le xgimbe de la famille ne touche pas le sable

La tenue du lutteur a une signification et une importance sur le plan

mystique car selon les anciens le vrai feacutetiche du lutteur celui qui

le proteacutegera agrave vaincre le Djinneacute ou le Rap de ladversaire se trouve

cacheacute dans ce Ngimbe Celui qui confectionne-le Ngimbe est doueacute de

faculteacutes occultes

~~r~i~rg Il est assureacute par un sage du village qui geacuteneacuteralement fut

championde lutte de son temps Dailleurs cet ancien nintervient que

si le terrassement est litigieux

Hormis le public qui proclame la victoire ou le match nul le lutteur

lui-mecircme est arbitre et il arrive quil se deacuteclare vaincu ~ous

pouvons citer comme exemple Meacutedoune KHOULE un des plus grands lutteurs

seacuteneacutegalais qui a donneacute une victoire agrave Djeacuteri SADIO son adversaire qui a

reacuteussi agrave lui faire toucher le sol de la main

Il Y a terrassement quand le lutteur se retrouve

- assis sur le sol

- eacutetaleacute sur le dos

eacutetaleacute sur le cocircteacute

les deux genoux au sol

- les deux ma~ns au sol

la tecircte (front au sol agrave la suite dune brouette)

Il peut y aVOIr match nul si apregraves li1 temps ccmsideacuterable les lutteurs

SE sont ~ ivrEacutes respectivement agrave des assauts rEacutepEacutetEacutes et n arrivEt pas a

3265 L~ precircparation mystique

Il faut reconnattre quon ne peut parler de lutte en milieu wolof sans

envisager une preacuteparation mystique seacuterieuse Co~~e ~ous lEvans vu a~teacute-

1middot ~ d ~ ~rlturenent t0utes es actlvmiddotltesmiddot u W010 sont lles a SeS croyances

- la lutte ne concerne pas seule~ent deux acteurs se livrant faruumlucheshy

ment agrave un combat au milieu de laregravene mais eacutegalement les marabouts et les

feacutetichistes du village ou du clan qui doivent deacutefendre leur savoir et

leur prestige Avant le combat le lutteur doit se livrer agrave un certain

nombre de preacuteparations mystiques pour assurer sa victoire Aussi sommesshy

nous appeleacutes agrave parler de BACK (cest le chant et la danse du lutteur)

- le batteur de tam-tam compose un rythme en fonction du Galagne ou du

Senghor (gds-gris) du lutteur Chaque galagne sera choisi en fonction

du Rap ou du Djinneacute correspondant au Totem du lutteur

Le chant geacuterleacuterique Feinte woy veut dire litteacuteralement composer un 1

chant Ce chant est geacuteneacuteralement composeacute par les filles du viilage du

champion ou par un griot de sa communauteacute Et agrave travers ce chrnt on

arrive agrave toucher la corde sensible du lutteur en chantant lesl innombrables 1

victoires de ses ancecirctres ou en lui rappelant ses prouesses eacuteblatantes 1

Chaque lutteur doit avoir un chant et un back qui lui sont propres

327 Le reacutepertoire technique et les caracteacuteristiques physiques dulutteur wolof

Le lutteur wolof est geacuteneacuteralement moyen de taille la musculagraveture est

tregraves saillante ce qui fait ressortir un aspect tregraves athleacutetique ceci

est vrai sans exception pour le lutteur leacutebou mais il arrive que le Cacircyoshy

rien le baol-baol le walo-walo soient de grands gabarits de forte constishy

tution

CepEndant pour une meilleure compreacutehension du sujet nous pouvons eacutetudiEr

deux jroups d lut teurs qui vont deacuteterminer deux st yI e s de lut tes

- ~ t

les tc~tativ~s de~[reacutee e~ ramassement de jambes de la~v~sairL Ce~~

peut Ecirctre expliqueacute par le fait que les lutteurs leacutebou ou walo-walc qui

sont des pecirccheursadoptent cette garde tasseacutee du fait quils so~t tou-

jours pencheacutes en tirant le fil ou en poussant la plrogue On verra techrugravequeacutes dt cirr 2C ~lt 5Jllicitocirct

surLuumlut les membres supeacuterieurs

Le cayorien et le baol-baol par contre sont les plus grands cultivateurs

darachide chez eux les techniques de lutte sont plus varieacutees et la

garde est moins renfermeacutee Les lutteurs cayorien et baol-baol ont une

morphologie et une reacutepartition musculaire bien eacutequilibreacutee ils excellent

dans les techniques en deacutecalage les techniques de jambe et surtout les

techniques de riposte ougrave lon peut voir des prises de hancheacute tregraves amples

Dune maniegravere geacuteneacuterale on peut dire que le lutteur wolof est un fin

technicien qui sait surtout creacuteer les opportuniteacutes e~ avec sa rapiditeacute

utiliser la force de ladversaire pour le deacuteseacutequilibrer le noodju

le mbas le weacuteheacuteleacute et le rasu sont des techniques propres au lutteur

wolof

En deacutefense il utilise surtout des kl~klets ou gal-gal Notons que

le balancement des bras ou Lewato e$t tregraves marqueacute dans la lutte wolof

TABLEAU RECAPITULATIF DES COMPOSANTES TECHNIQUES

( 1 )

1 SOUS-GROUPES GARDES CONTROLES FORHES DE CORPS l

Walo-walo Basse de jambe Arracheacute l l10yenne de Ngimbe et i

Leacutebou Tasseacutee et saisies annexesj Deacutecalage 1 1 distante de bras de tecirct1

j de bras Deacutecalaeuro

~-----------------~-

- ~ ~- shy - ~ ~ bull L _ _ bull

Profil psyc~~iqUE du lutteu- et son comporterent dars l 2regravere

La preacuteparation mystique dans laregravene est plus marqueacutee chez les wolofs

que ChE~ les autres ethnies En effet on verra de grands champions

preliGrE plusiEurs heures pour Enduire leur corps de cll2badep ou ci

rmiddot- ~ a la proprieacuteteacute de proteacuteger li1egraveividu J

les mauvais sorts) Cest dailleurs un aspect dt la luttE qui iJcsc

des problegraveJles

Le lutteur wolof est tregraves superstitieux et la peacuteriode de preacuteparation

est capitale pour lui car elle permet non seulement de rendre

hommage aux ancecirctres mais aussi dintimider son adversaire Cest

geacuteneacuteralement un lutteur agressif combatif et teacutemeacuteraire Il se fait

souvent remarquer par son esprit dentreprise Mais cette fougue dans

le combat lamegravene parfois bien que ce soit regrettable agrave oublier les

usages et les normes Ce manque de maicirctrise de soi peut faire croire

que le lutteur wolof manque de fair-play ce qui nest pas toujours le

cas

~A~Ugrave~ t 4AA CbUrs k LA ucirctotve f~tPle Sesect prores mou W ~ lesquelles vont se couler les comporteme~ts individuels qui sont ainsi

monteacutes par et pour lautoriteacute sociale

Les faccedilons de boire de marcher ou de sasseoir se manifestent indivishy

duellement dans le corps de chaque personne ces habitus sont cependant

des montages sociaux lieacutes agrave des significationssymboliques variables

dailleurs selon la position sociale occupeacutee par chaque sujet Ces modes

dagir se rangent dans un systegraveme de montages symboliques et lindivishy

du les apprend de la socieacuteteacute dont il fait partie agrave la place quil occupe

Lhabitus est un montage social agrave la valeur symbolique deacutependant des pheacuteshy

nomegravenes deacuteducation et de prestige et lieacute agrave la position sociale du sujet

Cette penseacutee sonne de faccedilon eacutetonamment moderne

Pierre BOURDIEU qui dans une perspective a approfondi le contenue de la

notion en le reportant aux oppositions entre classes et fractions sociales

Il deacutefinit lhabitus comme un systegraveme de dispositions durables acquis au

cours dune histoire personnelle dans une milieu social donneacute systegraveme qui

engendre ensuite des pra~iques socialement deacutetermineacutees faccedilons de manger

de parler ou de marcher comportements de politesse contenu des preacutefeacuterencel

et des deacutegoOts bullbullbull lhabitus est le produit de conditions eacuteconomiques et

sociales Lauteur rattache directement la formation de lhabitus dun

individu agrave la trajectoire parcourue par celui-ci dans sa classe dapparteshy

nance il deacutefend lideacutee dun habitus de classe qui deacutefinit le sens confeacuteshy

reacute agrave la pratique sportive les profits qui en sont attendus

Ce dernier serait lui-m~me lieacute agrave un systegraveme de valeurs ou ETHOS de classe

prenant sens au sein doppositions distinctives entre classes sociales

De sorte lhabitus fonctionne comme un systegraveme dt- regravegles inteacuterioriseacutees

souvent informuleacutees permettant ou non agrave lagent de sadapter dembleacutee aux

multiples pratiques de la vie quotidienne et de la vie sportive il est agrave

lorigine des schegravemes de transcription qui favorisent les ajustements aux

situations corporelles nouvelles (1)

t ~

(1) P~IE11D dwi6Han ISpoy-l et sodeacutebi Approche Bocio-culturelle des pratiques P~tis Vigot 1981 page 81

33

331 Preacutesentation

Les Seacuteregravere auraient pour origine le Fouta Toro quils auraient quitteacute

vers le Xllegrave siegravecle pour fuir lislamisation de cette reacutegioD par lempire

dJ Xali (ils seraient donc apparEnt~s aux Peul et Toucouleur ) Ils

auraient trouveacute dans la rEacutegion du Sine les Sosseacute dorigine manding avec

lesquels ils salliegraverent

Au XVegrave siegravecle une autre immigrationSos~ conqueacuterante cette fois-ci

apporta son organisation eacutetatique Ils se divisegraverent en deux monarchies

deacutemocratiques lune seacutetablit au Sine et lautre au Saloum Les Sosseacute

conqueacuterants constituaient lautocratie appeleacutee Guelowar

La royauteacute seacuteregravere eacutetait laiumlque Les premiers souverains durent secouer

la tutelle des Toucouleur et progressivement arrivegraverent agrave unifier lethshy

nie des seacuteregravere etdea Sosseacute Les deux royauteacutes eacutetaient organiseacutees selon

acirces modegraveles tregraves deacutemocratiques Le souverain deacutependait dune assembleacutee

de ministres et de chefs locaux qui assuraient ladministration centrale

et reacutegionale())

Aujourdhui lethnie seacuteregravere repreacutesente 20 de la population seacuteneacutegalaise

Ils sont reacutepartis sur presque toute leacutetendue du territoire notamment

dans le Baol la reacutegion du Sine-Saloum et la reacutegion de Thiegraves

Signalons quil existe plusieurs sous-groupes dans lethnie ainsi on

trouvera

- dans la reacutegion de Thiegraves les Ndut les Safegravene et les None

- dans le Sine-Saloum les Sine-sine et les Saloum-salouIT

On trouvera vers foundioune et agrave Nioro du cocircteacute de la Gambie les

Niominka (pecirccheurs) Cest une portion tregraves mandinguiseacutee

( 1

Le rattache~2~t d~ to~s ccs sous-groupes pose problecircme ~25 0~ r0~V~

uc grande partie de traits COITul1uns dans leurs modes dE vie Ct pOUT phs

de faciliteacute nous allons essayer de faire une ~tude globale de la lutte

traditionnelle seacuterecircre Lactiviteacute socio-eacuteconomique qui est essentielleme~t

agro-pasorale caracteacuterisE leacutethnie seacuteregravere

332 Lecircducation les moeurs les croyances et pratiques sEr~rc

Chez les Seacuteregravere la vie humaine se deacuteroule selon les grandes eacutetapes

le baptecircme lenfance ladolescencemarqueacutee par la circoncision lsectge

adulte le mariage la vieillesse et la mort (funeacuterailles)

La vie de la communauteacute seacuteregravere reste une des plus originales sinon

celle qui de nos jours garde la presque totaliteacute des pratiques et

habitudes traditionnelles

Bien qu aujotltdhui con~r-tis aux religions chreacutetienne et musulmane les

Seacuteregravere conservent leurs croyances et pratiques animistes

Quelque soit leur degreacute dadheacutesion aux religions reacuteveacuteleacutees les Seacuteregravere

croient en un Dieu puissant et miseacutericordieux Rog Segravene et les hommes

Les ~angols sont repreacutesenteacutes mateacuteriellement dans tous les villages

seacuteregraveres par des arbres (baobab et tamariniers) des animaux (geacuteneacuteraleshy

ment serpent doreacute ou iguane) des ustensiles (pilon calebasse et mortier)

De nombreux teacutemoignages nous apprennent que certains totems (serpent

iguane) font leur apparicion agrave loccasion de certaines manifestations

rituelles comme les sacrifices ceacuteleacutebreacutes lors dun mariage de ceacutereacutemonies

mortuaires ou des circoncisions

Le Seacuteregravere comme il nous a eacuteteacute donneacute loccasion de le dire plus haut

preacutesente des speacutecificiteacutes authentiques aussi bien en tout ce qui touch~

son eacuteducation ses croyanCES et pratiques mystiques q~e ses activiteacute~

socio-ecirccc~omiquEs Apr~s a ~aissa~c~ le beurob~ ~~ pcs~ 5~~ lE S~ __

On lui mouille les l~vres avec un peu d~ lait de mil et apr~s U~ bain

purificateur on versera leau dans un trou cr~us~ derri~r~ la Camp~~

Pendant huit jours la megravere et lenfant sont cacheacutes dans la case car

selon les anciens ils sont tregraves vulneacuterables La case deacutens certains cas

est entoureacutee dun fil blanc et lon place sur le seuil des fais(cauy di

veacutegeacutetaux pour chasser les mauvais esprits (geacutenies malfaisants et illangeUY~

dacircmes) Au bout du huitiegraveme jour la megravere et lenfant peuvent sortir de

la case bull

bullbullbull Le matin du huitiegraveme jour la tante paternelle va chercher de leau

(plusieurs fois)t elle doit rester muette pendant ses alleacutees et venues

si elle parlait t lenfant pourrait ecirctre muet bullbullbull

La megravere et lenfant prennent un bain purificateur dans lequel sont

trempeacutees certaines plantes (ce sont des veacutegeacutetaux pr~tecteurs tels le

begravene le yag le ngud) On y lavera aussi le linge e1t les ustensiles utishyj

liseacutes pendant les huit jours qui viennet de seacutecoul~r On rase le crine

de lenfant Les cheveux sont donneacutes agrave la megravere qui ~s enterrera avec le

reste du cordon ombilical dans un endroit que11e esit seule agrave connattre

La megravere sassied sur une natte devant la maison Une femme igeacutee de la

famille prend le beacutebeacute dans ses bras et le preacutesente aux quatre coins de

lhorizon

La tante paternelle tient ensuite un van sur la tecircte de la megravere on y

verse le mil on y verse eacutegalement en abondance sur la megravere et sur

lenfant La tante oint ensuite le corps du beacutebeacute avec du lait e11e

touche en particulier le front t le nez la bouche la poitrine le dos

et les oreilles

Elle pose enfin un ~rain de sel dans la paume du beacutebeacute (le sel purifie

et deacutetruit les puissances mauvaises)

Apregraves un nouveau bain la megravere et lenfant revEcirctent des habits de fecircte

(est

lenfant Ce precircnore a toujours U~ SEns Il sy~bolise parfois C0 qUi

lOIl sounaitt agrave lEufant l)

La circoncision comme dans les autres ethnies est obligatoire Elle

permet au jeune adolescent dacceacuteder agrave la classe adulte Les jeunes

sont regroupes en classe dacircge dans le bois ougrave sc fait la r0tr~it0 des

circoncis et ceci pendant plusieurs mois

Le Selbeacute qui est geacuteneacuteralement un ancien craint de tous les eacutelegraveves

enseigne le respect de la hieacuterarchie la discreacutetion le goOt de linishy

tiative Les activiteacutes physiques et leacuteducation artistique ne sont pas

en reste la deacutecoration la sculpture la lutte et la danse A sa sortie

du bois linitieacute appartient deacutesormais agrave la classe des virils et des

sages du clan car on lui aura enseigneacute les vertus fondamentales que

sont la justice lhonneur lamour du prochain 1 amour du travail

lhonnecircteteacute et surtout le respect des coutumes ancestrales

Le rite du mariage esd aussi un fait tregraves important dans le monde 1

seacuteregravere mais par manq~e dinformation nous serons obligeacutes de nous en

tenir lagrave

333 Impact des ethos sur la lutte dans le monde seacuteregravere

Lorigine de la lutte seacuteregravere ne semble pas claire ma1S nous pouvons

dire quil existait deux formes de lutte comme chez les Wolofs une

lutte sans frappe et une lutte avec frappe Et cest cette derniegravere

qui peut-ecirctre nous ameacutenerait agrave croire que la lutte seacuteregravere aurait une

origine plus preacuteciseacutement guerriegravere

Aujourdhui la lutte est uniquement une activiteacute sportive agrave travers

laquelle le jeune seacuteregravere eacutevalue sa force son courage et SOn ingeacutenioshy

siteacute Cest une occasion de deacutefendre lhonneur de son village ou de

la corrnnunauteacute

La luttE ~5t avant tout u~e rnanifcs[dtic~ c~lturclie et surtout

fo lkhriqut-

Gracircce agrave elle on peut deacutesormais comprendre un certain nombre de chants

et de symboles A travers la lutte seacuteregravere on ccedilomprend les inter-relashy

tions entreacute la vie et le monde surntiturel

Sil devait y avoir la mort dun villageacuteois pendant la fecirctE au T qUE

de linterrompre on proceacutedait gracircce aux connaissances magico-religieuses

agrave la suspension de la mort jusquagrave une peacuteriode ougrave la population sera plus

disponible pour organiser des funeacuterailles sil y eacutetait preacutedit la possibishy

liteacute dune deacutefait du champion local au profit dun champion dun autre

village des recettes dordre maginque et religieux eacutetaient mises en prashy

tique afin que le champion du village ne soit jamais terrasseacute(J)

334 Le profil du lutteur seacuteregraver~

Le lutteur seacuteregravere est par essence un athlegravete impressionnant de par sa i

carrure et sa musculature saillante mais cest aussi une force tranquille

et calme quelque soit lenjeu du combagravet et particuliegraverement lhonneur

Cet aspect nous pousse agrave parler du NGiMBE cest-agrave-dire de la tenue du

lutteur qui va influencer sur sa faccedilon de lutter

La confection du Ngimbe revient agrave la communauteacute entiegravere Le Ngimbe a

une signification symbolique et le lutteur pour meacuteriter la confiance du

groupe se doit de tout faire pour ne pas toucher le sol Toute la commushy

nauteacute elle aussi sengage pour assurer la longeacuteviteacute et le succegraves du lutteur

dans laregravene par lorganisation droffrandes et de sacrifices en lhonneur

des Pangols bull

bull

Daucuns nheacutesitent pas agrave dire que lessentiel du mysticisme se fait agrave

la maison et non dans laregravene tout le reste nest quintimidation de

ladversaire

lsvcns

Tt- pi ~- t

t 1 ~ l _ ~ t

par rapport agrave lautre Cbci est trEgraves lieacute agrave lactiviteacute journaliegravere du

jeune seacuteregravere qui est un cultivateur donc toujours bien planteacute sur ses

jambes et qui continuellement manie lhiler

Le fait de couper le boi~ peut eacutegalement constituer un moyen de muscushy

lation non neacutegligeable pour le jeune lutteur

Un certain nombre de traits techniques speacutecifiques au lutteur seacuteregravere

semblent ressortir des diffeacuterentes interviews que nous aVOns fait subir

agrave certains lutteurs seacuteregraveres et agrave diffeacuterents techniciens

SOUS-GROUPES FORMES DU CORPS CONTROLES GARDES

SAFEN Moyenne en fente NONE Hancheacute Bras (distante) j

NDUTJ

f

SINE-SINE Deacutecalage Ngimbe

Moyenne

SALOUM-SALOUM Passage- Jambe (rapprocheacutee) 1

i

PETITE dessous Tecircte Basse et 1

COTE Moyenne (rapprocheacutee)

Notons que le Niominka ll commence agrave lutter agrave partir du sol pour avoir

assez deacutelan et sauter sur ladversaire afin davoir la prise du lion

(contr6le de la nuque et du bassin)

Co a -tem-nt ccedilt attitude du lutteur sEacuteregravere335 np -1t ~

Les croyances mystiques sont indissociables des activiteacutes quotidiennes

duseacuteregravere Ce qui explique le cocircteacute supersticieux du lutteur seacuteregravere En

~ffet certains lutteurs refusent de lutter avant certaines heures

Certains teacutemoignages nous apprennent quil nest pas donneacute agrave tout le

monde decirctre champion de lutte et que le lutteur doit avoir des dons

surnaturels pour ecirctre agrave mesure de livrer ses combats dans la nuit

et trouver seul un gris-gris speacutecial appeleacute Njatch

Le vrai champion de lutte chez les seacuteregraveres ne lutte pas seulement avec

~a force et sa technique mais surtout avec ses dons occultes

Chez les seacuteregraveres les morts sont toujours preacutesents et les ~pangols

Servent dintermeacutediaire entre les hommes et les morts Le pangol prend i

le nom dhumain dans certains villages (IIHeacuteJga NDONG Har Wag NGOUYE) i 1

De ce fait on verra le lutteur danser dufe maniegravere ou dune autre en

fonction du pangol de sa famille Ainsi nrus aurons le back (chant et

danse du lutteur) des DIOUF des FAYE etclbullbullbull

Dans laregravene le lutteur seacuteregravere a un comportement exemplaire aussi bien

agrave leacutegard de son adversaire direct quave~ le public en geacuteneacuteral Lexpli shy

cation semble tenir au fait que le lutteur seacuteregravere est avant tout selon

la tradition orale le repreacutesentant de toute la communauteacute seacuteregravere Par

conseacutequent il devra saffirmer non seulement en tant que lutteur dans

laregravene mais aussi en tant quentiteacute morale

336 La tenue du lutteur ou NGIMBE est confectionneacutee par le marabout de la

famille ou du clan Le Ngimbe est constitueacute de pagne en cCton tisseacute

Il doit ecirctre propre le lutteur qui le porte ne devra pas avoir de rapshy

port sexuel pendant toute la peacuteriode des cOTpeacutetitians car le Ngi~bE ne

doit pas ~tre souilleacute

Autrefois et mecircme aujourdthui dans certaines familles on devient

lutteur de pegravere en fils et dans ce cas le Ngimbe du pegravere est heacuteriteacute

par le fils Le fait de porter le Ngimbe de ses aieux peut susciter

chez le jeune lutteur une motivation et une volonteacute ineacutebranlable dtasshy

surer la supeacuterioriteacute d~s siens dans ltaregravene Il fera tout pour que le

Ngimbe de la ramille ne touche le sable

La tenue du lutteur a une signification et une importance sur le plan

mystique car selon les anciens le vra1 feacutetiche du lutteur celui qui

le proteacutegera et laidera agrave vaincre le nDjinne ou le tRapu de ladvershy

saire se trouve cacheacute dans ce Ngimbeu bull Celui qui confectionne donc le

Ngimbe U est doueacute de faculteacutes occultes

337 Larbitrase est assureacute par un sage du village qui geacuteneacuteralement fut

champion de lutte de son temps Dailleurs cet ancien nintervient que

si le terrassement est litigieux Hormis le public qui proclame la vicshy

toire ou le match nul le lutteur lui-mecircme est arbitre et il arrive

quil se deacuteclare vaincu

Nous avons pu cfter Meacutedoune KHOULE un desplus grands lutteurs seacuteneacutegashy

lais qui a donn~ une victoire agrave Djeacuteri SADIO son adversaire qui a reacuteussi

agrave lui faire touegraveher le sol de la main

IlL

34 1 Preacutesentation

Lethnie toucouleur vit En grandt partit ciE~~ la vallfc du S~~~gal

pt reprecircsente i peu pr~s 8 de la population totale secircn~galaise

o Histoire

Il semblerait que dans lancien royaume du Tekrour (IX~ siegravecle) des

eacuteleacutements neacutegroiumldes Sarakoleacute et des Peul aient formEacute par meacutetissage le

peuple Toucouleur (Toucouleur serait dailleurs une deacuteformation du

mot portugais Tacouror)

Ce empire a domineacute aussi bien les wolofs de lOuest que les Peul

nomades du Fouta Toro Cette reacutegion fut le premier pays islamiseacute par

les Almoravides ce qui peut expliquer le proseacutelytisme toucouleur

Ce sont les guerriers toucouleur islamiseacutes qui attaqu~rent avec les

Almoravides la capitale du Ghana Koumbi en 1067 On convertit par

la force les animistes Cest sans doute agrave cette eacutepoque que de nombreuses

ethnies reacutefractaires agrave lIslam ont dO accentuer leur migration vers

le sud (Seacuteregravere wolof Sarakoleacute Bambara Songhaiuml Akan et Peul se reacuteshy

fugiaient vers les hauteurs du Fouta Djalon)

Au XIXegrave siegravecle les Toucouleur allaient trouver en El Hadj Omar Tall

un grand conqueacuterent qui sous le preacutetexte religieux de la gJerre sainte

contre les tribus animistes (entre autres Bambara) eacutetendit lempire

toucouleur sur presque tout lensemble du gali et la partie de la Guineacutee

proche du l1ali

Lempire toucouleur composeacute de Sarakoleacute de Bambar~ de ~alinkeacute de

Xassonkeacute dE Peul et de Dogon eut le meurorit~ dunir CES diif~rentes ~ ~ - - - - - et~ics ~t dE CD~stituer l~Sl la b2S~ ~r 1

_ ~ ~ ~_ L ~

~ ~- ~- - - ---- _ 1 v _ t 1 ~-_ --

marabout tOL~culcuuml~ ~ middotlrrany a l ick SI venu des E1i rClS dE Pocior~ (

~ Vi~ euroconomicue et sociale -----------~-------------

Les Toucouleur sont des cultivateurs mais bien quils n~ soie~t pa~

pasteurs comrre les Peul leacutelevage a une place inportarteacute decirc1S ltur

eacutecono~ie Pour faciliter leur conquecircte guerriegraverE ils c~t Eucirc une preacuteshy

dilection pour leacutelevage des chevaux On y trouve aussi des pecirccheurs

appeleacutes Tchioubalo La socieacuteteacute toucouleur aurait une stratification

sociale tregraves rigide Les groupes ethniques et les castes eacutetaient

diffeacuterencieacutes et strictement exogamiques les Rimbe classe des nobles

comprenant la famille reacutegnante et les guerriers libres la classe des

Nieacutenieacutebegens de castes artisanales i les Rimaibeacute anciens esclaves

devenus serviteurs qui portent les noms de famille de leur maicirctres A

la base de lorganisation de la collectiviteacute toucouleur se situe le

village (Wouro)

Toutes ces castes sont cloisonneacutees entre elle~ Ainsi il nest pas

permis agrave un Torodo (noble) de se marier avec un Tchioubalo Ces

consideacuterations sont importantes dans le domaine de la lutte ougrave nous

apercevrons que les nobles ne sont pas faits pour lutter Le noble

preacutesidera les seacuteances de lutte et on luttera pour lui Ces condeacute rat ions

de noblesse et de rang social sont extrecircmement importantes dans le

monde toucouleur

Le noble ne doit pas se salir on lutte pour lui il ne vit la lutte

quen tant que spectateur

342 Education moeurs croyances et eratiques religieuses

Deux formes d~ducation sont agrave consideacuterer leacutedJcatio~ dES enfarts Et

celle des adultes

oG lenfant sait m2n~~r et apprfcier le goOt d~5 ~iifeurorents r~pas lt

le moment ougrave il CO~~e~CE agrave marcher

tivirt n~sormais le petit toucou]eur est eacuteduquf par toutmiddot 12 f2~i)]E

dabord puis par toutes lespersc~nes du village ou du C13~

Lenfant peut ~tre corrigeacute par tout adulte appartenant au groupe social

Son eacuteducation est deacutesormais laffaire de toute la communauteacute et non

exclusivement celle ces parents On linitie ainsi au travail quotidien

qui se fait dans la bergel~ e les champs et les bords du fleuve Au sein

du village il pourra apprendre agrave filer la laine et agrave tisser des pagnes

dans les champs il apprend agrave manier la houe et lhiler pour la culture

du riz et du mil Mais signalons que lactiviteacute essentielle du toucouleur

est leacutelevage des boeufs des moutons et des chegravevres Chez les Ichioushy

balos (p~cheurs ) lenfant sera initieacute tregraves tat au maniement des pagaies

agrave la p~che propremccedilnt dite et agrave la nage

Vers cinq-six ans lenfant est confieacute au maicirctre coranique le Ihierno

et ce dernier dispose exclusivement de toute sa vie Lavenir du jeune

enfant lui appartient

Comme dans les autres groupes ethniques les enfants sont regroupeacutes en

classe dacircge et cest dans cette structure que lenfant subit les rite

de passe et plus particuliegraverement celui de la circoncision

La circoncision est non seulement unE opeacuteration chirurgicale malS surshy

tout une peacuteriode au cours de laquelle le jeune garccedilon passe de leacutetat

dadolescent agrave leacutetat dadulte Les circoncis sont reacuteunis en classe

dacircge dans un endroit situeacute hors duvillage geacuteneacuteralement choisi par les

vieux Cet endroit n~st accessible que par des individus de SExe ffi8SCUshy

li~ ~ta~t au preacutealabl circoncis

- - - -

quable et complet sur le plan phy~ique et ~oral Ai~si liniti~

acquiert les qualitecircs indispensables que sont le courag~ la modest

lesprit de sacrifice lendurance

Le toucoule~r est un pleux musulma~ Cela sexp1

SOil le premier agrave tre en contact avec la religion musulmane de par sa

position frontaliegravere Lethnie toucouleur de par son histoire a preacutesenteacute

les plus grands chefs militaires et religieux musulmans seacuteneacutegalais Et

pour illustrer cela on peut citer en exemple la grande famille musulmane

des SY agrave TIVAOUANE repreacutesentant la confreacuterie des TIDJANES

Bien que lon note une majoriteacute musulmane on peut dire que certaines

croyances et pratiques mystiques et animistes persistent encore surtout

dans la reacutegion du fleuve

Une pratique courante se fait elle sappelle le Djatt Elle consiste

agrave faire sortir le caiman du fleuve agrave limmobiliser et agrave lattacher

sans quil ne reacuteagisse et tout ceci agrave laide de versets et dincantashy

tions magiques Dapregraves les teacutemoignages ces pratiques sont plutocirct

freacutequentes chez les Tchioubalos (pecirccheurs) Il arrive aussi que cershy

tains chasseurs ayant des dons se livrent agrave certaines pratiques an1shy

mis tes qui consistent agrave invoquer certaines puissances et agrave moduler sous

forme de chant des versets occultes pour se proteacuteger des mauvais esprits

et pour eacuteloigner les fauves Ce chant est geacuteneacuteralement incompreacutehensible

et deacutenueacute de sens pour le profane

343 Activiteacutes ludiques et pratiques sportives en milieu toucouleur

Durant toute son histoire lethnie ~oucouleur a toujours EacutetEacute Frese~teacute~

comme celle qui avait ue activit essentiellement guerr e e~ particushy

liegraverement farouche Trois eacuteleacutements ret r t l ecirc t te nt i c- euro so~t

le manie~~nt du ~acircton 12 luttE Et 1eacute danSE

l

Lecircducation ph~sique et artistique Dcc~pe un place precircpondecircra~rp

dans la fDrmat~on du jEune toucouleur A loccasion agraveeacutevegravenemen~ imporshy

tants reacutecoltJs mariages baptecircme nous assistons agrave des manifestashy

tions folkloriques de grande envergure le Wango oucirc dailse toucouleur

tregraves gymnique iles chants et surtout les sEacuteances de lutte

La lutte toucouleur est la forme de lutte la plus spectaclaire dans

tout le territoire seacuteneacutegalais Elle est essentiellement baseacutee sur des

techniques en hancheacute et surtout en souplesse Ceci sexplique par le

fait q~e le jeune toucouleur est tregraves tocirct initieacute agrave la gymnastique (saut 1

per saut de main salto arriegravere saut de tecircte couronneacute etc bullbullbull ) pour

la dans~ du wa~go En dansant le wango qui est une danse rythmeacutee et

gymnique le Jeune toucou1eur est capable de prouesses extraordinaires

1

En lutte lattaquant se deacuteplace tregraves peu pour avoir une bonne saisie

(geacuteneacutera~ement controcircle du Ngimben ) et enchaine brusqueme~t avec une

attaque surpris~ Cependant les ripostes sont souvent surprenantes et

spectaculaires (baseacutees sur la souplesse et la rapiditeacute) ontrairement

aux autr~s form~s de luttes ougrave lon voyait tous les jeune adheacuterer la

lutte to~cou1eur Verra un groupe de speacutecialistes sadonne agrave la lutte 1

(la lutte est lieacutee agrave la position sociale de lindividu problegraveme de

caste)

Q La morphologie du lutteur toucou1eur 1

1 1

Ce dernier nest pas aussi large et aussi fort que les lutteurs diola

et seacuteregravere Cependant il est tregraves reacutesistant La musculatJre est saillante 1

et tregraves souple lindividu est longiligne mais tregraves athleacutetique

Les mouvements de lutteurs sont semblables agrave ceux dun grand fe1in Cette 1

morphologie semble ecirctre lieacutee agrave la position geacuteographique de lethnie

(reacutegion du fleuve) et agrave lacitiviteacute socio-eacuteconomique du toucouleur qui

est agrave la fois cultivateur (activiteacute lieacutee agrave la crue et deacutecrUE du fleuve)

pecirccheuro~T CIcr~icubaon) et sttout jEumlrgcr qui est U~ rc~2eumlr

shy

Deux formes egrave~ corps sembl~nt ecirctre preacutefeacutereacutees du lutteur toucouleur

le hancheacute et la souplesse Les hancheacutes sont faits agrave partir de plusieurs

positions de doset se terminent geacuteneacuteralement par des techniques de

tregraves grande amplitude

TABLEAU RECAPITULATIF DES TECHNIQUES ET FORMES DE CORPS SPECIFIQUES

i

L441 r

GARDE FORMES DU CORPS CONTROLES --shy - -

Moyenne Souplesse Ngimbe

Hancheacute bras

Demi-souplesse

1

Profil psycholosigue 1

TECHNIQUES

ContrOle du bassin et 12 souplesse

arriegravere

Klicket et allegravegement de la hanche

Le lutteur toucouleur est celui lUi se livre le moins aux preacuteparaqons

maraboutiques Cela est dO au f~t que le toucouleur est un grand ~USUlshyman et que les pratiques animisges ont presque disparu dans ce mil~eu

Dans la pratique le lutteur esJ combaif mais il est calme et tr~s reacutefleacutechi quant agrave la deacutecision agrave prendre en plein corps agrave corps ct~st un des seuls techniciens qui reJte tregraves lucide au cours de ses comb~ts

l Dans toutes les circonstances e lutteur toucouleur est tenu de re~pecshyter son adversaire et ceux de s4n eacutequipemecircme sil est vaincu

Comme nous avons dO nous en rendre compte la rigueur des principes

eacuteducationnels a une influence tregraves sensible sur l~ comportement du

toucouleur

i

III S COCL ~s 1DO

Dans cette partie nous avons essay~ de montrer lftroite re1atic~

Entre les diverses activiteacutes socio-eacuteconomiques dans les ethnies et

lES diffEacuterentes faccedilons de lutter

Daucuns seraient tent~s de conclure trop rapidement et cest p0~r

cette raison que nOUS avons penseacute preacuteciser que le pheacutenotype nest

pas geacuteneacuterateur du geacutenotype Et nous sommes convaincus que la morphoshy

logie et les techniques des lutteurs relegravevent de leurs modes de vie

et de leurs croyances agrave une eacutepoque et danE un contexte bien deacutetermishy

neacutes

Est-ce que les lutteurs dio1a ou seacuteregravere travaillant avec leurs bras

dans les champs auraient les mecircmes pr 0 fil s physiques que les lutteurs

utilisant des machines pour lagriculture

- 69 shy

I UJOURDH~1 E-S ut O[l LES FORfilS Ut LU11t~

~otons que notre enqu~te a ecirctE essentiellement faiteen milieu urbain

Les seacuteances de lutte ont tendance agrave perdre leur particulariteacute de r~shy

jouissance pour devenir des pheacutenomegravenes de sportisatio Deux fores

de luttes so~t principale~cnt prat s dans les aregrave~es du 5 al

la lutte traditiunnelle simple et la lutte traditionnelle avec frappe

De nos jours la lutte traditionnelle tend vers une reacuteglementation

et une institutionalisation

Le reacutesultat de nos investigations nous donne le tableau ci-dessous

REPARTITION ETHNIQUE SUR 100 PRATIQUANTS

LUTTE LUTTE RAPPORTETHNIES SANS FRAPPE AVEC FRAPPE J2

Diola 40 16 71 j

Seacuteregravere 26 21 57

Toucouleur 23 10 69

Wolof 1 1 53 17

La demande sociale par ordre deacutecroissant pour la lutte sans frappe

se preacutesente comrre suit

]0_ Ethnie diola avec pregraves de 3 lutteur~ sur 4

2deg_ Ethnie toucouleur

Ethri dun

~ 1 LA LUTTE TR])IIIO~~ELLE AVEC H-PPE

Cette forme deacute lutte a une histoire qui date de lantiquiteacute elle

sa~pelait le Pugilat Au Seacuteneacutegal elle a vu le jour dans le Cayor

bien avant la colonisation Le coup dE pied l~Lrdn~lement la morshy

sure la frappe et le doigtf eacutetaient permis dans le cc=bat ~ ~middot~p0~~e

Dans certains cas la giffle eacutetait beaucoup plus dangereuse que le

poing quand elle eacutetait donneacutee par un speacutecialiste Cette giffle pouvait

agrave elle seule deacutechirer et mecircme parfois amputer la joue de ladverser

Selon les informations la lutte avec frappede nos jours serait une

forme de lutte tregraves eupheacutemiseacutee de celle dantan ougrave une blessure

pouvait souvent ecirctre mortelle

Aujourdhui au niveau du folklore la lutte na plus la mecircme

le spectaculaire a remplaceacute le significatif iLa lutte avec frappe se 1

pratique surtout dans les centres urbains C~aque fois quun grand combat 1

est progra~eacute par le Comiteacute National Proviso~re (CNP) des centaines damashy

teurs sont mobiliseacutes vers le stade lba Mar D~OP qui est aujourdhui le i

lieu approprieacute ougrave se deacuteroulent les grands conkbats de lutte Cest la formE

de lutte qui semble drainer une foule de personnes beaucoup plus importante

que celle de la lutte simple

La lutte avec frappe deacuteriverait dune forme de lutte traditionnelle

pratiqueacutee jadis dans le Cayor au temps des Damels et la frappe serait

le substitut dun certain nombre de pratiques doigteacute jet de produits

etc bullbullbull dont le but eacutetait laveuglement de ladversaire La lutte avec

frappe serait une continuation logique dune carriegravere sportive de la

lutte traditionnelle qui sen sert comme moyen socio-eacuteconomique En

effet la majoriteacute des lutteurs avec frappe ont dabord eacuteteacute initieacutes agrave la

lutte simple Cependant il faut signaler que de nOS jours il arrive

que le jeune lutteur avec frappE- soit directenent formEacute conne speacutecialistE

agrave la frappe sa~s pour autant faire son chemin dabcrd egravea~s la lutte

- ~ shy

Le recircsultat dE ~os interviews ncus rec~trE qGune pcpulatiD~ divcrsishy

fiampe sint~resse agrave ce sport et qUE les intecircr~[s des uns et d~SlautrE~

semble~t divergents naucuns affirment que la lutte traditionnelle

avec frappe serait monteacutee par des personnes dont la vocation est dexshy

ploiter ce pheacuteLomegravene agrave des fins commerciales Dautres disent gJellegrave

jouit de mcyens irport~nts t[l[~isio

tation etc bullbullbull ) pour toucher toutes les couches sociales CEpe~~a~t

nous remarquons que mecircme si certaines personnes reprochent agrave cette

forme de lutte decirctre brutale ces mecircmes personnes nheacutesitent pas agrave

se rendre le dimanche agrave laregravene Bien que critiqueacutee elle semble ecirctre

adopteacutee par une tregraves grande partie de la population seacuteneacutegalaise Cepenshy

dant en tant que techniciens il nous est permis de faire une remarque

Il sagit de

- Limpression nette decirctre devant des professionnels de la frappe

qui sont ~ntratneacutes pour cela Dailleurs les propos que nous avons

recueilli~ nous prouvent que la plupart des champions de lutte avec 1

frappe s~ntratnent dans certains sports de combat tels ~ue la boxe i 1

le karateacute le judo Dans cette nouvelle forme de pratique de la lutte

contrairefuent agrave la lutte traditionnelle le technicien e~t souvent

perdant face au puncheur Ce dernier adopte une lutte agrave distance qui

lui permet de placer agrave bon escient ses coups animeacute du deacutesir de vaincre

Le technicien lui se voit contreacute dans toutes ses entreprises par

un uppercut ou un crochet

On peut dire cependant que nul sport au Seacuteneacutegal que la lutte tradishy

tionnelle avec frappe ne deacutechaicircne autant de passions et autant de

pheacutenomegravenes poussant agrave lexcegraves et deacutereacuteglements quon ne peut que deacuteplorer

Mais comment deacutecrier un spectacle de lutte qui bien quayant perdu la

presque totaliteacute des valeurs traditionnelles veacutehiculeacutees autrefois par

elle sait susciter une participation effective de tous ceux qui sont

preacutesents

CONCLUSION

Dans ce meacutemoire nous sommes efforceacutes ~e faire ressort ir limportance des

ethos et des habitus et leurs effets sur la pratique de la lutte tradishy

tionnelle au Seacuteneacutegal

L~b egravethos repr~sentent dune maniegravere g~neurorale tous les eacuteleacutements speacutec

fiques sux Seacuteneacutegalais par conampeacuteguent un systegraveme de valeurs traditionnellEs

Mais m~me si ces valeurs rev~tent une signification universelle (honneur

digniteacute courage etc bullbullbull ) il nen demeure pas moins que ce nest pas leur

nature qui fait leur speacutecificiteacute mais la hieacuterarchisation et limportance i

quon accorde agrave toutes ces valeurs de ~ar leacuteducation ou la culture

i 1

Aussi les valeurs traditionnelles puient leur speacutecificiteacute dans les

caracteacuteristiques propres aux eacuteleacutements ~e la socio-cu1ture (la technologie

et leacuteconomie la politique et la pareteacute la psychologie et lideacuteologie)

dans la socieacuteteacute seacuteneacutegalaise agrave n momen donneacute de son eacutevolution Cest i

dire la neacuteceesiteacute de ne point faire della valeur une reacutealiteacute statique

Cest dite aussi quagrave tout mome~t le ~eacuteneacutegalais peut eacutevoluer et creacuteer

ou vivre par conseacutequent de nouv~lles fprmes de valeur qui lui sont 1

propres ft (J)

La lutte traditionnelle veacutehiculant deS valeurs socio-cu1ture1les speacutecishy

fiquement seacuteneacutegalaises (croyances valeurs morales norme de comportement

opinion attitude bullbullbull ) devient un eacuteleacutement important qui tregraves certaiaement

nous aidera dans notre effort de valoriser et de peacuterenniser notre patri shy

moine culturel par le biais dactiviteacutes physiques et sportives

Leacutetude des habitus nous permet de prouver quil y a plusieurs faccedilons

de se mouvoir comme danser lutter bullbullbull qui varient avec les diffeacuterentes

ethnies (wolof toucouleur seacuteregravere diolagt leurs convenances et leurs

eacuteducations

(1) Revue Ethiopiques 31 Les valeurs traditionnelles et le problegraveme de leur inteacutegration dans les systegravemes modernes jtducatio-1 2 6r--70

nautre part cette eacutetude permet aussi de nous rendrE compte de la

correacutelatipn eacutetroite existant entre la pratique de la lutte traditionnelle

et le sta~ut socio-eacuteconomique du pratiquant

Nos inves~igations nous indiquent que la lutte recrute essentiellement

au niveau des classes socio-eacuteconomiques situeacutees en bas de leacutechelle

donc posseacutedant le statut social le moins favoriseacute La lutte avec frappe

-et un certain secteur commercialiseacute de la lutte simple- y trouve sa

leacutegitimiteacute Comme le dit BOURDIEU nA habitus diffeacuterents styles de Vle

divergents et il oppse les pratiques aristocpatiques correspondants agrave

des activiteacutes qui favorisent les situations eupheacutemiseacutees ougrave la stylisashy

tion est importante aux pratiques populaires qui font appel agrave des

qualiteacutes qpposeacutees bllutes rugueuses Certaines interviews nous

montrent que plus lindividu occupe une place eacuteleveacutee dans leacutechelle

sQciale e~ 1

moin$ il sinteacuteresse agrave la lutte

Les reacutesultats recueillis dans nos diverses investig~tions confirment 1 1

1er propos qui disent que nous assistons aujourdhu~ agrave une involution

de la lutte traditionnelle parce que perdant toutes ses speacutecificiteacutes au 1

pryfit d~ne autre forme de lutte que lon continue agrave appeler nostalshy

giqlementIIlutte traditionnelle

Ceci pourrait peut-~tre trouver une explication dan la citation suivante

La liberteacute de creacuteer dinnover de vivre Pleineinenf decirctre soi et de

preacuteserver son authenticiteacute la digniteacute et lhonneu1demeurent des illushy

sions dans la misegravere eacuteconomique~ Nos ancecirctres creacuteai~nt des valeurs de cishyl

vilisation parce quils eacutetaient libres parce qu1i~s ignoraient toute

deacutependance eacuteconomique ils cultivaient en eux et cbez leurs enfants le 1

Jorn et la Kersa et preacutefeacuteraient la mort agrave la hoJte lI (1)

Or le Seacuteneacutegal comme la plupart des pays africainsi est un pays sousshy

deacuteveloppeacute t cependant face agrave cette volonteacute du gou~ernement seacuteneacutegalais

de faire inteacutegrer dans leacuteducation des valeurs traditionnelles nous

pouvons espeacuterer utiliser comme moyen deacuteducation la lutteacute traditionnelle

qui reste quand mecircme vecteur jethos et dhabit~s

- 54 shy

Mecircme si lon a noteacute un appauvrissement notoire sur les plans socioshy

culturel et moral la lutte traditionnelle recegravele une gamme importante

et varieacutee de techniques permettant incontestablement une ouverture vers

les luttes olympiques libre et g~eacuteco-romaine

La lecture de ce meacutemoire permettra agrave lentratneur et au professeur de

lutte en fonction du lieu ougrave ils seront affecteacutes dans le territoire

seacuteneacutegalaisdavoir une information sur les techniques contrOles et

formes de corps propres agrave chaque groupe ethnique et de les mettre en

relation avec leurs croyances et leurs mentaliteacutes

Nous avons essayeacute de montrer que la pratique de la lutte traditionnelle

doit tre axeacutee sur une ethnomotriciteacute au Seacuteneacutegal qui permette une inishy

tiation facile Cette pratique de la lutte traditionnelle seacuteneacutegalaise

devra dailleurs essayer de ~eacutepondre aux aspirations du Seacuteneacutegalaisl

moderne en souvrant aux ap~orts positifs des autres civilisations

ex~eacuterieures nous voulons Jvidemment parler du judo et des luttes oiymshyJ

piques 1

1 j Nous navons pas la preacutetentfon dans le cadre de ce meacutemoire demattrise

de reacutepondre agrave toutes les qutstions se rattachant agrave leacutetude de ~a lutte

traditionnelle souslangle~socio-culturel car non seulement il nous

manque lexpeacuterience et la c peacutetence en la mati~re mais aussil l le temps

et les moyens dont nous dis osions ne nous permettaient pas d~puiser le 1sujet i

1 1 1 t 1

l

- )5 shy

BIBLIOGRAPHIE

BIBLIOGRAPHIE

1- CLAPAREDE Psychologie de leacuteducation et peacutedagogie expeacuterimentale

Edition Delachaux et Niestleacute 244 pages

2- POCIELLC Christian Sport et Socieacuteteacute approche socio-culturelle

des pratiques Paris Vigot 1981 377 pages

3- PIERON Henri Vocabulaire de la psychologie

PUF Deuxiegraveme eacutedition 1957 469 pages

4- Revue socialiste de culture neacutegro-africaine ETHIOPIQUES

Les valeurs traditionnelles et le problegraveme de leur inteacutegration

dans les systegravemes modernes deacuteducation

GIA 21 Juillet 1982 213 pages

5- N2 Revue du Centre dEtudedes Civilisations DEM ak TEY

NIS IVegrave Trimestre 1982 96 pages

6- Document lNSEP Colloque sur la lutte aeacuteregravere

DAKAR MAI-JUIN 1980

t 1

~- Travaux du IVegrave Congregraves National ~es Sports agrave DAKAR les 2223041981

Bulletin n2 91 du CIO du 15 Aont 1965

l____________________________

8- Meacutemoire de Mattrise BADJI Abdou La lutte traditionnelle Joola

Etude et perspective

9- Meacutemoire Inspectorat JS DJITTE Mandy Les pratiques corporelles

traditionnelles au Seacuteneacutegal pour leur exploitation et leur

utilisation en peacutedagogie Marly le Roi 1980

REPUBLIQUE DU SENEGAL

--------------- INSTITUT NATIONAL SUPERIEUR

MINISTERE DE LA JEUNESSE DE LrsquoEDUCATION POPULAIRE

ET DES SPORTS ET DU SPORT

-------------

(INSEPS)

MEMOIRE DE MAIcircTRISE

Es-SCIENCES ET TECHNIQUES

DE LrsquoACTIVITE PHYSIQUE ET DU SPORT

LA LUTTE TRADITIONNELLE

son importance sa signification en fonction des ethos et des habitus ethniques au Seacuteneacutegal

Preacutesenteacute par

Monsieur Joseph Victor FAYE

Sous la direction de

M Jean Marc ROCHEZ

Professeur agrave lrsquoINSEPS

Anneacutee de soutenance 1984

326 Le 1

cest une organisation beaucoup plus importante que les I~apatts ~

loccasion de laquelle on peut voir plusieurs lutteurs de grande reDommfe

saffronteLLa fin dl lamb est toujours couronneacutee par une grand co~bat

duquel le vainqueur est sacreacute champion de la contrecirce

Le choix du lieu est lieacute agrave limportance de ce lieu dans le village cest

la place publique ougrave geacuteneacuteralement se passent toutes les manifestations

assembleacutee geacuteneacuterale sabar (danse) cest aussi lendroit ougrave sont prises

les grandes deacutecisions

3623 Lappariement

Dans un village ou un quartier les lutteurs se regroupent en lang

(eacutequipe) et jamais deux lutteurs de mecircme lang ne se rencontrent lors

du lamb

L appariement s~ fait librement entre lutteurs de lang diffeacuterents l1hs

une regravegle veut ~uavant de lutter avec le Mbeur Kanur de tel lang si

on est soukh (l~tteur pas encore confirmeacute) il est neacutecessaire de lutter

dabord avec ses soukh et ce nest quapregraves les avoir terrasseacutes tous

quon se voit octroyer la chance de lutter contre lui

Notons que la cateacutegorisation des lutteurs par poids nest jamais prise

en consideacuteration

3624 La tenue du lutteur ou NGIMBE

Le middotNGimbe est confectionneacute par le marabout de la famille ou du clan Il

est constituecirc de pagnes en coton tisseacute geacuteneacuteralement offerts par la megravere ou

la grand-megravere du lutteur ceci lors des organisations de ~rande Tportance

COrlune lef 1amb Dans le cadre des l-bapatt les pagnes sont C tErts peumlr

~~~rcfcis ct ffi~mc aujourdhui d218 cErtaInes fa~ille5 on devj~Gr

luttEur de pegravere en fils et dans ce cas h 1

gimbell du pEgravere Est recircr i tEacute

par le fils Le fait de porter le lI~gimbe agravee ses aiumleux peut susciter

cne~ le jeune lutteur une motivation et une volontecirc in~branlable rlasshy

surer 12 supeacuterioritEacute cis SIcirct-ns dallS

le xgimbe de la famille ne touche pas le sable

La tenue du lutteur a une signification et une importance sur le plan

mystique car selon les anciens le vrai feacutetiche du lutteur celui qui

le proteacutegera agrave vaincre le Djinneacute ou le Rap de ladversaire se trouve

cacheacute dans ce Ngimbe Celui qui confectionne-le Ngimbe est doueacute de

faculteacutes occultes

~~r~i~rg Il est assureacute par un sage du village qui geacuteneacuteralement fut

championde lutte de son temps Dailleurs cet ancien nintervient que

si le terrassement est litigieux

Hormis le public qui proclame la victoire ou le match nul le lutteur

lui-mecircme est arbitre et il arrive quil se deacuteclare vaincu ~ous

pouvons citer comme exemple Meacutedoune KHOULE un des plus grands lutteurs

seacuteneacutegalais qui a donneacute une victoire agrave Djeacuteri SADIO son adversaire qui a

reacuteussi agrave lui faire toucher le sol de la main

Il Y a terrassement quand le lutteur se retrouve

- assis sur le sol

- eacutetaleacute sur le dos

eacutetaleacute sur le cocircteacute

les deux genoux au sol

- les deux ma~ns au sol

la tecircte (front au sol agrave la suite dune brouette)

Il peut y aVOIr match nul si apregraves li1 temps ccmsideacuterable les lutteurs

SE sont ~ ivrEacutes respectivement agrave des assauts rEacutepEacutetEacutes et n arrivEt pas a

3265 L~ precircparation mystique

Il faut reconnattre quon ne peut parler de lutte en milieu wolof sans

envisager une preacuteparation mystique seacuterieuse Co~~e ~ous lEvans vu a~teacute-

1middot ~ d ~ ~rlturenent t0utes es actlvmiddotltesmiddot u W010 sont lles a SeS croyances

- la lutte ne concerne pas seule~ent deux acteurs se livrant faruumlucheshy

ment agrave un combat au milieu de laregravene mais eacutegalement les marabouts et les

feacutetichistes du village ou du clan qui doivent deacutefendre leur savoir et

leur prestige Avant le combat le lutteur doit se livrer agrave un certain

nombre de preacuteparations mystiques pour assurer sa victoire Aussi sommesshy

nous appeleacutes agrave parler de BACK (cest le chant et la danse du lutteur)

- le batteur de tam-tam compose un rythme en fonction du Galagne ou du

Senghor (gds-gris) du lutteur Chaque galagne sera choisi en fonction

du Rap ou du Djinneacute correspondant au Totem du lutteur

Le chant geacuterleacuterique Feinte woy veut dire litteacuteralement composer un 1

chant Ce chant est geacuteneacuteralement composeacute par les filles du viilage du

champion ou par un griot de sa communauteacute Et agrave travers ce chrnt on

arrive agrave toucher la corde sensible du lutteur en chantant lesl innombrables 1

victoires de ses ancecirctres ou en lui rappelant ses prouesses eacuteblatantes 1

Chaque lutteur doit avoir un chant et un back qui lui sont propres

327 Le reacutepertoire technique et les caracteacuteristiques physiques dulutteur wolof

Le lutteur wolof est geacuteneacuteralement moyen de taille la musculagraveture est

tregraves saillante ce qui fait ressortir un aspect tregraves athleacutetique ceci

est vrai sans exception pour le lutteur leacutebou mais il arrive que le Cacircyoshy

rien le baol-baol le walo-walo soient de grands gabarits de forte constishy

tution

CepEndant pour une meilleure compreacutehension du sujet nous pouvons eacutetudiEr

deux jroups d lut teurs qui vont deacuteterminer deux st yI e s de lut tes

- ~ t

les tc~tativ~s de~[reacutee e~ ramassement de jambes de la~v~sairL Ce~~

peut Ecirctre expliqueacute par le fait que les lutteurs leacutebou ou walo-walc qui

sont des pecirccheursadoptent cette garde tasseacutee du fait quils so~t tou-

jours pencheacutes en tirant le fil ou en poussant la plrogue On verra techrugravequeacutes dt cirr 2C ~lt 5Jllicitocirct

surLuumlut les membres supeacuterieurs

Le cayorien et le baol-baol par contre sont les plus grands cultivateurs

darachide chez eux les techniques de lutte sont plus varieacutees et la

garde est moins renfermeacutee Les lutteurs cayorien et baol-baol ont une

morphologie et une reacutepartition musculaire bien eacutequilibreacutee ils excellent

dans les techniques en deacutecalage les techniques de jambe et surtout les

techniques de riposte ougrave lon peut voir des prises de hancheacute tregraves amples

Dune maniegravere geacuteneacuterale on peut dire que le lutteur wolof est un fin

technicien qui sait surtout creacuteer les opportuniteacutes e~ avec sa rapiditeacute

utiliser la force de ladversaire pour le deacuteseacutequilibrer le noodju

le mbas le weacuteheacuteleacute et le rasu sont des techniques propres au lutteur

wolof

En deacutefense il utilise surtout des kl~klets ou gal-gal Notons que

le balancement des bras ou Lewato e$t tregraves marqueacute dans la lutte wolof

TABLEAU RECAPITULATIF DES COMPOSANTES TECHNIQUES

( 1 )

1 SOUS-GROUPES GARDES CONTROLES FORHES DE CORPS l

Walo-walo Basse de jambe Arracheacute l l10yenne de Ngimbe et i

Leacutebou Tasseacutee et saisies annexesj Deacutecalage 1 1 distante de bras de tecirct1

j de bras Deacutecalaeuro

~-----------------~-

- ~ ~- shy - ~ ~ bull L _ _ bull

Profil psyc~~iqUE du lutteu- et son comporterent dars l 2regravere

La preacuteparation mystique dans laregravene est plus marqueacutee chez les wolofs

que ChE~ les autres ethnies En effet on verra de grands champions

preliGrE plusiEurs heures pour Enduire leur corps de cll2badep ou ci

rmiddot- ~ a la proprieacuteteacute de proteacuteger li1egraveividu J

les mauvais sorts) Cest dailleurs un aspect dt la luttE qui iJcsc

des problegraveJles

Le lutteur wolof est tregraves superstitieux et la peacuteriode de preacuteparation

est capitale pour lui car elle permet non seulement de rendre

hommage aux ancecirctres mais aussi dintimider son adversaire Cest

geacuteneacuteralement un lutteur agressif combatif et teacutemeacuteraire Il se fait

souvent remarquer par son esprit dentreprise Mais cette fougue dans

le combat lamegravene parfois bien que ce soit regrettable agrave oublier les

usages et les normes Ce manque de maicirctrise de soi peut faire croire

que le lutteur wolof manque de fair-play ce qui nest pas toujours le

cas

~A~Ugrave~ t 4AA CbUrs k LA ucirctotve f~tPle Sesect prores mou W ~ lesquelles vont se couler les comporteme~ts individuels qui sont ainsi

monteacutes par et pour lautoriteacute sociale

Les faccedilons de boire de marcher ou de sasseoir se manifestent indivishy

duellement dans le corps de chaque personne ces habitus sont cependant

des montages sociaux lieacutes agrave des significationssymboliques variables

dailleurs selon la position sociale occupeacutee par chaque sujet Ces modes

dagir se rangent dans un systegraveme de montages symboliques et lindivishy

du les apprend de la socieacuteteacute dont il fait partie agrave la place quil occupe

Lhabitus est un montage social agrave la valeur symbolique deacutependant des pheacuteshy

nomegravenes deacuteducation et de prestige et lieacute agrave la position sociale du sujet

Cette penseacutee sonne de faccedilon eacutetonamment moderne

Pierre BOURDIEU qui dans une perspective a approfondi le contenue de la

notion en le reportant aux oppositions entre classes et fractions sociales

Il deacutefinit lhabitus comme un systegraveme de dispositions durables acquis au

cours dune histoire personnelle dans une milieu social donneacute systegraveme qui

engendre ensuite des pra~iques socialement deacutetermineacutees faccedilons de manger

de parler ou de marcher comportements de politesse contenu des preacutefeacuterencel

et des deacutegoOts bullbullbull lhabitus est le produit de conditions eacuteconomiques et

sociales Lauteur rattache directement la formation de lhabitus dun

individu agrave la trajectoire parcourue par celui-ci dans sa classe dapparteshy

nance il deacutefend lideacutee dun habitus de classe qui deacutefinit le sens confeacuteshy

reacute agrave la pratique sportive les profits qui en sont attendus

Ce dernier serait lui-m~me lieacute agrave un systegraveme de valeurs ou ETHOS de classe

prenant sens au sein doppositions distinctives entre classes sociales

De sorte lhabitus fonctionne comme un systegraveme dt- regravegles inteacuterioriseacutees

souvent informuleacutees permettant ou non agrave lagent de sadapter dembleacutee aux

multiples pratiques de la vie quotidienne et de la vie sportive il est agrave

lorigine des schegravemes de transcription qui favorisent les ajustements aux

situations corporelles nouvelles (1)

t ~

(1) P~IE11D dwi6Han ISpoy-l et sodeacutebi Approche Bocio-culturelle des pratiques P~tis Vigot 1981 page 81

33

331 Preacutesentation

Les Seacuteregravere auraient pour origine le Fouta Toro quils auraient quitteacute

vers le Xllegrave siegravecle pour fuir lislamisation de cette reacutegioD par lempire

dJ Xali (ils seraient donc apparEnt~s aux Peul et Toucouleur ) Ils

auraient trouveacute dans la rEacutegion du Sine les Sosseacute dorigine manding avec

lesquels ils salliegraverent

Au XVegrave siegravecle une autre immigrationSos~ conqueacuterante cette fois-ci

apporta son organisation eacutetatique Ils se divisegraverent en deux monarchies

deacutemocratiques lune seacutetablit au Sine et lautre au Saloum Les Sosseacute

conqueacuterants constituaient lautocratie appeleacutee Guelowar

La royauteacute seacuteregravere eacutetait laiumlque Les premiers souverains durent secouer

la tutelle des Toucouleur et progressivement arrivegraverent agrave unifier lethshy

nie des seacuteregravere etdea Sosseacute Les deux royauteacutes eacutetaient organiseacutees selon

acirces modegraveles tregraves deacutemocratiques Le souverain deacutependait dune assembleacutee

de ministres et de chefs locaux qui assuraient ladministration centrale

et reacutegionale())

Aujourdhui lethnie seacuteregravere repreacutesente 20 de la population seacuteneacutegalaise

Ils sont reacutepartis sur presque toute leacutetendue du territoire notamment

dans le Baol la reacutegion du Sine-Saloum et la reacutegion de Thiegraves

Signalons quil existe plusieurs sous-groupes dans lethnie ainsi on

trouvera

- dans la reacutegion de Thiegraves les Ndut les Safegravene et les None

- dans le Sine-Saloum les Sine-sine et les Saloum-salouIT

On trouvera vers foundioune et agrave Nioro du cocircteacute de la Gambie les

Niominka (pecirccheurs) Cest une portion tregraves mandinguiseacutee

( 1

Le rattache~2~t d~ to~s ccs sous-groupes pose problecircme ~25 0~ r0~V~

uc grande partie de traits COITul1uns dans leurs modes dE vie Ct pOUT phs

de faciliteacute nous allons essayer de faire une ~tude globale de la lutte

traditionnelle seacuterecircre Lactiviteacute socio-eacuteconomique qui est essentielleme~t

agro-pasorale caracteacuterisE leacutethnie seacuteregravere

332 Lecircducation les moeurs les croyances et pratiques sEr~rc

Chez les Seacuteregravere la vie humaine se deacuteroule selon les grandes eacutetapes

le baptecircme lenfance ladolescencemarqueacutee par la circoncision lsectge

adulte le mariage la vieillesse et la mort (funeacuterailles)

La vie de la communauteacute seacuteregravere reste une des plus originales sinon

celle qui de nos jours garde la presque totaliteacute des pratiques et

habitudes traditionnelles

Bien qu aujotltdhui con~r-tis aux religions chreacutetienne et musulmane les

Seacuteregravere conservent leurs croyances et pratiques animistes

Quelque soit leur degreacute dadheacutesion aux religions reacuteveacuteleacutees les Seacuteregravere

croient en un Dieu puissant et miseacutericordieux Rog Segravene et les hommes

Les ~angols sont repreacutesenteacutes mateacuteriellement dans tous les villages

seacuteregraveres par des arbres (baobab et tamariniers) des animaux (geacuteneacuteraleshy

ment serpent doreacute ou iguane) des ustensiles (pilon calebasse et mortier)

De nombreux teacutemoignages nous apprennent que certains totems (serpent

iguane) font leur apparicion agrave loccasion de certaines manifestations

rituelles comme les sacrifices ceacuteleacutebreacutes lors dun mariage de ceacutereacutemonies

mortuaires ou des circoncisions

Le Seacuteregravere comme il nous a eacuteteacute donneacute loccasion de le dire plus haut

preacutesente des speacutecificiteacutes authentiques aussi bien en tout ce qui touch~

son eacuteducation ses croyanCES et pratiques mystiques q~e ses activiteacute~

socio-ecirccc~omiquEs Apr~s a ~aissa~c~ le beurob~ ~~ pcs~ 5~~ lE S~ __

On lui mouille les l~vres avec un peu d~ lait de mil et apr~s U~ bain

purificateur on versera leau dans un trou cr~us~ derri~r~ la Camp~~

Pendant huit jours la megravere et lenfant sont cacheacutes dans la case car

selon les anciens ils sont tregraves vulneacuterables La case deacutens certains cas

est entoureacutee dun fil blanc et lon place sur le seuil des fais(cauy di

veacutegeacutetaux pour chasser les mauvais esprits (geacutenies malfaisants et illangeUY~

dacircmes) Au bout du huitiegraveme jour la megravere et lenfant peuvent sortir de

la case bull

bullbullbull Le matin du huitiegraveme jour la tante paternelle va chercher de leau

(plusieurs fois)t elle doit rester muette pendant ses alleacutees et venues

si elle parlait t lenfant pourrait ecirctre muet bullbullbull

La megravere et lenfant prennent un bain purificateur dans lequel sont

trempeacutees certaines plantes (ce sont des veacutegeacutetaux pr~tecteurs tels le

begravene le yag le ngud) On y lavera aussi le linge e1t les ustensiles utishyj

liseacutes pendant les huit jours qui viennet de seacutecoul~r On rase le crine

de lenfant Les cheveux sont donneacutes agrave la megravere qui ~s enterrera avec le

reste du cordon ombilical dans un endroit que11e esit seule agrave connattre

La megravere sassied sur une natte devant la maison Une femme igeacutee de la

famille prend le beacutebeacute dans ses bras et le preacutesente aux quatre coins de

lhorizon

La tante paternelle tient ensuite un van sur la tecircte de la megravere on y

verse le mil on y verse eacutegalement en abondance sur la megravere et sur

lenfant La tante oint ensuite le corps du beacutebeacute avec du lait e11e

touche en particulier le front t le nez la bouche la poitrine le dos

et les oreilles

Elle pose enfin un ~rain de sel dans la paume du beacutebeacute (le sel purifie

et deacutetruit les puissances mauvaises)

Apregraves un nouveau bain la megravere et lenfant revEcirctent des habits de fecircte

(est

lenfant Ce precircnore a toujours U~ SEns Il sy~bolise parfois C0 qUi

lOIl sounaitt agrave lEufant l)

La circoncision comme dans les autres ethnies est obligatoire Elle

permet au jeune adolescent dacceacuteder agrave la classe adulte Les jeunes

sont regroupes en classe dacircge dans le bois ougrave sc fait la r0tr~it0 des

circoncis et ceci pendant plusieurs mois

Le Selbeacute qui est geacuteneacuteralement un ancien craint de tous les eacutelegraveves

enseigne le respect de la hieacuterarchie la discreacutetion le goOt de linishy

tiative Les activiteacutes physiques et leacuteducation artistique ne sont pas

en reste la deacutecoration la sculpture la lutte et la danse A sa sortie

du bois linitieacute appartient deacutesormais agrave la classe des virils et des

sages du clan car on lui aura enseigneacute les vertus fondamentales que

sont la justice lhonneur lamour du prochain 1 amour du travail

lhonnecircteteacute et surtout le respect des coutumes ancestrales

Le rite du mariage esd aussi un fait tregraves important dans le monde 1

seacuteregravere mais par manq~e dinformation nous serons obligeacutes de nous en

tenir lagrave

333 Impact des ethos sur la lutte dans le monde seacuteregravere

Lorigine de la lutte seacuteregravere ne semble pas claire ma1S nous pouvons

dire quil existait deux formes de lutte comme chez les Wolofs une

lutte sans frappe et une lutte avec frappe Et cest cette derniegravere

qui peut-ecirctre nous ameacutenerait agrave croire que la lutte seacuteregravere aurait une

origine plus preacuteciseacutement guerriegravere

Aujourdhui la lutte est uniquement une activiteacute sportive agrave travers

laquelle le jeune seacuteregravere eacutevalue sa force son courage et SOn ingeacutenioshy

siteacute Cest une occasion de deacutefendre lhonneur de son village ou de

la corrnnunauteacute

La luttE ~5t avant tout u~e rnanifcs[dtic~ c~lturclie et surtout

fo lkhriqut-

Gracircce agrave elle on peut deacutesormais comprendre un certain nombre de chants

et de symboles A travers la lutte seacuteregravere on ccedilomprend les inter-relashy

tions entreacute la vie et le monde surntiturel

Sil devait y avoir la mort dun villageacuteois pendant la fecirctE au T qUE

de linterrompre on proceacutedait gracircce aux connaissances magico-religieuses

agrave la suspension de la mort jusquagrave une peacuteriode ougrave la population sera plus

disponible pour organiser des funeacuterailles sil y eacutetait preacutedit la possibishy

liteacute dune deacutefait du champion local au profit dun champion dun autre

village des recettes dordre maginque et religieux eacutetaient mises en prashy

tique afin que le champion du village ne soit jamais terrasseacute(J)

334 Le profil du lutteur seacuteregraver~

Le lutteur seacuteregravere est par essence un athlegravete impressionnant de par sa i

carrure et sa musculature saillante mais cest aussi une force tranquille

et calme quelque soit lenjeu du combagravet et particuliegraverement lhonneur

Cet aspect nous pousse agrave parler du NGiMBE cest-agrave-dire de la tenue du

lutteur qui va influencer sur sa faccedilon de lutter

La confection du Ngimbe revient agrave la communauteacute entiegravere Le Ngimbe a

une signification symbolique et le lutteur pour meacuteriter la confiance du

groupe se doit de tout faire pour ne pas toucher le sol Toute la commushy

nauteacute elle aussi sengage pour assurer la longeacuteviteacute et le succegraves du lutteur

dans laregravene par lorganisation droffrandes et de sacrifices en lhonneur

des Pangols bull

bull

Daucuns nheacutesitent pas agrave dire que lessentiel du mysticisme se fait agrave

la maison et non dans laregravene tout le reste nest quintimidation de

ladversaire

lsvcns

Tt- pi ~- t

t 1 ~ l _ ~ t

par rapport agrave lautre Cbci est trEgraves lieacute agrave lactiviteacute journaliegravere du

jeune seacuteregravere qui est un cultivateur donc toujours bien planteacute sur ses

jambes et qui continuellement manie lhiler

Le fait de couper le boi~ peut eacutegalement constituer un moyen de muscushy

lation non neacutegligeable pour le jeune lutteur

Un certain nombre de traits techniques speacutecifiques au lutteur seacuteregravere

semblent ressortir des diffeacuterentes interviews que nous aVOns fait subir

agrave certains lutteurs seacuteregraveres et agrave diffeacuterents techniciens

SOUS-GROUPES FORMES DU CORPS CONTROLES GARDES

SAFEN Moyenne en fente NONE Hancheacute Bras (distante) j

NDUTJ

f

SINE-SINE Deacutecalage Ngimbe

Moyenne

SALOUM-SALOUM Passage- Jambe (rapprocheacutee) 1

i

PETITE dessous Tecircte Basse et 1

COTE Moyenne (rapprocheacutee)

Notons que le Niominka ll commence agrave lutter agrave partir du sol pour avoir

assez deacutelan et sauter sur ladversaire afin davoir la prise du lion

(contr6le de la nuque et du bassin)

Co a -tem-nt ccedilt attitude du lutteur sEacuteregravere335 np -1t ~

Les croyances mystiques sont indissociables des activiteacutes quotidiennes

duseacuteregravere Ce qui explique le cocircteacute supersticieux du lutteur seacuteregravere En

~ffet certains lutteurs refusent de lutter avant certaines heures

Certains teacutemoignages nous apprennent quil nest pas donneacute agrave tout le

monde decirctre champion de lutte et que le lutteur doit avoir des dons

surnaturels pour ecirctre agrave mesure de livrer ses combats dans la nuit

et trouver seul un gris-gris speacutecial appeleacute Njatch

Le vrai champion de lutte chez les seacuteregraveres ne lutte pas seulement avec

~a force et sa technique mais surtout avec ses dons occultes

Chez les seacuteregraveres les morts sont toujours preacutesents et les ~pangols

Servent dintermeacutediaire entre les hommes et les morts Le pangol prend i

le nom dhumain dans certains villages (IIHeacuteJga NDONG Har Wag NGOUYE) i 1

De ce fait on verra le lutteur danser dufe maniegravere ou dune autre en

fonction du pangol de sa famille Ainsi nrus aurons le back (chant et

danse du lutteur) des DIOUF des FAYE etclbullbullbull

Dans laregravene le lutteur seacuteregravere a un comportement exemplaire aussi bien

agrave leacutegard de son adversaire direct quave~ le public en geacuteneacuteral Lexpli shy

cation semble tenir au fait que le lutteur seacuteregravere est avant tout selon

la tradition orale le repreacutesentant de toute la communauteacute seacuteregravere Par

conseacutequent il devra saffirmer non seulement en tant que lutteur dans

laregravene mais aussi en tant quentiteacute morale

336 La tenue du lutteur ou NGIMBE est confectionneacutee par le marabout de la

famille ou du clan Le Ngimbe est constitueacute de pagne en cCton tisseacute

Il doit ecirctre propre le lutteur qui le porte ne devra pas avoir de rapshy

port sexuel pendant toute la peacuteriode des cOTpeacutetitians car le Ngi~bE ne

doit pas ~tre souilleacute

Autrefois et mecircme aujourdthui dans certaines familles on devient

lutteur de pegravere en fils et dans ce cas le Ngimbe du pegravere est heacuteriteacute

par le fils Le fait de porter le Ngimbe de ses aieux peut susciter

chez le jeune lutteur une motivation et une volonteacute ineacutebranlable dtasshy

surer la supeacuterioriteacute d~s siens dans ltaregravene Il fera tout pour que le

Ngimbe de la ramille ne touche le sable

La tenue du lutteur a une signification et une importance sur le plan

mystique car selon les anciens le vra1 feacutetiche du lutteur celui qui

le proteacutegera et laidera agrave vaincre le nDjinne ou le tRapu de ladvershy

saire se trouve cacheacute dans ce Ngimbeu bull Celui qui confectionne donc le

Ngimbe U est doueacute de faculteacutes occultes

337 Larbitrase est assureacute par un sage du village qui geacuteneacuteralement fut

champion de lutte de son temps Dailleurs cet ancien nintervient que

si le terrassement est litigieux Hormis le public qui proclame la vicshy

toire ou le match nul le lutteur lui-mecircme est arbitre et il arrive

quil se deacuteclare vaincu

Nous avons pu cfter Meacutedoune KHOULE un desplus grands lutteurs seacuteneacutegashy

lais qui a donn~ une victoire agrave Djeacuteri SADIO son adversaire qui a reacuteussi

agrave lui faire touegraveher le sol de la main

IlL

34 1 Preacutesentation

Lethnie toucouleur vit En grandt partit ciE~~ la vallfc du S~~~gal

pt reprecircsente i peu pr~s 8 de la population totale secircn~galaise

o Histoire

Il semblerait que dans lancien royaume du Tekrour (IX~ siegravecle) des

eacuteleacutements neacutegroiumldes Sarakoleacute et des Peul aient formEacute par meacutetissage le

peuple Toucouleur (Toucouleur serait dailleurs une deacuteformation du

mot portugais Tacouror)

Ce empire a domineacute aussi bien les wolofs de lOuest que les Peul

nomades du Fouta Toro Cette reacutegion fut le premier pays islamiseacute par

les Almoravides ce qui peut expliquer le proseacutelytisme toucouleur

Ce sont les guerriers toucouleur islamiseacutes qui attaqu~rent avec les

Almoravides la capitale du Ghana Koumbi en 1067 On convertit par

la force les animistes Cest sans doute agrave cette eacutepoque que de nombreuses

ethnies reacutefractaires agrave lIslam ont dO accentuer leur migration vers

le sud (Seacuteregravere wolof Sarakoleacute Bambara Songhaiuml Akan et Peul se reacuteshy

fugiaient vers les hauteurs du Fouta Djalon)

Au XIXegrave siegravecle les Toucouleur allaient trouver en El Hadj Omar Tall

un grand conqueacuterent qui sous le preacutetexte religieux de la gJerre sainte

contre les tribus animistes (entre autres Bambara) eacutetendit lempire

toucouleur sur presque tout lensemble du gali et la partie de la Guineacutee

proche du l1ali

Lempire toucouleur composeacute de Sarakoleacute de Bambar~ de ~alinkeacute de

Xassonkeacute dE Peul et de Dogon eut le meurorit~ dunir CES diif~rentes ~ ~ - - - - - et~ics ~t dE CD~stituer l~Sl la b2S~ ~r 1

_ ~ ~ ~_ L ~

~ ~- ~- - - ---- _ 1 v _ t 1 ~-_ --

marabout tOL~culcuuml~ ~ middotlrrany a l ick SI venu des E1i rClS dE Pocior~ (

~ Vi~ euroconomicue et sociale -----------~-------------

Les Toucouleur sont des cultivateurs mais bien quils n~ soie~t pa~

pasteurs comrre les Peul leacutelevage a une place inportarteacute decirc1S ltur

eacutecono~ie Pour faciliter leur conquecircte guerriegraverE ils c~t Eucirc une preacuteshy

dilection pour leacutelevage des chevaux On y trouve aussi des pecirccheurs

appeleacutes Tchioubalo La socieacuteteacute toucouleur aurait une stratification

sociale tregraves rigide Les groupes ethniques et les castes eacutetaient

diffeacuterencieacutes et strictement exogamiques les Rimbe classe des nobles

comprenant la famille reacutegnante et les guerriers libres la classe des

Nieacutenieacutebegens de castes artisanales i les Rimaibeacute anciens esclaves

devenus serviteurs qui portent les noms de famille de leur maicirctres A

la base de lorganisation de la collectiviteacute toucouleur se situe le

village (Wouro)

Toutes ces castes sont cloisonneacutees entre elle~ Ainsi il nest pas

permis agrave un Torodo (noble) de se marier avec un Tchioubalo Ces

consideacuterations sont importantes dans le domaine de la lutte ougrave nous

apercevrons que les nobles ne sont pas faits pour lutter Le noble

preacutesidera les seacuteances de lutte et on luttera pour lui Ces condeacute rat ions

de noblesse et de rang social sont extrecircmement importantes dans le

monde toucouleur

Le noble ne doit pas se salir on lutte pour lui il ne vit la lutte

quen tant que spectateur

342 Education moeurs croyances et eratiques religieuses

Deux formes d~ducation sont agrave consideacuterer leacutedJcatio~ dES enfarts Et

celle des adultes

oG lenfant sait m2n~~r et apprfcier le goOt d~5 ~iifeurorents r~pas lt

le moment ougrave il CO~~e~CE agrave marcher

tivirt n~sormais le petit toucou]eur est eacuteduquf par toutmiddot 12 f2~i)]E

dabord puis par toutes lespersc~nes du village ou du C13~

Lenfant peut ~tre corrigeacute par tout adulte appartenant au groupe social

Son eacuteducation est deacutesormais laffaire de toute la communauteacute et non

exclusivement celle ces parents On linitie ainsi au travail quotidien

qui se fait dans la bergel~ e les champs et les bords du fleuve Au sein

du village il pourra apprendre agrave filer la laine et agrave tisser des pagnes

dans les champs il apprend agrave manier la houe et lhiler pour la culture

du riz et du mil Mais signalons que lactiviteacute essentielle du toucouleur

est leacutelevage des boeufs des moutons et des chegravevres Chez les Ichioushy

balos (p~cheurs ) lenfant sera initieacute tregraves tat au maniement des pagaies

agrave la p~che propremccedilnt dite et agrave la nage

Vers cinq-six ans lenfant est confieacute au maicirctre coranique le Ihierno

et ce dernier dispose exclusivement de toute sa vie Lavenir du jeune

enfant lui appartient

Comme dans les autres groupes ethniques les enfants sont regroupeacutes en

classe dacircge et cest dans cette structure que lenfant subit les rite

de passe et plus particuliegraverement celui de la circoncision

La circoncision est non seulement unE opeacuteration chirurgicale malS surshy

tout une peacuteriode au cours de laquelle le jeune garccedilon passe de leacutetat

dadolescent agrave leacutetat dadulte Les circoncis sont reacuteunis en classe

dacircge dans un endroit situeacute hors duvillage geacuteneacuteralement choisi par les

vieux Cet endroit n~st accessible que par des individus de SExe ffi8SCUshy

li~ ~ta~t au preacutealabl circoncis

- - - -

quable et complet sur le plan phy~ique et ~oral Ai~si liniti~

acquiert les qualitecircs indispensables que sont le courag~ la modest

lesprit de sacrifice lendurance

Le toucoule~r est un pleux musulma~ Cela sexp1

SOil le premier agrave tre en contact avec la religion musulmane de par sa

position frontaliegravere Lethnie toucouleur de par son histoire a preacutesenteacute

les plus grands chefs militaires et religieux musulmans seacuteneacutegalais Et

pour illustrer cela on peut citer en exemple la grande famille musulmane

des SY agrave TIVAOUANE repreacutesentant la confreacuterie des TIDJANES

Bien que lon note une majoriteacute musulmane on peut dire que certaines

croyances et pratiques mystiques et animistes persistent encore surtout

dans la reacutegion du fleuve

Une pratique courante se fait elle sappelle le Djatt Elle consiste

agrave faire sortir le caiman du fleuve agrave limmobiliser et agrave lattacher

sans quil ne reacuteagisse et tout ceci agrave laide de versets et dincantashy

tions magiques Dapregraves les teacutemoignages ces pratiques sont plutocirct

freacutequentes chez les Tchioubalos (pecirccheurs) Il arrive aussi que cershy

tains chasseurs ayant des dons se livrent agrave certaines pratiques an1shy

mis tes qui consistent agrave invoquer certaines puissances et agrave moduler sous

forme de chant des versets occultes pour se proteacuteger des mauvais esprits

et pour eacuteloigner les fauves Ce chant est geacuteneacuteralement incompreacutehensible

et deacutenueacute de sens pour le profane

343 Activiteacutes ludiques et pratiques sportives en milieu toucouleur

Durant toute son histoire lethnie ~oucouleur a toujours EacutetEacute Frese~teacute~

comme celle qui avait ue activit essentiellement guerr e e~ particushy

liegraverement farouche Trois eacuteleacutements ret r t l ecirc t te nt i c- euro so~t

le manie~~nt du ~acircton 12 luttE Et 1eacute danSE

l

Lecircducation ph~sique et artistique Dcc~pe un place precircpondecircra~rp

dans la fDrmat~on du jEune toucouleur A loccasion agraveeacutevegravenemen~ imporshy

tants reacutecoltJs mariages baptecircme nous assistons agrave des manifestashy

tions folkloriques de grande envergure le Wango oucirc dailse toucouleur

tregraves gymnique iles chants et surtout les sEacuteances de lutte

La lutte toucouleur est la forme de lutte la plus spectaclaire dans

tout le territoire seacuteneacutegalais Elle est essentiellement baseacutee sur des

techniques en hancheacute et surtout en souplesse Ceci sexplique par le

fait q~e le jeune toucouleur est tregraves tocirct initieacute agrave la gymnastique (saut 1

per saut de main salto arriegravere saut de tecircte couronneacute etc bullbullbull ) pour

la dans~ du wa~go En dansant le wango qui est une danse rythmeacutee et

gymnique le Jeune toucou1eur est capable de prouesses extraordinaires

1

En lutte lattaquant se deacuteplace tregraves peu pour avoir une bonne saisie

(geacuteneacutera~ement controcircle du Ngimben ) et enchaine brusqueme~t avec une

attaque surpris~ Cependant les ripostes sont souvent surprenantes et

spectaculaires (baseacutees sur la souplesse et la rapiditeacute) ontrairement

aux autr~s form~s de luttes ougrave lon voyait tous les jeune adheacuterer la

lutte to~cou1eur Verra un groupe de speacutecialistes sadonne agrave la lutte 1

(la lutte est lieacutee agrave la position sociale de lindividu problegraveme de

caste)

Q La morphologie du lutteur toucou1eur 1

1 1

Ce dernier nest pas aussi large et aussi fort que les lutteurs diola

et seacuteregravere Cependant il est tregraves reacutesistant La musculatJre est saillante 1

et tregraves souple lindividu est longiligne mais tregraves athleacutetique

Les mouvements de lutteurs sont semblables agrave ceux dun grand fe1in Cette 1

morphologie semble ecirctre lieacutee agrave la position geacuteographique de lethnie

(reacutegion du fleuve) et agrave lacitiviteacute socio-eacuteconomique du toucouleur qui

est agrave la fois cultivateur (activiteacute lieacutee agrave la crue et deacutecrUE du fleuve)

pecirccheuro~T CIcr~icubaon) et sttout jEumlrgcr qui est U~ rc~2eumlr

shy

Deux formes egrave~ corps sembl~nt ecirctre preacutefeacutereacutees du lutteur toucouleur

le hancheacute et la souplesse Les hancheacutes sont faits agrave partir de plusieurs

positions de doset se terminent geacuteneacuteralement par des techniques de

tregraves grande amplitude

TABLEAU RECAPITULATIF DES TECHNIQUES ET FORMES DE CORPS SPECIFIQUES

i

L441 r

GARDE FORMES DU CORPS CONTROLES --shy - -

Moyenne Souplesse Ngimbe

Hancheacute bras

Demi-souplesse

1

Profil psycholosigue 1

TECHNIQUES

ContrOle du bassin et 12 souplesse

arriegravere

Klicket et allegravegement de la hanche

Le lutteur toucouleur est celui lUi se livre le moins aux preacuteparaqons

maraboutiques Cela est dO au f~t que le toucouleur est un grand ~USUlshyman et que les pratiques animisges ont presque disparu dans ce mil~eu

Dans la pratique le lutteur esJ combaif mais il est calme et tr~s reacutefleacutechi quant agrave la deacutecision agrave prendre en plein corps agrave corps ct~st un des seuls techniciens qui reJte tregraves lucide au cours de ses comb~ts

l Dans toutes les circonstances e lutteur toucouleur est tenu de re~pecshyter son adversaire et ceux de s4n eacutequipemecircme sil est vaincu

Comme nous avons dO nous en rendre compte la rigueur des principes

eacuteducationnels a une influence tregraves sensible sur l~ comportement du

toucouleur

i

III S COCL ~s 1DO

Dans cette partie nous avons essay~ de montrer lftroite re1atic~

Entre les diverses activiteacutes socio-eacuteconomiques dans les ethnies et

lES diffEacuterentes faccedilons de lutter

Daucuns seraient tent~s de conclure trop rapidement et cest p0~r

cette raison que nOUS avons penseacute preacuteciser que le pheacutenotype nest

pas geacuteneacuterateur du geacutenotype Et nous sommes convaincus que la morphoshy

logie et les techniques des lutteurs relegravevent de leurs modes de vie

et de leurs croyances agrave une eacutepoque et danE un contexte bien deacutetermishy

neacutes

Est-ce que les lutteurs dio1a ou seacuteregravere travaillant avec leurs bras

dans les champs auraient les mecircmes pr 0 fil s physiques que les lutteurs

utilisant des machines pour lagriculture

- 69 shy

I UJOURDH~1 E-S ut O[l LES FORfilS Ut LU11t~

~otons que notre enqu~te a ecirctE essentiellement faiteen milieu urbain

Les seacuteances de lutte ont tendance agrave perdre leur particulariteacute de r~shy

jouissance pour devenir des pheacutenomegravenes de sportisatio Deux fores

de luttes so~t principale~cnt prat s dans les aregrave~es du 5 al

la lutte traditiunnelle simple et la lutte traditionnelle avec frappe

De nos jours la lutte traditionnelle tend vers une reacuteglementation

et une institutionalisation

Le reacutesultat de nos investigations nous donne le tableau ci-dessous

REPARTITION ETHNIQUE SUR 100 PRATIQUANTS

LUTTE LUTTE RAPPORTETHNIES SANS FRAPPE AVEC FRAPPE J2

Diola 40 16 71 j

Seacuteregravere 26 21 57

Toucouleur 23 10 69

Wolof 1 1 53 17

La demande sociale par ordre deacutecroissant pour la lutte sans frappe

se preacutesente comrre suit

]0_ Ethnie diola avec pregraves de 3 lutteur~ sur 4

2deg_ Ethnie toucouleur

Ethri dun

~ 1 LA LUTTE TR])IIIO~~ELLE AVEC H-PPE

Cette forme deacute lutte a une histoire qui date de lantiquiteacute elle

sa~pelait le Pugilat Au Seacuteneacutegal elle a vu le jour dans le Cayor

bien avant la colonisation Le coup dE pied l~Lrdn~lement la morshy

sure la frappe et le doigtf eacutetaient permis dans le cc=bat ~ ~middot~p0~~e

Dans certains cas la giffle eacutetait beaucoup plus dangereuse que le

poing quand elle eacutetait donneacutee par un speacutecialiste Cette giffle pouvait

agrave elle seule deacutechirer et mecircme parfois amputer la joue de ladverser

Selon les informations la lutte avec frappede nos jours serait une

forme de lutte tregraves eupheacutemiseacutee de celle dantan ougrave une blessure

pouvait souvent ecirctre mortelle

Aujourdhui au niveau du folklore la lutte na plus la mecircme

le spectaculaire a remplaceacute le significatif iLa lutte avec frappe se 1

pratique surtout dans les centres urbains C~aque fois quun grand combat 1

est progra~eacute par le Comiteacute National Proviso~re (CNP) des centaines damashy

teurs sont mobiliseacutes vers le stade lba Mar D~OP qui est aujourdhui le i

lieu approprieacute ougrave se deacuteroulent les grands conkbats de lutte Cest la formE

de lutte qui semble drainer une foule de personnes beaucoup plus importante

que celle de la lutte simple

La lutte avec frappe deacuteriverait dune forme de lutte traditionnelle

pratiqueacutee jadis dans le Cayor au temps des Damels et la frappe serait

le substitut dun certain nombre de pratiques doigteacute jet de produits

etc bullbullbull dont le but eacutetait laveuglement de ladversaire La lutte avec

frappe serait une continuation logique dune carriegravere sportive de la

lutte traditionnelle qui sen sert comme moyen socio-eacuteconomique En

effet la majoriteacute des lutteurs avec frappe ont dabord eacuteteacute initieacutes agrave la

lutte simple Cependant il faut signaler que de nOS jours il arrive

que le jeune lutteur avec frappE- soit directenent formEacute conne speacutecialistE

agrave la frappe sa~s pour autant faire son chemin dabcrd egravea~s la lutte

- ~ shy

Le recircsultat dE ~os interviews ncus rec~trE qGune pcpulatiD~ divcrsishy

fiampe sint~resse agrave ce sport et qUE les intecircr~[s des uns et d~SlautrE~

semble~t divergents naucuns affirment que la lutte traditionnelle

avec frappe serait monteacutee par des personnes dont la vocation est dexshy

ploiter ce pheacuteLomegravene agrave des fins commerciales Dautres disent gJellegrave

jouit de mcyens irport~nts t[l[~isio

tation etc bullbullbull ) pour toucher toutes les couches sociales CEpe~~a~t

nous remarquons que mecircme si certaines personnes reprochent agrave cette

forme de lutte decirctre brutale ces mecircmes personnes nheacutesitent pas agrave

se rendre le dimanche agrave laregravene Bien que critiqueacutee elle semble ecirctre

adopteacutee par une tregraves grande partie de la population seacuteneacutegalaise Cepenshy

dant en tant que techniciens il nous est permis de faire une remarque

Il sagit de

- Limpression nette decirctre devant des professionnels de la frappe

qui sont ~ntratneacutes pour cela Dailleurs les propos que nous avons

recueilli~ nous prouvent que la plupart des champions de lutte avec 1

frappe s~ntratnent dans certains sports de combat tels ~ue la boxe i 1

le karateacute le judo Dans cette nouvelle forme de pratique de la lutte

contrairefuent agrave la lutte traditionnelle le technicien e~t souvent

perdant face au puncheur Ce dernier adopte une lutte agrave distance qui

lui permet de placer agrave bon escient ses coups animeacute du deacutesir de vaincre

Le technicien lui se voit contreacute dans toutes ses entreprises par

un uppercut ou un crochet

On peut dire cependant que nul sport au Seacuteneacutegal que la lutte tradishy

tionnelle avec frappe ne deacutechaicircne autant de passions et autant de

pheacutenomegravenes poussant agrave lexcegraves et deacutereacuteglements quon ne peut que deacuteplorer

Mais comment deacutecrier un spectacle de lutte qui bien quayant perdu la

presque totaliteacute des valeurs traditionnelles veacutehiculeacutees autrefois par

elle sait susciter une participation effective de tous ceux qui sont

preacutesents

CONCLUSION

Dans ce meacutemoire nous sommes efforceacutes ~e faire ressort ir limportance des

ethos et des habitus et leurs effets sur la pratique de la lutte tradishy

tionnelle au Seacuteneacutegal

L~b egravethos repr~sentent dune maniegravere g~neurorale tous les eacuteleacutements speacutec

fiques sux Seacuteneacutegalais par conampeacuteguent un systegraveme de valeurs traditionnellEs

Mais m~me si ces valeurs rev~tent une signification universelle (honneur

digniteacute courage etc bullbullbull ) il nen demeure pas moins que ce nest pas leur

nature qui fait leur speacutecificiteacute mais la hieacuterarchisation et limportance i

quon accorde agrave toutes ces valeurs de ~ar leacuteducation ou la culture

i 1

Aussi les valeurs traditionnelles puient leur speacutecificiteacute dans les

caracteacuteristiques propres aux eacuteleacutements ~e la socio-cu1ture (la technologie

et leacuteconomie la politique et la pareteacute la psychologie et lideacuteologie)

dans la socieacuteteacute seacuteneacutegalaise agrave n momen donneacute de son eacutevolution Cest i

dire la neacuteceesiteacute de ne point faire della valeur une reacutealiteacute statique

Cest dite aussi quagrave tout mome~t le ~eacuteneacutegalais peut eacutevoluer et creacuteer

ou vivre par conseacutequent de nouv~lles fprmes de valeur qui lui sont 1

propres ft (J)

La lutte traditionnelle veacutehiculant deS valeurs socio-cu1ture1les speacutecishy

fiquement seacuteneacutegalaises (croyances valeurs morales norme de comportement

opinion attitude bullbullbull ) devient un eacuteleacutement important qui tregraves certaiaement

nous aidera dans notre effort de valoriser et de peacuterenniser notre patri shy

moine culturel par le biais dactiviteacutes physiques et sportives

Leacutetude des habitus nous permet de prouver quil y a plusieurs faccedilons

de se mouvoir comme danser lutter bullbullbull qui varient avec les diffeacuterentes

ethnies (wolof toucouleur seacuteregravere diolagt leurs convenances et leurs

eacuteducations

(1) Revue Ethiopiques 31 Les valeurs traditionnelles et le problegraveme de leur inteacutegration dans les systegravemes modernes jtducatio-1 2 6r--70

nautre part cette eacutetude permet aussi de nous rendrE compte de la

correacutelatipn eacutetroite existant entre la pratique de la lutte traditionnelle

et le sta~ut socio-eacuteconomique du pratiquant

Nos inves~igations nous indiquent que la lutte recrute essentiellement

au niveau des classes socio-eacuteconomiques situeacutees en bas de leacutechelle

donc posseacutedant le statut social le moins favoriseacute La lutte avec frappe

-et un certain secteur commercialiseacute de la lutte simple- y trouve sa

leacutegitimiteacute Comme le dit BOURDIEU nA habitus diffeacuterents styles de Vle

divergents et il oppse les pratiques aristocpatiques correspondants agrave

des activiteacutes qui favorisent les situations eupheacutemiseacutees ougrave la stylisashy

tion est importante aux pratiques populaires qui font appel agrave des

qualiteacutes qpposeacutees bllutes rugueuses Certaines interviews nous

montrent que plus lindividu occupe une place eacuteleveacutee dans leacutechelle

sQciale e~ 1

moin$ il sinteacuteresse agrave la lutte

Les reacutesultats recueillis dans nos diverses investig~tions confirment 1 1

1er propos qui disent que nous assistons aujourdhu~ agrave une involution

de la lutte traditionnelle parce que perdant toutes ses speacutecificiteacutes au 1

pryfit d~ne autre forme de lutte que lon continue agrave appeler nostalshy

giqlementIIlutte traditionnelle

Ceci pourrait peut-~tre trouver une explication dan la citation suivante

La liberteacute de creacuteer dinnover de vivre Pleineinenf decirctre soi et de

preacuteserver son authenticiteacute la digniteacute et lhonneu1demeurent des illushy

sions dans la misegravere eacuteconomique~ Nos ancecirctres creacuteai~nt des valeurs de cishyl

vilisation parce quils eacutetaient libres parce qu1i~s ignoraient toute

deacutependance eacuteconomique ils cultivaient en eux et cbez leurs enfants le 1

Jorn et la Kersa et preacutefeacuteraient la mort agrave la hoJte lI (1)

Or le Seacuteneacutegal comme la plupart des pays africainsi est un pays sousshy

deacuteveloppeacute t cependant face agrave cette volonteacute du gou~ernement seacuteneacutegalais

de faire inteacutegrer dans leacuteducation des valeurs traditionnelles nous

pouvons espeacuterer utiliser comme moyen deacuteducation la lutteacute traditionnelle

qui reste quand mecircme vecteur jethos et dhabit~s

- 54 shy

Mecircme si lon a noteacute un appauvrissement notoire sur les plans socioshy

culturel et moral la lutte traditionnelle recegravele une gamme importante

et varieacutee de techniques permettant incontestablement une ouverture vers

les luttes olympiques libre et g~eacuteco-romaine

La lecture de ce meacutemoire permettra agrave lentratneur et au professeur de

lutte en fonction du lieu ougrave ils seront affecteacutes dans le territoire

seacuteneacutegalaisdavoir une information sur les techniques contrOles et

formes de corps propres agrave chaque groupe ethnique et de les mettre en

relation avec leurs croyances et leurs mentaliteacutes

Nous avons essayeacute de montrer que la pratique de la lutte traditionnelle

doit tre axeacutee sur une ethnomotriciteacute au Seacuteneacutegal qui permette une inishy

tiation facile Cette pratique de la lutte traditionnelle seacuteneacutegalaise

devra dailleurs essayer de ~eacutepondre aux aspirations du Seacuteneacutegalaisl

moderne en souvrant aux ap~orts positifs des autres civilisations

ex~eacuterieures nous voulons Jvidemment parler du judo et des luttes oiymshyJ

piques 1

1 j Nous navons pas la preacutetentfon dans le cadre de ce meacutemoire demattrise

de reacutepondre agrave toutes les qutstions se rattachant agrave leacutetude de ~a lutte

traditionnelle souslangle~socio-culturel car non seulement il nous

manque lexpeacuterience et la c peacutetence en la mati~re mais aussil l le temps

et les moyens dont nous dis osions ne nous permettaient pas d~puiser le 1sujet i

1 1 1 t 1

l

- )5 shy

BIBLIOGRAPHIE

BIBLIOGRAPHIE

1- CLAPAREDE Psychologie de leacuteducation et peacutedagogie expeacuterimentale

Edition Delachaux et Niestleacute 244 pages

2- POCIELLC Christian Sport et Socieacuteteacute approche socio-culturelle

des pratiques Paris Vigot 1981 377 pages

3- PIERON Henri Vocabulaire de la psychologie

PUF Deuxiegraveme eacutedition 1957 469 pages

4- Revue socialiste de culture neacutegro-africaine ETHIOPIQUES

Les valeurs traditionnelles et le problegraveme de leur inteacutegration

dans les systegravemes modernes deacuteducation

GIA 21 Juillet 1982 213 pages

5- N2 Revue du Centre dEtudedes Civilisations DEM ak TEY

NIS IVegrave Trimestre 1982 96 pages

6- Document lNSEP Colloque sur la lutte aeacuteregravere

DAKAR MAI-JUIN 1980

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Bulletin n2 91 du CIO du 15 Aont 1965

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8- Meacutemoire de Mattrise BADJI Abdou La lutte traditionnelle Joola

Etude et perspective

9- Meacutemoire Inspectorat JS DJITTE Mandy Les pratiques corporelles

traditionnelles au Seacuteneacutegal pour leur exploitation et leur

utilisation en peacutedagogie Marly le Roi 1980

REPUBLIQUE DU SENEGAL

--------------- INSTITUT NATIONAL SUPERIEUR

MINISTERE DE LA JEUNESSE DE LrsquoEDUCATION POPULAIRE

ET DES SPORTS ET DU SPORT

-------------

(INSEPS)

MEMOIRE DE MAIcircTRISE

Es-SCIENCES ET TECHNIQUES

DE LrsquoACTIVITE PHYSIQUE ET DU SPORT

LA LUTTE TRADITIONNELLE

son importance sa signification en fonction des ethos et des habitus ethniques au Seacuteneacutegal

Preacutesenteacute par

Monsieur Joseph Victor FAYE

Sous la direction de

M Jean Marc ROCHEZ

Professeur agrave lrsquoINSEPS

Anneacutee de soutenance 1984

