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REPUBLIQUE DU SENEGAL --------------shy INSTITUT NATIONAL SUPERIEUR
MINISTERE DE LA JEUNESSE DE LrsquoEDUCATION POPULAIRE
ET DES SPORTS ET DU SPORT
------------shy
(INSEPS)
MEMOIRE DE MAIcircTRISE Es-SCIENCES ET TECHNIQUES
DE LrsquoACTIVITE PHYSIQUE ET DU SPORT
LA LUTTE TRADITIONNELLE son importance sa signification en fonction des
ethos et des habitus ethniques au Seacuteneacutegal
Preacutesenteacute par
Monsieur Joseph Victor FAYE
Sous la direction de M Jean Marc ROCHEZ
Professeur agrave lrsquoINSEPS
Anneacutee de soutenance 1984
L6UQJE OU SENE3AL
LA LUTTE TRADITIONNELLE SON IMPORTANCE 1 SA SIGNIFICATION EN FONCTION
DES ITHOS ET DES HABITUS ETHNIQUES AU SENEGAL
ANNEE CIVILE DE SOUTENANCE 1984
Joseph Victor FAYE MEMOIRE DE MAITRISE
ES SCIENCES TECHNIQUES DE L ACTIVITE PHYSIQUE
ET DE SPORT
D E DIe ACE --00--00--00-shy
Je deacutedie ce meacutemoire
agrave ma grand-megravere Louise Marie SOKHNA
agrave mes parents Jean et Francisca FAYE
agrave mes fregraveres et soeurs et plus particuliegraverement agrave ma femme
et ma fille bien aimeacutees Lala Khadidja et Feacuteliciteacute FAYE
-----shy
REMERCIEMENTS
Mes vifs remerciements agrave M Jean Marc ROCHEZ qui maura beaucoup
aideacute dans la confection de ce meacutemoire
Je remercie tregraves sincegraverement M YADE Directeur Technique de
lEquipe Nationale t1essieurs Abdou BADJI Kory SARR Djibril SECK
tous professeurs dEPS M Julien DAl-fIEN 1me Simone DAROZA
-Hle Marie DIEllE et tous ces speacutecialistes qui auront contliibueacute de
pres ou de loin agrave mes travaux
so IYPORA~CE SA SIGIFICATION E~ FONCTlOl
DES ETHOS ET DES HABITUS ETHNIQVE~ AD SENEGAL
SOM MAI R E Pages
1 INTRODUCTIO~ ---------------------------------------- shy
II QUELQUES NOTIONS DE SOCIOLOGIE POUR UNE MEILLEURE
COMPREHENSION DE LA LUTTE TRADITIONNELLE ------------- 5
- Habitus et techniques du corps --------------------- 5
- Habitus de classe et style de vie ------------------ 6
- Ethnomotriciteacute ------------------------------------- 7 - Analy~~ des demandes sociales en matiegravere
de pratique des sports de combat ------------------- 8
Judo --------------------------------------------- 9 Lutte libre traditionnelle ----------------------- 10 ft Lutte olympique ---------~------------------------ 10 Boxe anglaise ------------------------------------ Il ft Karateacute ------------------------------------------- II Lutte traditionllelle avec frappe ------------------ 11
III DIVERSITE ETHNIQUE - PLURALITE DES STYLES DE LUTTE --- 16
31 LA COMMUNAUTE DIOLA ----------------------------- 16
311 Preacutesentation ----------------------------- 16 312 Quelques aspects de leacuteducation
et des rites en milieu diola ------------- 17
313 Croyances et pratiques mystiques --------- 19
314 Impact des moeurs sur la pratique
de la lutte diola 20
32 LA COMMUNAUTE WOLOF ----------------------------- 24
321 Preacutesentation ----------------------------- 24 322 Les moeurs ~t les croyancEs wolof -------- 24
323 Leacuteducation d~ w810f --------------------- 26
32~ Incidences des ~~~urs s~r l~ l~tte ------- 28
tiques physiques du lutr~uT wolof -------shy 31
33 LA CO~GAUTE SERERE ---------------------------shy
331 Preacutesentation ----------------------------shy332 Leacuteducation les moeurs lES crOyanCES
et les pratiqUES seacuteregraverc -----------------shy
333 impact des ethos sur la lutte
dans le monde seacuteregravere --------------------shy
334 Le profil du lutteur seacuteregravere -------------shy
335 Comportement et attitude du lutteur seacuteregravere
336 La tenue du lutteur ou Ngimbe ---------shy
337 Larbitrage -----------------------------shy
3~
37
38
40
40
41
34 LA COMMUNAUTE TOUCOULEUR -----------------------shy
341 Preacutesentation ----------------------------shy342 Education moeurs croyances
et pratiques religieuses ----------------shy343 Activiteacutes ludiques et pratiques
sportives en milieu toucouleur ----------shy
344 Profil psychologique --------------------shy
42
43
~S
47
35 CONCLUSION -------------------------------------shy 48
IV AUJOURDHUI VERS DE NOUVELLES FORMES DE LUTTES ------shy
41 LA LUTTE TRADITIONNELLE AVEC FRAPPE ------------shy 50
V CONCLUSION ------------------------------------------shy
ln LI) 1 5 L bull 0 G R A PHI E -------------------------shy
52
Ce ~eacutemoire est une riflexion 3ur la lutte car ~lie apparatt sur le
continent africai~comme un phinomegravene social important Elle le doit
sans doute au fait que depuis le fond des temps elle est itroitement
associeacutee agrave la vie de lhomme Or en deacutecouvrant ses vestiges du passeacute
lAfrique confirme lhypothegravese d~tre le berceau de lhumaniteacute Il en
reacutesulte que sur ce continent la lutte y possegravede une longue tradition
et serait-il paradoxal de preacutetendre que lAfrique a acquis le besoin
de lutter qui cherche agrave se satisfaire selon des moyens congeacutenitaux
cest dans cette perspectiveque nOus approcherons la LUTTE SENEGALAISE
car il est admis que la preacutesence de lHomo-Sapiens en Afriquecircde lOues
remonte agrave plus de 10000 ans Autrement dit nos anc~tres ont reccedilu
lhistoire de la lutte et sa longue eacutevolution lieacutee agrave celle de la civili
sat ion
Nos premiers anctres pratiquegraverent la lutte utilitaire celle dont la
possession eacutetait neacutecessaire pour survivre dans un milieu hostile et
inquieacutetant agrave la fois pour se nourrir et pour se deacutefendre
En se regroupant en clans et tribus nos anc~tres modifiaient radicaleshy
ment leurs conditions dexistence certes ils eacutetaient mieux agrave
mme dassurer leurs besoins vitaux mais ils devaient faire face aux
rivaliteacutes qui ne manquegraverent pas de surgir entre les diffeacuterents groupes
Cette installation dun eacutetat endeacutemique de guerres ougrave le but eacutetait de
soumettre et de ravir ou de se libeacuterer et de reacutecupeacuterer transforma la
lutte en activiteacute martiale Ainsi se deacuteveloppa la science du combat agrave
mains nues celle qui permet de deviner lautre et de le surprendre en
deacutecidant et agissant plus rapidement que lui Mais il ny a pas si long
temps le corps agrave corps eacutetait leacutepisode deacutecisif de toute bataille
Gagnant en sagesse et en technique nos anc~tres saperccedilurent quil
existait dautres modes de vie que celle de vivre aux deacutepens de ses
semblables et progressivementiles temps de paix prirent le pas sur les
temps de guerre La lutte en perdant son utiliteacute ~ais non sa fonction
devint lobjet dlun rite initiatique Il eacutetait du devoir des anciens de
- ~
d~tre en mesure dassurer acirc 1 ur tour Id protection du ~roupe En
deve~ant contenu denseignement la lutte ecircvoluait acirc nouveau Elle
perdit son caract~re preacutepa=atoi=e et devenait ~ctivit~ d~ c0~pensa-
tion (1) Au-delagrave des techniques de mise hors combat qui devaient se
deacutepouiller de leur violence et des risques de dommages corporels on
visait une action formatrice sous un triple aspect physique caracshy
teacuteriel et moral
Puis survint le temps de paix durable celui ougrave leacutenergie eacutetait
essentiellement consacreacutee agrave produire des biens pour sa collectiviteacute
dappartenance Deacutesormais lhomme eacutequilibrait sa vie entre le travail
le repos et le divertissement Cest ainsi que la lutte se retrouva au
coeur des reacutejouissances populaires En se faisant ludique celle ougrave
lon joue agrave mesurer sa force sa ruse son agiliteacute sa bravoure bullbullbull La
lutte se speacutecifiait agrave nouveau en simbriquant aux moeurs aux coutumes
et aux croyances
Cette longue histoire commune du neacutegro africain et de la lutte expliqUE
qUegravecette derniegravere fait partie des traditions auxquelles il est le plu
attacheacute et ort heacutesite pas agrave parler de sport national mecircme quand elle
doit ceacuteder en populariteacute devant le foot-baIl
En Afrique toute activiteacute physique veacutehicule un message et la lutte
traditionnelle elle aussi se trouve impreacutegneacutee de valeurs socio-cultushy
relIes et il arrive quon lui assigne de les veacutehiculer et de les trans~
mettre Parler de lutte en Afrique deacutecouvrir sa signification et comshy
prendre son histoire consiste agrave montrer quelle participe aux eacutethos et
habitus de groupe comme nous proposons de le faire
(1) - CARR The survival values of play citeacute par CIAPAREDE dans Psychologie de lEducation et Peacutedagogie Expeacuterimentale Edition Delachaux et Niestle (244 pages)
iotre reacuteflexion se ci-conscrird au S-~sJl -t mecircle si le peuple
seacuteneacutegalais est o-igilaire de la volonteacute cocnmune due dizaine deacutethries
de vivre ensemble ~ous nous limitert~s 1 analyser les rapports quentr
tiennent les quatre grands groupes diola seacuteregravere toucouleur et wolo
et les styles de lutte correspondant
Nous entendons veacuterifier lhypothegravese quaux particulariteacutes ethniques
(mode de vie coutumes rites et croyances) correspondent des particushy
lariteacutes de lutte (signification valeacuteurs veacutehiculeacutees mode de pratique
regravegles dorganisation bullbullbull )
Ce meacutemoire consiste agrave reacutealiser une approche socio-culturelle du pheacutenomegravel
lutte en Afrique avec le secret espoir quil puisse servir de preacuteface
agrave lhistoire des diffeacuterents styles reacutegionaux que dautres ont commenceacute
agrave eacutecrire
gt Si nous devions justifier le choix dun tel sujet t tous les arguments
se regrouperaient autour dune meurome motivation recouvrir notre authenmiddot
ticiteacute
En premier lieu parce que nous adheacuterons totalement agrave ce souhait des
Pouvoirs Publics de mettre laccent sur une eacuteducation physique et spormiddot
tive qui tout en souvrant aux appels feacutecondants de la techniques
fondera son action dans les valeurs traditionnelles du pays La lutte el
tant que pratique eacuteducative et manifestation dessence collective est
bien placeacutee pour justifier cette tendance
Elle reacutepond aux aspirations dune eacuteducation physique et sportive qui
veut creacuteer les conditions de son deacuteveloppement et de qUumlI i~ertion dans
les habitudes sociales des populationsff(l)
(1) Travaux du IV~ C~n-r~s Sports de 2223 Avril 1981
WotrQ CCYVcftOl de llnteacute~t JiU W sectU~ e6t ~~pu_~ deacuteclarations de 2rsonnaliceacutes du monde sportif lLrlsi ce Ii1essage agrave lir shy
tention des dirig~ants africains
-ous ~ T beaucoup agrave apprendre de eus ous qui sans
cesse davantage oublions que leacutequilibre de lhomme veuc
quiL sinscrive harmonieusement t aussi bien dans la nature
que dans la civilisation deacutecouvrons que les Atricains nont
pas eacuteteacute initieacutes aux principes du sport et ses vertus au
contraire de maints pays europeacuteens par exemple aupregraves desquels
tout ou presque est agrave retaire agrave chaque geacuten~ration Lexercie
physique tait partie de la vie atricaine il est moyen de commushy
nication et de locomotion- (1)
Or la lutte constitue par excellence ce Veacutecu moteur que nous t1ansshy
mettons de geacuteneacuteration en geacuterieacuteration et ce patrimoine doit survivre agrave
toutes les agravegressions or iginaires dautres modes de civilisation dont
certains effets ne manquent pas de se faire sentir sur le devenir de la
lutte traditionnelle
A la preacuteoccupation de preacuteserver notre authenticiteacute sajoute celle den
assurer la deacutefense
Aussi au-delagrave de nOs analyses destineacutees agrave eacutetablir les rapports entre
modes de vie et styles de lutte nous nous poserons le problegraveme dune
codification objective de la lutte traditionnelle constituant la mise
en communauteacute des apports pertinents de chaque style reacutegional Ce style
national apparatt indispensable en raison de lavegravenement prochain dune
socieacuteteacute seacuteneacutegalaise nouvelle qui ne peut se b~tir que par un partiel
renoncement au passeacute et son contenu (2)
Enfin nous voulons faire partager notre ~nthousiasme gagner agrave notre
cause eacuteducateurs entratneurs de lutte les amener agrave reacutefleacutechir sur leur
pratique et peut-~tre les aider agrave tnseigner avec plus de coheacuterence cette
discipline pour le plus grand bien de notre jeunesse
(1) Bulletin n 91 du CIO du 15 AoOt 1965 - Page 15
(2) Cette preacuteoccupation semble ecirctre partageacutee par de nombreux pays afri shycains ougrave la lutte est de tradition on y pressent quagrave de nouveaux types de socieacuteteacute doit correspondre de nouveaux hlbitus En conseacutequence la lutte doit eacutevoluer Darlllegrave~1e1t SO3 pine d amptre in~niaterpnt l~l~dJl-J~ (Sw~JL~c~ ~ - 13 P~v~~L)ti-~l j Ld L~t~ cr~lJit0nn~l12
otgalisecirce pH la cmFJS - iJAKAR - lai ~~)
-5shy
II QUELQUES NOTIONS DE SOCIOLOGIE POUR UBE MEILLEUR~
COMPREHENSION DE LA LUTTE TRADITIONNELLE
Essayons dexpliquer simplement les termes ETROS et HABITUS et
ETHNOMOTRICITE pour la clarteacute de notre deacutemarche
ETROS dans sa deacutefinition premiegravere veut dire en parlant dun individu
lice qui distingue cet individu des autres (1)
En eacutetudiant cette signification dans le cadre de la sociologie on
entendra par eacutethos ethnique (eacuteducation croyance rite etc bullbullbull ) lenshy
semble des caracteacuteristiques dune communauteacute sociale
HABITUS QCe sont les habitudes et attitudes socialement acquises qui
sous-tendent et preacute-deacuteterminent partiellement les faccedilons de penser de
sentir dagir de tout individu et traduisent notamment le rapport quil
entretient avec son corps (2)
Dans le cadre de ce meacutemoire nous allons essayer de faire une approche
de la lutte traditionnelle sous deux angles dabord en leacutetudiant comme
habitus en tant que technique du corps et ensuite COmme habitus de classe
fonction du style de vie des individus et nous nous proposons dans cette~gt
partie de deacutefinir ces deux notions dhabitus
Marcel MAUSS dans une viseacutee anthropologique emploie ce terme dune maniegravere
tregraves large pour rendre compte des faccedilons dont les hommes socieacuteteacute par
socieacuteteacute dune faccedilon traditionnelle savent se servir de leur corps Ces
habitudes varient avec les individus et leur imitations elles varient surshy
tout avec les socieacuteteacutes les eacuteducations les convenances et les modes les
prestiges
Analysant de multiples techniques du corpsll la marche la course la nage
le beacutechage le saut la danse et toutes les techniques corporelles en geacuteneacuteshy
ral (techniques alimentaires sexuelles de soins de repos bullbullbull ) MAUSS
insiste sur le fait que celles-ci ne sont pas naturelles mais acquises
(1) PIERON Henri Vocabulaire de la psychologie 2egraveme eacutedition revue et augmenteacutee PUF 1957 page Ill
(2) POCIELLO Christian Sport et Socieacuteteacute Approche sodo-culturelledeacutell pratiques Paris Vigot 1981 pages 78-79
La notion dethnomotriciteacute part dune constatation
- la grande diversiteacute des caracteacuteristiques preacutesenteacutees par les pratiques
corporelles en fonction de leacutepoque du lieu des groupes elle teacutemoigne
de linfluence despotique des normeS et des valeurs sociales sur la mise
en jeu du corps
Dougrave sa deacutefinition
Le champ et la nature des pratiques motrices envisageacutees sous langle de
leur rapport agrave la culture et au milieu social au sein desquelles elles
se sont deacuteveloppeacutees (1)
Conseacutequence le contrat ludosportif est aussi un contrat social il
reflegravete la faccedilon dont une socieacuteteacute aime agrave se penser agrave se repreacutesenter bullbullbull
et accepte de se donner en spectacle
Lethnomotriciteacute donne naiss~nce agrave deux sortes danalyses
- lanalyse synchronique -ou eacutetude spacialeshy
de type interculturel agrave hagravebitus diffeacuterents styles de vie divergents
de type intraculturel apparition dhabitus de classe et de pratiques
distinctives
- lanalyse diachronique -ou eacutetude temporelle- ou eacutevolution sur une longue
peacuteriode des pratiques motrices pour une cateacutegorisation dindividus
Cette hypothegravese de lenracinement social de la motriciteacute est une atteacutenuashy
tion des explications psychologisantes consideacuterant lindividu indeacutepenshy
damment de son environnement et sexprimant en termes de goQts motivations
() PARLEBAS pierre Contribution agrave un lexique commenteacute en Science 4e laction motrice Paris Publication INSEP 981 322 pages
AicircAgraveLYSE CES iJFrADES iDe I LES EN flA TIERE
DE PRATIQUE DES SPORTS DE Oicirc-itlAT
Objet Veacuterificat~on de la theacuteorie de lhab~tus
Hypothegravese En raison de son histoire de ses speacutecificiteacutes des valeurs
symboliques dont on linvestit une pratique sportive est en faveur aushy
pris dun groupe de pratiquants en fonction dattentes de niveaux dexishy
gence de fierteacute dappartenance qui sont socialement et culturellement
deacutetermineacutes
Il sagit en quelque sorte danalyser les goOts et les motivations des
sportifs en rapport avec leur condition sociale et le sentiment attachi
agrave ce statut
Remarque Cette analyse sera meneacutee en fonction des classes sociales et
non agrave partir de cla~se dage ou encore de classe socio-politique comme il
est dusage pour toute reacuteflexion sur notre socieacuteteacute trJditionnelle
Cette particulariti provient du fait que nos enquites ont iteacute effectueacutees
en milieu urbain -en raison des problimes de temps et de moyensagrave Dakar
et agrave Thiis pour itre plus preacutecis et il est deacutesormais hasardeux de preacuteshy
tendre y retrouver les structures traditionnelles c~e on pourrait le
faire en milieu rural
Par classe sociale et nous inspirant de la notion marxiste -deacutefinition
du rapport aux moyens de production- nous entendons la distance_dun
groupe social aux postes de deacutecision et de responsabiliteacute Plus cette
distance est grande moins le statut eacuteconomique est eacuteleveacute
Nous distinguons quatre (4) classes sociales car au niveau dune telle
analyse nous ne pouvons preacutetendre agrave la finesse de discrimination indiciaire
de la Fonction publique par exemple
r~partieuml
come il egravest rsectc eacute dans 1 ablea~ ci-dessous
CATEGORISATIONGROUPE EXEMPLE DE FONCTIONADMISE
Administrateur civil - Ingeacutenieur - Meacutedec ilCadre supeacuterieur1 Officier - Professeur
Instituteur - Mattre dEPS shy2 Cadre moyen Secreacutetaire - Technicien
Chauffeur - Militaire Policier3 Cadre subalterne shyPatron - Artisan
Artisan - Cultivateur - Ouvrier temporail4 Non cadre Pcheur
Conditions denqute Six (6) sports de ~ombat sont officiellement
pratiqueacutes Ils possegravedent une structure para-eacutetatique de gestion de contr
ce sont
3 sports de preacutehension - JUDO - LUTTE LIBRE TRADITIONNELLE - LUTTE OLYMPIQUE
2 sports de percussion - BOXE ANGLAISE - KARATE
sport mixte - LUTTE TRADITIONNELLE AVEC FRAPPE
Pour chacun de ces sports 50 pratiquants ont eacuteteacute interrogeacutes sur leur
statut socio-eacuteconomique avec la discreacutetion et la prudence quexige ce
genre de question
Cette enqute sest deacuterouleacutee dans les conditions suivantes
JUDO
Lieu DAKAR - Clubs USTD - DUC - FJAKS - DOJO HOMAR DIENG
Date du 020J84 au 28-05-84
Circonstances Les principaux inteacuteresseacutes eacutetant la plupart sur le tatami
pour lentratnement il fallait souvent attendre la fin
de lentratnement uumlur pouvoir avoir une ou deux entreshy
vues de sorte qu~ le~qu~te a pris beaucoup plus de
On constate que le no~bre de p=a~iq~~-ts ~st ~eauccup plus importd~t dans
les groupes 2 et 3 - Il es ~oindre dans les grQupes 1 et 4
LUTTE LIBRE TRADITION~~LLE
Lieu Dakar - Thiegraves bull Aregravenes Landing DIAME - Ecurie Seacuteregravere (pregraves de
lautoroute) Lutteur diola - toucouleur - Entratneurs - encadreurs
de diverses eacutecuries Stade Iba Mar DIOP - Aregravenes de Pikine et de
Thiegraves - CNPES - INSEPS
Date du 040284 au 020684
Circonstances Elles sont parallegraveles car les pratiquants semblent beaushy
coup plus disponibles que dans les autres disciplines Notre travail
parfoi~ peacutenible en raison de la diversiteacute des ethnies repreacutesenteacutees
et la traduction n1est pas toujours aiseacutee
Observations
Nous constatons que la lutte libre traditionnelle est plus pratiqueacutee
par les groupes 4 et 3 que par les groupes 1 et 2
LUTTE OLYMPIQUE
Lieu CNPES - INSEPS - Iba Mar DIOP (Equipe Nationale) - DUC
Date du 040284 au 020684
Circonstances Les conditions sont meilleures dans la mesure ougrave le
hasard a fait que pendant cette peacuteriode leacutequipe nationale soit
en regroupement et ceci nous a permis d-interroger un nombre
important de lutteurs de grand renom
Observations
En raison du petit nombre de pratiquants r~guliers lenquecircte ne porle
que sur 2S personnes Arbitrairement pour les besoins de comparaison
les raisons de comparaison les reacutesultats cbtenus sont multipli~s par 2 bull
BOXE A~~GLISE
Lieu Iba l-ar DIOP - ASFA - ASFPO - SC -ASC JJAF - ASC lA
ugraveate du 201283 au 020684
~E~~~~E~~~~ Ici nous ferons la mecircme remarque que pour le Judo
Notons que toute lenquecircte a eacuteteacute faite agrave Dakar
Observation
La boxe recrute ses pratiquants surtout dans les classes 3 et 4 et
on note que le nombre de pratiquants nest pas aussi important comme
dans les autres disciplines
KARATE
Lieu YUKOKAI KARATE CLUB - SAMOURAI KARATE CLUB - Iba Mar DIOP
CLUB DE GIBRALTAR - ASFA - ASFA - ASFPO - GM Thiegraves
Date du 201283 au 020684
SE~~~~E~~~ Notre enquecircte se passait dans une ambiance sympathique
de camaraderie Geacuteneacuteralement apregraves la seacuteance dentratnement
Observation
Nous constatons que la distribution des pratiquants bien que favorisant
les groupes 2 et 3 semble plus homogegravene que dans les autres disciplines
~ LUTTE TRADITIONNELLE AVEC FRAPPE
Lieu Ecurie de Fass - Ecurie des Seacuteregraveres - Ecurie Mermoz
- Ecurie des Casamanccedilais
Date du 04-02-84 au 020684
Ccedilj~9~~~aEccedil~ Il est agrave signaler que cest la discipline ougrave l~ contact
avec les pratiquants a eacuteteacute plus difficile les speacutecialistes qui~ la plushy
part du temps semblent meacutefiants quand on commeucircce agrave leur poser des quesshy
tions preacutecises sur leur revenu mensuel
2 -liCc 055cllt le lle11ent SegraveS praLicltants dans le ba
de lecirc~helle ces~-agrave-dire dans le ~ruumlupe 4
~ecircsultats
Les reacutesultats enregistreacutes sont reacutecapituleacutes en nombre et en pourcentage
-agrave lapproximation pregraves- dans le tableau ci-dessous
LUTTE 1 LUTTELUTTEGROUPES BOXE KARATE JUDO AVEC OLYMshySIMPLE i i FRAPPE PIQUE
1 11 1 1 1
1 11 1 1 1 11 0 1 0 8 1 16 9 1 18 4 1 8 0 1 0 7 1 14
1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1
1 11 1 1 1 1 12 3 1
1 6 21 1
1 42 22 1 44 6 1 12 4 1 8 17 1 341 1
1 1 1 1 1 1 1
1 1
1 1 1 1 1
3 22 1 44 13 1 26 15 1 30 16 1 32 5 1
1 10 10 1 20
1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1
1 1 1 11 1 1
14 25 1 50 8 1 16 4 1 8 24 48 41 1 1 82 16 1 321 1 1 1 bull 1 1 1 1 1
1 1 1 1 1 11 1 1 1 TOTAUX 50 1100 50 1100 50 100 50 pOO 50 pOO 50 1100
1 1 1 1 1 1 1 1 1 1
Afin dG failiter la lect~~e je c~ table3~ t ~2 re~dre sig~ific~tives
s info~~ations quil contient ces difteacutere ts reacutesultats nu~eacuteriques
peuvent ecirctre formuleacutes selon des repreacutesentations graphiques
1 Clientegravele des Sports de combat
FIGURE l
Il apparatt nettement que les sports de combat recrutent essentiellement
dans le bas de la hieacuterarchie sociale ce sont des sports populaires don
propices agrave une massification de la pratique
Toutefois on peut nourrir quelques inquieacutetudes pour que soient reacuteunies
les conditions de leur deacuteveloppement en raison du faible statut quils
possegravedent au regard defllintelligentsia seacuteneacutegalaise
2 Hieacuterarchisation des gants sportifs en matiegravere de sport
de combat au sein des cadres supeacuterieurs -Groupe 1shy
FIGURE I[
La f-appe est honni aucl1 pratiqua1t de boxe Olt de lutte avec frappe
agraveUloins quelle fasse lobjet dune stylisation cxtrecircme COTIme cest le
cas dans le karateacute Ce groupe manifeste un seuil extrecircmement bas de toleacuteshy
rance agrave la violence ce qui explique les discours infamants degraves que la
lutte avec frappe est secoueacutee par quelques excegraves Leacuteopold Seacutedar SENGHOR 1
navait-il paS deacuteclareacute que cette forme de lutte eacutetait une atteinte permashy
nente agrave limage de marque du Seacuteneacutegal
Bien quil soit difficile de proposer une explication unique curiositeacute
esprit douvetture permeacuteabiliteacute aux modes bullbullbull les repreacutesentants de ce
groupe adoptet facilement des sports importeacutes 85 des goOts pour le 1
Judo le Karateacute et la Lutte Olympique qui pourtant est bien peu pratishy1
queacutee au Seacuteneacutegfll j
Faut-il en deacuted~~re une attitude geacuteneacuterale favoris~agrave tout ce qui provient
de leacutetranger
Nous nous refu~ons preacutesentement agrave ce genre dexplicationJ ne ser~it-ce que
par ses conseacuteqJences sur notre sport national dont les perspectives appashyj
raicirctraient bie sombres
Admettons que la pratique de ces disciplines sont en rapport avec des
deacuteterminants eacuteconomiques et que ceux-lagrave sont un frein P4ur la popularisashy
tion de ces pratiques A lappui de cette interpreacutetation~ il suffit de
composer le champ social du Judo et celui de la Lutte libre traditionnelle
--== G J
32
LUTTE SIHPLEJUDO FIGURE JI(
Le groupe 2 qui manifeste un inteacuterecirct reacuteel pour les sports de combat -pregraves
de 25 iuml de la population i~tervieweacutee- et qui p6ssegravede les ~oyens de choisir
ses pratiques opte massivement pour le judo CDnme lexprirre le rapport de
agrave 4
- shy
A la lumiegravere de cette succi~te analyse des demandes sociales en matiegravere
de pratique des sports de combat nous pensons recouper la theacuteorie de
lhabitus selon BOURDIEU qui veut que des hatitus diffeacuterents impliquent
des styles de vie divergents si lon entend par style de vie un systegraveme
de pratiques classeacutees et classantes(I)
La mutation de la socieacuteteacute seacuteneacutegalaise celle du milieu urbain se caracteacuteshy
rise par lapparition despaces sociaux qui sont en rapport avec des
espaces culturels Il en reacutesulte des pratiques distinctives comme
lexprime le pogam
En effet si les cateacutegories sociales existent et si chaccedilune delle exprime
une marque sur les conduites des sujets il est naturel ~e penser que des
pratiques1 sportives servent de modegraveles distinctifs et detrsymbOles dorgashy
nisation ieacuterarChique dans la socieacuteteacute exprimant les dif eacuterentes clas8eamp(2)
Ces const4tations ont dimportantes implications sur leeacuteveloppement et
lavenir des pratiques Si dans notre IIIegrave partie nous 1tenterons de 1
mettre en rapport les particulariteacutes ethniques avec les pluraliteacutes de
style de lutte nous parlons presque au passeacute Une IVegraveme partie devra
e~visager la situation actuelle de la lutte afin de pouvoir eacutemettre
qu~lques hypothegraveses sur son devenir
Cest auss~ une ambition de ce meacutemoire daider ceux qui sinteacuteressent reacuteellE
ment agrave la lutte de savoir entendre au travers des deacuteclarations normatives
et apologeacutetiques Nous ne doutons nullement de la conviction ou de la bonne
foi de leurs auteurs mais parmi les possibles il yale probable et seul
ceiui-lagrave meacuterite decirctre retenu car plus proche agravee la recirc~liteacute
(I) BOURDIEU pierre La distinction Les Editions de minuit 1979 page 191
(2) Le POgdlt Deacuterrocratisation du sport ythe (u reacutealiteacute
- 1f shy
j j l IlL DL l H L S DE
3 1 LA COll1ŒNAUTE DIOLA
311 Preacutesentation
Les diolas vivent dans la reacutegion de Casamance et repreacutesertent 9 de la
population totale du Seacuteneacutegal Ce sont geacuteneacuteralement des cultivateurs de
riz et des artisans Cependant on peut les trouver aujourdhui disperseacutes
dans toutes les capitales reacutegionales affecteacutes agrave divers meacutetiers militaire
gendarme fonctionnaires de lEtat ouvrier etc bullbullbull
Dans les villes la plus grande partie des diolas vit dans les qoartiers
populaires Par exemple agrave Dakar on les trouvera agrave Colobane agrave Fass agrave
Grand Yoff ou agrave Khar Yalla La plupart du temps cesDnt des artisans et des
ouvriers du secteur priveacute qui vont essayer dune maniegravere ou dune autre de
vivoter en bricolant deci de lagrave Mais mecircme loin de la Casamance cette
ethnie conserve une grande partie de ses caracteacuteristiques et plus partishy
culiegraverement la solidariteacute ethnique qui veut que les Diolas forment toujours
un bloc bien soudeacute quand le besoin se ifait sentir et cecisans discrimishy
nation de rang social Ainsi tous lesdiolas de Dakar se mobilisent pour
supporter le Casa Sport chaque fois qbe cette eacutequipe de foot-baIl vient
jouer agrave Dakar Cette mobilisation se fera aussi dans le cas ougrave leur chamshy
pion de lutte Mamadou SAKHO livre uncombatimportant
Lethnie diola est diviseacutee en trois sous-groupes
- les dio1as Fogny de Bignona
- les diolas Kassa autour dOussouye
- les diolas Blouf dans la preacutefecture de Tendouck
Mais en lutte on a pris lhabitude ~e les grouper en deux zones dune
part le Kassa qui preacutesente des particulariteacutes et dautre part lE Fogny
et le Blouf
- J 7 shy
3 ) 2 ~U(lquE5 aspects d~ l~ducatio~ ~t des rit~s en milieu diol~
L eacuteducat ion veacuteritable de lenfant diola est sociale et ne se corlprend
que dans la relation sociale elle deacutepasse de loin le strict cadre
famililal Elle commence au stade de lapprentissage du langage
Lenfant apprendra agrave reconnattre le langage du regard de ses parents
Il doit connaicirctre et faire la diffeacuterence entre un regard approbateur
et un regard qui blacircme De mecircme il doit apprendre agrave faire les gestes
de la tecircte qui expriment lapprobation En aucun cas lenfant nest
laisseacute agrave lui-mecircme Aura-t-il deacutesobeacuteit par complaisance naura-t-il pas
eacutecouteacute ou fait attention aux recommandations reacutepeacuteteacutees plusieurs fois
sans reacutesultat il fera lobjet dune punition corporelle avec la chicotte
Elle a pour effet de faire mal au corps de lenfant afin datteindre son
acircme sa sensibiliteacute et instaurer en lui une sorte de 1iaision de la
meacutemoire du mauvais comportement agrave la douleur quen voulant eacuteviter la
douleur il finit par eacuteviter le mauvais comportement en tout cas den
prendre conscience degraves cet acircge Cest une meacutethode deacuteducation mora1e (])
i 3121 Leacuteduca~ion maternelle
1
Notre eacutetude nous a montreacute que mecircme de nos jours leacuteducation diola
conserve encore ses caracteacuteristiques traditionnelles au niveau des rites
des moeurs des habitudes des principes et des normes
Leacuteducation de lenfant reste lune des plus rigoureuses Elle commence
degraves le plus bas acircge car pour le dio1a on ne peut redresser une personne
adulte donc autant leacuteduquer tregraves jeune Jusquagrave lacircge de trois ans
lenfant sera encadreacute par sa megravere qui bien queacutetant tregraves douce fait
preuve daucune indulgence Elle lui apprend les interdits de la communaushy
teacute respecter son prochain ne pas insulter ni profeacuterer de gros mots surshy
tout en preacutesence de grandes personnes ni faire violence agrave autrui
Plus terd v~rs cinq ou SlX ans le jeune garccedilon est initi~ a~x travaux
ces cna~ps des rizi~r~s cles pal~eraiEs ce Gui ne manquer6 pa5
davoir ces rEpcrcussic~s sur SOn deurovelopperncnt morpholoique
- 1( shy
3122 La circoncisio~
cest un rite obligatoire Il a pour but dintroduire le garccedilon dans
la communauteacute des hommes en tant que responsable Cest un rite qui
laisse une trace indeacuteleacutebile dans la vie du jeune diola Les principes
de la vie en socieacuteteacute y sont enseigneacutes agrave fond Le rite de la circoncishy
sion preacuteseuro~teuro uneuro forme p~lticul do~t s~uls les diolas connaissent
lorganisation internecar la circoncision est agrave la fois une eacutepreuve
physique intellectuelle et morale
Cette circoncision en milieu diola se passe dans le bois sacreacute En ce
lieu les Njoulis (circoncis) sont encadreacutes par des mattres les
Kintangs et au-dessus de ces mattres regravegnent un ecirctre doteacute de faculteacutes
occultes il sagit du Kankourang Le kankourang a cette capaciteacute de
disparattre de voler quand bon lui semble Il incarne la justice et la
violence et assure la protection de ses disciples contre les mauvais
esprits Ainsi le kankourang incite agrave lobeacuteissance et agrave lordre dans
cette socieacuteteacute Dans la tradition diola le kankourang repreacutesente un
pouvoir mystique capable de choses extraordinaires dont la socieacuteteacute
moderne avide de raisonnement ne pourra trouver une explication Au
cours de la circoncision les initieacutes subissent un certain nombre
deacutepreuves physiques que le diola appelle samasso Il doit se soushy
mettre agrave lensemble de ces eacutepreuves consideacutereacutees comme indispensables
agrave sa formation pour lui permettre de juger ses capaciteacutes physiques
mais eacutegalement deacutepouver sa valeur intellectuelle morale et sociale
Il pourra aussi se mesurer aux autres dans le domaine de la consideacuteration
et du respect En quittant le bois sacreacute le jeune doit posseacuteder une
grande partie des qualiteacutes humaines et socisles quil faut agrave un howmE
pour vivre en harmonie avec la socieacuteteacute traditionnelle Il serait bien
sOr possible dans le cadre dune eacutetude plus approfondie de parler de
bien dautres rites et pratiques traditionnelles
Notons cependant que le rite de la circoncision appartient aux anc~t~es
et que dans les villages reacutecents ougrave les structures ont changeacute on ne
Jeux jours avant la re~trfE cans le bois sacr[ les adolescents so~r
-
- Jo shy
por lE diola 11-071- doit rester en harrc1iE avec lE
tal lanimal lui-mecircme les ancecirctres les geacutenies Le rit~ du rasdge co~sist~
acirc ~loigner la ~alchance de lenfant Si l~ ritE nest pas respecteuro eumlr es
parents du futur initieacute celui-ci connaicirctra la malchance pendant toute sa viE
Ce rite a aussi pour faculteacute deacuteloigner le mal et de preacuteserver lenfant des
mauvais esprits
Le rite de leau sacreacutee se fait un jour avant lentreacutee dans le bois sacrEacute
Les femmes doivent se garder davoir le moindre contact avec leau beacutenite
pour se preacuteserver des conseacutequences facirccheuses qui pourraient en reacutesulter La
tradition veut quune seule goutte soit capable de deacuteclencher lavortement
l chez la femme enceinte de rendre steacuterile la jeune fille ou de provoquer des
menstrues perpeacutetuelles chez la femme ayant atteint la meacutenopause bull
bull Le rite de la forge protegravege le futur initieacute pendant son seacutejour dans le bois
sacreacute Mais cette protection seacutetend bien au-delagrave et de rite veut que toute
personne qui y faillit soit condamneacutee agrave devenir leacutepreuse
Pendant plusieurs semaines les jeunes initieacutes subissent une formation capishy
tale qui fera deux des hommes complets
313 Croyances et pratiques mystiques
Si nombreux sont les diolas convertis au Christianisme ou agrave lIslam leur
foi napparatt jamais incompatible avec leurs croyances animistes Lhisshy
toire des rois et reines diolas nous reacutevegravele quils eacutetaient les ffprecirctres fl de
ces cultes feacutetichistes destineacutes agrave maintenir la fertiliteacute et agrave provoquer
la chute des pluies De nos jours existent encore des socieacuteteacutes secregravetes agrave
base religieuse ou magique la plus redouteacutee eacutetant lassociation neacutecrophashy
gique Kousanga des Floup (1)
Deux fafu expliquent la coexistence du dogme et de la croyance
le contact tardif de la socieacuteteacute diola avec les civilisations eacutetrangegraveres
et leacutevangeacutelisation ou lislamisation quelles veacutehiculaient Il e~ reacutes~lt~
une importance des traditions leur reacutesstance agrave une remise en questic~ ce qui confegrave~e agrave la socieacuteteacute diola un caractegravere conservateur
r~c~~i]EE 2~fr~~ ~c - t
ct ~Cc egraveE~ Cimiddotilisatilaquo~ eacute
la neacutecessiteacute de lanimisme consiegraveeuroreacute comme base de toutes legrave~
religi0~s uumlegrave serait-ce que corr~e tentative ciexpliquer li1explishy
cable en se repreacutesentant en particulier comme un ensemble de puisshy
sances mystiques Ainsi pour lanimiste agir sur la nature cest
intervenir psychologiquement aupregraves de ceLX qui la gouvernent
314 Imeact des moeurs sur la prat~que de la lutte diola
Lorigine de la populariteacute de la lutte eugrave milieu diola est par trop
impreacutecise aussi nous nous limiterons agrave en donner la signification
actuelle La lutte apparatt dabord comme un moyen privileacutegieacute deacutedushy
cation
- sur le plan corporel afin de deacutevelopper la force lagiliteacute la
rapiditeacute et la souplesse
- sur le plan moral afin de deacutevelopper les vertus caracteacuterielles
courage tenaciteacute digniteacute bullbullbull neacuteces~aires agrave laction
Mais la lutte apparatt aussi comme un mpyen dinteacutegration sociale car
le jeune diola qui se refuserait agrave se sbumettre agrave leacutepreuve de la lutte
encourrait un isolement alors que celui qui excelle en bravoure devient
rapidement populaire Dougrave ces affrontements agrave linteacuterieur dune classe
dige qui tout en restant un moyen de reacutejouissance servent eacutegalement
agrave eacutetablir des comparaisons
Nos observations et nos interviews confirment le caractire tris physique
de la lutte diola immeacutediatement les lutteurs sont au corps agrave corps et
les techniques consistant agrave aracher ladversaire priment sur toutes les
autres Exprimer sa force est une preacuteoccupation constante il suffit pour
sen persuader de voir le groupe de lutteurs peacuteneacutetrer dans laregravene au son
du Born bol on que rythme le claquement de mains des femmes
C~tte da~se est une deacutebauche dAnegie Ougrave les lutteurs pieacutetin~Ert avec
force L sol
i shy
3141 EorphologUgrave et valeur physiques du lut teur diola
Le lutteur diola possegraveagrave~ un deacuteveloppement caracteacuteristique du trai~
supeacuterieur et de la musculature doso-lombaire Ceci est tregraves certaineshy
ment lieacute au maniement de la houe de la daba et surtout dukadiando
dont lusage permanent a modeleacute la morphologie du lutteur diola
La valeur physique de ce lutteur semble reposer sur sa force sa
reacutesistance mais aussi sa rapiditeacute
3142 Reacutepertoire technique
Dans le Blouf la forme du corps la plus utiliseacutee est le deacutecalage souvent
combineacute avec un crochet de jambe (gal gal) ceci semble ecirctre lieacute agrave
lutilisation quotidienne dans les riziegraveres du kadiando Le paysan du
Blouf sera ameneacute agrave faire un mouvement de torsion pour deacutecalerlinstrushy
ment enprenant appui sur son genou et ceci continuellEment pendant toute
la jourpeacutee Chez les diolas du Fogny le kadiando eacutefait surtout utiliseacute
par les femmes qui soccupaient autrefois exclusivement de la riziculture
et ce n~est quaujourdhui que les hommes cultivent le riz 1
La principale culture dans le Fogpy est celle du mil on y cultive aussi
de larachide De ce fait loutil le plus utiliseacute est le donkoton qui
est un instrument tregraves petit avec un manche court et dont le maniement
expliquerait peut-ecirctre leacutetonnante musculature du train supeacuterieur et surshy
tout de la zone dorso-lombaire du 4i6la fogny qui excelle dans les techshy
niques en force genre arracheacute avec les bras sur contrOle de la ceinture
de ladversaire Lulisation du donkoton semble eacutegalement expliquer la
garde tregraves basse du lutteur fogny
Dans le kassa on aurait pu trouver la mecircme forme de lutte car la morphoshy
logie du lutteur est agrave peu pregraves la mecircme mais linterdiction formelle de
la prise du ~gimbe modifie et limite tout le repertoire technicult2 ou
lutteur Le lutteur kassa adopte une garde basse et agrave une preacutefeacuterence pc~r
legraveS tc~-iccedilues n passa~ dessous - - ~ shymiddotmiddotcrc t--=~ c-
----
contact et agrave partir de ce TtoTteuront ils peuvent se relever et conti~uEr
en lutte debout jusquau terrassemen~
Toutes les gardes sont rapprocheacutees en milieu diola
irbi trage
Les combats sont arbitreacutes par un deacuteleacutegueacute geacuteneacuteralement anClen lutteur
Ces anciens lutteurs ont pour rocircle de veiller au bon deacuteroulement du
combat La victoire est deacutecreacuteteacutee dans les cas ougrave un des lutteurs se
retrouve en position assise sur le ventre sur la cuisse ou les
genoux (sauf dans le Kassa)
Il existe un autre mode de victoire celle qui est proclameacutee agrave la
suite dune supeacuterioriteacute eacutevidente du~ des lutteurs A savoir quand
un lutteur soulegraveve tregraves haut son camarade et que son manager estime i
quil est pratiquement battu il peut arrecircter le combat en touchant
dabord le lutteur adverse popr eacuteviter que son lutteur ne soit terrasseacute
tregraves fOrt Nest-ce pas un deacutecision sage des managers qui peut contribuer
agrave maintenir le caractegravere reacutecr~atif de la lutte joola 1
La victoire dun village sur un autre village ne se mesure pas au
nombre de victoires obtenues par lensemble des lutteurs En effet
il suffit que le champion soit battu pour que le village soit consideacutereacute
comme deacutefait Ce qui explique limportance et le seacuterieux que le village
accorde agrave la preacuteparation des championsl)
Il est cependant important de signaler que larbitrage dans les centres
urbains revecirct une iautre forme beaucoup plus codifieacutee et cest peut-ecirctre
une des raisons qui font quen milieu urbain la lutte diola perde une
partie de son originaliteacute
En dehors des techniques speacutecifiques agrave chaque sous-groupe il faut
signaler quil y a une multitude de prises et quelGues formes de corps
comTIunes agrave letnn Car reconnaissons qu il cO unE ror-euro approp=i~eacute
dE ~ouvane du l~tteur diola en TaI
-----~-----
LE tableau ci-dessous se propose dE reacutesumer les diffeacuterentes consideacuteshy
rations techniques envisagEacutees dans cette partie
FORlŒSSOGS-GRGUPES 1 COItltOLE GA~JESDt CORF=
i ~
1 1
Passage dessous de jambes et BassE KASSA saisies Moyenne1annexes bras (rapprocheacutee)
ceinture tecircte
Deacutecalage de Moyenne et BLOUF Demi-souplesse Ngimbe
HauteHancheacute Bras (rapprocheacutee)
Jambe
Arracheacute CouFOGNY Tregraves basse
Hancheacute ii 1
1 1
3 14 3 bull LeIIa~~jueetlecom~ortementdulutteur-+iola
1 Le comportement et lattitude du lutteur dans laregravene pe sont en fait
t
que le reflet de sa psychologie et plus partiCUliegraverem t de son eacutetat
dacircme Or il napparatt pas abusif deacutetablir des cor eacutelations entre
le psychisme dun individu et lempreinte eacuteducative quil a subie En effet en sortant du bois sacreacute le jeune diola a acquis un ~ca~~l
eacutequilibre physique et mental
Cette matrise de lui-mecircme permet au lutteur dans la~egravene dadopter
un aire enjoueacute de manifester beaucoup denthousiasme~ La lutte devient 1
essentiellement un jeu laspec ludique y est privileacutegieacute et ~ela influe
sur le comportement du lutteur
Ainsi queurolq~c soit limporta~cE de le~je~ le lutt~c~ dic1e Seuroreacute
to~jours serein et s~ livrera sa~s arri~re pe~s6e da~$ ~E CO=beacute ou-
tons que le lutteur diola est trecircs fair-play et sil arrive quun rdnd
lll L COIicircilU1Ul L ULOF
32 J Preacutesentation
La soc tEacute wucirc10f est celle qU1 a eacuteteacute la plus marqueacutee par la colonisation
~~ fait peut-gtre de sa position geuroographiquE dune part ct de 50~ imporshy
tanCE sur le plan dfmographiquE dautre part En effEt ceurootteuro CC-~ucircautE
wolof repreacutesente environ 20 de la population seacuteneacutegalaise
Elle est constitueacutee de pecirccheurs (ce sont les leacutebous) dagriculteurs de
fonctionnaires de lEtat mais surtout de commerccedilants
A pqrtir de leur reacutegime dimplantation le Cayor le Walo le Baol le
Djolof et la presquicircle du Cap-Vert les wolofs ont tendance agrave irradier
sur lensemble du territoire sous leffet de leur speacuteculation agrave la culshy
ture de larachide et du nombre important de fonctionnaires quon trouve
dans cette ethnie
322 Les moeurs et croyances wolofs
Bien queacutetant en grande partie des musulmans convaincus les wolofs
conservent toujours une croyance animiste et continuent agrave faire des
sacrifices agrave porter des cornes ou des morceaux de bois agrave la ceinture
aux jambes ou aux bras et agrave croire agrave lexistence des Djinneacutes et des
Raps bull
Le Djinneacute cest une creacuteature malfaisante en geacuteneacuteral capable de choses
extraordinaires Il possegravede des faculteacutes surnaturelles Cependant dapregraves
la croyance animiste certains Djinneacutes peuvent ecirctre bons
Le Hapl cest une creacuteature ayant des dons occultes appartena71t agrave une
famille ou agrave une communauteacute et dont le rOcircle est de veiller cu daider
les reCJrES de le fai11p ou dt la conmunauteacute en cas de da1gel Le Rap
~ ut te c ) ~~c-
ei sltcificE cJ sanl dE meut0 dL chat de pC)wleurot 5E1lt les conveuroshy
lances parfois leur dorner COrllTe offrande du lait Laii
Qua1d une famille ou une communauteacute neacuteglige les Sarakh (ici dans
le sens de sacrifice ou Offrande) elle se voit aussitocirct vouEacutee agrave la
maleacutediction des mauvais esprit~ (fcllec dans touteacuteS lEs ~treprises
de la vie maladie mort bullbullbull ) Les lieux ougrave habitent ls Taps et ougrave
se font les sacrifices se nomment Khambs
Geacuteneacuteralement le khamb se trouve dans lenceinte de la maison ou
dans un coin approprieacute du village Les lieux du khamb sont marqueacutes
par la disposition de calebasses de pilons de morceaux de poterie
briseacutes de grosses pierres de cornes et dautres objets heacuteteacuteroclytes
La superstition wolof est tregraves marqueacutee En effet pour le wolof toutes
les manifestations quotidiennes trouvent leur signification dans le
mysticisme Citons agrave cet effet quelques ezemples Une femme enceinte
ne doit pas marcher agrave nimporte quelle heure de la journeacutee Certaines
heures de la journeacutee lui sont interdites le Timiss (creacutepuscule
le Ndjo~or (de 13 H agrave 14 H de lapregraves-midi) le souf-segravede (de
minuit i4 H du matin) Selon la tradition ~t la croyance wolof les
mauvais ~sprits choisissent ces heures pour jeter des sorts Et la
femme enceinte eacutetant tregraves vulneacuterable le Djinneacute essaiera de lui insufshy
fler son souffle pour atteindre son beacutebeacute afin dentratner soit la
meacutetamorphose de cedernier en monstre soit de le tuer avant sa naissance
Dailleurs pour le wolof et pour certaines autres ethnies au Seacuteneacutegal
le timis le tdjolor le souf-segravede repreacutesentent des peacuteriodes de
la journeacutee ougrave lon ne doit pas se hasarder dans les rues et les champs
Ce sont des heures propices aux apparitions des Djinnes sous nimporte
quelle forme humaine ou animale
Il est eacutegalement interdit au wolof de marcher ou de serti la nuit du
~eacutellfria-
loutes c~s pratiques ~ystiqu~s et cr0ya~ces religi~us~5 ~xistent eL~~[
certainement dues agrave un meacutetissage culturel Parallegravelement aux feacutetiches
aux incantations et agrave lutilisation des safaras (substance magique)
notons lexistence de ga l a tchs (ce sOnt des talismans ougrave sont inscrits
du qui les porte Toutes ces croyances biEn sucircr auront une rEacutepercussicrI
sur leacuteducation du jeune wolof
323 Leacuteducation du wolof
Pour caracteacuteriser leacuteducation wolof nous avons penseacute donner comme
illustration cet extrait de la revue DEM ak TEY Pour deacutefinir leacutedushy
cation le wolof fait appel agrave un symbolisme qui eDglobe aussi bien les
moyens mis en oeuvre Yar que le reacutesultat obtenu agrave laide de ces mecircmes
moyens cest-agrave-dire la formation et le deacuteveloppement de lecirctre humain
ou Yaru
Le substantif Yar deacutesigne le fouet
Ce symbolisme deacutesigne donc au-delagrave du simple sens mateacuteriel de lobjet
lutilisation qui permet daboutir au reacutesultat escompteacute (Yaru) Au sens
geacuteneacuteral Yar deacutesigne tout instrument servant agrave infliger une punition Le
terme laisse supposer agrave priori que cette phase de lenfance durant lashy
quelle se preacutepare la vie de lhomme est lieacutee agrave la souffrance au supplice
Dailleurs une maxime wolof compare lenfant agrave une tige quon a tout le
loisir de redresser alors quelle est encore flexible bull
bullbullbull Pour leacuteducateur wolof la perfection nest point de ce monde malS
le devoir de chaque homme est de tendre vers la pleacutenitude en luttant
contre ses propres faiblesses Leacuteducation va d01c iisister essentielle~(-~t
sur lexercice quotidien de leacutelevation ffiora1e d~ lindividu Pour cela
elle privileacutegie la patience munI) vertu dabneacutegdtion et dE deacutesinteacuteresseshy
m(~t autour dE laquelle sarticulent toutes ]e~ ~u~~~s qualiteuros
i _
aan~ ~ s0cieacutet gt~olcf ocirclt~tartt nul -Jt- poulait sabecircisstr
tion de sa libertEacute La liberteacute est le preuumler drcmiddotir dE l ho-)euro egrave~S
baigner dans une beacuteate admiration du passeacute la comparaison avec le pr~$(middott
si~posc dclle-mecircme car lon reste s reacute devant la deacutesinvolture aVEC
laquelle dES honmes daujourdhui descendants de cette ~~~EacuteTatic ccedil~l se
une fois [largis bullbull tTasque fiers davoir fait leacute priS0n PEut-2tTE
faut-il mettre cela sur le compte de lurbanisation et des nouvelles
valeurs qui ont pour nom enrichissement reacuteussite sociale avec ce que
cela comporte de deacuteshumanisant et de deacutepreacuteciateur (1)
3 bull 2 bull 3 1 bull Lesri tes
Le sevrage et la circoncision constituent les deux grandes phases initiashy
tiques chez le wolof
- Le rituel du sevrage est appeleacute maga1 (litteacuteralement rendre grand)
Cest un eacutevegravenement important aussi bien pour les parents de lenfant que
pour la co~unauteacute Durant cet eacutevegravenement qui survient geacuteneacuteralement deux
ans apregraves la naissance du beacutebeacute les personnes vivant dans lentouragE
apportent leur soutien moral et mateacuteriel
- le rituel de la circoncision revecirct pratiquement la mecircme signification
que dans les autres ethnies seule la forme diffegravere La circoncision reste
encore une eacutepreuve de la vie au sort i r de laque Ile ladolescent devient un
homme Aujourdhui il faut noter une meacutetamorphose de la structure sociale
et des croyances religieuses tregraves accentueacutee aussi bien chez les wolof que
chez les autres groupes ethniques et ceci est peut-ecirctre dO au contact
permanent quils ont avec la socieacuteteacute occidentale
Malgreacute ces constat~tions il semblerait pcu=tant qUE la sociecirct~ lecircbou Gci
bien que se trouvaLt en grande partie dans ~a Presquth du Cap-ETt Et
en contact permane~t avec les blancs soit la portior la plu8 cc~serva-
----------~_- ---~-- -----
~
Incidences d s ~00urs sur la l~ttE
Le wolof connaicirct deux formes de luttes la lutte sirplE- sans t-t
la lutte avec frappe La lutte avec frappe a une crigi~e purement r
et ce nest que plus tard quelle devint une prati1uE sportive et lud
preacuteparer agrave la guerre Aussi tout en luttant On eacutetait autoris~ agrave frapper~
griffer mordre voire introduire son doigt dans loeil de son adversaire
Le jeune wolof devait eacutegalement se livrer agrave la lutte avec frappe afin de
favoriser son insertion dans la socieacuteteacute adulte et sinitier au meacutetier de
soldat faute de quoi il ne pouvait se faire entendre ne avoir des marques
de respect Pour montrer la populariteacute de la lutte dans le Cayor signalons
que les Damels ll (rois) et les Teignes (nobles) nheacutesitaient pas agrave sy
livrer Quant au IIMbeu~ (lutteur) elle lui servait de moyen de promotion
sociale car d8S que sa reacuteputation eacutetait eacutetablie il pouvait ecirctre choisi
par les rois et les nobles comme garde de corps
325 Signification de la lutte en milieu wolof
La lutte se pratique dabord pour lhonneur qui est une vertu tregraves signishy
ficative pour le wolof Elle permet de renforcer les liens amicaux entre
les jeunes de villages diffeacuterents Le champion veut gagner
confiance et la consideacuteration de son village de ses amis
Etre champion cest aussi susciter ladmiration chez les
sentant la force la viriliteacute et la deacutetermination
326 Organisation d~s eacutepreuves de lutte
3261 Les Mbapatts Ce sont les seacuteances nocturnes
pour meacuteriter la
et des anciens
filles en repreacuteshy
Ils sont organiseacutes apregraves les reacutecoltes agrave la fin de la saiscn des pluies
Ceci surtout p~ndant les peacuteriodes de clair de lune car ils peuven~ durEr
toute la nuit Le but des ~Dapatts lt=tait de prfpa-er FhysicuemeH et
~ arb Sil
326 Le 1
cest une organisation beaucoup plus importante que les I~apatts ~
loccasion de laquelle on peut voir plusieurs lutteurs de grande reDommfe
saffronteLLa fin dl lamb est toujours couronneacutee par une grand co~bat
duquel le vainqueur est sacreacute champion de la contrecirce
Le choix du lieu est lieacute agrave limportance de ce lieu dans le village cest
la place publique ougrave geacuteneacuteralement se passent toutes les manifestations
assembleacutee geacuteneacuterale sabar (danse) cest aussi lendroit ougrave sont prises
les grandes deacutecisions
3623 Lappariement
Dans un village ou un quartier les lutteurs se regroupent en lang
(eacutequipe) et jamais deux lutteurs de mecircme lang ne se rencontrent lors
du lamb
L appariement s~ fait librement entre lutteurs de lang diffeacuterents l1hs
une regravegle veut ~uavant de lutter avec le Mbeur Kanur de tel lang si
on est soukh (l~tteur pas encore confirmeacute) il est neacutecessaire de lutter
dabord avec ses soukh et ce nest quapregraves les avoir terrasseacutes tous
quon se voit octroyer la chance de lutter contre lui
Notons que la cateacutegorisation des lutteurs par poids nest jamais prise
en consideacuteration
3624 La tenue du lutteur ou NGIMBE
Le middotNGimbe est confectionneacute par le marabout de la famille ou du clan Il
est constituecirc de pagnes en coton tisseacute geacuteneacuteralement offerts par la megravere ou
la grand-megravere du lutteur ceci lors des organisations de ~rande Tportance
COrlune lef 1amb Dans le cadre des l-bapatt les pagnes sont C tErts peumlr
~~~rcfcis ct ffi~mc aujourdhui d218 cErtaInes fa~ille5 on devj~Gr
luttEur de pegravere en fils et dans ce cas h 1
gimbell du pEgravere Est recircr i tEacute
par le fils Le fait de porter le lI~gimbe agravee ses aiumleux peut susciter
cne~ le jeune lutteur une motivation et une volontecirc in~branlable rlasshy
surer 12 supeacuterioritEacute cis SIcirct-ns dallS
le xgimbe de la famille ne touche pas le sable
La tenue du lutteur a une signification et une importance sur le plan
mystique car selon les anciens le vrai feacutetiche du lutteur celui qui
le proteacutegera agrave vaincre le Djinneacute ou le Rap de ladversaire se trouve
cacheacute dans ce Ngimbe Celui qui confectionne-le Ngimbe est doueacute de
faculteacutes occultes
~~r~i~rg Il est assureacute par un sage du village qui geacuteneacuteralement fut
championde lutte de son temps Dailleurs cet ancien nintervient que
si le terrassement est litigieux
Hormis le public qui proclame la victoire ou le match nul le lutteur
lui-mecircme est arbitre et il arrive quil se deacuteclare vaincu ~ous
pouvons citer comme exemple Meacutedoune KHOULE un des plus grands lutteurs
seacuteneacutegalais qui a donneacute une victoire agrave Djeacuteri SADIO son adversaire qui a
reacuteussi agrave lui faire toucher le sol de la main
Il Y a terrassement quand le lutteur se retrouve
- assis sur le sol
- eacutetaleacute sur le dos
eacutetaleacute sur le cocircteacute
les deux genoux au sol
- les deux ma~ns au sol
la tecircte (front au sol agrave la suite dune brouette)
Il peut y aVOIr match nul si apregraves li1 temps ccmsideacuterable les lutteurs
SE sont ~ ivrEacutes respectivement agrave des assauts rEacutepEacutetEacutes et n arrivEt pas a
3265 L~ precircparation mystique
Il faut reconnattre quon ne peut parler de lutte en milieu wolof sans
envisager une preacuteparation mystique seacuterieuse Co~~e ~ous lEvans vu a~teacute-
1middot ~ d ~ ~rlturenent t0utes es actlvmiddotltesmiddot u W010 sont lles a SeS croyances
- la lutte ne concerne pas seule~ent deux acteurs se livrant faruumlucheshy
ment agrave un combat au milieu de laregravene mais eacutegalement les marabouts et les
feacutetichistes du village ou du clan qui doivent deacutefendre leur savoir et
leur prestige Avant le combat le lutteur doit se livrer agrave un certain
nombre de preacuteparations mystiques pour assurer sa victoire Aussi sommesshy
nous appeleacutes agrave parler de BACK (cest le chant et la danse du lutteur)
- le batteur de tam-tam compose un rythme en fonction du Galagne ou du
Senghor (gds-gris) du lutteur Chaque galagne sera choisi en fonction
du Rap ou du Djinneacute correspondant au Totem du lutteur
Le chant geacuterleacuterique Feinte woy veut dire litteacuteralement composer un 1
chant Ce chant est geacuteneacuteralement composeacute par les filles du viilage du
champion ou par un griot de sa communauteacute Et agrave travers ce chrnt on
arrive agrave toucher la corde sensible du lutteur en chantant lesl innombrables 1
victoires de ses ancecirctres ou en lui rappelant ses prouesses eacuteblatantes 1
Chaque lutteur doit avoir un chant et un back qui lui sont propres
327 Le reacutepertoire technique et les caracteacuteristiques physiques dulutteur wolof
Le lutteur wolof est geacuteneacuteralement moyen de taille la musculagraveture est
tregraves saillante ce qui fait ressortir un aspect tregraves athleacutetique ceci
est vrai sans exception pour le lutteur leacutebou mais il arrive que le Cacircyoshy
rien le baol-baol le walo-walo soient de grands gabarits de forte constishy
tution
CepEndant pour une meilleure compreacutehension du sujet nous pouvons eacutetudiEr
deux jroups d lut teurs qui vont deacuteterminer deux st yI e s de lut tes
- ~ t
les tc~tativ~s de~[reacutee e~ ramassement de jambes de la~v~sairL Ce~~
peut Ecirctre expliqueacute par le fait que les lutteurs leacutebou ou walo-walc qui
sont des pecirccheursadoptent cette garde tasseacutee du fait quils so~t tou-
jours pencheacutes en tirant le fil ou en poussant la plrogue On verra techrugravequeacutes dt cirr 2C ~lt 5Jllicitocirct
surLuumlut les membres supeacuterieurs
Le cayorien et le baol-baol par contre sont les plus grands cultivateurs
darachide chez eux les techniques de lutte sont plus varieacutees et la
garde est moins renfermeacutee Les lutteurs cayorien et baol-baol ont une
morphologie et une reacutepartition musculaire bien eacutequilibreacutee ils excellent
dans les techniques en deacutecalage les techniques de jambe et surtout les
techniques de riposte ougrave lon peut voir des prises de hancheacute tregraves amples
Dune maniegravere geacuteneacuterale on peut dire que le lutteur wolof est un fin
technicien qui sait surtout creacuteer les opportuniteacutes e~ avec sa rapiditeacute
utiliser la force de ladversaire pour le deacuteseacutequilibrer le noodju
le mbas le weacuteheacuteleacute et le rasu sont des techniques propres au lutteur
wolof
En deacutefense il utilise surtout des kl~klets ou gal-gal Notons que
le balancement des bras ou Lewato e$t tregraves marqueacute dans la lutte wolof
TABLEAU RECAPITULATIF DES COMPOSANTES TECHNIQUES
( 1 )
1 SOUS-GROUPES GARDES CONTROLES FORHES DE CORPS l
Walo-walo Basse de jambe Arracheacute l l10yenne de Ngimbe et i
Leacutebou Tasseacutee et saisies annexesj Deacutecalage 1 1 distante de bras de tecirct1
j de bras Deacutecalaeuro
~-----------------~-
- ~ ~- shy - ~ ~ bull L _ _ bull
Profil psyc~~iqUE du lutteu- et son comporterent dars l 2regravere
La preacuteparation mystique dans laregravene est plus marqueacutee chez les wolofs
que ChE~ les autres ethnies En effet on verra de grands champions
preliGrE plusiEurs heures pour Enduire leur corps de cll2badep ou ci
rmiddot- ~ a la proprieacuteteacute de proteacuteger li1egraveividu J
les mauvais sorts) Cest dailleurs un aspect dt la luttE qui iJcsc
des problegraveJles
Le lutteur wolof est tregraves superstitieux et la peacuteriode de preacuteparation
est capitale pour lui car elle permet non seulement de rendre
hommage aux ancecirctres mais aussi dintimider son adversaire Cest
geacuteneacuteralement un lutteur agressif combatif et teacutemeacuteraire Il se fait
souvent remarquer par son esprit dentreprise Mais cette fougue dans
le combat lamegravene parfois bien que ce soit regrettable agrave oublier les
usages et les normes Ce manque de maicirctrise de soi peut faire croire
que le lutteur wolof manque de fair-play ce qui nest pas toujours le
cas
~A~Ugrave~ t 4AA CbUrs k LA ucirctotve f~tPle Sesect prores mou W ~ lesquelles vont se couler les comporteme~ts individuels qui sont ainsi
monteacutes par et pour lautoriteacute sociale
Les faccedilons de boire de marcher ou de sasseoir se manifestent indivishy
duellement dans le corps de chaque personne ces habitus sont cependant
des montages sociaux lieacutes agrave des significationssymboliques variables
dailleurs selon la position sociale occupeacutee par chaque sujet Ces modes
dagir se rangent dans un systegraveme de montages symboliques et lindivishy
du les apprend de la socieacuteteacute dont il fait partie agrave la place quil occupe
Lhabitus est un montage social agrave la valeur symbolique deacutependant des pheacuteshy
nomegravenes deacuteducation et de prestige et lieacute agrave la position sociale du sujet
Cette penseacutee sonne de faccedilon eacutetonamment moderne
Pierre BOURDIEU qui dans une perspective a approfondi le contenue de la
notion en le reportant aux oppositions entre classes et fractions sociales
Il deacutefinit lhabitus comme un systegraveme de dispositions durables acquis au
cours dune histoire personnelle dans une milieu social donneacute systegraveme qui
engendre ensuite des pra~iques socialement deacutetermineacutees faccedilons de manger
de parler ou de marcher comportements de politesse contenu des preacutefeacuterencel
et des deacutegoOts bullbullbull lhabitus est le produit de conditions eacuteconomiques et
sociales Lauteur rattache directement la formation de lhabitus dun
individu agrave la trajectoire parcourue par celui-ci dans sa classe dapparteshy
nance il deacutefend lideacutee dun habitus de classe qui deacutefinit le sens confeacuteshy
reacute agrave la pratique sportive les profits qui en sont attendus
Ce dernier serait lui-m~me lieacute agrave un systegraveme de valeurs ou ETHOS de classe
prenant sens au sein doppositions distinctives entre classes sociales
De sorte lhabitus fonctionne comme un systegraveme dt- regravegles inteacuterioriseacutees
souvent informuleacutees permettant ou non agrave lagent de sadapter dembleacutee aux
multiples pratiques de la vie quotidienne et de la vie sportive il est agrave
lorigine des schegravemes de transcription qui favorisent les ajustements aux
situations corporelles nouvelles (1)
t ~
(1) P~IE11D dwi6Han ISpoy-l et sodeacutebi Approche Bocio-culturelle des pratiques P~tis Vigot 1981 page 81
33
331 Preacutesentation
Les Seacuteregravere auraient pour origine le Fouta Toro quils auraient quitteacute
vers le Xllegrave siegravecle pour fuir lislamisation de cette reacutegioD par lempire
dJ Xali (ils seraient donc apparEnt~s aux Peul et Toucouleur ) Ils
auraient trouveacute dans la rEacutegion du Sine les Sosseacute dorigine manding avec
lesquels ils salliegraverent
Au XVegrave siegravecle une autre immigrationSos~ conqueacuterante cette fois-ci
apporta son organisation eacutetatique Ils se divisegraverent en deux monarchies
deacutemocratiques lune seacutetablit au Sine et lautre au Saloum Les Sosseacute
conqueacuterants constituaient lautocratie appeleacutee Guelowar
La royauteacute seacuteregravere eacutetait laiumlque Les premiers souverains durent secouer
la tutelle des Toucouleur et progressivement arrivegraverent agrave unifier lethshy
nie des seacuteregravere etdea Sosseacute Les deux royauteacutes eacutetaient organiseacutees selon
acirces modegraveles tregraves deacutemocratiques Le souverain deacutependait dune assembleacutee
de ministres et de chefs locaux qui assuraient ladministration centrale
et reacutegionale())
Aujourdhui lethnie seacuteregravere repreacutesente 20 de la population seacuteneacutegalaise
Ils sont reacutepartis sur presque toute leacutetendue du territoire notamment
dans le Baol la reacutegion du Sine-Saloum et la reacutegion de Thiegraves
Signalons quil existe plusieurs sous-groupes dans lethnie ainsi on
trouvera
- dans la reacutegion de Thiegraves les Ndut les Safegravene et les None
- dans le Sine-Saloum les Sine-sine et les Saloum-salouIT
On trouvera vers foundioune et agrave Nioro du cocircteacute de la Gambie les
Niominka (pecirccheurs) Cest une portion tregraves mandinguiseacutee
( 1
Le rattache~2~t d~ to~s ccs sous-groupes pose problecircme ~25 0~ r0~V~
uc grande partie de traits COITul1uns dans leurs modes dE vie Ct pOUT phs
de faciliteacute nous allons essayer de faire une ~tude globale de la lutte
traditionnelle seacuterecircre Lactiviteacute socio-eacuteconomique qui est essentielleme~t
agro-pasorale caracteacuterisE leacutethnie seacuteregravere
332 Lecircducation les moeurs les croyances et pratiques sEr~rc
Chez les Seacuteregravere la vie humaine se deacuteroule selon les grandes eacutetapes
le baptecircme lenfance ladolescencemarqueacutee par la circoncision lsectge
adulte le mariage la vieillesse et la mort (funeacuterailles)
La vie de la communauteacute seacuteregravere reste une des plus originales sinon
celle qui de nos jours garde la presque totaliteacute des pratiques et
habitudes traditionnelles
Bien qu aujotltdhui con~r-tis aux religions chreacutetienne et musulmane les
Seacuteregravere conservent leurs croyances et pratiques animistes
Quelque soit leur degreacute dadheacutesion aux religions reacuteveacuteleacutees les Seacuteregravere
croient en un Dieu puissant et miseacutericordieux Rog Segravene et les hommes
Les ~angols sont repreacutesenteacutes mateacuteriellement dans tous les villages
seacuteregraveres par des arbres (baobab et tamariniers) des animaux (geacuteneacuteraleshy
ment serpent doreacute ou iguane) des ustensiles (pilon calebasse et mortier)
De nombreux teacutemoignages nous apprennent que certains totems (serpent
iguane) font leur apparicion agrave loccasion de certaines manifestations
rituelles comme les sacrifices ceacuteleacutebreacutes lors dun mariage de ceacutereacutemonies
mortuaires ou des circoncisions
Le Seacuteregravere comme il nous a eacuteteacute donneacute loccasion de le dire plus haut
preacutesente des speacutecificiteacutes authentiques aussi bien en tout ce qui touch~
son eacuteducation ses croyanCES et pratiques mystiques q~e ses activiteacute~
socio-ecirccc~omiquEs Apr~s a ~aissa~c~ le beurob~ ~~ pcs~ 5~~ lE S~ __
On lui mouille les l~vres avec un peu d~ lait de mil et apr~s U~ bain
purificateur on versera leau dans un trou cr~us~ derri~r~ la Camp~~
Pendant huit jours la megravere et lenfant sont cacheacutes dans la case car
selon les anciens ils sont tregraves vulneacuterables La case deacutens certains cas
est entoureacutee dun fil blanc et lon place sur le seuil des fais(cauy di
veacutegeacutetaux pour chasser les mauvais esprits (geacutenies malfaisants et illangeUY~
dacircmes) Au bout du huitiegraveme jour la megravere et lenfant peuvent sortir de
la case bull
bullbullbull Le matin du huitiegraveme jour la tante paternelle va chercher de leau
(plusieurs fois)t elle doit rester muette pendant ses alleacutees et venues
si elle parlait t lenfant pourrait ecirctre muet bullbullbull
La megravere et lenfant prennent un bain purificateur dans lequel sont
trempeacutees certaines plantes (ce sont des veacutegeacutetaux pr~tecteurs tels le
begravene le yag le ngud) On y lavera aussi le linge e1t les ustensiles utishyj
liseacutes pendant les huit jours qui viennet de seacutecoul~r On rase le crine
de lenfant Les cheveux sont donneacutes agrave la megravere qui ~s enterrera avec le
reste du cordon ombilical dans un endroit que11e esit seule agrave connattre
La megravere sassied sur une natte devant la maison Une femme igeacutee de la
famille prend le beacutebeacute dans ses bras et le preacutesente aux quatre coins de
lhorizon
La tante paternelle tient ensuite un van sur la tecircte de la megravere on y
verse le mil on y verse eacutegalement en abondance sur la megravere et sur
lenfant La tante oint ensuite le corps du beacutebeacute avec du lait e11e
touche en particulier le front t le nez la bouche la poitrine le dos
et les oreilles
Elle pose enfin un ~rain de sel dans la paume du beacutebeacute (le sel purifie
et deacutetruit les puissances mauvaises)
Apregraves un nouveau bain la megravere et lenfant revEcirctent des habits de fecircte
(est
lenfant Ce precircnore a toujours U~ SEns Il sy~bolise parfois C0 qUi
lOIl sounaitt agrave lEufant l)
La circoncision comme dans les autres ethnies est obligatoire Elle
permet au jeune adolescent dacceacuteder agrave la classe adulte Les jeunes
sont regroupes en classe dacircge dans le bois ougrave sc fait la r0tr~it0 des
circoncis et ceci pendant plusieurs mois
Le Selbeacute qui est geacuteneacuteralement un ancien craint de tous les eacutelegraveves
enseigne le respect de la hieacuterarchie la discreacutetion le goOt de linishy
tiative Les activiteacutes physiques et leacuteducation artistique ne sont pas
en reste la deacutecoration la sculpture la lutte et la danse A sa sortie
du bois linitieacute appartient deacutesormais agrave la classe des virils et des
sages du clan car on lui aura enseigneacute les vertus fondamentales que
sont la justice lhonneur lamour du prochain 1 amour du travail
lhonnecircteteacute et surtout le respect des coutumes ancestrales
Le rite du mariage esd aussi un fait tregraves important dans le monde 1
seacuteregravere mais par manq~e dinformation nous serons obligeacutes de nous en
tenir lagrave
333 Impact des ethos sur la lutte dans le monde seacuteregravere
Lorigine de la lutte seacuteregravere ne semble pas claire ma1S nous pouvons
dire quil existait deux formes de lutte comme chez les Wolofs une
lutte sans frappe et une lutte avec frappe Et cest cette derniegravere
qui peut-ecirctre nous ameacutenerait agrave croire que la lutte seacuteregravere aurait une
origine plus preacuteciseacutement guerriegravere
Aujourdhui la lutte est uniquement une activiteacute sportive agrave travers
laquelle le jeune seacuteregravere eacutevalue sa force son courage et SOn ingeacutenioshy
siteacute Cest une occasion de deacutefendre lhonneur de son village ou de
la corrnnunauteacute
La luttE ~5t avant tout u~e rnanifcs[dtic~ c~lturclie et surtout
fo lkhriqut-
Gracircce agrave elle on peut deacutesormais comprendre un certain nombre de chants
et de symboles A travers la lutte seacuteregravere on ccedilomprend les inter-relashy
tions entreacute la vie et le monde surntiturel
Sil devait y avoir la mort dun villageacuteois pendant la fecirctE au T qUE
de linterrompre on proceacutedait gracircce aux connaissances magico-religieuses
agrave la suspension de la mort jusquagrave une peacuteriode ougrave la population sera plus
disponible pour organiser des funeacuterailles sil y eacutetait preacutedit la possibishy
liteacute dune deacutefait du champion local au profit dun champion dun autre
village des recettes dordre maginque et religieux eacutetaient mises en prashy
tique afin que le champion du village ne soit jamais terrasseacute(J)
334 Le profil du lutteur seacuteregraver~
Le lutteur seacuteregravere est par essence un athlegravete impressionnant de par sa i
carrure et sa musculature saillante mais cest aussi une force tranquille
et calme quelque soit lenjeu du combagravet et particuliegraverement lhonneur
Cet aspect nous pousse agrave parler du NGiMBE cest-agrave-dire de la tenue du
lutteur qui va influencer sur sa faccedilon de lutter
La confection du Ngimbe revient agrave la communauteacute entiegravere Le Ngimbe a
une signification symbolique et le lutteur pour meacuteriter la confiance du
groupe se doit de tout faire pour ne pas toucher le sol Toute la commushy
nauteacute elle aussi sengage pour assurer la longeacuteviteacute et le succegraves du lutteur
dans laregravene par lorganisation droffrandes et de sacrifices en lhonneur
des Pangols bull
bull
Daucuns nheacutesitent pas agrave dire que lessentiel du mysticisme se fait agrave
la maison et non dans laregravene tout le reste nest quintimidation de
ladversaire
lsvcns
Tt- pi ~- t
t 1 ~ l _ ~ t
par rapport agrave lautre Cbci est trEgraves lieacute agrave lactiviteacute journaliegravere du
jeune seacuteregravere qui est un cultivateur donc toujours bien planteacute sur ses
jambes et qui continuellement manie lhiler
Le fait de couper le boi~ peut eacutegalement constituer un moyen de muscushy
lation non neacutegligeable pour le jeune lutteur
Un certain nombre de traits techniques speacutecifiques au lutteur seacuteregravere
semblent ressortir des diffeacuterentes interviews que nous aVOns fait subir
agrave certains lutteurs seacuteregraveres et agrave diffeacuterents techniciens
SOUS-GROUPES FORMES DU CORPS CONTROLES GARDES
SAFEN Moyenne en fente NONE Hancheacute Bras (distante) j
NDUTJ
f
SINE-SINE Deacutecalage Ngimbe
Moyenne
SALOUM-SALOUM Passage- Jambe (rapprocheacutee) 1
i
PETITE dessous Tecircte Basse et 1
COTE Moyenne (rapprocheacutee)
Notons que le Niominka ll commence agrave lutter agrave partir du sol pour avoir
assez deacutelan et sauter sur ladversaire afin davoir la prise du lion
(contr6le de la nuque et du bassin)
Co a -tem-nt ccedilt attitude du lutteur sEacuteregravere335 np -1t ~
Les croyances mystiques sont indissociables des activiteacutes quotidiennes
duseacuteregravere Ce qui explique le cocircteacute supersticieux du lutteur seacuteregravere En
~ffet certains lutteurs refusent de lutter avant certaines heures
Certains teacutemoignages nous apprennent quil nest pas donneacute agrave tout le
monde decirctre champion de lutte et que le lutteur doit avoir des dons
surnaturels pour ecirctre agrave mesure de livrer ses combats dans la nuit
et trouver seul un gris-gris speacutecial appeleacute Njatch
Le vrai champion de lutte chez les seacuteregraveres ne lutte pas seulement avec
~a force et sa technique mais surtout avec ses dons occultes
Chez les seacuteregraveres les morts sont toujours preacutesents et les ~pangols
Servent dintermeacutediaire entre les hommes et les morts Le pangol prend i
le nom dhumain dans certains villages (IIHeacuteJga NDONG Har Wag NGOUYE) i 1
De ce fait on verra le lutteur danser dufe maniegravere ou dune autre en
fonction du pangol de sa famille Ainsi nrus aurons le back (chant et
danse du lutteur) des DIOUF des FAYE etclbullbullbull
Dans laregravene le lutteur seacuteregravere a un comportement exemplaire aussi bien
agrave leacutegard de son adversaire direct quave~ le public en geacuteneacuteral Lexpli shy
cation semble tenir au fait que le lutteur seacuteregravere est avant tout selon
la tradition orale le repreacutesentant de toute la communauteacute seacuteregravere Par
conseacutequent il devra saffirmer non seulement en tant que lutteur dans
laregravene mais aussi en tant quentiteacute morale
336 La tenue du lutteur ou NGIMBE est confectionneacutee par le marabout de la
famille ou du clan Le Ngimbe est constitueacute de pagne en cCton tisseacute
Il doit ecirctre propre le lutteur qui le porte ne devra pas avoir de rapshy
port sexuel pendant toute la peacuteriode des cOTpeacutetitians car le Ngi~bE ne
doit pas ~tre souilleacute
Autrefois et mecircme aujourdthui dans certaines familles on devient
lutteur de pegravere en fils et dans ce cas le Ngimbe du pegravere est heacuteriteacute
par le fils Le fait de porter le Ngimbe de ses aieux peut susciter
chez le jeune lutteur une motivation et une volonteacute ineacutebranlable dtasshy
surer la supeacuterioriteacute d~s siens dans ltaregravene Il fera tout pour que le
Ngimbe de la ramille ne touche le sable
La tenue du lutteur a une signification et une importance sur le plan
mystique car selon les anciens le vra1 feacutetiche du lutteur celui qui
le proteacutegera et laidera agrave vaincre le nDjinne ou le tRapu de ladvershy
saire se trouve cacheacute dans ce Ngimbeu bull Celui qui confectionne donc le
Ngimbe U est doueacute de faculteacutes occultes
337 Larbitrase est assureacute par un sage du village qui geacuteneacuteralement fut
champion de lutte de son temps Dailleurs cet ancien nintervient que
si le terrassement est litigieux Hormis le public qui proclame la vicshy
toire ou le match nul le lutteur lui-mecircme est arbitre et il arrive
quil se deacuteclare vaincu
Nous avons pu cfter Meacutedoune KHOULE un desplus grands lutteurs seacuteneacutegashy
lais qui a donn~ une victoire agrave Djeacuteri SADIO son adversaire qui a reacuteussi
agrave lui faire touegraveher le sol de la main
IlL
34 1 Preacutesentation
Lethnie toucouleur vit En grandt partit ciE~~ la vallfc du S~~~gal
pt reprecircsente i peu pr~s 8 de la population totale secircn~galaise
o Histoire
Il semblerait que dans lancien royaume du Tekrour (IX~ siegravecle) des
eacuteleacutements neacutegroiumldes Sarakoleacute et des Peul aient formEacute par meacutetissage le
peuple Toucouleur (Toucouleur serait dailleurs une deacuteformation du
mot portugais Tacouror)
Ce empire a domineacute aussi bien les wolofs de lOuest que les Peul
nomades du Fouta Toro Cette reacutegion fut le premier pays islamiseacute par
les Almoravides ce qui peut expliquer le proseacutelytisme toucouleur
Ce sont les guerriers toucouleur islamiseacutes qui attaqu~rent avec les
Almoravides la capitale du Ghana Koumbi en 1067 On convertit par
la force les animistes Cest sans doute agrave cette eacutepoque que de nombreuses
ethnies reacutefractaires agrave lIslam ont dO accentuer leur migration vers
le sud (Seacuteregravere wolof Sarakoleacute Bambara Songhaiuml Akan et Peul se reacuteshy
fugiaient vers les hauteurs du Fouta Djalon)
Au XIXegrave siegravecle les Toucouleur allaient trouver en El Hadj Omar Tall
un grand conqueacuterent qui sous le preacutetexte religieux de la gJerre sainte
contre les tribus animistes (entre autres Bambara) eacutetendit lempire
toucouleur sur presque tout lensemble du gali et la partie de la Guineacutee
proche du l1ali
Lempire toucouleur composeacute de Sarakoleacute de Bambar~ de ~alinkeacute de
Xassonkeacute dE Peul et de Dogon eut le meurorit~ dunir CES diif~rentes ~ ~ - - - - - et~ics ~t dE CD~stituer l~Sl la b2S~ ~r 1
_ ~ ~ ~_ L ~
~ ~- ~- - - ---- _ 1 v _ t 1 ~-_ --
marabout tOL~culcuuml~ ~ middotlrrany a l ick SI venu des E1i rClS dE Pocior~ (
~ Vi~ euroconomicue et sociale -----------~-------------
Les Toucouleur sont des cultivateurs mais bien quils n~ soie~t pa~
pasteurs comrre les Peul leacutelevage a une place inportarteacute decirc1S ltur
eacutecono~ie Pour faciliter leur conquecircte guerriegraverE ils c~t Eucirc une preacuteshy
dilection pour leacutelevage des chevaux On y trouve aussi des pecirccheurs
appeleacutes Tchioubalo La socieacuteteacute toucouleur aurait une stratification
sociale tregraves rigide Les groupes ethniques et les castes eacutetaient
diffeacuterencieacutes et strictement exogamiques les Rimbe classe des nobles
comprenant la famille reacutegnante et les guerriers libres la classe des
Nieacutenieacutebegens de castes artisanales i les Rimaibeacute anciens esclaves
devenus serviteurs qui portent les noms de famille de leur maicirctres A
la base de lorganisation de la collectiviteacute toucouleur se situe le
village (Wouro)
Toutes ces castes sont cloisonneacutees entre elle~ Ainsi il nest pas
permis agrave un Torodo (noble) de se marier avec un Tchioubalo Ces
consideacuterations sont importantes dans le domaine de la lutte ougrave nous
apercevrons que les nobles ne sont pas faits pour lutter Le noble
preacutesidera les seacuteances de lutte et on luttera pour lui Ces condeacute rat ions
de noblesse et de rang social sont extrecircmement importantes dans le
monde toucouleur
Le noble ne doit pas se salir on lutte pour lui il ne vit la lutte
quen tant que spectateur
342 Education moeurs croyances et eratiques religieuses
Deux formes d~ducation sont agrave consideacuterer leacutedJcatio~ dES enfarts Et
celle des adultes
oG lenfant sait m2n~~r et apprfcier le goOt d~5 ~iifeurorents r~pas lt
le moment ougrave il CO~~e~CE agrave marcher
tivirt n~sormais le petit toucou]eur est eacuteduquf par toutmiddot 12 f2~i)]E
dabord puis par toutes lespersc~nes du village ou du C13~
Lenfant peut ~tre corrigeacute par tout adulte appartenant au groupe social
Son eacuteducation est deacutesormais laffaire de toute la communauteacute et non
exclusivement celle ces parents On linitie ainsi au travail quotidien
qui se fait dans la bergel~ e les champs et les bords du fleuve Au sein
du village il pourra apprendre agrave filer la laine et agrave tisser des pagnes
dans les champs il apprend agrave manier la houe et lhiler pour la culture
du riz et du mil Mais signalons que lactiviteacute essentielle du toucouleur
est leacutelevage des boeufs des moutons et des chegravevres Chez les Ichioushy
balos (p~cheurs ) lenfant sera initieacute tregraves tat au maniement des pagaies
agrave la p~che propremccedilnt dite et agrave la nage
Vers cinq-six ans lenfant est confieacute au maicirctre coranique le Ihierno
et ce dernier dispose exclusivement de toute sa vie Lavenir du jeune
enfant lui appartient
Comme dans les autres groupes ethniques les enfants sont regroupeacutes en
classe dacircge et cest dans cette structure que lenfant subit les rite
de passe et plus particuliegraverement celui de la circoncision
La circoncision est non seulement unE opeacuteration chirurgicale malS surshy
tout une peacuteriode au cours de laquelle le jeune garccedilon passe de leacutetat
dadolescent agrave leacutetat dadulte Les circoncis sont reacuteunis en classe
dacircge dans un endroit situeacute hors duvillage geacuteneacuteralement choisi par les
vieux Cet endroit n~st accessible que par des individus de SExe ffi8SCUshy
li~ ~ta~t au preacutealabl circoncis
- - - -
quable et complet sur le plan phy~ique et ~oral Ai~si liniti~
acquiert les qualitecircs indispensables que sont le courag~ la modest
lesprit de sacrifice lendurance
Le toucoule~r est un pleux musulma~ Cela sexp1
SOil le premier agrave tre en contact avec la religion musulmane de par sa
position frontaliegravere Lethnie toucouleur de par son histoire a preacutesenteacute
les plus grands chefs militaires et religieux musulmans seacuteneacutegalais Et
pour illustrer cela on peut citer en exemple la grande famille musulmane
des SY agrave TIVAOUANE repreacutesentant la confreacuterie des TIDJANES
Bien que lon note une majoriteacute musulmane on peut dire que certaines
croyances et pratiques mystiques et animistes persistent encore surtout
dans la reacutegion du fleuve
Une pratique courante se fait elle sappelle le Djatt Elle consiste
agrave faire sortir le caiman du fleuve agrave limmobiliser et agrave lattacher
sans quil ne reacuteagisse et tout ceci agrave laide de versets et dincantashy
tions magiques Dapregraves les teacutemoignages ces pratiques sont plutocirct
freacutequentes chez les Tchioubalos (pecirccheurs) Il arrive aussi que cershy
tains chasseurs ayant des dons se livrent agrave certaines pratiques an1shy
mis tes qui consistent agrave invoquer certaines puissances et agrave moduler sous
forme de chant des versets occultes pour se proteacuteger des mauvais esprits
et pour eacuteloigner les fauves Ce chant est geacuteneacuteralement incompreacutehensible
et deacutenueacute de sens pour le profane
343 Activiteacutes ludiques et pratiques sportives en milieu toucouleur
Durant toute son histoire lethnie ~oucouleur a toujours EacutetEacute Frese~teacute~
comme celle qui avait ue activit essentiellement guerr e e~ particushy
liegraverement farouche Trois eacuteleacutements ret r t l ecirc t te nt i c- euro so~t
le manie~~nt du ~acircton 12 luttE Et 1eacute danSE
l
Lecircducation ph~sique et artistique Dcc~pe un place precircpondecircra~rp
dans la fDrmat~on du jEune toucouleur A loccasion agraveeacutevegravenemen~ imporshy
tants reacutecoltJs mariages baptecircme nous assistons agrave des manifestashy
tions folkloriques de grande envergure le Wango oucirc dailse toucouleur
tregraves gymnique iles chants et surtout les sEacuteances de lutte
La lutte toucouleur est la forme de lutte la plus spectaclaire dans
tout le territoire seacuteneacutegalais Elle est essentiellement baseacutee sur des
techniques en hancheacute et surtout en souplesse Ceci sexplique par le
fait q~e le jeune toucouleur est tregraves tocirct initieacute agrave la gymnastique (saut 1
per saut de main salto arriegravere saut de tecircte couronneacute etc bullbullbull ) pour
la dans~ du wa~go En dansant le wango qui est une danse rythmeacutee et
gymnique le Jeune toucou1eur est capable de prouesses extraordinaires
1
En lutte lattaquant se deacuteplace tregraves peu pour avoir une bonne saisie
(geacuteneacutera~ement controcircle du Ngimben ) et enchaine brusqueme~t avec une
attaque surpris~ Cependant les ripostes sont souvent surprenantes et
spectaculaires (baseacutees sur la souplesse et la rapiditeacute) ontrairement
aux autr~s form~s de luttes ougrave lon voyait tous les jeune adheacuterer la
lutte to~cou1eur Verra un groupe de speacutecialistes sadonne agrave la lutte 1
(la lutte est lieacutee agrave la position sociale de lindividu problegraveme de
caste)
Q La morphologie du lutteur toucou1eur 1
1 1
Ce dernier nest pas aussi large et aussi fort que les lutteurs diola
et seacuteregravere Cependant il est tregraves reacutesistant La musculatJre est saillante 1
et tregraves souple lindividu est longiligne mais tregraves athleacutetique
Les mouvements de lutteurs sont semblables agrave ceux dun grand fe1in Cette 1
morphologie semble ecirctre lieacutee agrave la position geacuteographique de lethnie
(reacutegion du fleuve) et agrave lacitiviteacute socio-eacuteconomique du toucouleur qui
est agrave la fois cultivateur (activiteacute lieacutee agrave la crue et deacutecrUE du fleuve)
pecirccheuro~T CIcr~icubaon) et sttout jEumlrgcr qui est U~ rc~2eumlr
shy
Deux formes egrave~ corps sembl~nt ecirctre preacutefeacutereacutees du lutteur toucouleur
le hancheacute et la souplesse Les hancheacutes sont faits agrave partir de plusieurs
positions de doset se terminent geacuteneacuteralement par des techniques de
tregraves grande amplitude
TABLEAU RECAPITULATIF DES TECHNIQUES ET FORMES DE CORPS SPECIFIQUES
i
L441 r
GARDE FORMES DU CORPS CONTROLES --shy - -
Moyenne Souplesse Ngimbe
Hancheacute bras
Demi-souplesse
1
Profil psycholosigue 1
TECHNIQUES
ContrOle du bassin et 12 souplesse
arriegravere
Klicket et allegravegement de la hanche
Le lutteur toucouleur est celui lUi se livre le moins aux preacuteparaqons
maraboutiques Cela est dO au f~t que le toucouleur est un grand ~USUlshyman et que les pratiques animisges ont presque disparu dans ce mil~eu
Dans la pratique le lutteur esJ combaif mais il est calme et tr~s reacutefleacutechi quant agrave la deacutecision agrave prendre en plein corps agrave corps ct~st un des seuls techniciens qui reJte tregraves lucide au cours de ses comb~ts
l Dans toutes les circonstances e lutteur toucouleur est tenu de re~pecshyter son adversaire et ceux de s4n eacutequipemecircme sil est vaincu
Comme nous avons dO nous en rendre compte la rigueur des principes
eacuteducationnels a une influence tregraves sensible sur l~ comportement du
toucouleur
i
III S COCL ~s 1DO
Dans cette partie nous avons essay~ de montrer lftroite re1atic~
Entre les diverses activiteacutes socio-eacuteconomiques dans les ethnies et
lES diffEacuterentes faccedilons de lutter
Daucuns seraient tent~s de conclure trop rapidement et cest p0~r
cette raison que nOUS avons penseacute preacuteciser que le pheacutenotype nest
pas geacuteneacuterateur du geacutenotype Et nous sommes convaincus que la morphoshy
logie et les techniques des lutteurs relegravevent de leurs modes de vie
et de leurs croyances agrave une eacutepoque et danE un contexte bien deacutetermishy
neacutes
Est-ce que les lutteurs dio1a ou seacuteregravere travaillant avec leurs bras
dans les champs auraient les mecircmes pr 0 fil s physiques que les lutteurs
utilisant des machines pour lagriculture
- 69 shy
I UJOURDH~1 E-S ut O[l LES FORfilS Ut LU11t~
~otons que notre enqu~te a ecirctE essentiellement faiteen milieu urbain
Les seacuteances de lutte ont tendance agrave perdre leur particulariteacute de r~shy
jouissance pour devenir des pheacutenomegravenes de sportisatio Deux fores
de luttes so~t principale~cnt prat s dans les aregrave~es du 5 al
la lutte traditiunnelle simple et la lutte traditionnelle avec frappe
De nos jours la lutte traditionnelle tend vers une reacuteglementation
et une institutionalisation
Le reacutesultat de nos investigations nous donne le tableau ci-dessous
REPARTITION ETHNIQUE SUR 100 PRATIQUANTS
LUTTE LUTTE RAPPORTETHNIES SANS FRAPPE AVEC FRAPPE J2
Diola 40 16 71 j
Seacuteregravere 26 21 57
Toucouleur 23 10 69
Wolof 1 1 53 17
La demande sociale par ordre deacutecroissant pour la lutte sans frappe
se preacutesente comrre suit
]0_ Ethnie diola avec pregraves de 3 lutteur~ sur 4
2deg_ Ethnie toucouleur
Ethri dun
~ 1 LA LUTTE TR])IIIO~~ELLE AVEC H-PPE
Cette forme deacute lutte a une histoire qui date de lantiquiteacute elle
sa~pelait le Pugilat Au Seacuteneacutegal elle a vu le jour dans le Cayor
bien avant la colonisation Le coup dE pied l~Lrdn~lement la morshy
sure la frappe et le doigtf eacutetaient permis dans le cc=bat ~ ~middot~p0~~e
Dans certains cas la giffle eacutetait beaucoup plus dangereuse que le
poing quand elle eacutetait donneacutee par un speacutecialiste Cette giffle pouvait
agrave elle seule deacutechirer et mecircme parfois amputer la joue de ladverser
Selon les informations la lutte avec frappede nos jours serait une
forme de lutte tregraves eupheacutemiseacutee de celle dantan ougrave une blessure
pouvait souvent ecirctre mortelle
Aujourdhui au niveau du folklore la lutte na plus la mecircme
le spectaculaire a remplaceacute le significatif iLa lutte avec frappe se 1
pratique surtout dans les centres urbains C~aque fois quun grand combat 1
est progra~eacute par le Comiteacute National Proviso~re (CNP) des centaines damashy
teurs sont mobiliseacutes vers le stade lba Mar D~OP qui est aujourdhui le i
lieu approprieacute ougrave se deacuteroulent les grands conkbats de lutte Cest la formE
de lutte qui semble drainer une foule de personnes beaucoup plus importante
que celle de la lutte simple
La lutte avec frappe deacuteriverait dune forme de lutte traditionnelle
pratiqueacutee jadis dans le Cayor au temps des Damels et la frappe serait
le substitut dun certain nombre de pratiques doigteacute jet de produits
etc bullbullbull dont le but eacutetait laveuglement de ladversaire La lutte avec
frappe serait une continuation logique dune carriegravere sportive de la
lutte traditionnelle qui sen sert comme moyen socio-eacuteconomique En
effet la majoriteacute des lutteurs avec frappe ont dabord eacuteteacute initieacutes agrave la
lutte simple Cependant il faut signaler que de nOS jours il arrive
que le jeune lutteur avec frappE- soit directenent formEacute conne speacutecialistE
agrave la frappe sa~s pour autant faire son chemin dabcrd egravea~s la lutte
- ~ shy
Le recircsultat dE ~os interviews ncus rec~trE qGune pcpulatiD~ divcrsishy
fiampe sint~resse agrave ce sport et qUE les intecircr~[s des uns et d~SlautrE~
semble~t divergents naucuns affirment que la lutte traditionnelle
avec frappe serait monteacutee par des personnes dont la vocation est dexshy
ploiter ce pheacuteLomegravene agrave des fins commerciales Dautres disent gJellegrave
jouit de mcyens irport~nts t[l[~isio
tation etc bullbullbull ) pour toucher toutes les couches sociales CEpe~~a~t
nous remarquons que mecircme si certaines personnes reprochent agrave cette
forme de lutte decirctre brutale ces mecircmes personnes nheacutesitent pas agrave
se rendre le dimanche agrave laregravene Bien que critiqueacutee elle semble ecirctre
adopteacutee par une tregraves grande partie de la population seacuteneacutegalaise Cepenshy
dant en tant que techniciens il nous est permis de faire une remarque
Il sagit de
- Limpression nette decirctre devant des professionnels de la frappe
qui sont ~ntratneacutes pour cela Dailleurs les propos que nous avons
recueilli~ nous prouvent que la plupart des champions de lutte avec 1
frappe s~ntratnent dans certains sports de combat tels ~ue la boxe i 1
le karateacute le judo Dans cette nouvelle forme de pratique de la lutte
contrairefuent agrave la lutte traditionnelle le technicien e~t souvent
perdant face au puncheur Ce dernier adopte une lutte agrave distance qui
lui permet de placer agrave bon escient ses coups animeacute du deacutesir de vaincre
Le technicien lui se voit contreacute dans toutes ses entreprises par
un uppercut ou un crochet
On peut dire cependant que nul sport au Seacuteneacutegal que la lutte tradishy
tionnelle avec frappe ne deacutechaicircne autant de passions et autant de
pheacutenomegravenes poussant agrave lexcegraves et deacutereacuteglements quon ne peut que deacuteplorer
Mais comment deacutecrier un spectacle de lutte qui bien quayant perdu la
presque totaliteacute des valeurs traditionnelles veacutehiculeacutees autrefois par
elle sait susciter une participation effective de tous ceux qui sont
preacutesents
CONCLUSION
Dans ce meacutemoire nous sommes efforceacutes ~e faire ressort ir limportance des
ethos et des habitus et leurs effets sur la pratique de la lutte tradishy
tionnelle au Seacuteneacutegal
L~b egravethos repr~sentent dune maniegravere g~neurorale tous les eacuteleacutements speacutec
fiques sux Seacuteneacutegalais par conampeacuteguent un systegraveme de valeurs traditionnellEs
Mais m~me si ces valeurs rev~tent une signification universelle (honneur
digniteacute courage etc bullbullbull ) il nen demeure pas moins que ce nest pas leur
nature qui fait leur speacutecificiteacute mais la hieacuterarchisation et limportance i
quon accorde agrave toutes ces valeurs de ~ar leacuteducation ou la culture
i 1
Aussi les valeurs traditionnelles puient leur speacutecificiteacute dans les
caracteacuteristiques propres aux eacuteleacutements ~e la socio-cu1ture (la technologie
et leacuteconomie la politique et la pareteacute la psychologie et lideacuteologie)
dans la socieacuteteacute seacuteneacutegalaise agrave n momen donneacute de son eacutevolution Cest i
dire la neacuteceesiteacute de ne point faire della valeur une reacutealiteacute statique
Cest dite aussi quagrave tout mome~t le ~eacuteneacutegalais peut eacutevoluer et creacuteer
ou vivre par conseacutequent de nouv~lles fprmes de valeur qui lui sont 1
propres ft (J)
La lutte traditionnelle veacutehiculant deS valeurs socio-cu1ture1les speacutecishy
fiquement seacuteneacutegalaises (croyances valeurs morales norme de comportement
opinion attitude bullbullbull ) devient un eacuteleacutement important qui tregraves certaiaement
nous aidera dans notre effort de valoriser et de peacuterenniser notre patri shy
moine culturel par le biais dactiviteacutes physiques et sportives
Leacutetude des habitus nous permet de prouver quil y a plusieurs faccedilons
de se mouvoir comme danser lutter bullbullbull qui varient avec les diffeacuterentes
ethnies (wolof toucouleur seacuteregravere diolagt leurs convenances et leurs
eacuteducations
(1) Revue Ethiopiques 31 Les valeurs traditionnelles et le problegraveme de leur inteacutegration dans les systegravemes modernes jtducatio-1 2 6r--70
nautre part cette eacutetude permet aussi de nous rendrE compte de la
correacutelatipn eacutetroite existant entre la pratique de la lutte traditionnelle
et le sta~ut socio-eacuteconomique du pratiquant
Nos inves~igations nous indiquent que la lutte recrute essentiellement
au niveau des classes socio-eacuteconomiques situeacutees en bas de leacutechelle
donc posseacutedant le statut social le moins favoriseacute La lutte avec frappe
-et un certain secteur commercialiseacute de la lutte simple- y trouve sa
leacutegitimiteacute Comme le dit BOURDIEU nA habitus diffeacuterents styles de Vle
divergents et il oppse les pratiques aristocpatiques correspondants agrave
des activiteacutes qui favorisent les situations eupheacutemiseacutees ougrave la stylisashy
tion est importante aux pratiques populaires qui font appel agrave des
qualiteacutes qpposeacutees bllutes rugueuses Certaines interviews nous
montrent que plus lindividu occupe une place eacuteleveacutee dans leacutechelle
sQciale e~ 1
moin$ il sinteacuteresse agrave la lutte
Les reacutesultats recueillis dans nos diverses investig~tions confirment 1 1
1er propos qui disent que nous assistons aujourdhu~ agrave une involution
de la lutte traditionnelle parce que perdant toutes ses speacutecificiteacutes au 1
pryfit d~ne autre forme de lutte que lon continue agrave appeler nostalshy
giqlementIIlutte traditionnelle
Ceci pourrait peut-~tre trouver une explication dan la citation suivante
La liberteacute de creacuteer dinnover de vivre Pleineinenf decirctre soi et de
preacuteserver son authenticiteacute la digniteacute et lhonneu1demeurent des illushy
sions dans la misegravere eacuteconomique~ Nos ancecirctres creacuteai~nt des valeurs de cishyl
vilisation parce quils eacutetaient libres parce qu1i~s ignoraient toute
deacutependance eacuteconomique ils cultivaient en eux et cbez leurs enfants le 1
Jorn et la Kersa et preacutefeacuteraient la mort agrave la hoJte lI (1)
Or le Seacuteneacutegal comme la plupart des pays africainsi est un pays sousshy
deacuteveloppeacute t cependant face agrave cette volonteacute du gou~ernement seacuteneacutegalais
de faire inteacutegrer dans leacuteducation des valeurs traditionnelles nous
pouvons espeacuterer utiliser comme moyen deacuteducation la lutteacute traditionnelle
qui reste quand mecircme vecteur jethos et dhabit~s
- 54 shy
Mecircme si lon a noteacute un appauvrissement notoire sur les plans socioshy
culturel et moral la lutte traditionnelle recegravele une gamme importante
et varieacutee de techniques permettant incontestablement une ouverture vers
les luttes olympiques libre et g~eacuteco-romaine
La lecture de ce meacutemoire permettra agrave lentratneur et au professeur de
lutte en fonction du lieu ougrave ils seront affecteacutes dans le territoire
seacuteneacutegalaisdavoir une information sur les techniques contrOles et
formes de corps propres agrave chaque groupe ethnique et de les mettre en
relation avec leurs croyances et leurs mentaliteacutes
Nous avons essayeacute de montrer que la pratique de la lutte traditionnelle
doit tre axeacutee sur une ethnomotriciteacute au Seacuteneacutegal qui permette une inishy
tiation facile Cette pratique de la lutte traditionnelle seacuteneacutegalaise
devra dailleurs essayer de ~eacutepondre aux aspirations du Seacuteneacutegalaisl
moderne en souvrant aux ap~orts positifs des autres civilisations
ex~eacuterieures nous voulons Jvidemment parler du judo et des luttes oiymshyJ
piques 1
1 j Nous navons pas la preacutetentfon dans le cadre de ce meacutemoire demattrise
de reacutepondre agrave toutes les qutstions se rattachant agrave leacutetude de ~a lutte
traditionnelle souslangle~socio-culturel car non seulement il nous
manque lexpeacuterience et la c peacutetence en la mati~re mais aussil l le temps
et les moyens dont nous dis osions ne nous permettaient pas d~puiser le 1sujet i
1 1 1 t 1
l
- )5 shy
BIBLIOGRAPHIE
BIBLIOGRAPHIE
1- CLAPAREDE Psychologie de leacuteducation et peacutedagogie expeacuterimentale
Edition Delachaux et Niestleacute 244 pages
2- POCIELLC Christian Sport et Socieacuteteacute approche socio-culturelle
des pratiques Paris Vigot 1981 377 pages
3- PIERON Henri Vocabulaire de la psychologie
PUF Deuxiegraveme eacutedition 1957 469 pages
4- Revue socialiste de culture neacutegro-africaine ETHIOPIQUES
Les valeurs traditionnelles et le problegraveme de leur inteacutegration
dans les systegravemes modernes deacuteducation
GIA 21 Juillet 1982 213 pages
5- N2 Revue du Centre dEtudedes Civilisations DEM ak TEY
NIS IVegrave Trimestre 1982 96 pages
6- Document lNSEP Colloque sur la lutte aeacuteregravere
DAKAR MAI-JUIN 1980
t 1
~- Travaux du IVegrave Congregraves National ~es Sports agrave DAKAR les 2223041981
Bulletin n2 91 du CIO du 15 Aont 1965
l____________________________
8- Meacutemoire de Mattrise BADJI Abdou La lutte traditionnelle Joola
Etude et perspective
9- Meacutemoire Inspectorat JS DJITTE Mandy Les pratiques corporelles
traditionnelles au Seacuteneacutegal pour leur exploitation et leur
utilisation en peacutedagogie Marly le Roi 1980
REPUBLIQUE DU SENEGAL
--------------- INSTITUT NATIONAL SUPERIEUR
MINISTERE DE LA JEUNESSE DE LrsquoEDUCATION POPULAIRE
ET DES SPORTS ET DU SPORT
-------------
(INSEPS)
MEMOIRE DE MAIcircTRISE
Es-SCIENCES ET TECHNIQUES
DE LrsquoACTIVITE PHYSIQUE ET DU SPORT
LA LUTTE TRADITIONNELLE
son importance sa signification en fonction des ethos et des habitus ethniques au Seacuteneacutegal
Preacutesenteacute par
Monsieur Joseph Victor FAYE
Sous la direction de
M Jean Marc ROCHEZ
Professeur agrave lrsquoINSEPS
Anneacutee de soutenance 1984
L6UQJE OU SENE3AL
LA LUTTE TRADITIONNELLE SON IMPORTANCE 1 SA SIGNIFICATION EN FONCTION
DES ITHOS ET DES HABITUS ETHNIQUES AU SENEGAL
ANNEE CIVILE DE SOUTENANCE 1984
Joseph Victor FAYE MEMOIRE DE MAITRISE
ES SCIENCES TECHNIQUES DE L ACTIVITE PHYSIQUE
ET DE SPORT
D E DIe ACE --00--00--00-shy
Je deacutedie ce meacutemoire
agrave ma grand-megravere Louise Marie SOKHNA
agrave mes parents Jean et Francisca FAYE
agrave mes fregraveres et soeurs et plus particuliegraverement agrave ma femme
et ma fille bien aimeacutees Lala Khadidja et Feacuteliciteacute FAYE
-----shy
REMERCIEMENTS
Mes vifs remerciements agrave M Jean Marc ROCHEZ qui maura beaucoup
aideacute dans la confection de ce meacutemoire
Je remercie tregraves sincegraverement M YADE Directeur Technique de
lEquipe Nationale t1essieurs Abdou BADJI Kory SARR Djibril SECK
tous professeurs dEPS M Julien DAl-fIEN 1me Simone DAROZA
-Hle Marie DIEllE et tous ces speacutecialistes qui auront contliibueacute de
pres ou de loin agrave mes travaux
so IYPORA~CE SA SIGIFICATION E~ FONCTlOl
DES ETHOS ET DES HABITUS ETHNIQVE~ AD SENEGAL
SOM MAI R E Pages
1 INTRODUCTIO~ ---------------------------------------- shy
II QUELQUES NOTIONS DE SOCIOLOGIE POUR UNE MEILLEURE
COMPREHENSION DE LA LUTTE TRADITIONNELLE ------------- 5
- Habitus et techniques du corps --------------------- 5
- Habitus de classe et style de vie ------------------ 6
- Ethnomotriciteacute ------------------------------------- 7 - Analy~~ des demandes sociales en matiegravere
de pratique des sports de combat ------------------- 8
Judo --------------------------------------------- 9 Lutte libre traditionnelle ----------------------- 10 ft Lutte olympique ---------~------------------------ 10 Boxe anglaise ------------------------------------ Il ft Karateacute ------------------------------------------- II Lutte traditionllelle avec frappe ------------------ 11
III DIVERSITE ETHNIQUE - PLURALITE DES STYLES DE LUTTE --- 16
31 LA COMMUNAUTE DIOLA ----------------------------- 16
311 Preacutesentation ----------------------------- 16 312 Quelques aspects de leacuteducation
et des rites en milieu diola ------------- 17
313 Croyances et pratiques mystiques --------- 19
314 Impact des moeurs sur la pratique
de la lutte diola 20
32 LA COMMUNAUTE WOLOF ----------------------------- 24
321 Preacutesentation ----------------------------- 24 322 Les moeurs ~t les croyancEs wolof -------- 24
323 Leacuteducation d~ w810f --------------------- 26
32~ Incidences des ~~~urs s~r l~ l~tte ------- 28
tiques physiques du lutr~uT wolof -------shy 31
33 LA CO~GAUTE SERERE ---------------------------shy
331 Preacutesentation ----------------------------shy332 Leacuteducation les moeurs lES crOyanCES
et les pratiqUES seacuteregraverc -----------------shy
333 impact des ethos sur la lutte
dans le monde seacuteregravere --------------------shy
334 Le profil du lutteur seacuteregravere -------------shy
335 Comportement et attitude du lutteur seacuteregravere
336 La tenue du lutteur ou Ngimbe ---------shy
337 Larbitrage -----------------------------shy
3~
37
38
40
40
41
34 LA COMMUNAUTE TOUCOULEUR -----------------------shy
341 Preacutesentation ----------------------------shy342 Education moeurs croyances
et pratiques religieuses ----------------shy343 Activiteacutes ludiques et pratiques
sportives en milieu toucouleur ----------shy
344 Profil psychologique --------------------shy
42
43
~S
47
35 CONCLUSION -------------------------------------shy 48
IV AUJOURDHUI VERS DE NOUVELLES FORMES DE LUTTES ------shy
41 LA LUTTE TRADITIONNELLE AVEC FRAPPE ------------shy 50
V CONCLUSION ------------------------------------------shy
ln LI) 1 5 L bull 0 G R A PHI E -------------------------shy
52
Ce ~eacutemoire est une riflexion 3ur la lutte car ~lie apparatt sur le
continent africai~comme un phinomegravene social important Elle le doit
sans doute au fait que depuis le fond des temps elle est itroitement
associeacutee agrave la vie de lhomme Or en deacutecouvrant ses vestiges du passeacute
lAfrique confirme lhypothegravese d~tre le berceau de lhumaniteacute Il en
reacutesulte que sur ce continent la lutte y possegravede une longue tradition
et serait-il paradoxal de preacutetendre que lAfrique a acquis le besoin
de lutter qui cherche agrave se satisfaire selon des moyens congeacutenitaux
cest dans cette perspectiveque nOus approcherons la LUTTE SENEGALAISE
car il est admis que la preacutesence de lHomo-Sapiens en Afriquecircde lOues
remonte agrave plus de 10000 ans Autrement dit nos anc~tres ont reccedilu
lhistoire de la lutte et sa longue eacutevolution lieacutee agrave celle de la civili
sat ion
Nos premiers anctres pratiquegraverent la lutte utilitaire celle dont la
possession eacutetait neacutecessaire pour survivre dans un milieu hostile et
inquieacutetant agrave la fois pour se nourrir et pour se deacutefendre
En se regroupant en clans et tribus nos anc~tres modifiaient radicaleshy
ment leurs conditions dexistence certes ils eacutetaient mieux agrave
mme dassurer leurs besoins vitaux mais ils devaient faire face aux
rivaliteacutes qui ne manquegraverent pas de surgir entre les diffeacuterents groupes
Cette installation dun eacutetat endeacutemique de guerres ougrave le but eacutetait de
soumettre et de ravir ou de se libeacuterer et de reacutecupeacuterer transforma la
lutte en activiteacute martiale Ainsi se deacuteveloppa la science du combat agrave
mains nues celle qui permet de deviner lautre et de le surprendre en
deacutecidant et agissant plus rapidement que lui Mais il ny a pas si long
temps le corps agrave corps eacutetait leacutepisode deacutecisif de toute bataille
Gagnant en sagesse et en technique nos anc~tres saperccedilurent quil
existait dautres modes de vie que celle de vivre aux deacutepens de ses
semblables et progressivementiles temps de paix prirent le pas sur les
temps de guerre La lutte en perdant son utiliteacute ~ais non sa fonction
devint lobjet dlun rite initiatique Il eacutetait du devoir des anciens de
- ~
d~tre en mesure dassurer acirc 1 ur tour Id protection du ~roupe En
deve~ant contenu denseignement la lutte ecircvoluait acirc nouveau Elle
perdit son caract~re preacutepa=atoi=e et devenait ~ctivit~ d~ c0~pensa-
tion (1) Au-delagrave des techniques de mise hors combat qui devaient se
deacutepouiller de leur violence et des risques de dommages corporels on
visait une action formatrice sous un triple aspect physique caracshy
teacuteriel et moral
Puis survint le temps de paix durable celui ougrave leacutenergie eacutetait
essentiellement consacreacutee agrave produire des biens pour sa collectiviteacute
dappartenance Deacutesormais lhomme eacutequilibrait sa vie entre le travail
le repos et le divertissement Cest ainsi que la lutte se retrouva au
coeur des reacutejouissances populaires En se faisant ludique celle ougrave
lon joue agrave mesurer sa force sa ruse son agiliteacute sa bravoure bullbullbull La
lutte se speacutecifiait agrave nouveau en simbriquant aux moeurs aux coutumes
et aux croyances
Cette longue histoire commune du neacutegro africain et de la lutte expliqUE
qUegravecette derniegravere fait partie des traditions auxquelles il est le plu
attacheacute et ort heacutesite pas agrave parler de sport national mecircme quand elle
doit ceacuteder en populariteacute devant le foot-baIl
En Afrique toute activiteacute physique veacutehicule un message et la lutte
traditionnelle elle aussi se trouve impreacutegneacutee de valeurs socio-cultushy
relIes et il arrive quon lui assigne de les veacutehiculer et de les trans~
mettre Parler de lutte en Afrique deacutecouvrir sa signification et comshy
prendre son histoire consiste agrave montrer quelle participe aux eacutethos et
habitus de groupe comme nous proposons de le faire
(1) - CARR The survival values of play citeacute par CIAPAREDE dans Psychologie de lEducation et Peacutedagogie Expeacuterimentale Edition Delachaux et Niestle (244 pages)
iotre reacuteflexion se ci-conscrird au S-~sJl -t mecircle si le peuple
seacuteneacutegalais est o-igilaire de la volonteacute cocnmune due dizaine deacutethries
de vivre ensemble ~ous nous limitert~s 1 analyser les rapports quentr
tiennent les quatre grands groupes diola seacuteregravere toucouleur et wolo
et les styles de lutte correspondant
Nous entendons veacuterifier lhypothegravese quaux particulariteacutes ethniques
(mode de vie coutumes rites et croyances) correspondent des particushy
lariteacutes de lutte (signification valeacuteurs veacutehiculeacutees mode de pratique
regravegles dorganisation bullbullbull )
Ce meacutemoire consiste agrave reacutealiser une approche socio-culturelle du pheacutenomegravel
lutte en Afrique avec le secret espoir quil puisse servir de preacuteface
agrave lhistoire des diffeacuterents styles reacutegionaux que dautres ont commenceacute
agrave eacutecrire
gt Si nous devions justifier le choix dun tel sujet t tous les arguments
se regrouperaient autour dune meurome motivation recouvrir notre authenmiddot
ticiteacute
En premier lieu parce que nous adheacuterons totalement agrave ce souhait des
Pouvoirs Publics de mettre laccent sur une eacuteducation physique et spormiddot
tive qui tout en souvrant aux appels feacutecondants de la techniques
fondera son action dans les valeurs traditionnelles du pays La lutte el
tant que pratique eacuteducative et manifestation dessence collective est
bien placeacutee pour justifier cette tendance
Elle reacutepond aux aspirations dune eacuteducation physique et sportive qui
veut creacuteer les conditions de son deacuteveloppement et de qUumlI i~ertion dans
les habitudes sociales des populationsff(l)
(1) Travaux du IV~ C~n-r~s Sports de 2223 Avril 1981
WotrQ CCYVcftOl de llnteacute~t JiU W sectU~ e6t ~~pu_~ deacuteclarations de 2rsonnaliceacutes du monde sportif lLrlsi ce Ii1essage agrave lir shy
tention des dirig~ants africains
-ous ~ T beaucoup agrave apprendre de eus ous qui sans
cesse davantage oublions que leacutequilibre de lhomme veuc
quiL sinscrive harmonieusement t aussi bien dans la nature
que dans la civilisation deacutecouvrons que les Atricains nont
pas eacuteteacute initieacutes aux principes du sport et ses vertus au
contraire de maints pays europeacuteens par exemple aupregraves desquels
tout ou presque est agrave retaire agrave chaque geacuten~ration Lexercie
physique tait partie de la vie atricaine il est moyen de commushy
nication et de locomotion- (1)
Or la lutte constitue par excellence ce Veacutecu moteur que nous t1ansshy
mettons de geacuteneacuteration en geacuterieacuteration et ce patrimoine doit survivre agrave
toutes les agravegressions or iginaires dautres modes de civilisation dont
certains effets ne manquent pas de se faire sentir sur le devenir de la
lutte traditionnelle
A la preacuteoccupation de preacuteserver notre authenticiteacute sajoute celle den
assurer la deacutefense
Aussi au-delagrave de nOs analyses destineacutees agrave eacutetablir les rapports entre
modes de vie et styles de lutte nous nous poserons le problegraveme dune
codification objective de la lutte traditionnelle constituant la mise
en communauteacute des apports pertinents de chaque style reacutegional Ce style
national apparatt indispensable en raison de lavegravenement prochain dune
socieacuteteacute seacuteneacutegalaise nouvelle qui ne peut se b~tir que par un partiel
renoncement au passeacute et son contenu (2)
Enfin nous voulons faire partager notre ~nthousiasme gagner agrave notre
cause eacuteducateurs entratneurs de lutte les amener agrave reacutefleacutechir sur leur
pratique et peut-~tre les aider agrave tnseigner avec plus de coheacuterence cette
discipline pour le plus grand bien de notre jeunesse
(1) Bulletin n 91 du CIO du 15 AoOt 1965 - Page 15
(2) Cette preacuteoccupation semble ecirctre partageacutee par de nombreux pays afri shycains ougrave la lutte est de tradition on y pressent quagrave de nouveaux types de socieacuteteacute doit correspondre de nouveaux hlbitus En conseacutequence la lutte doit eacutevoluer Darlllegrave~1e1t SO3 pine d amptre in~niaterpnt l~l~dJl-J~ (Sw~JL~c~ ~ - 13 P~v~~L)ti-~l j Ld L~t~ cr~lJit0nn~l12
otgalisecirce pH la cmFJS - iJAKAR - lai ~~)
-5shy
II QUELQUES NOTIONS DE SOCIOLOGIE POUR UBE MEILLEUR~
COMPREHENSION DE LA LUTTE TRADITIONNELLE
Essayons dexpliquer simplement les termes ETROS et HABITUS et
ETHNOMOTRICITE pour la clarteacute de notre deacutemarche
ETROS dans sa deacutefinition premiegravere veut dire en parlant dun individu
lice qui distingue cet individu des autres (1)
En eacutetudiant cette signification dans le cadre de la sociologie on
entendra par eacutethos ethnique (eacuteducation croyance rite etc bullbullbull ) lenshy
semble des caracteacuteristiques dune communauteacute sociale
HABITUS QCe sont les habitudes et attitudes socialement acquises qui
sous-tendent et preacute-deacuteterminent partiellement les faccedilons de penser de
sentir dagir de tout individu et traduisent notamment le rapport quil
entretient avec son corps (2)
Dans le cadre de ce meacutemoire nous allons essayer de faire une approche
de la lutte traditionnelle sous deux angles dabord en leacutetudiant comme
habitus en tant que technique du corps et ensuite COmme habitus de classe
fonction du style de vie des individus et nous nous proposons dans cette~gt
partie de deacutefinir ces deux notions dhabitus
Marcel MAUSS dans une viseacutee anthropologique emploie ce terme dune maniegravere
tregraves large pour rendre compte des faccedilons dont les hommes socieacuteteacute par
socieacuteteacute dune faccedilon traditionnelle savent se servir de leur corps Ces
habitudes varient avec les individus et leur imitations elles varient surshy
tout avec les socieacuteteacutes les eacuteducations les convenances et les modes les
prestiges
Analysant de multiples techniques du corpsll la marche la course la nage
le beacutechage le saut la danse et toutes les techniques corporelles en geacuteneacuteshy
ral (techniques alimentaires sexuelles de soins de repos bullbullbull ) MAUSS
insiste sur le fait que celles-ci ne sont pas naturelles mais acquises
(1) PIERON Henri Vocabulaire de la psychologie 2egraveme eacutedition revue et augmenteacutee PUF 1957 page Ill
(2) POCIELLO Christian Sport et Socieacuteteacute Approche sodo-culturelledeacutell pratiques Paris Vigot 1981 pages 78-79
La notion dethnomotriciteacute part dune constatation
- la grande diversiteacute des caracteacuteristiques preacutesenteacutees par les pratiques
corporelles en fonction de leacutepoque du lieu des groupes elle teacutemoigne
de linfluence despotique des normeS et des valeurs sociales sur la mise
en jeu du corps
Dougrave sa deacutefinition
Le champ et la nature des pratiques motrices envisageacutees sous langle de
leur rapport agrave la culture et au milieu social au sein desquelles elles
se sont deacuteveloppeacutees (1)
Conseacutequence le contrat ludosportif est aussi un contrat social il
reflegravete la faccedilon dont une socieacuteteacute aime agrave se penser agrave se repreacutesenter bullbullbull
et accepte de se donner en spectacle
Lethnomotriciteacute donne naiss~nce agrave deux sortes danalyses
- lanalyse synchronique -ou eacutetude spacialeshy
de type interculturel agrave hagravebitus diffeacuterents styles de vie divergents
de type intraculturel apparition dhabitus de classe et de pratiques
distinctives
- lanalyse diachronique -ou eacutetude temporelle- ou eacutevolution sur une longue
peacuteriode des pratiques motrices pour une cateacutegorisation dindividus
Cette hypothegravese de lenracinement social de la motriciteacute est une atteacutenuashy
tion des explications psychologisantes consideacuterant lindividu indeacutepenshy
damment de son environnement et sexprimant en termes de goQts motivations
() PARLEBAS pierre Contribution agrave un lexique commenteacute en Science 4e laction motrice Paris Publication INSEP 981 322 pages
AicircAgraveLYSE CES iJFrADES iDe I LES EN flA TIERE
DE PRATIQUE DES SPORTS DE Oicirc-itlAT
Objet Veacuterificat~on de la theacuteorie de lhab~tus
Hypothegravese En raison de son histoire de ses speacutecificiteacutes des valeurs
symboliques dont on linvestit une pratique sportive est en faveur aushy
pris dun groupe de pratiquants en fonction dattentes de niveaux dexishy
gence de fierteacute dappartenance qui sont socialement et culturellement
deacutetermineacutes
Il sagit en quelque sorte danalyser les goOts et les motivations des
sportifs en rapport avec leur condition sociale et le sentiment attachi
agrave ce statut
Remarque Cette analyse sera meneacutee en fonction des classes sociales et
non agrave partir de cla~se dage ou encore de classe socio-politique comme il
est dusage pour toute reacuteflexion sur notre socieacuteteacute trJditionnelle
Cette particulariti provient du fait que nos enquites ont iteacute effectueacutees
en milieu urbain -en raison des problimes de temps et de moyensagrave Dakar
et agrave Thiis pour itre plus preacutecis et il est deacutesormais hasardeux de preacuteshy
tendre y retrouver les structures traditionnelles c~e on pourrait le
faire en milieu rural
Par classe sociale et nous inspirant de la notion marxiste -deacutefinition
du rapport aux moyens de production- nous entendons la distance_dun
groupe social aux postes de deacutecision et de responsabiliteacute Plus cette
distance est grande moins le statut eacuteconomique est eacuteleveacute
Nous distinguons quatre (4) classes sociales car au niveau dune telle
analyse nous ne pouvons preacutetendre agrave la finesse de discrimination indiciaire
de la Fonction publique par exemple
r~partieuml
come il egravest rsectc eacute dans 1 ablea~ ci-dessous
CATEGORISATIONGROUPE EXEMPLE DE FONCTIONADMISE
Administrateur civil - Ingeacutenieur - Meacutedec ilCadre supeacuterieur1 Officier - Professeur
Instituteur - Mattre dEPS shy2 Cadre moyen Secreacutetaire - Technicien
Chauffeur - Militaire Policier3 Cadre subalterne shyPatron - Artisan
Artisan - Cultivateur - Ouvrier temporail4 Non cadre Pcheur
Conditions denqute Six (6) sports de ~ombat sont officiellement
pratiqueacutes Ils possegravedent une structure para-eacutetatique de gestion de contr
ce sont
3 sports de preacutehension - JUDO - LUTTE LIBRE TRADITIONNELLE - LUTTE OLYMPIQUE
2 sports de percussion - BOXE ANGLAISE - KARATE
sport mixte - LUTTE TRADITIONNELLE AVEC FRAPPE
Pour chacun de ces sports 50 pratiquants ont eacuteteacute interrogeacutes sur leur
statut socio-eacuteconomique avec la discreacutetion et la prudence quexige ce
genre de question
Cette enqute sest deacuterouleacutee dans les conditions suivantes
JUDO
Lieu DAKAR - Clubs USTD - DUC - FJAKS - DOJO HOMAR DIENG
Date du 020J84 au 28-05-84
Circonstances Les principaux inteacuteresseacutes eacutetant la plupart sur le tatami
pour lentratnement il fallait souvent attendre la fin
de lentratnement uumlur pouvoir avoir une ou deux entreshy
vues de sorte qu~ le~qu~te a pris beaucoup plus de
On constate que le no~bre de p=a~iq~~-ts ~st ~eauccup plus importd~t dans
les groupes 2 et 3 - Il es ~oindre dans les grQupes 1 et 4
LUTTE LIBRE TRADITION~~LLE
Lieu Dakar - Thiegraves bull Aregravenes Landing DIAME - Ecurie Seacuteregravere (pregraves de
lautoroute) Lutteur diola - toucouleur - Entratneurs - encadreurs
de diverses eacutecuries Stade Iba Mar DIOP - Aregravenes de Pikine et de
Thiegraves - CNPES - INSEPS
Date du 040284 au 020684
Circonstances Elles sont parallegraveles car les pratiquants semblent beaushy
coup plus disponibles que dans les autres disciplines Notre travail
parfoi~ peacutenible en raison de la diversiteacute des ethnies repreacutesenteacutees
et la traduction n1est pas toujours aiseacutee
Observations
Nous constatons que la lutte libre traditionnelle est plus pratiqueacutee
par les groupes 4 et 3 que par les groupes 1 et 2
LUTTE OLYMPIQUE
Lieu CNPES - INSEPS - Iba Mar DIOP (Equipe Nationale) - DUC
Date du 040284 au 020684
Circonstances Les conditions sont meilleures dans la mesure ougrave le
hasard a fait que pendant cette peacuteriode leacutequipe nationale soit
en regroupement et ceci nous a permis d-interroger un nombre
important de lutteurs de grand renom
Observations
En raison du petit nombre de pratiquants r~guliers lenquecircte ne porle
que sur 2S personnes Arbitrairement pour les besoins de comparaison
les raisons de comparaison les reacutesultats cbtenus sont multipli~s par 2 bull
BOXE A~~GLISE
Lieu Iba l-ar DIOP - ASFA - ASFPO - SC -ASC JJAF - ASC lA
ugraveate du 201283 au 020684
~E~~~~E~~~~ Ici nous ferons la mecircme remarque que pour le Judo
Notons que toute lenquecircte a eacuteteacute faite agrave Dakar
Observation
La boxe recrute ses pratiquants surtout dans les classes 3 et 4 et
on note que le nombre de pratiquants nest pas aussi important comme
dans les autres disciplines
KARATE
Lieu YUKOKAI KARATE CLUB - SAMOURAI KARATE CLUB - Iba Mar DIOP
CLUB DE GIBRALTAR - ASFA - ASFA - ASFPO - GM Thiegraves
Date du 201283 au 020684
SE~~~~E~~~ Notre enquecircte se passait dans une ambiance sympathique
de camaraderie Geacuteneacuteralement apregraves la seacuteance dentratnement
Observation
Nous constatons que la distribution des pratiquants bien que favorisant
les groupes 2 et 3 semble plus homogegravene que dans les autres disciplines
~ LUTTE TRADITIONNELLE AVEC FRAPPE
Lieu Ecurie de Fass - Ecurie des Seacuteregraveres - Ecurie Mermoz
- Ecurie des Casamanccedilais
Date du 04-02-84 au 020684
Ccedilj~9~~~aEccedil~ Il est agrave signaler que cest la discipline ougrave l~ contact
avec les pratiquants a eacuteteacute plus difficile les speacutecialistes qui~ la plushy
part du temps semblent meacutefiants quand on commeucircce agrave leur poser des quesshy
tions preacutecises sur leur revenu mensuel
2 -liCc 055cllt le lle11ent SegraveS praLicltants dans le ba
de lecirc~helle ces~-agrave-dire dans le ~ruumlupe 4
~ecircsultats
Les reacutesultats enregistreacutes sont reacutecapituleacutes en nombre et en pourcentage
-agrave lapproximation pregraves- dans le tableau ci-dessous
LUTTE 1 LUTTELUTTEGROUPES BOXE KARATE JUDO AVEC OLYMshySIMPLE i i FRAPPE PIQUE
1 11 1 1 1
1 11 1 1 1 11 0 1 0 8 1 16 9 1 18 4 1 8 0 1 0 7 1 14
1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1
1 11 1 1 1 1 12 3 1
1 6 21 1
1 42 22 1 44 6 1 12 4 1 8 17 1 341 1
1 1 1 1 1 1 1
1 1
1 1 1 1 1
3 22 1 44 13 1 26 15 1 30 16 1 32 5 1
1 10 10 1 20
1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1
1 1 1 11 1 1
14 25 1 50 8 1 16 4 1 8 24 48 41 1 1 82 16 1 321 1 1 1 bull 1 1 1 1 1
1 1 1 1 1 11 1 1 1 TOTAUX 50 1100 50 1100 50 100 50 pOO 50 pOO 50 1100
1 1 1 1 1 1 1 1 1 1
Afin dG failiter la lect~~e je c~ table3~ t ~2 re~dre sig~ific~tives
s info~~ations quil contient ces difteacutere ts reacutesultats nu~eacuteriques
peuvent ecirctre formuleacutes selon des repreacutesentations graphiques
1 Clientegravele des Sports de combat
FIGURE l
Il apparatt nettement que les sports de combat recrutent essentiellement
dans le bas de la hieacuterarchie sociale ce sont des sports populaires don
propices agrave une massification de la pratique
Toutefois on peut nourrir quelques inquieacutetudes pour que soient reacuteunies
les conditions de leur deacuteveloppement en raison du faible statut quils
possegravedent au regard defllintelligentsia seacuteneacutegalaise
2 Hieacuterarchisation des gants sportifs en matiegravere de sport
de combat au sein des cadres supeacuterieurs -Groupe 1shy
FIGURE I[
La f-appe est honni aucl1 pratiqua1t de boxe Olt de lutte avec frappe
agraveUloins quelle fasse lobjet dune stylisation cxtrecircme COTIme cest le
cas dans le karateacute Ce groupe manifeste un seuil extrecircmement bas de toleacuteshy
rance agrave la violence ce qui explique les discours infamants degraves que la
lutte avec frappe est secoueacutee par quelques excegraves Leacuteopold Seacutedar SENGHOR 1
navait-il paS deacuteclareacute que cette forme de lutte eacutetait une atteinte permashy
nente agrave limage de marque du Seacuteneacutegal
Bien quil soit difficile de proposer une explication unique curiositeacute
esprit douvetture permeacuteabiliteacute aux modes bullbullbull les repreacutesentants de ce
groupe adoptet facilement des sports importeacutes 85 des goOts pour le 1
Judo le Karateacute et la Lutte Olympique qui pourtant est bien peu pratishy1
queacutee au Seacuteneacutegfll j
Faut-il en deacuted~~re une attitude geacuteneacuterale favoris~agrave tout ce qui provient
de leacutetranger
Nous nous refu~ons preacutesentement agrave ce genre dexplicationJ ne ser~it-ce que
par ses conseacuteqJences sur notre sport national dont les perspectives appashyj
raicirctraient bie sombres
Admettons que la pratique de ces disciplines sont en rapport avec des
deacuteterminants eacuteconomiques et que ceux-lagrave sont un frein P4ur la popularisashy
tion de ces pratiques A lappui de cette interpreacutetation~ il suffit de
composer le champ social du Judo et celui de la Lutte libre traditionnelle
--== G J
32
LUTTE SIHPLEJUDO FIGURE JI(
Le groupe 2 qui manifeste un inteacuterecirct reacuteel pour les sports de combat -pregraves
de 25 iuml de la population i~tervieweacutee- et qui p6ssegravede les ~oyens de choisir
ses pratiques opte massivement pour le judo CDnme lexprirre le rapport de
agrave 4
- shy
A la lumiegravere de cette succi~te analyse des demandes sociales en matiegravere
de pratique des sports de combat nous pensons recouper la theacuteorie de
lhabitus selon BOURDIEU qui veut que des hatitus diffeacuterents impliquent
des styles de vie divergents si lon entend par style de vie un systegraveme
de pratiques classeacutees et classantes(I)
La mutation de la socieacuteteacute seacuteneacutegalaise celle du milieu urbain se caracteacuteshy
rise par lapparition despaces sociaux qui sont en rapport avec des
espaces culturels Il en reacutesulte des pratiques distinctives comme
lexprime le pogam
En effet si les cateacutegories sociales existent et si chaccedilune delle exprime
une marque sur les conduites des sujets il est naturel ~e penser que des
pratiques1 sportives servent de modegraveles distinctifs et detrsymbOles dorgashy
nisation ieacuterarChique dans la socieacuteteacute exprimant les dif eacuterentes clas8eamp(2)
Ces const4tations ont dimportantes implications sur leeacuteveloppement et
lavenir des pratiques Si dans notre IIIegrave partie nous 1tenterons de 1
mettre en rapport les particulariteacutes ethniques avec les pluraliteacutes de
style de lutte nous parlons presque au passeacute Une IVegraveme partie devra
e~visager la situation actuelle de la lutte afin de pouvoir eacutemettre
qu~lques hypothegraveses sur son devenir
Cest auss~ une ambition de ce meacutemoire daider ceux qui sinteacuteressent reacuteellE
ment agrave la lutte de savoir entendre au travers des deacuteclarations normatives
et apologeacutetiques Nous ne doutons nullement de la conviction ou de la bonne
foi de leurs auteurs mais parmi les possibles il yale probable et seul
ceiui-lagrave meacuterite decirctre retenu car plus proche agravee la recirc~liteacute
(I) BOURDIEU pierre La distinction Les Editions de minuit 1979 page 191
(2) Le POgdlt Deacuterrocratisation du sport ythe (u reacutealiteacute
- 1f shy
j j l IlL DL l H L S DE
3 1 LA COll1ŒNAUTE DIOLA
311 Preacutesentation
Les diolas vivent dans la reacutegion de Casamance et repreacutesertent 9 de la
population totale du Seacuteneacutegal Ce sont geacuteneacuteralement des cultivateurs de
riz et des artisans Cependant on peut les trouver aujourdhui disperseacutes
dans toutes les capitales reacutegionales affecteacutes agrave divers meacutetiers militaire
gendarme fonctionnaires de lEtat ouvrier etc bullbullbull
Dans les villes la plus grande partie des diolas vit dans les qoartiers
populaires Par exemple agrave Dakar on les trouvera agrave Colobane agrave Fass agrave
Grand Yoff ou agrave Khar Yalla La plupart du temps cesDnt des artisans et des
ouvriers du secteur priveacute qui vont essayer dune maniegravere ou dune autre de
vivoter en bricolant deci de lagrave Mais mecircme loin de la Casamance cette
ethnie conserve une grande partie de ses caracteacuteristiques et plus partishy
culiegraverement la solidariteacute ethnique qui veut que les Diolas forment toujours
un bloc bien soudeacute quand le besoin se ifait sentir et cecisans discrimishy
nation de rang social Ainsi tous lesdiolas de Dakar se mobilisent pour
supporter le Casa Sport chaque fois qbe cette eacutequipe de foot-baIl vient
jouer agrave Dakar Cette mobilisation se fera aussi dans le cas ougrave leur chamshy
pion de lutte Mamadou SAKHO livre uncombatimportant
Lethnie diola est diviseacutee en trois sous-groupes
- les dio1as Fogny de Bignona
- les diolas Kassa autour dOussouye
- les diolas Blouf dans la preacutefecture de Tendouck
Mais en lutte on a pris lhabitude ~e les grouper en deux zones dune
part le Kassa qui preacutesente des particulariteacutes et dautre part lE Fogny
et le Blouf
- J 7 shy
3 ) 2 ~U(lquE5 aspects d~ l~ducatio~ ~t des rit~s en milieu diol~
L eacuteducat ion veacuteritable de lenfant diola est sociale et ne se corlprend
que dans la relation sociale elle deacutepasse de loin le strict cadre
famililal Elle commence au stade de lapprentissage du langage
Lenfant apprendra agrave reconnattre le langage du regard de ses parents
Il doit connaicirctre et faire la diffeacuterence entre un regard approbateur
et un regard qui blacircme De mecircme il doit apprendre agrave faire les gestes
de la tecircte qui expriment lapprobation En aucun cas lenfant nest
laisseacute agrave lui-mecircme Aura-t-il deacutesobeacuteit par complaisance naura-t-il pas
eacutecouteacute ou fait attention aux recommandations reacutepeacuteteacutees plusieurs fois
sans reacutesultat il fera lobjet dune punition corporelle avec la chicotte
Elle a pour effet de faire mal au corps de lenfant afin datteindre son
acircme sa sensibiliteacute et instaurer en lui une sorte de 1iaision de la
meacutemoire du mauvais comportement agrave la douleur quen voulant eacuteviter la
douleur il finit par eacuteviter le mauvais comportement en tout cas den
prendre conscience degraves cet acircge Cest une meacutethode deacuteducation mora1e (])
i 3121 Leacuteduca~ion maternelle
1
Notre eacutetude nous a montreacute que mecircme de nos jours leacuteducation diola
conserve encore ses caracteacuteristiques traditionnelles au niveau des rites
des moeurs des habitudes des principes et des normes
Leacuteducation de lenfant reste lune des plus rigoureuses Elle commence
degraves le plus bas acircge car pour le dio1a on ne peut redresser une personne
adulte donc autant leacuteduquer tregraves jeune Jusquagrave lacircge de trois ans
lenfant sera encadreacute par sa megravere qui bien queacutetant tregraves douce fait
preuve daucune indulgence Elle lui apprend les interdits de la communaushy
teacute respecter son prochain ne pas insulter ni profeacuterer de gros mots surshy
tout en preacutesence de grandes personnes ni faire violence agrave autrui
Plus terd v~rs cinq ou SlX ans le jeune garccedilon est initi~ a~x travaux
ces cna~ps des rizi~r~s cles pal~eraiEs ce Gui ne manquer6 pa5
davoir ces rEpcrcussic~s sur SOn deurovelopperncnt morpholoique
- 1( shy
3122 La circoncisio~
cest un rite obligatoire Il a pour but dintroduire le garccedilon dans
la communauteacute des hommes en tant que responsable Cest un rite qui
laisse une trace indeacuteleacutebile dans la vie du jeune diola Les principes
de la vie en socieacuteteacute y sont enseigneacutes agrave fond Le rite de la circoncishy
sion preacuteseuro~teuro uneuro forme p~lticul do~t s~uls les diolas connaissent
lorganisation internecar la circoncision est agrave la fois une eacutepreuve
physique intellectuelle et morale
Cette circoncision en milieu diola se passe dans le bois sacreacute En ce
lieu les Njoulis (circoncis) sont encadreacutes par des mattres les
Kintangs et au-dessus de ces mattres regravegnent un ecirctre doteacute de faculteacutes
occultes il sagit du Kankourang Le kankourang a cette capaciteacute de
disparattre de voler quand bon lui semble Il incarne la justice et la
violence et assure la protection de ses disciples contre les mauvais
esprits Ainsi le kankourang incite agrave lobeacuteissance et agrave lordre dans
cette socieacuteteacute Dans la tradition diola le kankourang repreacutesente un
pouvoir mystique capable de choses extraordinaires dont la socieacuteteacute
moderne avide de raisonnement ne pourra trouver une explication Au
cours de la circoncision les initieacutes subissent un certain nombre
deacutepreuves physiques que le diola appelle samasso Il doit se soushy
mettre agrave lensemble de ces eacutepreuves consideacutereacutees comme indispensables
agrave sa formation pour lui permettre de juger ses capaciteacutes physiques
mais eacutegalement deacutepouver sa valeur intellectuelle morale et sociale
Il pourra aussi se mesurer aux autres dans le domaine de la consideacuteration
et du respect En quittant le bois sacreacute le jeune doit posseacuteder une
grande partie des qualiteacutes humaines et socisles quil faut agrave un howmE
pour vivre en harmonie avec la socieacuteteacute traditionnelle Il serait bien
sOr possible dans le cadre dune eacutetude plus approfondie de parler de
bien dautres rites et pratiques traditionnelles
Notons cependant que le rite de la circoncision appartient aux anc~t~es
et que dans les villages reacutecents ougrave les structures ont changeacute on ne
Jeux jours avant la re~trfE cans le bois sacr[ les adolescents so~r
-
- Jo shy
por lE diola 11-071- doit rester en harrc1iE avec lE
tal lanimal lui-mecircme les ancecirctres les geacutenies Le rit~ du rasdge co~sist~
acirc ~loigner la ~alchance de lenfant Si l~ ritE nest pas respecteuro eumlr es
parents du futur initieacute celui-ci connaicirctra la malchance pendant toute sa viE
Ce rite a aussi pour faculteacute deacuteloigner le mal et de preacuteserver lenfant des
mauvais esprits
Le rite de leau sacreacutee se fait un jour avant lentreacutee dans le bois sacrEacute
Les femmes doivent se garder davoir le moindre contact avec leau beacutenite
pour se preacuteserver des conseacutequences facirccheuses qui pourraient en reacutesulter La
tradition veut quune seule goutte soit capable de deacuteclencher lavortement
l chez la femme enceinte de rendre steacuterile la jeune fille ou de provoquer des
menstrues perpeacutetuelles chez la femme ayant atteint la meacutenopause bull
bull Le rite de la forge protegravege le futur initieacute pendant son seacutejour dans le bois
sacreacute Mais cette protection seacutetend bien au-delagrave et de rite veut que toute
personne qui y faillit soit condamneacutee agrave devenir leacutepreuse
Pendant plusieurs semaines les jeunes initieacutes subissent une formation capishy
tale qui fera deux des hommes complets
313 Croyances et pratiques mystiques
Si nombreux sont les diolas convertis au Christianisme ou agrave lIslam leur
foi napparatt jamais incompatible avec leurs croyances animistes Lhisshy
toire des rois et reines diolas nous reacutevegravele quils eacutetaient les ffprecirctres fl de
ces cultes feacutetichistes destineacutes agrave maintenir la fertiliteacute et agrave provoquer
la chute des pluies De nos jours existent encore des socieacuteteacutes secregravetes agrave
base religieuse ou magique la plus redouteacutee eacutetant lassociation neacutecrophashy
gique Kousanga des Floup (1)
Deux fafu expliquent la coexistence du dogme et de la croyance
le contact tardif de la socieacuteteacute diola avec les civilisations eacutetrangegraveres
et leacutevangeacutelisation ou lislamisation quelles veacutehiculaient Il e~ reacutes~lt~
une importance des traditions leur reacutesstance agrave une remise en questic~ ce qui confegrave~e agrave la socieacuteteacute diola un caractegravere conservateur
r~c~~i]EE 2~fr~~ ~c - t
ct ~Cc egraveE~ Cimiddotilisatilaquo~ eacute
la neacutecessiteacute de lanimisme consiegraveeuroreacute comme base de toutes legrave~
religi0~s uumlegrave serait-ce que corr~e tentative ciexpliquer li1explishy
cable en se repreacutesentant en particulier comme un ensemble de puisshy
sances mystiques Ainsi pour lanimiste agir sur la nature cest
intervenir psychologiquement aupregraves de ceLX qui la gouvernent
314 Imeact des moeurs sur la prat~que de la lutte diola
Lorigine de la populariteacute de la lutte eugrave milieu diola est par trop
impreacutecise aussi nous nous limiterons agrave en donner la signification
actuelle La lutte apparatt dabord comme un moyen privileacutegieacute deacutedushy
cation
- sur le plan corporel afin de deacutevelopper la force lagiliteacute la
rapiditeacute et la souplesse
- sur le plan moral afin de deacutevelopper les vertus caracteacuterielles
courage tenaciteacute digniteacute bullbullbull neacuteces~aires agrave laction
Mais la lutte apparatt aussi comme un mpyen dinteacutegration sociale car
le jeune diola qui se refuserait agrave se sbumettre agrave leacutepreuve de la lutte
encourrait un isolement alors que celui qui excelle en bravoure devient
rapidement populaire Dougrave ces affrontements agrave linteacuterieur dune classe
dige qui tout en restant un moyen de reacutejouissance servent eacutegalement
agrave eacutetablir des comparaisons
Nos observations et nos interviews confirment le caractire tris physique
de la lutte diola immeacutediatement les lutteurs sont au corps agrave corps et
les techniques consistant agrave aracher ladversaire priment sur toutes les
autres Exprimer sa force est une preacuteoccupation constante il suffit pour
sen persuader de voir le groupe de lutteurs peacuteneacutetrer dans laregravene au son
du Born bol on que rythme le claquement de mains des femmes
C~tte da~se est une deacutebauche dAnegie Ougrave les lutteurs pieacutetin~Ert avec
force L sol
i shy
3141 EorphologUgrave et valeur physiques du lut teur diola
Le lutteur diola possegraveagrave~ un deacuteveloppement caracteacuteristique du trai~
supeacuterieur et de la musculature doso-lombaire Ceci est tregraves certaineshy
ment lieacute au maniement de la houe de la daba et surtout dukadiando
dont lusage permanent a modeleacute la morphologie du lutteur diola
La valeur physique de ce lutteur semble reposer sur sa force sa
reacutesistance mais aussi sa rapiditeacute
3142 Reacutepertoire technique
Dans le Blouf la forme du corps la plus utiliseacutee est le deacutecalage souvent
combineacute avec un crochet de jambe (gal gal) ceci semble ecirctre lieacute agrave
lutilisation quotidienne dans les riziegraveres du kadiando Le paysan du
Blouf sera ameneacute agrave faire un mouvement de torsion pour deacutecalerlinstrushy
ment enprenant appui sur son genou et ceci continuellEment pendant toute
la jourpeacutee Chez les diolas du Fogny le kadiando eacutefait surtout utiliseacute
par les femmes qui soccupaient autrefois exclusivement de la riziculture
et ce n~est quaujourdhui que les hommes cultivent le riz 1
La principale culture dans le Fogpy est celle du mil on y cultive aussi
de larachide De ce fait loutil le plus utiliseacute est le donkoton qui
est un instrument tregraves petit avec un manche court et dont le maniement
expliquerait peut-ecirctre leacutetonnante musculature du train supeacuterieur et surshy
tout de la zone dorso-lombaire du 4i6la fogny qui excelle dans les techshy
niques en force genre arracheacute avec les bras sur contrOle de la ceinture
de ladversaire Lulisation du donkoton semble eacutegalement expliquer la
garde tregraves basse du lutteur fogny
Dans le kassa on aurait pu trouver la mecircme forme de lutte car la morphoshy
logie du lutteur est agrave peu pregraves la mecircme mais linterdiction formelle de
la prise du ~gimbe modifie et limite tout le repertoire technicult2 ou
lutteur Le lutteur kassa adopte une garde basse et agrave une preacutefeacuterence pc~r
legraveS tc~-iccedilues n passa~ dessous - - ~ shymiddotmiddotcrc t--=~ c-
----
contact et agrave partir de ce TtoTteuront ils peuvent se relever et conti~uEr
en lutte debout jusquau terrassemen~
Toutes les gardes sont rapprocheacutees en milieu diola
irbi trage
Les combats sont arbitreacutes par un deacuteleacutegueacute geacuteneacuteralement anClen lutteur
Ces anciens lutteurs ont pour rocircle de veiller au bon deacuteroulement du
combat La victoire est deacutecreacuteteacutee dans les cas ougrave un des lutteurs se
retrouve en position assise sur le ventre sur la cuisse ou les
genoux (sauf dans le Kassa)
Il existe un autre mode de victoire celle qui est proclameacutee agrave la
suite dune supeacuterioriteacute eacutevidente du~ des lutteurs A savoir quand
un lutteur soulegraveve tregraves haut son camarade et que son manager estime i
quil est pratiquement battu il peut arrecircter le combat en touchant
dabord le lutteur adverse popr eacuteviter que son lutteur ne soit terrasseacute
tregraves fOrt Nest-ce pas un deacutecision sage des managers qui peut contribuer
agrave maintenir le caractegravere reacutecr~atif de la lutte joola 1
La victoire dun village sur un autre village ne se mesure pas au
nombre de victoires obtenues par lensemble des lutteurs En effet
il suffit que le champion soit battu pour que le village soit consideacutereacute
comme deacutefait Ce qui explique limportance et le seacuterieux que le village
accorde agrave la preacuteparation des championsl)
Il est cependant important de signaler que larbitrage dans les centres
urbains revecirct une iautre forme beaucoup plus codifieacutee et cest peut-ecirctre
une des raisons qui font quen milieu urbain la lutte diola perde une
partie de son originaliteacute
En dehors des techniques speacutecifiques agrave chaque sous-groupe il faut
signaler quil y a une multitude de prises et quelGues formes de corps
comTIunes agrave letnn Car reconnaissons qu il cO unE ror-euro approp=i~eacute
dE ~ouvane du l~tteur diola en TaI
-----~-----
LE tableau ci-dessous se propose dE reacutesumer les diffeacuterentes consideacuteshy
rations techniques envisagEacutees dans cette partie
FORlŒSSOGS-GRGUPES 1 COItltOLE GA~JESDt CORF=
i ~
1 1
Passage dessous de jambes et BassE KASSA saisies Moyenne1annexes bras (rapprocheacutee)
ceinture tecircte
Deacutecalage de Moyenne et BLOUF Demi-souplesse Ngimbe
HauteHancheacute Bras (rapprocheacutee)
Jambe
Arracheacute CouFOGNY Tregraves basse
Hancheacute ii 1
1 1
3 14 3 bull LeIIa~~jueetlecom~ortementdulutteur-+iola
1 Le comportement et lattitude du lutteur dans laregravene pe sont en fait
t
que le reflet de sa psychologie et plus partiCUliegraverem t de son eacutetat
dacircme Or il napparatt pas abusif deacutetablir des cor eacutelations entre
le psychisme dun individu et lempreinte eacuteducative quil a subie En effet en sortant du bois sacreacute le jeune diola a acquis un ~ca~~l
eacutequilibre physique et mental
Cette matrise de lui-mecircme permet au lutteur dans la~egravene dadopter
un aire enjoueacute de manifester beaucoup denthousiasme~ La lutte devient 1
essentiellement un jeu laspec ludique y est privileacutegieacute et ~ela influe
sur le comportement du lutteur
Ainsi queurolq~c soit limporta~cE de le~je~ le lutt~c~ dic1e Seuroreacute
to~jours serein et s~ livrera sa~s arri~re pe~s6e da~$ ~E CO=beacute ou-
tons que le lutteur diola est trecircs fair-play et sil arrive quun rdnd
lll L COIicircilU1Ul L ULOF
32 J Preacutesentation
La soc tEacute wucirc10f est celle qU1 a eacuteteacute la plus marqueacutee par la colonisation
~~ fait peut-gtre de sa position geuroographiquE dune part ct de 50~ imporshy
tanCE sur le plan dfmographiquE dautre part En effEt ceurootteuro CC-~ucircautE
wolof repreacutesente environ 20 de la population seacuteneacutegalaise
Elle est constitueacutee de pecirccheurs (ce sont les leacutebous) dagriculteurs de
fonctionnaires de lEtat mais surtout de commerccedilants
A pqrtir de leur reacutegime dimplantation le Cayor le Walo le Baol le
Djolof et la presquicircle du Cap-Vert les wolofs ont tendance agrave irradier
sur lensemble du territoire sous leffet de leur speacuteculation agrave la culshy
ture de larachide et du nombre important de fonctionnaires quon trouve
dans cette ethnie
322 Les moeurs et croyances wolofs
Bien queacutetant en grande partie des musulmans convaincus les wolofs
conservent toujours une croyance animiste et continuent agrave faire des
sacrifices agrave porter des cornes ou des morceaux de bois agrave la ceinture
aux jambes ou aux bras et agrave croire agrave lexistence des Djinneacutes et des
Raps bull
Le Djinneacute cest une creacuteature malfaisante en geacuteneacuteral capable de choses
extraordinaires Il possegravede des faculteacutes surnaturelles Cependant dapregraves
la croyance animiste certains Djinneacutes peuvent ecirctre bons
Le Hapl cest une creacuteature ayant des dons occultes appartena71t agrave une
famille ou agrave une communauteacute et dont le rOcircle est de veiller cu daider
les reCJrES de le fai11p ou dt la conmunauteacute en cas de da1gel Le Rap
~ ut te c ) ~~c-
ei sltcificE cJ sanl dE meut0 dL chat de pC)wleurot 5E1lt les conveuroshy
lances parfois leur dorner COrllTe offrande du lait Laii
Qua1d une famille ou une communauteacute neacuteglige les Sarakh (ici dans
le sens de sacrifice ou Offrande) elle se voit aussitocirct vouEacutee agrave la
maleacutediction des mauvais esprit~ (fcllec dans touteacuteS lEs ~treprises
de la vie maladie mort bullbullbull ) Les lieux ougrave habitent ls Taps et ougrave
se font les sacrifices se nomment Khambs
Geacuteneacuteralement le khamb se trouve dans lenceinte de la maison ou
dans un coin approprieacute du village Les lieux du khamb sont marqueacutes
par la disposition de calebasses de pilons de morceaux de poterie
briseacutes de grosses pierres de cornes et dautres objets heacuteteacuteroclytes
La superstition wolof est tregraves marqueacutee En effet pour le wolof toutes
les manifestations quotidiennes trouvent leur signification dans le
mysticisme Citons agrave cet effet quelques ezemples Une femme enceinte
ne doit pas marcher agrave nimporte quelle heure de la journeacutee Certaines
heures de la journeacutee lui sont interdites le Timiss (creacutepuscule
le Ndjo~or (de 13 H agrave 14 H de lapregraves-midi) le souf-segravede (de
minuit i4 H du matin) Selon la tradition ~t la croyance wolof les
mauvais ~sprits choisissent ces heures pour jeter des sorts Et la
femme enceinte eacutetant tregraves vulneacuterable le Djinneacute essaiera de lui insufshy
fler son souffle pour atteindre son beacutebeacute afin dentratner soit la
meacutetamorphose de cedernier en monstre soit de le tuer avant sa naissance
Dailleurs pour le wolof et pour certaines autres ethnies au Seacuteneacutegal
le timis le tdjolor le souf-segravede repreacutesentent des peacuteriodes de
la journeacutee ougrave lon ne doit pas se hasarder dans les rues et les champs
Ce sont des heures propices aux apparitions des Djinnes sous nimporte
quelle forme humaine ou animale
Il est eacutegalement interdit au wolof de marcher ou de serti la nuit du
~eacutellfria-
loutes c~s pratiques ~ystiqu~s et cr0ya~ces religi~us~5 ~xistent eL~~[
certainement dues agrave un meacutetissage culturel Parallegravelement aux feacutetiches
aux incantations et agrave lutilisation des safaras (substance magique)
notons lexistence de ga l a tchs (ce sOnt des talismans ougrave sont inscrits
du qui les porte Toutes ces croyances biEn sucircr auront une rEacutepercussicrI
sur leacuteducation du jeune wolof
323 Leacuteducation du wolof
Pour caracteacuteriser leacuteducation wolof nous avons penseacute donner comme
illustration cet extrait de la revue DEM ak TEY Pour deacutefinir leacutedushy
cation le wolof fait appel agrave un symbolisme qui eDglobe aussi bien les
moyens mis en oeuvre Yar que le reacutesultat obtenu agrave laide de ces mecircmes
moyens cest-agrave-dire la formation et le deacuteveloppement de lecirctre humain
ou Yaru
Le substantif Yar deacutesigne le fouet
Ce symbolisme deacutesigne donc au-delagrave du simple sens mateacuteriel de lobjet
lutilisation qui permet daboutir au reacutesultat escompteacute (Yaru) Au sens
geacuteneacuteral Yar deacutesigne tout instrument servant agrave infliger une punition Le
terme laisse supposer agrave priori que cette phase de lenfance durant lashy
quelle se preacutepare la vie de lhomme est lieacutee agrave la souffrance au supplice
Dailleurs une maxime wolof compare lenfant agrave une tige quon a tout le
loisir de redresser alors quelle est encore flexible bull
bullbullbull Pour leacuteducateur wolof la perfection nest point de ce monde malS
le devoir de chaque homme est de tendre vers la pleacutenitude en luttant
contre ses propres faiblesses Leacuteducation va d01c iisister essentielle~(-~t
sur lexercice quotidien de leacutelevation ffiora1e d~ lindividu Pour cela
elle privileacutegie la patience munI) vertu dabneacutegdtion et dE deacutesinteacuteresseshy
m(~t autour dE laquelle sarticulent toutes ]e~ ~u~~~s qualiteuros
i _
aan~ ~ s0cieacutet gt~olcf ocirclt~tartt nul -Jt- poulait sabecircisstr
tion de sa libertEacute La liberteacute est le preuumler drcmiddotir dE l ho-)euro egrave~S
baigner dans une beacuteate admiration du passeacute la comparaison avec le pr~$(middott
si~posc dclle-mecircme car lon reste s reacute devant la deacutesinvolture aVEC
laquelle dES honmes daujourdhui descendants de cette ~~~EacuteTatic ccedil~l se
une fois [largis bullbull tTasque fiers davoir fait leacute priS0n PEut-2tTE
faut-il mettre cela sur le compte de lurbanisation et des nouvelles
valeurs qui ont pour nom enrichissement reacuteussite sociale avec ce que
cela comporte de deacuteshumanisant et de deacutepreacuteciateur (1)
3 bull 2 bull 3 1 bull Lesri tes
Le sevrage et la circoncision constituent les deux grandes phases initiashy
tiques chez le wolof
- Le rituel du sevrage est appeleacute maga1 (litteacuteralement rendre grand)
Cest un eacutevegravenement important aussi bien pour les parents de lenfant que
pour la co~unauteacute Durant cet eacutevegravenement qui survient geacuteneacuteralement deux
ans apregraves la naissance du beacutebeacute les personnes vivant dans lentouragE
apportent leur soutien moral et mateacuteriel
- le rituel de la circoncision revecirct pratiquement la mecircme signification
que dans les autres ethnies seule la forme diffegravere La circoncision reste
encore une eacutepreuve de la vie au sort i r de laque Ile ladolescent devient un
homme Aujourdhui il faut noter une meacutetamorphose de la structure sociale
et des croyances religieuses tregraves accentueacutee aussi bien chez les wolof que
chez les autres groupes ethniques et ceci est peut-ecirctre dO au contact
permanent quils ont avec la socieacuteteacute occidentale
Malgreacute ces constat~tions il semblerait pcu=tant qUE la sociecirct~ lecircbou Gci
bien que se trouvaLt en grande partie dans ~a Presquth du Cap-ETt Et
en contact permane~t avec les blancs soit la portior la plu8 cc~serva-
----------~_- ---~-- -----
~
Incidences d s ~00urs sur la l~ttE
Le wolof connaicirct deux formes de luttes la lutte sirplE- sans t-t
la lutte avec frappe La lutte avec frappe a une crigi~e purement r
et ce nest que plus tard quelle devint une prati1uE sportive et lud
preacuteparer agrave la guerre Aussi tout en luttant On eacutetait autoris~ agrave frapper~
griffer mordre voire introduire son doigt dans loeil de son adversaire
Le jeune wolof devait eacutegalement se livrer agrave la lutte avec frappe afin de
favoriser son insertion dans la socieacuteteacute adulte et sinitier au meacutetier de
soldat faute de quoi il ne pouvait se faire entendre ne avoir des marques
de respect Pour montrer la populariteacute de la lutte dans le Cayor signalons
que les Damels ll (rois) et les Teignes (nobles) nheacutesitaient pas agrave sy
livrer Quant au IIMbeu~ (lutteur) elle lui servait de moyen de promotion
sociale car d8S que sa reacuteputation eacutetait eacutetablie il pouvait ecirctre choisi
par les rois et les nobles comme garde de corps
325 Signification de la lutte en milieu wolof
La lutte se pratique dabord pour lhonneur qui est une vertu tregraves signishy
ficative pour le wolof Elle permet de renforcer les liens amicaux entre
les jeunes de villages diffeacuterents Le champion veut gagner
confiance et la consideacuteration de son village de ses amis
Etre champion cest aussi susciter ladmiration chez les
sentant la force la viriliteacute et la deacutetermination
326 Organisation d~s eacutepreuves de lutte
3261 Les Mbapatts Ce sont les seacuteances nocturnes
pour meacuteriter la
et des anciens
filles en repreacuteshy
Ils sont organiseacutes apregraves les reacutecoltes agrave la fin de la saiscn des pluies
Ceci surtout p~ndant les peacuteriodes de clair de lune car ils peuven~ durEr
toute la nuit Le but des ~Dapatts lt=tait de prfpa-er FhysicuemeH et
~ arb Sil
326 Le 1
cest une organisation beaucoup plus importante que les I~apatts ~
loccasion de laquelle on peut voir plusieurs lutteurs de grande reDommfe
saffronteLLa fin dl lamb est toujours couronneacutee par une grand co~bat
duquel le vainqueur est sacreacute champion de la contrecirce
Le choix du lieu est lieacute agrave limportance de ce lieu dans le village cest
la place publique ougrave geacuteneacuteralement se passent toutes les manifestations
assembleacutee geacuteneacuterale sabar (danse) cest aussi lendroit ougrave sont prises
les grandes deacutecisions
3623 Lappariement
Dans un village ou un quartier les lutteurs se regroupent en lang
(eacutequipe) et jamais deux lutteurs de mecircme lang ne se rencontrent lors
du lamb
L appariement s~ fait librement entre lutteurs de lang diffeacuterents l1hs
une regravegle veut ~uavant de lutter avec le Mbeur Kanur de tel lang si
on est soukh (l~tteur pas encore confirmeacute) il est neacutecessaire de lutter
dabord avec ses soukh et ce nest quapregraves les avoir terrasseacutes tous
quon se voit octroyer la chance de lutter contre lui
Notons que la cateacutegorisation des lutteurs par poids nest jamais prise
en consideacuteration
3624 La tenue du lutteur ou NGIMBE
Le middotNGimbe est confectionneacute par le marabout de la famille ou du clan Il
est constituecirc de pagnes en coton tisseacute geacuteneacuteralement offerts par la megravere ou
la grand-megravere du lutteur ceci lors des organisations de ~rande Tportance
COrlune lef 1amb Dans le cadre des l-bapatt les pagnes sont C tErts peumlr
~~~rcfcis ct ffi~mc aujourdhui d218 cErtaInes fa~ille5 on devj~Gr
luttEur de pegravere en fils et dans ce cas h 1
gimbell du pEgravere Est recircr i tEacute
par le fils Le fait de porter le lI~gimbe agravee ses aiumleux peut susciter
cne~ le jeune lutteur une motivation et une volontecirc in~branlable rlasshy
surer 12 supeacuterioritEacute cis SIcirct-ns dallS
le xgimbe de la famille ne touche pas le sable
La tenue du lutteur a une signification et une importance sur le plan
mystique car selon les anciens le vrai feacutetiche du lutteur celui qui
le proteacutegera agrave vaincre le Djinneacute ou le Rap de ladversaire se trouve
cacheacute dans ce Ngimbe Celui qui confectionne-le Ngimbe est doueacute de
faculteacutes occultes
~~r~i~rg Il est assureacute par un sage du village qui geacuteneacuteralement fut
championde lutte de son temps Dailleurs cet ancien nintervient que
si le terrassement est litigieux
Hormis le public qui proclame la victoire ou le match nul le lutteur
lui-mecircme est arbitre et il arrive quil se deacuteclare vaincu ~ous
pouvons citer comme exemple Meacutedoune KHOULE un des plus grands lutteurs
seacuteneacutegalais qui a donneacute une victoire agrave Djeacuteri SADIO son adversaire qui a
reacuteussi agrave lui faire toucher le sol de la main
Il Y a terrassement quand le lutteur se retrouve
- assis sur le sol
- eacutetaleacute sur le dos
eacutetaleacute sur le cocircteacute
les deux genoux au sol
- les deux ma~ns au sol
la tecircte (front au sol agrave la suite dune brouette)
Il peut y aVOIr match nul si apregraves li1 temps ccmsideacuterable les lutteurs
SE sont ~ ivrEacutes respectivement agrave des assauts rEacutepEacutetEacutes et n arrivEt pas a
3265 L~ precircparation mystique
Il faut reconnattre quon ne peut parler de lutte en milieu wolof sans
envisager une preacuteparation mystique seacuterieuse Co~~e ~ous lEvans vu a~teacute-
1middot ~ d ~ ~rlturenent t0utes es actlvmiddotltesmiddot u W010 sont lles a SeS croyances
- la lutte ne concerne pas seule~ent deux acteurs se livrant faruumlucheshy
ment agrave un combat au milieu de laregravene mais eacutegalement les marabouts et les
feacutetichistes du village ou du clan qui doivent deacutefendre leur savoir et
leur prestige Avant le combat le lutteur doit se livrer agrave un certain
nombre de preacuteparations mystiques pour assurer sa victoire Aussi sommesshy
nous appeleacutes agrave parler de BACK (cest le chant et la danse du lutteur)
- le batteur de tam-tam compose un rythme en fonction du Galagne ou du
Senghor (gds-gris) du lutteur Chaque galagne sera choisi en fonction
du Rap ou du Djinneacute correspondant au Totem du lutteur
Le chant geacuterleacuterique Feinte woy veut dire litteacuteralement composer un 1
chant Ce chant est geacuteneacuteralement composeacute par les filles du viilage du
champion ou par un griot de sa communauteacute Et agrave travers ce chrnt on
arrive agrave toucher la corde sensible du lutteur en chantant lesl innombrables 1
victoires de ses ancecirctres ou en lui rappelant ses prouesses eacuteblatantes 1
Chaque lutteur doit avoir un chant et un back qui lui sont propres
327 Le reacutepertoire technique et les caracteacuteristiques physiques dulutteur wolof
Le lutteur wolof est geacuteneacuteralement moyen de taille la musculagraveture est
tregraves saillante ce qui fait ressortir un aspect tregraves athleacutetique ceci
est vrai sans exception pour le lutteur leacutebou mais il arrive que le Cacircyoshy
rien le baol-baol le walo-walo soient de grands gabarits de forte constishy
tution
CepEndant pour une meilleure compreacutehension du sujet nous pouvons eacutetudiEr
deux jroups d lut teurs qui vont deacuteterminer deux st yI e s de lut tes
- ~ t
les tc~tativ~s de~[reacutee e~ ramassement de jambes de la~v~sairL Ce~~
peut Ecirctre expliqueacute par le fait que les lutteurs leacutebou ou walo-walc qui
sont des pecirccheursadoptent cette garde tasseacutee du fait quils so~t tou-
jours pencheacutes en tirant le fil ou en poussant la plrogue On verra techrugravequeacutes dt cirr 2C ~lt 5Jllicitocirct
surLuumlut les membres supeacuterieurs
Le cayorien et le baol-baol par contre sont les plus grands cultivateurs
darachide chez eux les techniques de lutte sont plus varieacutees et la
garde est moins renfermeacutee Les lutteurs cayorien et baol-baol ont une
morphologie et une reacutepartition musculaire bien eacutequilibreacutee ils excellent
dans les techniques en deacutecalage les techniques de jambe et surtout les
techniques de riposte ougrave lon peut voir des prises de hancheacute tregraves amples
Dune maniegravere geacuteneacuterale on peut dire que le lutteur wolof est un fin
technicien qui sait surtout creacuteer les opportuniteacutes e~ avec sa rapiditeacute
utiliser la force de ladversaire pour le deacuteseacutequilibrer le noodju
le mbas le weacuteheacuteleacute et le rasu sont des techniques propres au lutteur
wolof
En deacutefense il utilise surtout des kl~klets ou gal-gal Notons que
le balancement des bras ou Lewato e$t tregraves marqueacute dans la lutte wolof
TABLEAU RECAPITULATIF DES COMPOSANTES TECHNIQUES
( 1 )
1 SOUS-GROUPES GARDES CONTROLES FORHES DE CORPS l
Walo-walo Basse de jambe Arracheacute l l10yenne de Ngimbe et i
Leacutebou Tasseacutee et saisies annexesj Deacutecalage 1 1 distante de bras de tecirct1
j de bras Deacutecalaeuro
~-----------------~-
- ~ ~- shy - ~ ~ bull L _ _ bull
Profil psyc~~iqUE du lutteu- et son comporterent dars l 2regravere
La preacuteparation mystique dans laregravene est plus marqueacutee chez les wolofs
que ChE~ les autres ethnies En effet on verra de grands champions
preliGrE plusiEurs heures pour Enduire leur corps de cll2badep ou ci
rmiddot- ~ a la proprieacuteteacute de proteacuteger li1egraveividu J
les mauvais sorts) Cest dailleurs un aspect dt la luttE qui iJcsc
des problegraveJles
Le lutteur wolof est tregraves superstitieux et la peacuteriode de preacuteparation
est capitale pour lui car elle permet non seulement de rendre
hommage aux ancecirctres mais aussi dintimider son adversaire Cest
geacuteneacuteralement un lutteur agressif combatif et teacutemeacuteraire Il se fait
souvent remarquer par son esprit dentreprise Mais cette fougue dans
le combat lamegravene parfois bien que ce soit regrettable agrave oublier les
usages et les normes Ce manque de maicirctrise de soi peut faire croire
que le lutteur wolof manque de fair-play ce qui nest pas toujours le
cas
~A~Ugrave~ t 4AA CbUrs k LA ucirctotve f~tPle Sesect prores mou W ~ lesquelles vont se couler les comporteme~ts individuels qui sont ainsi
monteacutes par et pour lautoriteacute sociale
Les faccedilons de boire de marcher ou de sasseoir se manifestent indivishy
duellement dans le corps de chaque personne ces habitus sont cependant
des montages sociaux lieacutes agrave des significationssymboliques variables
dailleurs selon la position sociale occupeacutee par chaque sujet Ces modes
dagir se rangent dans un systegraveme de montages symboliques et lindivishy
du les apprend de la socieacuteteacute dont il fait partie agrave la place quil occupe
Lhabitus est un montage social agrave la valeur symbolique deacutependant des pheacuteshy
nomegravenes deacuteducation et de prestige et lieacute agrave la position sociale du sujet
Cette penseacutee sonne de faccedilon eacutetonamment moderne
Pierre BOURDIEU qui dans une perspective a approfondi le contenue de la
notion en le reportant aux oppositions entre classes et fractions sociales
Il deacutefinit lhabitus comme un systegraveme de dispositions durables acquis au
cours dune histoire personnelle dans une milieu social donneacute systegraveme qui
engendre ensuite des pra~iques socialement deacutetermineacutees faccedilons de manger
de parler ou de marcher comportements de politesse contenu des preacutefeacuterencel
et des deacutegoOts bullbullbull lhabitus est le produit de conditions eacuteconomiques et
sociales Lauteur rattache directement la formation de lhabitus dun
individu agrave la trajectoire parcourue par celui-ci dans sa classe dapparteshy
nance il deacutefend lideacutee dun habitus de classe qui deacutefinit le sens confeacuteshy
reacute agrave la pratique sportive les profits qui en sont attendus
Ce dernier serait lui-m~me lieacute agrave un systegraveme de valeurs ou ETHOS de classe
prenant sens au sein doppositions distinctives entre classes sociales
De sorte lhabitus fonctionne comme un systegraveme dt- regravegles inteacuterioriseacutees
souvent informuleacutees permettant ou non agrave lagent de sadapter dembleacutee aux
multiples pratiques de la vie quotidienne et de la vie sportive il est agrave
lorigine des schegravemes de transcription qui favorisent les ajustements aux
situations corporelles nouvelles (1)
t ~
(1) P~IE11D dwi6Han ISpoy-l et sodeacutebi Approche Bocio-culturelle des pratiques P~tis Vigot 1981 page 81
33
331 Preacutesentation
Les Seacuteregravere auraient pour origine le Fouta Toro quils auraient quitteacute
vers le Xllegrave siegravecle pour fuir lislamisation de cette reacutegioD par lempire
dJ Xali (ils seraient donc apparEnt~s aux Peul et Toucouleur ) Ils
auraient trouveacute dans la rEacutegion du Sine les Sosseacute dorigine manding avec
lesquels ils salliegraverent
Au XVegrave siegravecle une autre immigrationSos~ conqueacuterante cette fois-ci
apporta son organisation eacutetatique Ils se divisegraverent en deux monarchies
deacutemocratiques lune seacutetablit au Sine et lautre au Saloum Les Sosseacute
conqueacuterants constituaient lautocratie appeleacutee Guelowar
La royauteacute seacuteregravere eacutetait laiumlque Les premiers souverains durent secouer
la tutelle des Toucouleur et progressivement arrivegraverent agrave unifier lethshy
nie des seacuteregravere etdea Sosseacute Les deux royauteacutes eacutetaient organiseacutees selon
acirces modegraveles tregraves deacutemocratiques Le souverain deacutependait dune assembleacutee
de ministres et de chefs locaux qui assuraient ladministration centrale
et reacutegionale())
Aujourdhui lethnie seacuteregravere repreacutesente 20 de la population seacuteneacutegalaise
Ils sont reacutepartis sur presque toute leacutetendue du territoire notamment
dans le Baol la reacutegion du Sine-Saloum et la reacutegion de Thiegraves
Signalons quil existe plusieurs sous-groupes dans lethnie ainsi on
trouvera
- dans la reacutegion de Thiegraves les Ndut les Safegravene et les None
- dans le Sine-Saloum les Sine-sine et les Saloum-salouIT
On trouvera vers foundioune et agrave Nioro du cocircteacute de la Gambie les
Niominka (pecirccheurs) Cest une portion tregraves mandinguiseacutee
( 1
Le rattache~2~t d~ to~s ccs sous-groupes pose problecircme ~25 0~ r0~V~
uc grande partie de traits COITul1uns dans leurs modes dE vie Ct pOUT phs
de faciliteacute nous allons essayer de faire une ~tude globale de la lutte
traditionnelle seacuterecircre Lactiviteacute socio-eacuteconomique qui est essentielleme~t
agro-pasorale caracteacuterisE leacutethnie seacuteregravere
332 Lecircducation les moeurs les croyances et pratiques sEr~rc
Chez les Seacuteregravere la vie humaine se deacuteroule selon les grandes eacutetapes
le baptecircme lenfance ladolescencemarqueacutee par la circoncision lsectge
adulte le mariage la vieillesse et la mort (funeacuterailles)
La vie de la communauteacute seacuteregravere reste une des plus originales sinon
celle qui de nos jours garde la presque totaliteacute des pratiques et
habitudes traditionnelles
Bien qu aujotltdhui con~r-tis aux religions chreacutetienne et musulmane les
Seacuteregravere conservent leurs croyances et pratiques animistes
Quelque soit leur degreacute dadheacutesion aux religions reacuteveacuteleacutees les Seacuteregravere
croient en un Dieu puissant et miseacutericordieux Rog Segravene et les hommes
Les ~angols sont repreacutesenteacutes mateacuteriellement dans tous les villages
seacuteregraveres par des arbres (baobab et tamariniers) des animaux (geacuteneacuteraleshy
ment serpent doreacute ou iguane) des ustensiles (pilon calebasse et mortier)
De nombreux teacutemoignages nous apprennent que certains totems (serpent
iguane) font leur apparicion agrave loccasion de certaines manifestations
rituelles comme les sacrifices ceacuteleacutebreacutes lors dun mariage de ceacutereacutemonies
mortuaires ou des circoncisions
Le Seacuteregravere comme il nous a eacuteteacute donneacute loccasion de le dire plus haut
preacutesente des speacutecificiteacutes authentiques aussi bien en tout ce qui touch~
son eacuteducation ses croyanCES et pratiques mystiques q~e ses activiteacute~
socio-ecirccc~omiquEs Apr~s a ~aissa~c~ le beurob~ ~~ pcs~ 5~~ lE S~ __
On lui mouille les l~vres avec un peu d~ lait de mil et apr~s U~ bain
purificateur on versera leau dans un trou cr~us~ derri~r~ la Camp~~
Pendant huit jours la megravere et lenfant sont cacheacutes dans la case car
selon les anciens ils sont tregraves vulneacuterables La case deacutens certains cas
est entoureacutee dun fil blanc et lon place sur le seuil des fais(cauy di
veacutegeacutetaux pour chasser les mauvais esprits (geacutenies malfaisants et illangeUY~
dacircmes) Au bout du huitiegraveme jour la megravere et lenfant peuvent sortir de
la case bull
bullbullbull Le matin du huitiegraveme jour la tante paternelle va chercher de leau
(plusieurs fois)t elle doit rester muette pendant ses alleacutees et venues
si elle parlait t lenfant pourrait ecirctre muet bullbullbull
La megravere et lenfant prennent un bain purificateur dans lequel sont
trempeacutees certaines plantes (ce sont des veacutegeacutetaux pr~tecteurs tels le
begravene le yag le ngud) On y lavera aussi le linge e1t les ustensiles utishyj
liseacutes pendant les huit jours qui viennet de seacutecoul~r On rase le crine
de lenfant Les cheveux sont donneacutes agrave la megravere qui ~s enterrera avec le
reste du cordon ombilical dans un endroit que11e esit seule agrave connattre
La megravere sassied sur une natte devant la maison Une femme igeacutee de la
famille prend le beacutebeacute dans ses bras et le preacutesente aux quatre coins de
lhorizon
La tante paternelle tient ensuite un van sur la tecircte de la megravere on y
verse le mil on y verse eacutegalement en abondance sur la megravere et sur
lenfant La tante oint ensuite le corps du beacutebeacute avec du lait e11e
touche en particulier le front t le nez la bouche la poitrine le dos
et les oreilles
Elle pose enfin un ~rain de sel dans la paume du beacutebeacute (le sel purifie
et deacutetruit les puissances mauvaises)
Apregraves un nouveau bain la megravere et lenfant revEcirctent des habits de fecircte
(est
lenfant Ce precircnore a toujours U~ SEns Il sy~bolise parfois C0 qUi
lOIl sounaitt agrave lEufant l)
La circoncision comme dans les autres ethnies est obligatoire Elle
permet au jeune adolescent dacceacuteder agrave la classe adulte Les jeunes
sont regroupes en classe dacircge dans le bois ougrave sc fait la r0tr~it0 des
circoncis et ceci pendant plusieurs mois
Le Selbeacute qui est geacuteneacuteralement un ancien craint de tous les eacutelegraveves
enseigne le respect de la hieacuterarchie la discreacutetion le goOt de linishy
tiative Les activiteacutes physiques et leacuteducation artistique ne sont pas
en reste la deacutecoration la sculpture la lutte et la danse A sa sortie
du bois linitieacute appartient deacutesormais agrave la classe des virils et des
sages du clan car on lui aura enseigneacute les vertus fondamentales que
sont la justice lhonneur lamour du prochain 1 amour du travail
lhonnecircteteacute et surtout le respect des coutumes ancestrales
Le rite du mariage esd aussi un fait tregraves important dans le monde 1
seacuteregravere mais par manq~e dinformation nous serons obligeacutes de nous en
tenir lagrave
333 Impact des ethos sur la lutte dans le monde seacuteregravere
Lorigine de la lutte seacuteregravere ne semble pas claire ma1S nous pouvons
dire quil existait deux formes de lutte comme chez les Wolofs une
lutte sans frappe et une lutte avec frappe Et cest cette derniegravere
qui peut-ecirctre nous ameacutenerait agrave croire que la lutte seacuteregravere aurait une
origine plus preacuteciseacutement guerriegravere
Aujourdhui la lutte est uniquement une activiteacute sportive agrave travers
laquelle le jeune seacuteregravere eacutevalue sa force son courage et SOn ingeacutenioshy
siteacute Cest une occasion de deacutefendre lhonneur de son village ou de
la corrnnunauteacute
La luttE ~5t avant tout u~e rnanifcs[dtic~ c~lturclie et surtout
fo lkhriqut-
Gracircce agrave elle on peut deacutesormais comprendre un certain nombre de chants
et de symboles A travers la lutte seacuteregravere on ccedilomprend les inter-relashy
tions entreacute la vie et le monde surntiturel
Sil devait y avoir la mort dun villageacuteois pendant la fecirctE au T qUE
de linterrompre on proceacutedait gracircce aux connaissances magico-religieuses
agrave la suspension de la mort jusquagrave une peacuteriode ougrave la population sera plus
disponible pour organiser des funeacuterailles sil y eacutetait preacutedit la possibishy
liteacute dune deacutefait du champion local au profit dun champion dun autre
village des recettes dordre maginque et religieux eacutetaient mises en prashy
tique afin que le champion du village ne soit jamais terrasseacute(J)
334 Le profil du lutteur seacuteregraver~
Le lutteur seacuteregravere est par essence un athlegravete impressionnant de par sa i
carrure et sa musculature saillante mais cest aussi une force tranquille
et calme quelque soit lenjeu du combagravet et particuliegraverement lhonneur
Cet aspect nous pousse agrave parler du NGiMBE cest-agrave-dire de la tenue du
lutteur qui va influencer sur sa faccedilon de lutter
La confection du Ngimbe revient agrave la communauteacute entiegravere Le Ngimbe a
une signification symbolique et le lutteur pour meacuteriter la confiance du
groupe se doit de tout faire pour ne pas toucher le sol Toute la commushy
nauteacute elle aussi sengage pour assurer la longeacuteviteacute et le succegraves du lutteur
dans laregravene par lorganisation droffrandes et de sacrifices en lhonneur
des Pangols bull
bull
Daucuns nheacutesitent pas agrave dire que lessentiel du mysticisme se fait agrave
la maison et non dans laregravene tout le reste nest quintimidation de
ladversaire
lsvcns
Tt- pi ~- t
t 1 ~ l _ ~ t
par rapport agrave lautre Cbci est trEgraves lieacute agrave lactiviteacute journaliegravere du
jeune seacuteregravere qui est un cultivateur donc toujours bien planteacute sur ses
jambes et qui continuellement manie lhiler
Le fait de couper le boi~ peut eacutegalement constituer un moyen de muscushy
lation non neacutegligeable pour le jeune lutteur
Un certain nombre de traits techniques speacutecifiques au lutteur seacuteregravere
semblent ressortir des diffeacuterentes interviews que nous aVOns fait subir
agrave certains lutteurs seacuteregraveres et agrave diffeacuterents techniciens
SOUS-GROUPES FORMES DU CORPS CONTROLES GARDES
SAFEN Moyenne en fente NONE Hancheacute Bras (distante) j
NDUTJ
f
SINE-SINE Deacutecalage Ngimbe
Moyenne
SALOUM-SALOUM Passage- Jambe (rapprocheacutee) 1
i
PETITE dessous Tecircte Basse et 1
COTE Moyenne (rapprocheacutee)
Notons que le Niominka ll commence agrave lutter agrave partir du sol pour avoir
assez deacutelan et sauter sur ladversaire afin davoir la prise du lion
(contr6le de la nuque et du bassin)
Co a -tem-nt ccedilt attitude du lutteur sEacuteregravere335 np -1t ~
Les croyances mystiques sont indissociables des activiteacutes quotidiennes
duseacuteregravere Ce qui explique le cocircteacute supersticieux du lutteur seacuteregravere En
~ffet certains lutteurs refusent de lutter avant certaines heures
Certains teacutemoignages nous apprennent quil nest pas donneacute agrave tout le
monde decirctre champion de lutte et que le lutteur doit avoir des dons
surnaturels pour ecirctre agrave mesure de livrer ses combats dans la nuit
et trouver seul un gris-gris speacutecial appeleacute Njatch
Le vrai champion de lutte chez les seacuteregraveres ne lutte pas seulement avec
~a force et sa technique mais surtout avec ses dons occultes
Chez les seacuteregraveres les morts sont toujours preacutesents et les ~pangols
Servent dintermeacutediaire entre les hommes et les morts Le pangol prend i
le nom dhumain dans certains villages (IIHeacuteJga NDONG Har Wag NGOUYE) i 1
De ce fait on verra le lutteur danser dufe maniegravere ou dune autre en
fonction du pangol de sa famille Ainsi nrus aurons le back (chant et
danse du lutteur) des DIOUF des FAYE etclbullbullbull
Dans laregravene le lutteur seacuteregravere a un comportement exemplaire aussi bien
agrave leacutegard de son adversaire direct quave~ le public en geacuteneacuteral Lexpli shy
cation semble tenir au fait que le lutteur seacuteregravere est avant tout selon
la tradition orale le repreacutesentant de toute la communauteacute seacuteregravere Par
conseacutequent il devra saffirmer non seulement en tant que lutteur dans
laregravene mais aussi en tant quentiteacute morale
336 La tenue du lutteur ou NGIMBE est confectionneacutee par le marabout de la
famille ou du clan Le Ngimbe est constitueacute de pagne en cCton tisseacute
Il doit ecirctre propre le lutteur qui le porte ne devra pas avoir de rapshy
port sexuel pendant toute la peacuteriode des cOTpeacutetitians car le Ngi~bE ne
doit pas ~tre souilleacute
Autrefois et mecircme aujourdthui dans certaines familles on devient
lutteur de pegravere en fils et dans ce cas le Ngimbe du pegravere est heacuteriteacute
par le fils Le fait de porter le Ngimbe de ses aieux peut susciter
chez le jeune lutteur une motivation et une volonteacute ineacutebranlable dtasshy
surer la supeacuterioriteacute d~s siens dans ltaregravene Il fera tout pour que le
Ngimbe de la ramille ne touche le sable
La tenue du lutteur a une signification et une importance sur le plan
mystique car selon les anciens le vra1 feacutetiche du lutteur celui qui
le proteacutegera et laidera agrave vaincre le nDjinne ou le tRapu de ladvershy
saire se trouve cacheacute dans ce Ngimbeu bull Celui qui confectionne donc le
Ngimbe U est doueacute de faculteacutes occultes
337 Larbitrase est assureacute par un sage du village qui geacuteneacuteralement fut
champion de lutte de son temps Dailleurs cet ancien nintervient que
si le terrassement est litigieux Hormis le public qui proclame la vicshy
toire ou le match nul le lutteur lui-mecircme est arbitre et il arrive
quil se deacuteclare vaincu
Nous avons pu cfter Meacutedoune KHOULE un desplus grands lutteurs seacuteneacutegashy
lais qui a donn~ une victoire agrave Djeacuteri SADIO son adversaire qui a reacuteussi
agrave lui faire touegraveher le sol de la main
IlL
34 1 Preacutesentation
Lethnie toucouleur vit En grandt partit ciE~~ la vallfc du S~~~gal
pt reprecircsente i peu pr~s 8 de la population totale secircn~galaise
o Histoire
Il semblerait que dans lancien royaume du Tekrour (IX~ siegravecle) des
eacuteleacutements neacutegroiumldes Sarakoleacute et des Peul aient formEacute par meacutetissage le
peuple Toucouleur (Toucouleur serait dailleurs une deacuteformation du
mot portugais Tacouror)
Ce empire a domineacute aussi bien les wolofs de lOuest que les Peul
nomades du Fouta Toro Cette reacutegion fut le premier pays islamiseacute par
les Almoravides ce qui peut expliquer le proseacutelytisme toucouleur
Ce sont les guerriers toucouleur islamiseacutes qui attaqu~rent avec les
Almoravides la capitale du Ghana Koumbi en 1067 On convertit par
la force les animistes Cest sans doute agrave cette eacutepoque que de nombreuses
ethnies reacutefractaires agrave lIslam ont dO accentuer leur migration vers
le sud (Seacuteregravere wolof Sarakoleacute Bambara Songhaiuml Akan et Peul se reacuteshy
fugiaient vers les hauteurs du Fouta Djalon)
Au XIXegrave siegravecle les Toucouleur allaient trouver en El Hadj Omar Tall
un grand conqueacuterent qui sous le preacutetexte religieux de la gJerre sainte
contre les tribus animistes (entre autres Bambara) eacutetendit lempire
toucouleur sur presque tout lensemble du gali et la partie de la Guineacutee
proche du l1ali
Lempire toucouleur composeacute de Sarakoleacute de Bambar~ de ~alinkeacute de
Xassonkeacute dE Peul et de Dogon eut le meurorit~ dunir CES diif~rentes ~ ~ - - - - - et~ics ~t dE CD~stituer l~Sl la b2S~ ~r 1
_ ~ ~ ~_ L ~
~ ~- ~- - - ---- _ 1 v _ t 1 ~-_ --
marabout tOL~culcuuml~ ~ middotlrrany a l ick SI venu des E1i rClS dE Pocior~ (
~ Vi~ euroconomicue et sociale -----------~-------------
Les Toucouleur sont des cultivateurs mais bien quils n~ soie~t pa~
pasteurs comrre les Peul leacutelevage a une place inportarteacute decirc1S ltur
eacutecono~ie Pour faciliter leur conquecircte guerriegraverE ils c~t Eucirc une preacuteshy
dilection pour leacutelevage des chevaux On y trouve aussi des pecirccheurs
appeleacutes Tchioubalo La socieacuteteacute toucouleur aurait une stratification
sociale tregraves rigide Les groupes ethniques et les castes eacutetaient
diffeacuterencieacutes et strictement exogamiques les Rimbe classe des nobles
comprenant la famille reacutegnante et les guerriers libres la classe des
Nieacutenieacutebegens de castes artisanales i les Rimaibeacute anciens esclaves
devenus serviteurs qui portent les noms de famille de leur maicirctres A
la base de lorganisation de la collectiviteacute toucouleur se situe le
village (Wouro)
Toutes ces castes sont cloisonneacutees entre elle~ Ainsi il nest pas
permis agrave un Torodo (noble) de se marier avec un Tchioubalo Ces
consideacuterations sont importantes dans le domaine de la lutte ougrave nous
apercevrons que les nobles ne sont pas faits pour lutter Le noble
preacutesidera les seacuteances de lutte et on luttera pour lui Ces condeacute rat ions
de noblesse et de rang social sont extrecircmement importantes dans le
monde toucouleur
Le noble ne doit pas se salir on lutte pour lui il ne vit la lutte
quen tant que spectateur
342 Education moeurs croyances et eratiques religieuses
Deux formes d~ducation sont agrave consideacuterer leacutedJcatio~ dES enfarts Et
celle des adultes
oG lenfant sait m2n~~r et apprfcier le goOt d~5 ~iifeurorents r~pas lt
le moment ougrave il CO~~e~CE agrave marcher
tivirt n~sormais le petit toucou]eur est eacuteduquf par toutmiddot 12 f2~i)]E
dabord puis par toutes lespersc~nes du village ou du C13~
Lenfant peut ~tre corrigeacute par tout adulte appartenant au groupe social
Son eacuteducation est deacutesormais laffaire de toute la communauteacute et non
exclusivement celle ces parents On linitie ainsi au travail quotidien
qui se fait dans la bergel~ e les champs et les bords du fleuve Au sein
du village il pourra apprendre agrave filer la laine et agrave tisser des pagnes
dans les champs il apprend agrave manier la houe et lhiler pour la culture
du riz et du mil Mais signalons que lactiviteacute essentielle du toucouleur
est leacutelevage des boeufs des moutons et des chegravevres Chez les Ichioushy
balos (p~cheurs ) lenfant sera initieacute tregraves tat au maniement des pagaies
agrave la p~che propremccedilnt dite et agrave la nage
Vers cinq-six ans lenfant est confieacute au maicirctre coranique le Ihierno
et ce dernier dispose exclusivement de toute sa vie Lavenir du jeune
enfant lui appartient
Comme dans les autres groupes ethniques les enfants sont regroupeacutes en
classe dacircge et cest dans cette structure que lenfant subit les rite
de passe et plus particuliegraverement celui de la circoncision
La circoncision est non seulement unE opeacuteration chirurgicale malS surshy
tout une peacuteriode au cours de laquelle le jeune garccedilon passe de leacutetat
dadolescent agrave leacutetat dadulte Les circoncis sont reacuteunis en classe
dacircge dans un endroit situeacute hors duvillage geacuteneacuteralement choisi par les
vieux Cet endroit n~st accessible que par des individus de SExe ffi8SCUshy
li~ ~ta~t au preacutealabl circoncis
- - - -
quable et complet sur le plan phy~ique et ~oral Ai~si liniti~
acquiert les qualitecircs indispensables que sont le courag~ la modest
lesprit de sacrifice lendurance
Le toucoule~r est un pleux musulma~ Cela sexp1
SOil le premier agrave tre en contact avec la religion musulmane de par sa
position frontaliegravere Lethnie toucouleur de par son histoire a preacutesenteacute
les plus grands chefs militaires et religieux musulmans seacuteneacutegalais Et
pour illustrer cela on peut citer en exemple la grande famille musulmane
des SY agrave TIVAOUANE repreacutesentant la confreacuterie des TIDJANES
Bien que lon note une majoriteacute musulmane on peut dire que certaines
croyances et pratiques mystiques et animistes persistent encore surtout
dans la reacutegion du fleuve
Une pratique courante se fait elle sappelle le Djatt Elle consiste
agrave faire sortir le caiman du fleuve agrave limmobiliser et agrave lattacher
sans quil ne reacuteagisse et tout ceci agrave laide de versets et dincantashy
tions magiques Dapregraves les teacutemoignages ces pratiques sont plutocirct
freacutequentes chez les Tchioubalos (pecirccheurs) Il arrive aussi que cershy
tains chasseurs ayant des dons se livrent agrave certaines pratiques an1shy
mis tes qui consistent agrave invoquer certaines puissances et agrave moduler sous
forme de chant des versets occultes pour se proteacuteger des mauvais esprits
et pour eacuteloigner les fauves Ce chant est geacuteneacuteralement incompreacutehensible
et deacutenueacute de sens pour le profane
343 Activiteacutes ludiques et pratiques sportives en milieu toucouleur
Durant toute son histoire lethnie ~oucouleur a toujours EacutetEacute Frese~teacute~
comme celle qui avait ue activit essentiellement guerr e e~ particushy
liegraverement farouche Trois eacuteleacutements ret r t l ecirc t te nt i c- euro so~t
le manie~~nt du ~acircton 12 luttE Et 1eacute danSE
l
Lecircducation ph~sique et artistique Dcc~pe un place precircpondecircra~rp
dans la fDrmat~on du jEune toucouleur A loccasion agraveeacutevegravenemen~ imporshy
tants reacutecoltJs mariages baptecircme nous assistons agrave des manifestashy
tions folkloriques de grande envergure le Wango oucirc dailse toucouleur
tregraves gymnique iles chants et surtout les sEacuteances de lutte
La lutte toucouleur est la forme de lutte la plus spectaclaire dans
tout le territoire seacuteneacutegalais Elle est essentiellement baseacutee sur des
techniques en hancheacute et surtout en souplesse Ceci sexplique par le
fait q~e le jeune toucouleur est tregraves tocirct initieacute agrave la gymnastique (saut 1
per saut de main salto arriegravere saut de tecircte couronneacute etc bullbullbull ) pour
la dans~ du wa~go En dansant le wango qui est une danse rythmeacutee et
gymnique le Jeune toucou1eur est capable de prouesses extraordinaires
1
En lutte lattaquant se deacuteplace tregraves peu pour avoir une bonne saisie
(geacuteneacutera~ement controcircle du Ngimben ) et enchaine brusqueme~t avec une
attaque surpris~ Cependant les ripostes sont souvent surprenantes et
spectaculaires (baseacutees sur la souplesse et la rapiditeacute) ontrairement
aux autr~s form~s de luttes ougrave lon voyait tous les jeune adheacuterer la
lutte to~cou1eur Verra un groupe de speacutecialistes sadonne agrave la lutte 1
(la lutte est lieacutee agrave la position sociale de lindividu problegraveme de
caste)
Q La morphologie du lutteur toucou1eur 1
1 1
Ce dernier nest pas aussi large et aussi fort que les lutteurs diola
et seacuteregravere Cependant il est tregraves reacutesistant La musculatJre est saillante 1
et tregraves souple lindividu est longiligne mais tregraves athleacutetique
Les mouvements de lutteurs sont semblables agrave ceux dun grand fe1in Cette 1
morphologie semble ecirctre lieacutee agrave la position geacuteographique de lethnie
(reacutegion du fleuve) et agrave lacitiviteacute socio-eacuteconomique du toucouleur qui
est agrave la fois cultivateur (activiteacute lieacutee agrave la crue et deacutecrUE du fleuve)
pecirccheuro~T CIcr~icubaon) et sttout jEumlrgcr qui est U~ rc~2eumlr
shy
Deux formes egrave~ corps sembl~nt ecirctre preacutefeacutereacutees du lutteur toucouleur
le hancheacute et la souplesse Les hancheacutes sont faits agrave partir de plusieurs
positions de doset se terminent geacuteneacuteralement par des techniques de
tregraves grande amplitude
TABLEAU RECAPITULATIF DES TECHNIQUES ET FORMES DE CORPS SPECIFIQUES
i
L441 r
GARDE FORMES DU CORPS CONTROLES --shy - -
Moyenne Souplesse Ngimbe
Hancheacute bras
Demi-souplesse
1
Profil psycholosigue 1
TECHNIQUES
ContrOle du bassin et 12 souplesse
arriegravere
Klicket et allegravegement de la hanche
Le lutteur toucouleur est celui lUi se livre le moins aux preacuteparaqons
maraboutiques Cela est dO au f~t que le toucouleur est un grand ~USUlshyman et que les pratiques animisges ont presque disparu dans ce mil~eu
Dans la pratique le lutteur esJ combaif mais il est calme et tr~s reacutefleacutechi quant agrave la deacutecision agrave prendre en plein corps agrave corps ct~st un des seuls techniciens qui reJte tregraves lucide au cours de ses comb~ts
l Dans toutes les circonstances e lutteur toucouleur est tenu de re~pecshyter son adversaire et ceux de s4n eacutequipemecircme sil est vaincu
Comme nous avons dO nous en rendre compte la rigueur des principes
eacuteducationnels a une influence tregraves sensible sur l~ comportement du
toucouleur
i
III S COCL ~s 1DO
Dans cette partie nous avons essay~ de montrer lftroite re1atic~
Entre les diverses activiteacutes socio-eacuteconomiques dans les ethnies et
lES diffEacuterentes faccedilons de lutter
Daucuns seraient tent~s de conclure trop rapidement et cest p0~r
cette raison que nOUS avons penseacute preacuteciser que le pheacutenotype nest
pas geacuteneacuterateur du geacutenotype Et nous sommes convaincus que la morphoshy
logie et les techniques des lutteurs relegravevent de leurs modes de vie
et de leurs croyances agrave une eacutepoque et danE un contexte bien deacutetermishy
neacutes
Est-ce que les lutteurs dio1a ou seacuteregravere travaillant avec leurs bras
dans les champs auraient les mecircmes pr 0 fil s physiques que les lutteurs
utilisant des machines pour lagriculture
- 69 shy
I UJOURDH~1 E-S ut O[l LES FORfilS Ut LU11t~
~otons que notre enqu~te a ecirctE essentiellement faiteen milieu urbain
Les seacuteances de lutte ont tendance agrave perdre leur particulariteacute de r~shy
jouissance pour devenir des pheacutenomegravenes de sportisatio Deux fores
de luttes so~t principale~cnt prat s dans les aregrave~es du 5 al
la lutte traditiunnelle simple et la lutte traditionnelle avec frappe
De nos jours la lutte traditionnelle tend vers une reacuteglementation
et une institutionalisation
Le reacutesultat de nos investigations nous donne le tableau ci-dessous
REPARTITION ETHNIQUE SUR 100 PRATIQUANTS
LUTTE LUTTE RAPPORTETHNIES SANS FRAPPE AVEC FRAPPE J2
Diola 40 16 71 j
Seacuteregravere 26 21 57
Toucouleur 23 10 69
Wolof 1 1 53 17
La demande sociale par ordre deacutecroissant pour la lutte sans frappe
se preacutesente comrre suit
]0_ Ethnie diola avec pregraves de 3 lutteur~ sur 4
2deg_ Ethnie toucouleur
Ethri dun
~ 1 LA LUTTE TR])IIIO~~ELLE AVEC H-PPE
Cette forme deacute lutte a une histoire qui date de lantiquiteacute elle
sa~pelait le Pugilat Au Seacuteneacutegal elle a vu le jour dans le Cayor
bien avant la colonisation Le coup dE pied l~Lrdn~lement la morshy
sure la frappe et le doigtf eacutetaient permis dans le cc=bat ~ ~middot~p0~~e
Dans certains cas la giffle eacutetait beaucoup plus dangereuse que le
poing quand elle eacutetait donneacutee par un speacutecialiste Cette giffle pouvait
agrave elle seule deacutechirer et mecircme parfois amputer la joue de ladverser
Selon les informations la lutte avec frappede nos jours serait une
forme de lutte tregraves eupheacutemiseacutee de celle dantan ougrave une blessure
pouvait souvent ecirctre mortelle
Aujourdhui au niveau du folklore la lutte na plus la mecircme
le spectaculaire a remplaceacute le significatif iLa lutte avec frappe se 1
pratique surtout dans les centres urbains C~aque fois quun grand combat 1
est progra~eacute par le Comiteacute National Proviso~re (CNP) des centaines damashy
teurs sont mobiliseacutes vers le stade lba Mar D~OP qui est aujourdhui le i
lieu approprieacute ougrave se deacuteroulent les grands conkbats de lutte Cest la formE
de lutte qui semble drainer une foule de personnes beaucoup plus importante
que celle de la lutte simple
La lutte avec frappe deacuteriverait dune forme de lutte traditionnelle
pratiqueacutee jadis dans le Cayor au temps des Damels et la frappe serait
le substitut dun certain nombre de pratiques doigteacute jet de produits
etc bullbullbull dont le but eacutetait laveuglement de ladversaire La lutte avec
frappe serait une continuation logique dune carriegravere sportive de la
lutte traditionnelle qui sen sert comme moyen socio-eacuteconomique En
effet la majoriteacute des lutteurs avec frappe ont dabord eacuteteacute initieacutes agrave la
lutte simple Cependant il faut signaler que de nOS jours il arrive
que le jeune lutteur avec frappE- soit directenent formEacute conne speacutecialistE
agrave la frappe sa~s pour autant faire son chemin dabcrd egravea~s la lutte
- ~ shy
Le recircsultat dE ~os interviews ncus rec~trE qGune pcpulatiD~ divcrsishy
fiampe sint~resse agrave ce sport et qUE les intecircr~[s des uns et d~SlautrE~
semble~t divergents naucuns affirment que la lutte traditionnelle
avec frappe serait monteacutee par des personnes dont la vocation est dexshy
ploiter ce pheacuteLomegravene agrave des fins commerciales Dautres disent gJellegrave
jouit de mcyens irport~nts t[l[~isio
tation etc bullbullbull ) pour toucher toutes les couches sociales CEpe~~a~t
nous remarquons que mecircme si certaines personnes reprochent agrave cette
forme de lutte decirctre brutale ces mecircmes personnes nheacutesitent pas agrave
se rendre le dimanche agrave laregravene Bien que critiqueacutee elle semble ecirctre
adopteacutee par une tregraves grande partie de la population seacuteneacutegalaise Cepenshy
dant en tant que techniciens il nous est permis de faire une remarque
Il sagit de
- Limpression nette decirctre devant des professionnels de la frappe
qui sont ~ntratneacutes pour cela Dailleurs les propos que nous avons
recueilli~ nous prouvent que la plupart des champions de lutte avec 1
frappe s~ntratnent dans certains sports de combat tels ~ue la boxe i 1
le karateacute le judo Dans cette nouvelle forme de pratique de la lutte
contrairefuent agrave la lutte traditionnelle le technicien e~t souvent
perdant face au puncheur Ce dernier adopte une lutte agrave distance qui
lui permet de placer agrave bon escient ses coups animeacute du deacutesir de vaincre
Le technicien lui se voit contreacute dans toutes ses entreprises par
un uppercut ou un crochet
On peut dire cependant que nul sport au Seacuteneacutegal que la lutte tradishy
tionnelle avec frappe ne deacutechaicircne autant de passions et autant de
pheacutenomegravenes poussant agrave lexcegraves et deacutereacuteglements quon ne peut que deacuteplorer
Mais comment deacutecrier un spectacle de lutte qui bien quayant perdu la
presque totaliteacute des valeurs traditionnelles veacutehiculeacutees autrefois par
elle sait susciter une participation effective de tous ceux qui sont
preacutesents
CONCLUSION
Dans ce meacutemoire nous sommes efforceacutes ~e faire ressort ir limportance des
ethos et des habitus et leurs effets sur la pratique de la lutte tradishy
tionnelle au Seacuteneacutegal
L~b egravethos repr~sentent dune maniegravere g~neurorale tous les eacuteleacutements speacutec
fiques sux Seacuteneacutegalais par conampeacuteguent un systegraveme de valeurs traditionnellEs
Mais m~me si ces valeurs rev~tent une signification universelle (honneur
digniteacute courage etc bullbullbull ) il nen demeure pas moins que ce nest pas leur
nature qui fait leur speacutecificiteacute mais la hieacuterarchisation et limportance i
quon accorde agrave toutes ces valeurs de ~ar leacuteducation ou la culture
i 1
Aussi les valeurs traditionnelles puient leur speacutecificiteacute dans les
caracteacuteristiques propres aux eacuteleacutements ~e la socio-cu1ture (la technologie
et leacuteconomie la politique et la pareteacute la psychologie et lideacuteologie)
dans la socieacuteteacute seacuteneacutegalaise agrave n momen donneacute de son eacutevolution Cest i
dire la neacuteceesiteacute de ne point faire della valeur une reacutealiteacute statique
Cest dite aussi quagrave tout mome~t le ~eacuteneacutegalais peut eacutevoluer et creacuteer
ou vivre par conseacutequent de nouv~lles fprmes de valeur qui lui sont 1
propres ft (J)
La lutte traditionnelle veacutehiculant deS valeurs socio-cu1ture1les speacutecishy
fiquement seacuteneacutegalaises (croyances valeurs morales norme de comportement
opinion attitude bullbullbull ) devient un eacuteleacutement important qui tregraves certaiaement
nous aidera dans notre effort de valoriser et de peacuterenniser notre patri shy
moine culturel par le biais dactiviteacutes physiques et sportives
Leacutetude des habitus nous permet de prouver quil y a plusieurs faccedilons
de se mouvoir comme danser lutter bullbullbull qui varient avec les diffeacuterentes
ethnies (wolof toucouleur seacuteregravere diolagt leurs convenances et leurs
eacuteducations
(1) Revue Ethiopiques 31 Les valeurs traditionnelles et le problegraveme de leur inteacutegration dans les systegravemes modernes jtducatio-1 2 6r--70
nautre part cette eacutetude permet aussi de nous rendrE compte de la
correacutelatipn eacutetroite existant entre la pratique de la lutte traditionnelle
et le sta~ut socio-eacuteconomique du pratiquant
Nos inves~igations nous indiquent que la lutte recrute essentiellement
au niveau des classes socio-eacuteconomiques situeacutees en bas de leacutechelle
donc posseacutedant le statut social le moins favoriseacute La lutte avec frappe
-et un certain secteur commercialiseacute de la lutte simple- y trouve sa
leacutegitimiteacute Comme le dit BOURDIEU nA habitus diffeacuterents styles de Vle
divergents et il oppse les pratiques aristocpatiques correspondants agrave
des activiteacutes qui favorisent les situations eupheacutemiseacutees ougrave la stylisashy
tion est importante aux pratiques populaires qui font appel agrave des
qualiteacutes qpposeacutees bllutes rugueuses Certaines interviews nous
montrent que plus lindividu occupe une place eacuteleveacutee dans leacutechelle
sQciale e~ 1
moin$ il sinteacuteresse agrave la lutte
Les reacutesultats recueillis dans nos diverses investig~tions confirment 1 1
1er propos qui disent que nous assistons aujourdhu~ agrave une involution
de la lutte traditionnelle parce que perdant toutes ses speacutecificiteacutes au 1
pryfit d~ne autre forme de lutte que lon continue agrave appeler nostalshy
giqlementIIlutte traditionnelle
Ceci pourrait peut-~tre trouver une explication dan la citation suivante
La liberteacute de creacuteer dinnover de vivre Pleineinenf decirctre soi et de
preacuteserver son authenticiteacute la digniteacute et lhonneu1demeurent des illushy
sions dans la misegravere eacuteconomique~ Nos ancecirctres creacuteai~nt des valeurs de cishyl
vilisation parce quils eacutetaient libres parce qu1i~s ignoraient toute
deacutependance eacuteconomique ils cultivaient en eux et cbez leurs enfants le 1
Jorn et la Kersa et preacutefeacuteraient la mort agrave la hoJte lI (1)
Or le Seacuteneacutegal comme la plupart des pays africainsi est un pays sousshy
deacuteveloppeacute t cependant face agrave cette volonteacute du gou~ernement seacuteneacutegalais
de faire inteacutegrer dans leacuteducation des valeurs traditionnelles nous
pouvons espeacuterer utiliser comme moyen deacuteducation la lutteacute traditionnelle
qui reste quand mecircme vecteur jethos et dhabit~s
- 54 shy
Mecircme si lon a noteacute un appauvrissement notoire sur les plans socioshy
culturel et moral la lutte traditionnelle recegravele une gamme importante
et varieacutee de techniques permettant incontestablement une ouverture vers
les luttes olympiques libre et g~eacuteco-romaine
La lecture de ce meacutemoire permettra agrave lentratneur et au professeur de
lutte en fonction du lieu ougrave ils seront affecteacutes dans le territoire
seacuteneacutegalaisdavoir une information sur les techniques contrOles et
formes de corps propres agrave chaque groupe ethnique et de les mettre en
relation avec leurs croyances et leurs mentaliteacutes
Nous avons essayeacute de montrer que la pratique de la lutte traditionnelle
doit tre axeacutee sur une ethnomotriciteacute au Seacuteneacutegal qui permette une inishy
tiation facile Cette pratique de la lutte traditionnelle seacuteneacutegalaise
devra dailleurs essayer de ~eacutepondre aux aspirations du Seacuteneacutegalaisl
moderne en souvrant aux ap~orts positifs des autres civilisations
ex~eacuterieures nous voulons Jvidemment parler du judo et des luttes oiymshyJ
piques 1
1 j Nous navons pas la preacutetentfon dans le cadre de ce meacutemoire demattrise
de reacutepondre agrave toutes les qutstions se rattachant agrave leacutetude de ~a lutte
traditionnelle souslangle~socio-culturel car non seulement il nous
manque lexpeacuterience et la c peacutetence en la mati~re mais aussil l le temps
et les moyens dont nous dis osions ne nous permettaient pas d~puiser le 1sujet i
1 1 1 t 1
l
- )5 shy
BIBLIOGRAPHIE
BIBLIOGRAPHIE
1- CLAPAREDE Psychologie de leacuteducation et peacutedagogie expeacuterimentale
Edition Delachaux et Niestleacute 244 pages
2- POCIELLC Christian Sport et Socieacuteteacute approche socio-culturelle
des pratiques Paris Vigot 1981 377 pages
3- PIERON Henri Vocabulaire de la psychologie
PUF Deuxiegraveme eacutedition 1957 469 pages
4- Revue socialiste de culture neacutegro-africaine ETHIOPIQUES
Les valeurs traditionnelles et le problegraveme de leur inteacutegration
dans les systegravemes modernes deacuteducation
GIA 21 Juillet 1982 213 pages
5- N2 Revue du Centre dEtudedes Civilisations DEM ak TEY
NIS IVegrave Trimestre 1982 96 pages
6- Document lNSEP Colloque sur la lutte aeacuteregravere
DAKAR MAI-JUIN 1980
t 1
~- Travaux du IVegrave Congregraves National ~es Sports agrave DAKAR les 2223041981
Bulletin n2 91 du CIO du 15 Aont 1965
l____________________________
8- Meacutemoire de Mattrise BADJI Abdou La lutte traditionnelle Joola
Etude et perspective
9- Meacutemoire Inspectorat JS DJITTE Mandy Les pratiques corporelles
traditionnelles au Seacuteneacutegal pour leur exploitation et leur
utilisation en peacutedagogie Marly le Roi 1980
REPUBLIQUE DU SENEGAL
--------------- INSTITUT NATIONAL SUPERIEUR
MINISTERE DE LA JEUNESSE DE LrsquoEDUCATION POPULAIRE
ET DES SPORTS ET DU SPORT
-------------
(INSEPS)
MEMOIRE DE MAIcircTRISE
Es-SCIENCES ET TECHNIQUES
DE LrsquoACTIVITE PHYSIQUE ET DU SPORT
LA LUTTE TRADITIONNELLE
son importance sa signification en fonction des ethos et des habitus ethniques au Seacuteneacutegal
Preacutesenteacute par
Monsieur Joseph Victor FAYE
Sous la direction de
M Jean Marc ROCHEZ
Professeur agrave lrsquoINSEPS
Anneacutee de soutenance 1984
D E DIe ACE --00--00--00-shy
Je deacutedie ce meacutemoire
agrave ma grand-megravere Louise Marie SOKHNA
agrave mes parents Jean et Francisca FAYE
agrave mes fregraveres et soeurs et plus particuliegraverement agrave ma femme
et ma fille bien aimeacutees Lala Khadidja et Feacuteliciteacute FAYE
-----shy
REMERCIEMENTS
Mes vifs remerciements agrave M Jean Marc ROCHEZ qui maura beaucoup
aideacute dans la confection de ce meacutemoire
Je remercie tregraves sincegraverement M YADE Directeur Technique de
lEquipe Nationale t1essieurs Abdou BADJI Kory SARR Djibril SECK
tous professeurs dEPS M Julien DAl-fIEN 1me Simone DAROZA
-Hle Marie DIEllE et tous ces speacutecialistes qui auront contliibueacute de
pres ou de loin agrave mes travaux
so IYPORA~CE SA SIGIFICATION E~ FONCTlOl
DES ETHOS ET DES HABITUS ETHNIQVE~ AD SENEGAL
SOM MAI R E Pages
1 INTRODUCTIO~ ---------------------------------------- shy
II QUELQUES NOTIONS DE SOCIOLOGIE POUR UNE MEILLEURE
COMPREHENSION DE LA LUTTE TRADITIONNELLE ------------- 5
- Habitus et techniques du corps --------------------- 5
- Habitus de classe et style de vie ------------------ 6
- Ethnomotriciteacute ------------------------------------- 7 - Analy~~ des demandes sociales en matiegravere
de pratique des sports de combat ------------------- 8
Judo --------------------------------------------- 9 Lutte libre traditionnelle ----------------------- 10 ft Lutte olympique ---------~------------------------ 10 Boxe anglaise ------------------------------------ Il ft Karateacute ------------------------------------------- II Lutte traditionllelle avec frappe ------------------ 11
III DIVERSITE ETHNIQUE - PLURALITE DES STYLES DE LUTTE --- 16
31 LA COMMUNAUTE DIOLA ----------------------------- 16
311 Preacutesentation ----------------------------- 16 312 Quelques aspects de leacuteducation
et des rites en milieu diola ------------- 17
313 Croyances et pratiques mystiques --------- 19
314 Impact des moeurs sur la pratique
de la lutte diola 20
32 LA COMMUNAUTE WOLOF ----------------------------- 24
321 Preacutesentation ----------------------------- 24 322 Les moeurs ~t les croyancEs wolof -------- 24
323 Leacuteducation d~ w810f --------------------- 26
32~ Incidences des ~~~urs s~r l~ l~tte ------- 28
tiques physiques du lutr~uT wolof -------shy 31
33 LA CO~GAUTE SERERE ---------------------------shy
331 Preacutesentation ----------------------------shy332 Leacuteducation les moeurs lES crOyanCES
et les pratiqUES seacuteregraverc -----------------shy
333 impact des ethos sur la lutte
dans le monde seacuteregravere --------------------shy
334 Le profil du lutteur seacuteregravere -------------shy
335 Comportement et attitude du lutteur seacuteregravere
336 La tenue du lutteur ou Ngimbe ---------shy
337 Larbitrage -----------------------------shy
3~
37
38
40
40
41
34 LA COMMUNAUTE TOUCOULEUR -----------------------shy
341 Preacutesentation ----------------------------shy342 Education moeurs croyances
et pratiques religieuses ----------------shy343 Activiteacutes ludiques et pratiques
sportives en milieu toucouleur ----------shy
344 Profil psychologique --------------------shy
42
43
~S
47
35 CONCLUSION -------------------------------------shy 48
IV AUJOURDHUI VERS DE NOUVELLES FORMES DE LUTTES ------shy
41 LA LUTTE TRADITIONNELLE AVEC FRAPPE ------------shy 50
V CONCLUSION ------------------------------------------shy
ln LI) 1 5 L bull 0 G R A PHI E -------------------------shy
52
Ce ~eacutemoire est une riflexion 3ur la lutte car ~lie apparatt sur le
continent africai~comme un phinomegravene social important Elle le doit
sans doute au fait que depuis le fond des temps elle est itroitement
associeacutee agrave la vie de lhomme Or en deacutecouvrant ses vestiges du passeacute
lAfrique confirme lhypothegravese d~tre le berceau de lhumaniteacute Il en
reacutesulte que sur ce continent la lutte y possegravede une longue tradition
et serait-il paradoxal de preacutetendre que lAfrique a acquis le besoin
de lutter qui cherche agrave se satisfaire selon des moyens congeacutenitaux
cest dans cette perspectiveque nOus approcherons la LUTTE SENEGALAISE
car il est admis que la preacutesence de lHomo-Sapiens en Afriquecircde lOues
remonte agrave plus de 10000 ans Autrement dit nos anc~tres ont reccedilu
lhistoire de la lutte et sa longue eacutevolution lieacutee agrave celle de la civili
sat ion
Nos premiers anctres pratiquegraverent la lutte utilitaire celle dont la
possession eacutetait neacutecessaire pour survivre dans un milieu hostile et
inquieacutetant agrave la fois pour se nourrir et pour se deacutefendre
En se regroupant en clans et tribus nos anc~tres modifiaient radicaleshy
ment leurs conditions dexistence certes ils eacutetaient mieux agrave
mme dassurer leurs besoins vitaux mais ils devaient faire face aux
rivaliteacutes qui ne manquegraverent pas de surgir entre les diffeacuterents groupes
Cette installation dun eacutetat endeacutemique de guerres ougrave le but eacutetait de
soumettre et de ravir ou de se libeacuterer et de reacutecupeacuterer transforma la
lutte en activiteacute martiale Ainsi se deacuteveloppa la science du combat agrave
mains nues celle qui permet de deviner lautre et de le surprendre en
deacutecidant et agissant plus rapidement que lui Mais il ny a pas si long
temps le corps agrave corps eacutetait leacutepisode deacutecisif de toute bataille
Gagnant en sagesse et en technique nos anc~tres saperccedilurent quil
existait dautres modes de vie que celle de vivre aux deacutepens de ses
semblables et progressivementiles temps de paix prirent le pas sur les
temps de guerre La lutte en perdant son utiliteacute ~ais non sa fonction
devint lobjet dlun rite initiatique Il eacutetait du devoir des anciens de
- ~
d~tre en mesure dassurer acirc 1 ur tour Id protection du ~roupe En
deve~ant contenu denseignement la lutte ecircvoluait acirc nouveau Elle
perdit son caract~re preacutepa=atoi=e et devenait ~ctivit~ d~ c0~pensa-
tion (1) Au-delagrave des techniques de mise hors combat qui devaient se
deacutepouiller de leur violence et des risques de dommages corporels on
visait une action formatrice sous un triple aspect physique caracshy
teacuteriel et moral
Puis survint le temps de paix durable celui ougrave leacutenergie eacutetait
essentiellement consacreacutee agrave produire des biens pour sa collectiviteacute
dappartenance Deacutesormais lhomme eacutequilibrait sa vie entre le travail
le repos et le divertissement Cest ainsi que la lutte se retrouva au
coeur des reacutejouissances populaires En se faisant ludique celle ougrave
lon joue agrave mesurer sa force sa ruse son agiliteacute sa bravoure bullbullbull La
lutte se speacutecifiait agrave nouveau en simbriquant aux moeurs aux coutumes
et aux croyances
Cette longue histoire commune du neacutegro africain et de la lutte expliqUE
qUegravecette derniegravere fait partie des traditions auxquelles il est le plu
attacheacute et ort heacutesite pas agrave parler de sport national mecircme quand elle
doit ceacuteder en populariteacute devant le foot-baIl
En Afrique toute activiteacute physique veacutehicule un message et la lutte
traditionnelle elle aussi se trouve impreacutegneacutee de valeurs socio-cultushy
relIes et il arrive quon lui assigne de les veacutehiculer et de les trans~
mettre Parler de lutte en Afrique deacutecouvrir sa signification et comshy
prendre son histoire consiste agrave montrer quelle participe aux eacutethos et
habitus de groupe comme nous proposons de le faire
(1) - CARR The survival values of play citeacute par CIAPAREDE dans Psychologie de lEducation et Peacutedagogie Expeacuterimentale Edition Delachaux et Niestle (244 pages)
iotre reacuteflexion se ci-conscrird au S-~sJl -t mecircle si le peuple
seacuteneacutegalais est o-igilaire de la volonteacute cocnmune due dizaine deacutethries
de vivre ensemble ~ous nous limitert~s 1 analyser les rapports quentr
tiennent les quatre grands groupes diola seacuteregravere toucouleur et wolo
et les styles de lutte correspondant
Nous entendons veacuterifier lhypothegravese quaux particulariteacutes ethniques
(mode de vie coutumes rites et croyances) correspondent des particushy
lariteacutes de lutte (signification valeacuteurs veacutehiculeacutees mode de pratique
regravegles dorganisation bullbullbull )
Ce meacutemoire consiste agrave reacutealiser une approche socio-culturelle du pheacutenomegravel
lutte en Afrique avec le secret espoir quil puisse servir de preacuteface
agrave lhistoire des diffeacuterents styles reacutegionaux que dautres ont commenceacute
agrave eacutecrire
gt Si nous devions justifier le choix dun tel sujet t tous les arguments
se regrouperaient autour dune meurome motivation recouvrir notre authenmiddot
ticiteacute
En premier lieu parce que nous adheacuterons totalement agrave ce souhait des
Pouvoirs Publics de mettre laccent sur une eacuteducation physique et spormiddot
tive qui tout en souvrant aux appels feacutecondants de la techniques
fondera son action dans les valeurs traditionnelles du pays La lutte el
tant que pratique eacuteducative et manifestation dessence collective est
bien placeacutee pour justifier cette tendance
Elle reacutepond aux aspirations dune eacuteducation physique et sportive qui
veut creacuteer les conditions de son deacuteveloppement et de qUumlI i~ertion dans
les habitudes sociales des populationsff(l)
(1) Travaux du IV~ C~n-r~s Sports de 2223 Avril 1981
WotrQ CCYVcftOl de llnteacute~t JiU W sectU~ e6t ~~pu_~ deacuteclarations de 2rsonnaliceacutes du monde sportif lLrlsi ce Ii1essage agrave lir shy
tention des dirig~ants africains
-ous ~ T beaucoup agrave apprendre de eus ous qui sans
cesse davantage oublions que leacutequilibre de lhomme veuc
quiL sinscrive harmonieusement t aussi bien dans la nature
que dans la civilisation deacutecouvrons que les Atricains nont
pas eacuteteacute initieacutes aux principes du sport et ses vertus au
contraire de maints pays europeacuteens par exemple aupregraves desquels
tout ou presque est agrave retaire agrave chaque geacuten~ration Lexercie
physique tait partie de la vie atricaine il est moyen de commushy
nication et de locomotion- (1)
Or la lutte constitue par excellence ce Veacutecu moteur que nous t1ansshy
mettons de geacuteneacuteration en geacuterieacuteration et ce patrimoine doit survivre agrave
toutes les agravegressions or iginaires dautres modes de civilisation dont
certains effets ne manquent pas de se faire sentir sur le devenir de la
lutte traditionnelle
A la preacuteoccupation de preacuteserver notre authenticiteacute sajoute celle den
assurer la deacutefense
Aussi au-delagrave de nOs analyses destineacutees agrave eacutetablir les rapports entre
modes de vie et styles de lutte nous nous poserons le problegraveme dune
codification objective de la lutte traditionnelle constituant la mise
en communauteacute des apports pertinents de chaque style reacutegional Ce style
national apparatt indispensable en raison de lavegravenement prochain dune
socieacuteteacute seacuteneacutegalaise nouvelle qui ne peut se b~tir que par un partiel
renoncement au passeacute et son contenu (2)
Enfin nous voulons faire partager notre ~nthousiasme gagner agrave notre
cause eacuteducateurs entratneurs de lutte les amener agrave reacutefleacutechir sur leur
pratique et peut-~tre les aider agrave tnseigner avec plus de coheacuterence cette
discipline pour le plus grand bien de notre jeunesse
(1) Bulletin n 91 du CIO du 15 AoOt 1965 - Page 15
(2) Cette preacuteoccupation semble ecirctre partageacutee par de nombreux pays afri shycains ougrave la lutte est de tradition on y pressent quagrave de nouveaux types de socieacuteteacute doit correspondre de nouveaux hlbitus En conseacutequence la lutte doit eacutevoluer Darlllegrave~1e1t SO3 pine d amptre in~niaterpnt l~l~dJl-J~ (Sw~JL~c~ ~ - 13 P~v~~L)ti-~l j Ld L~t~ cr~lJit0nn~l12
otgalisecirce pH la cmFJS - iJAKAR - lai ~~)
-5shy
II QUELQUES NOTIONS DE SOCIOLOGIE POUR UBE MEILLEUR~
COMPREHENSION DE LA LUTTE TRADITIONNELLE
Essayons dexpliquer simplement les termes ETROS et HABITUS et
ETHNOMOTRICITE pour la clarteacute de notre deacutemarche
ETROS dans sa deacutefinition premiegravere veut dire en parlant dun individu
lice qui distingue cet individu des autres (1)
En eacutetudiant cette signification dans le cadre de la sociologie on
entendra par eacutethos ethnique (eacuteducation croyance rite etc bullbullbull ) lenshy
semble des caracteacuteristiques dune communauteacute sociale
HABITUS QCe sont les habitudes et attitudes socialement acquises qui
sous-tendent et preacute-deacuteterminent partiellement les faccedilons de penser de
sentir dagir de tout individu et traduisent notamment le rapport quil
entretient avec son corps (2)
Dans le cadre de ce meacutemoire nous allons essayer de faire une approche
de la lutte traditionnelle sous deux angles dabord en leacutetudiant comme
habitus en tant que technique du corps et ensuite COmme habitus de classe
fonction du style de vie des individus et nous nous proposons dans cette~gt
partie de deacutefinir ces deux notions dhabitus
Marcel MAUSS dans une viseacutee anthropologique emploie ce terme dune maniegravere
tregraves large pour rendre compte des faccedilons dont les hommes socieacuteteacute par
socieacuteteacute dune faccedilon traditionnelle savent se servir de leur corps Ces
habitudes varient avec les individus et leur imitations elles varient surshy
tout avec les socieacuteteacutes les eacuteducations les convenances et les modes les
prestiges
Analysant de multiples techniques du corpsll la marche la course la nage
le beacutechage le saut la danse et toutes les techniques corporelles en geacuteneacuteshy
ral (techniques alimentaires sexuelles de soins de repos bullbullbull ) MAUSS
insiste sur le fait que celles-ci ne sont pas naturelles mais acquises
(1) PIERON Henri Vocabulaire de la psychologie 2egraveme eacutedition revue et augmenteacutee PUF 1957 page Ill
(2) POCIELLO Christian Sport et Socieacuteteacute Approche sodo-culturelledeacutell pratiques Paris Vigot 1981 pages 78-79
La notion dethnomotriciteacute part dune constatation
- la grande diversiteacute des caracteacuteristiques preacutesenteacutees par les pratiques
corporelles en fonction de leacutepoque du lieu des groupes elle teacutemoigne
de linfluence despotique des normeS et des valeurs sociales sur la mise
en jeu du corps
Dougrave sa deacutefinition
Le champ et la nature des pratiques motrices envisageacutees sous langle de
leur rapport agrave la culture et au milieu social au sein desquelles elles
se sont deacuteveloppeacutees (1)
Conseacutequence le contrat ludosportif est aussi un contrat social il
reflegravete la faccedilon dont une socieacuteteacute aime agrave se penser agrave se repreacutesenter bullbullbull
et accepte de se donner en spectacle
Lethnomotriciteacute donne naiss~nce agrave deux sortes danalyses
- lanalyse synchronique -ou eacutetude spacialeshy
de type interculturel agrave hagravebitus diffeacuterents styles de vie divergents
de type intraculturel apparition dhabitus de classe et de pratiques
distinctives
- lanalyse diachronique -ou eacutetude temporelle- ou eacutevolution sur une longue
peacuteriode des pratiques motrices pour une cateacutegorisation dindividus
Cette hypothegravese de lenracinement social de la motriciteacute est une atteacutenuashy
tion des explications psychologisantes consideacuterant lindividu indeacutepenshy
damment de son environnement et sexprimant en termes de goQts motivations
() PARLEBAS pierre Contribution agrave un lexique commenteacute en Science 4e laction motrice Paris Publication INSEP 981 322 pages
AicircAgraveLYSE CES iJFrADES iDe I LES EN flA TIERE
DE PRATIQUE DES SPORTS DE Oicirc-itlAT
Objet Veacuterificat~on de la theacuteorie de lhab~tus
Hypothegravese En raison de son histoire de ses speacutecificiteacutes des valeurs
symboliques dont on linvestit une pratique sportive est en faveur aushy
pris dun groupe de pratiquants en fonction dattentes de niveaux dexishy
gence de fierteacute dappartenance qui sont socialement et culturellement
deacutetermineacutes
Il sagit en quelque sorte danalyser les goOts et les motivations des
sportifs en rapport avec leur condition sociale et le sentiment attachi
agrave ce statut
Remarque Cette analyse sera meneacutee en fonction des classes sociales et
non agrave partir de cla~se dage ou encore de classe socio-politique comme il
est dusage pour toute reacuteflexion sur notre socieacuteteacute trJditionnelle
Cette particulariti provient du fait que nos enquites ont iteacute effectueacutees
en milieu urbain -en raison des problimes de temps et de moyensagrave Dakar
et agrave Thiis pour itre plus preacutecis et il est deacutesormais hasardeux de preacuteshy
tendre y retrouver les structures traditionnelles c~e on pourrait le
faire en milieu rural
Par classe sociale et nous inspirant de la notion marxiste -deacutefinition
du rapport aux moyens de production- nous entendons la distance_dun
groupe social aux postes de deacutecision et de responsabiliteacute Plus cette
distance est grande moins le statut eacuteconomique est eacuteleveacute
Nous distinguons quatre (4) classes sociales car au niveau dune telle
analyse nous ne pouvons preacutetendre agrave la finesse de discrimination indiciaire
de la Fonction publique par exemple
r~partieuml
come il egravest rsectc eacute dans 1 ablea~ ci-dessous
CATEGORISATIONGROUPE EXEMPLE DE FONCTIONADMISE
Administrateur civil - Ingeacutenieur - Meacutedec ilCadre supeacuterieur1 Officier - Professeur
Instituteur - Mattre dEPS shy2 Cadre moyen Secreacutetaire - Technicien
Chauffeur - Militaire Policier3 Cadre subalterne shyPatron - Artisan
Artisan - Cultivateur - Ouvrier temporail4 Non cadre Pcheur
Conditions denqute Six (6) sports de ~ombat sont officiellement
pratiqueacutes Ils possegravedent une structure para-eacutetatique de gestion de contr
ce sont
3 sports de preacutehension - JUDO - LUTTE LIBRE TRADITIONNELLE - LUTTE OLYMPIQUE
2 sports de percussion - BOXE ANGLAISE - KARATE
sport mixte - LUTTE TRADITIONNELLE AVEC FRAPPE
Pour chacun de ces sports 50 pratiquants ont eacuteteacute interrogeacutes sur leur
statut socio-eacuteconomique avec la discreacutetion et la prudence quexige ce
genre de question
Cette enqute sest deacuterouleacutee dans les conditions suivantes
JUDO
Lieu DAKAR - Clubs USTD - DUC - FJAKS - DOJO HOMAR DIENG
Date du 020J84 au 28-05-84
Circonstances Les principaux inteacuteresseacutes eacutetant la plupart sur le tatami
pour lentratnement il fallait souvent attendre la fin
de lentratnement uumlur pouvoir avoir une ou deux entreshy
vues de sorte qu~ le~qu~te a pris beaucoup plus de
On constate que le no~bre de p=a~iq~~-ts ~st ~eauccup plus importd~t dans
les groupes 2 et 3 - Il es ~oindre dans les grQupes 1 et 4
LUTTE LIBRE TRADITION~~LLE
Lieu Dakar - Thiegraves bull Aregravenes Landing DIAME - Ecurie Seacuteregravere (pregraves de
lautoroute) Lutteur diola - toucouleur - Entratneurs - encadreurs
de diverses eacutecuries Stade Iba Mar DIOP - Aregravenes de Pikine et de
Thiegraves - CNPES - INSEPS
Date du 040284 au 020684
Circonstances Elles sont parallegraveles car les pratiquants semblent beaushy
coup plus disponibles que dans les autres disciplines Notre travail
parfoi~ peacutenible en raison de la diversiteacute des ethnies repreacutesenteacutees
et la traduction n1est pas toujours aiseacutee
Observations
Nous constatons que la lutte libre traditionnelle est plus pratiqueacutee
par les groupes 4 et 3 que par les groupes 1 et 2
LUTTE OLYMPIQUE
Lieu CNPES - INSEPS - Iba Mar DIOP (Equipe Nationale) - DUC
Date du 040284 au 020684
Circonstances Les conditions sont meilleures dans la mesure ougrave le
hasard a fait que pendant cette peacuteriode leacutequipe nationale soit
en regroupement et ceci nous a permis d-interroger un nombre
important de lutteurs de grand renom
Observations
En raison du petit nombre de pratiquants r~guliers lenquecircte ne porle
que sur 2S personnes Arbitrairement pour les besoins de comparaison
les raisons de comparaison les reacutesultats cbtenus sont multipli~s par 2 bull
BOXE A~~GLISE
Lieu Iba l-ar DIOP - ASFA - ASFPO - SC -ASC JJAF - ASC lA
ugraveate du 201283 au 020684
~E~~~~E~~~~ Ici nous ferons la mecircme remarque que pour le Judo
Notons que toute lenquecircte a eacuteteacute faite agrave Dakar
Observation
La boxe recrute ses pratiquants surtout dans les classes 3 et 4 et
on note que le nombre de pratiquants nest pas aussi important comme
dans les autres disciplines
KARATE
Lieu YUKOKAI KARATE CLUB - SAMOURAI KARATE CLUB - Iba Mar DIOP
CLUB DE GIBRALTAR - ASFA - ASFA - ASFPO - GM Thiegraves
Date du 201283 au 020684
SE~~~~E~~~ Notre enquecircte se passait dans une ambiance sympathique
de camaraderie Geacuteneacuteralement apregraves la seacuteance dentratnement
Observation
Nous constatons que la distribution des pratiquants bien que favorisant
les groupes 2 et 3 semble plus homogegravene que dans les autres disciplines
~ LUTTE TRADITIONNELLE AVEC FRAPPE
Lieu Ecurie de Fass - Ecurie des Seacuteregraveres - Ecurie Mermoz
- Ecurie des Casamanccedilais
Date du 04-02-84 au 020684
Ccedilj~9~~~aEccedil~ Il est agrave signaler que cest la discipline ougrave l~ contact
avec les pratiquants a eacuteteacute plus difficile les speacutecialistes qui~ la plushy
part du temps semblent meacutefiants quand on commeucircce agrave leur poser des quesshy
tions preacutecises sur leur revenu mensuel
2 -liCc 055cllt le lle11ent SegraveS praLicltants dans le ba
de lecirc~helle ces~-agrave-dire dans le ~ruumlupe 4
~ecircsultats
Les reacutesultats enregistreacutes sont reacutecapituleacutes en nombre et en pourcentage
-agrave lapproximation pregraves- dans le tableau ci-dessous
LUTTE 1 LUTTELUTTEGROUPES BOXE KARATE JUDO AVEC OLYMshySIMPLE i i FRAPPE PIQUE
1 11 1 1 1
1 11 1 1 1 11 0 1 0 8 1 16 9 1 18 4 1 8 0 1 0 7 1 14
1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1
1 11 1 1 1 1 12 3 1
1 6 21 1
1 42 22 1 44 6 1 12 4 1 8 17 1 341 1
1 1 1 1 1 1 1
1 1
1 1 1 1 1
3 22 1 44 13 1 26 15 1 30 16 1 32 5 1
1 10 10 1 20
1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1
1 1 1 11 1 1
14 25 1 50 8 1 16 4 1 8 24 48 41 1 1 82 16 1 321 1 1 1 bull 1 1 1 1 1
1 1 1 1 1 11 1 1 1 TOTAUX 50 1100 50 1100 50 100 50 pOO 50 pOO 50 1100
1 1 1 1 1 1 1 1 1 1
Afin dG failiter la lect~~e je c~ table3~ t ~2 re~dre sig~ific~tives
s info~~ations quil contient ces difteacutere ts reacutesultats nu~eacuteriques
peuvent ecirctre formuleacutes selon des repreacutesentations graphiques
1 Clientegravele des Sports de combat
FIGURE l
Il apparatt nettement que les sports de combat recrutent essentiellement
dans le bas de la hieacuterarchie sociale ce sont des sports populaires don
propices agrave une massification de la pratique
Toutefois on peut nourrir quelques inquieacutetudes pour que soient reacuteunies
les conditions de leur deacuteveloppement en raison du faible statut quils
possegravedent au regard defllintelligentsia seacuteneacutegalaise
2 Hieacuterarchisation des gants sportifs en matiegravere de sport
de combat au sein des cadres supeacuterieurs -Groupe 1shy
FIGURE I[
La f-appe est honni aucl1 pratiqua1t de boxe Olt de lutte avec frappe
agraveUloins quelle fasse lobjet dune stylisation cxtrecircme COTIme cest le
cas dans le karateacute Ce groupe manifeste un seuil extrecircmement bas de toleacuteshy
rance agrave la violence ce qui explique les discours infamants degraves que la
lutte avec frappe est secoueacutee par quelques excegraves Leacuteopold Seacutedar SENGHOR 1
navait-il paS deacuteclareacute que cette forme de lutte eacutetait une atteinte permashy
nente agrave limage de marque du Seacuteneacutegal
Bien quil soit difficile de proposer une explication unique curiositeacute
esprit douvetture permeacuteabiliteacute aux modes bullbullbull les repreacutesentants de ce
groupe adoptet facilement des sports importeacutes 85 des goOts pour le 1
Judo le Karateacute et la Lutte Olympique qui pourtant est bien peu pratishy1
queacutee au Seacuteneacutegfll j
Faut-il en deacuted~~re une attitude geacuteneacuterale favoris~agrave tout ce qui provient
de leacutetranger
Nous nous refu~ons preacutesentement agrave ce genre dexplicationJ ne ser~it-ce que
par ses conseacuteqJences sur notre sport national dont les perspectives appashyj
raicirctraient bie sombres
Admettons que la pratique de ces disciplines sont en rapport avec des
deacuteterminants eacuteconomiques et que ceux-lagrave sont un frein P4ur la popularisashy
tion de ces pratiques A lappui de cette interpreacutetation~ il suffit de
composer le champ social du Judo et celui de la Lutte libre traditionnelle
--== G J
32
LUTTE SIHPLEJUDO FIGURE JI(
Le groupe 2 qui manifeste un inteacuterecirct reacuteel pour les sports de combat -pregraves
de 25 iuml de la population i~tervieweacutee- et qui p6ssegravede les ~oyens de choisir
ses pratiques opte massivement pour le judo CDnme lexprirre le rapport de
agrave 4
- shy
A la lumiegravere de cette succi~te analyse des demandes sociales en matiegravere
de pratique des sports de combat nous pensons recouper la theacuteorie de
lhabitus selon BOURDIEU qui veut que des hatitus diffeacuterents impliquent
des styles de vie divergents si lon entend par style de vie un systegraveme
de pratiques classeacutees et classantes(I)
La mutation de la socieacuteteacute seacuteneacutegalaise celle du milieu urbain se caracteacuteshy
rise par lapparition despaces sociaux qui sont en rapport avec des
espaces culturels Il en reacutesulte des pratiques distinctives comme
lexprime le pogam
En effet si les cateacutegories sociales existent et si chaccedilune delle exprime
une marque sur les conduites des sujets il est naturel ~e penser que des
pratiques1 sportives servent de modegraveles distinctifs et detrsymbOles dorgashy
nisation ieacuterarChique dans la socieacuteteacute exprimant les dif eacuterentes clas8eamp(2)
Ces const4tations ont dimportantes implications sur leeacuteveloppement et
lavenir des pratiques Si dans notre IIIegrave partie nous 1tenterons de 1
mettre en rapport les particulariteacutes ethniques avec les pluraliteacutes de
style de lutte nous parlons presque au passeacute Une IVegraveme partie devra
e~visager la situation actuelle de la lutte afin de pouvoir eacutemettre
qu~lques hypothegraveses sur son devenir
Cest auss~ une ambition de ce meacutemoire daider ceux qui sinteacuteressent reacuteellE
ment agrave la lutte de savoir entendre au travers des deacuteclarations normatives
et apologeacutetiques Nous ne doutons nullement de la conviction ou de la bonne
foi de leurs auteurs mais parmi les possibles il yale probable et seul
ceiui-lagrave meacuterite decirctre retenu car plus proche agravee la recirc~liteacute
(I) BOURDIEU pierre La distinction Les Editions de minuit 1979 page 191
(2) Le POgdlt Deacuterrocratisation du sport ythe (u reacutealiteacute
- 1f shy
j j l IlL DL l H L S DE
3 1 LA COll1ŒNAUTE DIOLA
311 Preacutesentation
Les diolas vivent dans la reacutegion de Casamance et repreacutesertent 9 de la
population totale du Seacuteneacutegal Ce sont geacuteneacuteralement des cultivateurs de
riz et des artisans Cependant on peut les trouver aujourdhui disperseacutes
dans toutes les capitales reacutegionales affecteacutes agrave divers meacutetiers militaire
gendarme fonctionnaires de lEtat ouvrier etc bullbullbull
Dans les villes la plus grande partie des diolas vit dans les qoartiers
populaires Par exemple agrave Dakar on les trouvera agrave Colobane agrave Fass agrave
Grand Yoff ou agrave Khar Yalla La plupart du temps cesDnt des artisans et des
ouvriers du secteur priveacute qui vont essayer dune maniegravere ou dune autre de
vivoter en bricolant deci de lagrave Mais mecircme loin de la Casamance cette
ethnie conserve une grande partie de ses caracteacuteristiques et plus partishy
culiegraverement la solidariteacute ethnique qui veut que les Diolas forment toujours
un bloc bien soudeacute quand le besoin se ifait sentir et cecisans discrimishy
nation de rang social Ainsi tous lesdiolas de Dakar se mobilisent pour
supporter le Casa Sport chaque fois qbe cette eacutequipe de foot-baIl vient
jouer agrave Dakar Cette mobilisation se fera aussi dans le cas ougrave leur chamshy
pion de lutte Mamadou SAKHO livre uncombatimportant
Lethnie diola est diviseacutee en trois sous-groupes
- les dio1as Fogny de Bignona
- les diolas Kassa autour dOussouye
- les diolas Blouf dans la preacutefecture de Tendouck
Mais en lutte on a pris lhabitude ~e les grouper en deux zones dune
part le Kassa qui preacutesente des particulariteacutes et dautre part lE Fogny
et le Blouf
- J 7 shy
3 ) 2 ~U(lquE5 aspects d~ l~ducatio~ ~t des rit~s en milieu diol~
L eacuteducat ion veacuteritable de lenfant diola est sociale et ne se corlprend
que dans la relation sociale elle deacutepasse de loin le strict cadre
famililal Elle commence au stade de lapprentissage du langage
Lenfant apprendra agrave reconnattre le langage du regard de ses parents
Il doit connaicirctre et faire la diffeacuterence entre un regard approbateur
et un regard qui blacircme De mecircme il doit apprendre agrave faire les gestes
de la tecircte qui expriment lapprobation En aucun cas lenfant nest
laisseacute agrave lui-mecircme Aura-t-il deacutesobeacuteit par complaisance naura-t-il pas
eacutecouteacute ou fait attention aux recommandations reacutepeacuteteacutees plusieurs fois
sans reacutesultat il fera lobjet dune punition corporelle avec la chicotte
Elle a pour effet de faire mal au corps de lenfant afin datteindre son
acircme sa sensibiliteacute et instaurer en lui une sorte de 1iaision de la
meacutemoire du mauvais comportement agrave la douleur quen voulant eacuteviter la
douleur il finit par eacuteviter le mauvais comportement en tout cas den
prendre conscience degraves cet acircge Cest une meacutethode deacuteducation mora1e (])
i 3121 Leacuteduca~ion maternelle
1
Notre eacutetude nous a montreacute que mecircme de nos jours leacuteducation diola
conserve encore ses caracteacuteristiques traditionnelles au niveau des rites
des moeurs des habitudes des principes et des normes
Leacuteducation de lenfant reste lune des plus rigoureuses Elle commence
degraves le plus bas acircge car pour le dio1a on ne peut redresser une personne
adulte donc autant leacuteduquer tregraves jeune Jusquagrave lacircge de trois ans
lenfant sera encadreacute par sa megravere qui bien queacutetant tregraves douce fait
preuve daucune indulgence Elle lui apprend les interdits de la communaushy
teacute respecter son prochain ne pas insulter ni profeacuterer de gros mots surshy
tout en preacutesence de grandes personnes ni faire violence agrave autrui
Plus terd v~rs cinq ou SlX ans le jeune garccedilon est initi~ a~x travaux
ces cna~ps des rizi~r~s cles pal~eraiEs ce Gui ne manquer6 pa5
davoir ces rEpcrcussic~s sur SOn deurovelopperncnt morpholoique
- 1( shy
3122 La circoncisio~
cest un rite obligatoire Il a pour but dintroduire le garccedilon dans
la communauteacute des hommes en tant que responsable Cest un rite qui
laisse une trace indeacuteleacutebile dans la vie du jeune diola Les principes
de la vie en socieacuteteacute y sont enseigneacutes agrave fond Le rite de la circoncishy
sion preacuteseuro~teuro uneuro forme p~lticul do~t s~uls les diolas connaissent
lorganisation internecar la circoncision est agrave la fois une eacutepreuve
physique intellectuelle et morale
Cette circoncision en milieu diola se passe dans le bois sacreacute En ce
lieu les Njoulis (circoncis) sont encadreacutes par des mattres les
Kintangs et au-dessus de ces mattres regravegnent un ecirctre doteacute de faculteacutes
occultes il sagit du Kankourang Le kankourang a cette capaciteacute de
disparattre de voler quand bon lui semble Il incarne la justice et la
violence et assure la protection de ses disciples contre les mauvais
esprits Ainsi le kankourang incite agrave lobeacuteissance et agrave lordre dans
cette socieacuteteacute Dans la tradition diola le kankourang repreacutesente un
pouvoir mystique capable de choses extraordinaires dont la socieacuteteacute
moderne avide de raisonnement ne pourra trouver une explication Au
cours de la circoncision les initieacutes subissent un certain nombre
deacutepreuves physiques que le diola appelle samasso Il doit se soushy
mettre agrave lensemble de ces eacutepreuves consideacutereacutees comme indispensables
agrave sa formation pour lui permettre de juger ses capaciteacutes physiques
mais eacutegalement deacutepouver sa valeur intellectuelle morale et sociale
Il pourra aussi se mesurer aux autres dans le domaine de la consideacuteration
et du respect En quittant le bois sacreacute le jeune doit posseacuteder une
grande partie des qualiteacutes humaines et socisles quil faut agrave un howmE
pour vivre en harmonie avec la socieacuteteacute traditionnelle Il serait bien
sOr possible dans le cadre dune eacutetude plus approfondie de parler de
bien dautres rites et pratiques traditionnelles
Notons cependant que le rite de la circoncision appartient aux anc~t~es
et que dans les villages reacutecents ougrave les structures ont changeacute on ne
Jeux jours avant la re~trfE cans le bois sacr[ les adolescents so~r
-
- Jo shy
por lE diola 11-071- doit rester en harrc1iE avec lE
tal lanimal lui-mecircme les ancecirctres les geacutenies Le rit~ du rasdge co~sist~
acirc ~loigner la ~alchance de lenfant Si l~ ritE nest pas respecteuro eumlr es
parents du futur initieacute celui-ci connaicirctra la malchance pendant toute sa viE
Ce rite a aussi pour faculteacute deacuteloigner le mal et de preacuteserver lenfant des
mauvais esprits
Le rite de leau sacreacutee se fait un jour avant lentreacutee dans le bois sacrEacute
Les femmes doivent se garder davoir le moindre contact avec leau beacutenite
pour se preacuteserver des conseacutequences facirccheuses qui pourraient en reacutesulter La
tradition veut quune seule goutte soit capable de deacuteclencher lavortement
l chez la femme enceinte de rendre steacuterile la jeune fille ou de provoquer des
menstrues perpeacutetuelles chez la femme ayant atteint la meacutenopause bull
bull Le rite de la forge protegravege le futur initieacute pendant son seacutejour dans le bois
sacreacute Mais cette protection seacutetend bien au-delagrave et de rite veut que toute
personne qui y faillit soit condamneacutee agrave devenir leacutepreuse
Pendant plusieurs semaines les jeunes initieacutes subissent une formation capishy
tale qui fera deux des hommes complets
313 Croyances et pratiques mystiques
Si nombreux sont les diolas convertis au Christianisme ou agrave lIslam leur
foi napparatt jamais incompatible avec leurs croyances animistes Lhisshy
toire des rois et reines diolas nous reacutevegravele quils eacutetaient les ffprecirctres fl de
ces cultes feacutetichistes destineacutes agrave maintenir la fertiliteacute et agrave provoquer
la chute des pluies De nos jours existent encore des socieacuteteacutes secregravetes agrave
base religieuse ou magique la plus redouteacutee eacutetant lassociation neacutecrophashy
gique Kousanga des Floup (1)
Deux fafu expliquent la coexistence du dogme et de la croyance
le contact tardif de la socieacuteteacute diola avec les civilisations eacutetrangegraveres
et leacutevangeacutelisation ou lislamisation quelles veacutehiculaient Il e~ reacutes~lt~
une importance des traditions leur reacutesstance agrave une remise en questic~ ce qui confegrave~e agrave la socieacuteteacute diola un caractegravere conservateur
r~c~~i]EE 2~fr~~ ~c - t
ct ~Cc egraveE~ Cimiddotilisatilaquo~ eacute
la neacutecessiteacute de lanimisme consiegraveeuroreacute comme base de toutes legrave~
religi0~s uumlegrave serait-ce que corr~e tentative ciexpliquer li1explishy
cable en se repreacutesentant en particulier comme un ensemble de puisshy
sances mystiques Ainsi pour lanimiste agir sur la nature cest
intervenir psychologiquement aupregraves de ceLX qui la gouvernent
314 Imeact des moeurs sur la prat~que de la lutte diola
Lorigine de la populariteacute de la lutte eugrave milieu diola est par trop
impreacutecise aussi nous nous limiterons agrave en donner la signification
actuelle La lutte apparatt dabord comme un moyen privileacutegieacute deacutedushy
cation
- sur le plan corporel afin de deacutevelopper la force lagiliteacute la
rapiditeacute et la souplesse
- sur le plan moral afin de deacutevelopper les vertus caracteacuterielles
courage tenaciteacute digniteacute bullbullbull neacuteces~aires agrave laction
Mais la lutte apparatt aussi comme un mpyen dinteacutegration sociale car
le jeune diola qui se refuserait agrave se sbumettre agrave leacutepreuve de la lutte
encourrait un isolement alors que celui qui excelle en bravoure devient
rapidement populaire Dougrave ces affrontements agrave linteacuterieur dune classe
dige qui tout en restant un moyen de reacutejouissance servent eacutegalement
agrave eacutetablir des comparaisons
Nos observations et nos interviews confirment le caractire tris physique
de la lutte diola immeacutediatement les lutteurs sont au corps agrave corps et
les techniques consistant agrave aracher ladversaire priment sur toutes les
autres Exprimer sa force est une preacuteoccupation constante il suffit pour
sen persuader de voir le groupe de lutteurs peacuteneacutetrer dans laregravene au son
du Born bol on que rythme le claquement de mains des femmes
C~tte da~se est une deacutebauche dAnegie Ougrave les lutteurs pieacutetin~Ert avec
force L sol
i shy
3141 EorphologUgrave et valeur physiques du lut teur diola
Le lutteur diola possegraveagrave~ un deacuteveloppement caracteacuteristique du trai~
supeacuterieur et de la musculature doso-lombaire Ceci est tregraves certaineshy
ment lieacute au maniement de la houe de la daba et surtout dukadiando
dont lusage permanent a modeleacute la morphologie du lutteur diola
La valeur physique de ce lutteur semble reposer sur sa force sa
reacutesistance mais aussi sa rapiditeacute
3142 Reacutepertoire technique
Dans le Blouf la forme du corps la plus utiliseacutee est le deacutecalage souvent
combineacute avec un crochet de jambe (gal gal) ceci semble ecirctre lieacute agrave
lutilisation quotidienne dans les riziegraveres du kadiando Le paysan du
Blouf sera ameneacute agrave faire un mouvement de torsion pour deacutecalerlinstrushy
ment enprenant appui sur son genou et ceci continuellEment pendant toute
la jourpeacutee Chez les diolas du Fogny le kadiando eacutefait surtout utiliseacute
par les femmes qui soccupaient autrefois exclusivement de la riziculture
et ce n~est quaujourdhui que les hommes cultivent le riz 1
La principale culture dans le Fogpy est celle du mil on y cultive aussi
de larachide De ce fait loutil le plus utiliseacute est le donkoton qui
est un instrument tregraves petit avec un manche court et dont le maniement
expliquerait peut-ecirctre leacutetonnante musculature du train supeacuterieur et surshy
tout de la zone dorso-lombaire du 4i6la fogny qui excelle dans les techshy
niques en force genre arracheacute avec les bras sur contrOle de la ceinture
de ladversaire Lulisation du donkoton semble eacutegalement expliquer la
garde tregraves basse du lutteur fogny
Dans le kassa on aurait pu trouver la mecircme forme de lutte car la morphoshy
logie du lutteur est agrave peu pregraves la mecircme mais linterdiction formelle de
la prise du ~gimbe modifie et limite tout le repertoire technicult2 ou
lutteur Le lutteur kassa adopte une garde basse et agrave une preacutefeacuterence pc~r
legraveS tc~-iccedilues n passa~ dessous - - ~ shymiddotmiddotcrc t--=~ c-
----
contact et agrave partir de ce TtoTteuront ils peuvent se relever et conti~uEr
en lutte debout jusquau terrassemen~
Toutes les gardes sont rapprocheacutees en milieu diola
irbi trage
Les combats sont arbitreacutes par un deacuteleacutegueacute geacuteneacuteralement anClen lutteur
Ces anciens lutteurs ont pour rocircle de veiller au bon deacuteroulement du
combat La victoire est deacutecreacuteteacutee dans les cas ougrave un des lutteurs se
retrouve en position assise sur le ventre sur la cuisse ou les
genoux (sauf dans le Kassa)
Il existe un autre mode de victoire celle qui est proclameacutee agrave la
suite dune supeacuterioriteacute eacutevidente du~ des lutteurs A savoir quand
un lutteur soulegraveve tregraves haut son camarade et que son manager estime i
quil est pratiquement battu il peut arrecircter le combat en touchant
dabord le lutteur adverse popr eacuteviter que son lutteur ne soit terrasseacute
tregraves fOrt Nest-ce pas un deacutecision sage des managers qui peut contribuer
agrave maintenir le caractegravere reacutecr~atif de la lutte joola 1
La victoire dun village sur un autre village ne se mesure pas au
nombre de victoires obtenues par lensemble des lutteurs En effet
il suffit que le champion soit battu pour que le village soit consideacutereacute
comme deacutefait Ce qui explique limportance et le seacuterieux que le village
accorde agrave la preacuteparation des championsl)
Il est cependant important de signaler que larbitrage dans les centres
urbains revecirct une iautre forme beaucoup plus codifieacutee et cest peut-ecirctre
une des raisons qui font quen milieu urbain la lutte diola perde une
partie de son originaliteacute
En dehors des techniques speacutecifiques agrave chaque sous-groupe il faut
signaler quil y a une multitude de prises et quelGues formes de corps
comTIunes agrave letnn Car reconnaissons qu il cO unE ror-euro approp=i~eacute
dE ~ouvane du l~tteur diola en TaI
-----~-----
LE tableau ci-dessous se propose dE reacutesumer les diffeacuterentes consideacuteshy
rations techniques envisagEacutees dans cette partie
FORlŒSSOGS-GRGUPES 1 COItltOLE GA~JESDt CORF=
i ~
1 1
Passage dessous de jambes et BassE KASSA saisies Moyenne1annexes bras (rapprocheacutee)
ceinture tecircte
Deacutecalage de Moyenne et BLOUF Demi-souplesse Ngimbe
HauteHancheacute Bras (rapprocheacutee)
Jambe
Arracheacute CouFOGNY Tregraves basse
Hancheacute ii 1
1 1
3 14 3 bull LeIIa~~jueetlecom~ortementdulutteur-+iola
1 Le comportement et lattitude du lutteur dans laregravene pe sont en fait
t
que le reflet de sa psychologie et plus partiCUliegraverem t de son eacutetat
dacircme Or il napparatt pas abusif deacutetablir des cor eacutelations entre
le psychisme dun individu et lempreinte eacuteducative quil a subie En effet en sortant du bois sacreacute le jeune diola a acquis un ~ca~~l
eacutequilibre physique et mental
Cette matrise de lui-mecircme permet au lutteur dans la~egravene dadopter
un aire enjoueacute de manifester beaucoup denthousiasme~ La lutte devient 1
essentiellement un jeu laspec ludique y est privileacutegieacute et ~ela influe
sur le comportement du lutteur
Ainsi queurolq~c soit limporta~cE de le~je~ le lutt~c~ dic1e Seuroreacute
to~jours serein et s~ livrera sa~s arri~re pe~s6e da~$ ~E CO=beacute ou-
tons que le lutteur diola est trecircs fair-play et sil arrive quun rdnd
lll L COIicircilU1Ul L ULOF
32 J Preacutesentation
La soc tEacute wucirc10f est celle qU1 a eacuteteacute la plus marqueacutee par la colonisation
~~ fait peut-gtre de sa position geuroographiquE dune part ct de 50~ imporshy
tanCE sur le plan dfmographiquE dautre part En effEt ceurootteuro CC-~ucircautE
wolof repreacutesente environ 20 de la population seacuteneacutegalaise
Elle est constitueacutee de pecirccheurs (ce sont les leacutebous) dagriculteurs de
fonctionnaires de lEtat mais surtout de commerccedilants
A pqrtir de leur reacutegime dimplantation le Cayor le Walo le Baol le
Djolof et la presquicircle du Cap-Vert les wolofs ont tendance agrave irradier
sur lensemble du territoire sous leffet de leur speacuteculation agrave la culshy
ture de larachide et du nombre important de fonctionnaires quon trouve
dans cette ethnie
322 Les moeurs et croyances wolofs
Bien queacutetant en grande partie des musulmans convaincus les wolofs
conservent toujours une croyance animiste et continuent agrave faire des
sacrifices agrave porter des cornes ou des morceaux de bois agrave la ceinture
aux jambes ou aux bras et agrave croire agrave lexistence des Djinneacutes et des
Raps bull
Le Djinneacute cest une creacuteature malfaisante en geacuteneacuteral capable de choses
extraordinaires Il possegravede des faculteacutes surnaturelles Cependant dapregraves
la croyance animiste certains Djinneacutes peuvent ecirctre bons
Le Hapl cest une creacuteature ayant des dons occultes appartena71t agrave une
famille ou agrave une communauteacute et dont le rOcircle est de veiller cu daider
les reCJrES de le fai11p ou dt la conmunauteacute en cas de da1gel Le Rap
~ ut te c ) ~~c-
ei sltcificE cJ sanl dE meut0 dL chat de pC)wleurot 5E1lt les conveuroshy
lances parfois leur dorner COrllTe offrande du lait Laii
Qua1d une famille ou une communauteacute neacuteglige les Sarakh (ici dans
le sens de sacrifice ou Offrande) elle se voit aussitocirct vouEacutee agrave la
maleacutediction des mauvais esprit~ (fcllec dans touteacuteS lEs ~treprises
de la vie maladie mort bullbullbull ) Les lieux ougrave habitent ls Taps et ougrave
se font les sacrifices se nomment Khambs
Geacuteneacuteralement le khamb se trouve dans lenceinte de la maison ou
dans un coin approprieacute du village Les lieux du khamb sont marqueacutes
par la disposition de calebasses de pilons de morceaux de poterie
briseacutes de grosses pierres de cornes et dautres objets heacuteteacuteroclytes
La superstition wolof est tregraves marqueacutee En effet pour le wolof toutes
les manifestations quotidiennes trouvent leur signification dans le
mysticisme Citons agrave cet effet quelques ezemples Une femme enceinte
ne doit pas marcher agrave nimporte quelle heure de la journeacutee Certaines
heures de la journeacutee lui sont interdites le Timiss (creacutepuscule
le Ndjo~or (de 13 H agrave 14 H de lapregraves-midi) le souf-segravede (de
minuit i4 H du matin) Selon la tradition ~t la croyance wolof les
mauvais ~sprits choisissent ces heures pour jeter des sorts Et la
femme enceinte eacutetant tregraves vulneacuterable le Djinneacute essaiera de lui insufshy
fler son souffle pour atteindre son beacutebeacute afin dentratner soit la
meacutetamorphose de cedernier en monstre soit de le tuer avant sa naissance
Dailleurs pour le wolof et pour certaines autres ethnies au Seacuteneacutegal
le timis le tdjolor le souf-segravede repreacutesentent des peacuteriodes de
la journeacutee ougrave lon ne doit pas se hasarder dans les rues et les champs
Ce sont des heures propices aux apparitions des Djinnes sous nimporte
quelle forme humaine ou animale
Il est eacutegalement interdit au wolof de marcher ou de serti la nuit du
~eacutellfria-
loutes c~s pratiques ~ystiqu~s et cr0ya~ces religi~us~5 ~xistent eL~~[
certainement dues agrave un meacutetissage culturel Parallegravelement aux feacutetiches
aux incantations et agrave lutilisation des safaras (substance magique)
notons lexistence de ga l a tchs (ce sOnt des talismans ougrave sont inscrits
du qui les porte Toutes ces croyances biEn sucircr auront une rEacutepercussicrI
sur leacuteducation du jeune wolof
323 Leacuteducation du wolof
Pour caracteacuteriser leacuteducation wolof nous avons penseacute donner comme
illustration cet extrait de la revue DEM ak TEY Pour deacutefinir leacutedushy
cation le wolof fait appel agrave un symbolisme qui eDglobe aussi bien les
moyens mis en oeuvre Yar que le reacutesultat obtenu agrave laide de ces mecircmes
moyens cest-agrave-dire la formation et le deacuteveloppement de lecirctre humain
ou Yaru
Le substantif Yar deacutesigne le fouet
Ce symbolisme deacutesigne donc au-delagrave du simple sens mateacuteriel de lobjet
lutilisation qui permet daboutir au reacutesultat escompteacute (Yaru) Au sens
geacuteneacuteral Yar deacutesigne tout instrument servant agrave infliger une punition Le
terme laisse supposer agrave priori que cette phase de lenfance durant lashy
quelle se preacutepare la vie de lhomme est lieacutee agrave la souffrance au supplice
Dailleurs une maxime wolof compare lenfant agrave une tige quon a tout le
loisir de redresser alors quelle est encore flexible bull
bullbullbull Pour leacuteducateur wolof la perfection nest point de ce monde malS
le devoir de chaque homme est de tendre vers la pleacutenitude en luttant
contre ses propres faiblesses Leacuteducation va d01c iisister essentielle~(-~t
sur lexercice quotidien de leacutelevation ffiora1e d~ lindividu Pour cela
elle privileacutegie la patience munI) vertu dabneacutegdtion et dE deacutesinteacuteresseshy
m(~t autour dE laquelle sarticulent toutes ]e~ ~u~~~s qualiteuros
i _
aan~ ~ s0cieacutet gt~olcf ocirclt~tartt nul -Jt- poulait sabecircisstr
tion de sa libertEacute La liberteacute est le preuumler drcmiddotir dE l ho-)euro egrave~S
baigner dans une beacuteate admiration du passeacute la comparaison avec le pr~$(middott
si~posc dclle-mecircme car lon reste s reacute devant la deacutesinvolture aVEC
laquelle dES honmes daujourdhui descendants de cette ~~~EacuteTatic ccedil~l se
une fois [largis bullbull tTasque fiers davoir fait leacute priS0n PEut-2tTE
faut-il mettre cela sur le compte de lurbanisation et des nouvelles
valeurs qui ont pour nom enrichissement reacuteussite sociale avec ce que
cela comporte de deacuteshumanisant et de deacutepreacuteciateur (1)
3 bull 2 bull 3 1 bull Lesri tes
Le sevrage et la circoncision constituent les deux grandes phases initiashy
tiques chez le wolof
- Le rituel du sevrage est appeleacute maga1 (litteacuteralement rendre grand)
Cest un eacutevegravenement important aussi bien pour les parents de lenfant que
pour la co~unauteacute Durant cet eacutevegravenement qui survient geacuteneacuteralement deux
ans apregraves la naissance du beacutebeacute les personnes vivant dans lentouragE
apportent leur soutien moral et mateacuteriel
- le rituel de la circoncision revecirct pratiquement la mecircme signification
que dans les autres ethnies seule la forme diffegravere La circoncision reste
encore une eacutepreuve de la vie au sort i r de laque Ile ladolescent devient un
homme Aujourdhui il faut noter une meacutetamorphose de la structure sociale
et des croyances religieuses tregraves accentueacutee aussi bien chez les wolof que
chez les autres groupes ethniques et ceci est peut-ecirctre dO au contact
permanent quils ont avec la socieacuteteacute occidentale
Malgreacute ces constat~tions il semblerait pcu=tant qUE la sociecirct~ lecircbou Gci
bien que se trouvaLt en grande partie dans ~a Presquth du Cap-ETt Et
en contact permane~t avec les blancs soit la portior la plu8 cc~serva-
----------~_- ---~-- -----
~
Incidences d s ~00urs sur la l~ttE
Le wolof connaicirct deux formes de luttes la lutte sirplE- sans t-t
la lutte avec frappe La lutte avec frappe a une crigi~e purement r
et ce nest que plus tard quelle devint une prati1uE sportive et lud
preacuteparer agrave la guerre Aussi tout en luttant On eacutetait autoris~ agrave frapper~
griffer mordre voire introduire son doigt dans loeil de son adversaire
Le jeune wolof devait eacutegalement se livrer agrave la lutte avec frappe afin de
favoriser son insertion dans la socieacuteteacute adulte et sinitier au meacutetier de
soldat faute de quoi il ne pouvait se faire entendre ne avoir des marques
de respect Pour montrer la populariteacute de la lutte dans le Cayor signalons
que les Damels ll (rois) et les Teignes (nobles) nheacutesitaient pas agrave sy
livrer Quant au IIMbeu~ (lutteur) elle lui servait de moyen de promotion
sociale car d8S que sa reacuteputation eacutetait eacutetablie il pouvait ecirctre choisi
par les rois et les nobles comme garde de corps
325 Signification de la lutte en milieu wolof
La lutte se pratique dabord pour lhonneur qui est une vertu tregraves signishy
ficative pour le wolof Elle permet de renforcer les liens amicaux entre
les jeunes de villages diffeacuterents Le champion veut gagner
confiance et la consideacuteration de son village de ses amis
Etre champion cest aussi susciter ladmiration chez les
sentant la force la viriliteacute et la deacutetermination
326 Organisation d~s eacutepreuves de lutte
3261 Les Mbapatts Ce sont les seacuteances nocturnes
pour meacuteriter la
et des anciens
filles en repreacuteshy
Ils sont organiseacutes apregraves les reacutecoltes agrave la fin de la saiscn des pluies
Ceci surtout p~ndant les peacuteriodes de clair de lune car ils peuven~ durEr
toute la nuit Le but des ~Dapatts lt=tait de prfpa-er FhysicuemeH et
~ arb Sil
326 Le 1
cest une organisation beaucoup plus importante que les I~apatts ~
loccasion de laquelle on peut voir plusieurs lutteurs de grande reDommfe
saffronteLLa fin dl lamb est toujours couronneacutee par une grand co~bat
duquel le vainqueur est sacreacute champion de la contrecirce
Le choix du lieu est lieacute agrave limportance de ce lieu dans le village cest
la place publique ougrave geacuteneacuteralement se passent toutes les manifestations
assembleacutee geacuteneacuterale sabar (danse) cest aussi lendroit ougrave sont prises
les grandes deacutecisions
3623 Lappariement
Dans un village ou un quartier les lutteurs se regroupent en lang
(eacutequipe) et jamais deux lutteurs de mecircme lang ne se rencontrent lors
du lamb
L appariement s~ fait librement entre lutteurs de lang diffeacuterents l1hs
une regravegle veut ~uavant de lutter avec le Mbeur Kanur de tel lang si
on est soukh (l~tteur pas encore confirmeacute) il est neacutecessaire de lutter
dabord avec ses soukh et ce nest quapregraves les avoir terrasseacutes tous
quon se voit octroyer la chance de lutter contre lui
Notons que la cateacutegorisation des lutteurs par poids nest jamais prise
en consideacuteration
3624 La tenue du lutteur ou NGIMBE
Le middotNGimbe est confectionneacute par le marabout de la famille ou du clan Il
est constituecirc de pagnes en coton tisseacute geacuteneacuteralement offerts par la megravere ou
la grand-megravere du lutteur ceci lors des organisations de ~rande Tportance
COrlune lef 1amb Dans le cadre des l-bapatt les pagnes sont C tErts peumlr
~~~rcfcis ct ffi~mc aujourdhui d218 cErtaInes fa~ille5 on devj~Gr
luttEur de pegravere en fils et dans ce cas h 1
gimbell du pEgravere Est recircr i tEacute
par le fils Le fait de porter le lI~gimbe agravee ses aiumleux peut susciter
cne~ le jeune lutteur une motivation et une volontecirc in~branlable rlasshy
surer 12 supeacuterioritEacute cis SIcirct-ns dallS
le xgimbe de la famille ne touche pas le sable
La tenue du lutteur a une signification et une importance sur le plan
mystique car selon les anciens le vrai feacutetiche du lutteur celui qui
le proteacutegera agrave vaincre le Djinneacute ou le Rap de ladversaire se trouve
cacheacute dans ce Ngimbe Celui qui confectionne-le Ngimbe est doueacute de
faculteacutes occultes
~~r~i~rg Il est assureacute par un sage du village qui geacuteneacuteralement fut
championde lutte de son temps Dailleurs cet ancien nintervient que
si le terrassement est litigieux
Hormis le public qui proclame la victoire ou le match nul le lutteur
lui-mecircme est arbitre et il arrive quil se deacuteclare vaincu ~ous
pouvons citer comme exemple Meacutedoune KHOULE un des plus grands lutteurs
seacuteneacutegalais qui a donneacute une victoire agrave Djeacuteri SADIO son adversaire qui a
reacuteussi agrave lui faire toucher le sol de la main
Il Y a terrassement quand le lutteur se retrouve
- assis sur le sol
- eacutetaleacute sur le dos
eacutetaleacute sur le cocircteacute
les deux genoux au sol
- les deux ma~ns au sol
la tecircte (front au sol agrave la suite dune brouette)
Il peut y aVOIr match nul si apregraves li1 temps ccmsideacuterable les lutteurs
SE sont ~ ivrEacutes respectivement agrave des assauts rEacutepEacutetEacutes et n arrivEt pas a
3265 L~ precircparation mystique
Il faut reconnattre quon ne peut parler de lutte en milieu wolof sans
envisager une preacuteparation mystique seacuterieuse Co~~e ~ous lEvans vu a~teacute-
1middot ~ d ~ ~rlturenent t0utes es actlvmiddotltesmiddot u W010 sont lles a SeS croyances
- la lutte ne concerne pas seule~ent deux acteurs se livrant faruumlucheshy
ment agrave un combat au milieu de laregravene mais eacutegalement les marabouts et les
feacutetichistes du village ou du clan qui doivent deacutefendre leur savoir et
leur prestige Avant le combat le lutteur doit se livrer agrave un certain
nombre de preacuteparations mystiques pour assurer sa victoire Aussi sommesshy
nous appeleacutes agrave parler de BACK (cest le chant et la danse du lutteur)
- le batteur de tam-tam compose un rythme en fonction du Galagne ou du
Senghor (gds-gris) du lutteur Chaque galagne sera choisi en fonction
du Rap ou du Djinneacute correspondant au Totem du lutteur
Le chant geacuterleacuterique Feinte woy veut dire litteacuteralement composer un 1
chant Ce chant est geacuteneacuteralement composeacute par les filles du viilage du
champion ou par un griot de sa communauteacute Et agrave travers ce chrnt on
arrive agrave toucher la corde sensible du lutteur en chantant lesl innombrables 1
victoires de ses ancecirctres ou en lui rappelant ses prouesses eacuteblatantes 1
Chaque lutteur doit avoir un chant et un back qui lui sont propres
327 Le reacutepertoire technique et les caracteacuteristiques physiques dulutteur wolof
Le lutteur wolof est geacuteneacuteralement moyen de taille la musculagraveture est
tregraves saillante ce qui fait ressortir un aspect tregraves athleacutetique ceci
est vrai sans exception pour le lutteur leacutebou mais il arrive que le Cacircyoshy
rien le baol-baol le walo-walo soient de grands gabarits de forte constishy
tution
CepEndant pour une meilleure compreacutehension du sujet nous pouvons eacutetudiEr
deux jroups d lut teurs qui vont deacuteterminer deux st yI e s de lut tes
- ~ t
les tc~tativ~s de~[reacutee e~ ramassement de jambes de la~v~sairL Ce~~
peut Ecirctre expliqueacute par le fait que les lutteurs leacutebou ou walo-walc qui
sont des pecirccheursadoptent cette garde tasseacutee du fait quils so~t tou-
jours pencheacutes en tirant le fil ou en poussant la plrogue On verra techrugravequeacutes dt cirr 2C ~lt 5Jllicitocirct
surLuumlut les membres supeacuterieurs
Le cayorien et le baol-baol par contre sont les plus grands cultivateurs
darachide chez eux les techniques de lutte sont plus varieacutees et la
garde est moins renfermeacutee Les lutteurs cayorien et baol-baol ont une
morphologie et une reacutepartition musculaire bien eacutequilibreacutee ils excellent
dans les techniques en deacutecalage les techniques de jambe et surtout les
techniques de riposte ougrave lon peut voir des prises de hancheacute tregraves amples
Dune maniegravere geacuteneacuterale on peut dire que le lutteur wolof est un fin
technicien qui sait surtout creacuteer les opportuniteacutes e~ avec sa rapiditeacute
utiliser la force de ladversaire pour le deacuteseacutequilibrer le noodju
le mbas le weacuteheacuteleacute et le rasu sont des techniques propres au lutteur
wolof
En deacutefense il utilise surtout des kl~klets ou gal-gal Notons que
le balancement des bras ou Lewato e$t tregraves marqueacute dans la lutte wolof
TABLEAU RECAPITULATIF DES COMPOSANTES TECHNIQUES
( 1 )
1 SOUS-GROUPES GARDES CONTROLES FORHES DE CORPS l
Walo-walo Basse de jambe Arracheacute l l10yenne de Ngimbe et i
Leacutebou Tasseacutee et saisies annexesj Deacutecalage 1 1 distante de bras de tecirct1
j de bras Deacutecalaeuro
~-----------------~-
- ~ ~- shy - ~ ~ bull L _ _ bull
Profil psyc~~iqUE du lutteu- et son comporterent dars l 2regravere
La preacuteparation mystique dans laregravene est plus marqueacutee chez les wolofs
que ChE~ les autres ethnies En effet on verra de grands champions
preliGrE plusiEurs heures pour Enduire leur corps de cll2badep ou ci
rmiddot- ~ a la proprieacuteteacute de proteacuteger li1egraveividu J
les mauvais sorts) Cest dailleurs un aspect dt la luttE qui iJcsc
des problegraveJles
Le lutteur wolof est tregraves superstitieux et la peacuteriode de preacuteparation
est capitale pour lui car elle permet non seulement de rendre
hommage aux ancecirctres mais aussi dintimider son adversaire Cest
geacuteneacuteralement un lutteur agressif combatif et teacutemeacuteraire Il se fait
souvent remarquer par son esprit dentreprise Mais cette fougue dans
le combat lamegravene parfois bien que ce soit regrettable agrave oublier les
usages et les normes Ce manque de maicirctrise de soi peut faire croire
que le lutteur wolof manque de fair-play ce qui nest pas toujours le
cas
~A~Ugrave~ t 4AA CbUrs k LA ucirctotve f~tPle Sesect prores mou W ~ lesquelles vont se couler les comporteme~ts individuels qui sont ainsi
monteacutes par et pour lautoriteacute sociale
Les faccedilons de boire de marcher ou de sasseoir se manifestent indivishy
duellement dans le corps de chaque personne ces habitus sont cependant
des montages sociaux lieacutes agrave des significationssymboliques variables
dailleurs selon la position sociale occupeacutee par chaque sujet Ces modes
dagir se rangent dans un systegraveme de montages symboliques et lindivishy
du les apprend de la socieacuteteacute dont il fait partie agrave la place quil occupe
Lhabitus est un montage social agrave la valeur symbolique deacutependant des pheacuteshy
nomegravenes deacuteducation et de prestige et lieacute agrave la position sociale du sujet
Cette penseacutee sonne de faccedilon eacutetonamment moderne
Pierre BOURDIEU qui dans une perspective a approfondi le contenue de la
notion en le reportant aux oppositions entre classes et fractions sociales
Il deacutefinit lhabitus comme un systegraveme de dispositions durables acquis au
cours dune histoire personnelle dans une milieu social donneacute systegraveme qui
engendre ensuite des pra~iques socialement deacutetermineacutees faccedilons de manger
de parler ou de marcher comportements de politesse contenu des preacutefeacuterencel
et des deacutegoOts bullbullbull lhabitus est le produit de conditions eacuteconomiques et
sociales Lauteur rattache directement la formation de lhabitus dun
individu agrave la trajectoire parcourue par celui-ci dans sa classe dapparteshy
nance il deacutefend lideacutee dun habitus de classe qui deacutefinit le sens confeacuteshy
reacute agrave la pratique sportive les profits qui en sont attendus
Ce dernier serait lui-m~me lieacute agrave un systegraveme de valeurs ou ETHOS de classe
prenant sens au sein doppositions distinctives entre classes sociales
De sorte lhabitus fonctionne comme un systegraveme dt- regravegles inteacuterioriseacutees
souvent informuleacutees permettant ou non agrave lagent de sadapter dembleacutee aux
multiples pratiques de la vie quotidienne et de la vie sportive il est agrave
lorigine des schegravemes de transcription qui favorisent les ajustements aux
situations corporelles nouvelles (1)
t ~
(1) P~IE11D dwi6Han ISpoy-l et sodeacutebi Approche Bocio-culturelle des pratiques P~tis Vigot 1981 page 81
33
331 Preacutesentation
Les Seacuteregravere auraient pour origine le Fouta Toro quils auraient quitteacute
vers le Xllegrave siegravecle pour fuir lislamisation de cette reacutegioD par lempire
dJ Xali (ils seraient donc apparEnt~s aux Peul et Toucouleur ) Ils
auraient trouveacute dans la rEacutegion du Sine les Sosseacute dorigine manding avec
lesquels ils salliegraverent
Au XVegrave siegravecle une autre immigrationSos~ conqueacuterante cette fois-ci
apporta son organisation eacutetatique Ils se divisegraverent en deux monarchies
deacutemocratiques lune seacutetablit au Sine et lautre au Saloum Les Sosseacute
conqueacuterants constituaient lautocratie appeleacutee Guelowar
La royauteacute seacuteregravere eacutetait laiumlque Les premiers souverains durent secouer
la tutelle des Toucouleur et progressivement arrivegraverent agrave unifier lethshy
nie des seacuteregravere etdea Sosseacute Les deux royauteacutes eacutetaient organiseacutees selon
acirces modegraveles tregraves deacutemocratiques Le souverain deacutependait dune assembleacutee
de ministres et de chefs locaux qui assuraient ladministration centrale
et reacutegionale())
Aujourdhui lethnie seacuteregravere repreacutesente 20 de la population seacuteneacutegalaise
Ils sont reacutepartis sur presque toute leacutetendue du territoire notamment
dans le Baol la reacutegion du Sine-Saloum et la reacutegion de Thiegraves
Signalons quil existe plusieurs sous-groupes dans lethnie ainsi on
trouvera
- dans la reacutegion de Thiegraves les Ndut les Safegravene et les None
- dans le Sine-Saloum les Sine-sine et les Saloum-salouIT
On trouvera vers foundioune et agrave Nioro du cocircteacute de la Gambie les
Niominka (pecirccheurs) Cest une portion tregraves mandinguiseacutee
( 1
Le rattache~2~t d~ to~s ccs sous-groupes pose problecircme ~25 0~ r0~V~
uc grande partie de traits COITul1uns dans leurs modes dE vie Ct pOUT phs
de faciliteacute nous allons essayer de faire une ~tude globale de la lutte
traditionnelle seacuterecircre Lactiviteacute socio-eacuteconomique qui est essentielleme~t
agro-pasorale caracteacuterisE leacutethnie seacuteregravere
332 Lecircducation les moeurs les croyances et pratiques sEr~rc
Chez les Seacuteregravere la vie humaine se deacuteroule selon les grandes eacutetapes
le baptecircme lenfance ladolescencemarqueacutee par la circoncision lsectge
adulte le mariage la vieillesse et la mort (funeacuterailles)
La vie de la communauteacute seacuteregravere reste une des plus originales sinon
celle qui de nos jours garde la presque totaliteacute des pratiques et
habitudes traditionnelles
Bien qu aujotltdhui con~r-tis aux religions chreacutetienne et musulmane les
Seacuteregravere conservent leurs croyances et pratiques animistes
Quelque soit leur degreacute dadheacutesion aux religions reacuteveacuteleacutees les Seacuteregravere
croient en un Dieu puissant et miseacutericordieux Rog Segravene et les hommes
Les ~angols sont repreacutesenteacutes mateacuteriellement dans tous les villages
seacuteregraveres par des arbres (baobab et tamariniers) des animaux (geacuteneacuteraleshy
ment serpent doreacute ou iguane) des ustensiles (pilon calebasse et mortier)
De nombreux teacutemoignages nous apprennent que certains totems (serpent
iguane) font leur apparicion agrave loccasion de certaines manifestations
rituelles comme les sacrifices ceacuteleacutebreacutes lors dun mariage de ceacutereacutemonies
mortuaires ou des circoncisions
Le Seacuteregravere comme il nous a eacuteteacute donneacute loccasion de le dire plus haut
preacutesente des speacutecificiteacutes authentiques aussi bien en tout ce qui touch~
son eacuteducation ses croyanCES et pratiques mystiques q~e ses activiteacute~
socio-ecirccc~omiquEs Apr~s a ~aissa~c~ le beurob~ ~~ pcs~ 5~~ lE S~ __
On lui mouille les l~vres avec un peu d~ lait de mil et apr~s U~ bain
purificateur on versera leau dans un trou cr~us~ derri~r~ la Camp~~
Pendant huit jours la megravere et lenfant sont cacheacutes dans la case car
selon les anciens ils sont tregraves vulneacuterables La case deacutens certains cas
est entoureacutee dun fil blanc et lon place sur le seuil des fais(cauy di
veacutegeacutetaux pour chasser les mauvais esprits (geacutenies malfaisants et illangeUY~
dacircmes) Au bout du huitiegraveme jour la megravere et lenfant peuvent sortir de
la case bull
bullbullbull Le matin du huitiegraveme jour la tante paternelle va chercher de leau
(plusieurs fois)t elle doit rester muette pendant ses alleacutees et venues
si elle parlait t lenfant pourrait ecirctre muet bullbullbull
La megravere et lenfant prennent un bain purificateur dans lequel sont
trempeacutees certaines plantes (ce sont des veacutegeacutetaux pr~tecteurs tels le
begravene le yag le ngud) On y lavera aussi le linge e1t les ustensiles utishyj
liseacutes pendant les huit jours qui viennet de seacutecoul~r On rase le crine
de lenfant Les cheveux sont donneacutes agrave la megravere qui ~s enterrera avec le
reste du cordon ombilical dans un endroit que11e esit seule agrave connattre
La megravere sassied sur une natte devant la maison Une femme igeacutee de la
famille prend le beacutebeacute dans ses bras et le preacutesente aux quatre coins de
lhorizon
La tante paternelle tient ensuite un van sur la tecircte de la megravere on y
verse le mil on y verse eacutegalement en abondance sur la megravere et sur
lenfant La tante oint ensuite le corps du beacutebeacute avec du lait e11e
touche en particulier le front t le nez la bouche la poitrine le dos
et les oreilles
Elle pose enfin un ~rain de sel dans la paume du beacutebeacute (le sel purifie
et deacutetruit les puissances mauvaises)
Apregraves un nouveau bain la megravere et lenfant revEcirctent des habits de fecircte
(est
lenfant Ce precircnore a toujours U~ SEns Il sy~bolise parfois C0 qUi
lOIl sounaitt agrave lEufant l)
La circoncision comme dans les autres ethnies est obligatoire Elle
permet au jeune adolescent dacceacuteder agrave la classe adulte Les jeunes
sont regroupes en classe dacircge dans le bois ougrave sc fait la r0tr~it0 des
circoncis et ceci pendant plusieurs mois
Le Selbeacute qui est geacuteneacuteralement un ancien craint de tous les eacutelegraveves
enseigne le respect de la hieacuterarchie la discreacutetion le goOt de linishy
tiative Les activiteacutes physiques et leacuteducation artistique ne sont pas
en reste la deacutecoration la sculpture la lutte et la danse A sa sortie
du bois linitieacute appartient deacutesormais agrave la classe des virils et des
sages du clan car on lui aura enseigneacute les vertus fondamentales que
sont la justice lhonneur lamour du prochain 1 amour du travail
lhonnecircteteacute et surtout le respect des coutumes ancestrales
Le rite du mariage esd aussi un fait tregraves important dans le monde 1
seacuteregravere mais par manq~e dinformation nous serons obligeacutes de nous en
tenir lagrave
333 Impact des ethos sur la lutte dans le monde seacuteregravere
Lorigine de la lutte seacuteregravere ne semble pas claire ma1S nous pouvons
dire quil existait deux formes de lutte comme chez les Wolofs une
lutte sans frappe et une lutte avec frappe Et cest cette derniegravere
qui peut-ecirctre nous ameacutenerait agrave croire que la lutte seacuteregravere aurait une
origine plus preacuteciseacutement guerriegravere
Aujourdhui la lutte est uniquement une activiteacute sportive agrave travers
laquelle le jeune seacuteregravere eacutevalue sa force son courage et SOn ingeacutenioshy
siteacute Cest une occasion de deacutefendre lhonneur de son village ou de
la corrnnunauteacute
La luttE ~5t avant tout u~e rnanifcs[dtic~ c~lturclie et surtout
fo lkhriqut-
Gracircce agrave elle on peut deacutesormais comprendre un certain nombre de chants
et de symboles A travers la lutte seacuteregravere on ccedilomprend les inter-relashy
tions entreacute la vie et le monde surntiturel
Sil devait y avoir la mort dun villageacuteois pendant la fecirctE au T qUE
de linterrompre on proceacutedait gracircce aux connaissances magico-religieuses
agrave la suspension de la mort jusquagrave une peacuteriode ougrave la population sera plus
disponible pour organiser des funeacuterailles sil y eacutetait preacutedit la possibishy
liteacute dune deacutefait du champion local au profit dun champion dun autre
village des recettes dordre maginque et religieux eacutetaient mises en prashy
tique afin que le champion du village ne soit jamais terrasseacute(J)
334 Le profil du lutteur seacuteregraver~
Le lutteur seacuteregravere est par essence un athlegravete impressionnant de par sa i
carrure et sa musculature saillante mais cest aussi une force tranquille
et calme quelque soit lenjeu du combagravet et particuliegraverement lhonneur
Cet aspect nous pousse agrave parler du NGiMBE cest-agrave-dire de la tenue du
lutteur qui va influencer sur sa faccedilon de lutter
La confection du Ngimbe revient agrave la communauteacute entiegravere Le Ngimbe a
une signification symbolique et le lutteur pour meacuteriter la confiance du
groupe se doit de tout faire pour ne pas toucher le sol Toute la commushy
nauteacute elle aussi sengage pour assurer la longeacuteviteacute et le succegraves du lutteur
dans laregravene par lorganisation droffrandes et de sacrifices en lhonneur
des Pangols bull
bull
Daucuns nheacutesitent pas agrave dire que lessentiel du mysticisme se fait agrave
la maison et non dans laregravene tout le reste nest quintimidation de
ladversaire
lsvcns
Tt- pi ~- t
t 1 ~ l _ ~ t
par rapport agrave lautre Cbci est trEgraves lieacute agrave lactiviteacute journaliegravere du
jeune seacuteregravere qui est un cultivateur donc toujours bien planteacute sur ses
jambes et qui continuellement manie lhiler
Le fait de couper le boi~ peut eacutegalement constituer un moyen de muscushy
lation non neacutegligeable pour le jeune lutteur
Un certain nombre de traits techniques speacutecifiques au lutteur seacuteregravere
semblent ressortir des diffeacuterentes interviews que nous aVOns fait subir
agrave certains lutteurs seacuteregraveres et agrave diffeacuterents techniciens
SOUS-GROUPES FORMES DU CORPS CONTROLES GARDES
SAFEN Moyenne en fente NONE Hancheacute Bras (distante) j
NDUTJ
f
SINE-SINE Deacutecalage Ngimbe
Moyenne
SALOUM-SALOUM Passage- Jambe (rapprocheacutee) 1
i
PETITE dessous Tecircte Basse et 1
COTE Moyenne (rapprocheacutee)
Notons que le Niominka ll commence agrave lutter agrave partir du sol pour avoir
assez deacutelan et sauter sur ladversaire afin davoir la prise du lion
(contr6le de la nuque et du bassin)
Co a -tem-nt ccedilt attitude du lutteur sEacuteregravere335 np -1t ~
Les croyances mystiques sont indissociables des activiteacutes quotidiennes
duseacuteregravere Ce qui explique le cocircteacute supersticieux du lutteur seacuteregravere En
~ffet certains lutteurs refusent de lutter avant certaines heures
Certains teacutemoignages nous apprennent quil nest pas donneacute agrave tout le
monde decirctre champion de lutte et que le lutteur doit avoir des dons
surnaturels pour ecirctre agrave mesure de livrer ses combats dans la nuit
et trouver seul un gris-gris speacutecial appeleacute Njatch
Le vrai champion de lutte chez les seacuteregraveres ne lutte pas seulement avec
~a force et sa technique mais surtout avec ses dons occultes
Chez les seacuteregraveres les morts sont toujours preacutesents et les ~pangols
Servent dintermeacutediaire entre les hommes et les morts Le pangol prend i
le nom dhumain dans certains villages (IIHeacuteJga NDONG Har Wag NGOUYE) i 1
De ce fait on verra le lutteur danser dufe maniegravere ou dune autre en
fonction du pangol de sa famille Ainsi nrus aurons le back (chant et
danse du lutteur) des DIOUF des FAYE etclbullbullbull
Dans laregravene le lutteur seacuteregravere a un comportement exemplaire aussi bien
agrave leacutegard de son adversaire direct quave~ le public en geacuteneacuteral Lexpli shy
cation semble tenir au fait que le lutteur seacuteregravere est avant tout selon
la tradition orale le repreacutesentant de toute la communauteacute seacuteregravere Par
conseacutequent il devra saffirmer non seulement en tant que lutteur dans
laregravene mais aussi en tant quentiteacute morale
336 La tenue du lutteur ou NGIMBE est confectionneacutee par le marabout de la
famille ou du clan Le Ngimbe est constitueacute de pagne en cCton tisseacute
Il doit ecirctre propre le lutteur qui le porte ne devra pas avoir de rapshy
port sexuel pendant toute la peacuteriode des cOTpeacutetitians car le Ngi~bE ne
doit pas ~tre souilleacute
Autrefois et mecircme aujourdthui dans certaines familles on devient
lutteur de pegravere en fils et dans ce cas le Ngimbe du pegravere est heacuteriteacute
par le fils Le fait de porter le Ngimbe de ses aieux peut susciter
chez le jeune lutteur une motivation et une volonteacute ineacutebranlable dtasshy
surer la supeacuterioriteacute d~s siens dans ltaregravene Il fera tout pour que le
Ngimbe de la ramille ne touche le sable
La tenue du lutteur a une signification et une importance sur le plan
mystique car selon les anciens le vra1 feacutetiche du lutteur celui qui
le proteacutegera et laidera agrave vaincre le nDjinne ou le tRapu de ladvershy
saire se trouve cacheacute dans ce Ngimbeu bull Celui qui confectionne donc le
Ngimbe U est doueacute de faculteacutes occultes
337 Larbitrase est assureacute par un sage du village qui geacuteneacuteralement fut
champion de lutte de son temps Dailleurs cet ancien nintervient que
si le terrassement est litigieux Hormis le public qui proclame la vicshy
toire ou le match nul le lutteur lui-mecircme est arbitre et il arrive
quil se deacuteclare vaincu
Nous avons pu cfter Meacutedoune KHOULE un desplus grands lutteurs seacuteneacutegashy
lais qui a donn~ une victoire agrave Djeacuteri SADIO son adversaire qui a reacuteussi
agrave lui faire touegraveher le sol de la main
IlL
34 1 Preacutesentation
Lethnie toucouleur vit En grandt partit ciE~~ la vallfc du S~~~gal
pt reprecircsente i peu pr~s 8 de la population totale secircn~galaise
o Histoire
Il semblerait que dans lancien royaume du Tekrour (IX~ siegravecle) des
eacuteleacutements neacutegroiumldes Sarakoleacute et des Peul aient formEacute par meacutetissage le
peuple Toucouleur (Toucouleur serait dailleurs une deacuteformation du
mot portugais Tacouror)
Ce empire a domineacute aussi bien les wolofs de lOuest que les Peul
nomades du Fouta Toro Cette reacutegion fut le premier pays islamiseacute par
les Almoravides ce qui peut expliquer le proseacutelytisme toucouleur
Ce sont les guerriers toucouleur islamiseacutes qui attaqu~rent avec les
Almoravides la capitale du Ghana Koumbi en 1067 On convertit par
la force les animistes Cest sans doute agrave cette eacutepoque que de nombreuses
ethnies reacutefractaires agrave lIslam ont dO accentuer leur migration vers
le sud (Seacuteregravere wolof Sarakoleacute Bambara Songhaiuml Akan et Peul se reacuteshy
fugiaient vers les hauteurs du Fouta Djalon)
Au XIXegrave siegravecle les Toucouleur allaient trouver en El Hadj Omar Tall
un grand conqueacuterent qui sous le preacutetexte religieux de la gJerre sainte
contre les tribus animistes (entre autres Bambara) eacutetendit lempire
toucouleur sur presque tout lensemble du gali et la partie de la Guineacutee
proche du l1ali
Lempire toucouleur composeacute de Sarakoleacute de Bambar~ de ~alinkeacute de
Xassonkeacute dE Peul et de Dogon eut le meurorit~ dunir CES diif~rentes ~ ~ - - - - - et~ics ~t dE CD~stituer l~Sl la b2S~ ~r 1
_ ~ ~ ~_ L ~
~ ~- ~- - - ---- _ 1 v _ t 1 ~-_ --
marabout tOL~culcuuml~ ~ middotlrrany a l ick SI venu des E1i rClS dE Pocior~ (
~ Vi~ euroconomicue et sociale -----------~-------------
Les Toucouleur sont des cultivateurs mais bien quils n~ soie~t pa~
pasteurs comrre les Peul leacutelevage a une place inportarteacute decirc1S ltur
eacutecono~ie Pour faciliter leur conquecircte guerriegraverE ils c~t Eucirc une preacuteshy
dilection pour leacutelevage des chevaux On y trouve aussi des pecirccheurs
appeleacutes Tchioubalo La socieacuteteacute toucouleur aurait une stratification
sociale tregraves rigide Les groupes ethniques et les castes eacutetaient
diffeacuterencieacutes et strictement exogamiques les Rimbe classe des nobles
comprenant la famille reacutegnante et les guerriers libres la classe des
Nieacutenieacutebegens de castes artisanales i les Rimaibeacute anciens esclaves
devenus serviteurs qui portent les noms de famille de leur maicirctres A
la base de lorganisation de la collectiviteacute toucouleur se situe le
village (Wouro)
Toutes ces castes sont cloisonneacutees entre elle~ Ainsi il nest pas
permis agrave un Torodo (noble) de se marier avec un Tchioubalo Ces
consideacuterations sont importantes dans le domaine de la lutte ougrave nous
apercevrons que les nobles ne sont pas faits pour lutter Le noble
preacutesidera les seacuteances de lutte et on luttera pour lui Ces condeacute rat ions
de noblesse et de rang social sont extrecircmement importantes dans le
monde toucouleur
Le noble ne doit pas se salir on lutte pour lui il ne vit la lutte
quen tant que spectateur
342 Education moeurs croyances et eratiques religieuses
Deux formes d~ducation sont agrave consideacuterer leacutedJcatio~ dES enfarts Et
celle des adultes
oG lenfant sait m2n~~r et apprfcier le goOt d~5 ~iifeurorents r~pas lt
le moment ougrave il CO~~e~CE agrave marcher
tivirt n~sormais le petit toucou]eur est eacuteduquf par toutmiddot 12 f2~i)]E
dabord puis par toutes lespersc~nes du village ou du C13~
Lenfant peut ~tre corrigeacute par tout adulte appartenant au groupe social
Son eacuteducation est deacutesormais laffaire de toute la communauteacute et non
exclusivement celle ces parents On linitie ainsi au travail quotidien
qui se fait dans la bergel~ e les champs et les bords du fleuve Au sein
du village il pourra apprendre agrave filer la laine et agrave tisser des pagnes
dans les champs il apprend agrave manier la houe et lhiler pour la culture
du riz et du mil Mais signalons que lactiviteacute essentielle du toucouleur
est leacutelevage des boeufs des moutons et des chegravevres Chez les Ichioushy
balos (p~cheurs ) lenfant sera initieacute tregraves tat au maniement des pagaies
agrave la p~che propremccedilnt dite et agrave la nage
Vers cinq-six ans lenfant est confieacute au maicirctre coranique le Ihierno
et ce dernier dispose exclusivement de toute sa vie Lavenir du jeune
enfant lui appartient
Comme dans les autres groupes ethniques les enfants sont regroupeacutes en
classe dacircge et cest dans cette structure que lenfant subit les rite
de passe et plus particuliegraverement celui de la circoncision
La circoncision est non seulement unE opeacuteration chirurgicale malS surshy
tout une peacuteriode au cours de laquelle le jeune garccedilon passe de leacutetat
dadolescent agrave leacutetat dadulte Les circoncis sont reacuteunis en classe
dacircge dans un endroit situeacute hors duvillage geacuteneacuteralement choisi par les
vieux Cet endroit n~st accessible que par des individus de SExe ffi8SCUshy
li~ ~ta~t au preacutealabl circoncis
- - - -
quable et complet sur le plan phy~ique et ~oral Ai~si liniti~
acquiert les qualitecircs indispensables que sont le courag~ la modest
lesprit de sacrifice lendurance
Le toucoule~r est un pleux musulma~ Cela sexp1
SOil le premier agrave tre en contact avec la religion musulmane de par sa
position frontaliegravere Lethnie toucouleur de par son histoire a preacutesenteacute
les plus grands chefs militaires et religieux musulmans seacuteneacutegalais Et
pour illustrer cela on peut citer en exemple la grande famille musulmane
des SY agrave TIVAOUANE repreacutesentant la confreacuterie des TIDJANES
Bien que lon note une majoriteacute musulmane on peut dire que certaines
croyances et pratiques mystiques et animistes persistent encore surtout
dans la reacutegion du fleuve
Une pratique courante se fait elle sappelle le Djatt Elle consiste
agrave faire sortir le caiman du fleuve agrave limmobiliser et agrave lattacher
sans quil ne reacuteagisse et tout ceci agrave laide de versets et dincantashy
tions magiques Dapregraves les teacutemoignages ces pratiques sont plutocirct
freacutequentes chez les Tchioubalos (pecirccheurs) Il arrive aussi que cershy
tains chasseurs ayant des dons se livrent agrave certaines pratiques an1shy
mis tes qui consistent agrave invoquer certaines puissances et agrave moduler sous
forme de chant des versets occultes pour se proteacuteger des mauvais esprits
et pour eacuteloigner les fauves Ce chant est geacuteneacuteralement incompreacutehensible
et deacutenueacute de sens pour le profane
343 Activiteacutes ludiques et pratiques sportives en milieu toucouleur
Durant toute son histoire lethnie ~oucouleur a toujours EacutetEacute Frese~teacute~
comme celle qui avait ue activit essentiellement guerr e e~ particushy
liegraverement farouche Trois eacuteleacutements ret r t l ecirc t te nt i c- euro so~t
le manie~~nt du ~acircton 12 luttE Et 1eacute danSE
l
Lecircducation ph~sique et artistique Dcc~pe un place precircpondecircra~rp
dans la fDrmat~on du jEune toucouleur A loccasion agraveeacutevegravenemen~ imporshy
tants reacutecoltJs mariages baptecircme nous assistons agrave des manifestashy
tions folkloriques de grande envergure le Wango oucirc dailse toucouleur
tregraves gymnique iles chants et surtout les sEacuteances de lutte
La lutte toucouleur est la forme de lutte la plus spectaclaire dans
tout le territoire seacuteneacutegalais Elle est essentiellement baseacutee sur des
techniques en hancheacute et surtout en souplesse Ceci sexplique par le
fait q~e le jeune toucouleur est tregraves tocirct initieacute agrave la gymnastique (saut 1
per saut de main salto arriegravere saut de tecircte couronneacute etc bullbullbull ) pour
la dans~ du wa~go En dansant le wango qui est une danse rythmeacutee et
gymnique le Jeune toucou1eur est capable de prouesses extraordinaires
1
En lutte lattaquant se deacuteplace tregraves peu pour avoir une bonne saisie
(geacuteneacutera~ement controcircle du Ngimben ) et enchaine brusqueme~t avec une
attaque surpris~ Cependant les ripostes sont souvent surprenantes et
spectaculaires (baseacutees sur la souplesse et la rapiditeacute) ontrairement
aux autr~s form~s de luttes ougrave lon voyait tous les jeune adheacuterer la
lutte to~cou1eur Verra un groupe de speacutecialistes sadonne agrave la lutte 1
(la lutte est lieacutee agrave la position sociale de lindividu problegraveme de
caste)
Q La morphologie du lutteur toucou1eur 1
1 1
Ce dernier nest pas aussi large et aussi fort que les lutteurs diola
et seacuteregravere Cependant il est tregraves reacutesistant La musculatJre est saillante 1
et tregraves souple lindividu est longiligne mais tregraves athleacutetique
Les mouvements de lutteurs sont semblables agrave ceux dun grand fe1in Cette 1
morphologie semble ecirctre lieacutee agrave la position geacuteographique de lethnie
(reacutegion du fleuve) et agrave lacitiviteacute socio-eacuteconomique du toucouleur qui
est agrave la fois cultivateur (activiteacute lieacutee agrave la crue et deacutecrUE du fleuve)
pecirccheuro~T CIcr~icubaon) et sttout jEumlrgcr qui est U~ rc~2eumlr
shy
Deux formes egrave~ corps sembl~nt ecirctre preacutefeacutereacutees du lutteur toucouleur
le hancheacute et la souplesse Les hancheacutes sont faits agrave partir de plusieurs
positions de doset se terminent geacuteneacuteralement par des techniques de
tregraves grande amplitude
TABLEAU RECAPITULATIF DES TECHNIQUES ET FORMES DE CORPS SPECIFIQUES
i
L441 r
GARDE FORMES DU CORPS CONTROLES --shy - -
Moyenne Souplesse Ngimbe
Hancheacute bras
Demi-souplesse
1
Profil psycholosigue 1
TECHNIQUES
ContrOle du bassin et 12 souplesse
arriegravere
Klicket et allegravegement de la hanche
Le lutteur toucouleur est celui lUi se livre le moins aux preacuteparaqons
maraboutiques Cela est dO au f~t que le toucouleur est un grand ~USUlshyman et que les pratiques animisges ont presque disparu dans ce mil~eu
Dans la pratique le lutteur esJ combaif mais il est calme et tr~s reacutefleacutechi quant agrave la deacutecision agrave prendre en plein corps agrave corps ct~st un des seuls techniciens qui reJte tregraves lucide au cours de ses comb~ts
l Dans toutes les circonstances e lutteur toucouleur est tenu de re~pecshyter son adversaire et ceux de s4n eacutequipemecircme sil est vaincu
Comme nous avons dO nous en rendre compte la rigueur des principes
eacuteducationnels a une influence tregraves sensible sur l~ comportement du
toucouleur
i
III S COCL ~s 1DO
Dans cette partie nous avons essay~ de montrer lftroite re1atic~
Entre les diverses activiteacutes socio-eacuteconomiques dans les ethnies et
lES diffEacuterentes faccedilons de lutter
Daucuns seraient tent~s de conclure trop rapidement et cest p0~r
cette raison que nOUS avons penseacute preacuteciser que le pheacutenotype nest
pas geacuteneacuterateur du geacutenotype Et nous sommes convaincus que la morphoshy
logie et les techniques des lutteurs relegravevent de leurs modes de vie
et de leurs croyances agrave une eacutepoque et danE un contexte bien deacutetermishy
neacutes
Est-ce que les lutteurs dio1a ou seacuteregravere travaillant avec leurs bras
dans les champs auraient les mecircmes pr 0 fil s physiques que les lutteurs
utilisant des machines pour lagriculture
- 69 shy
I UJOURDH~1 E-S ut O[l LES FORfilS Ut LU11t~
~otons que notre enqu~te a ecirctE essentiellement faiteen milieu urbain
Les seacuteances de lutte ont tendance agrave perdre leur particulariteacute de r~shy
jouissance pour devenir des pheacutenomegravenes de sportisatio Deux fores
de luttes so~t principale~cnt prat s dans les aregrave~es du 5 al
la lutte traditiunnelle simple et la lutte traditionnelle avec frappe
De nos jours la lutte traditionnelle tend vers une reacuteglementation
et une institutionalisation
Le reacutesultat de nos investigations nous donne le tableau ci-dessous
REPARTITION ETHNIQUE SUR 100 PRATIQUANTS
LUTTE LUTTE RAPPORTETHNIES SANS FRAPPE AVEC FRAPPE J2
Diola 40 16 71 j
Seacuteregravere 26 21 57
Toucouleur 23 10 69
Wolof 1 1 53 17
La demande sociale par ordre deacutecroissant pour la lutte sans frappe
se preacutesente comrre suit
]0_ Ethnie diola avec pregraves de 3 lutteur~ sur 4
2deg_ Ethnie toucouleur
Ethri dun
~ 1 LA LUTTE TR])IIIO~~ELLE AVEC H-PPE
Cette forme deacute lutte a une histoire qui date de lantiquiteacute elle
sa~pelait le Pugilat Au Seacuteneacutegal elle a vu le jour dans le Cayor
bien avant la colonisation Le coup dE pied l~Lrdn~lement la morshy
sure la frappe et le doigtf eacutetaient permis dans le cc=bat ~ ~middot~p0~~e
Dans certains cas la giffle eacutetait beaucoup plus dangereuse que le
poing quand elle eacutetait donneacutee par un speacutecialiste Cette giffle pouvait
agrave elle seule deacutechirer et mecircme parfois amputer la joue de ladverser
Selon les informations la lutte avec frappede nos jours serait une
forme de lutte tregraves eupheacutemiseacutee de celle dantan ougrave une blessure
pouvait souvent ecirctre mortelle
Aujourdhui au niveau du folklore la lutte na plus la mecircme
le spectaculaire a remplaceacute le significatif iLa lutte avec frappe se 1
pratique surtout dans les centres urbains C~aque fois quun grand combat 1
est progra~eacute par le Comiteacute National Proviso~re (CNP) des centaines damashy
teurs sont mobiliseacutes vers le stade lba Mar D~OP qui est aujourdhui le i
lieu approprieacute ougrave se deacuteroulent les grands conkbats de lutte Cest la formE
de lutte qui semble drainer une foule de personnes beaucoup plus importante
que celle de la lutte simple
La lutte avec frappe deacuteriverait dune forme de lutte traditionnelle
pratiqueacutee jadis dans le Cayor au temps des Damels et la frappe serait
le substitut dun certain nombre de pratiques doigteacute jet de produits
etc bullbullbull dont le but eacutetait laveuglement de ladversaire La lutte avec
frappe serait une continuation logique dune carriegravere sportive de la
lutte traditionnelle qui sen sert comme moyen socio-eacuteconomique En
effet la majoriteacute des lutteurs avec frappe ont dabord eacuteteacute initieacutes agrave la
lutte simple Cependant il faut signaler que de nOS jours il arrive
que le jeune lutteur avec frappE- soit directenent formEacute conne speacutecialistE
agrave la frappe sa~s pour autant faire son chemin dabcrd egravea~s la lutte
- ~ shy
Le recircsultat dE ~os interviews ncus rec~trE qGune pcpulatiD~ divcrsishy
fiampe sint~resse agrave ce sport et qUE les intecircr~[s des uns et d~SlautrE~
semble~t divergents naucuns affirment que la lutte traditionnelle
avec frappe serait monteacutee par des personnes dont la vocation est dexshy
ploiter ce pheacuteLomegravene agrave des fins commerciales Dautres disent gJellegrave
jouit de mcyens irport~nts t[l[~isio
tation etc bullbullbull ) pour toucher toutes les couches sociales CEpe~~a~t
nous remarquons que mecircme si certaines personnes reprochent agrave cette
forme de lutte decirctre brutale ces mecircmes personnes nheacutesitent pas agrave
se rendre le dimanche agrave laregravene Bien que critiqueacutee elle semble ecirctre
adopteacutee par une tregraves grande partie de la population seacuteneacutegalaise Cepenshy
dant en tant que techniciens il nous est permis de faire une remarque
Il sagit de
- Limpression nette decirctre devant des professionnels de la frappe
qui sont ~ntratneacutes pour cela Dailleurs les propos que nous avons
recueilli~ nous prouvent que la plupart des champions de lutte avec 1
frappe s~ntratnent dans certains sports de combat tels ~ue la boxe i 1
le karateacute le judo Dans cette nouvelle forme de pratique de la lutte
contrairefuent agrave la lutte traditionnelle le technicien e~t souvent
perdant face au puncheur Ce dernier adopte une lutte agrave distance qui
lui permet de placer agrave bon escient ses coups animeacute du deacutesir de vaincre
Le technicien lui se voit contreacute dans toutes ses entreprises par
un uppercut ou un crochet
On peut dire cependant que nul sport au Seacuteneacutegal que la lutte tradishy
tionnelle avec frappe ne deacutechaicircne autant de passions et autant de
pheacutenomegravenes poussant agrave lexcegraves et deacutereacuteglements quon ne peut que deacuteplorer
Mais comment deacutecrier un spectacle de lutte qui bien quayant perdu la
presque totaliteacute des valeurs traditionnelles veacutehiculeacutees autrefois par
elle sait susciter une participation effective de tous ceux qui sont
preacutesents
CONCLUSION
Dans ce meacutemoire nous sommes efforceacutes ~e faire ressort ir limportance des
ethos et des habitus et leurs effets sur la pratique de la lutte tradishy
tionnelle au Seacuteneacutegal
L~b egravethos repr~sentent dune maniegravere g~neurorale tous les eacuteleacutements speacutec
fiques sux Seacuteneacutegalais par conampeacuteguent un systegraveme de valeurs traditionnellEs
Mais m~me si ces valeurs rev~tent une signification universelle (honneur
digniteacute courage etc bullbullbull ) il nen demeure pas moins que ce nest pas leur
nature qui fait leur speacutecificiteacute mais la hieacuterarchisation et limportance i
quon accorde agrave toutes ces valeurs de ~ar leacuteducation ou la culture
i 1
Aussi les valeurs traditionnelles puient leur speacutecificiteacute dans les
caracteacuteristiques propres aux eacuteleacutements ~e la socio-cu1ture (la technologie
et leacuteconomie la politique et la pareteacute la psychologie et lideacuteologie)
dans la socieacuteteacute seacuteneacutegalaise agrave n momen donneacute de son eacutevolution Cest i
dire la neacuteceesiteacute de ne point faire della valeur une reacutealiteacute statique
Cest dite aussi quagrave tout mome~t le ~eacuteneacutegalais peut eacutevoluer et creacuteer
ou vivre par conseacutequent de nouv~lles fprmes de valeur qui lui sont 1
propres ft (J)
La lutte traditionnelle veacutehiculant deS valeurs socio-cu1ture1les speacutecishy
fiquement seacuteneacutegalaises (croyances valeurs morales norme de comportement
opinion attitude bullbullbull ) devient un eacuteleacutement important qui tregraves certaiaement
nous aidera dans notre effort de valoriser et de peacuterenniser notre patri shy
moine culturel par le biais dactiviteacutes physiques et sportives
Leacutetude des habitus nous permet de prouver quil y a plusieurs faccedilons
de se mouvoir comme danser lutter bullbullbull qui varient avec les diffeacuterentes
ethnies (wolof toucouleur seacuteregravere diolagt leurs convenances et leurs
eacuteducations
(1) Revue Ethiopiques 31 Les valeurs traditionnelles et le problegraveme de leur inteacutegration dans les systegravemes modernes jtducatio-1 2 6r--70
nautre part cette eacutetude permet aussi de nous rendrE compte de la
correacutelatipn eacutetroite existant entre la pratique de la lutte traditionnelle
et le sta~ut socio-eacuteconomique du pratiquant
Nos inves~igations nous indiquent que la lutte recrute essentiellement
au niveau des classes socio-eacuteconomiques situeacutees en bas de leacutechelle
donc posseacutedant le statut social le moins favoriseacute La lutte avec frappe
-et un certain secteur commercialiseacute de la lutte simple- y trouve sa
leacutegitimiteacute Comme le dit BOURDIEU nA habitus diffeacuterents styles de Vle
divergents et il oppse les pratiques aristocpatiques correspondants agrave
des activiteacutes qui favorisent les situations eupheacutemiseacutees ougrave la stylisashy
tion est importante aux pratiques populaires qui font appel agrave des
qualiteacutes qpposeacutees bllutes rugueuses Certaines interviews nous
montrent que plus lindividu occupe une place eacuteleveacutee dans leacutechelle
sQciale e~ 1
moin$ il sinteacuteresse agrave la lutte
Les reacutesultats recueillis dans nos diverses investig~tions confirment 1 1
1er propos qui disent que nous assistons aujourdhu~ agrave une involution
de la lutte traditionnelle parce que perdant toutes ses speacutecificiteacutes au 1
pryfit d~ne autre forme de lutte que lon continue agrave appeler nostalshy
giqlementIIlutte traditionnelle
Ceci pourrait peut-~tre trouver une explication dan la citation suivante
La liberteacute de creacuteer dinnover de vivre Pleineinenf decirctre soi et de
preacuteserver son authenticiteacute la digniteacute et lhonneu1demeurent des illushy
sions dans la misegravere eacuteconomique~ Nos ancecirctres creacuteai~nt des valeurs de cishyl
vilisation parce quils eacutetaient libres parce qu1i~s ignoraient toute
deacutependance eacuteconomique ils cultivaient en eux et cbez leurs enfants le 1
Jorn et la Kersa et preacutefeacuteraient la mort agrave la hoJte lI (1)
Or le Seacuteneacutegal comme la plupart des pays africainsi est un pays sousshy
deacuteveloppeacute t cependant face agrave cette volonteacute du gou~ernement seacuteneacutegalais
de faire inteacutegrer dans leacuteducation des valeurs traditionnelles nous
pouvons espeacuterer utiliser comme moyen deacuteducation la lutteacute traditionnelle
qui reste quand mecircme vecteur jethos et dhabit~s
- 54 shy
Mecircme si lon a noteacute un appauvrissement notoire sur les plans socioshy
culturel et moral la lutte traditionnelle recegravele une gamme importante
et varieacutee de techniques permettant incontestablement une ouverture vers
les luttes olympiques libre et g~eacuteco-romaine
La lecture de ce meacutemoire permettra agrave lentratneur et au professeur de
lutte en fonction du lieu ougrave ils seront affecteacutes dans le territoire
seacuteneacutegalaisdavoir une information sur les techniques contrOles et
formes de corps propres agrave chaque groupe ethnique et de les mettre en
relation avec leurs croyances et leurs mentaliteacutes
Nous avons essayeacute de montrer que la pratique de la lutte traditionnelle
doit tre axeacutee sur une ethnomotriciteacute au Seacuteneacutegal qui permette une inishy
tiation facile Cette pratique de la lutte traditionnelle seacuteneacutegalaise
devra dailleurs essayer de ~eacutepondre aux aspirations du Seacuteneacutegalaisl
moderne en souvrant aux ap~orts positifs des autres civilisations
ex~eacuterieures nous voulons Jvidemment parler du judo et des luttes oiymshyJ
piques 1
1 j Nous navons pas la preacutetentfon dans le cadre de ce meacutemoire demattrise
de reacutepondre agrave toutes les qutstions se rattachant agrave leacutetude de ~a lutte
traditionnelle souslangle~socio-culturel car non seulement il nous
manque lexpeacuterience et la c peacutetence en la mati~re mais aussil l le temps
et les moyens dont nous dis osions ne nous permettaient pas d~puiser le 1sujet i
1 1 1 t 1
l
- )5 shy
BIBLIOGRAPHIE
BIBLIOGRAPHIE
1- CLAPAREDE Psychologie de leacuteducation et peacutedagogie expeacuterimentale
Edition Delachaux et Niestleacute 244 pages
2- POCIELLC Christian Sport et Socieacuteteacute approche socio-culturelle
des pratiques Paris Vigot 1981 377 pages
3- PIERON Henri Vocabulaire de la psychologie
PUF Deuxiegraveme eacutedition 1957 469 pages
4- Revue socialiste de culture neacutegro-africaine ETHIOPIQUES
Les valeurs traditionnelles et le problegraveme de leur inteacutegration
dans les systegravemes modernes deacuteducation
GIA 21 Juillet 1982 213 pages
5- N2 Revue du Centre dEtudedes Civilisations DEM ak TEY
NIS IVegrave Trimestre 1982 96 pages
6- Document lNSEP Colloque sur la lutte aeacuteregravere
DAKAR MAI-JUIN 1980
t 1
~- Travaux du IVegrave Congregraves National ~es Sports agrave DAKAR les 2223041981
Bulletin n2 91 du CIO du 15 Aont 1965
l____________________________
8- Meacutemoire de Mattrise BADJI Abdou La lutte traditionnelle Joola
Etude et perspective
9- Meacutemoire Inspectorat JS DJITTE Mandy Les pratiques corporelles
traditionnelles au Seacuteneacutegal pour leur exploitation et leur
utilisation en peacutedagogie Marly le Roi 1980
REPUBLIQUE DU SENEGAL
--------------- INSTITUT NATIONAL SUPERIEUR
MINISTERE DE LA JEUNESSE DE LrsquoEDUCATION POPULAIRE
ET DES SPORTS ET DU SPORT
-------------
(INSEPS)
MEMOIRE DE MAIcircTRISE
Es-SCIENCES ET TECHNIQUES
DE LrsquoACTIVITE PHYSIQUE ET DU SPORT
LA LUTTE TRADITIONNELLE
son importance sa signification en fonction des ethos et des habitus ethniques au Seacuteneacutegal
Preacutesenteacute par
Monsieur Joseph Victor FAYE
Sous la direction de
M Jean Marc ROCHEZ
Professeur agrave lrsquoINSEPS
Anneacutee de soutenance 1984
REMERCIEMENTS
Mes vifs remerciements agrave M Jean Marc ROCHEZ qui maura beaucoup
aideacute dans la confection de ce meacutemoire
Je remercie tregraves sincegraverement M YADE Directeur Technique de
lEquipe Nationale t1essieurs Abdou BADJI Kory SARR Djibril SECK
tous professeurs dEPS M Julien DAl-fIEN 1me Simone DAROZA
-Hle Marie DIEllE et tous ces speacutecialistes qui auront contliibueacute de
pres ou de loin agrave mes travaux
so IYPORA~CE SA SIGIFICATION E~ FONCTlOl
DES ETHOS ET DES HABITUS ETHNIQVE~ AD SENEGAL
SOM MAI R E Pages
1 INTRODUCTIO~ ---------------------------------------- shy
II QUELQUES NOTIONS DE SOCIOLOGIE POUR UNE MEILLEURE
COMPREHENSION DE LA LUTTE TRADITIONNELLE ------------- 5
- Habitus et techniques du corps --------------------- 5
- Habitus de classe et style de vie ------------------ 6
- Ethnomotriciteacute ------------------------------------- 7 - Analy~~ des demandes sociales en matiegravere
de pratique des sports de combat ------------------- 8
Judo --------------------------------------------- 9 Lutte libre traditionnelle ----------------------- 10 ft Lutte olympique ---------~------------------------ 10 Boxe anglaise ------------------------------------ Il ft Karateacute ------------------------------------------- II Lutte traditionllelle avec frappe ------------------ 11
III DIVERSITE ETHNIQUE - PLURALITE DES STYLES DE LUTTE --- 16
31 LA COMMUNAUTE DIOLA ----------------------------- 16
311 Preacutesentation ----------------------------- 16 312 Quelques aspects de leacuteducation
et des rites en milieu diola ------------- 17
313 Croyances et pratiques mystiques --------- 19
314 Impact des moeurs sur la pratique
de la lutte diola 20
32 LA COMMUNAUTE WOLOF ----------------------------- 24
321 Preacutesentation ----------------------------- 24 322 Les moeurs ~t les croyancEs wolof -------- 24
323 Leacuteducation d~ w810f --------------------- 26
32~ Incidences des ~~~urs s~r l~ l~tte ------- 28
tiques physiques du lutr~uT wolof -------shy 31
33 LA CO~GAUTE SERERE ---------------------------shy
331 Preacutesentation ----------------------------shy332 Leacuteducation les moeurs lES crOyanCES
et les pratiqUES seacuteregraverc -----------------shy
333 impact des ethos sur la lutte
dans le monde seacuteregravere --------------------shy
334 Le profil du lutteur seacuteregravere -------------shy
335 Comportement et attitude du lutteur seacuteregravere
336 La tenue du lutteur ou Ngimbe ---------shy
337 Larbitrage -----------------------------shy
3~
37
38
40
40
41
34 LA COMMUNAUTE TOUCOULEUR -----------------------shy
341 Preacutesentation ----------------------------shy342 Education moeurs croyances
et pratiques religieuses ----------------shy343 Activiteacutes ludiques et pratiques
sportives en milieu toucouleur ----------shy
344 Profil psychologique --------------------shy
42
43
~S
47
35 CONCLUSION -------------------------------------shy 48
IV AUJOURDHUI VERS DE NOUVELLES FORMES DE LUTTES ------shy
41 LA LUTTE TRADITIONNELLE AVEC FRAPPE ------------shy 50
V CONCLUSION ------------------------------------------shy
ln LI) 1 5 L bull 0 G R A PHI E -------------------------shy
52
Ce ~eacutemoire est une riflexion 3ur la lutte car ~lie apparatt sur le
continent africai~comme un phinomegravene social important Elle le doit
sans doute au fait que depuis le fond des temps elle est itroitement
associeacutee agrave la vie de lhomme Or en deacutecouvrant ses vestiges du passeacute
lAfrique confirme lhypothegravese d~tre le berceau de lhumaniteacute Il en
reacutesulte que sur ce continent la lutte y possegravede une longue tradition
et serait-il paradoxal de preacutetendre que lAfrique a acquis le besoin
de lutter qui cherche agrave se satisfaire selon des moyens congeacutenitaux
cest dans cette perspectiveque nOus approcherons la LUTTE SENEGALAISE
car il est admis que la preacutesence de lHomo-Sapiens en Afriquecircde lOues
remonte agrave plus de 10000 ans Autrement dit nos anc~tres ont reccedilu
lhistoire de la lutte et sa longue eacutevolution lieacutee agrave celle de la civili
sat ion
Nos premiers anctres pratiquegraverent la lutte utilitaire celle dont la
possession eacutetait neacutecessaire pour survivre dans un milieu hostile et
inquieacutetant agrave la fois pour se nourrir et pour se deacutefendre
En se regroupant en clans et tribus nos anc~tres modifiaient radicaleshy
ment leurs conditions dexistence certes ils eacutetaient mieux agrave
mme dassurer leurs besoins vitaux mais ils devaient faire face aux
rivaliteacutes qui ne manquegraverent pas de surgir entre les diffeacuterents groupes
Cette installation dun eacutetat endeacutemique de guerres ougrave le but eacutetait de
soumettre et de ravir ou de se libeacuterer et de reacutecupeacuterer transforma la
lutte en activiteacute martiale Ainsi se deacuteveloppa la science du combat agrave
mains nues celle qui permet de deviner lautre et de le surprendre en
deacutecidant et agissant plus rapidement que lui Mais il ny a pas si long
temps le corps agrave corps eacutetait leacutepisode deacutecisif de toute bataille
Gagnant en sagesse et en technique nos anc~tres saperccedilurent quil
existait dautres modes de vie que celle de vivre aux deacutepens de ses
semblables et progressivementiles temps de paix prirent le pas sur les
temps de guerre La lutte en perdant son utiliteacute ~ais non sa fonction
devint lobjet dlun rite initiatique Il eacutetait du devoir des anciens de
- ~
d~tre en mesure dassurer acirc 1 ur tour Id protection du ~roupe En
deve~ant contenu denseignement la lutte ecircvoluait acirc nouveau Elle
perdit son caract~re preacutepa=atoi=e et devenait ~ctivit~ d~ c0~pensa-
tion (1) Au-delagrave des techniques de mise hors combat qui devaient se
deacutepouiller de leur violence et des risques de dommages corporels on
visait une action formatrice sous un triple aspect physique caracshy
teacuteriel et moral
Puis survint le temps de paix durable celui ougrave leacutenergie eacutetait
essentiellement consacreacutee agrave produire des biens pour sa collectiviteacute
dappartenance Deacutesormais lhomme eacutequilibrait sa vie entre le travail
le repos et le divertissement Cest ainsi que la lutte se retrouva au
coeur des reacutejouissances populaires En se faisant ludique celle ougrave
lon joue agrave mesurer sa force sa ruse son agiliteacute sa bravoure bullbullbull La
lutte se speacutecifiait agrave nouveau en simbriquant aux moeurs aux coutumes
et aux croyances
Cette longue histoire commune du neacutegro africain et de la lutte expliqUE
qUegravecette derniegravere fait partie des traditions auxquelles il est le plu
attacheacute et ort heacutesite pas agrave parler de sport national mecircme quand elle
doit ceacuteder en populariteacute devant le foot-baIl
En Afrique toute activiteacute physique veacutehicule un message et la lutte
traditionnelle elle aussi se trouve impreacutegneacutee de valeurs socio-cultushy
relIes et il arrive quon lui assigne de les veacutehiculer et de les trans~
mettre Parler de lutte en Afrique deacutecouvrir sa signification et comshy
prendre son histoire consiste agrave montrer quelle participe aux eacutethos et
habitus de groupe comme nous proposons de le faire
(1) - CARR The survival values of play citeacute par CIAPAREDE dans Psychologie de lEducation et Peacutedagogie Expeacuterimentale Edition Delachaux et Niestle (244 pages)
iotre reacuteflexion se ci-conscrird au S-~sJl -t mecircle si le peuple
seacuteneacutegalais est o-igilaire de la volonteacute cocnmune due dizaine deacutethries
de vivre ensemble ~ous nous limitert~s 1 analyser les rapports quentr
tiennent les quatre grands groupes diola seacuteregravere toucouleur et wolo
et les styles de lutte correspondant
Nous entendons veacuterifier lhypothegravese quaux particulariteacutes ethniques
(mode de vie coutumes rites et croyances) correspondent des particushy
lariteacutes de lutte (signification valeacuteurs veacutehiculeacutees mode de pratique
regravegles dorganisation bullbullbull )
Ce meacutemoire consiste agrave reacutealiser une approche socio-culturelle du pheacutenomegravel
lutte en Afrique avec le secret espoir quil puisse servir de preacuteface
agrave lhistoire des diffeacuterents styles reacutegionaux que dautres ont commenceacute
agrave eacutecrire
gt Si nous devions justifier le choix dun tel sujet t tous les arguments
se regrouperaient autour dune meurome motivation recouvrir notre authenmiddot
ticiteacute
En premier lieu parce que nous adheacuterons totalement agrave ce souhait des
Pouvoirs Publics de mettre laccent sur une eacuteducation physique et spormiddot
tive qui tout en souvrant aux appels feacutecondants de la techniques
fondera son action dans les valeurs traditionnelles du pays La lutte el
tant que pratique eacuteducative et manifestation dessence collective est
bien placeacutee pour justifier cette tendance
Elle reacutepond aux aspirations dune eacuteducation physique et sportive qui
veut creacuteer les conditions de son deacuteveloppement et de qUumlI i~ertion dans
les habitudes sociales des populationsff(l)
(1) Travaux du IV~ C~n-r~s Sports de 2223 Avril 1981
WotrQ CCYVcftOl de llnteacute~t JiU W sectU~ e6t ~~pu_~ deacuteclarations de 2rsonnaliceacutes du monde sportif lLrlsi ce Ii1essage agrave lir shy
tention des dirig~ants africains
-ous ~ T beaucoup agrave apprendre de eus ous qui sans
cesse davantage oublions que leacutequilibre de lhomme veuc
quiL sinscrive harmonieusement t aussi bien dans la nature
que dans la civilisation deacutecouvrons que les Atricains nont
pas eacuteteacute initieacutes aux principes du sport et ses vertus au
contraire de maints pays europeacuteens par exemple aupregraves desquels
tout ou presque est agrave retaire agrave chaque geacuten~ration Lexercie
physique tait partie de la vie atricaine il est moyen de commushy
nication et de locomotion- (1)
Or la lutte constitue par excellence ce Veacutecu moteur que nous t1ansshy
mettons de geacuteneacuteration en geacuterieacuteration et ce patrimoine doit survivre agrave
toutes les agravegressions or iginaires dautres modes de civilisation dont
certains effets ne manquent pas de se faire sentir sur le devenir de la
lutte traditionnelle
A la preacuteoccupation de preacuteserver notre authenticiteacute sajoute celle den
assurer la deacutefense
Aussi au-delagrave de nOs analyses destineacutees agrave eacutetablir les rapports entre
modes de vie et styles de lutte nous nous poserons le problegraveme dune
codification objective de la lutte traditionnelle constituant la mise
en communauteacute des apports pertinents de chaque style reacutegional Ce style
national apparatt indispensable en raison de lavegravenement prochain dune
socieacuteteacute seacuteneacutegalaise nouvelle qui ne peut se b~tir que par un partiel
renoncement au passeacute et son contenu (2)
Enfin nous voulons faire partager notre ~nthousiasme gagner agrave notre
cause eacuteducateurs entratneurs de lutte les amener agrave reacutefleacutechir sur leur
pratique et peut-~tre les aider agrave tnseigner avec plus de coheacuterence cette
discipline pour le plus grand bien de notre jeunesse
(1) Bulletin n 91 du CIO du 15 AoOt 1965 - Page 15
(2) Cette preacuteoccupation semble ecirctre partageacutee par de nombreux pays afri shycains ougrave la lutte est de tradition on y pressent quagrave de nouveaux types de socieacuteteacute doit correspondre de nouveaux hlbitus En conseacutequence la lutte doit eacutevoluer Darlllegrave~1e1t SO3 pine d amptre in~niaterpnt l~l~dJl-J~ (Sw~JL~c~ ~ - 13 P~v~~L)ti-~l j Ld L~t~ cr~lJit0nn~l12
otgalisecirce pH la cmFJS - iJAKAR - lai ~~)
-5shy
II QUELQUES NOTIONS DE SOCIOLOGIE POUR UBE MEILLEUR~
COMPREHENSION DE LA LUTTE TRADITIONNELLE
Essayons dexpliquer simplement les termes ETROS et HABITUS et
ETHNOMOTRICITE pour la clarteacute de notre deacutemarche
ETROS dans sa deacutefinition premiegravere veut dire en parlant dun individu
lice qui distingue cet individu des autres (1)
En eacutetudiant cette signification dans le cadre de la sociologie on
entendra par eacutethos ethnique (eacuteducation croyance rite etc bullbullbull ) lenshy
semble des caracteacuteristiques dune communauteacute sociale
HABITUS QCe sont les habitudes et attitudes socialement acquises qui
sous-tendent et preacute-deacuteterminent partiellement les faccedilons de penser de
sentir dagir de tout individu et traduisent notamment le rapport quil
entretient avec son corps (2)
Dans le cadre de ce meacutemoire nous allons essayer de faire une approche
de la lutte traditionnelle sous deux angles dabord en leacutetudiant comme
habitus en tant que technique du corps et ensuite COmme habitus de classe
fonction du style de vie des individus et nous nous proposons dans cette~gt
partie de deacutefinir ces deux notions dhabitus
Marcel MAUSS dans une viseacutee anthropologique emploie ce terme dune maniegravere
tregraves large pour rendre compte des faccedilons dont les hommes socieacuteteacute par
socieacuteteacute dune faccedilon traditionnelle savent se servir de leur corps Ces
habitudes varient avec les individus et leur imitations elles varient surshy
tout avec les socieacuteteacutes les eacuteducations les convenances et les modes les
prestiges
Analysant de multiples techniques du corpsll la marche la course la nage
le beacutechage le saut la danse et toutes les techniques corporelles en geacuteneacuteshy
ral (techniques alimentaires sexuelles de soins de repos bullbullbull ) MAUSS
insiste sur le fait que celles-ci ne sont pas naturelles mais acquises
(1) PIERON Henri Vocabulaire de la psychologie 2egraveme eacutedition revue et augmenteacutee PUF 1957 page Ill
(2) POCIELLO Christian Sport et Socieacuteteacute Approche sodo-culturelledeacutell pratiques Paris Vigot 1981 pages 78-79
La notion dethnomotriciteacute part dune constatation
- la grande diversiteacute des caracteacuteristiques preacutesenteacutees par les pratiques
corporelles en fonction de leacutepoque du lieu des groupes elle teacutemoigne
de linfluence despotique des normeS et des valeurs sociales sur la mise
en jeu du corps
Dougrave sa deacutefinition
Le champ et la nature des pratiques motrices envisageacutees sous langle de
leur rapport agrave la culture et au milieu social au sein desquelles elles
se sont deacuteveloppeacutees (1)
Conseacutequence le contrat ludosportif est aussi un contrat social il
reflegravete la faccedilon dont une socieacuteteacute aime agrave se penser agrave se repreacutesenter bullbullbull
et accepte de se donner en spectacle
Lethnomotriciteacute donne naiss~nce agrave deux sortes danalyses
- lanalyse synchronique -ou eacutetude spacialeshy
de type interculturel agrave hagravebitus diffeacuterents styles de vie divergents
de type intraculturel apparition dhabitus de classe et de pratiques
distinctives
- lanalyse diachronique -ou eacutetude temporelle- ou eacutevolution sur une longue
peacuteriode des pratiques motrices pour une cateacutegorisation dindividus
Cette hypothegravese de lenracinement social de la motriciteacute est une atteacutenuashy
tion des explications psychologisantes consideacuterant lindividu indeacutepenshy
damment de son environnement et sexprimant en termes de goQts motivations
() PARLEBAS pierre Contribution agrave un lexique commenteacute en Science 4e laction motrice Paris Publication INSEP 981 322 pages
AicircAgraveLYSE CES iJFrADES iDe I LES EN flA TIERE
DE PRATIQUE DES SPORTS DE Oicirc-itlAT
Objet Veacuterificat~on de la theacuteorie de lhab~tus
Hypothegravese En raison de son histoire de ses speacutecificiteacutes des valeurs
symboliques dont on linvestit une pratique sportive est en faveur aushy
pris dun groupe de pratiquants en fonction dattentes de niveaux dexishy
gence de fierteacute dappartenance qui sont socialement et culturellement
deacutetermineacutes
Il sagit en quelque sorte danalyser les goOts et les motivations des
sportifs en rapport avec leur condition sociale et le sentiment attachi
agrave ce statut
Remarque Cette analyse sera meneacutee en fonction des classes sociales et
non agrave partir de cla~se dage ou encore de classe socio-politique comme il
est dusage pour toute reacuteflexion sur notre socieacuteteacute trJditionnelle
Cette particulariti provient du fait que nos enquites ont iteacute effectueacutees
en milieu urbain -en raison des problimes de temps et de moyensagrave Dakar
et agrave Thiis pour itre plus preacutecis et il est deacutesormais hasardeux de preacuteshy
tendre y retrouver les structures traditionnelles c~e on pourrait le
faire en milieu rural
Par classe sociale et nous inspirant de la notion marxiste -deacutefinition
du rapport aux moyens de production- nous entendons la distance_dun
groupe social aux postes de deacutecision et de responsabiliteacute Plus cette
distance est grande moins le statut eacuteconomique est eacuteleveacute
Nous distinguons quatre (4) classes sociales car au niveau dune telle
analyse nous ne pouvons preacutetendre agrave la finesse de discrimination indiciaire
de la Fonction publique par exemple
r~partieuml
come il egravest rsectc eacute dans 1 ablea~ ci-dessous
CATEGORISATIONGROUPE EXEMPLE DE FONCTIONADMISE
Administrateur civil - Ingeacutenieur - Meacutedec ilCadre supeacuterieur1 Officier - Professeur
Instituteur - Mattre dEPS shy2 Cadre moyen Secreacutetaire - Technicien
Chauffeur - Militaire Policier3 Cadre subalterne shyPatron - Artisan
Artisan - Cultivateur - Ouvrier temporail4 Non cadre Pcheur
Conditions denqute Six (6) sports de ~ombat sont officiellement
pratiqueacutes Ils possegravedent une structure para-eacutetatique de gestion de contr
ce sont
3 sports de preacutehension - JUDO - LUTTE LIBRE TRADITIONNELLE - LUTTE OLYMPIQUE
2 sports de percussion - BOXE ANGLAISE - KARATE
sport mixte - LUTTE TRADITIONNELLE AVEC FRAPPE
Pour chacun de ces sports 50 pratiquants ont eacuteteacute interrogeacutes sur leur
statut socio-eacuteconomique avec la discreacutetion et la prudence quexige ce
genre de question
Cette enqute sest deacuterouleacutee dans les conditions suivantes
JUDO
Lieu DAKAR - Clubs USTD - DUC - FJAKS - DOJO HOMAR DIENG
Date du 020J84 au 28-05-84
Circonstances Les principaux inteacuteresseacutes eacutetant la plupart sur le tatami
pour lentratnement il fallait souvent attendre la fin
de lentratnement uumlur pouvoir avoir une ou deux entreshy
vues de sorte qu~ le~qu~te a pris beaucoup plus de
On constate que le no~bre de p=a~iq~~-ts ~st ~eauccup plus importd~t dans
les groupes 2 et 3 - Il es ~oindre dans les grQupes 1 et 4
LUTTE LIBRE TRADITION~~LLE
Lieu Dakar - Thiegraves bull Aregravenes Landing DIAME - Ecurie Seacuteregravere (pregraves de
lautoroute) Lutteur diola - toucouleur - Entratneurs - encadreurs
de diverses eacutecuries Stade Iba Mar DIOP - Aregravenes de Pikine et de
Thiegraves - CNPES - INSEPS
Date du 040284 au 020684
Circonstances Elles sont parallegraveles car les pratiquants semblent beaushy
coup plus disponibles que dans les autres disciplines Notre travail
parfoi~ peacutenible en raison de la diversiteacute des ethnies repreacutesenteacutees
et la traduction n1est pas toujours aiseacutee
Observations
Nous constatons que la lutte libre traditionnelle est plus pratiqueacutee
par les groupes 4 et 3 que par les groupes 1 et 2
LUTTE OLYMPIQUE
Lieu CNPES - INSEPS - Iba Mar DIOP (Equipe Nationale) - DUC
Date du 040284 au 020684
Circonstances Les conditions sont meilleures dans la mesure ougrave le
hasard a fait que pendant cette peacuteriode leacutequipe nationale soit
en regroupement et ceci nous a permis d-interroger un nombre
important de lutteurs de grand renom
Observations
En raison du petit nombre de pratiquants r~guliers lenquecircte ne porle
que sur 2S personnes Arbitrairement pour les besoins de comparaison
les raisons de comparaison les reacutesultats cbtenus sont multipli~s par 2 bull
BOXE A~~GLISE
Lieu Iba l-ar DIOP - ASFA - ASFPO - SC -ASC JJAF - ASC lA
ugraveate du 201283 au 020684
~E~~~~E~~~~ Ici nous ferons la mecircme remarque que pour le Judo
Notons que toute lenquecircte a eacuteteacute faite agrave Dakar
Observation
La boxe recrute ses pratiquants surtout dans les classes 3 et 4 et
on note que le nombre de pratiquants nest pas aussi important comme
dans les autres disciplines
KARATE
Lieu YUKOKAI KARATE CLUB - SAMOURAI KARATE CLUB - Iba Mar DIOP
CLUB DE GIBRALTAR - ASFA - ASFA - ASFPO - GM Thiegraves
Date du 201283 au 020684
SE~~~~E~~~ Notre enquecircte se passait dans une ambiance sympathique
de camaraderie Geacuteneacuteralement apregraves la seacuteance dentratnement
Observation
Nous constatons que la distribution des pratiquants bien que favorisant
les groupes 2 et 3 semble plus homogegravene que dans les autres disciplines
~ LUTTE TRADITIONNELLE AVEC FRAPPE
Lieu Ecurie de Fass - Ecurie des Seacuteregraveres - Ecurie Mermoz
- Ecurie des Casamanccedilais
Date du 04-02-84 au 020684
Ccedilj~9~~~aEccedil~ Il est agrave signaler que cest la discipline ougrave l~ contact
avec les pratiquants a eacuteteacute plus difficile les speacutecialistes qui~ la plushy
part du temps semblent meacutefiants quand on commeucircce agrave leur poser des quesshy
tions preacutecises sur leur revenu mensuel
2 -liCc 055cllt le lle11ent SegraveS praLicltants dans le ba
de lecirc~helle ces~-agrave-dire dans le ~ruumlupe 4
~ecircsultats
Les reacutesultats enregistreacutes sont reacutecapituleacutes en nombre et en pourcentage
-agrave lapproximation pregraves- dans le tableau ci-dessous
LUTTE 1 LUTTELUTTEGROUPES BOXE KARATE JUDO AVEC OLYMshySIMPLE i i FRAPPE PIQUE
1 11 1 1 1
1 11 1 1 1 11 0 1 0 8 1 16 9 1 18 4 1 8 0 1 0 7 1 14
1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1
1 11 1 1 1 1 12 3 1
1 6 21 1
1 42 22 1 44 6 1 12 4 1 8 17 1 341 1
1 1 1 1 1 1 1
1 1
1 1 1 1 1
3 22 1 44 13 1 26 15 1 30 16 1 32 5 1
1 10 10 1 20
1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1
1 1 1 11 1 1
14 25 1 50 8 1 16 4 1 8 24 48 41 1 1 82 16 1 321 1 1 1 bull 1 1 1 1 1
1 1 1 1 1 11 1 1 1 TOTAUX 50 1100 50 1100 50 100 50 pOO 50 pOO 50 1100
1 1 1 1 1 1 1 1 1 1
Afin dG failiter la lect~~e je c~ table3~ t ~2 re~dre sig~ific~tives
s info~~ations quil contient ces difteacutere ts reacutesultats nu~eacuteriques
peuvent ecirctre formuleacutes selon des repreacutesentations graphiques
1 Clientegravele des Sports de combat
FIGURE l
Il apparatt nettement que les sports de combat recrutent essentiellement
dans le bas de la hieacuterarchie sociale ce sont des sports populaires don
propices agrave une massification de la pratique
Toutefois on peut nourrir quelques inquieacutetudes pour que soient reacuteunies
les conditions de leur deacuteveloppement en raison du faible statut quils
possegravedent au regard defllintelligentsia seacuteneacutegalaise
2 Hieacuterarchisation des gants sportifs en matiegravere de sport
de combat au sein des cadres supeacuterieurs -Groupe 1shy
FIGURE I[
La f-appe est honni aucl1 pratiqua1t de boxe Olt de lutte avec frappe
agraveUloins quelle fasse lobjet dune stylisation cxtrecircme COTIme cest le
cas dans le karateacute Ce groupe manifeste un seuil extrecircmement bas de toleacuteshy
rance agrave la violence ce qui explique les discours infamants degraves que la
lutte avec frappe est secoueacutee par quelques excegraves Leacuteopold Seacutedar SENGHOR 1
navait-il paS deacuteclareacute que cette forme de lutte eacutetait une atteinte permashy
nente agrave limage de marque du Seacuteneacutegal
Bien quil soit difficile de proposer une explication unique curiositeacute
esprit douvetture permeacuteabiliteacute aux modes bullbullbull les repreacutesentants de ce
groupe adoptet facilement des sports importeacutes 85 des goOts pour le 1
Judo le Karateacute et la Lutte Olympique qui pourtant est bien peu pratishy1
queacutee au Seacuteneacutegfll j
Faut-il en deacuted~~re une attitude geacuteneacuterale favoris~agrave tout ce qui provient
de leacutetranger
Nous nous refu~ons preacutesentement agrave ce genre dexplicationJ ne ser~it-ce que
par ses conseacuteqJences sur notre sport national dont les perspectives appashyj
raicirctraient bie sombres
Admettons que la pratique de ces disciplines sont en rapport avec des
deacuteterminants eacuteconomiques et que ceux-lagrave sont un frein P4ur la popularisashy
tion de ces pratiques A lappui de cette interpreacutetation~ il suffit de
composer le champ social du Judo et celui de la Lutte libre traditionnelle
--== G J
32
LUTTE SIHPLEJUDO FIGURE JI(
Le groupe 2 qui manifeste un inteacuterecirct reacuteel pour les sports de combat -pregraves
de 25 iuml de la population i~tervieweacutee- et qui p6ssegravede les ~oyens de choisir
ses pratiques opte massivement pour le judo CDnme lexprirre le rapport de
agrave 4
- shy
A la lumiegravere de cette succi~te analyse des demandes sociales en matiegravere
de pratique des sports de combat nous pensons recouper la theacuteorie de
lhabitus selon BOURDIEU qui veut que des hatitus diffeacuterents impliquent
des styles de vie divergents si lon entend par style de vie un systegraveme
de pratiques classeacutees et classantes(I)
La mutation de la socieacuteteacute seacuteneacutegalaise celle du milieu urbain se caracteacuteshy
rise par lapparition despaces sociaux qui sont en rapport avec des
espaces culturels Il en reacutesulte des pratiques distinctives comme
lexprime le pogam
En effet si les cateacutegories sociales existent et si chaccedilune delle exprime
une marque sur les conduites des sujets il est naturel ~e penser que des
pratiques1 sportives servent de modegraveles distinctifs et detrsymbOles dorgashy
nisation ieacuterarChique dans la socieacuteteacute exprimant les dif eacuterentes clas8eamp(2)
Ces const4tations ont dimportantes implications sur leeacuteveloppement et
lavenir des pratiques Si dans notre IIIegrave partie nous 1tenterons de 1
mettre en rapport les particulariteacutes ethniques avec les pluraliteacutes de
style de lutte nous parlons presque au passeacute Une IVegraveme partie devra
e~visager la situation actuelle de la lutte afin de pouvoir eacutemettre
qu~lques hypothegraveses sur son devenir
Cest auss~ une ambition de ce meacutemoire daider ceux qui sinteacuteressent reacuteellE
ment agrave la lutte de savoir entendre au travers des deacuteclarations normatives
et apologeacutetiques Nous ne doutons nullement de la conviction ou de la bonne
foi de leurs auteurs mais parmi les possibles il yale probable et seul
ceiui-lagrave meacuterite decirctre retenu car plus proche agravee la recirc~liteacute
(I) BOURDIEU pierre La distinction Les Editions de minuit 1979 page 191
(2) Le POgdlt Deacuterrocratisation du sport ythe (u reacutealiteacute
- 1f shy
j j l IlL DL l H L S DE
3 1 LA COll1ŒNAUTE DIOLA
311 Preacutesentation
Les diolas vivent dans la reacutegion de Casamance et repreacutesertent 9 de la
population totale du Seacuteneacutegal Ce sont geacuteneacuteralement des cultivateurs de
riz et des artisans Cependant on peut les trouver aujourdhui disperseacutes
dans toutes les capitales reacutegionales affecteacutes agrave divers meacutetiers militaire
gendarme fonctionnaires de lEtat ouvrier etc bullbullbull
Dans les villes la plus grande partie des diolas vit dans les qoartiers
populaires Par exemple agrave Dakar on les trouvera agrave Colobane agrave Fass agrave
Grand Yoff ou agrave Khar Yalla La plupart du temps cesDnt des artisans et des
ouvriers du secteur priveacute qui vont essayer dune maniegravere ou dune autre de
vivoter en bricolant deci de lagrave Mais mecircme loin de la Casamance cette
ethnie conserve une grande partie de ses caracteacuteristiques et plus partishy
culiegraverement la solidariteacute ethnique qui veut que les Diolas forment toujours
un bloc bien soudeacute quand le besoin se ifait sentir et cecisans discrimishy
nation de rang social Ainsi tous lesdiolas de Dakar se mobilisent pour
supporter le Casa Sport chaque fois qbe cette eacutequipe de foot-baIl vient
jouer agrave Dakar Cette mobilisation se fera aussi dans le cas ougrave leur chamshy
pion de lutte Mamadou SAKHO livre uncombatimportant
Lethnie diola est diviseacutee en trois sous-groupes
- les dio1as Fogny de Bignona
- les diolas Kassa autour dOussouye
- les diolas Blouf dans la preacutefecture de Tendouck
Mais en lutte on a pris lhabitude ~e les grouper en deux zones dune
part le Kassa qui preacutesente des particulariteacutes et dautre part lE Fogny
et le Blouf
- J 7 shy
3 ) 2 ~U(lquE5 aspects d~ l~ducatio~ ~t des rit~s en milieu diol~
L eacuteducat ion veacuteritable de lenfant diola est sociale et ne se corlprend
que dans la relation sociale elle deacutepasse de loin le strict cadre
famililal Elle commence au stade de lapprentissage du langage
Lenfant apprendra agrave reconnattre le langage du regard de ses parents
Il doit connaicirctre et faire la diffeacuterence entre un regard approbateur
et un regard qui blacircme De mecircme il doit apprendre agrave faire les gestes
de la tecircte qui expriment lapprobation En aucun cas lenfant nest
laisseacute agrave lui-mecircme Aura-t-il deacutesobeacuteit par complaisance naura-t-il pas
eacutecouteacute ou fait attention aux recommandations reacutepeacuteteacutees plusieurs fois
sans reacutesultat il fera lobjet dune punition corporelle avec la chicotte
Elle a pour effet de faire mal au corps de lenfant afin datteindre son
acircme sa sensibiliteacute et instaurer en lui une sorte de 1iaision de la
meacutemoire du mauvais comportement agrave la douleur quen voulant eacuteviter la
douleur il finit par eacuteviter le mauvais comportement en tout cas den
prendre conscience degraves cet acircge Cest une meacutethode deacuteducation mora1e (])
i 3121 Leacuteduca~ion maternelle
1
Notre eacutetude nous a montreacute que mecircme de nos jours leacuteducation diola
conserve encore ses caracteacuteristiques traditionnelles au niveau des rites
des moeurs des habitudes des principes et des normes
Leacuteducation de lenfant reste lune des plus rigoureuses Elle commence
degraves le plus bas acircge car pour le dio1a on ne peut redresser une personne
adulte donc autant leacuteduquer tregraves jeune Jusquagrave lacircge de trois ans
lenfant sera encadreacute par sa megravere qui bien queacutetant tregraves douce fait
preuve daucune indulgence Elle lui apprend les interdits de la communaushy
teacute respecter son prochain ne pas insulter ni profeacuterer de gros mots surshy
tout en preacutesence de grandes personnes ni faire violence agrave autrui
Plus terd v~rs cinq ou SlX ans le jeune garccedilon est initi~ a~x travaux
ces cna~ps des rizi~r~s cles pal~eraiEs ce Gui ne manquer6 pa5
davoir ces rEpcrcussic~s sur SOn deurovelopperncnt morpholoique
- 1( shy
3122 La circoncisio~
cest un rite obligatoire Il a pour but dintroduire le garccedilon dans
la communauteacute des hommes en tant que responsable Cest un rite qui
laisse une trace indeacuteleacutebile dans la vie du jeune diola Les principes
de la vie en socieacuteteacute y sont enseigneacutes agrave fond Le rite de la circoncishy
sion preacuteseuro~teuro uneuro forme p~lticul do~t s~uls les diolas connaissent
lorganisation internecar la circoncision est agrave la fois une eacutepreuve
physique intellectuelle et morale
Cette circoncision en milieu diola se passe dans le bois sacreacute En ce
lieu les Njoulis (circoncis) sont encadreacutes par des mattres les
Kintangs et au-dessus de ces mattres regravegnent un ecirctre doteacute de faculteacutes
occultes il sagit du Kankourang Le kankourang a cette capaciteacute de
disparattre de voler quand bon lui semble Il incarne la justice et la
violence et assure la protection de ses disciples contre les mauvais
esprits Ainsi le kankourang incite agrave lobeacuteissance et agrave lordre dans
cette socieacuteteacute Dans la tradition diola le kankourang repreacutesente un
pouvoir mystique capable de choses extraordinaires dont la socieacuteteacute
moderne avide de raisonnement ne pourra trouver une explication Au
cours de la circoncision les initieacutes subissent un certain nombre
deacutepreuves physiques que le diola appelle samasso Il doit se soushy
mettre agrave lensemble de ces eacutepreuves consideacutereacutees comme indispensables
agrave sa formation pour lui permettre de juger ses capaciteacutes physiques
mais eacutegalement deacutepouver sa valeur intellectuelle morale et sociale
Il pourra aussi se mesurer aux autres dans le domaine de la consideacuteration
et du respect En quittant le bois sacreacute le jeune doit posseacuteder une
grande partie des qualiteacutes humaines et socisles quil faut agrave un howmE
pour vivre en harmonie avec la socieacuteteacute traditionnelle Il serait bien
sOr possible dans le cadre dune eacutetude plus approfondie de parler de
bien dautres rites et pratiques traditionnelles
Notons cependant que le rite de la circoncision appartient aux anc~t~es
et que dans les villages reacutecents ougrave les structures ont changeacute on ne
Jeux jours avant la re~trfE cans le bois sacr[ les adolescents so~r
-
- Jo shy
por lE diola 11-071- doit rester en harrc1iE avec lE
tal lanimal lui-mecircme les ancecirctres les geacutenies Le rit~ du rasdge co~sist~
acirc ~loigner la ~alchance de lenfant Si l~ ritE nest pas respecteuro eumlr es
parents du futur initieacute celui-ci connaicirctra la malchance pendant toute sa viE
Ce rite a aussi pour faculteacute deacuteloigner le mal et de preacuteserver lenfant des
mauvais esprits
Le rite de leau sacreacutee se fait un jour avant lentreacutee dans le bois sacrEacute
Les femmes doivent se garder davoir le moindre contact avec leau beacutenite
pour se preacuteserver des conseacutequences facirccheuses qui pourraient en reacutesulter La
tradition veut quune seule goutte soit capable de deacuteclencher lavortement
l chez la femme enceinte de rendre steacuterile la jeune fille ou de provoquer des
menstrues perpeacutetuelles chez la femme ayant atteint la meacutenopause bull
bull Le rite de la forge protegravege le futur initieacute pendant son seacutejour dans le bois
sacreacute Mais cette protection seacutetend bien au-delagrave et de rite veut que toute
personne qui y faillit soit condamneacutee agrave devenir leacutepreuse
Pendant plusieurs semaines les jeunes initieacutes subissent une formation capishy
tale qui fera deux des hommes complets
313 Croyances et pratiques mystiques
Si nombreux sont les diolas convertis au Christianisme ou agrave lIslam leur
foi napparatt jamais incompatible avec leurs croyances animistes Lhisshy
toire des rois et reines diolas nous reacutevegravele quils eacutetaient les ffprecirctres fl de
ces cultes feacutetichistes destineacutes agrave maintenir la fertiliteacute et agrave provoquer
la chute des pluies De nos jours existent encore des socieacuteteacutes secregravetes agrave
base religieuse ou magique la plus redouteacutee eacutetant lassociation neacutecrophashy
gique Kousanga des Floup (1)
Deux fafu expliquent la coexistence du dogme et de la croyance
le contact tardif de la socieacuteteacute diola avec les civilisations eacutetrangegraveres
et leacutevangeacutelisation ou lislamisation quelles veacutehiculaient Il e~ reacutes~lt~
une importance des traditions leur reacutesstance agrave une remise en questic~ ce qui confegrave~e agrave la socieacuteteacute diola un caractegravere conservateur
r~c~~i]EE 2~fr~~ ~c - t
ct ~Cc egraveE~ Cimiddotilisatilaquo~ eacute
la neacutecessiteacute de lanimisme consiegraveeuroreacute comme base de toutes legrave~
religi0~s uumlegrave serait-ce que corr~e tentative ciexpliquer li1explishy
cable en se repreacutesentant en particulier comme un ensemble de puisshy
sances mystiques Ainsi pour lanimiste agir sur la nature cest
intervenir psychologiquement aupregraves de ceLX qui la gouvernent
314 Imeact des moeurs sur la prat~que de la lutte diola
Lorigine de la populariteacute de la lutte eugrave milieu diola est par trop
impreacutecise aussi nous nous limiterons agrave en donner la signification
actuelle La lutte apparatt dabord comme un moyen privileacutegieacute deacutedushy
cation
- sur le plan corporel afin de deacutevelopper la force lagiliteacute la
rapiditeacute et la souplesse
- sur le plan moral afin de deacutevelopper les vertus caracteacuterielles
courage tenaciteacute digniteacute bullbullbull neacuteces~aires agrave laction
Mais la lutte apparatt aussi comme un mpyen dinteacutegration sociale car
le jeune diola qui se refuserait agrave se sbumettre agrave leacutepreuve de la lutte
encourrait un isolement alors que celui qui excelle en bravoure devient
rapidement populaire Dougrave ces affrontements agrave linteacuterieur dune classe
dige qui tout en restant un moyen de reacutejouissance servent eacutegalement
agrave eacutetablir des comparaisons
Nos observations et nos interviews confirment le caractire tris physique
de la lutte diola immeacutediatement les lutteurs sont au corps agrave corps et
les techniques consistant agrave aracher ladversaire priment sur toutes les
autres Exprimer sa force est une preacuteoccupation constante il suffit pour
sen persuader de voir le groupe de lutteurs peacuteneacutetrer dans laregravene au son
du Born bol on que rythme le claquement de mains des femmes
C~tte da~se est une deacutebauche dAnegie Ougrave les lutteurs pieacutetin~Ert avec
force L sol
i shy
3141 EorphologUgrave et valeur physiques du lut teur diola
Le lutteur diola possegraveagrave~ un deacuteveloppement caracteacuteristique du trai~
supeacuterieur et de la musculature doso-lombaire Ceci est tregraves certaineshy
ment lieacute au maniement de la houe de la daba et surtout dukadiando
dont lusage permanent a modeleacute la morphologie du lutteur diola
La valeur physique de ce lutteur semble reposer sur sa force sa
reacutesistance mais aussi sa rapiditeacute
3142 Reacutepertoire technique
Dans le Blouf la forme du corps la plus utiliseacutee est le deacutecalage souvent
combineacute avec un crochet de jambe (gal gal) ceci semble ecirctre lieacute agrave
lutilisation quotidienne dans les riziegraveres du kadiando Le paysan du
Blouf sera ameneacute agrave faire un mouvement de torsion pour deacutecalerlinstrushy
ment enprenant appui sur son genou et ceci continuellEment pendant toute
la jourpeacutee Chez les diolas du Fogny le kadiando eacutefait surtout utiliseacute
par les femmes qui soccupaient autrefois exclusivement de la riziculture
et ce n~est quaujourdhui que les hommes cultivent le riz 1
La principale culture dans le Fogpy est celle du mil on y cultive aussi
de larachide De ce fait loutil le plus utiliseacute est le donkoton qui
est un instrument tregraves petit avec un manche court et dont le maniement
expliquerait peut-ecirctre leacutetonnante musculature du train supeacuterieur et surshy
tout de la zone dorso-lombaire du 4i6la fogny qui excelle dans les techshy
niques en force genre arracheacute avec les bras sur contrOle de la ceinture
de ladversaire Lulisation du donkoton semble eacutegalement expliquer la
garde tregraves basse du lutteur fogny
Dans le kassa on aurait pu trouver la mecircme forme de lutte car la morphoshy
logie du lutteur est agrave peu pregraves la mecircme mais linterdiction formelle de
la prise du ~gimbe modifie et limite tout le repertoire technicult2 ou
lutteur Le lutteur kassa adopte une garde basse et agrave une preacutefeacuterence pc~r
legraveS tc~-iccedilues n passa~ dessous - - ~ shymiddotmiddotcrc t--=~ c-
----
contact et agrave partir de ce TtoTteuront ils peuvent se relever et conti~uEr
en lutte debout jusquau terrassemen~
Toutes les gardes sont rapprocheacutees en milieu diola
irbi trage
Les combats sont arbitreacutes par un deacuteleacutegueacute geacuteneacuteralement anClen lutteur
Ces anciens lutteurs ont pour rocircle de veiller au bon deacuteroulement du
combat La victoire est deacutecreacuteteacutee dans les cas ougrave un des lutteurs se
retrouve en position assise sur le ventre sur la cuisse ou les
genoux (sauf dans le Kassa)
Il existe un autre mode de victoire celle qui est proclameacutee agrave la
suite dune supeacuterioriteacute eacutevidente du~ des lutteurs A savoir quand
un lutteur soulegraveve tregraves haut son camarade et que son manager estime i
quil est pratiquement battu il peut arrecircter le combat en touchant
dabord le lutteur adverse popr eacuteviter que son lutteur ne soit terrasseacute
tregraves fOrt Nest-ce pas un deacutecision sage des managers qui peut contribuer
agrave maintenir le caractegravere reacutecr~atif de la lutte joola 1
La victoire dun village sur un autre village ne se mesure pas au
nombre de victoires obtenues par lensemble des lutteurs En effet
il suffit que le champion soit battu pour que le village soit consideacutereacute
comme deacutefait Ce qui explique limportance et le seacuterieux que le village
accorde agrave la preacuteparation des championsl)
Il est cependant important de signaler que larbitrage dans les centres
urbains revecirct une iautre forme beaucoup plus codifieacutee et cest peut-ecirctre
une des raisons qui font quen milieu urbain la lutte diola perde une
partie de son originaliteacute
En dehors des techniques speacutecifiques agrave chaque sous-groupe il faut
signaler quil y a une multitude de prises et quelGues formes de corps
comTIunes agrave letnn Car reconnaissons qu il cO unE ror-euro approp=i~eacute
dE ~ouvane du l~tteur diola en TaI
-----~-----
LE tableau ci-dessous se propose dE reacutesumer les diffeacuterentes consideacuteshy
rations techniques envisagEacutees dans cette partie
FORlŒSSOGS-GRGUPES 1 COItltOLE GA~JESDt CORF=
i ~
1 1
Passage dessous de jambes et BassE KASSA saisies Moyenne1annexes bras (rapprocheacutee)
ceinture tecircte
Deacutecalage de Moyenne et BLOUF Demi-souplesse Ngimbe
HauteHancheacute Bras (rapprocheacutee)
Jambe
Arracheacute CouFOGNY Tregraves basse
Hancheacute ii 1
1 1
3 14 3 bull LeIIa~~jueetlecom~ortementdulutteur-+iola
1 Le comportement et lattitude du lutteur dans laregravene pe sont en fait
t
que le reflet de sa psychologie et plus partiCUliegraverem t de son eacutetat
dacircme Or il napparatt pas abusif deacutetablir des cor eacutelations entre
le psychisme dun individu et lempreinte eacuteducative quil a subie En effet en sortant du bois sacreacute le jeune diola a acquis un ~ca~~l
eacutequilibre physique et mental
Cette matrise de lui-mecircme permet au lutteur dans la~egravene dadopter
un aire enjoueacute de manifester beaucoup denthousiasme~ La lutte devient 1
essentiellement un jeu laspec ludique y est privileacutegieacute et ~ela influe
sur le comportement du lutteur
Ainsi queurolq~c soit limporta~cE de le~je~ le lutt~c~ dic1e Seuroreacute
to~jours serein et s~ livrera sa~s arri~re pe~s6e da~$ ~E CO=beacute ou-
tons que le lutteur diola est trecircs fair-play et sil arrive quun rdnd
lll L COIicircilU1Ul L ULOF
32 J Preacutesentation
La soc tEacute wucirc10f est celle qU1 a eacuteteacute la plus marqueacutee par la colonisation
~~ fait peut-gtre de sa position geuroographiquE dune part ct de 50~ imporshy
tanCE sur le plan dfmographiquE dautre part En effEt ceurootteuro CC-~ucircautE
wolof repreacutesente environ 20 de la population seacuteneacutegalaise
Elle est constitueacutee de pecirccheurs (ce sont les leacutebous) dagriculteurs de
fonctionnaires de lEtat mais surtout de commerccedilants
A pqrtir de leur reacutegime dimplantation le Cayor le Walo le Baol le
Djolof et la presquicircle du Cap-Vert les wolofs ont tendance agrave irradier
sur lensemble du territoire sous leffet de leur speacuteculation agrave la culshy
ture de larachide et du nombre important de fonctionnaires quon trouve
dans cette ethnie
322 Les moeurs et croyances wolofs
Bien queacutetant en grande partie des musulmans convaincus les wolofs
conservent toujours une croyance animiste et continuent agrave faire des
sacrifices agrave porter des cornes ou des morceaux de bois agrave la ceinture
aux jambes ou aux bras et agrave croire agrave lexistence des Djinneacutes et des
Raps bull
Le Djinneacute cest une creacuteature malfaisante en geacuteneacuteral capable de choses
extraordinaires Il possegravede des faculteacutes surnaturelles Cependant dapregraves
la croyance animiste certains Djinneacutes peuvent ecirctre bons
Le Hapl cest une creacuteature ayant des dons occultes appartena71t agrave une
famille ou agrave une communauteacute et dont le rOcircle est de veiller cu daider
les reCJrES de le fai11p ou dt la conmunauteacute en cas de da1gel Le Rap
~ ut te c ) ~~c-
ei sltcificE cJ sanl dE meut0 dL chat de pC)wleurot 5E1lt les conveuroshy
lances parfois leur dorner COrllTe offrande du lait Laii
Qua1d une famille ou une communauteacute neacuteglige les Sarakh (ici dans
le sens de sacrifice ou Offrande) elle se voit aussitocirct vouEacutee agrave la
maleacutediction des mauvais esprit~ (fcllec dans touteacuteS lEs ~treprises
de la vie maladie mort bullbullbull ) Les lieux ougrave habitent ls Taps et ougrave
se font les sacrifices se nomment Khambs
Geacuteneacuteralement le khamb se trouve dans lenceinte de la maison ou
dans un coin approprieacute du village Les lieux du khamb sont marqueacutes
par la disposition de calebasses de pilons de morceaux de poterie
briseacutes de grosses pierres de cornes et dautres objets heacuteteacuteroclytes
La superstition wolof est tregraves marqueacutee En effet pour le wolof toutes
les manifestations quotidiennes trouvent leur signification dans le
mysticisme Citons agrave cet effet quelques ezemples Une femme enceinte
ne doit pas marcher agrave nimporte quelle heure de la journeacutee Certaines
heures de la journeacutee lui sont interdites le Timiss (creacutepuscule
le Ndjo~or (de 13 H agrave 14 H de lapregraves-midi) le souf-segravede (de
minuit i4 H du matin) Selon la tradition ~t la croyance wolof les
mauvais ~sprits choisissent ces heures pour jeter des sorts Et la
femme enceinte eacutetant tregraves vulneacuterable le Djinneacute essaiera de lui insufshy
fler son souffle pour atteindre son beacutebeacute afin dentratner soit la
meacutetamorphose de cedernier en monstre soit de le tuer avant sa naissance
Dailleurs pour le wolof et pour certaines autres ethnies au Seacuteneacutegal
le timis le tdjolor le souf-segravede repreacutesentent des peacuteriodes de
la journeacutee ougrave lon ne doit pas se hasarder dans les rues et les champs
Ce sont des heures propices aux apparitions des Djinnes sous nimporte
quelle forme humaine ou animale
Il est eacutegalement interdit au wolof de marcher ou de serti la nuit du
~eacutellfria-
loutes c~s pratiques ~ystiqu~s et cr0ya~ces religi~us~5 ~xistent eL~~[
certainement dues agrave un meacutetissage culturel Parallegravelement aux feacutetiches
aux incantations et agrave lutilisation des safaras (substance magique)
notons lexistence de ga l a tchs (ce sOnt des talismans ougrave sont inscrits
du qui les porte Toutes ces croyances biEn sucircr auront une rEacutepercussicrI
sur leacuteducation du jeune wolof
323 Leacuteducation du wolof
Pour caracteacuteriser leacuteducation wolof nous avons penseacute donner comme
illustration cet extrait de la revue DEM ak TEY Pour deacutefinir leacutedushy
cation le wolof fait appel agrave un symbolisme qui eDglobe aussi bien les
moyens mis en oeuvre Yar que le reacutesultat obtenu agrave laide de ces mecircmes
moyens cest-agrave-dire la formation et le deacuteveloppement de lecirctre humain
ou Yaru
Le substantif Yar deacutesigne le fouet
Ce symbolisme deacutesigne donc au-delagrave du simple sens mateacuteriel de lobjet
lutilisation qui permet daboutir au reacutesultat escompteacute (Yaru) Au sens
geacuteneacuteral Yar deacutesigne tout instrument servant agrave infliger une punition Le
terme laisse supposer agrave priori que cette phase de lenfance durant lashy
quelle se preacutepare la vie de lhomme est lieacutee agrave la souffrance au supplice
Dailleurs une maxime wolof compare lenfant agrave une tige quon a tout le
loisir de redresser alors quelle est encore flexible bull
bullbullbull Pour leacuteducateur wolof la perfection nest point de ce monde malS
le devoir de chaque homme est de tendre vers la pleacutenitude en luttant
contre ses propres faiblesses Leacuteducation va d01c iisister essentielle~(-~t
sur lexercice quotidien de leacutelevation ffiora1e d~ lindividu Pour cela
elle privileacutegie la patience munI) vertu dabneacutegdtion et dE deacutesinteacuteresseshy
m(~t autour dE laquelle sarticulent toutes ]e~ ~u~~~s qualiteuros
i _
aan~ ~ s0cieacutet gt~olcf ocirclt~tartt nul -Jt- poulait sabecircisstr
tion de sa libertEacute La liberteacute est le preuumler drcmiddotir dE l ho-)euro egrave~S
baigner dans une beacuteate admiration du passeacute la comparaison avec le pr~$(middott
si~posc dclle-mecircme car lon reste s reacute devant la deacutesinvolture aVEC
laquelle dES honmes daujourdhui descendants de cette ~~~EacuteTatic ccedil~l se
une fois [largis bullbull tTasque fiers davoir fait leacute priS0n PEut-2tTE
faut-il mettre cela sur le compte de lurbanisation et des nouvelles
valeurs qui ont pour nom enrichissement reacuteussite sociale avec ce que
cela comporte de deacuteshumanisant et de deacutepreacuteciateur (1)
3 bull 2 bull 3 1 bull Lesri tes
Le sevrage et la circoncision constituent les deux grandes phases initiashy
tiques chez le wolof
- Le rituel du sevrage est appeleacute maga1 (litteacuteralement rendre grand)
Cest un eacutevegravenement important aussi bien pour les parents de lenfant que
pour la co~unauteacute Durant cet eacutevegravenement qui survient geacuteneacuteralement deux
ans apregraves la naissance du beacutebeacute les personnes vivant dans lentouragE
apportent leur soutien moral et mateacuteriel
- le rituel de la circoncision revecirct pratiquement la mecircme signification
que dans les autres ethnies seule la forme diffegravere La circoncision reste
encore une eacutepreuve de la vie au sort i r de laque Ile ladolescent devient un
homme Aujourdhui il faut noter une meacutetamorphose de la structure sociale
et des croyances religieuses tregraves accentueacutee aussi bien chez les wolof que
chez les autres groupes ethniques et ceci est peut-ecirctre dO au contact
permanent quils ont avec la socieacuteteacute occidentale
Malgreacute ces constat~tions il semblerait pcu=tant qUE la sociecirct~ lecircbou Gci
bien que se trouvaLt en grande partie dans ~a Presquth du Cap-ETt Et
en contact permane~t avec les blancs soit la portior la plu8 cc~serva-
----------~_- ---~-- -----
~
Incidences d s ~00urs sur la l~ttE
Le wolof connaicirct deux formes de luttes la lutte sirplE- sans t-t
la lutte avec frappe La lutte avec frappe a une crigi~e purement r
et ce nest que plus tard quelle devint une prati1uE sportive et lud
preacuteparer agrave la guerre Aussi tout en luttant On eacutetait autoris~ agrave frapper~
griffer mordre voire introduire son doigt dans loeil de son adversaire
Le jeune wolof devait eacutegalement se livrer agrave la lutte avec frappe afin de
favoriser son insertion dans la socieacuteteacute adulte et sinitier au meacutetier de
soldat faute de quoi il ne pouvait se faire entendre ne avoir des marques
de respect Pour montrer la populariteacute de la lutte dans le Cayor signalons
que les Damels ll (rois) et les Teignes (nobles) nheacutesitaient pas agrave sy
livrer Quant au IIMbeu~ (lutteur) elle lui servait de moyen de promotion
sociale car d8S que sa reacuteputation eacutetait eacutetablie il pouvait ecirctre choisi
par les rois et les nobles comme garde de corps
325 Signification de la lutte en milieu wolof
La lutte se pratique dabord pour lhonneur qui est une vertu tregraves signishy
ficative pour le wolof Elle permet de renforcer les liens amicaux entre
les jeunes de villages diffeacuterents Le champion veut gagner
confiance et la consideacuteration de son village de ses amis
Etre champion cest aussi susciter ladmiration chez les
sentant la force la viriliteacute et la deacutetermination
326 Organisation d~s eacutepreuves de lutte
3261 Les Mbapatts Ce sont les seacuteances nocturnes
pour meacuteriter la
et des anciens
filles en repreacuteshy
Ils sont organiseacutes apregraves les reacutecoltes agrave la fin de la saiscn des pluies
Ceci surtout p~ndant les peacuteriodes de clair de lune car ils peuven~ durEr
toute la nuit Le but des ~Dapatts lt=tait de prfpa-er FhysicuemeH et
~ arb Sil
326 Le 1
cest une organisation beaucoup plus importante que les I~apatts ~
loccasion de laquelle on peut voir plusieurs lutteurs de grande reDommfe
saffronteLLa fin dl lamb est toujours couronneacutee par une grand co~bat
duquel le vainqueur est sacreacute champion de la contrecirce
Le choix du lieu est lieacute agrave limportance de ce lieu dans le village cest
la place publique ougrave geacuteneacuteralement se passent toutes les manifestations
assembleacutee geacuteneacuterale sabar (danse) cest aussi lendroit ougrave sont prises
les grandes deacutecisions
3623 Lappariement
Dans un village ou un quartier les lutteurs se regroupent en lang
(eacutequipe) et jamais deux lutteurs de mecircme lang ne se rencontrent lors
du lamb
L appariement s~ fait librement entre lutteurs de lang diffeacuterents l1hs
une regravegle veut ~uavant de lutter avec le Mbeur Kanur de tel lang si
on est soukh (l~tteur pas encore confirmeacute) il est neacutecessaire de lutter
dabord avec ses soukh et ce nest quapregraves les avoir terrasseacutes tous
quon se voit octroyer la chance de lutter contre lui
Notons que la cateacutegorisation des lutteurs par poids nest jamais prise
en consideacuteration
3624 La tenue du lutteur ou NGIMBE
Le middotNGimbe est confectionneacute par le marabout de la famille ou du clan Il
est constituecirc de pagnes en coton tisseacute geacuteneacuteralement offerts par la megravere ou
la grand-megravere du lutteur ceci lors des organisations de ~rande Tportance
COrlune lef 1amb Dans le cadre des l-bapatt les pagnes sont C tErts peumlr
~~~rcfcis ct ffi~mc aujourdhui d218 cErtaInes fa~ille5 on devj~Gr
luttEur de pegravere en fils et dans ce cas h 1
gimbell du pEgravere Est recircr i tEacute
par le fils Le fait de porter le lI~gimbe agravee ses aiumleux peut susciter
cne~ le jeune lutteur une motivation et une volontecirc in~branlable rlasshy
surer 12 supeacuterioritEacute cis SIcirct-ns dallS
le xgimbe de la famille ne touche pas le sable
La tenue du lutteur a une signification et une importance sur le plan
mystique car selon les anciens le vrai feacutetiche du lutteur celui qui
le proteacutegera agrave vaincre le Djinneacute ou le Rap de ladversaire se trouve
cacheacute dans ce Ngimbe Celui qui confectionne-le Ngimbe est doueacute de
faculteacutes occultes
~~r~i~rg Il est assureacute par un sage du village qui geacuteneacuteralement fut
championde lutte de son temps Dailleurs cet ancien nintervient que
si le terrassement est litigieux
Hormis le public qui proclame la victoire ou le match nul le lutteur
lui-mecircme est arbitre et il arrive quil se deacuteclare vaincu ~ous
pouvons citer comme exemple Meacutedoune KHOULE un des plus grands lutteurs