~~~rcfcis ct ffi~mc aujourdhui d218 cErtaInes fa~ille5 on devj~Gr

luttEur de pegravere en fils et dans ce cas h 1

gimbell du pEgravere Est recircr i tEacute

par le fils Le fait de porter le lI~gimbe agravee ses aiumleux peut susciter

cne~ le jeune lutteur une motivation et une volontecirc in~branlable rlasshy

surer 12 supeacuterioritEacute cis SIcirct-ns dallS

le xgimbe de la famille ne touche pas le sable

La tenue du lutteur a une signification et une importance sur le plan

mystique car selon les anciens le vrai feacutetiche du lutteur celui qui

le proteacutegera agrave vaincre le Djinneacute ou le Rap de ladversaire se trouve

cacheacute dans ce Ngimbe Celui qui confectionne-le Ngimbe est doueacute de

faculteacutes occultes

~~r~i~rg Il est assureacute par un sage du village qui geacuteneacuteralement fut

championde lutte de son temps Dailleurs cet ancien nintervient que

si le terrassement est litigieux

Hormis le public qui proclame la victoire ou le match nul le lutteur

lui-mecircme est arbitre et il arrive quil se deacuteclare vaincu ~ous

pouvons citer comme exemple Meacutedoune KHOULE un des plus grands lutteurs

seacuteneacutegalais qui a donneacute une victoire agrave Djeacuteri SADIO son adversaire qui a

reacuteussi agrave lui faire toucher le sol de la main

Il Y a terrassement quand le lutteur se retrouve

- assis sur le sol

- eacutetaleacute sur le dos

eacutetaleacute sur le cocircteacute

les deux genoux au sol

- les deux ma~ns au sol

la tecircte (front au sol agrave la suite dune brouette)

Il peut y aVOIr match nul si apregraves li1 temps ccmsideacuterable les lutteurs

SE sont ~ ivrEacutes respectivement agrave des assauts rEacutepEacutetEacutes et n arrivEt pas a

3265 L~ precircparation mystique

Il faut reconnattre quon ne peut parler de lutte en milieu wolof sans

envisager une preacuteparation mystique seacuterieuse Co~~e ~ous lEvans vu a~teacute-

1middot ~ d ~ ~rlturenent t0utes es actlvmiddotltesmiddot u W010 sont lles a SeS croyances

- la lutte ne concerne pas seule~ent deux acteurs se livrant faruumlucheshy

ment agrave un combat au milieu de laregravene mais eacutegalement les marabouts et les

feacutetichistes du village ou du clan qui doivent deacutefendre leur savoir et

leur prestige Avant le combat le lutteur doit se livrer agrave un certain

nombre de preacuteparations mystiques pour assurer sa victoire Aussi sommesshy

nous appeleacutes agrave parler de BACK (cest le chant et la danse du lutteur)

- le batteur de tam-tam compose un rythme en fonction du Galagne ou du

Senghor (gds-gris) du lutteur Chaque galagne sera choisi en fonction

du Rap ou du Djinneacute correspondant au Totem du lutteur

Le chant geacuterleacuterique Feinte woy veut dire litteacuteralement composer un 1

chant Ce chant est geacuteneacuteralement composeacute par les filles du viilage du

champion ou par un griot de sa communauteacute Et agrave travers ce chrnt on

arrive agrave toucher la corde sensible du lutteur en chantant lesl innombrables 1

victoires de ses ancecirctres ou en lui rappelant ses prouesses eacuteblatantes 1

Chaque lutteur doit avoir un chant et un back qui lui sont propres

327 Le reacutepertoire technique et les caracteacuteristiques physiques dulutteur wolof

Le lutteur wolof est geacuteneacuteralement moyen de taille la musculagraveture est

tregraves saillante ce qui fait ressortir un aspect tregraves athleacutetique ceci

est vrai sans exception pour le lutteur leacutebou mais il arrive que le Cacircyoshy

rien le baol-baol le walo-walo soient de grands gabarits de forte constishy

tution

CepEndant pour une meilleure compreacutehension du sujet nous pouvons eacutetudiEr

deux jroups d lut teurs qui vont deacuteterminer deux st yI e s de lut tes

- ~ t

les tc~tativ~s de~[reacutee e~ ramassement de jambes de la~v~sairL Ce~~

peut Ecirctre expliqueacute par le fait que les lutteurs leacutebou ou walo-walc qui

sont des pecirccheursadoptent cette garde tasseacutee du fait quils so~t tou-

jours pencheacutes en tirant le fil ou en poussant la plrogue On verra techrugravequeacutes dt cirr 2C ~lt 5Jllicitocirct

surLuumlut les membres supeacuterieurs

Le cayorien et le baol-baol par contre sont les plus grands cultivateurs

darachide chez eux les techniques de lutte sont plus varieacutees et la

garde est moins renfermeacutee Les lutteurs cayorien et baol-baol ont une

morphologie et une reacutepartition musculaire bien eacutequilibreacutee ils excellent

dans les techniques en deacutecalage les techniques de jambe et surtout les

techniques de riposte ougrave lon peut voir des prises de hancheacute tregraves amples

Dune maniegravere geacuteneacuterale on peut dire que le lutteur wolof est un fin

technicien qui sait surtout creacuteer les opportuniteacutes e~ avec sa rapiditeacute

utiliser la force de ladversaire pour le deacuteseacutequilibrer le noodju

le mbas le weacuteheacuteleacute et le rasu sont des techniques propres au lutteur

wolof

En deacutefense il utilise surtout des kl~klets ou gal-gal Notons que

le balancement des bras ou Lewato e$t tregraves marqueacute dans la lutte wolof

TABLEAU RECAPITULATIF DES COMPOSANTES TECHNIQUES

( 1 )

1 SOUS-GROUPES GARDES CONTROLES FORHES DE CORPS l

Walo-walo Basse de jambe Arracheacute l l10yenne de Ngimbe et i

Leacutebou Tasseacutee et saisies annexesj Deacutecalage 1 1 distante de bras de tecirct1

j de bras Deacutecalaeuro

~-----------------~-

- ~ ~- shy - ~ ~ bull L _ _ bull

Profil psyc~~iqUE du lutteu- et son comporterent dars l 2regravere

La preacuteparation mystique dans laregravene est plus marqueacutee chez les wolofs

que ChE~ les autres ethnies En effet on verra de grands champions

preliGrE plusiEurs heures pour Enduire leur corps de cll2badep ou ci

rmiddot- ~ a la proprieacuteteacute de proteacuteger li1egraveividu J

les mauvais sorts) Cest dailleurs un aspect dt la luttE qui iJcsc

des problegraveJles

Le lutteur wolof est tregraves superstitieux et la peacuteriode de preacuteparation

est capitale pour lui car elle permet non seulement de rendre

hommage aux ancecirctres mais aussi dintimider son adversaire Cest

geacuteneacuteralement un lutteur agressif combatif et teacutemeacuteraire Il se fait

souvent remarquer par son esprit dentreprise Mais cette fougue dans

le combat lamegravene parfois bien que ce soit regrettable agrave oublier les

usages et les normes Ce manque de maicirctrise de soi peut faire croire

que le lutteur wolof manque de fair-play ce qui nest pas toujours le

cas

~A~Ugrave~ t 4AA CbUrs k LA ucirctotve f~tPle Sesect prores mou W ~ lesquelles vont se couler les comporteme~ts individuels qui sont ainsi

monteacutes par et pour lautoriteacute sociale

Les faccedilons de boire de marcher ou de sasseoir se manifestent indivishy

duellement dans le corps de chaque personne ces habitus sont cependant

des montages sociaux lieacutes agrave des significationssymboliques variables

dailleurs selon la position sociale occupeacutee par chaque sujet Ces modes

dagir se rangent dans un systegraveme de montages symboliques et lindivishy

du les apprend de la socieacuteteacute dont il fait partie agrave la place quil occupe

Lhabitus est un montage social agrave la valeur symbolique deacutependant des pheacuteshy

nomegravenes deacuteducation et de prestige et lieacute agrave la position sociale du sujet

Cette penseacutee sonne de faccedilon eacutetonamment moderne

Pierre BOURDIEU qui dans une perspective a approfondi le contenue de la

notion en le reportant aux oppositions entre classes et fractions sociales

Il deacutefinit lhabitus comme un systegraveme de dispositions durables acquis au

cours dune histoire personnelle dans une milieu social donneacute systegraveme qui

engendre ensuite des pra~iques socialement deacutetermineacutees faccedilons de manger

de parler ou de marcher comportements de politesse contenu des preacutefeacuterencel

et des deacutegoOts bullbullbull lhabitus est le produit de conditions eacuteconomiques et

sociales Lauteur rattache directement la formation de lhabitus dun

individu agrave la trajectoire parcourue par celui-ci dans sa classe dapparteshy

nance il deacutefend lideacutee dun habitus de classe qui deacutefinit le sens confeacuteshy

reacute agrave la pratique sportive les profits qui en sont attendus

Ce dernier serait lui-m~me lieacute agrave un systegraveme de valeurs ou ETHOS de classe

prenant sens au sein doppositions distinctives entre classes sociales

De sorte lhabitus fonctionne comme un systegraveme dt- regravegles inteacuterioriseacutees

souvent informuleacutees permettant ou non agrave lagent de sadapter dembleacutee aux

multiples pratiques de la vie quotidienne et de la vie sportive il est agrave

lorigine des schegravemes de transcription qui favorisent les ajustements aux

situations corporelles nouvelles (1)

t ~

(1) P~IE11D dwi6Han ISpoy-l et sodeacutebi Approche Bocio-culturelle des pratiques P~tis Vigot 1981 page 81

33

331 Preacutesentation

Les Seacuteregravere auraient pour origine le Fouta Toro quils auraient quitteacute

vers le Xllegrave siegravecle pour fuir lislamisation de cette reacutegioD par lempire

dJ Xali (ils seraient donc apparEnt~s aux Peul et Toucouleur ) Ils

auraient trouveacute dans la rEacutegion du Sine les Sosseacute dorigine manding avec

lesquels ils salliegraverent

Au XVegrave siegravecle une autre immigrationSos~ conqueacuterante cette fois-ci

apporta son organisation eacutetatique Ils se divisegraverent en deux monarchies

deacutemocratiques lune seacutetablit au Sine et lautre au Saloum Les Sosseacute

conqueacuterants constituaient lautocratie appeleacutee Guelowar

La royauteacute seacuteregravere eacutetait laiumlque Les premiers souverains durent secouer

la tutelle des Toucouleur et progressivement arrivegraverent agrave unifier lethshy

nie des seacuteregravere etdea Sosseacute Les deux royauteacutes eacutetaient organiseacutees selon

acirces modegraveles tregraves deacutemocratiques Le souverain deacutependait dune assembleacutee

de ministres et de chefs locaux qui assuraient ladministration centrale

et reacutegionale())

Aujourdhui lethnie seacuteregravere repreacutesente 20 de la population seacuteneacutegalaise

Ils sont reacutepartis sur presque toute leacutetendue du territoire notamment

dans le Baol la reacutegion du Sine-Saloum et la reacutegion de Thiegraves

Signalons quil existe plusieurs sous-groupes dans lethnie ainsi on

trouvera

- dans la reacutegion de Thiegraves les Ndut les Safegravene et les None

- dans le Sine-Saloum les Sine-sine et les Saloum-salouIT

On trouvera vers foundioune et agrave Nioro du cocircteacute de la Gambie les

Niominka (pecirccheurs) Cest une portion tregraves mandinguiseacutee

( 1

Le rattache~2~t d~ to~s ccs sous-groupes pose problecircme ~25 0~ r0~V~

uc grande partie de traits COITul1uns dans leurs modes dE vie Ct pOUT phs

de faciliteacute nous allons essayer de faire une ~tude globale de la lutte

traditionnelle seacuterecircre Lactiviteacute socio-eacuteconomique qui est essentielleme~t

agro-pasorale caracteacuterisE leacutethnie seacuteregravere

332 Lecircducation les moeurs les croyances et pratiques sEr~rc

Chez les Seacuteregravere la vie humaine se deacuteroule selon les grandes eacutetapes

le baptecircme lenfance ladolescencemarqueacutee par la circoncision lsectge

adulte le mariage la vieillesse et la mort (funeacuterailles)

La vie de la communauteacute seacuteregravere reste une des plus originales sinon

celle qui de nos jours garde la presque totaliteacute des pratiques et

habitudes traditionnelles

Bien qu aujotltdhui con~r-tis aux religions chreacutetienne et musulmane les

Seacuteregravere conservent leurs croyances et pratiques animistes

Quelque soit leur degreacute dadheacutesion aux religions reacuteveacuteleacutees les Seacuteregravere

croient en un Dieu puissant et miseacutericordieux Rog Segravene et les hommes

Les ~angols sont repreacutesenteacutes mateacuteriellement dans tous les villages

seacuteregraveres par des arbres (baobab et tamariniers) des animaux (geacuteneacuteraleshy

ment serpent doreacute ou iguane) des ustensiles (pilon calebasse et mortier)

De nombreux teacutemoignages nous apprennent que certains totems (serpent

iguane) font leur apparicion agrave loccasion de certaines manifestations

rituelles comme les sacrifices ceacuteleacutebreacutes lors dun mariage de ceacutereacutemonies

mortuaires ou des circoncisions

Le Seacuteregravere comme il nous a eacuteteacute donneacute loccasion de le dire plus haut

preacutesente des speacutecificiteacutes authentiques aussi bien en tout ce qui touch~

son eacuteducation ses croyanCES et pratiques mystiques q~e ses activiteacute~

socio-ecirccc~omiquEs Apr~s a ~aissa~c~ le beurob~ ~~ pcs~ 5~~ lE S~ __

On lui mouille les l~vres avec un peu d~ lait de mil et apr~s U~ bain

purificateur on versera leau dans un trou cr~us~ derri~r~ la Camp~~

Pendant huit jours la megravere et lenfant sont cacheacutes dans la case car

selon les anciens ils sont tregraves vulneacuterables La case deacutens certains cas

est entoureacutee dun fil blanc et lon place sur le seuil des fais(cauy di

veacutegeacutetaux pour chasser les mauvais esprits (geacutenies malfaisants et illangeUY~

dacircmes) Au bout du huitiegraveme jour la megravere et lenfant peuvent sortir de

la case bull

bullbullbull Le matin du huitiegraveme jour la tante paternelle va chercher de leau

(plusieurs fois)t elle doit rester muette pendant ses alleacutees et venues

si elle parlait t lenfant pourrait ecirctre muet bullbullbull

La megravere et lenfant prennent un bain purificateur dans lequel sont

trempeacutees certaines plantes (ce sont des veacutegeacutetaux pr~tecteurs tels le

begravene le yag le ngud) On y lavera aussi le linge e1t les ustensiles utishyj

liseacutes pendant les huit jours qui viennet de seacutecoul~r On rase le crine

de lenfant Les cheveux sont donneacutes agrave la megravere qui ~s enterrera avec le

reste du cordon ombilical dans un endroit que11e esit seule agrave connattre

La megravere sassied sur une natte devant la maison Une femme igeacutee de la

famille prend le beacutebeacute dans ses bras et le preacutesente aux quatre coins de

lhorizon

La tante paternelle tient ensuite un van sur la tecircte de la megravere on y

verse le mil on y verse eacutegalement en abondance sur la megravere et sur

lenfant La tante oint ensuite le corps du beacutebeacute avec du lait e11e

touche en particulier le front t le nez la bouche la poitrine le dos

et les oreilles

Elle pose enfin un ~rain de sel dans la paume du beacutebeacute (le sel purifie

et deacutetruit les puissances mauvaises)

Apregraves un nouveau bain la megravere et lenfant revEcirctent des habits de fecircte

(est

lenfant Ce precircnore a toujours U~ SEns Il sy~bolise parfois C0 qUi

lOIl sounaitt agrave lEufant l)

La circoncision comme dans les autres ethnies est obligatoire Elle

permet au jeune adolescent dacceacuteder agrave la classe adulte Les jeunes

sont regroupes en classe dacircge dans le bois ougrave sc fait la r0tr~it0 des

circoncis et ceci pendant plusieurs mois

Le Selbeacute qui est geacuteneacuteralement un ancien craint de tous les eacutelegraveves

enseigne le respect de la hieacuterarchie la discreacutetion le goOt de linishy

tiative Les activiteacutes physiques et leacuteducation artistique ne sont pas

en reste la deacutecoration la sculpture la lutte et la danse A sa sortie

du bois linitieacute appartient deacutesormais agrave la classe des virils et des

sages du clan car on lui aura enseigneacute les vertus fondamentales que

sont la justice lhonneur lamour du prochain 1 amour du travail

lhonnecircteteacute et surtout le respect des coutumes ancestrales

Le rite du mariage esd aussi un fait tregraves important dans le monde 1

seacuteregravere mais par manq~e dinformation nous serons obligeacutes de nous en

tenir lagrave

333 Impact des ethos sur la lutte dans le monde seacuteregravere

Lorigine de la lutte seacuteregravere ne semble pas claire ma1S nous pouvons

dire quil existait deux formes de lutte comme chez les Wolofs une

lutte sans frappe et une lutte avec frappe Et cest cette derniegravere

qui peut-ecirctre nous ameacutenerait agrave croire que la lutte seacuteregravere aurait une

origine plus preacuteciseacutement guerriegravere

Aujourdhui la lutte est uniquement une activiteacute sportive agrave travers

laquelle le jeune seacuteregravere eacutevalue sa force son courage et SOn ingeacutenioshy

siteacute Cest une occasion de deacutefendre lhonneur de son village ou de

la corrnnunauteacute

La luttE ~5t avant tout u~e rnanifcs[dtic~ c~lturclie et surtout

fo lkhriqut-

Gracircce agrave elle on peut deacutesormais comprendre un certain nombre de chants

et de symboles A travers la lutte seacuteregravere on ccedilomprend les inter-relashy

tions entreacute la vie et le monde surntiturel

Sil devait y avoir la mort dun villageacuteois pendant la fecirctE au T qUE

de linterrompre on proceacutedait gracircce aux connaissances magico-religieuses

agrave la suspension de la mort jusquagrave une peacuteriode ougrave la population sera plus

disponible pour organiser des funeacuterailles sil y eacutetait preacutedit la possibishy

liteacute dune deacutefait du champion local au profit dun champion dun autre

village des recettes dordre maginque et religieux eacutetaient mises en prashy

tique afin que le champion du village ne soit jamais terrasseacute(J)

334 Le profil du lutteur seacuteregraver~

Le lutteur seacuteregravere est par essence un athlegravete impressionnant de par sa i

carrure et sa musculature saillante mais cest aussi une force tranquille

et calme quelque soit lenjeu du combagravet et particuliegraverement lhonneur

Cet aspect nous pousse agrave parler du NGiMBE cest-agrave-dire de la tenue du

lutteur qui va influencer sur sa faccedilon de lutter

La confection du Ngimbe revient agrave la communauteacute entiegravere Le Ngimbe a

une signification symbolique et le lutteur pour meacuteriter la confiance du

groupe se doit de tout faire pour ne pas toucher le sol Toute la commushy

nauteacute elle aussi sengage pour assurer la longeacuteviteacute et le succegraves du lutteur

dans laregravene par lorganisation droffrandes et de sacrifices en lhonneur

des Pangols bull

bull

Daucuns nheacutesitent pas agrave dire que lessentiel du mysticisme se fait agrave

la maison et non dans laregravene tout le reste nest quintimidation de

ladversaire

lsvcns

Tt- pi ~- t

t 1 ~ l _ ~ t

par rapport agrave lautre Cbci est trEgraves lieacute agrave lactiviteacute journaliegravere du

jeune seacuteregravere qui est un cultivateur donc toujours bien planteacute sur ses

jambes et qui continuellement manie lhiler

Le fait de couper le boi~ peut eacutegalement constituer un moyen de muscushy

lation non neacutegligeable pour le jeune lutteur

Un certain nombre de traits techniques speacutecifiques au lutteur seacuteregravere

semblent ressortir des diffeacuterentes interviews que nous aVOns fait subir

agrave certains lutteurs seacuteregraveres et agrave diffeacuterents techniciens

SOUS-GROUPES FORMES DU CORPS CONTROLES GARDES

SAFEN Moyenne en fente NONE Hancheacute Bras (distante) j

NDUTJ

f

SINE-SINE Deacutecalage Ngimbe

Moyenne

SALOUM-SALOUM Passage- Jambe (rapprocheacutee) 1

i

PETITE dessous Tecircte Basse et 1

COTE Moyenne (rapprocheacutee)

Notons que le Niominka ll commence agrave lutter agrave partir du sol pour avoir

assez deacutelan et sauter sur ladversaire afin davoir la prise du lion

(contr6le de la nuque et du bassin)

Co a -tem-nt ccedilt attitude du lutteur sEacuteregravere335 np -1t ~

Les croyances mystiques sont indissociables des activiteacutes quotidiennes

duseacuteregravere Ce qui explique le cocircteacute supersticieux du lutteur seacuteregravere En

~ffet certains lutteurs refusent de lutter avant certaines heures

Certains teacutemoignages nous apprennent quil nest pas donneacute agrave tout le

monde decirctre champion de lutte et que le lutteur doit avoir des dons

surnaturels pour ecirctre agrave mesure de livrer ses combats dans la nuit

et trouver seul un gris-gris speacutecial appeleacute Njatch

Le vrai champion de lutte chez les seacuteregraveres ne lutte pas seulement avec

~a force et sa technique mais surtout avec ses dons occultes

Chez les seacuteregraveres les morts sont toujours preacutesents et les ~pangols

Servent dintermeacutediaire entre les hommes et les morts Le pangol prend i

le nom dhumain dans certains villages (IIHeacuteJga NDONG Har Wag NGOUYE) i 1

De ce fait on verra le lutteur danser dufe maniegravere ou dune autre en

fonction du pangol de sa famille Ainsi nrus aurons le back (chant et

danse du lutteur) des DIOUF des FAYE etclbullbullbull

Dans laregravene le lutteur seacuteregravere a un comportement exemplaire aussi bien

agrave leacutegard de son adversaire direct quave~ le public en geacuteneacuteral Lexpli shy

cation semble tenir au fait que le lutteur seacuteregravere est avant tout selon

la tradition orale le repreacutesentant de toute la communauteacute seacuteregravere Par

conseacutequent il devra saffirmer non seulement en tant que lutteur dans

laregravene mais aussi en tant quentiteacute morale

336 La tenue du lutteur ou NGIMBE est confectionneacutee par le marabout de la

famille ou du clan Le Ngimbe est constitueacute de pagne en cCton tisseacute

Il doit ecirctre propre le lutteur qui le porte ne devra pas avoir de rapshy

port sexuel pendant toute la peacuteriode des cOTpeacutetitians car le Ngi~bE ne

doit pas ~tre souilleacute

Autrefois et mecircme aujourdthui dans certaines familles on devient

lutteur de pegravere en fils et dans ce cas le Ngimbe du pegravere est heacuteriteacute

par le fils Le fait de porter le Ngimbe de ses aieux peut susciter

chez le jeune lutteur une motivation et une volonteacute ineacutebranlable dtasshy

surer la supeacuterioriteacute d~s siens dans ltaregravene Il fera tout pour que le

Ngimbe de la ramille ne touche le sable

La tenue du lutteur a une signification et une importance sur le plan

mystique car selon les anciens le vra1 feacutetiche du lutteur celui qui

le proteacutegera et laidera agrave vaincre le nDjinne ou le tRapu de ladvershy

saire se trouve cacheacute dans ce Ngimbeu bull Celui qui confectionne donc le

Ngimbe U est doueacute de faculteacutes occultes

337 Larbitrase est assureacute par un sage du village qui geacuteneacuteralement fut

champion de lutte de son temps Dailleurs cet ancien nintervient que

si le terrassement est litigieux Hormis le public qui proclame la vicshy

toire ou le match nul le lutteur lui-mecircme est arbitre et il arrive

quil se deacuteclare vaincu

Nous avons pu cfter Meacutedoune KHOULE un desplus grands lutteurs seacuteneacutegashy

lais qui a donn~ une victoire agrave Djeacuteri SADIO son adversaire qui a reacuteussi

agrave lui faire touegraveher le sol de la main

IlL

34 1 Preacutesentation

Lethnie toucouleur vit En grandt partit ciE~~ la vallfc du S~~~gal

pt reprecircsente i peu pr~s 8 de la population totale secircn~galaise

o Histoire

Il semblerait que dans lancien royaume du Tekrour (IX~ siegravecle) des

eacuteleacutements neacutegroiumldes Sarakoleacute et des Peul aient formEacute par meacutetissage le

peuple Toucouleur (Toucouleur serait dailleurs une deacuteformation du

mot portugais Tacouror)

Ce empire a domineacute aussi bien les wolofs de lOuest que les Peul

nomades du Fouta Toro Cette reacutegion fut le premier pays islamiseacute par

les Almoravides ce qui peut expliquer le proseacutelytisme toucouleur

Ce sont les guerriers toucouleur islamiseacutes qui attaqu~rent avec les

Almoravides la capitale du Ghana Koumbi en 1067 On convertit par

la force les animistes Cest sans doute agrave cette eacutepoque que de nombreuses

ethnies reacutefractaires agrave lIslam ont dO accentuer leur migration vers

le sud (Seacuteregravere wolof Sarakoleacute Bambara Songhaiuml Akan et Peul se reacuteshy

fugiaient vers les hauteurs du Fouta Djalon)

Au XIXegrave siegravecle les Toucouleur allaient trouver en El Hadj Omar Tall

un grand conqueacuterent qui sous le preacutetexte religieux de la gJerre sainte

contre les tribus animistes (entre autres Bambara) eacutetendit lempire

toucouleur sur presque tout lensemble du gali et la partie de la Guineacutee

proche du l1ali

Lempire toucouleur composeacute de Sarakoleacute de Bambar~ de ~alinkeacute de

Xassonkeacute dE Peul et de Dogon eut le meurorit~ dunir CES diif~rentes ~ ~ - - - - - et~ics ~t dE CD~stituer l~Sl la b2S~ ~r 1

_ ~ ~ ~_ L ~

~ ~- ~- - - ---- _ 1 v _ t 1 ~-_ --

marabout tOL~culcuuml~ ~ middotlrrany a l ick SI venu des E1i rClS dE Pocior~ (

~ Vi~ euroconomicue et sociale -----------~-------------

Les Toucouleur sont des cultivateurs mais bien quils n~ soie~t pa~

pasteurs comrre les Peul leacutelevage a une place inportarteacute decirc1S ltur

eacutecono~ie Pour faciliter leur conquecircte guerriegraverE ils c~t Eucirc une preacuteshy

dilection pour leacutelevage des chevaux On y trouve aussi des pecirccheurs

appeleacutes Tchioubalo La socieacuteteacute toucouleur aurait une stratification

sociale tregraves rigide Les groupes ethniques et les castes eacutetaient

diffeacuterencieacutes et strictement exogamiques les Rimbe classe des nobles

comprenant la famille reacutegnante et les guerriers libres la classe des

Nieacutenieacutebegens de castes artisanales i les Rimaibeacute anciens esclaves

devenus serviteurs qui portent les noms de famille de leur maicirctres A

la base de lorganisation de la collectiviteacute toucouleur se situe le

village (Wouro)

Toutes ces castes sont cloisonneacutees entre elle~ Ainsi il nest pas

permis agrave un Torodo (noble) de se marier avec un Tchioubalo Ces

consideacuterations sont importantes dans le domaine de la lutte ougrave nous

apercevrons que les nobles ne sont pas faits pour lutter Le noble

preacutesidera les seacuteances de lutte et on luttera pour lui Ces condeacute rat ions

de noblesse et de rang social sont extrecircmement importantes dans le

monde toucouleur

Le noble ne doit pas se salir on lutte pour lui il ne vit la lutte

quen tant que spectateur

342 Education moeurs croyances et eratiques religieuses

Deux formes d~ducation sont agrave consideacuterer leacutedJcatio~ dES enfarts Et

celle des adultes

oG lenfant sait m2n~~r et apprfcier le goOt d~5 ~iifeurorents r~pas lt

le moment ougrave il CO~~e~CE agrave marcher

tivirt n~sormais le petit toucou]eur est eacuteduquf par toutmiddot 12 f2~i)]E

dabord puis par toutes lespersc~nes du village ou du C13~

Lenfant peut ~tre corrigeacute par tout adulte appartenant au groupe social

Son eacuteducation est deacutesormais laffaire de toute la communauteacute et non

exclusivement celle ces parents On linitie ainsi au travail quotidien

qui se fait dans la bergel~ e les champs et les bords du fleuve Au sein

du village il pourra apprendre agrave filer la laine et agrave tisser des pagnes

dans les champs il apprend agrave manier la houe et lhiler pour la culture

du riz et du mil Mais signalons que lactiviteacute essentielle du toucouleur

est leacutelevage des boeufs des moutons et des chegravevres Chez les Ichioushy

balos (p~cheurs ) lenfant sera initieacute tregraves tat au maniement des pagaies

agrave la p~che propremccedilnt dite et agrave la nage

Vers cinq-six ans lenfant est confieacute au maicirctre coranique le Ihierno

et ce dernier dispose exclusivement de toute sa vie Lavenir du jeune

enfant lui appartient

Comme dans les autres groupes ethniques les enfants sont regroupeacutes en

classe dacircge et cest dans cette structure que lenfant subit les rite

de passe et plus particuliegraverement celui de la circoncision

La circoncision est non seulement unE opeacuteration chirurgicale malS surshy

tout une peacuteriode au cours de laquelle le jeune garccedilon passe de leacutetat

dadolescent agrave leacutetat dadulte Les circoncis sont reacuteunis en classe

dacircge dans un endroit situeacute hors duvillage geacuteneacuteralement choisi par les

vieux Cet endroit n~st accessible que par des individus de SExe ffi8SCUshy

li~ ~ta~t au preacutealabl circoncis

- - - -

quable et complet sur le plan phy~ique et ~oral Ai~si liniti~

acquiert les qualitecircs indispensables que sont le courag~ la modest

lesprit de sacrifice lendurance

Le toucoule~r est un pleux musulma~ Cela sexp1

SOil le premier agrave tre en contact avec la religion musulmane de par sa

position frontaliegravere Lethnie toucouleur de par son histoire a preacutesenteacute

les plus grands chefs militaires et religieux musulmans seacuteneacutegalais Et

pour illustrer cela on peut citer en exemple la grande famille musulmane

des SY agrave TIVAOUANE repreacutesentant la confreacuterie des TIDJANES

Bien que lon note une majoriteacute musulmane on peut dire que certaines

croyances et pratiques mystiques et animistes persistent encore surtout

dans la reacutegion du fleuve

Une pratique courante se fait elle sappelle le Djatt Elle consiste

agrave faire sortir le caiman du fleuve agrave limmobiliser et agrave lattacher

sans quil ne reacuteagisse et tout ceci agrave laide de versets et dincantashy

tions magiques Dapregraves les teacutemoignages ces pratiques sont plutocirct

freacutequentes chez les Tchioubalos (pecirccheurs) Il arrive aussi que cershy

tains chasseurs ayant des dons se livrent agrave certaines pratiques an1shy

mis tes qui consistent agrave invoquer certaines puissances et agrave moduler sous

forme de chant des versets occultes pour se proteacuteger des mauvais esprits

et pour eacuteloigner les fauves Ce chant est geacuteneacuteralement incompreacutehensible

et deacutenueacute de sens pour le profane

343 Activiteacutes ludiques et pratiques sportives en milieu toucouleur

Durant toute son histoire lethnie ~oucouleur a toujours EacutetEacute Frese~teacute~

comme celle qui avait ue activit essentiellement guerr e e~ particushy

liegraverement farouche Trois eacuteleacutements ret r t l ecirc t te nt i c- euro so~t

le manie~~nt du ~acircton 12 luttE Et 1eacute danSE

l

Lecircducation ph~sique et artistique Dcc~pe un place precircpondecircra~rp

dans la fDrmat~on du jEune toucouleur A loccasion agraveeacutevegravenemen~ imporshy

tants reacutecoltJs mariages baptecircme nous assistons agrave des manifestashy

tions folkloriques de grande envergure le Wango oucirc dailse toucouleur

tregraves gymnique iles chants et surtout les sEacuteances de lutte

La lutte toucouleur est la forme de lutte la plus spectaclaire dans

tout le territoire seacuteneacutegalais Elle est essentiellement baseacutee sur des

techniques en hancheacute et surtout en souplesse Ceci sexplique par le

fait q~e le jeune toucouleur est tregraves tocirct initieacute agrave la gymnastique (saut 1

per saut de main salto arriegravere saut de tecircte couronneacute etc bullbullbull ) pour

la dans~ du wa~go En dansant le wango qui est une danse rythmeacutee et

gymnique le Jeune toucou1eur est capable de prouesses extraordinaires

1

En lutte lattaquant se deacuteplace tregraves peu pour avoir une bonne saisie

(geacuteneacutera~ement controcircle du Ngimben ) et enchaine brusqueme~t avec une

attaque surpris~ Cependant les ripostes sont souvent surprenantes et

spectaculaires (baseacutees sur la souplesse et la rapiditeacute) ontrairement

aux autr~s form~s de luttes ougrave lon voyait tous les jeune adheacuterer la

lutte to~cou1eur Verra un groupe de speacutecialistes sadonne agrave la lutte 1

(la lutte est lieacutee agrave la position sociale de lindividu problegraveme de

caste)

Q La morphologie du lutteur toucou1eur 1

1 1

Ce dernier nest pas aussi large et aussi fort que les lutteurs diola

et seacuteregravere Cependant il est tregraves reacutesistant La musculatJre est saillante 1

et tregraves souple lindividu est longiligne mais tregraves athleacutetique

Les mouvements de lutteurs sont semblables agrave ceux dun grand fe1in Cette 1

morphologie semble ecirctre lieacutee agrave la position geacuteographique de lethnie

(reacutegion du fleuve) et agrave lacitiviteacute socio-eacuteconomique du toucouleur qui

est agrave la fois cultivateur (activiteacute lieacutee agrave la crue et deacutecrUE du fleuve)

pecirccheuro~T CIcr~icubaon) et sttout jEumlrgcr qui est U~ rc~2eumlr

shy

Deux formes egrave~ corps sembl~nt ecirctre preacutefeacutereacutees du lutteur toucouleur

le hancheacute et la souplesse Les hancheacutes sont faits agrave partir de plusieurs

positions de doset se terminent geacuteneacuteralement par des techniques de

tregraves grande amplitude

TABLEAU RECAPITULATIF DES TECHNIQUES ET FORMES DE CORPS SPECIFIQUES

i

L441 r

GARDE FORMES DU CORPS CONTROLES --shy - -

Moyenne Souplesse Ngimbe

Hancheacute bras

Demi-souplesse

1

Profil psycholosigue 1

TECHNIQUES

ContrOle du bassin et 12 souplesse

arriegravere

Klicket et allegravegement de la hanche

Le lutteur toucouleur est celui lUi se livre le moins aux preacuteparaqons

maraboutiques Cela est dO au f~t que le toucouleur est un grand ~USUlshyman et que les pratiques animisges ont presque disparu dans ce mil~eu

Dans la pratique le lutteur esJ combaif mais il est calme et tr~s reacutefleacutechi quant agrave la deacutecision agrave prendre en plein corps agrave corps ct~st un des seuls techniciens qui reJte tregraves lucide au cours de ses comb~ts

l Dans toutes les circonstances e lutteur toucouleur est tenu de re~pecshyter son adversaire et ceux de s4n eacutequipemecircme sil est vaincu

Comme nous avons dO nous en rendre compte la rigueur des principes

eacuteducationnels a une influence tregraves sensible sur l~ comportement du

toucouleur

i

III S COCL ~s 1DO

Dans cette partie nous avons essay~ de montrer lftroite re1atic~

Entre les diverses activiteacutes socio-eacuteconomiques dans les ethnies et

lES diffEacuterentes faccedilons de lutter

Daucuns seraient tent~s de conclure trop rapidement et cest p0~r

cette raison que nOUS avons penseacute preacuteciser que le pheacutenotype nest

pas geacuteneacuterateur du geacutenotype Et nous sommes convaincus que la morphoshy

logie et les techniques des lutteurs relegravevent de leurs modes de vie

et de leurs croyances agrave une eacutepoque et danE un contexte bien deacutetermishy

neacutes

Est-ce que les lutteurs dio1a ou seacuteregravere travaillant avec leurs bras

dans les champs auraient les mecircmes pr 0 fil s physiques que les lutteurs

utilisant des machines pour lagriculture

- 69 shy

I UJOURDH~1 E-S ut O[l LES FORfilS Ut LU11t~

~otons que notre enqu~te a ecirctE essentiellement faiteen milieu urbain

Les seacuteances de lutte ont tendance agrave perdre leur particulariteacute de r~shy

jouissance pour devenir des pheacutenomegravenes de sportisatio Deux fores

de luttes so~t principale~cnt prat s dans les aregrave~es du 5 al

la lutte traditiunnelle simple et la lutte traditionnelle avec frappe

De nos jours la lutte traditionnelle tend vers une reacuteglementation

et une institutionalisation

Le reacutesultat de nos investigations nous donne le tableau ci-dessous

REPARTITION ETHNIQUE SUR 100 PRATIQUANTS

LUTTE LUTTE RAPPORTETHNIES SANS FRAPPE AVEC FRAPPE J2

Diola 40 16 71 j

Seacuteregravere 26 21 57

Toucouleur 23 10 69

Wolof 1 1 53 17

La demande sociale par ordre deacutecroissant pour la lutte sans frappe

se preacutesente comrre suit

]0_ Ethnie diola avec pregraves de 3 lutteur~ sur 4

2deg_ Ethnie toucouleur

Ethri dun

~ 1 LA LUTTE TR])IIIO~~ELLE AVEC H-PPE

Cette forme deacute lutte a une histoire qui date de lantiquiteacute elle

sa~pelait le Pugilat Au Seacuteneacutegal elle a vu le jour dans le Cayor

bien avant la colonisation Le coup dE pied l~Lrdn~lement la morshy

sure la frappe et le doigtf eacutetaient permis dans le cc=bat ~ ~middot~p0~~e

Dans certains cas la giffle eacutetait beaucoup plus dangereuse que le

poing quand elle eacutetait donneacutee par un speacutecialiste Cette giffle pouvait

agrave elle seule deacutechirer et mecircme parfois amputer la joue de ladverser

Selon les informations la lutte avec frappede nos jours serait une

forme de lutte tregraves eupheacutemiseacutee de celle dantan ougrave une blessure

pouvait souvent ecirctre mortelle

Aujourdhui au niveau du folklore la lutte na plus la mecircme

le spectaculaire a remplaceacute le significatif iLa lutte avec frappe se 1

pratique surtout dans les centres urbains C~aque fois quun grand combat 1

est progra~eacute par le Comiteacute National Proviso~re (CNP) des centaines damashy

teurs sont mobiliseacutes vers le stade lba Mar D~OP qui est aujourdhui le i

lieu approprieacute ougrave se deacuteroulent les grands conkbats de lutte Cest la formE

de lutte qui semble drainer une foule de personnes beaucoup plus importante

que celle de la lutte simple

La lutte avec frappe deacuteriverait dune forme de lutte traditionnelle

pratiqueacutee jadis dans le Cayor au temps des Damels et la frappe serait

le substitut dun certain nombre de pratiques doigteacute jet de produits

etc bullbullbull dont le but eacutetait laveuglement de ladversaire La lutte avec

frappe serait une continuation logique dune carriegravere sportive de la

lutte traditionnelle qui sen sert comme moyen socio-eacuteconomique En

effet la majoriteacute des lutteurs avec frappe ont dabord eacuteteacute initieacutes agrave la

lutte simple Cependant il faut signaler que de nOS jours il arrive

que le jeune lutteur avec frappE- soit directenent formEacute conne speacutecialistE

agrave la frappe sa~s pour autant faire son chemin dabcrd egravea~s la lutte

- ~ shy

Le recircsultat dE ~os interviews ncus rec~trE qGune pcpulatiD~ divcrsishy

fiampe sint~resse agrave ce sport et qUE les intecircr~[s des uns et d~SlautrE~

semble~t divergents naucuns affirment que la lutte traditionnelle

avec frappe serait monteacutee par des personnes dont la vocation est dexshy

ploiter ce pheacuteLomegravene agrave des fins commerciales Dautres disent gJellegrave

jouit de mcyens irport~nts t[l[~isio

tation etc bullbullbull ) pour toucher toutes les couches sociales CEpe~~a~t

nous remarquons que mecircme si certaines personnes reprochent agrave cette

forme de lutte decirctre brutale ces mecircmes personnes nheacutesitent pas agrave

se rendre le dimanche agrave laregravene Bien que critiqueacutee elle semble ecirctre

adopteacutee par une tregraves grande partie de la population seacuteneacutegalaise Cepenshy

dant en tant que techniciens il nous est permis de faire une remarque

Il sagit de

- Limpression nette decirctre devant des professionnels de la frappe

qui sont ~ntratneacutes pour cela Dailleurs les propos que nous avons

recueilli~ nous prouvent que la plupart des champions de lutte avec 1

frappe s~ntratnent dans certains sports de combat tels ~ue la boxe i 1

le karateacute le judo Dans cette nouvelle forme de pratique de la lutte

contrairefuent agrave la lutte traditionnelle le technicien e~t souvent

perdant face au puncheur Ce dernier adopte une lutte agrave distance qui

lui permet de placer agrave bon escient ses coups animeacute du deacutesir de vaincre

Le technicien lui se voit contreacute dans toutes ses entreprises par

un uppercut ou un crochet

On peut dire cependant que nul sport au Seacuteneacutegal que la lutte tradishy

tionnelle avec frappe ne deacutechaicircne autant de passions et autant de

pheacutenomegravenes poussant agrave lexcegraves et deacutereacuteglements quon ne peut que deacuteplorer

Mais comment deacutecrier un spectacle de lutte qui bien quayant perdu la

presque totaliteacute des valeurs traditionnelles veacutehiculeacutees autrefois par

elle sait susciter une participation effective de tous ceux qui sont

preacutesents

CONCLUSION

Dans ce meacutemoire nous sommes efforceacutes ~e faire ressort ir limportance des

ethos et des habitus et leurs effets sur la pratique de la lutte tradishy

tionnelle au Seacuteneacutegal

L~b egravethos repr~sentent dune maniegravere g~neurorale tous les eacuteleacutements speacutec

fiques sux Seacuteneacutegalais par conampeacuteguent un systegraveme de valeurs traditionnellEs

Mais m~me si ces valeurs rev~tent une signification universelle (honneur

digniteacute courage etc bullbullbull ) il nen demeure pas moins que ce nest pas leur

nature qui fait leur speacutecificiteacute mais la hieacuterarchisation et limportance i

quon accorde agrave toutes ces valeurs de ~ar leacuteducation ou la culture

i 1

Aussi les valeurs traditionnelles puient leur speacutecificiteacute dans les

caracteacuteristiques propres aux eacuteleacutements ~e la socio-cu1ture (la technologie

et leacuteconomie la politique et la pareteacute la psychologie et lideacuteologie)

dans la socieacuteteacute seacuteneacutegalaise agrave n momen donneacute de son eacutevolution Cest i

dire la neacuteceesiteacute de ne point faire della valeur une reacutealiteacute statique

Cest dite aussi quagrave tout mome~t le ~eacuteneacutegalais peut eacutevoluer et creacuteer

ou vivre par conseacutequent de nouv~lles fprmes de valeur qui lui sont 1

propres ft (J)

La lutte traditionnelle veacutehiculant deS valeurs socio-cu1ture1les speacutecishy

fiquement seacuteneacutegalaises (croyances valeurs morales norme de comportement

opinion attitude bullbullbull ) devient un eacuteleacutement important qui tregraves certaiaement

nous aidera dans notre effort de valoriser et de peacuterenniser notre patri shy

moine culturel par le biais dactiviteacutes physiques et sportives

Leacutetude des habitus nous permet de prouver quil y a plusieurs faccedilons

de se mouvoir comme danser lutter bullbullbull qui varient avec les diffeacuterentes

ethnies (wolof toucouleur seacuteregravere diolagt leurs convenances et leurs

eacuteducations

(1) Revue Ethiopiques 31 Les valeurs traditionnelles et le problegraveme de leur inteacutegration dans les systegravemes modernes jtducatio-1 2 6r--70

nautre part cette eacutetude permet aussi de nous rendrE compte de la

correacutelatipn eacutetroite existant entre la pratique de la lutte traditionnelle

et le sta~ut socio-eacuteconomique du pratiquant

Nos inves~igations nous indiquent que la lutte recrute essentiellement

au niveau des classes socio-eacuteconomiques situeacutees en bas de leacutechelle

donc posseacutedant le statut social le moins favoriseacute La lutte avec frappe

-et un certain secteur commercialiseacute de la lutte simple- y trouve sa

leacutegitimiteacute Comme le dit BOURDIEU nA habitus diffeacuterents styles de Vle

divergents et il oppse les pratiques aristocpatiques correspondants agrave

des activiteacutes qui favorisent les situations eupheacutemiseacutees ougrave la stylisashy

tion est importante aux pratiques populaires qui font appel agrave des

qualiteacutes qpposeacutees bllutes rugueuses Certaines interviews nous

montrent que plus lindividu occupe une place eacuteleveacutee dans leacutechelle

sQciale e~ 1

moin$ il sinteacuteresse agrave la lutte

Les reacutesultats recueillis dans nos diverses investig~tions confirment 1 1

1er propos qui disent que nous assistons aujourdhu~ agrave une involution

de la lutte traditionnelle parce que perdant toutes ses speacutecificiteacutes au 1

pryfit d~ne autre forme de lutte que lon continue agrave appeler nostalshy

giqlementIIlutte traditionnelle

Ceci pourrait peut-~tre trouver une explication dan la citation suivante

La liberteacute de creacuteer dinnover de vivre Pleineinenf decirctre soi et de

preacuteserver son authenticiteacute la digniteacute et lhonneu1demeurent des illushy

sions dans la misegravere eacuteconomique~ Nos ancecirctres creacuteai~nt des valeurs de cishyl

vilisation parce quils eacutetaient libres parce qu1i~s ignoraient toute

deacutependance eacuteconomique ils cultivaient en eux et cbez leurs enfants le 1

Jorn et la Kersa et preacutefeacuteraient la mort agrave la hoJte lI (1)

Or le Seacuteneacutegal comme la plupart des pays africainsi est un pays sousshy

deacuteveloppeacute t cependant face agrave cette volonteacute du gou~ernement seacuteneacutegalais

de faire inteacutegrer dans leacuteducation des valeurs traditionnelles nous

pouvons espeacuterer utiliser comme moyen deacuteducation la lutteacute traditionnelle

qui reste quand mecircme vecteur jethos et dhabit~s

- 54 shy

Mecircme si lon a noteacute un appauvrissement notoire sur les plans socioshy

culturel et moral la lutte traditionnelle recegravele une gamme importante

et varieacutee de techniques permettant incontestablement une ouverture vers

les luttes olympiques libre et g~eacuteco-romaine

La lecture de ce meacutemoire permettra agrave lentratneur et au professeur de

lutte en fonction du lieu ougrave ils seront affecteacutes dans le territoire

seacuteneacutegalaisdavoir une information sur les techniques contrOles et

formes de corps propres agrave chaque groupe ethnique et de les mettre en

relation avec leurs croyances et leurs mentaliteacutes

Nous avons essayeacute de montrer que la pratique de la lutte traditionnelle

doit tre axeacutee sur une ethnomotriciteacute au Seacuteneacutegal qui permette une inishy

tiation facile Cette pratique de la lutte traditionnelle seacuteneacutegalaise

devra dailleurs essayer de ~eacutepondre aux aspirations du Seacuteneacutegalaisl

moderne en souvrant aux ap~orts positifs des autres civilisations

ex~eacuterieures nous voulons Jvidemment parler du judo et des luttes oiymshyJ

piques 1

1 j Nous navons pas la preacutetentfon dans le cadre de ce meacutemoire demattrise

de reacutepondre agrave toutes les qutstions se rattachant agrave leacutetude de ~a lutte

traditionnelle souslangle~socio-culturel car non seulement il nous

manque lexpeacuterience et la c peacutetence en la mati~re mais aussil l le temps

et les moyens dont nous dis osions ne nous permettaient pas d~puiser le 1sujet i

1 1 1 t 1

l

- )5 shy

BIBLIOGRAPHIE

BIBLIOGRAPHIE

1- CLAPAREDE Psychologie de leacuteducation et peacutedagogie expeacuterimentale

Edition Delachaux et Niestleacute 244 pages

2- POCIELLC Christian Sport et Socieacuteteacute approche socio-culturelle

des pratiques Paris Vigot 1981 377 pages

3- PIERON Henri Vocabulaire de la psychologie

PUF Deuxiegraveme eacutedition 1957 469 pages

4- Revue socialiste de culture neacutegro-africaine ETHIOPIQUES

Les valeurs traditionnelles et le problegraveme de leur inteacutegration

dans les systegravemes modernes deacuteducation

GIA 21 Juillet 1982 213 pages

5- N2 Revue du Centre dEtudedes Civilisations DEM ak TEY

NIS IVegrave Trimestre 1982 96 pages

6- Document lNSEP Colloque sur la lutte aeacuteregravere

DAKAR MAI-JUIN 1980

t 1

~- Travaux du IVegrave Congregraves National ~es Sports agrave DAKAR les 2223041981

Bulletin n2 91 du CIO du 15 Aont 1965

l____________________________

8- Meacutemoire de Mattrise BADJI Abdou La lutte traditionnelle Joola

Etude et perspective

9- Meacutemoire Inspectorat JS DJITTE Mandy Les pratiques corporelles

traditionnelles au Seacuteneacutegal pour leur exploitation et leur

utilisation en peacutedagogie Marly le Roi 1980

REPUBLIQUE DU SENEGAL

--------------- INSTITUT NATIONAL SUPERIEUR

MINISTERE DE LA JEUNESSE DE LrsquoEDUCATION POPULAIRE

ET DES SPORTS ET DU SPORT

-------------

(INSEPS)

MEMOIRE DE MAIcircTRISE

Es-SCIENCES ET TECHNIQUES

DE LrsquoACTIVITE PHYSIQUE ET DU SPORT

LA LUTTE TRADITIONNELLE

son importance sa signification en fonction des ethos et des habitus ethniques au Seacuteneacutegal

Preacutesenteacute par

Monsieur Joseph Victor FAYE

Sous la direction de

M Jean Marc ROCHEZ

Professeur agrave lrsquoINSEPS

Anneacutee de soutenance 1984

3265 L~ precircparation mystique

Il faut reconnattre quon ne peut parler de lutte en milieu wolof sans

envisager une preacuteparation mystique seacuterieuse Co~~e ~ous lEvans vu a~teacute-

1middot ~ d ~ ~rlturenent t0utes es actlvmiddotltesmiddot u W010 sont lles a SeS croyances

- la lutte ne concerne pas seule~ent deux acteurs se livrant faruumlucheshy

ment agrave un combat au milieu de laregravene mais eacutegalement les marabouts et les

feacutetichistes du village ou du clan qui doivent deacutefendre leur savoir et

leur prestige Avant le combat le lutteur doit se livrer agrave un certain

nombre de preacuteparations mystiques pour assurer sa victoire Aussi sommesshy

nous appeleacutes agrave parler de BACK (cest le chant et la danse du lutteur)

- le batteur de tam-tam compose un rythme en fonction du Galagne ou du

Senghor (gds-gris) du lutteur Chaque galagne sera choisi en fonction

du Rap ou du Djinneacute correspondant au Totem du lutteur

Le chant geacuterleacuterique Feinte woy veut dire litteacuteralement composer un 1

chant Ce chant est geacuteneacuteralement composeacute par les filles du viilage du

champion ou par un griot de sa communauteacute Et agrave travers ce chrnt on

arrive agrave toucher la corde sensible du lutteur en chantant lesl innombrables 1

victoires de ses ancecirctres ou en lui rappelant ses prouesses eacuteblatantes 1

Chaque lutteur doit avoir un chant et un back qui lui sont propres

327 Le reacutepertoire technique et les caracteacuteristiques physiques dulutteur wolof

Le lutteur wolof est geacuteneacuteralement moyen de taille la musculagraveture est

tregraves saillante ce qui fait ressortir un aspect tregraves athleacutetique ceci

est vrai sans exception pour le lutteur leacutebou mais il arrive que le Cacircyoshy

rien le baol-baol le walo-walo soient de grands gabarits de forte constishy

tution

CepEndant pour une meilleure compreacutehension du sujet nous pouvons eacutetudiEr

deux jroups d lut teurs qui vont deacuteterminer deux st yI e s de lut tes

- ~ t

les tc~tativ~s de~[reacutee e~ ramassement de jambes de la~v~sairL Ce~~

peut Ecirctre expliqueacute par le fait que les lutteurs leacutebou ou walo-walc qui

sont des pecirccheursadoptent cette garde tasseacutee du fait quils so~t tou-

jours pencheacutes en tirant le fil ou en poussant la plrogue On verra techrugravequeacutes dt cirr 2C ~lt 5Jllicitocirct

surLuumlut les membres supeacuterieurs

Le cayorien et le baol-baol par contre sont les plus grands cultivateurs

darachide chez eux les techniques de lutte sont plus varieacutees et la

garde est moins renfermeacutee Les lutteurs cayorien et baol-baol ont une

morphologie et une reacutepartition musculaire bien eacutequilibreacutee ils excellent

dans les techniques en deacutecalage les techniques de jambe et surtout les

techniques de riposte ougrave lon peut voir des prises de hancheacute tregraves amples

Dune maniegravere geacuteneacuterale on peut dire que le lutteur wolof est un fin

technicien qui sait surtout creacuteer les opportuniteacutes e~ avec sa rapiditeacute

utiliser la force de ladversaire pour le deacuteseacutequilibrer le noodju

le mbas le weacuteheacuteleacute et le rasu sont des techniques propres au lutteur

wolof

En deacutefense il utilise surtout des kl~klets ou gal-gal Notons que

le balancement des bras ou Lewato e$t tregraves marqueacute dans la lutte wolof

TABLEAU RECAPITULATIF DES COMPOSANTES TECHNIQUES

( 1 )

1 SOUS-GROUPES GARDES CONTROLES FORHES DE CORPS l

Walo-walo Basse de jambe Arracheacute l l10yenne de Ngimbe et i

Leacutebou Tasseacutee et saisies annexesj Deacutecalage 1 1 distante de bras de tecirct1

j de bras Deacutecalaeuro

~-----------------~-

- ~ ~- shy - ~ ~ bull L _ _ bull

Profil psyc~~iqUE du lutteu- et son comporterent dars l 2regravere

La preacuteparation mystique dans laregravene est plus marqueacutee chez les wolofs

que ChE~ les autres ethnies En effet on verra de grands champions

preliGrE plusiEurs heures pour Enduire leur corps de cll2badep ou ci

rmiddot- ~ a la proprieacuteteacute de proteacuteger li1egraveividu J

les mauvais sorts) Cest dailleurs un aspect dt la luttE qui iJcsc

des problegraveJles

Le lutteur wolof est tregraves superstitieux et la peacuteriode de preacuteparation

est capitale pour lui car elle permet non seulement de rendre

hommage aux ancecirctres mais aussi dintimider son adversaire Cest

geacuteneacuteralement un lutteur agressif combatif et teacutemeacuteraire Il se fait

souvent remarquer par son esprit dentreprise Mais cette fougue dans

le combat lamegravene parfois bien que ce soit regrettable agrave oublier les

usages et les normes Ce manque de maicirctrise de soi peut faire croire

que le lutteur wolof manque de fair-play ce qui nest pas toujours le

cas

~A~Ugrave~ t 4AA CbUrs k LA ucirctotve f~tPle Sesect prores mou W ~ lesquelles vont se couler les comporteme~ts individuels qui sont ainsi

monteacutes par et pour lautoriteacute sociale

Les faccedilons de boire de marcher ou de sasseoir se manifestent indivishy

duellement dans le corps de chaque personne ces habitus sont cependant

des montages sociaux lieacutes agrave des significationssymboliques variables

dailleurs selon la position sociale occupeacutee par chaque sujet Ces modes

dagir se rangent dans un systegraveme de montages symboliques et lindivishy

du les apprend de la socieacuteteacute dont il fait partie agrave la place quil occupe

Lhabitus est un montage social agrave la valeur symbolique deacutependant des pheacuteshy

nomegravenes deacuteducation et de prestige et lieacute agrave la position sociale du sujet

Cette penseacutee sonne de faccedilon eacutetonamment moderne

Pierre BOURDIEU qui dans une perspective a approfondi le contenue de la

notion en le reportant aux oppositions entre classes et fractions sociales

Il deacutefinit lhabitus comme un systegraveme de dispositions durables acquis au

cours dune histoire personnelle dans une milieu social donneacute systegraveme qui

engendre ensuite des pra~iques socialement deacutetermineacutees faccedilons de manger

de parler ou de marcher comportements de politesse contenu des preacutefeacuterencel

et des deacutegoOts bullbullbull lhabitus est le produit de conditions eacuteconomiques et

sociales Lauteur rattache directement la formation de lhabitus dun

individu agrave la trajectoire parcourue par celui-ci dans sa classe dapparteshy

nance il deacutefend lideacutee dun habitus de classe qui deacutefinit le sens confeacuteshy

reacute agrave la pratique sportive les profits qui en sont attendus

Ce dernier serait lui-m~me lieacute agrave un systegraveme de valeurs ou ETHOS de classe

prenant sens au sein doppositions distinctives entre classes sociales

De sorte lhabitus fonctionne comme un systegraveme dt- regravegles inteacuterioriseacutees

souvent informuleacutees permettant ou non agrave lagent de sadapter dembleacutee aux

multiples pratiques de la vie quotidienne et de la vie sportive il est agrave

lorigine des schegravemes de transcription qui favorisent les ajustements aux

situations corporelles nouvelles (1)

t ~

(1) P~IE11D dwi6Han ISpoy-l et sodeacutebi Approche Bocio-culturelle des pratiques P~tis Vigot 1981 page 81

33

331 Preacutesentation

Les Seacuteregravere auraient pour origine le Fouta Toro quils auraient quitteacute

vers le Xllegrave siegravecle pour fuir lislamisation de cette reacutegioD par lempire

dJ Xali (ils seraient donc apparEnt~s aux Peul et Toucouleur ) Ils

auraient trouveacute dans la rEacutegion du Sine les Sosseacute dorigine manding avec

lesquels ils salliegraverent

Au XVegrave siegravecle une autre immigrationSos~ conqueacuterante cette fois-ci

apporta son organisation eacutetatique Ils se divisegraverent en deux monarchies

deacutemocratiques lune seacutetablit au Sine et lautre au Saloum Les Sosseacute

conqueacuterants constituaient lautocratie appeleacutee Guelowar

La royauteacute seacuteregravere eacutetait laiumlque Les premiers souverains durent secouer

la tutelle des Toucouleur et progressivement arrivegraverent agrave unifier lethshy

nie des seacuteregravere etdea Sosseacute Les deux royauteacutes eacutetaient organiseacutees selon

acirces modegraveles tregraves deacutemocratiques Le souverain deacutependait dune assembleacutee

de ministres et de chefs locaux qui assuraient ladministration centrale

et reacutegionale())

Aujourdhui lethnie seacuteregravere repreacutesente 20 de la population seacuteneacutegalaise

Ils sont reacutepartis sur presque toute leacutetendue du territoire notamment

dans le Baol la reacutegion du Sine-Saloum et la reacutegion de Thiegraves

Signalons quil existe plusieurs sous-groupes dans lethnie ainsi on

trouvera

- dans la reacutegion de Thiegraves les Ndut les Safegravene et les None

- dans le Sine-Saloum les Sine-sine et les Saloum-salouIT

On trouvera vers foundioune et agrave Nioro du cocircteacute de la Gambie les

Niominka (pecirccheurs) Cest une portion tregraves mandinguiseacutee

( 1

Le rattache~2~t d~ to~s ccs sous-groupes pose problecircme ~25 0~ r0~V~

uc grande partie de traits COITul1uns dans leurs modes dE vie Ct pOUT phs

de faciliteacute nous allons essayer de faire une ~tude globale de la lutte

traditionnelle seacuterecircre Lactiviteacute socio-eacuteconomique qui est essentielleme~t

agro-pasorale caracteacuterisE leacutethnie seacuteregravere

332 Lecircducation les moeurs les croyances et pratiques sEr~rc

Chez les Seacuteregravere la vie humaine se deacuteroule selon les grandes eacutetapes

le baptecircme lenfance ladolescencemarqueacutee par la circoncision lsectge

adulte le mariage la vieillesse et la mort (funeacuterailles)

La vie de la communauteacute seacuteregravere reste une des plus originales sinon

celle qui de nos jours garde la presque totaliteacute des pratiques et

habitudes traditionnelles

Bien qu aujotltdhui con~r-tis aux religions chreacutetienne et musulmane les

Seacuteregravere conservent leurs croyances et pratiques animistes

Quelque soit leur degreacute dadheacutesion aux religions reacuteveacuteleacutees les Seacuteregravere

croient en un Dieu puissant et miseacutericordieux Rog Segravene et les hommes

Les ~angols sont repreacutesenteacutes mateacuteriellement dans tous les villages

seacuteregraveres par des arbres (baobab et tamariniers) des animaux (geacuteneacuteraleshy

ment serpent doreacute ou iguane) des ustensiles (pilon calebasse et mortier)

De nombreux teacutemoignages nous apprennent que certains totems (serpent

iguane) font leur apparicion agrave loccasion de certaines manifestations

rituelles comme les sacrifices ceacuteleacutebreacutes lors dun mariage de ceacutereacutemonies

mortuaires ou des circoncisions

Le Seacuteregravere comme il nous a eacuteteacute donneacute loccasion de le dire plus haut

preacutesente des speacutecificiteacutes authentiques aussi bien en tout ce qui touch~

son eacuteducation ses croyanCES et pratiques mystiques q~e ses activiteacute~

socio-ecirccc~omiquEs Apr~s a ~aissa~c~ le beurob~ ~~ pcs~ 5~~ lE S~ __

On lui mouille les l~vres avec un peu d~ lait de mil et apr~s U~ bain

purificateur on versera leau dans un trou cr~us~ derri~r~ la Camp~~

Pendant huit jours la megravere et lenfant sont cacheacutes dans la case car

selon les anciens ils sont tregraves vulneacuterables La case deacutens certains cas

est entoureacutee dun fil blanc et lon place sur le seuil des fais(cauy di

veacutegeacutetaux pour chasser les mauvais esprits (geacutenies malfaisants et illangeUY~

dacircmes) Au bout du huitiegraveme jour la megravere et lenfant peuvent sortir de

la case bull

bullbullbull Le matin du huitiegraveme jour la tante paternelle va chercher de leau

(plusieurs fois)t elle doit rester muette pendant ses alleacutees et venues

si elle parlait t lenfant pourrait ecirctre muet bullbullbull

La megravere et lenfant prennent un bain purificateur dans lequel sont

trempeacutees certaines plantes (ce sont des veacutegeacutetaux pr~tecteurs tels le

begravene le yag le ngud) On y lavera aussi le linge e1t les ustensiles utishyj

liseacutes pendant les huit jours qui viennet de seacutecoul~r On rase le crine

de lenfant Les cheveux sont donneacutes agrave la megravere qui ~s enterrera avec le

reste du cordon ombilical dans un endroit que11e esit seule agrave connattre

La megravere sassied sur une natte devant la maison Une femme igeacutee de la

famille prend le beacutebeacute dans ses bras et le preacutesente aux quatre coins de

lhorizon

La tante paternelle tient ensuite un van sur la tecircte de la megravere on y

verse le mil on y verse eacutegalement en abondance sur la megravere et sur

lenfant La tante oint ensuite le corps du beacutebeacute avec du lait e11e

touche en particulier le front t le nez la bouche la poitrine le dos

et les oreilles

Elle pose enfin un ~rain de sel dans la paume du beacutebeacute (le sel purifie

et deacutetruit les puissances mauvaises)

Apregraves un nouveau bain la megravere et lenfant revEcirctent des habits de fecircte

(est

lenfant Ce precircnore a toujours U~ SEns Il sy~bolise parfois C0 qUi

lOIl sounaitt agrave lEufant l)

La circoncision comme dans les autres ethnies est obligatoire Elle

permet au jeune adolescent dacceacuteder agrave la classe adulte Les jeunes

sont regroupes en classe dacircge dans le bois ougrave sc fait la r0tr~it0 des

circoncis et ceci pendant plusieurs mois

Le Selbeacute qui est geacuteneacuteralement un ancien craint de tous les eacutelegraveves

enseigne le respect de la hieacuterarchie la discreacutetion le goOt de linishy

tiative Les activiteacutes physiques et leacuteducation artistique ne sont pas

en reste la deacutecoration la sculpture la lutte et la danse A sa sortie

du bois linitieacute appartient deacutesormais agrave la classe des virils et des

sages du clan car on lui aura enseigneacute les vertus fondamentales que

sont la justice lhonneur lamour du prochain 1 amour du travail

lhonnecircteteacute et surtout le respect des coutumes ancestrales

Le rite du mariage esd aussi un fait tregraves important dans le monde 1

seacuteregravere mais par manq~e dinformation nous serons obligeacutes de nous en

tenir lagrave

333 Impact des ethos sur la lutte dans le monde seacuteregravere

Lorigine de la lutte seacuteregravere ne semble pas claire ma1S nous pouvons

dire quil existait deux formes de lutte comme chez les Wolofs une

lutte sans frappe et une lutte avec frappe Et cest cette derniegravere

qui peut-ecirctre nous ameacutenerait agrave croire que la lutte seacuteregravere aurait une

origine plus preacuteciseacutement guerriegravere

Aujourdhui la lutte est uniquement une activiteacute sportive agrave travers

laquelle le jeune seacuteregravere eacutevalue sa force son courage et SOn ingeacutenioshy

siteacute Cest une occasion de deacutefendre lhonneur de son village ou de

la corrnnunauteacute

La luttE ~5t avant tout u~e rnanifcs[dtic~ c~lturclie et surtout

fo lkhriqut-

Gracircce agrave elle on peut deacutesormais comprendre un certain nombre de chants

et de symboles A travers la lutte seacuteregravere on ccedilomprend les inter-relashy

tions entreacute la vie et le monde surntiturel

Sil devait y avoir la mort dun villageacuteois pendant la fecirctE au T qUE

de linterrompre on proceacutedait gracircce aux connaissances magico-religieuses

agrave la suspension de la mort jusquagrave une peacuteriode ougrave la population sera plus

disponible pour organiser des funeacuterailles sil y eacutetait preacutedit la possibishy

liteacute dune deacutefait du champion local au profit dun champion dun autre

village des recettes dordre maginque et religieux eacutetaient mises en prashy

tique afin que le champion du village ne soit jamais terrasseacute(J)

334 Le profil du lutteur seacuteregraver~

Le lutteur seacuteregravere est par essence un athlegravete impressionnant de par sa i

carrure et sa musculature saillante mais cest aussi une force tranquille

et calme quelque soit lenjeu du combagravet et particuliegraverement lhonneur

Cet aspect nous pousse agrave parler du NGiMBE cest-agrave-dire de la tenue du

lutteur qui va influencer sur sa faccedilon de lutter

La confection du Ngimbe revient agrave la communauteacute entiegravere Le Ngimbe a

une signification symbolique et le lutteur pour meacuteriter la confiance du

groupe se doit de tout faire pour ne pas toucher le sol Toute la commushy

nauteacute elle aussi sengage pour assurer la longeacuteviteacute et le succegraves du lutteur

dans laregravene par lorganisation droffrandes et de sacrifices en lhonneur

des Pangols bull

bull

Daucuns nheacutesitent pas agrave dire que lessentiel du mysticisme se fait agrave

la maison et non dans laregravene tout le reste nest quintimidation de

ladversaire

lsvcns

Tt- pi ~- t

t 1 ~ l _ ~ t

par rapport agrave lautre Cbci est trEgraves lieacute agrave lactiviteacute journaliegravere du

jeune seacuteregravere qui est un cultivateur donc toujours bien planteacute sur ses

jambes et qui continuellement manie lhiler

Le fait de couper le boi~ peut eacutegalement constituer un moyen de muscushy

lation non neacutegligeable pour le jeune lutteur

Un certain nombre de traits techniques speacutecifiques au lutteur seacuteregravere

semblent ressortir des diffeacuterentes interviews que nous aVOns fait subir

agrave certains lutteurs seacuteregraveres et agrave diffeacuterents techniciens

SOUS-GROUPES FORMES DU CORPS CONTROLES GARDES

SAFEN Moyenne en fente NONE Hancheacute Bras (distante) j

NDUTJ

f

SINE-SINE Deacutecalage Ngimbe

Moyenne

SALOUM-SALOUM Passage- Jambe (rapprocheacutee) 1

i

PETITE dessous Tecircte Basse et 1

COTE Moyenne (rapprocheacutee)

Notons que le Niominka ll commence agrave lutter agrave partir du sol pour avoir

assez deacutelan et sauter sur ladversaire afin davoir la prise du lion

(contr6le de la nuque et du bassin)

Co a -tem-nt ccedilt attitude du lutteur sEacuteregravere335 np -1t ~

Les croyances mystiques sont indissociables des activiteacutes quotidiennes

duseacuteregravere Ce qui explique le cocircteacute supersticieux du lutteur seacuteregravere En

~ffet certains lutteurs refusent de lutter avant certaines heures

Certains teacutemoignages nous apprennent quil nest pas donneacute agrave tout le

monde decirctre champion de lutte et que le lutteur doit avoir des dons

surnaturels pour ecirctre agrave mesure de livrer ses combats dans la nuit

et trouver seul un gris-gris speacutecial appeleacute Njatch

Le vrai champion de lutte chez les seacuteregraveres ne lutte pas seulement avec

~a force et sa technique mais surtout avec ses dons occultes

Chez les seacuteregraveres les morts sont toujours preacutesents et les ~pangols

Servent dintermeacutediaire entre les hommes et les morts Le pangol prend i

le nom dhumain dans certains villages (IIHeacuteJga NDONG Har Wag NGOUYE) i 1

De ce fait on verra le lutteur danser dufe maniegravere ou dune autre en

fonction du pangol de sa famille Ainsi nrus aurons le back (chant et

danse du lutteur) des DIOUF des FAYE etclbullbullbull

Dans laregravene le lutteur seacuteregravere a un comportement exemplaire aussi bien

agrave leacutegard de son adversaire direct quave~ le public en geacuteneacuteral Lexpli shy

cation semble tenir au fait que le lutteur seacuteregravere est avant tout selon

la tradition orale le repreacutesentant de toute la communauteacute seacuteregravere Par

conseacutequent il devra saffirmer non seulement en tant que lutteur dans

laregravene mais aussi en tant quentiteacute morale

336 La tenue du lutteur ou NGIMBE est confectionneacutee par le marabout de la

famille ou du clan Le Ngimbe est constitueacute de pagne en cCton tisseacute

Il doit ecirctre propre le lutteur qui le porte ne devra pas avoir de rapshy

port sexuel pendant toute la peacuteriode des cOTpeacutetitians car le Ngi~bE ne

doit pas ~tre souilleacute

Autrefois et mecircme aujourdthui dans certaines familles on devient

lutteur de pegravere en fils et dans ce cas le Ngimbe du pegravere est heacuteriteacute

par le fils Le fait de porter le Ngimbe de ses aieux peut susciter

chez le jeune lutteur une motivation et une volonteacute ineacutebranlable dtasshy

surer la supeacuterioriteacute d~s siens dans ltaregravene Il fera tout pour que le

Ngimbe de la ramille ne touche le sable

La tenue du lutteur a une signification et une importance sur le plan

mystique car selon les anciens le vra1 feacutetiche du lutteur celui qui

le proteacutegera et laidera agrave vaincre le nDjinne ou le tRapu de ladvershy

saire se trouve cacheacute dans ce Ngimbeu bull Celui qui confectionne donc le

Ngimbe U est doueacute de faculteacutes occultes

337 Larbitrase est assureacute par un sage du village qui geacuteneacuteralement fut

champion de lutte de son temps Dailleurs cet ancien nintervient que

si le terrassement est litigieux Hormis le public qui proclame la vicshy

toire ou le match nul le lutteur lui-mecircme est arbitre et il arrive

quil se deacuteclare vaincu

Nous avons pu cfter Meacutedoune KHOULE un desplus grands lutteurs seacuteneacutegashy

lais qui a donn~ une victoire agrave Djeacuteri SADIO son adversaire qui a reacuteussi

agrave lui faire touegraveher le sol de la main

IlL

34 1 Preacutesentation

Lethnie toucouleur vit En grandt partit ciE~~ la vallfc du S~~~gal

pt reprecircsente i peu pr~s 8 de la population totale secircn~galaise

o Histoire

Il semblerait que dans lancien royaume du Tekrour (IX~ siegravecle) des

eacuteleacutements neacutegroiumldes Sarakoleacute et des Peul aient formEacute par meacutetissage le

peuple Toucouleur (Toucouleur serait dailleurs une deacuteformation du

mot portugais Tacouror)

Ce empire a domineacute aussi bien les wolofs de lOuest que les Peul

nomades du Fouta Toro Cette reacutegion fut le premier pays islamiseacute par

les Almoravides ce qui peut expliquer le proseacutelytisme toucouleur

Ce sont les guerriers toucouleur islamiseacutes qui attaqu~rent avec les

Almoravides la capitale du Ghana Koumbi en 1067 On convertit par

la force les animistes Cest sans doute agrave cette eacutepoque que de nombreuses

ethnies reacutefractaires agrave lIslam ont dO accentuer leur migration vers

le sud (Seacuteregravere wolof Sarakoleacute Bambara Songhaiuml Akan et Peul se reacuteshy

fugiaient vers les hauteurs du Fouta Djalon)

Au XIXegrave siegravecle les Toucouleur allaient trouver en El Hadj Omar Tall

un grand conqueacuterent qui sous le preacutetexte religieux de la gJerre sainte

contre les tribus animistes (entre autres Bambara) eacutetendit lempire

toucouleur sur presque tout lensemble du gali et la partie de la Guineacutee

proche du l1ali

Lempire toucouleur composeacute de Sarakoleacute de Bambar~ de ~alinkeacute de

Xassonkeacute dE Peul et de Dogon eut le meurorit~ dunir CES diif~rentes ~ ~ - - - - - et~ics ~t dE CD~stituer l~Sl la b2S~ ~r 1

_ ~ ~ ~_ L ~

~ ~- ~- - - ---- _ 1 v _ t 1 ~-_ --

marabout tOL~culcuuml~ ~ middotlrrany a l ick SI venu des E1i rClS dE Pocior~ (

~ Vi~ euroconomicue et sociale -----------~-------------

Les Toucouleur sont des cultivateurs mais bien quils n~ soie~t pa~

pasteurs comrre les Peul leacutelevage a une place inportarteacute decirc1S ltur

eacutecono~ie Pour faciliter leur conquecircte guerriegraverE ils c~t Eucirc une preacuteshy

dilection pour leacutelevage des chevaux On y trouve aussi des pecirccheurs

appeleacutes Tchioubalo La socieacuteteacute toucouleur aurait une stratification

sociale tregraves rigide Les groupes ethniques et les castes eacutetaient

diffeacuterencieacutes et strictement exogamiques les Rimbe classe des nobles

comprenant la famille reacutegnante et les guerriers libres la classe des

Nieacutenieacutebegens de castes artisanales i les Rimaibeacute anciens esclaves

devenus serviteurs qui portent les noms de famille de leur maicirctres A

la base de lorganisation de la collectiviteacute toucouleur se situe le

village (Wouro)

Toutes ces castes sont cloisonneacutees entre elle~ Ainsi il nest pas

permis agrave un Torodo (noble) de se marier avec un Tchioubalo Ces

consideacuterations sont importantes dans le domaine de la lutte ougrave nous

apercevrons que les nobles ne sont pas faits pour lutter Le noble

preacutesidera les seacuteances de lutte et on luttera pour lui Ces condeacute rat ions

de noblesse et de rang social sont extrecircmement importantes dans le

monde toucouleur

Le noble ne doit pas se salir on lutte pour lui il ne vit la lutte

quen tant que spectateur

342 Education moeurs croyances et eratiques religieuses

Deux formes d~ducation sont agrave consideacuterer leacutedJcatio~ dES enfarts Et

celle des adultes

oG lenfant sait m2n~~r et apprfcier le goOt d~5 ~iifeurorents r~pas lt

le moment ougrave il CO~~e~CE agrave marcher

tivirt n~sormais le petit toucou]eur est eacuteduquf par toutmiddot 12 f2~i)]E

dabord puis par toutes lespersc~nes du village ou du C13~

Lenfant peut ~tre corrigeacute par tout adulte appartenant au groupe social

Son eacuteducation est deacutesormais laffaire de toute la communauteacute et non

exclusivement celle ces parents On linitie ainsi au travail quotidien

qui se fait dans la bergel~ e les champs et les bords du fleuve Au sein

du village il pourra apprendre agrave filer la laine et agrave tisser des pagnes

dans les champs il apprend agrave manier la houe et lhiler pour la culture

du riz et du mil Mais signalons que lactiviteacute essentielle du toucouleur

est leacutelevage des boeufs des moutons et des chegravevres Chez les Ichioushy

balos (p~cheurs ) lenfant sera initieacute tregraves tat au maniement des pagaies

agrave la p~che propremccedilnt dite et agrave la nage

Vers cinq-six ans lenfant est confieacute au maicirctre coranique le Ihierno

et ce dernier dispose exclusivement de toute sa vie Lavenir du jeune

enfant lui appartient

Comme dans les autres groupes ethniques les enfants sont regroupeacutes en

classe dacircge et cest dans cette structure que lenfant subit les rite

de passe et plus particuliegraverement celui de la circoncision

La circoncision est non seulement unE opeacuteration chirurgicale malS surshy

tout une peacuteriode au cours de laquelle le jeune garccedilon passe de leacutetat

dadolescent agrave leacutetat dadulte Les circoncis sont reacuteunis en classe

dacircge dans un endroit situeacute hors duvillage geacuteneacuteralement choisi par les

vieux Cet endroit n~st accessible que par des individus de SExe ffi8SCUshy

li~ ~ta~t au preacutealabl circoncis

- - - -

quable et complet sur le plan phy~ique et ~oral Ai~si liniti~

acquiert les qualitecircs indispensables que sont le courag~ la modest

lesprit de sacrifice lendurance

Le toucoule~r est un pleux musulma~ Cela sexp1

SOil le premier agrave tre en contact avec la religion musulmane de par sa

position frontaliegravere Lethnie toucouleur de par son histoire a preacutesenteacute

les plus grands chefs militaires et religieux musulmans seacuteneacutegalais Et

pour illustrer cela on peut citer en exemple la grande famille musulmane

des SY agrave TIVAOUANE repreacutesentant la confreacuterie des TIDJANES

Bien que lon note une majoriteacute musulmane on peut dire que certaines

croyances et pratiques mystiques et animistes persistent encore surtout

dans la reacutegion du fleuve

Une pratique courante se fait elle sappelle le Djatt Elle consiste

agrave faire sortir le caiman du fleuve agrave limmobiliser et agrave lattacher

sans quil ne reacuteagisse et tout ceci agrave laide de versets et dincantashy

tions magiques Dapregraves les teacutemoignages ces pratiques sont plutocirct

freacutequentes chez les Tchioubalos (pecirccheurs) Il arrive aussi que cershy

tains chasseurs ayant des dons se livrent agrave certaines pratiques an1shy

mis tes qui consistent agrave invoquer certaines puissances et agrave moduler sous

forme de chant des versets occultes pour se proteacuteger des mauvais esprits

et pour eacuteloigner les fauves Ce chant est geacuteneacuteralement incompreacutehensible

et deacutenueacute de sens pour le profane

343 Activiteacutes ludiques et pratiques sportives en milieu toucouleur

Durant toute son histoire lethnie ~oucouleur a toujours EacutetEacute Frese~teacute~

comme celle qui avait ue activit essentiellement guerr e e~ particushy

liegraverement farouche Trois eacuteleacutements ret r t l ecirc t te nt i c- euro so~t

le manie~~nt du ~acircton 12 luttE Et 1eacute danSE

l

Lecircducation ph~sique et artistique Dcc~pe un place precircpondecircra~rp

dans la fDrmat~on du jEune toucouleur A loccasion agraveeacutevegravenemen~ imporshy

tants reacutecoltJs mariages baptecircme nous assistons agrave des manifestashy

tions folkloriques de grande envergure le Wango oucirc dailse toucouleur

tregraves gymnique iles chants et surtout les sEacuteances de lutte

La lutte toucouleur est la forme de lutte la plus spectaclaire dans

tout le territoire seacuteneacutegalais Elle est essentiellement baseacutee sur des

techniques en hancheacute et surtout en souplesse Ceci sexplique par le

fait q~e le jeune toucouleur est tregraves tocirct initieacute agrave la gymnastique (saut 1

per saut de main salto arriegravere saut de tecircte couronneacute etc bullbullbull ) pour

la dans~ du wa~go En dansant le wango qui est une danse rythmeacutee et

gymnique le Jeune toucou1eur est capable de prouesses extraordinaires

1

En lutte lattaquant se deacuteplace tregraves peu pour avoir une bonne saisie

(geacuteneacutera~ement controcircle du Ngimben ) et enchaine brusqueme~t avec une

attaque surpris~ Cependant les ripostes sont souvent surprenantes et

spectaculaires (baseacutees sur la souplesse et la rapiditeacute) ontrairement

aux autr~s form~s de luttes ougrave lon voyait tous les jeune adheacuterer la

lutte to~cou1eur Verra un groupe de speacutecialistes sadonne agrave la lutte 1

(la lutte est lieacutee agrave la position sociale de lindividu problegraveme de

caste)

Q La morphologie du lutteur toucou1eur 1

1 1

Ce dernier nest pas aussi large et aussi fort que les lutteurs diola

et seacuteregravere Cependant il est tregraves reacutesistant La musculatJre est saillante 1

et tregraves souple lindividu est longiligne mais tregraves athleacutetique

Les mouvements de lutteurs sont semblables agrave ceux dun grand fe1in Cette 1

morphologie semble ecirctre lieacutee agrave la position geacuteographique de lethnie

(reacutegion du fleuve) et agrave lacitiviteacute socio-eacuteconomique du toucouleur qui

est agrave la fois cultivateur (activiteacute lieacutee agrave la crue et deacutecrUE du fleuve)

pecirccheuro~T CIcr~icubaon) et sttout jEumlrgcr qui est U~ rc~2eumlr

shy

Deux formes egrave~ corps sembl~nt ecirctre preacutefeacutereacutees du lutteur toucouleur

le hancheacute et la souplesse Les hancheacutes sont faits agrave partir de plusieurs

positions de doset se terminent geacuteneacuteralement par des techniques de

tregraves grande amplitude

TABLEAU RECAPITULATIF DES TECHNIQUES ET FORMES DE CORPS SPECIFIQUES

i

L441 r

GARDE FORMES DU CORPS CONTROLES --shy - -

Moyenne Souplesse Ngimbe

Hancheacute bras

Demi-souplesse

1

Profil psycholosigue 1

TECHNIQUES

ContrOle du bassin et 12 souplesse

arriegravere

Klicket et allegravegement de la hanche

Le lutteur toucouleur est celui lUi se livre le moins aux preacuteparaqons

maraboutiques Cela est dO au f~t que le toucouleur est un grand ~USUlshyman et que les pratiques animisges ont presque disparu dans ce mil~eu

Dans la pratique le lutteur esJ combaif mais il est calme et tr~s reacutefleacutechi quant agrave la deacutecision agrave prendre en plein corps agrave corps ct~st un des seuls techniciens qui reJte tregraves lucide au cours de ses comb~ts

l Dans toutes les circonstances e lutteur toucouleur est tenu de re~pecshyter son adversaire et ceux de s4n eacutequipemecircme sil est vaincu

Comme nous avons dO nous en rendre compte la rigueur des principes

eacuteducationnels a une influence tregraves sensible sur l~ comportement du

toucouleur

i

III S COCL ~s 1DO

Dans cette partie nous avons essay~ de montrer lftroite re1atic~

Entre les diverses activiteacutes socio-eacuteconomiques dans les ethnies et

lES diffEacuterentes faccedilons de lutter

Daucuns seraient tent~s de conclure trop rapidement et cest p0~r

cette raison que nOUS avons penseacute preacuteciser que le pheacutenotype nest

pas geacuteneacuterateur du geacutenotype Et nous sommes convaincus que la morphoshy

logie et les techniques des lutteurs relegravevent de leurs modes de vie

et de leurs croyances agrave une eacutepoque et danE un contexte bien deacutetermishy

neacutes

Est-ce que les lutteurs dio1a ou seacuteregravere travaillant avec leurs bras

dans les champs auraient les mecircmes pr 0 fil s physiques que les lutteurs

utilisant des machines pour lagriculture

- 69 shy

I UJOURDH~1 E-S ut O[l LES FORfilS Ut LU11t~

~otons que notre enqu~te a ecirctE essentiellement faiteen milieu urbain

Les seacuteances de lutte ont tendance agrave perdre leur particulariteacute de r~shy

jouissance pour devenir des pheacutenomegravenes de sportisatio Deux fores

de luttes so~t principale~cnt prat s dans les aregrave~es du 5 al

la lutte traditiunnelle simple et la lutte traditionnelle avec frappe

De nos jours la lutte traditionnelle tend vers une reacuteglementation

et une institutionalisation

Le reacutesultat de nos investigations nous donne le tableau ci-dessous

REPARTITION ETHNIQUE SUR 100 PRATIQUANTS

LUTTE LUTTE RAPPORTETHNIES SANS FRAPPE AVEC FRAPPE J2

Diola 40 16 71 j

Seacuteregravere 26 21 57

Toucouleur 23 10 69

Wolof 1 1 53 17

La demande sociale par ordre deacutecroissant pour la lutte sans frappe

se preacutesente comrre suit

]0_ Ethnie diola avec pregraves de 3 lutteur~ sur 4

2deg_ Ethnie toucouleur

Ethri dun

~ 1 LA LUTTE TR])IIIO~~ELLE AVEC H-PPE

Cette forme deacute lutte a une histoire qui date de lantiquiteacute elle

sa~pelait le Pugilat Au Seacuteneacutegal elle a vu le jour dans le Cayor

bien avant la colonisation Le coup dE pied l~Lrdn~lement la morshy

sure la frappe et le doigtf eacutetaient permis dans le cc=bat ~ ~middot~p0~~e

Dans certains cas la giffle eacutetait beaucoup plus dangereuse que le

poing quand elle eacutetait donneacutee par un speacutecialiste Cette giffle pouvait

agrave elle seule deacutechirer et mecircme parfois amputer la joue de ladverser

Selon les informations la lutte avec frappede nos jours serait une

forme de lutte tregraves eupheacutemiseacutee de celle dantan ougrave une blessure

pouvait souvent ecirctre mortelle

Aujourdhui au niveau du folklore la lutte na plus la mecircme

le spectaculaire a remplaceacute le significatif iLa lutte avec frappe se 1

pratique surtout dans les centres urbains C~aque fois quun grand combat 1

est progra~eacute par le Comiteacute National Proviso~re (CNP) des centaines damashy

teurs sont mobiliseacutes vers le stade lba Mar D~OP qui est aujourdhui le i

lieu approprieacute ougrave se deacuteroulent les grands conkbats de lutte Cest la formE

de lutte qui semble drainer une foule de personnes beaucoup plus importante

que celle de la lutte simple

La lutte avec frappe deacuteriverait dune forme de lutte traditionnelle

pratiqueacutee jadis dans le Cayor au temps des Damels et la frappe serait

le substitut dun certain nombre de pratiques doigteacute jet de produits

etc bullbullbull dont le but eacutetait laveuglement de ladversaire La lutte avec

frappe serait une continuation logique dune carriegravere sportive de la

lutte traditionnelle qui sen sert comme moyen socio-eacuteconomique En

effet la majoriteacute des lutteurs avec frappe ont dabord eacuteteacute initieacutes agrave la

lutte simple Cependant il faut signaler que de nOS jours il arrive

que le jeune lutteur avec frappE- soit directenent formEacute conne speacutecialistE

agrave la frappe sa~s pour autant faire son chemin dabcrd egravea~s la lutte

- ~ shy

Le recircsultat dE ~os interviews ncus rec~trE qGune pcpulatiD~ divcrsishy

fiampe sint~resse agrave ce sport et qUE les intecircr~[s des uns et d~SlautrE~

semble~t divergents naucuns affirment que la lutte traditionnelle

avec frappe serait monteacutee par des personnes dont la vocation est dexshy

ploiter ce pheacuteLomegravene agrave des fins commerciales Dautres disent gJellegrave

jouit de mcyens irport~nts t[l[~isio

tation etc bullbullbull ) pour toucher toutes les couches sociales CEpe~~a~t

nous remarquons que mecircme si certaines personnes reprochent agrave cette

forme de lutte decirctre brutale ces mecircmes personnes nheacutesitent pas agrave

se rendre le dimanche agrave laregravene Bien que critiqueacutee elle semble ecirctre

adopteacutee par une tregraves grande partie de la population seacuteneacutegalaise Cepenshy

dant en tant que techniciens il nous est permis de faire une remarque

Il sagit de

- Limpression nette decirctre devant des professionnels de la frappe

qui sont ~ntratneacutes pour cela Dailleurs les propos que nous avons

recueilli~ nous prouvent que la plupart des champions de lutte avec 1

frappe s~ntratnent dans certains sports de combat tels ~ue la boxe i 1

le karateacute le judo Dans cette nouvelle forme de pratique de la lutte

contrairefuent agrave la lutte traditionnelle le technicien e~t souvent

perdant face au puncheur Ce dernier adopte une lutte agrave distance qui

lui permet de placer agrave bon escient ses coups animeacute du deacutesir de vaincre

Le technicien lui se voit contreacute dans toutes ses entreprises par

un uppercut ou un crochet

On peut dire cependant que nul sport au Seacuteneacutegal que la lutte tradishy

tionnelle avec frappe ne deacutechaicircne autant de passions et autant de

pheacutenomegravenes poussant agrave lexcegraves et deacutereacuteglements quon ne peut que deacuteplorer

Mais comment deacutecrier un spectacle de lutte qui bien quayant perdu la

presque totaliteacute des valeurs traditionnelles veacutehiculeacutees autrefois par

elle sait susciter une participation effective de tous ceux qui sont

preacutesents

CONCLUSION

Dans ce meacutemoire nous sommes efforceacutes ~e faire ressort ir limportance des

ethos et des habitus et leurs effets sur la pratique de la lutte tradishy

tionnelle au Seacuteneacutegal

L~b egravethos repr~sentent dune maniegravere g~neurorale tous les eacuteleacutements speacutec

fiques sux Seacuteneacutegalais par conampeacuteguent un systegraveme de valeurs traditionnellEs

Mais m~me si ces valeurs rev~tent une signification universelle (honneur

digniteacute courage etc bullbullbull ) il nen demeure pas moins que ce nest pas leur

nature qui fait leur speacutecificiteacute mais la hieacuterarchisation et limportance i

quon accorde agrave toutes ces valeurs de ~ar leacuteducation ou la culture

i 1

Aussi les valeurs traditionnelles puient leur speacutecificiteacute dans les

caracteacuteristiques propres aux eacuteleacutements ~e la socio-cu1ture (la technologie

et leacuteconomie la politique et la pareteacute la psychologie et lideacuteologie)

dans la socieacuteteacute seacuteneacutegalaise agrave n momen donneacute de son eacutevolution Cest i

dire la neacuteceesiteacute de ne point faire della valeur une reacutealiteacute statique

Cest dite aussi quagrave tout mome~t le ~eacuteneacutegalais peut eacutevoluer et creacuteer

ou vivre par conseacutequent de nouv~lles fprmes de valeur qui lui sont 1

propres ft (J)

La lutte traditionnelle veacutehiculant deS valeurs socio-cu1ture1les speacutecishy

fiquement seacuteneacutegalaises (croyances valeurs morales norme de comportement

opinion attitude bullbullbull ) devient un eacuteleacutement important qui tregraves certaiaement

nous aidera dans notre effort de valoriser et de peacuterenniser notre patri shy

moine culturel par le biais dactiviteacutes physiques et sportives

Leacutetude des habitus nous permet de prouver quil y a plusieurs faccedilons

de se mouvoir comme danser lutter bullbullbull qui varient avec les diffeacuterentes

ethnies (wolof toucouleur seacuteregravere diolagt leurs convenances et leurs

eacuteducations

(1) Revue Ethiopiques 31 Les valeurs traditionnelles et le problegraveme de leur inteacutegration dans les systegravemes modernes jtducatio-1 2 6r--70

nautre part cette eacutetude permet aussi de nous rendrE compte de la

correacutelatipn eacutetroite existant entre la pratique de la lutte traditionnelle

et le sta~ut socio-eacuteconomique du pratiquant

Nos inves~igations nous indiquent que la lutte recrute essentiellement

au niveau des classes socio-eacuteconomiques situeacutees en bas de leacutechelle

donc posseacutedant le statut social le moins favoriseacute La lutte avec frappe

-et un certain secteur commercialiseacute de la lutte simple- y trouve sa

leacutegitimiteacute Comme le dit BOURDIEU nA habitus diffeacuterents styles de Vle

divergents et il oppse les pratiques aristocpatiques correspondants agrave

des activiteacutes qui favorisent les situations eupheacutemiseacutees ougrave la stylisashy

tion est importante aux pratiques populaires qui font appel agrave des

qualiteacutes qpposeacutees bllutes rugueuses Certaines interviews nous

montrent que plus lindividu occupe une place eacuteleveacutee dans leacutechelle

sQciale e~ 1

moin$ il sinteacuteresse agrave la lutte

Les reacutesultats recueillis dans nos diverses investig~tions confirment 1 1

1er propos qui disent que nous assistons aujourdhu~ agrave une involution

de la lutte traditionnelle parce que perdant toutes ses speacutecificiteacutes au 1

pryfit d~ne autre forme de lutte que lon continue agrave appeler nostalshy

giqlementIIlutte traditionnelle

Ceci pourrait peut-~tre trouver une explication dan la citation suivante

La liberteacute de creacuteer dinnover de vivre Pleineinenf decirctre soi et de

preacuteserver son authenticiteacute la digniteacute et lhonneu1demeurent des illushy

sions dans la misegravere eacuteconomique~ Nos ancecirctres creacuteai~nt des valeurs de cishyl

vilisation parce quils eacutetaient libres parce qu1i~s ignoraient toute

deacutependance eacuteconomique ils cultivaient en eux et cbez leurs enfants le 1

Jorn et la Kersa et preacutefeacuteraient la mort agrave la hoJte lI (1)

Or le Seacuteneacutegal comme la plupart des pays africainsi est un pays sousshy

deacuteveloppeacute t cependant face agrave cette volonteacute du gou~ernement seacuteneacutegalais

de faire inteacutegrer dans leacuteducation des valeurs traditionnelles nous

pouvons espeacuterer utiliser comme moyen deacuteducation la lutteacute traditionnelle

qui reste quand mecircme vecteur jethos et dhabit~s

- 54 shy

Mecircme si lon a noteacute un appauvrissement notoire sur les plans socioshy

culturel et moral la lutte traditionnelle recegravele une gamme importante

et varieacutee de techniques permettant incontestablement une ouverture vers

les luttes olympiques libre et g~eacuteco-romaine

La lecture de ce meacutemoire permettra agrave lentratneur et au professeur de

lutte en fonction du lieu ougrave ils seront affecteacutes dans le territoire

seacuteneacutegalaisdavoir une information sur les techniques contrOles et

formes de corps propres agrave chaque groupe ethnique et de les mettre en

relation avec leurs croyances et leurs mentaliteacutes

Nous avons essayeacute de montrer que la pratique de la lutte traditionnelle

doit tre axeacutee sur une ethnomotriciteacute au Seacuteneacutegal qui permette une inishy

tiation facile Cette pratique de la lutte traditionnelle seacuteneacutegalaise

devra dailleurs essayer de ~eacutepondre aux aspirations du Seacuteneacutegalaisl

moderne en souvrant aux ap~orts positifs des autres civilisations

ex~eacuterieures nous voulons Jvidemment parler du judo et des luttes oiymshyJ

piques 1

1 j Nous navons pas la preacutetentfon dans le cadre de ce meacutemoire demattrise

de reacutepondre agrave toutes les qutstions se rattachant agrave leacutetude de ~a lutte

traditionnelle souslangle~socio-culturel car non seulement il nous

manque lexpeacuterience et la c peacutetence en la mati~re mais aussil l le temps

et les moyens dont nous dis osions ne nous permettaient pas d~puiser le 1sujet i

1 1 1 t 1

l

- )5 shy

BIBLIOGRAPHIE

BIBLIOGRAPHIE

1- CLAPAREDE Psychologie de leacuteducation et peacutedagogie expeacuterimentale

Edition Delachaux et Niestleacute 244 pages

2- POCIELLC Christian Sport et Socieacuteteacute approche socio-culturelle

des pratiques Paris Vigot 1981 377 pages

3- PIERON Henri Vocabulaire de la psychologie

PUF Deuxiegraveme eacutedition 1957 469 pages

4- Revue socialiste de culture neacutegro-africaine ETHIOPIQUES

Les valeurs traditionnelles et le problegraveme de leur inteacutegration

dans les systegravemes modernes deacuteducation

GIA 21 Juillet 1982 213 pages

5- N2 Revue du Centre dEtudedes Civilisations DEM ak TEY

NIS IVegrave Trimestre 1982 96 pages

6- Document lNSEP Colloque sur la lutte aeacuteregravere

DAKAR MAI-JUIN 1980

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~- Travaux du IVegrave Congregraves National ~es Sports agrave DAKAR les 2223041981

Bulletin n2 91 du CIO du 15 Aont 1965

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8- Meacutemoire de Mattrise BADJI Abdou La lutte traditionnelle Joola

Etude et perspective

9- Meacutemoire Inspectorat JS DJITTE Mandy Les pratiques corporelles

traditionnelles au Seacuteneacutegal pour leur exploitation et leur

utilisation en peacutedagogie Marly le Roi 1980

REPUBLIQUE DU SENEGAL

--------------- INSTITUT NATIONAL SUPERIEUR

MINISTERE DE LA JEUNESSE DE LrsquoEDUCATION POPULAIRE

ET DES SPORTS ET DU SPORT

-------------

(INSEPS)

MEMOIRE DE MAIcircTRISE

Es-SCIENCES ET TECHNIQUES

DE LrsquoACTIVITE PHYSIQUE ET DU SPORT

LA LUTTE TRADITIONNELLE

son importance sa signification en fonction des ethos et des habitus ethniques au Seacuteneacutegal

Preacutesenteacute par

Monsieur Joseph Victor FAYE

Sous la direction de

M Jean Marc ROCHEZ

Professeur agrave lrsquoINSEPS

Anneacutee de soutenance 1984

les tc~tativ~s de~[reacutee e~ ramassement de jambes de la~v~sairL Ce~~

peut Ecirctre expliqueacute par le fait que les lutteurs leacutebou ou walo-walc qui

sont des pecirccheursadoptent cette garde tasseacutee du fait quils so~t tou-

jours pencheacutes en tirant le fil ou en poussant la plrogue On verra techrugravequeacutes dt cirr 2C ~lt 5Jllicitocirct

surLuumlut les membres supeacuterieurs

Le cayorien et le baol-baol par contre sont les plus grands cultivateurs

darachide chez eux les techniques de lutte sont plus varieacutees et la

garde est moins renfermeacutee Les lutteurs cayorien et baol-baol ont une

morphologie et une reacutepartition musculaire bien eacutequilibreacutee ils excellent

dans les techniques en deacutecalage les techniques de jambe et surtout les

techniques de riposte ougrave lon peut voir des prises de hancheacute tregraves amples

Dune maniegravere geacuteneacuterale on peut dire que le lutteur wolof est un fin

technicien qui sait surtout creacuteer les opportuniteacutes e~ avec sa rapiditeacute

utiliser la force de ladversaire pour le deacuteseacutequilibrer le noodju

le mbas le weacuteheacuteleacute et le rasu sont des techniques propres au lutteur

wolof

En deacutefense il utilise surtout des kl~klets ou gal-gal Notons que

le balancement des bras ou Lewato e$t tregraves marqueacute dans la lutte wolof

TABLEAU RECAPITULATIF DES COMPOSANTES TECHNIQUES

( 1 )

1 SOUS-GROUPES GARDES CONTROLES FORHES DE CORPS l

Walo-walo Basse de jambe Arracheacute l l10yenne de Ngimbe et i

Leacutebou Tasseacutee et saisies annexesj Deacutecalage 1 1 distante de bras de tecirct1

j de bras Deacutecalaeuro

~-----------------~-

- ~ ~- shy - ~ ~ bull L _ _ bull

Profil psyc~~iqUE du lutteu- et son comporterent dars l 2regravere

La preacuteparation mystique dans laregravene est plus marqueacutee chez les wolofs

que ChE~ les autres ethnies En effet on verra de grands champions

preliGrE plusiEurs heures pour Enduire leur corps de cll2badep ou ci

rmiddot- ~ a la proprieacuteteacute de proteacuteger li1egraveividu J

les mauvais sorts) Cest dailleurs un aspect dt la luttE qui iJcsc

des problegraveJles

Le lutteur wolof est tregraves superstitieux et la peacuteriode de preacuteparation

est capitale pour lui car elle permet non seulement de rendre

hommage aux ancecirctres mais aussi dintimider son adversaire Cest

geacuteneacuteralement un lutteur agressif combatif et teacutemeacuteraire Il se fait

souvent remarquer par son esprit dentreprise Mais cette fougue dans

le combat lamegravene parfois bien que ce soit regrettable agrave oublier les

usages et les normes Ce manque de maicirctrise de soi peut faire croire

que le lutteur wolof manque de fair-play ce qui nest pas toujours le

cas

~A~Ugrave~ t 4AA CbUrs k LA ucirctotve f~tPle Sesect prores mou W ~ lesquelles vont se couler les comporteme~ts individuels qui sont ainsi

monteacutes par et pour lautoriteacute sociale

Les faccedilons de boire de marcher ou de sasseoir se manifestent indivishy

duellement dans le corps de chaque personne ces habitus sont cependant

des montages sociaux lieacutes agrave des significationssymboliques variables

dailleurs selon la position sociale occupeacutee par chaque sujet Ces modes

dagir se rangent dans un systegraveme de montages symboliques et lindivishy

du les apprend de la socieacuteteacute dont il fait partie agrave la place quil occupe

Lhabitus est un montage social agrave la valeur symbolique deacutependant des pheacuteshy

nomegravenes deacuteducation et de prestige et lieacute agrave la position sociale du sujet

Cette penseacutee sonne de faccedilon eacutetonamment moderne

Pierre BOURDIEU qui dans une perspective a approfondi le contenue de la

notion en le reportant aux oppositions entre classes et fractions sociales

Il deacutefinit lhabitus comme un systegraveme de dispositions durables acquis au

cours dune histoire personnelle dans une milieu social donneacute systegraveme qui

engendre ensuite des pra~iques socialement deacutetermineacutees faccedilons de manger

de parler ou de marcher comportements de politesse contenu des preacutefeacuterencel

et des deacutegoOts bullbullbull lhabitus est le produit de conditions eacuteconomiques et

sociales Lauteur rattache directement la formation de lhabitus dun

individu agrave la trajectoire parcourue par celui-ci dans sa classe dapparteshy

nance il deacutefend lideacutee dun habitus de classe qui deacutefinit le sens confeacuteshy

reacute agrave la pratique sportive les profits qui en sont attendus

Ce dernier serait lui-m~me lieacute agrave un systegraveme de valeurs ou ETHOS de classe

prenant sens au sein doppositions distinctives entre classes sociales

De sorte lhabitus fonctionne comme un systegraveme dt- regravegles inteacuterioriseacutees

souvent informuleacutees permettant ou non agrave lagent de sadapter dembleacutee aux

multiples pratiques de la vie quotidienne et de la vie sportive il est agrave

lorigine des schegravemes de transcription qui favorisent les ajustements aux

situations corporelles nouvelles (1)

t ~

(1) P~IE11D dwi6Han ISpoy-l et sodeacutebi Approche Bocio-culturelle des pratiques P~tis Vigot 1981 page 81

33

331 Preacutesentation

Les Seacuteregravere auraient pour origine le Fouta Toro quils auraient quitteacute

vers le Xllegrave siegravecle pour fuir lislamisation de cette reacutegioD par lempire

dJ Xali (ils seraient donc apparEnt~s aux Peul et Toucouleur ) Ils

auraient trouveacute dans la rEacutegion du Sine les Sosseacute dorigine manding avec

lesquels ils salliegraverent

Au XVegrave siegravecle une autre immigrationSos~ conqueacuterante cette fois-ci

apporta son organisation eacutetatique Ils se divisegraverent en deux monarchies

deacutemocratiques lune seacutetablit au Sine et lautre au Saloum Les Sosseacute

conqueacuterants constituaient lautocratie appeleacutee Guelowar

La royauteacute seacuteregravere eacutetait laiumlque Les premiers souverains durent secouer

la tutelle des Toucouleur et progressivement arrivegraverent agrave unifier lethshy

nie des seacuteregravere etdea Sosseacute Les deux royauteacutes eacutetaient organiseacutees selon

acirces modegraveles tregraves deacutemocratiques Le souverain deacutependait dune assembleacutee

de ministres et de chefs locaux qui assuraient ladministration centrale

et reacutegionale())

Aujourdhui lethnie seacuteregravere repreacutesente 20 de la population seacuteneacutegalaise

Ils sont reacutepartis sur presque toute leacutetendue du territoire notamment

dans le Baol la reacutegion du Sine-Saloum et la reacutegion de Thiegraves

Signalons quil existe plusieurs sous-groupes dans lethnie ainsi on

trouvera

- dans la reacutegion de Thiegraves les Ndut les Safegravene et les None

- dans le Sine-Saloum les Sine-sine et les Saloum-salouIT

On trouvera vers foundioune et agrave Nioro du cocircteacute de la Gambie les

Niominka (pecirccheurs) Cest une portion tregraves mandinguiseacutee

( 1

Le rattache~2~t d~ to~s ccs sous-groupes pose problecircme ~25 0~ r0~V~

uc grande partie de traits COITul1uns dans leurs modes dE vie Ct pOUT phs

de faciliteacute nous allons essayer de faire une ~tude globale de la lutte

traditionnelle seacuterecircre Lactiviteacute socio-eacuteconomique qui est essentielleme~t

agro-pasorale caracteacuterisE leacutethnie seacuteregravere

332 Lecircducation les moeurs les croyances et pratiques sEr~rc

Chez les Seacuteregravere la vie humaine se deacuteroule selon les grandes eacutetapes

le baptecircme lenfance ladolescencemarqueacutee par la circoncision lsectge

adulte le mariage la vieillesse et la mort (funeacuterailles)

La vie de la communauteacute seacuteregravere reste une des plus originales sinon

celle qui de nos jours garde la presque totaliteacute des pratiques et

habitudes traditionnelles

Bien qu aujotltdhui con~r-tis aux religions chreacutetienne et musulmane les

Seacuteregravere conservent leurs croyances et pratiques animistes

Quelque soit leur degreacute dadheacutesion aux religions reacuteveacuteleacutees les Seacuteregravere

croient en un Dieu puissant et miseacutericordieux Rog Segravene et les hommes

Les ~angols sont repreacutesenteacutes mateacuteriellement dans tous les villages

seacuteregraveres par des arbres (baobab et tamariniers) des animaux (geacuteneacuteraleshy

ment serpent doreacute ou iguane) des ustensiles (pilon calebasse et mortier)

De nombreux teacutemoignages nous apprennent que certains totems (serpent

iguane) font leur apparicion agrave loccasion de certaines manifestations

rituelles comme les sacrifices ceacuteleacutebreacutes lors dun mariage de ceacutereacutemonies

mortuaires ou des circoncisions

Le Seacuteregravere comme il nous a eacuteteacute donneacute loccasion de le dire plus haut

preacutesente des speacutecificiteacutes authentiques aussi bien en tout ce qui touch~

son eacuteducation ses croyanCES et pratiques mystiques q~e ses activiteacute~

socio-ecirccc~omiquEs Apr~s a ~aissa~c~ le beurob~ ~~ pcs~ 5~~ lE S~ __

On lui mouille les l~vres avec un peu d~ lait de mil et apr~s U~ bain

purificateur on versera leau dans un trou cr~us~ derri~r~ la Camp~~

Pendant huit jours la megravere et lenfant sont cacheacutes dans la case car

selon les anciens ils sont tregraves vulneacuterables La case deacutens certains cas

est entoureacutee dun fil blanc et lon place sur le seuil des fais(cauy di

veacutegeacutetaux pour chasser les mauvais esprits (geacutenies malfaisants et illangeUY~

dacircmes) Au bout du huitiegraveme jour la megravere et lenfant peuvent sortir de

la case bull

bullbullbull Le matin du huitiegraveme jour la tante paternelle va chercher de leau

(plusieurs fois)t elle doit rester muette pendant ses alleacutees et venues

si elle parlait t lenfant pourrait ecirctre muet bullbullbull

La megravere et lenfant prennent un bain purificateur dans lequel sont

trempeacutees certaines plantes (ce sont des veacutegeacutetaux pr~tecteurs tels le

begravene le yag le ngud) On y lavera aussi le linge e1t les ustensiles utishyj

liseacutes pendant les huit jours qui viennet de seacutecoul~r On rase le crine

de lenfant Les cheveux sont donneacutes agrave la megravere qui ~s enterrera avec le

reste du cordon ombilical dans un endroit que11e esit seule agrave connattre

La megravere sassied sur une natte devant la maison Une femme igeacutee de la

famille prend le beacutebeacute dans ses bras et le preacutesente aux quatre coins de

lhorizon

La tante paternelle tient ensuite un van sur la tecircte de la megravere on y

verse le mil on y verse eacutegalement en abondance sur la megravere et sur

lenfant La tante oint ensuite le corps du beacutebeacute avec du lait e11e

touche en particulier le front t le nez la bouche la poitrine le dos

et les oreilles

Elle pose enfin un ~rain de sel dans la paume du beacutebeacute (le sel purifie

et deacutetruit les puissances mauvaises)

Apregraves un nouveau bain la megravere et lenfant revEcirctent des habits de fecircte

(est

lenfant Ce precircnore a toujours U~ SEns Il sy~bolise parfois C0 qUi

lOIl sounaitt agrave lEufant l)

La circoncision comme dans les autres ethnies est obligatoire Elle

permet au jeune adolescent dacceacuteder agrave la classe adulte Les jeunes

sont regroupes en classe dacircge dans le bois ougrave sc fait la r0tr~it0 des

circoncis et ceci pendant plusieurs mois

Le Selbeacute qui est geacuteneacuteralement un ancien craint de tous les eacutelegraveves

enseigne le respect de la hieacuterarchie la discreacutetion le goOt de linishy

tiative Les activiteacutes physiques et leacuteducation artistique ne sont pas

en reste la deacutecoration la sculpture la lutte et la danse A sa sortie

du bois linitieacute appartient deacutesormais agrave la classe des virils et des

sages du clan car on lui aura enseigneacute les vertus fondamentales que

sont la justice lhonneur lamour du prochain 1 amour du travail

lhonnecircteteacute et surtout le respect des coutumes ancestrales

Le rite du mariage esd aussi un fait tregraves important dans le monde 1

seacuteregravere mais par manq~e dinformation nous serons obligeacutes de nous en

tenir lagrave

333 Impact des ethos sur la lutte dans le monde seacuteregravere

Lorigine de la lutte seacuteregravere ne semble pas claire ma1S nous pouvons

dire quil existait deux formes de lutte comme chez les Wolofs une

lutte sans frappe et une lutte avec frappe Et cest cette derniegravere

qui peut-ecirctre nous ameacutenerait agrave croire que la lutte seacuteregravere aurait une

origine plus preacuteciseacutement guerriegravere

Aujourdhui la lutte est uniquement une activiteacute sportive agrave travers

laquelle le jeune seacuteregravere eacutevalue sa force son courage et SOn ingeacutenioshy

siteacute Cest une occasion de deacutefendre lhonneur de son village ou de

la corrnnunauteacute

La luttE ~5t avant tout u~e rnanifcs[dtic~ c~lturclie et surtout

fo lkhriqut-

Gracircce agrave elle on peut deacutesormais comprendre un certain nombre de chants

et de symboles A travers la lutte seacuteregravere on ccedilomprend les inter-relashy

tions entreacute la vie et le monde surntiturel

Sil devait y avoir la mort dun villageacuteois pendant la fecirctE au T qUE

de linterrompre on proceacutedait gracircce aux connaissances magico-religieuses

agrave la suspension de la mort jusquagrave une peacuteriode ougrave la population sera plus

disponible pour organiser des funeacuterailles sil y eacutetait preacutedit la possibishy

liteacute dune deacutefait du champion local au profit dun champion dun autre

village des recettes dordre maginque et religieux eacutetaient mises en prashy

tique afin que le champion du village ne soit jamais terrasseacute(J)

334 Le profil du lutteur seacuteregraver~

Le lutteur seacuteregravere est par essence un athlegravete impressionnant de par sa i

carrure et sa musculature saillante mais cest aussi une force tranquille

et calme quelque soit lenjeu du combagravet et particuliegraverement lhonneur

Cet aspect nous pousse agrave parler du NGiMBE cest-agrave-dire de la tenue du

lutteur qui va influencer sur sa faccedilon de lutter

La confection du Ngimbe revient agrave la communauteacute entiegravere Le Ngimbe a

une signification symbolique et le lutteur pour meacuteriter la confiance du

groupe se doit de tout faire pour ne pas toucher le sol Toute la commushy

nauteacute elle aussi sengage pour assurer la longeacuteviteacute et le succegraves du lutteur

dans laregravene par lorganisation droffrandes et de sacrifices en lhonneur

des Pangols bull

bull

Daucuns nheacutesitent pas agrave dire que lessentiel du mysticisme se fait agrave

la maison et non dans laregravene tout le reste nest quintimidation de

ladversaire

lsvcns

Tt- pi ~- t

t 1 ~ l _ ~ t

par rapport agrave lautre Cbci est trEgraves lieacute agrave lactiviteacute journaliegravere du

jeune seacuteregravere qui est un cultivateur donc toujours bien planteacute sur ses

jambes et qui continuellement manie lhiler

Le fait de couper le boi~ peut eacutegalement constituer un moyen de muscushy

lation non neacutegligeable pour le jeune lutteur

Un certain nombre de traits techniques speacutecifiques au lutteur seacuteregravere

semblent ressortir des diffeacuterentes interviews que nous aVOns fait subir

agrave certains lutteurs seacuteregraveres et agrave diffeacuterents techniciens

SOUS-GROUPES FORMES DU CORPS CONTROLES GARDES

SAFEN Moyenne en fente NONE Hancheacute Bras (distante) j

NDUTJ

f

SINE-SINE Deacutecalage Ngimbe

Moyenne

SALOUM-SALOUM Passage- Jambe (rapprocheacutee) 1

i

PETITE dessous Tecircte Basse et 1

COTE Moyenne (rapprocheacutee)

Notons que le Niominka ll commence agrave lutter agrave partir du sol pour avoir

assez deacutelan et sauter sur ladversaire afin davoir la prise du lion

(contr6le de la nuque et du bassin)

Co a -tem-nt ccedilt attitude du lutteur sEacuteregravere335 np -1t ~

Les croyances mystiques sont indissociables des activiteacutes quotidiennes

duseacuteregravere Ce qui explique le cocircteacute supersticieux du lutteur seacuteregravere En

~ffet certains lutteurs refusent de lutter avant certaines heures

Certains teacutemoignages nous apprennent quil nest pas donneacute agrave tout le

monde decirctre champion de lutte et que le lutteur doit avoir des dons

surnaturels pour ecirctre agrave mesure de livrer ses combats dans la nuit

et trouver seul un gris-gris speacutecial appeleacute Njatch

Le vrai champion de lutte chez les seacuteregraveres ne lutte pas seulement avec

~a force et sa technique mais surtout avec ses dons occultes

Chez les seacuteregraveres les morts sont toujours preacutesents et les ~pangols

Servent dintermeacutediaire entre les hommes et les morts Le pangol prend i

le nom dhumain dans certains villages (IIHeacuteJga NDONG Har Wag NGOUYE) i 1

De ce fait on verra le lutteur danser dufe maniegravere ou dune autre en

fonction du pangol de sa famille Ainsi nrus aurons le back (chant et

danse du lutteur) des DIOUF des FAYE etclbullbullbull

Dans laregravene le lutteur seacuteregravere a un comportement exemplaire aussi bien

agrave leacutegard de son adversaire direct quave~ le public en geacuteneacuteral Lexpli shy

cation semble tenir au fait que le lutteur seacuteregravere est avant tout selon

la tradition orale le repreacutesentant de toute la communauteacute seacuteregravere Par

conseacutequent il devra saffirmer non seulement en tant que lutteur dans

laregravene mais aussi en tant quentiteacute morale

336 La tenue du lutteur ou NGIMBE est confectionneacutee par le marabout de la

famille ou du clan Le Ngimbe est constitueacute de pagne en cCton tisseacute

Il doit ecirctre propre le lutteur qui le porte ne devra pas avoir de rapshy

port sexuel pendant toute la peacuteriode des cOTpeacutetitians car le Ngi~bE ne

doit pas ~tre souilleacute

Autrefois et mecircme aujourdthui dans certaines familles on devient

lutteur de pegravere en fils et dans ce cas le Ngimbe du pegravere est heacuteriteacute

par le fils Le fait de porter le Ngimbe de ses aieux peut susciter

chez le jeune lutteur une motivation et une volonteacute ineacutebranlable dtasshy

surer la supeacuterioriteacute d~s siens dans ltaregravene Il fera tout pour que le

Ngimbe de la ramille ne touche le sable

La tenue du lutteur a une signification et une importance sur le plan

mystique car selon les anciens le vra1 feacutetiche du lutteur celui qui

le proteacutegera et laidera agrave vaincre le nDjinne ou le tRapu de ladvershy

saire se trouve cacheacute dans ce Ngimbeu bull Celui qui confectionne donc le

Ngimbe U est doueacute de faculteacutes occultes

337 Larbitrase est assureacute par un sage du village qui geacuteneacuteralement fut

champion de lutte de son temps Dailleurs cet ancien nintervient que

si le terrassement est litigieux Hormis le public qui proclame la vicshy

toire ou le match nul le lutteur lui-mecircme est arbitre et il arrive

quil se deacuteclare vaincu

Nous avons pu cfter Meacutedoune KHOULE un desplus grands lutteurs seacuteneacutegashy

lais qui a donn~ une victoire agrave Djeacuteri SADIO son adversaire qui a reacuteussi

agrave lui faire touegraveher le sol de la main

IlL

34 1 Preacutesentation

Lethnie toucouleur vit En grandt partit ciE~~ la vallfc du S~~~gal

pt reprecircsente i peu pr~s 8 de la population totale secircn~galaise

o Histoire

Il semblerait que dans lancien royaume du Tekrour (IX~ siegravecle) des

eacuteleacutements neacutegroiumldes Sarakoleacute et des Peul aient formEacute par meacutetissage le

peuple Toucouleur (Toucouleur serait dailleurs une deacuteformation du

mot portugais Tacouror)

Ce empire a domineacute aussi bien les wolofs de lOuest que les Peul

nomades du Fouta Toro Cette reacutegion fut le premier pays islamiseacute par

les Almoravides ce qui peut expliquer le proseacutelytisme toucouleur

Ce sont les guerriers toucouleur islamiseacutes qui attaqu~rent avec les

Almoravides la capitale du Ghana Koumbi en 1067 On convertit par

la force les animistes Cest sans doute agrave cette eacutepoque que de nombreuses

ethnies reacutefractaires agrave lIslam ont dO accentuer leur migration vers

le sud (Seacuteregravere wolof Sarakoleacute Bambara Songhaiuml Akan et Peul se reacuteshy

fugiaient vers les hauteurs du Fouta Djalon)

Au XIXegrave siegravecle les Toucouleur allaient trouver en El Hadj Omar Tall

un grand conqueacuterent qui sous le preacutetexte religieux de la gJerre sainte

contre les tribus animistes (entre autres Bambara) eacutetendit lempire

toucouleur sur presque tout lensemble du gali et la partie de la Guineacutee

proche du l1ali

Lempire toucouleur composeacute de Sarakoleacute de Bambar~ de ~alinkeacute de

Xassonkeacute dE Peul et de Dogon eut le meurorit~ dunir CES diif~rentes ~ ~ - - - - - et~ics ~t dE CD~stituer l~Sl la b2S~ ~r 1

_ ~ ~ ~_ L ~

~ ~- ~- - - ---- _ 1 v _ t 1 ~-_ --

marabout tOL~culcuuml~ ~ middotlrrany a l ick SI venu des E1i rClS dE Pocior~ (

~ Vi~ euroconomicue et sociale -----------~-------------

Les Toucouleur sont des cultivateurs mais bien quils n~ soie~t pa~

pasteurs comrre les Peul leacutelevage a une place inportarteacute decirc1S ltur

eacutecono~ie Pour faciliter leur conquecircte guerriegraverE ils c~t Eucirc une preacuteshy

dilection pour leacutelevage des chevaux On y trouve aussi des pecirccheurs

appeleacutes Tchioubalo La socieacuteteacute toucouleur aurait une stratification

sociale tregraves rigide Les groupes ethniques et les castes eacutetaient

diffeacuterencieacutes et strictement exogamiques les Rimbe classe des nobles

comprenant la famille reacutegnante et les guerriers libres la classe des

Nieacutenieacutebegens de castes artisanales i les Rimaibeacute anciens esclaves

devenus serviteurs qui portent les noms de famille de leur maicirctres A

la base de lorganisation de la collectiviteacute toucouleur se situe le

village (Wouro)

Toutes ces castes sont cloisonneacutees entre elle~ Ainsi il nest pas

permis agrave un Torodo (noble) de se marier avec un Tchioubalo Ces

consideacuterations sont importantes dans le domaine de la lutte ougrave nous

apercevrons que les nobles ne sont pas faits pour lutter Le noble

preacutesidera les seacuteances de lutte et on luttera pour lui Ces condeacute rat ions

de noblesse et de rang social sont extrecircmement importantes dans le

monde toucouleur

Le noble ne doit pas se salir on lutte pour lui il ne vit la lutte

quen tant que spectateur

342 Education moeurs croyances et eratiques religieuses

Deux formes d~ducation sont agrave consideacuterer leacutedJcatio~ dES enfarts Et

celle des adultes

oG lenfant sait m2n~~r et apprfcier le goOt d~5 ~iifeurorents r~pas lt

le moment ougrave il CO~~e~CE agrave marcher

tivirt n~sormais le petit toucou]eur est eacuteduquf par toutmiddot 12 f2~i)]E

dabord puis par toutes lespersc~nes du village ou du C13~

Lenfant peut ~tre corrigeacute par tout adulte appartenant au groupe social

Son eacuteducation est deacutesormais laffaire de toute la communauteacute et non

exclusivement celle ces parents On linitie ainsi au travail quotidien

qui se fait dans la bergel~ e les champs et les bords du fleuve Au sein

du village il pourra apprendre agrave filer la laine et agrave tisser des pagnes

dans les champs il apprend agrave manier la houe et lhiler pour la culture

du riz et du mil Mais signalons que lactiviteacute essentielle du toucouleur

est leacutelevage des boeufs des moutons et des chegravevres Chez les Ichioushy

balos (p~cheurs ) lenfant sera initieacute tregraves tat au maniement des pagaies

agrave la p~che propremccedilnt dite et agrave la nage

Vers cinq-six ans lenfant est confieacute au maicirctre coranique le Ihierno

et ce dernier dispose exclusivement de toute sa vie Lavenir du jeune

enfant lui appartient

Comme dans les autres groupes ethniques les enfants sont regroupeacutes en

classe dacircge et cest dans cette structure que lenfant subit les rite

de passe et plus particuliegraverement celui de la circoncision

La circoncision est non seulement unE opeacuteration chirurgicale malS surshy

tout une peacuteriode au cours de laquelle le jeune garccedilon passe de leacutetat

dadolescent agrave leacutetat dadulte Les circoncis sont reacuteunis en classe

dacircge dans un endroit situeacute hors duvillage geacuteneacuteralement choisi par les

vieux Cet endroit n~st accessible que par des individus de SExe ffi8SCUshy

li~ ~ta~t au preacutealabl circoncis

- - - -

quable et complet sur le plan phy~ique et ~oral Ai~si liniti~

acquiert les qualitecircs indispensables que sont le courag~ la modest

lesprit de sacrifice lendurance

Le toucoule~r est un pleux musulma~ Cela sexp1

SOil le premier agrave tre en contact avec la religion musulmane de par sa

position frontaliegravere Lethnie toucouleur de par son histoire a preacutesenteacute

les plus grands chefs militaires et religieux musulmans seacuteneacutegalais Et

pour illustrer cela on peut citer en exemple la grande famille musulmane

des SY agrave TIVAOUANE repreacutesentant la confreacuterie des TIDJANES

Bien que lon note une majoriteacute musulmane on peut dire que certaines

croyances et pratiques mystiques et animistes persistent encore surtout

dans la reacutegion du fleuve

Une pratique courante se fait elle sappelle le Djatt Elle consiste

agrave faire sortir le caiman du fleuve agrave limmobiliser et agrave lattacher

sans quil ne reacuteagisse et tout ceci agrave laide de versets et dincantashy

tions magiques Dapregraves les teacutemoignages ces pratiques sont plutocirct

freacutequentes chez les Tchioubalos (pecirccheurs) Il arrive aussi que cershy

tains chasseurs ayant des dons se livrent agrave certaines pratiques an1shy

mis tes qui consistent agrave invoquer certaines puissances et agrave moduler sous

forme de chant des versets occultes pour se proteacuteger des mauvais esprits

et pour eacuteloigner les fauves Ce chant est geacuteneacuteralement incompreacutehensible

et deacutenueacute de sens pour le profane

343 Activiteacutes ludiques et pratiques sportives en milieu toucouleur

Durant toute son histoire lethnie ~oucouleur a toujours EacutetEacute Frese~teacute~

comme celle qui avait ue activit essentiellement guerr e e~ particushy

liegraverement farouche Trois eacuteleacutements ret r t l ecirc t te nt i c- euro so~t

le manie~~nt du ~acircton 12 luttE Et 1eacute danSE

l

Lecircducation ph~sique et artistique Dcc~pe un place precircpondecircra~rp

dans la fDrmat~on du jEune toucouleur A loccasion agraveeacutevegravenemen~ imporshy

tants reacutecoltJs mariages baptecircme nous assistons agrave des manifestashy

tions folkloriques de grande envergure le Wango oucirc dailse toucouleur

tregraves gymnique iles chants et surtout les sEacuteances de lutte

La lutte toucouleur est la forme de lutte la plus spectaclaire dans

tout le territoire seacuteneacutegalais Elle est essentiellement baseacutee sur des

techniques en hancheacute et surtout en souplesse Ceci sexplique par le

fait q~e le jeune toucouleur est tregraves tocirct initieacute agrave la gymnastique (saut 1

per saut de main salto arriegravere saut de tecircte couronneacute etc bullbullbull ) pour

la dans~ du wa~go En dansant le wango qui est une danse rythmeacutee et

gymnique le Jeune toucou1eur est capable de prouesses extraordinaires

1

En lutte lattaquant se deacuteplace tregraves peu pour avoir une bonne saisie

(geacuteneacutera~ement controcircle du Ngimben ) et enchaine brusqueme~t avec une

attaque surpris~ Cependant les ripostes sont souvent surprenantes et

spectaculaires (baseacutees sur la souplesse et la rapiditeacute) ontrairement

aux autr~s form~s de luttes ougrave lon voyait tous les jeune adheacuterer la

lutte to~cou1eur Verra un groupe de speacutecialistes sadonne agrave la lutte 1

(la lutte est lieacutee agrave la position sociale de lindividu problegraveme de

caste)

Q La morphologie du lutteur toucou1eur 1

1 1

Ce dernier nest pas aussi large et aussi fort que les lutteurs diola

et seacuteregravere Cependant il est tregraves reacutesistant La musculatJre est saillante 1

et tregraves souple lindividu est longiligne mais tregraves athleacutetique

Les mouvements de lutteurs sont semblables agrave ceux dun grand fe1in Cette 1

morphologie semble ecirctre lieacutee agrave la position geacuteographique de lethnie

(reacutegion du fleuve) et agrave lacitiviteacute socio-eacuteconomique du toucouleur qui

est agrave la fois cultivateur (activiteacute lieacutee agrave la crue et deacutecrUE du fleuve)

pecirccheuro~T CIcr~icubaon) et sttout jEumlrgcr qui est U~ rc~2eumlr

shy

Deux formes egrave~ corps sembl~nt ecirctre preacutefeacutereacutees du lutteur toucouleur

le hancheacute et la souplesse Les hancheacutes sont faits agrave partir de plusieurs

positions de doset se terminent geacuteneacuteralement par des techniques de

tregraves grande amplitude

TABLEAU RECAPITULATIF DES TECHNIQUES ET FORMES DE CORPS SPECIFIQUES

i

L441 r

GARDE FORMES DU CORPS CONTROLES --shy - -

Moyenne Souplesse Ngimbe

Hancheacute bras

Demi-souplesse

1

Profil psycholosigue 1

TECHNIQUES

ContrOle du bassin et 12 souplesse

arriegravere

Klicket et allegravegement de la hanche

Le lutteur toucouleur est celui lUi se livre le moins aux preacuteparaqons

maraboutiques Cela est dO au f~t que le toucouleur est un grand ~USUlshyman et que les pratiques animisges ont presque disparu dans ce mil~eu

Dans la pratique le lutteur esJ combaif mais il est calme et tr~s reacutefleacutechi quant agrave la deacutecision agrave prendre en plein corps agrave corps ct~st un des seuls techniciens qui reJte tregraves lucide au cours de ses comb~ts

l Dans toutes les circonstances e lutteur toucouleur est tenu de re~pecshyter son adversaire et ceux de s4n eacutequipemecircme sil est vaincu

Comme nous avons dO nous en rendre compte la rigueur des principes

eacuteducationnels a une influence tregraves sensible sur l~ comportement du

toucouleur

i

III S COCL ~s 1DO

Dans cette partie nous avons essay~ de montrer lftroite re1atic~

Entre les diverses activiteacutes socio-eacuteconomiques dans les ethnies et

lES diffEacuterentes faccedilons de lutter

Daucuns seraient tent~s de conclure trop rapidement et cest p0~r

cette raison que nOUS avons penseacute preacuteciser que le pheacutenotype nest

pas geacuteneacuterateur du geacutenotype Et nous sommes convaincus que la morphoshy

logie et les techniques des lutteurs relegravevent de leurs modes de vie

et de leurs croyances agrave une eacutepoque et danE un contexte bien deacutetermishy

neacutes

Est-ce que les lutteurs dio1a ou seacuteregravere travaillant avec leurs bras

dans les champs auraient les mecircmes pr 0 fil s physiques que les lutteurs

utilisant des machines pour lagriculture

- 69 shy

I UJOURDH~1 E-S ut O[l LES FORfilS Ut LU11t~

~otons que notre enqu~te a ecirctE essentiellement faiteen milieu urbain

Les seacuteances de lutte ont tendance agrave perdre leur particulariteacute de r~shy

jouissance pour devenir des pheacutenomegravenes de sportisatio Deux fores

de luttes so~t principale~cnt prat s dans les aregrave~es du 5 al

la lutte traditiunnelle simple et la lutte traditionnelle avec frappe

De nos jours la lutte traditionnelle tend vers une reacuteglementation

et une institutionalisation

Le reacutesultat de nos investigations nous donne le tableau ci-dessous

REPARTITION ETHNIQUE SUR 100 PRATIQUANTS

LUTTE LUTTE RAPPORTETHNIES SANS FRAPPE AVEC FRAPPE J2

Diola 40 16 71 j

Seacuteregravere 26 21 57

Toucouleur 23 10 69

Wolof 1 1 53 17

La demande sociale par ordre deacutecroissant pour la lutte sans frappe

se preacutesente comrre suit

]0_ Ethnie diola avec pregraves de 3 lutteur~ sur 4

2deg_ Ethnie toucouleur

Ethri dun

~ 1 LA LUTTE TR])IIIO~~ELLE AVEC H-PPE

Cette forme deacute lutte a une histoire qui date de lantiquiteacute elle

sa~pelait le Pugilat Au Seacuteneacutegal elle a vu le jour dans le Cayor

bien avant la colonisation Le coup dE pied l~Lrdn~lement la morshy

sure la frappe et le doigtf eacutetaient permis dans le cc=bat ~ ~middot~p0~~e

Dans certains cas la giffle eacutetait beaucoup plus dangereuse que le

poing quand elle eacutetait donneacutee par un speacutecialiste Cette giffle pouvait

agrave elle seule deacutechirer et mecircme parfois amputer la joue de ladverser

Selon les informations la lutte avec frappede nos jours serait une

forme de lutte tregraves eupheacutemiseacutee de celle dantan ougrave une blessure

pouvait souvent ecirctre mortelle

Aujourdhui au niveau du folklore la lutte na plus la mecircme

le spectaculaire a remplaceacute le significatif iLa lutte avec frappe se 1

pratique surtout dans les centres urbains C~aque fois quun grand combat 1

est progra~eacute par le Comiteacute National Proviso~re (CNP) des centaines damashy

teurs sont mobiliseacutes vers le stade lba Mar D~OP qui est aujourdhui le i

lieu approprieacute ougrave se deacuteroulent les grands conkbats de lutte Cest la formE

de lutte qui semble drainer une foule de personnes beaucoup plus importante

que celle de la lutte simple

La lutte avec frappe deacuteriverait dune forme de lutte traditionnelle

pratiqueacutee jadis dans le Cayor au temps des Damels et la frappe serait

le substitut dun certain nombre de pratiques doigteacute jet de produits

etc bullbullbull dont le but eacutetait laveuglement de ladversaire La lutte avec

frappe serait une continuation logique dune carriegravere sportive de la

lutte traditionnelle qui sen sert comme moyen socio-eacuteconomique En

effet la majoriteacute des lutteurs avec frappe ont dabord eacuteteacute initieacutes agrave la

lutte simple Cependant il faut signaler que de nOS jours il arrive

que le jeune lutteur avec frappE- soit directenent formEacute conne speacutecialistE

agrave la frappe sa~s pour autant faire son chemin dabcrd egravea~s la lutte

- ~ shy

Le recircsultat dE ~os interviews ncus rec~trE qGune pcpulatiD~ divcrsishy

fiampe sint~resse agrave ce sport et qUE les intecircr~[s des uns et d~SlautrE~

semble~t divergents naucuns affirment que la lutte traditionnelle

avec frappe serait monteacutee par des personnes dont la vocation est dexshy

ploiter ce pheacuteLomegravene agrave des fins commerciales Dautres disent gJellegrave

jouit de mcyens irport~nts t[l[~isio

tation etc bullbullbull ) pour toucher toutes les couches sociales CEpe~~a~t

nous remarquons que mecircme si certaines personnes reprochent agrave cette

forme de lutte decirctre brutale ces mecircmes personnes nheacutesitent pas agrave

se rendre le dimanche agrave laregravene Bien que critiqueacutee elle semble ecirctre

adopteacutee par une tregraves grande partie de la population seacuteneacutegalaise Cepenshy

dant en tant que techniciens il nous est permis de faire une remarque

Il sagit de

- Limpression nette decirctre devant des professionnels de la frappe

qui sont ~ntratneacutes pour cela Dailleurs les propos que nous avons

recueilli~ nous prouvent que la plupart des champions de lutte avec 1

frappe s~ntratnent dans certains sports de combat tels ~ue la boxe i 1

le karateacute le judo Dans cette nouvelle forme de pratique de la lutte

contrairefuent agrave la lutte traditionnelle le technicien e~t souvent

perdant face au puncheur Ce dernier adopte une lutte agrave distance qui

lui permet de placer agrave bon escient ses coups animeacute du deacutesir de vaincre

Le technicien lui se voit contreacute dans toutes ses entreprises par

un uppercut ou un crochet

On peut dire cependant que nul sport au Seacuteneacutegal que la lutte tradishy

tionnelle avec frappe ne deacutechaicircne autant de passions et autant de

pheacutenomegravenes poussant agrave lexcegraves et deacutereacuteglements quon ne peut que deacuteplorer

Mais comment deacutecrier un spectacle de lutte qui bien quayant perdu la

presque totaliteacute des valeurs traditionnelles veacutehiculeacutees autrefois par

elle sait susciter une participation effective de tous ceux qui sont

preacutesents

CONCLUSION

Dans ce meacutemoire nous sommes efforceacutes ~e faire ressort ir limportance des

ethos et des habitus et leurs effets sur la pratique de la lutte tradishy

tionnelle au Seacuteneacutegal

L~b egravethos repr~sentent dune maniegravere g~neurorale tous les eacuteleacutements speacutec

fiques sux Seacuteneacutegalais par conampeacuteguent un systegraveme de valeurs traditionnellEs

Mais m~me si ces valeurs rev~tent une signification universelle (honneur

digniteacute courage etc bullbullbull ) il nen demeure pas moins que ce nest pas leur

nature qui fait leur speacutecificiteacute mais la hieacuterarchisation et limportance i

quon accorde agrave toutes ces valeurs de ~ar leacuteducation ou la culture

i 1

Aussi les valeurs traditionnelles puient leur speacutecificiteacute dans les

caracteacuteristiques propres aux eacuteleacutements ~e la socio-cu1ture (la technologie

et leacuteconomie la politique et la pareteacute la psychologie et lideacuteologie)

dans la socieacuteteacute seacuteneacutegalaise agrave n momen donneacute de son eacutevolution Cest i

dire la neacuteceesiteacute de ne point faire della valeur une reacutealiteacute statique

Cest dite aussi quagrave tout mome~t le ~eacuteneacutegalais peut eacutevoluer et creacuteer

ou vivre par conseacutequent de nouv~lles fprmes de valeur qui lui sont 1

propres ft (J)

La lutte traditionnelle veacutehiculant deS valeurs socio-cu1ture1les speacutecishy

fiquement seacuteneacutegalaises (croyances valeurs morales norme de comportement

opinion attitude bullbullbull ) devient un eacuteleacutement important qui tregraves certaiaement

nous aidera dans notre effort de valoriser et de peacuterenniser notre patri shy

moine culturel par le biais dactiviteacutes physiques et sportives

Leacutetude des habitus nous permet de prouver quil y a plusieurs faccedilons

de se mouvoir comme danser lutter bullbullbull qui varient avec les diffeacuterentes

ethnies (wolof toucouleur seacuteregravere diolagt leurs convenances et leurs

eacuteducations

(1) Revue Ethiopiques 31 Les valeurs traditionnelles et le problegraveme de leur inteacutegration dans les systegravemes modernes jtducatio-1 2 6r--70

nautre part cette eacutetude permet aussi de nous rendrE compte de la

correacutelatipn eacutetroite existant entre la pratique de la lutte traditionnelle

et le sta~ut socio-eacuteconomique du pratiquant

Nos inves~igations nous indiquent que la lutte recrute essentiellement

au niveau des classes socio-eacuteconomiques situeacutees en bas de leacutechelle

donc posseacutedant le statut social le moins favoriseacute La lutte avec frappe

-et un certain secteur commercialiseacute de la lutte simple- y trouve sa

leacutegitimiteacute Comme le dit BOURDIEU nA habitus diffeacuterents styles de Vle

divergents et il oppse les pratiques aristocpatiques correspondants agrave

des activiteacutes qui favorisent les situations eupheacutemiseacutees ougrave la stylisashy

tion est importante aux pratiques populaires qui font appel agrave des

qualiteacutes qpposeacutees bllutes rugueuses Certaines interviews nous

montrent que plus lindividu occupe une place eacuteleveacutee dans leacutechelle

sQciale e~ 1

moin$ il sinteacuteresse agrave la lutte

Les reacutesultats recueillis dans nos diverses investig~tions confirment 1 1

1er propos qui disent que nous assistons aujourdhu~ agrave une involution

de la lutte traditionnelle parce que perdant toutes ses speacutecificiteacutes au 1

pryfit d~ne autre forme de lutte que lon continue agrave appeler nostalshy

giqlementIIlutte traditionnelle

Ceci pourrait peut-~tre trouver une explication dan la citation suivante

La liberteacute de creacuteer dinnover de vivre Pleineinenf decirctre soi et de

preacuteserver son authenticiteacute la digniteacute et lhonneu1demeurent des illushy

sions dans la misegravere eacuteconomique~ Nos ancecirctres creacuteai~nt des valeurs de cishyl

vilisation parce quils eacutetaient libres parce qu1i~s ignoraient toute

deacutependance eacuteconomique ils cultivaient en eux et cbez leurs enfants le 1

Jorn et la Kersa et preacutefeacuteraient la mort agrave la hoJte lI (1)

Or le Seacuteneacutegal comme la plupart des pays africainsi est un pays sousshy

deacuteveloppeacute t cependant face agrave cette volonteacute du gou~ernement seacuteneacutegalais

de faire inteacutegrer dans leacuteducation des valeurs traditionnelles nous

pouvons espeacuterer utiliser comme moyen deacuteducation la lutteacute traditionnelle

qui reste quand mecircme vecteur jethos et dhabit~s

- 54 shy

Mecircme si lon a noteacute un appauvrissement notoire sur les plans socioshy

culturel et moral la lutte traditionnelle recegravele une gamme importante

et varieacutee de techniques permettant incontestablement une ouverture vers

les luttes olympiques libre et g~eacuteco-romaine

La lecture de ce meacutemoire permettra agrave lentratneur et au professeur de

lutte en fonction du lieu ougrave ils seront affecteacutes dans le territoire

seacuteneacutegalaisdavoir une information sur les techniques contrOles et

formes de corps propres agrave chaque groupe ethnique et de les mettre en

relation avec leurs croyances et leurs mentaliteacutes

Nous avons essayeacute de montrer que la pratique de la lutte traditionnelle

doit tre axeacutee sur une ethnomotriciteacute au Seacuteneacutegal qui permette une inishy

tiation facile Cette pratique de la lutte traditionnelle seacuteneacutegalaise

devra dailleurs essayer de ~eacutepondre aux aspirations du Seacuteneacutegalaisl

moderne en souvrant aux ap~orts positifs des autres civilisations

ex~eacuterieures nous voulons Jvidemment parler du judo et des luttes oiymshyJ

piques 1

1 j Nous navons pas la preacutetentfon dans le cadre de ce meacutemoire demattrise

de reacutepondre agrave toutes les qutstions se rattachant agrave leacutetude de ~a lutte

traditionnelle souslangle~socio-culturel car non seulement il nous

manque lexpeacuterience et la c peacutetence en la mati~re mais aussil l le temps

et les moyens dont nous dis osions ne nous permettaient pas d~puiser le 1sujet i

1 1 1 t 1

l

- )5 shy

BIBLIOGRAPHIE

BIBLIOGRAPHIE

1- CLAPAREDE Psychologie de leacuteducation et peacutedagogie expeacuterimentale

Edition Delachaux et Niestleacute 244 pages

2- POCIELLC Christian Sport et Socieacuteteacute approche socio-culturelle

des pratiques Paris Vigot 1981 377 pages

3- PIERON Henri Vocabulaire de la psychologie

PUF Deuxiegraveme eacutedition 1957 469 pages

4- Revue socialiste de culture neacutegro-africaine ETHIOPIQUES

Les valeurs traditionnelles et le problegraveme de leur inteacutegration

dans les systegravemes modernes deacuteducation

GIA 21 Juillet 1982 213 pages

5- N2 Revue du Centre dEtudedes Civilisations DEM ak TEY

NIS IVegrave Trimestre 1982 96 pages

6- Document lNSEP Colloque sur la lutte aeacuteregravere

DAKAR MAI-JUIN 1980

t 1

~- Travaux du IVegrave Congregraves National ~es Sports agrave DAKAR les 2223041981

Bulletin n2 91 du CIO du 15 Aont 1965

l____________________________

8- Meacutemoire de Mattrise BADJI Abdou La lutte traditionnelle Joola

Etude et perspective

9- Meacutemoire Inspectorat JS DJITTE Mandy Les pratiques corporelles

traditionnelles au Seacuteneacutegal pour leur exploitation et leur

utilisation en peacutedagogie Marly le Roi 1980

REPUBLIQUE DU SENEGAL

--------------- INSTITUT NATIONAL SUPERIEUR

MINISTERE DE LA JEUNESSE DE LrsquoEDUCATION POPULAIRE

ET DES SPORTS ET DU SPORT

-------------

(INSEPS)

MEMOIRE DE MAIcircTRISE

Es-SCIENCES ET TECHNIQUES

DE LrsquoACTIVITE PHYSIQUE ET DU SPORT

LA LUTTE TRADITIONNELLE

son importance sa signification en fonction des ethos et des habitus ethniques au Seacuteneacutegal

Preacutesenteacute par

Monsieur Joseph Victor FAYE

Sous la direction de

M Jean Marc ROCHEZ

Professeur agrave lrsquoINSEPS

Anneacutee de soutenance 1984

Profil psyc~~iqUE du lutteu- et son comporterent dars l 2regravere

La preacuteparation mystique dans laregravene est plus marqueacutee chez les wolofs

que ChE~ les autres ethnies En effet on verra de grands champions

preliGrE plusiEurs heures pour Enduire leur corps de cll2badep ou ci

rmiddot- ~ a la proprieacuteteacute de proteacuteger li1egraveividu J

les mauvais sorts) Cest dailleurs un aspect dt la luttE qui iJcsc

des problegraveJles

Le lutteur wolof est tregraves superstitieux et la peacuteriode de preacuteparation

est capitale pour lui car elle permet non seulement de rendre

hommage aux ancecirctres mais aussi dintimider son adversaire Cest

geacuteneacuteralement un lutteur agressif combatif et teacutemeacuteraire Il se fait

souvent remarquer par son esprit dentreprise Mais cette fougue dans

le combat lamegravene parfois bien que ce soit regrettable agrave oublier les

usages et les normes Ce manque de maicirctrise de soi peut faire croire

que le lutteur wolof manque de fair-play ce qui nest pas toujours le

cas

~A~Ugrave~ t 4AA CbUrs k LA ucirctotve f~tPle Sesect prores mou W ~ lesquelles vont se couler les comporteme~ts individuels qui sont ainsi

monteacutes par et pour lautoriteacute sociale

Les faccedilons de boire de marcher ou de sasseoir se manifestent indivishy

duellement dans le corps de chaque personne ces habitus sont cependant

des montages sociaux lieacutes agrave des significationssymboliques variables

dailleurs selon la position sociale occupeacutee par chaque sujet Ces modes

dagir se rangent dans un systegraveme de montages symboliques et lindivishy

du les apprend de la socieacuteteacute dont il fait partie agrave la place quil occupe

Lhabitus est un montage social agrave la valeur symbolique deacutependant des pheacuteshy

nomegravenes deacuteducation et de prestige et lieacute agrave la position sociale du sujet

Cette penseacutee sonne de faccedilon eacutetonamment moderne

Pierre BOURDIEU qui dans une perspective a approfondi le contenue de la

notion en le reportant aux oppositions entre classes et fractions sociales

Il deacutefinit lhabitus comme un systegraveme de dispositions durables acquis au

cours dune histoire personnelle dans une milieu social donneacute systegraveme qui

engendre ensuite des pra~iques socialement deacutetermineacutees faccedilons de manger

de parler ou de marcher comportements de politesse contenu des preacutefeacuterencel

et des deacutegoOts bullbullbull lhabitus est le produit de conditions eacuteconomiques et

sociales Lauteur rattache directement la formation de lhabitus dun

individu agrave la trajectoire parcourue par celui-ci dans sa classe dapparteshy

nance il deacutefend lideacutee dun habitus de classe qui deacutefinit le sens confeacuteshy

reacute agrave la pratique sportive les profits qui en sont attendus

Ce dernier serait lui-m~me lieacute agrave un systegraveme de valeurs ou ETHOS de classe

prenant sens au sein doppositions distinctives entre classes sociales

De sorte lhabitus fonctionne comme un systegraveme dt- regravegles inteacuterioriseacutees

souvent informuleacutees permettant ou non agrave lagent de sadapter dembleacutee aux

multiples pratiques de la vie quotidienne et de la vie sportive il est agrave

lorigine des schegravemes de transcription qui favorisent les ajustements aux

situations corporelles nouvelles (1)

t ~

(1) P~IE11D dwi6Han ISpoy-l et sodeacutebi Approche Bocio-culturelle des pratiques P~tis Vigot 1981 page 81

33

331 Preacutesentation

Les Seacuteregravere auraient pour origine le Fouta Toro quils auraient quitteacute

vers le Xllegrave siegravecle pour fuir lislamisation de cette reacutegioD par lempire

dJ Xali (ils seraient donc apparEnt~s aux Peul et Toucouleur ) Ils

auraient trouveacute dans la rEacutegion du Sine les Sosseacute dorigine manding avec

lesquels ils salliegraverent

Au XVegrave siegravecle une autre immigrationSos~ conqueacuterante cette fois-ci

apporta son organisation eacutetatique Ils se divisegraverent en deux monarchies

deacutemocratiques lune seacutetablit au Sine et lautre au Saloum Les Sosseacute

conqueacuterants constituaient lautocratie appeleacutee Guelowar

La royauteacute seacuteregravere eacutetait laiumlque Les premiers souverains durent secouer

la tutelle des Toucouleur et progressivement arrivegraverent agrave unifier lethshy

nie des seacuteregravere etdea Sosseacute Les deux royauteacutes eacutetaient organiseacutees selon

acirces modegraveles tregraves deacutemocratiques Le souverain deacutependait dune assembleacutee

de ministres et de chefs locaux qui assuraient ladministration centrale

et reacutegionale())

Aujourdhui lethnie seacuteregravere repreacutesente 20 de la population seacuteneacutegalaise

Ils sont reacutepartis sur presque toute leacutetendue du territoire notamment

dans le Baol la reacutegion du Sine-Saloum et la reacutegion de Thiegraves

Signalons quil existe plusieurs sous-groupes dans lethnie ainsi on

trouvera

- dans la reacutegion de Thiegraves les Ndut les Safegravene et les None

- dans le Sine-Saloum les Sine-sine et les Saloum-salouIT

On trouvera vers foundioune et agrave Nioro du cocircteacute de la Gambie les

Niominka (pecirccheurs) Cest une portion tregraves mandinguiseacutee

( 1

Le rattache~2~t d~ to~s ccs sous-groupes pose problecircme ~25 0~ r0~V~

uc grande partie de traits COITul1uns dans leurs modes dE vie Ct pOUT phs

de faciliteacute nous allons essayer de faire une ~tude globale de la lutte

traditionnelle seacuterecircre Lactiviteacute socio-eacuteconomique qui est essentielleme~t

agro-pasorale caracteacuterisE leacutethnie seacuteregravere

332 Lecircducation les moeurs les croyances et pratiques sEr~rc

Chez les Seacuteregravere la vie humaine se deacuteroule selon les grandes eacutetapes

le baptecircme lenfance ladolescencemarqueacutee par la circoncision lsectge

adulte le mariage la vieillesse et la mort (funeacuterailles)

La vie de la communauteacute seacuteregravere reste une des plus originales sinon

celle qui de nos jours garde la presque totaliteacute des pratiques et

habitudes traditionnelles

Bien qu aujotltdhui con~r-tis aux religions chreacutetienne et musulmane les

Seacuteregravere conservent leurs croyances et pratiques animistes

Quelque soit leur degreacute dadheacutesion aux religions reacuteveacuteleacutees les Seacuteregravere

croient en un Dieu puissant et miseacutericordieux Rog Segravene et les hommes

Les ~angols sont repreacutesenteacutes mateacuteriellement dans tous les villages

seacuteregraveres par des arbres (baobab et tamariniers) des animaux (geacuteneacuteraleshy

ment serpent doreacute ou iguane) des ustensiles (pilon calebasse et mortier)

De nombreux teacutemoignages nous apprennent que certains totems (serpent

iguane) font leur apparicion agrave loccasion de certaines manifestations

rituelles comme les sacrifices ceacuteleacutebreacutes lors dun mariage de ceacutereacutemonies

mortuaires ou des circoncisions

Le Seacuteregravere comme il nous a eacuteteacute donneacute loccasion de le dire plus haut

preacutesente des speacutecificiteacutes authentiques aussi bien en tout ce qui touch~

son eacuteducation ses croyanCES et pratiques mystiques q~e ses activiteacute~

socio-ecirccc~omiquEs Apr~s a ~aissa~c~ le beurob~ ~~ pcs~ 5~~ lE S~ __

On lui mouille les l~vres avec un peu d~ lait de mil et apr~s U~ bain

purificateur on versera leau dans un trou cr~us~ derri~r~ la Camp~~

Pendant huit jours la megravere et lenfant sont cacheacutes dans la case car

selon les anciens ils sont tregraves vulneacuterables La case deacutens certains cas

est entoureacutee dun fil blanc et lon place sur le seuil des fais(cauy di

veacutegeacutetaux pour chasser les mauvais esprits (geacutenies malfaisants et illangeUY~

dacircmes) Au bout du huitiegraveme jour la megravere et lenfant peuvent sortir de

la case bull

bullbullbull Le matin du huitiegraveme jour la tante paternelle va chercher de leau

(plusieurs fois)t elle doit rester muette pendant ses alleacutees et venues

si elle parlait t lenfant pourrait ecirctre muet bullbullbull

La megravere et lenfant prennent un bain purificateur dans lequel sont

trempeacutees certaines plantes (ce sont des veacutegeacutetaux pr~tecteurs tels le

begravene le yag le ngud) On y lavera aussi le linge e1t les ustensiles utishyj

liseacutes pendant les huit jours qui viennet de seacutecoul~r On rase le crine

de lenfant Les cheveux sont donneacutes agrave la megravere qui ~s enterrera avec le

reste du cordon ombilical dans un endroit que11e esit seule agrave connattre

La megravere sassied sur une natte devant la maison Une femme igeacutee de la

famille prend le beacutebeacute dans ses bras et le preacutesente aux quatre coins de

lhorizon

La tante paternelle tient ensuite un van sur la tecircte de la megravere on y

verse le mil on y verse eacutegalement en abondance sur la megravere et sur

lenfant La tante oint ensuite le corps du beacutebeacute avec du lait e11e

touche en particulier le front t le nez la bouche la poitrine le dos

et les oreilles

Elle pose enfin un ~rain de sel dans la paume du beacutebeacute (le sel purifie

et deacutetruit les puissances mauvaises)

Apregraves un nouveau bain la megravere et lenfant revEcirctent des habits de fecircte

(est

lenfant Ce precircnore a toujours U~ SEns Il sy~bolise parfois C0 qUi

lOIl sounaitt agrave lEufant l)

La circoncision comme dans les autres ethnies est obligatoire Elle

permet au jeune adolescent dacceacuteder agrave la classe adulte Les jeunes

sont regroupes en classe dacircge dans le bois ougrave sc fait la r0tr~it0 des

circoncis et ceci pendant plusieurs mois

Le Selbeacute qui est geacuteneacuteralement un ancien craint de tous les eacutelegraveves

enseigne le respect de la hieacuterarchie la discreacutetion le goOt de linishy

tiative Les activiteacutes physiques et leacuteducation artistique ne sont pas

en reste la deacutecoration la sculpture la lutte et la danse A sa sortie

du bois linitieacute appartient deacutesormais agrave la classe des virils et des

sages du clan car on lui aura enseigneacute les vertus fondamentales que

sont la justice lhonneur lamour du prochain 1 amour du travail

lhonnecircteteacute et surtout le respect des coutumes ancestrales

Le rite du mariage esd aussi un fait tregraves important dans le monde 1

seacuteregravere mais par manq~e dinformation nous serons obligeacutes de nous en

tenir lagrave

333 Impact des ethos sur la lutte dans le monde seacuteregravere

Lorigine de la lutte seacuteregravere ne semble pas claire ma1S nous pouvons

dire quil existait deux formes de lutte comme chez les Wolofs une

lutte sans frappe et une lutte avec frappe Et cest cette derniegravere

qui peut-ecirctre nous ameacutenerait agrave croire que la lutte seacuteregravere aurait une

origine plus preacuteciseacutement guerriegravere

Aujourdhui la lutte est uniquement une activiteacute sportive agrave travers

laquelle le jeune seacuteregravere eacutevalue sa force son courage et SOn ingeacutenioshy

siteacute Cest une occasion de deacutefendre lhonneur de son village ou de

la corrnnunauteacute

La luttE ~5t avant tout u~e rnanifcs[dtic~ c~lturclie et surtout

fo lkhriqut-

Gracircce agrave elle on peut deacutesormais comprendre un certain nombre de chants

et de symboles A travers la lutte seacuteregravere on ccedilomprend les inter-relashy

tions entreacute la vie et le monde surntiturel

Sil devait y avoir la mort dun villageacuteois pendant la fecirctE au T qUE

de linterrompre on proceacutedait gracircce aux connaissances magico-religieuses

agrave la suspension de la mort jusquagrave une peacuteriode ougrave la population sera plus

disponible pour organiser des funeacuterailles sil y eacutetait preacutedit la possibishy

liteacute dune deacutefait du champion local au profit dun champion dun autre

village des recettes dordre maginque et religieux eacutetaient mises en prashy

tique afin que le champion du village ne soit jamais terrasseacute(J)

334 Le profil du lutteur seacuteregraver~

Le lutteur seacuteregravere est par essence un athlegravete impressionnant de par sa i

carrure et sa musculature saillante mais cest aussi une force tranquille

et calme quelque soit lenjeu du combagravet et particuliegraverement lhonneur

Cet aspect nous pousse agrave parler du NGiMBE cest-agrave-dire de la tenue du

lutteur qui va influencer sur sa faccedilon de lutter

La confection du Ngimbe revient agrave la communauteacute entiegravere Le Ngimbe a

une signification symbolique et le lutteur pour meacuteriter la confiance du

groupe se doit de tout faire pour ne pas toucher le sol Toute la commushy

nauteacute elle aussi sengage pour assurer la longeacuteviteacute et le succegraves du lutteur

dans laregravene par lorganisation droffrandes et de sacrifices en lhonneur

des Pangols bull

bull

Daucuns nheacutesitent pas agrave dire que lessentiel du mysticisme se fait agrave

la maison et non dans laregravene tout le reste nest quintimidation de

ladversaire

lsvcns

Tt- pi ~- t

t 1 ~ l _ ~ t

par rapport agrave lautre Cbci est trEgraves lieacute agrave lactiviteacute journaliegravere du

jeune seacuteregravere qui est un cultivateur donc toujours bien planteacute sur ses

jambes et qui continuellement manie lhiler

Le fait de couper le boi~ peut eacutegalement constituer un moyen de muscushy

lation non neacutegligeable pour le jeune lutteur

Un certain nombre de traits techniques speacutecifiques au lutteur seacuteregravere

semblent ressortir des diffeacuterentes interviews que nous aVOns fait subir

agrave certains lutteurs seacuteregraveres et agrave diffeacuterents techniciens

SOUS-GROUPES FORMES DU CORPS CONTROLES GARDES

SAFEN Moyenne en fente NONE Hancheacute Bras (distante) j

NDUTJ

f

SINE-SINE Deacutecalage Ngimbe

Moyenne

SALOUM-SALOUM Passage- Jambe (rapprocheacutee) 1

i

PETITE dessous Tecircte Basse et 1

COTE Moyenne (rapprocheacutee)

Notons que le Niominka ll commence agrave lutter agrave partir du sol pour avoir

assez deacutelan et sauter sur ladversaire afin davoir la prise du lion

(contr6le de la nuque et du bassin)

Co a -tem-nt ccedilt attitude du lutteur sEacuteregravere335 np -1t ~

Les croyances mystiques sont indissociables des activiteacutes quotidiennes

duseacuteregravere Ce qui explique le cocircteacute supersticieux du lutteur seacuteregravere En

~ffet certains lutteurs refusent de lutter avant certaines heures

Certains teacutemoignages nous apprennent quil nest pas donneacute agrave tout le

monde decirctre champion de lutte et que le lutteur doit avoir des dons

surnaturels pour ecirctre agrave mesure de livrer ses combats dans la nuit

et trouver seul un gris-gris speacutecial appeleacute Njatch

Le vrai champion de lutte chez les seacuteregraveres ne lutte pas seulement avec

~a force et sa technique mais surtout avec ses dons occultes

Chez les seacuteregraveres les morts sont toujours preacutesents et les ~pangols

Servent dintermeacutediaire entre les hommes et les morts Le pangol prend i

le nom dhumain dans certains villages (IIHeacuteJga NDONG Har Wag NGOUYE) i 1

De ce fait on verra le lutteur danser dufe maniegravere ou dune autre en

fonction du pangol de sa famille Ainsi nrus aurons le back (chant et

danse du lutteur) des DIOUF des FAYE etclbullbullbull

Dans laregravene le lutteur seacuteregravere a un comportement exemplaire aussi bien

agrave leacutegard de son adversaire direct quave~ le public en geacuteneacuteral Lexpli shy

cation semble tenir au fait que le lutteur seacuteregravere est avant tout selon

la tradition orale le repreacutesentant de toute la communauteacute seacuteregravere Par

conseacutequent il devra saffirmer non seulement en tant que lutteur dans

laregravene mais aussi en tant quentiteacute morale

336 La tenue du lutteur ou NGIMBE est confectionneacutee par le marabout de la

famille ou du clan Le Ngimbe est constitueacute de pagne en cCton tisseacute

Il doit ecirctre propre le lutteur qui le porte ne devra pas avoir de rapshy

port sexuel pendant toute la peacuteriode des cOTpeacutetitians car le Ngi~bE ne

doit pas ~tre souilleacute

Autrefois et mecircme aujourdthui dans certaines familles on devient

lutteur de pegravere en fils et dans ce cas le Ngimbe du pegravere est heacuteriteacute

par le fils Le fait de porter le Ngimbe de ses aieux peut susciter

chez le jeune lutteur une motivation et une volonteacute ineacutebranlable dtasshy

surer la supeacuterioriteacute d~s siens dans ltaregravene Il fera tout pour que le

Ngimbe de la ramille ne touche le sable

La tenue du lutteur a une signification et une importance sur le plan

mystique car selon les anciens le vra1 feacutetiche du lutteur celui qui

le proteacutegera et laidera agrave vaincre le nDjinne ou le tRapu de ladvershy

saire se trouve cacheacute dans ce Ngimbeu bull Celui qui confectionne donc le

Ngimbe U est doueacute de faculteacutes occultes

337 Larbitrase est assureacute par un sage du village qui geacuteneacuteralement fut

champion de lutte de son temps Dailleurs cet ancien nintervient que

si le terrassement est litigieux Hormis le public qui proclame la vicshy

toire ou le match nul le lutteur lui-mecircme est arbitre et il arrive

quil se deacuteclare vaincu

Nous avons pu cfter Meacutedoune KHOULE un desplus grands lutteurs seacuteneacutegashy

lais qui a donn~ une victoire agrave Djeacuteri SADIO son adversaire qui a reacuteussi

agrave lui faire touegraveher le sol de la main

IlL

34 1 Preacutesentation

Lethnie toucouleur vit En grandt partit ciE~~ la vallfc du S~~~gal

pt reprecircsente i peu pr~s 8 de la population totale secircn~galaise

o Histoire

Il semblerait que dans lancien royaume du Tekrour (IX~ siegravecle) des

eacuteleacutements neacutegroiumldes Sarakoleacute et des Peul aient formEacute par meacutetissage le

peuple Toucouleur (Toucouleur serait dailleurs une deacuteformation du

mot portugais Tacouror)

Ce empire a domineacute aussi bien les wolofs de lOuest que les Peul

nomades du Fouta Toro Cette reacutegion fut le premier pays islamiseacute par

les Almoravides ce qui peut expliquer le proseacutelytisme toucouleur

Ce sont les guerriers toucouleur islamiseacutes qui attaqu~rent avec les

Almoravides la capitale du Ghana Koumbi en 1067 On convertit par

la force les animistes Cest sans doute agrave cette eacutepoque que de nombreuses

ethnies reacutefractaires agrave lIslam ont dO accentuer leur migration vers

le sud (Seacuteregravere wolof Sarakoleacute Bambara Songhaiuml Akan et Peul se reacuteshy

fugiaient vers les hauteurs du Fouta Djalon)

Au XIXegrave siegravecle les Toucouleur allaient trouver en El Hadj Omar Tall

un grand conqueacuterent qui sous le preacutetexte religieux de la gJerre sainte

contre les tribus animistes (entre autres Bambara) eacutetendit lempire

toucouleur sur presque tout lensemble du gali et la partie de la Guineacutee

proche du l1ali

Lempire toucouleur composeacute de Sarakoleacute de Bambar~ de ~alinkeacute de

Xassonkeacute dE Peul et de Dogon eut le meurorit~ dunir CES diif~rentes ~ ~ - - - - - et~ics ~t dE CD~stituer l~Sl la b2S~ ~r 1

_ ~ ~ ~_ L ~

~ ~- ~- - - ---- _ 1 v _ t 1 ~-_ --

marabout tOL~culcuuml~ ~ middotlrrany a l ick SI venu des E1i rClS dE Pocior~ (

~ Vi~ euroconomicue et sociale -----------~-------------

Les Toucouleur sont des cultivateurs mais bien quils n~ soie~t pa~

pasteurs comrre les Peul leacutelevage a une place inportarteacute decirc1S ltur

eacutecono~ie Pour faciliter leur conquecircte guerriegraverE ils c~t Eucirc une preacuteshy

dilection pour leacutelevage des chevaux On y trouve aussi des pecirccheurs

appeleacutes Tchioubalo La socieacuteteacute toucouleur aurait une stratification

sociale tregraves rigide Les groupes ethniques et les castes eacutetaient

diffeacuterencieacutes et strictement exogamiques les Rimbe classe des nobles

comprenant la famille reacutegnante et les guerriers libres la classe des

Nieacutenieacutebegens de castes artisanales i les Rimaibeacute anciens esclaves

devenus serviteurs qui portent les noms de famille de leur maicirctres A

la base de lorganisation de la collectiviteacute toucouleur se situe le

village (Wouro)

Toutes ces castes sont cloisonneacutees entre elle~ Ainsi il nest pas

permis agrave un Torodo (noble) de se marier avec un Tchioubalo Ces

consideacuterations sont importantes dans le domaine de la lutte ougrave nous

apercevrons que les nobles ne sont pas faits pour lutter Le noble

preacutesidera les seacuteances de lutte et on luttera pour lui Ces condeacute rat ions

de noblesse et de rang social sont extrecircmement importantes dans le

monde toucouleur

Le noble ne doit pas se salir on lutte pour lui il ne vit la lutte

quen tant que spectateur

342 Education moeurs croyances et eratiques religieuses

Deux formes d~ducation sont agrave consideacuterer leacutedJcatio~ dES enfarts Et

celle des adultes

oG lenfant sait m2n~~r et apprfcier le goOt d~5 ~iifeurorents r~pas lt

le moment ougrave il CO~~e~CE agrave marcher

tivirt n~sormais le petit toucou]eur est eacuteduquf par toutmiddot 12 f2~i)]E

dabord puis par toutes lespersc~nes du village ou du C13~

Lenfant peut ~tre corrigeacute par tout adulte appartenant au groupe social

Son eacuteducation est deacutesormais laffaire de toute la communauteacute et non

exclusivement celle ces parents On linitie ainsi au travail quotidien

qui se fait dans la bergel~ e les champs et les bords du fleuve Au sein

du village il pourra apprendre agrave filer la laine et agrave tisser des pagnes

dans les champs il apprend agrave manier la houe et lhiler pour la culture

du riz et du mil Mais signalons que lactiviteacute essentielle du toucouleur

est leacutelevage des boeufs des moutons et des chegravevres Chez les Ichioushy

balos (p~cheurs ) lenfant sera initieacute tregraves tat au maniement des pagaies

agrave la p~che propremccedilnt dite et agrave la nage

Vers cinq-six ans lenfant est confieacute au maicirctre coranique le Ihierno

et ce dernier dispose exclusivement de toute sa vie Lavenir du jeune

enfant lui appartient

Comme dans les autres groupes ethniques les enfants sont regroupeacutes en

classe dacircge et cest dans cette structure que lenfant subit les rite

de passe et plus particuliegraverement celui de la circoncision

La circoncision est non seulement unE opeacuteration chirurgicale malS surshy

tout une peacuteriode au cours de laquelle le jeune garccedilon passe de leacutetat

dadolescent agrave leacutetat dadulte Les circoncis sont reacuteunis en classe

dacircge dans un endroit situeacute hors duvillage geacuteneacuteralement choisi par les

vieux Cet endroit n~st accessible que par des individus de SExe ffi8SCUshy

li~ ~ta~t au preacutealabl circoncis

- - - -

quable et complet sur le plan phy~ique et ~oral Ai~si liniti~

acquiert les qualitecircs indispensables que sont le courag~ la modest

lesprit de sacrifice lendurance

Le toucoule~r est un pleux musulma~ Cela sexp1

SOil le premier agrave tre en contact avec la religion musulmane de par sa

position frontaliegravere Lethnie toucouleur de par son histoire a preacutesenteacute

les plus grands chefs militaires et religieux musulmans seacuteneacutegalais Et

pour illustrer cela on peut citer en exemple la grande famille musulmane

des SY agrave TIVAOUANE repreacutesentant la confreacuterie des TIDJANES

Bien que lon note une majoriteacute musulmane on peut dire que certaines

croyances et pratiques mystiques et animistes persistent encore surtout

dans la reacutegion du fleuve

Une pratique courante se fait elle sappelle le Djatt Elle consiste

agrave faire sortir le caiman du fleuve agrave limmobiliser et agrave lattacher

sans quil ne reacuteagisse et tout ceci agrave laide de versets et dincantashy

tions magiques Dapregraves les teacutemoignages ces pratiques sont plutocirct

freacutequentes chez les Tchioubalos (pecirccheurs) Il arrive aussi que cershy

tains chasseurs ayant des dons se livrent agrave certaines pratiques an1shy

mis tes qui consistent agrave invoquer certaines puissances et agrave moduler sous

forme de chant des versets occultes pour se proteacuteger des mauvais esprits

et pour eacuteloigner les fauves Ce chant est geacuteneacuteralement incompreacutehensible

et deacutenueacute de sens pour le profane

343 Activiteacutes ludiques et pratiques sportives en milieu toucouleur

Durant toute son histoire lethnie ~oucouleur a toujours EacutetEacute Frese~teacute~

comme celle qui avait ue activit essentiellement guerr e e~ particushy

liegraverement farouche Trois eacuteleacutements ret r t l ecirc t te nt i c- euro so~t

le manie~~nt du ~acircton 12 luttE Et 1eacute danSE

l

Lecircducation ph~sique et artistique Dcc~pe un place precircpondecircra~rp

dans la fDrmat~on du jEune toucouleur A loccasion agraveeacutevegravenemen~ imporshy

tants reacutecoltJs mariages baptecircme nous assistons agrave des manifestashy

tions folkloriques de grande envergure le Wango oucirc dailse toucouleur

tregraves gymnique iles chants et surtout les sEacuteances de lutte

La lutte toucouleur est la forme de lutte la plus spectaclaire dans

tout le territoire seacuteneacutegalais Elle est essentiellement baseacutee sur des

techniques en hancheacute et surtout en souplesse Ceci sexplique par le

fait q~e le jeune toucouleur est tregraves tocirct initieacute agrave la gymnastique (saut 1

per saut de main salto arriegravere saut de tecircte couronneacute etc bullbullbull ) pour

la dans~ du wa~go En dansant le wango qui est une danse rythmeacutee et

gymnique le Jeune toucou1eur est capable de prouesses extraordinaires

1

En lutte lattaquant se deacuteplace tregraves peu pour avoir une bonne saisie

(geacuteneacutera~ement controcircle du Ngimben ) et enchaine brusqueme~t avec une

attaque surpris~ Cependant les ripostes sont souvent surprenantes et

spectaculaires (baseacutees sur la souplesse et la rapiditeacute) ontrairement

aux autr~s form~s de luttes ougrave lon voyait tous les jeune adheacuterer la

lutte to~cou1eur Verra un groupe de speacutecialistes sadonne agrave la lutte 1

(la lutte est lieacutee agrave la position sociale de lindividu problegraveme de

caste)

Q La morphologie du lutteur toucou1eur 1

1 1

Ce dernier nest pas aussi large et aussi fort que les lutteurs diola

et seacuteregravere Cependant il est tregraves reacutesistant La musculatJre est saillante 1

et tregraves souple lindividu est longiligne mais tregraves athleacutetique

Les mouvements de lutteurs sont semblables agrave ceux dun grand fe1in Cette 1

morphologie semble ecirctre lieacutee agrave la position geacuteographique de lethnie

(reacutegion du fleuve) et agrave lacitiviteacute socio-eacuteconomique du toucouleur qui

est agrave la fois cultivateur (activiteacute lieacutee agrave la crue et deacutecrUE du fleuve)

pecirccheuro~T CIcr~icubaon) et sttout jEumlrgcr qui est U~ rc~2eumlr

shy

Deux formes egrave~ corps sembl~nt ecirctre preacutefeacutereacutees du lutteur toucouleur

le hancheacute et la souplesse Les hancheacutes sont faits agrave partir de plusieurs

positions de doset se terminent geacuteneacuteralement par des techniques de

tregraves grande amplitude

TABLEAU RECAPITULATIF DES TECHNIQUES ET FORMES DE CORPS SPECIFIQUES

i

L441 r

GARDE FORMES DU CORPS CONTROLES --shy - -

Moyenne Souplesse Ngimbe

Hancheacute bras

Demi-souplesse

1

Profil psycholosigue 1

TECHNIQUES

ContrOle du bassin et 12 souplesse

arriegravere

Klicket et allegravegement de la hanche

Le lutteur toucouleur est celui lUi se livre le moins aux preacuteparaqons

maraboutiques Cela est dO au f~t que le toucouleur est un grand ~USUlshyman et que les pratiques animisges ont presque disparu dans ce mil~eu

Dans la pratique le lutteur esJ combaif mais il est calme et tr~s reacutefleacutechi quant agrave la deacutecision agrave prendre en plein corps agrave corps ct~st un des seuls techniciens qui reJte tregraves lucide au cours de ses comb~ts

l Dans toutes les circonstances e lutteur toucouleur est tenu de re~pecshyter son adversaire et ceux de s4n eacutequipemecircme sil est vaincu

Comme nous avons dO nous en rendre compte la rigueur des principes

eacuteducationnels a une influence tregraves sensible sur l~ comportement du

toucouleur

i

III S COCL ~s 1DO

Dans cette partie nous avons essay~ de montrer lftroite re1atic~

Entre les diverses activiteacutes socio-eacuteconomiques dans les ethnies et

lES diffEacuterentes faccedilons de lutter

Daucuns seraient tent~s de conclure trop rapidement et cest p0~r

cette raison que nOUS avons penseacute preacuteciser que le pheacutenotype nest

pas geacuteneacuterateur du geacutenotype Et nous sommes convaincus que la morphoshy

logie et les techniques des lutteurs relegravevent de leurs modes de vie

et de leurs croyances agrave une eacutepoque et danE un contexte bien deacutetermishy

neacutes

Est-ce que les lutteurs dio1a ou seacuteregravere travaillant avec leurs bras

dans les champs auraient les mecircmes pr 0 fil s physiques que les lutteurs

utilisant des machines pour lagriculture

- 69 shy

I UJOURDH~1 E-S ut O[l LES FORfilS Ut LU11t~

~otons que notre enqu~te a ecirctE essentiellement faiteen milieu urbain

Les seacuteances de lutte ont tendance agrave perdre leur particulariteacute de r~shy

jouissance pour devenir des pheacutenomegravenes de sportisatio Deux fores

de luttes so~t principale~cnt prat s dans les aregrave~es du 5 al

la lutte traditiunnelle simple et la lutte traditionnelle avec frappe

De nos jours la lutte traditionnelle tend vers une reacuteglementation

et une institutionalisation

Le reacutesultat de nos investigations nous donne le tableau ci-dessous

REPARTITION ETHNIQUE SUR 100 PRATIQUANTS

LUTTE LUTTE RAPPORTETHNIES SANS FRAPPE AVEC FRAPPE J2

Diola 40 16 71 j

Seacuteregravere 26 21 57

Toucouleur 23 10 69

Wolof 1 1 53 17

La demande sociale par ordre deacutecroissant pour la lutte sans frappe

se preacutesente comrre suit

]0_ Ethnie diola avec pregraves de 3 lutteur~ sur 4

2deg_ Ethnie toucouleur

Ethri dun

~ 1 LA LUTTE TR])IIIO~~ELLE AVEC H-PPE

Cette forme deacute lutte a une histoire qui date de lantiquiteacute elle

sa~pelait le Pugilat Au Seacuteneacutegal elle a vu le jour dans le Cayor

bien avant la colonisation Le coup dE pied l~Lrdn~lement la morshy

sure la frappe et le doigtf eacutetaient permis dans le cc=bat ~ ~middot~p0~~e

Dans certains cas la giffle eacutetait beaucoup plus dangereuse que le

poing quand elle eacutetait donneacutee par un speacutecialiste Cette giffle pouvait

agrave elle seule deacutechirer et mecircme parfois amputer la joue de ladverser

Selon les informations la lutte avec frappede nos jours serait une

forme de lutte tregraves eupheacutemiseacutee de celle dantan ougrave une blessure

pouvait souvent ecirctre mortelle

Aujourdhui au niveau du folklore la lutte na plus la mecircme

le spectaculaire a remplaceacute le significatif iLa lutte avec frappe se 1

pratique surtout dans les centres urbains C~aque fois quun grand combat 1

est progra~eacute par le Comiteacute National Proviso~re (CNP) des centaines damashy

teurs sont mobiliseacutes vers le stade lba Mar D~OP qui est aujourdhui le i

lieu approprieacute ougrave se deacuteroulent les grands conkbats de lutte Cest la formE

de lutte qui semble drainer une foule de personnes beaucoup plus importante

que celle de la lutte simple

La lutte avec frappe deacuteriverait dune forme de lutte traditionnelle

pratiqueacutee jadis dans le Cayor au temps des Damels et la frappe serait

le substitut dun certain nombre de pratiques doigteacute jet de produits

etc bullbullbull dont le but eacutetait laveuglement de ladversaire La lutte avec

frappe serait une continuation logique dune carriegravere sportive de la

lutte traditionnelle qui sen sert comme moyen socio-eacuteconomique En

effet la majoriteacute des lutteurs avec frappe ont dabord eacuteteacute initieacutes agrave la

lutte simple Cependant il faut signaler que de nOS jours il arrive

que le jeune lutteur avec frappE- soit directenent formEacute conne speacutecialistE

agrave la frappe sa~s pour autant faire son chemin dabcrd egravea~s la lutte

- ~ shy

Le recircsultat dE ~os interviews ncus rec~trE qGune pcpulatiD~ divcrsishy

fiampe sint~resse agrave ce sport et qUE les intecircr~[s des uns et d~SlautrE~

semble~t divergents naucuns affirment que la lutte traditionnelle

avec frappe serait monteacutee par des personnes dont la vocation est dexshy

ploiter ce pheacuteLomegravene agrave des fins commerciales Dautres disent gJellegrave

jouit de mcyens irport~nts t[l[~isio

tation etc bullbullbull ) pour toucher toutes les couches sociales CEpe~~a~t

nous remarquons que mecircme si certaines personnes reprochent agrave cette

forme de lutte decirctre brutale ces mecircmes personnes nheacutesitent pas agrave

se rendre le dimanche agrave laregravene Bien que critiqueacutee elle semble ecirctre

adopteacutee par une tregraves grande partie de la population seacuteneacutegalaise Cepenshy

dant en tant que techniciens il nous est permis de faire une remarque

Il sagit de

- Limpression nette decirctre devant des professionnels de la frappe

qui sont ~ntratneacutes pour cela Dailleurs les propos que nous avons

recueilli~ nous prouvent que la plupart des champions de lutte avec 1

frappe s~ntratnent dans certains sports de combat tels ~ue la boxe i 1

le karateacute le judo Dans cette nouvelle forme de pratique de la lutte

contrairefuent agrave la lutte traditionnelle le technicien e~t souvent

perdant face au puncheur Ce dernier adopte une lutte agrave distance qui

lui permet de placer agrave bon escient ses coups animeacute du deacutesir de vaincre

Le technicien lui se voit contreacute dans toutes ses entreprises par

un uppercut ou un crochet

On peut dire cependant que nul sport au Seacuteneacutegal que la lutte tradishy

tionnelle avec frappe ne deacutechaicircne autant de passions et autant de

pheacutenomegravenes poussant agrave lexcegraves et deacutereacuteglements quon ne peut que deacuteplorer

Mais comment deacutecrier un spectacle de lutte qui bien quayant perdu la

presque totaliteacute des valeurs traditionnelles veacutehiculeacutees autrefois par

elle sait susciter une participation effective de tous ceux qui sont

preacutesents

CONCLUSION

Dans ce meacutemoire nous sommes efforceacutes ~e faire ressort ir limportance des

ethos et des habitus et leurs effets sur la pratique de la lutte tradishy

tionnelle au Seacuteneacutegal

L~b egravethos repr~sentent dune maniegravere g~neurorale tous les eacuteleacutements speacutec

fiques sux Seacuteneacutegalais par conampeacuteguent un systegraveme de valeurs traditionnellEs

Mais m~me si ces valeurs rev~tent une signification universelle (honneur

digniteacute courage etc bullbullbull ) il nen demeure pas moins que ce nest pas leur

nature qui fait leur speacutecificiteacute mais la hieacuterarchisation et limportance i

quon accorde agrave toutes ces valeurs de ~ar leacuteducation ou la culture

i 1

Aussi les valeurs traditionnelles puient leur speacutecificiteacute dans les

caracteacuteristiques propres aux eacuteleacutements ~e la socio-cu1ture (la technologie

et leacuteconomie la politique et la pareteacute la psychologie et lideacuteologie)

dans la socieacuteteacute seacuteneacutegalaise agrave n momen donneacute de son eacutevolution Cest i

dire la neacuteceesiteacute de ne point faire della valeur une reacutealiteacute statique

Cest dite aussi quagrave tout mome~t le ~eacuteneacutegalais peut eacutevoluer et creacuteer

ou vivre par conseacutequent de nouv~lles fprmes de valeur qui lui sont 1

propres ft (J)

La lutte traditionnelle veacutehiculant deS valeurs socio-cu1ture1les speacutecishy

fiquement seacuteneacutegalaises (croyances valeurs morales norme de comportement

opinion attitude bullbullbull ) devient un eacuteleacutement important qui tregraves certaiaement

nous aidera dans notre effort de valoriser et de peacuterenniser notre patri shy

moine culturel par le biais dactiviteacutes physiques et sportives

Leacutetude des habitus nous permet de prouver quil y a plusieurs faccedilons

de se mouvoir comme danser lutter bullbullbull qui varient avec les diffeacuterentes

ethnies (wolof toucouleur seacuteregravere diolagt leurs convenances et leurs

eacuteducations

(1) Revue Ethiopiques 31 Les valeurs traditionnelles et le problegraveme de leur inteacutegration dans les systegravemes modernes jtducatio-1 2 6r--70

nautre part cette eacutetude permet aussi de nous rendrE compte de la

correacutelatipn eacutetroite existant entre la pratique de la lutte traditionnelle

et le sta~ut socio-eacuteconomique du pratiquant

Nos inves~igations nous indiquent que la lutte recrute essentiellement

au niveau des classes socio-eacuteconomiques situeacutees en bas de leacutechelle

donc posseacutedant le statut social le moins favoriseacute La lutte avec frappe

-et un certain secteur commercialiseacute de la lutte simple- y trouve sa

leacutegitimiteacute Comme le dit BOURDIEU nA habitus diffeacuterents styles de Vle

divergents et il oppse les pratiques aristocpatiques correspondants agrave

des activiteacutes qui favorisent les situations eupheacutemiseacutees ougrave la stylisashy

tion est importante aux pratiques populaires qui font appel agrave des

qualiteacutes qpposeacutees bllutes rugueuses Certaines interviews nous

montrent que plus lindividu occupe une place eacuteleveacutee dans leacutechelle

sQciale e~ 1

moin$ il sinteacuteresse agrave la lutte

Les reacutesultats recueillis dans nos diverses investig~tions confirment 1 1

1er propos qui disent que nous assistons aujourdhu~ agrave une involution

de la lutte traditionnelle parce que perdant toutes ses speacutecificiteacutes au 1

pryfit d~ne autre forme de lutte que lon continue agrave appeler nostalshy

giqlementIIlutte traditionnelle

Ceci pourrait peut-~tre trouver une explication dan la citation suivante

La liberteacute de creacuteer dinnover de vivre Pleineinenf decirctre soi et de

preacuteserver son authenticiteacute la digniteacute et lhonneu1demeurent des illushy

sions dans la misegravere eacuteconomique~ Nos ancecirctres creacuteai~nt des valeurs de cishyl

vilisation parce quils eacutetaient libres parce qu1i~s ignoraient toute

deacutependance eacuteconomique ils cultivaient en eux et cbez leurs enfants le 1

Jorn et la Kersa et preacutefeacuteraient la mort agrave la hoJte lI (1)

Or le Seacuteneacutegal comme la plupart des pays africainsi est un pays sousshy

deacuteveloppeacute t cependant face agrave cette volonteacute du gou~ernement seacuteneacutegalais

de faire inteacutegrer dans leacuteducation des valeurs traditionnelles nous

pouvons espeacuterer utiliser comme moyen deacuteducation la lutteacute traditionnelle

qui reste quand mecircme vecteur jethos et dhabit~s

- 54 shy

Mecircme si lon a noteacute un appauvrissement notoire sur les plans socioshy

culturel et moral la lutte traditionnelle recegravele une gamme importante

et varieacutee de techniques permettant incontestablement une ouverture vers

les luttes olympiques libre et g~eacuteco-romaine

La lecture de ce meacutemoire permettra agrave lentratneur et au professeur de

lutte en fonction du lieu ougrave ils seront affecteacutes dans le territoire

seacuteneacutegalaisdavoir une information sur les techniques contrOles et

formes de corps propres agrave chaque groupe ethnique et de les mettre en

relation avec leurs croyances et leurs mentaliteacutes

Nous avons essayeacute de montrer que la pratique de la lutte traditionnelle

doit tre axeacutee sur une ethnomotriciteacute au Seacuteneacutegal qui permette une inishy

tiation facile Cette pratique de la lutte traditionnelle seacuteneacutegalaise

devra dailleurs essayer de ~eacutepondre aux aspirations du Seacuteneacutegalaisl

moderne en souvrant aux ap~orts positifs des autres civilisations

ex~eacuterieures nous voulons Jvidemment parler du judo et des luttes oiymshyJ

piques 1

1 j Nous navons pas la preacutetentfon dans le cadre de ce meacutemoire demattrise

de reacutepondre agrave toutes les qutstions se rattachant agrave leacutetude de ~a lutte

traditionnelle souslangle~socio-culturel car non seulement il nous

manque lexpeacuterience et la c peacutetence en la mati~re mais aussil l le temps

et les moyens dont nous dis osions ne nous permettaient pas d~puiser le 1sujet i

1 1 1 t 1

l

- )5 shy

BIBLIOGRAPHIE

BIBLIOGRAPHIE

1- CLAPAREDE Psychologie de leacuteducation et peacutedagogie expeacuterimentale

Edition Delachaux et Niestleacute 244 pages

2- POCIELLC Christian Sport et Socieacuteteacute approche socio-culturelle

des pratiques Paris Vigot 1981 377 pages

3- PIERON Henri Vocabulaire de la psychologie

PUF Deuxiegraveme eacutedition 1957 469 pages

4- Revue socialiste de culture neacutegro-africaine ETHIOPIQUES

Les valeurs traditionnelles et le problegraveme de leur inteacutegration

dans les systegravemes modernes deacuteducation

GIA 21 Juillet 1982 213 pages

5- N2 Revue du Centre dEtudedes Civilisations DEM ak TEY

NIS IVegrave Trimestre 1982 96 pages

6- Document lNSEP Colloque sur la lutte aeacuteregravere

DAKAR MAI-JUIN 1980

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~- Travaux du IVegrave Congregraves National ~es Sports agrave DAKAR les 2223041981

Bulletin n2 91 du CIO du 15 Aont 1965

l____________________________

8- Meacutemoire de Mattrise BADJI Abdou La lutte traditionnelle Joola

Etude et perspective

9- Meacutemoire Inspectorat JS DJITTE Mandy Les pratiques corporelles

traditionnelles au Seacuteneacutegal pour leur exploitation et leur

utilisation en peacutedagogie Marly le Roi 1980

REPUBLIQUE DU SENEGAL

--------------- INSTITUT NATIONAL SUPERIEUR

MINISTERE DE LA JEUNESSE DE LrsquoEDUCATION POPULAIRE

ET DES SPORTS ET DU SPORT

-------------

(INSEPS)

MEMOIRE DE MAIcircTRISE

Es-SCIENCES ET TECHNIQUES

DE LrsquoACTIVITE PHYSIQUE ET DU SPORT

LA LUTTE TRADITIONNELLE

son importance sa signification en fonction des ethos et des habitus ethniques au Seacuteneacutegal

Preacutesenteacute par

Monsieur Joseph Victor FAYE

Sous la direction de

M Jean Marc ROCHEZ

Professeur agrave lrsquoINSEPS

Anneacutee de soutenance 1984

~A~Ugrave~ t 4AA CbUrs k LA ucirctotve f~tPle Sesect prores mou W ~ lesquelles vont se couler les comporteme~ts individuels qui sont ainsi

monteacutes par et pour lautoriteacute sociale

Les faccedilons de boire de marcher ou de sasseoir se manifestent indivishy

duellement dans le corps de chaque personne ces habitus sont cependant

des montages sociaux lieacutes agrave des significationssymboliques variables

dailleurs selon la position sociale occupeacutee par chaque sujet Ces modes

dagir se rangent dans un systegraveme de montages symboliques et lindivishy

du les apprend de la socieacuteteacute dont il fait partie agrave la place quil occupe

Lhabitus est un montage social agrave la valeur symbolique deacutependant des pheacuteshy

nomegravenes deacuteducation et de prestige et lieacute agrave la position sociale du sujet

Cette penseacutee sonne de faccedilon eacutetonamment moderne

Pierre BOURDIEU qui dans une perspective a approfondi le contenue de la

notion en le reportant aux oppositions entre classes et fractions sociales

Il deacutefinit lhabitus comme un systegraveme de dispositions durables acquis au

cours dune histoire personnelle dans une milieu social donneacute systegraveme qui

engendre ensuite des pra~iques socialement deacutetermineacutees faccedilons de manger

de parler ou de marcher comportements de politesse contenu des preacutefeacuterencel

et des deacutegoOts bullbullbull lhabitus est le produit de conditions eacuteconomiques et

sociales Lauteur rattache directement la formation de lhabitus dun

individu agrave la trajectoire parcourue par celui-ci dans sa classe dapparteshy

nance il deacutefend lideacutee dun habitus de classe qui deacutefinit le sens confeacuteshy

reacute agrave la pratique sportive les profits qui en sont attendus

Ce dernier serait lui-m~me lieacute agrave un systegraveme de valeurs ou ETHOS de classe

prenant sens au sein doppositions distinctives entre classes sociales

De sorte lhabitus fonctionne comme un systegraveme dt- regravegles inteacuterioriseacutees

souvent informuleacutees permettant ou non agrave lagent de sadapter dembleacutee aux

multiples pratiques de la vie quotidienne et de la vie sportive il est agrave

lorigine des schegravemes de transcription qui favorisent les ajustements aux

situations corporelles nouvelles (1)

t ~

(1) P~IE11D dwi6Han ISpoy-l et sodeacutebi Approche Bocio-culturelle des pratiques P~tis Vigot 1981 page 81

33

331 Preacutesentation

Les Seacuteregravere auraient pour origine le Fouta Toro quils auraient quitteacute

vers le Xllegrave siegravecle pour fuir lislamisation de cette reacutegioD par lempire

dJ Xali (ils seraient donc apparEnt~s aux Peul et Toucouleur ) Ils

auraient trouveacute dans la rEacutegion du Sine les Sosseacute dorigine manding avec

lesquels ils salliegraverent

Au XVegrave siegravecle une autre immigrationSos~ conqueacuterante cette fois-ci

apporta son organisation eacutetatique Ils se divisegraverent en deux monarchies

deacutemocratiques lune seacutetablit au Sine et lautre au Saloum Les Sosseacute

conqueacuterants constituaient lautocratie appeleacutee Guelowar

La royauteacute seacuteregravere eacutetait laiumlque Les premiers souverains durent secouer

la tutelle des Toucouleur et progressivement arrivegraverent agrave unifier lethshy

nie des seacuteregravere etdea Sosseacute Les deux royauteacutes eacutetaient organiseacutees selon

acirces modegraveles tregraves deacutemocratiques Le souverain deacutependait dune assembleacutee

de ministres et de chefs locaux qui assuraient ladministration centrale

et reacutegionale())

Aujourdhui lethnie seacuteregravere repreacutesente 20 de la population seacuteneacutegalaise

Ils sont reacutepartis sur presque toute leacutetendue du territoire notamment

dans le Baol la reacutegion du Sine-Saloum et la reacutegion de Thiegraves

Signalons quil existe plusieurs sous-groupes dans lethnie ainsi on

trouvera

- dans la reacutegion de Thiegraves les Ndut les Safegravene et les None

- dans le Sine-Saloum les Sine-sine et les Saloum-salouIT

On trouvera vers foundioune et agrave Nioro du cocircteacute de la Gambie les

Niominka (pecirccheurs) Cest une portion tregraves mandinguiseacutee

( 1

Le rattache~2~t d~ to~s ccs sous-groupes pose problecircme ~25 0~ r0~V~

uc grande partie de traits COITul1uns dans leurs modes dE vie Ct pOUT phs

de faciliteacute nous allons essayer de faire une ~tude globale de la lutte

traditionnelle seacuterecircre Lactiviteacute socio-eacuteconomique qui est essentielleme~t

agro-pasorale caracteacuterisE leacutethnie seacuteregravere

332 Lecircducation les moeurs les croyances et pratiques sEr~rc

Chez les Seacuteregravere la vie humaine se deacuteroule selon les grandes eacutetapes

le baptecircme lenfance ladolescencemarqueacutee par la circoncision lsectge

adulte le mariage la vieillesse et la mort (funeacuterailles)

La vie de la communauteacute seacuteregravere reste une des plus originales sinon

celle qui de nos jours garde la presque totaliteacute des pratiques et

habitudes traditionnelles

Bien qu aujotltdhui con~r-tis aux religions chreacutetienne et musulmane les

Seacuteregravere conservent leurs croyances et pratiques animistes

Quelque soit leur degreacute dadheacutesion aux religions reacuteveacuteleacutees les Seacuteregravere

croient en un Dieu puissant et miseacutericordieux Rog Segravene et les hommes

Les ~angols sont repreacutesenteacutes mateacuteriellement dans tous les villages

seacuteregraveres par des arbres (baobab et tamariniers) des animaux (geacuteneacuteraleshy

ment serpent doreacute ou iguane) des ustensiles (pilon calebasse et mortier)

De nombreux teacutemoignages nous apprennent que certains totems (serpent

iguane) font leur apparicion agrave loccasion de certaines manifestations

rituelles comme les sacrifices ceacuteleacutebreacutes lors dun mariage de ceacutereacutemonies

mortuaires ou des circoncisions

Le Seacuteregravere comme il nous a eacuteteacute donneacute loccasion de le dire plus haut

preacutesente des speacutecificiteacutes authentiques aussi bien en tout ce qui touch~

son eacuteducation ses croyanCES et pratiques mystiques q~e ses activiteacute~

socio-ecirccc~omiquEs Apr~s a ~aissa~c~ le beurob~ ~~ pcs~ 5~~ lE S~ __

On lui mouille les l~vres avec un peu d~ lait de mil et apr~s U~ bain

purificateur on versera leau dans un trou cr~us~ derri~r~ la Camp~~

Pendant huit jours la megravere et lenfant sont cacheacutes dans la case car

selon les anciens ils sont tregraves vulneacuterables La case deacutens certains cas

est entoureacutee dun fil blanc et lon place sur le seuil des fais(cauy di

veacutegeacutetaux pour chasser les mauvais esprits (geacutenies malfaisants et illangeUY~

dacircmes) Au bout du huitiegraveme jour la megravere et lenfant peuvent sortir de

la case bull

bullbullbull Le matin du huitiegraveme jour la tante paternelle va chercher de leau

(plusieurs fois)t elle doit rester muette pendant ses alleacutees et venues

si elle parlait t lenfant pourrait ecirctre muet bullbullbull

La megravere et lenfant prennent un bain purificateur dans lequel sont

trempeacutees certaines plantes (ce sont des veacutegeacutetaux pr~tecteurs tels le

begravene le yag le ngud) On y lavera aussi le linge e1t les ustensiles utishyj

liseacutes pendant les huit jours qui viennet de seacutecoul~r On rase le crine

de lenfant Les cheveux sont donneacutes agrave la megravere qui ~s enterrera avec le

reste du cordon ombilical dans un endroit que11e esit seule agrave connattre

La megravere sassied sur une natte devant la maison Une femme igeacutee de la

famille prend le beacutebeacute dans ses bras et le preacutesente aux quatre coins de

lhorizon

La tante paternelle tient ensuite un van sur la tecircte de la megravere on y

verse le mil on y verse eacutegalement en abondance sur la megravere et sur

lenfant La tante oint ensuite le corps du beacutebeacute avec du lait e11e

touche en particulier le front t le nez la bouche la poitrine le dos

et les oreilles

Elle pose enfin un ~rain de sel dans la paume du beacutebeacute (le sel purifie

et deacutetruit les puissances mauvaises)

Apregraves un nouveau bain la megravere et lenfant revEcirctent des habits de fecircte

(est

lenfant Ce precircnore a toujours U~ SEns Il sy~bolise parfois C0 qUi

lOIl sounaitt agrave lEufant l)

La circoncision comme dans les autres ethnies est obligatoire Elle

permet au jeune adolescent dacceacuteder agrave la classe adulte Les jeunes

sont regroupes en classe dacircge dans le bois ougrave sc fait la r0tr~it0 des

circoncis et ceci pendant plusieurs mois

Le Selbeacute qui est geacuteneacuteralement un ancien craint de tous les eacutelegraveves

enseigne le respect de la hieacuterarchie la discreacutetion le goOt de linishy

tiative Les activiteacutes physiques et leacuteducation artistique ne sont pas

en reste la deacutecoration la sculpture la lutte et la danse A sa sortie

du bois linitieacute appartient deacutesormais agrave la classe des virils et des

sages du clan car on lui aura enseigneacute les vertus fondamentales que

sont la justice lhonneur lamour du prochain 1 amour du travail

lhonnecircteteacute et surtout le respect des coutumes ancestrales

Le rite du mariage esd aussi un fait tregraves important dans le monde 1

seacuteregravere mais par manq~e dinformation nous serons obligeacutes de nous en

tenir lagrave

333 Impact des ethos sur la lutte dans le monde seacuteregravere

Lorigine de la lutte seacuteregravere ne semble pas claire ma1S nous pouvons

dire quil existait deux formes de lutte comme chez les Wolofs une

lutte sans frappe et une lutte avec frappe Et cest cette derniegravere

qui peut-ecirctre nous ameacutenerait agrave croire que la lutte seacuteregravere aurait une

origine plus preacuteciseacutement guerriegravere

Aujourdhui la lutte est uniquement une activiteacute sportive agrave travers

laquelle le jeune seacuteregravere eacutevalue sa force son courage et SOn ingeacutenioshy

siteacute Cest une occasion de deacutefendre lhonneur de son village ou de

la corrnnunauteacute

La luttE ~5t avant tout u~e rnanifcs[dtic~ c~lturclie et surtout

fo lkhriqut-

Gracircce agrave elle on peut deacutesormais comprendre un certain nombre de chants

et de symboles A travers la lutte seacuteregravere on ccedilomprend les inter-relashy

tions entreacute la vie et le monde surntiturel

Sil devait y avoir la mort dun villageacuteois pendant la fecirctE au T qUE

de linterrompre on proceacutedait gracircce aux connaissances magico-religieuses

agrave la suspension de la mort jusquagrave une peacuteriode ougrave la population sera plus

disponible pour organiser des funeacuterailles sil y eacutetait preacutedit la possibishy

liteacute dune deacutefait du champion local au profit dun champion dun autre

village des recettes dordre maginque et religieux eacutetaient mises en prashy

tique afin que le champion du village ne soit jamais terrasseacute(J)

334 Le profil du lutteur seacuteregraver~

Le lutteur seacuteregravere est par essence un athlegravete impressionnant de par sa i

carrure et sa musculature saillante mais cest aussi une force tranquille

et calme quelque soit lenjeu du combagravet et particuliegraverement lhonneur

Cet aspect nous pousse agrave parler du NGiMBE cest-agrave-dire de la tenue du

lutteur qui va influencer sur sa faccedilon de lutter

La confection du Ngimbe revient agrave la communauteacute entiegravere Le Ngimbe a

une signification symbolique et le lutteur pour meacuteriter la confiance du

groupe se doit de tout faire pour ne pas toucher le sol Toute la commushy

nauteacute elle aussi sengage pour assurer la longeacuteviteacute et le succegraves du lutteur

dans laregravene par lorganisation droffrandes et de sacrifices en lhonneur

des Pangols bull

bull

Daucuns nheacutesitent pas agrave dire que lessentiel du mysticisme se fait agrave

la maison et non dans laregravene tout le reste nest quintimidation de

ladversaire

lsvcns

Tt- pi ~- t

t 1 ~ l _ ~ t

par rapport agrave lautre Cbci est trEgraves lieacute agrave lactiviteacute journaliegravere du

jeune seacuteregravere qui est un cultivateur donc toujours bien planteacute sur ses

jambes et qui continuellement manie lhiler

Le fait de couper le boi~ peut eacutegalement constituer un moyen de muscushy

lation non neacutegligeable pour le jeune lutteur

Un certain nombre de traits techniques speacutecifiques au lutteur seacuteregravere

semblent ressortir des diffeacuterentes interviews que nous aVOns fait subir

agrave certains lutteurs seacuteregraveres et agrave diffeacuterents techniciens

SOUS-GROUPES FORMES DU CORPS CONTROLES GARDES

SAFEN Moyenne en fente NONE Hancheacute Bras (distante) j

NDUTJ

f

SINE-SINE Deacutecalage Ngimbe

Moyenne

SALOUM-SALOUM Passage- Jambe (rapprocheacutee) 1

i

PETITE dessous Tecircte Basse et 1

COTE Moyenne (rapprocheacutee)