seacuteneacutegalais qui a donneacute une victoire agrave Djeacuteri SADIO son adversaire qui a
reacuteussi agrave lui faire toucher le sol de la main
Il Y a terrassement quand le lutteur se retrouve
- assis sur le sol
- eacutetaleacute sur le dos
eacutetaleacute sur le cocircteacute
les deux genoux au sol
- les deux ma~ns au sol
la tecircte (front au sol agrave la suite dune brouette)
Il peut y aVOIr match nul si apregraves li1 temps ccmsideacuterable les lutteurs
SE sont ~ ivrEacutes respectivement agrave des assauts rEacutepEacutetEacutes et n arrivEt pas a
3265 L~ precircparation mystique
Il faut reconnattre quon ne peut parler de lutte en milieu wolof sans
envisager une preacuteparation mystique seacuterieuse Co~~e ~ous lEvans vu a~teacute-
1middot ~ d ~ ~rlturenent t0utes es actlvmiddotltesmiddot u W010 sont lles a SeS croyances
- la lutte ne concerne pas seule~ent deux acteurs se livrant faruumlucheshy
ment agrave un combat au milieu de laregravene mais eacutegalement les marabouts et les
feacutetichistes du village ou du clan qui doivent deacutefendre leur savoir et
leur prestige Avant le combat le lutteur doit se livrer agrave un certain
nombre de preacuteparations mystiques pour assurer sa victoire Aussi sommesshy
nous appeleacutes agrave parler de BACK (cest le chant et la danse du lutteur)
- le batteur de tam-tam compose un rythme en fonction du Galagne ou du
Senghor (gds-gris) du lutteur Chaque galagne sera choisi en fonction
du Rap ou du Djinneacute correspondant au Totem du lutteur
Le chant geacuterleacuterique Feinte woy veut dire litteacuteralement composer un 1
chant Ce chant est geacuteneacuteralement composeacute par les filles du viilage du
champion ou par un griot de sa communauteacute Et agrave travers ce chrnt on
arrive agrave toucher la corde sensible du lutteur en chantant lesl innombrables 1
victoires de ses ancecirctres ou en lui rappelant ses prouesses eacuteblatantes 1
Chaque lutteur doit avoir un chant et un back qui lui sont propres
327 Le reacutepertoire technique et les caracteacuteristiques physiques dulutteur wolof
Le lutteur wolof est geacuteneacuteralement moyen de taille la musculagraveture est
tregraves saillante ce qui fait ressortir un aspect tregraves athleacutetique ceci
est vrai sans exception pour le lutteur leacutebou mais il arrive que le Cacircyoshy
rien le baol-baol le walo-walo soient de grands gabarits de forte constishy
tution
CepEndant pour une meilleure compreacutehension du sujet nous pouvons eacutetudiEr
deux jroups d lut teurs qui vont deacuteterminer deux st yI e s de lut tes
- ~ t
les tc~tativ~s de~[reacutee e~ ramassement de jambes de la~v~sairL Ce~~
peut Ecirctre expliqueacute par le fait que les lutteurs leacutebou ou walo-walc qui
sont des pecirccheursadoptent cette garde tasseacutee du fait quils so~t tou-
jours pencheacutes en tirant le fil ou en poussant la plrogue On verra techrugravequeacutes dt cirr 2C ~lt 5Jllicitocirct
surLuumlut les membres supeacuterieurs
Le cayorien et le baol-baol par contre sont les plus grands cultivateurs
darachide chez eux les techniques de lutte sont plus varieacutees et la
garde est moins renfermeacutee Les lutteurs cayorien et baol-baol ont une
morphologie et une reacutepartition musculaire bien eacutequilibreacutee ils excellent
dans les techniques en deacutecalage les techniques de jambe et surtout les
techniques de riposte ougrave lon peut voir des prises de hancheacute tregraves amples
Dune maniegravere geacuteneacuterale on peut dire que le lutteur wolof est un fin
technicien qui sait surtout creacuteer les opportuniteacutes e~ avec sa rapiditeacute
utiliser la force de ladversaire pour le deacuteseacutequilibrer le noodju
le mbas le weacuteheacuteleacute et le rasu sont des techniques propres au lutteur
wolof
En deacutefense il utilise surtout des kl~klets ou gal-gal Notons que
le balancement des bras ou Lewato e$t tregraves marqueacute dans la lutte wolof
TABLEAU RECAPITULATIF DES COMPOSANTES TECHNIQUES
( 1 )
1 SOUS-GROUPES GARDES CONTROLES FORHES DE CORPS l
Walo-walo Basse de jambe Arracheacute l l10yenne de Ngimbe et i
Leacutebou Tasseacutee et saisies annexesj Deacutecalage 1 1 distante de bras de tecirct1
j de bras Deacutecalaeuro
~-----------------~-
- ~ ~- shy - ~ ~ bull L _ _ bull
Profil psyc~~iqUE du lutteu- et son comporterent dars l 2regravere
La preacuteparation mystique dans laregravene est plus marqueacutee chez les wolofs
que ChE~ les autres ethnies En effet on verra de grands champions
preliGrE plusiEurs heures pour Enduire leur corps de cll2badep ou ci
rmiddot- ~ a la proprieacuteteacute de proteacuteger li1egraveividu J
les mauvais sorts) Cest dailleurs un aspect dt la luttE qui iJcsc
des problegraveJles
Le lutteur wolof est tregraves superstitieux et la peacuteriode de preacuteparation
est capitale pour lui car elle permet non seulement de rendre
hommage aux ancecirctres mais aussi dintimider son adversaire Cest
geacuteneacuteralement un lutteur agressif combatif et teacutemeacuteraire Il se fait
souvent remarquer par son esprit dentreprise Mais cette fougue dans
le combat lamegravene parfois bien que ce soit regrettable agrave oublier les
usages et les normes Ce manque de maicirctrise de soi peut faire croire
que le lutteur wolof manque de fair-play ce qui nest pas toujours le
cas
~A~Ugrave~ t 4AA CbUrs k LA ucirctotve f~tPle Sesect prores mou W ~ lesquelles vont se couler les comporteme~ts individuels qui sont ainsi
monteacutes par et pour lautoriteacute sociale
Les faccedilons de boire de marcher ou de sasseoir se manifestent indivishy
duellement dans le corps de chaque personne ces habitus sont cependant
des montages sociaux lieacutes agrave des significationssymboliques variables
dailleurs selon la position sociale occupeacutee par chaque sujet Ces modes
dagir se rangent dans un systegraveme de montages symboliques et lindivishy
du les apprend de la socieacuteteacute dont il fait partie agrave la place quil occupe
Lhabitus est un montage social agrave la valeur symbolique deacutependant des pheacuteshy
nomegravenes deacuteducation et de prestige et lieacute agrave la position sociale du sujet
Cette penseacutee sonne de faccedilon eacutetonamment moderne
Pierre BOURDIEU qui dans une perspective a approfondi le contenue de la
notion en le reportant aux oppositions entre classes et fractions sociales
Il deacutefinit lhabitus comme un systegraveme de dispositions durables acquis au
cours dune histoire personnelle dans une milieu social donneacute systegraveme qui
engendre ensuite des pra~iques socialement deacutetermineacutees faccedilons de manger
de parler ou de marcher comportements de politesse contenu des preacutefeacuterencel
et des deacutegoOts bullbullbull lhabitus est le produit de conditions eacuteconomiques et
sociales Lauteur rattache directement la formation de lhabitus dun
individu agrave la trajectoire parcourue par celui-ci dans sa classe dapparteshy
nance il deacutefend lideacutee dun habitus de classe qui deacutefinit le sens confeacuteshy
reacute agrave la pratique sportive les profits qui en sont attendus
Ce dernier serait lui-m~me lieacute agrave un systegraveme de valeurs ou ETHOS de classe
prenant sens au sein doppositions distinctives entre classes sociales
De sorte lhabitus fonctionne comme un systegraveme dt- regravegles inteacuterioriseacutees
souvent informuleacutees permettant ou non agrave lagent de sadapter dembleacutee aux
multiples pratiques de la vie quotidienne et de la vie sportive il est agrave
lorigine des schegravemes de transcription qui favorisent les ajustements aux
situations corporelles nouvelles (1)
t ~
(1) P~IE11D dwi6Han ISpoy-l et sodeacutebi Approche Bocio-culturelle des pratiques P~tis Vigot 1981 page 81
33
331 Preacutesentation
Les Seacuteregravere auraient pour origine le Fouta Toro quils auraient quitteacute
vers le Xllegrave siegravecle pour fuir lislamisation de cette reacutegioD par lempire
dJ Xali (ils seraient donc apparEnt~s aux Peul et Toucouleur ) Ils
auraient trouveacute dans la rEacutegion du Sine les Sosseacute dorigine manding avec
lesquels ils salliegraverent
Au XVegrave siegravecle une autre immigrationSos~ conqueacuterante cette fois-ci
apporta son organisation eacutetatique Ils se divisegraverent en deux monarchies
deacutemocratiques lune seacutetablit au Sine et lautre au Saloum Les Sosseacute
conqueacuterants constituaient lautocratie appeleacutee Guelowar
La royauteacute seacuteregravere eacutetait laiumlque Les premiers souverains durent secouer
la tutelle des Toucouleur et progressivement arrivegraverent agrave unifier lethshy
nie des seacuteregravere etdea Sosseacute Les deux royauteacutes eacutetaient organiseacutees selon
acirces modegraveles tregraves deacutemocratiques Le souverain deacutependait dune assembleacutee
de ministres et de chefs locaux qui assuraient ladministration centrale
et reacutegionale())
Aujourdhui lethnie seacuteregravere repreacutesente 20 de la population seacuteneacutegalaise
Ils sont reacutepartis sur presque toute leacutetendue du territoire notamment
dans le Baol la reacutegion du Sine-Saloum et la reacutegion de Thiegraves
Signalons quil existe plusieurs sous-groupes dans lethnie ainsi on
trouvera
- dans la reacutegion de Thiegraves les Ndut les Safegravene et les None
- dans le Sine-Saloum les Sine-sine et les Saloum-salouIT
On trouvera vers foundioune et agrave Nioro du cocircteacute de la Gambie les
Niominka (pecirccheurs) Cest une portion tregraves mandinguiseacutee
( 1
Le rattache~2~t d~ to~s ccs sous-groupes pose problecircme ~25 0~ r0~V~
uc grande partie de traits COITul1uns dans leurs modes dE vie Ct pOUT phs
de faciliteacute nous allons essayer de faire une ~tude globale de la lutte
traditionnelle seacuterecircre Lactiviteacute socio-eacuteconomique qui est essentielleme~t
agro-pasorale caracteacuterisE leacutethnie seacuteregravere
332 Lecircducation les moeurs les croyances et pratiques sEr~rc
Chez les Seacuteregravere la vie humaine se deacuteroule selon les grandes eacutetapes
le baptecircme lenfance ladolescencemarqueacutee par la circoncision lsectge
adulte le mariage la vieillesse et la mort (funeacuterailles)
La vie de la communauteacute seacuteregravere reste une des plus originales sinon
celle qui de nos jours garde la presque totaliteacute des pratiques et
habitudes traditionnelles
Bien qu aujotltdhui con~r-tis aux religions chreacutetienne et musulmane les
Seacuteregravere conservent leurs croyances et pratiques animistes
Quelque soit leur degreacute dadheacutesion aux religions reacuteveacuteleacutees les Seacuteregravere
croient en un Dieu puissant et miseacutericordieux Rog Segravene et les hommes
Les ~angols sont repreacutesenteacutes mateacuteriellement dans tous les villages
seacuteregraveres par des arbres (baobab et tamariniers) des animaux (geacuteneacuteraleshy
ment serpent doreacute ou iguane) des ustensiles (pilon calebasse et mortier)
De nombreux teacutemoignages nous apprennent que certains totems (serpent
iguane) font leur apparicion agrave loccasion de certaines manifestations
rituelles comme les sacrifices ceacuteleacutebreacutes lors dun mariage de ceacutereacutemonies
mortuaires ou des circoncisions
Le Seacuteregravere comme il nous a eacuteteacute donneacute loccasion de le dire plus haut
preacutesente des speacutecificiteacutes authentiques aussi bien en tout ce qui touch~
son eacuteducation ses croyanCES et pratiques mystiques q~e ses activiteacute~
socio-ecirccc~omiquEs Apr~s a ~aissa~c~ le beurob~ ~~ pcs~ 5~~ lE S~ __
On lui mouille les l~vres avec un peu d~ lait de mil et apr~s U~ bain
purificateur on versera leau dans un trou cr~us~ derri~r~ la Camp~~
Pendant huit jours la megravere et lenfant sont cacheacutes dans la case car
selon les anciens ils sont tregraves vulneacuterables La case deacutens certains cas
est entoureacutee dun fil blanc et lon place sur le seuil des fais(cauy di
veacutegeacutetaux pour chasser les mauvais esprits (geacutenies malfaisants et illangeUY~
dacircmes) Au bout du huitiegraveme jour la megravere et lenfant peuvent sortir de
la case bull
bullbullbull Le matin du huitiegraveme jour la tante paternelle va chercher de leau
(plusieurs fois)t elle doit rester muette pendant ses alleacutees et venues
si elle parlait t lenfant pourrait ecirctre muet bullbullbull
La megravere et lenfant prennent un bain purificateur dans lequel sont
trempeacutees certaines plantes (ce sont des veacutegeacutetaux pr~tecteurs tels le
begravene le yag le ngud) On y lavera aussi le linge e1t les ustensiles utishyj
liseacutes pendant les huit jours qui viennet de seacutecoul~r On rase le crine
de lenfant Les cheveux sont donneacutes agrave la megravere qui ~s enterrera avec le
reste du cordon ombilical dans un endroit que11e esit seule agrave connattre
La megravere sassied sur une natte devant la maison Une femme igeacutee de la
famille prend le beacutebeacute dans ses bras et le preacutesente aux quatre coins de
lhorizon
La tante paternelle tient ensuite un van sur la tecircte de la megravere on y
verse le mil on y verse eacutegalement en abondance sur la megravere et sur
lenfant La tante oint ensuite le corps du beacutebeacute avec du lait e11e
touche en particulier le front t le nez la bouche la poitrine le dos
et les oreilles
Elle pose enfin un ~rain de sel dans la paume du beacutebeacute (le sel purifie
et deacutetruit les puissances mauvaises)
Apregraves un nouveau bain la megravere et lenfant revEcirctent des habits de fecircte
(est
lenfant Ce precircnore a toujours U~ SEns Il sy~bolise parfois C0 qUi
lOIl sounaitt agrave lEufant l)
La circoncision comme dans les autres ethnies est obligatoire Elle
permet au jeune adolescent dacceacuteder agrave la classe adulte Les jeunes
sont regroupes en classe dacircge dans le bois ougrave sc fait la r0tr~it0 des
circoncis et ceci pendant plusieurs mois
Le Selbeacute qui est geacuteneacuteralement un ancien craint de tous les eacutelegraveves
enseigne le respect de la hieacuterarchie la discreacutetion le goOt de linishy
tiative Les activiteacutes physiques et leacuteducation artistique ne sont pas
en reste la deacutecoration la sculpture la lutte et la danse A sa sortie
du bois linitieacute appartient deacutesormais agrave la classe des virils et des
sages du clan car on lui aura enseigneacute les vertus fondamentales que
sont la justice lhonneur lamour du prochain 1 amour du travail
lhonnecircteteacute et surtout le respect des coutumes ancestrales
Le rite du mariage esd aussi un fait tregraves important dans le monde 1
seacuteregravere mais par manq~e dinformation nous serons obligeacutes de nous en
tenir lagrave
333 Impact des ethos sur la lutte dans le monde seacuteregravere
Lorigine de la lutte seacuteregravere ne semble pas claire ma1S nous pouvons
dire quil existait deux formes de lutte comme chez les Wolofs une
lutte sans frappe et une lutte avec frappe Et cest cette derniegravere
qui peut-ecirctre nous ameacutenerait agrave croire que la lutte seacuteregravere aurait une
origine plus preacuteciseacutement guerriegravere
Aujourdhui la lutte est uniquement une activiteacute sportive agrave travers
laquelle le jeune seacuteregravere eacutevalue sa force son courage et SOn ingeacutenioshy
siteacute Cest une occasion de deacutefendre lhonneur de son village ou de
la corrnnunauteacute
La luttE ~5t avant tout u~e rnanifcs[dtic~ c~lturclie et surtout
fo lkhriqut-
Gracircce agrave elle on peut deacutesormais comprendre un certain nombre de chants
et de symboles A travers la lutte seacuteregravere on ccedilomprend les inter-relashy
tions entreacute la vie et le monde surntiturel
Sil devait y avoir la mort dun villageacuteois pendant la fecirctE au T qUE
de linterrompre on proceacutedait gracircce aux connaissances magico-religieuses
agrave la suspension de la mort jusquagrave une peacuteriode ougrave la population sera plus
disponible pour organiser des funeacuterailles sil y eacutetait preacutedit la possibishy
liteacute dune deacutefait du champion local au profit dun champion dun autre
village des recettes dordre maginque et religieux eacutetaient mises en prashy
tique afin que le champion du village ne soit jamais terrasseacute(J)
334 Le profil du lutteur seacuteregraver~
Le lutteur seacuteregravere est par essence un athlegravete impressionnant de par sa i
carrure et sa musculature saillante mais cest aussi une force tranquille
et calme quelque soit lenjeu du combagravet et particuliegraverement lhonneur
Cet aspect nous pousse agrave parler du NGiMBE cest-agrave-dire de la tenue du
lutteur qui va influencer sur sa faccedilon de lutter
La confection du Ngimbe revient agrave la communauteacute entiegravere Le Ngimbe a
une signification symbolique et le lutteur pour meacuteriter la confiance du
groupe se doit de tout faire pour ne pas toucher le sol Toute la commushy
nauteacute elle aussi sengage pour assurer la longeacuteviteacute et le succegraves du lutteur
dans laregravene par lorganisation droffrandes et de sacrifices en lhonneur
des Pangols bull
bull
Daucuns nheacutesitent pas agrave dire que lessentiel du mysticisme se fait agrave
la maison et non dans laregravene tout le reste nest quintimidation de
ladversaire
lsvcns
Tt- pi ~- t
t 1 ~ l _ ~ t
par rapport agrave lautre Cbci est trEgraves lieacute agrave lactiviteacute journaliegravere du
jeune seacuteregravere qui est un cultivateur donc toujours bien planteacute sur ses
jambes et qui continuellement manie lhiler
Le fait de couper le boi~ peut eacutegalement constituer un moyen de muscushy
lation non neacutegligeable pour le jeune lutteur
Un certain nombre de traits techniques speacutecifiques au lutteur seacuteregravere
semblent ressortir des diffeacuterentes interviews que nous aVOns fait subir
agrave certains lutteurs seacuteregraveres et agrave diffeacuterents techniciens
SOUS-GROUPES FORMES DU CORPS CONTROLES GARDES
SAFEN Moyenne en fente NONE Hancheacute Bras (distante) j
NDUTJ
f
SINE-SINE Deacutecalage Ngimbe
Moyenne
SALOUM-SALOUM Passage- Jambe (rapprocheacutee) 1
i
PETITE dessous Tecircte Basse et 1
COTE Moyenne (rapprocheacutee)
Notons que le Niominka ll commence agrave lutter agrave partir du sol pour avoir
assez deacutelan et sauter sur ladversaire afin davoir la prise du lion
(contr6le de la nuque et du bassin)
Co a -tem-nt ccedilt attitude du lutteur sEacuteregravere335 np -1t ~
Les croyances mystiques sont indissociables des activiteacutes quotidiennes
duseacuteregravere Ce qui explique le cocircteacute supersticieux du lutteur seacuteregravere En
~ffet certains lutteurs refusent de lutter avant certaines heures
Certains teacutemoignages nous apprennent quil nest pas donneacute agrave tout le
monde decirctre champion de lutte et que le lutteur doit avoir des dons
surnaturels pour ecirctre agrave mesure de livrer ses combats dans la nuit
et trouver seul un gris-gris speacutecial appeleacute Njatch
Le vrai champion de lutte chez les seacuteregraveres ne lutte pas seulement avec
~a force et sa technique mais surtout avec ses dons occultes
Chez les seacuteregraveres les morts sont toujours preacutesents et les ~pangols
Servent dintermeacutediaire entre les hommes et les morts Le pangol prend i
le nom dhumain dans certains villages (IIHeacuteJga NDONG Har Wag NGOUYE) i 1
De ce fait on verra le lutteur danser dufe maniegravere ou dune autre en
fonction du pangol de sa famille Ainsi nrus aurons le back (chant et
danse du lutteur) des DIOUF des FAYE etclbullbullbull
Dans laregravene le lutteur seacuteregravere a un comportement exemplaire aussi bien
agrave leacutegard de son adversaire direct quave~ le public en geacuteneacuteral Lexpli shy
cation semble tenir au fait que le lutteur seacuteregravere est avant tout selon
la tradition orale le repreacutesentant de toute la communauteacute seacuteregravere Par
conseacutequent il devra saffirmer non seulement en tant que lutteur dans
laregravene mais aussi en tant quentiteacute morale
336 La tenue du lutteur ou NGIMBE est confectionneacutee par le marabout de la
famille ou du clan Le Ngimbe est constitueacute de pagne en cCton tisseacute
Il doit ecirctre propre le lutteur qui le porte ne devra pas avoir de rapshy
port sexuel pendant toute la peacuteriode des cOTpeacutetitians car le Ngi~bE ne
doit pas ~tre souilleacute
Autrefois et mecircme aujourdthui dans certaines familles on devient
lutteur de pegravere en fils et dans ce cas le Ngimbe du pegravere est heacuteriteacute
par le fils Le fait de porter le Ngimbe de ses aieux peut susciter
chez le jeune lutteur une motivation et une volonteacute ineacutebranlable dtasshy
surer la supeacuterioriteacute d~s siens dans ltaregravene Il fera tout pour que le
Ngimbe de la ramille ne touche le sable
La tenue du lutteur a une signification et une importance sur le plan
mystique car selon les anciens le vra1 feacutetiche du lutteur celui qui
le proteacutegera et laidera agrave vaincre le nDjinne ou le tRapu de ladvershy
saire se trouve cacheacute dans ce Ngimbeu bull Celui qui confectionne donc le
Ngimbe U est doueacute de faculteacutes occultes
337 Larbitrase est assureacute par un sage du village qui geacuteneacuteralement fut
champion de lutte de son temps Dailleurs cet ancien nintervient que
si le terrassement est litigieux Hormis le public qui proclame la vicshy
toire ou le match nul le lutteur lui-mecircme est arbitre et il arrive
quil se deacuteclare vaincu
Nous avons pu cfter Meacutedoune KHOULE un desplus grands lutteurs seacuteneacutegashy
lais qui a donn~ une victoire agrave Djeacuteri SADIO son adversaire qui a reacuteussi
agrave lui faire touegraveher le sol de la main
IlL
34 1 Preacutesentation
Lethnie toucouleur vit En grandt partit ciE~~ la vallfc du S~~~gal
pt reprecircsente i peu pr~s 8 de la population totale secircn~galaise
o Histoire
Il semblerait que dans lancien royaume du Tekrour (IX~ siegravecle) des
eacuteleacutements neacutegroiumldes Sarakoleacute et des Peul aient formEacute par meacutetissage le
peuple Toucouleur (Toucouleur serait dailleurs une deacuteformation du
mot portugais Tacouror)
Ce empire a domineacute aussi bien les wolofs de lOuest que les Peul
nomades du Fouta Toro Cette reacutegion fut le premier pays islamiseacute par
les Almoravides ce qui peut expliquer le proseacutelytisme toucouleur
Ce sont les guerriers toucouleur islamiseacutes qui attaqu~rent avec les
Almoravides la capitale du Ghana Koumbi en 1067 On convertit par
la force les animistes Cest sans doute agrave cette eacutepoque que de nombreuses
ethnies reacutefractaires agrave lIslam ont dO accentuer leur migration vers
le sud (Seacuteregravere wolof Sarakoleacute Bambara Songhaiuml Akan et Peul se reacuteshy
fugiaient vers les hauteurs du Fouta Djalon)
Au XIXegrave siegravecle les Toucouleur allaient trouver en El Hadj Omar Tall
un grand conqueacuterent qui sous le preacutetexte religieux de la gJerre sainte
contre les tribus animistes (entre autres Bambara) eacutetendit lempire
toucouleur sur presque tout lensemble du gali et la partie de la Guineacutee
proche du l1ali
Lempire toucouleur composeacute de Sarakoleacute de Bambar~ de ~alinkeacute de
Xassonkeacute dE Peul et de Dogon eut le meurorit~ dunir CES diif~rentes ~ ~ - - - - - et~ics ~t dE CD~stituer l~Sl la b2S~ ~r 1
_ ~ ~ ~_ L ~
~ ~- ~- - - ---- _ 1 v _ t 1 ~-_ --
marabout tOL~culcuuml~ ~ middotlrrany a l ick SI venu des E1i rClS dE Pocior~ (
~ Vi~ euroconomicue et sociale -----------~-------------
Les Toucouleur sont des cultivateurs mais bien quils n~ soie~t pa~
pasteurs comrre les Peul leacutelevage a une place inportarteacute decirc1S ltur
eacutecono~ie Pour faciliter leur conquecircte guerriegraverE ils c~t Eucirc une preacuteshy
dilection pour leacutelevage des chevaux On y trouve aussi des pecirccheurs
appeleacutes Tchioubalo La socieacuteteacute toucouleur aurait une stratification
sociale tregraves rigide Les groupes ethniques et les castes eacutetaient
diffeacuterencieacutes et strictement exogamiques les Rimbe classe des nobles
comprenant la famille reacutegnante et les guerriers libres la classe des
Nieacutenieacutebegens de castes artisanales i les Rimaibeacute anciens esclaves
devenus serviteurs qui portent les noms de famille de leur maicirctres A
la base de lorganisation de la collectiviteacute toucouleur se situe le
village (Wouro)
Toutes ces castes sont cloisonneacutees entre elle~ Ainsi il nest pas
permis agrave un Torodo (noble) de se marier avec un Tchioubalo Ces
consideacuterations sont importantes dans le domaine de la lutte ougrave nous
apercevrons que les nobles ne sont pas faits pour lutter Le noble
preacutesidera les seacuteances de lutte et on luttera pour lui Ces condeacute rat ions
de noblesse et de rang social sont extrecircmement importantes dans le
monde toucouleur
Le noble ne doit pas se salir on lutte pour lui il ne vit la lutte
quen tant que spectateur
342 Education moeurs croyances et eratiques religieuses
Deux formes d~ducation sont agrave consideacuterer leacutedJcatio~ dES enfarts Et
celle des adultes
oG lenfant sait m2n~~r et apprfcier le goOt d~5 ~iifeurorents r~pas lt
le moment ougrave il CO~~e~CE agrave marcher
tivirt n~sormais le petit toucou]eur est eacuteduquf par toutmiddot 12 f2~i)]E
dabord puis par toutes lespersc~nes du village ou du C13~
Lenfant peut ~tre corrigeacute par tout adulte appartenant au groupe social
Son eacuteducation est deacutesormais laffaire de toute la communauteacute et non
exclusivement celle ces parents On linitie ainsi au travail quotidien
qui se fait dans la bergel~ e les champs et les bords du fleuve Au sein
du village il pourra apprendre agrave filer la laine et agrave tisser des pagnes
dans les champs il apprend agrave manier la houe et lhiler pour la culture
du riz et du mil Mais signalons que lactiviteacute essentielle du toucouleur
est leacutelevage des boeufs des moutons et des chegravevres Chez les Ichioushy
balos (p~cheurs ) lenfant sera initieacute tregraves tat au maniement des pagaies
agrave la p~che propremccedilnt dite et agrave la nage
Vers cinq-six ans lenfant est confieacute au maicirctre coranique le Ihierno
et ce dernier dispose exclusivement de toute sa vie Lavenir du jeune
enfant lui appartient
Comme dans les autres groupes ethniques les enfants sont regroupeacutes en
classe dacircge et cest dans cette structure que lenfant subit les rite
de passe et plus particuliegraverement celui de la circoncision
La circoncision est non seulement unE opeacuteration chirurgicale malS surshy
tout une peacuteriode au cours de laquelle le jeune garccedilon passe de leacutetat
dadolescent agrave leacutetat dadulte Les circoncis sont reacuteunis en classe
dacircge dans un endroit situeacute hors duvillage geacuteneacuteralement choisi par les
vieux Cet endroit n~st accessible que par des individus de SExe ffi8SCUshy
li~ ~ta~t au preacutealabl circoncis
- - - -
quable et complet sur le plan phy~ique et ~oral Ai~si liniti~
acquiert les qualitecircs indispensables que sont le courag~ la modest
lesprit de sacrifice lendurance
Le toucoule~r est un pleux musulma~ Cela sexp1
SOil le premier agrave tre en contact avec la religion musulmane de par sa
position frontaliegravere Lethnie toucouleur de par son histoire a preacutesenteacute
les plus grands chefs militaires et religieux musulmans seacuteneacutegalais Et
pour illustrer cela on peut citer en exemple la grande famille musulmane
des SY agrave TIVAOUANE repreacutesentant la confreacuterie des TIDJANES
Bien que lon note une majoriteacute musulmane on peut dire que certaines
croyances et pratiques mystiques et animistes persistent encore surtout
dans la reacutegion du fleuve
Une pratique courante se fait elle sappelle le Djatt Elle consiste
agrave faire sortir le caiman du fleuve agrave limmobiliser et agrave lattacher
sans quil ne reacuteagisse et tout ceci agrave laide de versets et dincantashy
tions magiques Dapregraves les teacutemoignages ces pratiques sont plutocirct
freacutequentes chez les Tchioubalos (pecirccheurs) Il arrive aussi que cershy
tains chasseurs ayant des dons se livrent agrave certaines pratiques an1shy
mis tes qui consistent agrave invoquer certaines puissances et agrave moduler sous
forme de chant des versets occultes pour se proteacuteger des mauvais esprits
et pour eacuteloigner les fauves Ce chant est geacuteneacuteralement incompreacutehensible
et deacutenueacute de sens pour le profane
343 Activiteacutes ludiques et pratiques sportives en milieu toucouleur
Durant toute son histoire lethnie ~oucouleur a toujours EacutetEacute Frese~teacute~
comme celle qui avait ue activit essentiellement guerr e e~ particushy
liegraverement farouche Trois eacuteleacutements ret r t l ecirc t te nt i c- euro so~t
le manie~~nt du ~acircton 12 luttE Et 1eacute danSE
l
Lecircducation ph~sique et artistique Dcc~pe un place precircpondecircra~rp
dans la fDrmat~on du jEune toucouleur A loccasion agraveeacutevegravenemen~ imporshy
tants reacutecoltJs mariages baptecircme nous assistons agrave des manifestashy
tions folkloriques de grande envergure le Wango oucirc dailse toucouleur
tregraves gymnique iles chants et surtout les sEacuteances de lutte
La lutte toucouleur est la forme de lutte la plus spectaclaire dans
tout le territoire seacuteneacutegalais Elle est essentiellement baseacutee sur des
techniques en hancheacute et surtout en souplesse Ceci sexplique par le
fait q~e le jeune toucouleur est tregraves tocirct initieacute agrave la gymnastique (saut 1
per saut de main salto arriegravere saut de tecircte couronneacute etc bullbullbull ) pour
la dans~ du wa~go En dansant le wango qui est une danse rythmeacutee et
gymnique le Jeune toucou1eur est capable de prouesses extraordinaires
1
En lutte lattaquant se deacuteplace tregraves peu pour avoir une bonne saisie
(geacuteneacutera~ement controcircle du Ngimben ) et enchaine brusqueme~t avec une
attaque surpris~ Cependant les ripostes sont souvent surprenantes et
spectaculaires (baseacutees sur la souplesse et la rapiditeacute) ontrairement
aux autr~s form~s de luttes ougrave lon voyait tous les jeune adheacuterer la
lutte to~cou1eur Verra un groupe de speacutecialistes sadonne agrave la lutte 1
(la lutte est lieacutee agrave la position sociale de lindividu problegraveme de
caste)
Q La morphologie du lutteur toucou1eur 1
1 1
Ce dernier nest pas aussi large et aussi fort que les lutteurs diola
et seacuteregravere Cependant il est tregraves reacutesistant La musculatJre est saillante 1
et tregraves souple lindividu est longiligne mais tregraves athleacutetique
Les mouvements de lutteurs sont semblables agrave ceux dun grand fe1in Cette 1
morphologie semble ecirctre lieacutee agrave la position geacuteographique de lethnie
(reacutegion du fleuve) et agrave lacitiviteacute socio-eacuteconomique du toucouleur qui
est agrave la fois cultivateur (activiteacute lieacutee agrave la crue et deacutecrUE du fleuve)
pecirccheuro~T CIcr~icubaon) et sttout jEumlrgcr qui est U~ rc~2eumlr
shy
Deux formes egrave~ corps sembl~nt ecirctre preacutefeacutereacutees du lutteur toucouleur
le hancheacute et la souplesse Les hancheacutes sont faits agrave partir de plusieurs
positions de doset se terminent geacuteneacuteralement par des techniques de
tregraves grande amplitude
TABLEAU RECAPITULATIF DES TECHNIQUES ET FORMES DE CORPS SPECIFIQUES
i
L441 r
GARDE FORMES DU CORPS CONTROLES --shy - -
Moyenne Souplesse Ngimbe
Hancheacute bras
Demi-souplesse
1
Profil psycholosigue 1
TECHNIQUES
ContrOle du bassin et 12 souplesse
arriegravere
Klicket et allegravegement de la hanche
Le lutteur toucouleur est celui lUi se livre le moins aux preacuteparaqons
maraboutiques Cela est dO au f~t que le toucouleur est un grand ~USUlshyman et que les pratiques animisges ont presque disparu dans ce mil~eu
Dans la pratique le lutteur esJ combaif mais il est calme et tr~s reacutefleacutechi quant agrave la deacutecision agrave prendre en plein corps agrave corps ct~st un des seuls techniciens qui reJte tregraves lucide au cours de ses comb~ts
l Dans toutes les circonstances e lutteur toucouleur est tenu de re~pecshyter son adversaire et ceux de s4n eacutequipemecircme sil est vaincu
Comme nous avons dO nous en rendre compte la rigueur des principes
eacuteducationnels a une influence tregraves sensible sur l~ comportement du
toucouleur
i
III S COCL ~s 1DO
Dans cette partie nous avons essay~ de montrer lftroite re1atic~
Entre les diverses activiteacutes socio-eacuteconomiques dans les ethnies et
lES diffEacuterentes faccedilons de lutter
Daucuns seraient tent~s de conclure trop rapidement et cest p0~r
cette raison que nOUS avons penseacute preacuteciser que le pheacutenotype nest
pas geacuteneacuterateur du geacutenotype Et nous sommes convaincus que la morphoshy
logie et les techniques des lutteurs relegravevent de leurs modes de vie
et de leurs croyances agrave une eacutepoque et danE un contexte bien deacutetermishy
neacutes
Est-ce que les lutteurs dio1a ou seacuteregravere travaillant avec leurs bras
dans les champs auraient les mecircmes pr 0 fil s physiques que les lutteurs
utilisant des machines pour lagriculture
- 69 shy
I UJOURDH~1 E-S ut O[l LES FORfilS Ut LU11t~
~otons que notre enqu~te a ecirctE essentiellement faiteen milieu urbain
Les seacuteances de lutte ont tendance agrave perdre leur particulariteacute de r~shy
jouissance pour devenir des pheacutenomegravenes de sportisatio Deux fores
de luttes so~t principale~cnt prat s dans les aregrave~es du 5 al
la lutte traditiunnelle simple et la lutte traditionnelle avec frappe
De nos jours la lutte traditionnelle tend vers une reacuteglementation
et une institutionalisation
Le reacutesultat de nos investigations nous donne le tableau ci-dessous
REPARTITION ETHNIQUE SUR 100 PRATIQUANTS
LUTTE LUTTE RAPPORTETHNIES SANS FRAPPE AVEC FRAPPE J2
Diola 40 16 71 j
Seacuteregravere 26 21 57
Toucouleur 23 10 69
Wolof 1 1 53 17
La demande sociale par ordre deacutecroissant pour la lutte sans frappe
se preacutesente comrre suit
]0_ Ethnie diola avec pregraves de 3 lutteur~ sur 4
2deg_ Ethnie toucouleur
Ethri dun
~ 1 LA LUTTE TR])IIIO~~ELLE AVEC H-PPE
Cette forme deacute lutte a une histoire qui date de lantiquiteacute elle
sa~pelait le Pugilat Au Seacuteneacutegal elle a vu le jour dans le Cayor
bien avant la colonisation Le coup dE pied l~Lrdn~lement la morshy
sure la frappe et le doigtf eacutetaient permis dans le cc=bat ~ ~middot~p0~~e
Dans certains cas la giffle eacutetait beaucoup plus dangereuse que le
poing quand elle eacutetait donneacutee par un speacutecialiste Cette giffle pouvait
agrave elle seule deacutechirer et mecircme parfois amputer la joue de ladverser
Selon les informations la lutte avec frappede nos jours serait une
forme de lutte tregraves eupheacutemiseacutee de celle dantan ougrave une blessure
pouvait souvent ecirctre mortelle
Aujourdhui au niveau du folklore la lutte na plus la mecircme
le spectaculaire a remplaceacute le significatif iLa lutte avec frappe se 1
pratique surtout dans les centres urbains C~aque fois quun grand combat 1
est progra~eacute par le Comiteacute National Proviso~re (CNP) des centaines damashy
teurs sont mobiliseacutes vers le stade lba Mar D~OP qui est aujourdhui le i
lieu approprieacute ougrave se deacuteroulent les grands conkbats de lutte Cest la formE
de lutte qui semble drainer une foule de personnes beaucoup plus importante
que celle de la lutte simple
La lutte avec frappe deacuteriverait dune forme de lutte traditionnelle
pratiqueacutee jadis dans le Cayor au temps des Damels et la frappe serait
le substitut dun certain nombre de pratiques doigteacute jet de produits
etc bullbullbull dont le but eacutetait laveuglement de ladversaire La lutte avec
frappe serait une continuation logique dune carriegravere sportive de la
lutte traditionnelle qui sen sert comme moyen socio-eacuteconomique En
effet la majoriteacute des lutteurs avec frappe ont dabord eacuteteacute initieacutes agrave la
lutte simple Cependant il faut signaler que de nOS jours il arrive
que le jeune lutteur avec frappE- soit directenent formEacute conne speacutecialistE
agrave la frappe sa~s pour autant faire son chemin dabcrd egravea~s la lutte
- ~ shy
Le recircsultat dE ~os interviews ncus rec~trE qGune pcpulatiD~ divcrsishy
fiampe sint~resse agrave ce sport et qUE les intecircr~[s des uns et d~SlautrE~
semble~t divergents naucuns affirment que la lutte traditionnelle
avec frappe serait monteacutee par des personnes dont la vocation est dexshy
ploiter ce pheacuteLomegravene agrave des fins commerciales Dautres disent gJellegrave
jouit de mcyens irport~nts t[l[~isio
tation etc bullbullbull ) pour toucher toutes les couches sociales CEpe~~a~t
nous remarquons que mecircme si certaines personnes reprochent agrave cette
forme de lutte decirctre brutale ces mecircmes personnes nheacutesitent pas agrave
se rendre le dimanche agrave laregravene Bien que critiqueacutee elle semble ecirctre
adopteacutee par une tregraves grande partie de la population seacuteneacutegalaise Cepenshy
dant en tant que techniciens il nous est permis de faire une remarque
Il sagit de
- Limpression nette decirctre devant des professionnels de la frappe
qui sont ~ntratneacutes pour cela Dailleurs les propos que nous avons
recueilli~ nous prouvent que la plupart des champions de lutte avec 1
frappe s~ntratnent dans certains sports de combat tels ~ue la boxe i 1
le karateacute le judo Dans cette nouvelle forme de pratique de la lutte
contrairefuent agrave la lutte traditionnelle le technicien e~t souvent
perdant face au puncheur Ce dernier adopte une lutte agrave distance qui
lui permet de placer agrave bon escient ses coups animeacute du deacutesir de vaincre
Le technicien lui se voit contreacute dans toutes ses entreprises par
un uppercut ou un crochet
On peut dire cependant que nul sport au Seacuteneacutegal que la lutte tradishy
tionnelle avec frappe ne deacutechaicircne autant de passions et autant de
pheacutenomegravenes poussant agrave lexcegraves et deacutereacuteglements quon ne peut que deacuteplorer
Mais comment deacutecrier un spectacle de lutte qui bien quayant perdu la
presque totaliteacute des valeurs traditionnelles veacutehiculeacutees autrefois par
elle sait susciter une participation effective de tous ceux qui sont
preacutesents
CONCLUSION
Dans ce meacutemoire nous sommes efforceacutes ~e faire ressort ir limportance des
ethos et des habitus et leurs effets sur la pratique de la lutte tradishy
tionnelle au Seacuteneacutegal
L~b egravethos repr~sentent dune maniegravere g~neurorale tous les eacuteleacutements speacutec
fiques sux Seacuteneacutegalais par conampeacuteguent un systegraveme de valeurs traditionnellEs
Mais m~me si ces valeurs rev~tent une signification universelle (honneur
digniteacute courage etc bullbullbull ) il nen demeure pas moins que ce nest pas leur
nature qui fait leur speacutecificiteacute mais la hieacuterarchisation et limportance i
quon accorde agrave toutes ces valeurs de ~ar leacuteducation ou la culture
i 1
Aussi les valeurs traditionnelles puient leur speacutecificiteacute dans les
caracteacuteristiques propres aux eacuteleacutements ~e la socio-cu1ture (la technologie
et leacuteconomie la politique et la pareteacute la psychologie et lideacuteologie)
dans la socieacuteteacute seacuteneacutegalaise agrave n momen donneacute de son eacutevolution Cest i
dire la neacuteceesiteacute de ne point faire della valeur une reacutealiteacute statique
Cest dite aussi quagrave tout mome~t le ~eacuteneacutegalais peut eacutevoluer et creacuteer
ou vivre par conseacutequent de nouv~lles fprmes de valeur qui lui sont 1
propres ft (J)
La lutte traditionnelle veacutehiculant deS valeurs socio-cu1ture1les speacutecishy
fiquement seacuteneacutegalaises (croyances valeurs morales norme de comportement
opinion attitude bullbullbull ) devient un eacuteleacutement important qui tregraves certaiaement
nous aidera dans notre effort de valoriser et de peacuterenniser notre patri shy
moine culturel par le biais dactiviteacutes physiques et sportives
Leacutetude des habitus nous permet de prouver quil y a plusieurs faccedilons
de se mouvoir comme danser lutter bullbullbull qui varient avec les diffeacuterentes
ethnies (wolof toucouleur seacuteregravere diolagt leurs convenances et leurs
eacuteducations
(1) Revue Ethiopiques 31 Les valeurs traditionnelles et le problegraveme de leur inteacutegration dans les systegravemes modernes jtducatio-1 2 6r--70
nautre part cette eacutetude permet aussi de nous rendrE compte de la
correacutelatipn eacutetroite existant entre la pratique de la lutte traditionnelle
et le sta~ut socio-eacuteconomique du pratiquant
Nos inves~igations nous indiquent que la lutte recrute essentiellement
au niveau des classes socio-eacuteconomiques situeacutees en bas de leacutechelle
donc posseacutedant le statut social le moins favoriseacute La lutte avec frappe
-et un certain secteur commercialiseacute de la lutte simple- y trouve sa
leacutegitimiteacute Comme le dit BOURDIEU nA habitus diffeacuterents styles de Vle
divergents et il oppse les pratiques aristocpatiques correspondants agrave
des activiteacutes qui favorisent les situations eupheacutemiseacutees ougrave la stylisashy
tion est importante aux pratiques populaires qui font appel agrave des
qualiteacutes qpposeacutees bllutes rugueuses Certaines interviews nous
montrent que plus lindividu occupe une place eacuteleveacutee dans leacutechelle
sQciale e~ 1
moin$ il sinteacuteresse agrave la lutte
Les reacutesultats recueillis dans nos diverses investig~tions confirment 1 1
1er propos qui disent que nous assistons aujourdhu~ agrave une involution
de la lutte traditionnelle parce que perdant toutes ses speacutecificiteacutes au 1
pryfit d~ne autre forme de lutte que lon continue agrave appeler nostalshy
giqlementIIlutte traditionnelle
Ceci pourrait peut-~tre trouver une explication dan la citation suivante
La liberteacute de creacuteer dinnover de vivre Pleineinenf decirctre soi et de
preacuteserver son authenticiteacute la digniteacute et lhonneu1demeurent des illushy
sions dans la misegravere eacuteconomique~ Nos ancecirctres creacuteai~nt des valeurs de cishyl
vilisation parce quils eacutetaient libres parce qu1i~s ignoraient toute
deacutependance eacuteconomique ils cultivaient en eux et cbez leurs enfants le 1
Jorn et la Kersa et preacutefeacuteraient la mort agrave la hoJte lI (1)
Or le Seacuteneacutegal comme la plupart des pays africainsi est un pays sousshy
deacuteveloppeacute t cependant face agrave cette volonteacute du gou~ernement seacuteneacutegalais
de faire inteacutegrer dans leacuteducation des valeurs traditionnelles nous
pouvons espeacuterer utiliser comme moyen deacuteducation la lutteacute traditionnelle
qui reste quand mecircme vecteur jethos et dhabit~s
- 54 shy
Mecircme si lon a noteacute un appauvrissement notoire sur les plans socioshy
culturel et moral la lutte traditionnelle recegravele une gamme importante
et varieacutee de techniques permettant incontestablement une ouverture vers
les luttes olympiques libre et g~eacuteco-romaine
La lecture de ce meacutemoire permettra agrave lentratneur et au professeur de
lutte en fonction du lieu ougrave ils seront affecteacutes dans le territoire
seacuteneacutegalaisdavoir une information sur les techniques contrOles et
formes de corps propres agrave chaque groupe ethnique et de les mettre en
relation avec leurs croyances et leurs mentaliteacutes
Nous avons essayeacute de montrer que la pratique de la lutte traditionnelle
doit tre axeacutee sur une ethnomotriciteacute au Seacuteneacutegal qui permette une inishy
tiation facile Cette pratique de la lutte traditionnelle seacuteneacutegalaise
devra dailleurs essayer de ~eacutepondre aux aspirations du Seacuteneacutegalaisl
moderne en souvrant aux ap~orts positifs des autres civilisations
ex~eacuterieures nous voulons Jvidemment parler du judo et des luttes oiymshyJ
piques 1
1 j Nous navons pas la preacutetentfon dans le cadre de ce meacutemoire demattrise
de reacutepondre agrave toutes les qutstions se rattachant agrave leacutetude de ~a lutte
traditionnelle souslangle~socio-culturel car non seulement il nous
manque lexpeacuterience et la c peacutetence en la mati~re mais aussil l le temps
et les moyens dont nous dis osions ne nous permettaient pas d~puiser le 1sujet i
1 1 1 t 1
l
- )5 shy
BIBLIOGRAPHIE
BIBLIOGRAPHIE
1- CLAPAREDE Psychologie de leacuteducation et peacutedagogie expeacuterimentale
Edition Delachaux et Niestleacute 244 pages
2- POCIELLC Christian Sport et Socieacuteteacute approche socio-culturelle
des pratiques Paris Vigot 1981 377 pages
3- PIERON Henri Vocabulaire de la psychologie
PUF Deuxiegraveme eacutedition 1957 469 pages
4- Revue socialiste de culture neacutegro-africaine ETHIOPIQUES
Les valeurs traditionnelles et le problegraveme de leur inteacutegration
dans les systegravemes modernes deacuteducation
GIA 21 Juillet 1982 213 pages
5- N2 Revue du Centre dEtudedes Civilisations DEM ak TEY
NIS IVegrave Trimestre 1982 96 pages
6- Document lNSEP Colloque sur la lutte aeacuteregravere
DAKAR MAI-JUIN 1980
t 1
~- Travaux du IVegrave Congregraves National ~es Sports agrave DAKAR les 2223041981
Bulletin n2 91 du CIO du 15 Aont 1965
l____________________________
8- Meacutemoire de Mattrise BADJI Abdou La lutte traditionnelle Joola
Etude et perspective
9- Meacutemoire Inspectorat JS DJITTE Mandy Les pratiques corporelles
traditionnelles au Seacuteneacutegal pour leur exploitation et leur
utilisation en peacutedagogie Marly le Roi 1980
REPUBLIQUE DU SENEGAL
--------------- INSTITUT NATIONAL SUPERIEUR
MINISTERE DE LA JEUNESSE DE LrsquoEDUCATION POPULAIRE
ET DES SPORTS ET DU SPORT
-------------
(INSEPS)
MEMOIRE DE MAIcircTRISE
Es-SCIENCES ET TECHNIQUES
DE LrsquoACTIVITE PHYSIQUE ET DU SPORT
LA LUTTE TRADITIONNELLE
son importance sa signification en fonction des ethos et des habitus ethniques au Seacuteneacutegal
Preacutesenteacute par
Monsieur Joseph Victor FAYE
Sous la direction de
M Jean Marc ROCHEZ
Professeur agrave lrsquoINSEPS
Anneacutee de soutenance 1984
so IYPORA~CE SA SIGIFICATION E~ FONCTlOl
DES ETHOS ET DES HABITUS ETHNIQVE~ AD SENEGAL
SOM MAI R E Pages
1 INTRODUCTIO~ ---------------------------------------- shy
II QUELQUES NOTIONS DE SOCIOLOGIE POUR UNE MEILLEURE
COMPREHENSION DE LA LUTTE TRADITIONNELLE ------------- 5
- Habitus et techniques du corps --------------------- 5
- Habitus de classe et style de vie ------------------ 6
- Ethnomotriciteacute ------------------------------------- 7 - Analy~~ des demandes sociales en matiegravere
de pratique des sports de combat ------------------- 8
Judo --------------------------------------------- 9 Lutte libre traditionnelle ----------------------- 10 ft Lutte olympique ---------~------------------------ 10 Boxe anglaise ------------------------------------ Il ft Karateacute ------------------------------------------- II Lutte traditionllelle avec frappe ------------------ 11
III DIVERSITE ETHNIQUE - PLURALITE DES STYLES DE LUTTE --- 16
31 LA COMMUNAUTE DIOLA ----------------------------- 16
311 Preacutesentation ----------------------------- 16 312 Quelques aspects de leacuteducation
et des rites en milieu diola ------------- 17
313 Croyances et pratiques mystiques --------- 19
314 Impact des moeurs sur la pratique
de la lutte diola 20
32 LA COMMUNAUTE WOLOF ----------------------------- 24
321 Preacutesentation ----------------------------- 24 322 Les moeurs ~t les croyancEs wolof -------- 24
323 Leacuteducation d~ w810f --------------------- 26
32~ Incidences des ~~~urs s~r l~ l~tte ------- 28
tiques physiques du lutr~uT wolof -------shy 31
33 LA CO~GAUTE SERERE ---------------------------shy
331 Preacutesentation ----------------------------shy332 Leacuteducation les moeurs lES crOyanCES
et les pratiqUES seacuteregraverc -----------------shy
333 impact des ethos sur la lutte
dans le monde seacuteregravere --------------------shy
334 Le profil du lutteur seacuteregravere -------------shy
335 Comportement et attitude du lutteur seacuteregravere
336 La tenue du lutteur ou Ngimbe ---------shy
337 Larbitrage -----------------------------shy
3~
37
38
40
40
41
34 LA COMMUNAUTE TOUCOULEUR -----------------------shy
341 Preacutesentation ----------------------------shy342 Education moeurs croyances
et pratiques religieuses ----------------shy343 Activiteacutes ludiques et pratiques
sportives en milieu toucouleur ----------shy
344 Profil psychologique --------------------shy
42
43
~S
47
35 CONCLUSION -------------------------------------shy 48
IV AUJOURDHUI VERS DE NOUVELLES FORMES DE LUTTES ------shy
41 LA LUTTE TRADITIONNELLE AVEC FRAPPE ------------shy 50
V CONCLUSION ------------------------------------------shy
ln LI) 1 5 L bull 0 G R A PHI E -------------------------shy
52
Ce ~eacutemoire est une riflexion 3ur la lutte car ~lie apparatt sur le
continent africai~comme un phinomegravene social important Elle le doit
sans doute au fait que depuis le fond des temps elle est itroitement
associeacutee agrave la vie de lhomme Or en deacutecouvrant ses vestiges du passeacute
lAfrique confirme lhypothegravese d~tre le berceau de lhumaniteacute Il en
reacutesulte que sur ce continent la lutte y possegravede une longue tradition
et serait-il paradoxal de preacutetendre que lAfrique a acquis le besoin
de lutter qui cherche agrave se satisfaire selon des moyens congeacutenitaux
cest dans cette perspectiveque nOus approcherons la LUTTE SENEGALAISE
car il est admis que la preacutesence de lHomo-Sapiens en Afriquecircde lOues
remonte agrave plus de 10000 ans Autrement dit nos anc~tres ont reccedilu
lhistoire de la lutte et sa longue eacutevolution lieacutee agrave celle de la civili
sat ion
Nos premiers anctres pratiquegraverent la lutte utilitaire celle dont la
possession eacutetait neacutecessaire pour survivre dans un milieu hostile et
inquieacutetant agrave la fois pour se nourrir et pour se deacutefendre
En se regroupant en clans et tribus nos anc~tres modifiaient radicaleshy
ment leurs conditions dexistence certes ils eacutetaient mieux agrave
mme dassurer leurs besoins vitaux mais ils devaient faire face aux
rivaliteacutes qui ne manquegraverent pas de surgir entre les diffeacuterents groupes
Cette installation dun eacutetat endeacutemique de guerres ougrave le but eacutetait de
soumettre et de ravir ou de se libeacuterer et de reacutecupeacuterer transforma la
lutte en activiteacute martiale Ainsi se deacuteveloppa la science du combat agrave
mains nues celle qui permet de deviner lautre et de le surprendre en
deacutecidant et agissant plus rapidement que lui Mais il ny a pas si long
temps le corps agrave corps eacutetait leacutepisode deacutecisif de toute bataille
Gagnant en sagesse et en technique nos anc~tres saperccedilurent quil
existait dautres modes de vie que celle de vivre aux deacutepens de ses
semblables et progressivementiles temps de paix prirent le pas sur les
temps de guerre La lutte en perdant son utiliteacute ~ais non sa fonction
devint lobjet dlun rite initiatique Il eacutetait du devoir des anciens de
- ~
d~tre en mesure dassurer acirc 1 ur tour Id protection du ~roupe En
deve~ant contenu denseignement la lutte ecircvoluait acirc nouveau Elle
perdit son caract~re preacutepa=atoi=e et devenait ~ctivit~ d~ c0~pensa-
tion (1) Au-delagrave des techniques de mise hors combat qui devaient se
deacutepouiller de leur violence et des risques de dommages corporels on
visait une action formatrice sous un triple aspect physique caracshy
teacuteriel et moral
Puis survint le temps de paix durable celui ougrave leacutenergie eacutetait
essentiellement consacreacutee agrave produire des biens pour sa collectiviteacute
dappartenance Deacutesormais lhomme eacutequilibrait sa vie entre le travail
le repos et le divertissement Cest ainsi que la lutte se retrouva au
coeur des reacutejouissances populaires En se faisant ludique celle ougrave
lon joue agrave mesurer sa force sa ruse son agiliteacute sa bravoure bullbullbull La
lutte se speacutecifiait agrave nouveau en simbriquant aux moeurs aux coutumes
et aux croyances
Cette longue histoire commune du neacutegro africain et de la lutte expliqUE
qUegravecette derniegravere fait partie des traditions auxquelles il est le plu
attacheacute et ort heacutesite pas agrave parler de sport national mecircme quand elle
doit ceacuteder en populariteacute devant le foot-baIl
En Afrique toute activiteacute physique veacutehicule un message et la lutte
traditionnelle elle aussi se trouve impreacutegneacutee de valeurs socio-cultushy
relIes et il arrive quon lui assigne de les veacutehiculer et de les trans~
mettre Parler de lutte en Afrique deacutecouvrir sa signification et comshy
prendre son histoire consiste agrave montrer quelle participe aux eacutethos et
habitus de groupe comme nous proposons de le faire
(1) - CARR The survival values of play citeacute par CIAPAREDE dans Psychologie de lEducation et Peacutedagogie Expeacuterimentale Edition Delachaux et Niestle (244 pages)
iotre reacuteflexion se ci-conscrird au S-~sJl -t mecircle si le peuple
seacuteneacutegalais est o-igilaire de la volonteacute cocnmune due dizaine deacutethries
de vivre ensemble ~ous nous limitert~s 1 analyser les rapports quentr
tiennent les quatre grands groupes diola seacuteregravere toucouleur et wolo
et les styles de lutte correspondant
Nous entendons veacuterifier lhypothegravese quaux particulariteacutes ethniques
(mode de vie coutumes rites et croyances) correspondent des particushy
lariteacutes de lutte (signification valeacuteurs veacutehiculeacutees mode de pratique
regravegles dorganisation bullbullbull )
Ce meacutemoire consiste agrave reacutealiser une approche socio-culturelle du pheacutenomegravel
lutte en Afrique avec le secret espoir quil puisse servir de preacuteface
agrave lhistoire des diffeacuterents styles reacutegionaux que dautres ont commenceacute
agrave eacutecrire
gt Si nous devions justifier le choix dun tel sujet t tous les arguments
se regrouperaient autour dune meurome motivation recouvrir notre authenmiddot
ticiteacute
En premier lieu parce que nous adheacuterons totalement agrave ce souhait des
Pouvoirs Publics de mettre laccent sur une eacuteducation physique et spormiddot
tive qui tout en souvrant aux appels feacutecondants de la techniques
fondera son action dans les valeurs traditionnelles du pays La lutte el
tant que pratique eacuteducative et manifestation dessence collective est
bien placeacutee pour justifier cette tendance
Elle reacutepond aux aspirations dune eacuteducation physique et sportive qui
veut creacuteer les conditions de son deacuteveloppement et de qUumlI i~ertion dans
les habitudes sociales des populationsff(l)
(1) Travaux du IV~ C~n-r~s Sports de 2223 Avril 1981
WotrQ CCYVcftOl de llnteacute~t JiU W sectU~ e6t ~~pu_~ deacuteclarations de 2rsonnaliceacutes du monde sportif lLrlsi ce Ii1essage agrave lir shy
tention des dirig~ants africains
-ous ~ T beaucoup agrave apprendre de eus ous qui sans
cesse davantage oublions que leacutequilibre de lhomme veuc
quiL sinscrive harmonieusement t aussi bien dans la nature
que dans la civilisation deacutecouvrons que les Atricains nont
pas eacuteteacute initieacutes aux principes du sport et ses vertus au
contraire de maints pays europeacuteens par exemple aupregraves desquels
tout ou presque est agrave retaire agrave chaque geacuten~ration Lexercie
physique tait partie de la vie atricaine il est moyen de commushy
nication et de locomotion- (1)
Or la lutte constitue par excellence ce Veacutecu moteur que nous t1ansshy
mettons de geacuteneacuteration en geacuterieacuteration et ce patrimoine doit survivre agrave
toutes les agravegressions or iginaires dautres modes de civilisation dont
certains effets ne manquent pas de se faire sentir sur le devenir de la
lutte traditionnelle
A la preacuteoccupation de preacuteserver notre authenticiteacute sajoute celle den
assurer la deacutefense
Aussi au-delagrave de nOs analyses destineacutees agrave eacutetablir les rapports entre
modes de vie et styles de lutte nous nous poserons le problegraveme dune
codification objective de la lutte traditionnelle constituant la mise
en communauteacute des apports pertinents de chaque style reacutegional Ce style
national apparatt indispensable en raison de lavegravenement prochain dune
socieacuteteacute seacuteneacutegalaise nouvelle qui ne peut se b~tir que par un partiel
renoncement au passeacute et son contenu (2)
Enfin nous voulons faire partager notre ~nthousiasme gagner agrave notre
cause eacuteducateurs entratneurs de lutte les amener agrave reacutefleacutechir sur leur
pratique et peut-~tre les aider agrave tnseigner avec plus de coheacuterence cette
discipline pour le plus grand bien de notre jeunesse
(1) Bulletin n 91 du CIO du 15 AoOt 1965 - Page 15
(2) Cette preacuteoccupation semble ecirctre partageacutee par de nombreux pays afri shycains ougrave la lutte est de tradition on y pressent quagrave de nouveaux types de socieacuteteacute doit correspondre de nouveaux hlbitus En conseacutequence la lutte doit eacutevoluer Darlllegrave~1e1t SO3 pine d amptre in~niaterpnt l~l~dJl-J~ (Sw~JL~c~ ~ - 13 P~v~~L)ti-~l j Ld L~t~ cr~lJit0nn~l12
otgalisecirce pH la cmFJS - iJAKAR - lai ~~)
-5shy
II QUELQUES NOTIONS DE SOCIOLOGIE POUR UBE MEILLEUR~
COMPREHENSION DE LA LUTTE TRADITIONNELLE
Essayons dexpliquer simplement les termes ETROS et HABITUS et
ETHNOMOTRICITE pour la clarteacute de notre deacutemarche
ETROS dans sa deacutefinition premiegravere veut dire en parlant dun individu
lice qui distingue cet individu des autres (1)
En eacutetudiant cette signification dans le cadre de la sociologie on
entendra par eacutethos ethnique (eacuteducation croyance rite etc bullbullbull ) lenshy
semble des caracteacuteristiques dune communauteacute sociale
HABITUS QCe sont les habitudes et attitudes socialement acquises qui
sous-tendent et preacute-deacuteterminent partiellement les faccedilons de penser de
sentir dagir de tout individu et traduisent notamment le rapport quil
entretient avec son corps (2)
Dans le cadre de ce meacutemoire nous allons essayer de faire une approche
de la lutte traditionnelle sous deux angles dabord en leacutetudiant comme
habitus en tant que technique du corps et ensuite COmme habitus de classe
fonction du style de vie des individus et nous nous proposons dans cette~gt
partie de deacutefinir ces deux notions dhabitus
Marcel MAUSS dans une viseacutee anthropologique emploie ce terme dune maniegravere
tregraves large pour rendre compte des faccedilons dont les hommes socieacuteteacute par
socieacuteteacute dune faccedilon traditionnelle savent se servir de leur corps Ces
habitudes varient avec les individus et leur imitations elles varient surshy
tout avec les socieacuteteacutes les eacuteducations les convenances et les modes les
prestiges
Analysant de multiples techniques du corpsll la marche la course la nage
le beacutechage le saut la danse et toutes les techniques corporelles en geacuteneacuteshy
ral (techniques alimentaires sexuelles de soins de repos bullbullbull ) MAUSS
insiste sur le fait que celles-ci ne sont pas naturelles mais acquises
(1) PIERON Henri Vocabulaire de la psychologie 2egraveme eacutedition revue et augmenteacutee PUF 1957 page Ill
(2) POCIELLO Christian Sport et Socieacuteteacute Approche sodo-culturelledeacutell pratiques Paris Vigot 1981 pages 78-79
La notion dethnomotriciteacute part dune constatation
- la grande diversiteacute des caracteacuteristiques preacutesenteacutees par les pratiques
corporelles en fonction de leacutepoque du lieu des groupes elle teacutemoigne
de linfluence despotique des normeS et des valeurs sociales sur la mise
en jeu du corps
Dougrave sa deacutefinition
Le champ et la nature des pratiques motrices envisageacutees sous langle de
leur rapport agrave la culture et au milieu social au sein desquelles elles
se sont deacuteveloppeacutees (1)
Conseacutequence le contrat ludosportif est aussi un contrat social il
reflegravete la faccedilon dont une socieacuteteacute aime agrave se penser agrave se repreacutesenter bullbullbull
et accepte de se donner en spectacle
Lethnomotriciteacute donne naiss~nce agrave deux sortes danalyses
- lanalyse synchronique -ou eacutetude spacialeshy
de type interculturel agrave hagravebitus diffeacuterents styles de vie divergents
de type intraculturel apparition dhabitus de classe et de pratiques
distinctives
- lanalyse diachronique -ou eacutetude temporelle- ou eacutevolution sur une longue
peacuteriode des pratiques motrices pour une cateacutegorisation dindividus
Cette hypothegravese de lenracinement social de la motriciteacute est une atteacutenuashy
tion des explications psychologisantes consideacuterant lindividu indeacutepenshy
damment de son environnement et sexprimant en termes de goQts motivations
() PARLEBAS pierre Contribution agrave un lexique commenteacute en Science 4e laction motrice Paris Publication INSEP 981 322 pages
AicircAgraveLYSE CES iJFrADES iDe I LES EN flA TIERE
DE PRATIQUE DES SPORTS DE Oicirc-itlAT
Objet Veacuterificat~on de la theacuteorie de lhab~tus
Hypothegravese En raison de son histoire de ses speacutecificiteacutes des valeurs
symboliques dont on linvestit une pratique sportive est en faveur aushy
pris dun groupe de pratiquants en fonction dattentes de niveaux dexishy
gence de fierteacute dappartenance qui sont socialement et culturellement
deacutetermineacutes
Il sagit en quelque sorte danalyser les goOts et les motivations des
sportifs en rapport avec leur condition sociale et le sentiment attachi
agrave ce statut
Remarque Cette analyse sera meneacutee en fonction des classes sociales et
non agrave partir de cla~se dage ou encore de classe socio-politique comme il
est dusage pour toute reacuteflexion sur notre socieacuteteacute trJditionnelle
Cette particulariti provient du fait que nos enquites ont iteacute effectueacutees
en milieu urbain -en raison des problimes de temps et de moyensagrave Dakar
et agrave Thiis pour itre plus preacutecis et il est deacutesormais hasardeux de preacuteshy
tendre y retrouver les structures traditionnelles c~e on pourrait le
faire en milieu rural
Par classe sociale et nous inspirant de la notion marxiste -deacutefinition
du rapport aux moyens de production- nous entendons la distance_dun
groupe social aux postes de deacutecision et de responsabiliteacute Plus cette
distance est grande moins le statut eacuteconomique est eacuteleveacute
Nous distinguons quatre (4) classes sociales car au niveau dune telle
analyse nous ne pouvons preacutetendre agrave la finesse de discrimination indiciaire
de la Fonction publique par exemple
r~partieuml
come il egravest rsectc eacute dans 1 ablea~ ci-dessous
CATEGORISATIONGROUPE EXEMPLE DE FONCTIONADMISE
Administrateur civil - Ingeacutenieur - Meacutedec ilCadre supeacuterieur1 Officier - Professeur
Instituteur - Mattre dEPS shy2 Cadre moyen Secreacutetaire - Technicien
Chauffeur - Militaire Policier3 Cadre subalterne shyPatron - Artisan
Artisan - Cultivateur - Ouvrier temporail4 Non cadre Pcheur
Conditions denqute Six (6) sports de ~ombat sont officiellement
pratiqueacutes Ils possegravedent une structure para-eacutetatique de gestion de contr
ce sont
3 sports de preacutehension - JUDO - LUTTE LIBRE TRADITIONNELLE - LUTTE OLYMPIQUE
2 sports de percussion - BOXE ANGLAISE - KARATE
sport mixte - LUTTE TRADITIONNELLE AVEC FRAPPE
Pour chacun de ces sports 50 pratiquants ont eacuteteacute interrogeacutes sur leur
statut socio-eacuteconomique avec la discreacutetion et la prudence quexige ce
genre de question
Cette enqute sest deacuterouleacutee dans les conditions suivantes
JUDO
Lieu DAKAR - Clubs USTD - DUC - FJAKS - DOJO HOMAR DIENG
Date du 020J84 au 28-05-84
Circonstances Les principaux inteacuteresseacutes eacutetant la plupart sur le tatami
pour lentratnement il fallait souvent attendre la fin
de lentratnement uumlur pouvoir avoir une ou deux entreshy
vues de sorte qu~ le~qu~te a pris beaucoup plus de
On constate que le no~bre de p=a~iq~~-ts ~st ~eauccup plus importd~t dans
les groupes 2 et 3 - Il es ~oindre dans les grQupes 1 et 4
LUTTE LIBRE TRADITION~~LLE
Lieu Dakar - Thiegraves bull Aregravenes Landing DIAME - Ecurie Seacuteregravere (pregraves de
lautoroute) Lutteur diola - toucouleur - Entratneurs - encadreurs
de diverses eacutecuries Stade Iba Mar DIOP - Aregravenes de Pikine et de
Thiegraves - CNPES - INSEPS
Date du 040284 au 020684
Circonstances Elles sont parallegraveles car les pratiquants semblent beaushy
coup plus disponibles que dans les autres disciplines Notre travail
parfoi~ peacutenible en raison de la diversiteacute des ethnies repreacutesenteacutees
et la traduction n1est pas toujours aiseacutee
Observations
Nous constatons que la lutte libre traditionnelle est plus pratiqueacutee
par les groupes 4 et 3 que par les groupes 1 et 2
LUTTE OLYMPIQUE
Lieu CNPES - INSEPS - Iba Mar DIOP (Equipe Nationale) - DUC
Date du 040284 au 020684
Circonstances Les conditions sont meilleures dans la mesure ougrave le
hasard a fait que pendant cette peacuteriode leacutequipe nationale soit
en regroupement et ceci nous a permis d-interroger un nombre
important de lutteurs de grand renom
Observations
En raison du petit nombre de pratiquants r~guliers lenquecircte ne porle
que sur 2S personnes Arbitrairement pour les besoins de comparaison
les raisons de comparaison les reacutesultats cbtenus sont multipli~s par 2 bull
BOXE A~~GLISE
Lieu Iba l-ar DIOP - ASFA - ASFPO - SC -ASC JJAF - ASC lA
ugraveate du 201283 au 020684
~E~~~~E~~~~ Ici nous ferons la mecircme remarque que pour le Judo
Notons que toute lenquecircte a eacuteteacute faite agrave Dakar
Observation
La boxe recrute ses pratiquants surtout dans les classes 3 et 4 et
on note que le nombre de pratiquants nest pas aussi important comme
dans les autres disciplines
KARATE
Lieu YUKOKAI KARATE CLUB - SAMOURAI KARATE CLUB - Iba Mar DIOP
CLUB DE GIBRALTAR - ASFA - ASFA - ASFPO - GM Thiegraves
Date du 201283 au 020684
SE~~~~E~~~ Notre enquecircte se passait dans une ambiance sympathique
de camaraderie Geacuteneacuteralement apregraves la seacuteance dentratnement
Observation
Nous constatons que la distribution des pratiquants bien que favorisant
les groupes 2 et 3 semble plus homogegravene que dans les autres disciplines
~ LUTTE TRADITIONNELLE AVEC FRAPPE
Lieu Ecurie de Fass - Ecurie des Seacuteregraveres - Ecurie Mermoz
- Ecurie des Casamanccedilais
Date du 04-02-84 au 020684
Ccedilj~9~~~aEccedil~ Il est agrave signaler que cest la discipline ougrave l~ contact
avec les pratiquants a eacuteteacute plus difficile les speacutecialistes qui~ la plushy
part du temps semblent meacutefiants quand on commeucircce agrave leur poser des quesshy
tions preacutecises sur leur revenu mensuel
2 -liCc 055cllt le lle11ent SegraveS praLicltants dans le ba
de lecirc~helle ces~-agrave-dire dans le ~ruumlupe 4
~ecircsultats
Les reacutesultats enregistreacutes sont reacutecapituleacutes en nombre et en pourcentage
-agrave lapproximation pregraves- dans le tableau ci-dessous
LUTTE 1 LUTTELUTTEGROUPES BOXE KARATE JUDO AVEC OLYMshySIMPLE i i FRAPPE PIQUE
1 11 1 1 1
1 11 1 1 1 11 0 1 0 8 1 16 9 1 18 4 1 8 0 1 0 7 1 14
1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1
1 11 1 1 1 1 12 3 1
1 6 21 1
1 42 22 1 44 6 1 12 4 1 8 17 1 341 1
1 1 1 1 1 1 1
1 1
1 1 1 1 1
3 22 1 44 13 1 26 15 1 30 16 1 32 5 1
1 10 10 1 20
1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1
1 1 1 11 1 1
14 25 1 50 8 1 16 4 1 8 24 48 41 1 1 82 16 1 321 1 1 1 bull 1 1 1 1 1
1 1 1 1 1 11 1 1 1 TOTAUX 50 1100 50 1100 50 100 50 pOO 50 pOO 50 1100
1 1 1 1 1 1 1 1 1 1
Afin dG failiter la lect~~e je c~ table3~ t ~2 re~dre sig~ific~tives
s info~~ations quil contient ces difteacutere ts reacutesultats nu~eacuteriques
peuvent ecirctre formuleacutes selon des repreacutesentations graphiques
1 Clientegravele des Sports de combat
FIGURE l
Il apparatt nettement que les sports de combat recrutent essentiellement
dans le bas de la hieacuterarchie sociale ce sont des sports populaires don
propices agrave une massification de la pratique
Toutefois on peut nourrir quelques inquieacutetudes pour que soient reacuteunies
les conditions de leur deacuteveloppement en raison du faible statut quils
possegravedent au regard defllintelligentsia seacuteneacutegalaise
2 Hieacuterarchisation des gants sportifs en matiegravere de sport
de combat au sein des cadres supeacuterieurs -Groupe 1shy
FIGURE I[
La f-appe est honni aucl1 pratiqua1t de boxe Olt de lutte avec frappe
agraveUloins quelle fasse lobjet dune stylisation cxtrecircme COTIme cest le
cas dans le karateacute Ce groupe manifeste un seuil extrecircmement bas de toleacuteshy
rance agrave la violence ce qui explique les discours infamants degraves que la
lutte avec frappe est secoueacutee par quelques excegraves Leacuteopold Seacutedar SENGHOR 1
navait-il paS deacuteclareacute que cette forme de lutte eacutetait une atteinte permashy
nente agrave limage de marque du Seacuteneacutegal
Bien quil soit difficile de proposer une explication unique curiositeacute
esprit douvetture permeacuteabiliteacute aux modes bullbullbull les repreacutesentants de ce
groupe adoptet facilement des sports importeacutes 85 des goOts pour le 1
Judo le Karateacute et la Lutte Olympique qui pourtant est bien peu pratishy1
queacutee au Seacuteneacutegfll j
Faut-il en deacuted~~re une attitude geacuteneacuterale favoris~agrave tout ce qui provient
de leacutetranger
Nous nous refu~ons preacutesentement agrave ce genre dexplicationJ ne ser~it-ce que
par ses conseacuteqJences sur notre sport national dont les perspectives appashyj
raicirctraient bie sombres
Admettons que la pratique de ces disciplines sont en rapport avec des
deacuteterminants eacuteconomiques et que ceux-lagrave sont un frein P4ur la popularisashy
tion de ces pratiques A lappui de cette interpreacutetation~ il suffit de
composer le champ social du Judo et celui de la Lutte libre traditionnelle
--== G J
32
LUTTE SIHPLEJUDO FIGURE JI(
Le groupe 2 qui manifeste un inteacuterecirct reacuteel pour les sports de combat -pregraves
de 25 iuml de la population i~tervieweacutee- et qui p6ssegravede les ~oyens de choisir
ses pratiques opte massivement pour le judo CDnme lexprirre le rapport de
agrave 4
- shy
A la lumiegravere de cette succi~te analyse des demandes sociales en matiegravere
de pratique des sports de combat nous pensons recouper la theacuteorie de
lhabitus selon BOURDIEU qui veut que des hatitus diffeacuterents impliquent
des styles de vie divergents si lon entend par style de vie un systegraveme
de pratiques classeacutees et classantes(I)
La mutation de la socieacuteteacute seacuteneacutegalaise celle du milieu urbain se caracteacuteshy
rise par lapparition despaces sociaux qui sont en rapport avec des
espaces culturels Il en reacutesulte des pratiques distinctives comme
lexprime le pogam
En effet si les cateacutegories sociales existent et si chaccedilune delle exprime
une marque sur les conduites des sujets il est naturel ~e penser que des
pratiques1 sportives servent de modegraveles distinctifs et detrsymbOles dorgashy
nisation ieacuterarChique dans la socieacuteteacute exprimant les dif eacuterentes clas8eamp(2)
Ces const4tations ont dimportantes implications sur leeacuteveloppement et
lavenir des pratiques Si dans notre IIIegrave partie nous 1tenterons de 1
mettre en rapport les particulariteacutes ethniques avec les pluraliteacutes de
style de lutte nous parlons presque au passeacute Une IVegraveme partie devra
e~visager la situation actuelle de la lutte afin de pouvoir eacutemettre
qu~lques hypothegraveses sur son devenir
Cest auss~ une ambition de ce meacutemoire daider ceux qui sinteacuteressent reacuteellE
ment agrave la lutte de savoir entendre au travers des deacuteclarations normatives
et apologeacutetiques Nous ne doutons nullement de la conviction ou de la bonne
foi de leurs auteurs mais parmi les possibles il yale probable et seul
ceiui-lagrave meacuterite decirctre retenu car plus proche agravee la recirc~liteacute
(I) BOURDIEU pierre La distinction Les Editions de minuit 1979 page 191
(2) Le POgdlt Deacuterrocratisation du sport ythe (u reacutealiteacute
- 1f shy
j j l IlL DL l H L S DE
3 1 LA COll1ŒNAUTE DIOLA
311 Preacutesentation
Les diolas vivent dans la reacutegion de Casamance et repreacutesertent 9 de la
population totale du Seacuteneacutegal Ce sont geacuteneacuteralement des cultivateurs de
riz et des artisans Cependant on peut les trouver aujourdhui disperseacutes
dans toutes les capitales reacutegionales affecteacutes agrave divers meacutetiers militaire
gendarme fonctionnaires de lEtat ouvrier etc bullbullbull
Dans les villes la plus grande partie des diolas vit dans les qoartiers
populaires Par exemple agrave Dakar on les trouvera agrave Colobane agrave Fass agrave
Grand Yoff ou agrave Khar Yalla La plupart du temps cesDnt des artisans et des
ouvriers du secteur priveacute qui vont essayer dune maniegravere ou dune autre de
vivoter en bricolant deci de lagrave Mais mecircme loin de la Casamance cette
ethnie conserve une grande partie de ses caracteacuteristiques et plus partishy
culiegraverement la solidariteacute ethnique qui veut que les Diolas forment toujours
un bloc bien soudeacute quand le besoin se ifait sentir et cecisans discrimishy
nation de rang social Ainsi tous lesdiolas de Dakar se mobilisent pour
supporter le Casa Sport chaque fois qbe cette eacutequipe de foot-baIl vient
jouer agrave Dakar Cette mobilisation se fera aussi dans le cas ougrave leur chamshy
pion de lutte Mamadou SAKHO livre uncombatimportant
Lethnie diola est diviseacutee en trois sous-groupes
- les dio1as Fogny de Bignona
- les diolas Kassa autour dOussouye
- les diolas Blouf dans la preacutefecture de Tendouck
Mais en lutte on a pris lhabitude ~e les grouper en deux zones dune
part le Kassa qui preacutesente des particulariteacutes et dautre part lE Fogny
et le Blouf
- J 7 shy
3 ) 2 ~U(lquE5 aspects d~ l~ducatio~ ~t des rit~s en milieu diol~
L eacuteducat ion veacuteritable de lenfant diola est sociale et ne se corlprend
que dans la relation sociale elle deacutepasse de loin le strict cadre
famililal Elle commence au stade de lapprentissage du langage
Lenfant apprendra agrave reconnattre le langage du regard de ses parents
Il doit connaicirctre et faire la diffeacuterence entre un regard approbateur
et un regard qui blacircme De mecircme il doit apprendre agrave faire les gestes
de la tecircte qui expriment lapprobation En aucun cas lenfant nest
laisseacute agrave lui-mecircme Aura-t-il deacutesobeacuteit par complaisance naura-t-il pas
eacutecouteacute ou fait attention aux recommandations reacutepeacuteteacutees plusieurs fois
sans reacutesultat il fera lobjet dune punition corporelle avec la chicotte
Elle a pour effet de faire mal au corps de lenfant afin datteindre son
acircme sa sensibiliteacute et instaurer en lui une sorte de 1iaision de la
meacutemoire du mauvais comportement agrave la douleur quen voulant eacuteviter la
douleur il finit par eacuteviter le mauvais comportement en tout cas den
prendre conscience degraves cet acircge Cest une meacutethode deacuteducation mora1e (])
i 3121 Leacuteduca~ion maternelle
1
Notre eacutetude nous a montreacute que mecircme de nos jours leacuteducation diola
conserve encore ses caracteacuteristiques traditionnelles au niveau des rites
des moeurs des habitudes des principes et des normes
Leacuteducation de lenfant reste lune des plus rigoureuses Elle commence
degraves le plus bas acircge car pour le dio1a on ne peut redresser une personne
adulte donc autant leacuteduquer tregraves jeune Jusquagrave lacircge de trois ans
lenfant sera encadreacute par sa megravere qui bien queacutetant tregraves douce fait
preuve daucune indulgence Elle lui apprend les interdits de la communaushy
teacute respecter son prochain ne pas insulter ni profeacuterer de gros mots surshy
tout en preacutesence de grandes personnes ni faire violence agrave autrui
Plus terd v~rs cinq ou SlX ans le jeune garccedilon est initi~ a~x travaux
ces cna~ps des rizi~r~s cles pal~eraiEs ce Gui ne manquer6 pa5
davoir ces rEpcrcussic~s sur SOn deurovelopperncnt morpholoique
- 1( shy
3122 La circoncisio~
cest un rite obligatoire Il a pour but dintroduire le garccedilon dans
la communauteacute des hommes en tant que responsable Cest un rite qui
laisse une trace indeacuteleacutebile dans la vie du jeune diola Les principes
de la vie en socieacuteteacute y sont enseigneacutes agrave fond Le rite de la circoncishy
sion preacuteseuro~teuro uneuro forme p~lticul do~t s~uls les diolas connaissent
lorganisation internecar la circoncision est agrave la fois une eacutepreuve
physique intellectuelle et morale
Cette circoncision en milieu diola se passe dans le bois sacreacute En ce
lieu les Njoulis (circoncis) sont encadreacutes par des mattres les
Kintangs et au-dessus de ces mattres regravegnent un ecirctre doteacute de faculteacutes
occultes il sagit du Kankourang Le kankourang a cette capaciteacute de
disparattre de voler quand bon lui semble Il incarne la justice et la
violence et assure la protection de ses disciples contre les mauvais
esprits Ainsi le kankourang incite agrave lobeacuteissance et agrave lordre dans
cette socieacuteteacute Dans la tradition diola le kankourang repreacutesente un
pouvoir mystique capable de choses extraordinaires dont la socieacuteteacute
moderne avide de raisonnement ne pourra trouver une explication Au
cours de la circoncision les initieacutes subissent un certain nombre
deacutepreuves physiques que le diola appelle samasso Il doit se soushy
mettre agrave lensemble de ces eacutepreuves consideacutereacutees comme indispensables
agrave sa formation pour lui permettre de juger ses capaciteacutes physiques
mais eacutegalement deacutepouver sa valeur intellectuelle morale et sociale
Il pourra aussi se mesurer aux autres dans le domaine de la consideacuteration
et du respect En quittant le bois sacreacute le jeune doit posseacuteder une
grande partie des qualiteacutes humaines et socisles quil faut agrave un howmE
pour vivre en harmonie avec la socieacuteteacute traditionnelle Il serait bien
sOr possible dans le cadre dune eacutetude plus approfondie de parler de
bien dautres rites et pratiques traditionnelles
Notons cependant que le rite de la circoncision appartient aux anc~t~es
et que dans les villages reacutecents ougrave les structures ont changeacute on ne
Jeux jours avant la re~trfE cans le bois sacr[ les adolescents so~r
-
- Jo shy
por lE diola 11-071- doit rester en harrc1iE avec lE
tal lanimal lui-mecircme les ancecirctres les geacutenies Le rit~ du rasdge co~sist~
acirc ~loigner la ~alchance de lenfant Si l~ ritE nest pas respecteuro eumlr es
parents du futur initieacute celui-ci connaicirctra la malchance pendant toute sa viE
Ce rite a aussi pour faculteacute deacuteloigner le mal et de preacuteserver lenfant des
mauvais esprits
Le rite de leau sacreacutee se fait un jour avant lentreacutee dans le bois sacrEacute
Les femmes doivent se garder davoir le moindre contact avec leau beacutenite
pour se preacuteserver des conseacutequences facirccheuses qui pourraient en reacutesulter La
tradition veut quune seule goutte soit capable de deacuteclencher lavortement
l chez la femme enceinte de rendre steacuterile la jeune fille ou de provoquer des
menstrues perpeacutetuelles chez la femme ayant atteint la meacutenopause bull
bull Le rite de la forge protegravege le futur initieacute pendant son seacutejour dans le bois
sacreacute Mais cette protection seacutetend bien au-delagrave et de rite veut que toute
personne qui y faillit soit condamneacutee agrave devenir leacutepreuse
Pendant plusieurs semaines les jeunes initieacutes subissent une formation capishy
tale qui fera deux des hommes complets
313 Croyances et pratiques mystiques
Si nombreux sont les diolas convertis au Christianisme ou agrave lIslam leur
foi napparatt jamais incompatible avec leurs croyances animistes Lhisshy
toire des rois et reines diolas nous reacutevegravele quils eacutetaient les ffprecirctres fl de
ces cultes feacutetichistes destineacutes agrave maintenir la fertiliteacute et agrave provoquer
la chute des pluies De nos jours existent encore des socieacuteteacutes secregravetes agrave
base religieuse ou magique la plus redouteacutee eacutetant lassociation neacutecrophashy
gique Kousanga des Floup (1)
Deux fafu expliquent la coexistence du dogme et de la croyance
le contact tardif de la socieacuteteacute diola avec les civilisations eacutetrangegraveres
et leacutevangeacutelisation ou lislamisation quelles veacutehiculaient Il e~ reacutes~lt~
une importance des traditions leur reacutesstance agrave une remise en questic~ ce qui confegrave~e agrave la socieacuteteacute diola un caractegravere conservateur
r~c~~i]EE 2~fr~~ ~c - t
ct ~Cc egraveE~ Cimiddotilisatilaquo~ eacute
la neacutecessiteacute de lanimisme consiegraveeuroreacute comme base de toutes legrave~
religi0~s uumlegrave serait-ce que corr~e tentative ciexpliquer li1explishy
cable en se repreacutesentant en particulier comme un ensemble de puisshy
sances mystiques Ainsi pour lanimiste agir sur la nature cest
intervenir psychologiquement aupregraves de ceLX qui la gouvernent
314 Imeact des moeurs sur la prat~que de la lutte diola
Lorigine de la populariteacute de la lutte eugrave milieu diola est par trop
impreacutecise aussi nous nous limiterons agrave en donner la signification
actuelle La lutte apparatt dabord comme un moyen privileacutegieacute deacutedushy
cation
- sur le plan corporel afin de deacutevelopper la force lagiliteacute la
rapiditeacute et la souplesse
- sur le plan moral afin de deacutevelopper les vertus caracteacuterielles
courage tenaciteacute digniteacute bullbullbull neacuteces~aires agrave laction
Mais la lutte apparatt aussi comme un mpyen dinteacutegration sociale car
le jeune diola qui se refuserait agrave se sbumettre agrave leacutepreuve de la lutte
encourrait un isolement alors que celui qui excelle en bravoure devient
rapidement populaire Dougrave ces affrontements agrave linteacuterieur dune classe
dige qui tout en restant un moyen de reacutejouissance servent eacutegalement
agrave eacutetablir des comparaisons
Nos observations et nos interviews confirment le caractire tris physique
de la lutte diola immeacutediatement les lutteurs sont au corps agrave corps et
les techniques consistant agrave aracher ladversaire priment sur toutes les
autres Exprimer sa force est une preacuteoccupation constante il suffit pour
sen persuader de voir le groupe de lutteurs peacuteneacutetrer dans laregravene au son
du Born bol on que rythme le claquement de mains des femmes
C~tte da~se est une deacutebauche dAnegie Ougrave les lutteurs pieacutetin~Ert avec
force L sol
i shy
3141 EorphologUgrave et valeur physiques du lut teur diola
Le lutteur diola possegraveagrave~ un deacuteveloppement caracteacuteristique du trai~
supeacuterieur et de la musculature doso-lombaire Ceci est tregraves certaineshy
ment lieacute au maniement de la houe de la daba et surtout dukadiando
dont lusage permanent a modeleacute la morphologie du lutteur diola
La valeur physique de ce lutteur semble reposer sur sa force sa
reacutesistance mais aussi sa rapiditeacute
3142 Reacutepertoire technique
Dans le Blouf la forme du corps la plus utiliseacutee est le deacutecalage souvent
combineacute avec un crochet de jambe (gal gal) ceci semble ecirctre lieacute agrave
lutilisation quotidienne dans les riziegraveres du kadiando Le paysan du
Blouf sera ameneacute agrave faire un mouvement de torsion pour deacutecalerlinstrushy
ment enprenant appui sur son genou et ceci continuellEment pendant toute
la jourpeacutee Chez les diolas du Fogny le kadiando eacutefait surtout utiliseacute
par les femmes qui soccupaient autrefois exclusivement de la riziculture
et ce n~est quaujourdhui que les hommes cultivent le riz 1
La principale culture dans le Fogpy est celle du mil on y cultive aussi
de larachide De ce fait loutil le plus utiliseacute est le donkoton qui
est un instrument tregraves petit avec un manche court et dont le maniement
expliquerait peut-ecirctre leacutetonnante musculature du train supeacuterieur et surshy
tout de la zone dorso-lombaire du 4i6la fogny qui excelle dans les techshy
niques en force genre arracheacute avec les bras sur contrOle de la ceinture
de ladversaire Lulisation du donkoton semble eacutegalement expliquer la
garde tregraves basse du lutteur fogny
Dans le kassa on aurait pu trouver la mecircme forme de lutte car la morphoshy
logie du lutteur est agrave peu pregraves la mecircme mais linterdiction formelle de
la prise du ~gimbe modifie et limite tout le repertoire technicult2 ou
lutteur Le lutteur kassa adopte une garde basse et agrave une preacutefeacuterence pc~r
legraveS tc~-iccedilues n passa~ dessous - - ~ shymiddotmiddotcrc t--=~ c-
----
contact et agrave partir de ce TtoTteuront ils peuvent se relever et conti~uEr
en lutte debout jusquau terrassemen~
Toutes les gardes sont rapprocheacutees en milieu diola
irbi trage
Les combats sont arbitreacutes par un deacuteleacutegueacute geacuteneacuteralement anClen lutteur
Ces anciens lutteurs ont pour rocircle de veiller au bon deacuteroulement du
combat La victoire est deacutecreacuteteacutee dans les cas ougrave un des lutteurs se
retrouve en position assise sur le ventre sur la cuisse ou les
genoux (sauf dans le Kassa)
Il existe un autre mode de victoire celle qui est proclameacutee agrave la
suite dune supeacuterioriteacute eacutevidente du~ des lutteurs A savoir quand
un lutteur soulegraveve tregraves haut son camarade et que son manager estime i
quil est pratiquement battu il peut arrecircter le combat en touchant
dabord le lutteur adverse popr eacuteviter que son lutteur ne soit terrasseacute
tregraves fOrt Nest-ce pas un deacutecision sage des managers qui peut contribuer
agrave maintenir le caractegravere reacutecr~atif de la lutte joola 1
La victoire dun village sur un autre village ne se mesure pas au
nombre de victoires obtenues par lensemble des lutteurs En effet
il suffit que le champion soit battu pour que le village soit consideacutereacute
comme deacutefait Ce qui explique limportance et le seacuterieux que le village
accorde agrave la preacuteparation des championsl)
Il est cependant important de signaler que larbitrage dans les centres
urbains revecirct une iautre forme beaucoup plus codifieacutee et cest peut-ecirctre
une des raisons qui font quen milieu urbain la lutte diola perde une
partie de son originaliteacute
En dehors des techniques speacutecifiques agrave chaque sous-groupe il faut
signaler quil y a une multitude de prises et quelGues formes de corps
comTIunes agrave letnn Car reconnaissons qu il cO unE ror-euro approp=i~eacute
dE ~ouvane du l~tteur diola en TaI
-----~-----
LE tableau ci-dessous se propose dE reacutesumer les diffeacuterentes consideacuteshy
rations techniques envisagEacutees dans cette partie
FORlŒSSOGS-GRGUPES 1 COItltOLE GA~JESDt CORF=
i ~
1 1
Passage dessous de jambes et BassE KASSA saisies Moyenne1annexes bras (rapprocheacutee)
ceinture tecircte
Deacutecalage de Moyenne et BLOUF Demi-souplesse Ngimbe
HauteHancheacute Bras (rapprocheacutee)
Jambe
Arracheacute CouFOGNY Tregraves basse
Hancheacute ii 1
1 1
3 14 3 bull LeIIa~~jueetlecom~ortementdulutteur-+iola
1 Le comportement et lattitude du lutteur dans laregravene pe sont en fait
t
que le reflet de sa psychologie et plus partiCUliegraverem t de son eacutetat
dacircme Or il napparatt pas abusif deacutetablir des cor eacutelations entre
le psychisme dun individu et lempreinte eacuteducative quil a subie En effet en sortant du bois sacreacute le jeune diola a acquis un ~ca~~l
eacutequilibre physique et mental
Cette matrise de lui-mecircme permet au lutteur dans la~egravene dadopter
un aire enjoueacute de manifester beaucoup denthousiasme~ La lutte devient 1
essentiellement un jeu laspec ludique y est privileacutegieacute et ~ela influe
sur le comportement du lutteur
Ainsi queurolq~c soit limporta~cE de le~je~ le lutt~c~ dic1e Seuroreacute
to~jours serein et s~ livrera sa~s arri~re pe~s6e da~$ ~E CO=beacute ou-
tons que le lutteur diola est trecircs fair-play et sil arrive quun rdnd
lll L COIicircilU1Ul L ULOF
32 J Preacutesentation
La soc tEacute wucirc10f est celle qU1 a eacuteteacute la plus marqueacutee par la colonisation
~~ fait peut-gtre de sa position geuroographiquE dune part ct de 50~ imporshy
tanCE sur le plan dfmographiquE dautre part En effEt ceurootteuro CC-~ucircautE
wolof repreacutesente environ 20 de la population seacuteneacutegalaise
Elle est constitueacutee de pecirccheurs (ce sont les leacutebous) dagriculteurs de
fonctionnaires de lEtat mais surtout de commerccedilants
A pqrtir de leur reacutegime dimplantation le Cayor le Walo le Baol le
Djolof et la presquicircle du Cap-Vert les wolofs ont tendance agrave irradier
sur lensemble du territoire sous leffet de leur speacuteculation agrave la culshy
ture de larachide et du nombre important de fonctionnaires quon trouve
dans cette ethnie
322 Les moeurs et croyances wolofs
Bien queacutetant en grande partie des musulmans convaincus les wolofs
conservent toujours une croyance animiste et continuent agrave faire des
sacrifices agrave porter des cornes ou des morceaux de bois agrave la ceinture
aux jambes ou aux bras et agrave croire agrave lexistence des Djinneacutes et des
Raps bull
Le Djinneacute cest une creacuteature malfaisante en geacuteneacuteral capable de choses
extraordinaires Il possegravede des faculteacutes surnaturelles Cependant dapregraves
la croyance animiste certains Djinneacutes peuvent ecirctre bons
Le Hapl cest une creacuteature ayant des dons occultes appartena71t agrave une
famille ou agrave une communauteacute et dont le rOcircle est de veiller cu daider
les reCJrES de le fai11p ou dt la conmunauteacute en cas de da1gel Le Rap
~ ut te c ) ~~c-
ei sltcificE cJ sanl dE meut0 dL chat de pC)wleurot 5E1lt les conveuroshy
lances parfois leur dorner COrllTe offrande du lait Laii
Qua1d une famille ou une communauteacute neacuteglige les Sarakh (ici dans
le sens de sacrifice ou Offrande) elle se voit aussitocirct vouEacutee agrave la
maleacutediction des mauvais esprit~ (fcllec dans touteacuteS lEs ~treprises
de la vie maladie mort bullbullbull ) Les lieux ougrave habitent ls Taps et ougrave
se font les sacrifices se nomment Khambs
Geacuteneacuteralement le khamb se trouve dans lenceinte de la maison ou
dans un coin approprieacute du village Les lieux du khamb sont marqueacutes
par la disposition de calebasses de pilons de morceaux de poterie
briseacutes de grosses pierres de cornes et dautres objets heacuteteacuteroclytes
La superstition wolof est tregraves marqueacutee En effet pour le wolof toutes
les manifestations quotidiennes trouvent leur signification dans le
mysticisme Citons agrave cet effet quelques ezemples Une femme enceinte
ne doit pas marcher agrave nimporte quelle heure de la journeacutee Certaines
heures de la journeacutee lui sont interdites le Timiss (creacutepuscule
le Ndjo~or (de 13 H agrave 14 H de lapregraves-midi) le souf-segravede (de
minuit i4 H du matin) Selon la tradition ~t la croyance wolof les
mauvais ~sprits choisissent ces heures pour jeter des sorts Et la
femme enceinte eacutetant tregraves vulneacuterable le Djinneacute essaiera de lui insufshy
fler son souffle pour atteindre son beacutebeacute afin dentratner soit la
meacutetamorphose de cedernier en monstre soit de le tuer avant sa naissance
Dailleurs pour le wolof et pour certaines autres ethnies au Seacuteneacutegal
le timis le tdjolor le souf-segravede repreacutesentent des peacuteriodes de
la journeacutee ougrave lon ne doit pas se hasarder dans les rues et les champs
Ce sont des heures propices aux apparitions des Djinnes sous nimporte
quelle forme humaine ou animale
Il est eacutegalement interdit au wolof de marcher ou de serti la nuit du
~eacutellfria-
loutes c~s pratiques ~ystiqu~s et cr0ya~ces religi~us~5 ~xistent eL~~[
certainement dues agrave un meacutetissage culturel Parallegravelement aux feacutetiches
aux incantations et agrave lutilisation des safaras (substance magique)
notons lexistence de ga l a tchs (ce sOnt des talismans ougrave sont inscrits
du qui les porte Toutes ces croyances biEn sucircr auront une rEacutepercussicrI
sur leacuteducation du jeune wolof
323 Leacuteducation du wolof
Pour caracteacuteriser leacuteducation wolof nous avons penseacute donner comme
illustration cet extrait de la revue DEM ak TEY Pour deacutefinir leacutedushy
cation le wolof fait appel agrave un symbolisme qui eDglobe aussi bien les
moyens mis en oeuvre Yar que le reacutesultat obtenu agrave laide de ces mecircmes
moyens cest-agrave-dire la formation et le deacuteveloppement de lecirctre humain
ou Yaru
Le substantif Yar deacutesigne le fouet
Ce symbolisme deacutesigne donc au-delagrave du simple sens mateacuteriel de lobjet
lutilisation qui permet daboutir au reacutesultat escompteacute (Yaru) Au sens
geacuteneacuteral Yar deacutesigne tout instrument servant agrave infliger une punition Le
terme laisse supposer agrave priori que cette phase de lenfance durant lashy
quelle se preacutepare la vie de lhomme est lieacutee agrave la souffrance au supplice
Dailleurs une maxime wolof compare lenfant agrave une tige quon a tout le
loisir de redresser alors quelle est encore flexible bull
bullbullbull Pour leacuteducateur wolof la perfection nest point de ce monde malS
le devoir de chaque homme est de tendre vers la pleacutenitude en luttant
contre ses propres faiblesses Leacuteducation va d01c iisister essentielle~(-~t
sur lexercice quotidien de leacutelevation ffiora1e d~ lindividu Pour cela
elle privileacutegie la patience munI) vertu dabneacutegdtion et dE deacutesinteacuteresseshy
m(~t autour dE laquelle sarticulent toutes ]e~ ~u~~~s qualiteuros
i _
aan~ ~ s0cieacutet gt~olcf ocirclt~tartt nul -Jt- poulait sabecircisstr
tion de sa libertEacute La liberteacute est le preuumler drcmiddotir dE l ho-)euro egrave~S
baigner dans une beacuteate admiration du passeacute la comparaison avec le pr~$(middott
si~posc dclle-mecircme car lon reste s reacute devant la deacutesinvolture aVEC
laquelle dES honmes daujourdhui descendants de cette ~~~EacuteTatic ccedil~l se
une fois [largis bullbull tTasque fiers davoir fait leacute priS0n PEut-2tTE
faut-il mettre cela sur le compte de lurbanisation et des nouvelles
valeurs qui ont pour nom enrichissement reacuteussite sociale avec ce que
cela comporte de deacuteshumanisant et de deacutepreacuteciateur (1)
3 bull 2 bull 3 1 bull Lesri tes
Le sevrage et la circoncision constituent les deux grandes phases initiashy
tiques chez le wolof
- Le rituel du sevrage est appeleacute maga1 (litteacuteralement rendre grand)
Cest un eacutevegravenement important aussi bien pour les parents de lenfant que
pour la co~unauteacute Durant cet eacutevegravenement qui survient geacuteneacuteralement deux
ans apregraves la naissance du beacutebeacute les personnes vivant dans lentouragE
apportent leur soutien moral et mateacuteriel
- le rituel de la circoncision revecirct pratiquement la mecircme signification
que dans les autres ethnies seule la forme diffegravere La circoncision reste
encore une eacutepreuve de la vie au sort i r de laque Ile ladolescent devient un
homme Aujourdhui il faut noter une meacutetamorphose de la structure sociale
et des croyances religieuses tregraves accentueacutee aussi bien chez les wolof que
chez les autres groupes ethniques et ceci est peut-ecirctre dO au contact
permanent quils ont avec la socieacuteteacute occidentale
Malgreacute ces constat~tions il semblerait pcu=tant qUE la sociecirct~ lecircbou Gci
bien que se trouvaLt en grande partie dans ~a Presquth du Cap-ETt Et
en contact permane~t avec les blancs soit la portior la plu8 cc~serva-
----------~_- ---~-- -----
~
Incidences d s ~00urs sur la l~ttE
Le wolof connaicirct deux formes de luttes la lutte sirplE- sans t-t
la lutte avec frappe La lutte avec frappe a une crigi~e purement r
et ce nest que plus tard quelle devint une prati1uE sportive et lud
preacuteparer agrave la guerre Aussi tout en luttant On eacutetait autoris~ agrave frapper~
griffer mordre voire introduire son doigt dans loeil de son adversaire
Le jeune wolof devait eacutegalement se livrer agrave la lutte avec frappe afin de
favoriser son insertion dans la socieacuteteacute adulte et sinitier au meacutetier de
soldat faute de quoi il ne pouvait se faire entendre ne avoir des marques
de respect Pour montrer la populariteacute de la lutte dans le Cayor signalons
que les Damels ll (rois) et les Teignes (nobles) nheacutesitaient pas agrave sy
livrer Quant au IIMbeu~ (lutteur) elle lui servait de moyen de promotion
sociale car d8S que sa reacuteputation eacutetait eacutetablie il pouvait ecirctre choisi
par les rois et les nobles comme garde de corps
325 Signification de la lutte en milieu wolof
La lutte se pratique dabord pour lhonneur qui est une vertu tregraves signishy
ficative pour le wolof Elle permet de renforcer les liens amicaux entre
les jeunes de villages diffeacuterents Le champion veut gagner
confiance et la consideacuteration de son village de ses amis
Etre champion cest aussi susciter ladmiration chez les
sentant la force la viriliteacute et la deacutetermination
326 Organisation d~s eacutepreuves de lutte
3261 Les Mbapatts Ce sont les seacuteances nocturnes
pour meacuteriter la
et des anciens
filles en repreacuteshy
Ils sont organiseacutes apregraves les reacutecoltes agrave la fin de la saiscn des pluies
Ceci surtout p~ndant les peacuteriodes de clair de lune car ils peuven~ durEr
toute la nuit Le but des ~Dapatts lt=tait de prfpa-er FhysicuemeH et
~ arb Sil
326 Le 1
cest une organisation beaucoup plus importante que les I~apatts ~
loccasion de laquelle on peut voir plusieurs lutteurs de grande reDommfe
saffronteLLa fin dl lamb est toujours couronneacutee par une grand co~bat
duquel le vainqueur est sacreacute champion de la contrecirce
Le choix du lieu est lieacute agrave limportance de ce lieu dans le village cest
la place publique ougrave geacuteneacuteralement se passent toutes les manifestations
assembleacutee geacuteneacuterale sabar (danse) cest aussi lendroit ougrave sont prises
les grandes deacutecisions
3623 Lappariement
Dans un village ou un quartier les lutteurs se regroupent en lang
(eacutequipe) et jamais deux lutteurs de mecircme lang ne se rencontrent lors
du lamb
L appariement s~ fait librement entre lutteurs de lang diffeacuterents l1hs
une regravegle veut ~uavant de lutter avec le Mbeur Kanur de tel lang si
on est soukh (l~tteur pas encore confirmeacute) il est neacutecessaire de lutter
dabord avec ses soukh et ce nest quapregraves les avoir terrasseacutes tous
quon se voit octroyer la chance de lutter contre lui
Notons que la cateacutegorisation des lutteurs par poids nest jamais prise
en consideacuteration
3624 La tenue du lutteur ou NGIMBE
Le middotNGimbe est confectionneacute par le marabout de la famille ou du clan Il
est constituecirc de pagnes en coton tisseacute geacuteneacuteralement offerts par la megravere ou
la grand-megravere du lutteur ceci lors des organisations de ~rande Tportance
COrlune lef 1amb Dans le cadre des l-bapatt les pagnes sont C tErts peumlr
~~~rcfcis ct ffi~mc aujourdhui d218 cErtaInes fa~ille5 on devj~Gr
luttEur de pegravere en fils et dans ce cas h 1
gimbell du pEgravere Est recircr i tEacute
par le fils Le fait de porter le lI~gimbe agravee ses aiumleux peut susciter
cne~ le jeune lutteur une motivation et une volontecirc in~branlable rlasshy
surer 12 supeacuterioritEacute cis SIcirct-ns dallS
le xgimbe de la famille ne touche pas le sable
La tenue du lutteur a une signification et une importance sur le plan
mystique car selon les anciens le vrai feacutetiche du lutteur celui qui
le proteacutegera agrave vaincre le Djinneacute ou le Rap de ladversaire se trouve
cacheacute dans ce Ngimbe Celui qui confectionne-le Ngimbe est doueacute de
faculteacutes occultes
~~r~i~rg Il est assureacute par un sage du village qui geacuteneacuteralement fut
championde lutte de son temps Dailleurs cet ancien nintervient que
si le terrassement est litigieux
Hormis le public qui proclame la victoire ou le match nul le lutteur
lui-mecircme est arbitre et il arrive quil se deacuteclare vaincu ~ous
pouvons citer comme exemple Meacutedoune KHOULE un des plus grands lutteurs
seacuteneacutegalais qui a donneacute une victoire agrave Djeacuteri SADIO son adversaire qui a
reacuteussi agrave lui faire toucher le sol de la main
Il Y a terrassement quand le lutteur se retrouve
- assis sur le sol
- eacutetaleacute sur le dos
eacutetaleacute sur le cocircteacute
les deux genoux au sol
- les deux ma~ns au sol
la tecircte (front au sol agrave la suite dune brouette)
Il peut y aVOIr match nul si apregraves li1 temps ccmsideacuterable les lutteurs
SE sont ~ ivrEacutes respectivement agrave des assauts rEacutepEacutetEacutes et n arrivEt pas a
3265 L~ precircparation mystique
Il faut reconnattre quon ne peut parler de lutte en milieu wolof sans
envisager une preacuteparation mystique seacuterieuse Co~~e ~ous lEvans vu a~teacute-
1middot ~ d ~ ~rlturenent t0utes es actlvmiddotltesmiddot u W010 sont lles a SeS croyances
- la lutte ne concerne pas seule~ent deux acteurs se livrant faruumlucheshy
ment agrave un combat au milieu de laregravene mais eacutegalement les marabouts et les
feacutetichistes du village ou du clan qui doivent deacutefendre leur savoir et
leur prestige Avant le combat le lutteur doit se livrer agrave un certain
nombre de preacuteparations mystiques pour assurer sa victoire Aussi sommesshy
nous appeleacutes agrave parler de BACK (cest le chant et la danse du lutteur)
- le batteur de tam-tam compose un rythme en fonction du Galagne ou du
Senghor (gds-gris) du lutteur Chaque galagne sera choisi en fonction
du Rap ou du Djinneacute correspondant au Totem du lutteur
Le chant geacuterleacuterique Feinte woy veut dire litteacuteralement composer un 1
chant Ce chant est geacuteneacuteralement composeacute par les filles du viilage du
champion ou par un griot de sa communauteacute Et agrave travers ce chrnt on
arrive agrave toucher la corde sensible du lutteur en chantant lesl innombrables 1
victoires de ses ancecirctres ou en lui rappelant ses prouesses eacuteblatantes 1
Chaque lutteur doit avoir un chant et un back qui lui sont propres
327 Le reacutepertoire technique et les caracteacuteristiques physiques dulutteur wolof
Le lutteur wolof est geacuteneacuteralement moyen de taille la musculagraveture est
tregraves saillante ce qui fait ressortir un aspect tregraves athleacutetique ceci
est vrai sans exception pour le lutteur leacutebou mais il arrive que le Cacircyoshy
rien le baol-baol le walo-walo soient de grands gabarits de forte constishy
tution
CepEndant pour une meilleure compreacutehension du sujet nous pouvons eacutetudiEr
deux jroups d lut teurs qui vont deacuteterminer deux st yI e s de lut tes
- ~ t
les tc~tativ~s de~[reacutee e~ ramassement de jambes de la~v~sairL Ce~~
peut Ecirctre expliqueacute par le fait que les lutteurs leacutebou ou walo-walc qui
sont des pecirccheursadoptent cette garde tasseacutee du fait quils so~t tou-
jours pencheacutes en tirant le fil ou en poussant la plrogue On verra techrugravequeacutes dt cirr 2C ~lt 5Jllicitocirct
surLuumlut les membres supeacuterieurs
Le cayorien et le baol-baol par contre sont les plus grands cultivateurs
darachide chez eux les techniques de lutte sont plus varieacutees et la
garde est moins renfermeacutee Les lutteurs cayorien et baol-baol ont une
morphologie et une reacutepartition musculaire bien eacutequilibreacutee ils excellent
dans les techniques en deacutecalage les techniques de jambe et surtout les
techniques de riposte ougrave lon peut voir des prises de hancheacute tregraves amples
Dune maniegravere geacuteneacuterale on peut dire que le lutteur wolof est un fin
technicien qui sait surtout creacuteer les opportuniteacutes e~ avec sa rapiditeacute
utiliser la force de ladversaire pour le deacuteseacutequilibrer le noodju
le mbas le weacuteheacuteleacute et le rasu sont des techniques propres au lutteur
wolof
En deacutefense il utilise surtout des kl~klets ou gal-gal Notons que
le balancement des bras ou Lewato e$t tregraves marqueacute dans la lutte wolof
TABLEAU RECAPITULATIF DES COMPOSANTES TECHNIQUES
( 1 )
1 SOUS-GROUPES GARDES CONTROLES FORHES DE CORPS l
Walo-walo Basse de jambe Arracheacute l l10yenne de Ngimbe et i
Leacutebou Tasseacutee et saisies annexesj Deacutecalage 1 1 distante de bras de tecirct1
j de bras Deacutecalaeuro
~-----------------~-
- ~ ~- shy - ~ ~ bull L _ _ bull
Profil psyc~~iqUE du lutteu- et son comporterent dars l 2regravere
La preacuteparation mystique dans laregravene est plus marqueacutee chez les wolofs
que ChE~ les autres ethnies En effet on verra de grands champions
preliGrE plusiEurs heures pour Enduire leur corps de cll2badep ou ci
rmiddot- ~ a la proprieacuteteacute de proteacuteger li1egraveividu J
les mauvais sorts) Cest dailleurs un aspect dt la luttE qui iJcsc
des problegraveJles
Le lutteur wolof est tregraves superstitieux et la peacuteriode de preacuteparation
est capitale pour lui car elle permet non seulement de rendre
hommage aux ancecirctres mais aussi dintimider son adversaire Cest
geacuteneacuteralement un lutteur agressif combatif et teacutemeacuteraire Il se fait
souvent remarquer par son esprit dentreprise Mais cette fougue dans
le combat lamegravene parfois bien que ce soit regrettable agrave oublier les
usages et les normes Ce manque de maicirctrise de soi peut faire croire
que le lutteur wolof manque de fair-play ce qui nest pas toujours le
cas
~A~Ugrave~ t 4AA CbUrs k LA ucirctotve f~tPle Sesect prores mou W ~ lesquelles vont se couler les comporteme~ts individuels qui sont ainsi
monteacutes par et pour lautoriteacute sociale
Les faccedilons de boire de marcher ou de sasseoir se manifestent indivishy
duellement dans le corps de chaque personne ces habitus sont cependant
des montages sociaux lieacutes agrave des significationssymboliques variables
dailleurs selon la position sociale occupeacutee par chaque sujet Ces modes
dagir se rangent dans un systegraveme de montages symboliques et lindivishy
du les apprend de la socieacuteteacute dont il fait partie agrave la place quil occupe
Lhabitus est un montage social agrave la valeur symbolique deacutependant des pheacuteshy
nomegravenes deacuteducation et de prestige et lieacute agrave la position sociale du sujet
Cette penseacutee sonne de faccedilon eacutetonamment moderne
Pierre BOURDIEU qui dans une perspective a approfondi le contenue de la
notion en le reportant aux oppositions entre classes et fractions sociales
Il deacutefinit lhabitus comme un systegraveme de dispositions durables acquis au
cours dune histoire personnelle dans une milieu social donneacute systegraveme qui
engendre ensuite des pra~iques socialement deacutetermineacutees faccedilons de manger
de parler ou de marcher comportements de politesse contenu des preacutefeacuterencel
et des deacutegoOts bullbullbull lhabitus est le produit de conditions eacuteconomiques et
sociales Lauteur rattache directement la formation de lhabitus dun
individu agrave la trajectoire parcourue par celui-ci dans sa classe dapparteshy
nance il deacutefend lideacutee dun habitus de classe qui deacutefinit le sens confeacuteshy
reacute agrave la pratique sportive les profits qui en sont attendus
Ce dernier serait lui-m~me lieacute agrave un systegraveme de valeurs ou ETHOS de classe
prenant sens au sein doppositions distinctives entre classes sociales
De sorte lhabitus fonctionne comme un systegraveme dt- regravegles inteacuterioriseacutees
souvent informuleacutees permettant ou non agrave lagent de sadapter dembleacutee aux
multiples pratiques de la vie quotidienne et de la vie sportive il est agrave
lorigine des schegravemes de transcription qui favorisent les ajustements aux
situations corporelles nouvelles (1)
t ~
(1) P~IE11D dwi6Han ISpoy-l et sodeacutebi Approche Bocio-culturelle des pratiques P~tis Vigot 1981 page 81
33
331 Preacutesentation
Les Seacuteregravere auraient pour origine le Fouta Toro quils auraient quitteacute
vers le Xllegrave siegravecle pour fuir lislamisation de cette reacutegioD par lempire
dJ Xali (ils seraient donc apparEnt~s aux Peul et Toucouleur ) Ils
auraient trouveacute dans la rEacutegion du Sine les Sosseacute dorigine manding avec
lesquels ils salliegraverent
Au XVegrave siegravecle une autre immigrationSos~ conqueacuterante cette fois-ci
apporta son organisation eacutetatique Ils se divisegraverent en deux monarchies
deacutemocratiques lune seacutetablit au Sine et lautre au Saloum Les Sosseacute
conqueacuterants constituaient lautocratie appeleacutee Guelowar
La royauteacute seacuteregravere eacutetait laiumlque Les premiers souverains durent secouer
la tutelle des Toucouleur et progressivement arrivegraverent agrave unifier lethshy
nie des seacuteregravere etdea Sosseacute Les deux royauteacutes eacutetaient organiseacutees selon
acirces modegraveles tregraves deacutemocratiques Le souverain deacutependait dune assembleacutee
de ministres et de chefs locaux qui assuraient ladministration centrale
et reacutegionale())
Aujourdhui lethnie seacuteregravere repreacutesente 20 de la population seacuteneacutegalaise
Ils sont reacutepartis sur presque toute leacutetendue du territoire notamment
dans le Baol la reacutegion du Sine-Saloum et la reacutegion de Thiegraves
Signalons quil existe plusieurs sous-groupes dans lethnie ainsi on
trouvera
- dans la reacutegion de Thiegraves les Ndut les Safegravene et les None
- dans le Sine-Saloum les Sine-sine et les Saloum-salouIT
On trouvera vers foundioune et agrave Nioro du cocircteacute de la Gambie les
Niominka (pecirccheurs) Cest une portion tregraves mandinguiseacutee
( 1
Le rattache~2~t d~ to~s ccs sous-groupes pose problecircme ~25 0~ r0~V~
uc grande partie de traits COITul1uns dans leurs modes dE vie Ct pOUT phs
de faciliteacute nous allons essayer de faire une ~tude globale de la lutte
traditionnelle seacuterecircre Lactiviteacute socio-eacuteconomique qui est essentielleme~t
agro-pasorale caracteacuterisE leacutethnie seacuteregravere
332 Lecircducation les moeurs les croyances et pratiques sEr~rc
Chez les Seacuteregravere la vie humaine se deacuteroule selon les grandes eacutetapes
le baptecircme lenfance ladolescencemarqueacutee par la circoncision lsectge
adulte le mariage la vieillesse et la mort (funeacuterailles)
La vie de la communauteacute seacuteregravere reste une des plus originales sinon
celle qui de nos jours garde la presque totaliteacute des pratiques et
habitudes traditionnelles
Bien qu aujotltdhui con~r-tis aux religions chreacutetienne et musulmane les
Seacuteregravere conservent leurs croyances et pratiques animistes
Quelque soit leur degreacute dadheacutesion aux religions reacuteveacuteleacutees les Seacuteregravere
croient en un Dieu puissant et miseacutericordieux Rog Segravene et les hommes
Les ~angols sont repreacutesenteacutes mateacuteriellement dans tous les villages
seacuteregraveres par des arbres (baobab et tamariniers) des animaux (geacuteneacuteraleshy
ment serpent doreacute ou iguane) des ustensiles (pilon calebasse et mortier)
De nombreux teacutemoignages nous apprennent que certains totems (serpent
iguane) font leur apparicion agrave loccasion de certaines manifestations
rituelles comme les sacrifices ceacuteleacutebreacutes lors dun mariage de ceacutereacutemonies
mortuaires ou des circoncisions
Le Seacuteregravere comme il nous a eacuteteacute donneacute loccasion de le dire plus haut
preacutesente des speacutecificiteacutes authentiques aussi bien en tout ce qui touch~
son eacuteducation ses croyanCES et pratiques mystiques q~e ses activiteacute~
socio-ecirccc~omiquEs Apr~s a ~aissa~c~ le beurob~ ~~ pcs~ 5~~ lE S~ __
On lui mouille les l~vres avec un peu d~ lait de mil et apr~s U~ bain
purificateur on versera leau dans un trou cr~us~ derri~r~ la Camp~~
Pendant huit jours la megravere et lenfant sont cacheacutes dans la case car
selon les anciens ils sont tregraves vulneacuterables La case deacutens certains cas
est entoureacutee dun fil blanc et lon place sur le seuil des fais(cauy di
veacutegeacutetaux pour chasser les mauvais esprits (geacutenies malfaisants et illangeUY~
dacircmes) Au bout du huitiegraveme jour la megravere et lenfant peuvent sortir de
la case bull
bullbullbull Le matin du huitiegraveme jour la tante paternelle va chercher de leau
(plusieurs fois)t elle doit rester muette pendant ses alleacutees et venues
si elle parlait t lenfant pourrait ecirctre muet bullbullbull
La megravere et lenfant prennent un bain purificateur dans lequel sont
trempeacutees certaines plantes (ce sont des veacutegeacutetaux pr~tecteurs tels le
begravene le yag le ngud) On y lavera aussi le linge e1t les ustensiles utishyj
liseacutes pendant les huit jours qui viennet de seacutecoul~r On rase le crine
de lenfant Les cheveux sont donneacutes agrave la megravere qui ~s enterrera avec le
reste du cordon ombilical dans un endroit que11e esit seule agrave connattre
La megravere sassied sur une natte devant la maison Une femme igeacutee de la
famille prend le beacutebeacute dans ses bras et le preacutesente aux quatre coins de
lhorizon
La tante paternelle tient ensuite un van sur la tecircte de la megravere on y
verse le mil on y verse eacutegalement en abondance sur la megravere et sur
lenfant La tante oint ensuite le corps du beacutebeacute avec du lait e11e
touche en particulier le front t le nez la bouche la poitrine le dos
et les oreilles
Elle pose enfin un ~rain de sel dans la paume du beacutebeacute (le sel purifie
et deacutetruit les puissances mauvaises)
Apregraves un nouveau bain la megravere et lenfant revEcirctent des habits de fecircte
(est
lenfant Ce precircnore a toujours U~ SEns Il sy~bolise parfois C0 qUi
lOIl sounaitt agrave lEufant l)
La circoncision comme dans les autres ethnies est obligatoire Elle
permet au jeune adolescent dacceacuteder agrave la classe adulte Les jeunes
sont regroupes en classe dacircge dans le bois ougrave sc fait la r0tr~it0 des
circoncis et ceci pendant plusieurs mois
Le Selbeacute qui est geacuteneacuteralement un ancien craint de tous les eacutelegraveves
enseigne le respect de la hieacuterarchie la discreacutetion le goOt de linishy
tiative Les activiteacutes physiques et leacuteducation artistique ne sont pas
en reste la deacutecoration la sculpture la lutte et la danse A sa sortie
du bois linitieacute appartient deacutesormais agrave la classe des virils et des
sages du clan car on lui aura enseigneacute les vertus fondamentales que
sont la justice lhonneur lamour du prochain 1 amour du travail
lhonnecircteteacute et surtout le respect des coutumes ancestrales
Le rite du mariage esd aussi un fait tregraves important dans le monde 1
seacuteregravere mais par manq~e dinformation nous serons obligeacutes de nous en
tenir lagrave
333 Impact des ethos sur la lutte dans le monde seacuteregravere
Lorigine de la lutte seacuteregravere ne semble pas claire ma1S nous pouvons
dire quil existait deux formes de lutte comme chez les Wolofs une
lutte sans frappe et une lutte avec frappe Et cest cette derniegravere
qui peut-ecirctre nous ameacutenerait agrave croire que la lutte seacuteregravere aurait une
origine plus preacuteciseacutement guerriegravere
Aujourdhui la lutte est uniquement une activiteacute sportive agrave travers
laquelle le jeune seacuteregravere eacutevalue sa force son courage et SOn ingeacutenioshy
siteacute Cest une occasion de deacutefendre lhonneur de son village ou de
la corrnnunauteacute
La luttE ~5t avant tout u~e rnanifcs[dtic~ c~lturclie et surtout
fo lkhriqut-
Gracircce agrave elle on peut deacutesormais comprendre un certain nombre de chants
et de symboles A travers la lutte seacuteregravere on ccedilomprend les inter-relashy
tions entreacute la vie et le monde surntiturel
Sil devait y avoir la mort dun villageacuteois pendant la fecirctE au T qUE
de linterrompre on proceacutedait gracircce aux connaissances magico-religieuses
agrave la suspension de la mort jusquagrave une peacuteriode ougrave la population sera plus
disponible pour organiser des funeacuterailles sil y eacutetait preacutedit la possibishy
liteacute dune deacutefait du champion local au profit dun champion dun autre
village des recettes dordre maginque et religieux eacutetaient mises en prashy
tique afin que le champion du village ne soit jamais terrasseacute(J)
334 Le profil du lutteur seacuteregraver~
Le lutteur seacuteregravere est par essence un athlegravete impressionnant de par sa i
carrure et sa musculature saillante mais cest aussi une force tranquille
et calme quelque soit lenjeu du combagravet et particuliegraverement lhonneur
Cet aspect nous pousse agrave parler du NGiMBE cest-agrave-dire de la tenue du
lutteur qui va influencer sur sa faccedilon de lutter
La confection du Ngimbe revient agrave la communauteacute entiegravere Le Ngimbe a
une signification symbolique et le lutteur pour meacuteriter la confiance du
groupe se doit de tout faire pour ne pas toucher le sol Toute la commushy
nauteacute elle aussi sengage pour assurer la longeacuteviteacute et le succegraves du lutteur
dans laregravene par lorganisation droffrandes et de sacrifices en lhonneur
des Pangols bull
bull
Daucuns nheacutesitent pas agrave dire que lessentiel du mysticisme se fait agrave
la maison et non dans laregravene tout le reste nest quintimidation de
ladversaire
lsvcns
Tt- pi ~- t
t 1 ~ l _ ~ t
par rapport agrave lautre Cbci est trEgraves lieacute agrave lactiviteacute journaliegravere du
jeune seacuteregravere qui est un cultivateur donc toujours bien planteacute sur ses
jambes et qui continuellement manie lhiler
Le fait de couper le boi~ peut eacutegalement constituer un moyen de muscushy
lation non neacutegligeable pour le jeune lutteur
Un certain nombre de traits techniques speacutecifiques au lutteur seacuteregravere
semblent ressortir des diffeacuterentes interviews que nous aVOns fait subir
agrave certains lutteurs seacuteregraveres et agrave diffeacuterents techniciens
SOUS-GROUPES FORMES DU CORPS CONTROLES GARDES
SAFEN Moyenne en fente NONE Hancheacute Bras (distante) j
NDUTJ
f
SINE-SINE Deacutecalage Ngimbe
Moyenne
SALOUM-SALOUM Passage- Jambe (rapprocheacutee) 1
i
PETITE dessous Tecircte Basse et 1
COTE Moyenne (rapprocheacutee)
Notons que le Niominka ll commence agrave lutter agrave partir du sol pour avoir
assez deacutelan et sauter sur ladversaire afin davoir la prise du lion
(contr6le de la nuque et du bassin)
Co a -tem-nt ccedilt attitude du lutteur sEacuteregravere335 np -1t ~
Les croyances mystiques sont indissociables des activiteacutes quotidiennes
duseacuteregravere Ce qui explique le cocircteacute supersticieux du lutteur seacuteregravere En
~ffet certains lutteurs refusent de lutter avant certaines heures
Certains teacutemoignages nous apprennent quil nest pas donneacute agrave tout le
monde decirctre champion de lutte et que le lutteur doit avoir des dons
surnaturels pour ecirctre agrave mesure de livrer ses combats dans la nuit
et trouver seul un gris-gris speacutecial appeleacute Njatch
Le vrai champion de lutte chez les seacuteregraveres ne lutte pas seulement avec
~a force et sa technique mais surtout avec ses dons occultes
Chez les seacuteregraveres les morts sont toujours preacutesents et les ~pangols
Servent dintermeacutediaire entre les hommes et les morts Le pangol prend i
le nom dhumain dans certains villages (IIHeacuteJga NDONG Har Wag NGOUYE) i 1
De ce fait on verra le lutteur danser dufe maniegravere ou dune autre en
fonction du pangol de sa famille Ainsi nrus aurons le back (chant et
danse du lutteur) des DIOUF des FAYE etclbullbullbull
Dans laregravene le lutteur seacuteregravere a un comportement exemplaire aussi bien
agrave leacutegard de son adversaire direct quave~ le public en geacuteneacuteral Lexpli shy
cation semble tenir au fait que le lutteur seacuteregravere est avant tout selon
la tradition orale le repreacutesentant de toute la communauteacute seacuteregravere Par
conseacutequent il devra saffirmer non seulement en tant que lutteur dans
laregravene mais aussi en tant quentiteacute morale
336 La tenue du lutteur ou NGIMBE est confectionneacutee par le marabout de la
famille ou du clan Le Ngimbe est constitueacute de pagne en cCton tisseacute
Il doit ecirctre propre le lutteur qui le porte ne devra pas avoir de rapshy
port sexuel pendant toute la peacuteriode des cOTpeacutetitians car le Ngi~bE ne
doit pas ~tre souilleacute
Autrefois et mecircme aujourdthui dans certaines familles on devient
lutteur de pegravere en fils et dans ce cas le Ngimbe du pegravere est heacuteriteacute
par le fils Le fait de porter le Ngimbe de ses aieux peut susciter
chez le jeune lutteur une motivation et une volonteacute ineacutebranlable dtasshy
surer la supeacuterioriteacute d~s siens dans ltaregravene Il fera tout pour que le
Ngimbe de la ramille ne touche le sable
La tenue du lutteur a une signification et une importance sur le plan
mystique car selon les anciens le vra1 feacutetiche du lutteur celui qui
le proteacutegera et laidera agrave vaincre le nDjinne ou le tRapu de ladvershy
saire se trouve cacheacute dans ce Ngimbeu bull Celui qui confectionne donc le
Ngimbe U est doueacute de faculteacutes occultes
337 Larbitrase est assureacute par un sage du village qui geacuteneacuteralement fut
champion de lutte de son temps Dailleurs cet ancien nintervient que
si le terrassement est litigieux Hormis le public qui proclame la vicshy
toire ou le match nul le lutteur lui-mecircme est arbitre et il arrive
quil se deacuteclare vaincu
Nous avons pu cfter Meacutedoune KHOULE un desplus grands lutteurs seacuteneacutegashy
lais qui a donn~ une victoire agrave Djeacuteri SADIO son adversaire qui a reacuteussi
agrave lui faire touegraveher le sol de la main
IlL
34 1 Preacutesentation
Lethnie toucouleur vit En grandt partit ciE~~ la vallfc du S~~~gal
pt reprecircsente i peu pr~s 8 de la population totale secircn~galaise
o Histoire
Il semblerait que dans lancien royaume du Tekrour (IX~ siegravecle) des
eacuteleacutements neacutegroiumldes Sarakoleacute et des Peul aient formEacute par meacutetissage le
peuple Toucouleur (Toucouleur serait dailleurs une deacuteformation du
mot portugais Tacouror)
Ce empire a domineacute aussi bien les wolofs de lOuest que les Peul
nomades du Fouta Toro Cette reacutegion fut le premier pays islamiseacute par
les Almoravides ce qui peut expliquer le proseacutelytisme toucouleur
Ce sont les guerriers toucouleur islamiseacutes qui attaqu~rent avec les
Almoravides la capitale du Ghana Koumbi en 1067 On convertit par
la force les animistes Cest sans doute agrave cette eacutepoque que de nombreuses
ethnies reacutefractaires agrave lIslam ont dO accentuer leur migration vers
le sud (Seacuteregravere wolof Sarakoleacute Bambara Songhaiuml Akan et Peul se reacuteshy
fugiaient vers les hauteurs du Fouta Djalon)
Au XIXegrave siegravecle les Toucouleur allaient trouver en El Hadj Omar Tall
un grand conqueacuterent qui sous le preacutetexte religieux de la gJerre sainte
contre les tribus animistes (entre autres Bambara) eacutetendit lempire
toucouleur sur presque tout lensemble du gali et la partie de la Guineacutee
proche du l1ali
Lempire toucouleur composeacute de Sarakoleacute de Bambar~ de ~alinkeacute de
Xassonkeacute dE Peul et de Dogon eut le meurorit~ dunir CES diif~rentes ~ ~ - - - - - et~ics ~t dE CD~stituer l~Sl la b2S~ ~r 1
_ ~ ~ ~_ L ~
~ ~- ~- - - ---- _ 1 v _ t 1 ~-_ --
marabout tOL~culcuuml~ ~ middotlrrany a l ick SI venu des E1i rClS dE Pocior~ (
~ Vi~ euroconomicue et sociale -----------~-------------
Les Toucouleur sont des cultivateurs mais bien quils n~ soie~t pa~
pasteurs comrre les Peul leacutelevage a une place inportarteacute decirc1S ltur
eacutecono~ie Pour faciliter leur conquecircte guerriegraverE ils c~t Eucirc une preacuteshy
dilection pour leacutelevage des chevaux On y trouve aussi des pecirccheurs
appeleacutes Tchioubalo La socieacuteteacute toucouleur aurait une stratification
sociale tregraves rigide Les groupes ethniques et les castes eacutetaient
diffeacuterencieacutes et strictement exogamiques les Rimbe classe des nobles
comprenant la famille reacutegnante et les guerriers libres la classe des
Nieacutenieacutebegens de castes artisanales i les Rimaibeacute anciens esclaves
devenus serviteurs qui portent les noms de famille de leur maicirctres A
la base de lorganisation de la collectiviteacute toucouleur se situe le
village (Wouro)
Toutes ces castes sont cloisonneacutees entre elle~ Ainsi il nest pas
permis agrave un Torodo (noble) de se marier avec un Tchioubalo Ces
consideacuterations sont importantes dans le domaine de la lutte ougrave nous
apercevrons que les nobles ne sont pas faits pour lutter Le noble
preacutesidera les seacuteances de lutte et on luttera pour lui Ces condeacute rat ions
de noblesse et de rang social sont extrecircmement importantes dans le
monde toucouleur
Le noble ne doit pas se salir on lutte pour lui il ne vit la lutte
quen tant que spectateur
342 Education moeurs croyances et eratiques religieuses
Deux formes d~ducation sont agrave consideacuterer leacutedJcatio~ dES enfarts Et
celle des adultes
oG lenfant sait m2n~~r et apprfcier le goOt d~5 ~iifeurorents r~pas lt
le moment ougrave il CO~~e~CE agrave marcher
tivirt n~sormais le petit toucou]eur est eacuteduquf par toutmiddot 12 f2~i)]E
dabord puis par toutes lespersc~nes du village ou du C13~
Lenfant peut ~tre corrigeacute par tout adulte appartenant au groupe social
Son eacuteducation est deacutesormais laffaire de toute la communauteacute et non
exclusivement celle ces parents On linitie ainsi au travail quotidien
qui se fait dans la bergel~ e les champs et les bords du fleuve Au sein
du village il pourra apprendre agrave filer la laine et agrave tisser des pagnes
dans les champs il apprend agrave manier la houe et lhiler pour la culture
du riz et du mil Mais signalons que lactiviteacute essentielle du toucouleur
est leacutelevage des boeufs des moutons et des chegravevres Chez les Ichioushy
balos (p~cheurs ) lenfant sera initieacute tregraves tat au maniement des pagaies
agrave la p~che propremccedilnt dite et agrave la nage
Vers cinq-six ans lenfant est confieacute au maicirctre coranique le Ihierno
et ce dernier dispose exclusivement de toute sa vie Lavenir du jeune
enfant lui appartient
Comme dans les autres groupes ethniques les enfants sont regroupeacutes en
classe dacircge et cest dans cette structure que lenfant subit les rite
de passe et plus particuliegraverement celui de la circoncision
La circoncision est non seulement unE opeacuteration chirurgicale malS surshy
tout une peacuteriode au cours de laquelle le jeune garccedilon passe de leacutetat
dadolescent agrave leacutetat dadulte Les circoncis sont reacuteunis en classe
dacircge dans un endroit situeacute hors duvillage geacuteneacuteralement choisi par les
vieux Cet endroit n~st accessible que par des individus de SExe ffi8SCUshy
li~ ~ta~t au preacutealabl circoncis
- - - -
quable et complet sur le plan phy~ique et ~oral Ai~si liniti~
acquiert les qualitecircs indispensables que sont le courag~ la modest
lesprit de sacrifice lendurance
Le toucoule~r est un pleux musulma~ Cela sexp1
SOil le premier agrave tre en contact avec la religion musulmane de par sa
position frontaliegravere Lethnie toucouleur de par son histoire a preacutesenteacute
les plus grands chefs militaires et religieux musulmans seacuteneacutegalais Et
pour illustrer cela on peut citer en exemple la grande famille musulmane
des SY agrave TIVAOUANE repreacutesentant la confreacuterie des TIDJANES
Bien que lon note une majoriteacute musulmane on peut dire que certaines
croyances et pratiques mystiques et animistes persistent encore surtout
dans la reacutegion du fleuve
Une pratique courante se fait elle sappelle le Djatt Elle consiste
agrave faire sortir le caiman du fleuve agrave limmobiliser et agrave lattacher
sans quil ne reacuteagisse et tout ceci agrave laide de versets et dincantashy
tions magiques Dapregraves les teacutemoignages ces pratiques sont plutocirct
freacutequentes chez les Tchioubalos (pecirccheurs) Il arrive aussi que cershy
tains chasseurs ayant des dons se livrent agrave certaines pratiques an1shy
mis tes qui consistent agrave invoquer certaines puissances et agrave moduler sous
forme de chant des versets occultes pour se proteacuteger des mauvais esprits
et pour eacuteloigner les fauves Ce chant est geacuteneacuteralement incompreacutehensible
et deacutenueacute de sens pour le profane
343 Activiteacutes ludiques et pratiques sportives en milieu toucouleur
Durant toute son histoire lethnie ~oucouleur a toujours EacutetEacute Frese~teacute~
comme celle qui avait ue activit essentiellement guerr e e~ particushy
liegraverement farouche Trois eacuteleacutements ret r t l ecirc t te nt i c- euro so~t
le manie~~nt du ~acircton 12 luttE Et 1eacute danSE
l
Lecircducation ph~sique et artistique Dcc~pe un place precircpondecircra~rp
dans la fDrmat~on du jEune toucouleur A loccasion agraveeacutevegravenemen~ imporshy
tants reacutecoltJs mariages baptecircme nous assistons agrave des manifestashy
tions folkloriques de grande envergure le Wango oucirc dailse toucouleur
tregraves gymnique iles chants et surtout les sEacuteances de lutte
La lutte toucouleur est la forme de lutte la plus spectaclaire dans
tout le territoire seacuteneacutegalais Elle est essentiellement baseacutee sur des
techniques en hancheacute et surtout en souplesse Ceci sexplique par le
fait q~e le jeune toucouleur est tregraves tocirct initieacute agrave la gymnastique (saut 1
per saut de main salto arriegravere saut de tecircte couronneacute etc bullbullbull ) pour
la dans~ du wa~go En dansant le wango qui est une danse rythmeacutee et
gymnique le Jeune toucou1eur est capable de prouesses extraordinaires
1
En lutte lattaquant se deacuteplace tregraves peu pour avoir une bonne saisie
(geacuteneacutera~ement controcircle du Ngimben ) et enchaine brusqueme~t avec une
attaque surpris~ Cependant les ripostes sont souvent surprenantes et
spectaculaires (baseacutees sur la souplesse et la rapiditeacute) ontrairement
aux autr~s form~s de luttes ougrave lon voyait tous les jeune adheacuterer la
lutte to~cou1eur Verra un groupe de speacutecialistes sadonne agrave la lutte 1
(la lutte est lieacutee agrave la position sociale de lindividu problegraveme de
caste)
Q La morphologie du lutteur toucou1eur 1
1 1
Ce dernier nest pas aussi large et aussi fort que les lutteurs diola
et seacuteregravere Cependant il est tregraves reacutesistant La musculatJre est saillante 1
et tregraves souple lindividu est longiligne mais tregraves athleacutetique
Les mouvements de lutteurs sont semblables agrave ceux dun grand fe1in Cette 1
morphologie semble ecirctre lieacutee agrave la position geacuteographique de lethnie
(reacutegion du fleuve) et agrave lacitiviteacute socio-eacuteconomique du toucouleur qui
est agrave la fois cultivateur (activiteacute lieacutee agrave la crue et deacutecrUE du fleuve)
pecirccheuro~T CIcr~icubaon) et sttout jEumlrgcr qui est U~ rc~2eumlr
shy
Deux formes egrave~ corps sembl~nt ecirctre preacutefeacutereacutees du lutteur toucouleur
le hancheacute et la souplesse Les hancheacutes sont faits agrave partir de plusieurs
positions de doset se terminent geacuteneacuteralement par des techniques de
tregraves grande amplitude
TABLEAU RECAPITULATIF DES TECHNIQUES ET FORMES DE CORPS SPECIFIQUES
i
L441 r
GARDE FORMES DU CORPS CONTROLES --shy - -
Moyenne Souplesse Ngimbe
Hancheacute bras
Demi-souplesse
1
Profil psycholosigue 1
TECHNIQUES
ContrOle du bassin et 12 souplesse
arriegravere
Klicket et allegravegement de la hanche
Le lutteur toucouleur est celui lUi se livre le moins aux preacuteparaqons
maraboutiques Cela est dO au f~t que le toucouleur est un grand ~USUlshyman et que les pratiques animisges ont presque disparu dans ce mil~eu
Dans la pratique le lutteur esJ combaif mais il est calme et tr~s reacutefleacutechi quant agrave la deacutecision agrave prendre en plein corps agrave corps ct~st un des seuls techniciens qui reJte tregraves lucide au cours de ses comb~ts
l Dans toutes les circonstances e lutteur toucouleur est tenu de re~pecshyter son adversaire et ceux de s4n eacutequipemecircme sil est vaincu
Comme nous avons dO nous en rendre compte la rigueur des principes
eacuteducationnels a une influence tregraves sensible sur l~ comportement du
toucouleur
i
III S COCL ~s 1DO
Dans cette partie nous avons essay~ de montrer lftroite re1atic~
Entre les diverses activiteacutes socio-eacuteconomiques dans les ethnies et
lES diffEacuterentes faccedilons de lutter
Daucuns seraient tent~s de conclure trop rapidement et cest p0~r
cette raison que nOUS avons penseacute preacuteciser que le pheacutenotype nest
pas geacuteneacuterateur du geacutenotype Et nous sommes convaincus que la morphoshy
logie et les techniques des lutteurs relegravevent de leurs modes de vie
et de leurs croyances agrave une eacutepoque et danE un contexte bien deacutetermishy
neacutes
Est-ce que les lutteurs dio1a ou seacuteregravere travaillant avec leurs bras
dans les champs auraient les mecircmes pr 0 fil s physiques que les lutteurs
utilisant des machines pour lagriculture
- 69 shy
I UJOURDH~1 E-S ut O[l LES FORfilS Ut LU11t~
~otons que notre enqu~te a ecirctE essentiellement faiteen milieu urbain
Les seacuteances de lutte ont tendance agrave perdre leur particulariteacute de r~shy
jouissance pour devenir des pheacutenomegravenes de sportisatio Deux fores
de luttes so~t principale~cnt prat s dans les aregrave~es du 5 al
la lutte traditiunnelle simple et la lutte traditionnelle avec frappe
De nos jours la lutte traditionnelle tend vers une reacuteglementation
et une institutionalisation
Le reacutesultat de nos investigations nous donne le tableau ci-dessous
REPARTITION ETHNIQUE SUR 100 PRATIQUANTS
LUTTE LUTTE RAPPORTETHNIES SANS FRAPPE AVEC FRAPPE J2
Diola 40 16 71 j
Seacuteregravere 26 21 57
Toucouleur 23 10 69
Wolof 1 1 53 17
La demande sociale par ordre deacutecroissant pour la lutte sans frappe
se preacutesente comrre suit
]0_ Ethnie diola avec pregraves de 3 lutteur~ sur 4
2deg_ Ethnie toucouleur
Ethri dun
~ 1 LA LUTTE TR])IIIO~~ELLE AVEC H-PPE
Cette forme deacute lutte a une histoire qui date de lantiquiteacute elle
sa~pelait le Pugilat Au Seacuteneacutegal elle a vu le jour dans le Cayor
bien avant la colonisation Le coup dE pied l~Lrdn~lement la morshy
sure la frappe et le doigtf eacutetaient permis dans le cc=bat ~ ~middot~p0~~e
Dans certains cas la giffle eacutetait beaucoup plus dangereuse que le
poing quand elle eacutetait donneacutee par un speacutecialiste Cette giffle pouvait
agrave elle seule deacutechirer et mecircme parfois amputer la joue de ladverser
Selon les informations la lutte avec frappede nos jours serait une
forme de lutte tregraves eupheacutemiseacutee de celle dantan ougrave une blessure
pouvait souvent ecirctre mortelle
Aujourdhui au niveau du folklore la lutte na plus la mecircme
le spectaculaire a remplaceacute le significatif iLa lutte avec frappe se 1
pratique surtout dans les centres urbains C~aque fois quun grand combat 1
est progra~eacute par le Comiteacute National Proviso~re (CNP) des centaines damashy
teurs sont mobiliseacutes vers le stade lba Mar D~OP qui est aujourdhui le i
lieu approprieacute ougrave se deacuteroulent les grands conkbats de lutte Cest la formE
de lutte qui semble drainer une foule de personnes beaucoup plus importante
que celle de la lutte simple
La lutte avec frappe deacuteriverait dune forme de lutte traditionnelle
pratiqueacutee jadis dans le Cayor au temps des Damels et la frappe serait
le substitut dun certain nombre de pratiques doigteacute jet de produits
etc bullbullbull dont le but eacutetait laveuglement de ladversaire La lutte avec
frappe serait une continuation logique dune carriegravere sportive de la
lutte traditionnelle qui sen sert comme moyen socio-eacuteconomique En
effet la majoriteacute des lutteurs avec frappe ont dabord eacuteteacute initieacutes agrave la
lutte simple Cependant il faut signaler que de nOS jours il arrive
que le jeune lutteur avec frappE- soit directenent formEacute conne speacutecialistE
agrave la frappe sa~s pour autant faire son chemin dabcrd egravea~s la lutte
- ~ shy
Le recircsultat dE ~os interviews ncus rec~trE qGune pcpulatiD~ divcrsishy
fiampe sint~resse agrave ce sport et qUE les intecircr~[s des uns et d~SlautrE~
semble~t divergents naucuns affirment que la lutte traditionnelle
avec frappe serait monteacutee par des personnes dont la vocation est dexshy
ploiter ce pheacuteLomegravene agrave des fins commerciales Dautres disent gJellegrave
jouit de mcyens irport~nts t[l[~isio
tation etc bullbullbull ) pour toucher toutes les couches sociales CEpe~~a~t
nous remarquons que mecircme si certaines personnes reprochent agrave cette
forme de lutte decirctre brutale ces mecircmes personnes nheacutesitent pas agrave
se rendre le dimanche agrave laregravene Bien que critiqueacutee elle semble ecirctre
adopteacutee par une tregraves grande partie de la population seacuteneacutegalaise Cepenshy
dant en tant que techniciens il nous est permis de faire une remarque
Il sagit de
- Limpression nette decirctre devant des professionnels de la frappe
qui sont ~ntratneacutes pour cela Dailleurs les propos que nous avons
recueilli~ nous prouvent que la plupart des champions de lutte avec 1
frappe s~ntratnent dans certains sports de combat tels ~ue la boxe i 1
le karateacute le judo Dans cette nouvelle forme de pratique de la lutte
contrairefuent agrave la lutte traditionnelle le technicien e~t souvent
perdant face au puncheur Ce dernier adopte une lutte agrave distance qui
lui permet de placer agrave bon escient ses coups animeacute du deacutesir de vaincre
Le technicien lui se voit contreacute dans toutes ses entreprises par
un uppercut ou un crochet
On peut dire cependant que nul sport au Seacuteneacutegal que la lutte tradishy
tionnelle avec frappe ne deacutechaicircne autant de passions et autant de
pheacutenomegravenes poussant agrave lexcegraves et deacutereacuteglements quon ne peut que deacuteplorer
Mais comment deacutecrier un spectacle de lutte qui bien quayant perdu la
presque totaliteacute des valeurs traditionnelles veacutehiculeacutees autrefois par
elle sait susciter une participation effective de tous ceux qui sont
preacutesents
CONCLUSION
Dans ce meacutemoire nous sommes efforceacutes ~e faire ressort ir limportance des
ethos et des habitus et leurs effets sur la pratique de la lutte tradishy
tionnelle au Seacuteneacutegal
L~b egravethos repr~sentent dune maniegravere g~neurorale tous les eacuteleacutements speacutec
fiques sux Seacuteneacutegalais par conampeacuteguent un systegraveme de valeurs traditionnellEs
Mais m~me si ces valeurs rev~tent une signification universelle (honneur
digniteacute courage etc bullbullbull ) il nen demeure pas moins que ce nest pas leur
nature qui fait leur speacutecificiteacute mais la hieacuterarchisation et limportance i
quon accorde agrave toutes ces valeurs de ~ar leacuteducation ou la culture
i 1
Aussi les valeurs traditionnelles puient leur speacutecificiteacute dans les
caracteacuteristiques propres aux eacuteleacutements ~e la socio-cu1ture (la technologie
et leacuteconomie la politique et la pareteacute la psychologie et lideacuteologie)
dans la socieacuteteacute seacuteneacutegalaise agrave n momen donneacute de son eacutevolution Cest i
dire la neacuteceesiteacute de ne point faire della valeur une reacutealiteacute statique
Cest dite aussi quagrave tout mome~t le ~eacuteneacutegalais peut eacutevoluer et creacuteer
ou vivre par conseacutequent de nouv~lles fprmes de valeur qui lui sont 1
propres ft (J)
La lutte traditionnelle veacutehiculant deS valeurs socio-cu1ture1les speacutecishy
fiquement seacuteneacutegalaises (croyances valeurs morales norme de comportement
opinion attitude bullbullbull ) devient un eacuteleacutement important qui tregraves certaiaement
nous aidera dans notre effort de valoriser et de peacuterenniser notre patri shy
moine culturel par le biais dactiviteacutes physiques et sportives
Leacutetude des habitus nous permet de prouver quil y a plusieurs faccedilons
de se mouvoir comme danser lutter bullbullbull qui varient avec les diffeacuterentes
ethnies (wolof toucouleur seacuteregravere diolagt leurs convenances et leurs
eacuteducations
(1) Revue Ethiopiques 31 Les valeurs traditionnelles et le problegraveme de leur inteacutegration dans les systegravemes modernes jtducatio-1 2 6r--70
nautre part cette eacutetude permet aussi de nous rendrE compte de la
correacutelatipn eacutetroite existant entre la pratique de la lutte traditionnelle
et le sta~ut socio-eacuteconomique du pratiquant
Nos inves~igations nous indiquent que la lutte recrute essentiellement
au niveau des classes socio-eacuteconomiques situeacutees en bas de leacutechelle
donc posseacutedant le statut social le moins favoriseacute La lutte avec frappe
-et un certain secteur commercialiseacute de la lutte simple- y trouve sa
leacutegitimiteacute Comme le dit BOURDIEU nA habitus diffeacuterents styles de Vle
divergents et il oppse les pratiques aristocpatiques correspondants agrave
des activiteacutes qui favorisent les situations eupheacutemiseacutees ougrave la stylisashy
tion est importante aux pratiques populaires qui font appel agrave des
qualiteacutes qpposeacutees bllutes rugueuses Certaines interviews nous
montrent que plus lindividu occupe une place eacuteleveacutee dans leacutechelle
sQciale e~ 1
moin$ il sinteacuteresse agrave la lutte
Les reacutesultats recueillis dans nos diverses investig~tions confirment 1 1
1er propos qui disent que nous assistons aujourdhu~ agrave une involution
de la lutte traditionnelle parce que perdant toutes ses speacutecificiteacutes au 1
pryfit d~ne autre forme de lutte que lon continue agrave appeler nostalshy
giqlementIIlutte traditionnelle
Ceci pourrait peut-~tre trouver une explication dan la citation suivante
La liberteacute de creacuteer dinnover de vivre Pleineinenf decirctre soi et de
preacuteserver son authenticiteacute la digniteacute et lhonneu1demeurent des illushy
sions dans la misegravere eacuteconomique~ Nos ancecirctres creacuteai~nt des valeurs de cishyl
vilisation parce quils eacutetaient libres parce qu1i~s ignoraient toute
deacutependance eacuteconomique ils cultivaient en eux et cbez leurs enfants le 1
Jorn et la Kersa et preacutefeacuteraient la mort agrave la hoJte lI (1)
Or le Seacuteneacutegal comme la plupart des pays africainsi est un pays sousshy
deacuteveloppeacute t cependant face agrave cette volonteacute du gou~ernement seacuteneacutegalais
de faire inteacutegrer dans leacuteducation des valeurs traditionnelles nous
pouvons espeacuterer utiliser comme moyen deacuteducation la lutteacute traditionnelle
qui reste quand mecircme vecteur jethos et dhabit~s
- 54 shy
Mecircme si lon a noteacute un appauvrissement notoire sur les plans socioshy
culturel et moral la lutte traditionnelle recegravele une gamme importante
et varieacutee de techniques permettant incontestablement une ouverture vers
les luttes olympiques libre et g~eacuteco-romaine
La lecture de ce meacutemoire permettra agrave lentratneur et au professeur de
lutte en fonction du lieu ougrave ils seront affecteacutes dans le territoire
seacuteneacutegalaisdavoir une information sur les techniques contrOles et
formes de corps propres agrave chaque groupe ethnique et de les mettre en
relation avec leurs croyances et leurs mentaliteacutes
Nous avons essayeacute de montrer que la pratique de la lutte traditionnelle
doit tre axeacutee sur une ethnomotriciteacute au Seacuteneacutegal qui permette une inishy
tiation facile Cette pratique de la lutte traditionnelle seacuteneacutegalaise
devra dailleurs essayer de ~eacutepondre aux aspirations du Seacuteneacutegalaisl
moderne en souvrant aux ap~orts positifs des autres civilisations
ex~eacuterieures nous voulons Jvidemment parler du judo et des luttes oiymshyJ
piques 1
1 j Nous navons pas la preacutetentfon dans le cadre de ce meacutemoire demattrise
de reacutepondre agrave toutes les qutstions se rattachant agrave leacutetude de ~a lutte
traditionnelle souslangle~socio-culturel car non seulement il nous
manque lexpeacuterience et la c peacutetence en la mati~re mais aussil l le temps
et les moyens dont nous dis osions ne nous permettaient pas d~puiser le 1sujet i
1 1 1 t 1
l
- )5 shy
BIBLIOGRAPHIE
BIBLIOGRAPHIE
1- CLAPAREDE Psychologie de leacuteducation et peacutedagogie expeacuterimentale
Edition Delachaux et Niestleacute 244 pages
2- POCIELLC Christian Sport et Socieacuteteacute approche socio-culturelle
des pratiques Paris Vigot 1981 377 pages
3- PIERON Henri Vocabulaire de la psychologie
PUF Deuxiegraveme eacutedition 1957 469 pages
4- Revue socialiste de culture neacutegro-africaine ETHIOPIQUES
Les valeurs traditionnelles et le problegraveme de leur inteacutegration
dans les systegravemes modernes deacuteducation
GIA 21 Juillet 1982 213 pages
5- N2 Revue du Centre dEtudedes Civilisations DEM ak TEY
NIS IVegrave Trimestre 1982 96 pages
6- Document lNSEP Colloque sur la lutte aeacuteregravere
DAKAR MAI-JUIN 1980
t 1
~- Travaux du IVegrave Congregraves National ~es Sports agrave DAKAR les 2223041981
Bulletin n2 91 du CIO du 15 Aont 1965
l____________________________
8- Meacutemoire de Mattrise BADJI Abdou La lutte traditionnelle Joola
Etude et perspective
9- Meacutemoire Inspectorat JS DJITTE Mandy Les pratiques corporelles
traditionnelles au Seacuteneacutegal pour leur exploitation et leur
utilisation en peacutedagogie Marly le Roi 1980
REPUBLIQUE DU SENEGAL
--------------- INSTITUT NATIONAL SUPERIEUR
MINISTERE DE LA JEUNESSE DE LrsquoEDUCATION POPULAIRE
ET DES SPORTS ET DU SPORT
-------------
(INSEPS)
MEMOIRE DE MAIcircTRISE
Es-SCIENCES ET TECHNIQUES
DE LrsquoACTIVITE PHYSIQUE ET DU SPORT
LA LUTTE TRADITIONNELLE
son importance sa signification en fonction des ethos et des habitus ethniques au Seacuteneacutegal
Preacutesenteacute par
Monsieur Joseph Victor FAYE
Sous la direction de
M Jean Marc ROCHEZ
Professeur agrave lrsquoINSEPS
Anneacutee de soutenance 1984
tiques physiques du lutr~uT wolof -------shy 31
33 LA CO~GAUTE SERERE ---------------------------shy
331 Preacutesentation ----------------------------shy332 Leacuteducation les moeurs lES crOyanCES
et les pratiqUES seacuteregraverc -----------------shy
333 impact des ethos sur la lutte
dans le monde seacuteregravere --------------------shy
334 Le profil du lutteur seacuteregravere -------------shy
335 Comportement et attitude du lutteur seacuteregravere
336 La tenue du lutteur ou Ngimbe ---------shy
337 Larbitrage -----------------------------shy
3~
37
38
40
40
41
34 LA COMMUNAUTE TOUCOULEUR -----------------------shy
341 Preacutesentation ----------------------------shy342 Education moeurs croyances
et pratiques religieuses ----------------shy343 Activiteacutes ludiques et pratiques
sportives en milieu toucouleur ----------shy
344 Profil psychologique --------------------shy
42
43
~S
47
35 CONCLUSION -------------------------------------shy 48
IV AUJOURDHUI VERS DE NOUVELLES FORMES DE LUTTES ------shy
41 LA LUTTE TRADITIONNELLE AVEC FRAPPE ------------shy 50
V CONCLUSION ------------------------------------------shy
ln LI) 1 5 L bull 0 G R A PHI E -------------------------shy
52
Ce ~eacutemoire est une riflexion 3ur la lutte car ~lie apparatt sur le
continent africai~comme un phinomegravene social important Elle le doit
sans doute au fait que depuis le fond des temps elle est itroitement
associeacutee agrave la vie de lhomme Or en deacutecouvrant ses vestiges du passeacute
lAfrique confirme lhypothegravese d~tre le berceau de lhumaniteacute Il en
reacutesulte que sur ce continent la lutte y possegravede une longue tradition
et serait-il paradoxal de preacutetendre que lAfrique a acquis le besoin
de lutter qui cherche agrave se satisfaire selon des moyens congeacutenitaux
cest dans cette perspectiveque nOus approcherons la LUTTE SENEGALAISE
car il est admis que la preacutesence de lHomo-Sapiens en Afriquecircde lOues
remonte agrave plus de 10000 ans Autrement dit nos anc~tres ont reccedilu
lhistoire de la lutte et sa longue eacutevolution lieacutee agrave celle de la civili
sat ion
Nos premiers anctres pratiquegraverent la lutte utilitaire celle dont la
possession eacutetait neacutecessaire pour survivre dans un milieu hostile et
inquieacutetant agrave la fois pour se nourrir et pour se deacutefendre
En se regroupant en clans et tribus nos anc~tres modifiaient radicaleshy
ment leurs conditions dexistence certes ils eacutetaient mieux agrave
mme dassurer leurs besoins vitaux mais ils devaient faire face aux
rivaliteacutes qui ne manquegraverent pas de surgir entre les diffeacuterents groupes
Cette installation dun eacutetat endeacutemique de guerres ougrave le but eacutetait de
soumettre et de ravir ou de se libeacuterer et de reacutecupeacuterer transforma la
lutte en activiteacute martiale Ainsi se deacuteveloppa la science du combat agrave
mains nues celle qui permet de deviner lautre et de le surprendre en
deacutecidant et agissant plus rapidement que lui Mais il ny a pas si long
temps le corps agrave corps eacutetait leacutepisode deacutecisif de toute bataille
Gagnant en sagesse et en technique nos anc~tres saperccedilurent quil
existait dautres modes de vie que celle de vivre aux deacutepens de ses
semblables et progressivementiles temps de paix prirent le pas sur les
temps de guerre La lutte en perdant son utiliteacute ~ais non sa fonction
devint lobjet dlun rite initiatique Il eacutetait du devoir des anciens de
- ~
d~tre en mesure dassurer acirc 1 ur tour Id protection du ~roupe En
deve~ant contenu denseignement la lutte ecircvoluait acirc nouveau Elle
perdit son caract~re preacutepa=atoi=e et devenait ~ctivit~ d~ c0~pensa-
tion (1) Au-delagrave des techniques de mise hors combat qui devaient se
deacutepouiller de leur violence et des risques de dommages corporels on
visait une action formatrice sous un triple aspect physique caracshy
teacuteriel et moral
Puis survint le temps de paix durable celui ougrave leacutenergie eacutetait
essentiellement consacreacutee agrave produire des biens pour sa collectiviteacute
dappartenance Deacutesormais lhomme eacutequilibrait sa vie entre le travail
le repos et le divertissement Cest ainsi que la lutte se retrouva au
coeur des reacutejouissances populaires En se faisant ludique celle ougrave
lon joue agrave mesurer sa force sa ruse son agiliteacute sa bravoure bullbullbull La
lutte se speacutecifiait agrave nouveau en simbriquant aux moeurs aux coutumes
et aux croyances
Cette longue histoire commune du neacutegro africain et de la lutte expliqUE
qUegravecette derniegravere fait partie des traditions auxquelles il est le plu
attacheacute et ort heacutesite pas agrave parler de sport national mecircme quand elle
doit ceacuteder en populariteacute devant le foot-baIl
En Afrique toute activiteacute physique veacutehicule un message et la lutte
traditionnelle elle aussi se trouve impreacutegneacutee de valeurs socio-cultushy
relIes et il arrive quon lui assigne de les veacutehiculer et de les trans~
mettre Parler de lutte en Afrique deacutecouvrir sa signification et comshy
prendre son histoire consiste agrave montrer quelle participe aux eacutethos et
habitus de groupe comme nous proposons de le faire
(1) - CARR The survival values of play citeacute par CIAPAREDE dans Psychologie de lEducation et Peacutedagogie Expeacuterimentale Edition Delachaux et Niestle (244 pages)
iotre reacuteflexion se ci-conscrird au S-~sJl -t mecircle si le peuple
seacuteneacutegalais est o-igilaire de la volonteacute cocnmune due dizaine deacutethries
de vivre ensemble ~ous nous limitert~s 1 analyser les rapports quentr
tiennent les quatre grands groupes diola seacuteregravere toucouleur et wolo
et les styles de lutte correspondant
Nous entendons veacuterifier lhypothegravese quaux particulariteacutes ethniques
(mode de vie coutumes rites et croyances) correspondent des particushy
lariteacutes de lutte (signification valeacuteurs veacutehiculeacutees mode de pratique
regravegles dorganisation bullbullbull )
Ce meacutemoire consiste agrave reacutealiser une approche socio-culturelle du pheacutenomegravel
lutte en Afrique avec le secret espoir quil puisse servir de preacuteface
agrave lhistoire des diffeacuterents styles reacutegionaux que dautres ont commenceacute
agrave eacutecrire
gt Si nous devions justifier le choix dun tel sujet t tous les arguments
se regrouperaient autour dune meurome motivation recouvrir notre authenmiddot
ticiteacute
En premier lieu parce que nous adheacuterons totalement agrave ce souhait des
Pouvoirs Publics de mettre laccent sur une eacuteducation physique et spormiddot
tive qui tout en souvrant aux appels feacutecondants de la techniques
fondera son action dans les valeurs traditionnelles du pays La lutte el
tant que pratique eacuteducative et manifestation dessence collective est
bien placeacutee pour justifier cette tendance
Elle reacutepond aux aspirations dune eacuteducation physique et sportive qui
veut creacuteer les conditions de son deacuteveloppement et de qUumlI i~ertion dans
les habitudes sociales des populationsff(l)
(1) Travaux du IV~ C~n-r~s Sports de 2223 Avril 1981
WotrQ CCYVcftOl de llnteacute~t JiU W sectU~ e6t ~~pu_~ deacuteclarations de 2rsonnaliceacutes du monde sportif lLrlsi ce Ii1essage agrave lir shy
tention des dirig~ants africains
-ous ~ T beaucoup agrave apprendre de eus ous qui sans
cesse davantage oublions que leacutequilibre de lhomme veuc
quiL sinscrive harmonieusement t aussi bien dans la nature
que dans la civilisation deacutecouvrons que les Atricains nont
pas eacuteteacute initieacutes aux principes du sport et ses vertus au
contraire de maints pays europeacuteens par exemple aupregraves desquels
tout ou presque est agrave retaire agrave chaque geacuten~ration Lexercie
physique tait partie de la vie atricaine il est moyen de commushy
nication et de locomotion- (1)
Or la lutte constitue par excellence ce Veacutecu moteur que nous t1ansshy
mettons de geacuteneacuteration en geacuterieacuteration et ce patrimoine doit survivre agrave
toutes les agravegressions or iginaires dautres modes de civilisation dont
certains effets ne manquent pas de se faire sentir sur le devenir de la
lutte traditionnelle
A la preacuteoccupation de preacuteserver notre authenticiteacute sajoute celle den
assurer la deacutefense
Aussi au-delagrave de nOs analyses destineacutees agrave eacutetablir les rapports entre
modes de vie et styles de lutte nous nous poserons le problegraveme dune
codification objective de la lutte traditionnelle constituant la mise
en communauteacute des apports pertinents de chaque style reacutegional Ce style
national apparatt indispensable en raison de lavegravenement prochain dune
socieacuteteacute seacuteneacutegalaise nouvelle qui ne peut se b~tir que par un partiel
renoncement au passeacute et son contenu (2)
Enfin nous voulons faire partager notre ~nthousiasme gagner agrave notre
cause eacuteducateurs entratneurs de lutte les amener agrave reacutefleacutechir sur leur
pratique et peut-~tre les aider agrave tnseigner avec plus de coheacuterence cette
discipline pour le plus grand bien de notre jeunesse
(1) Bulletin n 91 du CIO du 15 AoOt 1965 - Page 15
(2) Cette preacuteoccupation semble ecirctre partageacutee par de nombreux pays afri shycains ougrave la lutte est de tradition on y pressent quagrave de nouveaux types de socieacuteteacute doit correspondre de nouveaux hlbitus En conseacutequence la lutte doit eacutevoluer Darlllegrave~1e1t SO3 pine d amptre in~niaterpnt l~l~dJl-J~ (Sw~JL~c~ ~ - 13 P~v~~L)ti-~l j Ld L~t~ cr~lJit0nn~l12
otgalisecirce pH la cmFJS - iJAKAR - lai ~~)
-5shy
II QUELQUES NOTIONS DE SOCIOLOGIE POUR UBE MEILLEUR~
COMPREHENSION DE LA LUTTE TRADITIONNELLE
Essayons dexpliquer simplement les termes ETROS et HABITUS et
ETHNOMOTRICITE pour la clarteacute de notre deacutemarche
ETROS dans sa deacutefinition premiegravere veut dire en parlant dun individu
lice qui distingue cet individu des autres (1)
En eacutetudiant cette signification dans le cadre de la sociologie on
entendra par eacutethos ethnique (eacuteducation croyance rite etc bullbullbull ) lenshy
semble des caracteacuteristiques dune communauteacute sociale
HABITUS QCe sont les habitudes et attitudes socialement acquises qui
sous-tendent et preacute-deacuteterminent partiellement les faccedilons de penser de
sentir dagir de tout individu et traduisent notamment le rapport quil
entretient avec son corps (2)
Dans le cadre de ce meacutemoire nous allons essayer de faire une approche
de la lutte traditionnelle sous deux angles dabord en leacutetudiant comme
habitus en tant que technique du corps et ensuite COmme habitus de classe
fonction du style de vie des individus et nous nous proposons dans cette~gt
partie de deacutefinir ces deux notions dhabitus
Marcel MAUSS dans une viseacutee anthropologique emploie ce terme dune maniegravere
tregraves large pour rendre compte des faccedilons dont les hommes socieacuteteacute par
socieacuteteacute dune faccedilon traditionnelle savent se servir de leur corps Ces
habitudes varient avec les individus et leur imitations elles varient surshy
tout avec les socieacuteteacutes les eacuteducations les convenances et les modes les
prestiges
Analysant de multiples techniques du corpsll la marche la course la nage
le beacutechage le saut la danse et toutes les techniques corporelles en geacuteneacuteshy
ral (techniques alimentaires sexuelles de soins de repos bullbullbull ) MAUSS
insiste sur le fait que celles-ci ne sont pas naturelles mais acquises
(1) PIERON Henri Vocabulaire de la psychologie 2egraveme eacutedition revue et augmenteacutee PUF 1957 page Ill
(2) POCIELLO Christian Sport et Socieacuteteacute Approche sodo-culturelledeacutell pratiques Paris Vigot 1981 pages 78-79
La notion dethnomotriciteacute part dune constatation
- la grande diversiteacute des caracteacuteristiques preacutesenteacutees par les pratiques
corporelles en fonction de leacutepoque du lieu des groupes elle teacutemoigne
de linfluence despotique des normeS et des valeurs sociales sur la mise
en jeu du corps
Dougrave sa deacutefinition
Le champ et la nature des pratiques motrices envisageacutees sous langle de
leur rapport agrave la culture et au milieu social au sein desquelles elles
se sont deacuteveloppeacutees (1)
Conseacutequence le contrat ludosportif est aussi un contrat social il
reflegravete la faccedilon dont une socieacuteteacute aime agrave se penser agrave se repreacutesenter bullbullbull
et accepte de se donner en spectacle
Lethnomotriciteacute donne naiss~nce agrave deux sortes danalyses
- lanalyse synchronique -ou eacutetude spacialeshy
de type interculturel agrave hagravebitus diffeacuterents styles de vie divergents
de type intraculturel apparition dhabitus de classe et de pratiques
distinctives
- lanalyse diachronique -ou eacutetude temporelle- ou eacutevolution sur une longue
peacuteriode des pratiques motrices pour une cateacutegorisation dindividus
Cette hypothegravese de lenracinement social de la motriciteacute est une atteacutenuashy
tion des explications psychologisantes consideacuterant lindividu indeacutepenshy
damment de son environnement et sexprimant en termes de goQts motivations
() PARLEBAS pierre Contribution agrave un lexique commenteacute en Science 4e laction motrice Paris Publication INSEP 981 322 pages
AicircAgraveLYSE CES iJFrADES iDe I LES EN flA TIERE
DE PRATIQUE DES SPORTS DE Oicirc-itlAT
Objet Veacuterificat~on de la theacuteorie de lhab~tus
Hypothegravese En raison de son histoire de ses speacutecificiteacutes des valeurs
symboliques dont on linvestit une pratique sportive est en faveur aushy
pris dun groupe de pratiquants en fonction dattentes de niveaux dexishy
gence de fierteacute dappartenance qui sont socialement et culturellement
deacutetermineacutes
Il sagit en quelque sorte danalyser les goOts et les motivations des
sportifs en rapport avec leur condition sociale et le sentiment attachi
agrave ce statut
Remarque Cette analyse sera meneacutee en fonction des classes sociales et
non agrave partir de cla~se dage ou encore de classe socio-politique comme il
est dusage pour toute reacuteflexion sur notre socieacuteteacute trJditionnelle
Cette particulariti provient du fait que nos enquites ont iteacute effectueacutees
en milieu urbain -en raison des problimes de temps et de moyensagrave Dakar
et agrave Thiis pour itre plus preacutecis et il est deacutesormais hasardeux de preacuteshy
tendre y retrouver les structures traditionnelles c~e on pourrait le
faire en milieu rural
Par classe sociale et nous inspirant de la notion marxiste -deacutefinition
du rapport aux moyens de production- nous entendons la distance_dun
groupe social aux postes de deacutecision et de responsabiliteacute Plus cette
distance est grande moins le statut eacuteconomique est eacuteleveacute
Nous distinguons quatre (4) classes sociales car au niveau dune telle
analyse nous ne pouvons preacutetendre agrave la finesse de discrimination indiciaire
de la Fonction publique par exemple
r~partieuml
come il egravest rsectc eacute dans 1 ablea~ ci-dessous
CATEGORISATIONGROUPE EXEMPLE DE FONCTIONADMISE
Administrateur civil - Ingeacutenieur - Meacutedec ilCadre supeacuterieur1 Officier - Professeur
Instituteur - Mattre dEPS shy2 Cadre moyen Secreacutetaire - Technicien
Chauffeur - Militaire Policier3 Cadre subalterne shyPatron - Artisan
Artisan - Cultivateur - Ouvrier temporail4 Non cadre Pcheur
Conditions denqute Six (6) sports de ~ombat sont officiellement
pratiqueacutes Ils possegravedent une structure para-eacutetatique de gestion de contr
ce sont
3 sports de preacutehension - JUDO - LUTTE LIBRE TRADITIONNELLE - LUTTE OLYMPIQUE
2 sports de percussion - BOXE ANGLAISE - KARATE
sport mixte - LUTTE TRADITIONNELLE AVEC FRAPPE
Pour chacun de ces sports 50 pratiquants ont eacuteteacute interrogeacutes sur leur
statut socio-eacuteconomique avec la discreacutetion et la prudence quexige ce
genre de question
Cette enqute sest deacuterouleacutee dans les conditions suivantes
JUDO
Lieu DAKAR - Clubs USTD - DUC - FJAKS - DOJO HOMAR DIENG
Date du 020J84 au 28-05-84
Circonstances Les principaux inteacuteresseacutes eacutetant la plupart sur le tatami
pour lentratnement il fallait souvent attendre la fin
de lentratnement uumlur pouvoir avoir une ou deux entreshy
vues de sorte qu~ le~qu~te a pris beaucoup plus de
On constate que le no~bre de p=a~iq~~-ts ~st ~eauccup plus importd~t dans
les groupes 2 et 3 - Il es ~oindre dans les grQupes 1 et 4
LUTTE LIBRE TRADITION~~LLE
Lieu Dakar - Thiegraves bull Aregravenes Landing DIAME - Ecurie Seacuteregravere (pregraves de
lautoroute) Lutteur diola - toucouleur - Entratneurs - encadreurs
de diverses eacutecuries Stade Iba Mar DIOP - Aregravenes de Pikine et de
Thiegraves - CNPES - INSEPS
Date du 040284 au 020684
Circonstances Elles sont parallegraveles car les pratiquants semblent beaushy
coup plus disponibles que dans les autres disciplines Notre travail
parfoi~ peacutenible en raison de la diversiteacute des ethnies repreacutesenteacutees
et la traduction n1est pas toujours aiseacutee
Observations
Nous constatons que la lutte libre traditionnelle est plus pratiqueacutee
par les groupes 4 et 3 que par les groupes 1 et 2
LUTTE OLYMPIQUE
Lieu CNPES - INSEPS - Iba Mar DIOP (Equipe Nationale) - DUC
Date du 040284 au 020684
Circonstances Les conditions sont meilleures dans la mesure ougrave le
hasard a fait que pendant cette peacuteriode leacutequipe nationale soit
en regroupement et ceci nous a permis d-interroger un nombre
important de lutteurs de grand renom
Observations
En raison du petit nombre de pratiquants r~guliers lenquecircte ne porle
que sur 2S personnes Arbitrairement pour les besoins de comparaison
les raisons de comparaison les reacutesultats cbtenus sont multipli~s par 2 bull
BOXE A~~GLISE
Lieu Iba l-ar DIOP - ASFA - ASFPO - SC -ASC JJAF - ASC lA
ugraveate du 201283 au 020684
~E~~~~E~~~~ Ici nous ferons la mecircme remarque que pour le Judo
Notons que toute lenquecircte a eacuteteacute faite agrave Dakar
Observation
La boxe recrute ses pratiquants surtout dans les classes 3 et 4 et
on note que le nombre de pratiquants nest pas aussi important comme
dans les autres disciplines
KARATE
Lieu YUKOKAI KARATE CLUB - SAMOURAI KARATE CLUB - Iba Mar DIOP
CLUB DE GIBRALTAR - ASFA - ASFA - ASFPO - GM Thiegraves
Date du 201283 au 020684
SE~~~~E~~~ Notre enquecircte se passait dans une ambiance sympathique
de camaraderie Geacuteneacuteralement apregraves la seacuteance dentratnement
Observation
Nous constatons que la distribution des pratiquants bien que favorisant
les groupes 2 et 3 semble plus homogegravene que dans les autres disciplines
~ LUTTE TRADITIONNELLE AVEC FRAPPE
Lieu Ecurie de Fass - Ecurie des Seacuteregraveres - Ecurie Mermoz
- Ecurie des Casamanccedilais
Date du 04-02-84 au 020684
Ccedilj~9~~~aEccedil~ Il est agrave signaler que cest la discipline ougrave l~ contact
avec les pratiquants a eacuteteacute plus difficile les speacutecialistes qui~ la plushy
part du temps semblent meacutefiants quand on commeucircce agrave leur poser des quesshy
tions preacutecises sur leur revenu mensuel
2 -liCc 055cllt le lle11ent SegraveS praLicltants dans le ba
de lecirc~helle ces~-agrave-dire dans le ~ruumlupe 4
~ecircsultats
Les reacutesultats enregistreacutes sont reacutecapituleacutes en nombre et en pourcentage
-agrave lapproximation pregraves- dans le tableau ci-dessous
LUTTE 1 LUTTELUTTEGROUPES BOXE KARATE JUDO AVEC OLYMshySIMPLE i i FRAPPE PIQUE
1 11 1 1 1
1 11 1 1 1 11 0 1 0 8 1 16 9 1 18 4 1 8 0 1 0 7 1 14
1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1
1 11 1 1 1 1 12 3 1
1 6 21 1
1 42 22 1 44 6 1 12 4 1 8 17 1 341 1
1 1 1 1 1 1 1
1 1
1 1 1 1 1
3 22 1 44 13 1 26 15 1 30 16 1 32 5 1
1 10 10 1 20
1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1
1 1 1 11 1 1
14 25 1 50 8 1 16 4 1 8 24 48 41 1 1 82 16 1 321 1 1 1 bull 1 1 1 1 1
1 1 1 1 1 11 1 1 1 TOTAUX 50 1100 50 1100 50 100 50 pOO 50 pOO 50 1100
1 1 1 1 1 1 1 1 1 1
Afin dG failiter la lect~~e je c~ table3~ t ~2 re~dre sig~ific~tives
s info~~ations quil contient ces difteacutere ts reacutesultats nu~eacuteriques
peuvent ecirctre formuleacutes selon des repreacutesentations graphiques
1 Clientegravele des Sports de combat
FIGURE l
Il apparatt nettement que les sports de combat recrutent essentiellement
dans le bas de la hieacuterarchie sociale ce sont des sports populaires don
propices agrave une massification de la pratique
Toutefois on peut nourrir quelques inquieacutetudes pour que soient reacuteunies
les conditions de leur deacuteveloppement en raison du faible statut quils
possegravedent au regard defllintelligentsia seacuteneacutegalaise
2 Hieacuterarchisation des gants sportifs en matiegravere de sport
de combat au sein des cadres supeacuterieurs -Groupe 1shy
FIGURE I[
La f-appe est honni aucl1 pratiqua1t de boxe Olt de lutte avec frappe
agraveUloins quelle fasse lobjet dune stylisation cxtrecircme COTIme cest le
cas dans le karateacute Ce groupe manifeste un seuil extrecircmement bas de toleacuteshy
rance agrave la violence ce qui explique les discours infamants degraves que la
lutte avec frappe est secoueacutee par quelques excegraves Leacuteopold Seacutedar SENGHOR 1
navait-il paS deacuteclareacute que cette forme de lutte eacutetait une atteinte permashy
nente agrave limage de marque du Seacuteneacutegal
Bien quil soit difficile de proposer une explication unique curiositeacute
esprit douvetture permeacuteabiliteacute aux modes bullbullbull les repreacutesentants de ce
groupe adoptet facilement des sports importeacutes 85 des goOts pour le 1
Judo le Karateacute et la Lutte Olympique qui pourtant est bien peu pratishy1
queacutee au Seacuteneacutegfll j
Faut-il en deacuted~~re une attitude geacuteneacuterale favoris~agrave tout ce qui provient
de leacutetranger
Nous nous refu~ons preacutesentement agrave ce genre dexplicationJ ne ser~it-ce que
par ses conseacuteqJences sur notre sport national dont les perspectives appashyj
raicirctraient bie sombres
Admettons que la pratique de ces disciplines sont en rapport avec des
deacuteterminants eacuteconomiques et que ceux-lagrave sont un frein P4ur la popularisashy
tion de ces pratiques A lappui de cette interpreacutetation~ il suffit de
composer le champ social du Judo et celui de la Lutte libre traditionnelle
--== G J
32
LUTTE SIHPLEJUDO FIGURE JI(
Le groupe 2 qui manifeste un inteacuterecirct reacuteel pour les sports de combat -pregraves
de 25 iuml de la population i~tervieweacutee- et qui p6ssegravede les ~oyens de choisir
ses pratiques opte massivement pour le judo CDnme lexprirre le rapport de
agrave 4
- shy
A la lumiegravere de cette succi~te analyse des demandes sociales en matiegravere
de pratique des sports de combat nous pensons recouper la theacuteorie de
lhabitus selon BOURDIEU qui veut que des hatitus diffeacuterents impliquent
des styles de vie divergents si lon entend par style de vie un systegraveme
de pratiques classeacutees et classantes(I)
La mutation de la socieacuteteacute seacuteneacutegalaise celle du milieu urbain se caracteacuteshy
rise par lapparition despaces sociaux qui sont en rapport avec des
espaces culturels Il en reacutesulte des pratiques distinctives comme
lexprime le pogam
En effet si les cateacutegories sociales existent et si chaccedilune delle exprime
une marque sur les conduites des sujets il est naturel ~e penser que des
pratiques1 sportives servent de modegraveles distinctifs et detrsymbOles dorgashy
nisation ieacuterarChique dans la socieacuteteacute exprimant les dif eacuterentes clas8eamp(2)
Ces const4tations ont dimportantes implications sur leeacuteveloppement et
lavenir des pratiques Si dans notre IIIegrave partie nous 1tenterons de 1
mettre en rapport les particulariteacutes ethniques avec les pluraliteacutes de
style de lutte nous parlons presque au passeacute Une IVegraveme partie devra
e~visager la situation actuelle de la lutte afin de pouvoir eacutemettre
qu~lques hypothegraveses sur son devenir
Cest auss~ une ambition de ce meacutemoire daider ceux qui sinteacuteressent reacuteellE
ment agrave la lutte de savoir entendre au travers des deacuteclarations normatives
et apologeacutetiques Nous ne doutons nullement de la conviction ou de la bonne
foi de leurs auteurs mais parmi les possibles il yale probable et seul
ceiui-lagrave meacuterite decirctre retenu car plus proche agravee la recirc~liteacute
(I) BOURDIEU pierre La distinction Les Editions de minuit 1979 page 191
(2) Le POgdlt Deacuterrocratisation du sport ythe (u reacutealiteacute
- 1f shy
j j l IlL DL l H L S DE
3 1 LA COll1ŒNAUTE DIOLA
311 Preacutesentation
Les diolas vivent dans la reacutegion de Casamance et repreacutesertent 9 de la
population totale du Seacuteneacutegal Ce sont geacuteneacuteralement des cultivateurs de
riz et des artisans Cependant on peut les trouver aujourdhui disperseacutes
dans toutes les capitales reacutegionales affecteacutes agrave divers meacutetiers militaire
gendarme fonctionnaires de lEtat ouvrier etc bullbullbull
Dans les villes la plus grande partie des diolas vit dans les qoartiers
populaires Par exemple agrave Dakar on les trouvera agrave Colobane agrave Fass agrave
Grand Yoff ou agrave Khar Yalla La plupart du temps cesDnt des artisans et des
ouvriers du secteur priveacute qui vont essayer dune maniegravere ou dune autre de
vivoter en bricolant deci de lagrave Mais mecircme loin de la Casamance cette
ethnie conserve une grande partie de ses caracteacuteristiques et plus partishy
culiegraverement la solidariteacute ethnique qui veut que les Diolas forment toujours
un bloc bien soudeacute quand le besoin se ifait sentir et cecisans discrimishy
nation de rang social Ainsi tous lesdiolas de Dakar se mobilisent pour
supporter le Casa Sport chaque fois qbe cette eacutequipe de foot-baIl vient
jouer agrave Dakar Cette mobilisation se fera aussi dans le cas ougrave leur chamshy
pion de lutte Mamadou SAKHO livre uncombatimportant
Lethnie diola est diviseacutee en trois sous-groupes
- les dio1as Fogny de Bignona
- les diolas Kassa autour dOussouye
- les diolas Blouf dans la preacutefecture de Tendouck
Mais en lutte on a pris lhabitude ~e les grouper en deux zones dune
part le Kassa qui preacutesente des particulariteacutes et dautre part lE Fogny
et le Blouf
- J 7 shy
3 ) 2 ~U(lquE5 aspects d~ l~ducatio~ ~t des rit~s en milieu diol~
L eacuteducat ion veacuteritable de lenfant diola est sociale et ne se corlprend
que dans la relation sociale elle deacutepasse de loin le strict cadre
famililal Elle commence au stade de lapprentissage du langage
Lenfant apprendra agrave reconnattre le langage du regard de ses parents
Il doit connaicirctre et faire la diffeacuterence entre un regard approbateur
et un regard qui blacircme De mecircme il doit apprendre agrave faire les gestes
de la tecircte qui expriment lapprobation En aucun cas lenfant nest
laisseacute agrave lui-mecircme Aura-t-il deacutesobeacuteit par complaisance naura-t-il pas
eacutecouteacute ou fait attention aux recommandations reacutepeacuteteacutees plusieurs fois
sans reacutesultat il fera lobjet dune punition corporelle avec la chicotte
Elle a pour effet de faire mal au corps de lenfant afin datteindre son
acircme sa sensibiliteacute et instaurer en lui une sorte de 1iaision de la
meacutemoire du mauvais comportement agrave la douleur quen voulant eacuteviter la
douleur il finit par eacuteviter le mauvais comportement en tout cas den
prendre conscience degraves cet acircge Cest une meacutethode deacuteducation mora1e (])
i 3121 Leacuteduca~ion maternelle
1
Notre eacutetude nous a montreacute que mecircme de nos jours leacuteducation diola
conserve encore ses caracteacuteristiques traditionnelles au niveau des rites
des moeurs des habitudes des principes et des normes
Leacuteducation de lenfant reste lune des plus rigoureuses Elle commence
degraves le plus bas acircge car pour le dio1a on ne peut redresser une personne
adulte donc autant leacuteduquer tregraves jeune Jusquagrave lacircge de trois ans
lenfant sera encadreacute par sa megravere qui bien queacutetant tregraves douce fait
preuve daucune indulgence Elle lui apprend les interdits de la communaushy
teacute respecter son prochain ne pas insulter ni profeacuterer de gros mots surshy
tout en preacutesence de grandes personnes ni faire violence agrave autrui
Plus terd v~rs cinq ou SlX ans le jeune garccedilon est initi~ a~x travaux
ces cna~ps des rizi~r~s cles pal~eraiEs ce Gui ne manquer6 pa5
davoir ces rEpcrcussic~s sur SOn deurovelopperncnt morpholoique
- 1( shy
3122 La circoncisio~
cest un rite obligatoire Il a pour but dintroduire le garccedilon dans
la communauteacute des hommes en tant que responsable Cest un rite qui
laisse une trace indeacuteleacutebile dans la vie du jeune diola Les principes
de la vie en socieacuteteacute y sont enseigneacutes agrave fond Le rite de la circoncishy
sion preacuteseuro~teuro uneuro forme p~lticul do~t s~uls les diolas connaissent
lorganisation internecar la circoncision est agrave la fois une eacutepreuve
physique intellectuelle et morale
Cette circoncision en milieu diola se passe dans le bois sacreacute En ce
lieu les Njoulis (circoncis) sont encadreacutes par des mattres les
Kintangs et au-dessus de ces mattres regravegnent un ecirctre doteacute de faculteacutes
occultes il sagit du Kankourang Le kankourang a cette capaciteacute de
disparattre de voler quand bon lui semble Il incarne la justice et la
violence et assure la protection de ses disciples contre les mauvais
esprits Ainsi le kankourang incite agrave lobeacuteissance et agrave lordre dans
cette socieacuteteacute Dans la tradition diola le kankourang repreacutesente un
pouvoir mystique capable de choses extraordinaires dont la socieacuteteacute
moderne avide de raisonnement ne pourra trouver une explication Au
cours de la circoncision les initieacutes subissent un certain nombre
deacutepreuves physiques que le diola appelle samasso Il doit se soushy
mettre agrave lensemble de ces eacutepreuves consideacutereacutees comme indispensables
agrave sa formation pour lui permettre de juger ses capaciteacutes physiques
mais eacutegalement deacutepouver sa valeur intellectuelle morale et sociale
Il pourra aussi se mesurer aux autres dans le domaine de la consideacuteration
et du respect En quittant le bois sacreacute le jeune doit posseacuteder une
grande partie des qualiteacutes humaines et socisles quil faut agrave un howmE
pour vivre en harmonie avec la socieacuteteacute traditionnelle Il serait bien
sOr possible dans le cadre dune eacutetude plus approfondie de parler de
bien dautres rites et pratiques traditionnelles
Notons cependant que le rite de la circoncision appartient aux anc~t~es
et que dans les villages reacutecents ougrave les structures ont changeacute on ne
Jeux jours avant la re~trfE cans le bois sacr[ les adolescents so~r
-
- Jo shy
por lE diola 11-071- doit rester en harrc1iE avec lE
tal lanimal lui-mecircme les ancecirctres les geacutenies Le rit~ du rasdge co~sist~
acirc ~loigner la ~alchance de lenfant Si l~ ritE nest pas respecteuro eumlr es
parents du futur initieacute celui-ci connaicirctra la malchance pendant toute sa viE
Ce rite a aussi pour faculteacute deacuteloigner le mal et de preacuteserver lenfant des
mauvais esprits
Le rite de leau sacreacutee se fait un jour avant lentreacutee dans le bois sacrEacute
Les femmes doivent se garder davoir le moindre contact avec leau beacutenite
pour se preacuteserver des conseacutequences facirccheuses qui pourraient en reacutesulter La
tradition veut quune seule goutte soit capable de deacuteclencher lavortement
l chez la femme enceinte de rendre steacuterile la jeune fille ou de provoquer des
menstrues perpeacutetuelles chez la femme ayant atteint la meacutenopause bull
bull Le rite de la forge protegravege le futur initieacute pendant son seacutejour dans le bois
sacreacute Mais cette protection seacutetend bien au-delagrave et de rite veut que toute
personne qui y faillit soit condamneacutee agrave devenir leacutepreuse
Pendant plusieurs semaines les jeunes initieacutes subissent une formation capishy
tale qui fera deux des hommes complets
313 Croyances et pratiques mystiques
Si nombreux sont les diolas convertis au Christianisme ou agrave lIslam leur
foi napparatt jamais incompatible avec leurs croyances animistes Lhisshy
toire des rois et reines diolas nous reacutevegravele quils eacutetaient les ffprecirctres fl de
ces cultes feacutetichistes destineacutes agrave maintenir la fertiliteacute et agrave provoquer
la chute des pluies De nos jours existent encore des socieacuteteacutes secregravetes agrave
base religieuse ou magique la plus redouteacutee eacutetant lassociation neacutecrophashy
gique Kousanga des Floup (1)
Deux fafu expliquent la coexistence du dogme et de la croyance
le contact tardif de la socieacuteteacute diola avec les civilisations eacutetrangegraveres
et leacutevangeacutelisation ou lislamisation quelles veacutehiculaient Il e~ reacutes~lt~
une importance des traditions leur reacutesstance agrave une remise en questic~ ce qui confegrave~e agrave la socieacuteteacute diola un caractegravere conservateur
r~c~~i]EE 2~fr~~ ~c - t
ct ~Cc egraveE~ Cimiddotilisatilaquo~ eacute
la neacutecessiteacute de lanimisme consiegraveeuroreacute comme base de toutes legrave~
religi0~s uumlegrave serait-ce que corr~e tentative ciexpliquer li1explishy
cable en se repreacutesentant en particulier comme un ensemble de puisshy
sances mystiques Ainsi pour lanimiste agir sur la nature cest
intervenir psychologiquement aupregraves de ceLX qui la gouvernent
314 Imeact des moeurs sur la prat~que de la lutte diola
Lorigine de la populariteacute de la lutte eugrave milieu diola est par trop
impreacutecise aussi nous nous limiterons agrave en donner la signification
actuelle La lutte apparatt dabord comme un moyen privileacutegieacute deacutedushy
cation
- sur le plan corporel afin de deacutevelopper la force lagiliteacute la
rapiditeacute et la souplesse
- sur le plan moral afin de deacutevelopper les vertus caracteacuterielles
courage tenaciteacute digniteacute bullbullbull neacuteces~aires agrave laction
Mais la lutte apparatt aussi comme un mpyen dinteacutegration sociale car
le jeune diola qui se refuserait agrave se sbumettre agrave leacutepreuve de la lutte
encourrait un isolement alors que celui qui excelle en bravoure devient
rapidement populaire Dougrave ces affrontements agrave linteacuterieur dune classe
dige qui tout en restant un moyen de reacutejouissance servent eacutegalement
agrave eacutetablir des comparaisons
Nos observations et nos interviews confirment le caractire tris physique
de la lutte diola immeacutediatement les lutteurs sont au corps agrave corps et
les techniques consistant agrave aracher ladversaire priment sur toutes les
autres Exprimer sa force est une preacuteoccupation constante il suffit pour
sen persuader de voir le groupe de lutteurs peacuteneacutetrer dans laregravene au son
du Born bol on que rythme le claquement de mains des femmes
C~tte da~se est une deacutebauche dAnegie Ougrave les lutteurs pieacutetin~Ert avec
force L sol
i shy
3141 EorphologUgrave et valeur physiques du lut teur diola
Le lutteur diola possegraveagrave~ un deacuteveloppement caracteacuteristique du trai~
supeacuterieur et de la musculature doso-lombaire Ceci est tregraves certaineshy
ment lieacute au maniement de la houe de la daba et surtout dukadiando
dont lusage permanent a modeleacute la morphologie du lutteur diola
La valeur physique de ce lutteur semble reposer sur sa force sa
reacutesistance mais aussi sa rapiditeacute
3142 Reacutepertoire technique
Dans le Blouf la forme du corps la plus utiliseacutee est le deacutecalage souvent
combineacute avec un crochet de jambe (gal gal) ceci semble ecirctre lieacute agrave
lutilisation quotidienne dans les riziegraveres du kadiando Le paysan du
Blouf sera ameneacute agrave faire un mouvement de torsion pour deacutecalerlinstrushy
ment enprenant appui sur son genou et ceci continuellEment pendant toute
la jourpeacutee Chez les diolas du Fogny le kadiando eacutefait surtout utiliseacute
par les femmes qui soccupaient autrefois exclusivement de la riziculture
et ce n~est quaujourdhui que les hommes cultivent le riz 1
La principale culture dans le Fogpy est celle du mil on y cultive aussi
de larachide De ce fait loutil le plus utiliseacute est le donkoton qui
est un instrument tregraves petit avec un manche court et dont le maniement
expliquerait peut-ecirctre leacutetonnante musculature du train supeacuterieur et surshy
tout de la zone dorso-lombaire du 4i6la fogny qui excelle dans les techshy
niques en force genre arracheacute avec les bras sur contrOle de la ceinture
de ladversaire Lulisation du donkoton semble eacutegalement expliquer la
garde tregraves basse du lutteur fogny
Dans le kassa on aurait pu trouver la mecircme forme de lutte car la morphoshy
logie du lutteur est agrave peu pregraves la mecircme mais linterdiction formelle de
la prise du ~gimbe modifie et limite tout le repertoire technicult2 ou
lutteur Le lutteur kassa adopte une garde basse et agrave une preacutefeacuterence pc~r
legraveS tc~-iccedilues n passa~ dessous - - ~ shymiddotmiddotcrc t--=~ c-
----
contact et agrave partir de ce TtoTteuront ils peuvent se relever et conti~uEr
en lutte debout jusquau terrassemen~
Toutes les gardes sont rapprocheacutees en milieu diola
irbi trage
Les combats sont arbitreacutes par un deacuteleacutegueacute geacuteneacuteralement anClen lutteur
Ces anciens lutteurs ont pour rocircle de veiller au bon deacuteroulement du
combat La victoire est deacutecreacuteteacutee dans les cas ougrave un des lutteurs se
retrouve en position assise sur le ventre sur la cuisse ou les
genoux (sauf dans le Kassa)
Il existe un autre mode de victoire celle qui est proclameacutee agrave la
suite dune supeacuterioriteacute eacutevidente du~ des lutteurs A savoir quand
un lutteur soulegraveve tregraves haut son camarade et que son manager estime i
quil est pratiquement battu il peut arrecircter le combat en touchant
dabord le lutteur adverse popr eacuteviter que son lutteur ne soit terrasseacute
tregraves fOrt Nest-ce pas un deacutecision sage des managers qui peut contribuer
agrave maintenir le caractegravere reacutecr~atif de la lutte joola 1
La victoire dun village sur un autre village ne se mesure pas au
nombre de victoires obtenues par lensemble des lutteurs En effet
il suffit que le champion soit battu pour que le village soit consideacutereacute
comme deacutefait Ce qui explique limportance et le seacuterieux que le village
accorde agrave la preacuteparation des championsl)
Il est cependant important de signaler que larbitrage dans les centres
urbains revecirct une iautre forme beaucoup plus codifieacutee et cest peut-ecirctre
une des raisons qui font quen milieu urbain la lutte diola perde une
partie de son originaliteacute
En dehors des techniques speacutecifiques agrave chaque sous-groupe il faut
signaler quil y a une multitude de prises et quelGues formes de corps
comTIunes agrave letnn Car reconnaissons qu il cO unE ror-euro approp=i~eacute
dE ~ouvane du l~tteur diola en TaI
-----~-----
LE tableau ci-dessous se propose dE reacutesumer les diffeacuterentes consideacuteshy
rations techniques envisagEacutees dans cette partie
FORlŒSSOGS-GRGUPES 1 COItltOLE GA~JESDt CORF=
i ~
1 1
Passage dessous de jambes et BassE KASSA saisies Moyenne1annexes bras (rapprocheacutee)
ceinture tecircte
Deacutecalage de Moyenne et BLOUF Demi-souplesse Ngimbe
HauteHancheacute Bras (rapprocheacutee)
Jambe
Arracheacute CouFOGNY Tregraves basse
Hancheacute ii 1
1 1
3 14 3 bull LeIIa~~jueetlecom~ortementdulutteur-+iola
1 Le comportement et lattitude du lutteur dans laregravene pe sont en fait
t
que le reflet de sa psychologie et plus partiCUliegraverem t de son eacutetat
dacircme Or il napparatt pas abusif deacutetablir des cor eacutelations entre
le psychisme dun individu et lempreinte eacuteducative quil a subie En effet en sortant du bois sacreacute le jeune diola a acquis un ~ca~~l
eacutequilibre physique et mental
Cette matrise de lui-mecircme permet au lutteur dans la~egravene dadopter
un aire enjoueacute de manifester beaucoup denthousiasme~ La lutte devient 1
essentiellement un jeu laspec ludique y est privileacutegieacute et ~ela influe
sur le comportement du lutteur
Ainsi queurolq~c soit limporta~cE de le~je~ le lutt~c~ dic1e Seuroreacute
to~jours serein et s~ livrera sa~s arri~re pe~s6e da~$ ~E CO=beacute ou-
tons que le lutteur diola est trecircs fair-play et sil arrive quun rdnd
lll L COIicircilU1Ul L ULOF
32 J Preacutesentation
La soc tEacute wucirc10f est celle qU1 a eacuteteacute la plus marqueacutee par la colonisation
~~ fait peut-gtre de sa position geuroographiquE dune part ct de 50~ imporshy
tanCE sur le plan dfmographiquE dautre part En effEt ceurootteuro CC-~ucircautE
wolof repreacutesente environ 20 de la population seacuteneacutegalaise
Elle est constitueacutee de pecirccheurs (ce sont les leacutebous) dagriculteurs de
fonctionnaires de lEtat mais surtout de commerccedilants
A pqrtir de leur reacutegime dimplantation le Cayor le Walo le Baol le
Djolof et la presquicircle du Cap-Vert les wolofs ont tendance agrave irradier
sur lensemble du territoire sous leffet de leur speacuteculation agrave la culshy
ture de larachide et du nombre important de fonctionnaires quon trouve
dans cette ethnie
322 Les moeurs et croyances wolofs
Bien queacutetant en grande partie des musulmans convaincus les wolofs
conservent toujours une croyance animiste et continuent agrave faire des
sacrifices agrave porter des cornes ou des morceaux de bois agrave la ceinture
aux jambes ou aux bras et agrave croire agrave lexistence des Djinneacutes et des
Raps bull
Le Djinneacute cest une creacuteature malfaisante en geacuteneacuteral capable de choses
extraordinaires Il possegravede des faculteacutes surnaturelles Cependant dapregraves
la croyance animiste certains Djinneacutes peuvent ecirctre bons
Le Hapl cest une creacuteature ayant des dons occultes appartena71t agrave une
famille ou agrave une communauteacute et dont le rOcircle est de veiller cu daider
les reCJrES de le fai11p ou dt la conmunauteacute en cas de da1gel Le Rap
~ ut te c ) ~~c-
ei sltcificE cJ sanl dE meut0 dL chat de pC)wleurot 5E1lt les conveuroshy
lances parfois leur dorner COrllTe offrande du lait Laii
Qua1d une famille ou une communauteacute neacuteglige les Sarakh (ici dans
le sens de sacrifice ou Offrande) elle se voit aussitocirct vouEacutee agrave la
maleacutediction des mauvais esprit~ (fcllec dans touteacuteS lEs ~treprises
de la vie maladie mort bullbullbull ) Les lieux ougrave habitent ls Taps et ougrave
se font les sacrifices se nomment Khambs
Geacuteneacuteralement le khamb se trouve dans lenceinte de la maison ou
dans un coin approprieacute du village Les lieux du khamb sont marqueacutes
par la disposition de calebasses de pilons de morceaux de poterie
briseacutes de grosses pierres de cornes et dautres objets heacuteteacuteroclytes
La superstition wolof est tregraves marqueacutee En effet pour le wolof toutes
les manifestations quotidiennes trouvent leur signification dans le
mysticisme Citons agrave cet effet quelques ezemples Une femme enceinte
ne doit pas marcher agrave nimporte quelle heure de la journeacutee Certaines
heures de la journeacutee lui sont interdites le Timiss (creacutepuscule
le Ndjo~or (de 13 H agrave 14 H de lapregraves-midi) le souf-segravede (de
minuit i4 H du matin) Selon la tradition ~t la croyance wolof les
mauvais ~sprits choisissent ces heures pour jeter des sorts Et la
femme enceinte eacutetant tregraves vulneacuterable le Djinneacute essaiera de lui insufshy
fler son souffle pour atteindre son beacutebeacute afin dentratner soit la
meacutetamorphose de cedernier en monstre soit de le tuer avant sa naissance
Dailleurs pour le wolof et pour certaines autres ethnies au Seacuteneacutegal
le timis le tdjolor le souf-segravede repreacutesentent des peacuteriodes de
la journeacutee ougrave lon ne doit pas se hasarder dans les rues et les champs
Ce sont des heures propices aux apparitions des Djinnes sous nimporte
quelle forme humaine ou animale
Il est eacutegalement interdit au wolof de marcher ou de serti la nuit du
~eacutellfria-
loutes c~s pratiques ~ystiqu~s et cr0ya~ces religi~us~5 ~xistent eL~~[
certainement dues agrave un meacutetissage culturel Parallegravelement aux feacutetiches
aux incantations et agrave lutilisation des safaras (substance magique)
notons lexistence de ga l a tchs (ce sOnt des talismans ougrave sont inscrits
du qui les porte Toutes ces croyances biEn sucircr auront une rEacutepercussicrI
sur leacuteducation du jeune wolof
323 Leacuteducation du wolof
Pour caracteacuteriser leacuteducation wolof nous avons penseacute donner comme
illustration cet extrait de la revue DEM ak TEY Pour deacutefinir leacutedushy
cation le wolof fait appel agrave un symbolisme qui eDglobe aussi bien les
moyens mis en oeuvre Yar que le reacutesultat obtenu agrave laide de ces mecircmes
moyens cest-agrave-dire la formation et le deacuteveloppement de lecirctre humain
ou Yaru
Le substantif Yar deacutesigne le fouet
Ce symbolisme deacutesigne donc au-delagrave du simple sens mateacuteriel de lobjet
lutilisation qui permet daboutir au reacutesultat escompteacute (Yaru) Au sens
geacuteneacuteral Yar deacutesigne tout instrument servant agrave infliger une punition Le
terme laisse supposer agrave priori que cette phase de lenfance durant lashy
quelle se preacutepare la vie de lhomme est lieacutee agrave la souffrance au supplice
Dailleurs une maxime wolof compare lenfant agrave une tige quon a tout le
loisir de redresser alors quelle est encore flexible bull
bullbullbull Pour leacuteducateur wolof la perfection nest point de ce monde malS
le devoir de chaque homme est de tendre vers la pleacutenitude en luttant
contre ses propres faiblesses Leacuteducation va d01c iisister essentielle~(-~t
sur lexercice quotidien de leacutelevation ffiora1e d~ lindividu Pour cela
elle privileacutegie la patience munI) vertu dabneacutegdtion et dE deacutesinteacuteresseshy
m(~t autour dE laquelle sarticulent toutes ]e~ ~u~~~s qualiteuros
i _
aan~ ~ s0cieacutet gt~olcf ocirclt~tartt nul -Jt- poulait sabecircisstr
tion de sa libertEacute La liberteacute est le preuumler drcmiddotir dE l ho-)euro egrave~S
baigner dans une beacuteate admiration du passeacute la comparaison avec le pr~$(middott
si~posc dclle-mecircme car lon reste s reacute devant la deacutesinvolture aVEC
laquelle dES honmes daujourdhui descendants de cette ~~~EacuteTatic ccedil~l se
une fois [largis bullbull tTasque fiers davoir fait leacute priS0n PEut-2tTE
faut-il mettre cela sur le compte de lurbanisation et des nouvelles
valeurs qui ont pour nom enrichissement reacuteussite sociale avec ce que
cela comporte de deacuteshumanisant et de deacutepreacuteciateur (1)
3 bull 2 bull 3 1 bull Lesri tes
Le sevrage et la circoncision constituent les deux grandes phases initiashy
tiques chez le wolof
- Le rituel du sevrage est appeleacute maga1 (litteacuteralement rendre grand)
Cest un eacutevegravenement important aussi bien pour les parents de lenfant que
pour la co~unauteacute Durant cet eacutevegravenement qui survient geacuteneacuteralement deux
ans apregraves la naissance du beacutebeacute les personnes vivant dans lentouragE
apportent leur soutien moral et mateacuteriel
- le rituel de la circoncision revecirct pratiquement la mecircme signification
que dans les autres ethnies seule la forme diffegravere La circoncision reste
encore une eacutepreuve de la vie au sort i r de laque Ile ladolescent devient un
homme Aujourdhui il faut noter une meacutetamorphose de la structure sociale
et des croyances religieuses tregraves accentueacutee aussi bien chez les wolof que
chez les autres groupes ethniques et ceci est peut-ecirctre dO au contact
permanent quils ont avec la socieacuteteacute occidentale
Malgreacute ces constat~tions il semblerait pcu=tant qUE la sociecirct~ lecircbou Gci
bien que se trouvaLt en grande partie dans ~a Presquth du Cap-ETt Et
en contact permane~t avec les blancs soit la portior la plu8 cc~serva-
----------~_- ---~-- -----
~
Incidences d s ~00urs sur la l~ttE
Le wolof connaicirct deux formes de luttes la lutte sirplE- sans t-t
la lutte avec frappe La lutte avec frappe a une crigi~e purement r
et ce nest que plus tard quelle devint une prati1uE sportive et lud
preacuteparer agrave la guerre Aussi tout en luttant On eacutetait autoris~ agrave frapper~
griffer mordre voire introduire son doigt dans loeil de son adversaire
Le jeune wolof devait eacutegalement se livrer agrave la lutte avec frappe afin de
favoriser son insertion dans la socieacuteteacute adulte et sinitier au meacutetier de
soldat faute de quoi il ne pouvait se faire entendre ne avoir des marques
de respect Pour montrer la populariteacute de la lutte dans le Cayor signalons
que les Damels ll (rois) et les Teignes (nobles) nheacutesitaient pas agrave sy
livrer Quant au IIMbeu~ (lutteur) elle lui servait de moyen de promotion
sociale car d8S que sa reacuteputation eacutetait eacutetablie il pouvait ecirctre choisi
par les rois et les nobles comme garde de corps
325 Signification de la lutte en milieu wolof
La lutte se pratique dabord pour lhonneur qui est une vertu tregraves signishy
ficative pour le wolof Elle permet de renforcer les liens amicaux entre
les jeunes de villages diffeacuterents Le champion veut gagner
confiance et la consideacuteration de son village de ses amis
Etre champion cest aussi susciter ladmiration chez les
sentant la force la viriliteacute et la deacutetermination
326 Organisation d~s eacutepreuves de lutte
3261 Les Mbapatts Ce sont les seacuteances nocturnes
pour meacuteriter la
et des anciens
filles en repreacuteshy
Ils sont organiseacutes apregraves les reacutecoltes agrave la fin de la saiscn des pluies
Ceci surtout p~ndant les peacuteriodes de clair de lune car ils peuven~ durEr
toute la nuit Le but des ~Dapatts lt=tait de prfpa-er FhysicuemeH et
~ arb Sil
326 Le 1
cest une organisation beaucoup plus importante que les I~apatts ~
loccasion de laquelle on peut voir plusieurs lutteurs de grande reDommfe
saffronteLLa fin dl lamb est toujours couronneacutee par une grand co~bat
duquel le vainqueur est sacreacute champion de la contrecirce
Le choix du lieu est lieacute agrave limportance de ce lieu dans le village cest
la place publique ougrave geacuteneacuteralement se passent toutes les manifestations
assembleacutee geacuteneacuterale sabar (danse) cest aussi lendroit ougrave sont prises
les grandes deacutecisions
3623 Lappariement
Dans un village ou un quartier les lutteurs se regroupent en lang
(eacutequipe) et jamais deux lutteurs de mecircme lang ne se rencontrent lors
du lamb
L appariement s~ fait librement entre lutteurs de lang diffeacuterents l1hs
une regravegle veut ~uavant de lutter avec le Mbeur Kanur de tel lang si
on est soukh (l~tteur pas encore confirmeacute) il est neacutecessaire de lutter
dabord avec ses soukh et ce nest quapregraves les avoir terrasseacutes tous
quon se voit octroyer la chance de lutter contre lui
Notons que la cateacutegorisation des lutteurs par poids nest jamais prise
en consideacuteration
3624 La tenue du lutteur ou NGIMBE
Le middotNGimbe est confectionneacute par le marabout de la famille ou du clan Il
est constituecirc de pagnes en coton tisseacute geacuteneacuteralement offerts par la megravere ou
la grand-megravere du lutteur ceci lors des organisations de ~rande Tportance
COrlune lef 1amb Dans le cadre des l-bapatt les pagnes sont C tErts peumlr
~~~rcfcis ct ffi~mc aujourdhui d218 cErtaInes fa~ille5 on devj~Gr
luttEur de pegravere en fils et dans ce cas h 1
gimbell du pEgravere Est recircr i tEacute
par le fils Le fait de porter le lI~gimbe agravee ses aiumleux peut susciter
cne~ le jeune lutteur une motivation et une volontecirc in~branlable rlasshy
surer 12 supeacuterioritEacute cis SIcirct-ns dallS
le xgimbe de la famille ne touche pas le sable
La tenue du lutteur a une signification et une importance sur le plan
mystique car selon les anciens le vrai feacutetiche du lutteur celui qui
le proteacutegera agrave vaincre le Djinneacute ou le Rap de ladversaire se trouve
cacheacute dans ce Ngimbe Celui qui confectionne-le Ngimbe est doueacute de
faculteacutes occultes
~~r~i~rg Il est assureacute par un sage du village qui geacuteneacuteralement fut
championde lutte de son temps Dailleurs cet ancien nintervient que
si le terrassement est litigieux
Hormis le public qui proclame la victoire ou le match nul le lutteur
lui-mecircme est arbitre et il arrive quil se deacuteclare vaincu ~ous
pouvons citer comme exemple Meacutedoune KHOULE un des plus grands lutteurs
seacuteneacutegalais qui a donneacute une victoire agrave Djeacuteri SADIO son adversaire qui a
reacuteussi agrave lui faire toucher le sol de la main
Il Y a terrassement quand le lutteur se retrouve
- assis sur le sol
- eacutetaleacute sur le dos
eacutetaleacute sur le cocircteacute
les deux genoux au sol
- les deux ma~ns au sol
la tecircte (front au sol agrave la suite dune brouette)
Il peut y aVOIr match nul si apregraves li1 temps ccmsideacuterable les lutteurs
SE sont ~ ivrEacutes respectivement agrave des assauts rEacutepEacutetEacutes et n arrivEt pas a
3265 L~ precircparation mystique
Il faut reconnattre quon ne peut parler de lutte en milieu wolof sans
envisager une preacuteparation mystique seacuterieuse Co~~e ~ous lEvans vu a~teacute-
1middot ~ d ~ ~rlturenent t0utes es actlvmiddotltesmiddot u W010 sont lles a SeS croyances
- la lutte ne concerne pas seule~ent deux acteurs se livrant faruumlucheshy
ment agrave un combat au milieu de laregravene mais eacutegalement les marabouts et les
feacutetichistes du village ou du clan qui doivent deacutefendre leur savoir et
leur prestige Avant le combat le lutteur doit se livrer agrave un certain
nombre de preacuteparations mystiques pour assurer sa victoire Aussi sommesshy
nous appeleacutes agrave parler de BACK (cest le chant et la danse du lutteur)
- le batteur de tam-tam compose un rythme en fonction du Galagne ou du
Senghor (gds-gris) du lutteur Chaque galagne sera choisi en fonction
du Rap ou du Djinneacute correspondant au Totem du lutteur
Le chant geacuterleacuterique Feinte woy veut dire litteacuteralement composer un 1
chant Ce chant est geacuteneacuteralement composeacute par les filles du viilage du
champion ou par un griot de sa communauteacute Et agrave travers ce chrnt on
arrive agrave toucher la corde sensible du lutteur en chantant lesl innombrables 1
victoires de ses ancecirctres ou en lui rappelant ses prouesses eacuteblatantes 1
Chaque lutteur doit avoir un chant et un back qui lui sont propres
327 Le reacutepertoire technique et les caracteacuteristiques physiques dulutteur wolof
Le lutteur wolof est geacuteneacuteralement moyen de taille la musculagraveture est
tregraves saillante ce qui fait ressortir un aspect tregraves athleacutetique ceci
est vrai sans exception pour le lutteur leacutebou mais il arrive que le Cacircyoshy
rien le baol-baol le walo-walo soient de grands gabarits de forte constishy
tution
CepEndant pour une meilleure compreacutehension du sujet nous pouvons eacutetudiEr
deux jroups d lut teurs qui vont deacuteterminer deux st yI e s de lut tes
- ~ t
les tc~tativ~s de~[reacutee e~ ramassement de jambes de la~v~sairL Ce~~
peut Ecirctre expliqueacute par le fait que les lutteurs leacutebou ou walo-walc qui
sont des pecirccheursadoptent cette garde tasseacutee du fait quils so~t tou-
jours pencheacutes en tirant le fil ou en poussant la plrogue On verra techrugravequeacutes dt cirr 2C ~lt 5Jllicitocirct
surLuumlut les membres supeacuterieurs
Le cayorien et le baol-baol par contre sont les plus grands cultivateurs
darachide chez eux les techniques de lutte sont plus varieacutees et la
garde est moins renfermeacutee Les lutteurs cayorien et baol-baol ont une
morphologie et une reacutepartition musculaire bien eacutequilibreacutee ils excellent
dans les techniques en deacutecalage les techniques de jambe et surtout les
techniques de riposte ougrave lon peut voir des prises de hancheacute tregraves amples
Dune maniegravere geacuteneacuterale on peut dire que le lutteur wolof est un fin
technicien qui sait surtout creacuteer les opportuniteacutes e~ avec sa rapiditeacute
utiliser la force de ladversaire pour le deacuteseacutequilibrer le noodju
le mbas le weacuteheacuteleacute et le rasu sont des techniques propres au lutteur
wolof
En deacutefense il utilise surtout des kl~klets ou gal-gal Notons que
le balancement des bras ou Lewato e$t tregraves marqueacute dans la lutte wolof
TABLEAU RECAPITULATIF DES COMPOSANTES TECHNIQUES
( 1 )
1 SOUS-GROUPES GARDES CONTROLES FORHES DE CORPS l
Walo-walo Basse de jambe Arracheacute l l10yenne de Ngimbe et i
Leacutebou Tasseacutee et saisies annexesj Deacutecalage 1 1 distante de bras de tecirct1
j de bras Deacutecalaeuro
~-----------------~-
- ~ ~- shy - ~ ~ bull L _ _ bull
Profil psyc~~iqUE du lutteu- et son comporterent dars l 2regravere
La preacuteparation mystique dans laregravene est plus marqueacutee chez les wolofs
que ChE~ les autres ethnies En effet on verra de grands champions
preliGrE plusiEurs heures pour Enduire leur corps de cll2badep ou ci
rmiddot- ~ a la proprieacuteteacute de proteacuteger li1egraveividu J
les mauvais sorts) Cest dailleurs un aspect dt la luttE qui iJcsc
des problegraveJles
Le lutteur wolof est tregraves superstitieux et la peacuteriode de preacuteparation
est capitale pour lui car elle permet non seulement de rendre
hommage aux ancecirctres mais aussi dintimider son adversaire Cest
geacuteneacuteralement un lutteur agressif combatif et teacutemeacuteraire Il se fait
souvent remarquer par son esprit dentreprise Mais cette fougue dans
le combat lamegravene parfois bien que ce soit regrettable agrave oublier les
usages et les normes Ce manque de maicirctrise de soi peut faire croire
que le lutteur wolof manque de fair-play ce qui nest pas toujours le
cas
~A~Ugrave~ t 4AA CbUrs k LA ucirctotve f~tPle Sesect prores mou W ~ lesquelles vont se couler les comporteme~ts individuels qui sont ainsi
monteacutes par et pour lautoriteacute sociale
Les faccedilons de boire de marcher ou de sasseoir se manifestent indivishy
duellement dans le corps de chaque personne ces habitus sont cependant
des montages sociaux lieacutes agrave des significationssymboliques variables
dailleurs selon la position sociale occupeacutee par chaque sujet Ces modes
dagir se rangent dans un systegraveme de montages symboliques et lindivishy
du les apprend de la socieacuteteacute dont il fait partie agrave la place quil occupe
Lhabitus est un montage social agrave la valeur symbolique deacutependant des pheacuteshy
nomegravenes deacuteducation et de prestige et lieacute agrave la position sociale du sujet
Cette penseacutee sonne de faccedilon eacutetonamment moderne
Pierre BOURDIEU qui dans une perspective a approfondi le contenue de la
notion en le reportant aux oppositions entre classes et fractions sociales
Il deacutefinit lhabitus comme un systegraveme de dispositions durables acquis au
cours dune histoire personnelle dans une milieu social donneacute systegraveme qui
engendre ensuite des pra~iques socialement deacutetermineacutees faccedilons de manger
de parler ou de marcher comportements de politesse contenu des preacutefeacuterencel
et des deacutegoOts bullbullbull lhabitus est le produit de conditions eacuteconomiques et
sociales Lauteur rattache directement la formation de lhabitus dun
individu agrave la trajectoire parcourue par celui-ci dans sa classe dapparteshy
nance il deacutefend lideacutee dun habitus de classe qui deacutefinit le sens confeacuteshy
reacute agrave la pratique sportive les profits qui en sont attendus
Ce dernier serait lui-m~me lieacute agrave un systegraveme de valeurs ou ETHOS de classe
prenant sens au sein doppositions distinctives entre classes sociales
De sorte lhabitus fonctionne comme un systegraveme dt- regravegles inteacuterioriseacutees
souvent informuleacutees permettant ou non agrave lagent de sadapter dembleacutee aux
multiples pratiques de la vie quotidienne et de la vie sportive il est agrave
lorigine des schegravemes de transcription qui favorisent les ajustements aux
situations corporelles nouvelles (1)
t ~
(1) P~IE11D dwi6Han ISpoy-l et sodeacutebi Approche Bocio-culturelle des pratiques P~tis Vigot 1981 page 81
33
331 Preacutesentation
Les Seacuteregravere auraient pour origine le Fouta Toro quils auraient quitteacute
vers le Xllegrave siegravecle pour fuir lislamisation de cette reacutegioD par lempire
dJ Xali (ils seraient donc apparEnt~s aux Peul et Toucouleur ) Ils
auraient trouveacute dans la rEacutegion du Sine les Sosseacute dorigine manding avec
lesquels ils salliegraverent
Au XVegrave siegravecle une autre immigrationSos~ conqueacuterante cette fois-ci
apporta son organisation eacutetatique Ils se divisegraverent en deux monarchies
deacutemocratiques lune seacutetablit au Sine et lautre au Saloum Les Sosseacute
conqueacuterants constituaient lautocratie appeleacutee Guelowar
La royauteacute seacuteregravere eacutetait laiumlque Les premiers souverains durent secouer
la tutelle des Toucouleur et progressivement arrivegraverent agrave unifier lethshy
nie des seacuteregravere etdea Sosseacute Les deux royauteacutes eacutetaient organiseacutees selon
acirces modegraveles tregraves deacutemocratiques Le souverain deacutependait dune assembleacutee
de ministres et de chefs locaux qui assuraient ladministration centrale
et reacutegionale())
Aujourdhui lethnie seacuteregravere repreacutesente 20 de la population seacuteneacutegalaise
Ils sont reacutepartis sur presque toute leacutetendue du territoire notamment
dans le Baol la reacutegion du Sine-Saloum et la reacutegion de Thiegraves
Signalons quil existe plusieurs sous-groupes dans lethnie ainsi on
trouvera
- dans la reacutegion de Thiegraves les Ndut les Safegravene et les None
- dans le Sine-Saloum les Sine-sine et les Saloum-salouIT
On trouvera vers foundioune et agrave Nioro du cocircteacute de la Gambie les
Niominka (pecirccheurs) Cest une portion tregraves mandinguiseacutee
( 1
Le rattache~2~t d~ to~s ccs sous-groupes pose problecircme ~25 0~ r0~V~
uc grande partie de traits COITul1uns dans leurs modes dE vie Ct pOUT phs
de faciliteacute nous allons essayer de faire une ~tude globale de la lutte
traditionnelle seacuterecircre Lactiviteacute socio-eacuteconomique qui est essentielleme~t
agro-pasorale caracteacuterisE leacutethnie seacuteregravere
332 Lecircducation les moeurs les croyances et pratiques sEr~rc
Chez les Seacuteregravere la vie humaine se deacuteroule selon les grandes eacutetapes
le baptecircme lenfance ladolescencemarqueacutee par la circoncision lsectge
adulte le mariage la vieillesse et la mort (funeacuterailles)
La vie de la communauteacute seacuteregravere reste une des plus originales sinon
celle qui de nos jours garde la presque totaliteacute des pratiques et
habitudes traditionnelles
Bien qu aujotltdhui con~r-tis aux religions chreacutetienne et musulmane les
Seacuteregravere conservent leurs croyances et pratiques animistes
Quelque soit leur degreacute dadheacutesion aux religions reacuteveacuteleacutees les Seacuteregravere
croient en un Dieu puissant et miseacutericordieux Rog Segravene et les hommes
Les ~angols sont repreacutesenteacutes mateacuteriellement dans tous les villages
seacuteregraveres par des arbres (baobab et tamariniers) des animaux (geacuteneacuteraleshy
ment serpent doreacute ou iguane) des ustensiles (pilon calebasse et mortier)
De nombreux teacutemoignages nous apprennent que certains totems (serpent
iguane) font leur apparicion agrave loccasion de certaines manifestations
rituelles comme les sacrifices ceacuteleacutebreacutes lors dun mariage de ceacutereacutemonies
mortuaires ou des circoncisions
Le Seacuteregravere comme il nous a eacuteteacute donneacute loccasion de le dire plus haut
preacutesente des speacutecificiteacutes authentiques aussi bien en tout ce qui touch~
son eacuteducation ses croyanCES et pratiques mystiques q~e ses activiteacute~
socio-ecirccc~omiquEs Apr~s a ~aissa~c~ le beurob~ ~~ pcs~ 5~~ lE S~ __
On lui mouille les l~vres avec un peu d~ lait de mil et apr~s U~ bain
purificateur on versera leau dans un trou cr~us~ derri~r~ la Camp~~
Pendant huit jours la megravere et lenfant sont cacheacutes dans la case car
selon les anciens ils sont tregraves vulneacuterables La case deacutens certains cas
est entoureacutee dun fil blanc et lon place sur le seuil des fais(cauy di
veacutegeacutetaux pour chasser les mauvais esprits (geacutenies malfaisants et illangeUY~
dacircmes) Au bout du huitiegraveme jour la megravere et lenfant peuvent sortir de
la case bull
bullbullbull Le matin du huitiegraveme jour la tante paternelle va chercher de leau
(plusieurs fois)t elle doit rester muette pendant ses alleacutees et venues
si elle parlait t lenfant pourrait ecirctre muet bullbullbull
La megravere et lenfant prennent un bain purificateur dans lequel sont
trempeacutees certaines plantes (ce sont des veacutegeacutetaux pr~tecteurs tels le
begravene le yag le ngud) On y lavera aussi le linge e1t les ustensiles utishyj
liseacutes pendant les huit jours qui viennet de seacutecoul~r On rase le crine
de lenfant Les cheveux sont donneacutes agrave la megravere qui ~s enterrera avec le
reste du cordon ombilical dans un endroit que11e esit seule agrave connattre
La megravere sassied sur une natte devant la maison Une femme igeacutee de la
famille prend le beacutebeacute dans ses bras et le preacutesente aux quatre coins de
lhorizon
La tante paternelle tient ensuite un van sur la tecircte de la megravere on y
verse le mil on y verse eacutegalement en abondance sur la megravere et sur
lenfant La tante oint ensuite le corps du beacutebeacute avec du lait e11e
touche en particulier le front t le nez la bouche la poitrine le dos
et les oreilles
Elle pose enfin un ~rain de sel dans la paume du beacutebeacute (le sel purifie
et deacutetruit les puissances mauvaises)
Apregraves un nouveau bain la megravere et lenfant revEcirctent des habits de fecircte
(est
lenfant Ce precircnore a toujours U~ SEns Il sy~bolise parfois C0 qUi
lOIl sounaitt agrave lEufant l)
La circoncision comme dans les autres ethnies est obligatoire Elle
permet au jeune adolescent dacceacuteder agrave la classe adulte Les jeunes
sont regroupes en classe dacircge dans le bois ougrave sc fait la r0tr~it0 des
circoncis et ceci pendant plusieurs mois
Le Selbeacute qui est geacuteneacuteralement un ancien craint de tous les eacutelegraveves
enseigne le respect de la hieacuterarchie la discreacutetion le goOt de linishy
tiative Les activiteacutes physiques et leacuteducation artistique ne sont pas
en reste la deacutecoration la sculpture la lutte et la danse A sa sortie
du bois linitieacute appartient deacutesormais agrave la classe des virils et des
sages du clan car on lui aura enseigneacute les vertus fondamentales que
sont la justice lhonneur lamour du prochain 1 amour du travail
lhonnecircteteacute et surtout le respect des coutumes ancestrales
Le rite du mariage esd aussi un fait tregraves important dans le monde 1
seacuteregravere mais par manq~e dinformation nous serons obligeacutes de nous en
tenir lagrave
333 Impact des ethos sur la lutte dans le monde seacuteregravere
Lorigine de la lutte seacuteregravere ne semble pas claire ma1S nous pouvons
dire quil existait deux formes de lutte comme chez les Wolofs une
lutte sans frappe et une lutte avec frappe Et cest cette derniegravere
qui peut-ecirctre nous ameacutenerait agrave croire que la lutte seacuteregravere aurait une
origine plus preacuteciseacutement guerriegravere
Aujourdhui la lutte est uniquement une activiteacute sportive agrave travers
laquelle le jeune seacuteregravere eacutevalue sa force son courage et SOn ingeacutenioshy
siteacute Cest une occasion de deacutefendre lhonneur de son village ou de
la corrnnunauteacute
La luttE ~5t avant tout u~e rnanifcs[dtic~ c~lturclie et surtout
fo lkhriqut-
Gracircce agrave elle on peut deacutesormais comprendre un certain nombre de chants
et de symboles A travers la lutte seacuteregravere on ccedilomprend les inter-relashy
tions entreacute la vie et le monde surntiturel
Sil devait y avoir la mort dun villageacuteois pendant la fecirctE au T qUE
de linterrompre on proceacutedait gracircce aux connaissances magico-religieuses
agrave la suspension de la mort jusquagrave une peacuteriode ougrave la population sera plus
disponible pour organiser des funeacuterailles sil y eacutetait preacutedit la possibishy
liteacute dune deacutefait du champion local au profit dun champion dun autre
village des recettes dordre maginque et religieux eacutetaient mises en prashy
tique afin que le champion du village ne soit jamais terrasseacute(J)
334 Le profil du lutteur seacuteregraver~
Le lutteur seacuteregravere est par essence un athlegravete impressionnant de par sa i
carrure et sa musculature saillante mais cest aussi une force tranquille
et calme quelque soit lenjeu du combagravet et particuliegraverement lhonneur
Cet aspect nous pousse agrave parler du NGiMBE cest-agrave-dire de la tenue du
lutteur qui va influencer sur sa faccedilon de lutter
La confection du Ngimbe revient agrave la communauteacute entiegravere Le Ngimbe a
une signification symbolique et le lutteur pour meacuteriter la confiance du
groupe se doit de tout faire pour ne pas toucher le sol Toute la commushy
nauteacute elle aussi sengage pour assurer la longeacuteviteacute et le succegraves du lutteur
dans laregravene par lorganisation droffrandes et de sacrifices en lhonneur
des Pangols bull
bull
Daucuns nheacutesitent pas agrave dire que lessentiel du mysticisme se fait agrave
la maison et non dans laregravene tout le reste nest quintimidation de
ladversaire
lsvcns
Tt- pi ~- t
t 1 ~ l _ ~ t
par rapport agrave lautre Cbci est trEgraves lieacute agrave lactiviteacute journaliegravere du
jeune seacuteregravere qui est un cultivateur donc toujours bien planteacute sur ses
jambes et qui continuellement manie lhiler
Le fait de couper le boi~ peut eacutegalement constituer un moyen de muscushy
lation non neacutegligeable pour le jeune lutteur
Un certain nombre de traits techniques speacutecifiques au lutteur seacuteregravere
semblent ressortir des diffeacuterentes interviews que nous aVOns fait subir
agrave certains lutteurs seacuteregraveres et agrave diffeacuterents techniciens
SOUS-GROUPES FORMES DU CORPS CONTROLES GARDES
SAFEN Moyenne en fente NONE Hancheacute Bras (distante) j
NDUTJ
f
SINE-SINE Deacutecalage Ngimbe
Moyenne
SALOUM-SALOUM Passage- Jambe (rapprocheacutee) 1
i
PETITE dessous Tecircte Basse et 1
COTE Moyenne (rapprocheacutee)
Notons que le Niominka ll commence agrave lutter agrave partir du sol pour avoir
assez deacutelan et sauter sur ladversaire afin davoir la prise du lion
(contr6le de la nuque et du bassin)
Co a -tem-nt ccedilt attitude du lutteur sEacuteregravere335 np -1t ~
Les croyances mystiques sont indissociables des activiteacutes quotidiennes
duseacuteregravere Ce qui explique le cocircteacute supersticieux du lutteur seacuteregravere En
~ffet certains lutteurs refusent de lutter avant certaines heures
Certains teacutemoignages nous apprennent quil nest pas donneacute agrave tout le
monde decirctre champion de lutte et que le lutteur doit avoir des dons
surnaturels pour ecirctre agrave mesure de livrer ses combats dans la nuit
et trouver seul un gris-gris speacutecial appeleacute Njatch
Le vrai champion de lutte chez les seacuteregraveres ne lutte pas seulement avec
~a force et sa technique mais surtout avec ses dons occultes
Chez les seacuteregraveres les morts sont toujours preacutesents et les ~pangols
Servent dintermeacutediaire entre les hommes et les morts Le pangol prend i
le nom dhumain dans certains villages (IIHeacuteJga NDONG Har Wag NGOUYE) i 1
De ce fait on verra le lutteur danser dufe maniegravere ou dune autre en
fonction du pangol de sa famille Ainsi nrus aurons le back (chant et
danse du lutteur) des DIOUF des FAYE etclbullbullbull
Dans laregravene le lutteur seacuteregravere a un comportement exemplaire aussi bien
agrave leacutegard de son adversaire direct quave~ le public en geacuteneacuteral Lexpli shy
cation semble tenir au fait que le lutteur seacuteregravere est avant tout selon
la tradition orale le repreacutesentant de toute la communauteacute seacuteregravere Par
conseacutequent il devra saffirmer non seulement en tant que lutteur dans
laregravene mais aussi en tant quentiteacute morale
336 La tenue du lutteur ou NGIMBE est confectionneacutee par le marabout de la
famille ou du clan Le Ngimbe est constitueacute de pagne en cCton tisseacute
Il doit ecirctre propre le lutteur qui le porte ne devra pas avoir de rapshy
port sexuel pendant toute la peacuteriode des cOTpeacutetitians car le Ngi~bE ne
doit pas ~tre souilleacute
Autrefois et mecircme aujourdthui dans certaines familles on devient
lutteur de pegravere en fils et dans ce cas le Ngimbe du pegravere est heacuteriteacute
par le fils Le fait de porter le Ngimbe de ses aieux peut susciter
chez le jeune lutteur une motivation et une volonteacute ineacutebranlable dtasshy
surer la supeacuterioriteacute d~s siens dans ltaregravene Il fera tout pour que le
Ngimbe de la ramille ne touche le sable
La tenue du lutteur a une signification et une importance sur le plan
mystique car selon les anciens le vra1 feacutetiche du lutteur celui qui
le proteacutegera et laidera agrave vaincre le nDjinne ou le tRapu de ladvershy
saire se trouve cacheacute dans ce Ngimbeu bull Celui qui confectionne donc le
Ngimbe U est doueacute de faculteacutes occultes
337 Larbitrase est assureacute par un sage du village qui geacuteneacuteralement fut
champion de lutte de son temps Dailleurs cet ancien nintervient que
si le terrassement est litigieux Hormis le public qui proclame la vicshy
toire ou le match nul le lutteur lui-mecircme est arbitre et il arrive
quil se deacuteclare vaincu
Nous avons pu cfter Meacutedoune KHOULE un desplus grands lutteurs seacuteneacutegashy
lais qui a donn~ une victoire agrave Djeacuteri SADIO son adversaire qui a reacuteussi
agrave lui faire touegraveher le sol de la main
IlL
34 1 Preacutesentation
Lethnie toucouleur vit En grandt partit ciE~~ la vallfc du S~~~gal
pt reprecircsente i peu pr~s 8 de la population totale secircn~galaise
o Histoire
Il semblerait que dans lancien royaume du Tekrour (IX~ siegravecle) des
eacuteleacutements neacutegroiumldes Sarakoleacute et des Peul aient formEacute par meacutetissage le
peuple Toucouleur (Toucouleur serait dailleurs une deacuteformation du
mot portugais Tacouror)
Ce empire a domineacute aussi bien les wolofs de lOuest que les Peul
nomades du Fouta Toro Cette reacutegion fut le premier pays islamiseacute par
les Almoravides ce qui peut expliquer le proseacutelytisme toucouleur
Ce sont les guerriers toucouleur islamiseacutes qui attaqu~rent avec les
Almoravides la capitale du Ghana Koumbi en 1067 On convertit par
la force les animistes Cest sans doute agrave cette eacutepoque que de nombreuses
ethnies reacutefractaires agrave lIslam ont dO accentuer leur migration vers
le sud (Seacuteregravere wolof Sarakoleacute Bambara Songhaiuml Akan et Peul se reacuteshy
fugiaient vers les hauteurs du Fouta Djalon)
Au XIXegrave siegravecle les Toucouleur allaient trouver en El Hadj Omar Tall
un grand conqueacuterent qui sous le preacutetexte religieux de la gJerre sainte
contre les tribus animistes (entre autres Bambara) eacutetendit lempire
toucouleur sur presque tout lensemble du gali et la partie de la Guineacutee
proche du l1ali
Lempire toucouleur composeacute de Sarakoleacute de Bambar~ de ~alinkeacute de
Xassonkeacute dE Peul et de Dogon eut le meurorit~ dunir CES diif~rentes ~ ~ - - - - - et~ics ~t dE CD~stituer l~Sl la b2S~ ~r 1
_ ~ ~ ~_ L ~
~ ~- ~- - - ---- _ 1 v _ t 1 ~-_ --
marabout tOL~culcuuml~ ~ middotlrrany a l ick SI venu des E1i rClS dE Pocior~ (
~ Vi~ euroconomicue et sociale -----------~-------------
Les Toucouleur sont des cultivateurs mais bien quils n~ soie~t pa~
pasteurs comrre les Peul leacutelevage a une place inportarteacute decirc1S ltur
eacutecono~ie Pour faciliter leur conquecircte guerriegraverE ils c~t Eucirc une preacuteshy
dilection pour leacutelevage des chevaux On y trouve aussi des pecirccheurs
appeleacutes Tchioubalo La socieacuteteacute toucouleur aurait une stratification
sociale tregraves rigide Les groupes ethniques et les castes eacutetaient
diffeacuterencieacutes et strictement exogamiques les Rimbe classe des nobles
comprenant la famille reacutegnante et les guerriers libres la classe des
Nieacutenieacutebegens de castes artisanales i les Rimaibeacute anciens esclaves
devenus serviteurs qui portent les noms de famille de leur maicirctres A
la base de lorganisation de la collectiviteacute toucouleur se situe le
village (Wouro)
Toutes ces castes sont cloisonneacutees entre elle~ Ainsi il nest pas
permis agrave un Torodo (noble) de se marier avec un Tchioubalo Ces
consideacuterations sont importantes dans le domaine de la lutte ougrave nous
apercevrons que les nobles ne sont pas faits pour lutter Le noble
preacutesidera les seacuteances de lutte et on luttera pour lui Ces condeacute rat ions
de noblesse et de rang social sont extrecircmement importantes dans le
monde toucouleur
Le noble ne doit pas se salir on lutte pour lui il ne vit la lutte
quen tant que spectateur
342 Education moeurs croyances et eratiques religieuses
Deux formes d~ducation sont agrave consideacuterer leacutedJcatio~ dES enfarts Et
celle des adultes
oG lenfant sait m2n~~r et apprfcier le goOt d~5 ~iifeurorents r~pas lt
le moment ougrave il CO~~e~CE agrave marcher
tivirt n~sormais le petit toucou]eur est eacuteduquf par toutmiddot 12 f2~i)]E
dabord puis par toutes lespersc~nes du village ou du C13~
Lenfant peut ~tre corrigeacute par tout adulte appartenant au groupe social
Son eacuteducation est deacutesormais laffaire de toute la communauteacute et non
exclusivement celle ces parents On linitie ainsi au travail quotidien
qui se fait dans la bergel~ e les champs et les bords du fleuve Au sein
du village il pourra apprendre agrave filer la laine et agrave tisser des pagnes
dans les champs il apprend agrave manier la houe et lhiler pour la culture
du riz et du mil Mais signalons que lactiviteacute essentielle du toucouleur
est leacutelevage des boeufs des moutons et des chegravevres Chez les Ichioushy
balos (p~cheurs ) lenfant sera initieacute tregraves tat au maniement des pagaies
agrave la p~che propremccedilnt dite et agrave la nage
Vers cinq-six ans lenfant est confieacute au maicirctre coranique le Ihierno
et ce dernier dispose exclusivement de toute sa vie Lavenir du jeune
enfant lui appartient
Comme dans les autres groupes ethniques les enfants sont regroupeacutes en
classe dacircge et cest dans cette structure que lenfant subit les rite
de passe et plus particuliegraverement celui de la circoncision
La circoncision est non seulement unE opeacuteration chirurgicale malS surshy
tout une peacuteriode au cours de laquelle le jeune garccedilon passe de leacutetat
dadolescent agrave leacutetat dadulte Les circoncis sont reacuteunis en classe
dacircge dans un endroit situeacute hors duvillage geacuteneacuteralement choisi par les
vieux Cet endroit n~st accessible que par des individus de SExe ffi8SCUshy
li~ ~ta~t au preacutealabl circoncis
- - - -
quable et complet sur le plan phy~ique et ~oral Ai~si liniti~
acquiert les qualitecircs indispensables que sont le courag~ la modest
lesprit de sacrifice lendurance
Le toucoule~r est un pleux musulma~ Cela sexp1
SOil le premier agrave tre en contact avec la religion musulmane de par sa
position frontaliegravere Lethnie toucouleur de par son histoire a preacutesenteacute
les plus grands chefs militaires et religieux musulmans seacuteneacutegalais Et
pour illustrer cela on peut citer en exemple la grande famille musulmane
des SY agrave TIVAOUANE repreacutesentant la confreacuterie des TIDJANES
Bien que lon note une majoriteacute musulmane on peut dire que certaines
croyances et pratiques mystiques et animistes persistent encore surtout
dans la reacutegion du fleuve
Une pratique courante se fait elle sappelle le Djatt Elle consiste
agrave faire sortir le caiman du fleuve agrave limmobiliser et agrave lattacher
sans quil ne reacuteagisse et tout ceci agrave laide de versets et dincantashy
tions magiques Dapregraves les teacutemoignages ces pratiques sont plutocirct
freacutequentes chez les Tchioubalos (pecirccheurs) Il arrive aussi que cershy
tains chasseurs ayant des dons se livrent agrave certaines pratiques an1shy
mis tes qui consistent agrave invoquer certaines puissances et agrave moduler sous
forme de chant des versets occultes pour se proteacuteger des mauvais esprits
et pour eacuteloigner les fauves Ce chant est geacuteneacuteralement incompreacutehensible
et deacutenueacute de sens pour le profane
343 Activiteacutes ludiques et pratiques sportives en milieu toucouleur
Durant toute son histoire lethnie ~oucouleur a toujours EacutetEacute Frese~teacute~
comme celle qui avait ue activit essentiellement guerr e e~ particushy
liegraverement farouche Trois eacuteleacutements ret r t l ecirc t te nt i c- euro so~t
le manie~~nt du ~acircton 12 luttE Et 1eacute danSE
l
Lecircducation ph~sique et artistique Dcc~pe un place precircpondecircra~rp
dans la fDrmat~on du jEune toucouleur A loccasion agraveeacutevegravenemen~ imporshy
tants reacutecoltJs mariages baptecircme nous assistons agrave des manifestashy
tions folkloriques de grande envergure le Wango oucirc dailse toucouleur
tregraves gymnique iles chants et surtout les sEacuteances de lutte
La lutte toucouleur est la forme de lutte la plus spectaclaire dans
tout le territoire seacuteneacutegalais Elle est essentiellement baseacutee sur des
techniques en hancheacute et surtout en souplesse Ceci sexplique par le
fait q~e le jeune toucouleur est tregraves tocirct initieacute agrave la gymnastique (saut 1
per saut de main salto arriegravere saut de tecircte couronneacute etc bullbullbull ) pour
la dans~ du wa~go En dansant le wango qui est une danse rythmeacutee et
gymnique le Jeune toucou1eur est capable de prouesses extraordinaires
1
En lutte lattaquant se deacuteplace tregraves peu pour avoir une bonne saisie
(geacuteneacutera~ement controcircle du Ngimben ) et enchaine brusqueme~t avec une
attaque surpris~ Cependant les ripostes sont souvent surprenantes et
spectaculaires (baseacutees sur la souplesse et la rapiditeacute) ontrairement
aux autr~s form~s de luttes ougrave lon voyait tous les jeune adheacuterer la
lutte to~cou1eur Verra un groupe de speacutecialistes sadonne agrave la lutte 1
(la lutte est lieacutee agrave la position sociale de lindividu problegraveme de
caste)
Q La morphologie du lutteur toucou1eur 1
1 1
Ce dernier nest pas aussi large et aussi fort que les lutteurs diola
et seacuteregravere Cependant il est tregraves reacutesistant La musculatJre est saillante 1
et tregraves souple lindividu est longiligne mais tregraves athleacutetique
Les mouvements de lutteurs sont semblables agrave ceux dun grand fe1in Cette 1
morphologie semble ecirctre lieacutee agrave la position geacuteographique de lethnie
(reacutegion du fleuve) et agrave lacitiviteacute socio-eacuteconomique du toucouleur qui
est agrave la fois cultivateur (activiteacute lieacutee agrave la crue et deacutecrUE du fleuve)
pecirccheuro~T CIcr~icubaon) et sttout jEumlrgcr qui est U~ rc~2eumlr
shy
Deux formes egrave~ corps sembl~nt ecirctre preacutefeacutereacutees du lutteur toucouleur
le hancheacute et la souplesse Les hancheacutes sont faits agrave partir de plusieurs
positions de doset se terminent geacuteneacuteralement par des techniques de
tregraves grande amplitude
TABLEAU RECAPITULATIF DES TECHNIQUES ET FORMES DE CORPS SPECIFIQUES
i
L441 r
GARDE FORMES DU CORPS CONTROLES --shy - -
Moyenne Souplesse Ngimbe
Hancheacute bras
Demi-souplesse
1
Profil psycholosigue 1
TECHNIQUES
ContrOle du bassin et 12 souplesse
arriegravere
Klicket et allegravegement de la hanche
Le lutteur toucouleur est celui lUi se livre le moins aux preacuteparaqons
maraboutiques Cela est dO au f~t que le toucouleur est un grand ~USUlshyman et que les pratiques animisges ont presque disparu dans ce mil~eu
Dans la pratique le lutteur esJ combaif mais il est calme et tr~s reacutefleacutechi quant agrave la deacutecision agrave prendre en plein corps agrave corps ct~st un des seuls techniciens qui reJte tregraves lucide au cours de ses comb~ts
l Dans toutes les circonstances e lutteur toucouleur est tenu de re~pecshyter son adversaire et ceux de s4n eacutequipemecircme sil est vaincu
Comme nous avons dO nous en rendre compte la rigueur des principes
eacuteducationnels a une influence tregraves sensible sur l~ comportement du
toucouleur
i
III S COCL ~s 1DO
Dans cette partie nous avons essay~ de montrer lftroite re1atic~
Entre les diverses activiteacutes socio-eacuteconomiques dans les ethnies et
lES diffEacuterentes faccedilons de lutter
Daucuns seraient tent~s de conclure trop rapidement et cest p0~r
cette raison que nOUS avons penseacute preacuteciser que le pheacutenotype nest
pas geacuteneacuterateur du geacutenotype Et nous sommes convaincus que la morphoshy
logie et les techniques des lutteurs relegravevent de leurs modes de vie
et de leurs croyances agrave une eacutepoque et danE un contexte bien deacutetermishy
neacutes
Est-ce que les lutteurs dio1a ou seacuteregravere travaillant avec leurs bras
dans les champs auraient les mecircmes pr 0 fil s physiques que les lutteurs
utilisant des machines pour lagriculture
- 69 shy
I UJOURDH~1 E-S ut O[l LES FORfilS Ut LU11t~
~otons que notre enqu~te a ecirctE essentiellement faiteen milieu urbain
Les seacuteances de lutte ont tendance agrave perdre leur particulariteacute de r~shy
jouissance pour devenir des pheacutenomegravenes de sportisatio Deux fores
de luttes so~t principale~cnt prat s dans les aregrave~es du 5 al
la lutte traditiunnelle simple et la lutte traditionnelle avec frappe
De nos jours la lutte traditionnelle tend vers une reacuteglementation
et une institutionalisation
Le reacutesultat de nos investigations nous donne le tableau ci-dessous
REPARTITION ETHNIQUE SUR 100 PRATIQUANTS
LUTTE LUTTE RAPPORTETHNIES SANS FRAPPE AVEC FRAPPE J2
Diola 40 16 71 j
Seacuteregravere 26 21 57
Toucouleur 23 10 69
Wolof 1 1 53 17
La demande sociale par ordre deacutecroissant pour la lutte sans frappe
se preacutesente comrre suit
]0_ Ethnie diola avec pregraves de 3 lutteur~ sur 4
2deg_ Ethnie toucouleur
Ethri dun
~ 1 LA LUTTE TR])IIIO~~ELLE AVEC H-PPE
Cette forme deacute lutte a une histoire qui date de lantiquiteacute elle
sa~pelait le Pugilat Au Seacuteneacutegal elle a vu le jour dans le Cayor
bien avant la colonisation Le coup dE pied l~Lrdn~lement la morshy
sure la frappe et le doigtf eacutetaient permis dans le cc=bat ~ ~middot~p0~~e
Dans certains cas la giffle eacutetait beaucoup plus dangereuse que le
poing quand elle eacutetait donneacutee par un speacutecialiste Cette giffle pouvait
agrave elle seule deacutechirer et mecircme parfois amputer la joue de ladverser
Selon les informations la lutte avec frappede nos jours serait une
forme de lutte tregraves eupheacutemiseacutee de celle dantan ougrave une blessure
pouvait souvent ecirctre mortelle
Aujourdhui au niveau du folklore la lutte na plus la mecircme
le spectaculaire a remplaceacute le significatif iLa lutte avec frappe se 1
pratique surtout dans les centres urbains C~aque fois quun grand combat 1
est progra~eacute par le Comiteacute National Proviso~re (CNP) des centaines damashy
teurs sont mobiliseacutes vers le stade lba Mar D~OP qui est aujourdhui le i
lieu approprieacute ougrave se deacuteroulent les grands conkbats de lutte Cest la formE
de lutte qui semble drainer une foule de personnes beaucoup plus importante
que celle de la lutte simple
La lutte avec frappe deacuteriverait dune forme de lutte traditionnelle
pratiqueacutee jadis dans le Cayor au temps des Damels et la frappe serait
le substitut dun certain nombre de pratiques doigteacute jet de produits
etc bullbullbull dont le but eacutetait laveuglement de ladversaire La lutte avec
frappe serait une continuation logique dune carriegravere sportive de la
lutte traditionnelle qui sen sert comme moyen socio-eacuteconomique En
effet la majoriteacute des lutteurs avec frappe ont dabord eacuteteacute initieacutes agrave la
lutte simple Cependant il faut signaler que de nOS jours il arrive
que le jeune lutteur avec frappE- soit directenent formEacute conne speacutecialistE
agrave la frappe sa~s pour autant faire son chemin dabcrd egravea~s la lutte
- ~ shy
Le recircsultat dE ~os interviews ncus rec~trE qGune pcpulatiD~ divcrsishy
fiampe sint~resse agrave ce sport et qUE les intecircr~[s des uns et d~SlautrE~
semble~t divergents naucuns affirment que la lutte traditionnelle
avec frappe serait monteacutee par des personnes dont la vocation est dexshy
ploiter ce pheacuteLomegravene agrave des fins commerciales Dautres disent gJellegrave
jouit de mcyens irport~nts t[l[~isio
tation etc bullbullbull ) pour toucher toutes les couches sociales CEpe~~a~t
nous remarquons que mecircme si certaines personnes reprochent agrave cette
forme de lutte decirctre brutale ces mecircmes personnes nheacutesitent pas agrave
se rendre le dimanche agrave laregravene Bien que critiqueacutee elle semble ecirctre
adopteacutee par une tregraves grande partie de la population seacuteneacutegalaise Cepenshy
dant en tant que techniciens il nous est permis de faire une remarque
Il sagit de
- Limpression nette decirctre devant des professionnels de la frappe
qui sont ~ntratneacutes pour cela Dailleurs les propos que nous avons
recueilli~ nous prouvent que la plupart des champions de lutte avec 1
frappe s~ntratnent dans certains sports de combat tels ~ue la boxe i 1
le karateacute le judo Dans cette nouvelle forme de pratique de la lutte
contrairefuent agrave la lutte traditionnelle le technicien e~t souvent
perdant face au puncheur Ce dernier adopte une lutte agrave distance qui
lui permet de placer agrave bon escient ses coups animeacute du deacutesir de vaincre
Le technicien lui se voit contreacute dans toutes ses entreprises par
un uppercut ou un crochet
On peut dire cependant que nul sport au Seacuteneacutegal que la lutte tradishy
tionnelle avec frappe ne deacutechaicircne autant de passions et autant de
pheacutenomegravenes poussant agrave lexcegraves et deacutereacuteglements quon ne peut que deacuteplorer
Mais comment deacutecrier un spectacle de lutte qui bien quayant perdu la
presque totaliteacute des valeurs traditionnelles veacutehiculeacutees autrefois par
elle sait susciter une participation effective de tous ceux qui sont
preacutesents
CONCLUSION
Dans ce meacutemoire nous sommes efforceacutes ~e faire ressort ir limportance des
ethos et des habitus et leurs effets sur la pratique de la lutte tradishy
tionnelle au Seacuteneacutegal
L~b egravethos repr~sentent dune maniegravere g~neurorale tous les eacuteleacutements speacutec
fiques sux Seacuteneacutegalais par conampeacuteguent un systegraveme de valeurs traditionnellEs
Mais m~me si ces valeurs rev~tent une signification universelle (honneur
digniteacute courage etc bullbullbull ) il nen demeure pas moins que ce nest pas leur
nature qui fait leur speacutecificiteacute mais la hieacuterarchisation et limportance i
quon accorde agrave toutes ces valeurs de ~ar leacuteducation ou la culture
i 1
Aussi les valeurs traditionnelles puient leur speacutecificiteacute dans les
caracteacuteristiques propres aux eacuteleacutements ~e la socio-cu1ture (la technologie
et leacuteconomie la politique et la pareteacute la psychologie et lideacuteologie)
dans la socieacuteteacute seacuteneacutegalaise agrave n momen donneacute de son eacutevolution Cest i
dire la neacuteceesiteacute de ne point faire della valeur une reacutealiteacute statique
Cest dite aussi quagrave tout mome~t le ~eacuteneacutegalais peut eacutevoluer et creacuteer
ou vivre par conseacutequent de nouv~lles fprmes de valeur qui lui sont 1
propres ft (J)
La lutte traditionnelle veacutehiculant deS valeurs socio-cu1ture1les speacutecishy
fiquement seacuteneacutegalaises (croyances valeurs morales norme de comportement
opinion attitude bullbullbull ) devient un eacuteleacutement important qui tregraves certaiaement
nous aidera dans notre effort de valoriser et de peacuterenniser notre patri shy
moine culturel par le biais dactiviteacutes physiques et sportives
Leacutetude des habitus nous permet de prouver quil y a plusieurs faccedilons
de se mouvoir comme danser lutter bullbullbull qui varient avec les diffeacuterentes
ethnies (wolof toucouleur seacuteregravere diolagt leurs convenances et leurs
eacuteducations
(1) Revue Ethiopiques 31 Les valeurs traditionnelles et le problegraveme de leur inteacutegration dans les systegravemes modernes jtducatio-1 2 6r--70
nautre part cette eacutetude permet aussi de nous rendrE compte de la
correacutelatipn eacutetroite existant entre la pratique de la lutte traditionnelle
et le sta~ut socio-eacuteconomique du pratiquant
Nos inves~igations nous indiquent que la lutte recrute essentiellement
au niveau des classes socio-eacuteconomiques situeacutees en bas de leacutechelle
donc posseacutedant le statut social le moins favoriseacute La lutte avec frappe
-et un certain secteur commercialiseacute de la lutte simple- y trouve sa
leacutegitimiteacute Comme le dit BOURDIEU nA habitus diffeacuterents styles de Vle
divergents et il oppse les pratiques aristocpatiques correspondants agrave
des activiteacutes qui favorisent les situations eupheacutemiseacutees ougrave la stylisashy
tion est importante aux pratiques populaires qui font appel agrave des
qualiteacutes qpposeacutees bllutes rugueuses Certaines interviews nous
montrent que plus lindividu occupe une place eacuteleveacutee dans leacutechelle
sQciale e~ 1
moin$ il sinteacuteresse agrave la lutte
Les reacutesultats recueillis dans nos diverses investig~tions confirment 1 1
1er propos qui disent que nous assistons aujourdhu~ agrave une involution
de la lutte traditionnelle parce que perdant toutes ses speacutecificiteacutes au 1
pryfit d~ne autre forme de lutte que lon continue agrave appeler nostalshy
giqlementIIlutte traditionnelle
Ceci pourrait peut-~tre trouver une explication dan la citation suivante
La liberteacute de creacuteer dinnover de vivre Pleineinenf decirctre soi et de
preacuteserver son authenticiteacute la digniteacute et lhonneu1demeurent des illushy
sions dans la misegravere eacuteconomique~ Nos ancecirctres creacuteai~nt des valeurs de cishyl
vilisation parce quils eacutetaient libres parce qu1i~s ignoraient toute
deacutependance eacuteconomique ils cultivaient en eux et cbez leurs enfants le 1
Jorn et la Kersa et preacutefeacuteraient la mort agrave la hoJte lI (1)
Or le Seacuteneacutegal comme la plupart des pays africainsi est un pays sousshy
deacuteveloppeacute t cependant face agrave cette volonteacute du gou~ernement seacuteneacutegalais
de faire inteacutegrer dans leacuteducation des valeurs traditionnelles nous
pouvons espeacuterer utiliser comme moyen deacuteducation la lutteacute traditionnelle
qui reste quand mecircme vecteur jethos et dhabit~s
- 54 shy
Mecircme si lon a noteacute un appauvrissement notoire sur les plans socioshy
culturel et moral la lutte traditionnelle recegravele une gamme importante
et varieacutee de techniques permettant incontestablement une ouverture vers
les luttes olympiques libre et g~eacuteco-romaine
La lecture de ce meacutemoire permettra agrave lentratneur et au professeur de
lutte en fonction du lieu ougrave ils seront affecteacutes dans le territoire
seacuteneacutegalaisdavoir une information sur les techniques contrOles et
formes de corps propres agrave chaque groupe ethnique et de les mettre en
relation avec leurs croyances et leurs mentaliteacutes
Nous avons essayeacute de montrer que la pratique de la lutte traditionnelle
doit tre axeacutee sur une ethnomotriciteacute au Seacuteneacutegal qui permette une inishy
tiation facile Cette pratique de la lutte traditionnelle seacuteneacutegalaise
devra dailleurs essayer de ~eacutepondre aux aspirations du Seacuteneacutegalaisl
moderne en souvrant aux ap~orts positifs des autres civilisations
ex~eacuterieures nous voulons Jvidemment parler du judo et des luttes oiymshyJ
piques 1
1 j Nous navons pas la preacutetentfon dans le cadre de ce meacutemoire demattrise
de reacutepondre agrave toutes les qutstions se rattachant agrave leacutetude de ~a lutte
traditionnelle souslangle~socio-culturel car non seulement il nous
manque lexpeacuterience et la c peacutetence en la mati~re mais aussil l le temps
et les moyens dont nous dis osions ne nous permettaient pas d~puiser le 1sujet i
1 1 1 t 1
l
- )5 shy
BIBLIOGRAPHIE
BIBLIOGRAPHIE
1- CLAPAREDE Psychologie de leacuteducation et peacutedagogie expeacuterimentale
Edition Delachaux et Niestleacute 244 pages
2- POCIELLC Christian Sport et Socieacuteteacute approche socio-culturelle
des pratiques Paris Vigot 1981 377 pages
3- PIERON Henri Vocabulaire de la psychologie
PUF Deuxiegraveme eacutedition 1957 469 pages
4- Revue socialiste de culture neacutegro-africaine ETHIOPIQUES
Les valeurs traditionnelles et le problegraveme de leur inteacutegration
dans les systegravemes modernes deacuteducation
GIA 21 Juillet 1982 213 pages
5- N2 Revue du Centre dEtudedes Civilisations DEM ak TEY
NIS IVegrave Trimestre 1982 96 pages
6- Document lNSEP Colloque sur la lutte aeacuteregravere
DAKAR MAI-JUIN 1980
t 1
~- Travaux du IVegrave Congregraves National ~es Sports agrave DAKAR les 2223041981
Bulletin n2 91 du CIO du 15 Aont 1965
l____________________________
8- Meacutemoire de Mattrise BADJI Abdou La lutte traditionnelle Joola
Etude et perspective
9- Meacutemoire Inspectorat JS DJITTE Mandy Les pratiques corporelles
traditionnelles au Seacuteneacutegal pour leur exploitation et leur
utilisation en peacutedagogie Marly le Roi 1980
REPUBLIQUE DU SENEGAL
--------------- INSTITUT NATIONAL SUPERIEUR
MINISTERE DE LA JEUNESSE DE LrsquoEDUCATION POPULAIRE
ET DES SPORTS ET DU SPORT
-------------
(INSEPS)
MEMOIRE DE MAIcircTRISE
Es-SCIENCES ET TECHNIQUES
DE LrsquoACTIVITE PHYSIQUE ET DU SPORT
LA LUTTE TRADITIONNELLE
son importance sa signification en fonction des ethos et des habitus ethniques au Seacuteneacutegal
Preacutesenteacute par
Monsieur Joseph Victor FAYE
Sous la direction de
M Jean Marc ROCHEZ
Professeur agrave lrsquoINSEPS
Anneacutee de soutenance 1984
Ce ~eacutemoire est une riflexion 3ur la lutte car ~lie apparatt sur le
continent africai~comme un phinomegravene social important Elle le doit
sans doute au fait que depuis le fond des temps elle est itroitement
associeacutee agrave la vie de lhomme Or en deacutecouvrant ses vestiges du passeacute
lAfrique confirme lhypothegravese d~tre le berceau de lhumaniteacute Il en
reacutesulte que sur ce continent la lutte y possegravede une longue tradition
et serait-il paradoxal de preacutetendre que lAfrique a acquis le besoin
de lutter qui cherche agrave se satisfaire selon des moyens congeacutenitaux
cest dans cette perspectiveque nOus approcherons la LUTTE SENEGALAISE
car il est admis que la preacutesence de lHomo-Sapiens en Afriquecircde lOues
remonte agrave plus de 10000 ans Autrement dit nos anc~tres ont reccedilu
lhistoire de la lutte et sa longue eacutevolution lieacutee agrave celle de la civili
sat ion
Nos premiers anctres pratiquegraverent la lutte utilitaire celle dont la
possession eacutetait neacutecessaire pour survivre dans un milieu hostile et
inquieacutetant agrave la fois pour se nourrir et pour se deacutefendre
En se regroupant en clans et tribus nos anc~tres modifiaient radicaleshy
ment leurs conditions dexistence certes ils eacutetaient mieux agrave
mme dassurer leurs besoins vitaux mais ils devaient faire face aux
rivaliteacutes qui ne manquegraverent pas de surgir entre les diffeacuterents groupes
Cette installation dun eacutetat endeacutemique de guerres ougrave le but eacutetait de
soumettre et de ravir ou de se libeacuterer et de reacutecupeacuterer transforma la
lutte en activiteacute martiale Ainsi se deacuteveloppa la science du combat agrave
mains nues celle qui permet de deviner lautre et de le surprendre en
deacutecidant et agissant plus rapidement que lui Mais il ny a pas si long
temps le corps agrave corps eacutetait leacutepisode deacutecisif de toute bataille
Gagnant en sagesse et en technique nos anc~tres saperccedilurent quil
existait dautres modes de vie que celle de vivre aux deacutepens de ses
semblables et progressivementiles temps de paix prirent le pas sur les
temps de guerre La lutte en perdant son utiliteacute ~ais non sa fonction
devint lobjet dlun rite initiatique Il eacutetait du devoir des anciens de
- ~
d~tre en mesure dassurer acirc 1 ur tour Id protection du ~roupe En
deve~ant contenu denseignement la lutte ecircvoluait acirc nouveau Elle
perdit son caract~re preacutepa=atoi=e et devenait ~ctivit~ d~ c0~pensa-
tion (1) Au-delagrave des techniques de mise hors combat qui devaient se
deacutepouiller de leur violence et des risques de dommages corporels on
visait une action formatrice sous un triple aspect physique caracshy
teacuteriel et moral
Puis survint le temps de paix durable celui ougrave leacutenergie eacutetait
essentiellement consacreacutee agrave produire des biens pour sa collectiviteacute
dappartenance Deacutesormais lhomme eacutequilibrait sa vie entre le travail
le repos et le divertissement Cest ainsi que la lutte se retrouva au
coeur des reacutejouissances populaires En se faisant ludique celle ougrave
lon joue agrave mesurer sa force sa ruse son agiliteacute sa bravoure bullbullbull La
lutte se speacutecifiait agrave nouveau en simbriquant aux moeurs aux coutumes
et aux croyances
Cette longue histoire commune du neacutegro africain et de la lutte expliqUE
qUegravecette derniegravere fait partie des traditions auxquelles il est le plu
attacheacute et ort heacutesite pas agrave parler de sport national mecircme quand elle
doit ceacuteder en populariteacute devant le foot-baIl
En Afrique toute activiteacute physique veacutehicule un message et la lutte
traditionnelle elle aussi se trouve impreacutegneacutee de valeurs socio-cultushy
relIes et il arrive quon lui assigne de les veacutehiculer et de les trans~
mettre Parler de lutte en Afrique deacutecouvrir sa signification et comshy
prendre son histoire consiste agrave montrer quelle participe aux eacutethos et
habitus de groupe comme nous proposons de le faire
(1) - CARR The survival values of play citeacute par CIAPAREDE dans Psychologie de lEducation et Peacutedagogie Expeacuterimentale Edition Delachaux et Niestle (244 pages)
iotre reacuteflexion se ci-conscrird au S-~sJl -t mecircle si le peuple
seacuteneacutegalais est o-igilaire de la volonteacute cocnmune due dizaine deacutethries
de vivre ensemble ~ous nous limitert~s 1 analyser les rapports quentr
tiennent les quatre grands groupes diola seacuteregravere toucouleur et wolo
et les styles de lutte correspondant
Nous entendons veacuterifier lhypothegravese quaux particulariteacutes ethniques
(mode de vie coutumes rites et croyances) correspondent des particushy
lariteacutes de lutte (signification valeacuteurs veacutehiculeacutees mode de pratique
regravegles dorganisation bullbullbull )
Ce meacutemoire consiste agrave reacutealiser une approche socio-culturelle du pheacutenomegravel
lutte en Afrique avec le secret espoir quil puisse servir de preacuteface
agrave lhistoire des diffeacuterents styles reacutegionaux que dautres ont commenceacute
agrave eacutecrire
gt Si nous devions justifier le choix dun tel sujet t tous les arguments
se regrouperaient autour dune meurome motivation recouvrir notre authenmiddot
ticiteacute
En premier lieu parce que nous adheacuterons totalement agrave ce souhait des
Pouvoirs Publics de mettre laccent sur une eacuteducation physique et spormiddot
tive qui tout en souvrant aux appels feacutecondants de la techniques
fondera son action dans les valeurs traditionnelles du pays La lutte el
tant que pratique eacuteducative et manifestation dessence collective est
bien placeacutee pour justifier cette tendance
Elle reacutepond aux aspirations dune eacuteducation physique et sportive qui
veut creacuteer les conditions de son deacuteveloppement et de qUumlI i~ertion dans
les habitudes sociales des populationsff(l)
(1) Travaux du IV~ C~n-r~s Sports de 2223 Avril 1981
WotrQ CCYVcftOl de llnteacute~t JiU W sectU~ e6t ~~pu_~ deacuteclarations de 2rsonnaliceacutes du monde sportif lLrlsi ce Ii1essage agrave lir shy
tention des dirig~ants africains
-ous ~ T beaucoup agrave apprendre de eus ous qui sans
cesse davantage oublions que leacutequilibre de lhomme veuc
quiL sinscrive harmonieusement t aussi bien dans la nature
que dans la civilisation deacutecouvrons que les Atricains nont
pas eacuteteacute initieacutes aux principes du sport et ses vertus au
contraire de maints pays europeacuteens par exemple aupregraves desquels
tout ou presque est agrave retaire agrave chaque geacuten~ration Lexercie
physique tait partie de la vie atricaine il est moyen de commushy
nication et de locomotion- (1)
Or la lutte constitue par excellence ce Veacutecu moteur que nous t1ansshy
mettons de geacuteneacuteration en geacuterieacuteration et ce patrimoine doit survivre agrave
toutes les agravegressions or iginaires dautres modes de civilisation dont
certains effets ne manquent pas de se faire sentir sur le devenir de la
lutte traditionnelle
A la preacuteoccupation de preacuteserver notre authenticiteacute sajoute celle den
assurer la deacutefense
Aussi au-delagrave de nOs analyses destineacutees agrave eacutetablir les rapports entre
modes de vie et styles de lutte nous nous poserons le problegraveme dune
codification objective de la lutte traditionnelle constituant la mise
en communauteacute des apports pertinents de chaque style reacutegional Ce style
national apparatt indispensable en raison de lavegravenement prochain dune
socieacuteteacute seacuteneacutegalaise nouvelle qui ne peut se b~tir que par un partiel
renoncement au passeacute et son contenu (2)
Enfin nous voulons faire partager notre ~nthousiasme gagner agrave notre
cause eacuteducateurs entratneurs de lutte les amener agrave reacutefleacutechir sur leur
pratique et peut-~tre les aider agrave tnseigner avec plus de coheacuterence cette
discipline pour le plus grand bien de notre jeunesse
(1) Bulletin n 91 du CIO du 15 AoOt 1965 - Page 15
(2) Cette preacuteoccupation semble ecirctre partageacutee par de nombreux pays afri shycains ougrave la lutte est de tradition on y pressent quagrave de nouveaux types de socieacuteteacute doit correspondre de nouveaux hlbitus En conseacutequence la lutte doit eacutevoluer Darlllegrave~1e1t SO3 pine d amptre in~niaterpnt l~l~dJl-J~ (Sw~JL~c~ ~ - 13 P~v~~L)ti-~l j Ld L~t~ cr~lJit0nn~l12
otgalisecirce pH la cmFJS - iJAKAR - lai ~~)
-5shy
II QUELQUES NOTIONS DE SOCIOLOGIE POUR UBE MEILLEUR~
COMPREHENSION DE LA LUTTE TRADITIONNELLE
Essayons dexpliquer simplement les termes ETROS et HABITUS et
ETHNOMOTRICITE pour la clarteacute de notre deacutemarche
ETROS dans sa deacutefinition premiegravere veut dire en parlant dun individu
lice qui distingue cet individu des autres (1)
En eacutetudiant cette signification dans le cadre de la sociologie on
entendra par eacutethos ethnique (eacuteducation croyance rite etc bullbullbull ) lenshy
semble des caracteacuteristiques dune communauteacute sociale
HABITUS QCe sont les habitudes et attitudes socialement acquises qui
sous-tendent et preacute-deacuteterminent partiellement les faccedilons de penser de
sentir dagir de tout individu et traduisent notamment le rapport quil
entretient avec son corps (2)
Dans le cadre de ce meacutemoire nous allons essayer de faire une approche
de la lutte traditionnelle sous deux angles dabord en leacutetudiant comme
habitus en tant que technique du corps et ensuite COmme habitus de classe
fonction du style de vie des individus et nous nous proposons dans cette~gt
partie de deacutefinir ces deux notions dhabitus
Marcel MAUSS dans une viseacutee anthropologique emploie ce terme dune maniegravere
tregraves large pour rendre compte des faccedilons dont les hommes socieacuteteacute par
socieacuteteacute dune faccedilon traditionnelle savent se servir de leur corps Ces
habitudes varient avec les individus et leur imitations elles varient surshy
tout avec les socieacuteteacutes les eacuteducations les convenances et les modes les
prestiges
Analysant de multiples techniques du corpsll la marche la course la nage
le beacutechage le saut la danse et toutes les techniques corporelles en geacuteneacuteshy
ral (techniques alimentaires sexuelles de soins de repos bullbullbull ) MAUSS
insiste sur le fait que celles-ci ne sont pas naturelles mais acquises
(1) PIERON Henri Vocabulaire de la psychologie 2egraveme eacutedition revue et augmenteacutee PUF 1957 page Ill
(2) POCIELLO Christian Sport et Socieacuteteacute Approche sodo-culturelledeacutell pratiques Paris Vigot 1981 pages 78-79
La notion dethnomotriciteacute part dune constatation
- la grande diversiteacute des caracteacuteristiques preacutesenteacutees par les pratiques
corporelles en fonction de leacutepoque du lieu des groupes elle teacutemoigne
de linfluence despotique des normeS et des valeurs sociales sur la mise
en jeu du corps
Dougrave sa deacutefinition
Le champ et la nature des pratiques motrices envisageacutees sous langle de
leur rapport agrave la culture et au milieu social au sein desquelles elles
se sont deacuteveloppeacutees (1)
Conseacutequence le contrat ludosportif est aussi un contrat social il
reflegravete la faccedilon dont une socieacuteteacute aime agrave se penser agrave se repreacutesenter bullbullbull
et accepte de se donner en spectacle
Lethnomotriciteacute donne naiss~nce agrave deux sortes danalyses
- lanalyse synchronique -ou eacutetude spacialeshy
de type interculturel agrave hagravebitus diffeacuterents styles de vie divergents
de type intraculturel apparition dhabitus de classe et de pratiques
distinctives
- lanalyse diachronique -ou eacutetude temporelle- ou eacutevolution sur une longue
peacuteriode des pratiques motrices pour une cateacutegorisation dindividus
Cette hypothegravese de lenracinement social de la motriciteacute est une atteacutenuashy
tion des explications psychologisantes consideacuterant lindividu indeacutepenshy
damment de son environnement et sexprimant en termes de goQts motivations
() PARLEBAS pierre Contribution agrave un lexique commenteacute en Science 4e laction motrice Paris Publication INSEP 981 322 pages
AicircAgraveLYSE CES iJFrADES iDe I LES EN flA TIERE
DE PRATIQUE DES SPORTS DE Oicirc-itlAT
Objet Veacuterificat~on de la theacuteorie de lhab~tus
Hypothegravese En raison de son histoire de ses speacutecificiteacutes des valeurs
symboliques dont on linvestit une pratique sportive est en faveur aushy
pris dun groupe de pratiquants en fonction dattentes de niveaux dexishy
gence de fierteacute dappartenance qui sont socialement et culturellement
deacutetermineacutes
Il sagit en quelque sorte danalyser les goOts et les motivations des
sportifs en rapport avec leur condition sociale et le sentiment attachi
agrave ce statut
Remarque Cette analyse sera meneacutee en fonction des classes sociales et
non agrave partir de cla~se dage ou encore de classe socio-politique comme il
est dusage pour toute reacuteflexion sur notre socieacuteteacute trJditionnelle
Cette particulariti provient du fait que nos enquites ont iteacute effectueacutees
en milieu urbain -en raison des problimes de temps et de moyensagrave Dakar
et agrave Thiis pour itre plus preacutecis et il est deacutesormais hasardeux de preacuteshy
tendre y retrouver les structures traditionnelles c~e on pourrait le
faire en milieu rural
Par classe sociale et nous inspirant de la notion marxiste -deacutefinition
du rapport aux moyens de production- nous entendons la distance_dun
groupe social aux postes de deacutecision et de responsabiliteacute Plus cette
distance est grande moins le statut eacuteconomique est eacuteleveacute
Nous distinguons quatre (4) classes sociales car au niveau dune telle
analyse nous ne pouvons preacutetendre agrave la finesse de discrimination indiciaire
de la Fonction publique par exemple
r~partieuml
come il egravest rsectc eacute dans 1 ablea~ ci-dessous
CATEGORISATIONGROUPE EXEMPLE DE FONCTIONADMISE
Administrateur civil - Ingeacutenieur - Meacutedec ilCadre supeacuterieur1 Officier - Professeur
Instituteur - Mattre dEPS shy2 Cadre moyen Secreacutetaire - Technicien
Chauffeur - Militaire Policier3 Cadre subalterne shyPatron - Artisan
Artisan - Cultivateur - Ouvrier temporail4 Non cadre Pcheur
Conditions denqute Six (6) sports de ~ombat sont officiellement
pratiqueacutes Ils possegravedent une structure para-eacutetatique de gestion de contr
ce sont
3 sports de preacutehension - JUDO - LUTTE LIBRE TRADITIONNELLE - LUTTE OLYMPIQUE
2 sports de percussion - BOXE ANGLAISE - KARATE
sport mixte - LUTTE TRADITIONNELLE AVEC FRAPPE
Pour chacun de ces sports 50 pratiquants ont eacuteteacute interrogeacutes sur leur
statut socio-eacuteconomique avec la discreacutetion et la prudence quexige ce
genre de question
Cette enqute sest deacuterouleacutee dans les conditions suivantes
JUDO
Lieu DAKAR - Clubs USTD - DUC - FJAKS - DOJO HOMAR DIENG
Date du 020J84 au 28-05-84
Circonstances Les principaux inteacuteresseacutes eacutetant la plupart sur le tatami
pour lentratnement il fallait souvent attendre la fin
de lentratnement uumlur pouvoir avoir une ou deux entreshy
vues de sorte qu~ le~qu~te a pris beaucoup plus de
On constate que le no~bre de p=a~iq~~-ts ~st ~eauccup plus importd~t dans
les groupes 2 et 3 - Il es ~oindre dans les grQupes 1 et 4
LUTTE LIBRE TRADITION~~LLE
Lieu Dakar - Thiegraves bull Aregravenes Landing DIAME - Ecurie Seacuteregravere (pregraves de
lautoroute) Lutteur diola - toucouleur - Entratneurs - encadreurs
de diverses eacutecuries Stade Iba Mar DIOP - Aregravenes de Pikine et de
Thiegraves - CNPES - INSEPS
Date du 040284 au 020684
Circonstances Elles sont parallegraveles car les pratiquants semblent beaushy
coup plus disponibles que dans les autres disciplines Notre travail
parfoi~ peacutenible en raison de la diversiteacute des ethnies repreacutesenteacutees
et la traduction n1est pas toujours aiseacutee
Observations
Nous constatons que la lutte libre traditionnelle est plus pratiqueacutee
par les groupes 4 et 3 que par les groupes 1 et 2
LUTTE OLYMPIQUE
Lieu CNPES - INSEPS - Iba Mar DIOP (Equipe Nationale) - DUC
Date du 040284 au 020684
Circonstances Les conditions sont meilleures dans la mesure ougrave le
hasard a fait que pendant cette peacuteriode leacutequipe nationale soit
en regroupement et ceci nous a permis d-interroger un nombre
important de lutteurs de grand renom
Observations
En raison du petit nombre de pratiquants r~guliers lenquecircte ne porle
que sur 2S personnes Arbitrairement pour les besoins de comparaison
les raisons de comparaison les reacutesultats cbtenus sont multipli~s par 2 bull
BOXE A~~GLISE
Lieu Iba l-ar DIOP - ASFA - ASFPO - SC -ASC JJAF - ASC lA
ugraveate du 201283 au 020684
~E~~~~E~~~~ Ici nous ferons la mecircme remarque que pour le Judo
Notons que toute lenquecircte a eacuteteacute faite agrave Dakar
Observation
La boxe recrute ses pratiquants surtout dans les classes 3 et 4 et
on note que le nombre de pratiquants nest pas aussi important comme
dans les autres disciplines
KARATE
Lieu YUKOKAI KARATE CLUB - SAMOURAI KARATE CLUB - Iba Mar DIOP
CLUB DE GIBRALTAR - ASFA - ASFA - ASFPO - GM Thiegraves
Date du 201283 au 020684
SE~~~~E~~~ Notre enquecircte se passait dans une ambiance sympathique
de camaraderie Geacuteneacuteralement apregraves la seacuteance dentratnement
Observation
Nous constatons que la distribution des pratiquants bien que favorisant
les groupes 2 et 3 semble plus homogegravene que dans les autres disciplines
~ LUTTE TRADITIONNELLE AVEC FRAPPE
Lieu Ecurie de Fass - Ecurie des Seacuteregraveres - Ecurie Mermoz
- Ecurie des Casamanccedilais
Date du 04-02-84 au 020684
Ccedilj~9~~~aEccedil~ Il est agrave signaler que cest la discipline ougrave l~ contact
avec les pratiquants a eacuteteacute plus difficile les speacutecialistes qui~ la plushy
part du temps semblent meacutefiants quand on commeucircce agrave leur poser des quesshy
tions preacutecises sur leur revenu mensuel
2 -liCc 055cllt le lle11ent SegraveS praLicltants dans le ba
de lecirc~helle ces~-agrave-dire dans le ~ruumlupe 4
~ecircsultats
Les reacutesultats enregistreacutes sont reacutecapituleacutes en nombre et en pourcentage
-agrave lapproximation pregraves- dans le tableau ci-dessous
LUTTE 1 LUTTELUTTEGROUPES BOXE KARATE JUDO AVEC OLYMshySIMPLE i i FRAPPE PIQUE
1 11 1 1 1
1 11 1 1 1 11 0 1 0 8 1 16 9 1 18 4 1 8 0 1 0 7 1 14
1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1
1 11 1 1 1 1 12 3 1
1 6 21 1
1 42 22 1 44 6 1 12 4 1 8 17 1 341 1
1 1 1 1 1 1 1
1 1
1 1 1 1 1
3 22 1 44 13 1 26 15 1 30 16 1 32 5 1
1 10 10 1 20
1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1
1 1 1 11 1 1
14 25 1 50 8 1 16 4 1 8 24 48 41 1 1 82 16 1 321 1 1 1 bull 1 1 1 1 1
1 1 1 1 1 11 1 1 1 TOTAUX 50 1100 50 1100 50 100 50 pOO 50 pOO 50 1100
1 1 1 1 1 1 1 1 1 1
Afin dG failiter la lect~~e je c~ table3~ t ~2 re~dre sig~ific~tives
s info~~ations quil contient ces difteacutere ts reacutesultats nu~eacuteriques
peuvent ecirctre formuleacutes selon des repreacutesentations graphiques
1 Clientegravele des Sports de combat
FIGURE l
Il apparatt nettement que les sports de combat recrutent essentiellement
dans le bas de la hieacuterarchie sociale ce sont des sports populaires don
propices agrave une massification de la pratique
Toutefois on peut nourrir quelques inquieacutetudes pour que soient reacuteunies
les conditions de leur deacuteveloppement en raison du faible statut quils
possegravedent au regard defllintelligentsia seacuteneacutegalaise
2 Hieacuterarchisation des gants sportifs en matiegravere de sport
de combat au sein des cadres supeacuterieurs -Groupe 1shy
FIGURE I[
La f-appe est honni aucl1 pratiqua1t de boxe Olt de lutte avec frappe
agraveUloins quelle fasse lobjet dune stylisation cxtrecircme COTIme cest le
cas dans le karateacute Ce groupe manifeste un seuil extrecircmement bas de toleacuteshy
rance agrave la violence ce qui explique les discours infamants degraves que la
lutte avec frappe est secoueacutee par quelques excegraves Leacuteopold Seacutedar SENGHOR 1
navait-il paS deacuteclareacute que cette forme de lutte eacutetait une atteinte permashy
nente agrave limage de marque du Seacuteneacutegal
Bien quil soit difficile de proposer une explication unique curiositeacute
esprit douvetture permeacuteabiliteacute aux modes bullbullbull les repreacutesentants de ce
groupe adoptet facilement des sports importeacutes 85 des goOts pour le 1
Judo le Karateacute et la Lutte Olympique qui pourtant est bien peu pratishy1
queacutee au Seacuteneacutegfll j
Faut-il en deacuted~~re une attitude geacuteneacuterale favoris~agrave tout ce qui provient
de leacutetranger
Nous nous refu~ons preacutesentement agrave ce genre dexplicationJ ne ser~it-ce que
par ses conseacuteqJences sur notre sport national dont les perspectives appashyj
raicirctraient bie sombres
Admettons que la pratique de ces disciplines sont en rapport avec des
deacuteterminants eacuteconomiques et que ceux-lagrave sont un frein P4ur la popularisashy
tion de ces pratiques A lappui de cette interpreacutetation~ il suffit de
composer le champ social du Judo et celui de la Lutte libre traditionnelle
--== G J
32
LUTTE SIHPLEJUDO FIGURE JI(
Le groupe 2 qui manifeste un inteacuterecirct reacuteel pour les sports de combat -pregraves
de 25 iuml de la population i~tervieweacutee- et qui p6ssegravede les ~oyens de choisir
ses pratiques opte massivement pour le judo CDnme lexprirre le rapport de
agrave 4
- shy
A la lumiegravere de cette succi~te analyse des demandes sociales en matiegravere
de pratique des sports de combat nous pensons recouper la theacuteorie de
lhabitus selon BOURDIEU qui veut que des hatitus diffeacuterents impliquent
des styles de vie divergents si lon entend par style de vie un systegraveme
de pratiques classeacutees et classantes(I)
La mutation de la socieacuteteacute seacuteneacutegalaise celle du milieu urbain se caracteacuteshy
rise par lapparition despaces sociaux qui sont en rapport avec des
espaces culturels Il en reacutesulte des pratiques distinctives comme
lexprime le pogam
En effet si les cateacutegories sociales existent et si chaccedilune delle exprime
une marque sur les conduites des sujets il est naturel ~e penser que des
pratiques1 sportives servent de modegraveles distinctifs et detrsymbOles dorgashy
nisation ieacuterarChique dans la socieacuteteacute exprimant les dif eacuterentes clas8eamp(2)
Ces const4tations ont dimportantes implications sur leeacuteveloppement et
lavenir des pratiques Si dans notre IIIegrave partie nous 1tenterons de 1
mettre en rapport les particulariteacutes ethniques avec les pluraliteacutes de
style de lutte nous parlons presque au passeacute Une IVegraveme partie devra
e~visager la situation actuelle de la lutte afin de pouvoir eacutemettre
qu~lques hypothegraveses sur son devenir
Cest auss~ une ambition de ce meacutemoire daider ceux qui sinteacuteressent reacuteellE
ment agrave la lutte de savoir entendre au travers des deacuteclarations normatives
et apologeacutetiques Nous ne doutons nullement de la conviction ou de la bonne
foi de leurs auteurs mais parmi les possibles il yale probable et seul
ceiui-lagrave meacuterite decirctre retenu car plus proche agravee la recirc~liteacute
(I) BOURDIEU pierre La distinction Les Editions de minuit 1979 page 191
(2) Le POgdlt Deacuterrocratisation du sport ythe (u reacutealiteacute
- 1f shy
j j l IlL DL l H L S DE
3 1 LA COll1ŒNAUTE DIOLA
311 Preacutesentation
Les diolas vivent dans la reacutegion de Casamance et repreacutesertent 9 de la
population totale du Seacuteneacutegal Ce sont geacuteneacuteralement des cultivateurs de
riz et des artisans Cependant on peut les trouver aujourdhui disperseacutes
dans toutes les capitales reacutegionales affecteacutes agrave divers meacutetiers militaire
gendarme fonctionnaires de lEtat ouvrier etc bullbullbull
Dans les villes la plus grande partie des diolas vit dans les qoartiers
populaires Par exemple agrave Dakar on les trouvera agrave Colobane agrave Fass agrave
Grand Yoff ou agrave Khar Yalla La plupart du temps cesDnt des artisans et des
ouvriers du secteur priveacute qui vont essayer dune maniegravere ou dune autre de
vivoter en bricolant deci de lagrave Mais mecircme loin de la Casamance cette
ethnie conserve une grande partie de ses caracteacuteristiques et plus partishy
culiegraverement la solidariteacute ethnique qui veut que les Diolas forment toujours
un bloc bien soudeacute quand le besoin se ifait sentir et cecisans discrimishy
nation de rang social Ainsi tous lesdiolas de Dakar se mobilisent pour
supporter le Casa Sport chaque fois qbe cette eacutequipe de foot-baIl vient
jouer agrave Dakar Cette mobilisation se fera aussi dans le cas ougrave leur chamshy
pion de lutte Mamadou SAKHO livre uncombatimportant
Lethnie diola est diviseacutee en trois sous-groupes
- les dio1as Fogny de Bignona
- les diolas Kassa autour dOussouye
- les diolas Blouf dans la preacutefecture de Tendouck
Mais en lutte on a pris lhabitude ~e les grouper en deux zones dune
part le Kassa qui preacutesente des particulariteacutes et dautre part lE Fogny
et le Blouf
- J 7 shy
3 ) 2 ~U(lquE5 aspects d~ l~ducatio~ ~t des rit~s en milieu diol~
L eacuteducat ion veacuteritable de lenfant diola est sociale et ne se corlprend
que dans la relation sociale elle deacutepasse de loin le strict cadre
famililal Elle commence au stade de lapprentissage du langage
Lenfant apprendra agrave reconnattre le langage du regard de ses parents
Il doit connaicirctre et faire la diffeacuterence entre un regard approbateur
et un regard qui blacircme De mecircme il doit apprendre agrave faire les gestes
de la tecircte qui expriment lapprobation En aucun cas lenfant nest
laisseacute agrave lui-mecircme Aura-t-il deacutesobeacuteit par complaisance naura-t-il pas
eacutecouteacute ou fait attention aux recommandations reacutepeacuteteacutees plusieurs fois
sans reacutesultat il fera lobjet dune punition corporelle avec la chicotte
Elle a pour effet de faire mal au corps de lenfant afin datteindre son
acircme sa sensibiliteacute et instaurer en lui une sorte de 1iaision de la
meacutemoire du mauvais comportement agrave la douleur quen voulant eacuteviter la
douleur il finit par eacuteviter le mauvais comportement en tout cas den
prendre conscience degraves cet acircge Cest une meacutethode deacuteducation mora1e (])
i 3121 Leacuteduca~ion maternelle
1
Notre eacutetude nous a montreacute que mecircme de nos jours leacuteducation diola
conserve encore ses caracteacuteristiques traditionnelles au niveau des rites
des moeurs des habitudes des principes et des normes
Leacuteducation de lenfant reste lune des plus rigoureuses Elle commence
degraves le plus bas acircge car pour le dio1a on ne peut redresser une personne
adulte donc autant leacuteduquer tregraves jeune Jusquagrave lacircge de trois ans
lenfant sera encadreacute par sa megravere qui bien queacutetant tregraves douce fait
preuve daucune indulgence Elle lui apprend les interdits de la communaushy
teacute respecter son prochain ne pas insulter ni profeacuterer de gros mots surshy
tout en preacutesence de grandes personnes ni faire violence agrave autrui
Plus terd v~rs cinq ou SlX ans le jeune garccedilon est initi~ a~x travaux
ces cna~ps des rizi~r~s cles pal~eraiEs ce Gui ne manquer6 pa5
davoir ces rEpcrcussic~s sur SOn deurovelopperncnt morpholoique
- 1( shy
3122 La circoncisio~
cest un rite obligatoire Il a pour but dintroduire le garccedilon dans
la communauteacute des hommes en tant que responsable Cest un rite qui
laisse une trace indeacuteleacutebile dans la vie du jeune diola Les principes
de la vie en socieacuteteacute y sont enseigneacutes agrave fond Le rite de la circoncishy
sion preacuteseuro~teuro uneuro forme p~lticul do~t s~uls les diolas connaissent
lorganisation internecar la circoncision est agrave la fois une eacutepreuve
physique intellectuelle et morale
Cette circoncision en milieu diola se passe dans le bois sacreacute En ce
lieu les Njoulis (circoncis) sont encadreacutes par des mattres les
Kintangs et au-dessus de ces mattres regravegnent un ecirctre doteacute de faculteacutes
occultes il sagit du Kankourang Le kankourang a cette capaciteacute de
disparattre de voler quand bon lui semble Il incarne la justice et la
violence et assure la protection de ses disciples contre les mauvais
esprits Ainsi le kankourang incite agrave lobeacuteissance et agrave lordre dans
cette socieacuteteacute Dans la tradition diola le kankourang repreacutesente un
pouvoir mystique capable de choses extraordinaires dont la socieacuteteacute
moderne avide de raisonnement ne pourra trouver une explication Au
cours de la circoncision les initieacutes subissent un certain nombre
deacutepreuves physiques que le diola appelle samasso Il doit se soushy
mettre agrave lensemble de ces eacutepreuves consideacutereacutees comme indispensables
agrave sa formation pour lui permettre de juger ses capaciteacutes physiques
mais eacutegalement deacutepouver sa valeur intellectuelle morale et sociale
Il pourra aussi se mesurer aux autres dans le domaine de la consideacuteration
et du respect En quittant le bois sacreacute le jeune doit posseacuteder une
grande partie des qualiteacutes humaines et socisles quil faut agrave un howmE
pour vivre en harmonie avec la socieacuteteacute traditionnelle Il serait bien
sOr possible dans le cadre dune eacutetude plus approfondie de parler de
bien dautres rites et pratiques traditionnelles
Notons cependant que le rite de la circoncision appartient aux anc~t~es
et que dans les villages reacutecents ougrave les structures ont changeacute on ne
Jeux jours avant la re~trfE cans le bois sacr[ les adolescents so~r
-
- Jo shy
por lE diola 11-071- doit rester en harrc1iE avec lE
tal lanimal lui-mecircme les ancecirctres les geacutenies Le rit~ du rasdge co~sist~
acirc ~loigner la ~alchance de lenfant Si l~ ritE nest pas respecteuro eumlr es
parents du futur initieacute celui-ci connaicirctra la malchance pendant toute sa viE
Ce rite a aussi pour faculteacute deacuteloigner le mal et de preacuteserver lenfant des
mauvais esprits
Le rite de leau sacreacutee se fait un jour avant lentreacutee dans le bois sacrEacute
Les femmes doivent se garder davoir le moindre contact avec leau beacutenite
pour se preacuteserver des conseacutequences facirccheuses qui pourraient en reacutesulter La
tradition veut quune seule goutte soit capable de deacuteclencher lavortement
l chez la femme enceinte de rendre steacuterile la jeune fille ou de provoquer des
menstrues perpeacutetuelles chez la femme ayant atteint la meacutenopause bull
bull Le rite de la forge protegravege le futur initieacute pendant son seacutejour dans le bois
sacreacute Mais cette protection seacutetend bien au-delagrave et de rite veut que toute
personne qui y faillit soit condamneacutee agrave devenir leacutepreuse
Pendant plusieurs semaines les jeunes initieacutes subissent une formation capishy
tale qui fera deux des hommes complets
313 Croyances et pratiques mystiques
Si nombreux sont les diolas convertis au Christianisme ou agrave lIslam leur
foi napparatt jamais incompatible avec leurs croyances animistes Lhisshy
toire des rois et reines diolas nous reacutevegravele quils eacutetaient les ffprecirctres fl de
ces cultes feacutetichistes destineacutes agrave maintenir la fertiliteacute et agrave provoquer
la chute des pluies De nos jours existent encore des socieacuteteacutes secregravetes agrave
base religieuse ou magique la plus redouteacutee eacutetant lassociation neacutecrophashy
gique Kousanga des Floup (1)
Deux fafu expliquent la coexistence du dogme et de la croyance
le contact tardif de la socieacuteteacute diola avec les civilisations eacutetrangegraveres
et leacutevangeacutelisation ou lislamisation quelles veacutehiculaient Il e~ reacutes~lt~
une importance des traditions leur reacutesstance agrave une remise en questic~ ce qui confegrave~e agrave la socieacuteteacute diola un caractegravere conservateur
r~c~~i]EE 2~fr~~ ~c - t
ct ~Cc egraveE~ Cimiddotilisatilaquo~ eacute
la neacutecessiteacute de lanimisme consiegraveeuroreacute comme base de toutes legrave~
religi0~s uumlegrave serait-ce que corr~e tentative ciexpliquer li1explishy
cable en se repreacutesentant en particulier comme un ensemble de puisshy
sances mystiques Ainsi pour lanimiste agir sur la nature cest
intervenir psychologiquement aupregraves de ceLX qui la gouvernent
314 Imeact des moeurs sur la prat~que de la lutte diola
Lorigine de la populariteacute de la lutte eugrave milieu diola est par trop
impreacutecise aussi nous nous limiterons agrave en donner la signification
actuelle La lutte apparatt dabord comme un moyen privileacutegieacute deacutedushy
cation
- sur le plan corporel afin de deacutevelopper la force lagiliteacute la
rapiditeacute et la souplesse
- sur le plan moral afin de deacutevelopper les vertus caracteacuterielles
courage tenaciteacute digniteacute bullbullbull neacuteces~aires agrave laction
Mais la lutte apparatt aussi comme un mpyen dinteacutegration sociale car
le jeune diola qui se refuserait agrave se sbumettre agrave leacutepreuve de la lutte
encourrait un isolement alors que celui qui excelle en bravoure devient
rapidement populaire Dougrave ces affrontements agrave linteacuterieur dune classe
dige qui tout en restant un moyen de reacutejouissance servent eacutegalement
agrave eacutetablir des comparaisons
Nos observations et nos interviews confirment le caractire tris physique
de la lutte diola immeacutediatement les lutteurs sont au corps agrave corps et
les techniques consistant agrave aracher ladversaire priment sur toutes les
autres Exprimer sa force est une preacuteoccupation constante il suffit pour
sen persuader de voir le groupe de lutteurs peacuteneacutetrer dans laregravene au son
du Born bol on que rythme le claquement de mains des femmes
C~tte da~se est une deacutebauche dAnegie Ougrave les lutteurs pieacutetin~Ert avec
force L sol
i shy
3141 EorphologUgrave et valeur physiques du lut teur diola
Le lutteur diola possegraveagrave~ un deacuteveloppement caracteacuteristique du trai~
supeacuterieur et de la musculature doso-lombaire Ceci est tregraves certaineshy
ment lieacute au maniement de la houe de la daba et surtout dukadiando
dont lusage permanent a modeleacute la morphologie du lutteur diola
La valeur physique de ce lutteur semble reposer sur sa force sa
reacutesistance mais aussi sa rapiditeacute
3142 Reacutepertoire technique
Dans le Blouf la forme du corps la plus utiliseacutee est le deacutecalage souvent
combineacute avec un crochet de jambe (gal gal) ceci semble ecirctre lieacute agrave
lutilisation quotidienne dans les riziegraveres du kadiando Le paysan du
Blouf sera ameneacute agrave faire un mouvement de torsion pour deacutecalerlinstrushy
ment enprenant appui sur son genou et ceci continuellEment pendant toute
la jourpeacutee Chez les diolas du Fogny le kadiando eacutefait surtout utiliseacute
par les femmes qui soccupaient autrefois exclusivement de la riziculture
et ce n~est quaujourdhui que les hommes cultivent le riz 1
La principale culture dans le Fogpy est celle du mil on y cultive aussi
de larachide De ce fait loutil le plus utiliseacute est le donkoton qui
est un instrument tregraves petit avec un manche court et dont le maniement
expliquerait peut-ecirctre leacutetonnante musculature du train supeacuterieur et surshy
tout de la zone dorso-lombaire du 4i6la fogny qui excelle dans les techshy
niques en force genre arracheacute avec les bras sur contrOle de la ceinture
de ladversaire Lulisation du donkoton semble eacutegalement expliquer la
garde tregraves basse du lutteur fogny
Dans le kassa on aurait pu trouver la mecircme forme de lutte car la morphoshy
logie du lutteur est agrave peu pregraves la mecircme mais linterdiction formelle de
la prise du ~gimbe modifie et limite tout le repertoire technicult2 ou
lutteur Le lutteur kassa adopte une garde basse et agrave une preacutefeacuterence pc~r
legraveS tc~-iccedilues n passa~ dessous - - ~ shymiddotmiddotcrc t--=~ c-
----
contact et agrave partir de ce TtoTteuront ils peuvent se relever et conti~uEr
en lutte debout jusquau terrassemen~
Toutes les gardes sont rapprocheacutees en milieu diola
irbi trage
Les combats sont arbitreacutes par un deacuteleacutegueacute geacuteneacuteralement anClen lutteur
Ces anciens lutteurs ont pour rocircle de veiller au bon deacuteroulement du
combat La victoire est deacutecreacuteteacutee dans les cas ougrave un des lutteurs se
retrouve en position assise sur le ventre sur la cuisse ou les
genoux (sauf dans le Kassa)
Il existe un autre mode de victoire celle qui est proclameacutee agrave la
suite dune supeacuterioriteacute eacutevidente du~ des lutteurs A savoir quand
un lutteur soulegraveve tregraves haut son camarade et que son manager estime i
quil est pratiquement battu il peut arrecircter le combat en touchant
dabord le lutteur adverse popr eacuteviter que son lutteur ne soit terrasseacute
tregraves fOrt Nest-ce pas un deacutecision sage des managers qui peut contribuer
agrave maintenir le caractegravere reacutecr~atif de la lutte joola 1
La victoire dun village sur un autre village ne se mesure pas au
nombre de victoires obtenues par lensemble des lutteurs En effet
il suffit que le champion soit battu pour que le village soit consideacutereacute
comme deacutefait Ce qui explique limportance et le seacuterieux que le village
accorde agrave la preacuteparation des championsl)
Il est cependant important de signaler que larbitrage dans les centres
urbains revecirct une iautre forme beaucoup plus codifieacutee et cest peut-ecirctre
une des raisons qui font quen milieu urbain la lutte diola perde une
partie de son originaliteacute
En dehors des techniques speacutecifiques agrave chaque sous-groupe il faut
signaler quil y a une multitude de prises et quelGues formes de corps
comTIunes agrave letnn Car reconnaissons qu il cO unE ror-euro approp=i~eacute
dE ~ouvane du l~tteur diola en TaI
-----~-----
LE tableau ci-dessous se propose dE reacutesumer les diffeacuterentes consideacuteshy
rations techniques envisagEacutees dans cette partie
FORlŒSSOGS-GRGUPES 1 COItltOLE GA~JESDt CORF=
i ~
1 1
Passage dessous de jambes et BassE KASSA saisies Moyenne1annexes bras (rapprocheacutee)
ceinture tecircte
Deacutecalage de Moyenne et BLOUF Demi-souplesse Ngimbe
HauteHancheacute Bras (rapprocheacutee)
Jambe
Arracheacute CouFOGNY Tregraves basse
Hancheacute ii 1
1 1
3 14 3 bull LeIIa~~jueetlecom~ortementdulutteur-+iola
1 Le comportement et lattitude du lutteur dans laregravene pe sont en fait
t
que le reflet de sa psychologie et plus partiCUliegraverem t de son eacutetat
dacircme Or il napparatt pas abusif deacutetablir des cor eacutelations entre
le psychisme dun individu et lempreinte eacuteducative quil a subie En effet en sortant du bois sacreacute le jeune diola a acquis un ~ca~~l
eacutequilibre physique et mental
Cette matrise de lui-mecircme permet au lutteur dans la~egravene dadopter
un aire enjoueacute de manifester beaucoup denthousiasme~ La lutte devient 1
essentiellement un jeu laspec ludique y est privileacutegieacute et ~ela influe
sur le comportement du lutteur
Ainsi queurolq~c soit limporta~cE de le~je~ le lutt~c~ dic1e Seuroreacute
to~jours serein et s~ livrera sa~s arri~re pe~s6e da~$ ~E CO=beacute ou-
tons que le lutteur diola est trecircs fair-play et sil arrive quun rdnd
lll L COIicircilU1Ul L ULOF
32 J Preacutesentation
La soc tEacute wucirc10f est celle qU1 a eacuteteacute la plus marqueacutee par la colonisation
~~ fait peut-gtre de sa position geuroographiquE dune part ct de 50~ imporshy
tanCE sur le plan dfmographiquE dautre part En effEt ceurootteuro CC-~ucircautE
wolof repreacutesente environ 20 de la population seacuteneacutegalaise
Elle est constitueacutee de pecirccheurs (ce sont les leacutebous) dagriculteurs de
fonctionnaires de lEtat mais surtout de commerccedilants
A pqrtir de leur reacutegime dimplantation le Cayor le Walo le Baol le
Djolof et la presquicircle du Cap-Vert les wolofs ont tendance agrave irradier
sur lensemble du territoire sous leffet de leur speacuteculation agrave la culshy
ture de larachide et du nombre important de fonctionnaires quon trouve
dans cette ethnie
322 Les moeurs et croyances wolofs
Bien queacutetant en grande partie des musulmans convaincus les wolofs
conservent toujours une croyance animiste et continuent agrave faire des
sacrifices agrave porter des cornes ou des morceaux de bois agrave la ceinture
aux jambes ou aux bras et agrave croire agrave lexistence des Djinneacutes et des
Raps bull
Le Djinneacute cest une creacuteature malfaisante en geacuteneacuteral capable de choses
extraordinaires Il possegravede des faculteacutes surnaturelles Cependant dapregraves
la croyance animiste certains Djinneacutes peuvent ecirctre bons
Le Hapl cest une creacuteature ayant des dons occultes appartena71t agrave une
famille ou agrave une communauteacute et dont le rOcircle est de veiller cu daider
les reCJrES de le fai11p ou dt la conmunauteacute en cas de da1gel Le Rap
~ ut te c ) ~~c-
ei sltcificE cJ sanl dE meut0 dL chat de pC)wleurot 5E1lt les conveuroshy
lances parfois leur dorner COrllTe offrande du lait Laii
Qua1d une famille ou une communauteacute neacuteglige les Sarakh (ici dans
le sens de sacrifice ou Offrande) elle se voit aussitocirct vouEacutee agrave la
maleacutediction des mauvais esprit~ (fcllec dans touteacuteS lEs ~treprises
de la vie maladie mort bullbullbull ) Les lieux ougrave habitent ls Taps et ougrave
se font les sacrifices se nomment Khambs
Geacuteneacuteralement le khamb se trouve dans lenceinte de la maison ou
dans un coin approprieacute du village Les lieux du khamb sont marqueacutes
par la disposition de calebasses de pilons de morceaux de poterie
briseacutes de grosses pierres de cornes et dautres objets heacuteteacuteroclytes
La superstition wolof est tregraves marqueacutee En effet pour le wolof toutes
les manifestations quotidiennes trouvent leur signification dans le
mysticisme Citons agrave cet effet quelques ezemples Une femme enceinte
ne doit pas marcher agrave nimporte quelle heure de la journeacutee Certaines
heures de la journeacutee lui sont interdites le Timiss (creacutepuscule
le Ndjo~or (de 13 H agrave 14 H de lapregraves-midi) le souf-segravede (de
minuit i4 H du matin) Selon la tradition ~t la croyance wolof les
mauvais ~sprits choisissent ces heures pour jeter des sorts Et la
femme enceinte eacutetant tregraves vulneacuterable le Djinneacute essaiera de lui insufshy
fler son souffle pour atteindre son beacutebeacute afin dentratner soit la
meacutetamorphose de cedernier en monstre soit de le tuer avant sa naissance
Dailleurs pour le wolof et pour certaines autres ethnies au Seacuteneacutegal
le timis le tdjolor le souf-segravede repreacutesentent des peacuteriodes de
la journeacutee ougrave lon ne doit pas se hasarder dans les rues et les champs
Ce sont des heures propices aux apparitions des Djinnes sous nimporte
quelle forme humaine ou animale
Il est eacutegalement interdit au wolof de marcher ou de serti la nuit du
~eacutellfria-
loutes c~s pratiques ~ystiqu~s et cr0ya~ces religi~us~5 ~xistent eL~~[
certainement dues agrave un meacutetissage culturel Parallegravelement aux feacutetiches
aux incantations et agrave lutilisation des safaras (substance magique)
notons lexistence de ga l a tchs (ce sOnt des talismans ougrave sont inscrits
du qui les porte Toutes ces croyances biEn sucircr auront une rEacutepercussicrI
sur leacuteducation du jeune wolof
323 Leacuteducation du wolof
Pour caracteacuteriser leacuteducation wolof nous avons penseacute donner comme
illustration cet extrait de la revue DEM ak TEY Pour deacutefinir leacutedushy
cation le wolof fait appel agrave un symbolisme qui eDglobe aussi bien les
moyens mis en oeuvre Yar que le reacutesultat obtenu agrave laide de ces mecircmes
moyens cest-agrave-dire la formation et le deacuteveloppement de lecirctre humain
ou Yaru
Le substantif Yar deacutesigne le fouet
Ce symbolisme deacutesigne donc au-delagrave du simple sens mateacuteriel de lobjet
lutilisation qui permet daboutir au reacutesultat escompteacute (Yaru) Au sens
geacuteneacuteral Yar deacutesigne tout instrument servant agrave infliger une punition Le
terme laisse supposer agrave priori que cette phase de lenfance durant lashy
quelle se preacutepare la vie de lhomme est lieacutee agrave la souffrance au supplice
Dailleurs une maxime wolof compare lenfant agrave une tige quon a tout le
loisir de redresser alors quelle est encore flexible bull
bullbullbull Pour leacuteducateur wolof la perfection nest point de ce monde malS
le devoir de chaque homme est de tendre vers la pleacutenitude en luttant
contre ses propres faiblesses Leacuteducation va d01c iisister essentielle~(-~t
sur lexercice quotidien de leacutelevation ffiora1e d~ lindividu Pour cela
elle privileacutegie la patience munI) vertu dabneacutegdtion et dE deacutesinteacuteresseshy
m(~t autour dE laquelle sarticulent toutes ]e~ ~u~~~s qualiteuros
i _
aan~ ~ s0cieacutet gt~olcf ocirclt~tartt nul -Jt- poulait sabecircisstr
tion de sa libertEacute La liberteacute est le preuumler drcmiddotir dE l ho-)euro egrave~S
baigner dans une beacuteate admiration du passeacute la comparaison avec le pr~$(middott
si~posc dclle-mecircme car lon reste s reacute devant la deacutesinvolture aVEC
laquelle dES honmes daujourdhui descendants de cette ~~~EacuteTatic ccedil~l se
une fois [largis bullbull tTasque fiers davoir fait leacute priS0n PEut-2tTE
faut-il mettre cela sur le compte de lurbanisation et des nouvelles
valeurs qui ont pour nom enrichissement reacuteussite sociale avec ce que
cela comporte de deacuteshumanisant et de deacutepreacuteciateur (1)
3 bull 2 bull 3 1 bull Lesri tes
Le sevrage et la circoncision constituent les deux grandes phases initiashy
tiques chez le wolof
- Le rituel du sevrage est appeleacute maga1 (litteacuteralement rendre grand)
Cest un eacutevegravenement important aussi bien pour les parents de lenfant que
pour la co~unauteacute Durant cet eacutevegravenement qui survient geacuteneacuteralement deux
ans apregraves la naissance du beacutebeacute les personnes vivant dans lentouragE
apportent leur soutien moral et mateacuteriel
- le rituel de la circoncision revecirct pratiquement la mecircme signification
que dans les autres ethnies seule la forme diffegravere La circoncision reste
encore une eacutepreuve de la vie au sort i r de laque Ile ladolescent devient un
homme Aujourdhui il faut noter une meacutetamorphose de la structure sociale
et des croyances religieuses tregraves accentueacutee aussi bien chez les wolof que
chez les autres groupes ethniques et ceci est peut-ecirctre dO au contact
permanent quils ont avec la socieacuteteacute occidentale
Malgreacute ces constat~tions il semblerait pcu=tant qUE la sociecirct~ lecircbou Gci
bien que se trouvaLt en grande partie dans ~a Presquth du Cap-ETt Et
en contact permane~t avec les blancs soit la portior la plu8 cc~serva-
----------~_- ---~-- -----
~
Incidences d s ~00urs sur la l~ttE
Le wolof connaicirct deux formes de luttes la lutte sirplE- sans t-t
la lutte avec frappe La lutte avec frappe a une crigi~e purement r
et ce nest que plus tard quelle devint une prati1uE sportive et lud
preacuteparer agrave la guerre Aussi tout en luttant On eacutetait autoris~ agrave frapper~
griffer mordre voire introduire son doigt dans loeil de son adversaire
Le jeune wolof devait eacutegalement se livrer agrave la lutte avec frappe afin de
favoriser son insertion dans la socieacuteteacute adulte et sinitier au meacutetier de
soldat faute de quoi il ne pouvait se faire entendre ne avoir des marques
de respect Pour montrer la populariteacute de la lutte dans le Cayor signalons
que les Damels ll (rois) et les Teignes (nobles) nheacutesitaient pas agrave sy
livrer Quant au IIMbeu~ (lutteur) elle lui servait de moyen de promotion
sociale car d8S que sa reacuteputation eacutetait eacutetablie il pouvait ecirctre choisi
par les rois et les nobles comme garde de corps
325 Signification de la lutte en milieu wolof
La lutte se pratique dabord pour lhonneur qui est une vertu tregraves signishy
ficative pour le wolof Elle permet de renforcer les liens amicaux entre
les jeunes de villages diffeacuterents Le champion veut gagner
confiance et la consideacuteration de son village de ses amis
Etre champion cest aussi susciter ladmiration chez les
sentant la force la viriliteacute et la deacutetermination
326 Organisation d~s eacutepreuves de lutte
3261 Les Mbapatts Ce sont les seacuteances nocturnes
pour meacuteriter la
et des anciens
filles en repreacuteshy
Ils sont organiseacutes apregraves les reacutecoltes agrave la fin de la saiscn des pluies
Ceci surtout p~ndant les peacuteriodes de clair de lune car ils peuven~ durEr
toute la nuit Le but des ~Dapatts lt=tait de prfpa-er FhysicuemeH et
~ arb Sil
326 Le 1
cest une organisation beaucoup plus importante que les I~apatts ~
loccasion de laquelle on peut voir plusieurs lutteurs de grande reDommfe
saffronteLLa fin dl lamb est toujours couronneacutee par une grand co~bat
duquel le vainqueur est sacreacute champion de la contrecirce
Le choix du lieu est lieacute agrave limportance de ce lieu dans le village cest
la place publique ougrave geacuteneacuteralement se passent toutes les manifestations
assembleacutee geacuteneacuterale sabar (danse) cest aussi lendroit ougrave sont prises
les grandes deacutecisions
3623 Lappariement
Dans un village ou un quartier les lutteurs se regroupent en lang
(eacutequipe) et jamais deux lutteurs de mecircme lang ne se rencontrent lors
du lamb
L appariement s~ fait librement entre lutteurs de lang diffeacuterents l1hs
une regravegle veut ~uavant de lutter avec le Mbeur Kanur de tel lang si
on est soukh (l~tteur pas encore confirmeacute) il est neacutecessaire de lutter
dabord avec ses soukh et ce nest quapregraves les avoir terrasseacutes tous
quon se voit octroyer la chance de lutter contre lui
Notons que la cateacutegorisation des lutteurs par poids nest jamais prise
en consideacuteration
3624 La tenue du lutteur ou NGIMBE
Le middotNGimbe est confectionneacute par le marabout de la famille ou du clan Il
est constituecirc de pagnes en coton tisseacute geacuteneacuteralement offerts par la megravere ou
la grand-megravere du lutteur ceci lors des organisations de ~rande Tportance
COrlune lef 1amb Dans le cadre des l-bapatt les pagnes sont C tErts peumlr
~~~rcfcis ct ffi~mc aujourdhui d218 cErtaInes fa~ille5 on devj~Gr
luttEur de pegravere en fils et dans ce cas h 1
gimbell du pEgravere Est recircr i tEacute
par le fils Le fait de porter le lI~gimbe agravee ses aiumleux peut susciter
cne~ le jeune lutteur une motivation et une volontecirc in~branlable rlasshy
surer 12 supeacuterioritEacute cis SIcirct-ns dallS
le xgimbe de la famille ne touche pas le sable
La tenue du lutteur a une signification et une importance sur le plan
mystique car selon les anciens le vrai feacutetiche du lutteur celui qui
le proteacutegera agrave vaincre le Djinneacute ou le Rap de ladversaire se trouve
cacheacute dans ce Ngimbe Celui qui confectionne-le Ngimbe est doueacute de
faculteacutes occultes
~~r~i~rg Il est assureacute par un sage du village qui geacuteneacuteralement fut
championde lutte de son temps Dailleurs cet ancien nintervient que
si le terrassement est litigieux
Hormis le public qui proclame la victoire ou le match nul le lutteur
lui-mecircme est arbitre et il arrive quil se deacuteclare vaincu ~ous
pouvons citer comme exemple Meacutedoune KHOULE un des plus grands lutteurs
seacuteneacutegalais qui a donneacute une victoire agrave Djeacuteri SADIO son adversaire qui a
reacuteussi agrave lui faire toucher le sol de la main
Il Y a terrassement quand le lutteur se retrouve
- assis sur le sol
- eacutetaleacute sur le dos
eacutetaleacute sur le cocircteacute
les deux genoux au sol
- les deux ma~ns au sol
la tecircte (front au sol agrave la suite dune brouette)
Il peut y aVOIr match nul si apregraves li1 temps ccmsideacuterable les lutteurs
SE sont ~ ivrEacutes respectivement agrave des assauts rEacutepEacutetEacutes et n arrivEt pas a
3265 L~ precircparation mystique
Il faut reconnattre quon ne peut parler de lutte en milieu wolof sans
envisager une preacuteparation mystique seacuterieuse Co~~e ~ous lEvans vu a~teacute-
1middot ~ d ~ ~rlturenent t0utes es actlvmiddotltesmiddot u W010 sont lles a SeS croyances
- la lutte ne concerne pas seule~ent deux acteurs se livrant faruumlucheshy
ment agrave un combat au milieu de laregravene mais eacutegalement les marabouts et les
feacutetichistes du village ou du clan qui doivent deacutefendre leur savoir et
leur prestige Avant le combat le lutteur doit se livrer agrave un certain
nombre de preacuteparations mystiques pour assurer sa victoire Aussi sommesshy
nous appeleacutes agrave parler de BACK (cest le chant et la danse du lutteur)
- le batteur de tam-tam compose un rythme en fonction du Galagne ou du
Senghor (gds-gris) du lutteur Chaque galagne sera choisi en fonction
du Rap ou du Djinneacute correspondant au Totem du lutteur
Le chant geacuterleacuterique Feinte woy veut dire litteacuteralement composer un 1
chant Ce chant est geacuteneacuteralement composeacute par les filles du viilage du
champion ou par un griot de sa communauteacute Et agrave travers ce chrnt on
arrive agrave toucher la corde sensible du lutteur en chantant lesl innombrables 1
victoires de ses ancecirctres ou en lui rappelant ses prouesses eacuteblatantes 1
Chaque lutteur doit avoir un chant et un back qui lui sont propres
327 Le reacutepertoire technique et les caracteacuteristiques physiques dulutteur wolof
Le lutteur wolof est geacuteneacuteralement moyen de taille la musculagraveture est
tregraves saillante ce qui fait ressortir un aspect tregraves athleacutetique ceci
est vrai sans exception pour le lutteur leacutebou mais il arrive que le Cacircyoshy
rien le baol-baol le walo-walo soient de grands gabarits de forte constishy
tution
CepEndant pour une meilleure compreacutehension du sujet nous pouvons eacutetudiEr
deux jroups d lut teurs qui vont deacuteterminer deux st yI e s de lut tes
- ~ t
les tc~tativ~s de~[reacutee e~ ramassement de jambes de la~v~sairL Ce~~
peut Ecirctre expliqueacute par le fait que les lutteurs leacutebou ou walo-walc qui
sont des pecirccheursadoptent cette garde tasseacutee du fait quils so~t tou-
jours pencheacutes en tirant le fil ou en poussant la plrogue On verra techrugravequeacutes dt cirr 2C ~lt 5Jllicitocirct
surLuumlut les membres supeacuterieurs
Le cayorien et le baol-baol par contre sont les plus grands cultivateurs
darachide chez eux les techniques de lutte sont plus varieacutees et la
garde est moins renfermeacutee Les lutteurs cayorien et baol-baol ont une
morphologie et une reacutepartition musculaire bien eacutequilibreacutee ils excellent
dans les techniques en deacutecalage les techniques de jambe et surtout les
techniques de riposte ougrave lon peut voir des prises de hancheacute tregraves amples
Dune maniegravere geacuteneacuterale on peut dire que le lutteur wolof est un fin
technicien qui sait surtout creacuteer les opportuniteacutes e~ avec sa rapiditeacute
utiliser la force de ladversaire pour le deacuteseacutequilibrer le noodju
le mbas le weacuteheacuteleacute et le rasu sont des techniques propres au lutteur
wolof
En deacutefense il utilise surtout des kl~klets ou gal-gal Notons que
le balancement des bras ou Lewato e$t tregraves marqueacute dans la lutte wolof
TABLEAU RECAPITULATIF DES COMPOSANTES TECHNIQUES
( 1 )
1 SOUS-GROUPES GARDES CONTROLES FORHES DE CORPS l
Walo-walo Basse de jambe Arracheacute l l10yenne de Ngimbe et i
Leacutebou Tasseacutee et saisies annexesj Deacutecalage 1 1 distante de bras de tecirct1
j de bras Deacutecalaeuro
~-----------------~-
- ~ ~- shy - ~ ~ bull L _ _ bull
Profil psyc~~iqUE du lutteu- et son comporterent dars l 2regravere
La preacuteparation mystique dans laregravene est plus marqueacutee chez les wolofs
que ChE~ les autres ethnies En effet on verra de grands champions
preliGrE plusiEurs heures pour Enduire leur corps de cll2badep ou ci
rmiddot- ~ a la proprieacuteteacute de proteacuteger li1egraveividu J
les mauvais sorts) Cest dailleurs un aspect dt la luttE qui iJcsc
des problegraveJles
Le lutteur wolof est tregraves superstitieux et la peacuteriode de preacuteparation
est capitale pour lui car elle permet non seulement de rendre
hommage aux ancecirctres mais aussi dintimider son adversaire Cest
geacuteneacuteralement un lutteur agressif combatif et teacutemeacuteraire Il se fait
souvent remarquer par son esprit dentreprise Mais cette fougue dans
le combat lamegravene parfois bien que ce soit regrettable agrave oublier les
usages et les normes Ce manque de maicirctrise de soi peut faire croire
que le lutteur wolof manque de fair-play ce qui nest pas toujours le
cas
~A~Ugrave~ t 4AA CbUrs k LA ucirctotve f~tPle Sesect prores mou W ~ lesquelles vont se couler les comporteme~ts individuels qui sont ainsi
monteacutes par et pour lautoriteacute sociale
Les faccedilons de boire de marcher ou de sasseoir se manifestent indivishy
duellement dans le corps de chaque personne ces habitus sont cependant
des montages sociaux lieacutes agrave des significationssymboliques variables
dailleurs selon la position sociale occupeacutee par chaque sujet Ces modes
dagir se rangent dans un systegraveme de montages symboliques et lindivishy
du les apprend de la socieacuteteacute dont il fait partie agrave la place quil occupe
Lhabitus est un montage social agrave la valeur symbolique deacutependant des pheacuteshy
nomegravenes deacuteducation et de prestige et lieacute agrave la position sociale du sujet
Cette penseacutee sonne de faccedilon eacutetonamment moderne
Pierre BOURDIEU qui dans une perspective a approfondi le contenue de la
notion en le reportant aux oppositions entre classes et fractions sociales
Il deacutefinit lhabitus comme un systegraveme de dispositions durables acquis au
cours dune histoire personnelle dans une milieu social donneacute systegraveme qui
engendre ensuite des pra~iques socialement deacutetermineacutees faccedilons de manger
de parler ou de marcher comportements de politesse contenu des preacutefeacuterencel
et des deacutegoOts bullbullbull lhabitus est le produit de conditions eacuteconomiques et
sociales Lauteur rattache directement la formation de lhabitus dun
individu agrave la trajectoire parcourue par celui-ci dans sa classe dapparteshy
nance il deacutefend lideacutee dun habitus de classe qui deacutefinit le sens confeacuteshy
reacute agrave la pratique sportive les profits qui en sont attendus
Ce dernier serait lui-m~me lieacute agrave un systegraveme de valeurs ou ETHOS de classe
prenant sens au sein doppositions distinctives entre classes sociales
De sorte lhabitus fonctionne comme un systegraveme dt- regravegles inteacuterioriseacutees
souvent informuleacutees permettant ou non agrave lagent de sadapter dembleacutee aux
multiples pratiques de la vie quotidienne et de la vie sportive il est agrave
lorigine des schegravemes de transcription qui favorisent les ajustements aux
situations corporelles nouvelles (1)
t ~
(1) P~IE11D dwi6Han ISpoy-l et sodeacutebi Approche Bocio-culturelle des pratiques P~tis Vigot 1981 page 81
33
331 Preacutesentation
Les Seacuteregravere auraient pour origine le Fouta Toro quils auraient quitteacute
vers le Xllegrave siegravecle pour fuir lislamisation de cette reacutegioD par lempire
dJ Xali (ils seraient donc apparEnt~s aux Peul et Toucouleur ) Ils
auraient trouveacute dans la rEacutegion du Sine les Sosseacute dorigine manding avec
lesquels ils salliegraverent
Au XVegrave siegravecle une autre immigrationSos~ conqueacuterante cette fois-ci
apporta son organisation eacutetatique Ils se divisegraverent en deux monarchies
deacutemocratiques lune seacutetablit au Sine et lautre au Saloum Les Sosseacute
conqueacuterants constituaient lautocratie appeleacutee Guelowar
La royauteacute seacuteregravere eacutetait laiumlque Les premiers souverains durent secouer
la tutelle des Toucouleur et progressivement arrivegraverent agrave unifier lethshy
nie des seacuteregravere etdea Sosseacute Les deux royauteacutes eacutetaient organiseacutees selon
acirces modegraveles tregraves deacutemocratiques Le souverain deacutependait dune assembleacutee
de ministres et de chefs locaux qui assuraient ladministration centrale
et reacutegionale())
Aujourdhui lethnie seacuteregravere repreacutesente 20 de la population seacuteneacutegalaise
Ils sont reacutepartis sur presque toute leacutetendue du territoire notamment
dans le Baol la reacutegion du Sine-Saloum et la reacutegion de Thiegraves
Signalons quil existe plusieurs sous-groupes dans lethnie ainsi on
trouvera
- dans la reacutegion de Thiegraves les Ndut les Safegravene et les None
- dans le Sine-Saloum les Sine-sine et les Saloum-salouIT
On trouvera vers foundioune et agrave Nioro du cocircteacute de la Gambie les
Niominka (pecirccheurs) Cest une portion tregraves mandinguiseacutee
( 1
Le rattache~2~t d~ to~s ccs sous-groupes pose problecircme ~25 0~ r0~V~
uc grande partie de traits COITul1uns dans leurs modes dE vie Ct pOUT phs
de faciliteacute nous allons essayer de faire une ~tude globale de la lutte
traditionnelle seacuterecircre Lactiviteacute socio-eacuteconomique qui est essentielleme~t
agro-pasorale caracteacuterisE leacutethnie seacuteregravere
332 Lecircducation les moeurs les croyances et pratiques sEr~rc
Chez les Seacuteregravere la vie humaine se deacuteroule selon les grandes eacutetapes
le baptecircme lenfance ladolescencemarqueacutee par la circoncision lsectge
adulte le mariage la vieillesse et la mort (funeacuterailles)
La vie de la communauteacute seacuteregravere reste une des plus originales sinon
celle qui de nos jours garde la presque totaliteacute des pratiques et
habitudes traditionnelles
Bien qu aujotltdhui con~r-tis aux religions chreacutetienne et musulmane les
Seacuteregravere conservent leurs croyances et pratiques animistes
Quelque soit leur degreacute dadheacutesion aux religions reacuteveacuteleacutees les Seacuteregravere
croient en un Dieu puissant et miseacutericordieux Rog Segravene et les hommes
Les ~angols sont repreacutesenteacutes mateacuteriellement dans tous les villages
seacuteregraveres par des arbres (baobab et tamariniers) des animaux (geacuteneacuteraleshy
ment serpent doreacute ou iguane) des ustensiles (pilon calebasse et mortier)
De nombreux teacutemoignages nous apprennent que certains totems (serpent
iguane) font leur apparicion agrave loccasion de certaines manifestations
rituelles comme les sacrifices ceacuteleacutebreacutes lors dun mariage de ceacutereacutemonies
mortuaires ou des circoncisions
Le Seacuteregravere comme il nous a eacuteteacute donneacute loccasion de le dire plus haut
preacutesente des speacutecificiteacutes authentiques aussi bien en tout ce qui touch~
son eacuteducation ses croyanCES et pratiques mystiques q~e ses activiteacute~
socio-ecirccc~omiquEs Apr~s a ~aissa~c~ le beurob~ ~~ pcs~ 5~~ lE S~ __
On lui mouille les l~vres avec un peu d~ lait de mil et apr~s U~ bain
purificateur on versera leau dans un trou cr~us~ derri~r~ la Camp~~
Pendant huit jours la megravere et lenfant sont cacheacutes dans la case car
selon les anciens ils sont tregraves vulneacuterables La case deacutens certains cas
est entoureacutee dun fil blanc et lon place sur le seuil des fais(cauy di
veacutegeacutetaux pour chasser les mauvais esprits (geacutenies malfaisants et illangeUY~
dacircmes) Au bout du huitiegraveme jour la megravere et lenfant peuvent sortir de
la case bull
bullbullbull Le matin du huitiegraveme jour la tante paternelle va chercher de leau
(plusieurs fois)t elle doit rester muette pendant ses alleacutees et venues
si elle parlait t lenfant pourrait ecirctre muet bullbullbull
La megravere et lenfant prennent un bain purificateur dans lequel sont
trempeacutees certaines plantes (ce sont des veacutegeacutetaux pr~tecteurs tels le
begravene le yag le ngud) On y lavera aussi le linge e1t les ustensiles utishyj
liseacutes pendant les huit jours qui viennet de seacutecoul~r On rase le crine
de lenfant Les cheveux sont donneacutes agrave la megravere qui ~s enterrera avec le
reste du cordon ombilical dans un endroit que11e esit seule agrave connattre
La megravere sassied sur une natte devant la maison Une femme igeacutee de la
famille prend le beacutebeacute dans ses bras et le preacutesente aux quatre coins de
lhorizon
La tante paternelle tient ensuite un van sur la tecircte de la megravere on y
verse le mil on y verse eacutegalement en abondance sur la megravere et sur
lenfant La tante oint ensuite le corps du beacutebeacute avec du lait e11e
touche en particulier le front t le nez la bouche la poitrine le dos
et les oreilles
Elle pose enfin un ~rain de sel dans la paume du beacutebeacute (le sel purifie
et deacutetruit les puissances mauvaises)
Apregraves un nouveau bain la megravere et lenfant revEcirctent des habits de fecircte
(est
lenfant Ce precircnore a toujours U~ SEns Il sy~bolise parfois C0 qUi
lOIl sounaitt agrave lEufant l)
La circoncision comme dans les autres ethnies est obligatoire Elle
permet au jeune adolescent dacceacuteder agrave la classe adulte Les jeunes
sont regroupes en classe dacircge dans le bois ougrave sc fait la r0tr~it0 des
circoncis et ceci pendant plusieurs mois
Le Selbeacute qui est geacuteneacuteralement un ancien craint de tous les eacutelegraveves
enseigne le respect de la hieacuterarchie la discreacutetion le goOt de linishy
tiative Les activiteacutes physiques et leacuteducation artistique ne sont pas
en reste la deacutecoration la sculpture la lutte et la danse A sa sortie
du bois linitieacute appartient deacutesormais agrave la classe des virils et des
sages du clan car on lui aura enseigneacute les vertus fondamentales que
sont la justice lhonneur lamour du prochain 1 amour du travail
lhonnecircteteacute et surtout le respect des coutumes ancestrales
Le rite du mariage esd aussi un fait tregraves important dans le monde 1
seacuteregravere mais par manq~e dinformation nous serons obligeacutes de nous en
tenir lagrave
333 Impact des ethos sur la lutte dans le monde seacuteregravere
Lorigine de la lutte seacuteregravere ne semble pas claire ma1S nous pouvons
dire quil existait deux formes de lutte comme chez les Wolofs une
lutte sans frappe et une lutte avec frappe Et cest cette derniegravere
qui peut-ecirctre nous ameacutenerait agrave croire que la lutte seacuteregravere aurait une
origine plus preacuteciseacutement guerriegravere
Aujourdhui la lutte est uniquement une activiteacute sportive agrave travers
laquelle le jeune seacuteregravere eacutevalue sa force son courage et SOn ingeacutenioshy
siteacute Cest une occasion de deacutefendre lhonneur de son village ou de
la corrnnunauteacute
La luttE ~5t avant tout u~e rnanifcs[dtic~ c~lturclie et surtout
fo lkhriqut-
Gracircce agrave elle on peut deacutesormais comprendre un certain nombre de chants
et de symboles A travers la lutte seacuteregravere on ccedilomprend les inter-relashy
tions entreacute la vie et le monde surntiturel
Sil devait y avoir la mort dun villageacuteois pendant la fecirctE au T qUE
de linterrompre on proceacutedait gracircce aux connaissances magico-religieuses
agrave la suspension de la mort jusquagrave une peacuteriode ougrave la population sera plus
disponible pour organiser des funeacuterailles sil y eacutetait preacutedit la possibishy
liteacute dune deacutefait du champion local au profit dun champion dun autre
village des recettes dordre maginque et religieux eacutetaient mises en prashy
tique afin que le champion du village ne soit jamais terrasseacute(J)
334 Le profil du lutteur seacuteregraver~
Le lutteur seacuteregravere est par essence un athlegravete impressionnant de par sa i
carrure et sa musculature saillante mais cest aussi une force tranquille
et calme quelque soit lenjeu du combagravet et particuliegraverement lhonneur
Cet aspect nous pousse agrave parler du NGiMBE cest-agrave-dire de la tenue du
lutteur qui va influencer sur sa faccedilon de lutter
La confection du Ngimbe revient agrave la communauteacute entiegravere Le Ngimbe a
une signification symbolique et le lutteur pour meacuteriter la confiance du
groupe se doit de tout faire pour ne pas toucher le sol Toute la commushy
nauteacute elle aussi sengage pour assurer la longeacuteviteacute et le succegraves du lutteur
dans laregravene par lorganisation droffrandes et de sacrifices en lhonneur
des Pangols bull
bull
Daucuns nheacutesitent pas agrave dire que lessentiel du mysticisme se fait agrave
la maison et non dans laregravene tout le reste nest quintimidation de
ladversaire
lsvcns
Tt- pi ~- t
t 1 ~ l _ ~ t
par rapport agrave lautre Cbci est trEgraves lieacute agrave lactiviteacute journaliegravere du
jeune seacuteregravere qui est un cultivateur donc toujours bien planteacute sur ses
jambes et qui continuellement manie lhiler
Le fait de couper le boi~ peut eacutegalement constituer un moyen de muscushy
lation non neacutegligeable pour le jeune lutteur
Un certain nombre de traits techniques speacutecifiques au lutteur seacuteregravere
semblent ressortir des diffeacuterentes interviews que nous aVOns fait subir
agrave certains lutteurs seacuteregraveres et agrave diffeacuterents techniciens
SOUS-GROUPES FORMES DU CORPS CONTROLES GARDES
SAFEN Moyenne en fente NONE Hancheacute Bras (distante) j
NDUTJ
f
SINE-SINE Deacutecalage Ngimbe
Moyenne
SALOUM-SALOUM Passage- Jambe (rapprocheacutee) 1
i
PETITE dessous Tecircte Basse et 1
COTE Moyenne (rapprocheacutee)
Notons que le Niominka ll commence agrave lutter agrave partir du sol pour avoir
assez deacutelan et sauter sur ladversaire afin davoir la prise du lion
(contr6le de la nuque et du bassin)
Co a -tem-nt ccedilt attitude du lutteur sEacuteregravere335 np -1t ~
Les croyances mystiques sont indissociables des activiteacutes quotidiennes
duseacuteregravere Ce qui explique le cocircteacute supersticieux du lutteur seacuteregravere En
~ffet certains lutteurs refusent de lutter avant certaines heures
Certains teacutemoignages nous apprennent quil nest pas donneacute agrave tout le
monde decirctre champion de lutte et que le lutteur doit avoir des dons
surnaturels pour ecirctre agrave mesure de livrer ses combats dans la nuit
et trouver seul un gris-gris speacutecial appeleacute Njatch
Le vrai champion de lutte chez les seacuteregraveres ne lutte pas seulement avec
~a force et sa technique mais surtout avec ses dons occultes
Chez les seacuteregraveres les morts sont toujours preacutesents et les ~pangols
Servent dintermeacutediaire entre les hommes et les morts Le pangol prend i
le nom dhumain dans certains villages (IIHeacuteJga NDONG Har Wag NGOUYE) i 1
De ce fait on verra le lutteur danser dufe maniegravere ou dune autre en
fonction du pangol de sa famille Ainsi nrus aurons le back (chant et
danse du lutteur) des DIOUF des FAYE etclbullbullbull
Dans laregravene le lutteur seacuteregravere a un comportement exemplaire aussi bien
agrave leacutegard de son adversaire direct quave~ le public en geacuteneacuteral Lexpli shy
cation semble tenir au fait que le lutteur seacuteregravere est avant tout selon
la tradition orale le repreacutesentant de toute la communauteacute seacuteregravere Par
conseacutequent il devra saffirmer non seulement en tant que lutteur dans
laregravene mais aussi en tant quentiteacute morale
336 La tenue du lutteur ou NGIMBE est confectionneacutee par le marabout de la
famille ou du clan Le Ngimbe est constitueacute de pagne en cCton tisseacute
Il doit ecirctre propre le lutteur qui le porte ne devra pas avoir de rapshy
port sexuel pendant toute la peacuteriode des cOTpeacutetitians car le Ngi~bE ne
doit pas ~tre souilleacute
Autrefois et mecircme aujourdthui dans certaines familles on devient
lutteur de pegravere en fils et dans ce cas le Ngimbe du pegravere est heacuteriteacute
par le fils Le fait de porter le Ngimbe de ses aieux peut susciter
chez le jeune lutteur une motivation et une volonteacute ineacutebranlable dtasshy
surer la supeacuterioriteacute d~s siens dans ltaregravene Il fera tout pour que le
Ngimbe de la ramille ne touche le sable
La tenue du lutteur a une signification et une importance sur le plan
mystique car selon les anciens le vra1 feacutetiche du lutteur celui qui
le proteacutegera et laidera agrave vaincre le nDjinne ou le tRapu de ladvershy
saire se trouve cacheacute dans ce Ngimbeu bull Celui qui confectionne donc le
Ngimbe U est doueacute de faculteacutes occultes
337 Larbitrase est assureacute par un sage du village qui geacuteneacuteralement fut
champion de lutte de son temps Dailleurs cet ancien nintervient que
si le terrassement est litigieux Hormis le public qui proclame la vicshy
toire ou le match nul le lutteur lui-mecircme est arbitre et il arrive
quil se deacuteclare vaincu
Nous avons pu cfter Meacutedoune KHOULE un desplus grands lutteurs seacuteneacutegashy
lais qui a donn~ une victoire agrave Djeacuteri SADIO son adversaire qui a reacuteussi
agrave lui faire touegraveher le sol de la main
IlL
34 1 Preacutesentation
Lethnie toucouleur vit En grandt partit ciE~~ la vallfc du S~~~gal
pt reprecircsente i peu pr~s 8 de la population totale secircn~galaise
o Histoire
Il semblerait que dans lancien royaume du Tekrour (IX~ siegravecle) des
eacuteleacutements neacutegroiumldes Sarakoleacute et des Peul aient formEacute par meacutetissage le
peuple Toucouleur (Toucouleur serait dailleurs une deacuteformation du
mot portugais Tacouror)
Ce empire a domineacute aussi bien les wolofs de lOuest que les Peul
nomades du Fouta Toro Cette reacutegion fut le premier pays islamiseacute par
les Almoravides ce qui peut expliquer le proseacutelytisme toucouleur
Ce sont les guerriers toucouleur islamiseacutes qui attaqu~rent avec les
Almoravides la capitale du Ghana Koumbi en 1067 On convertit par
la force les animistes Cest sans doute agrave cette eacutepoque que de nombreuses
ethnies reacutefractaires agrave lIslam ont dO accentuer leur migration vers
le sud (Seacuteregravere wolof Sarakoleacute Bambara Songhaiuml Akan et Peul se reacuteshy
fugiaient vers les hauteurs du Fouta Djalon)
Au XIXegrave siegravecle les Toucouleur allaient trouver en El Hadj Omar Tall
un grand conqueacuterent qui sous le preacutetexte religieux de la gJerre sainte
contre les tribus animistes (entre autres Bambara) eacutetendit lempire
toucouleur sur presque tout lensemble du gali et la partie de la Guineacutee
proche du l1ali
Lempire toucouleur composeacute de Sarakoleacute de Bambar~ de ~alinkeacute de
Xassonkeacute dE Peul et de Dogon eut le meurorit~ dunir CES diif~rentes ~ ~ - - - - - et~ics ~t dE CD~stituer l~Sl la b2S~ ~r 1
_ ~ ~ ~_ L ~
~ ~- ~- - - ---- _ 1 v _ t 1 ~-_ --
marabout tOL~culcuuml~ ~ middotlrrany a l ick SI venu des E1i rClS dE Pocior~ (
~ Vi~ euroconomicue et sociale -----------~-------------
Les Toucouleur sont des cultivateurs mais bien quils n~ soie~t pa~
pasteurs comrre les Peul leacutelevage a une place inportarteacute decirc1S ltur
eacutecono~ie Pour faciliter leur conquecircte guerriegraverE ils c~t Eucirc une preacuteshy
dilection pour leacutelevage des chevaux On y trouve aussi des pecirccheurs
appeleacutes Tchioubalo La socieacuteteacute toucouleur aurait une stratification
sociale tregraves rigide Les groupes ethniques et les castes eacutetaient
diffeacuterencieacutes et strictement exogamiques les Rimbe classe des nobles
comprenant la famille reacutegnante et les guerriers libres la classe des
Nieacutenieacutebegens de castes artisanales i les Rimaibeacute anciens esclaves
devenus serviteurs qui portent les noms de famille de leur maicirctres A
la base de lorganisation de la collectiviteacute toucouleur se situe le
village (Wouro)
Toutes ces castes sont cloisonneacutees entre elle~ Ainsi il nest pas
permis agrave un Torodo (noble) de se marier avec un Tchioubalo Ces
consideacuterations sont importantes dans le domaine de la lutte ougrave nous
apercevrons que les nobles ne sont pas faits pour lutter Le noble
preacutesidera les seacuteances de lutte et on luttera pour lui Ces condeacute rat ions
de noblesse et de rang social sont extrecircmement importantes dans le
monde toucouleur
Le noble ne doit pas se salir on lutte pour lui il ne vit la lutte
quen tant que spectateur
342 Education moeurs croyances et eratiques religieuses
Deux formes d~ducation sont agrave consideacuterer leacutedJcatio~ dES enfarts Et
celle des adultes
oG lenfant sait m2n~~r et apprfcier le goOt d~5 ~iifeurorents r~pas lt
le moment ougrave il CO~~e~CE agrave marcher
tivirt n~sormais le petit toucou]eur est eacuteduquf par toutmiddot 12 f2~i)]E
dabord puis par toutes lespersc~nes du village ou du C13~
Lenfant peut ~tre corrigeacute par tout adulte appartenant au groupe social
Son eacuteducation est deacutesormais laffaire de toute la communauteacute et non
exclusivement celle ces parents On linitie ainsi au travail quotidien
qui se fait dans la bergel~ e les champs et les bords du fleuve Au sein
du village il pourra apprendre agrave filer la laine et agrave tisser des pagnes
dans les champs il apprend agrave manier la houe et lhiler pour la culture
du riz et du mil Mais signalons que lactiviteacute essentielle du toucouleur
est leacutelevage des boeufs des moutons et des chegravevres Chez les Ichioushy
balos (p~cheurs ) lenfant sera initieacute tregraves tat au maniement des pagaies
agrave la p~che propremccedilnt dite et agrave la nage
Vers cinq-six ans lenfant est confieacute au maicirctre coranique le Ihierno
et ce dernier dispose exclusivement de toute sa vie Lavenir du jeune
enfant lui appartient
Comme dans les autres groupes ethniques les enfants sont regroupeacutes en
classe dacircge et cest dans cette structure que lenfant subit les rite
de passe et plus particuliegraverement celui de la circoncision
La circoncision est non seulement unE opeacuteration chirurgicale malS surshy
tout une peacuteriode au cours de laquelle le jeune garccedilon passe de leacutetat
dadolescent agrave leacutetat dadulte Les circoncis sont reacuteunis en classe
dacircge dans un endroit situeacute hors duvillage geacuteneacuteralement choisi par les
vieux Cet endroit n~st accessible que par des individus de SExe ffi8SCUshy
li~ ~ta~t au preacutealabl circoncis
- - - -
quable et complet sur le plan phy~ique et ~oral Ai~si liniti~
acquiert les qualitecircs indispensables que sont le courag~ la modest
lesprit de sacrifice lendurance
Le toucoule~r est un pleux musulma~ Cela sexp1
SOil le premier agrave tre en contact avec la religion musulmane de par sa
position frontaliegravere Lethnie toucouleur de par son histoire a preacutesenteacute
les plus grands chefs militaires et religieux musulmans seacuteneacutegalais Et
pour illustrer cela on peut citer en exemple la grande famille musulmane
des SY agrave TIVAOUANE repreacutesentant la confreacuterie des TIDJANES
Bien que lon note une majoriteacute musulmane on peut dire que certaines
croyances et pratiques mystiques et animistes persistent encore surtout
dans la reacutegion du fleuve
Une pratique courante se fait elle sappelle le Djatt Elle consiste
agrave faire sortir le caiman du fleuve agrave limmobiliser et agrave lattacher
sans quil ne reacuteagisse et tout ceci agrave laide de versets et dincantashy
tions magiques Dapregraves les teacutemoignages ces pratiques sont plutocirct
freacutequentes chez les Tchioubalos (pecirccheurs) Il arrive aussi que cershy
tains chasseurs ayant des dons se livrent agrave certaines pratiques an1shy
mis tes qui consistent agrave invoquer certaines puissances et agrave moduler sous
forme de chant des versets occultes pour se proteacuteger des mauvais esprits
et pour eacuteloigner les fauves Ce chant est geacuteneacuteralement incompreacutehensible
et deacutenueacute de sens pour le profane
343 Activiteacutes ludiques et pratiques sportives en milieu toucouleur
Durant toute son histoire lethnie ~oucouleur a toujours EacutetEacute Frese~teacute~
comme celle qui avait ue activit essentiellement guerr e e~ particushy
liegraverement farouche Trois eacuteleacutements ret r t l ecirc t te nt i c- euro so~t
le manie~~nt du ~acircton 12 luttE Et 1eacute danSE
l
Lecircducation ph~sique et artistique Dcc~pe un place precircpondecircra~rp
dans la fDrmat~on du jEune toucouleur A loccasion agraveeacutevegravenemen~ imporshy
tants reacutecoltJs mariages baptecircme nous assistons agrave des manifestashy
tions folkloriques de grande envergure le Wango oucirc dailse toucouleur
tregraves gymnique iles chants et surtout les sEacuteances de lutte
La lutte toucouleur est la forme de lutte la plus spectaclaire dans
tout le territoire seacuteneacutegalais Elle est essentiellement baseacutee sur des
techniques en hancheacute et surtout en souplesse Ceci sexplique par le
fait q~e le jeune toucouleur est tregraves tocirct initieacute agrave la gymnastique (saut 1
per saut de main salto arriegravere saut de tecircte couronneacute etc bullbullbull ) pour
la dans~ du wa~go En dansant le wango qui est une danse rythmeacutee et
gymnique le Jeune toucou1eur est capable de prouesses extraordinaires
1
En lutte lattaquant se deacuteplace tregraves peu pour avoir une bonne saisie
(geacuteneacutera~ement controcircle du Ngimben ) et enchaine brusqueme~t avec une
attaque surpris~ Cependant les ripostes sont souvent surprenantes et
spectaculaires (baseacutees sur la souplesse et la rapiditeacute) ontrairement
aux autr~s form~s de luttes ougrave lon voyait tous les jeune adheacuterer la
lutte to~cou1eur Verra un groupe de speacutecialistes sadonne agrave la lutte 1
(la lutte est lieacutee agrave la position sociale de lindividu problegraveme de
caste)
Q La morphologie du lutteur toucou1eur 1
1 1
Ce dernier nest pas aussi large et aussi fort que les lutteurs diola
et seacuteregravere Cependant il est tregraves reacutesistant La musculatJre est saillante 1
et tregraves souple lindividu est longiligne mais tregraves athleacutetique
Les mouvements de lutteurs sont semblables agrave ceux dun grand fe1in Cette 1
morphologie semble ecirctre lieacutee agrave la position geacuteographique de lethnie
(reacutegion du fleuve) et agrave lacitiviteacute socio-eacuteconomique du toucouleur qui
est agrave la fois cultivateur (activiteacute lieacutee agrave la crue et deacutecrUE du fleuve)
pecirccheuro~T CIcr~icubaon) et sttout jEumlrgcr qui est U~ rc~2eumlr
shy
Deux formes egrave~ corps sembl~nt ecirctre preacutefeacutereacutees du lutteur toucouleur
le hancheacute et la souplesse Les hancheacutes sont faits agrave partir de plusieurs
positions de doset se terminent geacuteneacuteralement par des techniques de
tregraves grande amplitude
TABLEAU RECAPITULATIF DES TECHNIQUES ET FORMES DE CORPS SPECIFIQUES
i
L441 r
GARDE FORMES DU CORPS CONTROLES --shy - -
Moyenne Souplesse Ngimbe
Hancheacute bras
Demi-souplesse
1
Profil psycholosigue 1
TECHNIQUES
ContrOle du bassin et 12 souplesse
arriegravere
Klicket et allegravegement de la hanche
Le lutteur toucouleur est celui lUi se livre le moins aux preacuteparaqons
maraboutiques Cela est dO au f~t que le toucouleur est un grand ~USUlshyman et que les pratiques animisges ont presque disparu dans ce mil~eu
Dans la pratique le lutteur esJ combaif mais il est calme et tr~s reacutefleacutechi quant agrave la deacutecision agrave prendre en plein corps agrave corps ct~st un des seuls techniciens qui reJte tregraves lucide au cours de ses comb~ts
l Dans toutes les circonstances e lutteur toucouleur est tenu de re~pecshyter son adversaire et ceux de s4n eacutequipemecircme sil est vaincu
Comme nous avons dO nous en rendre compte la rigueur des principes
eacuteducationnels a une influence tregraves sensible sur l~ comportement du
toucouleur
i
III S COCL ~s 1DO
Dans cette partie nous avons essay~ de montrer lftroite re1atic~
Entre les diverses activiteacutes socio-eacuteconomiques dans les ethnies et
lES diffEacuterentes faccedilons de lutter
Daucuns seraient tent~s de conclure trop rapidement et cest p0~r
cette raison que nOUS avons penseacute preacuteciser que le pheacutenotype nest
pas geacuteneacuterateur du geacutenotype Et nous sommes convaincus que la morphoshy
logie et les techniques des lutteurs relegravevent de leurs modes de vie
et de leurs croyances agrave une eacutepoque et danE un contexte bien deacutetermishy
neacutes
Est-ce que les lutteurs dio1a ou seacuteregravere travaillant avec leurs bras
dans les champs auraient les mecircmes pr 0 fil s physiques que les lutteurs
utilisant des machines pour lagriculture
- 69 shy
I UJOURDH~1 E-S ut O[l LES FORfilS Ut LU11t~
~otons que notre enqu~te a ecirctE essentiellement faiteen milieu urbain
Les seacuteances de lutte ont tendance agrave perdre leur particulariteacute de r~shy
jouissance pour devenir des pheacutenomegravenes de sportisatio Deux fores
de luttes so~t principale~cnt prat s dans les aregrave~es du 5 al
la lutte traditiunnelle simple et la lutte traditionnelle avec frappe
De nos jours la lutte traditionnelle tend vers une reacuteglementation
et une institutionalisation
Le reacutesultat de nos investigations nous donne le tableau ci-dessous
REPARTITION ETHNIQUE SUR 100 PRATIQUANTS
LUTTE LUTTE RAPPORTETHNIES SANS FRAPPE AVEC FRAPPE J2
Diola 40 16 71 j
Seacuteregravere 26 21 57
Toucouleur 23 10 69
Wolof 1 1 53 17
La demande sociale par ordre deacutecroissant pour la lutte sans frappe
se preacutesente comrre suit
]0_ Ethnie diola avec pregraves de 3 lutteur~ sur 4
2deg_ Ethnie toucouleur
Ethri dun
~ 1 LA LUTTE TR])IIIO~~ELLE AVEC H-PPE
Cette forme deacute lutte a une histoire qui date de lantiquiteacute elle
sa~pelait le Pugilat Au Seacuteneacutegal elle a vu le jour dans le Cayor
bien avant la colonisation Le coup dE pied l~Lrdn~lement la morshy
sure la frappe et le doigtf eacutetaient permis dans le cc=bat ~ ~middot~p0~~e
Dans certains cas la giffle eacutetait beaucoup plus dangereuse que le
poing quand elle eacutetait donneacutee par un speacutecialiste Cette giffle pouvait
agrave elle seule deacutechirer et mecircme parfois amputer la joue de ladverser
Selon les informations la lutte avec frappede nos jours serait une
forme de lutte tregraves eupheacutemiseacutee de celle dantan ougrave une blessure
pouvait souvent ecirctre mortelle
Aujourdhui au niveau du folklore la lutte na plus la mecircme
le spectaculaire a remplaceacute le significatif iLa lutte avec frappe se 1
pratique surtout dans les centres urbains C~aque fois quun grand combat 1
est progra~eacute par le Comiteacute National Proviso~re (CNP) des centaines damashy
teurs sont mobiliseacutes vers le stade lba Mar D~OP qui est aujourdhui le i
lieu approprieacute ougrave se deacuteroulent les grands conkbats de lutte Cest la formE
de lutte qui semble drainer une foule de personnes beaucoup plus importante
que celle de la lutte simple
La lutte avec frappe deacuteriverait dune forme de lutte traditionnelle
pratiqueacutee jadis dans le Cayor au temps des Damels et la frappe serait
le substitut dun certain nombre de pratiques doigteacute jet de produits
etc bullbullbull dont le but eacutetait laveuglement de ladversaire La lutte avec
frappe serait une continuation logique dune carriegravere sportive de la
lutte traditionnelle qui sen sert comme moyen socio-eacuteconomique En
effet la majoriteacute des lutteurs avec frappe ont dabord eacuteteacute initieacutes agrave la
lutte simple Cependant il faut signaler que de nOS jours il arrive
que le jeune lutteur avec frappE- soit directenent formEacute conne speacutecialistE
agrave la frappe sa~s pour autant faire son chemin dabcrd egravea~s la lutte
- ~ shy
Le recircsultat dE ~os interviews ncus rec~trE qGune pcpulatiD~ divcrsishy
fiampe sint~resse agrave ce sport et qUE les intecircr~[s des uns et d~SlautrE~
semble~t divergents naucuns affirment que la lutte traditionnelle
avec frappe serait monteacutee par des personnes dont la vocation est dexshy
ploiter ce pheacuteLomegravene agrave des fins commerciales Dautres disent gJellegrave
jouit de mcyens irport~nts t[l[~isio
tation etc bullbullbull ) pour toucher toutes les couches sociales CEpe~~a~t
nous remarquons que mecircme si certaines personnes reprochent agrave cette
forme de lutte decirctre brutale ces mecircmes personnes nheacutesitent pas agrave
se rendre le dimanche agrave laregravene Bien que critiqueacutee elle semble ecirctre
adopteacutee par une tregraves grande partie de la population seacuteneacutegalaise Cepenshy
dant en tant que techniciens il nous est permis de faire une remarque
Il sagit de
- Limpression nette decirctre devant des professionnels de la frappe
qui sont ~ntratneacutes pour cela Dailleurs les propos que nous avons
recueilli~ nous prouvent que la plupart des champions de lutte avec 1
frappe s~ntratnent dans certains sports de combat tels ~ue la boxe i 1
le karateacute le judo Dans cette nouvelle forme de pratique de la lutte
contrairefuent agrave la lutte traditionnelle le technicien e~t souvent
perdant face au puncheur Ce dernier adopte une lutte agrave distance qui
lui permet de placer agrave bon escient ses coups animeacute du deacutesir de vaincre
Le technicien lui se voit contreacute dans toutes ses entreprises par
un uppercut ou un crochet
On peut dire cependant que nul sport au Seacuteneacutegal que la lutte tradishy
tionnelle avec frappe ne deacutechaicircne autant de passions et autant de
pheacutenomegravenes poussant agrave lexcegraves et deacutereacuteglements quon ne peut que deacuteplorer
Mais comment deacutecrier un spectacle de lutte qui bien quayant perdu la
presque totaliteacute des valeurs traditionnelles veacutehiculeacutees autrefois par
elle sait susciter une participation effective de tous ceux qui sont
preacutesents
CONCLUSION
Dans ce meacutemoire nous sommes efforceacutes ~e faire ressort ir limportance des
ethos et des habitus et leurs effets sur la pratique de la lutte tradishy
tionnelle au Seacuteneacutegal
L~b egravethos repr~sentent dune maniegravere g~neurorale tous les eacuteleacutements speacutec
fiques sux Seacuteneacutegalais par conampeacuteguent un systegraveme de valeurs traditionnellEs
Mais m~me si ces valeurs rev~tent une signification universelle (honneur
digniteacute courage etc bullbullbull ) il nen demeure pas moins que ce nest pas leur
nature qui fait leur speacutecificiteacute mais la hieacuterarchisation et limportance i
quon accorde agrave toutes ces valeurs de ~ar leacuteducation ou la culture
i 1
Aussi les valeurs traditionnelles puient leur speacutecificiteacute dans les
caracteacuteristiques propres aux eacuteleacutements ~e la socio-cu1ture (la technologie
et leacuteconomie la politique et la pareteacute la psychologie et lideacuteologie)
dans la socieacuteteacute seacuteneacutegalaise agrave n momen donneacute de son eacutevolution Cest i
dire la neacuteceesiteacute de ne point faire della valeur une reacutealiteacute statique
Cest dite aussi quagrave tout mome~t le ~eacuteneacutegalais peut eacutevoluer et creacuteer
ou vivre par conseacutequent de nouv~lles fprmes de valeur qui lui sont 1
propres ft (J)
La lutte traditionnelle veacutehiculant deS valeurs socio-cu1ture1les speacutecishy
fiquement seacuteneacutegalaises (croyances valeurs morales norme de comportement
opinion attitude bullbullbull ) devient un eacuteleacutement important qui tregraves certaiaement
nous aidera dans notre effort de valoriser et de peacuterenniser notre patri shy
moine culturel par le biais dactiviteacutes physiques et sportives
Leacutetude des habitus nous permet de prouver quil y a plusieurs faccedilons
de se mouvoir comme danser lutter bullbullbull qui varient avec les diffeacuterentes
ethnies (wolof toucouleur seacuteregravere diolagt leurs convenances et leurs
eacuteducations
(1) Revue Ethiopiques 31 Les valeurs traditionnelles et le problegraveme de leur inteacutegration dans les systegravemes modernes jtducatio-1 2 6r--70
nautre part cette eacutetude permet aussi de nous rendrE compte de la
correacutelatipn eacutetroite existant entre la pratique de la lutte traditionnelle
et le sta~ut socio-eacuteconomique du pratiquant
Nos inves~igations nous indiquent que la lutte recrute essentiellement
au niveau des classes socio-eacuteconomiques situeacutees en bas de leacutechelle
donc posseacutedant le statut social le moins favoriseacute La lutte avec frappe
-et un certain secteur commercialiseacute de la lutte simple- y trouve sa
leacutegitimiteacute Comme le dit BOURDIEU nA habitus diffeacuterents styles de Vle
divergents et il oppse les pratiques aristocpatiques correspondants agrave
des activiteacutes qui favorisent les situations eupheacutemiseacutees ougrave la stylisashy
tion est importante aux pratiques populaires qui font appel agrave des
qualiteacutes qpposeacutees bllutes rugueuses Certaines interviews nous
montrent que plus lindividu occupe une place eacuteleveacutee dans leacutechelle
sQciale e~ 1
moin$ il sinteacuteresse agrave la lutte
Les reacutesultats recueillis dans nos diverses investig~tions confirment 1 1
1er propos qui disent que nous assistons aujourdhu~ agrave une involution
de la lutte traditionnelle parce que perdant toutes ses speacutecificiteacutes au 1
pryfit d~ne autre forme de lutte que lon continue agrave appeler nostalshy
giqlementIIlutte traditionnelle
Ceci pourrait peut-~tre trouver une explication dan la citation suivante
La liberteacute de creacuteer dinnover de vivre Pleineinenf decirctre soi et de
preacuteserver son authenticiteacute la digniteacute et lhonneu1demeurent des illushy
sions dans la misegravere eacuteconomique~ Nos ancecirctres creacuteai~nt des valeurs de cishyl
vilisation parce quils eacutetaient libres parce qu1i~s ignoraient toute
deacutependance eacuteconomique ils cultivaient en eux et cbez leurs enfants le 1
Jorn et la Kersa et preacutefeacuteraient la mort agrave la hoJte lI (1)
Or le Seacuteneacutegal comme la plupart des pays africainsi est un pays sousshy
deacuteveloppeacute t cependant face agrave cette volonteacute du gou~ernement seacuteneacutegalais
de faire inteacutegrer dans leacuteducation des valeurs traditionnelles nous
pouvons espeacuterer utiliser comme moyen deacuteducation la lutteacute traditionnelle
qui reste quand mecircme vecteur jethos et dhabit~s
- 54 shy
Mecircme si lon a noteacute un appauvrissement notoire sur les plans socioshy
culturel et moral la lutte traditionnelle recegravele une gamme importante
et varieacutee de techniques permettant incontestablement une ouverture vers
les luttes olympiques libre et g~eacuteco-romaine
La lecture de ce meacutemoire permettra agrave lentratneur et au professeur de
lutte en fonction du lieu ougrave ils seront affecteacutes dans le territoire
seacuteneacutegalaisdavoir une information sur les techniques contrOles et
formes de corps propres agrave chaque groupe ethnique et de les mettre en
relation avec leurs croyances et leurs mentaliteacutes
Nous avons essayeacute de montrer que la pratique de la lutte traditionnelle
doit tre axeacutee sur une ethnomotriciteacute au Seacuteneacutegal qui permette une inishy
tiation facile Cette pratique de la lutte traditionnelle seacuteneacutegalaise
devra dailleurs essayer de ~eacutepondre aux aspirations du Seacuteneacutegalaisl
moderne en souvrant aux ap~orts positifs des autres civilisations
ex~eacuterieures nous voulons Jvidemment parler du judo et des luttes oiymshyJ
piques 1
1 j Nous navons pas la preacutetentfon dans le cadre de ce meacutemoire demattrise
de reacutepondre agrave toutes les qutstions se rattachant agrave leacutetude de ~a lutte
traditionnelle souslangle~socio-culturel car non seulement il nous
manque lexpeacuterience et la c peacutetence en la mati~re mais aussil l le temps
et les moyens dont nous dis osions ne nous permettaient pas d~puiser le 1sujet i
1 1 1 t 1
l
- )5 shy
BIBLIOGRAPHIE
BIBLIOGRAPHIE
1- CLAPAREDE Psychologie de leacuteducation et peacutedagogie expeacuterimentale
Edition Delachaux et Niestleacute 244 pages
2- POCIELLC Christian Sport et Socieacuteteacute approche socio-culturelle
des pratiques Paris Vigot 1981 377 pages
3- PIERON Henri Vocabulaire de la psychologie
PUF Deuxiegraveme eacutedition 1957 469 pages
4- Revue socialiste de culture neacutegro-africaine ETHIOPIQUES
Les valeurs traditionnelles et le problegraveme de leur inteacutegration
dans les systegravemes modernes deacuteducation
GIA 21 Juillet 1982 213 pages
5- N2 Revue du Centre dEtudedes Civilisations DEM ak TEY
NIS IVegrave Trimestre 1982 96 pages
6- Document lNSEP Colloque sur la lutte aeacuteregravere
DAKAR MAI-JUIN 1980
t 1
~- Travaux du IVegrave Congregraves National ~es Sports agrave DAKAR les 2223041981
Bulletin n2 91 du CIO du 15 Aont 1965
l____________________________
8- Meacutemoire de Mattrise BADJI Abdou La lutte traditionnelle Joola
Etude et perspective
9- Meacutemoire Inspectorat JS DJITTE Mandy Les pratiques corporelles
traditionnelles au Seacuteneacutegal pour leur exploitation et leur
utilisation en peacutedagogie Marly le Roi 1980
REPUBLIQUE DU SENEGAL
--------------- INSTITUT NATIONAL SUPERIEUR
MINISTERE DE LA JEUNESSE DE LrsquoEDUCATION POPULAIRE
ET DES SPORTS ET DU SPORT
-------------
(INSEPS)
MEMOIRE DE MAIcircTRISE
Es-SCIENCES ET TECHNIQUES
DE LrsquoACTIVITE PHYSIQUE ET DU SPORT
LA LUTTE TRADITIONNELLE
son importance sa signification en fonction des ethos et des habitus ethniques au Seacuteneacutegal
Preacutesenteacute par
Monsieur Joseph Victor FAYE
Sous la direction de
M Jean Marc ROCHEZ
Professeur agrave lrsquoINSEPS
Anneacutee de soutenance 1984
- ~
d~tre en mesure dassurer acirc 1 ur tour Id protection du ~roupe En
deve~ant contenu denseignement la lutte ecircvoluait acirc nouveau Elle
perdit son caract~re preacutepa=atoi=e et devenait ~ctivit~ d~ c0~pensa-
tion (1) Au-delagrave des techniques de mise hors combat qui devaient se
deacutepouiller de leur violence et des risques de dommages corporels on
visait une action formatrice sous un triple aspect physique caracshy
teacuteriel et moral
Puis survint le temps de paix durable celui ougrave leacutenergie eacutetait
essentiellement consacreacutee agrave produire des biens pour sa collectiviteacute
dappartenance Deacutesormais lhomme eacutequilibrait sa vie entre le travail
le repos et le divertissement Cest ainsi que la lutte se retrouva au
coeur des reacutejouissances populaires En se faisant ludique celle ougrave
lon joue agrave mesurer sa force sa ruse son agiliteacute sa bravoure bullbullbull La
lutte se speacutecifiait agrave nouveau en simbriquant aux moeurs aux coutumes
et aux croyances
Cette longue histoire commune du neacutegro africain et de la lutte expliqUE
qUegravecette derniegravere fait partie des traditions auxquelles il est le plu
attacheacute et ort heacutesite pas agrave parler de sport national mecircme quand elle
doit ceacuteder en populariteacute devant le foot-baIl
En Afrique toute activiteacute physique veacutehicule un message et la lutte
traditionnelle elle aussi se trouve impreacutegneacutee de valeurs socio-cultushy
relIes et il arrive quon lui assigne de les veacutehiculer et de les trans~
mettre Parler de lutte en Afrique deacutecouvrir sa signification et comshy
prendre son histoire consiste agrave montrer quelle participe aux eacutethos et
habitus de groupe comme nous proposons de le faire
(1) - CARR The survival values of play citeacute par CIAPAREDE dans Psychologie de lEducation et Peacutedagogie Expeacuterimentale Edition Delachaux et Niestle (244 pages)
iotre reacuteflexion se ci-conscrird au S-~sJl -t mecircle si le peuple
seacuteneacutegalais est o-igilaire de la volonteacute cocnmune due dizaine deacutethries
de vivre ensemble ~ous nous limitert~s 1 analyser les rapports quentr
tiennent les quatre grands groupes diola seacuteregravere toucouleur et wolo
et les styles de lutte correspondant
Nous entendons veacuterifier lhypothegravese quaux particulariteacutes ethniques
(mode de vie coutumes rites et croyances) correspondent des particushy
lariteacutes de lutte (signification valeacuteurs veacutehiculeacutees mode de pratique
regravegles dorganisation bullbullbull )
Ce meacutemoire consiste agrave reacutealiser une approche socio-culturelle du pheacutenomegravel
lutte en Afrique avec le secret espoir quil puisse servir de preacuteface
agrave lhistoire des diffeacuterents styles reacutegionaux que dautres ont commenceacute
agrave eacutecrire
gt Si nous devions justifier le choix dun tel sujet t tous les arguments
se regrouperaient autour dune meurome motivation recouvrir notre authenmiddot
ticiteacute
En premier lieu parce que nous adheacuterons totalement agrave ce souhait des
Pouvoirs Publics de mettre laccent sur une eacuteducation physique et spormiddot
tive qui tout en souvrant aux appels feacutecondants de la techniques
fondera son action dans les valeurs traditionnelles du pays La lutte el
tant que pratique eacuteducative et manifestation dessence collective est
bien placeacutee pour justifier cette tendance
Elle reacutepond aux aspirations dune eacuteducation physique et sportive qui
veut creacuteer les conditions de son deacuteveloppement et de qUumlI i~ertion dans
les habitudes sociales des populationsff(l)
(1) Travaux du IV~ C~n-r~s Sports de 2223 Avril 1981
WotrQ CCYVcftOl de llnteacute~t JiU W sectU~ e6t ~~pu_~ deacuteclarations de 2rsonnaliceacutes du monde sportif lLrlsi ce Ii1essage agrave lir shy
tention des dirig~ants africains
-ous ~ T beaucoup agrave apprendre de eus ous qui sans
cesse davantage oublions que leacutequilibre de lhomme veuc
quiL sinscrive harmonieusement t aussi bien dans la nature
que dans la civilisation deacutecouvrons que les Atricains nont
pas eacuteteacute initieacutes aux principes du sport et ses vertus au
contraire de maints pays europeacuteens par exemple aupregraves desquels
tout ou presque est agrave retaire agrave chaque geacuten~ration Lexercie
physique tait partie de la vie atricaine il est moyen de commushy
nication et de locomotion- (1)
Or la lutte constitue par excellence ce Veacutecu moteur que nous t1ansshy
mettons de geacuteneacuteration en geacuterieacuteration et ce patrimoine doit survivre agrave
toutes les agravegressions or iginaires dautres modes de civilisation dont
certains effets ne manquent pas de se faire sentir sur le devenir de la
lutte traditionnelle
A la preacuteoccupation de preacuteserver notre authenticiteacute sajoute celle den
assurer la deacutefense
Aussi au-delagrave de nOs analyses destineacutees agrave eacutetablir les rapports entre
modes de vie et styles de lutte nous nous poserons le problegraveme dune
codification objective de la lutte traditionnelle constituant la mise
en communauteacute des apports pertinents de chaque style reacutegional Ce style
national apparatt indispensable en raison de lavegravenement prochain dune
socieacuteteacute seacuteneacutegalaise nouvelle qui ne peut se b~tir que par un partiel
renoncement au passeacute et son contenu (2)
Enfin nous voulons faire partager notre ~nthousiasme gagner agrave notre
cause eacuteducateurs entratneurs de lutte les amener agrave reacutefleacutechir sur leur
pratique et peut-~tre les aider agrave tnseigner avec plus de coheacuterence cette
discipline pour le plus grand bien de notre jeunesse
(1) Bulletin n 91 du CIO du 15 AoOt 1965 - Page 15
(2) Cette preacuteoccupation semble ecirctre partageacutee par de nombreux pays afri shycains ougrave la lutte est de tradition on y pressent quagrave de nouveaux types de socieacuteteacute doit correspondre de nouveaux hlbitus En conseacutequence la lutte doit eacutevoluer Darlllegrave~1e1t SO3 pine d amptre in~niaterpnt l~l~dJl-J~ (Sw~JL~c~ ~ - 13 P~v~~L)ti-~l j Ld L~t~ cr~lJit0nn~l12
otgalisecirce pH la cmFJS - iJAKAR - lai ~~)
-5shy
II QUELQUES NOTIONS DE SOCIOLOGIE POUR UBE MEILLEUR~
COMPREHENSION DE LA LUTTE TRADITIONNELLE
Essayons dexpliquer simplement les termes ETROS et HABITUS et
ETHNOMOTRICITE pour la clarteacute de notre deacutemarche
ETROS dans sa deacutefinition premiegravere veut dire en parlant dun individu
lice qui distingue cet individu des autres (1)
En eacutetudiant cette signification dans le cadre de la sociologie on
entendra par eacutethos ethnique (eacuteducation croyance rite etc bullbullbull ) lenshy
semble des caracteacuteristiques dune communauteacute sociale
HABITUS QCe sont les habitudes et attitudes socialement acquises qui
sous-tendent et preacute-deacuteterminent partiellement les faccedilons de penser de
sentir dagir de tout individu et traduisent notamment le rapport quil
entretient avec son corps (2)
Dans le cadre de ce meacutemoire nous allons essayer de faire une approche
de la lutte traditionnelle sous deux angles dabord en leacutetudiant comme
habitus en tant que technique du corps et ensuite COmme habitus de classe
fonction du style de vie des individus et nous nous proposons dans cette~gt
partie de deacutefinir ces deux notions dhabitus
Marcel MAUSS dans une viseacutee anthropologique emploie ce terme dune maniegravere
tregraves large pour rendre compte des faccedilons dont les hommes socieacuteteacute par
socieacuteteacute dune faccedilon traditionnelle savent se servir de leur corps Ces
habitudes varient avec les individus et leur imitations elles varient surshy
tout avec les socieacuteteacutes les eacuteducations les convenances et les modes les
prestiges
Analysant de multiples techniques du corpsll la marche la course la nage
le beacutechage le saut la danse et toutes les techniques corporelles en geacuteneacuteshy
ral (techniques alimentaires sexuelles de soins de repos bullbullbull ) MAUSS
insiste sur le fait que celles-ci ne sont pas naturelles mais acquises
(1) PIERON Henri Vocabulaire de la psychologie 2egraveme eacutedition revue et augmenteacutee PUF 1957 page Ill
(2) POCIELLO Christian Sport et Socieacuteteacute Approche sodo-culturelledeacutell pratiques Paris Vigot 1981 pages 78-79
La notion dethnomotriciteacute part dune constatation
- la grande diversiteacute des caracteacuteristiques preacutesenteacutees par les pratiques
corporelles en fonction de leacutepoque du lieu des groupes elle teacutemoigne
de linfluence despotique des normeS et des valeurs sociales sur la mise
en jeu du corps
Dougrave sa deacutefinition
Le champ et la nature des pratiques motrices envisageacutees sous langle de
leur rapport agrave la culture et au milieu social au sein desquelles elles
se sont deacuteveloppeacutees (1)
Conseacutequence le contrat ludosportif est aussi un contrat social il
reflegravete la faccedilon dont une socieacuteteacute aime agrave se penser agrave se repreacutesenter bullbullbull
et accepte de se donner en spectacle
Lethnomotriciteacute donne naiss~nce agrave deux sortes danalyses
- lanalyse synchronique -ou eacutetude spacialeshy
de type interculturel agrave hagravebitus diffeacuterents styles de vie divergents
de type intraculturel apparition dhabitus de classe et de pratiques
distinctives
- lanalyse diachronique -ou eacutetude temporelle- ou eacutevolution sur une longue
peacuteriode des pratiques motrices pour une cateacutegorisation dindividus
Cette hypothegravese de lenracinement social de la motriciteacute est une atteacutenuashy
tion des explications psychologisantes consideacuterant lindividu indeacutepenshy
damment de son environnement et sexprimant en termes de goQts motivations
() PARLEBAS pierre Contribution agrave un lexique commenteacute en Science 4e laction motrice Paris Publication INSEP 981 322 pages
AicircAgraveLYSE CES iJFrADES iDe I LES EN flA TIERE
DE PRATIQUE DES SPORTS DE Oicirc-itlAT
Objet Veacuterificat~on de la theacuteorie de lhab~tus
Hypothegravese En raison de son histoire de ses speacutecificiteacutes des valeurs
symboliques dont on linvestit une pratique sportive est en faveur aushy
pris dun groupe de pratiquants en fonction dattentes de niveaux dexishy
gence de fierteacute dappartenance qui sont socialement et culturellement
deacutetermineacutes
Il sagit en quelque sorte danalyser les goOts et les motivations des
sportifs en rapport avec leur condition sociale et le sentiment attachi
agrave ce statut
Remarque Cette analyse sera meneacutee en fonction des classes sociales et
non agrave partir de cla~se dage ou encore de classe socio-politique comme il
est dusage pour toute reacuteflexion sur notre socieacuteteacute trJditionnelle
Cette particulariti provient du fait que nos enquites ont iteacute effectueacutees
en milieu urbain -en raison des problimes de temps et de moyensagrave Dakar
et agrave Thiis pour itre plus preacutecis et il est deacutesormais hasardeux de preacuteshy
tendre y retrouver les structures traditionnelles c~e on pourrait le
faire en milieu rural
Par classe sociale et nous inspirant de la notion marxiste -deacutefinition
du rapport aux moyens de production- nous entendons la distance_dun
groupe social aux postes de deacutecision et de responsabiliteacute Plus cette
distance est grande moins le statut eacuteconomique est eacuteleveacute
Nous distinguons quatre (4) classes sociales car au niveau dune telle
analyse nous ne pouvons preacutetendre agrave la finesse de discrimination indiciaire
de la Fonction publique par exemple
r~partieuml
come il egravest rsectc eacute dans 1 ablea~ ci-dessous
CATEGORISATIONGROUPE EXEMPLE DE FONCTIONADMISE
Administrateur civil - Ingeacutenieur - Meacutedec ilCadre supeacuterieur1 Officier - Professeur
Instituteur - Mattre dEPS shy2 Cadre moyen Secreacutetaire - Technicien
Chauffeur - Militaire Policier3 Cadre subalterne shyPatron - Artisan
Artisan - Cultivateur - Ouvrier temporail4 Non cadre Pcheur
Conditions denqute Six (6) sports de ~ombat sont officiellement
pratiqueacutes Ils possegravedent une structure para-eacutetatique de gestion de contr
ce sont
3 sports de preacutehension - JUDO - LUTTE LIBRE TRADITIONNELLE - LUTTE OLYMPIQUE
2 sports de percussion - BOXE ANGLAISE - KARATE
sport mixte - LUTTE TRADITIONNELLE AVEC FRAPPE
Pour chacun de ces sports 50 pratiquants ont eacuteteacute interrogeacutes sur leur
statut socio-eacuteconomique avec la discreacutetion et la prudence quexige ce
genre de question
Cette enqute sest deacuterouleacutee dans les conditions suivantes
JUDO
Lieu DAKAR - Clubs USTD - DUC - FJAKS - DOJO HOMAR DIENG
Date du 020J84 au 28-05-84
Circonstances Les principaux inteacuteresseacutes eacutetant la plupart sur le tatami
pour lentratnement il fallait souvent attendre la fin
de lentratnement uumlur pouvoir avoir une ou deux entreshy
vues de sorte qu~ le~qu~te a pris beaucoup plus de
On constate que le no~bre de p=a~iq~~-ts ~st ~eauccup plus importd~t dans
les groupes 2 et 3 - Il es ~oindre dans les grQupes 1 et 4
LUTTE LIBRE TRADITION~~LLE
Lieu Dakar - Thiegraves bull Aregravenes Landing DIAME - Ecurie Seacuteregravere (pregraves de
lautoroute) Lutteur diola - toucouleur - Entratneurs - encadreurs
de diverses eacutecuries Stade Iba Mar DIOP - Aregravenes de Pikine et de
Thiegraves - CNPES - INSEPS
Date du 040284 au 020684
Circonstances Elles sont parallegraveles car les pratiquants semblent beaushy
coup plus disponibles que dans les autres disciplines Notre travail
parfoi~ peacutenible en raison de la diversiteacute des ethnies repreacutesenteacutees
et la traduction n1est pas toujours aiseacutee
Observations
Nous constatons que la lutte libre traditionnelle est plus pratiqueacutee
par les groupes 4 et 3 que par les groupes 1 et 2
LUTTE OLYMPIQUE
Lieu CNPES - INSEPS - Iba Mar DIOP (Equipe Nationale) - DUC
Date du 040284 au 020684
Circonstances Les conditions sont meilleures dans la mesure ougrave le
hasard a fait que pendant cette peacuteriode leacutequipe nationale soit
en regroupement et ceci nous a permis d-interroger un nombre
important de lutteurs de grand renom
Observations
En raison du petit nombre de pratiquants r~guliers lenquecircte ne porle
que sur 2S personnes Arbitrairement pour les besoins de comparaison
les raisons de comparaison les reacutesultats cbtenus sont multipli~s par 2 bull
BOXE A~~GLISE
Lieu Iba l-ar DIOP - ASFA - ASFPO - SC -ASC JJAF - ASC lA
ugraveate du 201283 au 020684
~E~~~~E~~~~ Ici nous ferons la mecircme remarque que pour le Judo
Notons que toute lenquecircte a eacuteteacute faite agrave Dakar
Observation
La boxe recrute ses pratiquants surtout dans les classes 3 et 4 et
on note que le nombre de pratiquants nest pas aussi important comme
dans les autres disciplines
KARATE
Lieu YUKOKAI KARATE CLUB - SAMOURAI KARATE CLUB - Iba Mar DIOP
CLUB DE GIBRALTAR - ASFA - ASFA - ASFPO - GM Thiegraves
Date du 201283 au 020684
SE~~~~E~~~ Notre enquecircte se passait dans une ambiance sympathique
de camaraderie Geacuteneacuteralement apregraves la seacuteance dentratnement
Observation
Nous constatons que la distribution des pratiquants bien que favorisant
les groupes 2 et 3 semble plus homogegravene que dans les autres disciplines
~ LUTTE TRADITIONNELLE AVEC FRAPPE
Lieu Ecurie de Fass - Ecurie des Seacuteregraveres - Ecurie Mermoz
- Ecurie des Casamanccedilais
Date du 04-02-84 au 020684
Ccedilj~9~~~aEccedil~ Il est agrave signaler que cest la discipline ougrave l~ contact
avec les pratiquants a eacuteteacute plus difficile les speacutecialistes qui~ la plushy
part du temps semblent meacutefiants quand on commeucircce agrave leur poser des quesshy
tions preacutecises sur leur revenu mensuel
2 -liCc 055cllt le lle11ent SegraveS praLicltants dans le ba
de lecirc~helle ces~-agrave-dire dans le ~ruumlupe 4
~ecircsultats
Les reacutesultats enregistreacutes sont reacutecapituleacutes en nombre et en pourcentage
-agrave lapproximation pregraves- dans le tableau ci-dessous
LUTTE 1 LUTTELUTTEGROUPES BOXE KARATE JUDO AVEC OLYMshySIMPLE i i FRAPPE PIQUE
1 11 1 1 1
1 11 1 1 1 11 0 1 0 8 1 16 9 1 18 4 1 8 0 1 0 7 1 14
1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1
1 11 1 1 1 1 12 3 1
1 6 21 1
1 42 22 1 44 6 1 12 4 1 8 17 1 341 1
1 1 1 1 1 1 1
1 1
1 1 1 1 1
3 22 1 44 13 1 26 15 1 30 16 1 32 5 1
1 10 10 1 20
1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1