Notons que le Niominka ll commence agrave lutter agrave partir du sol pour avoir

assez deacutelan et sauter sur ladversaire afin davoir la prise du lion

(contr6le de la nuque et du bassin)

Co a -tem-nt ccedilt attitude du lutteur sEacuteregravere335 np -1t ~

Les croyances mystiques sont indissociables des activiteacutes quotidiennes

duseacuteregravere Ce qui explique le cocircteacute supersticieux du lutteur seacuteregravere En

~ffet certains lutteurs refusent de lutter avant certaines heures

Certains teacutemoignages nous apprennent quil nest pas donneacute agrave tout le

monde decirctre champion de lutte et que le lutteur doit avoir des dons

surnaturels pour ecirctre agrave mesure de livrer ses combats dans la nuit

et trouver seul un gris-gris speacutecial appeleacute Njatch

Le vrai champion de lutte chez les seacuteregraveres ne lutte pas seulement avec

~a force et sa technique mais surtout avec ses dons occultes

Chez les seacuteregraveres les morts sont toujours preacutesents et les ~pangols

Servent dintermeacutediaire entre les hommes et les morts Le pangol prend i

le nom dhumain dans certains villages (IIHeacuteJga NDONG Har Wag NGOUYE) i 1

De ce fait on verra le lutteur danser dufe maniegravere ou dune autre en

fonction du pangol de sa famille Ainsi nrus aurons le back (chant et

danse du lutteur) des DIOUF des FAYE etclbullbullbull

Dans laregravene le lutteur seacuteregravere a un comportement exemplaire aussi bien

agrave leacutegard de son adversaire direct quave~ le public en geacuteneacuteral Lexpli shy

cation semble tenir au fait que le lutteur seacuteregravere est avant tout selon

la tradition orale le repreacutesentant de toute la communauteacute seacuteregravere Par

conseacutequent il devra saffirmer non seulement en tant que lutteur dans

laregravene mais aussi en tant quentiteacute morale

336 La tenue du lutteur ou NGIMBE est confectionneacutee par le marabout de la

famille ou du clan Le Ngimbe est constitueacute de pagne en cCton tisseacute

Il doit ecirctre propre le lutteur qui le porte ne devra pas avoir de rapshy

port sexuel pendant toute la peacuteriode des cOTpeacutetitians car le Ngi~bE ne

doit pas ~tre souilleacute

Autrefois et mecircme aujourdthui dans certaines familles on devient

lutteur de pegravere en fils et dans ce cas le Ngimbe du pegravere est heacuteriteacute

par le fils Le fait de porter le Ngimbe de ses aieux peut susciter

chez le jeune lutteur une motivation et une volonteacute ineacutebranlable dtasshy

surer la supeacuterioriteacute d~s siens dans ltaregravene Il fera tout pour que le

Ngimbe de la ramille ne touche le sable

La tenue du lutteur a une signification et une importance sur le plan

mystique car selon les anciens le vra1 feacutetiche du lutteur celui qui

le proteacutegera et laidera agrave vaincre le nDjinne ou le tRapu de ladvershy

saire se trouve cacheacute dans ce Ngimbeu bull Celui qui confectionne donc le

Ngimbe U est doueacute de faculteacutes occultes

337 Larbitrase est assureacute par un sage du village qui geacuteneacuteralement fut

champion de lutte de son temps Dailleurs cet ancien nintervient que

si le terrassement est litigieux Hormis le public qui proclame la vicshy

toire ou le match nul le lutteur lui-mecircme est arbitre et il arrive

quil se deacuteclare vaincu

Nous avons pu cfter Meacutedoune KHOULE un desplus grands lutteurs seacuteneacutegashy

lais qui a donn~ une victoire agrave Djeacuteri SADIO son adversaire qui a reacuteussi

agrave lui faire touegraveher le sol de la main

IlL

34 1 Preacutesentation

Lethnie toucouleur vit En grandt partit ciE~~ la vallfc du S~~~gal

pt reprecircsente i peu pr~s 8 de la population totale secircn~galaise

o Histoire

Il semblerait que dans lancien royaume du Tekrour (IX~ siegravecle) des

eacuteleacutements neacutegroiumldes Sarakoleacute et des Peul aient formEacute par meacutetissage le

peuple Toucouleur (Toucouleur serait dailleurs une deacuteformation du

mot portugais Tacouror)

Ce empire a domineacute aussi bien les wolofs de lOuest que les Peul

nomades du Fouta Toro Cette reacutegion fut le premier pays islamiseacute par

les Almoravides ce qui peut expliquer le proseacutelytisme toucouleur

Ce sont les guerriers toucouleur islamiseacutes qui attaqu~rent avec les

Almoravides la capitale du Ghana Koumbi en 1067 On convertit par

la force les animistes Cest sans doute agrave cette eacutepoque que de nombreuses

ethnies reacutefractaires agrave lIslam ont dO accentuer leur migration vers

le sud (Seacuteregravere wolof Sarakoleacute Bambara Songhaiuml Akan et Peul se reacuteshy

fugiaient vers les hauteurs du Fouta Djalon)

Au XIXegrave siegravecle les Toucouleur allaient trouver en El Hadj Omar Tall

un grand conqueacuterent qui sous le preacutetexte religieux de la gJerre sainte

contre les tribus animistes (entre autres Bambara) eacutetendit lempire

toucouleur sur presque tout lensemble du gali et la partie de la Guineacutee

proche du l1ali

Lempire toucouleur composeacute de Sarakoleacute de Bambar~ de ~alinkeacute de

Xassonkeacute dE Peul et de Dogon eut le meurorit~ dunir CES diif~rentes ~ ~ - - - - - et~ics ~t dE CD~stituer l~Sl la b2S~ ~r 1

_ ~ ~ ~_ L ~

~ ~- ~- - - ---- _ 1 v _ t 1 ~-_ --

marabout tOL~culcuuml~ ~ middotlrrany a l ick SI venu des E1i rClS dE Pocior~ (

~ Vi~ euroconomicue et sociale -----------~-------------

Les Toucouleur sont des cultivateurs mais bien quils n~ soie~t pa~

pasteurs comrre les Peul leacutelevage a une place inportarteacute decirc1S ltur

eacutecono~ie Pour faciliter leur conquecircte guerriegraverE ils c~t Eucirc une preacuteshy

dilection pour leacutelevage des chevaux On y trouve aussi des pecirccheurs

appeleacutes Tchioubalo La socieacuteteacute toucouleur aurait une stratification

sociale tregraves rigide Les groupes ethniques et les castes eacutetaient

diffeacuterencieacutes et strictement exogamiques les Rimbe classe des nobles

comprenant la famille reacutegnante et les guerriers libres la classe des

Nieacutenieacutebegens de castes artisanales i les Rimaibeacute anciens esclaves

devenus serviteurs qui portent les noms de famille de leur maicirctres A

la base de lorganisation de la collectiviteacute toucouleur se situe le

village (Wouro)

Toutes ces castes sont cloisonneacutees entre elle~ Ainsi il nest pas

permis agrave un Torodo (noble) de se marier avec un Tchioubalo Ces

consideacuterations sont importantes dans le domaine de la lutte ougrave nous

apercevrons que les nobles ne sont pas faits pour lutter Le noble

preacutesidera les seacuteances de lutte et on luttera pour lui Ces condeacute rat ions

de noblesse et de rang social sont extrecircmement importantes dans le

monde toucouleur

Le noble ne doit pas se salir on lutte pour lui il ne vit la lutte

quen tant que spectateur

342 Education moeurs croyances et eratiques religieuses

Deux formes d~ducation sont agrave consideacuterer leacutedJcatio~ dES enfarts Et

celle des adultes

oG lenfant sait m2n~~r et apprfcier le goOt d~5 ~iifeurorents r~pas lt

le moment ougrave il CO~~e~CE agrave marcher

tivirt n~sormais le petit toucou]eur est eacuteduquf par toutmiddot 12 f2~i)]E

dabord puis par toutes lespersc~nes du village ou du C13~

Lenfant peut ~tre corrigeacute par tout adulte appartenant au groupe social

Son eacuteducation est deacutesormais laffaire de toute la communauteacute et non

exclusivement celle ces parents On linitie ainsi au travail quotidien

qui se fait dans la bergel~ e les champs et les bords du fleuve Au sein

du village il pourra apprendre agrave filer la laine et agrave tisser des pagnes

dans les champs il apprend agrave manier la houe et lhiler pour la culture

du riz et du mil Mais signalons que lactiviteacute essentielle du toucouleur

est leacutelevage des boeufs des moutons et des chegravevres Chez les Ichioushy

balos (p~cheurs ) lenfant sera initieacute tregraves tat au maniement des pagaies

agrave la p~che propremccedilnt dite et agrave la nage

Vers cinq-six ans lenfant est confieacute au maicirctre coranique le Ihierno

et ce dernier dispose exclusivement de toute sa vie Lavenir du jeune

enfant lui appartient

Comme dans les autres groupes ethniques les enfants sont regroupeacutes en

classe dacircge et cest dans cette structure que lenfant subit les rite

de passe et plus particuliegraverement celui de la circoncision

La circoncision est non seulement unE opeacuteration chirurgicale malS surshy

tout une peacuteriode au cours de laquelle le jeune garccedilon passe de leacutetat

dadolescent agrave leacutetat dadulte Les circoncis sont reacuteunis en classe

dacircge dans un endroit situeacute hors duvillage geacuteneacuteralement choisi par les

vieux Cet endroit n~st accessible que par des individus de SExe ffi8SCUshy

li~ ~ta~t au preacutealabl circoncis

- - - -

quable et complet sur le plan phy~ique et ~oral Ai~si liniti~

acquiert les qualitecircs indispensables que sont le courag~ la modest

lesprit de sacrifice lendurance

Le toucoule~r est un pleux musulma~ Cela sexp1

SOil le premier agrave tre en contact avec la religion musulmane de par sa

position frontaliegravere Lethnie toucouleur de par son histoire a preacutesenteacute

les plus grands chefs militaires et religieux musulmans seacuteneacutegalais Et

pour illustrer cela on peut citer en exemple la grande famille musulmane

des SY agrave TIVAOUANE repreacutesentant la confreacuterie des TIDJANES

Bien que lon note une majoriteacute musulmane on peut dire que certaines

croyances et pratiques mystiques et animistes persistent encore surtout

dans la reacutegion du fleuve

Une pratique courante se fait elle sappelle le Djatt Elle consiste

agrave faire sortir le caiman du fleuve agrave limmobiliser et agrave lattacher

sans quil ne reacuteagisse et tout ceci agrave laide de versets et dincantashy

tions magiques Dapregraves les teacutemoignages ces pratiques sont plutocirct

freacutequentes chez les Tchioubalos (pecirccheurs) Il arrive aussi que cershy

tains chasseurs ayant des dons se livrent agrave certaines pratiques an1shy

mis tes qui consistent agrave invoquer certaines puissances et agrave moduler sous

forme de chant des versets occultes pour se proteacuteger des mauvais esprits

et pour eacuteloigner les fauves Ce chant est geacuteneacuteralement incompreacutehensible

et deacutenueacute de sens pour le profane

343 Activiteacutes ludiques et pratiques sportives en milieu toucouleur

Durant toute son histoire lethnie ~oucouleur a toujours EacutetEacute Frese~teacute~

comme celle qui avait ue activit essentiellement guerr e e~ particushy

liegraverement farouche Trois eacuteleacutements ret r t l ecirc t te nt i c- euro so~t

le manie~~nt du ~acircton 12 luttE Et 1eacute danSE

l

Lecircducation ph~sique et artistique Dcc~pe un place precircpondecircra~rp

dans la fDrmat~on du jEune toucouleur A loccasion agraveeacutevegravenemen~ imporshy

tants reacutecoltJs mariages baptecircme nous assistons agrave des manifestashy

tions folkloriques de grande envergure le Wango oucirc dailse toucouleur

tregraves gymnique iles chants et surtout les sEacuteances de lutte

La lutte toucouleur est la forme de lutte la plus spectaclaire dans

tout le territoire seacuteneacutegalais Elle est essentiellement baseacutee sur des

techniques en hancheacute et surtout en souplesse Ceci sexplique par le

fait q~e le jeune toucouleur est tregraves tocirct initieacute agrave la gymnastique (saut 1

per saut de main salto arriegravere saut de tecircte couronneacute etc bullbullbull ) pour

la dans~ du wa~go En dansant le wango qui est une danse rythmeacutee et

gymnique le Jeune toucou1eur est capable de prouesses extraordinaires

1

En lutte lattaquant se deacuteplace tregraves peu pour avoir une bonne saisie

(geacuteneacutera~ement controcircle du Ngimben ) et enchaine brusqueme~t avec une

attaque surpris~ Cependant les ripostes sont souvent surprenantes et

spectaculaires (baseacutees sur la souplesse et la rapiditeacute) ontrairement

aux autr~s form~s de luttes ougrave lon voyait tous les jeune adheacuterer la

lutte to~cou1eur Verra un groupe de speacutecialistes sadonne agrave la lutte 1

(la lutte est lieacutee agrave la position sociale de lindividu problegraveme de

caste)

Q La morphologie du lutteur toucou1eur 1

1 1

Ce dernier nest pas aussi large et aussi fort que les lutteurs diola

et seacuteregravere Cependant il est tregraves reacutesistant La musculatJre est saillante 1

et tregraves souple lindividu est longiligne mais tregraves athleacutetique

Les mouvements de lutteurs sont semblables agrave ceux dun grand fe1in Cette 1

morphologie semble ecirctre lieacutee agrave la position geacuteographique de lethnie

(reacutegion du fleuve) et agrave lacitiviteacute socio-eacuteconomique du toucouleur qui

est agrave la fois cultivateur (activiteacute lieacutee agrave la crue et deacutecrUE du fleuve)

pecirccheuro~T CIcr~icubaon) et sttout jEumlrgcr qui est U~ rc~2eumlr

shy

Deux formes egrave~ corps sembl~nt ecirctre preacutefeacutereacutees du lutteur toucouleur

le hancheacute et la souplesse Les hancheacutes sont faits agrave partir de plusieurs

positions de doset se terminent geacuteneacuteralement par des techniques de

tregraves grande amplitude

TABLEAU RECAPITULATIF DES TECHNIQUES ET FORMES DE CORPS SPECIFIQUES

i

L441 r

GARDE FORMES DU CORPS CONTROLES --shy - -

Moyenne Souplesse Ngimbe

Hancheacute bras

Demi-souplesse

1

Profil psycholosigue 1

TECHNIQUES

ContrOle du bassin et 12 souplesse

arriegravere

Klicket et allegravegement de la hanche

Le lutteur toucouleur est celui lUi se livre le moins aux preacuteparaqons

maraboutiques Cela est dO au f~t que le toucouleur est un grand ~USUlshyman et que les pratiques animisges ont presque disparu dans ce mil~eu

Dans la pratique le lutteur esJ combaif mais il est calme et tr~s reacutefleacutechi quant agrave la deacutecision agrave prendre en plein corps agrave corps ct~st un des seuls techniciens qui reJte tregraves lucide au cours de ses comb~ts

l Dans toutes les circonstances e lutteur toucouleur est tenu de re~pecshyter son adversaire et ceux de s4n eacutequipemecircme sil est vaincu

Comme nous avons dO nous en rendre compte la rigueur des principes

eacuteducationnels a une influence tregraves sensible sur l~ comportement du

toucouleur

i

III S COCL ~s 1DO

Dans cette partie nous avons essay~ de montrer lftroite re1atic~

Entre les diverses activiteacutes socio-eacuteconomiques dans les ethnies et

lES diffEacuterentes faccedilons de lutter

Daucuns seraient tent~s de conclure trop rapidement et cest p0~r

cette raison que nOUS avons penseacute preacuteciser que le pheacutenotype nest

pas geacuteneacuterateur du geacutenotype Et nous sommes convaincus que la morphoshy

logie et les techniques des lutteurs relegravevent de leurs modes de vie

et de leurs croyances agrave une eacutepoque et danE un contexte bien deacutetermishy

neacutes

Est-ce que les lutteurs dio1a ou seacuteregravere travaillant avec leurs bras

dans les champs auraient les mecircmes pr 0 fil s physiques que les lutteurs

utilisant des machines pour lagriculture

- 69 shy

I UJOURDH~1 E-S ut O[l LES FORfilS Ut LU11t~

~otons que notre enqu~te a ecirctE essentiellement faiteen milieu urbain

Les seacuteances de lutte ont tendance agrave perdre leur particulariteacute de r~shy

jouissance pour devenir des pheacutenomegravenes de sportisatio Deux fores

de luttes so~t principale~cnt prat s dans les aregrave~es du 5 al

la lutte traditiunnelle simple et la lutte traditionnelle avec frappe

De nos jours la lutte traditionnelle tend vers une reacuteglementation

et une institutionalisation

Le reacutesultat de nos investigations nous donne le tableau ci-dessous

REPARTITION ETHNIQUE SUR 100 PRATIQUANTS

LUTTE LUTTE RAPPORTETHNIES SANS FRAPPE AVEC FRAPPE J2

Diola 40 16 71 j

Seacuteregravere 26 21 57

Toucouleur 23 10 69

Wolof 1 1 53 17

La demande sociale par ordre deacutecroissant pour la lutte sans frappe

se preacutesente comrre suit

]0_ Ethnie diola avec pregraves de 3 lutteur~ sur 4

2deg_ Ethnie toucouleur

Ethri dun

~ 1 LA LUTTE TR])IIIO~~ELLE AVEC H-PPE

Cette forme deacute lutte a une histoire qui date de lantiquiteacute elle

sa~pelait le Pugilat Au Seacuteneacutegal elle a vu le jour dans le Cayor

bien avant la colonisation Le coup dE pied l~Lrdn~lement la morshy

sure la frappe et le doigtf eacutetaient permis dans le cc=bat ~ ~middot~p0~~e

Dans certains cas la giffle eacutetait beaucoup plus dangereuse que le

poing quand elle eacutetait donneacutee par un speacutecialiste Cette giffle pouvait

agrave elle seule deacutechirer et mecircme parfois amputer la joue de ladverser

Selon les informations la lutte avec frappede nos jours serait une

forme de lutte tregraves eupheacutemiseacutee de celle dantan ougrave une blessure

pouvait souvent ecirctre mortelle

Aujourdhui au niveau du folklore la lutte na plus la mecircme

le spectaculaire a remplaceacute le significatif iLa lutte avec frappe se 1

pratique surtout dans les centres urbains C~aque fois quun grand combat 1

est progra~eacute par le Comiteacute National Proviso~re (CNP) des centaines damashy

teurs sont mobiliseacutes vers le stade lba Mar D~OP qui est aujourdhui le i

lieu approprieacute ougrave se deacuteroulent les grands conkbats de lutte Cest la formE

de lutte qui semble drainer une foule de personnes beaucoup plus importante

que celle de la lutte simple

La lutte avec frappe deacuteriverait dune forme de lutte traditionnelle

pratiqueacutee jadis dans le Cayor au temps des Damels et la frappe serait

le substitut dun certain nombre de pratiques doigteacute jet de produits

etc bullbullbull dont le but eacutetait laveuglement de ladversaire La lutte avec

frappe serait une continuation logique dune carriegravere sportive de la

lutte traditionnelle qui sen sert comme moyen socio-eacuteconomique En

effet la majoriteacute des lutteurs avec frappe ont dabord eacuteteacute initieacutes agrave la

lutte simple Cependant il faut signaler que de nOS jours il arrive

que le jeune lutteur avec frappE- soit directenent formEacute conne speacutecialistE

agrave la frappe sa~s pour autant faire son chemin dabcrd egravea~s la lutte

- ~ shy

Le recircsultat dE ~os interviews ncus rec~trE qGune pcpulatiD~ divcrsishy

fiampe sint~resse agrave ce sport et qUE les intecircr~[s des uns et d~SlautrE~

semble~t divergents naucuns affirment que la lutte traditionnelle

avec frappe serait monteacutee par des personnes dont la vocation est dexshy

ploiter ce pheacuteLomegravene agrave des fins commerciales Dautres disent gJellegrave

jouit de mcyens irport~nts t[l[~isio

tation etc bullbullbull ) pour toucher toutes les couches sociales CEpe~~a~t

nous remarquons que mecircme si certaines personnes reprochent agrave cette

forme de lutte decirctre brutale ces mecircmes personnes nheacutesitent pas agrave

se rendre le dimanche agrave laregravene Bien que critiqueacutee elle semble ecirctre

adopteacutee par une tregraves grande partie de la population seacuteneacutegalaise Cepenshy

dant en tant que techniciens il nous est permis de faire une remarque

Il sagit de

- Limpression nette decirctre devant des professionnels de la frappe

qui sont ~ntratneacutes pour cela Dailleurs les propos que nous avons

recueilli~ nous prouvent que la plupart des champions de lutte avec 1

frappe s~ntratnent dans certains sports de combat tels ~ue la boxe i 1

le karateacute le judo Dans cette nouvelle forme de pratique de la lutte

contrairefuent agrave la lutte traditionnelle le technicien e~t souvent

perdant face au puncheur Ce dernier adopte une lutte agrave distance qui

lui permet de placer agrave bon escient ses coups animeacute du deacutesir de vaincre

Le technicien lui se voit contreacute dans toutes ses entreprises par

un uppercut ou un crochet

On peut dire cependant que nul sport au Seacuteneacutegal que la lutte tradishy

tionnelle avec frappe ne deacutechaicircne autant de passions et autant de

pheacutenomegravenes poussant agrave lexcegraves et deacutereacuteglements quon ne peut que deacuteplorer

Mais comment deacutecrier un spectacle de lutte qui bien quayant perdu la

presque totaliteacute des valeurs traditionnelles veacutehiculeacutees autrefois par

elle sait susciter une participation effective de tous ceux qui sont

preacutesents

CONCLUSION

Dans ce meacutemoire nous sommes efforceacutes ~e faire ressort ir limportance des

ethos et des habitus et leurs effets sur la pratique de la lutte tradishy

tionnelle au Seacuteneacutegal

L~b egravethos repr~sentent dune maniegravere g~neurorale tous les eacuteleacutements speacutec

fiques sux Seacuteneacutegalais par conampeacuteguent un systegraveme de valeurs traditionnellEs

Mais m~me si ces valeurs rev~tent une signification universelle (honneur

digniteacute courage etc bullbullbull ) il nen demeure pas moins que ce nest pas leur

nature qui fait leur speacutecificiteacute mais la hieacuterarchisation et limportance i

quon accorde agrave toutes ces valeurs de ~ar leacuteducation ou la culture

i 1

Aussi les valeurs traditionnelles puient leur speacutecificiteacute dans les

caracteacuteristiques propres aux eacuteleacutements ~e la socio-cu1ture (la technologie

et leacuteconomie la politique et la pareteacute la psychologie et lideacuteologie)

dans la socieacuteteacute seacuteneacutegalaise agrave n momen donneacute de son eacutevolution Cest i

dire la neacuteceesiteacute de ne point faire della valeur une reacutealiteacute statique

Cest dite aussi quagrave tout mome~t le ~eacuteneacutegalais peut eacutevoluer et creacuteer

ou vivre par conseacutequent de nouv~lles fprmes de valeur qui lui sont 1

propres ft (J)

La lutte traditionnelle veacutehiculant deS valeurs socio-cu1ture1les speacutecishy

fiquement seacuteneacutegalaises (croyances valeurs morales norme de comportement

opinion attitude bullbullbull ) devient un eacuteleacutement important qui tregraves certaiaement

nous aidera dans notre effort de valoriser et de peacuterenniser notre patri shy

moine culturel par le biais dactiviteacutes physiques et sportives

Leacutetude des habitus nous permet de prouver quil y a plusieurs faccedilons

de se mouvoir comme danser lutter bullbullbull qui varient avec les diffeacuterentes

ethnies (wolof toucouleur seacuteregravere diolagt leurs convenances et leurs

eacuteducations

(1) Revue Ethiopiques 31 Les valeurs traditionnelles et le problegraveme de leur inteacutegration dans les systegravemes modernes jtducatio-1 2 6r--70

nautre part cette eacutetude permet aussi de nous rendrE compte de la

correacutelatipn eacutetroite existant entre la pratique de la lutte traditionnelle

et le sta~ut socio-eacuteconomique du pratiquant

Nos inves~igations nous indiquent que la lutte recrute essentiellement

au niveau des classes socio-eacuteconomiques situeacutees en bas de leacutechelle

donc posseacutedant le statut social le moins favoriseacute La lutte avec frappe

-et un certain secteur commercialiseacute de la lutte simple- y trouve sa

leacutegitimiteacute Comme le dit BOURDIEU nA habitus diffeacuterents styles de Vle

divergents et il oppse les pratiques aristocpatiques correspondants agrave

des activiteacutes qui favorisent les situations eupheacutemiseacutees ougrave la stylisashy

tion est importante aux pratiques populaires qui font appel agrave des

qualiteacutes qpposeacutees bllutes rugueuses Certaines interviews nous

montrent que plus lindividu occupe une place eacuteleveacutee dans leacutechelle

sQciale e~ 1

moin$ il sinteacuteresse agrave la lutte

Les reacutesultats recueillis dans nos diverses investig~tions confirment 1 1

1er propos qui disent que nous assistons aujourdhu~ agrave une involution

de la lutte traditionnelle parce que perdant toutes ses speacutecificiteacutes au 1

pryfit d~ne autre forme de lutte que lon continue agrave appeler nostalshy

giqlementIIlutte traditionnelle

Ceci pourrait peut-~tre trouver une explication dan la citation suivante

La liberteacute de creacuteer dinnover de vivre Pleineinenf decirctre soi et de

preacuteserver son authenticiteacute la digniteacute et lhonneu1demeurent des illushy

sions dans la misegravere eacuteconomique~ Nos ancecirctres creacuteai~nt des valeurs de cishyl

vilisation parce quils eacutetaient libres parce qu1i~s ignoraient toute

deacutependance eacuteconomique ils cultivaient en eux et cbez leurs enfants le 1

Jorn et la Kersa et preacutefeacuteraient la mort agrave la hoJte lI (1)

Or le Seacuteneacutegal comme la plupart des pays africainsi est un pays sousshy

deacuteveloppeacute t cependant face agrave cette volonteacute du gou~ernement seacuteneacutegalais

de faire inteacutegrer dans leacuteducation des valeurs traditionnelles nous

pouvons espeacuterer utiliser comme moyen deacuteducation la lutteacute traditionnelle

qui reste quand mecircme vecteur jethos et dhabit~s

- 54 shy

Mecircme si lon a noteacute un appauvrissement notoire sur les plans socioshy

culturel et moral la lutte traditionnelle recegravele une gamme importante

et varieacutee de techniques permettant incontestablement une ouverture vers

les luttes olympiques libre et g~eacuteco-romaine

La lecture de ce meacutemoire permettra agrave lentratneur et au professeur de

lutte en fonction du lieu ougrave ils seront affecteacutes dans le territoire

seacuteneacutegalaisdavoir une information sur les techniques contrOles et

formes de corps propres agrave chaque groupe ethnique et de les mettre en

relation avec leurs croyances et leurs mentaliteacutes

Nous avons essayeacute de montrer que la pratique de la lutte traditionnelle

doit tre axeacutee sur une ethnomotriciteacute au Seacuteneacutegal qui permette une inishy

tiation facile Cette pratique de la lutte traditionnelle seacuteneacutegalaise

devra dailleurs essayer de ~eacutepondre aux aspirations du Seacuteneacutegalaisl

moderne en souvrant aux ap~orts positifs des autres civilisations

ex~eacuterieures nous voulons Jvidemment parler du judo et des luttes oiymshyJ

piques 1

1 j Nous navons pas la preacutetentfon dans le cadre de ce meacutemoire demattrise

de reacutepondre agrave toutes les qutstions se rattachant agrave leacutetude de ~a lutte

traditionnelle souslangle~socio-culturel car non seulement il nous

manque lexpeacuterience et la c peacutetence en la mati~re mais aussil l le temps

et les moyens dont nous dis osions ne nous permettaient pas d~puiser le 1sujet i

1 1 1 t 1

l

- )5 shy

BIBLIOGRAPHIE

BIBLIOGRAPHIE

1- CLAPAREDE Psychologie de leacuteducation et peacutedagogie expeacuterimentale

Edition Delachaux et Niestleacute 244 pages

2- POCIELLC Christian Sport et Socieacuteteacute approche socio-culturelle

des pratiques Paris Vigot 1981 377 pages

3- PIERON Henri Vocabulaire de la psychologie

PUF Deuxiegraveme eacutedition 1957 469 pages

4- Revue socialiste de culture neacutegro-africaine ETHIOPIQUES

Les valeurs traditionnelles et le problegraveme de leur inteacutegration

dans les systegravemes modernes deacuteducation

GIA 21 Juillet 1982 213 pages

5- N2 Revue du Centre dEtudedes Civilisations DEM ak TEY

NIS IVegrave Trimestre 1982 96 pages

6- Document lNSEP Colloque sur la lutte aeacuteregravere

DAKAR MAI-JUIN 1980

t 1

~- Travaux du IVegrave Congregraves National ~es Sports agrave DAKAR les 2223041981

Bulletin n2 91 du CIO du 15 Aont 1965

l____________________________

8- Meacutemoire de Mattrise BADJI Abdou La lutte traditionnelle Joola

Etude et perspective

9- Meacutemoire Inspectorat JS DJITTE Mandy Les pratiques corporelles

traditionnelles au Seacuteneacutegal pour leur exploitation et leur

utilisation en peacutedagogie Marly le Roi 1980

REPUBLIQUE DU SENEGAL

--------------- INSTITUT NATIONAL SUPERIEUR

MINISTERE DE LA JEUNESSE DE LrsquoEDUCATION POPULAIRE

ET DES SPORTS ET DU SPORT

-------------

(INSEPS)

MEMOIRE DE MAIcircTRISE

Es-SCIENCES ET TECHNIQUES

DE LrsquoACTIVITE PHYSIQUE ET DU SPORT

LA LUTTE TRADITIONNELLE

son importance sa signification en fonction des ethos et des habitus ethniques au Seacuteneacutegal

Preacutesenteacute par

Monsieur Joseph Victor FAYE

Sous la direction de

M Jean Marc ROCHEZ

Professeur agrave lrsquoINSEPS

Anneacutee de soutenance 1984

33

331 Preacutesentation

Les Seacuteregravere auraient pour origine le Fouta Toro quils auraient quitteacute

vers le Xllegrave siegravecle pour fuir lislamisation de cette reacutegioD par lempire

dJ Xali (ils seraient donc apparEnt~s aux Peul et Toucouleur ) Ils

auraient trouveacute dans la rEacutegion du Sine les Sosseacute dorigine manding avec

lesquels ils salliegraverent

Au XVegrave siegravecle une autre immigrationSos~ conqueacuterante cette fois-ci

apporta son organisation eacutetatique Ils se divisegraverent en deux monarchies

deacutemocratiques lune seacutetablit au Sine et lautre au Saloum Les Sosseacute

conqueacuterants constituaient lautocratie appeleacutee Guelowar

La royauteacute seacuteregravere eacutetait laiumlque Les premiers souverains durent secouer

la tutelle des Toucouleur et progressivement arrivegraverent agrave unifier lethshy

nie des seacuteregravere etdea Sosseacute Les deux royauteacutes eacutetaient organiseacutees selon

acirces modegraveles tregraves deacutemocratiques Le souverain deacutependait dune assembleacutee

de ministres et de chefs locaux qui assuraient ladministration centrale

et reacutegionale())

Aujourdhui lethnie seacuteregravere repreacutesente 20 de la population seacuteneacutegalaise

Ils sont reacutepartis sur presque toute leacutetendue du territoire notamment

dans le Baol la reacutegion du Sine-Saloum et la reacutegion de Thiegraves

Signalons quil existe plusieurs sous-groupes dans lethnie ainsi on

trouvera

- dans la reacutegion de Thiegraves les Ndut les Safegravene et les None

- dans le Sine-Saloum les Sine-sine et les Saloum-salouIT

On trouvera vers foundioune et agrave Nioro du cocircteacute de la Gambie les

Niominka (pecirccheurs) Cest une portion tregraves mandinguiseacutee

( 1

Le rattache~2~t d~ to~s ccs sous-groupes pose problecircme ~25 0~ r0~V~

uc grande partie de traits COITul1uns dans leurs modes dE vie Ct pOUT phs

de faciliteacute nous allons essayer de faire une ~tude globale de la lutte

traditionnelle seacuterecircre Lactiviteacute socio-eacuteconomique qui est essentielleme~t

agro-pasorale caracteacuterisE leacutethnie seacuteregravere

332 Lecircducation les moeurs les croyances et pratiques sEr~rc

Chez les Seacuteregravere la vie humaine se deacuteroule selon les grandes eacutetapes

le baptecircme lenfance ladolescencemarqueacutee par la circoncision lsectge

adulte le mariage la vieillesse et la mort (funeacuterailles)

La vie de la communauteacute seacuteregravere reste une des plus originales sinon

celle qui de nos jours garde la presque totaliteacute des pratiques et

habitudes traditionnelles

Bien qu aujotltdhui con~r-tis aux religions chreacutetienne et musulmane les

Seacuteregravere conservent leurs croyances et pratiques animistes

Quelque soit leur degreacute dadheacutesion aux religions reacuteveacuteleacutees les Seacuteregravere

croient en un Dieu puissant et miseacutericordieux Rog Segravene et les hommes

Les ~angols sont repreacutesenteacutes mateacuteriellement dans tous les villages

seacuteregraveres par des arbres (baobab et tamariniers) des animaux (geacuteneacuteraleshy

ment serpent doreacute ou iguane) des ustensiles (pilon calebasse et mortier)

De nombreux teacutemoignages nous apprennent que certains totems (serpent

iguane) font leur apparicion agrave loccasion de certaines manifestations

rituelles comme les sacrifices ceacuteleacutebreacutes lors dun mariage de ceacutereacutemonies

mortuaires ou des circoncisions

Le Seacuteregravere comme il nous a eacuteteacute donneacute loccasion de le dire plus haut

preacutesente des speacutecificiteacutes authentiques aussi bien en tout ce qui touch~

son eacuteducation ses croyanCES et pratiques mystiques q~e ses activiteacute~

socio-ecirccc~omiquEs Apr~s a ~aissa~c~ le beurob~ ~~ pcs~ 5~~ lE S~ __

On lui mouille les l~vres avec un peu d~ lait de mil et apr~s U~ bain

purificateur on versera leau dans un trou cr~us~ derri~r~ la Camp~~

Pendant huit jours la megravere et lenfant sont cacheacutes dans la case car

selon les anciens ils sont tregraves vulneacuterables La case deacutens certains cas

est entoureacutee dun fil blanc et lon place sur le seuil des fais(cauy di

veacutegeacutetaux pour chasser les mauvais esprits (geacutenies malfaisants et illangeUY~

dacircmes) Au bout du huitiegraveme jour la megravere et lenfant peuvent sortir de

la case bull

bullbullbull Le matin du huitiegraveme jour la tante paternelle va chercher de leau

(plusieurs fois)t elle doit rester muette pendant ses alleacutees et venues

si elle parlait t lenfant pourrait ecirctre muet bullbullbull

La megravere et lenfant prennent un bain purificateur dans lequel sont

trempeacutees certaines plantes (ce sont des veacutegeacutetaux pr~tecteurs tels le

begravene le yag le ngud) On y lavera aussi le linge e1t les ustensiles utishyj

liseacutes pendant les huit jours qui viennet de seacutecoul~r On rase le crine

de lenfant Les cheveux sont donneacutes agrave la megravere qui ~s enterrera avec le

reste du cordon ombilical dans un endroit que11e esit seule agrave connattre

La megravere sassied sur une natte devant la maison Une femme igeacutee de la

famille prend le beacutebeacute dans ses bras et le preacutesente aux quatre coins de

lhorizon

La tante paternelle tient ensuite un van sur la tecircte de la megravere on y

verse le mil on y verse eacutegalement en abondance sur la megravere et sur

lenfant La tante oint ensuite le corps du beacutebeacute avec du lait e11e

touche en particulier le front t le nez la bouche la poitrine le dos

et les oreilles

Elle pose enfin un ~rain de sel dans la paume du beacutebeacute (le sel purifie

et deacutetruit les puissances mauvaises)

Apregraves un nouveau bain la megravere et lenfant revEcirctent des habits de fecircte

(est

lenfant Ce precircnore a toujours U~ SEns Il sy~bolise parfois C0 qUi

lOIl sounaitt agrave lEufant l)

La circoncision comme dans les autres ethnies est obligatoire Elle

permet au jeune adolescent dacceacuteder agrave la classe adulte Les jeunes

sont regroupes en classe dacircge dans le bois ougrave sc fait la r0tr~it0 des

circoncis et ceci pendant plusieurs mois

Le Selbeacute qui est geacuteneacuteralement un ancien craint de tous les eacutelegraveves

enseigne le respect de la hieacuterarchie la discreacutetion le goOt de linishy

tiative Les activiteacutes physiques et leacuteducation artistique ne sont pas

en reste la deacutecoration la sculpture la lutte et la danse A sa sortie

du bois linitieacute appartient deacutesormais agrave la classe des virils et des

sages du clan car on lui aura enseigneacute les vertus fondamentales que

sont la justice lhonneur lamour du prochain 1 amour du travail

lhonnecircteteacute et surtout le respect des coutumes ancestrales

Le rite du mariage esd aussi un fait tregraves important dans le monde 1

seacuteregravere mais par manq~e dinformation nous serons obligeacutes de nous en

tenir lagrave

333 Impact des ethos sur la lutte dans le monde seacuteregravere

Lorigine de la lutte seacuteregravere ne semble pas claire ma1S nous pouvons

dire quil existait deux formes de lutte comme chez les Wolofs une

lutte sans frappe et une lutte avec frappe Et cest cette derniegravere

qui peut-ecirctre nous ameacutenerait agrave croire que la lutte seacuteregravere aurait une

origine plus preacuteciseacutement guerriegravere

Aujourdhui la lutte est uniquement une activiteacute sportive agrave travers

laquelle le jeune seacuteregravere eacutevalue sa force son courage et SOn ingeacutenioshy

siteacute Cest une occasion de deacutefendre lhonneur de son village ou de

la corrnnunauteacute

La luttE ~5t avant tout u~e rnanifcs[dtic~ c~lturclie et surtout

fo lkhriqut-

Gracircce agrave elle on peut deacutesormais comprendre un certain nombre de chants

et de symboles A travers la lutte seacuteregravere on ccedilomprend les inter-relashy

tions entreacute la vie et le monde surntiturel

Sil devait y avoir la mort dun villageacuteois pendant la fecirctE au T qUE

de linterrompre on proceacutedait gracircce aux connaissances magico-religieuses

agrave la suspension de la mort jusquagrave une peacuteriode ougrave la population sera plus

disponible pour organiser des funeacuterailles sil y eacutetait preacutedit la possibishy

liteacute dune deacutefait du champion local au profit dun champion dun autre

village des recettes dordre maginque et religieux eacutetaient mises en prashy

tique afin que le champion du village ne soit jamais terrasseacute(J)

334 Le profil du lutteur seacuteregraver~

Le lutteur seacuteregravere est par essence un athlegravete impressionnant de par sa i

carrure et sa musculature saillante mais cest aussi une force tranquille

et calme quelque soit lenjeu du combagravet et particuliegraverement lhonneur

Cet aspect nous pousse agrave parler du NGiMBE cest-agrave-dire de la tenue du

lutteur qui va influencer sur sa faccedilon de lutter

La confection du Ngimbe revient agrave la communauteacute entiegravere Le Ngimbe a

une signification symbolique et le lutteur pour meacuteriter la confiance du

groupe se doit de tout faire pour ne pas toucher le sol Toute la commushy

nauteacute elle aussi sengage pour assurer la longeacuteviteacute et le succegraves du lutteur

dans laregravene par lorganisation droffrandes et de sacrifices en lhonneur

des Pangols bull

bull

Daucuns nheacutesitent pas agrave dire que lessentiel du mysticisme se fait agrave

la maison et non dans laregravene tout le reste nest quintimidation de

ladversaire

lsvcns

Tt- pi ~- t

t 1 ~ l _ ~ t

par rapport agrave lautre Cbci est trEgraves lieacute agrave lactiviteacute journaliegravere du

jeune seacuteregravere qui est un cultivateur donc toujours bien planteacute sur ses

jambes et qui continuellement manie lhiler

Le fait de couper le boi~ peut eacutegalement constituer un moyen de muscushy

lation non neacutegligeable pour le jeune lutteur

Un certain nombre de traits techniques speacutecifiques au lutteur seacuteregravere

semblent ressortir des diffeacuterentes interviews que nous aVOns fait subir

agrave certains lutteurs seacuteregraveres et agrave diffeacuterents techniciens

SOUS-GROUPES FORMES DU CORPS CONTROLES GARDES

SAFEN Moyenne en fente NONE Hancheacute Bras (distante) j

NDUTJ

f

SINE-SINE Deacutecalage Ngimbe

Moyenne

SALOUM-SALOUM Passage- Jambe (rapprocheacutee) 1

i

PETITE dessous Tecircte Basse et 1

COTE Moyenne (rapprocheacutee)

Notons que le Niominka ll commence agrave lutter agrave partir du sol pour avoir

assez deacutelan et sauter sur ladversaire afin davoir la prise du lion

(contr6le de la nuque et du bassin)

Co a -tem-nt ccedilt attitude du lutteur sEacuteregravere335 np -1t ~

Les croyances mystiques sont indissociables des activiteacutes quotidiennes

duseacuteregravere Ce qui explique le cocircteacute supersticieux du lutteur seacuteregravere En

~ffet certains lutteurs refusent de lutter avant certaines heures

Certains teacutemoignages nous apprennent quil nest pas donneacute agrave tout le

monde decirctre champion de lutte et que le lutteur doit avoir des dons

surnaturels pour ecirctre agrave mesure de livrer ses combats dans la nuit

et trouver seul un gris-gris speacutecial appeleacute Njatch

Le vrai champion de lutte chez les seacuteregraveres ne lutte pas seulement avec

~a force et sa technique mais surtout avec ses dons occultes

Chez les seacuteregraveres les morts sont toujours preacutesents et les ~pangols

Servent dintermeacutediaire entre les hommes et les morts Le pangol prend i

le nom dhumain dans certains villages (IIHeacuteJga NDONG Har Wag NGOUYE) i 1

De ce fait on verra le lutteur danser dufe maniegravere ou dune autre en

fonction du pangol de sa famille Ainsi nrus aurons le back (chant et

danse du lutteur) des DIOUF des FAYE etclbullbullbull

Dans laregravene le lutteur seacuteregravere a un comportement exemplaire aussi bien

agrave leacutegard de son adversaire direct quave~ le public en geacuteneacuteral Lexpli shy

cation semble tenir au fait que le lutteur seacuteregravere est avant tout selon

la tradition orale le repreacutesentant de toute la communauteacute seacuteregravere Par

conseacutequent il devra saffirmer non seulement en tant que lutteur dans

laregravene mais aussi en tant quentiteacute morale

336 La tenue du lutteur ou NGIMBE est confectionneacutee par le marabout de la

famille ou du clan Le Ngimbe est constitueacute de pagne en cCton tisseacute

Il doit ecirctre propre le lutteur qui le porte ne devra pas avoir de rapshy

port sexuel pendant toute la peacuteriode des cOTpeacutetitians car le Ngi~bE ne

doit pas ~tre souilleacute

Autrefois et mecircme aujourdthui dans certaines familles on devient

lutteur de pegravere en fils et dans ce cas le Ngimbe du pegravere est heacuteriteacute

par le fils Le fait de porter le Ngimbe de ses aieux peut susciter

chez le jeune lutteur une motivation et une volonteacute ineacutebranlable dtasshy

surer la supeacuterioriteacute d~s siens dans ltaregravene Il fera tout pour que le

Ngimbe de la ramille ne touche le sable

La tenue du lutteur a une signification et une importance sur le plan

mystique car selon les anciens le vra1 feacutetiche du lutteur celui qui

le proteacutegera et laidera agrave vaincre le nDjinne ou le tRapu de ladvershy

saire se trouve cacheacute dans ce Ngimbeu bull Celui qui confectionne donc le

Ngimbe U est doueacute de faculteacutes occultes

337 Larbitrase est assureacute par un sage du village qui geacuteneacuteralement fut

champion de lutte de son temps Dailleurs cet ancien nintervient que

si le terrassement est litigieux Hormis le public qui proclame la vicshy

toire ou le match nul le lutteur lui-mecircme est arbitre et il arrive

quil se deacuteclare vaincu

Nous avons pu cfter Meacutedoune KHOULE un desplus grands lutteurs seacuteneacutegashy

lais qui a donn~ une victoire agrave Djeacuteri SADIO son adversaire qui a reacuteussi

agrave lui faire touegraveher le sol de la main

IlL

34 1 Preacutesentation

Lethnie toucouleur vit En grandt partit ciE~~ la vallfc du S~~~gal

pt reprecircsente i peu pr~s 8 de la population totale secircn~galaise

o Histoire

Il semblerait que dans lancien royaume du Tekrour (IX~ siegravecle) des

eacuteleacutements neacutegroiumldes Sarakoleacute et des Peul aient formEacute par meacutetissage le

peuple Toucouleur (Toucouleur serait dailleurs une deacuteformation du

mot portugais Tacouror)

Ce empire a domineacute aussi bien les wolofs de lOuest que les Peul

nomades du Fouta Toro Cette reacutegion fut le premier pays islamiseacute par

les Almoravides ce qui peut expliquer le proseacutelytisme toucouleur

Ce sont les guerriers toucouleur islamiseacutes qui attaqu~rent avec les

Almoravides la capitale du Ghana Koumbi en 1067 On convertit par

la force les animistes Cest sans doute agrave cette eacutepoque que de nombreuses

ethnies reacutefractaires agrave lIslam ont dO accentuer leur migration vers

le sud (Seacuteregravere wolof Sarakoleacute Bambara Songhaiuml Akan et Peul se reacuteshy

fugiaient vers les hauteurs du Fouta Djalon)

Au XIXegrave siegravecle les Toucouleur allaient trouver en El Hadj Omar Tall

un grand conqueacuterent qui sous le preacutetexte religieux de la gJerre sainte

contre les tribus animistes (entre autres Bambara) eacutetendit lempire

toucouleur sur presque tout lensemble du gali et la partie de la Guineacutee

proche du l1ali

Lempire toucouleur composeacute de Sarakoleacute de Bambar~ de ~alinkeacute de

Xassonkeacute dE Peul et de Dogon eut le meurorit~ dunir CES diif~rentes ~ ~ - - - - - et~ics ~t dE CD~stituer l~Sl la b2S~ ~r 1

_ ~ ~ ~_ L ~

~ ~- ~- - - ---- _ 1 v _ t 1 ~-_ --

marabout tOL~culcuuml~ ~ middotlrrany a l ick SI venu des E1i rClS dE Pocior~ (

~ Vi~ euroconomicue et sociale -----------~-------------

Les Toucouleur sont des cultivateurs mais bien quils n~ soie~t pa~

pasteurs comrre les Peul leacutelevage a une place inportarteacute decirc1S ltur

eacutecono~ie Pour faciliter leur conquecircte guerriegraverE ils c~t Eucirc une preacuteshy

dilection pour leacutelevage des chevaux On y trouve aussi des pecirccheurs

appeleacutes Tchioubalo La socieacuteteacute toucouleur aurait une stratification

sociale tregraves rigide Les groupes ethniques et les castes eacutetaient

diffeacuterencieacutes et strictement exogamiques les Rimbe classe des nobles

comprenant la famille reacutegnante et les guerriers libres la classe des

Nieacutenieacutebegens de castes artisanales i les Rimaibeacute anciens esclaves

devenus serviteurs qui portent les noms de famille de leur maicirctres A

la base de lorganisation de la collectiviteacute toucouleur se situe le

village (Wouro)

Toutes ces castes sont cloisonneacutees entre elle~ Ainsi il nest pas

permis agrave un Torodo (noble) de se marier avec un Tchioubalo Ces

consideacuterations sont importantes dans le domaine de la lutte ougrave nous

apercevrons que les nobles ne sont pas faits pour lutter Le noble

preacutesidera les seacuteances de lutte et on luttera pour lui Ces condeacute rat ions

de noblesse et de rang social sont extrecircmement importantes dans le

monde toucouleur

Le noble ne doit pas se salir on lutte pour lui il ne vit la lutte

quen tant que spectateur

342 Education moeurs croyances et eratiques religieuses

Deux formes d~ducation sont agrave consideacuterer leacutedJcatio~ dES enfarts Et

celle des adultes

oG lenfant sait m2n~~r et apprfcier le goOt d~5 ~iifeurorents r~pas lt

le moment ougrave il CO~~e~CE agrave marcher

tivirt n~sormais le petit toucou]eur est eacuteduquf par toutmiddot 12 f2~i)]E

dabord puis par toutes lespersc~nes du village ou du C13~

Lenfant peut ~tre corrigeacute par tout adulte appartenant au groupe social

Son eacuteducation est deacutesormais laffaire de toute la communauteacute et non

exclusivement celle ces parents On linitie ainsi au travail quotidien

qui se fait dans la bergel~ e les champs et les bords du fleuve Au sein

du village il pourra apprendre agrave filer la laine et agrave tisser des pagnes

dans les champs il apprend agrave manier la houe et lhiler pour la culture

du riz et du mil Mais signalons que lactiviteacute essentielle du toucouleur

est leacutelevage des boeufs des moutons et des chegravevres Chez les Ichioushy

balos (p~cheurs ) lenfant sera initieacute tregraves tat au maniement des pagaies

agrave la p~che propremccedilnt dite et agrave la nage

Vers cinq-six ans lenfant est confieacute au maicirctre coranique le Ihierno

et ce dernier dispose exclusivement de toute sa vie Lavenir du jeune

enfant lui appartient

Comme dans les autres groupes ethniques les enfants sont regroupeacutes en

classe dacircge et cest dans cette structure que lenfant subit les rite

de passe et plus particuliegraverement celui de la circoncision

La circoncision est non seulement unE opeacuteration chirurgicale malS surshy

tout une peacuteriode au cours de laquelle le jeune garccedilon passe de leacutetat

dadolescent agrave leacutetat dadulte Les circoncis sont reacuteunis en classe

dacircge dans un endroit situeacute hors duvillage geacuteneacuteralement choisi par les

vieux Cet endroit n~st accessible que par des individus de SExe ffi8SCUshy

li~ ~ta~t au preacutealabl circoncis

- - - -

quable et complet sur le plan phy~ique et ~oral Ai~si liniti~

acquiert les qualitecircs indispensables que sont le courag~ la modest

lesprit de sacrifice lendurance

Le toucoule~r est un pleux musulma~ Cela sexp1

SOil le premier agrave tre en contact avec la religion musulmane de par sa

position frontaliegravere Lethnie toucouleur de par son histoire a preacutesenteacute

les plus grands chefs militaires et religieux musulmans seacuteneacutegalais Et

pour illustrer cela on peut citer en exemple la grande famille musulmane

des SY agrave TIVAOUANE repreacutesentant la confreacuterie des TIDJANES

Bien que lon note une majoriteacute musulmane on peut dire que certaines

croyances et pratiques mystiques et animistes persistent encore surtout

dans la reacutegion du fleuve

Une pratique courante se fait elle sappelle le Djatt Elle consiste

agrave faire sortir le caiman du fleuve agrave limmobiliser et agrave lattacher

sans quil ne reacuteagisse et tout ceci agrave laide de versets et dincantashy

tions magiques Dapregraves les teacutemoignages ces pratiques sont plutocirct

freacutequentes chez les Tchioubalos (pecirccheurs) Il arrive aussi que cershy

tains chasseurs ayant des dons se livrent agrave certaines pratiques an1shy

mis tes qui consistent agrave invoquer certaines puissances et agrave moduler sous

forme de chant des versets occultes pour se proteacuteger des mauvais esprits

et pour eacuteloigner les fauves Ce chant est geacuteneacuteralement incompreacutehensible

et deacutenueacute de sens pour le profane

343 Activiteacutes ludiques et pratiques sportives en milieu toucouleur

Durant toute son histoire lethnie ~oucouleur a toujours EacutetEacute Frese~teacute~

comme celle qui avait ue activit essentiellement guerr e e~ particushy

liegraverement farouche Trois eacuteleacutements ret r t l ecirc t te nt i c- euro so~t

le manie~~nt du ~acircton 12 luttE Et 1eacute danSE

l

Lecircducation ph~sique et artistique Dcc~pe un place precircpondecircra~rp

dans la fDrmat~on du jEune toucouleur A loccasion agraveeacutevegravenemen~ imporshy

tants reacutecoltJs mariages baptecircme nous assistons agrave des manifestashy

tions folkloriques de grande envergure le Wango oucirc dailse toucouleur

tregraves gymnique iles chants et surtout les sEacuteances de lutte

La lutte toucouleur est la forme de lutte la plus spectaclaire dans

tout le territoire seacuteneacutegalais Elle est essentiellement baseacutee sur des

techniques en hancheacute et surtout en souplesse Ceci sexplique par le

fait q~e le jeune toucouleur est tregraves tocirct initieacute agrave la gymnastique (saut 1

per saut de main salto arriegravere saut de tecircte couronneacute etc bullbullbull ) pour

la dans~ du wa~go En dansant le wango qui est une danse rythmeacutee et

gymnique le Jeune toucou1eur est capable de prouesses extraordinaires

1

En lutte lattaquant se deacuteplace tregraves peu pour avoir une bonne saisie

(geacuteneacutera~ement controcircle du Ngimben ) et enchaine brusqueme~t avec une

attaque surpris~ Cependant les ripostes sont souvent surprenantes et

spectaculaires (baseacutees sur la souplesse et la rapiditeacute) ontrairement

aux autr~s form~s de luttes ougrave lon voyait tous les jeune adheacuterer la

lutte to~cou1eur Verra un groupe de speacutecialistes sadonne agrave la lutte 1

(la lutte est lieacutee agrave la position sociale de lindividu problegraveme de

caste)

Q La morphologie du lutteur toucou1eur 1

1 1

Ce dernier nest pas aussi large et aussi fort que les lutteurs diola

et seacuteregravere Cependant il est tregraves reacutesistant La musculatJre est saillante 1

et tregraves souple lindividu est longiligne mais tregraves athleacutetique

Les mouvements de lutteurs sont semblables agrave ceux dun grand fe1in Cette 1

morphologie semble ecirctre lieacutee agrave la position geacuteographique de lethnie

(reacutegion du fleuve) et agrave lacitiviteacute socio-eacuteconomique du toucouleur qui

est agrave la fois cultivateur (activiteacute lieacutee agrave la crue et deacutecrUE du fleuve)

pecirccheuro~T CIcr~icubaon) et sttout jEumlrgcr qui est U~ rc~2eumlr

shy

Deux formes egrave~ corps sembl~nt ecirctre preacutefeacutereacutees du lutteur toucouleur

le hancheacute et la souplesse Les hancheacutes sont faits agrave partir de plusieurs

positions de doset se terminent geacuteneacuteralement par des techniques de

tregraves grande amplitude

TABLEAU RECAPITULATIF DES TECHNIQUES ET FORMES DE CORPS SPECIFIQUES

i

L441 r

GARDE FORMES DU CORPS CONTROLES --shy - -

Moyenne Souplesse Ngimbe

Hancheacute bras

Demi-souplesse

1

Profil psycholosigue 1

TECHNIQUES

ContrOle du bassin et 12 souplesse

arriegravere

Klicket et allegravegement de la hanche

Le lutteur toucouleur est celui lUi se livre le moins aux preacuteparaqons

maraboutiques Cela est dO au f~t que le toucouleur est un grand ~USUlshyman et que les pratiques animisges ont presque disparu dans ce mil~eu

Dans la pratique le lutteur esJ combaif mais il est calme et tr~s reacutefleacutechi quant agrave la deacutecision agrave prendre en plein corps agrave corps ct~st un des seuls techniciens qui reJte tregraves lucide au cours de ses comb~ts

l Dans toutes les circonstances e lutteur toucouleur est tenu de re~pecshyter son adversaire et ceux de s4n eacutequipemecircme sil est vaincu

Comme nous avons dO nous en rendre compte la rigueur des principes

eacuteducationnels a une influence tregraves sensible sur l~ comportement du

toucouleur

i

III S COCL ~s 1DO

Dans cette partie nous avons essay~ de montrer lftroite re1atic~

Entre les diverses activiteacutes socio-eacuteconomiques dans les ethnies et

lES diffEacuterentes faccedilons de lutter

Daucuns seraient tent~s de conclure trop rapidement et cest p0~r

cette raison que nOUS avons penseacute preacuteciser que le pheacutenotype nest

pas geacuteneacuterateur du geacutenotype Et nous sommes convaincus que la morphoshy

logie et les techniques des lutteurs relegravevent de leurs modes de vie

et de leurs croyances agrave une eacutepoque et danE un contexte bien deacutetermishy

neacutes

Est-ce que les lutteurs dio1a ou seacuteregravere travaillant avec leurs bras

dans les champs auraient les mecircmes pr 0 fil s physiques que les lutteurs

utilisant des machines pour lagriculture

- 69 shy

I UJOURDH~1 E-S ut O[l LES FORfilS Ut LU11t~

~otons que notre enqu~te a ecirctE essentiellement faiteen milieu urbain

Les seacuteances de lutte ont tendance agrave perdre leur particulariteacute de r~shy

jouissance pour devenir des pheacutenomegravenes de sportisatio Deux fores

de luttes so~t principale~cnt prat s dans les aregrave~es du 5 al

la lutte traditiunnelle simple et la lutte traditionnelle avec frappe

De nos jours la lutte traditionnelle tend vers une reacuteglementation

et une institutionalisation

Le reacutesultat de nos investigations nous donne le tableau ci-dessous

REPARTITION ETHNIQUE SUR 100 PRATIQUANTS

LUTTE LUTTE RAPPORTETHNIES SANS FRAPPE AVEC FRAPPE J2

Diola 40 16 71 j

Seacuteregravere 26 21 57

Toucouleur 23 10 69

Wolof 1 1 53 17

La demande sociale par ordre deacutecroissant pour la lutte sans frappe

se preacutesente comrre suit

]0_ Ethnie diola avec pregraves de 3 lutteur~ sur 4

2deg_ Ethnie toucouleur

Ethri dun

~ 1 LA LUTTE TR])IIIO~~ELLE AVEC H-PPE

Cette forme deacute lutte a une histoire qui date de lantiquiteacute elle

sa~pelait le Pugilat Au Seacuteneacutegal elle a vu le jour dans le Cayor

bien avant la colonisation Le coup dE pied l~Lrdn~lement la morshy

sure la frappe et le doigtf eacutetaient permis dans le cc=bat ~ ~middot~p0~~e

Dans certains cas la giffle eacutetait beaucoup plus dangereuse que le

poing quand elle eacutetait donneacutee par un speacutecialiste Cette giffle pouvait

agrave elle seule deacutechirer et mecircme parfois amputer la joue de ladverser

Selon les informations la lutte avec frappede nos jours serait une

forme de lutte tregraves eupheacutemiseacutee de celle dantan ougrave une blessure

pouvait souvent ecirctre mortelle

Aujourdhui au niveau du folklore la lutte na plus la mecircme

le spectaculaire a remplaceacute le significatif iLa lutte avec frappe se 1

pratique surtout dans les centres urbains C~aque fois quun grand combat 1

est progra~eacute par le Comiteacute National Proviso~re (CNP) des centaines damashy

teurs sont mobiliseacutes vers le stade lba Mar D~OP qui est aujourdhui le i

lieu approprieacute ougrave se deacuteroulent les grands conkbats de lutte Cest la formE

de lutte qui semble drainer une foule de personnes beaucoup plus importante

que celle de la lutte simple

La lutte avec frappe deacuteriverait dune forme de lutte traditionnelle

pratiqueacutee jadis dans le Cayor au temps des Damels et la frappe serait

le substitut dun certain nombre de pratiques doigteacute jet de produits

etc bullbullbull dont le but eacutetait laveuglement de ladversaire La lutte avec

frappe serait une continuation logique dune carriegravere sportive de la

lutte traditionnelle qui sen sert comme moyen socio-eacuteconomique En

effet la majoriteacute des lutteurs avec frappe ont dabord eacuteteacute initieacutes agrave la

lutte simple Cependant il faut signaler que de nOS jours il arrive

que le jeune lutteur avec frappE- soit directenent formEacute conne speacutecialistE

agrave la frappe sa~s pour autant faire son chemin dabcrd egravea~s la lutte

- ~ shy

Le recircsultat dE ~os interviews ncus rec~trE qGune pcpulatiD~ divcrsishy

fiampe sint~resse agrave ce sport et qUE les intecircr~[s des uns et d~SlautrE~

semble~t divergents naucuns affirment que la lutte traditionnelle

avec frappe serait monteacutee par des personnes dont la vocation est dexshy

ploiter ce pheacuteLomegravene agrave des fins commerciales Dautres disent gJellegrave

jouit de mcyens irport~nts t[l[~isio

tation etc bullbullbull ) pour toucher toutes les couches sociales CEpe~~a~t

nous remarquons que mecircme si certaines personnes reprochent agrave cette

forme de lutte decirctre brutale ces mecircmes personnes nheacutesitent pas agrave

se rendre le dimanche agrave laregravene Bien que critiqueacutee elle semble ecirctre

adopteacutee par une tregraves grande partie de la population seacuteneacutegalaise Cepenshy

dant en tant que techniciens il nous est permis de faire une remarque

Il sagit de

- Limpression nette decirctre devant des professionnels de la frappe

qui sont ~ntratneacutes pour cela Dailleurs les propos que nous avons

recueilli~ nous prouvent que la plupart des champions de lutte avec 1

frappe s~ntratnent dans certains sports de combat tels ~ue la boxe i 1

le karateacute le judo Dans cette nouvelle forme de pratique de la lutte

contrairefuent agrave la lutte traditionnelle le technicien e~t souvent

perdant face au puncheur Ce dernier adopte une lutte agrave distance qui

lui permet de placer agrave bon escient ses coups animeacute du deacutesir de vaincre

Le technicien lui se voit contreacute dans toutes ses entreprises par

un uppercut ou un crochet

On peut dire cependant que nul sport au Seacuteneacutegal que la lutte tradishy

tionnelle avec frappe ne deacutechaicircne autant de passions et autant de

pheacutenomegravenes poussant agrave lexcegraves et deacutereacuteglements quon ne peut que deacuteplorer

Mais comment deacutecrier un spectacle de lutte qui bien quayant perdu la

presque totaliteacute des valeurs traditionnelles veacutehiculeacutees autrefois par

elle sait susciter une participation effective de tous ceux qui sont

preacutesents

CONCLUSION

Dans ce meacutemoire nous sommes efforceacutes ~e faire ressort ir limportance des

ethos et des habitus et leurs effets sur la pratique de la lutte tradishy

tionnelle au Seacuteneacutegal

L~b egravethos repr~sentent dune maniegravere g~neurorale tous les eacuteleacutements speacutec

fiques sux Seacuteneacutegalais par conampeacuteguent un systegraveme de valeurs traditionnellEs

Mais m~me si ces valeurs rev~tent une signification universelle (honneur

digniteacute courage etc bullbullbull ) il nen demeure pas moins que ce nest pas leur

nature qui fait leur speacutecificiteacute mais la hieacuterarchisation et limportance i

quon accorde agrave toutes ces valeurs de ~ar leacuteducation ou la culture

i 1

Aussi les valeurs traditionnelles puient leur speacutecificiteacute dans les

caracteacuteristiques propres aux eacuteleacutements ~e la socio-cu1ture (la technologie

et leacuteconomie la politique et la pareteacute la psychologie et lideacuteologie)

dans la socieacuteteacute seacuteneacutegalaise agrave n momen donneacute de son eacutevolution Cest i

dire la neacuteceesiteacute de ne point faire della valeur une reacutealiteacute statique

Cest dite aussi quagrave tout mome~t le ~eacuteneacutegalais peut eacutevoluer et creacuteer

ou vivre par conseacutequent de nouv~lles fprmes de valeur qui lui sont 1

propres ft (J)

La lutte traditionnelle veacutehiculant deS valeurs socio-cu1ture1les speacutecishy

fiquement seacuteneacutegalaises (croyances valeurs morales norme de comportement

opinion attitude bullbullbull ) devient un eacuteleacutement important qui tregraves certaiaement

nous aidera dans notre effort de valoriser et de peacuterenniser notre patri shy

moine culturel par le biais dactiviteacutes physiques et sportives

Leacutetude des habitus nous permet de prouver quil y a plusieurs faccedilons

de se mouvoir comme danser lutter bullbullbull qui varient avec les diffeacuterentes

ethnies (wolof toucouleur seacuteregravere diolagt leurs convenances et leurs

eacuteducations

(1) Revue Ethiopiques 31 Les valeurs traditionnelles et le problegraveme de leur inteacutegration dans les systegravemes modernes jtducatio-1 2 6r--70

nautre part cette eacutetude permet aussi de nous rendrE compte de la

correacutelatipn eacutetroite existant entre la pratique de la lutte traditionnelle

et le sta~ut socio-eacuteconomique du pratiquant

Nos inves~igations nous indiquent que la lutte recrute essentiellement

au niveau des classes socio-eacuteconomiques situeacutees en bas de leacutechelle

donc posseacutedant le statut social le moins favoriseacute La lutte avec frappe

-et un certain secteur commercialiseacute de la lutte simple- y trouve sa

leacutegitimiteacute Comme le dit BOURDIEU nA habitus diffeacuterents styles de Vle

divergents et il oppse les pratiques aristocpatiques correspondants agrave

des activiteacutes qui favorisent les situations eupheacutemiseacutees ougrave la stylisashy

tion est importante aux pratiques populaires qui font appel agrave des

qualiteacutes qpposeacutees bllutes rugueuses Certaines interviews nous

montrent que plus lindividu occupe une place eacuteleveacutee dans leacutechelle

sQciale e~ 1

moin$ il sinteacuteresse agrave la lutte

Les reacutesultats recueillis dans nos diverses investig~tions confirment 1 1

1er propos qui disent que nous assistons aujourdhu~ agrave une involution

de la lutte traditionnelle parce que perdant toutes ses speacutecificiteacutes au 1

pryfit d~ne autre forme de lutte que lon continue agrave appeler nostalshy

giqlementIIlutte traditionnelle

Ceci pourrait peut-~tre trouver une explication dan la citation suivante

La liberteacute de creacuteer dinnover de vivre Pleineinenf decirctre soi et de

preacuteserver son authenticiteacute la digniteacute et lhonneu1demeurent des illushy

sions dans la misegravere eacuteconomique~ Nos ancecirctres creacuteai~nt des valeurs de cishyl

vilisation parce quils eacutetaient libres parce qu1i~s ignoraient toute

deacutependance eacuteconomique ils cultivaient en eux et cbez leurs enfants le 1

Jorn et la Kersa et preacutefeacuteraient la mort agrave la hoJte lI (1)

Or le Seacuteneacutegal comme la plupart des pays africainsi est un pays sousshy

deacuteveloppeacute t cependant face agrave cette volonteacute du gou~ernement seacuteneacutegalais

de faire inteacutegrer dans leacuteducation des valeurs traditionnelles nous

pouvons espeacuterer utiliser comme moyen deacuteducation la lutteacute traditionnelle

qui reste quand mecircme vecteur jethos et dhabit~s

- 54 shy

Mecircme si lon a noteacute un appauvrissement notoire sur les plans socioshy

culturel et moral la lutte traditionnelle recegravele une gamme importante

et varieacutee de techniques permettant incontestablement une ouverture vers

les luttes olympiques libre et g~eacuteco-romaine

La lecture de ce meacutemoire permettra agrave lentratneur et au professeur de

lutte en fonction du lieu ougrave ils seront affecteacutes dans le territoire

seacuteneacutegalaisdavoir une information sur les techniques contrOles et

formes de corps propres agrave chaque groupe ethnique et de les mettre en

relation avec leurs croyances et leurs mentaliteacutes

Nous avons essayeacute de montrer que la pratique de la lutte traditionnelle

doit tre axeacutee sur une ethnomotriciteacute au Seacuteneacutegal qui permette une inishy

tiation facile Cette pratique de la lutte traditionnelle seacuteneacutegalaise

devra dailleurs essayer de ~eacutepondre aux aspirations du Seacuteneacutegalaisl

moderne en souvrant aux ap~orts positifs des autres civilisations

ex~eacuterieures nous voulons Jvidemment parler du judo et des luttes oiymshyJ

piques 1

1 j Nous navons pas la preacutetentfon dans le cadre de ce meacutemoire demattrise

de reacutepondre agrave toutes les qutstions se rattachant agrave leacutetude de ~a lutte

traditionnelle souslangle~socio-culturel car non seulement il nous

manque lexpeacuterience et la c peacutetence en la mati~re mais aussil l le temps

et les moyens dont nous dis osions ne nous permettaient pas d~puiser le 1sujet i

1 1 1 t 1

l

- )5 shy

BIBLIOGRAPHIE

BIBLIOGRAPHIE

1- CLAPAREDE Psychologie de leacuteducation et peacutedagogie expeacuterimentale

Edition Delachaux et Niestleacute 244 pages

2- POCIELLC Christian Sport et Socieacuteteacute approche socio-culturelle

des pratiques Paris Vigot 1981 377 pages

3- PIERON Henri Vocabulaire de la psychologie

PUF Deuxiegraveme eacutedition 1957 469 pages

4- Revue socialiste de culture neacutegro-africaine ETHIOPIQUES

Les valeurs traditionnelles et le problegraveme de leur inteacutegration

dans les systegravemes modernes deacuteducation

GIA 21 Juillet 1982 213 pages

5- N2 Revue du Centre dEtudedes Civilisations DEM ak TEY

NIS IVegrave Trimestre 1982 96 pages

6- Document lNSEP Colloque sur la lutte aeacuteregravere

DAKAR MAI-JUIN 1980

t 1

~- Travaux du IVegrave Congregraves National ~es Sports agrave DAKAR les 2223041981

Bulletin n2 91 du CIO du 15 Aont 1965

l____________________________

8- Meacutemoire de Mattrise BADJI Abdou La lutte traditionnelle Joola

Etude et perspective

9- Meacutemoire Inspectorat JS DJITTE Mandy Les pratiques corporelles

traditionnelles au Seacuteneacutegal pour leur exploitation et leur

utilisation en peacutedagogie Marly le Roi 1980

REPUBLIQUE DU SENEGAL

--------------- INSTITUT NATIONAL SUPERIEUR

MINISTERE DE LA JEUNESSE DE LrsquoEDUCATION POPULAIRE

ET DES SPORTS ET DU SPORT

-------------

(INSEPS)

MEMOIRE DE MAIcircTRISE

Es-SCIENCES ET TECHNIQUES

DE LrsquoACTIVITE PHYSIQUE ET DU SPORT

LA LUTTE TRADITIONNELLE

son importance sa signification en fonction des ethos et des habitus ethniques au Seacuteneacutegal

Preacutesenteacute par

Monsieur Joseph Victor FAYE

Sous la direction de

M Jean Marc ROCHEZ

Professeur agrave lrsquoINSEPS

Anneacutee de soutenance 1984

Le rattache~2~t d~ to~s ccs sous-groupes pose problecircme ~25 0~ r0~V~

uc grande partie de traits COITul1uns dans leurs modes dE vie Ct pOUT phs

de faciliteacute nous allons essayer de faire une ~tude globale de la lutte

traditionnelle seacuterecircre Lactiviteacute socio-eacuteconomique qui est essentielleme~t

agro-pasorale caracteacuterisE leacutethnie seacuteregravere

332 Lecircducation les moeurs les croyances et pratiques sEr~rc

Chez les Seacuteregravere la vie humaine se deacuteroule selon les grandes eacutetapes

le baptecircme lenfance ladolescencemarqueacutee par la circoncision lsectge

adulte le mariage la vieillesse et la mort (funeacuterailles)

La vie de la communauteacute seacuteregravere reste une des plus originales sinon

celle qui de nos jours garde la presque totaliteacute des pratiques et

habitudes traditionnelles

Bien qu aujotltdhui con~r-tis aux religions chreacutetienne et musulmane les

Seacuteregravere conservent leurs croyances et pratiques animistes

Quelque soit leur degreacute dadheacutesion aux religions reacuteveacuteleacutees les Seacuteregravere

croient en un Dieu puissant et miseacutericordieux Rog Segravene et les hommes

Les ~angols sont repreacutesenteacutes mateacuteriellement dans tous les villages

seacuteregraveres par des arbres (baobab et tamariniers) des animaux (geacuteneacuteraleshy

ment serpent doreacute ou iguane) des ustensiles (pilon calebasse et mortier)

De nombreux teacutemoignages nous apprennent que certains totems (serpent

iguane) font leur apparicion agrave loccasion de certaines manifestations

rituelles comme les sacrifices ceacuteleacutebreacutes lors dun mariage de ceacutereacutemonies

mortuaires ou des circoncisions

Le Seacuteregravere comme il nous a eacuteteacute donneacute loccasion de le dire plus haut

preacutesente des speacutecificiteacutes authentiques aussi bien en tout ce qui touch~

son eacuteducation ses croyanCES et pratiques mystiques q~e ses activiteacute~

socio-ecirccc~omiquEs Apr~s a ~aissa~c~ le beurob~ ~~ pcs~ 5~~ lE S~ __

On lui mouille les l~vres avec un peu d~ lait de mil et apr~s U~ bain

purificateur on versera leau dans un trou cr~us~ derri~r~ la Camp~~

Pendant huit jours la megravere et lenfant sont cacheacutes dans la case car

selon les anciens ils sont tregraves vulneacuterables La case deacutens certains cas

est entoureacutee dun fil blanc et lon place sur le seuil des fais(cauy di

veacutegeacutetaux pour chasser les mauvais esprits (geacutenies malfaisants et illangeUY~

dacircmes) Au bout du huitiegraveme jour la megravere et lenfant peuvent sortir de

la case bull

bullbullbull Le matin du huitiegraveme jour la tante paternelle va chercher de leau

(plusieurs fois)t elle doit rester muette pendant ses alleacutees et venues

si elle parlait t lenfant pourrait ecirctre muet bullbullbull

La megravere et lenfant prennent un bain purificateur dans lequel sont

trempeacutees certaines plantes (ce sont des veacutegeacutetaux pr~tecteurs tels le

begravene le yag le ngud) On y lavera aussi le linge e1t les ustensiles utishyj

liseacutes pendant les huit jours qui viennet de seacutecoul~r On rase le crine

de lenfant Les cheveux sont donneacutes agrave la megravere qui ~s enterrera avec le

reste du cordon ombilical dans un endroit que11e esit seule agrave connattre

La megravere sassied sur une natte devant la maison Une femme igeacutee de la

famille prend le beacutebeacute dans ses bras et le preacutesente aux quatre coins de

lhorizon

La tante paternelle tient ensuite un van sur la tecircte de la megravere on y

verse le mil on y verse eacutegalement en abondance sur la megravere et sur

lenfant La tante oint ensuite le corps du beacutebeacute avec du lait e11e

touche en particulier le front t le nez la bouche la poitrine le dos

et les oreilles

Elle pose enfin un ~rain de sel dans la paume du beacutebeacute (le sel purifie

et deacutetruit les puissances mauvaises)

Apregraves un nouveau bain la megravere et lenfant revEcirctent des habits de fecircte

(est

lenfant Ce precircnore a toujours U~ SEns Il sy~bolise parfois C0 qUi

lOIl sounaitt agrave lEufant l)

La circoncision comme dans les autres ethnies est obligatoire Elle

permet au jeune adolescent dacceacuteder agrave la classe adulte Les jeunes

sont regroupes en classe dacircge dans le bois ougrave sc fait la r0tr~it0 des

circoncis et ceci pendant plusieurs mois

Le Selbeacute qui est geacuteneacuteralement un ancien craint de tous les eacutelegraveves

enseigne le respect de la hieacuterarchie la discreacutetion le goOt de linishy

tiative Les activiteacutes physiques et leacuteducation artistique ne sont pas

en reste la deacutecoration la sculpture la lutte et la danse A sa sortie

du bois linitieacute appartient deacutesormais agrave la classe des virils et des

sages du clan car on lui aura enseigneacute les vertus fondamentales que

sont la justice lhonneur lamour du prochain 1 amour du travail

lhonnecircteteacute et surtout le respect des coutumes ancestrales

Le rite du mariage esd aussi un fait tregraves important dans le monde 1

seacuteregravere mais par manq~e dinformation nous serons obligeacutes de nous en

tenir lagrave

333 Impact des ethos sur la lutte dans le monde seacuteregravere

Lorigine de la lutte seacuteregravere ne semble pas claire ma1S nous pouvons

dire quil existait deux formes de lutte comme chez les Wolofs une

lutte sans frappe et une lutte avec frappe Et cest cette derniegravere

qui peut-ecirctre nous ameacutenerait agrave croire que la lutte seacuteregravere aurait une

origine plus preacuteciseacutement guerriegravere

Aujourdhui la lutte est uniquement une activiteacute sportive agrave travers

laquelle le jeune seacuteregravere eacutevalue sa force son courage et SOn ingeacutenioshy

siteacute Cest une occasion de deacutefendre lhonneur de son village ou de

la corrnnunauteacute

La luttE ~5t avant tout u~e rnanifcs[dtic~ c~lturclie et surtout

fo lkhriqut-

Gracircce agrave elle on peut deacutesormais comprendre un certain nombre de chants

et de symboles A travers la lutte seacuteregravere on ccedilomprend les inter-relashy

tions entreacute la vie et le monde surntiturel

Sil devait y avoir la mort dun villageacuteois pendant la fecirctE au T qUE

de linterrompre on proceacutedait gracircce aux connaissances magico-religieuses

agrave la suspension de la mort jusquagrave une peacuteriode ougrave la population sera plus

disponible pour organiser des funeacuterailles sil y eacutetait preacutedit la possibishy

liteacute dune deacutefait du champion local au profit dun champion dun autre

village des recettes dordre maginque et religieux eacutetaient mises en prashy

tique afin que le champion du village ne soit jamais terrasseacute(J)

334 Le profil du lutteur seacuteregraver~

Le lutteur seacuteregravere est par essence un athlegravete impressionnant de par sa i

carrure et sa musculature saillante mais cest aussi une force tranquille

et calme quelque soit lenjeu du combagravet et particuliegraverement lhonneur

Cet aspect nous pousse agrave parler du NGiMBE cest-agrave-dire de la tenue du

lutteur qui va influencer sur sa faccedilon de lutter

La confection du Ngimbe revient agrave la communauteacute entiegravere Le Ngimbe a

une signification symbolique et le lutteur pour meacuteriter la confiance du

groupe se doit de tout faire pour ne pas toucher le sol Toute la commushy

nauteacute elle aussi sengage pour assurer la longeacuteviteacute et le succegraves du lutteur

dans laregravene par lorganisation droffrandes et de sacrifices en lhonneur

des Pangols bull

bull

Daucuns nheacutesitent pas agrave dire que lessentiel du mysticisme se fait agrave

la maison et non dans laregravene tout le reste nest quintimidation de

ladversaire

lsvcns

Tt- pi ~- t

t 1 ~ l _ ~ t

par rapport agrave lautre Cbci est trEgraves lieacute agrave lactiviteacute journaliegravere du

jeune seacuteregravere qui est un cultivateur donc toujours bien planteacute sur ses

jambes et qui continuellement manie lhiler

Le fait de couper le boi~ peut eacutegalement constituer un moyen de muscushy

lation non neacutegligeable pour le jeune lutteur

Un certain nombre de traits techniques speacutecifiques au lutteur seacuteregravere

semblent ressortir des diffeacuterentes interviews que nous aVOns fait subir

agrave certains lutteurs seacuteregraveres et agrave diffeacuterents techniciens

SOUS-GROUPES FORMES DU CORPS CONTROLES GARDES

SAFEN Moyenne en fente NONE Hancheacute Bras (distante) j

NDUTJ

f

SINE-SINE Deacutecalage Ngimbe

Moyenne

SALOUM-SALOUM Passage- Jambe (rapprocheacutee) 1

i

PETITE dessous Tecircte Basse et 1

COTE Moyenne (rapprocheacutee)

Notons que le Niominka ll commence agrave lutter agrave partir du sol pour avoir

assez deacutelan et sauter sur ladversaire afin davoir la prise du lion

(contr6le de la nuque et du bassin)

Co a -tem-nt ccedilt attitude du lutteur sEacuteregravere335 np -1t ~

Les croyances mystiques sont indissociables des activiteacutes quotidiennes

duseacuteregravere Ce qui explique le cocircteacute supersticieux du lutteur seacuteregravere En

~ffet certains lutteurs refusent de lutter avant certaines heures

Certains teacutemoignages nous apprennent quil nest pas donneacute agrave tout le

monde decirctre champion de lutte et que le lutteur doit avoir des dons

surnaturels pour ecirctre agrave mesure de livrer ses combats dans la nuit

et trouver seul un gris-gris speacutecial appeleacute Njatch

Le vrai champion de lutte chez les seacuteregraveres ne lutte pas seulement avec

~a force et sa technique mais surtout avec ses dons occultes

Chez les seacuteregraveres les morts sont toujours preacutesents et les ~pangols

Servent dintermeacutediaire entre les hommes et les morts Le pangol prend i

le nom dhumain dans certains villages (IIHeacuteJga NDONG Har Wag NGOUYE) i 1

De ce fait on verra le lutteur danser dufe maniegravere ou dune autre en

fonction du pangol de sa famille Ainsi nrus aurons le back (chant et

danse du lutteur) des DIOUF des FAYE etclbullbullbull

Dans laregravene le lutteur seacuteregravere a un comportement exemplaire aussi bien

agrave leacutegard de son adversaire direct quave~ le public en geacuteneacuteral Lexpli shy

cation semble tenir au fait que le lutteur seacuteregravere est avant tout selon

la tradition orale le repreacutesentant de toute la communauteacute seacuteregravere Par

conseacutequent il devra saffirmer non seulement en tant que lutteur dans

laregravene mais aussi en tant quentiteacute morale

336 La tenue du lutteur ou NGIMBE est confectionneacutee par le marabout de la

famille ou du clan Le Ngimbe est constitueacute de pagne en cCton tisseacute

Il doit ecirctre propre le lutteur qui le porte ne devra pas avoir de rapshy

port sexuel pendant toute la peacuteriode des cOTpeacutetitians car le Ngi~bE ne

doit pas ~tre souilleacute

Autrefois et mecircme aujourdthui dans certaines familles on devient

lutteur de pegravere en fils et dans ce cas le Ngimbe du pegravere est heacuteriteacute

par le fils Le fait de porter le Ngimbe de ses aieux peut susciter

chez le jeune lutteur une motivation et une volonteacute ineacutebranlable dtasshy

surer la supeacuterioriteacute d~s siens dans ltaregravene Il fera tout pour que le

Ngimbe de la ramille ne touche le sable

La tenue du lutteur a une signification et une importance sur le plan

mystique car selon les anciens le vra1 feacutetiche du lutteur celui qui

le proteacutegera et laidera agrave vaincre le nDjinne ou le tRapu de ladvershy

saire se trouve cacheacute dans ce Ngimbeu bull Celui qui confectionne donc le

Ngimbe U est doueacute de faculteacutes occultes

337 Larbitrase est assureacute par un sage du village qui geacuteneacuteralement fut

champion de lutte de son temps Dailleurs cet ancien nintervient que

si le terrassement est litigieux Hormis le public qui proclame la vicshy

toire ou le match nul le lutteur lui-mecircme est arbitre et il arrive

quil se deacuteclare vaincu

Nous avons pu cfter Meacutedoune KHOULE un desplus grands lutteurs seacuteneacutegashy

lais qui a donn~ une victoire agrave Djeacuteri SADIO son adversaire qui a reacuteussi

agrave lui faire touegraveher le sol de la main

IlL

34 1 Preacutesentation

Lethnie toucouleur vit En grandt partit ciE~~ la vallfc du S~~~gal

pt reprecircsente i peu pr~s 8 de la population totale secircn~galaise

o Histoire

Il semblerait que dans lancien royaume du Tekrour (IX~ siegravecle) des

eacuteleacutements neacutegroiumldes Sarakoleacute et des Peul aient formEacute par meacutetissage le

peuple Toucouleur (Toucouleur serait dailleurs une deacuteformation du

mot portugais Tacouror)

Ce empire a domineacute aussi bien les wolofs de lOuest que les Peul

nomades du Fouta Toro Cette reacutegion fut le premier pays islamiseacute par

les Almoravides ce qui peut expliquer le proseacutelytisme toucouleur

Ce sont les guerriers toucouleur islamiseacutes qui attaqu~rent avec les

Almoravides la capitale du Ghana Koumbi en 1067 On convertit par

la force les animistes Cest sans doute agrave cette eacutepoque que de nombreuses

ethnies reacutefractaires agrave lIslam ont dO accentuer leur migration vers

le sud (Seacuteregravere wolof Sarakoleacute Bambara Songhaiuml Akan et Peul se reacuteshy

fugiaient vers les hauteurs du Fouta Djalon)

Au XIXegrave siegravecle les Toucouleur allaient trouver en El Hadj Omar Tall

un grand conqueacuterent qui sous le preacutetexte religieux de la gJerre sainte

contre les tribus animistes (entre autres Bambara) eacutetendit lempire

toucouleur sur presque tout lensemble du gali et la partie de la Guineacutee

proche du l1ali

Lempire toucouleur composeacute de Sarakoleacute de Bambar~ de ~alinkeacute de

Xassonkeacute dE Peul et de Dogon eut le meurorit~ dunir CES diif~rentes ~ ~ - - - - - et~ics ~t dE CD~stituer l~Sl la b2S~ ~r 1

_ ~ ~ ~_ L ~

~ ~- ~- - - ---- _ 1 v _ t 1 ~-_ --

marabout tOL~culcuuml~ ~ middotlrrany a l ick SI venu des E1i rClS dE Pocior~ (

~ Vi~ euroconomicue et sociale -----------~-------------

Les Toucouleur sont des cultivateurs mais bien quils n~ soie~t pa~

pasteurs comrre les Peul leacutelevage a une place inportarteacute decirc1S ltur

eacutecono~ie Pour faciliter leur conquecircte guerriegraverE ils c~t Eucirc une preacuteshy

dilection pour leacutelevage des chevaux On y trouve aussi des pecirccheurs

appeleacutes Tchioubalo La socieacuteteacute toucouleur aurait une stratification

sociale tregraves rigide Les groupes ethniques et les castes eacutetaient

diffeacuterencieacutes et strictement exogamiques les Rimbe classe des nobles

comprenant la famille reacutegnante et les guerriers libres la classe des

Nieacutenieacutebegens de castes artisanales i les Rimaibeacute anciens esclaves

devenus serviteurs qui portent les noms de famille de leur maicirctres A

la base de lorganisation de la collectiviteacute toucouleur se situe le

village (Wouro)

Toutes ces castes sont cloisonneacutees entre elle~ Ainsi il nest pas

permis agrave un Torodo (noble) de se marier avec un Tchioubalo Ces

consideacuterations sont importantes dans le domaine de la lutte ougrave nous

apercevrons que les nobles ne sont pas faits pour lutter Le noble

preacutesidera les seacuteances de lutte et on luttera pour lui Ces condeacute rat ions

de noblesse et de rang social sont extrecircmement importantes dans le

monde toucouleur

Le noble ne doit pas se salir on lutte pour lui il ne vit la lutte

quen tant que spectateur

342 Education moeurs croyances et eratiques religieuses

Deux formes d~ducation sont agrave consideacuterer leacutedJcatio~ dES enfarts Et

celle des adultes

oG lenfant sait m2n~~r et apprfcier le goOt d~5 ~iifeurorents r~pas lt

le moment ougrave il CO~~e~CE agrave marcher

tivirt n~sormais le petit toucou]eur est eacuteduquf par toutmiddot 12 f2~i)]E

dabord puis par toutes lespersc~nes du village ou du C13~

Lenfant peut ~tre corrigeacute par tout adulte appartenant au groupe social

Son eacuteducation est deacutesormais laffaire de toute la communauteacute et non

exclusivement celle ces parents On linitie ainsi au travail quotidien

qui se fait dans la bergel~ e les champs et les bords du fleuve Au sein

du village il pourra apprendre agrave filer la laine et agrave tisser des pagnes

dans les champs il apprend agrave manier la houe et lhiler pour la culture

du riz et du mil Mais signalons que lactiviteacute essentielle du toucouleur

est leacutelevage des boeufs des moutons et des chegravevres Chez les Ichioushy

balos (p~cheurs ) lenfant sera initieacute tregraves tat au maniement des pagaies

agrave la p~che propremccedilnt dite et agrave la nage

Vers cinq-six ans lenfant est confieacute au maicirctre coranique le Ihierno

et ce dernier dispose exclusivement de toute sa vie Lavenir du jeune

enfant lui appartient

Comme dans les autres groupes ethniques les enfants sont regroupeacutes en

classe dacircge et cest dans cette structure que lenfant subit les rite

de passe et plus particuliegraverement celui de la circoncision

La circoncision est non seulement unE opeacuteration chirurgicale malS surshy

tout une peacuteriode au cours de laquelle le jeune garccedilon passe de leacutetat

dadolescent agrave leacutetat dadulte Les circoncis sont reacuteunis en classe

dacircge dans un endroit situeacute hors duvillage geacuteneacuteralement choisi par les

vieux Cet endroit n~st accessible que par des individus de SExe ffi8SCUshy

li~ ~ta~t au preacutealabl circoncis

- - - -

quable et complet sur le plan phy~ique et ~oral Ai~si liniti~

acquiert les qualitecircs indispensables que sont le courag~ la modest

lesprit de sacrifice lendurance

Le toucoule~r est un pleux musulma~ Cela sexp1

SOil le premier agrave tre en contact avec la religion musulmane de par sa

position frontaliegravere Lethnie toucouleur de par son histoire a preacutesenteacute

les plus grands chefs militaires et religieux musulmans seacuteneacutegalais Et

pour illustrer cela on peut citer en exemple la grande famille musulmane

des SY agrave TIVAOUANE repreacutesentant la confreacuterie des TIDJANES

Bien que lon note une majoriteacute musulmane on peut dire que certaines

croyances et pratiques mystiques et animistes persistent encore surtout

dans la reacutegion du fleuve

Une pratique courante se fait elle sappelle le Djatt Elle consiste

agrave faire sortir le caiman du fleuve agrave limmobiliser et agrave lattacher

sans quil ne reacuteagisse et tout ceci agrave laide de versets et dincantashy

tions magiques Dapregraves les teacutemoignages ces pratiques sont plutocirct

freacutequentes chez les Tchioubalos (pecirccheurs) Il arrive aussi que cershy

tains chasseurs ayant des dons se livrent agrave certaines pratiques an1shy

mis tes qui consistent agrave invoquer certaines puissances et agrave moduler sous

forme de chant des versets occultes pour se proteacuteger des mauvais esprits

et pour eacuteloigner les fauves Ce chant est geacuteneacuteralement incompreacutehensible

et deacutenueacute de sens pour le profane

343 Activiteacutes ludiques et pratiques sportives en milieu toucouleur

Durant toute son histoire lethnie ~oucouleur a toujours EacutetEacute Frese~teacute~

comme celle qui avait ue activit essentiellement guerr e e~ particushy

liegraverement farouche Trois eacuteleacutements ret r t l ecirc t te nt i c- euro so~t

le manie~~nt du ~acircton 12 luttE Et 1eacute danSE

l

Lecircducation ph~sique et artistique Dcc~pe un place precircpondecircra~rp

dans la fDrmat~on du jEune toucouleur A loccasion agraveeacutevegravenemen~ imporshy

tants reacutecoltJs mariages baptecircme nous assistons agrave des manifestashy

tions folkloriques de grande envergure le Wango oucirc dailse toucouleur

tregraves gymnique iles chants et surtout les sEacuteances de lutte

La lutte toucouleur est la forme de lutte la plus spectaclaire dans

tout le territoire seacuteneacutegalais Elle est essentiellement baseacutee sur des

techniques en hancheacute et surtout en souplesse Ceci sexplique par le

fait q~e le jeune toucouleur est tregraves tocirct initieacute agrave la gymnastique (saut 1

per saut de main salto arriegravere saut de tecircte couronneacute etc bullbullbull ) pour

la dans~ du wa~go En dansant le wango qui est une danse rythmeacutee et

gymnique le Jeune toucou1eur est capable de prouesses extraordinaires

1

En lutte lattaquant se deacuteplace tregraves peu pour avoir une bonne saisie

(geacuteneacutera~ement controcircle du Ngimben ) et enchaine brusqueme~t avec une

attaque surpris~ Cependant les ripostes sont souvent surprenantes et

spectaculaires (baseacutees sur la souplesse et la rapiditeacute) ontrairement

aux autr~s form~s de luttes ougrave lon voyait tous les jeune adheacuterer la

lutte to~cou1eur Verra un groupe de speacutecialistes sadonne agrave la lutte 1

(la lutte est lieacutee agrave la position sociale de lindividu problegraveme de

caste)

Q La morphologie du lutteur toucou1eur 1

1 1

Ce dernier nest pas aussi large et aussi fort que les lutteurs diola

et seacuteregravere Cependant il est tregraves reacutesistant La musculatJre est saillante 1

et tregraves souple lindividu est longiligne mais tregraves athleacutetique

Les mouvements de lutteurs sont semblables agrave ceux dun grand fe1in Cette 1

morphologie semble ecirctre lieacutee agrave la position geacuteographique de lethnie

(reacutegion du fleuve) et agrave lacitiviteacute socio-eacuteconomique du toucouleur qui

est agrave la fois cultivateur (activiteacute lieacutee agrave la crue et deacutecrUE du fleuve)

pecirccheuro~T CIcr~icubaon) et sttout jEumlrgcr qui est U~ rc~2eumlr

shy

Deux formes egrave~ corps sembl~nt ecirctre preacutefeacutereacutees du lutteur toucouleur

le hancheacute et la souplesse Les hancheacutes sont faits agrave partir de plusieurs

positions de doset se terminent geacuteneacuteralement par des techniques de

tregraves grande amplitude

TABLEAU RECAPITULATIF DES TECHNIQUES ET FORMES DE CORPS SPECIFIQUES

i

L441 r

GARDE FORMES DU CORPS CONTROLES --shy - -

Moyenne Souplesse Ngimbe

Hancheacute bras

Demi-souplesse

1

Profil psycholosigue 1

TECHNIQUES

ContrOle du bassin et 12 souplesse

arriegravere

Klicket et allegravegement de la hanche

Le lutteur toucouleur est celui lUi se livre le moins aux preacuteparaqons

maraboutiques Cela est dO au f~t que le toucouleur est un grand ~USUlshyman et que les pratiques animisges ont presque disparu dans ce mil~eu

Dans la pratique le lutteur esJ combaif mais il est calme et tr~s reacutefleacutechi quant agrave la deacutecision agrave prendre en plein corps agrave corps ct~st un des seuls techniciens qui reJte tregraves lucide au cours de ses comb~ts

l Dans toutes les circonstances e lutteur toucouleur est tenu de re~pecshyter son adversaire et ceux de s4n eacutequipemecircme sil est vaincu

Comme nous avons dO nous en rendre compte la rigueur des principes

eacuteducationnels a une influence tregraves sensible sur l~ comportement du

toucouleur

i

III S COCL ~s 1DO

Dans cette partie nous avons essay~ de montrer lftroite re1atic~

Entre les diverses activiteacutes socio-eacuteconomiques dans les ethnies et

lES diffEacuterentes faccedilons de lutter

Daucuns seraient tent~s de conclure trop rapidement et cest p0~r

cette raison que nOUS avons penseacute preacuteciser que le pheacutenotype nest

pas geacuteneacuterateur du geacutenotype Et nous sommes convaincus que la morphoshy

logie et les techniques des lutteurs relegravevent de leurs modes de vie

et de leurs croyances agrave une eacutepoque et danE un contexte bien deacutetermishy

neacutes

Est-ce que les lutteurs dio1a ou seacuteregravere travaillant avec leurs bras

dans les champs auraient les mecircmes pr 0 fil s physiques que les lutteurs

utilisant des machines pour lagriculture

- 69 shy

I UJOURDH~1 E-S ut O[l LES FORfilS Ut LU11t~

~otons que notre enqu~te a ecirctE essentiellement faiteen milieu urbain

Les seacuteances de lutte ont tendance agrave perdre leur particulariteacute de r~shy

jouissance pour devenir des pheacutenomegravenes de sportisatio Deux fores

de luttes so~t principale~cnt prat s dans les aregrave~es du 5 al

la lutte traditiunnelle simple et la lutte traditionnelle avec frappe

De nos jours la lutte traditionnelle tend vers une reacuteglementation

et une institutionalisation

Le reacutesultat de nos investigations nous donne le tableau ci-dessous

REPARTITION ETHNIQUE SUR 100 PRATIQUANTS

LUTTE LUTTE RAPPORTETHNIES SANS FRAPPE AVEC FRAPPE J2

Diola 40 16 71 j

Seacuteregravere 26 21 57

Toucouleur 23 10 69

Wolof 1 1 53 17

La demande sociale par ordre deacutecroissant pour la lutte sans frappe

se preacutesente comrre suit

]0_ Ethnie diola avec pregraves de 3 lutteur~ sur 4

2deg_ Ethnie toucouleur

Ethri dun

~ 1 LA LUTTE TR])IIIO~~ELLE AVEC H-PPE

Cette forme deacute lutte a une histoire qui date de lantiquiteacute elle

sa~pelait le Pugilat Au Seacuteneacutegal elle a vu le jour dans le Cayor

bien avant la colonisation Le coup dE pied l~Lrdn~lement la morshy

sure la frappe et le doigtf eacutetaient permis dans le cc=bat ~ ~middot~p0~~e

Dans certains cas la giffle eacutetait beaucoup plus dangereuse que le

poing quand elle eacutetait donneacutee par un speacutecialiste Cette giffle pouvait

agrave elle seule deacutechirer et mecircme parfois amputer la joue de ladverser

Selon les informations la lutte avec frappede nos jours serait une

forme de lutte tregraves eupheacutemiseacutee de celle dantan ougrave une blessure

pouvait souvent ecirctre mortelle

Aujourdhui au niveau du folklore la lutte na plus la mecircme

le spectaculaire a remplaceacute le significatif iLa lutte avec frappe se 1

pratique surtout dans les centres urbains C~aque fois quun grand combat 1

est progra~eacute par le Comiteacute National Proviso~re (CNP) des centaines damashy

teurs sont mobiliseacutes vers le stade lba Mar D~OP qui est aujourdhui le i

lieu approprieacute ougrave se deacuteroulent les grands conkbats de lutte Cest la formE

de lutte qui semble drainer une foule de personnes beaucoup plus importante

que celle de la lutte simple

La lutte avec frappe deacuteriverait dune forme de lutte traditionnelle

pratiqueacutee jadis dans le Cayor au temps des Damels et la frappe serait

le substitut dun certain nombre de pratiques doigteacute jet de produits

etc bullbullbull dont le but eacutetait laveuglement de ladversaire La lutte avec

frappe serait une continuation logique dune carriegravere sportive de la

lutte traditionnelle qui sen sert comme moyen socio-eacuteconomique En

effet la majoriteacute des lutteurs avec frappe ont dabord eacuteteacute initieacutes agrave la

lutte simple Cependant il faut signaler que de nOS jours il arrive

que le jeune lutteur avec frappE- soit directenent formEacute conne speacutecialistE

agrave la frappe sa~s pour autant faire son chemin dabcrd egravea~s la lutte

- ~ shy

Le recircsultat dE ~os interviews ncus rec~trE qGune pcpulatiD~ divcrsishy

fiampe sint~resse agrave ce sport et qUE les intecircr~[s des uns et d~SlautrE~

semble~t divergents naucuns affirment que la lutte traditionnelle

avec frappe serait monteacutee par des personnes dont la vocation est dexshy

ploiter ce pheacuteLomegravene agrave des fins commerciales Dautres disent gJellegrave

jouit de mcyens irport~nts t[l[~isio

tation etc bullbullbull ) pour toucher toutes les couches sociales CEpe~~a~t

nous remarquons que mecircme si certaines personnes reprochent agrave cette

forme de lutte decirctre brutale ces mecircmes personnes nheacutesitent pas agrave

se rendre le dimanche agrave laregravene Bien que critiqueacutee elle semble ecirctre

adopteacutee par une tregraves grande partie de la population seacuteneacutegalaise Cepenshy

dant en tant que techniciens il nous est permis de faire une remarque

Il sagit de

- Limpression nette decirctre devant des professionnels de la frappe

qui sont ~ntratneacutes pour cela Dailleurs les propos que nous avons

recueilli~ nous prouvent que la plupart des champions de lutte avec 1

frappe s~ntratnent dans certains sports de combat tels ~ue la boxe i 1

le karateacute le judo Dans cette nouvelle forme de pratique de la lutte

contrairefuent agrave la lutte traditionnelle le technicien e~t souvent

perdant face au puncheur Ce dernier adopte une lutte agrave distance qui

lui permet de placer agrave bon escient ses coups animeacute du deacutesir de vaincre

Le technicien lui se voit contreacute dans toutes ses entreprises par

un uppercut ou un crochet

On peut dire cependant que nul sport au Seacuteneacutegal que la lutte tradishy

tionnelle avec frappe ne deacutechaicircne autant de passions et autant de

pheacutenomegravenes poussant agrave lexcegraves et deacutereacuteglements quon ne peut que deacuteplorer

Mais comment deacutecrier un spectacle de lutte qui bien quayant perdu la

presque totaliteacute des valeurs traditionnelles veacutehiculeacutees autrefois par

elle sait susciter une participation effective de tous ceux qui sont

preacutesents

CONCLUSION

Dans ce meacutemoire nous sommes efforceacutes ~e faire ressort ir limportance des

ethos et des habitus et leurs effets sur la pratique de la lutte tradishy

tionnelle au Seacuteneacutegal

L~b egravethos repr~sentent dune maniegravere g~neurorale tous les eacuteleacutements speacutec

fiques sux Seacuteneacutegalais par conampeacuteguent un systegraveme de valeurs traditionnellEs

Mais m~me si ces valeurs rev~tent une signification universelle (honneur

digniteacute courage etc bullbullbull ) il nen demeure pas moins que ce nest pas leur

nature qui fait leur speacutecificiteacute mais la hieacuterarchisation et limportance i

quon accorde agrave toutes ces valeurs de ~ar leacuteducation ou la culture

i 1

Aussi les valeurs traditionnelles puient leur speacutecificiteacute dans les

caracteacuteristiques propres aux eacuteleacutements ~e la socio-cu1ture (la technologie

et leacuteconomie la politique et la pareteacute la psychologie et lideacuteologie)

dans la socieacuteteacute seacuteneacutegalaise agrave n momen donneacute de son eacutevolution Cest i

dire la neacuteceesiteacute de ne point faire della valeur une reacutealiteacute statique

Cest dite aussi quagrave tout mome~t le ~eacuteneacutegalais peut eacutevoluer et creacuteer

ou vivre par conseacutequent de nouv~lles fprmes de valeur qui lui sont 1

propres ft (J)

La lutte traditionnelle veacutehiculant deS valeurs socio-cu1ture1les speacutecishy

fiquement seacuteneacutegalaises (croyances valeurs morales norme de comportement

opinion attitude bullbullbull ) devient un eacuteleacutement important qui tregraves certaiaement

nous aidera dans notre effort de valoriser et de peacuterenniser notre patri shy

moine culturel par le biais dactiviteacutes physiques et sportives

Leacutetude des habitus nous permet de prouver quil y a plusieurs faccedilons

de se mouvoir comme danser lutter bullbullbull qui varient avec les diffeacuterentes

ethnies (wolof toucouleur seacuteregravere diolagt leurs convenances et leurs

eacuteducations

(1) Revue Ethiopiques 31 Les valeurs traditionnelles et le problegraveme de leur inteacutegration dans les systegravemes modernes jtducatio-1 2 6r--70

nautre part cette eacutetude permet aussi de nous rendrE compte de la

correacutelatipn eacutetroite existant entre la pratique de la lutte traditionnelle

et le sta~ut socio-eacuteconomique du pratiquant

Nos inves~igations nous indiquent que la lutte recrute essentiellement

au niveau des classes socio-eacuteconomiques situeacutees en bas de leacutechelle

donc posseacutedant le statut social le moins favoriseacute La lutte avec frappe

-et un certain secteur commercialiseacute de la lutte simple- y trouve sa

leacutegitimiteacute Comme le dit BOURDIEU nA habitus diffeacuterents styles de Vle

divergents et il oppse les pratiques aristocpatiques correspondants agrave

des activiteacutes qui favorisent les situations eupheacutemiseacutees ougrave la stylisashy

tion est importante aux pratiques populaires qui font appel agrave des

qualiteacutes qpposeacutees bllutes rugueuses Certaines interviews nous

montrent que plus lindividu occupe une place eacuteleveacutee dans leacutechelle

sQciale e~ 1

moin$ il sinteacuteresse agrave la lutte

Les reacutesultats recueillis dans nos diverses investig~tions confirment 1 1

1er propos qui disent que nous assistons aujourdhu~ agrave une involution

de la lutte traditionnelle parce que perdant toutes ses speacutecificiteacutes au 1

pryfit d~ne autre forme de lutte que lon continue agrave appeler nostalshy

giqlementIIlutte traditionnelle

Ceci pourrait peut-~tre trouver une explication dan la citation suivante

La liberteacute de creacuteer dinnover de vivre Pleineinenf decirctre soi et de

preacuteserver son authenticiteacute la digniteacute et lhonneu1demeurent des illushy

sions dans la misegravere eacuteconomique~ Nos ancecirctres creacuteai~nt des valeurs de cishyl

vilisation parce quils eacutetaient libres parce qu1i~s ignoraient toute

deacutependance eacuteconomique ils cultivaient en eux et cbez leurs enfants le 1

Jorn et la Kersa et preacutefeacuteraient la mort agrave la hoJte lI (1)

Or le Seacuteneacutegal comme la plupart des pays africainsi est un pays sousshy

deacuteveloppeacute t cependant face agrave cette volonteacute du gou~ernement seacuteneacutegalais

de faire inteacutegrer dans leacuteducation des valeurs traditionnelles nous

pouvons espeacuterer utiliser comme moyen deacuteducation la lutteacute traditionnelle

qui reste quand mecircme vecteur jethos et dhabit~s

- 54 shy

Mecircme si lon a noteacute un appauvrissement notoire sur les plans socioshy

culturel et moral la lutte traditionnelle recegravele une gamme importante

et varieacutee de techniques permettant incontestablement une ouverture vers

les luttes olympiques libre et g~eacuteco-romaine

La lecture de ce meacutemoire permettra agrave lentratneur et au professeur de

lutte en fonction du lieu ougrave ils seront affecteacutes dans le territoire

seacuteneacutegalaisdavoir une information sur les techniques contrOles et

formes de corps propres agrave chaque groupe ethnique et de les mettre en

relation avec leurs croyances et leurs mentaliteacutes

Nous avons essayeacute de montrer que la pratique de la lutte traditionnelle

doit tre axeacutee sur une ethnomotriciteacute au Seacuteneacutegal qui permette une inishy

tiation facile Cette pratique de la lutte traditionnelle seacuteneacutegalaise

devra dailleurs essayer de ~eacutepondre aux aspirations du Seacuteneacutegalaisl

moderne en souvrant aux ap~orts positifs des autres civilisations

ex~eacuterieures nous voulons Jvidemment parler du judo et des luttes oiymshyJ

piques 1

1 j Nous navons pas la preacutetentfon dans le cadre de ce meacutemoire demattrise

de reacutepondre agrave toutes les qutstions se rattachant agrave leacutetude de ~a lutte

traditionnelle souslangle~socio-culturel car non seulement il nous

manque lexpeacuterience et la c peacutetence en la mati~re mais aussil l le temps

et les moyens dont nous dis osions ne nous permettaient pas d~puiser le 1sujet i

1 1 1 t 1

l

- )5 shy

BIBLIOGRAPHIE

BIBLIOGRAPHIE

1- CLAPAREDE Psychologie de leacuteducation et peacutedagogie expeacuterimentale

Edition Delachaux et Niestleacute 244 pages

2- POCIELLC Christian Sport et Socieacuteteacute approche socio-culturelle

des pratiques Paris Vigot 1981 377 pages

3- PIERON Henri Vocabulaire de la psychologie

PUF Deuxiegraveme eacutedition 1957 469 pages

4- Revue socialiste de culture neacutegro-africaine ETHIOPIQUES

Les valeurs traditionnelles et le problegraveme de leur inteacutegration

dans les systegravemes modernes deacuteducation

GIA 21 Juillet 1982 213 pages

5- N2 Revue du Centre dEtudedes Civilisations DEM ak TEY

NIS IVegrave Trimestre 1982 96 pages

6- Document lNSEP Colloque sur la lutte aeacuteregravere

DAKAR MAI-JUIN 1980

t 1

~- Travaux du IVegrave Congregraves National ~es Sports agrave DAKAR les 2223041981

Bulletin n2 91 du CIO du 15 Aont 1965

l____________________________

8- Meacutemoire de Mattrise BADJI Abdou La lutte traditionnelle Joola

Etude et perspective

9- Meacutemoire Inspectorat JS DJITTE Mandy Les pratiques corporelles

traditionnelles au Seacuteneacutegal pour leur exploitation et leur

utilisation en peacutedagogie Marly le Roi 1980

REPUBLIQUE DU SENEGAL

--------------- INSTITUT NATIONAL SUPERIEUR

MINISTERE DE LA JEUNESSE DE LrsquoEDUCATION POPULAIRE

ET DES SPORTS ET DU SPORT

-------------

(INSEPS)

MEMOIRE DE MAIcircTRISE

Es-SCIENCES ET TECHNIQUES

DE LrsquoACTIVITE PHYSIQUE ET DU SPORT

LA LUTTE TRADITIONNELLE

son importance sa signification en fonction des ethos et des habitus ethniques au Seacuteneacutegal

Preacutesenteacute par

Monsieur Joseph Victor FAYE

Sous la direction de

M Jean Marc ROCHEZ

Professeur agrave lrsquoINSEPS

Anneacutee de soutenance 1984

On lui mouille les l~vres avec un peu d~ lait de mil et apr~s U~ bain

purificateur on versera leau dans un trou cr~us~ derri~r~ la Camp~~

Pendant huit jours la megravere et lenfant sont cacheacutes dans la case car

selon les anciens ils sont tregraves vulneacuterables La case deacutens certains cas

est entoureacutee dun fil blanc et lon place sur le seuil des fais(cauy di

veacutegeacutetaux pour chasser les mauvais esprits (geacutenies malfaisants et illangeUY~

dacircmes) Au bout du huitiegraveme jour la megravere et lenfant peuvent sortir de

la case bull

bullbullbull Le matin du huitiegraveme jour la tante paternelle va chercher de leau

(plusieurs fois)t elle doit rester muette pendant ses alleacutees et venues

si elle parlait t lenfant pourrait ecirctre muet bullbullbull

La megravere et lenfant prennent un bain purificateur dans lequel sont

trempeacutees certaines plantes (ce sont des veacutegeacutetaux pr~tecteurs tels le

begravene le yag le ngud) On y lavera aussi le linge e1t les ustensiles utishyj

liseacutes pendant les huit jours qui viennet de seacutecoul~r On rase le crine

de lenfant Les cheveux sont donneacutes agrave la megravere qui ~s enterrera avec le

reste du cordon ombilical dans un endroit que11e esit seule agrave connattre

La megravere sassied sur une natte devant la maison Une femme igeacutee de la

famille prend le beacutebeacute dans ses bras et le preacutesente aux quatre coins de

lhorizon

La tante paternelle tient ensuite un van sur la tecircte de la megravere on y

verse le mil on y verse eacutegalement en abondance sur la megravere et sur

lenfant La tante oint ensuite le corps du beacutebeacute avec du lait e11e

touche en particulier le front t le nez la bouche la poitrine le dos

et les oreilles

Elle pose enfin un ~rain de sel dans la paume du beacutebeacute (le sel purifie

et deacutetruit les puissances mauvaises)

Apregraves un nouveau bain la megravere et lenfant revEcirctent des habits de fecircte

(est

lenfant Ce precircnore a toujours U~ SEns Il sy~bolise parfois C0 qUi

lOIl sounaitt agrave lEufant l)

La circoncision comme dans les autres ethnies est obligatoire Elle

permet au jeune adolescent dacceacuteder agrave la classe adulte Les jeunes

sont regroupes en classe dacircge dans le bois ougrave sc fait la r0tr~it0 des

circoncis et ceci pendant plusieurs mois

Le Selbeacute qui est geacuteneacuteralement un ancien craint de tous les eacutelegraveves

enseigne le respect de la hieacuterarchie la discreacutetion le goOt de linishy

tiative Les activiteacutes physiques et leacuteducation artistique ne sont pas

en reste la deacutecoration la sculpture la lutte et la danse A sa sortie

du bois linitieacute appartient deacutesormais agrave la classe des virils et des

sages du clan car on lui aura enseigneacute les vertus fondamentales que

sont la justice lhonneur lamour du prochain 1 amour du travail

lhonnecircteteacute et surtout le respect des coutumes ancestrales

Le rite du mariage esd aussi un fait tregraves important dans le monde 1

seacuteregravere mais par manq~e dinformation nous serons obligeacutes de nous en

tenir lagrave

333 Impact des ethos sur la lutte dans le monde seacuteregravere

Lorigine de la lutte seacuteregravere ne semble pas claire ma1S nous pouvons

dire quil existait deux formes de lutte comme chez les Wolofs une

lutte sans frappe et une lutte avec frappe Et cest cette derniegravere

qui peut-ecirctre nous ameacutenerait agrave croire que la lutte seacuteregravere aurait une

origine plus preacuteciseacutement guerriegravere

Aujourdhui la lutte est uniquement une activiteacute sportive agrave travers

laquelle le jeune seacuteregravere eacutevalue sa force son courage et SOn ingeacutenioshy

siteacute Cest une occasion de deacutefendre lhonneur de son village ou de

la corrnnunauteacute

La luttE ~5t avant tout u~e rnanifcs[dtic~ c~lturclie et surtout

fo lkhriqut-

Gracircce agrave elle on peut deacutesormais comprendre un certain nombre de chants

et de symboles A travers la lutte seacuteregravere on ccedilomprend les inter-relashy

tions entreacute la vie et le monde surntiturel

Sil devait y avoir la mort dun villageacuteois pendant la fecirctE au T qUE

de linterrompre on proceacutedait gracircce aux connaissances magico-religieuses

agrave la suspension de la mort jusquagrave une peacuteriode ougrave la population sera plus

disponible pour organiser des funeacuterailles sil y eacutetait preacutedit la possibishy

liteacute dune deacutefait du champion local au profit dun champion dun autre

village des recettes dordre maginque et religieux eacutetaient mises en prashy

tique afin que le champion du village ne soit jamais terrasseacute(J)

334 Le profil du lutteur seacuteregraver~

Le lutteur seacuteregravere est par essence un athlegravete impressionnant de par sa i

carrure et sa musculature saillante mais cest aussi une force tranquille

et calme quelque soit lenjeu du combagravet et particuliegraverement lhonneur

Cet aspect nous pousse agrave parler du NGiMBE cest-agrave-dire de la tenue du

lutteur qui va influencer sur sa faccedilon de lutter

La confection du Ngimbe revient agrave la communauteacute entiegravere Le Ngimbe a

une signification symbolique et le lutteur pour meacuteriter la confiance du

groupe se doit de tout faire pour ne pas toucher le sol Toute la commushy

nauteacute elle aussi sengage pour assurer la longeacuteviteacute et le succegraves du lutteur

dans laregravene par lorganisation droffrandes et de sacrifices en lhonneur

des Pangols bull

bull

Daucuns nheacutesitent pas agrave dire que lessentiel du mysticisme se fait agrave

la maison et non dans laregravene tout le reste nest quintimidation de

ladversaire

lsvcns

Tt- pi ~- t

t 1 ~ l _ ~ t

par rapport agrave lautre Cbci est trEgraves lieacute agrave lactiviteacute journaliegravere du

jeune seacuteregravere qui est un cultivateur donc toujours bien planteacute sur ses

jambes et qui continuellement manie lhiler

Le fait de couper le boi~ peut eacutegalement constituer un moyen de muscushy

lation non neacutegligeable pour le jeune lutteur

Un certain nombre de traits techniques speacutecifiques au lutteur seacuteregravere

semblent ressortir des diffeacuterentes interviews que nous aVOns fait subir

agrave certains lutteurs seacuteregraveres et agrave diffeacuterents techniciens

SOUS-GROUPES FORMES DU CORPS CONTROLES GARDES

SAFEN Moyenne en fente NONE Hancheacute Bras (distante) j

NDUTJ

f

SINE-SINE Deacutecalage Ngimbe

Moyenne

SALOUM-SALOUM Passage- Jambe (rapprocheacutee) 1

i

PETITE dessous Tecircte Basse et 1

COTE Moyenne (rapprocheacutee)

Notons que le Niominka ll commence agrave lutter agrave partir du sol pour avoir

assez deacutelan et sauter sur ladversaire afin davoir la prise du lion

(contr6le de la nuque et du bassin)

Co a -tem-nt ccedilt attitude du lutteur sEacuteregravere335 np -1t ~

Les croyances mystiques sont indissociables des activiteacutes quotidiennes

duseacuteregravere Ce qui explique le cocircteacute supersticieux du lutteur seacuteregravere En

~ffet certains lutteurs refusent de lutter avant certaines heures

Certains teacutemoignages nous apprennent quil nest pas donneacute agrave tout le

monde decirctre champion de lutte et que le lutteur doit avoir des dons

surnaturels pour ecirctre agrave mesure de livrer ses combats dans la nuit

et trouver seul un gris-gris speacutecial appeleacute Njatch

Le vrai champion de lutte chez les seacuteregraveres ne lutte pas seulement avec

~a force et sa technique mais surtout avec ses dons occultes

Chez les seacuteregraveres les morts sont toujours preacutesents et les ~pangols

Servent dintermeacutediaire entre les hommes et les morts Le pangol prend i

le nom dhumain dans certains villages (IIHeacuteJga NDONG Har Wag NGOUYE) i 1

De ce fait on verra le lutteur danser dufe maniegravere ou dune autre en

fonction du pangol de sa famille Ainsi nrus aurons le back (chant et

danse du lutteur) des DIOUF des FAYE etclbullbullbull

Dans laregravene le lutteur seacuteregravere a un comportement exemplaire aussi bien

agrave leacutegard de son adversaire direct quave~ le public en geacuteneacuteral Lexpli shy

cation semble tenir au fait que le lutteur seacuteregravere est avant tout selon

la tradition orale le repreacutesentant de toute la communauteacute seacuteregravere Par

conseacutequent il devra saffirmer non seulement en tant que lutteur dans

laregravene mais aussi en tant quentiteacute morale

336 La tenue du lutteur ou NGIMBE est confectionneacutee par le marabout de la

famille ou du clan Le Ngimbe est constitueacute de pagne en cCton tisseacute

Il doit ecirctre propre le lutteur qui le porte ne devra pas avoir de rapshy

port sexuel pendant toute la peacuteriode des cOTpeacutetitians car le Ngi~bE ne

doit pas ~tre souilleacute

Autrefois et mecircme aujourdthui dans certaines familles on devient

lutteur de pegravere en fils et dans ce cas le Ngimbe du pegravere est heacuteriteacute

par le fils Le fait de porter le Ngimbe de ses aieux peut susciter

chez le jeune lutteur une motivation et une volonteacute ineacutebranlable dtasshy

surer la supeacuterioriteacute d~s siens dans ltaregravene Il fera tout pour que le

Ngimbe de la ramille ne touche le sable

La tenue du lutteur a une signification et une importance sur le plan

mystique car selon les anciens le vra1 feacutetiche du lutteur celui qui

le proteacutegera et laidera agrave vaincre le nDjinne ou le tRapu de ladvershy

saire se trouve cacheacute dans ce Ngimbeu bull Celui qui confectionne donc le

Ngimbe U est doueacute de faculteacutes occultes

337 Larbitrase est assureacute par un sage du village qui geacuteneacuteralement fut

champion de lutte de son temps Dailleurs cet ancien nintervient que

si le terrassement est litigieux Hormis le public qui proclame la vicshy

toire ou le match nul le lutteur lui-mecircme est arbitre et il arrive

quil se deacuteclare vaincu

Nous avons pu cfter Meacutedoune KHOULE un desplus grands lutteurs seacuteneacutegashy

lais qui a donn~ une victoire agrave Djeacuteri SADIO son adversaire qui a reacuteussi

agrave lui faire touegraveher le sol de la main

IlL

34 1 Preacutesentation

Lethnie toucouleur vit En grandt partit ciE~~ la vallfc du S~~~gal

pt reprecircsente i peu pr~s 8 de la population totale secircn~galaise

o Histoire

Il semblerait que dans lancien royaume du Tekrour (IX~ siegravecle) des

eacuteleacutements neacutegroiumldes Sarakoleacute et des Peul aient formEacute par meacutetissage le

peuple Toucouleur (Toucouleur serait dailleurs une deacuteformation du

mot portugais Tacouror)

Ce empire a domineacute aussi bien les wolofs de lOuest que les Peul

nomades du Fouta Toro Cette reacutegion fut le premier pays islamiseacute par

les Almoravides ce qui peut expliquer le proseacutelytisme toucouleur

Ce sont les guerriers toucouleur islamiseacutes qui attaqu~rent avec les

Almoravides la capitale du Ghana Koumbi en 1067 On convertit par

la force les animistes Cest sans doute agrave cette eacutepoque que de nombreuses

ethnies reacutefractaires agrave lIslam ont dO accentuer leur migration vers

le sud (Seacuteregravere wolof Sarakoleacute Bambara Songhaiuml Akan et Peul se reacuteshy

fugiaient vers les hauteurs du Fouta Djalon)

Au XIXegrave siegravecle les Toucouleur allaient trouver en El Hadj Omar Tall

un grand conqueacuterent qui sous le preacutetexte religieux de la gJerre sainte

contre les tribus animistes (entre autres Bambara) eacutetendit lempire

toucouleur sur presque tout lensemble du gali et la partie de la Guineacutee

proche du l1ali

Lempire toucouleur composeacute de Sarakoleacute de Bambar~ de ~alinkeacute de

Xassonkeacute dE Peul et de Dogon eut le meurorit~ dunir CES diif~rentes ~ ~ - - - - - et~ics ~t dE CD~stituer l~Sl la b2S~ ~r 1

_ ~ ~ ~_ L ~

~ ~- ~- - - ---- _ 1 v _ t 1 ~-_ --

marabout tOL~culcuuml~ ~ middotlrrany a l ick SI venu des E1i rClS dE Pocior~ (

~ Vi~ euroconomicue et sociale -----------~-------------

Les Toucouleur sont des cultivateurs mais bien quils n~ soie~t pa~

pasteurs comrre les Peul leacutelevage a une place inportarteacute decirc1S ltur

eacutecono~ie Pour faciliter leur conquecircte guerriegraverE ils c~t Eucirc une preacuteshy

dilection pour leacutelevage des chevaux On y trouve aussi des pecirccheurs

appeleacutes Tchioubalo La socieacuteteacute toucouleur aurait une stratification

sociale tregraves rigide Les groupes ethniques et les castes eacutetaient

diffeacuterencieacutes et strictement exogamiques les Rimbe classe des nobles

comprenant la famille reacutegnante et les guerriers libres la classe des

Nieacutenieacutebegens de castes artisanales i les Rimaibeacute anciens esclaves

devenus serviteurs qui portent les noms de famille de leur maicirctres A

la base de lorganisation de la collectiviteacute toucouleur se situe le

village (Wouro)

Toutes ces castes sont cloisonneacutees entre elle~ Ainsi il nest pas

permis agrave un Torodo (noble) de se marier avec un Tchioubalo Ces

consideacuterations sont importantes dans le domaine de la lutte ougrave nous

apercevrons que les nobles ne sont pas faits pour lutter Le noble

preacutesidera les seacuteances de lutte et on luttera pour lui Ces condeacute rat ions

de noblesse et de rang social sont extrecircmement importantes dans le

monde toucouleur

Le noble ne doit pas se salir on lutte pour lui il ne vit la lutte

quen tant que spectateur

342 Education moeurs croyances et eratiques religieuses

Deux formes d~ducation sont agrave consideacuterer leacutedJcatio~ dES enfarts Et

celle des adultes

oG lenfant sait m2n~~r et apprfcier le goOt d~5 ~iifeurorents r~pas lt

le moment ougrave il CO~~e~CE agrave marcher

tivirt n~sormais le petit toucou]eur est eacuteduquf par toutmiddot 12 f2~i)]E

dabord puis par toutes lespersc~nes du village ou du C13~

Lenfant peut ~tre corrigeacute par tout adulte appartenant au groupe social

Son eacuteducation est deacutesormais laffaire de toute la communauteacute et non

exclusivement celle ces parents On linitie ainsi au travail quotidien

qui se fait dans la bergel~ e les champs et les bords du fleuve Au sein

du village il pourra apprendre agrave filer la laine et agrave tisser des pagnes

dans les champs il apprend agrave manier la houe et lhiler pour la culture

du riz et du mil Mais signalons que lactiviteacute essentielle du toucouleur

est leacutelevage des boeufs des moutons et des chegravevres Chez les Ichioushy

balos (p~cheurs ) lenfant sera initieacute tregraves tat au maniement des pagaies

agrave la p~che propremccedilnt dite et agrave la nage

Vers cinq-six ans lenfant est confieacute au maicirctre coranique le Ihierno

et ce dernier dispose exclusivement de toute sa vie Lavenir du jeune

enfant lui appartient

Comme dans les autres groupes ethniques les enfants sont regroupeacutes en

classe dacircge et cest dans cette structure que lenfant subit les rite

de passe et plus particuliegraverement celui de la circoncision

La circoncision est non seulement unE opeacuteration chirurgicale malS surshy

tout une peacuteriode au cours de laquelle le jeune garccedilon passe de leacutetat

dadolescent agrave leacutetat dadulte Les circoncis sont reacuteunis en classe

dacircge dans un endroit situeacute hors duvillage geacuteneacuteralement choisi par les

vieux Cet endroit n~st accessible que par des individus de SExe ffi8SCUshy

li~ ~ta~t au preacutealabl circoncis

- - - -

quable et complet sur le plan phy~ique et ~oral Ai~si liniti~

acquiert les qualitecircs indispensables que sont le courag~ la modest

lesprit de sacrifice lendurance

Le toucoule~r est un pleux musulma~ Cela sexp1

SOil le premier agrave tre en contact avec la religion musulmane de par sa

position frontaliegravere Lethnie toucouleur de par son histoire a preacutesenteacute

les plus grands chefs militaires et religieux musulmans seacuteneacutegalais Et

pour illustrer cela on peut citer en exemple la grande famille musulmane

des SY agrave TIVAOUANE repreacutesentant la confreacuterie des TIDJANES

Bien que lon note une majoriteacute musulmane on peut dire que certaines

croyances et pratiques mystiques et animistes persistent encore surtout

dans la reacutegion du fleuve

Une pratique courante se fait elle sappelle le Djatt Elle consiste

agrave faire sortir le caiman du fleuve agrave limmobiliser et agrave lattacher

sans quil ne reacuteagisse et tout ceci agrave laide de versets et dincantashy

tions magiques Dapregraves les teacutemoignages ces pratiques sont plutocirct

freacutequentes chez les Tchioubalos (pecirccheurs) Il arrive aussi que cershy

tains chasseurs ayant des dons se livrent agrave certaines pratiques an1shy

mis tes qui consistent agrave invoquer certaines puissances et agrave moduler sous

forme de chant des versets occultes pour se proteacuteger des mauvais esprits

et pour eacuteloigner les fauves Ce chant est geacuteneacuteralement incompreacutehensible

et deacutenueacute de sens pour le profane

343 Activiteacutes ludiques et pratiques sportives en milieu toucouleur

Durant toute son histoire lethnie ~oucouleur a toujours EacutetEacute Frese~teacute~

comme celle qui avait ue activit essentiellement guerr e e~ particushy

liegraverement farouche Trois eacuteleacutements ret r t l ecirc t te nt i c- euro so~t

le manie~~nt du ~acircton 12 luttE Et 1eacute danSE

l

Lecircducation ph~sique et artistique Dcc~pe un place precircpondecircra~rp

dans la fDrmat~on du jEune toucouleur A loccasion agraveeacutevegravenemen~ imporshy

tants reacutecoltJs mariages baptecircme nous assistons agrave des manifestashy

tions folkloriques de grande envergure le Wango oucirc dailse toucouleur

tregraves gymnique iles chants et surtout les sEacuteances de lutte

La lutte toucouleur est la forme de lutte la plus spectaclaire dans

tout le territoire seacuteneacutegalais Elle est essentiellement baseacutee sur des

techniques en hancheacute et surtout en souplesse Ceci sexplique par le

fait q~e le jeune toucouleur est tregraves tocirct initieacute agrave la gymnastique (saut 1

per saut de main salto arriegravere saut de tecircte couronneacute etc bullbullbull ) pour

la dans~ du wa~go En dansant le wango qui est une danse rythmeacutee et

gymnique le Jeune toucou1eur est capable de prouesses extraordinaires

1

En lutte lattaquant se deacuteplace tregraves peu pour avoir une bonne saisie

(geacuteneacutera~ement controcircle du Ngimben ) et enchaine brusqueme~t avec une

attaque surpris~ Cependant les ripostes sont souvent surprenantes et

spectaculaires (baseacutees sur la souplesse et la rapiditeacute) ontrairement

aux autr~s form~s de luttes ougrave lon voyait tous les jeune adheacuterer la

lutte to~cou1eur Verra un groupe de speacutecialistes sadonne agrave la lutte 1

(la lutte est lieacutee agrave la position sociale de lindividu problegraveme de

caste)

Q La morphologie du lutteur toucou1eur 1

1 1

Ce dernier nest pas aussi large et aussi fort que les lutteurs diola

et seacuteregravere Cependant il est tregraves reacutesistant La musculatJre est saillante 1

et tregraves souple lindividu est longiligne mais tregraves athleacutetique

Les mouvements de lutteurs sont semblables agrave ceux dun grand fe1in Cette 1

morphologie semble ecirctre lieacutee agrave la position geacuteographique de lethnie

(reacutegion du fleuve) et agrave lacitiviteacute socio-eacuteconomique du toucouleur qui

est agrave la fois cultivateur (activiteacute lieacutee agrave la crue et deacutecrUE du fleuve)

pecirccheuro~T CIcr~icubaon) et sttout jEumlrgcr qui est U~ rc~2eumlr

shy

Deux formes egrave~ corps sembl~nt ecirctre preacutefeacutereacutees du lutteur toucouleur

le hancheacute et la souplesse Les hancheacutes sont faits agrave partir de plusieurs

positions de doset se terminent geacuteneacuteralement par des techniques de

tregraves grande amplitude

TABLEAU RECAPITULATIF DES TECHNIQUES ET FORMES DE CORPS SPECIFIQUES

i

L441 r

GARDE FORMES DU CORPS CONTROLES --shy - -

Moyenne Souplesse Ngimbe

Hancheacute bras

Demi-souplesse

1

Profil psycholosigue 1

TECHNIQUES

ContrOle du bassin et 12 souplesse

arriegravere

Klicket et allegravegement de la hanche

Le lutteur toucouleur est celui lUi se livre le moins aux preacuteparaqons

maraboutiques Cela est dO au f~t que le toucouleur est un grand ~USUlshyman et que les pratiques animisges ont presque disparu dans ce mil~eu

Dans la pratique le lutteur esJ combaif mais il est calme et tr~s reacutefleacutechi quant agrave la deacutecision agrave prendre en plein corps agrave corps ct~st un des seuls techniciens qui reJte tregraves lucide au cours de ses comb~ts

l Dans toutes les circonstances e lutteur toucouleur est tenu de re~pecshyter son adversaire et ceux de s4n eacutequipemecircme sil est vaincu

Comme nous avons dO nous en rendre compte la rigueur des principes

eacuteducationnels a une influence tregraves sensible sur l~ comportement du

toucouleur

i

III S COCL ~s 1DO

Dans cette partie nous avons essay~ de montrer lftroite re1atic~

Entre les diverses activiteacutes socio-eacuteconomiques dans les ethnies et

lES diffEacuterentes faccedilons de lutter

Daucuns seraient tent~s de conclure trop rapidement et cest p0~r

cette raison que nOUS avons penseacute preacuteciser que le pheacutenotype nest

pas geacuteneacuterateur du geacutenotype Et nous sommes convaincus que la morphoshy

logie et les techniques des lutteurs relegravevent de leurs modes de vie

et de leurs croyances agrave une eacutepoque et danE un contexte bien deacutetermishy

neacutes

Est-ce que les lutteurs dio1a ou seacuteregravere travaillant avec leurs bras

dans les champs auraient les mecircmes pr 0 fil s physiques que les lutteurs

utilisant des machines pour lagriculture

- 69 shy

I UJOURDH~1 E-S ut O[l LES FORfilS Ut LU11t~

~otons que notre enqu~te a ecirctE essentiellement faiteen milieu urbain

Les seacuteances de lutte ont tendance agrave perdre leur particulariteacute de r~shy

jouissance pour devenir des pheacutenomegravenes de sportisatio Deux fores

de luttes so~t principale~cnt prat s dans les aregrave~es du 5 al

la lutte traditiunnelle simple et la lutte traditionnelle avec frappe

De nos jours la lutte traditionnelle tend vers une reacuteglementation

et une institutionalisation

Le reacutesultat de nos investigations nous donne le tableau ci-dessous

REPARTITION ETHNIQUE SUR 100 PRATIQUANTS

LUTTE LUTTE RAPPORTETHNIES SANS FRAPPE AVEC FRAPPE J2

Diola 40 16 71 j

Seacuteregravere 26 21 57

Toucouleur 23 10 69

Wolof 1 1 53 17

La demande sociale par ordre deacutecroissant pour la lutte sans frappe

se preacutesente comrre suit

]0_ Ethnie diola avec pregraves de 3 lutteur~ sur 4

2deg_ Ethnie toucouleur

Ethri dun

~ 1 LA LUTTE TR])IIIO~~ELLE AVEC H-PPE

Cette forme deacute lutte a une histoire qui date de lantiquiteacute elle

sa~pelait le Pugilat Au Seacuteneacutegal elle a vu le jour dans le Cayor

bien avant la colonisation Le coup dE pied l~Lrdn~lement la morshy

sure la frappe et le doigtf eacutetaient permis dans le cc=bat ~ ~middot~p0~~e

Dans certains cas la giffle eacutetait beaucoup plus dangereuse que le

poing quand elle eacutetait donneacutee par un speacutecialiste Cette giffle pouvait

agrave elle seule deacutechirer et mecircme parfois amputer la joue de ladverser

Selon les informations la lutte avec frappede nos jours serait une

forme de lutte tregraves eupheacutemiseacutee de celle dantan ougrave une blessure

pouvait souvent ecirctre mortelle

Aujourdhui au niveau du folklore la lutte na plus la mecircme

le spectaculaire a remplaceacute le significatif iLa lutte avec frappe se 1

pratique surtout dans les centres urbains C~aque fois quun grand combat 1

est progra~eacute par le Comiteacute National Proviso~re (CNP) des centaines damashy

teurs sont mobiliseacutes vers le stade lba Mar D~OP qui est aujourdhui le i

lieu approprieacute ougrave se deacuteroulent les grands conkbats de lutte Cest la formE

de lutte qui semble drainer une foule de personnes beaucoup plus importante

que celle de la lutte simple

La lutte avec frappe deacuteriverait dune forme de lutte traditionnelle

pratiqueacutee jadis dans le Cayor au temps des Damels et la frappe serait

le substitut dun certain nombre de pratiques doigteacute jet de produits

etc bullbullbull dont le but eacutetait laveuglement de ladversaire La lutte avec

frappe serait une continuation logique dune carriegravere sportive de la

lutte traditionnelle qui sen sert comme moyen socio-eacuteconomique En

effet la majoriteacute des lutteurs avec frappe ont dabord eacuteteacute initieacutes agrave la

lutte simple Cependant il faut signaler que de nOS jours il arrive

que le jeune lutteur avec frappE- soit directenent formEacute conne speacutecialistE

agrave la frappe sa~s pour autant faire son chemin dabcrd egravea~s la lutte

- ~ shy

Le recircsultat dE ~os interviews ncus rec~trE qGune pcpulatiD~ divcrsishy

fiampe sint~resse agrave ce sport et qUE les intecircr~[s des uns et d~SlautrE~

semble~t divergents naucuns affirment que la lutte traditionnelle

avec frappe serait monteacutee par des personnes dont la vocation est dexshy

ploiter ce pheacuteLomegravene agrave des fins commerciales Dautres disent gJellegrave

jouit de mcyens irport~nts t[l[~isio

tation etc bullbullbull ) pour toucher toutes les couches sociales CEpe~~a~t

nous remarquons que mecircme si certaines personnes reprochent agrave cette

forme de lutte decirctre brutale ces mecircmes personnes nheacutesitent pas agrave

se rendre le dimanche agrave laregravene Bien que critiqueacutee elle semble ecirctre

adopteacutee par une tregraves grande partie de la population seacuteneacutegalaise Cepenshy

dant en tant que techniciens il nous est permis de faire une remarque

Il sagit de

- Limpression nette decirctre devant des professionnels de la frappe

qui sont ~ntratneacutes pour cela Dailleurs les propos que nous avons

recueilli~ nous prouvent que la plupart des champions de lutte avec 1

frappe s~ntratnent dans certains sports de combat tels ~ue la boxe i 1

le karateacute le judo Dans cette nouvelle forme de pratique de la lutte

contrairefuent agrave la lutte traditionnelle le technicien e~t souvent

perdant face au puncheur Ce dernier adopte une lutte agrave distance qui

lui permet de placer agrave bon escient ses coups animeacute du deacutesir de vaincre

Le technicien lui se voit contreacute dans toutes ses entreprises par

un uppercut ou un crochet

On peut dire cependant que nul sport au Seacuteneacutegal que la lutte tradishy

tionnelle avec frappe ne deacutechaicircne autant de passions et autant de

pheacutenomegravenes poussant agrave lexcegraves et deacutereacuteglements quon ne peut que deacuteplorer

Mais comment deacutecrier un spectacle de lutte qui bien quayant perdu la

presque totaliteacute des valeurs traditionnelles veacutehiculeacutees autrefois par

elle sait susciter une participation effective de tous ceux qui sont

preacutesents

CONCLUSION

Dans ce meacutemoire nous sommes efforceacutes ~e faire ressort ir limportance des

ethos et des habitus et leurs effets sur la pratique de la lutte tradishy

tionnelle au Seacuteneacutegal

L~b egravethos repr~sentent dune maniegravere g~neurorale tous les eacuteleacutements speacutec

fiques sux Seacuteneacutegalais par conampeacuteguent un systegraveme de valeurs traditionnellEs

Mais m~me si ces valeurs rev~tent une signification universelle (honneur

digniteacute courage etc bullbullbull ) il nen demeure pas moins que ce nest pas leur

nature qui fait leur speacutecificiteacute mais la hieacuterarchisation et limportance i

quon accorde agrave toutes ces valeurs de ~ar leacuteducation ou la culture

i 1

Aussi les valeurs traditionnelles puient leur speacutecificiteacute dans les

caracteacuteristiques propres aux eacuteleacutements ~e la socio-cu1ture (la technologie

et leacuteconomie la politique et la pareteacute la psychologie et lideacuteologie)

dans la socieacuteteacute seacuteneacutegalaise agrave n momen donneacute de son eacutevolution Cest i

dire la neacuteceesiteacute de ne point faire della valeur une reacutealiteacute statique

Cest dite aussi quagrave tout mome~t le ~eacuteneacutegalais peut eacutevoluer et creacuteer

ou vivre par conseacutequent de nouv~lles fprmes de valeur qui lui sont 1

propres ft (J)

La lutte traditionnelle veacutehiculant deS valeurs socio-cu1ture1les speacutecishy

fiquement seacuteneacutegalaises (croyances valeurs morales norme de comportement

opinion attitude bullbullbull ) devient un eacuteleacutement important qui tregraves certaiaement

nous aidera dans notre effort de valoriser et de peacuterenniser notre patri shy

moine culturel par le biais dactiviteacutes physiques et sportives

Leacutetude des habitus nous permet de prouver quil y a plusieurs faccedilons

de se mouvoir comme danser lutter bullbullbull qui varient avec les diffeacuterentes

ethnies (wolof toucouleur seacuteregravere diolagt leurs convenances et leurs

eacuteducations

(1) Revue Ethiopiques 31 Les valeurs traditionnelles et le problegraveme de leur inteacutegration dans les systegravemes modernes jtducatio-1 2 6r--70

nautre part cette eacutetude permet aussi de nous rendrE compte de la

correacutelatipn eacutetroite existant entre la pratique de la lutte traditionnelle

et le sta~ut socio-eacuteconomique du pratiquant

Nos inves~igations nous indiquent que la lutte recrute essentiellement

au niveau des classes socio-eacuteconomiques situeacutees en bas de leacutechelle

donc posseacutedant le statut social le moins favoriseacute La lutte avec frappe

-et un certain secteur commercialiseacute de la lutte simple- y trouve sa

leacutegitimiteacute Comme le dit BOURDIEU nA habitus diffeacuterents styles de Vle

divergents et il oppse les pratiques aristocpatiques correspondants agrave

des activiteacutes qui favorisent les situations eupheacutemiseacutees ougrave la stylisashy

tion est importante aux pratiques populaires qui font appel agrave des

qualiteacutes qpposeacutees bllutes rugueuses Certaines interviews nous

montrent que plus lindividu occupe une place eacuteleveacutee dans leacutechelle

sQciale e~ 1

moin$ il sinteacuteresse agrave la lutte

Les reacutesultats recueillis dans nos diverses investig~tions confirment 1 1

1er propos qui disent que nous assistons aujourdhu~ agrave une involution

de la lutte traditionnelle parce que perdant toutes ses speacutecificiteacutes au 1

pryfit d~ne autre forme de lutte que lon continue agrave appeler nostalshy

giqlementIIlutte traditionnelle

Ceci pourrait peut-~tre trouver une explication dan la citation suivante

La liberteacute de creacuteer dinnover de vivre Pleineinenf decirctre soi et de

preacuteserver son authenticiteacute la digniteacute et lhonneu1demeurent des illushy

sions dans la misegravere eacuteconomique~ Nos ancecirctres creacuteai~nt des valeurs de cishyl

vilisation parce quils eacutetaient libres parce qu1i~s ignoraient toute

deacutependance eacuteconomique ils cultivaient en eux et cbez leurs enfants le 1

Jorn et la Kersa et preacutefeacuteraient la mort agrave la hoJte lI (1)

Or le Seacuteneacutegal comme la plupart des pays africainsi est un pays sousshy

deacuteveloppeacute t cependant face agrave cette volonteacute du gou~ernement seacuteneacutegalais

de faire inteacutegrer dans leacuteducation des valeurs traditionnelles nous

pouvons espeacuterer utiliser comme moyen deacuteducation la lutteacute traditionnelle

qui reste quand mecircme vecteur jethos et dhabit~s

- 54 shy

Mecircme si lon a noteacute un appauvrissement notoire sur les plans socioshy

culturel et moral la lutte traditionnelle recegravele une gamme importante

et varieacutee de techniques permettant incontestablement une ouverture vers

les luttes olympiques libre et g~eacuteco-romaine

La lecture de ce meacutemoire permettra agrave lentratneur et au professeur de

lutte en fonction du lieu ougrave ils seront affecteacutes dans le territoire

seacuteneacutegalaisdavoir une information sur les techniques contrOles et

formes de corps propres agrave chaque groupe ethnique et de les mettre en

relation avec leurs croyances et leurs mentaliteacutes

Nous avons essayeacute de montrer que la pratique de la lutte traditionnelle

doit tre axeacutee sur une ethnomotriciteacute au Seacuteneacutegal qui permette une inishy

tiation facile Cette pratique de la lutte traditionnelle seacuteneacutegalaise

devra dailleurs essayer de ~eacutepondre aux aspirations du Seacuteneacutegalaisl

moderne en souvrant aux ap~orts positifs des autres civilisations

ex~eacuterieures nous voulons Jvidemment parler du judo et des luttes oiymshyJ

piques 1

1 j Nous navons pas la preacutetentfon dans le cadre de ce meacutemoire demattrise

de reacutepondre agrave toutes les qutstions se rattachant agrave leacutetude de ~a lutte

traditionnelle souslangle~socio-culturel car non seulement il nous

manque lexpeacuterience et la c peacutetence en la mati~re mais aussil l le temps

et les moyens dont nous dis osions ne nous permettaient pas d~puiser le 1sujet i

1 1 1 t 1

l

- )5 shy

BIBLIOGRAPHIE

BIBLIOGRAPHIE

1- CLAPAREDE Psychologie de leacuteducation et peacutedagogie expeacuterimentale

Edition Delachaux et Niestleacute 244 pages

2- POCIELLC Christian Sport et Socieacuteteacute approche socio-culturelle

des pratiques Paris Vigot 1981 377 pages

3- PIERON Henri Vocabulaire de la psychologie

PUF Deuxiegraveme eacutedition 1957 469 pages

4- Revue socialiste de culture neacutegro-africaine ETHIOPIQUES

Les valeurs traditionnelles et le problegraveme de leur inteacutegration

dans les systegravemes modernes deacuteducation

GIA 21 Juillet 1982 213 pages

5- N2 Revue du Centre dEtudedes Civilisations DEM ak TEY

NIS IVegrave Trimestre 1982 96 pages

6- Document lNSEP Colloque sur la lutte aeacuteregravere

DAKAR MAI-JUIN 1980

t 1

~- Travaux du IVegrave Congregraves National ~es Sports agrave DAKAR les 2223041981

Bulletin n2 91 du CIO du 15 Aont 1965

l____________________________

8- Meacutemoire de Mattrise BADJI Abdou La lutte traditionnelle Joola

Etude et perspective

9- Meacutemoire Inspectorat JS DJITTE Mandy Les pratiques corporelles

traditionnelles au Seacuteneacutegal pour leur exploitation et leur

utilisation en peacutedagogie Marly le Roi 1980

REPUBLIQUE DU SENEGAL

--------------- INSTITUT NATIONAL SUPERIEUR

MINISTERE DE LA JEUNESSE DE LrsquoEDUCATION POPULAIRE

ET DES SPORTS ET DU SPORT

-------------

(INSEPS)

MEMOIRE DE MAIcircTRISE

Es-SCIENCES ET TECHNIQUES

DE LrsquoACTIVITE PHYSIQUE ET DU SPORT

LA LUTTE TRADITIONNELLE

son importance sa signification en fonction des ethos et des habitus ethniques au Seacuteneacutegal

Preacutesenteacute par

Monsieur Joseph Victor FAYE

Sous la direction de

M Jean Marc ROCHEZ

Professeur agrave lrsquoINSEPS

Anneacutee de soutenance 1984

(est

lenfant Ce precircnore a toujours U~ SEns Il sy~bolise parfois C0 qUi

lOIl sounaitt agrave lEufant l)

La circoncision comme dans les autres ethnies est obligatoire Elle

permet au jeune adolescent dacceacuteder agrave la classe adulte Les jeunes

sont regroupes en classe dacircge dans le bois ougrave sc fait la r0tr~it0 des

circoncis et ceci pendant plusieurs mois

Le Selbeacute qui est geacuteneacuteralement un ancien craint de tous les eacutelegraveves

enseigne le respect de la hieacuterarchie la discreacutetion le goOt de linishy

tiative Les activiteacutes physiques et leacuteducation artistique ne sont pas

en reste la deacutecoration la sculpture la lutte et la danse A sa sortie

du bois linitieacute appartient deacutesormais agrave la classe des virils et des

sages du clan car on lui aura enseigneacute les vertus fondamentales que

sont la justice lhonneur lamour du prochain 1 amour du travail

lhonnecircteteacute et surtout le respect des coutumes ancestrales

Le rite du mariage esd aussi un fait tregraves important dans le monde 1

seacuteregravere mais par manq~e dinformation nous serons obligeacutes de nous en

tenir lagrave

333 Impact des ethos sur la lutte dans le monde seacuteregravere

Lorigine de la lutte seacuteregravere ne semble pas claire ma1S nous pouvons

dire quil existait deux formes de lutte comme chez les Wolofs une

lutte sans frappe et une lutte avec frappe Et cest cette derniegravere

qui peut-ecirctre nous ameacutenerait agrave croire que la lutte seacuteregravere aurait une

origine plus preacuteciseacutement guerriegravere

Aujourdhui la lutte est uniquement une activiteacute sportive agrave travers

laquelle le jeune seacuteregravere eacutevalue sa force son courage et SOn ingeacutenioshy

siteacute Cest une occasion de deacutefendre lhonneur de son village ou de

la corrnnunauteacute

La luttE ~5t avant tout u~e rnanifcs[dtic~ c~lturclie et surtout

fo lkhriqut-

Gracircce agrave elle on peut deacutesormais comprendre un certain nombre de chants

et de symboles A travers la lutte seacuteregravere on ccedilomprend les inter-relashy

tions entreacute la vie et le monde surntiturel

Sil devait y avoir la mort dun villageacuteois pendant la fecirctE au T qUE

de linterrompre on proceacutedait gracircce aux connaissances magico-religieuses

agrave la suspension de la mort jusquagrave une peacuteriode ougrave la population sera plus

disponible pour organiser des funeacuterailles sil y eacutetait preacutedit la possibishy

liteacute dune deacutefait du champion local au profit dun champion dun autre

village des recettes dordre maginque et religieux eacutetaient mises en prashy

tique afin que le champion du village ne soit jamais terrasseacute(J)

334 Le profil du lutteur seacuteregraver~

Le lutteur seacuteregravere est par essence un athlegravete impressionnant de par sa i

carrure et sa musculature saillante mais cest aussi une force tranquille

et calme quelque soit lenjeu du combagravet et particuliegraverement lhonneur

Cet aspect nous pousse agrave parler du NGiMBE cest-agrave-dire de la tenue du

lutteur qui va influencer sur sa faccedilon de lutter

La confection du Ngimbe revient agrave la communauteacute entiegravere Le Ngimbe a

une signification symbolique et le lutteur pour meacuteriter la confiance du

groupe se doit de tout faire pour ne pas toucher le sol Toute la commushy

nauteacute elle aussi sengage pour assurer la longeacuteviteacute et le succegraves du lutteur

dans laregravene par lorganisation droffrandes et de sacrifices en lhonneur

des Pangols bull

bull

Daucuns nheacutesitent pas agrave dire que lessentiel du mysticisme se fait agrave

la maison et non dans laregravene tout le reste nest quintimidation de

ladversaire

lsvcns

Tt- pi ~- t

t 1 ~ l _ ~ t

par rapport agrave lautre Cbci est trEgraves lieacute agrave lactiviteacute journaliegravere du

jeune seacuteregravere qui est un cultivateur donc toujours bien planteacute sur ses

jambes et qui continuellement manie lhiler

Le fait de couper le boi~ peut eacutegalement constituer un moyen de muscushy

lation non neacutegligeable pour le jeune lutteur

Un certain nombre de traits techniques speacutecifiques au lutteur seacuteregravere

semblent ressortir des diffeacuterentes interviews que nous aVOns fait subir

agrave certains lutteurs seacuteregraveres et agrave diffeacuterents techniciens

SOUS-GROUPES FORMES DU CORPS CONTROLES GARDES

SAFEN Moyenne en fente NONE Hancheacute Bras (distante) j

NDUTJ

f

SINE-SINE Deacutecalage Ngimbe

Moyenne

SALOUM-SALOUM Passage- Jambe (rapprocheacutee) 1

i

PETITE dessous Tecircte Basse et 1

COTE Moyenne (rapprocheacutee)

Notons que le Niominka ll commence agrave lutter agrave partir du sol pour avoir

assez deacutelan et sauter sur ladversaire afin davoir la prise du lion

(contr6le de la nuque et du bassin)

Co a -tem-nt ccedilt attitude du lutteur sEacuteregravere335 np -1t ~

Les croyances mystiques sont indissociables des activiteacutes quotidiennes

duseacuteregravere Ce qui explique le cocircteacute supersticieux du lutteur seacuteregravere En

~ffet certains lutteurs refusent de lutter avant certaines heures

Certains teacutemoignages nous apprennent quil nest pas donneacute agrave tout le

monde decirctre champion de lutte et que le lutteur doit avoir des dons

surnaturels pour ecirctre agrave mesure de livrer ses combats dans la nuit

et trouver seul un gris-gris speacutecial appeleacute Njatch

Le vrai champion de lutte chez les seacuteregraveres ne lutte pas seulement avec

~a force et sa technique mais surtout avec ses dons occultes

Chez les seacuteregraveres les morts sont toujours preacutesents et les ~pangols

Servent dintermeacutediaire entre les hommes et les morts Le pangol prend i

le nom dhumain dans certains villages (IIHeacuteJga NDONG Har Wag NGOUYE) i 1

De ce fait on verra le lutteur danser dufe maniegravere ou dune autre en

fonction du pangol de sa famille Ainsi nrus aurons le back (chant et

danse du lutteur) des DIOUF des FAYE etclbullbullbull

Dans laregravene le lutteur seacuteregravere a un comportement exemplaire aussi bien

agrave leacutegard de son adversaire direct quave~ le public en geacuteneacuteral Lexpli shy

cation semble tenir au fait que le lutteur seacuteregravere est avant tout selon

la tradition orale le repreacutesentant de toute la communauteacute seacuteregravere Par

conseacutequent il devra saffirmer non seulement en tant que lutteur dans

laregravene mais aussi en tant quentiteacute morale

336 La tenue du lutteur ou NGIMBE est confectionneacutee par le marabout de la

famille ou du clan Le Ngimbe est constitueacute de pagne en cCton tisseacute

Il doit ecirctre propre le lutteur qui le porte ne devra pas avoir de rapshy

port sexuel pendant toute la peacuteriode des cOTpeacutetitians car le Ngi~bE ne

doit pas ~tre souilleacute

Autrefois et mecircme aujourdthui dans certaines familles on devient

lutteur de pegravere en fils et dans ce cas le Ngimbe du pegravere est heacuteriteacute

par le fils Le fait de porter le Ngimbe de ses aieux peut susciter

chez le jeune lutteur une motivation et une volonteacute ineacutebranlable dtasshy

surer la supeacuterioriteacute d~s siens dans ltaregravene Il fera tout pour que le

Ngimbe de la ramille ne touche le sable

La tenue du lutteur a une signification et une importance sur le plan

mystique car selon les anciens le vra1 feacutetiche du lutteur celui qui

le proteacutegera et laidera agrave vaincre le nDjinne ou le tRapu de ladvershy

saire se trouve cacheacute dans ce Ngimbeu bull Celui qui confectionne donc le

Ngimbe U est doueacute de faculteacutes occultes

337 Larbitrase est assureacute par un sage du village qui geacuteneacuteralement fut

champion de lutte de son temps Dailleurs cet ancien nintervient que

si le terrassement est litigieux Hormis le public qui proclame la vicshy

toire ou le match nul le lutteur lui-mecircme est arbitre et il arrive

quil se deacuteclare vaincu

Nous avons pu cfter Meacutedoune KHOULE un desplus grands lutteurs seacuteneacutegashy

lais qui a donn~ une victoire agrave Djeacuteri SADIO son adversaire qui a reacuteussi

agrave lui faire touegraveher le sol de la main

IlL

34 1 Preacutesentation

Lethnie toucouleur vit En grandt partit ciE~~ la vallfc du S~~~gal

pt reprecircsente i peu pr~s 8 de la population totale secircn~galaise

o Histoire

Il semblerait que dans lancien royaume du Tekrour (IX~ siegravecle) des

eacuteleacutements neacutegroiumldes Sarakoleacute et des Peul aient formEacute par meacutetissage le

peuple Toucouleur (Toucouleur serait dailleurs une deacuteformation du

mot portugais Tacouror)

Ce empire a domineacute aussi bien les wolofs de lOuest que les Peul

nomades du Fouta Toro Cette reacutegion fut le premier pays islamiseacute par

les Almoravides ce qui peut expliquer le proseacutelytisme toucouleur

Ce sont les guerriers toucouleur islamiseacutes qui attaqu~rent avec les

Almoravides la capitale du Ghana Koumbi en 1067 On convertit par

la force les animistes Cest sans doute agrave cette eacutepoque que de nombreuses

ethnies reacutefractaires agrave lIslam ont dO accentuer leur migration vers

le sud (Seacuteregravere wolof Sarakoleacute Bambara Songhaiuml Akan et Peul se reacuteshy

fugiaient vers les hauteurs du Fouta Djalon)

Au XIXegrave siegravecle les Toucouleur allaient trouver en El Hadj Omar Tall

un grand conqueacuterent qui sous le preacutetexte religieux de la gJerre sainte

contre les tribus animistes (entre autres Bambara) eacutetendit lempire

toucouleur sur presque tout lensemble du gali et la partie de la Guineacutee

proche du l1ali

Lempire toucouleur composeacute de Sarakoleacute de Bambar~ de ~alinkeacute de

Xassonkeacute dE Peul et de Dogon eut le meurorit~ dunir CES diif~rentes ~ ~ - - - - - et~ics ~t dE CD~stituer l~Sl la b2S~ ~r 1

_ ~ ~ ~_ L ~

~ ~- ~- - - ---- _ 1 v _ t 1 ~-_ --

marabout tOL~culcuuml~ ~ middotlrrany a l ick SI venu des E1i rClS dE Pocior~ (

~ Vi~ euroconomicue et sociale -----------~-------------

Les Toucouleur sont des cultivateurs mais bien quils n~ soie~t pa~

pasteurs comrre les Peul leacutelevage a une place inportarteacute decirc1S ltur

eacutecono~ie Pour faciliter leur conquecircte guerriegraverE ils c~t Eucirc une preacuteshy

dilection pour leacutelevage des chevaux On y trouve aussi des pecirccheurs

appeleacutes Tchioubalo La socieacuteteacute toucouleur aurait une stratification

sociale tregraves rigide Les groupes ethniques et les castes eacutetaient

diffeacuterencieacutes et strictement exogamiques les Rimbe classe des nobles

comprenant la famille reacutegnante et les guerriers libres la classe des

Nieacutenieacutebegens de castes artisanales i les Rimaibeacute anciens esclaves

devenus serviteurs qui portent les noms de famille de leur maicirctres A

la base de lorganisation de la collectiviteacute toucouleur se situe le

village (Wouro)

Toutes ces castes sont cloisonneacutees entre elle~ Ainsi il nest pas

permis agrave un Torodo (noble) de se marier avec un Tchioubalo Ces

consideacuterations sont importantes dans le domaine de la lutte ougrave nous

apercevrons que les nobles ne sont pas faits pour lutter Le noble

preacutesidera les seacuteances de lutte et on luttera pour lui Ces condeacute rat ions

de noblesse et de rang social sont extrecircmement importantes dans le

monde toucouleur

Le noble ne doit pas se salir on lutte pour lui il ne vit la lutte

quen tant que spectateur

342 Education moeurs croyances et eratiques religieuses

Deux formes d~ducation sont agrave consideacuterer leacutedJcatio~ dES enfarts Et

celle des adultes

oG lenfant sait m2n~~r et apprfcier le goOt d~5 ~iifeurorents r~pas lt

le moment ougrave il CO~~e~CE agrave marcher

tivirt n~sormais le petit toucou]eur est eacuteduquf par toutmiddot 12 f2~i)]E

dabord puis par toutes lespersc~nes du village ou du C13~

Lenfant peut ~tre corrigeacute par tout adulte appartenant au groupe social

Son eacuteducation est deacutesormais laffaire de toute la communauteacute et non

exclusivement celle ces parents On linitie ainsi au travail quotidien

qui se fait dans la bergel~ e les champs et les bords du fleuve Au sein

du village il pourra apprendre agrave filer la laine et agrave tisser des pagnes

dans les champs il apprend agrave manier la houe et lhiler pour la culture

du riz et du mil Mais signalons que lactiviteacute essentielle du toucouleur

est leacutelevage des boeufs des moutons et des chegravevres Chez les Ichioushy

balos (p~cheurs ) lenfant sera initieacute tregraves tat au maniement des pagaies

agrave la p~che propremccedilnt dite et agrave la nage

Vers cinq-six ans lenfant est confieacute au maicirctre coranique le Ihierno

et ce dernier dispose exclusivement de toute sa vie Lavenir du jeune

enfant lui appartient

Comme dans les autres groupes ethniques les enfants sont regroupeacutes en

classe dacircge et cest dans cette structure que lenfant subit les rite

de passe et plus particuliegraverement celui de la circoncision

La circoncision est non seulement unE opeacuteration chirurgicale malS surshy

tout une peacuteriode au cours de laquelle le jeune garccedilon passe de leacutetat

dadolescent agrave leacutetat dadulte Les circoncis sont reacuteunis en classe

dacircge dans un endroit situeacute hors duvillage geacuteneacuteralement choisi par les

vieux Cet endroit n~st accessible que par des individus de SExe ffi8SCUshy

li~ ~ta~t au preacutealabl circoncis

- - - -

quable et complet sur le plan phy~ique et ~oral Ai~si liniti~

acquiert les qualitecircs indispensables que sont le courag~ la modest

lesprit de sacrifice lendurance

Le toucoule~r est un pleux musulma~ Cela sexp1

SOil le premier agrave tre en contact avec la religion musulmane de par sa

position frontaliegravere Lethnie toucouleur de par son histoire a preacutesenteacute

les plus grands chefs militaires et religieux musulmans seacuteneacutegalais Et

pour illustrer cela on peut citer en exemple la grande famille musulmane

des SY agrave TIVAOUANE repreacutesentant la confreacuterie des TIDJANES

Bien que lon note une majoriteacute musulmane on peut dire que certaines

croyances et pratiques mystiques et animistes persistent encore surtout

dans la reacutegion du fleuve

Une pratique courante se fait elle sappelle le Djatt Elle consiste

agrave faire sortir le caiman du fleuve agrave limmobiliser et agrave lattacher

sans quil ne reacuteagisse et tout ceci agrave laide de versets et dincantashy

tions magiques Dapregraves les teacutemoignages ces pratiques sont plutocirct

freacutequentes chez les Tchioubalos (pecirccheurs) Il arrive aussi que cershy

tains chasseurs ayant des dons se livrent agrave certaines pratiques an1shy

mis tes qui consistent agrave invoquer certaines puissances et agrave moduler sous

forme de chant des versets occultes pour se proteacuteger des mauvais esprits

et pour eacuteloigner les fauves Ce chant est geacuteneacuteralement incompreacutehensible

et deacutenueacute de sens pour le profane

343 Activiteacutes ludiques et pratiques sportives en milieu toucouleur

Durant toute son histoire lethnie ~oucouleur a toujours EacutetEacute Frese~teacute~

comme celle qui avait ue activit essentiellement guerr e e~ particushy

liegraverement farouche Trois eacuteleacutements ret r t l ecirc t te nt i c- euro so~t

le manie~~nt du ~acircton 12 luttE Et 1eacute danSE

l

Lecircducation ph~sique et artistique Dcc~pe un place precircpondecircra~rp

dans la fDrmat~on du jEune toucouleur A loccasion agraveeacutevegravenemen~ imporshy

tants reacutecoltJs mariages baptecircme nous assistons agrave des manifestashy

tions folkloriques de grande envergure le Wango oucirc dailse toucouleur

tregraves gymnique iles chants et surtout les sEacuteances de lutte

La lutte toucouleur est la forme de lutte la plus spectaclaire dans

tout le territoire seacuteneacutegalais Elle est essentiellement baseacutee sur des

techniques en hancheacute et surtout en souplesse Ceci sexplique par le

fait q~e le jeune toucouleur est tregraves tocirct initieacute agrave la gymnastique (saut 1

per saut de main salto arriegravere saut de tecircte couronneacute etc bullbullbull ) pour

la dans~ du wa~go En dansant le wango qui est une danse rythmeacutee et

gymnique le Jeune toucou1eur est capable de prouesses extraordinaires

1

En lutte lattaquant se deacuteplace tregraves peu pour avoir une bonne saisie

(geacuteneacutera~ement controcircle du Ngimben ) et enchaine brusqueme~t avec une

attaque surpris~ Cependant les ripostes sont souvent surprenantes et

spectaculaires (baseacutees sur la souplesse et la rapiditeacute) ontrairement

aux autr~s form~s de luttes ougrave lon voyait tous les jeune adheacuterer la

lutte to~cou1eur Verra un groupe de speacutecialistes sadonne agrave la lutte 1

(la lutte est lieacutee agrave la position sociale de lindividu problegraveme de

caste)

Q La morphologie du lutteur toucou1eur 1

1 1

Ce dernier nest pas aussi large et aussi fort que les lutteurs diola

et seacuteregravere Cependant il est tregraves reacutesistant La musculatJre est saillante 1

et tregraves souple lindividu est longiligne mais tregraves athleacutetique

Les mouvements de lutteurs sont semblables agrave ceux dun grand fe1in Cette 1

morphologie semble ecirctre lieacutee agrave la position geacuteographique de lethnie

(reacutegion du fleuve) et agrave lacitiviteacute socio-eacuteconomique du toucouleur qui

est agrave la fois cultivateur (activiteacute lieacutee agrave la crue et deacutecrUE du fleuve)

pecirccheuro~T CIcr~icubaon) et sttout jEumlrgcr qui est U~ rc~2eumlr

shy

Deux formes egrave~ corps sembl~nt ecirctre preacutefeacutereacutees du lutteur toucouleur

le hancheacute et la souplesse Les hancheacutes sont faits agrave partir de plusieurs

positions de doset se terminent geacuteneacuteralement par des techniques de

tregraves grande amplitude

TABLEAU RECAPITULATIF DES TECHNIQUES ET FORMES DE CORPS SPECIFIQUES

i

L441 r

GARDE FORMES DU CORPS CONTROLES --shy - -

Moyenne Souplesse Ngimbe

Hancheacute bras

Demi-souplesse

1

Profil psycholosigue 1

TECHNIQUES

ContrOle du bassin et 12 souplesse

arriegravere

Klicket et allegravegement de la hanche

Le lutteur toucouleur est celui lUi se livre le moins aux preacuteparaqons

maraboutiques Cela est dO au f~t que le toucouleur est un grand ~USUlshyman et que les pratiques animisges ont presque disparu dans ce mil~eu

Dans la pratique le lutteur esJ combaif mais il est calme et tr~s reacutefleacutechi quant agrave la deacutecision agrave prendre en plein corps agrave corps ct~st un des seuls techniciens qui reJte tregraves lucide au cours de ses comb~ts

l Dans toutes les circonstances e lutteur toucouleur est tenu de re~pecshyter son adversaire et ceux de s4n eacutequipemecircme sil est vaincu

Comme nous avons dO nous en rendre compte la rigueur des principes

eacuteducationnels a une influence tregraves sensible sur l~ comportement du

toucouleur

i

III S COCL ~s 1DO

Dans cette partie nous avons essay~ de montrer lftroite re1atic~

Entre les diverses activiteacutes socio-eacuteconomiques dans les ethnies et

lES diffEacuterentes faccedilons de lutter

Daucuns seraient tent~s de conclure trop rapidement et cest p0~r

cette raison que nOUS avons penseacute preacuteciser que le pheacutenotype nest

pas geacuteneacuterateur du geacutenotype Et nous sommes convaincus que la morphoshy

logie et les techniques des lutteurs relegravevent de leurs modes de vie

et de leurs croyances agrave une eacutepoque et danE un contexte bien deacutetermishy

neacutes

Est-ce que les lutteurs dio1a ou seacuteregravere travaillant avec leurs bras

dans les champs auraient les mecircmes pr 0 fil s physiques que les lutteurs

utilisant des machines pour lagriculture

- 69 shy

I UJOURDH~1 E-S ut O[l LES FORfilS Ut LU11t~

~otons que notre enqu~te a ecirctE essentiellement faiteen milieu urbain

Les seacuteances de lutte ont tendance agrave perdre leur particulariteacute de r~shy

jouissance pour devenir des pheacutenomegravenes de sportisatio Deux fores

de luttes so~t principale~cnt prat s dans les aregrave~es du 5 al

la lutte traditiunnelle simple et la lutte traditionnelle avec frappe

De nos jours la lutte traditionnelle tend vers une reacuteglementation

et une institutionalisation

Le reacutesultat de nos investigations nous donne le tableau ci-dessous

REPARTITION ETHNIQUE SUR 100 PRATIQUANTS

LUTTE LUTTE RAPPORTETHNIES SANS FRAPPE AVEC FRAPPE J2

Diola 40 16 71 j

Seacuteregravere 26 21 57

Toucouleur 23 10 69

Wolof 1 1 53 17

La demande sociale par ordre deacutecroissant pour la lutte sans frappe

se preacutesente comrre suit

]0_ Ethnie diola avec pregraves de 3 lutteur~ sur 4

2deg_ Ethnie toucouleur

Ethri dun

~ 1 LA LUTTE TR])IIIO~~ELLE AVEC H-PPE

Cette forme deacute lutte a une histoire qui date de lantiquiteacute elle

sa~pelait le Pugilat Au Seacuteneacutegal elle a vu le jour dans le Cayor

bien avant la colonisation Le coup dE pied l~Lrdn~lement la morshy

sure la frappe et le doigtf eacutetaient permis dans le cc=bat ~ ~middot~p0~~e

Dans certains cas la giffle eacutetait beaucoup plus dangereuse que le

poing quand elle eacutetait donneacutee par un speacutecialiste Cette giffle pouvait

agrave elle seule deacutechirer et mecircme parfois amputer la joue de ladverser

Selon les informations la lutte avec frappede nos jours serait une

forme de lutte tregraves eupheacutemiseacutee de celle dantan ougrave une blessure

pouvait souvent ecirctre mortelle

Aujourdhui au niveau du folklore la lutte na plus la mecircme

le spectaculaire a remplaceacute le significatif iLa lutte avec frappe se 1

pratique surtout dans les centres urbains C~aque fois quun grand combat 1

est progra~eacute par le Comiteacute National Proviso~re (CNP) des centaines damashy

teurs sont mobiliseacutes vers le stade lba Mar D~OP qui est aujourdhui le i

lieu approprieacute ougrave se deacuteroulent les grands conkbats de lutte Cest la formE

de lutte qui semble drainer une foule de personnes beaucoup plus importante

que celle de la lutte simple

La lutte avec frappe deacuteriverait dune forme de lutte traditionnelle

pratiqueacutee jadis dans le Cayor au temps des Damels et la frappe serait

le substitut dun certain nombre de pratiques doigteacute jet de produits

etc bullbullbull dont le but eacutetait laveuglement de ladversaire La lutte avec

frappe serait une continuation logique dune carriegravere sportive de la

lutte traditionnelle qui sen sert comme moyen socio-eacuteconomique En

effet la majoriteacute des lutteurs avec frappe ont dabord eacuteteacute initieacutes agrave la

lutte simple Cependant il faut signaler que de nOS jours il arrive

que le jeune lutteur avec frappE- soit directenent formEacute conne speacutecialistE

agrave la frappe sa~s pour autant faire son chemin dabcrd egravea~s la lutte

- ~ shy

Le recircsultat dE ~os interviews ncus rec~trE qGune pcpulatiD~ divcrsishy

fiampe sint~resse agrave ce sport et qUE les intecircr~[s des uns et d~SlautrE~

semble~t divergents naucuns affirment que la lutte traditionnelle

avec frappe serait monteacutee par des personnes dont la vocation est dexshy

ploiter ce pheacuteLomegravene agrave des fins commerciales Dautres disent gJellegrave

jouit de mcyens irport~nts t[l[~isio

tation etc bullbullbull ) pour toucher toutes les couches sociales CEpe~~a~t

nous remarquons que mecircme si certaines personnes reprochent agrave cette

forme de lutte decirctre brutale ces mecircmes personnes nheacutesitent pas agrave

se rendre le dimanche agrave laregravene Bien que critiqueacutee elle semble ecirctre

adopteacutee par une tregraves grande partie de la population seacuteneacutegalaise Cepenshy

dant en tant que techniciens il nous est permis de faire une remarque

Il sagit de

- Limpression nette decirctre devant des professionnels de la frappe

qui sont ~ntratneacutes pour cela Dailleurs les propos que nous avons

recueilli~ nous prouvent que la plupart des champions de lutte avec 1

frappe s~ntratnent dans certains sports de combat tels ~ue la boxe i 1

le karateacute le judo Dans cette nouvelle forme de pratique de la lutte

contrairefuent agrave la lutte traditionnelle le technicien e~t souvent

perdant face au puncheur Ce dernier adopte une lutte agrave distance qui

lui permet de placer agrave bon escient ses coups animeacute du deacutesir de vaincre

Le technicien lui se voit contreacute dans toutes ses entreprises par

un uppercut ou un crochet

On peut dire cependant que nul sport au Seacuteneacutegal que la lutte tradishy

tionnelle avec frappe ne deacutechaicircne autant de passions et autant de

pheacutenomegravenes poussant agrave lexcegraves et deacutereacuteglements quon ne peut que deacuteplorer

Mais comment deacutecrier un spectacle de lutte qui bien quayant perdu la

presque totaliteacute des valeurs traditionnelles veacutehiculeacutees autrefois par

elle sait susciter une participation effective de tous ceux qui sont

preacutesents

CONCLUSION

Dans ce meacutemoire nous sommes efforceacutes ~e faire ressort ir limportance des

ethos et des habitus et leurs effets sur la pratique de la lutte tradishy

tionnelle au Seacuteneacutegal

L~b egravethos repr~sentent dune maniegravere g~neurorale tous les eacuteleacutements speacutec

fiques sux Seacuteneacutegalais par conampeacuteguent un systegraveme de valeurs traditionnellEs

Mais m~me si ces valeurs rev~tent une signification universelle (honneur

digniteacute courage etc bullbullbull ) il nen demeure pas moins que ce nest pas leur

nature qui fait leur speacutecificiteacute mais la hieacuterarchisation et limportance i

quon accorde agrave toutes ces valeurs de ~ar leacuteducation ou la culture

i 1

Aussi les valeurs traditionnelles puient leur speacutecificiteacute dans les

caracteacuteristiques propres aux eacuteleacutements ~e la socio-cu1ture (la technologie

et leacuteconomie la politique et la pareteacute la psychologie et lideacuteologie)

dans la socieacuteteacute seacuteneacutegalaise agrave n momen donneacute de son eacutevolution Cest i

dire la neacuteceesiteacute de ne point faire della valeur une reacutealiteacute statique

Cest dite aussi quagrave tout mome~t le ~eacuteneacutegalais peut eacutevoluer et creacuteer

ou vivre par conseacutequent de nouv~lles fprmes de valeur qui lui sont 1

propres ft (J)

La lutte traditionnelle veacutehiculant deS valeurs socio-cu1ture1les speacutecishy

fiquement seacuteneacutegalaises (croyances valeurs morales norme de comportement

opinion attitude bullbullbull ) devient un eacuteleacutement important qui tregraves certaiaement

nous aidera dans notre effort de valoriser et de peacuterenniser notre patri shy

moine culturel par le biais dactiviteacutes physiques et sportives

Leacutetude des habitus nous permet de prouver quil y a plusieurs faccedilons

de se mouvoir comme danser lutter bullbullbull qui varient avec les diffeacuterentes

ethnies (wolof toucouleur seacuteregravere diolagt leurs convenances et leurs

eacuteducations

(1) Revue Ethiopiques 31 Les valeurs traditionnelles et le problegraveme de leur inteacutegration dans les systegravemes modernes jtducatio-1 2 6r--70

nautre part cette eacutetude permet aussi de nous rendrE compte de la

correacutelatipn eacutetroite existant entre la pratique de la lutte traditionnelle

et le sta~ut socio-eacuteconomique du pratiquant

Nos inves~igations nous indiquent que la lutte recrute essentiellement

au niveau des classes socio-eacuteconomiques situeacutees en bas de leacutechelle

donc posseacutedant le statut social le moins favoriseacute La lutte avec frappe

-et un certain secteur commercialiseacute de la lutte simple- y trouve sa

leacutegitimiteacute Comme le dit BOURDIEU nA habitus diffeacuterents styles de Vle

divergents et il oppse les pratiques aristocpatiques correspondants agrave

des activiteacutes qui favorisent les situations eupheacutemiseacutees ougrave la stylisashy

tion est importante aux pratiques populaires qui font appel agrave des

qualiteacutes qpposeacutees bllutes rugueuses Certaines interviews nous

montrent que plus lindividu occupe une place eacuteleveacutee dans leacutechelle

sQciale e~ 1

moin$ il sinteacuteresse agrave la lutte

Les reacutesultats recueillis dans nos diverses investig~tions confirment 1 1

1er propos qui disent que nous assistons aujourdhu~ agrave une involution

de la lutte traditionnelle parce que perdant toutes ses speacutecificiteacutes au 1

pryfit d~ne autre forme de lutte que lon continue agrave appeler nostalshy

giqlementIIlutte traditionnelle

Ceci pourrait peut-~tre trouver une explication dan la citation suivante

La liberteacute de creacuteer dinnover de vivre Pleineinenf decirctre soi et de

preacuteserver son authenticiteacute la digniteacute et lhonneu1demeurent des illushy

sions dans la misegravere eacuteconomique~ Nos ancecirctres creacuteai~nt des valeurs de cishyl

vilisation parce quils eacutetaient libres parce qu1i~s ignoraient toute

deacutependance eacuteconomique ils cultivaient en eux et cbez leurs enfants le 1

Jorn et la Kersa et preacutefeacuteraient la mort agrave la hoJte lI (1)

Or le Seacuteneacutegal comme la plupart des pays africainsi est un pays sousshy

deacuteveloppeacute t cependant face agrave cette volonteacute du gou~ernement seacuteneacutegalais

de faire inteacutegrer dans leacuteducation des valeurs traditionnelles nous

pouvons espeacuterer utiliser comme moyen deacuteducation la lutteacute traditionnelle

qui reste quand mecircme vecteur jethos et dhabit~s

- 54 shy

Mecircme si lon a noteacute un appauvrissement notoire sur les plans socioshy

culturel et moral la lutte traditionnelle recegravele une gamme importante

et varieacutee de techniques permettant incontestablement une ouverture vers

les luttes olympiques libre et g~eacuteco-romaine

La lecture de ce meacutemoire permettra agrave lentratneur et au professeur de

lutte en fonction du lieu ougrave ils seront affecteacutes dans le territoire

seacuteneacutegalaisdavoir une information sur les techniques contrOles et

formes de corps propres agrave chaque groupe ethnique et de les mettre en

relation avec leurs croyances et leurs mentaliteacutes

Nous avons essayeacute de montrer que la pratique de la lutte traditionnelle

doit tre axeacutee sur une ethnomotriciteacute au Seacuteneacutegal qui permette une inishy

tiation facile Cette pratique de la lutte traditionnelle seacuteneacutegalaise

devra dailleurs essayer de ~eacutepondre aux aspirations du Seacuteneacutegalaisl

moderne en souvrant aux ap~orts positifs des autres civilisations

ex~eacuterieures nous voulons Jvidemment parler du judo et des luttes oiymshyJ

piques 1

1 j Nous navons pas la preacutetentfon dans le cadre de ce meacutemoire demattrise

de reacutepondre agrave toutes les qutstions se rattachant agrave leacutetude de ~a lutte

traditionnelle souslangle~socio-culturel car non seulement il nous

manque lexpeacuterience et la c peacutetence en la mati~re mais aussil l le temps

et les moyens dont nous dis osions ne nous permettaient pas d~puiser le 1sujet i

1 1 1 t 1

l

- )5 shy

BIBLIOGRAPHIE

BIBLIOGRAPHIE

1- CLAPAREDE Psychologie de leacuteducation et peacutedagogie expeacuterimentale

Edition Delachaux et Niestleacute 244 pages

2- POCIELLC Christian Sport et Socieacuteteacute approche socio-culturelle

des pratiques Paris Vigot 1981 377 pages

3- PIERON Henri Vocabulaire de la psychologie

PUF Deuxiegraveme eacutedition 1957 469 pages

4- Revue socialiste de culture neacutegro-africaine ETHIOPIQUES

Les valeurs traditionnelles et le problegraveme de leur inteacutegration

dans les systegravemes modernes deacuteducation

GIA 21 Juillet 1982 213 pages

5- N2 Revue du Centre dEtudedes Civilisations DEM ak TEY

NIS IVegrave Trimestre 1982 96 pages

6- Document lNSEP Colloque sur la lutte aeacuteregravere

DAKAR MAI-JUIN 1980

t 1

~- Travaux du IVegrave Congregraves National ~es Sports agrave DAKAR les 2223041981

Bulletin n2 91 du CIO du 15 Aont 1965

l____________________________

8- Meacutemoire de Mattrise BADJI Abdou La lutte traditionnelle Joola

Etude et perspective

9- Meacutemoire Inspectorat JS DJITTE Mandy Les pratiques corporelles

traditionnelles au Seacuteneacutegal pour leur exploitation et leur

utilisation en peacutedagogie Marly le Roi 1980

REPUBLIQUE DU SENEGAL

--------------- INSTITUT NATIONAL SUPERIEUR

MINISTERE DE LA JEUNESSE DE LrsquoEDUCATION POPULAIRE

ET DES SPORTS ET DU SPORT

-------------

(INSEPS)

MEMOIRE DE MAIcircTRISE

Es-SCIENCES ET TECHNIQUES

DE LrsquoACTIVITE PHYSIQUE ET DU SPORT

LA LUTTE TRADITIONNELLE

son importance sa signification en fonction des ethos et des habitus ethniques au Seacuteneacutegal

Preacutesenteacute par

Monsieur Joseph Victor FAYE

Sous la direction de

M Jean Marc ROCHEZ

Professeur agrave lrsquoINSEPS

Anneacutee de soutenance 1984

La luttE ~5t avant tout u~e rnanifcs[dtic~ c~lturclie et surtout

fo lkhriqut-

Gracircce agrave elle on peut deacutesormais comprendre un certain nombre de chants

et de symboles A travers la lutte seacuteregravere on ccedilomprend les inter-relashy

tions entreacute la vie et le monde surntiturel

Sil devait y avoir la mort dun villageacuteois pendant la fecirctE au T qUE

de linterrompre on proceacutedait gracircce aux connaissances magico-religieuses

agrave la suspension de la mort jusquagrave une peacuteriode ougrave la population sera plus

disponible pour organiser des funeacuterailles sil y eacutetait preacutedit la possibishy

liteacute dune deacutefait du champion local au profit dun champion dun autre

village des recettes dordre maginque et religieux eacutetaient mises en prashy

tique afin que le champion du village ne soit jamais terrasseacute(J)

334 Le profil du lutteur seacuteregraver~

Le lutteur seacuteregravere est par essence un athlegravete impressionnant de par sa i

carrure et sa musculature saillante mais cest aussi une force tranquille

et calme quelque soit lenjeu du combagravet et particuliegraverement lhonneur

Cet aspect nous pousse agrave parler du NGiMBE cest-agrave-dire de la tenue du

lutteur qui va influencer sur sa faccedilon de lutter

La confection du Ngimbe revient agrave la communauteacute entiegravere Le Ngimbe a

une signification symbolique et le lutteur pour meacuteriter la confiance du

groupe se doit de tout faire pour ne pas toucher le sol Toute la commushy

nauteacute elle aussi sengage pour assurer la longeacuteviteacute et le succegraves du lutteur

dans laregravene par lorganisation droffrandes et de sacrifices en lhonneur

des Pangols bull

bull

Daucuns nheacutesitent pas agrave dire que lessentiel du mysticisme se fait agrave

la maison et non dans laregravene tout le reste nest quintimidation de

ladversaire

lsvcns

Tt- pi ~- t

t 1 ~ l _ ~ t

par rapport agrave lautre Cbci est trEgraves lieacute agrave lactiviteacute journaliegravere du

jeune seacuteregravere qui est un cultivateur donc toujours bien planteacute sur ses

jambes et qui continuellement manie lhiler

Le fait de couper le boi~ peut eacutegalement constituer un moyen de muscushy

lation non neacutegligeable pour le jeune lutteur

Un certain nombre de traits techniques speacutecifiques au lutteur seacuteregravere

semblent ressortir des diffeacuterentes interviews que nous aVOns fait subir

agrave certains lutteurs seacuteregraveres et agrave diffeacuterents techniciens

SOUS-GROUPES FORMES DU CORPS CONTROLES GARDES

SAFEN Moyenne en fente NONE Hancheacute Bras (distante) j

NDUTJ

f

SINE-SINE Deacutecalage Ngimbe

Moyenne

SALOUM-SALOUM Passage- Jambe (rapprocheacutee) 1

i

PETITE dessous Tecircte Basse et 1

COTE Moyenne (rapprocheacutee)

Notons que le Niominka ll commence agrave lutter agrave partir du sol pour avoir

assez deacutelan et sauter sur ladversaire afin davoir la prise du lion

(contr6le de la nuque et du bassin)

Co a -tem-nt ccedilt attitude du lutteur sEacuteregravere335 np -1t ~

Les croyances mystiques sont indissociables des activiteacutes quotidiennes

duseacuteregravere Ce qui explique le cocircteacute supersticieux du lutteur seacuteregravere En

~ffet certains lutteurs refusent de lutter avant certaines heures

Certains teacutemoignages nous apprennent quil nest pas donneacute agrave tout le

monde decirctre champion de lutte et que le lutteur doit avoir des dons

surnaturels pour ecirctre agrave mesure de livrer ses combats dans la nuit

et trouver seul un gris-gris speacutecial appeleacute Njatch

Le vrai champion de lutte chez les seacuteregraveres ne lutte pas seulement avec

~a force et sa technique mais surtout avec ses dons occultes

Chez les seacuteregraveres les morts sont toujours preacutesents et les ~pangols

Servent dintermeacutediaire entre les hommes et les morts Le pangol prend i

le nom dhumain dans certains villages (IIHeacuteJga NDONG Har Wag NGOUYE) i 1

De ce fait on verra le lutteur danser dufe maniegravere ou dune autre en

fonction du pangol de sa famille Ainsi nrus aurons le back (chant et

danse du lutteur) des DIOUF des FAYE etclbullbullbull

Dans laregravene le lutteur seacuteregravere a un comportement exemplaire aussi bien

agrave leacutegard de son adversaire direct quave~ le public en geacuteneacuteral Lexpli shy

cation semble tenir au fait que le lutteur seacuteregravere est avant tout selon

la tradition orale le repreacutesentant de toute la communauteacute seacuteregravere Par

conseacutequent il devra saffirmer non seulement en tant que lutteur dans

laregravene mais aussi en tant quentiteacute morale

336 La tenue du lutteur ou NGIMBE est confectionneacutee par le marabout de la

famille ou du clan Le Ngimbe est constitueacute de pagne en cCton tisseacute

Il doit ecirctre propre le lutteur qui le porte ne devra pas avoir de rapshy

port sexuel pendant toute la peacuteriode des cOTpeacutetitians car le Ngi~bE ne

doit pas ~tre souilleacute

Autrefois et mecircme aujourdthui dans certaines familles on devient

lutteur de pegravere en fils et dans ce cas le Ngimbe du pegravere est heacuteriteacute

par le fils Le fait de porter le Ngimbe de ses aieux peut susciter

chez le jeune lutteur une motivation et une volonteacute ineacutebranlable dtasshy

surer la supeacuterioriteacute d~s siens dans ltaregravene Il fera tout pour que le

Ngimbe de la ramille ne touche le sable

La tenue du lutteur a une signification et une importance sur le plan

mystique car selon les anciens le vra1 feacutetiche du lutteur celui qui

le proteacutegera et laidera agrave vaincre le nDjinne ou le tRapu de ladvershy

saire se trouve cacheacute dans ce Ngimbeu bull Celui qui confectionne donc le

Ngimbe U est doueacute de faculteacutes occultes

337 Larbitrase est assureacute par un sage du village qui geacuteneacuteralement fut

champion de lutte de son temps Dailleurs cet ancien nintervient que

si le terrassement est litigieux Hormis le public qui proclame la vicshy

toire ou le match nul le lutteur lui-mecircme est arbitre et il arrive

quil se deacuteclare vaincu

Nous avons pu cfter Meacutedoune KHOULE un desplus grands lutteurs seacuteneacutegashy

lais qui a donn~ une victoire agrave Djeacuteri SADIO son adversaire qui a reacuteussi

agrave lui faire touegraveher le sol de la main

IlL

34 1 Preacutesentation

Lethnie toucouleur vit En grandt partit ciE~~ la vallfc du S~~~gal

pt reprecircsente i peu pr~s 8 de la population totale secircn~galaise

o Histoire

Il semblerait que dans lancien royaume du Tekrour (IX~ siegravecle) des

eacuteleacutements neacutegroiumldes Sarakoleacute et des Peul aient formEacute par meacutetissage le

peuple Toucouleur (Toucouleur serait dailleurs une deacuteformation du

mot portugais Tacouror)

Ce empire a domineacute aussi bien les wolofs de lOuest que les Peul

nomades du Fouta Toro Cette reacutegion fut le premier pays islamiseacute par

les Almoravides ce qui peut expliquer le proseacutelytisme toucouleur

Ce sont les guerriers toucouleur islamiseacutes qui attaqu~rent avec les

Almoravides la capitale du Ghana Koumbi en 1067 On convertit par

la force les animistes Cest sans doute agrave cette eacutepoque que de nombreuses

ethnies reacutefractaires agrave lIslam ont dO accentuer leur migration vers

le sud (Seacuteregravere wolof Sarakoleacute Bambara Songhaiuml Akan et Peul se reacuteshy

fugiaient vers les hauteurs du Fouta Djalon)

Au XIXegrave siegravecle les Toucouleur allaient trouver en El Hadj Omar Tall

un grand conqueacuterent qui sous le preacutetexte religieux de la gJerre sainte

contre les tribus animistes (entre autres Bambara) eacutetendit lempire

toucouleur sur presque tout lensemble du gali et la partie de la Guineacutee

proche du l1ali

Lempire toucouleur composeacute de Sarakoleacute de Bambar~ de ~alinkeacute de

Xassonkeacute dE Peul et de Dogon eut le meurorit~ dunir CES diif~rentes ~ ~ - - - - - et~ics ~t dE CD~stituer l~Sl la b2S~ ~r 1

_ ~ ~ ~_ L ~

~ ~- ~- - - ---- _ 1 v _ t 1 ~-_ --

marabout tOL~culcuuml~ ~ middotlrrany a l ick SI venu des E1i rClS dE Pocior~ (

~ Vi~ euroconomicue et sociale -----------~-------------

Les Toucouleur sont des cultivateurs mais bien quils n~ soie~t pa~

pasteurs comrre les Peul leacutelevage a une place inportarteacute decirc1S ltur

eacutecono~ie Pour faciliter leur conquecircte guerriegraverE ils c~t Eucirc une preacuteshy

dilection pour leacutelevage des chevaux On y trouve aussi des pecirccheurs

appeleacutes Tchioubalo La socieacuteteacute toucouleur aurait une stratification

sociale tregraves rigide Les groupes ethniques et les castes eacutetaient

diffeacuterencieacutes et strictement exogamiques les Rimbe classe des nobles

comprenant la famille reacutegnante et les guerriers libres la classe des

Nieacutenieacutebegens de castes artisanales i les Rimaibeacute anciens esclaves

devenus serviteurs qui portent les noms de famille de leur maicirctres A

la base de lorganisation de la collectiviteacute toucouleur se situe le

village (Wouro)

Toutes ces castes sont cloisonneacutees entre elle~ Ainsi il nest pas

permis agrave un Torodo (noble) de se marier avec un Tchioubalo Ces

consideacuterations sont importantes dans le domaine de la lutte ougrave nous

apercevrons que les nobles ne sont pas faits pour lutter Le noble

preacutesidera les seacuteances de lutte et on luttera pour lui Ces condeacute rat ions

de noblesse et de rang social sont extrecircmement importantes dans le

monde toucouleur

Le noble ne doit pas se salir on lutte pour lui il ne vit la lutte

quen tant que spectateur

342 Education moeurs croyances et eratiques religieuses

Deux formes d~ducation sont agrave consideacuterer leacutedJcatio~ dES enfarts Et

celle des adultes

oG lenfant sait m2n~~r et apprfcier le goOt d~5 ~iifeurorents r~pas lt

le moment ougrave il CO~~e~CE agrave marcher

tivirt n~sormais le petit toucou]eur est eacuteduquf par toutmiddot 12 f2~i)]E

dabord puis par toutes lespersc~nes du village ou du C13~

Lenfant peut ~tre corrigeacute par tout adulte appartenant au groupe social

Son eacuteducation est deacutesormais laffaire de toute la communauteacute et non

exclusivement celle ces parents On linitie ainsi au travail quotidien

qui se fait dans la bergel~ e les champs et les bords du fleuve Au sein

du village il pourra apprendre agrave filer la laine et agrave tisser des pagnes

dans les champs il apprend agrave manier la houe et lhiler pour la culture

du riz et du mil Mais signalons que lactiviteacute essentielle du toucouleur

est leacutelevage des boeufs des moutons et des chegravevres Chez les Ichioushy

balos (p~cheurs ) lenfant sera initieacute tregraves tat au maniement des pagaies

agrave la p~che propremccedilnt dite et agrave la nage

Vers cinq-six ans lenfant est confieacute au maicirctre coranique le Ihierno

et ce dernier dispose exclusivement de toute sa vie Lavenir du jeune

enfant lui appartient

Comme dans les autres groupes ethniques les enfants sont regroupeacutes en

classe dacircge et cest dans cette structure que lenfant subit les rite

de passe et plus particuliegraverement celui de la circoncision

La circoncision est non seulement unE opeacuteration chirurgicale malS surshy

tout une peacuteriode au cours de laquelle le jeune garccedilon passe de leacutetat

dadolescent agrave leacutetat dadulte Les circoncis sont reacuteunis en classe

dacircge dans un endroit situeacute hors duvillage geacuteneacuteralement choisi par les

vieux Cet endroit n~st accessible que par des individus de SExe ffi8SCUshy

li~ ~ta~t au preacutealabl circoncis

- - - -

quable et complet sur le plan phy~ique et ~oral Ai~si liniti~

acquiert les qualitecircs indispensables que sont le courag~ la modest

lesprit de sacrifice lendurance

Le toucoule~r est un pleux musulma~ Cela sexp1

SOil le premier agrave tre en contact avec la religion musulmane de par sa

position frontaliegravere Lethnie toucouleur de par son histoire a preacutesenteacute

les plus grands chefs militaires et religieux musulmans seacuteneacutegalais Et

pour illustrer cela on peut citer en exemple la grande famille musulmane

des SY agrave TIVAOUANE repreacutesentant la confreacuterie des TIDJANES

Bien que lon note une majoriteacute musulmane on peut dire que certaines

croyances et pratiques mystiques et animistes persistent encore surtout

dans la reacutegion du fleuve

Une pratique courante se fait elle sappelle le Djatt Elle consiste

agrave faire sortir le caiman du fleuve agrave limmobiliser et agrave lattacher

sans quil ne reacuteagisse et tout ceci agrave laide de versets et dincantashy

tions magiques Dapregraves les teacutemoignages ces pratiques sont plutocirct

freacutequentes chez les Tchioubalos (pecirccheurs) Il arrive aussi que cershy

tains chasseurs ayant des dons se livrent agrave certaines pratiques an1shy

mis tes qui consistent agrave invoquer certaines puissances et agrave moduler sous

forme de chant des versets occultes pour se proteacuteger des mauvais esprits

et pour eacuteloigner les fauves Ce chant est geacuteneacuteralement incompreacutehensible

et deacutenueacute de sens pour le profane

343 Activiteacutes ludiques et pratiques sportives en milieu toucouleur

Durant toute son histoire lethnie ~oucouleur a toujours EacutetEacute Frese~teacute~

comme celle qui avait ue activit essentiellement guerr e e~ particushy

liegraverement farouche Trois eacuteleacutements ret r t l ecirc t te nt i c- euro so~t

le manie~~nt du ~acircton 12 luttE Et 1eacute danSE

l

Lecircducation ph~sique et artistique Dcc~pe un place precircpondecircra~rp

dans la fDrmat~on du jEune toucouleur A loccasion agraveeacutevegravenemen~ imporshy

tants reacutecoltJs mariages baptecircme nous assistons agrave des manifestashy

tions folkloriques de grande envergure le Wango oucirc dailse toucouleur

tregraves gymnique iles chants et surtout les sEacuteances de lutte

La lutte toucouleur est la forme de lutte la plus spectaclaire dans

tout le territoire seacuteneacutegalais Elle est essentiellement baseacutee sur des

techniques en hancheacute et surtout en souplesse Ceci sexplique par le

fait q~e le jeune toucouleur est tregraves tocirct initieacute agrave la gymnastique (saut 1

per saut de main salto arriegravere saut de tecircte couronneacute etc bullbullbull ) pour

la dans~ du wa~go En dansant le wango qui est une danse rythmeacutee et

gymnique le Jeune toucou1eur est capable de prouesses extraordinaires

1

En lutte lattaquant se deacuteplace tregraves peu pour avoir une bonne saisie

(geacuteneacutera~ement controcircle du Ngimben ) et enchaine brusqueme~t avec une

attaque surpris~ Cependant les ripostes sont souvent surprenantes et

spectaculaires (baseacutees sur la souplesse et la rapiditeacute) ontrairement

aux autr~s form~s de luttes ougrave lon voyait tous les jeune adheacuterer la

lutte to~cou1eur Verra un groupe de speacutecialistes sadonne agrave la lutte 1

(la lutte est lieacutee agrave la position sociale de lindividu problegraveme de

caste)

Q La morphologie du lutteur toucou1eur 1

1 1

Ce dernier nest pas aussi large et aussi fort que les lutteurs diola

et seacuteregravere Cependant il est tregraves reacutesistant La musculatJre est saillante 1

et tregraves souple lindividu est longiligne mais tregraves athleacutetique

Les mouvements de lutteurs sont semblables agrave ceux dun grand fe1in Cette 1

morphologie semble ecirctre lieacutee agrave la position geacuteographique de lethnie

(reacutegion du fleuve) et agrave lacitiviteacute socio-eacuteconomique du toucouleur qui

est agrave la fois cultivateur (activiteacute lieacutee agrave la crue et deacutecrUE du fleuve)

pecirccheuro~T CIcr~icubaon) et sttout jEumlrgcr qui est U~ rc~2eumlr

shy

Deux formes egrave~ corps sembl~nt ecirctre preacutefeacutereacutees du lutteur toucouleur

le hancheacute et la souplesse Les hancheacutes sont faits agrave partir de plusieurs

positions de doset se terminent geacuteneacuteralement par des techniques de

tregraves grande amplitude

TABLEAU RECAPITULATIF DES TECHNIQUES ET FORMES DE CORPS SPECIFIQUES

i

L441 r

GARDE FORMES DU CORPS CONTROLES --shy - -

Moyenne Souplesse Ngimbe

Hancheacute bras

Demi-souplesse

1

Profil psycholosigue 1

TECHNIQUES

ContrOle du bassin et 12 souplesse

arriegravere

Klicket et allegravegement de la hanche

Le lutteur toucouleur est celui lUi se livre le moins aux preacuteparaqons

maraboutiques Cela est dO au f~t que le toucouleur est un grand ~USUlshyman et que les pratiques animisges ont presque disparu dans ce mil~eu

Dans la pratique le lutteur esJ combaif mais il est calme et tr~s reacutefleacutechi quant agrave la deacutecision agrave prendre en plein corps agrave corps ct~st un des seuls techniciens qui reJte tregraves lucide au cours de ses comb~ts

l Dans toutes les circonstances e lutteur toucouleur est tenu de re~pecshyter son adversaire et ceux de s4n eacutequipemecircme sil est vaincu