1 1 1 11 1 1
14 25 1 50 8 1 16 4 1 8 24 48 41 1 1 82 16 1 321 1 1 1 bull 1 1 1 1 1
1 1 1 1 1 11 1 1 1 TOTAUX 50 1100 50 1100 50 100 50 pOO 50 pOO 50 1100
1 1 1 1 1 1 1 1 1 1
Afin dG failiter la lect~~e je c~ table3~ t ~2 re~dre sig~ific~tives
s info~~ations quil contient ces difteacutere ts reacutesultats nu~eacuteriques
peuvent ecirctre formuleacutes selon des repreacutesentations graphiques
1 Clientegravele des Sports de combat
FIGURE l
Il apparatt nettement que les sports de combat recrutent essentiellement
dans le bas de la hieacuterarchie sociale ce sont des sports populaires don
propices agrave une massification de la pratique
Toutefois on peut nourrir quelques inquieacutetudes pour que soient reacuteunies
les conditions de leur deacuteveloppement en raison du faible statut quils
possegravedent au regard defllintelligentsia seacuteneacutegalaise
2 Hieacuterarchisation des gants sportifs en matiegravere de sport
de combat au sein des cadres supeacuterieurs -Groupe 1shy
FIGURE I[
La f-appe est honni aucl1 pratiqua1t de boxe Olt de lutte avec frappe
agraveUloins quelle fasse lobjet dune stylisation cxtrecircme COTIme cest le
cas dans le karateacute Ce groupe manifeste un seuil extrecircmement bas de toleacuteshy
rance agrave la violence ce qui explique les discours infamants degraves que la
lutte avec frappe est secoueacutee par quelques excegraves Leacuteopold Seacutedar SENGHOR 1
navait-il paS deacuteclareacute que cette forme de lutte eacutetait une atteinte permashy
nente agrave limage de marque du Seacuteneacutegal
Bien quil soit difficile de proposer une explication unique curiositeacute
esprit douvetture permeacuteabiliteacute aux modes bullbullbull les repreacutesentants de ce
groupe adoptet facilement des sports importeacutes 85 des goOts pour le 1
Judo le Karateacute et la Lutte Olympique qui pourtant est bien peu pratishy1
queacutee au Seacuteneacutegfll j
Faut-il en deacuted~~re une attitude geacuteneacuterale favoris~agrave tout ce qui provient
de leacutetranger
Nous nous refu~ons preacutesentement agrave ce genre dexplicationJ ne ser~it-ce que
par ses conseacuteqJences sur notre sport national dont les perspectives appashyj
raicirctraient bie sombres
Admettons que la pratique de ces disciplines sont en rapport avec des
deacuteterminants eacuteconomiques et que ceux-lagrave sont un frein P4ur la popularisashy
tion de ces pratiques A lappui de cette interpreacutetation~ il suffit de
composer le champ social du Judo et celui de la Lutte libre traditionnelle
--== G J
32
LUTTE SIHPLEJUDO FIGURE JI(
Le groupe 2 qui manifeste un inteacuterecirct reacuteel pour les sports de combat -pregraves
de 25 iuml de la population i~tervieweacutee- et qui p6ssegravede les ~oyens de choisir
ses pratiques opte massivement pour le judo CDnme lexprirre le rapport de
agrave 4
- shy
A la lumiegravere de cette succi~te analyse des demandes sociales en matiegravere
de pratique des sports de combat nous pensons recouper la theacuteorie de
lhabitus selon BOURDIEU qui veut que des hatitus diffeacuterents impliquent
des styles de vie divergents si lon entend par style de vie un systegraveme
de pratiques classeacutees et classantes(I)
La mutation de la socieacuteteacute seacuteneacutegalaise celle du milieu urbain se caracteacuteshy
rise par lapparition despaces sociaux qui sont en rapport avec des
espaces culturels Il en reacutesulte des pratiques distinctives comme
lexprime le pogam
En effet si les cateacutegories sociales existent et si chaccedilune delle exprime
une marque sur les conduites des sujets il est naturel ~e penser que des
pratiques1 sportives servent de modegraveles distinctifs et detrsymbOles dorgashy
nisation ieacuterarChique dans la socieacuteteacute exprimant les dif eacuterentes clas8eamp(2)
Ces const4tations ont dimportantes implications sur leeacuteveloppement et
lavenir des pratiques Si dans notre IIIegrave partie nous 1tenterons de 1
mettre en rapport les particulariteacutes ethniques avec les pluraliteacutes de
style de lutte nous parlons presque au passeacute Une IVegraveme partie devra
e~visager la situation actuelle de la lutte afin de pouvoir eacutemettre
qu~lques hypothegraveses sur son devenir
Cest auss~ une ambition de ce meacutemoire daider ceux qui sinteacuteressent reacuteellE
ment agrave la lutte de savoir entendre au travers des deacuteclarations normatives
et apologeacutetiques Nous ne doutons nullement de la conviction ou de la bonne
foi de leurs auteurs mais parmi les possibles il yale probable et seul
ceiui-lagrave meacuterite decirctre retenu car plus proche agravee la recirc~liteacute
(I) BOURDIEU pierre La distinction Les Editions de minuit 1979 page 191
(2) Le POgdlt Deacuterrocratisation du sport ythe (u reacutealiteacute
- 1f shy
j j l IlL DL l H L S DE
3 1 LA COll1ŒNAUTE DIOLA
311 Preacutesentation
Les diolas vivent dans la reacutegion de Casamance et repreacutesertent 9 de la
population totale du Seacuteneacutegal Ce sont geacuteneacuteralement des cultivateurs de
riz et des artisans Cependant on peut les trouver aujourdhui disperseacutes
dans toutes les capitales reacutegionales affecteacutes agrave divers meacutetiers militaire
gendarme fonctionnaires de lEtat ouvrier etc bullbullbull
Dans les villes la plus grande partie des diolas vit dans les qoartiers
populaires Par exemple agrave Dakar on les trouvera agrave Colobane agrave Fass agrave
Grand Yoff ou agrave Khar Yalla La plupart du temps cesDnt des artisans et des
ouvriers du secteur priveacute qui vont essayer dune maniegravere ou dune autre de
vivoter en bricolant deci de lagrave Mais mecircme loin de la Casamance cette
ethnie conserve une grande partie de ses caracteacuteristiques et plus partishy
culiegraverement la solidariteacute ethnique qui veut que les Diolas forment toujours
un bloc bien soudeacute quand le besoin se ifait sentir et cecisans discrimishy
nation de rang social Ainsi tous lesdiolas de Dakar se mobilisent pour
supporter le Casa Sport chaque fois qbe cette eacutequipe de foot-baIl vient
jouer agrave Dakar Cette mobilisation se fera aussi dans le cas ougrave leur chamshy
pion de lutte Mamadou SAKHO livre uncombatimportant
Lethnie diola est diviseacutee en trois sous-groupes
- les dio1as Fogny de Bignona
- les diolas Kassa autour dOussouye
- les diolas Blouf dans la preacutefecture de Tendouck
Mais en lutte on a pris lhabitude ~e les grouper en deux zones dune
part le Kassa qui preacutesente des particulariteacutes et dautre part lE Fogny
et le Blouf
- J 7 shy
3 ) 2 ~U(lquE5 aspects d~ l~ducatio~ ~t des rit~s en milieu diol~
L eacuteducat ion veacuteritable de lenfant diola est sociale et ne se corlprend
que dans la relation sociale elle deacutepasse de loin le strict cadre
famililal Elle commence au stade de lapprentissage du langage
Lenfant apprendra agrave reconnattre le langage du regard de ses parents
Il doit connaicirctre et faire la diffeacuterence entre un regard approbateur
et un regard qui blacircme De mecircme il doit apprendre agrave faire les gestes
de la tecircte qui expriment lapprobation En aucun cas lenfant nest
laisseacute agrave lui-mecircme Aura-t-il deacutesobeacuteit par complaisance naura-t-il pas
eacutecouteacute ou fait attention aux recommandations reacutepeacuteteacutees plusieurs fois
sans reacutesultat il fera lobjet dune punition corporelle avec la chicotte
Elle a pour effet de faire mal au corps de lenfant afin datteindre son
acircme sa sensibiliteacute et instaurer en lui une sorte de 1iaision de la
meacutemoire du mauvais comportement agrave la douleur quen voulant eacuteviter la
douleur il finit par eacuteviter le mauvais comportement en tout cas den
prendre conscience degraves cet acircge Cest une meacutethode deacuteducation mora1e (])
i 3121 Leacuteduca~ion maternelle
1
Notre eacutetude nous a montreacute que mecircme de nos jours leacuteducation diola
conserve encore ses caracteacuteristiques traditionnelles au niveau des rites
des moeurs des habitudes des principes et des normes
Leacuteducation de lenfant reste lune des plus rigoureuses Elle commence
degraves le plus bas acircge car pour le dio1a on ne peut redresser une personne
adulte donc autant leacuteduquer tregraves jeune Jusquagrave lacircge de trois ans
lenfant sera encadreacute par sa megravere qui bien queacutetant tregraves douce fait
preuve daucune indulgence Elle lui apprend les interdits de la communaushy
teacute respecter son prochain ne pas insulter ni profeacuterer de gros mots surshy
tout en preacutesence de grandes personnes ni faire violence agrave autrui
Plus terd v~rs cinq ou SlX ans le jeune garccedilon est initi~ a~x travaux
ces cna~ps des rizi~r~s cles pal~eraiEs ce Gui ne manquer6 pa5
davoir ces rEpcrcussic~s sur SOn deurovelopperncnt morpholoique
- 1( shy
3122 La circoncisio~
cest un rite obligatoire Il a pour but dintroduire le garccedilon dans
la communauteacute des hommes en tant que responsable Cest un rite qui
laisse une trace indeacuteleacutebile dans la vie du jeune diola Les principes
de la vie en socieacuteteacute y sont enseigneacutes agrave fond Le rite de la circoncishy
sion preacuteseuro~teuro uneuro forme p~lticul do~t s~uls les diolas connaissent
lorganisation internecar la circoncision est agrave la fois une eacutepreuve
physique intellectuelle et morale
Cette circoncision en milieu diola se passe dans le bois sacreacute En ce
lieu les Njoulis (circoncis) sont encadreacutes par des mattres les
Kintangs et au-dessus de ces mattres regravegnent un ecirctre doteacute de faculteacutes
occultes il sagit du Kankourang Le kankourang a cette capaciteacute de
disparattre de voler quand bon lui semble Il incarne la justice et la
violence et assure la protection de ses disciples contre les mauvais
esprits Ainsi le kankourang incite agrave lobeacuteissance et agrave lordre dans
cette socieacuteteacute Dans la tradition diola le kankourang repreacutesente un
pouvoir mystique capable de choses extraordinaires dont la socieacuteteacute
moderne avide de raisonnement ne pourra trouver une explication Au
cours de la circoncision les initieacutes subissent un certain nombre
deacutepreuves physiques que le diola appelle samasso Il doit se soushy
mettre agrave lensemble de ces eacutepreuves consideacutereacutees comme indispensables
agrave sa formation pour lui permettre de juger ses capaciteacutes physiques
mais eacutegalement deacutepouver sa valeur intellectuelle morale et sociale
Il pourra aussi se mesurer aux autres dans le domaine de la consideacuteration
et du respect En quittant le bois sacreacute le jeune doit posseacuteder une
grande partie des qualiteacutes humaines et socisles quil faut agrave un howmE
pour vivre en harmonie avec la socieacuteteacute traditionnelle Il serait bien
sOr possible dans le cadre dune eacutetude plus approfondie de parler de
bien dautres rites et pratiques traditionnelles
Notons cependant que le rite de la circoncision appartient aux anc~t~es
et que dans les villages reacutecents ougrave les structures ont changeacute on ne
Jeux jours avant la re~trfE cans le bois sacr[ les adolescents so~r
-
- Jo shy
por lE diola 11-071- doit rester en harrc1iE avec lE
tal lanimal lui-mecircme les ancecirctres les geacutenies Le rit~ du rasdge co~sist~
acirc ~loigner la ~alchance de lenfant Si l~ ritE nest pas respecteuro eumlr es
parents du futur initieacute celui-ci connaicirctra la malchance pendant toute sa viE
Ce rite a aussi pour faculteacute deacuteloigner le mal et de preacuteserver lenfant des
mauvais esprits
Le rite de leau sacreacutee se fait un jour avant lentreacutee dans le bois sacrEacute
Les femmes doivent se garder davoir le moindre contact avec leau beacutenite
pour se preacuteserver des conseacutequences facirccheuses qui pourraient en reacutesulter La
tradition veut quune seule goutte soit capable de deacuteclencher lavortement
l chez la femme enceinte de rendre steacuterile la jeune fille ou de provoquer des
menstrues perpeacutetuelles chez la femme ayant atteint la meacutenopause bull
bull Le rite de la forge protegravege le futur initieacute pendant son seacutejour dans le bois
sacreacute Mais cette protection seacutetend bien au-delagrave et de rite veut que toute
personne qui y faillit soit condamneacutee agrave devenir leacutepreuse
Pendant plusieurs semaines les jeunes initieacutes subissent une formation capishy
tale qui fera deux des hommes complets
313 Croyances et pratiques mystiques
Si nombreux sont les diolas convertis au Christianisme ou agrave lIslam leur
foi napparatt jamais incompatible avec leurs croyances animistes Lhisshy
toire des rois et reines diolas nous reacutevegravele quils eacutetaient les ffprecirctres fl de
ces cultes feacutetichistes destineacutes agrave maintenir la fertiliteacute et agrave provoquer
la chute des pluies De nos jours existent encore des socieacuteteacutes secregravetes agrave
base religieuse ou magique la plus redouteacutee eacutetant lassociation neacutecrophashy
gique Kousanga des Floup (1)
Deux fafu expliquent la coexistence du dogme et de la croyance
le contact tardif de la socieacuteteacute diola avec les civilisations eacutetrangegraveres
et leacutevangeacutelisation ou lislamisation quelles veacutehiculaient Il e~ reacutes~lt~
une importance des traditions leur reacutesstance agrave une remise en questic~ ce qui confegrave~e agrave la socieacuteteacute diola un caractegravere conservateur
r~c~~i]EE 2~fr~~ ~c - t
ct ~Cc egraveE~ Cimiddotilisatilaquo~ eacute
la neacutecessiteacute de lanimisme consiegraveeuroreacute comme base de toutes legrave~
religi0~s uumlegrave serait-ce que corr~e tentative ciexpliquer li1explishy
cable en se repreacutesentant en particulier comme un ensemble de puisshy
sances mystiques Ainsi pour lanimiste agir sur la nature cest
intervenir psychologiquement aupregraves de ceLX qui la gouvernent
314 Imeact des moeurs sur la prat~que de la lutte diola
Lorigine de la populariteacute de la lutte eugrave milieu diola est par trop
impreacutecise aussi nous nous limiterons agrave en donner la signification
actuelle La lutte apparatt dabord comme un moyen privileacutegieacute deacutedushy
cation
- sur le plan corporel afin de deacutevelopper la force lagiliteacute la
rapiditeacute et la souplesse
- sur le plan moral afin de deacutevelopper les vertus caracteacuterielles
courage tenaciteacute digniteacute bullbullbull neacuteces~aires agrave laction
Mais la lutte apparatt aussi comme un mpyen dinteacutegration sociale car
le jeune diola qui se refuserait agrave se sbumettre agrave leacutepreuve de la lutte
encourrait un isolement alors que celui qui excelle en bravoure devient
rapidement populaire Dougrave ces affrontements agrave linteacuterieur dune classe
dige qui tout en restant un moyen de reacutejouissance servent eacutegalement
agrave eacutetablir des comparaisons
Nos observations et nos interviews confirment le caractire tris physique
de la lutte diola immeacutediatement les lutteurs sont au corps agrave corps et
les techniques consistant agrave aracher ladversaire priment sur toutes les
autres Exprimer sa force est une preacuteoccupation constante il suffit pour
sen persuader de voir le groupe de lutteurs peacuteneacutetrer dans laregravene au son
du Born bol on que rythme le claquement de mains des femmes
C~tte da~se est une deacutebauche dAnegie Ougrave les lutteurs pieacutetin~Ert avec
force L sol
i shy
3141 EorphologUgrave et valeur physiques du lut teur diola
Le lutteur diola possegraveagrave~ un deacuteveloppement caracteacuteristique du trai~
supeacuterieur et de la musculature doso-lombaire Ceci est tregraves certaineshy
ment lieacute au maniement de la houe de la daba et surtout dukadiando
dont lusage permanent a modeleacute la morphologie du lutteur diola
La valeur physique de ce lutteur semble reposer sur sa force sa
reacutesistance mais aussi sa rapiditeacute
3142 Reacutepertoire technique
Dans le Blouf la forme du corps la plus utiliseacutee est le deacutecalage souvent
combineacute avec un crochet de jambe (gal gal) ceci semble ecirctre lieacute agrave
lutilisation quotidienne dans les riziegraveres du kadiando Le paysan du
Blouf sera ameneacute agrave faire un mouvement de torsion pour deacutecalerlinstrushy
ment enprenant appui sur son genou et ceci continuellEment pendant toute
la jourpeacutee Chez les diolas du Fogny le kadiando eacutefait surtout utiliseacute
par les femmes qui soccupaient autrefois exclusivement de la riziculture
et ce n~est quaujourdhui que les hommes cultivent le riz 1
La principale culture dans le Fogpy est celle du mil on y cultive aussi
de larachide De ce fait loutil le plus utiliseacute est le donkoton qui
est un instrument tregraves petit avec un manche court et dont le maniement
expliquerait peut-ecirctre leacutetonnante musculature du train supeacuterieur et surshy
tout de la zone dorso-lombaire du 4i6la fogny qui excelle dans les techshy
niques en force genre arracheacute avec les bras sur contrOle de la ceinture
de ladversaire Lulisation du donkoton semble eacutegalement expliquer la
garde tregraves basse du lutteur fogny
Dans le kassa on aurait pu trouver la mecircme forme de lutte car la morphoshy
logie du lutteur est agrave peu pregraves la mecircme mais linterdiction formelle de
la prise du ~gimbe modifie et limite tout le repertoire technicult2 ou
lutteur Le lutteur kassa adopte une garde basse et agrave une preacutefeacuterence pc~r
legraveS tc~-iccedilues n passa~ dessous - - ~ shymiddotmiddotcrc t--=~ c-
----
contact et agrave partir de ce TtoTteuront ils peuvent se relever et conti~uEr
en lutte debout jusquau terrassemen~
Toutes les gardes sont rapprocheacutees en milieu diola
irbi trage
Les combats sont arbitreacutes par un deacuteleacutegueacute geacuteneacuteralement anClen lutteur
Ces anciens lutteurs ont pour rocircle de veiller au bon deacuteroulement du
combat La victoire est deacutecreacuteteacutee dans les cas ougrave un des lutteurs se
retrouve en position assise sur le ventre sur la cuisse ou les
genoux (sauf dans le Kassa)
Il existe un autre mode de victoire celle qui est proclameacutee agrave la
suite dune supeacuterioriteacute eacutevidente du~ des lutteurs A savoir quand
un lutteur soulegraveve tregraves haut son camarade et que son manager estime i
quil est pratiquement battu il peut arrecircter le combat en touchant
dabord le lutteur adverse popr eacuteviter que son lutteur ne soit terrasseacute
tregraves fOrt Nest-ce pas un deacutecision sage des managers qui peut contribuer
agrave maintenir le caractegravere reacutecr~atif de la lutte joola 1
La victoire dun village sur un autre village ne se mesure pas au
nombre de victoires obtenues par lensemble des lutteurs En effet
il suffit que le champion soit battu pour que le village soit consideacutereacute
comme deacutefait Ce qui explique limportance et le seacuterieux que le village
accorde agrave la preacuteparation des championsl)
Il est cependant important de signaler que larbitrage dans les centres
urbains revecirct une iautre forme beaucoup plus codifieacutee et cest peut-ecirctre
une des raisons qui font quen milieu urbain la lutte diola perde une
partie de son originaliteacute
En dehors des techniques speacutecifiques agrave chaque sous-groupe il faut
signaler quil y a une multitude de prises et quelGues formes de corps
comTIunes agrave letnn Car reconnaissons qu il cO unE ror-euro approp=i~eacute
dE ~ouvane du l~tteur diola en TaI
-----~-----
LE tableau ci-dessous se propose dE reacutesumer les diffeacuterentes consideacuteshy
rations techniques envisagEacutees dans cette partie
FORlŒSSOGS-GRGUPES 1 COItltOLE GA~JESDt CORF=
i ~
1 1
Passage dessous de jambes et BassE KASSA saisies Moyenne1annexes bras (rapprocheacutee)
ceinture tecircte
Deacutecalage de Moyenne et BLOUF Demi-souplesse Ngimbe
HauteHancheacute Bras (rapprocheacutee)
Jambe
Arracheacute CouFOGNY Tregraves basse
Hancheacute ii 1
1 1
3 14 3 bull LeIIa~~jueetlecom~ortementdulutteur-+iola
1 Le comportement et lattitude du lutteur dans laregravene pe sont en fait
t
que le reflet de sa psychologie et plus partiCUliegraverem t de son eacutetat
dacircme Or il napparatt pas abusif deacutetablir des cor eacutelations entre
le psychisme dun individu et lempreinte eacuteducative quil a subie En effet en sortant du bois sacreacute le jeune diola a acquis un ~ca~~l
eacutequilibre physique et mental
Cette matrise de lui-mecircme permet au lutteur dans la~egravene dadopter
un aire enjoueacute de manifester beaucoup denthousiasme~ La lutte devient 1
essentiellement un jeu laspec ludique y est privileacutegieacute et ~ela influe
sur le comportement du lutteur
Ainsi queurolq~c soit limporta~cE de le~je~ le lutt~c~ dic1e Seuroreacute
to~jours serein et s~ livrera sa~s arri~re pe~s6e da~$ ~E CO=beacute ou-
tons que le lutteur diola est trecircs fair-play et sil arrive quun rdnd
lll L COIicircilU1Ul L ULOF
32 J Preacutesentation
La soc tEacute wucirc10f est celle qU1 a eacuteteacute la plus marqueacutee par la colonisation
~~ fait peut-gtre de sa position geuroographiquE dune part ct de 50~ imporshy
tanCE sur le plan dfmographiquE dautre part En effEt ceurootteuro CC-~ucircautE
wolof repreacutesente environ 20 de la population seacuteneacutegalaise
Elle est constitueacutee de pecirccheurs (ce sont les leacutebous) dagriculteurs de
fonctionnaires de lEtat mais surtout de commerccedilants
A pqrtir de leur reacutegime dimplantation le Cayor le Walo le Baol le
Djolof et la presquicircle du Cap-Vert les wolofs ont tendance agrave irradier
sur lensemble du territoire sous leffet de leur speacuteculation agrave la culshy
ture de larachide et du nombre important de fonctionnaires quon trouve
dans cette ethnie
322 Les moeurs et croyances wolofs
Bien queacutetant en grande partie des musulmans convaincus les wolofs
conservent toujours une croyance animiste et continuent agrave faire des
sacrifices agrave porter des cornes ou des morceaux de bois agrave la ceinture
aux jambes ou aux bras et agrave croire agrave lexistence des Djinneacutes et des
Raps bull
Le Djinneacute cest une creacuteature malfaisante en geacuteneacuteral capable de choses
extraordinaires Il possegravede des faculteacutes surnaturelles Cependant dapregraves
la croyance animiste certains Djinneacutes peuvent ecirctre bons
Le Hapl cest une creacuteature ayant des dons occultes appartena71t agrave une
famille ou agrave une communauteacute et dont le rOcircle est de veiller cu daider
les reCJrES de le fai11p ou dt la conmunauteacute en cas de da1gel Le Rap
~ ut te c ) ~~c-
ei sltcificE cJ sanl dE meut0 dL chat de pC)wleurot 5E1lt les conveuroshy
lances parfois leur dorner COrllTe offrande du lait Laii
Qua1d une famille ou une communauteacute neacuteglige les Sarakh (ici dans
le sens de sacrifice ou Offrande) elle se voit aussitocirct vouEacutee agrave la
maleacutediction des mauvais esprit~ (fcllec dans touteacuteS lEs ~treprises
de la vie maladie mort bullbullbull ) Les lieux ougrave habitent ls Taps et ougrave
se font les sacrifices se nomment Khambs
Geacuteneacuteralement le khamb se trouve dans lenceinte de la maison ou
dans un coin approprieacute du village Les lieux du khamb sont marqueacutes
par la disposition de calebasses de pilons de morceaux de poterie
briseacutes de grosses pierres de cornes et dautres objets heacuteteacuteroclytes
La superstition wolof est tregraves marqueacutee En effet pour le wolof toutes
les manifestations quotidiennes trouvent leur signification dans le
mysticisme Citons agrave cet effet quelques ezemples Une femme enceinte
ne doit pas marcher agrave nimporte quelle heure de la journeacutee Certaines
heures de la journeacutee lui sont interdites le Timiss (creacutepuscule
le Ndjo~or (de 13 H agrave 14 H de lapregraves-midi) le souf-segravede (de
minuit i4 H du matin) Selon la tradition ~t la croyance wolof les
mauvais ~sprits choisissent ces heures pour jeter des sorts Et la
femme enceinte eacutetant tregraves vulneacuterable le Djinneacute essaiera de lui insufshy
fler son souffle pour atteindre son beacutebeacute afin dentratner soit la
meacutetamorphose de cedernier en monstre soit de le tuer avant sa naissance
Dailleurs pour le wolof et pour certaines autres ethnies au Seacuteneacutegal
le timis le tdjolor le souf-segravede repreacutesentent des peacuteriodes de
la journeacutee ougrave lon ne doit pas se hasarder dans les rues et les champs
Ce sont des heures propices aux apparitions des Djinnes sous nimporte
quelle forme humaine ou animale
Il est eacutegalement interdit au wolof de marcher ou de serti la nuit du
~eacutellfria-
loutes c~s pratiques ~ystiqu~s et cr0ya~ces religi~us~5 ~xistent eL~~[
certainement dues agrave un meacutetissage culturel Parallegravelement aux feacutetiches
aux incantations et agrave lutilisation des safaras (substance magique)
notons lexistence de ga l a tchs (ce sOnt des talismans ougrave sont inscrits
du qui les porte Toutes ces croyances biEn sucircr auront une rEacutepercussicrI
sur leacuteducation du jeune wolof
323 Leacuteducation du wolof
Pour caracteacuteriser leacuteducation wolof nous avons penseacute donner comme
illustration cet extrait de la revue DEM ak TEY Pour deacutefinir leacutedushy
cation le wolof fait appel agrave un symbolisme qui eDglobe aussi bien les
moyens mis en oeuvre Yar que le reacutesultat obtenu agrave laide de ces mecircmes
moyens cest-agrave-dire la formation et le deacuteveloppement de lecirctre humain
ou Yaru
Le substantif Yar deacutesigne le fouet
Ce symbolisme deacutesigne donc au-delagrave du simple sens mateacuteriel de lobjet
lutilisation qui permet daboutir au reacutesultat escompteacute (Yaru) Au sens
geacuteneacuteral Yar deacutesigne tout instrument servant agrave infliger une punition Le
terme laisse supposer agrave priori que cette phase de lenfance durant lashy
quelle se preacutepare la vie de lhomme est lieacutee agrave la souffrance au supplice
Dailleurs une maxime wolof compare lenfant agrave une tige quon a tout le
loisir de redresser alors quelle est encore flexible bull
bullbullbull Pour leacuteducateur wolof la perfection nest point de ce monde malS
le devoir de chaque homme est de tendre vers la pleacutenitude en luttant
contre ses propres faiblesses Leacuteducation va d01c iisister essentielle~(-~t
sur lexercice quotidien de leacutelevation ffiora1e d~ lindividu Pour cela
elle privileacutegie la patience munI) vertu dabneacutegdtion et dE deacutesinteacuteresseshy
m(~t autour dE laquelle sarticulent toutes ]e~ ~u~~~s qualiteuros
i _
aan~ ~ s0cieacutet gt~olcf ocirclt~tartt nul -Jt- poulait sabecircisstr
tion de sa libertEacute La liberteacute est le preuumler drcmiddotir dE l ho-)euro egrave~S
baigner dans une beacuteate admiration du passeacute la comparaison avec le pr~$(middott
si~posc dclle-mecircme car lon reste s reacute devant la deacutesinvolture aVEC
laquelle dES honmes daujourdhui descendants de cette ~~~EacuteTatic ccedil~l se
une fois [largis bullbull tTasque fiers davoir fait leacute priS0n PEut-2tTE
faut-il mettre cela sur le compte de lurbanisation et des nouvelles
valeurs qui ont pour nom enrichissement reacuteussite sociale avec ce que
cela comporte de deacuteshumanisant et de deacutepreacuteciateur (1)
3 bull 2 bull 3 1 bull Lesri tes
Le sevrage et la circoncision constituent les deux grandes phases initiashy
tiques chez le wolof
- Le rituel du sevrage est appeleacute maga1 (litteacuteralement rendre grand)
Cest un eacutevegravenement important aussi bien pour les parents de lenfant que
pour la co~unauteacute Durant cet eacutevegravenement qui survient geacuteneacuteralement deux
ans apregraves la naissance du beacutebeacute les personnes vivant dans lentouragE
apportent leur soutien moral et mateacuteriel
- le rituel de la circoncision revecirct pratiquement la mecircme signification
que dans les autres ethnies seule la forme diffegravere La circoncision reste
encore une eacutepreuve de la vie au sort i r de laque Ile ladolescent devient un
homme Aujourdhui il faut noter une meacutetamorphose de la structure sociale
et des croyances religieuses tregraves accentueacutee aussi bien chez les wolof que
chez les autres groupes ethniques et ceci est peut-ecirctre dO au contact
permanent quils ont avec la socieacuteteacute occidentale
Malgreacute ces constat~tions il semblerait pcu=tant qUE la sociecirct~ lecircbou Gci
bien que se trouvaLt en grande partie dans ~a Presquth du Cap-ETt Et
en contact permane~t avec les blancs soit la portior la plu8 cc~serva-
----------~_- ---~-- -----
~
Incidences d s ~00urs sur la l~ttE
Le wolof connaicirct deux formes de luttes la lutte sirplE- sans t-t
la lutte avec frappe La lutte avec frappe a une crigi~e purement r
et ce nest que plus tard quelle devint une prati1uE sportive et lud
preacuteparer agrave la guerre Aussi tout en luttant On eacutetait autoris~ agrave frapper~
griffer mordre voire introduire son doigt dans loeil de son adversaire
Le jeune wolof devait eacutegalement se livrer agrave la lutte avec frappe afin de
favoriser son insertion dans la socieacuteteacute adulte et sinitier au meacutetier de
soldat faute de quoi il ne pouvait se faire entendre ne avoir des marques
de respect Pour montrer la populariteacute de la lutte dans le Cayor signalons
que les Damels ll (rois) et les Teignes (nobles) nheacutesitaient pas agrave sy
livrer Quant au IIMbeu~ (lutteur) elle lui servait de moyen de promotion
sociale car d8S que sa reacuteputation eacutetait eacutetablie il pouvait ecirctre choisi
par les rois et les nobles comme garde de corps
325 Signification de la lutte en milieu wolof
La lutte se pratique dabord pour lhonneur qui est une vertu tregraves signishy
ficative pour le wolof Elle permet de renforcer les liens amicaux entre
les jeunes de villages diffeacuterents Le champion veut gagner
confiance et la consideacuteration de son village de ses amis
Etre champion cest aussi susciter ladmiration chez les
sentant la force la viriliteacute et la deacutetermination
326 Organisation d~s eacutepreuves de lutte
3261 Les Mbapatts Ce sont les seacuteances nocturnes
pour meacuteriter la
et des anciens
filles en repreacuteshy
Ils sont organiseacutes apregraves les reacutecoltes agrave la fin de la saiscn des pluies
Ceci surtout p~ndant les peacuteriodes de clair de lune car ils peuven~ durEr
toute la nuit Le but des ~Dapatts lt=tait de prfpa-er FhysicuemeH et
~ arb Sil
326 Le 1
cest une organisation beaucoup plus importante que les I~apatts ~
loccasion de laquelle on peut voir plusieurs lutteurs de grande reDommfe
saffronteLLa fin dl lamb est toujours couronneacutee par une grand co~bat
duquel le vainqueur est sacreacute champion de la contrecirce
Le choix du lieu est lieacute agrave limportance de ce lieu dans le village cest
la place publique ougrave geacuteneacuteralement se passent toutes les manifestations
assembleacutee geacuteneacuterale sabar (danse) cest aussi lendroit ougrave sont prises
les grandes deacutecisions
3623 Lappariement
Dans un village ou un quartier les lutteurs se regroupent en lang
(eacutequipe) et jamais deux lutteurs de mecircme lang ne se rencontrent lors
du lamb
L appariement s~ fait librement entre lutteurs de lang diffeacuterents l1hs
une regravegle veut ~uavant de lutter avec le Mbeur Kanur de tel lang si
on est soukh (l~tteur pas encore confirmeacute) il est neacutecessaire de lutter
dabord avec ses soukh et ce nest quapregraves les avoir terrasseacutes tous
quon se voit octroyer la chance de lutter contre lui
Notons que la cateacutegorisation des lutteurs par poids nest jamais prise
en consideacuteration
3624 La tenue du lutteur ou NGIMBE
Le middotNGimbe est confectionneacute par le marabout de la famille ou du clan Il
est constituecirc de pagnes en coton tisseacute geacuteneacuteralement offerts par la megravere ou
la grand-megravere du lutteur ceci lors des organisations de ~rande Tportance
COrlune lef 1amb Dans le cadre des l-bapatt les pagnes sont C tErts peumlr
~~~rcfcis ct ffi~mc aujourdhui d218 cErtaInes fa~ille5 on devj~Gr
luttEur de pegravere en fils et dans ce cas h 1
gimbell du pEgravere Est recircr i tEacute
par le fils Le fait de porter le lI~gimbe agravee ses aiumleux peut susciter
cne~ le jeune lutteur une motivation et une volontecirc in~branlable rlasshy
surer 12 supeacuterioritEacute cis SIcirct-ns dallS
le xgimbe de la famille ne touche pas le sable
La tenue du lutteur a une signification et une importance sur le plan
mystique car selon les anciens le vrai feacutetiche du lutteur celui qui
le proteacutegera agrave vaincre le Djinneacute ou le Rap de ladversaire se trouve
cacheacute dans ce Ngimbe Celui qui confectionne-le Ngimbe est doueacute de
faculteacutes occultes
~~r~i~rg Il est assureacute par un sage du village qui geacuteneacuteralement fut
championde lutte de son temps Dailleurs cet ancien nintervient que
si le terrassement est litigieux
Hormis le public qui proclame la victoire ou le match nul le lutteur
lui-mecircme est arbitre et il arrive quil se deacuteclare vaincu ~ous
pouvons citer comme exemple Meacutedoune KHOULE un des plus grands lutteurs
seacuteneacutegalais qui a donneacute une victoire agrave Djeacuteri SADIO son adversaire qui a
reacuteussi agrave lui faire toucher le sol de la main
Il Y a terrassement quand le lutteur se retrouve
- assis sur le sol
- eacutetaleacute sur le dos
eacutetaleacute sur le cocircteacute
les deux genoux au sol
- les deux ma~ns au sol
la tecircte (front au sol agrave la suite dune brouette)
Il peut y aVOIr match nul si apregraves li1 temps ccmsideacuterable les lutteurs
SE sont ~ ivrEacutes respectivement agrave des assauts rEacutepEacutetEacutes et n arrivEt pas a
3265 L~ precircparation mystique
Il faut reconnattre quon ne peut parler de lutte en milieu wolof sans
envisager une preacuteparation mystique seacuterieuse Co~~e ~ous lEvans vu a~teacute-
1middot ~ d ~ ~rlturenent t0utes es actlvmiddotltesmiddot u W010 sont lles a SeS croyances
- la lutte ne concerne pas seule~ent deux acteurs se livrant faruumlucheshy
ment agrave un combat au milieu de laregravene mais eacutegalement les marabouts et les
feacutetichistes du village ou du clan qui doivent deacutefendre leur savoir et
leur prestige Avant le combat le lutteur doit se livrer agrave un certain
nombre de preacuteparations mystiques pour assurer sa victoire Aussi sommesshy
nous appeleacutes agrave parler de BACK (cest le chant et la danse du lutteur)
- le batteur de tam-tam compose un rythme en fonction du Galagne ou du
Senghor (gds-gris) du lutteur Chaque galagne sera choisi en fonction
du Rap ou du Djinneacute correspondant au Totem du lutteur
Le chant geacuterleacuterique Feinte woy veut dire litteacuteralement composer un 1
chant Ce chant est geacuteneacuteralement composeacute par les filles du viilage du
champion ou par un griot de sa communauteacute Et agrave travers ce chrnt on
arrive agrave toucher la corde sensible du lutteur en chantant lesl innombrables 1
victoires de ses ancecirctres ou en lui rappelant ses prouesses eacuteblatantes 1
Chaque lutteur doit avoir un chant et un back qui lui sont propres
327 Le reacutepertoire technique et les caracteacuteristiques physiques dulutteur wolof
Le lutteur wolof est geacuteneacuteralement moyen de taille la musculagraveture est
tregraves saillante ce qui fait ressortir un aspect tregraves athleacutetique ceci
est vrai sans exception pour le lutteur leacutebou mais il arrive que le Cacircyoshy
rien le baol-baol le walo-walo soient de grands gabarits de forte constishy
tution
CepEndant pour une meilleure compreacutehension du sujet nous pouvons eacutetudiEr
deux jroups d lut teurs qui vont deacuteterminer deux st yI e s de lut tes
- ~ t
les tc~tativ~s de~[reacutee e~ ramassement de jambes de la~v~sairL Ce~~
peut Ecirctre expliqueacute par le fait que les lutteurs leacutebou ou walo-walc qui
sont des pecirccheursadoptent cette garde tasseacutee du fait quils so~t tou-
jours pencheacutes en tirant le fil ou en poussant la plrogue On verra techrugravequeacutes dt cirr 2C ~lt 5Jllicitocirct
surLuumlut les membres supeacuterieurs
Le cayorien et le baol-baol par contre sont les plus grands cultivateurs
darachide chez eux les techniques de lutte sont plus varieacutees et la
garde est moins renfermeacutee Les lutteurs cayorien et baol-baol ont une
morphologie et une reacutepartition musculaire bien eacutequilibreacutee ils excellent
dans les techniques en deacutecalage les techniques de jambe et surtout les
techniques de riposte ougrave lon peut voir des prises de hancheacute tregraves amples
Dune maniegravere geacuteneacuterale on peut dire que le lutteur wolof est un fin
technicien qui sait surtout creacuteer les opportuniteacutes e~ avec sa rapiditeacute
utiliser la force de ladversaire pour le deacuteseacutequilibrer le noodju
le mbas le weacuteheacuteleacute et le rasu sont des techniques propres au lutteur
wolof
En deacutefense il utilise surtout des kl~klets ou gal-gal Notons que
le balancement des bras ou Lewato e$t tregraves marqueacute dans la lutte wolof
TABLEAU RECAPITULATIF DES COMPOSANTES TECHNIQUES
( 1 )
1 SOUS-GROUPES GARDES CONTROLES FORHES DE CORPS l
Walo-walo Basse de jambe Arracheacute l l10yenne de Ngimbe et i
Leacutebou Tasseacutee et saisies annexesj Deacutecalage 1 1 distante de bras de tecirct1
j de bras Deacutecalaeuro
~-----------------~-
- ~ ~- shy - ~ ~ bull L _ _ bull
Profil psyc~~iqUE du lutteu- et son comporterent dars l 2regravere
La preacuteparation mystique dans laregravene est plus marqueacutee chez les wolofs
que ChE~ les autres ethnies En effet on verra de grands champions
preliGrE plusiEurs heures pour Enduire leur corps de cll2badep ou ci
rmiddot- ~ a la proprieacuteteacute de proteacuteger li1egraveividu J
les mauvais sorts) Cest dailleurs un aspect dt la luttE qui iJcsc
des problegraveJles
Le lutteur wolof est tregraves superstitieux et la peacuteriode de preacuteparation
est capitale pour lui car elle permet non seulement de rendre
hommage aux ancecirctres mais aussi dintimider son adversaire Cest
geacuteneacuteralement un lutteur agressif combatif et teacutemeacuteraire Il se fait
souvent remarquer par son esprit dentreprise Mais cette fougue dans
le combat lamegravene parfois bien que ce soit regrettable agrave oublier les
usages et les normes Ce manque de maicirctrise de soi peut faire croire
que le lutteur wolof manque de fair-play ce qui nest pas toujours le
cas
~A~Ugrave~ t 4AA CbUrs k LA ucirctotve f~tPle Sesect prores mou W ~ lesquelles vont se couler les comporteme~ts individuels qui sont ainsi
monteacutes par et pour lautoriteacute sociale
Les faccedilons de boire de marcher ou de sasseoir se manifestent indivishy
duellement dans le corps de chaque personne ces habitus sont cependant
des montages sociaux lieacutes agrave des significationssymboliques variables
dailleurs selon la position sociale occupeacutee par chaque sujet Ces modes
dagir se rangent dans un systegraveme de montages symboliques et lindivishy
du les apprend de la socieacuteteacute dont il fait partie agrave la place quil occupe
Lhabitus est un montage social agrave la valeur symbolique deacutependant des pheacuteshy
nomegravenes deacuteducation et de prestige et lieacute agrave la position sociale du sujet
Cette penseacutee sonne de faccedilon eacutetonamment moderne
Pierre BOURDIEU qui dans une perspective a approfondi le contenue de la
notion en le reportant aux oppositions entre classes et fractions sociales
Il deacutefinit lhabitus comme un systegraveme de dispositions durables acquis au
cours dune histoire personnelle dans une milieu social donneacute systegraveme qui
engendre ensuite des pra~iques socialement deacutetermineacutees faccedilons de manger
de parler ou de marcher comportements de politesse contenu des preacutefeacuterencel
et des deacutegoOts bullbullbull lhabitus est le produit de conditions eacuteconomiques et
sociales Lauteur rattache directement la formation de lhabitus dun
individu agrave la trajectoire parcourue par celui-ci dans sa classe dapparteshy
nance il deacutefend lideacutee dun habitus de classe qui deacutefinit le sens confeacuteshy
reacute agrave la pratique sportive les profits qui en sont attendus
Ce dernier serait lui-m~me lieacute agrave un systegraveme de valeurs ou ETHOS de classe
prenant sens au sein doppositions distinctives entre classes sociales
De sorte lhabitus fonctionne comme un systegraveme dt- regravegles inteacuterioriseacutees
souvent informuleacutees permettant ou non agrave lagent de sadapter dembleacutee aux
multiples pratiques de la vie quotidienne et de la vie sportive il est agrave
lorigine des schegravemes de transcription qui favorisent les ajustements aux
situations corporelles nouvelles (1)
t ~
(1) P~IE11D dwi6Han ISpoy-l et sodeacutebi Approche Bocio-culturelle des pratiques P~tis Vigot 1981 page 81
33
331 Preacutesentation
Les Seacuteregravere auraient pour origine le Fouta Toro quils auraient quitteacute
vers le Xllegrave siegravecle pour fuir lislamisation de cette reacutegioD par lempire
dJ Xali (ils seraient donc apparEnt~s aux Peul et Toucouleur ) Ils
auraient trouveacute dans la rEacutegion du Sine les Sosseacute dorigine manding avec
lesquels ils salliegraverent
Au XVegrave siegravecle une autre immigrationSos~ conqueacuterante cette fois-ci
apporta son organisation eacutetatique Ils se divisegraverent en deux monarchies
deacutemocratiques lune seacutetablit au Sine et lautre au Saloum Les Sosseacute
conqueacuterants constituaient lautocratie appeleacutee Guelowar
La royauteacute seacuteregravere eacutetait laiumlque Les premiers souverains durent secouer
la tutelle des Toucouleur et progressivement arrivegraverent agrave unifier lethshy
nie des seacuteregravere etdea Sosseacute Les deux royauteacutes eacutetaient organiseacutees selon
acirces modegraveles tregraves deacutemocratiques Le souverain deacutependait dune assembleacutee
de ministres et de chefs locaux qui assuraient ladministration centrale
et reacutegionale())
Aujourdhui lethnie seacuteregravere repreacutesente 20 de la population seacuteneacutegalaise
Ils sont reacutepartis sur presque toute leacutetendue du territoire notamment
dans le Baol la reacutegion du Sine-Saloum et la reacutegion de Thiegraves
Signalons quil existe plusieurs sous-groupes dans lethnie ainsi on
trouvera
- dans la reacutegion de Thiegraves les Ndut les Safegravene et les None
- dans le Sine-Saloum les Sine-sine et les Saloum-salouIT
On trouvera vers foundioune et agrave Nioro du cocircteacute de la Gambie les
Niominka (pecirccheurs) Cest une portion tregraves mandinguiseacutee
( 1
Le rattache~2~t d~ to~s ccs sous-groupes pose problecircme ~25 0~ r0~V~
uc grande partie de traits COITul1uns dans leurs modes dE vie Ct pOUT phs
de faciliteacute nous allons essayer de faire une ~tude globale de la lutte
traditionnelle seacuterecircre Lactiviteacute socio-eacuteconomique qui est essentielleme~t
agro-pasorale caracteacuterisE leacutethnie seacuteregravere
332 Lecircducation les moeurs les croyances et pratiques sEr~rc
Chez les Seacuteregravere la vie humaine se deacuteroule selon les grandes eacutetapes
le baptecircme lenfance ladolescencemarqueacutee par la circoncision lsectge
adulte le mariage la vieillesse et la mort (funeacuterailles)
La vie de la communauteacute seacuteregravere reste une des plus originales sinon
celle qui de nos jours garde la presque totaliteacute des pratiques et
habitudes traditionnelles
Bien qu aujotltdhui con~r-tis aux religions chreacutetienne et musulmane les
Seacuteregravere conservent leurs croyances et pratiques animistes
Quelque soit leur degreacute dadheacutesion aux religions reacuteveacuteleacutees les Seacuteregravere
croient en un Dieu puissant et miseacutericordieux Rog Segravene et les hommes
Les ~angols sont repreacutesenteacutes mateacuteriellement dans tous les villages
seacuteregraveres par des arbres (baobab et tamariniers) des animaux (geacuteneacuteraleshy
ment serpent doreacute ou iguane) des ustensiles (pilon calebasse et mortier)
De nombreux teacutemoignages nous apprennent que certains totems (serpent
iguane) font leur apparicion agrave loccasion de certaines manifestations
rituelles comme les sacrifices ceacuteleacutebreacutes lors dun mariage de ceacutereacutemonies
mortuaires ou des circoncisions
Le Seacuteregravere comme il nous a eacuteteacute donneacute loccasion de le dire plus haut
preacutesente des speacutecificiteacutes authentiques aussi bien en tout ce qui touch~
son eacuteducation ses croyanCES et pratiques mystiques q~e ses activiteacute~
socio-ecirccc~omiquEs Apr~s a ~aissa~c~ le beurob~ ~~ pcs~ 5~~ lE S~ __
On lui mouille les l~vres avec un peu d~ lait de mil et apr~s U~ bain
purificateur on versera leau dans un trou cr~us~ derri~r~ la Camp~~
Pendant huit jours la megravere et lenfant sont cacheacutes dans la case car
selon les anciens ils sont tregraves vulneacuterables La case deacutens certains cas
est entoureacutee dun fil blanc et lon place sur le seuil des fais(cauy di
veacutegeacutetaux pour chasser les mauvais esprits (geacutenies malfaisants et illangeUY~
dacircmes) Au bout du huitiegraveme jour la megravere et lenfant peuvent sortir de
la case bull
bullbullbull Le matin du huitiegraveme jour la tante paternelle va chercher de leau
(plusieurs fois)t elle doit rester muette pendant ses alleacutees et venues
si elle parlait t lenfant pourrait ecirctre muet bullbullbull
La megravere et lenfant prennent un bain purificateur dans lequel sont
trempeacutees certaines plantes (ce sont des veacutegeacutetaux pr~tecteurs tels le
begravene le yag le ngud) On y lavera aussi le linge e1t les ustensiles utishyj
liseacutes pendant les huit jours qui viennet de seacutecoul~r On rase le crine
de lenfant Les cheveux sont donneacutes agrave la megravere qui ~s enterrera avec le
reste du cordon ombilical dans un endroit que11e esit seule agrave connattre
La megravere sassied sur une natte devant la maison Une femme igeacutee de la
famille prend le beacutebeacute dans ses bras et le preacutesente aux quatre coins de
lhorizon
La tante paternelle tient ensuite un van sur la tecircte de la megravere on y
verse le mil on y verse eacutegalement en abondance sur la megravere et sur
lenfant La tante oint ensuite le corps du beacutebeacute avec du lait e11e
touche en particulier le front t le nez la bouche la poitrine le dos
et les oreilles
Elle pose enfin un ~rain de sel dans la paume du beacutebeacute (le sel purifie
et deacutetruit les puissances mauvaises)
Apregraves un nouveau bain la megravere et lenfant revEcirctent des habits de fecircte
(est
lenfant Ce precircnore a toujours U~ SEns Il sy~bolise parfois C0 qUi
lOIl sounaitt agrave lEufant l)
La circoncision comme dans les autres ethnies est obligatoire Elle
permet au jeune adolescent dacceacuteder agrave la classe adulte Les jeunes
sont regroupes en classe dacircge dans le bois ougrave sc fait la r0tr~it0 des
circoncis et ceci pendant plusieurs mois
Le Selbeacute qui est geacuteneacuteralement un ancien craint de tous les eacutelegraveves
enseigne le respect de la hieacuterarchie la discreacutetion le goOt de linishy
tiative Les activiteacutes physiques et leacuteducation artistique ne sont pas
en reste la deacutecoration la sculpture la lutte et la danse A sa sortie
du bois linitieacute appartient deacutesormais agrave la classe des virils et des
sages du clan car on lui aura enseigneacute les vertus fondamentales que
sont la justice lhonneur lamour du prochain 1 amour du travail
lhonnecircteteacute et surtout le respect des coutumes ancestrales
Le rite du mariage esd aussi un fait tregraves important dans le monde 1
seacuteregravere mais par manq~e dinformation nous serons obligeacutes de nous en
tenir lagrave
333 Impact des ethos sur la lutte dans le monde seacuteregravere
Lorigine de la lutte seacuteregravere ne semble pas claire ma1S nous pouvons
dire quil existait deux formes de lutte comme chez les Wolofs une
lutte sans frappe et une lutte avec frappe Et cest cette derniegravere
qui peut-ecirctre nous ameacutenerait agrave croire que la lutte seacuteregravere aurait une
origine plus preacuteciseacutement guerriegravere
Aujourdhui la lutte est uniquement une activiteacute sportive agrave travers
laquelle le jeune seacuteregravere eacutevalue sa force son courage et SOn ingeacutenioshy
siteacute Cest une occasion de deacutefendre lhonneur de son village ou de
la corrnnunauteacute
La luttE ~5t avant tout u~e rnanifcs[dtic~ c~lturclie et surtout
fo lkhriqut-
Gracircce agrave elle on peut deacutesormais comprendre un certain nombre de chants
et de symboles A travers la lutte seacuteregravere on ccedilomprend les inter-relashy
tions entreacute la vie et le monde surntiturel
Sil devait y avoir la mort dun villageacuteois pendant la fecirctE au T qUE
de linterrompre on proceacutedait gracircce aux connaissances magico-religieuses
agrave la suspension de la mort jusquagrave une peacuteriode ougrave la population sera plus
disponible pour organiser des funeacuterailles sil y eacutetait preacutedit la possibishy
liteacute dune deacutefait du champion local au profit dun champion dun autre
village des recettes dordre maginque et religieux eacutetaient mises en prashy
tique afin que le champion du village ne soit jamais terrasseacute(J)
334 Le profil du lutteur seacuteregraver~
Le lutteur seacuteregravere est par essence un athlegravete impressionnant de par sa i
carrure et sa musculature saillante mais cest aussi une force tranquille
et calme quelque soit lenjeu du combagravet et particuliegraverement lhonneur
Cet aspect nous pousse agrave parler du NGiMBE cest-agrave-dire de la tenue du
lutteur qui va influencer sur sa faccedilon de lutter
La confection du Ngimbe revient agrave la communauteacute entiegravere Le Ngimbe a
une signification symbolique et le lutteur pour meacuteriter la confiance du
groupe se doit de tout faire pour ne pas toucher le sol Toute la commushy
nauteacute elle aussi sengage pour assurer la longeacuteviteacute et le succegraves du lutteur
dans laregravene par lorganisation droffrandes et de sacrifices en lhonneur
des Pangols bull
bull
Daucuns nheacutesitent pas agrave dire que lessentiel du mysticisme se fait agrave
la maison et non dans laregravene tout le reste nest quintimidation de
ladversaire
lsvcns
Tt- pi ~- t
t 1 ~ l _ ~ t
par rapport agrave lautre Cbci est trEgraves lieacute agrave lactiviteacute journaliegravere du
jeune seacuteregravere qui est un cultivateur donc toujours bien planteacute sur ses
jambes et qui continuellement manie lhiler
Le fait de couper le boi~ peut eacutegalement constituer un moyen de muscushy
lation non neacutegligeable pour le jeune lutteur
Un certain nombre de traits techniques speacutecifiques au lutteur seacuteregravere
semblent ressortir des diffeacuterentes interviews que nous aVOns fait subir
agrave certains lutteurs seacuteregraveres et agrave diffeacuterents techniciens
SOUS-GROUPES FORMES DU CORPS CONTROLES GARDES
SAFEN Moyenne en fente NONE Hancheacute Bras (distante) j
NDUTJ
f
SINE-SINE Deacutecalage Ngimbe
Moyenne
SALOUM-SALOUM Passage- Jambe (rapprocheacutee) 1
i
PETITE dessous Tecircte Basse et 1
COTE Moyenne (rapprocheacutee)
Notons que le Niominka ll commence agrave lutter agrave partir du sol pour avoir
assez deacutelan et sauter sur ladversaire afin davoir la prise du lion
(contr6le de la nuque et du bassin)
Co a -tem-nt ccedilt attitude du lutteur sEacuteregravere335 np -1t ~
Les croyances mystiques sont indissociables des activiteacutes quotidiennes
duseacuteregravere Ce qui explique le cocircteacute supersticieux du lutteur seacuteregravere En
~ffet certains lutteurs refusent de lutter avant certaines heures
Certains teacutemoignages nous apprennent quil nest pas donneacute agrave tout le
monde decirctre champion de lutte et que le lutteur doit avoir des dons
surnaturels pour ecirctre agrave mesure de livrer ses combats dans la nuit
et trouver seul un gris-gris speacutecial appeleacute Njatch
Le vrai champion de lutte chez les seacuteregraveres ne lutte pas seulement avec
~a force et sa technique mais surtout avec ses dons occultes
Chez les seacuteregraveres les morts sont toujours preacutesents et les ~pangols
Servent dintermeacutediaire entre les hommes et les morts Le pangol prend i
le nom dhumain dans certains villages (IIHeacuteJga NDONG Har Wag NGOUYE) i 1
De ce fait on verra le lutteur danser dufe maniegravere ou dune autre en
fonction du pangol de sa famille Ainsi nrus aurons le back (chant et
danse du lutteur) des DIOUF des FAYE etclbullbullbull
Dans laregravene le lutteur seacuteregravere a un comportement exemplaire aussi bien
agrave leacutegard de son adversaire direct quave~ le public en geacuteneacuteral Lexpli shy
cation semble tenir au fait que le lutteur seacuteregravere est avant tout selon
la tradition orale le repreacutesentant de toute la communauteacute seacuteregravere Par
conseacutequent il devra saffirmer non seulement en tant que lutteur dans
laregravene mais aussi en tant quentiteacute morale
336 La tenue du lutteur ou NGIMBE est confectionneacutee par le marabout de la
famille ou du clan Le Ngimbe est constitueacute de pagne en cCton tisseacute
Il doit ecirctre propre le lutteur qui le porte ne devra pas avoir de rapshy
port sexuel pendant toute la peacuteriode des cOTpeacutetitians car le Ngi~bE ne
doit pas ~tre souilleacute
Autrefois et mecircme aujourdthui dans certaines familles on devient
lutteur de pegravere en fils et dans ce cas le Ngimbe du pegravere est heacuteriteacute
par le fils Le fait de porter le Ngimbe de ses aieux peut susciter
chez le jeune lutteur une motivation et une volonteacute ineacutebranlable dtasshy
surer la supeacuterioriteacute d~s siens dans ltaregravene Il fera tout pour que le
Ngimbe de la ramille ne touche le sable
La tenue du lutteur a une signification et une importance sur le plan
mystique car selon les anciens le vra1 feacutetiche du lutteur celui qui
le proteacutegera et laidera agrave vaincre le nDjinne ou le tRapu de ladvershy
saire se trouve cacheacute dans ce Ngimbeu bull Celui qui confectionne donc le
Ngimbe U est doueacute de faculteacutes occultes
337 Larbitrase est assureacute par un sage du village qui geacuteneacuteralement fut
champion de lutte de son temps Dailleurs cet ancien nintervient que
si le terrassement est litigieux Hormis le public qui proclame la vicshy
toire ou le match nul le lutteur lui-mecircme est arbitre et il arrive
quil se deacuteclare vaincu
Nous avons pu cfter Meacutedoune KHOULE un desplus grands lutteurs seacuteneacutegashy
lais qui a donn~ une victoire agrave Djeacuteri SADIO son adversaire qui a reacuteussi
agrave lui faire touegraveher le sol de la main
IlL
34 1 Preacutesentation
Lethnie toucouleur vit En grandt partit ciE~~ la vallfc du S~~~gal
pt reprecircsente i peu pr~s 8 de la population totale secircn~galaise
o Histoire
Il semblerait que dans lancien royaume du Tekrour (IX~ siegravecle) des
eacuteleacutements neacutegroiumldes Sarakoleacute et des Peul aient formEacute par meacutetissage le
peuple Toucouleur (Toucouleur serait dailleurs une deacuteformation du
mot portugais Tacouror)
Ce empire a domineacute aussi bien les wolofs de lOuest que les Peul
nomades du Fouta Toro Cette reacutegion fut le premier pays islamiseacute par
les Almoravides ce qui peut expliquer le proseacutelytisme toucouleur
Ce sont les guerriers toucouleur islamiseacutes qui attaqu~rent avec les
Almoravides la capitale du Ghana Koumbi en 1067 On convertit par
la force les animistes Cest sans doute agrave cette eacutepoque que de nombreuses
ethnies reacutefractaires agrave lIslam ont dO accentuer leur migration vers
le sud (Seacuteregravere wolof Sarakoleacute Bambara Songhaiuml Akan et Peul se reacuteshy
fugiaient vers les hauteurs du Fouta Djalon)
Au XIXegrave siegravecle les Toucouleur allaient trouver en El Hadj Omar Tall
un grand conqueacuterent qui sous le preacutetexte religieux de la gJerre sainte
contre les tribus animistes (entre autres Bambara) eacutetendit lempire
toucouleur sur presque tout lensemble du gali et la partie de la Guineacutee
proche du l1ali
Lempire toucouleur composeacute de Sarakoleacute de Bambar~ de ~alinkeacute de
Xassonkeacute dE Peul et de Dogon eut le meurorit~ dunir CES diif~rentes ~ ~ - - - - - et~ics ~t dE CD~stituer l~Sl la b2S~ ~r 1
_ ~ ~ ~_ L ~
~ ~- ~- - - ---- _ 1 v _ t 1 ~-_ --
marabout tOL~culcuuml~ ~ middotlrrany a l ick SI venu des E1i rClS dE Pocior~ (
~ Vi~ euroconomicue et sociale -----------~-------------
Les Toucouleur sont des cultivateurs mais bien quils n~ soie~t pa~
pasteurs comrre les Peul leacutelevage a une place inportarteacute decirc1S ltur
eacutecono~ie Pour faciliter leur conquecircte guerriegraverE ils c~t Eucirc une preacuteshy
dilection pour leacutelevage des chevaux On y trouve aussi des pecirccheurs
appeleacutes Tchioubalo La socieacuteteacute toucouleur aurait une stratification
sociale tregraves rigide Les groupes ethniques et les castes eacutetaient
diffeacuterencieacutes et strictement exogamiques les Rimbe classe des nobles
comprenant la famille reacutegnante et les guerriers libres la classe des
Nieacutenieacutebegens de castes artisanales i les Rimaibeacute anciens esclaves
devenus serviteurs qui portent les noms de famille de leur maicirctres A
la base de lorganisation de la collectiviteacute toucouleur se situe le
village (Wouro)
Toutes ces castes sont cloisonneacutees entre elle~ Ainsi il nest pas
permis agrave un Torodo (noble) de se marier avec un Tchioubalo Ces
consideacuterations sont importantes dans le domaine de la lutte ougrave nous
apercevrons que les nobles ne sont pas faits pour lutter Le noble
preacutesidera les seacuteances de lutte et on luttera pour lui Ces condeacute rat ions
de noblesse et de rang social sont extrecircmement importantes dans le
monde toucouleur
Le noble ne doit pas se salir on lutte pour lui il ne vit la lutte
quen tant que spectateur
342 Education moeurs croyances et eratiques religieuses
Deux formes d~ducation sont agrave consideacuterer leacutedJcatio~ dES enfarts Et
celle des adultes
oG lenfant sait m2n~~r et apprfcier le goOt d~5 ~iifeurorents r~pas lt
le moment ougrave il CO~~e~CE agrave marcher
tivirt n~sormais le petit toucou]eur est eacuteduquf par toutmiddot 12 f2~i)]E
dabord puis par toutes lespersc~nes du village ou du C13~
Lenfant peut ~tre corrigeacute par tout adulte appartenant au groupe social
Son eacuteducation est deacutesormais laffaire de toute la communauteacute et non
exclusivement celle ces parents On linitie ainsi au travail quotidien
qui se fait dans la bergel~ e les champs et les bords du fleuve Au sein
du village il pourra apprendre agrave filer la laine et agrave tisser des pagnes
dans les champs il apprend agrave manier la houe et lhiler pour la culture
du riz et du mil Mais signalons que lactiviteacute essentielle du toucouleur
est leacutelevage des boeufs des moutons et des chegravevres Chez les Ichioushy
balos (p~cheurs ) lenfant sera initieacute tregraves tat au maniement des pagaies
agrave la p~che propremccedilnt dite et agrave la nage
Vers cinq-six ans lenfant est confieacute au maicirctre coranique le Ihierno
et ce dernier dispose exclusivement de toute sa vie Lavenir du jeune
enfant lui appartient
Comme dans les autres groupes ethniques les enfants sont regroupeacutes en
classe dacircge et cest dans cette structure que lenfant subit les rite
de passe et plus particuliegraverement celui de la circoncision
La circoncision est non seulement unE opeacuteration chirurgicale malS surshy
tout une peacuteriode au cours de laquelle le jeune garccedilon passe de leacutetat
dadolescent agrave leacutetat dadulte Les circoncis sont reacuteunis en classe
dacircge dans un endroit situeacute hors duvillage geacuteneacuteralement choisi par les
vieux Cet endroit n~st accessible que par des individus de SExe ffi8SCUshy
li~ ~ta~t au preacutealabl circoncis
- - - -
quable et complet sur le plan phy~ique et ~oral Ai~si liniti~
acquiert les qualitecircs indispensables que sont le courag~ la modest
lesprit de sacrifice lendurance
Le toucoule~r est un pleux musulma~ Cela sexp1
SOil le premier agrave tre en contact avec la religion musulmane de par sa
position frontaliegravere Lethnie toucouleur de par son histoire a preacutesenteacute
les plus grands chefs militaires et religieux musulmans seacuteneacutegalais Et
pour illustrer cela on peut citer en exemple la grande famille musulmane
des SY agrave TIVAOUANE repreacutesentant la confreacuterie des TIDJANES
Bien que lon note une majoriteacute musulmane on peut dire que certaines
croyances et pratiques mystiques et animistes persistent encore surtout
dans la reacutegion du fleuve
Une pratique courante se fait elle sappelle le Djatt Elle consiste
agrave faire sortir le caiman du fleuve agrave limmobiliser et agrave lattacher
sans quil ne reacuteagisse et tout ceci agrave laide de versets et dincantashy
tions magiques Dapregraves les teacutemoignages ces pratiques sont plutocirct
freacutequentes chez les Tchioubalos (pecirccheurs) Il arrive aussi que cershy
tains chasseurs ayant des dons se livrent agrave certaines pratiques an1shy
mis tes qui consistent agrave invoquer certaines puissances et agrave moduler sous
forme de chant des versets occultes pour se proteacuteger des mauvais esprits
et pour eacuteloigner les fauves Ce chant est geacuteneacuteralement incompreacutehensible
et deacutenueacute de sens pour le profane
343 Activiteacutes ludiques et pratiques sportives en milieu toucouleur
Durant toute son histoire lethnie ~oucouleur a toujours EacutetEacute Frese~teacute~
comme celle qui avait ue activit essentiellement guerr e e~ particushy
liegraverement farouche Trois eacuteleacutements ret r t l ecirc t te nt i c- euro so~t
le manie~~nt du ~acircton 12 luttE Et 1eacute danSE
l
Lecircducation ph~sique et artistique Dcc~pe un place precircpondecircra~rp
dans la fDrmat~on du jEune toucouleur A loccasion agraveeacutevegravenemen~ imporshy
tants reacutecoltJs mariages baptecircme nous assistons agrave des manifestashy
tions folkloriques de grande envergure le Wango oucirc dailse toucouleur
tregraves gymnique iles chants et surtout les sEacuteances de lutte
La lutte toucouleur est la forme de lutte la plus spectaclaire dans
tout le territoire seacuteneacutegalais Elle est essentiellement baseacutee sur des
techniques en hancheacute et surtout en souplesse Ceci sexplique par le
fait q~e le jeune toucouleur est tregraves tocirct initieacute agrave la gymnastique (saut 1
per saut de main salto arriegravere saut de tecircte couronneacute etc bullbullbull ) pour
la dans~ du wa~go En dansant le wango qui est une danse rythmeacutee et
gymnique le Jeune toucou1eur est capable de prouesses extraordinaires
1
En lutte lattaquant se deacuteplace tregraves peu pour avoir une bonne saisie
(geacuteneacutera~ement controcircle du Ngimben ) et enchaine brusqueme~t avec une
attaque surpris~ Cependant les ripostes sont souvent surprenantes et
spectaculaires (baseacutees sur la souplesse et la rapiditeacute) ontrairement
aux autr~s form~s de luttes ougrave lon voyait tous les jeune adheacuterer la
lutte to~cou1eur Verra un groupe de speacutecialistes sadonne agrave la lutte 1
(la lutte est lieacutee agrave la position sociale de lindividu problegraveme de
caste)
Q La morphologie du lutteur toucou1eur 1
1 1
Ce dernier nest pas aussi large et aussi fort que les lutteurs diola
et seacuteregravere Cependant il est tregraves reacutesistant La musculatJre est saillante 1
et tregraves souple lindividu est longiligne mais tregraves athleacutetique
Les mouvements de lutteurs sont semblables agrave ceux dun grand fe1in Cette 1
morphologie semble ecirctre lieacutee agrave la position geacuteographique de lethnie
(reacutegion du fleuve) et agrave lacitiviteacute socio-eacuteconomique du toucouleur qui
est agrave la fois cultivateur (activiteacute lieacutee agrave la crue et deacutecrUE du fleuve)
pecirccheuro~T CIcr~icubaon) et sttout jEumlrgcr qui est U~ rc~2eumlr
shy
Deux formes egrave~ corps sembl~nt ecirctre preacutefeacutereacutees du lutteur toucouleur
le hancheacute et la souplesse Les hancheacutes sont faits agrave partir de plusieurs
positions de doset se terminent geacuteneacuteralement par des techniques de
tregraves grande amplitude
TABLEAU RECAPITULATIF DES TECHNIQUES ET FORMES DE CORPS SPECIFIQUES
i
L441 r
GARDE FORMES DU CORPS CONTROLES --shy - -
Moyenne Souplesse Ngimbe
Hancheacute bras
Demi-souplesse
1
Profil psycholosigue 1
TECHNIQUES
ContrOle du bassin et 12 souplesse
arriegravere
Klicket et allegravegement de la hanche
Le lutteur toucouleur est celui lUi se livre le moins aux preacuteparaqons
maraboutiques Cela est dO au f~t que le toucouleur est un grand ~USUlshyman et que les pratiques animisges ont presque disparu dans ce mil~eu
Dans la pratique le lutteur esJ combaif mais il est calme et tr~s reacutefleacutechi quant agrave la deacutecision agrave prendre en plein corps agrave corps ct~st un des seuls techniciens qui reJte tregraves lucide au cours de ses comb~ts
l Dans toutes les circonstances e lutteur toucouleur est tenu de re~pecshyter son adversaire et ceux de s4n eacutequipemecircme sil est vaincu
Comme nous avons dO nous en rendre compte la rigueur des principes
eacuteducationnels a une influence tregraves sensible sur l~ comportement du
toucouleur
i
III S COCL ~s 1DO
Dans cette partie nous avons essay~ de montrer lftroite re1atic~
Entre les diverses activiteacutes socio-eacuteconomiques dans les ethnies et
lES diffEacuterentes faccedilons de lutter
Daucuns seraient tent~s de conclure trop rapidement et cest p0~r
cette raison que nOUS avons penseacute preacuteciser que le pheacutenotype nest
pas geacuteneacuterateur du geacutenotype Et nous sommes convaincus que la morphoshy
logie et les techniques des lutteurs relegravevent de leurs modes de vie
et de leurs croyances agrave une eacutepoque et danE un contexte bien deacutetermishy
neacutes
Est-ce que les lutteurs dio1a ou seacuteregravere travaillant avec leurs bras
dans les champs auraient les mecircmes pr 0 fil s physiques que les lutteurs
utilisant des machines pour lagriculture
- 69 shy
I UJOURDH~1 E-S ut O[l LES FORfilS Ut LU11t~
~otons que notre enqu~te a ecirctE essentiellement faiteen milieu urbain
Les seacuteances de lutte ont tendance agrave perdre leur particulariteacute de r~shy
jouissance pour devenir des pheacutenomegravenes de sportisatio Deux fores
de luttes so~t principale~cnt prat s dans les aregrave~es du 5 al
la lutte traditiunnelle simple et la lutte traditionnelle avec frappe
De nos jours la lutte traditionnelle tend vers une reacuteglementation
et une institutionalisation
Le reacutesultat de nos investigations nous donne le tableau ci-dessous
REPARTITION ETHNIQUE SUR 100 PRATIQUANTS
LUTTE LUTTE RAPPORTETHNIES SANS FRAPPE AVEC FRAPPE J2
Diola 40 16 71 j
Seacuteregravere 26 21 57
Toucouleur 23 10 69
Wolof 1 1 53 17
La demande sociale par ordre deacutecroissant pour la lutte sans frappe
se preacutesente comrre suit
]0_ Ethnie diola avec pregraves de 3 lutteur~ sur 4
2deg_ Ethnie toucouleur
Ethri dun
~ 1 LA LUTTE TR])IIIO~~ELLE AVEC H-PPE
Cette forme deacute lutte a une histoire qui date de lantiquiteacute elle
sa~pelait le Pugilat Au Seacuteneacutegal elle a vu le jour dans le Cayor
bien avant la colonisation Le coup dE pied l~Lrdn~lement la morshy
sure la frappe et le doigtf eacutetaient permis dans le cc=bat ~ ~middot~p0~~e
Dans certains cas la giffle eacutetait beaucoup plus dangereuse que le
poing quand elle eacutetait donneacutee par un speacutecialiste Cette giffle pouvait
agrave elle seule deacutechirer et mecircme parfois amputer la joue de ladverser
Selon les informations la lutte avec frappede nos jours serait une
forme de lutte tregraves eupheacutemiseacutee de celle dantan ougrave une blessure
pouvait souvent ecirctre mortelle
Aujourdhui au niveau du folklore la lutte na plus la mecircme
le spectaculaire a remplaceacute le significatif iLa lutte avec frappe se 1
pratique surtout dans les centres urbains C~aque fois quun grand combat 1
est progra~eacute par le Comiteacute National Proviso~re (CNP) des centaines damashy
teurs sont mobiliseacutes vers le stade lba Mar D~OP qui est aujourdhui le i
lieu approprieacute ougrave se deacuteroulent les grands conkbats de lutte Cest la formE
de lutte qui semble drainer une foule de personnes beaucoup plus importante
que celle de la lutte simple
La lutte avec frappe deacuteriverait dune forme de lutte traditionnelle
pratiqueacutee jadis dans le Cayor au temps des Damels et la frappe serait
le substitut dun certain nombre de pratiques doigteacute jet de produits
etc bullbullbull dont le but eacutetait laveuglement de ladversaire La lutte avec
frappe serait une continuation logique dune carriegravere sportive de la
lutte traditionnelle qui sen sert comme moyen socio-eacuteconomique En
effet la majoriteacute des lutteurs avec frappe ont dabord eacuteteacute initieacutes agrave la
lutte simple Cependant il faut signaler que de nOS jours il arrive
que le jeune lutteur avec frappE- soit directenent formEacute conne speacutecialistE
agrave la frappe sa~s pour autant faire son chemin dabcrd egravea~s la lutte
- ~ shy
Le recircsultat dE ~os interviews ncus rec~trE qGune pcpulatiD~ divcrsishy
fiampe sint~resse agrave ce sport et qUE les intecircr~[s des uns et d~SlautrE~
semble~t divergents naucuns affirment que la lutte traditionnelle
avec frappe serait monteacutee par des personnes dont la vocation est dexshy
ploiter ce pheacuteLomegravene agrave des fins commerciales Dautres disent gJellegrave
jouit de mcyens irport~nts t[l[~isio
tation etc bullbullbull ) pour toucher toutes les couches sociales CEpe~~a~t
nous remarquons que mecircme si certaines personnes reprochent agrave cette
forme de lutte decirctre brutale ces mecircmes personnes nheacutesitent pas agrave
se rendre le dimanche agrave laregravene Bien que critiqueacutee elle semble ecirctre
adopteacutee par une tregraves grande partie de la population seacuteneacutegalaise Cepenshy
dant en tant que techniciens il nous est permis de faire une remarque
Il sagit de
- Limpression nette decirctre devant des professionnels de la frappe
qui sont ~ntratneacutes pour cela Dailleurs les propos que nous avons
recueilli~ nous prouvent que la plupart des champions de lutte avec 1
frappe s~ntratnent dans certains sports de combat tels ~ue la boxe i 1
le karateacute le judo Dans cette nouvelle forme de pratique de la lutte
contrairefuent agrave la lutte traditionnelle le technicien e~t souvent
perdant face au puncheur Ce dernier adopte une lutte agrave distance qui
lui permet de placer agrave bon escient ses coups animeacute du deacutesir de vaincre
Le technicien lui se voit contreacute dans toutes ses entreprises par
un uppercut ou un crochet
On peut dire cependant que nul sport au Seacuteneacutegal que la lutte tradishy
tionnelle avec frappe ne deacutechaicircne autant de passions et autant de
pheacutenomegravenes poussant agrave lexcegraves et deacutereacuteglements quon ne peut que deacuteplorer
Mais comment deacutecrier un spectacle de lutte qui bien quayant perdu la
presque totaliteacute des valeurs traditionnelles veacutehiculeacutees autrefois par
elle sait susciter une participation effective de tous ceux qui sont
preacutesents
CONCLUSION
Dans ce meacutemoire nous sommes efforceacutes ~e faire ressort ir limportance des
ethos et des habitus et leurs effets sur la pratique de la lutte tradishy
tionnelle au Seacuteneacutegal
L~b egravethos repr~sentent dune maniegravere g~neurorale tous les eacuteleacutements speacutec
fiques sux Seacuteneacutegalais par conampeacuteguent un systegraveme de valeurs traditionnellEs
Mais m~me si ces valeurs rev~tent une signification universelle (honneur
digniteacute courage etc bullbullbull ) il nen demeure pas moins que ce nest pas leur
nature qui fait leur speacutecificiteacute mais la hieacuterarchisation et limportance i
quon accorde agrave toutes ces valeurs de ~ar leacuteducation ou la culture
i 1
Aussi les valeurs traditionnelles puient leur speacutecificiteacute dans les
caracteacuteristiques propres aux eacuteleacutements ~e la socio-cu1ture (la technologie
et leacuteconomie la politique et la pareteacute la psychologie et lideacuteologie)
dans la socieacuteteacute seacuteneacutegalaise agrave n momen donneacute de son eacutevolution Cest i
dire la neacuteceesiteacute de ne point faire della valeur une reacutealiteacute statique
Cest dite aussi quagrave tout mome~t le ~eacuteneacutegalais peut eacutevoluer et creacuteer
ou vivre par conseacutequent de nouv~lles fprmes de valeur qui lui sont 1
propres ft (J)
La lutte traditionnelle veacutehiculant deS valeurs socio-cu1ture1les speacutecishy
fiquement seacuteneacutegalaises (croyances valeurs morales norme de comportement
opinion attitude bullbullbull ) devient un eacuteleacutement important qui tregraves certaiaement
nous aidera dans notre effort de valoriser et de peacuterenniser notre patri shy
moine culturel par le biais dactiviteacutes physiques et sportives
Leacutetude des habitus nous permet de prouver quil y a plusieurs faccedilons
de se mouvoir comme danser lutter bullbullbull qui varient avec les diffeacuterentes
ethnies (wolof toucouleur seacuteregravere diolagt leurs convenances et leurs
eacuteducations
(1) Revue Ethiopiques 31 Les valeurs traditionnelles et le problegraveme de leur inteacutegration dans les systegravemes modernes jtducatio-1 2 6r--70
nautre part cette eacutetude permet aussi de nous rendrE compte de la
correacutelatipn eacutetroite existant entre la pratique de la lutte traditionnelle
et le sta~ut socio-eacuteconomique du pratiquant
Nos inves~igations nous indiquent que la lutte recrute essentiellement
au niveau des classes socio-eacuteconomiques situeacutees en bas de leacutechelle
donc posseacutedant le statut social le moins favoriseacute La lutte avec frappe
-et un certain secteur commercialiseacute de la lutte simple- y trouve sa
leacutegitimiteacute Comme le dit BOURDIEU nA habitus diffeacuterents styles de Vle
divergents et il oppse les pratiques aristocpatiques correspondants agrave
des activiteacutes qui favorisent les situations eupheacutemiseacutees ougrave la stylisashy
tion est importante aux pratiques populaires qui font appel agrave des
qualiteacutes qpposeacutees bllutes rugueuses Certaines interviews nous
montrent que plus lindividu occupe une place eacuteleveacutee dans leacutechelle
sQciale e~ 1
moin$ il sinteacuteresse agrave la lutte
Les reacutesultats recueillis dans nos diverses investig~tions confirment 1 1
1er propos qui disent que nous assistons aujourdhu~ agrave une involution
de la lutte traditionnelle parce que perdant toutes ses speacutecificiteacutes au 1
pryfit d~ne autre forme de lutte que lon continue agrave appeler nostalshy
giqlementIIlutte traditionnelle
Ceci pourrait peut-~tre trouver une explication dan la citation suivante
La liberteacute de creacuteer dinnover de vivre Pleineinenf decirctre soi et de
preacuteserver son authenticiteacute la digniteacute et lhonneu1demeurent des illushy
sions dans la misegravere eacuteconomique~ Nos ancecirctres creacuteai~nt des valeurs de cishyl
vilisation parce quils eacutetaient libres parce qu1i~s ignoraient toute
deacutependance eacuteconomique ils cultivaient en eux et cbez leurs enfants le 1
Jorn et la Kersa et preacutefeacuteraient la mort agrave la hoJte lI (1)
Or le Seacuteneacutegal comme la plupart des pays africainsi est un pays sousshy
deacuteveloppeacute t cependant face agrave cette volonteacute du gou~ernement seacuteneacutegalais
de faire inteacutegrer dans leacuteducation des valeurs traditionnelles nous
pouvons espeacuterer utiliser comme moyen deacuteducation la lutteacute traditionnelle
qui reste quand mecircme vecteur jethos et dhabit~s
- 54 shy
Mecircme si lon a noteacute un appauvrissement notoire sur les plans socioshy
culturel et moral la lutte traditionnelle recegravele une gamme importante
et varieacutee de techniques permettant incontestablement une ouverture vers
les luttes olympiques libre et g~eacuteco-romaine
La lecture de ce meacutemoire permettra agrave lentratneur et au professeur de
lutte en fonction du lieu ougrave ils seront affecteacutes dans le territoire
seacuteneacutegalaisdavoir une information sur les techniques contrOles et
formes de corps propres agrave chaque groupe ethnique et de les mettre en
relation avec leurs croyances et leurs mentaliteacutes
Nous avons essayeacute de montrer que la pratique de la lutte traditionnelle
doit tre axeacutee sur une ethnomotriciteacute au Seacuteneacutegal qui permette une inishy
tiation facile Cette pratique de la lutte traditionnelle seacuteneacutegalaise
devra dailleurs essayer de ~eacutepondre aux aspirations du Seacuteneacutegalaisl
moderne en souvrant aux ap~orts positifs des autres civilisations
ex~eacuterieures nous voulons Jvidemment parler du judo et des luttes oiymshyJ
piques 1
1 j Nous navons pas la preacutetentfon dans le cadre de ce meacutemoire demattrise
de reacutepondre agrave toutes les qutstions se rattachant agrave leacutetude de ~a lutte
traditionnelle souslangle~socio-culturel car non seulement il nous
manque lexpeacuterience et la c peacutetence en la mati~re mais aussil l le temps
et les moyens dont nous dis osions ne nous permettaient pas d~puiser le 1sujet i
1 1 1 t 1
l
- )5 shy
BIBLIOGRAPHIE
BIBLIOGRAPHIE
1- CLAPAREDE Psychologie de leacuteducation et peacutedagogie expeacuterimentale
Edition Delachaux et Niestleacute 244 pages
2- POCIELLC Christian Sport et Socieacuteteacute approche socio-culturelle
des pratiques Paris Vigot 1981 377 pages
3- PIERON Henri Vocabulaire de la psychologie
PUF Deuxiegraveme eacutedition 1957 469 pages
4- Revue socialiste de culture neacutegro-africaine ETHIOPIQUES
Les valeurs traditionnelles et le problegraveme de leur inteacutegration
dans les systegravemes modernes deacuteducation
GIA 21 Juillet 1982 213 pages
5- N2 Revue du Centre dEtudedes Civilisations DEM ak TEY
NIS IVegrave Trimestre 1982 96 pages
6- Document lNSEP Colloque sur la lutte aeacuteregravere
DAKAR MAI-JUIN 1980
t 1
~- Travaux du IVegrave Congregraves National ~es Sports agrave DAKAR les 2223041981
Bulletin n2 91 du CIO du 15 Aont 1965
l____________________________
8- Meacutemoire de Mattrise BADJI Abdou La lutte traditionnelle Joola
Etude et perspective
9- Meacutemoire Inspectorat JS DJITTE Mandy Les pratiques corporelles
traditionnelles au Seacuteneacutegal pour leur exploitation et leur
utilisation en peacutedagogie Marly le Roi 1980
REPUBLIQUE DU SENEGAL
--------------- INSTITUT NATIONAL SUPERIEUR
MINISTERE DE LA JEUNESSE DE LrsquoEDUCATION POPULAIRE
ET DES SPORTS ET DU SPORT
-------------
(INSEPS)
MEMOIRE DE MAIcircTRISE
Es-SCIENCES ET TECHNIQUES
DE LrsquoACTIVITE PHYSIQUE ET DU SPORT
LA LUTTE TRADITIONNELLE
son importance sa signification en fonction des ethos et des habitus ethniques au Seacuteneacutegal
Preacutesenteacute par
Monsieur Joseph Victor FAYE
Sous la direction de
M Jean Marc ROCHEZ
Professeur agrave lrsquoINSEPS
Anneacutee de soutenance 1984
iotre reacuteflexion se ci-conscrird au S-~sJl -t mecircle si le peuple
seacuteneacutegalais est o-igilaire de la volonteacute cocnmune due dizaine deacutethries
de vivre ensemble ~ous nous limitert~s 1 analyser les rapports quentr
tiennent les quatre grands groupes diola seacuteregravere toucouleur et wolo
et les styles de lutte correspondant
Nous entendons veacuterifier lhypothegravese quaux particulariteacutes ethniques
(mode de vie coutumes rites et croyances) correspondent des particushy
lariteacutes de lutte (signification valeacuteurs veacutehiculeacutees mode de pratique
regravegles dorganisation bullbullbull )
Ce meacutemoire consiste agrave reacutealiser une approche socio-culturelle du pheacutenomegravel
lutte en Afrique avec le secret espoir quil puisse servir de preacuteface
agrave lhistoire des diffeacuterents styles reacutegionaux que dautres ont commenceacute
agrave eacutecrire
gt Si nous devions justifier le choix dun tel sujet t tous les arguments
se regrouperaient autour dune meurome motivation recouvrir notre authenmiddot
ticiteacute
En premier lieu parce que nous adheacuterons totalement agrave ce souhait des
Pouvoirs Publics de mettre laccent sur une eacuteducation physique et spormiddot
tive qui tout en souvrant aux appels feacutecondants de la techniques
fondera son action dans les valeurs traditionnelles du pays La lutte el
tant que pratique eacuteducative et manifestation dessence collective est
bien placeacutee pour justifier cette tendance
Elle reacutepond aux aspirations dune eacuteducation physique et sportive qui
veut creacuteer les conditions de son deacuteveloppement et de qUumlI i~ertion dans
les habitudes sociales des populationsff(l)
(1) Travaux du IV~ C~n-r~s Sports de 2223 Avril 1981
WotrQ CCYVcftOl de llnteacute~t JiU W sectU~ e6t ~~pu_~ deacuteclarations de 2rsonnaliceacutes du monde sportif lLrlsi ce Ii1essage agrave lir shy
tention des dirig~ants africains
-ous ~ T beaucoup agrave apprendre de eus ous qui sans
cesse davantage oublions que leacutequilibre de lhomme veuc
quiL sinscrive harmonieusement t aussi bien dans la nature
que dans la civilisation deacutecouvrons que les Atricains nont
pas eacuteteacute initieacutes aux principes du sport et ses vertus au
contraire de maints pays europeacuteens par exemple aupregraves desquels
tout ou presque est agrave retaire agrave chaque geacuten~ration Lexercie
physique tait partie de la vie atricaine il est moyen de commushy
nication et de locomotion- (1)
Or la lutte constitue par excellence ce Veacutecu moteur que nous t1ansshy
mettons de geacuteneacuteration en geacuterieacuteration et ce patrimoine doit survivre agrave
toutes les agravegressions or iginaires dautres modes de civilisation dont
certains effets ne manquent pas de se faire sentir sur le devenir de la
lutte traditionnelle
A la preacuteoccupation de preacuteserver notre authenticiteacute sajoute celle den
assurer la deacutefense
Aussi au-delagrave de nOs analyses destineacutees agrave eacutetablir les rapports entre
modes de vie et styles de lutte nous nous poserons le problegraveme dune
codification objective de la lutte traditionnelle constituant la mise
en communauteacute des apports pertinents de chaque style reacutegional Ce style
national apparatt indispensable en raison de lavegravenement prochain dune
socieacuteteacute seacuteneacutegalaise nouvelle qui ne peut se b~tir que par un partiel
renoncement au passeacute et son contenu (2)
Enfin nous voulons faire partager notre ~nthousiasme gagner agrave notre
cause eacuteducateurs entratneurs de lutte les amener agrave reacutefleacutechir sur leur
pratique et peut-~tre les aider agrave tnseigner avec plus de coheacuterence cette
discipline pour le plus grand bien de notre jeunesse
(1) Bulletin n 91 du CIO du 15 AoOt 1965 - Page 15
(2) Cette preacuteoccupation semble ecirctre partageacutee par de nombreux pays afri shycains ougrave la lutte est de tradition on y pressent quagrave de nouveaux types de socieacuteteacute doit correspondre de nouveaux hlbitus En conseacutequence la lutte doit eacutevoluer Darlllegrave~1e1t SO3 pine d amptre in~niaterpnt l~l~dJl-J~ (Sw~JL~c~ ~ - 13 P~v~~L)ti-~l j Ld L~t~ cr~lJit0nn~l12
otgalisecirce pH la cmFJS - iJAKAR - lai ~~)
-5shy
II QUELQUES NOTIONS DE SOCIOLOGIE POUR UBE MEILLEUR~
COMPREHENSION DE LA LUTTE TRADITIONNELLE
Essayons dexpliquer simplement les termes ETROS et HABITUS et
ETHNOMOTRICITE pour la clarteacute de notre deacutemarche
ETROS dans sa deacutefinition premiegravere veut dire en parlant dun individu
lice qui distingue cet individu des autres (1)
En eacutetudiant cette signification dans le cadre de la sociologie on
entendra par eacutethos ethnique (eacuteducation croyance rite etc bullbullbull ) lenshy
semble des caracteacuteristiques dune communauteacute sociale
HABITUS QCe sont les habitudes et attitudes socialement acquises qui
sous-tendent et preacute-deacuteterminent partiellement les faccedilons de penser de
sentir dagir de tout individu et traduisent notamment le rapport quil
entretient avec son corps (2)
Dans le cadre de ce meacutemoire nous allons essayer de faire une approche
de la lutte traditionnelle sous deux angles dabord en leacutetudiant comme
habitus en tant que technique du corps et ensuite COmme habitus de classe
fonction du style de vie des individus et nous nous proposons dans cette~gt
partie de deacutefinir ces deux notions dhabitus
Marcel MAUSS dans une viseacutee anthropologique emploie ce terme dune maniegravere
tregraves large pour rendre compte des faccedilons dont les hommes socieacuteteacute par
socieacuteteacute dune faccedilon traditionnelle savent se servir de leur corps Ces
habitudes varient avec les individus et leur imitations elles varient surshy
tout avec les socieacuteteacutes les eacuteducations les convenances et les modes les
prestiges
Analysant de multiples techniques du corpsll la marche la course la nage
le beacutechage le saut la danse et toutes les techniques corporelles en geacuteneacuteshy
ral (techniques alimentaires sexuelles de soins de repos bullbullbull ) MAUSS
insiste sur le fait que celles-ci ne sont pas naturelles mais acquises
(1) PIERON Henri Vocabulaire de la psychologie 2egraveme eacutedition revue et augmenteacutee PUF 1957 page Ill
(2) POCIELLO Christian Sport et Socieacuteteacute Approche sodo-culturelledeacutell pratiques Paris Vigot 1981 pages 78-79
La notion dethnomotriciteacute part dune constatation
- la grande diversiteacute des caracteacuteristiques preacutesenteacutees par les pratiques
corporelles en fonction de leacutepoque du lieu des groupes elle teacutemoigne
de linfluence despotique des normeS et des valeurs sociales sur la mise
en jeu du corps
Dougrave sa deacutefinition
Le champ et la nature des pratiques motrices envisageacutees sous langle de
leur rapport agrave la culture et au milieu social au sein desquelles elles
se sont deacuteveloppeacutees (1)
Conseacutequence le contrat ludosportif est aussi un contrat social il
reflegravete la faccedilon dont une socieacuteteacute aime agrave se penser agrave se repreacutesenter bullbullbull
et accepte de se donner en spectacle
Lethnomotriciteacute donne naiss~nce agrave deux sortes danalyses
- lanalyse synchronique -ou eacutetude spacialeshy
de type interculturel agrave hagravebitus diffeacuterents styles de vie divergents
de type intraculturel apparition dhabitus de classe et de pratiques
distinctives
- lanalyse diachronique -ou eacutetude temporelle- ou eacutevolution sur une longue
peacuteriode des pratiques motrices pour une cateacutegorisation dindividus
Cette hypothegravese de lenracinement social de la motriciteacute est une atteacutenuashy
tion des explications psychologisantes consideacuterant lindividu indeacutepenshy
damment de son environnement et sexprimant en termes de goQts motivations
() PARLEBAS pierre Contribution agrave un lexique commenteacute en Science 4e laction motrice Paris Publication INSEP 981 322 pages
AicircAgraveLYSE CES iJFrADES iDe I LES EN flA TIERE
DE PRATIQUE DES SPORTS DE Oicirc-itlAT
Objet Veacuterificat~on de la theacuteorie de lhab~tus
Hypothegravese En raison de son histoire de ses speacutecificiteacutes des valeurs
symboliques dont on linvestit une pratique sportive est en faveur aushy
pris dun groupe de pratiquants en fonction dattentes de niveaux dexishy
gence de fierteacute dappartenance qui sont socialement et culturellement
deacutetermineacutes
Il sagit en quelque sorte danalyser les goOts et les motivations des
sportifs en rapport avec leur condition sociale et le sentiment attachi
agrave ce statut
Remarque Cette analyse sera meneacutee en fonction des classes sociales et
non agrave partir de cla~se dage ou encore de classe socio-politique comme il
est dusage pour toute reacuteflexion sur notre socieacuteteacute trJditionnelle
Cette particulariti provient du fait que nos enquites ont iteacute effectueacutees
en milieu urbain -en raison des problimes de temps et de moyensagrave Dakar
et agrave Thiis pour itre plus preacutecis et il est deacutesormais hasardeux de preacuteshy
tendre y retrouver les structures traditionnelles c~e on pourrait le
faire en milieu rural
Par classe sociale et nous inspirant de la notion marxiste -deacutefinition
du rapport aux moyens de production- nous entendons la distance_dun
groupe social aux postes de deacutecision et de responsabiliteacute Plus cette
distance est grande moins le statut eacuteconomique est eacuteleveacute
Nous distinguons quatre (4) classes sociales car au niveau dune telle
analyse nous ne pouvons preacutetendre agrave la finesse de discrimination indiciaire
de la Fonction publique par exemple
r~partieuml
come il egravest rsectc eacute dans 1 ablea~ ci-dessous
CATEGORISATIONGROUPE EXEMPLE DE FONCTIONADMISE
Administrateur civil - Ingeacutenieur - Meacutedec ilCadre supeacuterieur1 Officier - Professeur
Instituteur - Mattre dEPS shy2 Cadre moyen Secreacutetaire - Technicien
Chauffeur - Militaire Policier3 Cadre subalterne shyPatron - Artisan
Artisan - Cultivateur - Ouvrier temporail4 Non cadre Pcheur
Conditions denqute Six (6) sports de ~ombat sont officiellement
pratiqueacutes Ils possegravedent une structure para-eacutetatique de gestion de contr
ce sont
3 sports de preacutehension - JUDO - LUTTE LIBRE TRADITIONNELLE - LUTTE OLYMPIQUE
2 sports de percussion - BOXE ANGLAISE - KARATE
sport mixte - LUTTE TRADITIONNELLE AVEC FRAPPE
Pour chacun de ces sports 50 pratiquants ont eacuteteacute interrogeacutes sur leur
statut socio-eacuteconomique avec la discreacutetion et la prudence quexige ce
genre de question
Cette enqute sest deacuterouleacutee dans les conditions suivantes
JUDO
Lieu DAKAR - Clubs USTD - DUC - FJAKS - DOJO HOMAR DIENG
Date du 020J84 au 28-05-84
Circonstances Les principaux inteacuteresseacutes eacutetant la plupart sur le tatami
pour lentratnement il fallait souvent attendre la fin
de lentratnement uumlur pouvoir avoir une ou deux entreshy
vues de sorte qu~ le~qu~te a pris beaucoup plus de
On constate que le no~bre de p=a~iq~~-ts ~st ~eauccup plus importd~t dans
les groupes 2 et 3 - Il es ~oindre dans les grQupes 1 et 4
LUTTE LIBRE TRADITION~~LLE
Lieu Dakar - Thiegraves bull Aregravenes Landing DIAME - Ecurie Seacuteregravere (pregraves de
lautoroute) Lutteur diola - toucouleur - Entratneurs - encadreurs
de diverses eacutecuries Stade Iba Mar DIOP - Aregravenes de Pikine et de
Thiegraves - CNPES - INSEPS
Date du 040284 au 020684
Circonstances Elles sont parallegraveles car les pratiquants semblent beaushy
coup plus disponibles que dans les autres disciplines Notre travail
parfoi~ peacutenible en raison de la diversiteacute des ethnies repreacutesenteacutees
et la traduction n1est pas toujours aiseacutee
Observations
Nous constatons que la lutte libre traditionnelle est plus pratiqueacutee
par les groupes 4 et 3 que par les groupes 1 et 2
LUTTE OLYMPIQUE
Lieu CNPES - INSEPS - Iba Mar DIOP (Equipe Nationale) - DUC
Date du 040284 au 020684
Circonstances Les conditions sont meilleures dans la mesure ougrave le
hasard a fait que pendant cette peacuteriode leacutequipe nationale soit
en regroupement et ceci nous a permis d-interroger un nombre
important de lutteurs de grand renom
Observations
En raison du petit nombre de pratiquants r~guliers lenquecircte ne porle
que sur 2S personnes Arbitrairement pour les besoins de comparaison
les raisons de comparaison les reacutesultats cbtenus sont multipli~s par 2 bull
BOXE A~~GLISE
Lieu Iba l-ar DIOP - ASFA - ASFPO - SC -ASC JJAF - ASC lA
ugraveate du 201283 au 020684
~E~~~~E~~~~ Ici nous ferons la mecircme remarque que pour le Judo
Notons que toute lenquecircte a eacuteteacute faite agrave Dakar
Observation
La boxe recrute ses pratiquants surtout dans les classes 3 et 4 et
on note que le nombre de pratiquants nest pas aussi important comme
dans les autres disciplines
KARATE
Lieu YUKOKAI KARATE CLUB - SAMOURAI KARATE CLUB - Iba Mar DIOP
CLUB DE GIBRALTAR - ASFA - ASFA - ASFPO - GM Thiegraves
Date du 201283 au 020684
SE~~~~E~~~ Notre enquecircte se passait dans une ambiance sympathique
de camaraderie Geacuteneacuteralement apregraves la seacuteance dentratnement
Observation
Nous constatons que la distribution des pratiquants bien que favorisant
les groupes 2 et 3 semble plus homogegravene que dans les autres disciplines
~ LUTTE TRADITIONNELLE AVEC FRAPPE
Lieu Ecurie de Fass - Ecurie des Seacuteregraveres - Ecurie Mermoz
- Ecurie des Casamanccedilais
Date du 04-02-84 au 020684
Ccedilj~9~~~aEccedil~ Il est agrave signaler que cest la discipline ougrave l~ contact
avec les pratiquants a eacuteteacute plus difficile les speacutecialistes qui~ la plushy
part du temps semblent meacutefiants quand on commeucircce agrave leur poser des quesshy
tions preacutecises sur leur revenu mensuel
2 -liCc 055cllt le lle11ent SegraveS praLicltants dans le ba
de lecirc~helle ces~-agrave-dire dans le ~ruumlupe 4
~ecircsultats
Les reacutesultats enregistreacutes sont reacutecapituleacutes en nombre et en pourcentage
-agrave lapproximation pregraves- dans le tableau ci-dessous
LUTTE 1 LUTTELUTTEGROUPES BOXE KARATE JUDO AVEC OLYMshySIMPLE i i FRAPPE PIQUE
1 11 1 1 1
1 11 1 1 1 11 0 1 0 8 1 16 9 1 18 4 1 8 0 1 0 7 1 14
1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1
1 11 1 1 1 1 12 3 1
1 6 21 1
1 42 22 1 44 6 1 12 4 1 8 17 1 341 1
1 1 1 1 1 1 1
1 1
1 1 1 1 1
3 22 1 44 13 1 26 15 1 30 16 1 32 5 1
1 10 10 1 20
1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1
1 1 1 11 1 1
14 25 1 50 8 1 16 4 1 8 24 48 41 1 1 82 16 1 321 1 1 1 bull 1 1 1 1 1
1 1 1 1 1 11 1 1 1 TOTAUX 50 1100 50 1100 50 100 50 pOO 50 pOO 50 1100
1 1 1 1 1 1 1 1 1 1
Afin dG failiter la lect~~e je c~ table3~ t ~2 re~dre sig~ific~tives
s info~~ations quil contient ces difteacutere ts reacutesultats nu~eacuteriques
peuvent ecirctre formuleacutes selon des repreacutesentations graphiques
1 Clientegravele des Sports de combat
FIGURE l
Il apparatt nettement que les sports de combat recrutent essentiellement
dans le bas de la hieacuterarchie sociale ce sont des sports populaires don
propices agrave une massification de la pratique
Toutefois on peut nourrir quelques inquieacutetudes pour que soient reacuteunies
les conditions de leur deacuteveloppement en raison du faible statut quils
possegravedent au regard defllintelligentsia seacuteneacutegalaise
2 Hieacuterarchisation des gants sportifs en matiegravere de sport
de combat au sein des cadres supeacuterieurs -Groupe 1shy
FIGURE I[
La f-appe est honni aucl1 pratiqua1t de boxe Olt de lutte avec frappe
agraveUloins quelle fasse lobjet dune stylisation cxtrecircme COTIme cest le
cas dans le karateacute Ce groupe manifeste un seuil extrecircmement bas de toleacuteshy
rance agrave la violence ce qui explique les discours infamants degraves que la
lutte avec frappe est secoueacutee par quelques excegraves Leacuteopold Seacutedar SENGHOR 1
navait-il paS deacuteclareacute que cette forme de lutte eacutetait une atteinte permashy
nente agrave limage de marque du Seacuteneacutegal
Bien quil soit difficile de proposer une explication unique curiositeacute
esprit douvetture permeacuteabiliteacute aux modes bullbullbull les repreacutesentants de ce
groupe adoptet facilement des sports importeacutes 85 des goOts pour le 1
Judo le Karateacute et la Lutte Olympique qui pourtant est bien peu pratishy1
queacutee au Seacuteneacutegfll j
Faut-il en deacuted~~re une attitude geacuteneacuterale favoris~agrave tout ce qui provient
de leacutetranger
Nous nous refu~ons preacutesentement agrave ce genre dexplicationJ ne ser~it-ce que
par ses conseacuteqJences sur notre sport national dont les perspectives appashyj
raicirctraient bie sombres
Admettons que la pratique de ces disciplines sont en rapport avec des
deacuteterminants eacuteconomiques et que ceux-lagrave sont un frein P4ur la popularisashy
tion de ces pratiques A lappui de cette interpreacutetation~ il suffit de
composer le champ social du Judo et celui de la Lutte libre traditionnelle
--== G J
32
LUTTE SIHPLEJUDO FIGURE JI(
Le groupe 2 qui manifeste un inteacuterecirct reacuteel pour les sports de combat -pregraves
de 25 iuml de la population i~tervieweacutee- et qui p6ssegravede les ~oyens de choisir
ses pratiques opte massivement pour le judo CDnme lexprirre le rapport de
agrave 4
- shy
A la lumiegravere de cette succi~te analyse des demandes sociales en matiegravere
de pratique des sports de combat nous pensons recouper la theacuteorie de
lhabitus selon BOURDIEU qui veut que des hatitus diffeacuterents impliquent
des styles de vie divergents si lon entend par style de vie un systegraveme
de pratiques classeacutees et classantes(I)
La mutation de la socieacuteteacute seacuteneacutegalaise celle du milieu urbain se caracteacuteshy
rise par lapparition despaces sociaux qui sont en rapport avec des
espaces culturels Il en reacutesulte des pratiques distinctives comme
lexprime le pogam
En effet si les cateacutegories sociales existent et si chaccedilune delle exprime
une marque sur les conduites des sujets il est naturel ~e penser que des
pratiques1 sportives servent de modegraveles distinctifs et detrsymbOles dorgashy
nisation ieacuterarChique dans la socieacuteteacute exprimant les dif eacuterentes clas8eamp(2)
Ces const4tations ont dimportantes implications sur leeacuteveloppement et
lavenir des pratiques Si dans notre IIIegrave partie nous 1tenterons de 1
mettre en rapport les particulariteacutes ethniques avec les pluraliteacutes de
style de lutte nous parlons presque au passeacute Une IVegraveme partie devra
e~visager la situation actuelle de la lutte afin de pouvoir eacutemettre
qu~lques hypothegraveses sur son devenir
Cest auss~ une ambition de ce meacutemoire daider ceux qui sinteacuteressent reacuteellE
ment agrave la lutte de savoir entendre au travers des deacuteclarations normatives
et apologeacutetiques Nous ne doutons nullement de la conviction ou de la bonne
foi de leurs auteurs mais parmi les possibles il yale probable et seul
ceiui-lagrave meacuterite decirctre retenu car plus proche agravee la recirc~liteacute
(I) BOURDIEU pierre La distinction Les Editions de minuit 1979 page 191
(2) Le POgdlt Deacuterrocratisation du sport ythe (u reacutealiteacute
- 1f shy
j j l IlL DL l H L S DE
3 1 LA COll1ŒNAUTE DIOLA
311 Preacutesentation
Les diolas vivent dans la reacutegion de Casamance et repreacutesertent 9 de la
population totale du Seacuteneacutegal Ce sont geacuteneacuteralement des cultivateurs de
riz et des artisans Cependant on peut les trouver aujourdhui disperseacutes
dans toutes les capitales reacutegionales affecteacutes agrave divers meacutetiers militaire
gendarme fonctionnaires de lEtat ouvrier etc bullbullbull
Dans les villes la plus grande partie des diolas vit dans les qoartiers
populaires Par exemple agrave Dakar on les trouvera agrave Colobane agrave Fass agrave
Grand Yoff ou agrave Khar Yalla La plupart du temps cesDnt des artisans et des
ouvriers du secteur priveacute qui vont essayer dune maniegravere ou dune autre de
vivoter en bricolant deci de lagrave Mais mecircme loin de la Casamance cette
ethnie conserve une grande partie de ses caracteacuteristiques et plus partishy
culiegraverement la solidariteacute ethnique qui veut que les Diolas forment toujours
un bloc bien soudeacute quand le besoin se ifait sentir et cecisans discrimishy
nation de rang social Ainsi tous lesdiolas de Dakar se mobilisent pour
supporter le Casa Sport chaque fois qbe cette eacutequipe de foot-baIl vient
jouer agrave Dakar Cette mobilisation se fera aussi dans le cas ougrave leur chamshy
pion de lutte Mamadou SAKHO livre uncombatimportant
Lethnie diola est diviseacutee en trois sous-groupes
- les dio1as Fogny de Bignona
- les diolas Kassa autour dOussouye
- les diolas Blouf dans la preacutefecture de Tendouck
Mais en lutte on a pris lhabitude ~e les grouper en deux zones dune
part le Kassa qui preacutesente des particulariteacutes et dautre part lE Fogny
et le Blouf
- J 7 shy
3 ) 2 ~U(lquE5 aspects d~ l~ducatio~ ~t des rit~s en milieu diol~
L eacuteducat ion veacuteritable de lenfant diola est sociale et ne se corlprend
que dans la relation sociale elle deacutepasse de loin le strict cadre
famililal Elle commence au stade de lapprentissage du langage
Lenfant apprendra agrave reconnattre le langage du regard de ses parents
Il doit connaicirctre et faire la diffeacuterence entre un regard approbateur
et un regard qui blacircme De mecircme il doit apprendre agrave faire les gestes
de la tecircte qui expriment lapprobation En aucun cas lenfant nest
laisseacute agrave lui-mecircme Aura-t-il deacutesobeacuteit par complaisance naura-t-il pas
eacutecouteacute ou fait attention aux recommandations reacutepeacuteteacutees plusieurs fois
sans reacutesultat il fera lobjet dune punition corporelle avec la chicotte
Elle a pour effet de faire mal au corps de lenfant afin datteindre son
acircme sa sensibiliteacute et instaurer en lui une sorte de 1iaision de la
meacutemoire du mauvais comportement agrave la douleur quen voulant eacuteviter la
douleur il finit par eacuteviter le mauvais comportement en tout cas den
prendre conscience degraves cet acircge Cest une meacutethode deacuteducation mora1e (])
i 3121 Leacuteduca~ion maternelle
1
Notre eacutetude nous a montreacute que mecircme de nos jours leacuteducation diola
conserve encore ses caracteacuteristiques traditionnelles au niveau des rites
des moeurs des habitudes des principes et des normes
Leacuteducation de lenfant reste lune des plus rigoureuses Elle commence
degraves le plus bas acircge car pour le dio1a on ne peut redresser une personne
adulte donc autant leacuteduquer tregraves jeune Jusquagrave lacircge de trois ans
lenfant sera encadreacute par sa megravere qui bien queacutetant tregraves douce fait
preuve daucune indulgence Elle lui apprend les interdits de la communaushy
teacute respecter son prochain ne pas insulter ni profeacuterer de gros mots surshy
tout en preacutesence de grandes personnes ni faire violence agrave autrui
Plus terd v~rs cinq ou SlX ans le jeune garccedilon est initi~ a~x travaux
ces cna~ps des rizi~r~s cles pal~eraiEs ce Gui ne manquer6 pa5
davoir ces rEpcrcussic~s sur SOn deurovelopperncnt morpholoique
- 1( shy
3122 La circoncisio~
cest un rite obligatoire Il a pour but dintroduire le garccedilon dans
la communauteacute des hommes en tant que responsable Cest un rite qui
laisse une trace indeacuteleacutebile dans la vie du jeune diola Les principes
de la vie en socieacuteteacute y sont enseigneacutes agrave fond Le rite de la circoncishy
sion preacuteseuro~teuro uneuro forme p~lticul do~t s~uls les diolas connaissent
lorganisation internecar la circoncision est agrave la fois une eacutepreuve
physique intellectuelle et morale
Cette circoncision en milieu diola se passe dans le bois sacreacute En ce
lieu les Njoulis (circoncis) sont encadreacutes par des mattres les
Kintangs et au-dessus de ces mattres regravegnent un ecirctre doteacute de faculteacutes
occultes il sagit du Kankourang Le kankourang a cette capaciteacute de
disparattre de voler quand bon lui semble Il incarne la justice et la
violence et assure la protection de ses disciples contre les mauvais
esprits Ainsi le kankourang incite agrave lobeacuteissance et agrave lordre dans
cette socieacuteteacute Dans la tradition diola le kankourang repreacutesente un
pouvoir mystique capable de choses extraordinaires dont la socieacuteteacute
moderne avide de raisonnement ne pourra trouver une explication Au
cours de la circoncision les initieacutes subissent un certain nombre
deacutepreuves physiques que le diola appelle samasso Il doit se soushy
mettre agrave lensemble de ces eacutepreuves consideacutereacutees comme indispensables
agrave sa formation pour lui permettre de juger ses capaciteacutes physiques
mais eacutegalement deacutepouver sa valeur intellectuelle morale et sociale
Il pourra aussi se mesurer aux autres dans le domaine de la consideacuteration
et du respect En quittant le bois sacreacute le jeune doit posseacuteder une
grande partie des qualiteacutes humaines et socisles quil faut agrave un howmE
pour vivre en harmonie avec la socieacuteteacute traditionnelle Il serait bien
sOr possible dans le cadre dune eacutetude plus approfondie de parler de
bien dautres rites et pratiques traditionnelles
Notons cependant que le rite de la circoncision appartient aux anc~t~es
et que dans les villages reacutecents ougrave les structures ont changeacute on ne
Jeux jours avant la re~trfE cans le bois sacr[ les adolescents so~r
-
- Jo shy
por lE diola 11-071- doit rester en harrc1iE avec lE
tal lanimal lui-mecircme les ancecirctres les geacutenies Le rit~ du rasdge co~sist~
acirc ~loigner la ~alchance de lenfant Si l~ ritE nest pas respecteuro eumlr es
parents du futur initieacute celui-ci connaicirctra la malchance pendant toute sa viE
Ce rite a aussi pour faculteacute deacuteloigner le mal et de preacuteserver lenfant des
mauvais esprits
Le rite de leau sacreacutee se fait un jour avant lentreacutee dans le bois sacrEacute
Les femmes doivent se garder davoir le moindre contact avec leau beacutenite
pour se preacuteserver des conseacutequences facirccheuses qui pourraient en reacutesulter La
tradition veut quune seule goutte soit capable de deacuteclencher lavortement
l chez la femme enceinte de rendre steacuterile la jeune fille ou de provoquer des
menstrues perpeacutetuelles chez la femme ayant atteint la meacutenopause bull
bull Le rite de la forge protegravege le futur initieacute pendant son seacutejour dans le bois
sacreacute Mais cette protection seacutetend bien au-delagrave et de rite veut que toute
personne qui y faillit soit condamneacutee agrave devenir leacutepreuse
Pendant plusieurs semaines les jeunes initieacutes subissent une formation capishy
tale qui fera deux des hommes complets
313 Croyances et pratiques mystiques
Si nombreux sont les diolas convertis au Christianisme ou agrave lIslam leur
foi napparatt jamais incompatible avec leurs croyances animistes Lhisshy
toire des rois et reines diolas nous reacutevegravele quils eacutetaient les ffprecirctres fl de
ces cultes feacutetichistes destineacutes agrave maintenir la fertiliteacute et agrave provoquer
la chute des pluies De nos jours existent encore des socieacuteteacutes secregravetes agrave
base religieuse ou magique la plus redouteacutee eacutetant lassociation neacutecrophashy
gique Kousanga des Floup (1)
Deux fafu expliquent la coexistence du dogme et de la croyance
le contact tardif de la socieacuteteacute diola avec les civilisations eacutetrangegraveres
et leacutevangeacutelisation ou lislamisation quelles veacutehiculaient Il e~ reacutes~lt~
une importance des traditions leur reacutesstance agrave une remise en questic~ ce qui confegrave~e agrave la socieacuteteacute diola un caractegravere conservateur
r~c~~i]EE 2~fr~~ ~c - t
ct ~Cc egraveE~ Cimiddotilisatilaquo~ eacute
la neacutecessiteacute de lanimisme consiegraveeuroreacute comme base de toutes legrave~
religi0~s uumlegrave serait-ce que corr~e tentative ciexpliquer li1explishy
cable en se repreacutesentant en particulier comme un ensemble de puisshy
sances mystiques Ainsi pour lanimiste agir sur la nature cest
intervenir psychologiquement aupregraves de ceLX qui la gouvernent
314 Imeact des moeurs sur la prat~que de la lutte diola
Lorigine de la populariteacute de la lutte eugrave milieu diola est par trop
impreacutecise aussi nous nous limiterons agrave en donner la signification
actuelle La lutte apparatt dabord comme un moyen privileacutegieacute deacutedushy
cation
- sur le plan corporel afin de deacutevelopper la force lagiliteacute la
rapiditeacute et la souplesse
- sur le plan moral afin de deacutevelopper les vertus caracteacuterielles
courage tenaciteacute digniteacute bullbullbull neacuteces~aires agrave laction
Mais la lutte apparatt aussi comme un mpyen dinteacutegration sociale car
le jeune diola qui se refuserait agrave se sbumettre agrave leacutepreuve de la lutte
encourrait un isolement alors que celui qui excelle en bravoure devient
rapidement populaire Dougrave ces affrontements agrave linteacuterieur dune classe
dige qui tout en restant un moyen de reacutejouissance servent eacutegalement
agrave eacutetablir des comparaisons
Nos observations et nos interviews confirment le caractire tris physique
de la lutte diola immeacutediatement les lutteurs sont au corps agrave corps et
les techniques consistant agrave aracher ladversaire priment sur toutes les
autres Exprimer sa force est une preacuteoccupation constante il suffit pour
sen persuader de voir le groupe de lutteurs peacuteneacutetrer dans laregravene au son
du Born bol on que rythme le claquement de mains des femmes
C~tte da~se est une deacutebauche dAnegie Ougrave les lutteurs pieacutetin~Ert avec
force L sol
i shy
3141 EorphologUgrave et valeur physiques du lut teur diola
Le lutteur diola possegraveagrave~ un deacuteveloppement caracteacuteristique du trai~
supeacuterieur et de la musculature doso-lombaire Ceci est tregraves certaineshy
ment lieacute au maniement de la houe de la daba et surtout dukadiando
dont lusage permanent a modeleacute la morphologie du lutteur diola
La valeur physique de ce lutteur semble reposer sur sa force sa
reacutesistance mais aussi sa rapiditeacute
3142 Reacutepertoire technique
Dans le Blouf la forme du corps la plus utiliseacutee est le deacutecalage souvent
combineacute avec un crochet de jambe (gal gal) ceci semble ecirctre lieacute agrave
lutilisation quotidienne dans les riziegraveres du kadiando Le paysan du
Blouf sera ameneacute agrave faire un mouvement de torsion pour deacutecalerlinstrushy
ment enprenant appui sur son genou et ceci continuellEment pendant toute
la jourpeacutee Chez les diolas du Fogny le kadiando eacutefait surtout utiliseacute
par les femmes qui soccupaient autrefois exclusivement de la riziculture
et ce n~est quaujourdhui que les hommes cultivent le riz 1
La principale culture dans le Fogpy est celle du mil on y cultive aussi
de larachide De ce fait loutil le plus utiliseacute est le donkoton qui
est un instrument tregraves petit avec un manche court et dont le maniement
expliquerait peut-ecirctre leacutetonnante musculature du train supeacuterieur et surshy
tout de la zone dorso-lombaire du 4i6la fogny qui excelle dans les techshy
niques en force genre arracheacute avec les bras sur contrOle de la ceinture
de ladversaire Lulisation du donkoton semble eacutegalement expliquer la
garde tregraves basse du lutteur fogny
Dans le kassa on aurait pu trouver la mecircme forme de lutte car la morphoshy
logie du lutteur est agrave peu pregraves la mecircme mais linterdiction formelle de
la prise du ~gimbe modifie et limite tout le repertoire technicult2 ou
lutteur Le lutteur kassa adopte une garde basse et agrave une preacutefeacuterence pc~r
legraveS tc~-iccedilues n passa~ dessous - - ~ shymiddotmiddotcrc t--=~ c-
----
contact et agrave partir de ce TtoTteuront ils peuvent se relever et conti~uEr
en lutte debout jusquau terrassemen~
Toutes les gardes sont rapprocheacutees en milieu diola
irbi trage
Les combats sont arbitreacutes par un deacuteleacutegueacute geacuteneacuteralement anClen lutteur
Ces anciens lutteurs ont pour rocircle de veiller au bon deacuteroulement du
combat La victoire est deacutecreacuteteacutee dans les cas ougrave un des lutteurs se
retrouve en position assise sur le ventre sur la cuisse ou les
genoux (sauf dans le Kassa)
Il existe un autre mode de victoire celle qui est proclameacutee agrave la
suite dune supeacuterioriteacute eacutevidente du~ des lutteurs A savoir quand
un lutteur soulegraveve tregraves haut son camarade et que son manager estime i
quil est pratiquement battu il peut arrecircter le combat en touchant
dabord le lutteur adverse popr eacuteviter que son lutteur ne soit terrasseacute
tregraves fOrt Nest-ce pas un deacutecision sage des managers qui peut contribuer
agrave maintenir le caractegravere reacutecr~atif de la lutte joola 1
La victoire dun village sur un autre village ne se mesure pas au
nombre de victoires obtenues par lensemble des lutteurs En effet
il suffit que le champion soit battu pour que le village soit consideacutereacute
comme deacutefait Ce qui explique limportance et le seacuterieux que le village
accorde agrave la preacuteparation des championsl)
Il est cependant important de signaler que larbitrage dans les centres
urbains revecirct une iautre forme beaucoup plus codifieacutee et cest peut-ecirctre
une des raisons qui font quen milieu urbain la lutte diola perde une
partie de son originaliteacute
En dehors des techniques speacutecifiques agrave chaque sous-groupe il faut
signaler quil y a une multitude de prises et quelGues formes de corps
comTIunes agrave letnn Car reconnaissons qu il cO unE ror-euro approp=i~eacute
dE ~ouvane du l~tteur diola en TaI
-----~-----
LE tableau ci-dessous se propose dE reacutesumer les diffeacuterentes consideacuteshy
rations techniques envisagEacutees dans cette partie
FORlŒSSOGS-GRGUPES 1 COItltOLE GA~JESDt CORF=
i ~
1 1
Passage dessous de jambes et BassE KASSA saisies Moyenne1annexes bras (rapprocheacutee)
ceinture tecircte
Deacutecalage de Moyenne et BLOUF Demi-souplesse Ngimbe
HauteHancheacute Bras (rapprocheacutee)
Jambe
Arracheacute CouFOGNY Tregraves basse
Hancheacute ii 1
1 1
3 14 3 bull LeIIa~~jueetlecom~ortementdulutteur-+iola
1 Le comportement et lattitude du lutteur dans laregravene pe sont en fait
t
que le reflet de sa psychologie et plus partiCUliegraverem t de son eacutetat
dacircme Or il napparatt pas abusif deacutetablir des cor eacutelations entre
le psychisme dun individu et lempreinte eacuteducative quil a subie En effet en sortant du bois sacreacute le jeune diola a acquis un ~ca~~l
eacutequilibre physique et mental
Cette matrise de lui-mecircme permet au lutteur dans la~egravene dadopter
un aire enjoueacute de manifester beaucoup denthousiasme~ La lutte devient 1
essentiellement un jeu laspec ludique y est privileacutegieacute et ~ela influe
sur le comportement du lutteur
Ainsi queurolq~c soit limporta~cE de le~je~ le lutt~c~ dic1e Seuroreacute
to~jours serein et s~ livrera sa~s arri~re pe~s6e da~$ ~E CO=beacute ou-
tons que le lutteur diola est trecircs fair-play et sil arrive quun rdnd
lll L COIicircilU1Ul L ULOF
32 J Preacutesentation
La soc tEacute wucirc10f est celle qU1 a eacuteteacute la plus marqueacutee par la colonisation
~~ fait peut-gtre de sa position geuroographiquE dune part ct de 50~ imporshy
tanCE sur le plan dfmographiquE dautre part En effEt ceurootteuro CC-~ucircautE
wolof repreacutesente environ 20 de la population seacuteneacutegalaise
Elle est constitueacutee de pecirccheurs (ce sont les leacutebous) dagriculteurs de
fonctionnaires de lEtat mais surtout de commerccedilants
A pqrtir de leur reacutegime dimplantation le Cayor le Walo le Baol le
Djolof et la presquicircle du Cap-Vert les wolofs ont tendance agrave irradier
sur lensemble du territoire sous leffet de leur speacuteculation agrave la culshy
ture de larachide et du nombre important de fonctionnaires quon trouve
dans cette ethnie
322 Les moeurs et croyances wolofs
Bien queacutetant en grande partie des musulmans convaincus les wolofs
conservent toujours une croyance animiste et continuent agrave faire des
sacrifices agrave porter des cornes ou des morceaux de bois agrave la ceinture
aux jambes ou aux bras et agrave croire agrave lexistence des Djinneacutes et des
Raps bull
Le Djinneacute cest une creacuteature malfaisante en geacuteneacuteral capable de choses
extraordinaires Il possegravede des faculteacutes surnaturelles Cependant dapregraves
la croyance animiste certains Djinneacutes peuvent ecirctre bons
Le Hapl cest une creacuteature ayant des dons occultes appartena71t agrave une
famille ou agrave une communauteacute et dont le rOcircle est de veiller cu daider
les reCJrES de le fai11p ou dt la conmunauteacute en cas de da1gel Le Rap
~ ut te c ) ~~c-
ei sltcificE cJ sanl dE meut0 dL chat de pC)wleurot 5E1lt les conveuroshy
lances parfois leur dorner COrllTe offrande du lait Laii
Qua1d une famille ou une communauteacute neacuteglige les Sarakh (ici dans
le sens de sacrifice ou Offrande) elle se voit aussitocirct vouEacutee agrave la
maleacutediction des mauvais esprit~ (fcllec dans touteacuteS lEs ~treprises
de la vie maladie mort bullbullbull ) Les lieux ougrave habitent ls Taps et ougrave
se font les sacrifices se nomment Khambs
Geacuteneacuteralement le khamb se trouve dans lenceinte de la maison ou
dans un coin approprieacute du village Les lieux du khamb sont marqueacutes
par la disposition de calebasses de pilons de morceaux de poterie
briseacutes de grosses pierres de cornes et dautres objets heacuteteacuteroclytes
La superstition wolof est tregraves marqueacutee En effet pour le wolof toutes
les manifestations quotidiennes trouvent leur signification dans le
mysticisme Citons agrave cet effet quelques ezemples Une femme enceinte
ne doit pas marcher agrave nimporte quelle heure de la journeacutee Certaines
heures de la journeacutee lui sont interdites le Timiss (creacutepuscule
le Ndjo~or (de 13 H agrave 14 H de lapregraves-midi) le souf-segravede (de
minuit i4 H du matin) Selon la tradition ~t la croyance wolof les
mauvais ~sprits choisissent ces heures pour jeter des sorts Et la
femme enceinte eacutetant tregraves vulneacuterable le Djinneacute essaiera de lui insufshy
fler son souffle pour atteindre son beacutebeacute afin dentratner soit la
meacutetamorphose de cedernier en monstre soit de le tuer avant sa naissance
Dailleurs pour le wolof et pour certaines autres ethnies au Seacuteneacutegal
le timis le tdjolor le souf-segravede repreacutesentent des peacuteriodes de
la journeacutee ougrave lon ne doit pas se hasarder dans les rues et les champs
Ce sont des heures propices aux apparitions des Djinnes sous nimporte
quelle forme humaine ou animale
Il est eacutegalement interdit au wolof de marcher ou de serti la nuit du
~eacutellfria-
loutes c~s pratiques ~ystiqu~s et cr0ya~ces religi~us~5 ~xistent eL~~[
certainement dues agrave un meacutetissage culturel Parallegravelement aux feacutetiches
aux incantations et agrave lutilisation des safaras (substance magique)
notons lexistence de ga l a tchs (ce sOnt des talismans ougrave sont inscrits
du qui les porte Toutes ces croyances biEn sucircr auront une rEacutepercussicrI
sur leacuteducation du jeune wolof
323 Leacuteducation du wolof
Pour caracteacuteriser leacuteducation wolof nous avons penseacute donner comme
illustration cet extrait de la revue DEM ak TEY Pour deacutefinir leacutedushy
cation le wolof fait appel agrave un symbolisme qui eDglobe aussi bien les
moyens mis en oeuvre Yar que le reacutesultat obtenu agrave laide de ces mecircmes
moyens cest-agrave-dire la formation et le deacuteveloppement de lecirctre humain
ou Yaru
Le substantif Yar deacutesigne le fouet
Ce symbolisme deacutesigne donc au-delagrave du simple sens mateacuteriel de lobjet
lutilisation qui permet daboutir au reacutesultat escompteacute (Yaru) Au sens
geacuteneacuteral Yar deacutesigne tout instrument servant agrave infliger une punition Le
terme laisse supposer agrave priori que cette phase de lenfance durant lashy
quelle se preacutepare la vie de lhomme est lieacutee agrave la souffrance au supplice
Dailleurs une maxime wolof compare lenfant agrave une tige quon a tout le
loisir de redresser alors quelle est encore flexible bull
bullbullbull Pour leacuteducateur wolof la perfection nest point de ce monde malS
le devoir de chaque homme est de tendre vers la pleacutenitude en luttant
contre ses propres faiblesses Leacuteducation va d01c iisister essentielle~(-~t
sur lexercice quotidien de leacutelevation ffiora1e d~ lindividu Pour cela
elle privileacutegie la patience munI) vertu dabneacutegdtion et dE deacutesinteacuteresseshy
m(~t autour dE laquelle sarticulent toutes ]e~ ~u~~~s qualiteuros
i _
aan~ ~ s0cieacutet gt~olcf ocirclt~tartt nul -Jt- poulait sabecircisstr
tion de sa libertEacute La liberteacute est le preuumler drcmiddotir dE l ho-)euro egrave~S
baigner dans une beacuteate admiration du passeacute la comparaison avec le pr~$(middott
si~posc dclle-mecircme car lon reste s reacute devant la deacutesinvolture aVEC
laquelle dES honmes daujourdhui descendants de cette ~~~EacuteTatic ccedil~l se
une fois [largis bullbull tTasque fiers davoir fait leacute priS0n PEut-2tTE
faut-il mettre cela sur le compte de lurbanisation et des nouvelles
valeurs qui ont pour nom enrichissement reacuteussite sociale avec ce que
cela comporte de deacuteshumanisant et de deacutepreacuteciateur (1)
3 bull 2 bull 3 1 bull Lesri tes
Le sevrage et la circoncision constituent les deux grandes phases initiashy
tiques chez le wolof
- Le rituel du sevrage est appeleacute maga1 (litteacuteralement rendre grand)
Cest un eacutevegravenement important aussi bien pour les parents de lenfant que
pour la co~unauteacute Durant cet eacutevegravenement qui survient geacuteneacuteralement deux
ans apregraves la naissance du beacutebeacute les personnes vivant dans lentouragE
apportent leur soutien moral et mateacuteriel
- le rituel de la circoncision revecirct pratiquement la mecircme signification
que dans les autres ethnies seule la forme diffegravere La circoncision reste
encore une eacutepreuve de la vie au sort i r de laque Ile ladolescent devient un
homme Aujourdhui il faut noter une meacutetamorphose de la structure sociale
et des croyances religieuses tregraves accentueacutee aussi bien chez les wolof que
chez les autres groupes ethniques et ceci est peut-ecirctre dO au contact
permanent quils ont avec la socieacuteteacute occidentale
Malgreacute ces constat~tions il semblerait pcu=tant qUE la sociecirct~ lecircbou Gci
bien que se trouvaLt en grande partie dans ~a Presquth du Cap-ETt Et
en contact permane~t avec les blancs soit la portior la plu8 cc~serva-
----------~_- ---~-- -----
~
Incidences d s ~00urs sur la l~ttE
Le wolof connaicirct deux formes de luttes la lutte sirplE- sans t-t
la lutte avec frappe La lutte avec frappe a une crigi~e purement r
et ce nest que plus tard quelle devint une prati1uE sportive et lud
preacuteparer agrave la guerre Aussi tout en luttant On eacutetait autoris~ agrave frapper~
griffer mordre voire introduire son doigt dans loeil de son adversaire
Le jeune wolof devait eacutegalement se livrer agrave la lutte avec frappe afin de
favoriser son insertion dans la socieacuteteacute adulte et sinitier au meacutetier de
soldat faute de quoi il ne pouvait se faire entendre ne avoir des marques
de respect Pour montrer la populariteacute de la lutte dans le Cayor signalons
que les Damels ll (rois) et les Teignes (nobles) nheacutesitaient pas agrave sy
livrer Quant au IIMbeu~ (lutteur) elle lui servait de moyen de promotion
sociale car d8S que sa reacuteputation eacutetait eacutetablie il pouvait ecirctre choisi
par les rois et les nobles comme garde de corps
325 Signification de la lutte en milieu wolof
La lutte se pratique dabord pour lhonneur qui est une vertu tregraves signishy
ficative pour le wolof Elle permet de renforcer les liens amicaux entre
les jeunes de villages diffeacuterents Le champion veut gagner
confiance et la consideacuteration de son village de ses amis
Etre champion cest aussi susciter ladmiration chez les
sentant la force la viriliteacute et la deacutetermination
326 Organisation d~s eacutepreuves de lutte
3261 Les Mbapatts Ce sont les seacuteances nocturnes
pour meacuteriter la
et des anciens
filles en repreacuteshy
Ils sont organiseacutes apregraves les reacutecoltes agrave la fin de la saiscn des pluies
Ceci surtout p~ndant les peacuteriodes de clair de lune car ils peuven~ durEr
toute la nuit Le but des ~Dapatts lt=tait de prfpa-er FhysicuemeH et
~ arb Sil
326 Le 1
cest une organisation beaucoup plus importante que les I~apatts ~
loccasion de laquelle on peut voir plusieurs lutteurs de grande reDommfe
saffronteLLa fin dl lamb est toujours couronneacutee par une grand co~bat
duquel le vainqueur est sacreacute champion de la contrecirce
Le choix du lieu est lieacute agrave limportance de ce lieu dans le village cest
la place publique ougrave geacuteneacuteralement se passent toutes les manifestations
assembleacutee geacuteneacuterale sabar (danse) cest aussi lendroit ougrave sont prises
les grandes deacutecisions
3623 Lappariement
Dans un village ou un quartier les lutteurs se regroupent en lang
(eacutequipe) et jamais deux lutteurs de mecircme lang ne se rencontrent lors
du lamb
L appariement s~ fait librement entre lutteurs de lang diffeacuterents l1hs
une regravegle veut ~uavant de lutter avec le Mbeur Kanur de tel lang si
on est soukh (l~tteur pas encore confirmeacute) il est neacutecessaire de lutter
dabord avec ses soukh et ce nest quapregraves les avoir terrasseacutes tous
quon se voit octroyer la chance de lutter contre lui
Notons que la cateacutegorisation des lutteurs par poids nest jamais prise
en consideacuteration
3624 La tenue du lutteur ou NGIMBE
Le middotNGimbe est confectionneacute par le marabout de la famille ou du clan Il
est constituecirc de pagnes en coton tisseacute geacuteneacuteralement offerts par la megravere ou
la grand-megravere du lutteur ceci lors des organisations de ~rande Tportance
COrlune lef 1amb Dans le cadre des l-bapatt les pagnes sont C tErts peumlr
~~~rcfcis ct ffi~mc aujourdhui d218 cErtaInes fa~ille5 on devj~Gr
luttEur de pegravere en fils et dans ce cas h 1
gimbell du pEgravere Est recircr i tEacute
par le fils Le fait de porter le lI~gimbe agravee ses aiumleux peut susciter
cne~ le jeune lutteur une motivation et une volontecirc in~branlable rlasshy
surer 12 supeacuterioritEacute cis SIcirct-ns dallS
le xgimbe de la famille ne touche pas le sable
La tenue du lutteur a une signification et une importance sur le plan
mystique car selon les anciens le vrai feacutetiche du lutteur celui qui
le proteacutegera agrave vaincre le Djinneacute ou le Rap de ladversaire se trouve
cacheacute dans ce Ngimbe Celui qui confectionne-le Ngimbe est doueacute de
faculteacutes occultes
~~r~i~rg Il est assureacute par un sage du village qui geacuteneacuteralement fut
championde lutte de son temps Dailleurs cet ancien nintervient que
si le terrassement est litigieux
Hormis le public qui proclame la victoire ou le match nul le lutteur
lui-mecircme est arbitre et il arrive quil se deacuteclare vaincu ~ous
pouvons citer comme exemple Meacutedoune KHOULE un des plus grands lutteurs
seacuteneacutegalais qui a donneacute une victoire agrave Djeacuteri SADIO son adversaire qui a
reacuteussi agrave lui faire toucher le sol de la main
Il Y a terrassement quand le lutteur se retrouve
- assis sur le sol
- eacutetaleacute sur le dos
eacutetaleacute sur le cocircteacute
les deux genoux au sol
- les deux ma~ns au sol
la tecircte (front au sol agrave la suite dune brouette)
Il peut y aVOIr match nul si apregraves li1 temps ccmsideacuterable les lutteurs
SE sont ~ ivrEacutes respectivement agrave des assauts rEacutepEacutetEacutes et n arrivEt pas a
3265 L~ precircparation mystique
Il faut reconnattre quon ne peut parler de lutte en milieu wolof sans
envisager une preacuteparation mystique seacuterieuse Co~~e ~ous lEvans vu a~teacute-
1middot ~ d ~ ~rlturenent t0utes es actlvmiddotltesmiddot u W010 sont lles a SeS croyances
- la lutte ne concerne pas seule~ent deux acteurs se livrant faruumlucheshy
ment agrave un combat au milieu de laregravene mais eacutegalement les marabouts et les
feacutetichistes du village ou du clan qui doivent deacutefendre leur savoir et
leur prestige Avant le combat le lutteur doit se livrer agrave un certain
nombre de preacuteparations mystiques pour assurer sa victoire Aussi sommesshy
nous appeleacutes agrave parler de BACK (cest le chant et la danse du lutteur)
- le batteur de tam-tam compose un rythme en fonction du Galagne ou du
Senghor (gds-gris) du lutteur Chaque galagne sera choisi en fonction
du Rap ou du Djinneacute correspondant au Totem du lutteur
Le chant geacuterleacuterique Feinte woy veut dire litteacuteralement composer un 1
chant Ce chant est geacuteneacuteralement composeacute par les filles du viilage du
champion ou par un griot de sa communauteacute Et agrave travers ce chrnt on
arrive agrave toucher la corde sensible du lutteur en chantant lesl innombrables 1
victoires de ses ancecirctres ou en lui rappelant ses prouesses eacuteblatantes 1
Chaque lutteur doit avoir un chant et un back qui lui sont propres
327 Le reacutepertoire technique et les caracteacuteristiques physiques dulutteur wolof
Le lutteur wolof est geacuteneacuteralement moyen de taille la musculagraveture est
tregraves saillante ce qui fait ressortir un aspect tregraves athleacutetique ceci
est vrai sans exception pour le lutteur leacutebou mais il arrive que le Cacircyoshy
rien le baol-baol le walo-walo soient de grands gabarits de forte constishy
tution
CepEndant pour une meilleure compreacutehension du sujet nous pouvons eacutetudiEr
deux jroups d lut teurs qui vont deacuteterminer deux st yI e s de lut tes
- ~ t
les tc~tativ~s de~[reacutee e~ ramassement de jambes de la~v~sairL Ce~~
peut Ecirctre expliqueacute par le fait que les lutteurs leacutebou ou walo-walc qui
sont des pecirccheursadoptent cette garde tasseacutee du fait quils so~t tou-
jours pencheacutes en tirant le fil ou en poussant la plrogue On verra techrugravequeacutes dt cirr 2C ~lt 5Jllicitocirct
surLuumlut les membres supeacuterieurs
Le cayorien et le baol-baol par contre sont les plus grands cultivateurs
darachide chez eux les techniques de lutte sont plus varieacutees et la
garde est moins renfermeacutee Les lutteurs cayorien et baol-baol ont une
morphologie et une reacutepartition musculaire bien eacutequilibreacutee ils excellent
dans les techniques en deacutecalage les techniques de jambe et surtout les
techniques de riposte ougrave lon peut voir des prises de hancheacute tregraves amples
Dune maniegravere geacuteneacuterale on peut dire que le lutteur wolof est un fin
technicien qui sait surtout creacuteer les opportuniteacutes e~ avec sa rapiditeacute
utiliser la force de ladversaire pour le deacuteseacutequilibrer le noodju
le mbas le weacuteheacuteleacute et le rasu sont des techniques propres au lutteur
wolof
En deacutefense il utilise surtout des kl~klets ou gal-gal Notons que
le balancement des bras ou Lewato e$t tregraves marqueacute dans la lutte wolof
TABLEAU RECAPITULATIF DES COMPOSANTES TECHNIQUES
( 1 )
1 SOUS-GROUPES GARDES CONTROLES FORHES DE CORPS l
Walo-walo Basse de jambe Arracheacute l l10yenne de Ngimbe et i
Leacutebou Tasseacutee et saisies annexesj Deacutecalage 1 1 distante de bras de tecirct1
j de bras Deacutecalaeuro
~-----------------~-
- ~ ~- shy - ~ ~ bull L _ _ bull
Profil psyc~~iqUE du lutteu- et son comporterent dars l 2regravere
La preacuteparation mystique dans laregravene est plus marqueacutee chez les wolofs
que ChE~ les autres ethnies En effet on verra de grands champions
preliGrE plusiEurs heures pour Enduire leur corps de cll2badep ou ci
rmiddot- ~ a la proprieacuteteacute de proteacuteger li1egraveividu J
les mauvais sorts) Cest dailleurs un aspect dt la luttE qui iJcsc
des problegraveJles
Le lutteur wolof est tregraves superstitieux et la peacuteriode de preacuteparation
est capitale pour lui car elle permet non seulement de rendre
hommage aux ancecirctres mais aussi dintimider son adversaire Cest
geacuteneacuteralement un lutteur agressif combatif et teacutemeacuteraire Il se fait
souvent remarquer par son esprit dentreprise Mais cette fougue dans
le combat lamegravene parfois bien que ce soit regrettable agrave oublier les
usages et les normes Ce manque de maicirctrise de soi peut faire croire
que le lutteur wolof manque de fair-play ce qui nest pas toujours le
cas
~A~Ugrave~ t 4AA CbUrs k LA ucirctotve f~tPle Sesect prores mou W ~ lesquelles vont se couler les comporteme~ts individuels qui sont ainsi
monteacutes par et pour lautoriteacute sociale
Les faccedilons de boire de marcher ou de sasseoir se manifestent indivishy
duellement dans le corps de chaque personne ces habitus sont cependant
des montages sociaux lieacutes agrave des significationssymboliques variables
dailleurs selon la position sociale occupeacutee par chaque sujet Ces modes
dagir se rangent dans un systegraveme de montages symboliques et lindivishy
du les apprend de la socieacuteteacute dont il fait partie agrave la place quil occupe
Lhabitus est un montage social agrave la valeur symbolique deacutependant des pheacuteshy
nomegravenes deacuteducation et de prestige et lieacute agrave la position sociale du sujet
Cette penseacutee sonne de faccedilon eacutetonamment moderne
Pierre BOURDIEU qui dans une perspective a approfondi le contenue de la
notion en le reportant aux oppositions entre classes et fractions sociales
Il deacutefinit lhabitus comme un systegraveme de dispositions durables acquis au
cours dune histoire personnelle dans une milieu social donneacute systegraveme qui
engendre ensuite des pra~iques socialement deacutetermineacutees faccedilons de manger
de parler ou de marcher comportements de politesse contenu des preacutefeacuterencel
et des deacutegoOts bullbullbull lhabitus est le produit de conditions eacuteconomiques et
sociales Lauteur rattache directement la formation de lhabitus dun
individu agrave la trajectoire parcourue par celui-ci dans sa classe dapparteshy
nance il deacutefend lideacutee dun habitus de classe qui deacutefinit le sens confeacuteshy
reacute agrave la pratique sportive les profits qui en sont attendus
Ce dernier serait lui-m~me lieacute agrave un systegraveme de valeurs ou ETHOS de classe
prenant sens au sein doppositions distinctives entre classes sociales
De sorte lhabitus fonctionne comme un systegraveme dt- regravegles inteacuterioriseacutees
souvent informuleacutees permettant ou non agrave lagent de sadapter dembleacutee aux
multiples pratiques de la vie quotidienne et de la vie sportive il est agrave
lorigine des schegravemes de transcription qui favorisent les ajustements aux
situations corporelles nouvelles (1)
t ~
(1) P~IE11D dwi6Han ISpoy-l et sodeacutebi Approche Bocio-culturelle des pratiques P~tis Vigot 1981 page 81
33
331 Preacutesentation
Les Seacuteregravere auraient pour origine le Fouta Toro quils auraient quitteacute
vers le Xllegrave siegravecle pour fuir lislamisation de cette reacutegioD par lempire
dJ Xali (ils seraient donc apparEnt~s aux Peul et Toucouleur ) Ils
auraient trouveacute dans la rEacutegion du Sine les Sosseacute dorigine manding avec
lesquels ils salliegraverent
Au XVegrave siegravecle une autre immigrationSos~ conqueacuterante cette fois-ci
apporta son organisation eacutetatique Ils se divisegraverent en deux monarchies
deacutemocratiques lune seacutetablit au Sine et lautre au Saloum Les Sosseacute
conqueacuterants constituaient lautocratie appeleacutee Guelowar
La royauteacute seacuteregravere eacutetait laiumlque Les premiers souverains durent secouer
la tutelle des Toucouleur et progressivement arrivegraverent agrave unifier lethshy
nie des seacuteregravere etdea Sosseacute Les deux royauteacutes eacutetaient organiseacutees selon
acirces modegraveles tregraves deacutemocratiques Le souverain deacutependait dune assembleacutee
de ministres et de chefs locaux qui assuraient ladministration centrale
et reacutegionale())
Aujourdhui lethnie seacuteregravere repreacutesente 20 de la population seacuteneacutegalaise
Ils sont reacutepartis sur presque toute leacutetendue du territoire notamment
dans le Baol la reacutegion du Sine-Saloum et la reacutegion de Thiegraves
Signalons quil existe plusieurs sous-groupes dans lethnie ainsi on
trouvera
- dans la reacutegion de Thiegraves les Ndut les Safegravene et les None
- dans le Sine-Saloum les Sine-sine et les Saloum-salouIT
On trouvera vers foundioune et agrave Nioro du cocircteacute de la Gambie les
Niominka (pecirccheurs) Cest une portion tregraves mandinguiseacutee
( 1
Le rattache~2~t d~ to~s ccs sous-groupes pose problecircme ~25 0~ r0~V~
uc grande partie de traits COITul1uns dans leurs modes dE vie Ct pOUT phs
de faciliteacute nous allons essayer de faire une ~tude globale de la lutte
traditionnelle seacuterecircre Lactiviteacute socio-eacuteconomique qui est essentielleme~t
agro-pasorale caracteacuterisE leacutethnie seacuteregravere
332 Lecircducation les moeurs les croyances et pratiques sEr~rc
Chez les Seacuteregravere la vie humaine se deacuteroule selon les grandes eacutetapes
le baptecircme lenfance ladolescencemarqueacutee par la circoncision lsectge
adulte le mariage la vieillesse et la mort (funeacuterailles)
La vie de la communauteacute seacuteregravere reste une des plus originales sinon
celle qui de nos jours garde la presque totaliteacute des pratiques et
habitudes traditionnelles
Bien qu aujotltdhui con~r-tis aux religions chreacutetienne et musulmane les
Seacuteregravere conservent leurs croyances et pratiques animistes
Quelque soit leur degreacute dadheacutesion aux religions reacuteveacuteleacutees les Seacuteregravere
croient en un Dieu puissant et miseacutericordieux Rog Segravene et les hommes
Les ~angols sont repreacutesenteacutes mateacuteriellement dans tous les villages
seacuteregraveres par des arbres (baobab et tamariniers) des animaux (geacuteneacuteraleshy
ment serpent doreacute ou iguane) des ustensiles (pilon calebasse et mortier)
De nombreux teacutemoignages nous apprennent que certains totems (serpent
iguane) font leur apparicion agrave loccasion de certaines manifestations
rituelles comme les sacrifices ceacuteleacutebreacutes lors dun mariage de ceacutereacutemonies
mortuaires ou des circoncisions
Le Seacuteregravere comme il nous a eacuteteacute donneacute loccasion de le dire plus haut
preacutesente des speacutecificiteacutes authentiques aussi bien en tout ce qui touch~
son eacuteducation ses croyanCES et pratiques mystiques q~e ses activiteacute~
socio-ecirccc~omiquEs Apr~s a ~aissa~c~ le beurob~ ~~ pcs~ 5~~ lE S~ __
On lui mouille les l~vres avec un peu d~ lait de mil et apr~s U~ bain
purificateur on versera leau dans un trou cr~us~ derri~r~ la Camp~~
Pendant huit jours la megravere et lenfant sont cacheacutes dans la case car
selon les anciens ils sont tregraves vulneacuterables La case deacutens certains cas
est entoureacutee dun fil blanc et lon place sur le seuil des fais(cauy di
veacutegeacutetaux pour chasser les mauvais esprits (geacutenies malfaisants et illangeUY~
dacircmes) Au bout du huitiegraveme jour la megravere et lenfant peuvent sortir de
la case bull
bullbullbull Le matin du huitiegraveme jour la tante paternelle va chercher de leau
(plusieurs fois)t elle doit rester muette pendant ses alleacutees et venues
si elle parlait t lenfant pourrait ecirctre muet bullbullbull
La megravere et lenfant prennent un bain purificateur dans lequel sont
trempeacutees certaines plantes (ce sont des veacutegeacutetaux pr~tecteurs tels le
begravene le yag le ngud) On y lavera aussi le linge e1t les ustensiles utishyj
liseacutes pendant les huit jours qui viennet de seacutecoul~r On rase le crine
de lenfant Les cheveux sont donneacutes agrave la megravere qui ~s enterrera avec le
reste du cordon ombilical dans un endroit que11e esit seule agrave connattre
La megravere sassied sur une natte devant la maison Une femme igeacutee de la
famille prend le beacutebeacute dans ses bras et le preacutesente aux quatre coins de
lhorizon
La tante paternelle tient ensuite un van sur la tecircte de la megravere on y
verse le mil on y verse eacutegalement en abondance sur la megravere et sur
lenfant La tante oint ensuite le corps du beacutebeacute avec du lait e11e
touche en particulier le front t le nez la bouche la poitrine le dos
et les oreilles
Elle pose enfin un ~rain de sel dans la paume du beacutebeacute (le sel purifie
et deacutetruit les puissances mauvaises)
Apregraves un nouveau bain la megravere et lenfant revEcirctent des habits de fecircte
(est
lenfant Ce precircnore a toujours U~ SEns Il sy~bolise parfois C0 qUi
lOIl sounaitt agrave lEufant l)
La circoncision comme dans les autres ethnies est obligatoire Elle
permet au jeune adolescent dacceacuteder agrave la classe adulte Les jeunes
sont regroupes en classe dacircge dans le bois ougrave sc fait la r0tr~it0 des
circoncis et ceci pendant plusieurs mois
Le Selbeacute qui est geacuteneacuteralement un ancien craint de tous les eacutelegraveves
enseigne le respect de la hieacuterarchie la discreacutetion le goOt de linishy
tiative Les activiteacutes physiques et leacuteducation artistique ne sont pas
en reste la deacutecoration la sculpture la lutte et la danse A sa sortie
du bois linitieacute appartient deacutesormais agrave la classe des virils et des
sages du clan car on lui aura enseigneacute les vertus fondamentales que
sont la justice lhonneur lamour du prochain 1 amour du travail
lhonnecircteteacute et surtout le respect des coutumes ancestrales
Le rite du mariage esd aussi un fait tregraves important dans le monde 1
seacuteregravere mais par manq~e dinformation nous serons obligeacutes de nous en
tenir lagrave
333 Impact des ethos sur la lutte dans le monde seacuteregravere
Lorigine de la lutte seacuteregravere ne semble pas claire ma1S nous pouvons
dire quil existait deux formes de lutte comme chez les Wolofs une
lutte sans frappe et une lutte avec frappe Et cest cette derniegravere
qui peut-ecirctre nous ameacutenerait agrave croire que la lutte seacuteregravere aurait une
origine plus preacuteciseacutement guerriegravere
Aujourdhui la lutte est uniquement une activiteacute sportive agrave travers
laquelle le jeune seacuteregravere eacutevalue sa force son courage et SOn ingeacutenioshy
siteacute Cest une occasion de deacutefendre lhonneur de son village ou de
la corrnnunauteacute
La luttE ~5t avant tout u~e rnanifcs[dtic~ c~lturclie et surtout
fo lkhriqut-
Gracircce agrave elle on peut deacutesormais comprendre un certain nombre de chants
et de symboles A travers la lutte seacuteregravere on ccedilomprend les inter-relashy
tions entreacute la vie et le monde surntiturel
Sil devait y avoir la mort dun villageacuteois pendant la fecirctE au T qUE
de linterrompre on proceacutedait gracircce aux connaissances magico-religieuses
agrave la suspension de la mort jusquagrave une peacuteriode ougrave la population sera plus
disponible pour organiser des funeacuterailles sil y eacutetait preacutedit la possibishy
liteacute dune deacutefait du champion local au profit dun champion dun autre
village des recettes dordre maginque et religieux eacutetaient mises en prashy
tique afin que le champion du village ne soit jamais terrasseacute(J)
334 Le profil du lutteur seacuteregraver~
Le lutteur seacuteregravere est par essence un athlegravete impressionnant de par sa i
carrure et sa musculature saillante mais cest aussi une force tranquille
et calme quelque soit lenjeu du combagravet et particuliegraverement lhonneur
Cet aspect nous pousse agrave parler du NGiMBE cest-agrave-dire de la tenue du
lutteur qui va influencer sur sa faccedilon de lutter
La confection du Ngimbe revient agrave la communauteacute entiegravere Le Ngimbe a
une signification symbolique et le lutteur pour meacuteriter la confiance du
groupe se doit de tout faire pour ne pas toucher le sol Toute la commushy
nauteacute elle aussi sengage pour assurer la longeacuteviteacute et le succegraves du lutteur
dans laregravene par lorganisation droffrandes et de sacrifices en lhonneur
des Pangols bull
bull
Daucuns nheacutesitent pas agrave dire que lessentiel du mysticisme se fait agrave
la maison et non dans laregravene tout le reste nest quintimidation de
ladversaire
lsvcns
Tt- pi ~- t
t 1 ~ l _ ~ t
par rapport agrave lautre Cbci est trEgraves lieacute agrave lactiviteacute journaliegravere du
jeune seacuteregravere qui est un cultivateur donc toujours bien planteacute sur ses
jambes et qui continuellement manie lhiler
Le fait de couper le boi~ peut eacutegalement constituer un moyen de muscushy
lation non neacutegligeable pour le jeune lutteur
Un certain nombre de traits techniques speacutecifiques au lutteur seacuteregravere
semblent ressortir des diffeacuterentes interviews que nous aVOns fait subir
agrave certains lutteurs seacuteregraveres et agrave diffeacuterents techniciens
SOUS-GROUPES FORMES DU CORPS CONTROLES GARDES
SAFEN Moyenne en fente NONE Hancheacute Bras (distante) j
NDUTJ
f
SINE-SINE Deacutecalage Ngimbe
Moyenne
SALOUM-SALOUM Passage- Jambe (rapprocheacutee) 1
i
PETITE dessous Tecircte Basse et 1
COTE Moyenne (rapprocheacutee)
Notons que le Niominka ll commence agrave lutter agrave partir du sol pour avoir
assez deacutelan et sauter sur ladversaire afin davoir la prise du lion
(contr6le de la nuque et du bassin)
Co a -tem-nt ccedilt attitude du lutteur sEacuteregravere335 np -1t ~
Les croyances mystiques sont indissociables des activiteacutes quotidiennes
duseacuteregravere Ce qui explique le cocircteacute supersticieux du lutteur seacuteregravere En
~ffet certains lutteurs refusent de lutter avant certaines heures
Certains teacutemoignages nous apprennent quil nest pas donneacute agrave tout le
monde decirctre champion de lutte et que le lutteur doit avoir des dons
surnaturels pour ecirctre agrave mesure de livrer ses combats dans la nuit
et trouver seul un gris-gris speacutecial appeleacute Njatch
Le vrai champion de lutte chez les seacuteregraveres ne lutte pas seulement avec
~a force et sa technique mais surtout avec ses dons occultes
Chez les seacuteregraveres les morts sont toujours preacutesents et les ~pangols
Servent dintermeacutediaire entre les hommes et les morts Le pangol prend i
le nom dhumain dans certains villages (IIHeacuteJga NDONG Har Wag NGOUYE) i 1
De ce fait on verra le lutteur danser dufe maniegravere ou dune autre en
fonction du pangol de sa famille Ainsi nrus aurons le back (chant et
danse du lutteur) des DIOUF des FAYE etclbullbullbull
Dans laregravene le lutteur seacuteregravere a un comportement exemplaire aussi bien
agrave leacutegard de son adversaire direct quave~ le public en geacuteneacuteral Lexpli shy
cation semble tenir au fait que le lutteur seacuteregravere est avant tout selon
la tradition orale le repreacutesentant de toute la communauteacute seacuteregravere Par
conseacutequent il devra saffirmer non seulement en tant que lutteur dans
laregravene mais aussi en tant quentiteacute morale
336 La tenue du lutteur ou NGIMBE est confectionneacutee par le marabout de la
famille ou du clan Le Ngimbe est constitueacute de pagne en cCton tisseacute
Il doit ecirctre propre le lutteur qui le porte ne devra pas avoir de rapshy
port sexuel pendant toute la peacuteriode des cOTpeacutetitians car le Ngi~bE ne
doit pas ~tre souilleacute
Autrefois et mecircme aujourdthui dans certaines familles on devient
lutteur de pegravere en fils et dans ce cas le Ngimbe du pegravere est heacuteriteacute
par le fils Le fait de porter le Ngimbe de ses aieux peut susciter
chez le jeune lutteur une motivation et une volonteacute ineacutebranlable dtasshy
surer la supeacuterioriteacute d~s siens dans ltaregravene Il fera tout pour que le
Ngimbe de la ramille ne touche le sable
La tenue du lutteur a une signification et une importance sur le plan
mystique car selon les anciens le vra1 feacutetiche du lutteur celui qui
le proteacutegera et laidera agrave vaincre le nDjinne ou le tRapu de ladvershy
saire se trouve cacheacute dans ce Ngimbeu bull Celui qui confectionne donc le
Ngimbe U est doueacute de faculteacutes occultes
337 Larbitrase est assureacute par un sage du village qui geacuteneacuteralement fut
champion de lutte de son temps Dailleurs cet ancien nintervient que
si le terrassement est litigieux Hormis le public qui proclame la vicshy
toire ou le match nul le lutteur lui-mecircme est arbitre et il arrive
quil se deacuteclare vaincu
Nous avons pu cfter Meacutedoune KHOULE un desplus grands lutteurs seacuteneacutegashy
lais qui a donn~ une victoire agrave Djeacuteri SADIO son adversaire qui a reacuteussi
agrave lui faire touegraveher le sol de la main
IlL
34 1 Preacutesentation
Lethnie toucouleur vit En grandt partit ciE~~ la vallfc du S~~~gal
pt reprecircsente i peu pr~s 8 de la population totale secircn~galaise
o Histoire
Il semblerait que dans lancien royaume du Tekrour (IX~ siegravecle) des
eacuteleacutements neacutegroiumldes Sarakoleacute et des Peul aient formEacute par meacutetissage le
peuple Toucouleur (Toucouleur serait dailleurs une deacuteformation du
mot portugais Tacouror)
Ce empire a domineacute aussi bien les wolofs de lOuest que les Peul
nomades du Fouta Toro Cette reacutegion fut le premier pays islamiseacute par
les Almoravides ce qui peut expliquer le proseacutelytisme toucouleur
Ce sont les guerriers toucouleur islamiseacutes qui attaqu~rent avec les
Almoravides la capitale du Ghana Koumbi en 1067 On convertit par
la force les animistes Cest sans doute agrave cette eacutepoque que de nombreuses
ethnies reacutefractaires agrave lIslam ont dO accentuer leur migration vers
le sud (Seacuteregravere wolof Sarakoleacute Bambara Songhaiuml Akan et Peul se reacuteshy
fugiaient vers les hauteurs du Fouta Djalon)
Au XIXegrave siegravecle les Toucouleur allaient trouver en El Hadj Omar Tall
un grand conqueacuterent qui sous le preacutetexte religieux de la gJerre sainte
contre les tribus animistes (entre autres Bambara) eacutetendit lempire
toucouleur sur presque tout lensemble du gali et la partie de la Guineacutee
proche du l1ali
Lempire toucouleur composeacute de Sarakoleacute de Bambar~ de ~alinkeacute de
Xassonkeacute dE Peul et de Dogon eut le meurorit~ dunir CES diif~rentes ~ ~ - - - - - et~ics ~t dE CD~stituer l~Sl la b2S~ ~r 1
_ ~ ~ ~_ L ~
~ ~- ~- - - ---- _ 1 v _ t 1 ~-_ --
marabout tOL~culcuuml~ ~ middotlrrany a l ick SI venu des E1i rClS dE Pocior~ (
~ Vi~ euroconomicue et sociale -----------~-------------
Les Toucouleur sont des cultivateurs mais bien quils n~ soie~t pa~
pasteurs comrre les Peul leacutelevage a une place inportarteacute decirc1S ltur
eacutecono~ie Pour faciliter leur conquecircte guerriegraverE ils c~t Eucirc une preacuteshy
dilection pour leacutelevage des chevaux On y trouve aussi des pecirccheurs
appeleacutes Tchioubalo La socieacuteteacute toucouleur aurait une stratification
sociale tregraves rigide Les groupes ethniques et les castes eacutetaient
diffeacuterencieacutes et strictement exogamiques les Rimbe classe des nobles
comprenant la famille reacutegnante et les guerriers libres la classe des
Nieacutenieacutebegens de castes artisanales i les Rimaibeacute anciens esclaves
devenus serviteurs qui portent les noms de famille de leur maicirctres A
la base de lorganisation de la collectiviteacute toucouleur se situe le
village (Wouro)
Toutes ces castes sont cloisonneacutees entre elle~ Ainsi il nest pas
permis agrave un Torodo (noble) de se marier avec un Tchioubalo Ces
consideacuterations sont importantes dans le domaine de la lutte ougrave nous
apercevrons que les nobles ne sont pas faits pour lutter Le noble
preacutesidera les seacuteances de lutte et on luttera pour lui Ces condeacute rat ions
de noblesse et de rang social sont extrecircmement importantes dans le
monde toucouleur
Le noble ne doit pas se salir on lutte pour lui il ne vit la lutte
quen tant que spectateur
342 Education moeurs croyances et eratiques religieuses
Deux formes d~ducation sont agrave consideacuterer leacutedJcatio~ dES enfarts Et
celle des adultes
oG lenfant sait m2n~~r et apprfcier le goOt d~5 ~iifeurorents r~pas lt
le moment ougrave il CO~~e~CE agrave marcher
tivirt n~sormais le petit toucou]eur est eacuteduquf par toutmiddot 12 f2~i)]E
dabord puis par toutes lespersc~nes du village ou du C13~
Lenfant peut ~tre corrigeacute par tout adulte appartenant au groupe social
Son eacuteducation est deacutesormais laffaire de toute la communauteacute et non
exclusivement celle ces parents On linitie ainsi au travail quotidien
qui se fait dans la bergel~ e les champs et les bords du fleuve Au sein
du village il pourra apprendre agrave filer la laine et agrave tisser des pagnes
dans les champs il apprend agrave manier la houe et lhiler pour la culture
du riz et du mil Mais signalons que lactiviteacute essentielle du toucouleur
est leacutelevage des boeufs des moutons et des chegravevres Chez les Ichioushy
balos (p~cheurs ) lenfant sera initieacute tregraves tat au maniement des pagaies
agrave la p~che propremccedilnt dite et agrave la nage
Vers cinq-six ans lenfant est confieacute au maicirctre coranique le Ihierno
et ce dernier dispose exclusivement de toute sa vie Lavenir du jeune
enfant lui appartient
Comme dans les autres groupes ethniques les enfants sont regroupeacutes en
classe dacircge et cest dans cette structure que lenfant subit les rite
de passe et plus particuliegraverement celui de la circoncision
La circoncision est non seulement unE opeacuteration chirurgicale malS surshy
tout une peacuteriode au cours de laquelle le jeune garccedilon passe de leacutetat
dadolescent agrave leacutetat dadulte Les circoncis sont reacuteunis en classe
dacircge dans un endroit situeacute hors duvillage geacuteneacuteralement choisi par les
vieux Cet endroit n~st accessible que par des individus de SExe ffi8SCUshy
li~ ~ta~t au preacutealabl circoncis
- - - -
quable et complet sur le plan phy~ique et ~oral Ai~si liniti~
acquiert les qualitecircs indispensables que sont le courag~ la modest
lesprit de sacrifice lendurance
Le toucoule~r est un pleux musulma~ Cela sexp1
SOil le premier agrave tre en contact avec la religion musulmane de par sa
position frontaliegravere Lethnie toucouleur de par son histoire a preacutesenteacute
les plus grands chefs militaires et religieux musulmans seacuteneacutegalais Et
pour illustrer cela on peut citer en exemple la grande famille musulmane
des SY agrave TIVAOUANE repreacutesentant la confreacuterie des TIDJANES
Bien que lon note une majoriteacute musulmane on peut dire que certaines
croyances et pratiques mystiques et animistes persistent encore surtout
dans la reacutegion du fleuve
Une pratique courante se fait elle sappelle le Djatt Elle consiste
agrave faire sortir le caiman du fleuve agrave limmobiliser et agrave lattacher
sans quil ne reacuteagisse et tout ceci agrave laide de versets et dincantashy
tions magiques Dapregraves les teacutemoignages ces pratiques sont plutocirct
freacutequentes chez les Tchioubalos (pecirccheurs) Il arrive aussi que cershy
tains chasseurs ayant des dons se livrent agrave certaines pratiques an1shy
mis tes qui consistent agrave invoquer certaines puissances et agrave moduler sous
forme de chant des versets occultes pour se proteacuteger des mauvais esprits
et pour eacuteloigner les fauves Ce chant est geacuteneacuteralement incompreacutehensible
et deacutenueacute de sens pour le profane
343 Activiteacutes ludiques et pratiques sportives en milieu toucouleur
Durant toute son histoire lethnie ~oucouleur a toujours EacutetEacute Frese~teacute~
comme celle qui avait ue activit essentiellement guerr e e~ particushy
liegraverement farouche Trois eacuteleacutements ret r t l ecirc t te nt i c- euro so~t
le manie~~nt du ~acircton 12 luttE Et 1eacute danSE
l
Lecircducation ph~sique et artistique Dcc~pe un place precircpondecircra~rp
dans la fDrmat~on du jEune toucouleur A loccasion agraveeacutevegravenemen~ imporshy
tants reacutecoltJs mariages baptecircme nous assistons agrave des manifestashy
tions folkloriques de grande envergure le Wango oucirc dailse toucouleur
tregraves gymnique iles chants et surtout les sEacuteances de lutte
La lutte toucouleur est la forme de lutte la plus spectaclaire dans
tout le territoire seacuteneacutegalais Elle est essentiellement baseacutee sur des
techniques en hancheacute et surtout en souplesse Ceci sexplique par le
fait q~e le jeune toucouleur est tregraves tocirct initieacute agrave la gymnastique (saut 1
per saut de main salto arriegravere saut de tecircte couronneacute etc bullbullbull ) pour
la dans~ du wa~go En dansant le wango qui est une danse rythmeacutee et
gymnique le Jeune toucou1eur est capable de prouesses extraordinaires
1
En lutte lattaquant se deacuteplace tregraves peu pour avoir une bonne saisie
(geacuteneacutera~ement controcircle du Ngimben ) et enchaine brusqueme~t avec une
attaque surpris~ Cependant les ripostes sont souvent surprenantes et
spectaculaires (baseacutees sur la souplesse et la rapiditeacute) ontrairement
aux autr~s form~s de luttes ougrave lon voyait tous les jeune adheacuterer la
lutte to~cou1eur Verra un groupe de speacutecialistes sadonne agrave la lutte 1
(la lutte est lieacutee agrave la position sociale de lindividu problegraveme de
caste)
Q La morphologie du lutteur toucou1eur 1
1 1
Ce dernier nest pas aussi large et aussi fort que les lutteurs diola
et seacuteregravere Cependant il est tregraves reacutesistant La musculatJre est saillante 1
et tregraves souple lindividu est longiligne mais tregraves athleacutetique
Les mouvements de lutteurs sont semblables agrave ceux dun grand fe1in Cette 1
morphologie semble ecirctre lieacutee agrave la position geacuteographique de lethnie
(reacutegion du fleuve) et agrave lacitiviteacute socio-eacuteconomique du toucouleur qui
est agrave la fois cultivateur (activiteacute lieacutee agrave la crue et deacutecrUE du fleuve)
pecirccheuro~T CIcr~icubaon) et sttout jEumlrgcr qui est U~ rc~2eumlr
shy
Deux formes egrave~ corps sembl~nt ecirctre preacutefeacutereacutees du lutteur toucouleur
le hancheacute et la souplesse Les hancheacutes sont faits agrave partir de plusieurs
positions de doset se terminent geacuteneacuteralement par des techniques de
tregraves grande amplitude
TABLEAU RECAPITULATIF DES TECHNIQUES ET FORMES DE CORPS SPECIFIQUES
i
L441 r
GARDE FORMES DU CORPS CONTROLES --shy - -
Moyenne Souplesse Ngimbe
Hancheacute bras
Demi-souplesse
1
Profil psycholosigue 1
TECHNIQUES
ContrOle du bassin et 12 souplesse
arriegravere
Klicket et allegravegement de la hanche
Le lutteur toucouleur est celui lUi se livre le moins aux preacuteparaqons
maraboutiques Cela est dO au f~t que le toucouleur est un grand ~USUlshyman et que les pratiques animisges ont presque disparu dans ce mil~eu
Dans la pratique le lutteur esJ combaif mais il est calme et tr~s reacutefleacutechi quant agrave la deacutecision agrave prendre en plein corps agrave corps ct~st un des seuls techniciens qui reJte tregraves lucide au cours de ses comb~ts
l Dans toutes les circonstances e lutteur toucouleur est tenu de re~pecshyter son adversaire et ceux de s4n eacutequipemecircme sil est vaincu
Comme nous avons dO nous en rendre compte la rigueur des principes
eacuteducationnels a une influence tregraves sensible sur l~ comportement du
toucouleur
i
III S COCL ~s 1DO
Dans cette partie nous avons essay~ de montrer lftroite re1atic~
Entre les diverses activiteacutes socio-eacuteconomiques dans les ethnies et
lES diffEacuterentes faccedilons de lutter
Daucuns seraient tent~s de conclure trop rapidement et cest p0~r
cette raison que nOUS avons penseacute preacuteciser que le pheacutenotype nest
pas geacuteneacuterateur du geacutenotype Et nous sommes convaincus que la morphoshy
logie et les techniques des lutteurs relegravevent de leurs modes de vie
et de leurs croyances agrave une eacutepoque et danE un contexte bien deacutetermishy
neacutes
Est-ce que les lutteurs dio1a ou seacuteregravere travaillant avec leurs bras
dans les champs auraient les mecircmes pr 0 fil s physiques que les lutteurs
utilisant des machines pour lagriculture
- 69 shy
I UJOURDH~1 E-S ut O[l LES FORfilS Ut LU11t~
~otons que notre enqu~te a ecirctE essentiellement faiteen milieu urbain
Les seacuteances de lutte ont tendance agrave perdre leur particulariteacute de r~shy
jouissance pour devenir des pheacutenomegravenes de sportisatio Deux fores
de luttes so~t principale~cnt prat s dans les aregrave~es du 5 al
la lutte traditiunnelle simple et la lutte traditionnelle avec frappe
De nos jours la lutte traditionnelle tend vers une reacuteglementation
et une institutionalisation
Le reacutesultat de nos investigations nous donne le tableau ci-dessous
REPARTITION ETHNIQUE SUR 100 PRATIQUANTS
LUTTE LUTTE RAPPORTETHNIES SANS FRAPPE AVEC FRAPPE J2
Diola 40 16 71 j
Seacuteregravere 26 21 57
Toucouleur 23 10 69
Wolof 1 1 53 17
La demande sociale par ordre deacutecroissant pour la lutte sans frappe
se preacutesente comrre suit
]0_ Ethnie diola avec pregraves de 3 lutteur~ sur 4
2deg_ Ethnie toucouleur
Ethri dun
~ 1 LA LUTTE TR])IIIO~~ELLE AVEC H-PPE
Cette forme deacute lutte a une histoire qui date de lantiquiteacute elle
sa~pelait le Pugilat Au Seacuteneacutegal elle a vu le jour dans le Cayor
bien avant la colonisation Le coup dE pied l~Lrdn~lement la morshy
sure la frappe et le doigtf eacutetaient permis dans le cc=bat ~ ~middot~p0~~e
Dans certains cas la giffle eacutetait beaucoup plus dangereuse que le
poing quand elle eacutetait donneacutee par un speacutecialiste Cette giffle pouvait
agrave elle seule deacutechirer et mecircme parfois amputer la joue de ladverser
Selon les informations la lutte avec frappede nos jours serait une
forme de lutte tregraves eupheacutemiseacutee de celle dantan ougrave une blessure
pouvait souvent ecirctre mortelle
Aujourdhui au niveau du folklore la lutte na plus la mecircme
le spectaculaire a remplaceacute le significatif iLa lutte avec frappe se 1
pratique surtout dans les centres urbains C~aque fois quun grand combat 1
est progra~eacute par le Comiteacute National Proviso~re (CNP) des centaines damashy
teurs sont mobiliseacutes vers le stade lba Mar D~OP qui est aujourdhui le i
lieu approprieacute ougrave se deacuteroulent les grands conkbats de lutte Cest la formE
de lutte qui semble drainer une foule de personnes beaucoup plus importante
que celle de la lutte simple
La lutte avec frappe deacuteriverait dune forme de lutte traditionnelle
pratiqueacutee jadis dans le Cayor au temps des Damels et la frappe serait
le substitut dun certain nombre de pratiques doigteacute jet de produits
etc bullbullbull dont le but eacutetait laveuglement de ladversaire La lutte avec
frappe serait une continuation logique dune carriegravere sportive de la
lutte traditionnelle qui sen sert comme moyen socio-eacuteconomique En
effet la majoriteacute des lutteurs avec frappe ont dabord eacuteteacute initieacutes agrave la
lutte simple Cependant il faut signaler que de nOS jours il arrive
que le jeune lutteur avec frappE- soit directenent formEacute conne speacutecialistE
agrave la frappe sa~s pour autant faire son chemin dabcrd egravea~s la lutte
- ~ shy
Le recircsultat dE ~os interviews ncus rec~trE qGune pcpulatiD~ divcrsishy
fiampe sint~resse agrave ce sport et qUE les intecircr~[s des uns et d~SlautrE~
semble~t divergents naucuns affirment que la lutte traditionnelle
avec frappe serait monteacutee par des personnes dont la vocation est dexshy
ploiter ce pheacuteLomegravene agrave des fins commerciales Dautres disent gJellegrave
jouit de mcyens irport~nts t[l[~isio
tation etc bullbullbull ) pour toucher toutes les couches sociales CEpe~~a~t
nous remarquons que mecircme si certaines personnes reprochent agrave cette
forme de lutte decirctre brutale ces mecircmes personnes nheacutesitent pas agrave
se rendre le dimanche agrave laregravene Bien que critiqueacutee elle semble ecirctre
adopteacutee par une tregraves grande partie de la population seacuteneacutegalaise Cepenshy
dant en tant que techniciens il nous est permis de faire une remarque
Il sagit de
- Limpression nette decirctre devant des professionnels de la frappe
qui sont ~ntratneacutes pour cela Dailleurs les propos que nous avons
recueilli~ nous prouvent que la plupart des champions de lutte avec 1
frappe s~ntratnent dans certains sports de combat tels ~ue la boxe i 1
le karateacute le judo Dans cette nouvelle forme de pratique de la lutte
contrairefuent agrave la lutte traditionnelle le technicien e~t souvent
perdant face au puncheur Ce dernier adopte une lutte agrave distance qui
lui permet de placer agrave bon escient ses coups animeacute du deacutesir de vaincre
Le technicien lui se voit contreacute dans toutes ses entreprises par
un uppercut ou un crochet
On peut dire cependant que nul sport au Seacuteneacutegal que la lutte tradishy
tionnelle avec frappe ne deacutechaicircne autant de passions et autant de
pheacutenomegravenes poussant agrave lexcegraves et deacutereacuteglements quon ne peut que deacuteplorer
Mais comment deacutecrier un spectacle de lutte qui bien quayant perdu la
presque totaliteacute des valeurs traditionnelles veacutehiculeacutees autrefois par
elle sait susciter une participation effective de tous ceux qui sont
preacutesents
CONCLUSION
Dans ce meacutemoire nous sommes efforceacutes ~e faire ressort ir limportance des
ethos et des habitus et leurs effets sur la pratique de la lutte tradishy
tionnelle au Seacuteneacutegal
L~b egravethos repr~sentent dune maniegravere g~neurorale tous les eacuteleacutements speacutec
fiques sux Seacuteneacutegalais par conampeacuteguent un systegraveme de valeurs traditionnellEs
Mais m~me si ces valeurs rev~tent une signification universelle (honneur
digniteacute courage etc bullbullbull ) il nen demeure pas moins que ce nest pas leur
nature qui fait leur speacutecificiteacute mais la hieacuterarchisation et limportance i
quon accorde agrave toutes ces valeurs de ~ar leacuteducation ou la culture
i 1
Aussi les valeurs traditionnelles puient leur speacutecificiteacute dans les
caracteacuteristiques propres aux eacuteleacutements ~e la socio-cu1ture (la technologie
et leacuteconomie la politique et la pareteacute la psychologie et lideacuteologie)
dans la socieacuteteacute seacuteneacutegalaise agrave n momen donneacute de son eacutevolution Cest i
dire la neacuteceesiteacute de ne point faire della valeur une reacutealiteacute statique
Cest dite aussi quagrave tout mome~t le ~eacuteneacutegalais peut eacutevoluer et creacuteer
ou vivre par conseacutequent de nouv~lles fprmes de valeur qui lui sont 1
propres ft (J)
La lutte traditionnelle veacutehiculant deS valeurs socio-cu1ture1les speacutecishy
fiquement seacuteneacutegalaises (croyances valeurs morales norme de comportement
opinion attitude bullbullbull ) devient un eacuteleacutement important qui tregraves certaiaement
nous aidera dans notre effort de valoriser et de peacuterenniser notre patri shy
moine culturel par le biais dactiviteacutes physiques et sportives
Leacutetude des habitus nous permet de prouver quil y a plusieurs faccedilons
de se mouvoir comme danser lutter bullbullbull qui varient avec les diffeacuterentes
ethnies (wolof toucouleur seacuteregravere diolagt leurs convenances et leurs
eacuteducations
(1) Revue Ethiopiques 31 Les valeurs traditionnelles et le problegraveme de leur inteacutegration dans les systegravemes modernes jtducatio-1 2 6r--70
nautre part cette eacutetude permet aussi de nous rendrE compte de la
correacutelatipn eacutetroite existant entre la pratique de la lutte traditionnelle
et le sta~ut socio-eacuteconomique du pratiquant
Nos inves~igations nous indiquent que la lutte recrute essentiellement
au niveau des classes socio-eacuteconomiques situeacutees en bas de leacutechelle
donc posseacutedant le statut social le moins favoriseacute La lutte avec frappe
-et un certain secteur commercialiseacute de la lutte simple- y trouve sa
leacutegitimiteacute Comme le dit BOURDIEU nA habitus diffeacuterents styles de Vle
divergents et il oppse les pratiques aristocpatiques correspondants agrave
des activiteacutes qui favorisent les situations eupheacutemiseacutees ougrave la stylisashy
tion est importante aux pratiques populaires qui font appel agrave des
qualiteacutes qpposeacutees bllutes rugueuses Certaines interviews nous
montrent que plus lindividu occupe une place eacuteleveacutee dans leacutechelle
sQciale e~ 1
moin$ il sinteacuteresse agrave la lutte
Les reacutesultats recueillis dans nos diverses investig~tions confirment 1 1
1er propos qui disent que nous assistons aujourdhu~ agrave une involution
de la lutte traditionnelle parce que perdant toutes ses speacutecificiteacutes au 1
pryfit d~ne autre forme de lutte que lon continue agrave appeler nostalshy
giqlementIIlutte traditionnelle
Ceci pourrait peut-~tre trouver une explication dan la citation suivante
La liberteacute de creacuteer dinnover de vivre Pleineinenf decirctre soi et de
preacuteserver son authenticiteacute la digniteacute et lhonneu1demeurent des illushy
sions dans la misegravere eacuteconomique~ Nos ancecirctres creacuteai~nt des valeurs de cishyl
vilisation parce quils eacutetaient libres parce qu1i~s ignoraient toute
deacutependance eacuteconomique ils cultivaient en eux et cbez leurs enfants le 1
Jorn et la Kersa et preacutefeacuteraient la mort agrave la hoJte lI (1)
Or le Seacuteneacutegal comme la plupart des pays africainsi est un pays sousshy
deacuteveloppeacute t cependant face agrave cette volonteacute du gou~ernement seacuteneacutegalais
de faire inteacutegrer dans leacuteducation des valeurs traditionnelles nous
pouvons espeacuterer utiliser comme moyen deacuteducation la lutteacute traditionnelle
qui reste quand mecircme vecteur jethos et dhabit~s
- 54 shy
Mecircme si lon a noteacute un appauvrissement notoire sur les plans socioshy
culturel et moral la lutte traditionnelle recegravele une gamme importante
et varieacutee de techniques permettant incontestablement une ouverture vers
les luttes olympiques libre et g~eacuteco-romaine
La lecture de ce meacutemoire permettra agrave lentratneur et au professeur de
lutte en fonction du lieu ougrave ils seront affecteacutes dans le territoire
seacuteneacutegalaisdavoir une information sur les techniques contrOles et
formes de corps propres agrave chaque groupe ethnique et de les mettre en
relation avec leurs croyances et leurs mentaliteacutes
Nous avons essayeacute de montrer que la pratique de la lutte traditionnelle
doit tre axeacutee sur une ethnomotriciteacute au Seacuteneacutegal qui permette une inishy
tiation facile Cette pratique de la lutte traditionnelle seacuteneacutegalaise
devra dailleurs essayer de ~eacutepondre aux aspirations du Seacuteneacutegalaisl
moderne en souvrant aux ap~orts positifs des autres civilisations
ex~eacuterieures nous voulons Jvidemment parler du judo et des luttes oiymshyJ
piques 1
1 j Nous navons pas la preacutetentfon dans le cadre de ce meacutemoire demattrise
de reacutepondre agrave toutes les qutstions se rattachant agrave leacutetude de ~a lutte
traditionnelle souslangle~socio-culturel car non seulement il nous
manque lexpeacuterience et la c peacutetence en la mati~re mais aussil l le temps
et les moyens dont nous dis osions ne nous permettaient pas d~puiser le 1sujet i
1 1 1 t 1
l
- )5 shy
BIBLIOGRAPHIE
BIBLIOGRAPHIE
1- CLAPAREDE Psychologie de leacuteducation et peacutedagogie expeacuterimentale
Edition Delachaux et Niestleacute 244 pages
2- POCIELLC Christian Sport et Socieacuteteacute approche socio-culturelle
des pratiques Paris Vigot 1981 377 pages
3- PIERON Henri Vocabulaire de la psychologie
PUF Deuxiegraveme eacutedition 1957 469 pages
4- Revue socialiste de culture neacutegro-africaine ETHIOPIQUES
Les valeurs traditionnelles et le problegraveme de leur inteacutegration
dans les systegravemes modernes deacuteducation
GIA 21 Juillet 1982 213 pages
5- N2 Revue du Centre dEtudedes Civilisations DEM ak TEY
NIS IVegrave Trimestre 1982 96 pages
6- Document lNSEP Colloque sur la lutte aeacuteregravere
DAKAR MAI-JUIN 1980
t 1
~- Travaux du IVegrave Congregraves National ~es Sports agrave DAKAR les 2223041981
Bulletin n2 91 du CIO du 15 Aont 1965
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Etude et perspective
9- Meacutemoire Inspectorat JS DJITTE Mandy Les pratiques corporelles
traditionnelles au Seacuteneacutegal pour leur exploitation et leur
utilisation en peacutedagogie Marly le Roi 1980
REPUBLIQUE DU SENEGAL
--------------- INSTITUT NATIONAL SUPERIEUR
MINISTERE DE LA JEUNESSE DE LrsquoEDUCATION POPULAIRE
ET DES SPORTS ET DU SPORT
-------------
(INSEPS)
MEMOIRE DE MAIcircTRISE
Es-SCIENCES ET TECHNIQUES
DE LrsquoACTIVITE PHYSIQUE ET DU SPORT
LA LUTTE TRADITIONNELLE
son importance sa signification en fonction des ethos et des habitus ethniques au Seacuteneacutegal
Preacutesenteacute par
Monsieur Joseph Victor FAYE
Sous la direction de
M Jean Marc ROCHEZ
Professeur agrave lrsquoINSEPS
Anneacutee de soutenance 1984
WotrQ CCYVcftOl de llnteacute~t JiU W sectU~ e6t ~~pu_~ deacuteclarations de 2rsonnaliceacutes du monde sportif lLrlsi ce Ii1essage agrave lir shy
tention des dirig~ants africains
-ous ~ T beaucoup agrave apprendre de eus ous qui sans
cesse davantage oublions que leacutequilibre de lhomme veuc
quiL sinscrive harmonieusement t aussi bien dans la nature
que dans la civilisation deacutecouvrons que les Atricains nont
pas eacuteteacute initieacutes aux principes du sport et ses vertus au
contraire de maints pays europeacuteens par exemple aupregraves desquels
tout ou presque est agrave retaire agrave chaque geacuten~ration Lexercie
physique tait partie de la vie atricaine il est moyen de commushy
nication et de locomotion- (1)
Or la lutte constitue par excellence ce Veacutecu moteur que nous t1ansshy
mettons de geacuteneacuteration en geacuterieacuteration et ce patrimoine doit survivre agrave
toutes les agravegressions or iginaires dautres modes de civilisation dont
certains effets ne manquent pas de se faire sentir sur le devenir de la
lutte traditionnelle
A la preacuteoccupation de preacuteserver notre authenticiteacute sajoute celle den
assurer la deacutefense
Aussi au-delagrave de nOs analyses destineacutees agrave eacutetablir les rapports entre
modes de vie et styles de lutte nous nous poserons le problegraveme dune
codification objective de la lutte traditionnelle constituant la mise
en communauteacute des apports pertinents de chaque style reacutegional Ce style
national apparatt indispensable en raison de lavegravenement prochain dune
socieacuteteacute seacuteneacutegalaise nouvelle qui ne peut se b~tir que par un partiel
renoncement au passeacute et son contenu (2)
Enfin nous voulons faire partager notre ~nthousiasme gagner agrave notre
cause eacuteducateurs entratneurs de lutte les amener agrave reacutefleacutechir sur leur
pratique et peut-~tre les aider agrave tnseigner avec plus de coheacuterence cette
discipline pour le plus grand bien de notre jeunesse
(1) Bulletin n 91 du CIO du 15 AoOt 1965 - Page 15
(2) Cette preacuteoccupation semble ecirctre partageacutee par de nombreux pays afri shycains ougrave la lutte est de tradition on y pressent quagrave de nouveaux types de socieacuteteacute doit correspondre de nouveaux hlbitus En conseacutequence la lutte doit eacutevoluer Darlllegrave~1e1t SO3 pine d amptre in~niaterpnt l~l~dJl-J~ (Sw~JL~c~ ~ - 13 P~v~~L)ti-~l j Ld L~t~ cr~lJit0nn~l12
otgalisecirce pH la cmFJS - iJAKAR - lai ~~)
-5shy
II QUELQUES NOTIONS DE SOCIOLOGIE POUR UBE MEILLEUR~
COMPREHENSION DE LA LUTTE TRADITIONNELLE
Essayons dexpliquer simplement les termes ETROS et HABITUS et
ETHNOMOTRICITE pour la clarteacute de notre deacutemarche
ETROS dans sa deacutefinition premiegravere veut dire en parlant dun individu
lice qui distingue cet individu des autres (1)
En eacutetudiant cette signification dans le cadre de la sociologie on
entendra par eacutethos ethnique (eacuteducation croyance rite etc bullbullbull ) lenshy
semble des caracteacuteristiques dune communauteacute sociale
HABITUS QCe sont les habitudes et attitudes socialement acquises qui
sous-tendent et preacute-deacuteterminent partiellement les faccedilons de penser de
sentir dagir de tout individu et traduisent notamment le rapport quil
entretient avec son corps (2)
Dans le cadre de ce meacutemoire nous allons essayer de faire une approche
de la lutte traditionnelle sous deux angles dabord en leacutetudiant comme
habitus en tant que technique du corps et ensuite COmme habitus de classe
fonction du style de vie des individus et nous nous proposons dans cette~gt
partie de deacutefinir ces deux notions dhabitus
Marcel MAUSS dans une viseacutee anthropologique emploie ce terme dune maniegravere
tregraves large pour rendre compte des faccedilons dont les hommes socieacuteteacute par
socieacuteteacute dune faccedilon traditionnelle savent se servir de leur corps Ces
habitudes varient avec les individus et leur imitations elles varient surshy
tout avec les socieacuteteacutes les eacuteducations les convenances et les modes les
prestiges
Analysant de multiples techniques du corpsll la marche la course la nage
le beacutechage le saut la danse et toutes les techniques corporelles en geacuteneacuteshy
ral (techniques alimentaires sexuelles de soins de repos bullbullbull ) MAUSS
insiste sur le fait que celles-ci ne sont pas naturelles mais acquises
(1) PIERON Henri Vocabulaire de la psychologie 2egraveme eacutedition revue et augmenteacutee PUF 1957 page Ill
(2) POCIELLO Christian Sport et Socieacuteteacute Approche sodo-culturelledeacutell pratiques Paris Vigot 1981 pages 78-79
La notion dethnomotriciteacute part dune constatation
- la grande diversiteacute des caracteacuteristiques preacutesenteacutees par les pratiques
corporelles en fonction de leacutepoque du lieu des groupes elle teacutemoigne
de linfluence despotique des normeS et des valeurs sociales sur la mise
en jeu du corps
Dougrave sa deacutefinition
Le champ et la nature des pratiques motrices envisageacutees sous langle de
leur rapport agrave la culture et au milieu social au sein desquelles elles
se sont deacuteveloppeacutees (1)
Conseacutequence le contrat ludosportif est aussi un contrat social il
reflegravete la faccedilon dont une socieacuteteacute aime agrave se penser agrave se repreacutesenter bullbullbull
et accepte de se donner en spectacle
Lethnomotriciteacute donne naiss~nce agrave deux sortes danalyses
- lanalyse synchronique -ou eacutetude spacialeshy
de type interculturel agrave hagravebitus diffeacuterents styles de vie divergents
de type intraculturel apparition dhabitus de classe et de pratiques
distinctives
- lanalyse diachronique -ou eacutetude temporelle- ou eacutevolution sur une longue
peacuteriode des pratiques motrices pour une cateacutegorisation dindividus
Cette hypothegravese de lenracinement social de la motriciteacute est une atteacutenuashy
tion des explications psychologisantes consideacuterant lindividu indeacutepenshy
damment de son environnement et sexprimant en termes de goQts motivations
() PARLEBAS pierre Contribution agrave un lexique commenteacute en Science 4e laction motrice Paris Publication INSEP 981 322 pages
AicircAgraveLYSE CES iJFrADES iDe I LES EN flA TIERE
DE PRATIQUE DES SPORTS DE Oicirc-itlAT
Objet Veacuterificat~on de la theacuteorie de lhab~tus
Hypothegravese En raison de son histoire de ses speacutecificiteacutes des valeurs
symboliques dont on linvestit une pratique sportive est en faveur aushy
pris dun groupe de pratiquants en fonction dattentes de niveaux dexishy
gence de fierteacute dappartenance qui sont socialement et culturellement
deacutetermineacutes
Il sagit en quelque sorte danalyser les goOts et les motivations des
sportifs en rapport avec leur condition sociale et le sentiment attachi
agrave ce statut
Remarque Cette analyse sera meneacutee en fonction des classes sociales et
non agrave partir de cla~se dage ou encore de classe socio-politique comme il
est dusage pour toute reacuteflexion sur notre socieacuteteacute trJditionnelle
Cette particulariti provient du fait que nos enquites ont iteacute effectueacutees
en milieu urbain -en raison des problimes de temps et de moyensagrave Dakar
et agrave Thiis pour itre plus preacutecis et il est deacutesormais hasardeux de preacuteshy
tendre y retrouver les structures traditionnelles c~e on pourrait le
faire en milieu rural
Par classe sociale et nous inspirant de la notion marxiste -deacutefinition
du rapport aux moyens de production- nous entendons la distance_dun
groupe social aux postes de deacutecision et de responsabiliteacute Plus cette
distance est grande moins le statut eacuteconomique est eacuteleveacute
Nous distinguons quatre (4) classes sociales car au niveau dune telle
analyse nous ne pouvons preacutetendre agrave la finesse de discrimination indiciaire
de la Fonction publique par exemple
r~partieuml
come il egravest rsectc eacute dans 1 ablea~ ci-dessous
CATEGORISATIONGROUPE EXEMPLE DE FONCTIONADMISE
Administrateur civil - Ingeacutenieur - Meacutedec ilCadre supeacuterieur1 Officier - Professeur
Instituteur - Mattre dEPS shy2 Cadre moyen Secreacutetaire - Technicien
Chauffeur - Militaire Policier3 Cadre subalterne shyPatron - Artisan
Artisan - Cultivateur - Ouvrier temporail4 Non cadre Pcheur
Conditions denqute Six (6) sports de ~ombat sont officiellement
pratiqueacutes Ils possegravedent une structure para-eacutetatique de gestion de contr
ce sont
3 sports de preacutehension - JUDO - LUTTE LIBRE TRADITIONNELLE - LUTTE OLYMPIQUE
2 sports de percussion - BOXE ANGLAISE - KARATE
sport mixte - LUTTE TRADITIONNELLE AVEC FRAPPE
Pour chacun de ces sports 50 pratiquants ont eacuteteacute interrogeacutes sur leur
statut socio-eacuteconomique avec la discreacutetion et la prudence quexige ce
genre de question
Cette enqute sest deacuterouleacutee dans les conditions suivantes
JUDO
Lieu DAKAR - Clubs USTD - DUC - FJAKS - DOJO HOMAR DIENG
Date du 020J84 au 28-05-84
Circonstances Les principaux inteacuteresseacutes eacutetant la plupart sur le tatami
pour lentratnement il fallait souvent attendre la fin
de lentratnement uumlur pouvoir avoir une ou deux entreshy
vues de sorte qu~ le~qu~te a pris beaucoup plus de
On constate que le no~bre de p=a~iq~~-ts ~st ~eauccup plus importd~t dans
les groupes 2 et 3 - Il es ~oindre dans les grQupes 1 et 4
LUTTE LIBRE TRADITION~~LLE
Lieu Dakar - Thiegraves bull Aregravenes Landing DIAME - Ecurie Seacuteregravere (pregraves de
lautoroute) Lutteur diola - toucouleur - Entratneurs - encadreurs
de diverses eacutecuries Stade Iba Mar DIOP - Aregravenes de Pikine et de
Thiegraves - CNPES - INSEPS
Date du 040284 au 020684
Circonstances Elles sont parallegraveles car les pratiquants semblent beaushy
coup plus disponibles que dans les autres disciplines Notre travail
parfoi~ peacutenible en raison de la diversiteacute des ethnies repreacutesenteacutees
et la traduction n1est pas toujours aiseacutee
Observations
Nous constatons que la lutte libre traditionnelle est plus pratiqueacutee
par les groupes 4 et 3 que par les groupes 1 et 2
LUTTE OLYMPIQUE
Lieu CNPES - INSEPS - Iba Mar DIOP (Equipe Nationale) - DUC
Date du 040284 au 020684
Circonstances Les conditions sont meilleures dans la mesure ougrave le
hasard a fait que pendant cette peacuteriode leacutequipe nationale soit
en regroupement et ceci nous a permis d-interroger un nombre
important de lutteurs de grand renom
Observations
En raison du petit nombre de pratiquants r~guliers lenquecircte ne porle
que sur 2S personnes Arbitrairement pour les besoins de comparaison
les raisons de comparaison les reacutesultats cbtenus sont multipli~s par 2 bull
BOXE A~~GLISE
Lieu Iba l-ar DIOP - ASFA - ASFPO - SC -ASC JJAF - ASC lA
ugraveate du 201283 au 020684
~E~~~~E~~~~ Ici nous ferons la mecircme remarque que pour le Judo
Notons que toute lenquecircte a eacuteteacute faite agrave Dakar
Observation
La boxe recrute ses pratiquants surtout dans les classes 3 et 4 et
on note que le nombre de pratiquants nest pas aussi important comme
dans les autres disciplines
KARATE
Lieu YUKOKAI KARATE CLUB - SAMOURAI KARATE CLUB - Iba Mar DIOP
CLUB DE GIBRALTAR - ASFA - ASFA - ASFPO - GM Thiegraves
Date du 201283 au 020684
SE~~~~E~~~ Notre enquecircte se passait dans une ambiance sympathique
de camaraderie Geacuteneacuteralement apregraves la seacuteance dentratnement
Observation
Nous constatons que la distribution des pratiquants bien que favorisant
les groupes 2 et 3 semble plus homogegravene que dans les autres disciplines
~ LUTTE TRADITIONNELLE AVEC FRAPPE
Lieu Ecurie de Fass - Ecurie des Seacuteregraveres - Ecurie Mermoz
- Ecurie des Casamanccedilais
Date du 04-02-84 au 020684
Ccedilj~9~~~aEccedil~ Il est agrave signaler que cest la discipline ougrave l~ contact
avec les pratiquants a eacuteteacute plus difficile les speacutecialistes qui~ la plushy
part du temps semblent meacutefiants quand on commeucircce agrave leur poser des quesshy
tions preacutecises sur leur revenu mensuel
2 -liCc 055cllt le lle11ent SegraveS praLicltants dans le ba
de lecirc~helle ces~-agrave-dire dans le ~ruumlupe 4
~ecircsultats
Les reacutesultats enregistreacutes sont reacutecapituleacutes en nombre et en pourcentage
-agrave lapproximation pregraves- dans le tableau ci-dessous
LUTTE 1 LUTTELUTTEGROUPES BOXE KARATE JUDO AVEC OLYMshySIMPLE i i FRAPPE PIQUE
1 11 1 1 1
1 11 1 1 1 11 0 1 0 8 1 16 9 1 18 4 1 8 0 1 0 7 1 14
1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1
1 11 1 1 1 1 12 3 1
1 6 21 1
1 42 22 1 44 6 1 12 4 1 8 17 1 341 1
1 1 1 1 1 1 1
1 1
1 1 1 1 1
3 22 1 44 13 1 26 15 1 30 16 1 32 5 1
1 10 10 1 20
1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1
1 1 1 11 1 1
14 25 1 50 8 1 16 4 1 8 24 48 41 1 1 82 16 1 321 1 1 1 bull 1 1 1 1 1
1 1 1 1 1 11 1 1 1 TOTAUX 50 1100 50 1100 50 100 50 pOO 50 pOO 50 1100
1 1 1 1 1 1 1 1 1 1
Afin dG failiter la lect~~e je c~ table3~ t ~2 re~dre sig~ific~tives
s info~~ations quil contient ces difteacutere ts reacutesultats nu~eacuteriques
peuvent ecirctre formuleacutes selon des repreacutesentations graphiques
1 Clientegravele des Sports de combat
FIGURE l
Il apparatt nettement que les sports de combat recrutent essentiellement
dans le bas de la hieacuterarchie sociale ce sont des sports populaires don
propices agrave une massification de la pratique
Toutefois on peut nourrir quelques inquieacutetudes pour que soient reacuteunies
les conditions de leur deacuteveloppement en raison du faible statut quils
possegravedent au regard defllintelligentsia seacuteneacutegalaise
2 Hieacuterarchisation des gants sportifs en matiegravere de sport
de combat au sein des cadres supeacuterieurs -Groupe 1shy
FIGURE I[
La f-appe est honni aucl1 pratiqua1t de boxe Olt de lutte avec frappe
agraveUloins quelle fasse lobjet dune stylisation cxtrecircme COTIme cest le
cas dans le karateacute Ce groupe manifeste un seuil extrecircmement bas de toleacuteshy
rance agrave la violence ce qui explique les discours infamants degraves que la
lutte avec frappe est secoueacutee par quelques excegraves Leacuteopold Seacutedar SENGHOR 1
navait-il paS deacuteclareacute que cette forme de lutte eacutetait une atteinte permashy
nente agrave limage de marque du Seacuteneacutegal
Bien quil soit difficile de proposer une explication unique curiositeacute
esprit douvetture permeacuteabiliteacute aux modes bullbullbull les repreacutesentants de ce
groupe adoptet facilement des sports importeacutes 85 des goOts pour le 1
Judo le Karateacute et la Lutte Olympique qui pourtant est bien peu pratishy1
queacutee au Seacuteneacutegfll j
Faut-il en deacuted~~re une attitude geacuteneacuterale favoris~agrave tout ce qui provient
de leacutetranger
Nous nous refu~ons preacutesentement agrave ce genre dexplicationJ ne ser~it-ce que
par ses conseacuteqJences sur notre sport national dont les perspectives appashyj
raicirctraient bie sombres
Admettons que la pratique de ces disciplines sont en rapport avec des
deacuteterminants eacuteconomiques et que ceux-lagrave sont un frein P4ur la popularisashy
tion de ces pratiques A lappui de cette interpreacutetation~ il suffit de
composer le champ social du Judo et celui de la Lutte libre traditionnelle
--== G J
32
LUTTE SIHPLEJUDO FIGURE JI(
Le groupe 2 qui manifeste un inteacuterecirct reacuteel pour les sports de combat -pregraves
de 25 iuml de la population i~tervieweacutee- et qui p6ssegravede les ~oyens de choisir
ses pratiques opte massivement pour le judo CDnme lexprirre le rapport de
agrave 4
- shy
A la lumiegravere de cette succi~te analyse des demandes sociales en matiegravere
de pratique des sports de combat nous pensons recouper la theacuteorie de
lhabitus selon BOURDIEU qui veut que des hatitus diffeacuterents impliquent
des styles de vie divergents si lon entend par style de vie un systegraveme
de pratiques classeacutees et classantes(I)
La mutation de la socieacuteteacute seacuteneacutegalaise celle du milieu urbain se caracteacuteshy
rise par lapparition despaces sociaux qui sont en rapport avec des
espaces culturels Il en reacutesulte des pratiques distinctives comme
lexprime le pogam
En effet si les cateacutegories sociales existent et si chaccedilune delle exprime
une marque sur les conduites des sujets il est naturel ~e penser que des
pratiques1 sportives servent de modegraveles distinctifs et detrsymbOles dorgashy
nisation ieacuterarChique dans la socieacuteteacute exprimant les dif eacuterentes clas8eamp(2)
Ces const4tations ont dimportantes implications sur leeacuteveloppement et
lavenir des pratiques Si dans notre IIIegrave partie nous 1tenterons de 1
mettre en rapport les particulariteacutes ethniques avec les pluraliteacutes de
style de lutte nous parlons presque au passeacute Une IVegraveme partie devra
e~visager la situation actuelle de la lutte afin de pouvoir eacutemettre
qu~lques hypothegraveses sur son devenir
Cest auss~ une ambition de ce meacutemoire daider ceux qui sinteacuteressent reacuteellE
ment agrave la lutte de savoir entendre au travers des deacuteclarations normatives
et apologeacutetiques Nous ne doutons nullement de la conviction ou de la bonne
foi de leurs auteurs mais parmi les possibles il yale probable et seul
ceiui-lagrave meacuterite decirctre retenu car plus proche agravee la recirc~liteacute
(I) BOURDIEU pierre La distinction Les Editions de minuit 1979 page 191
(2) Le POgdlt Deacuterrocratisation du sport ythe (u reacutealiteacute
- 1f shy
j j l IlL DL l H L S DE
3 1 LA COll1ŒNAUTE DIOLA
311 Preacutesentation
Les diolas vivent dans la reacutegion de Casamance et repreacutesertent 9 de la
population totale du Seacuteneacutegal Ce sont geacuteneacuteralement des cultivateurs de
riz et des artisans Cependant on peut les trouver aujourdhui disperseacutes
dans toutes les capitales reacutegionales affecteacutes agrave divers meacutetiers militaire
gendarme fonctionnaires de lEtat ouvrier etc bullbullbull
Dans les villes la plus grande partie des diolas vit dans les qoartiers
populaires Par exemple agrave Dakar on les trouvera agrave Colobane agrave Fass agrave
Grand Yoff ou agrave Khar Yalla La plupart du temps cesDnt des artisans et des
ouvriers du secteur priveacute qui vont essayer dune maniegravere ou dune autre de
vivoter en bricolant deci de lagrave Mais mecircme loin de la Casamance cette
ethnie conserve une grande partie de ses caracteacuteristiques et plus partishy
culiegraverement la solidariteacute ethnique qui veut que les Diolas forment toujours
un bloc bien soudeacute quand le besoin se ifait sentir et cecisans discrimishy
nation de rang social Ainsi tous lesdiolas de Dakar se mobilisent pour
supporter le Casa Sport chaque fois qbe cette eacutequipe de foot-baIl vient
jouer agrave Dakar Cette mobilisation se fera aussi dans le cas ougrave leur chamshy
pion de lutte Mamadou SAKHO livre uncombatimportant
Lethnie diola est diviseacutee en trois sous-groupes
- les dio1as Fogny de Bignona
- les diolas Kassa autour dOussouye
- les diolas Blouf dans la preacutefecture de Tendouck
Mais en lutte on a pris lhabitude ~e les grouper en deux zones dune
part le Kassa qui preacutesente des particulariteacutes et dautre part lE Fogny
et le Blouf
- J 7 shy
3 ) 2 ~U(lquE5 aspects d~ l~ducatio~ ~t des rit~s en milieu diol~
L eacuteducat ion veacuteritable de lenfant diola est sociale et ne se corlprend
que dans la relation sociale elle deacutepasse de loin le strict cadre
famililal Elle commence au stade de lapprentissage du langage
Lenfant apprendra agrave reconnattre le langage du regard de ses parents
Il doit connaicirctre et faire la diffeacuterence entre un regard approbateur
et un regard qui blacircme De mecircme il doit apprendre agrave faire les gestes
de la tecircte qui expriment lapprobation En aucun cas lenfant nest
laisseacute agrave lui-mecircme Aura-t-il deacutesobeacuteit par complaisance naura-t-il pas
eacutecouteacute ou fait attention aux recommandations reacutepeacuteteacutees plusieurs fois
sans reacutesultat il fera lobjet dune punition corporelle avec la chicotte
Elle a pour effet de faire mal au corps de lenfant afin datteindre son
acircme sa sensibiliteacute et instaurer en lui une sorte de 1iaision de la
meacutemoire du mauvais comportement agrave la douleur quen voulant eacuteviter la
douleur il finit par eacuteviter le mauvais comportement en tout cas den
prendre conscience degraves cet acircge Cest une meacutethode deacuteducation mora1e (])
i 3121 Leacuteduca~ion maternelle
1
Notre eacutetude nous a montreacute que mecircme de nos jours leacuteducation diola
conserve encore ses caracteacuteristiques traditionnelles au niveau des rites
des moeurs des habitudes des principes et des normes
Leacuteducation de lenfant reste lune des plus rigoureuses Elle commence
degraves le plus bas acircge car pour le dio1a on ne peut redresser une personne
adulte donc autant leacuteduquer tregraves jeune Jusquagrave lacircge de trois ans
lenfant sera encadreacute par sa megravere qui bien queacutetant tregraves douce fait
preuve daucune indulgence Elle lui apprend les interdits de la communaushy
teacute respecter son prochain ne pas insulter ni profeacuterer de gros mots surshy
tout en preacutesence de grandes personnes ni faire violence agrave autrui
Plus terd v~rs cinq ou SlX ans le jeune garccedilon est initi~ a~x travaux
ces cna~ps des rizi~r~s cles pal~eraiEs ce Gui ne manquer6 pa5
davoir ces rEpcrcussic~s sur SOn deurovelopperncnt morpholoique
- 1( shy
3122 La circoncisio~
cest un rite obligatoire Il a pour but dintroduire le garccedilon dans
la communauteacute des hommes en tant que responsable Cest un rite qui
laisse une trace indeacuteleacutebile dans la vie du jeune diola Les principes
de la vie en socieacuteteacute y sont enseigneacutes agrave fond Le rite de la circoncishy
sion preacuteseuro~teuro uneuro forme p~lticul do~t s~uls les diolas connaissent
lorganisation internecar la circoncision est agrave la fois une eacutepreuve
physique intellectuelle et morale
Cette circoncision en milieu diola se passe dans le bois sacreacute En ce
lieu les Njoulis (circoncis) sont encadreacutes par des mattres les
Kintangs et au-dessus de ces mattres regravegnent un ecirctre doteacute de faculteacutes
occultes il sagit du Kankourang Le kankourang a cette capaciteacute de
disparattre de voler quand bon lui semble Il incarne la justice et la
violence et assure la protection de ses disciples contre les mauvais
esprits Ainsi le kankourang incite agrave lobeacuteissance et agrave lordre dans
cette socieacuteteacute Dans la tradition diola le kankourang repreacutesente un
pouvoir mystique capable de choses extraordinaires dont la socieacuteteacute
moderne avide de raisonnement ne pourra trouver une explication Au
cours de la circoncision les initieacutes subissent un certain nombre
deacutepreuves physiques que le diola appelle samasso Il doit se soushy
mettre agrave lensemble de ces eacutepreuves consideacutereacutees comme indispensables
agrave sa formation pour lui permettre de juger ses capaciteacutes physiques
mais eacutegalement deacutepouver sa valeur intellectuelle morale et sociale
Il pourra aussi se mesurer aux autres dans le domaine de la consideacuteration
et du respect En quittant le bois sacreacute le jeune doit posseacuteder une
grande partie des qualiteacutes humaines et socisles quil faut agrave un howmE
pour vivre en harmonie avec la socieacuteteacute traditionnelle Il serait bien
sOr possible dans le cadre dune eacutetude plus approfondie de parler de
bien dautres rites et pratiques traditionnelles
Notons cependant que le rite de la circoncision appartient aux anc~t~es
et que dans les villages reacutecents ougrave les structures ont changeacute on ne
Jeux jours avant la re~trfE cans le bois sacr[ les adolescents so~r
-
- Jo shy
por lE diola 11-071- doit rester en harrc1iE avec lE
tal lanimal lui-mecircme les ancecirctres les geacutenies Le rit~ du rasdge co~sist~
acirc ~loigner la ~alchance de lenfant Si l~ ritE nest pas respecteuro eumlr es
parents du futur initieacute celui-ci connaicirctra la malchance pendant toute sa viE
Ce rite a aussi pour faculteacute deacuteloigner le mal et de preacuteserver lenfant des
mauvais esprits
Le rite de leau sacreacutee se fait un jour avant lentreacutee dans le bois sacrEacute
Les femmes doivent se garder davoir le moindre contact avec leau beacutenite
pour se preacuteserver des conseacutequences facirccheuses qui pourraient en reacutesulter La
tradition veut quune seule goutte soit capable de deacuteclencher lavortement
l chez la femme enceinte de rendre steacuterile la jeune fille ou de provoquer des
menstrues perpeacutetuelles chez la femme ayant atteint la meacutenopause bull
bull Le rite de la forge protegravege le futur initieacute pendant son seacutejour dans le bois
sacreacute Mais cette protection seacutetend bien au-delagrave et de rite veut que toute
personne qui y faillit soit condamneacutee agrave devenir leacutepreuse
Pendant plusieurs semaines les jeunes initieacutes subissent une formation capishy
tale qui fera deux des hommes complets
313 Croyances et pratiques mystiques
Si nombreux sont les diolas convertis au Christianisme ou agrave lIslam leur
foi napparatt jamais incompatible avec leurs croyances animistes Lhisshy
toire des rois et reines diolas nous reacutevegravele quils eacutetaient les ffprecirctres fl de
ces cultes feacutetichistes destineacutes agrave maintenir la fertiliteacute et agrave provoquer
la chute des pluies De nos jours existent encore des socieacuteteacutes secregravetes agrave
base religieuse ou magique la plus redouteacutee eacutetant lassociation neacutecrophashy
gique Kousanga des Floup (1)
Deux fafu expliquent la coexistence du dogme et de la croyance
le contact tardif de la socieacuteteacute diola avec les civilisations eacutetrangegraveres
et leacutevangeacutelisation ou lislamisation quelles veacutehiculaient Il e~ reacutes~lt~
une importance des traditions leur reacutesstance agrave une remise en questic~ ce qui confegrave~e agrave la socieacuteteacute diola un caractegravere conservateur
r~c~~i]EE 2~fr~~ ~c - t
ct ~Cc egraveE~ Cimiddotilisatilaquo~ eacute
la neacutecessiteacute de lanimisme consiegraveeuroreacute comme base de toutes legrave~
religi0~s uumlegrave serait-ce que corr~e tentative ciexpliquer li1explishy
cable en se repreacutesentant en particulier comme un ensemble de puisshy
sances mystiques Ainsi pour lanimiste agir sur la nature cest
intervenir psychologiquement aupregraves de ceLX qui la gouvernent
314 Imeact des moeurs sur la prat~que de la lutte diola
Lorigine de la populariteacute de la lutte eugrave milieu diola est par trop
impreacutecise aussi nous nous limiterons agrave en donner la signification
actuelle La lutte apparatt dabord comme un moyen privileacutegieacute deacutedushy
cation
- sur le plan corporel afin de deacutevelopper la force lagiliteacute la
rapiditeacute et la souplesse
- sur le plan moral afin de deacutevelopper les vertus caracteacuterielles
courage tenaciteacute digniteacute bullbullbull neacuteces~aires agrave laction
Mais la lutte apparatt aussi comme un mpyen dinteacutegration sociale car
le jeune diola qui se refuserait agrave se sbumettre agrave leacutepreuve de la lutte
encourrait un isolement alors que celui qui excelle en bravoure devient
rapidement populaire Dougrave ces affrontements agrave linteacuterieur dune classe
dige qui tout en restant un moyen de reacutejouissance servent eacutegalement
agrave eacutetablir des comparaisons
Nos observations et nos interviews confirment le caractire tris physique
de la lutte diola immeacutediatement les lutteurs sont au corps agrave corps et
les techniques consistant agrave aracher ladversaire priment sur toutes les
autres Exprimer sa force est une preacuteoccupation constante il suffit pour
sen persuader de voir le groupe de lutteurs peacuteneacutetrer dans laregravene au son
du Born bol on que rythme le claquement de mains des femmes
C~tte da~se est une deacutebauche dAnegie Ougrave les lutteurs pieacutetin~Ert avec
force L sol
i shy
3141 EorphologUgrave et valeur physiques du lut teur diola
Le lutteur diola possegraveagrave~ un deacuteveloppement caracteacuteristique du trai~
supeacuterieur et de la musculature doso-lombaire Ceci est tregraves certaineshy
ment lieacute au maniement de la houe de la daba et surtout dukadiando
dont lusage permanent a modeleacute la morphologie du lutteur diola
La valeur physique de ce lutteur semble reposer sur sa force sa
reacutesistance mais aussi sa rapiditeacute
3142 Reacutepertoire technique
Dans le Blouf la forme du corps la plus utiliseacutee est le deacutecalage souvent
combineacute avec un crochet de jambe (gal gal) ceci semble ecirctre lieacute agrave
lutilisation quotidienne dans les riziegraveres du kadiando Le paysan du
Blouf sera ameneacute agrave faire un mouvement de torsion pour deacutecalerlinstrushy
ment enprenant appui sur son genou et ceci continuellEment pendant toute
la jourpeacutee Chez les diolas du Fogny le kadiando eacutefait surtout utiliseacute
par les femmes qui soccupaient autrefois exclusivement de la riziculture
et ce n~est quaujourdhui que les hommes cultivent le riz 1
La principale culture dans le Fogpy est celle du mil on y cultive aussi
de larachide De ce fait loutil le plus utiliseacute est le donkoton qui
est un instrument tregraves petit avec un manche court et dont le maniement
expliquerait peut-ecirctre leacutetonnante musculature du train supeacuterieur et surshy
tout de la zone dorso-lombaire du 4i6la fogny qui excelle dans les techshy
niques en force genre arracheacute avec les bras sur contrOle de la ceinture
de ladversaire Lulisation du donkoton semble eacutegalement expliquer la
garde tregraves basse du lutteur fogny
Dans le kassa on aurait pu trouver la mecircme forme de lutte car la morphoshy
logie du lutteur est agrave peu pregraves la mecircme mais linterdiction formelle de
la prise du ~gimbe modifie et limite tout le repertoire technicult2 ou
lutteur Le lutteur kassa adopte une garde basse et agrave une preacutefeacuterence pc~r
legraveS tc~-iccedilues n passa~ dessous - - ~ shymiddotmiddotcrc t--=~ c-
----
contact et agrave partir de ce TtoTteuront ils peuvent se relever et conti~uEr
en lutte debout jusquau terrassemen~
Toutes les gardes sont rapprocheacutees en milieu diola
irbi trage
Les combats sont arbitreacutes par un deacuteleacutegueacute geacuteneacuteralement anClen lutteur
Ces anciens lutteurs ont pour rocircle de veiller au bon deacuteroulement du
combat La victoire est deacutecreacuteteacutee dans les cas ougrave un des lutteurs se
retrouve en position assise sur le ventre sur la cuisse ou les
genoux (sauf dans le Kassa)
Il existe un autre mode de victoire celle qui est proclameacutee agrave la
suite dune supeacuterioriteacute eacutevidente du~ des lutteurs A savoir quand
un lutteur soulegraveve tregraves haut son camarade et que son manager estime i
quil est pratiquement battu il peut arrecircter le combat en touchant
dabord le lutteur adverse popr eacuteviter que son lutteur ne soit terrasseacute
tregraves fOrt Nest-ce pas un deacutecision sage des managers qui peut contribuer
agrave maintenir le caractegravere reacutecr~atif de la lutte joola 1
La victoire dun village sur un autre village ne se mesure pas au
nombre de victoires obtenues par lensemble des lutteurs En effet
il suffit que le champion soit battu pour que le village soit consideacutereacute
comme deacutefait Ce qui explique limportance et le seacuterieux que le village
accorde agrave la preacuteparation des championsl)
Il est cependant important de signaler que larbitrage dans les centres
urbains revecirct une iautre forme beaucoup plus codifieacutee et cest peut-ecirctre
une des raisons qui font quen milieu urbain la lutte diola perde une
partie de son originaliteacute
En dehors des techniques speacutecifiques agrave chaque sous-groupe il faut
signaler quil y a une multitude de prises et quelGues formes de corps
comTIunes agrave letnn Car reconnaissons qu il cO unE ror-euro approp=i~eacute
dE ~ouvane du l~tteur diola en TaI
-----~-----
LE tableau ci-dessous se propose dE reacutesumer les diffeacuterentes consideacuteshy
rations techniques envisagEacutees dans cette partie
FORlŒSSOGS-GRGUPES 1 COItltOLE GA~JESDt CORF=
i ~
1 1
Passage dessous de jambes et BassE KASSA saisies Moyenne1annexes bras (rapprocheacutee)
ceinture tecircte
Deacutecalage de Moyenne et BLOUF Demi-souplesse Ngimbe
HauteHancheacute Bras (rapprocheacutee)
Jambe
Arracheacute CouFOGNY Tregraves basse
Hancheacute ii 1
1 1
3 14 3 bull LeIIa~~jueetlecom~ortementdulutteur-+iola
1 Le comportement et lattitude du lutteur dans laregravene pe sont en fait
t
que le reflet de sa psychologie et plus partiCUliegraverem t de son eacutetat
dacircme Or il napparatt pas abusif deacutetablir des cor eacutelations entre
le psychisme dun individu et lempreinte eacuteducative quil a subie En effet en sortant du bois sacreacute le jeune diola a acquis un ~ca~~l
eacutequilibre physique et mental
Cette matrise de lui-mecircme permet au lutteur dans la~egravene dadopter
un aire enjoueacute de manifester beaucoup denthousiasme~ La lutte devient 1
essentiellement un jeu laspec ludique y est privileacutegieacute et ~ela influe
sur le comportement du lutteur
Ainsi queurolq~c soit limporta~cE de le~je~ le lutt~c~ dic1e Seuroreacute
to~jours serein et s~ livrera sa~s arri~re pe~s6e da~$ ~E CO=beacute ou-
tons que le lutteur diola est trecircs fair-play et sil arrive quun rdnd
lll L COIicircilU1Ul L ULOF
32 J Preacutesentation
La soc tEacute wucirc10f est celle qU1 a eacuteteacute la plus marqueacutee par la colonisation
~~ fait peut-gtre de sa position geuroographiquE dune part ct de 50~ imporshy
tanCE sur le plan dfmographiquE dautre part En effEt ceurootteuro CC-~ucircautE
wolof repreacutesente environ 20 de la population seacuteneacutegalaise
Elle est constitueacutee de pecirccheurs (ce sont les leacutebous) dagriculteurs de
fonctionnaires de lEtat mais surtout de commerccedilants
A pqrtir de leur reacutegime dimplantation le Cayor le Walo le Baol le
Djolof et la presquicircle du Cap-Vert les wolofs ont tendance agrave irradier
sur lensemble du territoire sous leffet de leur speacuteculation agrave la culshy
ture de larachide et du nombre important de fonctionnaires quon trouve
dans cette ethnie
322 Les moeurs et croyances wolofs
Bien queacutetant en grande partie des musulmans convaincus les wolofs
conservent toujours une croyance animiste et continuent agrave faire des
sacrifices agrave porter des cornes ou des morceaux de bois agrave la ceinture
aux jambes ou aux bras et agrave croire agrave lexistence des Djinneacutes et des
Raps bull
Le Djinneacute cest une creacuteature malfaisante en geacuteneacuteral capable de choses
extraordinaires Il possegravede des faculteacutes surnaturelles Cependant dapregraves
la croyance animiste certains Djinneacutes peuvent ecirctre bons
Le Hapl cest une creacuteature ayant des dons occultes appartena71t agrave une
famille ou agrave une communauteacute et dont le rOcircle est de veiller cu daider
les reCJrES de le fai11p ou dt la conmunauteacute en cas de da1gel Le Rap
~ ut te c ) ~~c-
ei sltcificE cJ sanl dE meut0 dL chat de pC)wleurot 5E1lt les conveuroshy
lances parfois leur dorner COrllTe offrande du lait Laii
Qua1d une famille ou une communauteacute neacuteglige les Sarakh (ici dans
le sens de sacrifice ou Offrande) elle se voit aussitocirct vouEacutee agrave la
maleacutediction des mauvais esprit~ (fcllec dans touteacuteS lEs ~treprises
de la vie maladie mort bullbullbull ) Les lieux ougrave habitent ls Taps et ougrave
se font les sacrifices se nomment Khambs
Geacuteneacuteralement le khamb se trouve dans lenceinte de la maison ou
dans un coin approprieacute du village Les lieux du khamb sont marqueacutes
par la disposition de calebasses de pilons de morceaux de poterie
briseacutes de grosses pierres de cornes et dautres objets heacuteteacuteroclytes
La superstition wolof est tregraves marqueacutee En effet pour le wolof toutes
les manifestations quotidiennes trouvent leur signification dans le
mysticisme Citons agrave cet effet quelques ezemples Une femme enceinte
ne doit pas marcher agrave nimporte quelle heure de la journeacutee Certaines
heures de la journeacutee lui sont interdites le Timiss (creacutepuscule
le Ndjo~or (de 13 H agrave 14 H de lapregraves-midi) le souf-segravede (de
minuit i4 H du matin) Selon la tradition ~t la croyance wolof les
mauvais ~sprits choisissent ces heures pour jeter des sorts Et la
femme enceinte eacutetant tregraves vulneacuterable le Djinneacute essaiera de lui insufshy
fler son souffle pour atteindre son beacutebeacute afin dentratner soit la
meacutetamorphose de cedernier en monstre soit de le tuer avant sa naissance
Dailleurs pour le wolof et pour certaines autres ethnies au Seacuteneacutegal
le timis le tdjolor le souf-segravede repreacutesentent des peacuteriodes de
la journeacutee ougrave lon ne doit pas se hasarder dans les rues et les champs
Ce sont des heures propices aux apparitions des Djinnes sous nimporte
quelle forme humaine ou animale
Il est eacutegalement interdit au wolof de marcher ou de serti la nuit du
~eacutellfria-
loutes c~s pratiques ~ystiqu~s et cr0ya~ces religi~us~5 ~xistent eL~~[
certainement dues agrave un meacutetissage culturel Parallegravelement aux feacutetiches
aux incantations et agrave lutilisation des safaras (substance magique)
notons lexistence de ga l a tchs (ce sOnt des talismans ougrave sont inscrits
du qui les porte Toutes ces croyances biEn sucircr auront une rEacutepercussicrI
sur leacuteducation du jeune wolof
323 Leacuteducation du wolof
Pour caracteacuteriser leacuteducation wolof nous avons penseacute donner comme
illustration cet extrait de la revue DEM ak TEY Pour deacutefinir leacutedushy
cation le wolof fait appel agrave un symbolisme qui eDglobe aussi bien les
moyens mis en oeuvre Yar que le reacutesultat obtenu agrave laide de ces mecircmes
moyens cest-agrave-dire la formation et le deacuteveloppement de lecirctre humain
ou Yaru
Le substantif Yar deacutesigne le fouet
Ce symbolisme deacutesigne donc au-delagrave du simple sens mateacuteriel de lobjet
lutilisation qui permet daboutir au reacutesultat escompteacute (Yaru) Au sens
geacuteneacuteral Yar deacutesigne tout instrument servant agrave infliger une punition Le
terme laisse supposer agrave priori que cette phase de lenfance durant lashy
quelle se preacutepare la vie de lhomme est lieacutee agrave la souffrance au supplice
Dailleurs une maxime wolof compare lenfant agrave une tige quon a tout le
loisir de redresser alors quelle est encore flexible bull
bullbullbull Pour leacuteducateur wolof la perfection nest point de ce monde malS
le devoir de chaque homme est de tendre vers la pleacutenitude en luttant
contre ses propres faiblesses Leacuteducation va d01c iisister essentielle~(-~t
sur lexercice quotidien de leacutelevation ffiora1e d~ lindividu Pour cela
elle privileacutegie la patience munI) vertu dabneacutegdtion et dE deacutesinteacuteresseshy
m(~t autour dE laquelle sarticulent toutes ]e~ ~u~~~s qualiteuros
i _
aan~ ~ s0cieacutet gt~olcf ocirclt~tartt nul -Jt- poulait sabecircisstr
tion de sa libertEacute La liberteacute est le preuumler drcmiddotir dE l ho-)euro egrave~S
baigner dans une beacuteate admiration du passeacute la comparaison avec le pr~$(middott
si~posc dclle-mecircme car lon reste s reacute devant la deacutesinvolture aVEC
laquelle dES honmes daujourdhui descendants de cette ~~~EacuteTatic ccedil~l se
une fois [largis bullbull tTasque fiers davoir fait leacute priS0n PEut-2tTE
faut-il mettre cela sur le compte de lurbanisation et des nouvelles
valeurs qui ont pour nom enrichissement reacuteussite sociale avec ce que
cela comporte de deacuteshumanisant et de deacutepreacuteciateur (1)
3 bull 2 bull 3 1 bull Lesri tes
Le sevrage et la circoncision constituent les deux grandes phases initiashy
tiques chez le wolof
- Le rituel du sevrage est appeleacute maga1 (litteacuteralement rendre grand)
Cest un eacutevegravenement important aussi bien pour les parents de lenfant que
pour la co~unauteacute Durant cet eacutevegravenement qui survient geacuteneacuteralement deux
ans apregraves la naissance du beacutebeacute les personnes vivant dans lentouragE
apportent leur soutien moral et mateacuteriel
- le rituel de la circoncision revecirct pratiquement la mecircme signification
que dans les autres ethnies seule la forme diffegravere La circoncision reste
encore une eacutepreuve de la vie au sort i r de laque Ile ladolescent devient un
homme Aujourdhui il faut noter une meacutetamorphose de la structure sociale
et des croyances religieuses tregraves accentueacutee aussi bien chez les wolof que
chez les autres groupes ethniques et ceci est peut-ecirctre dO au contact
permanent quils ont avec la socieacuteteacute occidentale
Malgreacute ces constat~tions il semblerait pcu=tant qUE la sociecirct~ lecircbou Gci
bien que se trouvaLt en grande partie dans ~a Presquth du Cap-ETt Et
en contact permane~t avec les blancs soit la portior la plu8 cc~serva-
----------~_- ---~-- -----
~
Incidences d s ~00urs sur la l~ttE
Le wolof connaicirct deux formes de luttes la lutte sirplE- sans t-t
la lutte avec frappe La lutte avec frappe a une crigi~e purement r
et ce nest que plus tard quelle devint une prati1uE sportive et lud
preacuteparer agrave la guerre Aussi tout en luttant On eacutetait autoris~ agrave frapper~
griffer mordre voire introduire son doigt dans loeil de son adversaire
Le jeune wolof devait eacutegalement se livrer agrave la lutte avec frappe afin de
favoriser son insertion dans la socieacuteteacute adulte et sinitier au meacutetier de
soldat faute de quoi il ne pouvait se faire entendre ne avoir des marques
de respect Pour montrer la populariteacute de la lutte dans le Cayor signalons
que les Damels ll (rois) et les Teignes (nobles) nheacutesitaient pas agrave sy
livrer Quant au IIMbeu~ (lutteur) elle lui servait de moyen de promotion
sociale car d8S que sa reacuteputation eacutetait eacutetablie il pouvait ecirctre choisi
par les rois et les nobles comme garde de corps
325 Signification de la lutte en milieu wolof
La lutte se pratique dabord pour lhonneur qui est une vertu tregraves signishy
ficative pour le wolof Elle permet de renforcer les liens amicaux entre
les jeunes de villages diffeacuterents Le champion veut gagner
confiance et la consideacuteration de son village de ses amis
Etre champion cest aussi susciter ladmiration chez les
sentant la force la viriliteacute et la deacutetermination
326 Organisation d~s eacutepreuves de lutte
3261 Les Mbapatts Ce sont les seacuteances nocturnes
pour meacuteriter la
et des anciens
filles en repreacuteshy
Ils sont organiseacutes apregraves les reacutecoltes agrave la fin de la saiscn des pluies
Ceci surtout p~ndant les peacuteriodes de clair de lune car ils peuven~ durEr
toute la nuit Le but des ~Dapatts lt=tait de prfpa-er FhysicuemeH et
~ arb Sil
326 Le 1
cest une organisation beaucoup plus importante que les I~apatts ~
loccasion de laquelle on peut voir plusieurs lutteurs de grande reDommfe
saffronteLLa fin dl lamb est toujours couronneacutee par une grand co~bat
duquel le vainqueur est sacreacute champion de la contrecirce
Le choix du lieu est lieacute agrave limportance de ce lieu dans le village cest
la place publique ougrave geacuteneacuteralement se passent toutes les manifestations
assembleacutee geacuteneacuterale sabar (danse) cest aussi lendroit ougrave sont prises
les grandes deacutecisions
3623 Lappariement
Dans un village ou un quartier les lutteurs se regroupent en lang
(eacutequipe) et jamais deux lutteurs de mecircme lang ne se rencontrent lors
du lamb
L appariement s~ fait librement entre lutteurs de lang diffeacuterents l1hs
une regravegle veut ~uavant de lutter avec le Mbeur Kanur de tel lang si
on est soukh (l~tteur pas encore confirmeacute) il est neacutecessaire de lutter
dabord avec ses soukh et ce nest quapregraves les avoir terrasseacutes tous
quon se voit octroyer la chance de lutter contre lui
Notons que la cateacutegorisation des lutteurs par poids nest jamais prise
en consideacuteration
3624 La tenue du lutteur ou NGIMBE
Le middotNGimbe est confectionneacute par le marabout de la famille ou du clan Il
est constituecirc de pagnes en coton tisseacute geacuteneacuteralement offerts par la megravere ou
la grand-megravere du lutteur ceci lors des organisations de ~rande Tportance
COrlune lef 1amb Dans le cadre des l-bapatt les pagnes sont C tErts peumlr
~~~rcfcis ct ffi~mc aujourdhui d218 cErtaInes fa~ille5 on devj~Gr
luttEur de pegravere en fils et dans ce cas h 1
gimbell du pEgravere Est recircr i tEacute
par le fils Le fait de porter le lI~gimbe agravee ses aiumleux peut susciter
cne~ le jeune lutteur une motivation et une volontecirc in~branlable rlasshy
surer 12 supeacuterioritEacute cis SIcirct-ns dallS
le xgimbe de la famille ne touche pas le sable
La tenue du lutteur a une signification et une importance sur le plan
mystique car selon les anciens le vrai feacutetiche du lutteur celui qui
le proteacutegera agrave vaincre le Djinneacute ou le Rap de ladversaire se trouve
cacheacute dans ce Ngimbe Celui qui confectionne-le Ngimbe est doueacute de
faculteacutes occultes
~~r~i~rg Il est assureacute par un sage du village qui geacuteneacuteralement fut
championde lutte de son temps Dailleurs cet ancien nintervient que
si le terrassement est litigieux
Hormis le public qui proclame la victoire ou le match nul le lutteur
lui-mecircme est arbitre et il arrive quil se deacuteclare vaincu ~ous
pouvons citer comme exemple Meacutedoune KHOULE un des plus grands lutteurs
seacuteneacutegalais qui a donneacute une victoire agrave Djeacuteri SADIO son adversaire qui a
reacuteussi agrave lui faire toucher le sol de la main
Il Y a terrassement quand le lutteur se retrouve
- assis sur le sol
- eacutetaleacute sur le dos
eacutetaleacute sur le cocircteacute
les deux genoux au sol
- les deux ma~ns au sol
la tecircte (front au sol agrave la suite dune brouette)
Il peut y aVOIr match nul si apregraves li1 temps ccmsideacuterable les lutteurs
SE sont ~ ivrEacutes respectivement agrave des assauts rEacutepEacutetEacutes et n arrivEt pas a
3265 L~ precircparation mystique
Il faut reconnattre quon ne peut parler de lutte en milieu wolof sans
envisager une preacuteparation mystique seacuterieuse Co~~e ~ous lEvans vu a~teacute-
1middot ~ d ~ ~rlturenent t0utes es actlvmiddotltesmiddot u W010 sont lles a SeS croyances
- la lutte ne concerne pas seule~ent deux acteurs se livrant faruumlucheshy
ment agrave un combat au milieu de laregravene mais eacutegalement les marabouts et les
feacutetichistes du village ou du clan qui doivent deacutefendre leur savoir et
leur prestige Avant le combat le lutteur doit se livrer agrave un certain
nombre de preacuteparations mystiques pour assurer sa victoire Aussi sommesshy
nous appeleacutes agrave parler de BACK (cest le chant et la danse du lutteur)
- le batteur de tam-tam compose un rythme en fonction du Galagne ou du
Senghor (gds-gris) du lutteur Chaque galagne sera choisi en fonction
du Rap ou du Djinneacute correspondant au Totem du lutteur
Le chant geacuterleacuterique Feinte woy veut dire litteacuteralement composer un 1
chant Ce chant est geacuteneacuteralement composeacute par les filles du viilage du
champion ou par un griot de sa communauteacute Et agrave travers ce chrnt on
arrive agrave toucher la corde sensible du lutteur en chantant lesl innombrables 1
victoires de ses ancecirctres ou en lui rappelant ses prouesses eacuteblatantes 1
Chaque lutteur doit avoir un chant et un back qui lui sont propres
327 Le reacutepertoire technique et les caracteacuteristiques physiques dulutteur wolof
Le lutteur wolof est geacuteneacuteralement moyen de taille la musculagraveture est
tregraves saillante ce qui fait ressortir un aspect tregraves athleacutetique ceci
est vrai sans exception pour le lutteur leacutebou mais il arrive que le Cacircyoshy
rien le baol-baol le walo-walo soient de grands gabarits de forte constishy
tution
CepEndant pour une meilleure compreacutehension du sujet nous pouvons eacutetudiEr
deux jroups d lut teurs qui vont deacuteterminer deux st yI e s de lut tes
- ~ t
les tc~tativ~s de~[reacutee e~ ramassement de jambes de la~v~sairL Ce~~
peut Ecirctre expliqueacute par le fait que les lutteurs leacutebou ou walo-walc qui
sont des pecirccheursadoptent cette garde tasseacutee du fait quils so~t tou-
jours pencheacutes en tirant le fil ou en poussant la plrogue On verra techrugravequeacutes dt cirr 2C ~lt 5Jllicitocirct
surLuumlut les membres supeacuterieurs
Le cayorien et le baol-baol par contre sont les plus grands cultivateurs
darachide chez eux les techniques de lutte sont plus varieacutees et la
garde est moins renfermeacutee Les lutteurs cayorien et baol-baol ont une
morphologie et une reacutepartition musculaire bien eacutequilibreacutee ils excellent
dans les techniques en deacutecalage les techniques de jambe et surtout les
techniques de riposte ougrave lon peut voir des prises de hancheacute tregraves amples
Dune maniegravere geacuteneacuterale on peut dire que le lutteur wolof est un fin
technicien qui sait surtout creacuteer les opportuniteacutes e~ avec sa rapiditeacute
utiliser la force de ladversaire pour le deacuteseacutequilibrer le noodju
le mbas le weacuteheacuteleacute et le rasu sont des techniques propres au lutteur
wolof
En deacutefense il utilise surtout des kl~klets ou gal-gal Notons que
le balancement des bras ou Lewato e$t tregraves marqueacute dans la lutte wolof
TABLEAU RECAPITULATIF DES COMPOSANTES TECHNIQUES
( 1 )
1 SOUS-GROUPES GARDES CONTROLES FORHES DE CORPS l
Walo-walo Basse de jambe Arracheacute l l10yenne de Ngimbe et i
Leacutebou Tasseacutee et saisies annexesj Deacutecalage 1 1 distante de bras de tecirct1
j de bras Deacutecalaeuro
~-----------------~-
- ~ ~- shy - ~ ~ bull L _ _ bull
Profil psyc~~iqUE du lutteu- et son comporterent dars l 2regravere
La preacuteparation mystique dans laregravene est plus marqueacutee chez les wolofs
que ChE~ les autres ethnies En effet on verra de grands champions
preliGrE plusiEurs heures pour Enduire leur corps de cll2badep ou ci
rmiddot- ~ a la proprieacuteteacute de proteacuteger li1egraveividu J
les mauvais sorts) Cest dailleurs un aspect dt la luttE qui iJcsc
des problegraveJles
Le lutteur wolof est tregraves superstitieux et la peacuteriode de preacuteparation
est capitale pour lui car elle permet non seulement de rendre
hommage aux ancecirctres mais aussi dintimider son adversaire Cest
geacuteneacuteralement un lutteur agressif combatif et teacutemeacuteraire Il se fait
souvent remarquer par son esprit dentreprise Mais cette fougue dans
le combat lamegravene parfois bien que ce soit regrettable agrave oublier les
usages et les normes Ce manque de maicirctrise de soi peut faire croire
que le lutteur wolof manque de fair-play ce qui nest pas toujours le
cas
~A~Ugrave~ t 4AA CbUrs k LA ucirctotve f~tPle Sesect prores mou W ~ lesquelles vont se couler les comporteme~ts individuels qui sont ainsi
monteacutes par et pour lautoriteacute sociale
Les faccedilons de boire de marcher ou de sasseoir se manifestent indivishy
duellement dans le corps de chaque personne ces habitus sont cependant
des montages sociaux lieacutes agrave des significationssymboliques variables
dailleurs selon la position sociale occupeacutee par chaque sujet Ces modes
dagir se rangent dans un systegraveme de montages symboliques et lindivishy
du les apprend de la socieacuteteacute dont il fait partie agrave la place quil occupe
Lhabitus est un montage social agrave la valeur symbolique deacutependant des pheacuteshy
nomegravenes deacuteducation et de prestige et lieacute agrave la position sociale du sujet
Cette penseacutee sonne de faccedilon eacutetonamment moderne
Pierre BOURDIEU qui dans une perspective a approfondi le contenue de la
notion en le reportant aux oppositions entre classes et fractions sociales
Il deacutefinit lhabitus comme un systegraveme de dispositions durables acquis au
cours dune histoire personnelle dans une milieu social donneacute systegraveme qui
engendre ensuite des pra~iques socialement deacutetermineacutees faccedilons de manger
de parler ou de marcher comportements de politesse contenu des preacutefeacuterencel
et des deacutegoOts bullbullbull lhabitus est le produit de conditions eacuteconomiques et
sociales Lauteur rattache directement la formation de lhabitus dun
individu agrave la trajectoire parcourue par celui-ci dans sa classe dapparteshy
nance il deacutefend lideacutee dun habitus de classe qui deacutefinit le sens confeacuteshy
reacute agrave la pratique sportive les profits qui en sont attendus
Ce dernier serait lui-m~me lieacute agrave un systegraveme de valeurs ou ETHOS de classe
prenant sens au sein doppositions distinctives entre classes sociales
De sorte lhabitus fonctionne comme un systegraveme dt- regravegles inteacuterioriseacutees
souvent informuleacutees permettant ou non agrave lagent de sadapter dembleacutee aux
multiples pratiques de la vie quotidienne et de la vie sportive il est agrave
lorigine des schegravemes de transcription qui favorisent les ajustements aux
situations corporelles nouvelles (1)
t ~
(1) P~IE11D dwi6Han ISpoy-l et sodeacutebi Approche Bocio-culturelle des pratiques P~tis Vigot 1981 page 81
33
331 Preacutesentation
Les Seacuteregravere auraient pour origine le Fouta Toro quils auraient quitteacute
vers le Xllegrave siegravecle pour fuir lislamisation de cette reacutegioD par lempire
dJ Xali (ils seraient donc apparEnt~s aux Peul et Toucouleur ) Ils
auraient trouveacute dans la rEacutegion du Sine les Sosseacute dorigine manding avec
lesquels ils salliegraverent
Au XVegrave siegravecle une autre immigrationSos~ conqueacuterante cette fois-ci
apporta son organisation eacutetatique Ils se divisegraverent en deux monarchies
deacutemocratiques lune seacutetablit au Sine et lautre au Saloum Les Sosseacute
conqueacuterants constituaient lautocratie appeleacutee Guelowar
La royauteacute seacuteregravere eacutetait laiumlque Les premiers souverains durent secouer
la tutelle des Toucouleur et progressivement arrivegraverent agrave unifier lethshy
nie des seacuteregravere etdea Sosseacute Les deux royauteacutes eacutetaient organiseacutees selon
acirces modegraveles tregraves deacutemocratiques Le souverain deacutependait dune assembleacutee
de ministres et de chefs locaux qui assuraient ladministration centrale
et reacutegionale())
Aujourdhui lethnie seacuteregravere repreacutesente 20 de la population seacuteneacutegalaise
Ils sont reacutepartis sur presque toute leacutetendue du territoire notamment
dans le Baol la reacutegion du Sine-Saloum et la reacutegion de Thiegraves
Signalons quil existe plusieurs sous-groupes dans lethnie ainsi on
trouvera
- dans la reacutegion de Thiegraves les Ndut les Safegravene et les None
- dans le Sine-Saloum les Sine-sine et les Saloum-salouIT
On trouvera vers foundioune et agrave Nioro du cocircteacute de la Gambie les
Niominka (pecirccheurs) Cest une portion tregraves mandinguiseacutee
( 1
Le rattache~2~t d~ to~s ccs sous-groupes pose problecircme ~25 0~ r0~V~
uc grande partie de traits COITul1uns dans leurs modes dE vie Ct pOUT phs
de faciliteacute nous allons essayer de faire une ~tude globale de la lutte
traditionnelle seacuterecircre Lactiviteacute socio-eacuteconomique qui est essentielleme~t
agro-pasorale caracteacuterisE leacutethnie seacuteregravere
332 Lecircducation les moeurs les croyances et pratiques sEr~rc
Chez les Seacuteregravere la vie humaine se deacuteroule selon les grandes eacutetapes
le baptecircme lenfance ladolescencemarqueacutee par la circoncision lsectge
adulte le mariage la vieillesse et la mort (funeacuterailles)
La vie de la communauteacute seacuteregravere reste une des plus originales sinon
celle qui de nos jours garde la presque totaliteacute des pratiques et
habitudes traditionnelles
Bien qu aujotltdhui con~r-tis aux religions chreacutetienne et musulmane les
Seacuteregravere conservent leurs croyances et pratiques animistes
Quelque soit leur degreacute dadheacutesion aux religions reacuteveacuteleacutees les Seacuteregravere
croient en un Dieu puissant et miseacutericordieux Rog Segravene et les hommes
Les ~angols sont repreacutesenteacutes mateacuteriellement dans tous les villages
seacuteregraveres par des arbres (baobab et tamariniers) des animaux (geacuteneacuteraleshy
ment serpent doreacute ou iguane) des ustensiles (pilon calebasse et mortier)
De nombreux teacutemoignages nous apprennent que certains totems (serpent
iguane) font leur apparicion agrave loccasion de certaines manifestations
rituelles comme les sacrifices ceacuteleacutebreacutes lors dun mariage de ceacutereacutemonies
mortuaires ou des circoncisions
Le Seacuteregravere comme il nous a eacuteteacute donneacute loccasion de le dire plus haut
preacutesente des speacutecificiteacutes authentiques aussi bien en tout ce qui touch~
son eacuteducation ses croyanCES et pratiques mystiques q~e ses activiteacute~
socio-ecirccc~omiquEs Apr~s a ~aissa~c~ le beurob~ ~~ pcs~ 5~~ lE S~ __
On lui mouille les l~vres avec un peu d~ lait de mil et apr~s U~ bain
purificateur on versera leau dans un trou cr~us~ derri~r~ la Camp~~
Pendant huit jours la megravere et lenfant sont cacheacutes dans la case car
selon les anciens ils sont tregraves vulneacuterables La case deacutens certains cas
est entoureacutee dun fil blanc et lon place sur le seuil des fais(cauy di
veacutegeacutetaux pour chasser les mauvais esprits (geacutenies malfaisants et illangeUY~
dacircmes) Au bout du huitiegraveme jour la megravere et lenfant peuvent sortir de
la case bull
bullbullbull Le matin du huitiegraveme jour la tante paternelle va chercher de leau
(plusieurs fois)t elle doit rester muette pendant ses alleacutees et venues
si elle parlait t lenfant pourrait ecirctre muet bullbullbull
La megravere et lenfant prennent un bain purificateur dans lequel sont
trempeacutees certaines plantes (ce sont des veacutegeacutetaux pr~tecteurs tels le
begravene le yag le ngud) On y lavera aussi le linge e1t les ustensiles utishyj
liseacutes pendant les huit jours qui viennet de seacutecoul~r On rase le crine
de lenfant Les cheveux sont donneacutes agrave la megravere qui ~s enterrera avec le
reste du cordon ombilical dans un endroit que11e esit seule agrave connattre
La megravere sassied sur une natte devant la maison Une femme igeacutee de la
famille prend le beacutebeacute dans ses bras et le preacutesente aux quatre coins de
lhorizon
La tante paternelle tient ensuite un van sur la tecircte de la megravere on y
verse le mil on y verse eacutegalement en abondance sur la megravere et sur
lenfant La tante oint ensuite le corps du beacutebeacute avec du lait e11e
touche en particulier le front t le nez la bouche la poitrine le dos
et les oreilles
Elle pose enfin un ~rain de sel dans la paume du beacutebeacute (le sel purifie
et deacutetruit les puissances mauvaises)
Apregraves un nouveau bain la megravere et lenfant revEcirctent des habits de fecircte
(est
lenfant Ce precircnore a toujours U~ SEns Il sy~bolise parfois C0 qUi
lOIl sounaitt agrave lEufant l)
La circoncision comme dans les autres ethnies est obligatoire Elle
permet au jeune adolescent dacceacuteder agrave la classe adulte Les jeunes
sont regroupes en classe dacircge dans le bois ougrave sc fait la r0tr~it0 des
circoncis et ceci pendant plusieurs mois
Le Selbeacute qui est geacuteneacuteralement un ancien craint de tous les eacutelegraveves
enseigne le respect de la hieacuterarchie la discreacutetion le goOt de linishy
tiative Les activiteacutes physiques et leacuteducation artistique ne sont pas
en reste la deacutecoration la sculpture la lutte et la danse A sa sortie
du bois linitieacute appartient deacutesormais agrave la classe des virils et des
sages du clan car on lui aura enseigneacute les vertus fondamentales que
sont la justice lhonneur lamour du prochain 1 amour du travail
lhonnecircteteacute et surtout le respect des coutumes ancestrales
Le rite du mariage esd aussi un fait tregraves important dans le monde 1
seacuteregravere mais par manq~e dinformation nous serons obligeacutes de nous en
tenir lagrave
333 Impact des ethos sur la lutte dans le monde seacuteregravere
Lorigine de la lutte seacuteregravere ne semble pas claire ma1S nous pouvons
dire quil existait deux formes de lutte comme chez les Wolofs une
lutte sans frappe et une lutte avec frappe Et cest cette derniegravere
qui peut-ecirctre nous ameacutenerait agrave croire que la lutte seacuteregravere aurait une
origine plus preacuteciseacutement guerriegravere
Aujourdhui la lutte est uniquement une activiteacute sportive agrave travers
laquelle le jeune seacuteregravere eacutevalue sa force son courage et SOn ingeacutenioshy
siteacute Cest une occasion de deacutefendre lhonneur de son village ou de
la corrnnunauteacute
La luttE ~5t avant tout u~e rnanifcs[dtic~ c~lturclie et surtout
fo lkhriqut-
Gracircce agrave elle on peut deacutesormais comprendre un certain nombre de chants
et de symboles A travers la lutte seacuteregravere on ccedilomprend les inter-relashy
tions entreacute la vie et le monde surntiturel
Sil devait y avoir la mort dun villageacuteois pendant la fecirctE au T qUE
de linterrompre on proceacutedait gracircce aux connaissances magico-religieuses
agrave la suspension de la mort jusquagrave une peacuteriode ougrave la population sera plus
disponible pour organiser des funeacuterailles sil y eacutetait preacutedit la possibishy
liteacute dune deacutefait du champion local au profit dun champion dun autre
village des recettes dordre maginque et religieux eacutetaient mises en prashy
tique afin que le champion du village ne soit jamais terrasseacute(J)
334 Le profil du lutteur seacuteregraver~
Le lutteur seacuteregravere est par essence un athlegravete impressionnant de par sa i
carrure et sa musculature saillante mais cest aussi une force tranquille
et calme quelque soit lenjeu du combagravet et particuliegraverement lhonneur
Cet aspect nous pousse agrave parler du NGiMBE cest-agrave-dire de la tenue du
lutteur qui va influencer sur sa faccedilon de lutter
La confection du Ngimbe revient agrave la communauteacute entiegravere Le Ngimbe a
une signification symbolique et le lutteur pour meacuteriter la confiance du
groupe se doit de tout faire pour ne pas toucher le sol Toute la commushy
nauteacute elle aussi sengage pour assurer la longeacuteviteacute et le succegraves du lutteur
dans laregravene par lorganisation droffrandes et de sacrifices en lhonneur
des Pangols bull
bull
Daucuns nheacutesitent pas agrave dire que lessentiel du mysticisme se fait agrave
la maison et non dans laregravene tout le reste nest quintimidation de
ladversaire
lsvcns
Tt- pi ~- t
t 1 ~ l _ ~ t
par rapport agrave lautre Cbci est trEgraves lieacute agrave lactiviteacute journaliegravere du
jeune seacuteregravere qui est un cultivateur donc toujours bien planteacute sur ses
jambes et qui continuellement manie lhiler
Le fait de couper le boi~ peut eacutegalement constituer un moyen de muscushy
lation non neacutegligeable pour le jeune lutteur
Un certain nombre de traits techniques speacutecifiques au lutteur seacuteregravere
semblent ressortir des diffeacuterentes interviews que nous aVOns fait subir
agrave certains lutteurs seacuteregraveres et agrave diffeacuterents techniciens
SOUS-GROUPES FORMES DU CORPS CONTROLES GARDES
SAFEN Moyenne en fente NONE Hancheacute Bras (distante) j
NDUTJ
f
SINE-SINE Deacutecalage Ngimbe
Moyenne
SALOUM-SALOUM Passage- Jambe (rapprocheacutee) 1
i
PETITE dessous Tecircte Basse et 1
COTE Moyenne (rapprocheacutee)
Notons que le Niominka ll commence agrave lutter agrave partir du sol pour avoir
assez deacutelan et sauter sur ladversaire afin davoir la prise du lion
(contr6le de la nuque et du bassin)
Co a -tem-nt ccedilt attitude du lutteur sEacuteregravere335 np -1t ~
Les croyances mystiques sont indissociables des activiteacutes quotidiennes
duseacuteregravere Ce qui explique le cocircteacute supersticieux du lutteur seacuteregravere En
~ffet certains lutteurs refusent de lutter avant certaines heures
Certains teacutemoignages nous apprennent quil nest pas donneacute agrave tout le
monde decirctre champion de lutte et que le lutteur doit avoir des dons
surnaturels pour ecirctre agrave mesure de livrer ses combats dans la nuit
et trouver seul un gris-gris speacutecial appeleacute Njatch
Le vrai champion de lutte chez les seacuteregraveres ne lutte pas seulement avec
~a force et sa technique mais surtout avec ses dons occultes
Chez les seacuteregraveres les morts sont toujours preacutesents et les ~pangols
Servent dintermeacutediaire entre les hommes et les morts Le pangol prend i
le nom dhumain dans certains villages (IIHeacuteJga NDONG Har Wag NGOUYE) i 1
De ce fait on verra le lutteur danser dufe maniegravere ou dune autre en
fonction du pangol de sa famille Ainsi nrus aurons le back (chant et
danse du lutteur) des DIOUF des FAYE etclbullbullbull
Dans laregravene le lutteur seacuteregravere a un comportement exemplaire aussi bien
agrave leacutegard de son adversaire direct quave~ le public en geacuteneacuteral Lexpli shy
cation semble tenir au fait que le lutteur seacuteregravere est avant tout selon
la tradition orale le repreacutesentant de toute la communauteacute seacuteregravere Par
conseacutequent il devra saffirmer non seulement en tant que lutteur dans
laregravene mais aussi en tant quentiteacute morale
336 La tenue du lutteur ou NGIMBE est confectionneacutee par le marabout de la
famille ou du clan Le Ngimbe est constitueacute de pagne en cCton tisseacute
Il doit ecirctre propre le lutteur qui le porte ne devra pas avoir de rapshy
port sexuel pendant toute la peacuteriode des cOTpeacutetitians car le Ngi~bE ne
doit pas ~tre souilleacute
Autrefois et mecircme aujourdthui dans certaines familles on devient
lutteur de pegravere en fils et dans ce cas le Ngimbe du pegravere est heacuteriteacute
par le fils Le fait de porter le Ngimbe de ses aieux peut susciter
chez le jeune lutteur une motivation et une volonteacute ineacutebranlable dtasshy
surer la supeacuterioriteacute d~s siens dans ltaregravene Il fera tout pour que le
Ngimbe de la ramille ne touche le sable
La tenue du lutteur a une signification et une importance sur le plan
mystique car selon les anciens le vra1 feacutetiche du lutteur celui qui
le proteacutegera et laidera agrave vaincre le nDjinne ou le tRapu de ladvershy
saire se trouve cacheacute dans ce Ngimbeu bull Celui qui confectionne donc le
Ngimbe U est doueacute de faculteacutes occultes
337 Larbitrase est assureacute par un sage du village qui geacuteneacuteralement fut
champion de lutte de son temps Dailleurs cet ancien nintervient que
si le terrassement est litigieux Hormis le public qui proclame la vicshy
toire ou le match nul le lutteur lui-mecircme est arbitre et il arrive
quil se deacuteclare vaincu
Nous avons pu cfter Meacutedoune KHOULE un desplus grands lutteurs seacuteneacutegashy
lais qui a donn~ une victoire agrave Djeacuteri SADIO son adversaire qui a reacuteussi
agrave lui faire touegraveher le sol de la main
IlL
34 1 Preacutesentation
Lethnie toucouleur vit En grandt partit ciE~~ la vallfc du S~~~gal
pt reprecircsente i peu pr~s 8 de la population totale secircn~galaise
o Histoire
Il semblerait que dans lancien royaume du Tekrour (IX~ siegravecle) des
eacuteleacutements neacutegroiumldes Sarakoleacute et des Peul aient formEacute par meacutetissage le
peuple Toucouleur (Toucouleur serait dailleurs une deacuteformation du
mot portugais Tacouror)
Ce empire a domineacute aussi bien les wolofs de lOuest que les Peul
nomades du Fouta Toro Cette reacutegion fut le premier pays islamiseacute par
les Almoravides ce qui peut expliquer le proseacutelytisme toucouleur
Ce sont les guerriers toucouleur islamiseacutes qui attaqu~rent avec les
Almoravides la capitale du Ghana Koumbi en 1067 On convertit par
la force les animistes Cest sans doute agrave cette eacutepoque que de nombreuses
ethnies reacutefractaires agrave lIslam ont dO accentuer leur migration vers
le sud (Seacuteregravere wolof Sarakoleacute Bambara Songhaiuml Akan et Peul se reacuteshy
fugiaient vers les hauteurs du Fouta Djalon)
Au XIXegrave siegravecle les Toucouleur allaient trouver en El Hadj Omar Tall
un grand conqueacuterent qui sous le preacutetexte religieux de la gJerre sainte
contre les tribus animistes (entre autres Bambara) eacutetendit lempire
toucouleur sur presque tout lensemble du gali et la partie de la Guineacutee
proche du l1ali
Lempire toucouleur composeacute de Sarakoleacute de Bambar~ de ~alinkeacute de
Xassonkeacute dE Peul et de Dogon eut le meurorit~ dunir CES diif~rentes ~ ~ - - - - - et~ics ~t dE CD~stituer l~Sl la b2S~ ~r 1
_ ~ ~ ~_ L ~
~ ~- ~- - - ---- _ 1 v _ t 1 ~-_ --
marabout tOL~culcuuml~ ~ middotlrrany a l ick SI venu des E1i rClS dE Pocior~ (
~ Vi~ euroconomicue et sociale -----------~-------------
Les Toucouleur sont des cultivateurs mais bien quils n~ soie~t pa~
pasteurs comrre les Peul leacutelevage a une place inportarteacute decirc1S ltur
eacutecono~ie Pour faciliter leur conquecircte guerriegraverE ils c~t Eucirc une preacuteshy
dilection pour leacutelevage des chevaux On y trouve aussi des pecirccheurs
appeleacutes Tchioubalo La socieacuteteacute toucouleur aurait une stratification
sociale tregraves rigide Les groupes ethniques et les castes eacutetaient
diffeacuterencieacutes et strictement exogamiques les Rimbe classe des nobles
comprenant la famille reacutegnante et les guerriers libres la classe des
Nieacutenieacutebegens de castes artisanales i les Rimaibeacute anciens esclaves
devenus serviteurs qui portent les noms de famille de leur maicirctres A
la base de lorganisation de la collectiviteacute toucouleur se situe le
village (Wouro)
Toutes ces castes sont cloisonneacutees entre elle~ Ainsi il nest pas
permis agrave un Torodo (noble) de se marier avec un Tchioubalo Ces
consideacuterations sont importantes dans le domaine de la lutte ougrave nous
apercevrons que les nobles ne sont pas faits pour lutter Le noble
preacutesidera les seacuteances de lutte et on luttera pour lui Ces condeacute rat ions
de noblesse et de rang social sont extrecircmement importantes dans le
monde toucouleur
Le noble ne doit pas se salir on lutte pour lui il ne vit la lutte
quen tant que spectateur
342 Education moeurs croyances et eratiques religieuses
Deux formes d~ducation sont agrave consideacuterer leacutedJcatio~ dES enfarts Et
celle des adultes
oG lenfant sait m2n~~r et apprfcier le goOt d~5 ~iifeurorents r~pas lt
le moment ougrave il CO~~e~CE agrave marcher
tivirt n~sormais le petit toucou]eur est eacuteduquf par toutmiddot 12 f2~i)]E
dabord puis par toutes lespersc~nes du village ou du C13~
Lenfant peut ~tre corrigeacute par tout adulte appartenant au groupe social
Son eacuteducation est deacutesormais laffaire de toute la communauteacute et non
exclusivement celle ces parents On linitie ainsi au travail quotidien
qui se fait dans la bergel~ e les champs et les bords du fleuve Au sein
du village il pourra apprendre agrave filer la laine et agrave tisser des pagnes
dans les champs il apprend agrave manier la houe et lhiler pour la culture
du riz et du mil Mais signalons que lactiviteacute essentielle du toucouleur
est leacutelevage des boeufs des moutons et des chegravevres Chez les Ichioushy
balos (p~cheurs ) lenfant sera initieacute tregraves tat au maniement des pagaies
agrave la p~che propremccedilnt dite et agrave la nage
Vers cinq-six ans lenfant est confieacute au maicirctre coranique le Ihierno
et ce dernier dispose exclusivement de toute sa vie Lavenir du jeune
enfant lui appartient
Comme dans les autres groupes ethniques les enfants sont regroupeacutes en
classe dacircge et cest dans cette structure que lenfant subit les rite
de passe et plus particuliegraverement celui de la circoncision
La circoncision est non seulement unE opeacuteration chirurgicale malS surshy
tout une peacuteriode au cours de laquelle le jeune garccedilon passe de leacutetat
dadolescent agrave leacutetat dadulte Les circoncis sont reacuteunis en classe
dacircge dans un endroit situeacute hors duvillage geacuteneacuteralement choisi par les
vieux Cet endroit n~st accessible que par des individus de SExe ffi8SCUshy
li~ ~ta~t au preacutealabl circoncis
- - - -
quable et complet sur le plan phy~ique et ~oral Ai~si liniti~
acquiert les qualitecircs indispensables que sont le courag~ la modest
lesprit de sacrifice lendurance
Le toucoule~r est un pleux musulma~ Cela sexp1
SOil le premier agrave tre en contact avec la religion musulmane de par sa
position frontaliegravere Lethnie toucouleur de par son histoire a preacutesenteacute
les plus grands chefs militaires et religieux musulmans seacuteneacutegalais Et
pour illustrer cela on peut citer en exemple la grande famille musulmane
des SY agrave TIVAOUANE repreacutesentant la confreacuterie des TIDJANES
Bien que lon note une majoriteacute musulmane on peut dire que certaines
croyances et pratiques mystiques et animistes persistent encore surtout
dans la reacutegion du fleuve
Une pratique courante se fait elle sappelle le Djatt Elle consiste
agrave faire sortir le caiman du fleuve agrave limmobiliser et agrave lattacher
sans quil ne reacuteagisse et tout ceci agrave laide de versets et dincantashy
tions magiques Dapregraves les teacutemoignages ces pratiques sont plutocirct
freacutequentes chez les Tchioubalos (pecirccheurs) Il arrive aussi que cershy
tains chasseurs ayant des dons se livrent agrave certaines pratiques an1shy
mis tes qui consistent agrave invoquer certaines puissances et agrave moduler sous
forme de chant des versets occultes pour se proteacuteger des mauvais esprits
et pour eacuteloigner les fauves Ce chant est geacuteneacuteralement incompreacutehensible
et deacutenueacute de sens pour le profane
343 Activiteacutes ludiques et pratiques sportives en milieu toucouleur
Durant toute son histoire lethnie ~oucouleur a toujours EacutetEacute Frese~teacute~
comme celle qui avait ue activit essentiellement guerr e e~ particushy
liegraverement farouche Trois eacuteleacutements ret r t l ecirc t te nt i c- euro so~t
le manie~~nt du ~acircton 12 luttE Et 1eacute danSE
l
Lecircducation ph~sique et artistique Dcc~pe un place precircpondecircra~rp
dans la fDrmat~on du jEune toucouleur A loccasion agraveeacutevegravenemen~ imporshy
tants reacutecoltJs mariages baptecircme nous assistons agrave des manifestashy
tions folkloriques de grande envergure le Wango oucirc dailse toucouleur
tregraves gymnique iles chants et surtout les sEacuteances de lutte
La lutte toucouleur est la forme de lutte la plus spectaclaire dans
tout le territoire seacuteneacutegalais Elle est essentiellement baseacutee sur des
techniques en hancheacute et surtout en souplesse Ceci sexplique par le
fait q~e le jeune toucouleur est tregraves tocirct initieacute agrave la gymnastique (saut 1
per saut de main salto arriegravere saut de tecircte couronneacute etc bullbullbull ) pour
la dans~ du wa~go En dansant le wango qui est une danse rythmeacutee et
gymnique le Jeune toucou1eur est capable de prouesses extraordinaires
1
En lutte lattaquant se deacuteplace tregraves peu pour avoir une bonne saisie
(geacuteneacutera~ement controcircle du Ngimben ) et enchaine brusqueme~t avec une
attaque surpris~ Cependant les ripostes sont souvent surprenantes et
spectaculaires (baseacutees sur la souplesse et la rapiditeacute) ontrairement
aux autr~s form~s de luttes ougrave lon voyait tous les jeune adheacuterer la
lutte to~cou1eur Verra un groupe de speacutecialistes sadonne agrave la lutte 1
(la lutte est lieacutee agrave la position sociale de lindividu problegraveme de
caste)
Q La morphologie du lutteur toucou1eur 1
1 1
Ce dernier nest pas aussi large et aussi fort que les lutteurs diola
et seacuteregravere Cependant il est tregraves reacutesistant La musculatJre est saillante 1
et tregraves souple lindividu est longiligne mais tregraves athleacutetique
Les mouvements de lutteurs sont semblables agrave ceux dun grand fe1in Cette 1
morphologie semble ecirctre lieacutee agrave la position geacuteographique de lethnie
(reacutegion du fleuve) et agrave lacitiviteacute socio-eacuteconomique du toucouleur qui
est agrave la fois cultivateur (activiteacute lieacutee agrave la crue et deacutecrUE du fleuve)
pecirccheuro~T CIcr~icubaon) et sttout jEumlrgcr qui est U~ rc~2eumlr
shy
Deux formes egrave~ corps sembl~nt ecirctre preacutefeacutereacutees du lutteur toucouleur
le hancheacute et la souplesse Les hancheacutes sont faits agrave partir de plusieurs
positions de doset se terminent geacuteneacuteralement par des techniques de
tregraves grande amplitude
TABLEAU RECAPITULATIF DES TECHNIQUES ET FORMES DE CORPS SPECIFIQUES
i
L441 r
GARDE FORMES DU CORPS CONTROLES --shy - -
Moyenne Souplesse Ngimbe
Hancheacute bras
Demi-souplesse
1
Profil psycholosigue 1
TECHNIQUES
ContrOle du bassin et 12 souplesse
arriegravere
Klicket et allegravegement de la hanche
Le lutteur toucouleur est celui lUi se livre le moins aux preacuteparaqons
maraboutiques Cela est dO au f~t que le toucouleur est un grand ~USUlshyman et que les pratiques animisges ont presque disparu dans ce mil~eu
Dans la pratique le lutteur esJ combaif mais il est calme et tr~s reacutefleacutechi quant agrave la deacutecision agrave prendre en plein corps agrave corps ct~st un des seuls techniciens qui reJte tregraves lucide au cours de ses comb~ts
l Dans toutes les circonstances e lutteur toucouleur est tenu de re~pecshyter son adversaire et ceux de s4n eacutequipemecircme sil est vaincu
Comme nous avons dO nous en rendre compte la rigueur des principes
eacuteducationnels a une influence tregraves sensible sur l~ comportement du
toucouleur
i
III S COCL ~s 1DO
Dans cette partie nous avons essay~ de montrer lftroite re1atic~
Entre les diverses activiteacutes socio-eacuteconomiques dans les ethnies et
lES diffEacuterentes faccedilons de lutter
Daucuns seraient tent~s de conclure trop rapidement et cest p0~r
cette raison que nOUS avons penseacute preacuteciser que le pheacutenotype nest
pas geacuteneacuterateur du geacutenotype Et nous sommes convaincus que la morphoshy
logie et les techniques des lutteurs relegravevent de leurs modes de vie
et de leurs croyances agrave une eacutepoque et danE un contexte bien deacutetermishy
neacutes
Est-ce que les lutteurs dio1a ou seacuteregravere travaillant avec leurs bras
dans les champs auraient les mecircmes pr 0 fil s physiques que les lutteurs
utilisant des machines pour lagriculture
- 69 shy
I UJOURDH~1 E-S ut O[l LES FORfilS Ut LU11t~
~otons que notre enqu~te a ecirctE essentiellement faiteen milieu urbain
Les seacuteances de lutte ont tendance agrave perdre leur particulariteacute de r~shy
jouissance pour devenir des pheacutenomegravenes de sportisatio Deux fores
de luttes so~t principale~cnt prat s dans les aregrave~es du 5 al
la lutte traditiunnelle simple et la lutte traditionnelle avec frappe
De nos jours la lutte traditionnelle tend vers une reacuteglementation
et une institutionalisation
Le reacutesultat de nos investigations nous donne le tableau ci-dessous
REPARTITION ETHNIQUE SUR 100 PRATIQUANTS
LUTTE LUTTE RAPPORTETHNIES SANS FRAPPE AVEC FRAPPE J2
Diola 40 16 71 j
Seacuteregravere 26 21 57
Toucouleur 23 10 69
Wolof 1 1 53 17
La demande sociale par ordre deacutecroissant pour la lutte sans frappe
se preacutesente comrre suit
]0_ Ethnie diola avec pregraves de 3 lutteur~ sur 4
2deg_ Ethnie toucouleur
Ethri dun
~ 1 LA LUTTE TR])IIIO~~ELLE AVEC H-PPE
Cette forme deacute lutte a une histoire qui date de lantiquiteacute elle
sa~pelait le Pugilat Au Seacuteneacutegal elle a vu le jour dans le Cayor
bien avant la colonisation Le coup dE pied l~Lrdn~lement la morshy
sure la frappe et le doigtf eacutetaient permis dans le cc=bat ~ ~middot~p0~~e
Dans certains cas la giffle eacutetait beaucoup plus dangereuse que le
poing quand elle eacutetait donneacutee par un speacutecialiste Cette giffle pouvait
agrave elle seule deacutechirer et mecircme parfois amputer la joue de ladverser
Selon les informations la lutte avec frappede nos jours serait une
forme de lutte tregraves eupheacutemiseacutee de celle dantan ougrave une blessure
pouvait souvent ecirctre mortelle
Aujourdhui au niveau du folklore la lutte na plus la mecircme
le spectaculaire a remplaceacute le significatif iLa lutte avec frappe se 1
pratique surtout dans les centres urbains C~aque fois quun grand combat 1
est progra~eacute par le Comiteacute National Proviso~re (CNP) des centaines damashy
teurs sont mobiliseacutes vers le stade lba Mar D~OP qui est aujourdhui le i
lieu approprieacute ougrave se deacuteroulent les grands conkbats de lutte Cest la formE
de lutte qui semble drainer une foule de personnes beaucoup plus importante
que celle de la lutte simple
La lutte avec frappe deacuteriverait dune forme de lutte traditionnelle
pratiqueacutee jadis dans le Cayor au temps des Damels et la frappe serait
le substitut dun certain nombre de pratiques doigteacute jet de produits
etc bullbullbull dont le but eacutetait laveuglement de ladversaire La lutte avec
frappe serait une continuation logique dune carriegravere sportive de la
lutte traditionnelle qui sen sert comme moyen socio-eacuteconomique En
effet la majoriteacute des lutteurs avec frappe ont dabord eacuteteacute initieacutes agrave la
lutte simple Cependant il faut signaler que de nOS jours il arrive
que le jeune lutteur avec frappE- soit directenent formEacute conne speacutecialistE
agrave la frappe sa~s pour autant faire son chemin dabcrd egravea~s la lutte
- ~ shy
Le recircsultat dE ~os interviews ncus rec~trE qGune pcpulatiD~ divcrsishy
fiampe sint~resse agrave ce sport et qUE les intecircr~[s des uns et d~SlautrE~
semble~t divergents naucuns affirment que la lutte traditionnelle
avec frappe serait monteacutee par des personnes dont la vocation est dexshy
ploiter ce pheacuteLomegravene agrave des fins commerciales Dautres disent gJellegrave
jouit de mcyens irport~nts t[l[~isio
tation etc bullbullbull ) pour toucher toutes les couches sociales CEpe~~a~t
nous remarquons que mecircme si certaines personnes reprochent agrave cette
forme de lutte decirctre brutale ces mecircmes personnes nheacutesitent pas agrave
se rendre le dimanche agrave laregravene Bien que critiqueacutee elle semble ecirctre
adopteacutee par une tregraves grande partie de la population seacuteneacutegalaise Cepenshy
dant en tant que techniciens il nous est permis de faire une remarque
Il sagit de
- Limpression nette decirctre devant des professionnels de la frappe
qui sont ~ntratneacutes pour cela Dailleurs les propos que nous avons
recueilli~ nous prouvent que la plupart des champions de lutte avec 1
frappe s~ntratnent dans certains sports de combat tels ~ue la boxe i 1
le karateacute le judo Dans cette nouvelle forme de pratique de la lutte
contrairefuent agrave la lutte traditionnelle le technicien e~t souvent
perdant face au puncheur Ce dernier adopte une lutte agrave distance qui
lui permet de placer agrave bon escient ses coups animeacute du deacutesir de vaincre
Le technicien lui se voit contreacute dans toutes ses entreprises par
un uppercut ou un crochet
On peut dire cependant que nul sport au Seacuteneacutegal que la lutte tradishy
tionnelle avec frappe ne deacutechaicircne autant de passions et autant de
pheacutenomegravenes poussant agrave lexcegraves et deacutereacuteglements quon ne peut que deacuteplorer
Mais comment deacutecrier un spectacle de lutte qui bien quayant perdu la
presque totaliteacute des valeurs traditionnelles veacutehiculeacutees autrefois par
elle sait susciter une participation effective de tous ceux qui sont
preacutesents
CONCLUSION
Dans ce meacutemoire nous sommes efforceacutes ~e faire ressort ir limportance des
ethos et des habitus et leurs effets sur la pratique de la lutte tradishy
tionnelle au Seacuteneacutegal
L~b egravethos repr~sentent dune maniegravere g~neurorale tous les eacuteleacutements speacutec
fiques sux Seacuteneacutegalais par conampeacuteguent un systegraveme de valeurs traditionnellEs
Mais m~me si ces valeurs rev~tent une signification universelle (honneur
digniteacute courage etc bullbullbull ) il nen demeure pas moins que ce nest pas leur
nature qui fait leur speacutecificiteacute mais la hieacuterarchisation et limportance i
quon accorde agrave toutes ces valeurs de ~ar leacuteducation ou la culture
i 1
Aussi les valeurs traditionnelles puient leur speacutecificiteacute dans les
caracteacuteristiques propres aux eacuteleacutements ~e la socio-cu1ture (la technologie
et leacuteconomie la politique et la pareteacute la psychologie et lideacuteologie)
dans la socieacuteteacute seacuteneacutegalaise agrave n momen donneacute de son eacutevolution Cest i
dire la neacuteceesiteacute de ne point faire della valeur une reacutealiteacute statique
Cest dite aussi quagrave tout mome~t le ~eacuteneacutegalais peut eacutevoluer et creacuteer
ou vivre par conseacutequent de nouv~lles fprmes de valeur qui lui sont 1
propres ft (J)
La lutte traditionnelle veacutehiculant deS valeurs socio-cu1ture1les speacutecishy
fiquement seacuteneacutegalaises (croyances valeurs morales norme de comportement
opinion attitude bullbullbull ) devient un eacuteleacutement important qui tregraves certaiaement
nous aidera dans notre effort de valoriser et de peacuterenniser notre patri shy
moine culturel par le biais dactiviteacutes physiques et sportives
Leacutetude des habitus nous permet de prouver quil y a plusieurs faccedilons
de se mouvoir comme danser lutter bullbullbull qui varient avec les diffeacuterentes
ethnies (wolof toucouleur seacuteregravere diolagt leurs convenances et leurs
eacuteducations
(1) Revue Ethiopiques 31 Les valeurs traditionnelles et le problegraveme de leur inteacutegration dans les systegravemes modernes jtducatio-1 2 6r--70
nautre part cette eacutetude permet aussi de nous rendrE compte de la
correacutelatipn eacutetroite existant entre la pratique de la lutte traditionnelle
et le sta~ut socio-eacuteconomique du pratiquant
Nos inves~igations nous indiquent que la lutte recrute essentiellement
au niveau des classes socio-eacuteconomiques situeacutees en bas de leacutechelle
donc posseacutedant le statut social le moins favoriseacute La lutte avec frappe
-et un certain secteur commercialiseacute de la lutte simple- y trouve sa
leacutegitimiteacute Comme le dit BOURDIEU nA habitus diffeacuterents styles de Vle
divergents et il oppse les pratiques aristocpatiques correspondants agrave
des activiteacutes qui favorisent les situations eupheacutemiseacutees ougrave la stylisashy
tion est importante aux pratiques populaires qui font appel agrave des
qualiteacutes qpposeacutees bllutes rugueuses Certaines interviews nous
montrent que plus lindividu occupe une place eacuteleveacutee dans leacutechelle
sQciale e~ 1
moin$ il sinteacuteresse agrave la lutte
Les reacutesultats recueillis dans nos diverses investig~tions confirment 1 1
1er propos qui disent que nous assistons aujourdhu~ agrave une involution
de la lutte traditionnelle parce que perdant toutes ses speacutecificiteacutes au 1
pryfit d~ne autre forme de lutte que lon continue agrave appeler nostalshy
giqlementIIlutte traditionnelle
Ceci pourrait peut-~tre trouver une explication dan la citation suivante
La liberteacute de creacuteer dinnover de vivre Pleineinenf decirctre soi et de
preacuteserver son authenticiteacute la digniteacute et lhonneu1demeurent des illushy
sions dans la misegravere eacuteconomique~ Nos ancecirctres creacuteai~nt des valeurs de cishyl
vilisation parce quils eacutetaient libres parce qu1i~s ignoraient toute
deacutependance eacuteconomique ils cultivaient en eux et cbez leurs enfants le 1
Jorn et la Kersa et preacutefeacuteraient la mort agrave la hoJte lI (1)
Or le Seacuteneacutegal comme la plupart des pays africainsi est un pays sousshy
deacuteveloppeacute t cependant face agrave cette volonteacute du gou~ernement seacuteneacutegalais
de faire inteacutegrer dans leacuteducation des valeurs traditionnelles nous
pouvons espeacuterer utiliser comme moyen deacuteducation la lutteacute traditionnelle
qui reste quand mecircme vecteur jethos et dhabit~s
- 54 shy
Mecircme si lon a noteacute un appauvrissement notoire sur les plans socioshy
culturel et moral la lutte traditionnelle recegravele une gamme importante
et varieacutee de techniques permettant incontestablement une ouverture vers
les luttes olympiques libre et g~eacuteco-romaine
La lecture de ce meacutemoire permettra agrave lentratneur et au professeur de
lutte en fonction du lieu ougrave ils seront affecteacutes dans le territoire
seacuteneacutegalaisdavoir une information sur les techniques contrOles et
formes de corps propres agrave chaque groupe ethnique et de les mettre en
relation avec leurs croyances et leurs mentaliteacutes
Nous avons essayeacute de montrer que la pratique de la lutte traditionnelle
doit tre axeacutee sur une ethnomotriciteacute au Seacuteneacutegal qui permette une inishy
tiation facile Cette pratique de la lutte traditionnelle seacuteneacutegalaise
devra dailleurs essayer de ~eacutepondre aux aspirations du Seacuteneacutegalaisl
moderne en souvrant aux ap~orts positifs des autres civilisations
ex~eacuterieures nous voulons Jvidemment parler du judo et des luttes oiymshyJ
piques 1
1 j Nous navons pas la preacutetentfon dans le cadre de ce meacutemoire demattrise
de reacutepondre agrave toutes les qutstions se rattachant agrave leacutetude de ~a lutte
traditionnelle souslangle~socio-culturel car non seulement il nous
manque lexpeacuterience et la c peacutetence en la mati~re mais aussil l le temps
et les moyens dont nous dis osions ne nous permettaient pas d~puiser le 1sujet i
1 1 1 t 1
l
- )5 shy
BIBLIOGRAPHIE
BIBLIOGRAPHIE
1- CLAPAREDE Psychologie de leacuteducation et peacutedagogie expeacuterimentale
Edition Delachaux et Niestleacute 244 pages
2- POCIELLC Christian Sport et Socieacuteteacute approche socio-culturelle
des pratiques Paris Vigot 1981 377 pages
3- PIERON Henri Vocabulaire de la psychologie
PUF Deuxiegraveme eacutedition 1957 469 pages
4- Revue socialiste de culture neacutegro-africaine ETHIOPIQUES
Les valeurs traditionnelles et le problegraveme de leur inteacutegration
dans les systegravemes modernes deacuteducation
GIA 21 Juillet 1982 213 pages
5- N2 Revue du Centre dEtudedes Civilisations DEM ak TEY
NIS IVegrave Trimestre 1982 96 pages
6- Document lNSEP Colloque sur la lutte aeacuteregravere
DAKAR MAI-JUIN 1980
t 1
~- Travaux du IVegrave Congregraves National ~es Sports agrave DAKAR les 2223041981
Bulletin n2 91 du CIO du 15 Aont 1965
l____________________________
8- Meacutemoire de Mattrise BADJI Abdou La lutte traditionnelle Joola
Etude et perspective
9- Meacutemoire Inspectorat JS DJITTE Mandy Les pratiques corporelles
traditionnelles au Seacuteneacutegal pour leur exploitation et leur
utilisation en peacutedagogie Marly le Roi 1980
REPUBLIQUE DU SENEGAL
--------------- INSTITUT NATIONAL SUPERIEUR
MINISTERE DE LA JEUNESSE DE LrsquoEDUCATION POPULAIRE
ET DES SPORTS ET DU SPORT
-------------
(INSEPS)
MEMOIRE DE MAIcircTRISE
Es-SCIENCES ET TECHNIQUES
DE LrsquoACTIVITE PHYSIQUE ET DU SPORT
LA LUTTE TRADITIONNELLE
son importance sa signification en fonction des ethos et des habitus ethniques au Seacuteneacutegal
Preacutesenteacute par
Monsieur Joseph Victor FAYE
Sous la direction de
M Jean Marc ROCHEZ
Professeur agrave lrsquoINSEPS
Anneacutee de soutenance 1984
-5shy
II QUELQUES NOTIONS DE SOCIOLOGIE POUR UBE MEILLEUR~
COMPREHENSION DE LA LUTTE TRADITIONNELLE
Essayons dexpliquer simplement les termes ETROS et HABITUS et
ETHNOMOTRICITE pour la clarteacute de notre deacutemarche
ETROS dans sa deacutefinition premiegravere veut dire en parlant dun individu
lice qui distingue cet individu des autres (1)
En eacutetudiant cette signification dans le cadre de la sociologie on
entendra par eacutethos ethnique (eacuteducation croyance rite etc bullbullbull ) lenshy
semble des caracteacuteristiques dune communauteacute sociale
HABITUS QCe sont les habitudes et attitudes socialement acquises qui
sous-tendent et preacute-deacuteterminent partiellement les faccedilons de penser de
sentir dagir de tout individu et traduisent notamment le rapport quil
entretient avec son corps (2)
Dans le cadre de ce meacutemoire nous allons essayer de faire une approche
de la lutte traditionnelle sous deux angles dabord en leacutetudiant comme
habitus en tant que technique du corps et ensuite COmme habitus de classe
fonction du style de vie des individus et nous nous proposons dans cette~gt
partie de deacutefinir ces deux notions dhabitus
Marcel MAUSS dans une viseacutee anthropologique emploie ce terme dune maniegravere
tregraves large pour rendre compte des faccedilons dont les hommes socieacuteteacute par
socieacuteteacute dune faccedilon traditionnelle savent se servir de leur corps Ces
habitudes varient avec les individus et leur imitations elles varient surshy
tout avec les socieacuteteacutes les eacuteducations les convenances et les modes les
prestiges
Analysant de multiples techniques du corpsll la marche la course la nage
le beacutechage le saut la danse et toutes les techniques corporelles en geacuteneacuteshy
ral (techniques alimentaires sexuelles de soins de repos bullbullbull ) MAUSS
insiste sur le fait que celles-ci ne sont pas naturelles mais acquises
(1) PIERON Henri Vocabulaire de la psychologie 2egraveme eacutedition revue et augmenteacutee PUF 1957 page Ill
(2) POCIELLO Christian Sport et Socieacuteteacute Approche sodo-culturelledeacutell pratiques Paris Vigot 1981 pages 78-79
La notion dethnomotriciteacute part dune constatation
- la grande diversiteacute des caracteacuteristiques preacutesenteacutees par les pratiques
corporelles en fonction de leacutepoque du lieu des groupes elle teacutemoigne
de linfluence despotique des normeS et des valeurs sociales sur la mise
en jeu du corps
Dougrave sa deacutefinition
Le champ et la nature des pratiques motrices envisageacutees sous langle de
leur rapport agrave la culture et au milieu social au sein desquelles elles
se sont deacuteveloppeacutees (1)
Conseacutequence le contrat ludosportif est aussi un contrat social il
reflegravete la faccedilon dont une socieacuteteacute aime agrave se penser agrave se repreacutesenter bullbullbull
et accepte de se donner en spectacle
Lethnomotriciteacute donne naiss~nce agrave deux sortes danalyses
- lanalyse synchronique -ou eacutetude spacialeshy
de type interculturel agrave hagravebitus diffeacuterents styles de vie divergents
de type intraculturel apparition dhabitus de classe et de pratiques
distinctives
- lanalyse diachronique -ou eacutetude temporelle- ou eacutevolution sur une longue
peacuteriode des pratiques motrices pour une cateacutegorisation dindividus
Cette hypothegravese de lenracinement social de la motriciteacute est une atteacutenuashy
tion des explications psychologisantes consideacuterant lindividu indeacutepenshy
damment de son environnement et sexprimant en termes de goQts motivations
() PARLEBAS pierre Contribution agrave un lexique commenteacute en Science 4e laction motrice Paris Publication INSEP 981 322 pages
AicircAgraveLYSE CES iJFrADES iDe I LES EN flA TIERE
DE PRATIQUE DES SPORTS DE Oicirc-itlAT
Objet Veacuterificat~on de la theacuteorie de lhab~tus
Hypothegravese En raison de son histoire de ses speacutecificiteacutes des valeurs
symboliques dont on linvestit une pratique sportive est en faveur aushy
pris dun groupe de pratiquants en fonction dattentes de niveaux dexishy
gence de fierteacute dappartenance qui sont socialement et culturellement
deacutetermineacutes
Il sagit en quelque sorte danalyser les goOts et les motivations des
sportifs en rapport avec leur condition sociale et le sentiment attachi
agrave ce statut
Remarque Cette analyse sera meneacutee en fonction des classes sociales et
non agrave partir de cla~se dage ou encore de classe socio-politique comme il
est dusage pour toute reacuteflexion sur notre socieacuteteacute trJditionnelle
Cette particulariti provient du fait que nos enquites ont iteacute effectueacutees
en milieu urbain -en raison des problimes de temps et de moyensagrave Dakar
et agrave Thiis pour itre plus preacutecis et il est deacutesormais hasardeux de preacuteshy
tendre y retrouver les structures traditionnelles c~e on pourrait le
faire en milieu rural
Par classe sociale et nous inspirant de la notion marxiste -deacutefinition
du rapport aux moyens de production- nous entendons la distance_dun
groupe social aux postes de deacutecision et de responsabiliteacute Plus cette
distance est grande moins le statut eacuteconomique est eacuteleveacute
Nous distinguons quatre (4) classes sociales car au niveau dune telle
analyse nous ne pouvons preacutetendre agrave la finesse de discrimination indiciaire
de la Fonction publique par exemple
r~partieuml
come il egravest rsectc eacute dans 1 ablea~ ci-dessous
CATEGORISATIONGROUPE EXEMPLE DE FONCTIONADMISE
Administrateur civil - Ingeacutenieur - Meacutedec ilCadre supeacuterieur1 Officier - Professeur
Instituteur - Mattre dEPS shy2 Cadre moyen Secreacutetaire - Technicien
Chauffeur - Militaire Policier3 Cadre subalterne shyPatron - Artisan
Artisan - Cultivateur - Ouvrier temporail4 Non cadre Pcheur
Conditions denqute Six (6) sports de ~ombat sont officiellement
pratiqueacutes Ils possegravedent une structure para-eacutetatique de gestion de contr
ce sont
3 sports de preacutehension - JUDO - LUTTE LIBRE TRADITIONNELLE - LUTTE OLYMPIQUE
2 sports de percussion - BOXE ANGLAISE - KARATE
sport mixte - LUTTE TRADITIONNELLE AVEC FRAPPE
Pour chacun de ces sports 50 pratiquants ont eacuteteacute interrogeacutes sur leur
statut socio-eacuteconomique avec la discreacutetion et la prudence quexige ce
genre de question
Cette enqute sest deacuterouleacutee dans les conditions suivantes
JUDO
Lieu DAKAR - Clubs USTD - DUC - FJAKS - DOJO HOMAR DIENG
Date du 020J84 au 28-05-84
Circonstances Les principaux inteacuteresseacutes eacutetant la plupart sur le tatami
pour lentratnement il fallait souvent attendre la fin
de lentratnement uumlur pouvoir avoir une ou deux entreshy
vues de sorte qu~ le~qu~te a pris beaucoup plus de
On constate que le no~bre de p=a~iq~~-ts ~st ~eauccup plus importd~t dans
les groupes 2 et 3 - Il es ~oindre dans les grQupes 1 et 4
LUTTE LIBRE TRADITION~~LLE
Lieu Dakar - Thiegraves bull Aregravenes Landing DIAME - Ecurie Seacuteregravere (pregraves de
lautoroute) Lutteur diola - toucouleur - Entratneurs - encadreurs
de diverses eacutecuries Stade Iba Mar DIOP - Aregravenes de Pikine et de
Thiegraves - CNPES - INSEPS
Date du 040284 au 020684
Circonstances Elles sont parallegraveles car les pratiquants semblent beaushy
coup plus disponibles que dans les autres disciplines Notre travail
parfoi~ peacutenible en raison de la diversiteacute des ethnies repreacutesenteacutees
et la traduction n1est pas toujours aiseacutee
Observations
Nous constatons que la lutte libre traditionnelle est plus pratiqueacutee
par les groupes 4 et 3 que par les groupes 1 et 2
LUTTE OLYMPIQUE
Lieu CNPES - INSEPS - Iba Mar DIOP (Equipe Nationale) - DUC
Date du 040284 au 020684
Circonstances Les conditions sont meilleures dans la mesure ougrave le
hasard a fait que pendant cette peacuteriode leacutequipe nationale soit
en regroupement et ceci nous a permis d-interroger un nombre
important de lutteurs de grand renom
Observations
En raison du petit nombre de pratiquants r~guliers lenquecircte ne porle
que sur 2S personnes Arbitrairement pour les besoins de comparaison
les raisons de comparaison les reacutesultats cbtenus sont multipli~s par 2 bull
BOXE A~~GLISE
Lieu Iba l-ar DIOP - ASFA - ASFPO - SC -ASC JJAF - ASC lA
ugraveate du 201283 au 020684
~E~~~~E~~~~ Ici nous ferons la mecircme remarque que pour le Judo
Notons que toute lenquecircte a eacuteteacute faite agrave Dakar
Observation
La boxe recrute ses pratiquants surtout dans les classes 3 et 4 et
on note que le nombre de pratiquants nest pas aussi important comme
dans les autres disciplines
KARATE
Lieu YUKOKAI KARATE CLUB - SAMOURAI KARATE CLUB - Iba Mar DIOP
CLUB DE GIBRALTAR - ASFA - ASFA - ASFPO - GM Thiegraves
Date du 201283 au 020684
SE~~~~E~~~ Notre enquecircte se passait dans une ambiance sympathique
de camaraderie Geacuteneacuteralement apregraves la seacuteance dentratnement
Observation
Nous constatons que la distribution des pratiquants bien que favorisant
les groupes 2 et 3 semble plus homogegravene que dans les autres disciplines
~ LUTTE TRADITIONNELLE AVEC FRAPPE
Lieu Ecurie de Fass - Ecurie des Seacuteregraveres - Ecurie Mermoz
- Ecurie des Casamanccedilais
Date du 04-02-84 au 020684
Ccedilj~9~~~aEccedil~ Il est agrave signaler que cest la discipline ougrave l~ contact
avec les pratiquants a eacuteteacute plus difficile les speacutecialistes qui~ la plushy
part du temps semblent meacutefiants quand on commeucircce agrave leur poser des quesshy
tions preacutecises sur leur revenu mensuel
2 -liCc 055cllt le lle11ent SegraveS praLicltants dans le ba
de lecirc~helle ces~-agrave-dire dans le ~ruumlupe 4
~ecircsultats
Les reacutesultats enregistreacutes sont reacutecapituleacutes en nombre et en pourcentage
-agrave lapproximation pregraves- dans le tableau ci-dessous
LUTTE 1 LUTTELUTTEGROUPES BOXE KARATE JUDO AVEC OLYMshySIMPLE i i FRAPPE PIQUE
1 11 1 1 1
1 11 1 1 1 11 0 1 0 8 1 16 9 1 18 4 1 8 0 1 0 7 1 14
1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1
1 11 1 1 1 1 12 3 1
1 6 21 1
1 42 22 1 44 6 1 12 4 1 8 17 1 341 1
1 1 1 1 1 1 1
1 1
1 1 1 1 1
3 22 1 44 13 1 26 15 1 30 16 1 32 5 1
1 10 10 1 20
1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1
1 1 1 11 1 1
14 25 1 50 8 1 16 4 1 8 24 48 41 1 1 82 16 1 321 1 1 1 bull 1 1 1 1 1
1 1 1 1 1 11 1 1 1 TOTAUX 50 1100 50 1100 50 100 50 pOO 50 pOO 50 1100
1 1 1 1 1 1 1 1 1 1
Afin dG failiter la lect~~e je c~ table3~ t ~2 re~dre sig~ific~tives
s info~~ations quil contient ces difteacutere ts reacutesultats nu~eacuteriques
peuvent ecirctre formuleacutes selon des repreacutesentations graphiques
1 Clientegravele des Sports de combat
FIGURE l
Il apparatt nettement que les sports de combat recrutent essentiellement
dans le bas de la hieacuterarchie sociale ce sont des sports populaires don
propices agrave une massification de la pratique
Toutefois on peut nourrir quelques inquieacutetudes pour que soient reacuteunies
les conditions de leur deacuteveloppement en raison du faible statut quils
possegravedent au regard defllintelligentsia seacuteneacutegalaise
2 Hieacuterarchisation des gants sportifs en matiegravere de sport
de combat au sein des cadres supeacuterieurs -Groupe 1shy
FIGURE I[
La f-appe est honni aucl1 pratiqua1t de boxe Olt de lutte avec frappe
agraveUloins quelle fasse lobjet dune stylisation cxtrecircme COTIme cest le
cas dans le karateacute Ce groupe manifeste un seuil extrecircmement bas de toleacuteshy
rance agrave la violence ce qui explique les discours infamants degraves que la
lutte avec frappe est secoueacutee par quelques excegraves Leacuteopold Seacutedar SENGHOR 1
navait-il paS deacuteclareacute que cette forme de lutte eacutetait une atteinte permashy
nente agrave limage de marque du Seacuteneacutegal
Bien quil soit difficile de proposer une explication unique curiositeacute
esprit douvetture permeacuteabiliteacute aux modes bullbullbull les repreacutesentants de ce
groupe adoptet facilement des sports importeacutes 85 des goOts pour le 1
Judo le Karateacute et la Lutte Olympique qui pourtant est bien peu pratishy1
queacutee au Seacuteneacutegfll j
Faut-il en deacuted~~re une attitude geacuteneacuterale favoris~agrave tout ce qui provient
de leacutetranger
Nous nous refu~ons preacutesentement agrave ce genre dexplicationJ ne ser~it-ce que
par ses conseacuteqJences sur notre sport national dont les perspectives appashyj
raicirctraient bie sombres
Admettons que la pratique de ces disciplines sont en rapport avec des
deacuteterminants eacuteconomiques et que ceux-lagrave sont un frein P4ur la popularisashy
tion de ces pratiques A lappui de cette interpreacutetation~ il suffit de
composer le champ social du Judo et celui de la Lutte libre traditionnelle
--== G J
32
LUTTE SIHPLEJUDO FIGURE JI(
Le groupe 2 qui manifeste un inteacuterecirct reacuteel pour les sports de combat -pregraves
de 25 iuml de la population i~tervieweacutee- et qui p6ssegravede les ~oyens de choisir
ses pratiques opte massivement pour le judo CDnme lexprirre le rapport de
agrave 4
- shy
A la lumiegravere de cette succi~te analyse des demandes sociales en matiegravere
de pratique des sports de combat nous pensons recouper la theacuteorie de
lhabitus selon BOURDIEU qui veut que des hatitus diffeacuterents impliquent
des styles de vie divergents si lon entend par style de vie un systegraveme
de pratiques classeacutees et classantes(I)
La mutation de la socieacuteteacute seacuteneacutegalaise celle du milieu urbain se caracteacuteshy
rise par lapparition despaces sociaux qui sont en rapport avec des
espaces culturels Il en reacutesulte des pratiques distinctives comme
lexprime le pogam
En effet si les cateacutegories sociales existent et si chaccedilune delle exprime
une marque sur les conduites des sujets il est naturel ~e penser que des
pratiques1 sportives servent de modegraveles distinctifs et detrsymbOles dorgashy
nisation ieacuterarChique dans la socieacuteteacute exprimant les dif eacuterentes clas8eamp(2)
Ces const4tations ont dimportantes implications sur leeacuteveloppement et
lavenir des pratiques Si dans notre IIIegrave partie nous 1tenterons de 1
mettre en rapport les particulariteacutes ethniques avec les pluraliteacutes de
style de lutte nous parlons presque au passeacute Une IVegraveme partie devra
e~visager la situation actuelle de la lutte afin de pouvoir eacutemettre
qu~lques hypothegraveses sur son devenir
Cest auss~ une ambition de ce meacutemoire daider ceux qui sinteacuteressent reacuteellE
ment agrave la lutte de savoir entendre au travers des deacuteclarations normatives
et apologeacutetiques Nous ne doutons nullement de la conviction ou de la bonne
foi de leurs auteurs mais parmi les possibles il yale probable et seul
ceiui-lagrave meacuterite decirctre retenu car plus proche agravee la recirc~liteacute
(I) BOURDIEU pierre La distinction Les Editions de minuit 1979 page 191
(2) Le POgdlt Deacuterrocratisation du sport ythe (u reacutealiteacute
- 1f shy
j j l IlL DL l H L S DE
3 1 LA COll1ŒNAUTE DIOLA
311 Preacutesentation
Les diolas vivent dans la reacutegion de Casamance et repreacutesertent 9 de la
population totale du Seacuteneacutegal Ce sont geacuteneacuteralement des cultivateurs de
riz et des artisans Cependant on peut les trouver aujourdhui disperseacutes
dans toutes les capitales reacutegionales affecteacutes agrave divers meacutetiers militaire
gendarme fonctionnaires de lEtat ouvrier etc bullbullbull
Dans les villes la plus grande partie des diolas vit dans les qoartiers
populaires Par exemple agrave Dakar on les trouvera agrave Colobane agrave Fass agrave
Grand Yoff ou agrave Khar Yalla La plupart du temps cesDnt des artisans et des
ouvriers du secteur priveacute qui vont essayer dune maniegravere ou dune autre de
vivoter en bricolant deci de lagrave Mais mecircme loin de la Casamance cette
ethnie conserve une grande partie de ses caracteacuteristiques et plus partishy
culiegraverement la solidariteacute ethnique qui veut que les Diolas forment toujours
un bloc bien soudeacute quand le besoin se ifait sentir et cecisans discrimishy
nation de rang social Ainsi tous lesdiolas de Dakar se mobilisent pour
supporter le Casa Sport chaque fois qbe cette eacutequipe de foot-baIl vient
jouer agrave Dakar Cette mobilisation se fera aussi dans le cas ougrave leur chamshy
pion de lutte Mamadou SAKHO livre uncombatimportant
Lethnie diola est diviseacutee en trois sous-groupes
- les dio1as Fogny de Bignona
- les diolas Kassa autour dOussouye
- les diolas Blouf dans la preacutefecture de Tendouck
Mais en lutte on a pris lhabitude ~e les grouper en deux zones dune
part le Kassa qui preacutesente des particulariteacutes et dautre part lE Fogny
et le Blouf
- J 7 shy
3 ) 2 ~U(lquE5 aspects d~ l~ducatio~ ~t des rit~s en milieu diol~
L eacuteducat ion veacuteritable de lenfant diola est sociale et ne se corlprend
que dans la relation sociale elle deacutepasse de loin le strict cadre
famililal Elle commence au stade de lapprentissage du langage
Lenfant apprendra agrave reconnattre le langage du regard de ses parents
Il doit connaicirctre et faire la diffeacuterence entre un regard approbateur
et un regard qui blacircme De mecircme il doit apprendre agrave faire les gestes
de la tecircte qui expriment lapprobation En aucun cas lenfant nest
laisseacute agrave lui-mecircme Aura-t-il deacutesobeacuteit par complaisance naura-t-il pas
eacutecouteacute ou fait attention aux recommandations reacutepeacuteteacutees plusieurs fois
sans reacutesultat il fera lobjet dune punition corporelle avec la chicotte
Elle a pour effet de faire mal au corps de lenfant afin datteindre son
acircme sa sensibiliteacute et instaurer en lui une sorte de 1iaision de la
meacutemoire du mauvais comportement agrave la douleur quen voulant eacuteviter la
douleur il finit par eacuteviter le mauvais comportement en tout cas den
prendre conscience degraves cet acircge Cest une meacutethode deacuteducation mora1e (])
i 3121 Leacuteduca~ion maternelle
1
Notre eacutetude nous a montreacute que mecircme de nos jours leacuteducation diola
conserve encore ses caracteacuteristiques traditionnelles au niveau des rites
des moeurs des habitudes des principes et des normes
Leacuteducation de lenfant reste lune des plus rigoureuses Elle commence
degraves le plus bas acircge car pour le dio1a on ne peut redresser une personne
adulte donc autant leacuteduquer tregraves jeune Jusquagrave lacircge de trois ans
lenfant sera encadreacute par sa megravere qui bien queacutetant tregraves douce fait
preuve daucune indulgence Elle lui apprend les interdits de la communaushy
teacute respecter son prochain ne pas insulter ni profeacuterer de gros mots surshy
tout en preacutesence de grandes personnes ni faire violence agrave autrui
Plus terd v~rs cinq ou SlX ans le jeune garccedilon est initi~ a~x travaux
ces cna~ps des rizi~r~s cles pal~eraiEs ce Gui ne manquer6 pa5
davoir ces rEpcrcussic~s sur SOn deurovelopperncnt morpholoique
- 1( shy
3122 La circoncisio~
cest un rite obligatoire Il a pour but dintroduire le garccedilon dans
la communauteacute des hommes en tant que responsable Cest un rite qui
laisse une trace indeacuteleacutebile dans la vie du jeune diola Les principes
de la vie en socieacuteteacute y sont enseigneacutes agrave fond Le rite de la circoncishy
sion preacuteseuro~teuro uneuro forme p~lticul do~t s~uls les diolas connaissent
lorganisation internecar la circoncision est agrave la fois une eacutepreuve
physique intellectuelle et morale
Cette circoncision en milieu diola se passe dans le bois sacreacute En ce
lieu les Njoulis (circoncis) sont encadreacutes par des mattres les
Kintangs et au-dessus de ces mattres regravegnent un ecirctre doteacute de faculteacutes
occultes il sagit du Kankourang Le kankourang a cette capaciteacute de
disparattre de voler quand bon lui semble Il incarne la justice et la
violence et assure la protection de ses disciples contre les mauvais
esprits Ainsi le kankourang incite agrave lobeacuteissance et agrave lordre dans
cette socieacuteteacute Dans la tradition diola le kankourang repreacutesente un
pouvoir mystique capable de choses extraordinaires dont la socieacuteteacute
moderne avide de raisonnement ne pourra trouver une explication Au
cours de la circoncision les initieacutes subissent un certain nombre
deacutepreuves physiques que le diola appelle samasso Il doit se soushy
mettre agrave lensemble de ces eacutepreuves consideacutereacutees comme indispensables
agrave sa formation pour lui permettre de juger ses capaciteacutes physiques
mais eacutegalement deacutepouver sa valeur intellectuelle morale et sociale
Il pourra aussi se mesurer aux autres dans le domaine de la consideacuteration
et du respect En quittant le bois sacreacute le jeune doit posseacuteder une
grande partie des qualiteacutes humaines et socisles quil faut agrave un howmE
pour vivre en harmonie avec la socieacuteteacute traditionnelle Il serait bien
sOr possible dans le cadre dune eacutetude plus approfondie de parler de
bien dautres rites et pratiques traditionnelles
Notons cependant que le rite de la circoncision appartient aux anc~t~es
et que dans les villages reacutecents ougrave les structures ont changeacute on ne
Jeux jours avant la re~trfE cans le bois sacr[ les adolescents so~r
-
- Jo shy
por lE diola 11-071- doit rester en harrc1iE avec lE
tal lanimal lui-mecircme les ancecirctres les geacutenies Le rit~ du rasdge co~sist~
acirc ~loigner la ~alchance de lenfant Si l~ ritE nest pas respecteuro eumlr es
parents du futur initieacute celui-ci connaicirctra la malchance pendant toute sa viE
Ce rite a aussi pour faculteacute deacuteloigner le mal et de preacuteserver lenfant des
mauvais esprits
Le rite de leau sacreacutee se fait un jour avant lentreacutee dans le bois sacrEacute
Les femmes doivent se garder davoir le moindre contact avec leau beacutenite
pour se preacuteserver des conseacutequences facirccheuses qui pourraient en reacutesulter La
tradition veut quune seule goutte soit capable de deacuteclencher lavortement
l chez la femme enceinte de rendre steacuterile la jeune fille ou de provoquer des
menstrues perpeacutetuelles chez la femme ayant atteint la meacutenopause bull
bull Le rite de la forge protegravege le futur initieacute pendant son seacutejour dans le bois
sacreacute Mais cette protection seacutetend bien au-delagrave et de rite veut que toute
personne qui y faillit soit condamneacutee agrave devenir leacutepreuse
Pendant plusieurs semaines les jeunes initieacutes subissent une formation capishy
tale qui fera deux des hommes complets
313 Croyances et pratiques mystiques
Si nombreux sont les diolas convertis au Christianisme ou agrave lIslam leur
foi napparatt jamais incompatible avec leurs croyances animistes Lhisshy
toire des rois et reines diolas nous reacutevegravele quils eacutetaient les ffprecirctres fl de
ces cultes feacutetichistes destineacutes agrave maintenir la fertiliteacute et agrave provoquer
la chute des pluies De nos jours existent encore des socieacuteteacutes secregravetes agrave
base religieuse ou magique la plus redouteacutee eacutetant lassociation neacutecrophashy
gique Kousanga des Floup (1)
Deux fafu expliquent la coexistence du dogme et de la croyance
le contact tardif de la socieacuteteacute diola avec les civilisations eacutetrangegraveres
et leacutevangeacutelisation ou lislamisation quelles veacutehiculaient Il e~ reacutes~lt~
une importance des traditions leur reacutesstance agrave une remise en questic~ ce qui confegrave~e agrave la socieacuteteacute diola un caractegravere conservateur
r~c~~i]EE 2~fr~~ ~c - t
ct ~Cc egraveE~ Cimiddotilisatilaquo~ eacute
la neacutecessiteacute de lanimisme consiegraveeuroreacute comme base de toutes legrave~
religi0~s uumlegrave serait-ce que corr~e tentative ciexpliquer li1explishy
cable en se repreacutesentant en particulier comme un ensemble de puisshy
sances mystiques Ainsi pour lanimiste agir sur la nature cest
intervenir psychologiquement aupregraves de ceLX qui la gouvernent
314 Imeact des moeurs sur la prat~que de la lutte diola
Lorigine de la populariteacute de la lutte eugrave milieu diola est par trop
impreacutecise aussi nous nous limiterons agrave en donner la signification
actuelle La lutte apparatt dabord comme un moyen privileacutegieacute deacutedushy
cation
- sur le plan corporel afin de deacutevelopper la force lagiliteacute la
rapiditeacute et la souplesse
- sur le plan moral afin de deacutevelopper les vertus caracteacuterielles
courage tenaciteacute digniteacute bullbullbull neacuteces~aires agrave laction
Mais la lutte apparatt aussi comme un mpyen dinteacutegration sociale car
le jeune diola qui se refuserait agrave se sbumettre agrave leacutepreuve de la lutte
encourrait un isolement alors que celui qui excelle en bravoure devient
rapidement populaire Dougrave ces affrontements agrave linteacuterieur dune classe
dige qui tout en restant un moyen de reacutejouissance servent eacutegalement
agrave eacutetablir des comparaisons
Nos observations et nos interviews confirment le caractire tris physique
de la lutte diola immeacutediatement les lutteurs sont au corps agrave corps et
les techniques consistant agrave aracher ladversaire priment sur toutes les
autres Exprimer sa force est une preacuteoccupation constante il suffit pour
sen persuader de voir le groupe de lutteurs peacuteneacutetrer dans laregravene au son
du Born bol on que rythme le claquement de mains des femmes
C~tte da~se est une deacutebauche dAnegie Ougrave les lutteurs pieacutetin~Ert avec
force L sol
i shy
3141 EorphologUgrave et valeur physiques du lut teur diola
Le lutteur diola possegraveagrave~ un deacuteveloppement caracteacuteristique du trai~
supeacuterieur et de la musculature doso-lombaire Ceci est tregraves certaineshy
ment lieacute au maniement de la houe de la daba et surtout dukadiando
dont lusage permanent a modeleacute la morphologie du lutteur diola
La valeur physique de ce lutteur semble reposer sur sa force sa
reacutesistance mais aussi sa rapiditeacute
3142 Reacutepertoire technique
Dans le Blouf la forme du corps la plus utiliseacutee est le deacutecalage souvent
combineacute avec un crochet de jambe (gal gal) ceci semble ecirctre lieacute agrave
lutilisation quotidienne dans les riziegraveres du kadiando Le paysan du
Blouf sera ameneacute agrave faire un mouvement de torsion pour deacutecalerlinstrushy
ment enprenant appui sur son genou et ceci continuellEment pendant toute
la jourpeacutee Chez les diolas du Fogny le kadiando eacutefait surtout utiliseacute
par les femmes qui soccupaient autrefois exclusivement de la riziculture
et ce n~est quaujourdhui que les hommes cultivent le riz 1
La principale culture dans le Fogpy est celle du mil on y cultive aussi
de larachide De ce fait loutil le plus utiliseacute est le donkoton qui
est un instrument tregraves petit avec un manche court et dont le maniement
expliquerait peut-ecirctre leacutetonnante musculature du train supeacuterieur et surshy
tout de la zone dorso-lombaire du 4i6la fogny qui excelle dans les techshy
niques en force genre arracheacute avec les bras sur contrOle de la ceinture
de ladversaire Lulisation du donkoton semble eacutegalement expliquer la
garde tregraves basse du lutteur fogny
Dans le kassa on aurait pu trouver la mecircme forme de lutte car la morphoshy
logie du lutteur est agrave peu pregraves la mecircme mais linterdiction formelle de
la prise du ~gimbe modifie et limite tout le repertoire technicult2 ou
lutteur Le lutteur kassa adopte une garde basse et agrave une preacutefeacuterence pc~r
legraveS tc~-iccedilues n passa~ dessous - - ~ shymiddotmiddotcrc t--=~ c-
----
contact et agrave partir de ce TtoTteuront ils peuvent se relever et conti~uEr
en lutte debout jusquau terrassemen~
Toutes les gardes sont rapprocheacutees en milieu diola
irbi trage
Les combats sont arbitreacutes par un deacuteleacutegueacute geacuteneacuteralement anClen lutteur
Ces anciens lutteurs ont pour rocircle de veiller au bon deacuteroulement du
combat La victoire est deacutecreacuteteacutee dans les cas ougrave un des lutteurs se
retrouve en position assise sur le ventre sur la cuisse ou les
genoux (sauf dans le Kassa)
Il existe un autre mode de victoire celle qui est proclameacutee agrave la
suite dune supeacuterioriteacute eacutevidente du~ des lutteurs A savoir quand
un lutteur soulegraveve tregraves haut son camarade et que son manager estime i
quil est pratiquement battu il peut arrecircter le combat en touchant
dabord le lutteur adverse popr eacuteviter que son lutteur ne soit terrasseacute
tregraves fOrt Nest-ce pas un deacutecision sage des managers qui peut contribuer
agrave maintenir le caractegravere reacutecr~atif de la lutte joola 1
La victoire dun village sur un autre village ne se mesure pas au
nombre de victoires obtenues par lensemble des lutteurs En effet
il suffit que le champion soit battu pour que le village soit consideacutereacute
comme deacutefait Ce qui explique limportance et le seacuterieux que le village
accorde agrave la preacuteparation des championsl)
Il est cependant important de signaler que larbitrage dans les centres
urbains revecirct une iautre forme beaucoup plus codifieacutee et cest peut-ecirctre
une des raisons qui font quen milieu urbain la lutte diola perde une
partie de son originaliteacute
En dehors des techniques speacutecifiques agrave chaque sous-groupe il faut
signaler quil y a une multitude de prises et quelGues formes de corps
comTIunes agrave letnn Car reconnaissons qu il cO unE ror-euro approp=i~eacute
dE ~ouvane du l~tteur diola en TaI
-----~-----
LE tableau ci-dessous se propose dE reacutesumer les diffeacuterentes consideacuteshy
rations techniques envisagEacutees dans cette partie
FORlŒSSOGS-GRGUPES 1 COItltOLE GA~JESDt CORF=
i ~
1 1
Passage dessous de jambes et BassE KASSA saisies Moyenne1annexes bras (rapprocheacutee)
ceinture tecircte
Deacutecalage de Moyenne et BLOUF Demi-souplesse Ngimbe
HauteHancheacute Bras (rapprocheacutee)
Jambe
Arracheacute CouFOGNY Tregraves basse
Hancheacute ii 1
1 1
3 14 3 bull LeIIa~~jueetlecom~ortementdulutteur-+iola
1 Le comportement et lattitude du lutteur dans laregravene pe sont en fait
t
que le reflet de sa psychologie et plus partiCUliegraverem t de son eacutetat
dacircme Or il napparatt pas abusif deacutetablir des cor eacutelations entre
le psychisme dun individu et lempreinte eacuteducative quil a subie En effet en sortant du bois sacreacute le jeune diola a acquis un ~ca~~l
eacutequilibre physique et mental
Cette matrise de lui-mecircme permet au lutteur dans la~egravene dadopter
un aire enjoueacute de manifester beaucoup denthousiasme~ La lutte devient 1
essentiellement un jeu laspec ludique y est privileacutegieacute et ~ela influe
sur le comportement du lutteur
Ainsi queurolq~c soit limporta~cE de le~je~ le lutt~c~ dic1e Seuroreacute
to~jours serein et s~ livrera sa~s arri~re pe~s6e da~$ ~E CO=beacute ou-
tons que le lutteur diola est trecircs fair-play et sil arrive quun rdnd
lll L COIicircilU1Ul L ULOF
32 J Preacutesentation
La soc tEacute wucirc10f est celle qU1 a eacuteteacute la plus marqueacutee par la colonisation
~~ fait peut-gtre de sa position geuroographiquE dune part ct de 50~ imporshy
tanCE sur le plan dfmographiquE dautre part En effEt ceurootteuro CC-~ucircautE
wolof repreacutesente environ 20 de la population seacuteneacutegalaise
Elle est constitueacutee de pecirccheurs (ce sont les leacutebous) dagriculteurs de
fonctionnaires de lEtat mais surtout de commerccedilants
A pqrtir de leur reacutegime dimplantation le Cayor le Walo le Baol le
Djolof et la presquicircle du Cap-Vert les wolofs ont tendance agrave irradier
sur lensemble du territoire sous leffet de leur speacuteculation agrave la culshy
ture de larachide et du nombre important de fonctionnaires quon trouve
dans cette ethnie
322 Les moeurs et croyances wolofs
Bien queacutetant en grande partie des musulmans convaincus les wolofs
conservent toujours une croyance animiste et continuent agrave faire des
sacrifices agrave porter des cornes ou des morceaux de bois agrave la ceinture
aux jambes ou aux bras et agrave croire agrave lexistence des Djinneacutes et des
Raps bull
Le Djinneacute cest une creacuteature malfaisante en geacuteneacuteral capable de choses
extraordinaires Il possegravede des faculteacutes surnaturelles Cependant dapregraves
la croyance animiste certains Djinneacutes peuvent ecirctre bons
Le Hapl cest une creacuteature ayant des dons occultes appartena71t agrave une
famille ou agrave une communauteacute et dont le rOcircle est de veiller cu daider
les reCJrES de le fai11p ou dt la conmunauteacute en cas de da1gel Le Rap
~ ut te c ) ~~c-
ei sltcificE cJ sanl dE meut0 dL chat de pC)wleurot 5E1lt les conveuroshy
lances parfois leur dorner COrllTe offrande du lait Laii
Qua1d une famille ou une communauteacute neacuteglige les Sarakh (ici dans
le sens de sacrifice ou Offrande) elle se voit aussitocirct vouEacutee agrave la
maleacutediction des mauvais esprit~ (fcllec dans touteacuteS lEs ~treprises
de la vie maladie mort bullbullbull ) Les lieux ougrave habitent ls Taps et ougrave
se font les sacrifices se nomment Khambs
Geacuteneacuteralement le khamb se trouve dans lenceinte de la maison ou
dans un coin approprieacute du village Les lieux du khamb sont marqueacutes
par la disposition de calebasses de pilons de morceaux de poterie
briseacutes de grosses pierres de cornes et dautres objets heacuteteacuteroclytes
La superstition wolof est tregraves marqueacutee En effet pour le wolof toutes
les manifestations quotidiennes trouvent leur signification dans le
mysticisme Citons agrave cet effet quelques ezemples Une femme enceinte
ne doit pas marcher agrave nimporte quelle heure de la journeacutee Certaines
heures de la journeacutee lui sont interdites le Timiss (creacutepuscule
le Ndjo~or (de 13 H agrave 14 H de lapregraves-midi) le souf-segravede (de
minuit i4 H du matin) Selon la tradition ~t la croyance wolof les
mauvais ~sprits choisissent ces heures pour jeter des sorts Et la
femme enceinte eacutetant tregraves vulneacuterable le Djinneacute essaiera de lui insufshy
fler son souffle pour atteindre son beacutebeacute afin dentratner soit la
meacutetamorphose de cedernier en monstre soit de le tuer avant sa naissance
Dailleurs pour le wolof et pour certaines autres ethnies au Seacuteneacutegal
le timis le tdjolor le souf-segravede repreacutesentent des peacuteriodes de
la journeacutee ougrave lon ne doit pas se hasarder dans les rues et les champs
Ce sont des heures propices aux apparitions des Djinnes sous nimporte
quelle forme humaine ou animale
Il est eacutegalement interdit au wolof de marcher ou de serti la nuit du
~eacutellfria-
loutes c~s pratiques ~ystiqu~s et cr0ya~ces religi~us~5 ~xistent eL~~[
certainement dues agrave un meacutetissage culturel Parallegravelement aux feacutetiches
aux incantations et agrave lutilisation des safaras (substance magique)
notons lexistence de ga l a tchs (ce sOnt des talismans ougrave sont inscrits
du qui les porte Toutes ces croyances biEn sucircr auront une rEacutepercussicrI
sur leacuteducation du jeune wolof
323 Leacuteducation du wolof
Pour caracteacuteriser leacuteducation wolof nous avons penseacute donner comme
illustration cet extrait de la revue DEM ak TEY Pour deacutefinir leacutedushy
cation le wolof fait appel agrave un symbolisme qui eDglobe aussi bien les
moyens mis en oeuvre Yar que le reacutesultat obtenu agrave laide de ces mecircmes
moyens cest-agrave-dire la formation et le deacuteveloppement de lecirctre humain
ou Yaru
Le substantif Yar deacutesigne le fouet
Ce symbolisme deacutesigne donc au-delagrave du simple sens mateacuteriel de lobjet
lutilisation qui permet daboutir au reacutesultat escompteacute (Yaru) Au sens
geacuteneacuteral Yar deacutesigne tout instrument servant agrave infliger une punition Le
terme laisse supposer agrave priori que cette phase de lenfance durant lashy
quelle se preacutepare la vie de lhomme est lieacutee agrave la souffrance au supplice
Dailleurs une maxime wolof compare lenfant agrave une tige quon a tout le
loisir de redresser alors quelle est encore flexible bull
bullbullbull Pour leacuteducateur wolof la perfection nest point de ce monde malS
le devoir de chaque homme est de tendre vers la pleacutenitude en luttant
contre ses propres faiblesses Leacuteducation va d01c iisister essentielle~(-~t
sur lexercice quotidien de leacutelevation ffiora1e d~ lindividu Pour cela
elle privileacutegie la patience munI) vertu dabneacutegdtion et dE deacutesinteacuteresseshy
m(~t autour dE laquelle sarticulent toutes ]e~ ~u~~~s qualiteuros
i _
aan~ ~ s0cieacutet gt~olcf ocirclt~tartt nul -Jt- poulait sabecircisstr
tion de sa libertEacute La liberteacute est le preuumler drcmiddotir dE l ho-)euro egrave~S
baigner dans une beacuteate admiration du passeacute la comparaison avec le pr~$(middott
si~posc dclle-mecircme car lon reste s reacute devant la deacutesinvolture aVEC
laquelle dES honmes daujourdhui descendants de cette ~~~EacuteTatic ccedil~l se
une fois [largis bullbull tTasque fiers davoir fait leacute priS0n PEut-2tTE
faut-il mettre cela sur le compte de lurbanisation et des nouvelles
valeurs qui ont pour nom enrichissement reacuteussite sociale avec ce que
cela comporte de deacuteshumanisant et de deacutepreacuteciateur (1)
3 bull 2 bull 3 1 bull Lesri tes
Le sevrage et la circoncision constituent les deux grandes phases initiashy
tiques chez le wolof
- Le rituel du sevrage est appeleacute maga1 (litteacuteralement rendre grand)
Cest un eacutevegravenement important aussi bien pour les parents de lenfant que
pour la co~unauteacute Durant cet eacutevegravenement qui survient geacuteneacuteralement deux
ans apregraves la naissance du beacutebeacute les personnes vivant dans lentouragE
apportent leur soutien moral et mateacuteriel
- le rituel de la circoncision revecirct pratiquement la mecircme signification
que dans les autres ethnies seule la forme diffegravere La circoncision reste
encore une eacutepreuve de la vie au sort i r de laque Ile ladolescent devient un
homme Aujourdhui il faut noter une meacutetamorphose de la structure sociale
et des croyances religieuses tregraves accentueacutee aussi bien chez les wolof que
chez les autres groupes ethniques et ceci est peut-ecirctre dO au contact
permanent quils ont avec la socieacuteteacute occidentale
Malgreacute ces constat~tions il semblerait pcu=tant qUE la sociecirct~ lecircbou Gci
bien que se trouvaLt en grande partie dans ~a Presquth du Cap-ETt Et
en contact permane~t avec les blancs soit la portior la plu8 cc~serva-
----------~_- ---~-- -----
~
Incidences d s ~00urs sur la l~ttE
Le wolof connaicirct deux formes de luttes la lutte sirplE- sans t-t
la lutte avec frappe La lutte avec frappe a une crigi~e purement r
et ce nest que plus tard quelle devint une prati1uE sportive et lud
preacuteparer agrave la guerre Aussi tout en luttant On eacutetait autoris~ agrave frapper~
griffer mordre voire introduire son doigt dans loeil de son adversaire
Le jeune wolof devait eacutegalement se livrer agrave la lutte avec frappe afin de
favoriser son insertion dans la socieacuteteacute adulte et sinitier au meacutetier de
soldat faute de quoi il ne pouvait se faire entendre ne avoir des marques
de respect Pour montrer la populariteacute de la lutte dans le Cayor signalons
que les Damels ll (rois) et les Teignes (nobles) nheacutesitaient pas agrave sy
livrer Quant au IIMbeu~ (lutteur) elle lui servait de moyen de promotion
sociale car d8S que sa reacuteputation eacutetait eacutetablie il pouvait ecirctre choisi
par les rois et les nobles comme garde de corps
325 Signification de la lutte en milieu wolof
La lutte se pratique dabord pour lhonneur qui est une vertu tregraves signishy
ficative pour le wolof Elle permet de renforcer les liens amicaux entre
les jeunes de villages diffeacuterents Le champion veut gagner
confiance et la consideacuteration de son village de ses amis
Etre champion cest aussi susciter ladmiration chez les
sentant la force la viriliteacute et la deacutetermination
326 Organisation d~s eacutepreuves de lutte
3261 Les Mbapatts Ce sont les seacuteances nocturnes
pour meacuteriter la
et des anciens
filles en repreacuteshy
Ils sont organiseacutes apregraves les reacutecoltes agrave la fin de la saiscn des pluies
Ceci surtout p~ndant les peacuteriodes de clair de lune car ils peuven~ durEr
toute la nuit Le but des ~Dapatts lt=tait de prfpa-er FhysicuemeH et
~ arb Sil
326 Le 1
cest une organisation beaucoup plus importante que les I~apatts ~
loccasion de laquelle on peut voir plusieurs lutteurs de grande reDommfe
saffronteLLa fin dl lamb est toujours couronneacutee par une grand co~bat
duquel le vainqueur est sacreacute champion de la contrecirce
Le choix du lieu est lieacute agrave limportance de ce lieu dans le village cest
la place publique ougrave geacuteneacuteralement se passent toutes les manifestations
assembleacutee geacuteneacuterale sabar (danse) cest aussi lendroit ougrave sont prises
les grandes deacutecisions
3623 Lappariement
Dans un village ou un quartier les lutteurs se regroupent en lang
(eacutequipe) et jamais deux lutteurs de mecircme lang ne se rencontrent lors
du lamb
L appariement s~ fait librement entre lutteurs de lang diffeacuterents l1hs
une regravegle veut ~uavant de lutter avec le Mbeur Kanur de tel lang si
on est soukh (l~tteur pas encore confirmeacute) il est neacutecessaire de lutter
dabord avec ses soukh et ce nest quapregraves les avoir terrasseacutes tous
quon se voit octroyer la chance de lutter contre lui
Notons que la cateacutegorisation des lutteurs par poids nest jamais prise
en consideacuteration
3624 La tenue du lutteur ou NGIMBE
Le middotNGimbe est confectionneacute par le marabout de la famille ou du clan Il
est constituecirc de pagnes en coton tisseacute geacuteneacuteralement offerts par la megravere ou
la grand-megravere du lutteur ceci lors des organisations de ~rande Tportance
COrlune lef 1amb Dans le cadre des l-bapatt les pagnes sont C tErts peumlr
~~~rcfcis ct ffi~mc aujourdhui d218 cErtaInes fa~ille5 on devj~Gr
luttEur de pegravere en fils et dans ce cas h 1
gimbell du pEgravere Est recircr i tEacute
par le fils Le fait de porter le lI~gimbe agravee ses aiumleux peut susciter
cne~ le jeune lutteur une motivation et une volontecirc in~branlable rlasshy
surer 12 supeacuterioritEacute cis SIcirct-ns dallS
le xgimbe de la famille ne touche pas le sable
La tenue du lutteur a une signification et une importance sur le plan
mystique car selon les anciens le vrai feacutetiche du lutteur celui qui
le proteacutegera agrave vaincre le Djinneacute ou le Rap de ladversaire se trouve
cacheacute dans ce Ngimbe Celui qui confectionne-le Ngimbe est doueacute de
faculteacutes occultes
~~r~i~rg Il est assureacute par un sage du village qui geacuteneacuteralement fut
championde lutte de son temps Dailleurs cet ancien nintervient que
si le terrassement est litigieux
Hormis le public qui proclame la victoire ou le match nul le lutteur
lui-mecircme est arbitre et il arrive quil se deacuteclare vaincu ~ous
pouvons citer comme exemple Meacutedoune KHOULE un des plus grands lutteurs
seacuteneacutegalais qui a donneacute une victoire agrave Djeacuteri SADIO son adversaire qui a
reacuteussi agrave lui faire toucher le sol de la main
Il Y a terrassement quand le lutteur se retrouve
- assis sur le sol
- eacutetaleacute sur le dos
eacutetaleacute sur le cocircteacute
les deux genoux au sol
- les deux ma~ns au sol
la tecircte (front au sol agrave la suite dune brouette)
Il peut y aVOIr match nul si apregraves li1 temps ccmsideacuterable les lutteurs
SE sont ~ ivrEacutes respectivement agrave des assauts rEacutepEacutetEacutes et n arrivEt pas a
3265 L~ precircparation mystique
Il faut reconnattre quon ne peut parler de lutte en milieu wolof sans
envisager une preacuteparation mystique seacuterieuse Co~~e ~ous lEvans vu a~teacute-
1middot ~ d ~ ~rlturenent t0utes es actlvmiddotltesmiddot u W010 sont lles a SeS croyances
- la lutte ne concerne pas seule~ent deux acteurs se livrant faruumlucheshy
ment agrave un combat au milieu de laregravene mais eacutegalement les marabouts et les
feacutetichistes du village ou du clan qui doivent deacutefendre leur savoir et
leur prestige Avant le combat le lutteur doit se livrer agrave un certain
nombre de preacuteparations mystiques pour assurer sa victoire Aussi sommesshy
nous appeleacutes agrave parler de BACK (cest le chant et la danse du lutteur)
- le batteur de tam-tam compose un rythme en fonction du Galagne ou du
Senghor (gds-gris) du lutteur Chaque galagne sera choisi en fonction
du Rap ou du Djinneacute correspondant au Totem du lutteur
Le chant geacuterleacuterique Feinte woy veut dire litteacuteralement composer un 1
chant Ce chant est geacuteneacuteralement composeacute par les filles du viilage du
champion ou par un griot de sa communauteacute Et agrave travers ce chrnt on
arrive agrave toucher la corde sensible du lutteur en chantant lesl innombrables 1
victoires de ses ancecirctres ou en lui rappelant ses prouesses eacuteblatantes 1
Chaque lutteur doit avoir un chant et un back qui lui sont propres
327 Le reacutepertoire technique et les caracteacuteristiques physiques dulutteur wolof
Le lutteur wolof est geacuteneacuteralement moyen de taille la musculagraveture est
tregraves saillante ce qui fait ressortir un aspect tregraves athleacutetique ceci
est vrai sans exception pour le lutteur leacutebou mais il arrive que le Cacircyoshy
rien le baol-baol le walo-walo soient de grands gabarits de forte constishy
tution
CepEndant pour une meilleure compreacutehension du sujet nous pouvons eacutetudiEr
deux jroups d lut teurs qui vont deacuteterminer deux st yI e s de lut tes
- ~ t
les tc~tativ~s de~[reacutee e~ ramassement de jambes de la~v~sairL Ce~~
peut Ecirctre expliqueacute par le fait que les lutteurs leacutebou ou walo-walc qui
sont des pecirccheursadoptent cette garde tasseacutee du fait quils so~t tou-
jours pencheacutes en tirant le fil ou en poussant la plrogue On verra techrugravequeacutes dt cirr 2C ~lt 5Jllicitocirct
surLuumlut les membres supeacuterieurs
Le cayorien et le baol-baol par contre sont les plus grands cultivateurs
darachide chez eux les techniques de lutte sont plus varieacutees et la
garde est moins renfermeacutee Les lutteurs cayorien et baol-baol ont une
morphologie et une reacutepartition musculaire bien eacutequilibreacutee ils excellent
dans les techniques en deacutecalage les techniques de jambe et surtout les
techniques de riposte ougrave lon peut voir des prises de hancheacute tregraves amples
Dune maniegravere geacuteneacuterale on peut dire que le lutteur wolof est un fin
technicien qui sait surtout creacuteer les opportuniteacutes e~ avec sa rapiditeacute
utiliser la force de ladversaire pour le deacuteseacutequilibrer le noodju
le mbas le weacuteheacuteleacute et le rasu sont des techniques propres au lutteur
wolof
En deacutefense il utilise surtout des kl~klets ou gal-gal Notons que
le balancement des bras ou Lewato e$t tregraves marqueacute dans la lutte wolof
TABLEAU RECAPITULATIF DES COMPOSANTES TECHNIQUES
( 1 )
1 SOUS-GROUPES GARDES CONTROLES FORHES DE CORPS l
Walo-walo Basse de jambe Arracheacute l l10yenne de Ngimbe et i
Leacutebou Tasseacutee et saisies annexesj Deacutecalage 1 1 distante de bras de tecirct1
j de bras Deacutecalaeuro
~-----------------~-
- ~ ~- shy - ~ ~ bull L _ _ bull
Profil psyc~~iqUE du lutteu- et son comporterent dars l 2regravere
La preacuteparation mystique dans laregravene est plus marqueacutee chez les wolofs
que ChE~ les autres ethnies En effet on verra de grands champions
preliGrE plusiEurs heures pour Enduire leur corps de cll2badep ou ci
rmiddot- ~ a la proprieacuteteacute de proteacuteger li1egraveividu J
les mauvais sorts) Cest dailleurs un aspect dt la luttE qui iJcsc
des problegraveJles
Le lutteur wolof est tregraves superstitieux et la peacuteriode de preacuteparation
est capitale pour lui car elle permet non seulement de rendre
hommage aux ancecirctres mais aussi dintimider son adversaire Cest
geacuteneacuteralement un lutteur agressif combatif et teacutemeacuteraire Il se fait
souvent remarquer par son esprit dentreprise Mais cette fougue dans
le combat lamegravene parfois bien que ce soit regrettable agrave oublier les
usages et les normes Ce manque de maicirctrise de soi peut faire croire
que le lutteur wolof manque de fair-play ce qui nest pas toujours le
cas
~A~Ugrave~ t 4AA CbUrs k LA ucirctotve f~tPle Sesect prores mou W ~ lesquelles vont se couler les comporteme~ts individuels qui sont ainsi
monteacutes par et pour lautoriteacute sociale
Les faccedilons de boire de marcher ou de sasseoir se manifestent indivishy
duellement dans le corps de chaque personne ces habitus sont cependant
des montages sociaux lieacutes agrave des significationssymboliques variables
dailleurs selon la position sociale occupeacutee par chaque sujet Ces modes
dagir se rangent dans un systegraveme de montages symboliques et lindivishy
du les apprend de la socieacuteteacute dont il fait partie agrave la place quil occupe
Lhabitus est un montage social agrave la valeur symbolique deacutependant des pheacuteshy
nomegravenes deacuteducation et de prestige et lieacute agrave la position sociale du sujet
Cette penseacutee sonne de faccedilon eacutetonamment moderne
Pierre BOURDIEU qui dans une perspective a approfondi le contenue de la
notion en le reportant aux oppositions entre classes et fractions sociales
Il deacutefinit lhabitus comme un systegraveme de dispositions durables acquis au
cours dune histoire personnelle dans une milieu social donneacute systegraveme qui
engendre ensuite des pra~iques socialement deacutetermineacutees faccedilons de manger
de parler ou de marcher comportements de politesse contenu des preacutefeacuterencel
et des deacutegoOts bullbullbull lhabitus est le produit de conditions eacuteconomiques et
sociales Lauteur rattache directement la formation de lhabitus dun
individu agrave la trajectoire parcourue par celui-ci dans sa classe dapparteshy
nance il deacutefend lideacutee dun habitus de classe qui deacutefinit le sens confeacuteshy
reacute agrave la pratique sportive les profits qui en sont attendus
Ce dernier serait lui-m~me lieacute agrave un systegraveme de valeurs ou ETHOS de classe
prenant sens au sein doppositions distinctives entre classes sociales
De sorte lhabitus fonctionne comme un systegraveme dt- regravegles inteacuterioriseacutees
souvent informuleacutees permettant ou non agrave lagent de sadapter dembleacutee aux
multiples pratiques de la vie quotidienne et de la vie sportive il est agrave
lorigine des schegravemes de transcription qui favorisent les ajustements aux
situations corporelles nouvelles (1)
t ~
(1) P~IE11D dwi6Han ISpoy-l et sodeacutebi Approche Bocio-culturelle des pratiques P~tis Vigot 1981 page 81
33
331 Preacutesentation
Les Seacuteregravere auraient pour origine le Fouta Toro quils auraient quitteacute
vers le Xllegrave siegravecle pour fuir lislamisation de cette reacutegioD par lempire
dJ Xali (ils seraient donc apparEnt~s aux Peul et Toucouleur ) Ils
auraient trouveacute dans la rEacutegion du Sine les Sosseacute dorigine manding avec
lesquels ils salliegraverent
Au XVegrave siegravecle une autre immigrationSos~ conqueacuterante cette fois-ci
apporta son organisation eacutetatique Ils se divisegraverent en deux monarchies
deacutemocratiques lune seacutetablit au Sine et lautre au Saloum Les Sosseacute
conqueacuterants constituaient lautocratie appeleacutee Guelowar
La royauteacute seacuteregravere eacutetait laiumlque Les premiers souverains durent secouer
la tutelle des Toucouleur et progressivement arrivegraverent agrave unifier lethshy
nie des seacuteregravere etdea Sosseacute Les deux royauteacutes eacutetaient organiseacutees selon
acirces modegraveles tregraves deacutemocratiques Le souverain deacutependait dune assembleacutee
de ministres et de chefs locaux qui assuraient ladministration centrale
et reacutegionale())
Aujourdhui lethnie seacuteregravere repreacutesente 20 de la population seacuteneacutegalaise
Ils sont reacutepartis sur presque toute leacutetendue du territoire notamment
dans le Baol la reacutegion du Sine-Saloum et la reacutegion de Thiegraves
Signalons quil existe plusieurs sous-groupes dans lethnie ainsi on
trouvera
- dans la reacutegion de Thiegraves les Ndut les Safegravene et les None
- dans le Sine-Saloum les Sine-sine et les Saloum-salouIT
On trouvera vers foundioune et agrave Nioro du cocircteacute de la Gambie les
Niominka (pecirccheurs) Cest une portion tregraves mandinguiseacutee
( 1
Le rattache~2~t d~ to~s ccs sous-groupes pose problecircme ~25 0~ r0~V~
uc grande partie de traits COITul1uns dans leurs modes dE vie Ct pOUT phs
de faciliteacute nous allons essayer de faire une ~tude globale de la lutte
traditionnelle seacuterecircre Lactiviteacute socio-eacuteconomique qui est essentielleme~t
agro-pasorale caracteacuterisE leacutethnie seacuteregravere
332 Lecircducation les moeurs les croyances et pratiques sEr~rc
Chez les Seacuteregravere la vie humaine se deacuteroule selon les grandes eacutetapes
le baptecircme lenfance ladolescencemarqueacutee par la circoncision lsectge
adulte le mariage la vieillesse et la mort (funeacuterailles)
La vie de la communauteacute seacuteregravere reste une des plus originales sinon
celle qui de nos jours garde la presque totaliteacute des pratiques et
habitudes traditionnelles
Bien qu aujotltdhui con~r-tis aux religions chreacutetienne et musulmane les
Seacuteregravere conservent leurs croyances et pratiques animistes
Quelque soit leur degreacute dadheacutesion aux religions reacuteveacuteleacutees les Seacuteregravere
croient en un Dieu puissant et miseacutericordieux Rog Segravene et les hommes
Les ~angols sont repreacutesenteacutes mateacuteriellement dans tous les villages
seacuteregraveres par des arbres (baobab et tamariniers) des animaux (geacuteneacuteraleshy
ment serpent doreacute ou iguane) des ustensiles (pilon calebasse et mortier)
De nombreux teacutemoignages nous apprennent que certains totems (serpent
iguane) font leur apparicion agrave loccasion de certaines manifestations
rituelles comme les sacrifices ceacuteleacutebreacutes lors dun mariage de ceacutereacutemonies
mortuaires ou des circoncisions
Le Seacuteregravere comme il nous a eacuteteacute donneacute loccasion de le dire plus haut
preacutesente des speacutecificiteacutes authentiques aussi bien en tout ce qui touch~
son eacuteducation ses croyanCES et pratiques mystiques q~e ses activiteacute~
socio-ecirccc~omiquEs Apr~s a ~aissa~c~ le beurob~ ~~ pcs~ 5~~ lE S~ __
On lui mouille les l~vres avec un peu d~ lait de mil et apr~s U~ bain
purificateur on versera leau dans un trou cr~us~ derri~r~ la Camp~~
Pendant huit jours la megravere et lenfant sont cacheacutes dans la case car
selon les anciens ils sont tregraves vulneacuterables La case deacutens certains cas
est entoureacutee dun fil blanc et lon place sur le seuil des fais(cauy di
veacutegeacutetaux pour chasser les mauvais esprits (geacutenies malfaisants et illangeUY~
dacircmes) Au bout du huitiegraveme jour la megravere et lenfant peuvent sortir de
la case bull
bullbullbull Le matin du huitiegraveme jour la tante paternelle va chercher de leau
(plusieurs fois)t elle doit rester muette pendant ses alleacutees et venues
si elle parlait t lenfant pourrait ecirctre muet bullbullbull
La megravere et lenfant prennent un bain purificateur dans lequel sont
trempeacutees certaines plantes (ce sont des veacutegeacutetaux pr~tecteurs tels le
begravene le yag le ngud) On y lavera aussi le linge e1t les ustensiles utishyj
liseacutes pendant les huit jours qui viennet de seacutecoul~r On rase le crine
de lenfant Les cheveux sont donneacutes agrave la megravere qui ~s enterrera avec le
reste du cordon ombilical dans un endroit que11e esit seule agrave connattre
La megravere sassied sur une natte devant la maison Une femme igeacutee de la
famille prend le beacutebeacute dans ses bras et le preacutesente aux quatre coins de
lhorizon
La tante paternelle tient ensuite un van sur la tecircte de la megravere on y
verse le mil on y verse eacutegalement en abondance sur la megravere et sur
lenfant La tante oint ensuite le corps du beacutebeacute avec du lait e11e
touche en particulier le front t le nez la bouche la poitrine le dos
et les oreilles
Elle pose enfin un ~rain de sel dans la paume du beacutebeacute (le sel purifie
et deacutetruit les puissances mauvaises)
Apregraves un nouveau bain la megravere et lenfant revEcirctent des habits de fecircte
(est
lenfant Ce precircnore a toujours U~ SEns Il sy~bolise parfois C0 qUi
lOIl sounaitt agrave lEufant l)
La circoncision comme dans les autres ethnies est obligatoire Elle
permet au jeune adolescent dacceacuteder agrave la classe adulte Les jeunes
sont regroupes en classe dacircge dans le bois ougrave sc fait la r0tr~it0 des
circoncis et ceci pendant plusieurs mois
Le Selbeacute qui est geacuteneacuteralement un ancien craint de tous les eacutelegraveves
enseigne le respect de la hieacuterarchie la discreacutetion le goOt de linishy
tiative Les activiteacutes physiques et leacuteducation artistique ne sont pas
en reste la deacutecoration la sculpture la lutte et la danse A sa sortie
du bois linitieacute appartient deacutesormais agrave la classe des virils et des
sages du clan car on lui aura enseigneacute les vertus fondamentales que
sont la justice lhonneur lamour du prochain 1 amour du travail
lhonnecircteteacute et surtout le respect des coutumes ancestrales
Le rite du mariage esd aussi un fait tregraves important dans le monde 1
seacuteregravere mais par manq~e dinformation nous serons obligeacutes de nous en
tenir lagrave
333 Impact des ethos sur la lutte dans le monde seacuteregravere
Lorigine de la lutte seacuteregravere ne semble pas claire ma1S nous pouvons
dire quil existait deux formes de lutte comme chez les Wolofs une
lutte sans frappe et une lutte avec frappe Et cest cette derniegravere
qui peut-ecirctre nous ameacutenerait agrave croire que la lutte seacuteregravere aurait une
origine plus preacuteciseacutement guerriegravere
Aujourdhui la lutte est uniquement une activiteacute sportive agrave travers
laquelle le jeune seacuteregravere eacutevalue sa force son courage et SOn ingeacutenioshy
siteacute Cest une occasion de deacutefendre lhonneur de son village ou de
la corrnnunauteacute
La luttE ~5t avant tout u~e rnanifcs[dtic~ c~lturclie et surtout
fo lkhriqut-
Gracircce agrave elle on peut deacutesormais comprendre un certain nombre de chants
et de symboles A travers la lutte seacuteregravere on ccedilomprend les inter-relashy
tions entreacute la vie et le monde surntiturel
Sil devait y avoir la mort dun villageacuteois pendant la fecirctE au T qUE
de linterrompre on proceacutedait gracircce aux connaissances magico-religieuses
agrave la suspension de la mort jusquagrave une peacuteriode ougrave la population sera plus
disponible pour organiser des funeacuterailles sil y eacutetait preacutedit la possibishy
liteacute dune deacutefait du champion local au profit dun champion dun autre
village des recettes dordre maginque et religieux eacutetaient mises en prashy
tique afin que le champion du village ne soit jamais terrasseacute(J)
334 Le profil du lutteur seacuteregraver~
Le lutteur seacuteregravere est par essence un athlegravete impressionnant de par sa i
carrure et sa musculature saillante mais cest aussi une force tranquille
et calme quelque soit lenjeu du combagravet et particuliegraverement lhonneur
Cet aspect nous pousse agrave parler du NGiMBE cest-agrave-dire de la tenue du
lutteur qui va influencer sur sa faccedilon de lutter
La confection du Ngimbe revient agrave la communauteacute entiegravere Le Ngimbe a
une signification symbolique et le lutteur pour meacuteriter la confiance du
groupe se doit de tout faire pour ne pas toucher le sol Toute la commushy
nauteacute elle aussi sengage pour assurer la longeacuteviteacute et le succegraves du lutteur
dans laregravene par lorganisation droffrandes et de sacrifices en lhonneur
des Pangols bull
bull
Daucuns nheacutesitent pas agrave dire que lessentiel du mysticisme se fait agrave
la maison et non dans laregravene tout le reste nest quintimidation de
ladversaire
lsvcns
Tt- pi ~- t
t 1 ~ l _ ~ t
par rapport agrave lautre Cbci est trEgraves lieacute agrave lactiviteacute journaliegravere du
jeune seacuteregravere qui est un cultivateur donc toujours bien planteacute sur ses
jambes et qui continuellement manie lhiler
Le fait de couper le boi~ peut eacutegalement constituer un moyen de muscushy
lation non neacutegligeable pour le jeune lutteur
Un certain nombre de traits techniques speacutecifiques au lutteur seacuteregravere
semblent ressortir des diffeacuterentes interviews que nous aVOns fait subir
agrave certains lutteurs seacuteregraveres et agrave diffeacuterents techniciens
SOUS-GROUPES FORMES DU CORPS CONTROLES GARDES
SAFEN Moyenne en fente NONE Hancheacute Bras (distante) j
NDUTJ
f
SINE-SINE Deacutecalage Ngimbe
Moyenne
SALOUM-SALOUM Passage- Jambe (rapprocheacutee) 1
i
PETITE dessous Tecircte Basse et 1
COTE Moyenne (rapprocheacutee)
Notons que le Niominka ll commence agrave lutter agrave partir du sol pour avoir
assez deacutelan et sauter sur ladversaire afin davoir la prise du lion
(contr6le de la nuque et du bassin)
Co a -tem-nt ccedilt attitude du lutteur sEacuteregravere335 np -1t ~
Les croyances mystiques sont indissociables des activiteacutes quotidiennes
duseacuteregravere Ce qui explique le cocircteacute supersticieux du lutteur seacuteregravere En
~ffet certains lutteurs refusent de lutter avant certaines heures
Certains teacutemoignages nous apprennent quil nest pas donneacute agrave tout le
monde decirctre champion de lutte et que le lutteur doit avoir des dons
surnaturels pour ecirctre agrave mesure de livrer ses combats dans la nuit
et trouver seul un gris-gris speacutecial appeleacute Njatch
Le vrai champion de lutte chez les seacuteregraveres ne lutte pas seulement avec
~a force et sa technique mais surtout avec ses dons occultes
Chez les seacuteregraveres les morts sont toujours preacutesents et les ~pangols
Servent dintermeacutediaire entre les hommes et les morts Le pangol prend i
le nom dhumain dans certains villages (IIHeacuteJga NDONG Har Wag NGOUYE) i 1
De ce fait on verra le lutteur danser dufe maniegravere ou dune autre en
fonction du pangol de sa famille Ainsi nrus aurons le back (chant et
danse du lutteur) des DIOUF des FAYE etclbullbullbull
Dans laregravene le lutteur seacuteregravere a un comportement exemplaire aussi bien
agrave leacutegard de son adversaire direct quave~ le public en geacuteneacuteral Lexpli shy
cation semble tenir au fait que le lutteur seacuteregravere est avant tout selon
la tradition orale le repreacutesentant de toute la communauteacute seacuteregravere Par
conseacutequent il devra saffirmer non seulement en tant que lutteur dans
laregravene mais aussi en tant quentiteacute morale
336 La tenue du lutteur ou NGIMBE est confectionneacutee par le marabout de la
famille ou du clan Le Ngimbe est constitueacute de pagne en cCton tisseacute
Il doit ecirctre propre le lutteur qui le porte ne devra pas avoir de rapshy
port sexuel pendant toute la peacuteriode des cOTpeacutetitians car le Ngi~bE ne
doit pas ~tre souilleacute
Autrefois et mecircme aujourdthui dans certaines familles on devient
lutteur de pegravere en fils et dans ce cas le Ngimbe du pegravere est heacuteriteacute
par le fils Le fait de porter le Ngimbe de ses aieux peut susciter
chez le jeune lutteur une motivation et une volonteacute ineacutebranlable dtasshy
surer la supeacuterioriteacute d~s siens dans ltaregravene Il fera tout pour que le
Ngimbe de la ramille ne touche le sable
La tenue du lutteur a une signification et une importance sur le plan
mystique car selon les anciens le vra1 feacutetiche du lutteur celui qui
le proteacutegera et laidera agrave vaincre le nDjinne ou le tRapu de ladvershy
saire se trouve cacheacute dans ce Ngimbeu bull Celui qui confectionne donc le
Ngimbe U est doueacute de faculteacutes occultes
337 Larbitrase est assureacute par un sage du village qui geacuteneacuteralement fut
champion de lutte de son temps Dailleurs cet ancien nintervient que
si le terrassement est litigieux Hormis le public qui proclame la vicshy
toire ou le match nul le lutteur lui-mecircme est arbitre et il arrive
quil se deacuteclare vaincu
Nous avons pu cfter Meacutedoune KHOULE un desplus grands lutteurs seacuteneacutegashy
lais qui a donn~ une victoire agrave Djeacuteri SADIO son adversaire qui a reacuteussi
agrave lui faire touegraveher le sol de la main
IlL
34 1 Preacutesentation
Lethnie toucouleur vit En grandt partit ciE~~ la vallfc du S~~~gal
pt reprecircsente i peu pr~s 8 de la population totale secircn~galaise
o Histoire
Il semblerait que dans lancien royaume du Tekrour (IX~ siegravecle) des
eacuteleacutements neacutegroiumldes Sarakoleacute et des Peul aient formEacute par meacutetissage le
peuple Toucouleur (Toucouleur serait dailleurs une deacuteformation du
mot portugais Tacouror)
Ce empire a domineacute aussi bien les wolofs de lOuest que les Peul
nomades du Fouta Toro Cette reacutegion fut le premier pays islamiseacute par
les Almoravides ce qui peut expliquer le proseacutelytisme toucouleur
Ce sont les guerriers toucouleur islamiseacutes qui attaqu~rent avec les
Almoravides la capitale du Ghana Koumbi en 1067 On convertit par
la force les animistes Cest sans doute agrave cette eacutepoque que de nombreuses
ethnies reacutefractaires agrave lIslam ont dO accentuer leur migration vers
le sud (Seacuteregravere wolof Sarakoleacute Bambara Songhaiuml Akan et Peul se reacuteshy
fugiaient vers les hauteurs du Fouta Djalon)
Au XIXegrave siegravecle les Toucouleur allaient trouver en El Hadj Omar Tall
un grand conqueacuterent qui sous le preacutetexte religieux de la gJerre sainte
contre les tribus animistes (entre autres Bambara) eacutetendit lempire
toucouleur sur presque tout lensemble du gali et la partie de la Guineacutee
proche du l1ali
Lempire toucouleur composeacute de Sarakoleacute de Bambar~ de ~alinkeacute de
Xassonkeacute dE Peul et de Dogon eut le meurorit~ dunir CES diif~rentes ~ ~ - - - - - et~ics ~t dE CD~stituer l~Sl la b2S~ ~r 1
_ ~ ~ ~_ L ~
~ ~- ~- - - ---- _ 1 v _ t 1 ~-_ --
marabout tOL~culcuuml~ ~ middotlrrany a l ick SI venu des E1i rClS dE Pocior~ (
~ Vi~ euroconomicue et sociale -----------~-------------
Les Toucouleur sont des cultivateurs mais bien quils n~ soie~t pa~
pasteurs comrre les Peul leacutelevage a une place inportarteacute decirc1S ltur
eacutecono~ie Pour faciliter leur conquecircte guerriegraverE ils c~t Eucirc une preacuteshy
dilection pour leacutelevage des chevaux On y trouve aussi des pecirccheurs
appeleacutes Tchioubalo La socieacuteteacute toucouleur aurait une stratification
sociale tregraves rigide Les groupes ethniques et les castes eacutetaient
diffeacuterencieacutes et strictement exogamiques les Rimbe classe des nobles
comprenant la famille reacutegnante et les guerriers libres la classe des
Nieacutenieacutebegens de castes artisanales i les Rimaibeacute anciens esclaves
devenus serviteurs qui portent les noms de famille de leur maicirctres A
la base de lorganisation de la collectiviteacute toucouleur se situe le
village (Wouro)
Toutes ces castes sont cloisonneacutees entre elle~ Ainsi il nest pas
permis agrave un Torodo (noble) de se marier avec un Tchioubalo Ces
consideacuterations sont importantes dans le domaine de la lutte ougrave nous
apercevrons que les nobles ne sont pas faits pour lutter Le noble
preacutesidera les seacuteances de lutte et on luttera pour lui Ces condeacute rat ions
de noblesse et de rang social sont extrecircmement importantes dans le
monde toucouleur
Le noble ne doit pas se salir on lutte pour lui il ne vit la lutte
quen tant que spectateur
342 Education moeurs croyances et eratiques religieuses
Deux formes d~ducation sont agrave consideacuterer leacutedJcatio~ dES enfarts Et
celle des adultes
oG lenfant sait m2n~~r et apprfcier le goOt d~5 ~iifeurorents r~pas lt
le moment ougrave il CO~~e~CE agrave marcher
tivirt n~sormais le petit toucou]eur est eacuteduquf par toutmiddot 12 f2~i)]E
dabord puis par toutes lespersc~nes du village ou du C13~
Lenfant peut ~tre corrigeacute par tout adulte appartenant au groupe social
Son eacuteducation est deacutesormais laffaire de toute la communauteacute et non
exclusivement celle ces parents On linitie ainsi au travail quotidien
qui se fait dans la bergel~ e les champs et les bords du fleuve Au sein
du village il pourra apprendre agrave filer la laine et agrave tisser des pagnes
dans les champs il apprend agrave manier la houe et lhiler pour la culture
du riz et du mil Mais signalons que lactiviteacute essentielle du toucouleur
est leacutelevage des boeufs des moutons et des chegravevres Chez les Ichioushy
balos (p~cheurs ) lenfant sera initieacute tregraves tat au maniement des pagaies
agrave la p~che propremccedilnt dite et agrave la nage
Vers cinq-six ans lenfant est confieacute au maicirctre coranique le Ihierno
et ce dernier dispose exclusivement de toute sa vie Lavenir du jeune
enfant lui appartient
Comme dans les autres groupes ethniques les enfants sont regroupeacutes en
classe dacircge et cest dans cette structure que lenfant subit les rite
de passe et plus particuliegraverement celui de la circoncision
La circoncision est non seulement unE opeacuteration chirurgicale malS surshy
tout une peacuteriode au cours de laquelle le jeune garccedilon passe de leacutetat
dadolescent agrave leacutetat dadulte Les circoncis sont reacuteunis en classe
dacircge dans un endroit situeacute hors duvillage geacuteneacuteralement choisi par les
vieux Cet endroit n~st accessible que par des individus de SExe ffi8SCUshy
li~ ~ta~t au preacutealabl circoncis
- - - -
quable et complet sur le plan phy~ique et ~oral Ai~si liniti~
acquiert les qualitecircs indispensables que sont le courag~ la modest
lesprit de sacrifice lendurance
Le toucoule~r est un pleux musulma~ Cela sexp1
SOil le premier agrave tre en contact avec la religion musulmane de par sa
position frontaliegravere Lethnie toucouleur de par son histoire a preacutesenteacute
les plus grands chefs militaires et religieux musulmans seacuteneacutegalais Et
pour illustrer cela on peut citer en exemple la grande famille musulmane
des SY agrave TIVAOUANE repreacutesentant la confreacuterie des TIDJANES
Bien que lon note une majoriteacute musulmane on peut dire que certaines
croyances et pratiques mystiques et animistes persistent encore surtout
dans la reacutegion du fleuve
Une pratique courante se fait elle sappelle le Djatt Elle consiste
agrave faire sortir le caiman du fleuve agrave limmobiliser et agrave lattacher
sans quil ne reacuteagisse et tout ceci agrave laide de versets et dincantashy
tions magiques Dapregraves les teacutemoignages ces pratiques sont plutocirct
freacutequentes chez les Tchioubalos (pecirccheurs) Il arrive aussi que cershy
tains chasseurs ayant des dons se livrent agrave certaines pratiques an1shy
mis tes qui consistent agrave invoquer certaines puissances et agrave moduler sous
forme de chant des versets occultes pour se proteacuteger des mauvais esprits
et pour eacuteloigner les fauves Ce chant est geacuteneacuteralement incompreacutehensible
et deacutenueacute de sens pour le profane
343 Activiteacutes ludiques et pratiques sportives en milieu toucouleur
Durant toute son histoire lethnie ~oucouleur a toujours EacutetEacute Frese~teacute~
comme celle qui avait ue activit essentiellement guerr e e~ particushy
liegraverement farouche Trois eacuteleacutements ret r t l ecirc t te nt i c- euro so~t
le manie~~nt du ~acircton 12 luttE Et 1eacute danSE
l
Lecircducation ph~sique et artistique Dcc~pe un place precircpondecircra~rp
dans la fDrmat~on du jEune toucouleur A loccasion agraveeacutevegravenemen~ imporshy
tants reacutecoltJs mariages baptecircme nous assistons agrave des manifestashy
tions folkloriques de grande envergure le Wango oucirc dailse toucouleur
tregraves gymnique iles chants et surtout les sEacuteances de lutte
La lutte toucouleur est la forme de lutte la plus spectaclaire dans
tout le territoire seacuteneacutegalais Elle est essentiellement baseacutee sur des
techniques en hancheacute et surtout en souplesse Ceci sexplique par le
fait q~e le jeune toucouleur est tregraves tocirct initieacute agrave la gymnastique (saut 1
per saut de main salto arriegravere saut de tecircte couronneacute etc bullbullbull ) pour
la dans~ du wa~go En dansant le wango qui est une danse rythmeacutee et
gymnique le Jeune toucou1eur est capable de prouesses extraordinaires
1
En lutte lattaquant se deacuteplace tregraves peu pour avoir une bonne saisie
(geacuteneacutera~ement controcircle du Ngimben ) et enchaine brusqueme~t avec une
attaque surpris~ Cependant les ripostes sont souvent surprenantes et
spectaculaires (baseacutees sur la souplesse et la rapiditeacute) ontrairement
aux autr~s form~s de luttes ougrave lon voyait tous les jeune adheacuterer la
lutte to~cou1eur Verra un groupe de speacutecialistes sadonne agrave la lutte 1
(la lutte est lieacutee agrave la position sociale de lindividu problegraveme de
caste)
Q La morphologie du lutteur toucou1eur 1
1 1
Ce dernier nest pas aussi large et aussi fort que les lutteurs diola
et seacuteregravere Cependant il est tregraves reacutesistant La musculatJre est saillante 1
et tregraves souple lindividu est longiligne mais tregraves athleacutetique
Les mouvements de lutteurs sont semblables agrave ceux dun grand fe1in Cette 1
morphologie semble ecirctre lieacutee agrave la position geacuteographique de lethnie
(reacutegion du fleuve) et agrave lacitiviteacute socio-eacuteconomique du toucouleur qui
est agrave la fois cultivateur (activiteacute lieacutee agrave la crue et deacutecrUE du fleuve)
pecirccheuro~T CIcr~icubaon) et sttout jEumlrgcr qui est U~ rc~2eumlr
shy
Deux formes egrave~ corps sembl~nt ecirctre preacutefeacutereacutees du lutteur toucouleur
le hancheacute et la souplesse Les hancheacutes sont faits agrave partir de plusieurs
positions de doset se terminent geacuteneacuteralement par des techniques de
tregraves grande amplitude
TABLEAU RECAPITULATIF DES TECHNIQUES ET FORMES DE CORPS SPECIFIQUES
i
L441 r
GARDE FORMES DU CORPS CONTROLES --shy - -
Moyenne Souplesse Ngimbe
Hancheacute bras
Demi-souplesse
1
Profil psycholosigue 1
TECHNIQUES
ContrOle du bassin et 12 souplesse
arriegravere
Klicket et allegravegement de la hanche
Le lutteur toucouleur est celui lUi se livre le moins aux preacuteparaqons
maraboutiques Cela est dO au f~t que le toucouleur est un grand ~USUlshyman et que les pratiques animisges ont presque disparu dans ce mil~eu
Dans la pratique le lutteur esJ combaif mais il est calme et tr~s reacutefleacutechi quant agrave la deacutecision agrave prendre en plein corps agrave corps ct~st un des seuls techniciens qui reJte tregraves lucide au cours de ses comb~ts
l Dans toutes les circonstances e lutteur toucouleur est tenu de re~pecshyter son adversaire et ceux de s4n eacutequipemecircme sil est vaincu
Comme nous avons dO nous en rendre compte la rigueur des principes
eacuteducationnels a une influence tregraves sensible sur l~ comportement du
toucouleur
i
III S COCL ~s 1DO
Dans cette partie nous avons essay~ de montrer lftroite re1atic~
Entre les diverses activiteacutes socio-eacuteconomiques dans les ethnies et
lES diffEacuterentes faccedilons de lutter
Daucuns seraient tent~s de conclure trop rapidement et cest p0~r
cette raison que nOUS avons penseacute preacuteciser que le pheacutenotype nest
pas geacuteneacuterateur du geacutenotype Et nous sommes convaincus que la morphoshy
logie et les techniques des lutteurs relegravevent de leurs modes de vie
et de leurs croyances agrave une eacutepoque et danE un contexte bien deacutetermishy
neacutes
Est-ce que les lutteurs dio1a ou seacuteregravere travaillant avec leurs bras
dans les champs auraient les mecircmes pr 0 fil s physiques que les lutteurs
utilisant des machines pour lagriculture
- 69 shy
I UJOURDH~1 E-S ut O[l LES FORfilS Ut LU11t~
~otons que notre enqu~te a ecirctE essentiellement faiteen milieu urbain
Les seacuteances de lutte ont tendance agrave perdre leur particulariteacute de r~shy
jouissance pour devenir des pheacutenomegravenes de sportisatio Deux fores
de luttes so~t principale~cnt prat s dans les aregrave~es du 5 al
la lutte traditiunnelle simple et la lutte traditionnelle avec frappe
De nos jours la lutte traditionnelle tend vers une reacuteglementation
et une institutionalisation
Le reacutesultat de nos investigations nous donne le tableau ci-dessous
REPARTITION ETHNIQUE SUR 100 PRATIQUANTS
LUTTE LUTTE RAPPORTETHNIES SANS FRAPPE AVEC FRAPPE J2
Diola 40 16 71 j
Seacuteregravere 26 21 57
Toucouleur 23 10 69
Wolof 1 1 53 17
La demande sociale par ordre deacutecroissant pour la lutte sans frappe
se preacutesente comrre suit
]0_ Ethnie diola avec pregraves de 3 lutteur~ sur 4
2deg_ Ethnie toucouleur
Ethri dun
~ 1 LA LUTTE TR])IIIO~~ELLE AVEC H-PPE
Cette forme deacute lutte a une histoire qui date de lantiquiteacute elle
sa~pelait le Pugilat Au Seacuteneacutegal elle a vu le jour dans le Cayor
bien avant la colonisation Le coup dE pied l~Lrdn~lement la morshy
sure la frappe et le doigtf eacutetaient permis dans le cc=bat ~ ~middot~p0~~e
Dans certains cas la giffle eacutetait beaucoup plus dangereuse que le
poing quand elle eacutetait donneacutee par un speacutecialiste Cette giffle pouvait
agrave elle seule deacutechirer et mecircme parfois amputer la joue de ladverser
Selon les informations la lutte avec frappede nos jours serait une
forme de lutte tregraves eupheacutemiseacutee de celle dantan ougrave une blessure
pouvait souvent ecirctre mortelle
Aujourdhui au niveau du folklore la lutte na plus la mecircme
le spectaculaire a remplaceacute le significatif iLa lutte avec frappe se 1
pratique surtout dans les centres urbains C~aque fois quun grand combat 1
est progra~eacute par le Comiteacute National Proviso~re (CNP) des centaines damashy
teurs sont mobiliseacutes vers le stade lba Mar D~OP qui est aujourdhui le i
lieu approprieacute ougrave se deacuteroulent les grands conkbats de lutte Cest la formE
de lutte qui semble drainer une foule de personnes beaucoup plus importante
que celle de la lutte simple
La lutte avec frappe deacuteriverait dune forme de lutte traditionnelle
pratiqueacutee jadis dans le Cayor au temps des Damels et la frappe serait
le substitut dun certain nombre de pratiques doigteacute jet de produits
etc bullbullbull dont le but eacutetait laveuglement de ladversaire La lutte avec
frappe serait une continuation logique dune carriegravere sportive de la
lutte traditionnelle qui sen sert comme moyen socio-eacuteconomique En
effet la majoriteacute des lutteurs avec frappe ont dabord eacuteteacute initieacutes agrave la
lutte simple Cependant il faut signaler que de nOS jours il arrive
que le jeune lutteur avec frappE- soit directenent formEacute conne speacutecialistE
agrave la frappe sa~s pour autant faire son chemin dabcrd egravea~s la lutte
- ~ shy
Le recircsultat dE ~os interviews ncus rec~trE qGune pcpulatiD~ divcrsishy
fiampe sint~resse agrave ce sport et qUE les intecircr~[s des uns et d~SlautrE~
semble~t divergents naucuns affirment que la lutte traditionnelle
avec frappe serait monteacutee par des personnes dont la vocation est dexshy
ploiter ce pheacuteLomegravene agrave des fins commerciales Dautres disent gJellegrave
jouit de mcyens irport~nts t[l[~isio
tation etc bullbullbull ) pour toucher toutes les couches sociales CEpe~~a~t
nous remarquons que mecircme si certaines personnes reprochent agrave cette
forme de lutte decirctre brutale ces mecircmes personnes nheacutesitent pas agrave
se rendre le dimanche agrave laregravene Bien que critiqueacutee elle semble ecirctre
adopteacutee par une tregraves grande partie de la population seacuteneacutegalaise Cepenshy
dant en tant que techniciens il nous est permis de faire une remarque
Il sagit de
- Limpression nette decirctre devant des professionnels de la frappe
qui sont ~ntratneacutes pour cela Dailleurs les propos que nous avons
recueilli~ nous prouvent que la plupart des champions de lutte avec 1
frappe s~ntratnent dans certains sports de combat tels ~ue la boxe i 1
le karateacute le judo Dans cette nouvelle forme de pratique de la lutte
contrairefuent agrave la lutte traditionnelle le technicien e~t souvent
perdant face au puncheur Ce dernier adopte une lutte agrave distance qui
lui permet de placer agrave bon escient ses coups animeacute du deacutesir de vaincre
Le technicien lui se voit contreacute dans toutes ses entreprises par
un uppercut ou un crochet
On peut dire cependant que nul sport au Seacuteneacutegal que la lutte tradishy
tionnelle avec frappe ne deacutechaicircne autant de passions et autant de
pheacutenomegravenes poussant agrave lexcegraves et deacutereacuteglements quon ne peut que deacuteplorer
Mais comment deacutecrier un spectacle de lutte qui bien quayant perdu la
presque totaliteacute des valeurs traditionnelles veacutehiculeacutees autrefois par
elle sait susciter une participation effective de tous ceux qui sont
preacutesents
CONCLUSION
Dans ce meacutemoire nous sommes efforceacutes ~e faire ressort ir limportance des
ethos et des habitus et leurs effets sur la pratique de la lutte tradishy
tionnelle au Seacuteneacutegal
L~b egravethos repr~sentent dune maniegravere g~neurorale tous les eacuteleacutements speacutec
fiques sux Seacuteneacutegalais par conampeacuteguent un systegraveme de valeurs traditionnellEs
Mais m~me si ces valeurs rev~tent une signification universelle (honneur
digniteacute courage etc bullbullbull ) il nen demeure pas moins que ce nest pas leur
nature qui fait leur speacutecificiteacute mais la hieacuterarchisation et limportance i
quon accorde agrave toutes ces valeurs de ~ar leacuteducation ou la culture
i 1
Aussi les valeurs traditionnelles puient leur speacutecificiteacute dans les
caracteacuteristiques propres aux eacuteleacutements ~e la socio-cu1ture (la technologie
et leacuteconomie la politique et la pareteacute la psychologie et lideacuteologie)
dans la socieacuteteacute seacuteneacutegalaise agrave n momen donneacute de son eacutevolution Cest i
dire la neacuteceesiteacute de ne point faire della valeur une reacutealiteacute statique
Cest dite aussi quagrave tout mome~t le ~eacuteneacutegalais peut eacutevoluer et creacuteer
ou vivre par conseacutequent de nouv~lles fprmes de valeur qui lui sont 1
propres ft (J)
La lutte traditionnelle veacutehiculant deS valeurs socio-cu1ture1les speacutecishy
fiquement seacuteneacutegalaises (croyances valeurs morales norme de comportement
opinion attitude bullbullbull ) devient un eacuteleacutement important qui tregraves certaiaement
nous aidera dans notre effort de valoriser et de peacuterenniser notre patri shy
moine culturel par le biais dactiviteacutes physiques et sportives
Leacutetude des habitus nous permet de prouver quil y a plusieurs faccedilons
de se mouvoir comme danser lutter bullbullbull qui varient avec les diffeacuterentes
ethnies (wolof toucouleur seacuteregravere diolagt leurs convenances et leurs
eacuteducations
(1) Revue Ethiopiques 31 Les valeurs traditionnelles et le problegraveme de leur inteacutegration dans les systegravemes modernes jtducatio-1 2 6r--70
nautre part cette eacutetude permet aussi de nous rendrE compte de la
correacutelatipn eacutetroite existant entre la pratique de la lutte traditionnelle
et le sta~ut socio-eacuteconomique du pratiquant
Nos inves~igations nous indiquent que la lutte recrute essentiellement
au niveau des classes socio-eacuteconomiques situeacutees en bas de leacutechelle
donc posseacutedant le statut social le moins favoriseacute La lutte avec frappe
-et un certain secteur commercialiseacute de la lutte simple- y trouve sa
leacutegitimiteacute Comme le dit BOURDIEU nA habitus diffeacuterents styles de Vle
divergents et il oppse les pratiques aristocpatiques correspondants agrave
des activiteacutes qui favorisent les situations eupheacutemiseacutees ougrave la stylisashy
tion est importante aux pratiques populaires qui font appel agrave des
qualiteacutes qpposeacutees bllutes rugueuses Certaines interviews nous
montrent que plus lindividu occupe une place eacuteleveacutee dans leacutechelle
sQciale e~ 1
moin$ il sinteacuteresse agrave la lutte
Les reacutesultats recueillis dans nos diverses investig~tions confirment 1 1
1er propos qui disent que nous assistons aujourdhu~ agrave une involution
de la lutte traditionnelle parce que perdant toutes ses speacutecificiteacutes au 1
pryfit d~ne autre forme de lutte que lon continue agrave appeler nostalshy
giqlementIIlutte traditionnelle
Ceci pourrait peut-~tre trouver une explication dan la citation suivante
La liberteacute de creacuteer dinnover de vivre Pleineinenf decirctre soi et de
preacuteserver son authenticiteacute la digniteacute et lhonneu1demeurent des illushy
sions dans la misegravere eacuteconomique~ Nos ancecirctres creacuteai~nt des valeurs de cishyl
vilisation parce quils eacutetaient libres parce qu1i~s ignoraient toute
deacutependance eacuteconomique ils cultivaient en eux et cbez leurs enfants le 1
Jorn et la Kersa et preacutefeacuteraient la mort agrave la hoJte lI (1)
Or le Seacuteneacutegal comme la plupart des pays africainsi est un pays sousshy
deacuteveloppeacute t cependant face agrave cette volonteacute du gou~ernement seacuteneacutegalais
de faire inteacutegrer dans leacuteducation des valeurs traditionnelles nous
pouvons espeacuterer utiliser comme moyen deacuteducation la lutteacute traditionnelle
qui reste quand mecircme vecteur jethos et dhabit~s
- 54 shy
Mecircme si lon a noteacute un appauvrissement notoire sur les plans socioshy
culturel et moral la lutte traditionnelle recegravele une gamme importante
et varieacutee de techniques permettant incontestablement une ouverture vers
les luttes olympiques libre et g~eacuteco-romaine
La lecture de ce meacutemoire permettra agrave lentratneur et au professeur de
lutte en fonction du lieu ougrave ils seront affecteacutes dans le territoire
seacuteneacutegalaisdavoir une information sur les techniques contrOles et
formes de corps propres agrave chaque groupe ethnique et de les mettre en
relation avec leurs croyances et leurs mentaliteacutes
Nous avons essayeacute de montrer que la pratique de la lutte traditionnelle
doit tre axeacutee sur une ethnomotriciteacute au Seacuteneacutegal qui permette une inishy
tiation facile Cette pratique de la lutte traditionnelle seacuteneacutegalaise
devra dailleurs essayer de ~eacutepondre aux aspirations du Seacuteneacutegalaisl
moderne en souvrant aux ap~orts positifs des autres civilisations
ex~eacuterieures nous voulons Jvidemment parler du judo et des luttes oiymshyJ
piques 1
1 j Nous navons pas la preacutetentfon dans le cadre de ce meacutemoire demattrise
de reacutepondre agrave toutes les qutstions se rattachant agrave leacutetude de ~a lutte
traditionnelle souslangle~socio-culturel car non seulement il nous
manque lexpeacuterience et la c peacutetence en la mati~re mais aussil l le temps
et les moyens dont nous dis osions ne nous permettaient pas d~puiser le 1sujet i
1 1 1 t 1
l
- )5 shy
BIBLIOGRAPHIE
BIBLIOGRAPHIE
1- CLAPAREDE Psychologie de leacuteducation et peacutedagogie expeacuterimentale
Edition Delachaux et Niestleacute 244 pages
2- POCIELLC Christian Sport et Socieacuteteacute approche socio-culturelle
des pratiques Paris Vigot 1981 377 pages
3- PIERON Henri Vocabulaire de la psychologie
PUF Deuxiegraveme eacutedition 1957 469 pages
4- Revue socialiste de culture neacutegro-africaine ETHIOPIQUES
Les valeurs traditionnelles et le problegraveme de leur inteacutegration
dans les systegravemes modernes deacuteducation
GIA 21 Juillet 1982 213 pages
5- N2 Revue du Centre dEtudedes Civilisations DEM ak TEY
NIS IVegrave Trimestre 1982 96 pages
6- Document lNSEP Colloque sur la lutte aeacuteregravere
DAKAR MAI-JUIN 1980
t 1
~- Travaux du IVegrave Congregraves National ~es Sports agrave DAKAR les 2223041981
Bulletin n2 91 du CIO du 15 Aont 1965
l____________________________
8- Meacutemoire de Mattrise BADJI Abdou La lutte traditionnelle Joola
Etude et perspective
9- Meacutemoire Inspectorat JS DJITTE Mandy Les pratiques corporelles
traditionnelles au Seacuteneacutegal pour leur exploitation et leur
utilisation en peacutedagogie Marly le Roi 1980
REPUBLIQUE DU SENEGAL
--------------- INSTITUT NATIONAL SUPERIEUR
MINISTERE DE LA JEUNESSE DE LrsquoEDUCATION POPULAIRE
ET DES SPORTS ET DU SPORT
-------------
(INSEPS)
MEMOIRE DE MAIcircTRISE
Es-SCIENCES ET TECHNIQUES
DE LrsquoACTIVITE PHYSIQUE ET DU SPORT
LA LUTTE TRADITIONNELLE
son importance sa signification en fonction des ethos et des habitus ethniques au Seacuteneacutegal
Preacutesenteacute par
Monsieur Joseph Victor FAYE
Sous la direction de
M Jean Marc ROCHEZ
Professeur agrave lrsquoINSEPS
Anneacutee de soutenance 1984
La notion dethnomotriciteacute part dune constatation
- la grande diversiteacute des caracteacuteristiques preacutesenteacutees par les pratiques
corporelles en fonction de leacutepoque du lieu des groupes elle teacutemoigne
de linfluence despotique des normeS et des valeurs sociales sur la mise
en jeu du corps
Dougrave sa deacutefinition
Le champ et la nature des pratiques motrices envisageacutees sous langle de
leur rapport agrave la culture et au milieu social au sein desquelles elles
se sont deacuteveloppeacutees (1)
Conseacutequence le contrat ludosportif est aussi un contrat social il
reflegravete la faccedilon dont une socieacuteteacute aime agrave se penser agrave se repreacutesenter bullbullbull
et accepte de se donner en spectacle
Lethnomotriciteacute donne naiss~nce agrave deux sortes danalyses
- lanalyse synchronique -ou eacutetude spacialeshy
de type interculturel agrave hagravebitus diffeacuterents styles de vie divergents
de type intraculturel apparition dhabitus de classe et de pratiques
distinctives
- lanalyse diachronique -ou eacutetude temporelle- ou eacutevolution sur une longue
peacuteriode des pratiques motrices pour une cateacutegorisation dindividus
Cette hypothegravese de lenracinement social de la motriciteacute est une atteacutenuashy
tion des explications psychologisantes consideacuterant lindividu indeacutepenshy
damment de son environnement et sexprimant en termes de goQts motivations
() PARLEBAS pierre Contribution agrave un lexique commenteacute en Science 4e laction motrice Paris Publication INSEP 981 322 pages
AicircAgraveLYSE CES iJFrADES iDe I LES EN flA TIERE
DE PRATIQUE DES SPORTS DE Oicirc-itlAT
Objet Veacuterificat~on de la theacuteorie de lhab~tus
Hypothegravese En raison de son histoire de ses speacutecificiteacutes des valeurs
symboliques dont on linvestit une pratique sportive est en faveur aushy
pris dun groupe de pratiquants en fonction dattentes de niveaux dexishy
gence de fierteacute dappartenance qui sont socialement et culturellement
deacutetermineacutes
Il sagit en quelque sorte danalyser les goOts et les motivations des
sportifs en rapport avec leur condition sociale et le sentiment attachi
agrave ce statut
Remarque Cette analyse sera meneacutee en fonction des classes sociales et
non agrave partir de cla~se dage ou encore de classe socio-politique comme il
est dusage pour toute reacuteflexion sur notre socieacuteteacute trJditionnelle
Cette particulariti provient du fait que nos enquites ont iteacute effectueacutees
en milieu urbain -en raison des problimes de temps et de moyensagrave Dakar
et agrave Thiis pour itre plus preacutecis et il est deacutesormais hasardeux de preacuteshy
tendre y retrouver les structures traditionnelles c~e on pourrait le
faire en milieu rural
Par classe sociale et nous inspirant de la notion marxiste -deacutefinition
du rapport aux moyens de production- nous entendons la distance_dun
groupe social aux postes de deacutecision et de responsabiliteacute Plus cette
distance est grande moins le statut eacuteconomique est eacuteleveacute
Nous distinguons quatre (4) classes sociales car au niveau dune telle
analyse nous ne pouvons preacutetendre agrave la finesse de discrimination indiciaire
de la Fonction publique par exemple
r~partieuml
come il egravest rsectc eacute dans 1 ablea~ ci-dessous
CATEGORISATIONGROUPE EXEMPLE DE FONCTIONADMISE
Administrateur civil - Ingeacutenieur - Meacutedec ilCadre supeacuterieur1 Officier - Professeur
Instituteur - Mattre dEPS shy2 Cadre moyen Secreacutetaire - Technicien
Chauffeur - Militaire Policier3 Cadre subalterne shyPatron - Artisan
Artisan - Cultivateur - Ouvrier temporail4 Non cadre Pcheur
Conditions denqute Six (6) sports de ~ombat sont officiellement
pratiqueacutes Ils possegravedent une structure para-eacutetatique de gestion de contr
ce sont
3 sports de preacutehension - JUDO - LUTTE LIBRE TRADITIONNELLE - LUTTE OLYMPIQUE
2 sports de percussion - BOXE ANGLAISE - KARATE
sport mixte - LUTTE TRADITIONNELLE AVEC FRAPPE
Pour chacun de ces sports 50 pratiquants ont eacuteteacute interrogeacutes sur leur
statut socio-eacuteconomique avec la discreacutetion et la prudence quexige ce
genre de question
Cette enqute sest deacuterouleacutee dans les conditions suivantes
JUDO
Lieu DAKAR - Clubs USTD - DUC - FJAKS - DOJO HOMAR DIENG
Date du 020J84 au 28-05-84
Circonstances Les principaux inteacuteresseacutes eacutetant la plupart sur le tatami
pour lentratnement il fallait souvent attendre la fin
de lentratnement uumlur pouvoir avoir une ou deux entreshy
vues de sorte qu~ le~qu~te a pris beaucoup plus de
On constate que le no~bre de p=a~iq~~-ts ~st ~eauccup plus importd~t dans
les groupes 2 et 3 - Il es ~oindre dans les grQupes 1 et 4
LUTTE LIBRE TRADITION~~LLE
Lieu Dakar - Thiegraves bull Aregravenes Landing DIAME - Ecurie Seacuteregravere (pregraves de
lautoroute) Lutteur diola - toucouleur - Entratneurs - encadreurs
de diverses eacutecuries Stade Iba Mar DIOP - Aregravenes de Pikine et de
Thiegraves - CNPES - INSEPS
Date du 040284 au 020684
Circonstances Elles sont parallegraveles car les pratiquants semblent beaushy
coup plus disponibles que dans les autres disciplines Notre travail
parfoi~ peacutenible en raison de la diversiteacute des ethnies repreacutesenteacutees
et la traduction n1est pas toujours aiseacutee
Observations
Nous constatons que la lutte libre traditionnelle est plus pratiqueacutee
par les groupes 4 et 3 que par les groupes 1 et 2
LUTTE OLYMPIQUE
Lieu CNPES - INSEPS - Iba Mar DIOP (Equipe Nationale) - DUC
Date du 040284 au 020684
Circonstances Les conditions sont meilleures dans la mesure ougrave le
hasard a fait que pendant cette peacuteriode leacutequipe nationale soit
en regroupement et ceci nous a permis d-interroger un nombre
important de lutteurs de grand renom
Observations
En raison du petit nombre de pratiquants r~guliers lenquecircte ne porle
que sur 2S personnes Arbitrairement pour les besoins de comparaison
les raisons de comparaison les reacutesultats cbtenus sont multipli~s par 2 bull