Comme nous avons dO nous en rendre compte la rigueur des principes

eacuteducationnels a une influence tregraves sensible sur l~ comportement du

toucouleur

i

III S COCL ~s 1DO

Dans cette partie nous avons essay~ de montrer lftroite re1atic~

Entre les diverses activiteacutes socio-eacuteconomiques dans les ethnies et

lES diffEacuterentes faccedilons de lutter

Daucuns seraient tent~s de conclure trop rapidement et cest p0~r

cette raison que nOUS avons penseacute preacuteciser que le pheacutenotype nest

pas geacuteneacuterateur du geacutenotype Et nous sommes convaincus que la morphoshy

logie et les techniques des lutteurs relegravevent de leurs modes de vie

et de leurs croyances agrave une eacutepoque et danE un contexte bien deacutetermishy

neacutes

Est-ce que les lutteurs dio1a ou seacuteregravere travaillant avec leurs bras

dans les champs auraient les mecircmes pr 0 fil s physiques que les lutteurs

utilisant des machines pour lagriculture

- 69 shy

I UJOURDH~1 E-S ut O[l LES FORfilS Ut LU11t~

~otons que notre enqu~te a ecirctE essentiellement faiteen milieu urbain

Les seacuteances de lutte ont tendance agrave perdre leur particulariteacute de r~shy

jouissance pour devenir des pheacutenomegravenes de sportisatio Deux fores

de luttes so~t principale~cnt prat s dans les aregrave~es du 5 al

la lutte traditiunnelle simple et la lutte traditionnelle avec frappe

De nos jours la lutte traditionnelle tend vers une reacuteglementation

et une institutionalisation

Le reacutesultat de nos investigations nous donne le tableau ci-dessous

REPARTITION ETHNIQUE SUR 100 PRATIQUANTS

LUTTE LUTTE RAPPORTETHNIES SANS FRAPPE AVEC FRAPPE J2

Diola 40 16 71 j

Seacuteregravere 26 21 57

Toucouleur 23 10 69

Wolof 1 1 53 17

La demande sociale par ordre deacutecroissant pour la lutte sans frappe

se preacutesente comrre suit

]0_ Ethnie diola avec pregraves de 3 lutteur~ sur 4

2deg_ Ethnie toucouleur

Ethri dun

~ 1 LA LUTTE TR])IIIO~~ELLE AVEC H-PPE

Cette forme deacute lutte a une histoire qui date de lantiquiteacute elle

sa~pelait le Pugilat Au Seacuteneacutegal elle a vu le jour dans le Cayor

bien avant la colonisation Le coup dE pied l~Lrdn~lement la morshy

sure la frappe et le doigtf eacutetaient permis dans le cc=bat ~ ~middot~p0~~e

Dans certains cas la giffle eacutetait beaucoup plus dangereuse que le

poing quand elle eacutetait donneacutee par un speacutecialiste Cette giffle pouvait

agrave elle seule deacutechirer et mecircme parfois amputer la joue de ladverser

Selon les informations la lutte avec frappede nos jours serait une

forme de lutte tregraves eupheacutemiseacutee de celle dantan ougrave une blessure

pouvait souvent ecirctre mortelle

Aujourdhui au niveau du folklore la lutte na plus la mecircme

le spectaculaire a remplaceacute le significatif iLa lutte avec frappe se 1

pratique surtout dans les centres urbains C~aque fois quun grand combat 1

est progra~eacute par le Comiteacute National Proviso~re (CNP) des centaines damashy

teurs sont mobiliseacutes vers le stade lba Mar D~OP qui est aujourdhui le i

lieu approprieacute ougrave se deacuteroulent les grands conkbats de lutte Cest la formE

de lutte qui semble drainer une foule de personnes beaucoup plus importante

que celle de la lutte simple

La lutte avec frappe deacuteriverait dune forme de lutte traditionnelle

pratiqueacutee jadis dans le Cayor au temps des Damels et la frappe serait

le substitut dun certain nombre de pratiques doigteacute jet de produits

etc bullbullbull dont le but eacutetait laveuglement de ladversaire La lutte avec

frappe serait une continuation logique dune carriegravere sportive de la

lutte traditionnelle qui sen sert comme moyen socio-eacuteconomique En

effet la majoriteacute des lutteurs avec frappe ont dabord eacuteteacute initieacutes agrave la

lutte simple Cependant il faut signaler que de nOS jours il arrive

que le jeune lutteur avec frappE- soit directenent formEacute conne speacutecialistE

agrave la frappe sa~s pour autant faire son chemin dabcrd egravea~s la lutte

- ~ shy

Le recircsultat dE ~os interviews ncus rec~trE qGune pcpulatiD~ divcrsishy

fiampe sint~resse agrave ce sport et qUE les intecircr~[s des uns et d~SlautrE~

semble~t divergents naucuns affirment que la lutte traditionnelle

avec frappe serait monteacutee par des personnes dont la vocation est dexshy

ploiter ce pheacuteLomegravene agrave des fins commerciales Dautres disent gJellegrave

jouit de mcyens irport~nts t[l[~isio

tation etc bullbullbull ) pour toucher toutes les couches sociales CEpe~~a~t

nous remarquons que mecircme si certaines personnes reprochent agrave cette

forme de lutte decirctre brutale ces mecircmes personnes nheacutesitent pas agrave

se rendre le dimanche agrave laregravene Bien que critiqueacutee elle semble ecirctre

adopteacutee par une tregraves grande partie de la population seacuteneacutegalaise Cepenshy

dant en tant que techniciens il nous est permis de faire une remarque

Il sagit de

- Limpression nette decirctre devant des professionnels de la frappe

qui sont ~ntratneacutes pour cela Dailleurs les propos que nous avons

recueilli~ nous prouvent que la plupart des champions de lutte avec 1

frappe s~ntratnent dans certains sports de combat tels ~ue la boxe i 1

le karateacute le judo Dans cette nouvelle forme de pratique de la lutte

contrairefuent agrave la lutte traditionnelle le technicien e~t souvent

perdant face au puncheur Ce dernier adopte une lutte agrave distance qui

lui permet de placer agrave bon escient ses coups animeacute du deacutesir de vaincre

Le technicien lui se voit contreacute dans toutes ses entreprises par

un uppercut ou un crochet

On peut dire cependant que nul sport au Seacuteneacutegal que la lutte tradishy

tionnelle avec frappe ne deacutechaicircne autant de passions et autant de

pheacutenomegravenes poussant agrave lexcegraves et deacutereacuteglements quon ne peut que deacuteplorer

Mais comment deacutecrier un spectacle de lutte qui bien quayant perdu la

presque totaliteacute des valeurs traditionnelles veacutehiculeacutees autrefois par

elle sait susciter une participation effective de tous ceux qui sont

preacutesents

CONCLUSION

Dans ce meacutemoire nous sommes efforceacutes ~e faire ressort ir limportance des

ethos et des habitus et leurs effets sur la pratique de la lutte tradishy

tionnelle au Seacuteneacutegal

L~b egravethos repr~sentent dune maniegravere g~neurorale tous les eacuteleacutements speacutec

fiques sux Seacuteneacutegalais par conampeacuteguent un systegraveme de valeurs traditionnellEs

Mais m~me si ces valeurs rev~tent une signification universelle (honneur

digniteacute courage etc bullbullbull ) il nen demeure pas moins que ce nest pas leur

nature qui fait leur speacutecificiteacute mais la hieacuterarchisation et limportance i

quon accorde agrave toutes ces valeurs de ~ar leacuteducation ou la culture

i 1

Aussi les valeurs traditionnelles puient leur speacutecificiteacute dans les

caracteacuteristiques propres aux eacuteleacutements ~e la socio-cu1ture (la technologie

et leacuteconomie la politique et la pareteacute la psychologie et lideacuteologie)

dans la socieacuteteacute seacuteneacutegalaise agrave n momen donneacute de son eacutevolution Cest i

dire la neacuteceesiteacute de ne point faire della valeur une reacutealiteacute statique

Cest dite aussi quagrave tout mome~t le ~eacuteneacutegalais peut eacutevoluer et creacuteer

ou vivre par conseacutequent de nouv~lles fprmes de valeur qui lui sont 1

propres ft (J)

La lutte traditionnelle veacutehiculant deS valeurs socio-cu1ture1les speacutecishy

fiquement seacuteneacutegalaises (croyances valeurs morales norme de comportement

opinion attitude bullbullbull ) devient un eacuteleacutement important qui tregraves certaiaement

nous aidera dans notre effort de valoriser et de peacuterenniser notre patri shy

moine culturel par le biais dactiviteacutes physiques et sportives

Leacutetude des habitus nous permet de prouver quil y a plusieurs faccedilons

de se mouvoir comme danser lutter bullbullbull qui varient avec les diffeacuterentes

ethnies (wolof toucouleur seacuteregravere diolagt leurs convenances et leurs

eacuteducations

(1) Revue Ethiopiques 31 Les valeurs traditionnelles et le problegraveme de leur inteacutegration dans les systegravemes modernes jtducatio-1 2 6r--70

nautre part cette eacutetude permet aussi de nous rendrE compte de la

correacutelatipn eacutetroite existant entre la pratique de la lutte traditionnelle

et le sta~ut socio-eacuteconomique du pratiquant

Nos inves~igations nous indiquent que la lutte recrute essentiellement

au niveau des classes socio-eacuteconomiques situeacutees en bas de leacutechelle

donc posseacutedant le statut social le moins favoriseacute La lutte avec frappe

-et un certain secteur commercialiseacute de la lutte simple- y trouve sa

leacutegitimiteacute Comme le dit BOURDIEU nA habitus diffeacuterents styles de Vle

divergents et il oppse les pratiques aristocpatiques correspondants agrave

des activiteacutes qui favorisent les situations eupheacutemiseacutees ougrave la stylisashy

tion est importante aux pratiques populaires qui font appel agrave des

qualiteacutes qpposeacutees bllutes rugueuses Certaines interviews nous

montrent que plus lindividu occupe une place eacuteleveacutee dans leacutechelle

sQciale e~ 1

moin$ il sinteacuteresse agrave la lutte

Les reacutesultats recueillis dans nos diverses investig~tions confirment 1 1

1er propos qui disent que nous assistons aujourdhu~ agrave une involution

de la lutte traditionnelle parce que perdant toutes ses speacutecificiteacutes au 1

pryfit d~ne autre forme de lutte que lon continue agrave appeler nostalshy

giqlementIIlutte traditionnelle

Ceci pourrait peut-~tre trouver une explication dan la citation suivante

La liberteacute de creacuteer dinnover de vivre Pleineinenf decirctre soi et de

preacuteserver son authenticiteacute la digniteacute et lhonneu1demeurent des illushy

sions dans la misegravere eacuteconomique~ Nos ancecirctres creacuteai~nt des valeurs de cishyl

vilisation parce quils eacutetaient libres parce qu1i~s ignoraient toute

deacutependance eacuteconomique ils cultivaient en eux et cbez leurs enfants le 1

Jorn et la Kersa et preacutefeacuteraient la mort agrave la hoJte lI (1)

Or le Seacuteneacutegal comme la plupart des pays africainsi est un pays sousshy

deacuteveloppeacute t cependant face agrave cette volonteacute du gou~ernement seacuteneacutegalais

de faire inteacutegrer dans leacuteducation des valeurs traditionnelles nous

pouvons espeacuterer utiliser comme moyen deacuteducation la lutteacute traditionnelle

qui reste quand mecircme vecteur jethos et dhabit~s

- 54 shy

Mecircme si lon a noteacute un appauvrissement notoire sur les plans socioshy

culturel et moral la lutte traditionnelle recegravele une gamme importante

et varieacutee de techniques permettant incontestablement une ouverture vers

les luttes olympiques libre et g~eacuteco-romaine

La lecture de ce meacutemoire permettra agrave lentratneur et au professeur de

lutte en fonction du lieu ougrave ils seront affecteacutes dans le territoire

seacuteneacutegalaisdavoir une information sur les techniques contrOles et

formes de corps propres agrave chaque groupe ethnique et de les mettre en

relation avec leurs croyances et leurs mentaliteacutes

Nous avons essayeacute de montrer que la pratique de la lutte traditionnelle

doit tre axeacutee sur une ethnomotriciteacute au Seacuteneacutegal qui permette une inishy

tiation facile Cette pratique de la lutte traditionnelle seacuteneacutegalaise

devra dailleurs essayer de ~eacutepondre aux aspirations du Seacuteneacutegalaisl

moderne en souvrant aux ap~orts positifs des autres civilisations

ex~eacuterieures nous voulons Jvidemment parler du judo et des luttes oiymshyJ

piques 1

1 j Nous navons pas la preacutetentfon dans le cadre de ce meacutemoire demattrise

de reacutepondre agrave toutes les qutstions se rattachant agrave leacutetude de ~a lutte

traditionnelle souslangle~socio-culturel car non seulement il nous

manque lexpeacuterience et la c peacutetence en la mati~re mais aussil l le temps

et les moyens dont nous dis osions ne nous permettaient pas d~puiser le 1sujet i

1 1 1 t 1

l

- )5 shy

BIBLIOGRAPHIE

BIBLIOGRAPHIE

1- CLAPAREDE Psychologie de leacuteducation et peacutedagogie expeacuterimentale

Edition Delachaux et Niestleacute 244 pages

2- POCIELLC Christian Sport et Socieacuteteacute approche socio-culturelle

des pratiques Paris Vigot 1981 377 pages

3- PIERON Henri Vocabulaire de la psychologie

PUF Deuxiegraveme eacutedition 1957 469 pages

4- Revue socialiste de culture neacutegro-africaine ETHIOPIQUES

Les valeurs traditionnelles et le problegraveme de leur inteacutegration

dans les systegravemes modernes deacuteducation

GIA 21 Juillet 1982 213 pages

5- N2 Revue du Centre dEtudedes Civilisations DEM ak TEY

NIS IVegrave Trimestre 1982 96 pages

6- Document lNSEP Colloque sur la lutte aeacuteregravere

DAKAR MAI-JUIN 1980

t 1

~- Travaux du IVegrave Congregraves National ~es Sports agrave DAKAR les 2223041981

Bulletin n2 91 du CIO du 15 Aont 1965

l____________________________

8- Meacutemoire de Mattrise BADJI Abdou La lutte traditionnelle Joola

Etude et perspective

9- Meacutemoire Inspectorat JS DJITTE Mandy Les pratiques corporelles

traditionnelles au Seacuteneacutegal pour leur exploitation et leur

utilisation en peacutedagogie Marly le Roi 1980

REPUBLIQUE DU SENEGAL

--------------- INSTITUT NATIONAL SUPERIEUR

MINISTERE DE LA JEUNESSE DE LrsquoEDUCATION POPULAIRE

ET DES SPORTS ET DU SPORT

-------------

(INSEPS)

MEMOIRE DE MAIcircTRISE

Es-SCIENCES ET TECHNIQUES

DE LrsquoACTIVITE PHYSIQUE ET DU SPORT

LA LUTTE TRADITIONNELLE

son importance sa signification en fonction des ethos et des habitus ethniques au Seacuteneacutegal

Preacutesenteacute par

Monsieur Joseph Victor FAYE

Sous la direction de

M Jean Marc ROCHEZ

Professeur agrave lrsquoINSEPS

Anneacutee de soutenance 1984

par rapport agrave lautre Cbci est trEgraves lieacute agrave lactiviteacute journaliegravere du

jeune seacuteregravere qui est un cultivateur donc toujours bien planteacute sur ses

jambes et qui continuellement manie lhiler

Le fait de couper le boi~ peut eacutegalement constituer un moyen de muscushy

lation non neacutegligeable pour le jeune lutteur

Un certain nombre de traits techniques speacutecifiques au lutteur seacuteregravere

semblent ressortir des diffeacuterentes interviews que nous aVOns fait subir

agrave certains lutteurs seacuteregraveres et agrave diffeacuterents techniciens

SOUS-GROUPES FORMES DU CORPS CONTROLES GARDES

SAFEN Moyenne en fente NONE Hancheacute Bras (distante) j

NDUTJ

f

SINE-SINE Deacutecalage Ngimbe

Moyenne

SALOUM-SALOUM Passage- Jambe (rapprocheacutee) 1

i

PETITE dessous Tecircte Basse et 1

COTE Moyenne (rapprocheacutee)

Notons que le Niominka ll commence agrave lutter agrave partir du sol pour avoir

assez deacutelan et sauter sur ladversaire afin davoir la prise du lion

(contr6le de la nuque et du bassin)

Co a -tem-nt ccedilt attitude du lutteur sEacuteregravere335 np -1t ~

Les croyances mystiques sont indissociables des activiteacutes quotidiennes

duseacuteregravere Ce qui explique le cocircteacute supersticieux du lutteur seacuteregravere En

~ffet certains lutteurs refusent de lutter avant certaines heures

Certains teacutemoignages nous apprennent quil nest pas donneacute agrave tout le

monde decirctre champion de lutte et que le lutteur doit avoir des dons

surnaturels pour ecirctre agrave mesure de livrer ses combats dans la nuit

et trouver seul un gris-gris speacutecial appeleacute Njatch

Le vrai champion de lutte chez les seacuteregraveres ne lutte pas seulement avec

~a force et sa technique mais surtout avec ses dons occultes

Chez les seacuteregraveres les morts sont toujours preacutesents et les ~pangols

Servent dintermeacutediaire entre les hommes et les morts Le pangol prend i

le nom dhumain dans certains villages (IIHeacuteJga NDONG Har Wag NGOUYE) i 1

De ce fait on verra le lutteur danser dufe maniegravere ou dune autre en

fonction du pangol de sa famille Ainsi nrus aurons le back (chant et

danse du lutteur) des DIOUF des FAYE etclbullbullbull

Dans laregravene le lutteur seacuteregravere a un comportement exemplaire aussi bien

agrave leacutegard de son adversaire direct quave~ le public en geacuteneacuteral Lexpli shy

cation semble tenir au fait que le lutteur seacuteregravere est avant tout selon

la tradition orale le repreacutesentant de toute la communauteacute seacuteregravere Par

conseacutequent il devra saffirmer non seulement en tant que lutteur dans

laregravene mais aussi en tant quentiteacute morale

336 La tenue du lutteur ou NGIMBE est confectionneacutee par le marabout de la

famille ou du clan Le Ngimbe est constitueacute de pagne en cCton tisseacute

Il doit ecirctre propre le lutteur qui le porte ne devra pas avoir de rapshy

port sexuel pendant toute la peacuteriode des cOTpeacutetitians car le Ngi~bE ne

doit pas ~tre souilleacute

Autrefois et mecircme aujourdthui dans certaines familles on devient

lutteur de pegravere en fils et dans ce cas le Ngimbe du pegravere est heacuteriteacute

par le fils Le fait de porter le Ngimbe de ses aieux peut susciter

chez le jeune lutteur une motivation et une volonteacute ineacutebranlable dtasshy

surer la supeacuterioriteacute d~s siens dans ltaregravene Il fera tout pour que le

Ngimbe de la ramille ne touche le sable

La tenue du lutteur a une signification et une importance sur le plan

mystique car selon les anciens le vra1 feacutetiche du lutteur celui qui

le proteacutegera et laidera agrave vaincre le nDjinne ou le tRapu de ladvershy

saire se trouve cacheacute dans ce Ngimbeu bull Celui qui confectionne donc le

Ngimbe U est doueacute de faculteacutes occultes

337 Larbitrase est assureacute par un sage du village qui geacuteneacuteralement fut

champion de lutte de son temps Dailleurs cet ancien nintervient que

si le terrassement est litigieux Hormis le public qui proclame la vicshy

toire ou le match nul le lutteur lui-mecircme est arbitre et il arrive

quil se deacuteclare vaincu

Nous avons pu cfter Meacutedoune KHOULE un desplus grands lutteurs seacuteneacutegashy

lais qui a donn~ une victoire agrave Djeacuteri SADIO son adversaire qui a reacuteussi

agrave lui faire touegraveher le sol de la main

IlL

34 1 Preacutesentation

Lethnie toucouleur vit En grandt partit ciE~~ la vallfc du S~~~gal

pt reprecircsente i peu pr~s 8 de la population totale secircn~galaise

o Histoire

Il semblerait que dans lancien royaume du Tekrour (IX~ siegravecle) des

eacuteleacutements neacutegroiumldes Sarakoleacute et des Peul aient formEacute par meacutetissage le

peuple Toucouleur (Toucouleur serait dailleurs une deacuteformation du

mot portugais Tacouror)

Ce empire a domineacute aussi bien les wolofs de lOuest que les Peul

nomades du Fouta Toro Cette reacutegion fut le premier pays islamiseacute par

les Almoravides ce qui peut expliquer le proseacutelytisme toucouleur

Ce sont les guerriers toucouleur islamiseacutes qui attaqu~rent avec les

Almoravides la capitale du Ghana Koumbi en 1067 On convertit par

la force les animistes Cest sans doute agrave cette eacutepoque que de nombreuses

ethnies reacutefractaires agrave lIslam ont dO accentuer leur migration vers

le sud (Seacuteregravere wolof Sarakoleacute Bambara Songhaiuml Akan et Peul se reacuteshy

fugiaient vers les hauteurs du Fouta Djalon)

Au XIXegrave siegravecle les Toucouleur allaient trouver en El Hadj Omar Tall

un grand conqueacuterent qui sous le preacutetexte religieux de la gJerre sainte

contre les tribus animistes (entre autres Bambara) eacutetendit lempire

toucouleur sur presque tout lensemble du gali et la partie de la Guineacutee

proche du l1ali

Lempire toucouleur composeacute de Sarakoleacute de Bambar~ de ~alinkeacute de

Xassonkeacute dE Peul et de Dogon eut le meurorit~ dunir CES diif~rentes ~ ~ - - - - - et~ics ~t dE CD~stituer l~Sl la b2S~ ~r 1

_ ~ ~ ~_ L ~

~ ~- ~- - - ---- _ 1 v _ t 1 ~-_ --

marabout tOL~culcuuml~ ~ middotlrrany a l ick SI venu des E1i rClS dE Pocior~ (

~ Vi~ euroconomicue et sociale -----------~-------------

Les Toucouleur sont des cultivateurs mais bien quils n~ soie~t pa~

pasteurs comrre les Peul leacutelevage a une place inportarteacute decirc1S ltur

eacutecono~ie Pour faciliter leur conquecircte guerriegraverE ils c~t Eucirc une preacuteshy

dilection pour leacutelevage des chevaux On y trouve aussi des pecirccheurs

appeleacutes Tchioubalo La socieacuteteacute toucouleur aurait une stratification

sociale tregraves rigide Les groupes ethniques et les castes eacutetaient

diffeacuterencieacutes et strictement exogamiques les Rimbe classe des nobles

comprenant la famille reacutegnante et les guerriers libres la classe des

Nieacutenieacutebegens de castes artisanales i les Rimaibeacute anciens esclaves

devenus serviteurs qui portent les noms de famille de leur maicirctres A

la base de lorganisation de la collectiviteacute toucouleur se situe le

village (Wouro)

Toutes ces castes sont cloisonneacutees entre elle~ Ainsi il nest pas

permis agrave un Torodo (noble) de se marier avec un Tchioubalo Ces

consideacuterations sont importantes dans le domaine de la lutte ougrave nous

apercevrons que les nobles ne sont pas faits pour lutter Le noble

preacutesidera les seacuteances de lutte et on luttera pour lui Ces condeacute rat ions

de noblesse et de rang social sont extrecircmement importantes dans le

monde toucouleur

Le noble ne doit pas se salir on lutte pour lui il ne vit la lutte

quen tant que spectateur

342 Education moeurs croyances et eratiques religieuses

Deux formes d~ducation sont agrave consideacuterer leacutedJcatio~ dES enfarts Et

celle des adultes

oG lenfant sait m2n~~r et apprfcier le goOt d~5 ~iifeurorents r~pas lt

le moment ougrave il CO~~e~CE agrave marcher

tivirt n~sormais le petit toucou]eur est eacuteduquf par toutmiddot 12 f2~i)]E

dabord puis par toutes lespersc~nes du village ou du C13~

Lenfant peut ~tre corrigeacute par tout adulte appartenant au groupe social

Son eacuteducation est deacutesormais laffaire de toute la communauteacute et non

exclusivement celle ces parents On linitie ainsi au travail quotidien

qui se fait dans la bergel~ e les champs et les bords du fleuve Au sein

du village il pourra apprendre agrave filer la laine et agrave tisser des pagnes

dans les champs il apprend agrave manier la houe et lhiler pour la culture

du riz et du mil Mais signalons que lactiviteacute essentielle du toucouleur

est leacutelevage des boeufs des moutons et des chegravevres Chez les Ichioushy

balos (p~cheurs ) lenfant sera initieacute tregraves tat au maniement des pagaies

agrave la p~che propremccedilnt dite et agrave la nage

Vers cinq-six ans lenfant est confieacute au maicirctre coranique le Ihierno

et ce dernier dispose exclusivement de toute sa vie Lavenir du jeune

enfant lui appartient

Comme dans les autres groupes ethniques les enfants sont regroupeacutes en

classe dacircge et cest dans cette structure que lenfant subit les rite

de passe et plus particuliegraverement celui de la circoncision

La circoncision est non seulement unE opeacuteration chirurgicale malS surshy

tout une peacuteriode au cours de laquelle le jeune garccedilon passe de leacutetat

dadolescent agrave leacutetat dadulte Les circoncis sont reacuteunis en classe

dacircge dans un endroit situeacute hors duvillage geacuteneacuteralement choisi par les

vieux Cet endroit n~st accessible que par des individus de SExe ffi8SCUshy

li~ ~ta~t au preacutealabl circoncis

- - - -

quable et complet sur le plan phy~ique et ~oral Ai~si liniti~

acquiert les qualitecircs indispensables que sont le courag~ la modest

lesprit de sacrifice lendurance

Le toucoule~r est un pleux musulma~ Cela sexp1

SOil le premier agrave tre en contact avec la religion musulmane de par sa

position frontaliegravere Lethnie toucouleur de par son histoire a preacutesenteacute

les plus grands chefs militaires et religieux musulmans seacuteneacutegalais Et

pour illustrer cela on peut citer en exemple la grande famille musulmane

des SY agrave TIVAOUANE repreacutesentant la confreacuterie des TIDJANES

Bien que lon note une majoriteacute musulmane on peut dire que certaines

croyances et pratiques mystiques et animistes persistent encore surtout

dans la reacutegion du fleuve

Une pratique courante se fait elle sappelle le Djatt Elle consiste

agrave faire sortir le caiman du fleuve agrave limmobiliser et agrave lattacher

sans quil ne reacuteagisse et tout ceci agrave laide de versets et dincantashy

tions magiques Dapregraves les teacutemoignages ces pratiques sont plutocirct

freacutequentes chez les Tchioubalos (pecirccheurs) Il arrive aussi que cershy

tains chasseurs ayant des dons se livrent agrave certaines pratiques an1shy

mis tes qui consistent agrave invoquer certaines puissances et agrave moduler sous

forme de chant des versets occultes pour se proteacuteger des mauvais esprits

et pour eacuteloigner les fauves Ce chant est geacuteneacuteralement incompreacutehensible

et deacutenueacute de sens pour le profane

343 Activiteacutes ludiques et pratiques sportives en milieu toucouleur

Durant toute son histoire lethnie ~oucouleur a toujours EacutetEacute Frese~teacute~

comme celle qui avait ue activit essentiellement guerr e e~ particushy

liegraverement farouche Trois eacuteleacutements ret r t l ecirc t te nt i c- euro so~t

le manie~~nt du ~acircton 12 luttE Et 1eacute danSE

l

Lecircducation ph~sique et artistique Dcc~pe un place precircpondecircra~rp

dans la fDrmat~on du jEune toucouleur A loccasion agraveeacutevegravenemen~ imporshy

tants reacutecoltJs mariages baptecircme nous assistons agrave des manifestashy

tions folkloriques de grande envergure le Wango oucirc dailse toucouleur

tregraves gymnique iles chants et surtout les sEacuteances de lutte

La lutte toucouleur est la forme de lutte la plus spectaclaire dans

tout le territoire seacuteneacutegalais Elle est essentiellement baseacutee sur des

techniques en hancheacute et surtout en souplesse Ceci sexplique par le

fait q~e le jeune toucouleur est tregraves tocirct initieacute agrave la gymnastique (saut 1

per saut de main salto arriegravere saut de tecircte couronneacute etc bullbullbull ) pour

la dans~ du wa~go En dansant le wango qui est une danse rythmeacutee et

gymnique le Jeune toucou1eur est capable de prouesses extraordinaires

1

En lutte lattaquant se deacuteplace tregraves peu pour avoir une bonne saisie

(geacuteneacutera~ement controcircle du Ngimben ) et enchaine brusqueme~t avec une

attaque surpris~ Cependant les ripostes sont souvent surprenantes et

spectaculaires (baseacutees sur la souplesse et la rapiditeacute) ontrairement

aux autr~s form~s de luttes ougrave lon voyait tous les jeune adheacuterer la

lutte to~cou1eur Verra un groupe de speacutecialistes sadonne agrave la lutte 1

(la lutte est lieacutee agrave la position sociale de lindividu problegraveme de

caste)

Q La morphologie du lutteur toucou1eur 1

1 1

Ce dernier nest pas aussi large et aussi fort que les lutteurs diola

et seacuteregravere Cependant il est tregraves reacutesistant La musculatJre est saillante 1

et tregraves souple lindividu est longiligne mais tregraves athleacutetique

Les mouvements de lutteurs sont semblables agrave ceux dun grand fe1in Cette 1

morphologie semble ecirctre lieacutee agrave la position geacuteographique de lethnie

(reacutegion du fleuve) et agrave lacitiviteacute socio-eacuteconomique du toucouleur qui

est agrave la fois cultivateur (activiteacute lieacutee agrave la crue et deacutecrUE du fleuve)

pecirccheuro~T CIcr~icubaon) et sttout jEumlrgcr qui est U~ rc~2eumlr

shy

Deux formes egrave~ corps sembl~nt ecirctre preacutefeacutereacutees du lutteur toucouleur

le hancheacute et la souplesse Les hancheacutes sont faits agrave partir de plusieurs

positions de doset se terminent geacuteneacuteralement par des techniques de

tregraves grande amplitude

TABLEAU RECAPITULATIF DES TECHNIQUES ET FORMES DE CORPS SPECIFIQUES

i

L441 r

GARDE FORMES DU CORPS CONTROLES --shy - -

Moyenne Souplesse Ngimbe

Hancheacute bras

Demi-souplesse

1

Profil psycholosigue 1

TECHNIQUES

ContrOle du bassin et 12 souplesse

arriegravere

Klicket et allegravegement de la hanche

Le lutteur toucouleur est celui lUi se livre le moins aux preacuteparaqons

maraboutiques Cela est dO au f~t que le toucouleur est un grand ~USUlshyman et que les pratiques animisges ont presque disparu dans ce mil~eu

Dans la pratique le lutteur esJ combaif mais il est calme et tr~s reacutefleacutechi quant agrave la deacutecision agrave prendre en plein corps agrave corps ct~st un des seuls techniciens qui reJte tregraves lucide au cours de ses comb~ts

l Dans toutes les circonstances e lutteur toucouleur est tenu de re~pecshyter son adversaire et ceux de s4n eacutequipemecircme sil est vaincu

Comme nous avons dO nous en rendre compte la rigueur des principes

eacuteducationnels a une influence tregraves sensible sur l~ comportement du

toucouleur

i

III S COCL ~s 1DO

Dans cette partie nous avons essay~ de montrer lftroite re1atic~

Entre les diverses activiteacutes socio-eacuteconomiques dans les ethnies et

lES diffEacuterentes faccedilons de lutter

Daucuns seraient tent~s de conclure trop rapidement et cest p0~r

cette raison que nOUS avons penseacute preacuteciser que le pheacutenotype nest

pas geacuteneacuterateur du geacutenotype Et nous sommes convaincus que la morphoshy

logie et les techniques des lutteurs relegravevent de leurs modes de vie

et de leurs croyances agrave une eacutepoque et danE un contexte bien deacutetermishy

neacutes

Est-ce que les lutteurs dio1a ou seacuteregravere travaillant avec leurs bras

dans les champs auraient les mecircmes pr 0 fil s physiques que les lutteurs

utilisant des machines pour lagriculture

- 69 shy

I UJOURDH~1 E-S ut O[l LES FORfilS Ut LU11t~

~otons que notre enqu~te a ecirctE essentiellement faiteen milieu urbain

Les seacuteances de lutte ont tendance agrave perdre leur particulariteacute de r~shy

jouissance pour devenir des pheacutenomegravenes de sportisatio Deux fores

de luttes so~t principale~cnt prat s dans les aregrave~es du 5 al

la lutte traditiunnelle simple et la lutte traditionnelle avec frappe

De nos jours la lutte traditionnelle tend vers une reacuteglementation

et une institutionalisation

Le reacutesultat de nos investigations nous donne le tableau ci-dessous

REPARTITION ETHNIQUE SUR 100 PRATIQUANTS

LUTTE LUTTE RAPPORTETHNIES SANS FRAPPE AVEC FRAPPE J2

Diola 40 16 71 j

Seacuteregravere 26 21 57

Toucouleur 23 10 69

Wolof 1 1 53 17

La demande sociale par ordre deacutecroissant pour la lutte sans frappe

se preacutesente comrre suit

]0_ Ethnie diola avec pregraves de 3 lutteur~ sur 4

2deg_ Ethnie toucouleur

Ethri dun

~ 1 LA LUTTE TR])IIIO~~ELLE AVEC H-PPE

Cette forme deacute lutte a une histoire qui date de lantiquiteacute elle

sa~pelait le Pugilat Au Seacuteneacutegal elle a vu le jour dans le Cayor

bien avant la colonisation Le coup dE pied l~Lrdn~lement la morshy

sure la frappe et le doigtf eacutetaient permis dans le cc=bat ~ ~middot~p0~~e

Dans certains cas la giffle eacutetait beaucoup plus dangereuse que le

poing quand elle eacutetait donneacutee par un speacutecialiste Cette giffle pouvait

agrave elle seule deacutechirer et mecircme parfois amputer la joue de ladverser

Selon les informations la lutte avec frappede nos jours serait une

forme de lutte tregraves eupheacutemiseacutee de celle dantan ougrave une blessure

pouvait souvent ecirctre mortelle

Aujourdhui au niveau du folklore la lutte na plus la mecircme

le spectaculaire a remplaceacute le significatif iLa lutte avec frappe se 1

pratique surtout dans les centres urbains C~aque fois quun grand combat 1

est progra~eacute par le Comiteacute National Proviso~re (CNP) des centaines damashy

teurs sont mobiliseacutes vers le stade lba Mar D~OP qui est aujourdhui le i

lieu approprieacute ougrave se deacuteroulent les grands conkbats de lutte Cest la formE

de lutte qui semble drainer une foule de personnes beaucoup plus importante

que celle de la lutte simple

La lutte avec frappe deacuteriverait dune forme de lutte traditionnelle

pratiqueacutee jadis dans le Cayor au temps des Damels et la frappe serait

le substitut dun certain nombre de pratiques doigteacute jet de produits

etc bullbullbull dont le but eacutetait laveuglement de ladversaire La lutte avec

frappe serait une continuation logique dune carriegravere sportive de la

lutte traditionnelle qui sen sert comme moyen socio-eacuteconomique En

effet la majoriteacute des lutteurs avec frappe ont dabord eacuteteacute initieacutes agrave la

lutte simple Cependant il faut signaler que de nOS jours il arrive

que le jeune lutteur avec frappE- soit directenent formEacute conne speacutecialistE

agrave la frappe sa~s pour autant faire son chemin dabcrd egravea~s la lutte

- ~ shy

Le recircsultat dE ~os interviews ncus rec~trE qGune pcpulatiD~ divcrsishy

fiampe sint~resse agrave ce sport et qUE les intecircr~[s des uns et d~SlautrE~

semble~t divergents naucuns affirment que la lutte traditionnelle

avec frappe serait monteacutee par des personnes dont la vocation est dexshy

ploiter ce pheacuteLomegravene agrave des fins commerciales Dautres disent gJellegrave

jouit de mcyens irport~nts t[l[~isio

tation etc bullbullbull ) pour toucher toutes les couches sociales CEpe~~a~t

nous remarquons que mecircme si certaines personnes reprochent agrave cette

forme de lutte decirctre brutale ces mecircmes personnes nheacutesitent pas agrave

se rendre le dimanche agrave laregravene Bien que critiqueacutee elle semble ecirctre

adopteacutee par une tregraves grande partie de la population seacuteneacutegalaise Cepenshy

dant en tant que techniciens il nous est permis de faire une remarque

Il sagit de

- Limpression nette decirctre devant des professionnels de la frappe

qui sont ~ntratneacutes pour cela Dailleurs les propos que nous avons

recueilli~ nous prouvent que la plupart des champions de lutte avec 1

frappe s~ntratnent dans certains sports de combat tels ~ue la boxe i 1

le karateacute le judo Dans cette nouvelle forme de pratique de la lutte

contrairefuent agrave la lutte traditionnelle le technicien e~t souvent

perdant face au puncheur Ce dernier adopte une lutte agrave distance qui

lui permet de placer agrave bon escient ses coups animeacute du deacutesir de vaincre

Le technicien lui se voit contreacute dans toutes ses entreprises par

un uppercut ou un crochet

On peut dire cependant que nul sport au Seacuteneacutegal que la lutte tradishy

tionnelle avec frappe ne deacutechaicircne autant de passions et autant de

pheacutenomegravenes poussant agrave lexcegraves et deacutereacuteglements quon ne peut que deacuteplorer

Mais comment deacutecrier un spectacle de lutte qui bien quayant perdu la

presque totaliteacute des valeurs traditionnelles veacutehiculeacutees autrefois par

elle sait susciter une participation effective de tous ceux qui sont

preacutesents

CONCLUSION

Dans ce meacutemoire nous sommes efforceacutes ~e faire ressort ir limportance des

ethos et des habitus et leurs effets sur la pratique de la lutte tradishy

tionnelle au Seacuteneacutegal

L~b egravethos repr~sentent dune maniegravere g~neurorale tous les eacuteleacutements speacutec

fiques sux Seacuteneacutegalais par conampeacuteguent un systegraveme de valeurs traditionnellEs

Mais m~me si ces valeurs rev~tent une signification universelle (honneur

digniteacute courage etc bullbullbull ) il nen demeure pas moins que ce nest pas leur

nature qui fait leur speacutecificiteacute mais la hieacuterarchisation et limportance i

quon accorde agrave toutes ces valeurs de ~ar leacuteducation ou la culture

i 1

Aussi les valeurs traditionnelles puient leur speacutecificiteacute dans les

caracteacuteristiques propres aux eacuteleacutements ~e la socio-cu1ture (la technologie

et leacuteconomie la politique et la pareteacute la psychologie et lideacuteologie)

dans la socieacuteteacute seacuteneacutegalaise agrave n momen donneacute de son eacutevolution Cest i

dire la neacuteceesiteacute de ne point faire della valeur une reacutealiteacute statique

Cest dite aussi quagrave tout mome~t le ~eacuteneacutegalais peut eacutevoluer et creacuteer

ou vivre par conseacutequent de nouv~lles fprmes de valeur qui lui sont 1

propres ft (J)

La lutte traditionnelle veacutehiculant deS valeurs socio-cu1ture1les speacutecishy

fiquement seacuteneacutegalaises (croyances valeurs morales norme de comportement

opinion attitude bullbullbull ) devient un eacuteleacutement important qui tregraves certaiaement

nous aidera dans notre effort de valoriser et de peacuterenniser notre patri shy

moine culturel par le biais dactiviteacutes physiques et sportives

Leacutetude des habitus nous permet de prouver quil y a plusieurs faccedilons

de se mouvoir comme danser lutter bullbullbull qui varient avec les diffeacuterentes

ethnies (wolof toucouleur seacuteregravere diolagt leurs convenances et leurs

eacuteducations

(1) Revue Ethiopiques 31 Les valeurs traditionnelles et le problegraveme de leur inteacutegration dans les systegravemes modernes jtducatio-1 2 6r--70

nautre part cette eacutetude permet aussi de nous rendrE compte de la

correacutelatipn eacutetroite existant entre la pratique de la lutte traditionnelle

et le sta~ut socio-eacuteconomique du pratiquant

Nos inves~igations nous indiquent que la lutte recrute essentiellement

au niveau des classes socio-eacuteconomiques situeacutees en bas de leacutechelle

donc posseacutedant le statut social le moins favoriseacute La lutte avec frappe

-et un certain secteur commercialiseacute de la lutte simple- y trouve sa

leacutegitimiteacute Comme le dit BOURDIEU nA habitus diffeacuterents styles de Vle

divergents et il oppse les pratiques aristocpatiques correspondants agrave

des activiteacutes qui favorisent les situations eupheacutemiseacutees ougrave la stylisashy

tion est importante aux pratiques populaires qui font appel agrave des

qualiteacutes qpposeacutees bllutes rugueuses Certaines interviews nous

montrent que plus lindividu occupe une place eacuteleveacutee dans leacutechelle

sQciale e~ 1

moin$ il sinteacuteresse agrave la lutte

Les reacutesultats recueillis dans nos diverses investig~tions confirment 1 1

1er propos qui disent que nous assistons aujourdhu~ agrave une involution

de la lutte traditionnelle parce que perdant toutes ses speacutecificiteacutes au 1

pryfit d~ne autre forme de lutte que lon continue agrave appeler nostalshy

giqlementIIlutte traditionnelle

Ceci pourrait peut-~tre trouver une explication dan la citation suivante

La liberteacute de creacuteer dinnover de vivre Pleineinenf decirctre soi et de

preacuteserver son authenticiteacute la digniteacute et lhonneu1demeurent des illushy

sions dans la misegravere eacuteconomique~ Nos ancecirctres creacuteai~nt des valeurs de cishyl

vilisation parce quils eacutetaient libres parce qu1i~s ignoraient toute

deacutependance eacuteconomique ils cultivaient en eux et cbez leurs enfants le 1

Jorn et la Kersa et preacutefeacuteraient la mort agrave la hoJte lI (1)

Or le Seacuteneacutegal comme la plupart des pays africainsi est un pays sousshy

deacuteveloppeacute t cependant face agrave cette volonteacute du gou~ernement seacuteneacutegalais

de faire inteacutegrer dans leacuteducation des valeurs traditionnelles nous

pouvons espeacuterer utiliser comme moyen deacuteducation la lutteacute traditionnelle

qui reste quand mecircme vecteur jethos et dhabit~s

- 54 shy

Mecircme si lon a noteacute un appauvrissement notoire sur les plans socioshy

culturel et moral la lutte traditionnelle recegravele une gamme importante

et varieacutee de techniques permettant incontestablement une ouverture vers

les luttes olympiques libre et g~eacuteco-romaine

La lecture de ce meacutemoire permettra agrave lentratneur et au professeur de

lutte en fonction du lieu ougrave ils seront affecteacutes dans le territoire

seacuteneacutegalaisdavoir une information sur les techniques contrOles et

formes de corps propres agrave chaque groupe ethnique et de les mettre en

relation avec leurs croyances et leurs mentaliteacutes

Nous avons essayeacute de montrer que la pratique de la lutte traditionnelle

doit tre axeacutee sur une ethnomotriciteacute au Seacuteneacutegal qui permette une inishy

tiation facile Cette pratique de la lutte traditionnelle seacuteneacutegalaise

devra dailleurs essayer de ~eacutepondre aux aspirations du Seacuteneacutegalaisl

moderne en souvrant aux ap~orts positifs des autres civilisations

ex~eacuterieures nous voulons Jvidemment parler du judo et des luttes oiymshyJ

piques 1

1 j Nous navons pas la preacutetentfon dans le cadre de ce meacutemoire demattrise

de reacutepondre agrave toutes les qutstions se rattachant agrave leacutetude de ~a lutte

traditionnelle souslangle~socio-culturel car non seulement il nous

manque lexpeacuterience et la c peacutetence en la mati~re mais aussil l le temps

et les moyens dont nous dis osions ne nous permettaient pas d~puiser le 1sujet i

1 1 1 t 1

l

- )5 shy

BIBLIOGRAPHIE

BIBLIOGRAPHIE

1- CLAPAREDE Psychologie de leacuteducation et peacutedagogie expeacuterimentale

Edition Delachaux et Niestleacute 244 pages

2- POCIELLC Christian Sport et Socieacuteteacute approche socio-culturelle

des pratiques Paris Vigot 1981 377 pages

3- PIERON Henri Vocabulaire de la psychologie

PUF Deuxiegraveme eacutedition 1957 469 pages

4- Revue socialiste de culture neacutegro-africaine ETHIOPIQUES

Les valeurs traditionnelles et le problegraveme de leur inteacutegration

dans les systegravemes modernes deacuteducation

GIA 21 Juillet 1982 213 pages

5- N2 Revue du Centre dEtudedes Civilisations DEM ak TEY

NIS IVegrave Trimestre 1982 96 pages

6- Document lNSEP Colloque sur la lutte aeacuteregravere

DAKAR MAI-JUIN 1980

t 1

~- Travaux du IVegrave Congregraves National ~es Sports agrave DAKAR les 2223041981

Bulletin n2 91 du CIO du 15 Aont 1965

l____________________________

8- Meacutemoire de Mattrise BADJI Abdou La lutte traditionnelle Joola

Etude et perspective

9- Meacutemoire Inspectorat JS DJITTE Mandy Les pratiques corporelles

traditionnelles au Seacuteneacutegal pour leur exploitation et leur

utilisation en peacutedagogie Marly le Roi 1980

REPUBLIQUE DU SENEGAL

--------------- INSTITUT NATIONAL SUPERIEUR

MINISTERE DE LA JEUNESSE DE LrsquoEDUCATION POPULAIRE

ET DES SPORTS ET DU SPORT

-------------

(INSEPS)

MEMOIRE DE MAIcircTRISE

Es-SCIENCES ET TECHNIQUES

DE LrsquoACTIVITE PHYSIQUE ET DU SPORT

LA LUTTE TRADITIONNELLE

son importance sa signification en fonction des ethos et des habitus ethniques au Seacuteneacutegal

Preacutesenteacute par

Monsieur Joseph Victor FAYE

Sous la direction de

M Jean Marc ROCHEZ

Professeur agrave lrsquoINSEPS

Anneacutee de soutenance 1984

Co a -tem-nt ccedilt attitude du lutteur sEacuteregravere335 np -1t ~

Les croyances mystiques sont indissociables des activiteacutes quotidiennes

duseacuteregravere Ce qui explique le cocircteacute supersticieux du lutteur seacuteregravere En

~ffet certains lutteurs refusent de lutter avant certaines heures

Certains teacutemoignages nous apprennent quil nest pas donneacute agrave tout le

monde decirctre champion de lutte et que le lutteur doit avoir des dons

surnaturels pour ecirctre agrave mesure de livrer ses combats dans la nuit

et trouver seul un gris-gris speacutecial appeleacute Njatch

Le vrai champion de lutte chez les seacuteregraveres ne lutte pas seulement avec

~a force et sa technique mais surtout avec ses dons occultes

Chez les seacuteregraveres les morts sont toujours preacutesents et les ~pangols

Servent dintermeacutediaire entre les hommes et les morts Le pangol prend i

le nom dhumain dans certains villages (IIHeacuteJga NDONG Har Wag NGOUYE) i 1

De ce fait on verra le lutteur danser dufe maniegravere ou dune autre en

fonction du pangol de sa famille Ainsi nrus aurons le back (chant et

danse du lutteur) des DIOUF des FAYE etclbullbullbull

Dans laregravene le lutteur seacuteregravere a un comportement exemplaire aussi bien

agrave leacutegard de son adversaire direct quave~ le public en geacuteneacuteral Lexpli shy

cation semble tenir au fait que le lutteur seacuteregravere est avant tout selon

la tradition orale le repreacutesentant de toute la communauteacute seacuteregravere Par

conseacutequent il devra saffirmer non seulement en tant que lutteur dans

laregravene mais aussi en tant quentiteacute morale

336 La tenue du lutteur ou NGIMBE est confectionneacutee par le marabout de la

famille ou du clan Le Ngimbe est constitueacute de pagne en cCton tisseacute

Il doit ecirctre propre le lutteur qui le porte ne devra pas avoir de rapshy

port sexuel pendant toute la peacuteriode des cOTpeacutetitians car le Ngi~bE ne

doit pas ~tre souilleacute

Autrefois et mecircme aujourdthui dans certaines familles on devient

lutteur de pegravere en fils et dans ce cas le Ngimbe du pegravere est heacuteriteacute

par le fils Le fait de porter le Ngimbe de ses aieux peut susciter

chez le jeune lutteur une motivation et une volonteacute ineacutebranlable dtasshy

surer la supeacuterioriteacute d~s siens dans ltaregravene Il fera tout pour que le

Ngimbe de la ramille ne touche le sable

La tenue du lutteur a une signification et une importance sur le plan

mystique car selon les anciens le vra1 feacutetiche du lutteur celui qui

le proteacutegera et laidera agrave vaincre le nDjinne ou le tRapu de ladvershy

saire se trouve cacheacute dans ce Ngimbeu bull Celui qui confectionne donc le

Ngimbe U est doueacute de faculteacutes occultes

337 Larbitrase est assureacute par un sage du village qui geacuteneacuteralement fut

champion de lutte de son temps Dailleurs cet ancien nintervient que

si le terrassement est litigieux Hormis le public qui proclame la vicshy

toire ou le match nul le lutteur lui-mecircme est arbitre et il arrive

quil se deacuteclare vaincu

Nous avons pu cfter Meacutedoune KHOULE un desplus grands lutteurs seacuteneacutegashy

lais qui a donn~ une victoire agrave Djeacuteri SADIO son adversaire qui a reacuteussi

agrave lui faire touegraveher le sol de la main

IlL

34 1 Preacutesentation

Lethnie toucouleur vit En grandt partit ciE~~ la vallfc du S~~~gal

pt reprecircsente i peu pr~s 8 de la population totale secircn~galaise

o Histoire

Il semblerait que dans lancien royaume du Tekrour (IX~ siegravecle) des

eacuteleacutements neacutegroiumldes Sarakoleacute et des Peul aient formEacute par meacutetissage le

peuple Toucouleur (Toucouleur serait dailleurs une deacuteformation du

mot portugais Tacouror)

Ce empire a domineacute aussi bien les wolofs de lOuest que les Peul

nomades du Fouta Toro Cette reacutegion fut le premier pays islamiseacute par

les Almoravides ce qui peut expliquer le proseacutelytisme toucouleur

Ce sont les guerriers toucouleur islamiseacutes qui attaqu~rent avec les

Almoravides la capitale du Ghana Koumbi en 1067 On convertit par

la force les animistes Cest sans doute agrave cette eacutepoque que de nombreuses

ethnies reacutefractaires agrave lIslam ont dO accentuer leur migration vers

le sud (Seacuteregravere wolof Sarakoleacute Bambara Songhaiuml Akan et Peul se reacuteshy

fugiaient vers les hauteurs du Fouta Djalon)

Au XIXegrave siegravecle les Toucouleur allaient trouver en El Hadj Omar Tall

un grand conqueacuterent qui sous le preacutetexte religieux de la gJerre sainte

contre les tribus animistes (entre autres Bambara) eacutetendit lempire

toucouleur sur presque tout lensemble du gali et la partie de la Guineacutee

proche du l1ali

Lempire toucouleur composeacute de Sarakoleacute de Bambar~ de ~alinkeacute de

Xassonkeacute dE Peul et de Dogon eut le meurorit~ dunir CES diif~rentes ~ ~ - - - - - et~ics ~t dE CD~stituer l~Sl la b2S~ ~r 1

_ ~ ~ ~_ L ~

~ ~- ~- - - ---- _ 1 v _ t 1 ~-_ --

marabout tOL~culcuuml~ ~ middotlrrany a l ick SI venu des E1i rClS dE Pocior~ (

~ Vi~ euroconomicue et sociale -----------~-------------

Les Toucouleur sont des cultivateurs mais bien quils n~ soie~t pa~

pasteurs comrre les Peul leacutelevage a une place inportarteacute decirc1S ltur

eacutecono~ie Pour faciliter leur conquecircte guerriegraverE ils c~t Eucirc une preacuteshy

dilection pour leacutelevage des chevaux On y trouve aussi des pecirccheurs

appeleacutes Tchioubalo La socieacuteteacute toucouleur aurait une stratification

sociale tregraves rigide Les groupes ethniques et les castes eacutetaient

diffeacuterencieacutes et strictement exogamiques les Rimbe classe des nobles

comprenant la famille reacutegnante et les guerriers libres la classe des

Nieacutenieacutebegens de castes artisanales i les Rimaibeacute anciens esclaves

devenus serviteurs qui portent les noms de famille de leur maicirctres A

la base de lorganisation de la collectiviteacute toucouleur se situe le

village (Wouro)

Toutes ces castes sont cloisonneacutees entre elle~ Ainsi il nest pas

permis agrave un Torodo (noble) de se marier avec un Tchioubalo Ces

consideacuterations sont importantes dans le domaine de la lutte ougrave nous

apercevrons que les nobles ne sont pas faits pour lutter Le noble

preacutesidera les seacuteances de lutte et on luttera pour lui Ces condeacute rat ions

de noblesse et de rang social sont extrecircmement importantes dans le

monde toucouleur

Le noble ne doit pas se salir on lutte pour lui il ne vit la lutte

quen tant que spectateur

342 Education moeurs croyances et eratiques religieuses

Deux formes d~ducation sont agrave consideacuterer leacutedJcatio~ dES enfarts Et

celle des adultes

oG lenfant sait m2n~~r et apprfcier le goOt d~5 ~iifeurorents r~pas lt

le moment ougrave il CO~~e~CE agrave marcher

tivirt n~sormais le petit toucou]eur est eacuteduquf par toutmiddot 12 f2~i)]E

dabord puis par toutes lespersc~nes du village ou du C13~

Lenfant peut ~tre corrigeacute par tout adulte appartenant au groupe social

Son eacuteducation est deacutesormais laffaire de toute la communauteacute et non

exclusivement celle ces parents On linitie ainsi au travail quotidien

qui se fait dans la bergel~ e les champs et les bords du fleuve Au sein

du village il pourra apprendre agrave filer la laine et agrave tisser des pagnes

dans les champs il apprend agrave manier la houe et lhiler pour la culture

du riz et du mil Mais signalons que lactiviteacute essentielle du toucouleur

est leacutelevage des boeufs des moutons et des chegravevres Chez les Ichioushy

balos (p~cheurs ) lenfant sera initieacute tregraves tat au maniement des pagaies

agrave la p~che propremccedilnt dite et agrave la nage

Vers cinq-six ans lenfant est confieacute au maicirctre coranique le Ihierno

et ce dernier dispose exclusivement de toute sa vie Lavenir du jeune

enfant lui appartient

Comme dans les autres groupes ethniques les enfants sont regroupeacutes en

classe dacircge et cest dans cette structure que lenfant subit les rite

de passe et plus particuliegraverement celui de la circoncision

La circoncision est non seulement unE opeacuteration chirurgicale malS surshy

tout une peacuteriode au cours de laquelle le jeune garccedilon passe de leacutetat

dadolescent agrave leacutetat dadulte Les circoncis sont reacuteunis en classe

dacircge dans un endroit situeacute hors duvillage geacuteneacuteralement choisi par les

vieux Cet endroit n~st accessible que par des individus de SExe ffi8SCUshy

li~ ~ta~t au preacutealabl circoncis

- - - -

quable et complet sur le plan phy~ique et ~oral Ai~si liniti~

acquiert les qualitecircs indispensables que sont le courag~ la modest

lesprit de sacrifice lendurance

Le toucoule~r est un pleux musulma~ Cela sexp1

SOil le premier agrave tre en contact avec la religion musulmane de par sa

position frontaliegravere Lethnie toucouleur de par son histoire a preacutesenteacute

les plus grands chefs militaires et religieux musulmans seacuteneacutegalais Et

pour illustrer cela on peut citer en exemple la grande famille musulmane

des SY agrave TIVAOUANE repreacutesentant la confreacuterie des TIDJANES

Bien que lon note une majoriteacute musulmane on peut dire que certaines

croyances et pratiques mystiques et animistes persistent encore surtout

dans la reacutegion du fleuve

Une pratique courante se fait elle sappelle le Djatt Elle consiste

agrave faire sortir le caiman du fleuve agrave limmobiliser et agrave lattacher

sans quil ne reacuteagisse et tout ceci agrave laide de versets et dincantashy

tions magiques Dapregraves les teacutemoignages ces pratiques sont plutocirct

freacutequentes chez les Tchioubalos (pecirccheurs) Il arrive aussi que cershy

tains chasseurs ayant des dons se livrent agrave certaines pratiques an1shy

mis tes qui consistent agrave invoquer certaines puissances et agrave moduler sous

forme de chant des versets occultes pour se proteacuteger des mauvais esprits

et pour eacuteloigner les fauves Ce chant est geacuteneacuteralement incompreacutehensible

et deacutenueacute de sens pour le profane

343 Activiteacutes ludiques et pratiques sportives en milieu toucouleur

Durant toute son histoire lethnie ~oucouleur a toujours EacutetEacute Frese~teacute~

comme celle qui avait ue activit essentiellement guerr e e~ particushy

liegraverement farouche Trois eacuteleacutements ret r t l ecirc t te nt i c- euro so~t

le manie~~nt du ~acircton 12 luttE Et 1eacute danSE

l

Lecircducation ph~sique et artistique Dcc~pe un place precircpondecircra~rp

dans la fDrmat~on du jEune toucouleur A loccasion agraveeacutevegravenemen~ imporshy

tants reacutecoltJs mariages baptecircme nous assistons agrave des manifestashy

tions folkloriques de grande envergure le Wango oucirc dailse toucouleur

tregraves gymnique iles chants et surtout les sEacuteances de lutte

La lutte toucouleur est la forme de lutte la plus spectaclaire dans

tout le territoire seacuteneacutegalais Elle est essentiellement baseacutee sur des

techniques en hancheacute et surtout en souplesse Ceci sexplique par le

fait q~e le jeune toucouleur est tregraves tocirct initieacute agrave la gymnastique (saut 1

per saut de main salto arriegravere saut de tecircte couronneacute etc bullbullbull ) pour

la dans~ du wa~go En dansant le wango qui est une danse rythmeacutee et

gymnique le Jeune toucou1eur est capable de prouesses extraordinaires

1

En lutte lattaquant se deacuteplace tregraves peu pour avoir une bonne saisie

(geacuteneacutera~ement controcircle du Ngimben ) et enchaine brusqueme~t avec une

attaque surpris~ Cependant les ripostes sont souvent surprenantes et

spectaculaires (baseacutees sur la souplesse et la rapiditeacute) ontrairement

aux autr~s form~s de luttes ougrave lon voyait tous les jeune adheacuterer la

lutte to~cou1eur Verra un groupe de speacutecialistes sadonne agrave la lutte 1

(la lutte est lieacutee agrave la position sociale de lindividu problegraveme de

caste)

Q La morphologie du lutteur toucou1eur 1

1 1

Ce dernier nest pas aussi large et aussi fort que les lutteurs diola

et seacuteregravere Cependant il est tregraves reacutesistant La musculatJre est saillante 1

et tregraves souple lindividu est longiligne mais tregraves athleacutetique

Les mouvements de lutteurs sont semblables agrave ceux dun grand fe1in Cette 1

morphologie semble ecirctre lieacutee agrave la position geacuteographique de lethnie

(reacutegion du fleuve) et agrave lacitiviteacute socio-eacuteconomique du toucouleur qui

est agrave la fois cultivateur (activiteacute lieacutee agrave la crue et deacutecrUE du fleuve)

pecirccheuro~T CIcr~icubaon) et sttout jEumlrgcr qui est U~ rc~2eumlr

shy

Deux formes egrave~ corps sembl~nt ecirctre preacutefeacutereacutees du lutteur toucouleur

le hancheacute et la souplesse Les hancheacutes sont faits agrave partir de plusieurs

positions de doset se terminent geacuteneacuteralement par des techniques de

tregraves grande amplitude

TABLEAU RECAPITULATIF DES TECHNIQUES ET FORMES DE CORPS SPECIFIQUES

i

L441 r

GARDE FORMES DU CORPS CONTROLES --shy - -

Moyenne Souplesse Ngimbe

Hancheacute bras

Demi-souplesse

1

Profil psycholosigue 1

TECHNIQUES

ContrOle du bassin et 12 souplesse

arriegravere

Klicket et allegravegement de la hanche

Le lutteur toucouleur est celui lUi se livre le moins aux preacuteparaqons

maraboutiques Cela est dO au f~t que le toucouleur est un grand ~USUlshyman et que les pratiques animisges ont presque disparu dans ce mil~eu

Dans la pratique le lutteur esJ combaif mais il est calme et tr~s reacutefleacutechi quant agrave la deacutecision agrave prendre en plein corps agrave corps ct~st un des seuls techniciens qui reJte tregraves lucide au cours de ses comb~ts

l Dans toutes les circonstances e lutteur toucouleur est tenu de re~pecshyter son adversaire et ceux de s4n eacutequipemecircme sil est vaincu

Comme nous avons dO nous en rendre compte la rigueur des principes

eacuteducationnels a une influence tregraves sensible sur l~ comportement du

toucouleur

i

III S COCL ~s 1DO

Dans cette partie nous avons essay~ de montrer lftroite re1atic~

Entre les diverses activiteacutes socio-eacuteconomiques dans les ethnies et

lES diffEacuterentes faccedilons de lutter

Daucuns seraient tent~s de conclure trop rapidement et cest p0~r

cette raison que nOUS avons penseacute preacuteciser que le pheacutenotype nest

pas geacuteneacuterateur du geacutenotype Et nous sommes convaincus que la morphoshy

logie et les techniques des lutteurs relegravevent de leurs modes de vie

et de leurs croyances agrave une eacutepoque et danE un contexte bien deacutetermishy

neacutes

Est-ce que les lutteurs dio1a ou seacuteregravere travaillant avec leurs bras

dans les champs auraient les mecircmes pr 0 fil s physiques que les lutteurs

utilisant des machines pour lagriculture

- 69 shy

I UJOURDH~1 E-S ut O[l LES FORfilS Ut LU11t~

~otons que notre enqu~te a ecirctE essentiellement faiteen milieu urbain

Les seacuteances de lutte ont tendance agrave perdre leur particulariteacute de r~shy

jouissance pour devenir des pheacutenomegravenes de sportisatio Deux fores

de luttes so~t principale~cnt prat s dans les aregrave~es du 5 al

la lutte traditiunnelle simple et la lutte traditionnelle avec frappe

De nos jours la lutte traditionnelle tend vers une reacuteglementation

et une institutionalisation

Le reacutesultat de nos investigations nous donne le tableau ci-dessous

REPARTITION ETHNIQUE SUR 100 PRATIQUANTS

LUTTE LUTTE RAPPORTETHNIES SANS FRAPPE AVEC FRAPPE J2

Diola 40 16 71 j

Seacuteregravere 26 21 57

Toucouleur 23 10 69

Wolof 1 1 53 17

La demande sociale par ordre deacutecroissant pour la lutte sans frappe

se preacutesente comrre suit

]0_ Ethnie diola avec pregraves de 3 lutteur~ sur 4

2deg_ Ethnie toucouleur

Ethri dun

~ 1 LA LUTTE TR])IIIO~~ELLE AVEC H-PPE

Cette forme deacute lutte a une histoire qui date de lantiquiteacute elle

sa~pelait le Pugilat Au Seacuteneacutegal elle a vu le jour dans le Cayor

bien avant la colonisation Le coup dE pied l~Lrdn~lement la morshy

sure la frappe et le doigtf eacutetaient permis dans le cc=bat ~ ~middot~p0~~e

Dans certains cas la giffle eacutetait beaucoup plus dangereuse que le

poing quand elle eacutetait donneacutee par un speacutecialiste Cette giffle pouvait

agrave elle seule deacutechirer et mecircme parfois amputer la joue de ladverser

Selon les informations la lutte avec frappede nos jours serait une

forme de lutte tregraves eupheacutemiseacutee de celle dantan ougrave une blessure

pouvait souvent ecirctre mortelle

Aujourdhui au niveau du folklore la lutte na plus la mecircme

le spectaculaire a remplaceacute le significatif iLa lutte avec frappe se 1

pratique surtout dans les centres urbains C~aque fois quun grand combat 1

est progra~eacute par le Comiteacute National Proviso~re (CNP) des centaines damashy

teurs sont mobiliseacutes vers le stade lba Mar D~OP qui est aujourdhui le i

lieu approprieacute ougrave se deacuteroulent les grands conkbats de lutte Cest la formE

de lutte qui semble drainer une foule de personnes beaucoup plus importante

que celle de la lutte simple

La lutte avec frappe deacuteriverait dune forme de lutte traditionnelle

pratiqueacutee jadis dans le Cayor au temps des Damels et la frappe serait

le substitut dun certain nombre de pratiques doigteacute jet de produits

etc bullbullbull dont le but eacutetait laveuglement de ladversaire La lutte avec

frappe serait une continuation logique dune carriegravere sportive de la

lutte traditionnelle qui sen sert comme moyen socio-eacuteconomique En

effet la majoriteacute des lutteurs avec frappe ont dabord eacuteteacute initieacutes agrave la

lutte simple Cependant il faut signaler que de nOS jours il arrive

que le jeune lutteur avec frappE- soit directenent formEacute conne speacutecialistE

agrave la frappe sa~s pour autant faire son chemin dabcrd egravea~s la lutte

- ~ shy

Le recircsultat dE ~os interviews ncus rec~trE qGune pcpulatiD~ divcrsishy

fiampe sint~resse agrave ce sport et qUE les intecircr~[s des uns et d~SlautrE~

semble~t divergents naucuns affirment que la lutte traditionnelle

avec frappe serait monteacutee par des personnes dont la vocation est dexshy

ploiter ce pheacuteLomegravene agrave des fins commerciales Dautres disent gJellegrave

jouit de mcyens irport~nts t[l[~isio

tation etc bullbullbull ) pour toucher toutes les couches sociales CEpe~~a~t

nous remarquons que mecircme si certaines personnes reprochent agrave cette

forme de lutte decirctre brutale ces mecircmes personnes nheacutesitent pas agrave

se rendre le dimanche agrave laregravene Bien que critiqueacutee elle semble ecirctre

adopteacutee par une tregraves grande partie de la population seacuteneacutegalaise Cepenshy

dant en tant que techniciens il nous est permis de faire une remarque

Il sagit de

- Limpression nette decirctre devant des professionnels de la frappe

qui sont ~ntratneacutes pour cela Dailleurs les propos que nous avons

recueilli~ nous prouvent que la plupart des champions de lutte avec 1

frappe s~ntratnent dans certains sports de combat tels ~ue la boxe i 1

le karateacute le judo Dans cette nouvelle forme de pratique de la lutte

contrairefuent agrave la lutte traditionnelle le technicien e~t souvent

perdant face au puncheur Ce dernier adopte une lutte agrave distance qui

lui permet de placer agrave bon escient ses coups animeacute du deacutesir de vaincre

Le technicien lui se voit contreacute dans toutes ses entreprises par

un uppercut ou un crochet

On peut dire cependant que nul sport au Seacuteneacutegal que la lutte tradishy

tionnelle avec frappe ne deacutechaicircne autant de passions et autant de

pheacutenomegravenes poussant agrave lexcegraves et deacutereacuteglements quon ne peut que deacuteplorer

Mais comment deacutecrier un spectacle de lutte qui bien quayant perdu la

presque totaliteacute des valeurs traditionnelles veacutehiculeacutees autrefois par

elle sait susciter une participation effective de tous ceux qui sont

preacutesents

CONCLUSION

Dans ce meacutemoire nous sommes efforceacutes ~e faire ressort ir limportance des

ethos et des habitus et leurs effets sur la pratique de la lutte tradishy

tionnelle au Seacuteneacutegal

L~b egravethos repr~sentent dune maniegravere g~neurorale tous les eacuteleacutements speacutec

fiques sux Seacuteneacutegalais par conampeacuteguent un systegraveme de valeurs traditionnellEs

Mais m~me si ces valeurs rev~tent une signification universelle (honneur

digniteacute courage etc bullbullbull ) il nen demeure pas moins que ce nest pas leur

nature qui fait leur speacutecificiteacute mais la hieacuterarchisation et limportance i

quon accorde agrave toutes ces valeurs de ~ar leacuteducation ou la culture

i 1

Aussi les valeurs traditionnelles puient leur speacutecificiteacute dans les

caracteacuteristiques propres aux eacuteleacutements ~e la socio-cu1ture (la technologie

et leacuteconomie la politique et la pareteacute la psychologie et lideacuteologie)

dans la socieacuteteacute seacuteneacutegalaise agrave n momen donneacute de son eacutevolution Cest i

dire la neacuteceesiteacute de ne point faire della valeur une reacutealiteacute statique

Cest dite aussi quagrave tout mome~t le ~eacuteneacutegalais peut eacutevoluer et creacuteer

ou vivre par conseacutequent de nouv~lles fprmes de valeur qui lui sont 1

propres ft (J)

La lutte traditionnelle veacutehiculant deS valeurs socio-cu1ture1les speacutecishy

fiquement seacuteneacutegalaises (croyances valeurs morales norme de comportement

opinion attitude bullbullbull ) devient un eacuteleacutement important qui tregraves certaiaement

nous aidera dans notre effort de valoriser et de peacuterenniser notre patri shy

moine culturel par le biais dactiviteacutes physiques et sportives

Leacutetude des habitus nous permet de prouver quil y a plusieurs faccedilons

de se mouvoir comme danser lutter bullbullbull qui varient avec les diffeacuterentes

ethnies (wolof toucouleur seacuteregravere diolagt leurs convenances et leurs

eacuteducations

(1) Revue Ethiopiques 31 Les valeurs traditionnelles et le problegraveme de leur inteacutegration dans les systegravemes modernes jtducatio-1 2 6r--70

nautre part cette eacutetude permet aussi de nous rendrE compte de la

correacutelatipn eacutetroite existant entre la pratique de la lutte traditionnelle

et le sta~ut socio-eacuteconomique du pratiquant

Nos inves~igations nous indiquent que la lutte recrute essentiellement

au niveau des classes socio-eacuteconomiques situeacutees en bas de leacutechelle

donc posseacutedant le statut social le moins favoriseacute La lutte avec frappe

-et un certain secteur commercialiseacute de la lutte simple- y trouve sa

leacutegitimiteacute Comme le dit BOURDIEU nA habitus diffeacuterents styles de Vle

divergents et il oppse les pratiques aristocpatiques correspondants agrave

des activiteacutes qui favorisent les situations eupheacutemiseacutees ougrave la stylisashy

tion est importante aux pratiques populaires qui font appel agrave des

qualiteacutes qpposeacutees bllutes rugueuses Certaines interviews nous

montrent que plus lindividu occupe une place eacuteleveacutee dans leacutechelle

sQciale e~ 1

moin$ il sinteacuteresse agrave la lutte

Les reacutesultats recueillis dans nos diverses investig~tions confirment 1 1

1er propos qui disent que nous assistons aujourdhu~ agrave une involution

de la lutte traditionnelle parce que perdant toutes ses speacutecificiteacutes au 1

pryfit d~ne autre forme de lutte que lon continue agrave appeler nostalshy

giqlementIIlutte traditionnelle

Ceci pourrait peut-~tre trouver une explication dan la citation suivante

La liberteacute de creacuteer dinnover de vivre Pleineinenf decirctre soi et de

preacuteserver son authenticiteacute la digniteacute et lhonneu1demeurent des illushy

sions dans la misegravere eacuteconomique~ Nos ancecirctres creacuteai~nt des valeurs de cishyl

vilisation parce quils eacutetaient libres parce qu1i~s ignoraient toute

deacutependance eacuteconomique ils cultivaient en eux et cbez leurs enfants le 1

Jorn et la Kersa et preacutefeacuteraient la mort agrave la hoJte lI (1)

Or le Seacuteneacutegal comme la plupart des pays africainsi est un pays sousshy

deacuteveloppeacute t cependant face agrave cette volonteacute du gou~ernement seacuteneacutegalais

de faire inteacutegrer dans leacuteducation des valeurs traditionnelles nous

pouvons espeacuterer utiliser comme moyen deacuteducation la lutteacute traditionnelle

qui reste quand mecircme vecteur jethos et dhabit~s

- 54 shy

Mecircme si lon a noteacute un appauvrissement notoire sur les plans socioshy

culturel et moral la lutte traditionnelle recegravele une gamme importante

et varieacutee de techniques permettant incontestablement une ouverture vers

les luttes olympiques libre et g~eacuteco-romaine

La lecture de ce meacutemoire permettra agrave lentratneur et au professeur de

lutte en fonction du lieu ougrave ils seront affecteacutes dans le territoire

seacuteneacutegalaisdavoir une information sur les techniques contrOles et

formes de corps propres agrave chaque groupe ethnique et de les mettre en

relation avec leurs croyances et leurs mentaliteacutes

Nous avons essayeacute de montrer que la pratique de la lutte traditionnelle

doit tre axeacutee sur une ethnomotriciteacute au Seacuteneacutegal qui permette une inishy

tiation facile Cette pratique de la lutte traditionnelle seacuteneacutegalaise

devra dailleurs essayer de ~eacutepondre aux aspirations du Seacuteneacutegalaisl

moderne en souvrant aux ap~orts positifs des autres civilisations

ex~eacuterieures nous voulons Jvidemment parler du judo et des luttes oiymshyJ

piques 1

1 j Nous navons pas la preacutetentfon dans le cadre de ce meacutemoire demattrise

de reacutepondre agrave toutes les qutstions se rattachant agrave leacutetude de ~a lutte

traditionnelle souslangle~socio-culturel car non seulement il nous

manque lexpeacuterience et la c peacutetence en la mati~re mais aussil l le temps

et les moyens dont nous dis osions ne nous permettaient pas d~puiser le 1sujet i

1 1 1 t 1

l

- )5 shy

BIBLIOGRAPHIE

BIBLIOGRAPHIE

1- CLAPAREDE Psychologie de leacuteducation et peacutedagogie expeacuterimentale

Edition Delachaux et Niestleacute 244 pages

2- POCIELLC Christian Sport et Socieacuteteacute approche socio-culturelle

des pratiques Paris Vigot 1981 377 pages

3- PIERON Henri Vocabulaire de la psychologie

PUF Deuxiegraveme eacutedition 1957 469 pages

4- Revue socialiste de culture neacutegro-africaine ETHIOPIQUES

Les valeurs traditionnelles et le problegraveme de leur inteacutegration

dans les systegravemes modernes deacuteducation

GIA 21 Juillet 1982 213 pages

5- N2 Revue du Centre dEtudedes Civilisations DEM ak TEY

NIS IVegrave Trimestre 1982 96 pages

6- Document lNSEP Colloque sur la lutte aeacuteregravere

DAKAR MAI-JUIN 1980

t 1

~- Travaux du IVegrave Congregraves National ~es Sports agrave DAKAR les 2223041981

Bulletin n2 91 du CIO du 15 Aont 1965

l____________________________

8- Meacutemoire de Mattrise BADJI Abdou La lutte traditionnelle Joola

Etude et perspective

9- Meacutemoire Inspectorat JS DJITTE Mandy Les pratiques corporelles

traditionnelles au Seacuteneacutegal pour leur exploitation et leur

utilisation en peacutedagogie Marly le Roi 1980

REPUBLIQUE DU SENEGAL

--------------- INSTITUT NATIONAL SUPERIEUR

MINISTERE DE LA JEUNESSE DE LrsquoEDUCATION POPULAIRE

ET DES SPORTS ET DU SPORT

-------------

(INSEPS)

MEMOIRE DE MAIcircTRISE

Es-SCIENCES ET TECHNIQUES

DE LrsquoACTIVITE PHYSIQUE ET DU SPORT

LA LUTTE TRADITIONNELLE

son importance sa signification en fonction des ethos et des habitus ethniques au Seacuteneacutegal

Preacutesenteacute par

Monsieur Joseph Victor FAYE

Sous la direction de

M Jean Marc ROCHEZ

Professeur agrave lrsquoINSEPS

Anneacutee de soutenance 1984

Autrefois et mecircme aujourdthui dans certaines familles on devient

lutteur de pegravere en fils et dans ce cas le Ngimbe du pegravere est heacuteriteacute

par le fils Le fait de porter le Ngimbe de ses aieux peut susciter

chez le jeune lutteur une motivation et une volonteacute ineacutebranlable dtasshy

surer la supeacuterioriteacute d~s siens dans ltaregravene Il fera tout pour que le

Ngimbe de la ramille ne touche le sable

La tenue du lutteur a une signification et une importance sur le plan

mystique car selon les anciens le vra1 feacutetiche du lutteur celui qui

le proteacutegera et laidera agrave vaincre le nDjinne ou le tRapu de ladvershy

saire se trouve cacheacute dans ce Ngimbeu bull Celui qui confectionne donc le

Ngimbe U est doueacute de faculteacutes occultes

337 Larbitrase est assureacute par un sage du village qui geacuteneacuteralement fut

champion de lutte de son temps Dailleurs cet ancien nintervient que

si le terrassement est litigieux Hormis le public qui proclame la vicshy

toire ou le match nul le lutteur lui-mecircme est arbitre et il arrive

quil se deacuteclare vaincu

Nous avons pu cfter Meacutedoune KHOULE un desplus grands lutteurs seacuteneacutegashy

lais qui a donn~ une victoire agrave Djeacuteri SADIO son adversaire qui a reacuteussi

agrave lui faire touegraveher le sol de la main

IlL

34 1 Preacutesentation

Lethnie toucouleur vit En grandt partit ciE~~ la vallfc du S~~~gal

pt reprecircsente i peu pr~s 8 de la population totale secircn~galaise

o Histoire

Il semblerait que dans lancien royaume du Tekrour (IX~ siegravecle) des

eacuteleacutements neacutegroiumldes Sarakoleacute et des Peul aient formEacute par meacutetissage le

peuple Toucouleur (Toucouleur serait dailleurs une deacuteformation du

mot portugais Tacouror)

Ce empire a domineacute aussi bien les wolofs de lOuest que les Peul

nomades du Fouta Toro Cette reacutegion fut le premier pays islamiseacute par

les Almoravides ce qui peut expliquer le proseacutelytisme toucouleur

Ce sont les guerriers toucouleur islamiseacutes qui attaqu~rent avec les

Almoravides la capitale du Ghana Koumbi en 1067 On convertit par

la force les animistes Cest sans doute agrave cette eacutepoque que de nombreuses

ethnies reacutefractaires agrave lIslam ont dO accentuer leur migration vers

le sud (Seacuteregravere wolof Sarakoleacute Bambara Songhaiuml Akan et Peul se reacuteshy

fugiaient vers les hauteurs du Fouta Djalon)

Au XIXegrave siegravecle les Toucouleur allaient trouver en El Hadj Omar Tall

un grand conqueacuterent qui sous le preacutetexte religieux de la gJerre sainte

contre les tribus animistes (entre autres Bambara) eacutetendit lempire

toucouleur sur presque tout lensemble du gali et la partie de la Guineacutee

proche du l1ali

Lempire toucouleur composeacute de Sarakoleacute de Bambar~ de ~alinkeacute de

Xassonkeacute dE Peul et de Dogon eut le meurorit~ dunir CES diif~rentes ~ ~ - - - - - et~ics ~t dE CD~stituer l~Sl la b2S~ ~r 1

_ ~ ~ ~_ L ~

~ ~- ~- - - ---- _ 1 v _ t 1 ~-_ --

marabout tOL~culcuuml~ ~ middotlrrany a l ick SI venu des E1i rClS dE Pocior~ (

~ Vi~ euroconomicue et sociale -----------~-------------

Les Toucouleur sont des cultivateurs mais bien quils n~ soie~t pa~

pasteurs comrre les Peul leacutelevage a une place inportarteacute decirc1S ltur

eacutecono~ie Pour faciliter leur conquecircte guerriegraverE ils c~t Eucirc une preacuteshy

dilection pour leacutelevage des chevaux On y trouve aussi des pecirccheurs

appeleacutes Tchioubalo La socieacuteteacute toucouleur aurait une stratification

sociale tregraves rigide Les groupes ethniques et les castes eacutetaient

diffeacuterencieacutes et strictement exogamiques les Rimbe classe des nobles

comprenant la famille reacutegnante et les guerriers libres la classe des

Nieacutenieacutebegens de castes artisanales i les Rimaibeacute anciens esclaves

devenus serviteurs qui portent les noms de famille de leur maicirctres A

la base de lorganisation de la collectiviteacute toucouleur se situe le

village (Wouro)

Toutes ces castes sont cloisonneacutees entre elle~ Ainsi il nest pas

permis agrave un Torodo (noble) de se marier avec un Tchioubalo Ces

consideacuterations sont importantes dans le domaine de la lutte ougrave nous

apercevrons que les nobles ne sont pas faits pour lutter Le noble

preacutesidera les seacuteances de lutte et on luttera pour lui Ces condeacute rat ions

de noblesse et de rang social sont extrecircmement importantes dans le

monde toucouleur

Le noble ne doit pas se salir on lutte pour lui il ne vit la lutte

quen tant que spectateur

342 Education moeurs croyances et eratiques religieuses

Deux formes d~ducation sont agrave consideacuterer leacutedJcatio~ dES enfarts Et

celle des adultes

oG lenfant sait m2n~~r et apprfcier le goOt d~5 ~iifeurorents r~pas lt

le moment ougrave il CO~~e~CE agrave marcher

tivirt n~sormais le petit toucou]eur est eacuteduquf par toutmiddot 12 f2~i)]E

dabord puis par toutes lespersc~nes du village ou du C13~

Lenfant peut ~tre corrigeacute par tout adulte appartenant au groupe social

Son eacuteducation est deacutesormais laffaire de toute la communauteacute et non

exclusivement celle ces parents On linitie ainsi au travail quotidien

qui se fait dans la bergel~ e les champs et les bords du fleuve Au sein

du village il pourra apprendre agrave filer la laine et agrave tisser des pagnes

dans les champs il apprend agrave manier la houe et lhiler pour la culture

du riz et du mil Mais signalons que lactiviteacute essentielle du toucouleur

est leacutelevage des boeufs des moutons et des chegravevres Chez les Ichioushy

balos (p~cheurs ) lenfant sera initieacute tregraves tat au maniement des pagaies

agrave la p~che propremccedilnt dite et agrave la nage

Vers cinq-six ans lenfant est confieacute au maicirctre coranique le Ihierno

et ce dernier dispose exclusivement de toute sa vie Lavenir du jeune

enfant lui appartient

Comme dans les autres groupes ethniques les enfants sont regroupeacutes en

classe dacircge et cest dans cette structure que lenfant subit les rite

de passe et plus particuliegraverement celui de la circoncision

La circoncision est non seulement unE opeacuteration chirurgicale malS surshy

tout une peacuteriode au cours de laquelle le jeune garccedilon passe de leacutetat

dadolescent agrave leacutetat dadulte Les circoncis sont reacuteunis en classe

dacircge dans un endroit situeacute hors duvillage geacuteneacuteralement choisi par les

vieux Cet endroit n~st accessible que par des individus de SExe ffi8SCUshy

li~ ~ta~t au preacutealabl circoncis

- - - -

quable et complet sur le plan phy~ique et ~oral Ai~si liniti~

acquiert les qualitecircs indispensables que sont le courag~ la modest

lesprit de sacrifice lendurance

Le toucoule~r est un pleux musulma~ Cela sexp1

SOil le premier agrave tre en contact avec la religion musulmane de par sa

position frontaliegravere Lethnie toucouleur de par son histoire a preacutesenteacute

les plus grands chefs militaires et religieux musulmans seacuteneacutegalais Et

pour illustrer cela on peut citer en exemple la grande famille musulmane

des SY agrave TIVAOUANE repreacutesentant la confreacuterie des TIDJANES

Bien que lon note une majoriteacute musulmane on peut dire que certaines

croyances et pratiques mystiques et animistes persistent encore surtout

dans la reacutegion du fleuve

Une pratique courante se fait elle sappelle le Djatt Elle consiste

agrave faire sortir le caiman du fleuve agrave limmobiliser et agrave lattacher

sans quil ne reacuteagisse et tout ceci agrave laide de versets et dincantashy

tions magiques Dapregraves les teacutemoignages ces pratiques sont plutocirct

freacutequentes chez les Tchioubalos (pecirccheurs) Il arrive aussi que cershy

tains chasseurs ayant des dons se livrent agrave certaines pratiques an1shy

mis tes qui consistent agrave invoquer certaines puissances et agrave moduler sous

forme de chant des versets occultes pour se proteacuteger des mauvais esprits

et pour eacuteloigner les fauves Ce chant est geacuteneacuteralement incompreacutehensible

et deacutenueacute de sens pour le profane

343 Activiteacutes ludiques et pratiques sportives en milieu toucouleur

Durant toute son histoire lethnie ~oucouleur a toujours EacutetEacute Frese~teacute~

comme celle qui avait ue activit essentiellement guerr e e~ particushy

liegraverement farouche Trois eacuteleacutements ret r t l ecirc t te nt i c- euro so~t

le manie~~nt du ~acircton 12 luttE Et 1eacute danSE

l

Lecircducation ph~sique et artistique Dcc~pe un place precircpondecircra~rp

dans la fDrmat~on du jEune toucouleur A loccasion agraveeacutevegravenemen~ imporshy

tants reacutecoltJs mariages baptecircme nous assistons agrave des manifestashy

tions folkloriques de grande envergure le Wango oucirc dailse toucouleur

tregraves gymnique iles chants et surtout les sEacuteances de lutte

La lutte toucouleur est la forme de lutte la plus spectaclaire dans

tout le territoire seacuteneacutegalais Elle est essentiellement baseacutee sur des

techniques en hancheacute et surtout en souplesse Ceci sexplique par le

fait q~e le jeune toucouleur est tregraves tocirct initieacute agrave la gymnastique (saut 1

per saut de main salto arriegravere saut de tecircte couronneacute etc bullbullbull ) pour

la dans~ du wa~go En dansant le wango qui est une danse rythmeacutee et

gymnique le Jeune toucou1eur est capable de prouesses extraordinaires

1

En lutte lattaquant se deacuteplace tregraves peu pour avoir une bonne saisie

(geacuteneacutera~ement controcircle du Ngimben ) et enchaine brusqueme~t avec une

attaque surpris~ Cependant les ripostes sont souvent surprenantes et

spectaculaires (baseacutees sur la souplesse et la rapiditeacute) ontrairement

aux autr~s form~s de luttes ougrave lon voyait tous les jeune adheacuterer la

lutte to~cou1eur Verra un groupe de speacutecialistes sadonne agrave la lutte 1

(la lutte est lieacutee agrave la position sociale de lindividu problegraveme de

caste)

Q La morphologie du lutteur toucou1eur 1

1 1

Ce dernier nest pas aussi large et aussi fort que les lutteurs diola

et seacuteregravere Cependant il est tregraves reacutesistant La musculatJre est saillante 1

et tregraves souple lindividu est longiligne mais tregraves athleacutetique

Les mouvements de lutteurs sont semblables agrave ceux dun grand fe1in Cette 1

morphologie semble ecirctre lieacutee agrave la position geacuteographique de lethnie

(reacutegion du fleuve) et agrave lacitiviteacute socio-eacuteconomique du toucouleur qui

est agrave la fois cultivateur (activiteacute lieacutee agrave la crue et deacutecrUE du fleuve)

pecirccheuro~T CIcr~icubaon) et sttout jEumlrgcr qui est U~ rc~2eumlr

shy

Deux formes egrave~ corps sembl~nt ecirctre preacutefeacutereacutees du lutteur toucouleur

le hancheacute et la souplesse Les hancheacutes sont faits agrave partir de plusieurs

positions de doset se terminent geacuteneacuteralement par des techniques de

tregraves grande amplitude

TABLEAU RECAPITULATIF DES TECHNIQUES ET FORMES DE CORPS SPECIFIQUES

i

L441 r

GARDE FORMES DU CORPS CONTROLES --shy - -

Moyenne Souplesse Ngimbe

Hancheacute bras

Demi-souplesse

1

Profil psycholosigue 1

TECHNIQUES

ContrOle du bassin et 12 souplesse

arriegravere

Klicket et allegravegement de la hanche

Le lutteur toucouleur est celui lUi se livre le moins aux preacuteparaqons

maraboutiques Cela est dO au f~t que le toucouleur est un grand ~USUlshyman et que les pratiques animisges ont presque disparu dans ce mil~eu

Dans la pratique le lutteur esJ combaif mais il est calme et tr~s reacutefleacutechi quant agrave la deacutecision agrave prendre en plein corps agrave corps ct~st un des seuls techniciens qui reJte tregraves lucide au cours de ses comb~ts

l Dans toutes les circonstances e lutteur toucouleur est tenu de re~pecshyter son adversaire et ceux de s4n eacutequipemecircme sil est vaincu

Comme nous avons dO nous en rendre compte la rigueur des principes

eacuteducationnels a une influence tregraves sensible sur l~ comportement du

toucouleur

i

III S COCL ~s 1DO

Dans cette partie nous avons essay~ de montrer lftroite re1atic~

Entre les diverses activiteacutes socio-eacuteconomiques dans les ethnies et

lES diffEacuterentes faccedilons de lutter

Daucuns seraient tent~s de conclure trop rapidement et cest p0~r

cette raison que nOUS avons penseacute preacuteciser que le pheacutenotype nest

pas geacuteneacuterateur du geacutenotype Et nous sommes convaincus que la morphoshy

logie et les techniques des lutteurs relegravevent de leurs modes de vie

et de leurs croyances agrave une eacutepoque et danE un contexte bien deacutetermishy

neacutes

Est-ce que les lutteurs dio1a ou seacuteregravere travaillant avec leurs bras

dans les champs auraient les mecircmes pr 0 fil s physiques que les lutteurs

utilisant des machines pour lagriculture

- 69 shy

I UJOURDH~1 E-S ut O[l LES FORfilS Ut LU11t~

~otons que notre enqu~te a ecirctE essentiellement faiteen milieu urbain

Les seacuteances de lutte ont tendance agrave perdre leur particulariteacute de r~shy

jouissance pour devenir des pheacutenomegravenes de sportisatio Deux fores

de luttes so~t principale~cnt prat s dans les aregrave~es du 5 al

la lutte traditiunnelle simple et la lutte traditionnelle avec frappe

De nos jours la lutte traditionnelle tend vers une reacuteglementation

et une institutionalisation

Le reacutesultat de nos investigations nous donne le tableau ci-dessous

REPARTITION ETHNIQUE SUR 100 PRATIQUANTS

LUTTE LUTTE RAPPORTETHNIES SANS FRAPPE AVEC FRAPPE J2

Diola 40 16 71 j

Seacuteregravere 26 21 57

Toucouleur 23 10 69

Wolof 1 1 53 17

La demande sociale par ordre deacutecroissant pour la lutte sans frappe

se preacutesente comrre suit

]0_ Ethnie diola avec pregraves de 3 lutteur~ sur 4

2deg_ Ethnie toucouleur

Ethri dun

~ 1 LA LUTTE TR])IIIO~~ELLE AVEC H-PPE

Cette forme deacute lutte a une histoire qui date de lantiquiteacute elle

sa~pelait le Pugilat Au Seacuteneacutegal elle a vu le jour dans le Cayor

bien avant la colonisation Le coup dE pied l~Lrdn~lement la morshy

sure la frappe et le doigtf eacutetaient permis dans le cc=bat ~ ~middot~p0~~e

Dans certains cas la giffle eacutetait beaucoup plus dangereuse que le

poing quand elle eacutetait donneacutee par un speacutecialiste Cette giffle pouvait

agrave elle seule deacutechirer et mecircme parfois amputer la joue de ladverser

Selon les informations la lutte avec frappede nos jours serait une

forme de lutte tregraves eupheacutemiseacutee de celle dantan ougrave une blessure

pouvait souvent ecirctre mortelle

Aujourdhui au niveau du folklore la lutte na plus la mecircme

le spectaculaire a remplaceacute le significatif iLa lutte avec frappe se 1

pratique surtout dans les centres urbains C~aque fois quun grand combat 1

est progra~eacute par le Comiteacute National Proviso~re (CNP) des centaines damashy

teurs sont mobiliseacutes vers le stade lba Mar D~OP qui est aujourdhui le i

lieu approprieacute ougrave se deacuteroulent les grands conkbats de lutte Cest la formE

de lutte qui semble drainer une foule de personnes beaucoup plus importante

que celle de la lutte simple

La lutte avec frappe deacuteriverait dune forme de lutte traditionnelle

pratiqueacutee jadis dans le Cayor au temps des Damels et la frappe serait

le substitut dun certain nombre de pratiques doigteacute jet de produits

etc bullbullbull dont le but eacutetait laveuglement de ladversaire La lutte avec

frappe serait une continuation logique dune carriegravere sportive de la

lutte traditionnelle qui sen sert comme moyen socio-eacuteconomique En

effet la majoriteacute des lutteurs avec frappe ont dabord eacuteteacute initieacutes agrave la

lutte simple Cependant il faut signaler que de nOS jours il arrive

que le jeune lutteur avec frappE- soit directenent formEacute conne speacutecialistE

agrave la frappe sa~s pour autant faire son chemin dabcrd egravea~s la lutte

- ~ shy

Le recircsultat dE ~os interviews ncus rec~trE qGune pcpulatiD~ divcrsishy

fiampe sint~resse agrave ce sport et qUE les intecircr~[s des uns et d~SlautrE~

semble~t divergents naucuns affirment que la lutte traditionnelle

avec frappe serait monteacutee par des personnes dont la vocation est dexshy

ploiter ce pheacuteLomegravene agrave des fins commerciales Dautres disent gJellegrave

jouit de mcyens irport~nts t[l[~isio

tation etc bullbullbull ) pour toucher toutes les couches sociales CEpe~~a~t

nous remarquons que mecircme si certaines personnes reprochent agrave cette

forme de lutte decirctre brutale ces mecircmes personnes nheacutesitent pas agrave

se rendre le dimanche agrave laregravene Bien que critiqueacutee elle semble ecirctre

adopteacutee par une tregraves grande partie de la population seacuteneacutegalaise Cepenshy

dant en tant que techniciens il nous est permis de faire une remarque

Il sagit de

- Limpression nette decirctre devant des professionnels de la frappe

qui sont ~ntratneacutes pour cela Dailleurs les propos que nous avons

recueilli~ nous prouvent que la plupart des champions de lutte avec 1

frappe s~ntratnent dans certains sports de combat tels ~ue la boxe i 1

le karateacute le judo Dans cette nouvelle forme de pratique de la lutte

contrairefuent agrave la lutte traditionnelle le technicien e~t souvent

perdant face au puncheur Ce dernier adopte une lutte agrave distance qui

lui permet de placer agrave bon escient ses coups animeacute du deacutesir de vaincre

Le technicien lui se voit contreacute dans toutes ses entreprises par

un uppercut ou un crochet

On peut dire cependant que nul sport au Seacuteneacutegal que la lutte tradishy

tionnelle avec frappe ne deacutechaicircne autant de passions et autant de

pheacutenomegravenes poussant agrave lexcegraves et deacutereacuteglements quon ne peut que deacuteplorer

Mais comment deacutecrier un spectacle de lutte qui bien quayant perdu la

presque totaliteacute des valeurs traditionnelles veacutehiculeacutees autrefois par

elle sait susciter une participation effective de tous ceux qui sont

preacutesents

CONCLUSION

Dans ce meacutemoire nous sommes efforceacutes ~e faire ressort ir limportance des

ethos et des habitus et leurs effets sur la pratique de la lutte tradishy

tionnelle au Seacuteneacutegal

L~b egravethos repr~sentent dune maniegravere g~neurorale tous les eacuteleacutements speacutec

fiques sux Seacuteneacutegalais par conampeacuteguent un systegraveme de valeurs traditionnellEs

Mais m~me si ces valeurs rev~tent une signification universelle (honneur

digniteacute courage etc bullbullbull ) il nen demeure pas moins que ce nest pas leur

nature qui fait leur speacutecificiteacute mais la hieacuterarchisation et limportance i

quon accorde agrave toutes ces valeurs de ~ar leacuteducation ou la culture

i 1

Aussi les valeurs traditionnelles puient leur speacutecificiteacute dans les

caracteacuteristiques propres aux eacuteleacutements ~e la socio-cu1ture (la technologie

et leacuteconomie la politique et la pareteacute la psychologie et lideacuteologie)

dans la socieacuteteacute seacuteneacutegalaise agrave n momen donneacute de son eacutevolution Cest i

dire la neacuteceesiteacute de ne point faire della valeur une reacutealiteacute statique

Cest dite aussi quagrave tout mome~t le ~eacuteneacutegalais peut eacutevoluer et creacuteer

ou vivre par conseacutequent de nouv~lles fprmes de valeur qui lui sont 1

propres ft (J)

La lutte traditionnelle veacutehiculant deS valeurs socio-cu1ture1les speacutecishy

fiquement seacuteneacutegalaises (croyances valeurs morales norme de comportement

opinion attitude bullbullbull ) devient un eacuteleacutement important qui tregraves certaiaement

nous aidera dans notre effort de valoriser et de peacuterenniser notre patri shy

moine culturel par le biais dactiviteacutes physiques et sportives

Leacutetude des habitus nous permet de prouver quil y a plusieurs faccedilons

de se mouvoir comme danser lutter bullbullbull qui varient avec les diffeacuterentes

ethnies (wolof toucouleur seacuteregravere diolagt leurs convenances et leurs

eacuteducations

(1) Revue Ethiopiques 31 Les valeurs traditionnelles et le problegraveme de leur inteacutegration dans les systegravemes modernes jtducatio-1 2 6r--70

nautre part cette eacutetude permet aussi de nous rendrE compte de la

correacutelatipn eacutetroite existant entre la pratique de la lutte traditionnelle

et le sta~ut socio-eacuteconomique du pratiquant

Nos inves~igations nous indiquent que la lutte recrute essentiellement

au niveau des classes socio-eacuteconomiques situeacutees en bas de leacutechelle

donc posseacutedant le statut social le moins favoriseacute La lutte avec frappe

-et un certain secteur commercialiseacute de la lutte simple- y trouve sa

leacutegitimiteacute Comme le dit BOURDIEU nA habitus diffeacuterents styles de Vle

divergents et il oppse les pratiques aristocpatiques correspondants agrave

des activiteacutes qui favorisent les situations eupheacutemiseacutees ougrave la stylisashy

tion est importante aux pratiques populaires qui font appel agrave des

qualiteacutes qpposeacutees bllutes rugueuses Certaines interviews nous

montrent que plus lindividu occupe une place eacuteleveacutee dans leacutechelle

sQciale e~ 1

moin$ il sinteacuteresse agrave la lutte

Les reacutesultats recueillis dans nos diverses investig~tions confirment 1 1

1er propos qui disent que nous assistons aujourdhu~ agrave une involution

de la lutte traditionnelle parce que perdant toutes ses speacutecificiteacutes au 1

pryfit d~ne autre forme de lutte que lon continue agrave appeler nostalshy

giqlementIIlutte traditionnelle

Ceci pourrait peut-~tre trouver une explication dan la citation suivante

La liberteacute de creacuteer dinnover de vivre Pleineinenf decirctre soi et de

preacuteserver son authenticiteacute la digniteacute et lhonneu1demeurent des illushy

sions dans la misegravere eacuteconomique~ Nos ancecirctres creacuteai~nt des valeurs de cishyl

vilisation parce quils eacutetaient libres parce qu1i~s ignoraient toute

deacutependance eacuteconomique ils cultivaient en eux et cbez leurs enfants le 1

Jorn et la Kersa et preacutefeacuteraient la mort agrave la hoJte lI (1)

Or le Seacuteneacutegal comme la plupart des pays africainsi est un pays sousshy

deacuteveloppeacute t cependant face agrave cette volonteacute du gou~ernement seacuteneacutegalais

de faire inteacutegrer dans leacuteducation des valeurs traditionnelles nous

pouvons espeacuterer utiliser comme moyen deacuteducation la lutteacute traditionnelle

qui reste quand mecircme vecteur jethos et dhabit~s

- 54 shy

Mecircme si lon a noteacute un appauvrissement notoire sur les plans socioshy

culturel et moral la lutte traditionnelle recegravele une gamme importante

et varieacutee de techniques permettant incontestablement une ouverture vers

les luttes olympiques libre et g~eacuteco-romaine

La lecture de ce meacutemoire permettra agrave lentratneur et au professeur de

lutte en fonction du lieu ougrave ils seront affecteacutes dans le territoire

seacuteneacutegalaisdavoir une information sur les techniques contrOles et

formes de corps propres agrave chaque groupe ethnique et de les mettre en

relation avec leurs croyances et leurs mentaliteacutes

Nous avons essayeacute de montrer que la pratique de la lutte traditionnelle

doit tre axeacutee sur une ethnomotriciteacute au Seacuteneacutegal qui permette une inishy

tiation facile Cette pratique de la lutte traditionnelle seacuteneacutegalaise

devra dailleurs essayer de ~eacutepondre aux aspirations du Seacuteneacutegalaisl

moderne en souvrant aux ap~orts positifs des autres civilisations

ex~eacuterieures nous voulons Jvidemment parler du judo et des luttes oiymshyJ

piques 1

1 j Nous navons pas la preacutetentfon dans le cadre de ce meacutemoire demattrise

de reacutepondre agrave toutes les qutstions se rattachant agrave leacutetude de ~a lutte

traditionnelle souslangle~socio-culturel car non seulement il nous

manque lexpeacuterience et la c peacutetence en la mati~re mais aussil l le temps

et les moyens dont nous dis osions ne nous permettaient pas d~puiser le 1sujet i

1 1 1 t 1

l

- )5 shy

BIBLIOGRAPHIE

BIBLIOGRAPHIE

1- CLAPAREDE Psychologie de leacuteducation et peacutedagogie expeacuterimentale

Edition Delachaux et Niestleacute 244 pages

2- POCIELLC Christian Sport et Socieacuteteacute approche socio-culturelle

des pratiques Paris Vigot 1981 377 pages

3- PIERON Henri Vocabulaire de la psychologie

PUF Deuxiegraveme eacutedition 1957 469 pages

4- Revue socialiste de culture neacutegro-africaine ETHIOPIQUES

Les valeurs traditionnelles et le problegraveme de leur inteacutegration

dans les systegravemes modernes deacuteducation

GIA 21 Juillet 1982 213 pages

5- N2 Revue du Centre dEtudedes Civilisations DEM ak TEY

NIS IVegrave Trimestre 1982 96 pages

6- Document lNSEP Colloque sur la lutte aeacuteregravere

DAKAR MAI-JUIN 1980

t 1

~- Travaux du IVegrave Congregraves National ~es Sports agrave DAKAR les 2223041981

Bulletin n2 91 du CIO du 15 Aont 1965

l____________________________

8- Meacutemoire de Mattrise BADJI Abdou La lutte traditionnelle Joola

Etude et perspective

9- Meacutemoire Inspectorat JS DJITTE Mandy Les pratiques corporelles

traditionnelles au Seacuteneacutegal pour leur exploitation et leur

utilisation en peacutedagogie Marly le Roi 1980

REPUBLIQUE DU SENEGAL

--------------- INSTITUT NATIONAL SUPERIEUR

MINISTERE DE LA JEUNESSE DE LrsquoEDUCATION POPULAIRE

ET DES SPORTS ET DU SPORT

-------------

(INSEPS)

MEMOIRE DE MAIcircTRISE

Es-SCIENCES ET TECHNIQUES

DE LrsquoACTIVITE PHYSIQUE ET DU SPORT

LA LUTTE TRADITIONNELLE

son importance sa signification en fonction des ethos et des habitus ethniques au Seacuteneacutegal

Preacutesenteacute par

Monsieur Joseph Victor FAYE

Sous la direction de

M Jean Marc ROCHEZ

Professeur agrave lrsquoINSEPS

Anneacutee de soutenance 1984

IlL

34 1 Preacutesentation

Lethnie toucouleur vit En grandt partit ciE~~ la vallfc du S~~~gal

pt reprecircsente i peu pr~s 8 de la population totale secircn~galaise

o Histoire

Il semblerait que dans lancien royaume du Tekrour (IX~ siegravecle) des

eacuteleacutements neacutegroiumldes Sarakoleacute et des Peul aient formEacute par meacutetissage le

peuple Toucouleur (Toucouleur serait dailleurs une deacuteformation du

mot portugais Tacouror)