BOXE A~~GLISE
Lieu Iba l-ar DIOP - ASFA - ASFPO - SC -ASC JJAF - ASC lA
ugraveate du 201283 au 020684
~E~~~~E~~~~ Ici nous ferons la mecircme remarque que pour le Judo
Notons que toute lenquecircte a eacuteteacute faite agrave Dakar
Observation
La boxe recrute ses pratiquants surtout dans les classes 3 et 4 et
on note que le nombre de pratiquants nest pas aussi important comme
dans les autres disciplines
KARATE
Lieu YUKOKAI KARATE CLUB - SAMOURAI KARATE CLUB - Iba Mar DIOP
CLUB DE GIBRALTAR - ASFA - ASFA - ASFPO - GM Thiegraves
Date du 201283 au 020684
SE~~~~E~~~ Notre enquecircte se passait dans une ambiance sympathique
de camaraderie Geacuteneacuteralement apregraves la seacuteance dentratnement
Observation
Nous constatons que la distribution des pratiquants bien que favorisant
les groupes 2 et 3 semble plus homogegravene que dans les autres disciplines
~ LUTTE TRADITIONNELLE AVEC FRAPPE
Lieu Ecurie de Fass - Ecurie des Seacuteregraveres - Ecurie Mermoz
- Ecurie des Casamanccedilais
Date du 04-02-84 au 020684
Ccedilj~9~~~aEccedil~ Il est agrave signaler que cest la discipline ougrave l~ contact
avec les pratiquants a eacuteteacute plus difficile les speacutecialistes qui~ la plushy
part du temps semblent meacutefiants quand on commeucircce agrave leur poser des quesshy
tions preacutecises sur leur revenu mensuel
2 -liCc 055cllt le lle11ent SegraveS praLicltants dans le ba
de lecirc~helle ces~-agrave-dire dans le ~ruumlupe 4
~ecircsultats
Les reacutesultats enregistreacutes sont reacutecapituleacutes en nombre et en pourcentage
-agrave lapproximation pregraves- dans le tableau ci-dessous
LUTTE 1 LUTTELUTTEGROUPES BOXE KARATE JUDO AVEC OLYMshySIMPLE i i FRAPPE PIQUE
1 11 1 1 1
1 11 1 1 1 11 0 1 0 8 1 16 9 1 18 4 1 8 0 1 0 7 1 14
1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1
1 11 1 1 1 1 12 3 1
1 6 21 1
1 42 22 1 44 6 1 12 4 1 8 17 1 341 1
1 1 1 1 1 1 1
1 1
1 1 1 1 1
3 22 1 44 13 1 26 15 1 30 16 1 32 5 1
1 10 10 1 20
1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1
1 1 1 11 1 1
14 25 1 50 8 1 16 4 1 8 24 48 41 1 1 82 16 1 321 1 1 1 bull 1 1 1 1 1
1 1 1 1 1 11 1 1 1 TOTAUX 50 1100 50 1100 50 100 50 pOO 50 pOO 50 1100
1 1 1 1 1 1 1 1 1 1
Afin dG failiter la lect~~e je c~ table3~ t ~2 re~dre sig~ific~tives
s info~~ations quil contient ces difteacutere ts reacutesultats nu~eacuteriques
peuvent ecirctre formuleacutes selon des repreacutesentations graphiques
1 Clientegravele des Sports de combat
FIGURE l
Il apparatt nettement que les sports de combat recrutent essentiellement
dans le bas de la hieacuterarchie sociale ce sont des sports populaires don
propices agrave une massification de la pratique
Toutefois on peut nourrir quelques inquieacutetudes pour que soient reacuteunies
les conditions de leur deacuteveloppement en raison du faible statut quils
possegravedent au regard defllintelligentsia seacuteneacutegalaise
2 Hieacuterarchisation des gants sportifs en matiegravere de sport
de combat au sein des cadres supeacuterieurs -Groupe 1shy
FIGURE I[
La f-appe est honni aucl1 pratiqua1t de boxe Olt de lutte avec frappe
agraveUloins quelle fasse lobjet dune stylisation cxtrecircme COTIme cest le
cas dans le karateacute Ce groupe manifeste un seuil extrecircmement bas de toleacuteshy
rance agrave la violence ce qui explique les discours infamants degraves que la
lutte avec frappe est secoueacutee par quelques excegraves Leacuteopold Seacutedar SENGHOR 1
navait-il paS deacuteclareacute que cette forme de lutte eacutetait une atteinte permashy
nente agrave limage de marque du Seacuteneacutegal
Bien quil soit difficile de proposer une explication unique curiositeacute
esprit douvetture permeacuteabiliteacute aux modes bullbullbull les repreacutesentants de ce
groupe adoptet facilement des sports importeacutes 85 des goOts pour le 1
Judo le Karateacute et la Lutte Olympique qui pourtant est bien peu pratishy1
queacutee au Seacuteneacutegfll j
Faut-il en deacuted~~re une attitude geacuteneacuterale favoris~agrave tout ce qui provient
de leacutetranger
Nous nous refu~ons preacutesentement agrave ce genre dexplicationJ ne ser~it-ce que
par ses conseacuteqJences sur notre sport national dont les perspectives appashyj
raicirctraient bie sombres
Admettons que la pratique de ces disciplines sont en rapport avec des
deacuteterminants eacuteconomiques et que ceux-lagrave sont un frein P4ur la popularisashy
tion de ces pratiques A lappui de cette interpreacutetation~ il suffit de
composer le champ social du Judo et celui de la Lutte libre traditionnelle
--== G J
32
LUTTE SIHPLEJUDO FIGURE JI(
Le groupe 2 qui manifeste un inteacuterecirct reacuteel pour les sports de combat -pregraves
de 25 iuml de la population i~tervieweacutee- et qui p6ssegravede les ~oyens de choisir
ses pratiques opte massivement pour le judo CDnme lexprirre le rapport de
agrave 4
- shy
A la lumiegravere de cette succi~te analyse des demandes sociales en matiegravere
de pratique des sports de combat nous pensons recouper la theacuteorie de
lhabitus selon BOURDIEU qui veut que des hatitus diffeacuterents impliquent
des styles de vie divergents si lon entend par style de vie un systegraveme
de pratiques classeacutees et classantes(I)
La mutation de la socieacuteteacute seacuteneacutegalaise celle du milieu urbain se caracteacuteshy
rise par lapparition despaces sociaux qui sont en rapport avec des
espaces culturels Il en reacutesulte des pratiques distinctives comme
lexprime le pogam
En effet si les cateacutegories sociales existent et si chaccedilune delle exprime
une marque sur les conduites des sujets il est naturel ~e penser que des
pratiques1 sportives servent de modegraveles distinctifs et detrsymbOles dorgashy
nisation ieacuterarChique dans la socieacuteteacute exprimant les dif eacuterentes clas8eamp(2)
Ces const4tations ont dimportantes implications sur leeacuteveloppement et
lavenir des pratiques Si dans notre IIIegrave partie nous 1tenterons de 1
mettre en rapport les particulariteacutes ethniques avec les pluraliteacutes de
style de lutte nous parlons presque au passeacute Une IVegraveme partie devra
e~visager la situation actuelle de la lutte afin de pouvoir eacutemettre
qu~lques hypothegraveses sur son devenir
Cest auss~ une ambition de ce meacutemoire daider ceux qui sinteacuteressent reacuteellE
ment agrave la lutte de savoir entendre au travers des deacuteclarations normatives
et apologeacutetiques Nous ne doutons nullement de la conviction ou de la bonne
foi de leurs auteurs mais parmi les possibles il yale probable et seul
ceiui-lagrave meacuterite decirctre retenu car plus proche agravee la recirc~liteacute
(I) BOURDIEU pierre La distinction Les Editions de minuit 1979 page 191
(2) Le POgdlt Deacuterrocratisation du sport ythe (u reacutealiteacute
- 1f shy
j j l IlL DL l H L S DE
3 1 LA COll1ŒNAUTE DIOLA
311 Preacutesentation
Les diolas vivent dans la reacutegion de Casamance et repreacutesertent 9 de la
population totale du Seacuteneacutegal Ce sont geacuteneacuteralement des cultivateurs de
riz et des artisans Cependant on peut les trouver aujourdhui disperseacutes
dans toutes les capitales reacutegionales affecteacutes agrave divers meacutetiers militaire
gendarme fonctionnaires de lEtat ouvrier etc bullbullbull
Dans les villes la plus grande partie des diolas vit dans les qoartiers
populaires Par exemple agrave Dakar on les trouvera agrave Colobane agrave Fass agrave
Grand Yoff ou agrave Khar Yalla La plupart du temps cesDnt des artisans et des
ouvriers du secteur priveacute qui vont essayer dune maniegravere ou dune autre de
vivoter en bricolant deci de lagrave Mais mecircme loin de la Casamance cette
ethnie conserve une grande partie de ses caracteacuteristiques et plus partishy
culiegraverement la solidariteacute ethnique qui veut que les Diolas forment toujours
un bloc bien soudeacute quand le besoin se ifait sentir et cecisans discrimishy
nation de rang social Ainsi tous lesdiolas de Dakar se mobilisent pour
supporter le Casa Sport chaque fois qbe cette eacutequipe de foot-baIl vient
jouer agrave Dakar Cette mobilisation se fera aussi dans le cas ougrave leur chamshy
pion de lutte Mamadou SAKHO livre uncombatimportant
Lethnie diola est diviseacutee en trois sous-groupes
- les dio1as Fogny de Bignona
- les diolas Kassa autour dOussouye
- les diolas Blouf dans la preacutefecture de Tendouck
Mais en lutte on a pris lhabitude ~e les grouper en deux zones dune
part le Kassa qui preacutesente des particulariteacutes et dautre part lE Fogny
et le Blouf
- J 7 shy
3 ) 2 ~U(lquE5 aspects d~ l~ducatio~ ~t des rit~s en milieu diol~
L eacuteducat ion veacuteritable de lenfant diola est sociale et ne se corlprend
que dans la relation sociale elle deacutepasse de loin le strict cadre
famililal Elle commence au stade de lapprentissage du langage
Lenfant apprendra agrave reconnattre le langage du regard de ses parents
Il doit connaicirctre et faire la diffeacuterence entre un regard approbateur
et un regard qui blacircme De mecircme il doit apprendre agrave faire les gestes
de la tecircte qui expriment lapprobation En aucun cas lenfant nest
laisseacute agrave lui-mecircme Aura-t-il deacutesobeacuteit par complaisance naura-t-il pas
eacutecouteacute ou fait attention aux recommandations reacutepeacuteteacutees plusieurs fois
sans reacutesultat il fera lobjet dune punition corporelle avec la chicotte
Elle a pour effet de faire mal au corps de lenfant afin datteindre son
acircme sa sensibiliteacute et instaurer en lui une sorte de 1iaision de la
meacutemoire du mauvais comportement agrave la douleur quen voulant eacuteviter la
douleur il finit par eacuteviter le mauvais comportement en tout cas den
prendre conscience degraves cet acircge Cest une meacutethode deacuteducation mora1e (])
i 3121 Leacuteduca~ion maternelle
1
Notre eacutetude nous a montreacute que mecircme de nos jours leacuteducation diola
conserve encore ses caracteacuteristiques traditionnelles au niveau des rites
des moeurs des habitudes des principes et des normes
Leacuteducation de lenfant reste lune des plus rigoureuses Elle commence
degraves le plus bas acircge car pour le dio1a on ne peut redresser une personne
adulte donc autant leacuteduquer tregraves jeune Jusquagrave lacircge de trois ans
lenfant sera encadreacute par sa megravere qui bien queacutetant tregraves douce fait
preuve daucune indulgence Elle lui apprend les interdits de la communaushy
teacute respecter son prochain ne pas insulter ni profeacuterer de gros mots surshy
tout en preacutesence de grandes personnes ni faire violence agrave autrui
Plus terd v~rs cinq ou SlX ans le jeune garccedilon est initi~ a~x travaux
ces cna~ps des rizi~r~s cles pal~eraiEs ce Gui ne manquer6 pa5
davoir ces rEpcrcussic~s sur SOn deurovelopperncnt morpholoique
- 1( shy
3122 La circoncisio~
cest un rite obligatoire Il a pour but dintroduire le garccedilon dans
la communauteacute des hommes en tant que responsable Cest un rite qui
laisse une trace indeacuteleacutebile dans la vie du jeune diola Les principes
de la vie en socieacuteteacute y sont enseigneacutes agrave fond Le rite de la circoncishy
sion preacuteseuro~teuro uneuro forme p~lticul do~t s~uls les diolas connaissent
lorganisation internecar la circoncision est agrave la fois une eacutepreuve
physique intellectuelle et morale
Cette circoncision en milieu diola se passe dans le bois sacreacute En ce
lieu les Njoulis (circoncis) sont encadreacutes par des mattres les
Kintangs et au-dessus de ces mattres regravegnent un ecirctre doteacute de faculteacutes
occultes il sagit du Kankourang Le kankourang a cette capaciteacute de
disparattre de voler quand bon lui semble Il incarne la justice et la
violence et assure la protection de ses disciples contre les mauvais
esprits Ainsi le kankourang incite agrave lobeacuteissance et agrave lordre dans
cette socieacuteteacute Dans la tradition diola le kankourang repreacutesente un
pouvoir mystique capable de choses extraordinaires dont la socieacuteteacute
moderne avide de raisonnement ne pourra trouver une explication Au
cours de la circoncision les initieacutes subissent un certain nombre
deacutepreuves physiques que le diola appelle samasso Il doit se soushy
mettre agrave lensemble de ces eacutepreuves consideacutereacutees comme indispensables
agrave sa formation pour lui permettre de juger ses capaciteacutes physiques
mais eacutegalement deacutepouver sa valeur intellectuelle morale et sociale
Il pourra aussi se mesurer aux autres dans le domaine de la consideacuteration
et du respect En quittant le bois sacreacute le jeune doit posseacuteder une
grande partie des qualiteacutes humaines et socisles quil faut agrave un howmE
pour vivre en harmonie avec la socieacuteteacute traditionnelle Il serait bien
sOr possible dans le cadre dune eacutetude plus approfondie de parler de
bien dautres rites et pratiques traditionnelles
Notons cependant que le rite de la circoncision appartient aux anc~t~es
et que dans les villages reacutecents ougrave les structures ont changeacute on ne
Jeux jours avant la re~trfE cans le bois sacr[ les adolescents so~r
-
- Jo shy
por lE diola 11-071- doit rester en harrc1iE avec lE
tal lanimal lui-mecircme les ancecirctres les geacutenies Le rit~ du rasdge co~sist~
acirc ~loigner la ~alchance de lenfant Si l~ ritE nest pas respecteuro eumlr es
parents du futur initieacute celui-ci connaicirctra la malchance pendant toute sa viE
Ce rite a aussi pour faculteacute deacuteloigner le mal et de preacuteserver lenfant des
mauvais esprits
Le rite de leau sacreacutee se fait un jour avant lentreacutee dans le bois sacrEacute
Les femmes doivent se garder davoir le moindre contact avec leau beacutenite
pour se preacuteserver des conseacutequences facirccheuses qui pourraient en reacutesulter La
tradition veut quune seule goutte soit capable de deacuteclencher lavortement
l chez la femme enceinte de rendre steacuterile la jeune fille ou de provoquer des
menstrues perpeacutetuelles chez la femme ayant atteint la meacutenopause bull
bull Le rite de la forge protegravege le futur initieacute pendant son seacutejour dans le bois
sacreacute Mais cette protection seacutetend bien au-delagrave et de rite veut que toute
personne qui y faillit soit condamneacutee agrave devenir leacutepreuse
Pendant plusieurs semaines les jeunes initieacutes subissent une formation capishy
tale qui fera deux des hommes complets
313 Croyances et pratiques mystiques
Si nombreux sont les diolas convertis au Christianisme ou agrave lIslam leur
foi napparatt jamais incompatible avec leurs croyances animistes Lhisshy
toire des rois et reines diolas nous reacutevegravele quils eacutetaient les ffprecirctres fl de
ces cultes feacutetichistes destineacutes agrave maintenir la fertiliteacute et agrave provoquer
la chute des pluies De nos jours existent encore des socieacuteteacutes secregravetes agrave
base religieuse ou magique la plus redouteacutee eacutetant lassociation neacutecrophashy
gique Kousanga des Floup (1)
Deux fafu expliquent la coexistence du dogme et de la croyance
le contact tardif de la socieacuteteacute diola avec les civilisations eacutetrangegraveres
et leacutevangeacutelisation ou lislamisation quelles veacutehiculaient Il e~ reacutes~lt~
une importance des traditions leur reacutesstance agrave une remise en questic~ ce qui confegrave~e agrave la socieacuteteacute diola un caractegravere conservateur
r~c~~i]EE 2~fr~~ ~c - t
ct ~Cc egraveE~ Cimiddotilisatilaquo~ eacute
la neacutecessiteacute de lanimisme consiegraveeuroreacute comme base de toutes legrave~
religi0~s uumlegrave serait-ce que corr~e tentative ciexpliquer li1explishy
cable en se repreacutesentant en particulier comme un ensemble de puisshy
sances mystiques Ainsi pour lanimiste agir sur la nature cest
intervenir psychologiquement aupregraves de ceLX qui la gouvernent
314 Imeact des moeurs sur la prat~que de la lutte diola
Lorigine de la populariteacute de la lutte eugrave milieu diola est par trop
impreacutecise aussi nous nous limiterons agrave en donner la signification
actuelle La lutte apparatt dabord comme un moyen privileacutegieacute deacutedushy
cation
- sur le plan corporel afin de deacutevelopper la force lagiliteacute la
rapiditeacute et la souplesse
- sur le plan moral afin de deacutevelopper les vertus caracteacuterielles
courage tenaciteacute digniteacute bullbullbull neacuteces~aires agrave laction
Mais la lutte apparatt aussi comme un mpyen dinteacutegration sociale car
le jeune diola qui se refuserait agrave se sbumettre agrave leacutepreuve de la lutte
encourrait un isolement alors que celui qui excelle en bravoure devient
rapidement populaire Dougrave ces affrontements agrave linteacuterieur dune classe
dige qui tout en restant un moyen de reacutejouissance servent eacutegalement
agrave eacutetablir des comparaisons
Nos observations et nos interviews confirment le caractire tris physique
de la lutte diola immeacutediatement les lutteurs sont au corps agrave corps et
les techniques consistant agrave aracher ladversaire priment sur toutes les
autres Exprimer sa force est une preacuteoccupation constante il suffit pour
sen persuader de voir le groupe de lutteurs peacuteneacutetrer dans laregravene au son
du Born bol on que rythme le claquement de mains des femmes
C~tte da~se est une deacutebauche dAnegie Ougrave les lutteurs pieacutetin~Ert avec
force L sol
i shy
3141 EorphologUgrave et valeur physiques du lut teur diola
Le lutteur diola possegraveagrave~ un deacuteveloppement caracteacuteristique du trai~
supeacuterieur et de la musculature doso-lombaire Ceci est tregraves certaineshy
ment lieacute au maniement de la houe de la daba et surtout dukadiando
dont lusage permanent a modeleacute la morphologie du lutteur diola
La valeur physique de ce lutteur semble reposer sur sa force sa
reacutesistance mais aussi sa rapiditeacute
3142 Reacutepertoire technique
Dans le Blouf la forme du corps la plus utiliseacutee est le deacutecalage souvent
combineacute avec un crochet de jambe (gal gal) ceci semble ecirctre lieacute agrave
lutilisation quotidienne dans les riziegraveres du kadiando Le paysan du
Blouf sera ameneacute agrave faire un mouvement de torsion pour deacutecalerlinstrushy
ment enprenant appui sur son genou et ceci continuellEment pendant toute
la jourpeacutee Chez les diolas du Fogny le kadiando eacutefait surtout utiliseacute
par les femmes qui soccupaient autrefois exclusivement de la riziculture
et ce n~est quaujourdhui que les hommes cultivent le riz 1
La principale culture dans le Fogpy est celle du mil on y cultive aussi
de larachide De ce fait loutil le plus utiliseacute est le donkoton qui
est un instrument tregraves petit avec un manche court et dont le maniement
expliquerait peut-ecirctre leacutetonnante musculature du train supeacuterieur et surshy
tout de la zone dorso-lombaire du 4i6la fogny qui excelle dans les techshy
niques en force genre arracheacute avec les bras sur contrOle de la ceinture
de ladversaire Lulisation du donkoton semble eacutegalement expliquer la
garde tregraves basse du lutteur fogny
Dans le kassa on aurait pu trouver la mecircme forme de lutte car la morphoshy
logie du lutteur est agrave peu pregraves la mecircme mais linterdiction formelle de
la prise du ~gimbe modifie et limite tout le repertoire technicult2 ou
lutteur Le lutteur kassa adopte une garde basse et agrave une preacutefeacuterence pc~r
legraveS tc~-iccedilues n passa~ dessous - - ~ shymiddotmiddotcrc t--=~ c-
----
contact et agrave partir de ce TtoTteuront ils peuvent se relever et conti~uEr
en lutte debout jusquau terrassemen~
Toutes les gardes sont rapprocheacutees en milieu diola
irbi trage
Les combats sont arbitreacutes par un deacuteleacutegueacute geacuteneacuteralement anClen lutteur
Ces anciens lutteurs ont pour rocircle de veiller au bon deacuteroulement du
combat La victoire est deacutecreacuteteacutee dans les cas ougrave un des lutteurs se
retrouve en position assise sur le ventre sur la cuisse ou les
genoux (sauf dans le Kassa)
Il existe un autre mode de victoire celle qui est proclameacutee agrave la
suite dune supeacuterioriteacute eacutevidente du~ des lutteurs A savoir quand
un lutteur soulegraveve tregraves haut son camarade et que son manager estime i
quil est pratiquement battu il peut arrecircter le combat en touchant
dabord le lutteur adverse popr eacuteviter que son lutteur ne soit terrasseacute
tregraves fOrt Nest-ce pas un deacutecision sage des managers qui peut contribuer
agrave maintenir le caractegravere reacutecr~atif de la lutte joola 1
La victoire dun village sur un autre village ne se mesure pas au
nombre de victoires obtenues par lensemble des lutteurs En effet
il suffit que le champion soit battu pour que le village soit consideacutereacute
comme deacutefait Ce qui explique limportance et le seacuterieux que le village
accorde agrave la preacuteparation des championsl)
Il est cependant important de signaler que larbitrage dans les centres
urbains revecirct une iautre forme beaucoup plus codifieacutee et cest peut-ecirctre
une des raisons qui font quen milieu urbain la lutte diola perde une
partie de son originaliteacute
En dehors des techniques speacutecifiques agrave chaque sous-groupe il faut
signaler quil y a une multitude de prises et quelGues formes de corps
comTIunes agrave letnn Car reconnaissons qu il cO unE ror-euro approp=i~eacute
dE ~ouvane du l~tteur diola en TaI
-----~-----
LE tableau ci-dessous se propose dE reacutesumer les diffeacuterentes consideacuteshy
rations techniques envisagEacutees dans cette partie
FORlŒSSOGS-GRGUPES 1 COItltOLE GA~JESDt CORF=
i ~
1 1
Passage dessous de jambes et BassE KASSA saisies Moyenne1annexes bras (rapprocheacutee)
ceinture tecircte
Deacutecalage de Moyenne et BLOUF Demi-souplesse Ngimbe
HauteHancheacute Bras (rapprocheacutee)
Jambe
Arracheacute CouFOGNY Tregraves basse
Hancheacute ii 1
1 1
3 14 3 bull LeIIa~~jueetlecom~ortementdulutteur-+iola
1 Le comportement et lattitude du lutteur dans laregravene pe sont en fait
t
que le reflet de sa psychologie et plus partiCUliegraverem t de son eacutetat
dacircme Or il napparatt pas abusif deacutetablir des cor eacutelations entre
le psychisme dun individu et lempreinte eacuteducative quil a subie En effet en sortant du bois sacreacute le jeune diola a acquis un ~ca~~l
eacutequilibre physique et mental
Cette matrise de lui-mecircme permet au lutteur dans la~egravene dadopter
un aire enjoueacute de manifester beaucoup denthousiasme~ La lutte devient 1
essentiellement un jeu laspec ludique y est privileacutegieacute et ~ela influe
sur le comportement du lutteur
Ainsi queurolq~c soit limporta~cE de le~je~ le lutt~c~ dic1e Seuroreacute
to~jours serein et s~ livrera sa~s arri~re pe~s6e da~$ ~E CO=beacute ou-
tons que le lutteur diola est trecircs fair-play et sil arrive quun rdnd
lll L COIicircilU1Ul L ULOF
32 J Preacutesentation
La soc tEacute wucirc10f est celle qU1 a eacuteteacute la plus marqueacutee par la colonisation
~~ fait peut-gtre de sa position geuroographiquE dune part ct de 50~ imporshy
tanCE sur le plan dfmographiquE dautre part En effEt ceurootteuro CC-~ucircautE
wolof repreacutesente environ 20 de la population seacuteneacutegalaise
Elle est constitueacutee de pecirccheurs (ce sont les leacutebous) dagriculteurs de
fonctionnaires de lEtat mais surtout de commerccedilants
A pqrtir de leur reacutegime dimplantation le Cayor le Walo le Baol le
Djolof et la presquicircle du Cap-Vert les wolofs ont tendance agrave irradier
sur lensemble du territoire sous leffet de leur speacuteculation agrave la culshy
ture de larachide et du nombre important de fonctionnaires quon trouve
dans cette ethnie
322 Les moeurs et croyances wolofs
Bien queacutetant en grande partie des musulmans convaincus les wolofs
conservent toujours une croyance animiste et continuent agrave faire des
sacrifices agrave porter des cornes ou des morceaux de bois agrave la ceinture
aux jambes ou aux bras et agrave croire agrave lexistence des Djinneacutes et des
Raps bull
Le Djinneacute cest une creacuteature malfaisante en geacuteneacuteral capable de choses
extraordinaires Il possegravede des faculteacutes surnaturelles Cependant dapregraves
la croyance animiste certains Djinneacutes peuvent ecirctre bons
Le Hapl cest une creacuteature ayant des dons occultes appartena71t agrave une
famille ou agrave une communauteacute et dont le rOcircle est de veiller cu daider
les reCJrES de le fai11p ou dt la conmunauteacute en cas de da1gel Le Rap
~ ut te c ) ~~c-
ei sltcificE cJ sanl dE meut0 dL chat de pC)wleurot 5E1lt les conveuroshy
lances parfois leur dorner COrllTe offrande du lait Laii
Qua1d une famille ou une communauteacute neacuteglige les Sarakh (ici dans
le sens de sacrifice ou Offrande) elle se voit aussitocirct vouEacutee agrave la
maleacutediction des mauvais esprit~ (fcllec dans touteacuteS lEs ~treprises
de la vie maladie mort bullbullbull ) Les lieux ougrave habitent ls Taps et ougrave
se font les sacrifices se nomment Khambs
Geacuteneacuteralement le khamb se trouve dans lenceinte de la maison ou
dans un coin approprieacute du village Les lieux du khamb sont marqueacutes
par la disposition de calebasses de pilons de morceaux de poterie
briseacutes de grosses pierres de cornes et dautres objets heacuteteacuteroclytes
La superstition wolof est tregraves marqueacutee En effet pour le wolof toutes
les manifestations quotidiennes trouvent leur signification dans le
mysticisme Citons agrave cet effet quelques ezemples Une femme enceinte
ne doit pas marcher agrave nimporte quelle heure de la journeacutee Certaines
heures de la journeacutee lui sont interdites le Timiss (creacutepuscule
le Ndjo~or (de 13 H agrave 14 H de lapregraves-midi) le souf-segravede (de
minuit i4 H du matin) Selon la tradition ~t la croyance wolof les
mauvais ~sprits choisissent ces heures pour jeter des sorts Et la
femme enceinte eacutetant tregraves vulneacuterable le Djinneacute essaiera de lui insufshy
fler son souffle pour atteindre son beacutebeacute afin dentratner soit la
meacutetamorphose de cedernier en monstre soit de le tuer avant sa naissance
Dailleurs pour le wolof et pour certaines autres ethnies au Seacuteneacutegal
le timis le tdjolor le souf-segravede repreacutesentent des peacuteriodes de
la journeacutee ougrave lon ne doit pas se hasarder dans les rues et les champs
Ce sont des heures propices aux apparitions des Djinnes sous nimporte
quelle forme humaine ou animale
Il est eacutegalement interdit au wolof de marcher ou de serti la nuit du
~eacutellfria-
loutes c~s pratiques ~ystiqu~s et cr0ya~ces religi~us~5 ~xistent eL~~[
certainement dues agrave un meacutetissage culturel Parallegravelement aux feacutetiches
aux incantations et agrave lutilisation des safaras (substance magique)
notons lexistence de ga l a tchs (ce sOnt des talismans ougrave sont inscrits
du qui les porte Toutes ces croyances biEn sucircr auront une rEacutepercussicrI
sur leacuteducation du jeune wolof
323 Leacuteducation du wolof
Pour caracteacuteriser leacuteducation wolof nous avons penseacute donner comme
illustration cet extrait de la revue DEM ak TEY Pour deacutefinir leacutedushy
cation le wolof fait appel agrave un symbolisme qui eDglobe aussi bien les
moyens mis en oeuvre Yar que le reacutesultat obtenu agrave laide de ces mecircmes
moyens cest-agrave-dire la formation et le deacuteveloppement de lecirctre humain
ou Yaru
Le substantif Yar deacutesigne le fouet
Ce symbolisme deacutesigne donc au-delagrave du simple sens mateacuteriel de lobjet
lutilisation qui permet daboutir au reacutesultat escompteacute (Yaru) Au sens
geacuteneacuteral Yar deacutesigne tout instrument servant agrave infliger une punition Le
terme laisse supposer agrave priori que cette phase de lenfance durant lashy
quelle se preacutepare la vie de lhomme est lieacutee agrave la souffrance au supplice
Dailleurs une maxime wolof compare lenfant agrave une tige quon a tout le
loisir de redresser alors quelle est encore flexible bull
bullbullbull Pour leacuteducateur wolof la perfection nest point de ce monde malS
le devoir de chaque homme est de tendre vers la pleacutenitude en luttant
contre ses propres faiblesses Leacuteducation va d01c iisister essentielle~(-~t
sur lexercice quotidien de leacutelevation ffiora1e d~ lindividu Pour cela
elle privileacutegie la patience munI) vertu dabneacutegdtion et dE deacutesinteacuteresseshy
m(~t autour dE laquelle sarticulent toutes ]e~ ~u~~~s qualiteuros
i _
aan~ ~ s0cieacutet gt~olcf ocirclt~tartt nul -Jt- poulait sabecircisstr
tion de sa libertEacute La liberteacute est le preuumler drcmiddotir dE l ho-)euro egrave~S
baigner dans une beacuteate admiration du passeacute la comparaison avec le pr~$(middott
si~posc dclle-mecircme car lon reste s reacute devant la deacutesinvolture aVEC
laquelle dES honmes daujourdhui descendants de cette ~~~EacuteTatic ccedil~l se
une fois [largis bullbull tTasque fiers davoir fait leacute priS0n PEut-2tTE
faut-il mettre cela sur le compte de lurbanisation et des nouvelles
valeurs qui ont pour nom enrichissement reacuteussite sociale avec ce que
cela comporte de deacuteshumanisant et de deacutepreacuteciateur (1)
3 bull 2 bull 3 1 bull Lesri tes
Le sevrage et la circoncision constituent les deux grandes phases initiashy
tiques chez le wolof
- Le rituel du sevrage est appeleacute maga1 (litteacuteralement rendre grand)
Cest un eacutevegravenement important aussi bien pour les parents de lenfant que
pour la co~unauteacute Durant cet eacutevegravenement qui survient geacuteneacuteralement deux
ans apregraves la naissance du beacutebeacute les personnes vivant dans lentouragE
apportent leur soutien moral et mateacuteriel
- le rituel de la circoncision revecirct pratiquement la mecircme signification
que dans les autres ethnies seule la forme diffegravere La circoncision reste
encore une eacutepreuve de la vie au sort i r de laque Ile ladolescent devient un
homme Aujourdhui il faut noter une meacutetamorphose de la structure sociale
et des croyances religieuses tregraves accentueacutee aussi bien chez les wolof que
chez les autres groupes ethniques et ceci est peut-ecirctre dO au contact
permanent quils ont avec la socieacuteteacute occidentale
Malgreacute ces constat~tions il semblerait pcu=tant qUE la sociecirct~ lecircbou Gci
bien que se trouvaLt en grande partie dans ~a Presquth du Cap-ETt Et
en contact permane~t avec les blancs soit la portior la plu8 cc~serva-
----------~_- ---~-- -----
~
Incidences d s ~00urs sur la l~ttE
Le wolof connaicirct deux formes de luttes la lutte sirplE- sans t-t
la lutte avec frappe La lutte avec frappe a une crigi~e purement r
et ce nest que plus tard quelle devint une prati1uE sportive et lud
preacuteparer agrave la guerre Aussi tout en luttant On eacutetait autoris~ agrave frapper~
griffer mordre voire introduire son doigt dans loeil de son adversaire
Le jeune wolof devait eacutegalement se livrer agrave la lutte avec frappe afin de
favoriser son insertion dans la socieacuteteacute adulte et sinitier au meacutetier de
soldat faute de quoi il ne pouvait se faire entendre ne avoir des marques
de respect Pour montrer la populariteacute de la lutte dans le Cayor signalons
que les Damels ll (rois) et les Teignes (nobles) nheacutesitaient pas agrave sy
livrer Quant au IIMbeu~ (lutteur) elle lui servait de moyen de promotion
sociale car d8S que sa reacuteputation eacutetait eacutetablie il pouvait ecirctre choisi
par les rois et les nobles comme garde de corps
325 Signification de la lutte en milieu wolof
La lutte se pratique dabord pour lhonneur qui est une vertu tregraves signishy
ficative pour le wolof Elle permet de renforcer les liens amicaux entre
les jeunes de villages diffeacuterents Le champion veut gagner
confiance et la consideacuteration de son village de ses amis
Etre champion cest aussi susciter ladmiration chez les
sentant la force la viriliteacute et la deacutetermination
326 Organisation d~s eacutepreuves de lutte
3261 Les Mbapatts Ce sont les seacuteances nocturnes
pour meacuteriter la
et des anciens
filles en repreacuteshy
Ils sont organiseacutes apregraves les reacutecoltes agrave la fin de la saiscn des pluies
Ceci surtout p~ndant les peacuteriodes de clair de lune car ils peuven~ durEr
toute la nuit Le but des ~Dapatts lt=tait de prfpa-er FhysicuemeH et
~ arb Sil
326 Le 1
cest une organisation beaucoup plus importante que les I~apatts ~
loccasion de laquelle on peut voir plusieurs lutteurs de grande reDommfe
saffronteLLa fin dl lamb est toujours couronneacutee par une grand co~bat
duquel le vainqueur est sacreacute champion de la contrecirce
Le choix du lieu est lieacute agrave limportance de ce lieu dans le village cest
la place publique ougrave geacuteneacuteralement se passent toutes les manifestations
assembleacutee geacuteneacuterale sabar (danse) cest aussi lendroit ougrave sont prises
les grandes deacutecisions
3623 Lappariement
Dans un village ou un quartier les lutteurs se regroupent en lang
(eacutequipe) et jamais deux lutteurs de mecircme lang ne se rencontrent lors
du lamb
L appariement s~ fait librement entre lutteurs de lang diffeacuterents l1hs
une regravegle veut ~uavant de lutter avec le Mbeur Kanur de tel lang si
on est soukh (l~tteur pas encore confirmeacute) il est neacutecessaire de lutter
dabord avec ses soukh et ce nest quapregraves les avoir terrasseacutes tous
quon se voit octroyer la chance de lutter contre lui
Notons que la cateacutegorisation des lutteurs par poids nest jamais prise
en consideacuteration
3624 La tenue du lutteur ou NGIMBE
Le middotNGimbe est confectionneacute par le marabout de la famille ou du clan Il
est constituecirc de pagnes en coton tisseacute geacuteneacuteralement offerts par la megravere ou
la grand-megravere du lutteur ceci lors des organisations de ~rande Tportance
COrlune lef 1amb Dans le cadre des l-bapatt les pagnes sont C tErts peumlr
~~~rcfcis ct ffi~mc aujourdhui d218 cErtaInes fa~ille5 on devj~Gr
luttEur de pegravere en fils et dans ce cas h 1
gimbell du pEgravere Est recircr i tEacute
par le fils Le fait de porter le lI~gimbe agravee ses aiumleux peut susciter
cne~ le jeune lutteur une motivation et une volontecirc in~branlable rlasshy
surer 12 supeacuterioritEacute cis SIcirct-ns dallS
le xgimbe de la famille ne touche pas le sable
La tenue du lutteur a une signification et une importance sur le plan
mystique car selon les anciens le vrai feacutetiche du lutteur celui qui
le proteacutegera agrave vaincre le Djinneacute ou le Rap de ladversaire se trouve
cacheacute dans ce Ngimbe Celui qui confectionne-le Ngimbe est doueacute de
faculteacutes occultes
~~r~i~rg Il est assureacute par un sage du village qui geacuteneacuteralement fut
championde lutte de son temps Dailleurs cet ancien nintervient que
si le terrassement est litigieux
Hormis le public qui proclame la victoire ou le match nul le lutteur
lui-mecircme est arbitre et il arrive quil se deacuteclare vaincu ~ous
pouvons citer comme exemple Meacutedoune KHOULE un des plus grands lutteurs
seacuteneacutegalais qui a donneacute une victoire agrave Djeacuteri SADIO son adversaire qui a
reacuteussi agrave lui faire toucher le sol de la main
Il Y a terrassement quand le lutteur se retrouve
- assis sur le sol
- eacutetaleacute sur le dos
eacutetaleacute sur le cocircteacute
les deux genoux au sol
- les deux ma~ns au sol
la tecircte (front au sol agrave la suite dune brouette)
Il peut y aVOIr match nul si apregraves li1 temps ccmsideacuterable les lutteurs
SE sont ~ ivrEacutes respectivement agrave des assauts rEacutepEacutetEacutes et n arrivEt pas a
3265 L~ precircparation mystique
Il faut reconnattre quon ne peut parler de lutte en milieu wolof sans
envisager une preacuteparation mystique seacuterieuse Co~~e ~ous lEvans vu a~teacute-
1middot ~ d ~ ~rlturenent t0utes es actlvmiddotltesmiddot u W010 sont lles a SeS croyances
- la lutte ne concerne pas seule~ent deux acteurs se livrant faruumlucheshy
ment agrave un combat au milieu de laregravene mais eacutegalement les marabouts et les
feacutetichistes du village ou du clan qui doivent deacutefendre leur savoir et
leur prestige Avant le combat le lutteur doit se livrer agrave un certain
nombre de preacuteparations mystiques pour assurer sa victoire Aussi sommesshy
nous appeleacutes agrave parler de BACK (cest le chant et la danse du lutteur)
- le batteur de tam-tam compose un rythme en fonction du Galagne ou du
Senghor (gds-gris) du lutteur Chaque galagne sera choisi en fonction
du Rap ou du Djinneacute correspondant au Totem du lutteur
Le chant geacuterleacuterique Feinte woy veut dire litteacuteralement composer un 1
chant Ce chant est geacuteneacuteralement composeacute par les filles du viilage du
champion ou par un griot de sa communauteacute Et agrave travers ce chrnt on
arrive agrave toucher la corde sensible du lutteur en chantant lesl innombrables 1
victoires de ses ancecirctres ou en lui rappelant ses prouesses eacuteblatantes 1
Chaque lutteur doit avoir un chant et un back qui lui sont propres
327 Le reacutepertoire technique et les caracteacuteristiques physiques dulutteur wolof
Le lutteur wolof est geacuteneacuteralement moyen de taille la musculagraveture est
tregraves saillante ce qui fait ressortir un aspect tregraves athleacutetique ceci
est vrai sans exception pour le lutteur leacutebou mais il arrive que le Cacircyoshy
rien le baol-baol le walo-walo soient de grands gabarits de forte constishy
tution
CepEndant pour une meilleure compreacutehension du sujet nous pouvons eacutetudiEr
deux jroups d lut teurs qui vont deacuteterminer deux st yI e s de lut tes
- ~ t
les tc~tativ~s de~[reacutee e~ ramassement de jambes de la~v~sairL Ce~~
peut Ecirctre expliqueacute par le fait que les lutteurs leacutebou ou walo-walc qui
sont des pecirccheursadoptent cette garde tasseacutee du fait quils so~t tou-
jours pencheacutes en tirant le fil ou en poussant la plrogue On verra techrugravequeacutes dt cirr 2C ~lt 5Jllicitocirct
surLuumlut les membres supeacuterieurs
Le cayorien et le baol-baol par contre sont les plus grands cultivateurs
darachide chez eux les techniques de lutte sont plus varieacutees et la
garde est moins renfermeacutee Les lutteurs cayorien et baol-baol ont une
morphologie et une reacutepartition musculaire bien eacutequilibreacutee ils excellent
dans les techniques en deacutecalage les techniques de jambe et surtout les
techniques de riposte ougrave lon peut voir des prises de hancheacute tregraves amples
Dune maniegravere geacuteneacuterale on peut dire que le lutteur wolof est un fin
technicien qui sait surtout creacuteer les opportuniteacutes e~ avec sa rapiditeacute
utiliser la force de ladversaire pour le deacuteseacutequilibrer le noodju
le mbas le weacuteheacuteleacute et le rasu sont des techniques propres au lutteur
wolof
En deacutefense il utilise surtout des kl~klets ou gal-gal Notons que
le balancement des bras ou Lewato e$t tregraves marqueacute dans la lutte wolof
TABLEAU RECAPITULATIF DES COMPOSANTES TECHNIQUES
( 1 )
1 SOUS-GROUPES GARDES CONTROLES FORHES DE CORPS l
Walo-walo Basse de jambe Arracheacute l l10yenne de Ngimbe et i
Leacutebou Tasseacutee et saisies annexesj Deacutecalage 1 1 distante de bras de tecirct1
j de bras Deacutecalaeuro
~-----------------~-
- ~ ~- shy - ~ ~ bull L _ _ bull
Profil psyc~~iqUE du lutteu- et son comporterent dars l 2regravere
La preacuteparation mystique dans laregravene est plus marqueacutee chez les wolofs
que ChE~ les autres ethnies En effet on verra de grands champions
preliGrE plusiEurs heures pour Enduire leur corps de cll2badep ou ci
rmiddot- ~ a la proprieacuteteacute de proteacuteger li1egraveividu J
les mauvais sorts) Cest dailleurs un aspect dt la luttE qui iJcsc
des problegraveJles
Le lutteur wolof est tregraves superstitieux et la peacuteriode de preacuteparation
est capitale pour lui car elle permet non seulement de rendre
hommage aux ancecirctres mais aussi dintimider son adversaire Cest
geacuteneacuteralement un lutteur agressif combatif et teacutemeacuteraire Il se fait
souvent remarquer par son esprit dentreprise Mais cette fougue dans
le combat lamegravene parfois bien que ce soit regrettable agrave oublier les
usages et les normes Ce manque de maicirctrise de soi peut faire croire
que le lutteur wolof manque de fair-play ce qui nest pas toujours le
cas
~A~Ugrave~ t 4AA CbUrs k LA ucirctotve f~tPle Sesect prores mou W ~ lesquelles vont se couler les comporteme~ts individuels qui sont ainsi
monteacutes par et pour lautoriteacute sociale
Les faccedilons de boire de marcher ou de sasseoir se manifestent indivishy
duellement dans le corps de chaque personne ces habitus sont cependant
des montages sociaux lieacutes agrave des significationssymboliques variables
dailleurs selon la position sociale occupeacutee par chaque sujet Ces modes
dagir se rangent dans un systegraveme de montages symboliques et lindivishy
du les apprend de la socieacuteteacute dont il fait partie agrave la place quil occupe
Lhabitus est un montage social agrave la valeur symbolique deacutependant des pheacuteshy
nomegravenes deacuteducation et de prestige et lieacute agrave la position sociale du sujet
Cette penseacutee sonne de faccedilon eacutetonamment moderne
Pierre BOURDIEU qui dans une perspective a approfondi le contenue de la
notion en le reportant aux oppositions entre classes et fractions sociales
Il deacutefinit lhabitus comme un systegraveme de dispositions durables acquis au
cours dune histoire personnelle dans une milieu social donneacute systegraveme qui
engendre ensuite des pra~iques socialement deacutetermineacutees faccedilons de manger
de parler ou de marcher comportements de politesse contenu des preacutefeacuterencel
et des deacutegoOts bullbullbull lhabitus est le produit de conditions eacuteconomiques et
sociales Lauteur rattache directement la formation de lhabitus dun
individu agrave la trajectoire parcourue par celui-ci dans sa classe dapparteshy
nance il deacutefend lideacutee dun habitus de classe qui deacutefinit le sens confeacuteshy
reacute agrave la pratique sportive les profits qui en sont attendus
Ce dernier serait lui-m~me lieacute agrave un systegraveme de valeurs ou ETHOS de classe
prenant sens au sein doppositions distinctives entre classes sociales
De sorte lhabitus fonctionne comme un systegraveme dt- regravegles inteacuterioriseacutees
souvent informuleacutees permettant ou non agrave lagent de sadapter dembleacutee aux
multiples pratiques de la vie quotidienne et de la vie sportive il est agrave
lorigine des schegravemes de transcription qui favorisent les ajustements aux
situations corporelles nouvelles (1)
t ~
(1) P~IE11D dwi6Han ISpoy-l et sodeacutebi Approche Bocio-culturelle des pratiques P~tis Vigot 1981 page 81
33
331 Preacutesentation
Les Seacuteregravere auraient pour origine le Fouta Toro quils auraient quitteacute
vers le Xllegrave siegravecle pour fuir lislamisation de cette reacutegioD par lempire
dJ Xali (ils seraient donc apparEnt~s aux Peul et Toucouleur ) Ils
auraient trouveacute dans la rEacutegion du Sine les Sosseacute dorigine manding avec
lesquels ils salliegraverent
Au XVegrave siegravecle une autre immigrationSos~ conqueacuterante cette fois-ci
apporta son organisation eacutetatique Ils se divisegraverent en deux monarchies
deacutemocratiques lune seacutetablit au Sine et lautre au Saloum Les Sosseacute
conqueacuterants constituaient lautocratie appeleacutee Guelowar
La royauteacute seacuteregravere eacutetait laiumlque Les premiers souverains durent secouer
la tutelle des Toucouleur et progressivement arrivegraverent agrave unifier lethshy
nie des seacuteregravere etdea Sosseacute Les deux royauteacutes eacutetaient organiseacutees selon
acirces modegraveles tregraves deacutemocratiques Le souverain deacutependait dune assembleacutee
de ministres et de chefs locaux qui assuraient ladministration centrale
et reacutegionale())
Aujourdhui lethnie seacuteregravere repreacutesente 20 de la population seacuteneacutegalaise
Ils sont reacutepartis sur presque toute leacutetendue du territoire notamment
dans le Baol la reacutegion du Sine-Saloum et la reacutegion de Thiegraves
Signalons quil existe plusieurs sous-groupes dans lethnie ainsi on
trouvera
- dans la reacutegion de Thiegraves les Ndut les Safegravene et les None
- dans le Sine-Saloum les Sine-sine et les Saloum-salouIT
On trouvera vers foundioune et agrave Nioro du cocircteacute de la Gambie les
Niominka (pecirccheurs) Cest une portion tregraves mandinguiseacutee
( 1
Le rattache~2~t d~ to~s ccs sous-groupes pose problecircme ~25 0~ r0~V~
uc grande partie de traits COITul1uns dans leurs modes dE vie Ct pOUT phs
de faciliteacute nous allons essayer de faire une ~tude globale de la lutte
traditionnelle seacuterecircre Lactiviteacute socio-eacuteconomique qui est essentielleme~t
agro-pasorale caracteacuterisE leacutethnie seacuteregravere
332 Lecircducation les moeurs les croyances et pratiques sEr~rc
Chez les Seacuteregravere la vie humaine se deacuteroule selon les grandes eacutetapes
le baptecircme lenfance ladolescencemarqueacutee par la circoncision lsectge
adulte le mariage la vieillesse et la mort (funeacuterailles)
La vie de la communauteacute seacuteregravere reste une des plus originales sinon
celle qui de nos jours garde la presque totaliteacute des pratiques et
habitudes traditionnelles
Bien qu aujotltdhui con~r-tis aux religions chreacutetienne et musulmane les
Seacuteregravere conservent leurs croyances et pratiques animistes
Quelque soit leur degreacute dadheacutesion aux religions reacuteveacuteleacutees les Seacuteregravere
croient en un Dieu puissant et miseacutericordieux Rog Segravene et les hommes
Les ~angols sont repreacutesenteacutes mateacuteriellement dans tous les villages
seacuteregraveres par des arbres (baobab et tamariniers) des animaux (geacuteneacuteraleshy
ment serpent doreacute ou iguane) des ustensiles (pilon calebasse et mortier)
De nombreux teacutemoignages nous apprennent que certains totems (serpent
iguane) font leur apparicion agrave loccasion de certaines manifestations
rituelles comme les sacrifices ceacuteleacutebreacutes lors dun mariage de ceacutereacutemonies
mortuaires ou des circoncisions
Le Seacuteregravere comme il nous a eacuteteacute donneacute loccasion de le dire plus haut
preacutesente des speacutecificiteacutes authentiques aussi bien en tout ce qui touch~
son eacuteducation ses croyanCES et pratiques mystiques q~e ses activiteacute~
socio-ecirccc~omiquEs Apr~s a ~aissa~c~ le beurob~ ~~ pcs~ 5~~ lE S~ __
On lui mouille les l~vres avec un peu d~ lait de mil et apr~s U~ bain
purificateur on versera leau dans un trou cr~us~ derri~r~ la Camp~~
Pendant huit jours la megravere et lenfant sont cacheacutes dans la case car
selon les anciens ils sont tregraves vulneacuterables La case deacutens certains cas
est entoureacutee dun fil blanc et lon place sur le seuil des fais(cauy di
veacutegeacutetaux pour chasser les mauvais esprits (geacutenies malfaisants et illangeUY~
dacircmes) Au bout du huitiegraveme jour la megravere et lenfant peuvent sortir de
la case bull
bullbullbull Le matin du huitiegraveme jour la tante paternelle va chercher de leau
(plusieurs fois)t elle doit rester muette pendant ses alleacutees et venues
si elle parlait t lenfant pourrait ecirctre muet bullbullbull
La megravere et lenfant prennent un bain purificateur dans lequel sont
trempeacutees certaines plantes (ce sont des veacutegeacutetaux pr~tecteurs tels le
begravene le yag le ngud) On y lavera aussi le linge e1t les ustensiles utishyj
liseacutes pendant les huit jours qui viennet de seacutecoul~r On rase le crine
de lenfant Les cheveux sont donneacutes agrave la megravere qui ~s enterrera avec le
reste du cordon ombilical dans un endroit que11e esit seule agrave connattre
La megravere sassied sur une natte devant la maison Une femme igeacutee de la
famille prend le beacutebeacute dans ses bras et le preacutesente aux quatre coins de
lhorizon
La tante paternelle tient ensuite un van sur la tecircte de la megravere on y
verse le mil on y verse eacutegalement en abondance sur la megravere et sur
lenfant La tante oint ensuite le corps du beacutebeacute avec du lait e11e
touche en particulier le front t le nez la bouche la poitrine le dos
et les oreilles
Elle pose enfin un ~rain de sel dans la paume du beacutebeacute (le sel purifie
et deacutetruit les puissances mauvaises)
Apregraves un nouveau bain la megravere et lenfant revEcirctent des habits de fecircte
(est
lenfant Ce precircnore a toujours U~ SEns Il sy~bolise parfois C0 qUi
lOIl sounaitt agrave lEufant l)
La circoncision comme dans les autres ethnies est obligatoire Elle
permet au jeune adolescent dacceacuteder agrave la classe adulte Les jeunes
sont regroupes en classe dacircge dans le bois ougrave sc fait la r0tr~it0 des
circoncis et ceci pendant plusieurs mois
Le Selbeacute qui est geacuteneacuteralement un ancien craint de tous les eacutelegraveves
enseigne le respect de la hieacuterarchie la discreacutetion le goOt de linishy
tiative Les activiteacutes physiques et leacuteducation artistique ne sont pas
en reste la deacutecoration la sculpture la lutte et la danse A sa sortie
du bois linitieacute appartient deacutesormais agrave la classe des virils et des
sages du clan car on lui aura enseigneacute les vertus fondamentales que
sont la justice lhonneur lamour du prochain 1 amour du travail
lhonnecircteteacute et surtout le respect des coutumes ancestrales
Le rite du mariage esd aussi un fait tregraves important dans le monde 1
seacuteregravere mais par manq~e dinformation nous serons obligeacutes de nous en
tenir lagrave
333 Impact des ethos sur la lutte dans le monde seacuteregravere
Lorigine de la lutte seacuteregravere ne semble pas claire ma1S nous pouvons
dire quil existait deux formes de lutte comme chez les Wolofs une
lutte sans frappe et une lutte avec frappe Et cest cette derniegravere
qui peut-ecirctre nous ameacutenerait agrave croire que la lutte seacuteregravere aurait une
origine plus preacuteciseacutement guerriegravere
Aujourdhui la lutte est uniquement une activiteacute sportive agrave travers
laquelle le jeune seacuteregravere eacutevalue sa force son courage et SOn ingeacutenioshy
siteacute Cest une occasion de deacutefendre lhonneur de son village ou de
la corrnnunauteacute
La luttE ~5t avant tout u~e rnanifcs[dtic~ c~lturclie et surtout
fo lkhriqut-
Gracircce agrave elle on peut deacutesormais comprendre un certain nombre de chants
et de symboles A travers la lutte seacuteregravere on ccedilomprend les inter-relashy
tions entreacute la vie et le monde surntiturel
Sil devait y avoir la mort dun villageacuteois pendant la fecirctE au T qUE
de linterrompre on proceacutedait gracircce aux connaissances magico-religieuses
agrave la suspension de la mort jusquagrave une peacuteriode ougrave la population sera plus
disponible pour organiser des funeacuterailles sil y eacutetait preacutedit la possibishy
liteacute dune deacutefait du champion local au profit dun champion dun autre
village des recettes dordre maginque et religieux eacutetaient mises en prashy
tique afin que le champion du village ne soit jamais terrasseacute(J)
334 Le profil du lutteur seacuteregraver~
Le lutteur seacuteregravere est par essence un athlegravete impressionnant de par sa i
carrure et sa musculature saillante mais cest aussi une force tranquille
et calme quelque soit lenjeu du combagravet et particuliegraverement lhonneur
Cet aspect nous pousse agrave parler du NGiMBE cest-agrave-dire de la tenue du
lutteur qui va influencer sur sa faccedilon de lutter
La confection du Ngimbe revient agrave la communauteacute entiegravere Le Ngimbe a
une signification symbolique et le lutteur pour meacuteriter la confiance du
groupe se doit de tout faire pour ne pas toucher le sol Toute la commushy
nauteacute elle aussi sengage pour assurer la longeacuteviteacute et le succegraves du lutteur
dans laregravene par lorganisation droffrandes et de sacrifices en lhonneur
des Pangols bull
bull
Daucuns nheacutesitent pas agrave dire que lessentiel du mysticisme se fait agrave
la maison et non dans laregravene tout le reste nest quintimidation de
ladversaire
lsvcns
Tt- pi ~- t
t 1 ~ l _ ~ t
par rapport agrave lautre Cbci est trEgraves lieacute agrave lactiviteacute journaliegravere du
jeune seacuteregravere qui est un cultivateur donc toujours bien planteacute sur ses
jambes et qui continuellement manie lhiler
Le fait de couper le boi~ peut eacutegalement constituer un moyen de muscushy
lation non neacutegligeable pour le jeune lutteur
Un certain nombre de traits techniques speacutecifiques au lutteur seacuteregravere
semblent ressortir des diffeacuterentes interviews que nous aVOns fait subir
agrave certains lutteurs seacuteregraveres et agrave diffeacuterents techniciens
SOUS-GROUPES FORMES DU CORPS CONTROLES GARDES
SAFEN Moyenne en fente NONE Hancheacute Bras (distante) j
NDUTJ
f
SINE-SINE Deacutecalage Ngimbe
Moyenne
SALOUM-SALOUM Passage- Jambe (rapprocheacutee) 1
i
PETITE dessous Tecircte Basse et 1
COTE Moyenne (rapprocheacutee)
Notons que le Niominka ll commence agrave lutter agrave partir du sol pour avoir
assez deacutelan et sauter sur ladversaire afin davoir la prise du lion
(contr6le de la nuque et du bassin)
Co a -tem-nt ccedilt attitude du lutteur sEacuteregravere335 np -1t ~
Les croyances mystiques sont indissociables des activiteacutes quotidiennes
duseacuteregravere Ce qui explique le cocircteacute supersticieux du lutteur seacuteregravere En
~ffet certains lutteurs refusent de lutter avant certaines heures
Certains teacutemoignages nous apprennent quil nest pas donneacute agrave tout le
monde decirctre champion de lutte et que le lutteur doit avoir des dons
surnaturels pour ecirctre agrave mesure de livrer ses combats dans la nuit
et trouver seul un gris-gris speacutecial appeleacute Njatch
Le vrai champion de lutte chez les seacuteregraveres ne lutte pas seulement avec
~a force et sa technique mais surtout avec ses dons occultes
Chez les seacuteregraveres les morts sont toujours preacutesents et les ~pangols
Servent dintermeacutediaire entre les hommes et les morts Le pangol prend i
le nom dhumain dans certains villages (IIHeacuteJga NDONG Har Wag NGOUYE) i 1
De ce fait on verra le lutteur danser dufe maniegravere ou dune autre en
fonction du pangol de sa famille Ainsi nrus aurons le back (chant et
danse du lutteur) des DIOUF des FAYE etclbullbullbull
Dans laregravene le lutteur seacuteregravere a un comportement exemplaire aussi bien
agrave leacutegard de son adversaire direct quave~ le public en geacuteneacuteral Lexpli shy
cation semble tenir au fait que le lutteur seacuteregravere est avant tout selon
la tradition orale le repreacutesentant de toute la communauteacute seacuteregravere Par
conseacutequent il devra saffirmer non seulement en tant que lutteur dans
laregravene mais aussi en tant quentiteacute morale
336 La tenue du lutteur ou NGIMBE est confectionneacutee par le marabout de la
famille ou du clan Le Ngimbe est constitueacute de pagne en cCton tisseacute
Il doit ecirctre propre le lutteur qui le porte ne devra pas avoir de rapshy
port sexuel pendant toute la peacuteriode des cOTpeacutetitians car le Ngi~bE ne
doit pas ~tre souilleacute
Autrefois et mecircme aujourdthui dans certaines familles on devient
lutteur de pegravere en fils et dans ce cas le Ngimbe du pegravere est heacuteriteacute
par le fils Le fait de porter le Ngimbe de ses aieux peut susciter
chez le jeune lutteur une motivation et une volonteacute ineacutebranlable dtasshy
surer la supeacuterioriteacute d~s siens dans ltaregravene Il fera tout pour que le
Ngimbe de la ramille ne touche le sable
La tenue du lutteur a une signification et une importance sur le plan
mystique car selon les anciens le vra1 feacutetiche du lutteur celui qui
le proteacutegera et laidera agrave vaincre le nDjinne ou le tRapu de ladvershy
saire se trouve cacheacute dans ce Ngimbeu bull Celui qui confectionne donc le
Ngimbe U est doueacute de faculteacutes occultes
337 Larbitrase est assureacute par un sage du village qui geacuteneacuteralement fut
champion de lutte de son temps Dailleurs cet ancien nintervient que
si le terrassement est litigieux Hormis le public qui proclame la vicshy
toire ou le match nul le lutteur lui-mecircme est arbitre et il arrive
quil se deacuteclare vaincu
Nous avons pu cfter Meacutedoune KHOULE un desplus grands lutteurs seacuteneacutegashy
lais qui a donn~ une victoire agrave Djeacuteri SADIO son adversaire qui a reacuteussi
agrave lui faire touegraveher le sol de la main
IlL
34 1 Preacutesentation
Lethnie toucouleur vit En grandt partit ciE~~ la vallfc du S~~~gal
pt reprecircsente i peu pr~s 8 de la population totale secircn~galaise
o Histoire
Il semblerait que dans lancien royaume du Tekrour (IX~ siegravecle) des
eacuteleacutements neacutegroiumldes Sarakoleacute et des Peul aient formEacute par meacutetissage le
peuple Toucouleur (Toucouleur serait dailleurs une deacuteformation du
mot portugais Tacouror)
Ce empire a domineacute aussi bien les wolofs de lOuest que les Peul
nomades du Fouta Toro Cette reacutegion fut le premier pays islamiseacute par
les Almoravides ce qui peut expliquer le proseacutelytisme toucouleur
Ce sont les guerriers toucouleur islamiseacutes qui attaqu~rent avec les
Almoravides la capitale du Ghana Koumbi en 1067 On convertit par
la force les animistes Cest sans doute agrave cette eacutepoque que de nombreuses
ethnies reacutefractaires agrave lIslam ont dO accentuer leur migration vers
le sud (Seacuteregravere wolof Sarakoleacute Bambara Songhaiuml Akan et Peul se reacuteshy
fugiaient vers les hauteurs du Fouta Djalon)
Au XIXegrave siegravecle les Toucouleur allaient trouver en El Hadj Omar Tall
un grand conqueacuterent qui sous le preacutetexte religieux de la gJerre sainte
contre les tribus animistes (entre autres Bambara) eacutetendit lempire
toucouleur sur presque tout lensemble du gali et la partie de la Guineacutee
proche du l1ali
Lempire toucouleur composeacute de Sarakoleacute de Bambar~ de ~alinkeacute de
Xassonkeacute dE Peul et de Dogon eut le meurorit~ dunir CES diif~rentes ~ ~ - - - - - et~ics ~t dE CD~stituer l~Sl la b2S~ ~r 1
_ ~ ~ ~_ L ~
~ ~- ~- - - ---- _ 1 v _ t 1 ~-_ --
marabout tOL~culcuuml~ ~ middotlrrany a l ick SI venu des E1i rClS dE Pocior~ (
~ Vi~ euroconomicue et sociale -----------~-------------
Les Toucouleur sont des cultivateurs mais bien quils n~ soie~t pa~
pasteurs comrre les Peul leacutelevage a une place inportarteacute decirc1S ltur
eacutecono~ie Pour faciliter leur conquecircte guerriegraverE ils c~t Eucirc une preacuteshy
dilection pour leacutelevage des chevaux On y trouve aussi des pecirccheurs
appeleacutes Tchioubalo La socieacuteteacute toucouleur aurait une stratification
sociale tregraves rigide Les groupes ethniques et les castes eacutetaient
diffeacuterencieacutes et strictement exogamiques les Rimbe classe des nobles
comprenant la famille reacutegnante et les guerriers libres la classe des
Nieacutenieacutebegens de castes artisanales i les Rimaibeacute anciens esclaves
devenus serviteurs qui portent les noms de famille de leur maicirctres A
la base de lorganisation de la collectiviteacute toucouleur se situe le
village (Wouro)
Toutes ces castes sont cloisonneacutees entre elle~ Ainsi il nest pas
permis agrave un Torodo (noble) de se marier avec un Tchioubalo Ces
consideacuterations sont importantes dans le domaine de la lutte ougrave nous
apercevrons que les nobles ne sont pas faits pour lutter Le noble
preacutesidera les seacuteances de lutte et on luttera pour lui Ces condeacute rat ions
de noblesse et de rang social sont extrecircmement importantes dans le
monde toucouleur
Le noble ne doit pas se salir on lutte pour lui il ne vit la lutte
quen tant que spectateur
342 Education moeurs croyances et eratiques religieuses
Deux formes d~ducation sont agrave consideacuterer leacutedJcatio~ dES enfarts Et
celle des adultes
oG lenfant sait m2n~~r et apprfcier le goOt d~5 ~iifeurorents r~pas lt
le moment ougrave il CO~~e~CE agrave marcher
tivirt n~sormais le petit toucou]eur est eacuteduquf par toutmiddot 12 f2~i)]E
dabord puis par toutes lespersc~nes du village ou du C13~
Lenfant peut ~tre corrigeacute par tout adulte appartenant au groupe social
Son eacuteducation est deacutesormais laffaire de toute la communauteacute et non
exclusivement celle ces parents On linitie ainsi au travail quotidien
qui se fait dans la bergel~ e les champs et les bords du fleuve Au sein
du village il pourra apprendre agrave filer la laine et agrave tisser des pagnes
dans les champs il apprend agrave manier la houe et lhiler pour la culture
du riz et du mil Mais signalons que lactiviteacute essentielle du toucouleur
est leacutelevage des boeufs des moutons et des chegravevres Chez les Ichioushy
balos (p~cheurs ) lenfant sera initieacute tregraves tat au maniement des pagaies
agrave la p~che propremccedilnt dite et agrave la nage
Vers cinq-six ans lenfant est confieacute au maicirctre coranique le Ihierno
et ce dernier dispose exclusivement de toute sa vie Lavenir du jeune
enfant lui appartient
Comme dans les autres groupes ethniques les enfants sont regroupeacutes en
classe dacircge et cest dans cette structure que lenfant subit les rite
de passe et plus particuliegraverement celui de la circoncision
La circoncision est non seulement unE opeacuteration chirurgicale malS surshy
tout une peacuteriode au cours de laquelle le jeune garccedilon passe de leacutetat
dadolescent agrave leacutetat dadulte Les circoncis sont reacuteunis en classe
dacircge dans un endroit situeacute hors duvillage geacuteneacuteralement choisi par les
vieux Cet endroit n~st accessible que par des individus de SExe ffi8SCUshy
li~ ~ta~t au preacutealabl circoncis
- - - -
quable et complet sur le plan phy~ique et ~oral Ai~si liniti~
acquiert les qualitecircs indispensables que sont le courag~ la modest
lesprit de sacrifice lendurance
Le toucoule~r est un pleux musulma~ Cela sexp1
SOil le premier agrave tre en contact avec la religion musulmane de par sa
position frontaliegravere Lethnie toucouleur de par son histoire a preacutesenteacute
les plus grands chefs militaires et religieux musulmans seacuteneacutegalais Et
pour illustrer cela on peut citer en exemple la grande famille musulmane
des SY agrave TIVAOUANE repreacutesentant la confreacuterie des TIDJANES
Bien que lon note une majoriteacute musulmane on peut dire que certaines
croyances et pratiques mystiques et animistes persistent encore surtout
dans la reacutegion du fleuve
Une pratique courante se fait elle sappelle le Djatt Elle consiste
agrave faire sortir le caiman du fleuve agrave limmobiliser et agrave lattacher
sans quil ne reacuteagisse et tout ceci agrave laide de versets et dincantashy
tions magiques Dapregraves les teacutemoignages ces pratiques sont plutocirct
freacutequentes chez les Tchioubalos (pecirccheurs) Il arrive aussi que cershy
tains chasseurs ayant des dons se livrent agrave certaines pratiques an1shy
mis tes qui consistent agrave invoquer certaines puissances et agrave moduler sous
forme de chant des versets occultes pour se proteacuteger des mauvais esprits
et pour eacuteloigner les fauves Ce chant est geacuteneacuteralement incompreacutehensible
et deacutenueacute de sens pour le profane
343 Activiteacutes ludiques et pratiques sportives en milieu toucouleur
Durant toute son histoire lethnie ~oucouleur a toujours EacutetEacute Frese~teacute~
comme celle qui avait ue activit essentiellement guerr e e~ particushy
liegraverement farouche Trois eacuteleacutements ret r t l ecirc t te nt i c- euro so~t
le manie~~nt du ~acircton 12 luttE Et 1eacute danSE
l
Lecircducation ph~sique et artistique Dcc~pe un place precircpondecircra~rp
dans la fDrmat~on du jEune toucouleur A loccasion agraveeacutevegravenemen~ imporshy
tants reacutecoltJs mariages baptecircme nous assistons agrave des manifestashy
tions folkloriques de grande envergure le Wango oucirc dailse toucouleur
tregraves gymnique iles chants et surtout les sEacuteances de lutte
La lutte toucouleur est la forme de lutte la plus spectaclaire dans
tout le territoire seacuteneacutegalais Elle est essentiellement baseacutee sur des
techniques en hancheacute et surtout en souplesse Ceci sexplique par le
fait q~e le jeune toucouleur est tregraves tocirct initieacute agrave la gymnastique (saut 1
per saut de main salto arriegravere saut de tecircte couronneacute etc bullbullbull ) pour
la dans~ du wa~go En dansant le wango qui est une danse rythmeacutee et
gymnique le Jeune toucou1eur est capable de prouesses extraordinaires
1
En lutte lattaquant se deacuteplace tregraves peu pour avoir une bonne saisie
(geacuteneacutera~ement controcircle du Ngimben ) et enchaine brusqueme~t avec une
attaque surpris~ Cependant les ripostes sont souvent surprenantes et
spectaculaires (baseacutees sur la souplesse et la rapiditeacute) ontrairement
aux autr~s form~s de luttes ougrave lon voyait tous les jeune adheacuterer la
lutte to~cou1eur Verra un groupe de speacutecialistes sadonne agrave la lutte 1
(la lutte est lieacutee agrave la position sociale de lindividu problegraveme de
caste)
Q La morphologie du lutteur toucou1eur 1
1 1
Ce dernier nest pas aussi large et aussi fort que les lutteurs diola
et seacuteregravere Cependant il est tregraves reacutesistant La musculatJre est saillante 1
et tregraves souple lindividu est longiligne mais tregraves athleacutetique
Les mouvements de lutteurs sont semblables agrave ceux dun grand fe1in Cette 1
morphologie semble ecirctre lieacutee agrave la position geacuteographique de lethnie
(reacutegion du fleuve) et agrave lacitiviteacute socio-eacuteconomique du toucouleur qui
est agrave la fois cultivateur (activiteacute lieacutee agrave la crue et deacutecrUE du fleuve)
pecirccheuro~T CIcr~icubaon) et sttout jEumlrgcr qui est U~ rc~2eumlr
shy
Deux formes egrave~ corps sembl~nt ecirctre preacutefeacutereacutees du lutteur toucouleur
le hancheacute et la souplesse Les hancheacutes sont faits agrave partir de plusieurs
positions de doset se terminent geacuteneacuteralement par des techniques de
tregraves grande amplitude
TABLEAU RECAPITULATIF DES TECHNIQUES ET FORMES DE CORPS SPECIFIQUES
i
L441 r
GARDE FORMES DU CORPS CONTROLES --shy - -
Moyenne Souplesse Ngimbe
Hancheacute bras
Demi-souplesse
1
Profil psycholosigue 1
TECHNIQUES
ContrOle du bassin et 12 souplesse
arriegravere
Klicket et allegravegement de la hanche
Le lutteur toucouleur est celui lUi se livre le moins aux preacuteparaqons
maraboutiques Cela est dO au f~t que le toucouleur est un grand ~USUlshyman et que les pratiques animisges ont presque disparu dans ce mil~eu
Dans la pratique le lutteur esJ combaif mais il est calme et tr~s reacutefleacutechi quant agrave la deacutecision agrave prendre en plein corps agrave corps ct~st un des seuls techniciens qui reJte tregraves lucide au cours de ses comb~ts
l Dans toutes les circonstances e lutteur toucouleur est tenu de re~pecshyter son adversaire et ceux de s4n eacutequipemecircme sil est vaincu
Comme nous avons dO nous en rendre compte la rigueur des principes
eacuteducationnels a une influence tregraves sensible sur l~ comportement du
toucouleur
i
III S COCL ~s 1DO
Dans cette partie nous avons essay~ de montrer lftroite re1atic~
Entre les diverses activiteacutes socio-eacuteconomiques dans les ethnies et
lES diffEacuterentes faccedilons de lutter
Daucuns seraient tent~s de conclure trop rapidement et cest p0~r
cette raison que nOUS avons penseacute preacuteciser que le pheacutenotype nest
pas geacuteneacuterateur du geacutenotype Et nous sommes convaincus que la morphoshy
logie et les techniques des lutteurs relegravevent de leurs modes de vie
et de leurs croyances agrave une eacutepoque et danE un contexte bien deacutetermishy
neacutes
Est-ce que les lutteurs dio1a ou seacuteregravere travaillant avec leurs bras
dans les champs auraient les mecircmes pr 0 fil s physiques que les lutteurs
utilisant des machines pour lagriculture
- 69 shy
I UJOURDH~1 E-S ut O[l LES FORfilS Ut LU11t~
~otons que notre enqu~te a ecirctE essentiellement faiteen milieu urbain
Les seacuteances de lutte ont tendance agrave perdre leur particulariteacute de r~shy
jouissance pour devenir des pheacutenomegravenes de sportisatio Deux fores
de luttes so~t principale~cnt prat s dans les aregrave~es du 5 al
la lutte traditiunnelle simple et la lutte traditionnelle avec frappe
De nos jours la lutte traditionnelle tend vers une reacuteglementation
et une institutionalisation
Le reacutesultat de nos investigations nous donne le tableau ci-dessous
REPARTITION ETHNIQUE SUR 100 PRATIQUANTS
LUTTE LUTTE RAPPORTETHNIES SANS FRAPPE AVEC FRAPPE J2
Diola 40 16 71 j
Seacuteregravere 26 21 57
Toucouleur 23 10 69
Wolof 1 1 53 17
La demande sociale par ordre deacutecroissant pour la lutte sans frappe
se preacutesente comrre suit
]0_ Ethnie diola avec pregraves de 3 lutteur~ sur 4
2deg_ Ethnie toucouleur
Ethri dun
~ 1 LA LUTTE TR])IIIO~~ELLE AVEC H-PPE
Cette forme deacute lutte a une histoire qui date de lantiquiteacute elle
sa~pelait le Pugilat Au Seacuteneacutegal elle a vu le jour dans le Cayor
bien avant la colonisation Le coup dE pied l~Lrdn~lement la morshy
sure la frappe et le doigtf eacutetaient permis dans le cc=bat ~ ~middot~p0~~e
Dans certains cas la giffle eacutetait beaucoup plus dangereuse que le
poing quand elle eacutetait donneacutee par un speacutecialiste Cette giffle pouvait
agrave elle seule deacutechirer et mecircme parfois amputer la joue de ladverser
Selon les informations la lutte avec frappede nos jours serait une
forme de lutte tregraves eupheacutemiseacutee de celle dantan ougrave une blessure
pouvait souvent ecirctre mortelle
Aujourdhui au niveau du folklore la lutte na plus la mecircme
le spectaculaire a remplaceacute le significatif iLa lutte avec frappe se 1
pratique surtout dans les centres urbains C~aque fois quun grand combat 1
est progra~eacute par le Comiteacute National Proviso~re (CNP) des centaines damashy
teurs sont mobiliseacutes vers le stade lba Mar D~OP qui est aujourdhui le i
lieu approprieacute ougrave se deacuteroulent les grands conkbats de lutte Cest la formE
de lutte qui semble drainer une foule de personnes beaucoup plus importante
que celle de la lutte simple
La lutte avec frappe deacuteriverait dune forme de lutte traditionnelle
pratiqueacutee jadis dans le Cayor au temps des Damels et la frappe serait
le substitut dun certain nombre de pratiques doigteacute jet de produits
etc bullbullbull dont le but eacutetait laveuglement de ladversaire La lutte avec
frappe serait une continuation logique dune carriegravere sportive de la
lutte traditionnelle qui sen sert comme moyen socio-eacuteconomique En
effet la majoriteacute des lutteurs avec frappe ont dabord eacuteteacute initieacutes agrave la
lutte simple Cependant il faut signaler que de nOS jours il arrive
que le jeune lutteur avec frappE- soit directenent formEacute conne speacutecialistE
agrave la frappe sa~s pour autant faire son chemin dabcrd egravea~s la lutte
- ~ shy
Le recircsultat dE ~os interviews ncus rec~trE qGune pcpulatiD~ divcrsishy
fiampe sint~resse agrave ce sport et qUE les intecircr~[s des uns et d~SlautrE~
semble~t divergents naucuns affirment que la lutte traditionnelle
avec frappe serait monteacutee par des personnes dont la vocation est dexshy
ploiter ce pheacuteLomegravene agrave des fins commerciales Dautres disent gJellegrave
jouit de mcyens irport~nts t[l[~isio
tation etc bullbullbull ) pour toucher toutes les couches sociales CEpe~~a~t
nous remarquons que mecircme si certaines personnes reprochent agrave cette
forme de lutte decirctre brutale ces mecircmes personnes nheacutesitent pas agrave
se rendre le dimanche agrave laregravene Bien que critiqueacutee elle semble ecirctre
adopteacutee par une tregraves grande partie de la population seacuteneacutegalaise Cepenshy
dant en tant que techniciens il nous est permis de faire une remarque
Il sagit de
- Limpression nette decirctre devant des professionnels de la frappe
qui sont ~ntratneacutes pour cela Dailleurs les propos que nous avons
recueilli~ nous prouvent que la plupart des champions de lutte avec 1
frappe s~ntratnent dans certains sports de combat tels ~ue la boxe i 1
le karateacute le judo Dans cette nouvelle forme de pratique de la lutte
contrairefuent agrave la lutte traditionnelle le technicien e~t souvent
perdant face au puncheur Ce dernier adopte une lutte agrave distance qui
lui permet de placer agrave bon escient ses coups animeacute du deacutesir de vaincre
Le technicien lui se voit contreacute dans toutes ses entreprises par
un uppercut ou un crochet
On peut dire cependant que nul sport au Seacuteneacutegal que la lutte tradishy
tionnelle avec frappe ne deacutechaicircne autant de passions et autant de
pheacutenomegravenes poussant agrave lexcegraves et deacutereacuteglements quon ne peut que deacuteplorer
Mais comment deacutecrier un spectacle de lutte qui bien quayant perdu la
presque totaliteacute des valeurs traditionnelles veacutehiculeacutees autrefois par
elle sait susciter une participation effective de tous ceux qui sont
preacutesents
CONCLUSION
Dans ce meacutemoire nous sommes efforceacutes ~e faire ressort ir limportance des
ethos et des habitus et leurs effets sur la pratique de la lutte tradishy
tionnelle au Seacuteneacutegal
L~b egravethos repr~sentent dune maniegravere g~neurorale tous les eacuteleacutements speacutec
fiques sux Seacuteneacutegalais par conampeacuteguent un systegraveme de valeurs traditionnellEs
Mais m~me si ces valeurs rev~tent une signification universelle (honneur
digniteacute courage etc bullbullbull ) il nen demeure pas moins que ce nest pas leur
nature qui fait leur speacutecificiteacute mais la hieacuterarchisation et limportance i
quon accorde agrave toutes ces valeurs de ~ar leacuteducation ou la culture
i 1
Aussi les valeurs traditionnelles puient leur speacutecificiteacute dans les
caracteacuteristiques propres aux eacuteleacutements ~e la socio-cu1ture (la technologie
et leacuteconomie la politique et la pareteacute la psychologie et lideacuteologie)
dans la socieacuteteacute seacuteneacutegalaise agrave n momen donneacute de son eacutevolution Cest i
dire la neacuteceesiteacute de ne point faire della valeur une reacutealiteacute statique
Cest dite aussi quagrave tout mome~t le ~eacuteneacutegalais peut eacutevoluer et creacuteer
ou vivre par conseacutequent de nouv~lles fprmes de valeur qui lui sont 1
propres ft (J)
La lutte traditionnelle veacutehiculant deS valeurs socio-cu1ture1les speacutecishy
fiquement seacuteneacutegalaises (croyances valeurs morales norme de comportement
opinion attitude bullbullbull ) devient un eacuteleacutement important qui tregraves certaiaement
nous aidera dans notre effort de valoriser et de peacuterenniser notre patri shy
moine culturel par le biais dactiviteacutes physiques et sportives
Leacutetude des habitus nous permet de prouver quil y a plusieurs faccedilons
de se mouvoir comme danser lutter bullbullbull qui varient avec les diffeacuterentes
ethnies (wolof toucouleur seacuteregravere diolagt leurs convenances et leurs
eacuteducations
(1) Revue Ethiopiques 31 Les valeurs traditionnelles et le problegraveme de leur inteacutegration dans les systegravemes modernes jtducatio-1 2 6r--70
nautre part cette eacutetude permet aussi de nous rendrE compte de la
correacutelatipn eacutetroite existant entre la pratique de la lutte traditionnelle
et le sta~ut socio-eacuteconomique du pratiquant
Nos inves~igations nous indiquent que la lutte recrute essentiellement
au niveau des classes socio-eacuteconomiques situeacutees en bas de leacutechelle
donc posseacutedant le statut social le moins favoriseacute La lutte avec frappe
-et un certain secteur commercialiseacute de la lutte simple- y trouve sa
leacutegitimiteacute Comme le dit BOURDIEU nA habitus diffeacuterents styles de Vle
divergents et il oppse les pratiques aristocpatiques correspondants agrave
des activiteacutes qui favorisent les situations eupheacutemiseacutees ougrave la stylisashy
tion est importante aux pratiques populaires qui font appel agrave des
qualiteacutes qpposeacutees bllutes rugueuses Certaines interviews nous
montrent que plus lindividu occupe une place eacuteleveacutee dans leacutechelle
sQciale e~ 1
moin$ il sinteacuteresse agrave la lutte
Les reacutesultats recueillis dans nos diverses investig~tions confirment 1 1
1er propos qui disent que nous assistons aujourdhu~ agrave une involution
de la lutte traditionnelle parce que perdant toutes ses speacutecificiteacutes au 1
pryfit d~ne autre forme de lutte que lon continue agrave appeler nostalshy
giqlementIIlutte traditionnelle
Ceci pourrait peut-~tre trouver une explication dan la citation suivante
La liberteacute de creacuteer dinnover de vivre Pleineinenf decirctre soi et de
preacuteserver son authenticiteacute la digniteacute et lhonneu1demeurent des illushy
sions dans la misegravere eacuteconomique~ Nos ancecirctres creacuteai~nt des valeurs de cishyl
vilisation parce quils eacutetaient libres parce qu1i~s ignoraient toute
deacutependance eacuteconomique ils cultivaient en eux et cbez leurs enfants le 1
Jorn et la Kersa et preacutefeacuteraient la mort agrave la hoJte lI (1)
Or le Seacuteneacutegal comme la plupart des pays africainsi est un pays sousshy
deacuteveloppeacute t cependant face agrave cette volonteacute du gou~ernement seacuteneacutegalais
de faire inteacutegrer dans leacuteducation des valeurs traditionnelles nous
pouvons espeacuterer utiliser comme moyen deacuteducation la lutteacute traditionnelle
qui reste quand mecircme vecteur jethos et dhabit~s
- 54 shy
Mecircme si lon a noteacute un appauvrissement notoire sur les plans socioshy
culturel et moral la lutte traditionnelle recegravele une gamme importante
et varieacutee de techniques permettant incontestablement une ouverture vers
les luttes olympiques libre et g~eacuteco-romaine
La lecture de ce meacutemoire permettra agrave lentratneur et au professeur de
lutte en fonction du lieu ougrave ils seront affecteacutes dans le territoire
seacuteneacutegalaisdavoir une information sur les techniques contrOles et
formes de corps propres agrave chaque groupe ethnique et de les mettre en
relation avec leurs croyances et leurs mentaliteacutes
Nous avons essayeacute de montrer que la pratique de la lutte traditionnelle
doit tre axeacutee sur une ethnomotriciteacute au Seacuteneacutegal qui permette une inishy
tiation facile Cette pratique de la lutte traditionnelle seacuteneacutegalaise
devra dailleurs essayer de ~eacutepondre aux aspirations du Seacuteneacutegalaisl
moderne en souvrant aux ap~orts positifs des autres civilisations
ex~eacuterieures nous voulons Jvidemment parler du judo et des luttes oiymshyJ
piques 1
1 j Nous navons pas la preacutetentfon dans le cadre de ce meacutemoire demattrise
de reacutepondre agrave toutes les qutstions se rattachant agrave leacutetude de ~a lutte
traditionnelle souslangle~socio-culturel car non seulement il nous
manque lexpeacuterience et la c peacutetence en la mati~re mais aussil l le temps
et les moyens dont nous dis osions ne nous permettaient pas d~puiser le 1sujet i
1 1 1 t 1
l
- )5 shy
BIBLIOGRAPHIE
BIBLIOGRAPHIE
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Edition Delachaux et Niestleacute 244 pages
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des pratiques Paris Vigot 1981 377 pages
3- PIERON Henri Vocabulaire de la psychologie
PUF Deuxiegraveme eacutedition 1957 469 pages
4- Revue socialiste de culture neacutegro-africaine ETHIOPIQUES
Les valeurs traditionnelles et le problegraveme de leur inteacutegration
dans les systegravemes modernes deacuteducation
GIA 21 Juillet 1982 213 pages
5- N2 Revue du Centre dEtudedes Civilisations DEM ak TEY
NIS IVegrave Trimestre 1982 96 pages
6- Document lNSEP Colloque sur la lutte aeacuteregravere
DAKAR MAI-JUIN 1980
t 1
~- Travaux du IVegrave Congregraves National ~es Sports agrave DAKAR les 2223041981
Bulletin n2 91 du CIO du 15 Aont 1965
l____________________________
8- Meacutemoire de Mattrise BADJI Abdou La lutte traditionnelle Joola
Etude et perspective
9- Meacutemoire Inspectorat JS DJITTE Mandy Les pratiques corporelles
traditionnelles au Seacuteneacutegal pour leur exploitation et leur
utilisation en peacutedagogie Marly le Roi 1980
REPUBLIQUE DU SENEGAL
--------------- INSTITUT NATIONAL SUPERIEUR
MINISTERE DE LA JEUNESSE DE LrsquoEDUCATION POPULAIRE
ET DES SPORTS ET DU SPORT
-------------
(INSEPS)
MEMOIRE DE MAIcircTRISE
Es-SCIENCES ET TECHNIQUES
DE LrsquoACTIVITE PHYSIQUE ET DU SPORT
LA LUTTE TRADITIONNELLE
son importance sa signification en fonction des ethos et des habitus ethniques au Seacuteneacutegal
Preacutesenteacute par
Monsieur Joseph Victor FAYE
Sous la direction de
M Jean Marc ROCHEZ
Professeur agrave lrsquoINSEPS
Anneacutee de soutenance 1984
AicircAgraveLYSE CES iJFrADES iDe I LES EN flA TIERE
DE PRATIQUE DES SPORTS DE Oicirc-itlAT
Objet Veacuterificat~on de la theacuteorie de lhab~tus
Hypothegravese En raison de son histoire de ses speacutecificiteacutes des valeurs
symboliques dont on linvestit une pratique sportive est en faveur aushy
pris dun groupe de pratiquants en fonction dattentes de niveaux dexishy
gence de fierteacute dappartenance qui sont socialement et culturellement
deacutetermineacutes
Il sagit en quelque sorte danalyser les goOts et les motivations des
sportifs en rapport avec leur condition sociale et le sentiment attachi
agrave ce statut
Remarque Cette analyse sera meneacutee en fonction des classes sociales et
non agrave partir de cla~se dage ou encore de classe socio-politique comme il
est dusage pour toute reacuteflexion sur notre socieacuteteacute trJditionnelle
Cette particulariti provient du fait que nos enquites ont iteacute effectueacutees
en milieu urbain -en raison des problimes de temps et de moyensagrave Dakar
et agrave Thiis pour itre plus preacutecis et il est deacutesormais hasardeux de preacuteshy
tendre y retrouver les structures traditionnelles c~e on pourrait le
faire en milieu rural
Par classe sociale et nous inspirant de la notion marxiste -deacutefinition
du rapport aux moyens de production- nous entendons la distance_dun
groupe social aux postes de deacutecision et de responsabiliteacute Plus cette
distance est grande moins le statut eacuteconomique est eacuteleveacute
Nous distinguons quatre (4) classes sociales car au niveau dune telle
analyse nous ne pouvons preacutetendre agrave la finesse de discrimination indiciaire
de la Fonction publique par exemple
r~partieuml
come il egravest rsectc eacute dans 1 ablea~ ci-dessous
CATEGORISATIONGROUPE EXEMPLE DE FONCTIONADMISE
Administrateur civil - Ingeacutenieur - Meacutedec ilCadre supeacuterieur1 Officier - Professeur
Instituteur - Mattre dEPS shy2 Cadre moyen Secreacutetaire - Technicien
Chauffeur - Militaire Policier3 Cadre subalterne shyPatron - Artisan
Artisan - Cultivateur - Ouvrier temporail4 Non cadre Pcheur
Conditions denqute Six (6) sports de ~ombat sont officiellement
pratiqueacutes Ils possegravedent une structure para-eacutetatique de gestion de contr
ce sont
3 sports de preacutehension - JUDO - LUTTE LIBRE TRADITIONNELLE - LUTTE OLYMPIQUE
2 sports de percussion - BOXE ANGLAISE - KARATE
sport mixte - LUTTE TRADITIONNELLE AVEC FRAPPE
Pour chacun de ces sports 50 pratiquants ont eacuteteacute interrogeacutes sur leur
statut socio-eacuteconomique avec la discreacutetion et la prudence quexige ce
genre de question
Cette enqute sest deacuterouleacutee dans les conditions suivantes
JUDO
Lieu DAKAR - Clubs USTD - DUC - FJAKS - DOJO HOMAR DIENG
Date du 020J84 au 28-05-84
Circonstances Les principaux inteacuteresseacutes eacutetant la plupart sur le tatami
pour lentratnement il fallait souvent attendre la fin
de lentratnement uumlur pouvoir avoir une ou deux entreshy
vues de sorte qu~ le~qu~te a pris beaucoup plus de
On constate que le no~bre de p=a~iq~~-ts ~st ~eauccup plus importd~t dans
les groupes 2 et 3 - Il es ~oindre dans les grQupes 1 et 4
LUTTE LIBRE TRADITION~~LLE
Lieu Dakar - Thiegraves bull Aregravenes Landing DIAME - Ecurie Seacuteregravere (pregraves de
lautoroute) Lutteur diola - toucouleur - Entratneurs - encadreurs
de diverses eacutecuries Stade Iba Mar DIOP - Aregravenes de Pikine et de
Thiegraves - CNPES - INSEPS
Date du 040284 au 020684
Circonstances Elles sont parallegraveles car les pratiquants semblent beaushy
coup plus disponibles que dans les autres disciplines Notre travail
parfoi~ peacutenible en raison de la diversiteacute des ethnies repreacutesenteacutees
et la traduction n1est pas toujours aiseacutee
Observations
Nous constatons que la lutte libre traditionnelle est plus pratiqueacutee
par les groupes 4 et 3 que par les groupes 1 et 2
LUTTE OLYMPIQUE
Lieu CNPES - INSEPS - Iba Mar DIOP (Equipe Nationale) - DUC
Date du 040284 au 020684
Circonstances Les conditions sont meilleures dans la mesure ougrave le
hasard a fait que pendant cette peacuteriode leacutequipe nationale soit
en regroupement et ceci nous a permis d-interroger un nombre
important de lutteurs de grand renom
Observations
En raison du petit nombre de pratiquants r~guliers lenquecircte ne porle
que sur 2S personnes Arbitrairement pour les besoins de comparaison
les raisons de comparaison les reacutesultats cbtenus sont multipli~s par 2 bull
BOXE A~~GLISE
Lieu Iba l-ar DIOP - ASFA - ASFPO - SC -ASC JJAF - ASC lA
ugraveate du 201283 au 020684
~E~~~~E~~~~ Ici nous ferons la mecircme remarque que pour le Judo
Notons que toute lenquecircte a eacuteteacute faite agrave Dakar
Observation
La boxe recrute ses pratiquants surtout dans les classes 3 et 4 et
on note que le nombre de pratiquants nest pas aussi important comme
dans les autres disciplines
KARATE
Lieu YUKOKAI KARATE CLUB - SAMOURAI KARATE CLUB - Iba Mar DIOP
CLUB DE GIBRALTAR - ASFA - ASFA - ASFPO - GM Thiegraves
Date du 201283 au 020684
SE~~~~E~~~ Notre enquecircte se passait dans une ambiance sympathique
de camaraderie Geacuteneacuteralement apregraves la seacuteance dentratnement
Observation
Nous constatons que la distribution des pratiquants bien que favorisant
les groupes 2 et 3 semble plus homogegravene que dans les autres disciplines
~ LUTTE TRADITIONNELLE AVEC FRAPPE
Lieu Ecurie de Fass - Ecurie des Seacuteregraveres - Ecurie Mermoz
- Ecurie des Casamanccedilais
Date du 04-02-84 au 020684
Ccedilj~9~~~aEccedil~ Il est agrave signaler que cest la discipline ougrave l~ contact
avec les pratiquants a eacuteteacute plus difficile les speacutecialistes qui~ la plushy
part du temps semblent meacutefiants quand on commeucircce agrave leur poser des quesshy
tions preacutecises sur leur revenu mensuel
2 -liCc 055cllt le lle11ent SegraveS praLicltants dans le ba
de lecirc~helle ces~-agrave-dire dans le ~ruumlupe 4
~ecircsultats
Les reacutesultats enregistreacutes sont reacutecapituleacutes en nombre et en pourcentage
-agrave lapproximation pregraves- dans le tableau ci-dessous
LUTTE 1 LUTTELUTTEGROUPES BOXE KARATE JUDO AVEC OLYMshySIMPLE i i FRAPPE PIQUE
1 11 1 1 1
1 11 1 1 1 11 0 1 0 8 1 16 9 1 18 4 1 8 0 1 0 7 1 14
1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1
1 11 1 1 1 1 12 3 1
1 6 21 1
1 42 22 1 44 6 1 12 4 1 8 17 1 341 1
1 1 1 1 1 1 1
1 1
1 1 1 1 1
3 22 1 44 13 1 26 15 1 30 16 1 32 5 1
1 10 10 1 20
1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1
1 1 1 11 1 1
14 25 1 50 8 1 16 4 1 8 24 48 41 1 1 82 16 1 321 1 1 1 bull 1 1 1 1 1
1 1 1 1 1 11 1 1 1 TOTAUX 50 1100 50 1100 50 100 50 pOO 50 pOO 50 1100
1 1 1 1 1 1 1 1 1 1
Afin dG failiter la lect~~e je c~ table3~ t ~2 re~dre sig~ific~tives
s info~~ations quil contient ces difteacutere ts reacutesultats nu~eacuteriques
peuvent ecirctre formuleacutes selon des repreacutesentations graphiques
1 Clientegravele des Sports de combat
FIGURE l
Il apparatt nettement que les sports de combat recrutent essentiellement
dans le bas de la hieacuterarchie sociale ce sont des sports populaires don
propices agrave une massification de la pratique
Toutefois on peut nourrir quelques inquieacutetudes pour que soient reacuteunies
les conditions de leur deacuteveloppement en raison du faible statut quils
possegravedent au regard defllintelligentsia seacuteneacutegalaise
2 Hieacuterarchisation des gants sportifs en matiegravere de sport
de combat au sein des cadres supeacuterieurs -Groupe 1shy
FIGURE I[
La f-appe est honni aucl1 pratiqua1t de boxe Olt de lutte avec frappe
agraveUloins quelle fasse lobjet dune stylisation cxtrecircme COTIme cest le
cas dans le karateacute Ce groupe manifeste un seuil extrecircmement bas de toleacuteshy
rance agrave la violence ce qui explique les discours infamants degraves que la
lutte avec frappe est secoueacutee par quelques excegraves Leacuteopold Seacutedar SENGHOR 1
navait-il paS deacuteclareacute que cette forme de lutte eacutetait une atteinte permashy
nente agrave limage de marque du Seacuteneacutegal
Bien quil soit difficile de proposer une explication unique curiositeacute
esprit douvetture permeacuteabiliteacute aux modes bullbullbull les repreacutesentants de ce
groupe adoptet facilement des sports importeacutes 85 des goOts pour le 1
Judo le Karateacute et la Lutte Olympique qui pourtant est bien peu pratishy1
queacutee au Seacuteneacutegfll j
Faut-il en deacuted~~re une attitude geacuteneacuterale favoris~agrave tout ce qui provient
de leacutetranger
Nous nous refu~ons preacutesentement agrave ce genre dexplicationJ ne ser~it-ce que
par ses conseacuteqJences sur notre sport national dont les perspectives appashyj
raicirctraient bie sombres
Admettons que la pratique de ces disciplines sont en rapport avec des
deacuteterminants eacuteconomiques et que ceux-lagrave sont un frein P4ur la popularisashy
tion de ces pratiques A lappui de cette interpreacutetation~ il suffit de
composer le champ social du Judo et celui de la Lutte libre traditionnelle
--== G J
32
LUTTE SIHPLEJUDO FIGURE JI(
Le groupe 2 qui manifeste un inteacuterecirct reacuteel pour les sports de combat -pregraves
de 25 iuml de la population i~tervieweacutee- et qui p6ssegravede les ~oyens de choisir
ses pratiques opte massivement pour le judo CDnme lexprirre le rapport de
agrave 4
- shy
A la lumiegravere de cette succi~te analyse des demandes sociales en matiegravere
de pratique des sports de combat nous pensons recouper la theacuteorie de
lhabitus selon BOURDIEU qui veut que des hatitus diffeacuterents impliquent
des styles de vie divergents si lon entend par style de vie un systegraveme
de pratiques classeacutees et classantes(I)
La mutation de la socieacuteteacute seacuteneacutegalaise celle du milieu urbain se caracteacuteshy
rise par lapparition despaces sociaux qui sont en rapport avec des
espaces culturels Il en reacutesulte des pratiques distinctives comme
lexprime le pogam
En effet si les cateacutegories sociales existent et si chaccedilune delle exprime
une marque sur les conduites des sujets il est naturel ~e penser que des
pratiques1 sportives servent de modegraveles distinctifs et detrsymbOles dorgashy
nisation ieacuterarChique dans la socieacuteteacute exprimant les dif eacuterentes clas8eamp(2)
Ces const4tations ont dimportantes implications sur leeacuteveloppement et
lavenir des pratiques Si dans notre IIIegrave partie nous 1tenterons de 1
mettre en rapport les particulariteacutes ethniques avec les pluraliteacutes de
style de lutte nous parlons presque au passeacute Une IVegraveme partie devra
e~visager la situation actuelle de la lutte afin de pouvoir eacutemettre
qu~lques hypothegraveses sur son devenir
Cest auss~ une ambition de ce meacutemoire daider ceux qui sinteacuteressent reacuteellE
ment agrave la lutte de savoir entendre au travers des deacuteclarations normatives
et apologeacutetiques Nous ne doutons nullement de la conviction ou de la bonne
foi de leurs auteurs mais parmi les possibles il yale probable et seul
ceiui-lagrave meacuterite decirctre retenu car plus proche agravee la recirc~liteacute
(I) BOURDIEU pierre La distinction Les Editions de minuit 1979 page 191
(2) Le POgdlt Deacuterrocratisation du sport ythe (u reacutealiteacute
- 1f shy
j j l IlL DL l H L S DE
3 1 LA COll1ŒNAUTE DIOLA
311 Preacutesentation
Les diolas vivent dans la reacutegion de Casamance et repreacutesertent 9 de la
population totale du Seacuteneacutegal Ce sont geacuteneacuteralement des cultivateurs de
riz et des artisans Cependant on peut les trouver aujourdhui disperseacutes
dans toutes les capitales reacutegionales affecteacutes agrave divers meacutetiers militaire
gendarme fonctionnaires de lEtat ouvrier etc bullbullbull
Dans les villes la plus grande partie des diolas vit dans les qoartiers
populaires Par exemple agrave Dakar on les trouvera agrave Colobane agrave Fass agrave
Grand Yoff ou agrave Khar Yalla La plupart du temps cesDnt des artisans et des
ouvriers du secteur priveacute qui vont essayer dune maniegravere ou dune autre de
vivoter en bricolant deci de lagrave Mais mecircme loin de la Casamance cette
ethnie conserve une grande partie de ses caracteacuteristiques et plus partishy
culiegraverement la solidariteacute ethnique qui veut que les Diolas forment toujours
un bloc bien soudeacute quand le besoin se ifait sentir et cecisans discrimishy
nation de rang social Ainsi tous lesdiolas de Dakar se mobilisent pour
supporter le Casa Sport chaque fois qbe cette eacutequipe de foot-baIl vient
jouer agrave Dakar Cette mobilisation se fera aussi dans le cas ougrave leur chamshy
pion de lutte Mamadou SAKHO livre uncombatimportant
Lethnie diola est diviseacutee en trois sous-groupes
- les dio1as Fogny de Bignona
- les diolas Kassa autour dOussouye
- les diolas Blouf dans la preacutefecture de Tendouck
Mais en lutte on a pris lhabitude ~e les grouper en deux zones dune
part le Kassa qui preacutesente des particulariteacutes et dautre part lE Fogny
et le Blouf
- J 7 shy
3 ) 2 ~U(lquE5 aspects d~ l~ducatio~ ~t des rit~s en milieu diol~
L eacuteducat ion veacuteritable de lenfant diola est sociale et ne se corlprend
que dans la relation sociale elle deacutepasse de loin le strict cadre
famililal Elle commence au stade de lapprentissage du langage
Lenfant apprendra agrave reconnattre le langage du regard de ses parents
Il doit connaicirctre et faire la diffeacuterence entre un regard approbateur
et un regard qui blacircme De mecircme il doit apprendre agrave faire les gestes
de la tecircte qui expriment lapprobation En aucun cas lenfant nest
laisseacute agrave lui-mecircme Aura-t-il deacutesobeacuteit par complaisance naura-t-il pas
eacutecouteacute ou fait attention aux recommandations reacutepeacuteteacutees plusieurs fois
sans reacutesultat il fera lobjet dune punition corporelle avec la chicotte
Elle a pour effet de faire mal au corps de lenfant afin datteindre son
acircme sa sensibiliteacute et instaurer en lui une sorte de 1iaision de la
meacutemoire du mauvais comportement agrave la douleur quen voulant eacuteviter la
douleur il finit par eacuteviter le mauvais comportement en tout cas den
prendre conscience degraves cet acircge Cest une meacutethode deacuteducation mora1e (])
i 3121 Leacuteduca~ion maternelle
1
Notre eacutetude nous a montreacute que mecircme de nos jours leacuteducation diola
conserve encore ses caracteacuteristiques traditionnelles au niveau des rites
des moeurs des habitudes des principes et des normes
Leacuteducation de lenfant reste lune des plus rigoureuses Elle commence
degraves le plus bas acircge car pour le dio1a on ne peut redresser une personne
adulte donc autant leacuteduquer tregraves jeune Jusquagrave lacircge de trois ans
lenfant sera encadreacute par sa megravere qui bien queacutetant tregraves douce fait
preuve daucune indulgence Elle lui apprend les interdits de la communaushy
teacute respecter son prochain ne pas insulter ni profeacuterer de gros mots surshy
tout en preacutesence de grandes personnes ni faire violence agrave autrui
Plus terd v~rs cinq ou SlX ans le jeune garccedilon est initi~ a~x travaux
ces cna~ps des rizi~r~s cles pal~eraiEs ce Gui ne manquer6 pa5
davoir ces rEpcrcussic~s sur SOn deurovelopperncnt morpholoique
- 1( shy
3122 La circoncisio~
cest un rite obligatoire Il a pour but dintroduire le garccedilon dans
la communauteacute des hommes en tant que responsable Cest un rite qui
laisse une trace indeacuteleacutebile dans la vie du jeune diola Les principes
de la vie en socieacuteteacute y sont enseigneacutes agrave fond Le rite de la circoncishy
sion preacuteseuro~teuro uneuro forme p~lticul do~t s~uls les diolas connaissent
lorganisation internecar la circoncision est agrave la fois une eacutepreuve
physique intellectuelle et morale
Cette circoncision en milieu diola se passe dans le bois sacreacute En ce
lieu les Njoulis (circoncis) sont encadreacutes par des mattres les
Kintangs et au-dessus de ces mattres regravegnent un ecirctre doteacute de faculteacutes
occultes il sagit du Kankourang Le kankourang a cette capaciteacute de
disparattre de voler quand bon lui semble Il incarne la justice et la
violence et assure la protection de ses disciples contre les mauvais
esprits Ainsi le kankourang incite agrave lobeacuteissance et agrave lordre dans
cette socieacuteteacute Dans la tradition diola le kankourang repreacutesente un
pouvoir mystique capable de choses extraordinaires dont la socieacuteteacute
moderne avide de raisonnement ne pourra trouver une explication Au
cours de la circoncision les initieacutes subissent un certain nombre
deacutepreuves physiques que le diola appelle samasso Il doit se soushy
mettre agrave lensemble de ces eacutepreuves consideacutereacutees comme indispensables
agrave sa formation pour lui permettre de juger ses capaciteacutes physiques
mais eacutegalement deacutepouver sa valeur intellectuelle morale et sociale
Il pourra aussi se mesurer aux autres dans le domaine de la consideacuteration
et du respect En quittant le bois sacreacute le jeune doit posseacuteder une
grande partie des qualiteacutes humaines et socisles quil faut agrave un howmE
pour vivre en harmonie avec la socieacuteteacute traditionnelle Il serait bien
sOr possible dans le cadre dune eacutetude plus approfondie de parler de
bien dautres rites et pratiques traditionnelles
Notons cependant que le rite de la circoncision appartient aux anc~t~es
et que dans les villages reacutecents ougrave les structures ont changeacute on ne
Jeux jours avant la re~trfE cans le bois sacr[ les adolescents so~r
-
- Jo shy
por lE diola 11-071- doit rester en harrc1iE avec lE
tal lanimal lui-mecircme les ancecirctres les geacutenies Le rit~ du rasdge co~sist~
acirc ~loigner la ~alchance de lenfant Si l~ ritE nest pas respecteuro eumlr es
parents du futur initieacute celui-ci connaicirctra la malchance pendant toute sa viE
Ce rite a aussi pour faculteacute deacuteloigner le mal et de preacuteserver lenfant des
mauvais esprits
Le rite de leau sacreacutee se fait un jour avant lentreacutee dans le bois sacrEacute
Les femmes doivent se garder davoir le moindre contact avec leau beacutenite
pour se preacuteserver des conseacutequences facirccheuses qui pourraient en reacutesulter La
tradition veut quune seule goutte soit capable de deacuteclencher lavortement
l chez la femme enceinte de rendre steacuterile la jeune fille ou de provoquer des
menstrues perpeacutetuelles chez la femme ayant atteint la meacutenopause bull
bull Le rite de la forge protegravege le futur initieacute pendant son seacutejour dans le bois
sacreacute Mais cette protection seacutetend bien au-delagrave et de rite veut que toute
personne qui y faillit soit condamneacutee agrave devenir leacutepreuse
Pendant plusieurs semaines les jeunes initieacutes subissent une formation capishy
tale qui fera deux des hommes complets
313 Croyances et pratiques mystiques
Si nombreux sont les diolas convertis au Christianisme ou agrave lIslam leur
foi napparatt jamais incompatible avec leurs croyances animistes Lhisshy
toire des rois et reines diolas nous reacutevegravele quils eacutetaient les ffprecirctres fl de
ces cultes feacutetichistes destineacutes agrave maintenir la fertiliteacute et agrave provoquer
la chute des pluies De nos jours existent encore des socieacuteteacutes secregravetes agrave
base religieuse ou magique la plus redouteacutee eacutetant lassociation neacutecrophashy
gique Kousanga des Floup (1)
Deux fafu expliquent la coexistence du dogme et de la croyance
le contact tardif de la socieacuteteacute diola avec les civilisations eacutetrangegraveres
et leacutevangeacutelisation ou lislamisation quelles veacutehiculaient Il e~ reacutes~lt~
une importance des traditions leur reacutesstance agrave une remise en questic~ ce qui confegrave~e agrave la socieacuteteacute diola un caractegravere conservateur
r~c~~i]EE 2~fr~~ ~c - t
ct ~Cc egraveE~ Cimiddotilisatilaquo~ eacute
la neacutecessiteacute de lanimisme consiegraveeuroreacute comme base de toutes legrave~
religi0~s uumlegrave serait-ce que corr~e tentative ciexpliquer li1explishy
cable en se repreacutesentant en particulier comme un ensemble de puisshy
sances mystiques Ainsi pour lanimiste agir sur la nature cest
intervenir psychologiquement aupregraves de ceLX qui la gouvernent
314 Imeact des moeurs sur la prat~que de la lutte diola
Lorigine de la populariteacute de la lutte eugrave milieu diola est par trop
impreacutecise aussi nous nous limiterons agrave en donner la signification
actuelle La lutte apparatt dabord comme un moyen privileacutegieacute deacutedushy
cation
- sur le plan corporel afin de deacutevelopper la force lagiliteacute la
rapiditeacute et la souplesse
- sur le plan moral afin de deacutevelopper les vertus caracteacuterielles
courage tenaciteacute digniteacute bullbullbull neacuteces~aires agrave laction
Mais la lutte apparatt aussi comme un mpyen dinteacutegration sociale car
le jeune diola qui se refuserait agrave se sbumettre agrave leacutepreuve de la lutte
encourrait un isolement alors que celui qui excelle en bravoure devient
rapidement populaire Dougrave ces affrontements agrave linteacuterieur dune classe
dige qui tout en restant un moyen de reacutejouissance servent eacutegalement
agrave eacutetablir des comparaisons
Nos observations et nos interviews confirment le caractire tris physique
de la lutte diola immeacutediatement les lutteurs sont au corps agrave corps et
les techniques consistant agrave aracher ladversaire priment sur toutes les
autres Exprimer sa force est une preacuteoccupation constante il suffit pour
sen persuader de voir le groupe de lutteurs peacuteneacutetrer dans laregravene au son
du Born bol on que rythme le claquement de mains des femmes
C~tte da~se est une deacutebauche dAnegie Ougrave les lutteurs pieacutetin~Ert avec
force L sol
i shy
3141 EorphologUgrave et valeur physiques du lut teur diola
Le lutteur diola possegraveagrave~ un deacuteveloppement caracteacuteristique du trai~
supeacuterieur et de la musculature doso-lombaire Ceci est tregraves certaineshy
ment lieacute au maniement de la houe de la daba et surtout dukadiando
dont lusage permanent a modeleacute la morphologie du lutteur diola
La valeur physique de ce lutteur semble reposer sur sa force sa
reacutesistance mais aussi sa rapiditeacute
3142 Reacutepertoire technique
Dans le Blouf la forme du corps la plus utiliseacutee est le deacutecalage souvent
combineacute avec un crochet de jambe (gal gal) ceci semble ecirctre lieacute agrave
lutilisation quotidienne dans les riziegraveres du kadiando Le paysan du
Blouf sera ameneacute agrave faire un mouvement de torsion pour deacutecalerlinstrushy
ment enprenant appui sur son genou et ceci continuellEment pendant toute
la jourpeacutee Chez les diolas du Fogny le kadiando eacutefait surtout utiliseacute
par les femmes qui soccupaient autrefois exclusivement de la riziculture
et ce n~est quaujourdhui que les hommes cultivent le riz 1
La principale culture dans le Fogpy est celle du mil on y cultive aussi
de larachide De ce fait loutil le plus utiliseacute est le donkoton qui
est un instrument tregraves petit avec un manche court et dont le maniement
expliquerait peut-ecirctre leacutetonnante musculature du train supeacuterieur et surshy
tout de la zone dorso-lombaire du 4i6la fogny qui excelle dans les techshy
niques en force genre arracheacute avec les bras sur contrOle de la ceinture
de ladversaire Lulisation du donkoton semble eacutegalement expliquer la
garde tregraves basse du lutteur fogny
Dans le kassa on aurait pu trouver la mecircme forme de lutte car la morphoshy
logie du lutteur est agrave peu pregraves la mecircme mais linterdiction formelle de
la prise du ~gimbe modifie et limite tout le repertoire technicult2 ou
lutteur Le lutteur kassa adopte une garde basse et agrave une preacutefeacuterence pc~r
legraveS tc~-iccedilues n passa~ dessous - - ~ shymiddotmiddotcrc t--=~ c-
----
contact et agrave partir de ce TtoTteuront ils peuvent se relever et conti~uEr
en lutte debout jusquau terrassemen~
Toutes les gardes sont rapprocheacutees en milieu diola
irbi trage
Les combats sont arbitreacutes par un deacuteleacutegueacute geacuteneacuteralement anClen lutteur
Ces anciens lutteurs ont pour rocircle de veiller au bon deacuteroulement du
combat La victoire est deacutecreacuteteacutee dans les cas ougrave un des lutteurs se
retrouve en position assise sur le ventre sur la cuisse ou les
genoux (sauf dans le Kassa)
Il existe un autre mode de victoire celle qui est proclameacutee agrave la
suite dune supeacuterioriteacute eacutevidente du~ des lutteurs A savoir quand
un lutteur soulegraveve tregraves haut son camarade et que son manager estime i
quil est pratiquement battu il peut arrecircter le combat en touchant
dabord le lutteur adverse popr eacuteviter que son lutteur ne soit terrasseacute
tregraves fOrt Nest-ce pas un deacutecision sage des managers qui peut contribuer
agrave maintenir le caractegravere reacutecr~atif de la lutte joola 1
La victoire dun village sur un autre village ne se mesure pas au
nombre de victoires obtenues par lensemble des lutteurs En effet
il suffit que le champion soit battu pour que le village soit consideacutereacute
comme deacutefait Ce qui explique limportance et le seacuterieux que le village
accorde agrave la preacuteparation des championsl)
Il est cependant important de signaler que larbitrage dans les centres
urbains revecirct une iautre forme beaucoup plus codifieacutee et cest peut-ecirctre
une des raisons qui font quen milieu urbain la lutte diola perde une
partie de son originaliteacute
En dehors des techniques speacutecifiques agrave chaque sous-groupe il faut
signaler quil y a une multitude de prises et quelGues formes de corps
comTIunes agrave letnn Car reconnaissons qu il cO unE ror-euro approp=i~eacute
dE ~ouvane du l~tteur diola en TaI
-----~-----
LE tableau ci-dessous se propose dE reacutesumer les diffeacuterentes consideacuteshy
rations techniques envisagEacutees dans cette partie
FORlŒSSOGS-GRGUPES 1 COItltOLE GA~JESDt CORF=
i ~
1 1
Passage dessous de jambes et BassE KASSA saisies Moyenne1annexes bras (rapprocheacutee)
ceinture tecircte
Deacutecalage de Moyenne et BLOUF Demi-souplesse Ngimbe
HauteHancheacute Bras (rapprocheacutee)
Jambe
Arracheacute CouFOGNY Tregraves basse
Hancheacute ii 1
1 1
3 14 3 bull LeIIa~~jueetlecom~ortementdulutteur-+iola
1 Le comportement et lattitude du lutteur dans laregravene pe sont en fait
t
que le reflet de sa psychologie et plus partiCUliegraverem t de son eacutetat
dacircme Or il napparatt pas abusif deacutetablir des cor eacutelations entre
le psychisme dun individu et lempreinte eacuteducative quil a subie En effet en sortant du bois sacreacute le jeune diola a acquis un ~ca~~l
eacutequilibre physique et mental
Cette matrise de lui-mecircme permet au lutteur dans la~egravene dadopter
un aire enjoueacute de manifester beaucoup denthousiasme~ La lutte devient 1
essentiellement un jeu laspec ludique y est privileacutegieacute et ~ela influe
sur le comportement du lutteur
Ainsi queurolq~c soit limporta~cE de le~je~ le lutt~c~ dic1e Seuroreacute
to~jours serein et s~ livrera sa~s arri~re pe~s6e da~$ ~E CO=beacute ou-
tons que le lutteur diola est trecircs fair-play et sil arrive quun rdnd
lll L COIicircilU1Ul L ULOF
32 J Preacutesentation
La soc tEacute wucirc10f est celle qU1 a eacuteteacute la plus marqueacutee par la colonisation
~~ fait peut-gtre de sa position geuroographiquE dune part ct de 50~ imporshy
tanCE sur le plan dfmographiquE dautre part En effEt ceurootteuro CC-~ucircautE
wolof repreacutesente environ 20 de la population seacuteneacutegalaise
Elle est constitueacutee de pecirccheurs (ce sont les leacutebous) dagriculteurs de
fonctionnaires de lEtat mais surtout de commerccedilants
A pqrtir de leur reacutegime dimplantation le Cayor le Walo le Baol le
Djolof et la presquicircle du Cap-Vert les wolofs ont tendance agrave irradier
sur lensemble du territoire sous leffet de leur speacuteculation agrave la culshy
ture de larachide et du nombre important de fonctionnaires quon trouve
dans cette ethnie
322 Les moeurs et croyances wolofs
Bien queacutetant en grande partie des musulmans convaincus les wolofs
conservent toujours une croyance animiste et continuent agrave faire des
sacrifices agrave porter des cornes ou des morceaux de bois agrave la ceinture
aux jambes ou aux bras et agrave croire agrave lexistence des Djinneacutes et des
Raps bull
Le Djinneacute cest une creacuteature malfaisante en geacuteneacuteral capable de choses
extraordinaires Il possegravede des faculteacutes surnaturelles Cependant dapregraves
la croyance animiste certains Djinneacutes peuvent ecirctre bons
Le Hapl cest une creacuteature ayant des dons occultes appartena71t agrave une
famille ou agrave une communauteacute et dont le rOcircle est de veiller cu daider
les reCJrES de le fai11p ou dt la conmunauteacute en cas de da1gel Le Rap
~ ut te c ) ~~c-
ei sltcificE cJ sanl dE meut0 dL chat de pC)wleurot 5E1lt les conveuroshy
lances parfois leur dorner COrllTe offrande du lait Laii
Qua1d une famille ou une communauteacute neacuteglige les Sarakh (ici dans
le sens de sacrifice ou Offrande) elle se voit aussitocirct vouEacutee agrave la
maleacutediction des mauvais esprit~ (fcllec dans touteacuteS lEs ~treprises
de la vie maladie mort bullbullbull ) Les lieux ougrave habitent ls Taps et ougrave
se font les sacrifices se nomment Khambs
Geacuteneacuteralement le khamb se trouve dans lenceinte de la maison ou
dans un coin approprieacute du village Les lieux du khamb sont marqueacutes
par la disposition de calebasses de pilons de morceaux de poterie
briseacutes de grosses pierres de cornes et dautres objets heacuteteacuteroclytes
La superstition wolof est tregraves marqueacutee En effet pour le wolof toutes
les manifestations quotidiennes trouvent leur signification dans le
mysticisme Citons agrave cet effet quelques ezemples Une femme enceinte
ne doit pas marcher agrave nimporte quelle heure de la journeacutee Certaines
heures de la journeacutee lui sont interdites le Timiss (creacutepuscule
le Ndjo~or (de 13 H agrave 14 H de lapregraves-midi) le souf-segravede (de
minuit i4 H du matin) Selon la tradition ~t la croyance wolof les
mauvais ~sprits choisissent ces heures pour jeter des sorts Et la
femme enceinte eacutetant tregraves vulneacuterable le Djinneacute essaiera de lui insufshy
fler son souffle pour atteindre son beacutebeacute afin dentratner soit la
meacutetamorphose de cedernier en monstre soit de le tuer avant sa naissance
Dailleurs pour le wolof et pour certaines autres ethnies au Seacuteneacutegal
le timis le tdjolor le souf-segravede repreacutesentent des peacuteriodes de
la journeacutee ougrave lon ne doit pas se hasarder dans les rues et les champs
Ce sont des heures propices aux apparitions des Djinnes sous nimporte
quelle forme humaine ou animale
Il est eacutegalement interdit au wolof de marcher ou de serti la nuit du
~eacutellfria-
loutes c~s pratiques ~ystiqu~s et cr0ya~ces religi~us~5 ~xistent eL~~[
certainement dues agrave un meacutetissage culturel Parallegravelement aux feacutetiches
aux incantations et agrave lutilisation des safaras (substance magique)
notons lexistence de ga l a tchs (ce sOnt des talismans ougrave sont inscrits
du qui les porte Toutes ces croyances biEn sucircr auront une rEacutepercussicrI
sur leacuteducation du jeune wolof
323 Leacuteducation du wolof
Pour caracteacuteriser leacuteducation wolof nous avons penseacute donner comme
illustration cet extrait de la revue DEM ak TEY Pour deacutefinir leacutedushy
cation le wolof fait appel agrave un symbolisme qui eDglobe aussi bien les
moyens mis en oeuvre Yar que le reacutesultat obtenu agrave laide de ces mecircmes
moyens cest-agrave-dire la formation et le deacuteveloppement de lecirctre humain
ou Yaru
Le substantif Yar deacutesigne le fouet
Ce symbolisme deacutesigne donc au-delagrave du simple sens mateacuteriel de lobjet
lutilisation qui permet daboutir au reacutesultat escompteacute (Yaru) Au sens
geacuteneacuteral Yar deacutesigne tout instrument servant agrave infliger une punition Le
terme laisse supposer agrave priori que cette phase de lenfance durant lashy
quelle se preacutepare la vie de lhomme est lieacutee agrave la souffrance au supplice
Dailleurs une maxime wolof compare lenfant agrave une tige quon a tout le
loisir de redresser alors quelle est encore flexible bull
bullbullbull Pour leacuteducateur wolof la perfection nest point de ce monde malS
le devoir de chaque homme est de tendre vers la pleacutenitude en luttant
contre ses propres faiblesses Leacuteducation va d01c iisister essentielle~(-~t
sur lexercice quotidien de leacutelevation ffiora1e d~ lindividu Pour cela
elle privileacutegie la patience munI) vertu dabneacutegdtion et dE deacutesinteacuteresseshy
m(~t autour dE laquelle sarticulent toutes ]e~ ~u~~~s qualiteuros
i _
aan~ ~ s0cieacutet gt~olcf ocirclt~tartt nul -Jt- poulait sabecircisstr
tion de sa libertEacute La liberteacute est le preuumler drcmiddotir dE l ho-)euro egrave~S
baigner dans une beacuteate admiration du passeacute la comparaison avec le pr~$(middott
si~posc dclle-mecircme car lon reste s reacute devant la deacutesinvolture aVEC
laquelle dES honmes daujourdhui descendants de cette ~~~EacuteTatic ccedil~l se
une fois [largis bullbull tTasque fiers davoir fait leacute priS0n PEut-2tTE
faut-il mettre cela sur le compte de lurbanisation et des nouvelles
valeurs qui ont pour nom enrichissement reacuteussite sociale avec ce que
cela comporte de deacuteshumanisant et de deacutepreacuteciateur (1)
3 bull 2 bull 3 1 bull Lesri tes
Le sevrage et la circoncision constituent les deux grandes phases initiashy
tiques chez le wolof
- Le rituel du sevrage est appeleacute maga1 (litteacuteralement rendre grand)
Cest un eacutevegravenement important aussi bien pour les parents de lenfant que
pour la co~unauteacute Durant cet eacutevegravenement qui survient geacuteneacuteralement deux
ans apregraves la naissance du beacutebeacute les personnes vivant dans lentouragE
apportent leur soutien moral et mateacuteriel
- le rituel de la circoncision revecirct pratiquement la mecircme signification
que dans les autres ethnies seule la forme diffegravere La circoncision reste
encore une eacutepreuve de la vie au sort i r de laque Ile ladolescent devient un
homme Aujourdhui il faut noter une meacutetamorphose de la structure sociale
et des croyances religieuses tregraves accentueacutee aussi bien chez les wolof que
chez les autres groupes ethniques et ceci est peut-ecirctre dO au contact
permanent quils ont avec la socieacuteteacute occidentale
Malgreacute ces constat~tions il semblerait pcu=tant qUE la sociecirct~ lecircbou Gci
bien que se trouvaLt en grande partie dans ~a Presquth du Cap-ETt Et
en contact permane~t avec les blancs soit la portior la plu8 cc~serva-
----------~_- ---~-- -----
~
Incidences d s ~00urs sur la l~ttE
Le wolof connaicirct deux formes de luttes la lutte sirplE- sans t-t
la lutte avec frappe La lutte avec frappe a une crigi~e purement r
et ce nest que plus tard quelle devint une prati1uE sportive et lud
preacuteparer agrave la guerre Aussi tout en luttant On eacutetait autoris~ agrave frapper~
griffer mordre voire introduire son doigt dans loeil de son adversaire
Le jeune wolof devait eacutegalement se livrer agrave la lutte avec frappe afin de
favoriser son insertion dans la socieacuteteacute adulte et sinitier au meacutetier de
soldat faute de quoi il ne pouvait se faire entendre ne avoir des marques
de respect Pour montrer la populariteacute de la lutte dans le Cayor signalons
que les Damels ll (rois) et les Teignes (nobles) nheacutesitaient pas agrave sy
livrer Quant au IIMbeu~ (lutteur) elle lui servait de moyen de promotion
sociale car d8S que sa reacuteputation eacutetait eacutetablie il pouvait ecirctre choisi
par les rois et les nobles comme garde de corps
325 Signification de la lutte en milieu wolof
La lutte se pratique dabord pour lhonneur qui est une vertu tregraves signishy
ficative pour le wolof Elle permet de renforcer les liens amicaux entre
les jeunes de villages diffeacuterents Le champion veut gagner
confiance et la consideacuteration de son village de ses amis
Etre champion cest aussi susciter ladmiration chez les
sentant la force la viriliteacute et la deacutetermination
326 Organisation d~s eacutepreuves de lutte
3261 Les Mbapatts Ce sont les seacuteances nocturnes
pour meacuteriter la
et des anciens
filles en repreacuteshy
Ils sont organiseacutes apregraves les reacutecoltes agrave la fin de la saiscn des pluies
Ceci surtout p~ndant les peacuteriodes de clair de lune car ils peuven~ durEr
toute la nuit Le but des ~Dapatts lt=tait de prfpa-er FhysicuemeH et
~ arb Sil
326 Le 1
cest une organisation beaucoup plus importante que les I~apatts ~
loccasion de laquelle on peut voir plusieurs lutteurs de grande reDommfe
saffronteLLa fin dl lamb est toujours couronneacutee par une grand co~bat
duquel le vainqueur est sacreacute champion de la contrecirce
Le choix du lieu est lieacute agrave limportance de ce lieu dans le village cest
la place publique ougrave geacuteneacuteralement se passent toutes les manifestations
assembleacutee geacuteneacuterale sabar (danse) cest aussi lendroit ougrave sont prises
les grandes deacutecisions
3623 Lappariement
Dans un village ou un quartier les lutteurs se regroupent en lang
(eacutequipe) et jamais deux lutteurs de mecircme lang ne se rencontrent lors
du lamb
L appariement s~ fait librement entre lutteurs de lang diffeacuterents l1hs
une regravegle veut ~uavant de lutter avec le Mbeur Kanur de tel lang si
on est soukh (l~tteur pas encore confirmeacute) il est neacutecessaire de lutter
dabord avec ses soukh et ce nest quapregraves les avoir terrasseacutes tous
quon se voit octroyer la chance de lutter contre lui
Notons que la cateacutegorisation des lutteurs par poids nest jamais prise
en consideacuteration
3624 La tenue du lutteur ou NGIMBE
Le middotNGimbe est confectionneacute par le marabout de la famille ou du clan Il
est constituecirc de pagnes en coton tisseacute geacuteneacuteralement offerts par la megravere ou
la grand-megravere du lutteur ceci lors des organisations de ~rande Tportance
COrlune lef 1amb Dans le cadre des l-bapatt les pagnes sont C tErts peumlr
~~~rcfcis ct ffi~mc aujourdhui d218 cErtaInes fa~ille5 on devj~Gr
luttEur de pegravere en fils et dans ce cas h 1
gimbell du pEgravere Est recircr i tEacute
par le fils Le fait de porter le lI~gimbe agravee ses aiumleux peut susciter
cne~ le jeune lutteur une motivation et une volontecirc in~branlable rlasshy
surer 12 supeacuterioritEacute cis SIcirct-ns dallS
le xgimbe de la famille ne touche pas le sable
La tenue du lutteur a une signification et une importance sur le plan
mystique car selon les anciens le vrai feacutetiche du lutteur celui qui
le proteacutegera agrave vaincre le Djinneacute ou le Rap de ladversaire se trouve
cacheacute dans ce Ngimbe Celui qui confectionne-le Ngimbe est doueacute de
faculteacutes occultes
~~r~i~rg Il est assureacute par un sage du village qui geacuteneacuteralement fut
championde lutte de son temps Dailleurs cet ancien nintervient que
si le terrassement est litigieux
Hormis le public qui proclame la victoire ou le match nul le lutteur
lui-mecircme est arbitre et il arrive quil se deacuteclare vaincu ~ous
pouvons citer comme exemple Meacutedoune KHOULE un des plus grands lutteurs
seacuteneacutegalais qui a donneacute une victoire agrave Djeacuteri SADIO son adversaire qui a
reacuteussi agrave lui faire toucher le sol de la main
Il Y a terrassement quand le lutteur se retrouve
- assis sur le sol
- eacutetaleacute sur le dos
eacutetaleacute sur le cocircteacute
les deux genoux au sol
- les deux ma~ns au sol
la tecircte (front au sol agrave la suite dune brouette)
Il peut y aVOIr match nul si apregraves li1 temps ccmsideacuterable les lutteurs
SE sont ~ ivrEacutes respectivement agrave des assauts rEacutepEacutetEacutes et n arrivEt pas a
3265 L~ precircparation mystique
Il faut reconnattre quon ne peut parler de lutte en milieu wolof sans
envisager une preacuteparation mystique seacuterieuse Co~~e ~ous lEvans vu a~teacute-
1middot ~ d ~ ~rlturenent t0utes es actlvmiddotltesmiddot u W010 sont lles a SeS croyances
- la lutte ne concerne pas seule~ent deux acteurs se livrant faruumlucheshy
ment agrave un combat au milieu de laregravene mais eacutegalement les marabouts et les
feacutetichistes du village ou du clan qui doivent deacutefendre leur savoir et
leur prestige Avant le combat le lutteur doit se livrer agrave un certain
nombre de preacuteparations mystiques pour assurer sa victoire Aussi sommesshy
nous appeleacutes agrave parler de BACK (cest le chant et la danse du lutteur)
- le batteur de tam-tam compose un rythme en fonction du Galagne ou du
Senghor (gds-gris) du lutteur Chaque galagne sera choisi en fonction
du Rap ou du Djinneacute correspondant au Totem du lutteur
Le chant geacuterleacuterique Feinte woy veut dire litteacuteralement composer un 1
chant Ce chant est geacuteneacuteralement composeacute par les filles du viilage du
champion ou par un griot de sa communauteacute Et agrave travers ce chrnt on
arrive agrave toucher la corde sensible du lutteur en chantant lesl innombrables 1
victoires de ses ancecirctres ou en lui rappelant ses prouesses eacuteblatantes 1
Chaque lutteur doit avoir un chant et un back qui lui sont propres
327 Le reacutepertoire technique et les caracteacuteristiques physiques dulutteur wolof
Le lutteur wolof est geacuteneacuteralement moyen de taille la musculagraveture est
tregraves saillante ce qui fait ressortir un aspect tregraves athleacutetique ceci
est vrai sans exception pour le lutteur leacutebou mais il arrive que le Cacircyoshy
rien le baol-baol le walo-walo soient de grands gabarits de forte constishy
tution
CepEndant pour une meilleure compreacutehension du sujet nous pouvons eacutetudiEr
deux jroups d lut teurs qui vont deacuteterminer deux st yI e s de lut tes
- ~ t
les tc~tativ~s de~[reacutee e~ ramassement de jambes de la~v~sairL Ce~~
peut Ecirctre expliqueacute par le fait que les lutteurs leacutebou ou walo-walc qui
sont des pecirccheursadoptent cette garde tasseacutee du fait quils so~t tou-
jours pencheacutes en tirant le fil ou en poussant la plrogue On verra techrugravequeacutes dt cirr 2C ~lt 5Jllicitocirct
surLuumlut les membres supeacuterieurs
Le cayorien et le baol-baol par contre sont les plus grands cultivateurs
darachide chez eux les techniques de lutte sont plus varieacutees et la
garde est moins renfermeacutee Les lutteurs cayorien et baol-baol ont une
morphologie et une reacutepartition musculaire bien eacutequilibreacutee ils excellent
dans les techniques en deacutecalage les techniques de jambe et surtout les
techniques de riposte ougrave lon peut voir des prises de hancheacute tregraves amples
Dune maniegravere geacuteneacuterale on peut dire que le lutteur wolof est un fin
technicien qui sait surtout creacuteer les opportuniteacutes e~ avec sa rapiditeacute
utiliser la force de ladversaire pour le deacuteseacutequilibrer le noodju
le mbas le weacuteheacuteleacute et le rasu sont des techniques propres au lutteur
wolof
En deacutefense il utilise surtout des kl~klets ou gal-gal Notons que
le balancement des bras ou Lewato e$t tregraves marqueacute dans la lutte wolof
TABLEAU RECAPITULATIF DES COMPOSANTES TECHNIQUES
( 1 )
1 SOUS-GROUPES GARDES CONTROLES FORHES DE CORPS l
Walo-walo Basse de jambe Arracheacute l l10yenne de Ngimbe et i
Leacutebou Tasseacutee et saisies annexesj Deacutecalage 1 1 distante de bras de tecirct1
j de bras Deacutecalaeuro
~-----------------~-
- ~ ~- shy - ~ ~ bull L _ _ bull
Profil psyc~~iqUE du lutteu- et son comporterent dars l 2regravere
La preacuteparation mystique dans laregravene est plus marqueacutee chez les wolofs
que ChE~ les autres ethnies En effet on verra de grands champions
preliGrE plusiEurs heures pour Enduire leur corps de cll2badep ou ci
rmiddot- ~ a la proprieacuteteacute de proteacuteger li1egraveividu J
les mauvais sorts) Cest dailleurs un aspect dt la luttE qui iJcsc
des problegraveJles
Le lutteur wolof est tregraves superstitieux et la peacuteriode de preacuteparation
est capitale pour lui car elle permet non seulement de rendre
hommage aux ancecirctres mais aussi dintimider son adversaire Cest
geacuteneacuteralement un lutteur agressif combatif et teacutemeacuteraire Il se fait
souvent remarquer par son esprit dentreprise Mais cette fougue dans
le combat lamegravene parfois bien que ce soit regrettable agrave oublier les
usages et les normes Ce manque de maicirctrise de soi peut faire croire
que le lutteur wolof manque de fair-play ce qui nest pas toujours le
cas
~A~Ugrave~ t 4AA CbUrs k LA ucirctotve f~tPle Sesect prores mou W ~ lesquelles vont se couler les comporteme~ts individuels qui sont ainsi
monteacutes par et pour lautoriteacute sociale
Les faccedilons de boire de marcher ou de sasseoir se manifestent indivishy
duellement dans le corps de chaque personne ces habitus sont cependant
des montages sociaux lieacutes agrave des significationssymboliques variables
dailleurs selon la position sociale occupeacutee par chaque sujet Ces modes
dagir se rangent dans un systegraveme de montages symboliques et lindivishy
du les apprend de la socieacuteteacute dont il fait partie agrave la place quil occupe
Lhabitus est un montage social agrave la valeur symbolique deacutependant des pheacuteshy
nomegravenes deacuteducation et de prestige et lieacute agrave la position sociale du sujet
Cette penseacutee sonne de faccedilon eacutetonamment moderne
Pierre BOURDIEU qui dans une perspective a approfondi le contenue de la
notion en le reportant aux oppositions entre classes et fractions sociales
Il deacutefinit lhabitus comme un systegraveme de dispositions durables acquis au
cours dune histoire personnelle dans une milieu social donneacute systegraveme qui
engendre ensuite des pra~iques socialement deacutetermineacutees faccedilons de manger
de parler ou de marcher comportements de politesse contenu des preacutefeacuterencel
et des deacutegoOts bullbullbull lhabitus est le produit de conditions eacuteconomiques et
sociales Lauteur rattache directement la formation de lhabitus dun
individu agrave la trajectoire parcourue par celui-ci dans sa classe dapparteshy
nance il deacutefend lideacutee dun habitus de classe qui deacutefinit le sens confeacuteshy
reacute agrave la pratique sportive les profits qui en sont attendus
Ce dernier serait lui-m~me lieacute agrave un systegraveme de valeurs ou ETHOS de classe
prenant sens au sein doppositions distinctives entre classes sociales
De sorte lhabitus fonctionne comme un systegraveme dt- regravegles inteacuterioriseacutees
souvent informuleacutees permettant ou non agrave lagent de sadapter dembleacutee aux
multiples pratiques de la vie quotidienne et de la vie sportive il est agrave
lorigine des schegravemes de transcription qui favorisent les ajustements aux
situations corporelles nouvelles (1)
t ~
(1) P~IE11D dwi6Han ISpoy-l et sodeacutebi Approche Bocio-culturelle des pratiques P~tis Vigot 1981 page 81
33
331 Preacutesentation
Les Seacuteregravere auraient pour origine le Fouta Toro quils auraient quitteacute
vers le Xllegrave siegravecle pour fuir lislamisation de cette reacutegioD par lempire
dJ Xali (ils seraient donc apparEnt~s aux Peul et Toucouleur ) Ils
auraient trouveacute dans la rEacutegion du Sine les Sosseacute dorigine manding avec
lesquels ils salliegraverent
Au XVegrave siegravecle une autre immigrationSos~ conqueacuterante cette fois-ci
apporta son organisation eacutetatique Ils se divisegraverent en deux monarchies
deacutemocratiques lune seacutetablit au Sine et lautre au Saloum Les Sosseacute
conqueacuterants constituaient lautocratie appeleacutee Guelowar
La royauteacute seacuteregravere eacutetait laiumlque Les premiers souverains durent secouer
la tutelle des Toucouleur et progressivement arrivegraverent agrave unifier lethshy
nie des seacuteregravere etdea Sosseacute Les deux royauteacutes eacutetaient organiseacutees selon
acirces modegraveles tregraves deacutemocratiques Le souverain deacutependait dune assembleacutee
de ministres et de chefs locaux qui assuraient ladministration centrale
et reacutegionale())
Aujourdhui lethnie seacuteregravere repreacutesente 20 de la population seacuteneacutegalaise
Ils sont reacutepartis sur presque toute leacutetendue du territoire notamment
dans le Baol la reacutegion du Sine-Saloum et la reacutegion de Thiegraves
Signalons quil existe plusieurs sous-groupes dans lethnie ainsi on
trouvera
- dans la reacutegion de Thiegraves les Ndut les Safegravene et les None
- dans le Sine-Saloum les Sine-sine et les Saloum-salouIT
On trouvera vers foundioune et agrave Nioro du cocircteacute de la Gambie les
Niominka (pecirccheurs) Cest une portion tregraves mandinguiseacutee
( 1
Le rattache~2~t d~ to~s ccs sous-groupes pose problecircme ~25 0~ r0~V~
uc grande partie de traits COITul1uns dans leurs modes dE vie Ct pOUT phs
de faciliteacute nous allons essayer de faire une ~tude globale de la lutte
traditionnelle seacuterecircre Lactiviteacute socio-eacuteconomique qui est essentielleme~t
agro-pasorale caracteacuterisE leacutethnie seacuteregravere
332 Lecircducation les moeurs les croyances et pratiques sEr~rc
Chez les Seacuteregravere la vie humaine se deacuteroule selon les grandes eacutetapes
le baptecircme lenfance ladolescencemarqueacutee par la circoncision lsectge
adulte le mariage la vieillesse et la mort (funeacuterailles)
La vie de la communauteacute seacuteregravere reste une des plus originales sinon
celle qui de nos jours garde la presque totaliteacute des pratiques et
habitudes traditionnelles
Bien qu aujotltdhui con~r-tis aux religions chreacutetienne et musulmane les
Seacuteregravere conservent leurs croyances et pratiques animistes
Quelque soit leur degreacute dadheacutesion aux religions reacuteveacuteleacutees les Seacuteregravere
croient en un Dieu puissant et miseacutericordieux Rog Segravene et les hommes
Les ~angols sont repreacutesenteacutes mateacuteriellement dans tous les villages
seacuteregraveres par des arbres (baobab et tamariniers) des animaux (geacuteneacuteraleshy
ment serpent doreacute ou iguane) des ustensiles (pilon calebasse et mortier)
De nombreux teacutemoignages nous apprennent que certains totems (serpent
iguane) font leur apparicion agrave loccasion de certaines manifestations
rituelles comme les sacrifices ceacuteleacutebreacutes lors dun mariage de ceacutereacutemonies
mortuaires ou des circoncisions
Le Seacuteregravere comme il nous a eacuteteacute donneacute loccasion de le dire plus haut
preacutesente des speacutecificiteacutes authentiques aussi bien en tout ce qui touch~
son eacuteducation ses croyanCES et pratiques mystiques q~e ses activiteacute~
socio-ecirccc~omiquEs Apr~s a ~aissa~c~ le beurob~ ~~ pcs~ 5~~ lE S~ __
On lui mouille les l~vres avec un peu d~ lait de mil et apr~s U~ bain
purificateur on versera leau dans un trou cr~us~ derri~r~ la Camp~~
Pendant huit jours la megravere et lenfant sont cacheacutes dans la case car
selon les anciens ils sont tregraves vulneacuterables La case deacutens certains cas
est entoureacutee dun fil blanc et lon place sur le seuil des fais(cauy di
veacutegeacutetaux pour chasser les mauvais esprits (geacutenies malfaisants et illangeUY~
dacircmes) Au bout du huitiegraveme jour la megravere et lenfant peuvent sortir de
la case bull
bullbullbull Le matin du huitiegraveme jour la tante paternelle va chercher de leau
(plusieurs fois)t elle doit rester muette pendant ses alleacutees et venues
si elle parlait t lenfant pourrait ecirctre muet bullbullbull
La megravere et lenfant prennent un bain purificateur dans lequel sont
trempeacutees certaines plantes (ce sont des veacutegeacutetaux pr~tecteurs tels le
begravene le yag le ngud) On y lavera aussi le linge e1t les ustensiles utishyj
liseacutes pendant les huit jours qui viennet de seacutecoul~r On rase le crine
de lenfant Les cheveux sont donneacutes agrave la megravere qui ~s enterrera avec le
reste du cordon ombilical dans un endroit que11e esit seule agrave connattre
La megravere sassied sur une natte devant la maison Une femme igeacutee de la
famille prend le beacutebeacute dans ses bras et le preacutesente aux quatre coins de
lhorizon
La tante paternelle tient ensuite un van sur la tecircte de la megravere on y
verse le mil on y verse eacutegalement en abondance sur la megravere et sur
lenfant La tante oint ensuite le corps du beacutebeacute avec du lait e11e
touche en particulier le front t le nez la bouche la poitrine le dos
et les oreilles
Elle pose enfin un ~rain de sel dans la paume du beacutebeacute (le sel purifie
et deacutetruit les puissances mauvaises)
Apregraves un nouveau bain la megravere et lenfant revEcirctent des habits de fecircte
(est
lenfant Ce precircnore a toujours U~ SEns Il sy~bolise parfois C0 qUi
lOIl sounaitt agrave lEufant l)
La circoncision comme dans les autres ethnies est obligatoire Elle
permet au jeune adolescent dacceacuteder agrave la classe adulte Les jeunes
sont regroupes en classe dacircge dans le bois ougrave sc fait la r0tr~it0 des
circoncis et ceci pendant plusieurs mois
Le Selbeacute qui est geacuteneacuteralement un ancien craint de tous les eacutelegraveves
enseigne le respect de la hieacuterarchie la discreacutetion le goOt de linishy
tiative Les activiteacutes physiques et leacuteducation artistique ne sont pas
en reste la deacutecoration la sculpture la lutte et la danse A sa sortie
du bois linitieacute appartient deacutesormais agrave la classe des virils et des
sages du clan car on lui aura enseigneacute les vertus fondamentales que
sont la justice lhonneur lamour du prochain 1 amour du travail
lhonnecircteteacute et surtout le respect des coutumes ancestrales
Le rite du mariage esd aussi un fait tregraves important dans le monde 1
seacuteregravere mais par manq~e dinformation nous serons obligeacutes de nous en
tenir lagrave
333 Impact des ethos sur la lutte dans le monde seacuteregravere
Lorigine de la lutte seacuteregravere ne semble pas claire ma1S nous pouvons
dire quil existait deux formes de lutte comme chez les Wolofs une
lutte sans frappe et une lutte avec frappe Et cest cette derniegravere
qui peut-ecirctre nous ameacutenerait agrave croire que la lutte seacuteregravere aurait une
origine plus preacuteciseacutement guerriegravere
Aujourdhui la lutte est uniquement une activiteacute sportive agrave travers
laquelle le jeune seacuteregravere eacutevalue sa force son courage et SOn ingeacutenioshy
siteacute Cest une occasion de deacutefendre lhonneur de son village ou de
la corrnnunauteacute
La luttE ~5t avant tout u~e rnanifcs[dtic~ c~lturclie et surtout
fo lkhriqut-
Gracircce agrave elle on peut deacutesormais comprendre un certain nombre de chants
et de symboles A travers la lutte seacuteregravere on ccedilomprend les inter-relashy
tions entreacute la vie et le monde surntiturel
Sil devait y avoir la mort dun villageacuteois pendant la fecirctE au T qUE
de linterrompre on proceacutedait gracircce aux connaissances magico-religieuses
agrave la suspension de la mort jusquagrave une peacuteriode ougrave la population sera plus
disponible pour organiser des funeacuterailles sil y eacutetait preacutedit la possibishy
liteacute dune deacutefait du champion local au profit dun champion dun autre
village des recettes dordre maginque et religieux eacutetaient mises en prashy
tique afin que le champion du village ne soit jamais terrasseacute(J)
334 Le profil du lutteur seacuteregraver~
Le lutteur seacuteregravere est par essence un athlegravete impressionnant de par sa i
carrure et sa musculature saillante mais cest aussi une force tranquille
et calme quelque soit lenjeu du combagravet et particuliegraverement lhonneur
Cet aspect nous pousse agrave parler du NGiMBE cest-agrave-dire de la tenue du
lutteur qui va influencer sur sa faccedilon de lutter
La confection du Ngimbe revient agrave la communauteacute entiegravere Le Ngimbe a
une signification symbolique et le lutteur pour meacuteriter la confiance du
groupe se doit de tout faire pour ne pas toucher le sol Toute la commushy
nauteacute elle aussi sengage pour assurer la longeacuteviteacute et le succegraves du lutteur
dans laregravene par lorganisation droffrandes et de sacrifices en lhonneur
des Pangols bull
bull
Daucuns nheacutesitent pas agrave dire que lessentiel du mysticisme se fait agrave
la maison et non dans laregravene tout le reste nest quintimidation de
ladversaire
lsvcns
Tt- pi ~- t
t 1 ~ l _ ~ t
par rapport agrave lautre Cbci est trEgraves lieacute agrave lactiviteacute journaliegravere du
jeune seacuteregravere qui est un cultivateur donc toujours bien planteacute sur ses
jambes et qui continuellement manie lhiler
Le fait de couper le boi~ peut eacutegalement constituer un moyen de muscushy
lation non neacutegligeable pour le jeune lutteur
Un certain nombre de traits techniques speacutecifiques au lutteur seacuteregravere
semblent ressortir des diffeacuterentes interviews que nous aVOns fait subir
agrave certains lutteurs seacuteregraveres et agrave diffeacuterents techniciens
SOUS-GROUPES FORMES DU CORPS CONTROLES GARDES
SAFEN Moyenne en fente NONE Hancheacute Bras (distante) j
NDUTJ
f
SINE-SINE Deacutecalage Ngimbe
Moyenne
SALOUM-SALOUM Passage- Jambe (rapprocheacutee) 1
i
PETITE dessous Tecircte Basse et 1
COTE Moyenne (rapprocheacutee)
Notons que le Niominka ll commence agrave lutter agrave partir du sol pour avoir
assez deacutelan et sauter sur ladversaire afin davoir la prise du lion
(contr6le de la nuque et du bassin)
Co a -tem-nt ccedilt attitude du lutteur sEacuteregravere335 np -1t ~
Les croyances mystiques sont indissociables des activiteacutes quotidiennes
duseacuteregravere Ce qui explique le cocircteacute supersticieux du lutteur seacuteregravere En
~ffet certains lutteurs refusent de lutter avant certaines heures
Certains teacutemoignages nous apprennent quil nest pas donneacute agrave tout le
monde decirctre champion de lutte et que le lutteur doit avoir des dons
surnaturels pour ecirctre agrave mesure de livrer ses combats dans la nuit
et trouver seul un gris-gris speacutecial appeleacute Njatch
Le vrai champion de lutte chez les seacuteregraveres ne lutte pas seulement avec
~a force et sa technique mais surtout avec ses dons occultes
Chez les seacuteregraveres les morts sont toujours preacutesents et les ~pangols
Servent dintermeacutediaire entre les hommes et les morts Le pangol prend i
le nom dhumain dans certains villages (IIHeacuteJga NDONG Har Wag NGOUYE) i 1
De ce fait on verra le lutteur danser dufe maniegravere ou dune autre en
fonction du pangol de sa famille Ainsi nrus aurons le back (chant et
danse du lutteur) des DIOUF des FAYE etclbullbullbull
Dans laregravene le lutteur seacuteregravere a un comportement exemplaire aussi bien
agrave leacutegard de son adversaire direct quave~ le public en geacuteneacuteral Lexpli shy
cation semble tenir au fait que le lutteur seacuteregravere est avant tout selon
la tradition orale le repreacutesentant de toute la communauteacute seacuteregravere Par
conseacutequent il devra saffirmer non seulement en tant que lutteur dans
laregravene mais aussi en tant quentiteacute morale
336 La tenue du lutteur ou NGIMBE est confectionneacutee par le marabout de la
famille ou du clan Le Ngimbe est constitueacute de pagne en cCton tisseacute
Il doit ecirctre propre le lutteur qui le porte ne devra pas avoir de rapshy
port sexuel pendant toute la peacuteriode des cOTpeacutetitians car le Ngi~bE ne
doit pas ~tre souilleacute
Autrefois et mecircme aujourdthui dans certaines familles on devient
lutteur de pegravere en fils et dans ce cas le Ngimbe du pegravere est heacuteriteacute
par le fils Le fait de porter le Ngimbe de ses aieux peut susciter
chez le jeune lutteur une motivation et une volonteacute ineacutebranlable dtasshy
surer la supeacuterioriteacute d~s siens dans ltaregravene Il fera tout pour que le
Ngimbe de la ramille ne touche le sable
La tenue du lutteur a une signification et une importance sur le plan
mystique car selon les anciens le vra1 feacutetiche du lutteur celui qui
le proteacutegera et laidera agrave vaincre le nDjinne ou le tRapu de ladvershy
saire se trouve cacheacute dans ce Ngimbeu bull Celui qui confectionne donc le
Ngimbe U est doueacute de faculteacutes occultes
337 Larbitrase est assureacute par un sage du village qui geacuteneacuteralement fut
champion de lutte de son temps Dailleurs cet ancien nintervient que
si le terrassement est litigieux Hormis le public qui proclame la vicshy
toire ou le match nul le lutteur lui-mecircme est arbitre et il arrive
quil se deacuteclare vaincu
Nous avons pu cfter Meacutedoune KHOULE un desplus grands lutteurs seacuteneacutegashy
lais qui a donn~ une victoire agrave Djeacuteri SADIO son adversaire qui a reacuteussi
agrave lui faire touegraveher le sol de la main
IlL
34 1 Preacutesentation
Lethnie toucouleur vit En grandt partit ciE~~ la vallfc du S~~~gal
pt reprecircsente i peu pr~s 8 de la population totale secircn~galaise
o Histoire
Il semblerait que dans lancien royaume du Tekrour (IX~ siegravecle) des
eacuteleacutements neacutegroiumldes Sarakoleacute et des Peul aient formEacute par meacutetissage le
peuple Toucouleur (Toucouleur serait dailleurs une deacuteformation du
mot portugais Tacouror)
Ce empire a domineacute aussi bien les wolofs de lOuest que les Peul
nomades du Fouta Toro Cette reacutegion fut le premier pays islamiseacute par
les Almoravides ce qui peut expliquer le proseacutelytisme toucouleur
Ce sont les guerriers toucouleur islamiseacutes qui attaqu~rent avec les
Almoravides la capitale du Ghana Koumbi en 1067 On convertit par
la force les animistes Cest sans doute agrave cette eacutepoque que de nombreuses
ethnies reacutefractaires agrave lIslam ont dO accentuer leur migration vers
le sud (Seacuteregravere wolof Sarakoleacute Bambara Songhaiuml Akan et Peul se reacuteshy
fugiaient vers les hauteurs du Fouta Djalon)
Au XIXegrave siegravecle les Toucouleur allaient trouver en El Hadj Omar Tall
un grand conqueacuterent qui sous le preacutetexte religieux de la gJerre sainte
contre les tribus animistes (entre autres Bambara) eacutetendit lempire
toucouleur sur presque tout lensemble du gali et la partie de la Guineacutee
proche du l1ali
Lempire toucouleur composeacute de Sarakoleacute de Bambar~ de ~alinkeacute de
Xassonkeacute dE Peul et de Dogon eut le meurorit~ dunir CES diif~rentes ~ ~ - - - - - et~ics ~t dE CD~stituer l~Sl la b2S~ ~r 1
_ ~ ~ ~_ L ~
~ ~- ~- - - ---- _ 1 v _ t 1 ~-_ --
marabout tOL~culcuuml~ ~ middotlrrany a l ick SI venu des E1i rClS dE Pocior~ (
~ Vi~ euroconomicue et sociale -----------~-------------
Les Toucouleur sont des cultivateurs mais bien quils n~ soie~t pa~
pasteurs comrre les Peul leacutelevage a une place inportarteacute decirc1S ltur
eacutecono~ie Pour faciliter leur conquecircte guerriegraverE ils c~t Eucirc une preacuteshy
dilection pour leacutelevage des chevaux On y trouve aussi des pecirccheurs
appeleacutes Tchioubalo La socieacuteteacute toucouleur aurait une stratification
sociale tregraves rigide Les groupes ethniques et les castes eacutetaient
diffeacuterencieacutes et strictement exogamiques les Rimbe classe des nobles
comprenant la famille reacutegnante et les guerriers libres la classe des
Nieacutenieacutebegens de castes artisanales i les Rimaibeacute anciens esclaves
devenus serviteurs qui portent les noms de famille de leur maicirctres A
la base de lorganisation de la collectiviteacute toucouleur se situe le
village (Wouro)
Toutes ces castes sont cloisonneacutees entre elle~ Ainsi il nest pas
permis agrave un Torodo (noble) de se marier avec un Tchioubalo Ces
consideacuterations sont importantes dans le domaine de la lutte ougrave nous
apercevrons que les nobles ne sont pas faits pour lutter Le noble
preacutesidera les seacuteances de lutte et on luttera pour lui Ces condeacute rat ions
de noblesse et de rang social sont extrecircmement importantes dans le
monde toucouleur
Le noble ne doit pas se salir on lutte pour lui il ne vit la lutte
quen tant que spectateur
342 Education moeurs croyances et eratiques religieuses
Deux formes d~ducation sont agrave consideacuterer leacutedJcatio~ dES enfarts Et
celle des adultes
oG lenfant sait m2n~~r et apprfcier le goOt d~5 ~iifeurorents r~pas lt
le moment ougrave il CO~~e~CE agrave marcher
tivirt n~sormais le petit toucou]eur est eacuteduquf par toutmiddot 12 f2~i)]E
dabord puis par toutes lespersc~nes du village ou du C13~
Lenfant peut ~tre corrigeacute par tout adulte appartenant au groupe social
Son eacuteducation est deacutesormais laffaire de toute la communauteacute et non
exclusivement celle ces parents On linitie ainsi au travail quotidien
qui se fait dans la bergel~ e les champs et les bords du fleuve Au sein
du village il pourra apprendre agrave filer la laine et agrave tisser des pagnes
dans les champs il apprend agrave manier la houe et lhiler pour la culture
du riz et du mil Mais signalons que lactiviteacute essentielle du toucouleur
est leacutelevage des boeufs des moutons et des chegravevres Chez les Ichioushy
balos (p~cheurs ) lenfant sera initieacute tregraves tat au maniement des pagaies
agrave la p~che propremccedilnt dite et agrave la nage
Vers cinq-six ans lenfant est confieacute au maicirctre coranique le Ihierno
et ce dernier dispose exclusivement de toute sa vie Lavenir du jeune
enfant lui appartient
Comme dans les autres groupes ethniques les enfants sont regroupeacutes en
classe dacircge et cest dans cette structure que lenfant subit les rite
de passe et plus particuliegraverement celui de la circoncision
La circoncision est non seulement unE opeacuteration chirurgicale malS surshy
tout une peacuteriode au cours de laquelle le jeune garccedilon passe de leacutetat
dadolescent agrave leacutetat dadulte Les circoncis sont reacuteunis en classe
dacircge dans un endroit situeacute hors duvillage geacuteneacuteralement choisi par les
vieux Cet endroit n~st accessible que par des individus de SExe ffi8SCUshy
li~ ~ta~t au preacutealabl circoncis
- - - -
quable et complet sur le plan phy~ique et ~oral Ai~si liniti~
acquiert les qualitecircs indispensables que sont le courag~ la modest
lesprit de sacrifice lendurance
Le toucoule~r est un pleux musulma~ Cela sexp1
SOil le premier agrave tre en contact avec la religion musulmane de par sa
position frontaliegravere Lethnie toucouleur de par son histoire a preacutesenteacute
les plus grands chefs militaires et religieux musulmans seacuteneacutegalais Et
pour illustrer cela on peut citer en exemple la grande famille musulmane
des SY agrave TIVAOUANE repreacutesentant la confreacuterie des TIDJANES
Bien que lon note une majoriteacute musulmane on peut dire que certaines
croyances et pratiques mystiques et animistes persistent encore surtout
dans la reacutegion du fleuve
Une pratique courante se fait elle sappelle le Djatt Elle consiste
agrave faire sortir le caiman du fleuve agrave limmobiliser et agrave lattacher
sans quil ne reacuteagisse et tout ceci agrave laide de versets et dincantashy
tions magiques Dapregraves les teacutemoignages ces pratiques sont plutocirct
freacutequentes chez les Tchioubalos (pecirccheurs) Il arrive aussi que cershy
tains chasseurs ayant des dons se livrent agrave certaines pratiques an1shy
mis tes qui consistent agrave invoquer certaines puissances et agrave moduler sous
forme de chant des versets occultes pour se proteacuteger des mauvais esprits
et pour eacuteloigner les fauves Ce chant est geacuteneacuteralement incompreacutehensible
et deacutenueacute de sens pour le profane
343 Activiteacutes ludiques et pratiques sportives en milieu toucouleur
Durant toute son histoire lethnie ~oucouleur a toujours EacutetEacute Frese~teacute~
comme celle qui avait ue activit essentiellement guerr e e~ particushy
liegraverement farouche Trois eacuteleacutements ret r t l ecirc t te nt i c- euro so~t
le manie~~nt du ~acircton 12 luttE Et 1eacute danSE
l
Lecircducation ph~sique et artistique Dcc~pe un place precircpondecircra~rp
dans la fDrmat~on du jEune toucouleur A loccasion agraveeacutevegravenemen~ imporshy
tants reacutecoltJs mariages baptecircme nous assistons agrave des manifestashy
tions folkloriques de grande envergure le Wango oucirc dailse toucouleur
tregraves gymnique iles chants et surtout les sEacuteances de lutte
La lutte toucouleur est la forme de lutte la plus spectaclaire dans
tout le territoire seacuteneacutegalais Elle est essentiellement baseacutee sur des
techniques en hancheacute et surtout en souplesse Ceci sexplique par le
fait q~e le jeune toucouleur est tregraves tocirct initieacute agrave la gymnastique (saut 1
per saut de main salto arriegravere saut de tecircte couronneacute etc bullbullbull ) pour
la dans~ du wa~go En dansant le wango qui est une danse rythmeacutee et
gymnique le Jeune toucou1eur est capable de prouesses extraordinaires
1
En lutte lattaquant se deacuteplace tregraves peu pour avoir une bonne saisie
(geacuteneacutera~ement controcircle du Ngimben ) et enchaine brusqueme~t avec une
attaque surpris~ Cependant les ripostes sont souvent surprenantes et
spectaculaires (baseacutees sur la souplesse et la rapiditeacute) ontrairement
aux autr~s form~s de luttes ougrave lon voyait tous les jeune adheacuterer la
lutte to~cou1eur Verra un groupe de speacutecialistes sadonne agrave la lutte 1
(la lutte est lieacutee agrave la position sociale de lindividu problegraveme de
caste)
Q La morphologie du lutteur toucou1eur 1
1 1
Ce dernier nest pas aussi large et aussi fort que les lutteurs diola
et seacuteregravere Cependant il est tregraves reacutesistant La musculatJre est saillante 1
et tregraves souple lindividu est longiligne mais tregraves athleacutetique
Les mouvements de lutteurs sont semblables agrave ceux dun grand fe1in Cette 1
morphologie semble ecirctre lieacutee agrave la position geacuteographique de lethnie
(reacutegion du fleuve) et agrave lacitiviteacute socio-eacuteconomique du toucouleur qui
est agrave la fois cultivateur (activiteacute lieacutee agrave la crue et deacutecrUE du fleuve)
pecirccheuro~T CIcr~icubaon) et sttout jEumlrgcr qui est U~ rc~2eumlr
shy
Deux formes egrave~ corps sembl~nt ecirctre preacutefeacutereacutees du lutteur toucouleur
le hancheacute et la souplesse Les hancheacutes sont faits agrave partir de plusieurs
positions de doset se terminent geacuteneacuteralement par des techniques de
tregraves grande amplitude
TABLEAU RECAPITULATIF DES TECHNIQUES ET FORMES DE CORPS SPECIFIQUES
i
L441 r
GARDE FORMES DU CORPS CONTROLES --shy - -
Moyenne Souplesse Ngimbe
Hancheacute bras
Demi-souplesse
1
Profil psycholosigue 1
TECHNIQUES
ContrOle du bassin et 12 souplesse
arriegravere
Klicket et allegravegement de la hanche
Le lutteur toucouleur est celui lUi se livre le moins aux preacuteparaqons
maraboutiques Cela est dO au f~t que le toucouleur est un grand ~USUlshyman et que les pratiques animisges ont presque disparu dans ce mil~eu
Dans la pratique le lutteur esJ combaif mais il est calme et tr~s reacutefleacutechi quant agrave la deacutecision agrave prendre en plein corps agrave corps ct~st un des seuls techniciens qui reJte tregraves lucide au cours de ses comb~ts
l Dans toutes les circonstances e lutteur toucouleur est tenu de re~pecshyter son adversaire et ceux de s4n eacutequipemecircme sil est vaincu
Comme nous avons dO nous en rendre compte la rigueur des principes
eacuteducationnels a une influence tregraves sensible sur l~ comportement du
toucouleur
i
III S COCL ~s 1DO
Dans cette partie nous avons essay~ de montrer lftroite re1atic~
Entre les diverses activiteacutes socio-eacuteconomiques dans les ethnies et
lES diffEacuterentes faccedilons de lutter
Daucuns seraient tent~s de conclure trop rapidement et cest p0~r
cette raison que nOUS avons penseacute preacuteciser que le pheacutenotype nest
pas geacuteneacuterateur du geacutenotype Et nous sommes convaincus que la morphoshy
logie et les techniques des lutteurs relegravevent de leurs modes de vie
et de leurs croyances agrave une eacutepoque et danE un contexte bien deacutetermishy
neacutes
Est-ce que les lutteurs dio1a ou seacuteregravere travaillant avec leurs bras
dans les champs auraient les mecircmes pr 0 fil s physiques que les lutteurs
utilisant des machines pour lagriculture
- 69 shy
I UJOURDH~1 E-S ut O[l LES FORfilS Ut LU11t~
~otons que notre enqu~te a ecirctE essentiellement faiteen milieu urbain
Les seacuteances de lutte ont tendance agrave perdre leur particulariteacute de r~shy
jouissance pour devenir des pheacutenomegravenes de sportisatio Deux fores
de luttes so~t principale~cnt prat s dans les aregrave~es du 5 al
la lutte traditiunnelle simple et la lutte traditionnelle avec frappe
De nos jours la lutte traditionnelle tend vers une reacuteglementation
et une institutionalisation
Le reacutesultat de nos investigations nous donne le tableau ci-dessous
REPARTITION ETHNIQUE SUR 100 PRATIQUANTS
LUTTE LUTTE RAPPORTETHNIES SANS FRAPPE AVEC FRAPPE J2
Diola 40 16 71 j
Seacuteregravere 26 21 57
Toucouleur 23 10 69
Wolof 1 1 53 17
La demande sociale par ordre deacutecroissant pour la lutte sans frappe
se preacutesente comrre suit
]0_ Ethnie diola avec pregraves de 3 lutteur~ sur 4
2deg_ Ethnie toucouleur
Ethri dun
~ 1 LA LUTTE TR])IIIO~~ELLE AVEC H-PPE
Cette forme deacute lutte a une histoire qui date de lantiquiteacute elle
sa~pelait le Pugilat Au Seacuteneacutegal elle a vu le jour dans le Cayor
bien avant la colonisation Le coup dE pied l~Lrdn~lement la morshy
sure la frappe et le doigtf eacutetaient permis dans le cc=bat ~ ~middot~p0~~e
Dans certains cas la giffle eacutetait beaucoup plus dangereuse que le
poing quand elle eacutetait donneacutee par un speacutecialiste Cette giffle pouvait
agrave elle seule deacutechirer et mecircme parfois amputer la joue de ladverser
Selon les informations la lutte avec frappede nos jours serait une
forme de lutte tregraves eupheacutemiseacutee de celle dantan ougrave une blessure
pouvait souvent ecirctre mortelle
Aujourdhui au niveau du folklore la lutte na plus la mecircme
le spectaculaire a remplaceacute le significatif iLa lutte avec frappe se 1
pratique surtout dans les centres urbains C~aque fois quun grand combat 1
est progra~eacute par le Comiteacute National Proviso~re (CNP) des centaines damashy
teurs sont mobiliseacutes vers le stade lba Mar D~OP qui est aujourdhui le i
lieu approprieacute ougrave se deacuteroulent les grands conkbats de lutte Cest la formE
de lutte qui semble drainer une foule de personnes beaucoup plus importante
que celle de la lutte simple
La lutte avec frappe deacuteriverait dune forme de lutte traditionnelle
pratiqueacutee jadis dans le Cayor au temps des Damels et la frappe serait
le substitut dun certain nombre de pratiques doigteacute jet de produits
etc bullbullbull dont le but eacutetait laveuglement de ladversaire La lutte avec
frappe serait une continuation logique dune carriegravere sportive de la
lutte traditionnelle qui sen sert comme moyen socio-eacuteconomique En
effet la majoriteacute des lutteurs avec frappe ont dabord eacuteteacute initieacutes agrave la
lutte simple Cependant il faut signaler que de nOS jours il arrive
que le jeune lutteur avec frappE- soit directenent formEacute conne speacutecialistE
agrave la frappe sa~s pour autant faire son chemin dabcrd egravea~s la lutte
- ~ shy
Le recircsultat dE ~os interviews ncus rec~trE qGune pcpulatiD~ divcrsishy
fiampe sint~resse agrave ce sport et qUE les intecircr~[s des uns et d~SlautrE~
semble~t divergents naucuns affirment que la lutte traditionnelle
avec frappe serait monteacutee par des personnes dont la vocation est dexshy
ploiter ce pheacuteLomegravene agrave des fins commerciales Dautres disent gJellegrave
jouit de mcyens irport~nts t[l[~isio
tation etc bullbullbull ) pour toucher toutes les couches sociales CEpe~~a~t
nous remarquons que mecircme si certaines personnes reprochent agrave cette
forme de lutte decirctre brutale ces mecircmes personnes nheacutesitent pas agrave
se rendre le dimanche agrave laregravene Bien que critiqueacutee elle semble ecirctre
adopteacutee par une tregraves grande partie de la population seacuteneacutegalaise Cepenshy
dant en tant que techniciens il nous est permis de faire une remarque
Il sagit de
- Limpression nette decirctre devant des professionnels de la frappe
qui sont ~ntratneacutes pour cela Dailleurs les propos que nous avons
recueilli~ nous prouvent que la plupart des champions de lutte avec 1
frappe s~ntratnent dans certains sports de combat tels ~ue la boxe i 1
le karateacute le judo Dans cette nouvelle forme de pratique de la lutte
contrairefuent agrave la lutte traditionnelle le technicien e~t souvent
perdant face au puncheur Ce dernier adopte une lutte agrave distance qui
lui permet de placer agrave bon escient ses coups animeacute du deacutesir de vaincre
Le technicien lui se voit contreacute dans toutes ses entreprises par
un uppercut ou un crochet
On peut dire cependant que nul sport au Seacuteneacutegal que la lutte tradishy
tionnelle avec frappe ne deacutechaicircne autant de passions et autant de
pheacutenomegravenes poussant agrave lexcegraves et deacutereacuteglements quon ne peut que deacuteplorer
Mais comment deacutecrier un spectacle de lutte qui bien quayant perdu la
presque totaliteacute des valeurs traditionnelles veacutehiculeacutees autrefois par
elle sait susciter une participation effective de tous ceux qui sont
preacutesents
CONCLUSION
Dans ce meacutemoire nous sommes efforceacutes ~e faire ressort ir limportance des
ethos et des habitus et leurs effets sur la pratique de la lutte tradishy
tionnelle au Seacuteneacutegal
L~b egravethos repr~sentent dune maniegravere g~neurorale tous les eacuteleacutements speacutec
fiques sux Seacuteneacutegalais par conampeacuteguent un systegraveme de valeurs traditionnellEs
Mais m~me si ces valeurs rev~tent une signification universelle (honneur
digniteacute courage etc bullbullbull ) il nen demeure pas moins que ce nest pas leur
nature qui fait leur speacutecificiteacute mais la hieacuterarchisation et limportance i
quon accorde agrave toutes ces valeurs de ~ar leacuteducation ou la culture
i 1
Aussi les valeurs traditionnelles puient leur speacutecificiteacute dans les
caracteacuteristiques propres aux eacuteleacutements ~e la socio-cu1ture (la technologie
et leacuteconomie la politique et la pareteacute la psychologie et lideacuteologie)
dans la socieacuteteacute seacuteneacutegalaise agrave n momen donneacute de son eacutevolution Cest i
dire la neacuteceesiteacute de ne point faire della valeur une reacutealiteacute statique
Cest dite aussi quagrave tout mome~t le ~eacuteneacutegalais peut eacutevoluer et creacuteer
ou vivre par conseacutequent de nouv~lles fprmes de valeur qui lui sont 1
propres ft (J)
La lutte traditionnelle veacutehiculant deS valeurs socio-cu1ture1les speacutecishy
fiquement seacuteneacutegalaises (croyances valeurs morales norme de comportement
opinion attitude bullbullbull ) devient un eacuteleacutement important qui tregraves certaiaement
nous aidera dans notre effort de valoriser et de peacuterenniser notre patri shy
moine culturel par le biais dactiviteacutes physiques et sportives
Leacutetude des habitus nous permet de prouver quil y a plusieurs faccedilons
de se mouvoir comme danser lutter bullbullbull qui varient avec les diffeacuterentes
ethnies (wolof toucouleur seacuteregravere diolagt leurs convenances et leurs
eacuteducations
(1) Revue Ethiopiques 31 Les valeurs traditionnelles et le problegraveme de leur inteacutegration dans les systegravemes modernes jtducatio-1 2 6r--70
nautre part cette eacutetude permet aussi de nous rendrE compte de la
correacutelatipn eacutetroite existant entre la pratique de la lutte traditionnelle
et le sta~ut socio-eacuteconomique du pratiquant
Nos inves~igations nous indiquent que la lutte recrute essentiellement
au niveau des classes socio-eacuteconomiques situeacutees en bas de leacutechelle
donc posseacutedant le statut social le moins favoriseacute La lutte avec frappe
-et un certain secteur commercialiseacute de la lutte simple- y trouve sa
leacutegitimiteacute Comme le dit BOURDIEU nA habitus diffeacuterents styles de Vle
divergents et il oppse les pratiques aristocpatiques correspondants agrave
des activiteacutes qui favorisent les situations eupheacutemiseacutees ougrave la stylisashy
tion est importante aux pratiques populaires qui font appel agrave des
qualiteacutes qpposeacutees bllutes rugueuses Certaines interviews nous
montrent que plus lindividu occupe une place eacuteleveacutee dans leacutechelle
sQciale e~ 1
moin$ il sinteacuteresse agrave la lutte
Les reacutesultats recueillis dans nos diverses investig~tions confirment 1 1
1er propos qui disent que nous assistons aujourdhu~ agrave une involution
de la lutte traditionnelle parce que perdant toutes ses speacutecificiteacutes au 1
pryfit d~ne autre forme de lutte que lon continue agrave appeler nostalshy
giqlementIIlutte traditionnelle
Ceci pourrait peut-~tre trouver une explication dan la citation suivante
La liberteacute de creacuteer dinnover de vivre Pleineinenf decirctre soi et de
preacuteserver son authenticiteacute la digniteacute et lhonneu1demeurent des illushy
sions dans la misegravere eacuteconomique~ Nos ancecirctres creacuteai~nt des valeurs de cishyl
vilisation parce quils eacutetaient libres parce qu1i~s ignoraient toute
deacutependance eacuteconomique ils cultivaient en eux et cbez leurs enfants le 1
Jorn et la Kersa et preacutefeacuteraient la mort agrave la hoJte lI (1)
Or le Seacuteneacutegal comme la plupart des pays africainsi est un pays sousshy
deacuteveloppeacute t cependant face agrave cette volonteacute du gou~ernement seacuteneacutegalais
de faire inteacutegrer dans leacuteducation des valeurs traditionnelles nous
pouvons espeacuterer utiliser comme moyen deacuteducation la lutteacute traditionnelle
qui reste quand mecircme vecteur jethos et dhabit~s
- 54 shy
Mecircme si lon a noteacute un appauvrissement notoire sur les plans socioshy
culturel et moral la lutte traditionnelle recegravele une gamme importante
et varieacutee de techniques permettant incontestablement une ouverture vers
les luttes olympiques libre et g~eacuteco-romaine
La lecture de ce meacutemoire permettra agrave lentratneur et au professeur de
lutte en fonction du lieu ougrave ils seront affecteacutes dans le territoire
seacuteneacutegalaisdavoir une information sur les techniques contrOles et
formes de corps propres agrave chaque groupe ethnique et de les mettre en
relation avec leurs croyances et leurs mentaliteacutes
Nous avons essayeacute de montrer que la pratique de la lutte traditionnelle
doit tre axeacutee sur une ethnomotriciteacute au Seacuteneacutegal qui permette une inishy
tiation facile Cette pratique de la lutte traditionnelle seacuteneacutegalaise
devra dailleurs essayer de ~eacutepondre aux aspirations du Seacuteneacutegalaisl
moderne en souvrant aux ap~orts positifs des autres civilisations
ex~eacuterieures nous voulons Jvidemment parler du judo et des luttes oiymshyJ
piques 1
1 j Nous navons pas la preacutetentfon dans le cadre de ce meacutemoire demattrise
de reacutepondre agrave toutes les qutstions se rattachant agrave leacutetude de ~a lutte
traditionnelle souslangle~socio-culturel car non seulement il nous
manque lexpeacuterience et la c peacutetence en la mati~re mais aussil l le temps
et les moyens dont nous dis osions ne nous permettaient pas d~puiser le 1sujet i
1 1 1 t 1
l
- )5 shy
BIBLIOGRAPHIE
BIBLIOGRAPHIE
1- CLAPAREDE Psychologie de leacuteducation et peacutedagogie expeacuterimentale
Edition Delachaux et Niestleacute 244 pages
2- POCIELLC Christian Sport et Socieacuteteacute approche socio-culturelle
des pratiques Paris Vigot 1981 377 pages
3- PIERON Henri Vocabulaire de la psychologie
PUF Deuxiegraveme eacutedition 1957 469 pages
4- Revue socialiste de culture neacutegro-africaine ETHIOPIQUES
Les valeurs traditionnelles et le problegraveme de leur inteacutegration
dans les systegravemes modernes deacuteducation
GIA 21 Juillet 1982 213 pages
5- N2 Revue du Centre dEtudedes Civilisations DEM ak TEY
NIS IVegrave Trimestre 1982 96 pages
6- Document lNSEP Colloque sur la lutte aeacuteregravere
DAKAR MAI-JUIN 1980
t 1
~- Travaux du IVegrave Congregraves National ~es Sports agrave DAKAR les 2223041981
Bulletin n2 91 du CIO du 15 Aont 1965
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Etude et perspective
9- Meacutemoire Inspectorat JS DJITTE Mandy Les pratiques corporelles
traditionnelles au Seacuteneacutegal pour leur exploitation et leur
utilisation en peacutedagogie Marly le Roi 1980
REPUBLIQUE DU SENEGAL
--------------- INSTITUT NATIONAL SUPERIEUR
MINISTERE DE LA JEUNESSE DE LrsquoEDUCATION POPULAIRE
ET DES SPORTS ET DU SPORT
-------------
(INSEPS)
MEMOIRE DE MAIcircTRISE
Es-SCIENCES ET TECHNIQUES
DE LrsquoACTIVITE PHYSIQUE ET DU SPORT
LA LUTTE TRADITIONNELLE
son importance sa signification en fonction des ethos et des habitus ethniques au Seacuteneacutegal
Preacutesenteacute par
Monsieur Joseph Victor FAYE
Sous la direction de
M Jean Marc ROCHEZ
Professeur agrave lrsquoINSEPS
Anneacutee de soutenance 1984
r~partieuml
come il egravest rsectc eacute dans 1 ablea~ ci-dessous
CATEGORISATIONGROUPE EXEMPLE DE FONCTIONADMISE
Administrateur civil - Ingeacutenieur - Meacutedec ilCadre supeacuterieur1 Officier - Professeur
Instituteur - Mattre dEPS shy2 Cadre moyen Secreacutetaire - Technicien
Chauffeur - Militaire Policier3 Cadre subalterne shyPatron - Artisan
Artisan - Cultivateur - Ouvrier temporail4 Non cadre Pcheur
Conditions denqute Six (6) sports de ~ombat sont officiellement
pratiqueacutes Ils possegravedent une structure para-eacutetatique de gestion de contr
ce sont
3 sports de preacutehension - JUDO - LUTTE LIBRE TRADITIONNELLE - LUTTE OLYMPIQUE
2 sports de percussion - BOXE ANGLAISE - KARATE
sport mixte - LUTTE TRADITIONNELLE AVEC FRAPPE
Pour chacun de ces sports 50 pratiquants ont eacuteteacute interrogeacutes sur leur
statut socio-eacuteconomique avec la discreacutetion et la prudence quexige ce
genre de question
Cette enqute sest deacuterouleacutee dans les conditions suivantes
JUDO
Lieu DAKAR - Clubs USTD - DUC - FJAKS - DOJO HOMAR DIENG
Date du 020J84 au 28-05-84
Circonstances Les principaux inteacuteresseacutes eacutetant la plupart sur le tatami
pour lentratnement il fallait souvent attendre la fin
de lentratnement uumlur pouvoir avoir une ou deux entreshy
vues de sorte qu~ le~qu~te a pris beaucoup plus de
On constate que le no~bre de p=a~iq~~-ts ~st ~eauccup plus importd~t dans
les groupes 2 et 3 - Il es ~oindre dans les grQupes 1 et 4
LUTTE LIBRE TRADITION~~LLE
Lieu Dakar - Thiegraves bull Aregravenes Landing DIAME - Ecurie Seacuteregravere (pregraves de
lautoroute) Lutteur diola - toucouleur - Entratneurs - encadreurs
de diverses eacutecuries Stade Iba Mar DIOP - Aregravenes de Pikine et de
Thiegraves - CNPES - INSEPS
Date du 040284 au 020684
Circonstances Elles sont parallegraveles car les pratiquants semblent beaushy
coup plus disponibles que dans les autres disciplines Notre travail
parfoi~ peacutenible en raison de la diversiteacute des ethnies repreacutesenteacutees
et la traduction n1est pas toujours aiseacutee
Observations
Nous constatons que la lutte libre traditionnelle est plus pratiqueacutee
par les groupes 4 et 3 que par les groupes 1 et 2
LUTTE OLYMPIQUE
Lieu CNPES - INSEPS - Iba Mar DIOP (Equipe Nationale) - DUC
Date du 040284 au 020684
Circonstances Les conditions sont meilleures dans la mesure ougrave le
hasard a fait que pendant cette peacuteriode leacutequipe nationale soit
en regroupement et ceci nous a permis d-interroger un nombre
important de lutteurs de grand renom
Observations
En raison du petit nombre de pratiquants r~guliers lenquecircte ne porle
que sur 2S personnes Arbitrairement pour les besoins de comparaison
les raisons de comparaison les reacutesultats cbtenus sont multipli~s par 2 bull
BOXE A~~GLISE
Lieu Iba l-ar DIOP - ASFA - ASFPO - SC -ASC JJAF - ASC lA
ugraveate du 201283 au 020684
~E~~~~E~~~~ Ici nous ferons la mecircme remarque que pour le Judo
Notons que toute lenquecircte a eacuteteacute faite agrave Dakar
Observation
La boxe recrute ses pratiquants surtout dans les classes 3 et 4 et
on note que le nombre de pratiquants nest pas aussi important comme
dans les autres disciplines
KARATE
Lieu YUKOKAI KARATE CLUB - SAMOURAI KARATE CLUB - Iba Mar DIOP
CLUB DE GIBRALTAR - ASFA - ASFA - ASFPO - GM Thiegraves
Date du 201283 au 020684
SE~~~~E~~~ Notre enquecircte se passait dans une ambiance sympathique
de camaraderie Geacuteneacuteralement apregraves la seacuteance dentratnement
Observation
Nous constatons que la distribution des pratiquants bien que favorisant
les groupes 2 et 3 semble plus homogegravene que dans les autres disciplines
~ LUTTE TRADITIONNELLE AVEC FRAPPE
Lieu Ecurie de Fass - Ecurie des Seacuteregraveres - Ecurie Mermoz
- Ecurie des Casamanccedilais
Date du 04-02-84 au 020684
Ccedilj~9~~~aEccedil~ Il est agrave signaler que cest la discipline ougrave l~ contact
avec les pratiquants a eacuteteacute plus difficile les speacutecialistes qui~ la plushy
part du temps semblent meacutefiants quand on commeucircce agrave leur poser des quesshy
tions preacutecises sur leur revenu mensuel
2 -liCc 055cllt le lle11ent SegraveS praLicltants dans le ba
de lecirc~helle ces~-agrave-dire dans le ~ruumlupe 4
~ecircsultats
Les reacutesultats enregistreacutes sont reacutecapituleacutes en nombre et en pourcentage
-agrave lapproximation pregraves- dans le tableau ci-dessous
LUTTE 1 LUTTELUTTEGROUPES BOXE KARATE JUDO AVEC OLYMshySIMPLE i i FRAPPE PIQUE
1 11 1 1 1
1 11 1 1 1 11 0 1 0 8 1 16 9 1 18 4 1 8 0 1 0 7 1 14
1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1
1 11 1 1 1 1 12 3 1
1 6 21 1
1 42 22 1 44 6 1 12 4 1 8 17 1 341 1
1 1 1 1 1 1 1
1 1
1 1 1 1 1
3 22 1 44 13 1 26 15 1 30 16 1 32 5 1
1 10 10 1 20
1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1
1 1 1 11 1 1
14 25 1 50 8 1 16 4 1 8 24 48 41 1 1 82 16 1 321 1 1 1 bull 1 1 1 1 1
1 1 1 1 1 11 1 1 1 TOTAUX 50 1100 50 1100 50 100 50 pOO 50 pOO 50 1100
1 1 1 1 1 1 1 1 1 1
Afin dG failiter la lect~~e je c~ table3~ t ~2 re~dre sig~ific~tives
s info~~ations quil contient ces difteacutere ts reacutesultats nu~eacuteriques
peuvent ecirctre formuleacutes selon des repreacutesentations graphiques
1 Clientegravele des Sports de combat
FIGURE l
Il apparatt nettement que les sports de combat recrutent essentiellement
dans le bas de la hieacuterarchie sociale ce sont des sports populaires don
propices agrave une massification de la pratique
Toutefois on peut nourrir quelques inquieacutetudes pour que soient reacuteunies
les conditions de leur deacuteveloppement en raison du faible statut quils
possegravedent au regard defllintelligentsia seacuteneacutegalaise
2 Hieacuterarchisation des gants sportifs en matiegravere de sport
de combat au sein des cadres supeacuterieurs -Groupe 1shy
FIGURE I[
La f-appe est honni aucl1 pratiqua1t de boxe Olt de lutte avec frappe
agraveUloins quelle fasse lobjet dune stylisation cxtrecircme COTIme cest le
cas dans le karateacute Ce groupe manifeste un seuil extrecircmement bas de toleacuteshy
rance agrave la violence ce qui explique les discours infamants degraves que la
lutte avec frappe est secoueacutee par quelques excegraves Leacuteopold Seacutedar SENGHOR 1
navait-il paS deacuteclareacute que cette forme de lutte eacutetait une atteinte permashy
nente agrave limage de marque du Seacuteneacutegal
Bien quil soit difficile de proposer une explication unique curiositeacute
esprit douvetture permeacuteabiliteacute aux modes bullbullbull les repreacutesentants de ce
groupe adoptet facilement des sports importeacutes 85 des goOts pour le 1
Judo le Karateacute et la Lutte Olympique qui pourtant est bien peu pratishy1
queacutee au Seacuteneacutegfll j
Faut-il en deacuted~~re une attitude geacuteneacuterale favoris~agrave tout ce qui provient
de leacutetranger
Nous nous refu~ons preacutesentement agrave ce genre dexplicationJ ne ser~it-ce que
par ses conseacuteqJences sur notre sport national dont les perspectives appashyj
raicirctraient bie sombres
Admettons que la pratique de ces disciplines sont en rapport avec des
deacuteterminants eacuteconomiques et que ceux-lagrave sont un frein P4ur la popularisashy
tion de ces pratiques A lappui de cette interpreacutetation~ il suffit de
composer le champ social du Judo et celui de la Lutte libre traditionnelle
--== G J
32
LUTTE SIHPLEJUDO FIGURE JI(
Le groupe 2 qui manifeste un inteacuterecirct reacuteel pour les sports de combat -pregraves
de 25 iuml de la population i~tervieweacutee- et qui p6ssegravede les ~oyens de choisir
ses pratiques opte massivement pour le judo CDnme lexprirre le rapport de
agrave 4
- shy
A la lumiegravere de cette succi~te analyse des demandes sociales en matiegravere
de pratique des sports de combat nous pensons recouper la theacuteorie de
lhabitus selon BOURDIEU qui veut que des hatitus diffeacuterents impliquent
des styles de vie divergents si lon entend par style de vie un systegraveme
de pratiques classeacutees et classantes(I)
La mutation de la socieacuteteacute seacuteneacutegalaise celle du milieu urbain se caracteacuteshy
rise par lapparition despaces sociaux qui sont en rapport avec des
espaces culturels Il en reacutesulte des pratiques distinctives comme
lexprime le pogam
En effet si les cateacutegories sociales existent et si chaccedilune delle exprime
une marque sur les conduites des sujets il est naturel ~e penser que des
pratiques1 sportives servent de modegraveles distinctifs et detrsymbOles dorgashy
nisation ieacuterarChique dans la socieacuteteacute exprimant les dif eacuterentes clas8eamp(2)
Ces const4tations ont dimportantes implications sur leeacuteveloppement et
lavenir des pratiques Si dans notre IIIegrave partie nous 1tenterons de 1
mettre en rapport les particulariteacutes ethniques avec les pluraliteacutes de
style de lutte nous parlons presque au passeacute Une IVegraveme partie devra
e~visager la situation actuelle de la lutte afin de pouvoir eacutemettre
qu~lques hypothegraveses sur son devenir
Cest auss~ une ambition de ce meacutemoire daider ceux qui sinteacuteressent reacuteellE
ment agrave la lutte de savoir entendre au travers des deacuteclarations normatives
et apologeacutetiques Nous ne doutons nullement de la conviction ou de la bonne
foi de leurs auteurs mais parmi les possibles il yale probable et seul
ceiui-lagrave meacuterite decirctre retenu car plus proche agravee la recirc~liteacute
(I) BOURDIEU pierre La distinction Les Editions de minuit 1979 page 191
(2) Le POgdlt Deacuterrocratisation du sport ythe (u reacutealiteacute
- 1f shy
j j l IlL DL l H L S DE
3 1 LA COll1ŒNAUTE DIOLA
311 Preacutesentation
Les diolas vivent dans la reacutegion de Casamance et repreacutesertent 9 de la
population totale du Seacuteneacutegal Ce sont geacuteneacuteralement des cultivateurs de
riz et des artisans Cependant on peut les trouver aujourdhui disperseacutes
dans toutes les capitales reacutegionales affecteacutes agrave divers meacutetiers militaire
gendarme fonctionnaires de lEtat ouvrier etc bullbullbull
Dans les villes la plus grande partie des diolas vit dans les qoartiers
populaires Par exemple agrave Dakar on les trouvera agrave Colobane agrave Fass agrave
Grand Yoff ou agrave Khar Yalla La plupart du temps cesDnt des artisans et des
ouvriers du secteur priveacute qui vont essayer dune maniegravere ou dune autre de
vivoter en bricolant deci de lagrave Mais mecircme loin de la Casamance cette
ethnie conserve une grande partie de ses caracteacuteristiques et plus partishy
culiegraverement la solidariteacute ethnique qui veut que les Diolas forment toujours
un bloc bien soudeacute quand le besoin se ifait sentir et cecisans discrimishy
nation de rang social Ainsi tous lesdiolas de Dakar se mobilisent pour
supporter le Casa Sport chaque fois qbe cette eacutequipe de foot-baIl vient
jouer agrave Dakar Cette mobilisation se fera aussi dans le cas ougrave leur chamshy
pion de lutte Mamadou SAKHO livre uncombatimportant
Lethnie diola est diviseacutee en trois sous-groupes
- les dio1as Fogny de Bignona
- les diolas Kassa autour dOussouye
- les diolas Blouf dans la preacutefecture de Tendouck
Mais en lutte on a pris lhabitude ~e les grouper en deux zones dune
part le Kassa qui preacutesente des particulariteacutes et dautre part lE Fogny
et le Blouf
- J 7 shy
3 ) 2 ~U(lquE5 aspects d~ l~ducatio~ ~t des rit~s en milieu diol~
L eacuteducat ion veacuteritable de lenfant diola est sociale et ne se corlprend
que dans la relation sociale elle deacutepasse de loin le strict cadre
famililal Elle commence au stade de lapprentissage du langage
Lenfant apprendra agrave reconnattre le langage du regard de ses parents
Il doit connaicirctre et faire la diffeacuterence entre un regard approbateur
et un regard qui blacircme De mecircme il doit apprendre agrave faire les gestes
de la tecircte qui expriment lapprobation En aucun cas lenfant nest
laisseacute agrave lui-mecircme Aura-t-il deacutesobeacuteit par complaisance naura-t-il pas
eacutecouteacute ou fait attention aux recommandations reacutepeacuteteacutees plusieurs fois
sans reacutesultat il fera lobjet dune punition corporelle avec la chicotte
Elle a pour effet de faire mal au corps de lenfant afin datteindre son
acircme sa sensibiliteacute et instaurer en lui une sorte de 1iaision de la
meacutemoire du mauvais comportement agrave la douleur quen voulant eacuteviter la
douleur il finit par eacuteviter le mauvais comportement en tout cas den
prendre conscience degraves cet acircge Cest une meacutethode deacuteducation mora1e (])
i 3121 Leacuteduca~ion maternelle
1
Notre eacutetude nous a montreacute que mecircme de nos jours leacuteducation diola
conserve encore ses caracteacuteristiques traditionnelles au niveau des rites
des moeurs des habitudes des principes et des normes
Leacuteducation de lenfant reste lune des plus rigoureuses Elle commence
degraves le plus bas acircge car pour le dio1a on ne peut redresser une personne
adulte donc autant leacuteduquer tregraves jeune Jusquagrave lacircge de trois ans
lenfant sera encadreacute par sa megravere qui bien queacutetant tregraves douce fait
preuve daucune indulgence Elle lui apprend les interdits de la communaushy
teacute respecter son prochain ne pas insulter ni profeacuterer de gros mots surshy
tout en preacutesence de grandes personnes ni faire violence agrave autrui
Plus terd v~rs cinq ou SlX ans le jeune garccedilon est initi~ a~x travaux
ces cna~ps des rizi~r~s cles pal~eraiEs ce Gui ne manquer6 pa5
davoir ces rEpcrcussic~s sur SOn deurovelopperncnt morpholoique
- 1( shy
3122 La circoncisio~
cest un rite obligatoire Il a pour but dintroduire le garccedilon dans
la communauteacute des hommes en tant que responsable Cest un rite qui
laisse une trace indeacuteleacutebile dans la vie du jeune diola Les principes
de la vie en socieacuteteacute y sont enseigneacutes agrave fond Le rite de la circoncishy
sion preacuteseuro~teuro uneuro forme p~lticul do~t s~uls les diolas connaissent
lorganisation internecar la circoncision est agrave la fois une eacutepreuve
physique intellectuelle et morale
Cette circoncision en milieu diola se passe dans le bois sacreacute En ce
lieu les Njoulis (circoncis) sont encadreacutes par des mattres les
Kintangs et au-dessus de ces mattres regravegnent un ecirctre doteacute de faculteacutes
occultes il sagit du Kankourang Le kankourang a cette capaciteacute de
disparattre de voler quand bon lui semble Il incarne la justice et la
violence et assure la protection de ses disciples contre les mauvais
esprits Ainsi le kankourang incite agrave lobeacuteissance et agrave lordre dans
cette socieacuteteacute Dans la tradition diola le kankourang repreacutesente un
pouvoir mystique capable de choses extraordinaires dont la socieacuteteacute
moderne avide de raisonnement ne pourra trouver une explication Au
cours de la circoncision les initieacutes subissent un certain nombre
deacutepreuves physiques que le diola appelle samasso Il doit se soushy
mettre agrave lensemble de ces eacutepreuves consideacutereacutees comme indispensables
agrave sa formation pour lui permettre de juger ses capaciteacutes physiques
mais eacutegalement deacutepouver sa valeur intellectuelle morale et sociale
Il pourra aussi se mesurer aux autres dans le domaine de la consideacuteration
et du respect En quittant le bois sacreacute le jeune doit posseacuteder une
grande partie des qualiteacutes humaines et socisles quil faut agrave un howmE
pour vivre en harmonie avec la socieacuteteacute traditionnelle Il serait bien
sOr possible dans le cadre dune eacutetude plus approfondie de parler de
bien dautres rites et pratiques traditionnelles
Notons cependant que le rite de la circoncision appartient aux anc~t~es
et que dans les villages reacutecents ougrave les structures ont changeacute on ne
Jeux jours avant la re~trfE cans le bois sacr[ les adolescents so~r
-
- Jo shy
por lE diola 11-071- doit rester en harrc1iE avec lE
tal lanimal lui-mecircme les ancecirctres les geacutenies Le rit~ du rasdge co~sist~
acirc ~loigner la ~alchance de lenfant Si l~ ritE nest pas respecteuro eumlr es
parents du futur initieacute celui-ci connaicirctra la malchance pendant toute sa viE
Ce rite a aussi pour faculteacute deacuteloigner le mal et de preacuteserver lenfant des
mauvais esprits
Le rite de leau sacreacutee se fait un jour avant lentreacutee dans le bois sacrEacute
Les femmes doivent se garder davoir le moindre contact avec leau beacutenite
pour se preacuteserver des conseacutequences facirccheuses qui pourraient en reacutesulter La
tradition veut quune seule goutte soit capable de deacuteclencher lavortement
l chez la femme enceinte de rendre steacuterile la jeune fille ou de provoquer des
menstrues perpeacutetuelles chez la femme ayant atteint la meacutenopause bull
bull Le rite de la forge protegravege le futur initieacute pendant son seacutejour dans le bois
sacreacute Mais cette protection seacutetend bien au-delagrave et de rite veut que toute
personne qui y faillit soit condamneacutee agrave devenir leacutepreuse
Pendant plusieurs semaines les jeunes initieacutes subissent une formation capishy
tale qui fera deux des hommes complets
313 Croyances et pratiques mystiques
Si nombreux sont les diolas convertis au Christianisme ou agrave lIslam leur
foi napparatt jamais incompatible avec leurs croyances animistes Lhisshy
toire des rois et reines diolas nous reacutevegravele quils eacutetaient les ffprecirctres fl de
ces cultes feacutetichistes destineacutes agrave maintenir la fertiliteacute et agrave provoquer
la chute des pluies De nos jours existent encore des socieacuteteacutes secregravetes agrave
base religieuse ou magique la plus redouteacutee eacutetant lassociation neacutecrophashy
gique Kousanga des Floup (1)
Deux fafu expliquent la coexistence du dogme et de la croyance
le contact tardif de la socieacuteteacute diola avec les civilisations eacutetrangegraveres
et leacutevangeacutelisation ou lislamisation quelles veacutehiculaient Il e~ reacutes~lt~
une importance des traditions leur reacutesstance agrave une remise en questic~ ce qui confegrave~e agrave la socieacuteteacute diola un caractegravere conservateur
r~c~~i]EE 2~fr~~ ~c - t
ct ~Cc egraveE~ Cimiddotilisatilaquo~ eacute
la neacutecessiteacute de lanimisme consiegraveeuroreacute comme base de toutes legrave~
religi0~s uumlegrave serait-ce que corr~e tentative ciexpliquer li1explishy
cable en se repreacutesentant en particulier comme un ensemble de puisshy
sances mystiques Ainsi pour lanimiste agir sur la nature cest
intervenir psychologiquement aupregraves de ceLX qui la gouvernent
314 Imeact des moeurs sur la prat~que de la lutte diola
Lorigine de la populariteacute de la lutte eugrave milieu diola est par trop
impreacutecise aussi nous nous limiterons agrave en donner la signification
actuelle La lutte apparatt dabord comme un moyen privileacutegieacute deacutedushy
cation
- sur le plan corporel afin de deacutevelopper la force lagiliteacute la
rapiditeacute et la souplesse
- sur le plan moral afin de deacutevelopper les vertus caracteacuterielles
courage tenaciteacute digniteacute bullbullbull neacuteces~aires agrave laction
Mais la lutte apparatt aussi comme un mpyen dinteacutegration sociale car
le jeune diola qui se refuserait agrave se sbumettre agrave leacutepreuve de la lutte
encourrait un isolement alors que celui qui excelle en bravoure devient
rapidement populaire Dougrave ces affrontements agrave linteacuterieur dune classe
dige qui tout en restant un moyen de reacutejouissance servent eacutegalement
agrave eacutetablir des comparaisons
Nos observations et nos interviews confirment le caractire tris physique
de la lutte diola immeacutediatement les lutteurs sont au corps agrave corps et
les techniques consistant agrave aracher ladversaire priment sur toutes les
autres Exprimer sa force est une preacuteoccupation constante il suffit pour
sen persuader de voir le groupe de lutteurs peacuteneacutetrer dans laregravene au son
du Born bol on que rythme le claquement de mains des femmes
C~tte da~se est une deacutebauche dAnegie Ougrave les lutteurs pieacutetin~Ert avec
force L sol
i shy
3141 EorphologUgrave et valeur physiques du lut teur diola
Le lutteur diola possegraveagrave~ un deacuteveloppement caracteacuteristique du trai~
supeacuterieur et de la musculature doso-lombaire Ceci est tregraves certaineshy
ment lieacute au maniement de la houe de la daba et surtout dukadiando
dont lusage permanent a modeleacute la morphologie du lutteur diola
La valeur physique de ce lutteur semble reposer sur sa force sa
reacutesistance mais aussi sa rapiditeacute
3142 Reacutepertoire technique
Dans le Blouf la forme du corps la plus utiliseacutee est le deacutecalage souvent
combineacute avec un crochet de jambe (gal gal) ceci semble ecirctre lieacute agrave
lutilisation quotidienne dans les riziegraveres du kadiando Le paysan du
Blouf sera ameneacute agrave faire un mouvement de torsion pour deacutecalerlinstrushy
ment enprenant appui sur son genou et ceci continuellEment pendant toute
la jourpeacutee Chez les diolas du Fogny le kadiando eacutefait surtout utiliseacute
par les femmes qui soccupaient autrefois exclusivement de la riziculture
et ce n~est quaujourdhui que les hommes cultivent le riz 1
La principale culture dans le Fogpy est celle du mil on y cultive aussi
de larachide De ce fait loutil le plus utiliseacute est le donkoton qui
est un instrument tregraves petit avec un manche court et dont le maniement
expliquerait peut-ecirctre leacutetonnante musculature du train supeacuterieur et surshy
tout de la zone dorso-lombaire du 4i6la fogny qui excelle dans les techshy
niques en force genre arracheacute avec les bras sur contrOle de la ceinture
de ladversaire Lulisation du donkoton semble eacutegalement expliquer la
garde tregraves basse du lutteur fogny
Dans le kassa on aurait pu trouver la mecircme forme de lutte car la morphoshy
logie du lutteur est agrave peu pregraves la mecircme mais linterdiction formelle de
la prise du ~gimbe modifie et limite tout le repertoire technicult2 ou
lutteur Le lutteur kassa adopte une garde basse et agrave une preacutefeacuterence pc~r
legraveS tc~-iccedilues n passa~ dessous - - ~ shymiddotmiddotcrc t--=~ c-
----
contact et agrave partir de ce TtoTteuront ils peuvent se relever et conti~uEr
en lutte debout jusquau terrassemen~
Toutes les gardes sont rapprocheacutees en milieu diola
irbi trage
Les combats sont arbitreacutes par un deacuteleacutegueacute geacuteneacuteralement anClen lutteur
Ces anciens lutteurs ont pour rocircle de veiller au bon deacuteroulement du
combat La victoire est deacutecreacuteteacutee dans les cas ougrave un des lutteurs se
retrouve en position assise sur le ventre sur la cuisse ou les
genoux (sauf dans le Kassa)
Il existe un autre mode de victoire celle qui est proclameacutee agrave la
suite dune supeacuterioriteacute eacutevidente du~ des lutteurs A savoir quand
un lutteur soulegraveve tregraves haut son camarade et que son manager estime i
quil est pratiquement battu il peut arrecircter le combat en touchant
dabord le lutteur adverse popr eacuteviter que son lutteur ne soit terrasseacute
tregraves fOrt Nest-ce pas un deacutecision sage des managers qui peut contribuer
agrave maintenir le caractegravere reacutecr~atif de la lutte joola 1
La victoire dun village sur un autre village ne se mesure pas au
nombre de victoires obtenues par lensemble des lutteurs En effet
il suffit que le champion soit battu pour que le village soit consideacutereacute
comme deacutefait Ce qui explique limportance et le seacuterieux que le village
accorde agrave la preacuteparation des championsl)
Il est cependant important de signaler que larbitrage dans les centres
urbains revecirct une iautre forme beaucoup plus codifieacutee et cest peut-ecirctre
une des raisons qui font quen milieu urbain la lutte diola perde une
partie de son originaliteacute
En dehors des techniques speacutecifiques agrave chaque sous-groupe il faut
signaler quil y a une multitude de prises et quelGues formes de corps
comTIunes agrave letnn Car reconnaissons qu il cO unE ror-euro approp=i~eacute
dE ~ouvane du l~tteur diola en TaI
-----~-----
LE tableau ci-dessous se propose dE reacutesumer les diffeacuterentes consideacuteshy
rations techniques envisagEacutees dans cette partie
FORlŒSSOGS-GRGUPES 1 COItltOLE GA~JESDt CORF=
i ~
1 1
Passage dessous de jambes et BassE KASSA saisies Moyenne1annexes bras (rapprocheacutee)
ceinture tecircte
Deacutecalage de Moyenne et BLOUF Demi-souplesse Ngimbe
HauteHancheacute Bras (rapprocheacutee)
Jambe
Arracheacute CouFOGNY Tregraves basse
Hancheacute ii 1
1 1
3 14 3 bull LeIIa~~jueetlecom~ortementdulutteur-+iola
1 Le comportement et lattitude du lutteur dans laregravene pe sont en fait
t
que le reflet de sa psychologie et plus partiCUliegraverem t de son eacutetat
dacircme Or il napparatt pas abusif deacutetablir des cor eacutelations entre
le psychisme dun individu et lempreinte eacuteducative quil a subie En effet en sortant du bois sacreacute le jeune diola a acquis un ~ca~~l
eacutequilibre physique et mental
Cette matrise de lui-mecircme permet au lutteur dans la~egravene dadopter
un aire enjoueacute de manifester beaucoup denthousiasme~ La lutte devient 1
essentiellement un jeu laspec ludique y est privileacutegieacute et ~ela influe
sur le comportement du lutteur
Ainsi queurolq~c soit limporta~cE de le~je~ le lutt~c~ dic1e Seuroreacute
to~jours serein et s~ livrera sa~s arri~re pe~s6e da~$ ~E CO=beacute ou-
tons que le lutteur diola est trecircs fair-play et sil arrive quun rdnd
lll L COIicircilU1Ul L ULOF
32 J Preacutesentation
La soc tEacute wucirc10f est celle qU1 a eacuteteacute la plus marqueacutee par la colonisation
~~ fait peut-gtre de sa position geuroographiquE dune part ct de 50~ imporshy
tanCE sur le plan dfmographiquE dautre part En effEt ceurootteuro CC-~ucircautE
wolof repreacutesente environ 20 de la population seacuteneacutegalaise
Elle est constitueacutee de pecirccheurs (ce sont les leacutebous) dagriculteurs de
fonctionnaires de lEtat mais surtout de commerccedilants
A pqrtir de leur reacutegime dimplantation le Cayor le Walo le Baol le
Djolof et la presquicircle du Cap-Vert les wolofs ont tendance agrave irradier
sur lensemble du territoire sous leffet de leur speacuteculation agrave la culshy
ture de larachide et du nombre important de fonctionnaires quon trouve
dans cette ethnie
322 Les moeurs et croyances wolofs
Bien queacutetant en grande partie des musulmans convaincus les wolofs
conservent toujours une croyance animiste et continuent agrave faire des
sacrifices agrave porter des cornes ou des morceaux de bois agrave la ceinture
aux jambes ou aux bras et agrave croire agrave lexistence des Djinneacutes et des
Raps bull
Le Djinneacute cest une creacuteature malfaisante en geacuteneacuteral capable de choses
extraordinaires Il possegravede des faculteacutes surnaturelles Cependant dapregraves
la croyance animiste certains Djinneacutes peuvent ecirctre bons
Le Hapl cest une creacuteature ayant des dons occultes appartena71t agrave une
famille ou agrave une communauteacute et dont le rOcircle est de veiller cu daider
les reCJrES de le fai11p ou dt la conmunauteacute en cas de da1gel Le Rap
~ ut te c ) ~~c-
ei sltcificE cJ sanl dE meut0 dL chat de pC)wleurot 5E1lt les conveuroshy
lances parfois leur dorner COrllTe offrande du lait Laii
Qua1d une famille ou une communauteacute neacuteglige les Sarakh (ici dans
le sens de sacrifice ou Offrande) elle se voit aussitocirct vouEacutee agrave la
maleacutediction des mauvais esprit~ (fcllec dans touteacuteS lEs ~treprises
de la vie maladie mort bullbullbull ) Les lieux ougrave habitent ls Taps et ougrave
se font les sacrifices se nomment Khambs
Geacuteneacuteralement le khamb se trouve dans lenceinte de la maison ou
dans un coin approprieacute du village Les lieux du khamb sont marqueacutes
par la disposition de calebasses de pilons de morceaux de poterie
briseacutes de grosses pierres de cornes et dautres objets heacuteteacuteroclytes
La superstition wolof est tregraves marqueacutee En effet pour le wolof toutes
les manifestations quotidiennes trouvent leur signification dans le
mysticisme Citons agrave cet effet quelques ezemples Une femme enceinte
ne doit pas marcher agrave nimporte quelle heure de la journeacutee Certaines
heures de la journeacutee lui sont interdites le Timiss (creacutepuscule
le Ndjo~or (de 13 H agrave 14 H de lapregraves-midi) le souf-segravede (de
minuit i4 H du matin) Selon la tradition ~t la croyance wolof les
mauvais ~sprits choisissent ces heures pour jeter des sorts Et la
femme enceinte eacutetant tregraves vulneacuterable le Djinneacute essaiera de lui insufshy
fler son souffle pour atteindre son beacutebeacute afin dentratner soit la
meacutetamorphose de cedernier en monstre soit de le tuer avant sa naissance
Dailleurs pour le wolof et pour certaines autres ethnies au Seacuteneacutegal
le timis le tdjolor le souf-segravede repreacutesentent des peacuteriodes de
la journeacutee ougrave lon ne doit pas se hasarder dans les rues et les champs
Ce sont des heures propices aux apparitions des Djinnes sous nimporte
quelle forme humaine ou animale
Il est eacutegalement interdit au wolof de marcher ou de serti la nuit du
~eacutellfria-
loutes c~s pratiques ~ystiqu~s et cr0ya~ces religi~us~5 ~xistent eL~~[
certainement dues agrave un meacutetissage culturel Parallegravelement aux feacutetiches
aux incantations et agrave lutilisation des safaras (substance magique)
notons lexistence de ga l a tchs (ce sOnt des talismans ougrave sont inscrits
du qui les porte Toutes ces croyances biEn sucircr auront une rEacutepercussicrI
sur leacuteducation du jeune wolof
323 Leacuteducation du wolof
Pour caracteacuteriser leacuteducation wolof nous avons penseacute donner comme
illustration cet extrait de la revue DEM ak TEY Pour deacutefinir leacutedushy
cation le wolof fait appel agrave un symbolisme qui eDglobe aussi bien les
moyens mis en oeuvre Yar que le reacutesultat obtenu agrave laide de ces mecircmes
moyens cest-agrave-dire la formation et le deacuteveloppement de lecirctre humain
ou Yaru
Le substantif Yar deacutesigne le fouet
Ce symbolisme deacutesigne donc au-delagrave du simple sens mateacuteriel de lobjet
lutilisation qui permet daboutir au reacutesultat escompteacute (Yaru) Au sens
geacuteneacuteral Yar deacutesigne tout instrument servant agrave infliger une punition Le
terme laisse supposer agrave priori que cette phase de lenfance durant lashy
quelle se preacutepare la vie de lhomme est lieacutee agrave la souffrance au supplice
Dailleurs une maxime wolof compare lenfant agrave une tige quon a tout le
loisir de redresser alors quelle est encore flexible bull
bullbullbull Pour leacuteducateur wolof la perfection nest point de ce monde malS
le devoir de chaque homme est de tendre vers la pleacutenitude en luttant
contre ses propres faiblesses Leacuteducation va d01c iisister essentielle~(-~t
sur lexercice quotidien de leacutelevation ffiora1e d~ lindividu Pour cela
elle privileacutegie la patience munI) vertu dabneacutegdtion et dE deacutesinteacuteresseshy
m(~t autour dE laquelle sarticulent toutes ]e~ ~u~~~s qualiteuros
i _
aan~ ~ s0cieacutet gt~olcf ocirclt~tartt nul -Jt- poulait sabecircisstr
tion de sa libertEacute La liberteacute est le preuumler drcmiddotir dE l ho-)euro egrave~S
baigner dans une beacuteate admiration du passeacute la comparaison avec le pr~$(middott
si~posc dclle-mecircme car lon reste s reacute devant la deacutesinvolture aVEC
laquelle dES honmes daujourdhui descendants de cette ~~~EacuteTatic ccedil~l se
une fois [largis bullbull tTasque fiers davoir fait leacute priS0n PEut-2tTE
faut-il mettre cela sur le compte de lurbanisation et des nouvelles
valeurs qui ont pour nom enrichissement reacuteussite sociale avec ce que
cela comporte de deacuteshumanisant et de deacutepreacuteciateur (1)
3 bull 2 bull 3 1 bull Lesri tes
Le sevrage et la circoncision constituent les deux grandes phases initiashy
tiques chez le wolof
- Le rituel du sevrage est appeleacute maga1 (litteacuteralement rendre grand)
Cest un eacutevegravenement important aussi bien pour les parents de lenfant que
pour la co~unauteacute Durant cet eacutevegravenement qui survient geacuteneacuteralement deux
ans apregraves la naissance du beacutebeacute les personnes vivant dans lentouragE
apportent leur soutien moral et mateacuteriel
- le rituel de la circoncision revecirct pratiquement la mecircme signification
que dans les autres ethnies seule la forme diffegravere La circoncision reste
encore une eacutepreuve de la vie au sort i r de laque Ile ladolescent devient un
homme Aujourdhui il faut noter une meacutetamorphose de la structure sociale
et des croyances religieuses tregraves accentueacutee aussi bien chez les wolof que
chez les autres groupes ethniques et ceci est peut-ecirctre dO au contact
permanent quils ont avec la socieacuteteacute occidentale
Malgreacute ces constat~tions il semblerait pcu=tant qUE la sociecirct~ lecircbou Gci
bien que se trouvaLt en grande partie dans ~a Presquth du Cap-ETt Et
en contact permane~t avec les blancs soit la portior la plu8 cc~serva-
----------~_- ---~-- -----
~
Incidences d s ~00urs sur la l~ttE
Le wolof connaicirct deux formes de luttes la lutte sirplE- sans t-t
la lutte avec frappe La lutte avec frappe a une crigi~e purement r
et ce nest que plus tard quelle devint une prati1uE sportive et lud
preacuteparer agrave la guerre Aussi tout en luttant On eacutetait autoris~ agrave frapper~
griffer mordre voire introduire son doigt dans loeil de son adversaire
Le jeune wolof devait eacutegalement se livrer agrave la lutte avec frappe afin de
favoriser son insertion dans la socieacuteteacute adulte et sinitier au meacutetier de
soldat faute de quoi il ne pouvait se faire entendre ne avoir des marques
de respect Pour montrer la populariteacute de la lutte dans le Cayor signalons
que les Damels ll (rois) et les Teignes (nobles) nheacutesitaient pas agrave sy
livrer Quant au IIMbeu~ (lutteur) elle lui servait de moyen de promotion
sociale car d8S que sa reacuteputation eacutetait eacutetablie il pouvait ecirctre choisi
par les rois et les nobles comme garde de corps
325 Signification de la lutte en milieu wolof
La lutte se pratique dabord pour lhonneur qui est une vertu tregraves signishy
ficative pour le wolof Elle permet de renforcer les liens amicaux entre
les jeunes de villages diffeacuterents Le champion veut gagner
confiance et la consideacuteration de son village de ses amis
Etre champion cest aussi susciter ladmiration chez les
sentant la force la viriliteacute et la deacutetermination
326 Organisation d~s eacutepreuves de lutte
3261 Les Mbapatts Ce sont les seacuteances nocturnes
pour meacuteriter la
et des anciens
filles en repreacuteshy
Ils sont organiseacutes apregraves les reacutecoltes agrave la fin de la saiscn des pluies
Ceci surtout p~ndant les peacuteriodes de clair de lune car ils peuven~ durEr
toute la nuit Le but des ~Dapatts lt=tait de prfpa-er FhysicuemeH et
~ arb Sil
326 Le 1
cest une organisation beaucoup plus importante que les I~apatts ~
loccasion de laquelle on peut voir plusieurs lutteurs de grande reDommfe
saffronteLLa fin dl lamb est toujours couronneacutee par une grand co~bat
duquel le vainqueur est sacreacute champion de la contrecirce
Le choix du lieu est lieacute agrave limportance de ce lieu dans le village cest
la place publique ougrave geacuteneacuteralement se passent toutes les manifestations
assembleacutee geacuteneacuterale sabar (danse) cest aussi lendroit ougrave sont prises
les grandes deacutecisions
3623 Lappariement
Dans un village ou un quartier les lutteurs se regroupent en lang
(eacutequipe) et jamais deux lutteurs de mecircme lang ne se rencontrent lors
du lamb
L appariement s~ fait librement entre lutteurs de lang diffeacuterents l1hs
une regravegle veut ~uavant de lutter avec le Mbeur Kanur de tel lang si
on est soukh (l~tteur pas encore confirmeacute) il est neacutecessaire de lutter
dabord avec ses soukh et ce nest quapregraves les avoir terrasseacutes tous
quon se voit octroyer la chance de lutter contre lui
Notons que la cateacutegorisation des lutteurs par poids nest jamais prise
en consideacuteration
3624 La tenue du lutteur ou NGIMBE
Le middotNGimbe est confectionneacute par le marabout de la famille ou du clan Il
est constituecirc de pagnes en coton tisseacute geacuteneacuteralement offerts par la megravere ou
la grand-megravere du lutteur ceci lors des organisations de ~rande Tportance
COrlune lef 1amb Dans le cadre des l-bapatt les pagnes sont C tErts peumlr
~~~rcfcis ct ffi~mc aujourdhui d218 cErtaInes fa~ille5 on devj~Gr
luttEur de pegravere en fils et dans ce cas h 1
gimbell du pEgravere Est recircr i tEacute
par le fils Le fait de porter le lI~gimbe agravee ses aiumleux peut susciter
cne~ le jeune lutteur une motivation et une volontecirc in~branlable rlasshy
surer 12 supeacuterioritEacute cis SIcirct-ns dallS
le xgimbe de la famille ne touche pas le sable
La tenue du lutteur a une signification et une importance sur le plan
mystique car selon les anciens le vrai feacutetiche du lutteur celui qui
le proteacutegera agrave vaincre le Djinneacute ou le Rap de ladversaire se trouve
cacheacute dans ce Ngimbe Celui qui confectionne-le Ngimbe est doueacute de
faculteacutes occultes
~~r~i~rg Il est assureacute par un sage du village qui geacuteneacuteralement fut
championde lutte de son temps Dailleurs cet ancien nintervient que
si le terrassement est litigieux
Hormis le public qui proclame la victoire ou le match nul le lutteur
lui-mecircme est arbitre et il arrive quil se deacuteclare vaincu ~ous
pouvons citer comme exemple Meacutedoune KHOULE un des plus grands lutteurs
seacuteneacutegalais qui a donneacute une victoire agrave Djeacuteri SADIO son adversaire qui a
reacuteussi agrave lui faire toucher le sol de la main
Il Y a terrassement quand le lutteur se retrouve
- assis sur le sol
- eacutetaleacute sur le dos
eacutetaleacute sur le cocircteacute
les deux genoux au sol
- les deux ma~ns au sol
la tecircte (front au sol agrave la suite dune brouette)
Il peut y aVOIr match nul si apregraves li1 temps ccmsideacuterable les lutteurs
SE sont ~ ivrEacutes respectivement agrave des assauts rEacutepEacutetEacutes et n arrivEt pas a
3265 L~ precircparation mystique
Il faut reconnattre quon ne peut parler de lutte en milieu wolof sans
envisager une preacuteparation mystique seacuterieuse Co~~e ~ous lEvans vu a~teacute-
1middot ~ d ~ ~rlturenent t0utes es actlvmiddotltesmiddot u W010 sont lles a SeS croyances
- la lutte ne concerne pas seule~ent deux acteurs se livrant faruumlucheshy
ment agrave un combat au milieu de laregravene mais eacutegalement les marabouts et les
feacutetichistes du village ou du clan qui doivent deacutefendre leur savoir et
leur prestige Avant le combat le lutteur doit se livrer agrave un certain
nombre de preacuteparations mystiques pour assurer sa victoire Aussi sommesshy
nous appeleacutes agrave parler de BACK (cest le chant et la danse du lutteur)
- le batteur de tam-tam compose un rythme en fonction du Galagne ou du
Senghor (gds-gris) du lutteur Chaque galagne sera choisi en fonction
du Rap ou du Djinneacute correspondant au Totem du lutteur
Le chant geacuterleacuterique Feinte woy veut dire litteacuteralement composer un 1
chant Ce chant est geacuteneacuteralement composeacute par les filles du viilage du
champion ou par un griot de sa communauteacute Et agrave travers ce chrnt on
arrive agrave toucher la corde sensible du lutteur en chantant lesl innombrables 1
victoires de ses ancecirctres ou en lui rappelant ses prouesses eacuteblatantes 1
Chaque lutteur doit avoir un chant et un back qui lui sont propres
327 Le reacutepertoire technique et les caracteacuteristiques physiques dulutteur wolof
Le lutteur wolof est geacuteneacuteralement moyen de taille la musculagraveture est
tregraves saillante ce qui fait ressortir un aspect tregraves athleacutetique ceci
est vrai sans exception pour le lutteur leacutebou mais il arrive que le Cacircyoshy
rien le baol-baol le walo-walo soient de grands gabarits de forte constishy
tution
CepEndant pour une meilleure compreacutehension du sujet nous pouvons eacutetudiEr
deux jroups d lut teurs qui vont deacuteterminer deux st yI e s de lut tes
- ~ t
les tc~tativ~s de~[reacutee e~ ramassement de jambes de la~v~sairL Ce~~
peut Ecirctre expliqueacute par le fait que les lutteurs leacutebou ou walo-walc qui
sont des pecirccheursadoptent cette garde tasseacutee du fait quils so~t tou-
jours pencheacutes en tirant le fil ou en poussant la plrogue On verra techrugravequeacutes dt cirr 2C ~lt 5Jllicitocirct
surLuumlut les membres supeacuterieurs
Le cayorien et le baol-baol par contre sont les plus grands cultivateurs
darachide chez eux les techniques de lutte sont plus varieacutees et la
garde est moins renfermeacutee Les lutteurs cayorien et baol-baol ont une
morphologie et une reacutepartition musculaire bien eacutequilibreacutee ils excellent
dans les techniques en deacutecalage les techniques de jambe et surtout les
techniques de riposte ougrave lon peut voir des prises de hancheacute tregraves amples
Dune maniegravere geacuteneacuterale on peut dire que le lutteur wolof est un fin
technicien qui sait surtout creacuteer les opportuniteacutes e~ avec sa rapiditeacute
utiliser la force de ladversaire pour le deacuteseacutequilibrer le noodju
le mbas le weacuteheacuteleacute et le rasu sont des techniques propres au lutteur
wolof
En deacutefense il utilise surtout des kl~klets ou gal-gal Notons que
le balancement des bras ou Lewato e$t tregraves marqueacute dans la lutte wolof
TABLEAU RECAPITULATIF DES COMPOSANTES TECHNIQUES
( 1 )
1 SOUS-GROUPES GARDES CONTROLES FORHES DE CORPS l
Walo-walo Basse de jambe Arracheacute l l10yenne de Ngimbe et i
Leacutebou Tasseacutee et saisies annexesj Deacutecalage 1 1 distante de bras de tecirct1
j de bras Deacutecalaeuro
~-----------------~-
- ~ ~- shy - ~ ~ bull L _ _ bull
Profil psyc~~iqUE du lutteu- et son comporterent dars l 2regravere
La preacuteparation mystique dans laregravene est plus marqueacutee chez les wolofs
que ChE~ les autres ethnies En effet on verra de grands champions
preliGrE plusiEurs heures pour Enduire leur corps de cll2badep ou ci
rmiddot- ~ a la proprieacuteteacute de proteacuteger li1egraveividu J
les mauvais sorts) Cest dailleurs un aspect dt la luttE qui iJcsc
des problegraveJles
Le lutteur wolof est tregraves superstitieux et la peacuteriode de preacuteparation
est capitale pour lui car elle permet non seulement de rendre
hommage aux ancecirctres mais aussi dintimider son adversaire Cest
geacuteneacuteralement un lutteur agressif combatif et teacutemeacuteraire Il se fait
souvent remarquer par son esprit dentreprise Mais cette fougue dans
le combat lamegravene parfois bien que ce soit regrettable agrave oublier les
usages et les normes Ce manque de maicirctrise de soi peut faire croire
que le lutteur wolof manque de fair-play ce qui nest pas toujours le
cas
~A~Ugrave~ t 4AA CbUrs k LA ucirctotve f~tPle Sesect prores mou W ~ lesquelles vont se couler les comporteme~ts individuels qui sont ainsi
monteacutes par et pour lautoriteacute sociale
Les faccedilons de boire de marcher ou de sasseoir se manifestent indivishy
duellement dans le corps de chaque personne ces habitus sont cependant
des montages sociaux lieacutes agrave des significationssymboliques variables
dailleurs selon la position sociale occupeacutee par chaque sujet Ces modes
dagir se rangent dans un systegraveme de montages symboliques et lindivishy
du les apprend de la socieacuteteacute dont il fait partie agrave la place quil occupe
Lhabitus est un montage social agrave la valeur symbolique deacutependant des pheacuteshy
nomegravenes deacuteducation et de prestige et lieacute agrave la position sociale du sujet
Cette penseacutee sonne de faccedilon eacutetonamment moderne
Pierre BOURDIEU qui dans une perspective a approfondi le contenue de la
notion en le reportant aux oppositions entre classes et fractions sociales
Il deacutefinit lhabitus comme un systegraveme de dispositions durables acquis au
cours dune histoire personnelle dans une milieu social donneacute systegraveme qui
engendre ensuite des pra~iques socialement deacutetermineacutees faccedilons de manger
de parler ou de marcher comportements de politesse contenu des preacutefeacuterencel
et des deacutegoOts bullbullbull lhabitus est le produit de conditions eacuteconomiques et
sociales Lauteur rattache directement la formation de lhabitus dun
individu agrave la trajectoire parcourue par celui-ci dans sa classe dapparteshy
nance il deacutefend lideacutee dun habitus de classe qui deacutefinit le sens confeacuteshy
reacute agrave la pratique sportive les profits qui en sont attendus
Ce dernier serait lui-m~me lieacute agrave un systegraveme de valeurs ou ETHOS de classe
prenant sens au sein doppositions distinctives entre classes sociales
De sorte lhabitus fonctionne comme un systegraveme dt- regravegles inteacuterioriseacutees
souvent informuleacutees permettant ou non agrave lagent de sadapter dembleacutee aux
multiples pratiques de la vie quotidienne et de la vie sportive il est agrave
lorigine des schegravemes de transcription qui favorisent les ajustements aux
situations corporelles nouvelles (1)
t ~
(1) P~IE11D dwi6Han ISpoy-l et sodeacutebi Approche Bocio-culturelle des pratiques P~tis Vigot 1981 page 81
33
331 Preacutesentation
Les Seacuteregravere auraient pour origine le Fouta Toro quils auraient quitteacute
vers le Xllegrave siegravecle pour fuir lislamisation de cette reacutegioD par lempire
dJ Xali (ils seraient donc apparEnt~s aux Peul et Toucouleur ) Ils
auraient trouveacute dans la rEacutegion du Sine les Sosseacute dorigine manding avec
lesquels ils salliegraverent
Au XVegrave siegravecle une autre immigrationSos~ conqueacuterante cette fois-ci
apporta son organisation eacutetatique Ils se divisegraverent en deux monarchies
deacutemocratiques lune seacutetablit au Sine et lautre au Saloum Les Sosseacute
conqueacuterants constituaient lautocratie appeleacutee Guelowar
La royauteacute seacuteregravere eacutetait laiumlque Les premiers souverains durent secouer
la tutelle des Toucouleur et progressivement arrivegraverent agrave unifier lethshy
nie des seacuteregravere etdea Sosseacute Les deux royauteacutes eacutetaient organiseacutees selon
acirces modegraveles tregraves deacutemocratiques Le souverain deacutependait dune assembleacutee
de ministres et de chefs locaux qui assuraient ladministration centrale
et reacutegionale())
Aujourdhui lethnie seacuteregravere repreacutesente 20 de la population seacuteneacutegalaise
Ils sont reacutepartis sur presque toute leacutetendue du territoire notamment
dans le Baol la reacutegion du Sine-Saloum et la reacutegion de Thiegraves
Signalons quil existe plusieurs sous-groupes dans lethnie ainsi on
trouvera
- dans la reacutegion de Thiegraves les Ndut les Safegravene et les None
- dans le Sine-Saloum les Sine-sine et les Saloum-salouIT
On trouvera vers foundioune et agrave Nioro du cocircteacute de la Gambie les
Niominka (pecirccheurs) Cest une portion tregraves mandinguiseacutee
( 1
Le rattache~2~t d~ to~s ccs sous-groupes pose problecircme ~25 0~ r0~V~
uc grande partie de traits COITul1uns dans leurs modes dE vie Ct pOUT phs
de faciliteacute nous allons essayer de faire une ~tude globale de la lutte
traditionnelle seacuterecircre Lactiviteacute socio-eacuteconomique qui est essentielleme~t
agro-pasorale caracteacuterisE leacutethnie seacuteregravere
332 Lecircducation les moeurs les croyances et pratiques sEr~rc
Chez les Seacuteregravere la vie humaine se deacuteroule selon les grandes eacutetapes
le baptecircme lenfance ladolescencemarqueacutee par la circoncision lsectge
adulte le mariage la vieillesse et la mort (funeacuterailles)
La vie de la communauteacute seacuteregravere reste une des plus originales sinon
celle qui de nos jours garde la presque totaliteacute des pratiques et
habitudes traditionnelles
Bien qu aujotltdhui con~r-tis aux religions chreacutetienne et musulmane les
Seacuteregravere conservent leurs croyances et pratiques animistes
Quelque soit leur degreacute dadheacutesion aux religions reacuteveacuteleacutees les Seacuteregravere
croient en un Dieu puissant et miseacutericordieux Rog Segravene et les hommes
Les ~angols sont repreacutesenteacutes mateacuteriellement dans tous les villages
seacuteregraveres par des arbres (baobab et tamariniers) des animaux (geacuteneacuteraleshy
ment serpent doreacute ou iguane) des ustensiles (pilon calebasse et mortier)
De nombreux teacutemoignages nous apprennent que certains totems (serpent
iguane) font leur apparicion agrave loccasion de certaines manifestations
rituelles comme les sacrifices ceacuteleacutebreacutes lors dun mariage de ceacutereacutemonies
mortuaires ou des circoncisions
Le Seacuteregravere comme il nous a eacuteteacute donneacute loccasion de le dire plus haut
preacutesente des speacutecificiteacutes authentiques aussi bien en tout ce qui touch~
son eacuteducation ses croyanCES et pratiques mystiques q~e ses activiteacute~
socio-ecirccc~omiquEs Apr~s a ~aissa~c~ le beurob~ ~~ pcs~ 5~~ lE S~ __
On lui mouille les l~vres avec un peu d~ lait de mil et apr~s U~ bain
purificateur on versera leau dans un trou cr~us~ derri~r~ la Camp~~
Pendant huit jours la megravere et lenfant sont cacheacutes dans la case car
selon les anciens ils sont tregraves vulneacuterables La case deacutens certains cas
est entoureacutee dun fil blanc et lon place sur le seuil des fais(cauy di
veacutegeacutetaux pour chasser les mauvais esprits (geacutenies malfaisants et illangeUY~
dacircmes) Au bout du huitiegraveme jour la megravere et lenfant peuvent sortir de
la case bull
bullbullbull Le matin du huitiegraveme jour la tante paternelle va chercher de leau
(plusieurs fois)t elle doit rester muette pendant ses alleacutees et venues
si elle parlait t lenfant pourrait ecirctre muet bullbullbull
La megravere et lenfant prennent un bain purificateur dans lequel sont
trempeacutees certaines plantes (ce sont des veacutegeacutetaux pr~tecteurs tels le
begravene le yag le ngud) On y lavera aussi le linge e1t les ustensiles utishyj
liseacutes pendant les huit jours qui viennet de seacutecoul~r On rase le crine
de lenfant Les cheveux sont donneacutes agrave la megravere qui ~s enterrera avec le
reste du cordon ombilical dans un endroit que11e esit seule agrave connattre
La megravere sassied sur une natte devant la maison Une femme igeacutee de la
famille prend le beacutebeacute dans ses bras et le preacutesente aux quatre coins de
lhorizon
La tante paternelle tient ensuite un van sur la tecircte de la megravere on y
verse le mil on y verse eacutegalement en abondance sur la megravere et sur
lenfant La tante oint ensuite le corps du beacutebeacute avec du lait e11e
touche en particulier le front t le nez la bouche la poitrine le dos
et les oreilles
Elle pose enfin un ~rain de sel dans la paume du beacutebeacute (le sel purifie
et deacutetruit les puissances mauvaises)
Apregraves un nouveau bain la megravere et lenfant revEcirctent des habits de fecircte
(est
lenfant Ce precircnore a toujours U~ SEns Il sy~bolise parfois C0 qUi
lOIl sounaitt agrave lEufant l)
La circoncision comme dans les autres ethnies est obligatoire Elle
permet au jeune adolescent dacceacuteder agrave la classe adulte Les jeunes
sont regroupes en classe dacircge dans le bois ougrave sc fait la r0tr~it0 des
circoncis et ceci pendant plusieurs mois
Le Selbeacute qui est geacuteneacuteralement un ancien craint de tous les eacutelegraveves
enseigne le respect de la hieacuterarchie la discreacutetion le goOt de linishy
tiative Les activiteacutes physiques et leacuteducation artistique ne sont pas
en reste la deacutecoration la sculpture la lutte et la danse A sa sortie
du bois linitieacute appartient deacutesormais agrave la classe des virils et des
sages du clan car on lui aura enseigneacute les vertus fondamentales que
sont la justice lhonneur lamour du prochain 1 amour du travail
lhonnecircteteacute et surtout le respect des coutumes ancestrales
Le rite du mariage esd aussi un fait tregraves important dans le monde 1
seacuteregravere mais par manq~e dinformation nous serons obligeacutes de nous en
tenir lagrave
333 Impact des ethos sur la lutte dans le monde seacuteregravere
Lorigine de la lutte seacuteregravere ne semble pas claire ma1S nous pouvons
dire quil existait deux formes de lutte comme chez les Wolofs une
lutte sans frappe et une lutte avec frappe Et cest cette derniegravere
qui peut-ecirctre nous ameacutenerait agrave croire que la lutte seacuteregravere aurait une
origine plus preacuteciseacutement guerriegravere
Aujourdhui la lutte est uniquement une activiteacute sportive agrave travers
laquelle le jeune seacuteregravere eacutevalue sa force son courage et SOn ingeacutenioshy
siteacute Cest une occasion de deacutefendre lhonneur de son village ou de
la corrnnunauteacute
La luttE ~5t avant tout u~e rnanifcs[dtic~ c~lturclie et surtout
fo lkhriqut-
Gracircce agrave elle on peut deacutesormais comprendre un certain nombre de chants
et de symboles A travers la lutte seacuteregravere on ccedilomprend les inter-relashy
tions entreacute la vie et le monde surntiturel
Sil devait y avoir la mort dun villageacuteois pendant la fecirctE au T qUE
de linterrompre on proceacutedait gracircce aux connaissances magico-religieuses
agrave la suspension de la mort jusquagrave une peacuteriode ougrave la population sera plus
disponible pour organiser des funeacuterailles sil y eacutetait preacutedit la possibishy
liteacute dune deacutefait du champion local au profit dun champion dun autre
village des recettes dordre maginque et religieux eacutetaient mises en prashy
tique afin que le champion du village ne soit jamais terrasseacute(J)
334 Le profil du lutteur seacuteregraver~
Le lutteur seacuteregravere est par essence un athlegravete impressionnant de par sa i
carrure et sa musculature saillante mais cest aussi une force tranquille
et calme quelque soit lenjeu du combagravet et particuliegraverement lhonneur
Cet aspect nous pousse agrave parler du NGiMBE cest-agrave-dire de la tenue du
lutteur qui va influencer sur sa faccedilon de lutter
La confection du Ngimbe revient agrave la communauteacute entiegravere Le Ngimbe a
une signification symbolique et le lutteur pour meacuteriter la confiance du
groupe se doit de tout faire pour ne pas toucher le sol Toute la commushy
nauteacute elle aussi sengage pour assurer la longeacuteviteacute et le succegraves du lutteur
dans laregravene par lorganisation droffrandes et de sacrifices en lhonneur
des Pangols bull
bull
Daucuns nheacutesitent pas agrave dire que lessentiel du mysticisme se fait agrave
la maison et non dans laregravene tout le reste nest quintimidation de
ladversaire
lsvcns
Tt- pi ~- t
t 1 ~ l _ ~ t
par rapport agrave lautre Cbci est trEgraves lieacute agrave lactiviteacute journaliegravere du
jeune seacuteregravere qui est un cultivateur donc toujours bien planteacute sur ses
jambes et qui continuellement manie lhiler
Le fait de couper le boi~ peut eacutegalement constituer un moyen de muscushy
lation non neacutegligeable pour le jeune lutteur
Un certain nombre de traits techniques speacutecifiques au lutteur seacuteregravere
semblent ressortir des diffeacuterentes interviews que nous aVOns fait subir
agrave certains lutteurs seacuteregraveres et agrave diffeacuterents techniciens
SOUS-GROUPES FORMES DU CORPS CONTROLES GARDES
SAFEN Moyenne en fente NONE Hancheacute Bras (distante) j
NDUTJ
f
SINE-SINE Deacutecalage Ngimbe
Moyenne
SALOUM-SALOUM Passage- Jambe (rapprocheacutee) 1
i
PETITE dessous Tecircte Basse et 1
COTE Moyenne (rapprocheacutee)
Notons que le Niominka ll commence agrave lutter agrave partir du sol pour avoir
assez deacutelan et sauter sur ladversaire afin davoir la prise du lion
(contr6le de la nuque et du bassin)
Co a -tem-nt ccedilt attitude du lutteur sEacuteregravere335 np -1t ~
Les croyances mystiques sont indissociables des activiteacutes quotidiennes
duseacuteregravere Ce qui explique le cocircteacute supersticieux du lutteur seacuteregravere En
~ffet certains lutteurs refusent de lutter avant certaines heures
Certains teacutemoignages nous apprennent quil nest pas donneacute agrave tout le
monde decirctre champion de lutte et que le lutteur doit avoir des dons
surnaturels pour ecirctre agrave mesure de livrer ses combats dans la nuit
et trouver seul un gris-gris speacutecial appeleacute Njatch
Le vrai champion de lutte chez les seacuteregraveres ne lutte pas seulement avec
~a force et sa technique mais surtout avec ses dons occultes
Chez les seacuteregraveres les morts sont toujours preacutesents et les ~pangols
Servent dintermeacutediaire entre les hommes et les morts Le pangol prend i
le nom dhumain dans certains villages (IIHeacuteJga NDONG Har Wag NGOUYE) i 1
De ce fait on verra le lutteur danser dufe maniegravere ou dune autre en
fonction du pangol de sa famille Ainsi nrus aurons le back (chant et
danse du lutteur) des DIOUF des FAYE etclbullbullbull
Dans laregravene le lutteur seacuteregravere a un comportement exemplaire aussi bien
agrave leacutegard de son adversaire direct quave~ le public en geacuteneacuteral Lexpli shy
cation semble tenir au fait que le lutteur seacuteregravere est avant tout selon
la tradition orale le repreacutesentant de toute la communauteacute seacuteregravere Par
conseacutequent il devra saffirmer non seulement en tant que lutteur dans
laregravene mais aussi en tant quentiteacute morale
336 La tenue du lutteur ou NGIMBE est confectionneacutee par le marabout de la
famille ou du clan Le Ngimbe est constitueacute de pagne en cCton tisseacute
Il doit ecirctre propre le lutteur qui le porte ne devra pas avoir de rapshy
port sexuel pendant toute la peacuteriode des cOTpeacutetitians car le Ngi~bE ne
doit pas ~tre souilleacute
Autrefois et mecircme aujourdthui dans certaines familles on devient
lutteur de pegravere en fils et dans ce cas le Ngimbe du pegravere est heacuteriteacute
par le fils Le fait de porter le Ngimbe de ses aieux peut susciter
chez le jeune lutteur une motivation et une volonteacute ineacutebranlable dtasshy
surer la supeacuterioriteacute d~s siens dans ltaregravene Il fera tout pour que le
Ngimbe de la ramille ne touche le sable
La tenue du lutteur a une signification et une importance sur le plan
mystique car selon les anciens le vra1 feacutetiche du lutteur celui qui
le proteacutegera et laidera agrave vaincre le nDjinne ou le tRapu de ladvershy
saire se trouve cacheacute dans ce Ngimbeu bull Celui qui confectionne donc le
Ngimbe U est doueacute de faculteacutes occultes
337 Larbitrase est assureacute par un sage du village qui geacuteneacuteralement fut
champion de lutte de son temps Dailleurs cet ancien nintervient que
si le terrassement est litigieux Hormis le public qui proclame la vicshy
toire ou le match nul le lutteur lui-mecircme est arbitre et il arrive
quil se deacuteclare vaincu
Nous avons pu cfter Meacutedoune KHOULE un desplus grands lutteurs seacuteneacutegashy
lais qui a donn~ une victoire agrave Djeacuteri SADIO son adversaire qui a reacuteussi
agrave lui faire touegraveher le sol de la main
IlL
34 1 Preacutesentation
Lethnie toucouleur vit En grandt partit ciE~~ la vallfc du S~~~gal
pt reprecircsente i peu pr~s 8 de la population totale secircn~galaise
o Histoire
Il semblerait que dans lancien royaume du Tekrour (IX~ siegravecle) des
eacuteleacutements neacutegroiumldes Sarakoleacute et des Peul aient formEacute par meacutetissage le
peuple Toucouleur (Toucouleur serait dailleurs une deacuteformation du
mot portugais Tacouror)
Ce empire a domineacute aussi bien les wolofs de lOuest que les Peul
nomades du Fouta Toro Cette reacutegion fut le premier pays islamiseacute par
les Almoravides ce qui peut expliquer le proseacutelytisme toucouleur
Ce sont les guerriers toucouleur islamiseacutes qui attaqu~rent avec les
Almoravides la capitale du Ghana Koumbi en 1067 On convertit par
la force les animistes Cest sans doute agrave cette eacutepoque que de nombreuses
ethnies reacutefractaires agrave lIslam ont dO accentuer leur migration vers
le sud (Seacuteregravere wolof Sarakoleacute Bambara Songhaiuml Akan et Peul se reacuteshy
fugiaient vers les hauteurs du Fouta Djalon)
Au XIXegrave siegravecle les Toucouleur allaient trouver en El Hadj Omar Tall
un grand conqueacuterent qui sous le preacutetexte religieux de la gJerre sainte
contre les tribus animistes (entre autres Bambara) eacutetendit lempire
toucouleur sur presque tout lensemble du gali et la partie de la Guineacutee
proche du l1ali
Lempire toucouleur composeacute de Sarakoleacute de Bambar~ de ~alinkeacute de
Xassonkeacute dE Peul et de Dogon eut le meurorit~ dunir CES diif~rentes ~ ~ - - - - - et~ics ~t dE CD~stituer l~Sl la b2S~ ~r 1
_ ~ ~ ~_ L ~
~ ~- ~- - - ---- _ 1 v _ t 1 ~-_ --
marabout tOL~culcuuml~ ~ middotlrrany a l ick SI venu des E1i rClS dE Pocior~ (
~ Vi~ euroconomicue et sociale -----------~-------------
Les Toucouleur sont des cultivateurs mais bien quils n~ soie~t pa~
pasteurs comrre les Peul leacutelevage a une place inportarteacute decirc1S ltur
eacutecono~ie Pour faciliter leur conquecircte guerriegraverE ils c~t Eucirc une preacuteshy
dilection pour leacutelevage des chevaux On y trouve aussi des pecirccheurs
appeleacutes Tchioubalo La socieacuteteacute toucouleur aurait une stratification
sociale tregraves rigide Les groupes ethniques et les castes eacutetaient
diffeacuterencieacutes et strictement exogamiques les Rimbe classe des nobles
comprenant la famille reacutegnante et les guerriers libres la classe des
Nieacutenieacutebegens de castes artisanales i les Rimaibeacute anciens esclaves
devenus serviteurs qui portent les noms de famille de leur maicirctres A
la base de lorganisation de la collectiviteacute toucouleur se situe le
village (Wouro)
Toutes ces castes sont cloisonneacutees entre elle~ Ainsi il nest pas
permis agrave un Torodo (noble) de se marier avec un Tchioubalo Ces
consideacuterations sont importantes dans le domaine de la lutte ougrave nous
apercevrons que les nobles ne sont pas faits pour lutter Le noble
preacutesidera les seacuteances de lutte et on luttera pour lui Ces condeacute rat ions
de noblesse et de rang social sont extrecircmement importantes dans le
monde toucouleur
Le noble ne doit pas se salir on lutte pour lui il ne vit la lutte
quen tant que spectateur
342 Education moeurs croyances et eratiques religieuses
Deux formes d~ducation sont agrave consideacuterer leacutedJcatio~ dES enfarts Et
celle des adultes
oG lenfant sait m2n~~r et apprfcier le goOt d~5 ~iifeurorents r~pas lt
le moment ougrave il CO~~e~CE agrave marcher
tivirt n~sormais le petit toucou]eur est eacuteduquf par toutmiddot 12 f2~i)]E
dabord puis par toutes lespersc~nes du village ou du C13~
Lenfant peut ~tre corrigeacute par tout adulte appartenant au groupe social
Son eacuteducation est deacutesormais laffaire de toute la communauteacute et non
exclusivement celle ces parents On linitie ainsi au travail quotidien
qui se fait dans la bergel~ e les champs et les bords du fleuve Au sein
du village il pourra apprendre agrave filer la laine et agrave tisser des pagnes
dans les champs il apprend agrave manier la houe et lhiler pour la culture
du riz et du mil Mais signalons que lactiviteacute essentielle du toucouleur
est leacutelevage des boeufs des moutons et des chegravevres Chez les Ichioushy
balos (p~cheurs ) lenfant sera initieacute tregraves tat au maniement des pagaies
agrave la p~che propremccedilnt dite et agrave la nage
Vers cinq-six ans lenfant est confieacute au maicirctre coranique le Ihierno
et ce dernier dispose exclusivement de toute sa vie Lavenir du jeune
enfant lui appartient
Comme dans les autres groupes ethniques les enfants sont regroupeacutes en
classe dacircge et cest dans cette structure que lenfant subit les rite
de passe et plus particuliegraverement celui de la circoncision
La circoncision est non seulement unE opeacuteration chirurgicale malS surshy
tout une peacuteriode au cours de laquelle le jeune garccedilon passe de leacutetat
dadolescent agrave leacutetat dadulte Les circoncis sont reacuteunis en classe
dacircge dans un endroit situeacute hors duvillage geacuteneacuteralement choisi par les
vieux Cet endroit n~st accessible que par des individus de SExe ffi8SCUshy
li~ ~ta~t au preacutealabl circoncis
- - - -
quable et complet sur le plan phy~ique et ~oral Ai~si liniti~
acquiert les qualitecircs indispensables que sont le courag~ la modest
lesprit de sacrifice lendurance
Le toucoule~r est un pleux musulma~ Cela sexp1
SOil le premier agrave tre en contact avec la religion musulmane de par sa
position frontaliegravere Lethnie toucouleur de par son histoire a preacutesenteacute
les plus grands chefs militaires et religieux musulmans seacuteneacutegalais Et
pour illustrer cela on peut citer en exemple la grande famille musulmane
des SY agrave TIVAOUANE repreacutesentant la confreacuterie des TIDJANES
Bien que lon note une majoriteacute musulmane on peut dire que certaines
croyances et pratiques mystiques et animistes persistent encore surtout
dans la reacutegion du fleuve
Une pratique courante se fait elle sappelle le Djatt Elle consiste
agrave faire sortir le caiman du fleuve agrave limmobiliser et agrave lattacher
sans quil ne reacuteagisse et tout ceci agrave laide de versets et dincantashy
tions magiques Dapregraves les teacutemoignages ces pratiques sont plutocirct
freacutequentes chez les Tchioubalos (pecirccheurs) Il arrive aussi que cershy
tains chasseurs ayant des dons se livrent agrave certaines pratiques an1shy
mis tes qui consistent agrave invoquer certaines puissances et agrave moduler sous
forme de chant des versets occultes pour se proteacuteger des mauvais esprits
et pour eacuteloigner les fauves Ce chant est geacuteneacuteralement incompreacutehensible
et deacutenueacute de sens pour le profane
343 Activiteacutes ludiques et pratiques sportives en milieu toucouleur
Durant toute son histoire lethnie ~oucouleur a toujours EacutetEacute Frese~teacute~
comme celle qui avait ue activit essentiellement guerr e e~ particushy
liegraverement farouche Trois eacuteleacutements ret r t l ecirc t te nt i c- euro so~t
le manie~~nt du ~acircton 12 luttE Et 1eacute danSE
l
Lecircducation ph~sique et artistique Dcc~pe un place precircpondecircra~rp
dans la fDrmat~on du jEune toucouleur A loccasion agraveeacutevegravenemen~ imporshy
tants reacutecoltJs mariages baptecircme nous assistons agrave des manifestashy
tions folkloriques de grande envergure le Wango oucirc dailse toucouleur
tregraves gymnique iles chants et surtout les sEacuteances de lutte
La lutte toucouleur est la forme de lutte la plus spectaclaire dans
tout le territoire seacuteneacutegalais Elle est essentiellement baseacutee sur des
techniques en hancheacute et surtout en souplesse Ceci sexplique par le
fait q~e le jeune toucouleur est tregraves tocirct initieacute agrave la gymnastique (saut 1
per saut de main salto arriegravere saut de tecircte couronneacute etc bullbullbull ) pour
la dans~ du wa~go En dansant le wango qui est une danse rythmeacutee et
gymnique le Jeune toucou1eur est capable de prouesses extraordinaires
1
En lutte lattaquant se deacuteplace tregraves peu pour avoir une bonne saisie
(geacuteneacutera~ement controcircle du Ngimben ) et enchaine brusqueme~t avec une
attaque surpris~ Cependant les ripostes sont souvent surprenantes et
spectaculaires (baseacutees sur la souplesse et la rapiditeacute) ontrairement
aux autr~s form~s de luttes ougrave lon voyait tous les jeune adheacuterer la
lutte to~cou1eur Verra un groupe de speacutecialistes sadonne agrave la lutte 1
(la lutte est lieacutee agrave la position sociale de lindividu problegraveme de
caste)
Q La morphologie du lutteur toucou1eur 1
1 1
Ce dernier nest pas aussi large et aussi fort que les lutteurs diola
et seacuteregravere Cependant il est tregraves reacutesistant La musculatJre est saillante 1
et tregraves souple lindividu est longiligne mais tregraves athleacutetique
Les mouvements de lutteurs sont semblables agrave ceux dun grand fe1in Cette 1
morphologie semble ecirctre lieacutee agrave la position geacuteographique de lethnie
(reacutegion du fleuve) et agrave lacitiviteacute socio-eacuteconomique du toucouleur qui
est agrave la fois cultivateur (activiteacute lieacutee agrave la crue et deacutecrUE du fleuve)
pecirccheuro~T CIcr~icubaon) et sttout jEumlrgcr qui est U~ rc~2eumlr
shy
Deux formes egrave~ corps sembl~nt ecirctre preacutefeacutereacutees du lutteur toucouleur
le hancheacute et la souplesse Les hancheacutes sont faits agrave partir de plusieurs
positions de doset se terminent geacuteneacuteralement par des techniques de
tregraves grande amplitude
TABLEAU RECAPITULATIF DES TECHNIQUES ET FORMES DE CORPS SPECIFIQUES
i
L441 r
GARDE FORMES DU CORPS CONTROLES --shy - -
Moyenne Souplesse Ngimbe
Hancheacute bras
Demi-souplesse
1
Profil psycholosigue 1
TECHNIQUES
ContrOle du bassin et 12 souplesse
arriegravere
Klicket et allegravegement de la hanche
Le lutteur toucouleur est celui lUi se livre le moins aux preacuteparaqons
maraboutiques Cela est dO au f~t que le toucouleur est un grand ~USUlshyman et que les pratiques animisges ont presque disparu dans ce mil~eu
Dans la pratique le lutteur esJ combaif mais il est calme et tr~s reacutefleacutechi quant agrave la deacutecision agrave prendre en plein corps agrave corps ct~st un des seuls techniciens qui reJte tregraves lucide au cours de ses comb~ts
l Dans toutes les circonstances e lutteur toucouleur est tenu de re~pecshyter son adversaire et ceux de s4n eacutequipemecircme sil est vaincu
Comme nous avons dO nous en rendre compte la rigueur des principes
eacuteducationnels a une influence tregraves sensible sur l~ comportement du
toucouleur
i
III S COCL ~s 1DO
Dans cette partie nous avons essay~ de montrer lftroite re1atic~
Entre les diverses activiteacutes socio-eacuteconomiques dans les ethnies et
lES diffEacuterentes faccedilons de lutter
Daucuns seraient tent~s de conclure trop rapidement et cest p0~r
cette raison que nOUS avons penseacute preacuteciser que le pheacutenotype nest
pas geacuteneacuterateur du geacutenotype Et nous sommes convaincus que la morphoshy
logie et les techniques des lutteurs relegravevent de leurs modes de vie
et de leurs croyances agrave une eacutepoque et danE un contexte bien deacutetermishy
neacutes
Est-ce que les lutteurs dio1a ou seacuteregravere travaillant avec leurs bras
dans les champs auraient les mecircmes pr 0 fil s physiques que les lutteurs
utilisant des machines pour lagriculture
- 69 shy
I UJOURDH~1 E-S ut O[l LES FORfilS Ut LU11t~
~otons que notre enqu~te a ecirctE essentiellement faiteen milieu urbain
Les seacuteances de lutte ont tendance agrave perdre leur particulariteacute de r~shy
jouissance pour devenir des pheacutenomegravenes de sportisatio Deux fores
de luttes so~t principale~cnt prat s dans les aregrave~es du 5 al
la lutte traditiunnelle simple et la lutte traditionnelle avec frappe
De nos jours la lutte traditionnelle tend vers une reacuteglementation
et une institutionalisation
Le reacutesultat de nos investigations nous donne le tableau ci-dessous
REPARTITION ETHNIQUE SUR 100 PRATIQUANTS
LUTTE LUTTE RAPPORTETHNIES SANS FRAPPE AVEC FRAPPE J2
Diola 40 16 71 j
Seacuteregravere 26 21 57
Toucouleur 23 10 69
Wolof 1 1 53 17
La demande sociale par ordre deacutecroissant pour la lutte sans frappe
se preacutesente comrre suit
]0_ Ethnie diola avec pregraves de 3 lutteur~ sur 4
2deg_ Ethnie toucouleur
Ethri dun
~ 1 LA LUTTE TR])IIIO~~ELLE AVEC H-PPE
Cette forme deacute lutte a une histoire qui date de lantiquiteacute elle
sa~pelait le Pugilat Au Seacuteneacutegal elle a vu le jour dans le Cayor
bien avant la colonisation Le coup dE pied l~Lrdn~lement la morshy
sure la frappe et le doigtf eacutetaient permis dans le cc=bat ~ ~middot~p0~~e
Dans certains cas la giffle eacutetait beaucoup plus dangereuse que le
poing quand elle eacutetait donneacutee par un speacutecialiste Cette giffle pouvait
agrave elle seule deacutechirer et mecircme parfois amputer la joue de ladverser
Selon les informations la lutte avec frappede nos jours serait une
forme de lutte tregraves eupheacutemiseacutee de celle dantan ougrave une blessure
pouvait souvent ecirctre mortelle
Aujourdhui au niveau du folklore la lutte na plus la mecircme
le spectaculaire a remplaceacute le significatif iLa lutte avec frappe se 1
pratique surtout dans les centres urbains C~aque fois quun grand combat 1
est progra~eacute par le Comiteacute National Proviso~re (CNP) des centaines damashy
teurs sont mobiliseacutes vers le stade lba Mar D~OP qui est aujourdhui le i
lieu approprieacute ougrave se deacuteroulent les grands conkbats de lutte Cest la formE
de lutte qui semble drainer une foule de personnes beaucoup plus importante
que celle de la lutte simple
La lutte avec frappe deacuteriverait dune forme de lutte traditionnelle
pratiqueacutee jadis dans le Cayor au temps des Damels et la frappe serait
le substitut dun certain nombre de pratiques doigteacute jet de produits
etc bullbullbull dont le but eacutetait laveuglement de ladversaire La lutte avec
frappe serait une continuation logique dune carriegravere sportive de la
lutte traditionnelle qui sen sert comme moyen socio-eacuteconomique En
effet la majoriteacute des lutteurs avec frappe ont dabord eacuteteacute initieacutes agrave la
lutte simple Cependant il faut signaler que de nOS jours il arrive
que le jeune lutteur avec frappE- soit directenent formEacute conne speacutecialistE
agrave la frappe sa~s pour autant faire son chemin dabcrd egravea~s la lutte
- ~ shy
Le recircsultat dE ~os interviews ncus rec~trE qGune pcpulatiD~ divcrsishy
fiampe sint~resse agrave ce sport et qUE les intecircr~[s des uns et d~SlautrE~
semble~t divergents naucuns affirment que la lutte traditionnelle
avec frappe serait monteacutee par des personnes dont la vocation est dexshy
ploiter ce pheacuteLomegravene agrave des fins commerciales Dautres disent gJellegrave
jouit de mcyens irport~nts t[l[~isio
tation etc bullbullbull ) pour toucher toutes les couches sociales CEpe~~a~t
nous remarquons que mecircme si certaines personnes reprochent agrave cette
forme de lutte decirctre brutale ces mecircmes personnes nheacutesitent pas agrave
se rendre le dimanche agrave laregravene Bien que critiqueacutee elle semble ecirctre
adopteacutee par une tregraves grande partie de la population seacuteneacutegalaise Cepenshy
dant en tant que techniciens il nous est permis de faire une remarque
Il sagit de
- Limpression nette decirctre devant des professionnels de la frappe
qui sont ~ntratneacutes pour cela Dailleurs les propos que nous avons
recueilli~ nous prouvent que la plupart des champions de lutte avec 1
frappe s~ntratnent dans certains sports de combat tels ~ue la boxe i 1
le karateacute le judo Dans cette nouvelle forme de pratique de la lutte
contrairefuent agrave la lutte traditionnelle le technicien e~t souvent
perdant face au puncheur Ce dernier adopte une lutte agrave distance qui
lui permet de placer agrave bon escient ses coups animeacute du deacutesir de vaincre
Le technicien lui se voit contreacute dans toutes ses entreprises par
un uppercut ou un crochet
On peut dire cependant que nul sport au Seacuteneacutegal que la lutte tradishy
tionnelle avec frappe ne deacutechaicircne autant de passions et autant de
pheacutenomegravenes poussant agrave lexcegraves et deacutereacuteglements quon ne peut que deacuteplorer
Mais comment deacutecrier un spectacle de lutte qui bien quayant perdu la
presque totaliteacute des valeurs traditionnelles veacutehiculeacutees autrefois par
elle sait susciter une participation effective de tous ceux qui sont
preacutesents
CONCLUSION
Dans ce meacutemoire nous sommes efforceacutes ~e faire ressort ir limportance des
ethos et des habitus et leurs effets sur la pratique de la lutte tradishy
tionnelle au Seacuteneacutegal
L~b egravethos repr~sentent dune maniegravere g~neurorale tous les eacuteleacutements speacutec
fiques sux Seacuteneacutegalais par conampeacuteguent un systegraveme de valeurs traditionnellEs
Mais m~me si ces valeurs rev~tent une signification universelle (honneur
digniteacute courage etc bullbullbull ) il nen demeure pas moins que ce nest pas leur
nature qui fait leur speacutecificiteacute mais la hieacuterarchisation et limportance i
quon accorde agrave toutes ces valeurs de ~ar leacuteducation ou la culture
i 1
Aussi les valeurs traditionnelles puient leur speacutecificiteacute dans les
caracteacuteristiques propres aux eacuteleacutements ~e la socio-cu1ture (la technologie
et leacuteconomie la politique et la pareteacute la psychologie et lideacuteologie)
dans la socieacuteteacute seacuteneacutegalaise agrave n momen donneacute de son eacutevolution Cest i
dire la neacuteceesiteacute de ne point faire della valeur une reacutealiteacute statique
Cest dite aussi quagrave tout mome~t le ~eacuteneacutegalais peut eacutevoluer et creacuteer
ou vivre par conseacutequent de nouv~lles fprmes de valeur qui lui sont 1
propres ft (J)
La lutte traditionnelle veacutehiculant deS valeurs socio-cu1ture1les speacutecishy
fiquement seacuteneacutegalaises (croyances valeurs morales norme de comportement
opinion attitude bullbullbull ) devient un eacuteleacutement important qui tregraves certaiaement
nous aidera dans notre effort de valoriser et de peacuterenniser notre patri shy
moine culturel par le biais dactiviteacutes physiques et sportives
Leacutetude des habitus nous permet de prouver quil y a plusieurs faccedilons
de se mouvoir comme danser lutter bullbullbull qui varient avec les diffeacuterentes
ethnies (wolof toucouleur seacuteregravere diolagt leurs convenances et leurs
eacuteducations
(1) Revue Ethiopiques 31 Les valeurs traditionnelles et le problegraveme de leur inteacutegration dans les systegravemes modernes jtducatio-1 2 6r--70
nautre part cette eacutetude permet aussi de nous rendrE compte de la
correacutelatipn eacutetroite existant entre la pratique de la lutte traditionnelle
et le sta~ut socio-eacuteconomique du pratiquant
Nos inves~igations nous indiquent que la lutte recrute essentiellement
au niveau des classes socio-eacuteconomiques situeacutees en bas de leacutechelle
donc posseacutedant le statut social le moins favoriseacute La lutte avec frappe
-et un certain secteur commercialiseacute de la lutte simple- y trouve sa
leacutegitimiteacute Comme le dit BOURDIEU nA habitus diffeacuterents styles de Vle
divergents et il oppse les pratiques aristocpatiques correspondants agrave
des activiteacutes qui favorisent les situations eupheacutemiseacutees ougrave la stylisashy
tion est importante aux pratiques populaires qui font appel agrave des
qualiteacutes qpposeacutees bllutes rugueuses Certaines interviews nous
montrent que plus lindividu occupe une place eacuteleveacutee dans leacutechelle
sQciale e~ 1
moin$ il sinteacuteresse agrave la lutte
Les reacutesultats recueillis dans nos diverses investig~tions confirment 1 1
1er propos qui disent que nous assistons aujourdhu~ agrave une involution
de la lutte traditionnelle parce que perdant toutes ses speacutecificiteacutes au 1
pryfit d~ne autre forme de lutte que lon continue agrave appeler nostalshy
giqlementIIlutte traditionnelle
Ceci pourrait peut-~tre trouver une explication dan la citation suivante
La liberteacute de creacuteer dinnover de vivre Pleineinenf decirctre soi et de
preacuteserver son authenticiteacute la digniteacute et lhonneu1demeurent des illushy
sions dans la misegravere eacuteconomique~ Nos ancecirctres creacuteai~nt des valeurs de cishyl
vilisation parce quils eacutetaient libres parce qu1i~s ignoraient toute
deacutependance eacuteconomique ils cultivaient en eux et cbez leurs enfants le 1
Jorn et la Kersa et preacutefeacuteraient la mort agrave la hoJte lI (1)
Or le Seacuteneacutegal comme la plupart des pays africainsi est un pays sousshy
deacuteveloppeacute t cependant face agrave cette volonteacute du gou~ernement seacuteneacutegalais
de faire inteacutegrer dans leacuteducation des valeurs traditionnelles nous
pouvons espeacuterer utiliser comme moyen deacuteducation la lutteacute traditionnelle
qui reste quand mecircme vecteur jethos et dhabit~s
- 54 shy
Mecircme si lon a noteacute un appauvrissement notoire sur les plans socioshy
culturel et moral la lutte traditionnelle recegravele une gamme importante
et varieacutee de techniques permettant incontestablement une ouverture vers
les luttes olympiques libre et g~eacuteco-romaine
La lecture de ce meacutemoire permettra agrave lentratneur et au professeur de
lutte en fonction du lieu ougrave ils seront affecteacutes dans le territoire
seacuteneacutegalaisdavoir une information sur les techniques contrOles et
formes de corps propres agrave chaque groupe ethnique et de les mettre en
relation avec leurs croyances et leurs mentaliteacutes
Nous avons essayeacute de montrer que la pratique de la lutte traditionnelle
doit tre axeacutee sur une ethnomotriciteacute au Seacuteneacutegal qui permette une inishy
tiation facile Cette pratique de la lutte traditionnelle seacuteneacutegalaise
devra dailleurs essayer de ~eacutepondre aux aspirations du Seacuteneacutegalaisl
moderne en souvrant aux ap~orts positifs des autres civilisations
ex~eacuterieures nous voulons Jvidemment parler du judo et des luttes oiymshyJ
piques 1
1 j Nous navons pas la preacutetentfon dans le cadre de ce meacutemoire demattrise
de reacutepondre agrave toutes les qutstions se rattachant agrave leacutetude de ~a lutte
traditionnelle souslangle~socio-culturel car non seulement il nous
manque lexpeacuterience et la c peacutetence en la mati~re mais aussil l le temps
et les moyens dont nous dis osions ne nous permettaient pas d~puiser le 1sujet i
1 1 1 t 1
l
- )5 shy
BIBLIOGRAPHIE
BIBLIOGRAPHIE
1- CLAPAREDE Psychologie de leacuteducation et peacutedagogie expeacuterimentale
Edition Delachaux et Niestleacute 244 pages
2- POCIELLC Christian Sport et Socieacuteteacute approche socio-culturelle
des pratiques Paris Vigot 1981 377 pages
3- PIERON Henri Vocabulaire de la psychologie
PUF Deuxiegraveme eacutedition 1957 469 pages
4- Revue socialiste de culture neacutegro-africaine ETHIOPIQUES
Les valeurs traditionnelles et le problegraveme de leur inteacutegration
dans les systegravemes modernes deacuteducation
GIA 21 Juillet 1982 213 pages
5- N2 Revue du Centre dEtudedes Civilisations DEM ak TEY
NIS IVegrave Trimestre 1982 96 pages
6- Document lNSEP Colloque sur la lutte aeacuteregravere
DAKAR MAI-JUIN 1980
t 1
~- Travaux du IVegrave Congregraves National ~es Sports agrave DAKAR les 2223041981
Bulletin n2 91 du CIO du 15 Aont 1965
l____________________________
8- Meacutemoire de Mattrise BADJI Abdou La lutte traditionnelle Joola
Etude et perspective
9- Meacutemoire Inspectorat JS DJITTE Mandy Les pratiques corporelles
traditionnelles au Seacuteneacutegal pour leur exploitation et leur
utilisation en peacutedagogie Marly le Roi 1980
REPUBLIQUE DU SENEGAL
--------------- INSTITUT NATIONAL SUPERIEUR
MINISTERE DE LA JEUNESSE DE LrsquoEDUCATION POPULAIRE
ET DES SPORTS ET DU SPORT
-------------
(INSEPS)
MEMOIRE DE MAIcircTRISE
Es-SCIENCES ET TECHNIQUES
DE LrsquoACTIVITE PHYSIQUE ET DU SPORT
LA LUTTE TRADITIONNELLE
son importance sa signification en fonction des ethos et des habitus ethniques au Seacuteneacutegal
Preacutesenteacute par
Monsieur Joseph Victor FAYE
Sous la direction de
M Jean Marc ROCHEZ
Professeur agrave lrsquoINSEPS
Anneacutee de soutenance 1984
On constate que le no~bre de p=a~iq~~-ts ~st ~eauccup plus importd~t dans
les groupes 2 et 3 - Il es ~oindre dans les grQupes 1 et 4
LUTTE LIBRE TRADITION~~LLE
Lieu Dakar - Thiegraves bull Aregravenes Landing DIAME - Ecurie Seacuteregravere (pregraves de
lautoroute) Lutteur diola - toucouleur - Entratneurs - encadreurs
de diverses eacutecuries Stade Iba Mar DIOP - Aregravenes de Pikine et de
Thiegraves - CNPES - INSEPS
Date du 040284 au 020684
Circonstances Elles sont parallegraveles car les pratiquants semblent beaushy
coup plus disponibles que dans les autres disciplines Notre travail
parfoi~ peacutenible en raison de la diversiteacute des ethnies repreacutesenteacutees
et la traduction n1est pas toujours aiseacutee
Observations
Nous constatons que la lutte libre traditionnelle est plus pratiqueacutee
par les groupes 4 et 3 que par les groupes 1 et 2
LUTTE OLYMPIQUE
Lieu CNPES - INSEPS - Iba Mar DIOP (Equipe Nationale) - DUC
Date du 040284 au 020684
Circonstances Les conditions sont meilleures dans la mesure ougrave le
hasard a fait que pendant cette peacuteriode leacutequipe nationale soit
en regroupement et ceci nous a permis d-interroger un nombre
important de lutteurs de grand renom
Observations
En raison du petit nombre de pratiquants r~guliers lenquecircte ne porle
que sur 2S personnes Arbitrairement pour les besoins de comparaison
les raisons de comparaison les reacutesultats cbtenus sont multipli~s par 2 bull
BOXE A~~GLISE
Lieu Iba l-ar DIOP - ASFA - ASFPO - SC -ASC JJAF - ASC lA
ugraveate du 201283 au 020684
~E~~~~E~~~~ Ici nous ferons la mecircme remarque que pour le Judo
Notons que toute lenquecircte a eacuteteacute faite agrave Dakar
Observation
La boxe recrute ses pratiquants surtout dans les classes 3 et 4 et
on note que le nombre de pratiquants nest pas aussi important comme
dans les autres disciplines
KARATE
Lieu YUKOKAI KARATE CLUB - SAMOURAI KARATE CLUB - Iba Mar DIOP
CLUB DE GIBRALTAR - ASFA - ASFA - ASFPO - GM Thiegraves
Date du 201283 au 020684
SE~~~~E~~~ Notre enquecircte se passait dans une ambiance sympathique
de camaraderie Geacuteneacuteralement apregraves la seacuteance dentratnement
Observation
Nous constatons que la distribution des pratiquants bien que favorisant
les groupes 2 et 3 semble plus homogegravene que dans les autres disciplines
~ LUTTE TRADITIONNELLE AVEC FRAPPE
Lieu Ecurie de Fass - Ecurie des Seacuteregraveres - Ecurie Mermoz
- Ecurie des Casamanccedilais
Date du 04-02-84 au 020684
Ccedilj~9~~~aEccedil~ Il est agrave signaler que cest la discipline ougrave l~ contact
avec les pratiquants a eacuteteacute plus difficile les speacutecialistes qui~ la plushy
part du temps semblent meacutefiants quand on commeucircce agrave leur poser des quesshy
tions preacutecises sur leur revenu mensuel
2 -liCc 055cllt le lle11ent SegraveS praLicltants dans le ba
de lecirc~helle ces~-agrave-dire dans le ~ruumlupe 4
~ecircsultats
Les reacutesultats enregistreacutes sont reacutecapituleacutes en nombre et en pourcentage
-agrave lapproximation pregraves- dans le tableau ci-dessous
LUTTE 1 LUTTELUTTEGROUPES BOXE KARATE JUDO AVEC OLYMshySIMPLE i i FRAPPE PIQUE
1 11 1 1 1
1 11 1 1 1 11 0 1 0 8 1 16 9 1 18 4 1 8 0 1 0 7 1 14
1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1
1 11 1 1 1 1 12 3 1
1 6 21 1
1 42 22 1 44 6 1 12 4 1 8 17 1 341 1
1 1 1 1 1 1 1
1 1
1 1 1 1 1
3 22 1 44 13 1 26 15 1 30 16 1 32 5 1
1 10 10 1 20
1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1
1 1 1 11 1 1
14 25 1 50 8 1 16 4 1 8 24 48 41 1 1 82 16 1 321 1 1 1 bull 1 1 1 1 1
1 1 1 1 1 11 1 1 1 TOTAUX 50 1100 50 1100 50 100 50 pOO 50 pOO 50 1100
1 1 1 1 1 1 1 1 1 1
Afin dG failiter la lect~~e je c~ table3~ t ~2 re~dre sig~ific~tives
s info~~ations quil contient ces difteacutere ts reacutesultats nu~eacuteriques
peuvent ecirctre formuleacutes selon des repreacutesentations graphiques
1 Clientegravele des Sports de combat
FIGURE l
Il apparatt nettement que les sports de combat recrutent essentiellement
dans le bas de la hieacuterarchie sociale ce sont des sports populaires don
propices agrave une massification de la pratique
Toutefois on peut nourrir quelques inquieacutetudes pour que soient reacuteunies
les conditions de leur deacuteveloppement en raison du faible statut quils
possegravedent au regard defllintelligentsia seacuteneacutegalaise
2 Hieacuterarchisation des gants sportifs en matiegravere de sport
de combat au sein des cadres supeacuterieurs -Groupe 1shy
FIGURE I[
La f-appe est honni aucl1 pratiqua1t de boxe Olt de lutte avec frappe
agraveUloins quelle fasse lobjet dune stylisation cxtrecircme COTIme cest le
cas dans le karateacute Ce groupe manifeste un seuil extrecircmement bas de toleacuteshy
rance agrave la violence ce qui explique les discours infamants degraves que la
lutte avec frappe est secoueacutee par quelques excegraves Leacuteopold Seacutedar SENGHOR 1
navait-il paS deacuteclareacute que cette forme de lutte eacutetait une atteinte permashy
nente agrave limage de marque du Seacuteneacutegal
Bien quil soit difficile de proposer une explication unique curiositeacute
esprit douvetture permeacuteabiliteacute aux modes bullbullbull les repreacutesentants de ce
groupe adoptet facilement des sports importeacutes 85 des goOts pour le 1
Judo le Karateacute et la Lutte Olympique qui pourtant est bien peu pratishy1
queacutee au Seacuteneacutegfll j
Faut-il en deacuted~~re une attitude geacuteneacuterale favoris~agrave tout ce qui provient
de leacutetranger
Nous nous refu~ons preacutesentement agrave ce genre dexplicationJ ne ser~it-ce que
par ses conseacuteqJences sur notre sport national dont les perspectives appashyj
raicirctraient bie sombres
Admettons que la pratique de ces disciplines sont en rapport avec des
deacuteterminants eacuteconomiques et que ceux-lagrave sont un frein P4ur la popularisashy
tion de ces pratiques A lappui de cette interpreacutetation~ il suffit de
composer le champ social du Judo et celui de la Lutte libre traditionnelle
--== G J
32
LUTTE SIHPLEJUDO FIGURE JI(
Le groupe 2 qui manifeste un inteacuterecirct reacuteel pour les sports de combat -pregraves
de 25 iuml de la population i~tervieweacutee- et qui p6ssegravede les ~oyens de choisir
ses pratiques opte massivement pour le judo CDnme lexprirre le rapport de
agrave 4
- shy
A la lumiegravere de cette succi~te analyse des demandes sociales en matiegravere
de pratique des sports de combat nous pensons recouper la theacuteorie de
lhabitus selon BOURDIEU qui veut que des hatitus diffeacuterents impliquent
des styles de vie divergents si lon entend par style de vie un systegraveme
de pratiques classeacutees et classantes(I)
La mutation de la socieacuteteacute seacuteneacutegalaise celle du milieu urbain se caracteacuteshy
rise par lapparition despaces sociaux qui sont en rapport avec des
espaces culturels Il en reacutesulte des pratiques distinctives comme
lexprime le pogam
En effet si les cateacutegories sociales existent et si chaccedilune delle exprime
une marque sur les conduites des sujets il est naturel ~e penser que des
pratiques1 sportives servent de modegraveles distinctifs et detrsymbOles dorgashy
nisation ieacuterarChique dans la socieacuteteacute exprimant les dif eacuterentes clas8eamp(2)
Ces const4tations ont dimportantes implications sur leeacuteveloppement et
lavenir des pratiques Si dans notre IIIegrave partie nous 1tenterons de 1
mettre en rapport les particulariteacutes ethniques avec les pluraliteacutes de
style de lutte nous parlons presque au passeacute Une IVegraveme partie devra
e~visager la situation actuelle de la lutte afin de pouvoir eacutemettre
qu~lques hypothegraveses sur son devenir
Cest auss~ une ambition de ce meacutemoire daider ceux qui sinteacuteressent reacuteellE
ment agrave la lutte de savoir entendre au travers des deacuteclarations normatives
et apologeacutetiques Nous ne doutons nullement de la conviction ou de la bonne
foi de leurs auteurs mais parmi les possibles il yale probable et seul
ceiui-lagrave meacuterite decirctre retenu car plus proche agravee la recirc~liteacute
(I) BOURDIEU pierre La distinction Les Editions de minuit 1979 page 191
(2) Le POgdlt Deacuterrocratisation du sport ythe (u reacutealiteacute
- 1f shy
j j l IlL DL l H L S DE
3 1 LA COll1ŒNAUTE DIOLA
311 Preacutesentation
Les diolas vivent dans la reacutegion de Casamance et repreacutesertent 9 de la
population totale du Seacuteneacutegal Ce sont geacuteneacuteralement des cultivateurs de
riz et des artisans Cependant on peut les trouver aujourdhui disperseacutes
dans toutes les capitales reacutegionales affecteacutes agrave divers meacutetiers militaire
gendarme fonctionnaires de lEtat ouvrier etc bullbullbull
Dans les villes la plus grande partie des diolas vit dans les qoartiers
populaires Par exemple agrave Dakar on les trouvera agrave Colobane agrave Fass agrave
Grand Yoff ou agrave Khar Yalla La plupart du temps cesDnt des artisans et des
ouvriers du secteur priveacute qui vont essayer dune maniegravere ou dune autre de
vivoter en bricolant deci de lagrave Mais mecircme loin de la Casamance cette
ethnie conserve une grande partie de ses caracteacuteristiques et plus partishy
culiegraverement la solidariteacute ethnique qui veut que les Diolas forment toujours
un bloc bien soudeacute quand le besoin se ifait sentir et cecisans discrimishy
nation de rang social Ainsi tous lesdiolas de Dakar se mobilisent pour
supporter le Casa Sport chaque fois qbe cette eacutequipe de foot-baIl vient
jouer agrave Dakar Cette mobilisation se fera aussi dans le cas ougrave leur chamshy
pion de lutte Mamadou SAKHO livre uncombatimportant
Lethnie diola est diviseacutee en trois sous-groupes
- les dio1as Fogny de Bignona
- les diolas Kassa autour dOussouye
- les diolas Blouf dans la preacutefecture de Tendouck
Mais en lutte on a pris lhabitude ~e les grouper en deux zones dune
part le Kassa qui preacutesente des particulariteacutes et dautre part lE Fogny
et le Blouf
- J 7 shy
3 ) 2 ~U(lquE5 aspects d~ l~ducatio~ ~t des rit~s en milieu diol~
L eacuteducat ion veacuteritable de lenfant diola est sociale et ne se corlprend
que dans la relation sociale elle deacutepasse de loin le strict cadre
famililal Elle commence au stade de lapprentissage du langage
Lenfant apprendra agrave reconnattre le langage du regard de ses parents
Il doit connaicirctre et faire la diffeacuterence entre un regard approbateur
et un regard qui blacircme De mecircme il doit apprendre agrave faire les gestes
de la tecircte qui expriment lapprobation En aucun cas lenfant nest
laisseacute agrave lui-mecircme Aura-t-il deacutesobeacuteit par complaisance naura-t-il pas
eacutecouteacute ou fait attention aux recommandations reacutepeacuteteacutees plusieurs fois
sans reacutesultat il fera lobjet dune punition corporelle avec la chicotte
Elle a pour effet de faire mal au corps de lenfant afin datteindre son
acircme sa sensibiliteacute et instaurer en lui une sorte de 1iaision de la
meacutemoire du mauvais comportement agrave la douleur quen voulant eacuteviter la
douleur il finit par eacuteviter le mauvais comportement en tout cas den
prendre conscience degraves cet acircge Cest une meacutethode deacuteducation mora1e (])
i 3121 Leacuteduca~ion maternelle
1
Notre eacutetude nous a montreacute que mecircme de nos jours leacuteducation diola
conserve encore ses caracteacuteristiques traditionnelles au niveau des rites
des moeurs des habitudes des principes et des normes
Leacuteducation de lenfant reste lune des plus rigoureuses Elle commence
degraves le plus bas acircge car pour le dio1a on ne peut redresser une personne
adulte donc autant leacuteduquer tregraves jeune Jusquagrave lacircge de trois ans
lenfant sera encadreacute par sa megravere qui bien queacutetant tregraves douce fait
preuve daucune indulgence Elle lui apprend les interdits de la communaushy
teacute respecter son prochain ne pas insulter ni profeacuterer de gros mots surshy
tout en preacutesence de grandes personnes ni faire violence agrave autrui
Plus terd v~rs cinq ou SlX ans le jeune garccedilon est initi~ a~x travaux
ces cna~ps des rizi~r~s cles pal~eraiEs ce Gui ne manquer6 pa5
davoir ces rEpcrcussic~s sur SOn deurovelopperncnt morpholoique
- 1( shy
3122 La circoncisio~
cest un rite obligatoire Il a pour but dintroduire le garccedilon dans
la communauteacute des hommes en tant que responsable Cest un rite qui
laisse une trace indeacuteleacutebile dans la vie du jeune diola Les principes
de la vie en socieacuteteacute y sont enseigneacutes agrave fond Le rite de la circoncishy
sion preacuteseuro~teuro uneuro forme p~lticul do~t s~uls les diolas connaissent
lorganisation internecar la circoncision est agrave la fois une eacutepreuve
physique intellectuelle et morale
Cette circoncision en milieu diola se passe dans le bois sacreacute En ce
lieu les Njoulis (circoncis) sont encadreacutes par des mattres les
Kintangs et au-dessus de ces mattres regravegnent un ecirctre doteacute de faculteacutes
occultes il sagit du Kankourang Le kankourang a cette capaciteacute de
disparattre de voler quand bon lui semble Il incarne la justice et la
violence et assure la protection de ses disciples contre les mauvais
esprits Ainsi le kankourang incite agrave lobeacuteissance et agrave lordre dans
cette socieacuteteacute Dans la tradition diola le kankourang repreacutesente un
pouvoir mystique capable de choses extraordinaires dont la socieacuteteacute
moderne avide de raisonnement ne pourra trouver une explication Au
cours de la circoncision les initieacutes subissent un certain nombre
deacutepreuves physiques que le diola appelle samasso Il doit se soushy
mettre agrave lensemble de ces eacutepreuves consideacutereacutees comme indispensables
agrave sa formation pour lui permettre de juger ses capaciteacutes physiques
mais eacutegalement deacutepouver sa valeur intellectuelle morale et sociale
Il pourra aussi se mesurer aux autres dans le domaine de la consideacuteration
et du respect En quittant le bois sacreacute le jeune doit posseacuteder une
grande partie des qualiteacutes humaines et socisles quil faut agrave un howmE
pour vivre en harmonie avec la socieacuteteacute traditionnelle Il serait bien
sOr possible dans le cadre dune eacutetude plus approfondie de parler de
bien dautres rites et pratiques traditionnelles
Notons cependant que le rite de la circoncision appartient aux anc~t~es
et que dans les villages reacutecents ougrave les structures ont changeacute on ne
Jeux jours avant la re~trfE cans le bois sacr[ les adolescents so~r
-
- Jo shy
por lE diola 11-071- doit rester en harrc1iE avec lE
tal lanimal lui-mecircme les ancecirctres les geacutenies Le rit~ du rasdge co~sist~
acirc ~loigner la ~alchance de lenfant Si l~ ritE nest pas respecteuro eumlr es
parents du futur initieacute celui-ci connaicirctra la malchance pendant toute sa viE
Ce rite a aussi pour faculteacute deacuteloigner le mal et de preacuteserver lenfant des
mauvais esprits
Le rite de leau sacreacutee se fait un jour avant lentreacutee dans le bois sacrEacute
Les femmes doivent se garder davoir le moindre contact avec leau beacutenite
pour se preacuteserver des conseacutequences facirccheuses qui pourraient en reacutesulter La
tradition veut quune seule goutte soit capable de deacuteclencher lavortement
l chez la femme enceinte de rendre steacuterile la jeune fille ou de provoquer des
menstrues perpeacutetuelles chez la femme ayant atteint la meacutenopause bull
bull Le rite de la forge protegravege le futur initieacute pendant son seacutejour dans le bois
sacreacute Mais cette protection seacutetend bien au-delagrave et de rite veut que toute
personne qui y faillit soit condamneacutee agrave devenir leacutepreuse
Pendant plusieurs semaines les jeunes initieacutes subissent une formation capishy
tale qui fera deux des hommes complets
313 Croyances et pratiques mystiques
Si nombreux sont les diolas convertis au Christianisme ou agrave lIslam leur
foi napparatt jamais incompatible avec leurs croyances animistes Lhisshy
toire des rois et reines diolas nous reacutevegravele quils eacutetaient les ffprecirctres fl de
ces cultes feacutetichistes destineacutes agrave maintenir la fertiliteacute et agrave provoquer
la chute des pluies De nos jours existent encore des socieacuteteacutes secregravetes agrave
base religieuse ou magique la plus redouteacutee eacutetant lassociation neacutecrophashy
gique Kousanga des Floup (1)
Deux fafu expliquent la coexistence du dogme et de la croyance
le contact tardif de la socieacuteteacute diola avec les civilisations eacutetrangegraveres
et leacutevangeacutelisation ou lislamisation quelles veacutehiculaient Il e~ reacutes~lt~
une importance des traditions leur reacutesstance agrave une remise en questic~ ce qui confegrave~e agrave la socieacuteteacute diola un caractegravere conservateur
r~c~~i]EE 2~fr~~ ~c - t
ct ~Cc egraveE~ Cimiddotilisatilaquo~ eacute
la neacutecessiteacute de lanimisme consiegraveeuroreacute comme base de toutes legrave~
religi0~s uumlegrave serait-ce que corr~e tentative ciexpliquer li1explishy
cable en se repreacutesentant en particulier comme un ensemble de puisshy
sances mystiques Ainsi pour lanimiste agir sur la nature cest
intervenir psychologiquement aupregraves de ceLX qui la gouvernent
314 Imeact des moeurs sur la prat~que de la lutte diola
Lorigine de la populariteacute de la lutte eugrave milieu diola est par trop
impreacutecise aussi nous nous limiterons agrave en donner la signification
actuelle La lutte apparatt dabord comme un moyen privileacutegieacute deacutedushy
cation
- sur le plan corporel afin de deacutevelopper la force lagiliteacute la
rapiditeacute et la souplesse
- sur le plan moral afin de deacutevelopper les vertus caracteacuterielles
courage tenaciteacute digniteacute bullbullbull neacuteces~aires agrave laction
Mais la lutte apparatt aussi comme un mpyen dinteacutegration sociale car
le jeune diola qui se refuserait agrave se sbumettre agrave leacutepreuve de la lutte
encourrait un isolement alors que celui qui excelle en bravoure devient
rapidement populaire Dougrave ces affrontements agrave linteacuterieur dune classe
dige qui tout en restant un moyen de reacutejouissance servent eacutegalement
agrave eacutetablir des comparaisons
Nos observations et nos interviews confirment le caractire tris physique
de la lutte diola immeacutediatement les lutteurs sont au corps agrave corps et
les techniques consistant agrave aracher ladversaire priment sur toutes les
autres Exprimer sa force est une preacuteoccupation constante il suffit pour
sen persuader de voir le groupe de lutteurs peacuteneacutetrer dans laregravene au son
du Born bol on que rythme le claquement de mains des femmes
C~tte da~se est une deacutebauche dAnegie Ougrave les lutteurs pieacutetin~Ert avec
force L sol
i shy
3141 EorphologUgrave et valeur physiques du lut teur diola
Le lutteur diola possegraveagrave~ un deacuteveloppement caracteacuteristique du trai~
supeacuterieur et de la musculature doso-lombaire Ceci est tregraves certaineshy
ment lieacute au maniement de la houe de la daba et surtout dukadiando
dont lusage permanent a modeleacute la morphologie du lutteur diola
La valeur physique de ce lutteur semble reposer sur sa force sa
reacutesistance mais aussi sa rapiditeacute
3142 Reacutepertoire technique
Dans le Blouf la forme du corps la plus utiliseacutee est le deacutecalage souvent
combineacute avec un crochet de jambe (gal gal) ceci semble ecirctre lieacute agrave
lutilisation quotidienne dans les riziegraveres du kadiando Le paysan du
Blouf sera ameneacute agrave faire un mouvement de torsion pour deacutecalerlinstrushy
ment enprenant appui sur son genou et ceci continuellEment pendant toute
la jourpeacutee Chez les diolas du Fogny le kadiando eacutefait surtout utiliseacute
par les femmes qui soccupaient autrefois exclusivement de la riziculture
et ce n~est quaujourdhui que les hommes cultivent le riz 1
La principale culture dans le Fogpy est celle du mil on y cultive aussi
de larachide De ce fait loutil le plus utiliseacute est le donkoton qui
est un instrument tregraves petit avec un manche court et dont le maniement
expliquerait peut-ecirctre leacutetonnante musculature du train supeacuterieur et surshy
tout de la zone dorso-lombaire du 4i6la fogny qui excelle dans les techshy
niques en force genre arracheacute avec les bras sur contrOle de la ceinture
de ladversaire Lulisation du donkoton semble eacutegalement expliquer la
garde tregraves basse du lutteur fogny
Dans le kassa on aurait pu trouver la mecircme forme de lutte car la morphoshy
logie du lutteur est agrave peu pregraves la mecircme mais linterdiction formelle de
la prise du ~gimbe modifie et limite tout le repertoire technicult2 ou
lutteur Le lutteur kassa adopte une garde basse et agrave une preacutefeacuterence pc~r
legraveS tc~-iccedilues n passa~ dessous - - ~ shymiddotmiddotcrc t--=~ c-
----
contact et agrave partir de ce TtoTteuront ils peuvent se relever et conti~uEr
en lutte debout jusquau terrassemen~
Toutes les gardes sont rapprocheacutees en milieu diola
irbi trage
Les combats sont arbitreacutes par un deacuteleacutegueacute geacuteneacuteralement anClen lutteur
Ces anciens lutteurs ont pour rocircle de veiller au bon deacuteroulement du
combat La victoire est deacutecreacuteteacutee dans les cas ougrave un des lutteurs se
retrouve en position assise sur le ventre sur la cuisse ou les
genoux (sauf dans le Kassa)
Il existe un autre mode de victoire celle qui est proclameacutee agrave la
suite dune supeacuterioriteacute eacutevidente du~ des lutteurs A savoir quand
un lutteur soulegraveve tregraves haut son camarade et que son manager estime i
quil est pratiquement battu il peut arrecircter le combat en touchant
dabord le lutteur adverse popr eacuteviter que son lutteur ne soit terrasseacute
tregraves fOrt Nest-ce pas un deacutecision sage des managers qui peut contribuer
agrave maintenir le caractegravere reacutecr~atif de la lutte joola 1
La victoire dun village sur un autre village ne se mesure pas au
nombre de victoires obtenues par lensemble des lutteurs En effet
il suffit que le champion soit battu pour que le village soit consideacutereacute
comme deacutefait Ce qui explique limportance et le seacuterieux que le village
accorde agrave la preacuteparation des championsl)
Il est cependant important de signaler que larbitrage dans les centres
urbains revecirct une iautre forme beaucoup plus codifieacutee et cest peut-ecirctre
une des raisons qui font quen milieu urbain la lutte diola perde une
partie de son originaliteacute
En dehors des techniques speacutecifiques agrave chaque sous-groupe il faut
signaler quil y a une multitude de prises et quelGues formes de corps
comTIunes agrave letnn Car reconnaissons qu il cO unE ror-euro approp=i~eacute
dE ~ouvane du l~tteur diola en TaI
-----~-----
LE tableau ci-dessous se propose dE reacutesumer les diffeacuterentes consideacuteshy
rations techniques envisagEacutees dans cette partie
FORlŒSSOGS-GRGUPES 1 COItltOLE GA~JESDt CORF=
i ~
1 1
Passage dessous de jambes et BassE KASSA saisies Moyenne1annexes bras (rapprocheacutee)
ceinture tecircte
Deacutecalage de Moyenne et BLOUF Demi-souplesse Ngimbe
HauteHancheacute Bras (rapprocheacutee)
Jambe
Arracheacute CouFOGNY Tregraves basse
Hancheacute ii 1
1 1
3 14 3 bull LeIIa~~jueetlecom~ortementdulutteur-+iola
1 Le comportement et lattitude du lutteur dans laregravene pe sont en fait
t
que le reflet de sa psychologie et plus partiCUliegraverem t de son eacutetat
dacircme Or il napparatt pas abusif deacutetablir des cor eacutelations entre
le psychisme dun individu et lempreinte eacuteducative quil a subie En effet en sortant du bois sacreacute le jeune diola a acquis un ~ca~~l
eacutequilibre physique et mental
Cette matrise de lui-mecircme permet au lutteur dans la~egravene dadopter
un aire enjoueacute de manifester beaucoup denthousiasme~ La lutte devient 1
essentiellement un jeu laspec ludique y est privileacutegieacute et ~ela influe
sur le comportement du lutteur
Ainsi queurolq~c soit limporta~cE de le~je~ le lutt~c~ dic1e Seuroreacute
to~jours serein et s~ livrera sa~s arri~re pe~s6e da~$ ~E CO=beacute ou-
tons que le lutteur diola est trecircs fair-play et sil arrive quun rdnd
lll L COIicircilU1Ul L ULOF
32 J Preacutesentation
La soc tEacute wucirc10f est celle qU1 a eacuteteacute la plus marqueacutee par la colonisation
~~ fait peut-gtre de sa position geuroographiquE dune part ct de 50~ imporshy
tanCE sur le plan dfmographiquE dautre part En effEt ceurootteuro CC-~ucircautE
wolof repreacutesente environ 20 de la population seacuteneacutegalaise
Elle est constitueacutee de pecirccheurs (ce sont les leacutebous) dagriculteurs de
fonctionnaires de lEtat mais surtout de commerccedilants
A pqrtir de leur reacutegime dimplantation le Cayor le Walo le Baol le
Djolof et la presquicircle du Cap-Vert les wolofs ont tendance agrave irradier
sur lensemble du territoire sous leffet de leur speacuteculation agrave la culshy
ture de larachide et du nombre important de fonctionnaires quon trouve
dans cette ethnie
322 Les moeurs et croyances wolofs
Bien queacutetant en grande partie des musulmans convaincus les wolofs
conservent toujours une croyance animiste et continuent agrave faire des
sacrifices agrave porter des cornes ou des morceaux de bois agrave la ceinture
aux jambes ou aux bras et agrave croire agrave lexistence des Djinneacutes et des
Raps bull
Le Djinneacute cest une creacuteature malfaisante en geacuteneacuteral capable de choses
extraordinaires Il possegravede des faculteacutes surnaturelles Cependant dapregraves
la croyance animiste certains Djinneacutes peuvent ecirctre bons
Le Hapl cest une creacuteature ayant des dons occultes appartena71t agrave une
famille ou agrave une communauteacute et dont le rOcircle est de veiller cu daider
les reCJrES de le fai11p ou dt la conmunauteacute en cas de da1gel Le Rap
~ ut te c ) ~~c-
ei sltcificE cJ sanl dE meut0 dL chat de pC)wleurot 5E1lt les conveuroshy
lances parfois leur dorner COrllTe offrande du lait Laii
Qua1d une famille ou une communauteacute neacuteglige les Sarakh (ici dans
le sens de sacrifice ou Offrande) elle se voit aussitocirct vouEacutee agrave la
maleacutediction des mauvais esprit~ (fcllec dans touteacuteS lEs ~treprises
de la vie maladie mort bullbullbull ) Les lieux ougrave habitent ls Taps et ougrave
se font les sacrifices se nomment Khambs
Geacuteneacuteralement le khamb se trouve dans lenceinte de la maison ou
dans un coin approprieacute du village Les lieux du khamb sont marqueacutes
par la disposition de calebasses de pilons de morceaux de poterie
briseacutes de grosses pierres de cornes et dautres objets heacuteteacuteroclytes
La superstition wolof est tregraves marqueacutee En effet pour le wolof toutes
les manifestations quotidiennes trouvent leur signification dans le
mysticisme Citons agrave cet effet quelques ezemples Une femme enceinte
ne doit pas marcher agrave nimporte quelle heure de la journeacutee Certaines
heures de la journeacutee lui sont interdites le Timiss (creacutepuscule
le Ndjo~or (de 13 H agrave 14 H de lapregraves-midi) le souf-segravede (de
minuit i4 H du matin) Selon la tradition ~t la croyance wolof les
mauvais ~sprits choisissent ces heures pour jeter des sorts Et la
femme enceinte eacutetant tregraves vulneacuterable le Djinneacute essaiera de lui insufshy
fler son souffle pour atteindre son beacutebeacute afin dentratner soit la
meacutetamorphose de cedernier en monstre soit de le tuer avant sa naissance
Dailleurs pour le wolof et pour certaines autres ethnies au Seacuteneacutegal
le timis le tdjolor le souf-segravede repreacutesentent des peacuteriodes de
la journeacutee ougrave lon ne doit pas se hasarder dans les rues et les champs
Ce sont des heures propices aux apparitions des Djinnes sous nimporte
quelle forme humaine ou animale
Il est eacutegalement interdit au wolof de marcher ou de serti la nuit du
~eacutellfria-
loutes c~s pratiques ~ystiqu~s et cr0ya~ces religi~us~5 ~xistent eL~~[
certainement dues agrave un meacutetissage culturel Parallegravelement aux feacutetiches
aux incantations et agrave lutilisation des safaras (substance magique)
notons lexistence de ga l a tchs (ce sOnt des talismans ougrave sont inscrits
du qui les porte Toutes ces croyances biEn sucircr auront une rEacutepercussicrI
sur leacuteducation du jeune wolof
323 Leacuteducation du wolof
Pour caracteacuteriser leacuteducation wolof nous avons penseacute donner comme
illustration cet extrait de la revue DEM ak TEY Pour deacutefinir leacutedushy
cation le wolof fait appel agrave un symbolisme qui eDglobe aussi bien les
moyens mis en oeuvre Yar que le reacutesultat obtenu agrave laide de ces mecircmes
moyens cest-agrave-dire la formation et le deacuteveloppement de lecirctre humain
ou Yaru
Le substantif Yar deacutesigne le fouet
Ce symbolisme deacutesigne donc au-delagrave du simple sens mateacuteriel de lobjet
lutilisation qui permet daboutir au reacutesultat escompteacute (Yaru) Au sens
geacuteneacuteral Yar deacutesigne tout instrument servant agrave infliger une punition Le
terme laisse supposer agrave priori que cette phase de lenfance durant lashy
quelle se preacutepare la vie de lhomme est lieacutee agrave la souffrance au supplice
Dailleurs une maxime wolof compare lenfant agrave une tige quon a tout le
loisir de redresser alors quelle est encore flexible bull
bullbullbull Pour leacuteducateur wolof la perfection nest point de ce monde malS
le devoir de chaque homme est de tendre vers la pleacutenitude en luttant
contre ses propres faiblesses Leacuteducation va d01c iisister essentielle~(-~t
sur lexercice quotidien de leacutelevation ffiora1e d~ lindividu Pour cela
elle privileacutegie la patience munI) vertu dabneacutegdtion et dE deacutesinteacuteresseshy
m(~t autour dE laquelle sarticulent toutes ]e~ ~u~~~s qualiteuros
i _
aan~ ~ s0cieacutet gt~olcf ocirclt~tartt nul -Jt- poulait sabecircisstr
tion de sa libertEacute La liberteacute est le preuumler drcmiddotir dE l ho-)euro egrave~S
baigner dans une beacuteate admiration du passeacute la comparaison avec le pr~$(middott
si~posc dclle-mecircme car lon reste s reacute devant la deacutesinvolture aVEC
laquelle dES honmes daujourdhui descendants de cette ~~~EacuteTatic ccedil~l se
une fois [largis bullbull tTasque fiers davoir fait leacute priS0n PEut-2tTE
faut-il mettre cela sur le compte de lurbanisation et des nouvelles
valeurs qui ont pour nom enrichissement reacuteussite sociale avec ce que
cela comporte de deacuteshumanisant et de deacutepreacuteciateur (1)
3 bull 2 bull 3 1 bull Lesri tes
Le sevrage et la circoncision constituent les deux grandes phases initiashy
tiques chez le wolof
- Le rituel du sevrage est appeleacute maga1 (litteacuteralement rendre grand)
Cest un eacutevegravenement important aussi bien pour les parents de lenfant que
pour la co~unauteacute Durant cet eacutevegravenement qui survient geacuteneacuteralement deux
ans apregraves la naissance du beacutebeacute les personnes vivant dans lentouragE
apportent leur soutien moral et mateacuteriel
- le rituel de la circoncision revecirct pratiquement la mecircme signification
que dans les autres ethnies seule la forme diffegravere La circoncision reste
encore une eacutepreuve de la vie au sort i r de laque Ile ladolescent devient un
homme Aujourdhui il faut noter une meacutetamorphose de la structure sociale
et des croyances religieuses tregraves accentueacutee aussi bien chez les wolof que
chez les autres groupes ethniques et ceci est peut-ecirctre dO au contact
permanent quils ont avec la socieacuteteacute occidentale
Malgreacute ces constat~tions il semblerait pcu=tant qUE la sociecirct~ lecircbou Gci
bien que se trouvaLt en grande partie dans ~a Presquth du Cap-ETt Et
en contact permane~t avec les blancs soit la portior la plu8 cc~serva-
----------~_- ---~-- -----
~
Incidences d s ~00urs sur la l~ttE
Le wolof connaicirct deux formes de luttes la lutte sirplE- sans t-t
la lutte avec frappe La lutte avec frappe a une crigi~e purement r
et ce nest que plus tard quelle devint une prati1uE sportive et lud
preacuteparer agrave la guerre Aussi tout en luttant On eacutetait autoris~ agrave frapper~
griffer mordre voire introduire son doigt dans loeil de son adversaire
Le jeune wolof devait eacutegalement se livrer agrave la lutte avec frappe afin de
favoriser son insertion dans la socieacuteteacute adulte et sinitier au meacutetier de
soldat faute de quoi il ne pouvait se faire entendre ne avoir des marques
de respect Pour montrer la populariteacute de la lutte dans le Cayor signalons
que les Damels ll (rois) et les Teignes (nobles) nheacutesitaient pas agrave sy
livrer Quant au IIMbeu~ (lutteur) elle lui servait de moyen de promotion
sociale car d8S que sa reacuteputation eacutetait eacutetablie il pouvait ecirctre choisi
par les rois et les nobles comme garde de corps
325 Signification de la lutte en milieu wolof
La lutte se pratique dabord pour lhonneur qui est une vertu tregraves signishy
ficative pour le wolof Elle permet de renforcer les liens amicaux entre
les jeunes de villages diffeacuterents Le champion veut gagner
confiance et la consideacuteration de son village de ses amis
Etre champion cest aussi susciter ladmiration chez les
sentant la force la viriliteacute et la deacutetermination
326 Organisation d~s eacutepreuves de lutte
3261 Les Mbapatts Ce sont les seacuteances nocturnes
pour meacuteriter la
et des anciens
filles en repreacuteshy
Ils sont organiseacutes apregraves les reacutecoltes agrave la fin de la saiscn des pluies
Ceci surtout p~ndant les peacuteriodes de clair de lune car ils peuven~ durEr
toute la nuit Le but des ~Dapatts lt=tait de prfpa-er FhysicuemeH et
~ arb Sil
326 Le 1
cest une organisation beaucoup plus importante que les I~apatts ~
loccasion de laquelle on peut voir plusieurs lutteurs de grande reDommfe
saffronteLLa fin dl lamb est toujours couronneacutee par une grand co~bat
duquel le vainqueur est sacreacute champion de la contrecirce
Le choix du lieu est lieacute agrave limportance de ce lieu dans le village cest
la place publique ougrave geacuteneacuteralement se passent toutes les manifestations
assembleacutee geacuteneacuterale sabar (danse) cest aussi lendroit ougrave sont prises
les grandes deacutecisions
3623 Lappariement
Dans un village ou un quartier les lutteurs se regroupent en lang
(eacutequipe) et jamais deux lutteurs de mecircme lang ne se rencontrent lors
du lamb
L appariement s~ fait librement entre lutteurs de lang diffeacuterents l1hs
une regravegle veut ~uavant de lutter avec le Mbeur Kanur de tel lang si
on est soukh (l~tteur pas encore confirmeacute) il est neacutecessaire de lutter
dabord avec ses soukh et ce nest quapregraves les avoir terrasseacutes tous
quon se voit octroyer la chance de lutter contre lui
Notons que la cateacutegorisation des lutteurs par poids nest jamais prise
en consideacuteration
3624 La tenue du lutteur ou NGIMBE
Le middotNGimbe est confectionneacute par le marabout de la famille ou du clan Il
est constituecirc de pagnes en coton tisseacute geacuteneacuteralement offerts par la megravere ou
la grand-megravere du lutteur ceci lors des organisations de ~rande Tportance
COrlune lef 1amb Dans le cadre des l-bapatt les pagnes sont C tErts peumlr
~~~rcfcis ct ffi~mc aujourdhui d218 cErtaInes fa~ille5 on devj~Gr
luttEur de pegravere en fils et dans ce cas h 1
gimbell du pEgravere Est recircr i tEacute
par le fils Le fait de porter le lI~gimbe agravee ses aiumleux peut susciter
cne~ le jeune lutteur une motivation et une volontecirc in~branlable rlasshy
surer 12 supeacuterioritEacute cis SIcirct-ns dallS
le xgimbe de la famille ne touche pas le sable
La tenue du lutteur a une signification et une importance sur le plan
mystique car selon les anciens le vrai feacutetiche du lutteur celui qui
le proteacutegera agrave vaincre le Djinneacute ou le Rap de ladversaire se trouve
cacheacute dans ce Ngimbe Celui qui confectionne-le Ngimbe est doueacute de
faculteacutes occultes
~~r~i~rg Il est assureacute par un sage du village qui geacuteneacuteralement fut
championde lutte de son temps Dailleurs cet ancien nintervient que
si le terrassement est litigieux
Hormis le public qui proclame la victoire ou le match nul le lutteur
lui-mecircme est arbitre et il arrive quil se deacuteclare vaincu ~ous
pouvons citer comme exemple Meacutedoune KHOULE un des plus grands lutteurs
seacuteneacutegalais qui a donneacute une victoire agrave Djeacuteri SADIO son adversaire qui a
reacuteussi agrave lui faire toucher le sol de la main
Il Y a terrassement quand le lutteur se retrouve
- assis sur le sol
- eacutetaleacute sur le dos
eacutetaleacute sur le cocircteacute
les deux genoux au sol
- les deux ma~ns au sol
la tecircte (front au sol agrave la suite dune brouette)
Il peut y aVOIr match nul si apregraves li1 temps ccmsideacuterable les lutteurs
SE sont ~ ivrEacutes respectivement agrave des assauts rEacutepEacutetEacutes et n arrivEt pas a
3265 L~ precircparation mystique
Il faut reconnattre quon ne peut parler de lutte en milieu wolof sans
envisager une preacuteparation mystique seacuterieuse Co~~e ~ous lEvans vu a~teacute-
1middot ~ d ~ ~rlturenent t0utes es actlvmiddotltesmiddot u W010 sont lles a SeS croyances
- la lutte ne concerne pas seule~ent deux acteurs se livrant faruumlucheshy
ment agrave un combat au milieu de laregravene mais eacutegalement les marabouts et les
feacutetichistes du village ou du clan qui doivent deacutefendre leur savoir et
leur prestige Avant le combat le lutteur doit se livrer agrave un certain
nombre de preacuteparations mystiques pour assurer sa victoire Aussi sommesshy
nous appeleacutes agrave parler de BACK (cest le chant et la danse du lutteur)
- le batteur de tam-tam compose un rythme en fonction du Galagne ou du
Senghor (gds-gris) du lutteur Chaque galagne sera choisi en fonction
du Rap ou du Djinneacute correspondant au Totem du lutteur
Le chant geacuterleacuterique Feinte woy veut dire litteacuteralement composer un 1
chant Ce chant est geacuteneacuteralement composeacute par les filles du viilage du
champion ou par un griot de sa communauteacute Et agrave travers ce chrnt on
arrive agrave toucher la corde sensible du lutteur en chantant lesl innombrables 1
victoires de ses ancecirctres ou en lui rappelant ses prouesses eacuteblatantes 1
Chaque lutteur doit avoir un chant et un back qui lui sont propres
327 Le reacutepertoire technique et les caracteacuteristiques physiques dulutteur wolof
Le lutteur wolof est geacuteneacuteralement moyen de taille la musculagraveture est
tregraves saillante ce qui fait ressortir un aspect tregraves athleacutetique ceci
est vrai sans exception pour le lutteur leacutebou mais il arrive que le Cacircyoshy
rien le baol-baol le walo-walo soient de grands gabarits de forte constishy
tution
CepEndant pour une meilleure compreacutehension du sujet nous pouvons eacutetudiEr
deux jroups d lut teurs qui vont deacuteterminer deux st yI e s de lut tes
- ~ t
les tc~tativ~s de~[reacutee e~ ramassement de jambes de la~v~sairL Ce~~
peut Ecirctre expliqueacute par le fait que les lutteurs leacutebou ou walo-walc qui
sont des pecirccheursadoptent cette garde tasseacutee du fait quils so~t tou-
jours pencheacutes en tirant le fil ou en poussant la plrogue On verra techrugravequeacutes dt cirr 2C ~lt 5Jllicitocirct
surLuumlut les membres supeacuterieurs
Le cayorien et le baol-baol par contre sont les plus grands cultivateurs
darachide chez eux les techniques de lutte sont plus varieacutees et la
garde est moins renfermeacutee Les lutteurs cayorien et baol-baol ont une
morphologie et une reacutepartition musculaire bien eacutequilibreacutee ils excellent
dans les techniques en deacutecalage les techniques de jambe et surtout les
techniques de riposte ougrave lon peut voir des prises de hancheacute tregraves amples
Dune maniegravere geacuteneacuterale on peut dire que le lutteur wolof est un fin
technicien qui sait surtout creacuteer les opportuniteacutes e~ avec sa rapiditeacute
utiliser la force de ladversaire pour le deacuteseacutequilibrer le noodju
le mbas le weacuteheacuteleacute et le rasu sont des techniques propres au lutteur
wolof
En deacutefense il utilise surtout des kl~klets ou gal-gal Notons que
le balancement des bras ou Lewato e$t tregraves marqueacute dans la lutte wolof
TABLEAU RECAPITULATIF DES COMPOSANTES TECHNIQUES
( 1 )
1 SOUS-GROUPES GARDES CONTROLES FORHES DE CORPS l
Walo-walo Basse de jambe Arracheacute l l10yenne de Ngimbe et i
Leacutebou Tasseacutee et saisies annexesj Deacutecalage 1 1 distante de bras de tecirct1
j de bras Deacutecalaeuro
~-----------------~-
- ~ ~- shy - ~ ~ bull L _ _ bull
Profil psyc~~iqUE du lutteu- et son comporterent dars l 2regravere
La preacuteparation mystique dans laregravene est plus marqueacutee chez les wolofs
que ChE~ les autres ethnies En effet on verra de grands champions
preliGrE plusiEurs heures pour Enduire leur corps de cll2badep ou ci
rmiddot- ~ a la proprieacuteteacute de proteacuteger li1egraveividu J
les mauvais sorts) Cest dailleurs un aspect dt la luttE qui iJcsc
des problegraveJles
Le lutteur wolof est tregraves superstitieux et la peacuteriode de preacuteparation
est capitale pour lui car elle permet non seulement de rendre
hommage aux ancecirctres mais aussi dintimider son adversaire Cest
geacuteneacuteralement un lutteur agressif combatif et teacutemeacuteraire Il se fait
souvent remarquer par son esprit dentreprise Mais cette fougue dans
le combat lamegravene parfois bien que ce soit regrettable agrave oublier les
usages et les normes Ce manque de maicirctrise de soi peut faire croire
que le lutteur wolof manque de fair-play ce qui nest pas toujours le
cas
~A~Ugrave~ t 4AA CbUrs k LA ucirctotve f~tPle Sesect prores mou W ~ lesquelles vont se couler les comporteme~ts individuels qui sont ainsi
monteacutes par et pour lautoriteacute sociale
Les faccedilons de boire de marcher ou de sasseoir se manifestent indivishy
duellement dans le corps de chaque personne ces habitus sont cependant
des montages sociaux lieacutes agrave des significationssymboliques variables
dailleurs selon la position sociale occupeacutee par chaque sujet Ces modes
dagir se rangent dans un systegraveme de montages symboliques et lindivishy
du les apprend de la socieacuteteacute dont il fait partie agrave la place quil occupe
Lhabitus est un montage social agrave la valeur symbolique deacutependant des pheacuteshy
nomegravenes deacuteducation et de prestige et lieacute agrave la position sociale du sujet
Cette penseacutee sonne de faccedilon eacutetonamment moderne
Pierre BOURDIEU qui dans une perspective a approfondi le contenue de la
notion en le reportant aux oppositions entre classes et fractions sociales
Il deacutefinit lhabitus comme un systegraveme de dispositions durables acquis au
cours dune histoire personnelle dans une milieu social donneacute systegraveme qui
engendre ensuite des pra~iques socialement deacutetermineacutees faccedilons de manger
de parler ou de marcher comportements de politesse contenu des preacutefeacuterencel
et des deacutegoOts bullbullbull lhabitus est le produit de conditions eacuteconomiques et
sociales Lauteur rattache directement la formation de lhabitus dun
individu agrave la trajectoire parcourue par celui-ci dans sa classe dapparteshy
nance il deacutefend lideacutee dun habitus de classe qui deacutefinit le sens confeacuteshy
reacute agrave la pratique sportive les profits qui en sont attendus
Ce dernier serait lui-m~me lieacute agrave un systegraveme de valeurs ou ETHOS de classe
prenant sens au sein doppositions distinctives entre classes sociales
De sorte lhabitus fonctionne comme un systegraveme dt- regravegles inteacuterioriseacutees
souvent informuleacutees permettant ou non agrave lagent de sadapter dembleacutee aux
multiples pratiques de la vie quotidienne et de la vie sportive il est agrave
lorigine des schegravemes de transcription qui favorisent les ajustements aux
situations corporelles nouvelles (1)
t ~
(1) P~IE11D dwi6Han ISpoy-l et sodeacutebi Approche Bocio-culturelle des pratiques P~tis Vigot 1981 page 81
33
331 Preacutesentation
Les Seacuteregravere auraient pour origine le Fouta Toro quils auraient quitteacute
vers le Xllegrave siegravecle pour fuir lislamisation de cette reacutegioD par lempire
dJ Xali (ils seraient donc apparEnt~s aux Peul et Toucouleur ) Ils
auraient trouveacute dans la rEacutegion du Sine les Sosseacute dorigine manding avec
lesquels ils salliegraverent
Au XVegrave siegravecle une autre immigrationSos~ conqueacuterante cette fois-ci
apporta son organisation eacutetatique Ils se divisegraverent en deux monarchies
deacutemocratiques lune seacutetablit au Sine et lautre au Saloum Les Sosseacute
conqueacuterants constituaient lautocratie appeleacutee Guelowar
La royauteacute seacuteregravere eacutetait laiumlque Les premiers souverains durent secouer
la tutelle des Toucouleur et progressivement arrivegraverent agrave unifier lethshy
nie des seacuteregravere etdea Sosseacute Les deux royauteacutes eacutetaient organiseacutees selon
acirces modegraveles tregraves deacutemocratiques Le souverain deacutependait dune assembleacutee
de ministres et de chefs locaux qui assuraient ladministration centrale
et reacutegionale())
Aujourdhui lethnie seacuteregravere repreacutesente 20 de la population seacuteneacutegalaise
Ils sont reacutepartis sur presque toute leacutetendue du territoire notamment
dans le Baol la reacutegion du Sine-Saloum et la reacutegion de Thiegraves
Signalons quil existe plusieurs sous-groupes dans lethnie ainsi on
trouvera
- dans la reacutegion de Thiegraves les Ndut les Safegravene et les None
- dans le Sine-Saloum les Sine-sine et les Saloum-salouIT
On trouvera vers foundioune et agrave Nioro du cocircteacute de la Gambie les
Niominka (pecirccheurs) Cest une portion tregraves mandinguiseacutee
( 1
Le rattache~2~t d~ to~s ccs sous-groupes pose problecircme ~25 0~ r0~V~
uc grande partie de traits COITul1uns dans leurs modes dE vie Ct pOUT phs
de faciliteacute nous allons essayer de faire une ~tude globale de la lutte
traditionnelle seacuterecircre Lactiviteacute socio-eacuteconomique qui est essentielleme~t
agro-pasorale caracteacuterisE leacutethnie seacuteregravere
332 Lecircducation les moeurs les croyances et pratiques sEr~rc
Chez les Seacuteregravere la vie humaine se deacuteroule selon les grandes eacutetapes
le baptecircme lenfance ladolescencemarqueacutee par la circoncision lsectge
adulte le mariage la vieillesse et la mort (funeacuterailles)
La vie de la communauteacute seacuteregravere reste une des plus originales sinon
celle qui de nos jours garde la presque totaliteacute des pratiques et
habitudes traditionnelles
Bien qu aujotltdhui con~r-tis aux religions chreacutetienne et musulmane les
Seacuteregravere conservent leurs croyances et pratiques animistes
Quelque soit leur degreacute dadheacutesion aux religions reacuteveacuteleacutees les Seacuteregravere
croient en un Dieu puissant et miseacutericordieux Rog Segravene et les hommes
Les ~angols sont repreacutesenteacutes mateacuteriellement dans tous les villages
seacuteregraveres par des arbres (baobab et tamariniers) des animaux (geacuteneacuteraleshy
ment serpent doreacute ou iguane) des ustensiles (pilon calebasse et mortier)
De nombreux teacutemoignages nous apprennent que certains totems (serpent
iguane) font leur apparicion agrave loccasion de certaines manifestations
rituelles comme les sacrifices ceacuteleacutebreacutes lors dun mariage de ceacutereacutemonies
mortuaires ou des circoncisions
Le Seacuteregravere comme il nous a eacuteteacute donneacute loccasion de le dire plus haut
preacutesente des speacutecificiteacutes authentiques aussi bien en tout ce qui touch~
son eacuteducation ses croyanCES et pratiques mystiques q~e ses activiteacute~
socio-ecirccc~omiquEs Apr~s a ~aissa~c~ le beurob~ ~~ pcs~ 5~~ lE S~ __
On lui mouille les l~vres avec un peu d~ lait de mil et apr~s U~ bain
purificateur on versera leau dans un trou cr~us~ derri~r~ la Camp~~
Pendant huit jours la megravere et lenfant sont cacheacutes dans la case car
selon les anciens ils sont tregraves vulneacuterables La case deacutens certains cas
est entoureacutee dun fil blanc et lon place sur le seuil des fais(cauy di
veacutegeacutetaux pour chasser les mauvais esprits (geacutenies malfaisants et illangeUY~
dacircmes) Au bout du huitiegraveme jour la megravere et lenfant peuvent sortir de
la case bull
bullbullbull Le matin du huitiegraveme jour la tante paternelle va chercher de leau
(plusieurs fois)t elle doit rester muette pendant ses alleacutees et venues
si elle parlait t lenfant pourrait ecirctre muet bullbullbull
La megravere et lenfant prennent un bain purificateur dans lequel sont
trempeacutees certaines plantes (ce sont des veacutegeacutetaux pr~tecteurs tels le
begravene le yag le ngud) On y lavera aussi le linge e1t les ustensiles utishyj
liseacutes pendant les huit jours qui viennet de seacutecoul~r On rase le crine
de lenfant Les cheveux sont donneacutes agrave la megravere qui ~s enterrera avec le
reste du cordon ombilical dans un endroit que11e esit seule agrave connattre
La megravere sassied sur une natte devant la maison Une femme igeacutee de la
famille prend le beacutebeacute dans ses bras et le preacutesente aux quatre coins de
lhorizon
La tante paternelle tient ensuite un van sur la tecircte de la megravere on y
verse le mil on y verse eacutegalement en abondance sur la megravere et sur
lenfant La tante oint ensuite le corps du beacutebeacute avec du lait e11e
touche en particulier le front t le nez la bouche la poitrine le dos
et les oreilles
Elle pose enfin un ~rain de sel dans la paume du beacutebeacute (le sel purifie
et deacutetruit les puissances mauvaises)
Apregraves un nouveau bain la megravere et lenfant revEcirctent des habits de fecircte
(est
lenfant Ce precircnore a toujours U~ SEns Il sy~bolise parfois C0 qUi
lOIl sounaitt agrave lEufant l)
La circoncision comme dans les autres ethnies est obligatoire Elle
permet au jeune adolescent dacceacuteder agrave la classe adulte Les jeunes
sont regroupes en classe dacircge dans le bois ougrave sc fait la r0tr~it0 des
circoncis et ceci pendant plusieurs mois
Le Selbeacute qui est geacuteneacuteralement un ancien craint de tous les eacutelegraveves
enseigne le respect de la hieacuterarchie la discreacutetion le goOt de linishy
tiative Les activiteacutes physiques et leacuteducation artistique ne sont pas
en reste la deacutecoration la sculpture la lutte et la danse A sa sortie
du bois linitieacute appartient deacutesormais agrave la classe des virils et des
sages du clan car on lui aura enseigneacute les vertus fondamentales que
sont la justice lhonneur lamour du prochain 1 amour du travail
lhonnecircteteacute et surtout le respect des coutumes ancestrales
Le rite du mariage esd aussi un fait tregraves important dans le monde 1
seacuteregravere mais par manq~e dinformation nous serons obligeacutes de nous en
tenir lagrave
333 Impact des ethos sur la lutte dans le monde seacuteregravere
Lorigine de la lutte seacuteregravere ne semble pas claire ma1S nous pouvons
dire quil existait deux formes de lutte comme chez les Wolofs une
lutte sans frappe et une lutte avec frappe Et cest cette derniegravere
qui peut-ecirctre nous ameacutenerait agrave croire que la lutte seacuteregravere aurait une
origine plus preacuteciseacutement guerriegravere
Aujourdhui la lutte est uniquement une activiteacute sportive agrave travers
laquelle le jeune seacuteregravere eacutevalue sa force son courage et SOn ingeacutenioshy
siteacute Cest une occasion de deacutefendre lhonneur de son village ou de
la corrnnunauteacute
La luttE ~5t avant tout u~e rnanifcs[dtic~ c~lturclie et surtout
fo lkhriqut-
Gracircce agrave elle on peut deacutesormais comprendre un certain nombre de chants
et de symboles A travers la lutte seacuteregravere on ccedilomprend les inter-relashy
tions entreacute la vie et le monde surntiturel
Sil devait y avoir la mort dun villageacuteois pendant la fecirctE au T qUE
de linterrompre on proceacutedait gracircce aux connaissances magico-religieuses
agrave la suspension de la mort jusquagrave une peacuteriode ougrave la population sera plus
disponible pour organiser des funeacuterailles sil y eacutetait preacutedit la possibishy
liteacute dune deacutefait du champion local au profit dun champion dun autre
village des recettes dordre maginque et religieux eacutetaient mises en prashy
tique afin que le champion du village ne soit jamais terrasseacute(J)
334 Le profil du lutteur seacuteregraver~
Le lutteur seacuteregravere est par essence un athlegravete impressionnant de par sa i
carrure et sa musculature saillante mais cest aussi une force tranquille
et calme quelque soit lenjeu du combagravet et particuliegraverement lhonneur
Cet aspect nous pousse agrave parler du NGiMBE cest-agrave-dire de la tenue du
lutteur qui va influencer sur sa faccedilon de lutter
La confection du Ngimbe revient agrave la communauteacute entiegravere Le Ngimbe a
une signification symbolique et le lutteur pour meacuteriter la confiance du
groupe se doit de tout faire pour ne pas toucher le sol Toute la commushy
nauteacute elle aussi sengage pour assurer la longeacuteviteacute et le succegraves du lutteur
dans laregravene par lorganisation droffrandes et de sacrifices en lhonneur
des Pangols bull
bull
Daucuns nheacutesitent pas agrave dire que lessentiel du mysticisme se fait agrave
la maison et non dans laregravene tout le reste nest quintimidation de
ladversaire
lsvcns
Tt- pi ~- t
t 1 ~ l _ ~ t
par rapport agrave lautre Cbci est trEgraves lieacute agrave lactiviteacute journaliegravere du
jeune seacuteregravere qui est un cultivateur donc toujours bien planteacute sur ses
jambes et qui continuellement manie lhiler
Le fait de couper le boi~ peut eacutegalement constituer un moyen de muscushy
lation non neacutegligeable pour le jeune lutteur
Un certain nombre de traits techniques speacutecifiques au lutteur seacuteregravere
semblent ressortir des diffeacuterentes interviews que nous aVOns fait subir
agrave certains lutteurs seacuteregraveres et agrave diffeacuterents techniciens
SOUS-GROUPES FORMES DU CORPS CONTROLES GARDES
SAFEN Moyenne en fente NONE Hancheacute Bras (distante) j
NDUTJ
f
SINE-SINE Deacutecalage Ngimbe
Moyenne
SALOUM-SALOUM Passage- Jambe (rapprocheacutee) 1
i
PETITE dessous Tecircte Basse et 1
COTE Moyenne (rapprocheacutee)
Notons que le Niominka ll commence agrave lutter agrave partir du sol pour avoir
assez deacutelan et sauter sur ladversaire afin davoir la prise du lion
(contr6le de la nuque et du bassin)
Co a -tem-nt ccedilt attitude du lutteur sEacuteregravere335 np -1t ~
Les croyances mystiques sont indissociables des activiteacutes quotidiennes
duseacuteregravere Ce qui explique le cocircteacute supersticieux du lutteur seacuteregravere En
~ffet certains lutteurs refusent de lutter avant certaines heures
Certains teacutemoignages nous apprennent quil nest pas donneacute agrave tout le
monde decirctre champion de lutte et que le lutteur doit avoir des dons
surnaturels pour ecirctre agrave mesure de livrer ses combats dans la nuit
et trouver seul un gris-gris speacutecial appeleacute Njatch
Le vrai champion de lutte chez les seacuteregraveres ne lutte pas seulement avec
~a force et sa technique mais surtout avec ses dons occultes
Chez les seacuteregraveres les morts sont toujours preacutesents et les ~pangols
Servent dintermeacutediaire entre les hommes et les morts Le pangol prend i
le nom dhumain dans certains villages (IIHeacuteJga NDONG Har Wag NGOUYE) i 1
De ce fait on verra le lutteur danser dufe maniegravere ou dune autre en
fonction du pangol de sa famille Ainsi nrus aurons le back (chant et
danse du lutteur) des DIOUF des FAYE etclbullbullbull
Dans laregravene le lutteur seacuteregravere a un comportement exemplaire aussi bien
agrave leacutegard de son adversaire direct quave~ le public en geacuteneacuteral Lexpli shy
cation semble tenir au fait que le lutteur seacuteregravere est avant tout selon
la tradition orale le repreacutesentant de toute la communauteacute seacuteregravere Par
conseacutequent il devra saffirmer non seulement en tant que lutteur dans
laregravene mais aussi en tant quentiteacute morale
336 La tenue du lutteur ou NGIMBE est confectionneacutee par le marabout de la
famille ou du clan Le Ngimbe est constitueacute de pagne en cCton tisseacute
Il doit ecirctre propre le lutteur qui le porte ne devra pas avoir de rapshy
port sexuel pendant toute la peacuteriode des cOTpeacutetitians car le Ngi~bE ne
doit pas ~tre souilleacute
Autrefois et mecircme aujourdthui dans certaines familles on devient
lutteur de pegravere en fils et dans ce cas le Ngimbe du pegravere est heacuteriteacute
par le fils Le fait de porter le Ngimbe de ses aieux peut susciter
chez le jeune lutteur une motivation et une volonteacute ineacutebranlable dtasshy
surer la supeacuterioriteacute d~s siens dans ltaregravene Il fera tout pour que le
Ngimbe de la ramille ne touche le sable
La tenue du lutteur a une signification et une importance sur le plan
mystique car selon les anciens le vra1 feacutetiche du lutteur celui qui
le proteacutegera et laidera agrave vaincre le nDjinne ou le tRapu de ladvershy
saire se trouve cacheacute dans ce Ngimbeu bull Celui qui confectionne donc le
Ngimbe U est doueacute de faculteacutes occultes
337 Larbitrase est assureacute par un sage du village qui geacuteneacuteralement fut
champion de lutte de son temps Dailleurs cet ancien nintervient que
si le terrassement est litigieux Hormis le public qui proclame la vicshy
toire ou le match nul le lutteur lui-mecircme est arbitre et il arrive
quil se deacuteclare vaincu
Nous avons pu cfter Meacutedoune KHOULE un desplus grands lutteurs seacuteneacutegashy
lais qui a donn~ une victoire agrave Djeacuteri SADIO son adversaire qui a reacuteussi
agrave lui faire touegraveher le sol de la main
IlL
34 1 Preacutesentation
Lethnie toucouleur vit En grandt partit ciE~~ la vallfc du S~~~gal
pt reprecircsente i peu pr~s 8 de la population totale secircn~galaise
o Histoire
Il semblerait que dans lancien royaume du Tekrour (IX~ siegravecle) des
eacuteleacutements neacutegroiumldes Sarakoleacute et des Peul aient formEacute par meacutetissage le
peuple Toucouleur (Toucouleur serait dailleurs une deacuteformation du
mot portugais Tacouror)
Ce empire a domineacute aussi bien les wolofs de lOuest que les Peul
nomades du Fouta Toro Cette reacutegion fut le premier pays islamiseacute par
les Almoravides ce qui peut expliquer le proseacutelytisme toucouleur
Ce sont les guerriers toucouleur islamiseacutes qui attaqu~rent avec les
Almoravides la capitale du Ghana Koumbi en 1067 On convertit par
la force les animistes Cest sans doute agrave cette eacutepoque que de nombreuses
ethnies reacutefractaires agrave lIslam ont dO accentuer leur migration vers
le sud (Seacuteregravere wolof Sarakoleacute Bambara Songhaiuml Akan et Peul se reacuteshy
fugiaient vers les hauteurs du Fouta Djalon)
Au XIXegrave siegravecle les Toucouleur allaient trouver en El Hadj Omar Tall
un grand conqueacuterent qui sous le preacutetexte religieux de la gJerre sainte
contre les tribus animistes (entre autres Bambara) eacutetendit lempire
toucouleur sur presque tout lensemble du gali et la partie de la Guineacutee
proche du l1ali
Lempire toucouleur composeacute de Sarakoleacute de Bambar~ de ~alinkeacute de
Xassonkeacute dE Peul et de Dogon eut le meurorit~ dunir CES diif~rentes ~ ~ - - - - - et~ics ~t dE CD~stituer l~Sl la b2S~ ~r 1
_ ~ ~ ~_ L ~
~ ~- ~- - - ---- _ 1 v _ t 1 ~-_ --
marabout tOL~culcuuml~ ~ middotlrrany a l ick SI venu des E1i rClS dE Pocior~ (
~ Vi~ euroconomicue et sociale -----------~-------------
Les Toucouleur sont des cultivateurs mais bien quils n~ soie~t pa~
pasteurs comrre les Peul leacutelevage a une place inportarteacute decirc1S ltur
eacutecono~ie Pour faciliter leur conquecircte guerriegraverE ils c~t Eucirc une preacuteshy
dilection pour leacutelevage des chevaux On y trouve aussi des pecirccheurs
appeleacutes Tchioubalo La socieacuteteacute toucouleur aurait une stratification
sociale tregraves rigide Les groupes ethniques et les castes eacutetaient
diffeacuterencieacutes et strictement exogamiques les Rimbe classe des nobles
comprenant la famille reacutegnante et les guerriers libres la classe des
Nieacutenieacutebegens de castes artisanales i les Rimaibeacute anciens esclaves
devenus serviteurs qui portent les noms de famille de leur maicirctres A
la base de lorganisation de la collectiviteacute toucouleur se situe le
village (Wouro)
Toutes ces castes sont cloisonneacutees entre elle~ Ainsi il nest pas
permis agrave un Torodo (noble) de se marier avec un Tchioubalo Ces
consideacuterations sont importantes dans le domaine de la lutte ougrave nous
apercevrons que les nobles ne sont pas faits pour lutter Le noble
preacutesidera les seacuteances de lutte et on luttera pour lui Ces condeacute rat ions
de noblesse et de rang social sont extrecircmement importantes dans le
monde toucouleur
Le noble ne doit pas se salir on lutte pour lui il ne vit la lutte
quen tant que spectateur
342 Education moeurs croyances et eratiques religieuses
Deux formes d~ducation sont agrave consideacuterer leacutedJcatio~ dES enfarts Et
celle des adultes
oG lenfant sait m2n~~r et apprfcier le goOt d~5 ~iifeurorents r~pas lt
le moment ougrave il CO~~e~CE agrave marcher
tivirt n~sormais le petit toucou]eur est eacuteduquf par toutmiddot 12 f2~i)]E
dabord puis par toutes lespersc~nes du village ou du C13~
Lenfant peut ~tre corrigeacute par tout adulte appartenant au groupe social
Son eacuteducation est deacutesormais laffaire de toute la communauteacute et non
exclusivement celle ces parents On linitie ainsi au travail quotidien
qui se fait dans la bergel~ e les champs et les bords du fleuve Au sein
du village il pourra apprendre agrave filer la laine et agrave tisser des pagnes
dans les champs il apprend agrave manier la houe et lhiler pour la culture
du riz et du mil Mais signalons que lactiviteacute essentielle du toucouleur
est leacutelevage des boeufs des moutons et des chegravevres Chez les Ichioushy
balos (p~cheurs ) lenfant sera initieacute tregraves tat au maniement des pagaies
agrave la p~che propremccedilnt dite et agrave la nage
Vers cinq-six ans lenfant est confieacute au maicirctre coranique le Ihierno
et ce dernier dispose exclusivement de toute sa vie Lavenir du jeune
enfant lui appartient
Comme dans les autres groupes ethniques les enfants sont regroupeacutes en
classe dacircge et cest dans cette structure que lenfant subit les rite
de passe et plus particuliegraverement celui de la circoncision
La circoncision est non seulement unE opeacuteration chirurgicale malS surshy
tout une peacuteriode au cours de laquelle le jeune garccedilon passe de leacutetat
dadolescent agrave leacutetat dadulte Les circoncis sont reacuteunis en classe
dacircge dans un endroit situeacute hors duvillage geacuteneacuteralement choisi par les
vieux Cet endroit n~st accessible que par des individus de SExe ffi8SCUshy
li~ ~ta~t au preacutealabl circoncis
- - - -
quable et complet sur le plan phy~ique et ~oral Ai~si liniti~
acquiert les qualitecircs indispensables que sont le courag~ la modest
lesprit de sacrifice lendurance
Le toucoule~r est un pleux musulma~ Cela sexp1
SOil le premier agrave tre en contact avec la religion musulmane de par sa
position frontaliegravere Lethnie toucouleur de par son histoire a preacutesenteacute
les plus grands chefs militaires et religieux musulmans seacuteneacutegalais Et
pour illustrer cela on peut citer en exemple la grande famille musulmane
des SY agrave TIVAOUANE repreacutesentant la confreacuterie des TIDJANES
Bien que lon note une majoriteacute musulmane on peut dire que certaines
croyances et pratiques mystiques et animistes persistent encore surtout
dans la reacutegion du fleuve
Une pratique courante se fait elle sappelle le Djatt Elle consiste
agrave faire sortir le caiman du fleuve agrave limmobiliser et agrave lattacher
sans quil ne reacuteagisse et tout ceci agrave laide de versets et dincantashy
tions magiques Dapregraves les teacutemoignages ces pratiques sont plutocirct
freacutequentes chez les Tchioubalos (pecirccheurs) Il arrive aussi que cershy
tains chasseurs ayant des dons se livrent agrave certaines pratiques an1shy
mis tes qui consistent agrave invoquer certaines puissances et agrave moduler sous
forme de chant des versets occultes pour se proteacuteger des mauvais esprits
et pour eacuteloigner les fauves Ce chant est geacuteneacuteralement incompreacutehensible
et deacutenueacute de sens pour le profane
343 Activiteacutes ludiques et pratiques sportives en milieu toucouleur
Durant toute son histoire lethnie ~oucouleur a toujours EacutetEacute Frese~teacute~
comme celle qui avait ue activit essentiellement guerr e e~ particushy
liegraverement farouche Trois eacuteleacutements ret r t l ecirc t te nt i c- euro so~t
le manie~~nt du ~acircton 12 luttE Et 1eacute danSE
l
Lecircducation ph~sique et artistique Dcc~pe un place precircpondecircra~rp
dans la fDrmat~on du jEune toucouleur A loccasion agraveeacutevegravenemen~ imporshy
tants reacutecoltJs mariages baptecircme nous assistons agrave des manifestashy
tions folkloriques de grande envergure le Wango oucirc dailse toucouleur
tregraves gymnique iles chants et surtout les sEacuteances de lutte
La lutte toucouleur est la forme de lutte la plus spectaclaire dans
tout le territoire seacuteneacutegalais Elle est essentiellement baseacutee sur des
techniques en hancheacute et surtout en souplesse Ceci sexplique par le
fait q~e le jeune toucouleur est tregraves tocirct initieacute agrave la gymnastique (saut 1
per saut de main salto arriegravere saut de tecircte couronneacute etc bullbullbull ) pour
la dans~ du wa~go En dansant le wango qui est une danse rythmeacutee et
gymnique le Jeune toucou1eur est capable de prouesses extraordinaires
1
En lutte lattaquant se deacuteplace tregraves peu pour avoir une bonne saisie
(geacuteneacutera~ement controcircle du Ngimben ) et enchaine brusqueme~t avec une
attaque surpris~ Cependant les ripostes sont souvent surprenantes et
spectaculaires (baseacutees sur la souplesse et la rapiditeacute) ontrairement
aux autr~s form~s de luttes ougrave lon voyait tous les jeune adheacuterer la
lutte to~cou1eur Verra un groupe de speacutecialistes sadonne agrave la lutte 1
(la lutte est lieacutee agrave la position sociale de lindividu problegraveme de
caste)
Q La morphologie du lutteur toucou1eur 1
1 1
Ce dernier nest pas aussi large et aussi fort que les lutteurs diola
et seacuteregravere Cependant il est tregraves reacutesistant La musculatJre est saillante 1
et tregraves souple lindividu est longiligne mais tregraves athleacutetique
Les mouvements de lutteurs sont semblables agrave ceux dun grand fe1in Cette 1
morphologie semble ecirctre lieacutee agrave la position geacuteographique de lethnie
(reacutegion du fleuve) et agrave lacitiviteacute socio-eacuteconomique du toucouleur qui
est agrave la fois cultivateur (activiteacute lieacutee agrave la crue et deacutecrUE du fleuve)
pecirccheuro~T CIcr~icubaon) et sttout jEumlrgcr qui est U~ rc~2eumlr
shy
Deux formes egrave~ corps sembl~nt ecirctre preacutefeacutereacutees du lutteur toucouleur
le hancheacute et la souplesse Les hancheacutes sont faits agrave partir de plusieurs
positions de doset se terminent geacuteneacuteralement par des techniques de
tregraves grande amplitude
TABLEAU RECAPITULATIF DES TECHNIQUES ET FORMES DE CORPS SPECIFIQUES
i
L441 r
GARDE FORMES DU CORPS CONTROLES --shy - -
Moyenne Souplesse Ngimbe
Hancheacute bras
Demi-souplesse
1
Profil psycholosigue 1
TECHNIQUES
ContrOle du bassin et 12 souplesse
arriegravere
Klicket et allegravegement de la hanche
Le lutteur toucouleur est celui lUi se livre le moins aux preacuteparaqons
maraboutiques Cela est dO au f~t que le toucouleur est un grand ~USUlshyman et que les pratiques animisges ont presque disparu dans ce mil~eu
Dans la pratique le lutteur esJ combaif mais il est calme et tr~s reacutefleacutechi quant agrave la deacutecision agrave prendre en plein corps agrave corps ct~st un des seuls techniciens qui reJte tregraves lucide au cours de ses comb~ts
l Dans toutes les circonstances e lutteur toucouleur est tenu de re~pecshyter son adversaire et ceux de s4n eacutequipemecircme sil est vaincu
Comme nous avons dO nous en rendre compte la rigueur des principes
eacuteducationnels a une influence tregraves sensible sur l~ comportement du
toucouleur
i
III S COCL ~s 1DO
Dans cette partie nous avons essay~ de montrer lftroite re1atic~
Entre les diverses activiteacutes socio-eacuteconomiques dans les ethnies et
lES diffEacuterentes faccedilons de lutter
Daucuns seraient tent~s de conclure trop rapidement et cest p0~r
cette raison que nOUS avons penseacute preacuteciser que le pheacutenotype nest
pas geacuteneacuterateur du geacutenotype Et nous sommes convaincus que la morphoshy
logie et les techniques des lutteurs relegravevent de leurs modes de vie
et de leurs croyances agrave une eacutepoque et danE un contexte bien deacutetermishy
neacutes
Est-ce que les lutteurs dio1a ou seacuteregravere travaillant avec leurs bras
dans les champs auraient les mecircmes pr 0 fil s physiques que les lutteurs
utilisant des machines pour lagriculture
- 69 shy
I UJOURDH~1 E-S ut O[l LES FORfilS Ut LU11t~
~otons que notre enqu~te a ecirctE essentiellement faiteen milieu urbain
Les seacuteances de lutte ont tendance agrave perdre leur particulariteacute de r~shy
jouissance pour devenir des pheacutenomegravenes de sportisatio Deux fores
de luttes so~t principale~cnt prat s dans les aregrave~es du 5 al
la lutte traditiunnelle simple et la lutte traditionnelle avec frappe
De nos jours la lutte traditionnelle tend vers une reacuteglementation
et une institutionalisation
Le reacutesultat de nos investigations nous donne le tableau ci-dessous
REPARTITION ETHNIQUE SUR 100 PRATIQUANTS
LUTTE LUTTE RAPPORTETHNIES SANS FRAPPE AVEC FRAPPE J2
Diola 40 16 71 j
Seacuteregravere 26 21 57
Toucouleur 23 10 69
Wolof 1 1 53 17
La demande sociale par ordre deacutecroissant pour la lutte sans frappe
se preacutesente comrre suit
]0_ Ethnie diola avec pregraves de 3 lutteur~ sur 4
2deg_ Ethnie toucouleur
Ethri dun
~ 1 LA LUTTE TR])IIIO~~ELLE AVEC H-PPE
Cette forme deacute lutte a une histoire qui date de lantiquiteacute elle
sa~pelait le Pugilat Au Seacuteneacutegal elle a vu le jour dans le Cayor
bien avant la colonisation Le coup dE pied l~Lrdn~lement la morshy
sure la frappe et le doigtf eacutetaient permis dans le cc=bat ~ ~middot~p0~~e
Dans certains cas la giffle eacutetait beaucoup plus dangereuse que le
poing quand elle eacutetait donneacutee par un speacutecialiste Cette giffle pouvait
agrave elle seule deacutechirer et mecircme parfois amputer la joue de ladverser
Selon les informations la lutte avec frappede nos jours serait une
forme de lutte tregraves eupheacutemiseacutee de celle dantan ougrave une blessure
pouvait souvent ecirctre mortelle
Aujourdhui au niveau du folklore la lutte na plus la mecircme
le spectaculaire a remplaceacute le significatif iLa lutte avec frappe se 1
pratique surtout dans les centres urbains C~aque fois quun grand combat 1
est progra~eacute par le Comiteacute National Proviso~re (CNP) des centaines damashy
teurs sont mobiliseacutes vers le stade lba Mar D~OP qui est aujourdhui le i
lieu approprieacute ougrave se deacuteroulent les grands conkbats de lutte Cest la formE
de lutte qui semble drainer une foule de personnes beaucoup plus importante
que celle de la lutte simple
La lutte avec frappe deacuteriverait dune forme de lutte traditionnelle
pratiqueacutee jadis dans le Cayor au temps des Damels et la frappe serait
le substitut dun certain nombre de pratiques doigteacute jet de produits
etc bullbullbull dont le but eacutetait laveuglement de ladversaire La lutte avec
frappe serait une continuation logique dune carriegravere sportive de la
lutte traditionnelle qui sen sert comme moyen socio-eacuteconomique En
effet la majoriteacute des lutteurs avec frappe ont dabord eacuteteacute initieacutes agrave la
lutte simple Cependant il faut signaler que de nOS jours il arrive
que le jeune lutteur avec frappE- soit directenent formEacute conne speacutecialistE
agrave la frappe sa~s pour autant faire son chemin dabcrd egravea~s la lutte
- ~ shy
Le recircsultat dE ~os interviews ncus rec~trE qGune pcpulatiD~ divcrsishy
fiampe sint~resse agrave ce sport et qUE les intecircr~[s des uns et d~SlautrE~
semble~t divergents naucuns affirment que la lutte traditionnelle
avec frappe serait monteacutee par des personnes dont la vocation est dexshy
ploiter ce pheacuteLomegravene agrave des fins commerciales Dautres disent gJellegrave
jouit de mcyens irport~nts t[l[~isio
tation etc bullbullbull ) pour toucher toutes les couches sociales CEpe~~a~t
nous remarquons que mecircme si certaines personnes reprochent agrave cette
forme de lutte decirctre brutale ces mecircmes personnes nheacutesitent pas agrave
se rendre le dimanche agrave laregravene Bien que critiqueacutee elle semble ecirctre
adopteacutee par une tregraves grande partie de la population seacuteneacutegalaise Cepenshy
dant en tant que techniciens il nous est permis de faire une remarque
Il sagit de
- Limpression nette decirctre devant des professionnels de la frappe
qui sont ~ntratneacutes pour cela Dailleurs les propos que nous avons
recueilli~ nous prouvent que la plupart des champions de lutte avec 1
frappe s~ntratnent dans certains sports de combat tels ~ue la boxe i 1
le karateacute le judo Dans cette nouvelle forme de pratique de la lutte
contrairefuent agrave la lutte traditionnelle le technicien e~t souvent
perdant face au puncheur Ce dernier adopte une lutte agrave distance qui
lui permet de placer agrave bon escient ses coups animeacute du deacutesir de vaincre
Le technicien lui se voit contreacute dans toutes ses entreprises par
un uppercut ou un crochet
On peut dire cependant que nul sport au Seacuteneacutegal que la lutte tradishy
tionnelle avec frappe ne deacutechaicircne autant de passions et autant de
pheacutenomegravenes poussant agrave lexcegraves et deacutereacuteglements quon ne peut que deacuteplorer
Mais comment deacutecrier un spectacle de lutte qui bien quayant perdu la
presque totaliteacute des valeurs traditionnelles veacutehiculeacutees autrefois par
elle sait susciter une participation effective de tous ceux qui sont
preacutesents
CONCLUSION
Dans ce meacutemoire nous sommes efforceacutes ~e faire ressort ir limportance des
ethos et des habitus et leurs effets sur la pratique de la lutte tradishy
tionnelle au Seacuteneacutegal
L~b egravethos repr~sentent dune maniegravere g~neurorale tous les eacuteleacutements speacutec
fiques sux Seacuteneacutegalais par conampeacuteguent un systegraveme de valeurs traditionnellEs
Mais m~me si ces valeurs rev~tent une signification universelle (honneur
digniteacute courage etc bullbullbull ) il nen demeure pas moins que ce nest pas leur
nature qui fait leur speacutecificiteacute mais la hieacuterarchisation et limportance i
quon accorde agrave toutes ces valeurs de ~ar leacuteducation ou la culture
i 1
Aussi les valeurs traditionnelles puient leur speacutecificiteacute dans les
caracteacuteristiques propres aux eacuteleacutements ~e la socio-cu1ture (la technologie
et leacuteconomie la politique et la pareteacute la psychologie et lideacuteologie)
dans la socieacuteteacute seacuteneacutegalaise agrave n momen donneacute de son eacutevolution Cest i
dire la neacuteceesiteacute de ne point faire della valeur une reacutealiteacute statique
Cest dite aussi quagrave tout mome~t le ~eacuteneacutegalais peut eacutevoluer et creacuteer
ou vivre par conseacutequent de nouv~lles fprmes de valeur qui lui sont 1
propres ft (J)
La lutte traditionnelle veacutehiculant deS valeurs socio-cu1ture1les speacutecishy
fiquement seacuteneacutegalaises (croyances valeurs morales norme de comportement
opinion attitude bullbullbull ) devient un eacuteleacutement important qui tregraves certaiaement
nous aidera dans notre effort de valoriser et de peacuterenniser notre patri shy
moine culturel par le biais dactiviteacutes physiques et sportives
Leacutetude des habitus nous permet de prouver quil y a plusieurs faccedilons
de se mouvoir comme danser lutter bullbullbull qui varient avec les diffeacuterentes
ethnies (wolof toucouleur seacuteregravere diolagt leurs convenances et leurs
eacuteducations
(1) Revue Ethiopiques 31 Les valeurs traditionnelles et le problegraveme de leur inteacutegration dans les systegravemes modernes jtducatio-1 2 6r--70
nautre part cette eacutetude permet aussi de nous rendrE compte de la
correacutelatipn eacutetroite existant entre la pratique de la lutte traditionnelle
et le sta~ut socio-eacuteconomique du pratiquant
Nos inves~igations nous indiquent que la lutte recrute essentiellement
au niveau des classes socio-eacuteconomiques situeacutees en bas de leacutechelle
donc posseacutedant le statut social le moins favoriseacute La lutte avec frappe
-et un certain secteur commercialiseacute de la lutte simple- y trouve sa
leacutegitimiteacute Comme le dit BOURDIEU nA habitus diffeacuterents styles de Vle
divergents et il oppse les pratiques aristocpatiques correspondants agrave
des activiteacutes qui favorisent les situations eupheacutemiseacutees ougrave la stylisashy
tion est importante aux pratiques populaires qui font appel agrave des
qualiteacutes qpposeacutees bllutes rugueuses Certaines interviews nous
montrent que plus lindividu occupe une place eacuteleveacutee dans leacutechelle
sQciale e~ 1
moin$ il sinteacuteresse agrave la lutte
Les reacutesultats recueillis dans nos diverses investig~tions confirment 1 1
1er propos qui disent que nous assistons aujourdhu~ agrave une involution
de la lutte traditionnelle parce que perdant toutes ses speacutecificiteacutes au 1
pryfit d~ne autre forme de lutte que lon continue agrave appeler nostalshy
giqlementIIlutte traditionnelle
Ceci pourrait peut-~tre trouver une explication dan la citation suivante
La liberteacute de creacuteer dinnover de vivre Pleineinenf decirctre soi et de
preacuteserver son authenticiteacute la digniteacute et lhonneu1demeurent des illushy
sions dans la misegravere eacuteconomique~ Nos ancecirctres creacuteai~nt des valeurs de cishyl
vilisation parce quils eacutetaient libres parce qu1i~s ignoraient toute
deacutependance eacuteconomique ils cultivaient en eux et cbez leurs enfants le 1
Jorn et la Kersa et preacutefeacuteraient la mort agrave la hoJte lI (1)
Or le Seacuteneacutegal comme la plupart des pays africainsi est un pays sousshy
deacuteveloppeacute t cependant face agrave cette volonteacute du gou~ernement seacuteneacutegalais
de faire inteacutegrer dans leacuteducation des valeurs traditionnelles nous
pouvons espeacuterer utiliser comme moyen deacuteducation la lutteacute traditionnelle
qui reste quand mecircme vecteur jethos et dhabit~s
- 54 shy
Mecircme si lon a noteacute un appauvrissement notoire sur les plans socioshy
culturel et moral la lutte traditionnelle recegravele une gamme importante
et varieacutee de techniques permettant incontestablement une ouverture vers
les luttes olympiques libre et g~eacuteco-romaine
La lecture de ce meacutemoire permettra agrave lentratneur et au professeur de
lutte en fonction du lieu ougrave ils seront affecteacutes dans le territoire
seacuteneacutegalaisdavoir une information sur les techniques contrOles et
formes de corps propres agrave chaque groupe ethnique et de les mettre en
relation avec leurs croyances et leurs mentaliteacutes
Nous avons essayeacute de montrer que la pratique de la lutte traditionnelle
doit tre axeacutee sur une ethnomotriciteacute au Seacuteneacutegal qui permette une inishy
tiation facile Cette pratique de la lutte traditionnelle seacuteneacutegalaise
devra dailleurs essayer de ~eacutepondre aux aspirations du Seacuteneacutegalaisl
moderne en souvrant aux ap~orts positifs des autres civilisations
ex~eacuterieures nous voulons Jvidemment parler du judo et des luttes oiymshyJ
piques 1
1 j Nous navons pas la preacutetentfon dans le cadre de ce meacutemoire demattrise
de reacutepondre agrave toutes les qutstions se rattachant agrave leacutetude de ~a lutte
traditionnelle souslangle~socio-culturel car non seulement il nous
manque lexpeacuterience et la c peacutetence en la mati~re mais aussil l le temps
et les moyens dont nous dis osions ne nous permettaient pas d~puiser le 1sujet i
1 1 1 t 1
l
- )5 shy
BIBLIOGRAPHIE
BIBLIOGRAPHIE
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DAKAR MAI-JUIN 1980
t 1
~- Travaux du IVegrave Congregraves National ~es Sports agrave DAKAR les 2223041981
Bulletin n2 91 du CIO du 15 Aont 1965
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Etude et perspective
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traditionnelles au Seacuteneacutegal pour leur exploitation et leur
utilisation en peacutedagogie Marly le Roi 1980
REPUBLIQUE DU SENEGAL
--------------- INSTITUT NATIONAL SUPERIEUR
MINISTERE DE LA JEUNESSE DE LrsquoEDUCATION POPULAIRE
ET DES SPORTS ET DU SPORT
-------------
(INSEPS)
MEMOIRE DE MAIcircTRISE
Es-SCIENCES ET TECHNIQUES
DE LrsquoACTIVITE PHYSIQUE ET DU SPORT
LA LUTTE TRADITIONNELLE
son importance sa signification en fonction des ethos et des habitus ethniques au Seacuteneacutegal
Preacutesenteacute par
Monsieur Joseph Victor FAYE
Sous la direction de
M Jean Marc ROCHEZ
Professeur agrave lrsquoINSEPS
Anneacutee de soutenance 1984
BOXE A~~GLISE
Lieu Iba l-ar DIOP - ASFA - ASFPO - SC -ASC JJAF - ASC lA
ugraveate du 201283 au 020684
~E~~~~E~~~~ Ici nous ferons la mecircme remarque que pour le Judo
Notons que toute lenquecircte a eacuteteacute faite agrave Dakar
Observation
La boxe recrute ses pratiquants surtout dans les classes 3 et 4 et
on note que le nombre de pratiquants nest pas aussi important comme
dans les autres disciplines
KARATE
Lieu YUKOKAI KARATE CLUB - SAMOURAI KARATE CLUB - Iba Mar DIOP
CLUB DE GIBRALTAR - ASFA - ASFA - ASFPO - GM Thiegraves
Date du 201283 au 020684
SE~~~~E~~~ Notre enquecircte se passait dans une ambiance sympathique
de camaraderie Geacuteneacuteralement apregraves la seacuteance dentratnement
Observation
Nous constatons que la distribution des pratiquants bien que favorisant
les groupes 2 et 3 semble plus homogegravene que dans les autres disciplines
~ LUTTE TRADITIONNELLE AVEC FRAPPE
Lieu Ecurie de Fass - Ecurie des Seacuteregraveres - Ecurie Mermoz
- Ecurie des Casamanccedilais
Date du 04-02-84 au 020684
Ccedilj~9~~~aEccedil~ Il est agrave signaler que cest la discipline ougrave l~ contact
avec les pratiquants a eacuteteacute plus difficile les speacutecialistes qui~ la plushy
part du temps semblent meacutefiants quand on commeucircce agrave leur poser des quesshy
tions preacutecises sur leur revenu mensuel
2 -liCc 055cllt le lle11ent SegraveS praLicltants dans le ba
de lecirc~helle ces~-agrave-dire dans le ~ruumlupe 4
~ecircsultats
Les reacutesultats enregistreacutes sont reacutecapituleacutes en nombre et en pourcentage
-agrave lapproximation pregraves- dans le tableau ci-dessous
LUTTE 1 LUTTELUTTEGROUPES BOXE KARATE JUDO AVEC OLYMshySIMPLE i i FRAPPE PIQUE
1 11 1 1 1
1 11 1 1 1 11 0 1 0 8 1 16 9 1 18 4 1 8 0 1 0 7 1 14
1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1
1 11 1 1 1 1 12 3 1
1 6 21 1
1 42 22 1 44 6 1 12 4 1 8 17 1 341 1
1 1 1 1 1 1 1
1 1
1 1 1 1 1
3 22 1 44 13 1 26 15 1 30 16 1 32 5 1
1 10 10 1 20
1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1
1 1 1 11 1 1
14 25 1 50 8 1 16 4 1 8 24 48 41 1 1 82 16 1 321 1 1 1 bull 1 1 1 1 1
1 1 1 1 1 11 1 1 1 TOTAUX 50 1100 50 1100 50 100 50 pOO 50 pOO 50 1100
1 1 1 1 1 1 1 1 1 1
Afin dG failiter la lect~~e je c~ table3~ t ~2 re~dre sig~ific~tives
s info~~ations quil contient ces difteacutere ts reacutesultats nu~eacuteriques
peuvent ecirctre formuleacutes selon des repreacutesentations graphiques
1 Clientegravele des Sports de combat
FIGURE l
Il apparatt nettement que les sports de combat recrutent essentiellement
dans le bas de la hieacuterarchie sociale ce sont des sports populaires don
propices agrave une massification de la pratique
Toutefois on peut nourrir quelques inquieacutetudes pour que soient reacuteunies
les conditions de leur deacuteveloppement en raison du faible statut quils
possegravedent au regard defllintelligentsia seacuteneacutegalaise
2 Hieacuterarchisation des gants sportifs en matiegravere de sport
de combat au sein des cadres supeacuterieurs -Groupe 1shy
FIGURE I[
La f-appe est honni aucl1 pratiqua1t de boxe Olt de lutte avec frappe
agraveUloins quelle fasse lobjet dune stylisation cxtrecircme COTIme cest le
cas dans le karateacute Ce groupe manifeste un seuil extrecircmement bas de toleacuteshy
rance agrave la violence ce qui explique les discours infamants degraves que la
lutte avec frappe est secoueacutee par quelques excegraves Leacuteopold Seacutedar SENGHOR 1
navait-il paS deacuteclareacute que cette forme de lutte eacutetait une atteinte permashy
nente agrave limage de marque du Seacuteneacutegal
Bien quil soit difficile de proposer une explication unique curiositeacute
esprit douvetture permeacuteabiliteacute aux modes bullbullbull les repreacutesentants de ce
groupe adoptet facilement des sports importeacutes 85 des goOts pour le 1
Judo le Karateacute et la Lutte Olympique qui pourtant est bien peu pratishy1
queacutee au Seacuteneacutegfll j
Faut-il en deacuted~~re une attitude geacuteneacuterale favoris~agrave tout ce qui provient
de leacutetranger
Nous nous refu~ons preacutesentement agrave ce genre dexplicationJ ne ser~it-ce que
par ses conseacuteqJences sur notre sport national dont les perspectives appashyj
raicirctraient bie sombres
Admettons que la pratique de ces disciplines sont en rapport avec des
deacuteterminants eacuteconomiques et que ceux-lagrave sont un frein P4ur la popularisashy
tion de ces pratiques A lappui de cette interpreacutetation~ il suffit de
composer le champ social du Judo et celui de la Lutte libre traditionnelle
--== G J
32
LUTTE SIHPLEJUDO FIGURE JI(
Le groupe 2 qui manifeste un inteacuterecirct reacuteel pour les sports de combat -pregraves
de 25 iuml de la population i~tervieweacutee- et qui p6ssegravede les ~oyens de choisir
ses pratiques opte massivement pour le judo CDnme lexprirre le rapport de
agrave 4
- shy
A la lumiegravere de cette succi~te analyse des demandes sociales en matiegravere
de pratique des sports de combat nous pensons recouper la theacuteorie de
lhabitus selon BOURDIEU qui veut que des hatitus diffeacuterents impliquent
des styles de vie divergents si lon entend par style de vie un systegraveme
de pratiques classeacutees et classantes(I)
La mutation de la socieacuteteacute seacuteneacutegalaise celle du milieu urbain se caracteacuteshy
rise par lapparition despaces sociaux qui sont en rapport avec des
espaces culturels Il en reacutesulte des pratiques distinctives comme
lexprime le pogam
En effet si les cateacutegories sociales existent et si chaccedilune delle exprime
une marque sur les conduites des sujets il est naturel ~e penser que des
pratiques1 sportives servent de modegraveles distinctifs et detrsymbOles dorgashy
nisation ieacuterarChique dans la socieacuteteacute exprimant les dif eacuterentes clas8eamp(2)
Ces const4tations ont dimportantes implications sur leeacuteveloppement et
lavenir des pratiques Si dans notre IIIegrave partie nous 1tenterons de 1
mettre en rapport les particulariteacutes ethniques avec les pluraliteacutes de
style de lutte nous parlons presque au passeacute Une IVegraveme partie devra
e~visager la situation actuelle de la lutte afin de pouvoir eacutemettre
qu~lques hypothegraveses sur son devenir
Cest auss~ une ambition de ce meacutemoire daider ceux qui sinteacuteressent reacuteellE
ment agrave la lutte de savoir entendre au travers des deacuteclarations normatives
et apologeacutetiques Nous ne doutons nullement de la conviction ou de la bonne
foi de leurs auteurs mais parmi les possibles il yale probable et seul
ceiui-lagrave meacuterite decirctre retenu car plus proche agravee la recirc~liteacute
(I) BOURDIEU pierre La distinction Les Editions de minuit 1979 page 191
(2) Le POgdlt Deacuterrocratisation du sport ythe (u reacutealiteacute
- 1f shy
j j l IlL DL l H L S DE
3 1 LA COll1ŒNAUTE DIOLA
311 Preacutesentation
Les diolas vivent dans la reacutegion de Casamance et repreacutesertent 9 de la
population totale du Seacuteneacutegal Ce sont geacuteneacuteralement des cultivateurs de
riz et des artisans Cependant on peut les trouver aujourdhui disperseacutes
dans toutes les capitales reacutegionales affecteacutes agrave divers meacutetiers militaire
gendarme fonctionnaires de lEtat ouvrier etc bullbullbull
Dans les villes la plus grande partie des diolas vit dans les qoartiers
populaires Par exemple agrave Dakar on les trouvera agrave Colobane agrave Fass agrave
Grand Yoff ou agrave Khar Yalla La plupart du temps cesDnt des artisans et des
ouvriers du secteur priveacute qui vont essayer dune maniegravere ou dune autre de
vivoter en bricolant deci de lagrave Mais mecircme loin de la Casamance cette
ethnie conserve une grande partie de ses caracteacuteristiques et plus partishy
culiegraverement la solidariteacute ethnique qui veut que les Diolas forment toujours
un bloc bien soudeacute quand le besoin se ifait sentir et cecisans discrimishy
nation de rang social Ainsi tous lesdiolas de Dakar se mobilisent pour
supporter le Casa Sport chaque fois qbe cette eacutequipe de foot-baIl vient
jouer agrave Dakar Cette mobilisation se fera aussi dans le cas ougrave leur chamshy
pion de lutte Mamadou SAKHO livre uncombatimportant
Lethnie diola est diviseacutee en trois sous-groupes
- les dio1as Fogny de Bignona
- les diolas Kassa autour dOussouye
- les diolas Blouf dans la preacutefecture de Tendouck
Mais en lutte on a pris lhabitude ~e les grouper en deux zones dune
part le Kassa qui preacutesente des particulariteacutes et dautre part lE Fogny
et le Blouf
- J 7 shy
3 ) 2 ~U(lquE5 aspects d~ l~ducatio~ ~t des rit~s en milieu diol~
L eacuteducat ion veacuteritable de lenfant diola est sociale et ne se corlprend
que dans la relation sociale elle deacutepasse de loin le strict cadre
famililal Elle commence au stade de lapprentissage du langage
Lenfant apprendra agrave reconnattre le langage du regard de ses parents
Il doit connaicirctre et faire la diffeacuterence entre un regard approbateur
et un regard qui blacircme De mecircme il doit apprendre agrave faire les gestes
de la tecircte qui expriment lapprobation En aucun cas lenfant nest
laisseacute agrave lui-mecircme Aura-t-il deacutesobeacuteit par complaisance naura-t-il pas
eacutecouteacute ou fait attention aux recommandations reacutepeacuteteacutees plusieurs fois
sans reacutesultat il fera lobjet dune punition corporelle avec la chicotte
Elle a pour effet de faire mal au corps de lenfant afin datteindre son
acircme sa sensibiliteacute et instaurer en lui une sorte de 1iaision de la
meacutemoire du mauvais comportement agrave la douleur quen voulant eacuteviter la
douleur il finit par eacuteviter le mauvais comportement en tout cas den
prendre conscience degraves cet acircge Cest une meacutethode deacuteducation mora1e (])
i 3121 Leacuteduca~ion maternelle
1
Notre eacutetude nous a montreacute que mecircme de nos jours leacuteducation diola
conserve encore ses caracteacuteristiques traditionnelles au niveau des rites
des moeurs des habitudes des principes et des normes
Leacuteducation de lenfant reste lune des plus rigoureuses Elle commence
degraves le plus bas acircge car pour le dio1a on ne peut redresser une personne
adulte donc autant leacuteduquer tregraves jeune Jusquagrave lacircge de trois ans
lenfant sera encadreacute par sa megravere qui bien queacutetant tregraves douce fait
preuve daucune indulgence Elle lui apprend les interdits de la communaushy
teacute respecter son prochain ne pas insulter ni profeacuterer de gros mots surshy
tout en preacutesence de grandes personnes ni faire violence agrave autrui
Plus terd v~rs cinq ou SlX ans le jeune garccedilon est initi~ a~x travaux
ces cna~ps des rizi~r~s cles pal~eraiEs ce Gui ne manquer6 pa5
davoir ces rEpcrcussic~s sur SOn deurovelopperncnt morpholoique
- 1( shy
3122 La circoncisio~
cest un rite obligatoire Il a pour but dintroduire le garccedilon dans
la communauteacute des hommes en tant que responsable Cest un rite qui
laisse une trace indeacuteleacutebile dans la vie du jeune diola Les principes
de la vie en socieacuteteacute y sont enseigneacutes agrave fond Le rite de la circoncishy
sion preacuteseuro~teuro uneuro forme p~lticul do~t s~uls les diolas connaissent
lorganisation internecar la circoncision est agrave la fois une eacutepreuve
physique intellectuelle et morale
Cette circoncision en milieu diola se passe dans le bois sacreacute En ce
lieu les Njoulis (circoncis) sont encadreacutes par des mattres les
Kintangs et au-dessus de ces mattres regravegnent un ecirctre doteacute de faculteacutes
occultes il sagit du Kankourang Le kankourang a cette capaciteacute de
disparattre de voler quand bon lui semble Il incarne la justice et la
violence et assure la protection de ses disciples contre les mauvais
esprits Ainsi le kankourang incite agrave lobeacuteissance et agrave lordre dans
cette socieacuteteacute Dans la tradition diola le kankourang repreacutesente un
pouvoir mystique capable de choses extraordinaires dont la socieacuteteacute
moderne avide de raisonnement ne pourra trouver une explication Au
cours de la circoncision les initieacutes subissent un certain nombre
deacutepreuves physiques que le diola appelle samasso Il doit se soushy
mettre agrave lensemble de ces eacutepreuves consideacutereacutees comme indispensables
agrave sa formation pour lui permettre de juger ses capaciteacutes physiques
mais eacutegalement deacutepouver sa valeur intellectuelle morale et sociale
Il pourra aussi se mesurer aux autres dans le domaine de la consideacuteration
et du respect En quittant le bois sacreacute le jeune doit posseacuteder une
grande partie des qualiteacutes humaines et socisles quil faut agrave un howmE
pour vivre en harmonie avec la socieacuteteacute traditionnelle Il serait bien
sOr possible dans le cadre dune eacutetude plus approfondie de parler de
bien dautres rites et pratiques traditionnelles
Notons cependant que le rite de la circoncision appartient aux anc~t~es
et que dans les villages reacutecents ougrave les structures ont changeacute on ne
Jeux jours avant la re~trfE cans le bois sacr[ les adolescents so~r
-
- Jo shy
por lE diola 11-071- doit rester en harrc1iE avec lE
tal lanimal lui-mecircme les ancecirctres les geacutenies Le rit~ du rasdge co~sist~
acirc ~loigner la ~alchance de lenfant Si l~ ritE nest pas respecteuro eumlr es
parents du futur initieacute celui-ci connaicirctra la malchance pendant toute sa viE
Ce rite a aussi pour faculteacute deacuteloigner le mal et de preacuteserver lenfant des
mauvais esprits
Le rite de leau sacreacutee se fait un jour avant lentreacutee dans le bois sacrEacute
Les femmes doivent se garder davoir le moindre contact avec leau beacutenite
pour se preacuteserver des conseacutequences facirccheuses qui pourraient en reacutesulter La
tradition veut quune seule goutte soit capable de deacuteclencher lavortement
l chez la femme enceinte de rendre steacuterile la jeune fille ou de provoquer des
menstrues perpeacutetuelles chez la femme ayant atteint la meacutenopause bull
bull Le rite de la forge protegravege le futur initieacute pendant son seacutejour dans le bois
sacreacute Mais cette protection seacutetend bien au-delagrave et de rite veut que toute
personne qui y faillit soit condamneacutee agrave devenir leacutepreuse
Pendant plusieurs semaines les jeunes initieacutes subissent une formation capishy
tale qui fera deux des hommes complets
313 Croyances et pratiques mystiques
Si nombreux sont les diolas convertis au Christianisme ou agrave lIslam leur
foi napparatt jamais incompatible avec leurs croyances animistes Lhisshy
toire des rois et reines diolas nous reacutevegravele quils eacutetaient les ffprecirctres fl de
ces cultes feacutetichistes destineacutes agrave maintenir la fertiliteacute et agrave provoquer
la chute des pluies De nos jours existent encore des socieacuteteacutes secregravetes agrave
base religieuse ou magique la plus redouteacutee eacutetant lassociation neacutecrophashy
gique Kousanga des Floup (1)
Deux fafu expliquent la coexistence du dogme et de la croyance
le contact tardif de la socieacuteteacute diola avec les civilisations eacutetrangegraveres
et leacutevangeacutelisation ou lislamisation quelles veacutehiculaient Il e~ reacutes~lt~
une importance des traditions leur reacutesstance agrave une remise en questic~ ce qui confegrave~e agrave la socieacuteteacute diola un caractegravere conservateur
r~c~~i]EE 2~fr~~ ~c - t
ct ~Cc egraveE~ Cimiddotilisatilaquo~ eacute
la neacutecessiteacute de lanimisme consiegraveeuroreacute comme base de toutes legrave~
religi0~s uumlegrave serait-ce que corr~e tentative ciexpliquer li1explishy
cable en se repreacutesentant en particulier comme un ensemble de puisshy
sances mystiques Ainsi pour lanimiste agir sur la nature cest
intervenir psychologiquement aupregraves de ceLX qui la gouvernent
314 Imeact des moeurs sur la prat~que de la lutte diola
Lorigine de la populariteacute de la lutte eugrave milieu diola est par trop
impreacutecise aussi nous nous limiterons agrave en donner la signification
actuelle La lutte apparatt dabord comme un moyen privileacutegieacute deacutedushy
cation
- sur le plan corporel afin de deacutevelopper la force lagiliteacute la
rapiditeacute et la souplesse
- sur le plan moral afin de deacutevelopper les vertus caracteacuterielles
courage tenaciteacute digniteacute bullbullbull neacuteces~aires agrave laction
Mais la lutte apparatt aussi comme un mpyen dinteacutegration sociale car
le jeune diola qui se refuserait agrave se sbumettre agrave leacutepreuve de la lutte
encourrait un isolement alors que celui qui excelle en bravoure devient
rapidement populaire Dougrave ces affrontements agrave linteacuterieur dune classe
dige qui tout en restant un moyen de reacutejouissance servent eacutegalement
agrave eacutetablir des comparaisons
Nos observations et nos interviews confirment le caractire tris physique
de la lutte diola immeacutediatement les lutteurs sont au corps agrave corps et
les techniques consistant agrave aracher ladversaire priment sur toutes les
autres Exprimer sa force est une preacuteoccupation constante il suffit pour
sen persuader de voir le groupe de lutteurs peacuteneacutetrer dans laregravene au son
du Born bol on que rythme le claquement de mains des femmes
C~tte da~se est une deacutebauche dAnegie Ougrave les lutteurs pieacutetin~Ert avec
force L sol
i shy
3141 EorphologUgrave et valeur physiques du lut teur diola
Le lutteur diola possegraveagrave~ un deacuteveloppement caracteacuteristique du trai~
supeacuterieur et de la musculature doso-lombaire Ceci est tregraves certaineshy
ment lieacute au maniement de la houe de la daba et surtout dukadiando
dont lusage permanent a modeleacute la morphologie du lutteur diola
La valeur physique de ce lutteur semble reposer sur sa force sa
reacutesistance mais aussi sa rapiditeacute
3142 Reacutepertoire technique
Dans le Blouf la forme du corps la plus utiliseacutee est le deacutecalage souvent
combineacute avec un crochet de jambe (gal gal) ceci semble ecirctre lieacute agrave
lutilisation quotidienne dans les riziegraveres du kadiando Le paysan du
Blouf sera ameneacute agrave faire un mouvement de torsion pour deacutecalerlinstrushy
ment enprenant appui sur son genou et ceci continuellEment pendant toute
la jourpeacutee Chez les diolas du Fogny le kadiando eacutefait surtout utiliseacute
par les femmes qui soccupaient autrefois exclusivement de la riziculture
et ce n~est quaujourdhui que les hommes cultivent le riz 1
La principale culture dans le Fogpy est celle du mil on y cultive aussi
de larachide De ce fait loutil le plus utiliseacute est le donkoton qui
est un instrument tregraves petit avec un manche court et dont le maniement
expliquerait peut-ecirctre leacutetonnante musculature du train supeacuterieur et surshy
tout de la zone dorso-lombaire du 4i6la fogny qui excelle dans les techshy
niques en force genre arracheacute avec les bras sur contrOle de la ceinture
de ladversaire Lulisation du donkoton semble eacutegalement expliquer la
garde tregraves basse du lutteur fogny
Dans le kassa on aurait pu trouver la mecircme forme de lutte car la morphoshy
logie du lutteur est agrave peu pregraves la mecircme mais linterdiction formelle de
la prise du ~gimbe modifie et limite tout le repertoire technicult2 ou
lutteur Le lutteur kassa adopte une garde basse et agrave une preacutefeacuterence pc~r
legraveS tc~-iccedilues n passa~ dessous - - ~ shymiddotmiddotcrc t--=~ c-
----
contact et agrave partir de ce TtoTteuront ils peuvent se relever et conti~uEr
en lutte debout jusquau terrassemen~
Toutes les gardes sont rapprocheacutees en milieu diola
irbi trage
Les combats sont arbitreacutes par un deacuteleacutegueacute geacuteneacuteralement anClen lutteur
Ces anciens lutteurs ont pour rocircle de veiller au bon deacuteroulement du
combat La victoire est deacutecreacuteteacutee dans les cas ougrave un des lutteurs se
retrouve en position assise sur le ventre sur la cuisse ou les
genoux (sauf dans le Kassa)
Il existe un autre mode de victoire celle qui est proclameacutee agrave la
suite dune supeacuterioriteacute eacutevidente du~ des lutteurs A savoir quand
un lutteur soulegraveve tregraves haut son camarade et que son manager estime i
quil est pratiquement battu il peut arrecircter le combat en touchant
dabord le lutteur adverse popr eacuteviter que son lutteur ne soit terrasseacute
tregraves fOrt Nest-ce pas un deacutecision sage des managers qui peut contribuer
agrave maintenir le caractegravere reacutecr~atif de la lutte joola 1
La victoire dun village sur un autre village ne se mesure pas au
nombre de victoires obtenues par lensemble des lutteurs En effet
il suffit que le champion soit battu pour que le village soit consideacutereacute
comme deacutefait Ce qui explique limportance et le seacuterieux que le village
accorde agrave la preacuteparation des championsl)
Il est cependant important de signaler que larbitrage dans les centres
urbains revecirct une iautre forme beaucoup plus codifieacutee et cest peut-ecirctre
une des raisons qui font quen milieu urbain la lutte diola perde une
partie de son originaliteacute
En dehors des techniques speacutecifiques agrave chaque sous-groupe il faut
signaler quil y a une multitude de prises et quelGues formes de corps
comTIunes agrave letnn Car reconnaissons qu il cO unE ror-euro approp=i~eacute
dE ~ouvane du l~tteur diola en TaI
-----~-----
LE tableau ci-dessous se propose dE reacutesumer les diffeacuterentes consideacuteshy
rations techniques envisagEacutees dans cette partie
FORlŒSSOGS-GRGUPES 1 COItltOLE GA~JESDt CORF=
i ~
1 1
Passage dessous de jambes et BassE KASSA saisies Moyenne1annexes bras (rapprocheacutee)
ceinture tecircte
Deacutecalage de Moyenne et BLOUF Demi-souplesse Ngimbe
HauteHancheacute Bras (rapprocheacutee)
Jambe
Arracheacute CouFOGNY Tregraves basse
Hancheacute ii 1
1 1
3 14 3 bull LeIIa~~jueetlecom~ortementdulutteur-+iola
1 Le comportement et lattitude du lutteur dans laregravene pe sont en fait
t
que le reflet de sa psychologie et plus partiCUliegraverem t de son eacutetat
dacircme Or il napparatt pas abusif deacutetablir des cor eacutelations entre
le psychisme dun individu et lempreinte eacuteducative quil a subie En effet en sortant du bois sacreacute le jeune diola a acquis un ~ca~~l
eacutequilibre physique et mental
Cette matrise de lui-mecircme permet au lutteur dans la~egravene dadopter
un aire enjoueacute de manifester beaucoup denthousiasme~ La lutte devient 1
essentiellement un jeu laspec ludique y est privileacutegieacute et ~ela influe
sur le comportement du lutteur
Ainsi queurolq~c soit limporta~cE de le~je~ le lutt~c~ dic1e Seuroreacute
to~jours serein et s~ livrera sa~s arri~re pe~s6e da~$ ~E CO=beacute ou-
tons que le lutteur diola est trecircs fair-play et sil arrive quun rdnd
lll L COIicircilU1Ul L ULOF
32 J Preacutesentation
La soc tEacute wucirc10f est celle qU1 a eacuteteacute la plus marqueacutee par la colonisation
~~ fait peut-gtre de sa position geuroographiquE dune part ct de 50~ imporshy
tanCE sur le plan dfmographiquE dautre part En effEt ceurootteuro CC-~ucircautE
wolof repreacutesente environ 20 de la population seacuteneacutegalaise
Elle est constitueacutee de pecirccheurs (ce sont les leacutebous) dagriculteurs de
fonctionnaires de lEtat mais surtout de commerccedilants
A pqrtir de leur reacutegime dimplantation le Cayor le Walo le Baol le
Djolof et la presquicircle du Cap-Vert les wolofs ont tendance agrave irradier
sur lensemble du territoire sous leffet de leur speacuteculation agrave la culshy
ture de larachide et du nombre important de fonctionnaires quon trouve
dans cette ethnie
322 Les moeurs et croyances wolofs
Bien queacutetant en grande partie des musulmans convaincus les wolofs
conservent toujours une croyance animiste et continuent agrave faire des
sacrifices agrave porter des cornes ou des morceaux de bois agrave la ceinture
aux jambes ou aux bras et agrave croire agrave lexistence des Djinneacutes et des
Raps bull
Le Djinneacute cest une creacuteature malfaisante en geacuteneacuteral capable de choses
extraordinaires Il possegravede des faculteacutes surnaturelles Cependant dapregraves
la croyance animiste certains Djinneacutes peuvent ecirctre bons
Le Hapl cest une creacuteature ayant des dons occultes appartena71t agrave une
famille ou agrave une communauteacute et dont le rOcircle est de veiller cu daider
les reCJrES de le fai11p ou dt la conmunauteacute en cas de da1gel Le Rap
~ ut te c ) ~~c-
ei sltcificE cJ sanl dE meut0 dL chat de pC)wleurot 5E1lt les conveuroshy
lances parfois leur dorner COrllTe offrande du lait Laii
Qua1d une famille ou une communauteacute neacuteglige les Sarakh (ici dans
le sens de sacrifice ou Offrande) elle se voit aussitocirct vouEacutee agrave la
maleacutediction des mauvais esprit~ (fcllec dans touteacuteS lEs ~treprises
de la vie maladie mort bullbullbull ) Les lieux ougrave habitent ls Taps et ougrave
se font les sacrifices se nomment Khambs
Geacuteneacuteralement le khamb se trouve dans lenceinte de la maison ou
dans un coin approprieacute du village Les lieux du khamb sont marqueacutes
par la disposition de calebasses de pilons de morceaux de poterie
briseacutes de grosses pierres de cornes et dautres objets heacuteteacuteroclytes
La superstition wolof est tregraves marqueacutee En effet pour le wolof toutes
les manifestations quotidiennes trouvent leur signification dans le
mysticisme Citons agrave cet effet quelques ezemples Une femme enceinte
ne doit pas marcher agrave nimporte quelle heure de la journeacutee Certaines
heures de la journeacutee lui sont interdites le Timiss (creacutepuscule
le Ndjo~or (de 13 H agrave 14 H de lapregraves-midi) le souf-segravede (de
minuit i4 H du matin) Selon la tradition ~t la croyance wolof les
mauvais ~sprits choisissent ces heures pour jeter des sorts Et la
femme enceinte eacutetant tregraves vulneacuterable le Djinneacute essaiera de lui insufshy
fler son souffle pour atteindre son beacutebeacute afin dentratner soit la
meacutetamorphose de cedernier en monstre soit de le tuer avant sa naissance
Dailleurs pour le wolof et pour certaines autres ethnies au Seacuteneacutegal
le timis le tdjolor le souf-segravede repreacutesentent des peacuteriodes de
la journeacutee ougrave lon ne doit pas se hasarder dans les rues et les champs
Ce sont des heures propices aux apparitions des Djinnes sous nimporte
quelle forme humaine ou animale
Il est eacutegalement interdit au wolof de marcher ou de serti la nuit du
~eacutellfria-
loutes c~s pratiques ~ystiqu~s et cr0ya~ces religi~us~5 ~xistent eL~~[
certainement dues agrave un meacutetissage culturel Parallegravelement aux feacutetiches
aux incantations et agrave lutilisation des safaras (substance magique)
notons lexistence de ga l a tchs (ce sOnt des talismans ougrave sont inscrits
du qui les porte Toutes ces croyances biEn sucircr auront une rEacutepercussicrI
sur leacuteducation du jeune wolof
323 Leacuteducation du wolof
Pour caracteacuteriser leacuteducation wolof nous avons penseacute donner comme
illustration cet extrait de la revue DEM ak TEY Pour deacutefinir leacutedushy
cation le wolof fait appel agrave un symbolisme qui eDglobe aussi bien les
moyens mis en oeuvre Yar que le reacutesultat obtenu agrave laide de ces mecircmes
moyens cest-agrave-dire la formation et le deacuteveloppement de lecirctre humain
ou Yaru
Le substantif Yar deacutesigne le fouet
Ce symbolisme deacutesigne donc au-delagrave du simple sens mateacuteriel de lobjet
lutilisation qui permet daboutir au reacutesultat escompteacute (Yaru) Au sens
geacuteneacuteral Yar deacutesigne tout instrument servant agrave infliger une punition Le
terme laisse supposer agrave priori que cette phase de lenfance durant lashy
quelle se preacutepare la vie de lhomme est lieacutee agrave la souffrance au supplice
Dailleurs une maxime wolof compare lenfant agrave une tige quon a tout le
loisir de redresser alors quelle est encore flexible bull
bullbullbull Pour leacuteducateur wolof la perfection nest point de ce monde malS
le devoir de chaque homme est de tendre vers la pleacutenitude en luttant
contre ses propres faiblesses Leacuteducation va d01c iisister essentielle~(-~t
sur lexercice quotidien de leacutelevation ffiora1e d~ lindividu Pour cela
elle privileacutegie la patience munI) vertu dabneacutegdtion et dE deacutesinteacuteresseshy
m(~t autour dE laquelle sarticulent toutes ]e~ ~u~~~s qualiteuros
i _
aan~ ~ s0cieacutet gt~olcf ocirclt~tartt nul -Jt- poulait sabecircisstr
tion de sa libertEacute La liberteacute est le preuumler drcmiddotir dE l ho-)euro egrave~S
baigner dans une beacuteate admiration du passeacute la comparaison avec le pr~$(middott
si~posc dclle-mecircme car lon reste s reacute devant la deacutesinvolture aVEC
laquelle dES honmes daujourdhui descendants de cette ~~~EacuteTatic ccedil~l se
une fois [largis bullbull tTasque fiers davoir fait leacute priS0n PEut-2tTE
faut-il mettre cela sur le compte de lurbanisation et des nouvelles
valeurs qui ont pour nom enrichissement reacuteussite sociale avec ce que
cela comporte de deacuteshumanisant et de deacutepreacuteciateur (1)
3 bull 2 bull 3 1 bull Lesri tes
Le sevrage et la circoncision constituent les deux grandes phases initiashy
tiques chez le wolof
- Le rituel du sevrage est appeleacute maga1 (litteacuteralement rendre grand)
Cest un eacutevegravenement important aussi bien pour les parents de lenfant que
pour la co~unauteacute Durant cet eacutevegravenement qui survient geacuteneacuteralement deux
ans apregraves la naissance du beacutebeacute les personnes vivant dans lentouragE
apportent leur soutien moral et mateacuteriel
- le rituel de la circoncision revecirct pratiquement la mecircme signification
que dans les autres ethnies seule la forme diffegravere La circoncision reste
encore une eacutepreuve de la vie au sort i r de laque Ile ladolescent devient un
homme Aujourdhui il faut noter une meacutetamorphose de la structure sociale
et des croyances religieuses tregraves accentueacutee aussi bien chez les wolof que
chez les autres groupes ethniques et ceci est peut-ecirctre dO au contact
permanent quils ont avec la socieacuteteacute occidentale
Malgreacute ces constat~tions il semblerait pcu=tant qUE la sociecirct~ lecircbou Gci
bien que se trouvaLt en grande partie dans ~a Presquth du Cap-ETt Et
en contact permane~t avec les blancs soit la portior la plu8 cc~serva-
----------~_- ---~-- -----
~
Incidences d s ~00urs sur la l~ttE
Le wolof connaicirct deux formes de luttes la lutte sirplE- sans t-t
la lutte avec frappe La lutte avec frappe a une crigi~e purement r
et ce nest que plus tard quelle devint une prati1uE sportive et lud
preacuteparer agrave la guerre Aussi tout en luttant On eacutetait autoris~ agrave frapper~
griffer mordre voire introduire son doigt dans loeil de son adversaire
Le jeune wolof devait eacutegalement se livrer agrave la lutte avec frappe afin de
favoriser son insertion dans la socieacuteteacute adulte et sinitier au meacutetier de
soldat faute de quoi il ne pouvait se faire entendre ne avoir des marques
de respect Pour montrer la populariteacute de la lutte dans le Cayor signalons
que les Damels ll (rois) et les Teignes (nobles) nheacutesitaient pas agrave sy
livrer Quant au IIMbeu~ (lutteur) elle lui servait de moyen de promotion
sociale car d8S que sa reacuteputation eacutetait eacutetablie il pouvait ecirctre choisi
par les rois et les nobles comme garde de corps
325 Signification de la lutte en milieu wolof
La lutte se pratique dabord pour lhonneur qui est une vertu tregraves signishy
ficative pour le wolof Elle permet de renforcer les liens amicaux entre
les jeunes de villages diffeacuterents Le champion veut gagner
confiance et la consideacuteration de son village de ses amis
Etre champion cest aussi susciter ladmiration chez les
sentant la force la viriliteacute et la deacutetermination
326 Organisation d~s eacutepreuves de lutte
3261 Les Mbapatts Ce sont les seacuteances nocturnes
pour meacuteriter la
et des anciens
filles en repreacuteshy
Ils sont organiseacutes apregraves les reacutecoltes agrave la fin de la saiscn des pluies
Ceci surtout p~ndant les peacuteriodes de clair de lune car ils peuven~ durEr
toute la nuit Le but des ~Dapatts lt=tait de prfpa-er FhysicuemeH et
~ arb Sil
326 Le 1
cest une organisation beaucoup plus importante que les I~apatts ~
loccasion de laquelle on peut voir plusieurs lutteurs de grande reDommfe
saffronteLLa fin dl lamb est toujours couronneacutee par une grand co~bat
duquel le vainqueur est sacreacute champion de la contrecirce
Le choix du lieu est lieacute agrave limportance de ce lieu dans le village cest
la place publique ougrave geacuteneacuteralement se passent toutes les manifestations
assembleacutee geacuteneacuterale sabar (danse) cest aussi lendroit ougrave sont prises
les grandes deacutecisions
3623 Lappariement
Dans un village ou un quartier les lutteurs se regroupent en lang
(eacutequipe) et jamais deux lutteurs de mecircme lang ne se rencontrent lors
du lamb
L appariement s~ fait librement entre lutteurs de lang diffeacuterents l1hs
une regravegle veut ~uavant de lutter avec le Mbeur Kanur de tel lang si
on est soukh (l~tteur pas encore confirmeacute) il est neacutecessaire de lutter
dabord avec ses soukh et ce nest quapregraves les avoir terrasseacutes tous
quon se voit octroyer la chance de lutter contre lui
Notons que la cateacutegorisation des lutteurs par poids nest jamais prise
en consideacuteration
3624 La tenue du lutteur ou NGIMBE
Le middotNGimbe est confectionneacute par le marabout de la famille ou du clan Il
est constituecirc de pagnes en coton tisseacute geacuteneacuteralement offerts par la megravere ou
la grand-megravere du lutteur ceci lors des organisations de ~rande Tportance
COrlune lef 1amb Dans le cadre des l-bapatt les pagnes sont C tErts peumlr
~~~rcfcis ct ffi~mc aujourdhui d218 cErtaInes fa~ille5 on devj~Gr
luttEur de pegravere en fils et dans ce cas h 1
gimbell du pEgravere Est recircr i tEacute
par le fils Le fait de porter le lI~gimbe agravee ses aiumleux peut susciter
cne~ le jeune lutteur une motivation et une volontecirc in~branlable rlasshy
surer 12 supeacuterioritEacute cis SIcirct-ns dallS
le xgimbe de la famille ne touche pas le sable
La tenue du lutteur a une signification et une importance sur le plan
mystique car selon les anciens le vrai feacutetiche du lutteur celui qui
le proteacutegera agrave vaincre le Djinneacute ou le Rap de ladversaire se trouve
cacheacute dans ce Ngimbe Celui qui confectionne-le Ngimbe est doueacute de
faculteacutes occultes
~~r~i~rg Il est assureacute par un sage du village qui geacuteneacuteralement fut
championde lutte de son temps Dailleurs cet ancien nintervient que
si le terrassement est litigieux
Hormis le public qui proclame la victoire ou le match nul le lutteur
lui-mecircme est arbitre et il arrive quil se deacuteclare vaincu ~ous
pouvons citer comme exemple Meacutedoune KHOULE un des plus grands lutteurs
seacuteneacutegalais qui a donneacute une victoire agrave Djeacuteri SADIO son adversaire qui a
reacuteussi agrave lui faire toucher le sol de la main
Il Y a terrassement quand le lutteur se retrouve
- assis sur le sol
- eacutetaleacute sur le dos
eacutetaleacute sur le cocircteacute
les deux genoux au sol
- les deux ma~ns au sol
la tecircte (front au sol agrave la suite dune brouette)
Il peut y aVOIr match nul si apregraves li1 temps ccmsideacuterable les lutteurs
SE sont ~ ivrEacutes respectivement agrave des assauts rEacutepEacutetEacutes et n arrivEt pas a
3265 L~ precircparation mystique
Il faut reconnattre quon ne peut parler de lutte en milieu wolof sans
envisager une preacuteparation mystique seacuterieuse Co~~e ~ous lEvans vu a~teacute-
1middot ~ d ~ ~rlturenent t0utes es actlvmiddotltesmiddot u W010 sont lles a SeS croyances
- la lutte ne concerne pas seule~ent deux acteurs se livrant faruumlucheshy
ment agrave un combat au milieu de laregravene mais eacutegalement les marabouts et les
feacutetichistes du village ou du clan qui doivent deacutefendre leur savoir et
leur prestige Avant le combat le lutteur doit se livrer agrave un certain
nombre de preacuteparations mystiques pour assurer sa victoire Aussi sommesshy
nous appeleacutes agrave parler de BACK (cest le chant et la danse du lutteur)
- le batteur de tam-tam compose un rythme en fonction du Galagne ou du
Senghor (gds-gris) du lutteur Chaque galagne sera choisi en fonction
du Rap ou du Djinneacute correspondant au Totem du lutteur
Le chant geacuterleacuterique Feinte woy veut dire litteacuteralement composer un 1
chant Ce chant est geacuteneacuteralement composeacute par les filles du viilage du
champion ou par un griot de sa communauteacute Et agrave travers ce chrnt on
arrive agrave toucher la corde sensible du lutteur en chantant lesl innombrables 1
victoires de ses ancecirctres ou en lui rappelant ses prouesses eacuteblatantes 1
Chaque lutteur doit avoir un chant et un back qui lui sont propres
327 Le reacutepertoire technique et les caracteacuteristiques physiques dulutteur wolof
Le lutteur wolof est geacuteneacuteralement moyen de taille la musculagraveture est
tregraves saillante ce qui fait ressortir un aspect tregraves athleacutetique ceci
est vrai sans exception pour le lutteur leacutebou mais il arrive que le Cacircyoshy
rien le baol-baol le walo-walo soient de grands gabarits de forte constishy
tution
CepEndant pour une meilleure compreacutehension du sujet nous pouvons eacutetudiEr
deux jroups d lut teurs qui vont deacuteterminer deux st yI e s de lut tes
- ~ t
les tc~tativ~s de~[reacutee e~ ramassement de jambes de la~v~sairL Ce~~
peut Ecirctre expliqueacute par le fait que les lutteurs leacutebou ou walo-walc qui
sont des pecirccheursadoptent cette garde tasseacutee du fait quils so~t tou-
jours pencheacutes en tirant le fil ou en poussant la plrogue On verra techrugravequeacutes dt cirr 2C ~lt 5Jllicitocirct
surLuumlut les membres supeacuterieurs
Le cayorien et le baol-baol par contre sont les plus grands cultivateurs
darachide chez eux les techniques de lutte sont plus varieacutees et la
garde est moins renfermeacutee Les lutteurs cayorien et baol-baol ont une
morphologie et une reacutepartition musculaire bien eacutequilibreacutee ils excellent
dans les techniques en deacutecalage les techniques de jambe et surtout les
techniques de riposte ougrave lon peut voir des prises de hancheacute tregraves amples
Dune maniegravere geacuteneacuterale on peut dire que le lutteur wolof est un fin
technicien qui sait surtout creacuteer les opportuniteacutes e~ avec sa rapiditeacute
utiliser la force de ladversaire pour le deacuteseacutequilibrer le noodju
le mbas le weacuteheacuteleacute et le rasu sont des techniques propres au lutteur
wolof
En deacutefense il utilise surtout des kl~klets ou gal-gal Notons que
le balancement des bras ou Lewato e$t tregraves marqueacute dans la lutte wolof
TABLEAU RECAPITULATIF DES COMPOSANTES TECHNIQUES
( 1 )
1 SOUS-GROUPES GARDES CONTROLES FORHES DE CORPS l
Walo-walo Basse de jambe Arracheacute l l10yenne de Ngimbe et i
Leacutebou Tasseacutee et saisies annexesj Deacutecalage 1 1 distante de bras de tecirct1
j de bras Deacutecalaeuro
~-----------------~-
- ~ ~- shy - ~ ~ bull L _ _ bull
Profil psyc~~iqUE du lutteu- et son comporterent dars l 2regravere
La preacuteparation mystique dans laregravene est plus marqueacutee chez les wolofs
que ChE~ les autres ethnies En effet on verra de grands champions
preliGrE plusiEurs heures pour Enduire leur corps de cll2badep ou ci
rmiddot- ~ a la proprieacuteteacute de proteacuteger li1egraveividu J
les mauvais sorts) Cest dailleurs un aspect dt la luttE qui iJcsc
des problegraveJles
Le lutteur wolof est tregraves superstitieux et la peacuteriode de preacuteparation
est capitale pour lui car elle permet non seulement de rendre
hommage aux ancecirctres mais aussi dintimider son adversaire Cest
geacuteneacuteralement un lutteur agressif combatif et teacutemeacuteraire Il se fait
souvent remarquer par son esprit dentreprise Mais cette fougue dans
le combat lamegravene parfois bien que ce soit regrettable agrave oublier les
usages et les normes Ce manque de maicirctrise de soi peut faire croire
que le lutteur wolof manque de fair-play ce qui nest pas toujours le
cas
~A~Ugrave~ t 4AA CbUrs k LA ucirctotve f~tPle Sesect prores mou W ~ lesquelles vont se couler les comporteme~ts individuels qui sont ainsi
monteacutes par et pour lautoriteacute sociale
Les faccedilons de boire de marcher ou de sasseoir se manifestent indivishy
duellement dans le corps de chaque personne ces habitus sont cependant
des montages sociaux lieacutes agrave des significationssymboliques variables
dailleurs selon la position sociale occupeacutee par chaque sujet Ces modes
dagir se rangent dans un systegraveme de montages symboliques et lindivishy
du les apprend de la socieacuteteacute dont il fait partie agrave la place quil occupe
Lhabitus est un montage social agrave la valeur symbolique deacutependant des pheacuteshy
nomegravenes deacuteducation et de prestige et lieacute agrave la position sociale du sujet
Cette penseacutee sonne de faccedilon eacutetonamment moderne
Pierre BOURDIEU qui dans une perspective a approfondi le contenue de la
notion en le reportant aux oppositions entre classes et fractions sociales
Il deacutefinit lhabitus comme un systegraveme de dispositions durables acquis au
cours dune histoire personnelle dans une milieu social donneacute systegraveme qui
engendre ensuite des pra~iques socialement deacutetermineacutees faccedilons de manger
de parler ou de marcher comportements de politesse contenu des preacutefeacuterencel
et des deacutegoOts bullbullbull lhabitus est le produit de conditions eacuteconomiques et
sociales Lauteur rattache directement la formation de lhabitus dun
individu agrave la trajectoire parcourue par celui-ci dans sa classe dapparteshy
nance il deacutefend lideacutee dun habitus de classe qui deacutefinit le sens confeacuteshy
reacute agrave la pratique sportive les profits qui en sont attendus
Ce dernier serait lui-m~me lieacute agrave un systegraveme de valeurs ou ETHOS de classe
prenant sens au sein doppositions distinctives entre classes sociales
De sorte lhabitus fonctionne comme un systegraveme dt- regravegles inteacuterioriseacutees
souvent informuleacutees permettant ou non agrave lagent de sadapter dembleacutee aux
multiples pratiques de la vie quotidienne et de la vie sportive il est agrave
lorigine des schegravemes de transcription qui favorisent les ajustements aux
situations corporelles nouvelles (1)
t ~
(1) P~IE11D dwi6Han ISpoy-l et sodeacutebi Approche Bocio-culturelle des pratiques P~tis Vigot 1981 page 81
33
331 Preacutesentation
Les Seacuteregravere auraient pour origine le Fouta Toro quils auraient quitteacute
vers le Xllegrave siegravecle pour fuir lislamisation de cette reacutegioD par lempire
dJ Xali (ils seraient donc apparEnt~s aux Peul et Toucouleur ) Ils
auraient trouveacute dans la rEacutegion du Sine les Sosseacute dorigine manding avec
lesquels ils salliegraverent
Au XVegrave siegravecle une autre immigrationSos~ conqueacuterante cette fois-ci
apporta son organisation eacutetatique Ils se divisegraverent en deux monarchies
deacutemocratiques lune seacutetablit au Sine et lautre au Saloum Les Sosseacute
conqueacuterants constituaient lautocratie appeleacutee Guelowar
La royauteacute seacuteregravere eacutetait laiumlque Les premiers souverains durent secouer
la tutelle des Toucouleur et progressivement arrivegraverent agrave unifier lethshy
nie des seacuteregravere etdea Sosseacute Les deux royauteacutes eacutetaient organiseacutees selon
acirces modegraveles tregraves deacutemocratiques Le souverain deacutependait dune assembleacutee
de ministres et de chefs locaux qui assuraient ladministration centrale
et reacutegionale())
Aujourdhui lethnie seacuteregravere repreacutesente 20 de la population seacuteneacutegalaise
Ils sont reacutepartis sur presque toute leacutetendue du territoire notamment
dans le Baol la reacutegion du Sine-Saloum et la reacutegion de Thiegraves
Signalons quil existe plusieurs sous-groupes dans lethnie ainsi on
trouvera
- dans la reacutegion de Thiegraves les Ndut les Safegravene et les None
- dans le Sine-Saloum les Sine-sine et les Saloum-salouIT
On trouvera vers foundioune et agrave Nioro du cocircteacute de la Gambie les
Niominka (pecirccheurs) Cest une portion tregraves mandinguiseacutee
( 1
Le rattache~2~t d~ to~s ccs sous-groupes pose problecircme ~25 0~ r0~V~
uc grande partie de traits COITul1uns dans leurs modes dE vie Ct pOUT phs
de faciliteacute nous allons essayer de faire une ~tude globale de la lutte
traditionnelle seacuterecircre Lactiviteacute socio-eacuteconomique qui est essentielleme~t
agro-pasorale caracteacuterisE leacutethnie seacuteregravere
332 Lecircducation les moeurs les croyances et pratiques sEr~rc
Chez les Seacuteregravere la vie humaine se deacuteroule selon les grandes eacutetapes
le baptecircme lenfance ladolescencemarqueacutee par la circoncision lsectge
adulte le mariage la vieillesse et la mort (funeacuterailles)
La vie de la communauteacute seacuteregravere reste une des plus originales sinon
celle qui de nos jours garde la presque totaliteacute des pratiques et
habitudes traditionnelles
Bien qu aujotltdhui con~r-tis aux religions chreacutetienne et musulmane les
Seacuteregravere conservent leurs croyances et pratiques animistes
Quelque soit leur degreacute dadheacutesion aux religions reacuteveacuteleacutees les Seacuteregravere
croient en un Dieu puissant et miseacutericordieux Rog Segravene et les hommes
Les ~angols sont repreacutesenteacutes mateacuteriellement dans tous les villages
seacuteregraveres par des arbres (baobab et tamariniers) des animaux (geacuteneacuteraleshy
ment serpent doreacute ou iguane) des ustensiles (pilon calebasse et mortier)
De nombreux teacutemoignages nous apprennent que certains totems (serpent
iguane) font leur apparicion agrave loccasion de certaines manifestations
rituelles comme les sacrifices ceacuteleacutebreacutes lors dun mariage de ceacutereacutemonies
mortuaires ou des circoncisions
Le Seacuteregravere comme il nous a eacuteteacute donneacute loccasion de le dire plus haut
preacutesente des speacutecificiteacutes authentiques aussi bien en tout ce qui touch~
son eacuteducation ses croyanCES et pratiques mystiques q~e ses activiteacute~
socio-ecirccc~omiquEs Apr~s a ~aissa~c~ le beurob~ ~~ pcs~ 5~~ lE S~ __
On lui mouille les l~vres avec un peu d~ lait de mil et apr~s U~ bain
purificateur on versera leau dans un trou cr~us~ derri~r~ la Camp~~
Pendant huit jours la megravere et lenfant sont cacheacutes dans la case car
selon les anciens ils sont tregraves vulneacuterables La case deacutens certains cas
est entoureacutee dun fil blanc et lon place sur le seuil des fais(cauy di
veacutegeacutetaux pour chasser les mauvais esprits (geacutenies malfaisants et illangeUY~
dacircmes) Au bout du huitiegraveme jour la megravere et lenfant peuvent sortir de
la case bull
bullbullbull Le matin du huitiegraveme jour la tante paternelle va chercher de leau
(plusieurs fois)t elle doit rester muette pendant ses alleacutees et venues
si elle parlait t lenfant pourrait ecirctre muet bullbullbull
La megravere et lenfant prennent un bain purificateur dans lequel sont
trempeacutees certaines plantes (ce sont des veacutegeacutetaux pr~tecteurs tels le
begravene le yag le ngud) On y lavera aussi le linge e1t les ustensiles utishyj
liseacutes pendant les huit jours qui viennet de seacutecoul~r On rase le crine
de lenfant Les cheveux sont donneacutes agrave la megravere qui ~s enterrera avec le
reste du cordon ombilical dans un endroit que11e esit seule agrave connattre
La megravere sassied sur une natte devant la maison Une femme igeacutee de la
famille prend le beacutebeacute dans ses bras et le preacutesente aux quatre coins de
lhorizon
La tante paternelle tient ensuite un van sur la tecircte de la megravere on y
verse le mil on y verse eacutegalement en abondance sur la megravere et sur
lenfant La tante oint ensuite le corps du beacutebeacute avec du lait e11e
touche en particulier le front t le nez la bouche la poitrine le dos
et les oreilles
Elle pose enfin un ~rain de sel dans la paume du beacutebeacute (le sel purifie
et deacutetruit les puissances mauvaises)
Apregraves un nouveau bain la megravere et lenfant revEcirctent des habits de fecircte
(est
lenfant Ce precircnore a toujours U~ SEns Il sy~bolise parfois C0 qUi
lOIl sounaitt agrave lEufant l)
La circoncision comme dans les autres ethnies est obligatoire Elle
permet au jeune adolescent dacceacuteder agrave la classe adulte Les jeunes
sont regroupes en classe dacircge dans le bois ougrave sc fait la r0tr~it0 des
circoncis et ceci pendant plusieurs mois
Le Selbeacute qui est geacuteneacuteralement un ancien craint de tous les eacutelegraveves
enseigne le respect de la hieacuterarchie la discreacutetion le goOt de linishy
tiative Les activiteacutes physiques et leacuteducation artistique ne sont pas
en reste la deacutecoration la sculpture la lutte et la danse A sa sortie
du bois linitieacute appartient deacutesormais agrave la classe des virils et des
sages du clan car on lui aura enseigneacute les vertus fondamentales que
sont la justice lhonneur lamour du prochain 1 amour du travail
lhonnecircteteacute et surtout le respect des coutumes ancestrales
Le rite du mariage esd aussi un fait tregraves important dans le monde 1
seacuteregravere mais par manq~e dinformation nous serons obligeacutes de nous en
tenir lagrave
333 Impact des ethos sur la lutte dans le monde seacuteregravere
Lorigine de la lutte seacuteregravere ne semble pas claire ma1S nous pouvons
dire quil existait deux formes de lutte comme chez les Wolofs une
lutte sans frappe et une lutte avec frappe Et cest cette derniegravere
qui peut-ecirctre nous ameacutenerait agrave croire que la lutte seacuteregravere aurait une
origine plus preacuteciseacutement guerriegravere
Aujourdhui la lutte est uniquement une activiteacute sportive agrave travers
laquelle le jeune seacuteregravere eacutevalue sa force son courage et SOn ingeacutenioshy
siteacute Cest une occasion de deacutefendre lhonneur de son village ou de
la corrnnunauteacute
La luttE ~5t avant tout u~e rnanifcs[dtic~ c~lturclie et surtout
fo lkhriqut-
Gracircce agrave elle on peut deacutesormais comprendre un certain nombre de chants
et de symboles A travers la lutte seacuteregravere on ccedilomprend les inter-relashy
tions entreacute la vie et le monde surntiturel
Sil devait y avoir la mort dun villageacuteois pendant la fecirctE au T qUE
de linterrompre on proceacutedait gracircce aux connaissances magico-religieuses
agrave la suspension de la mort jusquagrave une peacuteriode ougrave la population sera plus
disponible pour organiser des funeacuterailles sil y eacutetait preacutedit la possibishy
liteacute dune deacutefait du champion local au profit dun champion dun autre
village des recettes dordre maginque et religieux eacutetaient mises en prashy
tique afin que le champion du village ne soit jamais terrasseacute(J)
334 Le profil du lutteur seacuteregraver~
Le lutteur seacuteregravere est par essence un athlegravete impressionnant de par sa i
carrure et sa musculature saillante mais cest aussi une force tranquille
et calme quelque soit lenjeu du combagravet et particuliegraverement lhonneur
Cet aspect nous pousse agrave parler du NGiMBE cest-agrave-dire de la tenue du
lutteur qui va influencer sur sa faccedilon de lutter
La confection du Ngimbe revient agrave la communauteacute entiegravere Le Ngimbe a
une signification symbolique et le lutteur pour meacuteriter la confiance du
groupe se doit de tout faire pour ne pas toucher le sol Toute la commushy
nauteacute elle aussi sengage pour assurer la longeacuteviteacute et le succegraves du lutteur
dans laregravene par lorganisation droffrandes et de sacrifices en lhonneur
des Pangols bull
bull
Daucuns nheacutesitent pas agrave dire que lessentiel du mysticisme se fait agrave
la maison et non dans laregravene tout le reste nest quintimidation de
ladversaire
lsvcns
Tt- pi ~- t
t 1 ~ l _ ~ t
par rapport agrave lautre Cbci est trEgraves lieacute agrave lactiviteacute journaliegravere du
jeune seacuteregravere qui est un cultivateur donc toujours bien planteacute sur ses
jambes et qui continuellement manie lhiler
Le fait de couper le boi~ peut eacutegalement constituer un moyen de muscushy
lation non neacutegligeable pour le jeune lutteur
Un certain nombre de traits techniques speacutecifiques au lutteur seacuteregravere
semblent ressortir des diffeacuterentes interviews que nous aVOns fait subir
agrave certains lutteurs seacuteregraveres et agrave diffeacuterents techniciens
SOUS-GROUPES FORMES DU CORPS CONTROLES GARDES
SAFEN Moyenne en fente NONE Hancheacute Bras (distante) j
NDUTJ
f
SINE-SINE Deacutecalage Ngimbe
Moyenne
SALOUM-SALOUM Passage- Jambe (rapprocheacutee) 1
i
PETITE dessous Tecircte Basse et 1
COTE Moyenne (rapprocheacutee)
Notons que le Niominka ll commence agrave lutter agrave partir du sol pour avoir
assez deacutelan et sauter sur ladversaire afin davoir la prise du lion
(contr6le de la nuque et du bassin)
Co a -tem-nt ccedilt attitude du lutteur sEacuteregravere335 np -1t ~
Les croyances mystiques sont indissociables des activiteacutes quotidiennes
duseacuteregravere Ce qui explique le cocircteacute supersticieux du lutteur seacuteregravere En
~ffet certains lutteurs refusent de lutter avant certaines heures
Certains teacutemoignages nous apprennent quil nest pas donneacute agrave tout le
monde decirctre champion de lutte et que le lutteur doit avoir des dons
surnaturels pour ecirctre agrave mesure de livrer ses combats dans la nuit
et trouver seul un gris-gris speacutecial appeleacute Njatch
Le vrai champion de lutte chez les seacuteregraveres ne lutte pas seulement avec
~a force et sa technique mais surtout avec ses dons occultes
Chez les seacuteregraveres les morts sont toujours preacutesents et les ~pangols
Servent dintermeacutediaire entre les hommes et les morts Le pangol prend i
le nom dhumain dans certains villages (IIHeacuteJga NDONG Har Wag NGOUYE) i 1
De ce fait on verra le lutteur danser dufe maniegravere ou dune autre en
fonction du pangol de sa famille Ainsi nrus aurons le back (chant et
danse du lutteur) des DIOUF des FAYE etclbullbullbull
Dans laregravene le lutteur seacuteregravere a un comportement exemplaire aussi bien
agrave leacutegard de son adversaire direct quave~ le public en geacuteneacuteral Lexpli shy
cation semble tenir au fait que le lutteur seacuteregravere est avant tout selon
la tradition orale le repreacutesentant de toute la communauteacute seacuteregravere Par
conseacutequent il devra saffirmer non seulement en tant que lutteur dans
laregravene mais aussi en tant quentiteacute morale
336 La tenue du lutteur ou NGIMBE est confectionneacutee par le marabout de la
famille ou du clan Le Ngimbe est constitueacute de pagne en cCton tisseacute
Il doit ecirctre propre le lutteur qui le porte ne devra pas avoir de rapshy
port sexuel pendant toute la peacuteriode des cOTpeacutetitians car le Ngi~bE ne
doit pas ~tre souilleacute
Autrefois et mecircme aujourdthui dans certaines familles on devient
lutteur de pegravere en fils et dans ce cas le Ngimbe du pegravere est heacuteriteacute
par le fils Le fait de porter le Ngimbe de ses aieux peut susciter
chez le jeune lutteur une motivation et une volonteacute ineacutebranlable dtasshy
surer la supeacuterioriteacute d~s siens dans ltaregravene Il fera tout pour que le
Ngimbe de la ramille ne touche le sable
La tenue du lutteur a une signification et une importance sur le plan
mystique car selon les anciens le vra1 feacutetiche du lutteur celui qui
le proteacutegera et laidera agrave vaincre le nDjinne ou le tRapu de ladvershy
saire se trouve cacheacute dans ce Ngimbeu bull Celui qui confectionne donc le
Ngimbe U est doueacute de faculteacutes occultes
337 Larbitrase est assureacute par un sage du village qui geacuteneacuteralement fut
champion de lutte de son temps Dailleurs cet ancien nintervient que
si le terrassement est litigieux Hormis le public qui proclame la vicshy
toire ou le match nul le lutteur lui-mecircme est arbitre et il arrive
quil se deacuteclare vaincu
Nous avons pu cfter Meacutedoune KHOULE un desplus grands lutteurs seacuteneacutegashy
lais qui a donn~ une victoire agrave Djeacuteri SADIO son adversaire qui a reacuteussi
agrave lui faire touegraveher le sol de la main
IlL
34 1 Preacutesentation
Lethnie toucouleur vit En grandt partit ciE~~ la vallfc du S~~~gal
pt reprecircsente i peu pr~s 8 de la population totale secircn~galaise
o Histoire
Il semblerait que dans lancien royaume du Tekrour (IX~ siegravecle) des
eacuteleacutements neacutegroiumldes Sarakoleacute et des Peul aient formEacute par meacutetissage le
peuple Toucouleur (Toucouleur serait dailleurs une deacuteformation du
mot portugais Tacouror)
Ce empire a domineacute aussi bien les wolofs de lOuest que les Peul
nomades du Fouta Toro Cette reacutegion fut le premier pays islamiseacute par
les Almoravides ce qui peut expliquer le proseacutelytisme toucouleur
Ce sont les guerriers toucouleur islamiseacutes qui attaqu~rent avec les
Almoravides la capitale du Ghana Koumbi en 1067 On convertit par
la force les animistes Cest sans doute agrave cette eacutepoque que de nombreuses
ethnies reacutefractaires agrave lIslam ont dO accentuer leur migration vers
le sud (Seacuteregravere wolof Sarakoleacute Bambara Songhaiuml Akan et Peul se reacuteshy
fugiaient vers les hauteurs du Fouta Djalon)
Au XIXegrave siegravecle les Toucouleur allaient trouver en El Hadj Omar Tall
un grand conqueacuterent qui sous le preacutetexte religieux de la gJerre sainte
contre les tribus animistes (entre autres Bambara) eacutetendit lempire
toucouleur sur presque tout lensemble du gali et la partie de la Guineacutee
proche du l1ali
Lempire toucouleur composeacute de Sarakoleacute de Bambar~ de ~alinkeacute de
Xassonkeacute dE Peul et de Dogon eut le meurorit~ dunir CES diif~rentes ~ ~ - - - - - et~ics ~t dE CD~stituer l~Sl la b2S~ ~r 1
_ ~ ~ ~_ L ~
~ ~- ~- - - ---- _ 1 v _ t 1 ~-_ --
marabout tOL~culcuuml~ ~ middotlrrany a l ick SI venu des E1i rClS dE Pocior~ (
~ Vi~ euroconomicue et sociale -----------~-------------
Les Toucouleur sont des cultivateurs mais bien quils n~ soie~t pa~
pasteurs comrre les Peul leacutelevage a une place inportarteacute decirc1S ltur
eacutecono~ie Pour faciliter leur conquecircte guerriegraverE ils c~t Eucirc une preacuteshy
dilection pour leacutelevage des chevaux On y trouve aussi des pecirccheurs
appeleacutes Tchioubalo La socieacuteteacute toucouleur aurait une stratification
sociale tregraves rigide Les groupes ethniques et les castes eacutetaient
diffeacuterencieacutes et strictement exogamiques les Rimbe classe des nobles
comprenant la famille reacutegnante et les guerriers libres la classe des
Nieacutenieacutebegens de castes artisanales i les Rimaibeacute anciens esclaves
devenus serviteurs qui portent les noms de famille de leur maicirctres A
la base de lorganisation de la collectiviteacute toucouleur se situe le
village (Wouro)
Toutes ces castes sont cloisonneacutees entre elle~ Ainsi il nest pas
permis agrave un Torodo (noble) de se marier avec un Tchioubalo Ces
consideacuterations sont importantes dans le domaine de la lutte ougrave nous
apercevrons que les nobles ne sont pas faits pour lutter Le noble
preacutesidera les seacuteances de lutte et on luttera pour lui Ces condeacute rat ions
de noblesse et de rang social sont extrecircmement importantes dans le
monde toucouleur
Le noble ne doit pas se salir on lutte pour lui il ne vit la lutte
quen tant que spectateur
342 Education moeurs croyances et eratiques religieuses
Deux formes d~ducation sont agrave consideacuterer leacutedJcatio~ dES enfarts Et
celle des adultes
oG lenfant sait m2n~~r et apprfcier le goOt d~5 ~iifeurorents r~pas lt
le moment ougrave il CO~~e~CE agrave marcher
tivirt n~sormais le petit toucou]eur est eacuteduquf par toutmiddot 12 f2~i)]E
dabord puis par toutes lespersc~nes du village ou du C13~
Lenfant peut ~tre corrigeacute par tout adulte appartenant au groupe social
Son eacuteducation est deacutesormais laffaire de toute la communauteacute et non
exclusivement celle ces parents On linitie ainsi au travail quotidien
qui se fait dans la bergel~ e les champs et les bords du fleuve Au sein
du village il pourra apprendre agrave filer la laine et agrave tisser des pagnes
dans les champs il apprend agrave manier la houe et lhiler pour la culture
du riz et du mil Mais signalons que lactiviteacute essentielle du toucouleur
est leacutelevage des boeufs des moutons et des chegravevres Chez les Ichioushy
balos (p~cheurs ) lenfant sera initieacute tregraves tat au maniement des pagaies
agrave la p~che propremccedilnt dite et agrave la nage
Vers cinq-six ans lenfant est confieacute au maicirctre coranique le Ihierno
et ce dernier dispose exclusivement de toute sa vie Lavenir du jeune
enfant lui appartient
Comme dans les autres groupes ethniques les enfants sont regroupeacutes en
classe dacircge et cest dans cette structure que lenfant subit les rite
de passe et plus particuliegraverement celui de la circoncision
La circoncision est non seulement unE opeacuteration chirurgicale malS surshy
tout une peacuteriode au cours de laquelle le jeune garccedilon passe de leacutetat
dadolescent agrave leacutetat dadulte Les circoncis sont reacuteunis en classe
dacircge dans un endroit situeacute hors duvillage geacuteneacuteralement choisi par les
vieux Cet endroit n~st accessible que par des individus de SExe ffi8SCUshy
li~ ~ta~t au preacutealabl circoncis
- - - -
quable et complet sur le plan phy~ique et ~oral Ai~si liniti~
acquiert les qualitecircs indispensables que sont le courag~ la modest
lesprit de sacrifice lendurance
Le toucoule~r est un pleux musulma~ Cela sexp1
SOil le premier agrave tre en contact avec la religion musulmane de par sa
position frontaliegravere Lethnie toucouleur de par son histoire a preacutesenteacute
les plus grands chefs militaires et religieux musulmans seacuteneacutegalais Et
pour illustrer cela on peut citer en exemple la grande famille musulmane
des SY agrave TIVAOUANE repreacutesentant la confreacuterie des TIDJANES
Bien que lon note une majoriteacute musulmane on peut dire que certaines
croyances et pratiques mystiques et animistes persistent encore surtout
dans la reacutegion du fleuve
Une pratique courante se fait elle sappelle le Djatt Elle consiste
agrave faire sortir le caiman du fleuve agrave limmobiliser et agrave lattacher
sans quil ne reacuteagisse et tout ceci agrave laide de versets et dincantashy
tions magiques Dapregraves les teacutemoignages ces pratiques sont plutocirct
freacutequentes chez les Tchioubalos (pecirccheurs) Il arrive aussi que cershy
tains chasseurs ayant des dons se livrent agrave certaines pratiques an1shy
mis tes qui consistent agrave invoquer certaines puissances et agrave moduler sous
forme de chant des versets occultes pour se proteacuteger des mauvais esprits
et pour eacuteloigner les fauves Ce chant est geacuteneacuteralement incompreacutehensible
et deacutenueacute de sens pour le profane
343 Activiteacutes ludiques et pratiques sportives en milieu toucouleur
Durant toute son histoire lethnie ~oucouleur a toujours EacutetEacute Frese~teacute~
comme celle qui avait ue activit essentiellement guerr e e~ particushy
liegraverement farouche Trois eacuteleacutements ret r t l ecirc t te nt i c- euro so~t
le manie~~nt du ~acircton 12 luttE Et 1eacute danSE
l
Lecircducation ph~sique et artistique Dcc~pe un place precircpondecircra~rp
dans la fDrmat~on du jEune toucouleur A loccasion agraveeacutevegravenemen~ imporshy
tants reacutecoltJs mariages baptecircme nous assistons agrave des manifestashy
tions folkloriques de grande envergure le Wango oucirc dailse toucouleur
tregraves gymnique iles chants et surtout les sEacuteances de lutte
La lutte toucouleur est la forme de lutte la plus spectaclaire dans
tout le territoire seacuteneacutegalais Elle est essentiellement baseacutee sur des
techniques en hancheacute et surtout en souplesse Ceci sexplique par le
fait q~e le jeune toucouleur est tregraves tocirct initieacute agrave la gymnastique (saut 1
per saut de main salto arriegravere saut de tecircte couronneacute etc bullbullbull ) pour
la dans~ du wa~go En dansant le wango qui est une danse rythmeacutee et
gymnique le Jeune toucou1eur est capable de prouesses extraordinaires
1
En lutte lattaquant se deacuteplace tregraves peu pour avoir une bonne saisie
(geacuteneacutera~ement controcircle du Ngimben ) et enchaine brusqueme~t avec une
attaque surpris~ Cependant les ripostes sont souvent surprenantes et
spectaculaires (baseacutees sur la souplesse et la rapiditeacute) ontrairement
aux autr~s form~s de luttes ougrave lon voyait tous les jeune adheacuterer la
lutte to~cou1eur Verra un groupe de speacutecialistes sadonne agrave la lutte 1
(la lutte est lieacutee agrave la position sociale de lindividu problegraveme de
caste)
Q La morphologie du lutteur toucou1eur 1
1 1
Ce dernier nest pas aussi large et aussi fort que les lutteurs diola
et seacuteregravere Cependant il est tregraves reacutesistant La musculatJre est saillante 1
et tregraves souple lindividu est longiligne mais tregraves athleacutetique
Les mouvements de lutteurs sont semblables agrave ceux dun grand fe1in Cette 1
morphologie semble ecirctre lieacutee agrave la position geacuteographique de lethnie
(reacutegion du fleuve) et agrave lacitiviteacute socio-eacuteconomique du toucouleur qui
est agrave la fois cultivateur (activiteacute lieacutee agrave la crue et deacutecrUE du fleuve)
pecirccheuro~T CIcr~icubaon) et sttout jEumlrgcr qui est U~ rc~2eumlr
shy
Deux formes egrave~ corps sembl~nt ecirctre preacutefeacutereacutees du lutteur toucouleur
le hancheacute et la souplesse Les hancheacutes sont faits agrave partir de plusieurs
positions de doset se terminent geacuteneacuteralement par des techniques de
tregraves grande amplitude
TABLEAU RECAPITULATIF DES TECHNIQUES ET FORMES DE CORPS SPECIFIQUES
i
L441 r
GARDE FORMES DU CORPS CONTROLES --shy - -
Moyenne Souplesse Ngimbe
Hancheacute bras
Demi-souplesse
1
Profil psycholosigue 1
TECHNIQUES
ContrOle du bassin et 12 souplesse
arriegravere
Klicket et allegravegement de la hanche
Le lutteur toucouleur est celui lUi se livre le moins aux preacuteparaqons
maraboutiques Cela est dO au f~t que le toucouleur est un grand ~USUlshyman et que les pratiques animisges ont presque disparu dans ce mil~eu
Dans la pratique le lutteur esJ combaif mais il est calme et tr~s reacutefleacutechi quant agrave la deacutecision agrave prendre en plein corps agrave corps ct~st un des seuls techniciens qui reJte tregraves lucide au cours de ses comb~ts
l Dans toutes les circonstances e lutteur toucouleur est tenu de re~pecshyter son adversaire et ceux de s4n eacutequipemecircme sil est vaincu
Comme nous avons dO nous en rendre compte la rigueur des principes
eacuteducationnels a une influence tregraves sensible sur l~ comportement du
toucouleur
i
III S COCL ~s 1DO
Dans cette partie nous avons essay~ de montrer lftroite re1atic~
Entre les diverses activiteacutes socio-eacuteconomiques dans les ethnies et
lES diffEacuterentes faccedilons de lutter
Daucuns seraient tent~s de conclure trop rapidement et cest p0~r
cette raison que nOUS avons penseacute preacuteciser que le pheacutenotype nest
pas geacuteneacuterateur du geacutenotype Et nous sommes convaincus que la morphoshy
logie et les techniques des lutteurs relegravevent de leurs modes de vie
et de leurs croyances agrave une eacutepoque et danE un contexte bien deacutetermishy
neacutes
Est-ce que les lutteurs dio1a ou seacuteregravere travaillant avec leurs bras
dans les champs auraient les mecircmes pr 0 fil s physiques que les lutteurs
utilisant des machines pour lagriculture
- 69 shy
I UJOURDH~1 E-S ut O[l LES FORfilS Ut LU11t~
~otons que notre enqu~te a ecirctE essentiellement faiteen milieu urbain
Les seacuteances de lutte ont tendance agrave perdre leur particulariteacute de r~shy
jouissance pour devenir des pheacutenomegravenes de sportisatio Deux fores
de luttes so~t principale~cnt prat s dans les aregrave~es du 5 al
la lutte traditiunnelle simple et la lutte traditionnelle avec frappe
De nos jours la lutte traditionnelle tend vers une reacuteglementation
et une institutionalisation
Le reacutesultat de nos investigations nous donne le tableau ci-dessous
REPARTITION ETHNIQUE SUR 100 PRATIQUANTS
LUTTE LUTTE RAPPORTETHNIES SANS FRAPPE AVEC FRAPPE J2
Diola 40 16 71 j
Seacuteregravere 26 21 57
Toucouleur 23 10 69
Wolof 1 1 53 17
La demande sociale par ordre deacutecroissant pour la lutte sans frappe
se preacutesente comrre suit
]0_ Ethnie diola avec pregraves de 3 lutteur~ sur 4
2deg_ Ethnie toucouleur
Ethri dun
~ 1 LA LUTTE TR])IIIO~~ELLE AVEC H-PPE
Cette forme deacute lutte a une histoire qui date de lantiquiteacute elle
sa~pelait le Pugilat Au Seacuteneacutegal elle a vu le jour dans le Cayor
bien avant la colonisation Le coup dE pied l~Lrdn~lement la morshy
sure la frappe et le doigtf eacutetaient permis dans le cc=bat ~ ~middot~p0~~e
Dans certains cas la giffle eacutetait beaucoup plus dangereuse que le
poing quand elle eacutetait donneacutee par un speacutecialiste Cette giffle pouvait
agrave elle seule deacutechirer et mecircme parfois amputer la joue de ladverser
Selon les informations la lutte avec frappede nos jours serait une
forme de lutte tregraves eupheacutemiseacutee de celle dantan ougrave une blessure
pouvait souvent ecirctre mortelle
Aujourdhui au niveau du folklore la lutte na plus la mecircme
le spectaculaire a remplaceacute le significatif iLa lutte avec frappe se 1
pratique surtout dans les centres urbains C~aque fois quun grand combat 1
est progra~eacute par le Comiteacute National Proviso~re (CNP) des centaines damashy
teurs sont mobiliseacutes vers le stade lba Mar D~OP qui est aujourdhui le i
lieu approprieacute ougrave se deacuteroulent les grands conkbats de lutte Cest la formE
de lutte qui semble drainer une foule de personnes beaucoup plus importante
que celle de la lutte simple
La lutte avec frappe deacuteriverait dune forme de lutte traditionnelle
pratiqueacutee jadis dans le Cayor au temps des Damels et la frappe serait
le substitut dun certain nombre de pratiques doigteacute jet de produits
etc bullbullbull dont le but eacutetait laveuglement de ladversaire La lutte avec
frappe serait une continuation logique dune carriegravere sportive de la
lutte traditionnelle qui sen sert comme moyen socio-eacuteconomique En
effet la majoriteacute des lutteurs avec frappe ont dabord eacuteteacute initieacutes agrave la
lutte simple Cependant il faut signaler que de nOS jours il arrive
que le jeune lutteur avec frappE- soit directenent formEacute conne speacutecialistE
agrave la frappe sa~s pour autant faire son chemin dabcrd egravea~s la lutte
- ~ shy
Le recircsultat dE ~os interviews ncus rec~trE qGune pcpulatiD~ divcrsishy
fiampe sint~resse agrave ce sport et qUE les intecircr~[s des uns et d~SlautrE~
semble~t divergents naucuns affirment que la lutte traditionnelle
avec frappe serait monteacutee par des personnes dont la vocation est dexshy
ploiter ce pheacuteLomegravene agrave des fins commerciales Dautres disent gJellegrave
jouit de mcyens irport~nts t[l[~isio
tation etc bullbullbull ) pour toucher toutes les couches sociales CEpe~~a~t
nous remarquons que mecircme si certaines personnes reprochent agrave cette
forme de lutte decirctre brutale ces mecircmes personnes nheacutesitent pas agrave
se rendre le dimanche agrave laregravene Bien que critiqueacutee elle semble ecirctre
adopteacutee par une tregraves grande partie de la population seacuteneacutegalaise Cepenshy
dant en tant que techniciens il nous est permis de faire une remarque
Il sagit de
- Limpression nette decirctre devant des professionnels de la frappe
qui sont ~ntratneacutes pour cela Dailleurs les propos que nous avons
recueilli~ nous prouvent que la plupart des champions de lutte avec 1
frappe s~ntratnent dans certains sports de combat tels ~ue la boxe i 1
le karateacute le judo Dans cette nouvelle forme de pratique de la lutte
contrairefuent agrave la lutte traditionnelle le technicien e~t souvent
perdant face au puncheur Ce dernier adopte une lutte agrave distance qui
lui permet de placer agrave bon escient ses coups animeacute du deacutesir de vaincre
Le technicien lui se voit contreacute dans toutes ses entreprises par
un uppercut ou un crochet
On peut dire cependant que nul sport au Seacuteneacutegal que la lutte tradishy
tionnelle avec frappe ne deacutechaicircne autant de passions et autant de
pheacutenomegravenes poussant agrave lexcegraves et deacutereacuteglements quon ne peut que deacuteplorer
Mais comment deacutecrier un spectacle de lutte qui bien quayant perdu la
presque totaliteacute des valeurs traditionnelles veacutehiculeacutees autrefois par
elle sait susciter une participation effective de tous ceux qui sont
preacutesents
CONCLUSION
Dans ce meacutemoire nous sommes efforceacutes ~e faire ressort ir limportance des
ethos et des habitus et leurs effets sur la pratique de la lutte tradishy
tionnelle au Seacuteneacutegal
L~b egravethos repr~sentent dune maniegravere g~neurorale tous les eacuteleacutements speacutec
fiques sux Seacuteneacutegalais par conampeacuteguent un systegraveme de valeurs traditionnellEs
Mais m~me si ces valeurs rev~tent une signification universelle (honneur
digniteacute courage etc bullbullbull ) il nen demeure pas moins que ce nest pas leur
nature qui fait leur speacutecificiteacute mais la hieacuterarchisation et limportance i
quon accorde agrave toutes ces valeurs de ~ar leacuteducation ou la culture
i 1
Aussi les valeurs traditionnelles puient leur speacutecificiteacute dans les
caracteacuteristiques propres aux eacuteleacutements ~e la socio-cu1ture (la technologie
et leacuteconomie la politique et la pareteacute la psychologie et lideacuteologie)
dans la socieacuteteacute seacuteneacutegalaise agrave n momen donneacute de son eacutevolution Cest i
dire la neacuteceesiteacute de ne point faire della valeur une reacutealiteacute statique
Cest dite aussi quagrave tout mome~t le ~eacuteneacutegalais peut eacutevoluer et creacuteer
ou vivre par conseacutequent de nouv~lles fprmes de valeur qui lui sont 1
propres ft (J)
La lutte traditionnelle veacutehiculant deS valeurs socio-cu1ture1les speacutecishy
fiquement seacuteneacutegalaises (croyances valeurs morales norme de comportement
opinion attitude bullbullbull ) devient un eacuteleacutement important qui tregraves certaiaement
nous aidera dans notre effort de valoriser et de peacuterenniser notre patri shy
moine culturel par le biais dactiviteacutes physiques et sportives
Leacutetude des habitus nous permet de prouver quil y a plusieurs faccedilons
de se mouvoir comme danser lutter bullbullbull qui varient avec les diffeacuterentes
ethnies (wolof toucouleur seacuteregravere diolagt leurs convenances et leurs
eacuteducations
(1) Revue Ethiopiques 31 Les valeurs traditionnelles et le problegraveme de leur inteacutegration dans les systegravemes modernes jtducatio-1 2 6r--70
nautre part cette eacutetude permet aussi de nous rendrE compte de la
correacutelatipn eacutetroite existant entre la pratique de la lutte traditionnelle
et le sta~ut socio-eacuteconomique du pratiquant
Nos inves~igations nous indiquent que la lutte recrute essentiellement
au niveau des classes socio-eacuteconomiques situeacutees en bas de leacutechelle
donc posseacutedant le statut social le moins favoriseacute La lutte avec frappe
-et un certain secteur commercialiseacute de la lutte simple- y trouve sa
leacutegitimiteacute Comme le dit BOURDIEU nA habitus diffeacuterents styles de Vle
divergents et il oppse les pratiques aristocpatiques correspondants agrave
des activiteacutes qui favorisent les situations eupheacutemiseacutees ougrave la stylisashy
tion est importante aux pratiques populaires qui font appel agrave des
qualiteacutes qpposeacutees bllutes rugueuses Certaines interviews nous
montrent que plus lindividu occupe une place eacuteleveacutee dans leacutechelle
sQciale e~ 1
moin$ il sinteacuteresse agrave la lutte
Les reacutesultats recueillis dans nos diverses investig~tions confirment 1 1
1er propos qui disent que nous assistons aujourdhu~ agrave une involution
de la lutte traditionnelle parce que perdant toutes ses speacutecificiteacutes au 1
pryfit d~ne autre forme de lutte que lon continue agrave appeler nostalshy
giqlementIIlutte traditionnelle
Ceci pourrait peut-~tre trouver une explication dan la citation suivante
La liberteacute de creacuteer dinnover de vivre Pleineinenf decirctre soi et de
preacuteserver son authenticiteacute la digniteacute et lhonneu1demeurent des illushy
sions dans la misegravere eacuteconomique~ Nos ancecirctres creacuteai~nt des valeurs de cishyl
vilisation parce quils eacutetaient libres parce qu1i~s ignoraient toute
deacutependance eacuteconomique ils cultivaient en eux et cbez leurs enfants le 1
Jorn et la Kersa et preacutefeacuteraient la mort agrave la hoJte lI (1)
Or le Seacuteneacutegal comme la plupart des pays africainsi est un pays sousshy
deacuteveloppeacute t cependant face agrave cette volonteacute du gou~ernement seacuteneacutegalais
de faire inteacutegrer dans leacuteducation des valeurs traditionnelles nous
pouvons espeacuterer utiliser comme moyen deacuteducation la lutteacute traditionnelle
qui reste quand mecircme vecteur jethos et dhabit~s
- 54 shy
Mecircme si lon a noteacute un appauvrissement notoire sur les plans socioshy
culturel et moral la lutte traditionnelle recegravele une gamme importante
et varieacutee de techniques permettant incontestablement une ouverture vers
les luttes olympiques libre et g~eacuteco-romaine
La lecture de ce meacutemoire permettra agrave lentratneur et au professeur de
lutte en fonction du lieu ougrave ils seront affecteacutes dans le territoire
seacuteneacutegalaisdavoir une information sur les techniques contrOles et
formes de corps propres agrave chaque groupe ethnique et de les mettre en
relation avec leurs croyances et leurs mentaliteacutes
Nous avons essayeacute de montrer que la pratique de la lutte traditionnelle
doit tre axeacutee sur une ethnomotriciteacute au Seacuteneacutegal qui permette une inishy
tiation facile Cette pratique de la lutte traditionnelle seacuteneacutegalaise
devra dailleurs essayer de ~eacutepondre aux aspirations du Seacuteneacutegalaisl
moderne en souvrant aux ap~orts positifs des autres civilisations
ex~eacuterieures nous voulons Jvidemment parler du judo et des luttes oiymshyJ
piques 1
1 j Nous navons pas la preacutetentfon dans le cadre de ce meacutemoire demattrise
de reacutepondre agrave toutes les qutstions se rattachant agrave leacutetude de ~a lutte
traditionnelle souslangle~socio-culturel car non seulement il nous
manque lexpeacuterience et la c peacutetence en la mati~re mais aussil l le temps
et les moyens dont nous dis osions ne nous permettaient pas d~puiser le 1sujet i
1 1 1 t 1
l
- )5 shy
BIBLIOGRAPHIE
BIBLIOGRAPHIE
1- CLAPAREDE Psychologie de leacuteducation et peacutedagogie expeacuterimentale
Edition Delachaux et Niestleacute 244 pages
2- POCIELLC Christian Sport et Socieacuteteacute approche socio-culturelle
des pratiques Paris Vigot 1981 377 pages
3- PIERON Henri Vocabulaire de la psychologie
PUF Deuxiegraveme eacutedition 1957 469 pages
4- Revue socialiste de culture neacutegro-africaine ETHIOPIQUES
Les valeurs traditionnelles et le problegraveme de leur inteacutegration
dans les systegravemes modernes deacuteducation
GIA 21 Juillet 1982 213 pages
5- N2 Revue du Centre dEtudedes Civilisations DEM ak TEY
NIS IVegrave Trimestre 1982 96 pages
6- Document lNSEP Colloque sur la lutte aeacuteregravere
DAKAR MAI-JUIN 1980
t 1
~- Travaux du IVegrave Congregraves National ~es Sports agrave DAKAR les 2223041981
Bulletin n2 91 du CIO du 15 Aont 1965
l____________________________
8- Meacutemoire de Mattrise BADJI Abdou La lutte traditionnelle Joola
Etude et perspective
9- Meacutemoire Inspectorat JS DJITTE Mandy Les pratiques corporelles
traditionnelles au Seacuteneacutegal pour leur exploitation et leur
utilisation en peacutedagogie Marly le Roi 1980
REPUBLIQUE DU SENEGAL
--------------- INSTITUT NATIONAL SUPERIEUR
MINISTERE DE LA JEUNESSE DE LrsquoEDUCATION POPULAIRE
ET DES SPORTS ET DU SPORT
-------------
(INSEPS)
MEMOIRE DE MAIcircTRISE
Es-SCIENCES ET TECHNIQUES
DE LrsquoACTIVITE PHYSIQUE ET DU SPORT
LA LUTTE TRADITIONNELLE
son importance sa signification en fonction des ethos et des habitus ethniques au Seacuteneacutegal
Preacutesenteacute par
Monsieur Joseph Victor FAYE
Sous la direction de
M Jean Marc ROCHEZ
Professeur agrave lrsquoINSEPS
Anneacutee de soutenance 1984
2 -liCc 055cllt le lle11ent SegraveS praLicltants dans le ba
de lecirc~helle ces~-agrave-dire dans le ~ruumlupe 4
~ecircsultats
Les reacutesultats enregistreacutes sont reacutecapituleacutes en nombre et en pourcentage
-agrave lapproximation pregraves- dans le tableau ci-dessous
LUTTE 1 LUTTELUTTEGROUPES BOXE KARATE JUDO AVEC OLYMshySIMPLE i i FRAPPE PIQUE
1 11 1 1 1
1 11 1 1 1 11 0 1 0 8 1 16 9 1 18 4 1 8 0 1 0 7 1 14
1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1
1 11 1 1 1 1 12 3 1
1 6 21 1
1 42 22 1 44 6 1 12 4 1 8 17 1 341 1
1 1 1 1 1 1 1
1 1
1 1 1 1 1
3 22 1 44 13 1 26 15 1 30 16 1 32 5 1
1 10 10 1 20
1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1
1 1 1 11 1 1
14 25 1 50 8 1 16 4 1 8 24 48 41 1 1 82 16 1 321 1 1 1 bull 1 1 1 1 1
1 1 1 1 1 11 1 1 1 TOTAUX 50 1100 50 1100 50 100 50 pOO 50 pOO 50 1100
1 1 1 1 1 1 1 1 1 1
Afin dG failiter la lect~~e je c~ table3~ t ~2 re~dre sig~ific~tives
s info~~ations quil contient ces difteacutere ts reacutesultats nu~eacuteriques
peuvent ecirctre formuleacutes selon des repreacutesentations graphiques
1 Clientegravele des Sports de combat
FIGURE l
Il apparatt nettement que les sports de combat recrutent essentiellement
dans le bas de la hieacuterarchie sociale ce sont des sports populaires don
propices agrave une massification de la pratique
Toutefois on peut nourrir quelques inquieacutetudes pour que soient reacuteunies
les conditions de leur deacuteveloppement en raison du faible statut quils
possegravedent au regard defllintelligentsia seacuteneacutegalaise
2 Hieacuterarchisation des gants sportifs en matiegravere de sport
de combat au sein des cadres supeacuterieurs -Groupe 1shy
FIGURE I[
La f-appe est honni aucl1 pratiqua1t de boxe Olt de lutte avec frappe
agraveUloins quelle fasse lobjet dune stylisation cxtrecircme COTIme cest le
cas dans le karateacute Ce groupe manifeste un seuil extrecircmement bas de toleacuteshy
rance agrave la violence ce qui explique les discours infamants degraves que la
lutte avec frappe est secoueacutee par quelques excegraves Leacuteopold Seacutedar SENGHOR 1
navait-il paS deacuteclareacute que cette forme de lutte eacutetait une atteinte permashy
nente agrave limage de marque du Seacuteneacutegal
Bien quil soit difficile de proposer une explication unique curiositeacute
esprit douvetture permeacuteabiliteacute aux modes bullbullbull les repreacutesentants de ce
groupe adoptet facilement des sports importeacutes 85 des goOts pour le 1
Judo le Karateacute et la Lutte Olympique qui pourtant est bien peu pratishy1
queacutee au Seacuteneacutegfll j
Faut-il en deacuted~~re une attitude geacuteneacuterale favoris~agrave tout ce qui provient
de leacutetranger
Nous nous refu~ons preacutesentement agrave ce genre dexplicationJ ne ser~it-ce que
par ses conseacuteqJences sur notre sport national dont les perspectives appashyj
raicirctraient bie sombres
Admettons que la pratique de ces disciplines sont en rapport avec des
deacuteterminants eacuteconomiques et que ceux-lagrave sont un frein P4ur la popularisashy
tion de ces pratiques A lappui de cette interpreacutetation~ il suffit de
composer le champ social du Judo et celui de la Lutte libre traditionnelle
--== G J
32
LUTTE SIHPLEJUDO FIGURE JI(
Le groupe 2 qui manifeste un inteacuterecirct reacuteel pour les sports de combat -pregraves
de 25 iuml de la population i~tervieweacutee- et qui p6ssegravede les ~oyens de choisir
ses pratiques opte massivement pour le judo CDnme lexprirre le rapport de
agrave 4
- shy
A la lumiegravere de cette succi~te analyse des demandes sociales en matiegravere
de pratique des sports de combat nous pensons recouper la theacuteorie de
lhabitus selon BOURDIEU qui veut que des hatitus diffeacuterents impliquent
des styles de vie divergents si lon entend par style de vie un systegraveme
de pratiques classeacutees et classantes(I)
La mutation de la socieacuteteacute seacuteneacutegalaise celle du milieu urbain se caracteacuteshy
rise par lapparition despaces sociaux qui sont en rapport avec des
espaces culturels Il en reacutesulte des pratiques distinctives comme
lexprime le pogam
En effet si les cateacutegories sociales existent et si chaccedilune delle exprime
une marque sur les conduites des sujets il est naturel ~e penser que des
pratiques1 sportives servent de modegraveles distinctifs et detrsymbOles dorgashy
nisation ieacuterarChique dans la socieacuteteacute exprimant les dif eacuterentes clas8eamp(2)
Ces const4tations ont dimportantes implications sur leeacuteveloppement et
lavenir des pratiques Si dans notre IIIegrave partie nous 1tenterons de 1
mettre en rapport les particulariteacutes ethniques avec les pluraliteacutes de
style de lutte nous parlons presque au passeacute Une IVegraveme partie devra
e~visager la situation actuelle de la lutte afin de pouvoir eacutemettre
qu~lques hypothegraveses sur son devenir
Cest auss~ une ambition de ce meacutemoire daider ceux qui sinteacuteressent reacuteellE
ment agrave la lutte de savoir entendre au travers des deacuteclarations normatives
et apologeacutetiques Nous ne doutons nullement de la conviction ou de la bonne
foi de leurs auteurs mais parmi les possibles il yale probable et seul
ceiui-lagrave meacuterite decirctre retenu car plus proche agravee la recirc~liteacute
(I) BOURDIEU pierre La distinction Les Editions de minuit 1979 page 191
(2) Le POgdlt Deacuterrocratisation du sport ythe (u reacutealiteacute
- 1f shy
j j l IlL DL l H L S DE
3 1 LA COll1ŒNAUTE DIOLA
311 Preacutesentation
Les diolas vivent dans la reacutegion de Casamance et repreacutesertent 9 de la
population totale du Seacuteneacutegal Ce sont geacuteneacuteralement des cultivateurs de
riz et des artisans Cependant on peut les trouver aujourdhui disperseacutes
dans toutes les capitales reacutegionales affecteacutes agrave divers meacutetiers militaire
gendarme fonctionnaires de lEtat ouvrier etc bullbullbull
Dans les villes la plus grande partie des diolas vit dans les qoartiers
populaires Par exemple agrave Dakar on les trouvera agrave Colobane agrave Fass agrave
Grand Yoff ou agrave Khar Yalla La plupart du temps cesDnt des artisans et des
ouvriers du secteur priveacute qui vont essayer dune maniegravere ou dune autre de
vivoter en bricolant deci de lagrave Mais mecircme loin de la Casamance cette
ethnie conserve une grande partie de ses caracteacuteristiques et plus partishy
culiegraverement la solidariteacute ethnique qui veut que les Diolas forment toujours
un bloc bien soudeacute quand le besoin se ifait sentir et cecisans discrimishy
nation de rang social Ainsi tous lesdiolas de Dakar se mobilisent pour
supporter le Casa Sport chaque fois qbe cette eacutequipe de foot-baIl vient
jouer agrave Dakar Cette mobilisation se fera aussi dans le cas ougrave leur chamshy
pion de lutte Mamadou SAKHO livre uncombatimportant
Lethnie diola est diviseacutee en trois sous-groupes
- les dio1as Fogny de Bignona
- les diolas Kassa autour dOussouye
- les diolas Blouf dans la preacutefecture de Tendouck
Mais en lutte on a pris lhabitude ~e les grouper en deux zones dune
part le Kassa qui preacutesente des particulariteacutes et dautre part lE Fogny
et le Blouf
- J 7 shy
3 ) 2 ~U(lquE5 aspects d~ l~ducatio~ ~t des rit~s en milieu diol~
L eacuteducat ion veacuteritable de lenfant diola est sociale et ne se corlprend
que dans la relation sociale elle deacutepasse de loin le strict cadre
famililal Elle commence au stade de lapprentissage du langage
Lenfant apprendra agrave reconnattre le langage du regard de ses parents
Il doit connaicirctre et faire la diffeacuterence entre un regard approbateur
et un regard qui blacircme De mecircme il doit apprendre agrave faire les gestes
de la tecircte qui expriment lapprobation En aucun cas lenfant nest
laisseacute agrave lui-mecircme Aura-t-il deacutesobeacuteit par complaisance naura-t-il pas
eacutecouteacute ou fait attention aux recommandations reacutepeacuteteacutees plusieurs fois
sans reacutesultat il fera lobjet dune punition corporelle avec la chicotte
Elle a pour effet de faire mal au corps de lenfant afin datteindre son
acircme sa sensibiliteacute et instaurer en lui une sorte de 1iaision de la
meacutemoire du mauvais comportement agrave la douleur quen voulant eacuteviter la
douleur il finit par eacuteviter le mauvais comportement en tout cas den
prendre conscience degraves cet acircge Cest une meacutethode deacuteducation mora1e (])
i 3121 Leacuteduca~ion maternelle
1
Notre eacutetude nous a montreacute que mecircme de nos jours leacuteducation diola
conserve encore ses caracteacuteristiques traditionnelles au niveau des rites
des moeurs des habitudes des principes et des normes
Leacuteducation de lenfant reste lune des plus rigoureuses Elle commence
degraves le plus bas acircge car pour le dio1a on ne peut redresser une personne
adulte donc autant leacuteduquer tregraves jeune Jusquagrave lacircge de trois ans
lenfant sera encadreacute par sa megravere qui bien queacutetant tregraves douce fait
preuve daucune indulgence Elle lui apprend les interdits de la communaushy
teacute respecter son prochain ne pas insulter ni profeacuterer de gros mots surshy
tout en preacutesence de grandes personnes ni faire violence agrave autrui
Plus terd v~rs cinq ou SlX ans le jeune garccedilon est initi~ a~x travaux
ces cna~ps des rizi~r~s cles pal~eraiEs ce Gui ne manquer6 pa5
davoir ces rEpcrcussic~s sur SOn deurovelopperncnt morpholoique
- 1( shy
3122 La circoncisio~
cest un rite obligatoire Il a pour but dintroduire le garccedilon dans
la communauteacute des hommes en tant que responsable Cest un rite qui
laisse une trace indeacuteleacutebile dans la vie du jeune diola Les principes
de la vie en socieacuteteacute y sont enseigneacutes agrave fond Le rite de la circoncishy
sion preacuteseuro~teuro uneuro forme p~lticul do~t s~uls les diolas connaissent
lorganisation internecar la circoncision est agrave la fois une eacutepreuve
physique intellectuelle et morale
Cette circoncision en milieu diola se passe dans le bois sacreacute En ce
lieu les Njoulis (circoncis) sont encadreacutes par des mattres les
Kintangs et au-dessus de ces mattres regravegnent un ecirctre doteacute de faculteacutes
occultes il sagit du Kankourang Le kankourang a cette capaciteacute de
disparattre de voler quand bon lui semble Il incarne la justice et la
violence et assure la protection de ses disciples contre les mauvais
esprits Ainsi le kankourang incite agrave lobeacuteissance et agrave lordre dans
cette socieacuteteacute Dans la tradition diola le kankourang repreacutesente un
pouvoir mystique capable de choses extraordinaires dont la socieacuteteacute
moderne avide de raisonnement ne pourra trouver une explication Au
cours de la circoncision les initieacutes subissent un certain nombre
deacutepreuves physiques que le diola appelle samasso Il doit se soushy
mettre agrave lensemble de ces eacutepreuves consideacutereacutees comme indispensables
agrave sa formation pour lui permettre de juger ses capaciteacutes physiques
mais eacutegalement deacutepouver sa valeur intellectuelle morale et sociale
Il pourra aussi se mesurer aux autres dans le domaine de la consideacuteration
et du respect En quittant le bois sacreacute le jeune doit posseacuteder une
grande partie des qualiteacutes humaines et socisles quil faut agrave un howmE
pour vivre en harmonie avec la socieacuteteacute traditionnelle Il serait bien
sOr possible dans le cadre dune eacutetude plus approfondie de parler de
bien dautres rites et pratiques traditionnelles
Notons cependant que le rite de la circoncision appartient aux anc~t~es
et que dans les villages reacutecents ougrave les structures ont changeacute on ne
Jeux jours avant la re~trfE cans le bois sacr[ les adolescents so~r
-
- Jo shy
por lE diola 11-071- doit rester en harrc1iE avec lE
tal lanimal lui-mecircme les ancecirctres les geacutenies Le rit~ du rasdge co~sist~
acirc ~loigner la ~alchance de lenfant Si l~ ritE nest pas respecteuro eumlr es
parents du futur initieacute celui-ci connaicirctra la malchance pendant toute sa viE
Ce rite a aussi pour faculteacute deacuteloigner le mal et de preacuteserver lenfant des
mauvais esprits
Le rite de leau sacreacutee se fait un jour avant lentreacutee dans le bois sacrEacute
Les femmes doivent se garder davoir le moindre contact avec leau beacutenite
pour se preacuteserver des conseacutequences facirccheuses qui pourraient en reacutesulter La
tradition veut quune seule goutte soit capable de deacuteclencher lavortement
l chez la femme enceinte de rendre steacuterile la jeune fille ou de provoquer des
menstrues perpeacutetuelles chez la femme ayant atteint la meacutenopause bull
bull Le rite de la forge protegravege le futur initieacute pendant son seacutejour dans le bois
sacreacute Mais cette protection seacutetend bien au-delagrave et de rite veut que toute
personne qui y faillit soit condamneacutee agrave devenir leacutepreuse
Pendant plusieurs semaines les jeunes initieacutes subissent une formation capishy
tale qui fera deux des hommes complets
313 Croyances et pratiques mystiques
Si nombreux sont les diolas convertis au Christianisme ou agrave lIslam leur
foi napparatt jamais incompatible avec leurs croyances animistes Lhisshy
toire des rois et reines diolas nous reacutevegravele quils eacutetaient les ffprecirctres fl de
ces cultes feacutetichistes destineacutes agrave maintenir la fertiliteacute et agrave provoquer
la chute des pluies De nos jours existent encore des socieacuteteacutes secregravetes agrave
base religieuse ou magique la plus redouteacutee eacutetant lassociation neacutecrophashy
gique Kousanga des Floup (1)
Deux fafu expliquent la coexistence du dogme et de la croyance
le contact tardif de la socieacuteteacute diola avec les civilisations eacutetrangegraveres
et leacutevangeacutelisation ou lislamisation quelles veacutehiculaient Il e~ reacutes~lt~
une importance des traditions leur reacutesstance agrave une remise en questic~ ce qui confegrave~e agrave la socieacuteteacute diola un caractegravere conservateur
r~c~~i]EE 2~fr~~ ~c - t
ct ~Cc egraveE~ Cimiddotilisatilaquo~ eacute
la neacutecessiteacute de lanimisme consiegraveeuroreacute comme base de toutes legrave~
religi0~s uumlegrave serait-ce que corr~e tentative ciexpliquer li1explishy
cable en se repreacutesentant en particulier comme un ensemble de puisshy
sances mystiques Ainsi pour lanimiste agir sur la nature cest
intervenir psychologiquement aupregraves de ceLX qui la gouvernent
314 Imeact des moeurs sur la prat~que de la lutte diola
Lorigine de la populariteacute de la lutte eugrave milieu diola est par trop
impreacutecise aussi nous nous limiterons agrave en donner la signification
actuelle La lutte apparatt dabord comme un moyen privileacutegieacute deacutedushy
cation
- sur le plan corporel afin de deacutevelopper la force lagiliteacute la
rapiditeacute et la souplesse
- sur le plan moral afin de deacutevelopper les vertus caracteacuterielles
courage tenaciteacute digniteacute bullbullbull neacuteces~aires agrave laction
Mais la lutte apparatt aussi comme un mpyen dinteacutegration sociale car
le jeune diola qui se refuserait agrave se sbumettre agrave leacutepreuve de la lutte
encourrait un isolement alors que celui qui excelle en bravoure devient
rapidement populaire Dougrave ces affrontements agrave linteacuterieur dune classe
dige qui tout en restant un moyen de reacutejouissance servent eacutegalement
agrave eacutetablir des comparaisons
Nos observations et nos interviews confirment le caractire tris physique
de la lutte diola immeacutediatement les lutteurs sont au corps agrave corps et
les techniques consistant agrave aracher ladversaire priment sur toutes les
autres Exprimer sa force est une preacuteoccupation constante il suffit pour
sen persuader de voir le groupe de lutteurs peacuteneacutetrer dans laregravene au son
du Born bol on que rythme le claquement de mains des femmes
C~tte da~se est une deacutebauche dAnegie Ougrave les lutteurs pieacutetin~Ert avec
force L sol
i shy
3141 EorphologUgrave et valeur physiques du lut teur diola
Le lutteur diola possegraveagrave~ un deacuteveloppement caracteacuteristique du trai~
supeacuterieur et de la musculature doso-lombaire Ceci est tregraves certaineshy
ment lieacute au maniement de la houe de la daba et surtout dukadiando
dont lusage permanent a modeleacute la morphologie du lutteur diola
La valeur physique de ce lutteur semble reposer sur sa force sa
reacutesistance mais aussi sa rapiditeacute
3142 Reacutepertoire technique
Dans le Blouf la forme du corps la plus utiliseacutee est le deacutecalage souvent
combineacute avec un crochet de jambe (gal gal) ceci semble ecirctre lieacute agrave
lutilisation quotidienne dans les riziegraveres du kadiando Le paysan du
Blouf sera ameneacute agrave faire un mouvement de torsion pour deacutecalerlinstrushy
ment enprenant appui sur son genou et ceci continuellEment pendant toute
la jourpeacutee Chez les diolas du Fogny le kadiando eacutefait surtout utiliseacute
par les femmes qui soccupaient autrefois exclusivement de la riziculture
et ce n~est quaujourdhui que les hommes cultivent le riz 1
La principale culture dans le Fogpy est celle du mil on y cultive aussi
de larachide De ce fait loutil le plus utiliseacute est le donkoton qui
est un instrument tregraves petit avec un manche court et dont le maniement
expliquerait peut-ecirctre leacutetonnante musculature du train supeacuterieur et surshy
tout de la zone dorso-lombaire du 4i6la fogny qui excelle dans les techshy
niques en force genre arracheacute avec les bras sur contrOle de la ceinture
de ladversaire Lulisation du donkoton semble eacutegalement expliquer la
garde tregraves basse du lutteur fogny
Dans le kassa on aurait pu trouver la mecircme forme de lutte car la morphoshy
logie du lutteur est agrave peu pregraves la mecircme mais linterdiction formelle de
la prise du ~gimbe modifie et limite tout le repertoire technicult2 ou
lutteur Le lutteur kassa adopte une garde basse et agrave une preacutefeacuterence pc~r
legraveS tc~-iccedilues n passa~ dessous - - ~ shymiddotmiddotcrc t--=~ c-
----
contact et agrave partir de ce TtoTteuront ils peuvent se relever et conti~uEr
en lutte debout jusquau terrassemen~
Toutes les gardes sont rapprocheacutees en milieu diola
irbi trage
Les combats sont arbitreacutes par un deacuteleacutegueacute geacuteneacuteralement anClen lutteur
Ces anciens lutteurs ont pour rocircle de veiller au bon deacuteroulement du
combat La victoire est deacutecreacuteteacutee dans les cas ougrave un des lutteurs se
retrouve en position assise sur le ventre sur la cuisse ou les
genoux (sauf dans le Kassa)
Il existe un autre mode de victoire celle qui est proclameacutee agrave la
suite dune supeacuterioriteacute eacutevidente du~ des lutteurs A savoir quand
un lutteur soulegraveve tregraves haut son camarade et que son manager estime i
quil est pratiquement battu il peut arrecircter le combat en touchant
dabord le lutteur adverse popr eacuteviter que son lutteur ne soit terrasseacute
tregraves fOrt Nest-ce pas un deacutecision sage des managers qui peut contribuer
agrave maintenir le caractegravere reacutecr~atif de la lutte joola 1
La victoire dun village sur un autre village ne se mesure pas au
nombre de victoires obtenues par lensemble des lutteurs En effet
il suffit que le champion soit battu pour que le village soit consideacutereacute
comme deacutefait Ce qui explique limportance et le seacuterieux que le village
accorde agrave la preacuteparation des championsl)
Il est cependant important de signaler que larbitrage dans les centres
urbains revecirct une iautre forme beaucoup plus codifieacutee et cest peut-ecirctre
une des raisons qui font quen milieu urbain la lutte diola perde une
partie de son originaliteacute
En dehors des techniques speacutecifiques agrave chaque sous-groupe il faut
signaler quil y a une multitude de prises et quelGues formes de corps
comTIunes agrave letnn Car reconnaissons qu il cO unE ror-euro approp=i~eacute
dE ~ouvane du l~tteur diola en TaI
-----~-----
LE tableau ci-dessous se propose dE reacutesumer les diffeacuterentes consideacuteshy
rations techniques envisagEacutees dans cette partie
FORlŒSSOGS-GRGUPES 1 COItltOLE GA~JESDt CORF=
i ~
1 1
Passage dessous de jambes et BassE KASSA saisies Moyenne1annexes bras (rapprocheacutee)
ceinture tecircte
Deacutecalage de Moyenne et BLOUF Demi-souplesse Ngimbe
HauteHancheacute Bras (rapprocheacutee)
Jambe
Arracheacute CouFOGNY Tregraves basse
Hancheacute ii 1
1 1
3 14 3 bull LeIIa~~jueetlecom~ortementdulutteur-+iola
1 Le comportement et lattitude du lutteur dans laregravene pe sont en fait
t
que le reflet de sa psychologie et plus partiCUliegraverem t de son eacutetat
dacircme Or il napparatt pas abusif deacutetablir des cor eacutelations entre
le psychisme dun individu et lempreinte eacuteducative quil a subie En effet en sortant du bois sacreacute le jeune diola a acquis un ~ca~~l
eacutequilibre physique et mental
Cette matrise de lui-mecircme permet au lutteur dans la~egravene dadopter
un aire enjoueacute de manifester beaucoup denthousiasme~ La lutte devient 1
essentiellement un jeu laspec ludique y est privileacutegieacute et ~ela influe
sur le comportement du lutteur
Ainsi queurolq~c soit limporta~cE de le~je~ le lutt~c~ dic1e Seuroreacute
to~jours serein et s~ livrera sa~s arri~re pe~s6e da~$ ~E CO=beacute ou-
tons que le lutteur diola est trecircs fair-play et sil arrive quun rdnd
lll L COIicircilU1Ul L ULOF
32 J Preacutesentation
La soc tEacute wucirc10f est celle qU1 a eacuteteacute la plus marqueacutee par la colonisation
~~ fait peut-gtre de sa position geuroographiquE dune part ct de 50~ imporshy
tanCE sur le plan dfmographiquE dautre part En effEt ceurootteuro CC-~ucircautE
wolof repreacutesente environ 20 de la population seacuteneacutegalaise
Elle est constitueacutee de pecirccheurs (ce sont les leacutebous) dagriculteurs de
fonctionnaires de lEtat mais surtout de commerccedilants
A pqrtir de leur reacutegime dimplantation le Cayor le Walo le Baol le
Djolof et la presquicircle du Cap-Vert les wolofs ont tendance agrave irradier
sur lensemble du territoire sous leffet de leur speacuteculation agrave la culshy
ture de larachide et du nombre important de fonctionnaires quon trouve
dans cette ethnie
322 Les moeurs et croyances wolofs
Bien queacutetant en grande partie des musulmans convaincus les wolofs
conservent toujours une croyance animiste et continuent agrave faire des
sacrifices agrave porter des cornes ou des morceaux de bois agrave la ceinture
aux jambes ou aux bras et agrave croire agrave lexistence des Djinneacutes et des
Raps bull
Le Djinneacute cest une creacuteature malfaisante en geacuteneacuteral capable de choses
extraordinaires Il possegravede des faculteacutes surnaturelles Cependant dapregraves
la croyance animiste certains Djinneacutes peuvent ecirctre bons
Le Hapl cest une creacuteature ayant des dons occultes appartena71t agrave une
famille ou agrave une communauteacute et dont le rOcircle est de veiller cu daider
les reCJrES de le fai11p ou dt la conmunauteacute en cas de da1gel Le Rap
~ ut te c ) ~~c-
ei sltcificE cJ sanl dE meut0 dL chat de pC)wleurot 5E1lt les conveuroshy
lances parfois leur dorner COrllTe offrande du lait Laii
Qua1d une famille ou une communauteacute neacuteglige les Sarakh (ici dans
le sens de sacrifice ou Offrande) elle se voit aussitocirct vouEacutee agrave la
maleacutediction des mauvais esprit~ (fcllec dans touteacuteS lEs ~treprises
de la vie maladie mort bullbullbull ) Les lieux ougrave habitent ls Taps et ougrave
se font les sacrifices se nomment Khambs
Geacuteneacuteralement le khamb se trouve dans lenceinte de la maison ou
dans un coin approprieacute du village Les lieux du khamb sont marqueacutes
par la disposition de calebasses de pilons de morceaux de poterie
briseacutes de grosses pierres de cornes et dautres objets heacuteteacuteroclytes
La superstition wolof est tregraves marqueacutee En effet pour le wolof toutes
les manifestations quotidiennes trouvent leur signification dans le
mysticisme Citons agrave cet effet quelques ezemples Une femme enceinte
ne doit pas marcher agrave nimporte quelle heure de la journeacutee Certaines
heures de la journeacutee lui sont interdites le Timiss (creacutepuscule
le Ndjo~or (de 13 H agrave 14 H de lapregraves-midi) le souf-segravede (de
minuit i4 H du matin) Selon la tradition ~t la croyance wolof les
mauvais ~sprits choisissent ces heures pour jeter des sorts Et la
femme enceinte eacutetant tregraves vulneacuterable le Djinneacute essaiera de lui insufshy
fler son souffle pour atteindre son beacutebeacute afin dentratner soit la
meacutetamorphose de cedernier en monstre soit de le tuer avant sa naissance
Dailleurs pour le wolof et pour certaines autres ethnies au Seacuteneacutegal
le timis le tdjolor le souf-segravede repreacutesentent des peacuteriodes de
la journeacutee ougrave lon ne doit pas se hasarder dans les rues et les champs
Ce sont des heures propices aux apparitions des Djinnes sous nimporte
quelle forme humaine ou animale
Il est eacutegalement interdit au wolof de marcher ou de serti la nuit du
~eacutellfria-
loutes c~s pratiques ~ystiqu~s et cr0ya~ces religi~us~5 ~xistent eL~~[
certainement dues agrave un meacutetissage culturel Parallegravelement aux feacutetiches
aux incantations et agrave lutilisation des safaras (substance magique)
notons lexistence de ga l a tchs (ce sOnt des talismans ougrave sont inscrits
du qui les porte Toutes ces croyances biEn sucircr auront une rEacutepercussicrI
sur leacuteducation du jeune wolof
323 Leacuteducation du wolof
Pour caracteacuteriser leacuteducation wolof nous avons penseacute donner comme
illustration cet extrait de la revue DEM ak TEY Pour deacutefinir leacutedushy
cation le wolof fait appel agrave un symbolisme qui eDglobe aussi bien les
moyens mis en oeuvre Yar que le reacutesultat obtenu agrave laide de ces mecircmes
moyens cest-agrave-dire la formation et le deacuteveloppement de lecirctre humain
ou Yaru
Le substantif Yar deacutesigne le fouet
Ce symbolisme deacutesigne donc au-delagrave du simple sens mateacuteriel de lobjet
lutilisation qui permet daboutir au reacutesultat escompteacute (Yaru) Au sens
geacuteneacuteral Yar deacutesigne tout instrument servant agrave infliger une punition Le
terme laisse supposer agrave priori que cette phase de lenfance durant lashy
quelle se preacutepare la vie de lhomme est lieacutee agrave la souffrance au supplice
Dailleurs une maxime wolof compare lenfant agrave une tige quon a tout le
loisir de redresser alors quelle est encore flexible bull
bullbullbull Pour leacuteducateur wolof la perfection nest point de ce monde malS
le devoir de chaque homme est de tendre vers la pleacutenitude en luttant
contre ses propres faiblesses Leacuteducation va d01c iisister essentielle~(-~t
sur lexercice quotidien de leacutelevation ffiora1e d~ lindividu Pour cela
elle privileacutegie la patience munI) vertu dabneacutegdtion et dE deacutesinteacuteresseshy
m(~t autour dE laquelle sarticulent toutes ]e~ ~u~~~s qualiteuros
i _
aan~ ~ s0cieacutet gt~olcf ocirclt~tartt nul -Jt- poulait sabecircisstr
tion de sa libertEacute La liberteacute est le preuumler drcmiddotir dE l ho-)euro egrave~S
baigner dans une beacuteate admiration du passeacute la comparaison avec le pr~$(middott
si~posc dclle-mecircme car lon reste s reacute devant la deacutesinvolture aVEC
laquelle dES honmes daujourdhui descendants de cette ~~~EacuteTatic ccedil~l se
une fois [largis bullbull tTasque fiers davoir fait leacute priS0n PEut-2tTE
faut-il mettre cela sur le compte de lurbanisation et des nouvelles
valeurs qui ont pour nom enrichissement reacuteussite sociale avec ce que
cela comporte de deacuteshumanisant et de deacutepreacuteciateur (1)
3 bull 2 bull 3 1 bull Lesri tes
Le sevrage et la circoncision constituent les deux grandes phases initiashy
tiques chez le wolof
- Le rituel du sevrage est appeleacute maga1 (litteacuteralement rendre grand)
Cest un eacutevegravenement important aussi bien pour les parents de lenfant que
pour la co~unauteacute Durant cet eacutevegravenement qui survient geacuteneacuteralement deux
ans apregraves la naissance du beacutebeacute les personnes vivant dans lentouragE
apportent leur soutien moral et mateacuteriel
- le rituel de la circoncision revecirct pratiquement la mecircme signification
que dans les autres ethnies seule la forme diffegravere La circoncision reste
encore une eacutepreuve de la vie au sort i r de laque Ile ladolescent devient un
homme Aujourdhui il faut noter une meacutetamorphose de la structure sociale
et des croyances religieuses tregraves accentueacutee aussi bien chez les wolof que
chez les autres groupes ethniques et ceci est peut-ecirctre dO au contact
permanent quils ont avec la socieacuteteacute occidentale
Malgreacute ces constat~tions il semblerait pcu=tant qUE la sociecirct~ lecircbou Gci
bien que se trouvaLt en grande partie dans ~a Presquth du Cap-ETt Et
en contact permane~t avec les blancs soit la portior la plu8 cc~serva-
----------~_- ---~-- -----
~
Incidences d s ~00urs sur la l~ttE
Le wolof connaicirct deux formes de luttes la lutte sirplE- sans t-t
la lutte avec frappe La lutte avec frappe a une crigi~e purement r
et ce nest que plus tard quelle devint une prati1uE sportive et lud
preacuteparer agrave la guerre Aussi tout en luttant On eacutetait autoris~ agrave frapper~
griffer mordre voire introduire son doigt dans loeil de son adversaire
Le jeune wolof devait eacutegalement se livrer agrave la lutte avec frappe afin de
favoriser son insertion dans la socieacuteteacute adulte et sinitier au meacutetier de
soldat faute de quoi il ne pouvait se faire entendre ne avoir des marques
de respect Pour montrer la populariteacute de la lutte dans le Cayor signalons
que les Damels ll (rois) et les Teignes (nobles) nheacutesitaient pas agrave sy
livrer Quant au IIMbeu~ (lutteur) elle lui servait de moyen de promotion
sociale car d8S que sa reacuteputation eacutetait eacutetablie il pouvait ecirctre choisi
par les rois et les nobles comme garde de corps
325 Signification de la lutte en milieu wolof
La lutte se pratique dabord pour lhonneur qui est une vertu tregraves signishy
ficative pour le wolof Elle permet de renforcer les liens amicaux entre
les jeunes de villages diffeacuterents Le champion veut gagner
confiance et la consideacuteration de son village de ses amis
Etre champion cest aussi susciter ladmiration chez les
sentant la force la viriliteacute et la deacutetermination
326 Organisation d~s eacutepreuves de lutte
3261 Les Mbapatts Ce sont les seacuteances nocturnes
pour meacuteriter la
et des anciens
filles en repreacuteshy
Ils sont organiseacutes apregraves les reacutecoltes agrave la fin de la saiscn des pluies
Ceci surtout p~ndant les peacuteriodes de clair de lune car ils peuven~ durEr
toute la nuit Le but des ~Dapatts lt=tait de prfpa-er FhysicuemeH et
~ arb Sil
326 Le 1
cest une organisation beaucoup plus importante que les I~apatts ~
loccasion de laquelle on peut voir plusieurs lutteurs de grande reDommfe
saffronteLLa fin dl lamb est toujours couronneacutee par une grand co~bat
duquel le vainqueur est sacreacute champion de la contrecirce
Le choix du lieu est lieacute agrave limportance de ce lieu dans le village cest
la place publique ougrave geacuteneacuteralement se passent toutes les manifestations
assembleacutee geacuteneacuterale sabar (danse) cest aussi lendroit ougrave sont prises
les grandes deacutecisions
3623 Lappariement
Dans un village ou un quartier les lutteurs se regroupent en lang
(eacutequipe) et jamais deux lutteurs de mecircme lang ne se rencontrent lors
du lamb
L appariement s~ fait librement entre lutteurs de lang diffeacuterents l1hs
une regravegle veut ~uavant de lutter avec le Mbeur Kanur de tel lang si
on est soukh (l~tteur pas encore confirmeacute) il est neacutecessaire de lutter
dabord avec ses soukh et ce nest quapregraves les avoir terrasseacutes tous
quon se voit octroyer la chance de lutter contre lui
Notons que la cateacutegorisation des lutteurs par poids nest jamais prise
en consideacuteration
3624 La tenue du lutteur ou NGIMBE
Le middotNGimbe est confectionneacute par le marabout de la famille ou du clan Il
est constituecirc de pagnes en coton tisseacute geacuteneacuteralement offerts par la megravere ou
la grand-megravere du lutteur ceci lors des organisations de ~rande Tportance
COrlune lef 1amb Dans le cadre des l-bapatt les pagnes sont C tErts peumlr
~~~rcfcis ct ffi~mc aujourdhui d218 cErtaInes fa~ille5 on devj~Gr
luttEur de pegravere en fils et dans ce cas h 1
gimbell du pEgravere Est recircr i tEacute
par le fils Le fait de porter le lI~gimbe agravee ses aiumleux peut susciter
cne~ le jeune lutteur une motivation et une volontecirc in~branlable rlasshy
surer 12 supeacuterioritEacute cis SIcirct-ns dallS
le xgimbe de la famille ne touche pas le sable
La tenue du lutteur a une signification et une importance sur le plan
mystique car selon les anciens le vrai feacutetiche du lutteur celui qui
le proteacutegera agrave vaincre le Djinneacute ou le Rap de ladversaire se trouve
cacheacute dans ce Ngimbe Celui qui confectionne-le Ngimbe est doueacute de
faculteacutes occultes
~~r~i~rg Il est assureacute par un sage du village qui geacuteneacuteralement fut
championde lutte de son temps Dailleurs cet ancien nintervient que
si le terrassement est litigieux
Hormis le public qui proclame la victoire ou le match nul le lutteur
lui-mecircme est arbitre et il arrive quil se deacuteclare vaincu ~ous
pouvons citer comme exemple Meacutedoune KHOULE un des plus grands lutteurs
seacuteneacutegalais qui a donneacute une victoire agrave Djeacuteri SADIO son adversaire qui a
reacuteussi agrave lui faire toucher le sol de la main
Il Y a terrassement quand le lutteur se retrouve
- assis sur le sol
- eacutetaleacute sur le dos
eacutetaleacute sur le cocircteacute
les deux genoux au sol
- les deux ma~ns au sol
la tecircte (front au sol agrave la suite dune brouette)
Il peut y aVOIr match nul si apregraves li1 temps ccmsideacuterable les lutteurs
SE sont ~ ivrEacutes respectivement agrave des assauts rEacutepEacutetEacutes et n arrivEt pas a
3265 L~ precircparation mystique
Il faut reconnattre quon ne peut parler de lutte en milieu wolof sans
envisager une preacuteparation mystique seacuterieuse Co~~e ~ous lEvans vu a~teacute-
1middot ~ d ~ ~rlturenent t0utes es actlvmiddotltesmiddot u W010 sont lles a SeS croyances
- la lutte ne concerne pas seule~ent deux acteurs se livrant faruumlucheshy
ment agrave un combat au milieu de laregravene mais eacutegalement les marabouts et les
feacutetichistes du village ou du clan qui doivent deacutefendre leur savoir et
leur prestige Avant le combat le lutteur doit se livrer agrave un certain
nombre de preacuteparations mystiques pour assurer sa victoire Aussi sommesshy
nous appeleacutes agrave parler de BACK (cest le chant et la danse du lutteur)
- le batteur de tam-tam compose un rythme en fonction du Galagne ou du
Senghor (gds-gris) du lutteur Chaque galagne sera choisi en fonction
du Rap ou du Djinneacute correspondant au Totem du lutteur
Le chant geacuterleacuterique Feinte woy veut dire litteacuteralement composer un 1
chant Ce chant est geacuteneacuteralement composeacute par les filles du viilage du
champion ou par un griot de sa communauteacute Et agrave travers ce chrnt on
arrive agrave toucher la corde sensible du lutteur en chantant lesl innombrables 1
victoires de ses ancecirctres ou en lui rappelant ses prouesses eacuteblatantes 1
Chaque lutteur doit avoir un chant et un back qui lui sont propres
327 Le reacutepertoire technique et les caracteacuteristiques physiques dulutteur wolof
Le lutteur wolof est geacuteneacuteralement moyen de taille la musculagraveture est
tregraves saillante ce qui fait ressortir un aspect tregraves athleacutetique ceci
est vrai sans exception pour le lutteur leacutebou mais il arrive que le Cacircyoshy
rien le baol-baol le walo-walo soient de grands gabarits de forte constishy
tution
CepEndant pour une meilleure compreacutehension du sujet nous pouvons eacutetudiEr
deux jroups d lut teurs qui vont deacuteterminer deux st yI e s de lut tes
- ~ t
les tc~tativ~s de~[reacutee e~ ramassement de jambes de la~v~sairL Ce~~
peut Ecirctre expliqueacute par le fait que les lutteurs leacutebou ou walo-walc qui
sont des pecirccheursadoptent cette garde tasseacutee du fait quils so~t tou-
jours pencheacutes en tirant le fil ou en poussant la plrogue On verra techrugravequeacutes dt cirr 2C ~lt 5Jllicitocirct
surLuumlut les membres supeacuterieurs
Le cayorien et le baol-baol par contre sont les plus grands cultivateurs
darachide chez eux les techniques de lutte sont plus varieacutees et la
garde est moins renfermeacutee Les lutteurs cayorien et baol-baol ont une
morphologie et une reacutepartition musculaire bien eacutequilibreacutee ils excellent
dans les techniques en deacutecalage les techniques de jambe et surtout les
techniques de riposte ougrave lon peut voir des prises de hancheacute tregraves amples
Dune maniegravere geacuteneacuterale on peut dire que le lutteur wolof est un fin
technicien qui sait surtout creacuteer les opportuniteacutes e~ avec sa rapiditeacute
utiliser la force de ladversaire pour le deacuteseacutequilibrer le noodju
le mbas le weacuteheacuteleacute et le rasu sont des techniques propres au lutteur
wolof
En deacutefense il utilise surtout des kl~klets ou gal-gal Notons que
le balancement des bras ou Lewato e$t tregraves marqueacute dans la lutte wolof
TABLEAU RECAPITULATIF DES COMPOSANTES TECHNIQUES
( 1 )
1 SOUS-GROUPES GARDES CONTROLES FORHES DE CORPS l
Walo-walo Basse de jambe Arracheacute l l10yenne de Ngimbe et i
Leacutebou Tasseacutee et saisies annexesj Deacutecalage 1 1 distante de bras de tecirct1
j de bras Deacutecalaeuro
~-----------------~-
- ~ ~- shy - ~ ~ bull L _ _ bull
Profil psyc~~iqUE du lutteu- et son comporterent dars l 2regravere
La preacuteparation mystique dans laregravene est plus marqueacutee chez les wolofs
que ChE~ les autres ethnies En effet on verra de grands champions
preliGrE plusiEurs heures pour Enduire leur corps de cll2badep ou ci
rmiddot- ~ a la proprieacuteteacute de proteacuteger li1egraveividu J
les mauvais sorts) Cest dailleurs un aspect dt la luttE qui iJcsc
des problegraveJles
Le lutteur wolof est tregraves superstitieux et la peacuteriode de preacuteparation
est capitale pour lui car elle permet non seulement de rendre
hommage aux ancecirctres mais aussi dintimider son adversaire Cest
geacuteneacuteralement un lutteur agressif combatif et teacutemeacuteraire Il se fait
souvent remarquer par son esprit dentreprise Mais cette fougue dans
le combat lamegravene parfois bien que ce soit regrettable agrave oublier les
usages et les normes Ce manque de maicirctrise de soi peut faire croire
que le lutteur wolof manque de fair-play ce qui nest pas toujours le
cas
~A~Ugrave~ t 4AA CbUrs k LA ucirctotve f~tPle Sesect prores mou W ~ lesquelles vont se couler les comporteme~ts individuels qui sont ainsi
monteacutes par et pour lautoriteacute sociale
Les faccedilons de boire de marcher ou de sasseoir se manifestent indivishy
duellement dans le corps de chaque personne ces habitus sont cependant
des montages sociaux lieacutes agrave des significationssymboliques variables
dailleurs selon la position sociale occupeacutee par chaque sujet Ces modes
dagir se rangent dans un systegraveme de montages symboliques et lindivishy
du les apprend de la socieacuteteacute dont il fait partie agrave la place quil occupe
Lhabitus est un montage social agrave la valeur symbolique deacutependant des pheacuteshy
nomegravenes deacuteducation et de prestige et lieacute agrave la position sociale du sujet
Cette penseacutee sonne de faccedilon eacutetonamment moderne
Pierre BOURDIEU qui dans une perspective a approfondi le contenue de la
notion en le reportant aux oppositions entre classes et fractions sociales
Il deacutefinit lhabitus comme un systegraveme de dispositions durables acquis au
cours dune histoire personnelle dans une milieu social donneacute systegraveme qui
engendre ensuite des pra~iques socialement deacutetermineacutees faccedilons de manger
de parler ou de marcher comportements de politesse contenu des preacutefeacuterencel
et des deacutegoOts bullbullbull lhabitus est le produit de conditions eacuteconomiques et
sociales Lauteur rattache directement la formation de lhabitus dun
individu agrave la trajectoire parcourue par celui-ci dans sa classe dapparteshy
nance il deacutefend lideacutee dun habitus de classe qui deacutefinit le sens confeacuteshy
reacute agrave la pratique sportive les profits qui en sont attendus
Ce dernier serait lui-m~me lieacute agrave un systegraveme de valeurs ou ETHOS de classe
prenant sens au sein doppositions distinctives entre classes sociales
De sorte lhabitus fonctionne comme un systegraveme dt- regravegles inteacuterioriseacutees
souvent informuleacutees permettant ou non agrave lagent de sadapter dembleacutee aux
multiples pratiques de la vie quotidienne et de la vie sportive il est agrave
lorigine des schegravemes de transcription qui favorisent les ajustements aux
situations corporelles nouvelles (1)
t ~
(1) P~IE11D dwi6Han ISpoy-l et sodeacutebi Approche Bocio-culturelle des pratiques P~tis Vigot 1981 page 81
33
331 Preacutesentation
Les Seacuteregravere auraient pour origine le Fouta Toro quils auraient quitteacute
vers le Xllegrave siegravecle pour fuir lislamisation de cette reacutegioD par lempire
dJ Xali (ils seraient donc apparEnt~s aux Peul et Toucouleur ) Ils
auraient trouveacute dans la rEacutegion du Sine les Sosseacute dorigine manding avec
lesquels ils salliegraverent
Au XVegrave siegravecle une autre immigrationSos~ conqueacuterante cette fois-ci
apporta son organisation eacutetatique Ils se divisegraverent en deux monarchies
deacutemocratiques lune seacutetablit au Sine et lautre au Saloum Les Sosseacute
conqueacuterants constituaient lautocratie appeleacutee Guelowar
La royauteacute seacuteregravere eacutetait laiumlque Les premiers souverains durent secouer
la tutelle des Toucouleur et progressivement arrivegraverent agrave unifier lethshy
nie des seacuteregravere etdea Sosseacute Les deux royauteacutes eacutetaient organiseacutees selon
acirces modegraveles tregraves deacutemocratiques Le souverain deacutependait dune assembleacutee
de ministres et de chefs locaux qui assuraient ladministration centrale
et reacutegionale())
Aujourdhui lethnie seacuteregravere repreacutesente 20 de la population seacuteneacutegalaise
Ils sont reacutepartis sur presque toute leacutetendue du territoire notamment
dans le Baol la reacutegion du Sine-Saloum et la reacutegion de Thiegraves
Signalons quil existe plusieurs sous-groupes dans lethnie ainsi on
trouvera
- dans la reacutegion de Thiegraves les Ndut les Safegravene et les None
- dans le Sine-Saloum les Sine-sine et les Saloum-salouIT
On trouvera vers foundioune et agrave Nioro du cocircteacute de la Gambie les
Niominka (pecirccheurs) Cest une portion tregraves mandinguiseacutee
( 1
Le rattache~2~t d~ to~s ccs sous-groupes pose problecircme ~25 0~ r0~V~
uc grande partie de traits COITul1uns dans leurs modes dE vie Ct pOUT phs
de faciliteacute nous allons essayer de faire une ~tude globale de la lutte
traditionnelle seacuterecircre Lactiviteacute socio-eacuteconomique qui est essentielleme~t
agro-pasorale caracteacuterisE leacutethnie seacuteregravere
332 Lecircducation les moeurs les croyances et pratiques sEr~rc
Chez les Seacuteregravere la vie humaine se deacuteroule selon les grandes eacutetapes
le baptecircme lenfance ladolescencemarqueacutee par la circoncision lsectge
adulte le mariage la vieillesse et la mort (funeacuterailles)
La vie de la communauteacute seacuteregravere reste une des plus originales sinon
celle qui de nos jours garde la presque totaliteacute des pratiques et
habitudes traditionnelles
Bien qu aujotltdhui con~r-tis aux religions chreacutetienne et musulmane les
Seacuteregravere conservent leurs croyances et pratiques animistes
Quelque soit leur degreacute dadheacutesion aux religions reacuteveacuteleacutees les Seacuteregravere
croient en un Dieu puissant et miseacutericordieux Rog Segravene et les hommes
Les ~angols sont repreacutesenteacutes mateacuteriellement dans tous les villages
seacuteregraveres par des arbres (baobab et tamariniers) des animaux (geacuteneacuteraleshy
ment serpent doreacute ou iguane) des ustensiles (pilon calebasse et mortier)
De nombreux teacutemoignages nous apprennent que certains totems (serpent
iguane) font leur apparicion agrave loccasion de certaines manifestations
rituelles comme les sacrifices ceacuteleacutebreacutes lors dun mariage de ceacutereacutemonies
mortuaires ou des circoncisions
Le Seacuteregravere comme il nous a eacuteteacute donneacute loccasion de le dire plus haut
preacutesente des speacutecificiteacutes authentiques aussi bien en tout ce qui touch~
son eacuteducation ses croyanCES et pratiques mystiques q~e ses activiteacute~
socio-ecirccc~omiquEs Apr~s a ~aissa~c~ le beurob~ ~~ pcs~ 5~~ lE S~ __
On lui mouille les l~vres avec un peu d~ lait de mil et apr~s U~ bain
purificateur on versera leau dans un trou cr~us~ derri~r~ la Camp~~
Pendant huit jours la megravere et lenfant sont cacheacutes dans la case car
selon les anciens ils sont tregraves vulneacuterables La case deacutens certains cas
est entoureacutee dun fil blanc et lon place sur le seuil des fais(cauy di
veacutegeacutetaux pour chasser les mauvais esprits (geacutenies malfaisants et illangeUY~
dacircmes) Au bout du huitiegraveme jour la megravere et lenfant peuvent sortir de
la case bull
bullbullbull Le matin du huitiegraveme jour la tante paternelle va chercher de leau
(plusieurs fois)t elle doit rester muette pendant ses alleacutees et venues
si elle parlait t lenfant pourrait ecirctre muet bullbullbull
La megravere et lenfant prennent un bain purificateur dans lequel sont
trempeacutees certaines plantes (ce sont des veacutegeacutetaux pr~tecteurs tels le
begravene le yag le ngud) On y lavera aussi le linge e1t les ustensiles utishyj
liseacutes pendant les huit jours qui viennet de seacutecoul~r On rase le crine
de lenfant Les cheveux sont donneacutes agrave la megravere qui ~s enterrera avec le
reste du cordon ombilical dans un endroit que11e esit seule agrave connattre
La megravere sassied sur une natte devant la maison Une femme igeacutee de la
famille prend le beacutebeacute dans ses bras et le preacutesente aux quatre coins de
lhorizon
La tante paternelle tient ensuite un van sur la tecircte de la megravere on y
verse le mil on y verse eacutegalement en abondance sur la megravere et sur
lenfant La tante oint ensuite le corps du beacutebeacute avec du lait e11e
touche en particulier le front t le nez la bouche la poitrine le dos
et les oreilles
Elle pose enfin un ~rain de sel dans la paume du beacutebeacute (le sel purifie
et deacutetruit les puissances mauvaises)
Apregraves un nouveau bain la megravere et lenfant revEcirctent des habits de fecircte
(est
lenfant Ce precircnore a toujours U~ SEns Il sy~bolise parfois C0 qUi
lOIl sounaitt agrave lEufant l)
La circoncision comme dans les autres ethnies est obligatoire Elle
permet au jeune adolescent dacceacuteder agrave la classe adulte Les jeunes
sont regroupes en classe dacircge dans le bois ougrave sc fait la r0tr~it0 des
circoncis et ceci pendant plusieurs mois
Le Selbeacute qui est geacuteneacuteralement un ancien craint de tous les eacutelegraveves
enseigne le respect de la hieacuterarchie la discreacutetion le goOt de linishy
tiative Les activiteacutes physiques et leacuteducation artistique ne sont pas
en reste la deacutecoration la sculpture la lutte et la danse A sa sortie
du bois linitieacute appartient deacutesormais agrave la classe des virils et des
sages du clan car on lui aura enseigneacute les vertus fondamentales que
sont la justice lhonneur lamour du prochain 1 amour du travail
lhonnecircteteacute et surtout le respect des coutumes ancestrales
Le rite du mariage esd aussi un fait tregraves important dans le monde 1
seacuteregravere mais par manq~e dinformation nous serons obligeacutes de nous en
tenir lagrave
333 Impact des ethos sur la lutte dans le monde seacuteregravere
Lorigine de la lutte seacuteregravere ne semble pas claire ma1S nous pouvons
dire quil existait deux formes de lutte comme chez les Wolofs une
lutte sans frappe et une lutte avec frappe Et cest cette derniegravere
qui peut-ecirctre nous ameacutenerait agrave croire que la lutte seacuteregravere aurait une
origine plus preacuteciseacutement guerriegravere
Aujourdhui la lutte est uniquement une activiteacute sportive agrave travers
laquelle le jeune seacuteregravere eacutevalue sa force son courage et SOn ingeacutenioshy
siteacute Cest une occasion de deacutefendre lhonneur de son village ou de
la corrnnunauteacute
La luttE ~5t avant tout u~e rnanifcs[dtic~ c~lturclie et surtout
fo lkhriqut-
Gracircce agrave elle on peut deacutesormais comprendre un certain nombre de chants
et de symboles A travers la lutte seacuteregravere on ccedilomprend les inter-relashy
tions entreacute la vie et le monde surntiturel
Sil devait y avoir la mort dun villageacuteois pendant la fecirctE au T qUE
de linterrompre on proceacutedait gracircce aux connaissances magico-religieuses
agrave la suspension de la mort jusquagrave une peacuteriode ougrave la population sera plus
disponible pour organiser des funeacuterailles sil y eacutetait preacutedit la possibishy
liteacute dune deacutefait du champion local au profit dun champion dun autre
village des recettes dordre maginque et religieux eacutetaient mises en prashy
tique afin que le champion du village ne soit jamais terrasseacute(J)
334 Le profil du lutteur seacuteregraver~
Le lutteur seacuteregravere est par essence un athlegravete impressionnant de par sa i
carrure et sa musculature saillante mais cest aussi une force tranquille
et calme quelque soit lenjeu du combagravet et particuliegraverement lhonneur
Cet aspect nous pousse agrave parler du NGiMBE cest-agrave-dire de la tenue du
lutteur qui va influencer sur sa faccedilon de lutter
La confection du Ngimbe revient agrave la communauteacute entiegravere Le Ngimbe a
une signification symbolique et le lutteur pour meacuteriter la confiance du
groupe se doit de tout faire pour ne pas toucher le sol Toute la commushy
nauteacute elle aussi sengage pour assurer la longeacuteviteacute et le succegraves du lutteur
dans laregravene par lorganisation droffrandes et de sacrifices en lhonneur
des Pangols bull
bull
Daucuns nheacutesitent pas agrave dire que lessentiel du mysticisme se fait agrave
la maison et non dans laregravene tout le reste nest quintimidation de
ladversaire
lsvcns
Tt- pi ~- t
t 1 ~ l _ ~ t
par rapport agrave lautre Cbci est trEgraves lieacute agrave lactiviteacute journaliegravere du
jeune seacuteregravere qui est un cultivateur donc toujours bien planteacute sur ses
jambes et qui continuellement manie lhiler
Le fait de couper le boi~ peut eacutegalement constituer un moyen de muscushy
lation non neacutegligeable pour le jeune lutteur
Un certain nombre de traits techniques speacutecifiques au lutteur seacuteregravere
semblent ressortir des diffeacuterentes interviews que nous aVOns fait subir
agrave certains lutteurs seacuteregraveres et agrave diffeacuterents techniciens
SOUS-GROUPES FORMES DU CORPS CONTROLES GARDES
SAFEN Moyenne en fente NONE Hancheacute Bras (distante) j
NDUTJ
f
SINE-SINE Deacutecalage Ngimbe
Moyenne
SALOUM-SALOUM Passage- Jambe (rapprocheacutee) 1
i
PETITE dessous Tecircte Basse et 1
COTE Moyenne (rapprocheacutee)
Notons que le Niominka ll commence agrave lutter agrave partir du sol pour avoir
assez deacutelan et sauter sur ladversaire afin davoir la prise du lion
(contr6le de la nuque et du bassin)
Co a -tem-nt ccedilt attitude du lutteur sEacuteregravere335 np -1t ~
Les croyances mystiques sont indissociables des activiteacutes quotidiennes
duseacuteregravere Ce qui explique le cocircteacute supersticieux du lutteur seacuteregravere En
~ffet certains lutteurs refusent de lutter avant certaines heures
Certains teacutemoignages nous apprennent quil nest pas donneacute agrave tout le
monde decirctre champion de lutte et que le lutteur doit avoir des dons
surnaturels pour ecirctre agrave mesure de livrer ses combats dans la nuit
et trouver seul un gris-gris speacutecial appeleacute Njatch
Le vrai champion de lutte chez les seacuteregraveres ne lutte pas seulement avec
~a force et sa technique mais surtout avec ses dons occultes
Chez les seacuteregraveres les morts sont toujours preacutesents et les ~pangols
Servent dintermeacutediaire entre les hommes et les morts Le pangol prend i
le nom dhumain dans certains villages (IIHeacuteJga NDONG Har Wag NGOUYE) i 1
De ce fait on verra le lutteur danser dufe maniegravere ou dune autre en
fonction du pangol de sa famille Ainsi nrus aurons le back (chant et
danse du lutteur) des DIOUF des FAYE etclbullbullbull
Dans laregravene le lutteur seacuteregravere a un comportement exemplaire aussi bien
agrave leacutegard de son adversaire direct quave~ le public en geacuteneacuteral Lexpli shy
cation semble tenir au fait que le lutteur seacuteregravere est avant tout selon
la tradition orale le repreacutesentant de toute la communauteacute seacuteregravere Par
conseacutequent il devra saffirmer non seulement en tant que lutteur dans
laregravene mais aussi en tant quentiteacute morale
336 La tenue du lutteur ou NGIMBE est confectionneacutee par le marabout de la
famille ou du clan Le Ngimbe est constitueacute de pagne en cCton tisseacute
Il doit ecirctre propre le lutteur qui le porte ne devra pas avoir de rapshy
port sexuel pendant toute la peacuteriode des cOTpeacutetitians car le Ngi~bE ne
doit pas ~tre souilleacute
Autrefois et mecircme aujourdthui dans certaines familles on devient
lutteur de pegravere en fils et dans ce cas le Ngimbe du pegravere est heacuteriteacute
par le fils Le fait de porter le Ngimbe de ses aieux peut susciter
chez le jeune lutteur une motivation et une volonteacute ineacutebranlable dtasshy
surer la supeacuterioriteacute d~s siens dans ltaregravene Il fera tout pour que le
Ngimbe de la ramille ne touche le sable
La tenue du lutteur a une signification et une importance sur le plan
mystique car selon les anciens le vra1 feacutetiche du lutteur celui qui
le proteacutegera et laidera agrave vaincre le nDjinne ou le tRapu de ladvershy
saire se trouve cacheacute dans ce Ngimbeu bull Celui qui confectionne donc le
Ngimbe U est doueacute de faculteacutes occultes
337 Larbitrase est assureacute par un sage du village qui geacuteneacuteralement fut
champion de lutte de son temps Dailleurs cet ancien nintervient que
si le terrassement est litigieux Hormis le public qui proclame la vicshy
toire ou le match nul le lutteur lui-mecircme est arbitre et il arrive
quil se deacuteclare vaincu
Nous avons pu cfter Meacutedoune KHOULE un desplus grands lutteurs seacuteneacutegashy
lais qui a donn~ une victoire agrave Djeacuteri SADIO son adversaire qui a reacuteussi
agrave lui faire touegraveher le sol de la main
IlL
34 1 Preacutesentation
Lethnie toucouleur vit En grandt partit ciE~~ la vallfc du S~~~gal
pt reprecircsente i peu pr~s 8 de la population totale secircn~galaise
o Histoire
Il semblerait que dans lancien royaume du Tekrour (IX~ siegravecle) des
eacuteleacutements neacutegroiumldes Sarakoleacute et des Peul aient formEacute par meacutetissage le
peuple Toucouleur (Toucouleur serait dailleurs une deacuteformation du
mot portugais Tacouror)
Ce empire a domineacute aussi bien les wolofs de lOuest que les Peul
nomades du Fouta Toro Cette reacutegion fut le premier pays islamiseacute par
les Almoravides ce qui peut expliquer le proseacutelytisme toucouleur
Ce sont les guerriers toucouleur islamiseacutes qui attaqu~rent avec les
Almoravides la capitale du Ghana Koumbi en 1067 On convertit par
la force les animistes Cest sans doute agrave cette eacutepoque que de nombreuses
ethnies reacutefractaires agrave lIslam ont dO accentuer leur migration vers
le sud (Seacuteregravere wolof Sarakoleacute Bambara Songhaiuml Akan et Peul se reacuteshy
fugiaient vers les hauteurs du Fouta Djalon)
Au XIXegrave siegravecle les Toucouleur allaient trouver en El Hadj Omar Tall
un grand conqueacuterent qui sous le preacutetexte religieux de la gJerre sainte
contre les tribus animistes (entre autres Bambara) eacutetendit lempire
toucouleur sur presque tout lensemble du gali et la partie de la Guineacutee
proche du l1ali
Lempire toucouleur composeacute de Sarakoleacute de Bambar~ de ~alinkeacute de
Xassonkeacute dE Peul et de Dogon eut le meurorit~ dunir CES diif~rentes ~ ~ - - - - - et~ics ~t dE CD~stituer l~Sl la b2S~ ~r 1
_ ~ ~ ~_ L ~
~ ~- ~- - - ---- _ 1 v _ t 1 ~-_ --
marabout tOL~culcuuml~ ~ middotlrrany a l ick SI venu des E1i rClS dE Pocior~ (
~ Vi~ euroconomicue et sociale -----------~-------------
Les Toucouleur sont des cultivateurs mais bien quils n~ soie~t pa~
pasteurs comrre les Peul leacutelevage a une place inportarteacute decirc1S ltur
eacutecono~ie Pour faciliter leur conquecircte guerriegraverE ils c~t Eucirc une preacuteshy
dilection pour leacutelevage des chevaux On y trouve aussi des pecirccheurs
appeleacutes Tchioubalo La socieacuteteacute toucouleur aurait une stratification
sociale tregraves rigide Les groupes ethniques et les castes eacutetaient
diffeacuterencieacutes et strictement exogamiques les Rimbe classe des nobles
comprenant la famille reacutegnante et les guerriers libres la classe des
Nieacutenieacutebegens de castes artisanales i les Rimaibeacute anciens esclaves
devenus serviteurs qui portent les noms de famille de leur maicirctres A
la base de lorganisation de la collectiviteacute toucouleur se situe le
village (Wouro)
Toutes ces castes sont cloisonneacutees entre elle~ Ainsi il nest pas
permis agrave un Torodo (noble) de se marier avec un Tchioubalo Ces
consideacuterations sont importantes dans le domaine de la lutte ougrave nous
apercevrons que les nobles ne sont pas faits pour lutter Le noble
preacutesidera les seacuteances de lutte et on luttera pour lui Ces condeacute rat ions
de noblesse et de rang social sont extrecircmement importantes dans le
monde toucouleur
Le noble ne doit pas se salir on lutte pour lui il ne vit la lutte
quen tant que spectateur
342 Education moeurs croyances et eratiques religieuses
Deux formes d~ducation sont agrave consideacuterer leacutedJcatio~ dES enfarts Et
celle des adultes
oG lenfant sait m2n~~r et apprfcier le goOt d~5 ~iifeurorents r~pas lt
le moment ougrave il CO~~e~CE agrave marcher
tivirt n~sormais le petit toucou]eur est eacuteduquf par toutmiddot 12 f2~i)]E
dabord puis par toutes lespersc~nes du village ou du C13~
Lenfant peut ~tre corrigeacute par tout adulte appartenant au groupe social
Son eacuteducation est deacutesormais laffaire de toute la communauteacute et non
exclusivement celle ces parents On linitie ainsi au travail quotidien
qui se fait dans la bergel~ e les champs et les bords du fleuve Au sein
du village il pourra apprendre agrave filer la laine et agrave tisser des pagnes
dans les champs il apprend agrave manier la houe et lhiler pour la culture
du riz et du mil Mais signalons que lactiviteacute essentielle du toucouleur
est leacutelevage des boeufs des moutons et des chegravevres Chez les Ichioushy
balos (p~cheurs ) lenfant sera initieacute tregraves tat au maniement des pagaies
agrave la p~che propremccedilnt dite et agrave la nage
Vers cinq-six ans lenfant est confieacute au maicirctre coranique le Ihierno
et ce dernier dispose exclusivement de toute sa vie Lavenir du jeune
enfant lui appartient
Comme dans les autres groupes ethniques les enfants sont regroupeacutes en
classe dacircge et cest dans cette structure que lenfant subit les rite
de passe et plus particuliegraverement celui de la circoncision
La circoncision est non seulement unE opeacuteration chirurgicale malS surshy
tout une peacuteriode au cours de laquelle le jeune garccedilon passe de leacutetat
dadolescent agrave leacutetat dadulte Les circoncis sont reacuteunis en classe
dacircge dans un endroit situeacute hors duvillage geacuteneacuteralement choisi par les
vieux Cet endroit n~st accessible que par des individus de SExe ffi8SCUshy
li~ ~ta~t au preacutealabl circoncis
- - - -
quable et complet sur le plan phy~ique et ~oral Ai~si liniti~
acquiert les qualitecircs indispensables que sont le courag~ la modest
lesprit de sacrifice lendurance
Le toucoule~r est un pleux musulma~ Cela sexp1
SOil le premier agrave tre en contact avec la religion musulmane de par sa
position frontaliegravere Lethnie toucouleur de par son histoire a preacutesenteacute
les plus grands chefs militaires et religieux musulmans seacuteneacutegalais Et
pour illustrer cela on peut citer en exemple la grande famille musulmane
des SY agrave TIVAOUANE repreacutesentant la confreacuterie des TIDJANES
Bien que lon note une majoriteacute musulmane on peut dire que certaines
croyances et pratiques mystiques et animistes persistent encore surtout
dans la reacutegion du fleuve
Une pratique courante se fait elle sappelle le Djatt Elle consiste
agrave faire sortir le caiman du fleuve agrave limmobiliser et agrave lattacher
sans quil ne reacuteagisse et tout ceci agrave laide de versets et dincantashy
tions magiques Dapregraves les teacutemoignages ces pratiques sont plutocirct
freacutequentes chez les Tchioubalos (pecirccheurs) Il arrive aussi que cershy
tains chasseurs ayant des dons se livrent agrave certaines pratiques an1shy
mis tes qui consistent agrave invoquer certaines puissances et agrave moduler sous
forme de chant des versets occultes pour se proteacuteger des mauvais esprits
et pour eacuteloigner les fauves Ce chant est geacuteneacuteralement incompreacutehensible
et deacutenueacute de sens pour le profane
343 Activiteacutes ludiques et pratiques sportives en milieu toucouleur
Durant toute son histoire lethnie ~oucouleur a toujours EacutetEacute Frese~teacute~
comme celle qui avait ue activit essentiellement guerr e e~ particushy
liegraverement farouche Trois eacuteleacutements ret r t l ecirc t te nt i c- euro so~t
le manie~~nt du ~acircton 12 luttE Et 1eacute danSE
l
Lecircducation ph~sique et artistique Dcc~pe un place precircpondecircra~rp
dans la fDrmat~on du jEune toucouleur A loccasion agraveeacutevegravenemen~ imporshy
tants reacutecoltJs mariages baptecircme nous assistons agrave des manifestashy
tions folkloriques de grande envergure le Wango oucirc dailse toucouleur
tregraves gymnique iles chants et surtout les sEacuteances de lutte
La lutte toucouleur est la forme de lutte la plus spectaclaire dans
tout le territoire seacuteneacutegalais Elle est essentiellement baseacutee sur des
techniques en hancheacute et surtout en souplesse Ceci sexplique par le
fait q~e le jeune toucouleur est tregraves tocirct initieacute agrave la gymnastique (saut 1
per saut de main salto arriegravere saut de tecircte couronneacute etc bullbullbull ) pour
la dans~ du wa~go En dansant le wango qui est une danse rythmeacutee et
gymnique le Jeune toucou1eur est capable de prouesses extraordinaires
1
En lutte lattaquant se deacuteplace tregraves peu pour avoir une bonne saisie
(geacuteneacutera~ement controcircle du Ngimben ) et enchaine brusqueme~t avec une
attaque surpris~ Cependant les ripostes sont souvent surprenantes et
spectaculaires (baseacutees sur la souplesse et la rapiditeacute) ontrairement
aux autr~s form~s de luttes ougrave lon voyait tous les jeune adheacuterer la
lutte to~cou1eur Verra un groupe de speacutecialistes sadonne agrave la lutte 1
(la lutte est lieacutee agrave la position sociale de lindividu problegraveme de
caste)
Q La morphologie du lutteur toucou1eur 1
1 1
Ce dernier nest pas aussi large et aussi fort que les lutteurs diola
et seacuteregravere Cependant il est tregraves reacutesistant La musculatJre est saillante 1
et tregraves souple lindividu est longiligne mais tregraves athleacutetique
Les mouvements de lutteurs sont semblables agrave ceux dun grand fe1in Cette 1
morphologie semble ecirctre lieacutee agrave la position geacuteographique de lethnie
(reacutegion du fleuve) et agrave lacitiviteacute socio-eacuteconomique du toucouleur qui
est agrave la fois cultivateur (activiteacute lieacutee agrave la crue et deacutecrUE du fleuve)
pecirccheuro~T CIcr~icubaon) et sttout jEumlrgcr qui est U~ rc~2eumlr
shy
Deux formes egrave~ corps sembl~nt ecirctre preacutefeacutereacutees du lutteur toucouleur
le hancheacute et la souplesse Les hancheacutes sont faits agrave partir de plusieurs
positions de doset se terminent geacuteneacuteralement par des techniques de
tregraves grande amplitude
TABLEAU RECAPITULATIF DES TECHNIQUES ET FORMES DE CORPS SPECIFIQUES
i
L441 r
GARDE FORMES DU CORPS CONTROLES --shy - -
Moyenne Souplesse Ngimbe
Hancheacute bras
Demi-souplesse
1
Profil psycholosigue 1
TECHNIQUES
ContrOle du bassin et 12 souplesse
arriegravere
Klicket et allegravegement de la hanche
Le lutteur toucouleur est celui lUi se livre le moins aux preacuteparaqons
maraboutiques Cela est dO au f~t que le toucouleur est un grand ~USUlshyman et que les pratiques animisges ont presque disparu dans ce mil~eu
Dans la pratique le lutteur esJ combaif mais il est calme et tr~s reacutefleacutechi quant agrave la deacutecision agrave prendre en plein corps agrave corps ct~st un des seuls techniciens qui reJte tregraves lucide au cours de ses comb~ts
l Dans toutes les circonstances e lutteur toucouleur est tenu de re~pecshyter son adversaire et ceux de s4n eacutequipemecircme sil est vaincu
Comme nous avons dO nous en rendre compte la rigueur des principes
eacuteducationnels a une influence tregraves sensible sur l~ comportement du
toucouleur
i
III S COCL ~s 1DO
Dans cette partie nous avons essay~ de montrer lftroite re1atic~
Entre les diverses activiteacutes socio-eacuteconomiques dans les ethnies et
lES diffEacuterentes faccedilons de lutter
Daucuns seraient tent~s de conclure trop rapidement et cest p0~r
cette raison que nOUS avons penseacute preacuteciser que le pheacutenotype nest
pas geacuteneacuterateur du geacutenotype Et nous sommes convaincus que la morphoshy
logie et les techniques des lutteurs relegravevent de leurs modes de vie
et de leurs croyances agrave une eacutepoque et danE un contexte bien deacutetermishy
neacutes
Est-ce que les lutteurs dio1a ou seacuteregravere travaillant avec leurs bras
dans les champs auraient les mecircmes pr 0 fil s physiques que les lutteurs
utilisant des machines pour lagriculture
- 69 shy
I UJOURDH~1 E-S ut O[l LES FORfilS Ut LU11t~
~otons que notre enqu~te a ecirctE essentiellement faiteen milieu urbain
Les seacuteances de lutte ont tendance agrave perdre leur particulariteacute de r~shy
jouissance pour devenir des pheacutenomegravenes de sportisatio Deux fores
de luttes so~t principale~cnt prat s dans les aregrave~es du 5 al
la lutte traditiunnelle simple et la lutte traditionnelle avec frappe
De nos jours la lutte traditionnelle tend vers une reacuteglementation
et une institutionalisation
Le reacutesultat de nos investigations nous donne le tableau ci-dessous
REPARTITION ETHNIQUE SUR 100 PRATIQUANTS
LUTTE LUTTE RAPPORTETHNIES SANS FRAPPE AVEC FRAPPE J2
Diola 40 16 71 j
Seacuteregravere 26 21 57
Toucouleur 23 10 69
Wolof 1 1 53 17
La demande sociale par ordre deacutecroissant pour la lutte sans frappe
se preacutesente comrre suit
]0_ Ethnie diola avec pregraves de 3 lutteur~ sur 4
2deg_ Ethnie toucouleur
Ethri dun
~ 1 LA LUTTE TR])IIIO~~ELLE AVEC H-PPE
Cette forme deacute lutte a une histoire qui date de lantiquiteacute elle
sa~pelait le Pugilat Au Seacuteneacutegal elle a vu le jour dans le Cayor
bien avant la colonisation Le coup dE pied l~Lrdn~lement la morshy
sure la frappe et le doigtf eacutetaient permis dans le cc=bat ~ ~middot~p0~~e
Dans certains cas la giffle eacutetait beaucoup plus dangereuse que le
poing quand elle eacutetait donneacutee par un speacutecialiste Cette giffle pouvait
agrave elle seule deacutechirer et mecircme parfois amputer la joue de ladverser
Selon les informations la lutte avec frappede nos jours serait une
forme de lutte tregraves eupheacutemiseacutee de celle dantan ougrave une blessure
pouvait souvent ecirctre mortelle
Aujourdhui au niveau du folklore la lutte na plus la mecircme
le spectaculaire a remplaceacute le significatif iLa lutte avec frappe se 1
pratique surtout dans les centres urbains C~aque fois quun grand combat 1
est progra~eacute par le Comiteacute National Proviso~re (CNP) des centaines damashy
teurs sont mobiliseacutes vers le stade lba Mar D~OP qui est aujourdhui le i
lieu approprieacute ougrave se deacuteroulent les grands conkbats de lutte Cest la formE
de lutte qui semble drainer une foule de personnes beaucoup plus importante
que celle de la lutte simple
La lutte avec frappe deacuteriverait dune forme de lutte traditionnelle
pratiqueacutee jadis dans le Cayor au temps des Damels et la frappe serait
le substitut dun certain nombre de pratiques doigteacute jet de produits
etc bullbullbull dont le but eacutetait laveuglement de ladversaire La lutte avec
frappe serait une continuation logique dune carriegravere sportive de la
lutte traditionnelle qui sen sert comme moyen socio-eacuteconomique En
effet la majoriteacute des lutteurs avec frappe ont dabord eacuteteacute initieacutes agrave la
lutte simple Cependant il faut signaler que de nOS jours il arrive
que le jeune lutteur avec frappE- soit directenent formEacute conne speacutecialistE
agrave la frappe sa~s pour autant faire son chemin dabcrd egravea~s la lutte
- ~ shy
Le recircsultat dE ~os interviews ncus rec~trE qGune pcpulatiD~ divcrsishy
fiampe sint~resse agrave ce sport et qUE les intecircr~[s des uns et d~SlautrE~
semble~t divergents naucuns affirment que la lutte traditionnelle
avec frappe serait monteacutee par des personnes dont la vocation est dexshy
ploiter ce pheacuteLomegravene agrave des fins commerciales Dautres disent gJellegrave
jouit de mcyens irport~nts t[l[~isio
tation etc bullbullbull ) pour toucher toutes les couches sociales CEpe~~a~t
nous remarquons que mecircme si certaines personnes reprochent agrave cette
forme de lutte decirctre brutale ces mecircmes personnes nheacutesitent pas agrave
se rendre le dimanche agrave laregravene Bien que critiqueacutee elle semble ecirctre
adopteacutee par une tregraves grande partie de la population seacuteneacutegalaise Cepenshy
dant en tant que techniciens il nous est permis de faire une remarque
Il sagit de
- Limpression nette decirctre devant des professionnels de la frappe
qui sont ~ntratneacutes pour cela Dailleurs les propos que nous avons
recueilli~ nous prouvent que la plupart des champions de lutte avec 1
frappe s~ntratnent dans certains sports de combat tels ~ue la boxe i 1
le karateacute le judo Dans cette nouvelle forme de pratique de la lutte
contrairefuent agrave la lutte traditionnelle le technicien e~t souvent
perdant face au puncheur Ce dernier adopte une lutte agrave distance qui
lui permet de placer agrave bon escient ses coups animeacute du deacutesir de vaincre
Le technicien lui se voit contreacute dans toutes ses entreprises par
un uppercut ou un crochet
On peut dire cependant que nul sport au Seacuteneacutegal que la lutte tradishy
tionnelle avec frappe ne deacutechaicircne autant de passions et autant de
pheacutenomegravenes poussant agrave lexcegraves et deacutereacuteglements quon ne peut que deacuteplorer
Mais comment deacutecrier un spectacle de lutte qui bien quayant perdu la
presque totaliteacute des valeurs traditionnelles veacutehiculeacutees autrefois par
elle sait susciter une participation effective de tous ceux qui sont
preacutesents
CONCLUSION
Dans ce meacutemoire nous sommes efforceacutes ~e faire ressort ir limportance des
ethos et des habitus et leurs effets sur la pratique de la lutte tradishy
tionnelle au Seacuteneacutegal
L~b egravethos repr~sentent dune maniegravere g~neurorale tous les eacuteleacutements speacutec
fiques sux Seacuteneacutegalais par conampeacuteguent un systegraveme de valeurs traditionnellEs
Mais m~me si ces valeurs rev~tent une signification universelle (honneur
digniteacute courage etc bullbullbull ) il nen demeure pas moins que ce nest pas leur
nature qui fait leur speacutecificiteacute mais la hieacuterarchisation et limportance i
quon accorde agrave toutes ces valeurs de ~ar leacuteducation ou la culture
i 1
Aussi les valeurs traditionnelles puient leur speacutecificiteacute dans les
caracteacuteristiques propres aux eacuteleacutements ~e la socio-cu1ture (la technologie
et leacuteconomie la politique et la pareteacute la psychologie et lideacuteologie)
dans la socieacuteteacute seacuteneacutegalaise agrave n momen donneacute de son eacutevolution Cest i
dire la neacuteceesiteacute de ne point faire della valeur une reacutealiteacute statique
Cest dite aussi quagrave tout mome~t le ~eacuteneacutegalais peut eacutevoluer et creacuteer
ou vivre par conseacutequent de nouv~lles fprmes de valeur qui lui sont 1
propres ft (J)
La lutte traditionnelle veacutehiculant deS valeurs socio-cu1ture1les speacutecishy
fiquement seacuteneacutegalaises (croyances valeurs morales norme de comportement
opinion attitude bullbullbull ) devient un eacuteleacutement important qui tregraves certaiaement
nous aidera dans notre effort de valoriser et de peacuterenniser notre patri shy
moine culturel par le biais dactiviteacutes physiques et sportives
Leacutetude des habitus nous permet de prouver quil y a plusieurs faccedilons
de se mouvoir comme danser lutter bullbullbull qui varient avec les diffeacuterentes
ethnies (wolof toucouleur seacuteregravere diolagt leurs convenances et leurs
eacuteducations
(1) Revue Ethiopiques 31 Les valeurs traditionnelles et le problegraveme de leur inteacutegration dans les systegravemes modernes jtducatio-1 2 6r--70
nautre part cette eacutetude permet aussi de nous rendrE compte de la
correacutelatipn eacutetroite existant entre la pratique de la lutte traditionnelle
et le sta~ut socio-eacuteconomique du pratiquant
Nos inves~igations nous indiquent que la lutte recrute essentiellement
au niveau des classes socio-eacuteconomiques situeacutees en bas de leacutechelle
donc posseacutedant le statut social le moins favoriseacute La lutte avec frappe
-et un certain secteur commercialiseacute de la lutte simple- y trouve sa
leacutegitimiteacute Comme le dit BOURDIEU nA habitus diffeacuterents styles de Vle
divergents et il oppse les pratiques aristocpatiques correspondants agrave
des activiteacutes qui favorisent les situations eupheacutemiseacutees ougrave la stylisashy
tion est importante aux pratiques populaires qui font appel agrave des
qualiteacutes qpposeacutees bllutes rugueuses Certaines interviews nous
montrent que plus lindividu occupe une place eacuteleveacutee dans leacutechelle
sQciale e~ 1
moin$ il sinteacuteresse agrave la lutte
Les reacutesultats recueillis dans nos diverses investig~tions confirment 1 1
1er propos qui disent que nous assistons aujourdhu~ agrave une involution
de la lutte traditionnelle parce que perdant toutes ses speacutecificiteacutes au 1
pryfit d~ne autre forme de lutte que lon continue agrave appeler nostalshy
giqlementIIlutte traditionnelle
Ceci pourrait peut-~tre trouver une explication dan la citation suivante
La liberteacute de creacuteer dinnover de vivre Pleineinenf decirctre soi et de
preacuteserver son authenticiteacute la digniteacute et lhonneu1demeurent des illushy
sions dans la misegravere eacuteconomique~ Nos ancecirctres creacuteai~nt des valeurs de cishyl
vilisation parce quils eacutetaient libres parce qu1i~s ignoraient toute
deacutependance eacuteconomique ils cultivaient en eux et cbez leurs enfants le 1
Jorn et la Kersa et preacutefeacuteraient la mort agrave la hoJte lI (1)
Or le Seacuteneacutegal comme la plupart des pays africainsi est un pays sousshy
deacuteveloppeacute t cependant face agrave cette volonteacute du gou~ernement seacuteneacutegalais
de faire inteacutegrer dans leacuteducation des valeurs traditionnelles nous
pouvons espeacuterer utiliser comme moyen deacuteducation la lutteacute traditionnelle
qui reste quand mecircme vecteur jethos et dhabit~s
- 54 shy
Mecircme si lon a noteacute un appauvrissement notoire sur les plans socioshy
culturel et moral la lutte traditionnelle recegravele une gamme importante
et varieacutee de techniques permettant incontestablement une ouverture vers
les luttes olympiques libre et g~eacuteco-romaine
La lecture de ce meacutemoire permettra agrave lentratneur et au professeur de
lutte en fonction du lieu ougrave ils seront affecteacutes dans le territoire
seacuteneacutegalaisdavoir une information sur les techniques contrOles et
formes de corps propres agrave chaque groupe ethnique et de les mettre en
relation avec leurs croyances et leurs mentaliteacutes
Nous avons essayeacute de montrer que la pratique de la lutte traditionnelle
doit tre axeacutee sur une ethnomotriciteacute au Seacuteneacutegal qui permette une inishy
tiation facile Cette pratique de la lutte traditionnelle seacuteneacutegalaise
devra dailleurs essayer de ~eacutepondre aux aspirations du Seacuteneacutegalaisl
moderne en souvrant aux ap~orts positifs des autres civilisations
ex~eacuterieures nous voulons Jvidemment parler du judo et des luttes oiymshyJ
piques 1
1 j Nous navons pas la preacutetentfon dans le cadre de ce meacutemoire demattrise
de reacutepondre agrave toutes les qutstions se rattachant agrave leacutetude de ~a lutte
traditionnelle souslangle~socio-culturel car non seulement il nous
manque lexpeacuterience et la c peacutetence en la mati~re mais aussil l le temps
et les moyens dont nous dis osions ne nous permettaient pas d~puiser le 1sujet i
1 1 1 t 1
l
- )5 shy
BIBLIOGRAPHIE
BIBLIOGRAPHIE
1- CLAPAREDE Psychologie de leacuteducation et peacutedagogie expeacuterimentale
Edition Delachaux et Niestleacute 244 pages
2- POCIELLC Christian Sport et Socieacuteteacute approche socio-culturelle
des pratiques Paris Vigot 1981 377 pages
3- PIERON Henri Vocabulaire de la psychologie
PUF Deuxiegraveme eacutedition 1957 469 pages
4- Revue socialiste de culture neacutegro-africaine ETHIOPIQUES
Les valeurs traditionnelles et le problegraveme de leur inteacutegration
dans les systegravemes modernes deacuteducation
GIA 21 Juillet 1982 213 pages
5- N2 Revue du Centre dEtudedes Civilisations DEM ak TEY
NIS IVegrave Trimestre 1982 96 pages
6- Document lNSEP Colloque sur la lutte aeacuteregravere
DAKAR MAI-JUIN 1980
t 1
~- Travaux du IVegrave Congregraves National ~es Sports agrave DAKAR les 2223041981
Bulletin n2 91 du CIO du 15 Aont 1965
l____________________________
8- Meacutemoire de Mattrise BADJI Abdou La lutte traditionnelle Joola
Etude et perspective
9- Meacutemoire Inspectorat JS DJITTE Mandy Les pratiques corporelles
traditionnelles au Seacuteneacutegal pour leur exploitation et leur
utilisation en peacutedagogie Marly le Roi 1980
REPUBLIQUE DU SENEGAL
--------------- INSTITUT NATIONAL SUPERIEUR
MINISTERE DE LA JEUNESSE DE LrsquoEDUCATION POPULAIRE
ET DES SPORTS ET DU SPORT
-------------
(INSEPS)
MEMOIRE DE MAIcircTRISE
Es-SCIENCES ET TECHNIQUES
DE LrsquoACTIVITE PHYSIQUE ET DU SPORT
LA LUTTE TRADITIONNELLE
son importance sa signification en fonction des ethos et des habitus ethniques au Seacuteneacutegal
Preacutesenteacute par
Monsieur Joseph Victor FAYE
Sous la direction de
M Jean Marc ROCHEZ
Professeur agrave lrsquoINSEPS
Anneacutee de soutenance 1984
Afin dG failiter la lect~~e je c~ table3~ t ~2 re~dre sig~ific~tives
s info~~ations quil contient ces difteacutere ts reacutesultats nu~eacuteriques
peuvent ecirctre formuleacutes selon des repreacutesentations graphiques
1 Clientegravele des Sports de combat
FIGURE l
Il apparatt nettement que les sports de combat recrutent essentiellement
dans le bas de la hieacuterarchie sociale ce sont des sports populaires don
propices agrave une massification de la pratique
Toutefois on peut nourrir quelques inquieacutetudes pour que soient reacuteunies
les conditions de leur deacuteveloppement en raison du faible statut quils
possegravedent au regard defllintelligentsia seacuteneacutegalaise
2 Hieacuterarchisation des gants sportifs en matiegravere de sport
de combat au sein des cadres supeacuterieurs -Groupe 1shy
FIGURE I[
La f-appe est honni aucl1 pratiqua1t de boxe Olt de lutte avec frappe
agraveUloins quelle fasse lobjet dune stylisation cxtrecircme COTIme cest le
cas dans le karateacute Ce groupe manifeste un seuil extrecircmement bas de toleacuteshy
rance agrave la violence ce qui explique les discours infamants degraves que la
lutte avec frappe est secoueacutee par quelques excegraves Leacuteopold Seacutedar SENGHOR 1
navait-il paS deacuteclareacute que cette forme de lutte eacutetait une atteinte permashy
nente agrave limage de marque du Seacuteneacutegal
Bien quil soit difficile de proposer une explication unique curiositeacute
esprit douvetture permeacuteabiliteacute aux modes bullbullbull les repreacutesentants de ce
groupe adoptet facilement des sports importeacutes 85 des goOts pour le 1
Judo le Karateacute et la Lutte Olympique qui pourtant est bien peu pratishy1
queacutee au Seacuteneacutegfll j
Faut-il en deacuted~~re une attitude geacuteneacuterale favoris~agrave tout ce qui provient
de leacutetranger
Nous nous refu~ons preacutesentement agrave ce genre dexplicationJ ne ser~it-ce que
par ses conseacuteqJences sur notre sport national dont les perspectives appashyj
raicirctraient bie sombres
Admettons que la pratique de ces disciplines sont en rapport avec des
deacuteterminants eacuteconomiques et que ceux-lagrave sont un frein P4ur la popularisashy
tion de ces pratiques A lappui de cette interpreacutetation~ il suffit de
composer le champ social du Judo et celui de la Lutte libre traditionnelle
--== G J
32
LUTTE SIHPLEJUDO FIGURE JI(
Le groupe 2 qui manifeste un inteacuterecirct reacuteel pour les sports de combat -pregraves
de 25 iuml de la population i~tervieweacutee- et qui p6ssegravede les ~oyens de choisir
ses pratiques opte massivement pour le judo CDnme lexprirre le rapport de
agrave 4
- shy
A la lumiegravere de cette succi~te analyse des demandes sociales en matiegravere
de pratique des sports de combat nous pensons recouper la theacuteorie de
lhabitus selon BOURDIEU qui veut que des hatitus diffeacuterents impliquent
des styles de vie divergents si lon entend par style de vie un systegraveme
de pratiques classeacutees et classantes(I)
La mutation de la socieacuteteacute seacuteneacutegalaise celle du milieu urbain se caracteacuteshy
rise par lapparition despaces sociaux qui sont en rapport avec des
espaces culturels Il en reacutesulte des pratiques distinctives comme
lexprime le pogam
En effet si les cateacutegories sociales existent et si chaccedilune delle exprime
une marque sur les conduites des sujets il est naturel ~e penser que des
pratiques1 sportives servent de modegraveles distinctifs et detrsymbOles dorgashy
nisation ieacuterarChique dans la socieacuteteacute exprimant les dif eacuterentes clas8eamp(2)
Ces const4tations ont dimportantes implications sur leeacuteveloppement et
lavenir des pratiques Si dans notre IIIegrave partie nous 1tenterons de 1
mettre en rapport les particulariteacutes ethniques avec les pluraliteacutes de
style de lutte nous parlons presque au passeacute Une IVegraveme partie devra
e~visager la situation actuelle de la lutte afin de pouvoir eacutemettre
qu~lques hypothegraveses sur son devenir
Cest auss~ une ambition de ce meacutemoire daider ceux qui sinteacuteressent reacuteellE
ment agrave la lutte de savoir entendre au travers des deacuteclarations normatives
et apologeacutetiques Nous ne doutons nullement de la conviction ou de la bonne
foi de leurs auteurs mais parmi les possibles il yale probable et seul
ceiui-lagrave meacuterite decirctre retenu car plus proche agravee la recirc~liteacute
(I) BOURDIEU pierre La distinction Les Editions de minuit 1979 page 191
(2) Le POgdlt Deacuterrocratisation du sport ythe (u reacutealiteacute
- 1f shy
j j l IlL DL l H L S DE
3 1 LA COll1ŒNAUTE DIOLA
311 Preacutesentation
Les diolas vivent dans la reacutegion de Casamance et repreacutesertent 9 de la
population totale du Seacuteneacutegal Ce sont geacuteneacuteralement des cultivateurs de
riz et des artisans Cependant on peut les trouver aujourdhui disperseacutes
dans toutes les capitales reacutegionales affecteacutes agrave divers meacutetiers militaire
gendarme fonctionnaires de lEtat ouvrier etc bullbullbull
Dans les villes la plus grande partie des diolas vit dans les qoartiers
populaires Par exemple agrave Dakar on les trouvera agrave Colobane agrave Fass agrave
Grand Yoff ou agrave Khar Yalla La plupart du temps cesDnt des artisans et des
ouvriers du secteur priveacute qui vont essayer dune maniegravere ou dune autre de
vivoter en bricolant deci de lagrave Mais mecircme loin de la Casamance cette
ethnie conserve une grande partie de ses caracteacuteristiques et plus partishy
culiegraverement la solidariteacute ethnique qui veut que les Diolas forment toujours
un bloc bien soudeacute quand le besoin se ifait sentir et cecisans discrimishy
nation de rang social Ainsi tous lesdiolas de Dakar se mobilisent pour
supporter le Casa Sport chaque fois qbe cette eacutequipe de foot-baIl vient
jouer agrave Dakar Cette mobilisation se fera aussi dans le cas ougrave leur chamshy
pion de lutte Mamadou SAKHO livre uncombatimportant
Lethnie diola est diviseacutee en trois sous-groupes
- les dio1as Fogny de Bignona
- les diolas Kassa autour dOussouye
- les diolas Blouf dans la preacutefecture de Tendouck
Mais en lutte on a pris lhabitude ~e les grouper en deux zones dune
part le Kassa qui preacutesente des particulariteacutes et dautre part lE Fogny
et le Blouf
- J 7 shy
3 ) 2 ~U(lquE5 aspects d~ l~ducatio~ ~t des rit~s en milieu diol~
L eacuteducat ion veacuteritable de lenfant diola est sociale et ne se corlprend
que dans la relation sociale elle deacutepasse de loin le strict cadre
famililal Elle commence au stade de lapprentissage du langage
Lenfant apprendra agrave reconnattre le langage du regard de ses parents
Il doit connaicirctre et faire la diffeacuterence entre un regard approbateur
et un regard qui blacircme De mecircme il doit apprendre agrave faire les gestes
de la tecircte qui expriment lapprobation En aucun cas lenfant nest
laisseacute agrave lui-mecircme Aura-t-il deacutesobeacuteit par complaisance naura-t-il pas
eacutecouteacute ou fait attention aux recommandations reacutepeacuteteacutees plusieurs fois
sans reacutesultat il fera lobjet dune punition corporelle avec la chicotte
Elle a pour effet de faire mal au corps de lenfant afin datteindre son
acircme sa sensibiliteacute et instaurer en lui une sorte de 1iaision de la
meacutemoire du mauvais comportement agrave la douleur quen voulant eacuteviter la
douleur il finit par eacuteviter le mauvais comportement en tout cas den
prendre conscience degraves cet acircge Cest une meacutethode deacuteducation mora1e (])
i 3121 Leacuteduca~ion maternelle
1
Notre eacutetude nous a montreacute que mecircme de nos jours leacuteducation diola
conserve encore ses caracteacuteristiques traditionnelles au niveau des rites
des moeurs des habitudes des principes et des normes
Leacuteducation de lenfant reste lune des plus rigoureuses Elle commence
degraves le plus bas acircge car pour le dio1a on ne peut redresser une personne
adulte donc autant leacuteduquer tregraves jeune Jusquagrave lacircge de trois ans
lenfant sera encadreacute par sa megravere qui bien queacutetant tregraves douce fait
preuve daucune indulgence Elle lui apprend les interdits de la communaushy
teacute respecter son prochain ne pas insulter ni profeacuterer de gros mots surshy
tout en preacutesence de grandes personnes ni faire violence agrave autrui
Plus terd v~rs cinq ou SlX ans le jeune garccedilon est initi~ a~x travaux
ces cna~ps des rizi~r~s cles pal~eraiEs ce Gui ne manquer6 pa5
davoir ces rEpcrcussic~s sur SOn deurovelopperncnt morpholoique
- 1( shy
3122 La circoncisio~
cest un rite obligatoire Il a pour but dintroduire le garccedilon dans
la communauteacute des hommes en tant que responsable Cest un rite qui
laisse une trace indeacuteleacutebile dans la vie du jeune diola Les principes
de la vie en socieacuteteacute y sont enseigneacutes agrave fond Le rite de la circoncishy
sion preacuteseuro~teuro uneuro forme p~lticul do~t s~uls les diolas connaissent
lorganisation internecar la circoncision est agrave la fois une eacutepreuve
physique intellectuelle et morale
Cette circoncision en milieu diola se passe dans le bois sacreacute En ce
lieu les Njoulis (circoncis) sont encadreacutes par des mattres les
Kintangs et au-dessus de ces mattres regravegnent un ecirctre doteacute de faculteacutes
occultes il sagit du Kankourang Le kankourang a cette capaciteacute de
disparattre de voler quand bon lui semble Il incarne la justice et la
violence et assure la protection de ses disciples contre les mauvais
esprits Ainsi le kankourang incite agrave lobeacuteissance et agrave lordre dans
cette socieacuteteacute Dans la tradition diola le kankourang repreacutesente un
pouvoir mystique capable de choses extraordinaires dont la socieacuteteacute
moderne avide de raisonnement ne pourra trouver une explication Au
cours de la circoncision les initieacutes subissent un certain nombre
deacutepreuves physiques que le diola appelle samasso Il doit se soushy
mettre agrave lensemble de ces eacutepreuves consideacutereacutees comme indispensables
agrave sa formation pour lui permettre de juger ses capaciteacutes physiques
mais eacutegalement deacutepouver sa valeur intellectuelle morale et sociale
Il pourra aussi se mesurer aux autres dans le domaine de la consideacuteration
et du respect En quittant le bois sacreacute le jeune doit posseacuteder une
grande partie des qualiteacutes humaines et socisles quil faut agrave un howmE
pour vivre en harmonie avec la socieacuteteacute traditionnelle Il serait bien
sOr possible dans le cadre dune eacutetude plus approfondie de parler de
bien dautres rites et pratiques traditionnelles
Notons cependant que le rite de la circoncision appartient aux anc~t~es
et que dans les villages reacutecents ougrave les structures ont changeacute on ne
Jeux jours avant la re~trfE cans le bois sacr[ les adolescents so~r
-
- Jo shy
por lE diola 11-071- doit rester en harrc1iE avec lE
tal lanimal lui-mecircme les ancecirctres les geacutenies Le rit~ du rasdge co~sist~
acirc ~loigner la ~alchance de lenfant Si l~ ritE nest pas respecteuro eumlr es
parents du futur initieacute celui-ci connaicirctra la malchance pendant toute sa viE
Ce rite a aussi pour faculteacute deacuteloigner le mal et de preacuteserver lenfant des
mauvais esprits
Le rite de leau sacreacutee se fait un jour avant lentreacutee dans le bois sacrEacute
Les femmes doivent se garder davoir le moindre contact avec leau beacutenite
pour se preacuteserver des conseacutequences facirccheuses qui pourraient en reacutesulter La
tradition veut quune seule goutte soit capable de deacuteclencher lavortement
l chez la femme enceinte de rendre steacuterile la jeune fille ou de provoquer des
menstrues perpeacutetuelles chez la femme ayant atteint la meacutenopause bull
bull Le rite de la forge protegravege le futur initieacute pendant son seacutejour dans le bois
sacreacute Mais cette protection seacutetend bien au-delagrave et de rite veut que toute
personne qui y faillit soit condamneacutee agrave devenir leacutepreuse
Pendant plusieurs semaines les jeunes initieacutes subissent une formation capishy
tale qui fera deux des hommes complets
313 Croyances et pratiques mystiques
Si nombreux sont les diolas convertis au Christianisme ou agrave lIslam leur
foi napparatt jamais incompatible avec leurs croyances animistes Lhisshy
toire des rois et reines diolas nous reacutevegravele quils eacutetaient les ffprecirctres fl de
ces cultes feacutetichistes destineacutes agrave maintenir la fertiliteacute et agrave provoquer
la chute des pluies De nos jours existent encore des socieacuteteacutes secregravetes agrave
base religieuse ou magique la plus redouteacutee eacutetant lassociation neacutecrophashy
gique Kousanga des Floup (1)
Deux fafu expliquent la coexistence du dogme et de la croyance
le contact tardif de la socieacuteteacute diola avec les civilisations eacutetrangegraveres
et leacutevangeacutelisation ou lislamisation quelles veacutehiculaient Il e~ reacutes~lt~
une importance des traditions leur reacutesstance agrave une remise en questic~ ce qui confegrave~e agrave la socieacuteteacute diola un caractegravere conservateur
r~c~~i]EE 2~fr~~ ~c - t
ct ~Cc egraveE~ Cimiddotilisatilaquo~ eacute
la neacutecessiteacute de lanimisme consiegraveeuroreacute comme base de toutes legrave~
religi0~s uumlegrave serait-ce que corr~e tentative ciexpliquer li1explishy
cable en se repreacutesentant en particulier comme un ensemble de puisshy
sances mystiques Ainsi pour lanimiste agir sur la nature cest
intervenir psychologiquement aupregraves de ceLX qui la gouvernent
314 Imeact des moeurs sur la prat~que de la lutte diola
Lorigine de la populariteacute de la lutte eugrave milieu diola est par trop
impreacutecise aussi nous nous limiterons agrave en donner la signification
actuelle La lutte apparatt dabord comme un moyen privileacutegieacute deacutedushy
cation
- sur le plan corporel afin de deacutevelopper la force lagiliteacute la
rapiditeacute et la souplesse
- sur le plan moral afin de deacutevelopper les vertus caracteacuterielles
courage tenaciteacute digniteacute bullbullbull neacuteces~aires agrave laction
Mais la lutte apparatt aussi comme un mpyen dinteacutegration sociale car
le jeune diola qui se refuserait agrave se sbumettre agrave leacutepreuve de la lutte
encourrait un isolement alors que celui qui excelle en bravoure devient
rapidement populaire Dougrave ces affrontements agrave linteacuterieur dune classe
dige qui tout en restant un moyen de reacutejouissance servent eacutegalement
agrave eacutetablir des comparaisons
Nos observations et nos interviews confirment le caractire tris physique
de la lutte diola immeacutediatement les lutteurs sont au corps agrave corps et
les techniques consistant agrave aracher ladversaire priment sur toutes les
autres Exprimer sa force est une preacuteoccupation constante il suffit pour
sen persuader de voir le groupe de lutteurs peacuteneacutetrer dans laregravene au son
du Born bol on que rythme le claquement de mains des femmes
C~tte da~se est une deacutebauche dAnegie Ougrave les lutteurs pieacutetin~Ert avec
force L sol
i shy
3141 EorphologUgrave et valeur physiques du lut teur diola
Le lutteur diola possegraveagrave~ un deacuteveloppement caracteacuteristique du trai~
supeacuterieur et de la musculature doso-lombaire Ceci est tregraves certaineshy
ment lieacute au maniement de la houe de la daba et surtout dukadiando
dont lusage permanent a modeleacute la morphologie du lutteur diola
La valeur physique de ce lutteur semble reposer sur sa force sa
reacutesistance mais aussi sa rapiditeacute
3142 Reacutepertoire technique
Dans le Blouf la forme du corps la plus utiliseacutee est le deacutecalage souvent
combineacute avec un crochet de jambe (gal gal) ceci semble ecirctre lieacute agrave
lutilisation quotidienne dans les riziegraveres du kadiando Le paysan du
Blouf sera ameneacute agrave faire un mouvement de torsion pour deacutecalerlinstrushy
ment enprenant appui sur son genou et ceci continuellEment pendant toute
la jourpeacutee Chez les diolas du Fogny le kadiando eacutefait surtout utiliseacute
par les femmes qui soccupaient autrefois exclusivement de la riziculture
et ce n~est quaujourdhui que les hommes cultivent le riz 1
La principale culture dans le Fogpy est celle du mil on y cultive aussi
de larachide De ce fait loutil le plus utiliseacute est le donkoton qui
est un instrument tregraves petit avec un manche court et dont le maniement
expliquerait peut-ecirctre leacutetonnante musculature du train supeacuterieur et surshy
tout de la zone dorso-lombaire du 4i6la fogny qui excelle dans les techshy
niques en force genre arracheacute avec les bras sur contrOle de la ceinture
de ladversaire Lulisation du donkoton semble eacutegalement expliquer la
garde tregraves basse du lutteur fogny
Dans le kassa on aurait pu trouver la mecircme forme de lutte car la morphoshy
logie du lutteur est agrave peu pregraves la mecircme mais linterdiction formelle de
la prise du ~gimbe modifie et limite tout le repertoire technicult2 ou
lutteur Le lutteur kassa adopte une garde basse et agrave une preacutefeacuterence pc~r
legraveS tc~-iccedilues n passa~ dessous - - ~ shymiddotmiddotcrc t--=~ c-
----
contact et agrave partir de ce TtoTteuront ils peuvent se relever et conti~uEr
en lutte debout jusquau terrassemen~
Toutes les gardes sont rapprocheacutees en milieu diola
irbi trage
Les combats sont arbitreacutes par un deacuteleacutegueacute geacuteneacuteralement anClen lutteur
Ces anciens lutteurs ont pour rocircle de veiller au bon deacuteroulement du
combat La victoire est deacutecreacuteteacutee dans les cas ougrave un des lutteurs se
retrouve en position assise sur le ventre sur la cuisse ou les
genoux (sauf dans le Kassa)
Il existe un autre mode de victoire celle qui est proclameacutee agrave la
suite dune supeacuterioriteacute eacutevidente du~ des lutteurs A savoir quand
un lutteur soulegraveve tregraves haut son camarade et que son manager estime i
quil est pratiquement battu il peut arrecircter le combat en touchant
dabord le lutteur adverse popr eacuteviter que son lutteur ne soit terrasseacute
tregraves fOrt Nest-ce pas un deacutecision sage des managers qui peut contribuer
agrave maintenir le caractegravere reacutecr~atif de la lutte joola 1
La victoire dun village sur un autre village ne se mesure pas au
nombre de victoires obtenues par lensemble des lutteurs En effet
il suffit que le champion soit battu pour que le village soit consideacutereacute
comme deacutefait Ce qui explique limportance et le seacuterieux que le village
accorde agrave la preacuteparation des championsl)
Il est cependant important de signaler que larbitrage dans les centres
urbains revecirct une iautre forme beaucoup plus codifieacutee et cest peut-ecirctre
une des raisons qui font quen milieu urbain la lutte diola perde une
partie de son originaliteacute
En dehors des techniques speacutecifiques agrave chaque sous-groupe il faut
signaler quil y a une multitude de prises et quelGues formes de corps
comTIunes agrave letnn Car reconnaissons qu il cO unE ror-euro approp=i~eacute
dE ~ouvane du l~tteur diola en TaI
-----~-----
LE tableau ci-dessous se propose dE reacutesumer les diffeacuterentes consideacuteshy
rations techniques envisagEacutees dans cette partie
FORlŒSSOGS-GRGUPES 1 COItltOLE GA~JESDt CORF=
i ~
1 1
Passage dessous de jambes et BassE KASSA saisies Moyenne1annexes bras (rapprocheacutee)
ceinture tecircte
Deacutecalage de Moyenne et BLOUF Demi-souplesse Ngimbe
HauteHancheacute Bras (rapprocheacutee)
Jambe
Arracheacute CouFOGNY Tregraves basse
Hancheacute ii 1
1 1
3 14 3 bull LeIIa~~jueetlecom~ortementdulutteur-+iola
1 Le comportement et lattitude du lutteur dans laregravene pe sont en fait
t
que le reflet de sa psychologie et plus partiCUliegraverem t de son eacutetat
dacircme Or il napparatt pas abusif deacutetablir des cor eacutelations entre
le psychisme dun individu et lempreinte eacuteducative quil a subie En effet en sortant du bois sacreacute le jeune diola a acquis un ~ca~~l
eacutequilibre physique et mental
Cette matrise de lui-mecircme permet au lutteur dans la~egravene dadopter
un aire enjoueacute de manifester beaucoup denthousiasme~ La lutte devient 1
essentiellement un jeu laspec ludique y est privileacutegieacute et ~ela influe
sur le comportement du lutteur
Ainsi queurolq~c soit limporta~cE de le~je~ le lutt~c~ dic1e Seuroreacute
to~jours serein et s~ livrera sa~s arri~re pe~s6e da~$ ~E CO=beacute ou-
tons que le lutteur diola est trecircs fair-play et sil arrive quun rdnd
lll L COIicircilU1Ul L ULOF
32 J Preacutesentation
La soc tEacute wucirc10f est celle qU1 a eacuteteacute la plus marqueacutee par la colonisation
~~ fait peut-gtre de sa position geuroographiquE dune part ct de 50~ imporshy
tanCE sur le plan dfmographiquE dautre part En effEt ceurootteuro CC-~ucircautE
wolof repreacutesente environ 20 de la population seacuteneacutegalaise
Elle est constitueacutee de pecirccheurs (ce sont les leacutebous) dagriculteurs de
fonctionnaires de lEtat mais surtout de commerccedilants
A pqrtir de leur reacutegime dimplantation le Cayor le Walo le Baol le
Djolof et la presquicircle du Cap-Vert les wolofs ont tendance agrave irradier
sur lensemble du territoire sous leffet de leur speacuteculation agrave la culshy
ture de larachide et du nombre important de fonctionnaires quon trouve
dans cette ethnie
322 Les moeurs et croyances wolofs
Bien queacutetant en grande partie des musulmans convaincus les wolofs
conservent toujours une croyance animiste et continuent agrave faire des
sacrifices agrave porter des cornes ou des morceaux de bois agrave la ceinture
aux jambes ou aux bras et agrave croire agrave lexistence des Djinneacutes et des
Raps bull
Le Djinneacute cest une creacuteature malfaisante en geacuteneacuteral capable de choses
extraordinaires Il possegravede des faculteacutes surnaturelles Cependant dapregraves
la croyance animiste certains Djinneacutes peuvent ecirctre bons
Le Hapl cest une creacuteature ayant des dons occultes appartena71t agrave une
famille ou agrave une communauteacute et dont le rOcircle est de veiller cu daider
les reCJrES de le fai11p ou dt la conmunauteacute en cas de da1gel Le Rap
~ ut te c ) ~~c-
ei sltcificE cJ sanl dE meut0 dL chat de pC)wleurot 5E1lt les conveuroshy
lances parfois leur dorner COrllTe offrande du lait Laii
Qua1d une famille ou une communauteacute neacuteglige les Sarakh (ici dans
le sens de sacrifice ou Offrande) elle se voit aussitocirct vouEacutee agrave la
maleacutediction des mauvais esprit~ (fcllec dans touteacuteS lEs ~treprises
de la vie maladie mort bullbullbull ) Les lieux ougrave habitent ls Taps et ougrave
se font les sacrifices se nomment Khambs
Geacuteneacuteralement le khamb se trouve dans lenceinte de la maison ou
dans un coin approprieacute du village Les lieux du khamb sont marqueacutes
par la disposition de calebasses de pilons de morceaux de poterie
briseacutes de grosses pierres de cornes et dautres objets heacuteteacuteroclytes
La superstition wolof est tregraves marqueacutee En effet pour le wolof toutes
les manifestations quotidiennes trouvent leur signification dans le
mysticisme Citons agrave cet effet quelques ezemples Une femme enceinte
ne doit pas marcher agrave nimporte quelle heure de la journeacutee Certaines
heures de la journeacutee lui sont interdites le Timiss (creacutepuscule
le Ndjo~or (de 13 H agrave 14 H de lapregraves-midi) le souf-segravede (de
minuit i4 H du matin) Selon la tradition ~t la croyance wolof les
mauvais ~sprits choisissent ces heures pour jeter des sorts Et la
femme enceinte eacutetant tregraves vulneacuterable le Djinneacute essaiera de lui insufshy
fler son souffle pour atteindre son beacutebeacute afin dentratner soit la
meacutetamorphose de cedernier en monstre soit de le tuer avant sa naissance
Dailleurs pour le wolof et pour certaines autres ethnies au Seacuteneacutegal
le timis le tdjolor le souf-segravede repreacutesentent des peacuteriodes de
la journeacutee ougrave lon ne doit pas se hasarder dans les rues et les champs
Ce sont des heures propices aux apparitions des Djinnes sous nimporte
quelle forme humaine ou animale
Il est eacutegalement interdit au wolof de marcher ou de serti la nuit du
~eacutellfria-
loutes c~s pratiques ~ystiqu~s et cr0ya~ces religi~us~5 ~xistent eL~~[
certainement dues agrave un meacutetissage culturel Parallegravelement aux feacutetiches
aux incantations et agrave lutilisation des safaras (substance magique)
notons lexistence de ga l a tchs (ce sOnt des talismans ougrave sont inscrits
du qui les porte Toutes ces croyances biEn sucircr auront une rEacutepercussicrI
sur leacuteducation du jeune wolof
323 Leacuteducation du wolof
Pour caracteacuteriser leacuteducation wolof nous avons penseacute donner comme
illustration cet extrait de la revue DEM ak TEY Pour deacutefinir leacutedushy
cation le wolof fait appel agrave un symbolisme qui eDglobe aussi bien les
moyens mis en oeuvre Yar que le reacutesultat obtenu agrave laide de ces mecircmes
moyens cest-agrave-dire la formation et le deacuteveloppement de lecirctre humain
ou Yaru
Le substantif Yar deacutesigne le fouet
Ce symbolisme deacutesigne donc au-delagrave du simple sens mateacuteriel de lobjet
lutilisation qui permet daboutir au reacutesultat escompteacute (Yaru) Au sens
geacuteneacuteral Yar deacutesigne tout instrument servant agrave infliger une punition Le
terme laisse supposer agrave priori que cette phase de lenfance durant lashy
quelle se preacutepare la vie de lhomme est lieacutee agrave la souffrance au supplice
Dailleurs une maxime wolof compare lenfant agrave une tige quon a tout le
loisir de redresser alors quelle est encore flexible bull
bullbullbull Pour leacuteducateur wolof la perfection nest point de ce monde malS
le devoir de chaque homme est de tendre vers la pleacutenitude en luttant
contre ses propres faiblesses Leacuteducation va d01c iisister essentielle~(-~t
sur lexercice quotidien de leacutelevation ffiora1e d~ lindividu Pour cela
elle privileacutegie la patience munI) vertu dabneacutegdtion et dE deacutesinteacuteresseshy
m(~t autour dE laquelle sarticulent toutes ]e~ ~u~~~s qualiteuros
i _
aan~ ~ s0cieacutet gt~olcf ocirclt~tartt nul -Jt- poulait sabecircisstr
tion de sa libertEacute La liberteacute est le preuumler drcmiddotir dE l ho-)euro egrave~S
baigner dans une beacuteate admiration du passeacute la comparaison avec le pr~$(middott
si~posc dclle-mecircme car lon reste s reacute devant la deacutesinvolture aVEC
laquelle dES honmes daujourdhui descendants de cette ~~~EacuteTatic ccedil~l se
une fois [largis bullbull tTasque fiers davoir fait leacute priS0n PEut-2tTE
faut-il mettre cela sur le compte de lurbanisation et des nouvelles
valeurs qui ont pour nom enrichissement reacuteussite sociale avec ce que
cela comporte de deacuteshumanisant et de deacutepreacuteciateur (1)
3 bull 2 bull 3 1 bull Lesri tes
Le sevrage et la circoncision constituent les deux grandes phases initiashy
tiques chez le wolof
- Le rituel du sevrage est appeleacute maga1 (litteacuteralement rendre grand)
Cest un eacutevegravenement important aussi bien pour les parents de lenfant que
pour la co~unauteacute Durant cet eacutevegravenement qui survient geacuteneacuteralement deux
ans apregraves la naissance du beacutebeacute les personnes vivant dans lentouragE
apportent leur soutien moral et mateacuteriel
- le rituel de la circoncision revecirct pratiquement la mecircme signification
que dans les autres ethnies seule la forme diffegravere La circoncision reste
encore une eacutepreuve de la vie au sort i r de laque Ile ladolescent devient un
homme Aujourdhui il faut noter une meacutetamorphose de la structure sociale
et des croyances religieuses tregraves accentueacutee aussi bien chez les wolof que
chez les autres groupes ethniques et ceci est peut-ecirctre dO au contact
permanent quils ont avec la socieacuteteacute occidentale
Malgreacute ces constat~tions il semblerait pcu=tant qUE la sociecirct~ lecircbou Gci
bien que se trouvaLt en grande partie dans ~a Presquth du Cap-ETt Et
en contact permane~t avec les blancs soit la portior la plu8 cc~serva-
----------~_- ---~-- -----
~
Incidences d s ~00urs sur la l~ttE
Le wolof connaicirct deux formes de luttes la lutte sirplE- sans t-t
la lutte avec frappe La lutte avec frappe a une crigi~e purement r
et ce nest que plus tard quelle devint une prati1uE sportive et lud
preacuteparer agrave la guerre Aussi tout en luttant On eacutetait autoris~ agrave frapper~
griffer mordre voire introduire son doigt dans loeil de son adversaire
Le jeune wolof devait eacutegalement se livrer agrave la lutte avec frappe afin de
favoriser son insertion dans la socieacuteteacute adulte et sinitier au meacutetier de
soldat faute de quoi il ne pouvait se faire entendre ne avoir des marques
de respect Pour montrer la populariteacute de la lutte dans le Cayor signalons
que les Damels ll (rois) et les Teignes (nobles) nheacutesitaient pas agrave sy
livrer Quant au IIMbeu~ (lutteur) elle lui servait de moyen de promotion
sociale car d8S que sa reacuteputation eacutetait eacutetablie il pouvait ecirctre choisi
par les rois et les nobles comme garde de corps
325 Signification de la lutte en milieu wolof
La lutte se pratique dabord pour lhonneur qui est une vertu tregraves signishy
ficative pour le wolof Elle permet de renforcer les liens amicaux entre
les jeunes de villages diffeacuterents Le champion veut gagner
confiance et la consideacuteration de son village de ses amis
Etre champion cest aussi susciter ladmiration chez les
sentant la force la viriliteacute et la deacutetermination
326 Organisation d~s eacutepreuves de lutte
3261 Les Mbapatts Ce sont les seacuteances nocturnes
pour meacuteriter la
et des anciens
filles en repreacuteshy
Ils sont organiseacutes apregraves les reacutecoltes agrave la fin de la saiscn des pluies
Ceci surtout p~ndant les peacuteriodes de clair de lune car ils peuven~ durEr
toute la nuit Le but des ~Dapatts lt=tait de prfpa-er FhysicuemeH et
~ arb Sil
326 Le 1
cest une organisation beaucoup plus importante que les I~apatts ~
loccasion de laquelle on peut voir plusieurs lutteurs de grande reDommfe
saffronteLLa fin dl lamb est toujours couronneacutee par une grand co~bat
duquel le vainqueur est sacreacute champion de la contrecirce
Le choix du lieu est lieacute agrave limportance de ce lieu dans le village cest
la place publique ougrave geacuteneacuteralement se passent toutes les manifestations
assembleacutee geacuteneacuterale sabar (danse) cest aussi lendroit ougrave sont prises
les grandes deacutecisions
3623 Lappariement
Dans un village ou un quartier les lutteurs se regroupent en lang
(eacutequipe) et jamais deux lutteurs de mecircme lang ne se rencontrent lors
du lamb
L appariement s~ fait librement entre lutteurs de lang diffeacuterents l1hs
une regravegle veut ~uavant de lutter avec le Mbeur Kanur de tel lang si
on est soukh (l~tteur pas encore confirmeacute) il est neacutecessaire de lutter
dabord avec ses soukh et ce nest quapregraves les avoir terrasseacutes tous
quon se voit octroyer la chance de lutter contre lui
Notons que la cateacutegorisation des lutteurs par poids nest jamais prise
en consideacuteration
3624 La tenue du lutteur ou NGIMBE
Le middotNGimbe est confectionneacute par le marabout de la famille ou du clan Il
est constituecirc de pagnes en coton tisseacute geacuteneacuteralement offerts par la megravere ou
la grand-megravere du lutteur ceci lors des organisations de ~rande Tportance
COrlune lef 1amb Dans le cadre des l-bapatt les pagnes sont C tErts peumlr
~~~rcfcis ct ffi~mc aujourdhui d218 cErtaInes fa~ille5 on devj~Gr
luttEur de pegravere en fils et dans ce cas h 1
gimbell du pEgravere Est recircr i tEacute
par le fils Le fait de porter le lI~gimbe agravee ses aiumleux peut susciter
cne~ le jeune lutteur une motivation et une volontecirc in~branlable rlasshy
surer 12 supeacuterioritEacute cis SIcirct-ns dallS
le xgimbe de la famille ne touche pas le sable
La tenue du lutteur a une signification et une importance sur le plan
mystique car selon les anciens le vrai feacutetiche du lutteur celui qui
le proteacutegera agrave vaincre le Djinneacute ou le Rap de ladversaire se trouve
cacheacute dans ce Ngimbe Celui qui confectionne-le Ngimbe est doueacute de
faculteacutes occultes
~~r~i~rg Il est assureacute par un sage du village qui geacuteneacuteralement fut
championde lutte de son temps Dailleurs cet ancien nintervient que
si le terrassement est litigieux
Hormis le public qui proclame la victoire ou le match nul le lutteur
lui-mecircme est arbitre et il arrive quil se deacuteclare vaincu ~ous
pouvons citer comme exemple Meacutedoune KHOULE un des plus grands lutteurs
seacuteneacutegalais qui a donneacute une victoire agrave Djeacuteri SADIO son adversaire qui a
reacuteussi agrave lui faire toucher le sol de la main
Il Y a terrassement quand le lutteur se retrouve
- assis sur le sol
- eacutetaleacute sur le dos
eacutetaleacute sur le cocircteacute
les deux genoux au sol
- les deux ma~ns au sol
la tecircte (front au sol agrave la suite dune brouette)
Il peut y aVOIr match nul si apregraves li1 temps ccmsideacuterable les lutteurs
SE sont ~ ivrEacutes respectivement agrave des assauts rEacutepEacutetEacutes et n arrivEt pas a
3265 L~ precircparation mystique
Il faut reconnattre quon ne peut parler de lutte en milieu wolof sans
envisager une preacuteparation mystique seacuterieuse Co~~e ~ous lEvans vu a~teacute-
1middot ~ d ~ ~rlturenent t0utes es actlvmiddotltesmiddot u W010 sont lles a SeS croyances
- la lutte ne concerne pas seule~ent deux acteurs se livrant faruumlucheshy
ment agrave un combat au milieu de laregravene mais eacutegalement les marabouts et les
feacutetichistes du village ou du clan qui doivent deacutefendre leur savoir et
leur prestige Avant le combat le lutteur doit se livrer agrave un certain
nombre de preacuteparations mystiques pour assurer sa victoire Aussi sommesshy
nous appeleacutes agrave parler de BACK (cest le chant et la danse du lutteur)
- le batteur de tam-tam compose un rythme en fonction du Galagne ou du
Senghor (gds-gris) du lutteur Chaque galagne sera choisi en fonction
du Rap ou du Djinneacute correspondant au Totem du lutteur
Le chant geacuterleacuterique Feinte woy veut dire litteacuteralement composer un 1
chant Ce chant est geacuteneacuteralement composeacute par les filles du viilage du
champion ou par un griot de sa communauteacute Et agrave travers ce chrnt on
arrive agrave toucher la corde sensible du lutteur en chantant lesl innombrables 1
victoires de ses ancecirctres ou en lui rappelant ses prouesses eacuteblatantes 1
Chaque lutteur doit avoir un chant et un back qui lui sont propres
327 Le reacutepertoire technique et les caracteacuteristiques physiques dulutteur wolof
Le lutteur wolof est geacuteneacuteralement moyen de taille la musculagraveture est
tregraves saillante ce qui fait ressortir un aspect tregraves athleacutetique ceci
est vrai sans exception pour le lutteur leacutebou mais il arrive que le Cacircyoshy
rien le baol-baol le walo-walo soient de grands gabarits de forte constishy
tution
CepEndant pour une meilleure compreacutehension du sujet nous pouvons eacutetudiEr
deux jroups d lut teurs qui vont deacuteterminer deux st yI e s de lut tes
- ~ t
les tc~tativ~s de~[reacutee e~ ramassement de jambes de la~v~sairL Ce~~
peut Ecirctre expliqueacute par le fait que les lutteurs leacutebou ou walo-walc qui
sont des pecirccheursadoptent cette garde tasseacutee du fait quils so~t tou-
jours pencheacutes en tirant le fil ou en poussant la plrogue On verra techrugravequeacutes dt cirr 2C ~lt 5Jllicitocirct
surLuumlut les membres supeacuterieurs
Le cayorien et le baol-baol par contre sont les plus grands cultivateurs
darachide chez eux les techniques de lutte sont plus varieacutees et la
garde est moins renfermeacutee Les lutteurs cayorien et baol-baol ont une
morphologie et une reacutepartition musculaire bien eacutequilibreacutee ils excellent
dans les techniques en deacutecalage les techniques de jambe et surtout les
techniques de riposte ougrave lon peut voir des prises de hancheacute tregraves amples
Dune maniegravere geacuteneacuterale on peut dire que le lutteur wolof est un fin
technicien qui sait surtout creacuteer les opportuniteacutes e~ avec sa rapiditeacute
utiliser la force de ladversaire pour le deacuteseacutequilibrer le noodju
le mbas le weacuteheacuteleacute et le rasu sont des techniques propres au lutteur
wolof
En deacutefense il utilise surtout des kl~klets ou gal-gal Notons que
le balancement des bras ou Lewato e$t tregraves marqueacute dans la lutte wolof
TABLEAU RECAPITULATIF DES COMPOSANTES TECHNIQUES
( 1 )
1 SOUS-GROUPES GARDES CONTROLES FORHES DE CORPS l
Walo-walo Basse de jambe Arracheacute l l10yenne de Ngimbe et i
Leacutebou Tasseacutee et saisies annexesj Deacutecalage 1 1 distante de bras de tecirct1
j de bras Deacutecalaeuro
~-----------------~-
- ~ ~- shy - ~ ~ bull L _ _ bull
Profil psyc~~iqUE du lutteu- et son comporterent dars l 2regravere
La preacuteparation mystique dans laregravene est plus marqueacutee chez les wolofs
que ChE~ les autres ethnies En effet on verra de grands champions
preliGrE plusiEurs heures pour Enduire leur corps de cll2badep ou ci
rmiddot- ~ a la proprieacuteteacute de proteacuteger li1egraveividu J
les mauvais sorts) Cest dailleurs un aspect dt la luttE qui iJcsc
des problegraveJles
Le lutteur wolof est tregraves superstitieux et la peacuteriode de preacuteparation
est capitale pour lui car elle permet non seulement de rendre
hommage aux ancecirctres mais aussi dintimider son adversaire Cest
geacuteneacuteralement un lutteur agressif combatif et teacutemeacuteraire Il se fait
souvent remarquer par son esprit dentreprise Mais cette fougue dans
le combat lamegravene parfois bien que ce soit regrettable agrave oublier les
usages et les normes Ce manque de maicirctrise de soi peut faire croire
que le lutteur wolof manque de fair-play ce qui nest pas toujours le
cas
~A~Ugrave~ t 4AA CbUrs k LA ucirctotve f~tPle Sesect prores mou W ~ lesquelles vont se couler les comporteme~ts individuels qui sont ainsi
monteacutes par et pour lautoriteacute sociale
Les faccedilons de boire de marcher ou de sasseoir se manifestent indivishy
duellement dans le corps de chaque personne ces habitus sont cependant
des montages sociaux lieacutes agrave des significationssymboliques variables
dailleurs selon la position sociale occupeacutee par chaque sujet Ces modes
dagir se rangent dans un systegraveme de montages symboliques et lindivishy
du les apprend de la socieacuteteacute dont il fait partie agrave la place quil occupe
Lhabitus est un montage social agrave la valeur symbolique deacutependant des pheacuteshy
nomegravenes deacuteducation et de prestige et lieacute agrave la position sociale du sujet
Cette penseacutee sonne de faccedilon eacutetonamment moderne
Pierre BOURDIEU qui dans une perspective a approfondi le contenue de la
notion en le reportant aux oppositions entre classes et fractions sociales
Il deacutefinit lhabitus comme un systegraveme de dispositions durables acquis au
cours dune histoire personnelle dans une milieu social donneacute systegraveme qui
engendre ensuite des pra~iques socialement deacutetermineacutees faccedilons de manger
de parler ou de marcher comportements de politesse contenu des preacutefeacuterencel
et des deacutegoOts bullbullbull lhabitus est le produit de conditions eacuteconomiques et
sociales Lauteur rattache directement la formation de lhabitus dun
individu agrave la trajectoire parcourue par celui-ci dans sa classe dapparteshy
nance il deacutefend lideacutee dun habitus de classe qui deacutefinit le sens confeacuteshy
reacute agrave la pratique sportive les profits qui en sont attendus
Ce dernier serait lui-m~me lieacute agrave un systegraveme de valeurs ou ETHOS de classe
prenant sens au sein doppositions distinctives entre classes sociales
De sorte lhabitus fonctionne comme un systegraveme dt- regravegles inteacuterioriseacutees
souvent informuleacutees permettant ou non agrave lagent de sadapter dembleacutee aux
multiples pratiques de la vie quotidienne et de la vie sportive il est agrave
lorigine des schegravemes de transcription qui favorisent les ajustements aux
situations corporelles nouvelles (1)
t ~
(1) P~IE11D dwi6Han ISpoy-l et sodeacutebi Approche Bocio-culturelle des pratiques P~tis Vigot 1981 page 81
33
331 Preacutesentation
Les Seacuteregravere auraient pour origine le Fouta Toro quils auraient quitteacute
vers le Xllegrave siegravecle pour fuir lislamisation de cette reacutegioD par lempire
dJ Xali (ils seraient donc apparEnt~s aux Peul et Toucouleur ) Ils
auraient trouveacute dans la rEacutegion du Sine les Sosseacute dorigine manding avec
lesquels ils salliegraverent
Au XVegrave siegravecle une autre immigrationSos~ conqueacuterante cette fois-ci
apporta son organisation eacutetatique Ils se divisegraverent en deux monarchies
deacutemocratiques lune seacutetablit au Sine et lautre au Saloum Les Sosseacute
conqueacuterants constituaient lautocratie appeleacutee Guelowar
La royauteacute seacuteregravere eacutetait laiumlque Les premiers souverains durent secouer
la tutelle des Toucouleur et progressivement arrivegraverent agrave unifier lethshy
nie des seacuteregravere etdea Sosseacute Les deux royauteacutes eacutetaient organiseacutees selon
acirces modegraveles tregraves deacutemocratiques Le souverain deacutependait dune assembleacutee
de ministres et de chefs locaux qui assuraient ladministration centrale
et reacutegionale())
Aujourdhui lethnie seacuteregravere repreacutesente 20 de la population seacuteneacutegalaise
Ils sont reacutepartis sur presque toute leacutetendue du territoire notamment
dans le Baol la reacutegion du Sine-Saloum et la reacutegion de Thiegraves
Signalons quil existe plusieurs sous-groupes dans lethnie ainsi on
trouvera
- dans la reacutegion de Thiegraves les Ndut les Safegravene et les None
- dans le Sine-Saloum les Sine-sine et les Saloum-salouIT
On trouvera vers foundioune et agrave Nioro du cocircteacute de la Gambie les
Niominka (pecirccheurs) Cest une portion tregraves mandinguiseacutee
( 1
Le rattache~2~t d~ to~s ccs sous-groupes pose problecircme ~25 0~ r0~V~
uc grande partie de traits COITul1uns dans leurs modes dE vie Ct pOUT phs
de faciliteacute nous allons essayer de faire une ~tude globale de la lutte
traditionnelle seacuterecircre Lactiviteacute socio-eacuteconomique qui est essentielleme~t
agro-pasorale caracteacuterisE leacutethnie seacuteregravere
332 Lecircducation les moeurs les croyances et pratiques sEr~rc
Chez les Seacuteregravere la vie humaine se deacuteroule selon les grandes eacutetapes
le baptecircme lenfance ladolescencemarqueacutee par la circoncision lsectge
adulte le mariage la vieillesse et la mort (funeacuterailles)
La vie de la communauteacute seacuteregravere reste une des plus originales sinon
celle qui de nos jours garde la presque totaliteacute des pratiques et
habitudes traditionnelles
Bien qu aujotltdhui con~r-tis aux religions chreacutetienne et musulmane les
Seacuteregravere conservent leurs croyances et pratiques animistes
Quelque soit leur degreacute dadheacutesion aux religions reacuteveacuteleacutees les Seacuteregravere
croient en un Dieu puissant et miseacutericordieux Rog Segravene et les hommes
Les ~angols sont repreacutesenteacutes mateacuteriellement dans tous les villages
seacuteregraveres par des arbres (baobab et tamariniers) des animaux (geacuteneacuteraleshy
ment serpent doreacute ou iguane) des ustensiles (pilon calebasse et mortier)
De nombreux teacutemoignages nous apprennent que certains totems (serpent
iguane) font leur apparicion agrave loccasion de certaines manifestations
rituelles comme les sacrifices ceacuteleacutebreacutes lors dun mariage de ceacutereacutemonies
mortuaires ou des circoncisions
Le Seacuteregravere comme il nous a eacuteteacute donneacute loccasion de le dire plus haut
preacutesente des speacutecificiteacutes authentiques aussi bien en tout ce qui touch~
son eacuteducation ses croyanCES et pratiques mystiques q~e ses activiteacute~
socio-ecirccc~omiquEs Apr~s a ~aissa~c~ le beurob~ ~~ pcs~ 5~~ lE S~ __
On lui mouille les l~vres avec un peu d~ lait de mil et apr~s U~ bain
purificateur on versera leau dans un trou cr~us~ derri~r~ la Camp~~
Pendant huit jours la megravere et lenfant sont cacheacutes dans la case car
selon les anciens ils sont tregraves vulneacuterables La case deacutens certains cas
est entoureacutee dun fil blanc et lon place sur le seuil des fais(cauy di
veacutegeacutetaux pour chasser les mauvais esprits (geacutenies malfaisants et illangeUY~
dacircmes) Au bout du huitiegraveme jour la megravere et lenfant peuvent sortir de
la case bull
bullbullbull Le matin du huitiegraveme jour la tante paternelle va chercher de leau
(plusieurs fois)t elle doit rester muette pendant ses alleacutees et venues
si elle parlait t lenfant pourrait ecirctre muet bullbullbull
La megravere et lenfant prennent un bain purificateur dans lequel sont
trempeacutees certaines plantes (ce sont des veacutegeacutetaux pr~tecteurs tels le
begravene le yag le ngud) On y lavera aussi le linge e1t les ustensiles utishyj
liseacutes pendant les huit jours qui viennet de seacutecoul~r On rase le crine
de lenfant Les cheveux sont donneacutes agrave la megravere qui ~s enterrera avec le
reste du cordon ombilical dans un endroit que11e esit seule agrave connattre
La megravere sassied sur une natte devant la maison Une femme igeacutee de la
famille prend le beacutebeacute dans ses bras et le preacutesente aux quatre coins de
lhorizon
La tante paternelle tient ensuite un van sur la tecircte de la megravere on y
verse le mil on y verse eacutegalement en abondance sur la megravere et sur
lenfant La tante oint ensuite le corps du beacutebeacute avec du lait e11e
touche en particulier le front t le nez la bouche la poitrine le dos
et les oreilles
Elle pose enfin un ~rain de sel dans la paume du beacutebeacute (le sel purifie
et deacutetruit les puissances mauvaises)
Apregraves un nouveau bain la megravere et lenfant revEcirctent des habits de fecircte
(est
lenfant Ce precircnore a toujours U~ SEns Il sy~bolise parfois C0 qUi
lOIl sounaitt agrave lEufant l)
La circoncision comme dans les autres ethnies est obligatoire Elle
permet au jeune adolescent dacceacuteder agrave la classe adulte Les jeunes
sont regroupes en classe dacircge dans le bois ougrave sc fait la r0tr~it0 des
circoncis et ceci pendant plusieurs mois
Le Selbeacute qui est geacuteneacuteralement un ancien craint de tous les eacutelegraveves
enseigne le respect de la hieacuterarchie la discreacutetion le goOt de linishy
tiative Les activiteacutes physiques et leacuteducation artistique ne sont pas
en reste la deacutecoration la sculpture la lutte et la danse A sa sortie
du bois linitieacute appartient deacutesormais agrave la classe des virils et des
sages du clan car on lui aura enseigneacute les vertus fondamentales que
sont la justice lhonneur lamour du prochain 1 amour du travail
lhonnecircteteacute et surtout le respect des coutumes ancestrales
Le rite du mariage esd aussi un fait tregraves important dans le monde 1
seacuteregravere mais par manq~e dinformation nous serons obligeacutes de nous en
tenir lagrave
333 Impact des ethos sur la lutte dans le monde seacuteregravere
Lorigine de la lutte seacuteregravere ne semble pas claire ma1S nous pouvons
dire quil existait deux formes de lutte comme chez les Wolofs une
lutte sans frappe et une lutte avec frappe Et cest cette derniegravere
qui peut-ecirctre nous ameacutenerait agrave croire que la lutte seacuteregravere aurait une
origine plus preacuteciseacutement guerriegravere
Aujourdhui la lutte est uniquement une activiteacute sportive agrave travers
laquelle le jeune seacuteregravere eacutevalue sa force son courage et SOn ingeacutenioshy
siteacute Cest une occasion de deacutefendre lhonneur de son village ou de
la corrnnunauteacute
La luttE ~5t avant tout u~e rnanifcs[dtic~ c~lturclie et surtout
fo lkhriqut-
Gracircce agrave elle on peut deacutesormais comprendre un certain nombre de chants
et de symboles A travers la lutte seacuteregravere on ccedilomprend les inter-relashy
tions entreacute la vie et le monde surntiturel
Sil devait y avoir la mort dun villageacuteois pendant la fecirctE au T qUE
de linterrompre on proceacutedait gracircce aux connaissances magico-religieuses
agrave la suspension de la mort jusquagrave une peacuteriode ougrave la population sera plus
disponible pour organiser des funeacuterailles sil y eacutetait preacutedit la possibishy
liteacute dune deacutefait du champion local au profit dun champion dun autre
village des recettes dordre maginque et religieux eacutetaient mises en prashy
tique afin que le champion du village ne soit jamais terrasseacute(J)
334 Le profil du lutteur seacuteregraver~
Le lutteur seacuteregravere est par essence un athlegravete impressionnant de par sa i
carrure et sa musculature saillante mais cest aussi une force tranquille
et calme quelque soit lenjeu du combagravet et particuliegraverement lhonneur
Cet aspect nous pousse agrave parler du NGiMBE cest-agrave-dire de la tenue du
lutteur qui va influencer sur sa faccedilon de lutter
La confection du Ngimbe revient agrave la communauteacute entiegravere Le Ngimbe a
une signification symbolique et le lutteur pour meacuteriter la confiance du
groupe se doit de tout faire pour ne pas toucher le sol Toute la commushy
nauteacute elle aussi sengage pour assurer la longeacuteviteacute et le succegraves du lutteur
dans laregravene par lorganisation droffrandes et de sacrifices en lhonneur
des Pangols bull
bull
Daucuns nheacutesitent pas agrave dire que lessentiel du mysticisme se fait agrave
la maison et non dans laregravene tout le reste nest quintimidation de
ladversaire
lsvcns
Tt- pi ~- t
t 1 ~ l _ ~ t
par rapport agrave lautre Cbci est trEgraves lieacute agrave lactiviteacute journaliegravere du
jeune seacuteregravere qui est un cultivateur donc toujours bien planteacute sur ses
jambes et qui continuellement manie lhiler
Le fait de couper le boi~ peut eacutegalement constituer un moyen de muscushy
lation non neacutegligeable pour le jeune lutteur
Un certain nombre de traits techniques speacutecifiques au lutteur seacuteregravere
semblent ressortir des diffeacuterentes interviews que nous aVOns fait subir
agrave certains lutteurs seacuteregraveres et agrave diffeacuterents techniciens
SOUS-GROUPES FORMES DU CORPS CONTROLES GARDES
SAFEN Moyenne en fente NONE Hancheacute Bras (distante) j
NDUTJ
f
SINE-SINE Deacutecalage Ngimbe
Moyenne
SALOUM-SALOUM Passage- Jambe (rapprocheacutee) 1
i
PETITE dessous Tecircte Basse et 1
COTE Moyenne (rapprocheacutee)
Notons que le Niominka ll commence agrave lutter agrave partir du sol pour avoir
assez deacutelan et sauter sur ladversaire afin davoir la prise du lion
(contr6le de la nuque et du bassin)
Co a -tem-nt ccedilt attitude du lutteur sEacuteregravere335 np -1t ~
Les croyances mystiques sont indissociables des activiteacutes quotidiennes
duseacuteregravere Ce qui explique le cocircteacute supersticieux du lutteur seacuteregravere En
~ffet certains lutteurs refusent de lutter avant certaines heures
Certains teacutemoignages nous apprennent quil nest pas donneacute agrave tout le
monde decirctre champion de lutte et que le lutteur doit avoir des dons
surnaturels pour ecirctre agrave mesure de livrer ses combats dans la nuit
et trouver seul un gris-gris speacutecial appeleacute Njatch
Le vrai champion de lutte chez les seacuteregraveres ne lutte pas seulement avec
~a force et sa technique mais surtout avec ses dons occultes
Chez les seacuteregraveres les morts sont toujours preacutesents et les ~pangols
Servent dintermeacutediaire entre les hommes et les morts Le pangol prend i
le nom dhumain dans certains villages (IIHeacuteJga NDONG Har Wag NGOUYE) i 1
De ce fait on verra le lutteur danser dufe maniegravere ou dune autre en
fonction du pangol de sa famille Ainsi nrus aurons le back (chant et
danse du lutteur) des DIOUF des FAYE etclbullbullbull
Dans laregravene le lutteur seacuteregravere a un comportement exemplaire aussi bien
agrave leacutegard de son adversaire direct quave~ le public en geacuteneacuteral Lexpli shy
cation semble tenir au fait que le lutteur seacuteregravere est avant tout selon
la tradition orale le repreacutesentant de toute la communauteacute seacuteregravere Par
conseacutequent il devra saffirmer non seulement en tant que lutteur dans
laregravene mais aussi en tant quentiteacute morale
336 La tenue du lutteur ou NGIMBE est confectionneacutee par le marabout de la
famille ou du clan Le Ngimbe est constitueacute de pagne en cCton tisseacute
Il doit ecirctre propre le lutteur qui le porte ne devra pas avoir de rapshy
port sexuel pendant toute la peacuteriode des cOTpeacutetitians car le Ngi~bE ne
doit pas ~tre souilleacute
Autrefois et mecircme aujourdthui dans certaines familles on devient
lutteur de pegravere en fils et dans ce cas le Ngimbe du pegravere est heacuteriteacute
par le fils Le fait de porter le Ngimbe de ses aieux peut susciter
chez le jeune lutteur une motivation et une volonteacute ineacutebranlable dtasshy
surer la supeacuterioriteacute d~s siens dans ltaregravene Il fera tout pour que le
Ngimbe de la ramille ne touche le sable
La tenue du lutteur a une signification et une importance sur le plan
mystique car selon les anciens le vra1 feacutetiche du lutteur celui qui
le proteacutegera et laidera agrave vaincre le nDjinne ou le tRapu de ladvershy
saire se trouve cacheacute dans ce Ngimbeu bull Celui qui confectionne donc le
Ngimbe U est doueacute de faculteacutes occultes
337 Larbitrase est assureacute par un sage du village qui geacuteneacuteralement fut
champion de lutte de son temps Dailleurs cet ancien nintervient que
si le terrassement est litigieux Hormis le public qui proclame la vicshy
toire ou le match nul le lutteur lui-mecircme est arbitre et il arrive
quil se deacuteclare vaincu
Nous avons pu cfter Meacutedoune KHOULE un desplus grands lutteurs seacuteneacutegashy
lais qui a donn~ une victoire agrave Djeacuteri SADIO son adversaire qui a reacuteussi
agrave lui faire touegraveher le sol de la main
IlL
34 1 Preacutesentation
Lethnie toucouleur vit En grandt partit ciE~~ la vallfc du S~~~gal
pt reprecircsente i peu pr~s 8 de la population totale secircn~galaise
o Histoire
Il semblerait que dans lancien royaume du Tekrour (IX~ siegravecle) des
eacuteleacutements neacutegroiumldes Sarakoleacute et des Peul aient formEacute par meacutetissage le
peuple Toucouleur (Toucouleur serait dailleurs une deacuteformation du
mot portugais Tacouror)
Ce empire a domineacute aussi bien les wolofs de lOuest que les Peul
nomades du Fouta Toro Cette reacutegion fut le premier pays islamiseacute par
les Almoravides ce qui peut expliquer le proseacutelytisme toucouleur
Ce sont les guerriers toucouleur islamiseacutes qui attaqu~rent avec les
Almoravides la capitale du Ghana Koumbi en 1067 On convertit par
la force les animistes Cest sans doute agrave cette eacutepoque que de nombreuses
ethnies reacutefractaires agrave lIslam ont dO accentuer leur migration vers
le sud (Seacuteregravere wolof Sarakoleacute Bambara Songhaiuml Akan et Peul se reacuteshy
fugiaient vers les hauteurs du Fouta Djalon)
Au XIXegrave siegravecle les Toucouleur allaient trouver en El Hadj Omar Tall
un grand conqueacuterent qui sous le preacutetexte religieux de la gJerre sainte
contre les tribus animistes (entre autres Bambara) eacutetendit lempire
toucouleur sur presque tout lensemble du gali et la partie de la Guineacutee
proche du l1ali
Lempire toucouleur composeacute de Sarakoleacute de Bambar~ de ~alinkeacute de
Xassonkeacute dE Peul et de Dogon eut le meurorit~ dunir CES diif~rentes ~ ~ - - - - - et~ics ~t dE CD~stituer l~Sl la b2S~ ~r 1
_ ~ ~ ~_ L ~
~ ~- ~- - - ---- _ 1 v _ t 1 ~-_ --
marabout tOL~culcuuml~ ~ middotlrrany a l ick SI venu des E1i rClS dE Pocior~ (
~ Vi~ euroconomicue et sociale -----------~-------------
Les Toucouleur sont des cultivateurs mais bien quils n~ soie~t pa~
pasteurs comrre les Peul leacutelevage a une place inportarteacute decirc1S ltur
eacutecono~ie Pour faciliter leur conquecircte guerriegraverE ils c~t Eucirc une preacuteshy
dilection pour leacutelevage des chevaux On y trouve aussi des pecirccheurs
appeleacutes Tchioubalo La socieacuteteacute toucouleur aurait une stratification
sociale tregraves rigide Les groupes ethniques et les castes eacutetaient
diffeacuterencieacutes et strictement exogamiques les Rimbe classe des nobles
comprenant la famille reacutegnante et les guerriers libres la classe des
Nieacutenieacutebegens de castes artisanales i les Rimaibeacute anciens esclaves
devenus serviteurs qui portent les noms de famille de leur maicirctres A
la base de lorganisation de la collectiviteacute toucouleur se situe le
village (Wouro)
Toutes ces castes sont cloisonneacutees entre elle~ Ainsi il nest pas
permis agrave un Torodo (noble) de se marier avec un Tchioubalo Ces
consideacuterations sont importantes dans le domaine de la lutte ougrave nous
apercevrons que les nobles ne sont pas faits pour lutter Le noble
preacutesidera les seacuteances de lutte et on luttera pour lui Ces condeacute rat ions
de noblesse et de rang social sont extrecircmement importantes dans le
monde toucouleur
Le noble ne doit pas se salir on lutte pour lui il ne vit la lutte
quen tant que spectateur
342 Education moeurs croyances et eratiques religieuses
Deux formes d~ducation sont agrave consideacuterer leacutedJcatio~ dES enfarts Et
celle des adultes
oG lenfant sait m2n~~r et apprfcier le goOt d~5 ~iifeurorents r~pas lt
le moment ougrave il CO~~e~CE agrave marcher
tivirt n~sormais le petit toucou]eur est eacuteduquf par toutmiddot 12 f2~i)]E
dabord puis par toutes lespersc~nes du village ou du C13~
Lenfant peut ~tre corrigeacute par tout adulte appartenant au groupe social
Son eacuteducation est deacutesormais laffaire de toute la communauteacute et non
exclusivement celle ces parents On linitie ainsi au travail quotidien
qui se fait dans la bergel~ e les champs et les bords du fleuve Au sein
du village il pourra apprendre agrave filer la laine et agrave tisser des pagnes
dans les champs il apprend agrave manier la houe et lhiler pour la culture
du riz et du mil Mais signalons que lactiviteacute essentielle du toucouleur
est leacutelevage des boeufs des moutons et des chegravevres Chez les Ichioushy
balos (p~cheurs ) lenfant sera initieacute tregraves tat au maniement des pagaies
agrave la p~che propremccedilnt dite et agrave la nage
Vers cinq-six ans lenfant est confieacute au maicirctre coranique le Ihierno
et ce dernier dispose exclusivement de toute sa vie Lavenir du jeune
enfant lui appartient
Comme dans les autres groupes ethniques les enfants sont regroupeacutes en
classe dacircge et cest dans cette structure que lenfant subit les rite
de passe et plus particuliegraverement celui de la circoncision
La circoncision est non seulement unE opeacuteration chirurgicale malS surshy
tout une peacuteriode au cours de laquelle le jeune garccedilon passe de leacutetat
dadolescent agrave leacutetat dadulte Les circoncis sont reacuteunis en classe
dacircge dans un endroit situeacute hors duvillage geacuteneacuteralement choisi par les
vieux Cet endroit n~st accessible que par des individus de SExe ffi8SCUshy
li~ ~ta~t au preacutealabl circoncis
- - - -
quable et complet sur le plan phy~ique et ~oral Ai~si liniti~
acquiert les qualitecircs indispensables que sont le courag~ la modest
lesprit de sacrifice lendurance
Le toucoule~r est un pleux musulma~ Cela sexp1
SOil le premier agrave tre en contact avec la religion musulmane de par sa
position frontaliegravere Lethnie toucouleur de par son histoire a preacutesenteacute
les plus grands chefs militaires et religieux musulmans seacuteneacutegalais Et
pour illustrer cela on peut citer en exemple la grande famille musulmane
des SY agrave TIVAOUANE repreacutesentant la confreacuterie des TIDJANES
Bien que lon note une majoriteacute musulmane on peut dire que certaines
croyances et pratiques mystiques et animistes persistent encore surtout
dans la reacutegion du fleuve
Une pratique courante se fait elle sappelle le Djatt Elle consiste
agrave faire sortir le caiman du fleuve agrave limmobiliser et agrave lattacher
sans quil ne reacuteagisse et tout ceci agrave laide de versets et dincantashy
tions magiques Dapregraves les teacutemoignages ces pratiques sont plutocirct
freacutequentes chez les Tchioubalos (pecirccheurs) Il arrive aussi que cershy
tains chasseurs ayant des dons se livrent agrave certaines pratiques an1shy
mis tes qui consistent agrave invoquer certaines puissances et agrave moduler sous
forme de chant des versets occultes pour se proteacuteger des mauvais esprits
et pour eacuteloigner les fauves Ce chant est geacuteneacuteralement incompreacutehensible
et deacutenueacute de sens pour le profane
343 Activiteacutes ludiques et pratiques sportives en milieu toucouleur
Durant toute son histoire lethnie ~oucouleur a toujours EacutetEacute Frese~teacute~
comme celle qui avait ue activit essentiellement guerr e e~ particushy
liegraverement farouche Trois eacuteleacutements ret r t l ecirc t te nt i c- euro so~t
le manie~~nt du ~acircton 12 luttE Et 1eacute danSE
l
Lecircducation ph~sique et artistique Dcc~pe un place precircpondecircra~rp
dans la fDrmat~on du jEune toucouleur A loccasion agraveeacutevegravenemen~ imporshy
tants reacutecoltJs mariages baptecircme nous assistons agrave des manifestashy
tions folkloriques de grande envergure le Wango oucirc dailse toucouleur
tregraves gymnique iles chants et surtout les sEacuteances de lutte
La lutte toucouleur est la forme de lutte la plus spectaclaire dans
tout le territoire seacuteneacutegalais Elle est essentiellement baseacutee sur des
techniques en hancheacute et surtout en souplesse Ceci sexplique par le
fait q~e le jeune toucouleur est tregraves tocirct initieacute agrave la gymnastique (saut 1
per saut de main salto arriegravere saut de tecircte couronneacute etc bullbullbull ) pour
la dans~ du wa~go En dansant le wango qui est une danse rythmeacutee et
gymnique le Jeune toucou1eur est capable de prouesses extraordinaires
1
En lutte lattaquant se deacuteplace tregraves peu pour avoir une bonne saisie
(geacuteneacutera~ement controcircle du Ngimben ) et enchaine brusqueme~t avec une
attaque surpris~ Cependant les ripostes sont souvent surprenantes et
spectaculaires (baseacutees sur la souplesse et la rapiditeacute) ontrairement
aux autr~s form~s de luttes ougrave lon voyait tous les jeune adheacuterer la
lutte to~cou1eur Verra un groupe de speacutecialistes sadonne agrave la lutte 1
(la lutte est lieacutee agrave la position sociale de lindividu problegraveme de
caste)
Q La morphologie du lutteur toucou1eur 1
1 1
Ce dernier nest pas aussi large et aussi fort que les lutteurs diola
et seacuteregravere Cependant il est tregraves reacutesistant La musculatJre est saillante 1
et tregraves souple lindividu est longiligne mais tregraves athleacutetique
Les mouvements de lutteurs sont semblables agrave ceux dun grand fe1in Cette 1
morphologie semble ecirctre lieacutee agrave la position geacuteographique de lethnie
(reacutegion du fleuve) et agrave lacitiviteacute socio-eacuteconomique du toucouleur qui
est agrave la fois cultivateur (activiteacute lieacutee agrave la crue et deacutecrUE du fleuve)
pecirccheuro~T CIcr~icubaon) et sttout jEumlrgcr qui est U~ rc~2eumlr
shy
Deux formes egrave~ corps sembl~nt ecirctre preacutefeacutereacutees du lutteur toucouleur
le hancheacute et la souplesse Les hancheacutes sont faits agrave partir de plusieurs
positions de doset se terminent geacuteneacuteralement par des techniques de
tregraves grande amplitude
TABLEAU RECAPITULATIF DES TECHNIQUES ET FORMES DE CORPS SPECIFIQUES
i
L441 r
GARDE FORMES DU CORPS CONTROLES --shy - -
Moyenne Souplesse Ngimbe
Hancheacute bras
Demi-souplesse
1
Profil psycholosigue 1
TECHNIQUES
ContrOle du bassin et 12 souplesse
arriegravere
Klicket et allegravegement de la hanche
Le lutteur toucouleur est celui lUi se livre le moins aux preacuteparaqons
maraboutiques Cela est dO au f~t que le toucouleur est un grand ~USUlshyman et que les pratiques animisges ont presque disparu dans ce mil~eu
Dans la pratique le lutteur esJ combaif mais il est calme et tr~s reacutefleacutechi quant agrave la deacutecision agrave prendre en plein corps agrave corps ct~st un des seuls techniciens qui reJte tregraves lucide au cours de ses comb~ts
l Dans toutes les circonstances e lutteur toucouleur est tenu de re~pecshyter son adversaire et ceux de s4n eacutequipemecircme sil est vaincu
Comme nous avons dO nous en rendre compte la rigueur des principes
eacuteducationnels a une influence tregraves sensible sur l~ comportement du
toucouleur
i
III S COCL ~s 1DO
Dans cette partie nous avons essay~ de montrer lftroite re1atic~
Entre les diverses activiteacutes socio-eacuteconomiques dans les ethnies et
lES diffEacuterentes faccedilons de lutter
Daucuns seraient tent~s de conclure trop rapidement et cest p0~r
cette raison que nOUS avons penseacute preacuteciser que le pheacutenotype nest
pas geacuteneacuterateur du geacutenotype Et nous sommes convaincus que la morphoshy
logie et les techniques des lutteurs relegravevent de leurs modes de vie
et de leurs croyances agrave une eacutepoque et danE un contexte bien deacutetermishy
neacutes
Est-ce que les lutteurs dio1a ou seacuteregravere travaillant avec leurs bras
dans les champs auraient les mecircmes pr 0 fil s physiques que les lutteurs
utilisant des machines pour lagriculture
- 69 shy
I UJOURDH~1 E-S ut O[l LES FORfilS Ut LU11t~
~otons que notre enqu~te a ecirctE essentiellement faiteen milieu urbain
Les seacuteances de lutte ont tendance agrave perdre leur particulariteacute de r~shy
jouissance pour devenir des pheacutenomegravenes de sportisatio Deux fores
de luttes so~t principale~cnt prat s dans les aregrave~es du 5 al
la lutte traditiunnelle simple et la lutte traditionnelle avec frappe
De nos jours la lutte traditionnelle tend vers une reacuteglementation
et une institutionalisation
Le reacutesultat de nos investigations nous donne le tableau ci-dessous
REPARTITION ETHNIQUE SUR 100 PRATIQUANTS
LUTTE LUTTE RAPPORTETHNIES SANS FRAPPE AVEC FRAPPE J2
Diola 40 16 71 j
Seacuteregravere 26 21 57
Toucouleur 23 10 69
Wolof 1 1 53 17
La demande sociale par ordre deacutecroissant pour la lutte sans frappe
se preacutesente comrre suit
]0_ Ethnie diola avec pregraves de 3 lutteur~ sur 4
2deg_ Ethnie toucouleur
Ethri dun
~ 1 LA LUTTE TR])IIIO~~ELLE AVEC H-PPE
Cette forme deacute lutte a une histoire qui date de lantiquiteacute elle
sa~pelait le Pugilat Au Seacuteneacutegal elle a vu le jour dans le Cayor
bien avant la colonisation Le coup dE pied l~Lrdn~lement la morshy
sure la frappe et le doigtf eacutetaient permis dans le cc=bat ~ ~middot~p0~~e
Dans certains cas la giffle eacutetait beaucoup plus dangereuse que le
poing quand elle eacutetait donneacutee par un speacutecialiste Cette giffle pouvait
agrave elle seule deacutechirer et mecircme parfois amputer la joue de ladverser
Selon les informations la lutte avec frappede nos jours serait une
forme de lutte tregraves eupheacutemiseacutee de celle dantan ougrave une blessure
pouvait souvent ecirctre mortelle
Aujourdhui au niveau du folklore la lutte na plus la mecircme
le spectaculaire a remplaceacute le significatif iLa lutte avec frappe se 1
pratique surtout dans les centres urbains C~aque fois quun grand combat 1
est progra~eacute par le Comiteacute National Proviso~re (CNP) des centaines damashy
teurs sont mobiliseacutes vers le stade lba Mar D~OP qui est aujourdhui le i
lieu approprieacute ougrave se deacuteroulent les grands conkbats de lutte Cest la formE
de lutte qui semble drainer une foule de personnes beaucoup plus importante
que celle de la lutte simple
La lutte avec frappe deacuteriverait dune forme de lutte traditionnelle
pratiqueacutee jadis dans le Cayor au temps des Damels et la frappe serait
le substitut dun certain nombre de pratiques doigteacute jet de produits
etc bullbullbull dont le but eacutetait laveuglement de ladversaire La lutte avec
frappe serait une continuation logique dune carriegravere sportive de la
lutte traditionnelle qui sen sert comme moyen socio-eacuteconomique En
effet la majoriteacute des lutteurs avec frappe ont dabord eacuteteacute initieacutes agrave la
lutte simple Cependant il faut signaler que de nOS jours il arrive
que le jeune lutteur avec frappE- soit directenent formEacute conne speacutecialistE
agrave la frappe sa~s pour autant faire son chemin dabcrd egravea~s la lutte
- ~ shy
Le recircsultat dE ~os interviews ncus rec~trE qGune pcpulatiD~ divcrsishy
fiampe sint~resse agrave ce sport et qUE les intecircr~[s des uns et d~SlautrE~
semble~t divergents naucuns affirment que la lutte traditionnelle
avec frappe serait monteacutee par des personnes dont la vocation est dexshy
ploiter ce pheacuteLomegravene agrave des fins commerciales Dautres disent gJellegrave
jouit de mcyens irport~nts t[l[~isio
tation etc bullbullbull ) pour toucher toutes les couches sociales CEpe~~a~t
nous remarquons que mecircme si certaines personnes reprochent agrave cette
forme de lutte decirctre brutale ces mecircmes personnes nheacutesitent pas agrave
se rendre le dimanche agrave laregravene Bien que critiqueacutee elle semble ecirctre
adopteacutee par une tregraves grande partie de la population seacuteneacutegalaise Cepenshy
dant en tant que techniciens il nous est permis de faire une remarque
Il sagit de
- Limpression nette decirctre devant des professionnels de la frappe
qui sont ~ntratneacutes pour cela Dailleurs les propos que nous avons
recueilli~ nous prouvent que la plupart des champions de lutte avec 1
frappe s~ntratnent dans certains sports de combat tels ~ue la boxe i 1
le karateacute le judo Dans cette nouvelle forme de pratique de la lutte
contrairefuent agrave la lutte traditionnelle le technicien e~t souvent
perdant face au puncheur Ce dernier adopte une lutte agrave distance qui
lui permet de placer agrave bon escient ses coups animeacute du deacutesir de vaincre
Le technicien lui se voit contreacute dans toutes ses entreprises par
un uppercut ou un crochet
On peut dire cependant que nul sport au Seacuteneacutegal que la lutte tradishy
tionnelle avec frappe ne deacutechaicircne autant de passions et autant de
pheacutenomegravenes poussant agrave lexcegraves et deacutereacuteglements quon ne peut que deacuteplorer
Mais comment deacutecrier un spectacle de lutte qui bien quayant perdu la
presque totaliteacute des valeurs traditionnelles veacutehiculeacutees autrefois par
elle sait susciter une participation effective de tous ceux qui sont
preacutesents
CONCLUSION
Dans ce meacutemoire nous sommes efforceacutes ~e faire ressort ir limportance des
ethos et des habitus et leurs effets sur la pratique de la lutte tradishy
tionnelle au Seacuteneacutegal
L~b egravethos repr~sentent dune maniegravere g~neurorale tous les eacuteleacutements speacutec
fiques sux Seacuteneacutegalais par conampeacuteguent un systegraveme de valeurs traditionnellEs
Mais m~me si ces valeurs rev~tent une signification universelle (honneur
digniteacute courage etc bullbullbull ) il nen demeure pas moins que ce nest pas leur
nature qui fait leur speacutecificiteacute mais la hieacuterarchisation et limportance i
quon accorde agrave toutes ces valeurs de ~ar leacuteducation ou la culture
i 1
Aussi les valeurs traditionnelles puient leur speacutecificiteacute dans les
caracteacuteristiques propres aux eacuteleacutements ~e la socio-cu1ture (la technologie
et leacuteconomie la politique et la pareteacute la psychologie et lideacuteologie)
dans la socieacuteteacute seacuteneacutegalaise agrave n momen donneacute de son eacutevolution Cest i
dire la neacuteceesiteacute de ne point faire della valeur une reacutealiteacute statique
Cest dite aussi quagrave tout mome~t le ~eacuteneacutegalais peut eacutevoluer et creacuteer
ou vivre par conseacutequent de nouv~lles fprmes de valeur qui lui sont 1
propres ft (J)
La lutte traditionnelle veacutehiculant deS valeurs socio-cu1ture1les speacutecishy
fiquement seacuteneacutegalaises (croyances valeurs morales norme de comportement
opinion attitude bullbullbull ) devient un eacuteleacutement important qui tregraves certaiaement
nous aidera dans notre effort de valoriser et de peacuterenniser notre patri shy
moine culturel par le biais dactiviteacutes physiques et sportives
Leacutetude des habitus nous permet de prouver quil y a plusieurs faccedilons
de se mouvoir comme danser lutter bullbullbull qui varient avec les diffeacuterentes
ethnies (wolof toucouleur seacuteregravere diolagt leurs convenances et leurs
eacuteducations
(1) Revue Ethiopiques 31 Les valeurs traditionnelles et le problegraveme de leur inteacutegration dans les systegravemes modernes jtducatio-1 2 6r--70
nautre part cette eacutetude permet aussi de nous rendrE compte de la
correacutelatipn eacutetroite existant entre la pratique de la lutte traditionnelle
et le sta~ut socio-eacuteconomique du pratiquant
Nos inves~igations nous indiquent que la lutte recrute essentiellement
au niveau des classes socio-eacuteconomiques situeacutees en bas de leacutechelle
donc posseacutedant le statut social le moins favoriseacute La lutte avec frappe
-et un certain secteur commercialiseacute de la lutte simple- y trouve sa
leacutegitimiteacute Comme le dit BOURDIEU nA habitus diffeacuterents styles de Vle
divergents et il oppse les pratiques aristocpatiques correspondants agrave
des activiteacutes qui favorisent les situations eupheacutemiseacutees ougrave la stylisashy
tion est importante aux pratiques populaires qui font appel agrave des
qualiteacutes qpposeacutees bllutes rugueuses Certaines interviews nous
montrent que plus lindividu occupe une place eacuteleveacutee dans leacutechelle
sQciale e~ 1
moin$ il sinteacuteresse agrave la lutte
Les reacutesultats recueillis dans nos diverses investig~tions confirment 1 1
1er propos qui disent que nous assistons aujourdhu~ agrave une involution
de la lutte traditionnelle parce que perdant toutes ses speacutecificiteacutes au 1
pryfit d~ne autre forme de lutte que lon continue agrave appeler nostalshy
giqlementIIlutte traditionnelle
Ceci pourrait peut-~tre trouver une explication dan la citation suivante
La liberteacute de creacuteer dinnover de vivre Pleineinenf decirctre soi et de
preacuteserver son authenticiteacute la digniteacute et lhonneu1demeurent des illushy
sions dans la misegravere eacuteconomique~ Nos ancecirctres creacuteai~nt des valeurs de cishyl
vilisation parce quils eacutetaient libres parce qu1i~s ignoraient toute
deacutependance eacuteconomique ils cultivaient en eux et cbez leurs enfants le 1
Jorn et la Kersa et preacutefeacuteraient la mort agrave la hoJte lI (1)
Or le Seacuteneacutegal comme la plupart des pays africainsi est un pays sousshy
deacuteveloppeacute t cependant face agrave cette volonteacute du gou~ernement seacuteneacutegalais
de faire inteacutegrer dans leacuteducation des valeurs traditionnelles nous
pouvons espeacuterer utiliser comme moyen deacuteducation la lutteacute traditionnelle
qui reste quand mecircme vecteur jethos et dhabit~s
- 54 shy
Mecircme si lon a noteacute un appauvrissement notoire sur les plans socioshy
culturel et moral la lutte traditionnelle recegravele une gamme importante
et varieacutee de techniques permettant incontestablement une ouverture vers
les luttes olympiques libre et g~eacuteco-romaine
La lecture de ce meacutemoire permettra agrave lentratneur et au professeur de
lutte en fonction du lieu ougrave ils seront affecteacutes dans le territoire
seacuteneacutegalaisdavoir une information sur les techniques contrOles et
formes de corps propres agrave chaque groupe ethnique et de les mettre en
relation avec leurs croyances et leurs mentaliteacutes
Nous avons essayeacute de montrer que la pratique de la lutte traditionnelle
doit tre axeacutee sur une ethnomotriciteacute au Seacuteneacutegal qui permette une inishy
tiation facile Cette pratique de la lutte traditionnelle seacuteneacutegalaise
devra dailleurs essayer de ~eacutepondre aux aspirations du Seacuteneacutegalaisl
moderne en souvrant aux ap~orts positifs des autres civilisations
ex~eacuterieures nous voulons Jvidemment parler du judo et des luttes oiymshyJ
piques 1
1 j Nous navons pas la preacutetentfon dans le cadre de ce meacutemoire demattrise
de reacutepondre agrave toutes les qutstions se rattachant agrave leacutetude de ~a lutte
traditionnelle souslangle~socio-culturel car non seulement il nous
manque lexpeacuterience et la c peacutetence en la mati~re mais aussil l le temps
et les moyens dont nous dis osions ne nous permettaient pas d~puiser le 1sujet i
1 1 1 t 1
l
- )5 shy
BIBLIOGRAPHIE
BIBLIOGRAPHIE
1- CLAPAREDE Psychologie de leacuteducation et peacutedagogie expeacuterimentale
Edition Delachaux et Niestleacute 244 pages
2- POCIELLC Christian Sport et Socieacuteteacute approche socio-culturelle
des pratiques Paris Vigot 1981 377 pages
3- PIERON Henri Vocabulaire de la psychologie
PUF Deuxiegraveme eacutedition 1957 469 pages
4- Revue socialiste de culture neacutegro-africaine ETHIOPIQUES
Les valeurs traditionnelles et le problegraveme de leur inteacutegration
dans les systegravemes modernes deacuteducation
GIA 21 Juillet 1982 213 pages
5- N2 Revue du Centre dEtudedes Civilisations DEM ak TEY
NIS IVegrave Trimestre 1982 96 pages
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DAKAR MAI-JUIN 1980
t 1
~- Travaux du IVegrave Congregraves National ~es Sports agrave DAKAR les 2223041981
Bulletin n2 91 du CIO du 15 Aont 1965
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Etude et perspective
9- Meacutemoire Inspectorat JS DJITTE Mandy Les pratiques corporelles
traditionnelles au Seacuteneacutegal pour leur exploitation et leur
utilisation en peacutedagogie Marly le Roi 1980
REPUBLIQUE DU SENEGAL
--------------- INSTITUT NATIONAL SUPERIEUR
MINISTERE DE LA JEUNESSE DE LrsquoEDUCATION POPULAIRE
ET DES SPORTS ET DU SPORT
-------------
(INSEPS)
MEMOIRE DE MAIcircTRISE
Es-SCIENCES ET TECHNIQUES
DE LrsquoACTIVITE PHYSIQUE ET DU SPORT
LA LUTTE TRADITIONNELLE
son importance sa signification en fonction des ethos et des habitus ethniques au Seacuteneacutegal
Preacutesenteacute par
Monsieur Joseph Victor FAYE
Sous la direction de
M Jean Marc ROCHEZ
Professeur agrave lrsquoINSEPS
Anneacutee de soutenance 1984
La f-appe est honni aucl1 pratiqua1t de boxe Olt de lutte avec frappe
agraveUloins quelle fasse lobjet dune stylisation cxtrecircme COTIme cest le
cas dans le karateacute Ce groupe manifeste un seuil extrecircmement bas de toleacuteshy
rance agrave la violence ce qui explique les discours infamants degraves que la
lutte avec frappe est secoueacutee par quelques excegraves Leacuteopold Seacutedar SENGHOR 1
navait-il paS deacuteclareacute que cette forme de lutte eacutetait une atteinte permashy
nente agrave limage de marque du Seacuteneacutegal
Bien quil soit difficile de proposer une explication unique curiositeacute
esprit douvetture permeacuteabiliteacute aux modes bullbullbull les repreacutesentants de ce
groupe adoptet facilement des sports importeacutes 85 des goOts pour le 1
Judo le Karateacute et la Lutte Olympique qui pourtant est bien peu pratishy1
queacutee au Seacuteneacutegfll j
Faut-il en deacuted~~re une attitude geacuteneacuterale favoris~agrave tout ce qui provient
de leacutetranger
Nous nous refu~ons preacutesentement agrave ce genre dexplicationJ ne ser~it-ce que
par ses conseacuteqJences sur notre sport national dont les perspectives appashyj
raicirctraient bie sombres
Admettons que la pratique de ces disciplines sont en rapport avec des
deacuteterminants eacuteconomiques et que ceux-lagrave sont un frein P4ur la popularisashy
tion de ces pratiques A lappui de cette interpreacutetation~ il suffit de
composer le champ social du Judo et celui de la Lutte libre traditionnelle
--== G J
32
LUTTE SIHPLEJUDO FIGURE JI(
Le groupe 2 qui manifeste un inteacuterecirct reacuteel pour les sports de combat -pregraves
de 25 iuml de la population i~tervieweacutee- et qui p6ssegravede les ~oyens de choisir
ses pratiques opte massivement pour le judo CDnme lexprirre le rapport de
agrave 4
- shy
A la lumiegravere de cette succi~te analyse des demandes sociales en matiegravere
de pratique des sports de combat nous pensons recouper la theacuteorie de
lhabitus selon BOURDIEU qui veut que des hatitus diffeacuterents impliquent
des styles de vie divergents si lon entend par style de vie un systegraveme
de pratiques classeacutees et classantes(I)
La mutation de la socieacuteteacute seacuteneacutegalaise celle du milieu urbain se caracteacuteshy
rise par lapparition despaces sociaux qui sont en rapport avec des
espaces culturels Il en reacutesulte des pratiques distinctives comme
lexprime le pogam
En effet si les cateacutegories sociales existent et si chaccedilune delle exprime
une marque sur les conduites des sujets il est naturel ~e penser que des
pratiques1 sportives servent de modegraveles distinctifs et detrsymbOles dorgashy
nisation ieacuterarChique dans la socieacuteteacute exprimant les dif eacuterentes clas8eamp(2)
Ces const4tations ont dimportantes implications sur leeacuteveloppement et
lavenir des pratiques Si dans notre IIIegrave partie nous 1tenterons de 1
mettre en rapport les particulariteacutes ethniques avec les pluraliteacutes de
style de lutte nous parlons presque au passeacute Une IVegraveme partie devra
e~visager la situation actuelle de la lutte afin de pouvoir eacutemettre
qu~lques hypothegraveses sur son devenir
Cest auss~ une ambition de ce meacutemoire daider ceux qui sinteacuteressent reacuteellE
ment agrave la lutte de savoir entendre au travers des deacuteclarations normatives
et apologeacutetiques Nous ne doutons nullement de la conviction ou de la bonne
foi de leurs auteurs mais parmi les possibles il yale probable et seul
ceiui-lagrave meacuterite decirctre retenu car plus proche agravee la recirc~liteacute
(I) BOURDIEU pierre La distinction Les Editions de minuit 1979 page 191
(2) Le POgdlt Deacuterrocratisation du sport ythe (u reacutealiteacute
- 1f shy
j j l IlL DL l H L S DE
3 1 LA COll1ŒNAUTE DIOLA
311 Preacutesentation
Les diolas vivent dans la reacutegion de Casamance et repreacutesertent 9 de la
population totale du Seacuteneacutegal Ce sont geacuteneacuteralement des cultivateurs de
riz et des artisans Cependant on peut les trouver aujourdhui disperseacutes
dans toutes les capitales reacutegionales affecteacutes agrave divers meacutetiers militaire
gendarme fonctionnaires de lEtat ouvrier etc bullbullbull
Dans les villes la plus grande partie des diolas vit dans les qoartiers
populaires Par exemple agrave Dakar on les trouvera agrave Colobane agrave Fass agrave
Grand Yoff ou agrave Khar Yalla La plupart du temps cesDnt des artisans et des
ouvriers du secteur priveacute qui vont essayer dune maniegravere ou dune autre de
vivoter en bricolant deci de lagrave Mais mecircme loin de la Casamance cette
ethnie conserve une grande partie de ses caracteacuteristiques et plus partishy
culiegraverement la solidariteacute ethnique qui veut que les Diolas forment toujours
un bloc bien soudeacute quand le besoin se ifait sentir et cecisans discrimishy
nation de rang social Ainsi tous lesdiolas de Dakar se mobilisent pour
supporter le Casa Sport chaque fois qbe cette eacutequipe de foot-baIl vient
jouer agrave Dakar Cette mobilisation se fera aussi dans le cas ougrave leur chamshy
pion de lutte Mamadou SAKHO livre uncombatimportant
Lethnie diola est diviseacutee en trois sous-groupes
- les dio1as Fogny de Bignona
- les diolas Kassa autour dOussouye
- les diolas Blouf dans la preacutefecture de Tendouck
Mais en lutte on a pris lhabitude ~e les grouper en deux zones dune
part le Kassa qui preacutesente des particulariteacutes et dautre part lE Fogny
et le Blouf
- J 7 shy
3 ) 2 ~U(lquE5 aspects d~ l~ducatio~ ~t des rit~s en milieu diol~
L eacuteducat ion veacuteritable de lenfant diola est sociale et ne se corlprend
que dans la relation sociale elle deacutepasse de loin le strict cadre
famililal Elle commence au stade de lapprentissage du langage
Lenfant apprendra agrave reconnattre le langage du regard de ses parents
Il doit connaicirctre et faire la diffeacuterence entre un regard approbateur
et un regard qui blacircme De mecircme il doit apprendre agrave faire les gestes
de la tecircte qui expriment lapprobation En aucun cas lenfant nest
laisseacute agrave lui-mecircme Aura-t-il deacutesobeacuteit par complaisance naura-t-il pas
eacutecouteacute ou fait attention aux recommandations reacutepeacuteteacutees plusieurs fois
sans reacutesultat il fera lobjet dune punition corporelle avec la chicotte
Elle a pour effet de faire mal au corps de lenfant afin datteindre son
acircme sa sensibiliteacute et instaurer en lui une sorte de 1iaision de la
meacutemoire du mauvais comportement agrave la douleur quen voulant eacuteviter la
douleur il finit par eacuteviter le mauvais comportement en tout cas den
prendre conscience degraves cet acircge Cest une meacutethode deacuteducation mora1e (])
i 3121 Leacuteduca~ion maternelle
1
Notre eacutetude nous a montreacute que mecircme de nos jours leacuteducation diola
conserve encore ses caracteacuteristiques traditionnelles au niveau des rites
des moeurs des habitudes des principes et des normes
Leacuteducation de lenfant reste lune des plus rigoureuses Elle commence
degraves le plus bas acircge car pour le dio1a on ne peut redresser une personne
adulte donc autant leacuteduquer tregraves jeune Jusquagrave lacircge de trois ans
lenfant sera encadreacute par sa megravere qui bien queacutetant tregraves douce fait
preuve daucune indulgence Elle lui apprend les interdits de la communaushy
teacute respecter son prochain ne pas insulter ni profeacuterer de gros mots surshy
tout en preacutesence de grandes personnes ni faire violence agrave autrui
Plus terd v~rs cinq ou SlX ans le jeune garccedilon est initi~ a~x travaux
ces cna~ps des rizi~r~s cles pal~eraiEs ce Gui ne manquer6 pa5
davoir ces rEpcrcussic~s sur SOn deurovelopperncnt morpholoique
- 1( shy
3122 La circoncisio~
cest un rite obligatoire Il a pour but dintroduire le garccedilon dans
la communauteacute des hommes en tant que responsable Cest un rite qui
laisse une trace indeacuteleacutebile dans la vie du jeune diola Les principes
de la vie en socieacuteteacute y sont enseigneacutes agrave fond Le rite de la circoncishy
sion preacuteseuro~teuro uneuro forme p~lticul do~t s~uls les diolas connaissent
lorganisation internecar la circoncision est agrave la fois une eacutepreuve
physique intellectuelle et morale
Cette circoncision en milieu diola se passe dans le bois sacreacute En ce
lieu les Njoulis (circoncis) sont encadreacutes par des mattres les
Kintangs et au-dessus de ces mattres regravegnent un ecirctre doteacute de faculteacutes
occultes il sagit du Kankourang Le kankourang a cette capaciteacute de
disparattre de voler quand bon lui semble Il incarne la justice et la
violence et assure la protection de ses disciples contre les mauvais
esprits Ainsi le kankourang incite agrave lobeacuteissance et agrave lordre dans
cette socieacuteteacute Dans la tradition diola le kankourang repreacutesente un
pouvoir mystique capable de choses extraordinaires dont la socieacuteteacute
moderne avide de raisonnement ne pourra trouver une explication Au
cours de la circoncision les initieacutes subissent un certain nombre
deacutepreuves physiques que le diola appelle samasso Il doit se soushy
mettre agrave lensemble de ces eacutepreuves consideacutereacutees comme indispensables
agrave sa formation pour lui permettre de juger ses capaciteacutes physiques
mais eacutegalement deacutepouver sa valeur intellectuelle morale et sociale
Il pourra aussi se mesurer aux autres dans le domaine de la consideacuteration
et du respect En quittant le bois sacreacute le jeune doit posseacuteder une
grande partie des qualiteacutes humaines et socisles quil faut agrave un howmE
pour vivre en harmonie avec la socieacuteteacute traditionnelle Il serait bien
sOr possible dans le cadre dune eacutetude plus approfondie de parler de
bien dautres rites et pratiques traditionnelles
Notons cependant que le rite de la circoncision appartient aux anc~t~es
et que dans les villages reacutecents ougrave les structures ont changeacute on ne
Jeux jours avant la re~trfE cans le bois sacr[ les adolescents so~r
-
- Jo shy
por lE diola 11-071- doit rester en harrc1iE avec lE
tal lanimal lui-mecircme les ancecirctres les geacutenies Le rit~ du rasdge co~sist~
acirc ~loigner la ~alchance de lenfant Si l~ ritE nest pas respecteuro eumlr es
parents du futur initieacute celui-ci connaicirctra la malchance pendant toute sa viE
Ce rite a aussi pour faculteacute deacuteloigner le mal et de preacuteserver lenfant des
mauvais esprits
Le rite de leau sacreacutee se fait un jour avant lentreacutee dans le bois sacrEacute
Les femmes doivent se garder davoir le moindre contact avec leau beacutenite
pour se preacuteserver des conseacutequences facirccheuses qui pourraient en reacutesulter La
tradition veut quune seule goutte soit capable de deacuteclencher lavortement
l chez la femme enceinte de rendre steacuterile la jeune fille ou de provoquer des
menstrues perpeacutetuelles chez la femme ayant atteint la meacutenopause bull
bull Le rite de la forge protegravege le futur initieacute pendant son seacutejour dans le bois
sacreacute Mais cette protection seacutetend bien au-delagrave et de rite veut que toute
personne qui y faillit soit condamneacutee agrave devenir leacutepreuse
Pendant plusieurs semaines les jeunes initieacutes subissent une formation capishy
tale qui fera deux des hommes complets
313 Croyances et pratiques mystiques
Si nombreux sont les diolas convertis au Christianisme ou agrave lIslam leur
foi napparatt jamais incompatible avec leurs croyances animistes Lhisshy
toire des rois et reines diolas nous reacutevegravele quils eacutetaient les ffprecirctres fl de
ces cultes feacutetichistes destineacutes agrave maintenir la fertiliteacute et agrave provoquer
la chute des pluies De nos jours existent encore des socieacuteteacutes secregravetes agrave
base religieuse ou magique la plus redouteacutee eacutetant lassociation neacutecrophashy
gique Kousanga des Floup (1)
Deux fafu expliquent la coexistence du dogme et de la croyance
le contact tardif de la socieacuteteacute diola avec les civilisations eacutetrangegraveres
et leacutevangeacutelisation ou lislamisation quelles veacutehiculaient Il e~ reacutes~lt~
une importance des traditions leur reacutesstance agrave une remise en questic~ ce qui confegrave~e agrave la socieacuteteacute diola un caractegravere conservateur
r~c~~i]EE 2~fr~~ ~c - t
ct ~Cc egraveE~ Cimiddotilisatilaquo~ eacute
la neacutecessiteacute de lanimisme consiegraveeuroreacute comme base de toutes legrave~
religi0~s uumlegrave serait-ce que corr~e tentative ciexpliquer li1explishy
cable en se repreacutesentant en particulier comme un ensemble de puisshy
sances mystiques Ainsi pour lanimiste agir sur la nature cest
intervenir psychologiquement aupregraves de ceLX qui la gouvernent
314 Imeact des moeurs sur la prat~que de la lutte diola
Lorigine de la populariteacute de la lutte eugrave milieu diola est par trop
impreacutecise aussi nous nous limiterons agrave en donner la signification
actuelle La lutte apparatt dabord comme un moyen privileacutegieacute deacutedushy
cation
- sur le plan corporel afin de deacutevelopper la force lagiliteacute la
rapiditeacute et la souplesse
- sur le plan moral afin de deacutevelopper les vertus caracteacuterielles
courage tenaciteacute digniteacute bullbullbull neacuteces~aires agrave laction
Mais la lutte apparatt aussi comme un mpyen dinteacutegration sociale car
le jeune diola qui se refuserait agrave se sbumettre agrave leacutepreuve de la lutte
encourrait un isolement alors que celui qui excelle en bravoure devient
rapidement populaire Dougrave ces affrontements agrave linteacuterieur dune classe
dige qui tout en restant un moyen de reacutejouissance servent eacutegalement
agrave eacutetablir des comparaisons
Nos observations et nos interviews confirment le caractire tris physique
de la lutte diola immeacutediatement les lutteurs sont au corps agrave corps et
les techniques consistant agrave aracher ladversaire priment sur toutes les
autres Exprimer sa force est une preacuteoccupation constante il suffit pour
sen persuader de voir le groupe de lutteurs peacuteneacutetrer dans laregravene au son
du Born bol on que rythme le claquement de mains des femmes
C~tte da~se est une deacutebauche dAnegie Ougrave les lutteurs pieacutetin~Ert avec
force L sol
i shy
3141 EorphologUgrave et valeur physiques du lut teur diola
Le lutteur diola possegraveagrave~ un deacuteveloppement caracteacuteristique du trai~
supeacuterieur et de la musculature doso-lombaire Ceci est tregraves certaineshy
ment lieacute au maniement de la houe de la daba et surtout dukadiando
dont lusage permanent a modeleacute la morphologie du lutteur diola
La valeur physique de ce lutteur semble reposer sur sa force sa
reacutesistance mais aussi sa rapiditeacute
3142 Reacutepertoire technique
Dans le Blouf la forme du corps la plus utiliseacutee est le deacutecalage souvent
combineacute avec un crochet de jambe (gal gal) ceci semble ecirctre lieacute agrave
lutilisation quotidienne dans les riziegraveres du kadiando Le paysan du
Blouf sera ameneacute agrave faire un mouvement de torsion pour deacutecalerlinstrushy
ment enprenant appui sur son genou et ceci continuellEment pendant toute
la jourpeacutee Chez les diolas du Fogny le kadiando eacutefait surtout utiliseacute
par les femmes qui soccupaient autrefois exclusivement de la riziculture
et ce n~est quaujourdhui que les hommes cultivent le riz 1
La principale culture dans le Fogpy est celle du mil on y cultive aussi
de larachide De ce fait loutil le plus utiliseacute est le donkoton qui
est un instrument tregraves petit avec un manche court et dont le maniement
expliquerait peut-ecirctre leacutetonnante musculature du train supeacuterieur et surshy
tout de la zone dorso-lombaire du 4i6la fogny qui excelle dans les techshy
niques en force genre arracheacute avec les bras sur contrOle de la ceinture
de ladversaire Lulisation du donkoton semble eacutegalement expliquer la
garde tregraves basse du lutteur fogny
Dans le kassa on aurait pu trouver la mecircme forme de lutte car la morphoshy
logie du lutteur est agrave peu pregraves la mecircme mais linterdiction formelle de
la prise du ~gimbe modifie et limite tout le repertoire technicult2 ou
lutteur Le lutteur kassa adopte une garde basse et agrave une preacutefeacuterence pc~r
legraveS tc~-iccedilues n passa~ dessous - - ~ shymiddotmiddotcrc t--=~ c-
----
contact et agrave partir de ce TtoTteuront ils peuvent se relever et conti~uEr
en lutte debout jusquau terrassemen~
Toutes les gardes sont rapprocheacutees en milieu diola
irbi trage
Les combats sont arbitreacutes par un deacuteleacutegueacute geacuteneacuteralement anClen lutteur
Ces anciens lutteurs ont pour rocircle de veiller au bon deacuteroulement du
combat La victoire est deacutecreacuteteacutee dans les cas ougrave un des lutteurs se
retrouve en position assise sur le ventre sur la cuisse ou les
genoux (sauf dans le Kassa)
Il existe un autre mode de victoire celle qui est proclameacutee agrave la
suite dune supeacuterioriteacute eacutevidente du~ des lutteurs A savoir quand
un lutteur soulegraveve tregraves haut son camarade et que son manager estime i
quil est pratiquement battu il peut arrecircter le combat en touchant
dabord le lutteur adverse popr eacuteviter que son lutteur ne soit terrasseacute
tregraves fOrt Nest-ce pas un deacutecision sage des managers qui peut contribuer
agrave maintenir le caractegravere reacutecr~atif de la lutte joola 1
La victoire dun village sur un autre village ne se mesure pas au
nombre de victoires obtenues par lensemble des lutteurs En effet
il suffit que le champion soit battu pour que le village soit consideacutereacute
comme deacutefait Ce qui explique limportance et le seacuterieux que le village
accorde agrave la preacuteparation des championsl)
Il est cependant important de signaler que larbitrage dans les centres
urbains revecirct une iautre forme beaucoup plus codifieacutee et cest peut-ecirctre
une des raisons qui font quen milieu urbain la lutte diola perde une
partie de son originaliteacute
En dehors des techniques speacutecifiques agrave chaque sous-groupe il faut
signaler quil y a une multitude de prises et quelGues formes de corps
comTIunes agrave letnn Car reconnaissons qu il cO unE ror-euro approp=i~eacute
dE ~ouvane du l~tteur diola en TaI
-----~-----
LE tableau ci-dessous se propose dE reacutesumer les diffeacuterentes consideacuteshy
rations techniques envisagEacutees dans cette partie
FORlŒSSOGS-GRGUPES 1 COItltOLE GA~JESDt CORF=
i ~
1 1
Passage dessous de jambes et BassE KASSA saisies Moyenne1annexes bras (rapprocheacutee)
ceinture tecircte
Deacutecalage de Moyenne et BLOUF Demi-souplesse Ngimbe
HauteHancheacute Bras (rapprocheacutee)
Jambe
Arracheacute CouFOGNY Tregraves basse
Hancheacute ii 1
1 1
3 14 3 bull LeIIa~~jueetlecom~ortementdulutteur-+iola
1 Le comportement et lattitude du lutteur dans laregravene pe sont en fait
t
que le reflet de sa psychologie et plus partiCUliegraverem t de son eacutetat
dacircme Or il napparatt pas abusif deacutetablir des cor eacutelations entre
le psychisme dun individu et lempreinte eacuteducative quil a subie En effet en sortant du bois sacreacute le jeune diola a acquis un ~ca~~l
eacutequilibre physique et mental
Cette matrise de lui-mecircme permet au lutteur dans la~egravene dadopter
un aire enjoueacute de manifester beaucoup denthousiasme~ La lutte devient 1
essentiellement un jeu laspec ludique y est privileacutegieacute et ~ela influe
sur le comportement du lutteur
Ainsi queurolq~c soit limporta~cE de le~je~ le lutt~c~ dic1e Seuroreacute
to~jours serein et s~ livrera sa~s arri~re pe~s6e da~$ ~E CO=beacute ou-
tons que le lutteur diola est trecircs fair-play et sil arrive quun rdnd
lll L COIicircilU1Ul L ULOF
32 J Preacutesentation
La soc tEacute wucirc10f est celle qU1 a eacuteteacute la plus marqueacutee par la colonisation
~~ fait peut-gtre de sa position geuroographiquE dune part ct de 50~ imporshy
tanCE sur le plan dfmographiquE dautre part En effEt ceurootteuro CC-~ucircautE
wolof repreacutesente environ 20 de la population seacuteneacutegalaise
Elle est constitueacutee de pecirccheurs (ce sont les leacutebous) dagriculteurs de
fonctionnaires de lEtat mais surtout de commerccedilants
A pqrtir de leur reacutegime dimplantation le Cayor le Walo le Baol le
Djolof et la presquicircle du Cap-Vert les wolofs ont tendance agrave irradier
sur lensemble du territoire sous leffet de leur speacuteculation agrave la culshy
ture de larachide et du nombre important de fonctionnaires quon trouve
dans cette ethnie
322 Les moeurs et croyances wolofs
Bien queacutetant en grande partie des musulmans convaincus les wolofs
conservent toujours une croyance animiste et continuent agrave faire des
sacrifices agrave porter des cornes ou des morceaux de bois agrave la ceinture
aux jambes ou aux bras et agrave croire agrave lexistence des Djinneacutes et des
Raps bull
Le Djinneacute cest une creacuteature malfaisante en geacuteneacuteral capable de choses
extraordinaires Il possegravede des faculteacutes surnaturelles Cependant dapregraves
la croyance animiste certains Djinneacutes peuvent ecirctre bons
Le Hapl cest une creacuteature ayant des dons occultes appartena71t agrave une
famille ou agrave une communauteacute et dont le rOcircle est de veiller cu daider
les reCJrES de le fai11p ou dt la conmunauteacute en cas de da1gel Le Rap
~ ut te c ) ~~c-
ei sltcificE cJ sanl dE meut0 dL chat de pC)wleurot 5E1lt les conveuroshy
lances parfois leur dorner COrllTe offrande du lait Laii
Qua1d une famille ou une communauteacute neacuteglige les Sarakh (ici dans
le sens de sacrifice ou Offrande) elle se voit aussitocirct vouEacutee agrave la
maleacutediction des mauvais esprit~ (fcllec dans touteacuteS lEs ~treprises
de la vie maladie mort bullbullbull ) Les lieux ougrave habitent ls Taps et ougrave
se font les sacrifices se nomment Khambs
Geacuteneacuteralement le khamb se trouve dans lenceinte de la maison ou
dans un coin approprieacute du village Les lieux du khamb sont marqueacutes
par la disposition de calebasses de pilons de morceaux de poterie
briseacutes de grosses pierres de cornes et dautres objets heacuteteacuteroclytes
La superstition wolof est tregraves marqueacutee En effet pour le wolof toutes
les manifestations quotidiennes trouvent leur signification dans le
mysticisme Citons agrave cet effet quelques ezemples Une femme enceinte
ne doit pas marcher agrave nimporte quelle heure de la journeacutee Certaines
heures de la journeacutee lui sont interdites le Timiss (creacutepuscule
le Ndjo~or (de 13 H agrave 14 H de lapregraves-midi) le souf-segravede (de
minuit i4 H du matin) Selon la tradition ~t la croyance wolof les
mauvais ~sprits choisissent ces heures pour jeter des sorts Et la
femme enceinte eacutetant tregraves vulneacuterable le Djinneacute essaiera de lui insufshy
fler son souffle pour atteindre son beacutebeacute afin dentratner soit la
meacutetamorphose de cedernier en monstre soit de le tuer avant sa naissance
Dailleurs pour le wolof et pour certaines autres ethnies au Seacuteneacutegal
le timis le tdjolor le souf-segravede repreacutesentent des peacuteriodes de
la journeacutee ougrave lon ne doit pas se hasarder dans les rues et les champs
Ce sont des heures propices aux apparitions des Djinnes sous nimporte
quelle forme humaine ou animale
Il est eacutegalement interdit au wolof de marcher ou de serti la nuit du
~eacutellfria-
loutes c~s pratiques ~ystiqu~s et cr0ya~ces religi~us~5 ~xistent eL~~[
certainement dues agrave un meacutetissage culturel Parallegravelement aux feacutetiches
aux incantations et agrave lutilisation des safaras (substance magique)
notons lexistence de ga l a tchs (ce sOnt des talismans ougrave sont inscrits
du qui les porte Toutes ces croyances biEn sucircr auront une rEacutepercussicrI
sur leacuteducation du jeune wolof
323 Leacuteducation du wolof
Pour caracteacuteriser leacuteducation wolof nous avons penseacute donner comme
illustration cet extrait de la revue DEM ak TEY Pour deacutefinir leacutedushy
cation le wolof fait appel agrave un symbolisme qui eDglobe aussi bien les
moyens mis en oeuvre Yar que le reacutesultat obtenu agrave laide de ces mecircmes
moyens cest-agrave-dire la formation et le deacuteveloppement de lecirctre humain
ou Yaru
Le substantif Yar deacutesigne le fouet
Ce symbolisme deacutesigne donc au-delagrave du simple sens mateacuteriel de lobjet
lutilisation qui permet daboutir au reacutesultat escompteacute (Yaru) Au sens
geacuteneacuteral Yar deacutesigne tout instrument servant agrave infliger une punition Le
terme laisse supposer agrave priori que cette phase de lenfance durant lashy
quelle se preacutepare la vie de lhomme est lieacutee agrave la souffrance au supplice
Dailleurs une maxime wolof compare lenfant agrave une tige quon a tout le
loisir de redresser alors quelle est encore flexible bull
bullbullbull Pour leacuteducateur wolof la perfection nest point de ce monde malS
le devoir de chaque homme est de tendre vers la pleacutenitude en luttant
contre ses propres faiblesses Leacuteducation va d01c iisister essentielle~(-~t
sur lexercice quotidien de leacutelevation ffiora1e d~ lindividu Pour cela
elle privileacutegie la patience munI) vertu dabneacutegdtion et dE deacutesinteacuteresseshy
m(~t autour dE laquelle sarticulent toutes ]e~ ~u~~~s qualiteuros
i _
aan~ ~ s0cieacutet gt~olcf ocirclt~tartt nul -Jt- poulait sabecircisstr
tion de sa libertEacute La liberteacute est le preuumler drcmiddotir dE l ho-)euro egrave~S
baigner dans une beacuteate admiration du passeacute la comparaison avec le pr~$(middott
si~posc dclle-mecircme car lon reste s reacute devant la deacutesinvolture aVEC
laquelle dES honmes daujourdhui descendants de cette ~~~EacuteTatic ccedil~l se
une fois [largis bullbull tTasque fiers davoir fait leacute priS0n PEut-2tTE
faut-il mettre cela sur le compte de lurbanisation et des nouvelles
valeurs qui ont pour nom enrichissement reacuteussite sociale avec ce que
cela comporte de deacuteshumanisant et de deacutepreacuteciateur (1)
3 bull 2 bull 3 1 bull Lesri tes
Le sevrage et la circoncision constituent les deux grandes phases initiashy
tiques chez le wolof
- Le rituel du sevrage est appeleacute maga1 (litteacuteralement rendre grand)
Cest un eacutevegravenement important aussi bien pour les parents de lenfant que
pour la co~unauteacute Durant cet eacutevegravenement qui survient geacuteneacuteralement deux
ans apregraves la naissance du beacutebeacute les personnes vivant dans lentouragE
apportent leur soutien moral et mateacuteriel
- le rituel de la circoncision revecirct pratiquement la mecircme signification
que dans les autres ethnies seule la forme diffegravere La circoncision reste
encore une eacutepreuve de la vie au sort i r de laque Ile ladolescent devient un
homme Aujourdhui il faut noter une meacutetamorphose de la structure sociale
et des croyances religieuses tregraves accentueacutee aussi bien chez les wolof que
chez les autres groupes ethniques et ceci est peut-ecirctre dO au contact
permanent quils ont avec la socieacuteteacute occidentale
Malgreacute ces constat~tions il semblerait pcu=tant qUE la sociecirct~ lecircbou Gci
bien que se trouvaLt en grande partie dans ~a Presquth du Cap-ETt Et
en contact permane~t avec les blancs soit la portior la plu8 cc~serva-
----------~_- ---~-- -----
~
Incidences d s ~00urs sur la l~ttE
Le wolof connaicirct deux formes de luttes la lutte sirplE- sans t-t
la lutte avec frappe La lutte avec frappe a une crigi~e purement r
et ce nest que plus tard quelle devint une prati1uE sportive et lud
preacuteparer agrave la guerre Aussi tout en luttant On eacutetait autoris~ agrave frapper~
griffer mordre voire introduire son doigt dans loeil de son adversaire
Le jeune wolof devait eacutegalement se livrer agrave la lutte avec frappe afin de
favoriser son insertion dans la socieacuteteacute adulte et sinitier au meacutetier de
soldat faute de quoi il ne pouvait se faire entendre ne avoir des marques
de respect Pour montrer la populariteacute de la lutte dans le Cayor signalons
que les Damels ll (rois) et les Teignes (nobles) nheacutesitaient pas agrave sy
livrer Quant au IIMbeu~ (lutteur) elle lui servait de moyen de promotion
sociale car d8S que sa reacuteputation eacutetait eacutetablie il pouvait ecirctre choisi
par les rois et les nobles comme garde de corps
325 Signification de la lutte en milieu wolof
La lutte se pratique dabord pour lhonneur qui est une vertu tregraves signishy
ficative pour le wolof Elle permet de renforcer les liens amicaux entre
les jeunes de villages diffeacuterents Le champion veut gagner
confiance et la consideacuteration de son village de ses amis
Etre champion cest aussi susciter ladmiration chez les
sentant la force la viriliteacute et la deacutetermination
326 Organisation d~s eacutepreuves de lutte
3261 Les Mbapatts Ce sont les seacuteances nocturnes
pour meacuteriter la
et des anciens
filles en repreacuteshy
Ils sont organiseacutes apregraves les reacutecoltes agrave la fin de la saiscn des pluies
Ceci surtout p~ndant les peacuteriodes de clair de lune car ils peuven~ durEr
toute la nuit Le but des ~Dapatts lt=tait de prfpa-er FhysicuemeH et
~ arb Sil
326 Le 1
cest une organisation beaucoup plus importante que les I~apatts ~
loccasion de laquelle on peut voir plusieurs lutteurs de grande reDommfe
saffronteLLa fin dl lamb est toujours couronneacutee par une grand co~bat
duquel le vainqueur est sacreacute champion de la contrecirce
Le choix du lieu est lieacute agrave limportance de ce lieu dans le village cest
la place publique ougrave geacuteneacuteralement se passent toutes les manifestations
assembleacutee geacuteneacuterale sabar (danse) cest aussi lendroit ougrave sont prises
les grandes deacutecisions
3623 Lappariement
Dans un village ou un quartier les lutteurs se regroupent en lang
(eacutequipe) et jamais deux lutteurs de mecircme lang ne se rencontrent lors
du lamb
L appariement s~ fait librement entre lutteurs de lang diffeacuterents l1hs
une regravegle veut ~uavant de lutter avec le Mbeur Kanur de tel lang si
on est soukh (l~tteur pas encore confirmeacute) il est neacutecessaire de lutter
dabord avec ses soukh et ce nest quapregraves les avoir terrasseacutes tous
quon se voit octroyer la chance de lutter contre lui
Notons que la cateacutegorisation des lutteurs par poids nest jamais prise
en consideacuteration
3624 La tenue du lutteur ou NGIMBE
Le middotNGimbe est confectionneacute par le marabout de la famille ou du clan Il
est constituecirc de pagnes en coton tisseacute geacuteneacuteralement offerts par la megravere ou
la grand-megravere du lutteur ceci lors des organisations de ~rande Tportance
COrlune lef 1amb Dans le cadre des l-bapatt les pagnes sont C tErts peumlr
~~~rcfcis ct ffi~mc aujourdhui d218 cErtaInes fa~ille5 on devj~Gr
luttEur de pegravere en fils et dans ce cas h 1
gimbell du pEgravere Est recircr i tEacute
par le fils Le fait de porter le lI~gimbe agravee ses aiumleux peut susciter
cne~ le jeune lutteur une motivation et une volontecirc in~branlable rlasshy
surer 12 supeacuterioritEacute cis SIcirct-ns dallS
le xgimbe de la famille ne touche pas le sable
La tenue du lutteur a une signification et une importance sur le plan
mystique car selon les anciens le vrai feacutetiche du lutteur celui qui
le proteacutegera agrave vaincre le Djinneacute ou le Rap de ladversaire se trouve
cacheacute dans ce Ngimbe Celui qui confectionne-le Ngimbe est doueacute de
faculteacutes occultes
~~r~i~rg Il est assureacute par un sage du village qui geacuteneacuteralement fut
championde lutte de son temps Dailleurs cet ancien nintervient que
si le terrassement est litigieux
Hormis le public qui proclame la victoire ou le match nul le lutteur
lui-mecircme est arbitre et il arrive quil se deacuteclare vaincu ~ous
pouvons citer comme exemple Meacutedoune KHOULE un des plus grands lutteurs
seacuteneacutegalais qui a donneacute une victoire agrave Djeacuteri SADIO son adversaire qui a
reacuteussi agrave lui faire toucher le sol de la main
Il Y a terrassement quand le lutteur se retrouve
- assis sur le sol
- eacutetaleacute sur le dos
eacutetaleacute sur le cocircteacute
les deux genoux au sol
- les deux ma~ns au sol
la tecircte (front au sol agrave la suite dune brouette)
Il peut y aVOIr match nul si apregraves li1 temps ccmsideacuterable les lutteurs
SE sont ~ ivrEacutes respectivement agrave des assauts rEacutepEacutetEacutes et n arrivEt pas a
3265 L~ precircparation mystique
Il faut reconnattre quon ne peut parler de lutte en milieu wolof sans
envisager une preacuteparation mystique seacuterieuse Co~~e ~ous lEvans vu a~teacute-
1middot ~ d ~ ~rlturenent t0utes es actlvmiddotltesmiddot u W010 sont lles a SeS croyances
- la lutte ne concerne pas seule~ent deux acteurs se livrant faruumlucheshy
ment agrave un combat au milieu de laregravene mais eacutegalement les marabouts et les
feacutetichistes du village ou du clan qui doivent deacutefendre leur savoir et
leur prestige Avant le combat le lutteur doit se livrer agrave un certain
nombre de preacuteparations mystiques pour assurer sa victoire Aussi sommesshy
nous appeleacutes agrave parler de BACK (cest le chant et la danse du lutteur)
- le batteur de tam-tam compose un rythme en fonction du Galagne ou du
Senghor (gds-gris) du lutteur Chaque galagne sera choisi en fonction
du Rap ou du Djinneacute correspondant au Totem du lutteur
Le chant geacuterleacuterique Feinte woy veut dire litteacuteralement composer un 1
chant Ce chant est geacuteneacuteralement composeacute par les filles du viilage du
champion ou par un griot de sa communauteacute Et agrave travers ce chrnt on
arrive agrave toucher la corde sensible du lutteur en chantant lesl innombrables 1
victoires de ses ancecirctres ou en lui rappelant ses prouesses eacuteblatantes 1
Chaque lutteur doit avoir un chant et un back qui lui sont propres
327 Le reacutepertoire technique et les caracteacuteristiques physiques dulutteur wolof
Le lutteur wolof est geacuteneacuteralement moyen de taille la musculagraveture est
tregraves saillante ce qui fait ressortir un aspect tregraves athleacutetique ceci
est vrai sans exception pour le lutteur leacutebou mais il arrive que le Cacircyoshy
rien le baol-baol le walo-walo soient de grands gabarits de forte constishy
tution
CepEndant pour une meilleure compreacutehension du sujet nous pouvons eacutetudiEr
deux jroups d lut teurs qui vont deacuteterminer deux st yI e s de lut tes
- ~ t
les tc~tativ~s de~[reacutee e~ ramassement de jambes de la~v~sairL Ce~~
peut Ecirctre expliqueacute par le fait que les lutteurs leacutebou ou walo-walc qui
sont des pecirccheursadoptent cette garde tasseacutee du fait quils so~t tou-
jours pencheacutes en tirant le fil ou en poussant la plrogue On verra techrugravequeacutes dt cirr 2C ~lt 5Jllicitocirct
surLuumlut les membres supeacuterieurs
Le cayorien et le baol-baol par contre sont les plus grands cultivateurs
darachide chez eux les techniques de lutte sont plus varieacutees et la
garde est moins renfermeacutee Les lutteurs cayorien et baol-baol ont une
morphologie et une reacutepartition musculaire bien eacutequilibreacutee ils excellent
dans les techniques en deacutecalage les techniques de jambe et surtout les
techniques de riposte ougrave lon peut voir des prises de hancheacute tregraves amples
Dune maniegravere geacuteneacuterale on peut dire que le lutteur wolof est un fin
technicien qui sait surtout creacuteer les opportuniteacutes e~ avec sa rapiditeacute
utiliser la force de ladversaire pour le deacuteseacutequilibrer le noodju
le mbas le weacuteheacuteleacute et le rasu sont des techniques propres au lutteur
wolof
En deacutefense il utilise surtout des kl~klets ou gal-gal Notons que
le balancement des bras ou Lewato e$t tregraves marqueacute dans la lutte wolof
TABLEAU RECAPITULATIF DES COMPOSANTES TECHNIQUES
( 1 )
1 SOUS-GROUPES GARDES CONTROLES FORHES DE CORPS l
Walo-walo Basse de jambe Arracheacute l l10yenne de Ngimbe et i
Leacutebou Tasseacutee et saisies annexesj Deacutecalage 1 1 distante de bras de tecirct1
j de bras Deacutecalaeuro
~-----------------~-
- ~ ~- shy - ~ ~ bull L _ _ bull
Profil psyc~~iqUE du lutteu- et son comporterent dars l 2regravere
La preacuteparation mystique dans laregravene est plus marqueacutee chez les wolofs
que ChE~ les autres ethnies En effet on verra de grands champions
preliGrE plusiEurs heures pour Enduire leur corps de cll2badep ou ci
rmiddot- ~ a la proprieacuteteacute de proteacuteger li1egraveividu J
les mauvais sorts) Cest dailleurs un aspect dt la luttE qui iJcsc
des problegraveJles
Le lutteur wolof est tregraves superstitieux et la peacuteriode de preacuteparation
est capitale pour lui car elle permet non seulement de rendre
hommage aux ancecirctres mais aussi dintimider son adversaire Cest
geacuteneacuteralement un lutteur agressif combatif et teacutemeacuteraire Il se fait
souvent remarquer par son esprit dentreprise Mais cette fougue dans
le combat lamegravene parfois bien que ce soit regrettable agrave oublier les
usages et les normes Ce manque de maicirctrise de soi peut faire croire
que le lutteur wolof manque de fair-play ce qui nest pas toujours le
cas
~A~Ugrave~ t 4AA CbUrs k LA ucirctotve f~tPle Sesect prores mou W ~ lesquelles vont se couler les comporteme~ts individuels qui sont ainsi
monteacutes par et pour lautoriteacute sociale
Les faccedilons de boire de marcher ou de sasseoir se manifestent indivishy
duellement dans le corps de chaque personne ces habitus sont cependant
des montages sociaux lieacutes agrave des significationssymboliques variables
dailleurs selon la position sociale occupeacutee par chaque sujet Ces modes
dagir se rangent dans un systegraveme de montages symboliques et lindivishy
du les apprend de la socieacuteteacute dont il fait partie agrave la place quil occupe
Lhabitus est un montage social agrave la valeur symbolique deacutependant des pheacuteshy
nomegravenes deacuteducation et de prestige et lieacute agrave la position sociale du sujet
Cette penseacutee sonne de faccedilon eacutetonamment moderne
Pierre BOURDIEU qui dans une perspective a approfondi le contenue de la
notion en le reportant aux oppositions entre classes et fractions sociales
Il deacutefinit lhabitus comme un systegraveme de dispositions durables acquis au
cours dune histoire personnelle dans une milieu social donneacute systegraveme qui
engendre ensuite des pra~iques socialement deacutetermineacutees faccedilons de manger
de parler ou de marcher comportements de politesse contenu des preacutefeacuterencel
et des deacutegoOts bullbullbull lhabitus est le produit de conditions eacuteconomiques et
sociales Lauteur rattache directement la formation de lhabitus dun
individu agrave la trajectoire parcourue par celui-ci dans sa classe dapparteshy
nance il deacutefend lideacutee dun habitus de classe qui deacutefinit le sens confeacuteshy
reacute agrave la pratique sportive les profits qui en sont attendus
Ce dernier serait lui-m~me lieacute agrave un systegraveme de valeurs ou ETHOS de classe
prenant sens au sein doppositions distinctives entre classes sociales
De sorte lhabitus fonctionne comme un systegraveme dt- regravegles inteacuterioriseacutees
souvent informuleacutees permettant ou non agrave lagent de sadapter dembleacutee aux
multiples pratiques de la vie quotidienne et de la vie sportive il est agrave
lorigine des schegravemes de transcription qui favorisent les ajustements aux
situations corporelles nouvelles (1)
t ~
(1) P~IE11D dwi6Han ISpoy-l et sodeacutebi Approche Bocio-culturelle des pratiques P~tis Vigot 1981 page 81
33
331 Preacutesentation
Les Seacuteregravere auraient pour origine le Fouta Toro quils auraient quitteacute
vers le Xllegrave siegravecle pour fuir lislamisation de cette reacutegioD par lempire
dJ Xali (ils seraient donc apparEnt~s aux Peul et Toucouleur ) Ils
auraient trouveacute dans la rEacutegion du Sine les Sosseacute dorigine manding avec
lesquels ils salliegraverent
Au XVegrave siegravecle une autre immigrationSos~ conqueacuterante cette fois-ci
apporta son organisation eacutetatique Ils se divisegraverent en deux monarchies
deacutemocratiques lune seacutetablit au Sine et lautre au Saloum Les Sosseacute
conqueacuterants constituaient lautocratie appeleacutee Guelowar
La royauteacute seacuteregravere eacutetait laiumlque Les premiers souverains durent secouer
la tutelle des Toucouleur et progressivement arrivegraverent agrave unifier lethshy
nie des seacuteregravere etdea Sosseacute Les deux royauteacutes eacutetaient organiseacutees selon
acirces modegraveles tregraves deacutemocratiques Le souverain deacutependait dune assembleacutee
de ministres et de chefs locaux qui assuraient ladministration centrale
et reacutegionale())
Aujourdhui lethnie seacuteregravere repreacutesente 20 de la population seacuteneacutegalaise
Ils sont reacutepartis sur presque toute leacutetendue du territoire notamment
dans le Baol la reacutegion du Sine-Saloum et la reacutegion de Thiegraves
Signalons quil existe plusieurs sous-groupes dans lethnie ainsi on
trouvera
- dans la reacutegion de Thiegraves les Ndut les Safegravene et les None
- dans le Sine-Saloum les Sine-sine et les Saloum-salouIT
On trouvera vers foundioune et agrave Nioro du cocircteacute de la Gambie les
Niominka (pecirccheurs) Cest une portion tregraves mandinguiseacutee
( 1
Le rattache~2~t d~ to~s ccs sous-groupes pose problecircme ~25 0~ r0~V~
uc grande partie de traits COITul1uns dans leurs modes dE vie Ct pOUT phs
de faciliteacute nous allons essayer de faire une ~tude globale de la lutte
traditionnelle seacuterecircre Lactiviteacute socio-eacuteconomique qui est essentielleme~t
agro-pasorale caracteacuterisE leacutethnie seacuteregravere
332 Lecircducation les moeurs les croyances et pratiques sEr~rc
Chez les Seacuteregravere la vie humaine se deacuteroule selon les grandes eacutetapes
le baptecircme lenfance ladolescencemarqueacutee par la circoncision lsectge
adulte le mariage la vieillesse et la mort (funeacuterailles)
La vie de la communauteacute seacuteregravere reste une des plus originales sinon
celle qui de nos jours garde la presque totaliteacute des pratiques et
habitudes traditionnelles
Bien qu aujotltdhui con~r-tis aux religions chreacutetienne et musulmane les
Seacuteregravere conservent leurs croyances et pratiques animistes
Quelque soit leur degreacute dadheacutesion aux religions reacuteveacuteleacutees les Seacuteregravere
croient en un Dieu puissant et miseacutericordieux Rog Segravene et les hommes
Les ~angols sont repreacutesenteacutes mateacuteriellement dans tous les villages
seacuteregraveres par des arbres (baobab et tamariniers) des animaux (geacuteneacuteraleshy
ment serpent doreacute ou iguane) des ustensiles (pilon calebasse et mortier)
De nombreux teacutemoignages nous apprennent que certains totems (serpent
iguane) font leur apparicion agrave loccasion de certaines manifestations
rituelles comme les sacrifices ceacuteleacutebreacutes lors dun mariage de ceacutereacutemonies
mortuaires ou des circoncisions
Le Seacuteregravere comme il nous a eacuteteacute donneacute loccasion de le dire plus haut
preacutesente des speacutecificiteacutes authentiques aussi bien en tout ce qui touch~
son eacuteducation ses croyanCES et pratiques mystiques q~e ses activiteacute~
socio-ecirccc~omiquEs Apr~s a ~aissa~c~ le beurob~ ~~ pcs~ 5~~ lE S~ __
On lui mouille les l~vres avec un peu d~ lait de mil et apr~s U~ bain
purificateur on versera leau dans un trou cr~us~ derri~r~ la Camp~~
Pendant huit jours la megravere et lenfant sont cacheacutes dans la case car
selon les anciens ils sont tregraves vulneacuterables La case deacutens certains cas
est entoureacutee dun fil blanc et lon place sur le seuil des fais(cauy di
veacutegeacutetaux pour chasser les mauvais esprits (geacutenies malfaisants et illangeUY~
dacircmes) Au bout du huitiegraveme jour la megravere et lenfant peuvent sortir de
la case bull
bullbullbull Le matin du huitiegraveme jour la tante paternelle va chercher de leau
(plusieurs fois)t elle doit rester muette pendant ses alleacutees et venues
si elle parlait t lenfant pourrait ecirctre muet bullbullbull
La megravere et lenfant prennent un bain purificateur dans lequel sont
trempeacutees certaines plantes (ce sont des veacutegeacutetaux pr~tecteurs tels le
begravene le yag le ngud) On y lavera aussi le linge e1t les ustensiles utishyj
liseacutes pendant les huit jours qui viennet de seacutecoul~r On rase le crine
de lenfant Les cheveux sont donneacutes agrave la megravere qui ~s enterrera avec le
reste du cordon ombilical dans un endroit que11e esit seule agrave connattre
La megravere sassied sur une natte devant la maison Une femme igeacutee de la
famille prend le beacutebeacute dans ses bras et le preacutesente aux quatre coins de
lhorizon
La tante paternelle tient ensuite un van sur la tecircte de la megravere on y
verse le mil on y verse eacutegalement en abondance sur la megravere et sur
lenfant La tante oint ensuite le corps du beacutebeacute avec du lait e11e
touche en particulier le front t le nez la bouche la poitrine le dos
et les oreilles
Elle pose enfin un ~rain de sel dans la paume du beacutebeacute (le sel purifie
et deacutetruit les puissances mauvaises)
Apregraves un nouveau bain la megravere et lenfant revEcirctent des habits de fecircte
(est
lenfant Ce precircnore a toujours U~ SEns Il sy~bolise parfois C0 qUi
lOIl sounaitt agrave lEufant l)
La circoncision comme dans les autres ethnies est obligatoire Elle
permet au jeune adolescent dacceacuteder agrave la classe adulte Les jeunes
sont regroupes en classe dacircge dans le bois ougrave sc fait la r0tr~it0 des
circoncis et ceci pendant plusieurs mois
Le Selbeacute qui est geacuteneacuteralement un ancien craint de tous les eacutelegraveves
enseigne le respect de la hieacuterarchie la discreacutetion le goOt de linishy
tiative Les activiteacutes physiques et leacuteducation artistique ne sont pas
en reste la deacutecoration la sculpture la lutte et la danse A sa sortie
du bois linitieacute appartient deacutesormais agrave la classe des virils et des
sages du clan car on lui aura enseigneacute les vertus fondamentales que
sont la justice lhonneur lamour du prochain 1 amour du travail
lhonnecircteteacute et surtout le respect des coutumes ancestrales
Le rite du mariage esd aussi un fait tregraves important dans le monde 1
seacuteregravere mais par manq~e dinformation nous serons obligeacutes de nous en
tenir lagrave
333 Impact des ethos sur la lutte dans le monde seacuteregravere
Lorigine de la lutte seacuteregravere ne semble pas claire ma1S nous pouvons
dire quil existait deux formes de lutte comme chez les Wolofs une
lutte sans frappe et une lutte avec frappe Et cest cette derniegravere
qui peut-ecirctre nous ameacutenerait agrave croire que la lutte seacuteregravere aurait une
origine plus preacuteciseacutement guerriegravere
Aujourdhui la lutte est uniquement une activiteacute sportive agrave travers
laquelle le jeune seacuteregravere eacutevalue sa force son courage et SOn ingeacutenioshy
siteacute Cest une occasion de deacutefendre lhonneur de son village ou de
la corrnnunauteacute
La luttE ~5t avant tout u~e rnanifcs[dtic~ c~lturclie et surtout
fo lkhriqut-
Gracircce agrave elle on peut deacutesormais comprendre un certain nombre de chants
et de symboles A travers la lutte seacuteregravere on ccedilomprend les inter-relashy
tions entreacute la vie et le monde surntiturel
Sil devait y avoir la mort dun villageacuteois pendant la fecirctE au T qUE
de linterrompre on proceacutedait gracircce aux connaissances magico-religieuses
agrave la suspension de la mort jusquagrave une peacuteriode ougrave la population sera plus
disponible pour organiser des funeacuterailles sil y eacutetait preacutedit la possibishy
liteacute dune deacutefait du champion local au profit dun champion dun autre
village des recettes dordre maginque et religieux eacutetaient mises en prashy
tique afin que le champion du village ne soit jamais terrasseacute(J)
334 Le profil du lutteur seacuteregraver~
Le lutteur seacuteregravere est par essence un athlegravete impressionnant de par sa i
carrure et sa musculature saillante mais cest aussi une force tranquille
et calme quelque soit lenjeu du combagravet et particuliegraverement lhonneur
Cet aspect nous pousse agrave parler du NGiMBE cest-agrave-dire de la tenue du
lutteur qui va influencer sur sa faccedilon de lutter
La confection du Ngimbe revient agrave la communauteacute entiegravere Le Ngimbe a
une signification symbolique et le lutteur pour meacuteriter la confiance du
groupe se doit de tout faire pour ne pas toucher le sol Toute la commushy
nauteacute elle aussi sengage pour assurer la longeacuteviteacute et le succegraves du lutteur
dans laregravene par lorganisation droffrandes et de sacrifices en lhonneur
des Pangols bull
bull
Daucuns nheacutesitent pas agrave dire que lessentiel du mysticisme se fait agrave
la maison et non dans laregravene tout le reste nest quintimidation de
ladversaire
lsvcns
Tt- pi ~- t
t 1 ~ l _ ~ t
par rapport agrave lautre Cbci est trEgraves lieacute agrave lactiviteacute journaliegravere du
jeune seacuteregravere qui est un cultivateur donc toujours bien planteacute sur ses
jambes et qui continuellement manie lhiler
Le fait de couper le boi~ peut eacutegalement constituer un moyen de muscushy
lation non neacutegligeable pour le jeune lutteur
Un certain nombre de traits techniques speacutecifiques au lutteur seacuteregravere
semblent ressortir des diffeacuterentes interviews que nous aVOns fait subir
agrave certains lutteurs seacuteregraveres et agrave diffeacuterents techniciens
SOUS-GROUPES FORMES DU CORPS CONTROLES GARDES
SAFEN Moyenne en fente NONE Hancheacute Bras (distante) j
NDUTJ
f
SINE-SINE Deacutecalage Ngimbe
Moyenne
SALOUM-SALOUM Passage- Jambe (rapprocheacutee) 1
i
PETITE dessous Tecircte Basse et 1
COTE Moyenne (rapprocheacutee)
Notons que le Niominka ll commence agrave lutter agrave partir du sol pour avoir
assez deacutelan et sauter sur ladversaire afin davoir la prise du lion
(contr6le de la nuque et du bassin)
Co a -tem-nt ccedilt attitude du lutteur sEacuteregravere335 np -1t ~
Les croyances mystiques sont indissociables des activiteacutes quotidiennes
duseacuteregravere Ce qui explique le cocircteacute supersticieux du lutteur seacuteregravere En
~ffet certains lutteurs refusent de lutter avant certaines heures
Certains teacutemoignages nous apprennent quil nest pas donneacute agrave tout le
monde decirctre champion de lutte et que le lutteur doit avoir des dons
surnaturels pour ecirctre agrave mesure de livrer ses combats dans la nuit
et trouver seul un gris-gris speacutecial appeleacute Njatch
Le vrai champion de lutte chez les seacuteregraveres ne lutte pas seulement avec
~a force et sa technique mais surtout avec ses dons occultes
Chez les seacuteregraveres les morts sont toujours preacutesents et les ~pangols
Servent dintermeacutediaire entre les hommes et les morts Le pangol prend i
le nom dhumain dans certains villages (IIHeacuteJga NDONG Har Wag NGOUYE) i 1
De ce fait on verra le lutteur danser dufe maniegravere ou dune autre en
fonction du pangol de sa famille Ainsi nrus aurons le back (chant et
danse du lutteur) des DIOUF des FAYE etclbullbullbull
Dans laregravene le lutteur seacuteregravere a un comportement exemplaire aussi bien
agrave leacutegard de son adversaire direct quave~ le public en geacuteneacuteral Lexpli shy
cation semble tenir au fait que le lutteur seacuteregravere est avant tout selon
la tradition orale le repreacutesentant de toute la communauteacute seacuteregravere Par
conseacutequent il devra saffirmer non seulement en tant que lutteur dans
laregravene mais aussi en tant quentiteacute morale
336 La tenue du lutteur ou NGIMBE est confectionneacutee par le marabout de la
famille ou du clan Le Ngimbe est constitueacute de pagne en cCton tisseacute
Il doit ecirctre propre le lutteur qui le porte ne devra pas avoir de rapshy
port sexuel pendant toute la peacuteriode des cOTpeacutetitians car le Ngi~bE ne
doit pas ~tre souilleacute
Autrefois et mecircme aujourdthui dans certaines familles on devient
lutteur de pegravere en fils et dans ce cas le Ngimbe du pegravere est heacuteriteacute
par le fils Le fait de porter le Ngimbe de ses aieux peut susciter
chez le jeune lutteur une motivation et une volonteacute ineacutebranlable dtasshy
surer la supeacuterioriteacute d~s siens dans ltaregravene Il fera tout pour que le
Ngimbe de la ramille ne touche le sable
La tenue du lutteur a une signification et une importance sur le plan
mystique car selon les anciens le vra1 feacutetiche du lutteur celui qui
le proteacutegera et laidera agrave vaincre le nDjinne ou le tRapu de ladvershy
saire se trouve cacheacute dans ce Ngimbeu bull Celui qui confectionne donc le
Ngimbe U est doueacute de faculteacutes occultes
337 Larbitrase est assureacute par un sage du village qui geacuteneacuteralement fut
champion de lutte de son temps Dailleurs cet ancien nintervient que
si le terrassement est litigieux Hormis le public qui proclame la vicshy
toire ou le match nul le lutteur lui-mecircme est arbitre et il arrive
quil se deacuteclare vaincu
Nous avons pu cfter Meacutedoune KHOULE un desplus grands lutteurs seacuteneacutegashy
lais qui a donn~ une victoire agrave Djeacuteri SADIO son adversaire qui a reacuteussi
agrave lui faire touegraveher le sol de la main
IlL
34 1 Preacutesentation
Lethnie toucouleur vit En grandt partit ciE~~ la vallfc du S~~~gal
pt reprecircsente i peu pr~s 8 de la population totale secircn~galaise
o Histoire
Il semblerait que dans lancien royaume du Tekrour (IX~ siegravecle) des
eacuteleacutements neacutegroiumldes Sarakoleacute et des Peul aient formEacute par meacutetissage le
peuple Toucouleur (Toucouleur serait dailleurs une deacuteformation du
mot portugais Tacouror)
Ce empire a domineacute aussi bien les wolofs de lOuest que les Peul
nomades du Fouta Toro Cette reacutegion fut le premier pays islamiseacute par
les Almoravides ce qui peut expliquer le proseacutelytisme toucouleur
Ce sont les guerriers toucouleur islamiseacutes qui attaqu~rent avec les
Almoravides la capitale du Ghana Koumbi en 1067 On convertit par
la force les animistes Cest sans doute agrave cette eacutepoque que de nombreuses
ethnies reacutefractaires agrave lIslam ont dO accentuer leur migration vers
le sud (Seacuteregravere wolof Sarakoleacute Bambara Songhaiuml Akan et Peul se reacuteshy
fugiaient vers les hauteurs du Fouta Djalon)
Au XIXegrave siegravecle les Toucouleur allaient trouver en El Hadj Omar Tall
un grand conqueacuterent qui sous le preacutetexte religieux de la gJerre sainte
contre les tribus animistes (entre autres Bambara) eacutetendit lempire
toucouleur sur presque tout lensemble du gali et la partie de la Guineacutee
proche du l1ali
Lempire toucouleur composeacute de Sarakoleacute de Bambar~ de ~alinkeacute de
Xassonkeacute dE Peul et de Dogon eut le meurorit~ dunir CES diif~rentes ~ ~ - - - - - et~ics ~t dE CD~stituer l~Sl la b2S~ ~r 1
_ ~ ~ ~_ L ~
~ ~- ~- - - ---- _ 1 v _ t 1 ~-_ --
marabout tOL~culcuuml~ ~ middotlrrany a l ick SI venu des E1i rClS dE Pocior~ (
~ Vi~ euroconomicue et sociale -----------~-------------
Les Toucouleur sont des cultivateurs mais bien quils n~ soie~t pa~
pasteurs comrre les Peul leacutelevage a une place inportarteacute decirc1S ltur
eacutecono~ie Pour faciliter leur conquecircte guerriegraverE ils c~t Eucirc une preacuteshy
dilection pour leacutelevage des chevaux On y trouve aussi des pecirccheurs
appeleacutes Tchioubalo La socieacuteteacute toucouleur aurait une stratification
sociale tregraves rigide Les groupes ethniques et les castes eacutetaient
diffeacuterencieacutes et strictement exogamiques les Rimbe classe des nobles
comprenant la famille reacutegnante et les guerriers libres la classe des
Nieacutenieacutebegens de castes artisanales i les Rimaibeacute anciens esclaves
devenus serviteurs qui portent les noms de famille de leur maicirctres A
la base de lorganisation de la collectiviteacute toucouleur se situe le
village (Wouro)
Toutes ces castes sont cloisonneacutees entre elle~ Ainsi il nest pas
permis agrave un Torodo (noble) de se marier avec un Tchioubalo Ces
consideacuterations sont importantes dans le domaine de la lutte ougrave nous
apercevrons que les nobles ne sont pas faits pour lutter Le noble
preacutesidera les seacuteances de lutte et on luttera pour lui Ces condeacute rat ions
de noblesse et de rang social sont extrecircmement importantes dans le
monde toucouleur
Le noble ne doit pas se salir on lutte pour lui il ne vit la lutte
quen tant que spectateur
342 Education moeurs croyances et eratiques religieuses
Deux formes d~ducation sont agrave consideacuterer leacutedJcatio~ dES enfarts Et
celle des adultes
oG lenfant sait m2n~~r et apprfcier le goOt d~5 ~iifeurorents r~pas lt
le moment ougrave il CO~~e~CE agrave marcher
tivirt n~sormais le petit toucou]eur est eacuteduquf par toutmiddot 12 f2~i)]E
dabord puis par toutes lespersc~nes du village ou du C13~
Lenfant peut ~tre corrigeacute par tout adulte appartenant au groupe social
Son eacuteducation est deacutesormais laffaire de toute la communauteacute et non
exclusivement celle ces parents On linitie ainsi au travail quotidien
qui se fait dans la bergel~ e les champs et les bords du fleuve Au sein
du village il pourra apprendre agrave filer la laine et agrave tisser des pagnes
dans les champs il apprend agrave manier la houe et lhiler pour la culture
du riz et du mil Mais signalons que lactiviteacute essentielle du toucouleur
est leacutelevage des boeufs des moutons et des chegravevres Chez les Ichioushy
balos (p~cheurs ) lenfant sera initieacute tregraves tat au maniement des pagaies
agrave la p~che propremccedilnt dite et agrave la nage
Vers cinq-six ans lenfant est confieacute au maicirctre coranique le Ihierno
et ce dernier dispose exclusivement de toute sa vie Lavenir du jeune
enfant lui appartient
Comme dans les autres groupes ethniques les enfants sont regroupeacutes en
classe dacircge et cest dans cette structure que lenfant subit les rite
de passe et plus particuliegraverement celui de la circoncision
La circoncision est non seulement unE opeacuteration chirurgicale malS surshy
tout une peacuteriode au cours de laquelle le jeune garccedilon passe de leacutetat
dadolescent agrave leacutetat dadulte Les circoncis sont reacuteunis en classe
dacircge dans un endroit situeacute hors duvillage geacuteneacuteralement choisi par les
vieux Cet endroit n~st accessible que par des individus de SExe ffi8SCUshy
li~ ~ta~t au preacutealabl circoncis
- - - -
quable et complet sur le plan phy~ique et ~oral Ai~si liniti~
acquiert les qualitecircs indispensables que sont le courag~ la modest
lesprit de sacrifice lendurance
Le toucoule~r est un pleux musulma~ Cela sexp1
SOil le premier agrave tre en contact avec la religion musulmane de par sa
position frontaliegravere Lethnie toucouleur de par son histoire a preacutesenteacute
les plus grands chefs militaires et religieux musulmans seacuteneacutegalais Et
pour illustrer cela on peut citer en exemple la grande famille musulmane
des SY agrave TIVAOUANE repreacutesentant la confreacuterie des TIDJANES
Bien que lon note une majoriteacute musulmane on peut dire que certaines
croyances et pratiques mystiques et animistes persistent encore surtout
dans la reacutegion du fleuve
Une pratique courante se fait elle sappelle le Djatt Elle consiste
agrave faire sortir le caiman du fleuve agrave limmobiliser et agrave lattacher
sans quil ne reacuteagisse et tout ceci agrave laide de versets et dincantashy
tions magiques Dapregraves les teacutemoignages ces pratiques sont plutocirct
freacutequentes chez les Tchioubalos (pecirccheurs) Il arrive aussi que cershy
tains chasseurs ayant des dons se livrent agrave certaines pratiques an1shy
mis tes qui consistent agrave invoquer certaines puissances et agrave moduler sous
forme de chant des versets occultes pour se proteacuteger des mauvais esprits
et pour eacuteloigner les fauves Ce chant est geacuteneacuteralement incompreacutehensible
et deacutenueacute de sens pour le profane
343 Activiteacutes ludiques et pratiques sportives en milieu toucouleur
Durant toute son histoire lethnie ~oucouleur a toujours EacutetEacute Frese~teacute~
comme celle qui avait ue activit essentiellement guerr e e~ particushy
liegraverement farouche Trois eacuteleacutements ret r t l ecirc t te nt i c- euro so~t
le manie~~nt du ~acircton 12 luttE Et 1eacute danSE
l
Lecircducation ph~sique et artistique Dcc~pe un place precircpondecircra~rp
dans la fDrmat~on du jEune toucouleur A loccasion agraveeacutevegravenemen~ imporshy
tants reacutecoltJs mariages baptecircme nous assistons agrave des manifestashy
tions folkloriques de grande envergure le Wango oucirc dailse toucouleur
tregraves gymnique iles chants et surtout les sEacuteances de lutte
La lutte toucouleur est la forme de lutte la plus spectaclaire dans
tout le territoire seacuteneacutegalais Elle est essentiellement baseacutee sur des
techniques en hancheacute et surtout en souplesse Ceci sexplique par le
fait q~e le jeune toucouleur est tregraves tocirct initieacute agrave la gymnastique (saut 1
per saut de main salto arriegravere saut de tecircte couronneacute etc bullbullbull ) pour
la dans~ du wa~go En dansant le wango qui est une danse rythmeacutee et
gymnique le Jeune toucou1eur est capable de prouesses extraordinaires
1
En lutte lattaquant se deacuteplace tregraves peu pour avoir une bonne saisie
(geacuteneacutera~ement controcircle du Ngimben ) et enchaine brusqueme~t avec une
attaque surpris~ Cependant les ripostes sont souvent surprenantes et
spectaculaires (baseacutees sur la souplesse et la rapiditeacute) ontrairement
aux autr~s form~s de luttes ougrave lon voyait tous les jeune adheacuterer la
lutte to~cou1eur Verra un groupe de speacutecialistes sadonne agrave la lutte 1
(la lutte est lieacutee agrave la position sociale de lindividu problegraveme de
caste)
Q La morphologie du lutteur toucou1eur 1
1 1
Ce dernier nest pas aussi large et aussi fort que les lutteurs diola
et seacuteregravere Cependant il est tregraves reacutesistant La musculatJre est saillante 1
et tregraves souple lindividu est longiligne mais tregraves athleacutetique
Les mouvements de lutteurs sont semblables agrave ceux dun grand fe1in Cette 1
morphologie semble ecirctre lieacutee agrave la position geacuteographique de lethnie
(reacutegion du fleuve) et agrave lacitiviteacute socio-eacuteconomique du toucouleur qui
est agrave la fois cultivateur (activiteacute lieacutee agrave la crue et deacutecrUE du fleuve)
pecirccheuro~T CIcr~icubaon) et sttout jEumlrgcr qui est U~ rc~2eumlr
shy
Deux formes egrave~ corps sembl~nt ecirctre preacutefeacutereacutees du lutteur toucouleur
le hancheacute et la souplesse Les hancheacutes sont faits agrave partir de plusieurs
positions de doset se terminent geacuteneacuteralement par des techniques de
tregraves grande amplitude
TABLEAU RECAPITULATIF DES TECHNIQUES ET FORMES DE CORPS SPECIFIQUES
i
L441 r
GARDE FORMES DU CORPS CONTROLES --shy - -
Moyenne Souplesse Ngimbe
Hancheacute bras
Demi-souplesse
1
Profil psycholosigue 1
TECHNIQUES
ContrOle du bassin et 12 souplesse
arriegravere
Klicket et allegravegement de la hanche
Le lutteur toucouleur est celui lUi se livre le moins aux preacuteparaqons
maraboutiques Cela est dO au f~t que le toucouleur est un grand ~USUlshyman et que les pratiques animisges ont presque disparu dans ce mil~eu
Dans la pratique le lutteur esJ combaif mais il est calme et tr~s reacutefleacutechi quant agrave la deacutecision agrave prendre en plein corps agrave corps ct~st un des seuls techniciens qui reJte tregraves lucide au cours de ses comb~ts
l Dans toutes les circonstances e lutteur toucouleur est tenu de re~pecshyter son adversaire et ceux de s4n eacutequipemecircme sil est vaincu
Comme nous avons dO nous en rendre compte la rigueur des principes
eacuteducationnels a une influence tregraves sensible sur l~ comportement du
toucouleur
i
III S COCL ~s 1DO
Dans cette partie nous avons essay~ de montrer lftroite re1atic~
Entre les diverses activiteacutes socio-eacuteconomiques dans les ethnies et
lES diffEacuterentes faccedilons de lutter
Daucuns seraient tent~s de conclure trop rapidement et cest p0~r
cette raison que nOUS avons penseacute preacuteciser que le pheacutenotype nest
pas geacuteneacuterateur du geacutenotype Et nous sommes convaincus que la morphoshy
logie et les techniques des lutteurs relegravevent de leurs modes de vie
et de leurs croyances agrave une eacutepoque et danE un contexte bien deacutetermishy
neacutes
Est-ce que les lutteurs dio1a ou seacuteregravere travaillant avec leurs bras
dans les champs auraient les mecircmes pr 0 fil s physiques que les lutteurs
utilisant des machines pour lagriculture
- 69 shy
I UJOURDH~1 E-S ut O[l LES FORfilS Ut LU11t~
~otons que notre enqu~te a ecirctE essentiellement faiteen milieu urbain
Les seacuteances de lutte ont tendance agrave perdre leur particulariteacute de r~shy
jouissance pour devenir des pheacutenomegravenes de sportisatio Deux fores
de luttes so~t principale~cnt prat s dans les aregrave~es du 5 al
la lutte traditiunnelle simple et la lutte traditionnelle avec frappe
De nos jours la lutte traditionnelle tend vers une reacuteglementation
et une institutionalisation
Le reacutesultat de nos investigations nous donne le tableau ci-dessous
REPARTITION ETHNIQUE SUR 100 PRATIQUANTS
LUTTE LUTTE RAPPORTETHNIES SANS FRAPPE AVEC FRAPPE J2
Diola 40 16 71 j
Seacuteregravere 26 21 57
Toucouleur 23 10 69
Wolof 1 1 53 17
La demande sociale par ordre deacutecroissant pour la lutte sans frappe
se preacutesente comrre suit
]0_ Ethnie diola avec pregraves de 3 lutteur~ sur 4
2deg_ Ethnie toucouleur
Ethri dun
~ 1 LA LUTTE TR])IIIO~~ELLE AVEC H-PPE
Cette forme deacute lutte a une histoire qui date de lantiquiteacute elle
sa~pelait le Pugilat Au Seacuteneacutegal elle a vu le jour dans le Cayor
bien avant la colonisation Le coup dE pied l~Lrdn~lement la morshy
sure la frappe et le doigtf eacutetaient permis dans le cc=bat ~ ~middot~p0~~e
Dans certains cas la giffle eacutetait beaucoup plus dangereuse que le
poing quand elle eacutetait donneacutee par un speacutecialiste Cette giffle pouvait
agrave elle seule deacutechirer et mecircme parfois amputer la joue de ladverser
Selon les informations la lutte avec frappede nos jours serait une
forme de lutte tregraves eupheacutemiseacutee de celle dantan ougrave une blessure
pouvait souvent ecirctre mortelle
Aujourdhui au niveau du folklore la lutte na plus la mecircme
le spectaculaire a remplaceacute le significatif iLa lutte avec frappe se 1
pratique surtout dans les centres urbains C~aque fois quun grand combat 1
est progra~eacute par le Comiteacute National Proviso~re (CNP) des centaines damashy
teurs sont mobiliseacutes vers le stade lba Mar D~OP qui est aujourdhui le i
lieu approprieacute ougrave se deacuteroulent les grands conkbats de lutte Cest la formE
de lutte qui semble drainer une foule de personnes beaucoup plus importante
que celle de la lutte simple
La lutte avec frappe deacuteriverait dune forme de lutte traditionnelle
pratiqueacutee jadis dans le Cayor au temps des Damels et la frappe serait
le substitut dun certain nombre de pratiques doigteacute jet de produits
etc bullbullbull dont le but eacutetait laveuglement de ladversaire La lutte avec
frappe serait une continuation logique dune carriegravere sportive de la
lutte traditionnelle qui sen sert comme moyen socio-eacuteconomique En
effet la majoriteacute des lutteurs avec frappe ont dabord eacuteteacute initieacutes agrave la
lutte simple Cependant il faut signaler que de nOS jours il arrive
que le jeune lutteur avec frappE- soit directenent formEacute conne speacutecialistE
agrave la frappe sa~s pour autant faire son chemin dabcrd egravea~s la lutte
- ~ shy
Le recircsultat dE ~os interviews ncus rec~trE qGune pcpulatiD~ divcrsishy
fiampe sint~resse agrave ce sport et qUE les intecircr~[s des uns et d~SlautrE~
semble~t divergents naucuns affirment que la lutte traditionnelle
avec frappe serait monteacutee par des personnes dont la vocation est dexshy
ploiter ce pheacuteLomegravene agrave des fins commerciales Dautres disent gJellegrave
jouit de mcyens irport~nts t[l[~isio
tation etc bullbullbull ) pour toucher toutes les couches sociales CEpe~~a~t
nous remarquons que mecircme si certaines personnes reprochent agrave cette
forme de lutte decirctre brutale ces mecircmes personnes nheacutesitent pas agrave
se rendre le dimanche agrave laregravene Bien que critiqueacutee elle semble ecirctre
adopteacutee par une tregraves grande partie de la population seacuteneacutegalaise Cepenshy
dant en tant que techniciens il nous est permis de faire une remarque
Il sagit de
- Limpression nette decirctre devant des professionnels de la frappe
qui sont ~ntratneacutes pour cela Dailleurs les propos que nous avons
recueilli~ nous prouvent que la plupart des champions de lutte avec 1
frappe s~ntratnent dans certains sports de combat tels ~ue la boxe i 1
le karateacute le judo Dans cette nouvelle forme de pratique de la lutte
contrairefuent agrave la lutte traditionnelle le technicien e~t souvent
perdant face au puncheur Ce dernier adopte une lutte agrave distance qui
lui permet de placer agrave bon escient ses coups animeacute du deacutesir de vaincre
Le technicien lui se voit contreacute dans toutes ses entreprises par
un uppercut ou un crochet
On peut dire cependant que nul sport au Seacuteneacutegal que la lutte tradishy
tionnelle avec frappe ne deacutechaicircne autant de passions et autant de
pheacutenomegravenes poussant agrave lexcegraves et deacutereacuteglements quon ne peut que deacuteplorer
Mais comment deacutecrier un spectacle de lutte qui bien quayant perdu la
presque totaliteacute des valeurs traditionnelles veacutehiculeacutees autrefois par
elle sait susciter une participation effective de tous ceux qui sont
preacutesents
CONCLUSION
Dans ce meacutemoire nous sommes efforceacutes ~e faire ressort ir limportance des
ethos et des habitus et leurs effets sur la pratique de la lutte tradishy
tionnelle au Seacuteneacutegal
L~b egravethos repr~sentent dune maniegravere g~neurorale tous les eacuteleacutements speacutec
fiques sux Seacuteneacutegalais par conampeacuteguent un systegraveme de valeurs traditionnellEs
Mais m~me si ces valeurs rev~tent une signification universelle (honneur
digniteacute courage etc bullbullbull ) il nen demeure pas moins que ce nest pas leur
nature qui fait leur speacutecificiteacute mais la hieacuterarchisation et limportance i
quon accorde agrave toutes ces valeurs de ~ar leacuteducation ou la culture
i 1
Aussi les valeurs traditionnelles puient leur speacutecificiteacute dans les
caracteacuteristiques propres aux eacuteleacutements ~e la socio-cu1ture (la technologie
et leacuteconomie la politique et la pareteacute la psychologie et lideacuteologie)
dans la socieacuteteacute seacuteneacutegalaise agrave n momen donneacute de son eacutevolution Cest i
dire la neacuteceesiteacute de ne point faire della valeur une reacutealiteacute statique
Cest dite aussi quagrave tout mome~t le ~eacuteneacutegalais peut eacutevoluer et creacuteer
ou vivre par conseacutequent de nouv~lles fprmes de valeur qui lui sont 1
propres ft (J)
La lutte traditionnelle veacutehiculant deS valeurs socio-cu1ture1les speacutecishy
fiquement seacuteneacutegalaises (croyances valeurs morales norme de comportement
opinion attitude bullbullbull ) devient un eacuteleacutement important qui tregraves certaiaement
nous aidera dans notre effort de valoriser et de peacuterenniser notre patri shy
moine culturel par le biais dactiviteacutes physiques et sportives
Leacutetude des habitus nous permet de prouver quil y a plusieurs faccedilons
de se mouvoir comme danser lutter bullbullbull qui varient avec les diffeacuterentes
ethnies (wolof toucouleur seacuteregravere diolagt leurs convenances et leurs
eacuteducations
(1) Revue Ethiopiques 31 Les valeurs traditionnelles et le problegraveme de leur inteacutegration dans les systegravemes modernes jtducatio-1 2 6r--70
nautre part cette eacutetude permet aussi de nous rendrE compte de la
correacutelatipn eacutetroite existant entre la pratique de la lutte traditionnelle
et le sta~ut socio-eacuteconomique du pratiquant
Nos inves~igations nous indiquent que la lutte recrute essentiellement
au niveau des classes socio-eacuteconomiques situeacutees en bas de leacutechelle
donc posseacutedant le statut social le moins favoriseacute La lutte avec frappe
-et un certain secteur commercialiseacute de la lutte simple- y trouve sa
leacutegitimiteacute Comme le dit BOURDIEU nA habitus diffeacuterents styles de Vle
divergents et il oppse les pratiques aristocpatiques correspondants agrave
des activiteacutes qui favorisent les situations eupheacutemiseacutees ougrave la stylisashy
tion est importante aux pratiques populaires qui font appel agrave des
qualiteacutes qpposeacutees bllutes rugueuses Certaines interviews nous
montrent que plus lindividu occupe une place eacuteleveacutee dans leacutechelle
sQciale e~ 1
moin$ il sinteacuteresse agrave la lutte
Les reacutesultats recueillis dans nos diverses investig~tions confirment 1 1
1er propos qui disent que nous assistons aujourdhu~ agrave une involution
de la lutte traditionnelle parce que perdant toutes ses speacutecificiteacutes au 1
pryfit d~ne autre forme de lutte que lon continue agrave appeler nostalshy
giqlementIIlutte traditionnelle
Ceci pourrait peut-~tre trouver une explication dan la citation suivante
La liberteacute de creacuteer dinnover de vivre Pleineinenf decirctre soi et de
preacuteserver son authenticiteacute la digniteacute et lhonneu1demeurent des illushy
sions dans la misegravere eacuteconomique~ Nos ancecirctres creacuteai~nt des valeurs de cishyl
vilisation parce quils eacutetaient libres parce qu1i~s ignoraient toute
deacutependance eacuteconomique ils cultivaient en eux et cbez leurs enfants le 1
Jorn et la Kersa et preacutefeacuteraient la mort agrave la hoJte lI (1)
Or le Seacuteneacutegal comme la plupart des pays africainsi est un pays sousshy
deacuteveloppeacute t cependant face agrave cette volonteacute du gou~ernement seacuteneacutegalais
de faire inteacutegrer dans leacuteducation des valeurs traditionnelles nous
pouvons espeacuterer utiliser comme moyen deacuteducation la lutteacute traditionnelle
qui reste quand mecircme vecteur jethos et dhabit~s
- 54 shy
Mecircme si lon a noteacute un appauvrissement notoire sur les plans socioshy
culturel et moral la lutte traditionnelle recegravele une gamme importante
et varieacutee de techniques permettant incontestablement une ouverture vers
les luttes olympiques libre et g~eacuteco-romaine
La lecture de ce meacutemoire permettra agrave lentratneur et au professeur de
lutte en fonction du lieu ougrave ils seront affecteacutes dans le territoire
seacuteneacutegalaisdavoir une information sur les techniques contrOles et
formes de corps propres agrave chaque groupe ethnique et de les mettre en
relation avec leurs croyances et leurs mentaliteacutes
Nous avons essayeacute de montrer que la pratique de la lutte traditionnelle
doit tre axeacutee sur une ethnomotriciteacute au Seacuteneacutegal qui permette une inishy
tiation facile Cette pratique de la lutte traditionnelle seacuteneacutegalaise
devra dailleurs essayer de ~eacutepondre aux aspirations du Seacuteneacutegalaisl
moderne en souvrant aux ap~orts positifs des autres civilisations
ex~eacuterieures nous voulons Jvidemment parler du judo et des luttes oiymshyJ
piques 1
1 j Nous navons pas la preacutetentfon dans le cadre de ce meacutemoire demattrise
de reacutepondre agrave toutes les qutstions se rattachant agrave leacutetude de ~a lutte
traditionnelle souslangle~socio-culturel car non seulement il nous
manque lexpeacuterience et la c peacutetence en la mati~re mais aussil l le temps
et les moyens dont nous dis osions ne nous permettaient pas d~puiser le 1sujet i
1 1 1 t 1
l
- )5 shy
BIBLIOGRAPHIE
BIBLIOGRAPHIE
1- CLAPAREDE Psychologie de leacuteducation et peacutedagogie expeacuterimentale
Edition Delachaux et Niestleacute 244 pages
2- POCIELLC Christian Sport et Socieacuteteacute approche socio-culturelle
des pratiques Paris Vigot 1981 377 pages
3- PIERON Henri Vocabulaire de la psychologie
PUF Deuxiegraveme eacutedition 1957 469 pages
4- Revue socialiste de culture neacutegro-africaine ETHIOPIQUES
Les valeurs traditionnelles et le problegraveme de leur inteacutegration
dans les systegravemes modernes deacuteducation
GIA 21 Juillet 1982 213 pages
5- N2 Revue du Centre dEtudedes Civilisations DEM ak TEY
NIS IVegrave Trimestre 1982 96 pages
6- Document lNSEP Colloque sur la lutte aeacuteregravere
DAKAR MAI-JUIN 1980
t 1
~- Travaux du IVegrave Congregraves National ~es Sports agrave DAKAR les 2223041981
Bulletin n2 91 du CIO du 15 Aont 1965
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Etude et perspective
9- Meacutemoire Inspectorat JS DJITTE Mandy Les pratiques corporelles
traditionnelles au Seacuteneacutegal pour leur exploitation et leur
utilisation en peacutedagogie Marly le Roi 1980
REPUBLIQUE DU SENEGAL
--------------- INSTITUT NATIONAL SUPERIEUR
MINISTERE DE LA JEUNESSE DE LrsquoEDUCATION POPULAIRE
ET DES SPORTS ET DU SPORT
-------------
(INSEPS)
MEMOIRE DE MAIcircTRISE
Es-SCIENCES ET TECHNIQUES
DE LrsquoACTIVITE PHYSIQUE ET DU SPORT
LA LUTTE TRADITIONNELLE
son importance sa signification en fonction des ethos et des habitus ethniques au Seacuteneacutegal
Preacutesenteacute par
Monsieur Joseph Victor FAYE
Sous la direction de
M Jean Marc ROCHEZ
Professeur agrave lrsquoINSEPS
Anneacutee de soutenance 1984
- shy
A la lumiegravere de cette succi~te analyse des demandes sociales en matiegravere
de pratique des sports de combat nous pensons recouper la theacuteorie de
lhabitus selon BOURDIEU qui veut que des hatitus diffeacuterents impliquent
des styles de vie divergents si lon entend par style de vie un systegraveme
de pratiques classeacutees et classantes(I)
La mutation de la socieacuteteacute seacuteneacutegalaise celle du milieu urbain se caracteacuteshy
rise par lapparition despaces sociaux qui sont en rapport avec des
espaces culturels Il en reacutesulte des pratiques distinctives comme
lexprime le pogam
En effet si les cateacutegories sociales existent et si chaccedilune delle exprime
une marque sur les conduites des sujets il est naturel ~e penser que des
pratiques1 sportives servent de modegraveles distinctifs et detrsymbOles dorgashy
nisation ieacuterarChique dans la socieacuteteacute exprimant les dif eacuterentes clas8eamp(2)
Ces const4tations ont dimportantes implications sur leeacuteveloppement et
lavenir des pratiques Si dans notre IIIegrave partie nous 1tenterons de 1
mettre en rapport les particulariteacutes ethniques avec les pluraliteacutes de
style de lutte nous parlons presque au passeacute Une IVegraveme partie devra
e~visager la situation actuelle de la lutte afin de pouvoir eacutemettre
qu~lques hypothegraveses sur son devenir
Cest auss~ une ambition de ce meacutemoire daider ceux qui sinteacuteressent reacuteellE
ment agrave la lutte de savoir entendre au travers des deacuteclarations normatives
et apologeacutetiques Nous ne doutons nullement de la conviction ou de la bonne
foi de leurs auteurs mais parmi les possibles il yale probable et seul
ceiui-lagrave meacuterite decirctre retenu car plus proche agravee la recirc~liteacute
(I) BOURDIEU pierre La distinction Les Editions de minuit 1979 page 191
(2) Le POgdlt Deacuterrocratisation du sport ythe (u reacutealiteacute
- 1f shy
j j l IlL DL l H L S DE
3 1 LA COll1ŒNAUTE DIOLA
311 Preacutesentation
Les diolas vivent dans la reacutegion de Casamance et repreacutesertent 9 de la
population totale du Seacuteneacutegal Ce sont geacuteneacuteralement des cultivateurs de
riz et des artisans Cependant on peut les trouver aujourdhui disperseacutes
dans toutes les capitales reacutegionales affecteacutes agrave divers meacutetiers militaire
gendarme fonctionnaires de lEtat ouvrier etc bullbullbull
Dans les villes la plus grande partie des diolas vit dans les qoartiers
populaires Par exemple agrave Dakar on les trouvera agrave Colobane agrave Fass agrave
Grand Yoff ou agrave Khar Yalla La plupart du temps cesDnt des artisans et des
ouvriers du secteur priveacute qui vont essayer dune maniegravere ou dune autre de
vivoter en bricolant deci de lagrave Mais mecircme loin de la Casamance cette
ethnie conserve une grande partie de ses caracteacuteristiques et plus partishy
culiegraverement la solidariteacute ethnique qui veut que les Diolas forment toujours
un bloc bien soudeacute quand le besoin se ifait sentir et cecisans discrimishy
nation de rang social Ainsi tous lesdiolas de Dakar se mobilisent pour
supporter le Casa Sport chaque fois qbe cette eacutequipe de foot-baIl vient
jouer agrave Dakar Cette mobilisation se fera aussi dans le cas ougrave leur chamshy
pion de lutte Mamadou SAKHO livre uncombatimportant
Lethnie diola est diviseacutee en trois sous-groupes
- les dio1as Fogny de Bignona
- les diolas Kassa autour dOussouye
- les diolas Blouf dans la preacutefecture de Tendouck
Mais en lutte on a pris lhabitude ~e les grouper en deux zones dune
part le Kassa qui preacutesente des particulariteacutes et dautre part lE Fogny
et le Blouf
- J 7 shy
3 ) 2 ~U(lquE5 aspects d~ l~ducatio~ ~t des rit~s en milieu diol~
L eacuteducat ion veacuteritable de lenfant diola est sociale et ne se corlprend
que dans la relation sociale elle deacutepasse de loin le strict cadre
famililal Elle commence au stade de lapprentissage du langage
Lenfant apprendra agrave reconnattre le langage du regard de ses parents
Il doit connaicirctre et faire la diffeacuterence entre un regard approbateur
et un regard qui blacircme De mecircme il doit apprendre agrave faire les gestes
de la tecircte qui expriment lapprobation En aucun cas lenfant nest
laisseacute agrave lui-mecircme Aura-t-il deacutesobeacuteit par complaisance naura-t-il pas
eacutecouteacute ou fait attention aux recommandations reacutepeacuteteacutees plusieurs fois
sans reacutesultat il fera lobjet dune punition corporelle avec la chicotte
Elle a pour effet de faire mal au corps de lenfant afin datteindre son
acircme sa sensibiliteacute et instaurer en lui une sorte de 1iaision de la
meacutemoire du mauvais comportement agrave la douleur quen voulant eacuteviter la
douleur il finit par eacuteviter le mauvais comportement en tout cas den
prendre conscience degraves cet acircge Cest une meacutethode deacuteducation mora1e (])
i 3121 Leacuteduca~ion maternelle
1
Notre eacutetude nous a montreacute que mecircme de nos jours leacuteducation diola
conserve encore ses caracteacuteristiques traditionnelles au niveau des rites
des moeurs des habitudes des principes et des normes
Leacuteducation de lenfant reste lune des plus rigoureuses Elle commence
degraves le plus bas acircge car pour le dio1a on ne peut redresser une personne
adulte donc autant leacuteduquer tregraves jeune Jusquagrave lacircge de trois ans
lenfant sera encadreacute par sa megravere qui bien queacutetant tregraves douce fait
preuve daucune indulgence Elle lui apprend les interdits de la communaushy
teacute respecter son prochain ne pas insulter ni profeacuterer de gros mots surshy
tout en preacutesence de grandes personnes ni faire violence agrave autrui
Plus terd v~rs cinq ou SlX ans le jeune garccedilon est initi~ a~x travaux
ces cna~ps des rizi~r~s cles pal~eraiEs ce Gui ne manquer6 pa5
davoir ces rEpcrcussic~s sur SOn deurovelopperncnt morpholoique
- 1( shy
3122 La circoncisio~
cest un rite obligatoire Il a pour but dintroduire le garccedilon dans
la communauteacute des hommes en tant que responsable Cest un rite qui
laisse une trace indeacuteleacutebile dans la vie du jeune diola Les principes
de la vie en socieacuteteacute y sont enseigneacutes agrave fond Le rite de la circoncishy
sion preacuteseuro~teuro uneuro forme p~lticul do~t s~uls les diolas connaissent
lorganisation internecar la circoncision est agrave la fois une eacutepreuve
physique intellectuelle et morale
Cette circoncision en milieu diola se passe dans le bois sacreacute En ce
lieu les Njoulis (circoncis) sont encadreacutes par des mattres les
Kintangs et au-dessus de ces mattres regravegnent un ecirctre doteacute de faculteacutes
occultes il sagit du Kankourang Le kankourang a cette capaciteacute de
disparattre de voler quand bon lui semble Il incarne la justice et la
violence et assure la protection de ses disciples contre les mauvais
esprits Ainsi le kankourang incite agrave lobeacuteissance et agrave lordre dans
cette socieacuteteacute Dans la tradition diola le kankourang repreacutesente un
pouvoir mystique capable de choses extraordinaires dont la socieacuteteacute
moderne avide de raisonnement ne pourra trouver une explication Au
cours de la circoncision les initieacutes subissent un certain nombre
deacutepreuves physiques que le diola appelle samasso Il doit se soushy
mettre agrave lensemble de ces eacutepreuves consideacutereacutees comme indispensables
agrave sa formation pour lui permettre de juger ses capaciteacutes physiques
mais eacutegalement deacutepouver sa valeur intellectuelle morale et sociale
Il pourra aussi se mesurer aux autres dans le domaine de la consideacuteration
et du respect En quittant le bois sacreacute le jeune doit posseacuteder une
grande partie des qualiteacutes humaines et socisles quil faut agrave un howmE
pour vivre en harmonie avec la socieacuteteacute traditionnelle Il serait bien
sOr possible dans le cadre dune eacutetude plus approfondie de parler de
bien dautres rites et pratiques traditionnelles
Notons cependant que le rite de la circoncision appartient aux anc~t~es
et que dans les villages reacutecents ougrave les structures ont changeacute on ne
Jeux jours avant la re~trfE cans le bois sacr[ les adolescents so~r
-
- Jo shy
por lE diola 11-071- doit rester en harrc1iE avec lE
tal lanimal lui-mecircme les ancecirctres les geacutenies Le rit~ du rasdge co~sist~
acirc ~loigner la ~alchance de lenfant Si l~ ritE nest pas respecteuro eumlr es
parents du futur initieacute celui-ci connaicirctra la malchance pendant toute sa viE
Ce rite a aussi pour faculteacute deacuteloigner le mal et de preacuteserver lenfant des
mauvais esprits
Le rite de leau sacreacutee se fait un jour avant lentreacutee dans le bois sacrEacute
Les femmes doivent se garder davoir le moindre contact avec leau beacutenite
pour se preacuteserver des conseacutequences facirccheuses qui pourraient en reacutesulter La
tradition veut quune seule goutte soit capable de deacuteclencher lavortement
l chez la femme enceinte de rendre steacuterile la jeune fille ou de provoquer des
menstrues perpeacutetuelles chez la femme ayant atteint la meacutenopause bull
bull Le rite de la forge protegravege le futur initieacute pendant son seacutejour dans le bois
sacreacute Mais cette protection seacutetend bien au-delagrave et de rite veut que toute
personne qui y faillit soit condamneacutee agrave devenir leacutepreuse
Pendant plusieurs semaines les jeunes initieacutes subissent une formation capishy
tale qui fera deux des hommes complets
313 Croyances et pratiques mystiques
Si nombreux sont les diolas convertis au Christianisme ou agrave lIslam leur
foi napparatt jamais incompatible avec leurs croyances animistes Lhisshy
toire des rois et reines diolas nous reacutevegravele quils eacutetaient les ffprecirctres fl de
ces cultes feacutetichistes destineacutes agrave maintenir la fertiliteacute et agrave provoquer
la chute des pluies De nos jours existent encore des socieacuteteacutes secregravetes agrave
base religieuse ou magique la plus redouteacutee eacutetant lassociation neacutecrophashy
gique Kousanga des Floup (1)
Deux fafu expliquent la coexistence du dogme et de la croyance
le contact tardif de la socieacuteteacute diola avec les civilisations eacutetrangegraveres
et leacutevangeacutelisation ou lislamisation quelles veacutehiculaient Il e~ reacutes~lt~
une importance des traditions leur reacutesstance agrave une remise en questic~ ce qui confegrave~e agrave la socieacuteteacute diola un caractegravere conservateur
r~c~~i]EE 2~fr~~ ~c - t
ct ~Cc egraveE~ Cimiddotilisatilaquo~ eacute
la neacutecessiteacute de lanimisme consiegraveeuroreacute comme base de toutes legrave~
religi0~s uumlegrave serait-ce que corr~e tentative ciexpliquer li1explishy
cable en se repreacutesentant en particulier comme un ensemble de puisshy
sances mystiques Ainsi pour lanimiste agir sur la nature cest
intervenir psychologiquement aupregraves de ceLX qui la gouvernent
314 Imeact des moeurs sur la prat~que de la lutte diola
Lorigine de la populariteacute de la lutte eugrave milieu diola est par trop
impreacutecise aussi nous nous limiterons agrave en donner la signification
actuelle La lutte apparatt dabord comme un moyen privileacutegieacute deacutedushy
cation
- sur le plan corporel afin de deacutevelopper la force lagiliteacute la
rapiditeacute et la souplesse
- sur le plan moral afin de deacutevelopper les vertus caracteacuterielles
courage tenaciteacute digniteacute bullbullbull neacuteces~aires agrave laction
Mais la lutte apparatt aussi comme un mpyen dinteacutegration sociale car
le jeune diola qui se refuserait agrave se sbumettre agrave leacutepreuve de la lutte
encourrait un isolement alors que celui qui excelle en bravoure devient
rapidement populaire Dougrave ces affrontements agrave linteacuterieur dune classe
dige qui tout en restant un moyen de reacutejouissance servent eacutegalement
agrave eacutetablir des comparaisons
Nos observations et nos interviews confirment le caractire tris physique
de la lutte diola immeacutediatement les lutteurs sont au corps agrave corps et
les techniques consistant agrave aracher ladversaire priment sur toutes les
autres Exprimer sa force est une preacuteoccupation constante il suffit pour
sen persuader de voir le groupe de lutteurs peacuteneacutetrer dans laregravene au son
du Born bol on que rythme le claquement de mains des femmes
C~tte da~se est une deacutebauche dAnegie Ougrave les lutteurs pieacutetin~Ert avec
force L sol
i shy
3141 EorphologUgrave et valeur physiques du lut teur diola
Le lutteur diola possegraveagrave~ un deacuteveloppement caracteacuteristique du trai~
supeacuterieur et de la musculature doso-lombaire Ceci est tregraves certaineshy
ment lieacute au maniement de la houe de la daba et surtout dukadiando
dont lusage permanent a modeleacute la morphologie du lutteur diola
La valeur physique de ce lutteur semble reposer sur sa force sa
reacutesistance mais aussi sa rapiditeacute
3142 Reacutepertoire technique
Dans le Blouf la forme du corps la plus utiliseacutee est le deacutecalage souvent
combineacute avec un crochet de jambe (gal gal) ceci semble ecirctre lieacute agrave
lutilisation quotidienne dans les riziegraveres du kadiando Le paysan du
Blouf sera ameneacute agrave faire un mouvement de torsion pour deacutecalerlinstrushy
ment enprenant appui sur son genou et ceci continuellEment pendant toute
la jourpeacutee Chez les diolas du Fogny le kadiando eacutefait surtout utiliseacute
par les femmes qui soccupaient autrefois exclusivement de la riziculture
et ce n~est quaujourdhui que les hommes cultivent le riz 1
La principale culture dans le Fogpy est celle du mil on y cultive aussi
de larachide De ce fait loutil le plus utiliseacute est le donkoton qui
est un instrument tregraves petit avec un manche court et dont le maniement
expliquerait peut-ecirctre leacutetonnante musculature du train supeacuterieur et surshy
tout de la zone dorso-lombaire du 4i6la fogny qui excelle dans les techshy
niques en force genre arracheacute avec les bras sur contrOle de la ceinture
de ladversaire Lulisation du donkoton semble eacutegalement expliquer la
garde tregraves basse du lutteur fogny
Dans le kassa on aurait pu trouver la mecircme forme de lutte car la morphoshy
logie du lutteur est agrave peu pregraves la mecircme mais linterdiction formelle de
la prise du ~gimbe modifie et limite tout le repertoire technicult2 ou
lutteur Le lutteur kassa adopte une garde basse et agrave une preacutefeacuterence pc~r
legraveS tc~-iccedilues n passa~ dessous - - ~ shymiddotmiddotcrc t--=~ c-
----
contact et agrave partir de ce TtoTteuront ils peuvent se relever et conti~uEr
en lutte debout jusquau terrassemen~
Toutes les gardes sont rapprocheacutees en milieu diola
irbi trage
Les combats sont arbitreacutes par un deacuteleacutegueacute geacuteneacuteralement anClen lutteur
Ces anciens lutteurs ont pour rocircle de veiller au bon deacuteroulement du
combat La victoire est deacutecreacuteteacutee dans les cas ougrave un des lutteurs se
retrouve en position assise sur le ventre sur la cuisse ou les
genoux (sauf dans le Kassa)
Il existe un autre mode de victoire celle qui est proclameacutee agrave la
suite dune supeacuterioriteacute eacutevidente du~ des lutteurs A savoir quand
un lutteur soulegraveve tregraves haut son camarade et que son manager estime i
quil est pratiquement battu il peut arrecircter le combat en touchant
dabord le lutteur adverse popr eacuteviter que son lutteur ne soit terrasseacute
tregraves fOrt Nest-ce pas un deacutecision sage des managers qui peut contribuer
agrave maintenir le caractegravere reacutecr~atif de la lutte joola 1
La victoire dun village sur un autre village ne se mesure pas au
nombre de victoires obtenues par lensemble des lutteurs En effet
il suffit que le champion soit battu pour que le village soit consideacutereacute
comme deacutefait Ce qui explique limportance et le seacuterieux que le village
accorde agrave la preacuteparation des championsl)
Il est cependant important de signaler que larbitrage dans les centres
urbains revecirct une iautre forme beaucoup plus codifieacutee et cest peut-ecirctre
une des raisons qui font quen milieu urbain la lutte diola perde une
partie de son originaliteacute
En dehors des techniques speacutecifiques agrave chaque sous-groupe il faut
signaler quil y a une multitude de prises et quelGues formes de corps
comTIunes agrave letnn Car reconnaissons qu il cO unE ror-euro approp=i~eacute
dE ~ouvane du l~tteur diola en TaI
-----~-----
LE tableau ci-dessous se propose dE reacutesumer les diffeacuterentes consideacuteshy
rations techniques envisagEacutees dans cette partie
FORlŒSSOGS-GRGUPES 1 COItltOLE GA~JESDt CORF=
i ~
1 1
Passage dessous de jambes et BassE KASSA saisies Moyenne1annexes bras (rapprocheacutee)
ceinture tecircte
Deacutecalage de Moyenne et BLOUF Demi-souplesse Ngimbe
HauteHancheacute Bras (rapprocheacutee)
Jambe
Arracheacute CouFOGNY Tregraves basse
Hancheacute ii 1
1 1
3 14 3 bull LeIIa~~jueetlecom~ortementdulutteur-+iola
1 Le comportement et lattitude du lutteur dans laregravene pe sont en fait
t
que le reflet de sa psychologie et plus partiCUliegraverem t de son eacutetat
dacircme Or il napparatt pas abusif deacutetablir des cor eacutelations entre
le psychisme dun individu et lempreinte eacuteducative quil a subie En effet en sortant du bois sacreacute le jeune diola a acquis un ~ca~~l
eacutequilibre physique et mental
Cette matrise de lui-mecircme permet au lutteur dans la~egravene dadopter
un aire enjoueacute de manifester beaucoup denthousiasme~ La lutte devient 1
essentiellement un jeu laspec ludique y est privileacutegieacute et ~ela influe
sur le comportement du lutteur
Ainsi queurolq~c soit limporta~cE de le~je~ le lutt~c~ dic1e Seuroreacute
to~jours serein et s~ livrera sa~s arri~re pe~s6e da~$ ~E CO=beacute ou-
tons que le lutteur diola est trecircs fair-play et sil arrive quun rdnd
lll L COIicircilU1Ul L ULOF
32 J Preacutesentation
La soc tEacute wucirc10f est celle qU1 a eacuteteacute la plus marqueacutee par la colonisation
~~ fait peut-gtre de sa position geuroographiquE dune part ct de 50~ imporshy
tanCE sur le plan dfmographiquE dautre part En effEt ceurootteuro CC-~ucircautE
wolof repreacutesente environ 20 de la population seacuteneacutegalaise
Elle est constitueacutee de pecirccheurs (ce sont les leacutebous) dagriculteurs de
fonctionnaires de lEtat mais surtout de commerccedilants
A pqrtir de leur reacutegime dimplantation le Cayor le Walo le Baol le
Djolof et la presquicircle du Cap-Vert les wolofs ont tendance agrave irradier
sur lensemble du territoire sous leffet de leur speacuteculation agrave la culshy
ture de larachide et du nombre important de fonctionnaires quon trouve
dans cette ethnie
322 Les moeurs et croyances wolofs
Bien queacutetant en grande partie des musulmans convaincus les wolofs
conservent toujours une croyance animiste et continuent agrave faire des
sacrifices agrave porter des cornes ou des morceaux de bois agrave la ceinture
aux jambes ou aux bras et agrave croire agrave lexistence des Djinneacutes et des
Raps bull
Le Djinneacute cest une creacuteature malfaisante en geacuteneacuteral capable de choses
extraordinaires Il possegravede des faculteacutes surnaturelles Cependant dapregraves
la croyance animiste certains Djinneacutes peuvent ecirctre bons
Le Hapl cest une creacuteature ayant des dons occultes appartena71t agrave une
famille ou agrave une communauteacute et dont le rOcircle est de veiller cu daider
les reCJrES de le fai11p ou dt la conmunauteacute en cas de da1gel Le Rap
~ ut te c ) ~~c-
ei sltcificE cJ sanl dE meut0 dL chat de pC)wleurot 5E1lt les conveuroshy
lances parfois leur dorner COrllTe offrande du lait Laii
Qua1d une famille ou une communauteacute neacuteglige les Sarakh (ici dans
le sens de sacrifice ou Offrande) elle se voit aussitocirct vouEacutee agrave la
maleacutediction des mauvais esprit~ (fcllec dans touteacuteS lEs ~treprises
de la vie maladie mort bullbullbull ) Les lieux ougrave habitent ls Taps et ougrave
se font les sacrifices se nomment Khambs
Geacuteneacuteralement le khamb se trouve dans lenceinte de la maison ou
dans un coin approprieacute du village Les lieux du khamb sont marqueacutes
par la disposition de calebasses de pilons de morceaux de poterie
briseacutes de grosses pierres de cornes et dautres objets heacuteteacuteroclytes
La superstition wolof est tregraves marqueacutee En effet pour le wolof toutes
les manifestations quotidiennes trouvent leur signification dans le
mysticisme Citons agrave cet effet quelques ezemples Une femme enceinte
ne doit pas marcher agrave nimporte quelle heure de la journeacutee Certaines
heures de la journeacutee lui sont interdites le Timiss (creacutepuscule
le Ndjo~or (de 13 H agrave 14 H de lapregraves-midi) le souf-segravede (de
minuit i4 H du matin) Selon la tradition ~t la croyance wolof les
mauvais ~sprits choisissent ces heures pour jeter des sorts Et la
femme enceinte eacutetant tregraves vulneacuterable le Djinneacute essaiera de lui insufshy
fler son souffle pour atteindre son beacutebeacute afin dentratner soit la
meacutetamorphose de cedernier en monstre soit de le tuer avant sa naissance
Dailleurs pour le wolof et pour certaines autres ethnies au Seacuteneacutegal
le timis le tdjolor le souf-segravede repreacutesentent des peacuteriodes de
la journeacutee ougrave lon ne doit pas se hasarder dans les rues et les champs
Ce sont des heures propices aux apparitions des Djinnes sous nimporte
quelle forme humaine ou animale
Il est eacutegalement interdit au wolof de marcher ou de serti la nuit du
~eacutellfria-
loutes c~s pratiques ~ystiqu~s et cr0ya~ces religi~us~5 ~xistent eL~~[
certainement dues agrave un meacutetissage culturel Parallegravelement aux feacutetiches
aux incantations et agrave lutilisation des safaras (substance magique)
notons lexistence de ga l a tchs (ce sOnt des talismans ougrave sont inscrits
du qui les porte Toutes ces croyances biEn sucircr auront une rEacutepercussicrI
sur leacuteducation du jeune wolof
323 Leacuteducation du wolof
Pour caracteacuteriser leacuteducation wolof nous avons penseacute donner comme
illustration cet extrait de la revue DEM ak TEY Pour deacutefinir leacutedushy
cation le wolof fait appel agrave un symbolisme qui eDglobe aussi bien les
moyens mis en oeuvre Yar que le reacutesultat obtenu agrave laide de ces mecircmes
moyens cest-agrave-dire la formation et le deacuteveloppement de lecirctre humain
ou Yaru
Le substantif Yar deacutesigne le fouet
Ce symbolisme deacutesigne donc au-delagrave du simple sens mateacuteriel de lobjet
lutilisation qui permet daboutir au reacutesultat escompteacute (Yaru) Au sens
geacuteneacuteral Yar deacutesigne tout instrument servant agrave infliger une punition Le
terme laisse supposer agrave priori que cette phase de lenfance durant lashy
quelle se preacutepare la vie de lhomme est lieacutee agrave la souffrance au supplice
Dailleurs une maxime wolof compare lenfant agrave une tige quon a tout le
loisir de redresser alors quelle est encore flexible bull
bullbullbull Pour leacuteducateur wolof la perfection nest point de ce monde malS
le devoir de chaque homme est de tendre vers la pleacutenitude en luttant
contre ses propres faiblesses Leacuteducation va d01c iisister essentielle~(-~t
sur lexercice quotidien de leacutelevation ffiora1e d~ lindividu Pour cela
elle privileacutegie la patience munI) vertu dabneacutegdtion et dE deacutesinteacuteresseshy
m(~t autour dE laquelle sarticulent toutes ]e~ ~u~~~s qualiteuros
i _
aan~ ~ s0cieacutet gt~olcf ocirclt~tartt nul -Jt- poulait sabecircisstr
tion de sa libertEacute La liberteacute est le preuumler drcmiddotir dE l ho-)euro egrave~S
baigner dans une beacuteate admiration du passeacute la comparaison avec le pr~$(middott
si~posc dclle-mecircme car lon reste s reacute devant la deacutesinvolture aVEC
laquelle dES honmes daujourdhui descendants de cette ~~~EacuteTatic ccedil~l se
une fois [largis bullbull tTasque fiers davoir fait leacute priS0n PEut-2tTE
faut-il mettre cela sur le compte de lurbanisation et des nouvelles
valeurs qui ont pour nom enrichissement reacuteussite sociale avec ce que
cela comporte de deacuteshumanisant et de deacutepreacuteciateur (1)
3 bull 2 bull 3 1 bull Lesri tes
Le sevrage et la circoncision constituent les deux grandes phases initiashy
tiques chez le wolof
- Le rituel du sevrage est appeleacute maga1 (litteacuteralement rendre grand)
Cest un eacutevegravenement important aussi bien pour les parents de lenfant que
pour la co~unauteacute Durant cet eacutevegravenement qui survient geacuteneacuteralement deux
ans apregraves la naissance du beacutebeacute les personnes vivant dans lentouragE
apportent leur soutien moral et mateacuteriel
- le rituel de la circoncision revecirct pratiquement la mecircme signification
que dans les autres ethnies seule la forme diffegravere La circoncision reste
encore une eacutepreuve de la vie au sort i r de laque Ile ladolescent devient un
homme Aujourdhui il faut noter une meacutetamorphose de la structure sociale
et des croyances religieuses tregraves accentueacutee aussi bien chez les wolof que
chez les autres groupes ethniques et ceci est peut-ecirctre dO au contact
permanent quils ont avec la socieacuteteacute occidentale
Malgreacute ces constat~tions il semblerait pcu=tant qUE la sociecirct~ lecircbou Gci
bien que se trouvaLt en grande partie dans ~a Presquth du Cap-ETt Et
en contact permane~t avec les blancs soit la portior la plu8 cc~serva-
----------~_- ---~-- -----
~
Incidences d s ~00urs sur la l~ttE
Le wolof connaicirct deux formes de luttes la lutte sirplE- sans t-t
la lutte avec frappe La lutte avec frappe a une crigi~e purement r
et ce nest que plus tard quelle devint une prati1uE sportive et lud
preacuteparer agrave la guerre Aussi tout en luttant On eacutetait autoris~ agrave frapper~
griffer mordre voire introduire son doigt dans loeil de son adversaire
Le jeune wolof devait eacutegalement se livrer agrave la lutte avec frappe afin de
favoriser son insertion dans la socieacuteteacute adulte et sinitier au meacutetier de
soldat faute de quoi il ne pouvait se faire entendre ne avoir des marques
de respect Pour montrer la populariteacute de la lutte dans le Cayor signalons
que les Damels ll (rois) et les Teignes (nobles) nheacutesitaient pas agrave sy
livrer Quant au IIMbeu~ (lutteur) elle lui servait de moyen de promotion
sociale car d8S que sa reacuteputation eacutetait eacutetablie il pouvait ecirctre choisi
par les rois et les nobles comme garde de corps
325 Signification de la lutte en milieu wolof
La lutte se pratique dabord pour lhonneur qui est une vertu tregraves signishy
ficative pour le wolof Elle permet de renforcer les liens amicaux entre
les jeunes de villages diffeacuterents Le champion veut gagner
confiance et la consideacuteration de son village de ses amis
Etre champion cest aussi susciter ladmiration chez les
sentant la force la viriliteacute et la deacutetermination
326 Organisation d~s eacutepreuves de lutte
3261 Les Mbapatts Ce sont les seacuteances nocturnes
pour meacuteriter la
et des anciens
filles en repreacuteshy
Ils sont organiseacutes apregraves les reacutecoltes agrave la fin de la saiscn des pluies
Ceci surtout p~ndant les peacuteriodes de clair de lune car ils peuven~ durEr
toute la nuit Le but des ~Dapatts lt=tait de prfpa-er FhysicuemeH et
~ arb Sil
326 Le 1
cest une organisation beaucoup plus importante que les I~apatts ~
loccasion de laquelle on peut voir plusieurs lutteurs de grande reDommfe
saffronteLLa fin dl lamb est toujours couronneacutee par une grand co~bat
duquel le vainqueur est sacreacute champion de la contrecirce
Le choix du lieu est lieacute agrave limportance de ce lieu dans le village cest
la place publique ougrave geacuteneacuteralement se passent toutes les manifestations
assembleacutee geacuteneacuterale sabar (danse) cest aussi lendroit ougrave sont prises
les grandes deacutecisions
3623 Lappariement
Dans un village ou un quartier les lutteurs se regroupent en lang
(eacutequipe) et jamais deux lutteurs de mecircme lang ne se rencontrent lors
du lamb
L appariement s~ fait librement entre lutteurs de lang diffeacuterents l1hs
une regravegle veut ~uavant de lutter avec le Mbeur Kanur de tel lang si
on est soukh (l~tteur pas encore confirmeacute) il est neacutecessaire de lutter
dabord avec ses soukh et ce nest quapregraves les avoir terrasseacutes tous
quon se voit octroyer la chance de lutter contre lui
Notons que la cateacutegorisation des lutteurs par poids nest jamais prise
en consideacuteration
3624 La tenue du lutteur ou NGIMBE
Le middotNGimbe est confectionneacute par le marabout de la famille ou du clan Il
est constituecirc de pagnes en coton tisseacute geacuteneacuteralement offerts par la megravere ou
la grand-megravere du lutteur ceci lors des organisations de ~rande Tportance
COrlune lef 1amb Dans le cadre des l-bapatt les pagnes sont C tErts peumlr
~~~rcfcis ct ffi~mc aujourdhui d218 cErtaInes fa~ille5 on devj~Gr
luttEur de pegravere en fils et dans ce cas h 1
gimbell du pEgravere Est recircr i tEacute
par le fils Le fait de porter le lI~gimbe agravee ses aiumleux peut susciter
cne~ le jeune lutteur une motivation et une volontecirc in~branlable rlasshy
surer 12 supeacuterioritEacute cis SIcirct-ns dallS
le xgimbe de la famille ne touche pas le sable
La tenue du lutteur a une signification et une importance sur le plan
mystique car selon les anciens le vrai feacutetiche du lutteur celui qui
le proteacutegera agrave vaincre le Djinneacute ou le Rap de ladversaire se trouve
cacheacute dans ce Ngimbe Celui qui confectionne-le Ngimbe est doueacute de
faculteacutes occultes
~~r~i~rg Il est assureacute par un sage du village qui geacuteneacuteralement fut
championde lutte de son temps Dailleurs cet ancien nintervient que
si le terrassement est litigieux
Hormis le public qui proclame la victoire ou le match nul le lutteur
lui-mecircme est arbitre et il arrive quil se deacuteclare vaincu ~ous
pouvons citer comme exemple Meacutedoune KHOULE un des plus grands lutteurs
seacuteneacutegalais qui a donneacute une victoire agrave Djeacuteri SADIO son adversaire qui a
reacuteussi agrave lui faire toucher le sol de la main
Il Y a terrassement quand le lutteur se retrouve
- assis sur le sol
- eacutetaleacute sur le dos
eacutetaleacute sur le cocircteacute
les deux genoux au sol
- les deux ma~ns au sol
la tecircte (front au sol agrave la suite dune brouette)
Il peut y aVOIr match nul si apregraves li1 temps ccmsideacuterable les lutteurs
SE sont ~ ivrEacutes respectivement agrave des assauts rEacutepEacutetEacutes et n arrivEt pas a
3265 L~ precircparation mystique
Il faut reconnattre quon ne peut parler de lutte en milieu wolof sans
envisager une preacuteparation mystique seacuterieuse Co~~e ~ous lEvans vu a~teacute-
1middot ~ d ~ ~rlturenent t0utes es actlvmiddotltesmiddot u W010 sont lles a SeS croyances
- la lutte ne concerne pas seule~ent deux acteurs se livrant faruumlucheshy
ment agrave un combat au milieu de laregravene mais eacutegalement les marabouts et les
feacutetichistes du village ou du clan qui doivent deacutefendre leur savoir et
leur prestige Avant le combat le lutteur doit se livrer agrave un certain
nombre de preacuteparations mystiques pour assurer sa victoire Aussi sommesshy
nous appeleacutes agrave parler de BACK (cest le chant et la danse du lutteur)
- le batteur de tam-tam compose un rythme en fonction du Galagne ou du
Senghor (gds-gris) du lutteur Chaque galagne sera choisi en fonction
du Rap ou du Djinneacute correspondant au Totem du lutteur
Le chant geacuterleacuterique Feinte woy veut dire litteacuteralement composer un 1
chant Ce chant est geacuteneacuteralement composeacute par les filles du viilage du
champion ou par un griot de sa communauteacute Et agrave travers ce chrnt on
arrive agrave toucher la corde sensible du lutteur en chantant lesl innombrables 1
victoires de ses ancecirctres ou en lui rappelant ses prouesses eacuteblatantes 1
Chaque lutteur doit avoir un chant et un back qui lui sont propres
327 Le reacutepertoire technique et les caracteacuteristiques physiques dulutteur wolof
Le lutteur wolof est geacuteneacuteralement moyen de taille la musculagraveture est
tregraves saillante ce qui fait ressortir un aspect tregraves athleacutetique ceci
est vrai sans exception pour le lutteur leacutebou mais il arrive que le Cacircyoshy
rien le baol-baol le walo-walo soient de grands gabarits de forte constishy
tution
CepEndant pour une meilleure compreacutehension du sujet nous pouvons eacutetudiEr
deux jroups d lut teurs qui vont deacuteterminer deux st yI e s de lut tes
- ~ t
les tc~tativ~s de~[reacutee e~ ramassement de jambes de la~v~sairL Ce~~
peut Ecirctre expliqueacute par le fait que les lutteurs leacutebou ou walo-walc qui
sont des pecirccheursadoptent cette garde tasseacutee du fait quils so~t tou-
jours pencheacutes en tirant le fil ou en poussant la plrogue On verra techrugravequeacutes dt cirr 2C ~lt 5Jllicitocirct
surLuumlut les membres supeacuterieurs
Le cayorien et le baol-baol par contre sont les plus grands cultivateurs
darachide chez eux les techniques de lutte sont plus varieacutees et la
garde est moins renfermeacutee Les lutteurs cayorien et baol-baol ont une
morphologie et une reacutepartition musculaire bien eacutequilibreacutee ils excellent
dans les techniques en deacutecalage les techniques de jambe et surtout les
techniques de riposte ougrave lon peut voir des prises de hancheacute tregraves amples
Dune maniegravere geacuteneacuterale on peut dire que le lutteur wolof est un fin
technicien qui sait surtout creacuteer les opportuniteacutes e~ avec sa rapiditeacute
utiliser la force de ladversaire pour le deacuteseacutequilibrer le noodju
le mbas le weacuteheacuteleacute et le rasu sont des techniques propres au lutteur
wolof
En deacutefense il utilise surtout des kl~klets ou gal-gal Notons que
le balancement des bras ou Lewato e$t tregraves marqueacute dans la lutte wolof
TABLEAU RECAPITULATIF DES COMPOSANTES TECHNIQUES
( 1 )
1 SOUS-GROUPES GARDES CONTROLES FORHES DE CORPS l
Walo-walo Basse de jambe Arracheacute l l10yenne de Ngimbe et i
Leacutebou Tasseacutee et saisies annexesj Deacutecalage 1 1 distante de bras de tecirct1
j de bras Deacutecalaeuro
~-----------------~-
- ~ ~- shy - ~ ~ bull L _ _ bull
Profil psyc~~iqUE du lutteu- et son comporterent dars l 2regravere
La preacuteparation mystique dans laregravene est plus marqueacutee chez les wolofs
que ChE~ les autres ethnies En effet on verra de grands champions
preliGrE plusiEurs heures pour Enduire leur corps de cll2badep ou ci
rmiddot- ~ a la proprieacuteteacute de proteacuteger li1egraveividu J
les mauvais sorts) Cest dailleurs un aspect dt la luttE qui iJcsc
des problegraveJles
Le lutteur wolof est tregraves superstitieux et la peacuteriode de preacuteparation
est capitale pour lui car elle permet non seulement de rendre
hommage aux ancecirctres mais aussi dintimider son adversaire Cest
geacuteneacuteralement un lutteur agressif combatif et teacutemeacuteraire Il se fait
souvent remarquer par son esprit dentreprise Mais cette fougue dans
le combat lamegravene parfois bien que ce soit regrettable agrave oublier les
usages et les normes Ce manque de maicirctrise de soi peut faire croire
que le lutteur wolof manque de fair-play ce qui nest pas toujours le
cas
~A~Ugrave~ t 4AA CbUrs k LA ucirctotve f~tPle Sesect prores mou W ~ lesquelles vont se couler les comporteme~ts individuels qui sont ainsi
monteacutes par et pour lautoriteacute sociale
Les faccedilons de boire de marcher ou de sasseoir se manifestent indivishy
duellement dans le corps de chaque personne ces habitus sont cependant
des montages sociaux lieacutes agrave des significationssymboliques variables
dailleurs selon la position sociale occupeacutee par chaque sujet Ces modes
dagir se rangent dans un systegraveme de montages symboliques et lindivishy
du les apprend de la socieacuteteacute dont il fait partie agrave la place quil occupe
Lhabitus est un montage social agrave la valeur symbolique deacutependant des pheacuteshy
nomegravenes deacuteducation et de prestige et lieacute agrave la position sociale du sujet
Cette penseacutee sonne de faccedilon eacutetonamment moderne
Pierre BOURDIEU qui dans une perspective a approfondi le contenue de la
notion en le reportant aux oppositions entre classes et fractions sociales
Il deacutefinit lhabitus comme un systegraveme de dispositions durables acquis au
cours dune histoire personnelle dans une milieu social donneacute systegraveme qui
engendre ensuite des pra~iques socialement deacutetermineacutees faccedilons de manger
de parler ou de marcher comportements de politesse contenu des preacutefeacuterencel
et des deacutegoOts bullbullbull lhabitus est le produit de conditions eacuteconomiques et
sociales Lauteur rattache directement la formation de lhabitus dun
individu agrave la trajectoire parcourue par celui-ci dans sa classe dapparteshy
nance il deacutefend lideacutee dun habitus de classe qui deacutefinit le sens confeacuteshy
reacute agrave la pratique sportive les profits qui en sont attendus
Ce dernier serait lui-m~me lieacute agrave un systegraveme de valeurs ou ETHOS de classe
prenant sens au sein doppositions distinctives entre classes sociales
De sorte lhabitus fonctionne comme un systegraveme dt- regravegles inteacuterioriseacutees
souvent informuleacutees permettant ou non agrave lagent de sadapter dembleacutee aux
multiples pratiques de la vie quotidienne et de la vie sportive il est agrave
lorigine des schegravemes de transcription qui favorisent les ajustements aux
situations corporelles nouvelles (1)
t ~
(1) P~IE11D dwi6Han ISpoy-l et sodeacutebi Approche Bocio-culturelle des pratiques P~tis Vigot 1981 page 81
33
331 Preacutesentation
Les Seacuteregravere auraient pour origine le Fouta Toro quils auraient quitteacute
vers le Xllegrave siegravecle pour fuir lislamisation de cette reacutegioD par lempire
dJ Xali (ils seraient donc apparEnt~s aux Peul et Toucouleur ) Ils
auraient trouveacute dans la rEacutegion du Sine les Sosseacute dorigine manding avec
lesquels ils salliegraverent
Au XVegrave siegravecle une autre immigrationSos~ conqueacuterante cette fois-ci
apporta son organisation eacutetatique Ils se divisegraverent en deux monarchies
deacutemocratiques lune seacutetablit au Sine et lautre au Saloum Les Sosseacute
conqueacuterants constituaient lautocratie appeleacutee Guelowar
La royauteacute seacuteregravere eacutetait laiumlque Les premiers souverains durent secouer
la tutelle des Toucouleur et progressivement arrivegraverent agrave unifier lethshy
nie des seacuteregravere etdea Sosseacute Les deux royauteacutes eacutetaient organiseacutees selon
acirces modegraveles tregraves deacutemocratiques Le souverain deacutependait dune assembleacutee
de ministres et de chefs locaux qui assuraient ladministration centrale
et reacutegionale())
Aujourdhui lethnie seacuteregravere repreacutesente 20 de la population seacuteneacutegalaise
Ils sont reacutepartis sur presque toute leacutetendue du territoire notamment
dans le Baol la reacutegion du Sine-Saloum et la reacutegion de Thiegraves
Signalons quil existe plusieurs sous-groupes dans lethnie ainsi on
trouvera
- dans la reacutegion de Thiegraves les Ndut les Safegravene et les None
- dans le Sine-Saloum les Sine-sine et les Saloum-salouIT
On trouvera vers foundioune et agrave Nioro du cocircteacute de la Gambie les
Niominka (pecirccheurs) Cest une portion tregraves mandinguiseacutee
( 1
Le rattache~2~t d~ to~s ccs sous-groupes pose problecircme ~25 0~ r0~V~
uc grande partie de traits COITul1uns dans leurs modes dE vie Ct pOUT phs
de faciliteacute nous allons essayer de faire une ~tude globale de la lutte
traditionnelle seacuterecircre Lactiviteacute socio-eacuteconomique qui est essentielleme~t
agro-pasorale caracteacuterisE leacutethnie seacuteregravere
332 Lecircducation les moeurs les croyances et pratiques sEr~rc
Chez les Seacuteregravere la vie humaine se deacuteroule selon les grandes eacutetapes
le baptecircme lenfance ladolescencemarqueacutee par la circoncision lsectge
adulte le mariage la vieillesse et la mort (funeacuterailles)
La vie de la communauteacute seacuteregravere reste une des plus originales sinon
celle qui de nos jours garde la presque totaliteacute des pratiques et
habitudes traditionnelles
Bien qu aujotltdhui con~r-tis aux religions chreacutetienne et musulmane les
Seacuteregravere conservent leurs croyances et pratiques animistes
Quelque soit leur degreacute dadheacutesion aux religions reacuteveacuteleacutees les Seacuteregravere
croient en un Dieu puissant et miseacutericordieux Rog Segravene et les hommes
Les ~angols sont repreacutesenteacutes mateacuteriellement dans tous les villages
seacuteregraveres par des arbres (baobab et tamariniers) des animaux (geacuteneacuteraleshy
ment serpent doreacute ou iguane) des ustensiles (pilon calebasse et mortier)
De nombreux teacutemoignages nous apprennent que certains totems (serpent
iguane) font leur apparicion agrave loccasion de certaines manifestations
rituelles comme les sacrifices ceacuteleacutebreacutes lors dun mariage de ceacutereacutemonies
mortuaires ou des circoncisions
Le Seacuteregravere comme il nous a eacuteteacute donneacute loccasion de le dire plus haut
preacutesente des speacutecificiteacutes authentiques aussi bien en tout ce qui touch~
son eacuteducation ses croyanCES et pratiques mystiques q~e ses activiteacute~
socio-ecirccc~omiquEs Apr~s a ~aissa~c~ le beurob~ ~~ pcs~ 5~~ lE S~ __
On lui mouille les l~vres avec un peu d~ lait de mil et apr~s U~ bain
purificateur on versera leau dans un trou cr~us~ derri~r~ la Camp~~
Pendant huit jours la megravere et lenfant sont cacheacutes dans la case car
selon les anciens ils sont tregraves vulneacuterables La case deacutens certains cas
est entoureacutee dun fil blanc et lon place sur le seuil des fais(cauy di
veacutegeacutetaux pour chasser les mauvais esprits (geacutenies malfaisants et illangeUY~
dacircmes) Au bout du huitiegraveme jour la megravere et lenfant peuvent sortir de
la case bull
bullbullbull Le matin du huitiegraveme jour la tante paternelle va chercher de leau
(plusieurs fois)t elle doit rester muette pendant ses alleacutees et venues
si elle parlait t lenfant pourrait ecirctre muet bullbullbull
La megravere et lenfant prennent un bain purificateur dans lequel sont
trempeacutees certaines plantes (ce sont des veacutegeacutetaux pr~tecteurs tels le
begravene le yag le ngud) On y lavera aussi le linge e1t les ustensiles utishyj
liseacutes pendant les huit jours qui viennet de seacutecoul~r On rase le crine
de lenfant Les cheveux sont donneacutes agrave la megravere qui ~s enterrera avec le
reste du cordon ombilical dans un endroit que11e esit seule agrave connattre
La megravere sassied sur une natte devant la maison Une femme igeacutee de la
famille prend le beacutebeacute dans ses bras et le preacutesente aux quatre coins de
lhorizon
La tante paternelle tient ensuite un van sur la tecircte de la megravere on y
verse le mil on y verse eacutegalement en abondance sur la megravere et sur
lenfant La tante oint ensuite le corps du beacutebeacute avec du lait e11e
touche en particulier le front t le nez la bouche la poitrine le dos
et les oreilles
Elle pose enfin un ~rain de sel dans la paume du beacutebeacute (le sel purifie
et deacutetruit les puissances mauvaises)
Apregraves un nouveau bain la megravere et lenfant revEcirctent des habits de fecircte
(est
lenfant Ce precircnore a toujours U~ SEns Il sy~bolise parfois C0 qUi
lOIl sounaitt agrave lEufant l)
La circoncision comme dans les autres ethnies est obligatoire Elle
permet au jeune adolescent dacceacuteder agrave la classe adulte Les jeunes
sont regroupes en classe dacircge dans le bois ougrave sc fait la r0tr~it0 des
circoncis et ceci pendant plusieurs mois
Le Selbeacute qui est geacuteneacuteralement un ancien craint de tous les eacutelegraveves
enseigne le respect de la hieacuterarchie la discreacutetion le goOt de linishy
tiative Les activiteacutes physiques et leacuteducation artistique ne sont pas
en reste la deacutecoration la sculpture la lutte et la danse A sa sortie
du bois linitieacute appartient deacutesormais agrave la classe des virils et des
sages du clan car on lui aura enseigneacute les vertus fondamentales que
sont la justice lhonneur lamour du prochain 1 amour du travail
lhonnecircteteacute et surtout le respect des coutumes ancestrales
Le rite du mariage esd aussi un fait tregraves important dans le monde 1
seacuteregravere mais par manq~e dinformation nous serons obligeacutes de nous en
tenir lagrave
333 Impact des ethos sur la lutte dans le monde seacuteregravere
Lorigine de la lutte seacuteregravere ne semble pas claire ma1S nous pouvons
dire quil existait deux formes de lutte comme chez les Wolofs une
lutte sans frappe et une lutte avec frappe Et cest cette derniegravere
qui peut-ecirctre nous ameacutenerait agrave croire que la lutte seacuteregravere aurait une
origine plus preacuteciseacutement guerriegravere
Aujourdhui la lutte est uniquement une activiteacute sportive agrave travers
laquelle le jeune seacuteregravere eacutevalue sa force son courage et SOn ingeacutenioshy
siteacute Cest une occasion de deacutefendre lhonneur de son village ou de
la corrnnunauteacute
La luttE ~5t avant tout u~e rnanifcs[dtic~ c~lturclie et surtout
fo lkhriqut-
Gracircce agrave elle on peut deacutesormais comprendre un certain nombre de chants
et de symboles A travers la lutte seacuteregravere on ccedilomprend les inter-relashy
tions entreacute la vie et le monde surntiturel
Sil devait y avoir la mort dun villageacuteois pendant la fecirctE au T qUE
de linterrompre on proceacutedait gracircce aux connaissances magico-religieuses
agrave la suspension de la mort jusquagrave une peacuteriode ougrave la population sera plus
disponible pour organiser des funeacuterailles sil y eacutetait preacutedit la possibishy
liteacute dune deacutefait du champion local au profit dun champion dun autre
village des recettes dordre maginque et religieux eacutetaient mises en prashy
tique afin que le champion du village ne soit jamais terrasseacute(J)
334 Le profil du lutteur seacuteregraver~
Le lutteur seacuteregravere est par essence un athlegravete impressionnant de par sa i
carrure et sa musculature saillante mais cest aussi une force tranquille
et calme quelque soit lenjeu du combagravet et particuliegraverement lhonneur
Cet aspect nous pousse agrave parler du NGiMBE cest-agrave-dire de la tenue du
lutteur qui va influencer sur sa faccedilon de lutter
La confection du Ngimbe revient agrave la communauteacute entiegravere Le Ngimbe a
une signification symbolique et le lutteur pour meacuteriter la confiance du
groupe se doit de tout faire pour ne pas toucher le sol Toute la commushy
nauteacute elle aussi sengage pour assurer la longeacuteviteacute et le succegraves du lutteur
dans laregravene par lorganisation droffrandes et de sacrifices en lhonneur
des Pangols bull
bull
Daucuns nheacutesitent pas agrave dire que lessentiel du mysticisme se fait agrave
la maison et non dans laregravene tout le reste nest quintimidation de
ladversaire
lsvcns
Tt- pi ~- t
t 1 ~ l _ ~ t
par rapport agrave lautre Cbci est trEgraves lieacute agrave lactiviteacute journaliegravere du
jeune seacuteregravere qui est un cultivateur donc toujours bien planteacute sur ses
jambes et qui continuellement manie lhiler
Le fait de couper le boi~ peut eacutegalement constituer un moyen de muscushy
lation non neacutegligeable pour le jeune lutteur
Un certain nombre de traits techniques speacutecifiques au lutteur seacuteregravere
semblent ressortir des diffeacuterentes interviews que nous aVOns fait subir
agrave certains lutteurs seacuteregraveres et agrave diffeacuterents techniciens
SOUS-GROUPES FORMES DU CORPS CONTROLES GARDES
SAFEN Moyenne en fente NONE Hancheacute Bras (distante) j
NDUTJ
f
SINE-SINE Deacutecalage Ngimbe
Moyenne
SALOUM-SALOUM Passage- Jambe (rapprocheacutee) 1
i
PETITE dessous Tecircte Basse et 1
COTE Moyenne (rapprocheacutee)
Notons que le Niominka ll commence agrave lutter agrave partir du sol pour avoir
assez deacutelan et sauter sur ladversaire afin davoir la prise du lion
(contr6le de la nuque et du bassin)
Co a -tem-nt ccedilt attitude du lutteur sEacuteregravere335 np -1t ~
Les croyances mystiques sont indissociables des activiteacutes quotidiennes
duseacuteregravere Ce qui explique le cocircteacute supersticieux du lutteur seacuteregravere En
~ffet certains lutteurs refusent de lutter avant certaines heures
Certains teacutemoignages nous apprennent quil nest pas donneacute agrave tout le
monde decirctre champion de lutte et que le lutteur doit avoir des dons
surnaturels pour ecirctre agrave mesure de livrer ses combats dans la nuit
et trouver seul un gris-gris speacutecial appeleacute Njatch
Le vrai champion de lutte chez les seacuteregraveres ne lutte pas seulement avec
~a force et sa technique mais surtout avec ses dons occultes
Chez les seacuteregraveres les morts sont toujours preacutesents et les ~pangols
Servent dintermeacutediaire entre les hommes et les morts Le pangol prend i
le nom dhumain dans certains villages (IIHeacuteJga NDONG Har Wag NGOUYE) i 1
De ce fait on verra le lutteur danser dufe maniegravere ou dune autre en
fonction du pangol de sa famille Ainsi nrus aurons le back (chant et
danse du lutteur) des DIOUF des FAYE etclbullbullbull
Dans laregravene le lutteur seacuteregravere a un comportement exemplaire aussi bien
agrave leacutegard de son adversaire direct quave~ le public en geacuteneacuteral Lexpli shy
cation semble tenir au fait que le lutteur seacuteregravere est avant tout selon
la tradition orale le repreacutesentant de toute la communauteacute seacuteregravere Par
conseacutequent il devra saffirmer non seulement en tant que lutteur dans
laregravene mais aussi en tant quentiteacute morale
336 La tenue du lutteur ou NGIMBE est confectionneacutee par le marabout de la
famille ou du clan Le Ngimbe est constitueacute de pagne en cCton tisseacute
Il doit ecirctre propre le lutteur qui le porte ne devra pas avoir de rapshy
port sexuel pendant toute la peacuteriode des cOTpeacutetitians car le Ngi~bE ne
doit pas ~tre souilleacute
Autrefois et mecircme aujourdthui dans certaines familles on devient
lutteur de pegravere en fils et dans ce cas le Ngimbe du pegravere est heacuteriteacute
par le fils Le fait de porter le Ngimbe de ses aieux peut susciter
chez le jeune lutteur une motivation et une volonteacute ineacutebranlable dtasshy
surer la supeacuterioriteacute d~s siens dans ltaregravene Il fera tout pour que le
Ngimbe de la ramille ne touche le sable
La tenue du lutteur a une signification et une importance sur le plan
mystique car selon les anciens le vra1 feacutetiche du lutteur celui qui
le proteacutegera et laidera agrave vaincre le nDjinne ou le tRapu de ladvershy
saire se trouve cacheacute dans ce Ngimbeu bull Celui qui confectionne donc le
Ngimbe U est doueacute de faculteacutes occultes
337 Larbitrase est assureacute par un sage du village qui geacuteneacuteralement fut
champion de lutte de son temps Dailleurs cet ancien nintervient que
si le terrassement est litigieux Hormis le public qui proclame la vicshy
toire ou le match nul le lutteur lui-mecircme est arbitre et il arrive
quil se deacuteclare vaincu
Nous avons pu cfter Meacutedoune KHOULE un desplus grands lutteurs seacuteneacutegashy
lais qui a donn~ une victoire agrave Djeacuteri SADIO son adversaire qui a reacuteussi
agrave lui faire touegraveher le sol de la main
IlL
34 1 Preacutesentation
Lethnie toucouleur vit En grandt partit ciE~~ la vallfc du S~~~gal
pt reprecircsente i peu pr~s 8 de la population totale secircn~galaise
o Histoire
Il semblerait que dans lancien royaume du Tekrour (IX~ siegravecle) des
eacuteleacutements neacutegroiumldes Sarakoleacute et des Peul aient formEacute par meacutetissage le
peuple Toucouleur (Toucouleur serait dailleurs une deacuteformation du
mot portugais Tacouror)
Ce empire a domineacute aussi bien les wolofs de lOuest que les Peul
nomades du Fouta Toro Cette reacutegion fut le premier pays islamiseacute par
les Almoravides ce qui peut expliquer le proseacutelytisme toucouleur
Ce sont les guerriers toucouleur islamiseacutes qui attaqu~rent avec les
Almoravides la capitale du Ghana Koumbi en 1067 On convertit par
la force les animistes Cest sans doute agrave cette eacutepoque que de nombreuses
ethnies reacutefractaires agrave lIslam ont dO accentuer leur migration vers
le sud (Seacuteregravere wolof Sarakoleacute Bambara Songhaiuml Akan et Peul se reacuteshy
fugiaient vers les hauteurs du Fouta Djalon)
Au XIXegrave siegravecle les Toucouleur allaient trouver en El Hadj Omar Tall
un grand conqueacuterent qui sous le preacutetexte religieux de la gJerre sainte
contre les tribus animistes (entre autres Bambara) eacutetendit lempire
toucouleur sur presque tout lensemble du gali et la partie de la Guineacutee
proche du l1ali
Lempire toucouleur composeacute de Sarakoleacute de Bambar~ de ~alinkeacute de
Xassonkeacute dE Peul et de Dogon eut le meurorit~ dunir CES diif~rentes ~ ~ - - - - - et~ics ~t dE CD~stituer l~Sl la b2S~ ~r 1
_ ~ ~ ~_ L ~
~ ~- ~- - - ---- _ 1 v _ t 1 ~-_ --
marabout tOL~culcuuml~ ~ middotlrrany a l ick SI venu des E1i rClS dE Pocior~ (
~ Vi~ euroconomicue et sociale -----------~-------------
Les Toucouleur sont des cultivateurs mais bien quils n~ soie~t pa~
pasteurs comrre les Peul leacutelevage a une place inportarteacute decirc1S ltur
eacutecono~ie Pour faciliter leur conquecircte guerriegraverE ils c~t Eucirc une preacuteshy
dilection pour leacutelevage des chevaux On y trouve aussi des pecirccheurs
appeleacutes Tchioubalo La socieacuteteacute toucouleur aurait une stratification
sociale tregraves rigide Les groupes ethniques et les castes eacutetaient
diffeacuterencieacutes et strictement exogamiques les Rimbe classe des nobles
comprenant la famille reacutegnante et les guerriers libres la classe des
Nieacutenieacutebegens de castes artisanales i les Rimaibeacute anciens esclaves
devenus serviteurs qui portent les noms de famille de leur maicirctres A
la base de lorganisation de la collectiviteacute toucouleur se situe le
village (Wouro)
Toutes ces castes sont cloisonneacutees entre elle~ Ainsi il nest pas
permis agrave un Torodo (noble) de se marier avec un Tchioubalo Ces
consideacuterations sont importantes dans le domaine de la lutte ougrave nous
apercevrons que les nobles ne sont pas faits pour lutter Le noble
preacutesidera les seacuteances de lutte et on luttera pour lui Ces condeacute rat ions
de noblesse et de rang social sont extrecircmement importantes dans le
monde toucouleur
Le noble ne doit pas se salir on lutte pour lui il ne vit la lutte
quen tant que spectateur
342 Education moeurs croyances et eratiques religieuses
Deux formes d~ducation sont agrave consideacuterer leacutedJcatio~ dES enfarts Et
celle des adultes
oG lenfant sait m2n~~r et apprfcier le goOt d~5 ~iifeurorents r~pas lt
le moment ougrave il CO~~e~CE agrave marcher
tivirt n~sormais le petit toucou]eur est eacuteduquf par toutmiddot 12 f2~i)]E
dabord puis par toutes lespersc~nes du village ou du C13~
Lenfant peut ~tre corrigeacute par tout adulte appartenant au groupe social
Son eacuteducation est deacutesormais laffaire de toute la communauteacute et non
exclusivement celle ces parents On linitie ainsi au travail quotidien
qui se fait dans la bergel~ e les champs et les bords du fleuve Au sein
du village il pourra apprendre agrave filer la laine et agrave tisser des pagnes
dans les champs il apprend agrave manier la houe et lhiler pour la culture
du riz et du mil Mais signalons que lactiviteacute essentielle du toucouleur
est leacutelevage des boeufs des moutons et des chegravevres Chez les Ichioushy
balos (p~cheurs ) lenfant sera initieacute tregraves tat au maniement des pagaies
agrave la p~che propremccedilnt dite et agrave la nage
Vers cinq-six ans lenfant est confieacute au maicirctre coranique le Ihierno
et ce dernier dispose exclusivement de toute sa vie Lavenir du jeune
enfant lui appartient
Comme dans les autres groupes ethniques les enfants sont regroupeacutes en
classe dacircge et cest dans cette structure que lenfant subit les rite
de passe et plus particuliegraverement celui de la circoncision
La circoncision est non seulement unE opeacuteration chirurgicale malS surshy
tout une peacuteriode au cours de laquelle le jeune garccedilon passe de leacutetat
dadolescent agrave leacutetat dadulte Les circoncis sont reacuteunis en classe
dacircge dans un endroit situeacute hors duvillage geacuteneacuteralement choisi par les
vieux Cet endroit n~st accessible que par des individus de SExe ffi8SCUshy
li~ ~ta~t au preacutealabl circoncis
- - - -
quable et complet sur le plan phy~ique et ~oral Ai~si liniti~
acquiert les qualitecircs indispensables que sont le courag~ la modest
lesprit de sacrifice lendurance
Le toucoule~r est un pleux musulma~ Cela sexp1
SOil le premier agrave tre en contact avec la religion musulmane de par sa
position frontaliegravere Lethnie toucouleur de par son histoire a preacutesenteacute
les plus grands chefs militaires et religieux musulmans seacuteneacutegalais Et
pour illustrer cela on peut citer en exemple la grande famille musulmane
des SY agrave TIVAOUANE repreacutesentant la confreacuterie des TIDJANES
Bien que lon note une majoriteacute musulmane on peut dire que certaines
croyances et pratiques mystiques et animistes persistent encore surtout
dans la reacutegion du fleuve
Une pratique courante se fait elle sappelle le Djatt Elle consiste
agrave faire sortir le caiman du fleuve agrave limmobiliser et agrave lattacher
sans quil ne reacuteagisse et tout ceci agrave laide de versets et dincantashy
tions magiques Dapregraves les teacutemoignages ces pratiques sont plutocirct
freacutequentes chez les Tchioubalos (pecirccheurs) Il arrive aussi que cershy
tains chasseurs ayant des dons se livrent agrave certaines pratiques an1shy
mis tes qui consistent agrave invoquer certaines puissances et agrave moduler sous
forme de chant des versets occultes pour se proteacuteger des mauvais esprits
et pour eacuteloigner les fauves Ce chant est geacuteneacuteralement incompreacutehensible
et deacutenueacute de sens pour le profane
343 Activiteacutes ludiques et pratiques sportives en milieu toucouleur
Durant toute son histoire lethnie ~oucouleur a toujours EacutetEacute Frese~teacute~
comme celle qui avait ue activit essentiellement guerr e e~ particushy
liegraverement farouche Trois eacuteleacutements ret r t l ecirc t te nt i c- euro so~t
le manie~~nt du ~acircton 12 luttE Et 1eacute danSE
l
Lecircducation ph~sique et artistique Dcc~pe un place precircpondecircra~rp
dans la fDrmat~on du jEune toucouleur A loccasion agraveeacutevegravenemen~ imporshy
tants reacutecoltJs mariages baptecircme nous assistons agrave des manifestashy
tions folkloriques de grande envergure le Wango oucirc dailse toucouleur
tregraves gymnique iles chants et surtout les sEacuteances de lutte
La lutte toucouleur est la forme de lutte la plus spectaclaire dans
tout le territoire seacuteneacutegalais Elle est essentiellement baseacutee sur des
techniques en hancheacute et surtout en souplesse Ceci sexplique par le
fait q~e le jeune toucouleur est tregraves tocirct initieacute agrave la gymnastique (saut 1
per saut de main salto arriegravere saut de tecircte couronneacute etc bullbullbull ) pour
la dans~ du wa~go En dansant le wango qui est une danse rythmeacutee et
gymnique le Jeune toucou1eur est capable de prouesses extraordinaires
1
En lutte lattaquant se deacuteplace tregraves peu pour avoir une bonne saisie
(geacuteneacutera~ement controcircle du Ngimben ) et enchaine brusqueme~t avec une
attaque surpris~ Cependant les ripostes sont souvent surprenantes et
spectaculaires (baseacutees sur la souplesse et la rapiditeacute) ontrairement
aux autr~s form~s de luttes ougrave lon voyait tous les jeune adheacuterer la
lutte to~cou1eur Verra un groupe de speacutecialistes sadonne agrave la lutte 1
(la lutte est lieacutee agrave la position sociale de lindividu problegraveme de
caste)
Q La morphologie du lutteur toucou1eur 1
1 1
Ce dernier nest pas aussi large et aussi fort que les lutteurs diola
et seacuteregravere Cependant il est tregraves reacutesistant La musculatJre est saillante 1
et tregraves souple lindividu est longiligne mais tregraves athleacutetique
Les mouvements de lutteurs sont semblables agrave ceux dun grand fe1in Cette 1
morphologie semble ecirctre lieacutee agrave la position geacuteographique de lethnie
(reacutegion du fleuve) et agrave lacitiviteacute socio-eacuteconomique du toucouleur qui
est agrave la fois cultivateur (activiteacute lieacutee agrave la crue et deacutecrUE du fleuve)
pecirccheuro~T CIcr~icubaon) et sttout jEumlrgcr qui est U~ rc~2eumlr
shy
Deux formes egrave~ corps sembl~nt ecirctre preacutefeacutereacutees du lutteur toucouleur
le hancheacute et la souplesse Les hancheacutes sont faits agrave partir de plusieurs
positions de doset se terminent geacuteneacuteralement par des techniques de
tregraves grande amplitude
TABLEAU RECAPITULATIF DES TECHNIQUES ET FORMES DE CORPS SPECIFIQUES
i
L441 r
GARDE FORMES DU CORPS CONTROLES --shy - -
Moyenne Souplesse Ngimbe
Hancheacute bras
Demi-souplesse
1
Profil psycholosigue 1
TECHNIQUES
ContrOle du bassin et 12 souplesse
arriegravere
Klicket et allegravegement de la hanche
Le lutteur toucouleur est celui lUi se livre le moins aux preacuteparaqons
maraboutiques Cela est dO au f~t que le toucouleur est un grand ~USUlshyman et que les pratiques animisges ont presque disparu dans ce mil~eu
Dans la pratique le lutteur esJ combaif mais il est calme et tr~s reacutefleacutechi quant agrave la deacutecision agrave prendre en plein corps agrave corps ct~st un des seuls techniciens qui reJte tregraves lucide au cours de ses comb~ts
l Dans toutes les circonstances e lutteur toucouleur est tenu de re~pecshyter son adversaire et ceux de s4n eacutequipemecircme sil est vaincu
Comme nous avons dO nous en rendre compte la rigueur des principes
eacuteducationnels a une influence tregraves sensible sur l~ comportement du
toucouleur
i
III S COCL ~s 1DO
Dans cette partie nous avons essay~ de montrer lftroite re1atic~
Entre les diverses activiteacutes socio-eacuteconomiques dans les ethnies et
lES diffEacuterentes faccedilons de lutter
Daucuns seraient tent~s de conclure trop rapidement et cest p0~r
cette raison que nOUS avons penseacute preacuteciser que le pheacutenotype nest
pas geacuteneacuterateur du geacutenotype Et nous sommes convaincus que la morphoshy
logie et les techniques des lutteurs relegravevent de leurs modes de vie
et de leurs croyances agrave une eacutepoque et danE un contexte bien deacutetermishy
neacutes
Est-ce que les lutteurs dio1a ou seacuteregravere travaillant avec leurs bras
dans les champs auraient les mecircmes pr 0 fil s physiques que les lutteurs
utilisant des machines pour lagriculture
- 69 shy
I UJOURDH~1 E-S ut O[l LES FORfilS Ut LU11t~
~otons que notre enqu~te a ecirctE essentiellement faiteen milieu urbain
Les seacuteances de lutte ont tendance agrave perdre leur particulariteacute de r~shy
jouissance pour devenir des pheacutenomegravenes de sportisatio Deux fores
de luttes so~t principale~cnt prat s dans les aregrave~es du 5 al
la lutte traditiunnelle simple et la lutte traditionnelle avec frappe
De nos jours la lutte traditionnelle tend vers une reacuteglementation
et une institutionalisation
Le reacutesultat de nos investigations nous donne le tableau ci-dessous
REPARTITION ETHNIQUE SUR 100 PRATIQUANTS
LUTTE LUTTE RAPPORTETHNIES SANS FRAPPE AVEC FRAPPE J2
Diola 40 16 71 j
Seacuteregravere 26 21 57
Toucouleur 23 10 69
Wolof 1 1 53 17
La demande sociale par ordre deacutecroissant pour la lutte sans frappe
se preacutesente comrre suit
]0_ Ethnie diola avec pregraves de 3 lutteur~ sur 4
2deg_ Ethnie toucouleur
Ethri dun
~ 1 LA LUTTE TR])IIIO~~ELLE AVEC H-PPE
Cette forme deacute lutte a une histoire qui date de lantiquiteacute elle
sa~pelait le Pugilat Au Seacuteneacutegal elle a vu le jour dans le Cayor
bien avant la colonisation Le coup dE pied l~Lrdn~lement la morshy
sure la frappe et le doigtf eacutetaient permis dans le cc=bat ~ ~middot~p0~~e
Dans certains cas la giffle eacutetait beaucoup plus dangereuse que le
poing quand elle eacutetait donneacutee par un speacutecialiste Cette giffle pouvait
agrave elle seule deacutechirer et mecircme parfois amputer la joue de ladverser
Selon les informations la lutte avec frappede nos jours serait une
forme de lutte tregraves eupheacutemiseacutee de celle dantan ougrave une blessure
pouvait souvent ecirctre mortelle
Aujourdhui au niveau du folklore la lutte na plus la mecircme
le spectaculaire a remplaceacute le significatif iLa lutte avec frappe se 1
pratique surtout dans les centres urbains C~aque fois quun grand combat 1
est progra~eacute par le Comiteacute National Proviso~re (CNP) des centaines damashy
teurs sont mobiliseacutes vers le stade lba Mar D~OP qui est aujourdhui le i
lieu approprieacute ougrave se deacuteroulent les grands conkbats de lutte Cest la formE
de lutte qui semble drainer une foule de personnes beaucoup plus importante
que celle de la lutte simple
La lutte avec frappe deacuteriverait dune forme de lutte traditionnelle
pratiqueacutee jadis dans le Cayor au temps des Damels et la frappe serait
le substitut dun certain nombre de pratiques doigteacute jet de produits
etc bullbullbull dont le but eacutetait laveuglement de ladversaire La lutte avec
frappe serait une continuation logique dune carriegravere sportive de la
lutte traditionnelle qui sen sert comme moyen socio-eacuteconomique En
effet la majoriteacute des lutteurs avec frappe ont dabord eacuteteacute initieacutes agrave la
lutte simple Cependant il faut signaler que de nOS jours il arrive
que le jeune lutteur avec frappE- soit directenent formEacute conne speacutecialistE
agrave la frappe sa~s pour autant faire son chemin dabcrd egravea~s la lutte
- ~ shy
Le recircsultat dE ~os interviews ncus rec~trE qGune pcpulatiD~ divcrsishy
fiampe sint~resse agrave ce sport et qUE les intecircr~[s des uns et d~SlautrE~
semble~t divergents naucuns affirment que la lutte traditionnelle
avec frappe serait monteacutee par des personnes dont la vocation est dexshy
ploiter ce pheacuteLomegravene agrave des fins commerciales Dautres disent gJellegrave
jouit de mcyens irport~nts t[l[~isio
tation etc bullbullbull ) pour toucher toutes les couches sociales CEpe~~a~t
nous remarquons que mecircme si certaines personnes reprochent agrave cette
forme de lutte decirctre brutale ces mecircmes personnes nheacutesitent pas agrave
se rendre le dimanche agrave laregravene Bien que critiqueacutee elle semble ecirctre
adopteacutee par une tregraves grande partie de la population seacuteneacutegalaise Cepenshy
dant en tant que techniciens il nous est permis de faire une remarque
Il sagit de
- Limpression nette decirctre devant des professionnels de la frappe
qui sont ~ntratneacutes pour cela Dailleurs les propos que nous avons
recueilli~ nous prouvent que la plupart des champions de lutte avec 1
frappe s~ntratnent dans certains sports de combat tels ~ue la boxe i 1
le karateacute le judo Dans cette nouvelle forme de pratique de la lutte
contrairefuent agrave la lutte traditionnelle le technicien e~t souvent
perdant face au puncheur Ce dernier adopte une lutte agrave distance qui
lui permet de placer agrave bon escient ses coups animeacute du deacutesir de vaincre
Le technicien lui se voit contreacute dans toutes ses entreprises par
un uppercut ou un crochet
On peut dire cependant que nul sport au Seacuteneacutegal que la lutte tradishy
tionnelle avec frappe ne deacutechaicircne autant de passions et autant de
pheacutenomegravenes poussant agrave lexcegraves et deacutereacuteglements quon ne peut que deacuteplorer
Mais comment deacutecrier un spectacle de lutte qui bien quayant perdu la
presque totaliteacute des valeurs traditionnelles veacutehiculeacutees autrefois par
elle sait susciter une participation effective de tous ceux qui sont
preacutesents
CONCLUSION
Dans ce meacutemoire nous sommes efforceacutes ~e faire ressort ir limportance des
ethos et des habitus et leurs effets sur la pratique de la lutte tradishy
tionnelle au Seacuteneacutegal
L~b egravethos repr~sentent dune maniegravere g~neurorale tous les eacuteleacutements speacutec
fiques sux Seacuteneacutegalais par conampeacuteguent un systegraveme de valeurs traditionnellEs
Mais m~me si ces valeurs rev~tent une signification universelle (honneur
digniteacute courage etc bullbullbull ) il nen demeure pas moins que ce nest pas leur
nature qui fait leur speacutecificiteacute mais la hieacuterarchisation et limportance i
quon accorde agrave toutes ces valeurs de ~ar leacuteducation ou la culture
i 1
Aussi les valeurs traditionnelles puient leur speacutecificiteacute dans les
caracteacuteristiques propres aux eacuteleacutements ~e la socio-cu1ture (la technologie