Ce empire a domineacute aussi bien les wolofs de lOuest que les Peul

nomades du Fouta Toro Cette reacutegion fut le premier pays islamiseacute par

les Almoravides ce qui peut expliquer le proseacutelytisme toucouleur

Ce sont les guerriers toucouleur islamiseacutes qui attaqu~rent avec les

Almoravides la capitale du Ghana Koumbi en 1067 On convertit par

la force les animistes Cest sans doute agrave cette eacutepoque que de nombreuses

ethnies reacutefractaires agrave lIslam ont dO accentuer leur migration vers

le sud (Seacuteregravere wolof Sarakoleacute Bambara Songhaiuml Akan et Peul se reacuteshy

fugiaient vers les hauteurs du Fouta Djalon)

Au XIXegrave siegravecle les Toucouleur allaient trouver en El Hadj Omar Tall

un grand conqueacuterent qui sous le preacutetexte religieux de la gJerre sainte

contre les tribus animistes (entre autres Bambara) eacutetendit lempire

toucouleur sur presque tout lensemble du gali et la partie de la Guineacutee

proche du l1ali

Lempire toucouleur composeacute de Sarakoleacute de Bambar~ de ~alinkeacute de

Xassonkeacute dE Peul et de Dogon eut le meurorit~ dunir CES diif~rentes ~ ~ - - - - - et~ics ~t dE CD~stituer l~Sl la b2S~ ~r 1

_ ~ ~ ~_ L ~

~ ~- ~- - - ---- _ 1 v _ t 1 ~-_ --

marabout tOL~culcuuml~ ~ middotlrrany a l ick SI venu des E1i rClS dE Pocior~ (

~ Vi~ euroconomicue et sociale -----------~-------------

Les Toucouleur sont des cultivateurs mais bien quils n~ soie~t pa~

pasteurs comrre les Peul leacutelevage a une place inportarteacute decirc1S ltur

eacutecono~ie Pour faciliter leur conquecircte guerriegraverE ils c~t Eucirc une preacuteshy

dilection pour leacutelevage des chevaux On y trouve aussi des pecirccheurs

appeleacutes Tchioubalo La socieacuteteacute toucouleur aurait une stratification

sociale tregraves rigide Les groupes ethniques et les castes eacutetaient

diffeacuterencieacutes et strictement exogamiques les Rimbe classe des nobles

comprenant la famille reacutegnante et les guerriers libres la classe des

Nieacutenieacutebegens de castes artisanales i les Rimaibeacute anciens esclaves

devenus serviteurs qui portent les noms de famille de leur maicirctres A

la base de lorganisation de la collectiviteacute toucouleur se situe le

village (Wouro)

Toutes ces castes sont cloisonneacutees entre elle~ Ainsi il nest pas

permis agrave un Torodo (noble) de se marier avec un Tchioubalo Ces

consideacuterations sont importantes dans le domaine de la lutte ougrave nous

apercevrons que les nobles ne sont pas faits pour lutter Le noble

preacutesidera les seacuteances de lutte et on luttera pour lui Ces condeacute rat ions

de noblesse et de rang social sont extrecircmement importantes dans le

monde toucouleur

Le noble ne doit pas se salir on lutte pour lui il ne vit la lutte

quen tant que spectateur

342 Education moeurs croyances et eratiques religieuses

Deux formes d~ducation sont agrave consideacuterer leacutedJcatio~ dES enfarts Et

celle des adultes

oG lenfant sait m2n~~r et apprfcier le goOt d~5 ~iifeurorents r~pas lt

le moment ougrave il CO~~e~CE agrave marcher

tivirt n~sormais le petit toucou]eur est eacuteduquf par toutmiddot 12 f2~i)]E

dabord puis par toutes lespersc~nes du village ou du C13~

Lenfant peut ~tre corrigeacute par tout adulte appartenant au groupe social

Son eacuteducation est deacutesormais laffaire de toute la communauteacute et non

exclusivement celle ces parents On linitie ainsi au travail quotidien

qui se fait dans la bergel~ e les champs et les bords du fleuve Au sein

du village il pourra apprendre agrave filer la laine et agrave tisser des pagnes

dans les champs il apprend agrave manier la houe et lhiler pour la culture

du riz et du mil Mais signalons que lactiviteacute essentielle du toucouleur

est leacutelevage des boeufs des moutons et des chegravevres Chez les Ichioushy

balos (p~cheurs ) lenfant sera initieacute tregraves tat au maniement des pagaies

agrave la p~che propremccedilnt dite et agrave la nage

Vers cinq-six ans lenfant est confieacute au maicirctre coranique le Ihierno

et ce dernier dispose exclusivement de toute sa vie Lavenir du jeune

enfant lui appartient

Comme dans les autres groupes ethniques les enfants sont regroupeacutes en

classe dacircge et cest dans cette structure que lenfant subit les rite

de passe et plus particuliegraverement celui de la circoncision

La circoncision est non seulement unE opeacuteration chirurgicale malS surshy

tout une peacuteriode au cours de laquelle le jeune garccedilon passe de leacutetat

dadolescent agrave leacutetat dadulte Les circoncis sont reacuteunis en classe

dacircge dans un endroit situeacute hors duvillage geacuteneacuteralement choisi par les

vieux Cet endroit n~st accessible que par des individus de SExe ffi8SCUshy

li~ ~ta~t au preacutealabl circoncis

- - - -

quable et complet sur le plan phy~ique et ~oral Ai~si liniti~

acquiert les qualitecircs indispensables que sont le courag~ la modest

lesprit de sacrifice lendurance

Le toucoule~r est un pleux musulma~ Cela sexp1

SOil le premier agrave tre en contact avec la religion musulmane de par sa

position frontaliegravere Lethnie toucouleur de par son histoire a preacutesenteacute

les plus grands chefs militaires et religieux musulmans seacuteneacutegalais Et

pour illustrer cela on peut citer en exemple la grande famille musulmane

des SY agrave TIVAOUANE repreacutesentant la confreacuterie des TIDJANES

Bien que lon note une majoriteacute musulmane on peut dire que certaines

croyances et pratiques mystiques et animistes persistent encore surtout

dans la reacutegion du fleuve

Une pratique courante se fait elle sappelle le Djatt Elle consiste

agrave faire sortir le caiman du fleuve agrave limmobiliser et agrave lattacher

sans quil ne reacuteagisse et tout ceci agrave laide de versets et dincantashy

tions magiques Dapregraves les teacutemoignages ces pratiques sont plutocirct

freacutequentes chez les Tchioubalos (pecirccheurs) Il arrive aussi que cershy

tains chasseurs ayant des dons se livrent agrave certaines pratiques an1shy

mis tes qui consistent agrave invoquer certaines puissances et agrave moduler sous

forme de chant des versets occultes pour se proteacuteger des mauvais esprits

et pour eacuteloigner les fauves Ce chant est geacuteneacuteralement incompreacutehensible

et deacutenueacute de sens pour le profane

343 Activiteacutes ludiques et pratiques sportives en milieu toucouleur

Durant toute son histoire lethnie ~oucouleur a toujours EacutetEacute Frese~teacute~

comme celle qui avait ue activit essentiellement guerr e e~ particushy

liegraverement farouche Trois eacuteleacutements ret r t l ecirc t te nt i c- euro so~t

le manie~~nt du ~acircton 12 luttE Et 1eacute danSE

l

Lecircducation ph~sique et artistique Dcc~pe un place precircpondecircra~rp

dans la fDrmat~on du jEune toucouleur A loccasion agraveeacutevegravenemen~ imporshy

tants reacutecoltJs mariages baptecircme nous assistons agrave des manifestashy

tions folkloriques de grande envergure le Wango oucirc dailse toucouleur

tregraves gymnique iles chants et surtout les sEacuteances de lutte

La lutte toucouleur est la forme de lutte la plus spectaclaire dans

tout le territoire seacuteneacutegalais Elle est essentiellement baseacutee sur des

techniques en hancheacute et surtout en souplesse Ceci sexplique par le

fait q~e le jeune toucouleur est tregraves tocirct initieacute agrave la gymnastique (saut 1

per saut de main salto arriegravere saut de tecircte couronneacute etc bullbullbull ) pour

la dans~ du wa~go En dansant le wango qui est une danse rythmeacutee et

gymnique le Jeune toucou1eur est capable de prouesses extraordinaires

1

En lutte lattaquant se deacuteplace tregraves peu pour avoir une bonne saisie

(geacuteneacutera~ement controcircle du Ngimben ) et enchaine brusqueme~t avec une

attaque surpris~ Cependant les ripostes sont souvent surprenantes et

spectaculaires (baseacutees sur la souplesse et la rapiditeacute) ontrairement

aux autr~s form~s de luttes ougrave lon voyait tous les jeune adheacuterer la

lutte to~cou1eur Verra un groupe de speacutecialistes sadonne agrave la lutte 1

(la lutte est lieacutee agrave la position sociale de lindividu problegraveme de

caste)

Q La morphologie du lutteur toucou1eur 1

1 1

Ce dernier nest pas aussi large et aussi fort que les lutteurs diola

et seacuteregravere Cependant il est tregraves reacutesistant La musculatJre est saillante 1

et tregraves souple lindividu est longiligne mais tregraves athleacutetique

Les mouvements de lutteurs sont semblables agrave ceux dun grand fe1in Cette 1

morphologie semble ecirctre lieacutee agrave la position geacuteographique de lethnie

(reacutegion du fleuve) et agrave lacitiviteacute socio-eacuteconomique du toucouleur qui

est agrave la fois cultivateur (activiteacute lieacutee agrave la crue et deacutecrUE du fleuve)

pecirccheuro~T CIcr~icubaon) et sttout jEumlrgcr qui est U~ rc~2eumlr

shy

Deux formes egrave~ corps sembl~nt ecirctre preacutefeacutereacutees du lutteur toucouleur

le hancheacute et la souplesse Les hancheacutes sont faits agrave partir de plusieurs

positions de doset se terminent geacuteneacuteralement par des techniques de

tregraves grande amplitude

TABLEAU RECAPITULATIF DES TECHNIQUES ET FORMES DE CORPS SPECIFIQUES

i

L441 r

GARDE FORMES DU CORPS CONTROLES --shy - -

Moyenne Souplesse Ngimbe

Hancheacute bras

Demi-souplesse

1

Profil psycholosigue 1

TECHNIQUES

ContrOle du bassin et 12 souplesse

arriegravere

Klicket et allegravegement de la hanche

Le lutteur toucouleur est celui lUi se livre le moins aux preacuteparaqons

maraboutiques Cela est dO au f~t que le toucouleur est un grand ~USUlshyman et que les pratiques animisges ont presque disparu dans ce mil~eu

Dans la pratique le lutteur esJ combaif mais il est calme et tr~s reacutefleacutechi quant agrave la deacutecision agrave prendre en plein corps agrave corps ct~st un des seuls techniciens qui reJte tregraves lucide au cours de ses comb~ts

l Dans toutes les circonstances e lutteur toucouleur est tenu de re~pecshyter son adversaire et ceux de s4n eacutequipemecircme sil est vaincu

Comme nous avons dO nous en rendre compte la rigueur des principes

eacuteducationnels a une influence tregraves sensible sur l~ comportement du

toucouleur

i

III S COCL ~s 1DO

Dans cette partie nous avons essay~ de montrer lftroite re1atic~

Entre les diverses activiteacutes socio-eacuteconomiques dans les ethnies et

lES diffEacuterentes faccedilons de lutter

Daucuns seraient tent~s de conclure trop rapidement et cest p0~r

cette raison que nOUS avons penseacute preacuteciser que le pheacutenotype nest

pas geacuteneacuterateur du geacutenotype Et nous sommes convaincus que la morphoshy

logie et les techniques des lutteurs relegravevent de leurs modes de vie

et de leurs croyances agrave une eacutepoque et danE un contexte bien deacutetermishy

neacutes

Est-ce que les lutteurs dio1a ou seacuteregravere travaillant avec leurs bras

dans les champs auraient les mecircmes pr 0 fil s physiques que les lutteurs

utilisant des machines pour lagriculture

- 69 shy

I UJOURDH~1 E-S ut O[l LES FORfilS Ut LU11t~

~otons que notre enqu~te a ecirctE essentiellement faiteen milieu urbain

Les seacuteances de lutte ont tendance agrave perdre leur particulariteacute de r~shy

jouissance pour devenir des pheacutenomegravenes de sportisatio Deux fores

de luttes so~t principale~cnt prat s dans les aregrave~es du 5 al

la lutte traditiunnelle simple et la lutte traditionnelle avec frappe

De nos jours la lutte traditionnelle tend vers une reacuteglementation

et une institutionalisation

Le reacutesultat de nos investigations nous donne le tableau ci-dessous

REPARTITION ETHNIQUE SUR 100 PRATIQUANTS

LUTTE LUTTE RAPPORTETHNIES SANS FRAPPE AVEC FRAPPE J2

Diola 40 16 71 j

Seacuteregravere 26 21 57

Toucouleur 23 10 69

Wolof 1 1 53 17

La demande sociale par ordre deacutecroissant pour la lutte sans frappe

se preacutesente comrre suit

]0_ Ethnie diola avec pregraves de 3 lutteur~ sur 4

2deg_ Ethnie toucouleur

Ethri dun

~ 1 LA LUTTE TR])IIIO~~ELLE AVEC H-PPE

Cette forme deacute lutte a une histoire qui date de lantiquiteacute elle

sa~pelait le Pugilat Au Seacuteneacutegal elle a vu le jour dans le Cayor

bien avant la colonisation Le coup dE pied l~Lrdn~lement la morshy

sure la frappe et le doigtf eacutetaient permis dans le cc=bat ~ ~middot~p0~~e

Dans certains cas la giffle eacutetait beaucoup plus dangereuse que le

poing quand elle eacutetait donneacutee par un speacutecialiste Cette giffle pouvait

agrave elle seule deacutechirer et mecircme parfois amputer la joue de ladverser

Selon les informations la lutte avec frappede nos jours serait une

forme de lutte tregraves eupheacutemiseacutee de celle dantan ougrave une blessure

pouvait souvent ecirctre mortelle

Aujourdhui au niveau du folklore la lutte na plus la mecircme

le spectaculaire a remplaceacute le significatif iLa lutte avec frappe se 1

pratique surtout dans les centres urbains C~aque fois quun grand combat 1

est progra~eacute par le Comiteacute National Proviso~re (CNP) des centaines damashy

teurs sont mobiliseacutes vers le stade lba Mar D~OP qui est aujourdhui le i

lieu approprieacute ougrave se deacuteroulent les grands conkbats de lutte Cest la formE

de lutte qui semble drainer une foule de personnes beaucoup plus importante

que celle de la lutte simple

La lutte avec frappe deacuteriverait dune forme de lutte traditionnelle

pratiqueacutee jadis dans le Cayor au temps des Damels et la frappe serait

le substitut dun certain nombre de pratiques doigteacute jet de produits

etc bullbullbull dont le but eacutetait laveuglement de ladversaire La lutte avec

frappe serait une continuation logique dune carriegravere sportive de la

lutte traditionnelle qui sen sert comme moyen socio-eacuteconomique En

effet la majoriteacute des lutteurs avec frappe ont dabord eacuteteacute initieacutes agrave la

lutte simple Cependant il faut signaler que de nOS jours il arrive

que le jeune lutteur avec frappE- soit directenent formEacute conne speacutecialistE

agrave la frappe sa~s pour autant faire son chemin dabcrd egravea~s la lutte

- ~ shy

Le recircsultat dE ~os interviews ncus rec~trE qGune pcpulatiD~ divcrsishy

fiampe sint~resse agrave ce sport et qUE les intecircr~[s des uns et d~SlautrE~

semble~t divergents naucuns affirment que la lutte traditionnelle

avec frappe serait monteacutee par des personnes dont la vocation est dexshy

ploiter ce pheacuteLomegravene agrave des fins commerciales Dautres disent gJellegrave

jouit de mcyens irport~nts t[l[~isio

tation etc bullbullbull ) pour toucher toutes les couches sociales CEpe~~a~t

nous remarquons que mecircme si certaines personnes reprochent agrave cette

forme de lutte decirctre brutale ces mecircmes personnes nheacutesitent pas agrave

se rendre le dimanche agrave laregravene Bien que critiqueacutee elle semble ecirctre

adopteacutee par une tregraves grande partie de la population seacuteneacutegalaise Cepenshy

dant en tant que techniciens il nous est permis de faire une remarque

Il sagit de

- Limpression nette decirctre devant des professionnels de la frappe

qui sont ~ntratneacutes pour cela Dailleurs les propos que nous avons

recueilli~ nous prouvent que la plupart des champions de lutte avec 1

frappe s~ntratnent dans certains sports de combat tels ~ue la boxe i 1

le karateacute le judo Dans cette nouvelle forme de pratique de la lutte

contrairefuent agrave la lutte traditionnelle le technicien e~t souvent

perdant face au puncheur Ce dernier adopte une lutte agrave distance qui

lui permet de placer agrave bon escient ses coups animeacute du deacutesir de vaincre

Le technicien lui se voit contreacute dans toutes ses entreprises par

un uppercut ou un crochet

On peut dire cependant que nul sport au Seacuteneacutegal que la lutte tradishy

tionnelle avec frappe ne deacutechaicircne autant de passions et autant de

pheacutenomegravenes poussant agrave lexcegraves et deacutereacuteglements quon ne peut que deacuteplorer

Mais comment deacutecrier un spectacle de lutte qui bien quayant perdu la

presque totaliteacute des valeurs traditionnelles veacutehiculeacutees autrefois par

elle sait susciter une participation effective de tous ceux qui sont

preacutesents

CONCLUSION

Dans ce meacutemoire nous sommes efforceacutes ~e faire ressort ir limportance des

ethos et des habitus et leurs effets sur la pratique de la lutte tradishy

tionnelle au Seacuteneacutegal

L~b egravethos repr~sentent dune maniegravere g~neurorale tous les eacuteleacutements speacutec

fiques sux Seacuteneacutegalais par conampeacuteguent un systegraveme de valeurs traditionnellEs

Mais m~me si ces valeurs rev~tent une signification universelle (honneur

digniteacute courage etc bullbullbull ) il nen demeure pas moins que ce nest pas leur

nature qui fait leur speacutecificiteacute mais la hieacuterarchisation et limportance i

quon accorde agrave toutes ces valeurs de ~ar leacuteducation ou la culture

i 1

Aussi les valeurs traditionnelles puient leur speacutecificiteacute dans les

caracteacuteristiques propres aux eacuteleacutements ~e la socio-cu1ture (la technologie

et leacuteconomie la politique et la pareteacute la psychologie et lideacuteologie)

dans la socieacuteteacute seacuteneacutegalaise agrave n momen donneacute de son eacutevolution Cest i

dire la neacuteceesiteacute de ne point faire della valeur une reacutealiteacute statique

Cest dite aussi quagrave tout mome~t le ~eacuteneacutegalais peut eacutevoluer et creacuteer

ou vivre par conseacutequent de nouv~lles fprmes de valeur qui lui sont 1

propres ft (J)

La lutte traditionnelle veacutehiculant deS valeurs socio-cu1ture1les speacutecishy

fiquement seacuteneacutegalaises (croyances valeurs morales norme de comportement

opinion attitude bullbullbull ) devient un eacuteleacutement important qui tregraves certaiaement

nous aidera dans notre effort de valoriser et de peacuterenniser notre patri shy

moine culturel par le biais dactiviteacutes physiques et sportives

Leacutetude des habitus nous permet de prouver quil y a plusieurs faccedilons

de se mouvoir comme danser lutter bullbullbull qui varient avec les diffeacuterentes

ethnies (wolof toucouleur seacuteregravere diolagt leurs convenances et leurs

eacuteducations

(1) Revue Ethiopiques 31 Les valeurs traditionnelles et le problegraveme de leur inteacutegration dans les systegravemes modernes jtducatio-1 2 6r--70

nautre part cette eacutetude permet aussi de nous rendrE compte de la

correacutelatipn eacutetroite existant entre la pratique de la lutte traditionnelle

et le sta~ut socio-eacuteconomique du pratiquant

Nos inves~igations nous indiquent que la lutte recrute essentiellement

au niveau des classes socio-eacuteconomiques situeacutees en bas de leacutechelle

donc posseacutedant le statut social le moins favoriseacute La lutte avec frappe

-et un certain secteur commercialiseacute de la lutte simple- y trouve sa

leacutegitimiteacute Comme le dit BOURDIEU nA habitus diffeacuterents styles de Vle

divergents et il oppse les pratiques aristocpatiques correspondants agrave

des activiteacutes qui favorisent les situations eupheacutemiseacutees ougrave la stylisashy

tion est importante aux pratiques populaires qui font appel agrave des

qualiteacutes qpposeacutees bllutes rugueuses Certaines interviews nous

montrent que plus lindividu occupe une place eacuteleveacutee dans leacutechelle

sQciale e~ 1

moin$ il sinteacuteresse agrave la lutte

Les reacutesultats recueillis dans nos diverses investig~tions confirment 1 1

1er propos qui disent que nous assistons aujourdhu~ agrave une involution

de la lutte traditionnelle parce que perdant toutes ses speacutecificiteacutes au 1

pryfit d~ne autre forme de lutte que lon continue agrave appeler nostalshy

giqlementIIlutte traditionnelle

Ceci pourrait peut-~tre trouver une explication dan la citation suivante

La liberteacute de creacuteer dinnover de vivre Pleineinenf decirctre soi et de

preacuteserver son authenticiteacute la digniteacute et lhonneu1demeurent des illushy

sions dans la misegravere eacuteconomique~ Nos ancecirctres creacuteai~nt des valeurs de cishyl

vilisation parce quils eacutetaient libres parce qu1i~s ignoraient toute

deacutependance eacuteconomique ils cultivaient en eux et cbez leurs enfants le 1

Jorn et la Kersa et preacutefeacuteraient la mort agrave la hoJte lI (1)

Or le Seacuteneacutegal comme la plupart des pays africainsi est un pays sousshy

deacuteveloppeacute t cependant face agrave cette volonteacute du gou~ernement seacuteneacutegalais

de faire inteacutegrer dans leacuteducation des valeurs traditionnelles nous

pouvons espeacuterer utiliser comme moyen deacuteducation la lutteacute traditionnelle

qui reste quand mecircme vecteur jethos et dhabit~s

- 54 shy

Mecircme si lon a noteacute un appauvrissement notoire sur les plans socioshy

culturel et moral la lutte traditionnelle recegravele une gamme importante

et varieacutee de techniques permettant incontestablement une ouverture vers

les luttes olympiques libre et g~eacuteco-romaine

La lecture de ce meacutemoire permettra agrave lentratneur et au professeur de

lutte en fonction du lieu ougrave ils seront affecteacutes dans le territoire

seacuteneacutegalaisdavoir une information sur les techniques contrOles et

formes de corps propres agrave chaque groupe ethnique et de les mettre en

relation avec leurs croyances et leurs mentaliteacutes

Nous avons essayeacute de montrer que la pratique de la lutte traditionnelle

doit tre axeacutee sur une ethnomotriciteacute au Seacuteneacutegal qui permette une inishy

tiation facile Cette pratique de la lutte traditionnelle seacuteneacutegalaise

devra dailleurs essayer de ~eacutepondre aux aspirations du Seacuteneacutegalaisl

moderne en souvrant aux ap~orts positifs des autres civilisations

ex~eacuterieures nous voulons Jvidemment parler du judo et des luttes oiymshyJ

piques 1

1 j Nous navons pas la preacutetentfon dans le cadre de ce meacutemoire demattrise

de reacutepondre agrave toutes les qutstions se rattachant agrave leacutetude de ~a lutte

traditionnelle souslangle~socio-culturel car non seulement il nous

manque lexpeacuterience et la c peacutetence en la mati~re mais aussil l le temps

et les moyens dont nous dis osions ne nous permettaient pas d~puiser le 1sujet i

1 1 1 t 1

l

- )5 shy

BIBLIOGRAPHIE

BIBLIOGRAPHIE

1- CLAPAREDE Psychologie de leacuteducation et peacutedagogie expeacuterimentale

Edition Delachaux et Niestleacute 244 pages

2- POCIELLC Christian Sport et Socieacuteteacute approche socio-culturelle

des pratiques Paris Vigot 1981 377 pages

3- PIERON Henri Vocabulaire de la psychologie

PUF Deuxiegraveme eacutedition 1957 469 pages

4- Revue socialiste de culture neacutegro-africaine ETHIOPIQUES

Les valeurs traditionnelles et le problegraveme de leur inteacutegration

dans les systegravemes modernes deacuteducation

GIA 21 Juillet 1982 213 pages

5- N2 Revue du Centre dEtudedes Civilisations DEM ak TEY

NIS IVegrave Trimestre 1982 96 pages

6- Document lNSEP Colloque sur la lutte aeacuteregravere

DAKAR MAI-JUIN 1980

t 1

~- Travaux du IVegrave Congregraves National ~es Sports agrave DAKAR les 2223041981

Bulletin n2 91 du CIO du 15 Aont 1965

l____________________________

8- Meacutemoire de Mattrise BADJI Abdou La lutte traditionnelle Joola

Etude et perspective

9- Meacutemoire Inspectorat JS DJITTE Mandy Les pratiques corporelles

traditionnelles au Seacuteneacutegal pour leur exploitation et leur

utilisation en peacutedagogie Marly le Roi 1980

REPUBLIQUE DU SENEGAL

--------------- INSTITUT NATIONAL SUPERIEUR

MINISTERE DE LA JEUNESSE DE LrsquoEDUCATION POPULAIRE

ET DES SPORTS ET DU SPORT

-------------

(INSEPS)

MEMOIRE DE MAIcircTRISE

Es-SCIENCES ET TECHNIQUES

DE LrsquoACTIVITE PHYSIQUE ET DU SPORT

LA LUTTE TRADITIONNELLE

son importance sa signification en fonction des ethos et des habitus ethniques au Seacuteneacutegal

Preacutesenteacute par

Monsieur Joseph Victor FAYE

Sous la direction de

M Jean Marc ROCHEZ

Professeur agrave lrsquoINSEPS

Anneacutee de soutenance 1984

marabout tOL~culcuuml~ ~ middotlrrany a l ick SI venu des E1i rClS dE Pocior~ (

~ Vi~ euroconomicue et sociale -----------~-------------

Les Toucouleur sont des cultivateurs mais bien quils n~ soie~t pa~

pasteurs comrre les Peul leacutelevage a une place inportarteacute decirc1S ltur

eacutecono~ie Pour faciliter leur conquecircte guerriegraverE ils c~t Eucirc une preacuteshy

dilection pour leacutelevage des chevaux On y trouve aussi des pecirccheurs

appeleacutes Tchioubalo La socieacuteteacute toucouleur aurait une stratification

sociale tregraves rigide Les groupes ethniques et les castes eacutetaient

diffeacuterencieacutes et strictement exogamiques les Rimbe classe des nobles

comprenant la famille reacutegnante et les guerriers libres la classe des

Nieacutenieacutebegens de castes artisanales i les Rimaibeacute anciens esclaves

devenus serviteurs qui portent les noms de famille de leur maicirctres A

la base de lorganisation de la collectiviteacute toucouleur se situe le

village (Wouro)

Toutes ces castes sont cloisonneacutees entre elle~ Ainsi il nest pas

permis agrave un Torodo (noble) de se marier avec un Tchioubalo Ces

consideacuterations sont importantes dans le domaine de la lutte ougrave nous

apercevrons que les nobles ne sont pas faits pour lutter Le noble

preacutesidera les seacuteances de lutte et on luttera pour lui Ces condeacute rat ions

de noblesse et de rang social sont extrecircmement importantes dans le

monde toucouleur

Le noble ne doit pas se salir on lutte pour lui il ne vit la lutte

quen tant que spectateur

342 Education moeurs croyances et eratiques religieuses

Deux formes d~ducation sont agrave consideacuterer leacutedJcatio~ dES enfarts Et

celle des adultes

oG lenfant sait m2n~~r et apprfcier le goOt d~5 ~iifeurorents r~pas lt

le moment ougrave il CO~~e~CE agrave marcher

tivirt n~sormais le petit toucou]eur est eacuteduquf par toutmiddot 12 f2~i)]E

dabord puis par toutes lespersc~nes du village ou du C13~

Lenfant peut ~tre corrigeacute par tout adulte appartenant au groupe social

Son eacuteducation est deacutesormais laffaire de toute la communauteacute et non

exclusivement celle ces parents On linitie ainsi au travail quotidien

qui se fait dans la bergel~ e les champs et les bords du fleuve Au sein

du village il pourra apprendre agrave filer la laine et agrave tisser des pagnes

dans les champs il apprend agrave manier la houe et lhiler pour la culture

du riz et du mil Mais signalons que lactiviteacute essentielle du toucouleur

est leacutelevage des boeufs des moutons et des chegravevres Chez les Ichioushy

balos (p~cheurs ) lenfant sera initieacute tregraves tat au maniement des pagaies

agrave la p~che propremccedilnt dite et agrave la nage

Vers cinq-six ans lenfant est confieacute au maicirctre coranique le Ihierno

et ce dernier dispose exclusivement de toute sa vie Lavenir du jeune

enfant lui appartient

Comme dans les autres groupes ethniques les enfants sont regroupeacutes en

classe dacircge et cest dans cette structure que lenfant subit les rite

de passe et plus particuliegraverement celui de la circoncision

La circoncision est non seulement unE opeacuteration chirurgicale malS surshy

tout une peacuteriode au cours de laquelle le jeune garccedilon passe de leacutetat

dadolescent agrave leacutetat dadulte Les circoncis sont reacuteunis en classe

dacircge dans un endroit situeacute hors duvillage geacuteneacuteralement choisi par les

vieux Cet endroit n~st accessible que par des individus de SExe ffi8SCUshy

li~ ~ta~t au preacutealabl circoncis

- - - -

quable et complet sur le plan phy~ique et ~oral Ai~si liniti~

acquiert les qualitecircs indispensables que sont le courag~ la modest

lesprit de sacrifice lendurance

Le toucoule~r est un pleux musulma~ Cela sexp1

SOil le premier agrave tre en contact avec la religion musulmane de par sa

position frontaliegravere Lethnie toucouleur de par son histoire a preacutesenteacute

les plus grands chefs militaires et religieux musulmans seacuteneacutegalais Et

pour illustrer cela on peut citer en exemple la grande famille musulmane

des SY agrave TIVAOUANE repreacutesentant la confreacuterie des TIDJANES

Bien que lon note une majoriteacute musulmane on peut dire que certaines

croyances et pratiques mystiques et animistes persistent encore surtout

dans la reacutegion du fleuve

Une pratique courante se fait elle sappelle le Djatt Elle consiste

agrave faire sortir le caiman du fleuve agrave limmobiliser et agrave lattacher

sans quil ne reacuteagisse et tout ceci agrave laide de versets et dincantashy

tions magiques Dapregraves les teacutemoignages ces pratiques sont plutocirct

freacutequentes chez les Tchioubalos (pecirccheurs) Il arrive aussi que cershy

tains chasseurs ayant des dons se livrent agrave certaines pratiques an1shy

mis tes qui consistent agrave invoquer certaines puissances et agrave moduler sous

forme de chant des versets occultes pour se proteacuteger des mauvais esprits

et pour eacuteloigner les fauves Ce chant est geacuteneacuteralement incompreacutehensible

et deacutenueacute de sens pour le profane

343 Activiteacutes ludiques et pratiques sportives en milieu toucouleur

Durant toute son histoire lethnie ~oucouleur a toujours EacutetEacute Frese~teacute~

comme celle qui avait ue activit essentiellement guerr e e~ particushy

liegraverement farouche Trois eacuteleacutements ret r t l ecirc t te nt i c- euro so~t

le manie~~nt du ~acircton 12 luttE Et 1eacute danSE

l

Lecircducation ph~sique et artistique Dcc~pe un place precircpondecircra~rp

dans la fDrmat~on du jEune toucouleur A loccasion agraveeacutevegravenemen~ imporshy

tants reacutecoltJs mariages baptecircme nous assistons agrave des manifestashy

tions folkloriques de grande envergure le Wango oucirc dailse toucouleur

tregraves gymnique iles chants et surtout les sEacuteances de lutte

La lutte toucouleur est la forme de lutte la plus spectaclaire dans

tout le territoire seacuteneacutegalais Elle est essentiellement baseacutee sur des

techniques en hancheacute et surtout en souplesse Ceci sexplique par le

fait q~e le jeune toucouleur est tregraves tocirct initieacute agrave la gymnastique (saut 1

per saut de main salto arriegravere saut de tecircte couronneacute etc bullbullbull ) pour

la dans~ du wa~go En dansant le wango qui est une danse rythmeacutee et

gymnique le Jeune toucou1eur est capable de prouesses extraordinaires

1

En lutte lattaquant se deacuteplace tregraves peu pour avoir une bonne saisie

(geacuteneacutera~ement controcircle du Ngimben ) et enchaine brusqueme~t avec une

attaque surpris~ Cependant les ripostes sont souvent surprenantes et

spectaculaires (baseacutees sur la souplesse et la rapiditeacute) ontrairement

aux autr~s form~s de luttes ougrave lon voyait tous les jeune adheacuterer la

lutte to~cou1eur Verra un groupe de speacutecialistes sadonne agrave la lutte 1

(la lutte est lieacutee agrave la position sociale de lindividu problegraveme de

caste)

Q La morphologie du lutteur toucou1eur 1

1 1

Ce dernier nest pas aussi large et aussi fort que les lutteurs diola

et seacuteregravere Cependant il est tregraves reacutesistant La musculatJre est saillante 1

et tregraves souple lindividu est longiligne mais tregraves athleacutetique

Les mouvements de lutteurs sont semblables agrave ceux dun grand fe1in Cette 1

morphologie semble ecirctre lieacutee agrave la position geacuteographique de lethnie

(reacutegion du fleuve) et agrave lacitiviteacute socio-eacuteconomique du toucouleur qui

est agrave la fois cultivateur (activiteacute lieacutee agrave la crue et deacutecrUE du fleuve)

pecirccheuro~T CIcr~icubaon) et sttout jEumlrgcr qui est U~ rc~2eumlr

shy

Deux formes egrave~ corps sembl~nt ecirctre preacutefeacutereacutees du lutteur toucouleur

le hancheacute et la souplesse Les hancheacutes sont faits agrave partir de plusieurs

positions de doset se terminent geacuteneacuteralement par des techniques de

tregraves grande amplitude

TABLEAU RECAPITULATIF DES TECHNIQUES ET FORMES DE CORPS SPECIFIQUES

i

L441 r

GARDE FORMES DU CORPS CONTROLES --shy - -

Moyenne Souplesse Ngimbe

Hancheacute bras

Demi-souplesse

1

Profil psycholosigue 1

TECHNIQUES

ContrOle du bassin et 12 souplesse

arriegravere

Klicket et allegravegement de la hanche

Le lutteur toucouleur est celui lUi se livre le moins aux preacuteparaqons

maraboutiques Cela est dO au f~t que le toucouleur est un grand ~USUlshyman et que les pratiques animisges ont presque disparu dans ce mil~eu

Dans la pratique le lutteur esJ combaif mais il est calme et tr~s reacutefleacutechi quant agrave la deacutecision agrave prendre en plein corps agrave corps ct~st un des seuls techniciens qui reJte tregraves lucide au cours de ses comb~ts

l Dans toutes les circonstances e lutteur toucouleur est tenu de re~pecshyter son adversaire et ceux de s4n eacutequipemecircme sil est vaincu

Comme nous avons dO nous en rendre compte la rigueur des principes

eacuteducationnels a une influence tregraves sensible sur l~ comportement du

toucouleur

i

III S COCL ~s 1DO

Dans cette partie nous avons essay~ de montrer lftroite re1atic~

Entre les diverses activiteacutes socio-eacuteconomiques dans les ethnies et

lES diffEacuterentes faccedilons de lutter

Daucuns seraient tent~s de conclure trop rapidement et cest p0~r

cette raison que nOUS avons penseacute preacuteciser que le pheacutenotype nest

pas geacuteneacuterateur du geacutenotype Et nous sommes convaincus que la morphoshy

logie et les techniques des lutteurs relegravevent de leurs modes de vie

et de leurs croyances agrave une eacutepoque et danE un contexte bien deacutetermishy

neacutes

Est-ce que les lutteurs dio1a ou seacuteregravere travaillant avec leurs bras

dans les champs auraient les mecircmes pr 0 fil s physiques que les lutteurs

utilisant des machines pour lagriculture

- 69 shy

I UJOURDH~1 E-S ut O[l LES FORfilS Ut LU11t~

~otons que notre enqu~te a ecirctE essentiellement faiteen milieu urbain

Les seacuteances de lutte ont tendance agrave perdre leur particulariteacute de r~shy

jouissance pour devenir des pheacutenomegravenes de sportisatio Deux fores

de luttes so~t principale~cnt prat s dans les aregrave~es du 5 al

la lutte traditiunnelle simple et la lutte traditionnelle avec frappe

De nos jours la lutte traditionnelle tend vers une reacuteglementation

et une institutionalisation

Le reacutesultat de nos investigations nous donne le tableau ci-dessous

REPARTITION ETHNIQUE SUR 100 PRATIQUANTS

LUTTE LUTTE RAPPORTETHNIES SANS FRAPPE AVEC FRAPPE J2

Diola 40 16 71 j

Seacuteregravere 26 21 57

Toucouleur 23 10 69

Wolof 1 1 53 17

La demande sociale par ordre deacutecroissant pour la lutte sans frappe

se preacutesente comrre suit

]0_ Ethnie diola avec pregraves de 3 lutteur~ sur 4

2deg_ Ethnie toucouleur

Ethri dun

~ 1 LA LUTTE TR])IIIO~~ELLE AVEC H-PPE

Cette forme deacute lutte a une histoire qui date de lantiquiteacute elle

sa~pelait le Pugilat Au Seacuteneacutegal elle a vu le jour dans le Cayor

bien avant la colonisation Le coup dE pied l~Lrdn~lement la morshy

sure la frappe et le doigtf eacutetaient permis dans le cc=bat ~ ~middot~p0~~e

Dans certains cas la giffle eacutetait beaucoup plus dangereuse que le

poing quand elle eacutetait donneacutee par un speacutecialiste Cette giffle pouvait

agrave elle seule deacutechirer et mecircme parfois amputer la joue de ladverser

Selon les informations la lutte avec frappede nos jours serait une

forme de lutte tregraves eupheacutemiseacutee de celle dantan ougrave une blessure

pouvait souvent ecirctre mortelle

Aujourdhui au niveau du folklore la lutte na plus la mecircme

le spectaculaire a remplaceacute le significatif iLa lutte avec frappe se 1

pratique surtout dans les centres urbains C~aque fois quun grand combat 1

est progra~eacute par le Comiteacute National Proviso~re (CNP) des centaines damashy

teurs sont mobiliseacutes vers le stade lba Mar D~OP qui est aujourdhui le i

lieu approprieacute ougrave se deacuteroulent les grands conkbats de lutte Cest la formE

de lutte qui semble drainer une foule de personnes beaucoup plus importante

que celle de la lutte simple

La lutte avec frappe deacuteriverait dune forme de lutte traditionnelle

pratiqueacutee jadis dans le Cayor au temps des Damels et la frappe serait

le substitut dun certain nombre de pratiques doigteacute jet de produits

etc bullbullbull dont le but eacutetait laveuglement de ladversaire La lutte avec

frappe serait une continuation logique dune carriegravere sportive de la

lutte traditionnelle qui sen sert comme moyen socio-eacuteconomique En

effet la majoriteacute des lutteurs avec frappe ont dabord eacuteteacute initieacutes agrave la

lutte simple Cependant il faut signaler que de nOS jours il arrive

que le jeune lutteur avec frappE- soit directenent formEacute conne speacutecialistE

agrave la frappe sa~s pour autant faire son chemin dabcrd egravea~s la lutte

- ~ shy

Le recircsultat dE ~os interviews ncus rec~trE qGune pcpulatiD~ divcrsishy

fiampe sint~resse agrave ce sport et qUE les intecircr~[s des uns et d~SlautrE~

semble~t divergents naucuns affirment que la lutte traditionnelle

avec frappe serait monteacutee par des personnes dont la vocation est dexshy

ploiter ce pheacuteLomegravene agrave des fins commerciales Dautres disent gJellegrave

jouit de mcyens irport~nts t[l[~isio

tation etc bullbullbull ) pour toucher toutes les couches sociales CEpe~~a~t

nous remarquons que mecircme si certaines personnes reprochent agrave cette

forme de lutte decirctre brutale ces mecircmes personnes nheacutesitent pas agrave

se rendre le dimanche agrave laregravene Bien que critiqueacutee elle semble ecirctre

adopteacutee par une tregraves grande partie de la population seacuteneacutegalaise Cepenshy

dant en tant que techniciens il nous est permis de faire une remarque

Il sagit de

- Limpression nette decirctre devant des professionnels de la frappe

qui sont ~ntratneacutes pour cela Dailleurs les propos que nous avons

recueilli~ nous prouvent que la plupart des champions de lutte avec 1

frappe s~ntratnent dans certains sports de combat tels ~ue la boxe i 1

le karateacute le judo Dans cette nouvelle forme de pratique de la lutte

contrairefuent agrave la lutte traditionnelle le technicien e~t souvent

perdant face au puncheur Ce dernier adopte une lutte agrave distance qui

lui permet de placer agrave bon escient ses coups animeacute du deacutesir de vaincre

Le technicien lui se voit contreacute dans toutes ses entreprises par

un uppercut ou un crochet

On peut dire cependant que nul sport au Seacuteneacutegal que la lutte tradishy

tionnelle avec frappe ne deacutechaicircne autant de passions et autant de

pheacutenomegravenes poussant agrave lexcegraves et deacutereacuteglements quon ne peut que deacuteplorer

Mais comment deacutecrier un spectacle de lutte qui bien quayant perdu la

presque totaliteacute des valeurs traditionnelles veacutehiculeacutees autrefois par

elle sait susciter une participation effective de tous ceux qui sont

preacutesents

CONCLUSION

Dans ce meacutemoire nous sommes efforceacutes ~e faire ressort ir limportance des

ethos et des habitus et leurs effets sur la pratique de la lutte tradishy

tionnelle au Seacuteneacutegal

L~b egravethos repr~sentent dune maniegravere g~neurorale tous les eacuteleacutements speacutec

fiques sux Seacuteneacutegalais par conampeacuteguent un systegraveme de valeurs traditionnellEs

Mais m~me si ces valeurs rev~tent une signification universelle (honneur

digniteacute courage etc bullbullbull ) il nen demeure pas moins que ce nest pas leur

nature qui fait leur speacutecificiteacute mais la hieacuterarchisation et limportance i

quon accorde agrave toutes ces valeurs de ~ar leacuteducation ou la culture

i 1

Aussi les valeurs traditionnelles puient leur speacutecificiteacute dans les

caracteacuteristiques propres aux eacuteleacutements ~e la socio-cu1ture (la technologie

et leacuteconomie la politique et la pareteacute la psychologie et lideacuteologie)

dans la socieacuteteacute seacuteneacutegalaise agrave n momen donneacute de son eacutevolution Cest i

dire la neacuteceesiteacute de ne point faire della valeur une reacutealiteacute statique

Cest dite aussi quagrave tout mome~t le ~eacuteneacutegalais peut eacutevoluer et creacuteer

ou vivre par conseacutequent de nouv~lles fprmes de valeur qui lui sont 1

propres ft (J)

La lutte traditionnelle veacutehiculant deS valeurs socio-cu1ture1les speacutecishy

fiquement seacuteneacutegalaises (croyances valeurs morales norme de comportement

opinion attitude bullbullbull ) devient un eacuteleacutement important qui tregraves certaiaement

nous aidera dans notre effort de valoriser et de peacuterenniser notre patri shy

moine culturel par le biais dactiviteacutes physiques et sportives

Leacutetude des habitus nous permet de prouver quil y a plusieurs faccedilons

de se mouvoir comme danser lutter bullbullbull qui varient avec les diffeacuterentes

ethnies (wolof toucouleur seacuteregravere diolagt leurs convenances et leurs

eacuteducations

(1) Revue Ethiopiques 31 Les valeurs traditionnelles et le problegraveme de leur inteacutegration dans les systegravemes modernes jtducatio-1 2 6r--70

nautre part cette eacutetude permet aussi de nous rendrE compte de la

correacutelatipn eacutetroite existant entre la pratique de la lutte traditionnelle

et le sta~ut socio-eacuteconomique du pratiquant

Nos inves~igations nous indiquent que la lutte recrute essentiellement

au niveau des classes socio-eacuteconomiques situeacutees en bas de leacutechelle

donc posseacutedant le statut social le moins favoriseacute La lutte avec frappe

-et un certain secteur commercialiseacute de la lutte simple- y trouve sa

leacutegitimiteacute Comme le dit BOURDIEU nA habitus diffeacuterents styles de Vle

divergents et il oppse les pratiques aristocpatiques correspondants agrave

des activiteacutes qui favorisent les situations eupheacutemiseacutees ougrave la stylisashy

tion est importante aux pratiques populaires qui font appel agrave des

qualiteacutes qpposeacutees bllutes rugueuses Certaines interviews nous

montrent que plus lindividu occupe une place eacuteleveacutee dans leacutechelle

sQciale e~ 1

moin$ il sinteacuteresse agrave la lutte

Les reacutesultats recueillis dans nos diverses investig~tions confirment 1 1

1er propos qui disent que nous assistons aujourdhu~ agrave une involution

de la lutte traditionnelle parce que perdant toutes ses speacutecificiteacutes au 1

pryfit d~ne autre forme de lutte que lon continue agrave appeler nostalshy

giqlementIIlutte traditionnelle

Ceci pourrait peut-~tre trouver une explication dan la citation suivante

La liberteacute de creacuteer dinnover de vivre Pleineinenf decirctre soi et de

preacuteserver son authenticiteacute la digniteacute et lhonneu1demeurent des illushy

sions dans la misegravere eacuteconomique~ Nos ancecirctres creacuteai~nt des valeurs de cishyl

vilisation parce quils eacutetaient libres parce qu1i~s ignoraient toute

deacutependance eacuteconomique ils cultivaient en eux et cbez leurs enfants le 1

Jorn et la Kersa et preacutefeacuteraient la mort agrave la hoJte lI (1)

Or le Seacuteneacutegal comme la plupart des pays africainsi est un pays sousshy

deacuteveloppeacute t cependant face agrave cette volonteacute du gou~ernement seacuteneacutegalais

de faire inteacutegrer dans leacuteducation des valeurs traditionnelles nous

pouvons espeacuterer utiliser comme moyen deacuteducation la lutteacute traditionnelle

qui reste quand mecircme vecteur jethos et dhabit~s

- 54 shy

Mecircme si lon a noteacute un appauvrissement notoire sur les plans socioshy

culturel et moral la lutte traditionnelle recegravele une gamme importante

et varieacutee de techniques permettant incontestablement une ouverture vers

les luttes olympiques libre et g~eacuteco-romaine

La lecture de ce meacutemoire permettra agrave lentratneur et au professeur de

lutte en fonction du lieu ougrave ils seront affecteacutes dans le territoire

seacuteneacutegalaisdavoir une information sur les techniques contrOles et

formes de corps propres agrave chaque groupe ethnique et de les mettre en

relation avec leurs croyances et leurs mentaliteacutes

Nous avons essayeacute de montrer que la pratique de la lutte traditionnelle

doit tre axeacutee sur une ethnomotriciteacute au Seacuteneacutegal qui permette une inishy

tiation facile Cette pratique de la lutte traditionnelle seacuteneacutegalaise

devra dailleurs essayer de ~eacutepondre aux aspirations du Seacuteneacutegalaisl

moderne en souvrant aux ap~orts positifs des autres civilisations

ex~eacuterieures nous voulons Jvidemment parler du judo et des luttes oiymshyJ

piques 1

1 j Nous navons pas la preacutetentfon dans le cadre de ce meacutemoire demattrise

de reacutepondre agrave toutes les qutstions se rattachant agrave leacutetude de ~a lutte

traditionnelle souslangle~socio-culturel car non seulement il nous

manque lexpeacuterience et la c peacutetence en la mati~re mais aussil l le temps

et les moyens dont nous dis osions ne nous permettaient pas d~puiser le 1sujet i

1 1 1 t 1

l

- )5 shy

BIBLIOGRAPHIE

BIBLIOGRAPHIE

1- CLAPAREDE Psychologie de leacuteducation et peacutedagogie expeacuterimentale

Edition Delachaux et Niestleacute 244 pages

2- POCIELLC Christian Sport et Socieacuteteacute approche socio-culturelle

des pratiques Paris Vigot 1981 377 pages

3- PIERON Henri Vocabulaire de la psychologie

PUF Deuxiegraveme eacutedition 1957 469 pages

4- Revue socialiste de culture neacutegro-africaine ETHIOPIQUES

Les valeurs traditionnelles et le problegraveme de leur inteacutegration

dans les systegravemes modernes deacuteducation

GIA 21 Juillet 1982 213 pages

5- N2 Revue du Centre dEtudedes Civilisations DEM ak TEY

NIS IVegrave Trimestre 1982 96 pages

6- Document lNSEP Colloque sur la lutte aeacuteregravere

DAKAR MAI-JUIN 1980

t 1

~- Travaux du IVegrave Congregraves National ~es Sports agrave DAKAR les 2223041981

Bulletin n2 91 du CIO du 15 Aont 1965

l____________________________

8- Meacutemoire de Mattrise BADJI Abdou La lutte traditionnelle Joola

Etude et perspective

9- Meacutemoire Inspectorat JS DJITTE Mandy Les pratiques corporelles

traditionnelles au Seacuteneacutegal pour leur exploitation et leur

utilisation en peacutedagogie Marly le Roi 1980

REPUBLIQUE DU SENEGAL

--------------- INSTITUT NATIONAL SUPERIEUR

MINISTERE DE LA JEUNESSE DE LrsquoEDUCATION POPULAIRE

ET DES SPORTS ET DU SPORT

-------------

(INSEPS)

MEMOIRE DE MAIcircTRISE

Es-SCIENCES ET TECHNIQUES

DE LrsquoACTIVITE PHYSIQUE ET DU SPORT

LA LUTTE TRADITIONNELLE

son importance sa signification en fonction des ethos et des habitus ethniques au Seacuteneacutegal

Preacutesenteacute par

Monsieur Joseph Victor FAYE

Sous la direction de

M Jean Marc ROCHEZ

Professeur agrave lrsquoINSEPS

Anneacutee de soutenance 1984

oG lenfant sait m2n~~r et apprfcier le goOt d~5 ~iifeurorents r~pas lt

le moment ougrave il CO~~e~CE agrave marcher

tivirt n~sormais le petit toucou]eur est eacuteduquf par toutmiddot 12 f2~i)]E

dabord puis par toutes lespersc~nes du village ou du C13~

Lenfant peut ~tre corrigeacute par tout adulte appartenant au groupe social

Son eacuteducation est deacutesormais laffaire de toute la communauteacute et non

exclusivement celle ces parents On linitie ainsi au travail quotidien

qui se fait dans la bergel~ e les champs et les bords du fleuve Au sein

du village il pourra apprendre agrave filer la laine et agrave tisser des pagnes

dans les champs il apprend agrave manier la houe et lhiler pour la culture

du riz et du mil Mais signalons que lactiviteacute essentielle du toucouleur

est leacutelevage des boeufs des moutons et des chegravevres Chez les Ichioushy

balos (p~cheurs ) lenfant sera initieacute tregraves tat au maniement des pagaies

agrave la p~che propremccedilnt dite et agrave la nage

Vers cinq-six ans lenfant est confieacute au maicirctre coranique le Ihierno

et ce dernier dispose exclusivement de toute sa vie Lavenir du jeune

enfant lui appartient

Comme dans les autres groupes ethniques les enfants sont regroupeacutes en

classe dacircge et cest dans cette structure que lenfant subit les rite

de passe et plus particuliegraverement celui de la circoncision

La circoncision est non seulement unE opeacuteration chirurgicale malS surshy

tout une peacuteriode au cours de laquelle le jeune garccedilon passe de leacutetat

dadolescent agrave leacutetat dadulte Les circoncis sont reacuteunis en classe

dacircge dans un endroit situeacute hors duvillage geacuteneacuteralement choisi par les

vieux Cet endroit n~st accessible que par des individus de SExe ffi8SCUshy

li~ ~ta~t au preacutealabl circoncis

- - - -

quable et complet sur le plan phy~ique et ~oral Ai~si liniti~

acquiert les qualitecircs indispensables que sont le courag~ la modest

lesprit de sacrifice lendurance

Le toucoule~r est un pleux musulma~ Cela sexp1

SOil le premier agrave tre en contact avec la religion musulmane de par sa

position frontaliegravere Lethnie toucouleur de par son histoire a preacutesenteacute

les plus grands chefs militaires et religieux musulmans seacuteneacutegalais Et

pour illustrer cela on peut citer en exemple la grande famille musulmane

des SY agrave TIVAOUANE repreacutesentant la confreacuterie des TIDJANES

Bien que lon note une majoriteacute musulmane on peut dire que certaines

croyances et pratiques mystiques et animistes persistent encore surtout

dans la reacutegion du fleuve

Une pratique courante se fait elle sappelle le Djatt Elle consiste

agrave faire sortir le caiman du fleuve agrave limmobiliser et agrave lattacher

sans quil ne reacuteagisse et tout ceci agrave laide de versets et dincantashy

tions magiques Dapregraves les teacutemoignages ces pratiques sont plutocirct

freacutequentes chez les Tchioubalos (pecirccheurs) Il arrive aussi que cershy

tains chasseurs ayant des dons se livrent agrave certaines pratiques an1shy

mis tes qui consistent agrave invoquer certaines puissances et agrave moduler sous

forme de chant des versets occultes pour se proteacuteger des mauvais esprits

et pour eacuteloigner les fauves Ce chant est geacuteneacuteralement incompreacutehensible

et deacutenueacute de sens pour le profane

343 Activiteacutes ludiques et pratiques sportives en milieu toucouleur

Durant toute son histoire lethnie ~oucouleur a toujours EacutetEacute Frese~teacute~

comme celle qui avait ue activit essentiellement guerr e e~ particushy

liegraverement farouche Trois eacuteleacutements ret r t l ecirc t te nt i c- euro so~t

le manie~~nt du ~acircton 12 luttE Et 1eacute danSE

l

Lecircducation ph~sique et artistique Dcc~pe un place precircpondecircra~rp

dans la fDrmat~on du jEune toucouleur A loccasion agraveeacutevegravenemen~ imporshy

tants reacutecoltJs mariages baptecircme nous assistons agrave des manifestashy

tions folkloriques de grande envergure le Wango oucirc dailse toucouleur

tregraves gymnique iles chants et surtout les sEacuteances de lutte

La lutte toucouleur est la forme de lutte la plus spectaclaire dans

tout le territoire seacuteneacutegalais Elle est essentiellement baseacutee sur des

techniques en hancheacute et surtout en souplesse Ceci sexplique par le

fait q~e le jeune toucouleur est tregraves tocirct initieacute agrave la gymnastique (saut 1

per saut de main salto arriegravere saut de tecircte couronneacute etc bullbullbull ) pour

la dans~ du wa~go En dansant le wango qui est une danse rythmeacutee et

gymnique le Jeune toucou1eur est capable de prouesses extraordinaires

1

En lutte lattaquant se deacuteplace tregraves peu pour avoir une bonne saisie

(geacuteneacutera~ement controcircle du Ngimben ) et enchaine brusqueme~t avec une

attaque surpris~ Cependant les ripostes sont souvent surprenantes et

spectaculaires (baseacutees sur la souplesse et la rapiditeacute) ontrairement

aux autr~s form~s de luttes ougrave lon voyait tous les jeune adheacuterer la

lutte to~cou1eur Verra un groupe de speacutecialistes sadonne agrave la lutte 1

(la lutte est lieacutee agrave la position sociale de lindividu problegraveme de

caste)

Q La morphologie du lutteur toucou1eur 1

1 1

Ce dernier nest pas aussi large et aussi fort que les lutteurs diola

et seacuteregravere Cependant il est tregraves reacutesistant La musculatJre est saillante 1

et tregraves souple lindividu est longiligne mais tregraves athleacutetique

Les mouvements de lutteurs sont semblables agrave ceux dun grand fe1in Cette 1

morphologie semble ecirctre lieacutee agrave la position geacuteographique de lethnie

(reacutegion du fleuve) et agrave lacitiviteacute socio-eacuteconomique du toucouleur qui

est agrave la fois cultivateur (activiteacute lieacutee agrave la crue et deacutecrUE du fleuve)

pecirccheuro~T CIcr~icubaon) et sttout jEumlrgcr qui est U~ rc~2eumlr

shy

Deux formes egrave~ corps sembl~nt ecirctre preacutefeacutereacutees du lutteur toucouleur

le hancheacute et la souplesse Les hancheacutes sont faits agrave partir de plusieurs

positions de doset se terminent geacuteneacuteralement par des techniques de

tregraves grande amplitude

TABLEAU RECAPITULATIF DES TECHNIQUES ET FORMES DE CORPS SPECIFIQUES

i

L441 r

GARDE FORMES DU CORPS CONTROLES --shy - -

Moyenne Souplesse Ngimbe

Hancheacute bras

Demi-souplesse

1

Profil psycholosigue 1

TECHNIQUES

ContrOle du bassin et 12 souplesse

arriegravere

Klicket et allegravegement de la hanche

Le lutteur toucouleur est celui lUi se livre le moins aux preacuteparaqons

maraboutiques Cela est dO au f~t que le toucouleur est un grand ~USUlshyman et que les pratiques animisges ont presque disparu dans ce mil~eu

Dans la pratique le lutteur esJ combaif mais il est calme et tr~s reacutefleacutechi quant agrave la deacutecision agrave prendre en plein corps agrave corps ct~st un des seuls techniciens qui reJte tregraves lucide au cours de ses comb~ts

l Dans toutes les circonstances e lutteur toucouleur est tenu de re~pecshyter son adversaire et ceux de s4n eacutequipemecircme sil est vaincu

Comme nous avons dO nous en rendre compte la rigueur des principes

eacuteducationnels a une influence tregraves sensible sur l~ comportement du

toucouleur

i

III S COCL ~s 1DO

Dans cette partie nous avons essay~ de montrer lftroite re1atic~

Entre les diverses activiteacutes socio-eacuteconomiques dans les ethnies et

lES diffEacuterentes faccedilons de lutter

Daucuns seraient tent~s de conclure trop rapidement et cest p0~r

cette raison que nOUS avons penseacute preacuteciser que le pheacutenotype nest

pas geacuteneacuterateur du geacutenotype Et nous sommes convaincus que la morphoshy

logie et les techniques des lutteurs relegravevent de leurs modes de vie

et de leurs croyances agrave une eacutepoque et danE un contexte bien deacutetermishy

neacutes

Est-ce que les lutteurs dio1a ou seacuteregravere travaillant avec leurs bras

dans les champs auraient les mecircmes pr 0 fil s physiques que les lutteurs

utilisant des machines pour lagriculture

- 69 shy

I UJOURDH~1 E-S ut O[l LES FORfilS Ut LU11t~

~otons que notre enqu~te a ecirctE essentiellement faiteen milieu urbain

Les seacuteances de lutte ont tendance agrave perdre leur particulariteacute de r~shy

jouissance pour devenir des pheacutenomegravenes de sportisatio Deux fores

de luttes so~t principale~cnt prat s dans les aregrave~es du 5 al

la lutte traditiunnelle simple et la lutte traditionnelle avec frappe

De nos jours la lutte traditionnelle tend vers une reacuteglementation

et une institutionalisation

Le reacutesultat de nos investigations nous donne le tableau ci-dessous

REPARTITION ETHNIQUE SUR 100 PRATIQUANTS

LUTTE LUTTE RAPPORTETHNIES SANS FRAPPE AVEC FRAPPE J2

Diola 40 16 71 j

Seacuteregravere 26 21 57

Toucouleur 23 10 69

Wolof 1 1 53 17

La demande sociale par ordre deacutecroissant pour la lutte sans frappe

se preacutesente comrre suit

]0_ Ethnie diola avec pregraves de 3 lutteur~ sur 4

2deg_ Ethnie toucouleur

Ethri dun

~ 1 LA LUTTE TR])IIIO~~ELLE AVEC H-PPE

Cette forme deacute lutte a une histoire qui date de lantiquiteacute elle

sa~pelait le Pugilat Au Seacuteneacutegal elle a vu le jour dans le Cayor

bien avant la colonisation Le coup dE pied l~Lrdn~lement la morshy

sure la frappe et le doigtf eacutetaient permis dans le cc=bat ~ ~middot~p0~~e

Dans certains cas la giffle eacutetait beaucoup plus dangereuse que le

poing quand elle eacutetait donneacutee par un speacutecialiste Cette giffle pouvait

agrave elle seule deacutechirer et mecircme parfois amputer la joue de ladverser

Selon les informations la lutte avec frappede nos jours serait une

forme de lutte tregraves eupheacutemiseacutee de celle dantan ougrave une blessure

pouvait souvent ecirctre mortelle

Aujourdhui au niveau du folklore la lutte na plus la mecircme

le spectaculaire a remplaceacute le significatif iLa lutte avec frappe se 1

pratique surtout dans les centres urbains C~aque fois quun grand combat 1

est progra~eacute par le Comiteacute National Proviso~re (CNP) des centaines damashy

teurs sont mobiliseacutes vers le stade lba Mar D~OP qui est aujourdhui le i

lieu approprieacute ougrave se deacuteroulent les grands conkbats de lutte Cest la formE

de lutte qui semble drainer une foule de personnes beaucoup plus importante

que celle de la lutte simple

La lutte avec frappe deacuteriverait dune forme de lutte traditionnelle

pratiqueacutee jadis dans le Cayor au temps des Damels et la frappe serait

le substitut dun certain nombre de pratiques doigteacute jet de produits

etc bullbullbull dont le but eacutetait laveuglement de ladversaire La lutte avec

frappe serait une continuation logique dune carriegravere sportive de la

lutte traditionnelle qui sen sert comme moyen socio-eacuteconomique En

effet la majoriteacute des lutteurs avec frappe ont dabord eacuteteacute initieacutes agrave la

lutte simple Cependant il faut signaler que de nOS jours il arrive

que le jeune lutteur avec frappE- soit directenent formEacute conne speacutecialistE

agrave la frappe sa~s pour autant faire son chemin dabcrd egravea~s la lutte

- ~ shy

Le recircsultat dE ~os interviews ncus rec~trE qGune pcpulatiD~ divcrsishy

fiampe sint~resse agrave ce sport et qUE les intecircr~[s des uns et d~SlautrE~

semble~t divergents naucuns affirment que la lutte traditionnelle

avec frappe serait monteacutee par des personnes dont la vocation est dexshy

ploiter ce pheacuteLomegravene agrave des fins commerciales Dautres disent gJellegrave

jouit de mcyens irport~nts t[l[~isio

tation etc bullbullbull ) pour toucher toutes les couches sociales CEpe~~a~t

nous remarquons que mecircme si certaines personnes reprochent agrave cette

forme de lutte decirctre brutale ces mecircmes personnes nheacutesitent pas agrave

se rendre le dimanche agrave laregravene Bien que critiqueacutee elle semble ecirctre

adopteacutee par une tregraves grande partie de la population seacuteneacutegalaise Cepenshy

dant en tant que techniciens il nous est permis de faire une remarque

Il sagit de

- Limpression nette decirctre devant des professionnels de la frappe

qui sont ~ntratneacutes pour cela Dailleurs les propos que nous avons

recueilli~ nous prouvent que la plupart des champions de lutte avec 1

frappe s~ntratnent dans certains sports de combat tels ~ue la boxe i 1

le karateacute le judo Dans cette nouvelle forme de pratique de la lutte

contrairefuent agrave la lutte traditionnelle le technicien e~t souvent

perdant face au puncheur Ce dernier adopte une lutte agrave distance qui

lui permet de placer agrave bon escient ses coups animeacute du deacutesir de vaincre

Le technicien lui se voit contreacute dans toutes ses entreprises par

un uppercut ou un crochet

On peut dire cependant que nul sport au Seacuteneacutegal que la lutte tradishy

tionnelle avec frappe ne deacutechaicircne autant de passions et autant de

pheacutenomegravenes poussant agrave lexcegraves et deacutereacuteglements quon ne peut que deacuteplorer

Mais comment deacutecrier un spectacle de lutte qui bien quayant perdu la

presque totaliteacute des valeurs traditionnelles veacutehiculeacutees autrefois par

elle sait susciter une participation effective de tous ceux qui sont

preacutesents

CONCLUSION

Dans ce meacutemoire nous sommes efforceacutes ~e faire ressort ir limportance des

ethos et des habitus et leurs effets sur la pratique de la lutte tradishy

tionnelle au Seacuteneacutegal

L~b egravethos repr~sentent dune maniegravere g~neurorale tous les eacuteleacutements speacutec

fiques sux Seacuteneacutegalais par conampeacuteguent un systegraveme de valeurs traditionnellEs

Mais m~me si ces valeurs rev~tent une signification universelle (honneur

digniteacute courage etc bullbullbull ) il nen demeure pas moins que ce nest pas leur

nature qui fait leur speacutecificiteacute mais la hieacuterarchisation et limportance i

quon accorde agrave toutes ces valeurs de ~ar leacuteducation ou la culture

i 1

Aussi les valeurs traditionnelles puient leur speacutecificiteacute dans les

caracteacuteristiques propres aux eacuteleacutements ~e la socio-cu1ture (la technologie

et leacuteconomie la politique et la pareteacute la psychologie et lideacuteologie)

dans la socieacuteteacute seacuteneacutegalaise agrave n momen donneacute de son eacutevolution Cest i

dire la neacuteceesiteacute de ne point faire della valeur une reacutealiteacute statique

Cest dite aussi quagrave tout mome~t le ~eacuteneacutegalais peut eacutevoluer et creacuteer

ou vivre par conseacutequent de nouv~lles fprmes de valeur qui lui sont 1

propres ft (J)

La lutte traditionnelle veacutehiculant deS valeurs socio-cu1ture1les speacutecishy

fiquement seacuteneacutegalaises (croyances valeurs morales norme de comportement

opinion attitude bullbullbull ) devient un eacuteleacutement important qui tregraves certaiaement

nous aidera dans notre effort de valoriser et de peacuterenniser notre patri shy

moine culturel par le biais dactiviteacutes physiques et sportives

Leacutetude des habitus nous permet de prouver quil y a plusieurs faccedilons

de se mouvoir comme danser lutter bullbullbull qui varient avec les diffeacuterentes

ethnies (wolof toucouleur seacuteregravere diolagt leurs convenances et leurs

eacuteducations

(1) Revue Ethiopiques 31 Les valeurs traditionnelles et le problegraveme de leur inteacutegration dans les systegravemes modernes jtducatio-1 2 6r--70

nautre part cette eacutetude permet aussi de nous rendrE compte de la

correacutelatipn eacutetroite existant entre la pratique de la lutte traditionnelle

et le sta~ut socio-eacuteconomique du pratiquant

Nos inves~igations nous indiquent que la lutte recrute essentiellement

au niveau des classes socio-eacuteconomiques situeacutees en bas de leacutechelle

donc posseacutedant le statut social le moins favoriseacute La lutte avec frappe

-et un certain secteur commercialiseacute de la lutte simple- y trouve sa

leacutegitimiteacute Comme le dit BOURDIEU nA habitus diffeacuterents styles de Vle

divergents et il oppse les pratiques aristocpatiques correspondants agrave

des activiteacutes qui favorisent les situations eupheacutemiseacutees ougrave la stylisashy

tion est importante aux pratiques populaires qui font appel agrave des

qualiteacutes qpposeacutees bllutes rugueuses Certaines interviews nous

montrent que plus lindividu occupe une place eacuteleveacutee dans leacutechelle

sQciale e~ 1

moin$ il sinteacuteresse agrave la lutte

Les reacutesultats recueillis dans nos diverses investig~tions confirment 1 1

1er propos qui disent que nous assistons aujourdhu~ agrave une involution

de la lutte traditionnelle parce que perdant toutes ses speacutecificiteacutes au 1

pryfit d~ne autre forme de lutte que lon continue agrave appeler nostalshy

giqlementIIlutte traditionnelle

Ceci pourrait peut-~tre trouver une explication dan la citation suivante

La liberteacute de creacuteer dinnover de vivre Pleineinenf decirctre soi et de

preacuteserver son authenticiteacute la digniteacute et lhonneu1demeurent des illushy

sions dans la misegravere eacuteconomique~ Nos ancecirctres creacuteai~nt des valeurs de cishyl

vilisation parce quils eacutetaient libres parce qu1i~s ignoraient toute

deacutependance eacuteconomique ils cultivaient en eux et cbez leurs enfants le 1

Jorn et la Kersa et preacutefeacuteraient la mort agrave la hoJte lI (1)

Or le Seacuteneacutegal comme la plupart des pays africainsi est un pays sousshy

deacuteveloppeacute t cependant face agrave cette volonteacute du gou~ernement seacuteneacutegalais

de faire inteacutegrer dans leacuteducation des valeurs traditionnelles nous

pouvons espeacuterer utiliser comme moyen deacuteducation la lutteacute traditionnelle

qui reste quand mecircme vecteur jethos et dhabit~s

- 54 shy

Mecircme si lon a noteacute un appauvrissement notoire sur les plans socioshy

culturel et moral la lutte traditionnelle recegravele une gamme importante

et varieacutee de techniques permettant incontestablement une ouverture vers

les luttes olympiques libre et g~eacuteco-romaine

La lecture de ce meacutemoire permettra agrave lentratneur et au professeur de

lutte en fonction du lieu ougrave ils seront affecteacutes dans le territoire

seacuteneacutegalaisdavoir une information sur les techniques contrOles et

formes de corps propres agrave chaque groupe ethnique et de les mettre en

relation avec leurs croyances et leurs mentaliteacutes

Nous avons essayeacute de montrer que la pratique de la lutte traditionnelle

doit tre axeacutee sur une ethnomotriciteacute au Seacuteneacutegal qui permette une inishy

tiation facile Cette pratique de la lutte traditionnelle seacuteneacutegalaise

devra dailleurs essayer de ~eacutepondre aux aspirations du Seacuteneacutegalaisl

moderne en souvrant aux ap~orts positifs des autres civilisations

ex~eacuterieures nous voulons Jvidemment parler du judo et des luttes oiymshyJ

piques 1

1 j Nous navons pas la preacutetentfon dans le cadre de ce meacutemoire demattrise

de reacutepondre agrave toutes les qutstions se rattachant agrave leacutetude de ~a lutte

traditionnelle souslangle~socio-culturel car non seulement il nous

manque lexpeacuterience et la c peacutetence en la mati~re mais aussil l le temps

et les moyens dont nous dis osions ne nous permettaient pas d~puiser le 1sujet i

1 1 1 t 1

l

- )5 shy

BIBLIOGRAPHIE

BIBLIOGRAPHIE

1- CLAPAREDE Psychologie de leacuteducation et peacutedagogie expeacuterimentale

Edition Delachaux et Niestleacute 244 pages

2- POCIELLC Christian Sport et Socieacuteteacute approche socio-culturelle

des pratiques Paris Vigot 1981 377 pages

3- PIERON Henri Vocabulaire de la psychologie

PUF Deuxiegraveme eacutedition 1957 469 pages

4- Revue socialiste de culture neacutegro-africaine ETHIOPIQUES

Les valeurs traditionnelles et le problegraveme de leur inteacutegration

dans les systegravemes modernes deacuteducation

GIA 21 Juillet 1982 213 pages

5- N2 Revue du Centre dEtudedes Civilisations DEM ak TEY

NIS IVegrave Trimestre 1982 96 pages

6- Document lNSEP Colloque sur la lutte aeacuteregravere

DAKAR MAI-JUIN 1980

t 1

~- Travaux du IVegrave Congregraves National ~es Sports agrave DAKAR les 2223041981

Bulletin n2 91 du CIO du 15 Aont 1965

l____________________________

8- Meacutemoire de Mattrise BADJI Abdou La lutte traditionnelle Joola

Etude et perspective

9- Meacutemoire Inspectorat JS DJITTE Mandy Les pratiques corporelles

traditionnelles au Seacuteneacutegal pour leur exploitation et leur

utilisation en peacutedagogie Marly le Roi 1980

REPUBLIQUE DU SENEGAL

--------------- INSTITUT NATIONAL SUPERIEUR

MINISTERE DE LA JEUNESSE DE LrsquoEDUCATION POPULAIRE

ET DES SPORTS ET DU SPORT

-------------

(INSEPS)

MEMOIRE DE MAIcircTRISE

Es-SCIENCES ET TECHNIQUES

DE LrsquoACTIVITE PHYSIQUE ET DU SPORT

LA LUTTE TRADITIONNELLE

son importance sa signification en fonction des ethos et des habitus ethniques au Seacuteneacutegal

Preacutesenteacute par

Monsieur Joseph Victor FAYE

Sous la direction de

M Jean Marc ROCHEZ

Professeur agrave lrsquoINSEPS

Anneacutee de soutenance 1984

quable et complet sur le plan phy~ique et ~oral Ai~si liniti~

acquiert les qualitecircs indispensables que sont le courag~ la modest

lesprit de sacrifice lendurance

Le toucoule~r est un pleux musulma~ Cela sexp1

SOil le premier agrave tre en contact avec la religion musulmane de par sa

position frontaliegravere Lethnie toucouleur de par son histoire a preacutesenteacute

les plus grands chefs militaires et religieux musulmans seacuteneacutegalais Et

pour illustrer cela on peut citer en exemple la grande famille musulmane

des SY agrave TIVAOUANE repreacutesentant la confreacuterie des TIDJANES

Bien que lon note une majoriteacute musulmane on peut dire que certaines

croyances et pratiques mystiques et animistes persistent encore surtout

dans la reacutegion du fleuve

Une pratique courante se fait elle sappelle le Djatt Elle consiste

agrave faire sortir le caiman du fleuve agrave limmobiliser et agrave lattacher

sans quil ne reacuteagisse et tout ceci agrave laide de versets et dincantashy

tions magiques Dapregraves les teacutemoignages ces pratiques sont plutocirct

freacutequentes chez les Tchioubalos (pecirccheurs) Il arrive aussi que cershy

tains chasseurs ayant des dons se livrent agrave certaines pratiques an1shy

mis tes qui consistent agrave invoquer certaines puissances et agrave moduler sous

forme de chant des versets occultes pour se proteacuteger des mauvais esprits

et pour eacuteloigner les fauves Ce chant est geacuteneacuteralement incompreacutehensible

et deacutenueacute de sens pour le profane

343 Activiteacutes ludiques et pratiques sportives en milieu toucouleur

Durant toute son histoire lethnie ~oucouleur a toujours EacutetEacute Frese~teacute~

comme celle qui avait ue activit essentiellement guerr e e~ particushy

liegraverement farouche Trois eacuteleacutements ret r t l ecirc t te nt i c- euro so~t

le manie~~nt du ~acircton 12 luttE Et 1eacute danSE

l

Lecircducation ph~sique et artistique Dcc~pe un place precircpondecircra~rp

dans la fDrmat~on du jEune toucouleur A loccasion agraveeacutevegravenemen~ imporshy

tants reacutecoltJs mariages baptecircme nous assistons agrave des manifestashy

tions folkloriques de grande envergure le Wango oucirc dailse toucouleur

tregraves gymnique iles chants et surtout les sEacuteances de lutte

La lutte toucouleur est la forme de lutte la plus spectaclaire dans

tout le territoire seacuteneacutegalais Elle est essentiellement baseacutee sur des

techniques en hancheacute et surtout en souplesse Ceci sexplique par le

fait q~e le jeune toucouleur est tregraves tocirct initieacute agrave la gymnastique (saut 1

per saut de main salto arriegravere saut de tecircte couronneacute etc bullbullbull ) pour

la dans~ du wa~go En dansant le wango qui est une danse rythmeacutee et

gymnique le Jeune toucou1eur est capable de prouesses extraordinaires

1

En lutte lattaquant se deacuteplace tregraves peu pour avoir une bonne saisie

(geacuteneacutera~ement controcircle du Ngimben ) et enchaine brusqueme~t avec une

attaque surpris~ Cependant les ripostes sont souvent surprenantes et

spectaculaires (baseacutees sur la souplesse et la rapiditeacute) ontrairement

aux autr~s form~s de luttes ougrave lon voyait tous les jeune adheacuterer la

lutte to~cou1eur Verra un groupe de speacutecialistes sadonne agrave la lutte 1

(la lutte est lieacutee agrave la position sociale de lindividu problegraveme de

caste)

Q La morphologie du lutteur toucou1eur 1

1 1

Ce dernier nest pas aussi large et aussi fort que les lutteurs diola

et seacuteregravere Cependant il est tregraves reacutesistant La musculatJre est saillante 1

et tregraves souple lindividu est longiligne mais tregraves athleacutetique

Les mouvements de lutteurs sont semblables agrave ceux dun grand fe1in Cette 1

morphologie semble ecirctre lieacutee agrave la position geacuteographique de lethnie

(reacutegion du fleuve) et agrave lacitiviteacute socio-eacuteconomique du toucouleur qui

est agrave la fois cultivateur (activiteacute lieacutee agrave la crue et deacutecrUE du fleuve)

pecirccheuro~T CIcr~icubaon) et sttout jEumlrgcr qui est U~ rc~2eumlr

shy

Deux formes egrave~ corps sembl~nt ecirctre preacutefeacutereacutees du lutteur toucouleur

le hancheacute et la souplesse Les hancheacutes sont faits agrave partir de plusieurs

positions de doset se terminent geacuteneacuteralement par des techniques de

tregraves grande amplitude

TABLEAU RECAPITULATIF DES TECHNIQUES ET FORMES DE CORPS SPECIFIQUES

i

L441 r

GARDE FORMES DU CORPS CONTROLES --shy - -

Moyenne Souplesse Ngimbe

Hancheacute bras

Demi-souplesse

1

Profil psycholosigue 1

TECHNIQUES

ContrOle du bassin et 12 souplesse

arriegravere

Klicket et allegravegement de la hanche

Le lutteur toucouleur est celui lUi se livre le moins aux preacuteparaqons

maraboutiques Cela est dO au f~t que le toucouleur est un grand ~USUlshyman et que les pratiques animisges ont presque disparu dans ce mil~eu

Dans la pratique le lutteur esJ combaif mais il est calme et tr~s reacutefleacutechi quant agrave la deacutecision agrave prendre en plein corps agrave corps ct~st un des seuls techniciens qui reJte tregraves lucide au cours de ses comb~ts

l Dans toutes les circonstances e lutteur toucouleur est tenu de re~pecshyter son adversaire et ceux de s4n eacutequipemecircme sil est vaincu

Comme nous avons dO nous en rendre compte la rigueur des principes

eacuteducationnels a une influence tregraves sensible sur l~ comportement du

toucouleur

i

III S COCL ~s 1DO

Dans cette partie nous avons essay~ de montrer lftroite re1atic~

Entre les diverses activiteacutes socio-eacuteconomiques dans les ethnies et

lES diffEacuterentes faccedilons de lutter

Daucuns seraient tent~s de conclure trop rapidement et cest p0~r

cette raison que nOUS avons penseacute preacuteciser que le pheacutenotype nest

pas geacuteneacuterateur du geacutenotype Et nous sommes convaincus que la morphoshy

logie et les techniques des lutteurs relegravevent de leurs modes de vie

et de leurs croyances agrave une eacutepoque et danE un contexte bien deacutetermishy

neacutes

Est-ce que les lutteurs dio1a ou seacuteregravere travaillant avec leurs bras

dans les champs auraient les mecircmes pr 0 fil s physiques que les lutteurs

utilisant des machines pour lagriculture

- 69 shy

I UJOURDH~1 E-S ut O[l LES FORfilS Ut LU11t~

~otons que notre enqu~te a ecirctE essentiellement faiteen milieu urbain

Les seacuteances de lutte ont tendance agrave perdre leur particulariteacute de r~shy

jouissance pour devenir des pheacutenomegravenes de sportisatio Deux fores

de luttes so~t principale~cnt prat s dans les aregrave~es du 5 al

la lutte traditiunnelle simple et la lutte traditionnelle avec frappe

De nos jours la lutte traditionnelle tend vers une reacuteglementation

et une institutionalisation

Le reacutesultat de nos investigations nous donne le tableau ci-dessous

REPARTITION ETHNIQUE SUR 100 PRATIQUANTS

LUTTE LUTTE RAPPORTETHNIES SANS FRAPPE AVEC FRAPPE J2

Diola 40 16 71 j

Seacuteregravere 26 21 57

Toucouleur 23 10 69

Wolof 1 1 53 17

La demande sociale par ordre deacutecroissant pour la lutte sans frappe

se preacutesente comrre suit

]0_ Ethnie diola avec pregraves de 3 lutteur~ sur 4

2deg_ Ethnie toucouleur

Ethri dun

~ 1 LA LUTTE TR])IIIO~~ELLE AVEC H-PPE

Cette forme deacute lutte a une histoire qui date de lantiquiteacute elle

sa~pelait le Pugilat Au Seacuteneacutegal elle a vu le jour dans le Cayor

bien avant la colonisation Le coup dE pied l~Lrdn~lement la morshy

sure la frappe et le doigtf eacutetaient permis dans le cc=bat ~ ~middot~p0~~e

Dans certains cas la giffle eacutetait beaucoup plus dangereuse que le

poing quand elle eacutetait donneacutee par un speacutecialiste Cette giffle pouvait

agrave elle seule deacutechirer et mecircme parfois amputer la joue de ladverser

Selon les informations la lutte avec frappede nos jours serait une

forme de lutte tregraves eupheacutemiseacutee de celle dantan ougrave une blessure

pouvait souvent ecirctre mortelle

Aujourdhui au niveau du folklore la lutte na plus la mecircme

le spectaculaire a remplaceacute le significatif iLa lutte avec frappe se 1

pratique surtout dans les centres urbains C~aque fois quun grand combat 1

est progra~eacute par le Comiteacute National Proviso~re (CNP) des centaines damashy

teurs sont mobiliseacutes vers le stade lba Mar D~OP qui est aujourdhui le i

lieu approprieacute ougrave se deacuteroulent les grands conkbats de lutte Cest la formE

de lutte qui semble drainer une foule de personnes beaucoup plus importante

que celle de la lutte simple

La lutte avec frappe deacuteriverait dune forme de lutte traditionnelle

pratiqueacutee jadis dans le Cayor au temps des Damels et la frappe serait

le substitut dun certain nombre de pratiques doigteacute jet de produits

etc bullbullbull dont le but eacutetait laveuglement de ladversaire La lutte avec

frappe serait une continuation logique dune carriegravere sportive de la

lutte traditionnelle qui sen sert comme moyen socio-eacuteconomique En

effet la majoriteacute des lutteurs avec frappe ont dabord eacuteteacute initieacutes agrave la

lutte simple Cependant il faut signaler que de nOS jours il arrive

que le jeune lutteur avec frappE- soit directenent formEacute conne speacutecialistE

agrave la frappe sa~s pour autant faire son chemin dabcrd egravea~s la lutte

- ~ shy

Le recircsultat dE ~os interviews ncus rec~trE qGune pcpulatiD~ divcrsishy

fiampe sint~resse agrave ce sport et qUE les intecircr~[s des uns et d~SlautrE~

semble~t divergents naucuns affirment que la lutte traditionnelle

avec frappe serait monteacutee par des personnes dont la vocation est dexshy

ploiter ce pheacuteLomegravene agrave des fins commerciales Dautres disent gJellegrave

jouit de mcyens irport~nts t[l[~isio

tation etc bullbullbull ) pour toucher toutes les couches sociales CEpe~~a~t

nous remarquons que mecircme si certaines personnes reprochent agrave cette

forme de lutte decirctre brutale ces mecircmes personnes nheacutesitent pas agrave

se rendre le dimanche agrave laregravene Bien que critiqueacutee elle semble ecirctre

adopteacutee par une tregraves grande partie de la population seacuteneacutegalaise Cepenshy

dant en tant que techniciens il nous est permis de faire une remarque

Il sagit de

- Limpression nette decirctre devant des professionnels de la frappe

qui sont ~ntratneacutes pour cela Dailleurs les propos que nous avons

recueilli~ nous prouvent que la plupart des champions de lutte avec 1

frappe s~ntratnent dans certains sports de combat tels ~ue la boxe i 1

le karateacute le judo Dans cette nouvelle forme de pratique de la lutte

contrairefuent agrave la lutte traditionnelle le technicien e~t souvent

perdant face au puncheur Ce dernier adopte une lutte agrave distance qui

lui permet de placer agrave bon escient ses coups animeacute du deacutesir de vaincre

Le technicien lui se voit contreacute dans toutes ses entreprises par

un uppercut ou un crochet

On peut dire cependant que nul sport au Seacuteneacutegal que la lutte tradishy

tionnelle avec frappe ne deacutechaicircne autant de passions et autant de

pheacutenomegravenes poussant agrave lexcegraves et deacutereacuteglements quon ne peut que deacuteplorer

Mais comment deacutecrier un spectacle de lutte qui bien quayant perdu la

presque totaliteacute des valeurs traditionnelles veacutehiculeacutees autrefois par

elle sait susciter une participation effective de tous ceux qui sont

preacutesents

CONCLUSION

Dans ce meacutemoire nous sommes efforceacutes ~e faire ressort ir limportance des

ethos et des habitus et leurs effets sur la pratique de la lutte tradishy

tionnelle au Seacuteneacutegal

L~b egravethos repr~sentent dune maniegravere g~neurorale tous les eacuteleacutements speacutec

fiques sux Seacuteneacutegalais par conampeacuteguent un systegraveme de valeurs traditionnellEs

Mais m~me si ces valeurs rev~tent une signification universelle (honneur

digniteacute courage etc bullbullbull ) il nen demeure pas moins que ce nest pas leur

nature qui fait leur speacutecificiteacute mais la hieacuterarchisation et limportance i

quon accorde agrave toutes ces valeurs de ~ar leacuteducation ou la culture

i 1

Aussi les valeurs traditionnelles puient leur speacutecificiteacute dans les

caracteacuteristiques propres aux eacuteleacutements ~e la socio-cu1ture (la technologie

et leacuteconomie la politique et la pareteacute la psychologie et lideacuteologie)

dans la socieacuteteacute seacuteneacutegalaise agrave n momen donneacute de son eacutevolution Cest i

dire la neacuteceesiteacute de ne point faire della valeur une reacutealiteacute statique

Cest dite aussi quagrave tout mome~t le ~eacuteneacutegalais peut eacutevoluer et creacuteer

ou vivre par conseacutequent de nouv~lles fprmes de valeur qui lui sont 1

propres ft (J)

La lutte traditionnelle veacutehiculant deS valeurs socio-cu1ture1les speacutecishy

fiquement seacuteneacutegalaises (croyances valeurs morales norme de comportement

opinion attitude bullbullbull ) devient un eacuteleacutement important qui tregraves certaiaement

nous aidera dans notre effort de valoriser et de peacuterenniser notre patri shy

moine culturel par le biais dactiviteacutes physiques et sportives

Leacutetude des habitus nous permet de prouver quil y a plusieurs faccedilons

de se mouvoir comme danser lutter bullbullbull qui varient avec les diffeacuterentes

ethnies (wolof toucouleur seacuteregravere diolagt leurs convenances et leurs

eacuteducations

(1) Revue Ethiopiques 31 Les valeurs traditionnelles et le problegraveme de leur inteacutegration dans les systegravemes modernes jtducatio-1 2 6r--70

nautre part cette eacutetude permet aussi de nous rendrE compte de la

correacutelatipn eacutetroite existant entre la pratique de la lutte traditionnelle

et le sta~ut socio-eacuteconomique du pratiquant

Nos inves~igations nous indiquent que la lutte recrute essentiellement

au niveau des classes socio-eacuteconomiques situeacutees en bas de leacutechelle

donc posseacutedant le statut social le moins favoriseacute La lutte avec frappe

-et un certain secteur commercialiseacute de la lutte simple- y trouve sa

leacutegitimiteacute Comme le dit BOURDIEU nA habitus diffeacuterents styles de Vle

divergents et il oppse les pratiques aristocpatiques correspondants agrave

des activiteacutes qui favorisent les situations eupheacutemiseacutees ougrave la stylisashy

tion est importante aux pratiques populaires qui font appel agrave des

qualiteacutes qpposeacutees bllutes rugueuses Certaines interviews nous

montrent que plus lindividu occupe une place eacuteleveacutee dans leacutechelle

sQciale e~ 1

moin$ il sinteacuteresse agrave la lutte

Les reacutesultats recueillis dans nos diverses investig~tions confirment 1 1

1er propos qui disent que nous assistons aujourdhu~ agrave une involution

de la lutte traditionnelle parce que perdant toutes ses speacutecificiteacutes au 1

pryfit d~ne autre forme de lutte que lon continue agrave appeler nostalshy

giqlementIIlutte traditionnelle

Ceci pourrait peut-~tre trouver une explication dan la citation suivante

La liberteacute de creacuteer dinnover de vivre Pleineinenf decirctre soi et de

preacuteserver son authenticiteacute la digniteacute et lhonneu1demeurent des illushy

sions dans la misegravere eacuteconomique~ Nos ancecirctres creacuteai~nt des valeurs de cishyl

vilisation parce quils eacutetaient libres parce qu1i~s ignoraient toute

deacutependance eacuteconomique ils cultivaient en eux et cbez leurs enfants le 1

Jorn et la Kersa et preacutefeacuteraient la mort agrave la hoJte lI (1)

Or le Seacuteneacutegal comme la plupart des pays africainsi est un pays sousshy

deacuteveloppeacute t cependant face agrave cette volonteacute du gou~ernement seacuteneacutegalais

de faire inteacutegrer dans leacuteducation des valeurs traditionnelles nous

pouvons espeacuterer utiliser comme moyen deacuteducation la lutteacute traditionnelle

qui reste quand mecircme vecteur jethos et dhabit~s

- 54 shy

Mecircme si lon a noteacute un appauvrissement notoire sur les plans socioshy

culturel et moral la lutte traditionnelle recegravele une gamme importante

et varieacutee de techniques permettant incontestablement une ouverture vers

les luttes olympiques libre et g~eacuteco-romaine

La lecture de ce meacutemoire permettra agrave lentratneur et au professeur de

lutte en fonction du lieu ougrave ils seront affecteacutes dans le territoire

seacuteneacutegalaisdavoir une information sur les techniques contrOles et

formes de corps propres agrave chaque groupe ethnique et de les mettre en

relation avec leurs croyances et leurs mentaliteacutes

Nous avons essayeacute de montrer que la pratique de la lutte traditionnelle

doit tre axeacutee sur une ethnomotriciteacute au Seacuteneacutegal qui permette une inishy

tiation facile Cette pratique de la lutte traditionnelle seacuteneacutegalaise

devra dailleurs essayer de ~eacutepondre aux aspirations du Seacuteneacutegalaisl

moderne en souvrant aux ap~orts positifs des autres civilisations

ex~eacuterieures nous voulons Jvidemment parler du judo et des luttes oiymshyJ

piques 1

1 j Nous navons pas la preacutetentfon dans le cadre de ce meacutemoire demattrise

de reacutepondre agrave toutes les qutstions se rattachant agrave leacutetude de ~a lutte

traditionnelle souslangle~socio-culturel car non seulement il nous

manque lexpeacuterience et la c peacutetence en la mati~re mais aussil l le temps

et les moyens dont nous dis osions ne nous permettaient pas d~puiser le 1sujet i

1 1 1 t 1

l

- )5 shy

BIBLIOGRAPHIE

BIBLIOGRAPHIE

1- CLAPAREDE Psychologie de leacuteducation et peacutedagogie expeacuterimentale

Edition Delachaux et Niestleacute 244 pages

2- POCIELLC Christian Sport et Socieacuteteacute approche socio-culturelle

des pratiques Paris Vigot 1981 377 pages

3- PIERON Henri Vocabulaire de la psychologie

PUF Deuxiegraveme eacutedition 1957 469 pages

4- Revue socialiste de culture neacutegro-africaine ETHIOPIQUES

Les valeurs traditionnelles et le problegraveme de leur inteacutegration

dans les systegravemes modernes deacuteducation

GIA 21 Juillet 1982 213 pages

5- N2 Revue du Centre dEtudedes Civilisations DEM ak TEY

NIS IVegrave Trimestre 1982 96 pages

6- Document lNSEP Colloque sur la lutte aeacuteregravere

DAKAR MAI-JUIN 1980

t 1

~- Travaux du IVegrave Congregraves National ~es Sports agrave DAKAR les 2223041981

Bulletin n2 91 du CIO du 15 Aont 1965

l____________________________

8- Meacutemoire de Mattrise BADJI Abdou La lutte traditionnelle Joola

Etude et perspective

9- Meacutemoire Inspectorat JS DJITTE Mandy Les pratiques corporelles

traditionnelles au Seacuteneacutegal pour leur exploitation et leur

utilisation en peacutedagogie Marly le Roi 1980

REPUBLIQUE DU SENEGAL

--------------- INSTITUT NATIONAL SUPERIEUR

MINISTERE DE LA JEUNESSE DE LrsquoEDUCATION POPULAIRE

ET DES SPORTS ET DU SPORT

-------------

(INSEPS)

MEMOIRE DE MAIcircTRISE

Es-SCIENCES ET TECHNIQUES

DE LrsquoACTIVITE PHYSIQUE ET DU SPORT

LA LUTTE TRADITIONNELLE

son importance sa signification en fonction des ethos et des habitus ethniques au Seacuteneacutegal

Preacutesenteacute par

Monsieur Joseph Victor FAYE

Sous la direction de

M Jean Marc ROCHEZ

Professeur agrave lrsquoINSEPS

Anneacutee de soutenance 1984

Lecircducation ph~sique et artistique Dcc~pe un place precircpondecircra~rp

dans la fDrmat~on du jEune toucouleur A loccasion agraveeacutevegravenemen~ imporshy

tants reacutecoltJs mariages baptecircme nous assistons agrave des manifestashy

tions folkloriques de grande envergure le Wango oucirc dailse toucouleur

tregraves gymnique iles chants et surtout les sEacuteances de lutte

La lutte toucouleur est la forme de lutte la plus spectaclaire dans

tout le territoire seacuteneacutegalais Elle est essentiellement baseacutee sur des

techniques en hancheacute et surtout en souplesse Ceci sexplique par le

fait q~e le jeune toucouleur est tregraves tocirct initieacute agrave la gymnastique (saut 1

per saut de main salto arriegravere saut de tecircte couronneacute etc bullbullbull ) pour

la dans~ du wa~go En dansant le wango qui est une danse rythmeacutee et

gymnique le Jeune toucou1eur est capable de prouesses extraordinaires

1

En lutte lattaquant se deacuteplace tregraves peu pour avoir une bonne saisie

(geacuteneacutera~ement controcircle du Ngimben ) et enchaine brusqueme~t avec une

attaque surpris~ Cependant les ripostes sont souvent surprenantes et

spectaculaires (baseacutees sur la souplesse et la rapiditeacute) ontrairement

aux autr~s form~s de luttes ougrave lon voyait tous les jeune adheacuterer la

lutte to~cou1eur Verra un groupe de speacutecialistes sadonne agrave la lutte 1

(la lutte est lieacutee agrave la position sociale de lindividu problegraveme de

caste)

Q La morphologie du lutteur toucou1eur 1

1 1

Ce dernier nest pas aussi large et aussi fort que les lutteurs diola

et seacuteregravere Cependant il est tregraves reacutesistant La musculatJre est saillante 1

et tregraves souple lindividu est longiligne mais tregraves athleacutetique

Les mouvements de lutteurs sont semblables agrave ceux dun grand fe1in Cette 1

morphologie semble ecirctre lieacutee agrave la position geacuteographique de lethnie

(reacutegion du fleuve) et agrave lacitiviteacute socio-eacuteconomique du toucouleur qui

est agrave la fois cultivateur (activiteacute lieacutee agrave la crue et deacutecrUE du fleuve)

pecirccheuro~T CIcr~icubaon) et sttout jEumlrgcr qui est U~ rc~2eumlr

shy

Deux formes egrave~ corps sembl~nt ecirctre preacutefeacutereacutees du lutteur toucouleur

le hancheacute et la souplesse Les hancheacutes sont faits agrave partir de plusieurs

positions de doset se terminent geacuteneacuteralement par des techniques de

tregraves grande amplitude

TABLEAU RECAPITULATIF DES TECHNIQUES ET FORMES DE CORPS SPECIFIQUES

i

L441 r

GARDE FORMES DU CORPS CONTROLES --shy - -

Moyenne Souplesse Ngimbe

Hancheacute bras

Demi-souplesse

1

Profil psycholosigue 1

TECHNIQUES

ContrOle du bassin et 12 souplesse

arriegravere

Klicket et allegravegement de la hanche

Le lutteur toucouleur est celui lUi se livre le moins aux preacuteparaqons

maraboutiques Cela est dO au f~t que le toucouleur est un grand ~USUlshyman et que les pratiques animisges ont presque disparu dans ce mil~eu

Dans la pratique le lutteur esJ combaif mais il est calme et tr~s reacutefleacutechi quant agrave la deacutecision agrave prendre en plein corps agrave corps ct~st un des seuls techniciens qui reJte tregraves lucide au cours de ses comb~ts

l Dans toutes les circonstances e lutteur toucouleur est tenu de re~pecshyter son adversaire et ceux de s4n eacutequipemecircme sil est vaincu

Comme nous avons dO nous en rendre compte la rigueur des principes

eacuteducationnels a une influence tregraves sensible sur l~ comportement du

toucouleur

i

III S COCL ~s 1DO

Dans cette partie nous avons essay~ de montrer lftroite re1atic~

Entre les diverses activiteacutes socio-eacuteconomiques dans les ethnies et

lES diffEacuterentes faccedilons de lutter

Daucuns seraient tent~s de conclure trop rapidement et cest p0~r

cette raison que nOUS avons penseacute preacuteciser que le pheacutenotype nest

pas geacuteneacuterateur du geacutenotype Et nous sommes convaincus que la morphoshy

logie et les techniques des lutteurs relegravevent de leurs modes de vie

et de leurs croyances agrave une eacutepoque et danE un contexte bien deacutetermishy

neacutes

Est-ce que les lutteurs dio1a ou seacuteregravere travaillant avec leurs bras

dans les champs auraient les mecircmes pr 0 fil s physiques que les lutteurs

utilisant des machines pour lagriculture

- 69 shy

I UJOURDH~1 E-S ut O[l LES FORfilS Ut LU11t~

~otons que notre enqu~te a ecirctE essentiellement faiteen milieu urbain

Les seacuteances de lutte ont tendance agrave perdre leur particulariteacute de r~shy

jouissance pour devenir des pheacutenomegravenes de sportisatio Deux fores

de luttes so~t principale~cnt prat s dans les aregrave~es du 5 al

la lutte traditiunnelle simple et la lutte traditionnelle avec frappe

De nos jours la lutte traditionnelle tend vers une reacuteglementation

et une institutionalisation

Le reacutesultat de nos investigations nous donne le tableau ci-dessous

REPARTITION ETHNIQUE SUR 100 PRATIQUANTS

LUTTE LUTTE RAPPORTETHNIES SANS FRAPPE AVEC FRAPPE J2

Diola 40 16 71 j

Seacuteregravere 26 21 57

Toucouleur 23 10 69

Wolof 1 1 53 17

La demande sociale par ordre deacutecroissant pour la lutte sans frappe

se preacutesente comrre suit

]0_ Ethnie diola avec pregraves de 3 lutteur~ sur 4

2deg_ Ethnie toucouleur

Ethri dun

~ 1 LA LUTTE TR])IIIO~~ELLE AVEC H-PPE

Cette forme deacute lutte a une histoire qui date de lantiquiteacute elle

sa~pelait le Pugilat Au Seacuteneacutegal elle a vu le jour dans le Cayor

bien avant la colonisation Le coup dE pied l~Lrdn~lement la morshy

sure la frappe et le doigtf eacutetaient permis dans le cc=bat ~ ~middot~p0~~e

Dans certains cas la giffle eacutetait beaucoup plus dangereuse que le

poing quand elle eacutetait donneacutee par un speacutecialiste Cette giffle pouvait

agrave elle seule deacutechirer et mecircme parfois amputer la joue de ladverser

Selon les informations la lutte avec frappede nos jours serait une

forme de lutte tregraves eupheacutemiseacutee de celle dantan ougrave une blessure

pouvait souvent ecirctre mortelle

Aujourdhui au niveau du folklore la lutte na plus la mecircme

le spectaculaire a remplaceacute le significatif iLa lutte avec frappe se 1

pratique surtout dans les centres urbains C~aque fois quun grand combat 1

est progra~eacute par le Comiteacute National Proviso~re (CNP) des centaines damashy

teurs sont mobiliseacutes vers le stade lba Mar D~OP qui est aujourdhui le i

lieu approprieacute ougrave se deacuteroulent les grands conkbats de lutte Cest la formE

de lutte qui semble drainer une foule de personnes beaucoup plus importante

que celle de la lutte simple

La lutte avec frappe deacuteriverait dune forme de lutte traditionnelle

pratiqueacutee jadis dans le Cayor au temps des Damels et la frappe serait

le substitut dun certain nombre de pratiques doigteacute jet de produits

etc bullbullbull dont le but eacutetait laveuglement de ladversaire La lutte avec

frappe serait une continuation logique dune carriegravere sportive de la

lutte traditionnelle qui sen sert comme moyen socio-eacuteconomique En

effet la majoriteacute des lutteurs avec frappe ont dabord eacuteteacute initieacutes agrave la

lutte simple Cependant il faut signaler que de nOS jours il arrive

que le jeune lutteur avec frappE- soit directenent formEacute conne speacutecialistE

agrave la frappe sa~s pour autant faire son chemin dabcrd egravea~s la lutte

- ~ shy

Le recircsultat dE ~os interviews ncus rec~trE qGune pcpulatiD~ divcrsishy

fiampe sint~resse agrave ce sport et qUE les intecircr~[s des uns et d~SlautrE~

semble~t divergents naucuns affirment que la lutte traditionnelle

avec frappe serait monteacutee par des personnes dont la vocation est dexshy

ploiter ce pheacuteLomegravene agrave des fins commerciales Dautres disent gJellegrave

jouit de mcyens irport~nts t[l[~isio

tation etc bullbullbull ) pour toucher toutes les couches sociales CEpe~~a~t

nous remarquons que mecircme si certaines personnes reprochent agrave cette

forme de lutte decirctre brutale ces mecircmes personnes nheacutesitent pas agrave

se rendre le dimanche agrave laregravene Bien que critiqueacutee elle semble ecirctre

adopteacutee par une tregraves grande partie de la population seacuteneacutegalaise Cepenshy

dant en tant que techniciens il nous est permis de faire une remarque

Il sagit de

- Limpression nette decirctre devant des professionnels de la frappe

qui sont ~ntratneacutes pour cela Dailleurs les propos que nous avons

recueilli~ nous prouvent que la plupart des champions de lutte avec 1

frappe s~ntratnent dans certains sports de combat tels ~ue la boxe i 1

le karateacute le judo Dans cette nouvelle forme de pratique de la lutte

contrairefuent agrave la lutte traditionnelle le technicien e~t souvent

perdant face au puncheur Ce dernier adopte une lutte agrave distance qui

lui permet de placer agrave bon escient ses coups animeacute du deacutesir de vaincre