et leacuteconomie la politique et la pareteacute la psychologie et lideacuteologie)
dans la socieacuteteacute seacuteneacutegalaise agrave n momen donneacute de son eacutevolution Cest i
dire la neacuteceesiteacute de ne point faire della valeur une reacutealiteacute statique
Cest dite aussi quagrave tout mome~t le ~eacuteneacutegalais peut eacutevoluer et creacuteer
ou vivre par conseacutequent de nouv~lles fprmes de valeur qui lui sont 1
propres ft (J)
La lutte traditionnelle veacutehiculant deS valeurs socio-cu1ture1les speacutecishy
fiquement seacuteneacutegalaises (croyances valeurs morales norme de comportement
opinion attitude bullbullbull ) devient un eacuteleacutement important qui tregraves certaiaement
nous aidera dans notre effort de valoriser et de peacuterenniser notre patri shy
moine culturel par le biais dactiviteacutes physiques et sportives
Leacutetude des habitus nous permet de prouver quil y a plusieurs faccedilons
de se mouvoir comme danser lutter bullbullbull qui varient avec les diffeacuterentes
ethnies (wolof toucouleur seacuteregravere diolagt leurs convenances et leurs
eacuteducations
(1) Revue Ethiopiques 31 Les valeurs traditionnelles et le problegraveme de leur inteacutegration dans les systegravemes modernes jtducatio-1 2 6r--70
nautre part cette eacutetude permet aussi de nous rendrE compte de la
correacutelatipn eacutetroite existant entre la pratique de la lutte traditionnelle
et le sta~ut socio-eacuteconomique du pratiquant
Nos inves~igations nous indiquent que la lutte recrute essentiellement
au niveau des classes socio-eacuteconomiques situeacutees en bas de leacutechelle
donc posseacutedant le statut social le moins favoriseacute La lutte avec frappe
-et un certain secteur commercialiseacute de la lutte simple- y trouve sa
leacutegitimiteacute Comme le dit BOURDIEU nA habitus diffeacuterents styles de Vle
divergents et il oppse les pratiques aristocpatiques correspondants agrave
des activiteacutes qui favorisent les situations eupheacutemiseacutees ougrave la stylisashy
tion est importante aux pratiques populaires qui font appel agrave des
qualiteacutes qpposeacutees bllutes rugueuses Certaines interviews nous
montrent que plus lindividu occupe une place eacuteleveacutee dans leacutechelle
sQciale e~ 1
moin$ il sinteacuteresse agrave la lutte
Les reacutesultats recueillis dans nos diverses investig~tions confirment 1 1
1er propos qui disent que nous assistons aujourdhu~ agrave une involution
de la lutte traditionnelle parce que perdant toutes ses speacutecificiteacutes au 1
pryfit d~ne autre forme de lutte que lon continue agrave appeler nostalshy
giqlementIIlutte traditionnelle
Ceci pourrait peut-~tre trouver une explication dan la citation suivante
La liberteacute de creacuteer dinnover de vivre Pleineinenf decirctre soi et de
preacuteserver son authenticiteacute la digniteacute et lhonneu1demeurent des illushy
sions dans la misegravere eacuteconomique~ Nos ancecirctres creacuteai~nt des valeurs de cishyl
vilisation parce quils eacutetaient libres parce qu1i~s ignoraient toute
deacutependance eacuteconomique ils cultivaient en eux et cbez leurs enfants le 1
Jorn et la Kersa et preacutefeacuteraient la mort agrave la hoJte lI (1)
Or le Seacuteneacutegal comme la plupart des pays africainsi est un pays sousshy
deacuteveloppeacute t cependant face agrave cette volonteacute du gou~ernement seacuteneacutegalais
de faire inteacutegrer dans leacuteducation des valeurs traditionnelles nous
pouvons espeacuterer utiliser comme moyen deacuteducation la lutteacute traditionnelle
qui reste quand mecircme vecteur jethos et dhabit~s
- 54 shy
Mecircme si lon a noteacute un appauvrissement notoire sur les plans socioshy
culturel et moral la lutte traditionnelle recegravele une gamme importante
et varieacutee de techniques permettant incontestablement une ouverture vers
les luttes olympiques libre et g~eacuteco-romaine
La lecture de ce meacutemoire permettra agrave lentratneur et au professeur de
lutte en fonction du lieu ougrave ils seront affecteacutes dans le territoire
seacuteneacutegalaisdavoir une information sur les techniques contrOles et
formes de corps propres agrave chaque groupe ethnique et de les mettre en
relation avec leurs croyances et leurs mentaliteacutes
Nous avons essayeacute de montrer que la pratique de la lutte traditionnelle
doit tre axeacutee sur une ethnomotriciteacute au Seacuteneacutegal qui permette une inishy
tiation facile Cette pratique de la lutte traditionnelle seacuteneacutegalaise
devra dailleurs essayer de ~eacutepondre aux aspirations du Seacuteneacutegalaisl
moderne en souvrant aux ap~orts positifs des autres civilisations
ex~eacuterieures nous voulons Jvidemment parler du judo et des luttes oiymshyJ
piques 1
1 j Nous navons pas la preacutetentfon dans le cadre de ce meacutemoire demattrise
de reacutepondre agrave toutes les qutstions se rattachant agrave leacutetude de ~a lutte
traditionnelle souslangle~socio-culturel car non seulement il nous
manque lexpeacuterience et la c peacutetence en la mati~re mais aussil l le temps
et les moyens dont nous dis osions ne nous permettaient pas d~puiser le 1sujet i
1 1 1 t 1
l
- )5 shy
BIBLIOGRAPHIE
BIBLIOGRAPHIE
1- CLAPAREDE Psychologie de leacuteducation et peacutedagogie expeacuterimentale
Edition Delachaux et Niestleacute 244 pages
2- POCIELLC Christian Sport et Socieacuteteacute approche socio-culturelle
des pratiques Paris Vigot 1981 377 pages
3- PIERON Henri Vocabulaire de la psychologie
PUF Deuxiegraveme eacutedition 1957 469 pages
4- Revue socialiste de culture neacutegro-africaine ETHIOPIQUES
Les valeurs traditionnelles et le problegraveme de leur inteacutegration
dans les systegravemes modernes deacuteducation
GIA 21 Juillet 1982 213 pages
5- N2 Revue du Centre dEtudedes Civilisations DEM ak TEY
NIS IVegrave Trimestre 1982 96 pages
6- Document lNSEP Colloque sur la lutte aeacuteregravere
DAKAR MAI-JUIN 1980
t 1
~- Travaux du IVegrave Congregraves National ~es Sports agrave DAKAR les 2223041981
Bulletin n2 91 du CIO du 15 Aont 1965
l____________________________
8- Meacutemoire de Mattrise BADJI Abdou La lutte traditionnelle Joola
Etude et perspective
9- Meacutemoire Inspectorat JS DJITTE Mandy Les pratiques corporelles
traditionnelles au Seacuteneacutegal pour leur exploitation et leur
utilisation en peacutedagogie Marly le Roi 1980
REPUBLIQUE DU SENEGAL
--------------- INSTITUT NATIONAL SUPERIEUR
MINISTERE DE LA JEUNESSE DE LrsquoEDUCATION POPULAIRE
ET DES SPORTS ET DU SPORT
-------------
(INSEPS)
MEMOIRE DE MAIcircTRISE
Es-SCIENCES ET TECHNIQUES
DE LrsquoACTIVITE PHYSIQUE ET DU SPORT
LA LUTTE TRADITIONNELLE
son importance sa signification en fonction des ethos et des habitus ethniques au Seacuteneacutegal
Preacutesenteacute par
Monsieur Joseph Victor FAYE
Sous la direction de
M Jean Marc ROCHEZ
Professeur agrave lrsquoINSEPS
Anneacutee de soutenance 1984
- 1f shy
j j l IlL DL l H L S DE
3 1 LA COll1ŒNAUTE DIOLA
311 Preacutesentation
Les diolas vivent dans la reacutegion de Casamance et repreacutesertent 9 de la
population totale du Seacuteneacutegal Ce sont geacuteneacuteralement des cultivateurs de
riz et des artisans Cependant on peut les trouver aujourdhui disperseacutes
dans toutes les capitales reacutegionales affecteacutes agrave divers meacutetiers militaire
gendarme fonctionnaires de lEtat ouvrier etc bullbullbull
Dans les villes la plus grande partie des diolas vit dans les qoartiers
populaires Par exemple agrave Dakar on les trouvera agrave Colobane agrave Fass agrave
Grand Yoff ou agrave Khar Yalla La plupart du temps cesDnt des artisans et des
ouvriers du secteur priveacute qui vont essayer dune maniegravere ou dune autre de
vivoter en bricolant deci de lagrave Mais mecircme loin de la Casamance cette
ethnie conserve une grande partie de ses caracteacuteristiques et plus partishy
culiegraverement la solidariteacute ethnique qui veut que les Diolas forment toujours
un bloc bien soudeacute quand le besoin se ifait sentir et cecisans discrimishy
nation de rang social Ainsi tous lesdiolas de Dakar se mobilisent pour
supporter le Casa Sport chaque fois qbe cette eacutequipe de foot-baIl vient
jouer agrave Dakar Cette mobilisation se fera aussi dans le cas ougrave leur chamshy
pion de lutte Mamadou SAKHO livre uncombatimportant
Lethnie diola est diviseacutee en trois sous-groupes
- les dio1as Fogny de Bignona
- les diolas Kassa autour dOussouye
- les diolas Blouf dans la preacutefecture de Tendouck
Mais en lutte on a pris lhabitude ~e les grouper en deux zones dune
part le Kassa qui preacutesente des particulariteacutes et dautre part lE Fogny
et le Blouf
- J 7 shy
3 ) 2 ~U(lquE5 aspects d~ l~ducatio~ ~t des rit~s en milieu diol~
L eacuteducat ion veacuteritable de lenfant diola est sociale et ne se corlprend
que dans la relation sociale elle deacutepasse de loin le strict cadre
famililal Elle commence au stade de lapprentissage du langage
Lenfant apprendra agrave reconnattre le langage du regard de ses parents
Il doit connaicirctre et faire la diffeacuterence entre un regard approbateur
et un regard qui blacircme De mecircme il doit apprendre agrave faire les gestes
de la tecircte qui expriment lapprobation En aucun cas lenfant nest
laisseacute agrave lui-mecircme Aura-t-il deacutesobeacuteit par complaisance naura-t-il pas
eacutecouteacute ou fait attention aux recommandations reacutepeacuteteacutees plusieurs fois
sans reacutesultat il fera lobjet dune punition corporelle avec la chicotte
Elle a pour effet de faire mal au corps de lenfant afin datteindre son
acircme sa sensibiliteacute et instaurer en lui une sorte de 1iaision de la
meacutemoire du mauvais comportement agrave la douleur quen voulant eacuteviter la
douleur il finit par eacuteviter le mauvais comportement en tout cas den
prendre conscience degraves cet acircge Cest une meacutethode deacuteducation mora1e (])
i 3121 Leacuteduca~ion maternelle
1
Notre eacutetude nous a montreacute que mecircme de nos jours leacuteducation diola
conserve encore ses caracteacuteristiques traditionnelles au niveau des rites
des moeurs des habitudes des principes et des normes
Leacuteducation de lenfant reste lune des plus rigoureuses Elle commence
degraves le plus bas acircge car pour le dio1a on ne peut redresser une personne
adulte donc autant leacuteduquer tregraves jeune Jusquagrave lacircge de trois ans
lenfant sera encadreacute par sa megravere qui bien queacutetant tregraves douce fait
preuve daucune indulgence Elle lui apprend les interdits de la communaushy
teacute respecter son prochain ne pas insulter ni profeacuterer de gros mots surshy
tout en preacutesence de grandes personnes ni faire violence agrave autrui
Plus terd v~rs cinq ou SlX ans le jeune garccedilon est initi~ a~x travaux
ces cna~ps des rizi~r~s cles pal~eraiEs ce Gui ne manquer6 pa5
davoir ces rEpcrcussic~s sur SOn deurovelopperncnt morpholoique
- 1( shy
3122 La circoncisio~
cest un rite obligatoire Il a pour but dintroduire le garccedilon dans
la communauteacute des hommes en tant que responsable Cest un rite qui
laisse une trace indeacuteleacutebile dans la vie du jeune diola Les principes
de la vie en socieacuteteacute y sont enseigneacutes agrave fond Le rite de la circoncishy
sion preacuteseuro~teuro uneuro forme p~lticul do~t s~uls les diolas connaissent
lorganisation internecar la circoncision est agrave la fois une eacutepreuve
physique intellectuelle et morale
Cette circoncision en milieu diola se passe dans le bois sacreacute En ce
lieu les Njoulis (circoncis) sont encadreacutes par des mattres les
Kintangs et au-dessus de ces mattres regravegnent un ecirctre doteacute de faculteacutes
occultes il sagit du Kankourang Le kankourang a cette capaciteacute de
disparattre de voler quand bon lui semble Il incarne la justice et la
violence et assure la protection de ses disciples contre les mauvais
esprits Ainsi le kankourang incite agrave lobeacuteissance et agrave lordre dans
cette socieacuteteacute Dans la tradition diola le kankourang repreacutesente un
pouvoir mystique capable de choses extraordinaires dont la socieacuteteacute
moderne avide de raisonnement ne pourra trouver une explication Au
cours de la circoncision les initieacutes subissent un certain nombre
deacutepreuves physiques que le diola appelle samasso Il doit se soushy
mettre agrave lensemble de ces eacutepreuves consideacutereacutees comme indispensables
agrave sa formation pour lui permettre de juger ses capaciteacutes physiques
mais eacutegalement deacutepouver sa valeur intellectuelle morale et sociale
Il pourra aussi se mesurer aux autres dans le domaine de la consideacuteration
et du respect En quittant le bois sacreacute le jeune doit posseacuteder une
grande partie des qualiteacutes humaines et socisles quil faut agrave un howmE
pour vivre en harmonie avec la socieacuteteacute traditionnelle Il serait bien
sOr possible dans le cadre dune eacutetude plus approfondie de parler de
bien dautres rites et pratiques traditionnelles
Notons cependant que le rite de la circoncision appartient aux anc~t~es
et que dans les villages reacutecents ougrave les structures ont changeacute on ne
Jeux jours avant la re~trfE cans le bois sacr[ les adolescents so~r
-
- Jo shy
por lE diola 11-071- doit rester en harrc1iE avec lE
tal lanimal lui-mecircme les ancecirctres les geacutenies Le rit~ du rasdge co~sist~
acirc ~loigner la ~alchance de lenfant Si l~ ritE nest pas respecteuro eumlr es
parents du futur initieacute celui-ci connaicirctra la malchance pendant toute sa viE
Ce rite a aussi pour faculteacute deacuteloigner le mal et de preacuteserver lenfant des
mauvais esprits
Le rite de leau sacreacutee se fait un jour avant lentreacutee dans le bois sacrEacute
Les femmes doivent se garder davoir le moindre contact avec leau beacutenite
pour se preacuteserver des conseacutequences facirccheuses qui pourraient en reacutesulter La
tradition veut quune seule goutte soit capable de deacuteclencher lavortement
l chez la femme enceinte de rendre steacuterile la jeune fille ou de provoquer des
menstrues perpeacutetuelles chez la femme ayant atteint la meacutenopause bull
bull Le rite de la forge protegravege le futur initieacute pendant son seacutejour dans le bois
sacreacute Mais cette protection seacutetend bien au-delagrave et de rite veut que toute
personne qui y faillit soit condamneacutee agrave devenir leacutepreuse
Pendant plusieurs semaines les jeunes initieacutes subissent une formation capishy
tale qui fera deux des hommes complets
313 Croyances et pratiques mystiques
Si nombreux sont les diolas convertis au Christianisme ou agrave lIslam leur
foi napparatt jamais incompatible avec leurs croyances animistes Lhisshy
toire des rois et reines diolas nous reacutevegravele quils eacutetaient les ffprecirctres fl de
ces cultes feacutetichistes destineacutes agrave maintenir la fertiliteacute et agrave provoquer
la chute des pluies De nos jours existent encore des socieacuteteacutes secregravetes agrave
base religieuse ou magique la plus redouteacutee eacutetant lassociation neacutecrophashy
gique Kousanga des Floup (1)
Deux fafu expliquent la coexistence du dogme et de la croyance
le contact tardif de la socieacuteteacute diola avec les civilisations eacutetrangegraveres
et leacutevangeacutelisation ou lislamisation quelles veacutehiculaient Il e~ reacutes~lt~
une importance des traditions leur reacutesstance agrave une remise en questic~ ce qui confegrave~e agrave la socieacuteteacute diola un caractegravere conservateur
r~c~~i]EE 2~fr~~ ~c - t
ct ~Cc egraveE~ Cimiddotilisatilaquo~ eacute
la neacutecessiteacute de lanimisme consiegraveeuroreacute comme base de toutes legrave~
religi0~s uumlegrave serait-ce que corr~e tentative ciexpliquer li1explishy
cable en se repreacutesentant en particulier comme un ensemble de puisshy
sances mystiques Ainsi pour lanimiste agir sur la nature cest
intervenir psychologiquement aupregraves de ceLX qui la gouvernent
314 Imeact des moeurs sur la prat~que de la lutte diola
Lorigine de la populariteacute de la lutte eugrave milieu diola est par trop
impreacutecise aussi nous nous limiterons agrave en donner la signification
actuelle La lutte apparatt dabord comme un moyen privileacutegieacute deacutedushy
cation
- sur le plan corporel afin de deacutevelopper la force lagiliteacute la
rapiditeacute et la souplesse
- sur le plan moral afin de deacutevelopper les vertus caracteacuterielles
courage tenaciteacute digniteacute bullbullbull neacuteces~aires agrave laction
Mais la lutte apparatt aussi comme un mpyen dinteacutegration sociale car
le jeune diola qui se refuserait agrave se sbumettre agrave leacutepreuve de la lutte
encourrait un isolement alors que celui qui excelle en bravoure devient
rapidement populaire Dougrave ces affrontements agrave linteacuterieur dune classe
dige qui tout en restant un moyen de reacutejouissance servent eacutegalement
agrave eacutetablir des comparaisons
Nos observations et nos interviews confirment le caractire tris physique
de la lutte diola immeacutediatement les lutteurs sont au corps agrave corps et
les techniques consistant agrave aracher ladversaire priment sur toutes les
autres Exprimer sa force est une preacuteoccupation constante il suffit pour
sen persuader de voir le groupe de lutteurs peacuteneacutetrer dans laregravene au son
du Born bol on que rythme le claquement de mains des femmes
C~tte da~se est une deacutebauche dAnegie Ougrave les lutteurs pieacutetin~Ert avec
force L sol
i shy
3141 EorphologUgrave et valeur physiques du lut teur diola
Le lutteur diola possegraveagrave~ un deacuteveloppement caracteacuteristique du trai~
supeacuterieur et de la musculature doso-lombaire Ceci est tregraves certaineshy
ment lieacute au maniement de la houe de la daba et surtout dukadiando
dont lusage permanent a modeleacute la morphologie du lutteur diola
La valeur physique de ce lutteur semble reposer sur sa force sa
reacutesistance mais aussi sa rapiditeacute
3142 Reacutepertoire technique
Dans le Blouf la forme du corps la plus utiliseacutee est le deacutecalage souvent
combineacute avec un crochet de jambe (gal gal) ceci semble ecirctre lieacute agrave
lutilisation quotidienne dans les riziegraveres du kadiando Le paysan du
Blouf sera ameneacute agrave faire un mouvement de torsion pour deacutecalerlinstrushy
ment enprenant appui sur son genou et ceci continuellEment pendant toute
la jourpeacutee Chez les diolas du Fogny le kadiando eacutefait surtout utiliseacute
par les femmes qui soccupaient autrefois exclusivement de la riziculture
et ce n~est quaujourdhui que les hommes cultivent le riz 1
La principale culture dans le Fogpy est celle du mil on y cultive aussi
de larachide De ce fait loutil le plus utiliseacute est le donkoton qui
est un instrument tregraves petit avec un manche court et dont le maniement
expliquerait peut-ecirctre leacutetonnante musculature du train supeacuterieur et surshy
tout de la zone dorso-lombaire du 4i6la fogny qui excelle dans les techshy
niques en force genre arracheacute avec les bras sur contrOle de la ceinture
de ladversaire Lulisation du donkoton semble eacutegalement expliquer la
garde tregraves basse du lutteur fogny
Dans le kassa on aurait pu trouver la mecircme forme de lutte car la morphoshy
logie du lutteur est agrave peu pregraves la mecircme mais linterdiction formelle de
la prise du ~gimbe modifie et limite tout le repertoire technicult2 ou
lutteur Le lutteur kassa adopte une garde basse et agrave une preacutefeacuterence pc~r
legraveS tc~-iccedilues n passa~ dessous - - ~ shymiddotmiddotcrc t--=~ c-
----
contact et agrave partir de ce TtoTteuront ils peuvent se relever et conti~uEr
en lutte debout jusquau terrassemen~
Toutes les gardes sont rapprocheacutees en milieu diola
irbi trage
Les combats sont arbitreacutes par un deacuteleacutegueacute geacuteneacuteralement anClen lutteur
Ces anciens lutteurs ont pour rocircle de veiller au bon deacuteroulement du
combat La victoire est deacutecreacuteteacutee dans les cas ougrave un des lutteurs se
retrouve en position assise sur le ventre sur la cuisse ou les
genoux (sauf dans le Kassa)
Il existe un autre mode de victoire celle qui est proclameacutee agrave la
suite dune supeacuterioriteacute eacutevidente du~ des lutteurs A savoir quand
un lutteur soulegraveve tregraves haut son camarade et que son manager estime i
quil est pratiquement battu il peut arrecircter le combat en touchant
dabord le lutteur adverse popr eacuteviter que son lutteur ne soit terrasseacute
tregraves fOrt Nest-ce pas un deacutecision sage des managers qui peut contribuer
agrave maintenir le caractegravere reacutecr~atif de la lutte joola 1
La victoire dun village sur un autre village ne se mesure pas au
nombre de victoires obtenues par lensemble des lutteurs En effet
il suffit que le champion soit battu pour que le village soit consideacutereacute
comme deacutefait Ce qui explique limportance et le seacuterieux que le village
accorde agrave la preacuteparation des championsl)
Il est cependant important de signaler que larbitrage dans les centres
urbains revecirct une iautre forme beaucoup plus codifieacutee et cest peut-ecirctre
une des raisons qui font quen milieu urbain la lutte diola perde une
partie de son originaliteacute
En dehors des techniques speacutecifiques agrave chaque sous-groupe il faut
signaler quil y a une multitude de prises et quelGues formes de corps
comTIunes agrave letnn Car reconnaissons qu il cO unE ror-euro approp=i~eacute
dE ~ouvane du l~tteur diola en TaI
-----~-----
LE tableau ci-dessous se propose dE reacutesumer les diffeacuterentes consideacuteshy
rations techniques envisagEacutees dans cette partie
FORlŒSSOGS-GRGUPES 1 COItltOLE GA~JESDt CORF=
i ~
1 1
Passage dessous de jambes et BassE KASSA saisies Moyenne1annexes bras (rapprocheacutee)
ceinture tecircte
Deacutecalage de Moyenne et BLOUF Demi-souplesse Ngimbe
HauteHancheacute Bras (rapprocheacutee)
Jambe
Arracheacute CouFOGNY Tregraves basse
Hancheacute ii 1
1 1
3 14 3 bull LeIIa~~jueetlecom~ortementdulutteur-+iola
1 Le comportement et lattitude du lutteur dans laregravene pe sont en fait
t
que le reflet de sa psychologie et plus partiCUliegraverem t de son eacutetat
dacircme Or il napparatt pas abusif deacutetablir des cor eacutelations entre
le psychisme dun individu et lempreinte eacuteducative quil a subie En effet en sortant du bois sacreacute le jeune diola a acquis un ~ca~~l
eacutequilibre physique et mental
Cette matrise de lui-mecircme permet au lutteur dans la~egravene dadopter
un aire enjoueacute de manifester beaucoup denthousiasme~ La lutte devient 1
essentiellement un jeu laspec ludique y est privileacutegieacute et ~ela influe
sur le comportement du lutteur
Ainsi queurolq~c soit limporta~cE de le~je~ le lutt~c~ dic1e Seuroreacute
to~jours serein et s~ livrera sa~s arri~re pe~s6e da~$ ~E CO=beacute ou-
tons que le lutteur diola est trecircs fair-play et sil arrive quun rdnd
lll L COIicircilU1Ul L ULOF
32 J Preacutesentation
La soc tEacute wucirc10f est celle qU1 a eacuteteacute la plus marqueacutee par la colonisation
~~ fait peut-gtre de sa position geuroographiquE dune part ct de 50~ imporshy
tanCE sur le plan dfmographiquE dautre part En effEt ceurootteuro CC-~ucircautE
wolof repreacutesente environ 20 de la population seacuteneacutegalaise
Elle est constitueacutee de pecirccheurs (ce sont les leacutebous) dagriculteurs de
fonctionnaires de lEtat mais surtout de commerccedilants
A pqrtir de leur reacutegime dimplantation le Cayor le Walo le Baol le
Djolof et la presquicircle du Cap-Vert les wolofs ont tendance agrave irradier
sur lensemble du territoire sous leffet de leur speacuteculation agrave la culshy
ture de larachide et du nombre important de fonctionnaires quon trouve
dans cette ethnie
322 Les moeurs et croyances wolofs
Bien queacutetant en grande partie des musulmans convaincus les wolofs
conservent toujours une croyance animiste et continuent agrave faire des
sacrifices agrave porter des cornes ou des morceaux de bois agrave la ceinture
aux jambes ou aux bras et agrave croire agrave lexistence des Djinneacutes et des
Raps bull
Le Djinneacute cest une creacuteature malfaisante en geacuteneacuteral capable de choses
extraordinaires Il possegravede des faculteacutes surnaturelles Cependant dapregraves
la croyance animiste certains Djinneacutes peuvent ecirctre bons
Le Hapl cest une creacuteature ayant des dons occultes appartena71t agrave une
famille ou agrave une communauteacute et dont le rOcircle est de veiller cu daider
les reCJrES de le fai11p ou dt la conmunauteacute en cas de da1gel Le Rap
~ ut te c ) ~~c-
ei sltcificE cJ sanl dE meut0 dL chat de pC)wleurot 5E1lt les conveuroshy
lances parfois leur dorner COrllTe offrande du lait Laii
Qua1d une famille ou une communauteacute neacuteglige les Sarakh (ici dans
le sens de sacrifice ou Offrande) elle se voit aussitocirct vouEacutee agrave la
maleacutediction des mauvais esprit~ (fcllec dans touteacuteS lEs ~treprises
de la vie maladie mort bullbullbull ) Les lieux ougrave habitent ls Taps et ougrave
se font les sacrifices se nomment Khambs
Geacuteneacuteralement le khamb se trouve dans lenceinte de la maison ou
dans un coin approprieacute du village Les lieux du khamb sont marqueacutes
par la disposition de calebasses de pilons de morceaux de poterie
briseacutes de grosses pierres de cornes et dautres objets heacuteteacuteroclytes
La superstition wolof est tregraves marqueacutee En effet pour le wolof toutes
les manifestations quotidiennes trouvent leur signification dans le
mysticisme Citons agrave cet effet quelques ezemples Une femme enceinte
ne doit pas marcher agrave nimporte quelle heure de la journeacutee Certaines
heures de la journeacutee lui sont interdites le Timiss (creacutepuscule
le Ndjo~or (de 13 H agrave 14 H de lapregraves-midi) le souf-segravede (de
minuit i4 H du matin) Selon la tradition ~t la croyance wolof les
mauvais ~sprits choisissent ces heures pour jeter des sorts Et la
femme enceinte eacutetant tregraves vulneacuterable le Djinneacute essaiera de lui insufshy
fler son souffle pour atteindre son beacutebeacute afin dentratner soit la
meacutetamorphose de cedernier en monstre soit de le tuer avant sa naissance
Dailleurs pour le wolof et pour certaines autres ethnies au Seacuteneacutegal
le timis le tdjolor le souf-segravede repreacutesentent des peacuteriodes de
la journeacutee ougrave lon ne doit pas se hasarder dans les rues et les champs
Ce sont des heures propices aux apparitions des Djinnes sous nimporte
quelle forme humaine ou animale
Il est eacutegalement interdit au wolof de marcher ou de serti la nuit du
~eacutellfria-
loutes c~s pratiques ~ystiqu~s et cr0ya~ces religi~us~5 ~xistent eL~~[
certainement dues agrave un meacutetissage culturel Parallegravelement aux feacutetiches
aux incantations et agrave lutilisation des safaras (substance magique)
notons lexistence de ga l a tchs (ce sOnt des talismans ougrave sont inscrits
du qui les porte Toutes ces croyances biEn sucircr auront une rEacutepercussicrI
sur leacuteducation du jeune wolof
323 Leacuteducation du wolof
Pour caracteacuteriser leacuteducation wolof nous avons penseacute donner comme
illustration cet extrait de la revue DEM ak TEY Pour deacutefinir leacutedushy
cation le wolof fait appel agrave un symbolisme qui eDglobe aussi bien les
moyens mis en oeuvre Yar que le reacutesultat obtenu agrave laide de ces mecircmes
moyens cest-agrave-dire la formation et le deacuteveloppement de lecirctre humain
ou Yaru
Le substantif Yar deacutesigne le fouet
Ce symbolisme deacutesigne donc au-delagrave du simple sens mateacuteriel de lobjet
lutilisation qui permet daboutir au reacutesultat escompteacute (Yaru) Au sens
geacuteneacuteral Yar deacutesigne tout instrument servant agrave infliger une punition Le
terme laisse supposer agrave priori que cette phase de lenfance durant lashy
quelle se preacutepare la vie de lhomme est lieacutee agrave la souffrance au supplice
Dailleurs une maxime wolof compare lenfant agrave une tige quon a tout le
loisir de redresser alors quelle est encore flexible bull
bullbullbull Pour leacuteducateur wolof la perfection nest point de ce monde malS
le devoir de chaque homme est de tendre vers la pleacutenitude en luttant
contre ses propres faiblesses Leacuteducation va d01c iisister essentielle~(-~t
sur lexercice quotidien de leacutelevation ffiora1e d~ lindividu Pour cela
elle privileacutegie la patience munI) vertu dabneacutegdtion et dE deacutesinteacuteresseshy
m(~t autour dE laquelle sarticulent toutes ]e~ ~u~~~s qualiteuros
i _
aan~ ~ s0cieacutet gt~olcf ocirclt~tartt nul -Jt- poulait sabecircisstr
tion de sa libertEacute La liberteacute est le preuumler drcmiddotir dE l ho-)euro egrave~S
baigner dans une beacuteate admiration du passeacute la comparaison avec le pr~$(middott
si~posc dclle-mecircme car lon reste s reacute devant la deacutesinvolture aVEC
laquelle dES honmes daujourdhui descendants de cette ~~~EacuteTatic ccedil~l se
une fois [largis bullbull tTasque fiers davoir fait leacute priS0n PEut-2tTE
faut-il mettre cela sur le compte de lurbanisation et des nouvelles
valeurs qui ont pour nom enrichissement reacuteussite sociale avec ce que
cela comporte de deacuteshumanisant et de deacutepreacuteciateur (1)
3 bull 2 bull 3 1 bull Lesri tes
Le sevrage et la circoncision constituent les deux grandes phases initiashy
tiques chez le wolof
- Le rituel du sevrage est appeleacute maga1 (litteacuteralement rendre grand)
Cest un eacutevegravenement important aussi bien pour les parents de lenfant que
pour la co~unauteacute Durant cet eacutevegravenement qui survient geacuteneacuteralement deux
ans apregraves la naissance du beacutebeacute les personnes vivant dans lentouragE
apportent leur soutien moral et mateacuteriel
- le rituel de la circoncision revecirct pratiquement la mecircme signification
que dans les autres ethnies seule la forme diffegravere La circoncision reste
encore une eacutepreuve de la vie au sort i r de laque Ile ladolescent devient un
homme Aujourdhui il faut noter une meacutetamorphose de la structure sociale
et des croyances religieuses tregraves accentueacutee aussi bien chez les wolof que
chez les autres groupes ethniques et ceci est peut-ecirctre dO au contact
permanent quils ont avec la socieacuteteacute occidentale
Malgreacute ces constat~tions il semblerait pcu=tant qUE la sociecirct~ lecircbou Gci
bien que se trouvaLt en grande partie dans ~a Presquth du Cap-ETt Et
en contact permane~t avec les blancs soit la portior la plu8 cc~serva-
----------~_- ---~-- -----
~
Incidences d s ~00urs sur la l~ttE
Le wolof connaicirct deux formes de luttes la lutte sirplE- sans t-t
la lutte avec frappe La lutte avec frappe a une crigi~e purement r
et ce nest que plus tard quelle devint une prati1uE sportive et lud
preacuteparer agrave la guerre Aussi tout en luttant On eacutetait autoris~ agrave frapper~
griffer mordre voire introduire son doigt dans loeil de son adversaire
Le jeune wolof devait eacutegalement se livrer agrave la lutte avec frappe afin de
favoriser son insertion dans la socieacuteteacute adulte et sinitier au meacutetier de
soldat faute de quoi il ne pouvait se faire entendre ne avoir des marques
de respect Pour montrer la populariteacute de la lutte dans le Cayor signalons
que les Damels ll (rois) et les Teignes (nobles) nheacutesitaient pas agrave sy
livrer Quant au IIMbeu~ (lutteur) elle lui servait de moyen de promotion
sociale car d8S que sa reacuteputation eacutetait eacutetablie il pouvait ecirctre choisi
par les rois et les nobles comme garde de corps
325 Signification de la lutte en milieu wolof
La lutte se pratique dabord pour lhonneur qui est une vertu tregraves signishy
ficative pour le wolof Elle permet de renforcer les liens amicaux entre
les jeunes de villages diffeacuterents Le champion veut gagner
confiance et la consideacuteration de son village de ses amis
Etre champion cest aussi susciter ladmiration chez les
sentant la force la viriliteacute et la deacutetermination
326 Organisation d~s eacutepreuves de lutte
3261 Les Mbapatts Ce sont les seacuteances nocturnes
pour meacuteriter la
et des anciens
filles en repreacuteshy
Ils sont organiseacutes apregraves les reacutecoltes agrave la fin de la saiscn des pluies
Ceci surtout p~ndant les peacuteriodes de clair de lune car ils peuven~ durEr
toute la nuit Le but des ~Dapatts lt=tait de prfpa-er FhysicuemeH et
~ arb Sil
326 Le 1
cest une organisation beaucoup plus importante que les I~apatts ~
loccasion de laquelle on peut voir plusieurs lutteurs de grande reDommfe
saffronteLLa fin dl lamb est toujours couronneacutee par une grand co~bat
duquel le vainqueur est sacreacute champion de la contrecirce
Le choix du lieu est lieacute agrave limportance de ce lieu dans le village cest
la place publique ougrave geacuteneacuteralement se passent toutes les manifestations
assembleacutee geacuteneacuterale sabar (danse) cest aussi lendroit ougrave sont prises
les grandes deacutecisions
3623 Lappariement
Dans un village ou un quartier les lutteurs se regroupent en lang
(eacutequipe) et jamais deux lutteurs de mecircme lang ne se rencontrent lors
du lamb
L appariement s~ fait librement entre lutteurs de lang diffeacuterents l1hs
une regravegle veut ~uavant de lutter avec le Mbeur Kanur de tel lang si
on est soukh (l~tteur pas encore confirmeacute) il est neacutecessaire de lutter
dabord avec ses soukh et ce nest quapregraves les avoir terrasseacutes tous
quon se voit octroyer la chance de lutter contre lui
Notons que la cateacutegorisation des lutteurs par poids nest jamais prise
en consideacuteration
3624 La tenue du lutteur ou NGIMBE
Le middotNGimbe est confectionneacute par le marabout de la famille ou du clan Il
est constituecirc de pagnes en coton tisseacute geacuteneacuteralement offerts par la megravere ou
la grand-megravere du lutteur ceci lors des organisations de ~rande Tportance
COrlune lef 1amb Dans le cadre des l-bapatt les pagnes sont C tErts peumlr
~~~rcfcis ct ffi~mc aujourdhui d218 cErtaInes fa~ille5 on devj~Gr
luttEur de pegravere en fils et dans ce cas h 1
gimbell du pEgravere Est recircr i tEacute
par le fils Le fait de porter le lI~gimbe agravee ses aiumleux peut susciter
cne~ le jeune lutteur une motivation et une volontecirc in~branlable rlasshy
surer 12 supeacuterioritEacute cis SIcirct-ns dallS
le xgimbe de la famille ne touche pas le sable
La tenue du lutteur a une signification et une importance sur le plan
mystique car selon les anciens le vrai feacutetiche du lutteur celui qui
le proteacutegera agrave vaincre le Djinneacute ou le Rap de ladversaire se trouve
cacheacute dans ce Ngimbe Celui qui confectionne-le Ngimbe est doueacute de
faculteacutes occultes
~~r~i~rg Il est assureacute par un sage du village qui geacuteneacuteralement fut
championde lutte de son temps Dailleurs cet ancien nintervient que
si le terrassement est litigieux
Hormis le public qui proclame la victoire ou le match nul le lutteur
lui-mecircme est arbitre et il arrive quil se deacuteclare vaincu ~ous
pouvons citer comme exemple Meacutedoune KHOULE un des plus grands lutteurs
seacuteneacutegalais qui a donneacute une victoire agrave Djeacuteri SADIO son adversaire qui a
reacuteussi agrave lui faire toucher le sol de la main
Il Y a terrassement quand le lutteur se retrouve
- assis sur le sol
- eacutetaleacute sur le dos
eacutetaleacute sur le cocircteacute
les deux genoux au sol
- les deux ma~ns au sol
la tecircte (front au sol agrave la suite dune brouette)
Il peut y aVOIr match nul si apregraves li1 temps ccmsideacuterable les lutteurs
SE sont ~ ivrEacutes respectivement agrave des assauts rEacutepEacutetEacutes et n arrivEt pas a
3265 L~ precircparation mystique
Il faut reconnattre quon ne peut parler de lutte en milieu wolof sans
envisager une preacuteparation mystique seacuterieuse Co~~e ~ous lEvans vu a~teacute-
1middot ~ d ~ ~rlturenent t0utes es actlvmiddotltesmiddot u W010 sont lles a SeS croyances
- la lutte ne concerne pas seule~ent deux acteurs se livrant faruumlucheshy
ment agrave un combat au milieu de laregravene mais eacutegalement les marabouts et les
feacutetichistes du village ou du clan qui doivent deacutefendre leur savoir et
leur prestige Avant le combat le lutteur doit se livrer agrave un certain
nombre de preacuteparations mystiques pour assurer sa victoire Aussi sommesshy
nous appeleacutes agrave parler de BACK (cest le chant et la danse du lutteur)
- le batteur de tam-tam compose un rythme en fonction du Galagne ou du
Senghor (gds-gris) du lutteur Chaque galagne sera choisi en fonction
du Rap ou du Djinneacute correspondant au Totem du lutteur
Le chant geacuterleacuterique Feinte woy veut dire litteacuteralement composer un 1
chant Ce chant est geacuteneacuteralement composeacute par les filles du viilage du
champion ou par un griot de sa communauteacute Et agrave travers ce chrnt on
arrive agrave toucher la corde sensible du lutteur en chantant lesl innombrables 1
victoires de ses ancecirctres ou en lui rappelant ses prouesses eacuteblatantes 1
Chaque lutteur doit avoir un chant et un back qui lui sont propres
327 Le reacutepertoire technique et les caracteacuteristiques physiques dulutteur wolof
Le lutteur wolof est geacuteneacuteralement moyen de taille la musculagraveture est
tregraves saillante ce qui fait ressortir un aspect tregraves athleacutetique ceci
est vrai sans exception pour le lutteur leacutebou mais il arrive que le Cacircyoshy
rien le baol-baol le walo-walo soient de grands gabarits de forte constishy
tution
CepEndant pour une meilleure compreacutehension du sujet nous pouvons eacutetudiEr
deux jroups d lut teurs qui vont deacuteterminer deux st yI e s de lut tes
- ~ t
les tc~tativ~s de~[reacutee e~ ramassement de jambes de la~v~sairL Ce~~
peut Ecirctre expliqueacute par le fait que les lutteurs leacutebou ou walo-walc qui
sont des pecirccheursadoptent cette garde tasseacutee du fait quils so~t tou-
jours pencheacutes en tirant le fil ou en poussant la plrogue On verra techrugravequeacutes dt cirr 2C ~lt 5Jllicitocirct
surLuumlut les membres supeacuterieurs
Le cayorien et le baol-baol par contre sont les plus grands cultivateurs
darachide chez eux les techniques de lutte sont plus varieacutees et la
garde est moins renfermeacutee Les lutteurs cayorien et baol-baol ont une
morphologie et une reacutepartition musculaire bien eacutequilibreacutee ils excellent
dans les techniques en deacutecalage les techniques de jambe et surtout les
techniques de riposte ougrave lon peut voir des prises de hancheacute tregraves amples
Dune maniegravere geacuteneacuterale on peut dire que le lutteur wolof est un fin
technicien qui sait surtout creacuteer les opportuniteacutes e~ avec sa rapiditeacute
utiliser la force de ladversaire pour le deacuteseacutequilibrer le noodju
le mbas le weacuteheacuteleacute et le rasu sont des techniques propres au lutteur
wolof
En deacutefense il utilise surtout des kl~klets ou gal-gal Notons que
le balancement des bras ou Lewato e$t tregraves marqueacute dans la lutte wolof
TABLEAU RECAPITULATIF DES COMPOSANTES TECHNIQUES
( 1 )
1 SOUS-GROUPES GARDES CONTROLES FORHES DE CORPS l
Walo-walo Basse de jambe Arracheacute l l10yenne de Ngimbe et i
Leacutebou Tasseacutee et saisies annexesj Deacutecalage 1 1 distante de bras de tecirct1
j de bras Deacutecalaeuro
~-----------------~-
- ~ ~- shy - ~ ~ bull L _ _ bull
Profil psyc~~iqUE du lutteu- et son comporterent dars l 2regravere
La preacuteparation mystique dans laregravene est plus marqueacutee chez les wolofs
que ChE~ les autres ethnies En effet on verra de grands champions
preliGrE plusiEurs heures pour Enduire leur corps de cll2badep ou ci
rmiddot- ~ a la proprieacuteteacute de proteacuteger li1egraveividu J
les mauvais sorts) Cest dailleurs un aspect dt la luttE qui iJcsc
des problegraveJles
Le lutteur wolof est tregraves superstitieux et la peacuteriode de preacuteparation
est capitale pour lui car elle permet non seulement de rendre
hommage aux ancecirctres mais aussi dintimider son adversaire Cest
geacuteneacuteralement un lutteur agressif combatif et teacutemeacuteraire Il se fait
souvent remarquer par son esprit dentreprise Mais cette fougue dans
le combat lamegravene parfois bien que ce soit regrettable agrave oublier les
usages et les normes Ce manque de maicirctrise de soi peut faire croire
que le lutteur wolof manque de fair-play ce qui nest pas toujours le
cas
~A~Ugrave~ t 4AA CbUrs k LA ucirctotve f~tPle Sesect prores mou W ~ lesquelles vont se couler les comporteme~ts individuels qui sont ainsi
monteacutes par et pour lautoriteacute sociale
Les faccedilons de boire de marcher ou de sasseoir se manifestent indivishy
duellement dans le corps de chaque personne ces habitus sont cependant
des montages sociaux lieacutes agrave des significationssymboliques variables
dailleurs selon la position sociale occupeacutee par chaque sujet Ces modes
dagir se rangent dans un systegraveme de montages symboliques et lindivishy
du les apprend de la socieacuteteacute dont il fait partie agrave la place quil occupe
Lhabitus est un montage social agrave la valeur symbolique deacutependant des pheacuteshy
nomegravenes deacuteducation et de prestige et lieacute agrave la position sociale du sujet
Cette penseacutee sonne de faccedilon eacutetonamment moderne
Pierre BOURDIEU qui dans une perspective a approfondi le contenue de la
notion en le reportant aux oppositions entre classes et fractions sociales
Il deacutefinit lhabitus comme un systegraveme de dispositions durables acquis au
cours dune histoire personnelle dans une milieu social donneacute systegraveme qui
engendre ensuite des pra~iques socialement deacutetermineacutees faccedilons de manger
de parler ou de marcher comportements de politesse contenu des preacutefeacuterencel
et des deacutegoOts bullbullbull lhabitus est le produit de conditions eacuteconomiques et
sociales Lauteur rattache directement la formation de lhabitus dun
individu agrave la trajectoire parcourue par celui-ci dans sa classe dapparteshy
nance il deacutefend lideacutee dun habitus de classe qui deacutefinit le sens confeacuteshy
reacute agrave la pratique sportive les profits qui en sont attendus
Ce dernier serait lui-m~me lieacute agrave un systegraveme de valeurs ou ETHOS de classe
prenant sens au sein doppositions distinctives entre classes sociales
De sorte lhabitus fonctionne comme un systegraveme dt- regravegles inteacuterioriseacutees
souvent informuleacutees permettant ou non agrave lagent de sadapter dembleacutee aux
multiples pratiques de la vie quotidienne et de la vie sportive il est agrave
lorigine des schegravemes de transcription qui favorisent les ajustements aux
situations corporelles nouvelles (1)
t ~
(1) P~IE11D dwi6Han ISpoy-l et sodeacutebi Approche Bocio-culturelle des pratiques P~tis Vigot 1981 page 81
33
331 Preacutesentation
Les Seacuteregravere auraient pour origine le Fouta Toro quils auraient quitteacute
vers le Xllegrave siegravecle pour fuir lislamisation de cette reacutegioD par lempire
dJ Xali (ils seraient donc apparEnt~s aux Peul et Toucouleur ) Ils
auraient trouveacute dans la rEacutegion du Sine les Sosseacute dorigine manding avec
lesquels ils salliegraverent
Au XVegrave siegravecle une autre immigrationSos~ conqueacuterante cette fois-ci
apporta son organisation eacutetatique Ils se divisegraverent en deux monarchies
deacutemocratiques lune seacutetablit au Sine et lautre au Saloum Les Sosseacute
conqueacuterants constituaient lautocratie appeleacutee Guelowar
La royauteacute seacuteregravere eacutetait laiumlque Les premiers souverains durent secouer
la tutelle des Toucouleur et progressivement arrivegraverent agrave unifier lethshy
nie des seacuteregravere etdea Sosseacute Les deux royauteacutes eacutetaient organiseacutees selon
acirces modegraveles tregraves deacutemocratiques Le souverain deacutependait dune assembleacutee
de ministres et de chefs locaux qui assuraient ladministration centrale
et reacutegionale())
Aujourdhui lethnie seacuteregravere repreacutesente 20 de la population seacuteneacutegalaise
Ils sont reacutepartis sur presque toute leacutetendue du territoire notamment
dans le Baol la reacutegion du Sine-Saloum et la reacutegion de Thiegraves
Signalons quil existe plusieurs sous-groupes dans lethnie ainsi on
trouvera
- dans la reacutegion de Thiegraves les Ndut les Safegravene et les None
- dans le Sine-Saloum les Sine-sine et les Saloum-salouIT
On trouvera vers foundioune et agrave Nioro du cocircteacute de la Gambie les
Niominka (pecirccheurs) Cest une portion tregraves mandinguiseacutee
( 1
Le rattache~2~t d~ to~s ccs sous-groupes pose problecircme ~25 0~ r0~V~
uc grande partie de traits COITul1uns dans leurs modes dE vie Ct pOUT phs
de faciliteacute nous allons essayer de faire une ~tude globale de la lutte
traditionnelle seacuterecircre Lactiviteacute socio-eacuteconomique qui est essentielleme~t
agro-pasorale caracteacuterisE leacutethnie seacuteregravere
332 Lecircducation les moeurs les croyances et pratiques sEr~rc
Chez les Seacuteregravere la vie humaine se deacuteroule selon les grandes eacutetapes
le baptecircme lenfance ladolescencemarqueacutee par la circoncision lsectge
adulte le mariage la vieillesse et la mort (funeacuterailles)
La vie de la communauteacute seacuteregravere reste une des plus originales sinon
celle qui de nos jours garde la presque totaliteacute des pratiques et
habitudes traditionnelles
Bien qu aujotltdhui con~r-tis aux religions chreacutetienne et musulmane les
Seacuteregravere conservent leurs croyances et pratiques animistes
Quelque soit leur degreacute dadheacutesion aux religions reacuteveacuteleacutees les Seacuteregravere
croient en un Dieu puissant et miseacutericordieux Rog Segravene et les hommes
Les ~angols sont repreacutesenteacutes mateacuteriellement dans tous les villages
seacuteregraveres par des arbres (baobab et tamariniers) des animaux (geacuteneacuteraleshy
ment serpent doreacute ou iguane) des ustensiles (pilon calebasse et mortier)
De nombreux teacutemoignages nous apprennent que certains totems (serpent
iguane) font leur apparicion agrave loccasion de certaines manifestations
rituelles comme les sacrifices ceacuteleacutebreacutes lors dun mariage de ceacutereacutemonies
mortuaires ou des circoncisions
Le Seacuteregravere comme il nous a eacuteteacute donneacute loccasion de le dire plus haut
preacutesente des speacutecificiteacutes authentiques aussi bien en tout ce qui touch~
son eacuteducation ses croyanCES et pratiques mystiques q~e ses activiteacute~
socio-ecirccc~omiquEs Apr~s a ~aissa~c~ le beurob~ ~~ pcs~ 5~~ lE S~ __
On lui mouille les l~vres avec un peu d~ lait de mil et apr~s U~ bain
purificateur on versera leau dans un trou cr~us~ derri~r~ la Camp~~
Pendant huit jours la megravere et lenfant sont cacheacutes dans la case car
selon les anciens ils sont tregraves vulneacuterables La case deacutens certains cas
est entoureacutee dun fil blanc et lon place sur le seuil des fais(cauy di
veacutegeacutetaux pour chasser les mauvais esprits (geacutenies malfaisants et illangeUY~
dacircmes) Au bout du huitiegraveme jour la megravere et lenfant peuvent sortir de
la case bull
bullbullbull Le matin du huitiegraveme jour la tante paternelle va chercher de leau
(plusieurs fois)t elle doit rester muette pendant ses alleacutees et venues
si elle parlait t lenfant pourrait ecirctre muet bullbullbull
La megravere et lenfant prennent un bain purificateur dans lequel sont
trempeacutees certaines plantes (ce sont des veacutegeacutetaux pr~tecteurs tels le
begravene le yag le ngud) On y lavera aussi le linge e1t les ustensiles utishyj
liseacutes pendant les huit jours qui viennet de seacutecoul~r On rase le crine
de lenfant Les cheveux sont donneacutes agrave la megravere qui ~s enterrera avec le
reste du cordon ombilical dans un endroit que11e esit seule agrave connattre
La megravere sassied sur une natte devant la maison Une femme igeacutee de la
famille prend le beacutebeacute dans ses bras et le preacutesente aux quatre coins de
lhorizon
La tante paternelle tient ensuite un van sur la tecircte de la megravere on y
verse le mil on y verse eacutegalement en abondance sur la megravere et sur
lenfant La tante oint ensuite le corps du beacutebeacute avec du lait e11e
touche en particulier le front t le nez la bouche la poitrine le dos
et les oreilles
Elle pose enfin un ~rain de sel dans la paume du beacutebeacute (le sel purifie
et deacutetruit les puissances mauvaises)
Apregraves un nouveau bain la megravere et lenfant revEcirctent des habits de fecircte
(est
lenfant Ce precircnore a toujours U~ SEns Il sy~bolise parfois C0 qUi
lOIl sounaitt agrave lEufant l)
La circoncision comme dans les autres ethnies est obligatoire Elle
permet au jeune adolescent dacceacuteder agrave la classe adulte Les jeunes
sont regroupes en classe dacircge dans le bois ougrave sc fait la r0tr~it0 des
circoncis et ceci pendant plusieurs mois
Le Selbeacute qui est geacuteneacuteralement un ancien craint de tous les eacutelegraveves
enseigne le respect de la hieacuterarchie la discreacutetion le goOt de linishy
tiative Les activiteacutes physiques et leacuteducation artistique ne sont pas
en reste la deacutecoration la sculpture la lutte et la danse A sa sortie
du bois linitieacute appartient deacutesormais agrave la classe des virils et des
sages du clan car on lui aura enseigneacute les vertus fondamentales que
sont la justice lhonneur lamour du prochain 1 amour du travail
lhonnecircteteacute et surtout le respect des coutumes ancestrales
Le rite du mariage esd aussi un fait tregraves important dans le monde 1
seacuteregravere mais par manq~e dinformation nous serons obligeacutes de nous en
tenir lagrave
333 Impact des ethos sur la lutte dans le monde seacuteregravere
Lorigine de la lutte seacuteregravere ne semble pas claire ma1S nous pouvons
dire quil existait deux formes de lutte comme chez les Wolofs une
lutte sans frappe et une lutte avec frappe Et cest cette derniegravere
qui peut-ecirctre nous ameacutenerait agrave croire que la lutte seacuteregravere aurait une
origine plus preacuteciseacutement guerriegravere
Aujourdhui la lutte est uniquement une activiteacute sportive agrave travers
laquelle le jeune seacuteregravere eacutevalue sa force son courage et SOn ingeacutenioshy
siteacute Cest une occasion de deacutefendre lhonneur de son village ou de
la corrnnunauteacute
La luttE ~5t avant tout u~e rnanifcs[dtic~ c~lturclie et surtout
fo lkhriqut-
Gracircce agrave elle on peut deacutesormais comprendre un certain nombre de chants
et de symboles A travers la lutte seacuteregravere on ccedilomprend les inter-relashy
tions entreacute la vie et le monde surntiturel
Sil devait y avoir la mort dun villageacuteois pendant la fecirctE au T qUE
de linterrompre on proceacutedait gracircce aux connaissances magico-religieuses
agrave la suspension de la mort jusquagrave une peacuteriode ougrave la population sera plus
disponible pour organiser des funeacuterailles sil y eacutetait preacutedit la possibishy
liteacute dune deacutefait du champion local au profit dun champion dun autre
village des recettes dordre maginque et religieux eacutetaient mises en prashy
tique afin que le champion du village ne soit jamais terrasseacute(J)
334 Le profil du lutteur seacuteregraver~
Le lutteur seacuteregravere est par essence un athlegravete impressionnant de par sa i
carrure et sa musculature saillante mais cest aussi une force tranquille
et calme quelque soit lenjeu du combagravet et particuliegraverement lhonneur
Cet aspect nous pousse agrave parler du NGiMBE cest-agrave-dire de la tenue du
lutteur qui va influencer sur sa faccedilon de lutter
La confection du Ngimbe revient agrave la communauteacute entiegravere Le Ngimbe a
une signification symbolique et le lutteur pour meacuteriter la confiance du
groupe se doit de tout faire pour ne pas toucher le sol Toute la commushy
nauteacute elle aussi sengage pour assurer la longeacuteviteacute et le succegraves du lutteur
dans laregravene par lorganisation droffrandes et de sacrifices en lhonneur
des Pangols bull
bull
Daucuns nheacutesitent pas agrave dire que lessentiel du mysticisme se fait agrave
la maison et non dans laregravene tout le reste nest quintimidation de
ladversaire
lsvcns
Tt- pi ~- t
t 1 ~ l _ ~ t
par rapport agrave lautre Cbci est trEgraves lieacute agrave lactiviteacute journaliegravere du
jeune seacuteregravere qui est un cultivateur donc toujours bien planteacute sur ses
jambes et qui continuellement manie lhiler
Le fait de couper le boi~ peut eacutegalement constituer un moyen de muscushy
lation non neacutegligeable pour le jeune lutteur
Un certain nombre de traits techniques speacutecifiques au lutteur seacuteregravere
semblent ressortir des diffeacuterentes interviews que nous aVOns fait subir
agrave certains lutteurs seacuteregraveres et agrave diffeacuterents techniciens
SOUS-GROUPES FORMES DU CORPS CONTROLES GARDES
SAFEN Moyenne en fente NONE Hancheacute Bras (distante) j
NDUTJ
f
SINE-SINE Deacutecalage Ngimbe
Moyenne
SALOUM-SALOUM Passage- Jambe (rapprocheacutee) 1
i
PETITE dessous Tecircte Basse et 1
COTE Moyenne (rapprocheacutee)
Notons que le Niominka ll commence agrave lutter agrave partir du sol pour avoir
assez deacutelan et sauter sur ladversaire afin davoir la prise du lion
(contr6le de la nuque et du bassin)
Co a -tem-nt ccedilt attitude du lutteur sEacuteregravere335 np -1t ~
Les croyances mystiques sont indissociables des activiteacutes quotidiennes
duseacuteregravere Ce qui explique le cocircteacute supersticieux du lutteur seacuteregravere En
~ffet certains lutteurs refusent de lutter avant certaines heures
Certains teacutemoignages nous apprennent quil nest pas donneacute agrave tout le
monde decirctre champion de lutte et que le lutteur doit avoir des dons
surnaturels pour ecirctre agrave mesure de livrer ses combats dans la nuit
et trouver seul un gris-gris speacutecial appeleacute Njatch
Le vrai champion de lutte chez les seacuteregraveres ne lutte pas seulement avec
~a force et sa technique mais surtout avec ses dons occultes
Chez les seacuteregraveres les morts sont toujours preacutesents et les ~pangols
Servent dintermeacutediaire entre les hommes et les morts Le pangol prend i
le nom dhumain dans certains villages (IIHeacuteJga NDONG Har Wag NGOUYE) i 1
De ce fait on verra le lutteur danser dufe maniegravere ou dune autre en
fonction du pangol de sa famille Ainsi nrus aurons le back (chant et
danse du lutteur) des DIOUF des FAYE etclbullbullbull
Dans laregravene le lutteur seacuteregravere a un comportement exemplaire aussi bien
agrave leacutegard de son adversaire direct quave~ le public en geacuteneacuteral Lexpli shy
cation semble tenir au fait que le lutteur seacuteregravere est avant tout selon
la tradition orale le repreacutesentant de toute la communauteacute seacuteregravere Par
conseacutequent il devra saffirmer non seulement en tant que lutteur dans
laregravene mais aussi en tant quentiteacute morale
336 La tenue du lutteur ou NGIMBE est confectionneacutee par le marabout de la
famille ou du clan Le Ngimbe est constitueacute de pagne en cCton tisseacute
Il doit ecirctre propre le lutteur qui le porte ne devra pas avoir de rapshy
port sexuel pendant toute la peacuteriode des cOTpeacutetitians car le Ngi~bE ne
doit pas ~tre souilleacute
Autrefois et mecircme aujourdthui dans certaines familles on devient
lutteur de pegravere en fils et dans ce cas le Ngimbe du pegravere est heacuteriteacute
par le fils Le fait de porter le Ngimbe de ses aieux peut susciter
chez le jeune lutteur une motivation et une volonteacute ineacutebranlable dtasshy
surer la supeacuterioriteacute d~s siens dans ltaregravene Il fera tout pour que le
Ngimbe de la ramille ne touche le sable
La tenue du lutteur a une signification et une importance sur le plan
mystique car selon les anciens le vra1 feacutetiche du lutteur celui qui
le proteacutegera et laidera agrave vaincre le nDjinne ou le tRapu de ladvershy
saire se trouve cacheacute dans ce Ngimbeu bull Celui qui confectionne donc le
Ngimbe U est doueacute de faculteacutes occultes
337 Larbitrase est assureacute par un sage du village qui geacuteneacuteralement fut
champion de lutte de son temps Dailleurs cet ancien nintervient que
si le terrassement est litigieux Hormis le public qui proclame la vicshy
toire ou le match nul le lutteur lui-mecircme est arbitre et il arrive
quil se deacuteclare vaincu
Nous avons pu cfter Meacutedoune KHOULE un desplus grands lutteurs seacuteneacutegashy
lais qui a donn~ une victoire agrave Djeacuteri SADIO son adversaire qui a reacuteussi
agrave lui faire touegraveher le sol de la main
IlL
34 1 Preacutesentation
Lethnie toucouleur vit En grandt partit ciE~~ la vallfc du S~~~gal
pt reprecircsente i peu pr~s 8 de la population totale secircn~galaise
o Histoire
Il semblerait que dans lancien royaume du Tekrour (IX~ siegravecle) des
eacuteleacutements neacutegroiumldes Sarakoleacute et des Peul aient formEacute par meacutetissage le
peuple Toucouleur (Toucouleur serait dailleurs une deacuteformation du
mot portugais Tacouror)
Ce empire a domineacute aussi bien les wolofs de lOuest que les Peul
nomades du Fouta Toro Cette reacutegion fut le premier pays islamiseacute par
les Almoravides ce qui peut expliquer le proseacutelytisme toucouleur
Ce sont les guerriers toucouleur islamiseacutes qui attaqu~rent avec les
Almoravides la capitale du Ghana Koumbi en 1067 On convertit par
la force les animistes Cest sans doute agrave cette eacutepoque que de nombreuses
ethnies reacutefractaires agrave lIslam ont dO accentuer leur migration vers
le sud (Seacuteregravere wolof Sarakoleacute Bambara Songhaiuml Akan et Peul se reacuteshy
fugiaient vers les hauteurs du Fouta Djalon)
Au XIXegrave siegravecle les Toucouleur allaient trouver en El Hadj Omar Tall
un grand conqueacuterent qui sous le preacutetexte religieux de la gJerre sainte
contre les tribus animistes (entre autres Bambara) eacutetendit lempire
toucouleur sur presque tout lensemble du gali et la partie de la Guineacutee
proche du l1ali
Lempire toucouleur composeacute de Sarakoleacute de Bambar~ de ~alinkeacute de
Xassonkeacute dE Peul et de Dogon eut le meurorit~ dunir CES diif~rentes ~ ~ - - - - - et~ics ~t dE CD~stituer l~Sl la b2S~ ~r 1
_ ~ ~ ~_ L ~
~ ~- ~- - - ---- _ 1 v _ t 1 ~-_ --
marabout tOL~culcuuml~ ~ middotlrrany a l ick SI venu des E1i rClS dE Pocior~ (
~ Vi~ euroconomicue et sociale -----------~-------------
Les Toucouleur sont des cultivateurs mais bien quils n~ soie~t pa~
pasteurs comrre les Peul leacutelevage a une place inportarteacute decirc1S ltur
eacutecono~ie Pour faciliter leur conquecircte guerriegraverE ils c~t Eucirc une preacuteshy
dilection pour leacutelevage des chevaux On y trouve aussi des pecirccheurs
appeleacutes Tchioubalo La socieacuteteacute toucouleur aurait une stratification
sociale tregraves rigide Les groupes ethniques et les castes eacutetaient
diffeacuterencieacutes et strictement exogamiques les Rimbe classe des nobles
comprenant la famille reacutegnante et les guerriers libres la classe des
Nieacutenieacutebegens de castes artisanales i les Rimaibeacute anciens esclaves
devenus serviteurs qui portent les noms de famille de leur maicirctres A
la base de lorganisation de la collectiviteacute toucouleur se situe le
village (Wouro)
Toutes ces castes sont cloisonneacutees entre elle~ Ainsi il nest pas
permis agrave un Torodo (noble) de se marier avec un Tchioubalo Ces
consideacuterations sont importantes dans le domaine de la lutte ougrave nous
apercevrons que les nobles ne sont pas faits pour lutter Le noble
preacutesidera les seacuteances de lutte et on luttera pour lui Ces condeacute rat ions
de noblesse et de rang social sont extrecircmement importantes dans le
monde toucouleur
Le noble ne doit pas se salir on lutte pour lui il ne vit la lutte
quen tant que spectateur
342 Education moeurs croyances et eratiques religieuses
Deux formes d~ducation sont agrave consideacuterer leacutedJcatio~ dES enfarts Et
celle des adultes
oG lenfant sait m2n~~r et apprfcier le goOt d~5 ~iifeurorents r~pas lt
le moment ougrave il CO~~e~CE agrave marcher
tivirt n~sormais le petit toucou]eur est eacuteduquf par toutmiddot 12 f2~i)]E
dabord puis par toutes lespersc~nes du village ou du C13~
Lenfant peut ~tre corrigeacute par tout adulte appartenant au groupe social
Son eacuteducation est deacutesormais laffaire de toute la communauteacute et non
exclusivement celle ces parents On linitie ainsi au travail quotidien
qui se fait dans la bergel~ e les champs et les bords du fleuve Au sein
du village il pourra apprendre agrave filer la laine et agrave tisser des pagnes
dans les champs il apprend agrave manier la houe et lhiler pour la culture
du riz et du mil Mais signalons que lactiviteacute essentielle du toucouleur
est leacutelevage des boeufs des moutons et des chegravevres Chez les Ichioushy
balos (p~cheurs ) lenfant sera initieacute tregraves tat au maniement des pagaies
agrave la p~che propremccedilnt dite et agrave la nage
Vers cinq-six ans lenfant est confieacute au maicirctre coranique le Ihierno
et ce dernier dispose exclusivement de toute sa vie Lavenir du jeune
enfant lui appartient
Comme dans les autres groupes ethniques les enfants sont regroupeacutes en
classe dacircge et cest dans cette structure que lenfant subit les rite
de passe et plus particuliegraverement celui de la circoncision
La circoncision est non seulement unE opeacuteration chirurgicale malS surshy
tout une peacuteriode au cours de laquelle le jeune garccedilon passe de leacutetat
dadolescent agrave leacutetat dadulte Les circoncis sont reacuteunis en classe
dacircge dans un endroit situeacute hors duvillage geacuteneacuteralement choisi par les
vieux Cet endroit n~st accessible que par des individus de SExe ffi8SCUshy
li~ ~ta~t au preacutealabl circoncis
- - - -
quable et complet sur le plan phy~ique et ~oral Ai~si liniti~
acquiert les qualitecircs indispensables que sont le courag~ la modest
lesprit de sacrifice lendurance
Le toucoule~r est un pleux musulma~ Cela sexp1
SOil le premier agrave tre en contact avec la religion musulmane de par sa
position frontaliegravere Lethnie toucouleur de par son histoire a preacutesenteacute
les plus grands chefs militaires et religieux musulmans seacuteneacutegalais Et
pour illustrer cela on peut citer en exemple la grande famille musulmane
des SY agrave TIVAOUANE repreacutesentant la confreacuterie des TIDJANES
Bien que lon note une majoriteacute musulmane on peut dire que certaines
croyances et pratiques mystiques et animistes persistent encore surtout
dans la reacutegion du fleuve
Une pratique courante se fait elle sappelle le Djatt Elle consiste
agrave faire sortir le caiman du fleuve agrave limmobiliser et agrave lattacher
sans quil ne reacuteagisse et tout ceci agrave laide de versets et dincantashy
tions magiques Dapregraves les teacutemoignages ces pratiques sont plutocirct
freacutequentes chez les Tchioubalos (pecirccheurs) Il arrive aussi que cershy
tains chasseurs ayant des dons se livrent agrave certaines pratiques an1shy
mis tes qui consistent agrave invoquer certaines puissances et agrave moduler sous
forme de chant des versets occultes pour se proteacuteger des mauvais esprits
et pour eacuteloigner les fauves Ce chant est geacuteneacuteralement incompreacutehensible
et deacutenueacute de sens pour le profane
343 Activiteacutes ludiques et pratiques sportives en milieu toucouleur
Durant toute son histoire lethnie ~oucouleur a toujours EacutetEacute Frese~teacute~
comme celle qui avait ue activit essentiellement guerr e e~ particushy
liegraverement farouche Trois eacuteleacutements ret r t l ecirc t te nt i c- euro so~t
le manie~~nt du ~acircton 12 luttE Et 1eacute danSE
l
Lecircducation ph~sique et artistique Dcc~pe un place precircpondecircra~rp
dans la fDrmat~on du jEune toucouleur A loccasion agraveeacutevegravenemen~ imporshy
tants reacutecoltJs mariages baptecircme nous assistons agrave des manifestashy
tions folkloriques de grande envergure le Wango oucirc dailse toucouleur
tregraves gymnique iles chants et surtout les sEacuteances de lutte
La lutte toucouleur est la forme de lutte la plus spectaclaire dans
tout le territoire seacuteneacutegalais Elle est essentiellement baseacutee sur des
techniques en hancheacute et surtout en souplesse Ceci sexplique par le
fait q~e le jeune toucouleur est tregraves tocirct initieacute agrave la gymnastique (saut 1
per saut de main salto arriegravere saut de tecircte couronneacute etc bullbullbull ) pour
la dans~ du wa~go En dansant le wango qui est une danse rythmeacutee et
gymnique le Jeune toucou1eur est capable de prouesses extraordinaires
1
En lutte lattaquant se deacuteplace tregraves peu pour avoir une bonne saisie
(geacuteneacutera~ement controcircle du Ngimben ) et enchaine brusqueme~t avec une
attaque surpris~ Cependant les ripostes sont souvent surprenantes et
spectaculaires (baseacutees sur la souplesse et la rapiditeacute) ontrairement
aux autr~s form~s de luttes ougrave lon voyait tous les jeune adheacuterer la
lutte to~cou1eur Verra un groupe de speacutecialistes sadonne agrave la lutte 1
(la lutte est lieacutee agrave la position sociale de lindividu problegraveme de
caste)
Q La morphologie du lutteur toucou1eur 1
1 1
Ce dernier nest pas aussi large et aussi fort que les lutteurs diola
et seacuteregravere Cependant il est tregraves reacutesistant La musculatJre est saillante 1
et tregraves souple lindividu est longiligne mais tregraves athleacutetique
Les mouvements de lutteurs sont semblables agrave ceux dun grand fe1in Cette 1
morphologie semble ecirctre lieacutee agrave la position geacuteographique de lethnie
(reacutegion du fleuve) et agrave lacitiviteacute socio-eacuteconomique du toucouleur qui
est agrave la fois cultivateur (activiteacute lieacutee agrave la crue et deacutecrUE du fleuve)
pecirccheuro~T CIcr~icubaon) et sttout jEumlrgcr qui est U~ rc~2eumlr
shy
Deux formes egrave~ corps sembl~nt ecirctre preacutefeacutereacutees du lutteur toucouleur
le hancheacute et la souplesse Les hancheacutes sont faits agrave partir de plusieurs
positions de doset se terminent geacuteneacuteralement par des techniques de
tregraves grande amplitude
TABLEAU RECAPITULATIF DES TECHNIQUES ET FORMES DE CORPS SPECIFIQUES
i
L441 r
GARDE FORMES DU CORPS CONTROLES --shy - -
Moyenne Souplesse Ngimbe
Hancheacute bras
Demi-souplesse
1
Profil psycholosigue 1
TECHNIQUES
ContrOle du bassin et 12 souplesse
arriegravere
Klicket et allegravegement de la hanche
Le lutteur toucouleur est celui lUi se livre le moins aux preacuteparaqons
maraboutiques Cela est dO au f~t que le toucouleur est un grand ~USUlshyman et que les pratiques animisges ont presque disparu dans ce mil~eu
Dans la pratique le lutteur esJ combaif mais il est calme et tr~s reacutefleacutechi quant agrave la deacutecision agrave prendre en plein corps agrave corps ct~st un des seuls techniciens qui reJte tregraves lucide au cours de ses comb~ts
l Dans toutes les circonstances e lutteur toucouleur est tenu de re~pecshyter son adversaire et ceux de s4n eacutequipemecircme sil est vaincu
Comme nous avons dO nous en rendre compte la rigueur des principes
eacuteducationnels a une influence tregraves sensible sur l~ comportement du
toucouleur
i
III S COCL ~s 1DO
Dans cette partie nous avons essay~ de montrer lftroite re1atic~
Entre les diverses activiteacutes socio-eacuteconomiques dans les ethnies et
lES diffEacuterentes faccedilons de lutter
Daucuns seraient tent~s de conclure trop rapidement et cest p0~r
cette raison que nOUS avons penseacute preacuteciser que le pheacutenotype nest
pas geacuteneacuterateur du geacutenotype Et nous sommes convaincus que la morphoshy
logie et les techniques des lutteurs relegravevent de leurs modes de vie
et de leurs croyances agrave une eacutepoque et danE un contexte bien deacutetermishy
neacutes
Est-ce que les lutteurs dio1a ou seacuteregravere travaillant avec leurs bras
dans les champs auraient les mecircmes pr 0 fil s physiques que les lutteurs
utilisant des machines pour lagriculture
- 69 shy
I UJOURDH~1 E-S ut O[l LES FORfilS Ut LU11t~
~otons que notre enqu~te a ecirctE essentiellement faiteen milieu urbain
Les seacuteances de lutte ont tendance agrave perdre leur particulariteacute de r~shy
jouissance pour devenir des pheacutenomegravenes de sportisatio Deux fores
de luttes so~t principale~cnt prat s dans les aregrave~es du 5 al
la lutte traditiunnelle simple et la lutte traditionnelle avec frappe
De nos jours la lutte traditionnelle tend vers une reacuteglementation
et une institutionalisation
Le reacutesultat de nos investigations nous donne le tableau ci-dessous
REPARTITION ETHNIQUE SUR 100 PRATIQUANTS
LUTTE LUTTE RAPPORTETHNIES SANS FRAPPE AVEC FRAPPE J2
Diola 40 16 71 j
Seacuteregravere 26 21 57
Toucouleur 23 10 69
Wolof 1 1 53 17
La demande sociale par ordre deacutecroissant pour la lutte sans frappe
se preacutesente comrre suit
]0_ Ethnie diola avec pregraves de 3 lutteur~ sur 4
2deg_ Ethnie toucouleur
Ethri dun
~ 1 LA LUTTE TR])IIIO~~ELLE AVEC H-PPE
Cette forme deacute lutte a une histoire qui date de lantiquiteacute elle
sa~pelait le Pugilat Au Seacuteneacutegal elle a vu le jour dans le Cayor
bien avant la colonisation Le coup dE pied l~Lrdn~lement la morshy
sure la frappe et le doigtf eacutetaient permis dans le cc=bat ~ ~middot~p0~~e
Dans certains cas la giffle eacutetait beaucoup plus dangereuse que le
poing quand elle eacutetait donneacutee par un speacutecialiste Cette giffle pouvait
agrave elle seule deacutechirer et mecircme parfois amputer la joue de ladverser
Selon les informations la lutte avec frappede nos jours serait une
forme de lutte tregraves eupheacutemiseacutee de celle dantan ougrave une blessure
pouvait souvent ecirctre mortelle
Aujourdhui au niveau du folklore la lutte na plus la mecircme
le spectaculaire a remplaceacute le significatif iLa lutte avec frappe se 1
pratique surtout dans les centres urbains C~aque fois quun grand combat 1
est progra~eacute par le Comiteacute National Proviso~re (CNP) des centaines damashy
teurs sont mobiliseacutes vers le stade lba Mar D~OP qui est aujourdhui le i
lieu approprieacute ougrave se deacuteroulent les grands conkbats de lutte Cest la formE
de lutte qui semble drainer une foule de personnes beaucoup plus importante
que celle de la lutte simple
La lutte avec frappe deacuteriverait dune forme de lutte traditionnelle
pratiqueacutee jadis dans le Cayor au temps des Damels et la frappe serait
le substitut dun certain nombre de pratiques doigteacute jet de produits
etc bullbullbull dont le but eacutetait laveuglement de ladversaire La lutte avec
frappe serait une continuation logique dune carriegravere sportive de la
lutte traditionnelle qui sen sert comme moyen socio-eacuteconomique En
effet la majoriteacute des lutteurs avec frappe ont dabord eacuteteacute initieacutes agrave la
lutte simple Cependant il faut signaler que de nOS jours il arrive
que le jeune lutteur avec frappE- soit directenent formEacute conne speacutecialistE
agrave la frappe sa~s pour autant faire son chemin dabcrd egravea~s la lutte
- ~ shy
Le recircsultat dE ~os interviews ncus rec~trE qGune pcpulatiD~ divcrsishy
fiampe sint~resse agrave ce sport et qUE les intecircr~[s des uns et d~SlautrE~
semble~t divergents naucuns affirment que la lutte traditionnelle
avec frappe serait monteacutee par des personnes dont la vocation est dexshy
ploiter ce pheacuteLomegravene agrave des fins commerciales Dautres disent gJellegrave
jouit de mcyens irport~nts t[l[~isio
tation etc bullbullbull ) pour toucher toutes les couches sociales CEpe~~a~t
nous remarquons que mecircme si certaines personnes reprochent agrave cette
forme de lutte decirctre brutale ces mecircmes personnes nheacutesitent pas agrave
se rendre le dimanche agrave laregravene Bien que critiqueacutee elle semble ecirctre
adopteacutee par une tregraves grande partie de la population seacuteneacutegalaise Cepenshy
dant en tant que techniciens il nous est permis de faire une remarque
Il sagit de
- Limpression nette decirctre devant des professionnels de la frappe
qui sont ~ntratneacutes pour cela Dailleurs les propos que nous avons
recueilli~ nous prouvent que la plupart des champions de lutte avec 1
frappe s~ntratnent dans certains sports de combat tels ~ue la boxe i 1
le karateacute le judo Dans cette nouvelle forme de pratique de la lutte
contrairefuent agrave la lutte traditionnelle le technicien e~t souvent
perdant face au puncheur Ce dernier adopte une lutte agrave distance qui
lui permet de placer agrave bon escient ses coups animeacute du deacutesir de vaincre
Le technicien lui se voit contreacute dans toutes ses entreprises par
un uppercut ou un crochet
On peut dire cependant que nul sport au Seacuteneacutegal que la lutte tradishy
tionnelle avec frappe ne deacutechaicircne autant de passions et autant de
pheacutenomegravenes poussant agrave lexcegraves et deacutereacuteglements quon ne peut que deacuteplorer
Mais comment deacutecrier un spectacle de lutte qui bien quayant perdu la
presque totaliteacute des valeurs traditionnelles veacutehiculeacutees autrefois par
elle sait susciter une participation effective de tous ceux qui sont
preacutesents
CONCLUSION
Dans ce meacutemoire nous sommes efforceacutes ~e faire ressort ir limportance des
ethos et des habitus et leurs effets sur la pratique de la lutte tradishy
tionnelle au Seacuteneacutegal
L~b egravethos repr~sentent dune maniegravere g~neurorale tous les eacuteleacutements speacutec
fiques sux Seacuteneacutegalais par conampeacuteguent un systegraveme de valeurs traditionnellEs
Mais m~me si ces valeurs rev~tent une signification universelle (honneur
digniteacute courage etc bullbullbull ) il nen demeure pas moins que ce nest pas leur
nature qui fait leur speacutecificiteacute mais la hieacuterarchisation et limportance i
quon accorde agrave toutes ces valeurs de ~ar leacuteducation ou la culture
i 1
Aussi les valeurs traditionnelles puient leur speacutecificiteacute dans les
caracteacuteristiques propres aux eacuteleacutements ~e la socio-cu1ture (la technologie
et leacuteconomie la politique et la pareteacute la psychologie et lideacuteologie)
dans la socieacuteteacute seacuteneacutegalaise agrave n momen donneacute de son eacutevolution Cest i
dire la neacuteceesiteacute de ne point faire della valeur une reacutealiteacute statique
Cest dite aussi quagrave tout mome~t le ~eacuteneacutegalais peut eacutevoluer et creacuteer
ou vivre par conseacutequent de nouv~lles fprmes de valeur qui lui sont 1
propres ft (J)
La lutte traditionnelle veacutehiculant deS valeurs socio-cu1ture1les speacutecishy
fiquement seacuteneacutegalaises (croyances valeurs morales norme de comportement
opinion attitude bullbullbull ) devient un eacuteleacutement important qui tregraves certaiaement
nous aidera dans notre effort de valoriser et de peacuterenniser notre patri shy
moine culturel par le biais dactiviteacutes physiques et sportives
Leacutetude des habitus nous permet de prouver quil y a plusieurs faccedilons
de se mouvoir comme danser lutter bullbullbull qui varient avec les diffeacuterentes
ethnies (wolof toucouleur seacuteregravere diolagt leurs convenances et leurs
eacuteducations
(1) Revue Ethiopiques 31 Les valeurs traditionnelles et le problegraveme de leur inteacutegration dans les systegravemes modernes jtducatio-1 2 6r--70
nautre part cette eacutetude permet aussi de nous rendrE compte de la
correacutelatipn eacutetroite existant entre la pratique de la lutte traditionnelle
et le sta~ut socio-eacuteconomique du pratiquant
Nos inves~igations nous indiquent que la lutte recrute essentiellement
au niveau des classes socio-eacuteconomiques situeacutees en bas de leacutechelle
donc posseacutedant le statut social le moins favoriseacute La lutte avec frappe
-et un certain secteur commercialiseacute de la lutte simple- y trouve sa
leacutegitimiteacute Comme le dit BOURDIEU nA habitus diffeacuterents styles de Vle
divergents et il oppse les pratiques aristocpatiques correspondants agrave
des activiteacutes qui favorisent les situations eupheacutemiseacutees ougrave la stylisashy
tion est importante aux pratiques populaires qui font appel agrave des
qualiteacutes qpposeacutees bllutes rugueuses Certaines interviews nous
montrent que plus lindividu occupe une place eacuteleveacutee dans leacutechelle
sQciale e~ 1
moin$ il sinteacuteresse agrave la lutte
Les reacutesultats recueillis dans nos diverses investig~tions confirment 1 1
1er propos qui disent que nous assistons aujourdhu~ agrave une involution
de la lutte traditionnelle parce que perdant toutes ses speacutecificiteacutes au 1
pryfit d~ne autre forme de lutte que lon continue agrave appeler nostalshy
giqlementIIlutte traditionnelle
Ceci pourrait peut-~tre trouver une explication dan la citation suivante
La liberteacute de creacuteer dinnover de vivre Pleineinenf decirctre soi et de
preacuteserver son authenticiteacute la digniteacute et lhonneu1demeurent des illushy
sions dans la misegravere eacuteconomique~ Nos ancecirctres creacuteai~nt des valeurs de cishyl
vilisation parce quils eacutetaient libres parce qu1i~s ignoraient toute
deacutependance eacuteconomique ils cultivaient en eux et cbez leurs enfants le 1
Jorn et la Kersa et preacutefeacuteraient la mort agrave la hoJte lI (1)
Or le Seacuteneacutegal comme la plupart des pays africainsi est un pays sousshy
deacuteveloppeacute t cependant face agrave cette volonteacute du gou~ernement seacuteneacutegalais
de faire inteacutegrer dans leacuteducation des valeurs traditionnelles nous
pouvons espeacuterer utiliser comme moyen deacuteducation la lutteacute traditionnelle
qui reste quand mecircme vecteur jethos et dhabit~s
- 54 shy
Mecircme si lon a noteacute un appauvrissement notoire sur les plans socioshy
culturel et moral la lutte traditionnelle recegravele une gamme importante
et varieacutee de techniques permettant incontestablement une ouverture vers
les luttes olympiques libre et g~eacuteco-romaine
La lecture de ce meacutemoire permettra agrave lentratneur et au professeur de
lutte en fonction du lieu ougrave ils seront affecteacutes dans le territoire
seacuteneacutegalaisdavoir une information sur les techniques contrOles et
formes de corps propres agrave chaque groupe ethnique et de les mettre en
relation avec leurs croyances et leurs mentaliteacutes
Nous avons essayeacute de montrer que la pratique de la lutte traditionnelle
doit tre axeacutee sur une ethnomotriciteacute au Seacuteneacutegal qui permette une inishy
tiation facile Cette pratique de la lutte traditionnelle seacuteneacutegalaise
devra dailleurs essayer de ~eacutepondre aux aspirations du Seacuteneacutegalaisl
moderne en souvrant aux ap~orts positifs des autres civilisations
ex~eacuterieures nous voulons Jvidemment parler du judo et des luttes oiymshyJ
piques 1
1 j Nous navons pas la preacutetentfon dans le cadre de ce meacutemoire demattrise
de reacutepondre agrave toutes les qutstions se rattachant agrave leacutetude de ~a lutte
traditionnelle souslangle~socio-culturel car non seulement il nous
manque lexpeacuterience et la c peacutetence en la mati~re mais aussil l le temps
et les moyens dont nous dis osions ne nous permettaient pas d~puiser le 1sujet i
1 1 1 t 1
l
- )5 shy
BIBLIOGRAPHIE
BIBLIOGRAPHIE
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Edition Delachaux et Niestleacute 244 pages
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des pratiques Paris Vigot 1981 377 pages
3- PIERON Henri Vocabulaire de la psychologie
PUF Deuxiegraveme eacutedition 1957 469 pages
4- Revue socialiste de culture neacutegro-africaine ETHIOPIQUES
Les valeurs traditionnelles et le problegraveme de leur inteacutegration
dans les systegravemes modernes deacuteducation
GIA 21 Juillet 1982 213 pages
5- N2 Revue du Centre dEtudedes Civilisations DEM ak TEY
NIS IVegrave Trimestre 1982 96 pages
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DAKAR MAI-JUIN 1980
t 1
~- Travaux du IVegrave Congregraves National ~es Sports agrave DAKAR les 2223041981
Bulletin n2 91 du CIO du 15 Aont 1965
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Etude et perspective
9- Meacutemoire Inspectorat JS DJITTE Mandy Les pratiques corporelles
traditionnelles au Seacuteneacutegal pour leur exploitation et leur
utilisation en peacutedagogie Marly le Roi 1980
REPUBLIQUE DU SENEGAL
--------------- INSTITUT NATIONAL SUPERIEUR
MINISTERE DE LA JEUNESSE DE LrsquoEDUCATION POPULAIRE
ET DES SPORTS ET DU SPORT
-------------
(INSEPS)
MEMOIRE DE MAIcircTRISE
Es-SCIENCES ET TECHNIQUES
DE LrsquoACTIVITE PHYSIQUE ET DU SPORT
LA LUTTE TRADITIONNELLE
son importance sa signification en fonction des ethos et des habitus ethniques au Seacuteneacutegal
Preacutesenteacute par
Monsieur Joseph Victor FAYE
Sous la direction de
M Jean Marc ROCHEZ
Professeur agrave lrsquoINSEPS
Anneacutee de soutenance 1984
- J 7 shy
3 ) 2 ~U(lquE5 aspects d~ l~ducatio~ ~t des rit~s en milieu diol~
L eacuteducat ion veacuteritable de lenfant diola est sociale et ne se corlprend
que dans la relation sociale elle deacutepasse de loin le strict cadre
famililal Elle commence au stade de lapprentissage du langage
Lenfant apprendra agrave reconnattre le langage du regard de ses parents
Il doit connaicirctre et faire la diffeacuterence entre un regard approbateur
et un regard qui blacircme De mecircme il doit apprendre agrave faire les gestes
de la tecircte qui expriment lapprobation En aucun cas lenfant nest
laisseacute agrave lui-mecircme Aura-t-il deacutesobeacuteit par complaisance naura-t-il pas
eacutecouteacute ou fait attention aux recommandations reacutepeacuteteacutees plusieurs fois
sans reacutesultat il fera lobjet dune punition corporelle avec la chicotte
Elle a pour effet de faire mal au corps de lenfant afin datteindre son
acircme sa sensibiliteacute et instaurer en lui une sorte de 1iaision de la
meacutemoire du mauvais comportement agrave la douleur quen voulant eacuteviter la
douleur il finit par eacuteviter le mauvais comportement en tout cas den
prendre conscience degraves cet acircge Cest une meacutethode deacuteducation mora1e (])
i 3121 Leacuteduca~ion maternelle
1
Notre eacutetude nous a montreacute que mecircme de nos jours leacuteducation diola
conserve encore ses caracteacuteristiques traditionnelles au niveau des rites
des moeurs des habitudes des principes et des normes
Leacuteducation de lenfant reste lune des plus rigoureuses Elle commence
degraves le plus bas acircge car pour le dio1a on ne peut redresser une personne
adulte donc autant leacuteduquer tregraves jeune Jusquagrave lacircge de trois ans
lenfant sera encadreacute par sa megravere qui bien queacutetant tregraves douce fait
preuve daucune indulgence Elle lui apprend les interdits de la communaushy
teacute respecter son prochain ne pas insulter ni profeacuterer de gros mots surshy
tout en preacutesence de grandes personnes ni faire violence agrave autrui
Plus terd v~rs cinq ou SlX ans le jeune garccedilon est initi~ a~x travaux
ces cna~ps des rizi~r~s cles pal~eraiEs ce Gui ne manquer6 pa5
davoir ces rEpcrcussic~s sur SOn deurovelopperncnt morpholoique
- 1( shy
3122 La circoncisio~
cest un rite obligatoire Il a pour but dintroduire le garccedilon dans
la communauteacute des hommes en tant que responsable Cest un rite qui
laisse une trace indeacuteleacutebile dans la vie du jeune diola Les principes
de la vie en socieacuteteacute y sont enseigneacutes agrave fond Le rite de la circoncishy
sion preacuteseuro~teuro uneuro forme p~lticul do~t s~uls les diolas connaissent
lorganisation internecar la circoncision est agrave la fois une eacutepreuve
physique intellectuelle et morale
Cette circoncision en milieu diola se passe dans le bois sacreacute En ce
lieu les Njoulis (circoncis) sont encadreacutes par des mattres les
Kintangs et au-dessus de ces mattres regravegnent un ecirctre doteacute de faculteacutes
occultes il sagit du Kankourang Le kankourang a cette capaciteacute de
disparattre de voler quand bon lui semble Il incarne la justice et la
violence et assure la protection de ses disciples contre les mauvais
esprits Ainsi le kankourang incite agrave lobeacuteissance et agrave lordre dans
cette socieacuteteacute Dans la tradition diola le kankourang repreacutesente un
pouvoir mystique capable de choses extraordinaires dont la socieacuteteacute
moderne avide de raisonnement ne pourra trouver une explication Au
cours de la circoncision les initieacutes subissent un certain nombre
deacutepreuves physiques que le diola appelle samasso Il doit se soushy
mettre agrave lensemble de ces eacutepreuves consideacutereacutees comme indispensables
agrave sa formation pour lui permettre de juger ses capaciteacutes physiques
mais eacutegalement deacutepouver sa valeur intellectuelle morale et sociale
Il pourra aussi se mesurer aux autres dans le domaine de la consideacuteration
et du respect En quittant le bois sacreacute le jeune doit posseacuteder une
grande partie des qualiteacutes humaines et socisles quil faut agrave un howmE
pour vivre en harmonie avec la socieacuteteacute traditionnelle Il serait bien
sOr possible dans le cadre dune eacutetude plus approfondie de parler de
bien dautres rites et pratiques traditionnelles
Notons cependant que le rite de la circoncision appartient aux anc~t~es
et que dans les villages reacutecents ougrave les structures ont changeacute on ne
Jeux jours avant la re~trfE cans le bois sacr[ les adolescents so~r
-
- Jo shy
por lE diola 11-071- doit rester en harrc1iE avec lE
tal lanimal lui-mecircme les ancecirctres les geacutenies Le rit~ du rasdge co~sist~
acirc ~loigner la ~alchance de lenfant Si l~ ritE nest pas respecteuro eumlr es
parents du futur initieacute celui-ci connaicirctra la malchance pendant toute sa viE
Ce rite a aussi pour faculteacute deacuteloigner le mal et de preacuteserver lenfant des
mauvais esprits
Le rite de leau sacreacutee se fait un jour avant lentreacutee dans le bois sacrEacute
Les femmes doivent se garder davoir le moindre contact avec leau beacutenite
pour se preacuteserver des conseacutequences facirccheuses qui pourraient en reacutesulter La
tradition veut quune seule goutte soit capable de deacuteclencher lavortement
l chez la femme enceinte de rendre steacuterile la jeune fille ou de provoquer des
menstrues perpeacutetuelles chez la femme ayant atteint la meacutenopause bull
bull Le rite de la forge protegravege le futur initieacute pendant son seacutejour dans le bois
sacreacute Mais cette protection seacutetend bien au-delagrave et de rite veut que toute
personne qui y faillit soit condamneacutee agrave devenir leacutepreuse
Pendant plusieurs semaines les jeunes initieacutes subissent une formation capishy
tale qui fera deux des hommes complets
313 Croyances et pratiques mystiques
Si nombreux sont les diolas convertis au Christianisme ou agrave lIslam leur
foi napparatt jamais incompatible avec leurs croyances animistes Lhisshy
toire des rois et reines diolas nous reacutevegravele quils eacutetaient les ffprecirctres fl de
ces cultes feacutetichistes destineacutes agrave maintenir la fertiliteacute et agrave provoquer
la chute des pluies De nos jours existent encore des socieacuteteacutes secregravetes agrave
base religieuse ou magique la plus redouteacutee eacutetant lassociation neacutecrophashy
gique Kousanga des Floup (1)
Deux fafu expliquent la coexistence du dogme et de la croyance
le contact tardif de la socieacuteteacute diola avec les civilisations eacutetrangegraveres
et leacutevangeacutelisation ou lislamisation quelles veacutehiculaient Il e~ reacutes~lt~
une importance des traditions leur reacutesstance agrave une remise en questic~ ce qui confegrave~e agrave la socieacuteteacute diola un caractegravere conservateur
r~c~~i]EE 2~fr~~ ~c - t
ct ~Cc egraveE~ Cimiddotilisatilaquo~ eacute
la neacutecessiteacute de lanimisme consiegraveeuroreacute comme base de toutes legrave~
religi0~s uumlegrave serait-ce que corr~e tentative ciexpliquer li1explishy
cable en se repreacutesentant en particulier comme un ensemble de puisshy
sances mystiques Ainsi pour lanimiste agir sur la nature cest
intervenir psychologiquement aupregraves de ceLX qui la gouvernent
314 Imeact des moeurs sur la prat~que de la lutte diola
Lorigine de la populariteacute de la lutte eugrave milieu diola est par trop
impreacutecise aussi nous nous limiterons agrave en donner la signification
actuelle La lutte apparatt dabord comme un moyen privileacutegieacute deacutedushy
cation
- sur le plan corporel afin de deacutevelopper la force lagiliteacute la
rapiditeacute et la souplesse
- sur le plan moral afin de deacutevelopper les vertus caracteacuterielles
courage tenaciteacute digniteacute bullbullbull neacuteces~aires agrave laction
Mais la lutte apparatt aussi comme un mpyen dinteacutegration sociale car
le jeune diola qui se refuserait agrave se sbumettre agrave leacutepreuve de la lutte
encourrait un isolement alors que celui qui excelle en bravoure devient
rapidement populaire Dougrave ces affrontements agrave linteacuterieur dune classe
dige qui tout en restant un moyen de reacutejouissance servent eacutegalement
agrave eacutetablir des comparaisons
Nos observations et nos interviews confirment le caractire tris physique
de la lutte diola immeacutediatement les lutteurs sont au corps agrave corps et
les techniques consistant agrave aracher ladversaire priment sur toutes les
autres Exprimer sa force est une preacuteoccupation constante il suffit pour
sen persuader de voir le groupe de lutteurs peacuteneacutetrer dans laregravene au son
du Born bol on que rythme le claquement de mains des femmes
C~tte da~se est une deacutebauche dAnegie Ougrave les lutteurs pieacutetin~Ert avec
force L sol
i shy
3141 EorphologUgrave et valeur physiques du lut teur diola
Le lutteur diola possegraveagrave~ un deacuteveloppement caracteacuteristique du trai~
supeacuterieur et de la musculature doso-lombaire Ceci est tregraves certaineshy
ment lieacute au maniement de la houe de la daba et surtout dukadiando
dont lusage permanent a modeleacute la morphologie du lutteur diola
La valeur physique de ce lutteur semble reposer sur sa force sa
reacutesistance mais aussi sa rapiditeacute
3142 Reacutepertoire technique
Dans le Blouf la forme du corps la plus utiliseacutee est le deacutecalage souvent
combineacute avec un crochet de jambe (gal gal) ceci semble ecirctre lieacute agrave
lutilisation quotidienne dans les riziegraveres du kadiando Le paysan du
Blouf sera ameneacute agrave faire un mouvement de torsion pour deacutecalerlinstrushy
ment enprenant appui sur son genou et ceci continuellEment pendant toute
la jourpeacutee Chez les diolas du Fogny le kadiando eacutefait surtout utiliseacute
par les femmes qui soccupaient autrefois exclusivement de la riziculture
et ce n~est quaujourdhui que les hommes cultivent le riz 1
La principale culture dans le Fogpy est celle du mil on y cultive aussi
de larachide De ce fait loutil le plus utiliseacute est le donkoton qui
est un instrument tregraves petit avec un manche court et dont le maniement
expliquerait peut-ecirctre leacutetonnante musculature du train supeacuterieur et surshy
tout de la zone dorso-lombaire du 4i6la fogny qui excelle dans les techshy
niques en force genre arracheacute avec les bras sur contrOle de la ceinture
de ladversaire Lulisation du donkoton semble eacutegalement expliquer la
garde tregraves basse du lutteur fogny
Dans le kassa on aurait pu trouver la mecircme forme de lutte car la morphoshy
logie du lutteur est agrave peu pregraves la mecircme mais linterdiction formelle de
la prise du ~gimbe modifie et limite tout le repertoire technicult2 ou
lutteur Le lutteur kassa adopte une garde basse et agrave une preacutefeacuterence pc~r
legraveS tc~-iccedilues n passa~ dessous - - ~ shymiddotmiddotcrc t--=~ c-
----
contact et agrave partir de ce TtoTteuront ils peuvent se relever et conti~uEr
en lutte debout jusquau terrassemen~
Toutes les gardes sont rapprocheacutees en milieu diola
irbi trage
Les combats sont arbitreacutes par un deacuteleacutegueacute geacuteneacuteralement anClen lutteur
Ces anciens lutteurs ont pour rocircle de veiller au bon deacuteroulement du
combat La victoire est deacutecreacuteteacutee dans les cas ougrave un des lutteurs se
retrouve en position assise sur le ventre sur la cuisse ou les
genoux (sauf dans le Kassa)
Il existe un autre mode de victoire celle qui est proclameacutee agrave la
suite dune supeacuterioriteacute eacutevidente du~ des lutteurs A savoir quand
un lutteur soulegraveve tregraves haut son camarade et que son manager estime i
quil est pratiquement battu il peut arrecircter le combat en touchant
dabord le lutteur adverse popr eacuteviter que son lutteur ne soit terrasseacute
tregraves fOrt Nest-ce pas un deacutecision sage des managers qui peut contribuer
agrave maintenir le caractegravere reacutecr~atif de la lutte joola 1
La victoire dun village sur un autre village ne se mesure pas au
nombre de victoires obtenues par lensemble des lutteurs En effet
il suffit que le champion soit battu pour que le village soit consideacutereacute
comme deacutefait Ce qui explique limportance et le seacuterieux que le village
accorde agrave la preacuteparation des championsl)
Il est cependant important de signaler que larbitrage dans les centres
urbains revecirct une iautre forme beaucoup plus codifieacutee et cest peut-ecirctre
une des raisons qui font quen milieu urbain la lutte diola perde une
partie de son originaliteacute
En dehors des techniques speacutecifiques agrave chaque sous-groupe il faut
signaler quil y a une multitude de prises et quelGues formes de corps
comTIunes agrave letnn Car reconnaissons qu il cO unE ror-euro approp=i~eacute
dE ~ouvane du l~tteur diola en TaI
-----~-----
LE tableau ci-dessous se propose dE reacutesumer les diffeacuterentes consideacuteshy
rations techniques envisagEacutees dans cette partie
FORlŒSSOGS-GRGUPES 1 COItltOLE GA~JESDt CORF=
i ~
1 1
Passage dessous de jambes et BassE KASSA saisies Moyenne1annexes bras (rapprocheacutee)
ceinture tecircte
Deacutecalage de Moyenne et BLOUF Demi-souplesse Ngimbe
HauteHancheacute Bras (rapprocheacutee)
Jambe
Arracheacute CouFOGNY Tregraves basse
Hancheacute ii 1
1 1
3 14 3 bull LeIIa~~jueetlecom~ortementdulutteur-+iola
1 Le comportement et lattitude du lutteur dans laregravene pe sont en fait
t
que le reflet de sa psychologie et plus partiCUliegraverem t de son eacutetat
dacircme Or il napparatt pas abusif deacutetablir des cor eacutelations entre
le psychisme dun individu et lempreinte eacuteducative quil a subie En effet en sortant du bois sacreacute le jeune diola a acquis un ~ca~~l
eacutequilibre physique et mental
Cette matrise de lui-mecircme permet au lutteur dans la~egravene dadopter
un aire enjoueacute de manifester beaucoup denthousiasme~ La lutte devient 1
essentiellement un jeu laspec ludique y est privileacutegieacute et ~ela influe
sur le comportement du lutteur
Ainsi queurolq~c soit limporta~cE de le~je~ le lutt~c~ dic1e Seuroreacute
to~jours serein et s~ livrera sa~s arri~re pe~s6e da~$ ~E CO=beacute ou-
tons que le lutteur diola est trecircs fair-play et sil arrive quun rdnd
lll L COIicircilU1Ul L ULOF
32 J Preacutesentation
La soc tEacute wucirc10f est celle qU1 a eacuteteacute la plus marqueacutee par la colonisation
~~ fait peut-gtre de sa position geuroographiquE dune part ct de 50~ imporshy
tanCE sur le plan dfmographiquE dautre part En effEt ceurootteuro CC-~ucircautE
wolof repreacutesente environ 20 de la population seacuteneacutegalaise
Elle est constitueacutee de pecirccheurs (ce sont les leacutebous) dagriculteurs de
fonctionnaires de lEtat mais surtout de commerccedilants
A pqrtir de leur reacutegime dimplantation le Cayor le Walo le Baol le
Djolof et la presquicircle du Cap-Vert les wolofs ont tendance agrave irradier
sur lensemble du territoire sous leffet de leur speacuteculation agrave la culshy
ture de larachide et du nombre important de fonctionnaires quon trouve
dans cette ethnie
322 Les moeurs et croyances wolofs
Bien queacutetant en grande partie des musulmans convaincus les wolofs
conservent toujours une croyance animiste et continuent agrave faire des
sacrifices agrave porter des cornes ou des morceaux de bois agrave la ceinture
aux jambes ou aux bras et agrave croire agrave lexistence des Djinneacutes et des
Raps bull
Le Djinneacute cest une creacuteature malfaisante en geacuteneacuteral capable de choses
extraordinaires Il possegravede des faculteacutes surnaturelles Cependant dapregraves
la croyance animiste certains Djinneacutes peuvent ecirctre bons
Le Hapl cest une creacuteature ayant des dons occultes appartena71t agrave une
famille ou agrave une communauteacute et dont le rOcircle est de veiller cu daider
les reCJrES de le fai11p ou dt la conmunauteacute en cas de da1gel Le Rap
~ ut te c ) ~~c-
ei sltcificE cJ sanl dE meut0 dL chat de pC)wleurot 5E1lt les conveuroshy
lances parfois leur dorner COrllTe offrande du lait Laii
Qua1d une famille ou une communauteacute neacuteglige les Sarakh (ici dans
le sens de sacrifice ou Offrande) elle se voit aussitocirct vouEacutee agrave la
maleacutediction des mauvais esprit~ (fcllec dans touteacuteS lEs ~treprises
de la vie maladie mort bullbullbull ) Les lieux ougrave habitent ls Taps et ougrave
se font les sacrifices se nomment Khambs
Geacuteneacuteralement le khamb se trouve dans lenceinte de la maison ou
dans un coin approprieacute du village Les lieux du khamb sont marqueacutes
par la disposition de calebasses de pilons de morceaux de poterie
briseacutes de grosses pierres de cornes et dautres objets heacuteteacuteroclytes
La superstition wolof est tregraves marqueacutee En effet pour le wolof toutes
les manifestations quotidiennes trouvent leur signification dans le
mysticisme Citons agrave cet effet quelques ezemples Une femme enceinte
ne doit pas marcher agrave nimporte quelle heure de la journeacutee Certaines
heures de la journeacutee lui sont interdites le Timiss (creacutepuscule
le Ndjo~or (de 13 H agrave 14 H de lapregraves-midi) le souf-segravede (de
minuit i4 H du matin) Selon la tradition ~t la croyance wolof les
mauvais ~sprits choisissent ces heures pour jeter des sorts Et la
femme enceinte eacutetant tregraves vulneacuterable le Djinneacute essaiera de lui insufshy
fler son souffle pour atteindre son beacutebeacute afin dentratner soit la
meacutetamorphose de cedernier en monstre soit de le tuer avant sa naissance
Dailleurs pour le wolof et pour certaines autres ethnies au Seacuteneacutegal
le timis le tdjolor le souf-segravede repreacutesentent des peacuteriodes de
la journeacutee ougrave lon ne doit pas se hasarder dans les rues et les champs
Ce sont des heures propices aux apparitions des Djinnes sous nimporte
quelle forme humaine ou animale
Il est eacutegalement interdit au wolof de marcher ou de serti la nuit du
~eacutellfria-
loutes c~s pratiques ~ystiqu~s et cr0ya~ces religi~us~5 ~xistent eL~~[
certainement dues agrave un meacutetissage culturel Parallegravelement aux feacutetiches
aux incantations et agrave lutilisation des safaras (substance magique)
notons lexistence de ga l a tchs (ce sOnt des talismans ougrave sont inscrits
du qui les porte Toutes ces croyances biEn sucircr auront une rEacutepercussicrI
sur leacuteducation du jeune wolof
323 Leacuteducation du wolof
Pour caracteacuteriser leacuteducation wolof nous avons penseacute donner comme
illustration cet extrait de la revue DEM ak TEY Pour deacutefinir leacutedushy
cation le wolof fait appel agrave un symbolisme qui eDglobe aussi bien les
moyens mis en oeuvre Yar que le reacutesultat obtenu agrave laide de ces mecircmes
moyens cest-agrave-dire la formation et le deacuteveloppement de lecirctre humain
ou Yaru
Le substantif Yar deacutesigne le fouet
Ce symbolisme deacutesigne donc au-delagrave du simple sens mateacuteriel de lobjet
lutilisation qui permet daboutir au reacutesultat escompteacute (Yaru) Au sens
geacuteneacuteral Yar deacutesigne tout instrument servant agrave infliger une punition Le
terme laisse supposer agrave priori que cette phase de lenfance durant lashy
quelle se preacutepare la vie de lhomme est lieacutee agrave la souffrance au supplice
Dailleurs une maxime wolof compare lenfant agrave une tige quon a tout le
loisir de redresser alors quelle est encore flexible bull
bullbullbull Pour leacuteducateur wolof la perfection nest point de ce monde malS
le devoir de chaque homme est de tendre vers la pleacutenitude en luttant
contre ses propres faiblesses Leacuteducation va d01c iisister essentielle~(-~t
sur lexercice quotidien de leacutelevation ffiora1e d~ lindividu Pour cela
elle privileacutegie la patience munI) vertu dabneacutegdtion et dE deacutesinteacuteresseshy
m(~t autour dE laquelle sarticulent toutes ]e~ ~u~~~s qualiteuros
i _
aan~ ~ s0cieacutet gt~olcf ocirclt~tartt nul -Jt- poulait sabecircisstr
tion de sa libertEacute La liberteacute est le preuumler drcmiddotir dE l ho-)euro egrave~S
baigner dans une beacuteate admiration du passeacute la comparaison avec le pr~$(middott
si~posc dclle-mecircme car lon reste s reacute devant la deacutesinvolture aVEC
laquelle dES honmes daujourdhui descendants de cette ~~~EacuteTatic ccedil~l se
une fois [largis bullbull tTasque fiers davoir fait leacute priS0n PEut-2tTE
faut-il mettre cela sur le compte de lurbanisation et des nouvelles
valeurs qui ont pour nom enrichissement reacuteussite sociale avec ce que
cela comporte de deacuteshumanisant et de deacutepreacuteciateur (1)
3 bull 2 bull 3 1 bull Lesri tes
Le sevrage et la circoncision constituent les deux grandes phases initiashy
tiques chez le wolof
- Le rituel du sevrage est appeleacute maga1 (litteacuteralement rendre grand)
Cest un eacutevegravenement important aussi bien pour les parents de lenfant que
pour la co~unauteacute Durant cet eacutevegravenement qui survient geacuteneacuteralement deux
ans apregraves la naissance du beacutebeacute les personnes vivant dans lentouragE
apportent leur soutien moral et mateacuteriel
- le rituel de la circoncision revecirct pratiquement la mecircme signification
que dans les autres ethnies seule la forme diffegravere La circoncision reste
encore une eacutepreuve de la vie au sort i r de laque Ile ladolescent devient un
homme Aujourdhui il faut noter une meacutetamorphose de la structure sociale
et des croyances religieuses tregraves accentueacutee aussi bien chez les wolof que
chez les autres groupes ethniques et ceci est peut-ecirctre dO au contact
permanent quils ont avec la socieacuteteacute occidentale
Malgreacute ces constat~tions il semblerait pcu=tant qUE la sociecirct~ lecircbou Gci
bien que se trouvaLt en grande partie dans ~a Presquth du Cap-ETt Et
en contact permane~t avec les blancs soit la portior la plu8 cc~serva-
----------~_- ---~-- -----
~
Incidences d s ~00urs sur la l~ttE
Le wolof connaicirct deux formes de luttes la lutte sirplE- sans t-t
la lutte avec frappe La lutte avec frappe a une crigi~e purement r
et ce nest que plus tard quelle devint une prati1uE sportive et lud
preacuteparer agrave la guerre Aussi tout en luttant On eacutetait autoris~ agrave frapper~
griffer mordre voire introduire son doigt dans loeil de son adversaire
Le jeune wolof devait eacutegalement se livrer agrave la lutte avec frappe afin de
favoriser son insertion dans la socieacuteteacute adulte et sinitier au meacutetier de
soldat faute de quoi il ne pouvait se faire entendre ne avoir des marques
de respect Pour montrer la populariteacute de la lutte dans le Cayor signalons
que les Damels ll (rois) et les Teignes (nobles) nheacutesitaient pas agrave sy
livrer Quant au IIMbeu~ (lutteur) elle lui servait de moyen de promotion
sociale car d8S que sa reacuteputation eacutetait eacutetablie il pouvait ecirctre choisi
par les rois et les nobles comme garde de corps
325 Signification de la lutte en milieu wolof
La lutte se pratique dabord pour lhonneur qui est une vertu tregraves signishy
ficative pour le wolof Elle permet de renforcer les liens amicaux entre
les jeunes de villages diffeacuterents Le champion veut gagner
confiance et la consideacuteration de son village de ses amis
Etre champion cest aussi susciter ladmiration chez les
sentant la force la viriliteacute et la deacutetermination
326 Organisation d~s eacutepreuves de lutte
3261 Les Mbapatts Ce sont les seacuteances nocturnes
pour meacuteriter la
et des anciens
filles en repreacuteshy
Ils sont organiseacutes apregraves les reacutecoltes agrave la fin de la saiscn des pluies
Ceci surtout p~ndant les peacuteriodes de clair de lune car ils peuven~ durEr
toute la nuit Le but des ~Dapatts lt=tait de prfpa-er FhysicuemeH et
~ arb Sil
326 Le 1
cest une organisation beaucoup plus importante que les I~apatts ~
loccasion de laquelle on peut voir plusieurs lutteurs de grande reDommfe
saffronteLLa fin dl lamb est toujours couronneacutee par une grand co~bat
duquel le vainqueur est sacreacute champion de la contrecirce
Le choix du lieu est lieacute agrave limportance de ce lieu dans le village cest
la place publique ougrave geacuteneacuteralement se passent toutes les manifestations
assembleacutee geacuteneacuterale sabar (danse) cest aussi lendroit ougrave sont prises
les grandes deacutecisions
3623 Lappariement
Dans un village ou un quartier les lutteurs se regroupent en lang
(eacutequipe) et jamais deux lutteurs de mecircme lang ne se rencontrent lors
du lamb
L appariement s~ fait librement entre lutteurs de lang diffeacuterents l1hs
une regravegle veut ~uavant de lutter avec le Mbeur Kanur de tel lang si
on est soukh (l~tteur pas encore confirmeacute) il est neacutecessaire de lutter
dabord avec ses soukh et ce nest quapregraves les avoir terrasseacutes tous
quon se voit octroyer la chance de lutter contre lui
Notons que la cateacutegorisation des lutteurs par poids nest jamais prise
en consideacuteration
3624 La tenue du lutteur ou NGIMBE
Le middotNGimbe est confectionneacute par le marabout de la famille ou du clan Il
est constituecirc de pagnes en coton tisseacute geacuteneacuteralement offerts par la megravere ou
la grand-megravere du lutteur ceci lors des organisations de ~rande Tportance
COrlune lef 1amb Dans le cadre des l-bapatt les pagnes sont C tErts peumlr
~~~rcfcis ct ffi~mc aujourdhui d218 cErtaInes fa~ille5 on devj~Gr
luttEur de pegravere en fils et dans ce cas h 1
gimbell du pEgravere Est recircr i tEacute
par le fils Le fait de porter le lI~gimbe agravee ses aiumleux peut susciter
cne~ le jeune lutteur une motivation et une volontecirc in~branlable rlasshy
surer 12 supeacuterioritEacute cis SIcirct-ns dallS
le xgimbe de la famille ne touche pas le sable
La tenue du lutteur a une signification et une importance sur le plan
mystique car selon les anciens le vrai feacutetiche du lutteur celui qui
le proteacutegera agrave vaincre le Djinneacute ou le Rap de ladversaire se trouve
cacheacute dans ce Ngimbe Celui qui confectionne-le Ngimbe est doueacute de
faculteacutes occultes
~~r~i~rg Il est assureacute par un sage du village qui geacuteneacuteralement fut
championde lutte de son temps Dailleurs cet ancien nintervient que
si le terrassement est litigieux
Hormis le public qui proclame la victoire ou le match nul le lutteur
lui-mecircme est arbitre et il arrive quil se deacuteclare vaincu ~ous
pouvons citer comme exemple Meacutedoune KHOULE un des plus grands lutteurs
seacuteneacutegalais qui a donneacute une victoire agrave Djeacuteri SADIO son adversaire qui a
reacuteussi agrave lui faire toucher le sol de la main
Il Y a terrassement quand le lutteur se retrouve
- assis sur le sol
- eacutetaleacute sur le dos
eacutetaleacute sur le cocircteacute
les deux genoux au sol
- les deux ma~ns au sol
la tecircte (front au sol agrave la suite dune brouette)
Il peut y aVOIr match nul si apregraves li1 temps ccmsideacuterable les lutteurs
SE sont ~ ivrEacutes respectivement agrave des assauts rEacutepEacutetEacutes et n arrivEt pas a
3265 L~ precircparation mystique
Il faut reconnattre quon ne peut parler de lutte en milieu wolof sans
envisager une preacuteparation mystique seacuterieuse Co~~e ~ous lEvans vu a~teacute-
1middot ~ d ~ ~rlturenent t0utes es actlvmiddotltesmiddot u W010 sont lles a SeS croyances
- la lutte ne concerne pas seule~ent deux acteurs se livrant faruumlucheshy
ment agrave un combat au milieu de laregravene mais eacutegalement les marabouts et les
feacutetichistes du village ou du clan qui doivent deacutefendre leur savoir et
leur prestige Avant le combat le lutteur doit se livrer agrave un certain
nombre de preacuteparations mystiques pour assurer sa victoire Aussi sommesshy
nous appeleacutes agrave parler de BACK (cest le chant et la danse du lutteur)
- le batteur de tam-tam compose un rythme en fonction du Galagne ou du
Senghor (gds-gris) du lutteur Chaque galagne sera choisi en fonction
du Rap ou du Djinneacute correspondant au Totem du lutteur
Le chant geacuterleacuterique Feinte woy veut dire litteacuteralement composer un 1
chant Ce chant est geacuteneacuteralement composeacute par les filles du viilage du
champion ou par un griot de sa communauteacute Et agrave travers ce chrnt on
arrive agrave toucher la corde sensible du lutteur en chantant lesl innombrables 1
victoires de ses ancecirctres ou en lui rappelant ses prouesses eacuteblatantes 1
Chaque lutteur doit avoir un chant et un back qui lui sont propres
327 Le reacutepertoire technique et les caracteacuteristiques physiques dulutteur wolof
Le lutteur wolof est geacuteneacuteralement moyen de taille la musculagraveture est
tregraves saillante ce qui fait ressortir un aspect tregraves athleacutetique ceci
est vrai sans exception pour le lutteur leacutebou mais il arrive que le Cacircyoshy
rien le baol-baol le walo-walo soient de grands gabarits de forte constishy
tution
CepEndant pour une meilleure compreacutehension du sujet nous pouvons eacutetudiEr
deux jroups d lut teurs qui vont deacuteterminer deux st yI e s de lut tes
- ~ t
les tc~tativ~s de~[reacutee e~ ramassement de jambes de la~v~sairL Ce~~
peut Ecirctre expliqueacute par le fait que les lutteurs leacutebou ou walo-walc qui
sont des pecirccheursadoptent cette garde tasseacutee du fait quils so~t tou-
jours pencheacutes en tirant le fil ou en poussant la plrogue On verra techrugravequeacutes dt cirr 2C ~lt 5Jllicitocirct
surLuumlut les membres supeacuterieurs
Le cayorien et le baol-baol par contre sont les plus grands cultivateurs
darachide chez eux les techniques de lutte sont plus varieacutees et la
garde est moins renfermeacutee Les lutteurs cayorien et baol-baol ont une
morphologie et une reacutepartition musculaire bien eacutequilibreacutee ils excellent
dans les techniques en deacutecalage les techniques de jambe et surtout les
techniques de riposte ougrave lon peut voir des prises de hancheacute tregraves amples
Dune maniegravere geacuteneacuterale on peut dire que le lutteur wolof est un fin
technicien qui sait surtout creacuteer les opportuniteacutes e~ avec sa rapiditeacute
utiliser la force de ladversaire pour le deacuteseacutequilibrer le noodju
le mbas le weacuteheacuteleacute et le rasu sont des techniques propres au lutteur
wolof
En deacutefense il utilise surtout des kl~klets ou gal-gal Notons que
le balancement des bras ou Lewato e$t tregraves marqueacute dans la lutte wolof
TABLEAU RECAPITULATIF DES COMPOSANTES TECHNIQUES
( 1 )
1 SOUS-GROUPES GARDES CONTROLES FORHES DE CORPS l
Walo-walo Basse de jambe Arracheacute l l10yenne de Ngimbe et i
Leacutebou Tasseacutee et saisies annexesj Deacutecalage 1 1 distante de bras de tecirct1
j de bras Deacutecalaeuro
~-----------------~-
- ~ ~- shy - ~ ~ bull L _ _ bull
Profil psyc~~iqUE du lutteu- et son comporterent dars l 2regravere
La preacuteparation mystique dans laregravene est plus marqueacutee chez les wolofs
que ChE~ les autres ethnies En effet on verra de grands champions
preliGrE plusiEurs heures pour Enduire leur corps de cll2badep ou ci
rmiddot- ~ a la proprieacuteteacute de proteacuteger li1egraveividu J
les mauvais sorts) Cest dailleurs un aspect dt la luttE qui iJcsc
des problegraveJles
Le lutteur wolof est tregraves superstitieux et la peacuteriode de preacuteparation
est capitale pour lui car elle permet non seulement de rendre
hommage aux ancecirctres mais aussi dintimider son adversaire Cest
geacuteneacuteralement un lutteur agressif combatif et teacutemeacuteraire Il se fait
souvent remarquer par son esprit dentreprise Mais cette fougue dans
le combat lamegravene parfois bien que ce soit regrettable agrave oublier les
usages et les normes Ce manque de maicirctrise de soi peut faire croire
que le lutteur wolof manque de fair-play ce qui nest pas toujours le
cas
~A~Ugrave~ t 4AA CbUrs k LA ucirctotve f~tPle Sesect prores mou W ~ lesquelles vont se couler les comporteme~ts individuels qui sont ainsi
monteacutes par et pour lautoriteacute sociale
Les faccedilons de boire de marcher ou de sasseoir se manifestent indivishy
duellement dans le corps de chaque personne ces habitus sont cependant
des montages sociaux lieacutes agrave des significationssymboliques variables
dailleurs selon la position sociale occupeacutee par chaque sujet Ces modes
dagir se rangent dans un systegraveme de montages symboliques et lindivishy
du les apprend de la socieacuteteacute dont il fait partie agrave la place quil occupe
Lhabitus est un montage social agrave la valeur symbolique deacutependant des pheacuteshy
nomegravenes deacuteducation et de prestige et lieacute agrave la position sociale du sujet
Cette penseacutee sonne de faccedilon eacutetonamment moderne
Pierre BOURDIEU qui dans une perspective a approfondi le contenue de la
notion en le reportant aux oppositions entre classes et fractions sociales
Il deacutefinit lhabitus comme un systegraveme de dispositions durables acquis au
cours dune histoire personnelle dans une milieu social donneacute systegraveme qui
engendre ensuite des pra~iques socialement deacutetermineacutees faccedilons de manger
de parler ou de marcher comportements de politesse contenu des preacutefeacuterencel
et des deacutegoOts bullbullbull lhabitus est le produit de conditions eacuteconomiques et
sociales Lauteur rattache directement la formation de lhabitus dun
individu agrave la trajectoire parcourue par celui-ci dans sa classe dapparteshy
nance il deacutefend lideacutee dun habitus de classe qui deacutefinit le sens confeacuteshy
reacute agrave la pratique sportive les profits qui en sont attendus
Ce dernier serait lui-m~me lieacute agrave un systegraveme de valeurs ou ETHOS de classe
prenant sens au sein doppositions distinctives entre classes sociales
De sorte lhabitus fonctionne comme un systegraveme dt- regravegles inteacuterioriseacutees
souvent informuleacutees permettant ou non agrave lagent de sadapter dembleacutee aux
multiples pratiques de la vie quotidienne et de la vie sportive il est agrave
lorigine des schegravemes de transcription qui favorisent les ajustements aux
situations corporelles nouvelles (1)
t ~
(1) P~IE11D dwi6Han ISpoy-l et sodeacutebi Approche Bocio-culturelle des pratiques P~tis Vigot 1981 page 81
33
331 Preacutesentation
Les Seacuteregravere auraient pour origine le Fouta Toro quils auraient quitteacute
vers le Xllegrave siegravecle pour fuir lislamisation de cette reacutegioD par lempire
dJ Xali (ils seraient donc apparEnt~s aux Peul et Toucouleur ) Ils
auraient trouveacute dans la rEacutegion du Sine les Sosseacute dorigine manding avec
lesquels ils salliegraverent
Au XVegrave siegravecle une autre immigrationSos~ conqueacuterante cette fois-ci
apporta son organisation eacutetatique Ils se divisegraverent en deux monarchies
deacutemocratiques lune seacutetablit au Sine et lautre au Saloum Les Sosseacute
conqueacuterants constituaient lautocratie appeleacutee Guelowar
La royauteacute seacuteregravere eacutetait laiumlque Les premiers souverains durent secouer
la tutelle des Toucouleur et progressivement arrivegraverent agrave unifier lethshy
nie des seacuteregravere etdea Sosseacute Les deux royauteacutes eacutetaient organiseacutees selon
acirces modegraveles tregraves deacutemocratiques Le souverain deacutependait dune assembleacutee
de ministres et de chefs locaux qui assuraient ladministration centrale
et reacutegionale())
Aujourdhui lethnie seacuteregravere repreacutesente 20 de la population seacuteneacutegalaise
Ils sont reacutepartis sur presque toute leacutetendue du territoire notamment
dans le Baol la reacutegion du Sine-Saloum et la reacutegion de Thiegraves
Signalons quil existe plusieurs sous-groupes dans lethnie ainsi on
trouvera
- dans la reacutegion de Thiegraves les Ndut les Safegravene et les None
- dans le Sine-Saloum les Sine-sine et les Saloum-salouIT
On trouvera vers foundioune et agrave Nioro du cocircteacute de la Gambie les
Niominka (pecirccheurs) Cest une portion tregraves mandinguiseacutee
( 1
Le rattache~2~t d~ to~s ccs sous-groupes pose problecircme ~25 0~ r0~V~
uc grande partie de traits COITul1uns dans leurs modes dE vie Ct pOUT phs
de faciliteacute nous allons essayer de faire une ~tude globale de la lutte
traditionnelle seacuterecircre Lactiviteacute socio-eacuteconomique qui est essentielleme~t
agro-pasorale caracteacuterisE leacutethnie seacuteregravere
332 Lecircducation les moeurs les croyances et pratiques sEr~rc
Chez les Seacuteregravere la vie humaine se deacuteroule selon les grandes eacutetapes
le baptecircme lenfance ladolescencemarqueacutee par la circoncision lsectge
adulte le mariage la vieillesse et la mort (funeacuterailles)
La vie de la communauteacute seacuteregravere reste une des plus originales sinon
celle qui de nos jours garde la presque totaliteacute des pratiques et
habitudes traditionnelles
Bien qu aujotltdhui con~r-tis aux religions chreacutetienne et musulmane les
Seacuteregravere conservent leurs croyances et pratiques animistes
Quelque soit leur degreacute dadheacutesion aux religions reacuteveacuteleacutees les Seacuteregravere
croient en un Dieu puissant et miseacutericordieux Rog Segravene et les hommes
Les ~angols sont repreacutesenteacutes mateacuteriellement dans tous les villages
seacuteregraveres par des arbres (baobab et tamariniers) des animaux (geacuteneacuteraleshy
ment serpent doreacute ou iguane) des ustensiles (pilon calebasse et mortier)
De nombreux teacutemoignages nous apprennent que certains totems (serpent
iguane) font leur apparicion agrave loccasion de certaines manifestations
rituelles comme les sacrifices ceacuteleacutebreacutes lors dun mariage de ceacutereacutemonies
mortuaires ou des circoncisions
Le Seacuteregravere comme il nous a eacuteteacute donneacute loccasion de le dire plus haut
preacutesente des speacutecificiteacutes authentiques aussi bien en tout ce qui touch~
son eacuteducation ses croyanCES et pratiques mystiques q~e ses activiteacute~
socio-ecirccc~omiquEs Apr~s a ~aissa~c~ le beurob~ ~~ pcs~ 5~~ lE S~ __
On lui mouille les l~vres avec un peu d~ lait de mil et apr~s U~ bain
purificateur on versera leau dans un trou cr~us~ derri~r~ la Camp~~
Pendant huit jours la megravere et lenfant sont cacheacutes dans la case car
selon les anciens ils sont tregraves vulneacuterables La case deacutens certains cas
est entoureacutee dun fil blanc et lon place sur le seuil des fais(cauy di
veacutegeacutetaux pour chasser les mauvais esprits (geacutenies malfaisants et illangeUY~
dacircmes) Au bout du huitiegraveme jour la megravere et lenfant peuvent sortir de
la case bull
bullbullbull Le matin du huitiegraveme jour la tante paternelle va chercher de leau
(plusieurs fois)t elle doit rester muette pendant ses alleacutees et venues
si elle parlait t lenfant pourrait ecirctre muet bullbullbull
La megravere et lenfant prennent un bain purificateur dans lequel sont
trempeacutees certaines plantes (ce sont des veacutegeacutetaux pr~tecteurs tels le
begravene le yag le ngud) On y lavera aussi le linge e1t les ustensiles utishyj
liseacutes pendant les huit jours qui viennet de seacutecoul~r On rase le crine
de lenfant Les cheveux sont donneacutes agrave la megravere qui ~s enterrera avec le
reste du cordon ombilical dans un endroit que11e esit seule agrave connattre
La megravere sassied sur une natte devant la maison Une femme igeacutee de la
famille prend le beacutebeacute dans ses bras et le preacutesente aux quatre coins de
lhorizon
La tante paternelle tient ensuite un van sur la tecircte de la megravere on y
verse le mil on y verse eacutegalement en abondance sur la megravere et sur
lenfant La tante oint ensuite le corps du beacutebeacute avec du lait e11e
touche en particulier le front t le nez la bouche la poitrine le dos
et les oreilles
Elle pose enfin un ~rain de sel dans la paume du beacutebeacute (le sel purifie
et deacutetruit les puissances mauvaises)
Apregraves un nouveau bain la megravere et lenfant revEcirctent des habits de fecircte
(est
lenfant Ce precircnore a toujours U~ SEns Il sy~bolise parfois C0 qUi
lOIl sounaitt agrave lEufant l)
La circoncision comme dans les autres ethnies est obligatoire Elle
permet au jeune adolescent dacceacuteder agrave la classe adulte Les jeunes
sont regroupes en classe dacircge dans le bois ougrave sc fait la r0tr~it0 des
circoncis et ceci pendant plusieurs mois
Le Selbeacute qui est geacuteneacuteralement un ancien craint de tous les eacutelegraveves
enseigne le respect de la hieacuterarchie la discreacutetion le goOt de linishy
tiative Les activiteacutes physiques et leacuteducation artistique ne sont pas
en reste la deacutecoration la sculpture la lutte et la danse A sa sortie
du bois linitieacute appartient deacutesormais agrave la classe des virils et des
sages du clan car on lui aura enseigneacute les vertus fondamentales que
sont la justice lhonneur lamour du prochain 1 amour du travail
lhonnecircteteacute et surtout le respect des coutumes ancestrales
Le rite du mariage esd aussi un fait tregraves important dans le monde 1
seacuteregravere mais par manq~e dinformation nous serons obligeacutes de nous en
tenir lagrave
333 Impact des ethos sur la lutte dans le monde seacuteregravere
Lorigine de la lutte seacuteregravere ne semble pas claire ma1S nous pouvons
dire quil existait deux formes de lutte comme chez les Wolofs une
lutte sans frappe et une lutte avec frappe Et cest cette derniegravere
qui peut-ecirctre nous ameacutenerait agrave croire que la lutte seacuteregravere aurait une
origine plus preacuteciseacutement guerriegravere
Aujourdhui la lutte est uniquement une activiteacute sportive agrave travers
laquelle le jeune seacuteregravere eacutevalue sa force son courage et SOn ingeacutenioshy
siteacute Cest une occasion de deacutefendre lhonneur de son village ou de
la corrnnunauteacute
La luttE ~5t avant tout u~e rnanifcs[dtic~ c~lturclie et surtout
fo lkhriqut-
Gracircce agrave elle on peut deacutesormais comprendre un certain nombre de chants
et de symboles A travers la lutte seacuteregravere on ccedilomprend les inter-relashy
tions entreacute la vie et le monde surntiturel
Sil devait y avoir la mort dun villageacuteois pendant la fecirctE au T qUE
de linterrompre on proceacutedait gracircce aux connaissances magico-religieuses
agrave la suspension de la mort jusquagrave une peacuteriode ougrave la population sera plus
disponible pour organiser des funeacuterailles sil y eacutetait preacutedit la possibishy
liteacute dune deacutefait du champion local au profit dun champion dun autre
village des recettes dordre maginque et religieux eacutetaient mises en prashy
tique afin que le champion du village ne soit jamais terrasseacute(J)
334 Le profil du lutteur seacuteregraver~
Le lutteur seacuteregravere est par essence un athlegravete impressionnant de par sa i
carrure et sa musculature saillante mais cest aussi une force tranquille
et calme quelque soit lenjeu du combagravet et particuliegraverement lhonneur
Cet aspect nous pousse agrave parler du NGiMBE cest-agrave-dire de la tenue du
lutteur qui va influencer sur sa faccedilon de lutter
La confection du Ngimbe revient agrave la communauteacute entiegravere Le Ngimbe a
une signification symbolique et le lutteur pour meacuteriter la confiance du
groupe se doit de tout faire pour ne pas toucher le sol Toute la commushy
nauteacute elle aussi sengage pour assurer la longeacuteviteacute et le succegraves du lutteur
dans laregravene par lorganisation droffrandes et de sacrifices en lhonneur
des Pangols bull
bull
Daucuns nheacutesitent pas agrave dire que lessentiel du mysticisme se fait agrave
la maison et non dans laregravene tout le reste nest quintimidation de
ladversaire
lsvcns
Tt- pi ~- t
t 1 ~ l _ ~ t
par rapport agrave lautre Cbci est trEgraves lieacute agrave lactiviteacute journaliegravere du
jeune seacuteregravere qui est un cultivateur donc toujours bien planteacute sur ses
jambes et qui continuellement manie lhiler
Le fait de couper le boi~ peut eacutegalement constituer un moyen de muscushy
lation non neacutegligeable pour le jeune lutteur
Un certain nombre de traits techniques speacutecifiques au lutteur seacuteregravere
semblent ressortir des diffeacuterentes interviews que nous aVOns fait subir
agrave certains lutteurs seacuteregraveres et agrave diffeacuterents techniciens
SOUS-GROUPES FORMES DU CORPS CONTROLES GARDES
SAFEN Moyenne en fente NONE Hancheacute Bras (distante) j
NDUTJ
f
SINE-SINE Deacutecalage Ngimbe
Moyenne
SALOUM-SALOUM Passage- Jambe (rapprocheacutee) 1
i
PETITE dessous Tecircte Basse et 1
COTE Moyenne (rapprocheacutee)
Notons que le Niominka ll commence agrave lutter agrave partir du sol pour avoir
assez deacutelan et sauter sur ladversaire afin davoir la prise du lion
(contr6le de la nuque et du bassin)
Co a -tem-nt ccedilt attitude du lutteur sEacuteregravere335 np -1t ~
Les croyances mystiques sont indissociables des activiteacutes quotidiennes
duseacuteregravere Ce qui explique le cocircteacute supersticieux du lutteur seacuteregravere En
~ffet certains lutteurs refusent de lutter avant certaines heures
Certains teacutemoignages nous apprennent quil nest pas donneacute agrave tout le
monde decirctre champion de lutte et que le lutteur doit avoir des dons
surnaturels pour ecirctre agrave mesure de livrer ses combats dans la nuit
et trouver seul un gris-gris speacutecial appeleacute Njatch
Le vrai champion de lutte chez les seacuteregraveres ne lutte pas seulement avec
~a force et sa technique mais surtout avec ses dons occultes
Chez les seacuteregraveres les morts sont toujours preacutesents et les ~pangols
Servent dintermeacutediaire entre les hommes et les morts Le pangol prend i
le nom dhumain dans certains villages (IIHeacuteJga NDONG Har Wag NGOUYE) i 1
De ce fait on verra le lutteur danser dufe maniegravere ou dune autre en
fonction du pangol de sa famille Ainsi nrus aurons le back (chant et
danse du lutteur) des DIOUF des FAYE etclbullbullbull
Dans laregravene le lutteur seacuteregravere a un comportement exemplaire aussi bien
agrave leacutegard de son adversaire direct quave~ le public en geacuteneacuteral Lexpli shy
cation semble tenir au fait que le lutteur seacuteregravere est avant tout selon
la tradition orale le repreacutesentant de toute la communauteacute seacuteregravere Par
conseacutequent il devra saffirmer non seulement en tant que lutteur dans
laregravene mais aussi en tant quentiteacute morale
336 La tenue du lutteur ou NGIMBE est confectionneacutee par le marabout de la
famille ou du clan Le Ngimbe est constitueacute de pagne en cCton tisseacute
Il doit ecirctre propre le lutteur qui le porte ne devra pas avoir de rapshy
port sexuel pendant toute la peacuteriode des cOTpeacutetitians car le Ngi~bE ne
doit pas ~tre souilleacute
Autrefois et mecircme aujourdthui dans certaines familles on devient
lutteur de pegravere en fils et dans ce cas le Ngimbe du pegravere est heacuteriteacute
par le fils Le fait de porter le Ngimbe de ses aieux peut susciter
chez le jeune lutteur une motivation et une volonteacute ineacutebranlable dtasshy
surer la supeacuterioriteacute d~s siens dans ltaregravene Il fera tout pour que le
Ngimbe de la ramille ne touche le sable
La tenue du lutteur a une signification et une importance sur le plan
mystique car selon les anciens le vra1 feacutetiche du lutteur celui qui
le proteacutegera et laidera agrave vaincre le nDjinne ou le tRapu de ladvershy
saire se trouve cacheacute dans ce Ngimbeu bull Celui qui confectionne donc le
Ngimbe U est doueacute de faculteacutes occultes
337 Larbitrase est assureacute par un sage du village qui geacuteneacuteralement fut
champion de lutte de son temps Dailleurs cet ancien nintervient que
si le terrassement est litigieux Hormis le public qui proclame la vicshy
toire ou le match nul le lutteur lui-mecircme est arbitre et il arrive
quil se deacuteclare vaincu
Nous avons pu cfter Meacutedoune KHOULE un desplus grands lutteurs seacuteneacutegashy
lais qui a donn~ une victoire agrave Djeacuteri SADIO son adversaire qui a reacuteussi
agrave lui faire touegraveher le sol de la main
IlL
34 1 Preacutesentation
Lethnie toucouleur vit En grandt partit ciE~~ la vallfc du S~~~gal
pt reprecircsente i peu pr~s 8 de la population totale secircn~galaise
o Histoire
Il semblerait que dans lancien royaume du Tekrour (IX~ siegravecle) des
eacuteleacutements neacutegroiumldes Sarakoleacute et des Peul aient formEacute par meacutetissage le
peuple Toucouleur (Toucouleur serait dailleurs une deacuteformation du
mot portugais Tacouror)
Ce empire a domineacute aussi bien les wolofs de lOuest que les Peul
nomades du Fouta Toro Cette reacutegion fut le premier pays islamiseacute par
les Almoravides ce qui peut expliquer le proseacutelytisme toucouleur
Ce sont les guerriers toucouleur islamiseacutes qui attaqu~rent avec les
Almoravides la capitale du Ghana Koumbi en 1067 On convertit par
la force les animistes Cest sans doute agrave cette eacutepoque que de nombreuses
ethnies reacutefractaires agrave lIslam ont dO accentuer leur migration vers
le sud (Seacuteregravere wolof Sarakoleacute Bambara Songhaiuml Akan et Peul se reacuteshy
fugiaient vers les hauteurs du Fouta Djalon)
Au XIXegrave siegravecle les Toucouleur allaient trouver en El Hadj Omar Tall
un grand conqueacuterent qui sous le preacutetexte religieux de la gJerre sainte
contre les tribus animistes (entre autres Bambara) eacutetendit lempire
toucouleur sur presque tout lensemble du gali et la partie de la Guineacutee
proche du l1ali
Lempire toucouleur composeacute de Sarakoleacute de Bambar~ de ~alinkeacute de
Xassonkeacute dE Peul et de Dogon eut le meurorit~ dunir CES diif~rentes ~ ~ - - - - - et~ics ~t dE CD~stituer l~Sl la b2S~ ~r 1
_ ~ ~ ~_ L ~
~ ~- ~- - - ---- _ 1 v _ t 1 ~-_ --
marabout tOL~culcuuml~ ~ middotlrrany a l ick SI venu des E1i rClS dE Pocior~ (
~ Vi~ euroconomicue et sociale -----------~-------------
Les Toucouleur sont des cultivateurs mais bien quils n~ soie~t pa~
pasteurs comrre les Peul leacutelevage a une place inportarteacute decirc1S ltur
eacutecono~ie Pour faciliter leur conquecircte guerriegraverE ils c~t Eucirc une preacuteshy
dilection pour leacutelevage des chevaux On y trouve aussi des pecirccheurs
appeleacutes Tchioubalo La socieacuteteacute toucouleur aurait une stratification
sociale tregraves rigide Les groupes ethniques et les castes eacutetaient
diffeacuterencieacutes et strictement exogamiques les Rimbe classe des nobles
comprenant la famille reacutegnante et les guerriers libres la classe des
Nieacutenieacutebegens de castes artisanales i les Rimaibeacute anciens esclaves
devenus serviteurs qui portent les noms de famille de leur maicirctres A
la base de lorganisation de la collectiviteacute toucouleur se situe le
village (Wouro)
Toutes ces castes sont cloisonneacutees entre elle~ Ainsi il nest pas
permis agrave un Torodo (noble) de se marier avec un Tchioubalo Ces
consideacuterations sont importantes dans le domaine de la lutte ougrave nous
apercevrons que les nobles ne sont pas faits pour lutter Le noble
preacutesidera les seacuteances de lutte et on luttera pour lui Ces condeacute rat ions
de noblesse et de rang social sont extrecircmement importantes dans le
monde toucouleur
Le noble ne doit pas se salir on lutte pour lui il ne vit la lutte
quen tant que spectateur
342 Education moeurs croyances et eratiques religieuses
Deux formes d~ducation sont agrave consideacuterer leacutedJcatio~ dES enfarts Et
celle des adultes
oG lenfant sait m2n~~r et apprfcier le goOt d~5 ~iifeurorents r~pas lt
le moment ougrave il CO~~e~CE agrave marcher
tivirt n~sormais le petit toucou]eur est eacuteduquf par toutmiddot 12 f2~i)]E
dabord puis par toutes lespersc~nes du village ou du C13~
Lenfant peut ~tre corrigeacute par tout adulte appartenant au groupe social
Son eacuteducation est deacutesormais laffaire de toute la communauteacute et non
exclusivement celle ces parents On linitie ainsi au travail quotidien
qui se fait dans la bergel~ e les champs et les bords du fleuve Au sein
du village il pourra apprendre agrave filer la laine et agrave tisser des pagnes
dans les champs il apprend agrave manier la houe et lhiler pour la culture
du riz et du mil Mais signalons que lactiviteacute essentielle du toucouleur
est leacutelevage des boeufs des moutons et des chegravevres Chez les Ichioushy
balos (p~cheurs ) lenfant sera initieacute tregraves tat au maniement des pagaies
agrave la p~che propremccedilnt dite et agrave la nage
Vers cinq-six ans lenfant est confieacute au maicirctre coranique le Ihierno
et ce dernier dispose exclusivement de toute sa vie Lavenir du jeune
enfant lui appartient
Comme dans les autres groupes ethniques les enfants sont regroupeacutes en
classe dacircge et cest dans cette structure que lenfant subit les rite
de passe et plus particuliegraverement celui de la circoncision
La circoncision est non seulement unE opeacuteration chirurgicale malS surshy
tout une peacuteriode au cours de laquelle le jeune garccedilon passe de leacutetat
dadolescent agrave leacutetat dadulte Les circoncis sont reacuteunis en classe
dacircge dans un endroit situeacute hors duvillage geacuteneacuteralement choisi par les
vieux Cet endroit n~st accessible que par des individus de SExe ffi8SCUshy
li~ ~ta~t au preacutealabl circoncis
- - - -
quable et complet sur le plan phy~ique et ~oral Ai~si liniti~
acquiert les qualitecircs indispensables que sont le courag~ la modest
lesprit de sacrifice lendurance
Le toucoule~r est un pleux musulma~ Cela sexp1
SOil le premier agrave tre en contact avec la religion musulmane de par sa
position frontaliegravere Lethnie toucouleur de par son histoire a preacutesenteacute
les plus grands chefs militaires et religieux musulmans seacuteneacutegalais Et
pour illustrer cela on peut citer en exemple la grande famille musulmane
des SY agrave TIVAOUANE repreacutesentant la confreacuterie des TIDJANES
Bien que lon note une majoriteacute musulmane on peut dire que certaines
croyances et pratiques mystiques et animistes persistent encore surtout
dans la reacutegion du fleuve
Une pratique courante se fait elle sappelle le Djatt Elle consiste
agrave faire sortir le caiman du fleuve agrave limmobiliser et agrave lattacher
sans quil ne reacuteagisse et tout ceci agrave laide de versets et dincantashy
tions magiques Dapregraves les teacutemoignages ces pratiques sont plutocirct
freacutequentes chez les Tchioubalos (pecirccheurs) Il arrive aussi que cershy
tains chasseurs ayant des dons se livrent agrave certaines pratiques an1shy
mis tes qui consistent agrave invoquer certaines puissances et agrave moduler sous
forme de chant des versets occultes pour se proteacuteger des mauvais esprits
et pour eacuteloigner les fauves Ce chant est geacuteneacuteralement incompreacutehensible
et deacutenueacute de sens pour le profane
343 Activiteacutes ludiques et pratiques sportives en milieu toucouleur
Durant toute son histoire lethnie ~oucouleur a toujours EacutetEacute Frese~teacute~
comme celle qui avait ue activit essentiellement guerr e e~ particushy
liegraverement farouche Trois eacuteleacutements ret r t l ecirc t te nt i c- euro so~t
le manie~~nt du ~acircton 12 luttE Et 1eacute danSE
l
Lecircducation ph~sique et artistique Dcc~pe un place precircpondecircra~rp
dans la fDrmat~on du jEune toucouleur A loccasion agraveeacutevegravenemen~ imporshy
tants reacutecoltJs mariages baptecircme nous assistons agrave des manifestashy
tions folkloriques de grande envergure le Wango oucirc dailse toucouleur
tregraves gymnique iles chants et surtout les sEacuteances de lutte
La lutte toucouleur est la forme de lutte la plus spectaclaire dans
tout le territoire seacuteneacutegalais Elle est essentiellement baseacutee sur des
techniques en hancheacute et surtout en souplesse Ceci sexplique par le
fait q~e le jeune toucouleur est tregraves tocirct initieacute agrave la gymnastique (saut 1
per saut de main salto arriegravere saut de tecircte couronneacute etc bullbullbull ) pour
la dans~ du wa~go En dansant le wango qui est une danse rythmeacutee et
gymnique le Jeune toucou1eur est capable de prouesses extraordinaires
1
En lutte lattaquant se deacuteplace tregraves peu pour avoir une bonne saisie
(geacuteneacutera~ement controcircle du Ngimben ) et enchaine brusqueme~t avec une
attaque surpris~ Cependant les ripostes sont souvent surprenantes et
spectaculaires (baseacutees sur la souplesse et la rapiditeacute) ontrairement
aux autr~s form~s de luttes ougrave lon voyait tous les jeune adheacuterer la
lutte to~cou1eur Verra un groupe de speacutecialistes sadonne agrave la lutte 1
(la lutte est lieacutee agrave la position sociale de lindividu problegraveme de
caste)
Q La morphologie du lutteur toucou1eur 1
1 1
Ce dernier nest pas aussi large et aussi fort que les lutteurs diola
et seacuteregravere Cependant il est tregraves reacutesistant La musculatJre est saillante 1
et tregraves souple lindividu est longiligne mais tregraves athleacutetique
Les mouvements de lutteurs sont semblables agrave ceux dun grand fe1in Cette 1
morphologie semble ecirctre lieacutee agrave la position geacuteographique de lethnie
(reacutegion du fleuve) et agrave lacitiviteacute socio-eacuteconomique du toucouleur qui
est agrave la fois cultivateur (activiteacute lieacutee agrave la crue et deacutecrUE du fleuve)
pecirccheuro~T CIcr~icubaon) et sttout jEumlrgcr qui est U~ rc~2eumlr
shy
Deux formes egrave~ corps sembl~nt ecirctre preacutefeacutereacutees du lutteur toucouleur
le hancheacute et la souplesse Les hancheacutes sont faits agrave partir de plusieurs
positions de doset se terminent geacuteneacuteralement par des techniques de
tregraves grande amplitude
TABLEAU RECAPITULATIF DES TECHNIQUES ET FORMES DE CORPS SPECIFIQUES
i
L441 r
GARDE FORMES DU CORPS CONTROLES --shy - -
Moyenne Souplesse Ngimbe
Hancheacute bras
Demi-souplesse
1
Profil psycholosigue 1
TECHNIQUES
ContrOle du bassin et 12 souplesse
arriegravere
Klicket et allegravegement de la hanche
Le lutteur toucouleur est celui lUi se livre le moins aux preacuteparaqons
maraboutiques Cela est dO au f~t que le toucouleur est un grand ~USUlshyman et que les pratiques animisges ont presque disparu dans ce mil~eu
Dans la pratique le lutteur esJ combaif mais il est calme et tr~s reacutefleacutechi quant agrave la deacutecision agrave prendre en plein corps agrave corps ct~st un des seuls techniciens qui reJte tregraves lucide au cours de ses comb~ts
l Dans toutes les circonstances e lutteur toucouleur est tenu de re~pecshyter son adversaire et ceux de s4n eacutequipemecircme sil est vaincu
Comme nous avons dO nous en rendre compte la rigueur des principes
eacuteducationnels a une influence tregraves sensible sur l~ comportement du
toucouleur
i
III S COCL ~s 1DO
Dans cette partie nous avons essay~ de montrer lftroite re1atic~
Entre les diverses activiteacutes socio-eacuteconomiques dans les ethnies et
lES diffEacuterentes faccedilons de lutter
Daucuns seraient tent~s de conclure trop rapidement et cest p0~r
cette raison que nOUS avons penseacute preacuteciser que le pheacutenotype nest
pas geacuteneacuterateur du geacutenotype Et nous sommes convaincus que la morphoshy
logie et les techniques des lutteurs relegravevent de leurs modes de vie
et de leurs croyances agrave une eacutepoque et danE un contexte bien deacutetermishy
neacutes
Est-ce que les lutteurs dio1a ou seacuteregravere travaillant avec leurs bras
dans les champs auraient les mecircmes pr 0 fil s physiques que les lutteurs
utilisant des machines pour lagriculture
- 69 shy
I UJOURDH~1 E-S ut O[l LES FORfilS Ut LU11t~
~otons que notre enqu~te a ecirctE essentiellement faiteen milieu urbain
Les seacuteances de lutte ont tendance agrave perdre leur particulariteacute de r~shy
jouissance pour devenir des pheacutenomegravenes de sportisatio Deux fores
de luttes so~t principale~cnt prat s dans les aregrave~es du 5 al
la lutte traditiunnelle simple et la lutte traditionnelle avec frappe
De nos jours la lutte traditionnelle tend vers une reacuteglementation
et une institutionalisation
Le reacutesultat de nos investigations nous donne le tableau ci-dessous
REPARTITION ETHNIQUE SUR 100 PRATIQUANTS
LUTTE LUTTE RAPPORTETHNIES SANS FRAPPE AVEC FRAPPE J2
Diola 40 16 71 j
Seacuteregravere 26 21 57
Toucouleur 23 10 69
Wolof 1 1 53 17
La demande sociale par ordre deacutecroissant pour la lutte sans frappe
se preacutesente comrre suit
]0_ Ethnie diola avec pregraves de 3 lutteur~ sur 4
2deg_ Ethnie toucouleur
Ethri dun
~ 1 LA LUTTE TR])IIIO~~ELLE AVEC H-PPE
Cette forme deacute lutte a une histoire qui date de lantiquiteacute elle
sa~pelait le Pugilat Au Seacuteneacutegal elle a vu le jour dans le Cayor
bien avant la colonisation Le coup dE pied l~Lrdn~lement la morshy
sure la frappe et le doigtf eacutetaient permis dans le cc=bat ~ ~middot~p0~~e
Dans certains cas la giffle eacutetait beaucoup plus dangereuse que le
poing quand elle eacutetait donneacutee par un speacutecialiste Cette giffle pouvait
agrave elle seule deacutechirer et mecircme parfois amputer la joue de ladverser
Selon les informations la lutte avec frappede nos jours serait une
forme de lutte tregraves eupheacutemiseacutee de celle dantan ougrave une blessure
pouvait souvent ecirctre mortelle
Aujourdhui au niveau du folklore la lutte na plus la mecircme
le spectaculaire a remplaceacute le significatif iLa lutte avec frappe se 1
pratique surtout dans les centres urbains C~aque fois quun grand combat 1
est progra~eacute par le Comiteacute National Proviso~re (CNP) des centaines damashy
teurs sont mobiliseacutes vers le stade lba Mar D~OP qui est aujourdhui le i
lieu approprieacute ougrave se deacuteroulent les grands conkbats de lutte Cest la formE
de lutte qui semble drainer une foule de personnes beaucoup plus importante
que celle de la lutte simple
La lutte avec frappe deacuteriverait dune forme de lutte traditionnelle
pratiqueacutee jadis dans le Cayor au temps des Damels et la frappe serait
le substitut dun certain nombre de pratiques doigteacute jet de produits
etc bullbullbull dont le but eacutetait laveuglement de ladversaire La lutte avec
frappe serait une continuation logique dune carriegravere sportive de la
lutte traditionnelle qui sen sert comme moyen socio-eacuteconomique En
effet la majoriteacute des lutteurs avec frappe ont dabord eacuteteacute initieacutes agrave la
lutte simple Cependant il faut signaler que de nOS jours il arrive
que le jeune lutteur avec frappE- soit directenent formEacute conne speacutecialistE
agrave la frappe sa~s pour autant faire son chemin dabcrd egravea~s la lutte
- ~ shy
Le recircsultat dE ~os interviews ncus rec~trE qGune pcpulatiD~ divcrsishy
fiampe sint~resse agrave ce sport et qUE les intecircr~[s des uns et d~SlautrE~
semble~t divergents naucuns affirment que la lutte traditionnelle
avec frappe serait monteacutee par des personnes dont la vocation est dexshy
ploiter ce pheacuteLomegravene agrave des fins commerciales Dautres disent gJellegrave
jouit de mcyens irport~nts t[l[~isio
tation etc bullbullbull ) pour toucher toutes les couches sociales CEpe~~a~t
nous remarquons que mecircme si certaines personnes reprochent agrave cette
forme de lutte decirctre brutale ces mecircmes personnes nheacutesitent pas agrave
se rendre le dimanche agrave laregravene Bien que critiqueacutee elle semble ecirctre
adopteacutee par une tregraves grande partie de la population seacuteneacutegalaise Cepenshy
dant en tant que techniciens il nous est permis de faire une remarque
Il sagit de
- Limpression nette decirctre devant des professionnels de la frappe
qui sont ~ntratneacutes pour cela Dailleurs les propos que nous avons
recueilli~ nous prouvent que la plupart des champions de lutte avec 1
frappe s~ntratnent dans certains sports de combat tels ~ue la boxe i 1
le karateacute le judo Dans cette nouvelle forme de pratique de la lutte
contrairefuent agrave la lutte traditionnelle le technicien e~t souvent
perdant face au puncheur Ce dernier adopte une lutte agrave distance qui
lui permet de placer agrave bon escient ses coups animeacute du deacutesir de vaincre
Le technicien lui se voit contreacute dans toutes ses entreprises par
un uppercut ou un crochet
On peut dire cependant que nul sport au Seacuteneacutegal que la lutte tradishy
tionnelle avec frappe ne deacutechaicircne autant de passions et autant de
pheacutenomegravenes poussant agrave lexcegraves et deacutereacuteglements quon ne peut que deacuteplorer
Mais comment deacutecrier un spectacle de lutte qui bien quayant perdu la
presque totaliteacute des valeurs traditionnelles veacutehiculeacutees autrefois par
elle sait susciter une participation effective de tous ceux qui sont
preacutesents
CONCLUSION
Dans ce meacutemoire nous sommes efforceacutes ~e faire ressort ir limportance des
ethos et des habitus et leurs effets sur la pratique de la lutte tradishy
tionnelle au Seacuteneacutegal
L~b egravethos repr~sentent dune maniegravere g~neurorale tous les eacuteleacutements speacutec
fiques sux Seacuteneacutegalais par conampeacuteguent un systegraveme de valeurs traditionnellEs
Mais m~me si ces valeurs rev~tent une signification universelle (honneur
digniteacute courage etc bullbullbull ) il nen demeure pas moins que ce nest pas leur
nature qui fait leur speacutecificiteacute mais la hieacuterarchisation et limportance i
quon accorde agrave toutes ces valeurs de ~ar leacuteducation ou la culture
i 1
Aussi les valeurs traditionnelles puient leur speacutecificiteacute dans les
caracteacuteristiques propres aux eacuteleacutements ~e la socio-cu1ture (la technologie
et leacuteconomie la politique et la pareteacute la psychologie et lideacuteologie)
dans la socieacuteteacute seacuteneacutegalaise agrave n momen donneacute de son eacutevolution Cest i
dire la neacuteceesiteacute de ne point faire della valeur une reacutealiteacute statique
Cest dite aussi quagrave tout mome~t le ~eacuteneacutegalais peut eacutevoluer et creacuteer
ou vivre par conseacutequent de nouv~lles fprmes de valeur qui lui sont 1
propres ft (J)
La lutte traditionnelle veacutehiculant deS valeurs socio-cu1ture1les speacutecishy
fiquement seacuteneacutegalaises (croyances valeurs morales norme de comportement
opinion attitude bullbullbull ) devient un eacuteleacutement important qui tregraves certaiaement
nous aidera dans notre effort de valoriser et de peacuterenniser notre patri shy
moine culturel par le biais dactiviteacutes physiques et sportives
Leacutetude des habitus nous permet de prouver quil y a plusieurs faccedilons
de se mouvoir comme danser lutter bullbullbull qui varient avec les diffeacuterentes
ethnies (wolof toucouleur seacuteregravere diolagt leurs convenances et leurs
eacuteducations
(1) Revue Ethiopiques 31 Les valeurs traditionnelles et le problegraveme de leur inteacutegration dans les systegravemes modernes jtducatio-1 2 6r--70
nautre part cette eacutetude permet aussi de nous rendrE compte de la
correacutelatipn eacutetroite existant entre la pratique de la lutte traditionnelle
et le sta~ut socio-eacuteconomique du pratiquant
Nos inves~igations nous indiquent que la lutte recrute essentiellement
au niveau des classes socio-eacuteconomiques situeacutees en bas de leacutechelle
donc posseacutedant le statut social le moins favoriseacute La lutte avec frappe
-et un certain secteur commercialiseacute de la lutte simple- y trouve sa
leacutegitimiteacute Comme le dit BOURDIEU nA habitus diffeacuterents styles de Vle
divergents et il oppse les pratiques aristocpatiques correspondants agrave
des activiteacutes qui favorisent les situations eupheacutemiseacutees ougrave la stylisashy
tion est importante aux pratiques populaires qui font appel agrave des
qualiteacutes qpposeacutees bllutes rugueuses Certaines interviews nous
montrent que plus lindividu occupe une place eacuteleveacutee dans leacutechelle
sQciale e~ 1
moin$ il sinteacuteresse agrave la lutte
Les reacutesultats recueillis dans nos diverses investig~tions confirment 1 1
1er propos qui disent que nous assistons aujourdhu~ agrave une involution
de la lutte traditionnelle parce que perdant toutes ses speacutecificiteacutes au 1
pryfit d~ne autre forme de lutte que lon continue agrave appeler nostalshy
giqlementIIlutte traditionnelle
Ceci pourrait peut-~tre trouver une explication dan la citation suivante
La liberteacute de creacuteer dinnover de vivre Pleineinenf decirctre soi et de
preacuteserver son authenticiteacute la digniteacute et lhonneu1demeurent des illushy
sions dans la misegravere eacuteconomique~ Nos ancecirctres creacuteai~nt des valeurs de cishyl
vilisation parce quils eacutetaient libres parce qu1i~s ignoraient toute
deacutependance eacuteconomique ils cultivaient en eux et cbez leurs enfants le 1
Jorn et la Kersa et preacutefeacuteraient la mort agrave la hoJte lI (1)
Or le Seacuteneacutegal comme la plupart des pays africainsi est un pays sousshy
deacuteveloppeacute t cependant face agrave cette volonteacute du gou~ernement seacuteneacutegalais
de faire inteacutegrer dans leacuteducation des valeurs traditionnelles nous
pouvons espeacuterer utiliser comme moyen deacuteducation la lutteacute traditionnelle
qui reste quand mecircme vecteur jethos et dhabit~s
- 54 shy
Mecircme si lon a noteacute un appauvrissement notoire sur les plans socioshy
culturel et moral la lutte traditionnelle recegravele une gamme importante
et varieacutee de techniques permettant incontestablement une ouverture vers
les luttes olympiques libre et g~eacuteco-romaine
La lecture de ce meacutemoire permettra agrave lentratneur et au professeur de
lutte en fonction du lieu ougrave ils seront affecteacutes dans le territoire
seacuteneacutegalaisdavoir une information sur les techniques contrOles et
formes de corps propres agrave chaque groupe ethnique et de les mettre en
relation avec leurs croyances et leurs mentaliteacutes
Nous avons essayeacute de montrer que la pratique de la lutte traditionnelle
doit tre axeacutee sur une ethnomotriciteacute au Seacuteneacutegal qui permette une inishy
tiation facile Cette pratique de la lutte traditionnelle seacuteneacutegalaise
devra dailleurs essayer de ~eacutepondre aux aspirations du Seacuteneacutegalaisl
moderne en souvrant aux ap~orts positifs des autres civilisations
ex~eacuterieures nous voulons Jvidemment parler du judo et des luttes oiymshyJ
piques 1
1 j Nous navons pas la preacutetentfon dans le cadre de ce meacutemoire demattrise
de reacutepondre agrave toutes les qutstions se rattachant agrave leacutetude de ~a lutte
traditionnelle souslangle~socio-culturel car non seulement il nous
manque lexpeacuterience et la c peacutetence en la mati~re mais aussil l le temps
et les moyens dont nous dis osions ne nous permettaient pas d~puiser le 1sujet i
1 1 1 t 1
l
- )5 shy
BIBLIOGRAPHIE
BIBLIOGRAPHIE
1- CLAPAREDE Psychologie de leacuteducation et peacutedagogie expeacuterimentale
Edition Delachaux et Niestleacute 244 pages
2- POCIELLC Christian Sport et Socieacuteteacute approche socio-culturelle
des pratiques Paris Vigot 1981 377 pages
3- PIERON Henri Vocabulaire de la psychologie
PUF Deuxiegraveme eacutedition 1957 469 pages
4- Revue socialiste de culture neacutegro-africaine ETHIOPIQUES
Les valeurs traditionnelles et le problegraveme de leur inteacutegration
dans les systegravemes modernes deacuteducation
GIA 21 Juillet 1982 213 pages
5- N2 Revue du Centre dEtudedes Civilisations DEM ak TEY
NIS IVegrave Trimestre 1982 96 pages
6- Document lNSEP Colloque sur la lutte aeacuteregravere
DAKAR MAI-JUIN 1980
t 1
~- Travaux du IVegrave Congregraves National ~es Sports agrave DAKAR les 2223041981
Bulletin n2 91 du CIO du 15 Aont 1965
l____________________________
8- Meacutemoire de Mattrise BADJI Abdou La lutte traditionnelle Joola
Etude et perspective
9- Meacutemoire Inspectorat JS DJITTE Mandy Les pratiques corporelles
traditionnelles au Seacuteneacutegal pour leur exploitation et leur
utilisation en peacutedagogie Marly le Roi 1980
REPUBLIQUE DU SENEGAL
--------------- INSTITUT NATIONAL SUPERIEUR
MINISTERE DE LA JEUNESSE DE LrsquoEDUCATION POPULAIRE
ET DES SPORTS ET DU SPORT
-------------
(INSEPS)
MEMOIRE DE MAIcircTRISE
Es-SCIENCES ET TECHNIQUES
DE LrsquoACTIVITE PHYSIQUE ET DU SPORT
LA LUTTE TRADITIONNELLE
son importance sa signification en fonction des ethos et des habitus ethniques au Seacuteneacutegal
Preacutesenteacute par
Monsieur Joseph Victor FAYE
Sous la direction de
M Jean Marc ROCHEZ
Professeur agrave lrsquoINSEPS
Anneacutee de soutenance 1984
- 1( shy
3122 La circoncisio~
cest un rite obligatoire Il a pour but dintroduire le garccedilon dans
la communauteacute des hommes en tant que responsable Cest un rite qui
laisse une trace indeacuteleacutebile dans la vie du jeune diola Les principes
de la vie en socieacuteteacute y sont enseigneacutes agrave fond Le rite de la circoncishy
sion preacuteseuro~teuro uneuro forme p~lticul do~t s~uls les diolas connaissent
lorganisation internecar la circoncision est agrave la fois une eacutepreuve
physique intellectuelle et morale
Cette circoncision en milieu diola se passe dans le bois sacreacute En ce
lieu les Njoulis (circoncis) sont encadreacutes par des mattres les
Kintangs et au-dessus de ces mattres regravegnent un ecirctre doteacute de faculteacutes
occultes il sagit du Kankourang Le kankourang a cette capaciteacute de
disparattre de voler quand bon lui semble Il incarne la justice et la
violence et assure la protection de ses disciples contre les mauvais
esprits Ainsi le kankourang incite agrave lobeacuteissance et agrave lordre dans
cette socieacuteteacute Dans la tradition diola le kankourang repreacutesente un
pouvoir mystique capable de choses extraordinaires dont la socieacuteteacute
moderne avide de raisonnement ne pourra trouver une explication Au
cours de la circoncision les initieacutes subissent un certain nombre
deacutepreuves physiques que le diola appelle samasso Il doit se soushy
mettre agrave lensemble de ces eacutepreuves consideacutereacutees comme indispensables
agrave sa formation pour lui permettre de juger ses capaciteacutes physiques
mais eacutegalement deacutepouver sa valeur intellectuelle morale et sociale
Il pourra aussi se mesurer aux autres dans le domaine de la consideacuteration
et du respect En quittant le bois sacreacute le jeune doit posseacuteder une
grande partie des qualiteacutes humaines et socisles quil faut agrave un howmE
pour vivre en harmonie avec la socieacuteteacute traditionnelle Il serait bien
sOr possible dans le cadre dune eacutetude plus approfondie de parler de
bien dautres rites et pratiques traditionnelles
Notons cependant que le rite de la circoncision appartient aux anc~t~es
et que dans les villages reacutecents ougrave les structures ont changeacute on ne
Jeux jours avant la re~trfE cans le bois sacr[ les adolescents so~r
-
- Jo shy
por lE diola 11-071- doit rester en harrc1iE avec lE
tal lanimal lui-mecircme les ancecirctres les geacutenies Le rit~ du rasdge co~sist~
acirc ~loigner la ~alchance de lenfant Si l~ ritE nest pas respecteuro eumlr es
parents du futur initieacute celui-ci connaicirctra la malchance pendant toute sa viE
Ce rite a aussi pour faculteacute deacuteloigner le mal et de preacuteserver lenfant des
mauvais esprits
Le rite de leau sacreacutee se fait un jour avant lentreacutee dans le bois sacrEacute
Les femmes doivent se garder davoir le moindre contact avec leau beacutenite
pour se preacuteserver des conseacutequences facirccheuses qui pourraient en reacutesulter La
tradition veut quune seule goutte soit capable de deacuteclencher lavortement
l chez la femme enceinte de rendre steacuterile la jeune fille ou de provoquer des
menstrues perpeacutetuelles chez la femme ayant atteint la meacutenopause bull
bull Le rite de la forge protegravege le futur initieacute pendant son seacutejour dans le bois
sacreacute Mais cette protection seacutetend bien au-delagrave et de rite veut que toute
personne qui y faillit soit condamneacutee agrave devenir leacutepreuse
Pendant plusieurs semaines les jeunes initieacutes subissent une formation capishy
tale qui fera deux des hommes complets
313 Croyances et pratiques mystiques
Si nombreux sont les diolas convertis au Christianisme ou agrave lIslam leur
foi napparatt jamais incompatible avec leurs croyances animistes Lhisshy
toire des rois et reines diolas nous reacutevegravele quils eacutetaient les ffprecirctres fl de
ces cultes feacutetichistes destineacutes agrave maintenir la fertiliteacute et agrave provoquer
la chute des pluies De nos jours existent encore des socieacuteteacutes secregravetes agrave
base religieuse ou magique la plus redouteacutee eacutetant lassociation neacutecrophashy
gique Kousanga des Floup (1)
Deux fafu expliquent la coexistence du dogme et de la croyance
le contact tardif de la socieacuteteacute diola avec les civilisations eacutetrangegraveres
et leacutevangeacutelisation ou lislamisation quelles veacutehiculaient Il e~ reacutes~lt~
une importance des traditions leur reacutesstance agrave une remise en questic~ ce qui confegrave~e agrave la socieacuteteacute diola un caractegravere conservateur
r~c~~i]EE 2~fr~~ ~c - t
ct ~Cc egraveE~ Cimiddotilisatilaquo~ eacute
la neacutecessiteacute de lanimisme consiegraveeuroreacute comme base de toutes legrave~
religi0~s uumlegrave serait-ce que corr~e tentative ciexpliquer li1explishy
cable en se repreacutesentant en particulier comme un ensemble de puisshy
sances mystiques Ainsi pour lanimiste agir sur la nature cest
intervenir psychologiquement aupregraves de ceLX qui la gouvernent
314 Imeact des moeurs sur la prat~que de la lutte diola
Lorigine de la populariteacute de la lutte eugrave milieu diola est par trop
impreacutecise aussi nous nous limiterons agrave en donner la signification
actuelle La lutte apparatt dabord comme un moyen privileacutegieacute deacutedushy
cation
- sur le plan corporel afin de deacutevelopper la force lagiliteacute la
rapiditeacute et la souplesse
- sur le plan moral afin de deacutevelopper les vertus caracteacuterielles
courage tenaciteacute digniteacute bullbullbull neacuteces~aires agrave laction
Mais la lutte apparatt aussi comme un mpyen dinteacutegration sociale car
le jeune diola qui se refuserait agrave se sbumettre agrave leacutepreuve de la lutte
encourrait un isolement alors que celui qui excelle en bravoure devient
rapidement populaire Dougrave ces affrontements agrave linteacuterieur dune classe
dige qui tout en restant un moyen de reacutejouissance servent eacutegalement
agrave eacutetablir des comparaisons
Nos observations et nos interviews confirment le caractire tris physique
de la lutte diola immeacutediatement les lutteurs sont au corps agrave corps et
les techniques consistant agrave aracher ladversaire priment sur toutes les
autres Exprimer sa force est une preacuteoccupation constante il suffit pour
sen persuader de voir le groupe de lutteurs peacuteneacutetrer dans laregravene au son
du Born bol on que rythme le claquement de mains des femmes
C~tte da~se est une deacutebauche dAnegie Ougrave les lutteurs pieacutetin~Ert avec
force L sol
i shy
3141 EorphologUgrave et valeur physiques du lut teur diola
Le lutteur diola possegraveagrave~ un deacuteveloppement caracteacuteristique du trai~
supeacuterieur et de la musculature doso-lombaire Ceci est tregraves certaineshy
ment lieacute au maniement de la houe de la daba et surtout dukadiando
dont lusage permanent a modeleacute la morphologie du lutteur diola
La valeur physique de ce lutteur semble reposer sur sa force sa
reacutesistance mais aussi sa rapiditeacute
3142 Reacutepertoire technique
Dans le Blouf la forme du corps la plus utiliseacutee est le deacutecalage souvent
combineacute avec un crochet de jambe (gal gal) ceci semble ecirctre lieacute agrave
lutilisation quotidienne dans les riziegraveres du kadiando Le paysan du
Blouf sera ameneacute agrave faire un mouvement de torsion pour deacutecalerlinstrushy
ment enprenant appui sur son genou et ceci continuellEment pendant toute
la jourpeacutee Chez les diolas du Fogny le kadiando eacutefait surtout utiliseacute
par les femmes qui soccupaient autrefois exclusivement de la riziculture
et ce n~est quaujourdhui que les hommes cultivent le riz 1
La principale culture dans le Fogpy est celle du mil on y cultive aussi
de larachide De ce fait loutil le plus utiliseacute est le donkoton qui
est un instrument tregraves petit avec un manche court et dont le maniement
expliquerait peut-ecirctre leacutetonnante musculature du train supeacuterieur et surshy
tout de la zone dorso-lombaire du 4i6la fogny qui excelle dans les techshy
niques en force genre arracheacute avec les bras sur contrOle de la ceinture
de ladversaire Lulisation du donkoton semble eacutegalement expliquer la
garde tregraves basse du lutteur fogny
Dans le kassa on aurait pu trouver la mecircme forme de lutte car la morphoshy
logie du lutteur est agrave peu pregraves la mecircme mais linterdiction formelle de
la prise du ~gimbe modifie et limite tout le repertoire technicult2 ou
lutteur Le lutteur kassa adopte une garde basse et agrave une preacutefeacuterence pc~r
legraveS tc~-iccedilues n passa~ dessous - - ~ shymiddotmiddotcrc t--=~ c-
----
contact et agrave partir de ce TtoTteuront ils peuvent se relever et conti~uEr
en lutte debout jusquau terrassemen~
Toutes les gardes sont rapprocheacutees en milieu diola
irbi trage
Les combats sont arbitreacutes par un deacuteleacutegueacute geacuteneacuteralement anClen lutteur
Ces anciens lutteurs ont pour rocircle de veiller au bon deacuteroulement du
combat La victoire est deacutecreacuteteacutee dans les cas ougrave un des lutteurs se
retrouve en position assise sur le ventre sur la cuisse ou les
genoux (sauf dans le Kassa)
Il existe un autre mode de victoire celle qui est proclameacutee agrave la
suite dune supeacuterioriteacute eacutevidente du~ des lutteurs A savoir quand
un lutteur soulegraveve tregraves haut son camarade et que son manager estime i
quil est pratiquement battu il peut arrecircter le combat en touchant
dabord le lutteur adverse popr eacuteviter que son lutteur ne soit terrasseacute
tregraves fOrt Nest-ce pas un deacutecision sage des managers qui peut contribuer
agrave maintenir le caractegravere reacutecr~atif de la lutte joola 1
La victoire dun village sur un autre village ne se mesure pas au
nombre de victoires obtenues par lensemble des lutteurs En effet
il suffit que le champion soit battu pour que le village soit consideacutereacute
comme deacutefait Ce qui explique limportance et le seacuterieux que le village
accorde agrave la preacuteparation des championsl)
Il est cependant important de signaler que larbitrage dans les centres
urbains revecirct une iautre forme beaucoup plus codifieacutee et cest peut-ecirctre
une des raisons qui font quen milieu urbain la lutte diola perde une
partie de son originaliteacute
En dehors des techniques speacutecifiques agrave chaque sous-groupe il faut
signaler quil y a une multitude de prises et quelGues formes de corps
comTIunes agrave letnn Car reconnaissons qu il cO unE ror-euro approp=i~eacute
dE ~ouvane du l~tteur diola en TaI
-----~-----
LE tableau ci-dessous se propose dE reacutesumer les diffeacuterentes consideacuteshy
rations techniques envisagEacutees dans cette partie
FORlŒSSOGS-GRGUPES 1 COItltOLE GA~JESDt CORF=
i ~
1 1
Passage dessous de jambes et BassE KASSA saisies Moyenne1annexes bras (rapprocheacutee)
ceinture tecircte
Deacutecalage de Moyenne et BLOUF Demi-souplesse Ngimbe
HauteHancheacute Bras (rapprocheacutee)
Jambe
Arracheacute CouFOGNY Tregraves basse
Hancheacute ii 1
1 1
3 14 3 bull LeIIa~~jueetlecom~ortementdulutteur-+iola
1 Le comportement et lattitude du lutteur dans laregravene pe sont en fait
t
que le reflet de sa psychologie et plus partiCUliegraverem t de son eacutetat
dacircme Or il napparatt pas abusif deacutetablir des cor eacutelations entre
le psychisme dun individu et lempreinte eacuteducative quil a subie En effet en sortant du bois sacreacute le jeune diola a acquis un ~ca~~l
eacutequilibre physique et mental
Cette matrise de lui-mecircme permet au lutteur dans la~egravene dadopter
un aire enjoueacute de manifester beaucoup denthousiasme~ La lutte devient 1
essentiellement un jeu laspec ludique y est privileacutegieacute et ~ela influe
sur le comportement du lutteur
Ainsi queurolq~c soit limporta~cE de le~je~ le lutt~c~ dic1e Seuroreacute
to~jours serein et s~ livrera sa~s arri~re pe~s6e da~$ ~E CO=beacute ou-
tons que le lutteur diola est trecircs fair-play et sil arrive quun rdnd
lll L COIicircilU1Ul L ULOF
32 J Preacutesentation
La soc tEacute wucirc10f est celle qU1 a eacuteteacute la plus marqueacutee par la colonisation
~~ fait peut-gtre de sa position geuroographiquE dune part ct de 50~ imporshy
tanCE sur le plan dfmographiquE dautre part En effEt ceurootteuro CC-~ucircautE
wolof repreacutesente environ 20 de la population seacuteneacutegalaise
Elle est constitueacutee de pecirccheurs (ce sont les leacutebous) dagriculteurs de
fonctionnaires de lEtat mais surtout de commerccedilants
A pqrtir de leur reacutegime dimplantation le Cayor le Walo le Baol le
Djolof et la presquicircle du Cap-Vert les wolofs ont tendance agrave irradier
sur lensemble du territoire sous leffet de leur speacuteculation agrave la culshy
ture de larachide et du nombre important de fonctionnaires quon trouve
dans cette ethnie
322 Les moeurs et croyances wolofs
Bien queacutetant en grande partie des musulmans convaincus les wolofs
conservent toujours une croyance animiste et continuent agrave faire des
sacrifices agrave porter des cornes ou des morceaux de bois agrave la ceinture
aux jambes ou aux bras et agrave croire agrave lexistence des Djinneacutes et des
Raps bull
Le Djinneacute cest une creacuteature malfaisante en geacuteneacuteral capable de choses
extraordinaires Il possegravede des faculteacutes surnaturelles Cependant dapregraves
la croyance animiste certains Djinneacutes peuvent ecirctre bons
Le Hapl cest une creacuteature ayant des dons occultes appartena71t agrave une
famille ou agrave une communauteacute et dont le rOcircle est de veiller cu daider
les reCJrES de le fai11p ou dt la conmunauteacute en cas de da1gel Le Rap
~ ut te c ) ~~c-
ei sltcificE cJ sanl dE meut0 dL chat de pC)wleurot 5E1lt les conveuroshy
lances parfois leur dorner COrllTe offrande du lait Laii
Qua1d une famille ou une communauteacute neacuteglige les Sarakh (ici dans
le sens de sacrifice ou Offrande) elle se voit aussitocirct vouEacutee agrave la
maleacutediction des mauvais esprit~ (fcllec dans touteacuteS lEs ~treprises
de la vie maladie mort bullbullbull ) Les lieux ougrave habitent ls Taps et ougrave
se font les sacrifices se nomment Khambs
Geacuteneacuteralement le khamb se trouve dans lenceinte de la maison ou
dans un coin approprieacute du village Les lieux du khamb sont marqueacutes
par la disposition de calebasses de pilons de morceaux de poterie
briseacutes de grosses pierres de cornes et dautres objets heacuteteacuteroclytes
La superstition wolof est tregraves marqueacutee En effet pour le wolof toutes
les manifestations quotidiennes trouvent leur signification dans le
mysticisme Citons agrave cet effet quelques ezemples Une femme enceinte
ne doit pas marcher agrave nimporte quelle heure de la journeacutee Certaines
heures de la journeacutee lui sont interdites le Timiss (creacutepuscule
le Ndjo~or (de 13 H agrave 14 H de lapregraves-midi) le souf-segravede (de
minuit i4 H du matin) Selon la tradition ~t la croyance wolof les
mauvais ~sprits choisissent ces heures pour jeter des sorts Et la
femme enceinte eacutetant tregraves vulneacuterable le Djinneacute essaiera de lui insufshy
fler son souffle pour atteindre son beacutebeacute afin dentratner soit la
meacutetamorphose de cedernier en monstre soit de le tuer avant sa naissance
Dailleurs pour le wolof et pour certaines autres ethnies au Seacuteneacutegal
le timis le tdjolor le souf-segravede repreacutesentent des peacuteriodes de
la journeacutee ougrave lon ne doit pas se hasarder dans les rues et les champs
Ce sont des heures propices aux apparitions des Djinnes sous nimporte
quelle forme humaine ou animale
Il est eacutegalement interdit au wolof de marcher ou de serti la nuit du
~eacutellfria-
loutes c~s pratiques ~ystiqu~s et cr0ya~ces religi~us~5 ~xistent eL~~[
certainement dues agrave un meacutetissage culturel Parallegravelement aux feacutetiches
aux incantations et agrave lutilisation des safaras (substance magique)
notons lexistence de ga l a tchs (ce sOnt des talismans ougrave sont inscrits
du qui les porte Toutes ces croyances biEn sucircr auront une rEacutepercussicrI
sur leacuteducation du jeune wolof
323 Leacuteducation du wolof
Pour caracteacuteriser leacuteducation wolof nous avons penseacute donner comme
illustration cet extrait de la revue DEM ak TEY Pour deacutefinir leacutedushy
cation le wolof fait appel agrave un symbolisme qui eDglobe aussi bien les
moyens mis en oeuvre Yar que le reacutesultat obtenu agrave laide de ces mecircmes
moyens cest-agrave-dire la formation et le deacuteveloppement de lecirctre humain
ou Yaru
Le substantif Yar deacutesigne le fouet
Ce symbolisme deacutesigne donc au-delagrave du simple sens mateacuteriel de lobjet
lutilisation qui permet daboutir au reacutesultat escompteacute (Yaru) Au sens
geacuteneacuteral Yar deacutesigne tout instrument servant agrave infliger une punition Le
terme laisse supposer agrave priori que cette phase de lenfance durant lashy
quelle se preacutepare la vie de lhomme est lieacutee agrave la souffrance au supplice
Dailleurs une maxime wolof compare lenfant agrave une tige quon a tout le
loisir de redresser alors quelle est encore flexible bull
bullbullbull Pour leacuteducateur wolof la perfection nest point de ce monde malS
le devoir de chaque homme est de tendre vers la pleacutenitude en luttant
contre ses propres faiblesses Leacuteducation va d01c iisister essentielle~(-~t
sur lexercice quotidien de leacutelevation ffiora1e d~ lindividu Pour cela
elle privileacutegie la patience munI) vertu dabneacutegdtion et dE deacutesinteacuteresseshy
m(~t autour dE laquelle sarticulent toutes ]e~ ~u~~~s qualiteuros
i _
aan~ ~ s0cieacutet gt~olcf ocirclt~tartt nul -Jt- poulait sabecircisstr
tion de sa libertEacute La liberteacute est le preuumler drcmiddotir dE l ho-)euro egrave~S
baigner dans une beacuteate admiration du passeacute la comparaison avec le pr~$(middott
si~posc dclle-mecircme car lon reste s reacute devant la deacutesinvolture aVEC
laquelle dES honmes daujourdhui descendants de cette ~~~EacuteTatic ccedil~l se
une fois [largis bullbull tTasque fiers davoir fait leacute priS0n PEut-2tTE
faut-il mettre cela sur le compte de lurbanisation et des nouvelles
valeurs qui ont pour nom enrichissement reacuteussite sociale avec ce que
cela comporte de deacuteshumanisant et de deacutepreacuteciateur (1)
3 bull 2 bull 3 1 bull Lesri tes
Le sevrage et la circoncision constituent les deux grandes phases initiashy
tiques chez le wolof
- Le rituel du sevrage est appeleacute maga1 (litteacuteralement rendre grand)
Cest un eacutevegravenement important aussi bien pour les parents de lenfant que
pour la co~unauteacute Durant cet eacutevegravenement qui survient geacuteneacuteralement deux
ans apregraves la naissance du beacutebeacute les personnes vivant dans lentouragE
apportent leur soutien moral et mateacuteriel
- le rituel de la circoncision revecirct pratiquement la mecircme signification
que dans les autres ethnies seule la forme diffegravere La circoncision reste
encore une eacutepreuve de la vie au sort i r de laque Ile ladolescent devient un
homme Aujourdhui il faut noter une meacutetamorphose de la structure sociale
et des croyances religieuses tregraves accentueacutee aussi bien chez les wolof que
chez les autres groupes ethniques et ceci est peut-ecirctre dO au contact
permanent quils ont avec la socieacuteteacute occidentale
Malgreacute ces constat~tions il semblerait pcu=tant qUE la sociecirct~ lecircbou Gci
bien que se trouvaLt en grande partie dans ~a Presquth du Cap-ETt Et
en contact permane~t avec les blancs soit la portior la plu8 cc~serva-
----------~_- ---~-- -----
~
Incidences d s ~00urs sur la l~ttE
Le wolof connaicirct deux formes de luttes la lutte sirplE- sans t-t
la lutte avec frappe La lutte avec frappe a une crigi~e purement r
et ce nest que plus tard quelle devint une prati1uE sportive et lud
preacuteparer agrave la guerre Aussi tout en luttant On eacutetait autoris~ agrave frapper~
griffer mordre voire introduire son doigt dans loeil de son adversaire
Le jeune wolof devait eacutegalement se livrer agrave la lutte avec frappe afin de
favoriser son insertion dans la socieacuteteacute adulte et sinitier au meacutetier de
soldat faute de quoi il ne pouvait se faire entendre ne avoir des marques
de respect Pour montrer la populariteacute de la lutte dans le Cayor signalons
que les Damels ll (rois) et les Teignes (nobles) nheacutesitaient pas agrave sy
livrer Quant au IIMbeu~ (lutteur) elle lui servait de moyen de promotion
sociale car d8S que sa reacuteputation eacutetait eacutetablie il pouvait ecirctre choisi
par les rois et les nobles comme garde de corps
325 Signification de la lutte en milieu wolof
La lutte se pratique dabord pour lhonneur qui est une vertu tregraves signishy
ficative pour le wolof Elle permet de renforcer les liens amicaux entre
les jeunes de villages diffeacuterents Le champion veut gagner
confiance et la consideacuteration de son village de ses amis
Etre champion cest aussi susciter ladmiration chez les
sentant la force la viriliteacute et la deacutetermination
326 Organisation d~s eacutepreuves de lutte
3261 Les Mbapatts Ce sont les seacuteances nocturnes
pour meacuteriter la
et des anciens
filles en repreacuteshy
Ils sont organiseacutes apregraves les reacutecoltes agrave la fin de la saiscn des pluies
Ceci surtout p~ndant les peacuteriodes de clair de lune car ils peuven~ durEr
toute la nuit Le but des ~Dapatts lt=tait de prfpa-er FhysicuemeH et
~ arb Sil
326 Le 1
cest une organisation beaucoup plus importante que les I~apatts ~
loccasion de laquelle on peut voir plusieurs lutteurs de grande reDommfe
saffronteLLa fin dl lamb est toujours couronneacutee par une grand co~bat
duquel le vainqueur est sacreacute champion de la contrecirce
Le choix du lieu est lieacute agrave limportance de ce lieu dans le village cest
la place publique ougrave geacuteneacuteralement se passent toutes les manifestations
assembleacutee geacuteneacuterale sabar (danse) cest aussi lendroit ougrave sont prises
les grandes deacutecisions
3623 Lappariement
Dans un village ou un quartier les lutteurs se regroupent en lang
(eacutequipe) et jamais deux lutteurs de mecircme lang ne se rencontrent lors
du lamb
L appariement s~ fait librement entre lutteurs de lang diffeacuterents l1hs
une regravegle veut ~uavant de lutter avec le Mbeur Kanur de tel lang si
on est soukh (l~tteur pas encore confirmeacute) il est neacutecessaire de lutter
dabord avec ses soukh et ce nest quapregraves les avoir terrasseacutes tous
quon se voit octroyer la chance de lutter contre lui
Notons que la cateacutegorisation des lutteurs par poids nest jamais prise
en consideacuteration
3624 La tenue du lutteur ou NGIMBE
Le middotNGimbe est confectionneacute par le marabout de la famille ou du clan Il
est constituecirc de pagnes en coton tisseacute geacuteneacuteralement offerts par la megravere ou
la grand-megravere du lutteur ceci lors des organisations de ~rande Tportance
COrlune lef 1amb Dans le cadre des l-bapatt les pagnes sont C tErts peumlr
~~~rcfcis ct ffi~mc aujourdhui d218 cErtaInes fa~ille5 on devj~Gr
luttEur de pegravere en fils et dans ce cas h 1
gimbell du pEgravere Est recircr i tEacute
par le fils Le fait de porter le lI~gimbe agravee ses aiumleux peut susciter
cne~ le jeune lutteur une motivation et une volontecirc in~branlable rlasshy
surer 12 supeacuterioritEacute cis SIcirct-ns dallS
le xgimbe de la famille ne touche pas le sable
La tenue du lutteur a une signification et une importance sur le plan
mystique car selon les anciens le vrai feacutetiche du lutteur celui qui
le proteacutegera agrave vaincre le Djinneacute ou le Rap de ladversaire se trouve
cacheacute dans ce Ngimbe Celui qui confectionne-le Ngimbe est doueacute de
faculteacutes occultes
~~r~i~rg Il est assureacute par un sage du village qui geacuteneacuteralement fut
championde lutte de son temps Dailleurs cet ancien nintervient que
si le terrassement est litigieux
Hormis le public qui proclame la victoire ou le match nul le lutteur
lui-mecircme est arbitre et il arrive quil se deacuteclare vaincu ~ous
pouvons citer comme exemple Meacutedoune KHOULE un des plus grands lutteurs
seacuteneacutegalais qui a donneacute une victoire agrave Djeacuteri SADIO son adversaire qui a
reacuteussi agrave lui faire toucher le sol de la main
Il Y a terrassement quand le lutteur se retrouve
- assis sur le sol
- eacutetaleacute sur le dos
eacutetaleacute sur le cocircteacute
les deux genoux au sol
- les deux ma~ns au sol
la tecircte (front au sol agrave la suite dune brouette)
Il peut y aVOIr match nul si apregraves li1 temps ccmsideacuterable les lutteurs
SE sont ~ ivrEacutes respectivement agrave des assauts rEacutepEacutetEacutes et n arrivEt pas a
3265 L~ precircparation mystique
Il faut reconnattre quon ne peut parler de lutte en milieu wolof sans
envisager une preacuteparation mystique seacuterieuse Co~~e ~ous lEvans vu a~teacute-
1middot ~ d ~ ~rlturenent t0utes es actlvmiddotltesmiddot u W010 sont lles a SeS croyances
- la lutte ne concerne pas seule~ent deux acteurs se livrant faruumlucheshy
ment agrave un combat au milieu de laregravene mais eacutegalement les marabouts et les
feacutetichistes du village ou du clan qui doivent deacutefendre leur savoir et
leur prestige Avant le combat le lutteur doit se livrer agrave un certain
nombre de preacuteparations mystiques pour assurer sa victoire Aussi sommesshy
nous appeleacutes agrave parler de BACK (cest le chant et la danse du lutteur)
- le batteur de tam-tam compose un rythme en fonction du Galagne ou du
Senghor (gds-gris) du lutteur Chaque galagne sera choisi en fonction
du Rap ou du Djinneacute correspondant au Totem du lutteur
Le chant geacuterleacuterique Feinte woy veut dire litteacuteralement composer un 1
chant Ce chant est geacuteneacuteralement composeacute par les filles du viilage du
champion ou par un griot de sa communauteacute Et agrave travers ce chrnt on
arrive agrave toucher la corde sensible du lutteur en chantant lesl innombrables 1
victoires de ses ancecirctres ou en lui rappelant ses prouesses eacuteblatantes 1
Chaque lutteur doit avoir un chant et un back qui lui sont propres
327 Le reacutepertoire technique et les caracteacuteristiques physiques dulutteur wolof
Le lutteur wolof est geacuteneacuteralement moyen de taille la musculagraveture est
tregraves saillante ce qui fait ressortir un aspect tregraves athleacutetique ceci
est vrai sans exception pour le lutteur leacutebou mais il arrive que le Cacircyoshy
rien le baol-baol le walo-walo soient de grands gabarits de forte constishy
tution
CepEndant pour une meilleure compreacutehension du sujet nous pouvons eacutetudiEr
deux jroups d lut teurs qui vont deacuteterminer deux st yI e s de lut tes
- ~ t
les tc~tativ~s de~[reacutee e~ ramassement de jambes de la~v~sairL Ce~~
peut Ecirctre expliqueacute par le fait que les lutteurs leacutebou ou walo-walc qui
sont des pecirccheursadoptent cette garde tasseacutee du fait quils so~t tou-
jours pencheacutes en tirant le fil ou en poussant la plrogue On verra techrugravequeacutes dt cirr 2C ~lt 5Jllicitocirct
surLuumlut les membres supeacuterieurs
Le cayorien et le baol-baol par contre sont les plus grands cultivateurs
darachide chez eux les techniques de lutte sont plus varieacutees et la
garde est moins renfermeacutee Les lutteurs cayorien et baol-baol ont une
morphologie et une reacutepartition musculaire bien eacutequilibreacutee ils excellent
dans les techniques en deacutecalage les techniques de jambe et surtout les
techniques de riposte ougrave lon peut voir des prises de hancheacute tregraves amples
Dune maniegravere geacuteneacuterale on peut dire que le lutteur wolof est un fin
technicien qui sait surtout creacuteer les opportuniteacutes e~ avec sa rapiditeacute
utiliser la force de ladversaire pour le deacuteseacutequilibrer le noodju
le mbas le weacuteheacuteleacute et le rasu sont des techniques propres au lutteur
wolof
En deacutefense il utilise surtout des kl~klets ou gal-gal Notons que
le balancement des bras ou Lewato e$t tregraves marqueacute dans la lutte wolof
TABLEAU RECAPITULATIF DES COMPOSANTES TECHNIQUES
( 1 )
1 SOUS-GROUPES GARDES CONTROLES FORHES DE CORPS l
Walo-walo Basse de jambe Arracheacute l l10yenne de Ngimbe et i
Leacutebou Tasseacutee et saisies annexesj Deacutecalage 1 1 distante de bras de tecirct1
j de bras Deacutecalaeuro
~-----------------~-
- ~ ~- shy - ~ ~ bull L _ _ bull
Profil psyc~~iqUE du lutteu- et son comporterent dars l 2regravere
La preacuteparation mystique dans laregravene est plus marqueacutee chez les wolofs
que ChE~ les autres ethnies En effet on verra de grands champions
preliGrE plusiEurs heures pour Enduire leur corps de cll2badep ou ci
rmiddot- ~ a la proprieacuteteacute de proteacuteger li1egraveividu J
les mauvais sorts) Cest dailleurs un aspect dt la luttE qui iJcsc
des problegraveJles
Le lutteur wolof est tregraves superstitieux et la peacuteriode de preacuteparation
est capitale pour lui car elle permet non seulement de rendre
hommage aux ancecirctres mais aussi dintimider son adversaire Cest
geacuteneacuteralement un lutteur agressif combatif et teacutemeacuteraire Il se fait
souvent remarquer par son esprit dentreprise Mais cette fougue dans
le combat lamegravene parfois bien que ce soit regrettable agrave oublier les
usages et les normes Ce manque de maicirctrise de soi peut faire croire
que le lutteur wolof manque de fair-play ce qui nest pas toujours le
cas
~A~Ugrave~ t 4AA CbUrs k LA ucirctotve f~tPle Sesect prores mou W ~ lesquelles vont se couler les comporteme~ts individuels qui sont ainsi
monteacutes par et pour lautoriteacute sociale
Les faccedilons de boire de marcher ou de sasseoir se manifestent indivishy
duellement dans le corps de chaque personne ces habitus sont cependant
des montages sociaux lieacutes agrave des significationssymboliques variables
dailleurs selon la position sociale occupeacutee par chaque sujet Ces modes
dagir se rangent dans un systegraveme de montages symboliques et lindivishy
du les apprend de la socieacuteteacute dont il fait partie agrave la place quil occupe
Lhabitus est un montage social agrave la valeur symbolique deacutependant des pheacuteshy
nomegravenes deacuteducation et de prestige et lieacute agrave la position sociale du sujet
Cette penseacutee sonne de faccedilon eacutetonamment moderne
Pierre BOURDIEU qui dans une perspective a approfondi le contenue de la
notion en le reportant aux oppositions entre classes et fractions sociales
Il deacutefinit lhabitus comme un systegraveme de dispositions durables acquis au
cours dune histoire personnelle dans une milieu social donneacute systegraveme qui
engendre ensuite des pra~iques socialement deacutetermineacutees faccedilons de manger
de parler ou de marcher comportements de politesse contenu des preacutefeacuterencel
et des deacutegoOts bullbullbull lhabitus est le produit de conditions eacuteconomiques et
sociales Lauteur rattache directement la formation de lhabitus dun
individu agrave la trajectoire parcourue par celui-ci dans sa classe dapparteshy
nance il deacutefend lideacutee dun habitus de classe qui deacutefinit le sens confeacuteshy
reacute agrave la pratique sportive les profits qui en sont attendus
Ce dernier serait lui-m~me lieacute agrave un systegraveme de valeurs ou ETHOS de classe
prenant sens au sein doppositions distinctives entre classes sociales
De sorte lhabitus fonctionne comme un systegraveme dt- regravegles inteacuterioriseacutees
souvent informuleacutees permettant ou non agrave lagent de sadapter dembleacutee aux
multiples pratiques de la vie quotidienne et de la vie sportive il est agrave
lorigine des schegravemes de transcription qui favorisent les ajustements aux
situations corporelles nouvelles (1)
t ~
(1) P~IE11D dwi6Han ISpoy-l et sodeacutebi Approche Bocio-culturelle des pratiques P~tis Vigot 1981 page 81
33
331 Preacutesentation
Les Seacuteregravere auraient pour origine le Fouta Toro quils auraient quitteacute
vers le Xllegrave siegravecle pour fuir lislamisation de cette reacutegioD par lempire
dJ Xali (ils seraient donc apparEnt~s aux Peul et Toucouleur ) Ils
auraient trouveacute dans la rEacutegion du Sine les Sosseacute dorigine manding avec
lesquels ils salliegraverent
Au XVegrave siegravecle une autre immigrationSos~ conqueacuterante cette fois-ci
apporta son organisation eacutetatique Ils se divisegraverent en deux monarchies
deacutemocratiques lune seacutetablit au Sine et lautre au Saloum Les Sosseacute
conqueacuterants constituaient lautocratie appeleacutee Guelowar
La royauteacute seacuteregravere eacutetait laiumlque Les premiers souverains durent secouer
la tutelle des Toucouleur et progressivement arrivegraverent agrave unifier lethshy
nie des seacuteregravere etdea Sosseacute Les deux royauteacutes eacutetaient organiseacutees selon
acirces modegraveles tregraves deacutemocratiques Le souverain deacutependait dune assembleacutee
de ministres et de chefs locaux qui assuraient ladministration centrale
et reacutegionale())
Aujourdhui lethnie seacuteregravere repreacutesente 20 de la population seacuteneacutegalaise
Ils sont reacutepartis sur presque toute leacutetendue du territoire notamment
dans le Baol la reacutegion du Sine-Saloum et la reacutegion de Thiegraves
Signalons quil existe plusieurs sous-groupes dans lethnie ainsi on
trouvera
- dans la reacutegion de Thiegraves les Ndut les Safegravene et les None
- dans le Sine-Saloum les Sine-sine et les Saloum-salouIT
On trouvera vers foundioune et agrave Nioro du cocircteacute de la Gambie les
Niominka (pecirccheurs) Cest une portion tregraves mandinguiseacutee
( 1
Le rattache~2~t d~ to~s ccs sous-groupes pose problecircme ~25 0~ r0~V~
uc grande partie de traits COITul1uns dans leurs modes dE vie Ct pOUT phs
de faciliteacute nous allons essayer de faire une ~tude globale de la lutte
traditionnelle seacuterecircre Lactiviteacute socio-eacuteconomique qui est essentielleme~t
agro-pasorale caracteacuterisE leacutethnie seacuteregravere
332 Lecircducation les moeurs les croyances et pratiques sEr~rc
Chez les Seacuteregravere la vie humaine se deacuteroule selon les grandes eacutetapes
le baptecircme lenfance ladolescencemarqueacutee par la circoncision lsectge
adulte le mariage la vieillesse et la mort (funeacuterailles)
La vie de la communauteacute seacuteregravere reste une des plus originales sinon
celle qui de nos jours garde la presque totaliteacute des pratiques et
habitudes traditionnelles
Bien qu aujotltdhui con~r-tis aux religions chreacutetienne et musulmane les
Seacuteregravere conservent leurs croyances et pratiques animistes
Quelque soit leur degreacute dadheacutesion aux religions reacuteveacuteleacutees les Seacuteregravere
croient en un Dieu puissant et miseacutericordieux Rog Segravene et les hommes
Les ~angols sont repreacutesenteacutes mateacuteriellement dans tous les villages
seacuteregraveres par des arbres (baobab et tamariniers) des animaux (geacuteneacuteraleshy
ment serpent doreacute ou iguane) des ustensiles (pilon calebasse et mortier)
De nombreux teacutemoignages nous apprennent que certains totems (serpent
iguane) font leur apparicion agrave loccasion de certaines manifestations
rituelles comme les sacrifices ceacuteleacutebreacutes lors dun mariage de ceacutereacutemonies
mortuaires ou des circoncisions
Le Seacuteregravere comme il nous a eacuteteacute donneacute loccasion de le dire plus haut
preacutesente des speacutecificiteacutes authentiques aussi bien en tout ce qui touch~
son eacuteducation ses croyanCES et pratiques mystiques q~e ses activiteacute~
socio-ecirccc~omiquEs Apr~s a ~aissa~c~ le beurob~ ~~ pcs~ 5~~ lE S~ __
On lui mouille les l~vres avec un peu d~ lait de mil et apr~s U~ bain
purificateur on versera leau dans un trou cr~us~ derri~r~ la Camp~~
Pendant huit jours la megravere et lenfant sont cacheacutes dans la case car
selon les anciens ils sont tregraves vulneacuterables La case deacutens certains cas
est entoureacutee dun fil blanc et lon place sur le seuil des fais(cauy di
veacutegeacutetaux pour chasser les mauvais esprits (geacutenies malfaisants et illangeUY~
dacircmes) Au bout du huitiegraveme jour la megravere et lenfant peuvent sortir de
la case bull
bullbullbull Le matin du huitiegraveme jour la tante paternelle va chercher de leau
(plusieurs fois)t elle doit rester muette pendant ses alleacutees et venues
si elle parlait t lenfant pourrait ecirctre muet bullbullbull
La megravere et lenfant prennent un bain purificateur dans lequel sont
trempeacutees certaines plantes (ce sont des veacutegeacutetaux pr~tecteurs tels le
begravene le yag le ngud) On y lavera aussi le linge e1t les ustensiles utishyj
liseacutes pendant les huit jours qui viennet de seacutecoul~r On rase le crine
de lenfant Les cheveux sont donneacutes agrave la megravere qui ~s enterrera avec le
reste du cordon ombilical dans un endroit que11e esit seule agrave connattre
La megravere sassied sur une natte devant la maison Une femme igeacutee de la
famille prend le beacutebeacute dans ses bras et le preacutesente aux quatre coins de
lhorizon
La tante paternelle tient ensuite un van sur la tecircte de la megravere on y
verse le mil on y verse eacutegalement en abondance sur la megravere et sur
lenfant La tante oint ensuite le corps du beacutebeacute avec du lait e11e
touche en particulier le front t le nez la bouche la poitrine le dos
et les oreilles
Elle pose enfin un ~rain de sel dans la paume du beacutebeacute (le sel purifie
et deacutetruit les puissances mauvaises)
Apregraves un nouveau bain la megravere et lenfant revEcirctent des habits de fecircte
(est
lenfant Ce precircnore a toujours U~ SEns Il sy~bolise parfois C0 qUi
lOIl sounaitt agrave lEufant l)
La circoncision comme dans les autres ethnies est obligatoire Elle
permet au jeune adolescent dacceacuteder agrave la classe adulte Les jeunes
sont regroupes en classe dacircge dans le bois ougrave sc fait la r0tr~it0 des
circoncis et ceci pendant plusieurs mois
Le Selbeacute qui est geacuteneacuteralement un ancien craint de tous les eacutelegraveves
enseigne le respect de la hieacuterarchie la discreacutetion le goOt de linishy
tiative Les activiteacutes physiques et leacuteducation artistique ne sont pas
en reste la deacutecoration la sculpture la lutte et la danse A sa sortie
du bois linitieacute appartient deacutesormais agrave la classe des virils et des
sages du clan car on lui aura enseigneacute les vertus fondamentales que
sont la justice lhonneur lamour du prochain 1 amour du travail
lhonnecircteteacute et surtout le respect des coutumes ancestrales
Le rite du mariage esd aussi un fait tregraves important dans le monde 1
seacuteregravere mais par manq~e dinformation nous serons obligeacutes de nous en
tenir lagrave
333 Impact des ethos sur la lutte dans le monde seacuteregravere
Lorigine de la lutte seacuteregravere ne semble pas claire ma1S nous pouvons
dire quil existait deux formes de lutte comme chez les Wolofs une
lutte sans frappe et une lutte avec frappe Et cest cette derniegravere
qui peut-ecirctre nous ameacutenerait agrave croire que la lutte seacuteregravere aurait une
origine plus preacuteciseacutement guerriegravere
Aujourdhui la lutte est uniquement une activiteacute sportive agrave travers
laquelle le jeune seacuteregravere eacutevalue sa force son courage et SOn ingeacutenioshy
siteacute Cest une occasion de deacutefendre lhonneur de son village ou de
la corrnnunauteacute
La luttE ~5t avant tout u~e rnanifcs[dtic~ c~lturclie et surtout
fo lkhriqut-
Gracircce agrave elle on peut deacutesormais comprendre un certain nombre de chants
et de symboles A travers la lutte seacuteregravere on ccedilomprend les inter-relashy
tions entreacute la vie et le monde surntiturel
Sil devait y avoir la mort dun villageacuteois pendant la fecirctE au T qUE
de linterrompre on proceacutedait gracircce aux connaissances magico-religieuses
agrave la suspension de la mort jusquagrave une peacuteriode ougrave la population sera plus
disponible pour organiser des funeacuterailles sil y eacutetait preacutedit la possibishy
liteacute dune deacutefait du champion local au profit dun champion dun autre
village des recettes dordre maginque et religieux eacutetaient mises en prashy
tique afin que le champion du village ne soit jamais terrasseacute(J)
334 Le profil du lutteur seacuteregraver~
Le lutteur seacuteregravere est par essence un athlegravete impressionnant de par sa i
carrure et sa musculature saillante mais cest aussi une force tranquille
et calme quelque soit lenjeu du combagravet et particuliegraverement lhonneur
Cet aspect nous pousse agrave parler du NGiMBE cest-agrave-dire de la tenue du
lutteur qui va influencer sur sa faccedilon de lutter
La confection du Ngimbe revient agrave la communauteacute entiegravere Le Ngimbe a
une signification symbolique et le lutteur pour meacuteriter la confiance du
groupe se doit de tout faire pour ne pas toucher le sol Toute la commushy
nauteacute elle aussi sengage pour assurer la longeacuteviteacute et le succegraves du lutteur
dans laregravene par lorganisation droffrandes et de sacrifices en lhonneur
des Pangols bull
bull
Daucuns nheacutesitent pas agrave dire que lessentiel du mysticisme se fait agrave
la maison et non dans laregravene tout le reste nest quintimidation de
ladversaire
lsvcns
Tt- pi ~- t
t 1 ~ l _ ~ t
par rapport agrave lautre Cbci est trEgraves lieacute agrave lactiviteacute journaliegravere du
jeune seacuteregravere qui est un cultivateur donc toujours bien planteacute sur ses
jambes et qui continuellement manie lhiler
Le fait de couper le boi~ peut eacutegalement constituer un moyen de muscushy
lation non neacutegligeable pour le jeune lutteur
Un certain nombre de traits techniques speacutecifiques au lutteur seacuteregravere
semblent ressortir des diffeacuterentes interviews que nous aVOns fait subir
agrave certains lutteurs seacuteregraveres et agrave diffeacuterents techniciens
SOUS-GROUPES FORMES DU CORPS CONTROLES GARDES
SAFEN Moyenne en fente NONE Hancheacute Bras (distante) j
NDUTJ
f
SINE-SINE Deacutecalage Ngimbe
Moyenne
SALOUM-SALOUM Passage- Jambe (rapprocheacutee) 1
i
PETITE dessous Tecircte Basse et 1
COTE Moyenne (rapprocheacutee)
Notons que le Niominka ll commence agrave lutter agrave partir du sol pour avoir
assez deacutelan et sauter sur ladversaire afin davoir la prise du lion
(contr6le de la nuque et du bassin)
Co a -tem-nt ccedilt attitude du lutteur sEacuteregravere335 np -1t ~
Les croyances mystiques sont indissociables des activiteacutes quotidiennes
duseacuteregravere Ce qui explique le cocircteacute supersticieux du lutteur seacuteregravere En
~ffet certains lutteurs refusent de lutter avant certaines heures
Certains teacutemoignages nous apprennent quil nest pas donneacute agrave tout le
monde decirctre champion de lutte et que le lutteur doit avoir des dons
surnaturels pour ecirctre agrave mesure de livrer ses combats dans la nuit
et trouver seul un gris-gris speacutecial appeleacute Njatch
Le vrai champion de lutte chez les seacuteregraveres ne lutte pas seulement avec
~a force et sa technique mais surtout avec ses dons occultes
Chez les seacuteregraveres les morts sont toujours preacutesents et les ~pangols
Servent dintermeacutediaire entre les hommes et les morts Le pangol prend i
le nom dhumain dans certains villages (IIHeacuteJga NDONG Har Wag NGOUYE) i 1
De ce fait on verra le lutteur danser dufe maniegravere ou dune autre en
fonction du pangol de sa famille Ainsi nrus aurons le back (chant et
danse du lutteur) des DIOUF des FAYE etclbullbullbull
Dans laregravene le lutteur seacuteregravere a un comportement exemplaire aussi bien
agrave leacutegard de son adversaire direct quave~ le public en geacuteneacuteral Lexpli shy
cation semble tenir au fait que le lutteur seacuteregravere est avant tout selon
la tradition orale le repreacutesentant de toute la communauteacute seacuteregravere Par
conseacutequent il devra saffirmer non seulement en tant que lutteur dans
laregravene mais aussi en tant quentiteacute morale
336 La tenue du lutteur ou NGIMBE est confectionneacutee par le marabout de la
famille ou du clan Le Ngimbe est constitueacute de pagne en cCton tisseacute
Il doit ecirctre propre le lutteur qui le porte ne devra pas avoir de rapshy
port sexuel pendant toute la peacuteriode des cOTpeacutetitians car le Ngi~bE ne
doit pas ~tre souilleacute
Autrefois et mecircme aujourdthui dans certaines familles on devient
lutteur de pegravere en fils et dans ce cas le Ngimbe du pegravere est heacuteriteacute
par le fils Le fait de porter le Ngimbe de ses aieux peut susciter
chez le jeune lutteur une motivation et une volonteacute ineacutebranlable dtasshy
surer la supeacuterioriteacute d~s siens dans ltaregravene Il fera tout pour que le
Ngimbe de la ramille ne touche le sable
La tenue du lutteur a une signification et une importance sur le plan
mystique car selon les anciens le vra1 feacutetiche du lutteur celui qui
le proteacutegera et laidera agrave vaincre le nDjinne ou le tRapu de ladvershy
saire se trouve cacheacute dans ce Ngimbeu bull Celui qui confectionne donc le
Ngimbe U est doueacute de faculteacutes occultes
337 Larbitrase est assureacute par un sage du village qui geacuteneacuteralement fut
champion de lutte de son temps Dailleurs cet ancien nintervient que
si le terrassement est litigieux Hormis le public qui proclame la vicshy
toire ou le match nul le lutteur lui-mecircme est arbitre et il arrive
quil se deacuteclare vaincu
Nous avons pu cfter Meacutedoune KHOULE un desplus grands lutteurs seacuteneacutegashy
lais qui a donn~ une victoire agrave Djeacuteri SADIO son adversaire qui a reacuteussi
agrave lui faire touegraveher le sol de la main
IlL
34 1 Preacutesentation
Lethnie toucouleur vit En grandt partit ciE~~ la vallfc du S~~~gal
pt reprecircsente i peu pr~s 8 de la population totale secircn~galaise
o Histoire
Il semblerait que dans lancien royaume du Tekrour (IX~ siegravecle) des
eacuteleacutements neacutegroiumldes Sarakoleacute et des Peul aient formEacute par meacutetissage le
peuple Toucouleur (Toucouleur serait dailleurs une deacuteformation du
mot portugais Tacouror)
Ce empire a domineacute aussi bien les wolofs de lOuest que les Peul
nomades du Fouta Toro Cette reacutegion fut le premier pays islamiseacute par
les Almoravides ce qui peut expliquer le proseacutelytisme toucouleur
Ce sont les guerriers toucouleur islamiseacutes qui attaqu~rent avec les
Almoravides la capitale du Ghana Koumbi en 1067 On convertit par
la force les animistes Cest sans doute agrave cette eacutepoque que de nombreuses
ethnies reacutefractaires agrave lIslam ont dO accentuer leur migration vers
le sud (Seacuteregravere wolof Sarakoleacute Bambara Songhaiuml Akan et Peul se reacuteshy
fugiaient vers les hauteurs du Fouta Djalon)
Au XIXegrave siegravecle les Toucouleur allaient trouver en El Hadj Omar Tall
un grand conqueacuterent qui sous le preacutetexte religieux de la gJerre sainte
contre les tribus animistes (entre autres Bambara) eacutetendit lempire
toucouleur sur presque tout lensemble du gali et la partie de la Guineacutee
proche du l1ali
Lempire toucouleur composeacute de Sarakoleacute de Bambar~ de ~alinkeacute de
Xassonkeacute dE Peul et de Dogon eut le meurorit~ dunir CES diif~rentes ~ ~ - - - - - et~ics ~t dE CD~stituer l~Sl la b2S~ ~r 1
_ ~ ~ ~_ L ~
~ ~- ~- - - ---- _ 1 v _ t 1 ~-_ --
marabout tOL~culcuuml~ ~ middotlrrany a l ick SI venu des E1i rClS dE Pocior~ (
~ Vi~ euroconomicue et sociale -----------~-------------
Les Toucouleur sont des cultivateurs mais bien quils n~ soie~t pa~
pasteurs comrre les Peul leacutelevage a une place inportarteacute decirc1S ltur
eacutecono~ie Pour faciliter leur conquecircte guerriegraverE ils c~t Eucirc une preacuteshy
dilection pour leacutelevage des chevaux On y trouve aussi des pecirccheurs
appeleacutes Tchioubalo La socieacuteteacute toucouleur aurait une stratification
sociale tregraves rigide Les groupes ethniques et les castes eacutetaient
diffeacuterencieacutes et strictement exogamiques les Rimbe classe des nobles
comprenant la famille reacutegnante et les guerriers libres la classe des
Nieacutenieacutebegens de castes artisanales i les Rimaibeacute anciens esclaves
devenus serviteurs qui portent les noms de famille de leur maicirctres A
la base de lorganisation de la collectiviteacute toucouleur se situe le
village (Wouro)
Toutes ces castes sont cloisonneacutees entre elle~ Ainsi il nest pas
permis agrave un Torodo (noble) de se marier avec un Tchioubalo Ces
consideacuterations sont importantes dans le domaine de la lutte ougrave nous
apercevrons que les nobles ne sont pas faits pour lutter Le noble
preacutesidera les seacuteances de lutte et on luttera pour lui Ces condeacute rat ions
de noblesse et de rang social sont extrecircmement importantes dans le
monde toucouleur
Le noble ne doit pas se salir on lutte pour lui il ne vit la lutte
quen tant que spectateur
342 Education moeurs croyances et eratiques religieuses
Deux formes d~ducation sont agrave consideacuterer leacutedJcatio~ dES enfarts Et
celle des adultes
oG lenfant sait m2n~~r et apprfcier le goOt d~5 ~iifeurorents r~pas lt
le moment ougrave il CO~~e~CE agrave marcher
tivirt n~sormais le petit toucou]eur est eacuteduquf par toutmiddot 12 f2~i)]E
dabord puis par toutes lespersc~nes du village ou du C13~
Lenfant peut ~tre corrigeacute par tout adulte appartenant au groupe social
Son eacuteducation est deacutesormais laffaire de toute la communauteacute et non
exclusivement celle ces parents On linitie ainsi au travail quotidien
qui se fait dans la bergel~ e les champs et les bords du fleuve Au sein
du village il pourra apprendre agrave filer la laine et agrave tisser des pagnes
dans les champs il apprend agrave manier la houe et lhiler pour la culture
du riz et du mil Mais signalons que lactiviteacute essentielle du toucouleur
est leacutelevage des boeufs des moutons et des chegravevres Chez les Ichioushy
balos (p~cheurs ) lenfant sera initieacute tregraves tat au maniement des pagaies
agrave la p~che propremccedilnt dite et agrave la nage
Vers cinq-six ans lenfant est confieacute au maicirctre coranique le Ihierno
et ce dernier dispose exclusivement de toute sa vie Lavenir du jeune
enfant lui appartient
Comme dans les autres groupes ethniques les enfants sont regroupeacutes en
classe dacircge et cest dans cette structure que lenfant subit les rite
de passe et plus particuliegraverement celui de la circoncision
La circoncision est non seulement unE opeacuteration chirurgicale malS surshy
tout une peacuteriode au cours de laquelle le jeune garccedilon passe de leacutetat
dadolescent agrave leacutetat dadulte Les circoncis sont reacuteunis en classe
dacircge dans un endroit situeacute hors duvillage geacuteneacuteralement choisi par les
vieux Cet endroit n~st accessible que par des individus de SExe ffi8SCUshy
li~ ~ta~t au preacutealabl circoncis
- - - -
quable et complet sur le plan phy~ique et ~oral Ai~si liniti~
acquiert les qualitecircs indispensables que sont le courag~ la modest
lesprit de sacrifice lendurance
Le toucoule~r est un pleux musulma~ Cela sexp1
SOil le premier agrave tre en contact avec la religion musulmane de par sa
position frontaliegravere Lethnie toucouleur de par son histoire a preacutesenteacute
les plus grands chefs militaires et religieux musulmans seacuteneacutegalais Et
pour illustrer cela on peut citer en exemple la grande famille musulmane
des SY agrave TIVAOUANE repreacutesentant la confreacuterie des TIDJANES
Bien que lon note une majoriteacute musulmane on peut dire que certaines
croyances et pratiques mystiques et animistes persistent encore surtout
dans la reacutegion du fleuve
Une pratique courante se fait elle sappelle le Djatt Elle consiste
agrave faire sortir le caiman du fleuve agrave limmobiliser et agrave lattacher
sans quil ne reacuteagisse et tout ceci agrave laide de versets et dincantashy
tions magiques Dapregraves les teacutemoignages ces pratiques sont plutocirct
freacutequentes chez les Tchioubalos (pecirccheurs) Il arrive aussi que cershy
tains chasseurs ayant des dons se livrent agrave certaines pratiques an1shy
mis tes qui consistent agrave invoquer certaines puissances et agrave moduler sous
forme de chant des versets occultes pour se proteacuteger des mauvais esprits
et pour eacuteloigner les fauves Ce chant est geacuteneacuteralement incompreacutehensible
et deacutenueacute de sens pour le profane
343 Activiteacutes ludiques et pratiques sportives en milieu toucouleur
Durant toute son histoire lethnie ~oucouleur a toujours EacutetEacute Frese~teacute~
comme celle qui avait ue activit essentiellement guerr e e~ particushy
liegraverement farouche Trois eacuteleacutements ret r t l ecirc t te nt i c- euro so~t
le manie~~nt du ~acircton 12 luttE Et 1eacute danSE
l
Lecircducation ph~sique et artistique Dcc~pe un place precircpondecircra~rp
dans la fDrmat~on du jEune toucouleur A loccasion agraveeacutevegravenemen~ imporshy
tants reacutecoltJs mariages baptecircme nous assistons agrave des manifestashy
tions folkloriques de grande envergure le Wango oucirc dailse toucouleur
tregraves gymnique iles chants et surtout les sEacuteances de lutte
La lutte toucouleur est la forme de lutte la plus spectaclaire dans
tout le territoire seacuteneacutegalais Elle est essentiellement baseacutee sur des
techniques en hancheacute et surtout en souplesse Ceci sexplique par le
fait q~e le jeune toucouleur est tregraves tocirct initieacute agrave la gymnastique (saut 1
per saut de main salto arriegravere saut de tecircte couronneacute etc bullbullbull ) pour
la dans~ du wa~go En dansant le wango qui est une danse rythmeacutee et
gymnique le Jeune toucou1eur est capable de prouesses extraordinaires
1
En lutte lattaquant se deacuteplace tregraves peu pour avoir une bonne saisie
(geacuteneacutera~ement controcircle du Ngimben ) et enchaine brusqueme~t avec une
attaque surpris~ Cependant les ripostes sont souvent surprenantes et
spectaculaires (baseacutees sur la souplesse et la rapiditeacute) ontrairement
aux autr~s form~s de luttes ougrave lon voyait tous les jeune adheacuterer la
lutte to~cou1eur Verra un groupe de speacutecialistes sadonne agrave la lutte 1
(la lutte est lieacutee agrave la position sociale de lindividu problegraveme de
caste)
Q La morphologie du lutteur toucou1eur 1
1 1
Ce dernier nest pas aussi large et aussi fort que les lutteurs diola
et seacuteregravere Cependant il est tregraves reacutesistant La musculatJre est saillante 1
et tregraves souple lindividu est longiligne mais tregraves athleacutetique
Les mouvements de lutteurs sont semblables agrave ceux dun grand fe1in Cette 1
morphologie semble ecirctre lieacutee agrave la position geacuteographique de lethnie
(reacutegion du fleuve) et agrave lacitiviteacute socio-eacuteconomique du toucouleur qui
est agrave la fois cultivateur (activiteacute lieacutee agrave la crue et deacutecrUE du fleuve)
pecirccheuro~T CIcr~icubaon) et sttout jEumlrgcr qui est U~ rc~2eumlr
shy
Deux formes egrave~ corps sembl~nt ecirctre preacutefeacutereacutees du lutteur toucouleur
le hancheacute et la souplesse Les hancheacutes sont faits agrave partir de plusieurs
positions de doset se terminent geacuteneacuteralement par des techniques de
tregraves grande amplitude
TABLEAU RECAPITULATIF DES TECHNIQUES ET FORMES DE CORPS SPECIFIQUES
i
L441 r
GARDE FORMES DU CORPS CONTROLES --shy - -
Moyenne Souplesse Ngimbe
Hancheacute bras
Demi-souplesse
1
Profil psycholosigue 1
TECHNIQUES
ContrOle du bassin et 12 souplesse
arriegravere
Klicket et allegravegement de la hanche
Le lutteur toucouleur est celui lUi se livre le moins aux preacuteparaqons
maraboutiques Cela est dO au f~t que le toucouleur est un grand ~USUlshyman et que les pratiques animisges ont presque disparu dans ce mil~eu
Dans la pratique le lutteur esJ combaif mais il est calme et tr~s reacutefleacutechi quant agrave la deacutecision agrave prendre en plein corps agrave corps ct~st un des seuls techniciens qui reJte tregraves lucide au cours de ses comb~ts
l Dans toutes les circonstances e lutteur toucouleur est tenu de re~pecshyter son adversaire et ceux de s4n eacutequipemecircme sil est vaincu
Comme nous avons dO nous en rendre compte la rigueur des principes
eacuteducationnels a une influence tregraves sensible sur l~ comportement du
toucouleur
i
III S COCL ~s 1DO
Dans cette partie nous avons essay~ de montrer lftroite re1atic~
Entre les diverses activiteacutes socio-eacuteconomiques dans les ethnies et
lES diffEacuterentes faccedilons de lutter
Daucuns seraient tent~s de conclure trop rapidement et cest p0~r
cette raison que nOUS avons penseacute preacuteciser que le pheacutenotype nest
pas geacuteneacuterateur du geacutenotype Et nous sommes convaincus que la morphoshy
logie et les techniques des lutteurs relegravevent de leurs modes de vie
et de leurs croyances agrave une eacutepoque et danE un contexte bien deacutetermishy
neacutes
Est-ce que les lutteurs dio1a ou seacuteregravere travaillant avec leurs bras
dans les champs auraient les mecircmes pr 0 fil s physiques que les lutteurs
utilisant des machines pour lagriculture
- 69 shy
I UJOURDH~1 E-S ut O[l LES FORfilS Ut LU11t~
~otons que notre enqu~te a ecirctE essentiellement faiteen milieu urbain
Les seacuteances de lutte ont tendance agrave perdre leur particulariteacute de r~shy
jouissance pour devenir des pheacutenomegravenes de sportisatio Deux fores
de luttes so~t principale~cnt prat s dans les aregrave~es du 5 al
la lutte traditiunnelle simple et la lutte traditionnelle avec frappe
De nos jours la lutte traditionnelle tend vers une reacuteglementation
et une institutionalisation
Le reacutesultat de nos investigations nous donne le tableau ci-dessous
REPARTITION ETHNIQUE SUR 100 PRATIQUANTS
LUTTE LUTTE RAPPORTETHNIES SANS FRAPPE AVEC FRAPPE J2
Diola 40 16 71 j
Seacuteregravere 26 21 57
Toucouleur 23 10 69
Wolof 1 1 53 17
La demande sociale par ordre deacutecroissant pour la lutte sans frappe
se preacutesente comrre suit
]0_ Ethnie diola avec pregraves de 3 lutteur~ sur 4
2deg_ Ethnie toucouleur
Ethri dun
~ 1 LA LUTTE TR])IIIO~~ELLE AVEC H-PPE
Cette forme deacute lutte a une histoire qui date de lantiquiteacute elle
sa~pelait le Pugilat Au Seacuteneacutegal elle a vu le jour dans le Cayor
bien avant la colonisation Le coup dE pied l~Lrdn~lement la morshy
sure la frappe et le doigtf eacutetaient permis dans le cc=bat ~ ~middot~p0~~e
Dans certains cas la giffle eacutetait beaucoup plus dangereuse que le
poing quand elle eacutetait donneacutee par un speacutecialiste Cette giffle pouvait
agrave elle seule deacutechirer et mecircme parfois amputer la joue de ladverser
Selon les informations la lutte avec frappede nos jours serait une
forme de lutte tregraves eupheacutemiseacutee de celle dantan ougrave une blessure
pouvait souvent ecirctre mortelle
Aujourdhui au niveau du folklore la lutte na plus la mecircme
le spectaculaire a remplaceacute le significatif iLa lutte avec frappe se 1
pratique surtout dans les centres urbains C~aque fois quun grand combat 1
est progra~eacute par le Comiteacute National Proviso~re (CNP) des centaines damashy
teurs sont mobiliseacutes vers le stade lba Mar D~OP qui est aujourdhui le i
lieu approprieacute ougrave se deacuteroulent les grands conkbats de lutte Cest la formE
de lutte qui semble drainer une foule de personnes beaucoup plus importante
que celle de la lutte simple
La lutte avec frappe deacuteriverait dune forme de lutte traditionnelle
pratiqueacutee jadis dans le Cayor au temps des Damels et la frappe serait
le substitut dun certain nombre de pratiques doigteacute jet de produits
etc bullbullbull dont le but eacutetait laveuglement de ladversaire La lutte avec
frappe serait une continuation logique dune carriegravere sportive de la
lutte traditionnelle qui sen sert comme moyen socio-eacuteconomique En
effet la majoriteacute des lutteurs avec frappe ont dabord eacuteteacute initieacutes agrave la
lutte simple Cependant il faut signaler que de nOS jours il arrive
que le jeune lutteur avec frappE- soit directenent formEacute conne speacutecialistE
agrave la frappe sa~s pour autant faire son chemin dabcrd egravea~s la lutte
- ~ shy
Le recircsultat dE ~os interviews ncus rec~trE qGune pcpulatiD~ divcrsishy
fiampe sint~resse agrave ce sport et qUE les intecircr~[s des uns et d~SlautrE~
semble~t divergents naucuns affirment que la lutte traditionnelle
avec frappe serait monteacutee par des personnes dont la vocation est dexshy
ploiter ce pheacuteLomegravene agrave des fins commerciales Dautres disent gJellegrave
jouit de mcyens irport~nts t[l[~isio
tation etc bullbullbull ) pour toucher toutes les couches sociales CEpe~~a~t
nous remarquons que mecircme si certaines personnes reprochent agrave cette
forme de lutte decirctre brutale ces mecircmes personnes nheacutesitent pas agrave
se rendre le dimanche agrave laregravene Bien que critiqueacutee elle semble ecirctre
adopteacutee par une tregraves grande partie de la population seacuteneacutegalaise Cepenshy
dant en tant que techniciens il nous est permis de faire une remarque
Il sagit de
- Limpression nette decirctre devant des professionnels de la frappe
qui sont ~ntratneacutes pour cela Dailleurs les propos que nous avons
recueilli~ nous prouvent que la plupart des champions de lutte avec 1
frappe s~ntratnent dans certains sports de combat tels ~ue la boxe i 1
le karateacute le judo Dans cette nouvelle forme de pratique de la lutte
contrairefuent agrave la lutte traditionnelle le technicien e~t souvent
perdant face au puncheur Ce dernier adopte une lutte agrave distance qui
lui permet de placer agrave bon escient ses coups animeacute du deacutesir de vaincre
Le technicien lui se voit contreacute dans toutes ses entreprises par
un uppercut ou un crochet
On peut dire cependant que nul sport au Seacuteneacutegal que la lutte tradishy
tionnelle avec frappe ne deacutechaicircne autant de passions et autant de
pheacutenomegravenes poussant agrave lexcegraves et deacutereacuteglements quon ne peut que deacuteplorer
Mais comment deacutecrier un spectacle de lutte qui bien quayant perdu la
presque totaliteacute des valeurs traditionnelles veacutehiculeacutees autrefois par
elle sait susciter une participation effective de tous ceux qui sont
preacutesents
CONCLUSION
Dans ce meacutemoire nous sommes efforceacutes ~e faire ressort ir limportance des
ethos et des habitus et leurs effets sur la pratique de la lutte tradishy
tionnelle au Seacuteneacutegal
L~b egravethos repr~sentent dune maniegravere g~neurorale tous les eacuteleacutements speacutec
fiques sux Seacuteneacutegalais par conampeacuteguent un systegraveme de valeurs traditionnellEs
Mais m~me si ces valeurs rev~tent une signification universelle (honneur
digniteacute courage etc bullbullbull ) il nen demeure pas moins que ce nest pas leur
nature qui fait leur speacutecificiteacute mais la hieacuterarchisation et limportance i
quon accorde agrave toutes ces valeurs de ~ar leacuteducation ou la culture
i 1
Aussi les valeurs traditionnelles puient leur speacutecificiteacute dans les
caracteacuteristiques propres aux eacuteleacutements ~e la socio-cu1ture (la technologie
et leacuteconomie la politique et la pareteacute la psychologie et lideacuteologie)
dans la socieacuteteacute seacuteneacutegalaise agrave n momen donneacute de son eacutevolution Cest i
dire la neacuteceesiteacute de ne point faire della valeur une reacutealiteacute statique
Cest dite aussi quagrave tout mome~t le ~eacuteneacutegalais peut eacutevoluer et creacuteer
ou vivre par conseacutequent de nouv~lles fprmes de valeur qui lui sont 1
propres ft (J)
La lutte traditionnelle veacutehiculant deS valeurs socio-cu1ture1les speacutecishy
fiquement seacuteneacutegalaises (croyances valeurs morales norme de comportement
opinion attitude bullbullbull ) devient un eacuteleacutement important qui tregraves certaiaement
nous aidera dans notre effort de valoriser et de peacuterenniser notre patri shy
moine culturel par le biais dactiviteacutes physiques et sportives
Leacutetude des habitus nous permet de prouver quil y a plusieurs faccedilons
de se mouvoir comme danser lutter bullbullbull qui varient avec les diffeacuterentes
ethnies (wolof toucouleur seacuteregravere diolagt leurs convenances et leurs
eacuteducations
(1) Revue Ethiopiques 31 Les valeurs traditionnelles et le problegraveme de leur inteacutegration dans les systegravemes modernes jtducatio-1 2 6r--70
nautre part cette eacutetude permet aussi de nous rendrE compte de la
correacutelatipn eacutetroite existant entre la pratique de la lutte traditionnelle
et le sta~ut socio-eacuteconomique du pratiquant
Nos inves~igations nous indiquent que la lutte recrute essentiellement
au niveau des classes socio-eacuteconomiques situeacutees en bas de leacutechelle
donc posseacutedant le statut social le moins favoriseacute La lutte avec frappe
-et un certain secteur commercialiseacute de la lutte simple- y trouve sa
leacutegitimiteacute Comme le dit BOURDIEU nA habitus diffeacuterents styles de Vle
divergents et il oppse les pratiques aristocpatiques correspondants agrave
des activiteacutes qui favorisent les situations eupheacutemiseacutees ougrave la stylisashy
tion est importante aux pratiques populaires qui font appel agrave des
qualiteacutes qpposeacutees bllutes rugueuses Certaines interviews nous
montrent que plus lindividu occupe une place eacuteleveacutee dans leacutechelle
sQciale e~ 1
moin$ il sinteacuteresse agrave la lutte
Les reacutesultats recueillis dans nos diverses investig~tions confirment 1 1
1er propos qui disent que nous assistons aujourdhu~ agrave une involution
de la lutte traditionnelle parce que perdant toutes ses speacutecificiteacutes au 1
pryfit d~ne autre forme de lutte que lon continue agrave appeler nostalshy
giqlementIIlutte traditionnelle
Ceci pourrait peut-~tre trouver une explication dan la citation suivante
La liberteacute de creacuteer dinnover de vivre Pleineinenf decirctre soi et de
preacuteserver son authenticiteacute la digniteacute et lhonneu1demeurent des illushy
sions dans la misegravere eacuteconomique~ Nos ancecirctres creacuteai~nt des valeurs de cishyl
vilisation parce quils eacutetaient libres parce qu1i~s ignoraient toute
deacutependance eacuteconomique ils cultivaient en eux et cbez leurs enfants le 1
Jorn et la Kersa et preacutefeacuteraient la mort agrave la hoJte lI (1)
Or le Seacuteneacutegal comme la plupart des pays africainsi est un pays sousshy
deacuteveloppeacute t cependant face agrave cette volonteacute du gou~ernement seacuteneacutegalais
de faire inteacutegrer dans leacuteducation des valeurs traditionnelles nous
pouvons espeacuterer utiliser comme moyen deacuteducation la lutteacute traditionnelle
qui reste quand mecircme vecteur jethos et dhabit~s
- 54 shy
Mecircme si lon a noteacute un appauvrissement notoire sur les plans socioshy
culturel et moral la lutte traditionnelle recegravele une gamme importante
et varieacutee de techniques permettant incontestablement une ouverture vers
les luttes olympiques libre et g~eacuteco-romaine
La lecture de ce meacutemoire permettra agrave lentratneur et au professeur de
lutte en fonction du lieu ougrave ils seront affecteacutes dans le territoire
seacuteneacutegalaisdavoir une information sur les techniques contrOles et
formes de corps propres agrave chaque groupe ethnique et de les mettre en
relation avec leurs croyances et leurs mentaliteacutes
Nous avons essayeacute de montrer que la pratique de la lutte traditionnelle
doit tre axeacutee sur une ethnomotriciteacute au Seacuteneacutegal qui permette une inishy
tiation facile Cette pratique de la lutte traditionnelle seacuteneacutegalaise
devra dailleurs essayer de ~eacutepondre aux aspirations du Seacuteneacutegalaisl
moderne en souvrant aux ap~orts positifs des autres civilisations
ex~eacuterieures nous voulons Jvidemment parler du judo et des luttes oiymshyJ
piques 1
1 j Nous navons pas la preacutetentfon dans le cadre de ce meacutemoire demattrise
de reacutepondre agrave toutes les qutstions se rattachant agrave leacutetude de ~a lutte
traditionnelle souslangle~socio-culturel car non seulement il nous
manque lexpeacuterience et la c peacutetence en la mati~re mais aussil l le temps
et les moyens dont nous dis osions ne nous permettaient pas d~puiser le 1sujet i
1 1 1 t 1
l
- )5 shy
BIBLIOGRAPHIE
BIBLIOGRAPHIE
1- CLAPAREDE Psychologie de leacuteducation et peacutedagogie expeacuterimentale
Edition Delachaux et Niestleacute 244 pages
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des pratiques Paris Vigot 1981 377 pages
3- PIERON Henri Vocabulaire de la psychologie
PUF Deuxiegraveme eacutedition 1957 469 pages
4- Revue socialiste de culture neacutegro-africaine ETHIOPIQUES
Les valeurs traditionnelles et le problegraveme de leur inteacutegration
dans les systegravemes modernes deacuteducation
GIA 21 Juillet 1982 213 pages
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NIS IVegrave Trimestre 1982 96 pages
6- Document lNSEP Colloque sur la lutte aeacuteregravere
DAKAR MAI-JUIN 1980
t 1
~- Travaux du IVegrave Congregraves National ~es Sports agrave DAKAR les 2223041981
Bulletin n2 91 du CIO du 15 Aont 1965
l____________________________
8- Meacutemoire de Mattrise BADJI Abdou La lutte traditionnelle Joola
Etude et perspective
9- Meacutemoire Inspectorat JS DJITTE Mandy Les pratiques corporelles
traditionnelles au Seacuteneacutegal pour leur exploitation et leur
utilisation en peacutedagogie Marly le Roi 1980
REPUBLIQUE DU SENEGAL
--------------- INSTITUT NATIONAL SUPERIEUR
MINISTERE DE LA JEUNESSE DE LrsquoEDUCATION POPULAIRE
ET DES SPORTS ET DU SPORT
-------------
(INSEPS)
MEMOIRE DE MAIcircTRISE
Es-SCIENCES ET TECHNIQUES
DE LrsquoACTIVITE PHYSIQUE ET DU SPORT
LA LUTTE TRADITIONNELLE
son importance sa signification en fonction des ethos et des habitus ethniques au Seacuteneacutegal
Preacutesenteacute par
Monsieur Joseph Victor FAYE
Sous la direction de
M Jean Marc ROCHEZ
Professeur agrave lrsquoINSEPS
Anneacutee de soutenance 1984
- Jo shy
por lE diola 11-071- doit rester en harrc1iE avec lE
tal lanimal lui-mecircme les ancecirctres les geacutenies Le rit~ du rasdge co~sist~
acirc ~loigner la ~alchance de lenfant Si l~ ritE nest pas respecteuro eumlr es
parents du futur initieacute celui-ci connaicirctra la malchance pendant toute sa viE
Ce rite a aussi pour faculteacute deacuteloigner le mal et de preacuteserver lenfant des
mauvais esprits
Le rite de leau sacreacutee se fait un jour avant lentreacutee dans le bois sacrEacute
Les femmes doivent se garder davoir le moindre contact avec leau beacutenite
pour se preacuteserver des conseacutequences facirccheuses qui pourraient en reacutesulter La
tradition veut quune seule goutte soit capable de deacuteclencher lavortement
l chez la femme enceinte de rendre steacuterile la jeune fille ou de provoquer des
menstrues perpeacutetuelles chez la femme ayant atteint la meacutenopause bull
bull Le rite de la forge protegravege le futur initieacute pendant son seacutejour dans le bois
sacreacute Mais cette protection seacutetend bien au-delagrave et de rite veut que toute
personne qui y faillit soit condamneacutee agrave devenir leacutepreuse
Pendant plusieurs semaines les jeunes initieacutes subissent une formation capishy
tale qui fera deux des hommes complets
313 Croyances et pratiques mystiques
Si nombreux sont les diolas convertis au Christianisme ou agrave lIslam leur
foi napparatt jamais incompatible avec leurs croyances animistes Lhisshy
toire des rois et reines diolas nous reacutevegravele quils eacutetaient les ffprecirctres fl de
ces cultes feacutetichistes destineacutes agrave maintenir la fertiliteacute et agrave provoquer
la chute des pluies De nos jours existent encore des socieacuteteacutes secregravetes agrave
base religieuse ou magique la plus redouteacutee eacutetant lassociation neacutecrophashy
gique Kousanga des Floup (1)
Deux fafu expliquent la coexistence du dogme et de la croyance
le contact tardif de la socieacuteteacute diola avec les civilisations eacutetrangegraveres
et leacutevangeacutelisation ou lislamisation quelles veacutehiculaient Il e~ reacutes~lt~
une importance des traditions leur reacutesstance agrave une remise en questic~ ce qui confegrave~e agrave la socieacuteteacute diola un caractegravere conservateur
r~c~~i]EE 2~fr~~ ~c - t
ct ~Cc egraveE~ Cimiddotilisatilaquo~ eacute
la neacutecessiteacute de lanimisme consiegraveeuroreacute comme base de toutes legrave~
religi0~s uumlegrave serait-ce que corr~e tentative ciexpliquer li1explishy
cable en se repreacutesentant en particulier comme un ensemble de puisshy
sances mystiques Ainsi pour lanimiste agir sur la nature cest
intervenir psychologiquement aupregraves de ceLX qui la gouvernent
314 Imeact des moeurs sur la prat~que de la lutte diola
Lorigine de la populariteacute de la lutte eugrave milieu diola est par trop
impreacutecise aussi nous nous limiterons agrave en donner la signification
actuelle La lutte apparatt dabord comme un moyen privileacutegieacute deacutedushy
cation
- sur le plan corporel afin de deacutevelopper la force lagiliteacute la
rapiditeacute et la souplesse
- sur le plan moral afin de deacutevelopper les vertus caracteacuterielles
courage tenaciteacute digniteacute bullbullbull neacuteces~aires agrave laction
Mais la lutte apparatt aussi comme un mpyen dinteacutegration sociale car
le jeune diola qui se refuserait agrave se sbumettre agrave leacutepreuve de la lutte
encourrait un isolement alors que celui qui excelle en bravoure devient
rapidement populaire Dougrave ces affrontements agrave linteacuterieur dune classe
dige qui tout en restant un moyen de reacutejouissance servent eacutegalement
agrave eacutetablir des comparaisons
Nos observations et nos interviews confirment le caractire tris physique
de la lutte diola immeacutediatement les lutteurs sont au corps agrave corps et
les techniques consistant agrave aracher ladversaire priment sur toutes les
autres Exprimer sa force est une preacuteoccupation constante il suffit pour
sen persuader de voir le groupe de lutteurs peacuteneacutetrer dans laregravene au son
du Born bol on que rythme le claquement de mains des femmes
C~tte da~se est une deacutebauche dAnegie Ougrave les lutteurs pieacutetin~Ert avec
force L sol
i shy
3141 EorphologUgrave et valeur physiques du lut teur diola
Le lutteur diola possegraveagrave~ un deacuteveloppement caracteacuteristique du trai~
supeacuterieur et de la musculature doso-lombaire Ceci est tregraves certaineshy
ment lieacute au maniement de la houe de la daba et surtout dukadiando
dont lusage permanent a modeleacute la morphologie du lutteur diola
La valeur physique de ce lutteur semble reposer sur sa force sa
reacutesistance mais aussi sa rapiditeacute
3142 Reacutepertoire technique
Dans le Blouf la forme du corps la plus utiliseacutee est le deacutecalage souvent
combineacute avec un crochet de jambe (gal gal) ceci semble ecirctre lieacute agrave
lutilisation quotidienne dans les riziegraveres du kadiando Le paysan du
Blouf sera ameneacute agrave faire un mouvement de torsion pour deacutecalerlinstrushy
ment enprenant appui sur son genou et ceci continuellEment pendant toute
la jourpeacutee Chez les diolas du Fogny le kadiando eacutefait surtout utiliseacute
par les femmes qui soccupaient autrefois exclusivement de la riziculture
et ce n~est quaujourdhui que les hommes cultivent le riz 1
La principale culture dans le Fogpy est celle du mil on y cultive aussi
de larachide De ce fait loutil le plus utiliseacute est le donkoton qui
est un instrument tregraves petit avec un manche court et dont le maniement
expliquerait peut-ecirctre leacutetonnante musculature du train supeacuterieur et surshy
tout de la zone dorso-lombaire du 4i6la fogny qui excelle dans les techshy
niques en force genre arracheacute avec les bras sur contrOle de la ceinture
de ladversaire Lulisation du donkoton semble eacutegalement expliquer la
garde tregraves basse du lutteur fogny
Dans le kassa on aurait pu trouver la mecircme forme de lutte car la morphoshy
logie du lutteur est agrave peu pregraves la mecircme mais linterdiction formelle de
la prise du ~gimbe modifie et limite tout le repertoire technicult2 ou
lutteur Le lutteur kassa adopte une garde basse et agrave une preacutefeacuterence pc~r
legraveS tc~-iccedilues n passa~ dessous - - ~ shymiddotmiddotcrc t--=~ c-
----
contact et agrave partir de ce TtoTteuront ils peuvent se relever et conti~uEr
en lutte debout jusquau terrassemen~
Toutes les gardes sont rapprocheacutees en milieu diola
irbi trage
Les combats sont arbitreacutes par un deacuteleacutegueacute geacuteneacuteralement anClen lutteur
Ces anciens lutteurs ont pour rocircle de veiller au bon deacuteroulement du
combat La victoire est deacutecreacuteteacutee dans les cas ougrave un des lutteurs se
retrouve en position assise sur le ventre sur la cuisse ou les
genoux (sauf dans le Kassa)
Il existe un autre mode de victoire celle qui est proclameacutee agrave la
suite dune supeacuterioriteacute eacutevidente du~ des lutteurs A savoir quand
un lutteur soulegraveve tregraves haut son camarade et que son manager estime i
quil est pratiquement battu il peut arrecircter le combat en touchant
dabord le lutteur adverse popr eacuteviter que son lutteur ne soit terrasseacute
tregraves fOrt Nest-ce pas un deacutecision sage des managers qui peut contribuer
agrave maintenir le caractegravere reacutecr~atif de la lutte joola 1
La victoire dun village sur un autre village ne se mesure pas au
nombre de victoires obtenues par lensemble des lutteurs En effet
il suffit que le champion soit battu pour que le village soit consideacutereacute
comme deacutefait Ce qui explique limportance et le seacuterieux que le village
accorde agrave la preacuteparation des championsl)
Il est cependant important de signaler que larbitrage dans les centres
urbains revecirct une iautre forme beaucoup plus codifieacutee et cest peut-ecirctre
une des raisons qui font quen milieu urbain la lutte diola perde une
partie de son originaliteacute
En dehors des techniques speacutecifiques agrave chaque sous-groupe il faut
signaler quil y a une multitude de prises et quelGues formes de corps
comTIunes agrave letnn Car reconnaissons qu il cO unE ror-euro approp=i~eacute
dE ~ouvane du l~tteur diola en TaI
-----~-----
LE tableau ci-dessous se propose dE reacutesumer les diffeacuterentes consideacuteshy
rations techniques envisagEacutees dans cette partie
FORlŒSSOGS-GRGUPES 1 COItltOLE GA~JESDt CORF=
i ~
1 1
Passage dessous de jambes et BassE KASSA saisies Moyenne1annexes bras (rapprocheacutee)
ceinture tecircte
Deacutecalage de Moyenne et BLOUF Demi-souplesse Ngimbe
HauteHancheacute Bras (rapprocheacutee)
Jambe
Arracheacute CouFOGNY Tregraves basse
Hancheacute ii 1
1 1
3 14 3 bull LeIIa~~jueetlecom~ortementdulutteur-+iola
1 Le comportement et lattitude du lutteur dans laregravene pe sont en fait
t
que le reflet de sa psychologie et plus partiCUliegraverem t de son eacutetat
dacircme Or il napparatt pas abusif deacutetablir des cor eacutelations entre
le psychisme dun individu et lempreinte eacuteducative quil a subie En effet en sortant du bois sacreacute le jeune diola a acquis un ~ca~~l
eacutequilibre physique et mental
Cette matrise de lui-mecircme permet au lutteur dans la~egravene dadopter
un aire enjoueacute de manifester beaucoup denthousiasme~ La lutte devient 1
essentiellement un jeu laspec ludique y est privileacutegieacute et ~ela influe
sur le comportement du lutteur
Ainsi queurolq~c soit limporta~cE de le~je~ le lutt~c~ dic1e Seuroreacute
to~jours serein et s~ livrera sa~s arri~re pe~s6e da~$ ~E CO=beacute ou-
tons que le lutteur diola est trecircs fair-play et sil arrive quun rdnd
lll L COIicircilU1Ul L ULOF
32 J Preacutesentation
La soc tEacute wucirc10f est celle qU1 a eacuteteacute la plus marqueacutee par la colonisation
~~ fait peut-gtre de sa position geuroographiquE dune part ct de 50~ imporshy
tanCE sur le plan dfmographiquE dautre part En effEt ceurootteuro CC-~ucircautE
wolof repreacutesente environ 20 de la population seacuteneacutegalaise
Elle est constitueacutee de pecirccheurs (ce sont les leacutebous) dagriculteurs de
fonctionnaires de lEtat mais surtout de commerccedilants
A pqrtir de leur reacutegime dimplantation le Cayor le Walo le Baol le
Djolof et la presquicircle du Cap-Vert les wolofs ont tendance agrave irradier
sur lensemble du territoire sous leffet de leur speacuteculation agrave la culshy
ture de larachide et du nombre important de fonctionnaires quon trouve
dans cette ethnie
322 Les moeurs et croyances wolofs
Bien queacutetant en grande partie des musulmans convaincus les wolofs
conservent toujours une croyance animiste et continuent agrave faire des
sacrifices agrave porter des cornes ou des morceaux de bois agrave la ceinture
aux jambes ou aux bras et agrave croire agrave lexistence des Djinneacutes et des
Raps bull
Le Djinneacute cest une creacuteature malfaisante en geacuteneacuteral capable de choses
extraordinaires Il possegravede des faculteacutes surnaturelles Cependant dapregraves
la croyance animiste certains Djinneacutes peuvent ecirctre bons
Le Hapl cest une creacuteature ayant des dons occultes appartena71t agrave une
famille ou agrave une communauteacute et dont le rOcircle est de veiller cu daider
les reCJrES de le fai11p ou dt la conmunauteacute en cas de da1gel Le Rap
~ ut te c ) ~~c-
ei sltcificE cJ sanl dE meut0 dL chat de pC)wleurot 5E1lt les conveuroshy
lances parfois leur dorner COrllTe offrande du lait Laii
Qua1d une famille ou une communauteacute neacuteglige les Sarakh (ici dans
le sens de sacrifice ou Offrande) elle se voit aussitocirct vouEacutee agrave la
maleacutediction des mauvais esprit~ (fcllec dans touteacuteS lEs ~treprises
de la vie maladie mort bullbullbull ) Les lieux ougrave habitent ls Taps et ougrave
se font les sacrifices se nomment Khambs
Geacuteneacuteralement le khamb se trouve dans lenceinte de la maison ou
dans un coin approprieacute du village Les lieux du khamb sont marqueacutes
par la disposition de calebasses de pilons de morceaux de poterie
briseacutes de grosses pierres de cornes et dautres objets heacuteteacuteroclytes
La superstition wolof est tregraves marqueacutee En effet pour le wolof toutes
les manifestations quotidiennes trouvent leur signification dans le
mysticisme Citons agrave cet effet quelques ezemples Une femme enceinte
ne doit pas marcher agrave nimporte quelle heure de la journeacutee Certaines
heures de la journeacutee lui sont interdites le Timiss (creacutepuscule
le Ndjo~or (de 13 H agrave 14 H de lapregraves-midi) le souf-segravede (de
minuit i4 H du matin) Selon la tradition ~t la croyance wolof les
mauvais ~sprits choisissent ces heures pour jeter des sorts Et la
femme enceinte eacutetant tregraves vulneacuterable le Djinneacute essaiera de lui insufshy
fler son souffle pour atteindre son beacutebeacute afin dentratner soit la
meacutetamorphose de cedernier en monstre soit de le tuer avant sa naissance
Dailleurs pour le wolof et pour certaines autres ethnies au Seacuteneacutegal
le timis le tdjolor le souf-segravede repreacutesentent des peacuteriodes de
la journeacutee ougrave lon ne doit pas se hasarder dans les rues et les champs
Ce sont des heures propices aux apparitions des Djinnes sous nimporte
quelle forme humaine ou animale
Il est eacutegalement interdit au wolof de marcher ou de serti la nuit du
~eacutellfria-
loutes c~s pratiques ~ystiqu~s et cr0ya~ces religi~us~5 ~xistent eL~~[
certainement dues agrave un meacutetissage culturel Parallegravelement aux feacutetiches
aux incantations et agrave lutilisation des safaras (substance magique)
notons lexistence de ga l a tchs (ce sOnt des talismans ougrave sont inscrits
du qui les porte Toutes ces croyances biEn sucircr auront une rEacutepercussicrI
sur leacuteducation du jeune wolof
323 Leacuteducation du wolof
Pour caracteacuteriser leacuteducation wolof nous avons penseacute donner comme
illustration cet extrait de la revue DEM ak TEY Pour deacutefinir leacutedushy
cation le wolof fait appel agrave un symbolisme qui eDglobe aussi bien les
moyens mis en oeuvre Yar que le reacutesultat obtenu agrave laide de ces mecircmes
moyens cest-agrave-dire la formation et le deacuteveloppement de lecirctre humain
ou Yaru
Le substantif Yar deacutesigne le fouet
Ce symbolisme deacutesigne donc au-delagrave du simple sens mateacuteriel de lobjet
lutilisation qui permet daboutir au reacutesultat escompteacute (Yaru) Au sens
geacuteneacuteral Yar deacutesigne tout instrument servant agrave infliger une punition Le
terme laisse supposer agrave priori que cette phase de lenfance durant lashy
quelle se preacutepare la vie de lhomme est lieacutee agrave la souffrance au supplice
Dailleurs une maxime wolof compare lenfant agrave une tige quon a tout le
loisir de redresser alors quelle est encore flexible bull
bullbullbull Pour leacuteducateur wolof la perfection nest point de ce monde malS
le devoir de chaque homme est de tendre vers la pleacutenitude en luttant
contre ses propres faiblesses Leacuteducation va d01c iisister essentielle~(-~t
sur lexercice quotidien de leacutelevation ffiora1e d~ lindividu Pour cela
elle privileacutegie la patience munI) vertu dabneacutegdtion et dE deacutesinteacuteresseshy
m(~t autour dE laquelle sarticulent toutes ]e~ ~u~~~s qualiteuros
i _
aan~ ~ s0cieacutet gt~olcf ocirclt~tartt nul -Jt- poulait sabecircisstr
tion de sa libertEacute La liberteacute est le preuumler drcmiddotir dE l ho-)euro egrave~S
baigner dans une beacuteate admiration du passeacute la comparaison avec le pr~$(middott
si~posc dclle-mecircme car lon reste s reacute devant la deacutesinvolture aVEC
laquelle dES honmes daujourdhui descendants de cette ~~~EacuteTatic ccedil~l se
une fois [largis bullbull tTasque fiers davoir fait leacute priS0n PEut-2tTE
faut-il mettre cela sur le compte de lurbanisation et des nouvelles
valeurs qui ont pour nom enrichissement reacuteussite sociale avec ce que
cela comporte de deacuteshumanisant et de deacutepreacuteciateur (1)
3 bull 2 bull 3 1 bull Lesri tes
Le sevrage et la circoncision constituent les deux grandes phases initiashy
tiques chez le wolof
- Le rituel du sevrage est appeleacute maga1 (litteacuteralement rendre grand)
Cest un eacutevegravenement important aussi bien pour les parents de lenfant que
pour la co~unauteacute Durant cet eacutevegravenement qui survient geacuteneacuteralement deux
ans apregraves la naissance du beacutebeacute les personnes vivant dans lentouragE
apportent leur soutien moral et mateacuteriel
- le rituel de la circoncision revecirct pratiquement la mecircme signification
que dans les autres ethnies seule la forme diffegravere La circoncision reste
encore une eacutepreuve de la vie au sort i r de laque Ile ladolescent devient un
homme Aujourdhui il faut noter une meacutetamorphose de la structure sociale
et des croyances religieuses tregraves accentueacutee aussi bien chez les wolof que
chez les autres groupes ethniques et ceci est peut-ecirctre dO au contact
permanent quils ont avec la socieacuteteacute occidentale
Malgreacute ces constat~tions il semblerait pcu=tant qUE la sociecirct~ lecircbou Gci
bien que se trouvaLt en grande partie dans ~a Presquth du Cap-ETt Et
en contact permane~t avec les blancs soit la portior la plu8 cc~serva-
----------~_- ---~-- -----
~
Incidences d s ~00urs sur la l~ttE
Le wolof connaicirct deux formes de luttes la lutte sirplE- sans t-t
la lutte avec frappe La lutte avec frappe a une crigi~e purement r
et ce nest que plus tard quelle devint une prati1uE sportive et lud
preacuteparer agrave la guerre Aussi tout en luttant On eacutetait autoris~ agrave frapper~
griffer mordre voire introduire son doigt dans loeil de son adversaire
Le jeune wolof devait eacutegalement se livrer agrave la lutte avec frappe afin de
favoriser son insertion dans la socieacuteteacute adulte et sinitier au meacutetier de
soldat faute de quoi il ne pouvait se faire entendre ne avoir des marques
de respect Pour montrer la populariteacute de la lutte dans le Cayor signalons
que les Damels ll (rois) et les Teignes (nobles) nheacutesitaient pas agrave sy
livrer Quant au IIMbeu~ (lutteur) elle lui servait de moyen de promotion
sociale car d8S que sa reacuteputation eacutetait eacutetablie il pouvait ecirctre choisi
par les rois et les nobles comme garde de corps
325 Signification de la lutte en milieu wolof
La lutte se pratique dabord pour lhonneur qui est une vertu tregraves signishy
ficative pour le wolof Elle permet de renforcer les liens amicaux entre
les jeunes de villages diffeacuterents Le champion veut gagner
confiance et la consideacuteration de son village de ses amis
Etre champion cest aussi susciter ladmiration chez les
sentant la force la viriliteacute et la deacutetermination
326 Organisation d~s eacutepreuves de lutte
3261 Les Mbapatts Ce sont les seacuteances nocturnes
pour meacuteriter la
et des anciens
filles en repreacuteshy
Ils sont organiseacutes apregraves les reacutecoltes agrave la fin de la saiscn des pluies
Ceci surtout p~ndant les peacuteriodes de clair de lune car ils peuven~ durEr
toute la nuit Le but des ~Dapatts lt=tait de prfpa-er FhysicuemeH et
~ arb Sil
326 Le 1
cest une organisation beaucoup plus importante que les I~apatts ~
loccasion de laquelle on peut voir plusieurs lutteurs de grande reDommfe
saffronteLLa fin dl lamb est toujours couronneacutee par une grand co~bat
duquel le vainqueur est sacreacute champion de la contrecirce
Le choix du lieu est lieacute agrave limportance de ce lieu dans le village cest
la place publique ougrave geacuteneacuteralement se passent toutes les manifestations
assembleacutee geacuteneacuterale sabar (danse) cest aussi lendroit ougrave sont prises
les grandes deacutecisions
3623 Lappariement
Dans un village ou un quartier les lutteurs se regroupent en lang
(eacutequipe) et jamais deux lutteurs de mecircme lang ne se rencontrent lors
du lamb
L appariement s~ fait librement entre lutteurs de lang diffeacuterents l1hs
une regravegle veut ~uavant de lutter avec le Mbeur Kanur de tel lang si
on est soukh (l~tteur pas encore confirmeacute) il est neacutecessaire de lutter
dabord avec ses soukh et ce nest quapregraves les avoir terrasseacutes tous
quon se voit octroyer la chance de lutter contre lui
Notons que la cateacutegorisation des lutteurs par poids nest jamais prise
en consideacuteration
3624 La tenue du lutteur ou NGIMBE
Le middotNGimbe est confectionneacute par le marabout de la famille ou du clan Il
est constituecirc de pagnes en coton tisseacute geacuteneacuteralement offerts par la megravere ou
la grand-megravere du lutteur ceci lors des organisations de ~rande Tportance
COrlune lef 1amb Dans le cadre des l-bapatt les pagnes sont C tErts peumlr
~~~rcfcis ct ffi~mc aujourdhui d218 cErtaInes fa~ille5 on devj~Gr
luttEur de pegravere en fils et dans ce cas h 1
gimbell du pEgravere Est recircr i tEacute
par le fils Le fait de porter le lI~gimbe agravee ses aiumleux peut susciter
cne~ le jeune lutteur une motivation et une volontecirc in~branlable rlasshy
surer 12 supeacuterioritEacute cis SIcirct-ns dallS
le xgimbe de la famille ne touche pas le sable
La tenue du lutteur a une signification et une importance sur le plan
mystique car selon les anciens le vrai feacutetiche du lutteur celui qui
le proteacutegera agrave vaincre le Djinneacute ou le Rap de ladversaire se trouve
cacheacute dans ce Ngimbe Celui qui confectionne-le Ngimbe est doueacute de
faculteacutes occultes
~~r~i~rg Il est assureacute par un sage du village qui geacuteneacuteralement fut
championde lutte de son temps Dailleurs cet ancien nintervient que
si le terrassement est litigieux
Hormis le public qui proclame la victoire ou le match nul le lutteur
lui-mecircme est arbitre et il arrive quil se deacuteclare vaincu ~ous
pouvons citer comme exemple Meacutedoune KHOULE un des plus grands lutteurs
seacuteneacutegalais qui a donneacute une victoire agrave Djeacuteri SADIO son adversaire qui a
reacuteussi agrave lui faire toucher le sol de la main
Il Y a terrassement quand le lutteur se retrouve
- assis sur le sol
- eacutetaleacute sur le dos
eacutetaleacute sur le cocircteacute
les deux genoux au sol
- les deux ma~ns au sol
la tecircte (front au sol agrave la suite dune brouette)
Il peut y aVOIr match nul si apregraves li1 temps ccmsideacuterable les lutteurs
SE sont ~ ivrEacutes respectivement agrave des assauts rEacutepEacutetEacutes et n arrivEt pas a
3265 L~ precircparation mystique
Il faut reconnattre quon ne peut parler de lutte en milieu wolof sans
envisager une preacuteparation mystique seacuterieuse Co~~e ~ous lEvans vu a~teacute-
1middot ~ d ~ ~rlturenent t0utes es actlvmiddotltesmiddot u W010 sont lles a SeS croyances
- la lutte ne concerne pas seule~ent deux acteurs se livrant faruumlucheshy
ment agrave un combat au milieu de laregravene mais eacutegalement les marabouts et les
feacutetichistes du village ou du clan qui doivent deacutefendre leur savoir et
leur prestige Avant le combat le lutteur doit se livrer agrave un certain
nombre de preacuteparations mystiques pour assurer sa victoire Aussi sommesshy
nous appeleacutes agrave parler de BACK (cest le chant et la danse du lutteur)
- le batteur de tam-tam compose un rythme en fonction du Galagne ou du
Senghor (gds-gris) du lutteur Chaque galagne sera choisi en fonction
du Rap ou du Djinneacute correspondant au Totem du lutteur
Le chant geacuterleacuterique Feinte woy veut dire litteacuteralement composer un 1
chant Ce chant est geacuteneacuteralement composeacute par les filles du viilage du
champion ou par un griot de sa communauteacute Et agrave travers ce chrnt on
arrive agrave toucher la corde sensible du lutteur en chantant lesl innombrables 1
victoires de ses ancecirctres ou en lui rappelant ses prouesses eacuteblatantes 1
Chaque lutteur doit avoir un chant et un back qui lui sont propres
327 Le reacutepertoire technique et les caracteacuteristiques physiques dulutteur wolof
Le lutteur wolof est geacuteneacuteralement moyen de taille la musculagraveture est
tregraves saillante ce qui fait ressortir un aspect tregraves athleacutetique ceci
est vrai sans exception pour le lutteur leacutebou mais il arrive que le Cacircyoshy
rien le baol-baol le walo-walo soient de grands gabarits de forte constishy
tution
CepEndant pour une meilleure compreacutehension du sujet nous pouvons eacutetudiEr
deux jroups d lut teurs qui vont deacuteterminer deux st yI e s de lut tes
- ~ t
les tc~tativ~s de~[reacutee e~ ramassement de jambes de la~v~sairL Ce~~
peut Ecirctre expliqueacute par le fait que les lutteurs leacutebou ou walo-walc qui
sont des pecirccheursadoptent cette garde tasseacutee du fait quils so~t tou-
jours pencheacutes en tirant le fil ou en poussant la plrogue On verra techrugravequeacutes dt cirr 2C ~lt 5Jllicitocirct
surLuumlut les membres supeacuterieurs
Le cayorien et le baol-baol par contre sont les plus grands cultivateurs
darachide chez eux les techniques de lutte sont plus varieacutees et la
garde est moins renfermeacutee Les lutteurs cayorien et baol-baol ont une
morphologie et une reacutepartition musculaire bien eacutequilibreacutee ils excellent
dans les techniques en deacutecalage les techniques de jambe et surtout les
techniques de riposte ougrave lon peut voir des prises de hancheacute tregraves amples
Dune maniegravere geacuteneacuterale on peut dire que le lutteur wolof est un fin
technicien qui sait surtout creacuteer les opportuniteacutes e~ avec sa rapiditeacute
utiliser la force de ladversaire pour le deacuteseacutequilibrer le noodju
le mbas le weacuteheacuteleacute et le rasu sont des techniques propres au lutteur
wolof
En deacutefense il utilise surtout des kl~klets ou gal-gal Notons que
le balancement des bras ou Lewato e$t tregraves marqueacute dans la lutte wolof
TABLEAU RECAPITULATIF DES COMPOSANTES TECHNIQUES
( 1 )
1 SOUS-GROUPES GARDES CONTROLES FORHES DE CORPS l
Walo-walo Basse de jambe Arracheacute l l10yenne de Ngimbe et i
Leacutebou Tasseacutee et saisies annexesj Deacutecalage 1 1 distante de bras de tecirct1
j de bras Deacutecalaeuro
~-----------------~-
- ~ ~- shy - ~ ~ bull L _ _ bull
Profil psyc~~iqUE du lutteu- et son comporterent dars l 2regravere
La preacuteparation mystique dans laregravene est plus marqueacutee chez les wolofs
que ChE~ les autres ethnies En effet on verra de grands champions
preliGrE plusiEurs heures pour Enduire leur corps de cll2badep ou ci
rmiddot- ~ a la proprieacuteteacute de proteacuteger li1egraveividu J
les mauvais sorts) Cest dailleurs un aspect dt la luttE qui iJcsc
des problegraveJles
Le lutteur wolof est tregraves superstitieux et la peacuteriode de preacuteparation
est capitale pour lui car elle permet non seulement de rendre
hommage aux ancecirctres mais aussi dintimider son adversaire Cest
geacuteneacuteralement un lutteur agressif combatif et teacutemeacuteraire Il se fait
souvent remarquer par son esprit dentreprise Mais cette fougue dans
le combat lamegravene parfois bien que ce soit regrettable agrave oublier les
usages et les normes Ce manque de maicirctrise de soi peut faire croire
que le lutteur wolof manque de fair-play ce qui nest pas toujours le
cas
~A~Ugrave~ t 4AA CbUrs k LA ucirctotve f~tPle Sesect prores mou W ~ lesquelles vont se couler les comporteme~ts individuels qui sont ainsi
monteacutes par et pour lautoriteacute sociale
Les faccedilons de boire de marcher ou de sasseoir se manifestent indivishy
duellement dans le corps de chaque personne ces habitus sont cependant
des montages sociaux lieacutes agrave des significationssymboliques variables
dailleurs selon la position sociale occupeacutee par chaque sujet Ces modes
dagir se rangent dans un systegraveme de montages symboliques et lindivishy
du les apprend de la socieacuteteacute dont il fait partie agrave la place quil occupe
Lhabitus est un montage social agrave la valeur symbolique deacutependant des pheacuteshy
nomegravenes deacuteducation et de prestige et lieacute agrave la position sociale du sujet
Cette penseacutee sonne de faccedilon eacutetonamment moderne
Pierre BOURDIEU qui dans une perspective a approfondi le contenue de la
notion en le reportant aux oppositions entre classes et fractions sociales
Il deacutefinit lhabitus comme un systegraveme de dispositions durables acquis au
cours dune histoire personnelle dans une milieu social donneacute systegraveme qui
engendre ensuite des pra~iques socialement deacutetermineacutees faccedilons de manger
de parler ou de marcher comportements de politesse contenu des preacutefeacuterencel
et des deacutegoOts bullbullbull lhabitus est le produit de conditions eacuteconomiques et
sociales Lauteur rattache directement la formation de lhabitus dun
individu agrave la trajectoire parcourue par celui-ci dans sa classe dapparteshy
nance il deacutefend lideacutee dun habitus de classe qui deacutefinit le sens confeacuteshy
reacute agrave la pratique sportive les profits qui en sont attendus
Ce dernier serait lui-m~me lieacute agrave un systegraveme de valeurs ou ETHOS de classe
prenant sens au sein doppositions distinctives entre classes sociales
De sorte lhabitus fonctionne comme un systegraveme dt- regravegles inteacuterioriseacutees
souvent informuleacutees permettant ou non agrave lagent de sadapter dembleacutee aux
multiples pratiques de la vie quotidienne et de la vie sportive il est agrave
lorigine des schegravemes de transcription qui favorisent les ajustements aux
situations corporelles nouvelles (1)
t ~
(1) P~IE11D dwi6Han ISpoy-l et sodeacutebi Approche Bocio-culturelle des pratiques P~tis Vigot 1981 page 81
33
331 Preacutesentation
Les Seacuteregravere auraient pour origine le Fouta Toro quils auraient quitteacute
vers le Xllegrave siegravecle pour fuir lislamisation de cette reacutegioD par lempire
dJ Xali (ils seraient donc apparEnt~s aux Peul et Toucouleur ) Ils
auraient trouveacute dans la rEacutegion du Sine les Sosseacute dorigine manding avec
lesquels ils salliegraverent
Au XVegrave siegravecle une autre immigrationSos~ conqueacuterante cette fois-ci
apporta son organisation eacutetatique Ils se divisegraverent en deux monarchies
deacutemocratiques lune seacutetablit au Sine et lautre au Saloum Les Sosseacute
conqueacuterants constituaient lautocratie appeleacutee Guelowar
La royauteacute seacuteregravere eacutetait laiumlque Les premiers souverains durent secouer
la tutelle des Toucouleur et progressivement arrivegraverent agrave unifier lethshy
nie des seacuteregravere etdea Sosseacute Les deux royauteacutes eacutetaient organiseacutees selon
acirces modegraveles tregraves deacutemocratiques Le souverain deacutependait dune assembleacutee
de ministres et de chefs locaux qui assuraient ladministration centrale
et reacutegionale())
Aujourdhui lethnie seacuteregravere repreacutesente 20 de la population seacuteneacutegalaise
Ils sont reacutepartis sur presque toute leacutetendue du territoire notamment
dans le Baol la reacutegion du Sine-Saloum et la reacutegion de Thiegraves
Signalons quil existe plusieurs sous-groupes dans lethnie ainsi on
trouvera
- dans la reacutegion de Thiegraves les Ndut les Safegravene et les None
- dans le Sine-Saloum les Sine-sine et les Saloum-salouIT
On trouvera vers foundioune et agrave Nioro du cocircteacute de la Gambie les
Niominka (pecirccheurs) Cest une portion tregraves mandinguiseacutee
( 1
Le rattache~2~t d~ to~s ccs sous-groupes pose problecircme ~25 0~ r0~V~
uc grande partie de traits COITul1uns dans leurs modes dE vie Ct pOUT phs
de faciliteacute nous allons essayer de faire une ~tude globale de la lutte
traditionnelle seacuterecircre Lactiviteacute socio-eacuteconomique qui est essentielleme~t
agro-pasorale caracteacuterisE leacutethnie seacuteregravere
332 Lecircducation les moeurs les croyances et pratiques sEr~rc
Chez les Seacuteregravere la vie humaine se deacuteroule selon les grandes eacutetapes
le baptecircme lenfance ladolescencemarqueacutee par la circoncision lsectge
adulte le mariage la vieillesse et la mort (funeacuterailles)
La vie de la communauteacute seacuteregravere reste une des plus originales sinon
celle qui de nos jours garde la presque totaliteacute des pratiques et
habitudes traditionnelles
Bien qu aujotltdhui con~r-tis aux religions chreacutetienne et musulmane les
Seacuteregravere conservent leurs croyances et pratiques animistes
Quelque soit leur degreacute dadheacutesion aux religions reacuteveacuteleacutees les Seacuteregravere
croient en un Dieu puissant et miseacutericordieux Rog Segravene et les hommes
Les ~angols sont repreacutesenteacutes mateacuteriellement dans tous les villages
seacuteregraveres par des arbres (baobab et tamariniers) des animaux (geacuteneacuteraleshy
ment serpent doreacute ou iguane) des ustensiles (pilon calebasse et mortier)
De nombreux teacutemoignages nous apprennent que certains totems (serpent
iguane) font leur apparicion agrave loccasion de certaines manifestations
rituelles comme les sacrifices ceacuteleacutebreacutes lors dun mariage de ceacutereacutemonies
mortuaires ou des circoncisions
Le Seacuteregravere comme il nous a eacuteteacute donneacute loccasion de le dire plus haut
preacutesente des speacutecificiteacutes authentiques aussi bien en tout ce qui touch~
son eacuteducation ses croyanCES et pratiques mystiques q~e ses activiteacute~
socio-ecirccc~omiquEs Apr~s a ~aissa~c~ le beurob~ ~~ pcs~ 5~~ lE S~ __
On lui mouille les l~vres avec un peu d~ lait de mil et apr~s U~ bain
purificateur on versera leau dans un trou cr~us~ derri~r~ la Camp~~
Pendant huit jours la megravere et lenfant sont cacheacutes dans la case car
selon les anciens ils sont tregraves vulneacuterables La case deacutens certains cas
est entoureacutee dun fil blanc et lon place sur le seuil des fais(cauy di
veacutegeacutetaux pour chasser les mauvais esprits (geacutenies malfaisants et illangeUY~
dacircmes) Au bout du huitiegraveme jour la megravere et lenfant peuvent sortir de
la case bull
bullbullbull Le matin du huitiegraveme jour la tante paternelle va chercher de leau
(plusieurs fois)t elle doit rester muette pendant ses alleacutees et venues
si elle parlait t lenfant pourrait ecirctre muet bullbullbull
La megravere et lenfant prennent un bain purificateur dans lequel sont
trempeacutees certaines plantes (ce sont des veacutegeacutetaux pr~tecteurs tels le
begravene le yag le ngud) On y lavera aussi le linge e1t les ustensiles utishyj
liseacutes pendant les huit jours qui viennet de seacutecoul~r On rase le crine
de lenfant Les cheveux sont donneacutes agrave la megravere qui ~s enterrera avec le
reste du cordon ombilical dans un endroit que11e esit seule agrave connattre
La megravere sassied sur une natte devant la maison Une femme igeacutee de la
famille prend le beacutebeacute dans ses bras et le preacutesente aux quatre coins de
lhorizon
La tante paternelle tient ensuite un van sur la tecircte de la megravere on y
verse le mil on y verse eacutegalement en abondance sur la megravere et sur
lenfant La tante oint ensuite le corps du beacutebeacute avec du lait e11e
touche en particulier le front t le nez la bouche la poitrine le dos
et les oreilles
Elle pose enfin un ~rain de sel dans la paume du beacutebeacute (le sel purifie
et deacutetruit les puissances mauvaises)
Apregraves un nouveau bain la megravere et lenfant revEcirctent des habits de fecircte
(est
lenfant Ce precircnore a toujours U~ SEns Il sy~bolise parfois C0 qUi
lOIl sounaitt agrave lEufant l)
La circoncision comme dans les autres ethnies est obligatoire Elle
permet au jeune adolescent dacceacuteder agrave la classe adulte Les jeunes
sont regroupes en classe dacircge dans le bois ougrave sc fait la r0tr~it0 des
circoncis et ceci pendant plusieurs mois
Le Selbeacute qui est geacuteneacuteralement un ancien craint de tous les eacutelegraveves
enseigne le respect de la hieacuterarchie la discreacutetion le goOt de linishy
tiative Les activiteacutes physiques et leacuteducation artistique ne sont pas
en reste la deacutecoration la sculpture la lutte et la danse A sa sortie
du bois linitieacute appartient deacutesormais agrave la classe des virils et des
sages du clan car on lui aura enseigneacute les vertus fondamentales que
sont la justice lhonneur lamour du prochain 1 amour du travail
lhonnecircteteacute et surtout le respect des coutumes ancestrales
Le rite du mariage esd aussi un fait tregraves important dans le monde 1
seacuteregravere mais par manq~e dinformation nous serons obligeacutes de nous en
tenir lagrave
333 Impact des ethos sur la lutte dans le monde seacuteregravere
Lorigine de la lutte seacuteregravere ne semble pas claire ma1S nous pouvons
dire quil existait deux formes de lutte comme chez les Wolofs une
lutte sans frappe et une lutte avec frappe Et cest cette derniegravere
qui peut-ecirctre nous ameacutenerait agrave croire que la lutte seacuteregravere aurait une
origine plus preacuteciseacutement guerriegravere
Aujourdhui la lutte est uniquement une activiteacute sportive agrave travers
laquelle le jeune seacuteregravere eacutevalue sa force son courage et SOn ingeacutenioshy
siteacute Cest une occasion de deacutefendre lhonneur de son village ou de
la corrnnunauteacute
La luttE ~5t avant tout u~e rnanifcs[dtic~ c~lturclie et surtout
fo lkhriqut-
Gracircce agrave elle on peut deacutesormais comprendre un certain nombre de chants
et de symboles A travers la lutte seacuteregravere on ccedilomprend les inter-relashy
tions entreacute la vie et le monde surntiturel
Sil devait y avoir la mort dun villageacuteois pendant la fecirctE au T qUE
de linterrompre on proceacutedait gracircce aux connaissances magico-religieuses
agrave la suspension de la mort jusquagrave une peacuteriode ougrave la population sera plus
disponible pour organiser des funeacuterailles sil y eacutetait preacutedit la possibishy
liteacute dune deacutefait du champion local au profit dun champion dun autre
village des recettes dordre maginque et religieux eacutetaient mises en prashy
tique afin que le champion du village ne soit jamais terrasseacute(J)
334 Le profil du lutteur seacuteregraver~
Le lutteur seacuteregravere est par essence un athlegravete impressionnant de par sa i
carrure et sa musculature saillante mais cest aussi une force tranquille
et calme quelque soit lenjeu du combagravet et particuliegraverement lhonneur
Cet aspect nous pousse agrave parler du NGiMBE cest-agrave-dire de la tenue du
lutteur qui va influencer sur sa faccedilon de lutter
La confection du Ngimbe revient agrave la communauteacute entiegravere Le Ngimbe a
une signification symbolique et le lutteur pour meacuteriter la confiance du
groupe se doit de tout faire pour ne pas toucher le sol Toute la commushy
nauteacute elle aussi sengage pour assurer la longeacuteviteacute et le succegraves du lutteur
dans laregravene par lorganisation droffrandes et de sacrifices en lhonneur
des Pangols bull
bull
Daucuns nheacutesitent pas agrave dire que lessentiel du mysticisme se fait agrave
la maison et non dans laregravene tout le reste nest quintimidation de
ladversaire
lsvcns
Tt- pi ~- t
t 1 ~ l _ ~ t
par rapport agrave lautre Cbci est trEgraves lieacute agrave lactiviteacute journaliegravere du
jeune seacuteregravere qui est un cultivateur donc toujours bien planteacute sur ses
jambes et qui continuellement manie lhiler
Le fait de couper le boi~ peut eacutegalement constituer un moyen de muscushy
lation non neacutegligeable pour le jeune lutteur
Un certain nombre de traits techniques speacutecifiques au lutteur seacuteregravere
semblent ressortir des diffeacuterentes interviews que nous aVOns fait subir
agrave certains lutteurs seacuteregraveres et agrave diffeacuterents techniciens
SOUS-GROUPES FORMES DU CORPS CONTROLES GARDES
SAFEN Moyenne en fente NONE Hancheacute Bras (distante) j
NDUTJ
f
SINE-SINE Deacutecalage Ngimbe
Moyenne
SALOUM-SALOUM Passage- Jambe (rapprocheacutee) 1
i
PETITE dessous Tecircte Basse et 1
COTE Moyenne (rapprocheacutee)
Notons que le Niominka ll commence agrave lutter agrave partir du sol pour avoir
assez deacutelan et sauter sur ladversaire afin davoir la prise du lion
(contr6le de la nuque et du bassin)
Co a -tem-nt ccedilt attitude du lutteur sEacuteregravere335 np -1t ~
Les croyances mystiques sont indissociables des activiteacutes quotidiennes
duseacuteregravere Ce qui explique le cocircteacute supersticieux du lutteur seacuteregravere En
~ffet certains lutteurs refusent de lutter avant certaines heures
Certains teacutemoignages nous apprennent quil nest pas donneacute agrave tout le
monde decirctre champion de lutte et que le lutteur doit avoir des dons
surnaturels pour ecirctre agrave mesure de livrer ses combats dans la nuit
et trouver seul un gris-gris speacutecial appeleacute Njatch
Le vrai champion de lutte chez les seacuteregraveres ne lutte pas seulement avec
~a force et sa technique mais surtout avec ses dons occultes
Chez les seacuteregraveres les morts sont toujours preacutesents et les ~pangols
Servent dintermeacutediaire entre les hommes et les morts Le pangol prend i
le nom dhumain dans certains villages (IIHeacuteJga NDONG Har Wag NGOUYE) i 1
De ce fait on verra le lutteur danser dufe maniegravere ou dune autre en
fonction du pangol de sa famille Ainsi nrus aurons le back (chant et
danse du lutteur) des DIOUF des FAYE etclbullbullbull
Dans laregravene le lutteur seacuteregravere a un comportement exemplaire aussi bien
agrave leacutegard de son adversaire direct quave~ le public en geacuteneacuteral Lexpli shy
cation semble tenir au fait que le lutteur seacuteregravere est avant tout selon
la tradition orale le repreacutesentant de toute la communauteacute seacuteregravere Par
conseacutequent il devra saffirmer non seulement en tant que lutteur dans
laregravene mais aussi en tant quentiteacute morale
336 La tenue du lutteur ou NGIMBE est confectionneacutee par le marabout de la
famille ou du clan Le Ngimbe est constitueacute de pagne en cCton tisseacute
Il doit ecirctre propre le lutteur qui le porte ne devra pas avoir de rapshy
port sexuel pendant toute la peacuteriode des cOTpeacutetitians car le Ngi~bE ne
doit pas ~tre souilleacute
Autrefois et mecircme aujourdthui dans certaines familles on devient
lutteur de pegravere en fils et dans ce cas le Ngimbe du pegravere est heacuteriteacute
par le fils Le fait de porter le Ngimbe de ses aieux peut susciter
chez le jeune lutteur une motivation et une volonteacute ineacutebranlable dtasshy
surer la supeacuterioriteacute d~s siens dans ltaregravene Il fera tout pour que le
Ngimbe de la ramille ne touche le sable
La tenue du lutteur a une signification et une importance sur le plan
mystique car selon les anciens le vra1 feacutetiche du lutteur celui qui
le proteacutegera et laidera agrave vaincre le nDjinne ou le tRapu de ladvershy
saire se trouve cacheacute dans ce Ngimbeu bull Celui qui confectionne donc le
Ngimbe U est doueacute de faculteacutes occultes
337 Larbitrase est assureacute par un sage du village qui geacuteneacuteralement fut
champion de lutte de son temps Dailleurs cet ancien nintervient que
si le terrassement est litigieux Hormis le public qui proclame la vicshy
toire ou le match nul le lutteur lui-mecircme est arbitre et il arrive
quil se deacuteclare vaincu
Nous avons pu cfter Meacutedoune KHOULE un desplus grands lutteurs seacuteneacutegashy
lais qui a donn~ une victoire agrave Djeacuteri SADIO son adversaire qui a reacuteussi
agrave lui faire touegraveher le sol de la main
IlL
34 1 Preacutesentation
Lethnie toucouleur vit En grandt partit ciE~~ la vallfc du S~~~gal
pt reprecircsente i peu pr~s 8 de la population totale secircn~galaise
o Histoire
Il semblerait que dans lancien royaume du Tekrour (IX~ siegravecle) des
eacuteleacutements neacutegroiumldes Sarakoleacute et des Peul aient formEacute par meacutetissage le
peuple Toucouleur (Toucouleur serait dailleurs une deacuteformation du
mot portugais Tacouror)
Ce empire a domineacute aussi bien les wolofs de lOuest que les Peul
nomades du Fouta Toro Cette reacutegion fut le premier pays islamiseacute par
les Almoravides ce qui peut expliquer le proseacutelytisme toucouleur
Ce sont les guerriers toucouleur islamiseacutes qui attaqu~rent avec les
Almoravides la capitale du Ghana Koumbi en 1067 On convertit par
la force les animistes Cest sans doute agrave cette eacutepoque que de nombreuses
ethnies reacutefractaires agrave lIslam ont dO accentuer leur migration vers
le sud (Seacuteregravere wolof Sarakoleacute Bambara Songhaiuml Akan et Peul se reacuteshy
fugiaient vers les hauteurs du Fouta Djalon)
Au XIXegrave siegravecle les Toucouleur allaient trouver en El Hadj Omar Tall
un grand conqueacuterent qui sous le preacutetexte religieux de la gJerre sainte
contre les tribus animistes (entre autres Bambara) eacutetendit lempire
toucouleur sur presque tout lensemble du gali et la partie de la Guineacutee
proche du l1ali
Lempire toucouleur composeacute de Sarakoleacute de Bambar~ de ~alinkeacute de
Xassonkeacute dE Peul et de Dogon eut le meurorit~ dunir CES diif~rentes ~ ~ - - - - - et~ics ~t dE CD~stituer l~Sl la b2S~ ~r 1
_ ~ ~ ~_ L ~
~ ~- ~- - - ---- _ 1 v _ t 1 ~-_ --
marabout tOL~culcuuml~ ~ middotlrrany a l ick SI venu des E1i rClS dE Pocior~ (
~ Vi~ euroconomicue et sociale -----------~-------------
Les Toucouleur sont des cultivateurs mais bien quils n~ soie~t pa~
pasteurs comrre les Peul leacutelevage a une place inportarteacute decirc1S ltur
eacutecono~ie Pour faciliter leur conquecircte guerriegraverE ils c~t Eucirc une preacuteshy
dilection pour leacutelevage des chevaux On y trouve aussi des pecirccheurs
appeleacutes Tchioubalo La socieacuteteacute toucouleur aurait une stratification
sociale tregraves rigide Les groupes ethniques et les castes eacutetaient
diffeacuterencieacutes et strictement exogamiques les Rimbe classe des nobles
comprenant la famille reacutegnante et les guerriers libres la classe des
Nieacutenieacutebegens de castes artisanales i les Rimaibeacute anciens esclaves
devenus serviteurs qui portent les noms de famille de leur maicirctres A
la base de lorganisation de la collectiviteacute toucouleur se situe le
village (Wouro)
Toutes ces castes sont cloisonneacutees entre elle~ Ainsi il nest pas
permis agrave un Torodo (noble) de se marier avec un Tchioubalo Ces
consideacuterations sont importantes dans le domaine de la lutte ougrave nous
apercevrons que les nobles ne sont pas faits pour lutter Le noble
preacutesidera les seacuteances de lutte et on luttera pour lui Ces condeacute rat ions
de noblesse et de rang social sont extrecircmement importantes dans le
monde toucouleur
Le noble ne doit pas se salir on lutte pour lui il ne vit la lutte
quen tant que spectateur
342 Education moeurs croyances et eratiques religieuses
Deux formes d~ducation sont agrave consideacuterer leacutedJcatio~ dES enfarts Et
celle des adultes
oG lenfant sait m2n~~r et apprfcier le goOt d~5 ~iifeurorents r~pas lt
le moment ougrave il CO~~e~CE agrave marcher
tivirt n~sormais le petit toucou]eur est eacuteduquf par toutmiddot 12 f2~i)]E
dabord puis par toutes lespersc~nes du village ou du C13~
Lenfant peut ~tre corrigeacute par tout adulte appartenant au groupe social
Son eacuteducation est deacutesormais laffaire de toute la communauteacute et non
exclusivement celle ces parents On linitie ainsi au travail quotidien
qui se fait dans la bergel~ e les champs et les bords du fleuve Au sein
du village il pourra apprendre agrave filer la laine et agrave tisser des pagnes
dans les champs il apprend agrave manier la houe et lhiler pour la culture
du riz et du mil Mais signalons que lactiviteacute essentielle du toucouleur
est leacutelevage des boeufs des moutons et des chegravevres Chez les Ichioushy
balos (p~cheurs ) lenfant sera initieacute tregraves tat au maniement des pagaies
agrave la p~che propremccedilnt dite et agrave la nage
Vers cinq-six ans lenfant est confieacute au maicirctre coranique le Ihierno
et ce dernier dispose exclusivement de toute sa vie Lavenir du jeune
enfant lui appartient
Comme dans les autres groupes ethniques les enfants sont regroupeacutes en
classe dacircge et cest dans cette structure que lenfant subit les rite
de passe et plus particuliegraverement celui de la circoncision
La circoncision est non seulement unE opeacuteration chirurgicale malS surshy
tout une peacuteriode au cours de laquelle le jeune garccedilon passe de leacutetat
dadolescent agrave leacutetat dadulte Les circoncis sont reacuteunis en classe
dacircge dans un endroit situeacute hors duvillage geacuteneacuteralement choisi par les
vieux Cet endroit n~st accessible que par des individus de SExe ffi8SCUshy
li~ ~ta~t au preacutealabl circoncis
- - - -
quable et complet sur le plan phy~ique et ~oral Ai~si liniti~
acquiert les qualitecircs indispensables que sont le courag~ la modest
lesprit de sacrifice lendurance
Le toucoule~r est un pleux musulma~ Cela sexp1
SOil le premier agrave tre en contact avec la religion musulmane de par sa
position frontaliegravere Lethnie toucouleur de par son histoire a preacutesenteacute
les plus grands chefs militaires et religieux musulmans seacuteneacutegalais Et
pour illustrer cela on peut citer en exemple la grande famille musulmane
des SY agrave TIVAOUANE repreacutesentant la confreacuterie des TIDJANES
Bien que lon note une majoriteacute musulmane on peut dire que certaines
croyances et pratiques mystiques et animistes persistent encore surtout
dans la reacutegion du fleuve
Une pratique courante se fait elle sappelle le Djatt Elle consiste
agrave faire sortir le caiman du fleuve agrave limmobiliser et agrave lattacher
sans quil ne reacuteagisse et tout ceci agrave laide de versets et dincantashy
tions magiques Dapregraves les teacutemoignages ces pratiques sont plutocirct
freacutequentes chez les Tchioubalos (pecirccheurs) Il arrive aussi que cershy
tains chasseurs ayant des dons se livrent agrave certaines pratiques an1shy
mis tes qui consistent agrave invoquer certaines puissances et agrave moduler sous
forme de chant des versets occultes pour se proteacuteger des mauvais esprits
et pour eacuteloigner les fauves Ce chant est geacuteneacuteralement incompreacutehensible
et deacutenueacute de sens pour le profane
343 Activiteacutes ludiques et pratiques sportives en milieu toucouleur
Durant toute son histoire lethnie ~oucouleur a toujours EacutetEacute Frese~teacute~
comme celle qui avait ue activit essentiellement guerr e e~ particushy
liegraverement farouche Trois eacuteleacutements ret r t l ecirc t te nt i c- euro so~t
le manie~~nt du ~acircton 12 luttE Et 1eacute danSE
l
Lecircducation ph~sique et artistique Dcc~pe un place precircpondecircra~rp
dans la fDrmat~on du jEune toucouleur A loccasion agraveeacutevegravenemen~ imporshy
tants reacutecoltJs mariages baptecircme nous assistons agrave des manifestashy
tions folkloriques de grande envergure le Wango oucirc dailse toucouleur
tregraves gymnique iles chants et surtout les sEacuteances de lutte
La lutte toucouleur est la forme de lutte la plus spectaclaire dans
tout le territoire seacuteneacutegalais Elle est essentiellement baseacutee sur des
techniques en hancheacute et surtout en souplesse Ceci sexplique par le
fait q~e le jeune toucouleur est tregraves tocirct initieacute agrave la gymnastique (saut 1
per saut de main salto arriegravere saut de tecircte couronneacute etc bullbullbull ) pour
la dans~ du wa~go En dansant le wango qui est une danse rythmeacutee et
gymnique le Jeune toucou1eur est capable de prouesses extraordinaires
1
En lutte lattaquant se deacuteplace tregraves peu pour avoir une bonne saisie
(geacuteneacutera~ement controcircle du Ngimben ) et enchaine brusqueme~t avec une
attaque surpris~ Cependant les ripostes sont souvent surprenantes et
spectaculaires (baseacutees sur la souplesse et la rapiditeacute) ontrairement
aux autr~s form~s de luttes ougrave lon voyait tous les jeune adheacuterer la
lutte to~cou1eur Verra un groupe de speacutecialistes sadonne agrave la lutte 1
(la lutte est lieacutee agrave la position sociale de lindividu problegraveme de
caste)
Q La morphologie du lutteur toucou1eur 1
1 1
Ce dernier nest pas aussi large et aussi fort que les lutteurs diola
et seacuteregravere Cependant il est tregraves reacutesistant La musculatJre est saillante 1
et tregraves souple lindividu est longiligne mais tregraves athleacutetique
Les mouvements de lutteurs sont semblables agrave ceux dun grand fe1in Cette 1
morphologie semble ecirctre lieacutee agrave la position geacuteographique de lethnie
(reacutegion du fleuve) et agrave lacitiviteacute socio-eacuteconomique du toucouleur qui
est agrave la fois cultivateur (activiteacute lieacutee agrave la crue et deacutecrUE du fleuve)
pecirccheuro~T CIcr~icubaon) et sttout jEumlrgcr qui est U~ rc~2eumlr
shy
Deux formes egrave~ corps sembl~nt ecirctre preacutefeacutereacutees du lutteur toucouleur
le hancheacute et la souplesse Les hancheacutes sont faits agrave partir de plusieurs
positions de doset se terminent geacuteneacuteralement par des techniques de
tregraves grande amplitude
TABLEAU RECAPITULATIF DES TECHNIQUES ET FORMES DE CORPS SPECIFIQUES
i
L441 r
GARDE FORMES DU CORPS CONTROLES --shy - -
Moyenne Souplesse Ngimbe
Hancheacute bras
Demi-souplesse
1
Profil psycholosigue 1
TECHNIQUES
ContrOle du bassin et 12 souplesse
arriegravere
Klicket et allegravegement de la hanche
Le lutteur toucouleur est celui lUi se livre le moins aux preacuteparaqons
maraboutiques Cela est dO au f~t que le toucouleur est un grand ~USUlshyman et que les pratiques animisges ont presque disparu dans ce mil~eu
Dans la pratique le lutteur esJ combaif mais il est calme et tr~s reacutefleacutechi quant agrave la deacutecision agrave prendre en plein corps agrave corps ct~st un des seuls techniciens qui reJte tregraves lucide au cours de ses comb~ts
l Dans toutes les circonstances e lutteur toucouleur est tenu de re~pecshyter son adversaire et ceux de s4n eacutequipemecircme sil est vaincu
Comme nous avons dO nous en rendre compte la rigueur des principes
eacuteducationnels a une influence tregraves sensible sur l~ comportement du
toucouleur
i
III S COCL ~s 1DO
Dans cette partie nous avons essay~ de montrer lftroite re1atic~
Entre les diverses activiteacutes socio-eacuteconomiques dans les ethnies et
lES diffEacuterentes faccedilons de lutter
Daucuns seraient tent~s de conclure trop rapidement et cest p0~r
cette raison que nOUS avons penseacute preacuteciser que le pheacutenotype nest
pas geacuteneacuterateur du geacutenotype Et nous sommes convaincus que la morphoshy
logie et les techniques des lutteurs relegravevent de leurs modes de vie
et de leurs croyances agrave une eacutepoque et danE un contexte bien deacutetermishy
neacutes
Est-ce que les lutteurs dio1a ou seacuteregravere travaillant avec leurs bras
dans les champs auraient les mecircmes pr 0 fil s physiques que les lutteurs
utilisant des machines pour lagriculture
- 69 shy
I UJOURDH~1 E-S ut O[l LES FORfilS Ut LU11t~
~otons que notre enqu~te a ecirctE essentiellement faiteen milieu urbain
Les seacuteances de lutte ont tendance agrave perdre leur particulariteacute de r~shy
jouissance pour devenir des pheacutenomegravenes de sportisatio Deux fores
de luttes so~t principale~cnt prat s dans les aregrave~es du 5 al
la lutte traditiunnelle simple et la lutte traditionnelle avec frappe
De nos jours la lutte traditionnelle tend vers une reacuteglementation
et une institutionalisation
Le reacutesultat de nos investigations nous donne le tableau ci-dessous
REPARTITION ETHNIQUE SUR 100 PRATIQUANTS
LUTTE LUTTE RAPPORTETHNIES SANS FRAPPE AVEC FRAPPE J2
Diola 40 16 71 j
Seacuteregravere 26 21 57
Toucouleur 23 10 69
Wolof 1 1 53 17
La demande sociale par ordre deacutecroissant pour la lutte sans frappe
se preacutesente comrre suit
]0_ Ethnie diola avec pregraves de 3 lutteur~ sur 4
2deg_ Ethnie toucouleur
Ethri dun
~ 1 LA LUTTE TR])IIIO~~ELLE AVEC H-PPE
Cette forme deacute lutte a une histoire qui date de lantiquiteacute elle
sa~pelait le Pugilat Au Seacuteneacutegal elle a vu le jour dans le Cayor
bien avant la colonisation Le coup dE pied l~Lrdn~lement la morshy
sure la frappe et le doigtf eacutetaient permis dans le cc=bat ~ ~middot~p0~~e
Dans certains cas la giffle eacutetait beaucoup plus dangereuse que le
poing quand elle eacutetait donneacutee par un speacutecialiste Cette giffle pouvait
agrave elle seule deacutechirer et mecircme parfois amputer la joue de ladverser
Selon les informations la lutte avec frappede nos jours serait une
forme de lutte tregraves eupheacutemiseacutee de celle dantan ougrave une blessure
pouvait souvent ecirctre mortelle
Aujourdhui au niveau du folklore la lutte na plus la mecircme
le spectaculaire a remplaceacute le significatif iLa lutte avec frappe se 1
pratique surtout dans les centres urbains C~aque fois quun grand combat 1
est progra~eacute par le Comiteacute National Proviso~re (CNP) des centaines damashy
teurs sont mobiliseacutes vers le stade lba Mar D~OP qui est aujourdhui le i
lieu approprieacute ougrave se deacuteroulent les grands conkbats de lutte Cest la formE
de lutte qui semble drainer une foule de personnes beaucoup plus importante
que celle de la lutte simple
La lutte avec frappe deacuteriverait dune forme de lutte traditionnelle
pratiqueacutee jadis dans le Cayor au temps des Damels et la frappe serait
le substitut dun certain nombre de pratiques doigteacute jet de produits
etc bullbullbull dont le but eacutetait laveuglement de ladversaire La lutte avec
frappe serait une continuation logique dune carriegravere sportive de la
lutte traditionnelle qui sen sert comme moyen socio-eacuteconomique En
effet la majoriteacute des lutteurs avec frappe ont dabord eacuteteacute initieacutes agrave la
lutte simple Cependant il faut signaler que de nOS jours il arrive
que le jeune lutteur avec frappE- soit directenent formEacute conne speacutecialistE
agrave la frappe sa~s pour autant faire son chemin dabcrd egravea~s la lutte
- ~ shy
Le recircsultat dE ~os interviews ncus rec~trE qGune pcpulatiD~ divcrsishy
fiampe sint~resse agrave ce sport et qUE les intecircr~[s des uns et d~SlautrE~
semble~t divergents naucuns affirment que la lutte traditionnelle
avec frappe serait monteacutee par des personnes dont la vocation est dexshy
ploiter ce pheacuteLomegravene agrave des fins commerciales Dautres disent gJellegrave
jouit de mcyens irport~nts t[l[~isio
tation etc bullbullbull ) pour toucher toutes les couches sociales CEpe~~a~t
nous remarquons que mecircme si certaines personnes reprochent agrave cette
forme de lutte decirctre brutale ces mecircmes personnes nheacutesitent pas agrave
se rendre le dimanche agrave laregravene Bien que critiqueacutee elle semble ecirctre
adopteacutee par une tregraves grande partie de la population seacuteneacutegalaise Cepenshy
dant en tant que techniciens il nous est permis de faire une remarque
Il sagit de
- Limpression nette decirctre devant des professionnels de la frappe
qui sont ~ntratneacutes pour cela Dailleurs les propos que nous avons
recueilli~ nous prouvent que la plupart des champions de lutte avec 1
frappe s~ntratnent dans certains sports de combat tels ~ue la boxe i 1
le karateacute le judo Dans cette nouvelle forme de pratique de la lutte
contrairefuent agrave la lutte traditionnelle le technicien e~t souvent
perdant face au puncheur Ce dernier adopte une lutte agrave distance qui
lui permet de placer agrave bon escient ses coups animeacute du deacutesir de vaincre
Le technicien lui se voit contreacute dans toutes ses entreprises par
un uppercut ou un crochet
On peut dire cependant que nul sport au Seacuteneacutegal que la lutte tradishy
tionnelle avec frappe ne deacutechaicircne autant de passions et autant de
pheacutenomegravenes poussant agrave lexcegraves et deacutereacuteglements quon ne peut que deacuteplorer
Mais comment deacutecrier un spectacle de lutte qui bien quayant perdu la
presque totaliteacute des valeurs traditionnelles veacutehiculeacutees autrefois par
elle sait susciter une participation effective de tous ceux qui sont
preacutesents
CONCLUSION
Dans ce meacutemoire nous sommes efforceacutes ~e faire ressort ir limportance des
ethos et des habitus et leurs effets sur la pratique de la lutte tradishy
tionnelle au Seacuteneacutegal
L~b egravethos repr~sentent dune maniegravere g~neurorale tous les eacuteleacutements speacutec
fiques sux Seacuteneacutegalais par conampeacuteguent un systegraveme de valeurs traditionnellEs
Mais m~me si ces valeurs rev~tent une signification universelle (honneur
digniteacute courage etc bullbullbull ) il nen demeure pas moins que ce nest pas leur
nature qui fait leur speacutecificiteacute mais la hieacuterarchisation et limportance i
quon accorde agrave toutes ces valeurs de ~ar leacuteducation ou la culture
i 1
Aussi les valeurs traditionnelles puient leur speacutecificiteacute dans les
caracteacuteristiques propres aux eacuteleacutements ~e la socio-cu1ture (la technologie
et leacuteconomie la politique et la pareteacute la psychologie et lideacuteologie)
dans la socieacuteteacute seacuteneacutegalaise agrave n momen donneacute de son eacutevolution Cest i
dire la neacuteceesiteacute de ne point faire della valeur une reacutealiteacute statique
Cest dite aussi quagrave tout mome~t le ~eacuteneacutegalais peut eacutevoluer et creacuteer
ou vivre par conseacutequent de nouv~lles fprmes de valeur qui lui sont 1
propres ft (J)
La lutte traditionnelle veacutehiculant deS valeurs socio-cu1ture1les speacutecishy
fiquement seacuteneacutegalaises (croyances valeurs morales norme de comportement
opinion attitude bullbullbull ) devient un eacuteleacutement important qui tregraves certaiaement
nous aidera dans notre effort de valoriser et de peacuterenniser notre patri shy
moine culturel par le biais dactiviteacutes physiques et sportives
Leacutetude des habitus nous permet de prouver quil y a plusieurs faccedilons
de se mouvoir comme danser lutter bullbullbull qui varient avec les diffeacuterentes
ethnies (wolof toucouleur seacuteregravere diolagt leurs convenances et leurs
eacuteducations
(1) Revue Ethiopiques 31 Les valeurs traditionnelles et le problegraveme de leur inteacutegration dans les systegravemes modernes jtducatio-1 2 6r--70
nautre part cette eacutetude permet aussi de nous rendrE compte de la
correacutelatipn eacutetroite existant entre la pratique de la lutte traditionnelle
et le sta~ut socio-eacuteconomique du pratiquant
Nos inves~igations nous indiquent que la lutte recrute essentiellement
au niveau des classes socio-eacuteconomiques situeacutees en bas de leacutechelle
donc posseacutedant le statut social le moins favoriseacute La lutte avec frappe
-et un certain secteur commercialiseacute de la lutte simple- y trouve sa
leacutegitimiteacute Comme le dit BOURDIEU nA habitus diffeacuterents styles de Vle
divergents et il oppse les pratiques aristocpatiques correspondants agrave
des activiteacutes qui favorisent les situations eupheacutemiseacutees ougrave la stylisashy
tion est importante aux pratiques populaires qui font appel agrave des
qualiteacutes qpposeacutees bllutes rugueuses Certaines interviews nous
montrent que plus lindividu occupe une place eacuteleveacutee dans leacutechelle
sQciale e~ 1
moin$ il sinteacuteresse agrave la lutte
Les reacutesultats recueillis dans nos diverses investig~tions confirment 1 1
1er propos qui disent que nous assistons aujourdhu~ agrave une involution
de la lutte traditionnelle parce que perdant toutes ses speacutecificiteacutes au 1
pryfit d~ne autre forme de lutte que lon continue agrave appeler nostalshy
giqlementIIlutte traditionnelle
Ceci pourrait peut-~tre trouver une explication dan la citation suivante
La liberteacute de creacuteer dinnover de vivre Pleineinenf decirctre soi et de
preacuteserver son authenticiteacute la digniteacute et lhonneu1demeurent des illushy
sions dans la misegravere eacuteconomique~ Nos ancecirctres creacuteai~nt des valeurs de cishyl
vilisation parce quils eacutetaient libres parce qu1i~s ignoraient toute
deacutependance eacuteconomique ils cultivaient en eux et cbez leurs enfants le 1
Jorn et la Kersa et preacutefeacuteraient la mort agrave la hoJte lI (1)
Or le Seacuteneacutegal comme la plupart des pays africainsi est un pays sousshy
deacuteveloppeacute t cependant face agrave cette volonteacute du gou~ernement seacuteneacutegalais
de faire inteacutegrer dans leacuteducation des valeurs traditionnelles nous
pouvons espeacuterer utiliser comme moyen deacuteducation la lutteacute traditionnelle
qui reste quand mecircme vecteur jethos et dhabit~s
- 54 shy
Mecircme si lon a noteacute un appauvrissement notoire sur les plans socioshy
culturel et moral la lutte traditionnelle recegravele une gamme importante
et varieacutee de techniques permettant incontestablement une ouverture vers
les luttes olympiques libre et g~eacuteco-romaine
La lecture de ce meacutemoire permettra agrave lentratneur et au professeur de
lutte en fonction du lieu ougrave ils seront affecteacutes dans le territoire
seacuteneacutegalaisdavoir une information sur les techniques contrOles et
formes de corps propres agrave chaque groupe ethnique et de les mettre en
relation avec leurs croyances et leurs mentaliteacutes
Nous avons essayeacute de montrer que la pratique de la lutte traditionnelle
doit tre axeacutee sur une ethnomotriciteacute au Seacuteneacutegal qui permette une inishy
tiation facile Cette pratique de la lutte traditionnelle seacuteneacutegalaise
devra dailleurs essayer de ~eacutepondre aux aspirations du Seacuteneacutegalaisl
moderne en souvrant aux ap~orts positifs des autres civilisations
ex~eacuterieures nous voulons Jvidemment parler du judo et des luttes oiymshyJ
piques 1
1 j Nous navons pas la preacutetentfon dans le cadre de ce meacutemoire demattrise
de reacutepondre agrave toutes les qutstions se rattachant agrave leacutetude de ~a lutte
traditionnelle souslangle~socio-culturel car non seulement il nous
manque lexpeacuterience et la c peacutetence en la mati~re mais aussil l le temps
et les moyens dont nous dis osions ne nous permettaient pas d~puiser le 1sujet i
1 1 1 t 1
l
- )5 shy
BIBLIOGRAPHIE
BIBLIOGRAPHIE
1- CLAPAREDE Psychologie de leacuteducation et peacutedagogie expeacuterimentale
Edition Delachaux et Niestleacute 244 pages
2- POCIELLC Christian Sport et Socieacuteteacute approche socio-culturelle
des pratiques Paris Vigot 1981 377 pages
3- PIERON Henri Vocabulaire de la psychologie
PUF Deuxiegraveme eacutedition 1957 469 pages
4- Revue socialiste de culture neacutegro-africaine ETHIOPIQUES
Les valeurs traditionnelles et le problegraveme de leur inteacutegration
dans les systegravemes modernes deacuteducation
GIA 21 Juillet 1982 213 pages
5- N2 Revue du Centre dEtudedes Civilisations DEM ak TEY
NIS IVegrave Trimestre 1982 96 pages
6- Document lNSEP Colloque sur la lutte aeacuteregravere
DAKAR MAI-JUIN 1980
t 1
~- Travaux du IVegrave Congregraves National ~es Sports agrave DAKAR les 2223041981
Bulletin n2 91 du CIO du 15 Aont 1965
l____________________________
8- Meacutemoire de Mattrise BADJI Abdou La lutte traditionnelle Joola
Etude et perspective
9- Meacutemoire Inspectorat JS DJITTE Mandy Les pratiques corporelles
traditionnelles au Seacuteneacutegal pour leur exploitation et leur
utilisation en peacutedagogie Marly le Roi 1980
REPUBLIQUE DU SENEGAL
--------------- INSTITUT NATIONAL SUPERIEUR
MINISTERE DE LA JEUNESSE DE LrsquoEDUCATION POPULAIRE
ET DES SPORTS ET DU SPORT
-------------
(INSEPS)
MEMOIRE DE MAIcircTRISE
Es-SCIENCES ET TECHNIQUES
DE LrsquoACTIVITE PHYSIQUE ET DU SPORT
LA LUTTE TRADITIONNELLE
son importance sa signification en fonction des ethos et des habitus ethniques au Seacuteneacutegal
Preacutesenteacute par
Monsieur Joseph Victor FAYE
Sous la direction de
M Jean Marc ROCHEZ
Professeur agrave lrsquoINSEPS
Anneacutee de soutenance 1984
la neacutecessiteacute de lanimisme consiegraveeuroreacute comme base de toutes legrave~
religi0~s uumlegrave serait-ce que corr~e tentative ciexpliquer li1explishy
cable en se repreacutesentant en particulier comme un ensemble de puisshy
sances mystiques Ainsi pour lanimiste agir sur la nature cest
intervenir psychologiquement aupregraves de ceLX qui la gouvernent
314 Imeact des moeurs sur la prat~que de la lutte diola
Lorigine de la populariteacute de la lutte eugrave milieu diola est par trop
impreacutecise aussi nous nous limiterons agrave en donner la signification
actuelle La lutte apparatt dabord comme un moyen privileacutegieacute deacutedushy
cation
- sur le plan corporel afin de deacutevelopper la force lagiliteacute la
rapiditeacute et la souplesse
- sur le plan moral afin de deacutevelopper les vertus caracteacuterielles
courage tenaciteacute digniteacute bullbullbull neacuteces~aires agrave laction
Mais la lutte apparatt aussi comme un mpyen dinteacutegration sociale car
le jeune diola qui se refuserait agrave se sbumettre agrave leacutepreuve de la lutte
encourrait un isolement alors que celui qui excelle en bravoure devient
rapidement populaire Dougrave ces affrontements agrave linteacuterieur dune classe
dige qui tout en restant un moyen de reacutejouissance servent eacutegalement
agrave eacutetablir des comparaisons
Nos observations et nos interviews confirment le caractire tris physique
de la lutte diola immeacutediatement les lutteurs sont au corps agrave corps et
les techniques consistant agrave aracher ladversaire priment sur toutes les
autres Exprimer sa force est une preacuteoccupation constante il suffit pour
sen persuader de voir le groupe de lutteurs peacuteneacutetrer dans laregravene au son
du Born bol on que rythme le claquement de mains des femmes
C~tte da~se est une deacutebauche dAnegie Ougrave les lutteurs pieacutetin~Ert avec
force L sol
i shy
3141 EorphologUgrave et valeur physiques du lut teur diola
Le lutteur diola possegraveagrave~ un deacuteveloppement caracteacuteristique du trai~
supeacuterieur et de la musculature doso-lombaire Ceci est tregraves certaineshy
ment lieacute au maniement de la houe de la daba et surtout dukadiando
dont lusage permanent a modeleacute la morphologie du lutteur diola
La valeur physique de ce lutteur semble reposer sur sa force sa
reacutesistance mais aussi sa rapiditeacute
3142 Reacutepertoire technique
Dans le Blouf la forme du corps la plus utiliseacutee est le deacutecalage souvent
combineacute avec un crochet de jambe (gal gal) ceci semble ecirctre lieacute agrave
lutilisation quotidienne dans les riziegraveres du kadiando Le paysan du
Blouf sera ameneacute agrave faire un mouvement de torsion pour deacutecalerlinstrushy
ment enprenant appui sur son genou et ceci continuellEment pendant toute
la jourpeacutee Chez les diolas du Fogny le kadiando eacutefait surtout utiliseacute
par les femmes qui soccupaient autrefois exclusivement de la riziculture
et ce n~est quaujourdhui que les hommes cultivent le riz 1
La principale culture dans le Fogpy est celle du mil on y cultive aussi
de larachide De ce fait loutil le plus utiliseacute est le donkoton qui
est un instrument tregraves petit avec un manche court et dont le maniement
expliquerait peut-ecirctre leacutetonnante musculature du train supeacuterieur et surshy
tout de la zone dorso-lombaire du 4i6la fogny qui excelle dans les techshy
niques en force genre arracheacute avec les bras sur contrOle de la ceinture
de ladversaire Lulisation du donkoton semble eacutegalement expliquer la
garde tregraves basse du lutteur fogny
Dans le kassa on aurait pu trouver la mecircme forme de lutte car la morphoshy
logie du lutteur est agrave peu pregraves la mecircme mais linterdiction formelle de
la prise du ~gimbe modifie et limite tout le repertoire technicult2 ou
lutteur Le lutteur kassa adopte une garde basse et agrave une preacutefeacuterence pc~r
legraveS tc~-iccedilues n passa~ dessous - - ~ shymiddotmiddotcrc t--=~ c-
----
contact et agrave partir de ce TtoTteuront ils peuvent se relever et conti~uEr
en lutte debout jusquau terrassemen~
Toutes les gardes sont rapprocheacutees en milieu diola
irbi trage
Les combats sont arbitreacutes par un deacuteleacutegueacute geacuteneacuteralement anClen lutteur
Ces anciens lutteurs ont pour rocircle de veiller au bon deacuteroulement du
combat La victoire est deacutecreacuteteacutee dans les cas ougrave un des lutteurs se
retrouve en position assise sur le ventre sur la cuisse ou les
genoux (sauf dans le Kassa)
Il existe un autre mode de victoire celle qui est proclameacutee agrave la
suite dune supeacuterioriteacute eacutevidente du~ des lutteurs A savoir quand
un lutteur soulegraveve tregraves haut son camarade et que son manager estime i
quil est pratiquement battu il peut arrecircter le combat en touchant
dabord le lutteur adverse popr eacuteviter que son lutteur ne soit terrasseacute
tregraves fOrt Nest-ce pas un deacutecision sage des managers qui peut contribuer
agrave maintenir le caractegravere reacutecr~atif de la lutte joola 1
La victoire dun village sur un autre village ne se mesure pas au
nombre de victoires obtenues par lensemble des lutteurs En effet
il suffit que le champion soit battu pour que le village soit consideacutereacute
comme deacutefait Ce qui explique limportance et le seacuterieux que le village
accorde agrave la preacuteparation des championsl)
Il est cependant important de signaler que larbitrage dans les centres
urbains revecirct une iautre forme beaucoup plus codifieacutee et cest peut-ecirctre
une des raisons qui font quen milieu urbain la lutte diola perde une
partie de son originaliteacute
En dehors des techniques speacutecifiques agrave chaque sous-groupe il faut
signaler quil y a une multitude de prises et quelGues formes de corps
comTIunes agrave letnn Car reconnaissons qu il cO unE ror-euro approp=i~eacute
dE ~ouvane du l~tteur diola en TaI
-----~-----
LE tableau ci-dessous se propose dE reacutesumer les diffeacuterentes consideacuteshy
rations techniques envisagEacutees dans cette partie
FORlŒSSOGS-GRGUPES 1 COItltOLE GA~JESDt CORF=
i ~
1 1
Passage dessous de jambes et BassE KASSA saisies Moyenne1annexes bras (rapprocheacutee)
ceinture tecircte
Deacutecalage de Moyenne et BLOUF Demi-souplesse Ngimbe
HauteHancheacute Bras (rapprocheacutee)
Jambe
Arracheacute CouFOGNY Tregraves basse
Hancheacute ii 1
1 1
3 14 3 bull LeIIa~~jueetlecom~ortementdulutteur-+iola
1 Le comportement et lattitude du lutteur dans laregravene pe sont en fait
t
que le reflet de sa psychologie et plus partiCUliegraverem t de son eacutetat
dacircme Or il napparatt pas abusif deacutetablir des cor eacutelations entre
le psychisme dun individu et lempreinte eacuteducative quil a subie En effet en sortant du bois sacreacute le jeune diola a acquis un ~ca~~l
eacutequilibre physique et mental
Cette matrise de lui-mecircme permet au lutteur dans la~egravene dadopter
un aire enjoueacute de manifester beaucoup denthousiasme~ La lutte devient 1
essentiellement un jeu laspec ludique y est privileacutegieacute et ~ela influe
sur le comportement du lutteur
Ainsi queurolq~c soit limporta~cE de le~je~ le lutt~c~ dic1e Seuroreacute
to~jours serein et s~ livrera sa~s arri~re pe~s6e da~$ ~E CO=beacute ou-
tons que le lutteur diola est trecircs fair-play et sil arrive quun rdnd
lll L COIicircilU1Ul L ULOF
32 J Preacutesentation
La soc tEacute wucirc10f est celle qU1 a eacuteteacute la plus marqueacutee par la colonisation
~~ fait peut-gtre de sa position geuroographiquE dune part ct de 50~ imporshy
tanCE sur le plan dfmographiquE dautre part En effEt ceurootteuro CC-~ucircautE
wolof repreacutesente environ 20 de la population seacuteneacutegalaise
Elle est constitueacutee de pecirccheurs (ce sont les leacutebous) dagriculteurs de
fonctionnaires de lEtat mais surtout de commerccedilants
A pqrtir de leur reacutegime dimplantation le Cayor le Walo le Baol le
Djolof et la presquicircle du Cap-Vert les wolofs ont tendance agrave irradier
sur lensemble du territoire sous leffet de leur speacuteculation agrave la culshy
ture de larachide et du nombre important de fonctionnaires quon trouve
dans cette ethnie
322 Les moeurs et croyances wolofs
Bien queacutetant en grande partie des musulmans convaincus les wolofs
conservent toujours une croyance animiste et continuent agrave faire des
sacrifices agrave porter des cornes ou des morceaux de bois agrave la ceinture
aux jambes ou aux bras et agrave croire agrave lexistence des Djinneacutes et des
Raps bull
Le Djinneacute cest une creacuteature malfaisante en geacuteneacuteral capable de choses
extraordinaires Il possegravede des faculteacutes surnaturelles Cependant dapregraves
la croyance animiste certains Djinneacutes peuvent ecirctre bons
Le Hapl cest une creacuteature ayant des dons occultes appartena71t agrave une
famille ou agrave une communauteacute et dont le rOcircle est de veiller cu daider
les reCJrES de le fai11p ou dt la conmunauteacute en cas de da1gel Le Rap
~ ut te c ) ~~c-
ei sltcificE cJ sanl dE meut0 dL chat de pC)wleurot 5E1lt les conveuroshy
lances parfois leur dorner COrllTe offrande du lait Laii
Qua1d une famille ou une communauteacute neacuteglige les Sarakh (ici dans
le sens de sacrifice ou Offrande) elle se voit aussitocirct vouEacutee agrave la
maleacutediction des mauvais esprit~ (fcllec dans touteacuteS lEs ~treprises
de la vie maladie mort bullbullbull ) Les lieux ougrave habitent ls Taps et ougrave
se font les sacrifices se nomment Khambs
Geacuteneacuteralement le khamb se trouve dans lenceinte de la maison ou
dans un coin approprieacute du village Les lieux du khamb sont marqueacutes
par la disposition de calebasses de pilons de morceaux de poterie
briseacutes de grosses pierres de cornes et dautres objets heacuteteacuteroclytes
La superstition wolof est tregraves marqueacutee En effet pour le wolof toutes
les manifestations quotidiennes trouvent leur signification dans le
mysticisme Citons agrave cet effet quelques ezemples Une femme enceinte
ne doit pas marcher agrave nimporte quelle heure de la journeacutee Certaines
heures de la journeacutee lui sont interdites le Timiss (creacutepuscule
le Ndjo~or (de 13 H agrave 14 H de lapregraves-midi) le souf-segravede (de
minuit i4 H du matin) Selon la tradition ~t la croyance wolof les
mauvais ~sprits choisissent ces heures pour jeter des sorts Et la
femme enceinte eacutetant tregraves vulneacuterable le Djinneacute essaiera de lui insufshy
fler son souffle pour atteindre son beacutebeacute afin dentratner soit la
meacutetamorphose de cedernier en monstre soit de le tuer avant sa naissance
Dailleurs pour le wolof et pour certaines autres ethnies au Seacuteneacutegal
le timis le tdjolor le souf-segravede repreacutesentent des peacuteriodes de
la journeacutee ougrave lon ne doit pas se hasarder dans les rues et les champs
Ce sont des heures propices aux apparitions des Djinnes sous nimporte
quelle forme humaine ou animale
Il est eacutegalement interdit au wolof de marcher ou de serti la nuit du
~eacutellfria-
loutes c~s pratiques ~ystiqu~s et cr0ya~ces religi~us~5 ~xistent eL~~[
certainement dues agrave un meacutetissage culturel Parallegravelement aux feacutetiches
aux incantations et agrave lutilisation des safaras (substance magique)
notons lexistence de ga l a tchs (ce sOnt des talismans ougrave sont inscrits
du qui les porte Toutes ces croyances biEn sucircr auront une rEacutepercussicrI
sur leacuteducation du jeune wolof
323 Leacuteducation du wolof
Pour caracteacuteriser leacuteducation wolof nous avons penseacute donner comme
illustration cet extrait de la revue DEM ak TEY Pour deacutefinir leacutedushy
cation le wolof fait appel agrave un symbolisme qui eDglobe aussi bien les
moyens mis en oeuvre Yar que le reacutesultat obtenu agrave laide de ces mecircmes
moyens cest-agrave-dire la formation et le deacuteveloppement de lecirctre humain
ou Yaru
Le substantif Yar deacutesigne le fouet
Ce symbolisme deacutesigne donc au-delagrave du simple sens mateacuteriel de lobjet
lutilisation qui permet daboutir au reacutesultat escompteacute (Yaru) Au sens
geacuteneacuteral Yar deacutesigne tout instrument servant agrave infliger une punition Le
terme laisse supposer agrave priori que cette phase de lenfance durant lashy
quelle se preacutepare la vie de lhomme est lieacutee agrave la souffrance au supplice
Dailleurs une maxime wolof compare lenfant agrave une tige quon a tout le
loisir de redresser alors quelle est encore flexible bull
bullbullbull Pour leacuteducateur wolof la perfection nest point de ce monde malS
le devoir de chaque homme est de tendre vers la pleacutenitude en luttant
contre ses propres faiblesses Leacuteducation va d01c iisister essentielle~(-~t
sur lexercice quotidien de leacutelevation ffiora1e d~ lindividu Pour cela
elle privileacutegie la patience munI) vertu dabneacutegdtion et dE deacutesinteacuteresseshy
m(~t autour dE laquelle sarticulent toutes ]e~ ~u~~~s qualiteuros
i _
aan~ ~ s0cieacutet gt~olcf ocirclt~tartt nul -Jt- poulait sabecircisstr
tion de sa libertEacute La liberteacute est le preuumler drcmiddotir dE l ho-)euro egrave~S
baigner dans une beacuteate admiration du passeacute la comparaison avec le pr~$(middott
si~posc dclle-mecircme car lon reste s reacute devant la deacutesinvolture aVEC
laquelle dES honmes daujourdhui descendants de cette ~~~EacuteTatic ccedil~l se
une fois [largis bullbull tTasque fiers davoir fait leacute priS0n PEut-2tTE
faut-il mettre cela sur le compte de lurbanisation et des nouvelles
valeurs qui ont pour nom enrichissement reacuteussite sociale avec ce que
cela comporte de deacuteshumanisant et de deacutepreacuteciateur (1)
3 bull 2 bull 3 1 bull Lesri tes
Le sevrage et la circoncision constituent les deux grandes phases initiashy
tiques chez le wolof
- Le rituel du sevrage est appeleacute maga1 (litteacuteralement rendre grand)
Cest un eacutevegravenement important aussi bien pour les parents de lenfant que
pour la co~unauteacute Durant cet eacutevegravenement qui survient geacuteneacuteralement deux
ans apregraves la naissance du beacutebeacute les personnes vivant dans lentouragE
apportent leur soutien moral et mateacuteriel
- le rituel de la circoncision revecirct pratiquement la mecircme signification
que dans les autres ethnies seule la forme diffegravere La circoncision reste
encore une eacutepreuve de la vie au sort i r de laque Ile ladolescent devient un
homme Aujourdhui il faut noter une meacutetamorphose de la structure sociale
et des croyances religieuses tregraves accentueacutee aussi bien chez les wolof que
chez les autres groupes ethniques et ceci est peut-ecirctre dO au contact
permanent quils ont avec la socieacuteteacute occidentale
Malgreacute ces constat~tions il semblerait pcu=tant qUE la sociecirct~ lecircbou Gci
bien que se trouvaLt en grande partie dans ~a Presquth du Cap-ETt Et
en contact permane~t avec les blancs soit la portior la plu8 cc~serva-
----------~_- ---~-- -----
~
Incidences d s ~00urs sur la l~ttE
Le wolof connaicirct deux formes de luttes la lutte sirplE- sans t-t
la lutte avec frappe La lutte avec frappe a une crigi~e purement r
et ce nest que plus tard quelle devint une prati1uE sportive et lud
preacuteparer agrave la guerre Aussi tout en luttant On eacutetait autoris~ agrave frapper~
griffer mordre voire introduire son doigt dans loeil de son adversaire
Le jeune wolof devait eacutegalement se livrer agrave la lutte avec frappe afin de
favoriser son insertion dans la socieacuteteacute adulte et sinitier au meacutetier de
soldat faute de quoi il ne pouvait se faire entendre ne avoir des marques
de respect Pour montrer la populariteacute de la lutte dans le Cayor signalons
que les Damels ll (rois) et les Teignes (nobles) nheacutesitaient pas agrave sy
livrer Quant au IIMbeu~ (lutteur) elle lui servait de moyen de promotion
sociale car d8S que sa reacuteputation eacutetait eacutetablie il pouvait ecirctre choisi
par les rois et les nobles comme garde de corps
325 Signification de la lutte en milieu wolof
La lutte se pratique dabord pour lhonneur qui est une vertu tregraves signishy
ficative pour le wolof Elle permet de renforcer les liens amicaux entre
les jeunes de villages diffeacuterents Le champion veut gagner
confiance et la consideacuteration de son village de ses amis
Etre champion cest aussi susciter ladmiration chez les
sentant la force la viriliteacute et la deacutetermination
326 Organisation d~s eacutepreuves de lutte
3261 Les Mbapatts Ce sont les seacuteances nocturnes
pour meacuteriter la
et des anciens
filles en repreacuteshy
Ils sont organiseacutes apregraves les reacutecoltes agrave la fin de la saiscn des pluies
Ceci surtout p~ndant les peacuteriodes de clair de lune car ils peuven~ durEr
toute la nuit Le but des ~Dapatts lt=tait de prfpa-er FhysicuemeH et
~ arb Sil
326 Le 1
cest une organisation beaucoup plus importante que les I~apatts ~
loccasion de laquelle on peut voir plusieurs lutteurs de grande reDommfe
saffronteLLa fin dl lamb est toujours couronneacutee par une grand co~bat
duquel le vainqueur est sacreacute champion de la contrecirce
Le choix du lieu est lieacute agrave limportance de ce lieu dans le village cest
la place publique ougrave geacuteneacuteralement se passent toutes les manifestations
assembleacutee geacuteneacuterale sabar (danse) cest aussi lendroit ougrave sont prises
les grandes deacutecisions
3623 Lappariement
Dans un village ou un quartier les lutteurs se regroupent en lang
(eacutequipe) et jamais deux lutteurs de mecircme lang ne se rencontrent lors
du lamb
L appariement s~ fait librement entre lutteurs de lang diffeacuterents l1hs
une regravegle veut ~uavant de lutter avec le Mbeur Kanur de tel lang si
on est soukh (l~tteur pas encore confirmeacute) il est neacutecessaire de lutter
dabord avec ses soukh et ce nest quapregraves les avoir terrasseacutes tous
quon se voit octroyer la chance de lutter contre lui
Notons que la cateacutegorisation des lutteurs par poids nest jamais prise
en consideacuteration
3624 La tenue du lutteur ou NGIMBE
Le middotNGimbe est confectionneacute par le marabout de la famille ou du clan Il
est constituecirc de pagnes en coton tisseacute geacuteneacuteralement offerts par la megravere ou
la grand-megravere du lutteur ceci lors des organisations de ~rande Tportance
COrlune lef 1amb Dans le cadre des l-bapatt les pagnes sont C tErts peumlr
~~~rcfcis ct ffi~mc aujourdhui d218 cErtaInes fa~ille5 on devj~Gr
luttEur de pegravere en fils et dans ce cas h 1
gimbell du pEgravere Est recircr i tEacute
par le fils Le fait de porter le lI~gimbe agravee ses aiumleux peut susciter
cne~ le jeune lutteur une motivation et une volontecirc in~branlable rlasshy
surer 12 supeacuterioritEacute cis SIcirct-ns dallS
le xgimbe de la famille ne touche pas le sable
La tenue du lutteur a une signification et une importance sur le plan
mystique car selon les anciens le vrai feacutetiche du lutteur celui qui
le proteacutegera agrave vaincre le Djinneacute ou le Rap de ladversaire se trouve
cacheacute dans ce Ngimbe Celui qui confectionne-le Ngimbe est doueacute de
faculteacutes occultes
~~r~i~rg Il est assureacute par un sage du village qui geacuteneacuteralement fut
championde lutte de son temps Dailleurs cet ancien nintervient que
si le terrassement est litigieux
Hormis le public qui proclame la victoire ou le match nul le lutteur
lui-mecircme est arbitre et il arrive quil se deacuteclare vaincu ~ous
pouvons citer comme exemple Meacutedoune KHOULE un des plus grands lutteurs
seacuteneacutegalais qui a donneacute une victoire agrave Djeacuteri SADIO son adversaire qui a
reacuteussi agrave lui faire toucher le sol de la main
Il Y a terrassement quand le lutteur se retrouve
- assis sur le sol
- eacutetaleacute sur le dos
eacutetaleacute sur le cocircteacute
les deux genoux au sol
- les deux ma~ns au sol
la tecircte (front au sol agrave la suite dune brouette)
Il peut y aVOIr match nul si apregraves li1 temps ccmsideacuterable les lutteurs
SE sont ~ ivrEacutes respectivement agrave des assauts rEacutepEacutetEacutes et n arrivEt pas a
3265 L~ precircparation mystique
Il faut reconnattre quon ne peut parler de lutte en milieu wolof sans
envisager une preacuteparation mystique seacuterieuse Co~~e ~ous lEvans vu a~teacute-
1middot ~ d ~ ~rlturenent t0utes es actlvmiddotltesmiddot u W010 sont lles a SeS croyances
- la lutte ne concerne pas seule~ent deux acteurs se livrant faruumlucheshy
ment agrave un combat au milieu de laregravene mais eacutegalement les marabouts et les
feacutetichistes du village ou du clan qui doivent deacutefendre leur savoir et
leur prestige Avant le combat le lutteur doit se livrer agrave un certain
nombre de preacuteparations mystiques pour assurer sa victoire Aussi sommesshy
nous appeleacutes agrave parler de BACK (cest le chant et la danse du lutteur)
- le batteur de tam-tam compose un rythme en fonction du Galagne ou du
Senghor (gds-gris) du lutteur Chaque galagne sera choisi en fonction
du Rap ou du Djinneacute correspondant au Totem du lutteur
Le chant geacuterleacuterique Feinte woy veut dire litteacuteralement composer un 1
chant Ce chant est geacuteneacuteralement composeacute par les filles du viilage du
champion ou par un griot de sa communauteacute Et agrave travers ce chrnt on
arrive agrave toucher la corde sensible du lutteur en chantant lesl innombrables 1
victoires de ses ancecirctres ou en lui rappelant ses prouesses eacuteblatantes 1
Chaque lutteur doit avoir un chant et un back qui lui sont propres
327 Le reacutepertoire technique et les caracteacuteristiques physiques dulutteur wolof
Le lutteur wolof est geacuteneacuteralement moyen de taille la musculagraveture est
tregraves saillante ce qui fait ressortir un aspect tregraves athleacutetique ceci
est vrai sans exception pour le lutteur leacutebou mais il arrive que le Cacircyoshy
rien le baol-baol le walo-walo soient de grands gabarits de forte constishy
tution
CepEndant pour une meilleure compreacutehension du sujet nous pouvons eacutetudiEr
deux jroups d lut teurs qui vont deacuteterminer deux st yI e s de lut tes
- ~ t
les tc~tativ~s de~[reacutee e~ ramassement de jambes de la~v~sairL Ce~~
peut Ecirctre expliqueacute par le fait que les lutteurs leacutebou ou walo-walc qui
sont des pecirccheursadoptent cette garde tasseacutee du fait quils so~t tou-
jours pencheacutes en tirant le fil ou en poussant la plrogue On verra techrugravequeacutes dt cirr 2C ~lt 5Jllicitocirct
surLuumlut les membres supeacuterieurs
Le cayorien et le baol-baol par contre sont les plus grands cultivateurs
darachide chez eux les techniques de lutte sont plus varieacutees et la
garde est moins renfermeacutee Les lutteurs cayorien et baol-baol ont une
morphologie et une reacutepartition musculaire bien eacutequilibreacutee ils excellent
dans les techniques en deacutecalage les techniques de jambe et surtout les
techniques de riposte ougrave lon peut voir des prises de hancheacute tregraves amples
Dune maniegravere geacuteneacuterale on peut dire que le lutteur wolof est un fin
technicien qui sait surtout creacuteer les opportuniteacutes e~ avec sa rapiditeacute
utiliser la force de ladversaire pour le deacuteseacutequilibrer le noodju
le mbas le weacuteheacuteleacute et le rasu sont des techniques propres au lutteur
wolof
En deacutefense il utilise surtout des kl~klets ou gal-gal Notons que
le balancement des bras ou Lewato e$t tregraves marqueacute dans la lutte wolof
TABLEAU RECAPITULATIF DES COMPOSANTES TECHNIQUES
( 1 )
1 SOUS-GROUPES GARDES CONTROLES FORHES DE CORPS l
Walo-walo Basse de jambe Arracheacute l l10yenne de Ngimbe et i
Leacutebou Tasseacutee et saisies annexesj Deacutecalage 1 1 distante de bras de tecirct1
j de bras Deacutecalaeuro
~-----------------~-
- ~ ~- shy - ~ ~ bull L _ _ bull
Profil psyc~~iqUE du lutteu- et son comporterent dars l 2regravere
La preacuteparation mystique dans laregravene est plus marqueacutee chez les wolofs
que ChE~ les autres ethnies En effet on verra de grands champions
preliGrE plusiEurs heures pour Enduire leur corps de cll2badep ou ci
rmiddot- ~ a la proprieacuteteacute de proteacuteger li1egraveividu J
les mauvais sorts) Cest dailleurs un aspect dt la luttE qui iJcsc
des problegraveJles
Le lutteur wolof est tregraves superstitieux et la peacuteriode de preacuteparation
est capitale pour lui car elle permet non seulement de rendre
hommage aux ancecirctres mais aussi dintimider son adversaire Cest
geacuteneacuteralement un lutteur agressif combatif et teacutemeacuteraire Il se fait
souvent remarquer par son esprit dentreprise Mais cette fougue dans
le combat lamegravene parfois bien que ce soit regrettable agrave oublier les
usages et les normes Ce manque de maicirctrise de soi peut faire croire
que le lutteur wolof manque de fair-play ce qui nest pas toujours le
cas
~A~Ugrave~ t 4AA CbUrs k LA ucirctotve f~tPle Sesect prores mou W ~ lesquelles vont se couler les comporteme~ts individuels qui sont ainsi
monteacutes par et pour lautoriteacute sociale
Les faccedilons de boire de marcher ou de sasseoir se manifestent indivishy
duellement dans le corps de chaque personne ces habitus sont cependant
des montages sociaux lieacutes agrave des significationssymboliques variables
dailleurs selon la position sociale occupeacutee par chaque sujet Ces modes
dagir se rangent dans un systegraveme de montages symboliques et lindivishy
du les apprend de la socieacuteteacute dont il fait partie agrave la place quil occupe
Lhabitus est un montage social agrave la valeur symbolique deacutependant des pheacuteshy
nomegravenes deacuteducation et de prestige et lieacute agrave la position sociale du sujet
Cette penseacutee sonne de faccedilon eacutetonamment moderne
Pierre BOURDIEU qui dans une perspective a approfondi le contenue de la
notion en le reportant aux oppositions entre classes et fractions sociales
Il deacutefinit lhabitus comme un systegraveme de dispositions durables acquis au
cours dune histoire personnelle dans une milieu social donneacute systegraveme qui
engendre ensuite des pra~iques socialement deacutetermineacutees faccedilons de manger
de parler ou de marcher comportements de politesse contenu des preacutefeacuterencel
et des deacutegoOts bullbullbull lhabitus est le produit de conditions eacuteconomiques et
sociales Lauteur rattache directement la formation de lhabitus dun
individu agrave la trajectoire parcourue par celui-ci dans sa classe dapparteshy
nance il deacutefend lideacutee dun habitus de classe qui deacutefinit le sens confeacuteshy
reacute agrave la pratique sportive les profits qui en sont attendus
Ce dernier serait lui-m~me lieacute agrave un systegraveme de valeurs ou ETHOS de classe
prenant sens au sein doppositions distinctives entre classes sociales
De sorte lhabitus fonctionne comme un systegraveme dt- regravegles inteacuterioriseacutees
souvent informuleacutees permettant ou non agrave lagent de sadapter dembleacutee aux
multiples pratiques de la vie quotidienne et de la vie sportive il est agrave
lorigine des schegravemes de transcription qui favorisent les ajustements aux
situations corporelles nouvelles (1)
t ~
(1) P~IE11D dwi6Han ISpoy-l et sodeacutebi Approche Bocio-culturelle des pratiques P~tis Vigot 1981 page 81
33
331 Preacutesentation
Les Seacuteregravere auraient pour origine le Fouta Toro quils auraient quitteacute
vers le Xllegrave siegravecle pour fuir lislamisation de cette reacutegioD par lempire
dJ Xali (ils seraient donc apparEnt~s aux Peul et Toucouleur ) Ils
auraient trouveacute dans la rEacutegion du Sine les Sosseacute dorigine manding avec
lesquels ils salliegraverent
Au XVegrave siegravecle une autre immigrationSos~ conqueacuterante cette fois-ci
apporta son organisation eacutetatique Ils se divisegraverent en deux monarchies
deacutemocratiques lune seacutetablit au Sine et lautre au Saloum Les Sosseacute
conqueacuterants constituaient lautocratie appeleacutee Guelowar
La royauteacute seacuteregravere eacutetait laiumlque Les premiers souverains durent secouer
la tutelle des Toucouleur et progressivement arrivegraverent agrave unifier lethshy
nie des seacuteregravere etdea Sosseacute Les deux royauteacutes eacutetaient organiseacutees selon
acirces modegraveles tregraves deacutemocratiques Le souverain deacutependait dune assembleacutee
de ministres et de chefs locaux qui assuraient ladministration centrale
et reacutegionale())
Aujourdhui lethnie seacuteregravere repreacutesente 20 de la population seacuteneacutegalaise
Ils sont reacutepartis sur presque toute leacutetendue du territoire notamment
dans le Baol la reacutegion du Sine-Saloum et la reacutegion de Thiegraves
Signalons quil existe plusieurs sous-groupes dans lethnie ainsi on
trouvera
- dans la reacutegion de Thiegraves les Ndut les Safegravene et les None
- dans le Sine-Saloum les Sine-sine et les Saloum-salouIT
On trouvera vers foundioune et agrave Nioro du cocircteacute de la Gambie les
Niominka (pecirccheurs) Cest une portion tregraves mandinguiseacutee
( 1
Le rattache~2~t d~ to~s ccs sous-groupes pose problecircme ~25 0~ r0~V~
uc grande partie de traits COITul1uns dans leurs modes dE vie Ct pOUT phs
de faciliteacute nous allons essayer de faire une ~tude globale de la lutte
traditionnelle seacuterecircre Lactiviteacute socio-eacuteconomique qui est essentielleme~t
agro-pasorale caracteacuterisE leacutethnie seacuteregravere
332 Lecircducation les moeurs les croyances et pratiques sEr~rc
Chez les Seacuteregravere la vie humaine se deacuteroule selon les grandes eacutetapes
le baptecircme lenfance ladolescencemarqueacutee par la circoncision lsectge
adulte le mariage la vieillesse et la mort (funeacuterailles)
La vie de la communauteacute seacuteregravere reste une des plus originales sinon
celle qui de nos jours garde la presque totaliteacute des pratiques et
habitudes traditionnelles
Bien qu aujotltdhui con~r-tis aux religions chreacutetienne et musulmane les
Seacuteregravere conservent leurs croyances et pratiques animistes
Quelque soit leur degreacute dadheacutesion aux religions reacuteveacuteleacutees les Seacuteregravere
croient en un Dieu puissant et miseacutericordieux Rog Segravene et les hommes
Les ~angols sont repreacutesenteacutes mateacuteriellement dans tous les villages
seacuteregraveres par des arbres (baobab et tamariniers) des animaux (geacuteneacuteraleshy
ment serpent doreacute ou iguane) des ustensiles (pilon calebasse et mortier)
De nombreux teacutemoignages nous apprennent que certains totems (serpent
iguane) font leur apparicion agrave loccasion de certaines manifestations
rituelles comme les sacrifices ceacuteleacutebreacutes lors dun mariage de ceacutereacutemonies
mortuaires ou des circoncisions
Le Seacuteregravere comme il nous a eacuteteacute donneacute loccasion de le dire plus haut
preacutesente des speacutecificiteacutes authentiques aussi bien en tout ce qui touch~
son eacuteducation ses croyanCES et pratiques mystiques q~e ses activiteacute~
socio-ecirccc~omiquEs Apr~s a ~aissa~c~ le beurob~ ~~ pcs~ 5~~ lE S~ __
On lui mouille les l~vres avec un peu d~ lait de mil et apr~s U~ bain
purificateur on versera leau dans un trou cr~us~ derri~r~ la Camp~~
Pendant huit jours la megravere et lenfant sont cacheacutes dans la case car
selon les anciens ils sont tregraves vulneacuterables La case deacutens certains cas
est entoureacutee dun fil blanc et lon place sur le seuil des fais(cauy di
veacutegeacutetaux pour chasser les mauvais esprits (geacutenies malfaisants et illangeUY~
dacircmes) Au bout du huitiegraveme jour la megravere et lenfant peuvent sortir de
la case bull
bullbullbull Le matin du huitiegraveme jour la tante paternelle va chercher de leau
(plusieurs fois)t elle doit rester muette pendant ses alleacutees et venues
si elle parlait t lenfant pourrait ecirctre muet bullbullbull
La megravere et lenfant prennent un bain purificateur dans lequel sont
trempeacutees certaines plantes (ce sont des veacutegeacutetaux pr~tecteurs tels le
begravene le yag le ngud) On y lavera aussi le linge e1t les ustensiles utishyj
liseacutes pendant les huit jours qui viennet de seacutecoul~r On rase le crine
de lenfant Les cheveux sont donneacutes agrave la megravere qui ~s enterrera avec le
reste du cordon ombilical dans un endroit que11e esit seule agrave connattre
La megravere sassied sur une natte devant la maison Une femme igeacutee de la
famille prend le beacutebeacute dans ses bras et le preacutesente aux quatre coins de
lhorizon
La tante paternelle tient ensuite un van sur la tecircte de la megravere on y
verse le mil on y verse eacutegalement en abondance sur la megravere et sur
lenfant La tante oint ensuite le corps du beacutebeacute avec du lait e11e
touche en particulier le front t le nez la bouche la poitrine le dos
et les oreilles
Elle pose enfin un ~rain de sel dans la paume du beacutebeacute (le sel purifie
et deacutetruit les puissances mauvaises)
Apregraves un nouveau bain la megravere et lenfant revEcirctent des habits de fecircte
(est
lenfant Ce precircnore a toujours U~ SEns Il sy~bolise parfois C0 qUi
lOIl sounaitt agrave lEufant l)
La circoncision comme dans les autres ethnies est obligatoire Elle
permet au jeune adolescent dacceacuteder agrave la classe adulte Les jeunes
sont regroupes en classe dacircge dans le bois ougrave sc fait la r0tr~it0 des
circoncis et ceci pendant plusieurs mois
Le Selbeacute qui est geacuteneacuteralement un ancien craint de tous les eacutelegraveves
enseigne le respect de la hieacuterarchie la discreacutetion le goOt de linishy
tiative Les activiteacutes physiques et leacuteducation artistique ne sont pas
en reste la deacutecoration la sculpture la lutte et la danse A sa sortie
du bois linitieacute appartient deacutesormais agrave la classe des virils et des
sages du clan car on lui aura enseigneacute les vertus fondamentales que
sont la justice lhonneur lamour du prochain 1 amour du travail
lhonnecircteteacute et surtout le respect des coutumes ancestrales
Le rite du mariage esd aussi un fait tregraves important dans le monde 1
seacuteregravere mais par manq~e dinformation nous serons obligeacutes de nous en
tenir lagrave
333 Impact des ethos sur la lutte dans le monde seacuteregravere
Lorigine de la lutte seacuteregravere ne semble pas claire ma1S nous pouvons
dire quil existait deux formes de lutte comme chez les Wolofs une
lutte sans frappe et une lutte avec frappe Et cest cette derniegravere
qui peut-ecirctre nous ameacutenerait agrave croire que la lutte seacuteregravere aurait une
origine plus preacuteciseacutement guerriegravere
Aujourdhui la lutte est uniquement une activiteacute sportive agrave travers
laquelle le jeune seacuteregravere eacutevalue sa force son courage et SOn ingeacutenioshy
siteacute Cest une occasion de deacutefendre lhonneur de son village ou de
la corrnnunauteacute
La luttE ~5t avant tout u~e rnanifcs[dtic~ c~lturclie et surtout
fo lkhriqut-
Gracircce agrave elle on peut deacutesormais comprendre un certain nombre de chants
et de symboles A travers la lutte seacuteregravere on ccedilomprend les inter-relashy
tions entreacute la vie et le monde surntiturel
Sil devait y avoir la mort dun villageacuteois pendant la fecirctE au T qUE
de linterrompre on proceacutedait gracircce aux connaissances magico-religieuses
agrave la suspension de la mort jusquagrave une peacuteriode ougrave la population sera plus
disponible pour organiser des funeacuterailles sil y eacutetait preacutedit la possibishy
liteacute dune deacutefait du champion local au profit dun champion dun autre
village des recettes dordre maginque et religieux eacutetaient mises en prashy
tique afin que le champion du village ne soit jamais terrasseacute(J)
334 Le profil du lutteur seacuteregraver~
Le lutteur seacuteregravere est par essence un athlegravete impressionnant de par sa i
carrure et sa musculature saillante mais cest aussi une force tranquille
et calme quelque soit lenjeu du combagravet et particuliegraverement lhonneur
Cet aspect nous pousse agrave parler du NGiMBE cest-agrave-dire de la tenue du
lutteur qui va influencer sur sa faccedilon de lutter
La confection du Ngimbe revient agrave la communauteacute entiegravere Le Ngimbe a
une signification symbolique et le lutteur pour meacuteriter la confiance du
groupe se doit de tout faire pour ne pas toucher le sol Toute la commushy
nauteacute elle aussi sengage pour assurer la longeacuteviteacute et le succegraves du lutteur
dans laregravene par lorganisation droffrandes et de sacrifices en lhonneur
des Pangols bull
bull
Daucuns nheacutesitent pas agrave dire que lessentiel du mysticisme se fait agrave
la maison et non dans laregravene tout le reste nest quintimidation de
ladversaire
lsvcns
Tt- pi ~- t
t 1 ~ l _ ~ t
par rapport agrave lautre Cbci est trEgraves lieacute agrave lactiviteacute journaliegravere du
jeune seacuteregravere qui est un cultivateur donc toujours bien planteacute sur ses
jambes et qui continuellement manie lhiler
Le fait de couper le boi~ peut eacutegalement constituer un moyen de muscushy
lation non neacutegligeable pour le jeune lutteur
Un certain nombre de traits techniques speacutecifiques au lutteur seacuteregravere
semblent ressortir des diffeacuterentes interviews que nous aVOns fait subir
agrave certains lutteurs seacuteregraveres et agrave diffeacuterents techniciens
SOUS-GROUPES FORMES DU CORPS CONTROLES GARDES
SAFEN Moyenne en fente NONE Hancheacute Bras (distante) j
NDUTJ
f
SINE-SINE Deacutecalage Ngimbe
Moyenne
SALOUM-SALOUM Passage- Jambe (rapprocheacutee) 1
i
PETITE dessous Tecircte Basse et 1
COTE Moyenne (rapprocheacutee)
Notons que le Niominka ll commence agrave lutter agrave partir du sol pour avoir
assez deacutelan et sauter sur ladversaire afin davoir la prise du lion
(contr6le de la nuque et du bassin)
Co a -tem-nt ccedilt attitude du lutteur sEacuteregravere335 np -1t ~
Les croyances mystiques sont indissociables des activiteacutes quotidiennes
duseacuteregravere Ce qui explique le cocircteacute supersticieux du lutteur seacuteregravere En
~ffet certains lutteurs refusent de lutter avant certaines heures
Certains teacutemoignages nous apprennent quil nest pas donneacute agrave tout le
monde decirctre champion de lutte et que le lutteur doit avoir des dons
surnaturels pour ecirctre agrave mesure de livrer ses combats dans la nuit
et trouver seul un gris-gris speacutecial appeleacute Njatch
Le vrai champion de lutte chez les seacuteregraveres ne lutte pas seulement avec
~a force et sa technique mais surtout avec ses dons occultes
Chez les seacuteregraveres les morts sont toujours preacutesents et les ~pangols
Servent dintermeacutediaire entre les hommes et les morts Le pangol prend i
le nom dhumain dans certains villages (IIHeacuteJga NDONG Har Wag NGOUYE) i 1
De ce fait on verra le lutteur danser dufe maniegravere ou dune autre en
fonction du pangol de sa famille Ainsi nrus aurons le back (chant et
danse du lutteur) des DIOUF des FAYE etclbullbullbull
Dans laregravene le lutteur seacuteregravere a un comportement exemplaire aussi bien
agrave leacutegard de son adversaire direct quave~ le public en geacuteneacuteral Lexpli shy
cation semble tenir au fait que le lutteur seacuteregravere est avant tout selon
la tradition orale le repreacutesentant de toute la communauteacute seacuteregravere Par
conseacutequent il devra saffirmer non seulement en tant que lutteur dans
laregravene mais aussi en tant quentiteacute morale
336 La tenue du lutteur ou NGIMBE est confectionneacutee par le marabout de la
famille ou du clan Le Ngimbe est constitueacute de pagne en cCton tisseacute
Il doit ecirctre propre le lutteur qui le porte ne devra pas avoir de rapshy
port sexuel pendant toute la peacuteriode des cOTpeacutetitians car le Ngi~bE ne
doit pas ~tre souilleacute
Autrefois et mecircme aujourdthui dans certaines familles on devient
lutteur de pegravere en fils et dans ce cas le Ngimbe du pegravere est heacuteriteacute
par le fils Le fait de porter le Ngimbe de ses aieux peut susciter
chez le jeune lutteur une motivation et une volonteacute ineacutebranlable dtasshy
surer la supeacuterioriteacute d~s siens dans ltaregravene Il fera tout pour que le
Ngimbe de la ramille ne touche le sable
La tenue du lutteur a une signification et une importance sur le plan
mystique car selon les anciens le vra1 feacutetiche du lutteur celui qui
le proteacutegera et laidera agrave vaincre le nDjinne ou le tRapu de ladvershy
saire se trouve cacheacute dans ce Ngimbeu bull Celui qui confectionne donc le
Ngimbe U est doueacute de faculteacutes occultes
337 Larbitrase est assureacute par un sage du village qui geacuteneacuteralement fut
champion de lutte de son temps Dailleurs cet ancien nintervient que
si le terrassement est litigieux Hormis le public qui proclame la vicshy
toire ou le match nul le lutteur lui-mecircme est arbitre et il arrive
quil se deacuteclare vaincu
Nous avons pu cfter Meacutedoune KHOULE un desplus grands lutteurs seacuteneacutegashy
lais qui a donn~ une victoire agrave Djeacuteri SADIO son adversaire qui a reacuteussi
agrave lui faire touegraveher le sol de la main
IlL
34 1 Preacutesentation
Lethnie toucouleur vit En grandt partit ciE~~ la vallfc du S~~~gal
pt reprecircsente i peu pr~s 8 de la population totale secircn~galaise
o Histoire
Il semblerait que dans lancien royaume du Tekrour (IX~ siegravecle) des
eacuteleacutements neacutegroiumldes Sarakoleacute et des Peul aient formEacute par meacutetissage le
peuple Toucouleur (Toucouleur serait dailleurs une deacuteformation du
mot portugais Tacouror)
Ce empire a domineacute aussi bien les wolofs de lOuest que les Peul
nomades du Fouta Toro Cette reacutegion fut le premier pays islamiseacute par
les Almoravides ce qui peut expliquer le proseacutelytisme toucouleur
Ce sont les guerriers toucouleur islamiseacutes qui attaqu~rent avec les
Almoravides la capitale du Ghana Koumbi en 1067 On convertit par
la force les animistes Cest sans doute agrave cette eacutepoque que de nombreuses
ethnies reacutefractaires agrave lIslam ont dO accentuer leur migration vers
le sud (Seacuteregravere wolof Sarakoleacute Bambara Songhaiuml Akan et Peul se reacuteshy
fugiaient vers les hauteurs du Fouta Djalon)
Au XIXegrave siegravecle les Toucouleur allaient trouver en El Hadj Omar Tall
un grand conqueacuterent qui sous le preacutetexte religieux de la gJerre sainte
contre les tribus animistes (entre autres Bambara) eacutetendit lempire
toucouleur sur presque tout lensemble du gali et la partie de la Guineacutee
proche du l1ali
Lempire toucouleur composeacute de Sarakoleacute de Bambar~ de ~alinkeacute de
Xassonkeacute dE Peul et de Dogon eut le meurorit~ dunir CES diif~rentes ~ ~ - - - - - et~ics ~t dE CD~stituer l~Sl la b2S~ ~r 1
_ ~ ~ ~_ L ~
~ ~- ~- - - ---- _ 1 v _ t 1 ~-_ --
marabout tOL~culcuuml~ ~ middotlrrany a l ick SI venu des E1i rClS dE Pocior~ (
~ Vi~ euroconomicue et sociale -----------~-------------
Les Toucouleur sont des cultivateurs mais bien quils n~ soie~t pa~
pasteurs comrre les Peul leacutelevage a une place inportarteacute decirc1S ltur
eacutecono~ie Pour faciliter leur conquecircte guerriegraverE ils c~t Eucirc une preacuteshy
dilection pour leacutelevage des chevaux On y trouve aussi des pecirccheurs
appeleacutes Tchioubalo La socieacuteteacute toucouleur aurait une stratification
sociale tregraves rigide Les groupes ethniques et les castes eacutetaient
diffeacuterencieacutes et strictement exogamiques les Rimbe classe des nobles
comprenant la famille reacutegnante et les guerriers libres la classe des
Nieacutenieacutebegens de castes artisanales i les Rimaibeacute anciens esclaves
devenus serviteurs qui portent les noms de famille de leur maicirctres A
la base de lorganisation de la collectiviteacute toucouleur se situe le
village (Wouro)
Toutes ces castes sont cloisonneacutees entre elle~ Ainsi il nest pas
permis agrave un Torodo (noble) de se marier avec un Tchioubalo Ces
consideacuterations sont importantes dans le domaine de la lutte ougrave nous
apercevrons que les nobles ne sont pas faits pour lutter Le noble
preacutesidera les seacuteances de lutte et on luttera pour lui Ces condeacute rat ions
de noblesse et de rang social sont extrecircmement importantes dans le
monde toucouleur
Le noble ne doit pas se salir on lutte pour lui il ne vit la lutte
quen tant que spectateur
342 Education moeurs croyances et eratiques religieuses
Deux formes d~ducation sont agrave consideacuterer leacutedJcatio~ dES enfarts Et
celle des adultes
oG lenfant sait m2n~~r et apprfcier le goOt d~5 ~iifeurorents r~pas lt
le moment ougrave il CO~~e~CE agrave marcher
tivirt n~sormais le petit toucou]eur est eacuteduquf par toutmiddot 12 f2~i)]E
dabord puis par toutes lespersc~nes du village ou du C13~
Lenfant peut ~tre corrigeacute par tout adulte appartenant au groupe social
Son eacuteducation est deacutesormais laffaire de toute la communauteacute et non
exclusivement celle ces parents On linitie ainsi au travail quotidien
qui se fait dans la bergel~ e les champs et les bords du fleuve Au sein
du village il pourra apprendre agrave filer la laine et agrave tisser des pagnes
dans les champs il apprend agrave manier la houe et lhiler pour la culture
du riz et du mil Mais signalons que lactiviteacute essentielle du toucouleur
est leacutelevage des boeufs des moutons et des chegravevres Chez les Ichioushy
balos (p~cheurs ) lenfant sera initieacute tregraves tat au maniement des pagaies
agrave la p~che propremccedilnt dite et agrave la nage
Vers cinq-six ans lenfant est confieacute au maicirctre coranique le Ihierno
et ce dernier dispose exclusivement de toute sa vie Lavenir du jeune
enfant lui appartient
Comme dans les autres groupes ethniques les enfants sont regroupeacutes en
classe dacircge et cest dans cette structure que lenfant subit les rite
de passe et plus particuliegraverement celui de la circoncision
La circoncision est non seulement unE opeacuteration chirurgicale malS surshy
tout une peacuteriode au cours de laquelle le jeune garccedilon passe de leacutetat
dadolescent agrave leacutetat dadulte Les circoncis sont reacuteunis en classe
dacircge dans un endroit situeacute hors duvillage geacuteneacuteralement choisi par les
vieux Cet endroit n~st accessible que par des individus de SExe ffi8SCUshy
li~ ~ta~t au preacutealabl circoncis
- - - -
quable et complet sur le plan phy~ique et ~oral Ai~si liniti~
acquiert les qualitecircs indispensables que sont le courag~ la modest
lesprit de sacrifice lendurance
Le toucoule~r est un pleux musulma~ Cela sexp1
SOil le premier agrave tre en contact avec la religion musulmane de par sa
position frontaliegravere Lethnie toucouleur de par son histoire a preacutesenteacute
les plus grands chefs militaires et religieux musulmans seacuteneacutegalais Et
pour illustrer cela on peut citer en exemple la grande famille musulmane
des SY agrave TIVAOUANE repreacutesentant la confreacuterie des TIDJANES
Bien que lon note une majoriteacute musulmane on peut dire que certaines
croyances et pratiques mystiques et animistes persistent encore surtout
dans la reacutegion du fleuve
Une pratique courante se fait elle sappelle le Djatt Elle consiste
agrave faire sortir le caiman du fleuve agrave limmobiliser et agrave lattacher
sans quil ne reacuteagisse et tout ceci agrave laide de versets et dincantashy
tions magiques Dapregraves les teacutemoignages ces pratiques sont plutocirct
freacutequentes chez les Tchioubalos (pecirccheurs) Il arrive aussi que cershy
tains chasseurs ayant des dons se livrent agrave certaines pratiques an1shy
mis tes qui consistent agrave invoquer certaines puissances et agrave moduler sous
forme de chant des versets occultes pour se proteacuteger des mauvais esprits
et pour eacuteloigner les fauves Ce chant est geacuteneacuteralement incompreacutehensible
et deacutenueacute de sens pour le profane
343 Activiteacutes ludiques et pratiques sportives en milieu toucouleur
Durant toute son histoire lethnie ~oucouleur a toujours EacutetEacute Frese~teacute~
comme celle qui avait ue activit essentiellement guerr e e~ particushy
liegraverement farouche Trois eacuteleacutements ret r t l ecirc t te nt i c- euro so~t
le manie~~nt du ~acircton 12 luttE Et 1eacute danSE
l
Lecircducation ph~sique et artistique Dcc~pe un place precircpondecircra~rp
dans la fDrmat~on du jEune toucouleur A loccasion agraveeacutevegravenemen~ imporshy
tants reacutecoltJs mariages baptecircme nous assistons agrave des manifestashy
tions folkloriques de grande envergure le Wango oucirc dailse toucouleur
tregraves gymnique iles chants et surtout les sEacuteances de lutte
La lutte toucouleur est la forme de lutte la plus spectaclaire dans
tout le territoire seacuteneacutegalais Elle est essentiellement baseacutee sur des
techniques en hancheacute et surtout en souplesse Ceci sexplique par le
fait q~e le jeune toucouleur est tregraves tocirct initieacute agrave la gymnastique (saut 1
per saut de main salto arriegravere saut de tecircte couronneacute etc bullbullbull ) pour
la dans~ du wa~go En dansant le wango qui est une danse rythmeacutee et
gymnique le Jeune toucou1eur est capable de prouesses extraordinaires
1
En lutte lattaquant se deacuteplace tregraves peu pour avoir une bonne saisie
(geacuteneacutera~ement controcircle du Ngimben ) et enchaine brusqueme~t avec une
attaque surpris~ Cependant les ripostes sont souvent surprenantes et
spectaculaires (baseacutees sur la souplesse et la rapiditeacute) ontrairement
aux autr~s form~s de luttes ougrave lon voyait tous les jeune adheacuterer la
lutte to~cou1eur Verra un groupe de speacutecialistes sadonne agrave la lutte 1
(la lutte est lieacutee agrave la position sociale de lindividu problegraveme de
caste)
Q La morphologie du lutteur toucou1eur 1
1 1
Ce dernier nest pas aussi large et aussi fort que les lutteurs diola
et seacuteregravere Cependant il est tregraves reacutesistant La musculatJre est saillante 1
et tregraves souple lindividu est longiligne mais tregraves athleacutetique
Les mouvements de lutteurs sont semblables agrave ceux dun grand fe1in Cette 1
morphologie semble ecirctre lieacutee agrave la position geacuteographique de lethnie
(reacutegion du fleuve) et agrave lacitiviteacute socio-eacuteconomique du toucouleur qui
est agrave la fois cultivateur (activiteacute lieacutee agrave la crue et deacutecrUE du fleuve)
pecirccheuro~T CIcr~icubaon) et sttout jEumlrgcr qui est U~ rc~2eumlr
shy
Deux formes egrave~ corps sembl~nt ecirctre preacutefeacutereacutees du lutteur toucouleur
le hancheacute et la souplesse Les hancheacutes sont faits agrave partir de plusieurs
positions de doset se terminent geacuteneacuteralement par des techniques de
tregraves grande amplitude
TABLEAU RECAPITULATIF DES TECHNIQUES ET FORMES DE CORPS SPECIFIQUES
i
L441 r
GARDE FORMES DU CORPS CONTROLES --shy - -
Moyenne Souplesse Ngimbe
Hancheacute bras
Demi-souplesse
1
Profil psycholosigue 1
TECHNIQUES
ContrOle du bassin et 12 souplesse
arriegravere
Klicket et allegravegement de la hanche
Le lutteur toucouleur est celui lUi se livre le moins aux preacuteparaqons
maraboutiques Cela est dO au f~t que le toucouleur est un grand ~USUlshyman et que les pratiques animisges ont presque disparu dans ce mil~eu
Dans la pratique le lutteur esJ combaif mais il est calme et tr~s reacutefleacutechi quant agrave la deacutecision agrave prendre en plein corps agrave corps ct~st un des seuls techniciens qui reJte tregraves lucide au cours de ses comb~ts
l Dans toutes les circonstances e lutteur toucouleur est tenu de re~pecshyter son adversaire et ceux de s4n eacutequipemecircme sil est vaincu
Comme nous avons dO nous en rendre compte la rigueur des principes
eacuteducationnels a une influence tregraves sensible sur l~ comportement du
toucouleur
i
III S COCL ~s 1DO
Dans cette partie nous avons essay~ de montrer lftroite re1atic~
Entre les diverses activiteacutes socio-eacuteconomiques dans les ethnies et
lES diffEacuterentes faccedilons de lutter
Daucuns seraient tent~s de conclure trop rapidement et cest p0~r
cette raison que nOUS avons penseacute preacuteciser que le pheacutenotype nest
pas geacuteneacuterateur du geacutenotype Et nous sommes convaincus que la morphoshy
logie et les techniques des lutteurs relegravevent de leurs modes de vie
et de leurs croyances agrave une eacutepoque et danE un contexte bien deacutetermishy
neacutes
Est-ce que les lutteurs dio1a ou seacuteregravere travaillant avec leurs bras
dans les champs auraient les mecircmes pr 0 fil s physiques que les lutteurs
utilisant des machines pour lagriculture
- 69 shy
I UJOURDH~1 E-S ut O[l LES FORfilS Ut LU11t~
~otons que notre enqu~te a ecirctE essentiellement faiteen milieu urbain
Les seacuteances de lutte ont tendance agrave perdre leur particulariteacute de r~shy
jouissance pour devenir des pheacutenomegravenes de sportisatio Deux fores
de luttes so~t principale~cnt prat s dans les aregrave~es du 5 al
la lutte traditiunnelle simple et la lutte traditionnelle avec frappe
De nos jours la lutte traditionnelle tend vers une reacuteglementation
et une institutionalisation
Le reacutesultat de nos investigations nous donne le tableau ci-dessous
REPARTITION ETHNIQUE SUR 100 PRATIQUANTS
LUTTE LUTTE RAPPORTETHNIES SANS FRAPPE AVEC FRAPPE J2
Diola 40 16 71 j
Seacuteregravere 26 21 57
Toucouleur 23 10 69
Wolof 1 1 53 17
La demande sociale par ordre deacutecroissant pour la lutte sans frappe
se preacutesente comrre suit
]0_ Ethnie diola avec pregraves de 3 lutteur~ sur 4
2deg_ Ethnie toucouleur
Ethri dun
~ 1 LA LUTTE TR])IIIO~~ELLE AVEC H-PPE
Cette forme deacute lutte a une histoire qui date de lantiquiteacute elle
sa~pelait le Pugilat Au Seacuteneacutegal elle a vu le jour dans le Cayor
bien avant la colonisation Le coup dE pied l~Lrdn~lement la morshy
sure la frappe et le doigtf eacutetaient permis dans le cc=bat ~ ~middot~p0~~e
Dans certains cas la giffle eacutetait beaucoup plus dangereuse que le
poing quand elle eacutetait donneacutee par un speacutecialiste Cette giffle pouvait
agrave elle seule deacutechirer et mecircme parfois amputer la joue de ladverser
Selon les informations la lutte avec frappede nos jours serait une
forme de lutte tregraves eupheacutemiseacutee de celle dantan ougrave une blessure
pouvait souvent ecirctre mortelle
Aujourdhui au niveau du folklore la lutte na plus la mecircme
le spectaculaire a remplaceacute le significatif iLa lutte avec frappe se 1
pratique surtout dans les centres urbains C~aque fois quun grand combat 1
est progra~eacute par le Comiteacute National Proviso~re (CNP) des centaines damashy
teurs sont mobiliseacutes vers le stade lba Mar D~OP qui est aujourdhui le i
lieu approprieacute ougrave se deacuteroulent les grands conkbats de lutte Cest la formE
de lutte qui semble drainer une foule de personnes beaucoup plus importante
que celle de la lutte simple
La lutte avec frappe deacuteriverait dune forme de lutte traditionnelle
pratiqueacutee jadis dans le Cayor au temps des Damels et la frappe serait
le substitut dun certain nombre de pratiques doigteacute jet de produits
etc bullbullbull dont le but eacutetait laveuglement de ladversaire La lutte avec
frappe serait une continuation logique dune carriegravere sportive de la
lutte traditionnelle qui sen sert comme moyen socio-eacuteconomique En
effet la majoriteacute des lutteurs avec frappe ont dabord eacuteteacute initieacutes agrave la
lutte simple Cependant il faut signaler que de nOS jours il arrive
que le jeune lutteur avec frappE- soit directenent formEacute conne speacutecialistE
agrave la frappe sa~s pour autant faire son chemin dabcrd egravea~s la lutte
- ~ shy
Le recircsultat dE ~os interviews ncus rec~trE qGune pcpulatiD~ divcrsishy
fiampe sint~resse agrave ce sport et qUE les intecircr~[s des uns et d~SlautrE~
semble~t divergents naucuns affirment que la lutte traditionnelle
avec frappe serait monteacutee par des personnes dont la vocation est dexshy
ploiter ce pheacuteLomegravene agrave des fins commerciales Dautres disent gJellegrave
jouit de mcyens irport~nts t[l[~isio
tation etc bullbullbull ) pour toucher toutes les couches sociales CEpe~~a~t
nous remarquons que mecircme si certaines personnes reprochent agrave cette
forme de lutte decirctre brutale ces mecircmes personnes nheacutesitent pas agrave
se rendre le dimanche agrave laregravene Bien que critiqueacutee elle semble ecirctre
adopteacutee par une tregraves grande partie de la population seacuteneacutegalaise Cepenshy
dant en tant que techniciens il nous est permis de faire une remarque
Il sagit de
- Limpression nette decirctre devant des professionnels de la frappe
qui sont ~ntratneacutes pour cela Dailleurs les propos que nous avons
recueilli~ nous prouvent que la plupart des champions de lutte avec 1
frappe s~ntratnent dans certains sports de combat tels ~ue la boxe i 1
le karateacute le judo Dans cette nouvelle forme de pratique de la lutte
contrairefuent agrave la lutte traditionnelle le technicien e~t souvent
perdant face au puncheur Ce dernier adopte une lutte agrave distance qui
lui permet de placer agrave bon escient ses coups animeacute du deacutesir de vaincre
Le technicien lui se voit contreacute dans toutes ses entreprises par
un uppercut ou un crochet
On peut dire cependant que nul sport au Seacuteneacutegal que la lutte tradishy
tionnelle avec frappe ne deacutechaicircne autant de passions et autant de
pheacutenomegravenes poussant agrave lexcegraves et deacutereacuteglements quon ne peut que deacuteplorer
Mais comment deacutecrier un spectacle de lutte qui bien quayant perdu la
presque totaliteacute des valeurs traditionnelles veacutehiculeacutees autrefois par
elle sait susciter une participation effective de tous ceux qui sont
preacutesents
CONCLUSION
Dans ce meacutemoire nous sommes efforceacutes ~e faire ressort ir limportance des
ethos et des habitus et leurs effets sur la pratique de la lutte tradishy
tionnelle au Seacuteneacutegal
L~b egravethos repr~sentent dune maniegravere g~neurorale tous les eacuteleacutements speacutec
fiques sux Seacuteneacutegalais par conampeacuteguent un systegraveme de valeurs traditionnellEs
Mais m~me si ces valeurs rev~tent une signification universelle (honneur
digniteacute courage etc bullbullbull ) il nen demeure pas moins que ce nest pas leur
nature qui fait leur speacutecificiteacute mais la hieacuterarchisation et limportance i
quon accorde agrave toutes ces valeurs de ~ar leacuteducation ou la culture
i 1
Aussi les valeurs traditionnelles puient leur speacutecificiteacute dans les
caracteacuteristiques propres aux eacuteleacutements ~e la socio-cu1ture (la technologie
et leacuteconomie la politique et la pareteacute la psychologie et lideacuteologie)
dans la socieacuteteacute seacuteneacutegalaise agrave n momen donneacute de son eacutevolution Cest i
dire la neacuteceesiteacute de ne point faire della valeur une reacutealiteacute statique
Cest dite aussi quagrave tout mome~t le ~eacuteneacutegalais peut eacutevoluer et creacuteer
ou vivre par conseacutequent de nouv~lles fprmes de valeur qui lui sont 1
propres ft (J)
La lutte traditionnelle veacutehiculant deS valeurs socio-cu1ture1les speacutecishy
fiquement seacuteneacutegalaises (croyances valeurs morales norme de comportement
opinion attitude bullbullbull ) devient un eacuteleacutement important qui tregraves certaiaement
nous aidera dans notre effort de valoriser et de peacuterenniser notre patri shy
moine culturel par le biais dactiviteacutes physiques et sportives
Leacutetude des habitus nous permet de prouver quil y a plusieurs faccedilons
de se mouvoir comme danser lutter bullbullbull qui varient avec les diffeacuterentes
ethnies (wolof toucouleur seacuteregravere diolagt leurs convenances et leurs
eacuteducations
(1) Revue Ethiopiques 31 Les valeurs traditionnelles et le problegraveme de leur inteacutegration dans les systegravemes modernes jtducatio-1 2 6r--70
nautre part cette eacutetude permet aussi de nous rendrE compte de la
correacutelatipn eacutetroite existant entre la pratique de la lutte traditionnelle
et le sta~ut socio-eacuteconomique du pratiquant
Nos inves~igations nous indiquent que la lutte recrute essentiellement
au niveau des classes socio-eacuteconomiques situeacutees en bas de leacutechelle
donc posseacutedant le statut social le moins favoriseacute La lutte avec frappe
-et un certain secteur commercialiseacute de la lutte simple- y trouve sa
leacutegitimiteacute Comme le dit BOURDIEU nA habitus diffeacuterents styles de Vle
divergents et il oppse les pratiques aristocpatiques correspondants agrave
des activiteacutes qui favorisent les situations eupheacutemiseacutees ougrave la stylisashy
tion est importante aux pratiques populaires qui font appel agrave des
qualiteacutes qpposeacutees bllutes rugueuses Certaines interviews nous
montrent que plus lindividu occupe une place eacuteleveacutee dans leacutechelle
sQciale e~ 1
moin$ il sinteacuteresse agrave la lutte
Les reacutesultats recueillis dans nos diverses investig~tions confirment 1 1
1er propos qui disent que nous assistons aujourdhu~ agrave une involution
de la lutte traditionnelle parce que perdant toutes ses speacutecificiteacutes au 1
pryfit d~ne autre forme de lutte que lon continue agrave appeler nostalshy
giqlementIIlutte traditionnelle
Ceci pourrait peut-~tre trouver une explication dan la citation suivante
La liberteacute de creacuteer dinnover de vivre Pleineinenf decirctre soi et de
preacuteserver son authenticiteacute la digniteacute et lhonneu1demeurent des illushy
sions dans la misegravere eacuteconomique~ Nos ancecirctres creacuteai~nt des valeurs de cishyl
vilisation parce quils eacutetaient libres parce qu1i~s ignoraient toute
deacutependance eacuteconomique ils cultivaient en eux et cbez leurs enfants le 1
Jorn et la Kersa et preacutefeacuteraient la mort agrave la hoJte lI (1)
Or le Seacuteneacutegal comme la plupart des pays africainsi est un pays sousshy
deacuteveloppeacute t cependant face agrave cette volonteacute du gou~ernement seacuteneacutegalais
de faire inteacutegrer dans leacuteducation des valeurs traditionnelles nous
pouvons espeacuterer utiliser comme moyen deacuteducation la lutteacute traditionnelle
qui reste quand mecircme vecteur jethos et dhabit~s
- 54 shy
Mecircme si lon a noteacute un appauvrissement notoire sur les plans socioshy
culturel et moral la lutte traditionnelle recegravele une gamme importante
et varieacutee de techniques permettant incontestablement une ouverture vers
les luttes olympiques libre et g~eacuteco-romaine
La lecture de ce meacutemoire permettra agrave lentratneur et au professeur de
lutte en fonction du lieu ougrave ils seront affecteacutes dans le territoire
seacuteneacutegalaisdavoir une information sur les techniques contrOles et
formes de corps propres agrave chaque groupe ethnique et de les mettre en
relation avec leurs croyances et leurs mentaliteacutes
Nous avons essayeacute de montrer que la pratique de la lutte traditionnelle
doit tre axeacutee sur une ethnomotriciteacute au Seacuteneacutegal qui permette une inishy
tiation facile Cette pratique de la lutte traditionnelle seacuteneacutegalaise
devra dailleurs essayer de ~eacutepondre aux aspirations du Seacuteneacutegalaisl
moderne en souvrant aux ap~orts positifs des autres civilisations
ex~eacuterieures nous voulons Jvidemment parler du judo et des luttes oiymshyJ
piques 1
1 j Nous navons pas la preacutetentfon dans le cadre de ce meacutemoire demattrise
de reacutepondre agrave toutes les qutstions se rattachant agrave leacutetude de ~a lutte
traditionnelle souslangle~socio-culturel car non seulement il nous
manque lexpeacuterience et la c peacutetence en la mati~re mais aussil l le temps
et les moyens dont nous dis osions ne nous permettaient pas d~puiser le 1sujet i
1 1 1 t 1
l
- )5 shy
BIBLIOGRAPHIE
BIBLIOGRAPHIE
1- CLAPAREDE Psychologie de leacuteducation et peacutedagogie expeacuterimentale
Edition Delachaux et Niestleacute 244 pages
2- POCIELLC Christian Sport et Socieacuteteacute approche socio-culturelle
des pratiques Paris Vigot 1981 377 pages
3- PIERON Henri Vocabulaire de la psychologie
PUF Deuxiegraveme eacutedition 1957 469 pages
4- Revue socialiste de culture neacutegro-africaine ETHIOPIQUES
Les valeurs traditionnelles et le problegraveme de leur inteacutegration
dans les systegravemes modernes deacuteducation
GIA 21 Juillet 1982 213 pages
5- N2 Revue du Centre dEtudedes Civilisations DEM ak TEY
NIS IVegrave Trimestre 1982 96 pages
6- Document lNSEP Colloque sur la lutte aeacuteregravere
DAKAR MAI-JUIN 1980
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~- Travaux du IVegrave Congregraves National ~es Sports agrave DAKAR les 2223041981
Bulletin n2 91 du CIO du 15 Aont 1965
l____________________________
8- Meacutemoire de Mattrise BADJI Abdou La lutte traditionnelle Joola
Etude et perspective
9- Meacutemoire Inspectorat JS DJITTE Mandy Les pratiques corporelles
traditionnelles au Seacuteneacutegal pour leur exploitation et leur
utilisation en peacutedagogie Marly le Roi 1980
REPUBLIQUE DU SENEGAL
--------------- INSTITUT NATIONAL SUPERIEUR
MINISTERE DE LA JEUNESSE DE LrsquoEDUCATION POPULAIRE
ET DES SPORTS ET DU SPORT
-------------
(INSEPS)
MEMOIRE DE MAIcircTRISE
Es-SCIENCES ET TECHNIQUES
DE LrsquoACTIVITE PHYSIQUE ET DU SPORT
LA LUTTE TRADITIONNELLE
son importance sa signification en fonction des ethos et des habitus ethniques au Seacuteneacutegal
Preacutesenteacute par
Monsieur Joseph Victor FAYE
Sous la direction de
M Jean Marc ROCHEZ
Professeur agrave lrsquoINSEPS
Anneacutee de soutenance 1984
i shy
3141 EorphologUgrave et valeur physiques du lut teur diola
Le lutteur diola possegraveagrave~ un deacuteveloppement caracteacuteristique du trai~
supeacuterieur et de la musculature doso-lombaire Ceci est tregraves certaineshy
ment lieacute au maniement de la houe de la daba et surtout dukadiando
dont lusage permanent a modeleacute la morphologie du lutteur diola
La valeur physique de ce lutteur semble reposer sur sa force sa
reacutesistance mais aussi sa rapiditeacute
3142 Reacutepertoire technique
Dans le Blouf la forme du corps la plus utiliseacutee est le deacutecalage souvent
combineacute avec un crochet de jambe (gal gal) ceci semble ecirctre lieacute agrave
lutilisation quotidienne dans les riziegraveres du kadiando Le paysan du
Blouf sera ameneacute agrave faire un mouvement de torsion pour deacutecalerlinstrushy
ment enprenant appui sur son genou et ceci continuellEment pendant toute
la jourpeacutee Chez les diolas du Fogny le kadiando eacutefait surtout utiliseacute
par les femmes qui soccupaient autrefois exclusivement de la riziculture
et ce n~est quaujourdhui que les hommes cultivent le riz 1
La principale culture dans le Fogpy est celle du mil on y cultive aussi
de larachide De ce fait loutil le plus utiliseacute est le donkoton qui
est un instrument tregraves petit avec un manche court et dont le maniement
expliquerait peut-ecirctre leacutetonnante musculature du train supeacuterieur et surshy
tout de la zone dorso-lombaire du 4i6la fogny qui excelle dans les techshy
niques en force genre arracheacute avec les bras sur contrOle de la ceinture
de ladversaire Lulisation du donkoton semble eacutegalement expliquer la
garde tregraves basse du lutteur fogny
Dans le kassa on aurait pu trouver la mecircme forme de lutte car la morphoshy
logie du lutteur est agrave peu pregraves la mecircme mais linterdiction formelle de
la prise du ~gimbe modifie et limite tout le repertoire technicult2 ou
lutteur Le lutteur kassa adopte une garde basse et agrave une preacutefeacuterence pc~r
legraveS tc~-iccedilues n passa~ dessous - - ~ shymiddotmiddotcrc t--=~ c-
----
contact et agrave partir de ce TtoTteuront ils peuvent se relever et conti~uEr
en lutte debout jusquau terrassemen~
Toutes les gardes sont rapprocheacutees en milieu diola
irbi trage
Les combats sont arbitreacutes par un deacuteleacutegueacute geacuteneacuteralement anClen lutteur
Ces anciens lutteurs ont pour rocircle de veiller au bon deacuteroulement du
combat La victoire est deacutecreacuteteacutee dans les cas ougrave un des lutteurs se
retrouve en position assise sur le ventre sur la cuisse ou les
genoux (sauf dans le Kassa)
Il existe un autre mode de victoire celle qui est proclameacutee agrave la
suite dune supeacuterioriteacute eacutevidente du~ des lutteurs A savoir quand
un lutteur soulegraveve tregraves haut son camarade et que son manager estime i
quil est pratiquement battu il peut arrecircter le combat en touchant
dabord le lutteur adverse popr eacuteviter que son lutteur ne soit terrasseacute
tregraves fOrt Nest-ce pas un deacutecision sage des managers qui peut contribuer
agrave maintenir le caractegravere reacutecr~atif de la lutte joola 1
La victoire dun village sur un autre village ne se mesure pas au
nombre de victoires obtenues par lensemble des lutteurs En effet
il suffit que le champion soit battu pour que le village soit consideacutereacute
comme deacutefait Ce qui explique limportance et le seacuterieux que le village
accorde agrave la preacuteparation des championsl)
Il est cependant important de signaler que larbitrage dans les centres
urbains revecirct une iautre forme beaucoup plus codifieacutee et cest peut-ecirctre
une des raisons qui font quen milieu urbain la lutte diola perde une
partie de son originaliteacute
En dehors des techniques speacutecifiques agrave chaque sous-groupe il faut
signaler quil y a une multitude de prises et quelGues formes de corps
comTIunes agrave letnn Car reconnaissons qu il cO unE ror-euro approp=i~eacute
dE ~ouvane du l~tteur diola en TaI
-----~-----
LE tableau ci-dessous se propose dE reacutesumer les diffeacuterentes consideacuteshy
rations techniques envisagEacutees dans cette partie
FORlŒSSOGS-GRGUPES 1 COItltOLE GA~JESDt CORF=
i ~
1 1
Passage dessous de jambes et BassE KASSA saisies Moyenne1annexes bras (rapprocheacutee)
ceinture tecircte
Deacutecalage de Moyenne et BLOUF Demi-souplesse Ngimbe
HauteHancheacute Bras (rapprocheacutee)
Jambe
Arracheacute CouFOGNY Tregraves basse
Hancheacute ii 1
1 1
3 14 3 bull LeIIa~~jueetlecom~ortementdulutteur-+iola
1 Le comportement et lattitude du lutteur dans laregravene pe sont en fait
t
que le reflet de sa psychologie et plus partiCUliegraverem t de son eacutetat
dacircme Or il napparatt pas abusif deacutetablir des cor eacutelations entre
le psychisme dun individu et lempreinte eacuteducative quil a subie En effet en sortant du bois sacreacute le jeune diola a acquis un ~ca~~l
eacutequilibre physique et mental
Cette matrise de lui-mecircme permet au lutteur dans la~egravene dadopter
un aire enjoueacute de manifester beaucoup denthousiasme~ La lutte devient 1
essentiellement un jeu laspec ludique y est privileacutegieacute et ~ela influe
sur le comportement du lutteur
Ainsi queurolq~c soit limporta~cE de le~je~ le lutt~c~ dic1e Seuroreacute
to~jours serein et s~ livrera sa~s arri~re pe~s6e da~$ ~E CO=beacute ou-
tons que le lutteur diola est trecircs fair-play et sil arrive quun rdnd
lll L COIicircilU1Ul L ULOF
32 J Preacutesentation
La soc tEacute wucirc10f est celle qU1 a eacuteteacute la plus marqueacutee par la colonisation
~~ fait peut-gtre de sa position geuroographiquE dune part ct de 50~ imporshy
tanCE sur le plan dfmographiquE dautre part En effEt ceurootteuro CC-~ucircautE
wolof repreacutesente environ 20 de la population seacuteneacutegalaise
Elle est constitueacutee de pecirccheurs (ce sont les leacutebous) dagriculteurs de
fonctionnaires de lEtat mais surtout de commerccedilants
A pqrtir de leur reacutegime dimplantation le Cayor le Walo le Baol le
Djolof et la presquicircle du Cap-Vert les wolofs ont tendance agrave irradier
sur lensemble du territoire sous leffet de leur speacuteculation agrave la culshy
ture de larachide et du nombre important de fonctionnaires quon trouve
dans cette ethnie
322 Les moeurs et croyances wolofs
Bien queacutetant en grande partie des musulmans convaincus les wolofs
conservent toujours une croyance animiste et continuent agrave faire des
sacrifices agrave porter des cornes ou des morceaux de bois agrave la ceinture
aux jambes ou aux bras et agrave croire agrave lexistence des Djinneacutes et des
Raps bull
Le Djinneacute cest une creacuteature malfaisante en geacuteneacuteral capable de choses
extraordinaires Il possegravede des faculteacutes surnaturelles Cependant dapregraves
la croyance animiste certains Djinneacutes peuvent ecirctre bons
Le Hapl cest une creacuteature ayant des dons occultes appartena71t agrave une
famille ou agrave une communauteacute et dont le rOcircle est de veiller cu daider
les reCJrES de le fai11p ou dt la conmunauteacute en cas de da1gel Le Rap
~ ut te c ) ~~c-
ei sltcificE cJ sanl dE meut0 dL chat de pC)wleurot 5E1lt les conveuroshy
lances parfois leur dorner COrllTe offrande du lait Laii
Qua1d une famille ou une communauteacute neacuteglige les Sarakh (ici dans
le sens de sacrifice ou Offrande) elle se voit aussitocirct vouEacutee agrave la
maleacutediction des mauvais esprit~ (fcllec dans touteacuteS lEs ~treprises
de la vie maladie mort bullbullbull ) Les lieux ougrave habitent ls Taps et ougrave
se font les sacrifices se nomment Khambs
Geacuteneacuteralement le khamb se trouve dans lenceinte de la maison ou
dans un coin approprieacute du village Les lieux du khamb sont marqueacutes
par la disposition de calebasses de pilons de morceaux de poterie
briseacutes de grosses pierres de cornes et dautres objets heacuteteacuteroclytes
La superstition wolof est tregraves marqueacutee En effet pour le wolof toutes
les manifestations quotidiennes trouvent leur signification dans le
mysticisme Citons agrave cet effet quelques ezemples Une femme enceinte
ne doit pas marcher agrave nimporte quelle heure de la journeacutee Certaines
heures de la journeacutee lui sont interdites le Timiss (creacutepuscule
le Ndjo~or (de 13 H agrave 14 H de lapregraves-midi) le souf-segravede (de
minuit i4 H du matin) Selon la tradition ~t la croyance wolof les
mauvais ~sprits choisissent ces heures pour jeter des sorts Et la
femme enceinte eacutetant tregraves vulneacuterable le Djinneacute essaiera de lui insufshy
fler son souffle pour atteindre son beacutebeacute afin dentratner soit la
meacutetamorphose de cedernier en monstre soit de le tuer avant sa naissance
Dailleurs pour le wolof et pour certaines autres ethnies au Seacuteneacutegal
le timis le tdjolor le souf-segravede repreacutesentent des peacuteriodes de
la journeacutee ougrave lon ne doit pas se hasarder dans les rues et les champs
Ce sont des heures propices aux apparitions des Djinnes sous nimporte
quelle forme humaine ou animale
Il est eacutegalement interdit au wolof de marcher ou de serti la nuit du
~eacutellfria-
loutes c~s pratiques ~ystiqu~s et cr0ya~ces religi~us~5 ~xistent eL~~[
certainement dues agrave un meacutetissage culturel Parallegravelement aux feacutetiches
aux incantations et agrave lutilisation des safaras (substance magique)
notons lexistence de ga l a tchs (ce sOnt des talismans ougrave sont inscrits
du qui les porte Toutes ces croyances biEn sucircr auront une rEacutepercussicrI
sur leacuteducation du jeune wolof
323 Leacuteducation du wolof
Pour caracteacuteriser leacuteducation wolof nous avons penseacute donner comme
illustration cet extrait de la revue DEM ak TEY Pour deacutefinir leacutedushy
cation le wolof fait appel agrave un symbolisme qui eDglobe aussi bien les
moyens mis en oeuvre Yar que le reacutesultat obtenu agrave laide de ces mecircmes
moyens cest-agrave-dire la formation et le deacuteveloppement de lecirctre humain
ou Yaru
Le substantif Yar deacutesigne le fouet
Ce symbolisme deacutesigne donc au-delagrave du simple sens mateacuteriel de lobjet
lutilisation qui permet daboutir au reacutesultat escompteacute (Yaru) Au sens
geacuteneacuteral Yar deacutesigne tout instrument servant agrave infliger une punition Le
terme laisse supposer agrave priori que cette phase de lenfance durant lashy
quelle se preacutepare la vie de lhomme est lieacutee agrave la souffrance au supplice
Dailleurs une maxime wolof compare lenfant agrave une tige quon a tout le
loisir de redresser alors quelle est encore flexible bull
bullbullbull Pour leacuteducateur wolof la perfection nest point de ce monde malS
le devoir de chaque homme est de tendre vers la pleacutenitude en luttant
contre ses propres faiblesses Leacuteducation va d01c iisister essentielle~(-~t
sur lexercice quotidien de leacutelevation ffiora1e d~ lindividu Pour cela
elle privileacutegie la patience munI) vertu dabneacutegdtion et dE deacutesinteacuteresseshy
m(~t autour dE laquelle sarticulent toutes ]e~ ~u~~~s qualiteuros
i _
aan~ ~ s0cieacutet gt~olcf ocirclt~tartt nul -Jt- poulait sabecircisstr
tion de sa libertEacute La liberteacute est le preuumler drcmiddotir dE l ho-)euro egrave~S
baigner dans une beacuteate admiration du passeacute la comparaison avec le pr~$(middott
si~posc dclle-mecircme car lon reste s reacute devant la deacutesinvolture aVEC
laquelle dES honmes daujourdhui descendants de cette ~~~EacuteTatic ccedil~l se
une fois [largis bullbull tTasque fiers davoir fait leacute priS0n PEut-2tTE
faut-il mettre cela sur le compte de lurbanisation et des nouvelles
valeurs qui ont pour nom enrichissement reacuteussite sociale avec ce que
cela comporte de deacuteshumanisant et de deacutepreacuteciateur (1)
3 bull 2 bull 3 1 bull Lesri tes
Le sevrage et la circoncision constituent les deux grandes phases initiashy
tiques chez le wolof
- Le rituel du sevrage est appeleacute maga1 (litteacuteralement rendre grand)
Cest un eacutevegravenement important aussi bien pour les parents de lenfant que
pour la co~unauteacute Durant cet eacutevegravenement qui survient geacuteneacuteralement deux
ans apregraves la naissance du beacutebeacute les personnes vivant dans lentouragE
apportent leur soutien moral et mateacuteriel
- le rituel de la circoncision revecirct pratiquement la mecircme signification
que dans les autres ethnies seule la forme diffegravere La circoncision reste
encore une eacutepreuve de la vie au sort i r de laque Ile ladolescent devient un
homme Aujourdhui il faut noter une meacutetamorphose de la structure sociale
et des croyances religieuses tregraves accentueacutee aussi bien chez les wolof que
chez les autres groupes ethniques et ceci est peut-ecirctre dO au contact
permanent quils ont avec la socieacuteteacute occidentale
Malgreacute ces constat~tions il semblerait pcu=tant qUE la sociecirct~ lecircbou Gci
bien que se trouvaLt en grande partie dans ~a Presquth du Cap-ETt Et
en contact permane~t avec les blancs soit la portior la plu8 cc~serva-
----------~_- ---~-- -----
~
Incidences d s ~00urs sur la l~ttE
Le wolof connaicirct deux formes de luttes la lutte sirplE- sans t-t
la lutte avec frappe La lutte avec frappe a une crigi~e purement r
et ce nest que plus tard quelle devint une prati1uE sportive et lud
preacuteparer agrave la guerre Aussi tout en luttant On eacutetait autoris~ agrave frapper~
griffer mordre voire introduire son doigt dans loeil de son adversaire
Le jeune wolof devait eacutegalement se livrer agrave la lutte avec frappe afin de
favoriser son insertion dans la socieacuteteacute adulte et sinitier au meacutetier de
soldat faute de quoi il ne pouvait se faire entendre ne avoir des marques
de respect Pour montrer la populariteacute de la lutte dans le Cayor signalons
que les Damels ll (rois) et les Teignes (nobles) nheacutesitaient pas agrave sy
livrer Quant au IIMbeu~ (lutteur) elle lui servait de moyen de promotion
sociale car d8S que sa reacuteputation eacutetait eacutetablie il pouvait ecirctre choisi
par les rois et les nobles comme garde de corps
325 Signification de la lutte en milieu wolof
La lutte se pratique dabord pour lhonneur qui est une vertu tregraves signishy
ficative pour le wolof Elle permet de renforcer les liens amicaux entre
les jeunes de villages diffeacuterents Le champion veut gagner
confiance et la consideacuteration de son village de ses amis
Etre champion cest aussi susciter ladmiration chez les
sentant la force la viriliteacute et la deacutetermination
326 Organisation d~s eacutepreuves de lutte
3261 Les Mbapatts Ce sont les seacuteances nocturnes
pour meacuteriter la
et des anciens
filles en repreacuteshy
Ils sont organiseacutes apregraves les reacutecoltes agrave la fin de la saiscn des pluies
Ceci surtout p~ndant les peacuteriodes de clair de lune car ils peuven~ durEr
toute la nuit Le but des ~Dapatts lt=tait de prfpa-er FhysicuemeH et
~ arb Sil
326 Le 1
cest une organisation beaucoup plus importante que les I~apatts ~
loccasion de laquelle on peut voir plusieurs lutteurs de grande reDommfe
saffronteLLa fin dl lamb est toujours couronneacutee par une grand co~bat
duquel le vainqueur est sacreacute champion de la contrecirce
Le choix du lieu est lieacute agrave limportance de ce lieu dans le village cest
la place publique ougrave geacuteneacuteralement se passent toutes les manifestations
assembleacutee geacuteneacuterale sabar (danse) cest aussi lendroit ougrave sont prises
les grandes deacutecisions
3623 Lappariement
Dans un village ou un quartier les lutteurs se regroupent en lang
(eacutequipe) et jamais deux lutteurs de mecircme lang ne se rencontrent lors
du lamb
L appariement s~ fait librement entre lutteurs de lang diffeacuterents l1hs
une regravegle veut ~uavant de lutter avec le Mbeur Kanur de tel lang si
on est soukh (l~tteur pas encore confirmeacute) il est neacutecessaire de lutter
dabord avec ses soukh et ce nest quapregraves les avoir terrasseacutes tous
quon se voit octroyer la chance de lutter contre lui
Notons que la cateacutegorisation des lutteurs par poids nest jamais prise
en consideacuteration
3624 La tenue du lutteur ou NGIMBE
Le middotNGimbe est confectionneacute par le marabout de la famille ou du clan Il
est constituecirc de pagnes en coton tisseacute geacuteneacuteralement offerts par la megravere ou
la grand-megravere du lutteur ceci lors des organisations de ~rande Tportance
COrlune lef 1amb Dans le cadre des l-bapatt les pagnes sont C tErts peumlr
~~~rcfcis ct ffi~mc aujourdhui d218 cErtaInes fa~ille5 on devj~Gr
luttEur de pegravere en fils et dans ce cas h 1
gimbell du pEgravere Est recircr i tEacute
par le fils Le fait de porter le lI~gimbe agravee ses aiumleux peut susciter
cne~ le jeune lutteur une motivation et une volontecirc in~branlable rlasshy
surer 12 supeacuterioritEacute cis SIcirct-ns dallS
le xgimbe de la famille ne touche pas le sable
La tenue du lutteur a une signification et une importance sur le plan
mystique car selon les anciens le vrai feacutetiche du lutteur celui qui
le proteacutegera agrave vaincre le Djinneacute ou le Rap de ladversaire se trouve
cacheacute dans ce Ngimbe Celui qui confectionne-le Ngimbe est doueacute de
faculteacutes occultes
~~r~i~rg Il est assureacute par un sage du village qui geacuteneacuteralement fut
championde lutte de son temps Dailleurs cet ancien nintervient que
si le terrassement est litigieux
Hormis le public qui proclame la victoire ou le match nul le lutteur
lui-mecircme est arbitre et il arrive quil se deacuteclare vaincu ~ous
pouvons citer comme exemple Meacutedoune KHOULE un des plus grands lutteurs
seacuteneacutegalais qui a donneacute une victoire agrave Djeacuteri SADIO son adversaire qui a
reacuteussi agrave lui faire toucher le sol de la main
Il Y a terrassement quand le lutteur se retrouve
- assis sur le sol
- eacutetaleacute sur le dos
eacutetaleacute sur le cocircteacute
les deux genoux au sol
- les deux ma~ns au sol
la tecircte (front au sol agrave la suite dune brouette)
Il peut y aVOIr match nul si apregraves li1 temps ccmsideacuterable les lutteurs
SE sont ~ ivrEacutes respectivement agrave des assauts rEacutepEacutetEacutes et n arrivEt pas a
3265 L~ precircparation mystique
Il faut reconnattre quon ne peut parler de lutte en milieu wolof sans
envisager une preacuteparation mystique seacuterieuse Co~~e ~ous lEvans vu a~teacute-
1middot ~ d ~ ~rlturenent t0utes es actlvmiddotltesmiddot u W010 sont lles a SeS croyances
- la lutte ne concerne pas seule~ent deux acteurs se livrant faruumlucheshy
ment agrave un combat au milieu de laregravene mais eacutegalement les marabouts et les
feacutetichistes du village ou du clan qui doivent deacutefendre leur savoir et
leur prestige Avant le combat le lutteur doit se livrer agrave un certain
nombre de preacuteparations mystiques pour assurer sa victoire Aussi sommesshy
nous appeleacutes agrave parler de BACK (cest le chant et la danse du lutteur)
- le batteur de tam-tam compose un rythme en fonction du Galagne ou du
Senghor (gds-gris) du lutteur Chaque galagne sera choisi en fonction
du Rap ou du Djinneacute correspondant au Totem du lutteur
Le chant geacuterleacuterique Feinte woy veut dire litteacuteralement composer un 1
chant Ce chant est geacuteneacuteralement composeacute par les filles du viilage du
champion ou par un griot de sa communauteacute Et agrave travers ce chrnt on
arrive agrave toucher la corde sensible du lutteur en chantant lesl innombrables 1
victoires de ses ancecirctres ou en lui rappelant ses prouesses eacuteblatantes 1
Chaque lutteur doit avoir un chant et un back qui lui sont propres
327 Le reacutepertoire technique et les caracteacuteristiques physiques dulutteur wolof
Le lutteur wolof est geacuteneacuteralement moyen de taille la musculagraveture est
tregraves saillante ce qui fait ressortir un aspect tregraves athleacutetique ceci
est vrai sans exception pour le lutteur leacutebou mais il arrive que le Cacircyoshy
rien le baol-baol le walo-walo soient de grands gabarits de forte constishy
tution
CepEndant pour une meilleure compreacutehension du sujet nous pouvons eacutetudiEr
deux jroups d lut teurs qui vont deacuteterminer deux st yI e s de lut tes
- ~ t
les tc~tativ~s de~[reacutee e~ ramassement de jambes de la~v~sairL Ce~~
peut Ecirctre expliqueacute par le fait que les lutteurs leacutebou ou walo-walc qui
sont des pecirccheursadoptent cette garde tasseacutee du fait quils so~t tou-
jours pencheacutes en tirant le fil ou en poussant la plrogue On verra techrugravequeacutes dt cirr 2C ~lt 5Jllicitocirct
surLuumlut les membres supeacuterieurs
Le cayorien et le baol-baol par contre sont les plus grands cultivateurs
darachide chez eux les techniques de lutte sont plus varieacutees et la
garde est moins renfermeacutee Les lutteurs cayorien et baol-baol ont une
morphologie et une reacutepartition musculaire bien eacutequilibreacutee ils excellent
dans les techniques en deacutecalage les techniques de jambe et surtout les
techniques de riposte ougrave lon peut voir des prises de hancheacute tregraves amples
Dune maniegravere geacuteneacuterale on peut dire que le lutteur wolof est un fin
technicien qui sait surtout creacuteer les opportuniteacutes e~ avec sa rapiditeacute
utiliser la force de ladversaire pour le deacuteseacutequilibrer le noodju
le mbas le weacuteheacuteleacute et le rasu sont des techniques propres au lutteur
wolof
En deacutefense il utilise surtout des kl~klets ou gal-gal Notons que
le balancement des bras ou Lewato e$t tregraves marqueacute dans la lutte wolof
TABLEAU RECAPITULATIF DES COMPOSANTES TECHNIQUES
( 1 )
1 SOUS-GROUPES GARDES CONTROLES FORHES DE CORPS l
Walo-walo Basse de jambe Arracheacute l l10yenne de Ngimbe et i
Leacutebou Tasseacutee et saisies annexesj Deacutecalage 1 1 distante de bras de tecirct1
j de bras Deacutecalaeuro
~-----------------~-
- ~ ~- shy - ~ ~ bull L _ _ bull
Profil psyc~~iqUE du lutteu- et son comporterent dars l 2regravere
La preacuteparation mystique dans laregravene est plus marqueacutee chez les wolofs
que ChE~ les autres ethnies En effet on verra de grands champions
preliGrE plusiEurs heures pour Enduire leur corps de cll2badep ou ci
rmiddot- ~ a la proprieacuteteacute de proteacuteger li1egraveividu J
les mauvais sorts) Cest dailleurs un aspect dt la luttE qui iJcsc
des problegraveJles
Le lutteur wolof est tregraves superstitieux et la peacuteriode de preacuteparation
est capitale pour lui car elle permet non seulement de rendre
hommage aux ancecirctres mais aussi dintimider son adversaire Cest
geacuteneacuteralement un lutteur agressif combatif et teacutemeacuteraire Il se fait
souvent remarquer par son esprit dentreprise Mais cette fougue dans
le combat lamegravene parfois bien que ce soit regrettable agrave oublier les
usages et les normes Ce manque de maicirctrise de soi peut faire croire
que le lutteur wolof manque de fair-play ce qui nest pas toujours le
cas
~A~Ugrave~ t 4AA CbUrs k LA ucirctotve f~tPle Sesect prores mou W ~ lesquelles vont se couler les comporteme~ts individuels qui sont ainsi
monteacutes par et pour lautoriteacute sociale
Les faccedilons de boire de marcher ou de sasseoir se manifestent indivishy
duellement dans le corps de chaque personne ces habitus sont cependant
des montages sociaux lieacutes agrave des significationssymboliques variables
dailleurs selon la position sociale occupeacutee par chaque sujet Ces modes
dagir se rangent dans un systegraveme de montages symboliques et lindivishy
du les apprend de la socieacuteteacute dont il fait partie agrave la place quil occupe
Lhabitus est un montage social agrave la valeur symbolique deacutependant des pheacuteshy
nomegravenes deacuteducation et de prestige et lieacute agrave la position sociale du sujet
Cette penseacutee sonne de faccedilon eacutetonamment moderne
Pierre BOURDIEU qui dans une perspective a approfondi le contenue de la
notion en le reportant aux oppositions entre classes et fractions sociales
Il deacutefinit lhabitus comme un systegraveme de dispositions durables acquis au
cours dune histoire personnelle dans une milieu social donneacute systegraveme qui
engendre ensuite des pra~iques socialement deacutetermineacutees faccedilons de manger
de parler ou de marcher comportements de politesse contenu des preacutefeacuterencel
et des deacutegoOts bullbullbull lhabitus est le produit de conditions eacuteconomiques et
sociales Lauteur rattache directement la formation de lhabitus dun
individu agrave la trajectoire parcourue par celui-ci dans sa classe dapparteshy
nance il deacutefend lideacutee dun habitus de classe qui deacutefinit le sens confeacuteshy
reacute agrave la pratique sportive les profits qui en sont attendus
Ce dernier serait lui-m~me lieacute agrave un systegraveme de valeurs ou ETHOS de classe
prenant sens au sein doppositions distinctives entre classes sociales
De sorte lhabitus fonctionne comme un systegraveme dt- regravegles inteacuterioriseacutees
souvent informuleacutees permettant ou non agrave lagent de sadapter dembleacutee aux
multiples pratiques de la vie quotidienne et de la vie sportive il est agrave
lorigine des schegravemes de transcription qui favorisent les ajustements aux
situations corporelles nouvelles (1)
t ~
(1) P~IE11D dwi6Han ISpoy-l et sodeacutebi Approche Bocio-culturelle des pratiques P~tis Vigot 1981 page 81
33
331 Preacutesentation
Les Seacuteregravere auraient pour origine le Fouta Toro quils auraient quitteacute
vers le Xllegrave siegravecle pour fuir lislamisation de cette reacutegioD par lempire
dJ Xali (ils seraient donc apparEnt~s aux Peul et Toucouleur ) Ils
auraient trouveacute dans la rEacutegion du Sine les Sosseacute dorigine manding avec
lesquels ils salliegraverent
Au XVegrave siegravecle une autre immigrationSos~ conqueacuterante cette fois-ci
apporta son organisation eacutetatique Ils se divisegraverent en deux monarchies
deacutemocratiques lune seacutetablit au Sine et lautre au Saloum Les Sosseacute
conqueacuterants constituaient lautocratie appeleacutee Guelowar
La royauteacute seacuteregravere eacutetait laiumlque Les premiers souverains durent secouer
la tutelle des Toucouleur et progressivement arrivegraverent agrave unifier lethshy
nie des seacuteregravere etdea Sosseacute Les deux royauteacutes eacutetaient organiseacutees selon
acirces modegraveles tregraves deacutemocratiques Le souverain deacutependait dune assembleacutee
de ministres et de chefs locaux qui assuraient ladministration centrale
et reacutegionale())
Aujourdhui lethnie seacuteregravere repreacutesente 20 de la population seacuteneacutegalaise
Ils sont reacutepartis sur presque toute leacutetendue du territoire notamment
dans le Baol la reacutegion du Sine-Saloum et la reacutegion de Thiegraves
Signalons quil existe plusieurs sous-groupes dans lethnie ainsi on
trouvera
- dans la reacutegion de Thiegraves les Ndut les Safegravene et les None
- dans le Sine-Saloum les Sine-sine et les Saloum-salouIT
On trouvera vers foundioune et agrave Nioro du cocircteacute de la Gambie les
Niominka (pecirccheurs) Cest une portion tregraves mandinguiseacutee
( 1
Le rattache~2~t d~ to~s ccs sous-groupes pose problecircme ~25 0~ r0~V~
uc grande partie de traits COITul1uns dans leurs modes dE vie Ct pOUT phs
de faciliteacute nous allons essayer de faire une ~tude globale de la lutte
traditionnelle seacuterecircre Lactiviteacute socio-eacuteconomique qui est essentielleme~t
agro-pasorale caracteacuterisE leacutethnie seacuteregravere
332 Lecircducation les moeurs les croyances et pratiques sEr~rc
Chez les Seacuteregravere la vie humaine se deacuteroule selon les grandes eacutetapes
le baptecircme lenfance ladolescencemarqueacutee par la circoncision lsectge
adulte le mariage la vieillesse et la mort (funeacuterailles)
La vie de la communauteacute seacuteregravere reste une des plus originales sinon
celle qui de nos jours garde la presque totaliteacute des pratiques et
habitudes traditionnelles
Bien qu aujotltdhui con~r-tis aux religions chreacutetienne et musulmane les
Seacuteregravere conservent leurs croyances et pratiques animistes
Quelque soit leur degreacute dadheacutesion aux religions reacuteveacuteleacutees les Seacuteregravere
croient en un Dieu puissant et miseacutericordieux Rog Segravene et les hommes
Les ~angols sont repreacutesenteacutes mateacuteriellement dans tous les villages
seacuteregraveres par des arbres (baobab et tamariniers) des animaux (geacuteneacuteraleshy
ment serpent doreacute ou iguane) des ustensiles (pilon calebasse et mortier)
De nombreux teacutemoignages nous apprennent que certains totems (serpent
iguane) font leur apparicion agrave loccasion de certaines manifestations
rituelles comme les sacrifices ceacuteleacutebreacutes lors dun mariage de ceacutereacutemonies
mortuaires ou des circoncisions
Le Seacuteregravere comme il nous a eacuteteacute donneacute loccasion de le dire plus haut
preacutesente des speacutecificiteacutes authentiques aussi bien en tout ce qui touch~
son eacuteducation ses croyanCES et pratiques mystiques q~e ses activiteacute~
socio-ecirccc~omiquEs Apr~s a ~aissa~c~ le beurob~ ~~ pcs~ 5~~ lE S~ __
On lui mouille les l~vres avec un peu d~ lait de mil et apr~s U~ bain
purificateur on versera leau dans un trou cr~us~ derri~r~ la Camp~~
Pendant huit jours la megravere et lenfant sont cacheacutes dans la case car
selon les anciens ils sont tregraves vulneacuterables La case deacutens certains cas
est entoureacutee dun fil blanc et lon place sur le seuil des fais(cauy di
veacutegeacutetaux pour chasser les mauvais esprits (geacutenies malfaisants et illangeUY~
dacircmes) Au bout du huitiegraveme jour la megravere et lenfant peuvent sortir de
la case bull
bullbullbull Le matin du huitiegraveme jour la tante paternelle va chercher de leau
(plusieurs fois)t elle doit rester muette pendant ses alleacutees et venues
si elle parlait t lenfant pourrait ecirctre muet bullbullbull
La megravere et lenfant prennent un bain purificateur dans lequel sont
trempeacutees certaines plantes (ce sont des veacutegeacutetaux pr~tecteurs tels le
begravene le yag le ngud) On y lavera aussi le linge e1t les ustensiles utishyj
liseacutes pendant les huit jours qui viennet de seacutecoul~r On rase le crine
de lenfant Les cheveux sont donneacutes agrave la megravere qui ~s enterrera avec le
reste du cordon ombilical dans un endroit que11e esit seule agrave connattre
La megravere sassied sur une natte devant la maison Une femme igeacutee de la
famille prend le beacutebeacute dans ses bras et le preacutesente aux quatre coins de
lhorizon
La tante paternelle tient ensuite un van sur la tecircte de la megravere on y
verse le mil on y verse eacutegalement en abondance sur la megravere et sur
lenfant La tante oint ensuite le corps du beacutebeacute avec du lait e11e
touche en particulier le front t le nez la bouche la poitrine le dos
et les oreilles
Elle pose enfin un ~rain de sel dans la paume du beacutebeacute (le sel purifie
et deacutetruit les puissances mauvaises)
Apregraves un nouveau bain la megravere et lenfant revEcirctent des habits de fecircte
(est
lenfant Ce precircnore a toujours U~ SEns Il sy~bolise parfois C0 qUi
lOIl sounaitt agrave lEufant l)
La circoncision comme dans les autres ethnies est obligatoire Elle
permet au jeune adolescent dacceacuteder agrave la classe adulte Les jeunes
sont regroupes en classe dacircge dans le bois ougrave sc fait la r0tr~it0 des
circoncis et ceci pendant plusieurs mois
Le Selbeacute qui est geacuteneacuteralement un ancien craint de tous les eacutelegraveves
enseigne le respect de la hieacuterarchie la discreacutetion le goOt de linishy
tiative Les activiteacutes physiques et leacuteducation artistique ne sont pas
en reste la deacutecoration la sculpture la lutte et la danse A sa sortie
du bois linitieacute appartient deacutesormais agrave la classe des virils et des
sages du clan car on lui aura enseigneacute les vertus fondamentales que
sont la justice lhonneur lamour du prochain 1 amour du travail
lhonnecircteteacute et surtout le respect des coutumes ancestrales
Le rite du mariage esd aussi un fait tregraves important dans le monde 1
seacuteregravere mais par manq~e dinformation nous serons obligeacutes de nous en
tenir lagrave
333 Impact des ethos sur la lutte dans le monde seacuteregravere
Lorigine de la lutte seacuteregravere ne semble pas claire ma1S nous pouvons
dire quil existait deux formes de lutte comme chez les Wolofs une
lutte sans frappe et une lutte avec frappe Et cest cette derniegravere
qui peut-ecirctre nous ameacutenerait agrave croire que la lutte seacuteregravere aurait une
origine plus preacuteciseacutement guerriegravere
Aujourdhui la lutte est uniquement une activiteacute sportive agrave travers
laquelle le jeune seacuteregravere eacutevalue sa force son courage et SOn ingeacutenioshy
siteacute Cest une occasion de deacutefendre lhonneur de son village ou de
la corrnnunauteacute
La luttE ~5t avant tout u~e rnanifcs[dtic~ c~lturclie et surtout
fo lkhriqut-
Gracircce agrave elle on peut deacutesormais comprendre un certain nombre de chants
et de symboles A travers la lutte seacuteregravere on ccedilomprend les inter-relashy
tions entreacute la vie et le monde surntiturel
Sil devait y avoir la mort dun villageacuteois pendant la fecirctE au T qUE
de linterrompre on proceacutedait gracircce aux connaissances magico-religieuses
agrave la suspension de la mort jusquagrave une peacuteriode ougrave la population sera plus
disponible pour organiser des funeacuterailles sil y eacutetait preacutedit la possibishy
liteacute dune deacutefait du champion local au profit dun champion dun autre
village des recettes dordre maginque et religieux eacutetaient mises en prashy
tique afin que le champion du village ne soit jamais terrasseacute(J)
334 Le profil du lutteur seacuteregraver~
Le lutteur seacuteregravere est par essence un athlegravete impressionnant de par sa i
carrure et sa musculature saillante mais cest aussi une force tranquille
et calme quelque soit lenjeu du combagravet et particuliegraverement lhonneur
Cet aspect nous pousse agrave parler du NGiMBE cest-agrave-dire de la tenue du
lutteur qui va influencer sur sa faccedilon de lutter
La confection du Ngimbe revient agrave la communauteacute entiegravere Le Ngimbe a
une signification symbolique et le lutteur pour meacuteriter la confiance du
groupe se doit de tout faire pour ne pas toucher le sol Toute la commushy
nauteacute elle aussi sengage pour assurer la longeacuteviteacute et le succegraves du lutteur
dans laregravene par lorganisation droffrandes et de sacrifices en lhonneur
des Pangols bull
bull
Daucuns nheacutesitent pas agrave dire que lessentiel du mysticisme se fait agrave
la maison et non dans laregravene tout le reste nest quintimidation de
ladversaire
lsvcns
Tt- pi ~- t
t 1 ~ l _ ~ t
par rapport agrave lautre Cbci est trEgraves lieacute agrave lactiviteacute journaliegravere du
jeune seacuteregravere qui est un cultivateur donc toujours bien planteacute sur ses
jambes et qui continuellement manie lhiler
Le fait de couper le boi~ peut eacutegalement constituer un moyen de muscushy
lation non neacutegligeable pour le jeune lutteur
Un certain nombre de traits techniques speacutecifiques au lutteur seacuteregravere
semblent ressortir des diffeacuterentes interviews que nous aVOns fait subir
agrave certains lutteurs seacuteregraveres et agrave diffeacuterents techniciens
SOUS-GROUPES FORMES DU CORPS CONTROLES GARDES
SAFEN Moyenne en fente NONE Hancheacute Bras (distante) j
NDUTJ
f
SINE-SINE Deacutecalage Ngimbe
Moyenne
SALOUM-SALOUM Passage- Jambe (rapprocheacutee) 1
i
PETITE dessous Tecircte Basse et 1
COTE Moyenne (rapprocheacutee)
Notons que le Niominka ll commence agrave lutter agrave partir du sol pour avoir
assez deacutelan et sauter sur ladversaire afin davoir la prise du lion
(contr6le de la nuque et du bassin)
Co a -tem-nt ccedilt attitude du lutteur sEacuteregravere335 np -1t ~
Les croyances mystiques sont indissociables des activiteacutes quotidiennes
duseacuteregravere Ce qui explique le cocircteacute supersticieux du lutteur seacuteregravere En
~ffet certains lutteurs refusent de lutter avant certaines heures
Certains teacutemoignages nous apprennent quil nest pas donneacute agrave tout le
monde decirctre champion de lutte et que le lutteur doit avoir des dons
surnaturels pour ecirctre agrave mesure de livrer ses combats dans la nuit
et trouver seul un gris-gris speacutecial appeleacute Njatch
Le vrai champion de lutte chez les seacuteregraveres ne lutte pas seulement avec
~a force et sa technique mais surtout avec ses dons occultes
Chez les seacuteregraveres les morts sont toujours preacutesents et les ~pangols
Servent dintermeacutediaire entre les hommes et les morts Le pangol prend i
le nom dhumain dans certains villages (IIHeacuteJga NDONG Har Wag NGOUYE) i 1
De ce fait on verra le lutteur danser dufe maniegravere ou dune autre en
fonction du pangol de sa famille Ainsi nrus aurons le back (chant et
danse du lutteur) des DIOUF des FAYE etclbullbullbull
Dans laregravene le lutteur seacuteregravere a un comportement exemplaire aussi bien
agrave leacutegard de son adversaire direct quave~ le public en geacuteneacuteral Lexpli shy
cation semble tenir au fait que le lutteur seacuteregravere est avant tout selon
la tradition orale le repreacutesentant de toute la communauteacute seacuteregravere Par
conseacutequent il devra saffirmer non seulement en tant que lutteur dans
laregravene mais aussi en tant quentiteacute morale
336 La tenue du lutteur ou NGIMBE est confectionneacutee par le marabout de la
famille ou du clan Le Ngimbe est constitueacute de pagne en cCton tisseacute
Il doit ecirctre propre le lutteur qui le porte ne devra pas avoir de rapshy
port sexuel pendant toute la peacuteriode des cOTpeacutetitians car le Ngi~bE ne
doit pas ~tre souilleacute
Autrefois et mecircme aujourdthui dans certaines familles on devient
lutteur de pegravere en fils et dans ce cas le Ngimbe du pegravere est heacuteriteacute
par le fils Le fait de porter le Ngimbe de ses aieux peut susciter
chez le jeune lutteur une motivation et une volonteacute ineacutebranlable dtasshy
surer la supeacuterioriteacute d~s siens dans ltaregravene Il fera tout pour que le
Ngimbe de la ramille ne touche le sable
La tenue du lutteur a une signification et une importance sur le plan
mystique car selon les anciens le vra1 feacutetiche du lutteur celui qui
le proteacutegera et laidera agrave vaincre le nDjinne ou le tRapu de ladvershy
saire se trouve cacheacute dans ce Ngimbeu bull Celui qui confectionne donc le
Ngimbe U est doueacute de faculteacutes occultes
337 Larbitrase est assureacute par un sage du village qui geacuteneacuteralement fut
champion de lutte de son temps Dailleurs cet ancien nintervient que
si le terrassement est litigieux Hormis le public qui proclame la vicshy
toire ou le match nul le lutteur lui-mecircme est arbitre et il arrive
quil se deacuteclare vaincu
Nous avons pu cfter Meacutedoune KHOULE un desplus grands lutteurs seacuteneacutegashy
lais qui a donn~ une victoire agrave Djeacuteri SADIO son adversaire qui a reacuteussi
agrave lui faire touegraveher le sol de la main
IlL
34 1 Preacutesentation
Lethnie toucouleur vit En grandt partit ciE~~ la vallfc du S~~~gal
pt reprecircsente i peu pr~s 8 de la population totale secircn~galaise
o Histoire
Il semblerait que dans lancien royaume du Tekrour (IX~ siegravecle) des
eacuteleacutements neacutegroiumldes Sarakoleacute et des Peul aient formEacute par meacutetissage le
peuple Toucouleur (Toucouleur serait dailleurs une deacuteformation du
mot portugais Tacouror)
Ce empire a domineacute aussi bien les wolofs de lOuest que les Peul
nomades du Fouta Toro Cette reacutegion fut le premier pays islamiseacute par
les Almoravides ce qui peut expliquer le proseacutelytisme toucouleur
Ce sont les guerriers toucouleur islamiseacutes qui attaqu~rent avec les
Almoravides la capitale du Ghana Koumbi en 1067 On convertit par
la force les animistes Cest sans doute agrave cette eacutepoque que de nombreuses
ethnies reacutefractaires agrave lIslam ont dO accentuer leur migration vers
le sud (Seacuteregravere wolof Sarakoleacute Bambara Songhaiuml Akan et Peul se reacuteshy
fugiaient vers les hauteurs du Fouta Djalon)
Au XIXegrave siegravecle les Toucouleur allaient trouver en El Hadj Omar Tall
un grand conqueacuterent qui sous le preacutetexte religieux de la gJerre sainte
contre les tribus animistes (entre autres Bambara) eacutetendit lempire
toucouleur sur presque tout lensemble du gali et la partie de la Guineacutee
proche du l1ali
Lempire toucouleur composeacute de Sarakoleacute de Bambar~ de ~alinkeacute de
Xassonkeacute dE Peul et de Dogon eut le meurorit~ dunir CES diif~rentes ~ ~ - - - - - et~ics ~t dE CD~stituer l~Sl la b2S~ ~r 1
_ ~ ~ ~_ L ~
~ ~- ~- - - ---- _ 1 v _ t 1 ~-_ --
marabout tOL~culcuuml~ ~ middotlrrany a l ick SI venu des E1i rClS dE Pocior~ (
~ Vi~ euroconomicue et sociale -----------~-------------
Les Toucouleur sont des cultivateurs mais bien quils n~ soie~t pa~
pasteurs comrre les Peul leacutelevage a une place inportarteacute decirc1S ltur
eacutecono~ie Pour faciliter leur conquecircte guerriegraverE ils c~t Eucirc une preacuteshy
dilection pour leacutelevage des chevaux On y trouve aussi des pecirccheurs
appeleacutes Tchioubalo La socieacuteteacute toucouleur aurait une stratification
sociale tregraves rigide Les groupes ethniques et les castes eacutetaient
diffeacuterencieacutes et strictement exogamiques les Rimbe classe des nobles
comprenant la famille reacutegnante et les guerriers libres la classe des
Nieacutenieacutebegens de castes artisanales i les Rimaibeacute anciens esclaves
devenus serviteurs qui portent les noms de famille de leur maicirctres A
la base de lorganisation de la collectiviteacute toucouleur se situe le
village (Wouro)
Toutes ces castes sont cloisonneacutees entre elle~ Ainsi il nest pas
permis agrave un Torodo (noble) de se marier avec un Tchioubalo Ces
consideacuterations sont importantes dans le domaine de la lutte ougrave nous
apercevrons que les nobles ne sont pas faits pour lutter Le noble
preacutesidera les seacuteances de lutte et on luttera pour lui Ces condeacute rat ions
de noblesse et de rang social sont extrecircmement importantes dans le
monde toucouleur
Le noble ne doit pas se salir on lutte pour lui il ne vit la lutte
quen tant que spectateur
342 Education moeurs croyances et eratiques religieuses
Deux formes d~ducation sont agrave consideacuterer leacutedJcatio~ dES enfarts Et
celle des adultes
oG lenfant sait m2n~~r et apprfcier le goOt d~5 ~iifeurorents r~pas lt
le moment ougrave il CO~~e~CE agrave marcher
tivirt n~sormais le petit toucou]eur est eacuteduquf par toutmiddot 12 f2~i)]E
dabord puis par toutes lespersc~nes du village ou du C13~
Lenfant peut ~tre corrigeacute par tout adulte appartenant au groupe social
Son eacuteducation est deacutesormais laffaire de toute la communauteacute et non
exclusivement celle ces parents On linitie ainsi au travail quotidien
qui se fait dans la bergel~ e les champs et les bords du fleuve Au sein
du village il pourra apprendre agrave filer la laine et agrave tisser des pagnes
dans les champs il apprend agrave manier la houe et lhiler pour la culture
du riz et du mil Mais signalons que lactiviteacute essentielle du toucouleur
est leacutelevage des boeufs des moutons et des chegravevres Chez les Ichioushy
balos (p~cheurs ) lenfant sera initieacute tregraves tat au maniement des pagaies
agrave la p~che propremccedilnt dite et agrave la nage
Vers cinq-six ans lenfant est confieacute au maicirctre coranique le Ihierno
et ce dernier dispose exclusivement de toute sa vie Lavenir du jeune
enfant lui appartient
Comme dans les autres groupes ethniques les enfants sont regroupeacutes en
classe dacircge et cest dans cette structure que lenfant subit les rite
de passe et plus particuliegraverement celui de la circoncision
La circoncision est non seulement unE opeacuteration chirurgicale malS surshy
tout une peacuteriode au cours de laquelle le jeune garccedilon passe de leacutetat
dadolescent agrave leacutetat dadulte Les circoncis sont reacuteunis en classe
dacircge dans un endroit situeacute hors duvillage geacuteneacuteralement choisi par les
vieux Cet endroit n~st accessible que par des individus de SExe ffi8SCUshy
li~ ~ta~t au preacutealabl circoncis
- - - -
quable et complet sur le plan phy~ique et ~oral Ai~si liniti~
acquiert les qualitecircs indispensables que sont le courag~ la modest
lesprit de sacrifice lendurance
Le toucoule~r est un pleux musulma~ Cela sexp1
SOil le premier agrave tre en contact avec la religion musulmane de par sa
position frontaliegravere Lethnie toucouleur de par son histoire a preacutesenteacute
les plus grands chefs militaires et religieux musulmans seacuteneacutegalais Et
pour illustrer cela on peut citer en exemple la grande famille musulmane
des SY agrave TIVAOUANE repreacutesentant la confreacuterie des TIDJANES
Bien que lon note une majoriteacute musulmane on peut dire que certaines
croyances et pratiques mystiques et animistes persistent encore surtout
dans la reacutegion du fleuve
Une pratique courante se fait elle sappelle le Djatt Elle consiste
agrave faire sortir le caiman du fleuve agrave limmobiliser et agrave lattacher
sans quil ne reacuteagisse et tout ceci agrave laide de versets et dincantashy
tions magiques Dapregraves les teacutemoignages ces pratiques sont plutocirct
freacutequentes chez les Tchioubalos (pecirccheurs) Il arrive aussi que cershy
tains chasseurs ayant des dons se livrent agrave certaines pratiques an1shy
mis tes qui consistent agrave invoquer certaines puissances et agrave moduler sous
forme de chant des versets occultes pour se proteacuteger des mauvais esprits
et pour eacuteloigner les fauves Ce chant est geacuteneacuteralement incompreacutehensible
et deacutenueacute de sens pour le profane
343 Activiteacutes ludiques et pratiques sportives en milieu toucouleur
Durant toute son histoire lethnie ~oucouleur a toujours EacutetEacute Frese~teacute~
comme celle qui avait ue activit essentiellement guerr e e~ particushy
liegraverement farouche Trois eacuteleacutements ret r t l ecirc t te nt i c- euro so~t
le manie~~nt du ~acircton 12 luttE Et 1eacute danSE
l
Lecircducation ph~sique et artistique Dcc~pe un place precircpondecircra~rp
dans la fDrmat~on du jEune toucouleur A loccasion agraveeacutevegravenemen~ imporshy
tants reacutecoltJs mariages baptecircme nous assistons agrave des manifestashy
tions folkloriques de grande envergure le Wango oucirc dailse toucouleur
tregraves gymnique iles chants et surtout les sEacuteances de lutte
La lutte toucouleur est la forme de lutte la plus spectaclaire dans
tout le territoire seacuteneacutegalais Elle est essentiellement baseacutee sur des
techniques en hancheacute et surtout en souplesse Ceci sexplique par le
fait q~e le jeune toucouleur est tregraves tocirct initieacute agrave la gymnastique (saut 1
per saut de main salto arriegravere saut de tecircte couronneacute etc bullbullbull ) pour
la dans~ du wa~go En dansant le wango qui est une danse rythmeacutee et
gymnique le Jeune toucou1eur est capable de prouesses extraordinaires
1
En lutte lattaquant se deacuteplace tregraves peu pour avoir une bonne saisie
(geacuteneacutera~ement controcircle du Ngimben ) et enchaine brusqueme~t avec une
attaque surpris~ Cependant les ripostes sont souvent surprenantes et
spectaculaires (baseacutees sur la souplesse et la rapiditeacute) ontrairement
aux autr~s form~s de luttes ougrave lon voyait tous les jeune adheacuterer la
lutte to~cou1eur Verra un groupe de speacutecialistes sadonne agrave la lutte 1
(la lutte est lieacutee agrave la position sociale de lindividu problegraveme de
caste)
Q La morphologie du lutteur toucou1eur 1
1 1
Ce dernier nest pas aussi large et aussi fort que les lutteurs diola
et seacuteregravere Cependant il est tregraves reacutesistant La musculatJre est saillante 1
et tregraves souple lindividu est longiligne mais tregraves athleacutetique
Les mouvements de lutteurs sont semblables agrave ceux dun grand fe1in Cette 1
morphologie semble ecirctre lieacutee agrave la position geacuteographique de lethnie
(reacutegion du fleuve) et agrave lacitiviteacute socio-eacuteconomique du toucouleur qui
est agrave la fois cultivateur (activiteacute lieacutee agrave la crue et deacutecrUE du fleuve)
pecirccheuro~T CIcr~icubaon) et sttout jEumlrgcr qui est U~ rc~2eumlr
shy
Deux formes egrave~ corps sembl~nt ecirctre preacutefeacutereacutees du lutteur toucouleur
le hancheacute et la souplesse Les hancheacutes sont faits agrave partir de plusieurs
positions de doset se terminent geacuteneacuteralement par des techniques de
tregraves grande amplitude
TABLEAU RECAPITULATIF DES TECHNIQUES ET FORMES DE CORPS SPECIFIQUES
i
L441 r
GARDE FORMES DU CORPS CONTROLES --shy - -
Moyenne Souplesse Ngimbe
Hancheacute bras
Demi-souplesse
1
Profil psycholosigue 1
TECHNIQUES
ContrOle du bassin et 12 souplesse
arriegravere
Klicket et allegravegement de la hanche
Le lutteur toucouleur est celui lUi se livre le moins aux preacuteparaqons
maraboutiques Cela est dO au f~t que le toucouleur est un grand ~USUlshyman et que les pratiques animisges ont presque disparu dans ce mil~eu
Dans la pratique le lutteur esJ combaif mais il est calme et tr~s reacutefleacutechi quant agrave la deacutecision agrave prendre en plein corps agrave corps ct~st un des seuls techniciens qui reJte tregraves lucide au cours de ses comb~ts
l Dans toutes les circonstances e lutteur toucouleur est tenu de re~pecshyter son adversaire et ceux de s4n eacutequipemecircme sil est vaincu
Comme nous avons dO nous en rendre compte la rigueur des principes
eacuteducationnels a une influence tregraves sensible sur l~ comportement du
toucouleur
i
III S COCL ~s 1DO
Dans cette partie nous avons essay~ de montrer lftroite re1atic~
Entre les diverses activiteacutes socio-eacuteconomiques dans les ethnies et
lES diffEacuterentes faccedilons de lutter
Daucuns seraient tent~s de conclure trop rapidement et cest p0~r
cette raison que nOUS avons penseacute preacuteciser que le pheacutenotype nest
pas geacuteneacuterateur du geacutenotype Et nous sommes convaincus que la morphoshy
logie et les techniques des lutteurs relegravevent de leurs modes de vie
et de leurs croyances agrave une eacutepoque et danE un contexte bien deacutetermishy
neacutes
Est-ce que les lutteurs dio1a ou seacuteregravere travaillant avec leurs bras
dans les champs auraient les mecircmes pr 0 fil s physiques que les lutteurs
utilisant des machines pour lagriculture
- 69 shy
I UJOURDH~1 E-S ut O[l LES FORfilS Ut LU11t~
~otons que notre enqu~te a ecirctE essentiellement faiteen milieu urbain
Les seacuteances de lutte ont tendance agrave perdre leur particulariteacute de r~shy
jouissance pour devenir des pheacutenomegravenes de sportisatio Deux fores
de luttes so~t principale~cnt prat s dans les aregrave~es du 5 al
la lutte traditiunnelle simple et la lutte traditionnelle avec frappe
De nos jours la lutte traditionnelle tend vers une reacuteglementation
et une institutionalisation
Le reacutesultat de nos investigations nous donne le tableau ci-dessous
REPARTITION ETHNIQUE SUR 100 PRATIQUANTS
LUTTE LUTTE RAPPORTETHNIES SANS FRAPPE AVEC FRAPPE J2
Diola 40 16 71 j
Seacuteregravere 26 21 57
Toucouleur 23 10 69
Wolof 1 1 53 17
La demande sociale par ordre deacutecroissant pour la lutte sans frappe
se preacutesente comrre suit
]0_ Ethnie diola avec pregraves de 3 lutteur~ sur 4
2deg_ Ethnie toucouleur
Ethri dun
~ 1 LA LUTTE TR])IIIO~~ELLE AVEC H-PPE
Cette forme deacute lutte a une histoire qui date de lantiquiteacute elle
sa~pelait le Pugilat Au Seacuteneacutegal elle a vu le jour dans le Cayor
bien avant la colonisation Le coup dE pied l~Lrdn~lement la morshy
sure la frappe et le doigtf eacutetaient permis dans le cc=bat ~ ~middot~p0~~e
Dans certains cas la giffle eacutetait beaucoup plus dangereuse que le
poing quand elle eacutetait donneacutee par un speacutecialiste Cette giffle pouvait
agrave elle seule deacutechirer et mecircme parfois amputer la joue de ladverser
Selon les informations la lutte avec frappede nos jours serait une
forme de lutte tregraves eupheacutemiseacutee de celle dantan ougrave une blessure
pouvait souvent ecirctre mortelle
Aujourdhui au niveau du folklore la lutte na plus la mecircme
le spectaculaire a remplaceacute le significatif iLa lutte avec frappe se 1
pratique surtout dans les centres urbains C~aque fois quun grand combat 1
est progra~eacute par le Comiteacute National Proviso~re (CNP) des centaines damashy
teurs sont mobiliseacutes vers le stade lba Mar D~OP qui est aujourdhui le i
lieu approprieacute ougrave se deacuteroulent les grands conkbats de lutte Cest la formE
de lutte qui semble drainer une foule de personnes beaucoup plus importante
que celle de la lutte simple
La lutte avec frappe deacuteriverait dune forme de lutte traditionnelle
pratiqueacutee jadis dans le Cayor au temps des Damels et la frappe serait
le substitut dun certain nombre de pratiques doigteacute jet de produits
etc bullbullbull dont le but eacutetait laveuglement de ladversaire La lutte avec
frappe serait une continuation logique dune carriegravere sportive de la
lutte traditionnelle qui sen sert comme moyen socio-eacuteconomique En
effet la majoriteacute des lutteurs avec frappe ont dabord eacuteteacute initieacutes agrave la
lutte simple Cependant il faut signaler que de nOS jours il arrive
que le jeune lutteur avec frappE- soit directenent formEacute conne speacutecialistE
agrave la frappe sa~s pour autant faire son chemin dabcrd egravea~s la lutte
- ~ shy
Le recircsultat dE ~os interviews ncus rec~trE qGune pcpulatiD~ divcrsishy
fiampe sint~resse agrave ce sport et qUE les intecircr~[s des uns et d~SlautrE~
semble~t divergents naucuns affirment que la lutte traditionnelle
avec frappe serait monteacutee par des personnes dont la vocation est dexshy
ploiter ce pheacuteLomegravene agrave des fins commerciales Dautres disent gJellegrave
jouit de mcyens irport~nts t[l[~isio
tation etc bullbullbull ) pour toucher toutes les couches sociales CEpe~~a~t
nous remarquons que mecircme si certaines personnes reprochent agrave cette
forme de lutte decirctre brutale ces mecircmes personnes nheacutesitent pas agrave
se rendre le dimanche agrave laregravene Bien que critiqueacutee elle semble ecirctre
adopteacutee par une tregraves grande partie de la population seacuteneacutegalaise Cepenshy
dant en tant que techniciens il nous est permis de faire une remarque
Il sagit de
- Limpression nette decirctre devant des professionnels de la frappe
qui sont ~ntratneacutes pour cela Dailleurs les propos que nous avons
recueilli~ nous prouvent que la plupart des champions de lutte avec 1
frappe s~ntratnent dans certains sports de combat tels ~ue la boxe i 1
le karateacute le judo Dans cette nouvelle forme de pratique de la lutte
contrairefuent agrave la lutte traditionnelle le technicien e~t souvent
perdant face au puncheur Ce dernier adopte une lutte agrave distance qui
lui permet de placer agrave bon escient ses coups animeacute du deacutesir de vaincre
Le technicien lui se voit contreacute dans toutes ses entreprises par
un uppercut ou un crochet
On peut dire cependant que nul sport au Seacuteneacutegal que la lutte tradishy
tionnelle avec frappe ne deacutechaicircne autant de passions et autant de
pheacutenomegravenes poussant agrave lexcegraves et deacutereacuteglements quon ne peut que deacuteplorer
Mais comment deacutecrier un spectacle de lutte qui bien quayant perdu la
presque totaliteacute des valeurs traditionnelles veacutehiculeacutees autrefois par
elle sait susciter une participation effective de tous ceux qui sont
preacutesents
CONCLUSION
Dans ce meacutemoire nous sommes efforceacutes ~e faire ressort ir limportance des
ethos et des habitus et leurs effets sur la pratique de la lutte tradishy
tionnelle au Seacuteneacutegal
L~b egravethos repr~sentent dune maniegravere g~neurorale tous les eacuteleacutements speacutec
fiques sux Seacuteneacutegalais par conampeacuteguent un systegraveme de valeurs traditionnellEs
Mais m~me si ces valeurs rev~tent une signification universelle (honneur
digniteacute courage etc bullbullbull ) il nen demeure pas moins que ce nest pas leur
nature qui fait leur speacutecificiteacute mais la hieacuterarchisation et limportance i
quon accorde agrave toutes ces valeurs de ~ar leacuteducation ou la culture
i 1
Aussi les valeurs traditionnelles puient leur speacutecificiteacute dans les
caracteacuteristiques propres aux eacuteleacutements ~e la socio-cu1ture (la technologie
et leacuteconomie la politique et la pareteacute la psychologie et lideacuteologie)
dans la socieacuteteacute seacuteneacutegalaise agrave n momen donneacute de son eacutevolution Cest i
dire la neacuteceesiteacute de ne point faire della valeur une reacutealiteacute statique
Cest dite aussi quagrave tout mome~t le ~eacuteneacutegalais peut eacutevoluer et creacuteer
ou vivre par conseacutequent de nouv~lles fprmes de valeur qui lui sont 1
propres ft (J)
La lutte traditionnelle veacutehiculant deS valeurs socio-cu1ture1les speacutecishy
fiquement seacuteneacutegalaises (croyances valeurs morales norme de comportement
opinion attitude bullbullbull ) devient un eacuteleacutement important qui tregraves certaiaement
nous aidera dans notre effort de valoriser et de peacuterenniser notre patri shy
moine culturel par le biais dactiviteacutes physiques et sportives
Leacutetude des habitus nous permet de prouver quil y a plusieurs faccedilons
de se mouvoir comme danser lutter bullbullbull qui varient avec les diffeacuterentes
ethnies (wolof toucouleur seacuteregravere diolagt leurs convenances et leurs
eacuteducations
(1) Revue Ethiopiques 31 Les valeurs traditionnelles et le problegraveme de leur inteacutegration dans les systegravemes modernes jtducatio-1 2 6r--70
nautre part cette eacutetude permet aussi de nous rendrE compte de la
correacutelatipn eacutetroite existant entre la pratique de la lutte traditionnelle
et le sta~ut socio-eacuteconomique du pratiquant
Nos inves~igations nous indiquent que la lutte recrute essentiellement
au niveau des classes socio-eacuteconomiques situeacutees en bas de leacutechelle
donc posseacutedant le statut social le moins favoriseacute La lutte avec frappe
-et un certain secteur commercialiseacute de la lutte simple- y trouve sa
leacutegitimiteacute Comme le dit BOURDIEU nA habitus diffeacuterents styles de Vle
divergents et il oppse les pratiques aristocpatiques correspondants agrave
des activiteacutes qui favorisent les situations eupheacutemiseacutees ougrave la stylisashy
tion est importante aux pratiques populaires qui font appel agrave des
qualiteacutes qpposeacutees bllutes rugueuses Certaines interviews nous
montrent que plus lindividu occupe une place eacuteleveacutee dans leacutechelle
sQciale e~ 1
moin$ il sinteacuteresse agrave la lutte
Les reacutesultats recueillis dans nos diverses investig~tions confirment 1 1
1er propos qui disent que nous assistons aujourdhu~ agrave une involution
de la lutte traditionnelle parce que perdant toutes ses speacutecificiteacutes au 1
pryfit d~ne autre forme de lutte que lon continue agrave appeler nostalshy
giqlementIIlutte traditionnelle
Ceci pourrait peut-~tre trouver une explication dan la citation suivante
La liberteacute de creacuteer dinnover de vivre Pleineinenf decirctre soi et de
preacuteserver son authenticiteacute la digniteacute et lhonneu1demeurent des illushy
sions dans la misegravere eacuteconomique~ Nos ancecirctres creacuteai~nt des valeurs de cishyl
vilisation parce quils eacutetaient libres parce qu1i~s ignoraient toute
deacutependance eacuteconomique ils cultivaient en eux et cbez leurs enfants le 1
Jorn et la Kersa et preacutefeacuteraient la mort agrave la hoJte lI (1)
Or le Seacuteneacutegal comme la plupart des pays africainsi est un pays sousshy
deacuteveloppeacute t cependant face agrave cette volonteacute du gou~ernement seacuteneacutegalais
de faire inteacutegrer dans leacuteducation des valeurs traditionnelles nous
pouvons espeacuterer utiliser comme moyen deacuteducation la lutteacute traditionnelle
qui reste quand mecircme vecteur jethos et dhabit~s
- 54 shy
Mecircme si lon a noteacute un appauvrissement notoire sur les plans socioshy
culturel et moral la lutte traditionnelle recegravele une gamme importante
et varieacutee de techniques permettant incontestablement une ouverture vers
les luttes olympiques libre et g~eacuteco-romaine
La lecture de ce meacutemoire permettra agrave lentratneur et au professeur de
lutte en fonction du lieu ougrave ils seront affecteacutes dans le territoire
seacuteneacutegalaisdavoir une information sur les techniques contrOles et
formes de corps propres agrave chaque groupe ethnique et de les mettre en
relation avec leurs croyances et leurs mentaliteacutes
Nous avons essayeacute de montrer que la pratique de la lutte traditionnelle
doit tre axeacutee sur une ethnomotriciteacute au Seacuteneacutegal qui permette une inishy
tiation facile Cette pratique de la lutte traditionnelle seacuteneacutegalaise
devra dailleurs essayer de ~eacutepondre aux aspirations du Seacuteneacutegalaisl
moderne en souvrant aux ap~orts positifs des autres civilisations
ex~eacuterieures nous voulons Jvidemment parler du judo et des luttes oiymshyJ
piques 1
1 j Nous navons pas la preacutetentfon dans le cadre de ce meacutemoire demattrise
de reacutepondre agrave toutes les qutstions se rattachant agrave leacutetude de ~a lutte
traditionnelle souslangle~socio-culturel car non seulement il nous
manque lexpeacuterience et la c peacutetence en la mati~re mais aussil l le temps
et les moyens dont nous dis osions ne nous permettaient pas d~puiser le 1sujet i
1 1 1 t 1
l
- )5 shy
BIBLIOGRAPHIE
BIBLIOGRAPHIE
1- CLAPAREDE Psychologie de leacuteducation et peacutedagogie expeacuterimentale
Edition Delachaux et Niestleacute 244 pages
2- POCIELLC Christian Sport et Socieacuteteacute approche socio-culturelle
des pratiques Paris Vigot 1981 377 pages
3- PIERON Henri Vocabulaire de la psychologie
PUF Deuxiegraveme eacutedition 1957 469 pages
4- Revue socialiste de culture neacutegro-africaine ETHIOPIQUES
Les valeurs traditionnelles et le problegraveme de leur inteacutegration
dans les systegravemes modernes deacuteducation
GIA 21 Juillet 1982 213 pages
5- N2 Revue du Centre dEtudedes Civilisations DEM ak TEY
NIS IVegrave Trimestre 1982 96 pages
6- Document lNSEP Colloque sur la lutte aeacuteregravere
DAKAR MAI-JUIN 1980
t 1
~- Travaux du IVegrave Congregraves National ~es Sports agrave DAKAR les 2223041981
Bulletin n2 91 du CIO du 15 Aont 1965
l____________________________
8- Meacutemoire de Mattrise BADJI Abdou La lutte traditionnelle Joola
Etude et perspective
9- Meacutemoire Inspectorat JS DJITTE Mandy Les pratiques corporelles
traditionnelles au Seacuteneacutegal pour leur exploitation et leur
utilisation en peacutedagogie Marly le Roi 1980
REPUBLIQUE DU SENEGAL
--------------- INSTITUT NATIONAL SUPERIEUR
MINISTERE DE LA JEUNESSE DE LrsquoEDUCATION POPULAIRE
ET DES SPORTS ET DU SPORT
-------------
(INSEPS)
MEMOIRE DE MAIcircTRISE
Es-SCIENCES ET TECHNIQUES
DE LrsquoACTIVITE PHYSIQUE ET DU SPORT
LA LUTTE TRADITIONNELLE
son importance sa signification en fonction des ethos et des habitus ethniques au Seacuteneacutegal
Preacutesenteacute par
Monsieur Joseph Victor FAYE
Sous la direction de
M Jean Marc ROCHEZ
Professeur agrave lrsquoINSEPS
Anneacutee de soutenance 1984
----
contact et agrave partir de ce TtoTteuront ils peuvent se relever et conti~uEr
en lutte debout jusquau terrassemen~
Toutes les gardes sont rapprocheacutees en milieu diola
irbi trage
Les combats sont arbitreacutes par un deacuteleacutegueacute geacuteneacuteralement anClen lutteur
Ces anciens lutteurs ont pour rocircle de veiller au bon deacuteroulement du
combat La victoire est deacutecreacuteteacutee dans les cas ougrave un des lutteurs se
retrouve en position assise sur le ventre sur la cuisse ou les
genoux (sauf dans le Kassa)
Il existe un autre mode de victoire celle qui est proclameacutee agrave la
suite dune supeacuterioriteacute eacutevidente du~ des lutteurs A savoir quand
un lutteur soulegraveve tregraves haut son camarade et que son manager estime i
quil est pratiquement battu il peut arrecircter le combat en touchant
dabord le lutteur adverse popr eacuteviter que son lutteur ne soit terrasseacute
tregraves fOrt Nest-ce pas un deacutecision sage des managers qui peut contribuer
agrave maintenir le caractegravere reacutecr~atif de la lutte joola 1
La victoire dun village sur un autre village ne se mesure pas au
nombre de victoires obtenues par lensemble des lutteurs En effet
il suffit que le champion soit battu pour que le village soit consideacutereacute
comme deacutefait Ce qui explique limportance et le seacuterieux que le village
accorde agrave la preacuteparation des championsl)
Il est cependant important de signaler que larbitrage dans les centres
urbains revecirct une iautre forme beaucoup plus codifieacutee et cest peut-ecirctre
une des raisons qui font quen milieu urbain la lutte diola perde une
partie de son originaliteacute
En dehors des techniques speacutecifiques agrave chaque sous-groupe il faut
signaler quil y a une multitude de prises et quelGues formes de corps
comTIunes agrave letnn Car reconnaissons qu il cO unE ror-euro approp=i~eacute
dE ~ouvane du l~tteur diola en TaI
-----~-----
LE tableau ci-dessous se propose dE reacutesumer les diffeacuterentes consideacuteshy
rations techniques envisagEacutees dans cette partie
FORlŒSSOGS-GRGUPES 1 COItltOLE GA~JESDt CORF=
i ~
1 1
Passage dessous de jambes et BassE KASSA saisies Moyenne1annexes bras (rapprocheacutee)
ceinture tecircte
Deacutecalage de Moyenne et BLOUF Demi-souplesse Ngimbe
HauteHancheacute Bras (rapprocheacutee)
Jambe
Arracheacute CouFOGNY Tregraves basse
Hancheacute ii 1
1 1
3 14 3 bull LeIIa~~jueetlecom~ortementdulutteur-+iola
1 Le comportement et lattitude du lutteur dans laregravene pe sont en fait
t
que le reflet de sa psychologie et plus partiCUliegraverem t de son eacutetat
dacircme Or il napparatt pas abusif deacutetablir des cor eacutelations entre
le psychisme dun individu et lempreinte eacuteducative quil a subie En effet en sortant du bois sacreacute le jeune diola a acquis un ~ca~~l
eacutequilibre physique et mental
Cette matrise de lui-mecircme permet au lutteur dans la~egravene dadopter
un aire enjoueacute de manifester beaucoup denthousiasme~ La lutte devient 1
essentiellement un jeu laspec ludique y est privileacutegieacute et ~ela influe
sur le comportement du lutteur
Ainsi queurolq~c soit limporta~cE de le~je~ le lutt~c~ dic1e Seuroreacute
to~jours serein et s~ livrera sa~s arri~re pe~s6e da~$ ~E CO=beacute ou-
tons que le lutteur diola est trecircs fair-play et sil arrive quun rdnd
lll L COIicircilU1Ul L ULOF
32 J Preacutesentation
La soc tEacute wucirc10f est celle qU1 a eacuteteacute la plus marqueacutee par la colonisation
~~ fait peut-gtre de sa position geuroographiquE dune part ct de 50~ imporshy
tanCE sur le plan dfmographiquE dautre part En effEt ceurootteuro CC-~ucircautE
wolof repreacutesente environ 20 de la population seacuteneacutegalaise
Elle est constitueacutee de pecirccheurs (ce sont les leacutebous) dagriculteurs de
fonctionnaires de lEtat mais surtout de commerccedilants
A pqrtir de leur reacutegime dimplantation le Cayor le Walo le Baol le
Djolof et la presquicircle du Cap-Vert les wolofs ont tendance agrave irradier
sur lensemble du territoire sous leffet de leur speacuteculation agrave la culshy
ture de larachide et du nombre important de fonctionnaires quon trouve
dans cette ethnie
322 Les moeurs et croyances wolofs
Bien queacutetant en grande partie des musulmans convaincus les wolofs
conservent toujours une croyance animiste et continuent agrave faire des
sacrifices agrave porter des cornes ou des morceaux de bois agrave la ceinture
aux jambes ou aux bras et agrave croire agrave lexistence des Djinneacutes et des
Raps bull
Le Djinneacute cest une creacuteature malfaisante en geacuteneacuteral capable de choses
extraordinaires Il possegravede des faculteacutes surnaturelles Cependant dapregraves
la croyance animiste certains Djinneacutes peuvent ecirctre bons
Le Hapl cest une creacuteature ayant des dons occultes appartena71t agrave une
famille ou agrave une communauteacute et dont le rOcircle est de veiller cu daider
les reCJrES de le fai11p ou dt la conmunauteacute en cas de da1gel Le Rap
~ ut te c ) ~~c-
ei sltcificE cJ sanl dE meut0 dL chat de pC)wleurot 5E1lt les conveuroshy
lances parfois leur dorner COrllTe offrande du lait Laii
Qua1d une famille ou une communauteacute neacuteglige les Sarakh (ici dans
le sens de sacrifice ou Offrande) elle se voit aussitocirct vouEacutee agrave la
maleacutediction des mauvais esprit~ (fcllec dans touteacuteS lEs ~treprises
de la vie maladie mort bullbullbull ) Les lieux ougrave habitent ls Taps et ougrave
se font les sacrifices se nomment Khambs
Geacuteneacuteralement le khamb se trouve dans lenceinte de la maison ou
dans un coin approprieacute du village Les lieux du khamb sont marqueacutes
par la disposition de calebasses de pilons de morceaux de poterie
briseacutes de grosses pierres de cornes et dautres objets heacuteteacuteroclytes
La superstition wolof est tregraves marqueacutee En effet pour le wolof toutes
les manifestations quotidiennes trouvent leur signification dans le
mysticisme Citons agrave cet effet quelques ezemples Une femme enceinte
ne doit pas marcher agrave nimporte quelle heure de la journeacutee Certaines
heures de la journeacutee lui sont interdites le Timiss (creacutepuscule
le Ndjo~or (de 13 H agrave 14 H de lapregraves-midi) le souf-segravede (de
minuit i4 H du matin) Selon la tradition ~t la croyance wolof les
mauvais ~sprits choisissent ces heures pour jeter des sorts Et la
femme enceinte eacutetant tregraves vulneacuterable le Djinneacute essaiera de lui insufshy
fler son souffle pour atteindre son beacutebeacute afin dentratner soit la
meacutetamorphose de cedernier en monstre soit de le tuer avant sa naissance
Dailleurs pour le wolof et pour certaines autres ethnies au Seacuteneacutegal
le timis le tdjolor le souf-segravede repreacutesentent des peacuteriodes de
la journeacutee ougrave lon ne doit pas se hasarder dans les rues et les champs
Ce sont des heures propices aux apparitions des Djinnes sous nimporte
quelle forme humaine ou animale
Il est eacutegalement interdit au wolof de marcher ou de serti la nuit du
~eacutellfria-
loutes c~s pratiques ~ystiqu~s et cr0ya~ces religi~us~5 ~xistent eL~~[
certainement dues agrave un meacutetissage culturel Parallegravelement aux feacutetiches
aux incantations et agrave lutilisation des safaras (substance magique)
notons lexistence de ga l a tchs (ce sOnt des talismans ougrave sont inscrits
du qui les porte Toutes ces croyances biEn sucircr auront une rEacutepercussicrI
sur leacuteducation du jeune wolof
323 Leacuteducation du wolof
Pour caracteacuteriser leacuteducation wolof nous avons penseacute donner comme
illustration cet extrait de la revue DEM ak TEY Pour deacutefinir leacutedushy
cation le wolof fait appel agrave un symbolisme qui eDglobe aussi bien les
moyens mis en oeuvre Yar que le reacutesultat obtenu agrave laide de ces mecircmes
moyens cest-agrave-dire la formation et le deacuteveloppement de lecirctre humain
ou Yaru
Le substantif Yar deacutesigne le fouet
Ce symbolisme deacutesigne donc au-delagrave du simple sens mateacuteriel de lobjet
lutilisation qui permet daboutir au reacutesultat escompteacute (Yaru) Au sens
geacuteneacuteral Yar deacutesigne tout instrument servant agrave infliger une punition Le
terme laisse supposer agrave priori que cette phase de lenfance durant lashy
quelle se preacutepare la vie de lhomme est lieacutee agrave la souffrance au supplice
Dailleurs une maxime wolof compare lenfant agrave une tige quon a tout le
loisir de redresser alors quelle est encore flexible bull
bullbullbull Pour leacuteducateur wolof la perfection nest point de ce monde malS
le devoir de chaque homme est de tendre vers la pleacutenitude en luttant
contre ses propres faiblesses Leacuteducation va d01c iisister essentielle~(-~t
sur lexercice quotidien de leacutelevation ffiora1e d~ lindividu Pour cela
elle privileacutegie la patience munI) vertu dabneacutegdtion et dE deacutesinteacuteresseshy
m(~t autour dE laquelle sarticulent toutes ]e~ ~u~~~s qualiteuros
i _
aan~ ~ s0cieacutet gt~olcf ocirclt~tartt nul -Jt- poulait sabecircisstr
tion de sa libertEacute La liberteacute est le preuumler drcmiddotir dE l ho-)euro egrave~S
baigner dans une beacuteate admiration du passeacute la comparaison avec le pr~$(middott
si~posc dclle-mecircme car lon reste s reacute devant la deacutesinvolture aVEC
laquelle dES honmes daujourdhui descendants de cette ~~~EacuteTatic ccedil~l se
une fois [largis bullbull tTasque fiers davoir fait leacute priS0n PEut-2tTE
faut-il mettre cela sur le compte de lurbanisation et des nouvelles
valeurs qui ont pour nom enrichissement reacuteussite sociale avec ce que
cela comporte de deacuteshumanisant et de deacutepreacuteciateur (1)
3 bull 2 bull 3 1 bull Lesri tes
Le sevrage et la circoncision constituent les deux grandes phases initiashy
tiques chez le wolof
- Le rituel du sevrage est appeleacute maga1 (litteacuteralement rendre grand)
Cest un eacutevegravenement important aussi bien pour les parents de lenfant que
pour la co~unauteacute Durant cet eacutevegravenement qui survient geacuteneacuteralement deux
ans apregraves la naissance du beacutebeacute les personnes vivant dans lentouragE
apportent leur soutien moral et mateacuteriel
- le rituel de la circoncision revecirct pratiquement la mecircme signification
que dans les autres ethnies seule la forme diffegravere La circoncision reste
encore une eacutepreuve de la vie au sort i r de laque Ile ladolescent devient un
homme Aujourdhui il faut noter une meacutetamorphose de la structure sociale
et des croyances religieuses tregraves accentueacutee aussi bien chez les wolof que
chez les autres groupes ethniques et ceci est peut-ecirctre dO au contact
permanent quils ont avec la socieacuteteacute occidentale
Malgreacute ces constat~tions il semblerait pcu=tant qUE la sociecirct~ lecircbou Gci
bien que se trouvaLt en grande partie dans ~a Presquth du Cap-ETt Et
en contact permane~t avec les blancs soit la portior la plu8 cc~serva-
----------~_- ---~-- -----
~
Incidences d s ~00urs sur la l~ttE
Le wolof connaicirct deux formes de luttes la lutte sirplE- sans t-t
la lutte avec frappe La lutte avec frappe a une crigi~e purement r
et ce nest que plus tard quelle devint une prati1uE sportive et lud
preacuteparer agrave la guerre Aussi tout en luttant On eacutetait autoris~ agrave frapper~
griffer mordre voire introduire son doigt dans loeil de son adversaire
Le jeune wolof devait eacutegalement se livrer agrave la lutte avec frappe afin de
favoriser son insertion dans la socieacuteteacute adulte et sinitier au meacutetier de
soldat faute de quoi il ne pouvait se faire entendre ne avoir des marques
de respect Pour montrer la populariteacute de la lutte dans le Cayor signalons
que les Damels ll (rois) et les Teignes (nobles) nheacutesitaient pas agrave sy
livrer Quant au IIMbeu~ (lutteur) elle lui servait de moyen de promotion
sociale car d8S que sa reacuteputation eacutetait eacutetablie il pouvait ecirctre choisi
par les rois et les nobles comme garde de corps
325 Signification de la lutte en milieu wolof
La lutte se pratique dabord pour lhonneur qui est une vertu tregraves signishy
ficative pour le wolof Elle permet de renforcer les liens amicaux entre
les jeunes de villages diffeacuterents Le champion veut gagner
confiance et la consideacuteration de son village de ses amis
Etre champion cest aussi susciter ladmiration chez les
sentant la force la viriliteacute et la deacutetermination
326 Organisation d~s eacutepreuves de lutte
3261 Les Mbapatts Ce sont les seacuteances nocturnes
pour meacuteriter la
et des anciens
filles en repreacuteshy
Ils sont organiseacutes apregraves les reacutecoltes agrave la fin de la saiscn des pluies
Ceci surtout p~ndant les peacuteriodes de clair de lune car ils peuven~ durEr
toute la nuit Le but des ~Dapatts lt=tait de prfpa-er FhysicuemeH et
~ arb Sil
326 Le 1
cest une organisation beaucoup plus importante que les I~apatts ~
loccasion de laquelle on peut voir plusieurs lutteurs de grande reDommfe
saffronteLLa fin dl lamb est toujours couronneacutee par une grand co~bat
duquel le vainqueur est sacreacute champion de la contrecirce
Le choix du lieu est lieacute agrave limportance de ce lieu dans le village cest
la place publique ougrave geacuteneacuteralement se passent toutes les manifestations
assembleacutee geacuteneacuterale sabar (danse) cest aussi lendroit ougrave sont prises
les grandes deacutecisions
3623 Lappariement
Dans un village ou un quartier les lutteurs se regroupent en lang
(eacutequipe) et jamais deux lutteurs de mecircme lang ne se rencontrent lors
du lamb
L appariement s~ fait librement entre lutteurs de lang diffeacuterents l1hs
une regravegle veut ~uavant de lutter avec le Mbeur Kanur de tel lang si
on est soukh (l~tteur pas encore confirmeacute) il est neacutecessaire de lutter
dabord avec ses soukh et ce nest quapregraves les avoir terrasseacutes tous
quon se voit octroyer la chance de lutter contre lui
Notons que la cateacutegorisation des lutteurs par poids nest jamais prise
en consideacuteration
3624 La tenue du lutteur ou NGIMBE
Le middotNGimbe est confectionneacute par le marabout de la famille ou du clan Il
est constituecirc de pagnes en coton tisseacute geacuteneacuteralement offerts par la megravere ou
la grand-megravere du lutteur ceci lors des organisations de ~rande Tportance
COrlune lef 1amb Dans le cadre des l-bapatt les pagnes sont C tErts peumlr
~~~rcfcis ct ffi~mc aujourdhui d218 cErtaInes fa~ille5 on devj~Gr
luttEur de pegravere en fils et dans ce cas h 1
gimbell du pEgravere Est recircr i tEacute
par le fils Le fait de porter le lI~gimbe agravee ses aiumleux peut susciter
cne~ le jeune lutteur une motivation et une volontecirc in~branlable rlasshy
surer 12 supeacuterioritEacute cis SIcirct-ns dallS
le xgimbe de la famille ne touche pas le sable
La tenue du lutteur a une signification et une importance sur le plan
mystique car selon les anciens le vrai feacutetiche du lutteur celui qui
le proteacutegera agrave vaincre le Djinneacute ou le Rap de ladversaire se trouve
cacheacute dans ce Ngimbe Celui qui confectionne-le Ngimbe est doueacute de
faculteacutes occultes
~~r~i~rg Il est assureacute par un sage du village qui geacuteneacuteralement fut
championde lutte de son temps Dailleurs cet ancien nintervient que
si le terrassement est litigieux
Hormis le public qui proclame la victoire ou le match nul le lutteur
lui-mecircme est arbitre et il arrive quil se deacuteclare vaincu ~ous
pouvons citer comme exemple Meacutedoune KHOULE un des plus grands lutteurs
seacuteneacutegalais qui a donneacute une victoire agrave Djeacuteri SADIO son adversaire qui a
reacuteussi agrave lui faire toucher le sol de la main
Il Y a terrassement quand le lutteur se retrouve
- assis sur le sol
- eacutetaleacute sur le dos
eacutetaleacute sur le cocircteacute
les deux genoux au sol
- les deux ma~ns au sol
la tecircte (front au sol agrave la suite dune brouette)
Il peut y aVOIr match nul si apregraves li1 temps ccmsideacuterable les lutteurs
SE sont ~ ivrEacutes respectivement agrave des assauts rEacutepEacutetEacutes et n arrivEt pas a
3265 L~ precircparation mystique
Il faut reconnattre quon ne peut parler de lutte en milieu wolof sans
envisager une preacuteparation mystique seacuterieuse Co~~e ~ous lEvans vu a~teacute-
1middot ~ d ~ ~rlturenent t0utes es actlvmiddotltesmiddot u W010 sont lles a SeS croyances
- la lutte ne concerne pas seule~ent deux acteurs se livrant faruumlucheshy
ment agrave un combat au milieu de laregravene mais eacutegalement les marabouts et les
feacutetichistes du village ou du clan qui doivent deacutefendre leur savoir et
leur prestige Avant le combat le lutteur doit se livrer agrave un certain
nombre de preacuteparations mystiques pour assurer sa victoire Aussi sommesshy
nous appeleacutes agrave parler de BACK (cest le chant et la danse du lutteur)
- le batteur de tam-tam compose un rythme en fonction du Galagne ou du
Senghor (gds-gris) du lutteur Chaque galagne sera choisi en fonction
du Rap ou du Djinneacute correspondant au Totem du lutteur
Le chant geacuterleacuterique Feinte woy veut dire litteacuteralement composer un 1
chant Ce chant est geacuteneacuteralement composeacute par les filles du viilage du
champion ou par un griot de sa communauteacute Et agrave travers ce chrnt on
arrive agrave toucher la corde sensible du lutteur en chantant lesl innombrables 1
victoires de ses ancecirctres ou en lui rappelant ses prouesses eacuteblatantes 1
Chaque lutteur doit avoir un chant et un back qui lui sont propres
327 Le reacutepertoire technique et les caracteacuteristiques physiques dulutteur wolof
Le lutteur wolof est geacuteneacuteralement moyen de taille la musculagraveture est
tregraves saillante ce qui fait ressortir un aspect tregraves athleacutetique ceci
est vrai sans exception pour le lutteur leacutebou mais il arrive que le Cacircyoshy
rien le baol-baol le walo-walo soient de grands gabarits de forte constishy
tution
CepEndant pour une meilleure compreacutehension du sujet nous pouvons eacutetudiEr
deux jroups d lut teurs qui vont deacuteterminer deux st yI e s de lut tes
- ~ t
les tc~tativ~s de~[reacutee e~ ramassement de jambes de la~v~sairL Ce~~
peut Ecirctre expliqueacute par le fait que les lutteurs leacutebou ou walo-walc qui
sont des pecirccheursadoptent cette garde tasseacutee du fait quils so~t tou-
jours pencheacutes en tirant le fil ou en poussant la plrogue On verra techrugravequeacutes dt cirr 2C ~lt 5Jllicitocirct
surLuumlut les membres supeacuterieurs
Le cayorien et le baol-baol par contre sont les plus grands cultivateurs
darachide chez eux les techniques de lutte sont plus varieacutees et la
garde est moins renfermeacutee Les lutteurs cayorien et baol-baol ont une
morphologie et une reacutepartition musculaire bien eacutequilibreacutee ils excellent
dans les techniques en deacutecalage les techniques de jambe et surtout les
techniques de riposte ougrave lon peut voir des prises de hancheacute tregraves amples
Dune maniegravere geacuteneacuterale on peut dire que le lutteur wolof est un fin
technicien qui sait surtout creacuteer les opportuniteacutes e~ avec sa rapiditeacute
utiliser la force de ladversaire pour le deacuteseacutequilibrer le noodju
le mbas le weacuteheacuteleacute et le rasu sont des techniques propres au lutteur
wolof
En deacutefense il utilise surtout des kl~klets ou gal-gal Notons que
le balancement des bras ou Lewato e$t tregraves marqueacute dans la lutte wolof
TABLEAU RECAPITULATIF DES COMPOSANTES TECHNIQUES
( 1 )
1 SOUS-GROUPES GARDES CONTROLES FORHES DE CORPS l
Walo-walo Basse de jambe Arracheacute l l10yenne de Ngimbe et i
Leacutebou Tasseacutee et saisies annexesj Deacutecalage 1 1 distante de bras de tecirct1
j de bras Deacutecalaeuro
~-----------------~-
- ~ ~- shy - ~ ~ bull L _ _ bull
Profil psyc~~iqUE du lutteu- et son comporterent dars l 2regravere
La preacuteparation mystique dans laregravene est plus marqueacutee chez les wolofs
que ChE~ les autres ethnies En effet on verra de grands champions
preliGrE plusiEurs heures pour Enduire leur corps de cll2badep ou ci
rmiddot- ~ a la proprieacuteteacute de proteacuteger li1egraveividu J
les mauvais sorts) Cest dailleurs un aspect dt la luttE qui iJcsc
des problegraveJles
Le lutteur wolof est tregraves superstitieux et la peacuteriode de preacuteparation
est capitale pour lui car elle permet non seulement de rendre
hommage aux ancecirctres mais aussi dintimider son adversaire Cest
geacuteneacuteralement un lutteur agressif combatif et teacutemeacuteraire Il se fait
souvent remarquer par son esprit dentreprise Mais cette fougue dans
le combat lamegravene parfois bien que ce soit regrettable agrave oublier les
usages et les normes Ce manque de maicirctrise de soi peut faire croire
que le lutteur wolof manque de fair-play ce qui nest pas toujours le
cas
~A~Ugrave~ t 4AA CbUrs k LA ucirctotve f~tPle Sesect prores mou W ~ lesquelles vont se couler les comporteme~ts individuels qui sont ainsi
monteacutes par et pour lautoriteacute sociale
Les faccedilons de boire de marcher ou de sasseoir se manifestent indivishy
duellement dans le corps de chaque personne ces habitus sont cependant
des montages sociaux lieacutes agrave des significationssymboliques variables
dailleurs selon la position sociale occupeacutee par chaque sujet Ces modes
dagir se rangent dans un systegraveme de montages symboliques et lindivishy
du les apprend de la socieacuteteacute dont il fait partie agrave la place quil occupe
Lhabitus est un montage social agrave la valeur symbolique deacutependant des pheacuteshy
nomegravenes deacuteducation et de prestige et lieacute agrave la position sociale du sujet
Cette penseacutee sonne de faccedilon eacutetonamment moderne
Pierre BOURDIEU qui dans une perspective a approfondi le contenue de la
notion en le reportant aux oppositions entre classes et fractions sociales
Il deacutefinit lhabitus comme un systegraveme de dispositions durables acquis au
cours dune histoire personnelle dans une milieu social donneacute systegraveme qui
engendre ensuite des pra~iques socialement deacutetermineacutees faccedilons de manger
de parler ou de marcher comportements de politesse contenu des preacutefeacuterencel
et des deacutegoOts bullbullbull lhabitus est le produit de conditions eacuteconomiques et
sociales Lauteur rattache directement la formation de lhabitus dun
individu agrave la trajectoire parcourue par celui-ci dans sa classe dapparteshy
nance il deacutefend lideacutee dun habitus de classe qui deacutefinit le sens confeacuteshy
reacute agrave la pratique sportive les profits qui en sont attendus
Ce dernier serait lui-m~me lieacute agrave un systegraveme de valeurs ou ETHOS de classe
prenant sens au sein doppositions distinctives entre classes sociales
De sorte lhabitus fonctionne comme un systegraveme dt- regravegles inteacuterioriseacutees
souvent informuleacutees permettant ou non agrave lagent de sadapter dembleacutee aux
multiples pratiques de la vie quotidienne et de la vie sportive il est agrave
lorigine des schegravemes de transcription qui favorisent les ajustements aux
situations corporelles nouvelles (1)
t ~
(1) P~IE11D dwi6Han ISpoy-l et sodeacutebi Approche Bocio-culturelle des pratiques P~tis Vigot 1981 page 81
33
331 Preacutesentation
Les Seacuteregravere auraient pour origine le Fouta Toro quils auraient quitteacute
vers le Xllegrave siegravecle pour fuir lislamisation de cette reacutegioD par lempire
dJ Xali (ils seraient donc apparEnt~s aux Peul et Toucouleur ) Ils
auraient trouveacute dans la rEacutegion du Sine les Sosseacute dorigine manding avec
lesquels ils salliegraverent
Au XVegrave siegravecle une autre immigrationSos~ conqueacuterante cette fois-ci
apporta son organisation eacutetatique Ils se divisegraverent en deux monarchies
deacutemocratiques lune seacutetablit au Sine et lautre au Saloum Les Sosseacute
conqueacuterants constituaient lautocratie appeleacutee Guelowar
La royauteacute seacuteregravere eacutetait laiumlque Les premiers souverains durent secouer
la tutelle des Toucouleur et progressivement arrivegraverent agrave unifier lethshy
nie des seacuteregravere etdea Sosseacute Les deux royauteacutes eacutetaient organiseacutees selon
acirces modegraveles tregraves deacutemocratiques Le souverain deacutependait dune assembleacutee
de ministres et de chefs locaux qui assuraient ladministration centrale
et reacutegionale())
Aujourdhui lethnie seacuteregravere repreacutesente 20 de la population seacuteneacutegalaise
Ils sont reacutepartis sur presque toute leacutetendue du territoire notamment
dans le Baol la reacutegion du Sine-Saloum et la reacutegion de Thiegraves
Signalons quil existe plusieurs sous-groupes dans lethnie ainsi on
trouvera
- dans la reacutegion de Thiegraves les Ndut les Safegravene et les None
- dans le Sine-Saloum les Sine-sine et les Saloum-salouIT
On trouvera vers foundioune et agrave Nioro du cocircteacute de la Gambie les
Niominka (pecirccheurs) Cest une portion tregraves mandinguiseacutee
( 1
Le rattache~2~t d~ to~s ccs sous-groupes pose problecircme ~25 0~ r0~V~
uc grande partie de traits COITul1uns dans leurs modes dE vie Ct pOUT phs
de faciliteacute nous allons essayer de faire une ~tude globale de la lutte
traditionnelle seacuterecircre Lactiviteacute socio-eacuteconomique qui est essentielleme~t
agro-pasorale caracteacuterisE leacutethnie seacuteregravere
332 Lecircducation les moeurs les croyances et pratiques sEr~rc
Chez les Seacuteregravere la vie humaine se deacuteroule selon les grandes eacutetapes
le baptecircme lenfance ladolescencemarqueacutee par la circoncision lsectge
adulte le mariage la vieillesse et la mort (funeacuterailles)
La vie de la communauteacute seacuteregravere reste une des plus originales sinon
celle qui de nos jours garde la presque totaliteacute des pratiques et
habitudes traditionnelles
Bien qu aujotltdhui con~r-tis aux religions chreacutetienne et musulmane les
Seacuteregravere conservent leurs croyances et pratiques animistes
Quelque soit leur degreacute dadheacutesion aux religions reacuteveacuteleacutees les Seacuteregravere
croient en un Dieu puissant et miseacutericordieux Rog Segravene et les hommes
Les ~angols sont repreacutesenteacutes mateacuteriellement dans tous les villages
seacuteregraveres par des arbres (baobab et tamariniers) des animaux (geacuteneacuteraleshy
ment serpent doreacute ou iguane) des ustensiles (pilon calebasse et mortier)
De nombreux teacutemoignages nous apprennent que certains totems (serpent
iguane) font leur apparicion agrave loccasion de certaines manifestations
rituelles comme les sacrifices ceacuteleacutebreacutes lors dun mariage de ceacutereacutemonies
mortuaires ou des circoncisions
Le Seacuteregravere comme il nous a eacuteteacute donneacute loccasion de le dire plus haut
preacutesente des speacutecificiteacutes authentiques aussi bien en tout ce qui touch~
son eacuteducation ses croyanCES et pratiques mystiques q~e ses activiteacute~
socio-ecirccc~omiquEs Apr~s a ~aissa~c~ le beurob~ ~~ pcs~ 5~~ lE S~ __
On lui mouille les l~vres avec un peu d~ lait de mil et apr~s U~ bain
purificateur on versera leau dans un trou cr~us~ derri~r~ la Camp~~
Pendant huit jours la megravere et lenfant sont cacheacutes dans la case car
selon les anciens ils sont tregraves vulneacuterables La case deacutens certains cas
est entoureacutee dun fil blanc et lon place sur le seuil des fais(cauy di
veacutegeacutetaux pour chasser les mauvais esprits (geacutenies malfaisants et illangeUY~
dacircmes) Au bout du huitiegraveme jour la megravere et lenfant peuvent sortir de
la case bull
bullbullbull Le matin du huitiegraveme jour la tante paternelle va chercher de leau
(plusieurs fois)t elle doit rester muette pendant ses alleacutees et venues
si elle parlait t lenfant pourrait ecirctre muet bullbullbull
La megravere et lenfant prennent un bain purificateur dans lequel sont
trempeacutees certaines plantes (ce sont des veacutegeacutetaux pr~tecteurs tels le
begravene le yag le ngud) On y lavera aussi le linge e1t les ustensiles utishyj
liseacutes pendant les huit jours qui viennet de seacutecoul~r On rase le crine
de lenfant Les cheveux sont donneacutes agrave la megravere qui ~s enterrera avec le
reste du cordon ombilical dans un endroit que11e esit seule agrave connattre
La megravere sassied sur une natte devant la maison Une femme igeacutee de la
famille prend le beacutebeacute dans ses bras et le preacutesente aux quatre coins de
lhorizon
La tante paternelle tient ensuite un van sur la tecircte de la megravere on y
verse le mil on y verse eacutegalement en abondance sur la megravere et sur
lenfant La tante oint ensuite le corps du beacutebeacute avec du lait e11e
touche en particulier le front t le nez la bouche la poitrine le dos
et les oreilles
Elle pose enfin un ~rain de sel dans la paume du beacutebeacute (le sel purifie
et deacutetruit les puissances mauvaises)
Apregraves un nouveau bain la megravere et lenfant revEcirctent des habits de fecircte
(est
lenfant Ce precircnore a toujours U~ SEns Il sy~bolise parfois C0 qUi
lOIl sounaitt agrave lEufant l)
La circoncision comme dans les autres ethnies est obligatoire Elle
permet au jeune adolescent dacceacuteder agrave la classe adulte Les jeunes
sont regroupes en classe dacircge dans le bois ougrave sc fait la r0tr~it0 des
circoncis et ceci pendant plusieurs mois
Le Selbeacute qui est geacuteneacuteralement un ancien craint de tous les eacutelegraveves
enseigne le respect de la hieacuterarchie la discreacutetion le goOt de linishy
tiative Les activiteacutes physiques et leacuteducation artistique ne sont pas
en reste la deacutecoration la sculpture la lutte et la danse A sa sortie
du bois linitieacute appartient deacutesormais agrave la classe des virils et des
sages du clan car on lui aura enseigneacute les vertus fondamentales que
sont la justice lhonneur lamour du prochain 1 amour du travail
lhonnecircteteacute et surtout le respect des coutumes ancestrales
Le rite du mariage esd aussi un fait tregraves important dans le monde 1
seacuteregravere mais par manq~e dinformation nous serons obligeacutes de nous en
tenir lagrave
333 Impact des ethos sur la lutte dans le monde seacuteregravere
Lorigine de la lutte seacuteregravere ne semble pas claire ma1S nous pouvons
dire quil existait deux formes de lutte comme chez les Wolofs une
lutte sans frappe et une lutte avec frappe Et cest cette derniegravere
qui peut-ecirctre nous ameacutenerait agrave croire que la lutte seacuteregravere aurait une
origine plus preacuteciseacutement guerriegravere
Aujourdhui la lutte est uniquement une activiteacute sportive agrave travers
laquelle le jeune seacuteregravere eacutevalue sa force son courage et SOn ingeacutenioshy
siteacute Cest une occasion de deacutefendre lhonneur de son village ou de
la corrnnunauteacute
La luttE ~5t avant tout u~e rnanifcs[dtic~ c~lturclie et surtout
fo lkhriqut-
Gracircce agrave elle on peut deacutesormais comprendre un certain nombre de chants
et de symboles A travers la lutte seacuteregravere on ccedilomprend les inter-relashy
tions entreacute la vie et le monde surntiturel
Sil devait y avoir la mort dun villageacuteois pendant la fecirctE au T qUE
de linterrompre on proceacutedait gracircce aux connaissances magico-religieuses
agrave la suspension de la mort jusquagrave une peacuteriode ougrave la population sera plus
disponible pour organiser des funeacuterailles sil y eacutetait preacutedit la possibishy
liteacute dune deacutefait du champion local au profit dun champion dun autre
village des recettes dordre maginque et religieux eacutetaient mises en prashy
tique afin que le champion du village ne soit jamais terrasseacute(J)
334 Le profil du lutteur seacuteregraver~
Le lutteur seacuteregravere est par essence un athlegravete impressionnant de par sa i
carrure et sa musculature saillante mais cest aussi une force tranquille
et calme quelque soit lenjeu du combagravet et particuliegraverement lhonneur
Cet aspect nous pousse agrave parler du NGiMBE cest-agrave-dire de la tenue du
lutteur qui va influencer sur sa faccedilon de lutter
La confection du Ngimbe revient agrave la communauteacute entiegravere Le Ngimbe a
une signification symbolique et le lutteur pour meacuteriter la confiance du
groupe se doit de tout faire pour ne pas toucher le sol Toute la commushy
nauteacute elle aussi sengage pour assurer la longeacuteviteacute et le succegraves du lutteur
dans laregravene par lorganisation droffrandes et de sacrifices en lhonneur
des Pangols bull
bull
Daucuns nheacutesitent pas agrave dire que lessentiel du mysticisme se fait agrave
la maison et non dans laregravene tout le reste nest quintimidation de
ladversaire
lsvcns
Tt- pi ~- t
t 1 ~ l _ ~ t
par rapport agrave lautre Cbci est trEgraves lieacute agrave lactiviteacute journaliegravere du
jeune seacuteregravere qui est un cultivateur donc toujours bien planteacute sur ses
jambes et qui continuellement manie lhiler
Le fait de couper le boi~ peut eacutegalement constituer un moyen de muscushy
lation non neacutegligeable pour le jeune lutteur
Un certain nombre de traits techniques speacutecifiques au lutteur seacuteregravere
semblent ressortir des diffeacuterentes interviews que nous aVOns fait subir
agrave certains lutteurs seacuteregraveres et agrave diffeacuterents techniciens
SOUS-GROUPES FORMES DU CORPS CONTROLES GARDES
SAFEN Moyenne en fente NONE Hancheacute Bras (distante) j
NDUTJ
f
SINE-SINE Deacutecalage Ngimbe
Moyenne
SALOUM-SALOUM Passage- Jambe (rapprocheacutee) 1
i
PETITE dessous Tecircte Basse et 1
COTE Moyenne (rapprocheacutee)
Notons que le Niominka ll commence agrave lutter agrave partir du sol pour avoir
assez deacutelan et sauter sur ladversaire afin davoir la prise du lion
(contr6le de la nuque et du bassin)
Co a -tem-nt ccedilt attitude du lutteur sEacuteregravere335 np -1t ~
Les croyances mystiques sont indissociables des activiteacutes quotidiennes
duseacuteregravere Ce qui explique le cocircteacute supersticieux du lutteur seacuteregravere En
~ffet certains lutteurs refusent de lutter avant certaines heures
Certains teacutemoignages nous apprennent quil nest pas donneacute agrave tout le
monde decirctre champion de lutte et que le lutteur doit avoir des dons
surnaturels pour ecirctre agrave mesure de livrer ses combats dans la nuit
et trouver seul un gris-gris speacutecial appeleacute Njatch
Le vrai champion de lutte chez les seacuteregraveres ne lutte pas seulement avec
~a force et sa technique mais surtout avec ses dons occultes
Chez les seacuteregraveres les morts sont toujours preacutesents et les ~pangols
Servent dintermeacutediaire entre les hommes et les morts Le pangol prend i
le nom dhumain dans certains villages (IIHeacuteJga NDONG Har Wag NGOUYE) i 1
De ce fait on verra le lutteur danser dufe maniegravere ou dune autre en
fonction du pangol de sa famille Ainsi nrus aurons le back (chant et
danse du lutteur) des DIOUF des FAYE etclbullbullbull
Dans laregravene le lutteur seacuteregravere a un comportement exemplaire aussi bien
agrave leacutegard de son adversaire direct quave~ le public en geacuteneacuteral Lexpli shy
cation semble tenir au fait que le lutteur seacuteregravere est avant tout selon
la tradition orale le repreacutesentant de toute la communauteacute seacuteregravere Par
conseacutequent il devra saffirmer non seulement en tant que lutteur dans
laregravene mais aussi en tant quentiteacute morale
336 La tenue du lutteur ou NGIMBE est confectionneacutee par le marabout de la
famille ou du clan Le Ngimbe est constitueacute de pagne en cCton tisseacute
Il doit ecirctre propre le lutteur qui le porte ne devra pas avoir de rapshy
port sexuel pendant toute la peacuteriode des cOTpeacutetitians car le Ngi~bE ne
doit pas ~tre souilleacute
Autrefois et mecircme aujourdthui dans certaines familles on devient
lutteur de pegravere en fils et dans ce cas le Ngimbe du pegravere est heacuteriteacute
par le fils Le fait de porter le Ngimbe de ses aieux peut susciter
chez le jeune lutteur une motivation et une volonteacute ineacutebranlable dtasshy
surer la supeacuterioriteacute d~s siens dans ltaregravene Il fera tout pour que le
Ngimbe de la ramille ne touche le sable
La tenue du lutteur a une signification et une importance sur le plan
mystique car selon les anciens le vra1 feacutetiche du lutteur celui qui
le proteacutegera et laidera agrave vaincre le nDjinne ou le tRapu de ladvershy
saire se trouve cacheacute dans ce Ngimbeu bull Celui qui confectionne donc le
Ngimbe U est doueacute de faculteacutes occultes
337 Larbitrase est assureacute par un sage du village qui geacuteneacuteralement fut
champion de lutte de son temps Dailleurs cet ancien nintervient que
si le terrassement est litigieux Hormis le public qui proclame la vicshy
toire ou le match nul le lutteur lui-mecircme est arbitre et il arrive
quil se deacuteclare vaincu
Nous avons pu cfter Meacutedoune KHOULE un desplus grands lutteurs seacuteneacutegashy
lais qui a donn~ une victoire agrave Djeacuteri SADIO son adversaire qui a reacuteussi
agrave lui faire touegraveher le sol de la main
IlL
34 1 Preacutesentation
Lethnie toucouleur vit En grandt partit ciE~~ la vallfc du S~~~gal
pt reprecircsente i peu pr~s 8 de la population totale secircn~galaise
o Histoire
Il semblerait que dans lancien royaume du Tekrour (IX~ siegravecle) des
eacuteleacutements neacutegroiumldes Sarakoleacute et des Peul aient formEacute par meacutetissage le
peuple Toucouleur (Toucouleur serait dailleurs une deacuteformation du
mot portugais Tacouror)
Ce empire a domineacute aussi bien les wolofs de lOuest que les Peul
nomades du Fouta Toro Cette reacutegion fut le premier pays islamiseacute par
les Almoravides ce qui peut expliquer le proseacutelytisme toucouleur
Ce sont les guerriers toucouleur islamiseacutes qui attaqu~rent avec les
Almoravides la capitale du Ghana Koumbi en 1067 On convertit par
la force les animistes Cest sans doute agrave cette eacutepoque que de nombreuses
ethnies reacutefractaires agrave lIslam ont dO accentuer leur migration vers
le sud (Seacuteregravere wolof Sarakoleacute Bambara Songhaiuml Akan et Peul se reacuteshy
fugiaient vers les hauteurs du Fouta Djalon)
Au XIXegrave siegravecle les Toucouleur allaient trouver en El Hadj Omar Tall
un grand conqueacuterent qui sous le preacutetexte religieux de la gJerre sainte
contre les tribus animistes (entre autres Bambara) eacutetendit lempire
toucouleur sur presque tout lensemble du gali et la partie de la Guineacutee
proche du l1ali
Lempire toucouleur composeacute de Sarakoleacute de Bambar~ de ~alinkeacute de
Xassonkeacute dE Peul et de Dogon eut le meurorit~ dunir CES diif~rentes ~ ~ - - - - - et~ics ~t dE CD~stituer l~Sl la b2S~ ~r 1
_ ~ ~ ~_ L ~
~ ~- ~- - - ---- _ 1 v _ t 1 ~-_ --
marabout tOL~culcuuml~ ~ middotlrrany a l ick SI venu des E1i rClS dE Pocior~ (
~ Vi~ euroconomicue et sociale -----------~-------------
Les Toucouleur sont des cultivateurs mais bien quils n~ soie~t pa~
pasteurs comrre les Peul leacutelevage a une place inportarteacute decirc1S ltur
eacutecono~ie Pour faciliter leur conquecircte guerriegraverE ils c~t Eucirc une preacuteshy
dilection pour leacutelevage des chevaux On y trouve aussi des pecirccheurs
appeleacutes Tchioubalo La socieacuteteacute toucouleur aurait une stratification
sociale tregraves rigide Les groupes ethniques et les castes eacutetaient
diffeacuterencieacutes et strictement exogamiques les Rimbe classe des nobles
comprenant la famille reacutegnante et les guerriers libres la classe des
Nieacutenieacutebegens de castes artisanales i les Rimaibeacute anciens esclaves
devenus serviteurs qui portent les noms de famille de leur maicirctres A
la base de lorganisation de la collectiviteacute toucouleur se situe le
village (Wouro)
Toutes ces castes sont cloisonneacutees entre elle~ Ainsi il nest pas
permis agrave un Torodo (noble) de se marier avec un Tchioubalo Ces
consideacuterations sont importantes dans le domaine de la lutte ougrave nous
apercevrons que les nobles ne sont pas faits pour lutter Le noble
preacutesidera les seacuteances de lutte et on luttera pour lui Ces condeacute rat ions
de noblesse et de rang social sont extrecircmement importantes dans le
monde toucouleur
Le noble ne doit pas se salir on lutte pour lui il ne vit la lutte
quen tant que spectateur
342 Education moeurs croyances et eratiques religieuses
Deux formes d~ducation sont agrave consideacuterer leacutedJcatio~ dES enfarts Et
celle des adultes
oG lenfant sait m2n~~r et apprfcier le goOt d~5 ~iifeurorents r~pas lt
le moment ougrave il CO~~e~CE agrave marcher
tivirt n~sormais le petit toucou]eur est eacuteduquf par toutmiddot 12 f2~i)]E
dabord puis par toutes lespersc~nes du village ou du C13~
Lenfant peut ~tre corrigeacute par tout adulte appartenant au groupe social
Son eacuteducation est deacutesormais laffaire de toute la communauteacute et non
exclusivement celle ces parents On linitie ainsi au travail quotidien
qui se fait dans la bergel~ e les champs et les bords du fleuve Au sein
du village il pourra apprendre agrave filer la laine et agrave tisser des pagnes
dans les champs il apprend agrave manier la houe et lhiler pour la culture
du riz et du mil Mais signalons que lactiviteacute essentielle du toucouleur
est leacutelevage des boeufs des moutons et des chegravevres Chez les Ichioushy
balos (p~cheurs ) lenfant sera initieacute tregraves tat au maniement des pagaies
agrave la p~che propremccedilnt dite et agrave la nage
Vers cinq-six ans lenfant est confieacute au maicirctre coranique le Ihierno
et ce dernier dispose exclusivement de toute sa vie Lavenir du jeune
enfant lui appartient
Comme dans les autres groupes ethniques les enfants sont regroupeacutes en
classe dacircge et cest dans cette structure que lenfant subit les rite
de passe et plus particuliegraverement celui de la circoncision
La circoncision est non seulement unE opeacuteration chirurgicale malS surshy
tout une peacuteriode au cours de laquelle le jeune garccedilon passe de leacutetat
dadolescent agrave leacutetat dadulte Les circoncis sont reacuteunis en classe
dacircge dans un endroit situeacute hors duvillage geacuteneacuteralement choisi par les
vieux Cet endroit n~st accessible que par des individus de SExe ffi8SCUshy
li~ ~ta~t au preacutealabl circoncis
- - - -
quable et complet sur le plan phy~ique et ~oral Ai~si liniti~
acquiert les qualitecircs indispensables que sont le courag~ la modest
lesprit de sacrifice lendurance
Le toucoule~r est un pleux musulma~ Cela sexp1
SOil le premier agrave tre en contact avec la religion musulmane de par sa
position frontaliegravere Lethnie toucouleur de par son histoire a preacutesenteacute
les plus grands chefs militaires et religieux musulmans seacuteneacutegalais Et
pour illustrer cela on peut citer en exemple la grande famille musulmane
des SY agrave TIVAOUANE repreacutesentant la confreacuterie des TIDJANES
Bien que lon note une majoriteacute musulmane on peut dire que certaines
croyances et pratiques mystiques et animistes persistent encore surtout
dans la reacutegion du fleuve
Une pratique courante se fait elle sappelle le Djatt Elle consiste
agrave faire sortir le caiman du fleuve agrave limmobiliser et agrave lattacher
sans quil ne reacuteagisse et tout ceci agrave laide de versets et dincantashy
tions magiques Dapregraves les teacutemoignages ces pratiques sont plutocirct
freacutequentes chez les Tchioubalos (pecirccheurs) Il arrive aussi que cershy
tains chasseurs ayant des dons se livrent agrave certaines pratiques an1shy
mis tes qui consistent agrave invoquer certaines puissances et agrave moduler sous
forme de chant des versets occultes pour se proteacuteger des mauvais esprits
et pour eacuteloigner les fauves Ce chant est geacuteneacuteralement incompreacutehensible
et deacutenueacute de sens pour le profane
343 Activiteacutes ludiques et pratiques sportives en milieu toucouleur
Durant toute son histoire lethnie ~oucouleur a toujours EacutetEacute Frese~teacute~
comme celle qui avait ue activit essentiellement guerr e e~ particushy
liegraverement farouche Trois eacuteleacutements ret r t l ecirc t te nt i c- euro so~t
le manie~~nt du ~acircton 12 luttE Et 1eacute danSE
l
Lecircducation ph~sique et artistique Dcc~pe un place precircpondecircra~rp
dans la fDrmat~on du jEune toucouleur A loccasion agraveeacutevegravenemen~ imporshy
tants reacutecoltJs mariages baptecircme nous assistons agrave des manifestashy
tions folkloriques de grande envergure le Wango oucirc dailse toucouleur
tregraves gymnique iles chants et surtout les sEacuteances de lutte
La lutte toucouleur est la forme de lutte la plus spectaclaire dans
tout le territoire seacuteneacutegalais Elle est essentiellement baseacutee sur des
techniques en hancheacute et surtout en souplesse Ceci sexplique par le
fait q~e le jeune toucouleur est tregraves tocirct initieacute agrave la gymnastique (saut 1
per saut de main salto arriegravere saut de tecircte couronneacute etc bullbullbull ) pour
la dans~ du wa~go En dansant le wango qui est une danse rythmeacutee et
gymnique le Jeune toucou1eur est capable de prouesses extraordinaires
1
En lutte lattaquant se deacuteplace tregraves peu pour avoir une bonne saisie
(geacuteneacutera~ement controcircle du Ngimben ) et enchaine brusqueme~t avec une
attaque surpris~ Cependant les ripostes sont souvent surprenantes et
spectaculaires (baseacutees sur la souplesse et la rapiditeacute) ontrairement
aux autr~s form~s de luttes ougrave lon voyait tous les jeune adheacuterer la
lutte to~cou1eur Verra un groupe de speacutecialistes sadonne agrave la lutte 1
(la lutte est lieacutee agrave la position sociale de lindividu problegraveme de
caste)
Q La morphologie du lutteur toucou1eur 1
1 1
Ce dernier nest pas aussi large et aussi fort que les lutteurs diola
et seacuteregravere Cependant il est tregraves reacutesistant La musculatJre est saillante 1
et tregraves souple lindividu est longiligne mais tregraves athleacutetique
Les mouvements de lutteurs sont semblables agrave ceux dun grand fe1in Cette 1
morphologie semble ecirctre lieacutee agrave la position geacuteographique de lethnie
(reacutegion du fleuve) et agrave lacitiviteacute socio-eacuteconomique du toucouleur qui
est agrave la fois cultivateur (activiteacute lieacutee agrave la crue et deacutecrUE du fleuve)
pecirccheuro~T CIcr~icubaon) et sttout jEumlrgcr qui est U~ rc~2eumlr
shy
Deux formes egrave~ corps sembl~nt ecirctre preacutefeacutereacutees du lutteur toucouleur
le hancheacute et la souplesse Les hancheacutes sont faits agrave partir de plusieurs
positions de doset se terminent geacuteneacuteralement par des techniques de
tregraves grande amplitude
TABLEAU RECAPITULATIF DES TECHNIQUES ET FORMES DE CORPS SPECIFIQUES
i
L441 r
GARDE FORMES DU CORPS CONTROLES --shy - -
Moyenne Souplesse Ngimbe
Hancheacute bras
Demi-souplesse
1
Profil psycholosigue 1
TECHNIQUES
ContrOle du bassin et 12 souplesse
arriegravere
Klicket et allegravegement de la hanche
Le lutteur toucouleur est celui lUi se livre le moins aux preacuteparaqons
maraboutiques Cela est dO au f~t que le toucouleur est un grand ~USUlshyman et que les pratiques animisges ont presque disparu dans ce mil~eu
Dans la pratique le lutteur esJ combaif mais il est calme et tr~s reacutefleacutechi quant agrave la deacutecision agrave prendre en plein corps agrave corps ct~st un des seuls techniciens qui reJte tregraves lucide au cours de ses comb~ts
l Dans toutes les circonstances e lutteur toucouleur est tenu de re~pecshyter son adversaire et ceux de s4n eacutequipemecircme sil est vaincu
Comme nous avons dO nous en rendre compte la rigueur des principes
eacuteducationnels a une influence tregraves sensible sur l~ comportement du
toucouleur
i
III S COCL ~s 1DO
Dans cette partie nous avons essay~ de montrer lftroite re1atic~
Entre les diverses activiteacutes socio-eacuteconomiques dans les ethnies et
lES diffEacuterentes faccedilons de lutter
Daucuns seraient tent~s de conclure trop rapidement et cest p0~r
cette raison que nOUS avons penseacute preacuteciser que le pheacutenotype nest
pas geacuteneacuterateur du geacutenotype Et nous sommes convaincus que la morphoshy
logie et les techniques des lutteurs relegravevent de leurs modes de vie
et de leurs croyances agrave une eacutepoque et danE un contexte bien deacutetermishy
neacutes
Est-ce que les lutteurs dio1a ou seacuteregravere travaillant avec leurs bras
dans les champs auraient les mecircmes pr 0 fil s physiques que les lutteurs
utilisant des machines pour lagriculture
- 69 shy
I UJOURDH~1 E-S ut O[l LES FORfilS Ut LU11t~
~otons que notre enqu~te a ecirctE essentiellement faiteen milieu urbain
Les seacuteances de lutte ont tendance agrave perdre leur particulariteacute de r~shy
jouissance pour devenir des pheacutenomegravenes de sportisatio Deux fores
de luttes so~t principale~cnt prat s dans les aregrave~es du 5 al
la lutte traditiunnelle simple et la lutte traditionnelle avec frappe
De nos jours la lutte traditionnelle tend vers une reacuteglementation
et une institutionalisation
Le reacutesultat de nos investigations nous donne le tableau ci-dessous
REPARTITION ETHNIQUE SUR 100 PRATIQUANTS
LUTTE LUTTE RAPPORTETHNIES SANS FRAPPE AVEC FRAPPE J2
Diola 40 16 71 j
Seacuteregravere 26 21 57
Toucouleur 23 10 69
Wolof 1 1 53 17
La demande sociale par ordre deacutecroissant pour la lutte sans frappe
se preacutesente comrre suit
]0_ Ethnie diola avec pregraves de 3 lutteur~ sur 4
2deg_ Ethnie toucouleur
Ethri dun
~ 1 LA LUTTE TR])IIIO~~ELLE AVEC H-PPE
Cette forme deacute lutte a une histoire qui date de lantiquiteacute elle
sa~pelait le Pugilat Au Seacuteneacutegal elle a vu le jour dans le Cayor
bien avant la colonisation Le coup dE pied l~Lrdn~lement la morshy
sure la frappe et le doigtf eacutetaient permis dans le cc=bat ~ ~middot~p0~~e
Dans certains cas la giffle eacutetait beaucoup plus dangereuse que le
poing quand elle eacutetait donneacutee par un speacutecialiste Cette giffle pouvait
agrave elle seule deacutechirer et mecircme parfois amputer la joue de ladverser
Selon les informations la lutte avec frappede nos jours serait une
forme de lutte tregraves eupheacutemiseacutee de celle dantan ougrave une blessure
pouvait souvent ecirctre mortelle
Aujourdhui au niveau du folklore la lutte na plus la mecircme
le spectaculaire a remplaceacute le significatif iLa lutte avec frappe se 1
pratique surtout dans les centres urbains C~aque fois quun grand combat 1
est progra~eacute par le Comiteacute National Proviso~re (CNP) des centaines damashy
teurs sont mobiliseacutes vers le stade lba Mar D~OP qui est aujourdhui le i
lieu approprieacute ougrave se deacuteroulent les grands conkbats de lutte Cest la formE
de lutte qui semble drainer une foule de personnes beaucoup plus importante
que celle de la lutte simple
La lutte avec frappe deacuteriverait dune forme de lutte traditionnelle
pratiqueacutee jadis dans le Cayor au temps des Damels et la frappe serait
le substitut dun certain nombre de pratiques doigteacute jet de produits
etc bullbullbull dont le but eacutetait laveuglement de ladversaire La lutte avec
frappe serait une continuation logique dune carriegravere sportive de la
lutte traditionnelle qui sen sert comme moyen socio-eacuteconomique En
effet la majoriteacute des lutteurs avec frappe ont dabord eacuteteacute initieacutes agrave la
lutte simple Cependant il faut signaler que de nOS jours il arrive
que le jeune lutteur avec frappE- soit directenent formEacute conne speacutecialistE
agrave la frappe sa~s pour autant faire son chemin dabcrd egravea~s la lutte
- ~ shy
Le recircsultat dE ~os interviews ncus rec~trE qGune pcpulatiD~ divcrsishy
fiampe sint~resse agrave ce sport et qUE les intecircr~[s des uns et d~SlautrE~
semble~t divergents naucuns affirment que la lutte traditionnelle
avec frappe serait monteacutee par des personnes dont la vocation est dexshy
ploiter ce pheacuteLomegravene agrave des fins commerciales Dautres disent gJellegrave
jouit de mcyens irport~nts t[l[~isio
tation etc bullbullbull ) pour toucher toutes les couches sociales CEpe~~a~t
nous remarquons que mecircme si certaines personnes reprochent agrave cette
forme de lutte decirctre brutale ces mecircmes personnes nheacutesitent pas agrave
se rendre le dimanche agrave laregravene Bien que critiqueacutee elle semble ecirctre
adopteacutee par une tregraves grande partie de la population seacuteneacutegalaise Cepenshy
dant en tant que techniciens il nous est permis de faire une remarque
Il sagit de
- Limpression nette decirctre devant des professionnels de la frappe
qui sont ~ntratneacutes pour cela Dailleurs les propos que nous avons
recueilli~ nous prouvent que la plupart des champions de lutte avec 1
frappe s~ntratnent dans certains sports de combat tels ~ue la boxe i 1
le karateacute le judo Dans cette nouvelle forme de pratique de la lutte
contrairefuent agrave la lutte traditionnelle le technicien e~t souvent
perdant face au puncheur Ce dernier adopte une lutte agrave distance qui
lui permet de placer agrave bon escient ses coups animeacute du deacutesir de vaincre
Le technicien lui se voit contreacute dans toutes ses entreprises par
un uppercut ou un crochet
On peut dire cependant que nul sport au Seacuteneacutegal que la lutte tradishy
tionnelle avec frappe ne deacutechaicircne autant de passions et autant de
pheacutenomegravenes poussant agrave lexcegraves et deacutereacuteglements quon ne peut que deacuteplorer
Mais comment deacutecrier un spectacle de lutte qui bien quayant perdu la
presque totaliteacute des valeurs traditionnelles veacutehiculeacutees autrefois par
elle sait susciter une participation effective de tous ceux qui sont
preacutesents
CONCLUSION
Dans ce meacutemoire nous sommes efforceacutes ~e faire ressort ir limportance des
ethos et des habitus et leurs effets sur la pratique de la lutte tradishy
tionnelle au Seacuteneacutegal
L~b egravethos repr~sentent dune maniegravere g~neurorale tous les eacuteleacutements speacutec
fiques sux Seacuteneacutegalais par conampeacuteguent un systegraveme de valeurs traditionnellEs
Mais m~me si ces valeurs rev~tent une signification universelle (honneur
digniteacute courage etc bullbullbull ) il nen demeure pas moins que ce nest pas leur
nature qui fait leur speacutecificiteacute mais la hieacuterarchisation et limportance i
quon accorde agrave toutes ces valeurs de ~ar leacuteducation ou la culture
i 1
Aussi les valeurs traditionnelles puient leur speacutecificiteacute dans les
caracteacuteristiques propres aux eacuteleacutements ~e la socio-cu1ture (la technologie
et leacuteconomie la politique et la pareteacute la psychologie et lideacuteologie)
dans la socieacuteteacute seacuteneacutegalaise agrave n momen donneacute de son eacutevolution Cest i
dire la neacuteceesiteacute de ne point faire della valeur une reacutealiteacute statique
Cest dite aussi quagrave tout mome~t le ~eacuteneacutegalais peut eacutevoluer et creacuteer
ou vivre par conseacutequent de nouv~lles fprmes de valeur qui lui sont 1
propres ft (J)
La lutte traditionnelle veacutehiculant deS valeurs socio-cu1ture1les speacutecishy
fiquement seacuteneacutegalaises (croyances valeurs morales norme de comportement
opinion attitude bullbullbull ) devient un eacuteleacutement important qui tregraves certaiaement
nous aidera dans notre effort de valoriser et de peacuterenniser notre patri shy
moine culturel par le biais dactiviteacutes physiques et sportives
Leacutetude des habitus nous permet de prouver quil y a plusieurs faccedilons
de se mouvoir comme danser lutter bullbullbull qui varient avec les diffeacuterentes
ethnies (wolof toucouleur seacuteregravere diolagt leurs convenances et leurs
eacuteducations
(1) Revue Ethiopiques 31 Les valeurs traditionnelles et le problegraveme de leur inteacutegration dans les systegravemes modernes jtducatio-1 2 6r--70
nautre part cette eacutetude permet aussi de nous rendrE compte de la
correacutelatipn eacutetroite existant entre la pratique de la lutte traditionnelle
et le sta~ut socio-eacuteconomique du pratiquant
Nos inves~igations nous indiquent que la lutte recrute essentiellement
au niveau des classes socio-eacuteconomiques situeacutees en bas de leacutechelle
donc posseacutedant le statut social le moins favoriseacute La lutte avec frappe
-et un certain secteur commercialiseacute de la lutte simple- y trouve sa
leacutegitimiteacute Comme le dit BOURDIEU nA habitus diffeacuterents styles de Vle
divergents et il oppse les pratiques aristocpatiques correspondants agrave
des activiteacutes qui favorisent les situations eupheacutemiseacutees ougrave la stylisashy
tion est importante aux pratiques populaires qui font appel agrave des
qualiteacutes qpposeacutees bllutes rugueuses Certaines interviews nous
montrent que plus lindividu occupe une place eacuteleveacutee dans leacutechelle
sQciale e~ 1
moin$ il sinteacuteresse agrave la lutte
Les reacutesultats recueillis dans nos diverses investig~tions confirment 1 1
1er propos qui disent que nous assistons aujourdhu~ agrave une involution
de la lutte traditionnelle parce que perdant toutes ses speacutecificiteacutes au 1
pryfit d~ne autre forme de lutte que lon continue agrave appeler nostalshy
giqlementIIlutte traditionnelle
Ceci pourrait peut-~tre trouver une explication dan la citation suivante
La liberteacute de creacuteer dinnover de vivre Pleineinenf decirctre soi et de
preacuteserver son authenticiteacute la digniteacute et lhonneu1demeurent des illushy
sions dans la misegravere eacuteconomique~ Nos ancecirctres creacuteai~nt des valeurs de cishyl
vilisation parce quils eacutetaient libres parce qu1i~s ignoraient toute
deacutependance eacuteconomique ils cultivaient en eux et cbez leurs enfants le 1
Jorn et la Kersa et preacutefeacuteraient la mort agrave la hoJte lI (1)
Or le Seacuteneacutegal comme la plupart des pays africainsi est un pays sousshy
deacuteveloppeacute t cependant face agrave cette volonteacute du gou~ernement seacuteneacutegalais
de faire inteacutegrer dans leacuteducation des valeurs traditionnelles nous
pouvons espeacuterer utiliser comme moyen deacuteducation la lutteacute traditionnelle
qui reste quand mecircme vecteur jethos et dhabit~s
- 54 shy
Mecircme si lon a noteacute un appauvrissement notoire sur les plans socioshy
culturel et moral la lutte traditionnelle recegravele une gamme importante
et varieacutee de techniques permettant incontestablement une ouverture vers
les luttes olympiques libre et g~eacuteco-romaine
La lecture de ce meacutemoire permettra agrave lentratneur et au professeur de
lutte en fonction du lieu ougrave ils seront affecteacutes dans le territoire
seacuteneacutegalaisdavoir une information sur les techniques contrOles et
formes de corps propres agrave chaque groupe ethnique et de les mettre en
relation avec leurs croyances et leurs mentaliteacutes
Nous avons essayeacute de montrer que la pratique de la lutte traditionnelle
doit tre axeacutee sur une ethnomotriciteacute au Seacuteneacutegal qui permette une inishy
tiation facile Cette pratique de la lutte traditionnelle seacuteneacutegalaise
devra dailleurs essayer de ~eacutepondre aux aspirations du Seacuteneacutegalaisl
moderne en souvrant aux ap~orts positifs des autres civilisations
ex~eacuterieures nous voulons Jvidemment parler du judo et des luttes oiymshyJ
piques 1
1 j Nous navons pas la preacutetentfon dans le cadre de ce meacutemoire demattrise
de reacutepondre agrave toutes les qutstions se rattachant agrave leacutetude de ~a lutte
traditionnelle souslangle~socio-culturel car non seulement il nous
manque lexpeacuterience et la c peacutetence en la mati~re mais aussil l le temps
et les moyens dont nous dis osions ne nous permettaient pas d~puiser le 1sujet i
1 1 1 t 1
l
- )5 shy
BIBLIOGRAPHIE
BIBLIOGRAPHIE
1- CLAPAREDE Psychologie de leacuteducation et peacutedagogie expeacuterimentale
Edition Delachaux et Niestleacute 244 pages
2- POCIELLC Christian Sport et Socieacuteteacute approche socio-culturelle
des pratiques Paris Vigot 1981 377 pages
3- PIERON Henri Vocabulaire de la psychologie
PUF Deuxiegraveme eacutedition 1957 469 pages
4- Revue socialiste de culture neacutegro-africaine ETHIOPIQUES
Les valeurs traditionnelles et le problegraveme de leur inteacutegration
dans les systegravemes modernes deacuteducation
GIA 21 Juillet 1982 213 pages
5- N2 Revue du Centre dEtudedes Civilisations DEM ak TEY
NIS IVegrave Trimestre 1982 96 pages
6- Document lNSEP Colloque sur la lutte aeacuteregravere
DAKAR MAI-JUIN 1980
t 1
~- Travaux du IVegrave Congregraves National ~es Sports agrave DAKAR les 2223041981
Bulletin n2 91 du CIO du 15 Aont 1965
l____________________________
8- Meacutemoire de Mattrise BADJI Abdou La lutte traditionnelle Joola
Etude et perspective
9- Meacutemoire Inspectorat JS DJITTE Mandy Les pratiques corporelles
traditionnelles au Seacuteneacutegal pour leur exploitation et leur
utilisation en peacutedagogie Marly le Roi 1980
REPUBLIQUE DU SENEGAL
--------------- INSTITUT NATIONAL SUPERIEUR
MINISTERE DE LA JEUNESSE DE LrsquoEDUCATION POPULAIRE
ET DES SPORTS ET DU SPORT
-------------
(INSEPS)
MEMOIRE DE MAIcircTRISE
Es-SCIENCES ET TECHNIQUES
DE LrsquoACTIVITE PHYSIQUE ET DU SPORT
LA LUTTE TRADITIONNELLE
son importance sa signification en fonction des ethos et des habitus ethniques au Seacuteneacutegal
Preacutesenteacute par
Monsieur Joseph Victor FAYE
Sous la direction de
M Jean Marc ROCHEZ
Professeur agrave lrsquoINSEPS
Anneacutee de soutenance 1984
LE tableau ci-dessous se propose dE reacutesumer les diffeacuterentes consideacuteshy
rations techniques envisagEacutees dans cette partie
FORlŒSSOGS-GRGUPES 1 COItltOLE GA~JESDt CORF=
i ~
1 1
Passage dessous de jambes et BassE KASSA saisies Moyenne1annexes bras (rapprocheacutee)
ceinture tecircte
Deacutecalage de Moyenne et BLOUF Demi-souplesse Ngimbe
HauteHancheacute Bras (rapprocheacutee)
Jambe
Arracheacute CouFOGNY Tregraves basse
Hancheacute ii 1
1 1
3 14 3 bull LeIIa~~jueetlecom~ortementdulutteur-+iola
1 Le comportement et lattitude du lutteur dans laregravene pe sont en fait
t
que le reflet de sa psychologie et plus partiCUliegraverem t de son eacutetat
dacircme Or il napparatt pas abusif deacutetablir des cor eacutelations entre
le psychisme dun individu et lempreinte eacuteducative quil a subie En effet en sortant du bois sacreacute le jeune diola a acquis un ~ca~~l
eacutequilibre physique et mental
Cette matrise de lui-mecircme permet au lutteur dans la~egravene dadopter
un aire enjoueacute de manifester beaucoup denthousiasme~ La lutte devient 1
essentiellement un jeu laspec ludique y est privileacutegieacute et ~ela influe
sur le comportement du lutteur
Ainsi queurolq~c soit limporta~cE de le~je~ le lutt~c~ dic1e Seuroreacute
to~jours serein et s~ livrera sa~s arri~re pe~s6e da~$ ~E CO=beacute ou-
tons que le lutteur diola est trecircs fair-play et sil arrive quun rdnd
lll L COIicircilU1Ul L ULOF
32 J Preacutesentation
La soc tEacute wucirc10f est celle qU1 a eacuteteacute la plus marqueacutee par la colonisation
~~ fait peut-gtre de sa position geuroographiquE dune part ct de 50~ imporshy
tanCE sur le plan dfmographiquE dautre part En effEt ceurootteuro CC-~ucircautE
wolof repreacutesente environ 20 de la population seacuteneacutegalaise
Elle est constitueacutee de pecirccheurs (ce sont les leacutebous) dagriculteurs de
fonctionnaires de lEtat mais surtout de commerccedilants
A pqrtir de leur reacutegime dimplantation le Cayor le Walo le Baol le
Djolof et la presquicircle du Cap-Vert les wolofs ont tendance agrave irradier
sur lensemble du territoire sous leffet de leur speacuteculation agrave la culshy
ture de larachide et du nombre important de fonctionnaires quon trouve
dans cette ethnie
322 Les moeurs et croyances wolofs
Bien queacutetant en grande partie des musulmans convaincus les wolofs
conservent toujours une croyance animiste et continuent agrave faire des
sacrifices agrave porter des cornes ou des morceaux de bois agrave la ceinture
aux jambes ou aux bras et agrave croire agrave lexistence des Djinneacutes et des
Raps bull
Le Djinneacute cest une creacuteature malfaisante en geacuteneacuteral capable de choses
extraordinaires Il possegravede des faculteacutes surnaturelles Cependant dapregraves
la croyance animiste certains Djinneacutes peuvent ecirctre bons
Le Hapl cest une creacuteature ayant des dons occultes appartena71t agrave une
famille ou agrave une communauteacute et dont le rOcircle est de veiller cu daider
les reCJrES de le fai11p ou dt la conmunauteacute en cas de da1gel Le Rap
~ ut te c ) ~~c-
ei sltcificE cJ sanl dE meut0 dL chat de pC)wleurot 5E1lt les conveuroshy
lances parfois leur dorner COrllTe offrande du lait Laii
Qua1d une famille ou une communauteacute neacuteglige les Sarakh (ici dans
le sens de sacrifice ou Offrande) elle se voit aussitocirct vouEacutee agrave la
maleacutediction des mauvais esprit~ (fcllec dans touteacuteS lEs ~treprises
de la vie maladie mort bullbullbull ) Les lieux ougrave habitent ls Taps et ougrave
se font les sacrifices se nomment Khambs
Geacuteneacuteralement le khamb se trouve dans lenceinte de la maison ou
dans un coin approprieacute du village Les lieux du khamb sont marqueacutes
par la disposition de calebasses de pilons de morceaux de poterie
briseacutes de grosses pierres de cornes et dautres objets heacuteteacuteroclytes
La superstition wolof est tregraves marqueacutee En effet pour le wolof toutes
les manifestations quotidiennes trouvent leur signification dans le
mysticisme Citons agrave cet effet quelques ezemples Une femme enceinte
ne doit pas marcher agrave nimporte quelle heure de la journeacutee Certaines
heures de la journeacutee lui sont interdites le Timiss (creacutepuscule
le Ndjo~or (de 13 H agrave 14 H de lapregraves-midi) le souf-segravede (de
minuit i4 H du matin) Selon la tradition ~t la croyance wolof les
mauvais ~sprits choisissent ces heures pour jeter des sorts Et la
femme enceinte eacutetant tregraves vulneacuterable le Djinneacute essaiera de lui insufshy
fler son souffle pour atteindre son beacutebeacute afin dentratner soit la
meacutetamorphose de cedernier en monstre soit de le tuer avant sa naissance
Dailleurs pour le wolof et pour certaines autres ethnies au Seacuteneacutegal
le timis le tdjolor le souf-segravede repreacutesentent des peacuteriodes de
la journeacutee ougrave lon ne doit pas se hasarder dans les rues et les champs
Ce sont des heures propices aux apparitions des Djinnes sous nimporte
quelle forme humaine ou animale
Il est eacutegalement interdit au wolof de marcher ou de serti la nuit du
~eacutellfria-
loutes c~s pratiques ~ystiqu~s et cr0ya~ces religi~us~5 ~xistent eL~~[
certainement dues agrave un meacutetissage culturel Parallegravelement aux feacutetiches
aux incantations et agrave lutilisation des safaras (substance magique)
notons lexistence de ga l a tchs (ce sOnt des talismans ougrave sont inscrits
du qui les porte Toutes ces croyances biEn sucircr auront une rEacutepercussicrI
sur leacuteducation du jeune wolof
323 Leacuteducation du wolof
Pour caracteacuteriser leacuteducation wolof nous avons penseacute donner comme
illustration cet extrait de la revue DEM ak TEY Pour deacutefinir leacutedushy
cation le wolof fait appel agrave un symbolisme qui eDglobe aussi bien les
moyens mis en oeuvre Yar que le reacutesultat obtenu agrave laide de ces mecircmes
moyens cest-agrave-dire la formation et le deacuteveloppement de lecirctre humain
ou Yaru
Le substantif Yar deacutesigne le fouet
Ce symbolisme deacutesigne donc au-delagrave du simple sens mateacuteriel de lobjet
lutilisation qui permet daboutir au reacutesultat escompteacute (Yaru) Au sens
geacuteneacuteral Yar deacutesigne tout instrument servant agrave infliger une punition Le
terme laisse supposer agrave priori que cette phase de lenfance durant lashy
quelle se preacutepare la vie de lhomme est lieacutee agrave la souffrance au supplice
Dailleurs une maxime wolof compare lenfant agrave une tige quon a tout le
loisir de redresser alors quelle est encore flexible bull
bullbullbull Pour leacuteducateur wolof la perfection nest point de ce monde malS
le devoir de chaque homme est de tendre vers la pleacutenitude en luttant
contre ses propres faiblesses Leacuteducation va d01c iisister essentielle~(-~t
sur lexercice quotidien de leacutelevation ffiora1e d~ lindividu Pour cela
elle privileacutegie la patience munI) vertu dabneacutegdtion et dE deacutesinteacuteresseshy
m(~t autour dE laquelle sarticulent toutes ]e~ ~u~~~s qualiteuros
i _
aan~ ~ s0cieacutet gt~olcf ocirclt~tartt nul -Jt- poulait sabecircisstr
tion de sa libertEacute La liberteacute est le preuumler drcmiddotir dE l ho-)euro egrave~S
baigner dans une beacuteate admiration du passeacute la comparaison avec le pr~$(middott
si~posc dclle-mecircme car lon reste s reacute devant la deacutesinvolture aVEC
laquelle dES honmes daujourdhui descendants de cette ~~~EacuteTatic ccedil~l se
une fois [largis bullbull tTasque fiers davoir fait leacute priS0n PEut-2tTE
faut-il mettre cela sur le compte de lurbanisation et des nouvelles
valeurs qui ont pour nom enrichissement reacuteussite sociale avec ce que
cela comporte de deacuteshumanisant et de deacutepreacuteciateur (1)
3 bull 2 bull 3 1 bull Lesri tes
Le sevrage et la circoncision constituent les deux grandes phases initiashy
tiques chez le wolof
- Le rituel du sevrage est appeleacute maga1 (litteacuteralement rendre grand)
Cest un eacutevegravenement important aussi bien pour les parents de lenfant que
pour la co~unauteacute Durant cet eacutevegravenement qui survient geacuteneacuteralement deux
ans apregraves la naissance du beacutebeacute les personnes vivant dans lentouragE
apportent leur soutien moral et mateacuteriel
- le rituel de la circoncision revecirct pratiquement la mecircme signification
que dans les autres ethnies seule la forme diffegravere La circoncision reste
encore une eacutepreuve de la vie au sort i r de laque Ile ladolescent devient un
homme Aujourdhui il faut noter une meacutetamorphose de la structure sociale
et des croyances religieuses tregraves accentueacutee aussi bien chez les wolof que
chez les autres groupes ethniques et ceci est peut-ecirctre dO au contact
permanent quils ont avec la socieacuteteacute occidentale
Malgreacute ces constat~tions il semblerait pcu=tant qUE la sociecirct~ lecircbou Gci
bien que se trouvaLt en grande partie dans ~a Presquth du Cap-ETt Et
en contact permane~t avec les blancs soit la portior la plu8 cc~serva-
----------~_- ---~-- -----
~
Incidences d s ~00urs sur la l~ttE
Le wolof connaicirct deux formes de luttes la lutte sirplE- sans t-t
la lutte avec frappe La lutte avec frappe a une crigi~e purement r
et ce nest que plus tard quelle devint une prati1uE sportive et lud
preacuteparer agrave la guerre Aussi tout en luttant On eacutetait autoris~ agrave frapper~
griffer mordre voire introduire son doigt dans loeil de son adversaire
Le jeune wolof devait eacutegalement se livrer agrave la lutte avec frappe afin de
favoriser son insertion dans la socieacuteteacute adulte et sinitier au meacutetier de
soldat faute de quoi il ne pouvait se faire entendre ne avoir des marques
de respect Pour montrer la populariteacute de la lutte dans le Cayor signalons
que les Damels ll (rois) et les Teignes (nobles) nheacutesitaient pas agrave sy
livrer Quant au IIMbeu~ (lutteur) elle lui servait de moyen de promotion
sociale car d8S que sa reacuteputation eacutetait eacutetablie il pouvait ecirctre choisi
par les rois et les nobles comme garde de corps
325 Signification de la lutte en milieu wolof
La lutte se pratique dabord pour lhonneur qui est une vertu tregraves signishy
ficative pour le wolof Elle permet de renforcer les liens amicaux entre
les jeunes de villages diffeacuterents Le champion veut gagner
confiance et la consideacuteration de son village de ses amis
Etre champion cest aussi susciter ladmiration chez les
sentant la force la viriliteacute et la deacutetermination
326 Organisation d~s eacutepreuves de lutte
3261 Les Mbapatts Ce sont les seacuteances nocturnes
pour meacuteriter la
et des anciens
filles en repreacuteshy
Ils sont organiseacutes apregraves les reacutecoltes agrave la fin de la saiscn des pluies
Ceci surtout p~ndant les peacuteriodes de clair de lune car ils peuven~ durEr
toute la nuit Le but des ~Dapatts lt=tait de prfpa-er FhysicuemeH et
~ arb Sil
326 Le 1
cest une organisation beaucoup plus importante que les I~apatts ~
loccasion de laquelle on peut voir plusieurs lutteurs de grande reDommfe
saffronteLLa fin dl lamb est toujours couronneacutee par une grand co~bat
duquel le vainqueur est sacreacute champion de la contrecirce
Le choix du lieu est lieacute agrave limportance de ce lieu dans le village cest
la place publique ougrave geacuteneacuteralement se passent toutes les manifestations
assembleacutee geacuteneacuterale sabar (danse) cest aussi lendroit ougrave sont prises
les grandes deacutecisions
3623 Lappariement
Dans un village ou un quartier les lutteurs se regroupent en lang
(eacutequipe) et jamais deux lutteurs de mecircme lang ne se rencontrent lors
du lamb
L appariement s~ fait librement entre lutteurs de lang diffeacuterents l1hs
une regravegle veut ~uavant de lutter avec le Mbeur Kanur de tel lang si
on est soukh (l~tteur pas encore confirmeacute) il est neacutecessaire de lutter
dabord avec ses soukh et ce nest quapregraves les avoir terrasseacutes tous
quon se voit octroyer la chance de lutter contre lui
Notons que la cateacutegorisation des lutteurs par poids nest jamais prise
en consideacuteration
3624 La tenue du lutteur ou NGIMBE
Le middotNGimbe est confectionneacute par le marabout de la famille ou du clan Il
est constituecirc de pagnes en coton tisseacute geacuteneacuteralement offerts par la megravere ou
la grand-megravere du lutteur ceci lors des organisations de ~rande Tportance
COrlune lef 1amb Dans le cadre des l-bapatt les pagnes sont C tErts peumlr
~~~rcfcis ct ffi~mc aujourdhui d218 cErtaInes fa~ille5 on devj~Gr
luttEur de pegravere en fils et dans ce cas h 1
gimbell du pEgravere Est recircr i tEacute
par le fils Le fait de porter le lI~gimbe agravee ses aiumleux peut susciter
cne~ le jeune lutteur une motivation et une volontecirc in~branlable rlasshy
surer 12 supeacuterioritEacute cis SIcirct-ns dallS
le xgimbe de la famille ne touche pas le sable
La tenue du lutteur a une signification et une importance sur le plan
mystique car selon les anciens le vrai feacutetiche du lutteur celui qui
le proteacutegera agrave vaincre le Djinneacute ou le Rap de ladversaire se trouve
cacheacute dans ce Ngimbe Celui qui confectionne-le Ngimbe est doueacute de
faculteacutes occultes
~~r~i~rg Il est assureacute par un sage du village qui geacuteneacuteralement fut
championde lutte de son temps Dailleurs cet ancien nintervient que
si le terrassement est litigieux
Hormis le public qui proclame la victoire ou le match nul le lutteur
lui-mecircme est arbitre et il arrive quil se deacuteclare vaincu ~ous
pouvons citer comme exemple Meacutedoune KHOULE un des plus grands lutteurs
seacuteneacutegalais qui a donneacute une victoire agrave Djeacuteri SADIO son adversaire qui a
reacuteussi agrave lui faire toucher le sol de la main
Il Y a terrassement quand le lutteur se retrouve
- assis sur le sol
- eacutetaleacute sur le dos
eacutetaleacute sur le cocircteacute
les deux genoux au sol
- les deux ma~ns au sol
la tecircte (front au sol agrave la suite dune brouette)
Il peut y aVOIr match nul si apregraves li1 temps ccmsideacuterable les lutteurs
SE sont ~ ivrEacutes respectivement agrave des assauts rEacutepEacutetEacutes et n arrivEt pas a
3265 L~ precircparation mystique
Il faut reconnattre quon ne peut parler de lutte en milieu wolof sans
envisager une preacuteparation mystique seacuterieuse Co~~e ~ous lEvans vu a~teacute-
1middot ~ d ~ ~rlturenent t0utes es actlvmiddotltesmiddot u W010 sont lles a SeS croyances
- la lutte ne concerne pas seule~ent deux acteurs se livrant faruumlucheshy
ment agrave un combat au milieu de laregravene mais eacutegalement les marabouts et les
feacutetichistes du village ou du clan qui doivent deacutefendre leur savoir et
leur prestige Avant le combat le lutteur doit se livrer agrave un certain
nombre de preacuteparations mystiques pour assurer sa victoire Aussi sommesshy
nous appeleacutes agrave parler de BACK (cest le chant et la danse du lutteur)
- le batteur de tam-tam compose un rythme en fonction du Galagne ou du
Senghor (gds-gris) du lutteur Chaque galagne sera choisi en fonction
du Rap ou du Djinneacute correspondant au Totem du lutteur
Le chant geacuterleacuterique Feinte woy veut dire litteacuteralement composer un 1
chant Ce chant est geacuteneacuteralement composeacute par les filles du viilage du
champion ou par un griot de sa communauteacute Et agrave travers ce chrnt on
arrive agrave toucher la corde sensible du lutteur en chantant lesl innombrables 1
victoires de ses ancecirctres ou en lui rappelant ses prouesses eacuteblatantes 1
Chaque lutteur doit avoir un chant et un back qui lui sont propres
327 Le reacutepertoire technique et les caracteacuteristiques physiques dulutteur wolof
Le lutteur wolof est geacuteneacuteralement moyen de taille la musculagraveture est
tregraves saillante ce qui fait ressortir un aspect tregraves athleacutetique ceci
est vrai sans exception pour le lutteur leacutebou mais il arrive que le Cacircyoshy
rien le baol-baol le walo-walo soient de grands gabarits de forte constishy
tution
CepEndant pour une meilleure compreacutehension du sujet nous pouvons eacutetudiEr
deux jroups d lut teurs qui vont deacuteterminer deux st yI e s de lut tes
- ~ t
les tc~tativ~s de~[reacutee e~ ramassement de jambes de la~v~sairL Ce~~
peut Ecirctre expliqueacute par le fait que les lutteurs leacutebou ou walo-walc qui
sont des pecirccheursadoptent cette garde tasseacutee du fait quils so~t tou-
jours pencheacutes en tirant le fil ou en poussant la plrogue On verra techrugravequeacutes dt cirr 2C ~lt 5Jllicitocirct
surLuumlut les membres supeacuterieurs
Le cayorien et le baol-baol par contre sont les plus grands cultivateurs
darachide chez eux les techniques de lutte sont plus varieacutees et la
garde est moins renfermeacutee Les lutteurs cayorien et baol-baol ont une
morphologie et une reacutepartition musculaire bien eacutequilibreacutee ils excellent
dans les techniques en deacutecalage les techniques de jambe et surtout les
techniques de riposte ougrave lon peut voir des prises de hancheacute tregraves amples
Dune maniegravere geacuteneacuterale on peut dire que le lutteur wolof est un fin
technicien qui sait surtout creacuteer les opportuniteacutes e~ avec sa rapiditeacute
utiliser la force de ladversaire pour le deacuteseacutequilibrer le noodju
le mbas le weacuteheacuteleacute et le rasu sont des techniques propres au lutteur
wolof
En deacutefense il utilise surtout des kl~klets ou gal-gal Notons que
le balancement des bras ou Lewato e$t tregraves marqueacute dans la lutte wolof
TABLEAU RECAPITULATIF DES COMPOSANTES TECHNIQUES
( 1 )
1 SOUS-GROUPES GARDES CONTROLES FORHES DE CORPS l
Walo-walo Basse de jambe Arracheacute l l10yenne de Ngimbe et i
Leacutebou Tasseacutee et saisies annexesj Deacutecalage 1 1 distante de bras de tecirct1
j de bras Deacutecalaeuro
~-----------------~-
- ~ ~- shy - ~ ~ bull L _ _ bull
Profil psyc~~iqUE du lutteu- et son comporterent dars l 2regravere
La preacuteparation mystique dans laregravene est plus marqueacutee chez les wolofs
que ChE~ les autres ethnies En effet on verra de grands champions
preliGrE plusiEurs heures pour Enduire leur corps de cll2badep ou ci
rmiddot- ~ a la proprieacuteteacute de proteacuteger li1egraveividu J
les mauvais sorts) Cest dailleurs un aspect dt la luttE qui iJcsc
des problegraveJles
Le lutteur wolof est tregraves superstitieux et la peacuteriode de preacuteparation
est capitale pour lui car elle permet non seulement de rendre
hommage aux ancecirctres mais aussi dintimider son adversaire Cest
geacuteneacuteralement un lutteur agressif combatif et teacutemeacuteraire Il se fait
souvent remarquer par son esprit dentreprise Mais cette fougue dans
le combat lamegravene parfois bien que ce soit regrettable agrave oublier les
usages et les normes Ce manque de maicirctrise de soi peut faire croire
que le lutteur wolof manque de fair-play ce qui nest pas toujours le
cas
~A~Ugrave~ t 4AA CbUrs k LA ucirctotve f~tPle Sesect prores mou W ~ lesquelles vont se couler les comporteme~ts individuels qui sont ainsi
monteacutes par et pour lautoriteacute sociale
Les faccedilons de boire de marcher ou de sasseoir se manifestent indivishy
duellement dans le corps de chaque personne ces habitus sont cependant
des montages sociaux lieacutes agrave des significationssymboliques variables
dailleurs selon la position sociale occupeacutee par chaque sujet Ces modes
dagir se rangent dans un systegraveme de montages symboliques et lindivishy
du les apprend de la socieacuteteacute dont il fait partie agrave la place quil occupe
Lhabitus est un montage social agrave la valeur symbolique deacutependant des pheacuteshy
nomegravenes deacuteducation et de prestige et lieacute agrave la position sociale du sujet
Cette penseacutee sonne de faccedilon eacutetonamment moderne
Pierre BOURDIEU qui dans une perspective a approfondi le contenue de la
notion en le reportant aux oppositions entre classes et fractions sociales
Il deacutefinit lhabitus comme un systegraveme de dispositions durables acquis au
cours dune histoire personnelle dans une milieu social donneacute systegraveme qui
engendre ensuite des pra~iques socialement deacutetermineacutees faccedilons de manger
de parler ou de marcher comportements de politesse contenu des preacutefeacuterencel
et des deacutegoOts bullbullbull lhabitus est le produit de conditions eacuteconomiques et
sociales Lauteur rattache directement la formation de lhabitus dun
individu agrave la trajectoire parcourue par celui-ci dans sa classe dapparteshy
nance il deacutefend lideacutee dun habitus de classe qui deacutefinit le sens confeacuteshy
reacute agrave la pratique sportive les profits qui en sont attendus
Ce dernier serait lui-m~me lieacute agrave un systegraveme de valeurs ou ETHOS de classe
prenant sens au sein doppositions distinctives entre classes sociales
De sorte lhabitus fonctionne comme un systegraveme dt- regravegles inteacuterioriseacutees
souvent informuleacutees permettant ou non agrave lagent de sadapter dembleacutee aux
multiples pratiques de la vie quotidienne et de la vie sportive il est agrave
lorigine des schegravemes de transcription qui favorisent les ajustements aux
situations corporelles nouvelles (1)
t ~
(1) P~IE11D dwi6Han ISpoy-l et sodeacutebi Approche Bocio-culturelle des pratiques P~tis Vigot 1981 page 81
33
331 Preacutesentation
Les Seacuteregravere auraient pour origine le Fouta Toro quils auraient quitteacute
vers le Xllegrave siegravecle pour fuir lislamisation de cette reacutegioD par lempire
dJ Xali (ils seraient donc apparEnt~s aux Peul et Toucouleur ) Ils
auraient trouveacute dans la rEacutegion du Sine les Sosseacute dorigine manding avec
lesquels ils salliegraverent
Au XVegrave siegravecle une autre immigrationSos~ conqueacuterante cette fois-ci
apporta son organisation eacutetatique Ils se divisegraverent en deux monarchies
deacutemocratiques lune seacutetablit au Sine et lautre au Saloum Les Sosseacute
conqueacuterants constituaient lautocratie appeleacutee Guelowar
La royauteacute seacuteregravere eacutetait laiumlque Les premiers souverains durent secouer
la tutelle des Toucouleur et progressivement arrivegraverent agrave unifier lethshy
nie des seacuteregravere etdea Sosseacute Les deux royauteacutes eacutetaient organiseacutees selon
acirces modegraveles tregraves deacutemocratiques Le souverain deacutependait dune assembleacutee
de ministres et de chefs locaux qui assuraient ladministration centrale
et reacutegionale())
Aujourdhui lethnie seacuteregravere repreacutesente 20 de la population seacuteneacutegalaise
Ils sont reacutepartis sur presque toute leacutetendue du territoire notamment
dans le Baol la reacutegion du Sine-Saloum et la reacutegion de Thiegraves
Signalons quil existe plusieurs sous-groupes dans lethnie ainsi on
trouvera
- dans la reacutegion de Thiegraves les Ndut les Safegravene et les None
- dans le Sine-Saloum les Sine-sine et les Saloum-salouIT
On trouvera vers foundioune et agrave Nioro du cocircteacute de la Gambie les
Niominka (pecirccheurs) Cest une portion tregraves mandinguiseacutee
( 1
Le rattache~2~t d~ to~s ccs sous-groupes pose problecircme ~25 0~ r0~V~
uc grande partie de traits COITul1uns dans leurs modes dE vie Ct pOUT phs
de faciliteacute nous allons essayer de faire une ~tude globale de la lutte
traditionnelle seacuterecircre Lactiviteacute socio-eacuteconomique qui est essentielleme~t
agro-pasorale caracteacuterisE leacutethnie seacuteregravere
332 Lecircducation les moeurs les croyances et pratiques sEr~rc
Chez les Seacuteregravere la vie humaine se deacuteroule selon les grandes eacutetapes
le baptecircme lenfance ladolescencemarqueacutee par la circoncision lsectge
adulte le mariage la vieillesse et la mort (funeacuterailles)
La vie de la communauteacute seacuteregravere reste une des plus originales sinon
celle qui de nos jours garde la presque totaliteacute des pratiques et
habitudes traditionnelles
Bien qu aujotltdhui con~r-tis aux religions chreacutetienne et musulmane les
Seacuteregravere conservent leurs croyances et pratiques animistes
Quelque soit leur degreacute dadheacutesion aux religions reacuteveacuteleacutees les Seacuteregravere
croient en un Dieu puissant et miseacutericordieux Rog Segravene et les hommes
Les ~angols sont repreacutesenteacutes mateacuteriellement dans tous les villages
seacuteregraveres par des arbres (baobab et tamariniers) des animaux (geacuteneacuteraleshy
ment serpent doreacute ou iguane) des ustensiles (pilon calebasse et mortier)
De nombreux teacutemoignages nous apprennent que certains totems (serpent
iguane) font leur apparicion agrave loccasion de certaines manifestations
rituelles comme les sacrifices ceacuteleacutebreacutes lors dun mariage de ceacutereacutemonies
mortuaires ou des circoncisions
Le Seacuteregravere comme il nous a eacuteteacute donneacute loccasion de le dire plus haut
preacutesente des speacutecificiteacutes authentiques aussi bien en tout ce qui touch~
son eacuteducation ses croyanCES et pratiques mystiques q~e ses activiteacute~
socio-ecirccc~omiquEs Apr~s a ~aissa~c~ le beurob~ ~~ pcs~ 5~~ lE S~ __
On lui mouille les l~vres avec un peu d~ lait de mil et apr~s U~ bain
purificateur on versera leau dans un trou cr~us~ derri~r~ la Camp~~
Pendant huit jours la megravere et lenfant sont cacheacutes dans la case car
selon les anciens ils sont tregraves vulneacuterables La case deacutens certains cas
est entoureacutee dun fil blanc et lon place sur le seuil des fais(cauy di
veacutegeacutetaux pour chasser les mauvais esprits (geacutenies malfaisants et illangeUY~
dacircmes) Au bout du huitiegraveme jour la megravere et lenfant peuvent sortir de
la case bull
bullbullbull Le matin du huitiegraveme jour la tante paternelle va chercher de leau
(plusieurs fois)t elle doit rester muette pendant ses alleacutees et venues
si elle parlait t lenfant pourrait ecirctre muet bullbullbull
La megravere et lenfant prennent un bain purificateur dans lequel sont
trempeacutees certaines plantes (ce sont des veacutegeacutetaux pr~tecteurs tels le
begravene le yag le ngud) On y lavera aussi le linge e1t les ustensiles utishyj
liseacutes pendant les huit jours qui viennet de seacutecoul~r On rase le crine
de lenfant Les cheveux sont donneacutes agrave la megravere qui ~s enterrera avec le
reste du cordon ombilical dans un endroit que11e esit seule agrave connattre
La megravere sassied sur une natte devant la maison Une femme igeacutee de la
famille prend le beacutebeacute dans ses bras et le preacutesente aux quatre coins de
lhorizon
La tante paternelle tient ensuite un van sur la tecircte de la megravere on y
verse le mil on y verse eacutegalement en abondance sur la megravere et sur
lenfant La tante oint ensuite le corps du beacutebeacute avec du lait e11e
touche en particulier le front t le nez la bouche la poitrine le dos
et les oreilles
Elle pose enfin un ~rain de sel dans la paume du beacutebeacute (le sel purifie
et deacutetruit les puissances mauvaises)
Apregraves un nouveau bain la megravere et lenfant revEcirctent des habits de fecircte
(est
lenfant Ce precircnore a toujours U~ SEns Il sy~bolise parfois C0 qUi
lOIl sounaitt agrave lEufant l)
La circoncision comme dans les autres ethnies est obligatoire Elle
permet au jeune adolescent dacceacuteder agrave la classe adulte Les jeunes
sont regroupes en classe dacircge dans le bois ougrave sc fait la r0tr~it0 des
circoncis et ceci pendant plusieurs mois
Le Selbeacute qui est geacuteneacuteralement un ancien craint de tous les eacutelegraveves
enseigne le respect de la hieacuterarchie la discreacutetion le goOt de linishy
tiative Les activiteacutes physiques et leacuteducation artistique ne sont pas
en reste la deacutecoration la sculpture la lutte et la danse A sa sortie
du bois linitieacute appartient deacutesormais agrave la classe des virils et des
sages du clan car on lui aura enseigneacute les vertus fondamentales que
sont la justice lhonneur lamour du prochain 1 amour du travail
lhonnecircteteacute et surtout le respect des coutumes ancestrales
Le rite du mariage esd aussi un fait tregraves important dans le monde 1
seacuteregravere mais par manq~e dinformation nous serons obligeacutes de nous en
tenir lagrave
333 Impact des ethos sur la lutte dans le monde seacuteregravere
Lorigine de la lutte seacuteregravere ne semble pas claire ma1S nous pouvons
dire quil existait deux formes de lutte comme chez les Wolofs une
lutte sans frappe et une lutte avec frappe Et cest cette derniegravere
qui peut-ecirctre nous ameacutenerait agrave croire que la lutte seacuteregravere aurait une
origine plus preacuteciseacutement guerriegravere
Aujourdhui la lutte est uniquement une activiteacute sportive agrave travers
laquelle le jeune seacuteregravere eacutevalue sa force son courage et SOn ingeacutenioshy
siteacute Cest une occasion de deacutefendre lhonneur de son village ou de
la corrnnunauteacute
La luttE ~5t avant tout u~e rnanifcs[dtic~ c~lturclie et surtout
fo lkhriqut-
Gracircce agrave elle on peut deacutesormais comprendre un certain nombre de chants
et de symboles A travers la lutte seacuteregravere on ccedilomprend les inter-relashy
tions entreacute la vie et le monde surntiturel
Sil devait y avoir la mort dun villageacuteois pendant la fecirctE au T qUE
de linterrompre on proceacutedait gracircce aux connaissances magico-religieuses
agrave la suspension de la mort jusquagrave une peacuteriode ougrave la population sera plus
disponible pour organiser des funeacuterailles sil y eacutetait preacutedit la possibishy
liteacute dune deacutefait du champion local au profit dun champion dun autre
village des recettes dordre maginque et religieux eacutetaient mises en prashy
tique afin que le champion du village ne soit jamais terrasseacute(J)
334 Le profil du lutteur seacuteregraver~
Le lutteur seacuteregravere est par essence un athlegravete impressionnant de par sa i
carrure et sa musculature saillante mais cest aussi une force tranquille
et calme quelque soit lenjeu du combagravet et particuliegraverement lhonneur
Cet aspect nous pousse agrave parler du NGiMBE cest-agrave-dire de la tenue du
lutteur qui va influencer sur sa faccedilon de lutter
La confection du Ngimbe revient agrave la communauteacute entiegravere Le Ngimbe a
une signification symbolique et le lutteur pour meacuteriter la confiance du
groupe se doit de tout faire pour ne pas toucher le sol Toute la commushy
nauteacute elle aussi sengage pour assurer la longeacuteviteacute et le succegraves du lutteur
dans laregravene par lorganisation droffrandes et de sacrifices en lhonneur
des Pangols bull
bull
Daucuns nheacutesitent pas agrave dire que lessentiel du mysticisme se fait agrave
la maison et non dans laregravene tout le reste nest quintimidation de
ladversaire
lsvcns
Tt- pi ~- t
t 1 ~ l _ ~ t
par rapport agrave lautre Cbci est trEgraves lieacute agrave lactiviteacute journaliegravere du
jeune seacuteregravere qui est un cultivateur donc toujours bien planteacute sur ses
jambes et qui continuellement manie lhiler
Le fait de couper le boi~ peut eacutegalement constituer un moyen de muscushy
lation non neacutegligeable pour le jeune lutteur
Un certain nombre de traits techniques speacutecifiques au lutteur seacuteregravere
semblent ressortir des diffeacuterentes interviews que nous aVOns fait subir
agrave certains lutteurs seacuteregraveres et agrave diffeacuterents techniciens
SOUS-GROUPES FORMES DU CORPS CONTROLES GARDES
SAFEN Moyenne en fente NONE Hancheacute Bras (distante) j
NDUTJ
f
SINE-SINE Deacutecalage Ngimbe
Moyenne
SALOUM-SALOUM Passage- Jambe (rapprocheacutee) 1
i
PETITE dessous Tecircte Basse et 1
COTE Moyenne (rapprocheacutee)
Notons que le Niominka ll commence agrave lutter agrave partir du sol pour avoir
assez deacutelan et sauter sur ladversaire afin davoir la prise du lion
(contr6le de la nuque et du bassin)
Co a -tem-nt ccedilt attitude du lutteur sEacuteregravere335 np -1t ~
Les croyances mystiques sont indissociables des activiteacutes quotidiennes
duseacuteregravere Ce qui explique le cocircteacute supersticieux du lutteur seacuteregravere En
~ffet certains lutteurs refusent de lutter avant certaines heures
Certains teacutemoignages nous apprennent quil nest pas donneacute agrave tout le
monde decirctre champion de lutte et que le lutteur doit avoir des dons
surnaturels pour ecirctre agrave mesure de livrer ses combats dans la nuit
et trouver seul un gris-gris speacutecial appeleacute Njatch
Le vrai champion de lutte chez les seacuteregraveres ne lutte pas seulement avec
~a force et sa technique mais surtout avec ses dons occultes
Chez les seacuteregraveres les morts sont toujours preacutesents et les ~pangols
Servent dintermeacutediaire entre les hommes et les morts Le pangol prend i
le nom dhumain dans certains villages (IIHeacuteJga NDONG Har Wag NGOUYE) i 1
De ce fait on verra le lutteur danser dufe maniegravere ou dune autre en
fonction du pangol de sa famille Ainsi nrus aurons le back (chant et
danse du lutteur) des DIOUF des FAYE etclbullbullbull
Dans laregravene le lutteur seacuteregravere a un comportement exemplaire aussi bien
agrave leacutegard de son adversaire direct quave~ le public en geacuteneacuteral Lexpli shy
cation semble tenir au fait que le lutteur seacuteregravere est avant tout selon
la tradition orale le repreacutesentant de toute la communauteacute seacuteregravere Par
conseacutequent il devra saffirmer non seulement en tant que lutteur dans
laregravene mais aussi en tant quentiteacute morale
336 La tenue du lutteur ou NGIMBE est confectionneacutee par le marabout de la
famille ou du clan Le Ngimbe est constitueacute de pagne en cCton tisseacute
Il doit ecirctre propre le lutteur qui le porte ne devra pas avoir de rapshy
port sexuel pendant toute la peacuteriode des cOTpeacutetitians car le Ngi~bE ne
doit pas ~tre souilleacute
Autrefois et mecircme aujourdthui dans certaines familles on devient
lutteur de pegravere en fils et dans ce cas le Ngimbe du pegravere est heacuteriteacute
par le fils Le fait de porter le Ngimbe de ses aieux peut susciter
chez le jeune lutteur une motivation et une volonteacute ineacutebranlable dtasshy
surer la supeacuterioriteacute d~s siens dans ltaregravene Il fera tout pour que le
Ngimbe de la ramille ne touche le sable
La tenue du lutteur a une signification et une importance sur le plan
mystique car selon les anciens le vra1 feacutetiche du lutteur celui qui
le proteacutegera et laidera agrave vaincre le nDjinne ou le tRapu de ladvershy
saire se trouve cacheacute dans ce Ngimbeu bull Celui qui confectionne donc le
Ngimbe U est doueacute de faculteacutes occultes
337 Larbitrase est assureacute par un sage du village qui geacuteneacuteralement fut
champion de lutte de son temps Dailleurs cet ancien nintervient que
si le terrassement est litigieux Hormis le public qui proclame la vicshy
toire ou le match nul le lutteur lui-mecircme est arbitre et il arrive
quil se deacuteclare vaincu
Nous avons pu cfter Meacutedoune KHOULE un desplus grands lutteurs seacuteneacutegashy
lais qui a donn~ une victoire agrave Djeacuteri SADIO son adversaire qui a reacuteussi
agrave lui faire touegraveher le sol de la main
IlL
34 1 Preacutesentation
Lethnie toucouleur vit En grandt partit ciE~~ la vallfc du S~~~gal
pt reprecircsente i peu pr~s 8 de la population totale secircn~galaise
o Histoire
Il semblerait que dans lancien royaume du Tekrour (IX~ siegravecle) des
eacuteleacutements neacutegroiumldes Sarakoleacute et des Peul aient formEacute par meacutetissage le
peuple Toucouleur (Toucouleur serait dailleurs une deacuteformation du
mot portugais Tacouror)
Ce empire a domineacute aussi bien les wolofs de lOuest que les Peul
nomades du Fouta Toro Cette reacutegion fut le premier pays islamiseacute par
les Almoravides ce qui peut expliquer le proseacutelytisme toucouleur
Ce sont les guerriers toucouleur islamiseacutes qui attaqu~rent avec les
Almoravides la capitale du Ghana Koumbi en 1067 On convertit par
la force les animistes Cest sans doute agrave cette eacutepoque que de nombreuses
ethnies reacutefractaires agrave lIslam ont dO accentuer leur migration vers
le sud (Seacuteregravere wolof Sarakoleacute Bambara Songhaiuml Akan et Peul se reacuteshy
fugiaient vers les hauteurs du Fouta Djalon)
Au XIXegrave siegravecle les Toucouleur allaient trouver en El Hadj Omar Tall
un grand conqueacuterent qui sous le preacutetexte religieux de la gJerre sainte
contre les tribus animistes (entre autres Bambara) eacutetendit lempire
toucouleur sur presque tout lensemble du gali et la partie de la Guineacutee
proche du l1ali
Lempire toucouleur composeacute de Sarakoleacute de Bambar~ de ~alinkeacute de
Xassonkeacute dE Peul et de Dogon eut le meurorit~ dunir CES diif~rentes ~ ~ - - - - - et~ics ~t dE CD~stituer l~Sl la b2S~ ~r 1
_ ~ ~ ~_ L ~
~ ~- ~- - - ---- _ 1 v _ t 1 ~-_ --
marabout tOL~culcuuml~ ~ middotlrrany a l ick SI venu des E1i rClS dE Pocior~ (
~ Vi~ euroconomicue et sociale -----------~-------------
Les Toucouleur sont des cultivateurs mais bien quils n~ soie~t pa~
pasteurs comrre les Peul leacutelevage a une place inportarteacute decirc1S ltur
eacutecono~ie Pour faciliter leur conquecircte guerriegraverE ils c~t Eucirc une preacuteshy
dilection pour leacutelevage des chevaux On y trouve aussi des pecirccheurs
appeleacutes Tchioubalo La socieacuteteacute toucouleur aurait une stratification
sociale tregraves rigide Les groupes ethniques et les castes eacutetaient
diffeacuterencieacutes et strictement exogamiques les Rimbe classe des nobles
comprenant la famille reacutegnante et les guerriers libres la classe des
Nieacutenieacutebegens de castes artisanales i les Rimaibeacute anciens esclaves
devenus serviteurs qui portent les noms de famille de leur maicirctres A
la base de lorganisation de la collectiviteacute toucouleur se situe le
village (Wouro)
Toutes ces castes sont cloisonneacutees entre elle~ Ainsi il nest pas
permis agrave un Torodo (noble) de se marier avec un Tchioubalo Ces
consideacuterations sont importantes dans le domaine de la lutte ougrave nous
apercevrons que les nobles ne sont pas faits pour lutter Le noble
preacutesidera les seacuteances de lutte et on luttera pour lui Ces condeacute rat ions
de noblesse et de rang social sont extrecircmement importantes dans le
monde toucouleur
Le noble ne doit pas se salir on lutte pour lui il ne vit la lutte
quen tant que spectateur
342 Education moeurs croyances et eratiques religieuses
Deux formes d~ducation sont agrave consideacuterer leacutedJcatio~ dES enfarts Et
celle des adultes
oG lenfant sait m2n~~r et apprfcier le goOt d~5 ~iifeurorents r~pas lt
le moment ougrave il CO~~e~CE agrave marcher
tivirt n~sormais le petit toucou]eur est eacuteduquf par toutmiddot 12 f2~i)]E
dabord puis par toutes lespersc~nes du village ou du C13~
Lenfant peut ~tre corrigeacute par tout adulte appartenant au groupe social
Son eacuteducation est deacutesormais laffaire de toute la communauteacute et non
exclusivement celle ces parents On linitie ainsi au travail quotidien
qui se fait dans la bergel~ e les champs et les bords du fleuve Au sein
du village il pourra apprendre agrave filer la laine et agrave tisser des pagnes
dans les champs il apprend agrave manier la houe et lhiler pour la culture
du riz et du mil Mais signalons que lactiviteacute essentielle du toucouleur
est leacutelevage des boeufs des moutons et des chegravevres Chez les Ichioushy
balos (p~cheurs ) lenfant sera initieacute tregraves tat au maniement des pagaies
agrave la p~che propremccedilnt dite et agrave la nage
Vers cinq-six ans lenfant est confieacute au maicirctre coranique le Ihierno
et ce dernier dispose exclusivement de toute sa vie Lavenir du jeune
enfant lui appartient
Comme dans les autres groupes ethniques les enfants sont regroupeacutes en
classe dacircge et cest dans cette structure que lenfant subit les rite
de passe et plus particuliegraverement celui de la circoncision
La circoncision est non seulement unE opeacuteration chirurgicale malS surshy
tout une peacuteriode au cours de laquelle le jeune garccedilon passe de leacutetat
dadolescent agrave leacutetat dadulte Les circoncis sont reacuteunis en classe
dacircge dans un endroit situeacute hors duvillage geacuteneacuteralement choisi par les
vieux Cet endroit n~st accessible que par des individus de SExe ffi8SCUshy
li~ ~ta~t au preacutealabl circoncis
- - - -
quable et complet sur le plan phy~ique et ~oral Ai~si liniti~
acquiert les qualitecircs indispensables que sont le courag~ la modest
lesprit de sacrifice lendurance
Le toucoule~r est un pleux musulma~ Cela sexp1
SOil le premier agrave tre en contact avec la religion musulmane de par sa
position frontaliegravere Lethnie toucouleur de par son histoire a preacutesenteacute
les plus grands chefs militaires et religieux musulmans seacuteneacutegalais Et
pour illustrer cela on peut citer en exemple la grande famille musulmane
des SY agrave TIVAOUANE repreacutesentant la confreacuterie des TIDJANES
Bien que lon note une majoriteacute musulmane on peut dire que certaines
croyances et pratiques mystiques et animistes persistent encore surtout
dans la reacutegion du fleuve
Une pratique courante se fait elle sappelle le Djatt Elle consiste
agrave faire sortir le caiman du fleuve agrave limmobiliser et agrave lattacher
sans quil ne reacuteagisse et tout ceci agrave laide de versets et dincantashy
tions magiques Dapregraves les teacutemoignages ces pratiques sont plutocirct
freacutequentes chez les Tchioubalos (pecirccheurs) Il arrive aussi que cershy
tains chasseurs ayant des dons se livrent agrave certaines pratiques an1shy
mis tes qui consistent agrave invoquer certaines puissances et agrave moduler sous
forme de chant des versets occultes pour se proteacuteger des mauvais esprits
et pour eacuteloigner les fauves Ce chant est geacuteneacuteralement incompreacutehensible
et deacutenueacute de sens pour le profane
343 Activiteacutes ludiques et pratiques sportives en milieu toucouleur
Durant toute son histoire lethnie ~oucouleur a toujours EacutetEacute Frese~teacute~
comme celle qui avait ue activit essentiellement guerr e e~ particushy
liegraverement farouche Trois eacuteleacutements ret r t l ecirc t te nt i c- euro so~t
le manie~~nt du ~acircton 12 luttE Et 1eacute danSE
l
Lecircducation ph~sique et artistique Dcc~pe un place precircpondecircra~rp
dans la fDrmat~on du jEune toucouleur A loccasion agraveeacutevegravenemen~ imporshy
tants reacutecoltJs mariages baptecircme nous assistons agrave des manifestashy
tions folkloriques de grande envergure le Wango oucirc dailse toucouleur
tregraves gymnique iles chants et surtout les sEacuteances de lutte
La lutte toucouleur est la forme de lutte la plus spectaclaire dans
tout le territoire seacuteneacutegalais Elle est essentiellement baseacutee sur des
techniques en hancheacute et surtout en souplesse Ceci sexplique par le
fait q~e le jeune toucouleur est tregraves tocirct initieacute agrave la gymnastique (saut 1
per saut de main salto arriegravere saut de tecircte couronneacute etc bullbullbull ) pour
la dans~ du wa~go En dansant le wango qui est une danse rythmeacutee et
gymnique le Jeune toucou1eur est capable de prouesses extraordinaires
1
En lutte lattaquant se deacuteplace tregraves peu pour avoir une bonne saisie
(geacuteneacutera~ement controcircle du Ngimben ) et enchaine brusqueme~t avec une
attaque surpris~ Cependant les ripostes sont souvent surprenantes et
spectaculaires (baseacutees sur la souplesse et la rapiditeacute) ontrairement
aux autr~s form~s de luttes ougrave lon voyait tous les jeune adheacuterer la
lutte to~cou1eur Verra un groupe de speacutecialistes sadonne agrave la lutte 1
(la lutte est lieacutee agrave la position sociale de lindividu problegraveme de
caste)
Q La morphologie du lutteur toucou1eur 1
1 1
Ce dernier nest pas aussi large et aussi fort que les lutteurs diola
et seacuteregravere Cependant il est tregraves reacutesistant La musculatJre est saillante 1
et tregraves souple lindividu est longiligne mais tregraves athleacutetique
Les mouvements de lutteurs sont semblables agrave ceux dun grand fe1in Cette 1
morphologie semble ecirctre lieacutee agrave la position geacuteographique de lethnie
(reacutegion du fleuve) et agrave lacitiviteacute socio-eacuteconomique du toucouleur qui
est agrave la fois cultivateur (activiteacute lieacutee agrave la crue et deacutecrUE du fleuve)
pecirccheuro~T CIcr~icubaon) et sttout jEumlrgcr qui est U~ rc~2eumlr
shy
Deux formes egrave~ corps sembl~nt ecirctre preacutefeacutereacutees du lutteur toucouleur
le hancheacute et la souplesse Les hancheacutes sont faits agrave partir de plusieurs
positions de doset se terminent geacuteneacuteralement par des techniques de
tregraves grande amplitude
TABLEAU RECAPITULATIF DES TECHNIQUES ET FORMES DE CORPS SPECIFIQUES
i
L441 r
GARDE FORMES DU CORPS CONTROLES --shy - -
Moyenne Souplesse Ngimbe
Hancheacute bras
Demi-souplesse
1
Profil psycholosigue 1
TECHNIQUES
ContrOle du bassin et 12 souplesse
arriegravere
Klicket et allegravegement de la hanche
Le lutteur toucouleur est celui lUi se livre le moins aux preacuteparaqons
maraboutiques Cela est dO au f~t que le toucouleur est un grand ~USUlshyman et que les pratiques animisges ont presque disparu dans ce mil~eu
Dans la pratique le lutteur esJ combaif mais il est calme et tr~s reacutefleacutechi quant agrave la deacutecision agrave prendre en plein corps agrave corps ct~st un des seuls techniciens qui reJte tregraves lucide au cours de ses comb~ts
l Dans toutes les circonstances e lutteur toucouleur est tenu de re~pecshyter son adversaire et ceux de s4n eacutequipemecircme sil est vaincu
Comme nous avons dO nous en rendre compte la rigueur des principes
eacuteducationnels a une influence tregraves sensible sur l~ comportement du
toucouleur
i
III S COCL ~s 1DO
Dans cette partie nous avons essay~ de montrer lftroite re1atic~
Entre les diverses activiteacutes socio-eacuteconomiques dans les ethnies et
lES diffEacuterentes faccedilons de lutter
Daucuns seraient tent~s de conclure trop rapidement et cest p0~r
cette raison que nOUS avons penseacute preacuteciser que le pheacutenotype nest
pas geacuteneacuterateur du geacutenotype Et nous sommes convaincus que la morphoshy
logie et les techniques des lutteurs relegravevent de leurs modes de vie
et de leurs croyances agrave une eacutepoque et danE un contexte bien deacutetermishy
neacutes
Est-ce que les lutteurs dio1a ou seacuteregravere travaillant avec leurs bras
dans les champs auraient les mecircmes pr 0 fil s physiques que les lutteurs
utilisant des machines pour lagriculture
- 69 shy
I UJOURDH~1 E-S ut O[l LES FORfilS Ut LU11t~
~otons que notre enqu~te a ecirctE essentiellement faiteen milieu urbain
Les seacuteances de lutte ont tendance agrave perdre leur particulariteacute de r~shy
jouissance pour devenir des pheacutenomegravenes de sportisatio Deux fores
de luttes so~t principale~cnt prat s dans les aregrave~es du 5 al
la lutte traditiunnelle simple et la lutte traditionnelle avec frappe
De nos jours la lutte traditionnelle tend vers une reacuteglementation
et une institutionalisation
Le reacutesultat de nos investigations nous donne le tableau ci-dessous
REPARTITION ETHNIQUE SUR 100 PRATIQUANTS
LUTTE LUTTE RAPPORTETHNIES SANS FRAPPE AVEC FRAPPE J2
Diola 40 16 71 j
Seacuteregravere 26 21 57
Toucouleur 23 10 69
Wolof 1 1 53 17
La demande sociale par ordre deacutecroissant pour la lutte sans frappe
se preacutesente comrre suit
]0_ Ethnie diola avec pregraves de 3 lutteur~ sur 4
2deg_ Ethnie toucouleur
Ethri dun
~ 1 LA LUTTE TR])IIIO~~ELLE AVEC H-PPE
Cette forme deacute lutte a une histoire qui date de lantiquiteacute elle
sa~pelait le Pugilat Au Seacuteneacutegal elle a vu le jour dans le Cayor
bien avant la colonisation Le coup dE pied l~Lrdn~lement la morshy
sure la frappe et le doigtf eacutetaient permis dans le cc=bat ~ ~middot~p0~~e
Dans certains cas la giffle eacutetait beaucoup plus dangereuse que le
poing quand elle eacutetait donneacutee par un speacutecialiste Cette giffle pouvait
agrave elle seule deacutechirer et mecircme parfois amputer la joue de ladverser
Selon les informations la lutte avec frappede nos jours serait une
forme de lutte tregraves eupheacutemiseacutee de celle dantan ougrave une blessure
pouvait souvent ecirctre mortelle
Aujourdhui au niveau du folklore la lutte na plus la mecircme
le spectaculaire a remplaceacute le significatif iLa lutte avec frappe se 1
pratique surtout dans les centres urbains C~aque fois quun grand combat 1
est progra~eacute par le Comiteacute National Proviso~re (CNP) des centaines damashy
teurs sont mobiliseacutes vers le stade lba Mar D~OP qui est aujourdhui le i
lieu approprieacute ougrave se deacuteroulent les grands conkbats de lutte Cest la formE
de lutte qui semble drainer une foule de personnes beaucoup plus importante
que celle de la lutte simple
La lutte avec frappe deacuteriverait dune forme de lutte traditionnelle
pratiqueacutee jadis dans le Cayor au temps des Damels et la frappe serait
le substitut dun certain nombre de pratiques doigteacute jet de produits
etc bullbullbull dont le but eacutetait laveuglement de ladversaire La lutte avec
frappe serait une continuation logique dune carriegravere sportive de la
lutte traditionnelle qui sen sert comme moyen socio-eacuteconomique En
effet la majoriteacute des lutteurs avec frappe ont dabord eacuteteacute initieacutes agrave la
lutte simple Cependant il faut signaler que de nOS jours il arrive
que le jeune lutteur avec frappE- soit directenent formEacute conne speacutecialistE
agrave la frappe sa~s pour autant faire son chemin dabcrd egravea~s la lutte
- ~ shy
Le recircsultat dE ~os interviews ncus rec~trE qGune pcpulatiD~ divcrsishy
fiampe sint~resse agrave ce sport et qUE les intecircr~[s des uns et d~SlautrE~
semble~t divergents naucuns affirment que la lutte traditionnelle
avec frappe serait monteacutee par des personnes dont la vocation est dexshy
ploiter ce pheacuteLomegravene agrave des fins commerciales Dautres disent gJellegrave
jouit de mcyens irport~nts t[l[~isio
tation etc bullbullbull ) pour toucher toutes les couches sociales CEpe~~a~t
nous remarquons que mecircme si certaines personnes reprochent agrave cette
forme de lutte decirctre brutale ces mecircmes personnes nheacutesitent pas agrave
se rendre le dimanche agrave laregravene Bien que critiqueacutee elle semble ecirctre
adopteacutee par une tregraves grande partie de la population seacuteneacutegalaise Cepenshy
dant en tant que techniciens il nous est permis de faire une remarque
Il sagit de
- Limpression nette decirctre devant des professionnels de la frappe
qui sont ~ntratneacutes pour cela Dailleurs les propos que nous avons
recueilli~ nous prouvent que la plupart des champions de lutte avec 1
frappe s~ntratnent dans certains sports de combat tels ~ue la boxe i 1
le karateacute le judo Dans cette nouvelle forme de pratique de la lutte
contrairefuent agrave la lutte traditionnelle le technicien e~t souvent
perdant face au puncheur Ce dernier adopte une lutte agrave distance qui
lui permet de placer agrave bon escient ses coups animeacute du deacutesir de vaincre
Le technicien lui se voit contreacute dans toutes ses entreprises par
un uppercut ou un crochet
On peut dire cependant que nul sport au Seacuteneacutegal que la lutte tradishy
tionnelle avec frappe ne deacutechaicircne autant de passions et autant de
pheacutenomegravenes poussant agrave lexcegraves et deacutereacuteglements quon ne peut que deacuteplorer
Mais comment deacutecrier un spectacle de lutte qui bien quayant perdu la
presque totaliteacute des valeurs traditionnelles veacutehiculeacutees autrefois par
elle sait susciter une participation effective de tous ceux qui sont
preacutesents
CONCLUSION
Dans ce meacutemoire nous sommes efforceacutes ~e faire ressort ir limportance des
ethos et des habitus et leurs effets sur la pratique de la lutte tradishy
tionnelle au Seacuteneacutegal
L~b egravethos repr~sentent dune maniegravere g~neurorale tous les eacuteleacutements speacutec
fiques sux Seacuteneacutegalais par conampeacuteguent un systegraveme de valeurs traditionnellEs
Mais m~me si ces valeurs rev~tent une signification universelle (honneur
digniteacute courage etc bullbullbull ) il nen demeure pas moins que ce nest pas leur
nature qui fait leur speacutecificiteacute mais la hieacuterarchisation et limportance i
quon accorde agrave toutes ces valeurs de ~ar leacuteducation ou la culture
i 1
Aussi les valeurs traditionnelles puient leur speacutecificiteacute dans les
caracteacuteristiques propres aux eacuteleacutements ~e la socio-cu1ture (la technologie
et leacuteconomie la politique et la pareteacute la psychologie et lideacuteologie)
dans la socieacuteteacute seacuteneacutegalaise agrave n momen donneacute de son eacutevolution Cest i
dire la neacuteceesiteacute de ne point faire della valeur une reacutealiteacute statique
Cest dite aussi quagrave tout mome~t le ~eacuteneacutegalais peut eacutevoluer et creacuteer
ou vivre par conseacutequent de nouv~lles fprmes de valeur qui lui sont 1
propres ft (J)
La lutte traditionnelle veacutehiculant deS valeurs socio-cu1ture1les speacutecishy
fiquement seacuteneacutegalaises (croyances valeurs morales norme de comportement
opinion attitude bullbullbull ) devient un eacuteleacutement important qui tregraves certaiaement
nous aidera dans notre effort de valoriser et de peacuterenniser notre patri shy
moine culturel par le biais dactiviteacutes physiques et sportives
Leacutetude des habitus nous permet de prouver quil y a plusieurs faccedilons
de se mouvoir comme danser lutter bullbullbull qui varient avec les diffeacuterentes
ethnies (wolof toucouleur seacuteregravere diolagt leurs convenances et leurs
eacuteducations
(1) Revue Ethiopiques 31 Les valeurs traditionnelles et le problegraveme de leur inteacutegration dans les systegravemes modernes jtducatio-1 2 6r--70
nautre part cette eacutetude permet aussi de nous rendrE compte de la
correacutelatipn eacutetroite existant entre la pratique de la lutte traditionnelle
et le sta~ut socio-eacuteconomique du pratiquant
Nos inves~igations nous indiquent que la lutte recrute essentiellement
au niveau des classes socio-eacuteconomiques situeacutees en bas de leacutechelle
donc posseacutedant le statut social le moins favoriseacute La lutte avec frappe
-et un certain secteur commercialiseacute de la lutte simple- y trouve sa
leacutegitimiteacute Comme le dit BOURDIEU nA habitus diffeacuterents styles de Vle
divergents et il oppse les pratiques aristocpatiques correspondants agrave
des activiteacutes qui favorisent les situations eupheacutemiseacutees ougrave la stylisashy
tion est importante aux pratiques populaires qui font appel agrave des
qualiteacutes qpposeacutees bllutes rugueuses Certaines interviews nous
montrent que plus lindividu occupe une place eacuteleveacutee dans leacutechelle
sQciale e~ 1
moin$ il sinteacuteresse agrave la lutte
Les reacutesultats recueillis dans nos diverses investig~tions confirment 1 1
1er propos qui disent que nous assistons aujourdhu~ agrave une involution
de la lutte traditionnelle parce que perdant toutes ses speacutecificiteacutes au 1
pryfit d~ne autre forme de lutte que lon continue agrave appeler nostalshy
giqlementIIlutte traditionnelle
Ceci pourrait peut-~tre trouver une explication dan la citation suivante
La liberteacute de creacuteer dinnover de vivre Pleineinenf decirctre soi et de
preacuteserver son authenticiteacute la digniteacute et lhonneu1demeurent des illushy
sions dans la misegravere eacuteconomique~ Nos ancecirctres creacuteai~nt des valeurs de cishyl
vilisation parce quils eacutetaient libres parce qu1i~s ignoraient toute
deacutependance eacuteconomique ils cultivaient en eux et cbez leurs enfants le 1
Jorn et la Kersa et preacutefeacuteraient la mort agrave la hoJte lI (1)
Or le Seacuteneacutegal comme la plupart des pays africainsi est un pays sousshy
deacuteveloppeacute t cependant face agrave cette volonteacute du gou~ernement seacuteneacutegalais
de faire inteacutegrer dans leacuteducation des valeurs traditionnelles nous
pouvons espeacuterer utiliser comme moyen deacuteducation la lutteacute traditionnelle
qui reste quand mecircme vecteur jethos et dhabit~s
- 54 shy
Mecircme si lon a noteacute un appauvrissement notoire sur les plans socioshy
culturel et moral la lutte traditionnelle recegravele une gamme importante
et varieacutee de techniques permettant incontestablement une ouverture vers
les luttes olympiques libre et g~eacuteco-romaine
La lecture de ce meacutemoire permettra agrave lentratneur et au professeur de
lutte en fonction du lieu ougrave ils seront affecteacutes dans le territoire
seacuteneacutegalaisdavoir une information sur les techniques contrOles et
formes de corps propres agrave chaque groupe ethnique et de les mettre en
relation avec leurs croyances et leurs mentaliteacutes
Nous avons essayeacute de montrer que la pratique de la lutte traditionnelle
doit tre axeacutee sur une ethnomotriciteacute au Seacuteneacutegal qui permette une inishy
tiation facile Cette pratique de la lutte traditionnelle seacuteneacutegalaise
devra dailleurs essayer de ~eacutepondre aux aspirations du Seacuteneacutegalaisl
moderne en souvrant aux ap~orts positifs des autres civilisations
ex~eacuterieures nous voulons Jvidemment parler du judo et des luttes oiymshyJ
piques 1
1 j Nous navons pas la preacutetentfon dans le cadre de ce meacutemoire demattrise
de reacutepondre agrave toutes les qutstions se rattachant agrave leacutetude de ~a lutte
traditionnelle souslangle~socio-culturel car non seulement il nous
manque lexpeacuterience et la c peacutetence en la mati~re mais aussil l le temps
et les moyens dont nous dis osions ne nous permettaient pas d~puiser le 1sujet i
1 1 1 t 1
l
- )5 shy
BIBLIOGRAPHIE
BIBLIOGRAPHIE
1- CLAPAREDE Psychologie de leacuteducation et peacutedagogie expeacuterimentale
Edition Delachaux et Niestleacute 244 pages
2- POCIELLC Christian Sport et Socieacuteteacute approche socio-culturelle
des pratiques Paris Vigot 1981 377 pages
3- PIERON Henri Vocabulaire de la psychologie
PUF Deuxiegraveme eacutedition 1957 469 pages
4- Revue socialiste de culture neacutegro-africaine ETHIOPIQUES
Les valeurs traditionnelles et le problegraveme de leur inteacutegration
dans les systegravemes modernes deacuteducation
GIA 21 Juillet 1982 213 pages
5- N2 Revue du Centre dEtudedes Civilisations DEM ak TEY
NIS IVegrave Trimestre 1982 96 pages
6- Document lNSEP Colloque sur la lutte aeacuteregravere
DAKAR MAI-JUIN 1980
t 1
~- Travaux du IVegrave Congregraves National ~es Sports agrave DAKAR les 2223041981
Bulletin n2 91 du CIO du 15 Aont 1965
l____________________________
8- Meacutemoire de Mattrise BADJI Abdou La lutte traditionnelle Joola
Etude et perspective
9- Meacutemoire Inspectorat JS DJITTE Mandy Les pratiques corporelles
traditionnelles au Seacuteneacutegal pour leur exploitation et leur
utilisation en peacutedagogie Marly le Roi 1980
REPUBLIQUE DU SENEGAL
--------------- INSTITUT NATIONAL SUPERIEUR
MINISTERE DE LA JEUNESSE DE LrsquoEDUCATION POPULAIRE
ET DES SPORTS ET DU SPORT
-------------
(INSEPS)
MEMOIRE DE MAIcircTRISE
Es-SCIENCES ET TECHNIQUES
DE LrsquoACTIVITE PHYSIQUE ET DU SPORT
LA LUTTE TRADITIONNELLE
son importance sa signification en fonction des ethos et des habitus ethniques au Seacuteneacutegal
Preacutesenteacute par
Monsieur Joseph Victor FAYE
Sous la direction de
M Jean Marc ROCHEZ
Professeur agrave lrsquoINSEPS
Anneacutee de soutenance 1984
lll L COIicircilU1Ul L ULOF
32 J Preacutesentation
La soc tEacute wucirc10f est celle qU1 a eacuteteacute la plus marqueacutee par la colonisation
~~ fait peut-gtre de sa position geuroographiquE dune part ct de 50~ imporshy
tanCE sur le plan dfmographiquE dautre part En effEt ceurootteuro CC-~ucircautE
wolof repreacutesente environ 20 de la population seacuteneacutegalaise
Elle est constitueacutee de pecirccheurs (ce sont les leacutebous) dagriculteurs de
fonctionnaires de lEtat mais surtout de commerccedilants
A pqrtir de leur reacutegime dimplantation le Cayor le Walo le Baol le
Djolof et la presquicircle du Cap-Vert les wolofs ont tendance agrave irradier
sur lensemble du territoire sous leffet de leur speacuteculation agrave la culshy
ture de larachide et du nombre important de fonctionnaires quon trouve
dans cette ethnie
322 Les moeurs et croyances wolofs
Bien queacutetant en grande partie des musulmans convaincus les wolofs
conservent toujours une croyance animiste et continuent agrave faire des
sacrifices agrave porter des cornes ou des morceaux de bois agrave la ceinture
aux jambes ou aux bras et agrave croire agrave lexistence des Djinneacutes et des
Raps bull
Le Djinneacute cest une creacuteature malfaisante en geacuteneacuteral capable de choses
extraordinaires Il possegravede des faculteacutes surnaturelles Cependant dapregraves
la croyance animiste certains Djinneacutes peuvent ecirctre bons
Le Hapl cest une creacuteature ayant des dons occultes appartena71t agrave une
famille ou agrave une communauteacute et dont le rOcircle est de veiller cu daider
les reCJrES de le fai11p ou dt la conmunauteacute en cas de da1gel Le Rap
~ ut te c ) ~~c-
ei sltcificE cJ sanl dE meut0 dL chat de pC)wleurot 5E1lt les conveuroshy
lances parfois leur dorner COrllTe offrande du lait Laii
Qua1d une famille ou une communauteacute neacuteglige les Sarakh (ici dans
le sens de sacrifice ou Offrande) elle se voit aussitocirct vouEacutee agrave la
maleacutediction des mauvais esprit~ (fcllec dans touteacuteS lEs ~treprises
de la vie maladie mort bullbullbull ) Les lieux ougrave habitent ls Taps et ougrave
se font les sacrifices se nomment Khambs
Geacuteneacuteralement le khamb se trouve dans lenceinte de la maison ou
dans un coin approprieacute du village Les lieux du khamb sont marqueacutes
par la disposition de calebasses de pilons de morceaux de poterie
briseacutes de grosses pierres de cornes et dautres objets heacuteteacuteroclytes
La superstition wolof est tregraves marqueacutee En effet pour le wolof toutes
les manifestations quotidiennes trouvent leur signification dans le
mysticisme Citons agrave cet effet quelques ezemples Une femme enceinte
ne doit pas marcher agrave nimporte quelle heure de la journeacutee Certaines
heures de la journeacutee lui sont interdites le Timiss (creacutepuscule
le Ndjo~or (de 13 H agrave 14 H de lapregraves-midi) le souf-segravede (de
minuit i4 H du matin) Selon la tradition ~t la croyance wolof les
mauvais ~sprits choisissent ces heures pour jeter des sorts Et la
femme enceinte eacutetant tregraves vulneacuterable le Djinneacute essaiera de lui insufshy
fler son souffle pour atteindre son beacutebeacute afin dentratner soit la
meacutetamorphose de cedernier en monstre soit de le tuer avant sa naissance
Dailleurs pour le wolof et pour certaines autres ethnies au Seacuteneacutegal
le timis le tdjolor le souf-segravede repreacutesentent des peacuteriodes de
la journeacutee ougrave lon ne doit pas se hasarder dans les rues et les champs
Ce sont des heures propices aux apparitions des Djinnes sous nimporte
quelle forme humaine ou animale
Il est eacutegalement interdit au wolof de marcher ou de serti la nuit du
~eacutellfria-
loutes c~s pratiques ~ystiqu~s et cr0ya~ces religi~us~5 ~xistent eL~~[
certainement dues agrave un meacutetissage culturel Parallegravelement aux feacutetiches
aux incantations et agrave lutilisation des safaras (substance magique)
notons lexistence de ga l a tchs (ce sOnt des talismans ougrave sont inscrits
du qui les porte Toutes ces croyances biEn sucircr auront une rEacutepercussicrI
sur leacuteducation du jeune wolof
323 Leacuteducation du wolof
Pour caracteacuteriser leacuteducation wolof nous avons penseacute donner comme
illustration cet extrait de la revue DEM ak TEY Pour deacutefinir leacutedushy
cation le wolof fait appel agrave un symbolisme qui eDglobe aussi bien les
moyens mis en oeuvre Yar que le reacutesultat obtenu agrave laide de ces mecircmes
moyens cest-agrave-dire la formation et le deacuteveloppement de lecirctre humain
ou Yaru
Le substantif Yar deacutesigne le fouet
Ce symbolisme deacutesigne donc au-delagrave du simple sens mateacuteriel de lobjet
lutilisation qui permet daboutir au reacutesultat escompteacute (Yaru) Au sens
geacuteneacuteral Yar deacutesigne tout instrument servant agrave infliger une punition Le
terme laisse supposer agrave priori que cette phase de lenfance durant lashy
quelle se preacutepare la vie de lhomme est lieacutee agrave la souffrance au supplice
Dailleurs une maxime wolof compare lenfant agrave une tige quon a tout le
loisir de redresser alors quelle est encore flexible bull
bullbullbull Pour leacuteducateur wolof la perfection nest point de ce monde malS
le devoir de chaque homme est de tendre vers la pleacutenitude en luttant
contre ses propres faiblesses Leacuteducation va d01c iisister essentielle~(-~t
sur lexercice quotidien de leacutelevation ffiora1e d~ lindividu Pour cela
elle privileacutegie la patience munI) vertu dabneacutegdtion et dE deacutesinteacuteresseshy
m(~t autour dE laquelle sarticulent toutes ]e~ ~u~~~s qualiteuros
i _
aan~ ~ s0cieacutet gt~olcf ocirclt~tartt nul -Jt- poulait sabecircisstr
tion de sa libertEacute La liberteacute est le preuumler drcmiddotir dE l ho-)euro egrave~S
baigner dans une beacuteate admiration du passeacute la comparaison avec le pr~$(middott
si~posc dclle-mecircme car lon reste s reacute devant la deacutesinvolture aVEC
laquelle dES honmes daujourdhui descendants de cette ~~~EacuteTatic ccedil~l se
une fois [largis bullbull tTasque fiers davoir fait leacute priS0n PEut-2tTE
faut-il mettre cela sur le compte de lurbanisation et des nouvelles
valeurs qui ont pour nom enrichissement reacuteussite sociale avec ce que
cela comporte de deacuteshumanisant et de deacutepreacuteciateur (1)
3 bull 2 bull 3 1 bull Lesri tes
Le sevrage et la circoncision constituent les deux grandes phases initiashy
tiques chez le wolof
- Le rituel du sevrage est appeleacute maga1 (litteacuteralement rendre grand)
Cest un eacutevegravenement important aussi bien pour les parents de lenfant que
pour la co~unauteacute Durant cet eacutevegravenement qui survient geacuteneacuteralement deux
ans apregraves la naissance du beacutebeacute les personnes vivant dans lentouragE
apportent leur soutien moral et mateacuteriel
- le rituel de la circoncision revecirct pratiquement la mecircme signification
que dans les autres ethnies seule la forme diffegravere La circoncision reste
encore une eacutepreuve de la vie au sort i r de laque Ile ladolescent devient un
homme Aujourdhui il faut noter une meacutetamorphose de la structure sociale
et des croyances religieuses tregraves accentueacutee aussi bien chez les wolof que
chez les autres groupes ethniques et ceci est peut-ecirctre dO au contact
permanent quils ont avec la socieacuteteacute occidentale
Malgreacute ces constat~tions il semblerait pcu=tant qUE la sociecirct~ lecircbou Gci
bien que se trouvaLt en grande partie dans ~a Presquth du Cap-ETt Et
en contact permane~t avec les blancs soit la portior la plu8 cc~serva-
----------~_- ---~-- -----
~
Incidences d s ~00urs sur la l~ttE
Le wolof connaicirct deux formes de luttes la lutte sirplE- sans t-t
la lutte avec frappe La lutte avec frappe a une crigi~e purement r
et ce nest que plus tard quelle devint une prati1uE sportive et lud
preacuteparer agrave la guerre Aussi tout en luttant On eacutetait autoris~ agrave frapper~
griffer mordre voire introduire son doigt dans loeil de son adversaire
Le jeune wolof devait eacutegalement se livrer agrave la lutte avec frappe afin de
favoriser son insertion dans la socieacuteteacute adulte et sinitier au meacutetier de
soldat faute de quoi il ne pouvait se faire entendre ne avoir des marques
de respect Pour montrer la populariteacute de la lutte dans le Cayor signalons
que les Damels ll (rois) et les Teignes (nobles) nheacutesitaient pas agrave sy
livrer Quant au IIMbeu~ (lutteur) elle lui servait de moyen de promotion
sociale car d8S que sa reacuteputation eacutetait eacutetablie il pouvait ecirctre choisi
par les rois et les nobles comme garde de corps
325 Signification de la lutte en milieu wolof
La lutte se pratique dabord pour lhonneur qui est une vertu tregraves signishy
ficative pour le wolof Elle permet de renforcer les liens amicaux entre
les jeunes de villages diffeacuterents Le champion veut gagner
confiance et la consideacuteration de son village de ses amis
Etre champion cest aussi susciter ladmiration chez les
sentant la force la viriliteacute et la deacutetermination
326 Organisation d~s eacutepreuves de lutte
3261 Les Mbapatts Ce sont les seacuteances nocturnes
pour meacuteriter la
et des anciens
filles en repreacuteshy
Ils sont organiseacutes apregraves les reacutecoltes agrave la fin de la saiscn des pluies
Ceci surtout p~ndant les peacuteriodes de clair de lune car ils peuven~ durEr
toute la nuit Le but des ~Dapatts lt=tait de prfpa-er FhysicuemeH et
~ arb Sil
326 Le 1
cest une organisation beaucoup plus importante que les I~apatts ~
loccasion de laquelle on peut voir plusieurs lutteurs de grande reDommfe
saffronteLLa fin dl lamb est toujours couronneacutee par une grand co~bat
duquel le vainqueur est sacreacute champion de la contrecirce
Le choix du lieu est lieacute agrave limportance de ce lieu dans le village cest
la place publique ougrave geacuteneacuteralement se passent toutes les manifestations
assembleacutee geacuteneacuterale sabar (danse) cest aussi lendroit ougrave sont prises
les grandes deacutecisions
3623 Lappariement
Dans un village ou un quartier les lutteurs se regroupent en lang
(eacutequipe) et jamais deux lutteurs de mecircme lang ne se rencontrent lors
du lamb
L appariement s~ fait librement entre lutteurs de lang diffeacuterents l1hs
une regravegle veut ~uavant de lutter avec le Mbeur Kanur de tel lang si
on est soukh (l~tteur pas encore confirmeacute) il est neacutecessaire de lutter
dabord avec ses soukh et ce nest quapregraves les avoir terrasseacutes tous
quon se voit octroyer la chance de lutter contre lui
Notons que la cateacutegorisation des lutteurs par poids nest jamais prise
en consideacuteration
3624 La tenue du lutteur ou NGIMBE
Le middotNGimbe est confectionneacute par le marabout de la famille ou du clan Il
est constituecirc de pagnes en coton tisseacute geacuteneacuteralement offerts par la megravere ou
la grand-megravere du lutteur ceci lors des organisations de ~rande Tportance
COrlune lef 1amb Dans le cadre des l-bapatt les pagnes sont C tErts peumlr
~~~rcfcis ct ffi~mc aujourdhui d218 cErtaInes fa~ille5 on devj~Gr
luttEur de pegravere en fils et dans ce cas h 1
gimbell du pEgravere Est recircr i tEacute
par le fils Le fait de porter le lI~gimbe agravee ses aiumleux peut susciter
cne~ le jeune lutteur une motivation et une volontecirc in~branlable rlasshy
surer 12 supeacuterioritEacute cis SIcirct-ns dallS
le xgimbe de la famille ne touche pas le sable
La tenue du lutteur a une signification et une importance sur le plan
mystique car selon les anciens le vrai feacutetiche du lutteur celui qui
le proteacutegera agrave vaincre le Djinneacute ou le Rap de ladversaire se trouve
cacheacute dans ce Ngimbe Celui qui confectionne-le Ngimbe est doueacute de
faculteacutes occultes
~~r~i~rg Il est assureacute par un sage du village qui geacuteneacuteralement fut
championde lutte de son temps Dailleurs cet ancien nintervient que
si le terrassement est litigieux
Hormis le public qui proclame la victoire ou le match nul le lutteur
lui-mecircme est arbitre et il arrive quil se deacuteclare vaincu ~ous
pouvons citer comme exemple Meacutedoune KHOULE un des plus grands lutteurs
seacuteneacutegalais qui a donneacute une victoire agrave Djeacuteri SADIO son adversaire qui a
reacuteussi agrave lui faire toucher le sol de la main
Il Y a terrassement quand le lutteur se retrouve
- assis sur le sol
- eacutetaleacute sur le dos
eacutetaleacute sur le cocircteacute
les deux genoux au sol
- les deux ma~ns au sol
la tecircte (front au sol agrave la suite dune brouette)
Il peut y aVOIr match nul si apregraves li1 temps ccmsideacuterable les lutteurs
SE sont ~ ivrEacutes respectivement agrave des assauts rEacutepEacutetEacutes et n arrivEt pas a
3265 L~ precircparation mystique
Il faut reconnattre quon ne peut parler de lutte en milieu wolof sans
envisager une preacuteparation mystique seacuterieuse Co~~e ~ous lEvans vu a~teacute-
1middot ~ d ~ ~rlturenent t0utes es actlvmiddotltesmiddot u W010 sont lles a SeS croyances
- la lutte ne concerne pas seule~ent deux acteurs se livrant faruumlucheshy
ment agrave un combat au milieu de laregravene mais eacutegalement les marabouts et les
feacutetichistes du village ou du clan qui doivent deacutefendre leur savoir et
leur prestige Avant le combat le lutteur doit se livrer agrave un certain
nombre de preacuteparations mystiques pour assurer sa victoire Aussi sommesshy
nous appeleacutes agrave parler de BACK (cest le chant et la danse du lutteur)
- le batteur de tam-tam compose un rythme en fonction du Galagne ou du
Senghor (gds-gris) du lutteur Chaque galagne sera choisi en fonction
du Rap ou du Djinneacute correspondant au Totem du lutteur
Le chant geacuterleacuterique Feinte woy veut dire litteacuteralement composer un 1
chant Ce chant est geacuteneacuteralement composeacute par les filles du viilage du
champion ou par un griot de sa communauteacute Et agrave travers ce chrnt on
arrive agrave toucher la corde sensible du lutteur en chantant lesl innombrables 1
victoires de ses ancecirctres ou en lui rappelant ses prouesses eacuteblatantes 1
Chaque lutteur doit avoir un chant et un back qui lui sont propres
327 Le reacutepertoire technique et les caracteacuteristiques physiques dulutteur wolof
Le lutteur wolof est geacuteneacuteralement moyen de taille la musculagraveture est
tregraves saillante ce qui fait ressortir un aspect tregraves athleacutetique ceci
est vrai sans exception pour le lutteur leacutebou mais il arrive que le Cacircyoshy
rien le baol-baol le walo-walo soient de grands gabarits de forte constishy
tution
CepEndant pour une meilleure compreacutehension du sujet nous pouvons eacutetudiEr
deux jroups d lut teurs qui vont deacuteterminer deux st yI e s de lut tes
- ~ t
les tc~tativ~s de~[reacutee e~ ramassement de jambes de la~v~sairL Ce~~
peut Ecirctre expliqueacute par le fait que les lutteurs leacutebou ou walo-walc qui
sont des pecirccheursadoptent cette garde tasseacutee du fait quils so~t tou-
jours pencheacutes en tirant le fil ou en poussant la plrogue On verra techrugravequeacutes dt cirr 2C ~lt 5Jllicitocirct
surLuumlut les membres supeacuterieurs
Le cayorien et le baol-baol par contre sont les plus grands cultivateurs
darachide chez eux les techniques de lutte sont plus varieacutees et la
garde est moins renfermeacutee Les lutteurs cayorien et baol-baol ont une
morphologie et une reacutepartition musculaire bien eacutequilibreacutee ils excellent
dans les techniques en deacutecalage les techniques de jambe et surtout les
techniques de riposte ougrave lon peut voir des prises de hancheacute tregraves amples
Dune maniegravere geacuteneacuterale on peut dire que le lutteur wolof est un fin
technicien qui sait surtout creacuteer les opportuniteacutes e~ avec sa rapiditeacute
utiliser la force de ladversaire pour le deacuteseacutequilibrer le noodju
le mbas le weacuteheacuteleacute et le rasu sont des techniques propres au lutteur
wolof
En deacutefense il utilise surtout des kl~klets ou gal-gal Notons que
le balancement des bras ou Lewato e$t tregraves marqueacute dans la lutte wolof
TABLEAU RECAPITULATIF DES COMPOSANTES TECHNIQUES
( 1 )
1 SOUS-GROUPES GARDES CONTROLES FORHES DE CORPS l
Walo-walo Basse de jambe Arracheacute l l10yenne de Ngimbe et i
Leacutebou Tasseacutee et saisies annexesj Deacutecalage 1 1 distante de bras de tecirct1
j de bras Deacutecalaeuro
~-----------------~-
- ~ ~- shy - ~ ~ bull L _ _ bull
Profil psyc~~iqUE du lutteu- et son comporterent dars l 2regravere
La preacuteparation mystique dans laregravene est plus marqueacutee chez les wolofs
que ChE~ les autres ethnies En effet on verra de grands champions
preliGrE plusiEurs heures pour Enduire leur corps de cll2badep ou ci
rmiddot- ~ a la proprieacuteteacute de proteacuteger li1egraveividu J
les mauvais sorts) Cest dailleurs un aspect dt la luttE qui iJcsc
des problegraveJles
Le lutteur wolof est tregraves superstitieux et la peacuteriode de preacuteparation
est capitale pour lui car elle permet non seulement de rendre
hommage aux ancecirctres mais aussi dintimider son adversaire Cest
geacuteneacuteralement un lutteur agressif combatif et teacutemeacuteraire Il se fait
souvent remarquer par son esprit dentreprise Mais cette fougue dans
le combat lamegravene parfois bien que ce soit regrettable agrave oublier les
usages et les normes Ce manque de maicirctrise de soi peut faire croire
que le lutteur wolof manque de fair-play ce qui nest pas toujours le
cas
~A~Ugrave~ t 4AA CbUrs k LA ucirctotve f~tPle Sesect prores mou W ~ lesquelles vont se couler les comporteme~ts individuels qui sont ainsi
monteacutes par et pour lautoriteacute sociale
Les faccedilons de boire de marcher ou de sasseoir se manifestent indivishy
duellement dans le corps de chaque personne ces habitus sont cependant
des montages sociaux lieacutes agrave des significationssymboliques variables
dailleurs selon la position sociale occupeacutee par chaque sujet Ces modes
dagir se rangent dans un systegraveme de montages symboliques et lindivishy
du les apprend de la socieacuteteacute dont il fait partie agrave la place quil occupe
Lhabitus est un montage social agrave la valeur symbolique deacutependant des pheacuteshy
nomegravenes deacuteducation et de prestige et lieacute agrave la position sociale du sujet
Cette penseacutee sonne de faccedilon eacutetonamment moderne
Pierre BOURDIEU qui dans une perspective a approfondi le contenue de la
notion en le reportant aux oppositions entre classes et fractions sociales
Il deacutefinit lhabitus comme un systegraveme de dispositions durables acquis au
cours dune histoire personnelle dans une milieu social donneacute systegraveme qui
engendre ensuite des pra~iques socialement deacutetermineacutees faccedilons de manger
de parler ou de marcher comportements de politesse contenu des preacutefeacuterencel
et des deacutegoOts bullbullbull lhabitus est le produit de conditions eacuteconomiques et
sociales Lauteur rattache directement la formation de lhabitus dun
individu agrave la trajectoire parcourue par celui-ci dans sa classe dapparteshy
nance il deacutefend lideacutee dun habitus de classe qui deacutefinit le sens confeacuteshy
reacute agrave la pratique sportive les profits qui en sont attendus
Ce dernier serait lui-m~me lieacute agrave un systegraveme de valeurs ou ETHOS de classe
prenant sens au sein doppositions distinctives entre classes sociales
De sorte lhabitus fonctionne comme un systegraveme dt- regravegles inteacuterioriseacutees
souvent informuleacutees permettant ou non agrave lagent de sadapter dembleacutee aux
multiples pratiques de la vie quotidienne et de la vie sportive il est agrave
lorigine des schegravemes de transcription qui favorisent les ajustements aux
situations corporelles nouvelles (1)
t ~
(1) P~IE11D dwi6Han ISpoy-l et sodeacutebi Approche Bocio-culturelle des pratiques P~tis Vigot 1981 page 81
33
331 Preacutesentation
Les Seacuteregravere auraient pour origine le Fouta Toro quils auraient quitteacute
vers le Xllegrave siegravecle pour fuir lislamisation de cette reacutegioD par lempire
dJ Xali (ils seraient donc apparEnt~s aux Peul et Toucouleur ) Ils
auraient trouveacute dans la rEacutegion du Sine les Sosseacute dorigine manding avec
lesquels ils salliegraverent
Au XVegrave siegravecle une autre immigrationSos~ conqueacuterante cette fois-ci
apporta son organisation eacutetatique Ils se divisegraverent en deux monarchies
deacutemocratiques lune seacutetablit au Sine et lautre au Saloum Les Sosseacute
conqueacuterants constituaient lautocratie appeleacutee Guelowar
La royauteacute seacuteregravere eacutetait laiumlque Les premiers souverains durent secouer
la tutelle des Toucouleur et progressivement arrivegraverent agrave unifier lethshy
nie des seacuteregravere etdea Sosseacute Les deux royauteacutes eacutetaient organiseacutees selon
acirces modegraveles tregraves deacutemocratiques Le souverain deacutependait dune assembleacutee
de ministres et de chefs locaux qui assuraient ladministration centrale
et reacutegionale())
Aujourdhui lethnie seacuteregravere repreacutesente 20 de la population seacuteneacutegalaise
Ils sont reacutepartis sur presque toute leacutetendue du territoire notamment
dans le Baol la reacutegion du Sine-Saloum et la reacutegion de Thiegraves
Signalons quil existe plusieurs sous-groupes dans lethnie ainsi on
trouvera
- dans la reacutegion de Thiegraves les Ndut les Safegravene et les None
- dans le Sine-Saloum les Sine-sine et les Saloum-salouIT
On trouvera vers foundioune et agrave Nioro du cocircteacute de la Gambie les
Niominka (pecirccheurs) Cest une portion tregraves mandinguiseacutee
( 1
Le rattache~2~t d~ to~s ccs sous-groupes pose problecircme ~25 0~ r0~V~
uc grande partie de traits COITul1uns dans leurs modes dE vie Ct pOUT phs
de faciliteacute nous allons essayer de faire une ~tude globale de la lutte
traditionnelle seacuterecircre Lactiviteacute socio-eacuteconomique qui est essentielleme~t
agro-pasorale caracteacuterisE leacutethnie seacuteregravere
332 Lecircducation les moeurs les croyances et pratiques sEr~rc
Chez les Seacuteregravere la vie humaine se deacuteroule selon les grandes eacutetapes
le baptecircme lenfance ladolescencemarqueacutee par la circoncision lsectge
adulte le mariage la vieillesse et la mort (funeacuterailles)
La vie de la communauteacute seacuteregravere reste une des plus originales sinon
celle qui de nos jours garde la presque totaliteacute des pratiques et
habitudes traditionnelles
Bien qu aujotltdhui con~r-tis aux religions chreacutetienne et musulmane les
Seacuteregravere conservent leurs croyances et pratiques animistes
Quelque soit leur degreacute dadheacutesion aux religions reacuteveacuteleacutees les Seacuteregravere
croient en un Dieu puissant et miseacutericordieux Rog Segravene et les hommes
Les ~angols sont repreacutesenteacutes mateacuteriellement dans tous les villages
seacuteregraveres par des arbres (baobab et tamariniers) des animaux (geacuteneacuteraleshy
ment serpent doreacute ou iguane) des ustensiles (pilon calebasse et mortier)
De nombreux teacutemoignages nous apprennent que certains totems (serpent
iguane) font leur apparicion agrave loccasion de certaines manifestations
rituelles comme les sacrifices ceacuteleacutebreacutes lors dun mariage de ceacutereacutemonies
mortuaires ou des circoncisions
Le Seacuteregravere comme il nous a eacuteteacute donneacute loccasion de le dire plus haut
preacutesente des speacutecificiteacutes authentiques aussi bien en tout ce qui touch~
son eacuteducation ses croyanCES et pratiques mystiques q~e ses activiteacute~
socio-ecirccc~omiquEs Apr~s a ~aissa~c~ le beurob~ ~~ pcs~ 5~~ lE S~ __
On lui mouille les l~vres avec un peu d~ lait de mil et apr~s U~ bain
purificateur on versera leau dans un trou cr~us~ derri~r~ la Camp~~
Pendant huit jours la megravere et lenfant sont cacheacutes dans la case car
selon les anciens ils sont tregraves vulneacuterables La case deacutens certains cas
est entoureacutee dun fil blanc et lon place sur le seuil des fais(cauy di
veacutegeacutetaux pour chasser les mauvais esprits (geacutenies malfaisants et illangeUY~
dacircmes) Au bout du huitiegraveme jour la megravere et lenfant peuvent sortir de
la case bull
bullbullbull Le matin du huitiegraveme jour la tante paternelle va chercher de leau
(plusieurs fois)t elle doit rester muette pendant ses alleacutees et venues
si elle parlait t lenfant pourrait ecirctre muet bullbullbull
La megravere et lenfant prennent un bain purificateur dans lequel sont
trempeacutees certaines plantes (ce sont des veacutegeacutetaux pr~tecteurs tels le
begravene le yag le ngud) On y lavera aussi le linge e1t les ustensiles utishyj
liseacutes pendant les huit jours qui viennet de seacutecoul~r On rase le crine
de lenfant Les cheveux sont donneacutes agrave la megravere qui ~s enterrera avec le
reste du cordon ombilical dans un endroit que11e esit seule agrave connattre
La megravere sassied sur une natte devant la maison Une femme igeacutee de la
famille prend le beacutebeacute dans ses bras et le preacutesente aux quatre coins de
lhorizon
La tante paternelle tient ensuite un van sur la tecircte de la megravere on y
verse le mil on y verse eacutegalement en abondance sur la megravere et sur
lenfant La tante oint ensuite le corps du beacutebeacute avec du lait e11e
touche en particulier le front t le nez la bouche la poitrine le dos
et les oreilles
Elle pose enfin un ~rain de sel dans la paume du beacutebeacute (le sel purifie
et deacutetruit les puissances mauvaises)
Apregraves un nouveau bain la megravere et lenfant revEcirctent des habits de fecircte
(est
lenfant Ce precircnore a toujours U~ SEns Il sy~bolise parfois C0 qUi
lOIl sounaitt agrave lEufant l)
La circoncision comme dans les autres ethnies est obligatoire Elle
permet au jeune adolescent dacceacuteder agrave la classe adulte Les jeunes
sont regroupes en classe dacircge dans le bois ougrave sc fait la r0tr~it0 des
circoncis et ceci pendant plusieurs mois
Le Selbeacute qui est geacuteneacuteralement un ancien craint de tous les eacutelegraveves
enseigne le respect de la hieacuterarchie la discreacutetion le goOt de linishy
tiative Les activiteacutes physiques et leacuteducation artistique ne sont pas
en reste la deacutecoration la sculpture la lutte et la danse A sa sortie
du bois linitieacute appartient deacutesormais agrave la classe des virils et des
sages du clan car on lui aura enseigneacute les vertus fondamentales que
sont la justice lhonneur lamour du prochain 1 amour du travail
lhonnecircteteacute et surtout le respect des coutumes ancestrales
Le rite du mariage esd aussi un fait tregraves important dans le monde 1
seacuteregravere mais par manq~e dinformation nous serons obligeacutes de nous en
tenir lagrave
333 Impact des ethos sur la lutte dans le monde seacuteregravere
Lorigine de la lutte seacuteregravere ne semble pas claire ma1S nous pouvons
dire quil existait deux formes de lutte comme chez les Wolofs une
lutte sans frappe et une lutte avec frappe Et cest cette derniegravere
qui peut-ecirctre nous ameacutenerait agrave croire que la lutte seacuteregravere aurait une
origine plus preacuteciseacutement guerriegravere
Aujourdhui la lutte est uniquement une activiteacute sportive agrave travers
laquelle le jeune seacuteregravere eacutevalue sa force son courage et SOn ingeacutenioshy
siteacute Cest une occasion de deacutefendre lhonneur de son village ou de
la corrnnunauteacute
La luttE ~5t avant tout u~e rnanifcs[dtic~ c~lturclie et surtout
fo lkhriqut-
Gracircce agrave elle on peut deacutesormais comprendre un certain nombre de chants
et de symboles A travers la lutte seacuteregravere on ccedilomprend les inter-relashy
tions entreacute la vie et le monde surntiturel
Sil devait y avoir la mort dun villageacuteois pendant la fecirctE au T qUE
de linterrompre on proceacutedait gracircce aux connaissances magico-religieuses
agrave la suspension de la mort jusquagrave une peacuteriode ougrave la population sera plus
disponible pour organiser des funeacuterailles sil y eacutetait preacutedit la possibishy
liteacute dune deacutefait du champion local au profit dun champion dun autre
village des recettes dordre maginque et religieux eacutetaient mises en prashy
tique afin que le champion du village ne soit jamais terrasseacute(J)
334 Le profil du lutteur seacuteregraver~
Le lutteur seacuteregravere est par essence un athlegravete impressionnant de par sa i
carrure et sa musculature saillante mais cest aussi une force tranquille
et calme quelque soit lenjeu du combagravet et particuliegraverement lhonneur
Cet aspect nous pousse agrave parler du NGiMBE cest-agrave-dire de la tenue du
lutteur qui va influencer sur sa faccedilon de lutter
La confection du Ngimbe revient agrave la communauteacute entiegravere Le Ngimbe a
une signification symbolique et le lutteur pour meacuteriter la confiance du
groupe se doit de tout faire pour ne pas toucher le sol Toute la commushy
nauteacute elle aussi sengage pour assurer la longeacuteviteacute et le succegraves du lutteur
dans laregravene par lorganisation droffrandes et de sacrifices en lhonneur
des Pangols bull
bull
Daucuns nheacutesitent pas agrave dire que lessentiel du mysticisme se fait agrave
la maison et non dans laregravene tout le reste nest quintimidation de
ladversaire
lsvcns
Tt- pi ~- t
t 1 ~ l _ ~ t
par rapport agrave lautre Cbci est trEgraves lieacute agrave lactiviteacute journaliegravere du
jeune seacuteregravere qui est un cultivateur donc toujours bien planteacute sur ses
jambes et qui continuellement manie lhiler
Le fait de couper le boi~ peut eacutegalement constituer un moyen de muscushy
lation non neacutegligeable pour le jeune lutteur
Un certain nombre de traits techniques speacutecifiques au lutteur seacuteregravere
semblent ressortir des diffeacuterentes interviews que nous aVOns fait subir
agrave certains lutteurs seacuteregraveres et agrave diffeacuterents techniciens
SOUS-GROUPES FORMES DU CORPS CONTROLES GARDES
SAFEN Moyenne en fente NONE Hancheacute Bras (distante) j
NDUTJ
f
SINE-SINE Deacutecalage Ngimbe
Moyenne
SALOUM-SALOUM Passage- Jambe (rapprocheacutee) 1
i
PETITE dessous Tecircte Basse et 1
COTE Moyenne (rapprocheacutee)
Notons que le Niominka ll commence agrave lutter agrave partir du sol pour avoir
assez deacutelan et sauter sur ladversaire afin davoir la prise du lion
(contr6le de la nuque et du bassin)
Co a -tem-nt ccedilt attitude du lutteur sEacuteregravere335 np -1t ~
Les croyances mystiques sont indissociables des activiteacutes quotidiennes
duseacuteregravere Ce qui explique le cocircteacute supersticieux du lutteur seacuteregravere En
~ffet certains lutteurs refusent de lutter avant certaines heures
Certains teacutemoignages nous apprennent quil nest pas donneacute agrave tout le
monde decirctre champion de lutte et que le lutteur doit avoir des dons
surnaturels pour ecirctre agrave mesure de livrer ses combats dans la nuit
et trouver seul un gris-gris speacutecial appeleacute Njatch
Le vrai champion de lutte chez les seacuteregraveres ne lutte pas seulement avec
~a force et sa technique mais surtout avec ses dons occultes
Chez les seacuteregraveres les morts sont toujours preacutesents et les ~pangols
Servent dintermeacutediaire entre les hommes et les morts Le pangol prend i
le nom dhumain dans certains villages (IIHeacuteJga NDONG Har Wag NGOUYE) i 1
De ce fait on verra le lutteur danser dufe maniegravere ou dune autre en
fonction du pangol de sa famille Ainsi nrus aurons le back (chant et
danse du lutteur) des DIOUF des FAYE etclbullbullbull
Dans laregravene le lutteur seacuteregravere a un comportement exemplaire aussi bien
agrave leacutegard de son adversaire direct quave~ le public en geacuteneacuteral Lexpli shy
cation semble tenir au fait que le lutteur seacuteregravere est avant tout selon
la tradition orale le repreacutesentant de toute la communauteacute seacuteregravere Par
conseacutequent il devra saffirmer non seulement en tant que lutteur dans
laregravene mais aussi en tant quentiteacute morale
336 La tenue du lutteur ou NGIMBE est confectionneacutee par le marabout de la
famille ou du clan Le Ngimbe est constitueacute de pagne en cCton tisseacute
Il doit ecirctre propre le lutteur qui le porte ne devra pas avoir de rapshy
port sexuel pendant toute la peacuteriode des cOTpeacutetitians car le Ngi~bE ne
doit pas ~tre souilleacute
Autrefois et mecircme aujourdthui dans certaines familles on devient
lutteur de pegravere en fils et dans ce cas le Ngimbe du pegravere est heacuteriteacute
par le fils Le fait de porter le Ngimbe de ses aieux peut susciter
chez le jeune lutteur une motivation et une volonteacute ineacutebranlable dtasshy
surer la supeacuterioriteacute d~s siens dans ltaregravene Il fera tout pour que le
Ngimbe de la ramille ne touche le sable
La tenue du lutteur a une signification et une importance sur le plan
mystique car selon les anciens le vra1 feacutetiche du lutteur celui qui
le proteacutegera et laidera agrave vaincre le nDjinne ou le tRapu de ladvershy
saire se trouve cacheacute dans ce Ngimbeu bull Celui qui confectionne donc le
Ngimbe U est doueacute de faculteacutes occultes
337 Larbitrase est assureacute par un sage du village qui geacuteneacuteralement fut
champion de lutte de son temps Dailleurs cet ancien nintervient que
si le terrassement est litigieux Hormis le public qui proclame la vicshy
toire ou le match nul le lutteur lui-mecircme est arbitre et il arrive
quil se deacuteclare vaincu
Nous avons pu cfter Meacutedoune KHOULE un desplus grands lutteurs seacuteneacutegashy
lais qui a donn~ une victoire agrave Djeacuteri SADIO son adversaire qui a reacuteussi
agrave lui faire touegraveher le sol de la main
IlL
34 1 Preacutesentation
Lethnie toucouleur vit En grandt partit ciE~~ la vallfc du S~~~gal
pt reprecircsente i peu pr~s 8 de la population totale secircn~galaise
o Histoire
Il semblerait que dans lancien royaume du Tekrour (IX~ siegravecle) des
eacuteleacutements neacutegroiumldes Sarakoleacute et des Peul aient formEacute par meacutetissage le
peuple Toucouleur (Toucouleur serait dailleurs une deacuteformation du
mot portugais Tacouror)
Ce empire a domineacute aussi bien les wolofs de lOuest que les Peul
nomades du Fouta Toro Cette reacutegion fut le premier pays islamiseacute par
les Almoravides ce qui peut expliquer le proseacutelytisme toucouleur
Ce sont les guerriers toucouleur islamiseacutes qui attaqu~rent avec les
Almoravides la capitale du Ghana Koumbi en 1067 On convertit par
la force les animistes Cest sans doute agrave cette eacutepoque que de nombreuses
ethnies reacutefractaires agrave lIslam ont dO accentuer leur migration vers
le sud (Seacuteregravere wolof Sarakoleacute Bambara Songhaiuml Akan et Peul se reacuteshy
fugiaient vers les hauteurs du Fouta Djalon)
Au XIXegrave siegravecle les Toucouleur allaient trouver en El Hadj Omar Tall
un grand conqueacuterent qui sous le preacutetexte religieux de la gJerre sainte
contre les tribus animistes (entre autres Bambara) eacutetendit lempire
toucouleur sur presque tout lensemble du gali et la partie de la Guineacutee
proche du l1ali
Lempire toucouleur composeacute de Sarakoleacute de Bambar~ de ~alinkeacute de
Xassonkeacute dE Peul et de Dogon eut le meurorit~ dunir CES diif~rentes ~ ~ - - - - - et~ics ~t dE CD~stituer l~Sl la b2S~ ~r 1
_ ~ ~ ~_ L ~
~ ~- ~- - - ---- _ 1 v _ t 1 ~-_ --
marabout tOL~culcuuml~ ~ middotlrrany a l ick SI venu des E1i rClS dE Pocior~ (
~ Vi~ euroconomicue et sociale -----------~-------------
Les Toucouleur sont des cultivateurs mais bien quils n~ soie~t pa~
pasteurs comrre les Peul leacutelevage a une place inportarteacute decirc1S ltur
eacutecono~ie Pour faciliter leur conquecircte guerriegraverE ils c~t Eucirc une preacuteshy
dilection pour leacutelevage des chevaux On y trouve aussi des pecirccheurs
appeleacutes Tchioubalo La socieacuteteacute toucouleur aurait une stratification
sociale tregraves rigide Les groupes ethniques et les castes eacutetaient
diffeacuterencieacutes et strictement exogamiques les Rimbe classe des nobles
comprenant la famille reacutegnante et les guerriers libres la classe des
Nieacutenieacutebegens de castes artisanales i les Rimaibeacute anciens esclaves
devenus serviteurs qui portent les noms de famille de leur maicirctres A
la base de lorganisation de la collectiviteacute toucouleur se situe le
village (Wouro)
Toutes ces castes sont cloisonneacutees entre elle~ Ainsi il nest pas
permis agrave un Torodo (noble) de se marier avec un Tchioubalo Ces
consideacuterations sont importantes dans le domaine de la lutte ougrave nous
apercevrons que les nobles ne sont pas faits pour lutter Le noble
preacutesidera les seacuteances de lutte et on luttera pour lui Ces condeacute rat ions
de noblesse et de rang social sont extrecircmement importantes dans le
monde toucouleur
Le noble ne doit pas se salir on lutte pour lui il ne vit la lutte
quen tant que spectateur
342 Education moeurs croyances et eratiques religieuses
Deux formes d~ducation sont agrave consideacuterer leacutedJcatio~ dES enfarts Et
celle des adultes
oG lenfant sait m2n~~r et apprfcier le goOt d~5 ~iifeurorents r~pas lt
le moment ougrave il CO~~e~CE agrave marcher
tivirt n~sormais le petit toucou]eur est eacuteduquf par toutmiddot 12 f2~i)]E
dabord puis par toutes lespersc~nes du village ou du C13~
Lenfant peut ~tre corrigeacute par tout adulte appartenant au groupe social
Son eacuteducation est deacutesormais laffaire de toute la communauteacute et non
exclusivement celle ces parents On linitie ainsi au travail quotidien
qui se fait dans la bergel~ e les champs et les bords du fleuve Au sein
du village il pourra apprendre agrave filer la laine et agrave tisser des pagnes
dans les champs il apprend agrave manier la houe et lhiler pour la culture
du riz et du mil Mais signalons que lactiviteacute essentielle du toucouleur
est leacutelevage des boeufs des moutons et des chegravevres Chez les Ichioushy
balos (p~cheurs ) lenfant sera initieacute tregraves tat au maniement des pagaies
agrave la p~che propremccedilnt dite et agrave la nage
Vers cinq-six ans lenfant est confieacute au maicirctre coranique le Ihierno
et ce dernier dispose exclusivement de toute sa vie Lavenir du jeune
enfant lui appartient
Comme dans les autres groupes ethniques les enfants sont regroupeacutes en
classe dacircge et cest dans cette structure que lenfant subit les rite
de passe et plus particuliegraverement celui de la circoncision
La circoncision est non seulement unE opeacuteration chirurgicale malS surshy
tout une peacuteriode au cours de laquelle le jeune garccedilon passe de leacutetat
dadolescent agrave leacutetat dadulte Les circoncis sont reacuteunis en classe
dacircge dans un endroit situeacute hors duvillage geacuteneacuteralement choisi par les
vieux Cet endroit n~st accessible que par des individus de SExe ffi8SCUshy
li~ ~ta~t au preacutealabl circoncis
- - - -
quable et complet sur le plan phy~ique et ~oral Ai~si liniti~
acquiert les qualitecircs indispensables que sont le courag~ la modest
lesprit de sacrifice lendurance
Le toucoule~r est un pleux musulma~ Cela sexp1
SOil le premier agrave tre en contact avec la religion musulmane de par sa
position frontaliegravere Lethnie toucouleur de par son histoire a preacutesenteacute
les plus grands chefs militaires et religieux musulmans seacuteneacutegalais Et
pour illustrer cela on peut citer en exemple la grande famille musulmane
des SY agrave TIVAOUANE repreacutesentant la confreacuterie des TIDJANES
Bien que lon note une majoriteacute musulmane on peut dire que certaines
croyances et pratiques mystiques et animistes persistent encore surtout
dans la reacutegion du fleuve
Une pratique courante se fait elle sappelle le Djatt Elle consiste
agrave faire sortir le caiman du fleuve agrave limmobiliser et agrave lattacher
sans quil ne reacuteagisse et tout ceci agrave laide de versets et dincantashy
tions magiques Dapregraves les teacutemoignages ces pratiques sont plutocirct
freacutequentes chez les Tchioubalos (pecirccheurs) Il arrive aussi que cershy
tains chasseurs ayant des dons se livrent agrave certaines pratiques an1shy
mis tes qui consistent agrave invoquer certaines puissances et agrave moduler sous
forme de chant des versets occultes pour se proteacuteger des mauvais esprits
et pour eacuteloigner les fauves Ce chant est geacuteneacuteralement incompreacutehensible
et deacutenueacute de sens pour le profane
343 Activiteacutes ludiques et pratiques sportives en milieu toucouleur
Durant toute son histoire lethnie ~oucouleur a toujours EacutetEacute Frese~teacute~
comme celle qui avait ue activit essentiellement guerr e e~ particushy
liegraverement farouche Trois eacuteleacutements ret r t l ecirc t te nt i c- euro so~t
le manie~~nt du ~acircton 12 luttE Et 1eacute danSE
l
Lecircducation ph~sique et artistique Dcc~pe un place precircpondecircra~rp
dans la fDrmat~on du jEune toucouleur A loccasion agraveeacutevegravenemen~ imporshy
tants reacutecoltJs mariages baptecircme nous assistons agrave des manifestashy
tions folkloriques de grande envergure le Wango oucirc dailse toucouleur
tregraves gymnique iles chants et surtout les sEacuteances de lutte
La lutte toucouleur est la forme de lutte la plus spectaclaire dans
tout le territoire seacuteneacutegalais Elle est essentiellement baseacutee sur des
techniques en hancheacute et surtout en souplesse Ceci sexplique par le
fait q~e le jeune toucouleur est tregraves tocirct initieacute agrave la gymnastique (saut 1
per saut de main salto arriegravere saut de tecircte couronneacute etc bullbullbull ) pour
la dans~ du wa~go En dansant le wango qui est une danse rythmeacutee et
gymnique le Jeune toucou1eur est capable de prouesses extraordinaires
1
En lutte lattaquant se deacuteplace tregraves peu pour avoir une bonne saisie
(geacuteneacutera~ement controcircle du Ngimben ) et enchaine brusqueme~t avec une
attaque surpris~ Cependant les ripostes sont souvent surprenantes et
spectaculaires (baseacutees sur la souplesse et la rapiditeacute) ontrairement
aux autr~s form~s de luttes ougrave lon voyait tous les jeune adheacuterer la
lutte to~cou1eur Verra un groupe de speacutecialistes sadonne agrave la lutte 1
(la lutte est lieacutee agrave la position sociale de lindividu problegraveme de
caste)
Q La morphologie du lutteur toucou1eur 1
1 1
Ce dernier nest pas aussi large et aussi fort que les lutteurs diola
et seacuteregravere Cependant il est tregraves reacutesistant La musculatJre est saillante 1
et tregraves souple lindividu est longiligne mais tregraves athleacutetique
Les mouvements de lutteurs sont semblables agrave ceux dun grand fe1in Cette 1
morphologie semble ecirctre lieacutee agrave la position geacuteographique de lethnie
(reacutegion du fleuve) et agrave lacitiviteacute socio-eacuteconomique du toucouleur qui
est agrave la fois cultivateur (activiteacute lieacutee agrave la crue et deacutecrUE du fleuve)
pecirccheuro~T CIcr~icubaon) et sttout jEumlrgcr qui est U~ rc~2eumlr
shy
Deux formes egrave~ corps sembl~nt ecirctre preacutefeacutereacutees du lutteur toucouleur
le hancheacute et la souplesse Les hancheacutes sont faits agrave partir de plusieurs
positions de doset se terminent geacuteneacuteralement par des techniques de
tregraves grande amplitude
TABLEAU RECAPITULATIF DES TECHNIQUES ET FORMES DE CORPS SPECIFIQUES
i
L441 r
GARDE FORMES DU CORPS CONTROLES --shy - -
Moyenne Souplesse Ngimbe
Hancheacute bras
Demi-souplesse
1
Profil psycholosigue 1
TECHNIQUES
ContrOle du bassin et 12 souplesse
arriegravere
Klicket et allegravegement de la hanche
Le lutteur toucouleur est celui lUi se livre le moins aux preacuteparaqons
maraboutiques Cela est dO au f~t que le toucouleur est un grand ~USUlshyman et que les pratiques animisges ont presque disparu dans ce mil~eu
Dans la pratique le lutteur esJ combaif mais il est calme et tr~s reacutefleacutechi quant agrave la deacutecision agrave prendre en plein corps agrave corps ct~st un des seuls techniciens qui reJte tregraves lucide au cours de ses comb~ts
l Dans toutes les circonstances e lutteur toucouleur est tenu de re~pecshyter son adversaire et ceux de s4n eacutequipemecircme sil est vaincu
Comme nous avons dO nous en rendre compte la rigueur des principes
eacuteducationnels a une influence tregraves sensible sur l~ comportement du
toucouleur
i
III S COCL ~s 1DO
Dans cette partie nous avons essay~ de montrer lftroite re1atic~
Entre les diverses activiteacutes socio-eacuteconomiques dans les ethnies et
lES diffEacuterentes faccedilons de lutter
Daucuns seraient tent~s de conclure trop rapidement et cest p0~r
cette raison que nOUS avons penseacute preacuteciser que le pheacutenotype nest
pas geacuteneacuterateur du geacutenotype Et nous sommes convaincus que la morphoshy
logie et les techniques des lutteurs relegravevent de leurs modes de vie
et de leurs croyances agrave une eacutepoque et danE un contexte bien deacutetermishy
neacutes
Est-ce que les lutteurs dio1a ou seacuteregravere travaillant avec leurs bras
dans les champs auraient les mecircmes pr 0 fil s physiques que les lutteurs
utilisant des machines pour lagriculture
- 69 shy
I UJOURDH~1 E-S ut O[l LES FORfilS Ut LU11t~
~otons que notre enqu~te a ecirctE essentiellement faiteen milieu urbain
Les seacuteances de lutte ont tendance agrave perdre leur particulariteacute de r~shy
jouissance pour devenir des pheacutenomegravenes de sportisatio Deux fores
de luttes so~t principale~cnt prat s dans les aregrave~es du 5 al
la lutte traditiunnelle simple et la lutte traditionnelle avec frappe
De nos jours la lutte traditionnelle tend vers une reacuteglementation
et une institutionalisation
Le reacutesultat de nos investigations nous donne le tableau ci-dessous
REPARTITION ETHNIQUE SUR 100 PRATIQUANTS
LUTTE LUTTE RAPPORTETHNIES SANS FRAPPE AVEC FRAPPE J2
Diola 40 16 71 j
Seacuteregravere 26 21 57
Toucouleur 23 10 69
Wolof 1 1 53 17
La demande sociale par ordre deacutecroissant pour la lutte sans frappe
se preacutesente comrre suit
]0_ Ethnie diola avec pregraves de 3 lutteur~ sur 4
2deg_ Ethnie toucouleur
Ethri dun
~ 1 LA LUTTE TR])IIIO~~ELLE AVEC H-PPE
Cette forme deacute lutte a une histoire qui date de lantiquiteacute elle
sa~pelait le Pugilat Au Seacuteneacutegal elle a vu le jour dans le Cayor
bien avant la colonisation Le coup dE pied l~Lrdn~lement la morshy
sure la frappe et le doigtf eacutetaient permis dans le cc=bat ~ ~middot~p0~~e
Dans certains cas la giffle eacutetait beaucoup plus dangereuse que le
poing quand elle eacutetait donneacutee par un speacutecialiste Cette giffle pouvait
agrave elle seule deacutechirer et mecircme parfois amputer la joue de ladverser
Selon les informations la lutte avec frappede nos jours serait une
forme de lutte tregraves eupheacutemiseacutee de celle dantan ougrave une blessure
pouvait souvent ecirctre mortelle
Aujourdhui au niveau du folklore la lutte na plus la mecircme
le spectaculaire a remplaceacute le significatif iLa lutte avec frappe se 1
pratique surtout dans les centres urbains C~aque fois quun grand combat 1
est progra~eacute par le Comiteacute National Proviso~re (CNP) des centaines damashy
teurs sont mobiliseacutes vers le stade lba Mar D~OP qui est aujourdhui le i
lieu approprieacute ougrave se deacuteroulent les grands conkbats de lutte Cest la formE
de lutte qui semble drainer une foule de personnes beaucoup plus importante
que celle de la lutte simple
La lutte avec frappe deacuteriverait dune forme de lutte traditionnelle
pratiqueacutee jadis dans le Cayor au temps des Damels et la frappe serait
le substitut dun certain nombre de pratiques doigteacute jet de produits
etc bullbullbull dont le but eacutetait laveuglement de ladversaire La lutte avec
frappe serait une continuation logique dune carriegravere sportive de la
lutte traditionnelle qui sen sert comme moyen socio-eacuteconomique En
effet la majoriteacute des lutteurs avec frappe ont dabord eacuteteacute initieacutes agrave la
lutte simple Cependant il faut signaler que de nOS jours il arrive
que le jeune lutteur avec frappE- soit directenent formEacute conne speacutecialistE
agrave la frappe sa~s pour autant faire son chemin dabcrd egravea~s la lutte
- ~ shy
Le recircsultat dE ~os interviews ncus rec~trE qGune pcpulatiD~ divcrsishy
fiampe sint~resse agrave ce sport et qUE les intecircr~[s des uns et d~SlautrE~
semble~t divergents naucuns affirment que la lutte traditionnelle
avec frappe serait monteacutee par des personnes dont la vocation est dexshy
ploiter ce pheacuteLomegravene agrave des fins commerciales Dautres disent gJellegrave
jouit de mcyens irport~nts t[l[~isio
tation etc bullbullbull ) pour toucher toutes les couches sociales CEpe~~a~t
nous remarquons que mecircme si certaines personnes reprochent agrave cette
forme de lutte decirctre brutale ces mecircmes personnes nheacutesitent pas agrave
se rendre le dimanche agrave laregravene Bien que critiqueacutee elle semble ecirctre
adopteacutee par une tregraves grande partie de la population seacuteneacutegalaise Cepenshy
dant en tant que techniciens il nous est permis de faire une remarque
Il sagit de
- Limpression nette decirctre devant des professionnels de la frappe
qui sont ~ntratneacutes pour cela Dailleurs les propos que nous avons
recueilli~ nous prouvent que la plupart des champions de lutte avec 1
frappe s~ntratnent dans certains sports de combat tels ~ue la boxe i 1
le karateacute le judo Dans cette nouvelle forme de pratique de la lutte
contrairefuent agrave la lutte traditionnelle le technicien e~t souvent
perdant face au puncheur Ce dernier adopte une lutte agrave distance qui
lui permet de placer agrave bon escient ses coups animeacute du deacutesir de vaincre
Le technicien lui se voit contreacute dans toutes ses entreprises par
un uppercut ou un crochet
On peut dire cependant que nul sport au Seacuteneacutegal que la lutte tradishy
tionnelle avec frappe ne deacutechaicircne autant de passions et autant de
pheacutenomegravenes poussant agrave lexcegraves et deacutereacuteglements quon ne peut que deacuteplorer
Mais comment deacutecrier un spectacle de lutte qui bien quayant perdu la
presque totaliteacute des valeurs traditionnelles veacutehiculeacutees autrefois par
elle sait susciter une participation effective de tous ceux qui sont
preacutesents
CONCLUSION
Dans ce meacutemoire nous sommes efforceacutes ~e faire ressort ir limportance des
ethos et des habitus et leurs effets sur la pratique de la lutte tradishy
tionnelle au Seacuteneacutegal
L~b egravethos repr~sentent dune maniegravere g~neurorale tous les eacuteleacutements speacutec
fiques sux Seacuteneacutegalais par conampeacuteguent un systegraveme de valeurs traditionnellEs
Mais m~me si ces valeurs rev~tent une signification universelle (honneur
digniteacute courage etc bullbullbull ) il nen demeure pas moins que ce nest pas leur
nature qui fait leur speacutecificiteacute mais la hieacuterarchisation et limportance i
quon accorde agrave toutes ces valeurs de ~ar leacuteducation ou la culture
i 1
Aussi les valeurs traditionnelles puient leur speacutecificiteacute dans les
caracteacuteristiques propres aux eacuteleacutements ~e la socio-cu1ture (la technologie
et leacuteconomie la politique et la pareteacute la psychologie et lideacuteologie)
dans la socieacuteteacute seacuteneacutegalaise agrave n momen donneacute de son eacutevolution Cest i
dire la neacuteceesiteacute de ne point faire della valeur une reacutealiteacute statique
Cest dite aussi quagrave tout mome~t le ~eacuteneacutegalais peut eacutevoluer et creacuteer
ou vivre par conseacutequent de nouv~lles fprmes de valeur qui lui sont 1
propres ft (J)
La lutte traditionnelle veacutehiculant deS valeurs socio-cu1ture1les speacutecishy
fiquement seacuteneacutegalaises (croyances valeurs morales norme de comportement
opinion attitude bullbullbull ) devient un eacuteleacutement important qui tregraves certaiaement
nous aidera dans notre effort de valoriser et de peacuterenniser notre patri shy
moine culturel par le biais dactiviteacutes physiques et sportives
Leacutetude des habitus nous permet de prouver quil y a plusieurs faccedilons
de se mouvoir comme danser lutter bullbullbull qui varient avec les diffeacuterentes
ethnies (wolof toucouleur seacuteregravere diolagt leurs convenances et leurs
eacuteducations
(1) Revue Ethiopiques 31 Les valeurs traditionnelles et le problegraveme de leur inteacutegration dans les systegravemes modernes jtducatio-1 2 6r--70
nautre part cette eacutetude permet aussi de nous rendrE compte de la
correacutelatipn eacutetroite existant entre la pratique de la lutte traditionnelle
et le sta~ut socio-eacuteconomique du pratiquant
Nos inves~igations nous indiquent que la lutte recrute essentiellement
au niveau des classes socio-eacuteconomiques situeacutees en bas de leacutechelle
donc posseacutedant le statut social le moins favoriseacute La lutte avec frappe
-et un certain secteur commercialiseacute de la lutte simple- y trouve sa
leacutegitimiteacute Comme le dit BOURDIEU nA habitus diffeacuterents styles de Vle
divergents et il oppse les pratiques aristocpatiques correspondants agrave
des activiteacutes qui favorisent les situations eupheacutemiseacutees ougrave la stylisashy
tion est importante aux pratiques populaires qui font appel agrave des
qualiteacutes qpposeacutees bllutes rugueuses Certaines interviews nous
montrent que plus lindividu occupe une place eacuteleveacutee dans leacutechelle
sQciale e~ 1
moin$ il sinteacuteresse agrave la lutte
Les reacutesultats recueillis dans nos diverses investig~tions confirment 1 1
1er propos qui disent que nous assistons aujourdhu~ agrave une involution
de la lutte traditionnelle parce que perdant toutes ses speacutecificiteacutes au 1
pryfit d~ne autre forme de lutte que lon continue agrave appeler nostalshy
giqlementIIlutte traditionnelle
Ceci pourrait peut-~tre trouver une explication dan la citation suivante
La liberteacute de creacuteer dinnover de vivre Pleineinenf decirctre soi et de
preacuteserver son authenticiteacute la digniteacute et lhonneu1demeurent des illushy
sions dans la misegravere eacuteconomique~ Nos ancecirctres creacuteai~nt des valeurs de cishyl
vilisation parce quils eacutetaient libres parce qu1i~s ignoraient toute
deacutependance eacuteconomique ils cultivaient en eux et cbez leurs enfants le 1
Jorn et la Kersa et preacutefeacuteraient la mort agrave la hoJte lI (1)
Or le Seacuteneacutegal comme la plupart des pays africainsi est un pays sousshy
deacuteveloppeacute t cependant face agrave cette volonteacute du gou~ernement seacuteneacutegalais
de faire inteacutegrer dans leacuteducation des valeurs traditionnelles nous
pouvons espeacuterer utiliser comme moyen deacuteducation la lutteacute traditionnelle
qui reste quand mecircme vecteur jethos et dhabit~s
- 54 shy
Mecircme si lon a noteacute un appauvrissement notoire sur les plans socioshy
culturel et moral la lutte traditionnelle recegravele une gamme importante
et varieacutee de techniques permettant incontestablement une ouverture vers
les luttes olympiques libre et g~eacuteco-romaine
La lecture de ce meacutemoire permettra agrave lentratneur et au professeur de
lutte en fonction du lieu ougrave ils seront affecteacutes dans le territoire
seacuteneacutegalaisdavoir une information sur les techniques contrOles et
formes de corps propres agrave chaque groupe ethnique et de les mettre en
relation avec leurs croyances et leurs mentaliteacutes
Nous avons essayeacute de montrer que la pratique de la lutte traditionnelle
doit tre axeacutee sur une ethnomotriciteacute au Seacuteneacutegal qui permette une inishy
tiation facile Cette pratique de la lutte traditionnelle seacuteneacutegalaise
devra dailleurs essayer de ~eacutepondre aux aspirations du Seacuteneacutegalaisl
moderne en souvrant aux ap~orts positifs des autres civilisations
ex~eacuterieures nous voulons Jvidemment parler du judo et des luttes oiymshyJ
piques 1
1 j Nous navons pas la preacutetentfon dans le cadre de ce meacutemoire demattrise
de reacutepondre agrave toutes les qutstions se rattachant agrave leacutetude de ~a lutte
traditionnelle souslangle~socio-culturel car non seulement il nous
manque lexpeacuterience et la c peacutetence en la mati~re mais aussil l le temps
et les moyens dont nous dis osions ne nous permettaient pas d~puiser le 1sujet i
1 1 1 t 1
l
- )5 shy
BIBLIOGRAPHIE
BIBLIOGRAPHIE
1- CLAPAREDE Psychologie de leacuteducation et peacutedagogie expeacuterimentale
Edition Delachaux et Niestleacute 244 pages
2- POCIELLC Christian Sport et Socieacuteteacute approche socio-culturelle
des pratiques Paris Vigot 1981 377 pages
3- PIERON Henri Vocabulaire de la psychologie
PUF Deuxiegraveme eacutedition 1957 469 pages
4- Revue socialiste de culture neacutegro-africaine ETHIOPIQUES
Les valeurs traditionnelles et le problegraveme de leur inteacutegration
dans les systegravemes modernes deacuteducation
GIA 21 Juillet 1982 213 pages
5- N2 Revue du Centre dEtudedes Civilisations DEM ak TEY
NIS IVegrave Trimestre 1982 96 pages
6- Document lNSEP Colloque sur la lutte aeacuteregravere
DAKAR MAI-JUIN 1980
t 1
~- Travaux du IVegrave Congregraves National ~es Sports agrave DAKAR les 2223041981
Bulletin n2 91 du CIO du 15 Aont 1965
l____________________________
8- Meacutemoire de Mattrise BADJI Abdou La lutte traditionnelle Joola
Etude et perspective
9- Meacutemoire Inspectorat JS DJITTE Mandy Les pratiques corporelles
traditionnelles au Seacuteneacutegal pour leur exploitation et leur
utilisation en peacutedagogie Marly le Roi 1980
REPUBLIQUE DU SENEGAL
--------------- INSTITUT NATIONAL SUPERIEUR
MINISTERE DE LA JEUNESSE DE LrsquoEDUCATION POPULAIRE
ET DES SPORTS ET DU SPORT
-------------
(INSEPS)
MEMOIRE DE MAIcircTRISE
Es-SCIENCES ET TECHNIQUES
DE LrsquoACTIVITE PHYSIQUE ET DU SPORT
LA LUTTE TRADITIONNELLE
son importance sa signification en fonction des ethos et des habitus ethniques au Seacuteneacutegal
Preacutesenteacute par
Monsieur Joseph Victor FAYE
Sous la direction de
M Jean Marc ROCHEZ
Professeur agrave lrsquoINSEPS
Anneacutee de soutenance 1984
ei sltcificE cJ sanl dE meut0 dL chat de pC)wleurot 5E1lt les conveuroshy
lances parfois leur dorner COrllTe offrande du lait Laii
Qua1d une famille ou une communauteacute neacuteglige les Sarakh (ici dans
le sens de sacrifice ou Offrande) elle se voit aussitocirct vouEacutee agrave la
maleacutediction des mauvais esprit~ (fcllec dans touteacuteS lEs ~treprises
de la vie maladie mort bullbullbull ) Les lieux ougrave habitent ls Taps et ougrave
se font les sacrifices se nomment Khambs
Geacuteneacuteralement le khamb se trouve dans lenceinte de la maison ou
dans un coin approprieacute du village Les lieux du khamb sont marqueacutes
par la disposition de calebasses de pilons de morceaux de poterie
briseacutes de grosses pierres de cornes et dautres objets heacuteteacuteroclytes
La superstition wolof est tregraves marqueacutee En effet pour le wolof toutes
les manifestations quotidiennes trouvent leur signification dans le
mysticisme Citons agrave cet effet quelques ezemples Une femme enceinte
ne doit pas marcher agrave nimporte quelle heure de la journeacutee Certaines
heures de la journeacutee lui sont interdites le Timiss (creacutepuscule
le Ndjo~or (de 13 H agrave 14 H de lapregraves-midi) le souf-segravede (de
minuit i4 H du matin) Selon la tradition ~t la croyance wolof les
mauvais ~sprits choisissent ces heures pour jeter des sorts Et la
femme enceinte eacutetant tregraves vulneacuterable le Djinneacute essaiera de lui insufshy
fler son souffle pour atteindre son beacutebeacute afin dentratner soit la
meacutetamorphose de cedernier en monstre soit de le tuer avant sa naissance
Dailleurs pour le wolof et pour certaines autres ethnies au Seacuteneacutegal
le timis le tdjolor le souf-segravede repreacutesentent des peacuteriodes de
la journeacutee ougrave lon ne doit pas se hasarder dans les rues et les champs
Ce sont des heures propices aux apparitions des Djinnes sous nimporte
quelle forme humaine ou animale
Il est eacutegalement interdit au wolof de marcher ou de serti la nuit du
~eacutellfria-
loutes c~s pratiques ~ystiqu~s et cr0ya~ces religi~us~5 ~xistent eL~~[
certainement dues agrave un meacutetissage culturel Parallegravelement aux feacutetiches
aux incantations et agrave lutilisation des safaras (substance magique)
notons lexistence de ga l a tchs (ce sOnt des talismans ougrave sont inscrits
du qui les porte Toutes ces croyances biEn sucircr auront une rEacutepercussicrI
sur leacuteducation du jeune wolof
323 Leacuteducation du wolof
Pour caracteacuteriser leacuteducation wolof nous avons penseacute donner comme
illustration cet extrait de la revue DEM ak TEY Pour deacutefinir leacutedushy
cation le wolof fait appel agrave un symbolisme qui eDglobe aussi bien les
moyens mis en oeuvre Yar que le reacutesultat obtenu agrave laide de ces mecircmes
moyens cest-agrave-dire la formation et le deacuteveloppement de lecirctre humain
ou Yaru
Le substantif Yar deacutesigne le fouet
Ce symbolisme deacutesigne donc au-delagrave du simple sens mateacuteriel de lobjet
lutilisation qui permet daboutir au reacutesultat escompteacute (Yaru) Au sens
geacuteneacuteral Yar deacutesigne tout instrument servant agrave infliger une punition Le
terme laisse supposer agrave priori que cette phase de lenfance durant lashy
quelle se preacutepare la vie de lhomme est lieacutee agrave la souffrance au supplice
Dailleurs une maxime wolof compare lenfant agrave une tige quon a tout le
loisir de redresser alors quelle est encore flexible bull
bullbullbull Pour leacuteducateur wolof la perfection nest point de ce monde malS
le devoir de chaque homme est de tendre vers la pleacutenitude en luttant
contre ses propres faiblesses Leacuteducation va d01c iisister essentielle~(-~t
sur lexercice quotidien de leacutelevation ffiora1e d~ lindividu Pour cela
elle privileacutegie la patience munI) vertu dabneacutegdtion et dE deacutesinteacuteresseshy
m(~t autour dE laquelle sarticulent toutes ]e~ ~u~~~s qualiteuros
i _
aan~ ~ s0cieacutet gt~olcf ocirclt~tartt nul -Jt- poulait sabecircisstr
tion de sa libertEacute La liberteacute est le preuumler drcmiddotir dE l ho-)euro egrave~S
baigner dans une beacuteate admiration du passeacute la comparaison avec le pr~$(middott
si~posc dclle-mecircme car lon reste s reacute devant la deacutesinvolture aVEC
laquelle dES honmes daujourdhui descendants de cette ~~~EacuteTatic ccedil~l se
une fois [largis bullbull tTasque fiers davoir fait leacute priS0n PEut-2tTE
faut-il mettre cela sur le compte de lurbanisation et des nouvelles
valeurs qui ont pour nom enrichissement reacuteussite sociale avec ce que
cela comporte de deacuteshumanisant et de deacutepreacuteciateur (1)
3 bull 2 bull 3 1 bull Lesri tes
Le sevrage et la circoncision constituent les deux grandes phases initiashy
tiques chez le wolof
- Le rituel du sevrage est appeleacute maga1 (litteacuteralement rendre grand)
Cest un eacutevegravenement important aussi bien pour les parents de lenfant que
pour la co~unauteacute Durant cet eacutevegravenement qui survient geacuteneacuteralement deux
ans apregraves la naissance du beacutebeacute les personnes vivant dans lentouragE
apportent leur soutien moral et mateacuteriel
- le rituel de la circoncision revecirct pratiquement la mecircme signification
que dans les autres ethnies seule la forme diffegravere La circoncision reste
encore une eacutepreuve de la vie au sort i r de laque Ile ladolescent devient un
homme Aujourdhui il faut noter une meacutetamorphose de la structure sociale
et des croyances religieuses tregraves accentueacutee aussi bien chez les wolof que
chez les autres groupes ethniques et ceci est peut-ecirctre dO au contact
permanent quils ont avec la socieacuteteacute occidentale
Malgreacute ces constat~tions il semblerait pcu=tant qUE la sociecirct~ lecircbou Gci
bien que se trouvaLt en grande partie dans ~a Presquth du Cap-ETt Et
en contact permane~t avec les blancs soit la portior la plu8 cc~serva-
----------~_- ---~-- -----
~
Incidences d s ~00urs sur la l~ttE
Le wolof connaicirct deux formes de luttes la lutte sirplE- sans t-t
la lutte avec frappe La lutte avec frappe a une crigi~e purement r
et ce nest que plus tard quelle devint une prati1uE sportive et lud
preacuteparer agrave la guerre Aussi tout en luttant On eacutetait autoris~ agrave frapper~
griffer mordre voire introduire son doigt dans loeil de son adversaire
Le jeune wolof devait eacutegalement se livrer agrave la lutte avec frappe afin de
favoriser son insertion dans la socieacuteteacute adulte et sinitier au meacutetier de
soldat faute de quoi il ne pouvait se faire entendre ne avoir des marques
de respect Pour montrer la populariteacute de la lutte dans le Cayor signalons
que les Damels ll (rois) et les Teignes (nobles) nheacutesitaient pas agrave sy
livrer Quant au IIMbeu~ (lutteur) elle lui servait de moyen de promotion
sociale car d8S que sa reacuteputation eacutetait eacutetablie il pouvait ecirctre choisi
par les rois et les nobles comme garde de corps
325 Signification de la lutte en milieu wolof
La lutte se pratique dabord pour lhonneur qui est une vertu tregraves signishy
ficative pour le wolof Elle permet de renforcer les liens amicaux entre
les jeunes de villages diffeacuterents Le champion veut gagner
confiance et la consideacuteration de son village de ses amis
Etre champion cest aussi susciter ladmiration chez les
sentant la force la viriliteacute et la deacutetermination
326 Organisation d~s eacutepreuves de lutte
3261 Les Mbapatts Ce sont les seacuteances nocturnes
pour meacuteriter la
et des anciens
filles en repreacuteshy
Ils sont organiseacutes apregraves les reacutecoltes agrave la fin de la saiscn des pluies
Ceci surtout p~ndant les peacuteriodes de clair de lune car ils peuven~ durEr
toute la nuit Le but des ~Dapatts lt=tait de prfpa-er FhysicuemeH et
~ arb Sil
326 Le 1
cest une organisation beaucoup plus importante que les I~apatts ~
loccasion de laquelle on peut voir plusieurs lutteurs de grande reDommfe
saffronteLLa fin dl lamb est toujours couronneacutee par une grand co~bat
duquel le vainqueur est sacreacute champion de la contrecirce
Le choix du lieu est lieacute agrave limportance de ce lieu dans le village cest
la place publique ougrave geacuteneacuteralement se passent toutes les manifestations
assembleacutee geacuteneacuterale sabar (danse) cest aussi lendroit ougrave sont prises
les grandes deacutecisions
3623 Lappariement
Dans un village ou un quartier les lutteurs se regroupent en lang
(eacutequipe) et jamais deux lutteurs de mecircme lang ne se rencontrent lors
du lamb
L appariement s~ fait librement entre lutteurs de lang diffeacuterents l1hs
une regravegle veut ~uavant de lutter avec le Mbeur Kanur de tel lang si
on est soukh (l~tteur pas encore confirmeacute) il est neacutecessaire de lutter
dabord avec ses soukh et ce nest quapregraves les avoir terrasseacutes tous
quon se voit octroyer la chance de lutter contre lui
Notons que la cateacutegorisation des lutteurs par poids nest jamais prise
en consideacuteration
3624 La tenue du lutteur ou NGIMBE
Le middotNGimbe est confectionneacute par le marabout de la famille ou du clan Il
est constituecirc de pagnes en coton tisseacute geacuteneacuteralement offerts par la megravere ou
la grand-megravere du lutteur ceci lors des organisations de ~rande Tportance
COrlune lef 1amb Dans le cadre des l-bapatt les pagnes sont C tErts peumlr
~~~rcfcis ct ffi~mc aujourdhui d218 cErtaInes fa~ille5 on devj~Gr
luttEur de pegravere en fils et dans ce cas h 1
gimbell du pEgravere Est recircr i tEacute
par le fils Le fait de porter le lI~gimbe agravee ses aiumleux peut susciter
cne~ le jeune lutteur une motivation et une volontecirc in~branlable rlasshy
surer 12 supeacuterioritEacute cis SIcirct-ns dallS
le xgimbe de la famille ne touche pas le sable
La tenue du lutteur a une signification et une importance sur le plan
mystique car selon les anciens le vrai feacutetiche du lutteur celui qui
le proteacutegera agrave vaincre le Djinneacute ou le Rap de ladversaire se trouve
cacheacute dans ce Ngimbe Celui qui confectionne-le Ngimbe est doueacute de
faculteacutes occultes
~~r~i~rg Il est assureacute par un sage du village qui geacuteneacuteralement fut
championde lutte de son temps Dailleurs cet ancien nintervient que
si le terrassement est litigieux
Hormis le public qui proclame la victoire ou le match nul le lutteur
lui-mecircme est arbitre et il arrive quil se deacuteclare vaincu ~ous
pouvons citer comme exemple Meacutedoune KHOULE un des plus grands lutteurs
seacuteneacutegalais qui a donneacute une victoire agrave Djeacuteri SADIO son adversaire qui a
reacuteussi agrave lui faire toucher le sol de la main
Il Y a terrassement quand le lutteur se retrouve
- assis sur le sol
- eacutetaleacute sur le dos
eacutetaleacute sur le cocircteacute
les deux genoux au sol
- les deux ma~ns au sol
la tecircte (front au sol agrave la suite dune brouette)
Il peut y aVOIr match nul si apregraves li1 temps ccmsideacuterable les lutteurs
SE sont ~ ivrEacutes respectivement agrave des assauts rEacutepEacutetEacutes et n arrivEt pas a
3265 L~ precircparation mystique
Il faut reconnattre quon ne peut parler de lutte en milieu wolof sans
envisager une preacuteparation mystique seacuterieuse Co~~e ~ous lEvans vu a~teacute-
1middot ~ d ~ ~rlturenent t0utes es actlvmiddotltesmiddot u W010 sont lles a SeS croyances
- la lutte ne concerne pas seule~ent deux acteurs se livrant faruumlucheshy
ment agrave un combat au milieu de laregravene mais eacutegalement les marabouts et les
feacutetichistes du village ou du clan qui doivent deacutefendre leur savoir et
leur prestige Avant le combat le lutteur doit se livrer agrave un certain
nombre de preacuteparations mystiques pour assurer sa victoire Aussi sommesshy
nous appeleacutes agrave parler de BACK (cest le chant et la danse du lutteur)
- le batteur de tam-tam compose un rythme en fonction du Galagne ou du
Senghor (gds-gris) du lutteur Chaque galagne sera choisi en fonction
du Rap ou du Djinneacute correspondant au Totem du lutteur
Le chant geacuterleacuterique Feinte woy veut dire litteacuteralement composer un 1
chant Ce chant est geacuteneacuteralement composeacute par les filles du viilage du
champion ou par un griot de sa communauteacute Et agrave travers ce chrnt on
arrive agrave toucher la corde sensible du lutteur en chantant lesl innombrables 1
victoires de ses ancecirctres ou en lui rappelant ses prouesses eacuteblatantes 1
Chaque lutteur doit avoir un chant et un back qui lui sont propres
327 Le reacutepertoire technique et les caracteacuteristiques physiques dulutteur wolof
Le lutteur wolof est geacuteneacuteralement moyen de taille la musculagraveture est
tregraves saillante ce qui fait ressortir un aspect tregraves athleacutetique ceci
est vrai sans exception pour le lutteur leacutebou mais il arrive que le Cacircyoshy
rien le baol-baol le walo-walo soient de grands gabarits de forte constishy
tution
CepEndant pour une meilleure compreacutehension du sujet nous pouvons eacutetudiEr
deux jroups d lut teurs qui vont deacuteterminer deux st yI e s de lut tes
- ~ t
les tc~tativ~s de~[reacutee e~ ramassement de jambes de la~v~sairL Ce~~
peut Ecirctre expliqueacute par le fait que les lutteurs leacutebou ou walo-walc qui
sont des pecirccheursadoptent cette garde tasseacutee du fait quils so~t tou-
jours pencheacutes en tirant le fil ou en poussant la plrogue On verra techrugravequeacutes dt cirr 2C ~lt 5Jllicitocirct
surLuumlut les membres supeacuterieurs
Le cayorien et le baol-baol par contre sont les plus grands cultivateurs
darachide chez eux les techniques de lutte sont plus varieacutees et la
garde est moins renfermeacutee Les lutteurs cayorien et baol-baol ont une
morphologie et une reacutepartition musculaire bien eacutequilibreacutee ils excellent
dans les techniques en deacutecalage les techniques de jambe et surtout les
techniques de riposte ougrave lon peut voir des prises de hancheacute tregraves amples
Dune maniegravere geacuteneacuterale on peut dire que le lutteur wolof est un fin
technicien qui sait surtout creacuteer les opportuniteacutes e~ avec sa rapiditeacute
utiliser la force de ladversaire pour le deacuteseacutequilibrer le noodju
le mbas le weacuteheacuteleacute et le rasu sont des techniques propres au lutteur
wolof
En deacutefense il utilise surtout des kl~klets ou gal-gal Notons que
le balancement des bras ou Lewato e$t tregraves marqueacute dans la lutte wolof
TABLEAU RECAPITULATIF DES COMPOSANTES TECHNIQUES
( 1 )
1 SOUS-GROUPES GARDES CONTROLES FORHES DE CORPS l
Walo-walo Basse de jambe Arracheacute l l10yenne de Ngimbe et i
Leacutebou Tasseacutee et saisies annexesj Deacutecalage 1 1 distante de bras de tecirct1
j de bras Deacutecalaeuro
~-----------------~-
- ~ ~- shy - ~ ~ bull L _ _ bull
Profil psyc~~iqUE du lutteu- et son comporterent dars l 2regravere
La preacuteparation mystique dans laregravene est plus marqueacutee chez les wolofs
que ChE~ les autres ethnies En effet on verra de grands champions
preliGrE plusiEurs heures pour Enduire leur corps de cll2badep ou ci
rmiddot- ~ a la proprieacuteteacute de proteacuteger li1egraveividu J
les mauvais sorts) Cest dailleurs un aspect dt la luttE qui iJcsc
des problegraveJles
Le lutteur wolof est tregraves superstitieux et la peacuteriode de preacuteparation
est capitale pour lui car elle permet non seulement de rendre
hommage aux ancecirctres mais aussi dintimider son adversaire Cest
geacuteneacuteralement un lutteur agressif combatif et teacutemeacuteraire Il se fait
souvent remarquer par son esprit dentreprise Mais cette fougue dans
le combat lamegravene parfois bien que ce soit regrettable agrave oublier les
usages et les normes Ce manque de maicirctrise de soi peut faire croire
que le lutteur wolof manque de fair-play ce qui nest pas toujours le
cas
~A~Ugrave~ t 4AA CbUrs k LA ucirctotve f~tPle Sesect prores mou W ~ lesquelles vont se couler les comporteme~ts individuels qui sont ainsi
monteacutes par et pour lautoriteacute sociale
Les faccedilons de boire de marcher ou de sasseoir se manifestent indivishy
duellement dans le corps de chaque personne ces habitus sont cependant
des montages sociaux lieacutes agrave des significationssymboliques variables
dailleurs selon la position sociale occupeacutee par chaque sujet Ces modes
dagir se rangent dans un systegraveme de montages symboliques et lindivishy
du les apprend de la socieacuteteacute dont il fait partie agrave la place quil occupe
Lhabitus est un montage social agrave la valeur symbolique deacutependant des pheacuteshy
nomegravenes deacuteducation et de prestige et lieacute agrave la position sociale du sujet
Cette penseacutee sonne de faccedilon eacutetonamment moderne
Pierre BOURDIEU qui dans une perspective a approfondi le contenue de la
notion en le reportant aux oppositions entre classes et fractions sociales
Il deacutefinit lhabitus comme un systegraveme de dispositions durables acquis au
cours dune histoire personnelle dans une milieu social donneacute systegraveme qui
engendre ensuite des pra~iques socialement deacutetermineacutees faccedilons de manger
de parler ou de marcher comportements de politesse contenu des preacutefeacuterencel
et des deacutegoOts bullbullbull lhabitus est le produit de conditions eacuteconomiques et
sociales Lauteur rattache directement la formation de lhabitus dun
individu agrave la trajectoire parcourue par celui-ci dans sa classe dapparteshy
nance il deacutefend lideacutee dun habitus de classe qui deacutefinit le sens confeacuteshy
reacute agrave la pratique sportive les profits qui en sont attendus
Ce dernier serait lui-m~me lieacute agrave un systegraveme de valeurs ou ETHOS de classe
prenant sens au sein doppositions distinctives entre classes sociales
De sorte lhabitus fonctionne comme un systegraveme dt- regravegles inteacuterioriseacutees
souvent informuleacutees permettant ou non agrave lagent de sadapter dembleacutee aux
multiples pratiques de la vie quotidienne et de la vie sportive il est agrave
lorigine des schegravemes de transcription qui favorisent les ajustements aux
situations corporelles nouvelles (1)
t ~
(1) P~IE11D dwi6Han ISpoy-l et sodeacutebi Approche Bocio-culturelle des pratiques P~tis Vigot 1981 page 81
33
331 Preacutesentation
Les Seacuteregravere auraient pour origine le Fouta Toro quils auraient quitteacute
vers le Xllegrave siegravecle pour fuir lislamisation de cette reacutegioD par lempire
dJ Xali (ils seraient donc apparEnt~s aux Peul et Toucouleur ) Ils
auraient trouveacute dans la rEacutegion du Sine les Sosseacute dorigine manding avec
lesquels ils salliegraverent
Au XVegrave siegravecle une autre immigrationSos~ conqueacuterante cette fois-ci
apporta son organisation eacutetatique Ils se divisegraverent en deux monarchies
deacutemocratiques lune seacutetablit au Sine et lautre au Saloum Les Sosseacute
conqueacuterants constituaient lautocratie appeleacutee Guelowar
La royauteacute seacuteregravere eacutetait laiumlque Les premiers souverains durent secouer
la tutelle des Toucouleur et progressivement arrivegraverent agrave unifier lethshy
nie des seacuteregravere etdea Sosseacute Les deux royauteacutes eacutetaient organiseacutees selon
acirces modegraveles tregraves deacutemocratiques Le souverain deacutependait dune assembleacutee
de ministres et de chefs locaux qui assuraient ladministration centrale
et reacutegionale())
Aujourdhui lethnie seacuteregravere repreacutesente 20 de la population seacuteneacutegalaise
Ils sont reacutepartis sur presque toute leacutetendue du territoire notamment
dans le Baol la reacutegion du Sine-Saloum et la reacutegion de Thiegraves
Signalons quil existe plusieurs sous-groupes dans lethnie ainsi on
trouvera
- dans la reacutegion de Thiegraves les Ndut les Safegravene et les None
- dans le Sine-Saloum les Sine-sine et les Saloum-salouIT
On trouvera vers foundioune et agrave Nioro du cocircteacute de la Gambie les
Niominka (pecirccheurs) Cest une portion tregraves mandinguiseacutee
( 1
Le rattache~2~t d~ to~s ccs sous-groupes pose problecircme ~25 0~ r0~V~
uc grande partie de traits COITul1uns dans leurs modes dE vie Ct pOUT phs
de faciliteacute nous allons essayer de faire une ~tude globale de la lutte
traditionnelle seacuterecircre Lactiviteacute socio-eacuteconomique qui est essentielleme~t
agro-pasorale caracteacuterisE leacutethnie seacuteregravere
332 Lecircducation les moeurs les croyances et pratiques sEr~rc
Chez les Seacuteregravere la vie humaine se deacuteroule selon les grandes eacutetapes
le baptecircme lenfance ladolescencemarqueacutee par la circoncision lsectge
adulte le mariage la vieillesse et la mort (funeacuterailles)
La vie de la communauteacute seacuteregravere reste une des plus originales sinon
celle qui de nos jours garde la presque totaliteacute des pratiques et
habitudes traditionnelles
Bien qu aujotltdhui con~r-tis aux religions chreacutetienne et musulmane les
Seacuteregravere conservent leurs croyances et pratiques animistes
Quelque soit leur degreacute dadheacutesion aux religions reacuteveacuteleacutees les Seacuteregravere
croient en un Dieu puissant et miseacutericordieux Rog Segravene et les hommes
Les ~angols sont repreacutesenteacutes mateacuteriellement dans tous les villages
seacuteregraveres par des arbres (baobab et tamariniers) des animaux (geacuteneacuteraleshy
ment serpent doreacute ou iguane) des ustensiles (pilon calebasse et mortier)
De nombreux teacutemoignages nous apprennent que certains totems (serpent
iguane) font leur apparicion agrave loccasion de certaines manifestations
rituelles comme les sacrifices ceacuteleacutebreacutes lors dun mariage de ceacutereacutemonies
mortuaires ou des circoncisions
Le Seacuteregravere comme il nous a eacuteteacute donneacute loccasion de le dire plus haut
preacutesente des speacutecificiteacutes authentiques aussi bien en tout ce qui touch~
son eacuteducation ses croyanCES et pratiques mystiques q~e ses activiteacute~
socio-ecirccc~omiquEs Apr~s a ~aissa~c~ le beurob~ ~~ pcs~ 5~~ lE S~ __
On lui mouille les l~vres avec un peu d~ lait de mil et apr~s U~ bain
purificateur on versera leau dans un trou cr~us~ derri~r~ la Camp~~
Pendant huit jours la megravere et lenfant sont cacheacutes dans la case car
selon les anciens ils sont tregraves vulneacuterables La case deacutens certains cas
est entoureacutee dun fil blanc et lon place sur le seuil des fais(cauy di
veacutegeacutetaux pour chasser les mauvais esprits (geacutenies malfaisants et illangeUY~
dacircmes) Au bout du huitiegraveme jour la megravere et lenfant peuvent sortir de
la case bull
bullbullbull Le matin du huitiegraveme jour la tante paternelle va chercher de leau
(plusieurs fois)t elle doit rester muette pendant ses alleacutees et venues
si elle parlait t lenfant pourrait ecirctre muet bullbullbull
La megravere et lenfant prennent un bain purificateur dans lequel sont
trempeacutees certaines plantes (ce sont des veacutegeacutetaux pr~tecteurs tels le
begravene le yag le ngud) On y lavera aussi le linge e1t les ustensiles utishyj
liseacutes pendant les huit jours qui viennet de seacutecoul~r On rase le crine
de lenfant Les cheveux sont donneacutes agrave la megravere qui ~s enterrera avec le
reste du cordon ombilical dans un endroit que11e esit seule agrave connattre
La megravere sassied sur une natte devant la maison Une femme igeacutee de la
famille prend le beacutebeacute dans ses bras et le preacutesente aux quatre coins de
lhorizon
La tante paternelle tient ensuite un van sur la tecircte de la megravere on y
verse le mil on y verse eacutegalement en abondance sur la megravere et sur
lenfant La tante oint ensuite le corps du beacutebeacute avec du lait e11e
touche en particulier le front t le nez la bouche la poitrine le dos
et les oreilles
Elle pose enfin un ~rain de sel dans la paume du beacutebeacute (le sel purifie
et deacutetruit les puissances mauvaises)
Apregraves un nouveau bain la megravere et lenfant revEcirctent des habits de fecircte
(est
lenfant Ce precircnore a toujours U~ SEns Il sy~bolise parfois C0 qUi
lOIl sounaitt agrave lEufant l)
La circoncision comme dans les autres ethnies est obligatoire Elle
permet au jeune adolescent dacceacuteder agrave la classe adulte Les jeunes
sont regroupes en classe dacircge dans le bois ougrave sc fait la r0tr~it0 des
circoncis et ceci pendant plusieurs mois
Le Selbeacute qui est geacuteneacuteralement un ancien craint de tous les eacutelegraveves
enseigne le respect de la hieacuterarchie la discreacutetion le goOt de linishy
tiative Les activiteacutes physiques et leacuteducation artistique ne sont pas
en reste la deacutecoration la sculpture la lutte et la danse A sa sortie
du bois linitieacute appartient deacutesormais agrave la classe des virils et des
sages du clan car on lui aura enseigneacute les vertus fondamentales que
sont la justice lhonneur lamour du prochain 1 amour du travail
lhonnecircteteacute et surtout le respect des coutumes ancestrales
Le rite du mariage esd aussi un fait tregraves important dans le monde 1
seacuteregravere mais par manq~e dinformation nous serons obligeacutes de nous en
tenir lagrave
333 Impact des ethos sur la lutte dans le monde seacuteregravere
Lorigine de la lutte seacuteregravere ne semble pas claire ma1S nous pouvons
dire quil existait deux formes de lutte comme chez les Wolofs une
lutte sans frappe et une lutte avec frappe Et cest cette derniegravere
qui peut-ecirctre nous ameacutenerait agrave croire que la lutte seacuteregravere aurait une
origine plus preacuteciseacutement guerriegravere
Aujourdhui la lutte est uniquement une activiteacute sportive agrave travers
laquelle le jeune seacuteregravere eacutevalue sa force son courage et SOn ingeacutenioshy
siteacute Cest une occasion de deacutefendre lhonneur de son village ou de
la corrnnunauteacute
La luttE ~5t avant tout u~e rnanifcs[dtic~ c~lturclie et surtout
fo lkhriqut-
Gracircce agrave elle on peut deacutesormais comprendre un certain nombre de chants
et de symboles A travers la lutte seacuteregravere on ccedilomprend les inter-relashy
tions entreacute la vie et le monde surntiturel
Sil devait y avoir la mort dun villageacuteois pendant la fecirctE au T qUE
de linterrompre on proceacutedait gracircce aux connaissances magico-religieuses
agrave la suspension de la mort jusquagrave une peacuteriode ougrave la population sera plus
disponible pour organiser des funeacuterailles sil y eacutetait preacutedit la possibishy
liteacute dune deacutefait du champion local au profit dun champion dun autre
village des recettes dordre maginque et religieux eacutetaient mises en prashy
tique afin que le champion du village ne soit jamais terrasseacute(J)
334 Le profil du lutteur seacuteregraver~
Le lutteur seacuteregravere est par essence un athlegravete impressionnant de par sa i
carrure et sa musculature saillante mais cest aussi une force tranquille
et calme quelque soit lenjeu du combagravet et particuliegraverement lhonneur
Cet aspect nous pousse agrave parler du NGiMBE cest-agrave-dire de la tenue du
lutteur qui va influencer sur sa faccedilon de lutter
La confection du Ngimbe revient agrave la communauteacute entiegravere Le Ngimbe a
une signification symbolique et le lutteur pour meacuteriter la confiance du
groupe se doit de tout faire pour ne pas toucher le sol Toute la commushy
nauteacute elle aussi sengage pour assurer la longeacuteviteacute et le succegraves du lutteur
dans laregravene par lorganisation droffrandes et de sacrifices en lhonneur
des Pangols bull
bull
Daucuns nheacutesitent pas agrave dire que lessentiel du mysticisme se fait agrave
la maison et non dans laregravene tout le reste nest quintimidation de
ladversaire
lsvcns
Tt- pi ~- t
t 1 ~ l _ ~ t
par rapport agrave lautre Cbci est trEgraves lieacute agrave lactiviteacute journaliegravere du
jeune seacuteregravere qui est un cultivateur donc toujours bien planteacute sur ses
jambes et qui continuellement manie lhiler
Le fait de couper le boi~ peut eacutegalement constituer un moyen de muscushy
lation non neacutegligeable pour le jeune lutteur
Un certain nombre de traits techniques speacutecifiques au lutteur seacuteregravere
semblent ressortir des diffeacuterentes interviews que nous aVOns fait subir
agrave certains lutteurs seacuteregraveres et agrave diffeacuterents techniciens
SOUS-GROUPES FORMES DU CORPS CONTROLES GARDES
SAFEN Moyenne en fente NONE Hancheacute Bras (distante) j
NDUTJ
f
SINE-SINE Deacutecalage Ngimbe
Moyenne
SALOUM-SALOUM Passage- Jambe (rapprocheacutee) 1
i
PETITE dessous Tecircte Basse et 1
COTE Moyenne (rapprocheacutee)
Notons que le Niominka ll commence agrave lutter agrave partir du sol pour avoir
assez deacutelan et sauter sur ladversaire afin davoir la prise du lion
(contr6le de la nuque et du bassin)
Co a -tem-nt ccedilt attitude du lutteur sEacuteregravere335 np -1t ~
Les croyances mystiques sont indissociables des activiteacutes quotidiennes
duseacuteregravere Ce qui explique le cocircteacute supersticieux du lutteur seacuteregravere En
~ffet certains lutteurs refusent de lutter avant certaines heures
Certains teacutemoignages nous apprennent quil nest pas donneacute agrave tout le
monde decirctre champion de lutte et que le lutteur doit avoir des dons
surnaturels pour ecirctre agrave mesure de livrer ses combats dans la nuit
et trouver seul un gris-gris speacutecial appeleacute Njatch
Le vrai champion de lutte chez les seacuteregraveres ne lutte pas seulement avec
~a force et sa technique mais surtout avec ses dons occultes
Chez les seacuteregraveres les morts sont toujours preacutesents et les ~pangols
Servent dintermeacutediaire entre les hommes et les morts Le pangol prend i
le nom dhumain dans certains villages (IIHeacuteJga NDONG Har Wag NGOUYE) i 1
De ce fait on verra le lutteur danser dufe maniegravere ou dune autre en
fonction du pangol de sa famille Ainsi nrus aurons le back (chant et
danse du lutteur) des DIOUF des FAYE etclbullbullbull
Dans laregravene le lutteur seacuteregravere a un comportement exemplaire aussi bien
agrave leacutegard de son adversaire direct quave~ le public en geacuteneacuteral Lexpli shy
cation semble tenir au fait que le lutteur seacuteregravere est avant tout selon
la tradition orale le repreacutesentant de toute la communauteacute seacuteregravere Par
conseacutequent il devra saffirmer non seulement en tant que lutteur dans
laregravene mais aussi en tant quentiteacute morale
336 La tenue du lutteur ou NGIMBE est confectionneacutee par le marabout de la
famille ou du clan Le Ngimbe est constitueacute de pagne en cCton tisseacute
Il doit ecirctre propre le lutteur qui le porte ne devra pas avoir de rapshy
port sexuel pendant toute la peacuteriode des cOTpeacutetitians car le Ngi~bE ne
doit pas ~tre souilleacute
Autrefois et mecircme aujourdthui dans certaines familles on devient
lutteur de pegravere en fils et dans ce cas le Ngimbe du pegravere est heacuteriteacute
par le fils Le fait de porter le Ngimbe de ses aieux peut susciter
chez le jeune lutteur une motivation et une volonteacute ineacutebranlable dtasshy
surer la supeacuterioriteacute d~s siens dans ltaregravene Il fera tout pour que le
Ngimbe de la ramille ne touche le sable
La tenue du lutteur a une signification et une importance sur le plan
mystique car selon les anciens le vra1 feacutetiche du lutteur celui qui
le proteacutegera et laidera agrave vaincre le nDjinne ou le tRapu de ladvershy
saire se trouve cacheacute dans ce Ngimbeu bull Celui qui confectionne donc le
Ngimbe U est doueacute de faculteacutes occultes
337 Larbitrase est assureacute par un sage du village qui geacuteneacuteralement fut
champion de lutte de son temps Dailleurs cet ancien nintervient que
si le terrassement est litigieux Hormis le public qui proclame la vicshy
toire ou le match nul le lutteur lui-mecircme est arbitre et il arrive
quil se deacuteclare vaincu
Nous avons pu cfter Meacutedoune KHOULE un desplus grands lutteurs seacuteneacutegashy
lais qui a donn~ une victoire agrave Djeacuteri SADIO son adversaire qui a reacuteussi
agrave lui faire touegraveher le sol de la main
IlL
34 1 Preacutesentation
Lethnie toucouleur vit En grandt partit ciE~~ la vallfc du S~~~gal
pt reprecircsente i peu pr~s 8 de la population totale secircn~galaise
o Histoire
Il semblerait que dans lancien royaume du Tekrour (IX~ siegravecle) des
eacuteleacutements neacutegroiumldes Sarakoleacute et des Peul aient formEacute par meacutetissage le
peuple Toucouleur (Toucouleur serait dailleurs une deacuteformation du
mot portugais Tacouror)
Ce empire a domineacute aussi bien les wolofs de lOuest que les Peul
nomades du Fouta Toro Cette reacutegion fut le premier pays islamiseacute par
les Almoravides ce qui peut expliquer le proseacutelytisme toucouleur
Ce sont les guerriers toucouleur islamiseacutes qui attaqu~rent avec les
Almoravides la capitale du Ghana Koumbi en 1067 On convertit par
la force les animistes Cest sans doute agrave cette eacutepoque que de nombreuses
ethnies reacutefractaires agrave lIslam ont dO accentuer leur migration vers
le sud (Seacuteregravere wolof Sarakoleacute Bambara Songhaiuml Akan et Peul se reacuteshy
fugiaient vers les hauteurs du Fouta Djalon)
Au XIXegrave siegravecle les Toucouleur allaient trouver en El Hadj Omar Tall
un grand conqueacuterent qui sous le preacutetexte religieux de la gJerre sainte
contre les tribus animistes (entre autres Bambara) eacutetendit lempire
toucouleur sur presque tout lensemble du gali et la partie de la Guineacutee
proche du l1ali
Lempire toucouleur composeacute de Sarakoleacute de Bambar~ de ~alinkeacute de
Xassonkeacute dE Peul et de Dogon eut le meurorit~ dunir CES diif~rentes ~ ~ - - - - - et~ics ~t dE CD~stituer l~Sl la b2S~ ~r 1
_ ~ ~ ~_ L ~
~ ~- ~- - - ---- _ 1 v _ t 1 ~-_ --
marabout tOL~culcuuml~ ~ middotlrrany a l ick SI venu des E1i rClS dE Pocior~ (
~ Vi~ euroconomicue et sociale -----------~-------------
Les Toucouleur sont des cultivateurs mais bien quils n~ soie~t pa~
pasteurs comrre les Peul leacutelevage a une place inportarteacute decirc1S ltur
eacutecono~ie Pour faciliter leur conquecircte guerriegraverE ils c~t Eucirc une preacuteshy
dilection pour leacutelevage des chevaux On y trouve aussi des pecirccheurs
appeleacutes Tchioubalo La socieacuteteacute toucouleur aurait une stratification
sociale tregraves rigide Les groupes ethniques et les castes eacutetaient
diffeacuterencieacutes et strictement exogamiques les Rimbe classe des nobles
comprenant la famille reacutegnante et les guerriers libres la classe des
Nieacutenieacutebegens de castes artisanales i les Rimaibeacute anciens esclaves
devenus serviteurs qui portent les noms de famille de leur maicirctres A
la base de lorganisation de la collectiviteacute toucouleur se situe le
village (Wouro)
Toutes ces castes sont cloisonneacutees entre elle~ Ainsi il nest pas
permis agrave un Torodo (noble) de se marier avec un Tchioubalo Ces
consideacuterations sont importantes dans le domaine de la lutte ougrave nous
apercevrons que les nobles ne sont pas faits pour lutter Le noble
preacutesidera les seacuteances de lutte et on luttera pour lui Ces condeacute rat ions
de noblesse et de rang social sont extrecircmement importantes dans le
monde toucouleur
Le noble ne doit pas se salir on lutte pour lui il ne vit la lutte
quen tant que spectateur
342 Education moeurs croyances et eratiques religieuses
Deux formes d~ducation sont agrave consideacuterer leacutedJcatio~ dES enfarts Et
celle des adultes
oG lenfant sait m2n~~r et apprfcier le goOt d~5 ~iifeurorents r~pas lt
le moment ougrave il CO~~e~CE agrave marcher
tivirt n~sormais le petit toucou]eur est eacuteduquf par toutmiddot 12 f2~i)]E
dabord puis par toutes lespersc~nes du village ou du C13~
Lenfant peut ~tre corrigeacute par tout adulte appartenant au groupe social
Son eacuteducation est deacutesormais laffaire de toute la communauteacute et non
exclusivement celle ces parents On linitie ainsi au travail quotidien
qui se fait dans la bergel~ e les champs et les bords du fleuve Au sein
du village il pourra apprendre agrave filer la laine et agrave tisser des pagnes
dans les champs il apprend agrave manier la houe et lhiler pour la culture
du riz et du mil Mais signalons que lactiviteacute essentielle du toucouleur
est leacutelevage des boeufs des moutons et des chegravevres Chez les Ichioushy
balos (p~cheurs ) lenfant sera initieacute tregraves tat au maniement des pagaies
agrave la p~che propremccedilnt dite et agrave la nage
Vers cinq-six ans lenfant est confieacute au maicirctre coranique le Ihierno
et ce dernier dispose exclusivement de toute sa vie Lavenir du jeune
enfant lui appartient
Comme dans les autres groupes ethniques les enfants sont regroupeacutes en
classe dacircge et cest dans cette structure que lenfant subit les rite
de passe et plus particuliegraverement celui de la circoncision
La circoncision est non seulement unE opeacuteration chirurgicale malS surshy
tout une peacuteriode au cours de laquelle le jeune garccedilon passe de leacutetat
dadolescent agrave leacutetat dadulte Les circoncis sont reacuteunis en classe
dacircge dans un endroit situeacute hors duvillage geacuteneacuteralement choisi par les
vieux Cet endroit n~st accessible que par des individus de SExe ffi8SCUshy
li~ ~ta~t au preacutealabl circoncis
- - - -
quable et complet sur le plan phy~ique et ~oral Ai~si liniti~
acquiert les qualitecircs indispensables que sont le courag~ la modest
lesprit de sacrifice lendurance
Le toucoule~r est un pleux musulma~ Cela sexp1
SOil le premier agrave tre en contact avec la religion musulmane de par sa
position frontaliegravere Lethnie toucouleur de par son histoire a preacutesenteacute
les plus grands chefs militaires et religieux musulmans seacuteneacutegalais Et
pour illustrer cela on peut citer en exemple la grande famille musulmane
des SY agrave TIVAOUANE repreacutesentant la confreacuterie des TIDJANES
Bien que lon note une majoriteacute musulmane on peut dire que certaines
croyances et pratiques mystiques et animistes persistent encore surtout
dans la reacutegion du fleuve
Une pratique courante se fait elle sappelle le Djatt Elle consiste
agrave faire sortir le caiman du fleuve agrave limmobiliser et agrave lattacher
sans quil ne reacuteagisse et tout ceci agrave laide de versets et dincantashy
tions magiques Dapregraves les teacutemoignages ces pratiques sont plutocirct
freacutequentes chez les Tchioubalos (pecirccheurs) Il arrive aussi que cershy
tains chasseurs ayant des dons se livrent agrave certaines pratiques an1shy
mis tes qui consistent agrave invoquer certaines puissances et agrave moduler sous
forme de chant des versets occultes pour se proteacuteger des mauvais esprits
et pour eacuteloigner les fauves Ce chant est geacuteneacuteralement incompreacutehensible
et deacutenueacute de sens pour le profane
343 Activiteacutes ludiques et pratiques sportives en milieu toucouleur
Durant toute son histoire lethnie ~oucouleur a toujours EacutetEacute Frese~teacute~
comme celle qui avait ue activit essentiellement guerr e e~ particushy
liegraverement farouche Trois eacuteleacutements ret r t l ecirc t te nt i c- euro so~t
le manie~~nt du ~acircton 12 luttE Et 1eacute danSE
l
Lecircducation ph~sique et artistique Dcc~pe un place precircpondecircra~rp
dans la fDrmat~on du jEune toucouleur A loccasion agraveeacutevegravenemen~ imporshy
tants reacutecoltJs mariages baptecircme nous assistons agrave des manifestashy
tions folkloriques de grande envergure le Wango oucirc dailse toucouleur
tregraves gymnique iles chants et surtout les sEacuteances de lutte
La lutte toucouleur est la forme de lutte la plus spectaclaire dans
tout le territoire seacuteneacutegalais Elle est essentiellement baseacutee sur des
techniques en hancheacute et surtout en souplesse Ceci sexplique par le
fait q~e le jeune toucouleur est tregraves tocirct initieacute agrave la gymnastique (saut 1
per saut de main salto arriegravere saut de tecircte couronneacute etc bullbullbull ) pour
la dans~ du wa~go En dansant le wango qui est une danse rythmeacutee et
gymnique le Jeune toucou1eur est capable de prouesses extraordinaires
1
En lutte lattaquant se deacuteplace tregraves peu pour avoir une bonne saisie
(geacuteneacutera~ement controcircle du Ngimben ) et enchaine brusqueme~t avec une
attaque surpris~ Cependant les ripostes sont souvent surprenantes et
spectaculaires (baseacutees sur la souplesse et la rapiditeacute) ontrairement
aux autr~s form~s de luttes ougrave lon voyait tous les jeune adheacuterer la
lutte to~cou1eur Verra un groupe de speacutecialistes sadonne agrave la lutte 1
(la lutte est lieacutee agrave la position sociale de lindividu problegraveme de
caste)
Q La morphologie du lutteur toucou1eur 1
1 1
Ce dernier nest pas aussi large et aussi fort que les lutteurs diola
et seacuteregravere Cependant il est tregraves reacutesistant La musculatJre est saillante 1
et tregraves souple lindividu est longiligne mais tregraves athleacutetique
Les mouvements de lutteurs sont semblables agrave ceux dun grand fe1in Cette 1
morphologie semble ecirctre lieacutee agrave la position geacuteographique de lethnie
(reacutegion du fleuve) et agrave lacitiviteacute socio-eacuteconomique du toucouleur qui
est agrave la fois cultivateur (activiteacute lieacutee agrave la crue et deacutecrUE du fleuve)
pecirccheuro~T CIcr~icubaon) et sttout jEumlrgcr qui est U~ rc~2eumlr
shy
Deux formes egrave~ corps sembl~nt ecirctre preacutefeacutereacutees du lutteur toucouleur
le hancheacute et la souplesse Les hancheacutes sont faits agrave partir de plusieurs
positions de doset se terminent geacuteneacuteralement par des techniques de
tregraves grande amplitude
TABLEAU RECAPITULATIF DES TECHNIQUES ET FORMES DE CORPS SPECIFIQUES
i
L441 r
GARDE FORMES DU CORPS CONTROLES --shy - -
Moyenne Souplesse Ngimbe
Hancheacute bras
Demi-souplesse
1
Profil psycholosigue 1
TECHNIQUES
ContrOle du bassin et 12 souplesse
arriegravere
Klicket et allegravegement de la hanche
Le lutteur toucouleur est celui lUi se livre le moins aux preacuteparaqons
maraboutiques Cela est dO au f~t que le toucouleur est un grand ~USUlshyman et que les pratiques animisges ont presque disparu dans ce mil~eu
Dans la pratique le lutteur esJ combaif mais il est calme et tr~s reacutefleacutechi quant agrave la deacutecision agrave prendre en plein corps agrave corps ct~st un des seuls techniciens qui reJte tregraves lucide au cours de ses comb~ts
l Dans toutes les circonstances e lutteur toucouleur est tenu de re~pecshyter son adversaire et ceux de s4n eacutequipemecircme sil est vaincu
Comme nous avons dO nous en rendre compte la rigueur des principes
eacuteducationnels a une influence tregraves sensible sur l~ comportement du
toucouleur
i
III S COCL ~s 1DO
Dans cette partie nous avons essay~ de montrer lftroite re1atic~
Entre les diverses activiteacutes socio-eacuteconomiques dans les ethnies et
lES diffEacuterentes faccedilons de lutter
Daucuns seraient tent~s de conclure trop rapidement et cest p0~r
cette raison que nOUS avons penseacute preacuteciser que le pheacutenotype nest
pas geacuteneacuterateur du geacutenotype Et nous sommes convaincus que la morphoshy
logie et les techniques des lutteurs relegravevent de leurs modes de vie
et de leurs croyances agrave une eacutepoque et danE un contexte bien deacutetermishy
neacutes
Est-ce que les lutteurs dio1a ou seacuteregravere travaillant avec leurs bras
dans les champs auraient les mecircmes pr 0 fil s physiques que les lutteurs
utilisant des machines pour lagriculture
- 69 shy
I UJOURDH~1 E-S ut O[l LES FORfilS Ut LU11t~
~otons que notre enqu~te a ecirctE essentiellement faiteen milieu urbain
Les seacuteances de lutte ont tendance agrave perdre leur particulariteacute de r~shy
jouissance pour devenir des pheacutenomegravenes de sportisatio Deux fores
de luttes so~t principale~cnt prat s dans les aregrave~es du 5 al
la lutte traditiunnelle simple et la lutte traditionnelle avec frappe
De nos jours la lutte traditionnelle tend vers une reacuteglementation
et une institutionalisation
Le reacutesultat de nos investigations nous donne le tableau ci-dessous
REPARTITION ETHNIQUE SUR 100 PRATIQUANTS
LUTTE LUTTE RAPPORTETHNIES SANS FRAPPE AVEC FRAPPE J2
Diola 40 16 71 j
Seacuteregravere 26 21 57
Toucouleur 23 10 69
Wolof 1 1 53 17
La demande sociale par ordre deacutecroissant pour la lutte sans frappe
se preacutesente comrre suit
]0_ Ethnie diola avec pregraves de 3 lutteur~ sur 4
2deg_ Ethnie toucouleur
Ethri dun
~ 1 LA LUTTE TR])IIIO~~ELLE AVEC H-PPE
Cette forme deacute lutte a une histoire qui date de lantiquiteacute elle
sa~pelait le Pugilat Au Seacuteneacutegal elle a vu le jour dans le Cayor
bien avant la colonisation Le coup dE pied l~Lrdn~lement la morshy
sure la frappe et le doigtf eacutetaient permis dans le cc=bat ~ ~middot~p0~~e
Dans certains cas la giffle eacutetait beaucoup plus dangereuse que le
poing quand elle eacutetait donneacutee par un speacutecialiste Cette giffle pouvait
agrave elle seule deacutechirer et mecircme parfois amputer la joue de ladverser
Selon les informations la lutte avec frappede nos jours serait une
forme de lutte tregraves eupheacutemiseacutee de celle dantan ougrave une blessure
pouvait souvent ecirctre mortelle
Aujourdhui au niveau du folklore la lutte na plus la mecircme
le spectaculaire a remplaceacute le significatif iLa lutte avec frappe se 1
pratique surtout dans les centres urbains C~aque fois quun grand combat 1
est progra~eacute par le Comiteacute National Proviso~re (CNP) des centaines damashy
teurs sont mobiliseacutes vers le stade lba Mar D~OP qui est aujourdhui le i
lieu approprieacute ougrave se deacuteroulent les grands conkbats de lutte Cest la formE
de lutte qui semble drainer une foule de personnes beaucoup plus importante
que celle de la lutte simple
La lutte avec frappe deacuteriverait dune forme de lutte traditionnelle
pratiqueacutee jadis dans le Cayor au temps des Damels et la frappe serait
le substitut dun certain nombre de pratiques doigteacute jet de produits
etc bullbullbull dont le but eacutetait laveuglement de ladversaire La lutte avec
frappe serait une continuation logique dune carriegravere sportive de la
lutte traditionnelle qui sen sert comme moyen socio-eacuteconomique En
effet la majoriteacute des lutteurs avec frappe ont dabord eacuteteacute initieacutes agrave la
lutte simple Cependant il faut signaler que de nOS jours il arrive
que le jeune lutteur avec frappE- soit directenent formEacute conne speacutecialistE
agrave la frappe sa~s pour autant faire son chemin dabcrd egravea~s la lutte
- ~ shy
Le recircsultat dE ~os interviews ncus rec~trE qGune pcpulatiD~ divcrsishy
fiampe sint~resse agrave ce sport et qUE les intecircr~[s des uns et d~SlautrE~
semble~t divergents naucuns affirment que la lutte traditionnelle
avec frappe serait monteacutee par des personnes dont la vocation est dexshy
ploiter ce pheacuteLomegravene agrave des fins commerciales Dautres disent gJellegrave
jouit de mcyens irport~nts t[l[~isio
tation etc bullbullbull ) pour toucher toutes les couches sociales CEpe~~a~t
nous remarquons que mecircme si certaines personnes reprochent agrave cette
forme de lutte decirctre brutale ces mecircmes personnes nheacutesitent pas agrave
se rendre le dimanche agrave laregravene Bien que critiqueacutee elle semble ecirctre
adopteacutee par une tregraves grande partie de la population seacuteneacutegalaise Cepenshy
dant en tant que techniciens il nous est permis de faire une remarque
Il sagit de
- Limpression nette decirctre devant des professionnels de la frappe
qui sont ~ntratneacutes pour cela Dailleurs les propos que nous avons
recueilli~ nous prouvent que la plupart des champions de lutte avec 1
frappe s~ntratnent dans certains sports de combat tels ~ue la boxe i 1
le karateacute le judo Dans cette nouvelle forme de pratique de la lutte
contrairefuent agrave la lutte traditionnelle le technicien e~t souvent
perdant face au puncheur Ce dernier adopte une lutte agrave distance qui
lui permet de placer agrave bon escient ses coups animeacute du deacutesir de vaincre
Le technicien lui se voit contreacute dans toutes ses entreprises par
un uppercut ou un crochet
On peut dire cependant que nul sport au Seacuteneacutegal que la lutte tradishy
tionnelle avec frappe ne deacutechaicircne autant de passions et autant de
pheacutenomegravenes poussant agrave lexcegraves et deacutereacuteglements quon ne peut que deacuteplorer
Mais comment deacutecrier un spectacle de lutte qui bien quayant perdu la
presque totaliteacute des valeurs traditionnelles veacutehiculeacutees autrefois par
elle sait susciter une participation effective de tous ceux qui sont
preacutesents
CONCLUSION
Dans ce meacutemoire nous sommes efforceacutes ~e faire ressort ir limportance des
ethos et des habitus et leurs effets sur la pratique de la lutte tradishy
tionnelle au Seacuteneacutegal
L~b egravethos repr~sentent dune maniegravere g~neurorale tous les eacuteleacutements speacutec
fiques sux Seacuteneacutegalais par conampeacuteguent un systegraveme de valeurs traditionnellEs
Mais m~me si ces valeurs rev~tent une signification universelle (honneur
digniteacute courage etc bullbullbull ) il nen demeure pas moins que ce nest pas leur
nature qui fait leur speacutecificiteacute mais la hieacuterarchisation et limportance i
quon accorde agrave toutes ces valeurs de ~ar leacuteducation ou la culture
i 1
Aussi les valeurs traditionnelles puient leur speacutecificiteacute dans les
caracteacuteristiques propres aux eacuteleacutements ~e la socio-cu1ture (la technologie
et leacuteconomie la politique et la pareteacute la psychologie et lideacuteologie)
dans la socieacuteteacute seacuteneacutegalaise agrave n momen donneacute de son eacutevolution Cest i
dire la neacuteceesiteacute de ne point faire della valeur une reacutealiteacute statique
Cest dite aussi quagrave tout mome~t le ~eacuteneacutegalais peut eacutevoluer et creacuteer
ou vivre par conseacutequent de nouv~lles fprmes de valeur qui lui sont 1
propres ft (J)
La lutte traditionnelle veacutehiculant deS valeurs socio-cu1ture1les speacutecishy
fiquement seacuteneacutegalaises (croyances valeurs morales norme de comportement
opinion attitude bullbullbull ) devient un eacuteleacutement important qui tregraves certaiaement
nous aidera dans notre effort de valoriser et de peacuterenniser notre patri shy
moine culturel par le biais dactiviteacutes physiques et sportives
Leacutetude des habitus nous permet de prouver quil y a plusieurs faccedilons
de se mouvoir comme danser lutter bullbullbull qui varient avec les diffeacuterentes
ethnies (wolof toucouleur seacuteregravere diolagt leurs convenances et leurs
eacuteducations
(1) Revue Ethiopiques 31 Les valeurs traditionnelles et le problegraveme de leur inteacutegration dans les systegravemes modernes jtducatio-1 2 6r--70
nautre part cette eacutetude permet aussi de nous rendrE compte de la
correacutelatipn eacutetroite existant entre la pratique de la lutte traditionnelle
et le sta~ut socio-eacuteconomique du pratiquant
Nos inves~igations nous indiquent que la lutte recrute essentiellement
au niveau des classes socio-eacuteconomiques situeacutees en bas de leacutechelle
donc posseacutedant le statut social le moins favoriseacute La lutte avec frappe
-et un certain secteur commercialiseacute de la lutte simple- y trouve sa
leacutegitimiteacute Comme le dit BOURDIEU nA habitus diffeacuterents styles de Vle
divergents et il oppse les pratiques aristocpatiques correspondants agrave
des activiteacutes qui favorisent les situations eupheacutemiseacutees ougrave la stylisashy
tion est importante aux pratiques populaires qui font appel agrave des
qualiteacutes qpposeacutees bllutes rugueuses Certaines interviews nous
montrent que plus lindividu occupe une place eacuteleveacutee dans leacutechelle
sQciale e~ 1
moin$ il sinteacuteresse agrave la lutte
Les reacutesultats recueillis dans nos diverses investig~tions confirment 1 1
1er propos qui disent que nous assistons aujourdhu~ agrave une involution
de la lutte traditionnelle parce que perdant toutes ses speacutecificiteacutes au 1
pryfit d~ne autre forme de lutte que lon continue agrave appeler nostalshy
giqlementIIlutte traditionnelle
Ceci pourrait peut-~tre trouver une explication dan la citation suivante
La liberteacute de creacuteer dinnover de vivre Pleineinenf decirctre soi et de
preacuteserver son authenticiteacute la digniteacute et lhonneu1demeurent des illushy
sions dans la misegravere eacuteconomique~ Nos ancecirctres creacuteai~nt des valeurs de cishyl
vilisation parce quils eacutetaient libres parce qu1i~s ignoraient toute
deacutependance eacuteconomique ils cultivaient en eux et cbez leurs enfants le 1
Jorn et la Kersa et preacutefeacuteraient la mort agrave la hoJte lI (1)
Or le Seacuteneacutegal comme la plupart des pays africainsi est un pays sousshy
deacuteveloppeacute t cependant face agrave cette volonteacute du gou~ernement seacuteneacutegalais
de faire inteacutegrer dans leacuteducation des valeurs traditionnelles nous
pouvons espeacuterer utiliser comme moyen deacuteducation la lutteacute traditionnelle
qui reste quand mecircme vecteur jethos et dhabit~s
- 54 shy
Mecircme si lon a noteacute un appauvrissement notoire sur les plans socioshy
culturel et moral la lutte traditionnelle recegravele une gamme importante
et varieacutee de techniques permettant incontestablement une ouverture vers
les luttes olympiques libre et g~eacuteco-romaine
La lecture de ce meacutemoire permettra agrave lentratneur et au professeur de
lutte en fonction du lieu ougrave ils seront affecteacutes dans le territoire
seacuteneacutegalaisdavoir une information sur les techniques contrOles et
formes de corps propres agrave chaque groupe ethnique et de les mettre en
relation avec leurs croyances et leurs mentaliteacutes
Nous avons essayeacute de montrer que la pratique de la lutte traditionnelle
doit tre axeacutee sur une ethnomotriciteacute au Seacuteneacutegal qui permette une inishy
tiation facile Cette pratique de la lutte traditionnelle seacuteneacutegalaise
devra dailleurs essayer de ~eacutepondre aux aspirations du Seacuteneacutegalaisl
moderne en souvrant aux ap~orts positifs des autres civilisations
ex~eacuterieures nous voulons Jvidemment parler du judo et des luttes oiymshyJ
piques 1
1 j Nous navons pas la preacutetentfon dans le cadre de ce meacutemoire demattrise
de reacutepondre agrave toutes les qutstions se rattachant agrave leacutetude de ~a lutte
traditionnelle souslangle~socio-culturel car non seulement il nous
manque lexpeacuterience et la c peacutetence en la mati~re mais aussil l le temps
et les moyens dont nous dis osions ne nous permettaient pas d~puiser le 1sujet i
1 1 1 t 1
l
- )5 shy
BIBLIOGRAPHIE
BIBLIOGRAPHIE
1- CLAPAREDE Psychologie de leacuteducation et peacutedagogie expeacuterimentale
Edition Delachaux et Niestleacute 244 pages
2- POCIELLC Christian Sport et Socieacuteteacute approche socio-culturelle
des pratiques Paris Vigot 1981 377 pages
3- PIERON Henri Vocabulaire de la psychologie
PUF Deuxiegraveme eacutedition 1957 469 pages
4- Revue socialiste de culture neacutegro-africaine ETHIOPIQUES
Les valeurs traditionnelles et le problegraveme de leur inteacutegration
dans les systegravemes modernes deacuteducation
GIA 21 Juillet 1982 213 pages
5- N2 Revue du Centre dEtudedes Civilisations DEM ak TEY
NIS IVegrave Trimestre 1982 96 pages
6- Document lNSEP Colloque sur la lutte aeacuteregravere
DAKAR MAI-JUIN 1980
t 1
~- Travaux du IVegrave Congregraves National ~es Sports agrave DAKAR les 2223041981
Bulletin n2 91 du CIO du 15 Aont 1965
l____________________________
8- Meacutemoire de Mattrise BADJI Abdou La lutte traditionnelle Joola
Etude et perspective
9- Meacutemoire Inspectorat JS DJITTE Mandy Les pratiques corporelles
traditionnelles au Seacuteneacutegal pour leur exploitation et leur
utilisation en peacutedagogie Marly le Roi 1980
REPUBLIQUE DU SENEGAL
--------------- INSTITUT NATIONAL SUPERIEUR
MINISTERE DE LA JEUNESSE DE LrsquoEDUCATION POPULAIRE
ET DES SPORTS ET DU SPORT
-------------
(INSEPS)
MEMOIRE DE MAIcircTRISE
Es-SCIENCES ET TECHNIQUES
DE LrsquoACTIVITE PHYSIQUE ET DU SPORT
LA LUTTE TRADITIONNELLE
son importance sa signification en fonction des ethos et des habitus ethniques au Seacuteneacutegal
Preacutesenteacute par
Monsieur Joseph Victor FAYE
Sous la direction de
M Jean Marc ROCHEZ
Professeur agrave lrsquoINSEPS
Anneacutee de soutenance 1984
loutes c~s pratiques ~ystiqu~s et cr0ya~ces religi~us~5 ~xistent eL~~[
certainement dues agrave un meacutetissage culturel Parallegravelement aux feacutetiches
aux incantations et agrave lutilisation des safaras (substance magique)
notons lexistence de ga l a tchs (ce sOnt des talismans ougrave sont inscrits
du qui les porte Toutes ces croyances biEn sucircr auront une rEacutepercussicrI
sur leacuteducation du jeune wolof
323 Leacuteducation du wolof
Pour caracteacuteriser leacuteducation wolof nous avons penseacute donner comme
illustration cet extrait de la revue DEM ak TEY Pour deacutefinir leacutedushy
cation le wolof fait appel agrave un symbolisme qui eDglobe aussi bien les
moyens mis en oeuvre Yar que le reacutesultat obtenu agrave laide de ces mecircmes
moyens cest-agrave-dire la formation et le deacuteveloppement de lecirctre humain
ou Yaru
Le substantif Yar deacutesigne le fouet
Ce symbolisme deacutesigne donc au-delagrave du simple sens mateacuteriel de lobjet
lutilisation qui permet daboutir au reacutesultat escompteacute (Yaru) Au sens
geacuteneacuteral Yar deacutesigne tout instrument servant agrave infliger une punition Le
terme laisse supposer agrave priori que cette phase de lenfance durant lashy
quelle se preacutepare la vie de lhomme est lieacutee agrave la souffrance au supplice
Dailleurs une maxime wolof compare lenfant agrave une tige quon a tout le
loisir de redresser alors quelle est encore flexible bull
bullbullbull Pour leacuteducateur wolof la perfection nest point de ce monde malS
le devoir de chaque homme est de tendre vers la pleacutenitude en luttant
contre ses propres faiblesses Leacuteducation va d01c iisister essentielle~(-~t
sur lexercice quotidien de leacutelevation ffiora1e d~ lindividu Pour cela
elle privileacutegie la patience munI) vertu dabneacutegdtion et dE deacutesinteacuteresseshy
m(~t autour dE laquelle sarticulent toutes ]e~ ~u~~~s qualiteuros
i _
aan~ ~ s0cieacutet gt~olcf ocirclt~tartt nul -Jt- poulait sabecircisstr
tion de sa libertEacute La liberteacute est le preuumler drcmiddotir dE l ho-)euro egrave~S
baigner dans une beacuteate admiration du passeacute la comparaison avec le pr~$(middott
si~posc dclle-mecircme car lon reste s reacute devant la deacutesinvolture aVEC
laquelle dES honmes daujourdhui descendants de cette ~~~EacuteTatic ccedil~l se
une fois [largis bullbull tTasque fiers davoir fait leacute priS0n PEut-2tTE
faut-il mettre cela sur le compte de lurbanisation et des nouvelles
valeurs qui ont pour nom enrichissement reacuteussite sociale avec ce que
cela comporte de deacuteshumanisant et de deacutepreacuteciateur (1)
3 bull 2 bull 3 1 bull Lesri tes
Le sevrage et la circoncision constituent les deux grandes phases initiashy
tiques chez le wolof
- Le rituel du sevrage est appeleacute maga1 (litteacuteralement rendre grand)
Cest un eacutevegravenement important aussi bien pour les parents de lenfant que
pour la co~unauteacute Durant cet eacutevegravenement qui survient geacuteneacuteralement deux
ans apregraves la naissance du beacutebeacute les personnes vivant dans lentouragE
apportent leur soutien moral et mateacuteriel
- le rituel de la circoncision revecirct pratiquement la mecircme signification
que dans les autres ethnies seule la forme diffegravere La circoncision reste
encore une eacutepreuve de la vie au sort i r de laque Ile ladolescent devient un
homme Aujourdhui il faut noter une meacutetamorphose de la structure sociale
et des croyances religieuses tregraves accentueacutee aussi bien chez les wolof que
chez les autres groupes ethniques et ceci est peut-ecirctre dO au contact
permanent quils ont avec la socieacuteteacute occidentale
Malgreacute ces constat~tions il semblerait pcu=tant qUE la sociecirct~ lecircbou Gci
bien que se trouvaLt en grande partie dans ~a Presquth du Cap-ETt Et
en contact permane~t avec les blancs soit la portior la plu8 cc~serva-
----------~_- ---~-- -----
~
Incidences d s ~00urs sur la l~ttE
Le wolof connaicirct deux formes de luttes la lutte sirplE- sans t-t
la lutte avec frappe La lutte avec frappe a une crigi~e purement r
et ce nest que plus tard quelle devint une prati1uE sportive et lud
preacuteparer agrave la guerre Aussi tout en luttant On eacutetait autoris~ agrave frapper~
griffer mordre voire introduire son doigt dans loeil de son adversaire
Le jeune wolof devait eacutegalement se livrer agrave la lutte avec frappe afin de
favoriser son insertion dans la socieacuteteacute adulte et sinitier au meacutetier de
soldat faute de quoi il ne pouvait se faire entendre ne avoir des marques
de respect Pour montrer la populariteacute de la lutte dans le Cayor signalons
que les Damels ll (rois) et les Teignes (nobles) nheacutesitaient pas agrave sy
livrer Quant au IIMbeu~ (lutteur) elle lui servait de moyen de promotion
sociale car d8S que sa reacuteputation eacutetait eacutetablie il pouvait ecirctre choisi
par les rois et les nobles comme garde de corps
325 Signification de la lutte en milieu wolof
La lutte se pratique dabord pour lhonneur qui est une vertu tregraves signishy
ficative pour le wolof Elle permet de renforcer les liens amicaux entre
les jeunes de villages diffeacuterents Le champion veut gagner
confiance et la consideacuteration de son village de ses amis
Etre champion cest aussi susciter ladmiration chez les
sentant la force la viriliteacute et la deacutetermination
326 Organisation d~s eacutepreuves de lutte
3261 Les Mbapatts Ce sont les seacuteances nocturnes
pour meacuteriter la
et des anciens
filles en repreacuteshy
Ils sont organiseacutes apregraves les reacutecoltes agrave la fin de la saiscn des pluies
Ceci surtout p~ndant les peacuteriodes de clair de lune car ils peuven~ durEr
toute la nuit Le but des ~Dapatts lt=tait de prfpa-er FhysicuemeH et
~ arb Sil
326 Le 1
cest une organisation beaucoup plus importante que les I~apatts ~
loccasion de laquelle on peut voir plusieurs lutteurs de grande reDommfe
saffronteLLa fin dl lamb est toujours couronneacutee par une grand co~bat
duquel le vainqueur est sacreacute champion de la contrecirce
Le choix du lieu est lieacute agrave limportance de ce lieu dans le village cest
la place publique ougrave geacuteneacuteralement se passent toutes les manifestations
assembleacutee geacuteneacuterale sabar (danse) cest aussi lendroit ougrave sont prises
les grandes deacutecisions
3623 Lappariement
Dans un village ou un quartier les lutteurs se regroupent en lang
(eacutequipe) et jamais deux lutteurs de mecircme lang ne se rencontrent lors
du lamb
L appariement s~ fait librement entre lutteurs de lang diffeacuterents l1hs
une regravegle veut ~uavant de lutter avec le Mbeur Kanur de tel lang si
on est soukh (l~tteur pas encore confirmeacute) il est neacutecessaire de lutter
dabord avec ses soukh et ce nest quapregraves les avoir terrasseacutes tous
quon se voit octroyer la chance de lutter contre lui
Notons que la cateacutegorisation des lutteurs par poids nest jamais prise
en consideacuteration
3624 La tenue du lutteur ou NGIMBE
Le middotNGimbe est confectionneacute par le marabout de la famille ou du clan Il
est constituecirc de pagnes en coton tisseacute geacuteneacuteralement offerts par la megravere ou
la grand-megravere du lutteur ceci lors des organisations de ~rande Tportance
COrlune lef 1amb Dans le cadre des l-bapatt les pagnes sont C tErts peumlr
~~~rcfcis ct ffi~mc aujourdhui d218 cErtaInes fa~ille5 on devj~Gr
luttEur de pegravere en fils et dans ce cas h 1
gimbell du pEgravere Est recircr i tEacute
par le fils Le fait de porter le lI~gimbe agravee ses aiumleux peut susciter
cne~ le jeune lutteur une motivation et une volontecirc in~branlable rlasshy
surer 12 supeacuterioritEacute cis SIcirct-ns dallS
le xgimbe de la famille ne touche pas le sable
La tenue du lutteur a une signification et une importance sur le plan
mystique car selon les anciens le vrai feacutetiche du lutteur celui qui
le proteacutegera agrave vaincre le Djinneacute ou le Rap de ladversaire se trouve
cacheacute dans ce Ngimbe Celui qui confectionne-le Ngimbe est doueacute de
faculteacutes occultes
~~r~i~rg Il est assureacute par un sage du village qui geacuteneacuteralement fut
championde lutte de son temps Dailleurs cet ancien nintervient que
si le terrassement est litigieux
Hormis le public qui proclame la victoire ou le match nul le lutteur
lui-mecircme est arbitre et il arrive quil se deacuteclare vaincu ~ous
pouvons citer comme exemple Meacutedoune KHOULE un des plus grands lutteurs
seacuteneacutegalais qui a donneacute une victoire agrave Djeacuteri SADIO son adversaire qui a
reacuteussi agrave lui faire toucher le sol de la main
Il Y a terrassement quand le lutteur se retrouve
- assis sur le sol
- eacutetaleacute sur le dos
eacutetaleacute sur le cocircteacute
les deux genoux au sol
- les deux ma~ns au sol
la tecircte (front au sol agrave la suite dune brouette)
Il peut y aVOIr match nul si apregraves li1 temps ccmsideacuterable les lutteurs
SE sont ~ ivrEacutes respectivement agrave des assauts rEacutepEacutetEacutes et n arrivEt pas a
3265 L~ precircparation mystique
Il faut reconnattre quon ne peut parler de lutte en milieu wolof sans
envisager une preacuteparation mystique seacuterieuse Co~~e ~ous lEvans vu a~teacute-
1middot ~ d ~ ~rlturenent t0utes es actlvmiddotltesmiddot u W010 sont lles a SeS croyances
- la lutte ne concerne pas seule~ent deux acteurs se livrant faruumlucheshy
ment agrave un combat au milieu de laregravene mais eacutegalement les marabouts et les
feacutetichistes du village ou du clan qui doivent deacutefendre leur savoir et
leur prestige Avant le combat le lutteur doit se livrer agrave un certain
nombre de preacuteparations mystiques pour assurer sa victoire Aussi sommesshy
nous appeleacutes agrave parler de BACK (cest le chant et la danse du lutteur)
- le batteur de tam-tam compose un rythme en fonction du Galagne ou du
Senghor (gds-gris) du lutteur Chaque galagne sera choisi en fonction
du Rap ou du Djinneacute correspondant au Totem du lutteur
Le chant geacuterleacuterique Feinte woy veut dire litteacuteralement composer un 1
chant Ce chant est geacuteneacuteralement composeacute par les filles du viilage du
champion ou par un griot de sa communauteacute Et agrave travers ce chrnt on
arrive agrave toucher la corde sensible du lutteur en chantant lesl innombrables 1
victoires de ses ancecirctres ou en lui rappelant ses prouesses eacuteblatantes 1
Chaque lutteur doit avoir un chant et un back qui lui sont propres
327 Le reacutepertoire technique et les caracteacuteristiques physiques dulutteur wolof
Le lutteur wolof est geacuteneacuteralement moyen de taille la musculagraveture est
tregraves saillante ce qui fait ressortir un aspect tregraves athleacutetique ceci
est vrai sans exception pour le lutteur leacutebou mais il arrive que le Cacircyoshy
rien le baol-baol le walo-walo soient de grands gabarits de forte constishy
tution
CepEndant pour une meilleure compreacutehension du sujet nous pouvons eacutetudiEr
deux jroups d lut teurs qui vont deacuteterminer deux st yI e s de lut tes
- ~ t
les tc~tativ~s de~[reacutee e~ ramassement de jambes de la~v~sairL Ce~~
peut Ecirctre expliqueacute par le fait que les lutteurs leacutebou ou walo-walc qui
sont des pecirccheursadoptent cette garde tasseacutee du fait quils so~t tou-
jours pencheacutes en tirant le fil ou en poussant la plrogue On verra techrugravequeacutes dt cirr 2C ~lt 5Jllicitocirct
surLuumlut les membres supeacuterieurs
Le cayorien et le baol-baol par contre sont les plus grands cultivateurs
darachide chez eux les techniques de lutte sont plus varieacutees et la
garde est moins renfermeacutee Les lutteurs cayorien et baol-baol ont une
morphologie et une reacutepartition musculaire bien eacutequilibreacutee ils excellent
dans les techniques en deacutecalage les techniques de jambe et surtout les
techniques de riposte ougrave lon peut voir des prises de hancheacute tregraves amples
Dune maniegravere geacuteneacuterale on peut dire que le lutteur wolof est un fin
technicien qui sait surtout creacuteer les opportuniteacutes e~ avec sa rapiditeacute
utiliser la force de ladversaire pour le deacuteseacutequilibrer le noodju
le mbas le weacuteheacuteleacute et le rasu sont des techniques propres au lutteur
wolof
En deacutefense il utilise surtout des kl~klets ou gal-gal Notons que
le balancement des bras ou Lewato e$t tregraves marqueacute dans la lutte wolof
TABLEAU RECAPITULATIF DES COMPOSANTES TECHNIQUES
( 1 )
1 SOUS-GROUPES GARDES CONTROLES FORHES DE CORPS l
Walo-walo Basse de jambe Arracheacute l l10yenne de Ngimbe et i
Leacutebou Tasseacutee et saisies annexesj Deacutecalage 1 1 distante de bras de tecirct1
j de bras Deacutecalaeuro
~-----------------~-
- ~ ~- shy - ~ ~ bull L _ _ bull
Profil psyc~~iqUE du lutteu- et son comporterent dars l 2regravere
La preacuteparation mystique dans laregravene est plus marqueacutee chez les wolofs
que ChE~ les autres ethnies En effet on verra de grands champions
preliGrE plusiEurs heures pour Enduire leur corps de cll2badep ou ci
rmiddot- ~ a la proprieacuteteacute de proteacuteger li1egraveividu J
les mauvais sorts) Cest dailleurs un aspect dt la luttE qui iJcsc
des problegraveJles
Le lutteur wolof est tregraves superstitieux et la peacuteriode de preacuteparation
est capitale pour lui car elle permet non seulement de rendre
hommage aux ancecirctres mais aussi dintimider son adversaire Cest
geacuteneacuteralement un lutteur agressif combatif et teacutemeacuteraire Il se fait
souvent remarquer par son esprit dentreprise Mais cette fougue dans
le combat lamegravene parfois bien que ce soit regrettable agrave oublier les
usages et les normes Ce manque de maicirctrise de soi peut faire croire
que le lutteur wolof manque de fair-play ce qui nest pas toujours le
cas
~A~Ugrave~ t 4AA CbUrs k LA ucirctotve f~tPle Sesect prores mou W ~ lesquelles vont se couler les comporteme~ts individuels qui sont ainsi
monteacutes par et pour lautoriteacute sociale
Les faccedilons de boire de marcher ou de sasseoir se manifestent indivishy
duellement dans le corps de chaque personne ces habitus sont cependant
des montages sociaux lieacutes agrave des significationssymboliques variables
dailleurs selon la position sociale occupeacutee par chaque sujet Ces modes
dagir se rangent dans un systegraveme de montages symboliques et lindivishy
du les apprend de la socieacuteteacute dont il fait partie agrave la place quil occupe
Lhabitus est un montage social agrave la valeur symbolique deacutependant des pheacuteshy
nomegravenes deacuteducation et de prestige et lieacute agrave la position sociale du sujet
Cette penseacutee sonne de faccedilon eacutetonamment moderne
Pierre BOURDIEU qui dans une perspective a approfondi le contenue de la
notion en le reportant aux oppositions entre classes et fractions sociales
Il deacutefinit lhabitus comme un systegraveme de dispositions durables acquis au
cours dune histoire personnelle dans une milieu social donneacute systegraveme qui
engendre ensuite des pra~iques socialement deacutetermineacutees faccedilons de manger
de parler ou de marcher comportements de politesse contenu des preacutefeacuterencel
et des deacutegoOts bullbullbull lhabitus est le produit de conditions eacuteconomiques et
sociales Lauteur rattache directement la formation de lhabitus dun
individu agrave la trajectoire parcourue par celui-ci dans sa classe dapparteshy
nance il deacutefend lideacutee dun habitus de classe qui deacutefinit le sens confeacuteshy
reacute agrave la pratique sportive les profits qui en sont attendus
Ce dernier serait lui-m~me lieacute agrave un systegraveme de valeurs ou ETHOS de classe
prenant sens au sein doppositions distinctives entre classes sociales
De sorte lhabitus fonctionne comme un systegraveme dt- regravegles inteacuterioriseacutees
souvent informuleacutees permettant ou non agrave lagent de sadapter dembleacutee aux
multiples pratiques de la vie quotidienne et de la vie sportive il est agrave
lorigine des schegravemes de transcription qui favorisent les ajustements aux
situations corporelles nouvelles (1)
t ~
(1) P~IE11D dwi6Han ISpoy-l et sodeacutebi Approche Bocio-culturelle des pratiques P~tis Vigot 1981 page 81
33
331 Preacutesentation
Les Seacuteregravere auraient pour origine le Fouta Toro quils auraient quitteacute
vers le Xllegrave siegravecle pour fuir lislamisation de cette reacutegioD par lempire
dJ Xali (ils seraient donc apparEnt~s aux Peul et Toucouleur ) Ils
auraient trouveacute dans la rEacutegion du Sine les Sosseacute dorigine manding avec
lesquels ils salliegraverent
Au XVegrave siegravecle une autre immigrationSos~ conqueacuterante cette fois-ci
apporta son organisation eacutetatique Ils se divisegraverent en deux monarchies
deacutemocratiques lune seacutetablit au Sine et lautre au Saloum Les Sosseacute
conqueacuterants constituaient lautocratie appeleacutee Guelowar
La royauteacute seacuteregravere eacutetait laiumlque Les premiers souverains durent secouer
la tutelle des Toucouleur et progressivement arrivegraverent agrave unifier lethshy
nie des seacuteregravere etdea Sosseacute Les deux royauteacutes eacutetaient organiseacutees selon
acirces modegraveles tregraves deacutemocratiques Le souverain deacutependait dune assembleacutee
de ministres et de chefs locaux qui assuraient ladministration centrale
et reacutegionale())
Aujourdhui lethnie seacuteregravere repreacutesente 20 de la population seacuteneacutegalaise
Ils sont reacutepartis sur presque toute leacutetendue du territoire notamment
dans le Baol la reacutegion du Sine-Saloum et la reacutegion de Thiegraves
Signalons quil existe plusieurs sous-groupes dans lethnie ainsi on
trouvera
- dans la reacutegion de Thiegraves les Ndut les Safegravene et les None
- dans le Sine-Saloum les Sine-sine et les Saloum-salouIT
On trouvera vers foundioune et agrave Nioro du cocircteacute de la Gambie les
Niominka (pecirccheurs) Cest une portion tregraves mandinguiseacutee
( 1
Le rattache~2~t d~ to~s ccs sous-groupes pose problecircme ~25 0~ r0~V~
uc grande partie de traits COITul1uns dans leurs modes dE vie Ct pOUT phs
de faciliteacute nous allons essayer de faire une ~tude globale de la lutte
traditionnelle seacuterecircre Lactiviteacute socio-eacuteconomique qui est essentielleme~t
agro-pasorale caracteacuterisE leacutethnie seacuteregravere
332 Lecircducation les moeurs les croyances et pratiques sEr~rc
Chez les Seacuteregravere la vie humaine se deacuteroule selon les grandes eacutetapes
le baptecircme lenfance ladolescencemarqueacutee par la circoncision lsectge
adulte le mariage la vieillesse et la mort (funeacuterailles)
La vie de la communauteacute seacuteregravere reste une des plus originales sinon
celle qui de nos jours garde la presque totaliteacute des pratiques et
habitudes traditionnelles
Bien qu aujotltdhui con~r-tis aux religions chreacutetienne et musulmane les
Seacuteregravere conservent leurs croyances et pratiques animistes
Quelque soit leur degreacute dadheacutesion aux religions reacuteveacuteleacutees les Seacuteregravere
croient en un Dieu puissant et miseacutericordieux Rog Segravene et les hommes
Les ~angols sont repreacutesenteacutes mateacuteriellement dans tous les villages
seacuteregraveres par des arbres (baobab et tamariniers) des animaux (geacuteneacuteraleshy
ment serpent doreacute ou iguane) des ustensiles (pilon calebasse et mortier)
De nombreux teacutemoignages nous apprennent que certains totems (serpent
iguane) font leur apparicion agrave loccasion de certaines manifestations
rituelles comme les sacrifices ceacuteleacutebreacutes lors dun mariage de ceacutereacutemonies
mortuaires ou des circoncisions
Le Seacuteregravere comme il nous a eacuteteacute donneacute loccasion de le dire plus haut
preacutesente des speacutecificiteacutes authentiques aussi bien en tout ce qui touch~
son eacuteducation ses croyanCES et pratiques mystiques q~e ses activiteacute~
socio-ecirccc~omiquEs Apr~s a ~aissa~c~ le beurob~ ~~ pcs~ 5~~ lE S~ __
On lui mouille les l~vres avec un peu d~ lait de mil et apr~s U~ bain
purificateur on versera leau dans un trou cr~us~ derri~r~ la Camp~~
Pendant huit jours la megravere et lenfant sont cacheacutes dans la case car
selon les anciens ils sont tregraves vulneacuterables La case deacutens certains cas
est entoureacutee dun fil blanc et lon place sur le seuil des fais(cauy di
veacutegeacutetaux pour chasser les mauvais esprits (geacutenies malfaisants et illangeUY~
dacircmes) Au bout du huitiegraveme jour la megravere et lenfant peuvent sortir de
la case bull
bullbullbull Le matin du huitiegraveme jour la tante paternelle va chercher de leau
(plusieurs fois)t elle doit rester muette pendant ses alleacutees et venues
si elle parlait t lenfant pourrait ecirctre muet bullbullbull
La megravere et lenfant prennent un bain purificateur dans lequel sont
trempeacutees certaines plantes (ce sont des veacutegeacutetaux pr~tecteurs tels le
begravene le yag le ngud) On y lavera aussi le linge e1t les ustensiles utishyj
liseacutes pendant les huit jours qui viennet de seacutecoul~r On rase le crine
de lenfant Les cheveux sont donneacutes agrave la megravere qui ~s enterrera avec le
reste du cordon ombilical dans un endroit que11e esit seule agrave connattre
La megravere sassied sur une natte devant la maison Une femme igeacutee de la
famille prend le beacutebeacute dans ses bras et le preacutesente aux quatre coins de
lhorizon
La tante paternelle tient ensuite un van sur la tecircte de la megravere on y
verse le mil on y verse eacutegalement en abondance sur la megravere et sur
lenfant La tante oint ensuite le corps du beacutebeacute avec du lait e11e
touche en particulier le front t le nez la bouche la poitrine le dos
et les oreilles
Elle pose enfin un ~rain de sel dans la paume du beacutebeacute (le sel purifie
et deacutetruit les puissances mauvaises)
Apregraves un nouveau bain la megravere et lenfant revEcirctent des habits de fecircte
(est
lenfant Ce precircnore a toujours U~ SEns Il sy~bolise parfois C0 qUi
lOIl sounaitt agrave lEufant l)
La circoncision comme dans les autres ethnies est obligatoire Elle
permet au jeune adolescent dacceacuteder agrave la classe adulte Les jeunes
sont regroupes en classe dacircge dans le bois ougrave sc fait la r0tr~it0 des
circoncis et ceci pendant plusieurs mois
Le Selbeacute qui est geacuteneacuteralement un ancien craint de tous les eacutelegraveves
enseigne le respect de la hieacuterarchie la discreacutetion le goOt de linishy
tiative Les activiteacutes physiques et leacuteducation artistique ne sont pas
en reste la deacutecoration la sculpture la lutte et la danse A sa sortie
du bois linitieacute appartient deacutesormais agrave la classe des virils et des
sages du clan car on lui aura enseigneacute les vertus fondamentales que
sont la justice lhonneur lamour du prochain 1 amour du travail
lhonnecircteteacute et surtout le respect des coutumes ancestrales
Le rite du mariage esd aussi un fait tregraves important dans le monde 1
seacuteregravere mais par manq~e dinformation nous serons obligeacutes de nous en
tenir lagrave
333 Impact des ethos sur la lutte dans le monde seacuteregravere
Lorigine de la lutte seacuteregravere ne semble pas claire ma1S nous pouvons
dire quil existait deux formes de lutte comme chez les Wolofs une
lutte sans frappe et une lutte avec frappe Et cest cette derniegravere
qui peut-ecirctre nous ameacutenerait agrave croire que la lutte seacuteregravere aurait une
origine plus preacuteciseacutement guerriegravere
Aujourdhui la lutte est uniquement une activiteacute sportive agrave travers
laquelle le jeune seacuteregravere eacutevalue sa force son courage et SOn ingeacutenioshy
siteacute Cest une occasion de deacutefendre lhonneur de son village ou de
la corrnnunauteacute
La luttE ~5t avant tout u~e rnanifcs[dtic~ c~lturclie et surtout
fo lkhriqut-
Gracircce agrave elle on peut deacutesormais comprendre un certain nombre de chants
et de symboles A travers la lutte seacuteregravere on ccedilomprend les inter-relashy
tions entreacute la vie et le monde surntiturel
Sil devait y avoir la mort dun villageacuteois pendant la fecirctE au T qUE
de linterrompre on proceacutedait gracircce aux connaissances magico-religieuses
agrave la suspension de la mort jusquagrave une peacuteriode ougrave la population sera plus
disponible pour organiser des funeacuterailles sil y eacutetait preacutedit la possibishy
liteacute dune deacutefait du champion local au profit dun champion dun autre
village des recettes dordre maginque et religieux eacutetaient mises en prashy
tique afin que le champion du village ne soit jamais terrasseacute(J)
334 Le profil du lutteur seacuteregraver~
Le lutteur seacuteregravere est par essence un athlegravete impressionnant de par sa i
carrure et sa musculature saillante mais cest aussi une force tranquille
et calme quelque soit lenjeu du combagravet et particuliegraverement lhonneur
Cet aspect nous pousse agrave parler du NGiMBE cest-agrave-dire de la tenue du
lutteur qui va influencer sur sa faccedilon de lutter
La confection du Ngimbe revient agrave la communauteacute entiegravere Le Ngimbe a
une signification symbolique et le lutteur pour meacuteriter la confiance du
groupe se doit de tout faire pour ne pas toucher le sol Toute la commushy
nauteacute elle aussi sengage pour assurer la longeacuteviteacute et le succegraves du lutteur
dans laregravene par lorganisation droffrandes et de sacrifices en lhonneur
des Pangols bull
bull
Daucuns nheacutesitent pas agrave dire que lessentiel du mysticisme se fait agrave
la maison et non dans laregravene tout le reste nest quintimidation de
ladversaire
lsvcns
Tt- pi ~- t
t 1 ~ l _ ~ t
par rapport agrave lautre Cbci est trEgraves lieacute agrave lactiviteacute journaliegravere du
jeune seacuteregravere qui est un cultivateur donc toujours bien planteacute sur ses
jambes et qui continuellement manie lhiler
Le fait de couper le boi~ peut eacutegalement constituer un moyen de muscushy
lation non neacutegligeable pour le jeune lutteur
Un certain nombre de traits techniques speacutecifiques au lutteur seacuteregravere
semblent ressortir des diffeacuterentes interviews que nous aVOns fait subir
agrave certains lutteurs seacuteregraveres et agrave diffeacuterents techniciens
SOUS-GROUPES FORMES DU CORPS CONTROLES GARDES
SAFEN Moyenne en fente NONE Hancheacute Bras (distante) j
NDUTJ
f
SINE-SINE Deacutecalage Ngimbe
Moyenne
SALOUM-SALOUM Passage- Jambe (rapprocheacutee) 1
i
PETITE dessous Tecircte Basse et 1
COTE Moyenne (rapprocheacutee)
Notons que le Niominka ll commence agrave lutter agrave partir du sol pour avoir
assez deacutelan et sauter sur ladversaire afin davoir la prise du lion
(contr6le de la nuque et du bassin)
Co a -tem-nt ccedilt attitude du lutteur sEacuteregravere335 np -1t ~
Les croyances mystiques sont indissociables des activiteacutes quotidiennes
duseacuteregravere Ce qui explique le cocircteacute supersticieux du lutteur seacuteregravere En
~ffet certains lutteurs refusent de lutter avant certaines heures
Certains teacutemoignages nous apprennent quil nest pas donneacute agrave tout le
monde decirctre champion de lutte et que le lutteur doit avoir des dons
surnaturels pour ecirctre agrave mesure de livrer ses combats dans la nuit
et trouver seul un gris-gris speacutecial appeleacute Njatch
Le vrai champion de lutte chez les seacuteregraveres ne lutte pas seulement avec
~a force et sa technique mais surtout avec ses dons occultes
Chez les seacuteregraveres les morts sont toujours preacutesents et les ~pangols
Servent dintermeacutediaire entre les hommes et les morts Le pangol prend i
le nom dhumain dans certains villages (IIHeacuteJga NDONG Har Wag NGOUYE) i 1
De ce fait on verra le lutteur danser dufe maniegravere ou dune autre en
fonction du pangol de sa famille Ainsi nrus aurons le back (chant et
danse du lutteur) des DIOUF des FAYE etclbullbullbull
Dans laregravene le lutteur seacuteregravere a un comportement exemplaire aussi bien
agrave leacutegard de son adversaire direct quave~ le public en geacuteneacuteral Lexpli shy
cation semble tenir au fait que le lutteur seacuteregravere est avant tout selon
la tradition orale le repreacutesentant de toute la communauteacute seacuteregravere Par
conseacutequent il devra saffirmer non seulement en tant que lutteur dans
laregravene mais aussi en tant quentiteacute morale
336 La tenue du lutteur ou NGIMBE est confectionneacutee par le marabout de la
famille ou du clan Le Ngimbe est constitueacute de pagne en cCton tisseacute
Il doit ecirctre propre le lutteur qui le porte ne devra pas avoir de rapshy
port sexuel pendant toute la peacuteriode des cOTpeacutetitians car le Ngi~bE ne
doit pas ~tre souilleacute
Autrefois et mecircme aujourdthui dans certaines familles on devient
lutteur de pegravere en fils et dans ce cas le Ngimbe du pegravere est heacuteriteacute
par le fils Le fait de porter le Ngimbe de ses aieux peut susciter
chez le jeune lutteur une motivation et une volonteacute ineacutebranlable dtasshy
surer la supeacuterioriteacute d~s siens dans ltaregravene Il fera tout pour que le
Ngimbe de la ramille ne touche le sable
La tenue du lutteur a une signification et une importance sur le plan
mystique car selon les anciens le vra1 feacutetiche du lutteur celui qui
le proteacutegera et laidera agrave vaincre le nDjinne ou le tRapu de ladvershy
saire se trouve cacheacute dans ce Ngimbeu bull Celui qui confectionne donc le
Ngimbe U est doueacute de faculteacutes occultes
337 Larbitrase est assureacute par un sage du village qui geacuteneacuteralement fut
champion de lutte de son temps Dailleurs cet ancien nintervient que
si le terrassement est litigieux Hormis le public qui proclame la vicshy
toire ou le match nul le lutteur lui-mecircme est arbitre et il arrive
quil se deacuteclare vaincu
Nous avons pu cfter Meacutedoune KHOULE un desplus grands lutteurs seacuteneacutegashy
lais qui a donn~ une victoire agrave Djeacuteri SADIO son adversaire qui a reacuteussi
agrave lui faire touegraveher le sol de la main
IlL
34 1 Preacutesentation
Lethnie toucouleur vit En grandt partit ciE~~ la vallfc du S~~~gal
pt reprecircsente i peu pr~s 8 de la population totale secircn~galaise
o Histoire
Il semblerait que dans lancien royaume du Tekrour (IX~ siegravecle) des
eacuteleacutements neacutegroiumldes Sarakoleacute et des Peul aient formEacute par meacutetissage le
peuple Toucouleur (Toucouleur serait dailleurs une deacuteformation du
mot portugais Tacouror)
Ce empire a domineacute aussi bien les wolofs de lOuest que les Peul
nomades du Fouta Toro Cette reacutegion fut le premier pays islamiseacute par
les Almoravides ce qui peut expliquer le proseacutelytisme toucouleur
Ce sont les guerriers toucouleur islamiseacutes qui attaqu~rent avec les
Almoravides la capitale du Ghana Koumbi en 1067 On convertit par
la force les animistes Cest sans doute agrave cette eacutepoque que de nombreuses
ethnies reacutefractaires agrave lIslam ont dO accentuer leur migration vers
le sud (Seacuteregravere wolof Sarakoleacute Bambara Songhaiuml Akan et Peul se reacuteshy
fugiaient vers les hauteurs du Fouta Djalon)
Au XIXegrave siegravecle les Toucouleur allaient trouver en El Hadj Omar Tall
un grand conqueacuterent qui sous le preacutetexte religieux de la gJerre sainte
contre les tribus animistes (entre autres Bambara) eacutetendit lempire
toucouleur sur presque tout lensemble du gali et la partie de la Guineacutee
proche du l1ali
Lempire toucouleur composeacute de Sarakoleacute de Bambar~ de ~alinkeacute de
Xassonkeacute dE Peul et de Dogon eut le meurorit~ dunir CES diif~rentes ~ ~ - - - - - et~ics ~t dE CD~stituer l~Sl la b2S~ ~r 1
_ ~ ~ ~_ L ~
~ ~- ~- - - ---- _ 1 v _ t 1 ~-_ --
marabout tOL~culcuuml~ ~ middotlrrany a l ick SI venu des E1i rClS dE Pocior~ (
~ Vi~ euroconomicue et sociale -----------~-------------
Les Toucouleur sont des cultivateurs mais bien quils n~ soie~t pa~
pasteurs comrre les Peul leacutelevage a une place inportarteacute decirc1S ltur
eacutecono~ie Pour faciliter leur conquecircte guerriegraverE ils c~t Eucirc une preacuteshy
dilection pour leacutelevage des chevaux On y trouve aussi des pecirccheurs
appeleacutes Tchioubalo La socieacuteteacute toucouleur aurait une stratification
sociale tregraves rigide Les groupes ethniques et les castes eacutetaient
diffeacuterencieacutes et strictement exogamiques les Rimbe classe des nobles
comprenant la famille reacutegnante et les guerriers libres la classe des
Nieacutenieacutebegens de castes artisanales i les Rimaibeacute anciens esclaves
devenus serviteurs qui portent les noms de famille de leur maicirctres A
la base de lorganisation de la collectiviteacute toucouleur se situe le
village (Wouro)
Toutes ces castes sont cloisonneacutees entre elle~ Ainsi il nest pas
permis agrave un Torodo (noble) de se marier avec un Tchioubalo Ces
consideacuterations sont importantes dans le domaine de la lutte ougrave nous
apercevrons que les nobles ne sont pas faits pour lutter Le noble
preacutesidera les seacuteances de lutte et on luttera pour lui Ces condeacute rat ions
de noblesse et de rang social sont extrecircmement importantes dans le
monde toucouleur
Le noble ne doit pas se salir on lutte pour lui il ne vit la lutte
quen tant que spectateur
342 Education moeurs croyances et eratiques religieuses
Deux formes d~ducation sont agrave consideacuterer leacutedJcatio~ dES enfarts Et
celle des adultes
oG lenfant sait m2n~~r et apprfcier le goOt d~5 ~iifeurorents r~pas lt
le moment ougrave il CO~~e~CE agrave marcher
tivirt n~sormais le petit toucou]eur est eacuteduquf par toutmiddot 12 f2~i)]E
dabord puis par toutes lespersc~nes du village ou du C13~
Lenfant peut ~tre corrigeacute par tout adulte appartenant au groupe social
Son eacuteducation est deacutesormais laffaire de toute la communauteacute et non
exclusivement celle ces parents On linitie ainsi au travail quotidien
qui se fait dans la bergel~ e les champs et les bords du fleuve Au sein
du village il pourra apprendre agrave filer la laine et agrave tisser des pagnes
dans les champs il apprend agrave manier la houe et lhiler pour la culture
du riz et du mil Mais signalons que lactiviteacute essentielle du toucouleur
est leacutelevage des boeufs des moutons et des chegravevres Chez les Ichioushy
balos (p~cheurs ) lenfant sera initieacute tregraves tat au maniement des pagaies
agrave la p~che propremccedilnt dite et agrave la nage
Vers cinq-six ans lenfant est confieacute au maicirctre coranique le Ihierno
et ce dernier dispose exclusivement de toute sa vie Lavenir du jeune
enfant lui appartient
Comme dans les autres groupes ethniques les enfants sont regroupeacutes en
classe dacircge et cest dans cette structure que lenfant subit les rite
de passe et plus particuliegraverement celui de la circoncision
La circoncision est non seulement unE opeacuteration chirurgicale malS surshy
tout une peacuteriode au cours de laquelle le jeune garccedilon passe de leacutetat
dadolescent agrave leacutetat dadulte Les circoncis sont reacuteunis en classe
dacircge dans un endroit situeacute hors duvillage geacuteneacuteralement choisi par les
vieux Cet endroit n~st accessible que par des individus de SExe ffi8SCUshy
li~ ~ta~t au preacutealabl circoncis
- - - -
quable et complet sur le plan phy~ique et ~oral Ai~si liniti~
acquiert les qualitecircs indispensables que sont le courag~ la modest
lesprit de sacrifice lendurance
Le toucoule~r est un pleux musulma~ Cela sexp1
SOil le premier agrave tre en contact avec la religion musulmane de par sa
position frontaliegravere Lethnie toucouleur de par son histoire a preacutesenteacute
les plus grands chefs militaires et religieux musulmans seacuteneacutegalais Et
pour illustrer cela on peut citer en exemple la grande famille musulmane
des SY agrave TIVAOUANE repreacutesentant la confreacuterie des TIDJANES
Bien que lon note une majoriteacute musulmane on peut dire que certaines
croyances et pratiques mystiques et animistes persistent encore surtout
dans la reacutegion du fleuve
Une pratique courante se fait elle sappelle le Djatt Elle consiste
agrave faire sortir le caiman du fleuve agrave limmobiliser et agrave lattacher
sans quil ne reacuteagisse et tout ceci agrave laide de versets et dincantashy
tions magiques Dapregraves les teacutemoignages ces pratiques sont plutocirct
freacutequentes chez les Tchioubalos (pecirccheurs) Il arrive aussi que cershy
tains chasseurs ayant des dons se livrent agrave certaines pratiques an1shy
mis tes qui consistent agrave invoquer certaines puissances et agrave moduler sous
forme de chant des versets occultes pour se proteacuteger des mauvais esprits
et pour eacuteloigner les fauves Ce chant est geacuteneacuteralement incompreacutehensible
et deacutenueacute de sens pour le profane
343 Activiteacutes ludiques et pratiques sportives en milieu toucouleur
Durant toute son histoire lethnie ~oucouleur a toujours EacutetEacute Frese~teacute~
comme celle qui avait ue activit essentiellement guerr e e~ particushy
liegraverement farouche Trois eacuteleacutements ret r t l ecirc t te nt i c- euro so~t
le manie~~nt du ~acircton 12 luttE Et 1eacute danSE
l
Lecircducation ph~sique et artistique Dcc~pe un place precircpondecircra~rp
dans la fDrmat~on du jEune toucouleur A loccasion agraveeacutevegravenemen~ imporshy
tants reacutecoltJs mariages baptecircme nous assistons agrave des manifestashy
tions folkloriques de grande envergure le Wango oucirc dailse toucouleur
tregraves gymnique iles chants et surtout les sEacuteances de lutte
La lutte toucouleur est la forme de lutte la plus spectaclaire dans
tout le territoire seacuteneacutegalais Elle est essentiellement baseacutee sur des
techniques en hancheacute et surtout en souplesse Ceci sexplique par le
fait q~e le jeune toucouleur est tregraves tocirct initieacute agrave la gymnastique (saut 1
per saut de main salto arriegravere saut de tecircte couronneacute etc bullbullbull ) pour
la dans~ du wa~go En dansant le wango qui est une danse rythmeacutee et
gymnique le Jeune toucou1eur est capable de prouesses extraordinaires
1
En lutte lattaquant se deacuteplace tregraves peu pour avoir une bonne saisie
(geacuteneacutera~ement controcircle du Ngimben ) et enchaine brusqueme~t avec une
attaque surpris~ Cependant les ripostes sont souvent surprenantes et
spectaculaires (baseacutees sur la souplesse et la rapiditeacute) ontrairement
aux autr~s form~s de luttes ougrave lon voyait tous les jeune adheacuterer la
lutte to~cou1eur Verra un groupe de speacutecialistes sadonne agrave la lutte 1
(la lutte est lieacutee agrave la position sociale de lindividu problegraveme de
caste)
Q La morphologie du lutteur toucou1eur 1
1 1
Ce dernier nest pas aussi large et aussi fort que les lutteurs diola
et seacuteregravere Cependant il est tregraves reacutesistant La musculatJre est saillante 1
et tregraves souple lindividu est longiligne mais tregraves athleacutetique
Les mouvements de lutteurs sont semblables agrave ceux dun grand fe1in Cette 1
morphologie semble ecirctre lieacutee agrave la position geacuteographique de lethnie
(reacutegion du fleuve) et agrave lacitiviteacute socio-eacuteconomique du toucouleur qui
est agrave la fois cultivateur (activiteacute lieacutee agrave la crue et deacutecrUE du fleuve)
pecirccheuro~T CIcr~icubaon) et sttout jEumlrgcr qui est U~ rc~2eumlr
shy
Deux formes egrave~ corps sembl~nt ecirctre preacutefeacutereacutees du lutteur toucouleur
le hancheacute et la souplesse Les hancheacutes sont faits agrave partir de plusieurs
positions de doset se terminent geacuteneacuteralement par des techniques de
tregraves grande amplitude
TABLEAU RECAPITULATIF DES TECHNIQUES ET FORMES DE CORPS SPECIFIQUES
i
L441 r
GARDE FORMES DU CORPS CONTROLES --shy - -
Moyenne Souplesse Ngimbe
Hancheacute bras
Demi-souplesse
1
Profil psycholosigue 1
TECHNIQUES
ContrOle du bassin et 12 souplesse
arriegravere
Klicket et allegravegement de la hanche
Le lutteur toucouleur est celui lUi se livre le moins aux preacuteparaqons
maraboutiques Cela est dO au f~t que le toucouleur est un grand ~USUlshyman et que les pratiques animisges ont presque disparu dans ce mil~eu
Dans la pratique le lutteur esJ combaif mais il est calme et tr~s reacutefleacutechi quant agrave la deacutecision agrave prendre en plein corps agrave corps ct~st un des seuls techniciens qui reJte tregraves lucide au cours de ses comb~ts
l Dans toutes les circonstances e lutteur toucouleur est tenu de re~pecshyter son adversaire et ceux de s4n eacutequipemecircme sil est vaincu
Comme nous avons dO nous en rendre compte la rigueur des principes
eacuteducationnels a une influence tregraves sensible sur l~ comportement du
toucouleur
i
III S COCL ~s 1DO
Dans cette partie nous avons essay~ de montrer lftroite re1atic~
Entre les diverses activiteacutes socio-eacuteconomiques dans les ethnies et
lES diffEacuterentes faccedilons de lutter
Daucuns seraient tent~s de conclure trop rapidement et cest p0~r
cette raison que nOUS avons penseacute preacuteciser que le pheacutenotype nest
pas geacuteneacuterateur du geacutenotype Et nous sommes convaincus que la morphoshy
logie et les techniques des lutteurs relegravevent de leurs modes de vie
et de leurs croyances agrave une eacutepoque et danE un contexte bien deacutetermishy
neacutes
Est-ce que les lutteurs dio1a ou seacuteregravere travaillant avec leurs bras
dans les champs auraient les mecircmes pr 0 fil s physiques que les lutteurs
utilisant des machines pour lagriculture
- 69 shy
I UJOURDH~1 E-S ut O[l LES FORfilS Ut LU11t~
~otons que notre enqu~te a ecirctE essentiellement faiteen milieu urbain
Les seacuteances de lutte ont tendance agrave perdre leur particulariteacute de r~shy
jouissance pour devenir des pheacutenomegravenes de sportisatio Deux fores
de luttes so~t principale~cnt prat s dans les aregrave~es du 5 al
la lutte traditiunnelle simple et la lutte traditionnelle avec frappe
De nos jours la lutte traditionnelle tend vers une reacuteglementation
et une institutionalisation
Le reacutesultat de nos investigations nous donne le tableau ci-dessous
REPARTITION ETHNIQUE SUR 100 PRATIQUANTS
LUTTE LUTTE RAPPORTETHNIES SANS FRAPPE AVEC FRAPPE J2
Diola 40 16 71 j
Seacuteregravere 26 21 57
Toucouleur 23 10 69
Wolof 1 1 53 17
La demande sociale par ordre deacutecroissant pour la lutte sans frappe
se preacutesente comrre suit
]0_ Ethnie diola avec pregraves de 3 lutteur~ sur 4
2deg_ Ethnie toucouleur
Ethri dun
~ 1 LA LUTTE TR])IIIO~~ELLE AVEC H-PPE
Cette forme deacute lutte a une histoire qui date de lantiquiteacute elle
sa~pelait le Pugilat Au Seacuteneacutegal elle a vu le jour dans le Cayor
bien avant la colonisation Le coup dE pied l~Lrdn~lement la morshy
sure la frappe et le doigtf eacutetaient permis dans le cc=bat ~ ~middot~p0~~e
Dans certains cas la giffle eacutetait beaucoup plus dangereuse que le
poing quand elle eacutetait donneacutee par un speacutecialiste Cette giffle pouvait
agrave elle seule deacutechirer et mecircme parfois amputer la joue de ladverser
Selon les informations la lutte avec frappede nos jours serait une
forme de lutte tregraves eupheacutemiseacutee de celle dantan ougrave une blessure
pouvait souvent ecirctre mortelle
Aujourdhui au niveau du folklore la lutte na plus la mecircme
le spectaculaire a remplaceacute le significatif iLa lutte avec frappe se 1
pratique surtout dans les centres urbains C~aque fois quun grand combat 1
est progra~eacute par le Comiteacute National Proviso~re (CNP) des centaines damashy
teurs sont mobiliseacutes vers le stade lba Mar D~OP qui est aujourdhui le i
lieu approprieacute ougrave se deacuteroulent les grands conkbats de lutte Cest la formE
de lutte qui semble drainer une foule de personnes beaucoup plus importante
que celle de la lutte simple
La lutte avec frappe deacuteriverait dune forme de lutte traditionnelle
pratiqueacutee jadis dans le Cayor au temps des Damels et la frappe serait
le substitut dun certain nombre de pratiques doigteacute jet de produits
etc bullbullbull dont le but eacutetait laveuglement de ladversaire La lutte avec
frappe serait une continuation logique dune carriegravere sportive de la
lutte traditionnelle qui sen sert comme moyen socio-eacuteconomique En
effet la majoriteacute des lutteurs avec frappe ont dabord eacuteteacute initieacutes agrave la
lutte simple Cependant il faut signaler que de nOS jours il arrive
que le jeune lutteur avec frappE- soit directenent formEacute conne speacutecialistE
agrave la frappe sa~s pour autant faire son chemin dabcrd egravea~s la lutte
- ~ shy
Le recircsultat dE ~os interviews ncus rec~trE qGune pcpulatiD~ divcrsishy
fiampe sint~resse agrave ce sport et qUE les intecircr~[s des uns et d~SlautrE~
semble~t divergents naucuns affirment que la lutte traditionnelle
avec frappe serait monteacutee par des personnes dont la vocation est dexshy
ploiter ce pheacuteLomegravene agrave des fins commerciales Dautres disent gJellegrave
jouit de mcyens irport~nts t[l[~isio
tation etc bullbullbull ) pour toucher toutes les couches sociales CEpe~~a~t
nous remarquons que mecircme si certaines personnes reprochent agrave cette
forme de lutte decirctre brutale ces mecircmes personnes nheacutesitent pas agrave
se rendre le dimanche agrave laregravene Bien que critiqueacutee elle semble ecirctre
adopteacutee par une tregraves grande partie de la population seacuteneacutegalaise Cepenshy
dant en tant que techniciens il nous est permis de faire une remarque
Il sagit de
- Limpression nette decirctre devant des professionnels de la frappe
qui sont ~ntratneacutes pour cela Dailleurs les propos que nous avons
recueilli~ nous prouvent que la plupart des champions de lutte avec 1
frappe s~ntratnent dans certains sports de combat tels ~ue la boxe i 1
le karateacute le judo Dans cette nouvelle forme de pratique de la lutte
contrairefuent agrave la lutte traditionnelle le technicien e~t souvent
perdant face au puncheur Ce dernier adopte une lutte agrave distance qui
lui permet de placer agrave bon escient ses coups animeacute du deacutesir de vaincre
Le technicien lui se voit contreacute dans toutes ses entreprises par
un uppercut ou un crochet
On peut dire cependant que nul sport au Seacuteneacutegal que la lutte tradishy
tionnelle avec frappe ne deacutechaicircne autant de passions et autant de
pheacutenomegravenes poussant agrave lexcegraves et deacutereacuteglements quon ne peut que deacuteplorer
Mais comment deacutecrier un spectacle de lutte qui bien quayant perdu la
presque totaliteacute des valeurs traditionnelles veacutehiculeacutees autrefois par
elle sait susciter une participation effective de tous ceux qui sont
preacutesents
CONCLUSION
Dans ce meacutemoire nous sommes efforceacutes ~e faire ressort ir limportance des
ethos et des habitus et leurs effets sur la pratique de la lutte tradishy
tionnelle au Seacuteneacutegal
L~b egravethos repr~sentent dune maniegravere g~neurorale tous les eacuteleacutements speacutec
fiques sux Seacuteneacutegalais par conampeacuteguent un systegraveme de valeurs traditionnellEs
Mais m~me si ces valeurs rev~tent une signification universelle (honneur
digniteacute courage etc bullbullbull ) il nen demeure pas moins que ce nest pas leur
nature qui fait leur speacutecificiteacute mais la hieacuterarchisation et limportance i
quon accorde agrave toutes ces valeurs de ~ar leacuteducation ou la culture
i 1
Aussi les valeurs traditionnelles puient leur speacutecificiteacute dans les
caracteacuteristiques propres aux eacuteleacutements ~e la socio-cu1ture (la technologie
et leacuteconomie la politique et la pareteacute la psychologie et lideacuteologie)
dans la socieacuteteacute seacuteneacutegalaise agrave n momen donneacute de son eacutevolution Cest i
dire la neacuteceesiteacute de ne point faire della valeur une reacutealiteacute statique
Cest dite aussi quagrave tout mome~t le ~eacuteneacutegalais peut eacutevoluer et creacuteer
ou vivre par conseacutequent de nouv~lles fprmes de valeur qui lui sont 1
propres ft (J)
La lutte traditionnelle veacutehiculant deS valeurs socio-cu1ture1les speacutecishy
fiquement seacuteneacutegalaises (croyances valeurs morales norme de comportement
opinion attitude bullbullbull ) devient un eacuteleacutement important qui tregraves certaiaement
nous aidera dans notre effort de valoriser et de peacuterenniser notre patri shy
moine culturel par le biais dactiviteacutes physiques et sportives
Leacutetude des habitus nous permet de prouver quil y a plusieurs faccedilons
de se mouvoir comme danser lutter bullbullbull qui varient avec les diffeacuterentes
ethnies (wolof toucouleur seacuteregravere diolagt leurs convenances et leurs
eacuteducations
(1) Revue Ethiopiques 31 Les valeurs traditionnelles et le problegraveme de leur inteacutegration dans les systegravemes modernes jtducatio-1 2 6r--70
nautre part cette eacutetude permet aussi de nous rendrE compte de la
correacutelatipn eacutetroite existant entre la pratique de la lutte traditionnelle
et le sta~ut socio-eacuteconomique du pratiquant
Nos inves~igations nous indiquent que la lutte recrute essentiellement
au niveau des classes socio-eacuteconomiques situeacutees en bas de leacutechelle
donc posseacutedant le statut social le moins favoriseacute La lutte avec frappe
-et un certain secteur commercialiseacute de la lutte simple- y trouve sa
leacutegitimiteacute Comme le dit BOURDIEU nA habitus diffeacuterents styles de Vle
divergents et il oppse les pratiques aristocpatiques correspondants agrave
des activiteacutes qui favorisent les situations eupheacutemiseacutees ougrave la stylisashy
tion est importante aux pratiques populaires qui font appel agrave des
qualiteacutes qpposeacutees bllutes rugueuses Certaines interviews nous
montrent que plus lindividu occupe une place eacuteleveacutee dans leacutechelle
sQciale e~ 1
moin$ il sinteacuteresse agrave la lutte
Les reacutesultats recueillis dans nos diverses investig~tions confirment 1 1
1er propos qui disent que nous assistons aujourdhu~ agrave une involution
de la lutte traditionnelle parce que perdant toutes ses speacutecificiteacutes au 1
pryfit d~ne autre forme de lutte que lon continue agrave appeler nostalshy
giqlementIIlutte traditionnelle
Ceci pourrait peut-~tre trouver une explication dan la citation suivante
La liberteacute de creacuteer dinnover de vivre Pleineinenf decirctre soi et de
preacuteserver son authenticiteacute la digniteacute et lhonneu1demeurent des illushy
sions dans la misegravere eacuteconomique~ Nos ancecirctres creacuteai~nt des valeurs de cishyl
vilisation parce quils eacutetaient libres parce qu1i~s ignoraient toute
deacutependance eacuteconomique ils cultivaient en eux et cbez leurs enfants le 1
Jorn et la Kersa et preacutefeacuteraient la mort agrave la hoJte lI (1)
Or le Seacuteneacutegal comme la plupart des pays africainsi est un pays sousshy
deacuteveloppeacute t cependant face agrave cette volonteacute du gou~ernement seacuteneacutegalais
de faire inteacutegrer dans leacuteducation des valeurs traditionnelles nous
pouvons espeacuterer utiliser comme moyen deacuteducation la lutteacute traditionnelle
qui reste quand mecircme vecteur jethos et dhabit~s
- 54 shy
Mecircme si lon a noteacute un appauvrissement notoire sur les plans socioshy
culturel et moral la lutte traditionnelle recegravele une gamme importante
et varieacutee de techniques permettant incontestablement une ouverture vers
les luttes olympiques libre et g~eacuteco-romaine
La lecture de ce meacutemoire permettra agrave lentratneur et au professeur de
lutte en fonction du lieu ougrave ils seront affecteacutes dans le territoire
seacuteneacutegalaisdavoir une information sur les techniques contrOles et
formes de corps propres agrave chaque groupe ethnique et de les mettre en
relation avec leurs croyances et leurs mentaliteacutes
Nous avons essayeacute de montrer que la pratique de la lutte traditionnelle
doit tre axeacutee sur une ethnomotriciteacute au Seacuteneacutegal qui permette une inishy
tiation facile Cette pratique de la lutte traditionnelle seacuteneacutegalaise
devra dailleurs essayer de ~eacutepondre aux aspirations du Seacuteneacutegalaisl
moderne en souvrant aux ap~orts positifs des autres civilisations
ex~eacuterieures nous voulons Jvidemment parler du judo et des luttes oiymshyJ
piques 1
1 j Nous navons pas la preacutetentfon dans le cadre de ce meacutemoire demattrise
de reacutepondre agrave toutes les qutstions se rattachant agrave leacutetude de ~a lutte
traditionnelle souslangle~socio-culturel car non seulement il nous
manque lexpeacuterience et la c peacutetence en la mati~re mais aussil l le temps
et les moyens dont nous dis osions ne nous permettaient pas d~puiser le 1sujet i
1 1 1 t 1
l
- )5 shy
BIBLIOGRAPHIE
BIBLIOGRAPHIE
1- CLAPAREDE Psychologie de leacuteducation et peacutedagogie expeacuterimentale
Edition Delachaux et Niestleacute 244 pages
2- POCIELLC Christian Sport et Socieacuteteacute approche socio-culturelle
des pratiques Paris Vigot 1981 377 pages
3- PIERON Henri Vocabulaire de la psychologie
PUF Deuxiegraveme eacutedition 1957 469 pages
4- Revue socialiste de culture neacutegro-africaine ETHIOPIQUES
Les valeurs traditionnelles et le problegraveme de leur inteacutegration
dans les systegravemes modernes deacuteducation
GIA 21 Juillet 1982 213 pages
5- N2 Revue du Centre dEtudedes Civilisations DEM ak TEY
NIS IVegrave Trimestre 1982 96 pages
6- Document lNSEP Colloque sur la lutte aeacuteregravere
DAKAR MAI-JUIN 1980
t 1
~- Travaux du IVegrave Congregraves National ~es Sports agrave DAKAR les 2223041981
Bulletin n2 91 du CIO du 15 Aont 1965
l____________________________
8- Meacutemoire de Mattrise BADJI Abdou La lutte traditionnelle Joola
Etude et perspective
9- Meacutemoire Inspectorat JS DJITTE Mandy Les pratiques corporelles
traditionnelles au Seacuteneacutegal pour leur exploitation et leur
utilisation en peacutedagogie Marly le Roi 1980
REPUBLIQUE DU SENEGAL
--------------- INSTITUT NATIONAL SUPERIEUR
MINISTERE DE LA JEUNESSE DE LrsquoEDUCATION POPULAIRE
ET DES SPORTS ET DU SPORT
-------------
(INSEPS)
MEMOIRE DE MAIcircTRISE
Es-SCIENCES ET TECHNIQUES
DE LrsquoACTIVITE PHYSIQUE ET DU SPORT
LA LUTTE TRADITIONNELLE
son importance sa signification en fonction des ethos et des habitus ethniques au Seacuteneacutegal
Preacutesenteacute par
Monsieur Joseph Victor FAYE
Sous la direction de
M Jean Marc ROCHEZ
Professeur agrave lrsquoINSEPS
Anneacutee de soutenance 1984
i _
aan~ ~ s0cieacutet gt~olcf ocirclt~tartt nul -Jt- poulait sabecircisstr
tion de sa libertEacute La liberteacute est le preuumler drcmiddotir dE l ho-)euro egrave~S
baigner dans une beacuteate admiration du passeacute la comparaison avec le pr~$(middott
si~posc dclle-mecircme car lon reste s reacute devant la deacutesinvolture aVEC
laquelle dES honmes daujourdhui descendants de cette ~~~EacuteTatic ccedil~l se
une fois [largis bullbull tTasque fiers davoir fait leacute priS0n PEut-2tTE
faut-il mettre cela sur le compte de lurbanisation et des nouvelles
valeurs qui ont pour nom enrichissement reacuteussite sociale avec ce que
cela comporte de deacuteshumanisant et de deacutepreacuteciateur (1)
3 bull 2 bull 3 1 bull Lesri tes
Le sevrage et la circoncision constituent les deux grandes phases initiashy
tiques chez le wolof
- Le rituel du sevrage est appeleacute maga1 (litteacuteralement rendre grand)
Cest un eacutevegravenement important aussi bien pour les parents de lenfant que
pour la co~unauteacute Durant cet eacutevegravenement qui survient geacuteneacuteralement deux
ans apregraves la naissance du beacutebeacute les personnes vivant dans lentouragE
apportent leur soutien moral et mateacuteriel
- le rituel de la circoncision revecirct pratiquement la mecircme signification
que dans les autres ethnies seule la forme diffegravere La circoncision reste
encore une eacutepreuve de la vie au sort i r de laque Ile ladolescent devient un
homme Aujourdhui il faut noter une meacutetamorphose de la structure sociale
et des croyances religieuses tregraves accentueacutee aussi bien chez les wolof que
chez les autres groupes ethniques et ceci est peut-ecirctre dO au contact
permanent quils ont avec la socieacuteteacute occidentale
Malgreacute ces constat~tions il semblerait pcu=tant qUE la sociecirct~ lecircbou Gci
bien que se trouvaLt en grande partie dans ~a Presquth du Cap-ETt Et
en contact permane~t avec les blancs soit la portior la plu8 cc~serva-
----------~_- ---~-- -----
~
Incidences d s ~00urs sur la l~ttE
Le wolof connaicirct deux formes de luttes la lutte sirplE- sans t-t
la lutte avec frappe La lutte avec frappe a une crigi~e purement r
et ce nest que plus tard quelle devint une prati1uE sportive et lud
preacuteparer agrave la guerre Aussi tout en luttant On eacutetait autoris~ agrave frapper~
griffer mordre voire introduire son doigt dans loeil de son adversaire
Le jeune wolof devait eacutegalement se livrer agrave la lutte avec frappe afin de
favoriser son insertion dans la socieacuteteacute adulte et sinitier au meacutetier de
soldat faute de quoi il ne pouvait se faire entendre ne avoir des marques
de respect Pour montrer la populariteacute de la lutte dans le Cayor signalons
que les Damels ll (rois) et les Teignes (nobles) nheacutesitaient pas agrave sy
livrer Quant au IIMbeu~ (lutteur) elle lui servait de moyen de promotion
sociale car d8S que sa reacuteputation eacutetait eacutetablie il pouvait ecirctre choisi
par les rois et les nobles comme garde de corps
325 Signification de la lutte en milieu wolof
La lutte se pratique dabord pour lhonneur qui est une vertu tregraves signishy
ficative pour le wolof Elle permet de renforcer les liens amicaux entre
les jeunes de villages diffeacuterents Le champion veut gagner
confiance et la consideacuteration de son village de ses amis
Etre champion cest aussi susciter ladmiration chez les
sentant la force la viriliteacute et la deacutetermination
326 Organisation d~s eacutepreuves de lutte
3261 Les Mbapatts Ce sont les seacuteances nocturnes
pour meacuteriter la
et des anciens
filles en repreacuteshy
Ils sont organiseacutes apregraves les reacutecoltes agrave la fin de la saiscn des pluies
Ceci surtout p~ndant les peacuteriodes de clair de lune car ils peuven~ durEr
toute la nuit Le but des ~Dapatts lt=tait de prfpa-er FhysicuemeH et
~ arb Sil
326 Le 1
cest une organisation beaucoup plus importante que les I~apatts ~
loccasion de laquelle on peut voir plusieurs lutteurs de grande reDommfe
saffronteLLa fin dl lamb est toujours couronneacutee par une grand co~bat
duquel le vainqueur est sacreacute champion de la contrecirce
Le choix du lieu est lieacute agrave limportance de ce lieu dans le village cest
la place publique ougrave geacuteneacuteralement se passent toutes les manifestations
assembleacutee geacuteneacuterale sabar (danse) cest aussi lendroit ougrave sont prises
les grandes deacutecisions
3623 Lappariement
Dans un village ou un quartier les lutteurs se regroupent en lang
(eacutequipe) et jamais deux lutteurs de mecircme lang ne se rencontrent lors
du lamb
L appariement s~ fait librement entre lutteurs de lang diffeacuterents l1hs
une regravegle veut ~uavant de lutter avec le Mbeur Kanur de tel lang si
on est soukh (l~tteur pas encore confirmeacute) il est neacutecessaire de lutter
dabord avec ses soukh et ce nest quapregraves les avoir terrasseacutes tous
quon se voit octroyer la chance de lutter contre lui
Notons que la cateacutegorisation des lutteurs par poids nest jamais prise
en consideacuteration
3624 La tenue du lutteur ou NGIMBE
Le middotNGimbe est confectionneacute par le marabout de la famille ou du clan Il
est constituecirc de pagnes en coton tisseacute geacuteneacuteralement offerts par la megravere ou
la grand-megravere du lutteur ceci lors des organisations de ~rande Tportance
COrlune lef 1amb Dans le cadre des l-bapatt les pagnes sont C tErts peumlr
~~~rcfcis ct ffi~mc aujourdhui d218 cErtaInes fa~ille5 on devj~Gr
luttEur de pegravere en fils et dans ce cas h 1
gimbell du pEgravere Est recircr i tEacute
par le fils Le fait de porter le lI~gimbe agravee ses aiumleux peut susciter
cne~ le jeune lutteur une motivation et une volontecirc in~branlable rlasshy
surer 12 supeacuterioritEacute cis SIcirct-ns dallS
le xgimbe de la famille ne touche pas le sable
La tenue du lutteur a une signification et une importance sur le plan
mystique car selon les anciens le vrai feacutetiche du lutteur celui qui
le proteacutegera agrave vaincre le Djinneacute ou le Rap de ladversaire se trouve
cacheacute dans ce Ngimbe Celui qui confectionne-le Ngimbe est doueacute de
faculteacutes occultes
~~r~i~rg Il est assureacute par un sage du village qui geacuteneacuteralement fut
championde lutte de son temps Dailleurs cet ancien nintervient que
si le terrassement est litigieux
Hormis le public qui proclame la victoire ou le match nul le lutteur
lui-mecircme est arbitre et il arrive quil se deacuteclare vaincu ~ous
pouvons citer comme exemple Meacutedoune KHOULE un des plus grands lutteurs
seacuteneacutegalais qui a donneacute une victoire agrave Djeacuteri SADIO son adversaire qui a
reacuteussi agrave lui faire toucher le sol de la main
Il Y a terrassement quand le lutteur se retrouve
- assis sur le sol
- eacutetaleacute sur le dos
eacutetaleacute sur le cocircteacute
les deux genoux au sol
- les deux ma~ns au sol
la tecircte (front au sol agrave la suite dune brouette)
Il peut y aVOIr match nul si apregraves li1 temps ccmsideacuterable les lutteurs
SE sont ~ ivrEacutes respectivement agrave des assauts rEacutepEacutetEacutes et n arrivEt pas a
3265 L~ precircparation mystique
Il faut reconnattre quon ne peut parler de lutte en milieu wolof sans
envisager une preacuteparation mystique seacuterieuse Co~~e ~ous lEvans vu a~teacute-