Le technicien lui se voit contreacute dans toutes ses entreprises par

un uppercut ou un crochet

On peut dire cependant que nul sport au Seacuteneacutegal que la lutte tradishy

tionnelle avec frappe ne deacutechaicircne autant de passions et autant de

pheacutenomegravenes poussant agrave lexcegraves et deacutereacuteglements quon ne peut que deacuteplorer

Mais comment deacutecrier un spectacle de lutte qui bien quayant perdu la

presque totaliteacute des valeurs traditionnelles veacutehiculeacutees autrefois par

elle sait susciter une participation effective de tous ceux qui sont

preacutesents

CONCLUSION

Dans ce meacutemoire nous sommes efforceacutes ~e faire ressort ir limportance des

ethos et des habitus et leurs effets sur la pratique de la lutte tradishy

tionnelle au Seacuteneacutegal

L~b egravethos repr~sentent dune maniegravere g~neurorale tous les eacuteleacutements speacutec

fiques sux Seacuteneacutegalais par conampeacuteguent un systegraveme de valeurs traditionnellEs

Mais m~me si ces valeurs rev~tent une signification universelle (honneur

digniteacute courage etc bullbullbull ) il nen demeure pas moins que ce nest pas leur

nature qui fait leur speacutecificiteacute mais la hieacuterarchisation et limportance i

quon accorde agrave toutes ces valeurs de ~ar leacuteducation ou la culture

i 1

Aussi les valeurs traditionnelles puient leur speacutecificiteacute dans les

caracteacuteristiques propres aux eacuteleacutements ~e la socio-cu1ture (la technologie

et leacuteconomie la politique et la pareteacute la psychologie et lideacuteologie)

dans la socieacuteteacute seacuteneacutegalaise agrave n momen donneacute de son eacutevolution Cest i

dire la neacuteceesiteacute de ne point faire della valeur une reacutealiteacute statique

Cest dite aussi quagrave tout mome~t le ~eacuteneacutegalais peut eacutevoluer et creacuteer

ou vivre par conseacutequent de nouv~lles fprmes de valeur qui lui sont 1

propres ft (J)

La lutte traditionnelle veacutehiculant deS valeurs socio-cu1ture1les speacutecishy

fiquement seacuteneacutegalaises (croyances valeurs morales norme de comportement

opinion attitude bullbullbull ) devient un eacuteleacutement important qui tregraves certaiaement

nous aidera dans notre effort de valoriser et de peacuterenniser notre patri shy

moine culturel par le biais dactiviteacutes physiques et sportives

Leacutetude des habitus nous permet de prouver quil y a plusieurs faccedilons

de se mouvoir comme danser lutter bullbullbull qui varient avec les diffeacuterentes

ethnies (wolof toucouleur seacuteregravere diolagt leurs convenances et leurs

eacuteducations

(1) Revue Ethiopiques 31 Les valeurs traditionnelles et le problegraveme de leur inteacutegration dans les systegravemes modernes jtducatio-1 2 6r--70

nautre part cette eacutetude permet aussi de nous rendrE compte de la

correacutelatipn eacutetroite existant entre la pratique de la lutte traditionnelle

et le sta~ut socio-eacuteconomique du pratiquant

Nos inves~igations nous indiquent que la lutte recrute essentiellement

au niveau des classes socio-eacuteconomiques situeacutees en bas de leacutechelle

donc posseacutedant le statut social le moins favoriseacute La lutte avec frappe

-et un certain secteur commercialiseacute de la lutte simple- y trouve sa

leacutegitimiteacute Comme le dit BOURDIEU nA habitus diffeacuterents styles de Vle

divergents et il oppse les pratiques aristocpatiques correspondants agrave

des activiteacutes qui favorisent les situations eupheacutemiseacutees ougrave la stylisashy

tion est importante aux pratiques populaires qui font appel agrave des

qualiteacutes qpposeacutees bllutes rugueuses Certaines interviews nous

montrent que plus lindividu occupe une place eacuteleveacutee dans leacutechelle

sQciale e~ 1

moin$ il sinteacuteresse agrave la lutte

Les reacutesultats recueillis dans nos diverses investig~tions confirment 1 1

1er propos qui disent que nous assistons aujourdhu~ agrave une involution

de la lutte traditionnelle parce que perdant toutes ses speacutecificiteacutes au 1

pryfit d~ne autre forme de lutte que lon continue agrave appeler nostalshy

giqlementIIlutte traditionnelle

Ceci pourrait peut-~tre trouver une explication dan la citation suivante

La liberteacute de creacuteer dinnover de vivre Pleineinenf decirctre soi et de

preacuteserver son authenticiteacute la digniteacute et lhonneu1demeurent des illushy

sions dans la misegravere eacuteconomique~ Nos ancecirctres creacuteai~nt des valeurs de cishyl

vilisation parce quils eacutetaient libres parce qu1i~s ignoraient toute

deacutependance eacuteconomique ils cultivaient en eux et cbez leurs enfants le 1

Jorn et la Kersa et preacutefeacuteraient la mort agrave la hoJte lI (1)

Or le Seacuteneacutegal comme la plupart des pays africainsi est un pays sousshy

deacuteveloppeacute t cependant face agrave cette volonteacute du gou~ernement seacuteneacutegalais

de faire inteacutegrer dans leacuteducation des valeurs traditionnelles nous

pouvons espeacuterer utiliser comme moyen deacuteducation la lutteacute traditionnelle

qui reste quand mecircme vecteur jethos et dhabit~s

- 54 shy

Mecircme si lon a noteacute un appauvrissement notoire sur les plans socioshy

culturel et moral la lutte traditionnelle recegravele une gamme importante

et varieacutee de techniques permettant incontestablement une ouverture vers

les luttes olympiques libre et g~eacuteco-romaine

La lecture de ce meacutemoire permettra agrave lentratneur et au professeur de

lutte en fonction du lieu ougrave ils seront affecteacutes dans le territoire

seacuteneacutegalaisdavoir une information sur les techniques contrOles et

formes de corps propres agrave chaque groupe ethnique et de les mettre en

relation avec leurs croyances et leurs mentaliteacutes

Nous avons essayeacute de montrer que la pratique de la lutte traditionnelle

doit tre axeacutee sur une ethnomotriciteacute au Seacuteneacutegal qui permette une inishy

tiation facile Cette pratique de la lutte traditionnelle seacuteneacutegalaise

devra dailleurs essayer de ~eacutepondre aux aspirations du Seacuteneacutegalaisl

moderne en souvrant aux ap~orts positifs des autres civilisations

ex~eacuterieures nous voulons Jvidemment parler du judo et des luttes oiymshyJ

piques 1

1 j Nous navons pas la preacutetentfon dans le cadre de ce meacutemoire demattrise

de reacutepondre agrave toutes les qutstions se rattachant agrave leacutetude de ~a lutte

traditionnelle souslangle~socio-culturel car non seulement il nous

manque lexpeacuterience et la c peacutetence en la mati~re mais aussil l le temps

et les moyens dont nous dis osions ne nous permettaient pas d~puiser le 1sujet i

1 1 1 t 1

l

- )5 shy

BIBLIOGRAPHIE

BIBLIOGRAPHIE

1- CLAPAREDE Psychologie de leacuteducation et peacutedagogie expeacuterimentale

Edition Delachaux et Niestleacute 244 pages

2- POCIELLC Christian Sport et Socieacuteteacute approche socio-culturelle

des pratiques Paris Vigot 1981 377 pages

3- PIERON Henri Vocabulaire de la psychologie

PUF Deuxiegraveme eacutedition 1957 469 pages

4- Revue socialiste de culture neacutegro-africaine ETHIOPIQUES

Les valeurs traditionnelles et le problegraveme de leur inteacutegration

dans les systegravemes modernes deacuteducation

GIA 21 Juillet 1982 213 pages

5- N2 Revue du Centre dEtudedes Civilisations DEM ak TEY

NIS IVegrave Trimestre 1982 96 pages

6- Document lNSEP Colloque sur la lutte aeacuteregravere

DAKAR MAI-JUIN 1980

t 1

~- Travaux du IVegrave Congregraves National ~es Sports agrave DAKAR les 2223041981

Bulletin n2 91 du CIO du 15 Aont 1965

l____________________________

8- Meacutemoire de Mattrise BADJI Abdou La lutte traditionnelle Joola

Etude et perspective

9- Meacutemoire Inspectorat JS DJITTE Mandy Les pratiques corporelles

traditionnelles au Seacuteneacutegal pour leur exploitation et leur

utilisation en peacutedagogie Marly le Roi 1980

REPUBLIQUE DU SENEGAL

--------------- INSTITUT NATIONAL SUPERIEUR

MINISTERE DE LA JEUNESSE DE LrsquoEDUCATION POPULAIRE

ET DES SPORTS ET DU SPORT

-------------

(INSEPS)

MEMOIRE DE MAIcircTRISE

Es-SCIENCES ET TECHNIQUES

DE LrsquoACTIVITE PHYSIQUE ET DU SPORT

LA LUTTE TRADITIONNELLE

son importance sa signification en fonction des ethos et des habitus ethniques au Seacuteneacutegal

Preacutesenteacute par

Monsieur Joseph Victor FAYE

Sous la direction de

M Jean Marc ROCHEZ

Professeur agrave lrsquoINSEPS

Anneacutee de soutenance 1984

shy

Deux formes egrave~ corps sembl~nt ecirctre preacutefeacutereacutees du lutteur toucouleur

le hancheacute et la souplesse Les hancheacutes sont faits agrave partir de plusieurs

positions de doset se terminent geacuteneacuteralement par des techniques de

tregraves grande amplitude

TABLEAU RECAPITULATIF DES TECHNIQUES ET FORMES DE CORPS SPECIFIQUES

i

L441 r

GARDE FORMES DU CORPS CONTROLES --shy - -

Moyenne Souplesse Ngimbe

Hancheacute bras

Demi-souplesse

1

Profil psycholosigue 1

TECHNIQUES

ContrOle du bassin et 12 souplesse

arriegravere

Klicket et allegravegement de la hanche

Le lutteur toucouleur est celui lUi se livre le moins aux preacuteparaqons

maraboutiques Cela est dO au f~t que le toucouleur est un grand ~USUlshyman et que les pratiques animisges ont presque disparu dans ce mil~eu

Dans la pratique le lutteur esJ combaif mais il est calme et tr~s reacutefleacutechi quant agrave la deacutecision agrave prendre en plein corps agrave corps ct~st un des seuls techniciens qui reJte tregraves lucide au cours de ses comb~ts

l Dans toutes les circonstances e lutteur toucouleur est tenu de re~pecshyter son adversaire et ceux de s4n eacutequipemecircme sil est vaincu

Comme nous avons dO nous en rendre compte la rigueur des principes

eacuteducationnels a une influence tregraves sensible sur l~ comportement du

toucouleur

i

III S COCL ~s 1DO

Dans cette partie nous avons essay~ de montrer lftroite re1atic~

Entre les diverses activiteacutes socio-eacuteconomiques dans les ethnies et

lES diffEacuterentes faccedilons de lutter

Daucuns seraient tent~s de conclure trop rapidement et cest p0~r

cette raison que nOUS avons penseacute preacuteciser que le pheacutenotype nest

pas geacuteneacuterateur du geacutenotype Et nous sommes convaincus que la morphoshy

logie et les techniques des lutteurs relegravevent de leurs modes de vie

et de leurs croyances agrave une eacutepoque et danE un contexte bien deacutetermishy

neacutes

Est-ce que les lutteurs dio1a ou seacuteregravere travaillant avec leurs bras

dans les champs auraient les mecircmes pr 0 fil s physiques que les lutteurs

utilisant des machines pour lagriculture

- 69 shy

I UJOURDH~1 E-S ut O[l LES FORfilS Ut LU11t~

~otons que notre enqu~te a ecirctE essentiellement faiteen milieu urbain

Les seacuteances de lutte ont tendance agrave perdre leur particulariteacute de r~shy

jouissance pour devenir des pheacutenomegravenes de sportisatio Deux fores

de luttes so~t principale~cnt prat s dans les aregrave~es du 5 al

la lutte traditiunnelle simple et la lutte traditionnelle avec frappe

De nos jours la lutte traditionnelle tend vers une reacuteglementation

et une institutionalisation

Le reacutesultat de nos investigations nous donne le tableau ci-dessous

REPARTITION ETHNIQUE SUR 100 PRATIQUANTS

LUTTE LUTTE RAPPORTETHNIES SANS FRAPPE AVEC FRAPPE J2

Diola 40 16 71 j

Seacuteregravere 26 21 57

Toucouleur 23 10 69

Wolof 1 1 53 17

La demande sociale par ordre deacutecroissant pour la lutte sans frappe

se preacutesente comrre suit

]0_ Ethnie diola avec pregraves de 3 lutteur~ sur 4

2deg_ Ethnie toucouleur

Ethri dun

~ 1 LA LUTTE TR])IIIO~~ELLE AVEC H-PPE

Cette forme deacute lutte a une histoire qui date de lantiquiteacute elle

sa~pelait le Pugilat Au Seacuteneacutegal elle a vu le jour dans le Cayor

bien avant la colonisation Le coup dE pied l~Lrdn~lement la morshy

sure la frappe et le doigtf eacutetaient permis dans le cc=bat ~ ~middot~p0~~e

Dans certains cas la giffle eacutetait beaucoup plus dangereuse que le

poing quand elle eacutetait donneacutee par un speacutecialiste Cette giffle pouvait

agrave elle seule deacutechirer et mecircme parfois amputer la joue de ladverser

Selon les informations la lutte avec frappede nos jours serait une

forme de lutte tregraves eupheacutemiseacutee de celle dantan ougrave une blessure

pouvait souvent ecirctre mortelle

Aujourdhui au niveau du folklore la lutte na plus la mecircme

le spectaculaire a remplaceacute le significatif iLa lutte avec frappe se 1

pratique surtout dans les centres urbains C~aque fois quun grand combat 1

est progra~eacute par le Comiteacute National Proviso~re (CNP) des centaines damashy

teurs sont mobiliseacutes vers le stade lba Mar D~OP qui est aujourdhui le i

lieu approprieacute ougrave se deacuteroulent les grands conkbats de lutte Cest la formE

de lutte qui semble drainer une foule de personnes beaucoup plus importante

que celle de la lutte simple

La lutte avec frappe deacuteriverait dune forme de lutte traditionnelle

pratiqueacutee jadis dans le Cayor au temps des Damels et la frappe serait

le substitut dun certain nombre de pratiques doigteacute jet de produits

etc bullbullbull dont le but eacutetait laveuglement de ladversaire La lutte avec

frappe serait une continuation logique dune carriegravere sportive de la

lutte traditionnelle qui sen sert comme moyen socio-eacuteconomique En

effet la majoriteacute des lutteurs avec frappe ont dabord eacuteteacute initieacutes agrave la

lutte simple Cependant il faut signaler que de nOS jours il arrive

que le jeune lutteur avec frappE- soit directenent formEacute conne speacutecialistE

agrave la frappe sa~s pour autant faire son chemin dabcrd egravea~s la lutte

- ~ shy

Le recircsultat dE ~os interviews ncus rec~trE qGune pcpulatiD~ divcrsishy

fiampe sint~resse agrave ce sport et qUE les intecircr~[s des uns et d~SlautrE~

semble~t divergents naucuns affirment que la lutte traditionnelle

avec frappe serait monteacutee par des personnes dont la vocation est dexshy

ploiter ce pheacuteLomegravene agrave des fins commerciales Dautres disent gJellegrave

jouit de mcyens irport~nts t[l[~isio

tation etc bullbullbull ) pour toucher toutes les couches sociales CEpe~~a~t

nous remarquons que mecircme si certaines personnes reprochent agrave cette

forme de lutte decirctre brutale ces mecircmes personnes nheacutesitent pas agrave

se rendre le dimanche agrave laregravene Bien que critiqueacutee elle semble ecirctre

adopteacutee par une tregraves grande partie de la population seacuteneacutegalaise Cepenshy

dant en tant que techniciens il nous est permis de faire une remarque

Il sagit de

- Limpression nette decirctre devant des professionnels de la frappe

qui sont ~ntratneacutes pour cela Dailleurs les propos que nous avons

recueilli~ nous prouvent que la plupart des champions de lutte avec 1

frappe s~ntratnent dans certains sports de combat tels ~ue la boxe i 1

le karateacute le judo Dans cette nouvelle forme de pratique de la lutte

contrairefuent agrave la lutte traditionnelle le technicien e~t souvent

perdant face au puncheur Ce dernier adopte une lutte agrave distance qui

lui permet de placer agrave bon escient ses coups animeacute du deacutesir de vaincre

Le technicien lui se voit contreacute dans toutes ses entreprises par

un uppercut ou un crochet

On peut dire cependant que nul sport au Seacuteneacutegal que la lutte tradishy

tionnelle avec frappe ne deacutechaicircne autant de passions et autant de

pheacutenomegravenes poussant agrave lexcegraves et deacutereacuteglements quon ne peut que deacuteplorer

Mais comment deacutecrier un spectacle de lutte qui bien quayant perdu la

presque totaliteacute des valeurs traditionnelles veacutehiculeacutees autrefois par

elle sait susciter une participation effective de tous ceux qui sont

preacutesents

CONCLUSION

Dans ce meacutemoire nous sommes efforceacutes ~e faire ressort ir limportance des

ethos et des habitus et leurs effets sur la pratique de la lutte tradishy

tionnelle au Seacuteneacutegal

L~b egravethos repr~sentent dune maniegravere g~neurorale tous les eacuteleacutements speacutec

fiques sux Seacuteneacutegalais par conampeacuteguent un systegraveme de valeurs traditionnellEs

Mais m~me si ces valeurs rev~tent une signification universelle (honneur

digniteacute courage etc bullbullbull ) il nen demeure pas moins que ce nest pas leur

nature qui fait leur speacutecificiteacute mais la hieacuterarchisation et limportance i

quon accorde agrave toutes ces valeurs de ~ar leacuteducation ou la culture

i 1

Aussi les valeurs traditionnelles puient leur speacutecificiteacute dans les

caracteacuteristiques propres aux eacuteleacutements ~e la socio-cu1ture (la technologie

et leacuteconomie la politique et la pareteacute la psychologie et lideacuteologie)

dans la socieacuteteacute seacuteneacutegalaise agrave n momen donneacute de son eacutevolution Cest i

dire la neacuteceesiteacute de ne point faire della valeur une reacutealiteacute statique

Cest dite aussi quagrave tout mome~t le ~eacuteneacutegalais peut eacutevoluer et creacuteer

ou vivre par conseacutequent de nouv~lles fprmes de valeur qui lui sont 1

propres ft (J)

La lutte traditionnelle veacutehiculant deS valeurs socio-cu1ture1les speacutecishy

fiquement seacuteneacutegalaises (croyances valeurs morales norme de comportement

opinion attitude bullbullbull ) devient un eacuteleacutement important qui tregraves certaiaement

nous aidera dans notre effort de valoriser et de peacuterenniser notre patri shy

moine culturel par le biais dactiviteacutes physiques et sportives

Leacutetude des habitus nous permet de prouver quil y a plusieurs faccedilons

de se mouvoir comme danser lutter bullbullbull qui varient avec les diffeacuterentes

ethnies (wolof toucouleur seacuteregravere diolagt leurs convenances et leurs

eacuteducations

(1) Revue Ethiopiques 31 Les valeurs traditionnelles et le problegraveme de leur inteacutegration dans les systegravemes modernes jtducatio-1 2 6r--70

nautre part cette eacutetude permet aussi de nous rendrE compte de la

correacutelatipn eacutetroite existant entre la pratique de la lutte traditionnelle

et le sta~ut socio-eacuteconomique du pratiquant

Nos inves~igations nous indiquent que la lutte recrute essentiellement

au niveau des classes socio-eacuteconomiques situeacutees en bas de leacutechelle

donc posseacutedant le statut social le moins favoriseacute La lutte avec frappe

-et un certain secteur commercialiseacute de la lutte simple- y trouve sa

leacutegitimiteacute Comme le dit BOURDIEU nA habitus diffeacuterents styles de Vle

divergents et il oppse les pratiques aristocpatiques correspondants agrave

des activiteacutes qui favorisent les situations eupheacutemiseacutees ougrave la stylisashy

tion est importante aux pratiques populaires qui font appel agrave des

qualiteacutes qpposeacutees bllutes rugueuses Certaines interviews nous

montrent que plus lindividu occupe une place eacuteleveacutee dans leacutechelle

sQciale e~ 1

moin$ il sinteacuteresse agrave la lutte

Les reacutesultats recueillis dans nos diverses investig~tions confirment 1 1

1er propos qui disent que nous assistons aujourdhu~ agrave une involution

de la lutte traditionnelle parce que perdant toutes ses speacutecificiteacutes au 1

pryfit d~ne autre forme de lutte que lon continue agrave appeler nostalshy

giqlementIIlutte traditionnelle

Ceci pourrait peut-~tre trouver une explication dan la citation suivante

La liberteacute de creacuteer dinnover de vivre Pleineinenf decirctre soi et de

preacuteserver son authenticiteacute la digniteacute et lhonneu1demeurent des illushy

sions dans la misegravere eacuteconomique~ Nos ancecirctres creacuteai~nt des valeurs de cishyl

vilisation parce quils eacutetaient libres parce qu1i~s ignoraient toute

deacutependance eacuteconomique ils cultivaient en eux et cbez leurs enfants le 1

Jorn et la Kersa et preacutefeacuteraient la mort agrave la hoJte lI (1)

Or le Seacuteneacutegal comme la plupart des pays africainsi est un pays sousshy

deacuteveloppeacute t cependant face agrave cette volonteacute du gou~ernement seacuteneacutegalais

de faire inteacutegrer dans leacuteducation des valeurs traditionnelles nous

pouvons espeacuterer utiliser comme moyen deacuteducation la lutteacute traditionnelle

qui reste quand mecircme vecteur jethos et dhabit~s

- 54 shy

Mecircme si lon a noteacute un appauvrissement notoire sur les plans socioshy

culturel et moral la lutte traditionnelle recegravele une gamme importante

et varieacutee de techniques permettant incontestablement une ouverture vers

les luttes olympiques libre et g~eacuteco-romaine

La lecture de ce meacutemoire permettra agrave lentratneur et au professeur de

lutte en fonction du lieu ougrave ils seront affecteacutes dans le territoire

seacuteneacutegalaisdavoir une information sur les techniques contrOles et

formes de corps propres agrave chaque groupe ethnique et de les mettre en

relation avec leurs croyances et leurs mentaliteacutes

Nous avons essayeacute de montrer que la pratique de la lutte traditionnelle

doit tre axeacutee sur une ethnomotriciteacute au Seacuteneacutegal qui permette une inishy

tiation facile Cette pratique de la lutte traditionnelle seacuteneacutegalaise

devra dailleurs essayer de ~eacutepondre aux aspirations du Seacuteneacutegalaisl

moderne en souvrant aux ap~orts positifs des autres civilisations

ex~eacuterieures nous voulons Jvidemment parler du judo et des luttes oiymshyJ

piques 1

1 j Nous navons pas la preacutetentfon dans le cadre de ce meacutemoire demattrise

de reacutepondre agrave toutes les qutstions se rattachant agrave leacutetude de ~a lutte

traditionnelle souslangle~socio-culturel car non seulement il nous

manque lexpeacuterience et la c peacutetence en la mati~re mais aussil l le temps

et les moyens dont nous dis osions ne nous permettaient pas d~puiser le 1sujet i

1 1 1 t 1

l

- )5 shy

BIBLIOGRAPHIE

BIBLIOGRAPHIE

1- CLAPAREDE Psychologie de leacuteducation et peacutedagogie expeacuterimentale

Edition Delachaux et Niestleacute 244 pages

2- POCIELLC Christian Sport et Socieacuteteacute approche socio-culturelle

des pratiques Paris Vigot 1981 377 pages

3- PIERON Henri Vocabulaire de la psychologie

PUF Deuxiegraveme eacutedition 1957 469 pages

4- Revue socialiste de culture neacutegro-africaine ETHIOPIQUES

Les valeurs traditionnelles et le problegraveme de leur inteacutegration

dans les systegravemes modernes deacuteducation

GIA 21 Juillet 1982 213 pages

5- N2 Revue du Centre dEtudedes Civilisations DEM ak TEY

NIS IVegrave Trimestre 1982 96 pages

6- Document lNSEP Colloque sur la lutte aeacuteregravere

DAKAR MAI-JUIN 1980

t 1

~- Travaux du IVegrave Congregraves National ~es Sports agrave DAKAR les 2223041981

Bulletin n2 91 du CIO du 15 Aont 1965

l____________________________

8- Meacutemoire de Mattrise BADJI Abdou La lutte traditionnelle Joola

Etude et perspective

9- Meacutemoire Inspectorat JS DJITTE Mandy Les pratiques corporelles

traditionnelles au Seacuteneacutegal pour leur exploitation et leur

utilisation en peacutedagogie Marly le Roi 1980

REPUBLIQUE DU SENEGAL

--------------- INSTITUT NATIONAL SUPERIEUR

MINISTERE DE LA JEUNESSE DE LrsquoEDUCATION POPULAIRE

ET DES SPORTS ET DU SPORT

-------------

(INSEPS)

MEMOIRE DE MAIcircTRISE

Es-SCIENCES ET TECHNIQUES

DE LrsquoACTIVITE PHYSIQUE ET DU SPORT

LA LUTTE TRADITIONNELLE

son importance sa signification en fonction des ethos et des habitus ethniques au Seacuteneacutegal

Preacutesenteacute par

Monsieur Joseph Victor FAYE

Sous la direction de

M Jean Marc ROCHEZ

Professeur agrave lrsquoINSEPS

Anneacutee de soutenance 1984

III S COCL ~s 1DO

Dans cette partie nous avons essay~ de montrer lftroite re1atic~

Entre les diverses activiteacutes socio-eacuteconomiques dans les ethnies et

lES diffEacuterentes faccedilons de lutter

Daucuns seraient tent~s de conclure trop rapidement et cest p0~r

cette raison que nOUS avons penseacute preacuteciser que le pheacutenotype nest

pas geacuteneacuterateur du geacutenotype Et nous sommes convaincus que la morphoshy

logie et les techniques des lutteurs relegravevent de leurs modes de vie

et de leurs croyances agrave une eacutepoque et danE un contexte bien deacutetermishy

neacutes

Est-ce que les lutteurs dio1a ou seacuteregravere travaillant avec leurs bras

dans les champs auraient les mecircmes pr 0 fil s physiques que les lutteurs

utilisant des machines pour lagriculture

- 69 shy

I UJOURDH~1 E-S ut O[l LES FORfilS Ut LU11t~

~otons que notre enqu~te a ecirctE essentiellement faiteen milieu urbain

Les seacuteances de lutte ont tendance agrave perdre leur particulariteacute de r~shy

jouissance pour devenir des pheacutenomegravenes de sportisatio Deux fores

de luttes so~t principale~cnt prat s dans les aregrave~es du 5 al

la lutte traditiunnelle simple et la lutte traditionnelle avec frappe

De nos jours la lutte traditionnelle tend vers une reacuteglementation

et une institutionalisation

Le reacutesultat de nos investigations nous donne le tableau ci-dessous

REPARTITION ETHNIQUE SUR 100 PRATIQUANTS

LUTTE LUTTE RAPPORTETHNIES SANS FRAPPE AVEC FRAPPE J2

Diola 40 16 71 j

Seacuteregravere 26 21 57

Toucouleur 23 10 69

Wolof 1 1 53 17

La demande sociale par ordre deacutecroissant pour la lutte sans frappe

se preacutesente comrre suit

]0_ Ethnie diola avec pregraves de 3 lutteur~ sur 4

2deg_ Ethnie toucouleur

Ethri dun

~ 1 LA LUTTE TR])IIIO~~ELLE AVEC H-PPE

Cette forme deacute lutte a une histoire qui date de lantiquiteacute elle

sa~pelait le Pugilat Au Seacuteneacutegal elle a vu le jour dans le Cayor

bien avant la colonisation Le coup dE pied l~Lrdn~lement la morshy

sure la frappe et le doigtf eacutetaient permis dans le cc=bat ~ ~middot~p0~~e

Dans certains cas la giffle eacutetait beaucoup plus dangereuse que le

poing quand elle eacutetait donneacutee par un speacutecialiste Cette giffle pouvait

agrave elle seule deacutechirer et mecircme parfois amputer la joue de ladverser

Selon les informations la lutte avec frappede nos jours serait une

forme de lutte tregraves eupheacutemiseacutee de celle dantan ougrave une blessure

pouvait souvent ecirctre mortelle

Aujourdhui au niveau du folklore la lutte na plus la mecircme

le spectaculaire a remplaceacute le significatif iLa lutte avec frappe se 1

pratique surtout dans les centres urbains C~aque fois quun grand combat 1

est progra~eacute par le Comiteacute National Proviso~re (CNP) des centaines damashy

teurs sont mobiliseacutes vers le stade lba Mar D~OP qui est aujourdhui le i

lieu approprieacute ougrave se deacuteroulent les grands conkbats de lutte Cest la formE

de lutte qui semble drainer une foule de personnes beaucoup plus importante

que celle de la lutte simple

La lutte avec frappe deacuteriverait dune forme de lutte traditionnelle

pratiqueacutee jadis dans le Cayor au temps des Damels et la frappe serait

le substitut dun certain nombre de pratiques doigteacute jet de produits

etc bullbullbull dont le but eacutetait laveuglement de ladversaire La lutte avec

frappe serait une continuation logique dune carriegravere sportive de la

lutte traditionnelle qui sen sert comme moyen socio-eacuteconomique En

effet la majoriteacute des lutteurs avec frappe ont dabord eacuteteacute initieacutes agrave la

lutte simple Cependant il faut signaler que de nOS jours il arrive

que le jeune lutteur avec frappE- soit directenent formEacute conne speacutecialistE

agrave la frappe sa~s pour autant faire son chemin dabcrd egravea~s la lutte

- ~ shy

Le recircsultat dE ~os interviews ncus rec~trE qGune pcpulatiD~ divcrsishy

fiampe sint~resse agrave ce sport et qUE les intecircr~[s des uns et d~SlautrE~

semble~t divergents naucuns affirment que la lutte traditionnelle

avec frappe serait monteacutee par des personnes dont la vocation est dexshy

ploiter ce pheacuteLomegravene agrave des fins commerciales Dautres disent gJellegrave

jouit de mcyens irport~nts t[l[~isio

tation etc bullbullbull ) pour toucher toutes les couches sociales CEpe~~a~t

nous remarquons que mecircme si certaines personnes reprochent agrave cette

forme de lutte decirctre brutale ces mecircmes personnes nheacutesitent pas agrave

se rendre le dimanche agrave laregravene Bien que critiqueacutee elle semble ecirctre

adopteacutee par une tregraves grande partie de la population seacuteneacutegalaise Cepenshy

dant en tant que techniciens il nous est permis de faire une remarque

Il sagit de

- Limpression nette decirctre devant des professionnels de la frappe

qui sont ~ntratneacutes pour cela Dailleurs les propos que nous avons

recueilli~ nous prouvent que la plupart des champions de lutte avec 1

frappe s~ntratnent dans certains sports de combat tels ~ue la boxe i 1

le karateacute le judo Dans cette nouvelle forme de pratique de la lutte

contrairefuent agrave la lutte traditionnelle le technicien e~t souvent

perdant face au puncheur Ce dernier adopte une lutte agrave distance qui

lui permet de placer agrave bon escient ses coups animeacute du deacutesir de vaincre

Le technicien lui se voit contreacute dans toutes ses entreprises par

un uppercut ou un crochet

On peut dire cependant que nul sport au Seacuteneacutegal que la lutte tradishy

tionnelle avec frappe ne deacutechaicircne autant de passions et autant de

pheacutenomegravenes poussant agrave lexcegraves et deacutereacuteglements quon ne peut que deacuteplorer

Mais comment deacutecrier un spectacle de lutte qui bien quayant perdu la

presque totaliteacute des valeurs traditionnelles veacutehiculeacutees autrefois par

elle sait susciter une participation effective de tous ceux qui sont

preacutesents

CONCLUSION

Dans ce meacutemoire nous sommes efforceacutes ~e faire ressort ir limportance des

ethos et des habitus et leurs effets sur la pratique de la lutte tradishy

tionnelle au Seacuteneacutegal

L~b egravethos repr~sentent dune maniegravere g~neurorale tous les eacuteleacutements speacutec

fiques sux Seacuteneacutegalais par conampeacuteguent un systegraveme de valeurs traditionnellEs

Mais m~me si ces valeurs rev~tent une signification universelle (honneur

digniteacute courage etc bullbullbull ) il nen demeure pas moins que ce nest pas leur

nature qui fait leur speacutecificiteacute mais la hieacuterarchisation et limportance i

quon accorde agrave toutes ces valeurs de ~ar leacuteducation ou la culture

i 1

Aussi les valeurs traditionnelles puient leur speacutecificiteacute dans les

caracteacuteristiques propres aux eacuteleacutements ~e la socio-cu1ture (la technologie

et leacuteconomie la politique et la pareteacute la psychologie et lideacuteologie)

dans la socieacuteteacute seacuteneacutegalaise agrave n momen donneacute de son eacutevolution Cest i

dire la neacuteceesiteacute de ne point faire della valeur une reacutealiteacute statique

Cest dite aussi quagrave tout mome~t le ~eacuteneacutegalais peut eacutevoluer et creacuteer

ou vivre par conseacutequent de nouv~lles fprmes de valeur qui lui sont 1

propres ft (J)

La lutte traditionnelle veacutehiculant deS valeurs socio-cu1ture1les speacutecishy

fiquement seacuteneacutegalaises (croyances valeurs morales norme de comportement

opinion attitude bullbullbull ) devient un eacuteleacutement important qui tregraves certaiaement

nous aidera dans notre effort de valoriser et de peacuterenniser notre patri shy

moine culturel par le biais dactiviteacutes physiques et sportives

Leacutetude des habitus nous permet de prouver quil y a plusieurs faccedilons

de se mouvoir comme danser lutter bullbullbull qui varient avec les diffeacuterentes

ethnies (wolof toucouleur seacuteregravere diolagt leurs convenances et leurs

eacuteducations

(1) Revue Ethiopiques 31 Les valeurs traditionnelles et le problegraveme de leur inteacutegration dans les systegravemes modernes jtducatio-1 2 6r--70

nautre part cette eacutetude permet aussi de nous rendrE compte de la

correacutelatipn eacutetroite existant entre la pratique de la lutte traditionnelle

et le sta~ut socio-eacuteconomique du pratiquant

Nos inves~igations nous indiquent que la lutte recrute essentiellement

au niveau des classes socio-eacuteconomiques situeacutees en bas de leacutechelle

donc posseacutedant le statut social le moins favoriseacute La lutte avec frappe

-et un certain secteur commercialiseacute de la lutte simple- y trouve sa

leacutegitimiteacute Comme le dit BOURDIEU nA habitus diffeacuterents styles de Vle

divergents et il oppse les pratiques aristocpatiques correspondants agrave

des activiteacutes qui favorisent les situations eupheacutemiseacutees ougrave la stylisashy

tion est importante aux pratiques populaires qui font appel agrave des

qualiteacutes qpposeacutees bllutes rugueuses Certaines interviews nous

montrent que plus lindividu occupe une place eacuteleveacutee dans leacutechelle

sQciale e~ 1

moin$ il sinteacuteresse agrave la lutte

Les reacutesultats recueillis dans nos diverses investig~tions confirment 1 1

1er propos qui disent que nous assistons aujourdhu~ agrave une involution

de la lutte traditionnelle parce que perdant toutes ses speacutecificiteacutes au 1

pryfit d~ne autre forme de lutte que lon continue agrave appeler nostalshy

giqlementIIlutte traditionnelle

Ceci pourrait peut-~tre trouver une explication dan la citation suivante

La liberteacute de creacuteer dinnover de vivre Pleineinenf decirctre soi et de

preacuteserver son authenticiteacute la digniteacute et lhonneu1demeurent des illushy

sions dans la misegravere eacuteconomique~ Nos ancecirctres creacuteai~nt des valeurs de cishyl

vilisation parce quils eacutetaient libres parce qu1i~s ignoraient toute

deacutependance eacuteconomique ils cultivaient en eux et cbez leurs enfants le 1

Jorn et la Kersa et preacutefeacuteraient la mort agrave la hoJte lI (1)

Or le Seacuteneacutegal comme la plupart des pays africainsi est un pays sousshy

deacuteveloppeacute t cependant face agrave cette volonteacute du gou~ernement seacuteneacutegalais

de faire inteacutegrer dans leacuteducation des valeurs traditionnelles nous

pouvons espeacuterer utiliser comme moyen deacuteducation la lutteacute traditionnelle

qui reste quand mecircme vecteur jethos et dhabit~s

- 54 shy

Mecircme si lon a noteacute un appauvrissement notoire sur les plans socioshy

culturel et moral la lutte traditionnelle recegravele une gamme importante

et varieacutee de techniques permettant incontestablement une ouverture vers

les luttes olympiques libre et g~eacuteco-romaine

La lecture de ce meacutemoire permettra agrave lentratneur et au professeur de

lutte en fonction du lieu ougrave ils seront affecteacutes dans le territoire

seacuteneacutegalaisdavoir une information sur les techniques contrOles et

formes de corps propres agrave chaque groupe ethnique et de les mettre en

relation avec leurs croyances et leurs mentaliteacutes

Nous avons essayeacute de montrer que la pratique de la lutte traditionnelle

doit tre axeacutee sur une ethnomotriciteacute au Seacuteneacutegal qui permette une inishy

tiation facile Cette pratique de la lutte traditionnelle seacuteneacutegalaise

devra dailleurs essayer de ~eacutepondre aux aspirations du Seacuteneacutegalaisl

moderne en souvrant aux ap~orts positifs des autres civilisations

ex~eacuterieures nous voulons Jvidemment parler du judo et des luttes oiymshyJ

piques 1

1 j Nous navons pas la preacutetentfon dans le cadre de ce meacutemoire demattrise

de reacutepondre agrave toutes les qutstions se rattachant agrave leacutetude de ~a lutte

traditionnelle souslangle~socio-culturel car non seulement il nous

manque lexpeacuterience et la c peacutetence en la mati~re mais aussil l le temps

et les moyens dont nous dis osions ne nous permettaient pas d~puiser le 1sujet i

1 1 1 t 1

l

- )5 shy

BIBLIOGRAPHIE

BIBLIOGRAPHIE

1- CLAPAREDE Psychologie de leacuteducation et peacutedagogie expeacuterimentale

Edition Delachaux et Niestleacute 244 pages

2- POCIELLC Christian Sport et Socieacuteteacute approche socio-culturelle

des pratiques Paris Vigot 1981 377 pages

3- PIERON Henri Vocabulaire de la psychologie

PUF Deuxiegraveme eacutedition 1957 469 pages

4- Revue socialiste de culture neacutegro-africaine ETHIOPIQUES

Les valeurs traditionnelles et le problegraveme de leur inteacutegration

dans les systegravemes modernes deacuteducation

GIA 21 Juillet 1982 213 pages

5- N2 Revue du Centre dEtudedes Civilisations DEM ak TEY

NIS IVegrave Trimestre 1982 96 pages

6- Document lNSEP Colloque sur la lutte aeacuteregravere

DAKAR MAI-JUIN 1980

t 1

~- Travaux du IVegrave Congregraves National ~es Sports agrave DAKAR les 2223041981

Bulletin n2 91 du CIO du 15 Aont 1965

l____________________________

8- Meacutemoire de Mattrise BADJI Abdou La lutte traditionnelle Joola

Etude et perspective

9- Meacutemoire Inspectorat JS DJITTE Mandy Les pratiques corporelles

traditionnelles au Seacuteneacutegal pour leur exploitation et leur

utilisation en peacutedagogie Marly le Roi 1980

REPUBLIQUE DU SENEGAL

--------------- INSTITUT NATIONAL SUPERIEUR

MINISTERE DE LA JEUNESSE DE LrsquoEDUCATION POPULAIRE

ET DES SPORTS ET DU SPORT

-------------

(INSEPS)

MEMOIRE DE MAIcircTRISE

Es-SCIENCES ET TECHNIQUES

DE LrsquoACTIVITE PHYSIQUE ET DU SPORT

LA LUTTE TRADITIONNELLE

son importance sa signification en fonction des ethos et des habitus ethniques au Seacuteneacutegal

Preacutesenteacute par

Monsieur Joseph Victor FAYE

Sous la direction de

M Jean Marc ROCHEZ

Professeur agrave lrsquoINSEPS

Anneacutee de soutenance 1984

- 69 shy

I UJOURDH~1 E-S ut O[l LES FORfilS Ut LU11t~

~otons que notre enqu~te a ecirctE essentiellement faiteen milieu urbain

Les seacuteances de lutte ont tendance agrave perdre leur particulariteacute de r~shy

jouissance pour devenir des pheacutenomegravenes de sportisatio Deux fores

de luttes so~t principale~cnt prat s dans les aregrave~es du 5 al

la lutte traditiunnelle simple et la lutte traditionnelle avec frappe

De nos jours la lutte traditionnelle tend vers une reacuteglementation

et une institutionalisation

Le reacutesultat de nos investigations nous donne le tableau ci-dessous

REPARTITION ETHNIQUE SUR 100 PRATIQUANTS

LUTTE LUTTE RAPPORTETHNIES SANS FRAPPE AVEC FRAPPE J2

Diola 40 16 71 j

Seacuteregravere 26 21 57

Toucouleur 23 10 69

Wolof 1 1 53 17

La demande sociale par ordre deacutecroissant pour la lutte sans frappe

se preacutesente comrre suit

]0_ Ethnie diola avec pregraves de 3 lutteur~ sur 4

2deg_ Ethnie toucouleur

Ethri dun

~ 1 LA LUTTE TR])IIIO~~ELLE AVEC H-PPE

Cette forme deacute lutte a une histoire qui date de lantiquiteacute elle

sa~pelait le Pugilat Au Seacuteneacutegal elle a vu le jour dans le Cayor

bien avant la colonisation Le coup dE pied l~Lrdn~lement la morshy

sure la frappe et le doigtf eacutetaient permis dans le cc=bat ~ ~middot~p0~~e

Dans certains cas la giffle eacutetait beaucoup plus dangereuse que le

poing quand elle eacutetait donneacutee par un speacutecialiste Cette giffle pouvait

agrave elle seule deacutechirer et mecircme parfois amputer la joue de ladverser

Selon les informations la lutte avec frappede nos jours serait une

forme de lutte tregraves eupheacutemiseacutee de celle dantan ougrave une blessure

pouvait souvent ecirctre mortelle

Aujourdhui au niveau du folklore la lutte na plus la mecircme

le spectaculaire a remplaceacute le significatif iLa lutte avec frappe se 1

pratique surtout dans les centres urbains C~aque fois quun grand combat 1

est progra~eacute par le Comiteacute National Proviso~re (CNP) des centaines damashy

teurs sont mobiliseacutes vers le stade lba Mar D~OP qui est aujourdhui le i

lieu approprieacute ougrave se deacuteroulent les grands conkbats de lutte Cest la formE

de lutte qui semble drainer une foule de personnes beaucoup plus importante

que celle de la lutte simple

La lutte avec frappe deacuteriverait dune forme de lutte traditionnelle

pratiqueacutee jadis dans le Cayor au temps des Damels et la frappe serait

le substitut dun certain nombre de pratiques doigteacute jet de produits

etc bullbullbull dont le but eacutetait laveuglement de ladversaire La lutte avec

frappe serait une continuation logique dune carriegravere sportive de la

lutte traditionnelle qui sen sert comme moyen socio-eacuteconomique En

effet la majoriteacute des lutteurs avec frappe ont dabord eacuteteacute initieacutes agrave la

lutte simple Cependant il faut signaler que de nOS jours il arrive

que le jeune lutteur avec frappE- soit directenent formEacute conne speacutecialistE

agrave la frappe sa~s pour autant faire son chemin dabcrd egravea~s la lutte

- ~ shy

Le recircsultat dE ~os interviews ncus rec~trE qGune pcpulatiD~ divcrsishy

fiampe sint~resse agrave ce sport et qUE les intecircr~[s des uns et d~SlautrE~

semble~t divergents naucuns affirment que la lutte traditionnelle

avec frappe serait monteacutee par des personnes dont la vocation est dexshy

ploiter ce pheacuteLomegravene agrave des fins commerciales Dautres disent gJellegrave

jouit de mcyens irport~nts t[l[~isio

tation etc bullbullbull ) pour toucher toutes les couches sociales CEpe~~a~t

nous remarquons que mecircme si certaines personnes reprochent agrave cette

forme de lutte decirctre brutale ces mecircmes personnes nheacutesitent pas agrave

se rendre le dimanche agrave laregravene Bien que critiqueacutee elle semble ecirctre

adopteacutee par une tregraves grande partie de la population seacuteneacutegalaise Cepenshy

dant en tant que techniciens il nous est permis de faire une remarque

Il sagit de

- Limpression nette decirctre devant des professionnels de la frappe

qui sont ~ntratneacutes pour cela Dailleurs les propos que nous avons

recueilli~ nous prouvent que la plupart des champions de lutte avec 1

frappe s~ntratnent dans certains sports de combat tels ~ue la boxe i 1

le karateacute le judo Dans cette nouvelle forme de pratique de la lutte

contrairefuent agrave la lutte traditionnelle le technicien e~t souvent

perdant face au puncheur Ce dernier adopte une lutte agrave distance qui

lui permet de placer agrave bon escient ses coups animeacute du deacutesir de vaincre

Le technicien lui se voit contreacute dans toutes ses entreprises par

un uppercut ou un crochet

On peut dire cependant que nul sport au Seacuteneacutegal que la lutte tradishy

tionnelle avec frappe ne deacutechaicircne autant de passions et autant de

pheacutenomegravenes poussant agrave lexcegraves et deacutereacuteglements quon ne peut que deacuteplorer

Mais comment deacutecrier un spectacle de lutte qui bien quayant perdu la

presque totaliteacute des valeurs traditionnelles veacutehiculeacutees autrefois par

elle sait susciter une participation effective de tous ceux qui sont

preacutesents

CONCLUSION

Dans ce meacutemoire nous sommes efforceacutes ~e faire ressort ir limportance des

ethos et des habitus et leurs effets sur la pratique de la lutte tradishy

tionnelle au Seacuteneacutegal

L~b egravethos repr~sentent dune maniegravere g~neurorale tous les eacuteleacutements speacutec

fiques sux Seacuteneacutegalais par conampeacuteguent un systegraveme de valeurs traditionnellEs

Mais m~me si ces valeurs rev~tent une signification universelle (honneur

digniteacute courage etc bullbullbull ) il nen demeure pas moins que ce nest pas leur

nature qui fait leur speacutecificiteacute mais la hieacuterarchisation et limportance i

quon accorde agrave toutes ces valeurs de ~ar leacuteducation ou la culture

i 1

Aussi les valeurs traditionnelles puient leur speacutecificiteacute dans les

caracteacuteristiques propres aux eacuteleacutements ~e la socio-cu1ture (la technologie

et leacuteconomie la politique et la pareteacute la psychologie et lideacuteologie)

dans la socieacuteteacute seacuteneacutegalaise agrave n momen donneacute de son eacutevolution Cest i

dire la neacuteceesiteacute de ne point faire della valeur une reacutealiteacute statique

Cest dite aussi quagrave tout mome~t le ~eacuteneacutegalais peut eacutevoluer et creacuteer

ou vivre par conseacutequent de nouv~lles fprmes de valeur qui lui sont 1

propres ft (J)

La lutte traditionnelle veacutehiculant deS valeurs socio-cu1ture1les speacutecishy

fiquement seacuteneacutegalaises (croyances valeurs morales norme de comportement

opinion attitude bullbullbull ) devient un eacuteleacutement important qui tregraves certaiaement

nous aidera dans notre effort de valoriser et de peacuterenniser notre patri shy

moine culturel par le biais dactiviteacutes physiques et sportives

Leacutetude des habitus nous permet de prouver quil y a plusieurs faccedilons

de se mouvoir comme danser lutter bullbullbull qui varient avec les diffeacuterentes

ethnies (wolof toucouleur seacuteregravere diolagt leurs convenances et leurs

eacuteducations

(1) Revue Ethiopiques 31 Les valeurs traditionnelles et le problegraveme de leur inteacutegration dans les systegravemes modernes jtducatio-1 2 6r--70

nautre part cette eacutetude permet aussi de nous rendrE compte de la

correacutelatipn eacutetroite existant entre la pratique de la lutte traditionnelle

et le sta~ut socio-eacuteconomique du pratiquant

Nos inves~igations nous indiquent que la lutte recrute essentiellement

au niveau des classes socio-eacuteconomiques situeacutees en bas de leacutechelle

donc posseacutedant le statut social le moins favoriseacute La lutte avec frappe

-et un certain secteur commercialiseacute de la lutte simple- y trouve sa

leacutegitimiteacute Comme le dit BOURDIEU nA habitus diffeacuterents styles de Vle

divergents et il oppse les pratiques aristocpatiques correspondants agrave

des activiteacutes qui favorisent les situations eupheacutemiseacutees ougrave la stylisashy

tion est importante aux pratiques populaires qui font appel agrave des

qualiteacutes qpposeacutees bllutes rugueuses Certaines interviews nous

montrent que plus lindividu occupe une place eacuteleveacutee dans leacutechelle

sQciale e~ 1

moin$ il sinteacuteresse agrave la lutte

Les reacutesultats recueillis dans nos diverses investig~tions confirment 1 1

1er propos qui disent que nous assistons aujourdhu~ agrave une involution

de la lutte traditionnelle parce que perdant toutes ses speacutecificiteacutes au 1

pryfit d~ne autre forme de lutte que lon continue agrave appeler nostalshy

giqlementIIlutte traditionnelle

Ceci pourrait peut-~tre trouver une explication dan la citation suivante

La liberteacute de creacuteer dinnover de vivre Pleineinenf decirctre soi et de

preacuteserver son authenticiteacute la digniteacute et lhonneu1demeurent des illushy

sions dans la misegravere eacuteconomique~ Nos ancecirctres creacuteai~nt des valeurs de cishyl

vilisation parce quils eacutetaient libres parce qu1i~s ignoraient toute

deacutependance eacuteconomique ils cultivaient en eux et cbez leurs enfants le 1

Jorn et la Kersa et preacutefeacuteraient la mort agrave la hoJte lI (1)

Or le Seacuteneacutegal comme la plupart des pays africainsi est un pays sousshy

deacuteveloppeacute t cependant face agrave cette volonteacute du gou~ernement seacuteneacutegalais

de faire inteacutegrer dans leacuteducation des valeurs traditionnelles nous

pouvons espeacuterer utiliser comme moyen deacuteducation la lutteacute traditionnelle

qui reste quand mecircme vecteur jethos et dhabit~s

- 54 shy

Mecircme si lon a noteacute un appauvrissement notoire sur les plans socioshy

culturel et moral la lutte traditionnelle recegravele une gamme importante

et varieacutee de techniques permettant incontestablement une ouverture vers

les luttes olympiques libre et g~eacuteco-romaine

La lecture de ce meacutemoire permettra agrave lentratneur et au professeur de

lutte en fonction du lieu ougrave ils seront affecteacutes dans le territoire

seacuteneacutegalaisdavoir une information sur les techniques contrOles et

formes de corps propres agrave chaque groupe ethnique et de les mettre en

relation avec leurs croyances et leurs mentaliteacutes

Nous avons essayeacute de montrer que la pratique de la lutte traditionnelle

doit tre axeacutee sur une ethnomotriciteacute au Seacuteneacutegal qui permette une inishy

tiation facile Cette pratique de la lutte traditionnelle seacuteneacutegalaise

devra dailleurs essayer de ~eacutepondre aux aspirations du Seacuteneacutegalaisl

moderne en souvrant aux ap~orts positifs des autres civilisations

ex~eacuterieures nous voulons Jvidemment parler du judo et des luttes oiymshyJ

piques 1

1 j Nous navons pas la preacutetentfon dans le cadre de ce meacutemoire demattrise

de reacutepondre agrave toutes les qutstions se rattachant agrave leacutetude de ~a lutte

traditionnelle souslangle~socio-culturel car non seulement il nous

manque lexpeacuterience et la c peacutetence en la mati~re mais aussil l le temps

et les moyens dont nous dis osions ne nous permettaient pas d~puiser le 1sujet i

1 1 1 t 1

l

- )5 shy

BIBLIOGRAPHIE

BIBLIOGRAPHIE

1- CLAPAREDE Psychologie de leacuteducation et peacutedagogie expeacuterimentale

Edition Delachaux et Niestleacute 244 pages

2- POCIELLC Christian Sport et Socieacuteteacute approche socio-culturelle

des pratiques Paris Vigot 1981 377 pages

3- PIERON Henri Vocabulaire de la psychologie

PUF Deuxiegraveme eacutedition 1957 469 pages

4- Revue socialiste de culture neacutegro-africaine ETHIOPIQUES

Les valeurs traditionnelles et le problegraveme de leur inteacutegration

dans les systegravemes modernes deacuteducation

GIA 21 Juillet 1982 213 pages

5- N2 Revue du Centre dEtudedes Civilisations DEM ak TEY

NIS IVegrave Trimestre 1982 96 pages

6- Document lNSEP Colloque sur la lutte aeacuteregravere

DAKAR MAI-JUIN 1980

t 1

~- Travaux du IVegrave Congregraves National ~es Sports agrave DAKAR les 2223041981

Bulletin n2 91 du CIO du 15 Aont 1965

l____________________________

8- Meacutemoire de Mattrise BADJI Abdou La lutte traditionnelle Joola

Etude et perspective

9- Meacutemoire Inspectorat JS DJITTE Mandy Les pratiques corporelles

traditionnelles au Seacuteneacutegal pour leur exploitation et leur

utilisation en peacutedagogie Marly le Roi 1980

REPUBLIQUE DU SENEGAL

--------------- INSTITUT NATIONAL SUPERIEUR

MINISTERE DE LA JEUNESSE DE LrsquoEDUCATION POPULAIRE

ET DES SPORTS ET DU SPORT

-------------

(INSEPS)

MEMOIRE DE MAIcircTRISE

Es-SCIENCES ET TECHNIQUES

DE LrsquoACTIVITE PHYSIQUE ET DU SPORT

LA LUTTE TRADITIONNELLE

son importance sa signification en fonction des ethos et des habitus ethniques au Seacuteneacutegal

Preacutesenteacute par

Monsieur Joseph Victor FAYE

Sous la direction de

M Jean Marc ROCHEZ

Professeur agrave lrsquoINSEPS

Anneacutee de soutenance 1984

~ 1 LA LUTTE TR])IIIO~~ELLE AVEC H-PPE

Cette forme deacute lutte a une histoire qui date de lantiquiteacute elle

sa~pelait le Pugilat Au Seacuteneacutegal elle a vu le jour dans le Cayor

bien avant la colonisation Le coup dE pied l~Lrdn~lement la morshy

sure la frappe et le doigtf eacutetaient permis dans le cc=bat ~ ~middot~p0~~e

Dans certains cas la giffle eacutetait beaucoup plus dangereuse que le

poing quand elle eacutetait donneacutee par un speacutecialiste Cette giffle pouvait

agrave elle seule deacutechirer et mecircme parfois amputer la joue de ladverser

Selon les informations la lutte avec frappede nos jours serait une

forme de lutte tregraves eupheacutemiseacutee de celle dantan ougrave une blessure

pouvait souvent ecirctre mortelle

Aujourdhui au niveau du folklore la lutte na plus la mecircme

le spectaculaire a remplaceacute le significatif iLa lutte avec frappe se 1

pratique surtout dans les centres urbains C~aque fois quun grand combat 1

est progra~eacute par le Comiteacute National Proviso~re (CNP) des centaines damashy

teurs sont mobiliseacutes vers le stade lba Mar D~OP qui est aujourdhui le i

lieu approprieacute ougrave se deacuteroulent les grands conkbats de lutte Cest la formE

de lutte qui semble drainer une foule de personnes beaucoup plus importante

que celle de la lutte simple

La lutte avec frappe deacuteriverait dune forme de lutte traditionnelle

pratiqueacutee jadis dans le Cayor au temps des Damels et la frappe serait

le substitut dun certain nombre de pratiques doigteacute jet de produits

etc bullbullbull dont le but eacutetait laveuglement de ladversaire La lutte avec

frappe serait une continuation logique dune carriegravere sportive de la

lutte traditionnelle qui sen sert comme moyen socio-eacuteconomique En

effet la majoriteacute des lutteurs avec frappe ont dabord eacuteteacute initieacutes agrave la

lutte simple Cependant il faut signaler que de nOS jours il arrive

que le jeune lutteur avec frappE- soit directenent formEacute conne speacutecialistE

agrave la frappe sa~s pour autant faire son chemin dabcrd egravea~s la lutte

- ~ shy

Le recircsultat dE ~os interviews ncus rec~trE qGune pcpulatiD~ divcrsishy

fiampe sint~resse agrave ce sport et qUE les intecircr~[s des uns et d~SlautrE~

semble~t divergents naucuns affirment que la lutte traditionnelle

avec frappe serait monteacutee par des personnes dont la vocation est dexshy

ploiter ce pheacuteLomegravene agrave des fins commerciales Dautres disent gJellegrave

jouit de mcyens irport~nts t[l[~isio

tation etc bullbullbull ) pour toucher toutes les couches sociales CEpe~~a~t

nous remarquons que mecircme si certaines personnes reprochent agrave cette

forme de lutte decirctre brutale ces mecircmes personnes nheacutesitent pas agrave

se rendre le dimanche agrave laregravene Bien que critiqueacutee elle semble ecirctre

adopteacutee par une tregraves grande partie de la population seacuteneacutegalaise Cepenshy

dant en tant que techniciens il nous est permis de faire une remarque

Il sagit de

- Limpression nette decirctre devant des professionnels de la frappe

qui sont ~ntratneacutes pour cela Dailleurs les propos que nous avons

recueilli~ nous prouvent que la plupart des champions de lutte avec 1

frappe s~ntratnent dans certains sports de combat tels ~ue la boxe i 1

le karateacute le judo Dans cette nouvelle forme de pratique de la lutte

contrairefuent agrave la lutte traditionnelle le technicien e~t souvent

perdant face au puncheur Ce dernier adopte une lutte agrave distance qui

lui permet de placer agrave bon escient ses coups animeacute du deacutesir de vaincre

Le technicien lui se voit contreacute dans toutes ses entreprises par

un uppercut ou un crochet

On peut dire cependant que nul sport au Seacuteneacutegal que la lutte tradishy

tionnelle avec frappe ne deacutechaicircne autant de passions et autant de

pheacutenomegravenes poussant agrave lexcegraves et deacutereacuteglements quon ne peut que deacuteplorer

Mais comment deacutecrier un spectacle de lutte qui bien quayant perdu la

presque totaliteacute des valeurs traditionnelles veacutehiculeacutees autrefois par

elle sait susciter une participation effective de tous ceux qui sont

preacutesents

CONCLUSION

Dans ce meacutemoire nous sommes efforceacutes ~e faire ressort ir limportance des

ethos et des habitus et leurs effets sur la pratique de la lutte tradishy

tionnelle au Seacuteneacutegal

L~b egravethos repr~sentent dune maniegravere g~neurorale tous les eacuteleacutements speacutec

fiques sux Seacuteneacutegalais par conampeacuteguent un systegraveme de valeurs traditionnellEs

Mais m~me si ces valeurs rev~tent une signification universelle (honneur

digniteacute courage etc bullbullbull ) il nen demeure pas moins que ce nest pas leur

nature qui fait leur speacutecificiteacute mais la hieacuterarchisation et limportance i

quon accorde agrave toutes ces valeurs de ~ar leacuteducation ou la culture

i 1

Aussi les valeurs traditionnelles puient leur speacutecificiteacute dans les

caracteacuteristiques propres aux eacuteleacutements ~e la socio-cu1ture (la technologie

et leacuteconomie la politique et la pareteacute la psychologie et lideacuteologie)

dans la socieacuteteacute seacuteneacutegalaise agrave n momen donneacute de son eacutevolution Cest i

dire la neacuteceesiteacute de ne point faire della valeur une reacutealiteacute statique

Cest dite aussi quagrave tout mome~t le ~eacuteneacutegalais peut eacutevoluer et creacuteer

ou vivre par conseacutequent de nouv~lles fprmes de valeur qui lui sont 1

propres ft (J)

La lutte traditionnelle veacutehiculant deS valeurs socio-cu1ture1les speacutecishy

fiquement seacuteneacutegalaises (croyances valeurs morales norme de comportement

opinion attitude bullbullbull ) devient un eacuteleacutement important qui tregraves certaiaement

nous aidera dans notre effort de valoriser et de peacuterenniser notre patri shy

moine culturel par le biais dactiviteacutes physiques et sportives

Leacutetude des habitus nous permet de prouver quil y a plusieurs faccedilons

de se mouvoir comme danser lutter bullbullbull qui varient avec les diffeacuterentes

ethnies (wolof toucouleur seacuteregravere diolagt leurs convenances et leurs

eacuteducations

(1) Revue Ethiopiques 31 Les valeurs traditionnelles et le problegraveme de leur inteacutegration dans les systegravemes modernes jtducatio-1 2 6r--70

nautre part cette eacutetude permet aussi de nous rendrE compte de la

correacutelatipn eacutetroite existant entre la pratique de la lutte traditionnelle

et le sta~ut socio-eacuteconomique du pratiquant

Nos inves~igations nous indiquent que la lutte recrute essentiellement

au niveau des classes socio-eacuteconomiques situeacutees en bas de leacutechelle

donc posseacutedant le statut social le moins favoriseacute La lutte avec frappe

-et un certain secteur commercialiseacute de la lutte simple- y trouve sa

leacutegitimiteacute Comme le dit BOURDIEU nA habitus diffeacuterents styles de Vle

divergents et il oppse les pratiques aristocpatiques correspondants agrave

des activiteacutes qui favorisent les situations eupheacutemiseacutees ougrave la stylisashy

tion est importante aux pratiques populaires qui font appel agrave des

qualiteacutes qpposeacutees bllutes rugueuses Certaines interviews nous

montrent que plus lindividu occupe une place eacuteleveacutee dans leacutechelle

sQciale e~ 1

moin$ il sinteacuteresse agrave la lutte

Les reacutesultats recueillis dans nos diverses investig~tions confirment 1 1

1er propos qui disent que nous assistons aujourdhu~ agrave une involution

de la lutte traditionnelle parce que perdant toutes ses speacutecificiteacutes au 1

pryfit d~ne autre forme de lutte que lon continue agrave appeler nostalshy

giqlementIIlutte traditionnelle

Ceci pourrait peut-~tre trouver une explication dan la citation suivante

La liberteacute de creacuteer dinnover de vivre Pleineinenf decirctre soi et de

preacuteserver son authenticiteacute la digniteacute et lhonneu1demeurent des illushy

sions dans la misegravere eacuteconomique~ Nos ancecirctres creacuteai~nt des valeurs de cishyl

vilisation parce quils eacutetaient libres parce qu1i~s ignoraient toute

deacutependance eacuteconomique ils cultivaient en eux et cbez leurs enfants le 1

Jorn et la Kersa et preacutefeacuteraient la mort agrave la hoJte lI (1)

Or le Seacuteneacutegal comme la plupart des pays africainsi est un pays sousshy

deacuteveloppeacute t cependant face agrave cette volonteacute du gou~ernement seacuteneacutegalais

de faire inteacutegrer dans leacuteducation des valeurs traditionnelles nous

pouvons espeacuterer utiliser comme moyen deacuteducation la lutteacute traditionnelle

qui reste quand mecircme vecteur jethos et dhabit~s

- 54 shy

Mecircme si lon a noteacute un appauvrissement notoire sur les plans socioshy

culturel et moral la lutte traditionnelle recegravele une gamme importante

et varieacutee de techniques permettant incontestablement une ouverture vers

les luttes olympiques libre et g~eacuteco-romaine

La lecture de ce meacutemoire permettra agrave lentratneur et au professeur de

lutte en fonction du lieu ougrave ils seront affecteacutes dans le territoire

seacuteneacutegalaisdavoir une information sur les techniques contrOles et

formes de corps propres agrave chaque groupe ethnique et de les mettre en

relation avec leurs croyances et leurs mentaliteacutes

Nous avons essayeacute de montrer que la pratique de la lutte traditionnelle

doit tre axeacutee sur une ethnomotriciteacute au Seacuteneacutegal qui permette une inishy

tiation facile Cette pratique de la lutte traditionnelle seacuteneacutegalaise

devra dailleurs essayer de ~eacutepondre aux aspirations du Seacuteneacutegalaisl

moderne en souvrant aux ap~orts positifs des autres civilisations

ex~eacuterieures nous voulons Jvidemment parler du judo et des luttes oiymshyJ

piques 1

1 j Nous navons pas la preacutetentfon dans le cadre de ce meacutemoire demattrise

de reacutepondre agrave toutes les qutstions se rattachant agrave leacutetude de ~a lutte

traditionnelle souslangle~socio-culturel car non seulement il nous

manque lexpeacuterience et la c peacutetence en la mati~re mais aussil l le temps

et les moyens dont nous dis osions ne nous permettaient pas d~puiser le 1sujet i

1 1 1 t 1

l

- )5 shy

BIBLIOGRAPHIE

BIBLIOGRAPHIE

1- CLAPAREDE Psychologie de leacuteducation et peacutedagogie expeacuterimentale

Edition Delachaux et Niestleacute 244 pages

2- POCIELLC Christian Sport et Socieacuteteacute approche socio-culturelle

des pratiques Paris Vigot 1981 377 pages

3- PIERON Henri Vocabulaire de la psychologie

PUF Deuxiegraveme eacutedition 1957 469 pages

4- Revue socialiste de culture neacutegro-africaine ETHIOPIQUES

Les valeurs traditionnelles et le problegraveme de leur inteacutegration

dans les systegravemes modernes deacuteducation

GIA 21 Juillet 1982 213 pages

5- N2 Revue du Centre dEtudedes Civilisations DEM ak TEY

NIS IVegrave Trimestre 1982 96 pages

6- Document lNSEP Colloque sur la lutte aeacuteregravere

DAKAR MAI-JUIN 1980

t 1

~- Travaux du IVegrave Congregraves National ~es Sports agrave DAKAR les 2223041981

Bulletin n2 91 du CIO du 15 Aont 1965

l____________________________

8- Meacutemoire de Mattrise BADJI Abdou La lutte traditionnelle Joola

Etude et perspective

9- Meacutemoire Inspectorat JS DJITTE Mandy Les pratiques corporelles

traditionnelles au Seacuteneacutegal pour leur exploitation et leur

utilisation en peacutedagogie Marly le Roi 1980

REPUBLIQUE DU SENEGAL

--------------- INSTITUT NATIONAL SUPERIEUR

MINISTERE DE LA JEUNESSE DE LrsquoEDUCATION POPULAIRE

ET DES SPORTS ET DU SPORT

-------------

(INSEPS)

MEMOIRE DE MAIcircTRISE

Es-SCIENCES ET TECHNIQUES

DE LrsquoACTIVITE PHYSIQUE ET DU SPORT

LA LUTTE TRADITIONNELLE

son importance sa signification en fonction des ethos et des habitus ethniques au Seacuteneacutegal

Preacutesenteacute par

Monsieur Joseph Victor FAYE

Sous la direction de

M Jean Marc ROCHEZ

Professeur agrave lrsquoINSEPS

Anneacutee de soutenance 1984

- ~ shy

Le recircsultat dE ~os interviews ncus rec~trE qGune pcpulatiD~ divcrsishy

fiampe sint~resse agrave ce sport et qUE les intecircr~[s des uns et d~SlautrE~

semble~t divergents naucuns affirment que la lutte traditionnelle

avec frappe serait monteacutee par des personnes dont la vocation est dexshy

ploiter ce pheacuteLomegravene agrave des fins commerciales Dautres disent gJellegrave

jouit de mcyens irport~nts t[l[~isio

tation etc bullbullbull ) pour toucher toutes les couches sociales CEpe~~a~t

nous remarquons que mecircme si certaines personnes reprochent agrave cette

forme de lutte decirctre brutale ces mecircmes personnes nheacutesitent pas agrave

se rendre le dimanche agrave laregravene Bien que critiqueacutee elle semble ecirctre

adopteacutee par une tregraves grande partie de la population seacuteneacutegalaise Cepenshy

dant en tant que techniciens il nous est permis de faire une remarque

Il sagit de

- Limpression nette decirctre devant des professionnels de la frappe

qui sont ~ntratneacutes pour cela Dailleurs les propos que nous avons

recueilli~ nous prouvent que la plupart des champions de lutte avec 1

frappe s~ntratnent dans certains sports de combat tels ~ue la boxe i 1

le karateacute le judo Dans cette nouvelle forme de pratique de la lutte

contrairefuent agrave la lutte traditionnelle le technicien e~t souvent

perdant face au puncheur Ce dernier adopte une lutte agrave distance qui

lui permet de placer agrave bon escient ses coups animeacute du deacutesir de vaincre

Le technicien lui se voit contreacute dans toutes ses entreprises par

un uppercut ou un crochet

On peut dire cependant que nul sport au Seacuteneacutegal que la lutte tradishy

tionnelle avec frappe ne deacutechaicircne autant de passions et autant de

pheacutenomegravenes poussant agrave lexcegraves et deacutereacuteglements quon ne peut que deacuteplorer

Mais comment deacutecrier un spectacle de lutte qui bien quayant perdu la

presque totaliteacute des valeurs traditionnelles veacutehiculeacutees autrefois par

elle sait susciter une participation effective de tous ceux qui sont

preacutesents

CONCLUSION

Dans ce meacutemoire nous sommes efforceacutes ~e faire ressort ir limportance des

ethos et des habitus et leurs effets sur la pratique de la lutte tradishy

tionnelle au Seacuteneacutegal

L~b egravethos repr~sentent dune maniegravere g~neurorale tous les eacuteleacutements speacutec

fiques sux Seacuteneacutegalais par conampeacuteguent un systegraveme de valeurs traditionnellEs

Mais m~me si ces valeurs rev~tent une signification universelle (honneur

digniteacute courage etc bullbullbull ) il nen demeure pas moins que ce nest pas leur

nature qui fait leur speacutecificiteacute mais la hieacuterarchisation et limportance i

quon accorde agrave toutes ces valeurs de ~ar leacuteducation ou la culture

i 1

Aussi les valeurs traditionnelles puient leur speacutecificiteacute dans les

caracteacuteristiques propres aux eacuteleacutements ~e la socio-cu1ture (la technologie

et leacuteconomie la politique et la pareteacute la psychologie et lideacuteologie)

dans la socieacuteteacute seacuteneacutegalaise agrave n momen donneacute de son eacutevolution Cest i

dire la neacuteceesiteacute de ne point faire della valeur une reacutealiteacute statique

Cest dite aussi quagrave tout mome~t le ~eacuteneacutegalais peut eacutevoluer et creacuteer

ou vivre par conseacutequent de nouv~lles fprmes de valeur qui lui sont 1

propres ft (J)

La lutte traditionnelle veacutehiculant deS valeurs socio-cu1ture1les speacutecishy

fiquement seacuteneacutegalaises (croyances valeurs morales norme de comportement

opinion attitude bullbullbull ) devient un eacuteleacutement important qui tregraves certaiaement

nous aidera dans notre effort de valoriser et de peacuterenniser notre patri shy

moine culturel par le biais dactiviteacutes physiques et sportives

Leacutetude des habitus nous permet de prouver quil y a plusieurs faccedilons

de se mouvoir comme danser lutter bullbullbull qui varient avec les diffeacuterentes

ethnies (wolof toucouleur seacuteregravere diolagt leurs convenances et leurs

eacuteducations

(1) Revue Ethiopiques 31 Les valeurs traditionnelles et le problegraveme de leur inteacutegration dans les systegravemes modernes jtducatio-1 2 6r--70

nautre part cette eacutetude permet aussi de nous rendrE compte de la

correacutelatipn eacutetroite existant entre la pratique de la lutte traditionnelle

et le sta~ut socio-eacuteconomique du pratiquant

Nos inves~igations nous indiquent que la lutte recrute essentiellement

au niveau des classes socio-eacuteconomiques situeacutees en bas de leacutechelle

donc posseacutedant le statut social le moins favoriseacute La lutte avec frappe

-et un certain secteur commercialiseacute de la lutte simple- y trouve sa

leacutegitimiteacute Comme le dit BOURDIEU nA habitus diffeacuterents styles de Vle

divergents et il oppse les pratiques aristocpatiques correspondants agrave

des activiteacutes qui favorisent les situations eupheacutemiseacutees ougrave la stylisashy

tion est importante aux pratiques populaires qui font appel agrave des

qualiteacutes qpposeacutees bllutes rugueuses Certaines interviews nous

montrent que plus lindividu occupe une place eacuteleveacutee dans leacutechelle

sQciale e~ 1

moin$ il sinteacuteresse agrave la lutte

Les reacutesultats recueillis dans nos diverses investig~tions confirment 1 1

1er propos qui disent que nous assistons aujourdhu~ agrave une involution

de la lutte traditionnelle parce que perdant toutes ses speacutecificiteacutes au 1

pryfit d~ne autre forme de lutte que lon continue agrave appeler nostalshy

giqlementIIlutte traditionnelle

Ceci pourrait peut-~tre trouver une explication dan la citation suivante

La liberteacute de creacuteer dinnover de vivre Pleineinenf decirctre soi et de

preacuteserver son authenticiteacute la digniteacute et lhonneu1demeurent des illushy

sions dans la misegravere eacuteconomique~ Nos ancecirctres creacuteai~nt des valeurs de cishyl

vilisation parce quils eacutetaient libres parce qu1i~s ignoraient toute

deacutependance eacuteconomique ils cultivaient en eux et cbez leurs enfants le 1

Jorn et la Kersa et preacutefeacuteraient la mort agrave la hoJte lI (1)

Or le Seacuteneacutegal comme la plupart des pays africainsi est un pays sousshy

deacuteveloppeacute t cependant face agrave cette volonteacute du gou~ernement seacuteneacutegalais

de faire inteacutegrer dans leacuteducation des valeurs traditionnelles nous

pouvons espeacuterer utiliser comme moyen deacuteducation la lutteacute traditionnelle

qui reste quand mecircme vecteur jethos et dhabit~s

- 54 shy

Mecircme si lon a noteacute un appauvrissement notoire sur les plans socioshy

culturel et moral la lutte traditionnelle recegravele une gamme importante

et varieacutee de techniques permettant incontestablement une ouverture vers

les luttes olympiques libre et g~eacuteco-romaine

La lecture de ce meacutemoire permettra agrave lentratneur et au professeur de

lutte en fonction du lieu ougrave ils seront affecteacutes dans le territoire

seacuteneacutegalaisdavoir une information sur les techniques contrOles et

formes de corps propres agrave chaque groupe ethnique et de les mettre en

relation avec leurs croyances et leurs mentaliteacutes

Nous avons essayeacute de montrer que la pratique de la lutte traditionnelle

doit tre axeacutee sur une ethnomotriciteacute au Seacuteneacutegal qui permette une inishy

tiation facile Cette pratique de la lutte traditionnelle seacuteneacutegalaise

devra dailleurs essayer de ~eacutepondre aux aspirations du Seacuteneacutegalaisl

moderne en souvrant aux ap~orts positifs des autres civilisations

ex~eacuterieures nous voulons Jvidemment parler du judo et des luttes oiymshyJ

piques 1

1 j Nous navons pas la preacutetentfon dans le cadre de ce meacutemoire demattrise

de reacutepondre agrave toutes les qutstions se rattachant agrave leacutetude de ~a lutte

traditionnelle souslangle~socio-culturel car non seulement il nous

manque lexpeacuterience et la c peacutetence en la mati~re mais aussil l le temps

et les moyens dont nous dis osions ne nous permettaient pas d~puiser le 1sujet i

1 1 1 t 1

l

- )5 shy

BIBLIOGRAPHIE

BIBLIOGRAPHIE

1- CLAPAREDE Psychologie de leacuteducation et peacutedagogie expeacuterimentale

Edition Delachaux et Niestleacute 244 pages

2- POCIELLC Christian Sport et Socieacuteteacute approche socio-culturelle

des pratiques Paris Vigot 1981 377 pages

3- PIERON Henri Vocabulaire de la psychologie

PUF Deuxiegraveme eacutedition 1957 469 pages

4- Revue socialiste de culture neacutegro-africaine ETHIOPIQUES

Les valeurs traditionnelles et le problegraveme de leur inteacutegration

dans les systegravemes modernes deacuteducation

GIA 21 Juillet 1982 213 pages

5- N2 Revue du Centre dEtudedes Civilisations DEM ak TEY

NIS IVegrave Trimestre 1982 96 pages

6- Document lNSEP Colloque sur la lutte aeacuteregravere

DAKAR MAI-JUIN 1980

t 1

~- Travaux du IVegrave Congregraves National ~es Sports agrave DAKAR les 2223041981

Bulletin n2 91 du CIO du 15 Aont 1965

l____________________________

8- Meacutemoire de Mattrise BADJI Abdou La lutte traditionnelle Joola

Etude et perspective

9- Meacutemoire Inspectorat JS DJITTE Mandy Les pratiques corporelles

traditionnelles au Seacuteneacutegal pour leur exploitation et leur

utilisation en peacutedagogie Marly le Roi 1980

REPUBLIQUE DU SENEGAL

--------------- INSTITUT NATIONAL SUPERIEUR

MINISTERE DE LA JEUNESSE DE LrsquoEDUCATION POPULAIRE

ET DES SPORTS ET DU SPORT

-------------

(INSEPS)

MEMOIRE DE MAIcircTRISE

Es-SCIENCES ET TECHNIQUES

DE LrsquoACTIVITE PHYSIQUE ET DU SPORT

LA LUTTE TRADITIONNELLE

son importance sa signification en fonction des ethos et des habitus ethniques au Seacuteneacutegal

Preacutesenteacute par

Monsieur Joseph Victor FAYE

Sous la direction de

M Jean Marc ROCHEZ

Professeur agrave lrsquoINSEPS

Anneacutee de soutenance 1984

CONCLUSION

Dans ce meacutemoire nous sommes efforceacutes ~e faire ressort ir limportance des

ethos et des habitus et leurs effets sur la pratique de la lutte tradishy

tionnelle au Seacuteneacutegal

L~b egravethos repr~sentent dune maniegravere g~neurorale tous les eacuteleacutements speacutec

fiques sux Seacuteneacutegalais par conampeacuteguent un systegraveme de valeurs traditionnellEs

Mais m~me si ces valeurs rev~tent une signification universelle (honneur

digniteacute courage etc bullbullbull ) il nen demeure pas moins que ce nest pas leur

nature qui fait leur speacutecificiteacute mais la hieacuterarchisation et limportance i

quon accorde agrave toutes ces valeurs de ~ar leacuteducation ou la culture

i 1

Aussi les valeurs traditionnelles puient leur speacutecificiteacute dans les

caracteacuteristiques propres aux eacuteleacutements ~e la socio-cu1ture (la technologie

et leacuteconomie la politique et la pareteacute la psychologie et lideacuteologie)

dans la socieacuteteacute seacuteneacutegalaise agrave n momen donneacute de son eacutevolution Cest i

dire la neacuteceesiteacute de ne point faire della valeur une reacutealiteacute statique

Cest dite aussi quagrave tout mome~t le ~eacuteneacutegalais peut eacutevoluer et creacuteer

ou vivre par conseacutequent de nouv~lles fprmes de valeur qui lui sont 1

propres ft (J)

La lutte traditionnelle veacutehiculant deS valeurs socio-cu1ture1les speacutecishy

fiquement seacuteneacutegalaises (croyances valeurs morales norme de comportement

opinion attitude bullbullbull ) devient un eacuteleacutement important qui tregraves certaiaement

nous aidera dans notre effort de valoriser et de peacuterenniser notre patri shy

moine culturel par le biais dactiviteacutes physiques et sportives

Leacutetude des habitus nous permet de prouver quil y a plusieurs faccedilons

de se mouvoir comme danser lutter bullbullbull qui varient avec les diffeacuterentes

ethnies (wolof toucouleur seacuteregravere diolagt leurs convenances et leurs

eacuteducations

(1) Revue Ethiopiques 31 Les valeurs traditionnelles et le problegraveme de leur inteacutegration dans les systegravemes modernes jtducatio-1 2 6r--70

nautre part cette eacutetude permet aussi de nous rendrE compte de la

correacutelatipn eacutetroite existant entre la pratique de la lutte traditionnelle

et le sta~ut socio-eacuteconomique du pratiquant

Nos inves~igations nous indiquent que la lutte recrute essentiellement

au niveau des classes socio-eacuteconomiques situeacutees en bas de leacutechelle

donc posseacutedant le statut social le moins favoriseacute La lutte avec frappe

-et un certain secteur commercialiseacute de la lutte simple- y trouve sa

leacutegitimiteacute Comme le dit BOURDIEU nA habitus diffeacuterents styles de Vle

divergents et il oppse les pratiques aristocpatiques correspondants agrave

des activiteacutes qui favorisent les situations eupheacutemiseacutees ougrave la stylisashy

tion est importante aux pratiques populaires qui font appel agrave des

qualiteacutes qpposeacutees bllutes rugueuses Certaines interviews nous

montrent que plus lindividu occupe une place eacuteleveacutee dans leacutechelle

sQciale e~ 1

moin$ il sinteacuteresse agrave la lutte

Les reacutesultats recueillis dans nos diverses investig~tions confirment 1 1

1er propos qui disent que nous assistons aujourdhu~ agrave une involution

de la lutte traditionnelle parce que perdant toutes ses speacutecificiteacutes au 1

pryfit d~ne autre forme de lutte que lon continue agrave appeler nostalshy

giqlementIIlutte traditionnelle

Ceci pourrait peut-~tre trouver une explication dan la citation suivante

La liberteacute de creacuteer dinnover de vivre Pleineinenf decirctre soi et de

preacuteserver son authenticiteacute la digniteacute et lhonneu1demeurent des illushy

sions dans la misegravere eacuteconomique~ Nos ancecirctres creacuteai~nt des valeurs de cishyl

vilisation parce quils eacutetaient libres parce qu1i~s ignoraient toute

deacutependance eacuteconomique ils cultivaient en eux et cbez leurs enfants le 1

Jorn et la Kersa et preacutefeacuteraient la mort agrave la hoJte lI (1)

Or le Seacuteneacutegal comme la plupart des pays africainsi est un pays sousshy

deacuteveloppeacute t cependant face agrave cette volonteacute du gou~ernement seacuteneacutegalais

de faire inteacutegrer dans leacuteducation des valeurs traditionnelles nous

pouvons espeacuterer utiliser comme moyen deacuteducation la lutteacute traditionnelle

qui reste quand mecircme vecteur jethos et dhabit~s

- 54 shy

Mecircme si lon a noteacute un appauvrissement notoire sur les plans socioshy

culturel et moral la lutte traditionnelle recegravele une gamme importante

et varieacutee de techniques permettant incontestablement une ouverture vers

les luttes olympiques libre et g~eacuteco-romaine

La lecture de ce meacutemoire permettra agrave lentratneur et au professeur de

lutte en fonction du lieu ougrave ils seront affecteacutes dans le territoire

seacuteneacutegalaisdavoir une information sur les techniques contrOles et

formes de corps propres agrave chaque groupe ethnique et de les mettre en

relation avec leurs croyances et leurs mentaliteacutes

Nous avons essayeacute de montrer que la pratique de la lutte traditionnelle

doit tre axeacutee sur une ethnomotriciteacute au Seacuteneacutegal qui permette une inishy

tiation facile Cette pratique de la lutte traditionnelle seacuteneacutegalaise

devra dailleurs essayer de ~eacutepondre aux aspirations du Seacuteneacutegalaisl

moderne en souvrant aux ap~orts positifs des autres civilisations

ex~eacuterieures nous voulons Jvidemment parler du judo et des luttes oiymshyJ

piques 1

1 j Nous navons pas la preacutetentfon dans le cadre de ce meacutemoire demattrise

de reacutepondre agrave toutes les qutstions se rattachant agrave leacutetude de ~a lutte

traditionnelle souslangle~socio-culturel car non seulement il nous

manque lexpeacuterience et la c peacutetence en la mati~re mais aussil l le temps

et les moyens dont nous dis osions ne nous permettaient pas d~puiser le 1sujet i

1 1 1 t 1

l

- )5 shy

BIBLIOGRAPHIE

BIBLIOGRAPHIE

1- CLAPAREDE Psychologie de leacuteducation et peacutedagogie expeacuterimentale

Edition Delachaux et Niestleacute 244 pages

2- POCIELLC Christian Sport et Socieacuteteacute approche socio-culturelle

des pratiques Paris Vigot 1981 377 pages

3- PIERON Henri Vocabulaire de la psychologie

PUF Deuxiegraveme eacutedition 1957 469 pages

4- Revue socialiste de culture neacutegro-africaine ETHIOPIQUES

Les valeurs traditionnelles et le problegraveme de leur inteacutegration

dans les systegravemes modernes deacuteducation

GIA 21 Juillet 1982 213 pages

5- N2 Revue du Centre dEtudedes Civilisations DEM ak TEY

NIS IVegrave Trimestre 1982 96 pages

6- Document lNSEP Colloque sur la lutte aeacuteregravere

DAKAR MAI-JUIN 1980

t 1

~- Travaux du IVegrave Congregraves National ~es Sports agrave DAKAR les 2223041981

Bulletin n2 91 du CIO du 15 Aont 1965

l____________________________

8- Meacutemoire de Mattrise BADJI Abdou La lutte traditionnelle Joola

Etude et perspective

9- Meacutemoire Inspectorat JS DJITTE Mandy Les pratiques corporelles

traditionnelles au Seacuteneacutegal pour leur exploitation et leur

utilisation en peacutedagogie Marly le Roi 1980

REPUBLIQUE DU SENEGAL

--------------- INSTITUT NATIONAL SUPERIEUR

MINISTERE DE LA JEUNESSE DE LrsquoEDUCATION POPULAIRE

ET DES SPORTS ET DU SPORT

-------------

(INSEPS)

MEMOIRE DE MAIcircTRISE

Es-SCIENCES ET TECHNIQUES

DE LrsquoACTIVITE PHYSIQUE ET DU SPORT

LA LUTTE TRADITIONNELLE

son importance sa signification en fonction des ethos et des habitus ethniques au Seacuteneacutegal

Preacutesenteacute par

Monsieur Joseph Victor FAYE

Sous la direction de

M Jean Marc ROCHEZ

Professeur agrave lrsquoINSEPS

Anneacutee de soutenance 1984

nautre part cette eacutetude permet aussi de nous rendrE compte de la

correacutelatipn eacutetroite existant entre la pratique de la lutte traditionnelle

et le sta~ut socio-eacuteconomique du pratiquant

Nos inves~igations nous indiquent que la lutte recrute essentiellement

au niveau des classes socio-eacuteconomiques situeacutees en bas de leacutechelle

donc posseacutedant le statut social le moins favoriseacute La lutte avec frappe

-et un certain secteur commercialiseacute de la lutte simple- y trouve sa

leacutegitimiteacute Comme le dit BOURDIEU nA habitus diffeacuterents styles de Vle

divergents et il oppse les pratiques aristocpatiques correspondants agrave

des activiteacutes qui favorisent les situations eupheacutemiseacutees ougrave la stylisashy

tion est importante aux pratiques populaires qui font appel agrave des

qualiteacutes qpposeacutees bllutes rugueuses Certaines interviews nous

montrent que plus lindividu occupe une place eacuteleveacutee dans leacutechelle

sQciale e~ 1

moin$ il sinteacuteresse agrave la lutte

Les reacutesultats recueillis dans nos diverses investig~tions confirment 1 1

1er propos qui disent que nous assistons aujourdhu~ agrave une involution

de la lutte traditionnelle parce que perdant toutes ses speacutecificiteacutes au 1

pryfit d~ne autre forme de lutte que lon continue agrave appeler nostalshy

giqlementIIlutte traditionnelle

Ceci pourrait peut-~tre trouver une explication dan la citation suivante

La liberteacute de creacuteer dinnover de vivre Pleineinenf decirctre soi et de

preacuteserver son authenticiteacute la digniteacute et lhonneu1demeurent des illushy

sions dans la misegravere eacuteconomique~ Nos ancecirctres creacuteai~nt des valeurs de cishyl

vilisation parce quils eacutetaient libres parce qu1i~s ignoraient toute

deacutependance eacuteconomique ils cultivaient en eux et cbez leurs enfants le 1

Jorn et la Kersa et preacutefeacuteraient la mort agrave la hoJte lI (1)

Or le Seacuteneacutegal comme la plupart des pays africainsi est un pays sousshy

deacuteveloppeacute t cependant face agrave cette volonteacute du gou~ernement seacuteneacutegalais

de faire inteacutegrer dans leacuteducation des valeurs traditionnelles nous

pouvons espeacuterer utiliser comme moyen deacuteducation la lutteacute traditionnelle

qui reste quand mecircme vecteur jethos et dhabit~s

- 54 shy

Mecircme si lon a noteacute un appauvrissement notoire sur les plans socioshy

culturel et moral la lutte traditionnelle recegravele une gamme importante

et varieacutee de techniques permettant incontestablement une ouverture vers

les luttes olympiques libre et g~eacuteco-romaine

La lecture de ce meacutemoire permettra agrave lentratneur et au professeur de

lutte en fonction du lieu ougrave ils seront affecteacutes dans le territoire

seacuteneacutegalaisdavoir une information sur les techniques contrOles et

formes de corps propres agrave chaque groupe ethnique et de les mettre en

relation avec leurs croyances et leurs mentaliteacutes

Nous avons essayeacute de montrer que la pratique de la lutte traditionnelle

doit tre axeacutee sur une ethnomotriciteacute au Seacuteneacutegal qui permette une inishy

tiation facile Cette pratique de la lutte traditionnelle seacuteneacutegalaise

devra dailleurs essayer de ~eacutepondre aux aspirations du Seacuteneacutegalaisl

moderne en souvrant aux ap~orts positifs des autres civilisations

ex~eacuterieures nous voulons Jvidemment parler du judo et des luttes oiymshyJ

piques 1

1 j Nous navons pas la preacutetentfon dans le cadre de ce meacutemoire demattrise

de reacutepondre agrave toutes les qutstions se rattachant agrave leacutetude de ~a lutte

traditionnelle souslangle~socio-culturel car non seulement il nous

manque lexpeacuterience et la c peacutetence en la mati~re mais aussil l le temps

et les moyens dont nous dis osions ne nous permettaient pas d~puiser le 1sujet i

1 1 1 t 1

l

- )5 shy

BIBLIOGRAPHIE

BIBLIOGRAPHIE

1- CLAPAREDE Psychologie de leacuteducation et peacutedagogie expeacuterimentale

Edition Delachaux et Niestleacute 244 pages

2- POCIELLC Christian Sport et Socieacuteteacute approche socio-culturelle

des pratiques Paris Vigot 1981 377 pages

3- PIERON Henri Vocabulaire de la psychologie

PUF Deuxiegraveme eacutedition 1957 469 pages

4- Revue socialiste de culture neacutegro-africaine ETHIOPIQUES

Les valeurs traditionnelles et le problegraveme de leur inteacutegration

dans les systegravemes modernes deacuteducation

GIA 21 Juillet 1982 213 pages

5- N2 Revue du Centre dEtudedes Civilisations DEM ak TEY

NIS IVegrave Trimestre 1982 96 pages

6- Document lNSEP Colloque sur la lutte aeacuteregravere

DAKAR MAI-JUIN 1980

t 1

~- Travaux du IVegrave Congregraves National ~es Sports agrave DAKAR les 2223041981

Bulletin n2 91 du CIO du 15 Aont 1965

l____________________________

8- Meacutemoire de Mattrise BADJI Abdou La lutte traditionnelle Joola

Etude et perspective

9- Meacutemoire Inspectorat JS DJITTE Mandy Les pratiques corporelles

traditionnelles au Seacuteneacutegal pour leur exploitation et leur

utilisation en peacutedagogie Marly le Roi 1980

REPUBLIQUE DU SENEGAL

--------------- INSTITUT NATIONAL SUPERIEUR

MINISTERE DE LA JEUNESSE DE LrsquoEDUCATION POPULAIRE

ET DES SPORTS ET DU SPORT

-------------

(INSEPS)

MEMOIRE DE MAIcircTRISE

Es-SCIENCES ET TECHNIQUES

DE LrsquoACTIVITE PHYSIQUE ET DU SPORT

LA LUTTE TRADITIONNELLE

son importance sa signification en fonction des ethos et des habitus ethniques au Seacuteneacutegal

Preacutesenteacute par

Monsieur Joseph Victor FAYE

Sous la direction de

M Jean Marc ROCHEZ

Professeur agrave lrsquoINSEPS

Anneacutee de soutenance 1984

- 54 shy

Mecircme si lon a noteacute un appauvrissement notoire sur les plans socioshy

culturel et moral la lutte traditionnelle recegravele une gamme importante

et varieacutee de techniques permettant incontestablement une ouverture vers

les luttes olympiques libre et g~eacuteco-romaine

La lecture de ce meacutemoire permettra agrave lentratneur et au professeur de

lutte en fonction du lieu ougrave ils seront affecteacutes dans le territoire

seacuteneacutegalaisdavoir une information sur les techniques contrOles et

formes de corps propres agrave chaque groupe ethnique et de les mettre en

relation avec leurs croyances et leurs mentaliteacutes

Nous avons essayeacute de montrer que la pratique de la lutte traditionnelle

doit tre axeacutee sur une ethnomotriciteacute au Seacuteneacutegal qui permette une inishy

tiation facile Cette pratique de la lutte traditionnelle seacuteneacutegalaise

devra dailleurs essayer de ~eacutepondre aux aspirations du Seacuteneacutegalaisl

moderne en souvrant aux ap~orts positifs des autres civilisations

ex~eacuterieures nous voulons Jvidemment parler du judo et des luttes oiymshyJ

piques 1

1 j Nous navons pas la preacutetentfon dans le cadre de ce meacutemoire demattrise

de reacutepondre agrave toutes les qutstions se rattachant agrave leacutetude de ~a lutte

traditionnelle souslangle~socio-culturel car non seulement il nous

manque lexpeacuterience et la c peacutetence en la mati~re mais aussil l le temps

et les moyens dont nous dis osions ne nous permettaient pas d~puiser le 1sujet i

1 1 1 t 1

l

- )5 shy

BIBLIOGRAPHIE

BIBLIOGRAPHIE

1- CLAPAREDE Psychologie de leacuteducation et peacutedagogie expeacuterimentale

Edition Delachaux et Niestleacute 244 pages

2- POCIELLC Christian Sport et Socieacuteteacute approche socio-culturelle

des pratiques Paris Vigot 1981 377 pages

3- PIERON Henri Vocabulaire de la psychologie

PUF Deuxiegraveme eacutedition 1957 469 pages

4- Revue socialiste de culture neacutegro-africaine ETHIOPIQUES

Les valeurs traditionnelles et le problegraveme de leur inteacutegration

dans les systegravemes modernes deacuteducation

GIA 21 Juillet 1982 213 pages

5- N2 Revue du Centre dEtudedes Civilisations DEM ak TEY

NIS IVegrave Trimestre 1982 96 pages

6- Document lNSEP Colloque sur la lutte aeacuteregravere

DAKAR MAI-JUIN 1980

t 1

~- Travaux du IVegrave Congregraves National ~es Sports agrave DAKAR les 2223041981

Bulletin n2 91 du CIO du 15 Aont 1965

l____________________________

8- Meacutemoire de Mattrise BADJI Abdou La lutte traditionnelle Joola

Etude et perspective

9- Meacutemoire Inspectorat JS DJITTE Mandy Les pratiques corporelles

traditionnelles au Seacuteneacutegal pour leur exploitation et leur

utilisation en peacutedagogie Marly le Roi 1980

REPUBLIQUE DU SENEGAL

--------------- INSTITUT NATIONAL SUPERIEUR

MINISTERE DE LA JEUNESSE DE LrsquoEDUCATION POPULAIRE

ET DES SPORTS ET DU SPORT

-------------

(INSEPS)

MEMOIRE DE MAIcircTRISE

Es-SCIENCES ET TECHNIQUES

DE LrsquoACTIVITE PHYSIQUE ET DU SPORT

LA LUTTE TRADITIONNELLE

son importance sa signification en fonction des ethos et des habitus ethniques au Seacuteneacutegal

Preacutesenteacute par

Monsieur Joseph Victor FAYE

Sous la direction de

M Jean Marc ROCHEZ

Professeur agrave lrsquoINSEPS

Anneacutee de soutenance 1984

- )5 shy

BIBLIOGRAPHIE

BIBLIOGRAPHIE

1- CLAPAREDE Psychologie de leacuteducation et peacutedagogie expeacuterimentale

Edition Delachaux et Niestleacute 244 pages

2- POCIELLC Christian Sport et Socieacuteteacute approche socio-culturelle

des pratiques Paris Vigot 1981 377 pages

3- PIERON Henri Vocabulaire de la psychologie

PUF Deuxiegraveme eacutedition 1957 469 pages

4- Revue socialiste de culture neacutegro-africaine ETHIOPIQUES

Les valeurs traditionnelles et le problegraveme de leur inteacutegration

dans les systegravemes modernes deacuteducation

GIA 21 Juillet 1982 213 pages

5- N2 Revue du Centre dEtudedes Civilisations DEM ak TEY

NIS IVegrave Trimestre 1982 96 pages

6- Document lNSEP Colloque sur la lutte aeacuteregravere

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~- Travaux du IVegrave Congregraves National ~es Sports agrave DAKAR les 2223041981

Bulletin n2 91 du CIO du 15 Aont 1965

l____________________________

8- Meacutemoire de Mattrise BADJI Abdou La lutte traditionnelle Joola

Etude et perspective

9- Meacutemoire Inspectorat JS DJITTE Mandy Les pratiques corporelles

traditionnelles au Seacuteneacutegal pour leur exploitation et leur

utilisation en peacutedagogie Marly le Roi 1980

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Preacutesenteacute par

Monsieur Joseph Victor FAYE

Sous la direction de

M Jean Marc ROCHEZ

Professeur agrave lrsquoINSEPS

Anneacutee de soutenance 1984

BIBLIOGRAPHIE

1- CLAPAREDE Psychologie de leacuteducation et peacutedagogie expeacuterimentale

Edition Delachaux et Niestleacute 244 pages

2- POCIELLC Christian Sport et Socieacuteteacute approche socio-culturelle

des pratiques Paris Vigot 1981 377 pages

3- PIERON Henri Vocabulaire de la psychologie

PUF Deuxiegraveme eacutedition 1957 469 pages

4- Revue socialiste de culture neacutegro-africaine ETHIOPIQUES

Les valeurs traditionnelles et le problegraveme de leur inteacutegration

dans les systegravemes modernes deacuteducation

GIA 21 Juillet 1982 213 pages

5- N2 Revue du Centre dEtudedes Civilisations DEM ak TEY

NIS IVegrave Trimestre 1982 96 pages

6- Document lNSEP Colloque sur la lutte aeacuteregravere

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Bulletin n2 91 du CIO du 15 Aont 1965

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8- Meacutemoire de Mattrise BADJI Abdou La lutte traditionnelle Joola

Etude et perspective

9- Meacutemoire Inspectorat JS DJITTE Mandy Les pratiques corporelles

traditionnelles au Seacuteneacutegal pour leur exploitation et leur

utilisation en peacutedagogie Marly le Roi 1980

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ET DES SPORTS ET DU SPORT

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DE LrsquoACTIVITE PHYSIQUE ET DU SPORT

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Preacutesenteacute par

Monsieur Joseph Victor FAYE

Sous la direction de

M Jean Marc ROCHEZ

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