1middot ~ d ~ ~rlturenent t0utes es actlvmiddotltesmiddot u W010 sont lles a SeS croyances
- la lutte ne concerne pas seule~ent deux acteurs se livrant faruumlucheshy
ment agrave un combat au milieu de laregravene mais eacutegalement les marabouts et les
feacutetichistes du village ou du clan qui doivent deacutefendre leur savoir et
leur prestige Avant le combat le lutteur doit se livrer agrave un certain
nombre de preacuteparations mystiques pour assurer sa victoire Aussi sommesshy
nous appeleacutes agrave parler de BACK (cest le chant et la danse du lutteur)
- le batteur de tam-tam compose un rythme en fonction du Galagne ou du
Senghor (gds-gris) du lutteur Chaque galagne sera choisi en fonction
du Rap ou du Djinneacute correspondant au Totem du lutteur
Le chant geacuterleacuterique Feinte woy veut dire litteacuteralement composer un 1
chant Ce chant est geacuteneacuteralement composeacute par les filles du viilage du
champion ou par un griot de sa communauteacute Et agrave travers ce chrnt on
arrive agrave toucher la corde sensible du lutteur en chantant lesl innombrables 1
victoires de ses ancecirctres ou en lui rappelant ses prouesses eacuteblatantes 1
Chaque lutteur doit avoir un chant et un back qui lui sont propres
327 Le reacutepertoire technique et les caracteacuteristiques physiques dulutteur wolof
Le lutteur wolof est geacuteneacuteralement moyen de taille la musculagraveture est
tregraves saillante ce qui fait ressortir un aspect tregraves athleacutetique ceci
est vrai sans exception pour le lutteur leacutebou mais il arrive que le Cacircyoshy
rien le baol-baol le walo-walo soient de grands gabarits de forte constishy
tution
CepEndant pour une meilleure compreacutehension du sujet nous pouvons eacutetudiEr
deux jroups d lut teurs qui vont deacuteterminer deux st yI e s de lut tes
- ~ t
les tc~tativ~s de~[reacutee e~ ramassement de jambes de la~v~sairL Ce~~
peut Ecirctre expliqueacute par le fait que les lutteurs leacutebou ou walo-walc qui
sont des pecirccheursadoptent cette garde tasseacutee du fait quils so~t tou-
jours pencheacutes en tirant le fil ou en poussant la plrogue On verra techrugravequeacutes dt cirr 2C ~lt 5Jllicitocirct
surLuumlut les membres supeacuterieurs
Le cayorien et le baol-baol par contre sont les plus grands cultivateurs
darachide chez eux les techniques de lutte sont plus varieacutees et la
garde est moins renfermeacutee Les lutteurs cayorien et baol-baol ont une
morphologie et une reacutepartition musculaire bien eacutequilibreacutee ils excellent
dans les techniques en deacutecalage les techniques de jambe et surtout les
techniques de riposte ougrave lon peut voir des prises de hancheacute tregraves amples
Dune maniegravere geacuteneacuterale on peut dire que le lutteur wolof est un fin
technicien qui sait surtout creacuteer les opportuniteacutes e~ avec sa rapiditeacute
utiliser la force de ladversaire pour le deacuteseacutequilibrer le noodju
le mbas le weacuteheacuteleacute et le rasu sont des techniques propres au lutteur
wolof
En deacutefense il utilise surtout des kl~klets ou gal-gal Notons que
le balancement des bras ou Lewato e$t tregraves marqueacute dans la lutte wolof
TABLEAU RECAPITULATIF DES COMPOSANTES TECHNIQUES
( 1 )
1 SOUS-GROUPES GARDES CONTROLES FORHES DE CORPS l
Walo-walo Basse de jambe Arracheacute l l10yenne de Ngimbe et i
Leacutebou Tasseacutee et saisies annexesj Deacutecalage 1 1 distante de bras de tecirct1
j de bras Deacutecalaeuro
~-----------------~-
- ~ ~- shy - ~ ~ bull L _ _ bull
Profil psyc~~iqUE du lutteu- et son comporterent dars l 2regravere
La preacuteparation mystique dans laregravene est plus marqueacutee chez les wolofs
que ChE~ les autres ethnies En effet on verra de grands champions
preliGrE plusiEurs heures pour Enduire leur corps de cll2badep ou ci
rmiddot- ~ a la proprieacuteteacute de proteacuteger li1egraveividu J
les mauvais sorts) Cest dailleurs un aspect dt la luttE qui iJcsc
des problegraveJles
Le lutteur wolof est tregraves superstitieux et la peacuteriode de preacuteparation
est capitale pour lui car elle permet non seulement de rendre
hommage aux ancecirctres mais aussi dintimider son adversaire Cest
geacuteneacuteralement un lutteur agressif combatif et teacutemeacuteraire Il se fait
souvent remarquer par son esprit dentreprise Mais cette fougue dans
le combat lamegravene parfois bien que ce soit regrettable agrave oublier les
usages et les normes Ce manque de maicirctrise de soi peut faire croire
que le lutteur wolof manque de fair-play ce qui nest pas toujours le
cas
~A~Ugrave~ t 4AA CbUrs k LA ucirctotve f~tPle Sesect prores mou W ~ lesquelles vont se couler les comporteme~ts individuels qui sont ainsi
monteacutes par et pour lautoriteacute sociale
Les faccedilons de boire de marcher ou de sasseoir se manifestent indivishy
duellement dans le corps de chaque personne ces habitus sont cependant
des montages sociaux lieacutes agrave des significationssymboliques variables
dailleurs selon la position sociale occupeacutee par chaque sujet Ces modes
dagir se rangent dans un systegraveme de montages symboliques et lindivishy
du les apprend de la socieacuteteacute dont il fait partie agrave la place quil occupe
Lhabitus est un montage social agrave la valeur symbolique deacutependant des pheacuteshy
nomegravenes deacuteducation et de prestige et lieacute agrave la position sociale du sujet
Cette penseacutee sonne de faccedilon eacutetonamment moderne
Pierre BOURDIEU qui dans une perspective a approfondi le contenue de la
notion en le reportant aux oppositions entre classes et fractions sociales
Il deacutefinit lhabitus comme un systegraveme de dispositions durables acquis au
cours dune histoire personnelle dans une milieu social donneacute systegraveme qui
engendre ensuite des pra~iques socialement deacutetermineacutees faccedilons de manger
de parler ou de marcher comportements de politesse contenu des preacutefeacuterencel
et des deacutegoOts bullbullbull lhabitus est le produit de conditions eacuteconomiques et
sociales Lauteur rattache directement la formation de lhabitus dun
individu agrave la trajectoire parcourue par celui-ci dans sa classe dapparteshy
nance il deacutefend lideacutee dun habitus de classe qui deacutefinit le sens confeacuteshy
reacute agrave la pratique sportive les profits qui en sont attendus
Ce dernier serait lui-m~me lieacute agrave un systegraveme de valeurs ou ETHOS de classe
prenant sens au sein doppositions distinctives entre classes sociales
De sorte lhabitus fonctionne comme un systegraveme dt- regravegles inteacuterioriseacutees
souvent informuleacutees permettant ou non agrave lagent de sadapter dembleacutee aux
multiples pratiques de la vie quotidienne et de la vie sportive il est agrave
lorigine des schegravemes de transcription qui favorisent les ajustements aux
situations corporelles nouvelles (1)
t ~
(1) P~IE11D dwi6Han ISpoy-l et sodeacutebi Approche Bocio-culturelle des pratiques P~tis Vigot 1981 page 81
33
331 Preacutesentation
Les Seacuteregravere auraient pour origine le Fouta Toro quils auraient quitteacute
vers le Xllegrave siegravecle pour fuir lislamisation de cette reacutegioD par lempire
dJ Xali (ils seraient donc apparEnt~s aux Peul et Toucouleur ) Ils
auraient trouveacute dans la rEacutegion du Sine les Sosseacute dorigine manding avec
lesquels ils salliegraverent
Au XVegrave siegravecle une autre immigrationSos~ conqueacuterante cette fois-ci
apporta son organisation eacutetatique Ils se divisegraverent en deux monarchies
deacutemocratiques lune seacutetablit au Sine et lautre au Saloum Les Sosseacute
conqueacuterants constituaient lautocratie appeleacutee Guelowar
La royauteacute seacuteregravere eacutetait laiumlque Les premiers souverains durent secouer
la tutelle des Toucouleur et progressivement arrivegraverent agrave unifier lethshy
nie des seacuteregravere etdea Sosseacute Les deux royauteacutes eacutetaient organiseacutees selon
acirces modegraveles tregraves deacutemocratiques Le souverain deacutependait dune assembleacutee
de ministres et de chefs locaux qui assuraient ladministration centrale
et reacutegionale())
Aujourdhui lethnie seacuteregravere repreacutesente 20 de la population seacuteneacutegalaise
Ils sont reacutepartis sur presque toute leacutetendue du territoire notamment
dans le Baol la reacutegion du Sine-Saloum et la reacutegion de Thiegraves
Signalons quil existe plusieurs sous-groupes dans lethnie ainsi on
trouvera
- dans la reacutegion de Thiegraves les Ndut les Safegravene et les None
- dans le Sine-Saloum les Sine-sine et les Saloum-salouIT
On trouvera vers foundioune et agrave Nioro du cocircteacute de la Gambie les
Niominka (pecirccheurs) Cest une portion tregraves mandinguiseacutee
( 1
Le rattache~2~t d~ to~s ccs sous-groupes pose problecircme ~25 0~ r0~V~
uc grande partie de traits COITul1uns dans leurs modes dE vie Ct pOUT phs
de faciliteacute nous allons essayer de faire une ~tude globale de la lutte
traditionnelle seacuterecircre Lactiviteacute socio-eacuteconomique qui est essentielleme~t
agro-pasorale caracteacuterisE leacutethnie seacuteregravere
332 Lecircducation les moeurs les croyances et pratiques sEr~rc
Chez les Seacuteregravere la vie humaine se deacuteroule selon les grandes eacutetapes
le baptecircme lenfance ladolescencemarqueacutee par la circoncision lsectge
adulte le mariage la vieillesse et la mort (funeacuterailles)
La vie de la communauteacute seacuteregravere reste une des plus originales sinon
celle qui de nos jours garde la presque totaliteacute des pratiques et
habitudes traditionnelles
Bien qu aujotltdhui con~r-tis aux religions chreacutetienne et musulmane les
Seacuteregravere conservent leurs croyances et pratiques animistes
Quelque soit leur degreacute dadheacutesion aux religions reacuteveacuteleacutees les Seacuteregravere
croient en un Dieu puissant et miseacutericordieux Rog Segravene et les hommes
Les ~angols sont repreacutesenteacutes mateacuteriellement dans tous les villages
seacuteregraveres par des arbres (baobab et tamariniers) des animaux (geacuteneacuteraleshy
ment serpent doreacute ou iguane) des ustensiles (pilon calebasse et mortier)
De nombreux teacutemoignages nous apprennent que certains totems (serpent
iguane) font leur apparicion agrave loccasion de certaines manifestations
rituelles comme les sacrifices ceacuteleacutebreacutes lors dun mariage de ceacutereacutemonies
mortuaires ou des circoncisions
Le Seacuteregravere comme il nous a eacuteteacute donneacute loccasion de le dire plus haut
preacutesente des speacutecificiteacutes authentiques aussi bien en tout ce qui touch~
son eacuteducation ses croyanCES et pratiques mystiques q~e ses activiteacute~
socio-ecirccc~omiquEs Apr~s a ~aissa~c~ le beurob~ ~~ pcs~ 5~~ lE S~ __
On lui mouille les l~vres avec un peu d~ lait de mil et apr~s U~ bain
purificateur on versera leau dans un trou cr~us~ derri~r~ la Camp~~
Pendant huit jours la megravere et lenfant sont cacheacutes dans la case car
selon les anciens ils sont tregraves vulneacuterables La case deacutens certains cas
est entoureacutee dun fil blanc et lon place sur le seuil des fais(cauy di
veacutegeacutetaux pour chasser les mauvais esprits (geacutenies malfaisants et illangeUY~
dacircmes) Au bout du huitiegraveme jour la megravere et lenfant peuvent sortir de
la case bull
bullbullbull Le matin du huitiegraveme jour la tante paternelle va chercher de leau
(plusieurs fois)t elle doit rester muette pendant ses alleacutees et venues
si elle parlait t lenfant pourrait ecirctre muet bullbullbull
La megravere et lenfant prennent un bain purificateur dans lequel sont
trempeacutees certaines plantes (ce sont des veacutegeacutetaux pr~tecteurs tels le
begravene le yag le ngud) On y lavera aussi le linge e1t les ustensiles utishyj
liseacutes pendant les huit jours qui viennet de seacutecoul~r On rase le crine
de lenfant Les cheveux sont donneacutes agrave la megravere qui ~s enterrera avec le
reste du cordon ombilical dans un endroit que11e esit seule agrave connattre
La megravere sassied sur une natte devant la maison Une femme igeacutee de la
famille prend le beacutebeacute dans ses bras et le preacutesente aux quatre coins de
lhorizon
La tante paternelle tient ensuite un van sur la tecircte de la megravere on y
verse le mil on y verse eacutegalement en abondance sur la megravere et sur
lenfant La tante oint ensuite le corps du beacutebeacute avec du lait e11e
touche en particulier le front t le nez la bouche la poitrine le dos
et les oreilles
Elle pose enfin un ~rain de sel dans la paume du beacutebeacute (le sel purifie
et deacutetruit les puissances mauvaises)
Apregraves un nouveau bain la megravere et lenfant revEcirctent des habits de fecircte
(est
lenfant Ce precircnore a toujours U~ SEns Il sy~bolise parfois C0 qUi
lOIl sounaitt agrave lEufant l)
La circoncision comme dans les autres ethnies est obligatoire Elle
permet au jeune adolescent dacceacuteder agrave la classe adulte Les jeunes
sont regroupes en classe dacircge dans le bois ougrave sc fait la r0tr~it0 des
circoncis et ceci pendant plusieurs mois
Le Selbeacute qui est geacuteneacuteralement un ancien craint de tous les eacutelegraveves
enseigne le respect de la hieacuterarchie la discreacutetion le goOt de linishy
tiative Les activiteacutes physiques et leacuteducation artistique ne sont pas
en reste la deacutecoration la sculpture la lutte et la danse A sa sortie
du bois linitieacute appartient deacutesormais agrave la classe des virils et des
sages du clan car on lui aura enseigneacute les vertus fondamentales que
sont la justice lhonneur lamour du prochain 1 amour du travail
lhonnecircteteacute et surtout le respect des coutumes ancestrales
Le rite du mariage esd aussi un fait tregraves important dans le monde 1
seacuteregravere mais par manq~e dinformation nous serons obligeacutes de nous en
tenir lagrave
333 Impact des ethos sur la lutte dans le monde seacuteregravere
Lorigine de la lutte seacuteregravere ne semble pas claire ma1S nous pouvons
dire quil existait deux formes de lutte comme chez les Wolofs une
lutte sans frappe et une lutte avec frappe Et cest cette derniegravere
qui peut-ecirctre nous ameacutenerait agrave croire que la lutte seacuteregravere aurait une
origine plus preacuteciseacutement guerriegravere
Aujourdhui la lutte est uniquement une activiteacute sportive agrave travers
laquelle le jeune seacuteregravere eacutevalue sa force son courage et SOn ingeacutenioshy
siteacute Cest une occasion de deacutefendre lhonneur de son village ou de
la corrnnunauteacute
La luttE ~5t avant tout u~e rnanifcs[dtic~ c~lturclie et surtout
fo lkhriqut-
Gracircce agrave elle on peut deacutesormais comprendre un certain nombre de chants
et de symboles A travers la lutte seacuteregravere on ccedilomprend les inter-relashy
tions entreacute la vie et le monde surntiturel
Sil devait y avoir la mort dun villageacuteois pendant la fecirctE au T qUE
de linterrompre on proceacutedait gracircce aux connaissances magico-religieuses
agrave la suspension de la mort jusquagrave une peacuteriode ougrave la population sera plus
disponible pour organiser des funeacuterailles sil y eacutetait preacutedit la possibishy
liteacute dune deacutefait du champion local au profit dun champion dun autre
village des recettes dordre maginque et religieux eacutetaient mises en prashy
tique afin que le champion du village ne soit jamais terrasseacute(J)
334 Le profil du lutteur seacuteregraver~
Le lutteur seacuteregravere est par essence un athlegravete impressionnant de par sa i
carrure et sa musculature saillante mais cest aussi une force tranquille
et calme quelque soit lenjeu du combagravet et particuliegraverement lhonneur
Cet aspect nous pousse agrave parler du NGiMBE cest-agrave-dire de la tenue du
lutteur qui va influencer sur sa faccedilon de lutter
La confection du Ngimbe revient agrave la communauteacute entiegravere Le Ngimbe a
une signification symbolique et le lutteur pour meacuteriter la confiance du
groupe se doit de tout faire pour ne pas toucher le sol Toute la commushy
nauteacute elle aussi sengage pour assurer la longeacuteviteacute et le succegraves du lutteur
dans laregravene par lorganisation droffrandes et de sacrifices en lhonneur
des Pangols bull
bull
Daucuns nheacutesitent pas agrave dire que lessentiel du mysticisme se fait agrave
la maison et non dans laregravene tout le reste nest quintimidation de
ladversaire
lsvcns
Tt- pi ~- t
t 1 ~ l _ ~ t
par rapport agrave lautre Cbci est trEgraves lieacute agrave lactiviteacute journaliegravere du
jeune seacuteregravere qui est un cultivateur donc toujours bien planteacute sur ses
jambes et qui continuellement manie lhiler
Le fait de couper le boi~ peut eacutegalement constituer un moyen de muscushy
lation non neacutegligeable pour le jeune lutteur
Un certain nombre de traits techniques speacutecifiques au lutteur seacuteregravere
semblent ressortir des diffeacuterentes interviews que nous aVOns fait subir
agrave certains lutteurs seacuteregraveres et agrave diffeacuterents techniciens
SOUS-GROUPES FORMES DU CORPS CONTROLES GARDES
SAFEN Moyenne en fente NONE Hancheacute Bras (distante) j
NDUTJ
f
SINE-SINE Deacutecalage Ngimbe
Moyenne
SALOUM-SALOUM Passage- Jambe (rapprocheacutee) 1
i
PETITE dessous Tecircte Basse et 1
COTE Moyenne (rapprocheacutee)
Notons que le Niominka ll commence agrave lutter agrave partir du sol pour avoir
assez deacutelan et sauter sur ladversaire afin davoir la prise du lion
(contr6le de la nuque et du bassin)
Co a -tem-nt ccedilt attitude du lutteur sEacuteregravere335 np -1t ~
Les croyances mystiques sont indissociables des activiteacutes quotidiennes
duseacuteregravere Ce qui explique le cocircteacute supersticieux du lutteur seacuteregravere En
~ffet certains lutteurs refusent de lutter avant certaines heures
Certains teacutemoignages nous apprennent quil nest pas donneacute agrave tout le
monde decirctre champion de lutte et que le lutteur doit avoir des dons
surnaturels pour ecirctre agrave mesure de livrer ses combats dans la nuit
et trouver seul un gris-gris speacutecial appeleacute Njatch
Le vrai champion de lutte chez les seacuteregraveres ne lutte pas seulement avec
~a force et sa technique mais surtout avec ses dons occultes
Chez les seacuteregraveres les morts sont toujours preacutesents et les ~pangols
Servent dintermeacutediaire entre les hommes et les morts Le pangol prend i
le nom dhumain dans certains villages (IIHeacuteJga NDONG Har Wag NGOUYE) i 1
De ce fait on verra le lutteur danser dufe maniegravere ou dune autre en
fonction du pangol de sa famille Ainsi nrus aurons le back (chant et
danse du lutteur) des DIOUF des FAYE etclbullbullbull
Dans laregravene le lutteur seacuteregravere a un comportement exemplaire aussi bien
agrave leacutegard de son adversaire direct quave~ le public en geacuteneacuteral Lexpli shy
cation semble tenir au fait que le lutteur seacuteregravere est avant tout selon
la tradition orale le repreacutesentant de toute la communauteacute seacuteregravere Par
conseacutequent il devra saffirmer non seulement en tant que lutteur dans
laregravene mais aussi en tant quentiteacute morale
336 La tenue du lutteur ou NGIMBE est confectionneacutee par le marabout de la
famille ou du clan Le Ngimbe est constitueacute de pagne en cCton tisseacute
Il doit ecirctre propre le lutteur qui le porte ne devra pas avoir de rapshy
port sexuel pendant toute la peacuteriode des cOTpeacutetitians car le Ngi~bE ne
doit pas ~tre souilleacute
Autrefois et mecircme aujourdthui dans certaines familles on devient
lutteur de pegravere en fils et dans ce cas le Ngimbe du pegravere est heacuteriteacute
par le fils Le fait de porter le Ngimbe de ses aieux peut susciter
chez le jeune lutteur une motivation et une volonteacute ineacutebranlable dtasshy
surer la supeacuterioriteacute d~s siens dans ltaregravene Il fera tout pour que le
Ngimbe de la ramille ne touche le sable
La tenue du lutteur a une signification et une importance sur le plan
mystique car selon les anciens le vra1 feacutetiche du lutteur celui qui
le proteacutegera et laidera agrave vaincre le nDjinne ou le tRapu de ladvershy
saire se trouve cacheacute dans ce Ngimbeu bull Celui qui confectionne donc le
Ngimbe U est doueacute de faculteacutes occultes
337 Larbitrase est assureacute par un sage du village qui geacuteneacuteralement fut
champion de lutte de son temps Dailleurs cet ancien nintervient que
si le terrassement est litigieux Hormis le public qui proclame la vicshy
toire ou le match nul le lutteur lui-mecircme est arbitre et il arrive
quil se deacuteclare vaincu
Nous avons pu cfter Meacutedoune KHOULE un desplus grands lutteurs seacuteneacutegashy
lais qui a donn~ une victoire agrave Djeacuteri SADIO son adversaire qui a reacuteussi
agrave lui faire touegraveher le sol de la main
IlL
34 1 Preacutesentation
Lethnie toucouleur vit En grandt partit ciE~~ la vallfc du S~~~gal
pt reprecircsente i peu pr~s 8 de la population totale secircn~galaise
o Histoire
Il semblerait que dans lancien royaume du Tekrour (IX~ siegravecle) des
eacuteleacutements neacutegroiumldes Sarakoleacute et des Peul aient formEacute par meacutetissage le
peuple Toucouleur (Toucouleur serait dailleurs une deacuteformation du
mot portugais Tacouror)
Ce empire a domineacute aussi bien les wolofs de lOuest que les Peul
nomades du Fouta Toro Cette reacutegion fut le premier pays islamiseacute par
les Almoravides ce qui peut expliquer le proseacutelytisme toucouleur
Ce sont les guerriers toucouleur islamiseacutes qui attaqu~rent avec les
Almoravides la capitale du Ghana Koumbi en 1067 On convertit par
la force les animistes Cest sans doute agrave cette eacutepoque que de nombreuses
ethnies reacutefractaires agrave lIslam ont dO accentuer leur migration vers
le sud (Seacuteregravere wolof Sarakoleacute Bambara Songhaiuml Akan et Peul se reacuteshy
fugiaient vers les hauteurs du Fouta Djalon)
Au XIXegrave siegravecle les Toucouleur allaient trouver en El Hadj Omar Tall
un grand conqueacuterent qui sous le preacutetexte religieux de la gJerre sainte
contre les tribus animistes (entre autres Bambara) eacutetendit lempire
toucouleur sur presque tout lensemble du gali et la partie de la Guineacutee
proche du l1ali
Lempire toucouleur composeacute de Sarakoleacute de Bambar~ de ~alinkeacute de
Xassonkeacute dE Peul et de Dogon eut le meurorit~ dunir CES diif~rentes ~ ~ - - - - - et~ics ~t dE CD~stituer l~Sl la b2S~ ~r 1
_ ~ ~ ~_ L ~
~ ~- ~- - - ---- _ 1 v _ t 1 ~-_ --
marabout tOL~culcuuml~ ~ middotlrrany a l ick SI venu des E1i rClS dE Pocior~ (
~ Vi~ euroconomicue et sociale -----------~-------------
Les Toucouleur sont des cultivateurs mais bien quils n~ soie~t pa~
pasteurs comrre les Peul leacutelevage a une place inportarteacute decirc1S ltur
eacutecono~ie Pour faciliter leur conquecircte guerriegraverE ils c~t Eucirc une preacuteshy
dilection pour leacutelevage des chevaux On y trouve aussi des pecirccheurs
appeleacutes Tchioubalo La socieacuteteacute toucouleur aurait une stratification
sociale tregraves rigide Les groupes ethniques et les castes eacutetaient
diffeacuterencieacutes et strictement exogamiques les Rimbe classe des nobles
comprenant la famille reacutegnante et les guerriers libres la classe des
Nieacutenieacutebegens de castes artisanales i les Rimaibeacute anciens esclaves
devenus serviteurs qui portent les noms de famille de leur maicirctres A
la base de lorganisation de la collectiviteacute toucouleur se situe le
village (Wouro)
Toutes ces castes sont cloisonneacutees entre elle~ Ainsi il nest pas
permis agrave un Torodo (noble) de se marier avec un Tchioubalo Ces
consideacuterations sont importantes dans le domaine de la lutte ougrave nous
apercevrons que les nobles ne sont pas faits pour lutter Le noble
preacutesidera les seacuteances de lutte et on luttera pour lui Ces condeacute rat ions
de noblesse et de rang social sont extrecircmement importantes dans le
monde toucouleur
Le noble ne doit pas se salir on lutte pour lui il ne vit la lutte
quen tant que spectateur
342 Education moeurs croyances et eratiques religieuses
Deux formes d~ducation sont agrave consideacuterer leacutedJcatio~ dES enfarts Et
celle des adultes
oG lenfant sait m2n~~r et apprfcier le goOt d~5 ~iifeurorents r~pas lt
le moment ougrave il CO~~e~CE agrave marcher
tivirt n~sormais le petit toucou]eur est eacuteduquf par toutmiddot 12 f2~i)]E
dabord puis par toutes lespersc~nes du village ou du C13~
Lenfant peut ~tre corrigeacute par tout adulte appartenant au groupe social
Son eacuteducation est deacutesormais laffaire de toute la communauteacute et non
exclusivement celle ces parents On linitie ainsi au travail quotidien
qui se fait dans la bergel~ e les champs et les bords du fleuve Au sein
du village il pourra apprendre agrave filer la laine et agrave tisser des pagnes
dans les champs il apprend agrave manier la houe et lhiler pour la culture
du riz et du mil Mais signalons que lactiviteacute essentielle du toucouleur
est leacutelevage des boeufs des moutons et des chegravevres Chez les Ichioushy
balos (p~cheurs ) lenfant sera initieacute tregraves tat au maniement des pagaies
agrave la p~che propremccedilnt dite et agrave la nage
Vers cinq-six ans lenfant est confieacute au maicirctre coranique le Ihierno
et ce dernier dispose exclusivement de toute sa vie Lavenir du jeune
enfant lui appartient
Comme dans les autres groupes ethniques les enfants sont regroupeacutes en
classe dacircge et cest dans cette structure que lenfant subit les rite
de passe et plus particuliegraverement celui de la circoncision
La circoncision est non seulement unE opeacuteration chirurgicale malS surshy
tout une peacuteriode au cours de laquelle le jeune garccedilon passe de leacutetat
dadolescent agrave leacutetat dadulte Les circoncis sont reacuteunis en classe
dacircge dans un endroit situeacute hors duvillage geacuteneacuteralement choisi par les
vieux Cet endroit n~st accessible que par des individus de SExe ffi8SCUshy
li~ ~ta~t au preacutealabl circoncis
- - - -
quable et complet sur le plan phy~ique et ~oral Ai~si liniti~
acquiert les qualitecircs indispensables que sont le courag~ la modest
lesprit de sacrifice lendurance
Le toucoule~r est un pleux musulma~ Cela sexp1
SOil le premier agrave tre en contact avec la religion musulmane de par sa
position frontaliegravere Lethnie toucouleur de par son histoire a preacutesenteacute
les plus grands chefs militaires et religieux musulmans seacuteneacutegalais Et
pour illustrer cela on peut citer en exemple la grande famille musulmane
des SY agrave TIVAOUANE repreacutesentant la confreacuterie des TIDJANES
Bien que lon note une majoriteacute musulmane on peut dire que certaines
croyances et pratiques mystiques et animistes persistent encore surtout
dans la reacutegion du fleuve
Une pratique courante se fait elle sappelle le Djatt Elle consiste
agrave faire sortir le caiman du fleuve agrave limmobiliser et agrave lattacher
sans quil ne reacuteagisse et tout ceci agrave laide de versets et dincantashy
tions magiques Dapregraves les teacutemoignages ces pratiques sont plutocirct
freacutequentes chez les Tchioubalos (pecirccheurs) Il arrive aussi que cershy
tains chasseurs ayant des dons se livrent agrave certaines pratiques an1shy
mis tes qui consistent agrave invoquer certaines puissances et agrave moduler sous
forme de chant des versets occultes pour se proteacuteger des mauvais esprits
et pour eacuteloigner les fauves Ce chant est geacuteneacuteralement incompreacutehensible
et deacutenueacute de sens pour le profane
343 Activiteacutes ludiques et pratiques sportives en milieu toucouleur
Durant toute son histoire lethnie ~oucouleur a toujours EacutetEacute Frese~teacute~
comme celle qui avait ue activit essentiellement guerr e e~ particushy
liegraverement farouche Trois eacuteleacutements ret r t l ecirc t te nt i c- euro so~t
le manie~~nt du ~acircton 12 luttE Et 1eacute danSE
l
Lecircducation ph~sique et artistique Dcc~pe un place precircpondecircra~rp
dans la fDrmat~on du jEune toucouleur A loccasion agraveeacutevegravenemen~ imporshy
tants reacutecoltJs mariages baptecircme nous assistons agrave des manifestashy
tions folkloriques de grande envergure le Wango oucirc dailse toucouleur
tregraves gymnique iles chants et surtout les sEacuteances de lutte
La lutte toucouleur est la forme de lutte la plus spectaclaire dans
tout le territoire seacuteneacutegalais Elle est essentiellement baseacutee sur des
techniques en hancheacute et surtout en souplesse Ceci sexplique par le
fait q~e le jeune toucouleur est tregraves tocirct initieacute agrave la gymnastique (saut 1
per saut de main salto arriegravere saut de tecircte couronneacute etc bullbullbull ) pour
la dans~ du wa~go En dansant le wango qui est une danse rythmeacutee et
gymnique le Jeune toucou1eur est capable de prouesses extraordinaires
1
En lutte lattaquant se deacuteplace tregraves peu pour avoir une bonne saisie
(geacuteneacutera~ement controcircle du Ngimben ) et enchaine brusqueme~t avec une
attaque surpris~ Cependant les ripostes sont souvent surprenantes et
spectaculaires (baseacutees sur la souplesse et la rapiditeacute) ontrairement
aux autr~s form~s de luttes ougrave lon voyait tous les jeune adheacuterer la
lutte to~cou1eur Verra un groupe de speacutecialistes sadonne agrave la lutte 1
(la lutte est lieacutee agrave la position sociale de lindividu problegraveme de
caste)
Q La morphologie du lutteur toucou1eur 1
1 1
Ce dernier nest pas aussi large et aussi fort que les lutteurs diola
et seacuteregravere Cependant il est tregraves reacutesistant La musculatJre est saillante 1
et tregraves souple lindividu est longiligne mais tregraves athleacutetique
Les mouvements de lutteurs sont semblables agrave ceux dun grand fe1in Cette 1
morphologie semble ecirctre lieacutee agrave la position geacuteographique de lethnie
(reacutegion du fleuve) et agrave lacitiviteacute socio-eacuteconomique du toucouleur qui
est agrave la fois cultivateur (activiteacute lieacutee agrave la crue et deacutecrUE du fleuve)
pecirccheuro~T CIcr~icubaon) et sttout jEumlrgcr qui est U~ rc~2eumlr
shy
Deux formes egrave~ corps sembl~nt ecirctre preacutefeacutereacutees du lutteur toucouleur
le hancheacute et la souplesse Les hancheacutes sont faits agrave partir de plusieurs
positions de doset se terminent geacuteneacuteralement par des techniques de
tregraves grande amplitude
TABLEAU RECAPITULATIF DES TECHNIQUES ET FORMES DE CORPS SPECIFIQUES
i
L441 r
GARDE FORMES DU CORPS CONTROLES --shy - -
Moyenne Souplesse Ngimbe
Hancheacute bras
Demi-souplesse
1
Profil psycholosigue 1
TECHNIQUES
ContrOle du bassin et 12 souplesse
arriegravere
Klicket et allegravegement de la hanche
Le lutteur toucouleur est celui lUi se livre le moins aux preacuteparaqons
maraboutiques Cela est dO au f~t que le toucouleur est un grand ~USUlshyman et que les pratiques animisges ont presque disparu dans ce mil~eu
Dans la pratique le lutteur esJ combaif mais il est calme et tr~s reacutefleacutechi quant agrave la deacutecision agrave prendre en plein corps agrave corps ct~st un des seuls techniciens qui reJte tregraves lucide au cours de ses comb~ts
l Dans toutes les circonstances e lutteur toucouleur est tenu de re~pecshyter son adversaire et ceux de s4n eacutequipemecircme sil est vaincu
Comme nous avons dO nous en rendre compte la rigueur des principes
eacuteducationnels a une influence tregraves sensible sur l~ comportement du
toucouleur
i
III S COCL ~s 1DO
Dans cette partie nous avons essay~ de montrer lftroite re1atic~
Entre les diverses activiteacutes socio-eacuteconomiques dans les ethnies et
lES diffEacuterentes faccedilons de lutter
Daucuns seraient tent~s de conclure trop rapidement et cest p0~r
cette raison que nOUS avons penseacute preacuteciser que le pheacutenotype nest
pas geacuteneacuterateur du geacutenotype Et nous sommes convaincus que la morphoshy
logie et les techniques des lutteurs relegravevent de leurs modes de vie
et de leurs croyances agrave une eacutepoque et danE un contexte bien deacutetermishy
neacutes
Est-ce que les lutteurs dio1a ou seacuteregravere travaillant avec leurs bras
dans les champs auraient les mecircmes pr 0 fil s physiques que les lutteurs
utilisant des machines pour lagriculture
- 69 shy
I UJOURDH~1 E-S ut O[l LES FORfilS Ut LU11t~
~otons que notre enqu~te a ecirctE essentiellement faiteen milieu urbain
Les seacuteances de lutte ont tendance agrave perdre leur particulariteacute de r~shy
jouissance pour devenir des pheacutenomegravenes de sportisatio Deux fores
de luttes so~t principale~cnt prat s dans les aregrave~es du 5 al
la lutte traditiunnelle simple et la lutte traditionnelle avec frappe
De nos jours la lutte traditionnelle tend vers une reacuteglementation
et une institutionalisation
Le reacutesultat de nos investigations nous donne le tableau ci-dessous
REPARTITION ETHNIQUE SUR 100 PRATIQUANTS
LUTTE LUTTE RAPPORTETHNIES SANS FRAPPE AVEC FRAPPE J2
Diola 40 16 71 j
Seacuteregravere 26 21 57
Toucouleur 23 10 69
Wolof 1 1 53 17
La demande sociale par ordre deacutecroissant pour la lutte sans frappe
se preacutesente comrre suit
]0_ Ethnie diola avec pregraves de 3 lutteur~ sur 4
2deg_ Ethnie toucouleur
Ethri dun
~ 1 LA LUTTE TR])IIIO~~ELLE AVEC H-PPE
Cette forme deacute lutte a une histoire qui date de lantiquiteacute elle
sa~pelait le Pugilat Au Seacuteneacutegal elle a vu le jour dans le Cayor
bien avant la colonisation Le coup dE pied l~Lrdn~lement la morshy
sure la frappe et le doigtf eacutetaient permis dans le cc=bat ~ ~middot~p0~~e
Dans certains cas la giffle eacutetait beaucoup plus dangereuse que le
poing quand elle eacutetait donneacutee par un speacutecialiste Cette giffle pouvait
agrave elle seule deacutechirer et mecircme parfois amputer la joue de ladverser
Selon les informations la lutte avec frappede nos jours serait une
forme de lutte tregraves eupheacutemiseacutee de celle dantan ougrave une blessure
pouvait souvent ecirctre mortelle
Aujourdhui au niveau du folklore la lutte na plus la mecircme
le spectaculaire a remplaceacute le significatif iLa lutte avec frappe se 1
pratique surtout dans les centres urbains C~aque fois quun grand combat 1
est progra~eacute par le Comiteacute National Proviso~re (CNP) des centaines damashy
teurs sont mobiliseacutes vers le stade lba Mar D~OP qui est aujourdhui le i
lieu approprieacute ougrave se deacuteroulent les grands conkbats de lutte Cest la formE
de lutte qui semble drainer une foule de personnes beaucoup plus importante
que celle de la lutte simple
La lutte avec frappe deacuteriverait dune forme de lutte traditionnelle
pratiqueacutee jadis dans le Cayor au temps des Damels et la frappe serait
le substitut dun certain nombre de pratiques doigteacute jet de produits
etc bullbullbull dont le but eacutetait laveuglement de ladversaire La lutte avec
frappe serait une continuation logique dune carriegravere sportive de la
lutte traditionnelle qui sen sert comme moyen socio-eacuteconomique En
effet la majoriteacute des lutteurs avec frappe ont dabord eacuteteacute initieacutes agrave la
lutte simple Cependant il faut signaler que de nOS jours il arrive
que le jeune lutteur avec frappE- soit directenent formEacute conne speacutecialistE
agrave la frappe sa~s pour autant faire son chemin dabcrd egravea~s la lutte
- ~ shy
Le recircsultat dE ~os interviews ncus rec~trE qGune pcpulatiD~ divcrsishy
fiampe sint~resse agrave ce sport et qUE les intecircr~[s des uns et d~SlautrE~
semble~t divergents naucuns affirment que la lutte traditionnelle
avec frappe serait monteacutee par des personnes dont la vocation est dexshy
ploiter ce pheacuteLomegravene agrave des fins commerciales Dautres disent gJellegrave
jouit de mcyens irport~nts t[l[~isio
tation etc bullbullbull ) pour toucher toutes les couches sociales CEpe~~a~t
nous remarquons que mecircme si certaines personnes reprochent agrave cette
forme de lutte decirctre brutale ces mecircmes personnes nheacutesitent pas agrave
se rendre le dimanche agrave laregravene Bien que critiqueacutee elle semble ecirctre
adopteacutee par une tregraves grande partie de la population seacuteneacutegalaise Cepenshy
dant en tant que techniciens il nous est permis de faire une remarque
Il sagit de
- Limpression nette decirctre devant des professionnels de la frappe
qui sont ~ntratneacutes pour cela Dailleurs les propos que nous avons
recueilli~ nous prouvent que la plupart des champions de lutte avec 1
frappe s~ntratnent dans certains sports de combat tels ~ue la boxe i 1
le karateacute le judo Dans cette nouvelle forme de pratique de la lutte
contrairefuent agrave la lutte traditionnelle le technicien e~t souvent
perdant face au puncheur Ce dernier adopte une lutte agrave distance qui
lui permet de placer agrave bon escient ses coups animeacute du deacutesir de vaincre
Le technicien lui se voit contreacute dans toutes ses entreprises par
un uppercut ou un crochet
On peut dire cependant que nul sport au Seacuteneacutegal que la lutte tradishy
tionnelle avec frappe ne deacutechaicircne autant de passions et autant de
pheacutenomegravenes poussant agrave lexcegraves et deacutereacuteglements quon ne peut que deacuteplorer
Mais comment deacutecrier un spectacle de lutte qui bien quayant perdu la
presque totaliteacute des valeurs traditionnelles veacutehiculeacutees autrefois par
elle sait susciter une participation effective de tous ceux qui sont
preacutesents
CONCLUSION
Dans ce meacutemoire nous sommes efforceacutes ~e faire ressort ir limportance des
ethos et des habitus et leurs effets sur la pratique de la lutte tradishy
tionnelle au Seacuteneacutegal
L~b egravethos repr~sentent dune maniegravere g~neurorale tous les eacuteleacutements speacutec
fiques sux Seacuteneacutegalais par conampeacuteguent un systegraveme de valeurs traditionnellEs
Mais m~me si ces valeurs rev~tent une signification universelle (honneur
digniteacute courage etc bullbullbull ) il nen demeure pas moins que ce nest pas leur
nature qui fait leur speacutecificiteacute mais la hieacuterarchisation et limportance i
quon accorde agrave toutes ces valeurs de ~ar leacuteducation ou la culture
i 1
Aussi les valeurs traditionnelles puient leur speacutecificiteacute dans les
caracteacuteristiques propres aux eacuteleacutements ~e la socio-cu1ture (la technologie
et leacuteconomie la politique et la pareteacute la psychologie et lideacuteologie)
dans la socieacuteteacute seacuteneacutegalaise agrave n momen donneacute de son eacutevolution Cest i
dire la neacuteceesiteacute de ne point faire della valeur une reacutealiteacute statique
Cest dite aussi quagrave tout mome~t le ~eacuteneacutegalais peut eacutevoluer et creacuteer
ou vivre par conseacutequent de nouv~lles fprmes de valeur qui lui sont 1
propres ft (J)
La lutte traditionnelle veacutehiculant deS valeurs socio-cu1ture1les speacutecishy
fiquement seacuteneacutegalaises (croyances valeurs morales norme de comportement
opinion attitude bullbullbull ) devient un eacuteleacutement important qui tregraves certaiaement
nous aidera dans notre effort de valoriser et de peacuterenniser notre patri shy
moine culturel par le biais dactiviteacutes physiques et sportives
Leacutetude des habitus nous permet de prouver quil y a plusieurs faccedilons
de se mouvoir comme danser lutter bullbullbull qui varient avec les diffeacuterentes
ethnies (wolof toucouleur seacuteregravere diolagt leurs convenances et leurs
eacuteducations
(1) Revue Ethiopiques 31 Les valeurs traditionnelles et le problegraveme de leur inteacutegration dans les systegravemes modernes jtducatio-1 2 6r--70
nautre part cette eacutetude permet aussi de nous rendrE compte de la
correacutelatipn eacutetroite existant entre la pratique de la lutte traditionnelle
et le sta~ut socio-eacuteconomique du pratiquant
Nos inves~igations nous indiquent que la lutte recrute essentiellement
au niveau des classes socio-eacuteconomiques situeacutees en bas de leacutechelle
donc posseacutedant le statut social le moins favoriseacute La lutte avec frappe
-et un certain secteur commercialiseacute de la lutte simple- y trouve sa
leacutegitimiteacute Comme le dit BOURDIEU nA habitus diffeacuterents styles de Vle
divergents et il oppse les pratiques aristocpatiques correspondants agrave
des activiteacutes qui favorisent les situations eupheacutemiseacutees ougrave la stylisashy
tion est importante aux pratiques populaires qui font appel agrave des
qualiteacutes qpposeacutees bllutes rugueuses Certaines interviews nous
montrent que plus lindividu occupe une place eacuteleveacutee dans leacutechelle
sQciale e~ 1
moin$ il sinteacuteresse agrave la lutte
Les reacutesultats recueillis dans nos diverses investig~tions confirment 1 1
1er propos qui disent que nous assistons aujourdhu~ agrave une involution
de la lutte traditionnelle parce que perdant toutes ses speacutecificiteacutes au 1
pryfit d~ne autre forme de lutte que lon continue agrave appeler nostalshy
giqlementIIlutte traditionnelle
Ceci pourrait peut-~tre trouver une explication dan la citation suivante
La liberteacute de creacuteer dinnover de vivre Pleineinenf decirctre soi et de
preacuteserver son authenticiteacute la digniteacute et lhonneu1demeurent des illushy
sions dans la misegravere eacuteconomique~ Nos ancecirctres creacuteai~nt des valeurs de cishyl
vilisation parce quils eacutetaient libres parce qu1i~s ignoraient toute
deacutependance eacuteconomique ils cultivaient en eux et cbez leurs enfants le 1
Jorn et la Kersa et preacutefeacuteraient la mort agrave la hoJte lI (1)
Or le Seacuteneacutegal comme la plupart des pays africainsi est un pays sousshy
deacuteveloppeacute t cependant face agrave cette volonteacute du gou~ernement seacuteneacutegalais
de faire inteacutegrer dans leacuteducation des valeurs traditionnelles nous
pouvons espeacuterer utiliser comme moyen deacuteducation la lutteacute traditionnelle
qui reste quand mecircme vecteur jethos et dhabit~s
- 54 shy
Mecircme si lon a noteacute un appauvrissement notoire sur les plans socioshy
culturel et moral la lutte traditionnelle recegravele une gamme importante
et varieacutee de techniques permettant incontestablement une ouverture vers
les luttes olympiques libre et g~eacuteco-romaine
La lecture de ce meacutemoire permettra agrave lentratneur et au professeur de
lutte en fonction du lieu ougrave ils seront affecteacutes dans le territoire
seacuteneacutegalaisdavoir une information sur les techniques contrOles et
formes de corps propres agrave chaque groupe ethnique et de les mettre en
relation avec leurs croyances et leurs mentaliteacutes
Nous avons essayeacute de montrer que la pratique de la lutte traditionnelle
doit tre axeacutee sur une ethnomotriciteacute au Seacuteneacutegal qui permette une inishy
tiation facile Cette pratique de la lutte traditionnelle seacuteneacutegalaise
devra dailleurs essayer de ~eacutepondre aux aspirations du Seacuteneacutegalaisl
moderne en souvrant aux ap~orts positifs des autres civilisations
ex~eacuterieures nous voulons Jvidemment parler du judo et des luttes oiymshyJ
piques 1
1 j Nous navons pas la preacutetentfon dans le cadre de ce meacutemoire demattrise
de reacutepondre agrave toutes les qutstions se rattachant agrave leacutetude de ~a lutte
traditionnelle souslangle~socio-culturel car non seulement il nous
manque lexpeacuterience et la c peacutetence en la mati~re mais aussil l le temps
et les moyens dont nous dis osions ne nous permettaient pas d~puiser le 1sujet i
1 1 1 t 1
l
- )5 shy
BIBLIOGRAPHIE
BIBLIOGRAPHIE
1- CLAPAREDE Psychologie de leacuteducation et peacutedagogie expeacuterimentale
Edition Delachaux et Niestleacute 244 pages
2- POCIELLC Christian Sport et Socieacuteteacute approche socio-culturelle
des pratiques Paris Vigot 1981 377 pages
3- PIERON Henri Vocabulaire de la psychologie
PUF Deuxiegraveme eacutedition 1957 469 pages
4- Revue socialiste de culture neacutegro-africaine ETHIOPIQUES
Les valeurs traditionnelles et le problegraveme de leur inteacutegration
dans les systegravemes modernes deacuteducation
GIA 21 Juillet 1982 213 pages
5- N2 Revue du Centre dEtudedes Civilisations DEM ak TEY
NIS IVegrave Trimestre 1982 96 pages
6- Document lNSEP Colloque sur la lutte aeacuteregravere
DAKAR MAI-JUIN 1980
t 1
~- Travaux du IVegrave Congregraves National ~es Sports agrave DAKAR les 2223041981
Bulletin n2 91 du CIO du 15 Aont 1965
l____________________________
8- Meacutemoire de Mattrise BADJI Abdou La lutte traditionnelle Joola
Etude et perspective
9- Meacutemoire Inspectorat JS DJITTE Mandy Les pratiques corporelles
traditionnelles au Seacuteneacutegal pour leur exploitation et leur
utilisation en peacutedagogie Marly le Roi 1980
REPUBLIQUE DU SENEGAL
--------------- INSTITUT NATIONAL SUPERIEUR
MINISTERE DE LA JEUNESSE DE LrsquoEDUCATION POPULAIRE
ET DES SPORTS ET DU SPORT
-------------
(INSEPS)
MEMOIRE DE MAIcircTRISE
Es-SCIENCES ET TECHNIQUES
DE LrsquoACTIVITE PHYSIQUE ET DU SPORT
LA LUTTE TRADITIONNELLE
son importance sa signification en fonction des ethos et des habitus ethniques au Seacuteneacutegal
Preacutesenteacute par
Monsieur Joseph Victor FAYE
Sous la direction de
M Jean Marc ROCHEZ
Professeur agrave lrsquoINSEPS
Anneacutee de soutenance 1984
Incidences d s ~00urs sur la l~ttE
Le wolof connaicirct deux formes de luttes la lutte sirplE- sans t-t
la lutte avec frappe La lutte avec frappe a une crigi~e purement r
et ce nest que plus tard quelle devint une prati1uE sportive et lud
preacuteparer agrave la guerre Aussi tout en luttant On eacutetait autoris~ agrave frapper~
griffer mordre voire introduire son doigt dans loeil de son adversaire
Le jeune wolof devait eacutegalement se livrer agrave la lutte avec frappe afin de
favoriser son insertion dans la socieacuteteacute adulte et sinitier au meacutetier de
soldat faute de quoi il ne pouvait se faire entendre ne avoir des marques
de respect Pour montrer la populariteacute de la lutte dans le Cayor signalons
que les Damels ll (rois) et les Teignes (nobles) nheacutesitaient pas agrave sy
livrer Quant au IIMbeu~ (lutteur) elle lui servait de moyen de promotion
sociale car d8S que sa reacuteputation eacutetait eacutetablie il pouvait ecirctre choisi
par les rois et les nobles comme garde de corps
325 Signification de la lutte en milieu wolof
La lutte se pratique dabord pour lhonneur qui est une vertu tregraves signishy
ficative pour le wolof Elle permet de renforcer les liens amicaux entre
les jeunes de villages diffeacuterents Le champion veut gagner
confiance et la consideacuteration de son village de ses amis
Etre champion cest aussi susciter ladmiration chez les
sentant la force la viriliteacute et la deacutetermination
326 Organisation d~s eacutepreuves de lutte
3261 Les Mbapatts Ce sont les seacuteances nocturnes
pour meacuteriter la
et des anciens
filles en repreacuteshy
Ils sont organiseacutes apregraves les reacutecoltes agrave la fin de la saiscn des pluies
Ceci surtout p~ndant les peacuteriodes de clair de lune car ils peuven~ durEr
toute la nuit Le but des ~Dapatts lt=tait de prfpa-er FhysicuemeH et
~ arb Sil
326 Le 1
cest une organisation beaucoup plus importante que les I~apatts ~
loccasion de laquelle on peut voir plusieurs lutteurs de grande reDommfe
saffronteLLa fin dl lamb est toujours couronneacutee par une grand co~bat
duquel le vainqueur est sacreacute champion de la contrecirce
Le choix du lieu est lieacute agrave limportance de ce lieu dans le village cest
la place publique ougrave geacuteneacuteralement se passent toutes les manifestations
assembleacutee geacuteneacuterale sabar (danse) cest aussi lendroit ougrave sont prises
les grandes deacutecisions
3623 Lappariement
Dans un village ou un quartier les lutteurs se regroupent en lang
(eacutequipe) et jamais deux lutteurs de mecircme lang ne se rencontrent lors
du lamb
L appariement s~ fait librement entre lutteurs de lang diffeacuterents l1hs
une regravegle veut ~uavant de lutter avec le Mbeur Kanur de tel lang si
on est soukh (l~tteur pas encore confirmeacute) il est neacutecessaire de lutter
dabord avec ses soukh et ce nest quapregraves les avoir terrasseacutes tous
quon se voit octroyer la chance de lutter contre lui
Notons que la cateacutegorisation des lutteurs par poids nest jamais prise
en consideacuteration
3624 La tenue du lutteur ou NGIMBE
Le middotNGimbe est confectionneacute par le marabout de la famille ou du clan Il
est constituecirc de pagnes en coton tisseacute geacuteneacuteralement offerts par la megravere ou
la grand-megravere du lutteur ceci lors des organisations de ~rande Tportance
COrlune lef 1amb Dans le cadre des l-bapatt les pagnes sont C tErts peumlr
~~~rcfcis ct ffi~mc aujourdhui d218 cErtaInes fa~ille5 on devj~Gr
luttEur de pegravere en fils et dans ce cas h 1
gimbell du pEgravere Est recircr i tEacute
par le fils Le fait de porter le lI~gimbe agravee ses aiumleux peut susciter
cne~ le jeune lutteur une motivation et une volontecirc in~branlable rlasshy
surer 12 supeacuterioritEacute cis SIcirct-ns dallS
le xgimbe de la famille ne touche pas le sable
La tenue du lutteur a une signification et une importance sur le plan
mystique car selon les anciens le vrai feacutetiche du lutteur celui qui
le proteacutegera agrave vaincre le Djinneacute ou le Rap de ladversaire se trouve
cacheacute dans ce Ngimbe Celui qui confectionne-le Ngimbe est doueacute de
faculteacutes occultes
~~r~i~rg Il est assureacute par un sage du village qui geacuteneacuteralement fut
championde lutte de son temps Dailleurs cet ancien nintervient que
si le terrassement est litigieux
Hormis le public qui proclame la victoire ou le match nul le lutteur
lui-mecircme est arbitre et il arrive quil se deacuteclare vaincu ~ous
pouvons citer comme exemple Meacutedoune KHOULE un des plus grands lutteurs
seacuteneacutegalais qui a donneacute une victoire agrave Djeacuteri SADIO son adversaire qui a
reacuteussi agrave lui faire toucher le sol de la main
Il Y a terrassement quand le lutteur se retrouve
- assis sur le sol
- eacutetaleacute sur le dos
eacutetaleacute sur le cocircteacute
les deux genoux au sol
- les deux ma~ns au sol
la tecircte (front au sol agrave la suite dune brouette)
Il peut y aVOIr match nul si apregraves li1 temps ccmsideacuterable les lutteurs
SE sont ~ ivrEacutes respectivement agrave des assauts rEacutepEacutetEacutes et n arrivEt pas a
3265 L~ precircparation mystique
Il faut reconnattre quon ne peut parler de lutte en milieu wolof sans
envisager une preacuteparation mystique seacuterieuse Co~~e ~ous lEvans vu a~teacute-
1middot ~ d ~ ~rlturenent t0utes es actlvmiddotltesmiddot u W010 sont lles a SeS croyances
- la lutte ne concerne pas seule~ent deux acteurs se livrant faruumlucheshy
ment agrave un combat au milieu de laregravene mais eacutegalement les marabouts et les
feacutetichistes du village ou du clan qui doivent deacutefendre leur savoir et
leur prestige Avant le combat le lutteur doit se livrer agrave un certain
nombre de preacuteparations mystiques pour assurer sa victoire Aussi sommesshy
nous appeleacutes agrave parler de BACK (cest le chant et la danse du lutteur)
- le batteur de tam-tam compose un rythme en fonction du Galagne ou du
Senghor (gds-gris) du lutteur Chaque galagne sera choisi en fonction
du Rap ou du Djinneacute correspondant au Totem du lutteur
Le chant geacuterleacuterique Feinte woy veut dire litteacuteralement composer un 1
chant Ce chant est geacuteneacuteralement composeacute par les filles du viilage du
champion ou par un griot de sa communauteacute Et agrave travers ce chrnt on
arrive agrave toucher la corde sensible du lutteur en chantant lesl innombrables 1
victoires de ses ancecirctres ou en lui rappelant ses prouesses eacuteblatantes 1
Chaque lutteur doit avoir un chant et un back qui lui sont propres
327 Le reacutepertoire technique et les caracteacuteristiques physiques dulutteur wolof
Le lutteur wolof est geacuteneacuteralement moyen de taille la musculagraveture est
tregraves saillante ce qui fait ressortir un aspect tregraves athleacutetique ceci
est vrai sans exception pour le lutteur leacutebou mais il arrive que le Cacircyoshy
rien le baol-baol le walo-walo soient de grands gabarits de forte constishy
tution
CepEndant pour une meilleure compreacutehension du sujet nous pouvons eacutetudiEr
deux jroups d lut teurs qui vont deacuteterminer deux st yI e s de lut tes
- ~ t
les tc~tativ~s de~[reacutee e~ ramassement de jambes de la~v~sairL Ce~~
peut Ecirctre expliqueacute par le fait que les lutteurs leacutebou ou walo-walc qui
sont des pecirccheursadoptent cette garde tasseacutee du fait quils so~t tou-
jours pencheacutes en tirant le fil ou en poussant la plrogue On verra techrugravequeacutes dt cirr 2C ~lt 5Jllicitocirct
surLuumlut les membres supeacuterieurs
Le cayorien et le baol-baol par contre sont les plus grands cultivateurs
darachide chez eux les techniques de lutte sont plus varieacutees et la
garde est moins renfermeacutee Les lutteurs cayorien et baol-baol ont une
morphologie et une reacutepartition musculaire bien eacutequilibreacutee ils excellent
dans les techniques en deacutecalage les techniques de jambe et surtout les
techniques de riposte ougrave lon peut voir des prises de hancheacute tregraves amples
Dune maniegravere geacuteneacuterale on peut dire que le lutteur wolof est un fin
technicien qui sait surtout creacuteer les opportuniteacutes e~ avec sa rapiditeacute
utiliser la force de ladversaire pour le deacuteseacutequilibrer le noodju
le mbas le weacuteheacuteleacute et le rasu sont des techniques propres au lutteur
wolof
En deacutefense il utilise surtout des kl~klets ou gal-gal Notons que
le balancement des bras ou Lewato e$t tregraves marqueacute dans la lutte wolof
TABLEAU RECAPITULATIF DES COMPOSANTES TECHNIQUES
( 1 )
1 SOUS-GROUPES GARDES CONTROLES FORHES DE CORPS l
Walo-walo Basse de jambe Arracheacute l l10yenne de Ngimbe et i
Leacutebou Tasseacutee et saisies annexesj Deacutecalage 1 1 distante de bras de tecirct1
j de bras Deacutecalaeuro
~-----------------~-
- ~ ~- shy - ~ ~ bull L _ _ bull
Profil psyc~~iqUE du lutteu- et son comporterent dars l 2regravere
La preacuteparation mystique dans laregravene est plus marqueacutee chez les wolofs
que ChE~ les autres ethnies En effet on verra de grands champions
preliGrE plusiEurs heures pour Enduire leur corps de cll2badep ou ci
rmiddot- ~ a la proprieacuteteacute de proteacuteger li1egraveividu J
les mauvais sorts) Cest dailleurs un aspect dt la luttE qui iJcsc
des problegraveJles
Le lutteur wolof est tregraves superstitieux et la peacuteriode de preacuteparation
est capitale pour lui car elle permet non seulement de rendre
hommage aux ancecirctres mais aussi dintimider son adversaire Cest
geacuteneacuteralement un lutteur agressif combatif et teacutemeacuteraire Il se fait
souvent remarquer par son esprit dentreprise Mais cette fougue dans
le combat lamegravene parfois bien que ce soit regrettable agrave oublier les
usages et les normes Ce manque de maicirctrise de soi peut faire croire
que le lutteur wolof manque de fair-play ce qui nest pas toujours le
cas
~A~Ugrave~ t 4AA CbUrs k LA ucirctotve f~tPle Sesect prores mou W ~ lesquelles vont se couler les comporteme~ts individuels qui sont ainsi
monteacutes par et pour lautoriteacute sociale
Les faccedilons de boire de marcher ou de sasseoir se manifestent indivishy
duellement dans le corps de chaque personne ces habitus sont cependant
des montages sociaux lieacutes agrave des significationssymboliques variables
dailleurs selon la position sociale occupeacutee par chaque sujet Ces modes
dagir se rangent dans un systegraveme de montages symboliques et lindivishy
du les apprend de la socieacuteteacute dont il fait partie agrave la place quil occupe
Lhabitus est un montage social agrave la valeur symbolique deacutependant des pheacuteshy
nomegravenes deacuteducation et de prestige et lieacute agrave la position sociale du sujet
Cette penseacutee sonne de faccedilon eacutetonamment moderne
Pierre BOURDIEU qui dans une perspective a approfondi le contenue de la
notion en le reportant aux oppositions entre classes et fractions sociales
Il deacutefinit lhabitus comme un systegraveme de dispositions durables acquis au
cours dune histoire personnelle dans une milieu social donneacute systegraveme qui
engendre ensuite des pra~iques socialement deacutetermineacutees faccedilons de manger
de parler ou de marcher comportements de politesse contenu des preacutefeacuterencel
et des deacutegoOts bullbullbull lhabitus est le produit de conditions eacuteconomiques et
sociales Lauteur rattache directement la formation de lhabitus dun
individu agrave la trajectoire parcourue par celui-ci dans sa classe dapparteshy
nance il deacutefend lideacutee dun habitus de classe qui deacutefinit le sens confeacuteshy
reacute agrave la pratique sportive les profits qui en sont attendus
Ce dernier serait lui-m~me lieacute agrave un systegraveme de valeurs ou ETHOS de classe
prenant sens au sein doppositions distinctives entre classes sociales
De sorte lhabitus fonctionne comme un systegraveme dt- regravegles inteacuterioriseacutees
souvent informuleacutees permettant ou non agrave lagent de sadapter dembleacutee aux
multiples pratiques de la vie quotidienne et de la vie sportive il est agrave
lorigine des schegravemes de transcription qui favorisent les ajustements aux
situations corporelles nouvelles (1)
t ~
(1) P~IE11D dwi6Han ISpoy-l et sodeacutebi Approche Bocio-culturelle des pratiques P~tis Vigot 1981 page 81
33
331 Preacutesentation
Les Seacuteregravere auraient pour origine le Fouta Toro quils auraient quitteacute
vers le Xllegrave siegravecle pour fuir lislamisation de cette reacutegioD par lempire
dJ Xali (ils seraient donc apparEnt~s aux Peul et Toucouleur ) Ils
auraient trouveacute dans la rEacutegion du Sine les Sosseacute dorigine manding avec
lesquels ils salliegraverent
Au XVegrave siegravecle une autre immigrationSos~ conqueacuterante cette fois-ci
apporta son organisation eacutetatique Ils se divisegraverent en deux monarchies
deacutemocratiques lune seacutetablit au Sine et lautre au Saloum Les Sosseacute
conqueacuterants constituaient lautocratie appeleacutee Guelowar
La royauteacute seacuteregravere eacutetait laiumlque Les premiers souverains durent secouer
la tutelle des Toucouleur et progressivement arrivegraverent agrave unifier lethshy
nie des seacuteregravere etdea Sosseacute Les deux royauteacutes eacutetaient organiseacutees selon
acirces modegraveles tregraves deacutemocratiques Le souverain deacutependait dune assembleacutee
de ministres et de chefs locaux qui assuraient ladministration centrale
et reacutegionale())
Aujourdhui lethnie seacuteregravere repreacutesente 20 de la population seacuteneacutegalaise
Ils sont reacutepartis sur presque toute leacutetendue du territoire notamment
dans le Baol la reacutegion du Sine-Saloum et la reacutegion de Thiegraves
Signalons quil existe plusieurs sous-groupes dans lethnie ainsi on
trouvera
- dans la reacutegion de Thiegraves les Ndut les Safegravene et les None
- dans le Sine-Saloum les Sine-sine et les Saloum-salouIT
On trouvera vers foundioune et agrave Nioro du cocircteacute de la Gambie les
Niominka (pecirccheurs) Cest une portion tregraves mandinguiseacutee
( 1
Le rattache~2~t d~ to~s ccs sous-groupes pose problecircme ~25 0~ r0~V~
uc grande partie de traits COITul1uns dans leurs modes dE vie Ct pOUT phs
de faciliteacute nous allons essayer de faire une ~tude globale de la lutte
traditionnelle seacuterecircre Lactiviteacute socio-eacuteconomique qui est essentielleme~t
agro-pasorale caracteacuterisE leacutethnie seacuteregravere
332 Lecircducation les moeurs les croyances et pratiques sEr~rc
Chez les Seacuteregravere la vie humaine se deacuteroule selon les grandes eacutetapes
le baptecircme lenfance ladolescencemarqueacutee par la circoncision lsectge
adulte le mariage la vieillesse et la mort (funeacuterailles)
La vie de la communauteacute seacuteregravere reste une des plus originales sinon
celle qui de nos jours garde la presque totaliteacute des pratiques et
habitudes traditionnelles
Bien qu aujotltdhui con~r-tis aux religions chreacutetienne et musulmane les
Seacuteregravere conservent leurs croyances et pratiques animistes
Quelque soit leur degreacute dadheacutesion aux religions reacuteveacuteleacutees les Seacuteregravere
croient en un Dieu puissant et miseacutericordieux Rog Segravene et les hommes
Les ~angols sont repreacutesenteacutes mateacuteriellement dans tous les villages
seacuteregraveres par des arbres (baobab et tamariniers) des animaux (geacuteneacuteraleshy
ment serpent doreacute ou iguane) des ustensiles (pilon calebasse et mortier)
De nombreux teacutemoignages nous apprennent que certains totems (serpent
iguane) font leur apparicion agrave loccasion de certaines manifestations
rituelles comme les sacrifices ceacuteleacutebreacutes lors dun mariage de ceacutereacutemonies
mortuaires ou des circoncisions
Le Seacuteregravere comme il nous a eacuteteacute donneacute loccasion de le dire plus haut
preacutesente des speacutecificiteacutes authentiques aussi bien en tout ce qui touch~
son eacuteducation ses croyanCES et pratiques mystiques q~e ses activiteacute~
socio-ecirccc~omiquEs Apr~s a ~aissa~c~ le beurob~ ~~ pcs~ 5~~ lE S~ __
On lui mouille les l~vres avec un peu d~ lait de mil et apr~s U~ bain
purificateur on versera leau dans un trou cr~us~ derri~r~ la Camp~~
Pendant huit jours la megravere et lenfant sont cacheacutes dans la case car
selon les anciens ils sont tregraves vulneacuterables La case deacutens certains cas
est entoureacutee dun fil blanc et lon place sur le seuil des fais(cauy di
veacutegeacutetaux pour chasser les mauvais esprits (geacutenies malfaisants et illangeUY~
dacircmes) Au bout du huitiegraveme jour la megravere et lenfant peuvent sortir de
la case bull
bullbullbull Le matin du huitiegraveme jour la tante paternelle va chercher de leau
(plusieurs fois)t elle doit rester muette pendant ses alleacutees et venues
si elle parlait t lenfant pourrait ecirctre muet bullbullbull
La megravere et lenfant prennent un bain purificateur dans lequel sont
trempeacutees certaines plantes (ce sont des veacutegeacutetaux pr~tecteurs tels le
begravene le yag le ngud) On y lavera aussi le linge e1t les ustensiles utishyj
liseacutes pendant les huit jours qui viennet de seacutecoul~r On rase le crine
de lenfant Les cheveux sont donneacutes agrave la megravere qui ~s enterrera avec le
reste du cordon ombilical dans un endroit que11e esit seule agrave connattre
La megravere sassied sur une natte devant la maison Une femme igeacutee de la
famille prend le beacutebeacute dans ses bras et le preacutesente aux quatre coins de
lhorizon
La tante paternelle tient ensuite un van sur la tecircte de la megravere on y
verse le mil on y verse eacutegalement en abondance sur la megravere et sur
lenfant La tante oint ensuite le corps du beacutebeacute avec du lait e11e
touche en particulier le front t le nez la bouche la poitrine le dos
et les oreilles
Elle pose enfin un ~rain de sel dans la paume du beacutebeacute (le sel purifie
et deacutetruit les puissances mauvaises)
Apregraves un nouveau bain la megravere et lenfant revEcirctent des habits de fecircte
(est
lenfant Ce precircnore a toujours U~ SEns Il sy~bolise parfois C0 qUi
lOIl sounaitt agrave lEufant l)
La circoncision comme dans les autres ethnies est obligatoire Elle
permet au jeune adolescent dacceacuteder agrave la classe adulte Les jeunes
sont regroupes en classe dacircge dans le bois ougrave sc fait la r0tr~it0 des
circoncis et ceci pendant plusieurs mois
Le Selbeacute qui est geacuteneacuteralement un ancien craint de tous les eacutelegraveves
enseigne le respect de la hieacuterarchie la discreacutetion le goOt de linishy
tiative Les activiteacutes physiques et leacuteducation artistique ne sont pas
en reste la deacutecoration la sculpture la lutte et la danse A sa sortie
du bois linitieacute appartient deacutesormais agrave la classe des virils et des
sages du clan car on lui aura enseigneacute les vertus fondamentales que
sont la justice lhonneur lamour du prochain 1 amour du travail
lhonnecircteteacute et surtout le respect des coutumes ancestrales
Le rite du mariage esd aussi un fait tregraves important dans le monde 1
seacuteregravere mais par manq~e dinformation nous serons obligeacutes de nous en
tenir lagrave
333 Impact des ethos sur la lutte dans le monde seacuteregravere
Lorigine de la lutte seacuteregravere ne semble pas claire ma1S nous pouvons
dire quil existait deux formes de lutte comme chez les Wolofs une
lutte sans frappe et une lutte avec frappe Et cest cette derniegravere
qui peut-ecirctre nous ameacutenerait agrave croire que la lutte seacuteregravere aurait une
origine plus preacuteciseacutement guerriegravere
Aujourdhui la lutte est uniquement une activiteacute sportive agrave travers
laquelle le jeune seacuteregravere eacutevalue sa force son courage et SOn ingeacutenioshy
siteacute Cest une occasion de deacutefendre lhonneur de son village ou de
la corrnnunauteacute
La luttE ~5t avant tout u~e rnanifcs[dtic~ c~lturclie et surtout
fo lkhriqut-
Gracircce agrave elle on peut deacutesormais comprendre un certain nombre de chants
et de symboles A travers la lutte seacuteregravere on ccedilomprend les inter-relashy
tions entreacute la vie et le monde surntiturel
Sil devait y avoir la mort dun villageacuteois pendant la fecirctE au T qUE
de linterrompre on proceacutedait gracircce aux connaissances magico-religieuses
agrave la suspension de la mort jusquagrave une peacuteriode ougrave la population sera plus
disponible pour organiser des funeacuterailles sil y eacutetait preacutedit la possibishy
liteacute dune deacutefait du champion local au profit dun champion dun autre
village des recettes dordre maginque et religieux eacutetaient mises en prashy
tique afin que le champion du village ne soit jamais terrasseacute(J)
334 Le profil du lutteur seacuteregraver~
Le lutteur seacuteregravere est par essence un athlegravete impressionnant de par sa i
carrure et sa musculature saillante mais cest aussi une force tranquille
et calme quelque soit lenjeu du combagravet et particuliegraverement lhonneur
Cet aspect nous pousse agrave parler du NGiMBE cest-agrave-dire de la tenue du
lutteur qui va influencer sur sa faccedilon de lutter
La confection du Ngimbe revient agrave la communauteacute entiegravere Le Ngimbe a
une signification symbolique et le lutteur pour meacuteriter la confiance du
groupe se doit de tout faire pour ne pas toucher le sol Toute la commushy
nauteacute elle aussi sengage pour assurer la longeacuteviteacute et le succegraves du lutteur
dans laregravene par lorganisation droffrandes et de sacrifices en lhonneur
des Pangols bull
bull
Daucuns nheacutesitent pas agrave dire que lessentiel du mysticisme se fait agrave
la maison et non dans laregravene tout le reste nest quintimidation de
ladversaire
lsvcns
Tt- pi ~- t
t 1 ~ l _ ~ t
par rapport agrave lautre Cbci est trEgraves lieacute agrave lactiviteacute journaliegravere du
jeune seacuteregravere qui est un cultivateur donc toujours bien planteacute sur ses
jambes et qui continuellement manie lhiler
Le fait de couper le boi~ peut eacutegalement constituer un moyen de muscushy
lation non neacutegligeable pour le jeune lutteur
Un certain nombre de traits techniques speacutecifiques au lutteur seacuteregravere
semblent ressortir des diffeacuterentes interviews que nous aVOns fait subir
agrave certains lutteurs seacuteregraveres et agrave diffeacuterents techniciens
SOUS-GROUPES FORMES DU CORPS CONTROLES GARDES
SAFEN Moyenne en fente NONE Hancheacute Bras (distante) j
NDUTJ
f
SINE-SINE Deacutecalage Ngimbe
Moyenne
SALOUM-SALOUM Passage- Jambe (rapprocheacutee) 1
i
PETITE dessous Tecircte Basse et 1
COTE Moyenne (rapprocheacutee)
Notons que le Niominka ll commence agrave lutter agrave partir du sol pour avoir
assez deacutelan et sauter sur ladversaire afin davoir la prise du lion
(contr6le de la nuque et du bassin)
Co a -tem-nt ccedilt attitude du lutteur sEacuteregravere335 np -1t ~
Les croyances mystiques sont indissociables des activiteacutes quotidiennes
duseacuteregravere Ce qui explique le cocircteacute supersticieux du lutteur seacuteregravere En
~ffet certains lutteurs refusent de lutter avant certaines heures
Certains teacutemoignages nous apprennent quil nest pas donneacute agrave tout le
monde decirctre champion de lutte et que le lutteur doit avoir des dons
surnaturels pour ecirctre agrave mesure de livrer ses combats dans la nuit
et trouver seul un gris-gris speacutecial appeleacute Njatch
Le vrai champion de lutte chez les seacuteregraveres ne lutte pas seulement avec
~a force et sa technique mais surtout avec ses dons occultes
Chez les seacuteregraveres les morts sont toujours preacutesents et les ~pangols
Servent dintermeacutediaire entre les hommes et les morts Le pangol prend i
le nom dhumain dans certains villages (IIHeacuteJga NDONG Har Wag NGOUYE) i 1
De ce fait on verra le lutteur danser dufe maniegravere ou dune autre en
fonction du pangol de sa famille Ainsi nrus aurons le back (chant et
danse du lutteur) des DIOUF des FAYE etclbullbullbull
Dans laregravene le lutteur seacuteregravere a un comportement exemplaire aussi bien
agrave leacutegard de son adversaire direct quave~ le public en geacuteneacuteral Lexpli shy
cation semble tenir au fait que le lutteur seacuteregravere est avant tout selon
la tradition orale le repreacutesentant de toute la communauteacute seacuteregravere Par
conseacutequent il devra saffirmer non seulement en tant que lutteur dans
laregravene mais aussi en tant quentiteacute morale
336 La tenue du lutteur ou NGIMBE est confectionneacutee par le marabout de la
famille ou du clan Le Ngimbe est constitueacute de pagne en cCton tisseacute
Il doit ecirctre propre le lutteur qui le porte ne devra pas avoir de rapshy
port sexuel pendant toute la peacuteriode des cOTpeacutetitians car le Ngi~bE ne
doit pas ~tre souilleacute
Autrefois et mecircme aujourdthui dans certaines familles on devient
lutteur de pegravere en fils et dans ce cas le Ngimbe du pegravere est heacuteriteacute
par le fils Le fait de porter le Ngimbe de ses aieux peut susciter
chez le jeune lutteur une motivation et une volonteacute ineacutebranlable dtasshy
surer la supeacuterioriteacute d~s siens dans ltaregravene Il fera tout pour que le
Ngimbe de la ramille ne touche le sable
La tenue du lutteur a une signification et une importance sur le plan
mystique car selon les anciens le vra1 feacutetiche du lutteur celui qui
le proteacutegera et laidera agrave vaincre le nDjinne ou le tRapu de ladvershy
saire se trouve cacheacute dans ce Ngimbeu bull Celui qui confectionne donc le
Ngimbe U est doueacute de faculteacutes occultes
337 Larbitrase est assureacute par un sage du village qui geacuteneacuteralement fut
champion de lutte de son temps Dailleurs cet ancien nintervient que
si le terrassement est litigieux Hormis le public qui proclame la vicshy
toire ou le match nul le lutteur lui-mecircme est arbitre et il arrive
quil se deacuteclare vaincu
Nous avons pu cfter Meacutedoune KHOULE un desplus grands lutteurs seacuteneacutegashy
lais qui a donn~ une victoire agrave Djeacuteri SADIO son adversaire qui a reacuteussi
agrave lui faire touegraveher le sol de la main
IlL
34 1 Preacutesentation
Lethnie toucouleur vit En grandt partit ciE~~ la vallfc du S~~~gal
pt reprecircsente i peu pr~s 8 de la population totale secircn~galaise
o Histoire
Il semblerait que dans lancien royaume du Tekrour (IX~ siegravecle) des
eacuteleacutements neacutegroiumldes Sarakoleacute et des Peul aient formEacute par meacutetissage le
peuple Toucouleur (Toucouleur serait dailleurs une deacuteformation du
mot portugais Tacouror)
Ce empire a domineacute aussi bien les wolofs de lOuest que les Peul
nomades du Fouta Toro Cette reacutegion fut le premier pays islamiseacute par
les Almoravides ce qui peut expliquer le proseacutelytisme toucouleur
Ce sont les guerriers toucouleur islamiseacutes qui attaqu~rent avec les
Almoravides la capitale du Ghana Koumbi en 1067 On convertit par
la force les animistes Cest sans doute agrave cette eacutepoque que de nombreuses
ethnies reacutefractaires agrave lIslam ont dO accentuer leur migration vers
le sud (Seacuteregravere wolof Sarakoleacute Bambara Songhaiuml Akan et Peul se reacuteshy
fugiaient vers les hauteurs du Fouta Djalon)
Au XIXegrave siegravecle les Toucouleur allaient trouver en El Hadj Omar Tall
un grand conqueacuterent qui sous le preacutetexte religieux de la gJerre sainte
contre les tribus animistes (entre autres Bambara) eacutetendit lempire
toucouleur sur presque tout lensemble du gali et la partie de la Guineacutee
proche du l1ali
Lempire toucouleur composeacute de Sarakoleacute de Bambar~ de ~alinkeacute de
Xassonkeacute dE Peul et de Dogon eut le meurorit~ dunir CES diif~rentes ~ ~ - - - - - et~ics ~t dE CD~stituer l~Sl la b2S~ ~r 1
_ ~ ~ ~_ L ~
~ ~- ~- - - ---- _ 1 v _ t 1 ~-_ --
marabout tOL~culcuuml~ ~ middotlrrany a l ick SI venu des E1i rClS dE Pocior~ (
~ Vi~ euroconomicue et sociale -----------~-------------
Les Toucouleur sont des cultivateurs mais bien quils n~ soie~t pa~
pasteurs comrre les Peul leacutelevage a une place inportarteacute decirc1S ltur
eacutecono~ie Pour faciliter leur conquecircte guerriegraverE ils c~t Eucirc une preacuteshy
dilection pour leacutelevage des chevaux On y trouve aussi des pecirccheurs
appeleacutes Tchioubalo La socieacuteteacute toucouleur aurait une stratification
sociale tregraves rigide Les groupes ethniques et les castes eacutetaient
diffeacuterencieacutes et strictement exogamiques les Rimbe classe des nobles
comprenant la famille reacutegnante et les guerriers libres la classe des
Nieacutenieacutebegens de castes artisanales i les Rimaibeacute anciens esclaves
devenus serviteurs qui portent les noms de famille de leur maicirctres A
la base de lorganisation de la collectiviteacute toucouleur se situe le
village (Wouro)
Toutes ces castes sont cloisonneacutees entre elle~ Ainsi il nest pas
permis agrave un Torodo (noble) de se marier avec un Tchioubalo Ces
consideacuterations sont importantes dans le domaine de la lutte ougrave nous
apercevrons que les nobles ne sont pas faits pour lutter Le noble
preacutesidera les seacuteances de lutte et on luttera pour lui Ces condeacute rat ions
de noblesse et de rang social sont extrecircmement importantes dans le
monde toucouleur
Le noble ne doit pas se salir on lutte pour lui il ne vit la lutte
quen tant que spectateur
342 Education moeurs croyances et eratiques religieuses
Deux formes d~ducation sont agrave consideacuterer leacutedJcatio~ dES enfarts Et
celle des adultes
oG lenfant sait m2n~~r et apprfcier le goOt d~5 ~iifeurorents r~pas lt
le moment ougrave il CO~~e~CE agrave marcher
tivirt n~sormais le petit toucou]eur est eacuteduquf par toutmiddot 12 f2~i)]E
dabord puis par toutes lespersc~nes du village ou du C13~
Lenfant peut ~tre corrigeacute par tout adulte appartenant au groupe social
Son eacuteducation est deacutesormais laffaire de toute la communauteacute et non
exclusivement celle ces parents On linitie ainsi au travail quotidien
qui se fait dans la bergel~ e les champs et les bords du fleuve Au sein
du village il pourra apprendre agrave filer la laine et agrave tisser des pagnes
dans les champs il apprend agrave manier la houe et lhiler pour la culture
du riz et du mil Mais signalons que lactiviteacute essentielle du toucouleur
est leacutelevage des boeufs des moutons et des chegravevres Chez les Ichioushy
balos (p~cheurs ) lenfant sera initieacute tregraves tat au maniement des pagaies
agrave la p~che propremccedilnt dite et agrave la nage
Vers cinq-six ans lenfant est confieacute au maicirctre coranique le Ihierno
et ce dernier dispose exclusivement de toute sa vie Lavenir du jeune
enfant lui appartient
Comme dans les autres groupes ethniques les enfants sont regroupeacutes en
classe dacircge et cest dans cette structure que lenfant subit les rite
de passe et plus particuliegraverement celui de la circoncision
La circoncision est non seulement unE opeacuteration chirurgicale malS surshy
tout une peacuteriode au cours de laquelle le jeune garccedilon passe de leacutetat
dadolescent agrave leacutetat dadulte Les circoncis sont reacuteunis en classe
dacircge dans un endroit situeacute hors duvillage geacuteneacuteralement choisi par les
vieux Cet endroit n~st accessible que par des individus de SExe ffi8SCUshy
li~ ~ta~t au preacutealabl circoncis
- - - -
quable et complet sur le plan phy~ique et ~oral Ai~si liniti~
acquiert les qualitecircs indispensables que sont le courag~ la modest
lesprit de sacrifice lendurance
Le toucoule~r est un pleux musulma~ Cela sexp1
SOil le premier agrave tre en contact avec la religion musulmane de par sa
position frontaliegravere Lethnie toucouleur de par son histoire a preacutesenteacute
les plus grands chefs militaires et religieux musulmans seacuteneacutegalais Et
pour illustrer cela on peut citer en exemple la grande famille musulmane
des SY agrave TIVAOUANE repreacutesentant la confreacuterie des TIDJANES
Bien que lon note une majoriteacute musulmane on peut dire que certaines
croyances et pratiques mystiques et animistes persistent encore surtout
dans la reacutegion du fleuve
Une pratique courante se fait elle sappelle le Djatt Elle consiste
agrave faire sortir le caiman du fleuve agrave limmobiliser et agrave lattacher
sans quil ne reacuteagisse et tout ceci agrave laide de versets et dincantashy
tions magiques Dapregraves les teacutemoignages ces pratiques sont plutocirct
freacutequentes chez les Tchioubalos (pecirccheurs) Il arrive aussi que cershy
tains chasseurs ayant des dons se livrent agrave certaines pratiques an1shy
mis tes qui consistent agrave invoquer certaines puissances et agrave moduler sous
forme de chant des versets occultes pour se proteacuteger des mauvais esprits
et pour eacuteloigner les fauves Ce chant est geacuteneacuteralement incompreacutehensible
et deacutenueacute de sens pour le profane
343 Activiteacutes ludiques et pratiques sportives en milieu toucouleur
Durant toute son histoire lethnie ~oucouleur a toujours EacutetEacute Frese~teacute~
comme celle qui avait ue activit essentiellement guerr e e~ particushy
liegraverement farouche Trois eacuteleacutements ret r t l ecirc t te nt i c- euro so~t
le manie~~nt du ~acircton 12 luttE Et 1eacute danSE
l
Lecircducation ph~sique et artistique Dcc~pe un place precircpondecircra~rp
dans la fDrmat~on du jEune toucouleur A loccasion agraveeacutevegravenemen~ imporshy
tants reacutecoltJs mariages baptecircme nous assistons agrave des manifestashy
tions folkloriques de grande envergure le Wango oucirc dailse toucouleur
tregraves gymnique iles chants et surtout les sEacuteances de lutte
La lutte toucouleur est la forme de lutte la plus spectaclaire dans
tout le territoire seacuteneacutegalais Elle est essentiellement baseacutee sur des
techniques en hancheacute et surtout en souplesse Ceci sexplique par le
fait q~e le jeune toucouleur est tregraves tocirct initieacute agrave la gymnastique (saut 1
per saut de main salto arriegravere saut de tecircte couronneacute etc bullbullbull ) pour
la dans~ du wa~go En dansant le wango qui est une danse rythmeacutee et
gymnique le Jeune toucou1eur est capable de prouesses extraordinaires
1
En lutte lattaquant se deacuteplace tregraves peu pour avoir une bonne saisie
(geacuteneacutera~ement controcircle du Ngimben ) et enchaine brusqueme~t avec une
attaque surpris~ Cependant les ripostes sont souvent surprenantes et
spectaculaires (baseacutees sur la souplesse et la rapiditeacute) ontrairement
aux autr~s form~s de luttes ougrave lon voyait tous les jeune adheacuterer la
lutte to~cou1eur Verra un groupe de speacutecialistes sadonne agrave la lutte 1
(la lutte est lieacutee agrave la position sociale de lindividu problegraveme de
caste)
Q La morphologie du lutteur toucou1eur 1
1 1
Ce dernier nest pas aussi large et aussi fort que les lutteurs diola
et seacuteregravere Cependant il est tregraves reacutesistant La musculatJre est saillante 1
et tregraves souple lindividu est longiligne mais tregraves athleacutetique
Les mouvements de lutteurs sont semblables agrave ceux dun grand fe1in Cette 1
morphologie semble ecirctre lieacutee agrave la position geacuteographique de lethnie
(reacutegion du fleuve) et agrave lacitiviteacute socio-eacuteconomique du toucouleur qui
est agrave la fois cultivateur (activiteacute lieacutee agrave la crue et deacutecrUE du fleuve)
pecirccheuro~T CIcr~icubaon) et sttout jEumlrgcr qui est U~ rc~2eumlr
shy
Deux formes egrave~ corps sembl~nt ecirctre preacutefeacutereacutees du lutteur toucouleur
le hancheacute et la souplesse Les hancheacutes sont faits agrave partir de plusieurs
positions de doset se terminent geacuteneacuteralement par des techniques de
tregraves grande amplitude
TABLEAU RECAPITULATIF DES TECHNIQUES ET FORMES DE CORPS SPECIFIQUES
i
L441 r
GARDE FORMES DU CORPS CONTROLES --shy - -
Moyenne Souplesse Ngimbe
Hancheacute bras
Demi-souplesse
1
Profil psycholosigue 1
TECHNIQUES
ContrOle du bassin et 12 souplesse
arriegravere
Klicket et allegravegement de la hanche
Le lutteur toucouleur est celui lUi se livre le moins aux preacuteparaqons
maraboutiques Cela est dO au f~t que le toucouleur est un grand ~USUlshyman et que les pratiques animisges ont presque disparu dans ce mil~eu
Dans la pratique le lutteur esJ combaif mais il est calme et tr~s reacutefleacutechi quant agrave la deacutecision agrave prendre en plein corps agrave corps ct~st un des seuls techniciens qui reJte tregraves lucide au cours de ses comb~ts
l Dans toutes les circonstances e lutteur toucouleur est tenu de re~pecshyter son adversaire et ceux de s4n eacutequipemecircme sil est vaincu
Comme nous avons dO nous en rendre compte la rigueur des principes
eacuteducationnels a une influence tregraves sensible sur l~ comportement du
toucouleur
i
III S COCL ~s 1DO
Dans cette partie nous avons essay~ de montrer lftroite re1atic~
Entre les diverses activiteacutes socio-eacuteconomiques dans les ethnies et
lES diffEacuterentes faccedilons de lutter
Daucuns seraient tent~s de conclure trop rapidement et cest p0~r
cette raison que nOUS avons penseacute preacuteciser que le pheacutenotype nest
pas geacuteneacuterateur du geacutenotype Et nous sommes convaincus que la morphoshy
logie et les techniques des lutteurs relegravevent de leurs modes de vie
et de leurs croyances agrave une eacutepoque et danE un contexte bien deacutetermishy
neacutes
Est-ce que les lutteurs dio1a ou seacuteregravere travaillant avec leurs bras
dans les champs auraient les mecircmes pr 0 fil s physiques que les lutteurs
utilisant des machines pour lagriculture
- 69 shy
I UJOURDH~1 E-S ut O[l LES FORfilS Ut LU11t~
~otons que notre enqu~te a ecirctE essentiellement faiteen milieu urbain
Les seacuteances de lutte ont tendance agrave perdre leur particulariteacute de r~shy
jouissance pour devenir des pheacutenomegravenes de sportisatio Deux fores
de luttes so~t principale~cnt prat s dans les aregrave~es du 5 al
la lutte traditiunnelle simple et la lutte traditionnelle avec frappe
De nos jours la lutte traditionnelle tend vers une reacuteglementation
et une institutionalisation
Le reacutesultat de nos investigations nous donne le tableau ci-dessous
REPARTITION ETHNIQUE SUR 100 PRATIQUANTS
LUTTE LUTTE RAPPORTETHNIES SANS FRAPPE AVEC FRAPPE J2
Diola 40 16 71 j
Seacuteregravere 26 21 57
Toucouleur 23 10 69
Wolof 1 1 53 17
La demande sociale par ordre deacutecroissant pour la lutte sans frappe
se preacutesente comrre suit
]0_ Ethnie diola avec pregraves de 3 lutteur~ sur 4
2deg_ Ethnie toucouleur
Ethri dun
~ 1 LA LUTTE TR])IIIO~~ELLE AVEC H-PPE
Cette forme deacute lutte a une histoire qui date de lantiquiteacute elle
sa~pelait le Pugilat Au Seacuteneacutegal elle a vu le jour dans le Cayor
bien avant la colonisation Le coup dE pied l~Lrdn~lement la morshy
sure la frappe et le doigtf eacutetaient permis dans le cc=bat ~ ~middot~p0~~e
Dans certains cas la giffle eacutetait beaucoup plus dangereuse que le
poing quand elle eacutetait donneacutee par un speacutecialiste Cette giffle pouvait
agrave elle seule deacutechirer et mecircme parfois amputer la joue de ladverser
Selon les informations la lutte avec frappede nos jours serait une
forme de lutte tregraves eupheacutemiseacutee de celle dantan ougrave une blessure
pouvait souvent ecirctre mortelle
Aujourdhui au niveau du folklore la lutte na plus la mecircme
le spectaculaire a remplaceacute le significatif iLa lutte avec frappe se 1
pratique surtout dans les centres urbains C~aque fois quun grand combat 1
est progra~eacute par le Comiteacute National Proviso~re (CNP) des centaines damashy
teurs sont mobiliseacutes vers le stade lba Mar D~OP qui est aujourdhui le i
lieu approprieacute ougrave se deacuteroulent les grands conkbats de lutte Cest la formE
de lutte qui semble drainer une foule de personnes beaucoup plus importante
que celle de la lutte simple
La lutte avec frappe deacuteriverait dune forme de lutte traditionnelle
pratiqueacutee jadis dans le Cayor au temps des Damels et la frappe serait
le substitut dun certain nombre de pratiques doigteacute jet de produits
etc bullbullbull dont le but eacutetait laveuglement de ladversaire La lutte avec
frappe serait une continuation logique dune carriegravere sportive de la
lutte traditionnelle qui sen sert comme moyen socio-eacuteconomique En
effet la majoriteacute des lutteurs avec frappe ont dabord eacuteteacute initieacutes agrave la
lutte simple Cependant il faut signaler que de nOS jours il arrive
que le jeune lutteur avec frappE- soit directenent formEacute conne speacutecialistE
agrave la frappe sa~s pour autant faire son chemin dabcrd egravea~s la lutte
- ~ shy
Le recircsultat dE ~os interviews ncus rec~trE qGune pcpulatiD~ divcrsishy
fiampe sint~resse agrave ce sport et qUE les intecircr~[s des uns et d~SlautrE~
semble~t divergents naucuns affirment que la lutte traditionnelle
avec frappe serait monteacutee par des personnes dont la vocation est dexshy
ploiter ce pheacuteLomegravene agrave des fins commerciales Dautres disent gJellegrave
jouit de mcyens irport~nts t[l[~isio
tation etc bullbullbull ) pour toucher toutes les couches sociales CEpe~~a~t
nous remarquons que mecircme si certaines personnes reprochent agrave cette
forme de lutte decirctre brutale ces mecircmes personnes nheacutesitent pas agrave
se rendre le dimanche agrave laregravene Bien que critiqueacutee elle semble ecirctre
adopteacutee par une tregraves grande partie de la population seacuteneacutegalaise Cepenshy
dant en tant que techniciens il nous est permis de faire une remarque
Il sagit de
- Limpression nette decirctre devant des professionnels de la frappe
qui sont ~ntratneacutes pour cela Dailleurs les propos que nous avons
recueilli~ nous prouvent que la plupart des champions de lutte avec 1
frappe s~ntratnent dans certains sports de combat tels ~ue la boxe i 1
le karateacute le judo Dans cette nouvelle forme de pratique de la lutte
contrairefuent agrave la lutte traditionnelle le technicien e~t souvent
perdant face au puncheur Ce dernier adopte une lutte agrave distance qui
lui permet de placer agrave bon escient ses coups animeacute du deacutesir de vaincre
Le technicien lui se voit contreacute dans toutes ses entreprises par
un uppercut ou un crochet
On peut dire cependant que nul sport au Seacuteneacutegal que la lutte tradishy
tionnelle avec frappe ne deacutechaicircne autant de passions et autant de
pheacutenomegravenes poussant agrave lexcegraves et deacutereacuteglements quon ne peut que deacuteplorer
Mais comment deacutecrier un spectacle de lutte qui bien quayant perdu la
presque totaliteacute des valeurs traditionnelles veacutehiculeacutees autrefois par
elle sait susciter une participation effective de tous ceux qui sont
preacutesents
CONCLUSION
Dans ce meacutemoire nous sommes efforceacutes ~e faire ressort ir limportance des
ethos et des habitus et leurs effets sur la pratique de la lutte tradishy
tionnelle au Seacuteneacutegal
L~b egravethos repr~sentent dune maniegravere g~neurorale tous les eacuteleacutements speacutec
fiques sux Seacuteneacutegalais par conampeacuteguent un systegraveme de valeurs traditionnellEs
Mais m~me si ces valeurs rev~tent une signification universelle (honneur
digniteacute courage etc bullbullbull ) il nen demeure pas moins que ce nest pas leur
nature qui fait leur speacutecificiteacute mais la hieacuterarchisation et limportance i
quon accorde agrave toutes ces valeurs de ~ar leacuteducation ou la culture
i 1
Aussi les valeurs traditionnelles puient leur speacutecificiteacute dans les
caracteacuteristiques propres aux eacuteleacutements ~e la socio-cu1ture (la technologie
et leacuteconomie la politique et la pareteacute la psychologie et lideacuteologie)
dans la socieacuteteacute seacuteneacutegalaise agrave n momen donneacute de son eacutevolution Cest i
dire la neacuteceesiteacute de ne point faire della valeur une reacutealiteacute statique
Cest dite aussi quagrave tout mome~t le ~eacuteneacutegalais peut eacutevoluer et creacuteer
ou vivre par conseacutequent de nouv~lles fprmes de valeur qui lui sont 1
propres ft (J)
La lutte traditionnelle veacutehiculant deS valeurs socio-cu1ture1les speacutecishy
fiquement seacuteneacutegalaises (croyances valeurs morales norme de comportement
opinion attitude bullbullbull ) devient un eacuteleacutement important qui tregraves certaiaement
nous aidera dans notre effort de valoriser et de peacuterenniser notre patri shy
moine culturel par le biais dactiviteacutes physiques et sportives
Leacutetude des habitus nous permet de prouver quil y a plusieurs faccedilons
de se mouvoir comme danser lutter bullbullbull qui varient avec les diffeacuterentes
ethnies (wolof toucouleur seacuteregravere diolagt leurs convenances et leurs
eacuteducations
(1) Revue Ethiopiques 31 Les valeurs traditionnelles et le problegraveme de leur inteacutegration dans les systegravemes modernes jtducatio-1 2 6r--70
nautre part cette eacutetude permet aussi de nous rendrE compte de la
correacutelatipn eacutetroite existant entre la pratique de la lutte traditionnelle
et le sta~ut socio-eacuteconomique du pratiquant
Nos inves~igations nous indiquent que la lutte recrute essentiellement
au niveau des classes socio-eacuteconomiques situeacutees en bas de leacutechelle
donc posseacutedant le statut social le moins favoriseacute La lutte avec frappe
-et un certain secteur commercialiseacute de la lutte simple- y trouve sa
leacutegitimiteacute Comme le dit BOURDIEU nA habitus diffeacuterents styles de Vle
divergents et il oppse les pratiques aristocpatiques correspondants agrave
des activiteacutes qui favorisent les situations eupheacutemiseacutees ougrave la stylisashy
tion est importante aux pratiques populaires qui font appel agrave des
qualiteacutes qpposeacutees bllutes rugueuses Certaines interviews nous
montrent que plus lindividu occupe une place eacuteleveacutee dans leacutechelle
sQciale e~ 1
moin$ il sinteacuteresse agrave la lutte
Les reacutesultats recueillis dans nos diverses investig~tions confirment 1 1
1er propos qui disent que nous assistons aujourdhu~ agrave une involution
de la lutte traditionnelle parce que perdant toutes ses speacutecificiteacutes au 1
pryfit d~ne autre forme de lutte que lon continue agrave appeler nostalshy
giqlementIIlutte traditionnelle
Ceci pourrait peut-~tre trouver une explication dan la citation suivante
La liberteacute de creacuteer dinnover de vivre Pleineinenf decirctre soi et de
preacuteserver son authenticiteacute la digniteacute et lhonneu1demeurent des illushy
sions dans la misegravere eacuteconomique~ Nos ancecirctres creacuteai~nt des valeurs de cishyl
vilisation parce quils eacutetaient libres parce qu1i~s ignoraient toute
deacutependance eacuteconomique ils cultivaient en eux et cbez leurs enfants le 1
Jorn et la Kersa et preacutefeacuteraient la mort agrave la hoJte lI (1)
Or le Seacuteneacutegal comme la plupart des pays africainsi est un pays sousshy
deacuteveloppeacute t cependant face agrave cette volonteacute du gou~ernement seacuteneacutegalais
de faire inteacutegrer dans leacuteducation des valeurs traditionnelles nous
pouvons espeacuterer utiliser comme moyen deacuteducation la lutteacute traditionnelle
qui reste quand mecircme vecteur jethos et dhabit~s
- 54 shy
Mecircme si lon a noteacute un appauvrissement notoire sur les plans socioshy
culturel et moral la lutte traditionnelle recegravele une gamme importante
et varieacutee de techniques permettant incontestablement une ouverture vers
les luttes olympiques libre et g~eacuteco-romaine
La lecture de ce meacutemoire permettra agrave lentratneur et au professeur de
lutte en fonction du lieu ougrave ils seront affecteacutes dans le territoire
seacuteneacutegalaisdavoir une information sur les techniques contrOles et
formes de corps propres agrave chaque groupe ethnique et de les mettre en
relation avec leurs croyances et leurs mentaliteacutes
Nous avons essayeacute de montrer que la pratique de la lutte traditionnelle
doit tre axeacutee sur une ethnomotriciteacute au Seacuteneacutegal qui permette une inishy
tiation facile Cette pratique de la lutte traditionnelle seacuteneacutegalaise
devra dailleurs essayer de ~eacutepondre aux aspirations du Seacuteneacutegalaisl
moderne en souvrant aux ap~orts positifs des autres civilisations
ex~eacuterieures nous voulons Jvidemment parler du judo et des luttes oiymshyJ
piques 1
1 j Nous navons pas la preacutetentfon dans le cadre de ce meacutemoire demattrise
de reacutepondre agrave toutes les qutstions se rattachant agrave leacutetude de ~a lutte
traditionnelle souslangle~socio-culturel car non seulement il nous
manque lexpeacuterience et la c peacutetence en la mati~re mais aussil l le temps
et les moyens dont nous dis osions ne nous permettaient pas d~puiser le 1sujet i
1 1 1 t 1
l
- )5 shy
BIBLIOGRAPHIE
BIBLIOGRAPHIE
1- CLAPAREDE Psychologie de leacuteducation et peacutedagogie expeacuterimentale
Edition Delachaux et Niestleacute 244 pages
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des pratiques Paris Vigot 1981 377 pages
3- PIERON Henri Vocabulaire de la psychologie
PUF Deuxiegraveme eacutedition 1957 469 pages
4- Revue socialiste de culture neacutegro-africaine ETHIOPIQUES
Les valeurs traditionnelles et le problegraveme de leur inteacutegration
dans les systegravemes modernes deacuteducation
GIA 21 Juillet 1982 213 pages
5- N2 Revue du Centre dEtudedes Civilisations DEM ak TEY
NIS IVegrave Trimestre 1982 96 pages
6- Document lNSEP Colloque sur la lutte aeacuteregravere
DAKAR MAI-JUIN 1980
t 1
~- Travaux du IVegrave Congregraves National ~es Sports agrave DAKAR les 2223041981
Bulletin n2 91 du CIO du 15 Aont 1965
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Etude et perspective
9- Meacutemoire Inspectorat JS DJITTE Mandy Les pratiques corporelles
traditionnelles au Seacuteneacutegal pour leur exploitation et leur
utilisation en peacutedagogie Marly le Roi 1980
REPUBLIQUE DU SENEGAL
--------------- INSTITUT NATIONAL SUPERIEUR
MINISTERE DE LA JEUNESSE DE LrsquoEDUCATION POPULAIRE
ET DES SPORTS ET DU SPORT
-------------
(INSEPS)
MEMOIRE DE MAIcircTRISE
Es-SCIENCES ET TECHNIQUES
DE LrsquoACTIVITE PHYSIQUE ET DU SPORT
LA LUTTE TRADITIONNELLE
son importance sa signification en fonction des ethos et des habitus ethniques au Seacuteneacutegal
Preacutesenteacute par
Monsieur Joseph Victor FAYE
Sous la direction de
M Jean Marc ROCHEZ
Professeur agrave lrsquoINSEPS
Anneacutee de soutenance 1984
326 Le 1
cest une organisation beaucoup plus importante que les I~apatts ~
loccasion de laquelle on peut voir plusieurs lutteurs de grande reDommfe
saffronteLLa fin dl lamb est toujours couronneacutee par une grand co~bat
duquel le vainqueur est sacreacute champion de la contrecirce
Le choix du lieu est lieacute agrave limportance de ce lieu dans le village cest
la place publique ougrave geacuteneacuteralement se passent toutes les manifestations
assembleacutee geacuteneacuterale sabar (danse) cest aussi lendroit ougrave sont prises
les grandes deacutecisions
3623 Lappariement
Dans un village ou un quartier les lutteurs se regroupent en lang
(eacutequipe) et jamais deux lutteurs de mecircme lang ne se rencontrent lors
du lamb
L appariement s~ fait librement entre lutteurs de lang diffeacuterents l1hs
une regravegle veut ~uavant de lutter avec le Mbeur Kanur de tel lang si
on est soukh (l~tteur pas encore confirmeacute) il est neacutecessaire de lutter
dabord avec ses soukh et ce nest quapregraves les avoir terrasseacutes tous
quon se voit octroyer la chance de lutter contre lui
Notons que la cateacutegorisation des lutteurs par poids nest jamais prise
en consideacuteration
3624 La tenue du lutteur ou NGIMBE
Le middotNGimbe est confectionneacute par le marabout de la famille ou du clan Il
est constituecirc de pagnes en coton tisseacute geacuteneacuteralement offerts par la megravere ou
la grand-megravere du lutteur ceci lors des organisations de ~rande Tportance
COrlune lef 1amb Dans le cadre des l-bapatt les pagnes sont C tErts peumlr
~~~rcfcis ct ffi~mc aujourdhui d218 cErtaInes fa~ille5 on devj~Gr
luttEur de pegravere en fils et dans ce cas h 1
gimbell du pEgravere Est recircr i tEacute
par le fils Le fait de porter le lI~gimbe agravee ses aiumleux peut susciter
cne~ le jeune lutteur une motivation et une volontecirc in~branlable rlasshy
surer 12 supeacuterioritEacute cis SIcirct-ns dallS
le xgimbe de la famille ne touche pas le sable
La tenue du lutteur a une signification et une importance sur le plan
mystique car selon les anciens le vrai feacutetiche du lutteur celui qui
le proteacutegera agrave vaincre le Djinneacute ou le Rap de ladversaire se trouve
cacheacute dans ce Ngimbe Celui qui confectionne-le Ngimbe est doueacute de
faculteacutes occultes
~~r~i~rg Il est assureacute par un sage du village qui geacuteneacuteralement fut
championde lutte de son temps Dailleurs cet ancien nintervient que
si le terrassement est litigieux
Hormis le public qui proclame la victoire ou le match nul le lutteur
lui-mecircme est arbitre et il arrive quil se deacuteclare vaincu ~ous
pouvons citer comme exemple Meacutedoune KHOULE un des plus grands lutteurs
seacuteneacutegalais qui a donneacute une victoire agrave Djeacuteri SADIO son adversaire qui a
reacuteussi agrave lui faire toucher le sol de la main
Il Y a terrassement quand le lutteur se retrouve
- assis sur le sol
- eacutetaleacute sur le dos
eacutetaleacute sur le cocircteacute
les deux genoux au sol
- les deux ma~ns au sol
la tecircte (front au sol agrave la suite dune brouette)
Il peut y aVOIr match nul si apregraves li1 temps ccmsideacuterable les lutteurs
SE sont ~ ivrEacutes respectivement agrave des assauts rEacutepEacutetEacutes et n arrivEt pas a
3265 L~ precircparation mystique
Il faut reconnattre quon ne peut parler de lutte en milieu wolof sans
envisager une preacuteparation mystique seacuterieuse Co~~e ~ous lEvans vu a~teacute-
1middot ~ d ~ ~rlturenent t0utes es actlvmiddotltesmiddot u W010 sont lles a SeS croyances
- la lutte ne concerne pas seule~ent deux acteurs se livrant faruumlucheshy
ment agrave un combat au milieu de laregravene mais eacutegalement les marabouts et les
feacutetichistes du village ou du clan qui doivent deacutefendre leur savoir et
leur prestige Avant le combat le lutteur doit se livrer agrave un certain
nombre de preacuteparations mystiques pour assurer sa victoire Aussi sommesshy
nous appeleacutes agrave parler de BACK (cest le chant et la danse du lutteur)
- le batteur de tam-tam compose un rythme en fonction du Galagne ou du
Senghor (gds-gris) du lutteur Chaque galagne sera choisi en fonction
du Rap ou du Djinneacute correspondant au Totem du lutteur
Le chant geacuterleacuterique Feinte woy veut dire litteacuteralement composer un 1
chant Ce chant est geacuteneacuteralement composeacute par les filles du viilage du
champion ou par un griot de sa communauteacute Et agrave travers ce chrnt on
arrive agrave toucher la corde sensible du lutteur en chantant lesl innombrables 1
victoires de ses ancecirctres ou en lui rappelant ses prouesses eacuteblatantes 1
Chaque lutteur doit avoir un chant et un back qui lui sont propres
327 Le reacutepertoire technique et les caracteacuteristiques physiques dulutteur wolof
Le lutteur wolof est geacuteneacuteralement moyen de taille la musculagraveture est
tregraves saillante ce qui fait ressortir un aspect tregraves athleacutetique ceci
est vrai sans exception pour le lutteur leacutebou mais il arrive que le Cacircyoshy
rien le baol-baol le walo-walo soient de grands gabarits de forte constishy
tution
CepEndant pour une meilleure compreacutehension du sujet nous pouvons eacutetudiEr
deux jroups d lut teurs qui vont deacuteterminer deux st yI e s de lut tes
- ~ t
les tc~tativ~s de~[reacutee e~ ramassement de jambes de la~v~sairL Ce~~
peut Ecirctre expliqueacute par le fait que les lutteurs leacutebou ou walo-walc qui
sont des pecirccheursadoptent cette garde tasseacutee du fait quils so~t tou-
jours pencheacutes en tirant le fil ou en poussant la plrogue On verra techrugravequeacutes dt cirr 2C ~lt 5Jllicitocirct
surLuumlut les membres supeacuterieurs
Le cayorien et le baol-baol par contre sont les plus grands cultivateurs
darachide chez eux les techniques de lutte sont plus varieacutees et la
garde est moins renfermeacutee Les lutteurs cayorien et baol-baol ont une
morphologie et une reacutepartition musculaire bien eacutequilibreacutee ils excellent
dans les techniques en deacutecalage les techniques de jambe et surtout les
techniques de riposte ougrave lon peut voir des prises de hancheacute tregraves amples
Dune maniegravere geacuteneacuterale on peut dire que le lutteur wolof est un fin
technicien qui sait surtout creacuteer les opportuniteacutes e~ avec sa rapiditeacute
utiliser la force de ladversaire pour le deacuteseacutequilibrer le noodju
le mbas le weacuteheacuteleacute et le rasu sont des techniques propres au lutteur
wolof
En deacutefense il utilise surtout des kl~klets ou gal-gal Notons que
le balancement des bras ou Lewato e$t tregraves marqueacute dans la lutte wolof
TABLEAU RECAPITULATIF DES COMPOSANTES TECHNIQUES
( 1 )
1 SOUS-GROUPES GARDES CONTROLES FORHES DE CORPS l
Walo-walo Basse de jambe Arracheacute l l10yenne de Ngimbe et i
Leacutebou Tasseacutee et saisies annexesj Deacutecalage 1 1 distante de bras de tecirct1
j de bras Deacutecalaeuro
~-----------------~-
- ~ ~- shy - ~ ~ bull L _ _ bull
Profil psyc~~iqUE du lutteu- et son comporterent dars l 2regravere
La preacuteparation mystique dans laregravene est plus marqueacutee chez les wolofs
que ChE~ les autres ethnies En effet on verra de grands champions
preliGrE plusiEurs heures pour Enduire leur corps de cll2badep ou ci
rmiddot- ~ a la proprieacuteteacute de proteacuteger li1egraveividu J
les mauvais sorts) Cest dailleurs un aspect dt la luttE qui iJcsc
des problegraveJles
Le lutteur wolof est tregraves superstitieux et la peacuteriode de preacuteparation
est capitale pour lui car elle permet non seulement de rendre
hommage aux ancecirctres mais aussi dintimider son adversaire Cest
geacuteneacuteralement un lutteur agressif combatif et teacutemeacuteraire Il se fait
souvent remarquer par son esprit dentreprise Mais cette fougue dans
le combat lamegravene parfois bien que ce soit regrettable agrave oublier les
usages et les normes Ce manque de maicirctrise de soi peut faire croire
que le lutteur wolof manque de fair-play ce qui nest pas toujours le
cas
~A~Ugrave~ t 4AA CbUrs k LA ucirctotve f~tPle Sesect prores mou W ~ lesquelles vont se couler les comporteme~ts individuels qui sont ainsi
monteacutes par et pour lautoriteacute sociale
Les faccedilons de boire de marcher ou de sasseoir se manifestent indivishy
duellement dans le corps de chaque personne ces habitus sont cependant
des montages sociaux lieacutes agrave des significationssymboliques variables
dailleurs selon la position sociale occupeacutee par chaque sujet Ces modes
dagir se rangent dans un systegraveme de montages symboliques et lindivishy
du les apprend de la socieacuteteacute dont il fait partie agrave la place quil occupe
Lhabitus est un montage social agrave la valeur symbolique deacutependant des pheacuteshy
nomegravenes deacuteducation et de prestige et lieacute agrave la position sociale du sujet
Cette penseacutee sonne de faccedilon eacutetonamment moderne
Pierre BOURDIEU qui dans une perspective a approfondi le contenue de la
notion en le reportant aux oppositions entre classes et fractions sociales
Il deacutefinit lhabitus comme un systegraveme de dispositions durables acquis au
cours dune histoire personnelle dans une milieu social donneacute systegraveme qui
engendre ensuite des pra~iques socialement deacutetermineacutees faccedilons de manger
de parler ou de marcher comportements de politesse contenu des preacutefeacuterencel
et des deacutegoOts bullbullbull lhabitus est le produit de conditions eacuteconomiques et
sociales Lauteur rattache directement la formation de lhabitus dun
individu agrave la trajectoire parcourue par celui-ci dans sa classe dapparteshy
nance il deacutefend lideacutee dun habitus de classe qui deacutefinit le sens confeacuteshy
reacute agrave la pratique sportive les profits qui en sont attendus
Ce dernier serait lui-m~me lieacute agrave un systegraveme de valeurs ou ETHOS de classe
prenant sens au sein doppositions distinctives entre classes sociales
De sorte lhabitus fonctionne comme un systegraveme dt- regravegles inteacuterioriseacutees
souvent informuleacutees permettant ou non agrave lagent de sadapter dembleacutee aux
multiples pratiques de la vie quotidienne et de la vie sportive il est agrave
lorigine des schegravemes de transcription qui favorisent les ajustements aux
situations corporelles nouvelles (1)
t ~
(1) P~IE11D dwi6Han ISpoy-l et sodeacutebi Approche Bocio-culturelle des pratiques P~tis Vigot 1981 page 81
33
331 Preacutesentation
Les Seacuteregravere auraient pour origine le Fouta Toro quils auraient quitteacute
vers le Xllegrave siegravecle pour fuir lislamisation de cette reacutegioD par lempire
dJ Xali (ils seraient donc apparEnt~s aux Peul et Toucouleur ) Ils
auraient trouveacute dans la rEacutegion du Sine les Sosseacute dorigine manding avec
lesquels ils salliegraverent
Au XVegrave siegravecle une autre immigrationSos~ conqueacuterante cette fois-ci
apporta son organisation eacutetatique Ils se divisegraverent en deux monarchies
deacutemocratiques lune seacutetablit au Sine et lautre au Saloum Les Sosseacute
conqueacuterants constituaient lautocratie appeleacutee Guelowar
La royauteacute seacuteregravere eacutetait laiumlque Les premiers souverains durent secouer
la tutelle des Toucouleur et progressivement arrivegraverent agrave unifier lethshy
nie des seacuteregravere etdea Sosseacute Les deux royauteacutes eacutetaient organiseacutees selon
acirces modegraveles tregraves deacutemocratiques Le souverain deacutependait dune assembleacutee
de ministres et de chefs locaux qui assuraient ladministration centrale
et reacutegionale())
Aujourdhui lethnie seacuteregravere repreacutesente 20 de la population seacuteneacutegalaise
Ils sont reacutepartis sur presque toute leacutetendue du territoire notamment
dans le Baol la reacutegion du Sine-Saloum et la reacutegion de Thiegraves
Signalons quil existe plusieurs sous-groupes dans lethnie ainsi on
trouvera
- dans la reacutegion de Thiegraves les Ndut les Safegravene et les None
- dans le Sine-Saloum les Sine-sine et les Saloum-salouIT
On trouvera vers foundioune et agrave Nioro du cocircteacute de la Gambie les
Niominka (pecirccheurs) Cest une portion tregraves mandinguiseacutee
( 1
Le rattache~2~t d~ to~s ccs sous-groupes pose problecircme ~25 0~ r0~V~
uc grande partie de traits COITul1uns dans leurs modes dE vie Ct pOUT phs
de faciliteacute nous allons essayer de faire une ~tude globale de la lutte
traditionnelle seacuterecircre Lactiviteacute socio-eacuteconomique qui est essentielleme~t
agro-pasorale caracteacuterisE leacutethnie seacuteregravere
332 Lecircducation les moeurs les croyances et pratiques sEr~rc
Chez les Seacuteregravere la vie humaine se deacuteroule selon les grandes eacutetapes
le baptecircme lenfance ladolescencemarqueacutee par la circoncision lsectge
adulte le mariage la vieillesse et la mort (funeacuterailles)
La vie de la communauteacute seacuteregravere reste une des plus originales sinon
celle qui de nos jours garde la presque totaliteacute des pratiques et
habitudes traditionnelles
Bien qu aujotltdhui con~r-tis aux religions chreacutetienne et musulmane les
Seacuteregravere conservent leurs croyances et pratiques animistes
Quelque soit leur degreacute dadheacutesion aux religions reacuteveacuteleacutees les Seacuteregravere
croient en un Dieu puissant et miseacutericordieux Rog Segravene et les hommes
Les ~angols sont repreacutesenteacutes mateacuteriellement dans tous les villages
seacuteregraveres par des arbres (baobab et tamariniers) des animaux (geacuteneacuteraleshy
ment serpent doreacute ou iguane) des ustensiles (pilon calebasse et mortier)
De nombreux teacutemoignages nous apprennent que certains totems (serpent
iguane) font leur apparicion agrave loccasion de certaines manifestations
rituelles comme les sacrifices ceacuteleacutebreacutes lors dun mariage de ceacutereacutemonies
mortuaires ou des circoncisions
Le Seacuteregravere comme il nous a eacuteteacute donneacute loccasion de le dire plus haut
preacutesente des speacutecificiteacutes authentiques aussi bien en tout ce qui touch~
son eacuteducation ses croyanCES et pratiques mystiques q~e ses activiteacute~
socio-ecirccc~omiquEs Apr~s a ~aissa~c~ le beurob~ ~~ pcs~ 5~~ lE S~ __
On lui mouille les l~vres avec un peu d~ lait de mil et apr~s U~ bain
purificateur on versera leau dans un trou cr~us~ derri~r~ la Camp~~
Pendant huit jours la megravere et lenfant sont cacheacutes dans la case car
selon les anciens ils sont tregraves vulneacuterables La case deacutens certains cas
est entoureacutee dun fil blanc et lon place sur le seuil des fais(cauy di
veacutegeacutetaux pour chasser les mauvais esprits (geacutenies malfaisants et illangeUY~
dacircmes) Au bout du huitiegraveme jour la megravere et lenfant peuvent sortir de
la case bull
bullbullbull Le matin du huitiegraveme jour la tante paternelle va chercher de leau
(plusieurs fois)t elle doit rester muette pendant ses alleacutees et venues
si elle parlait t lenfant pourrait ecirctre muet bullbullbull
La megravere et lenfant prennent un bain purificateur dans lequel sont
trempeacutees certaines plantes (ce sont des veacutegeacutetaux pr~tecteurs tels le
begravene le yag le ngud) On y lavera aussi le linge e1t les ustensiles utishyj
liseacutes pendant les huit jours qui viennet de seacutecoul~r On rase le crine
de lenfant Les cheveux sont donneacutes agrave la megravere qui ~s enterrera avec le
reste du cordon ombilical dans un endroit que11e esit seule agrave connattre
La megravere sassied sur une natte devant la maison Une femme igeacutee de la
famille prend le beacutebeacute dans ses bras et le preacutesente aux quatre coins de
lhorizon
La tante paternelle tient ensuite un van sur la tecircte de la megravere on y
verse le mil on y verse eacutegalement en abondance sur la megravere et sur
lenfant La tante oint ensuite le corps du beacutebeacute avec du lait e11e
touche en particulier le front t le nez la bouche la poitrine le dos
et les oreilles
Elle pose enfin un ~rain de sel dans la paume du beacutebeacute (le sel purifie
et deacutetruit les puissances mauvaises)
Apregraves un nouveau bain la megravere et lenfant revEcirctent des habits de fecircte
(est
lenfant Ce precircnore a toujours U~ SEns Il sy~bolise parfois C0 qUi
lOIl sounaitt agrave lEufant l)
La circoncision comme dans les autres ethnies est obligatoire Elle
permet au jeune adolescent dacceacuteder agrave la classe adulte Les jeunes
sont regroupes en classe dacircge dans le bois ougrave sc fait la r0tr~it0 des
circoncis et ceci pendant plusieurs mois
Le Selbeacute qui est geacuteneacuteralement un ancien craint de tous les eacutelegraveves
enseigne le respect de la hieacuterarchie la discreacutetion le goOt de linishy
tiative Les activiteacutes physiques et leacuteducation artistique ne sont pas
en reste la deacutecoration la sculpture la lutte et la danse A sa sortie
du bois linitieacute appartient deacutesormais agrave la classe des virils et des
sages du clan car on lui aura enseigneacute les vertus fondamentales que
sont la justice lhonneur lamour du prochain 1 amour du travail
lhonnecircteteacute et surtout le respect des coutumes ancestrales
Le rite du mariage esd aussi un fait tregraves important dans le monde 1
seacuteregravere mais par manq~e dinformation nous serons obligeacutes de nous en
tenir lagrave
333 Impact des ethos sur la lutte dans le monde seacuteregravere
Lorigine de la lutte seacuteregravere ne semble pas claire ma1S nous pouvons
dire quil existait deux formes de lutte comme chez les Wolofs une
lutte sans frappe et une lutte avec frappe Et cest cette derniegravere
qui peut-ecirctre nous ameacutenerait agrave croire que la lutte seacuteregravere aurait une
origine plus preacuteciseacutement guerriegravere
Aujourdhui la lutte est uniquement une activiteacute sportive agrave travers
laquelle le jeune seacuteregravere eacutevalue sa force son courage et SOn ingeacutenioshy
siteacute Cest une occasion de deacutefendre lhonneur de son village ou de
la corrnnunauteacute
La luttE ~5t avant tout u~e rnanifcs[dtic~ c~lturclie et surtout
fo lkhriqut-
Gracircce agrave elle on peut deacutesormais comprendre un certain nombre de chants
et de symboles A travers la lutte seacuteregravere on ccedilomprend les inter-relashy
tions entreacute la vie et le monde surntiturel
Sil devait y avoir la mort dun villageacuteois pendant la fecirctE au T qUE
de linterrompre on proceacutedait gracircce aux connaissances magico-religieuses
agrave la suspension de la mort jusquagrave une peacuteriode ougrave la population sera plus
disponible pour organiser des funeacuterailles sil y eacutetait preacutedit la possibishy
liteacute dune deacutefait du champion local au profit dun champion dun autre
village des recettes dordre maginque et religieux eacutetaient mises en prashy
tique afin que le champion du village ne soit jamais terrasseacute(J)
334 Le profil du lutteur seacuteregraver~
Le lutteur seacuteregravere est par essence un athlegravete impressionnant de par sa i
carrure et sa musculature saillante mais cest aussi une force tranquille
et calme quelque soit lenjeu du combagravet et particuliegraverement lhonneur
Cet aspect nous pousse agrave parler du NGiMBE cest-agrave-dire de la tenue du
lutteur qui va influencer sur sa faccedilon de lutter
La confection du Ngimbe revient agrave la communauteacute entiegravere Le Ngimbe a
une signification symbolique et le lutteur pour meacuteriter la confiance du
groupe se doit de tout faire pour ne pas toucher le sol Toute la commushy
nauteacute elle aussi sengage pour assurer la longeacuteviteacute et le succegraves du lutteur
dans laregravene par lorganisation droffrandes et de sacrifices en lhonneur
des Pangols bull
bull
Daucuns nheacutesitent pas agrave dire que lessentiel du mysticisme se fait agrave
la maison et non dans laregravene tout le reste nest quintimidation de
ladversaire
lsvcns
Tt- pi ~- t
t 1 ~ l _ ~ t
par rapport agrave lautre Cbci est trEgraves lieacute agrave lactiviteacute journaliegravere du
jeune seacuteregravere qui est un cultivateur donc toujours bien planteacute sur ses
jambes et qui continuellement manie lhiler
Le fait de couper le boi~ peut eacutegalement constituer un moyen de muscushy
lation non neacutegligeable pour le jeune lutteur
Un certain nombre de traits techniques speacutecifiques au lutteur seacuteregravere
semblent ressortir des diffeacuterentes interviews que nous aVOns fait subir
agrave certains lutteurs seacuteregraveres et agrave diffeacuterents techniciens
SOUS-GROUPES FORMES DU CORPS CONTROLES GARDES
SAFEN Moyenne en fente NONE Hancheacute Bras (distante) j
NDUTJ
f
SINE-SINE Deacutecalage Ngimbe
Moyenne
SALOUM-SALOUM Passage- Jambe (rapprocheacutee) 1
i
PETITE dessous Tecircte Basse et 1
COTE Moyenne (rapprocheacutee)
Notons que le Niominka ll commence agrave lutter agrave partir du sol pour avoir
assez deacutelan et sauter sur ladversaire afin davoir la prise du lion
(contr6le de la nuque et du bassin)
Co a -tem-nt ccedilt attitude du lutteur sEacuteregravere335 np -1t ~
Les croyances mystiques sont indissociables des activiteacutes quotidiennes
duseacuteregravere Ce qui explique le cocircteacute supersticieux du lutteur seacuteregravere En
~ffet certains lutteurs refusent de lutter avant certaines heures
Certains teacutemoignages nous apprennent quil nest pas donneacute agrave tout le
monde decirctre champion de lutte et que le lutteur doit avoir des dons
surnaturels pour ecirctre agrave mesure de livrer ses combats dans la nuit
et trouver seul un gris-gris speacutecial appeleacute Njatch
Le vrai champion de lutte chez les seacuteregraveres ne lutte pas seulement avec
~a force et sa technique mais surtout avec ses dons occultes
Chez les seacuteregraveres les morts sont toujours preacutesents et les ~pangols
Servent dintermeacutediaire entre les hommes et les morts Le pangol prend i
le nom dhumain dans certains villages (IIHeacuteJga NDONG Har Wag NGOUYE) i 1
De ce fait on verra le lutteur danser dufe maniegravere ou dune autre en
fonction du pangol de sa famille Ainsi nrus aurons le back (chant et
danse du lutteur) des DIOUF des FAYE etclbullbullbull
Dans laregravene le lutteur seacuteregravere a un comportement exemplaire aussi bien
agrave leacutegard de son adversaire direct quave~ le public en geacuteneacuteral Lexpli shy
cation semble tenir au fait que le lutteur seacuteregravere est avant tout selon
la tradition orale le repreacutesentant de toute la communauteacute seacuteregravere Par
conseacutequent il devra saffirmer non seulement en tant que lutteur dans
laregravene mais aussi en tant quentiteacute morale
336 La tenue du lutteur ou NGIMBE est confectionneacutee par le marabout de la
famille ou du clan Le Ngimbe est constitueacute de pagne en cCton tisseacute
Il doit ecirctre propre le lutteur qui le porte ne devra pas avoir de rapshy
port sexuel pendant toute la peacuteriode des cOTpeacutetitians car le Ngi~bE ne
doit pas ~tre souilleacute
Autrefois et mecircme aujourdthui dans certaines familles on devient
lutteur de pegravere en fils et dans ce cas le Ngimbe du pegravere est heacuteriteacute
par le fils Le fait de porter le Ngimbe de ses aieux peut susciter
chez le jeune lutteur une motivation et une volonteacute ineacutebranlable dtasshy
surer la supeacuterioriteacute d~s siens dans ltaregravene Il fera tout pour que le
Ngimbe de la ramille ne touche le sable
La tenue du lutteur a une signification et une importance sur le plan
mystique car selon les anciens le vra1 feacutetiche du lutteur celui qui
le proteacutegera et laidera agrave vaincre le nDjinne ou le tRapu de ladvershy
saire se trouve cacheacute dans ce Ngimbeu bull Celui qui confectionne donc le
Ngimbe U est doueacute de faculteacutes occultes
337 Larbitrase est assureacute par un sage du village qui geacuteneacuteralement fut
champion de lutte de son temps Dailleurs cet ancien nintervient que
si le terrassement est litigieux Hormis le public qui proclame la vicshy
toire ou le match nul le lutteur lui-mecircme est arbitre et il arrive
quil se deacuteclare vaincu
Nous avons pu cfter Meacutedoune KHOULE un desplus grands lutteurs seacuteneacutegashy
lais qui a donn~ une victoire agrave Djeacuteri SADIO son adversaire qui a reacuteussi
agrave lui faire touegraveher le sol de la main
IlL
34 1 Preacutesentation
Lethnie toucouleur vit En grandt partit ciE~~ la vallfc du S~~~gal
pt reprecircsente i peu pr~s 8 de la population totale secircn~galaise
o Histoire
Il semblerait que dans lancien royaume du Tekrour (IX~ siegravecle) des
eacuteleacutements neacutegroiumldes Sarakoleacute et des Peul aient formEacute par meacutetissage le
peuple Toucouleur (Toucouleur serait dailleurs une deacuteformation du
mot portugais Tacouror)
Ce empire a domineacute aussi bien les wolofs de lOuest que les Peul
nomades du Fouta Toro Cette reacutegion fut le premier pays islamiseacute par
les Almoravides ce qui peut expliquer le proseacutelytisme toucouleur
Ce sont les guerriers toucouleur islamiseacutes qui attaqu~rent avec les
Almoravides la capitale du Ghana Koumbi en 1067 On convertit par
la force les animistes Cest sans doute agrave cette eacutepoque que de nombreuses
ethnies reacutefractaires agrave lIslam ont dO accentuer leur migration vers
le sud (Seacuteregravere wolof Sarakoleacute Bambara Songhaiuml Akan et Peul se reacuteshy
fugiaient vers les hauteurs du Fouta Djalon)
Au XIXegrave siegravecle les Toucouleur allaient trouver en El Hadj Omar Tall
un grand conqueacuterent qui sous le preacutetexte religieux de la gJerre sainte
contre les tribus animistes (entre autres Bambara) eacutetendit lempire
toucouleur sur presque tout lensemble du gali et la partie de la Guineacutee
proche du l1ali
Lempire toucouleur composeacute de Sarakoleacute de Bambar~ de ~alinkeacute de
Xassonkeacute dE Peul et de Dogon eut le meurorit~ dunir CES diif~rentes ~ ~ - - - - - et~ics ~t dE CD~stituer l~Sl la b2S~ ~r 1
_ ~ ~ ~_ L ~
~ ~- ~- - - ---- _ 1 v _ t 1 ~-_ --
marabout tOL~culcuuml~ ~ middotlrrany a l ick SI venu des E1i rClS dE Pocior~ (
~ Vi~ euroconomicue et sociale -----------~-------------
Les Toucouleur sont des cultivateurs mais bien quils n~ soie~t pa~
pasteurs comrre les Peul leacutelevage a une place inportarteacute decirc1S ltur
eacutecono~ie Pour faciliter leur conquecircte guerriegraverE ils c~t Eucirc une preacuteshy
dilection pour leacutelevage des chevaux On y trouve aussi des pecirccheurs
appeleacutes Tchioubalo La socieacuteteacute toucouleur aurait une stratification
sociale tregraves rigide Les groupes ethniques et les castes eacutetaient
diffeacuterencieacutes et strictement exogamiques les Rimbe classe des nobles
comprenant la famille reacutegnante et les guerriers libres la classe des
Nieacutenieacutebegens de castes artisanales i les Rimaibeacute anciens esclaves
devenus serviteurs qui portent les noms de famille de leur maicirctres A
la base de lorganisation de la collectiviteacute toucouleur se situe le
village (Wouro)
Toutes ces castes sont cloisonneacutees entre elle~ Ainsi il nest pas
permis agrave un Torodo (noble) de se marier avec un Tchioubalo Ces
consideacuterations sont importantes dans le domaine de la lutte ougrave nous
apercevrons que les nobles ne sont pas faits pour lutter Le noble
preacutesidera les seacuteances de lutte et on luttera pour lui Ces condeacute rat ions
de noblesse et de rang social sont extrecircmement importantes dans le
monde toucouleur
Le noble ne doit pas se salir on lutte pour lui il ne vit la lutte
quen tant que spectateur
342 Education moeurs croyances et eratiques religieuses
Deux formes d~ducation sont agrave consideacuterer leacutedJcatio~ dES enfarts Et
celle des adultes
oG lenfant sait m2n~~r et apprfcier le goOt d~5 ~iifeurorents r~pas lt
le moment ougrave il CO~~e~CE agrave marcher
tivirt n~sormais le petit toucou]eur est eacuteduquf par toutmiddot 12 f2~i)]E
dabord puis par toutes lespersc~nes du village ou du C13~
Lenfant peut ~tre corrigeacute par tout adulte appartenant au groupe social
Son eacuteducation est deacutesormais laffaire de toute la communauteacute et non
exclusivement celle ces parents On linitie ainsi au travail quotidien
qui se fait dans la bergel~ e les champs et les bords du fleuve Au sein
du village il pourra apprendre agrave filer la laine et agrave tisser des pagnes
dans les champs il apprend agrave manier la houe et lhiler pour la culture
du riz et du mil Mais signalons que lactiviteacute essentielle du toucouleur
est leacutelevage des boeufs des moutons et des chegravevres Chez les Ichioushy
balos (p~cheurs ) lenfant sera initieacute tregraves tat au maniement des pagaies
agrave la p~che propremccedilnt dite et agrave la nage
Vers cinq-six ans lenfant est confieacute au maicirctre coranique le Ihierno
et ce dernier dispose exclusivement de toute sa vie Lavenir du jeune
enfant lui appartient
Comme dans les autres groupes ethniques les enfants sont regroupeacutes en
classe dacircge et cest dans cette structure que lenfant subit les rite
de passe et plus particuliegraverement celui de la circoncision
La circoncision est non seulement unE opeacuteration chirurgicale malS surshy
tout une peacuteriode au cours de laquelle le jeune garccedilon passe de leacutetat
dadolescent agrave leacutetat dadulte Les circoncis sont reacuteunis en classe
dacircge dans un endroit situeacute hors duvillage geacuteneacuteralement choisi par les
vieux Cet endroit n~st accessible que par des individus de SExe ffi8SCUshy
li~ ~ta~t au preacutealabl circoncis
- - - -
quable et complet sur le plan phy~ique et ~oral Ai~si liniti~
acquiert les qualitecircs indispensables que sont le courag~ la modest
lesprit de sacrifice lendurance
Le toucoule~r est un pleux musulma~ Cela sexp1
SOil le premier agrave tre en contact avec la religion musulmane de par sa
position frontaliegravere Lethnie toucouleur de par son histoire a preacutesenteacute
les plus grands chefs militaires et religieux musulmans seacuteneacutegalais Et
pour illustrer cela on peut citer en exemple la grande famille musulmane
des SY agrave TIVAOUANE repreacutesentant la confreacuterie des TIDJANES
Bien que lon note une majoriteacute musulmane on peut dire que certaines
croyances et pratiques mystiques et animistes persistent encore surtout
dans la reacutegion du fleuve
Une pratique courante se fait elle sappelle le Djatt Elle consiste
agrave faire sortir le caiman du fleuve agrave limmobiliser et agrave lattacher
sans quil ne reacuteagisse et tout ceci agrave laide de versets et dincantashy
tions magiques Dapregraves les teacutemoignages ces pratiques sont plutocirct
freacutequentes chez les Tchioubalos (pecirccheurs) Il arrive aussi que cershy
tains chasseurs ayant des dons se livrent agrave certaines pratiques an1shy
mis tes qui consistent agrave invoquer certaines puissances et agrave moduler sous
forme de chant des versets occultes pour se proteacuteger des mauvais esprits
et pour eacuteloigner les fauves Ce chant est geacuteneacuteralement incompreacutehensible
et deacutenueacute de sens pour le profane
343 Activiteacutes ludiques et pratiques sportives en milieu toucouleur
Durant toute son histoire lethnie ~oucouleur a toujours EacutetEacute Frese~teacute~
comme celle qui avait ue activit essentiellement guerr e e~ particushy
liegraverement farouche Trois eacuteleacutements ret r t l ecirc t te nt i c- euro so~t
le manie~~nt du ~acircton 12 luttE Et 1eacute danSE
l
Lecircducation ph~sique et artistique Dcc~pe un place precircpondecircra~rp
dans la fDrmat~on du jEune toucouleur A loccasion agraveeacutevegravenemen~ imporshy
tants reacutecoltJs mariages baptecircme nous assistons agrave des manifestashy
tions folkloriques de grande envergure le Wango oucirc dailse toucouleur
tregraves gymnique iles chants et surtout les sEacuteances de lutte
La lutte toucouleur est la forme de lutte la plus spectaclaire dans
tout le territoire seacuteneacutegalais Elle est essentiellement baseacutee sur des
techniques en hancheacute et surtout en souplesse Ceci sexplique par le
fait q~e le jeune toucouleur est tregraves tocirct initieacute agrave la gymnastique (saut 1
per saut de main salto arriegravere saut de tecircte couronneacute etc bullbullbull ) pour
la dans~ du wa~go En dansant le wango qui est une danse rythmeacutee et
gymnique le Jeune toucou1eur est capable de prouesses extraordinaires
1
En lutte lattaquant se deacuteplace tregraves peu pour avoir une bonne saisie
(geacuteneacutera~ement controcircle du Ngimben ) et enchaine brusqueme~t avec une
attaque surpris~ Cependant les ripostes sont souvent surprenantes et
spectaculaires (baseacutees sur la souplesse et la rapiditeacute) ontrairement
aux autr~s form~s de luttes ougrave lon voyait tous les jeune adheacuterer la
lutte to~cou1eur Verra un groupe de speacutecialistes sadonne agrave la lutte 1
(la lutte est lieacutee agrave la position sociale de lindividu problegraveme de
caste)
Q La morphologie du lutteur toucou1eur 1
1 1
Ce dernier nest pas aussi large et aussi fort que les lutteurs diola
et seacuteregravere Cependant il est tregraves reacutesistant La musculatJre est saillante 1
et tregraves souple lindividu est longiligne mais tregraves athleacutetique
Les mouvements de lutteurs sont semblables agrave ceux dun grand fe1in Cette 1
morphologie semble ecirctre lieacutee agrave la position geacuteographique de lethnie
(reacutegion du fleuve) et agrave lacitiviteacute socio-eacuteconomique du toucouleur qui
est agrave la fois cultivateur (activiteacute lieacutee agrave la crue et deacutecrUE du fleuve)
pecirccheuro~T CIcr~icubaon) et sttout jEumlrgcr qui est U~ rc~2eumlr
shy
Deux formes egrave~ corps sembl~nt ecirctre preacutefeacutereacutees du lutteur toucouleur
le hancheacute et la souplesse Les hancheacutes sont faits agrave partir de plusieurs
positions de doset se terminent geacuteneacuteralement par des techniques de
tregraves grande amplitude
TABLEAU RECAPITULATIF DES TECHNIQUES ET FORMES DE CORPS SPECIFIQUES
i
L441 r
GARDE FORMES DU CORPS CONTROLES --shy - -
Moyenne Souplesse Ngimbe
Hancheacute bras
Demi-souplesse
1
Profil psycholosigue 1
TECHNIQUES
ContrOle du bassin et 12 souplesse
arriegravere
Klicket et allegravegement de la hanche
Le lutteur toucouleur est celui lUi se livre le moins aux preacuteparaqons
maraboutiques Cela est dO au f~t que le toucouleur est un grand ~USUlshyman et que les pratiques animisges ont presque disparu dans ce mil~eu
Dans la pratique le lutteur esJ combaif mais il est calme et tr~s reacutefleacutechi quant agrave la deacutecision agrave prendre en plein corps agrave corps ct~st un des seuls techniciens qui reJte tregraves lucide au cours de ses comb~ts
l Dans toutes les circonstances e lutteur toucouleur est tenu de re~pecshyter son adversaire et ceux de s4n eacutequipemecircme sil est vaincu
Comme nous avons dO nous en rendre compte la rigueur des principes
eacuteducationnels a une influence tregraves sensible sur l~ comportement du
toucouleur
i
III S COCL ~s 1DO
Dans cette partie nous avons essay~ de montrer lftroite re1atic~
Entre les diverses activiteacutes socio-eacuteconomiques dans les ethnies et
lES diffEacuterentes faccedilons de lutter
Daucuns seraient tent~s de conclure trop rapidement et cest p0~r
cette raison que nOUS avons penseacute preacuteciser que le pheacutenotype nest
pas geacuteneacuterateur du geacutenotype Et nous sommes convaincus que la morphoshy
logie et les techniques des lutteurs relegravevent de leurs modes de vie
et de leurs croyances agrave une eacutepoque et danE un contexte bien deacutetermishy
neacutes
Est-ce que les lutteurs dio1a ou seacuteregravere travaillant avec leurs bras
dans les champs auraient les mecircmes pr 0 fil s physiques que les lutteurs
utilisant des machines pour lagriculture
- 69 shy
I UJOURDH~1 E-S ut O[l LES FORfilS Ut LU11t~
~otons que notre enqu~te a ecirctE essentiellement faiteen milieu urbain
Les seacuteances de lutte ont tendance agrave perdre leur particulariteacute de r~shy
jouissance pour devenir des pheacutenomegravenes de sportisatio Deux fores
de luttes so~t principale~cnt prat s dans les aregrave~es du 5 al
la lutte traditiunnelle simple et la lutte traditionnelle avec frappe
De nos jours la lutte traditionnelle tend vers une reacuteglementation
et une institutionalisation
Le reacutesultat de nos investigations nous donne le tableau ci-dessous
REPARTITION ETHNIQUE SUR 100 PRATIQUANTS
LUTTE LUTTE RAPPORTETHNIES SANS FRAPPE AVEC FRAPPE J2
Diola 40 16 71 j
Seacuteregravere 26 21 57
Toucouleur 23 10 69
Wolof 1 1 53 17
La demande sociale par ordre deacutecroissant pour la lutte sans frappe
se preacutesente comrre suit
]0_ Ethnie diola avec pregraves de 3 lutteur~ sur 4
2deg_ Ethnie toucouleur
Ethri dun
~ 1 LA LUTTE TR])IIIO~~ELLE AVEC H-PPE
Cette forme deacute lutte a une histoire qui date de lantiquiteacute elle
sa~pelait le Pugilat Au Seacuteneacutegal elle a vu le jour dans le Cayor
bien avant la colonisation Le coup dE pied l~Lrdn~lement la morshy
sure la frappe et le doigtf eacutetaient permis dans le cc=bat ~ ~middot~p0~~e
Dans certains cas la giffle eacutetait beaucoup plus dangereuse que le
poing quand elle eacutetait donneacutee par un speacutecialiste Cette giffle pouvait
agrave elle seule deacutechirer et mecircme parfois amputer la joue de ladverser
Selon les informations la lutte avec frappede nos jours serait une
forme de lutte tregraves eupheacutemiseacutee de celle dantan ougrave une blessure
pouvait souvent ecirctre mortelle
Aujourdhui au niveau du folklore la lutte na plus la mecircme
le spectaculaire a remplaceacute le significatif iLa lutte avec frappe se 1
pratique surtout dans les centres urbains C~aque fois quun grand combat 1
est progra~eacute par le Comiteacute National Proviso~re (CNP) des centaines damashy
teurs sont mobiliseacutes vers le stade lba Mar D~OP qui est aujourdhui le i
lieu approprieacute ougrave se deacuteroulent les grands conkbats de lutte Cest la formE
de lutte qui semble drainer une foule de personnes beaucoup plus importante
que celle de la lutte simple
La lutte avec frappe deacuteriverait dune forme de lutte traditionnelle
pratiqueacutee jadis dans le Cayor au temps des Damels et la frappe serait
le substitut dun certain nombre de pratiques doigteacute jet de produits
etc bullbullbull dont le but eacutetait laveuglement de ladversaire La lutte avec
frappe serait une continuation logique dune carriegravere sportive de la
lutte traditionnelle qui sen sert comme moyen socio-eacuteconomique En
effet la majoriteacute des lutteurs avec frappe ont dabord eacuteteacute initieacutes agrave la
lutte simple Cependant il faut signaler que de nOS jours il arrive
que le jeune lutteur avec frappE- soit directenent formEacute conne speacutecialistE
agrave la frappe sa~s pour autant faire son chemin dabcrd egravea~s la lutte
- ~ shy
Le recircsultat dE ~os interviews ncus rec~trE qGune pcpulatiD~ divcrsishy
fiampe sint~resse agrave ce sport et qUE les intecircr~[s des uns et d~SlautrE~
semble~t divergents naucuns affirment que la lutte traditionnelle
avec frappe serait monteacutee par des personnes dont la vocation est dexshy
ploiter ce pheacuteLomegravene agrave des fins commerciales Dautres disent gJellegrave
jouit de mcyens irport~nts t[l[~isio
tation etc bullbullbull ) pour toucher toutes les couches sociales CEpe~~a~t
nous remarquons que mecircme si certaines personnes reprochent agrave cette
forme de lutte decirctre brutale ces mecircmes personnes nheacutesitent pas agrave
se rendre le dimanche agrave laregravene Bien que critiqueacutee elle semble ecirctre
adopteacutee par une tregraves grande partie de la population seacuteneacutegalaise Cepenshy
dant en tant que techniciens il nous est permis de faire une remarque
Il sagit de
- Limpression nette decirctre devant des professionnels de la frappe
qui sont ~ntratneacutes pour cela Dailleurs les propos que nous avons
recueilli~ nous prouvent que la plupart des champions de lutte avec 1
frappe s~ntratnent dans certains sports de combat tels ~ue la boxe i 1
le karateacute le judo Dans cette nouvelle forme de pratique de la lutte
contrairefuent agrave la lutte traditionnelle le technicien e~t souvent
perdant face au puncheur Ce dernier adopte une lutte agrave distance qui
lui permet de placer agrave bon escient ses coups animeacute du deacutesir de vaincre
Le technicien lui se voit contreacute dans toutes ses entreprises par
un uppercut ou un crochet
On peut dire cependant que nul sport au Seacuteneacutegal que la lutte tradishy
tionnelle avec frappe ne deacutechaicircne autant de passions et autant de
pheacutenomegravenes poussant agrave lexcegraves et deacutereacuteglements quon ne peut que deacuteplorer
Mais comment deacutecrier un spectacle de lutte qui bien quayant perdu la
presque totaliteacute des valeurs traditionnelles veacutehiculeacutees autrefois par
elle sait susciter une participation effective de tous ceux qui sont
preacutesents
CONCLUSION
Dans ce meacutemoire nous sommes efforceacutes ~e faire ressort ir limportance des
ethos et des habitus et leurs effets sur la pratique de la lutte tradishy
tionnelle au Seacuteneacutegal
L~b egravethos repr~sentent dune maniegravere g~neurorale tous les eacuteleacutements speacutec
fiques sux Seacuteneacutegalais par conampeacuteguent un systegraveme de valeurs traditionnellEs
Mais m~me si ces valeurs rev~tent une signification universelle (honneur
digniteacute courage etc bullbullbull ) il nen demeure pas moins que ce nest pas leur
nature qui fait leur speacutecificiteacute mais la hieacuterarchisation et limportance i
quon accorde agrave toutes ces valeurs de ~ar leacuteducation ou la culture
i 1
Aussi les valeurs traditionnelles puient leur speacutecificiteacute dans les
caracteacuteristiques propres aux eacuteleacutements ~e la socio-cu1ture (la technologie
et leacuteconomie la politique et la pareteacute la psychologie et lideacuteologie)
dans la socieacuteteacute seacuteneacutegalaise agrave n momen donneacute de son eacutevolution Cest i
dire la neacuteceesiteacute de ne point faire della valeur une reacutealiteacute statique
Cest dite aussi quagrave tout mome~t le ~eacuteneacutegalais peut eacutevoluer et creacuteer
ou vivre par conseacutequent de nouv~lles fprmes de valeur qui lui sont 1
propres ft (J)
La lutte traditionnelle veacutehiculant deS valeurs socio-cu1ture1les speacutecishy
fiquement seacuteneacutegalaises (croyances valeurs morales norme de comportement
opinion attitude bullbullbull ) devient un eacuteleacutement important qui tregraves certaiaement
nous aidera dans notre effort de valoriser et de peacuterenniser notre patri shy
moine culturel par le biais dactiviteacutes physiques et sportives
Leacutetude des habitus nous permet de prouver quil y a plusieurs faccedilons
de se mouvoir comme danser lutter bullbullbull qui varient avec les diffeacuterentes
ethnies (wolof toucouleur seacuteregravere diolagt leurs convenances et leurs
eacuteducations
(1) Revue Ethiopiques 31 Les valeurs traditionnelles et le problegraveme de leur inteacutegration dans les systegravemes modernes jtducatio-1 2 6r--70
nautre part cette eacutetude permet aussi de nous rendrE compte de la
correacutelatipn eacutetroite existant entre la pratique de la lutte traditionnelle
et le sta~ut socio-eacuteconomique du pratiquant
Nos inves~igations nous indiquent que la lutte recrute essentiellement
au niveau des classes socio-eacuteconomiques situeacutees en bas de leacutechelle
donc posseacutedant le statut social le moins favoriseacute La lutte avec frappe
-et un certain secteur commercialiseacute de la lutte simple- y trouve sa
leacutegitimiteacute Comme le dit BOURDIEU nA habitus diffeacuterents styles de Vle
divergents et il oppse les pratiques aristocpatiques correspondants agrave
des activiteacutes qui favorisent les situations eupheacutemiseacutees ougrave la stylisashy
tion est importante aux pratiques populaires qui font appel agrave des
qualiteacutes qpposeacutees bllutes rugueuses Certaines interviews nous
montrent que plus lindividu occupe une place eacuteleveacutee dans leacutechelle
sQciale e~ 1
moin$ il sinteacuteresse agrave la lutte
Les reacutesultats recueillis dans nos diverses investig~tions confirment 1 1
1er propos qui disent que nous assistons aujourdhu~ agrave une involution
de la lutte traditionnelle parce que perdant toutes ses speacutecificiteacutes au 1
pryfit d~ne autre forme de lutte que lon continue agrave appeler nostalshy
giqlementIIlutte traditionnelle
Ceci pourrait peut-~tre trouver une explication dan la citation suivante
La liberteacute de creacuteer dinnover de vivre Pleineinenf decirctre soi et de
preacuteserver son authenticiteacute la digniteacute et lhonneu1demeurent des illushy
sions dans la misegravere eacuteconomique~ Nos ancecirctres creacuteai~nt des valeurs de cishyl
vilisation parce quils eacutetaient libres parce qu1i~s ignoraient toute
deacutependance eacuteconomique ils cultivaient en eux et cbez leurs enfants le 1
Jorn et la Kersa et preacutefeacuteraient la mort agrave la hoJte lI (1)
Or le Seacuteneacutegal comme la plupart des pays africainsi est un pays sousshy
deacuteveloppeacute t cependant face agrave cette volonteacute du gou~ernement seacuteneacutegalais
de faire inteacutegrer dans leacuteducation des valeurs traditionnelles nous
pouvons espeacuterer utiliser comme moyen deacuteducation la lutteacute traditionnelle
qui reste quand mecircme vecteur jethos et dhabit~s
- 54 shy
Mecircme si lon a noteacute un appauvrissement notoire sur les plans socioshy
culturel et moral la lutte traditionnelle recegravele une gamme importante
et varieacutee de techniques permettant incontestablement une ouverture vers
les luttes olympiques libre et g~eacuteco-romaine
La lecture de ce meacutemoire permettra agrave lentratneur et au professeur de
lutte en fonction du lieu ougrave ils seront affecteacutes dans le territoire
seacuteneacutegalaisdavoir une information sur les techniques contrOles et
formes de corps propres agrave chaque groupe ethnique et de les mettre en
relation avec leurs croyances et leurs mentaliteacutes
Nous avons essayeacute de montrer que la pratique de la lutte traditionnelle
doit tre axeacutee sur une ethnomotriciteacute au Seacuteneacutegal qui permette une inishy
tiation facile Cette pratique de la lutte traditionnelle seacuteneacutegalaise
devra dailleurs essayer de ~eacutepondre aux aspirations du Seacuteneacutegalaisl
moderne en souvrant aux ap~orts positifs des autres civilisations
ex~eacuterieures nous voulons Jvidemment parler du judo et des luttes oiymshyJ
piques 1
1 j Nous navons pas la preacutetentfon dans le cadre de ce meacutemoire demattrise
de reacutepondre agrave toutes les qutstions se rattachant agrave leacutetude de ~a lutte
traditionnelle souslangle~socio-culturel car non seulement il nous
manque lexpeacuterience et la c peacutetence en la mati~re mais aussil l le temps
et les moyens dont nous dis osions ne nous permettaient pas d~puiser le 1sujet i
1 1 1 t 1
l
- )5 shy
BIBLIOGRAPHIE
BIBLIOGRAPHIE
1- CLAPAREDE Psychologie de leacuteducation et peacutedagogie expeacuterimentale
Edition Delachaux et Niestleacute 244 pages
2- POCIELLC Christian Sport et Socieacuteteacute approche socio-culturelle
des pratiques Paris Vigot 1981 377 pages
3- PIERON Henri Vocabulaire de la psychologie
PUF Deuxiegraveme eacutedition 1957 469 pages
4- Revue socialiste de culture neacutegro-africaine ETHIOPIQUES
Les valeurs traditionnelles et le problegraveme de leur inteacutegration
dans les systegravemes modernes deacuteducation
GIA 21 Juillet 1982 213 pages
5- N2 Revue du Centre dEtudedes Civilisations DEM ak TEY
NIS IVegrave Trimestre 1982 96 pages
6- Document lNSEP Colloque sur la lutte aeacuteregravere
DAKAR MAI-JUIN 1980
t 1
~- Travaux du IVegrave Congregraves National ~es Sports agrave DAKAR les 2223041981
Bulletin n2 91 du CIO du 15 Aont 1965
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8- Meacutemoire de Mattrise BADJI Abdou La lutte traditionnelle Joola
Etude et perspective
9- Meacutemoire Inspectorat JS DJITTE Mandy Les pratiques corporelles
traditionnelles au Seacuteneacutegal pour leur exploitation et leur
utilisation en peacutedagogie Marly le Roi 1980
REPUBLIQUE DU SENEGAL
--------------- INSTITUT NATIONAL SUPERIEUR
MINISTERE DE LA JEUNESSE DE LrsquoEDUCATION POPULAIRE
ET DES SPORTS ET DU SPORT
-------------
(INSEPS)
MEMOIRE DE MAIcircTRISE
Es-SCIENCES ET TECHNIQUES
DE LrsquoACTIVITE PHYSIQUE ET DU SPORT
LA LUTTE TRADITIONNELLE
son importance sa signification en fonction des ethos et des habitus ethniques au Seacuteneacutegal
Preacutesenteacute par
Monsieur Joseph Victor FAYE
Sous la direction de
M Jean Marc ROCHEZ
Professeur agrave lrsquoINSEPS
Anneacutee de soutenance 1984
~~~rcfcis ct ffi~mc aujourdhui d218 cErtaInes fa~ille5 on devj~Gr
luttEur de pegravere en fils et dans ce cas h 1
gimbell du pEgravere Est recircr i tEacute
par le fils Le fait de porter le lI~gimbe agravee ses aiumleux peut susciter
cne~ le jeune lutteur une motivation et une volontecirc in~branlable rlasshy
surer 12 supeacuterioritEacute cis SIcirct-ns dallS
le xgimbe de la famille ne touche pas le sable
La tenue du lutteur a une signification et une importance sur le plan
mystique car selon les anciens le vrai feacutetiche du lutteur celui qui
le proteacutegera agrave vaincre le Djinneacute ou le Rap de ladversaire se trouve
cacheacute dans ce Ngimbe Celui qui confectionne-le Ngimbe est doueacute de
faculteacutes occultes
~~r~i~rg Il est assureacute par un sage du village qui geacuteneacuteralement fut
championde lutte de son temps Dailleurs cet ancien nintervient que
si le terrassement est litigieux
Hormis le public qui proclame la victoire ou le match nul le lutteur
lui-mecircme est arbitre et il arrive quil se deacuteclare vaincu ~ous
pouvons citer comme exemple Meacutedoune KHOULE un des plus grands lutteurs
seacuteneacutegalais qui a donneacute une victoire agrave Djeacuteri SADIO son adversaire qui a
reacuteussi agrave lui faire toucher le sol de la main
Il Y a terrassement quand le lutteur se retrouve
- assis sur le sol
- eacutetaleacute sur le dos
eacutetaleacute sur le cocircteacute
les deux genoux au sol
- les deux ma~ns au sol
la tecircte (front au sol agrave la suite dune brouette)
Il peut y aVOIr match nul si apregraves li1 temps ccmsideacuterable les lutteurs
SE sont ~ ivrEacutes respectivement agrave des assauts rEacutepEacutetEacutes et n arrivEt pas a
3265 L~ precircparation mystique
Il faut reconnattre quon ne peut parler de lutte en milieu wolof sans
envisager une preacuteparation mystique seacuterieuse Co~~e ~ous lEvans vu a~teacute-
1middot ~ d ~ ~rlturenent t0utes es actlvmiddotltesmiddot u W010 sont lles a SeS croyances
- la lutte ne concerne pas seule~ent deux acteurs se livrant faruumlucheshy
ment agrave un combat au milieu de laregravene mais eacutegalement les marabouts et les
feacutetichistes du village ou du clan qui doivent deacutefendre leur savoir et
leur prestige Avant le combat le lutteur doit se livrer agrave un certain
nombre de preacuteparations mystiques pour assurer sa victoire Aussi sommesshy
nous appeleacutes agrave parler de BACK (cest le chant et la danse du lutteur)
- le batteur de tam-tam compose un rythme en fonction du Galagne ou du
Senghor (gds-gris) du lutteur Chaque galagne sera choisi en fonction
du Rap ou du Djinneacute correspondant au Totem du lutteur
Le chant geacuterleacuterique Feinte woy veut dire litteacuteralement composer un 1
chant Ce chant est geacuteneacuteralement composeacute par les filles du viilage du
champion ou par un griot de sa communauteacute Et agrave travers ce chrnt on
arrive agrave toucher la corde sensible du lutteur en chantant lesl innombrables 1
victoires de ses ancecirctres ou en lui rappelant ses prouesses eacuteblatantes 1
Chaque lutteur doit avoir un chant et un back qui lui sont propres
327 Le reacutepertoire technique et les caracteacuteristiques physiques dulutteur wolof
Le lutteur wolof est geacuteneacuteralement moyen de taille la musculagraveture est
tregraves saillante ce qui fait ressortir un aspect tregraves athleacutetique ceci
est vrai sans exception pour le lutteur leacutebou mais il arrive que le Cacircyoshy
rien le baol-baol le walo-walo soient de grands gabarits de forte constishy
tution
CepEndant pour une meilleure compreacutehension du sujet nous pouvons eacutetudiEr
deux jroups d lut teurs qui vont deacuteterminer deux st yI e s de lut tes
- ~ t
les tc~tativ~s de~[reacutee e~ ramassement de jambes de la~v~sairL Ce~~
peut Ecirctre expliqueacute par le fait que les lutteurs leacutebou ou walo-walc qui
sont des pecirccheursadoptent cette garde tasseacutee du fait quils so~t tou-
jours pencheacutes en tirant le fil ou en poussant la plrogue On verra techrugravequeacutes dt cirr 2C ~lt 5Jllicitocirct
surLuumlut les membres supeacuterieurs
Le cayorien et le baol-baol par contre sont les plus grands cultivateurs
darachide chez eux les techniques de lutte sont plus varieacutees et la
garde est moins renfermeacutee Les lutteurs cayorien et baol-baol ont une
morphologie et une reacutepartition musculaire bien eacutequilibreacutee ils excellent
dans les techniques en deacutecalage les techniques de jambe et surtout les
techniques de riposte ougrave lon peut voir des prises de hancheacute tregraves amples
Dune maniegravere geacuteneacuterale on peut dire que le lutteur wolof est un fin
technicien qui sait surtout creacuteer les opportuniteacutes e~ avec sa rapiditeacute
utiliser la force de ladversaire pour le deacuteseacutequilibrer le noodju
le mbas le weacuteheacuteleacute et le rasu sont des techniques propres au lutteur
wolof
En deacutefense il utilise surtout des kl~klets ou gal-gal Notons que
le balancement des bras ou Lewato e$t tregraves marqueacute dans la lutte wolof
TABLEAU RECAPITULATIF DES COMPOSANTES TECHNIQUES
( 1 )
1 SOUS-GROUPES GARDES CONTROLES FORHES DE CORPS l
Walo-walo Basse de jambe Arracheacute l l10yenne de Ngimbe et i
Leacutebou Tasseacutee et saisies annexesj Deacutecalage 1 1 distante de bras de tecirct1
j de bras Deacutecalaeuro
~-----------------~-
- ~ ~- shy - ~ ~ bull L _ _ bull
Profil psyc~~iqUE du lutteu- et son comporterent dars l 2regravere
La preacuteparation mystique dans laregravene est plus marqueacutee chez les wolofs
que ChE~ les autres ethnies En effet on verra de grands champions
preliGrE plusiEurs heures pour Enduire leur corps de cll2badep ou ci
rmiddot- ~ a la proprieacuteteacute de proteacuteger li1egraveividu J
les mauvais sorts) Cest dailleurs un aspect dt la luttE qui iJcsc
des problegraveJles
Le lutteur wolof est tregraves superstitieux et la peacuteriode de preacuteparation
est capitale pour lui car elle permet non seulement de rendre
hommage aux ancecirctres mais aussi dintimider son adversaire Cest
geacuteneacuteralement un lutteur agressif combatif et teacutemeacuteraire Il se fait
souvent remarquer par son esprit dentreprise Mais cette fougue dans
le combat lamegravene parfois bien que ce soit regrettable agrave oublier les
usages et les normes Ce manque de maicirctrise de soi peut faire croire
que le lutteur wolof manque de fair-play ce qui nest pas toujours le
cas
~A~Ugrave~ t 4AA CbUrs k LA ucirctotve f~tPle Sesect prores mou W ~ lesquelles vont se couler les comporteme~ts individuels qui sont ainsi
monteacutes par et pour lautoriteacute sociale
Les faccedilons de boire de marcher ou de sasseoir se manifestent indivishy
duellement dans le corps de chaque personne ces habitus sont cependant
des montages sociaux lieacutes agrave des significationssymboliques variables
dailleurs selon la position sociale occupeacutee par chaque sujet Ces modes
dagir se rangent dans un systegraveme de montages symboliques et lindivishy
du les apprend de la socieacuteteacute dont il fait partie agrave la place quil occupe
Lhabitus est un montage social agrave la valeur symbolique deacutependant des pheacuteshy
nomegravenes deacuteducation et de prestige et lieacute agrave la position sociale du sujet
Cette penseacutee sonne de faccedilon eacutetonamment moderne
Pierre BOURDIEU qui dans une perspective a approfondi le contenue de la
notion en le reportant aux oppositions entre classes et fractions sociales
Il deacutefinit lhabitus comme un systegraveme de dispositions durables acquis au
cours dune histoire personnelle dans une milieu social donneacute systegraveme qui
engendre ensuite des pra~iques socialement deacutetermineacutees faccedilons de manger
de parler ou de marcher comportements de politesse contenu des preacutefeacuterencel
et des deacutegoOts bullbullbull lhabitus est le produit de conditions eacuteconomiques et
sociales Lauteur rattache directement la formation de lhabitus dun
individu agrave la trajectoire parcourue par celui-ci dans sa classe dapparteshy
nance il deacutefend lideacutee dun habitus de classe qui deacutefinit le sens confeacuteshy
reacute agrave la pratique sportive les profits qui en sont attendus
Ce dernier serait lui-m~me lieacute agrave un systegraveme de valeurs ou ETHOS de classe
prenant sens au sein doppositions distinctives entre classes sociales
De sorte lhabitus fonctionne comme un systegraveme dt- regravegles inteacuterioriseacutees
souvent informuleacutees permettant ou non agrave lagent de sadapter dembleacutee aux
multiples pratiques de la vie quotidienne et de la vie sportive il est agrave
lorigine des schegravemes de transcription qui favorisent les ajustements aux
situations corporelles nouvelles (1)
t ~
(1) P~IE11D dwi6Han ISpoy-l et sodeacutebi Approche Bocio-culturelle des pratiques P~tis Vigot 1981 page 81
33
331 Preacutesentation
Les Seacuteregravere auraient pour origine le Fouta Toro quils auraient quitteacute
vers le Xllegrave siegravecle pour fuir lislamisation de cette reacutegioD par lempire
dJ Xali (ils seraient donc apparEnt~s aux Peul et Toucouleur ) Ils
auraient trouveacute dans la rEacutegion du Sine les Sosseacute dorigine manding avec
lesquels ils salliegraverent
Au XVegrave siegravecle une autre immigrationSos~ conqueacuterante cette fois-ci
apporta son organisation eacutetatique Ils se divisegraverent en deux monarchies
deacutemocratiques lune seacutetablit au Sine et lautre au Saloum Les Sosseacute
conqueacuterants constituaient lautocratie appeleacutee Guelowar
La royauteacute seacuteregravere eacutetait laiumlque Les premiers souverains durent secouer
la tutelle des Toucouleur et progressivement arrivegraverent agrave unifier lethshy
nie des seacuteregravere etdea Sosseacute Les deux royauteacutes eacutetaient organiseacutees selon
acirces modegraveles tregraves deacutemocratiques Le souverain deacutependait dune assembleacutee
de ministres et de chefs locaux qui assuraient ladministration centrale
et reacutegionale())
Aujourdhui lethnie seacuteregravere repreacutesente 20 de la population seacuteneacutegalaise
Ils sont reacutepartis sur presque toute leacutetendue du territoire notamment
dans le Baol la reacutegion du Sine-Saloum et la reacutegion de Thiegraves
Signalons quil existe plusieurs sous-groupes dans lethnie ainsi on
trouvera
- dans la reacutegion de Thiegraves les Ndut les Safegravene et les None
- dans le Sine-Saloum les Sine-sine et les Saloum-salouIT
On trouvera vers foundioune et agrave Nioro du cocircteacute de la Gambie les
Niominka (pecirccheurs) Cest une portion tregraves mandinguiseacutee
( 1
Le rattache~2~t d~ to~s ccs sous-groupes pose problecircme ~25 0~ r0~V~
uc grande partie de traits COITul1uns dans leurs modes dE vie Ct pOUT phs
de faciliteacute nous allons essayer de faire une ~tude globale de la lutte
traditionnelle seacuterecircre Lactiviteacute socio-eacuteconomique qui est essentielleme~t
agro-pasorale caracteacuterisE leacutethnie seacuteregravere
332 Lecircducation les moeurs les croyances et pratiques sEr~rc
Chez les Seacuteregravere la vie humaine se deacuteroule selon les grandes eacutetapes
le baptecircme lenfance ladolescencemarqueacutee par la circoncision lsectge
adulte le mariage la vieillesse et la mort (funeacuterailles)
La vie de la communauteacute seacuteregravere reste une des plus originales sinon
celle qui de nos jours garde la presque totaliteacute des pratiques et
habitudes traditionnelles
Bien qu aujotltdhui con~r-tis aux religions chreacutetienne et musulmane les
Seacuteregravere conservent leurs croyances et pratiques animistes
Quelque soit leur degreacute dadheacutesion aux religions reacuteveacuteleacutees les Seacuteregravere
croient en un Dieu puissant et miseacutericordieux Rog Segravene et les hommes
Les ~angols sont repreacutesenteacutes mateacuteriellement dans tous les villages
seacuteregraveres par des arbres (baobab et tamariniers) des animaux (geacuteneacuteraleshy
ment serpent doreacute ou iguane) des ustensiles (pilon calebasse et mortier)
De nombreux teacutemoignages nous apprennent que certains totems (serpent
iguane) font leur apparicion agrave loccasion de certaines manifestations
rituelles comme les sacrifices ceacuteleacutebreacutes lors dun mariage de ceacutereacutemonies
mortuaires ou des circoncisions
Le Seacuteregravere comme il nous a eacuteteacute donneacute loccasion de le dire plus haut
preacutesente des speacutecificiteacutes authentiques aussi bien en tout ce qui touch~
son eacuteducation ses croyanCES et pratiques mystiques q~e ses activiteacute~
socio-ecirccc~omiquEs Apr~s a ~aissa~c~ le beurob~ ~~ pcs~ 5~~ lE S~ __
On lui mouille les l~vres avec un peu d~ lait de mil et apr~s U~ bain
purificateur on versera leau dans un trou cr~us~ derri~r~ la Camp~~
Pendant huit jours la megravere et lenfant sont cacheacutes dans la case car
selon les anciens ils sont tregraves vulneacuterables La case deacutens certains cas
est entoureacutee dun fil blanc et lon place sur le seuil des fais(cauy di
veacutegeacutetaux pour chasser les mauvais esprits (geacutenies malfaisants et illangeUY~
dacircmes) Au bout du huitiegraveme jour la megravere et lenfant peuvent sortir de
la case bull
bullbullbull Le matin du huitiegraveme jour la tante paternelle va chercher de leau
(plusieurs fois)t elle doit rester muette pendant ses alleacutees et venues
si elle parlait t lenfant pourrait ecirctre muet bullbullbull
La megravere et lenfant prennent un bain purificateur dans lequel sont
trempeacutees certaines plantes (ce sont des veacutegeacutetaux pr~tecteurs tels le
begravene le yag le ngud) On y lavera aussi le linge e1t les ustensiles utishyj
liseacutes pendant les huit jours qui viennet de seacutecoul~r On rase le crine
de lenfant Les cheveux sont donneacutes agrave la megravere qui ~s enterrera avec le
reste du cordon ombilical dans un endroit que11e esit seule agrave connattre
La megravere sassied sur une natte devant la maison Une femme igeacutee de la
famille prend le beacutebeacute dans ses bras et le preacutesente aux quatre coins de
lhorizon
La tante paternelle tient ensuite un van sur la tecircte de la megravere on y
verse le mil on y verse eacutegalement en abondance sur la megravere et sur
lenfant La tante oint ensuite le corps du beacutebeacute avec du lait e11e
touche en particulier le front t le nez la bouche la poitrine le dos
et les oreilles
Elle pose enfin un ~rain de sel dans la paume du beacutebeacute (le sel purifie
et deacutetruit les puissances mauvaises)
Apregraves un nouveau bain la megravere et lenfant revEcirctent des habits de fecircte
(est
lenfant Ce precircnore a toujours U~ SEns Il sy~bolise parfois C0 qUi
lOIl sounaitt agrave lEufant l)
La circoncision comme dans les autres ethnies est obligatoire Elle
permet au jeune adolescent dacceacuteder agrave la classe adulte Les jeunes
sont regroupes en classe dacircge dans le bois ougrave sc fait la r0tr~it0 des
circoncis et ceci pendant plusieurs mois
Le Selbeacute qui est geacuteneacuteralement un ancien craint de tous les eacutelegraveves
enseigne le respect de la hieacuterarchie la discreacutetion le goOt de linishy
tiative Les activiteacutes physiques et leacuteducation artistique ne sont pas
en reste la deacutecoration la sculpture la lutte et la danse A sa sortie
du bois linitieacute appartient deacutesormais agrave la classe des virils et des
sages du clan car on lui aura enseigneacute les vertus fondamentales que
sont la justice lhonneur lamour du prochain 1 amour du travail
lhonnecircteteacute et surtout le respect des coutumes ancestrales
Le rite du mariage esd aussi un fait tregraves important dans le monde 1
seacuteregravere mais par manq~e dinformation nous serons obligeacutes de nous en
tenir lagrave
333 Impact des ethos sur la lutte dans le monde seacuteregravere
Lorigine de la lutte seacuteregravere ne semble pas claire ma1S nous pouvons
dire quil existait deux formes de lutte comme chez les Wolofs une
lutte sans frappe et une lutte avec frappe Et cest cette derniegravere
qui peut-ecirctre nous ameacutenerait agrave croire que la lutte seacuteregravere aurait une
origine plus preacuteciseacutement guerriegravere
Aujourdhui la lutte est uniquement une activiteacute sportive agrave travers
laquelle le jeune seacuteregravere eacutevalue sa force son courage et SOn ingeacutenioshy
siteacute Cest une occasion de deacutefendre lhonneur de son village ou de
la corrnnunauteacute
La luttE ~5t avant tout u~e rnanifcs[dtic~ c~lturclie et surtout
fo lkhriqut-
Gracircce agrave elle on peut deacutesormais comprendre un certain nombre de chants
et de symboles A travers la lutte seacuteregravere on ccedilomprend les inter-relashy
tions entreacute la vie et le monde surntiturel
Sil devait y avoir la mort dun villageacuteois pendant la fecirctE au T qUE
de linterrompre on proceacutedait gracircce aux connaissances magico-religieuses
agrave la suspension de la mort jusquagrave une peacuteriode ougrave la population sera plus
disponible pour organiser des funeacuterailles sil y eacutetait preacutedit la possibishy
liteacute dune deacutefait du champion local au profit dun champion dun autre
village des recettes dordre maginque et religieux eacutetaient mises en prashy
tique afin que le champion du village ne soit jamais terrasseacute(J)
334 Le profil du lutteur seacuteregraver~
Le lutteur seacuteregravere est par essence un athlegravete impressionnant de par sa i
carrure et sa musculature saillante mais cest aussi une force tranquille
et calme quelque soit lenjeu du combagravet et particuliegraverement lhonneur
Cet aspect nous pousse agrave parler du NGiMBE cest-agrave-dire de la tenue du
lutteur qui va influencer sur sa faccedilon de lutter
La confection du Ngimbe revient agrave la communauteacute entiegravere Le Ngimbe a
une signification symbolique et le lutteur pour meacuteriter la confiance du
groupe se doit de tout faire pour ne pas toucher le sol Toute la commushy
nauteacute elle aussi sengage pour assurer la longeacuteviteacute et le succegraves du lutteur
dans laregravene par lorganisation droffrandes et de sacrifices en lhonneur
des Pangols bull
bull
Daucuns nheacutesitent pas agrave dire que lessentiel du mysticisme se fait agrave
la maison et non dans laregravene tout le reste nest quintimidation de
ladversaire
lsvcns
Tt- pi ~- t
t 1 ~ l _ ~ t
par rapport agrave lautre Cbci est trEgraves lieacute agrave lactiviteacute journaliegravere du
jeune seacuteregravere qui est un cultivateur donc toujours bien planteacute sur ses
jambes et qui continuellement manie lhiler
Le fait de couper le boi~ peut eacutegalement constituer un moyen de muscushy
lation non neacutegligeable pour le jeune lutteur
Un certain nombre de traits techniques speacutecifiques au lutteur seacuteregravere
semblent ressortir des diffeacuterentes interviews que nous aVOns fait subir
agrave certains lutteurs seacuteregraveres et agrave diffeacuterents techniciens
SOUS-GROUPES FORMES DU CORPS CONTROLES GARDES
SAFEN Moyenne en fente NONE Hancheacute Bras (distante) j
NDUTJ
f
SINE-SINE Deacutecalage Ngimbe
Moyenne
SALOUM-SALOUM Passage- Jambe (rapprocheacutee) 1
i
PETITE dessous Tecircte Basse et 1
COTE Moyenne (rapprocheacutee)
Notons que le Niominka ll commence agrave lutter agrave partir du sol pour avoir
assez deacutelan et sauter sur ladversaire afin davoir la prise du lion
(contr6le de la nuque et du bassin)
Co a -tem-nt ccedilt attitude du lutteur sEacuteregravere335 np -1t ~
Les croyances mystiques sont indissociables des activiteacutes quotidiennes
duseacuteregravere Ce qui explique le cocircteacute supersticieux du lutteur seacuteregravere En
~ffet certains lutteurs refusent de lutter avant certaines heures
Certains teacutemoignages nous apprennent quil nest pas donneacute agrave tout le
monde decirctre champion de lutte et que le lutteur doit avoir des dons
surnaturels pour ecirctre agrave mesure de livrer ses combats dans la nuit
et trouver seul un gris-gris speacutecial appeleacute Njatch
Le vrai champion de lutte chez les seacuteregraveres ne lutte pas seulement avec
~a force et sa technique mais surtout avec ses dons occultes
Chez les seacuteregraveres les morts sont toujours preacutesents et les ~pangols
Servent dintermeacutediaire entre les hommes et les morts Le pangol prend i
le nom dhumain dans certains villages (IIHeacuteJga NDONG Har Wag NGOUYE) i 1
De ce fait on verra le lutteur danser dufe maniegravere ou dune autre en
fonction du pangol de sa famille Ainsi nrus aurons le back (chant et
danse du lutteur) des DIOUF des FAYE etclbullbullbull
Dans laregravene le lutteur seacuteregravere a un comportement exemplaire aussi bien
agrave leacutegard de son adversaire direct quave~ le public en geacuteneacuteral Lexpli shy
cation semble tenir au fait que le lutteur seacuteregravere est avant tout selon
la tradition orale le repreacutesentant de toute la communauteacute seacuteregravere Par
conseacutequent il devra saffirmer non seulement en tant que lutteur dans
laregravene mais aussi en tant quentiteacute morale
336 La tenue du lutteur ou NGIMBE est confectionneacutee par le marabout de la
famille ou du clan Le Ngimbe est constitueacute de pagne en cCton tisseacute
Il doit ecirctre propre le lutteur qui le porte ne devra pas avoir de rapshy
port sexuel pendant toute la peacuteriode des cOTpeacutetitians car le Ngi~bE ne
doit pas ~tre souilleacute
Autrefois et mecircme aujourdthui dans certaines familles on devient
lutteur de pegravere en fils et dans ce cas le Ngimbe du pegravere est heacuteriteacute
par le fils Le fait de porter le Ngimbe de ses aieux peut susciter
chez le jeune lutteur une motivation et une volonteacute ineacutebranlable dtasshy
surer la supeacuterioriteacute d~s siens dans ltaregravene Il fera tout pour que le
Ngimbe de la ramille ne touche le sable
La tenue du lutteur a une signification et une importance sur le plan
mystique car selon les anciens le vra1 feacutetiche du lutteur celui qui
le proteacutegera et laidera agrave vaincre le nDjinne ou le tRapu de ladvershy
saire se trouve cacheacute dans ce Ngimbeu bull Celui qui confectionne donc le
Ngimbe U est doueacute de faculteacutes occultes
337 Larbitrase est assureacute par un sage du village qui geacuteneacuteralement fut
champion de lutte de son temps Dailleurs cet ancien nintervient que
si le terrassement est litigieux Hormis le public qui proclame la vicshy
toire ou le match nul le lutteur lui-mecircme est arbitre et il arrive
quil se deacuteclare vaincu
Nous avons pu cfter Meacutedoune KHOULE un desplus grands lutteurs seacuteneacutegashy
lais qui a donn~ une victoire agrave Djeacuteri SADIO son adversaire qui a reacuteussi
agrave lui faire touegraveher le sol de la main
IlL
34 1 Preacutesentation
Lethnie toucouleur vit En grandt partit ciE~~ la vallfc du S~~~gal
pt reprecircsente i peu pr~s 8 de la population totale secircn~galaise
o Histoire
Il semblerait que dans lancien royaume du Tekrour (IX~ siegravecle) des
eacuteleacutements neacutegroiumldes Sarakoleacute et des Peul aient formEacute par meacutetissage le
peuple Toucouleur (Toucouleur serait dailleurs une deacuteformation du
mot portugais Tacouror)
Ce empire a domineacute aussi bien les wolofs de lOuest que les Peul
nomades du Fouta Toro Cette reacutegion fut le premier pays islamiseacute par
les Almoravides ce qui peut expliquer le proseacutelytisme toucouleur
Ce sont les guerriers toucouleur islamiseacutes qui attaqu~rent avec les
Almoravides la capitale du Ghana Koumbi en 1067 On convertit par
la force les animistes Cest sans doute agrave cette eacutepoque que de nombreuses
ethnies reacutefractaires agrave lIslam ont dO accentuer leur migration vers
le sud (Seacuteregravere wolof Sarakoleacute Bambara Songhaiuml Akan et Peul se reacuteshy
fugiaient vers les hauteurs du Fouta Djalon)
Au XIXegrave siegravecle les Toucouleur allaient trouver en El Hadj Omar Tall
un grand conqueacuterent qui sous le preacutetexte religieux de la gJerre sainte
contre les tribus animistes (entre autres Bambara) eacutetendit lempire
toucouleur sur presque tout lensemble du gali et la partie de la Guineacutee
proche du l1ali
Lempire toucouleur composeacute de Sarakoleacute de Bambar~ de ~alinkeacute de
Xassonkeacute dE Peul et de Dogon eut le meurorit~ dunir CES diif~rentes ~ ~ - - - - - et~ics ~t dE CD~stituer l~Sl la b2S~ ~r 1
_ ~ ~ ~_ L ~
~ ~- ~- - - ---- _ 1 v _ t 1 ~-_ --
marabout tOL~culcuuml~ ~ middotlrrany a l ick SI venu des E1i rClS dE Pocior~ (
~ Vi~ euroconomicue et sociale -----------~-------------
Les Toucouleur sont des cultivateurs mais bien quils n~ soie~t pa~
pasteurs comrre les Peul leacutelevage a une place inportarteacute decirc1S ltur
eacutecono~ie Pour faciliter leur conquecircte guerriegraverE ils c~t Eucirc une preacuteshy
dilection pour leacutelevage des chevaux On y trouve aussi des pecirccheurs
appeleacutes Tchioubalo La socieacuteteacute toucouleur aurait une stratification
sociale tregraves rigide Les groupes ethniques et les castes eacutetaient
diffeacuterencieacutes et strictement exogamiques les Rimbe classe des nobles
comprenant la famille reacutegnante et les guerriers libres la classe des
Nieacutenieacutebegens de castes artisanales i les Rimaibeacute anciens esclaves
devenus serviteurs qui portent les noms de famille de leur maicirctres A
la base de lorganisation de la collectiviteacute toucouleur se situe le
village (Wouro)
Toutes ces castes sont cloisonneacutees entre elle~ Ainsi il nest pas
permis agrave un Torodo (noble) de se marier avec un Tchioubalo Ces
consideacuterations sont importantes dans le domaine de la lutte ougrave nous
apercevrons que les nobles ne sont pas faits pour lutter Le noble
preacutesidera les seacuteances de lutte et on luttera pour lui Ces condeacute rat ions
de noblesse et de rang social sont extrecircmement importantes dans le
monde toucouleur
Le noble ne doit pas se salir on lutte pour lui il ne vit la lutte
quen tant que spectateur
342 Education moeurs croyances et eratiques religieuses
Deux formes d~ducation sont agrave consideacuterer leacutedJcatio~ dES enfarts Et
celle des adultes
oG lenfant sait m2n~~r et apprfcier le goOt d~5 ~iifeurorents r~pas lt
le moment ougrave il CO~~e~CE agrave marcher
tivirt n~sormais le petit toucou]eur est eacuteduquf par toutmiddot 12 f2~i)]E
dabord puis par toutes lespersc~nes du village ou du C13~
Lenfant peut ~tre corrigeacute par tout adulte appartenant au groupe social
Son eacuteducation est deacutesormais laffaire de toute la communauteacute et non
exclusivement celle ces parents On linitie ainsi au travail quotidien
qui se fait dans la bergel~ e les champs et les bords du fleuve Au sein
du village il pourra apprendre agrave filer la laine et agrave tisser des pagnes
dans les champs il apprend agrave manier la houe et lhiler pour la culture
du riz et du mil Mais signalons que lactiviteacute essentielle du toucouleur
est leacutelevage des boeufs des moutons et des chegravevres Chez les Ichioushy
balos (p~cheurs ) lenfant sera initieacute tregraves tat au maniement des pagaies
agrave la p~che propremccedilnt dite et agrave la nage
Vers cinq-six ans lenfant est confieacute au maicirctre coranique le Ihierno
et ce dernier dispose exclusivement de toute sa vie Lavenir du jeune
enfant lui appartient
Comme dans les autres groupes ethniques les enfants sont regroupeacutes en
classe dacircge et cest dans cette structure que lenfant subit les rite
de passe et plus particuliegraverement celui de la circoncision
La circoncision est non seulement unE opeacuteration chirurgicale malS surshy
tout une peacuteriode au cours de laquelle le jeune garccedilon passe de leacutetat
dadolescent agrave leacutetat dadulte Les circoncis sont reacuteunis en classe
dacircge dans un endroit situeacute hors duvillage geacuteneacuteralement choisi par les
vieux Cet endroit n~st accessible que par des individus de SExe ffi8SCUshy
li~ ~ta~t au preacutealabl circoncis
- - - -
quable et complet sur le plan phy~ique et ~oral Ai~si liniti~
acquiert les qualitecircs indispensables que sont le courag~ la modest
lesprit de sacrifice lendurance
Le toucoule~r est un pleux musulma~ Cela sexp1
SOil le premier agrave tre en contact avec la religion musulmane de par sa
position frontaliegravere Lethnie toucouleur de par son histoire a preacutesenteacute
les plus grands chefs militaires et religieux musulmans seacuteneacutegalais Et
pour illustrer cela on peut citer en exemple la grande famille musulmane
des SY agrave TIVAOUANE repreacutesentant la confreacuterie des TIDJANES
Bien que lon note une majoriteacute musulmane on peut dire que certaines
croyances et pratiques mystiques et animistes persistent encore surtout
dans la reacutegion du fleuve
Une pratique courante se fait elle sappelle le Djatt Elle consiste
agrave faire sortir le caiman du fleuve agrave limmobiliser et agrave lattacher
sans quil ne reacuteagisse et tout ceci agrave laide de versets et dincantashy
tions magiques Dapregraves les teacutemoignages ces pratiques sont plutocirct
freacutequentes chez les Tchioubalos (pecirccheurs) Il arrive aussi que cershy
tains chasseurs ayant des dons se livrent agrave certaines pratiques an1shy
mis tes qui consistent agrave invoquer certaines puissances et agrave moduler sous
forme de chant des versets occultes pour se proteacuteger des mauvais esprits
et pour eacuteloigner les fauves Ce chant est geacuteneacuteralement incompreacutehensible
et deacutenueacute de sens pour le profane
343 Activiteacutes ludiques et pratiques sportives en milieu toucouleur
Durant toute son histoire lethnie ~oucouleur a toujours EacutetEacute Frese~teacute~
comme celle qui avait ue activit essentiellement guerr e e~ particushy
liegraverement farouche Trois eacuteleacutements ret r t l ecirc t te nt i c- euro so~t
le manie~~nt du ~acircton 12 luttE Et 1eacute danSE
l
Lecircducation ph~sique et artistique Dcc~pe un place precircpondecircra~rp
dans la fDrmat~on du jEune toucouleur A loccasion agraveeacutevegravenemen~ imporshy
tants reacutecoltJs mariages baptecircme nous assistons agrave des manifestashy
tions folkloriques de grande envergure le Wango oucirc dailse toucouleur
tregraves gymnique iles chants et surtout les sEacuteances de lutte
La lutte toucouleur est la forme de lutte la plus spectaclaire dans
tout le territoire seacuteneacutegalais Elle est essentiellement baseacutee sur des
techniques en hancheacute et surtout en souplesse Ceci sexplique par le
fait q~e le jeune toucouleur est tregraves tocirct initieacute agrave la gymnastique (saut 1
per saut de main salto arriegravere saut de tecircte couronneacute etc bullbullbull ) pour
la dans~ du wa~go En dansant le wango qui est une danse rythmeacutee et
gymnique le Jeune toucou1eur est capable de prouesses extraordinaires
1
En lutte lattaquant se deacuteplace tregraves peu pour avoir une bonne saisie
(geacuteneacutera~ement controcircle du Ngimben ) et enchaine brusqueme~t avec une
attaque surpris~ Cependant les ripostes sont souvent surprenantes et
spectaculaires (baseacutees sur la souplesse et la rapiditeacute) ontrairement
aux autr~s form~s de luttes ougrave lon voyait tous les jeune adheacuterer la
lutte to~cou1eur Verra un groupe de speacutecialistes sadonne agrave la lutte 1
(la lutte est lieacutee agrave la position sociale de lindividu problegraveme de
caste)
Q La morphologie du lutteur toucou1eur 1
1 1
Ce dernier nest pas aussi large et aussi fort que les lutteurs diola
et seacuteregravere Cependant il est tregraves reacutesistant La musculatJre est saillante 1
et tregraves souple lindividu est longiligne mais tregraves athleacutetique
Les mouvements de lutteurs sont semblables agrave ceux dun grand fe1in Cette 1
morphologie semble ecirctre lieacutee agrave la position geacuteographique de lethnie
(reacutegion du fleuve) et agrave lacitiviteacute socio-eacuteconomique du toucouleur qui
est agrave la fois cultivateur (activiteacute lieacutee agrave la crue et deacutecrUE du fleuve)
pecirccheuro~T CIcr~icubaon) et sttout jEumlrgcr qui est U~ rc~2eumlr
shy
Deux formes egrave~ corps sembl~nt ecirctre preacutefeacutereacutees du lutteur toucouleur
le hancheacute et la souplesse Les hancheacutes sont faits agrave partir de plusieurs
positions de doset se terminent geacuteneacuteralement par des techniques de
tregraves grande amplitude
TABLEAU RECAPITULATIF DES TECHNIQUES ET FORMES DE CORPS SPECIFIQUES
i
L441 r
GARDE FORMES DU CORPS CONTROLES --shy - -
Moyenne Souplesse Ngimbe
Hancheacute bras
Demi-souplesse
1
Profil psycholosigue 1
TECHNIQUES
ContrOle du bassin et 12 souplesse
arriegravere
Klicket et allegravegement de la hanche
Le lutteur toucouleur est celui lUi se livre le moins aux preacuteparaqons
maraboutiques Cela est dO au f~t que le toucouleur est un grand ~USUlshyman et que les pratiques animisges ont presque disparu dans ce mil~eu
Dans la pratique le lutteur esJ combaif mais il est calme et tr~s reacutefleacutechi quant agrave la deacutecision agrave prendre en plein corps agrave corps ct~st un des seuls techniciens qui reJte tregraves lucide au cours de ses comb~ts
l Dans toutes les circonstances e lutteur toucouleur est tenu de re~pecshyter son adversaire et ceux de s4n eacutequipemecircme sil est vaincu
Comme nous avons dO nous en rendre compte la rigueur des principes
eacuteducationnels a une influence tregraves sensible sur l~ comportement du
toucouleur
i
III S COCL ~s 1DO
Dans cette partie nous avons essay~ de montrer lftroite re1atic~
Entre les diverses activiteacutes socio-eacuteconomiques dans les ethnies et
lES diffEacuterentes faccedilons de lutter
Daucuns seraient tent~s de conclure trop rapidement et cest p0~r
cette raison que nOUS avons penseacute preacuteciser que le pheacutenotype nest
pas geacuteneacuterateur du geacutenotype Et nous sommes convaincus que la morphoshy
logie et les techniques des lutteurs relegravevent de leurs modes de vie
et de leurs croyances agrave une eacutepoque et danE un contexte bien deacutetermishy
neacutes
Est-ce que les lutteurs dio1a ou seacuteregravere travaillant avec leurs bras
dans les champs auraient les mecircmes pr 0 fil s physiques que les lutteurs
utilisant des machines pour lagriculture
- 69 shy
I UJOURDH~1 E-S ut O[l LES FORfilS Ut LU11t~
~otons que notre enqu~te a ecirctE essentiellement faiteen milieu urbain
Les seacuteances de lutte ont tendance agrave perdre leur particulariteacute de r~shy
jouissance pour devenir des pheacutenomegravenes de sportisatio Deux fores
de luttes so~t principale~cnt prat s dans les aregrave~es du 5 al
la lutte traditiunnelle simple et la lutte traditionnelle avec frappe
De nos jours la lutte traditionnelle tend vers une reacuteglementation
et une institutionalisation
Le reacutesultat de nos investigations nous donne le tableau ci-dessous
REPARTITION ETHNIQUE SUR 100 PRATIQUANTS
LUTTE LUTTE RAPPORTETHNIES SANS FRAPPE AVEC FRAPPE J2
Diola 40 16 71 j
Seacuteregravere 26 21 57
Toucouleur 23 10 69
Wolof 1 1 53 17
La demande sociale par ordre deacutecroissant pour la lutte sans frappe
se preacutesente comrre suit
]0_ Ethnie diola avec pregraves de 3 lutteur~ sur 4
2deg_ Ethnie toucouleur
Ethri dun
~ 1 LA LUTTE TR])IIIO~~ELLE AVEC H-PPE
Cette forme deacute lutte a une histoire qui date de lantiquiteacute elle
sa~pelait le Pugilat Au Seacuteneacutegal elle a vu le jour dans le Cayor
bien avant la colonisation Le coup dE pied l~Lrdn~lement la morshy
sure la frappe et le doigtf eacutetaient permis dans le cc=bat ~ ~middot~p0~~e
Dans certains cas la giffle eacutetait beaucoup plus dangereuse que le
poing quand elle eacutetait donneacutee par un speacutecialiste Cette giffle pouvait
agrave elle seule deacutechirer et mecircme parfois amputer la joue de ladverser
Selon les informations la lutte avec frappede nos jours serait une
forme de lutte tregraves eupheacutemiseacutee de celle dantan ougrave une blessure
pouvait souvent ecirctre mortelle
Aujourdhui au niveau du folklore la lutte na plus la mecircme
le spectaculaire a remplaceacute le significatif iLa lutte avec frappe se 1
pratique surtout dans les centres urbains C~aque fois quun grand combat 1
est progra~eacute par le Comiteacute National Proviso~re (CNP) des centaines damashy
teurs sont mobiliseacutes vers le stade lba Mar D~OP qui est aujourdhui le i
lieu approprieacute ougrave se deacuteroulent les grands conkbats de lutte Cest la formE
de lutte qui semble drainer une foule de personnes beaucoup plus importante
que celle de la lutte simple
La lutte avec frappe deacuteriverait dune forme de lutte traditionnelle
pratiqueacutee jadis dans le Cayor au temps des Damels et la frappe serait
le substitut dun certain nombre de pratiques doigteacute jet de produits
etc bullbullbull dont le but eacutetait laveuglement de ladversaire La lutte avec
frappe serait une continuation logique dune carriegravere sportive de la
lutte traditionnelle qui sen sert comme moyen socio-eacuteconomique En
effet la majoriteacute des lutteurs avec frappe ont dabord eacuteteacute initieacutes agrave la
lutte simple Cependant il faut signaler que de nOS jours il arrive
que le jeune lutteur avec frappE- soit directenent formEacute conne speacutecialistE
agrave la frappe sa~s pour autant faire son chemin dabcrd egravea~s la lutte
- ~ shy
Le recircsultat dE ~os interviews ncus rec~trE qGune pcpulatiD~ divcrsishy
fiampe sint~resse agrave ce sport et qUE les intecircr~[s des uns et d~SlautrE~
semble~t divergents naucuns affirment que la lutte traditionnelle
avec frappe serait monteacutee par des personnes dont la vocation est dexshy
ploiter ce pheacuteLomegravene agrave des fins commerciales Dautres disent gJellegrave
jouit de mcyens irport~nts t[l[~isio
tation etc bullbullbull ) pour toucher toutes les couches sociales CEpe~~a~t
nous remarquons que mecircme si certaines personnes reprochent agrave cette
forme de lutte decirctre brutale ces mecircmes personnes nheacutesitent pas agrave
se rendre le dimanche agrave laregravene Bien que critiqueacutee elle semble ecirctre
adopteacutee par une tregraves grande partie de la population seacuteneacutegalaise Cepenshy
dant en tant que techniciens il nous est permis de faire une remarque
Il sagit de
- Limpression nette decirctre devant des professionnels de la frappe
qui sont ~ntratneacutes pour cela Dailleurs les propos que nous avons
recueilli~ nous prouvent que la plupart des champions de lutte avec 1
frappe s~ntratnent dans certains sports de combat tels ~ue la boxe i 1
le karateacute le judo Dans cette nouvelle forme de pratique de la lutte
contrairefuent agrave la lutte traditionnelle le technicien e~t souvent
perdant face au puncheur Ce dernier adopte une lutte agrave distance qui
lui permet de placer agrave bon escient ses coups animeacute du deacutesir de vaincre
Le technicien lui se voit contreacute dans toutes ses entreprises par
un uppercut ou un crochet
On peut dire cependant que nul sport au Seacuteneacutegal que la lutte tradishy
tionnelle avec frappe ne deacutechaicircne autant de passions et autant de
pheacutenomegravenes poussant agrave lexcegraves et deacutereacuteglements quon ne peut que deacuteplorer
Mais comment deacutecrier un spectacle de lutte qui bien quayant perdu la
presque totaliteacute des valeurs traditionnelles veacutehiculeacutees autrefois par
elle sait susciter une participation effective de tous ceux qui sont
preacutesents
CONCLUSION
Dans ce meacutemoire nous sommes efforceacutes ~e faire ressort ir limportance des
ethos et des habitus et leurs effets sur la pratique de la lutte tradishy
tionnelle au Seacuteneacutegal
L~b egravethos repr~sentent dune maniegravere g~neurorale tous les eacuteleacutements speacutec
fiques sux Seacuteneacutegalais par conampeacuteguent un systegraveme de valeurs traditionnellEs
Mais m~me si ces valeurs rev~tent une signification universelle (honneur
digniteacute courage etc bullbullbull ) il nen demeure pas moins que ce nest pas leur
nature qui fait leur speacutecificiteacute mais la hieacuterarchisation et limportance i
quon accorde agrave toutes ces valeurs de ~ar leacuteducation ou la culture
i 1
Aussi les valeurs traditionnelles puient leur speacutecificiteacute dans les
caracteacuteristiques propres aux eacuteleacutements ~e la socio-cu1ture (la technologie
et leacuteconomie la politique et la pareteacute la psychologie et lideacuteologie)
dans la socieacuteteacute seacuteneacutegalaise agrave n momen donneacute de son eacutevolution Cest i
dire la neacuteceesiteacute de ne point faire della valeur une reacutealiteacute statique
Cest dite aussi quagrave tout mome~t le ~eacuteneacutegalais peut eacutevoluer et creacuteer
ou vivre par conseacutequent de nouv~lles fprmes de valeur qui lui sont 1
propres ft (J)
La lutte traditionnelle veacutehiculant deS valeurs socio-cu1ture1les speacutecishy
fiquement seacuteneacutegalaises (croyances valeurs morales norme de comportement
opinion attitude bullbullbull ) devient un eacuteleacutement important qui tregraves certaiaement
nous aidera dans notre effort de valoriser et de peacuterenniser notre patri shy
moine culturel par le biais dactiviteacutes physiques et sportives
Leacutetude des habitus nous permet de prouver quil y a plusieurs faccedilons
de se mouvoir comme danser lutter bullbullbull qui varient avec les diffeacuterentes
ethnies (wolof toucouleur seacuteregravere diolagt leurs convenances et leurs
eacuteducations
(1) Revue Ethiopiques 31 Les valeurs traditionnelles et le problegraveme de leur inteacutegration dans les systegravemes modernes jtducatio-1 2 6r--70
nautre part cette eacutetude permet aussi de nous rendrE compte de la
correacutelatipn eacutetroite existant entre la pratique de la lutte traditionnelle
et le sta~ut socio-eacuteconomique du pratiquant
Nos inves~igations nous indiquent que la lutte recrute essentiellement
au niveau des classes socio-eacuteconomiques situeacutees en bas de leacutechelle
donc posseacutedant le statut social le moins favoriseacute La lutte avec frappe
-et un certain secteur commercialiseacute de la lutte simple- y trouve sa
leacutegitimiteacute Comme le dit BOURDIEU nA habitus diffeacuterents styles de Vle
divergents et il oppse les pratiques aristocpatiques correspondants agrave
des activiteacutes qui favorisent les situations eupheacutemiseacutees ougrave la stylisashy
tion est importante aux pratiques populaires qui font appel agrave des
qualiteacutes qpposeacutees bllutes rugueuses Certaines interviews nous
montrent que plus lindividu occupe une place eacuteleveacutee dans leacutechelle
sQciale e~ 1
moin$ il sinteacuteresse agrave la lutte
Les reacutesultats recueillis dans nos diverses investig~tions confirment 1 1
1er propos qui disent que nous assistons aujourdhu~ agrave une involution
de la lutte traditionnelle parce que perdant toutes ses speacutecificiteacutes au 1
pryfit d~ne autre forme de lutte que lon continue agrave appeler nostalshy
giqlementIIlutte traditionnelle
Ceci pourrait peut-~tre trouver une explication dan la citation suivante
La liberteacute de creacuteer dinnover de vivre Pleineinenf decirctre soi et de
preacuteserver son authenticiteacute la digniteacute et lhonneu1demeurent des illushy
sions dans la misegravere eacuteconomique~ Nos ancecirctres creacuteai~nt des valeurs de cishyl
vilisation parce quils eacutetaient libres parce qu1i~s ignoraient toute
deacutependance eacuteconomique ils cultivaient en eux et cbez leurs enfants le 1
Jorn et la Kersa et preacutefeacuteraient la mort agrave la hoJte lI (1)
Or le Seacuteneacutegal comme la plupart des pays africainsi est un pays sousshy
deacuteveloppeacute t cependant face agrave cette volonteacute du gou~ernement seacuteneacutegalais
de faire inteacutegrer dans leacuteducation des valeurs traditionnelles nous
pouvons espeacuterer utiliser comme moyen deacuteducation la lutteacute traditionnelle
qui reste quand mecircme vecteur jethos et dhabit~s
- 54 shy
Mecircme si lon a noteacute un appauvrissement notoire sur les plans socioshy
culturel et moral la lutte traditionnelle recegravele une gamme importante
et varieacutee de techniques permettant incontestablement une ouverture vers
les luttes olympiques libre et g~eacuteco-romaine
La lecture de ce meacutemoire permettra agrave lentratneur et au professeur de
lutte en fonction du lieu ougrave ils seront affecteacutes dans le territoire
seacuteneacutegalaisdavoir une information sur les techniques contrOles et
formes de corps propres agrave chaque groupe ethnique et de les mettre en
relation avec leurs croyances et leurs mentaliteacutes
Nous avons essayeacute de montrer que la pratique de la lutte traditionnelle
doit tre axeacutee sur une ethnomotriciteacute au Seacuteneacutegal qui permette une inishy
tiation facile Cette pratique de la lutte traditionnelle seacuteneacutegalaise
devra dailleurs essayer de ~eacutepondre aux aspirations du Seacuteneacutegalaisl
moderne en souvrant aux ap~orts positifs des autres civilisations
ex~eacuterieures nous voulons Jvidemment parler du judo et des luttes oiymshyJ
piques 1
1 j Nous navons pas la preacutetentfon dans le cadre de ce meacutemoire demattrise
de reacutepondre agrave toutes les qutstions se rattachant agrave leacutetude de ~a lutte
traditionnelle souslangle~socio-culturel car non seulement il nous
manque lexpeacuterience et la c peacutetence en la mati~re mais aussil l le temps
et les moyens dont nous dis osions ne nous permettaient pas d~puiser le 1sujet i
1 1 1 t 1
l
- )5 shy
BIBLIOGRAPHIE
BIBLIOGRAPHIE
1- CLAPAREDE Psychologie de leacuteducation et peacutedagogie expeacuterimentale
Edition Delachaux et Niestleacute 244 pages
2- POCIELLC Christian Sport et Socieacuteteacute approche socio-culturelle
des pratiques Paris Vigot 1981 377 pages
3- PIERON Henri Vocabulaire de la psychologie
PUF Deuxiegraveme eacutedition 1957 469 pages
4- Revue socialiste de culture neacutegro-africaine ETHIOPIQUES
Les valeurs traditionnelles et le problegraveme de leur inteacutegration
dans les systegravemes modernes deacuteducation
GIA 21 Juillet 1982 213 pages
5- N2 Revue du Centre dEtudedes Civilisations DEM ak TEY
NIS IVegrave Trimestre 1982 96 pages
6- Document lNSEP Colloque sur la lutte aeacuteregravere
DAKAR MAI-JUIN 1980
t 1
~- Travaux du IVegrave Congregraves National ~es Sports agrave DAKAR les 2223041981
Bulletin n2 91 du CIO du 15 Aont 1965
l____________________________
8- Meacutemoire de Mattrise BADJI Abdou La lutte traditionnelle Joola
Etude et perspective
9- Meacutemoire Inspectorat JS DJITTE Mandy Les pratiques corporelles
traditionnelles au Seacuteneacutegal pour leur exploitation et leur
utilisation en peacutedagogie Marly le Roi 1980
REPUBLIQUE DU SENEGAL
--------------- INSTITUT NATIONAL SUPERIEUR
MINISTERE DE LA JEUNESSE DE LrsquoEDUCATION POPULAIRE
ET DES SPORTS ET DU SPORT
-------------
(INSEPS)
MEMOIRE DE MAIcircTRISE
Es-SCIENCES ET TECHNIQUES
DE LrsquoACTIVITE PHYSIQUE ET DU SPORT
LA LUTTE TRADITIONNELLE
son importance sa signification en fonction des ethos et des habitus ethniques au Seacuteneacutegal
Preacutesenteacute par
Monsieur Joseph Victor FAYE
Sous la direction de
M Jean Marc ROCHEZ
Professeur agrave lrsquoINSEPS
Anneacutee de soutenance 1984
3265 L~ precircparation mystique
Il faut reconnattre quon ne peut parler de lutte en milieu wolof sans
envisager une preacuteparation mystique seacuterieuse Co~~e ~ous lEvans vu a~teacute-
1middot ~ d ~ ~rlturenent t0utes es actlvmiddotltesmiddot u W010 sont lles a SeS croyances
- la lutte ne concerne pas seule~ent deux acteurs se livrant faruumlucheshy
ment agrave un combat au milieu de laregravene mais eacutegalement les marabouts et les
feacutetichistes du village ou du clan qui doivent deacutefendre leur savoir et
leur prestige Avant le combat le lutteur doit se livrer agrave un certain
nombre de preacuteparations mystiques pour assurer sa victoire Aussi sommesshy
nous appeleacutes agrave parler de BACK (cest le chant et la danse du lutteur)
- le batteur de tam-tam compose un rythme en fonction du Galagne ou du
Senghor (gds-gris) du lutteur Chaque galagne sera choisi en fonction
du Rap ou du Djinneacute correspondant au Totem du lutteur
Le chant geacuterleacuterique Feinte woy veut dire litteacuteralement composer un 1
chant Ce chant est geacuteneacuteralement composeacute par les filles du viilage du
champion ou par un griot de sa communauteacute Et agrave travers ce chrnt on
arrive agrave toucher la corde sensible du lutteur en chantant lesl innombrables 1
victoires de ses ancecirctres ou en lui rappelant ses prouesses eacuteblatantes 1
Chaque lutteur doit avoir un chant et un back qui lui sont propres
327 Le reacutepertoire technique et les caracteacuteristiques physiques dulutteur wolof
Le lutteur wolof est geacuteneacuteralement moyen de taille la musculagraveture est
tregraves saillante ce qui fait ressortir un aspect tregraves athleacutetique ceci
est vrai sans exception pour le lutteur leacutebou mais il arrive que le Cacircyoshy
rien le baol-baol le walo-walo soient de grands gabarits de forte constishy
tution
CepEndant pour une meilleure compreacutehension du sujet nous pouvons eacutetudiEr
deux jroups d lut teurs qui vont deacuteterminer deux st yI e s de lut tes
- ~ t
les tc~tativ~s de~[reacutee e~ ramassement de jambes de la~v~sairL Ce~~
peut Ecirctre expliqueacute par le fait que les lutteurs leacutebou ou walo-walc qui
sont des pecirccheursadoptent cette garde tasseacutee du fait quils so~t tou-
jours pencheacutes en tirant le fil ou en poussant la plrogue On verra techrugravequeacutes dt cirr 2C ~lt 5Jllicitocirct
surLuumlut les membres supeacuterieurs
Le cayorien et le baol-baol par contre sont les plus grands cultivateurs
darachide chez eux les techniques de lutte sont plus varieacutees et la
garde est moins renfermeacutee Les lutteurs cayorien et baol-baol ont une
morphologie et une reacutepartition musculaire bien eacutequilibreacutee ils excellent
dans les techniques en deacutecalage les techniques de jambe et surtout les
techniques de riposte ougrave lon peut voir des prises de hancheacute tregraves amples
Dune maniegravere geacuteneacuterale on peut dire que le lutteur wolof est un fin
technicien qui sait surtout creacuteer les opportuniteacutes e~ avec sa rapiditeacute
utiliser la force de ladversaire pour le deacuteseacutequilibrer le noodju
le mbas le weacuteheacuteleacute et le rasu sont des techniques propres au lutteur
wolof
En deacutefense il utilise surtout des kl~klets ou gal-gal Notons que
le balancement des bras ou Lewato e$t tregraves marqueacute dans la lutte wolof
TABLEAU RECAPITULATIF DES COMPOSANTES TECHNIQUES
( 1 )
1 SOUS-GROUPES GARDES CONTROLES FORHES DE CORPS l
Walo-walo Basse de jambe Arracheacute l l10yenne de Ngimbe et i
Leacutebou Tasseacutee et saisies annexesj Deacutecalage 1 1 distante de bras de tecirct1
j de bras Deacutecalaeuro
~-----------------~-
- ~ ~- shy - ~ ~ bull L _ _ bull
Profil psyc~~iqUE du lutteu- et son comporterent dars l 2regravere
La preacuteparation mystique dans laregravene est plus marqueacutee chez les wolofs
que ChE~ les autres ethnies En effet on verra de grands champions
preliGrE plusiEurs heures pour Enduire leur corps de cll2badep ou ci
rmiddot- ~ a la proprieacuteteacute de proteacuteger li1egraveividu J
les mauvais sorts) Cest dailleurs un aspect dt la luttE qui iJcsc
des problegraveJles
Le lutteur wolof est tregraves superstitieux et la peacuteriode de preacuteparation
est capitale pour lui car elle permet non seulement de rendre
hommage aux ancecirctres mais aussi dintimider son adversaire Cest
geacuteneacuteralement un lutteur agressif combatif et teacutemeacuteraire Il se fait
souvent remarquer par son esprit dentreprise Mais cette fougue dans
le combat lamegravene parfois bien que ce soit regrettable agrave oublier les
usages et les normes Ce manque de maicirctrise de soi peut faire croire
que le lutteur wolof manque de fair-play ce qui nest pas toujours le
cas
~A~Ugrave~ t 4AA CbUrs k LA ucirctotve f~tPle Sesect prores mou W ~ lesquelles vont se couler les comporteme~ts individuels qui sont ainsi
monteacutes par et pour lautoriteacute sociale
Les faccedilons de boire de marcher ou de sasseoir se manifestent indivishy
duellement dans le corps de chaque personne ces habitus sont cependant
des montages sociaux lieacutes agrave des significationssymboliques variables
dailleurs selon la position sociale occupeacutee par chaque sujet Ces modes
dagir se rangent dans un systegraveme de montages symboliques et lindivishy
du les apprend de la socieacuteteacute dont il fait partie agrave la place quil occupe
Lhabitus est un montage social agrave la valeur symbolique deacutependant des pheacuteshy
nomegravenes deacuteducation et de prestige et lieacute agrave la position sociale du sujet
Cette penseacutee sonne de faccedilon eacutetonamment moderne
Pierre BOURDIEU qui dans une perspective a approfondi le contenue de la
notion en le reportant aux oppositions entre classes et fractions sociales
Il deacutefinit lhabitus comme un systegraveme de dispositions durables acquis au
cours dune histoire personnelle dans une milieu social donneacute systegraveme qui
engendre ensuite des pra~iques socialement deacutetermineacutees faccedilons de manger
de parler ou de marcher comportements de politesse contenu des preacutefeacuterencel
et des deacutegoOts bullbullbull lhabitus est le produit de conditions eacuteconomiques et
sociales Lauteur rattache directement la formation de lhabitus dun
individu agrave la trajectoire parcourue par celui-ci dans sa classe dapparteshy
nance il deacutefend lideacutee dun habitus de classe qui deacutefinit le sens confeacuteshy
reacute agrave la pratique sportive les profits qui en sont attendus
Ce dernier serait lui-m~me lieacute agrave un systegraveme de valeurs ou ETHOS de classe
prenant sens au sein doppositions distinctives entre classes sociales
De sorte lhabitus fonctionne comme un systegraveme dt- regravegles inteacuterioriseacutees
souvent informuleacutees permettant ou non agrave lagent de sadapter dembleacutee aux
multiples pratiques de la vie quotidienne et de la vie sportive il est agrave
lorigine des schegravemes de transcription qui favorisent les ajustements aux
situations corporelles nouvelles (1)
t ~
(1) P~IE11D dwi6Han ISpoy-l et sodeacutebi Approche Bocio-culturelle des pratiques P~tis Vigot 1981 page 81
33
331 Preacutesentation
Les Seacuteregravere auraient pour origine le Fouta Toro quils auraient quitteacute
vers le Xllegrave siegravecle pour fuir lislamisation de cette reacutegioD par lempire
dJ Xali (ils seraient donc apparEnt~s aux Peul et Toucouleur ) Ils
auraient trouveacute dans la rEacutegion du Sine les Sosseacute dorigine manding avec
lesquels ils salliegraverent
Au XVegrave siegravecle une autre immigrationSos~ conqueacuterante cette fois-ci
apporta son organisation eacutetatique Ils se divisegraverent en deux monarchies
deacutemocratiques lune seacutetablit au Sine et lautre au Saloum Les Sosseacute
conqueacuterants constituaient lautocratie appeleacutee Guelowar
La royauteacute seacuteregravere eacutetait laiumlque Les premiers souverains durent secouer
la tutelle des Toucouleur et progressivement arrivegraverent agrave unifier lethshy
nie des seacuteregravere etdea Sosseacute Les deux royauteacutes eacutetaient organiseacutees selon
acirces modegraveles tregraves deacutemocratiques Le souverain deacutependait dune assembleacutee
de ministres et de chefs locaux qui assuraient ladministration centrale
et reacutegionale())
Aujourdhui lethnie seacuteregravere repreacutesente 20 de la population seacuteneacutegalaise
Ils sont reacutepartis sur presque toute leacutetendue du territoire notamment
dans le Baol la reacutegion du Sine-Saloum et la reacutegion de Thiegraves
Signalons quil existe plusieurs sous-groupes dans lethnie ainsi on
trouvera
- dans la reacutegion de Thiegraves les Ndut les Safegravene et les None
- dans le Sine-Saloum les Sine-sine et les Saloum-salouIT
On trouvera vers foundioune et agrave Nioro du cocircteacute de la Gambie les
Niominka (pecirccheurs) Cest une portion tregraves mandinguiseacutee
( 1
Le rattache~2~t d~ to~s ccs sous-groupes pose problecircme ~25 0~ r0~V~
uc grande partie de traits COITul1uns dans leurs modes dE vie Ct pOUT phs
de faciliteacute nous allons essayer de faire une ~tude globale de la lutte
traditionnelle seacuterecircre Lactiviteacute socio-eacuteconomique qui est essentielleme~t
agro-pasorale caracteacuterisE leacutethnie seacuteregravere
332 Lecircducation les moeurs les croyances et pratiques sEr~rc
Chez les Seacuteregravere la vie humaine se deacuteroule selon les grandes eacutetapes
le baptecircme lenfance ladolescencemarqueacutee par la circoncision lsectge
adulte le mariage la vieillesse et la mort (funeacuterailles)
La vie de la communauteacute seacuteregravere reste une des plus originales sinon
celle qui de nos jours garde la presque totaliteacute des pratiques et
habitudes traditionnelles
Bien qu aujotltdhui con~r-tis aux religions chreacutetienne et musulmane les
Seacuteregravere conservent leurs croyances et pratiques animistes
Quelque soit leur degreacute dadheacutesion aux religions reacuteveacuteleacutees les Seacuteregravere
croient en un Dieu puissant et miseacutericordieux Rog Segravene et les hommes
Les ~angols sont repreacutesenteacutes mateacuteriellement dans tous les villages
seacuteregraveres par des arbres (baobab et tamariniers) des animaux (geacuteneacuteraleshy
ment serpent doreacute ou iguane) des ustensiles (pilon calebasse et mortier)
De nombreux teacutemoignages nous apprennent que certains totems (serpent
iguane) font leur apparicion agrave loccasion de certaines manifestations
rituelles comme les sacrifices ceacuteleacutebreacutes lors dun mariage de ceacutereacutemonies
mortuaires ou des circoncisions
Le Seacuteregravere comme il nous a eacuteteacute donneacute loccasion de le dire plus haut
preacutesente des speacutecificiteacutes authentiques aussi bien en tout ce qui touch~
son eacuteducation ses croyanCES et pratiques mystiques q~e ses activiteacute~
socio-ecirccc~omiquEs Apr~s a ~aissa~c~ le beurob~ ~~ pcs~ 5~~ lE S~ __
On lui mouille les l~vres avec un peu d~ lait de mil et apr~s U~ bain
purificateur on versera leau dans un trou cr~us~ derri~r~ la Camp~~
Pendant huit jours la megravere et lenfant sont cacheacutes dans la case car
selon les anciens ils sont tregraves vulneacuterables La case deacutens certains cas
est entoureacutee dun fil blanc et lon place sur le seuil des fais(cauy di
veacutegeacutetaux pour chasser les mauvais esprits (geacutenies malfaisants et illangeUY~
dacircmes) Au bout du huitiegraveme jour la megravere et lenfant peuvent sortir de
la case bull
bullbullbull Le matin du huitiegraveme jour la tante paternelle va chercher de leau
(plusieurs fois)t elle doit rester muette pendant ses alleacutees et venues
si elle parlait t lenfant pourrait ecirctre muet bullbullbull
La megravere et lenfant prennent un bain purificateur dans lequel sont
trempeacutees certaines plantes (ce sont des veacutegeacutetaux pr~tecteurs tels le
begravene le yag le ngud) On y lavera aussi le linge e1t les ustensiles utishyj
liseacutes pendant les huit jours qui viennet de seacutecoul~r On rase le crine
de lenfant Les cheveux sont donneacutes agrave la megravere qui ~s enterrera avec le
reste du cordon ombilical dans un endroit que11e esit seule agrave connattre
La megravere sassied sur une natte devant la maison Une femme igeacutee de la
famille prend le beacutebeacute dans ses bras et le preacutesente aux quatre coins de
lhorizon
La tante paternelle tient ensuite un van sur la tecircte de la megravere on y
verse le mil on y verse eacutegalement en abondance sur la megravere et sur
lenfant La tante oint ensuite le corps du beacutebeacute avec du lait e11e
touche en particulier le front t le nez la bouche la poitrine le dos
et les oreilles
Elle pose enfin un ~rain de sel dans la paume du beacutebeacute (le sel purifie
et deacutetruit les puissances mauvaises)
Apregraves un nouveau bain la megravere et lenfant revEcirctent des habits de fecircte
(est
lenfant Ce precircnore a toujours U~ SEns Il sy~bolise parfois C0 qUi
lOIl sounaitt agrave lEufant l)
La circoncision comme dans les autres ethnies est obligatoire Elle
permet au jeune adolescent dacceacuteder agrave la classe adulte Les jeunes
sont regroupes en classe dacircge dans le bois ougrave sc fait la r0tr~it0 des
circoncis et ceci pendant plusieurs mois
Le Selbeacute qui est geacuteneacuteralement un ancien craint de tous les eacutelegraveves
enseigne le respect de la hieacuterarchie la discreacutetion le goOt de linishy
tiative Les activiteacutes physiques et leacuteducation artistique ne sont pas
en reste la deacutecoration la sculpture la lutte et la danse A sa sortie
du bois linitieacute appartient deacutesormais agrave la classe des virils et des
sages du clan car on lui aura enseigneacute les vertus fondamentales que
sont la justice lhonneur lamour du prochain 1 amour du travail
lhonnecircteteacute et surtout le respect des coutumes ancestrales
Le rite du mariage esd aussi un fait tregraves important dans le monde 1
seacuteregravere mais par manq~e dinformation nous serons obligeacutes de nous en
tenir lagrave
333 Impact des ethos sur la lutte dans le monde seacuteregravere
Lorigine de la lutte seacuteregravere ne semble pas claire ma1S nous pouvons
dire quil existait deux formes de lutte comme chez les Wolofs une
lutte sans frappe et une lutte avec frappe Et cest cette derniegravere
qui peut-ecirctre nous ameacutenerait agrave croire que la lutte seacuteregravere aurait une
origine plus preacuteciseacutement guerriegravere
Aujourdhui la lutte est uniquement une activiteacute sportive agrave travers
laquelle le jeune seacuteregravere eacutevalue sa force son courage et SOn ingeacutenioshy
siteacute Cest une occasion de deacutefendre lhonneur de son village ou de
la corrnnunauteacute
La luttE ~5t avant tout u~e rnanifcs[dtic~ c~lturclie et surtout
fo lkhriqut-
Gracircce agrave elle on peut deacutesormais comprendre un certain nombre de chants
et de symboles A travers la lutte seacuteregravere on ccedilomprend les inter-relashy
tions entreacute la vie et le monde surntiturel
Sil devait y avoir la mort dun villageacuteois pendant la fecirctE au T qUE
de linterrompre on proceacutedait gracircce aux connaissances magico-religieuses
agrave la suspension de la mort jusquagrave une peacuteriode ougrave la population sera plus
disponible pour organiser des funeacuterailles sil y eacutetait preacutedit la possibishy
liteacute dune deacutefait du champion local au profit dun champion dun autre
village des recettes dordre maginque et religieux eacutetaient mises en prashy
tique afin que le champion du village ne soit jamais terrasseacute(J)
334 Le profil du lutteur seacuteregraver~
Le lutteur seacuteregravere est par essence un athlegravete impressionnant de par sa i
carrure et sa musculature saillante mais cest aussi une force tranquille
et calme quelque soit lenjeu du combagravet et particuliegraverement lhonneur
Cet aspect nous pousse agrave parler du NGiMBE cest-agrave-dire de la tenue du
lutteur qui va influencer sur sa faccedilon de lutter
La confection du Ngimbe revient agrave la communauteacute entiegravere Le Ngimbe a
une signification symbolique et le lutteur pour meacuteriter la confiance du
groupe se doit de tout faire pour ne pas toucher le sol Toute la commushy
nauteacute elle aussi sengage pour assurer la longeacuteviteacute et le succegraves du lutteur
dans laregravene par lorganisation droffrandes et de sacrifices en lhonneur
des Pangols bull
bull
Daucuns nheacutesitent pas agrave dire que lessentiel du mysticisme se fait agrave
la maison et non dans laregravene tout le reste nest quintimidation de
ladversaire
lsvcns
Tt- pi ~- t
t 1 ~ l _ ~ t
par rapport agrave lautre Cbci est trEgraves lieacute agrave lactiviteacute journaliegravere du
jeune seacuteregravere qui est un cultivateur donc toujours bien planteacute sur ses
jambes et qui continuellement manie lhiler
Le fait de couper le boi~ peut eacutegalement constituer un moyen de muscushy
lation non neacutegligeable pour le jeune lutteur
Un certain nombre de traits techniques speacutecifiques au lutteur seacuteregravere
semblent ressortir des diffeacuterentes interviews que nous aVOns fait subir
agrave certains lutteurs seacuteregraveres et agrave diffeacuterents techniciens
SOUS-GROUPES FORMES DU CORPS CONTROLES GARDES
SAFEN Moyenne en fente NONE Hancheacute Bras (distante) j
NDUTJ
f
SINE-SINE Deacutecalage Ngimbe
Moyenne
SALOUM-SALOUM Passage- Jambe (rapprocheacutee) 1
i
PETITE dessous Tecircte Basse et 1
COTE Moyenne (rapprocheacutee)
Notons que le Niominka ll commence agrave lutter agrave partir du sol pour avoir
assez deacutelan et sauter sur ladversaire afin davoir la prise du lion
(contr6le de la nuque et du bassin)
Co a -tem-nt ccedilt attitude du lutteur sEacuteregravere335 np -1t ~
Les croyances mystiques sont indissociables des activiteacutes quotidiennes
duseacuteregravere Ce qui explique le cocircteacute supersticieux du lutteur seacuteregravere En
~ffet certains lutteurs refusent de lutter avant certaines heures
Certains teacutemoignages nous apprennent quil nest pas donneacute agrave tout le
monde decirctre champion de lutte et que le lutteur doit avoir des dons
surnaturels pour ecirctre agrave mesure de livrer ses combats dans la nuit
et trouver seul un gris-gris speacutecial appeleacute Njatch
Le vrai champion de lutte chez les seacuteregraveres ne lutte pas seulement avec
~a force et sa technique mais surtout avec ses dons occultes
Chez les seacuteregraveres les morts sont toujours preacutesents et les ~pangols
Servent dintermeacutediaire entre les hommes et les morts Le pangol prend i
le nom dhumain dans certains villages (IIHeacuteJga NDONG Har Wag NGOUYE) i 1
De ce fait on verra le lutteur danser dufe maniegravere ou dune autre en
fonction du pangol de sa famille Ainsi nrus aurons le back (chant et
danse du lutteur) des DIOUF des FAYE etclbullbullbull
Dans laregravene le lutteur seacuteregravere a un comportement exemplaire aussi bien
agrave leacutegard de son adversaire direct quave~ le public en geacuteneacuteral Lexpli shy
cation semble tenir au fait que le lutteur seacuteregravere est avant tout selon
la tradition orale le repreacutesentant de toute la communauteacute seacuteregravere Par
conseacutequent il devra saffirmer non seulement en tant que lutteur dans
laregravene mais aussi en tant quentiteacute morale
336 La tenue du lutteur ou NGIMBE est confectionneacutee par le marabout de la
famille ou du clan Le Ngimbe est constitueacute de pagne en cCton tisseacute
Il doit ecirctre propre le lutteur qui le porte ne devra pas avoir de rapshy
port sexuel pendant toute la peacuteriode des cOTpeacutetitians car le Ngi~bE ne
doit pas ~tre souilleacute
Autrefois et mecircme aujourdthui dans certaines familles on devient
lutteur de pegravere en fils et dans ce cas le Ngimbe du pegravere est heacuteriteacute
par le fils Le fait de porter le Ngimbe de ses aieux peut susciter
chez le jeune lutteur une motivation et une volonteacute ineacutebranlable dtasshy
surer la supeacuterioriteacute d~s siens dans ltaregravene Il fera tout pour que le
Ngimbe de la ramille ne touche le sable
La tenue du lutteur a une signification et une importance sur le plan
mystique car selon les anciens le vra1 feacutetiche du lutteur celui qui
le proteacutegera et laidera agrave vaincre le nDjinne ou le tRapu de ladvershy
saire se trouve cacheacute dans ce Ngimbeu bull Celui qui confectionne donc le
Ngimbe U est doueacute de faculteacutes occultes
337 Larbitrase est assureacute par un sage du village qui geacuteneacuteralement fut
champion de lutte de son temps Dailleurs cet ancien nintervient que
si le terrassement est litigieux Hormis le public qui proclame la vicshy
toire ou le match nul le lutteur lui-mecircme est arbitre et il arrive
quil se deacuteclare vaincu
Nous avons pu cfter Meacutedoune KHOULE un desplus grands lutteurs seacuteneacutegashy
lais qui a donn~ une victoire agrave Djeacuteri SADIO son adversaire qui a reacuteussi
agrave lui faire touegraveher le sol de la main
IlL
34 1 Preacutesentation
Lethnie toucouleur vit En grandt partit ciE~~ la vallfc du S~~~gal
pt reprecircsente i peu pr~s 8 de la population totale secircn~galaise
o Histoire
Il semblerait que dans lancien royaume du Tekrour (IX~ siegravecle) des
eacuteleacutements neacutegroiumldes Sarakoleacute et des Peul aient formEacute par meacutetissage le
peuple Toucouleur (Toucouleur serait dailleurs une deacuteformation du
mot portugais Tacouror)
Ce empire a domineacute aussi bien les wolofs de lOuest que les Peul
nomades du Fouta Toro Cette reacutegion fut le premier pays islamiseacute par
les Almoravides ce qui peut expliquer le proseacutelytisme toucouleur
Ce sont les guerriers toucouleur islamiseacutes qui attaqu~rent avec les
Almoravides la capitale du Ghana Koumbi en 1067 On convertit par
la force les animistes Cest sans doute agrave cette eacutepoque que de nombreuses
ethnies reacutefractaires agrave lIslam ont dO accentuer leur migration vers
le sud (Seacuteregravere wolof Sarakoleacute Bambara Songhaiuml Akan et Peul se reacuteshy
fugiaient vers les hauteurs du Fouta Djalon)
Au XIXegrave siegravecle les Toucouleur allaient trouver en El Hadj Omar Tall
un grand conqueacuterent qui sous le preacutetexte religieux de la gJerre sainte
contre les tribus animistes (entre autres Bambara) eacutetendit lempire
toucouleur sur presque tout lensemble du gali et la partie de la Guineacutee
proche du l1ali
Lempire toucouleur composeacute de Sarakoleacute de Bambar~ de ~alinkeacute de
Xassonkeacute dE Peul et de Dogon eut le meurorit~ dunir CES diif~rentes ~ ~ - - - - - et~ics ~t dE CD~stituer l~Sl la b2S~ ~r 1
_ ~ ~ ~_ L ~
~ ~- ~- - - ---- _ 1 v _ t 1 ~-_ --
marabout tOL~culcuuml~ ~ middotlrrany a l ick SI venu des E1i rClS dE Pocior~ (
~ Vi~ euroconomicue et sociale -----------~-------------
Les Toucouleur sont des cultivateurs mais bien quils n~ soie~t pa~
pasteurs comrre les Peul leacutelevage a une place inportarteacute decirc1S ltur
eacutecono~ie Pour faciliter leur conquecircte guerriegraverE ils c~t Eucirc une preacuteshy
dilection pour leacutelevage des chevaux On y trouve aussi des pecirccheurs
appeleacutes Tchioubalo La socieacuteteacute toucouleur aurait une stratification
sociale tregraves rigide Les groupes ethniques et les castes eacutetaient
diffeacuterencieacutes et strictement exogamiques les Rimbe classe des nobles
comprenant la famille reacutegnante et les guerriers libres la classe des
Nieacutenieacutebegens de castes artisanales i les Rimaibeacute anciens esclaves
devenus serviteurs qui portent les noms de famille de leur maicirctres A
la base de lorganisation de la collectiviteacute toucouleur se situe le
village (Wouro)
Toutes ces castes sont cloisonneacutees entre elle~ Ainsi il nest pas
permis agrave un Torodo (noble) de se marier avec un Tchioubalo Ces
consideacuterations sont importantes dans le domaine de la lutte ougrave nous
apercevrons que les nobles ne sont pas faits pour lutter Le noble
preacutesidera les seacuteances de lutte et on luttera pour lui Ces condeacute rat ions
de noblesse et de rang social sont extrecircmement importantes dans le
monde toucouleur
Le noble ne doit pas se salir on lutte pour lui il ne vit la lutte
quen tant que spectateur
342 Education moeurs croyances et eratiques religieuses
Deux formes d~ducation sont agrave consideacuterer leacutedJcatio~ dES enfarts Et
celle des adultes
oG lenfant sait m2n~~r et apprfcier le goOt d~5 ~iifeurorents r~pas lt
le moment ougrave il CO~~e~CE agrave marcher
tivirt n~sormais le petit toucou]eur est eacuteduquf par toutmiddot 12 f2~i)]E
dabord puis par toutes lespersc~nes du village ou du C13~
Lenfant peut ~tre corrigeacute par tout adulte appartenant au groupe social
Son eacuteducation est deacutesormais laffaire de toute la communauteacute et non
exclusivement celle ces parents On linitie ainsi au travail quotidien
qui se fait dans la bergel~ e les champs et les bords du fleuve Au sein
du village il pourra apprendre agrave filer la laine et agrave tisser des pagnes
dans les champs il apprend agrave manier la houe et lhiler pour la culture
du riz et du mil Mais signalons que lactiviteacute essentielle du toucouleur
est leacutelevage des boeufs des moutons et des chegravevres Chez les Ichioushy
balos (p~cheurs ) lenfant sera initieacute tregraves tat au maniement des pagaies
agrave la p~che propremccedilnt dite et agrave la nage
Vers cinq-six ans lenfant est confieacute au maicirctre coranique le Ihierno
et ce dernier dispose exclusivement de toute sa vie Lavenir du jeune
enfant lui appartient
Comme dans les autres groupes ethniques les enfants sont regroupeacutes en
classe dacircge et cest dans cette structure que lenfant subit les rite
de passe et plus particuliegraverement celui de la circoncision
La circoncision est non seulement unE opeacuteration chirurgicale malS surshy
tout une peacuteriode au cours de laquelle le jeune garccedilon passe de leacutetat
dadolescent agrave leacutetat dadulte Les circoncis sont reacuteunis en classe
dacircge dans un endroit situeacute hors duvillage geacuteneacuteralement choisi par les
vieux Cet endroit n~st accessible que par des individus de SExe ffi8SCUshy
li~ ~ta~t au preacutealabl circoncis
- - - -
quable et complet sur le plan phy~ique et ~oral Ai~si liniti~
acquiert les qualitecircs indispensables que sont le courag~ la modest
lesprit de sacrifice lendurance
Le toucoule~r est un pleux musulma~ Cela sexp1
SOil le premier agrave tre en contact avec la religion musulmane de par sa
position frontaliegravere Lethnie toucouleur de par son histoire a preacutesenteacute
les plus grands chefs militaires et religieux musulmans seacuteneacutegalais Et
pour illustrer cela on peut citer en exemple la grande famille musulmane
des SY agrave TIVAOUANE repreacutesentant la confreacuterie des TIDJANES
Bien que lon note une majoriteacute musulmane on peut dire que certaines
croyances et pratiques mystiques et animistes persistent encore surtout
dans la reacutegion du fleuve
Une pratique courante se fait elle sappelle le Djatt Elle consiste
agrave faire sortir le caiman du fleuve agrave limmobiliser et agrave lattacher
sans quil ne reacuteagisse et tout ceci agrave laide de versets et dincantashy
tions magiques Dapregraves les teacutemoignages ces pratiques sont plutocirct
freacutequentes chez les Tchioubalos (pecirccheurs) Il arrive aussi que cershy
tains chasseurs ayant des dons se livrent agrave certaines pratiques an1shy
mis tes qui consistent agrave invoquer certaines puissances et agrave moduler sous
forme de chant des versets occultes pour se proteacuteger des mauvais esprits
et pour eacuteloigner les fauves Ce chant est geacuteneacuteralement incompreacutehensible
et deacutenueacute de sens pour le profane
343 Activiteacutes ludiques et pratiques sportives en milieu toucouleur
Durant toute son histoire lethnie ~oucouleur a toujours EacutetEacute Frese~teacute~
comme celle qui avait ue activit essentiellement guerr e e~ particushy
liegraverement farouche Trois eacuteleacutements ret r t l ecirc t te nt i c- euro so~t
le manie~~nt du ~acircton 12 luttE Et 1eacute danSE
l
Lecircducation ph~sique et artistique Dcc~pe un place precircpondecircra~rp
dans la fDrmat~on du jEune toucouleur A loccasion agraveeacutevegravenemen~ imporshy
tants reacutecoltJs mariages baptecircme nous assistons agrave des manifestashy
tions folkloriques de grande envergure le Wango oucirc dailse toucouleur
tregraves gymnique iles chants et surtout les sEacuteances de lutte
La lutte toucouleur est la forme de lutte la plus spectaclaire dans
tout le territoire seacuteneacutegalais Elle est essentiellement baseacutee sur des
techniques en hancheacute et surtout en souplesse Ceci sexplique par le
fait q~e le jeune toucouleur est tregraves tocirct initieacute agrave la gymnastique (saut 1
per saut de main salto arriegravere saut de tecircte couronneacute etc bullbullbull ) pour
la dans~ du wa~go En dansant le wango qui est une danse rythmeacutee et
gymnique le Jeune toucou1eur est capable de prouesses extraordinaires
1
En lutte lattaquant se deacuteplace tregraves peu pour avoir une bonne saisie
(geacuteneacutera~ement controcircle du Ngimben ) et enchaine brusqueme~t avec une
attaque surpris~ Cependant les ripostes sont souvent surprenantes et
spectaculaires (baseacutees sur la souplesse et la rapiditeacute) ontrairement
aux autr~s form~s de luttes ougrave lon voyait tous les jeune adheacuterer la
lutte to~cou1eur Verra un groupe de speacutecialistes sadonne agrave la lutte 1
(la lutte est lieacutee agrave la position sociale de lindividu problegraveme de
caste)
Q La morphologie du lutteur toucou1eur 1
1 1
Ce dernier nest pas aussi large et aussi fort que les lutteurs diola
et seacuteregravere Cependant il est tregraves reacutesistant La musculatJre est saillante 1
et tregraves souple lindividu est longiligne mais tregraves athleacutetique
Les mouvements de lutteurs sont semblables agrave ceux dun grand fe1in Cette 1
morphologie semble ecirctre lieacutee agrave la position geacuteographique de lethnie
(reacutegion du fleuve) et agrave lacitiviteacute socio-eacuteconomique du toucouleur qui
est agrave la fois cultivateur (activiteacute lieacutee agrave la crue et deacutecrUE du fleuve)
pecirccheuro~T CIcr~icubaon) et sttout jEumlrgcr qui est U~ rc~2eumlr
shy
Deux formes egrave~ corps sembl~nt ecirctre preacutefeacutereacutees du lutteur toucouleur
le hancheacute et la souplesse Les hancheacutes sont faits agrave partir de plusieurs
positions de doset se terminent geacuteneacuteralement par des techniques de
tregraves grande amplitude
TABLEAU RECAPITULATIF DES TECHNIQUES ET FORMES DE CORPS SPECIFIQUES
i
L441 r
GARDE FORMES DU CORPS CONTROLES --shy - -
Moyenne Souplesse Ngimbe
Hancheacute bras
Demi-souplesse
1
Profil psycholosigue 1
TECHNIQUES
ContrOle du bassin et 12 souplesse
arriegravere
Klicket et allegravegement de la hanche
Le lutteur toucouleur est celui lUi se livre le moins aux preacuteparaqons
maraboutiques Cela est dO au f~t que le toucouleur est un grand ~USUlshyman et que les pratiques animisges ont presque disparu dans ce mil~eu
Dans la pratique le lutteur esJ combaif mais il est calme et tr~s reacutefleacutechi quant agrave la deacutecision agrave prendre en plein corps agrave corps ct~st un des seuls techniciens qui reJte tregraves lucide au cours de ses comb~ts
l Dans toutes les circonstances e lutteur toucouleur est tenu de re~pecshyter son adversaire et ceux de s4n eacutequipemecircme sil est vaincu
Comme nous avons dO nous en rendre compte la rigueur des principes
eacuteducationnels a une influence tregraves sensible sur l~ comportement du
toucouleur
i
III S COCL ~s 1DO
Dans cette partie nous avons essay~ de montrer lftroite re1atic~
Entre les diverses activiteacutes socio-eacuteconomiques dans les ethnies et
lES diffEacuterentes faccedilons de lutter
Daucuns seraient tent~s de conclure trop rapidement et cest p0~r
cette raison que nOUS avons penseacute preacuteciser que le pheacutenotype nest
pas geacuteneacuterateur du geacutenotype Et nous sommes convaincus que la morphoshy
logie et les techniques des lutteurs relegravevent de leurs modes de vie
et de leurs croyances agrave une eacutepoque et danE un contexte bien deacutetermishy
neacutes
Est-ce que les lutteurs dio1a ou seacuteregravere travaillant avec leurs bras
dans les champs auraient les mecircmes pr 0 fil s physiques que les lutteurs
utilisant des machines pour lagriculture
- 69 shy
I UJOURDH~1 E-S ut O[l LES FORfilS Ut LU11t~
~otons que notre enqu~te a ecirctE essentiellement faiteen milieu urbain
Les seacuteances de lutte ont tendance agrave perdre leur particulariteacute de r~shy
jouissance pour devenir des pheacutenomegravenes de sportisatio Deux fores
de luttes so~t principale~cnt prat s dans les aregrave~es du 5 al
la lutte traditiunnelle simple et la lutte traditionnelle avec frappe
De nos jours la lutte traditionnelle tend vers une reacuteglementation
et une institutionalisation
Le reacutesultat de nos investigations nous donne le tableau ci-dessous
REPARTITION ETHNIQUE SUR 100 PRATIQUANTS
LUTTE LUTTE RAPPORTETHNIES SANS FRAPPE AVEC FRAPPE J2
Diola 40 16 71 j
Seacuteregravere 26 21 57
Toucouleur 23 10 69
Wolof 1 1 53 17
La demande sociale par ordre deacutecroissant pour la lutte sans frappe
se preacutesente comrre suit
]0_ Ethnie diola avec pregraves de 3 lutteur~ sur 4
2deg_ Ethnie toucouleur
Ethri dun
~ 1 LA LUTTE TR])IIIO~~ELLE AVEC H-PPE
Cette forme deacute lutte a une histoire qui date de lantiquiteacute elle
sa~pelait le Pugilat Au Seacuteneacutegal elle a vu le jour dans le Cayor
bien avant la colonisation Le coup dE pied l~Lrdn~lement la morshy
sure la frappe et le doigtf eacutetaient permis dans le cc=bat ~ ~middot~p0~~e
Dans certains cas la giffle eacutetait beaucoup plus dangereuse que le
poing quand elle eacutetait donneacutee par un speacutecialiste Cette giffle pouvait
agrave elle seule deacutechirer et mecircme parfois amputer la joue de ladverser
Selon les informations la lutte avec frappede nos jours serait une
forme de lutte tregraves eupheacutemiseacutee de celle dantan ougrave une blessure
pouvait souvent ecirctre mortelle
Aujourdhui au niveau du folklore la lutte na plus la mecircme
le spectaculaire a remplaceacute le significatif iLa lutte avec frappe se 1
pratique surtout dans les centres urbains C~aque fois quun grand combat 1
est progra~eacute par le Comiteacute National Proviso~re (CNP) des centaines damashy
teurs sont mobiliseacutes vers le stade lba Mar D~OP qui est aujourdhui le i
lieu approprieacute ougrave se deacuteroulent les grands conkbats de lutte Cest la formE
de lutte qui semble drainer une foule de personnes beaucoup plus importante
que celle de la lutte simple
La lutte avec frappe deacuteriverait dune forme de lutte traditionnelle
pratiqueacutee jadis dans le Cayor au temps des Damels et la frappe serait
le substitut dun certain nombre de pratiques doigteacute jet de produits
etc bullbullbull dont le but eacutetait laveuglement de ladversaire La lutte avec
frappe serait une continuation logique dune carriegravere sportive de la
lutte traditionnelle qui sen sert comme moyen socio-eacuteconomique En
effet la majoriteacute des lutteurs avec frappe ont dabord eacuteteacute initieacutes agrave la
lutte simple Cependant il faut signaler que de nOS jours il arrive
que le jeune lutteur avec frappE- soit directenent formEacute conne speacutecialistE
agrave la frappe sa~s pour autant faire son chemin dabcrd egravea~s la lutte
- ~ shy
Le recircsultat dE ~os interviews ncus rec~trE qGune pcpulatiD~ divcrsishy
fiampe sint~resse agrave ce sport et qUE les intecircr~[s des uns et d~SlautrE~
semble~t divergents naucuns affirment que la lutte traditionnelle
avec frappe serait monteacutee par des personnes dont la vocation est dexshy
ploiter ce pheacuteLomegravene agrave des fins commerciales Dautres disent gJellegrave
jouit de mcyens irport~nts t[l[~isio
tation etc bullbullbull ) pour toucher toutes les couches sociales CEpe~~a~t
nous remarquons que mecircme si certaines personnes reprochent agrave cette
forme de lutte decirctre brutale ces mecircmes personnes nheacutesitent pas agrave
se rendre le dimanche agrave laregravene Bien que critiqueacutee elle semble ecirctre
adopteacutee par une tregraves grande partie de la population seacuteneacutegalaise Cepenshy
dant en tant que techniciens il nous est permis de faire une remarque
Il sagit de
- Limpression nette decirctre devant des professionnels de la frappe
qui sont ~ntratneacutes pour cela Dailleurs les propos que nous avons
recueilli~ nous prouvent que la plupart des champions de lutte avec 1
frappe s~ntratnent dans certains sports de combat tels ~ue la boxe i 1
le karateacute le judo Dans cette nouvelle forme de pratique de la lutte
contrairefuent agrave la lutte traditionnelle le technicien e~t souvent
perdant face au puncheur Ce dernier adopte une lutte agrave distance qui
lui permet de placer agrave bon escient ses coups animeacute du deacutesir de vaincre
Le technicien lui se voit contreacute dans toutes ses entreprises par
un uppercut ou un crochet
On peut dire cependant que nul sport au Seacuteneacutegal que la lutte tradishy
tionnelle avec frappe ne deacutechaicircne autant de passions et autant de
pheacutenomegravenes poussant agrave lexcegraves et deacutereacuteglements quon ne peut que deacuteplorer
Mais comment deacutecrier un spectacle de lutte qui bien quayant perdu la
presque totaliteacute des valeurs traditionnelles veacutehiculeacutees autrefois par
elle sait susciter une participation effective de tous ceux qui sont
preacutesents
CONCLUSION
Dans ce meacutemoire nous sommes efforceacutes ~e faire ressort ir limportance des
ethos et des habitus et leurs effets sur la pratique de la lutte tradishy
tionnelle au Seacuteneacutegal
L~b egravethos repr~sentent dune maniegravere g~neurorale tous les eacuteleacutements speacutec
fiques sux Seacuteneacutegalais par conampeacuteguent un systegraveme de valeurs traditionnellEs
Mais m~me si ces valeurs rev~tent une signification universelle (honneur
digniteacute courage etc bullbullbull ) il nen demeure pas moins que ce nest pas leur
nature qui fait leur speacutecificiteacute mais la hieacuterarchisation et limportance i
quon accorde agrave toutes ces valeurs de ~ar leacuteducation ou la culture
i 1
Aussi les valeurs traditionnelles puient leur speacutecificiteacute dans les
caracteacuteristiques propres aux eacuteleacutements ~e la socio-cu1ture (la technologie
et leacuteconomie la politique et la pareteacute la psychologie et lideacuteologie)
dans la socieacuteteacute seacuteneacutegalaise agrave n momen donneacute de son eacutevolution Cest i
dire la neacuteceesiteacute de ne point faire della valeur une reacutealiteacute statique
Cest dite aussi quagrave tout mome~t le ~eacuteneacutegalais peut eacutevoluer et creacuteer
ou vivre par conseacutequent de nouv~lles fprmes de valeur qui lui sont 1
propres ft (J)
La lutte traditionnelle veacutehiculant deS valeurs socio-cu1ture1les speacutecishy
fiquement seacuteneacutegalaises (croyances valeurs morales norme de comportement
opinion attitude bullbullbull ) devient un eacuteleacutement important qui tregraves certaiaement
nous aidera dans notre effort de valoriser et de peacuterenniser notre patri shy
moine culturel par le biais dactiviteacutes physiques et sportives
Leacutetude des habitus nous permet de prouver quil y a plusieurs faccedilons
de se mouvoir comme danser lutter bullbullbull qui varient avec les diffeacuterentes
ethnies (wolof toucouleur seacuteregravere diolagt leurs convenances et leurs
eacuteducations
(1) Revue Ethiopiques 31 Les valeurs traditionnelles et le problegraveme de leur inteacutegration dans les systegravemes modernes jtducatio-1 2 6r--70
nautre part cette eacutetude permet aussi de nous rendrE compte de la
correacutelatipn eacutetroite existant entre la pratique de la lutte traditionnelle
et le sta~ut socio-eacuteconomique du pratiquant
Nos inves~igations nous indiquent que la lutte recrute essentiellement
au niveau des classes socio-eacuteconomiques situeacutees en bas de leacutechelle
donc posseacutedant le statut social le moins favoriseacute La lutte avec frappe
-et un certain secteur commercialiseacute de la lutte simple- y trouve sa
leacutegitimiteacute Comme le dit BOURDIEU nA habitus diffeacuterents styles de Vle
divergents et il oppse les pratiques aristocpatiques correspondants agrave
des activiteacutes qui favorisent les situations eupheacutemiseacutees ougrave la stylisashy
tion est importante aux pratiques populaires qui font appel agrave des
qualiteacutes qpposeacutees bllutes rugueuses Certaines interviews nous
montrent que plus lindividu occupe une place eacuteleveacutee dans leacutechelle
sQciale e~ 1
moin$ il sinteacuteresse agrave la lutte
Les reacutesultats recueillis dans nos diverses investig~tions confirment 1 1
1er propos qui disent que nous assistons aujourdhu~ agrave une involution
de la lutte traditionnelle parce que perdant toutes ses speacutecificiteacutes au 1
pryfit d~ne autre forme de lutte que lon continue agrave appeler nostalshy
giqlementIIlutte traditionnelle
Ceci pourrait peut-~tre trouver une explication dan la citation suivante
La liberteacute de creacuteer dinnover de vivre Pleineinenf decirctre soi et de
preacuteserver son authenticiteacute la digniteacute et lhonneu1demeurent des illushy
sions dans la misegravere eacuteconomique~ Nos ancecirctres creacuteai~nt des valeurs de cishyl
vilisation parce quils eacutetaient libres parce qu1i~s ignoraient toute
deacutependance eacuteconomique ils cultivaient en eux et cbez leurs enfants le 1
Jorn et la Kersa et preacutefeacuteraient la mort agrave la hoJte lI (1)
Or le Seacuteneacutegal comme la plupart des pays africainsi est un pays sousshy
deacuteveloppeacute t cependant face agrave cette volonteacute du gou~ernement seacuteneacutegalais
de faire inteacutegrer dans leacuteducation des valeurs traditionnelles nous
pouvons espeacuterer utiliser comme moyen deacuteducation la lutteacute traditionnelle
qui reste quand mecircme vecteur jethos et dhabit~s
- 54 shy
Mecircme si lon a noteacute un appauvrissement notoire sur les plans socioshy
culturel et moral la lutte traditionnelle recegravele une gamme importante
et varieacutee de techniques permettant incontestablement une ouverture vers
les luttes olympiques libre et g~eacuteco-romaine
La lecture de ce meacutemoire permettra agrave lentratneur et au professeur de
lutte en fonction du lieu ougrave ils seront affecteacutes dans le territoire
seacuteneacutegalaisdavoir une information sur les techniques contrOles et
formes de corps propres agrave chaque groupe ethnique et de les mettre en
relation avec leurs croyances et leurs mentaliteacutes
Nous avons essayeacute de montrer que la pratique de la lutte traditionnelle
doit tre axeacutee sur une ethnomotriciteacute au Seacuteneacutegal qui permette une inishy
tiation facile Cette pratique de la lutte traditionnelle seacuteneacutegalaise
devra dailleurs essayer de ~eacutepondre aux aspirations du Seacuteneacutegalaisl
moderne en souvrant aux ap~orts positifs des autres civilisations
ex~eacuterieures nous voulons Jvidemment parler du judo et des luttes oiymshyJ
piques 1
1 j Nous navons pas la preacutetentfon dans le cadre de ce meacutemoire demattrise
de reacutepondre agrave toutes les qutstions se rattachant agrave leacutetude de ~a lutte
traditionnelle souslangle~socio-culturel car non seulement il nous
manque lexpeacuterience et la c peacutetence en la mati~re mais aussil l le temps
et les moyens dont nous dis osions ne nous permettaient pas d~puiser le 1sujet i
1 1 1 t 1
l
- )5 shy
BIBLIOGRAPHIE
BIBLIOGRAPHIE
1- CLAPAREDE Psychologie de leacuteducation et peacutedagogie expeacuterimentale
Edition Delachaux et Niestleacute 244 pages
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des pratiques Paris Vigot 1981 377 pages
3- PIERON Henri Vocabulaire de la psychologie
PUF Deuxiegraveme eacutedition 1957 469 pages
4- Revue socialiste de culture neacutegro-africaine ETHIOPIQUES
Les valeurs traditionnelles et le problegraveme de leur inteacutegration
dans les systegravemes modernes deacuteducation
GIA 21 Juillet 1982 213 pages
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NIS IVegrave Trimestre 1982 96 pages
6- Document lNSEP Colloque sur la lutte aeacuteregravere
DAKAR MAI-JUIN 1980
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~- Travaux du IVegrave Congregraves National ~es Sports agrave DAKAR les 2223041981
Bulletin n2 91 du CIO du 15 Aont 1965
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Etude et perspective
9- Meacutemoire Inspectorat JS DJITTE Mandy Les pratiques corporelles
traditionnelles au Seacuteneacutegal pour leur exploitation et leur
utilisation en peacutedagogie Marly le Roi 1980
REPUBLIQUE DU SENEGAL
--------------- INSTITUT NATIONAL SUPERIEUR
MINISTERE DE LA JEUNESSE DE LrsquoEDUCATION POPULAIRE
ET DES SPORTS ET DU SPORT
-------------
(INSEPS)
MEMOIRE DE MAIcircTRISE
Es-SCIENCES ET TECHNIQUES
DE LrsquoACTIVITE PHYSIQUE ET DU SPORT
LA LUTTE TRADITIONNELLE
son importance sa signification en fonction des ethos et des habitus ethniques au Seacuteneacutegal
Preacutesenteacute par
Monsieur Joseph Victor FAYE
Sous la direction de
M Jean Marc ROCHEZ
Professeur agrave lrsquoINSEPS
Anneacutee de soutenance 1984
les tc~tativ~s de~[reacutee e~ ramassement de jambes de la~v~sairL Ce~~
peut Ecirctre expliqueacute par le fait que les lutteurs leacutebou ou walo-walc qui
sont des pecirccheursadoptent cette garde tasseacutee du fait quils so~t tou-
jours pencheacutes en tirant le fil ou en poussant la plrogue On verra techrugravequeacutes dt cirr 2C ~lt 5Jllicitocirct
surLuumlut les membres supeacuterieurs
Le cayorien et le baol-baol par contre sont les plus grands cultivateurs
darachide chez eux les techniques de lutte sont plus varieacutees et la
garde est moins renfermeacutee Les lutteurs cayorien et baol-baol ont une
morphologie et une reacutepartition musculaire bien eacutequilibreacutee ils excellent
dans les techniques en deacutecalage les techniques de jambe et surtout les
techniques de riposte ougrave lon peut voir des prises de hancheacute tregraves amples
Dune maniegravere geacuteneacuterale on peut dire que le lutteur wolof est un fin
technicien qui sait surtout creacuteer les opportuniteacutes e~ avec sa rapiditeacute
utiliser la force de ladversaire pour le deacuteseacutequilibrer le noodju
le mbas le weacuteheacuteleacute et le rasu sont des techniques propres au lutteur
wolof
En deacutefense il utilise surtout des kl~klets ou gal-gal Notons que
le balancement des bras ou Lewato e$t tregraves marqueacute dans la lutte wolof
TABLEAU RECAPITULATIF DES COMPOSANTES TECHNIQUES
( 1 )
1 SOUS-GROUPES GARDES CONTROLES FORHES DE CORPS l
Walo-walo Basse de jambe Arracheacute l l10yenne de Ngimbe et i
Leacutebou Tasseacutee et saisies annexesj Deacutecalage 1 1 distante de bras de tecirct1
j de bras Deacutecalaeuro
~-----------------~-
- ~ ~- shy - ~ ~ bull L _ _ bull
Profil psyc~~iqUE du lutteu- et son comporterent dars l 2regravere
La preacuteparation mystique dans laregravene est plus marqueacutee chez les wolofs
que ChE~ les autres ethnies En effet on verra de grands champions
preliGrE plusiEurs heures pour Enduire leur corps de cll2badep ou ci
rmiddot- ~ a la proprieacuteteacute de proteacuteger li1egraveividu J
les mauvais sorts) Cest dailleurs un aspect dt la luttE qui iJcsc
des problegraveJles
Le lutteur wolof est tregraves superstitieux et la peacuteriode de preacuteparation
est capitale pour lui car elle permet non seulement de rendre
hommage aux ancecirctres mais aussi dintimider son adversaire Cest
geacuteneacuteralement un lutteur agressif combatif et teacutemeacuteraire Il se fait
souvent remarquer par son esprit dentreprise Mais cette fougue dans
le combat lamegravene parfois bien que ce soit regrettable agrave oublier les
usages et les normes Ce manque de maicirctrise de soi peut faire croire
que le lutteur wolof manque de fair-play ce qui nest pas toujours le
cas
~A~Ugrave~ t 4AA CbUrs k LA ucirctotve f~tPle Sesect prores mou W ~ lesquelles vont se couler les comporteme~ts individuels qui sont ainsi
monteacutes par et pour lautoriteacute sociale
Les faccedilons de boire de marcher ou de sasseoir se manifestent indivishy
duellement dans le corps de chaque personne ces habitus sont cependant
des montages sociaux lieacutes agrave des significationssymboliques variables
dailleurs selon la position sociale occupeacutee par chaque sujet Ces modes
dagir se rangent dans un systegraveme de montages symboliques et lindivishy
du les apprend de la socieacuteteacute dont il fait partie agrave la place quil occupe
Lhabitus est un montage social agrave la valeur symbolique deacutependant des pheacuteshy
nomegravenes deacuteducation et de prestige et lieacute agrave la position sociale du sujet
Cette penseacutee sonne de faccedilon eacutetonamment moderne
Pierre BOURDIEU qui dans une perspective a approfondi le contenue de la
notion en le reportant aux oppositions entre classes et fractions sociales
Il deacutefinit lhabitus comme un systegraveme de dispositions durables acquis au
cours dune histoire personnelle dans une milieu social donneacute systegraveme qui
engendre ensuite des pra~iques socialement deacutetermineacutees faccedilons de manger
de parler ou de marcher comportements de politesse contenu des preacutefeacuterencel
et des deacutegoOts bullbullbull lhabitus est le produit de conditions eacuteconomiques et
sociales Lauteur rattache directement la formation de lhabitus dun
individu agrave la trajectoire parcourue par celui-ci dans sa classe dapparteshy
nance il deacutefend lideacutee dun habitus de classe qui deacutefinit le sens confeacuteshy
reacute agrave la pratique sportive les profits qui en sont attendus
Ce dernier serait lui-m~me lieacute agrave un systegraveme de valeurs ou ETHOS de classe
prenant sens au sein doppositions distinctives entre classes sociales
De sorte lhabitus fonctionne comme un systegraveme dt- regravegles inteacuterioriseacutees
souvent informuleacutees permettant ou non agrave lagent de sadapter dembleacutee aux
multiples pratiques de la vie quotidienne et de la vie sportive il est agrave
lorigine des schegravemes de transcription qui favorisent les ajustements aux
situations corporelles nouvelles (1)
t ~
(1) P~IE11D dwi6Han ISpoy-l et sodeacutebi Approche Bocio-culturelle des pratiques P~tis Vigot 1981 page 81
33
331 Preacutesentation
Les Seacuteregravere auraient pour origine le Fouta Toro quils auraient quitteacute
vers le Xllegrave siegravecle pour fuir lislamisation de cette reacutegioD par lempire
dJ Xali (ils seraient donc apparEnt~s aux Peul et Toucouleur ) Ils
auraient trouveacute dans la rEacutegion du Sine les Sosseacute dorigine manding avec
lesquels ils salliegraverent
Au XVegrave siegravecle une autre immigrationSos~ conqueacuterante cette fois-ci
apporta son organisation eacutetatique Ils se divisegraverent en deux monarchies
deacutemocratiques lune seacutetablit au Sine et lautre au Saloum Les Sosseacute
conqueacuterants constituaient lautocratie appeleacutee Guelowar
La royauteacute seacuteregravere eacutetait laiumlque Les premiers souverains durent secouer
la tutelle des Toucouleur et progressivement arrivegraverent agrave unifier lethshy
nie des seacuteregravere etdea Sosseacute Les deux royauteacutes eacutetaient organiseacutees selon
acirces modegraveles tregraves deacutemocratiques Le souverain deacutependait dune assembleacutee
de ministres et de chefs locaux qui assuraient ladministration centrale
et reacutegionale())
Aujourdhui lethnie seacuteregravere repreacutesente 20 de la population seacuteneacutegalaise
Ils sont reacutepartis sur presque toute leacutetendue du territoire notamment
dans le Baol la reacutegion du Sine-Saloum et la reacutegion de Thiegraves
Signalons quil existe plusieurs sous-groupes dans lethnie ainsi on
trouvera
- dans la reacutegion de Thiegraves les Ndut les Safegravene et les None
- dans le Sine-Saloum les Sine-sine et les Saloum-salouIT
On trouvera vers foundioune et agrave Nioro du cocircteacute de la Gambie les
Niominka (pecirccheurs) Cest une portion tregraves mandinguiseacutee
( 1
Le rattache~2~t d~ to~s ccs sous-groupes pose problecircme ~25 0~ r0~V~
uc grande partie de traits COITul1uns dans leurs modes dE vie Ct pOUT phs
de faciliteacute nous allons essayer de faire une ~tude globale de la lutte
traditionnelle seacuterecircre Lactiviteacute socio-eacuteconomique qui est essentielleme~t
agro-pasorale caracteacuterisE leacutethnie seacuteregravere
332 Lecircducation les moeurs les croyances et pratiques sEr~rc
Chez les Seacuteregravere la vie humaine se deacuteroule selon les grandes eacutetapes
le baptecircme lenfance ladolescencemarqueacutee par la circoncision lsectge
adulte le mariage la vieillesse et la mort (funeacuterailles)
La vie de la communauteacute seacuteregravere reste une des plus originales sinon
celle qui de nos jours garde la presque totaliteacute des pratiques et
habitudes traditionnelles
Bien qu aujotltdhui con~r-tis aux religions chreacutetienne et musulmane les
Seacuteregravere conservent leurs croyances et pratiques animistes
Quelque soit leur degreacute dadheacutesion aux religions reacuteveacuteleacutees les Seacuteregravere
croient en un Dieu puissant et miseacutericordieux Rog Segravene et les hommes
Les ~angols sont repreacutesenteacutes mateacuteriellement dans tous les villages
seacuteregraveres par des arbres (baobab et tamariniers) des animaux (geacuteneacuteraleshy
ment serpent doreacute ou iguane) des ustensiles (pilon calebasse et mortier)
De nombreux teacutemoignages nous apprennent que certains totems (serpent
iguane) font leur apparicion agrave loccasion de certaines manifestations
rituelles comme les sacrifices ceacuteleacutebreacutes lors dun mariage de ceacutereacutemonies
mortuaires ou des circoncisions
Le Seacuteregravere comme il nous a eacuteteacute donneacute loccasion de le dire plus haut
preacutesente des speacutecificiteacutes authentiques aussi bien en tout ce qui touch~
son eacuteducation ses croyanCES et pratiques mystiques q~e ses activiteacute~
socio-ecirccc~omiquEs Apr~s a ~aissa~c~ le beurob~ ~~ pcs~ 5~~ lE S~ __
On lui mouille les l~vres avec un peu d~ lait de mil et apr~s U~ bain
purificateur on versera leau dans un trou cr~us~ derri~r~ la Camp~~
Pendant huit jours la megravere et lenfant sont cacheacutes dans la case car
selon les anciens ils sont tregraves vulneacuterables La case deacutens certains cas
est entoureacutee dun fil blanc et lon place sur le seuil des fais(cauy di
veacutegeacutetaux pour chasser les mauvais esprits (geacutenies malfaisants et illangeUY~
dacircmes) Au bout du huitiegraveme jour la megravere et lenfant peuvent sortir de
la case bull
bullbullbull Le matin du huitiegraveme jour la tante paternelle va chercher de leau
(plusieurs fois)t elle doit rester muette pendant ses alleacutees et venues
si elle parlait t lenfant pourrait ecirctre muet bullbullbull
La megravere et lenfant prennent un bain purificateur dans lequel sont
trempeacutees certaines plantes (ce sont des veacutegeacutetaux pr~tecteurs tels le
begravene le yag le ngud) On y lavera aussi le linge e1t les ustensiles utishyj
liseacutes pendant les huit jours qui viennet de seacutecoul~r On rase le crine
de lenfant Les cheveux sont donneacutes agrave la megravere qui ~s enterrera avec le
reste du cordon ombilical dans un endroit que11e esit seule agrave connattre
La megravere sassied sur une natte devant la maison Une femme igeacutee de la
famille prend le beacutebeacute dans ses bras et le preacutesente aux quatre coins de
lhorizon
La tante paternelle tient ensuite un van sur la tecircte de la megravere on y
verse le mil on y verse eacutegalement en abondance sur la megravere et sur
lenfant La tante oint ensuite le corps du beacutebeacute avec du lait e11e
touche en particulier le front t le nez la bouche la poitrine le dos
et les oreilles
Elle pose enfin un ~rain de sel dans la paume du beacutebeacute (le sel purifie
et deacutetruit les puissances mauvaises)
Apregraves un nouveau bain la megravere et lenfant revEcirctent des habits de fecircte
(est
lenfant Ce precircnore a toujours U~ SEns Il sy~bolise parfois C0 qUi
lOIl sounaitt agrave lEufant l)
La circoncision comme dans les autres ethnies est obligatoire Elle
permet au jeune adolescent dacceacuteder agrave la classe adulte Les jeunes
sont regroupes en classe dacircge dans le bois ougrave sc fait la r0tr~it0 des
circoncis et ceci pendant plusieurs mois
Le Selbeacute qui est geacuteneacuteralement un ancien craint de tous les eacutelegraveves
enseigne le respect de la hieacuterarchie la discreacutetion le goOt de linishy
tiative Les activiteacutes physiques et leacuteducation artistique ne sont pas
en reste la deacutecoration la sculpture la lutte et la danse A sa sortie
du bois linitieacute appartient deacutesormais agrave la classe des virils et des
sages du clan car on lui aura enseigneacute les vertus fondamentales que
sont la justice lhonneur lamour du prochain 1 amour du travail
lhonnecircteteacute et surtout le respect des coutumes ancestrales
Le rite du mariage esd aussi un fait tregraves important dans le monde 1
seacuteregravere mais par manq~e dinformation nous serons obligeacutes de nous en
tenir lagrave
333 Impact des ethos sur la lutte dans le monde seacuteregravere
Lorigine de la lutte seacuteregravere ne semble pas claire ma1S nous pouvons
dire quil existait deux formes de lutte comme chez les Wolofs une
lutte sans frappe et une lutte avec frappe Et cest cette derniegravere
qui peut-ecirctre nous ameacutenerait agrave croire que la lutte seacuteregravere aurait une
origine plus preacuteciseacutement guerriegravere
Aujourdhui la lutte est uniquement une activiteacute sportive agrave travers
laquelle le jeune seacuteregravere eacutevalue sa force son courage et SOn ingeacutenioshy
siteacute Cest une occasion de deacutefendre lhonneur de son village ou de
la corrnnunauteacute
La luttE ~5t avant tout u~e rnanifcs[dtic~ c~lturclie et surtout
fo lkhriqut-
Gracircce agrave elle on peut deacutesormais comprendre un certain nombre de chants
et de symboles A travers la lutte seacuteregravere on ccedilomprend les inter-relashy
tions entreacute la vie et le monde surntiturel
Sil devait y avoir la mort dun villageacuteois pendant la fecirctE au T qUE
de linterrompre on proceacutedait gracircce aux connaissances magico-religieuses
agrave la suspension de la mort jusquagrave une peacuteriode ougrave la population sera plus
disponible pour organiser des funeacuterailles sil y eacutetait preacutedit la possibishy
liteacute dune deacutefait du champion local au profit dun champion dun autre
village des recettes dordre maginque et religieux eacutetaient mises en prashy
tique afin que le champion du village ne soit jamais terrasseacute(J)
334 Le profil du lutteur seacuteregraver~
Le lutteur seacuteregravere est par essence un athlegravete impressionnant de par sa i
carrure et sa musculature saillante mais cest aussi une force tranquille
et calme quelque soit lenjeu du combagravet et particuliegraverement lhonneur
Cet aspect nous pousse agrave parler du NGiMBE cest-agrave-dire de la tenue du
lutteur qui va influencer sur sa faccedilon de lutter
La confection du Ngimbe revient agrave la communauteacute entiegravere Le Ngimbe a
une signification symbolique et le lutteur pour meacuteriter la confiance du
groupe se doit de tout faire pour ne pas toucher le sol Toute la commushy
nauteacute elle aussi sengage pour assurer la longeacuteviteacute et le succegraves du lutteur
dans laregravene par lorganisation droffrandes et de sacrifices en lhonneur
des Pangols bull
bull
Daucuns nheacutesitent pas agrave dire que lessentiel du mysticisme se fait agrave
la maison et non dans laregravene tout le reste nest quintimidation de
ladversaire
lsvcns
Tt- pi ~- t
t 1 ~ l _ ~ t
par rapport agrave lautre Cbci est trEgraves lieacute agrave lactiviteacute journaliegravere du
jeune seacuteregravere qui est un cultivateur donc toujours bien planteacute sur ses
jambes et qui continuellement manie lhiler
Le fait de couper le boi~ peut eacutegalement constituer un moyen de muscushy
lation non neacutegligeable pour le jeune lutteur
Un certain nombre de traits techniques speacutecifiques au lutteur seacuteregravere
semblent ressortir des diffeacuterentes interviews que nous aVOns fait subir
agrave certains lutteurs seacuteregraveres et agrave diffeacuterents techniciens
SOUS-GROUPES FORMES DU CORPS CONTROLES GARDES
SAFEN Moyenne en fente NONE Hancheacute Bras (distante) j
NDUTJ
f
SINE-SINE Deacutecalage Ngimbe
Moyenne
SALOUM-SALOUM Passage- Jambe (rapprocheacutee) 1
i
PETITE dessous Tecircte Basse et 1
COTE Moyenne (rapprocheacutee)
Notons que le Niominka ll commence agrave lutter agrave partir du sol pour avoir
assez deacutelan et sauter sur ladversaire afin davoir la prise du lion
(contr6le de la nuque et du bassin)
Co a -tem-nt ccedilt attitude du lutteur sEacuteregravere335 np -1t ~
Les croyances mystiques sont indissociables des activiteacutes quotidiennes
duseacuteregravere Ce qui explique le cocircteacute supersticieux du lutteur seacuteregravere En
~ffet certains lutteurs refusent de lutter avant certaines heures
Certains teacutemoignages nous apprennent quil nest pas donneacute agrave tout le
monde decirctre champion de lutte et que le lutteur doit avoir des dons
surnaturels pour ecirctre agrave mesure de livrer ses combats dans la nuit
et trouver seul un gris-gris speacutecial appeleacute Njatch
Le vrai champion de lutte chez les seacuteregraveres ne lutte pas seulement avec
~a force et sa technique mais surtout avec ses dons occultes
Chez les seacuteregraveres les morts sont toujours preacutesents et les ~pangols
Servent dintermeacutediaire entre les hommes et les morts Le pangol prend i
le nom dhumain dans certains villages (IIHeacuteJga NDONG Har Wag NGOUYE) i 1
De ce fait on verra le lutteur danser dufe maniegravere ou dune autre en
fonction du pangol de sa famille Ainsi nrus aurons le back (chant et
danse du lutteur) des DIOUF des FAYE etclbullbullbull
Dans laregravene le lutteur seacuteregravere a un comportement exemplaire aussi bien
agrave leacutegard de son adversaire direct quave~ le public en geacuteneacuteral Lexpli shy
cation semble tenir au fait que le lutteur seacuteregravere est avant tout selon
la tradition orale le repreacutesentant de toute la communauteacute seacuteregravere Par
conseacutequent il devra saffirmer non seulement en tant que lutteur dans
laregravene mais aussi en tant quentiteacute morale
336 La tenue du lutteur ou NGIMBE est confectionneacutee par le marabout de la
famille ou du clan Le Ngimbe est constitueacute de pagne en cCton tisseacute
Il doit ecirctre propre le lutteur qui le porte ne devra pas avoir de rapshy
port sexuel pendant toute la peacuteriode des cOTpeacutetitians car le Ngi~bE ne
doit pas ~tre souilleacute
Autrefois et mecircme aujourdthui dans certaines familles on devient
lutteur de pegravere en fils et dans ce cas le Ngimbe du pegravere est heacuteriteacute
par le fils Le fait de porter le Ngimbe de ses aieux peut susciter
chez le jeune lutteur une motivation et une volonteacute ineacutebranlable dtasshy
surer la supeacuterioriteacute d~s siens dans ltaregravene Il fera tout pour que le
Ngimbe de la ramille ne touche le sable
La tenue du lutteur a une signification et une importance sur le plan
mystique car selon les anciens le vra1 feacutetiche du lutteur celui qui
le proteacutegera et laidera agrave vaincre le nDjinne ou le tRapu de ladvershy
saire se trouve cacheacute dans ce Ngimbeu bull Celui qui confectionne donc le
Ngimbe U est doueacute de faculteacutes occultes
337 Larbitrase est assureacute par un sage du village qui geacuteneacuteralement fut
champion de lutte de son temps Dailleurs cet ancien nintervient que
si le terrassement est litigieux Hormis le public qui proclame la vicshy
toire ou le match nul le lutteur lui-mecircme est arbitre et il arrive
quil se deacuteclare vaincu
Nous avons pu cfter Meacutedoune KHOULE un desplus grands lutteurs seacuteneacutegashy
lais qui a donn~ une victoire agrave Djeacuteri SADIO son adversaire qui a reacuteussi
agrave lui faire touegraveher le sol de la main
IlL
34 1 Preacutesentation
Lethnie toucouleur vit En grandt partit ciE~~ la vallfc du S~~~gal
pt reprecircsente i peu pr~s 8 de la population totale secircn~galaise
o Histoire
Il semblerait que dans lancien royaume du Tekrour (IX~ siegravecle) des
eacuteleacutements neacutegroiumldes Sarakoleacute et des Peul aient formEacute par meacutetissage le
peuple Toucouleur (Toucouleur serait dailleurs une deacuteformation du
mot portugais Tacouror)
Ce empire a domineacute aussi bien les wolofs de lOuest que les Peul
nomades du Fouta Toro Cette reacutegion fut le premier pays islamiseacute par
les Almoravides ce qui peut expliquer le proseacutelytisme toucouleur
Ce sont les guerriers toucouleur islamiseacutes qui attaqu~rent avec les
Almoravides la capitale du Ghana Koumbi en 1067 On convertit par
la force les animistes Cest sans doute agrave cette eacutepoque que de nombreuses
ethnies reacutefractaires agrave lIslam ont dO accentuer leur migration vers
le sud (Seacuteregravere wolof Sarakoleacute Bambara Songhaiuml Akan et Peul se reacuteshy
fugiaient vers les hauteurs du Fouta Djalon)
Au XIXegrave siegravecle les Toucouleur allaient trouver en El Hadj Omar Tall
un grand conqueacuterent qui sous le preacutetexte religieux de la gJerre sainte
contre les tribus animistes (entre autres Bambara) eacutetendit lempire
toucouleur sur presque tout lensemble du gali et la partie de la Guineacutee
proche du l1ali
Lempire toucouleur composeacute de Sarakoleacute de Bambar~ de ~alinkeacute de
Xassonkeacute dE Peul et de Dogon eut le meurorit~ dunir CES diif~rentes ~ ~ - - - - - et~ics ~t dE CD~stituer l~Sl la b2S~ ~r 1
_ ~ ~ ~_ L ~
~ ~- ~- - - ---- _ 1 v _ t 1 ~-_ --
marabout tOL~culcuuml~ ~ middotlrrany a l ick SI venu des E1i rClS dE Pocior~ (
~ Vi~ euroconomicue et sociale -----------~-------------
Les Toucouleur sont des cultivateurs mais bien quils n~ soie~t pa~
pasteurs comrre les Peul leacutelevage a une place inportarteacute decirc1S ltur
eacutecono~ie Pour faciliter leur conquecircte guerriegraverE ils c~t Eucirc une preacuteshy
dilection pour leacutelevage des chevaux On y trouve aussi des pecirccheurs
appeleacutes Tchioubalo La socieacuteteacute toucouleur aurait une stratification
sociale tregraves rigide Les groupes ethniques et les castes eacutetaient
diffeacuterencieacutes et strictement exogamiques les Rimbe classe des nobles
comprenant la famille reacutegnante et les guerriers libres la classe des
Nieacutenieacutebegens de castes artisanales i les Rimaibeacute anciens esclaves
devenus serviteurs qui portent les noms de famille de leur maicirctres A
la base de lorganisation de la collectiviteacute toucouleur se situe le
village (Wouro)
Toutes ces castes sont cloisonneacutees entre elle~ Ainsi il nest pas
permis agrave un Torodo (noble) de se marier avec un Tchioubalo Ces
consideacuterations sont importantes dans le domaine de la lutte ougrave nous
apercevrons que les nobles ne sont pas faits pour lutter Le noble
preacutesidera les seacuteances de lutte et on luttera pour lui Ces condeacute rat ions
de noblesse et de rang social sont extrecircmement importantes dans le
monde toucouleur
Le noble ne doit pas se salir on lutte pour lui il ne vit la lutte
quen tant que spectateur
342 Education moeurs croyances et eratiques religieuses
Deux formes d~ducation sont agrave consideacuterer leacutedJcatio~ dES enfarts Et
celle des adultes
oG lenfant sait m2n~~r et apprfcier le goOt d~5 ~iifeurorents r~pas lt
le moment ougrave il CO~~e~CE agrave marcher
tivirt n~sormais le petit toucou]eur est eacuteduquf par toutmiddot 12 f2~i)]E
dabord puis par toutes lespersc~nes du village ou du C13~
Lenfant peut ~tre corrigeacute par tout adulte appartenant au groupe social
Son eacuteducation est deacutesormais laffaire de toute la communauteacute et non
exclusivement celle ces parents On linitie ainsi au travail quotidien
qui se fait dans la bergel~ e les champs et les bords du fleuve Au sein
du village il pourra apprendre agrave filer la laine et agrave tisser des pagnes
dans les champs il apprend agrave manier la houe et lhiler pour la culture
du riz et du mil Mais signalons que lactiviteacute essentielle du toucouleur
est leacutelevage des boeufs des moutons et des chegravevres Chez les Ichioushy
balos (p~cheurs ) lenfant sera initieacute tregraves tat au maniement des pagaies
agrave la p~che propremccedilnt dite et agrave la nage
Vers cinq-six ans lenfant est confieacute au maicirctre coranique le Ihierno
et ce dernier dispose exclusivement de toute sa vie Lavenir du jeune
enfant lui appartient
Comme dans les autres groupes ethniques les enfants sont regroupeacutes en
classe dacircge et cest dans cette structure que lenfant subit les rite
de passe et plus particuliegraverement celui de la circoncision
La circoncision est non seulement unE opeacuteration chirurgicale malS surshy
tout une peacuteriode au cours de laquelle le jeune garccedilon passe de leacutetat
dadolescent agrave leacutetat dadulte Les circoncis sont reacuteunis en classe
dacircge dans un endroit situeacute hors duvillage geacuteneacuteralement choisi par les
vieux Cet endroit n~st accessible que par des individus de SExe ffi8SCUshy
li~ ~ta~t au preacutealabl circoncis
- - - -
quable et complet sur le plan phy~ique et ~oral Ai~si liniti~
acquiert les qualitecircs indispensables que sont le courag~ la modest
lesprit de sacrifice lendurance
Le toucoule~r est un pleux musulma~ Cela sexp1
SOil le premier agrave tre en contact avec la religion musulmane de par sa
position frontaliegravere Lethnie toucouleur de par son histoire a preacutesenteacute
les plus grands chefs militaires et religieux musulmans seacuteneacutegalais Et
pour illustrer cela on peut citer en exemple la grande famille musulmane
des SY agrave TIVAOUANE repreacutesentant la confreacuterie des TIDJANES
Bien que lon note une majoriteacute musulmane on peut dire que certaines
croyances et pratiques mystiques et animistes persistent encore surtout
dans la reacutegion du fleuve
Une pratique courante se fait elle sappelle le Djatt Elle consiste
agrave faire sortir le caiman du fleuve agrave limmobiliser et agrave lattacher
sans quil ne reacuteagisse et tout ceci agrave laide de versets et dincantashy
tions magiques Dapregraves les teacutemoignages ces pratiques sont plutocirct
freacutequentes chez les Tchioubalos (pecirccheurs) Il arrive aussi que cershy
tains chasseurs ayant des dons se livrent agrave certaines pratiques an1shy
mis tes qui consistent agrave invoquer certaines puissances et agrave moduler sous
forme de chant des versets occultes pour se proteacuteger des mauvais esprits
et pour eacuteloigner les fauves Ce chant est geacuteneacuteralement incompreacutehensible
et deacutenueacute de sens pour le profane
343 Activiteacutes ludiques et pratiques sportives en milieu toucouleur
Durant toute son histoire lethnie ~oucouleur a toujours EacutetEacute Frese~teacute~
comme celle qui avait ue activit essentiellement guerr e e~ particushy
liegraverement farouche Trois eacuteleacutements ret r t l ecirc t te nt i c- euro so~t
le manie~~nt du ~acircton 12 luttE Et 1eacute danSE
l
Lecircducation ph~sique et artistique Dcc~pe un place precircpondecircra~rp
dans la fDrmat~on du jEune toucouleur A loccasion agraveeacutevegravenemen~ imporshy
tants reacutecoltJs mariages baptecircme nous assistons agrave des manifestashy
tions folkloriques de grande envergure le Wango oucirc dailse toucouleur
tregraves gymnique iles chants et surtout les sEacuteances de lutte
La lutte toucouleur est la forme de lutte la plus spectaclaire dans
tout le territoire seacuteneacutegalais Elle est essentiellement baseacutee sur des
techniques en hancheacute et surtout en souplesse Ceci sexplique par le
fait q~e le jeune toucouleur est tregraves tocirct initieacute agrave la gymnastique (saut 1
per saut de main salto arriegravere saut de tecircte couronneacute etc bullbullbull ) pour
la dans~ du wa~go En dansant le wango qui est une danse rythmeacutee et
gymnique le Jeune toucou1eur est capable de prouesses extraordinaires
1
En lutte lattaquant se deacuteplace tregraves peu pour avoir une bonne saisie
(geacuteneacutera~ement controcircle du Ngimben ) et enchaine brusqueme~t avec une
attaque surpris~ Cependant les ripostes sont souvent surprenantes et
spectaculaires (baseacutees sur la souplesse et la rapiditeacute) ontrairement
aux autr~s form~s de luttes ougrave lon voyait tous les jeune adheacuterer la
lutte to~cou1eur Verra un groupe de speacutecialistes sadonne agrave la lutte 1
(la lutte est lieacutee agrave la position sociale de lindividu problegraveme de
caste)
Q La morphologie du lutteur toucou1eur 1
1 1
Ce dernier nest pas aussi large et aussi fort que les lutteurs diola
et seacuteregravere Cependant il est tregraves reacutesistant La musculatJre est saillante 1
et tregraves souple lindividu est longiligne mais tregraves athleacutetique
Les mouvements de lutteurs sont semblables agrave ceux dun grand fe1in Cette 1
morphologie semble ecirctre lieacutee agrave la position geacuteographique de lethnie
(reacutegion du fleuve) et agrave lacitiviteacute socio-eacuteconomique du toucouleur qui
est agrave la fois cultivateur (activiteacute lieacutee agrave la crue et deacutecrUE du fleuve)
pecirccheuro~T CIcr~icubaon) et sttout jEumlrgcr qui est U~ rc~2eumlr
shy
Deux formes egrave~ corps sembl~nt ecirctre preacutefeacutereacutees du lutteur toucouleur
le hancheacute et la souplesse Les hancheacutes sont faits agrave partir de plusieurs
positions de doset se terminent geacuteneacuteralement par des techniques de
tregraves grande amplitude
TABLEAU RECAPITULATIF DES TECHNIQUES ET FORMES DE CORPS SPECIFIQUES
i
L441 r
GARDE FORMES DU CORPS CONTROLES --shy - -
Moyenne Souplesse Ngimbe
Hancheacute bras
Demi-souplesse
1
Profil psycholosigue 1
TECHNIQUES
ContrOle du bassin et 12 souplesse
arriegravere
Klicket et allegravegement de la hanche
Le lutteur toucouleur est celui lUi se livre le moins aux preacuteparaqons
maraboutiques Cela est dO au f~t que le toucouleur est un grand ~USUlshyman et que les pratiques animisges ont presque disparu dans ce mil~eu
Dans la pratique le lutteur esJ combaif mais il est calme et tr~s reacutefleacutechi quant agrave la deacutecision agrave prendre en plein corps agrave corps ct~st un des seuls techniciens qui reJte tregraves lucide au cours de ses comb~ts
l Dans toutes les circonstances e lutteur toucouleur est tenu de re~pecshyter son adversaire et ceux de s4n eacutequipemecircme sil est vaincu
Comme nous avons dO nous en rendre compte la rigueur des principes
eacuteducationnels a une influence tregraves sensible sur l~ comportement du
toucouleur
i
III S COCL ~s 1DO
Dans cette partie nous avons essay~ de montrer lftroite re1atic~
Entre les diverses activiteacutes socio-eacuteconomiques dans les ethnies et
lES diffEacuterentes faccedilons de lutter
Daucuns seraient tent~s de conclure trop rapidement et cest p0~r
cette raison que nOUS avons penseacute preacuteciser que le pheacutenotype nest
pas geacuteneacuterateur du geacutenotype Et nous sommes convaincus que la morphoshy
logie et les techniques des lutteurs relegravevent de leurs modes de vie
et de leurs croyances agrave une eacutepoque et danE un contexte bien deacutetermishy
neacutes
Est-ce que les lutteurs dio1a ou seacuteregravere travaillant avec leurs bras
dans les champs auraient les mecircmes pr 0 fil s physiques que les lutteurs
utilisant des machines pour lagriculture
- 69 shy
I UJOURDH~1 E-S ut O[l LES FORfilS Ut LU11t~
~otons que notre enqu~te a ecirctE essentiellement faiteen milieu urbain
Les seacuteances de lutte ont tendance agrave perdre leur particulariteacute de r~shy
jouissance pour devenir des pheacutenomegravenes de sportisatio Deux fores
de luttes so~t principale~cnt prat s dans les aregrave~es du 5 al
la lutte traditiunnelle simple et la lutte traditionnelle avec frappe
De nos jours la lutte traditionnelle tend vers une reacuteglementation
et une institutionalisation
Le reacutesultat de nos investigations nous donne le tableau ci-dessous
REPARTITION ETHNIQUE SUR 100 PRATIQUANTS
LUTTE LUTTE RAPPORTETHNIES SANS FRAPPE AVEC FRAPPE J2
Diola 40 16 71 j
Seacuteregravere 26 21 57
Toucouleur 23 10 69
Wolof 1 1 53 17
La demande sociale par ordre deacutecroissant pour la lutte sans frappe
se preacutesente comrre suit
]0_ Ethnie diola avec pregraves de 3 lutteur~ sur 4
2deg_ Ethnie toucouleur
Ethri dun
~ 1 LA LUTTE TR])IIIO~~ELLE AVEC H-PPE
Cette forme deacute lutte a une histoire qui date de lantiquiteacute elle
sa~pelait le Pugilat Au Seacuteneacutegal elle a vu le jour dans le Cayor
bien avant la colonisation Le coup dE pied l~Lrdn~lement la morshy
sure la frappe et le doigtf eacutetaient permis dans le cc=bat ~ ~middot~p0~~e
Dans certains cas la giffle eacutetait beaucoup plus dangereuse que le
poing quand elle eacutetait donneacutee par un speacutecialiste Cette giffle pouvait
agrave elle seule deacutechirer et mecircme parfois amputer la joue de ladverser
Selon les informations la lutte avec frappede nos jours serait une
forme de lutte tregraves eupheacutemiseacutee de celle dantan ougrave une blessure
pouvait souvent ecirctre mortelle
Aujourdhui au niveau du folklore la lutte na plus la mecircme
le spectaculaire a remplaceacute le significatif iLa lutte avec frappe se 1
pratique surtout dans les centres urbains C~aque fois quun grand combat 1
est progra~eacute par le Comiteacute National Proviso~re (CNP) des centaines damashy
teurs sont mobiliseacutes vers le stade lba Mar D~OP qui est aujourdhui le i
lieu approprieacute ougrave se deacuteroulent les grands conkbats de lutte Cest la formE
de lutte qui semble drainer une foule de personnes beaucoup plus importante
que celle de la lutte simple
La lutte avec frappe deacuteriverait dune forme de lutte traditionnelle
pratiqueacutee jadis dans le Cayor au temps des Damels et la frappe serait
le substitut dun certain nombre de pratiques doigteacute jet de produits
etc bullbullbull dont le but eacutetait laveuglement de ladversaire La lutte avec
frappe serait une continuation logique dune carriegravere sportive de la
lutte traditionnelle qui sen sert comme moyen socio-eacuteconomique En
effet la majoriteacute des lutteurs avec frappe ont dabord eacuteteacute initieacutes agrave la
lutte simple Cependant il faut signaler que de nOS jours il arrive
que le jeune lutteur avec frappE- soit directenent formEacute conne speacutecialistE
agrave la frappe sa~s pour autant faire son chemin dabcrd egravea~s la lutte
- ~ shy
Le recircsultat dE ~os interviews ncus rec~trE qGune pcpulatiD~ divcrsishy
fiampe sint~resse agrave ce sport et qUE les intecircr~[s des uns et d~SlautrE~
semble~t divergents naucuns affirment que la lutte traditionnelle
avec frappe serait monteacutee par des personnes dont la vocation est dexshy
ploiter ce pheacuteLomegravene agrave des fins commerciales Dautres disent gJellegrave
jouit de mcyens irport~nts t[l[~isio
tation etc bullbullbull ) pour toucher toutes les couches sociales CEpe~~a~t
nous remarquons que mecircme si certaines personnes reprochent agrave cette
forme de lutte decirctre brutale ces mecircmes personnes nheacutesitent pas agrave
se rendre le dimanche agrave laregravene Bien que critiqueacutee elle semble ecirctre
adopteacutee par une tregraves grande partie de la population seacuteneacutegalaise Cepenshy
dant en tant que techniciens il nous est permis de faire une remarque
Il sagit de
- Limpression nette decirctre devant des professionnels de la frappe
qui sont ~ntratneacutes pour cela Dailleurs les propos que nous avons
recueilli~ nous prouvent que la plupart des champions de lutte avec 1
frappe s~ntratnent dans certains sports de combat tels ~ue la boxe i 1
le karateacute le judo Dans cette nouvelle forme de pratique de la lutte
contrairefuent agrave la lutte traditionnelle le technicien e~t souvent
perdant face au puncheur Ce dernier adopte une lutte agrave distance qui
lui permet de placer agrave bon escient ses coups animeacute du deacutesir de vaincre
Le technicien lui se voit contreacute dans toutes ses entreprises par
un uppercut ou un crochet
On peut dire cependant que nul sport au Seacuteneacutegal que la lutte tradishy
tionnelle avec frappe ne deacutechaicircne autant de passions et autant de
pheacutenomegravenes poussant agrave lexcegraves et deacutereacuteglements quon ne peut que deacuteplorer
Mais comment deacutecrier un spectacle de lutte qui bien quayant perdu la
presque totaliteacute des valeurs traditionnelles veacutehiculeacutees autrefois par
elle sait susciter une participation effective de tous ceux qui sont
preacutesents
CONCLUSION
Dans ce meacutemoire nous sommes efforceacutes ~e faire ressort ir limportance des
ethos et des habitus et leurs effets sur la pratique de la lutte tradishy
tionnelle au Seacuteneacutegal
L~b egravethos repr~sentent dune maniegravere g~neurorale tous les eacuteleacutements speacutec
fiques sux Seacuteneacutegalais par conampeacuteguent un systegraveme de valeurs traditionnellEs
Mais m~me si ces valeurs rev~tent une signification universelle (honneur
digniteacute courage etc bullbullbull ) il nen demeure pas moins que ce nest pas leur
nature qui fait leur speacutecificiteacute mais la hieacuterarchisation et limportance i
quon accorde agrave toutes ces valeurs de ~ar leacuteducation ou la culture
i 1
Aussi les valeurs traditionnelles puient leur speacutecificiteacute dans les
caracteacuteristiques propres aux eacuteleacutements ~e la socio-cu1ture (la technologie
et leacuteconomie la politique et la pareteacute la psychologie et lideacuteologie)
dans la socieacuteteacute seacuteneacutegalaise agrave n momen donneacute de son eacutevolution Cest i
dire la neacuteceesiteacute de ne point faire della valeur une reacutealiteacute statique
Cest dite aussi quagrave tout mome~t le ~eacuteneacutegalais peut eacutevoluer et creacuteer
ou vivre par conseacutequent de nouv~lles fprmes de valeur qui lui sont 1
propres ft (J)
La lutte traditionnelle veacutehiculant deS valeurs socio-cu1ture1les speacutecishy
fiquement seacuteneacutegalaises (croyances valeurs morales norme de comportement
opinion attitude bullbullbull ) devient un eacuteleacutement important qui tregraves certaiaement
nous aidera dans notre effort de valoriser et de peacuterenniser notre patri shy
moine culturel par le biais dactiviteacutes physiques et sportives
Leacutetude des habitus nous permet de prouver quil y a plusieurs faccedilons
de se mouvoir comme danser lutter bullbullbull qui varient avec les diffeacuterentes
ethnies (wolof toucouleur seacuteregravere diolagt leurs convenances et leurs
eacuteducations
(1) Revue Ethiopiques 31 Les valeurs traditionnelles et le problegraveme de leur inteacutegration dans les systegravemes modernes jtducatio-1 2 6r--70
nautre part cette eacutetude permet aussi de nous rendrE compte de la
correacutelatipn eacutetroite existant entre la pratique de la lutte traditionnelle
et le sta~ut socio-eacuteconomique du pratiquant
Nos inves~igations nous indiquent que la lutte recrute essentiellement
au niveau des classes socio-eacuteconomiques situeacutees en bas de leacutechelle
donc posseacutedant le statut social le moins favoriseacute La lutte avec frappe
-et un certain secteur commercialiseacute de la lutte simple- y trouve sa
leacutegitimiteacute Comme le dit BOURDIEU nA habitus diffeacuterents styles de Vle
divergents et il oppse les pratiques aristocpatiques correspondants agrave
des activiteacutes qui favorisent les situations eupheacutemiseacutees ougrave la stylisashy
tion est importante aux pratiques populaires qui font appel agrave des
qualiteacutes qpposeacutees bllutes rugueuses Certaines interviews nous
montrent que plus lindividu occupe une place eacuteleveacutee dans leacutechelle
sQciale e~ 1
moin$ il sinteacuteresse agrave la lutte
Les reacutesultats recueillis dans nos diverses investig~tions confirment 1 1
1er propos qui disent que nous assistons aujourdhu~ agrave une involution
de la lutte traditionnelle parce que perdant toutes ses speacutecificiteacutes au 1
pryfit d~ne autre forme de lutte que lon continue agrave appeler nostalshy
giqlementIIlutte traditionnelle
Ceci pourrait peut-~tre trouver une explication dan la citation suivante
La liberteacute de creacuteer dinnover de vivre Pleineinenf decirctre soi et de
preacuteserver son authenticiteacute la digniteacute et lhonneu1demeurent des illushy
sions dans la misegravere eacuteconomique~ Nos ancecirctres creacuteai~nt des valeurs de cishyl
vilisation parce quils eacutetaient libres parce qu1i~s ignoraient toute
deacutependance eacuteconomique ils cultivaient en eux et cbez leurs enfants le 1
Jorn et la Kersa et preacutefeacuteraient la mort agrave la hoJte lI (1)
Or le Seacuteneacutegal comme la plupart des pays africainsi est un pays sousshy
deacuteveloppeacute t cependant face agrave cette volonteacute du gou~ernement seacuteneacutegalais
de faire inteacutegrer dans leacuteducation des valeurs traditionnelles nous
pouvons espeacuterer utiliser comme moyen deacuteducation la lutteacute traditionnelle
qui reste quand mecircme vecteur jethos et dhabit~s
- 54 shy
Mecircme si lon a noteacute un appauvrissement notoire sur les plans socioshy
culturel et moral la lutte traditionnelle recegravele une gamme importante
et varieacutee de techniques permettant incontestablement une ouverture vers
les luttes olympiques libre et g~eacuteco-romaine
La lecture de ce meacutemoire permettra agrave lentratneur et au professeur de
lutte en fonction du lieu ougrave ils seront affecteacutes dans le territoire
seacuteneacutegalaisdavoir une information sur les techniques contrOles et
formes de corps propres agrave chaque groupe ethnique et de les mettre en
relation avec leurs croyances et leurs mentaliteacutes
Nous avons essayeacute de montrer que la pratique de la lutte traditionnelle
doit tre axeacutee sur une ethnomotriciteacute au Seacuteneacutegal qui permette une inishy
tiation facile Cette pratique de la lutte traditionnelle seacuteneacutegalaise
devra dailleurs essayer de ~eacutepondre aux aspirations du Seacuteneacutegalaisl
moderne en souvrant aux ap~orts positifs des autres civilisations
ex~eacuterieures nous voulons Jvidemment parler du judo et des luttes oiymshyJ
piques 1
1 j Nous navons pas la preacutetentfon dans le cadre de ce meacutemoire demattrise
de reacutepondre agrave toutes les qutstions se rattachant agrave leacutetude de ~a lutte
traditionnelle souslangle~socio-culturel car non seulement il nous
manque lexpeacuterience et la c peacutetence en la mati~re mais aussil l le temps
et les moyens dont nous dis osions ne nous permettaient pas d~puiser le 1sujet i
1 1 1 t 1
l
- )5 shy
BIBLIOGRAPHIE
BIBLIOGRAPHIE
1- CLAPAREDE Psychologie de leacuteducation et peacutedagogie expeacuterimentale
Edition Delachaux et Niestleacute 244 pages
2- POCIELLC Christian Sport et Socieacuteteacute approche socio-culturelle
des pratiques Paris Vigot 1981 377 pages
3- PIERON Henri Vocabulaire de la psychologie
PUF Deuxiegraveme eacutedition 1957 469 pages
4- Revue socialiste de culture neacutegro-africaine ETHIOPIQUES
Les valeurs traditionnelles et le problegraveme de leur inteacutegration
dans les systegravemes modernes deacuteducation
GIA 21 Juillet 1982 213 pages
5- N2 Revue du Centre dEtudedes Civilisations DEM ak TEY
NIS IVegrave Trimestre 1982 96 pages
6- Document lNSEP Colloque sur la lutte aeacuteregravere
DAKAR MAI-JUIN 1980
t 1
~- Travaux du IVegrave Congregraves National ~es Sports agrave DAKAR les 2223041981
Bulletin n2 91 du CIO du 15 Aont 1965
l____________________________
8- Meacutemoire de Mattrise BADJI Abdou La lutte traditionnelle Joola
Etude et perspective
9- Meacutemoire Inspectorat JS DJITTE Mandy Les pratiques corporelles
traditionnelles au Seacuteneacutegal pour leur exploitation et leur
utilisation en peacutedagogie Marly le Roi 1980
REPUBLIQUE DU SENEGAL
--------------- INSTITUT NATIONAL SUPERIEUR
MINISTERE DE LA JEUNESSE DE LrsquoEDUCATION POPULAIRE
ET DES SPORTS ET DU SPORT
-------------
(INSEPS)
MEMOIRE DE MAIcircTRISE
Es-SCIENCES ET TECHNIQUES
DE LrsquoACTIVITE PHYSIQUE ET DU SPORT
LA LUTTE TRADITIONNELLE
son importance sa signification en fonction des ethos et des habitus ethniques au Seacuteneacutegal
Preacutesenteacute par
Monsieur Joseph Victor FAYE
Sous la direction de
M Jean Marc ROCHEZ
Professeur agrave lrsquoINSEPS
Anneacutee de soutenance 1984
Profil psyc~~iqUE du lutteu- et son comporterent dars l 2regravere
La preacuteparation mystique dans laregravene est plus marqueacutee chez les wolofs
que ChE~ les autres ethnies En effet on verra de grands champions
preliGrE plusiEurs heures pour Enduire leur corps de cll2badep ou ci
rmiddot- ~ a la proprieacuteteacute de proteacuteger li1egraveividu J
les mauvais sorts) Cest dailleurs un aspect dt la luttE qui iJcsc
des problegraveJles
Le lutteur wolof est tregraves superstitieux et la peacuteriode de preacuteparation
est capitale pour lui car elle permet non seulement de rendre
hommage aux ancecirctres mais aussi dintimider son adversaire Cest
geacuteneacuteralement un lutteur agressif combatif et teacutemeacuteraire Il se fait
souvent remarquer par son esprit dentreprise Mais cette fougue dans
le combat lamegravene parfois bien que ce soit regrettable agrave oublier les
usages et les normes Ce manque de maicirctrise de soi peut faire croire
que le lutteur wolof manque de fair-play ce qui nest pas toujours le
cas
~A~Ugrave~ t 4AA CbUrs k LA ucirctotve f~tPle Sesect prores mou W ~ lesquelles vont se couler les comporteme~ts individuels qui sont ainsi
monteacutes par et pour lautoriteacute sociale
Les faccedilons de boire de marcher ou de sasseoir se manifestent indivishy
duellement dans le corps de chaque personne ces habitus sont cependant
des montages sociaux lieacutes agrave des significationssymboliques variables
dailleurs selon la position sociale occupeacutee par chaque sujet Ces modes
dagir se rangent dans un systegraveme de montages symboliques et lindivishy
du les apprend de la socieacuteteacute dont il fait partie agrave la place quil occupe
Lhabitus est un montage social agrave la valeur symbolique deacutependant des pheacuteshy
nomegravenes deacuteducation et de prestige et lieacute agrave la position sociale du sujet
Cette penseacutee sonne de faccedilon eacutetonamment moderne
Pierre BOURDIEU qui dans une perspective a approfondi le contenue de la
notion en le reportant aux oppositions entre classes et fractions sociales
Il deacutefinit lhabitus comme un systegraveme de dispositions durables acquis au
cours dune histoire personnelle dans une milieu social donneacute systegraveme qui
engendre ensuite des pra~iques socialement deacutetermineacutees faccedilons de manger
de parler ou de marcher comportements de politesse contenu des preacutefeacuterencel
et des deacutegoOts bullbullbull lhabitus est le produit de conditions eacuteconomiques et
sociales Lauteur rattache directement la formation de lhabitus dun
individu agrave la trajectoire parcourue par celui-ci dans sa classe dapparteshy
nance il deacutefend lideacutee dun habitus de classe qui deacutefinit le sens confeacuteshy
reacute agrave la pratique sportive les profits qui en sont attendus
Ce dernier serait lui-m~me lieacute agrave un systegraveme de valeurs ou ETHOS de classe
prenant sens au sein doppositions distinctives entre classes sociales
De sorte lhabitus fonctionne comme un systegraveme dt- regravegles inteacuterioriseacutees
souvent informuleacutees permettant ou non agrave lagent de sadapter dembleacutee aux
multiples pratiques de la vie quotidienne et de la vie sportive il est agrave
lorigine des schegravemes de transcription qui favorisent les ajustements aux
situations corporelles nouvelles (1)
t ~
(1) P~IE11D dwi6Han ISpoy-l et sodeacutebi Approche Bocio-culturelle des pratiques P~tis Vigot 1981 page 81
33
331 Preacutesentation
Les Seacuteregravere auraient pour origine le Fouta Toro quils auraient quitteacute
vers le Xllegrave siegravecle pour fuir lislamisation de cette reacutegioD par lempire
dJ Xali (ils seraient donc apparEnt~s aux Peul et Toucouleur ) Ils
auraient trouveacute dans la rEacutegion du Sine les Sosseacute dorigine manding avec
lesquels ils salliegraverent
Au XVegrave siegravecle une autre immigrationSos~ conqueacuterante cette fois-ci
apporta son organisation eacutetatique Ils se divisegraverent en deux monarchies
deacutemocratiques lune seacutetablit au Sine et lautre au Saloum Les Sosseacute
conqueacuterants constituaient lautocratie appeleacutee Guelowar
La royauteacute seacuteregravere eacutetait laiumlque Les premiers souverains durent secouer
la tutelle des Toucouleur et progressivement arrivegraverent agrave unifier lethshy
nie des seacuteregravere etdea Sosseacute Les deux royauteacutes eacutetaient organiseacutees selon
acirces modegraveles tregraves deacutemocratiques Le souverain deacutependait dune assembleacutee
de ministres et de chefs locaux qui assuraient ladministration centrale
et reacutegionale())
Aujourdhui lethnie seacuteregravere repreacutesente 20 de la population seacuteneacutegalaise
Ils sont reacutepartis sur presque toute leacutetendue du territoire notamment
dans le Baol la reacutegion du Sine-Saloum et la reacutegion de Thiegraves
Signalons quil existe plusieurs sous-groupes dans lethnie ainsi on
trouvera
- dans la reacutegion de Thiegraves les Ndut les Safegravene et les None
- dans le Sine-Saloum les Sine-sine et les Saloum-salouIT
On trouvera vers foundioune et agrave Nioro du cocircteacute de la Gambie les
Niominka (pecirccheurs) Cest une portion tregraves mandinguiseacutee
( 1
Le rattache~2~t d~ to~s ccs sous-groupes pose problecircme ~25 0~ r0~V~
uc grande partie de traits COITul1uns dans leurs modes dE vie Ct pOUT phs
de faciliteacute nous allons essayer de faire une ~tude globale de la lutte
traditionnelle seacuterecircre Lactiviteacute socio-eacuteconomique qui est essentielleme~t
agro-pasorale caracteacuterisE leacutethnie seacuteregravere
332 Lecircducation les moeurs les croyances et pratiques sEr~rc
Chez les Seacuteregravere la vie humaine se deacuteroule selon les grandes eacutetapes
le baptecircme lenfance ladolescencemarqueacutee par la circoncision lsectge
adulte le mariage la vieillesse et la mort (funeacuterailles)
La vie de la communauteacute seacuteregravere reste une des plus originales sinon
celle qui de nos jours garde la presque totaliteacute des pratiques et
habitudes traditionnelles
Bien qu aujotltdhui con~r-tis aux religions chreacutetienne et musulmane les
Seacuteregravere conservent leurs croyances et pratiques animistes
Quelque soit leur degreacute dadheacutesion aux religions reacuteveacuteleacutees les Seacuteregravere
croient en un Dieu puissant et miseacutericordieux Rog Segravene et les hommes
Les ~angols sont repreacutesenteacutes mateacuteriellement dans tous les villages
seacuteregraveres par des arbres (baobab et tamariniers) des animaux (geacuteneacuteraleshy
ment serpent doreacute ou iguane) des ustensiles (pilon calebasse et mortier)
De nombreux teacutemoignages nous apprennent que certains totems (serpent
iguane) font leur apparicion agrave loccasion de certaines manifestations
rituelles comme les sacrifices ceacuteleacutebreacutes lors dun mariage de ceacutereacutemonies
mortuaires ou des circoncisions
Le Seacuteregravere comme il nous a eacuteteacute donneacute loccasion de le dire plus haut
preacutesente des speacutecificiteacutes authentiques aussi bien en tout ce qui touch~
son eacuteducation ses croyanCES et pratiques mystiques q~e ses activiteacute~
socio-ecirccc~omiquEs Apr~s a ~aissa~c~ le beurob~ ~~ pcs~ 5~~ lE S~ __
On lui mouille les l~vres avec un peu d~ lait de mil et apr~s U~ bain
purificateur on versera leau dans un trou cr~us~ derri~r~ la Camp~~
Pendant huit jours la megravere et lenfant sont cacheacutes dans la case car
selon les anciens ils sont tregraves vulneacuterables La case deacutens certains cas
est entoureacutee dun fil blanc et lon place sur le seuil des fais(cauy di
veacutegeacutetaux pour chasser les mauvais esprits (geacutenies malfaisants et illangeUY~
dacircmes) Au bout du huitiegraveme jour la megravere et lenfant peuvent sortir de
la case bull
bullbullbull Le matin du huitiegraveme jour la tante paternelle va chercher de leau
(plusieurs fois)t elle doit rester muette pendant ses alleacutees et venues
si elle parlait t lenfant pourrait ecirctre muet bullbullbull
La megravere et lenfant prennent un bain purificateur dans lequel sont
trempeacutees certaines plantes (ce sont des veacutegeacutetaux pr~tecteurs tels le
begravene le yag le ngud) On y lavera aussi le linge e1t les ustensiles utishyj
liseacutes pendant les huit jours qui viennet de seacutecoul~r On rase le crine
de lenfant Les cheveux sont donneacutes agrave la megravere qui ~s enterrera avec le
reste du cordon ombilical dans un endroit que11e esit seule agrave connattre
La megravere sassied sur une natte devant la maison Une femme igeacutee de la
famille prend le beacutebeacute dans ses bras et le preacutesente aux quatre coins de
lhorizon
La tante paternelle tient ensuite un van sur la tecircte de la megravere on y
verse le mil on y verse eacutegalement en abondance sur la megravere et sur
lenfant La tante oint ensuite le corps du beacutebeacute avec du lait e11e
touche en particulier le front t le nez la bouche la poitrine le dos
et les oreilles
Elle pose enfin un ~rain de sel dans la paume du beacutebeacute (le sel purifie
et deacutetruit les puissances mauvaises)
Apregraves un nouveau bain la megravere et lenfant revEcirctent des habits de fecircte
(est
lenfant Ce precircnore a toujours U~ SEns Il sy~bolise parfois C0 qUi
lOIl sounaitt agrave lEufant l)
La circoncision comme dans les autres ethnies est obligatoire Elle
permet au jeune adolescent dacceacuteder agrave la classe adulte Les jeunes
sont regroupes en classe dacircge dans le bois ougrave sc fait la r0tr~it0 des
circoncis et ceci pendant plusieurs mois
Le Selbeacute qui est geacuteneacuteralement un ancien craint de tous les eacutelegraveves
enseigne le respect de la hieacuterarchie la discreacutetion le goOt de linishy
tiative Les activiteacutes physiques et leacuteducation artistique ne sont pas
en reste la deacutecoration la sculpture la lutte et la danse A sa sortie
du bois linitieacute appartient deacutesormais agrave la classe des virils et des
sages du clan car on lui aura enseigneacute les vertus fondamentales que
sont la justice lhonneur lamour du prochain 1 amour du travail
lhonnecircteteacute et surtout le respect des coutumes ancestrales
Le rite du mariage esd aussi un fait tregraves important dans le monde 1
seacuteregravere mais par manq~e dinformation nous serons obligeacutes de nous en
tenir lagrave
333 Impact des ethos sur la lutte dans le monde seacuteregravere
Lorigine de la lutte seacuteregravere ne semble pas claire ma1S nous pouvons
dire quil existait deux formes de lutte comme chez les Wolofs une
lutte sans frappe et une lutte avec frappe Et cest cette derniegravere
qui peut-ecirctre nous ameacutenerait agrave croire que la lutte seacuteregravere aurait une
origine plus preacuteciseacutement guerriegravere
Aujourdhui la lutte est uniquement une activiteacute sportive agrave travers
laquelle le jeune seacuteregravere eacutevalue sa force son courage et SOn ingeacutenioshy
siteacute Cest une occasion de deacutefendre lhonneur de son village ou de
la corrnnunauteacute
La luttE ~5t avant tout u~e rnanifcs[dtic~ c~lturclie et surtout
fo lkhriqut-
Gracircce agrave elle on peut deacutesormais comprendre un certain nombre de chants
et de symboles A travers la lutte seacuteregravere on ccedilomprend les inter-relashy
tions entreacute la vie et le monde surntiturel
Sil devait y avoir la mort dun villageacuteois pendant la fecirctE au T qUE
de linterrompre on proceacutedait gracircce aux connaissances magico-religieuses
agrave la suspension de la mort jusquagrave une peacuteriode ougrave la population sera plus
disponible pour organiser des funeacuterailles sil y eacutetait preacutedit la possibishy
liteacute dune deacutefait du champion local au profit dun champion dun autre
village des recettes dordre maginque et religieux eacutetaient mises en prashy
tique afin que le champion du village ne soit jamais terrasseacute(J)
334 Le profil du lutteur seacuteregraver~
Le lutteur seacuteregravere est par essence un athlegravete impressionnant de par sa i
carrure et sa musculature saillante mais cest aussi une force tranquille
et calme quelque soit lenjeu du combagravet et particuliegraverement lhonneur
Cet aspect nous pousse agrave parler du NGiMBE cest-agrave-dire de la tenue du
lutteur qui va influencer sur sa faccedilon de lutter
La confection du Ngimbe revient agrave la communauteacute entiegravere Le Ngimbe a
une signification symbolique et le lutteur pour meacuteriter la confiance du
groupe se doit de tout faire pour ne pas toucher le sol Toute la commushy
nauteacute elle aussi sengage pour assurer la longeacuteviteacute et le succegraves du lutteur
dans laregravene par lorganisation droffrandes et de sacrifices en lhonneur
des Pangols bull
bull
Daucuns nheacutesitent pas agrave dire que lessentiel du mysticisme se fait agrave
la maison et non dans laregravene tout le reste nest quintimidation de
ladversaire
lsvcns
Tt- pi ~- t
t 1 ~ l _ ~ t
par rapport agrave lautre Cbci est trEgraves lieacute agrave lactiviteacute journaliegravere du
jeune seacuteregravere qui est un cultivateur donc toujours bien planteacute sur ses
jambes et qui continuellement manie lhiler
Le fait de couper le boi~ peut eacutegalement constituer un moyen de muscushy
lation non neacutegligeable pour le jeune lutteur
Un certain nombre de traits techniques speacutecifiques au lutteur seacuteregravere
semblent ressortir des diffeacuterentes interviews que nous aVOns fait subir
agrave certains lutteurs seacuteregraveres et agrave diffeacuterents techniciens
SOUS-GROUPES FORMES DU CORPS CONTROLES GARDES
SAFEN Moyenne en fente NONE Hancheacute Bras (distante) j
NDUTJ
f
SINE-SINE Deacutecalage Ngimbe
Moyenne
SALOUM-SALOUM Passage- Jambe (rapprocheacutee) 1
i
PETITE dessous Tecircte Basse et 1
COTE Moyenne (rapprocheacutee)
Notons que le Niominka ll commence agrave lutter agrave partir du sol pour avoir
assez deacutelan et sauter sur ladversaire afin davoir la prise du lion
(contr6le de la nuque et du bassin)
Co a -tem-nt ccedilt attitude du lutteur sEacuteregravere335 np -1t ~
Les croyances mystiques sont indissociables des activiteacutes quotidiennes
duseacuteregravere Ce qui explique le cocircteacute supersticieux du lutteur seacuteregravere En
~ffet certains lutteurs refusent de lutter avant certaines heures
Certains teacutemoignages nous apprennent quil nest pas donneacute agrave tout le
monde decirctre champion de lutte et que le lutteur doit avoir des dons
surnaturels pour ecirctre agrave mesure de livrer ses combats dans la nuit
et trouver seul un gris-gris speacutecial appeleacute Njatch
Le vrai champion de lutte chez les seacuteregraveres ne lutte pas seulement avec
~a force et sa technique mais surtout avec ses dons occultes
Chez les seacuteregraveres les morts sont toujours preacutesents et les ~pangols
Servent dintermeacutediaire entre les hommes et les morts Le pangol prend i
le nom dhumain dans certains villages (IIHeacuteJga NDONG Har Wag NGOUYE) i 1
De ce fait on verra le lutteur danser dufe maniegravere ou dune autre en
fonction du pangol de sa famille Ainsi nrus aurons le back (chant et
danse du lutteur) des DIOUF des FAYE etclbullbullbull
Dans laregravene le lutteur seacuteregravere a un comportement exemplaire aussi bien
agrave leacutegard de son adversaire direct quave~ le public en geacuteneacuteral Lexpli shy
cation semble tenir au fait que le lutteur seacuteregravere est avant tout selon
la tradition orale le repreacutesentant de toute la communauteacute seacuteregravere Par
conseacutequent il devra saffirmer non seulement en tant que lutteur dans
laregravene mais aussi en tant quentiteacute morale
336 La tenue du lutteur ou NGIMBE est confectionneacutee par le marabout de la
famille ou du clan Le Ngimbe est constitueacute de pagne en cCton tisseacute
Il doit ecirctre propre le lutteur qui le porte ne devra pas avoir de rapshy
port sexuel pendant toute la peacuteriode des cOTpeacutetitians car le Ngi~bE ne
doit pas ~tre souilleacute
Autrefois et mecircme aujourdthui dans certaines familles on devient
lutteur de pegravere en fils et dans ce cas le Ngimbe du pegravere est heacuteriteacute
par le fils Le fait de porter le Ngimbe de ses aieux peut susciter
chez le jeune lutteur une motivation et une volonteacute ineacutebranlable dtasshy
surer la supeacuterioriteacute d~s siens dans ltaregravene Il fera tout pour que le
Ngimbe de la ramille ne touche le sable
La tenue du lutteur a une signification et une importance sur le plan
mystique car selon les anciens le vra1 feacutetiche du lutteur celui qui
le proteacutegera et laidera agrave vaincre le nDjinne ou le tRapu de ladvershy
saire se trouve cacheacute dans ce Ngimbeu bull Celui qui confectionne donc le
Ngimbe U est doueacute de faculteacutes occultes
337 Larbitrase est assureacute par un sage du village qui geacuteneacuteralement fut
champion de lutte de son temps Dailleurs cet ancien nintervient que
si le terrassement est litigieux Hormis le public qui proclame la vicshy
toire ou le match nul le lutteur lui-mecircme est arbitre et il arrive
quil se deacuteclare vaincu
Nous avons pu cfter Meacutedoune KHOULE un desplus grands lutteurs seacuteneacutegashy
lais qui a donn~ une victoire agrave Djeacuteri SADIO son adversaire qui a reacuteussi
agrave lui faire touegraveher le sol de la main
IlL
34 1 Preacutesentation
Lethnie toucouleur vit En grandt partit ciE~~ la vallfc du S~~~gal
pt reprecircsente i peu pr~s 8 de la population totale secircn~galaise
o Histoire
Il semblerait que dans lancien royaume du Tekrour (IX~ siegravecle) des
eacuteleacutements neacutegroiumldes Sarakoleacute et des Peul aient formEacute par meacutetissage le
peuple Toucouleur (Toucouleur serait dailleurs une deacuteformation du
mot portugais Tacouror)
Ce empire a domineacute aussi bien les wolofs de lOuest que les Peul
nomades du Fouta Toro Cette reacutegion fut le premier pays islamiseacute par
les Almoravides ce qui peut expliquer le proseacutelytisme toucouleur
Ce sont les guerriers toucouleur islamiseacutes qui attaqu~rent avec les
Almoravides la capitale du Ghana Koumbi en 1067 On convertit par
la force les animistes Cest sans doute agrave cette eacutepoque que de nombreuses
ethnies reacutefractaires agrave lIslam ont dO accentuer leur migration vers
le sud (Seacuteregravere wolof Sarakoleacute Bambara Songhaiuml Akan et Peul se reacuteshy
fugiaient vers les hauteurs du Fouta Djalon)
Au XIXegrave siegravecle les Toucouleur allaient trouver en El Hadj Omar Tall
un grand conqueacuterent qui sous le preacutetexte religieux de la gJerre sainte
contre les tribus animistes (entre autres Bambara) eacutetendit lempire
toucouleur sur presque tout lensemble du gali et la partie de la Guineacutee
proche du l1ali
Lempire toucouleur composeacute de Sarakoleacute de Bambar~ de ~alinkeacute de
Xassonkeacute dE Peul et de Dogon eut le meurorit~ dunir CES diif~rentes ~ ~ - - - - - et~ics ~t dE CD~stituer l~Sl la b2S~ ~r 1
_ ~ ~ ~_ L ~
~ ~- ~- - - ---- _ 1 v _ t 1 ~-_ --
marabout tOL~culcuuml~ ~ middotlrrany a l ick SI venu des E1i rClS dE Pocior~ (
~ Vi~ euroconomicue et sociale -----------~-------------
Les Toucouleur sont des cultivateurs mais bien quils n~ soie~t pa~
pasteurs comrre les Peul leacutelevage a une place inportarteacute decirc1S ltur
eacutecono~ie Pour faciliter leur conquecircte guerriegraverE ils c~t Eucirc une preacuteshy
dilection pour leacutelevage des chevaux On y trouve aussi des pecirccheurs
appeleacutes Tchioubalo La socieacuteteacute toucouleur aurait une stratification
sociale tregraves rigide Les groupes ethniques et les castes eacutetaient
diffeacuterencieacutes et strictement exogamiques les Rimbe classe des nobles
comprenant la famille reacutegnante et les guerriers libres la classe des
Nieacutenieacutebegens de castes artisanales i les Rimaibeacute anciens esclaves
devenus serviteurs qui portent les noms de famille de leur maicirctres A
la base de lorganisation de la collectiviteacute toucouleur se situe le
village (Wouro)
Toutes ces castes sont cloisonneacutees entre elle~ Ainsi il nest pas
permis agrave un Torodo (noble) de se marier avec un Tchioubalo Ces
consideacuterations sont importantes dans le domaine de la lutte ougrave nous
apercevrons que les nobles ne sont pas faits pour lutter Le noble
preacutesidera les seacuteances de lutte et on luttera pour lui Ces condeacute rat ions
de noblesse et de rang social sont extrecircmement importantes dans le
monde toucouleur
Le noble ne doit pas se salir on lutte pour lui il ne vit la lutte
quen tant que spectateur
342 Education moeurs croyances et eratiques religieuses
Deux formes d~ducation sont agrave consideacuterer leacutedJcatio~ dES enfarts Et
celle des adultes
oG lenfant sait m2n~~r et apprfcier le goOt d~5 ~iifeurorents r~pas lt
le moment ougrave il CO~~e~CE agrave marcher
tivirt n~sormais le petit toucou]eur est eacuteduquf par toutmiddot 12 f2~i)]E
dabord puis par toutes lespersc~nes du village ou du C13~
Lenfant peut ~tre corrigeacute par tout adulte appartenant au groupe social
Son eacuteducation est deacutesormais laffaire de toute la communauteacute et non
exclusivement celle ces parents On linitie ainsi au travail quotidien
qui se fait dans la bergel~ e les champs et les bords du fleuve Au sein
du village il pourra apprendre agrave filer la laine et agrave tisser des pagnes
dans les champs il apprend agrave manier la houe et lhiler pour la culture
du riz et du mil Mais signalons que lactiviteacute essentielle du toucouleur
est leacutelevage des boeufs des moutons et des chegravevres Chez les Ichioushy
balos (p~cheurs ) lenfant sera initieacute tregraves tat au maniement des pagaies
agrave la p~che propremccedilnt dite et agrave la nage
Vers cinq-six ans lenfant est confieacute au maicirctre coranique le Ihierno
et ce dernier dispose exclusivement de toute sa vie Lavenir du jeune
enfant lui appartient
Comme dans les autres groupes ethniques les enfants sont regroupeacutes en
classe dacircge et cest dans cette structure que lenfant subit les rite
de passe et plus particuliegraverement celui de la circoncision
La circoncision est non seulement unE opeacuteration chirurgicale malS surshy
tout une peacuteriode au cours de laquelle le jeune garccedilon passe de leacutetat
dadolescent agrave leacutetat dadulte Les circoncis sont reacuteunis en classe
dacircge dans un endroit situeacute hors duvillage geacuteneacuteralement choisi par les
vieux Cet endroit n~st accessible que par des individus de SExe ffi8SCUshy
li~ ~ta~t au preacutealabl circoncis
- - - -
quable et complet sur le plan phy~ique et ~oral Ai~si liniti~
acquiert les qualitecircs indispensables que sont le courag~ la modest
lesprit de sacrifice lendurance
Le toucoule~r est un pleux musulma~ Cela sexp1
SOil le premier agrave tre en contact avec la religion musulmane de par sa
position frontaliegravere Lethnie toucouleur de par son histoire a preacutesenteacute
les plus grands chefs militaires et religieux musulmans seacuteneacutegalais Et
pour illustrer cela on peut citer en exemple la grande famille musulmane
des SY agrave TIVAOUANE repreacutesentant la confreacuterie des TIDJANES
Bien que lon note une majoriteacute musulmane on peut dire que certaines
croyances et pratiques mystiques et animistes persistent encore surtout
dans la reacutegion du fleuve
Une pratique courante se fait elle sappelle le Djatt Elle consiste
agrave faire sortir le caiman du fleuve agrave limmobiliser et agrave lattacher
sans quil ne reacuteagisse et tout ceci agrave laide de versets et dincantashy
tions magiques Dapregraves les teacutemoignages ces pratiques sont plutocirct
freacutequentes chez les Tchioubalos (pecirccheurs) Il arrive aussi que cershy
tains chasseurs ayant des dons se livrent agrave certaines pratiques an1shy
mis tes qui consistent agrave invoquer certaines puissances et agrave moduler sous
forme de chant des versets occultes pour se proteacuteger des mauvais esprits
et pour eacuteloigner les fauves Ce chant est geacuteneacuteralement incompreacutehensible
et deacutenueacute de sens pour le profane
343 Activiteacutes ludiques et pratiques sportives en milieu toucouleur
Durant toute son histoire lethnie ~oucouleur a toujours EacutetEacute Frese~teacute~
comme celle qui avait ue activit essentiellement guerr e e~ particushy
liegraverement farouche Trois eacuteleacutements ret r t l ecirc t te nt i c- euro so~t
le manie~~nt du ~acircton 12 luttE Et 1eacute danSE
l
Lecircducation ph~sique et artistique Dcc~pe un place precircpondecircra~rp
dans la fDrmat~on du jEune toucouleur A loccasion agraveeacutevegravenemen~ imporshy
tants reacutecoltJs mariages baptecircme nous assistons agrave des manifestashy
tions folkloriques de grande envergure le Wango oucirc dailse toucouleur
tregraves gymnique iles chants et surtout les sEacuteances de lutte
La lutte toucouleur est la forme de lutte la plus spectaclaire dans
tout le territoire seacuteneacutegalais Elle est essentiellement baseacutee sur des
techniques en hancheacute et surtout en souplesse Ceci sexplique par le
fait q~e le jeune toucouleur est tregraves tocirct initieacute agrave la gymnastique (saut 1
per saut de main salto arriegravere saut de tecircte couronneacute etc bullbullbull ) pour
la dans~ du wa~go En dansant le wango qui est une danse rythmeacutee et
gymnique le Jeune toucou1eur est capable de prouesses extraordinaires
1
En lutte lattaquant se deacuteplace tregraves peu pour avoir une bonne saisie
(geacuteneacutera~ement controcircle du Ngimben ) et enchaine brusqueme~t avec une
attaque surpris~ Cependant les ripostes sont souvent surprenantes et
spectaculaires (baseacutees sur la souplesse et la rapiditeacute) ontrairement
aux autr~s form~s de luttes ougrave lon voyait tous les jeune adheacuterer la
lutte to~cou1eur Verra un groupe de speacutecialistes sadonne agrave la lutte 1
(la lutte est lieacutee agrave la position sociale de lindividu problegraveme de
caste)
Q La morphologie du lutteur toucou1eur 1
1 1
Ce dernier nest pas aussi large et aussi fort que les lutteurs diola
et seacuteregravere Cependant il est tregraves reacutesistant La musculatJre est saillante 1
et tregraves souple lindividu est longiligne mais tregraves athleacutetique
Les mouvements de lutteurs sont semblables agrave ceux dun grand fe1in Cette 1
morphologie semble ecirctre lieacutee agrave la position geacuteographique de lethnie
(reacutegion du fleuve) et agrave lacitiviteacute socio-eacuteconomique du toucouleur qui
est agrave la fois cultivateur (activiteacute lieacutee agrave la crue et deacutecrUE du fleuve)
pecirccheuro~T CIcr~icubaon) et sttout jEumlrgcr qui est U~ rc~2eumlr
shy
Deux formes egrave~ corps sembl~nt ecirctre preacutefeacutereacutees du lutteur toucouleur
le hancheacute et la souplesse Les hancheacutes sont faits agrave partir de plusieurs
positions de doset se terminent geacuteneacuteralement par des techniques de
tregraves grande amplitude
TABLEAU RECAPITULATIF DES TECHNIQUES ET FORMES DE CORPS SPECIFIQUES
i
L441 r
GARDE FORMES DU CORPS CONTROLES --shy - -
Moyenne Souplesse Ngimbe
Hancheacute bras
Demi-souplesse
1
Profil psycholosigue 1
TECHNIQUES
ContrOle du bassin et 12 souplesse
arriegravere
Klicket et allegravegement de la hanche
Le lutteur toucouleur est celui lUi se livre le moins aux preacuteparaqons
maraboutiques Cela est dO au f~t que le toucouleur est un grand ~USUlshyman et que les pratiques animisges ont presque disparu dans ce mil~eu
Dans la pratique le lutteur esJ combaif mais il est calme et tr~s reacutefleacutechi quant agrave la deacutecision agrave prendre en plein corps agrave corps ct~st un des seuls techniciens qui reJte tregraves lucide au cours de ses comb~ts
l Dans toutes les circonstances e lutteur toucouleur est tenu de re~pecshyter son adversaire et ceux de s4n eacutequipemecircme sil est vaincu
Comme nous avons dO nous en rendre compte la rigueur des principes
eacuteducationnels a une influence tregraves sensible sur l~ comportement du
toucouleur
i
III S COCL ~s 1DO
Dans cette partie nous avons essay~ de montrer lftroite re1atic~
Entre les diverses activiteacutes socio-eacuteconomiques dans les ethnies et
lES diffEacuterentes faccedilons de lutter
Daucuns seraient tent~s de conclure trop rapidement et cest p0~r
cette raison que nOUS avons penseacute preacuteciser que le pheacutenotype nest
pas geacuteneacuterateur du geacutenotype Et nous sommes convaincus que la morphoshy
logie et les techniques des lutteurs relegravevent de leurs modes de vie
et de leurs croyances agrave une eacutepoque et danE un contexte bien deacutetermishy
neacutes
Est-ce que les lutteurs dio1a ou seacuteregravere travaillant avec leurs bras
dans les champs auraient les mecircmes pr 0 fil s physiques que les lutteurs
utilisant des machines pour lagriculture
- 69 shy
I UJOURDH~1 E-S ut O[l LES FORfilS Ut LU11t~
~otons que notre enqu~te a ecirctE essentiellement faiteen milieu urbain
Les seacuteances de lutte ont tendance agrave perdre leur particulariteacute de r~shy
jouissance pour devenir des pheacutenomegravenes de sportisatio Deux fores
de luttes so~t principale~cnt prat s dans les aregrave~es du 5 al
la lutte traditiunnelle simple et la lutte traditionnelle avec frappe
De nos jours la lutte traditionnelle tend vers une reacuteglementation
et une institutionalisation
Le reacutesultat de nos investigations nous donne le tableau ci-dessous
REPARTITION ETHNIQUE SUR 100 PRATIQUANTS
LUTTE LUTTE RAPPORTETHNIES SANS FRAPPE AVEC FRAPPE J2
Diola 40 16 71 j
Seacuteregravere 26 21 57
Toucouleur 23 10 69
Wolof 1 1 53 17
La demande sociale par ordre deacutecroissant pour la lutte sans frappe
se preacutesente comrre suit
]0_ Ethnie diola avec pregraves de 3 lutteur~ sur 4
2deg_ Ethnie toucouleur
Ethri dun
~ 1 LA LUTTE TR])IIIO~~ELLE AVEC H-PPE
Cette forme deacute lutte a une histoire qui date de lantiquiteacute elle
sa~pelait le Pugilat Au Seacuteneacutegal elle a vu le jour dans le Cayor
bien avant la colonisation Le coup dE pied l~Lrdn~lement la morshy
sure la frappe et le doigtf eacutetaient permis dans le cc=bat ~ ~middot~p0~~e
Dans certains cas la giffle eacutetait beaucoup plus dangereuse que le
poing quand elle eacutetait donneacutee par un speacutecialiste Cette giffle pouvait
agrave elle seule deacutechirer et mecircme parfois amputer la joue de ladverser
Selon les informations la lutte avec frappede nos jours serait une
forme de lutte tregraves eupheacutemiseacutee de celle dantan ougrave une blessure
pouvait souvent ecirctre mortelle
Aujourdhui au niveau du folklore la lutte na plus la mecircme
le spectaculaire a remplaceacute le significatif iLa lutte avec frappe se 1
pratique surtout dans les centres urbains C~aque fois quun grand combat 1
est progra~eacute par le Comiteacute National Proviso~re (CNP) des centaines damashy
teurs sont mobiliseacutes vers le stade lba Mar D~OP qui est aujourdhui le i
lieu approprieacute ougrave se deacuteroulent les grands conkbats de lutte Cest la formE
de lutte qui semble drainer une foule de personnes beaucoup plus importante
que celle de la lutte simple
La lutte avec frappe deacuteriverait dune forme de lutte traditionnelle
pratiqueacutee jadis dans le Cayor au temps des Damels et la frappe serait
le substitut dun certain nombre de pratiques doigteacute jet de produits
etc bullbullbull dont le but eacutetait laveuglement de ladversaire La lutte avec
frappe serait une continuation logique dune carriegravere sportive de la
lutte traditionnelle qui sen sert comme moyen socio-eacuteconomique En
effet la majoriteacute des lutteurs avec frappe ont dabord eacuteteacute initieacutes agrave la
lutte simple Cependant il faut signaler que de nOS jours il arrive
que le jeune lutteur avec frappE- soit directenent formEacute conne speacutecialistE
agrave la frappe sa~s pour autant faire son chemin dabcrd egravea~s la lutte
- ~ shy
Le recircsultat dE ~os interviews ncus rec~trE qGune pcpulatiD~ divcrsishy
fiampe sint~resse agrave ce sport et qUE les intecircr~[s des uns et d~SlautrE~
semble~t divergents naucuns affirment que la lutte traditionnelle
avec frappe serait monteacutee par des personnes dont la vocation est dexshy
ploiter ce pheacuteLomegravene agrave des fins commerciales Dautres disent gJellegrave
jouit de mcyens irport~nts t[l[~isio
tation etc bullbullbull ) pour toucher toutes les couches sociales CEpe~~a~t
nous remarquons que mecircme si certaines personnes reprochent agrave cette
forme de lutte decirctre brutale ces mecircmes personnes nheacutesitent pas agrave
se rendre le dimanche agrave laregravene Bien que critiqueacutee elle semble ecirctre
adopteacutee par une tregraves grande partie de la population seacuteneacutegalaise Cepenshy
dant en tant que techniciens il nous est permis de faire une remarque
Il sagit de
- Limpression nette decirctre devant des professionnels de la frappe
qui sont ~ntratneacutes pour cela Dailleurs les propos que nous avons
recueilli~ nous prouvent que la plupart des champions de lutte avec 1
frappe s~ntratnent dans certains sports de combat tels ~ue la boxe i 1
le karateacute le judo Dans cette nouvelle forme de pratique de la lutte
contrairefuent agrave la lutte traditionnelle le technicien e~t souvent
perdant face au puncheur Ce dernier adopte une lutte agrave distance qui
lui permet de placer agrave bon escient ses coups animeacute du deacutesir de vaincre
Le technicien lui se voit contreacute dans toutes ses entreprises par
un uppercut ou un crochet
On peut dire cependant que nul sport au Seacuteneacutegal que la lutte tradishy
tionnelle avec frappe ne deacutechaicircne autant de passions et autant de
pheacutenomegravenes poussant agrave lexcegraves et deacutereacuteglements quon ne peut que deacuteplorer
Mais comment deacutecrier un spectacle de lutte qui bien quayant perdu la
presque totaliteacute des valeurs traditionnelles veacutehiculeacutees autrefois par
elle sait susciter une participation effective de tous ceux qui sont
preacutesents
CONCLUSION
Dans ce meacutemoire nous sommes efforceacutes ~e faire ressort ir limportance des
ethos et des habitus et leurs effets sur la pratique de la lutte tradishy
tionnelle au Seacuteneacutegal
L~b egravethos repr~sentent dune maniegravere g~neurorale tous les eacuteleacutements speacutec
fiques sux Seacuteneacutegalais par conampeacuteguent un systegraveme de valeurs traditionnellEs
Mais m~me si ces valeurs rev~tent une signification universelle (honneur
digniteacute courage etc bullbullbull ) il nen demeure pas moins que ce nest pas leur
nature qui fait leur speacutecificiteacute mais la hieacuterarchisation et limportance i
quon accorde agrave toutes ces valeurs de ~ar leacuteducation ou la culture
i 1
Aussi les valeurs traditionnelles puient leur speacutecificiteacute dans les
caracteacuteristiques propres aux eacuteleacutements ~e la socio-cu1ture (la technologie
et leacuteconomie la politique et la pareteacute la psychologie et lideacuteologie)
dans la socieacuteteacute seacuteneacutegalaise agrave n momen donneacute de son eacutevolution Cest i
dire la neacuteceesiteacute de ne point faire della valeur une reacutealiteacute statique
Cest dite aussi quagrave tout mome~t le ~eacuteneacutegalais peut eacutevoluer et creacuteer
ou vivre par conseacutequent de nouv~lles fprmes de valeur qui lui sont 1
propres ft (J)
La lutte traditionnelle veacutehiculant deS valeurs socio-cu1ture1les speacutecishy
fiquement seacuteneacutegalaises (croyances valeurs morales norme de comportement
opinion attitude bullbullbull ) devient un eacuteleacutement important qui tregraves certaiaement
nous aidera dans notre effort de valoriser et de peacuterenniser notre patri shy
moine culturel par le biais dactiviteacutes physiques et sportives
Leacutetude des habitus nous permet de prouver quil y a plusieurs faccedilons
de se mouvoir comme danser lutter bullbullbull qui varient avec les diffeacuterentes
ethnies (wolof toucouleur seacuteregravere diolagt leurs convenances et leurs
eacuteducations
(1) Revue Ethiopiques 31 Les valeurs traditionnelles et le problegraveme de leur inteacutegration dans les systegravemes modernes jtducatio-1 2 6r--70
nautre part cette eacutetude permet aussi de nous rendrE compte de la
correacutelatipn eacutetroite existant entre la pratique de la lutte traditionnelle
et le sta~ut socio-eacuteconomique du pratiquant
Nos inves~igations nous indiquent que la lutte recrute essentiellement
au niveau des classes socio-eacuteconomiques situeacutees en bas de leacutechelle
donc posseacutedant le statut social le moins favoriseacute La lutte avec frappe
-et un certain secteur commercialiseacute de la lutte simple- y trouve sa
leacutegitimiteacute Comme le dit BOURDIEU nA habitus diffeacuterents styles de Vle
divergents et il oppse les pratiques aristocpatiques correspondants agrave
des activiteacutes qui favorisent les situations eupheacutemiseacutees ougrave la stylisashy
tion est importante aux pratiques populaires qui font appel agrave des
qualiteacutes qpposeacutees bllutes rugueuses Certaines interviews nous
montrent que plus lindividu occupe une place eacuteleveacutee dans leacutechelle
sQciale e~ 1
moin$ il sinteacuteresse agrave la lutte
Les reacutesultats recueillis dans nos diverses investig~tions confirment 1 1
1er propos qui disent que nous assistons aujourdhu~ agrave une involution
de la lutte traditionnelle parce que perdant toutes ses speacutecificiteacutes au 1
pryfit d~ne autre forme de lutte que lon continue agrave appeler nostalshy
giqlementIIlutte traditionnelle
Ceci pourrait peut-~tre trouver une explication dan la citation suivante
La liberteacute de creacuteer dinnover de vivre Pleineinenf decirctre soi et de
preacuteserver son authenticiteacute la digniteacute et lhonneu1demeurent des illushy
sions dans la misegravere eacuteconomique~ Nos ancecirctres creacuteai~nt des valeurs de cishyl
vilisation parce quils eacutetaient libres parce qu1i~s ignoraient toute
deacutependance eacuteconomique ils cultivaient en eux et cbez leurs enfants le 1
Jorn et la Kersa et preacutefeacuteraient la mort agrave la hoJte lI (1)
Or le Seacuteneacutegal comme la plupart des pays africainsi est un pays sousshy
deacuteveloppeacute t cependant face agrave cette volonteacute du gou~ernement seacuteneacutegalais
de faire inteacutegrer dans leacuteducation des valeurs traditionnelles nous
pouvons espeacuterer utiliser comme moyen deacuteducation la lutteacute traditionnelle
qui reste quand mecircme vecteur jethos et dhabit~s
- 54 shy
Mecircme si lon a noteacute un appauvrissement notoire sur les plans socioshy
culturel et moral la lutte traditionnelle recegravele une gamme importante
et varieacutee de techniques permettant incontestablement une ouverture vers
les luttes olympiques libre et g~eacuteco-romaine
La lecture de ce meacutemoire permettra agrave lentratneur et au professeur de
lutte en fonction du lieu ougrave ils seront affecteacutes dans le territoire
seacuteneacutegalaisdavoir une information sur les techniques contrOles et
formes de corps propres agrave chaque groupe ethnique et de les mettre en
relation avec leurs croyances et leurs mentaliteacutes
Nous avons essayeacute de montrer que la pratique de la lutte traditionnelle
doit tre axeacutee sur une ethnomotriciteacute au Seacuteneacutegal qui permette une inishy
tiation facile Cette pratique de la lutte traditionnelle seacuteneacutegalaise
devra dailleurs essayer de ~eacutepondre aux aspirations du Seacuteneacutegalaisl
moderne en souvrant aux ap~orts positifs des autres civilisations
ex~eacuterieures nous voulons Jvidemment parler du judo et des luttes oiymshyJ
piques 1
1 j Nous navons pas la preacutetentfon dans le cadre de ce meacutemoire demattrise
de reacutepondre agrave toutes les qutstions se rattachant agrave leacutetude de ~a lutte
traditionnelle souslangle~socio-culturel car non seulement il nous
manque lexpeacuterience et la c peacutetence en la mati~re mais aussil l le temps
et les moyens dont nous dis osions ne nous permettaient pas d~puiser le 1sujet i
1 1 1 t 1
l
- )5 shy
BIBLIOGRAPHIE
BIBLIOGRAPHIE
1- CLAPAREDE Psychologie de leacuteducation et peacutedagogie expeacuterimentale
Edition Delachaux et Niestleacute 244 pages
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des pratiques Paris Vigot 1981 377 pages
3- PIERON Henri Vocabulaire de la psychologie
PUF Deuxiegraveme eacutedition 1957 469 pages
4- Revue socialiste de culture neacutegro-africaine ETHIOPIQUES
Les valeurs traditionnelles et le problegraveme de leur inteacutegration
dans les systegravemes modernes deacuteducation
GIA 21 Juillet 1982 213 pages
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NIS IVegrave Trimestre 1982 96 pages
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DAKAR MAI-JUIN 1980
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~- Travaux du IVegrave Congregraves National ~es Sports agrave DAKAR les 2223041981
Bulletin n2 91 du CIO du 15 Aont 1965
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Etude et perspective
9- Meacutemoire Inspectorat JS DJITTE Mandy Les pratiques corporelles
traditionnelles au Seacuteneacutegal pour leur exploitation et leur
utilisation en peacutedagogie Marly le Roi 1980
REPUBLIQUE DU SENEGAL
--------------- INSTITUT NATIONAL SUPERIEUR
MINISTERE DE LA JEUNESSE DE LrsquoEDUCATION POPULAIRE
ET DES SPORTS ET DU SPORT
-------------
(INSEPS)
MEMOIRE DE MAIcircTRISE
Es-SCIENCES ET TECHNIQUES
DE LrsquoACTIVITE PHYSIQUE ET DU SPORT
LA LUTTE TRADITIONNELLE
son importance sa signification en fonction des ethos et des habitus ethniques au Seacuteneacutegal
Preacutesenteacute par
Monsieur Joseph Victor FAYE
Sous la direction de
M Jean Marc ROCHEZ
Professeur agrave lrsquoINSEPS
Anneacutee de soutenance 1984
~A~Ugrave~ t 4AA CbUrs k LA ucirctotve f~tPle Sesect prores mou W ~ lesquelles vont se couler les comporteme~ts individuels qui sont ainsi
monteacutes par et pour lautoriteacute sociale
Les faccedilons de boire de marcher ou de sasseoir se manifestent indivishy
duellement dans le corps de chaque personne ces habitus sont cependant
des montages sociaux lieacutes agrave des significationssymboliques variables
dailleurs selon la position sociale occupeacutee par chaque sujet Ces modes
dagir se rangent dans un systegraveme de montages symboliques et lindivishy
du les apprend de la socieacuteteacute dont il fait partie agrave la place quil occupe
Lhabitus est un montage social agrave la valeur symbolique deacutependant des pheacuteshy
nomegravenes deacuteducation et de prestige et lieacute agrave la position sociale du sujet
Cette penseacutee sonne de faccedilon eacutetonamment moderne
Pierre BOURDIEU qui dans une perspective a approfondi le contenue de la
notion en le reportant aux oppositions entre classes et fractions sociales
Il deacutefinit lhabitus comme un systegraveme de dispositions durables acquis au
cours dune histoire personnelle dans une milieu social donneacute systegraveme qui
engendre ensuite des pra~iques socialement deacutetermineacutees faccedilons de manger
de parler ou de marcher comportements de politesse contenu des preacutefeacuterencel
et des deacutegoOts bullbullbull lhabitus est le produit de conditions eacuteconomiques et
sociales Lauteur rattache directement la formation de lhabitus dun
individu agrave la trajectoire parcourue par celui-ci dans sa classe dapparteshy
nance il deacutefend lideacutee dun habitus de classe qui deacutefinit le sens confeacuteshy
reacute agrave la pratique sportive les profits qui en sont attendus
Ce dernier serait lui-m~me lieacute agrave un systegraveme de valeurs ou ETHOS de classe
prenant sens au sein doppositions distinctives entre classes sociales
De sorte lhabitus fonctionne comme un systegraveme dt- regravegles inteacuterioriseacutees
souvent informuleacutees permettant ou non agrave lagent de sadapter dembleacutee aux
multiples pratiques de la vie quotidienne et de la vie sportive il est agrave
lorigine des schegravemes de transcription qui favorisent les ajustements aux
situations corporelles nouvelles (1)
t ~
(1) P~IE11D dwi6Han ISpoy-l et sodeacutebi Approche Bocio-culturelle des pratiques P~tis Vigot 1981 page 81
33
331 Preacutesentation
Les Seacuteregravere auraient pour origine le Fouta Toro quils auraient quitteacute
vers le Xllegrave siegravecle pour fuir lislamisation de cette reacutegioD par lempire
dJ Xali (ils seraient donc apparEnt~s aux Peul et Toucouleur ) Ils
auraient trouveacute dans la rEacutegion du Sine les Sosseacute dorigine manding avec
lesquels ils salliegraverent
Au XVegrave siegravecle une autre immigrationSos~ conqueacuterante cette fois-ci
apporta son organisation eacutetatique Ils se divisegraverent en deux monarchies
deacutemocratiques lune seacutetablit au Sine et lautre au Saloum Les Sosseacute
conqueacuterants constituaient lautocratie appeleacutee Guelowar
La royauteacute seacuteregravere eacutetait laiumlque Les premiers souverains durent secouer
la tutelle des Toucouleur et progressivement arrivegraverent agrave unifier lethshy
nie des seacuteregravere etdea Sosseacute Les deux royauteacutes eacutetaient organiseacutees selon
acirces modegraveles tregraves deacutemocratiques Le souverain deacutependait dune assembleacutee
de ministres et de chefs locaux qui assuraient ladministration centrale
et reacutegionale())
Aujourdhui lethnie seacuteregravere repreacutesente 20 de la population seacuteneacutegalaise
Ils sont reacutepartis sur presque toute leacutetendue du territoire notamment
dans le Baol la reacutegion du Sine-Saloum et la reacutegion de Thiegraves
Signalons quil existe plusieurs sous-groupes dans lethnie ainsi on
trouvera
- dans la reacutegion de Thiegraves les Ndut les Safegravene et les None
- dans le Sine-Saloum les Sine-sine et les Saloum-salouIT
On trouvera vers foundioune et agrave Nioro du cocircteacute de la Gambie les
Niominka (pecirccheurs) Cest une portion tregraves mandinguiseacutee
( 1
Le rattache~2~t d~ to~s ccs sous-groupes pose problecircme ~25 0~ r0~V~
uc grande partie de traits COITul1uns dans leurs modes dE vie Ct pOUT phs
de faciliteacute nous allons essayer de faire une ~tude globale de la lutte
traditionnelle seacuterecircre Lactiviteacute socio-eacuteconomique qui est essentielleme~t
agro-pasorale caracteacuterisE leacutethnie seacuteregravere
332 Lecircducation les moeurs les croyances et pratiques sEr~rc
Chez les Seacuteregravere la vie humaine se deacuteroule selon les grandes eacutetapes
le baptecircme lenfance ladolescencemarqueacutee par la circoncision lsectge
adulte le mariage la vieillesse et la mort (funeacuterailles)
La vie de la communauteacute seacuteregravere reste une des plus originales sinon
celle qui de nos jours garde la presque totaliteacute des pratiques et
habitudes traditionnelles
Bien qu aujotltdhui con~r-tis aux religions chreacutetienne et musulmane les
Seacuteregravere conservent leurs croyances et pratiques animistes
Quelque soit leur degreacute dadheacutesion aux religions reacuteveacuteleacutees les Seacuteregravere
croient en un Dieu puissant et miseacutericordieux Rog Segravene et les hommes
Les ~angols sont repreacutesenteacutes mateacuteriellement dans tous les villages
seacuteregraveres par des arbres (baobab et tamariniers) des animaux (geacuteneacuteraleshy
ment serpent doreacute ou iguane) des ustensiles (pilon calebasse et mortier)
De nombreux teacutemoignages nous apprennent que certains totems (serpent
iguane) font leur apparicion agrave loccasion de certaines manifestations
rituelles comme les sacrifices ceacuteleacutebreacutes lors dun mariage de ceacutereacutemonies
mortuaires ou des circoncisions
Le Seacuteregravere comme il nous a eacuteteacute donneacute loccasion de le dire plus haut
preacutesente des speacutecificiteacutes authentiques aussi bien en tout ce qui touch~
son eacuteducation ses croyanCES et pratiques mystiques q~e ses activiteacute~
socio-ecirccc~omiquEs Apr~s a ~aissa~c~ le beurob~ ~~ pcs~ 5~~ lE S~ __
On lui mouille les l~vres avec un peu d~ lait de mil et apr~s U~ bain
purificateur on versera leau dans un trou cr~us~ derri~r~ la Camp~~
Pendant huit jours la megravere et lenfant sont cacheacutes dans la case car
selon les anciens ils sont tregraves vulneacuterables La case deacutens certains cas
est entoureacutee dun fil blanc et lon place sur le seuil des fais(cauy di
veacutegeacutetaux pour chasser les mauvais esprits (geacutenies malfaisants et illangeUY~
dacircmes) Au bout du huitiegraveme jour la megravere et lenfant peuvent sortir de
la case bull
bullbullbull Le matin du huitiegraveme jour la tante paternelle va chercher de leau
(plusieurs fois)t elle doit rester muette pendant ses alleacutees et venues
si elle parlait t lenfant pourrait ecirctre muet bullbullbull
La megravere et lenfant prennent un bain purificateur dans lequel sont
trempeacutees certaines plantes (ce sont des veacutegeacutetaux pr~tecteurs tels le
begravene le yag le ngud) On y lavera aussi le linge e1t les ustensiles utishyj
liseacutes pendant les huit jours qui viennet de seacutecoul~r On rase le crine
de lenfant Les cheveux sont donneacutes agrave la megravere qui ~s enterrera avec le
reste du cordon ombilical dans un endroit que11e esit seule agrave connattre
La megravere sassied sur une natte devant la maison Une femme igeacutee de la
famille prend le beacutebeacute dans ses bras et le preacutesente aux quatre coins de
lhorizon
La tante paternelle tient ensuite un van sur la tecircte de la megravere on y
verse le mil on y verse eacutegalement en abondance sur la megravere et sur
lenfant La tante oint ensuite le corps du beacutebeacute avec du lait e11e
touche en particulier le front t le nez la bouche la poitrine le dos
et les oreilles
Elle pose enfin un ~rain de sel dans la paume du beacutebeacute (le sel purifie
et deacutetruit les puissances mauvaises)
Apregraves un nouveau bain la megravere et lenfant revEcirctent des habits de fecircte
(est
lenfant Ce precircnore a toujours U~ SEns Il sy~bolise parfois C0 qUi
lOIl sounaitt agrave lEufant l)
La circoncision comme dans les autres ethnies est obligatoire Elle
permet au jeune adolescent dacceacuteder agrave la classe adulte Les jeunes
sont regroupes en classe dacircge dans le bois ougrave sc fait la r0tr~it0 des
circoncis et ceci pendant plusieurs mois
Le Selbeacute qui est geacuteneacuteralement un ancien craint de tous les eacutelegraveves
enseigne le respect de la hieacuterarchie la discreacutetion le goOt de linishy
tiative Les activiteacutes physiques et leacuteducation artistique ne sont pas
en reste la deacutecoration la sculpture la lutte et la danse A sa sortie
du bois linitieacute appartient deacutesormais agrave la classe des virils et des
sages du clan car on lui aura enseigneacute les vertus fondamentales que
sont la justice lhonneur lamour du prochain 1 amour du travail
lhonnecircteteacute et surtout le respect des coutumes ancestrales
Le rite du mariage esd aussi un fait tregraves important dans le monde 1
seacuteregravere mais par manq~e dinformation nous serons obligeacutes de nous en
tenir lagrave
333 Impact des ethos sur la lutte dans le monde seacuteregravere
Lorigine de la lutte seacuteregravere ne semble pas claire ma1S nous pouvons
dire quil existait deux formes de lutte comme chez les Wolofs une
lutte sans frappe et une lutte avec frappe Et cest cette derniegravere
qui peut-ecirctre nous ameacutenerait agrave croire que la lutte seacuteregravere aurait une
origine plus preacuteciseacutement guerriegravere
Aujourdhui la lutte est uniquement une activiteacute sportive agrave travers
laquelle le jeune seacuteregravere eacutevalue sa force son courage et SOn ingeacutenioshy
siteacute Cest une occasion de deacutefendre lhonneur de son village ou de
la corrnnunauteacute
La luttE ~5t avant tout u~e rnanifcs[dtic~ c~lturclie et surtout
fo lkhriqut-
Gracircce agrave elle on peut deacutesormais comprendre un certain nombre de chants
et de symboles A travers la lutte seacuteregravere on ccedilomprend les inter-relashy
tions entreacute la vie et le monde surntiturel
Sil devait y avoir la mort dun villageacuteois pendant la fecirctE au T qUE
de linterrompre on proceacutedait gracircce aux connaissances magico-religieuses
agrave la suspension de la mort jusquagrave une peacuteriode ougrave la population sera plus
disponible pour organiser des funeacuterailles sil y eacutetait preacutedit la possibishy
liteacute dune deacutefait du champion local au profit dun champion dun autre
village des recettes dordre maginque et religieux eacutetaient mises en prashy
tique afin que le champion du village ne soit jamais terrasseacute(J)
334 Le profil du lutteur seacuteregraver~
Le lutteur seacuteregravere est par essence un athlegravete impressionnant de par sa i
carrure et sa musculature saillante mais cest aussi une force tranquille
et calme quelque soit lenjeu du combagravet et particuliegraverement lhonneur
Cet aspect nous pousse agrave parler du NGiMBE cest-agrave-dire de la tenue du
lutteur qui va influencer sur sa faccedilon de lutter
La confection du Ngimbe revient agrave la communauteacute entiegravere Le Ngimbe a
une signification symbolique et le lutteur pour meacuteriter la confiance du
groupe se doit de tout faire pour ne pas toucher le sol Toute la commushy
nauteacute elle aussi sengage pour assurer la longeacuteviteacute et le succegraves du lutteur
dans laregravene par lorganisation droffrandes et de sacrifices en lhonneur
des Pangols bull
bull
Daucuns nheacutesitent pas agrave dire que lessentiel du mysticisme se fait agrave
la maison et non dans laregravene tout le reste nest quintimidation de
ladversaire
lsvcns
Tt- pi ~- t
t 1 ~ l _ ~ t
par rapport agrave lautre Cbci est trEgraves lieacute agrave lactiviteacute journaliegravere du
jeune seacuteregravere qui est un cultivateur donc toujours bien planteacute sur ses
jambes et qui continuellement manie lhiler
Le fait de couper le boi~ peut eacutegalement constituer un moyen de muscushy
lation non neacutegligeable pour le jeune lutteur
Un certain nombre de traits techniques speacutecifiques au lutteur seacuteregravere
semblent ressortir des diffeacuterentes interviews que nous aVOns fait subir
agrave certains lutteurs seacuteregraveres et agrave diffeacuterents techniciens
SOUS-GROUPES FORMES DU CORPS CONTROLES GARDES
SAFEN Moyenne en fente NONE Hancheacute Bras (distante) j
NDUTJ
f
SINE-SINE Deacutecalage Ngimbe
Moyenne
SALOUM-SALOUM Passage- Jambe (rapprocheacutee) 1
i
PETITE dessous Tecircte Basse et 1
COTE Moyenne (rapprocheacutee)
Notons que le Niominka ll commence agrave lutter agrave partir du sol pour avoir
assez deacutelan et sauter sur ladversaire afin davoir la prise du lion
(contr6le de la nuque et du bassin)
Co a -tem-nt ccedilt attitude du lutteur sEacuteregravere335 np -1t ~
Les croyances mystiques sont indissociables des activiteacutes quotidiennes
duseacuteregravere Ce qui explique le cocircteacute supersticieux du lutteur seacuteregravere En
~ffet certains lutteurs refusent de lutter avant certaines heures
Certains teacutemoignages nous apprennent quil nest pas donneacute agrave tout le
monde decirctre champion de lutte et que le lutteur doit avoir des dons
surnaturels pour ecirctre agrave mesure de livrer ses combats dans la nuit
et trouver seul un gris-gris speacutecial appeleacute Njatch
Le vrai champion de lutte chez les seacuteregraveres ne lutte pas seulement avec
~a force et sa technique mais surtout avec ses dons occultes
Chez les seacuteregraveres les morts sont toujours preacutesents et les ~pangols
Servent dintermeacutediaire entre les hommes et les morts Le pangol prend i
le nom dhumain dans certains villages (IIHeacuteJga NDONG Har Wag NGOUYE) i 1
De ce fait on verra le lutteur danser dufe maniegravere ou dune autre en
fonction du pangol de sa famille Ainsi nrus aurons le back (chant et
danse du lutteur) des DIOUF des FAYE etclbullbullbull
Dans laregravene le lutteur seacuteregravere a un comportement exemplaire aussi bien
agrave leacutegard de son adversaire direct quave~ le public en geacuteneacuteral Lexpli shy
cation semble tenir au fait que le lutteur seacuteregravere est avant tout selon
la tradition orale le repreacutesentant de toute la communauteacute seacuteregravere Par
conseacutequent il devra saffirmer non seulement en tant que lutteur dans
laregravene mais aussi en tant quentiteacute morale
336 La tenue du lutteur ou NGIMBE est confectionneacutee par le marabout de la
famille ou du clan Le Ngimbe est constitueacute de pagne en cCton tisseacute
Il doit ecirctre propre le lutteur qui le porte ne devra pas avoir de rapshy
port sexuel pendant toute la peacuteriode des cOTpeacutetitians car le Ngi~bE ne
doit pas ~tre souilleacute
Autrefois et mecircme aujourdthui dans certaines familles on devient
lutteur de pegravere en fils et dans ce cas le Ngimbe du pegravere est heacuteriteacute
par le fils Le fait de porter le Ngimbe de ses aieux peut susciter
chez le jeune lutteur une motivation et une volonteacute ineacutebranlable dtasshy
surer la supeacuterioriteacute d~s siens dans ltaregravene Il fera tout pour que le
Ngimbe de la ramille ne touche le sable
La tenue du lutteur a une signification et une importance sur le plan
mystique car selon les anciens le vra1 feacutetiche du lutteur celui qui
le proteacutegera et laidera agrave vaincre le nDjinne ou le tRapu de ladvershy
saire se trouve cacheacute dans ce Ngimbeu bull Celui qui confectionne donc le
Ngimbe U est doueacute de faculteacutes occultes
337 Larbitrase est assureacute par un sage du village qui geacuteneacuteralement fut
champion de lutte de son temps Dailleurs cet ancien nintervient que
si le terrassement est litigieux Hormis le public qui proclame la vicshy
toire ou le match nul le lutteur lui-mecircme est arbitre et il arrive
quil se deacuteclare vaincu
Nous avons pu cfter Meacutedoune KHOULE un desplus grands lutteurs seacuteneacutegashy
lais qui a donn~ une victoire agrave Djeacuteri SADIO son adversaire qui a reacuteussi
agrave lui faire touegraveher le sol de la main
IlL
34 1 Preacutesentation
Lethnie toucouleur vit En grandt partit ciE~~ la vallfc du S~~~gal
pt reprecircsente i peu pr~s 8 de la population totale secircn~galaise
o Histoire
Il semblerait que dans lancien royaume du Tekrour (IX~ siegravecle) des
eacuteleacutements neacutegroiumldes Sarakoleacute et des Peul aient formEacute par meacutetissage le
peuple Toucouleur (Toucouleur serait dailleurs une deacuteformation du
mot portugais Tacouror)
Ce empire a domineacute aussi bien les wolofs de lOuest que les Peul
nomades du Fouta Toro Cette reacutegion fut le premier pays islamiseacute par
les Almoravides ce qui peut expliquer le proseacutelytisme toucouleur
Ce sont les guerriers toucouleur islamiseacutes qui attaqu~rent avec les
Almoravides la capitale du Ghana Koumbi en 1067 On convertit par
la force les animistes Cest sans doute agrave cette eacutepoque que de nombreuses
ethnies reacutefractaires agrave lIslam ont dO accentuer leur migration vers
le sud (Seacuteregravere wolof Sarakoleacute Bambara Songhaiuml Akan et Peul se reacuteshy
fugiaient vers les hauteurs du Fouta Djalon)
Au XIXegrave siegravecle les Toucouleur allaient trouver en El Hadj Omar Tall
un grand conqueacuterent qui sous le preacutetexte religieux de la gJerre sainte
contre les tribus animistes (entre autres Bambara) eacutetendit lempire
toucouleur sur presque tout lensemble du gali et la partie de la Guineacutee
proche du l1ali
Lempire toucouleur composeacute de Sarakoleacute de Bambar~ de ~alinkeacute de
Xassonkeacute dE Peul et de Dogon eut le meurorit~ dunir CES diif~rentes ~ ~ - - - - - et~ics ~t dE CD~stituer l~Sl la b2S~ ~r 1
_ ~ ~ ~_ L ~
~ ~- ~- - - ---- _ 1 v _ t 1 ~-_ --
marabout tOL~culcuuml~ ~ middotlrrany a l ick SI venu des E1i rClS dE Pocior~ (
~ Vi~ euroconomicue et sociale -----------~-------------
Les Toucouleur sont des cultivateurs mais bien quils n~ soie~t pa~
pasteurs comrre les Peul leacutelevage a une place inportarteacute decirc1S ltur
eacutecono~ie Pour faciliter leur conquecircte guerriegraverE ils c~t Eucirc une preacuteshy
dilection pour leacutelevage des chevaux On y trouve aussi des pecirccheurs
appeleacutes Tchioubalo La socieacuteteacute toucouleur aurait une stratification
sociale tregraves rigide Les groupes ethniques et les castes eacutetaient
diffeacuterencieacutes et strictement exogamiques les Rimbe classe des nobles
comprenant la famille reacutegnante et les guerriers libres la classe des
Nieacutenieacutebegens de castes artisanales i les Rimaibeacute anciens esclaves
devenus serviteurs qui portent les noms de famille de leur maicirctres A
la base de lorganisation de la collectiviteacute toucouleur se situe le
village (Wouro)
Toutes ces castes sont cloisonneacutees entre elle~ Ainsi il nest pas
permis agrave un Torodo (noble) de se marier avec un Tchioubalo Ces
consideacuterations sont importantes dans le domaine de la lutte ougrave nous
apercevrons que les nobles ne sont pas faits pour lutter Le noble
preacutesidera les seacuteances de lutte et on luttera pour lui Ces condeacute rat ions
de noblesse et de rang social sont extrecircmement importantes dans le
monde toucouleur
Le noble ne doit pas se salir on lutte pour lui il ne vit la lutte
quen tant que spectateur
342 Education moeurs croyances et eratiques religieuses
Deux formes d~ducation sont agrave consideacuterer leacutedJcatio~ dES enfarts Et
celle des adultes
oG lenfant sait m2n~~r et apprfcier le goOt d~5 ~iifeurorents r~pas lt
le moment ougrave il CO~~e~CE agrave marcher
tivirt n~sormais le petit toucou]eur est eacuteduquf par toutmiddot 12 f2~i)]E
dabord puis par toutes lespersc~nes du village ou du C13~
Lenfant peut ~tre corrigeacute par tout adulte appartenant au groupe social
Son eacuteducation est deacutesormais laffaire de toute la communauteacute et non
exclusivement celle ces parents On linitie ainsi au travail quotidien
qui se fait dans la bergel~ e les champs et les bords du fleuve Au sein
du village il pourra apprendre agrave filer la laine et agrave tisser des pagnes
dans les champs il apprend agrave manier la houe et lhiler pour la culture
du riz et du mil Mais signalons que lactiviteacute essentielle du toucouleur
est leacutelevage des boeufs des moutons et des chegravevres Chez les Ichioushy
balos (p~cheurs ) lenfant sera initieacute tregraves tat au maniement des pagaies
agrave la p~che propremccedilnt dite et agrave la nage
Vers cinq-six ans lenfant est confieacute au maicirctre coranique le Ihierno
et ce dernier dispose exclusivement de toute sa vie Lavenir du jeune
enfant lui appartient
Comme dans les autres groupes ethniques les enfants sont regroupeacutes en
classe dacircge et cest dans cette structure que lenfant subit les rite
de passe et plus particuliegraverement celui de la circoncision
La circoncision est non seulement unE opeacuteration chirurgicale malS surshy
tout une peacuteriode au cours de laquelle le jeune garccedilon passe de leacutetat
dadolescent agrave leacutetat dadulte Les circoncis sont reacuteunis en classe
dacircge dans un endroit situeacute hors duvillage geacuteneacuteralement choisi par les
vieux Cet endroit n~st accessible que par des individus de SExe ffi8SCUshy
li~ ~ta~t au preacutealabl circoncis
- - - -
quable et complet sur le plan phy~ique et ~oral Ai~si liniti~
acquiert les qualitecircs indispensables que sont le courag~ la modest
lesprit de sacrifice lendurance
Le toucoule~r est un pleux musulma~ Cela sexp1
SOil le premier agrave tre en contact avec la religion musulmane de par sa
position frontaliegravere Lethnie toucouleur de par son histoire a preacutesenteacute
les plus grands chefs militaires et religieux musulmans seacuteneacutegalais Et
pour illustrer cela on peut citer en exemple la grande famille musulmane
des SY agrave TIVAOUANE repreacutesentant la confreacuterie des TIDJANES
Bien que lon note une majoriteacute musulmane on peut dire que certaines
croyances et pratiques mystiques et animistes persistent encore surtout
dans la reacutegion du fleuve
Une pratique courante se fait elle sappelle le Djatt Elle consiste
agrave faire sortir le caiman du fleuve agrave limmobiliser et agrave lattacher
sans quil ne reacuteagisse et tout ceci agrave laide de versets et dincantashy
tions magiques Dapregraves les teacutemoignages ces pratiques sont plutocirct
freacutequentes chez les Tchioubalos (pecirccheurs) Il arrive aussi que cershy
tains chasseurs ayant des dons se livrent agrave certaines pratiques an1shy
mis tes qui consistent agrave invoquer certaines puissances et agrave moduler sous
forme de chant des versets occultes pour se proteacuteger des mauvais esprits
et pour eacuteloigner les fauves Ce chant est geacuteneacuteralement incompreacutehensible
et deacutenueacute de sens pour le profane
343 Activiteacutes ludiques et pratiques sportives en milieu toucouleur
Durant toute son histoire lethnie ~oucouleur a toujours EacutetEacute Frese~teacute~
comme celle qui avait ue activit essentiellement guerr e e~ particushy
liegraverement farouche Trois eacuteleacutements ret r t l ecirc t te nt i c- euro so~t
le manie~~nt du ~acircton 12 luttE Et 1eacute danSE
l
Lecircducation ph~sique et artistique Dcc~pe un place precircpondecircra~rp
dans la fDrmat~on du jEune toucouleur A loccasion agraveeacutevegravenemen~ imporshy
tants reacutecoltJs mariages baptecircme nous assistons agrave des manifestashy
tions folkloriques de grande envergure le Wango oucirc dailse toucouleur
tregraves gymnique iles chants et surtout les sEacuteances de lutte
La lutte toucouleur est la forme de lutte la plus spectaclaire dans
tout le territoire seacuteneacutegalais Elle est essentiellement baseacutee sur des
techniques en hancheacute et surtout en souplesse Ceci sexplique par le
fait q~e le jeune toucouleur est tregraves tocirct initieacute agrave la gymnastique (saut 1
per saut de main salto arriegravere saut de tecircte couronneacute etc bullbullbull ) pour
la dans~ du wa~go En dansant le wango qui est une danse rythmeacutee et
gymnique le Jeune toucou1eur est capable de prouesses extraordinaires
1
En lutte lattaquant se deacuteplace tregraves peu pour avoir une bonne saisie
(geacuteneacutera~ement controcircle du Ngimben ) et enchaine brusqueme~t avec une
attaque surpris~ Cependant les ripostes sont souvent surprenantes et
spectaculaires (baseacutees sur la souplesse et la rapiditeacute) ontrairement
aux autr~s form~s de luttes ougrave lon voyait tous les jeune adheacuterer la
lutte to~cou1eur Verra un groupe de speacutecialistes sadonne agrave la lutte 1
(la lutte est lieacutee agrave la position sociale de lindividu problegraveme de
caste)
Q La morphologie du lutteur toucou1eur 1
1 1
Ce dernier nest pas aussi large et aussi fort que les lutteurs diola
et seacuteregravere Cependant il est tregraves reacutesistant La musculatJre est saillante 1
et tregraves souple lindividu est longiligne mais tregraves athleacutetique
Les mouvements de lutteurs sont semblables agrave ceux dun grand fe1in Cette 1
morphologie semble ecirctre lieacutee agrave la position geacuteographique de lethnie
(reacutegion du fleuve) et agrave lacitiviteacute socio-eacuteconomique du toucouleur qui
est agrave la fois cultivateur (activiteacute lieacutee agrave la crue et deacutecrUE du fleuve)
pecirccheuro~T CIcr~icubaon) et sttout jEumlrgcr qui est U~ rc~2eumlr
shy
Deux formes egrave~ corps sembl~nt ecirctre preacutefeacutereacutees du lutteur toucouleur
le hancheacute et la souplesse Les hancheacutes sont faits agrave partir de plusieurs
positions de doset se terminent geacuteneacuteralement par des techniques de
tregraves grande amplitude
TABLEAU RECAPITULATIF DES TECHNIQUES ET FORMES DE CORPS SPECIFIQUES
i
L441 r
GARDE FORMES DU CORPS CONTROLES --shy - -
Moyenne Souplesse Ngimbe
Hancheacute bras
Demi-souplesse
1
Profil psycholosigue 1
TECHNIQUES
ContrOle du bassin et 12 souplesse
arriegravere
Klicket et allegravegement de la hanche
Le lutteur toucouleur est celui lUi se livre le moins aux preacuteparaqons
maraboutiques Cela est dO au f~t que le toucouleur est un grand ~USUlshyman et que les pratiques animisges ont presque disparu dans ce mil~eu
Dans la pratique le lutteur esJ combaif mais il est calme et tr~s reacutefleacutechi quant agrave la deacutecision agrave prendre en plein corps agrave corps ct~st un des seuls techniciens qui reJte tregraves lucide au cours de ses comb~ts
l Dans toutes les circonstances e lutteur toucouleur est tenu de re~pecshyter son adversaire et ceux de s4n eacutequipemecircme sil est vaincu
Comme nous avons dO nous en rendre compte la rigueur des principes
eacuteducationnels a une influence tregraves sensible sur l~ comportement du
toucouleur
i
III S COCL ~s 1DO
Dans cette partie nous avons essay~ de montrer lftroite re1atic~
Entre les diverses activiteacutes socio-eacuteconomiques dans les ethnies et
lES diffEacuterentes faccedilons de lutter
Daucuns seraient tent~s de conclure trop rapidement et cest p0~r
cette raison que nOUS avons penseacute preacuteciser que le pheacutenotype nest
pas geacuteneacuterateur du geacutenotype Et nous sommes convaincus que la morphoshy
logie et les techniques des lutteurs relegravevent de leurs modes de vie
et de leurs croyances agrave une eacutepoque et danE un contexte bien deacutetermishy
neacutes
Est-ce que les lutteurs dio1a ou seacuteregravere travaillant avec leurs bras
dans les champs auraient les mecircmes pr 0 fil s physiques que les lutteurs
utilisant des machines pour lagriculture
- 69 shy
I UJOURDH~1 E-S ut O[l LES FORfilS Ut LU11t~
~otons que notre enqu~te a ecirctE essentiellement faiteen milieu urbain
Les seacuteances de lutte ont tendance agrave perdre leur particulariteacute de r~shy
jouissance pour devenir des pheacutenomegravenes de sportisatio Deux fores
de luttes so~t principale~cnt prat s dans les aregrave~es du 5 al
la lutte traditiunnelle simple et la lutte traditionnelle avec frappe
De nos jours la lutte traditionnelle tend vers une reacuteglementation
et une institutionalisation
Le reacutesultat de nos investigations nous donne le tableau ci-dessous
REPARTITION ETHNIQUE SUR 100 PRATIQUANTS
LUTTE LUTTE RAPPORTETHNIES SANS FRAPPE AVEC FRAPPE J2
Diola 40 16 71 j
Seacuteregravere 26 21 57
Toucouleur 23 10 69
Wolof 1 1 53 17
La demande sociale par ordre deacutecroissant pour la lutte sans frappe
se preacutesente comrre suit
]0_ Ethnie diola avec pregraves de 3 lutteur~ sur 4
2deg_ Ethnie toucouleur
Ethri dun
~ 1 LA LUTTE TR])IIIO~~ELLE AVEC H-PPE
Cette forme deacute lutte a une histoire qui date de lantiquiteacute elle
sa~pelait le Pugilat Au Seacuteneacutegal elle a vu le jour dans le Cayor
bien avant la colonisation Le coup dE pied l~Lrdn~lement la morshy
sure la frappe et le doigtf eacutetaient permis dans le cc=bat ~ ~middot~p0~~e
Dans certains cas la giffle eacutetait beaucoup plus dangereuse que le
poing quand elle eacutetait donneacutee par un speacutecialiste Cette giffle pouvait
agrave elle seule deacutechirer et mecircme parfois amputer la joue de ladverser
Selon les informations la lutte avec frappede nos jours serait une
forme de lutte tregraves eupheacutemiseacutee de celle dantan ougrave une blessure
pouvait souvent ecirctre mortelle
Aujourdhui au niveau du folklore la lutte na plus la mecircme
le spectaculaire a remplaceacute le significatif iLa lutte avec frappe se 1
pratique surtout dans les centres urbains C~aque fois quun grand combat 1
est progra~eacute par le Comiteacute National Proviso~re (CNP) des centaines damashy
teurs sont mobiliseacutes vers le stade lba Mar D~OP qui est aujourdhui le i
lieu approprieacute ougrave se deacuteroulent les grands conkbats de lutte Cest la formE
de lutte qui semble drainer une foule de personnes beaucoup plus importante
que celle de la lutte simple
La lutte avec frappe deacuteriverait dune forme de lutte traditionnelle
pratiqueacutee jadis dans le Cayor au temps des Damels et la frappe serait
le substitut dun certain nombre de pratiques doigteacute jet de produits
etc bullbullbull dont le but eacutetait laveuglement de ladversaire La lutte avec
frappe serait une continuation logique dune carriegravere sportive de la
lutte traditionnelle qui sen sert comme moyen socio-eacuteconomique En
effet la majoriteacute des lutteurs avec frappe ont dabord eacuteteacute initieacutes agrave la
lutte simple Cependant il faut signaler que de nOS jours il arrive
que le jeune lutteur avec frappE- soit directenent formEacute conne speacutecialistE
agrave la frappe sa~s pour autant faire son chemin dabcrd egravea~s la lutte
- ~ shy
Le recircsultat dE ~os interviews ncus rec~trE qGune pcpulatiD~ divcrsishy
fiampe sint~resse agrave ce sport et qUE les intecircr~[s des uns et d~SlautrE~
semble~t divergents naucuns affirment que la lutte traditionnelle
avec frappe serait monteacutee par des personnes dont la vocation est dexshy
ploiter ce pheacuteLomegravene agrave des fins commerciales Dautres disent gJellegrave
jouit de mcyens irport~nts t[l[~isio
tation etc bullbullbull ) pour toucher toutes les couches sociales CEpe~~a~t
nous remarquons que mecircme si certaines personnes reprochent agrave cette
forme de lutte decirctre brutale ces mecircmes personnes nheacutesitent pas agrave
se rendre le dimanche agrave laregravene Bien que critiqueacutee elle semble ecirctre
adopteacutee par une tregraves grande partie de la population seacuteneacutegalaise Cepenshy
dant en tant que techniciens il nous est permis de faire une remarque
Il sagit de
- Limpression nette decirctre devant des professionnels de la frappe
qui sont ~ntratneacutes pour cela Dailleurs les propos que nous avons
recueilli~ nous prouvent que la plupart des champions de lutte avec 1
frappe s~ntratnent dans certains sports de combat tels ~ue la boxe i 1
le karateacute le judo Dans cette nouvelle forme de pratique de la lutte
contrairefuent agrave la lutte traditionnelle le technicien e~t souvent
perdant face au puncheur Ce dernier adopte une lutte agrave distance qui
lui permet de placer agrave bon escient ses coups animeacute du deacutesir de vaincre
Le technicien lui se voit contreacute dans toutes ses entreprises par
un uppercut ou un crochet
On peut dire cependant que nul sport au Seacuteneacutegal que la lutte tradishy
tionnelle avec frappe ne deacutechaicircne autant de passions et autant de
pheacutenomegravenes poussant agrave lexcegraves et deacutereacuteglements quon ne peut que deacuteplorer
Mais comment deacutecrier un spectacle de lutte qui bien quayant perdu la
presque totaliteacute des valeurs traditionnelles veacutehiculeacutees autrefois par
elle sait susciter une participation effective de tous ceux qui sont
preacutesents
CONCLUSION
Dans ce meacutemoire nous sommes efforceacutes ~e faire ressort ir limportance des
ethos et des habitus et leurs effets sur la pratique de la lutte tradishy
tionnelle au Seacuteneacutegal
L~b egravethos repr~sentent dune maniegravere g~neurorale tous les eacuteleacutements speacutec
fiques sux Seacuteneacutegalais par conampeacuteguent un systegraveme de valeurs traditionnellEs
Mais m~me si ces valeurs rev~tent une signification universelle (honneur
digniteacute courage etc bullbullbull ) il nen demeure pas moins que ce nest pas leur
nature qui fait leur speacutecificiteacute mais la hieacuterarchisation et limportance i
quon accorde agrave toutes ces valeurs de ~ar leacuteducation ou la culture
i 1
Aussi les valeurs traditionnelles puient leur speacutecificiteacute dans les
caracteacuteristiques propres aux eacuteleacutements ~e la socio-cu1ture (la technologie
et leacuteconomie la politique et la pareteacute la psychologie et lideacuteologie)
dans la socieacuteteacute seacuteneacutegalaise agrave n momen donneacute de son eacutevolution Cest i
dire la neacuteceesiteacute de ne point faire della valeur une reacutealiteacute statique
Cest dite aussi quagrave tout mome~t le ~eacuteneacutegalais peut eacutevoluer et creacuteer
ou vivre par conseacutequent de nouv~lles fprmes de valeur qui lui sont 1
propres ft (J)
La lutte traditionnelle veacutehiculant deS valeurs socio-cu1ture1les speacutecishy
fiquement seacuteneacutegalaises (croyances valeurs morales norme de comportement
opinion attitude bullbullbull ) devient un eacuteleacutement important qui tregraves certaiaement
nous aidera dans notre effort de valoriser et de peacuterenniser notre patri shy
moine culturel par le biais dactiviteacutes physiques et sportives
Leacutetude des habitus nous permet de prouver quil y a plusieurs faccedilons
de se mouvoir comme danser lutter bullbullbull qui varient avec les diffeacuterentes
ethnies (wolof toucouleur seacuteregravere diolagt leurs convenances et leurs
eacuteducations
(1) Revue Ethiopiques 31 Les valeurs traditionnelles et le problegraveme de leur inteacutegration dans les systegravemes modernes jtducatio-1 2 6r--70
nautre part cette eacutetude permet aussi de nous rendrE compte de la
correacutelatipn eacutetroite existant entre la pratique de la lutte traditionnelle
et le sta~ut socio-eacuteconomique du pratiquant
Nos inves~igations nous indiquent que la lutte recrute essentiellement
au niveau des classes socio-eacuteconomiques situeacutees en bas de leacutechelle
donc posseacutedant le statut social le moins favoriseacute La lutte avec frappe
-et un certain secteur commercialiseacute de la lutte simple- y trouve sa
leacutegitimiteacute Comme le dit BOURDIEU nA habitus diffeacuterents styles de Vle
divergents et il oppse les pratiques aristocpatiques correspondants agrave
des activiteacutes qui favorisent les situations eupheacutemiseacutees ougrave la stylisashy
tion est importante aux pratiques populaires qui font appel agrave des
qualiteacutes qpposeacutees bllutes rugueuses Certaines interviews nous
montrent que plus lindividu occupe une place eacuteleveacutee dans leacutechelle
sQciale e~ 1
moin$ il sinteacuteresse agrave la lutte
Les reacutesultats recueillis dans nos diverses investig~tions confirment 1 1
1er propos qui disent que nous assistons aujourdhu~ agrave une involution
de la lutte traditionnelle parce que perdant toutes ses speacutecificiteacutes au 1
pryfit d~ne autre forme de lutte que lon continue agrave appeler nostalshy
giqlementIIlutte traditionnelle
Ceci pourrait peut-~tre trouver une explication dan la citation suivante
La liberteacute de creacuteer dinnover de vivre Pleineinenf decirctre soi et de
preacuteserver son authenticiteacute la digniteacute et lhonneu1demeurent des illushy
sions dans la misegravere eacuteconomique~ Nos ancecirctres creacuteai~nt des valeurs de cishyl
vilisation parce quils eacutetaient libres parce qu1i~s ignoraient toute
deacutependance eacuteconomique ils cultivaient en eux et cbez leurs enfants le 1
Jorn et la Kersa et preacutefeacuteraient la mort agrave la hoJte lI (1)
Or le Seacuteneacutegal comme la plupart des pays africainsi est un pays sousshy
deacuteveloppeacute t cependant face agrave cette volonteacute du gou~ernement seacuteneacutegalais
de faire inteacutegrer dans leacuteducation des valeurs traditionnelles nous
pouvons espeacuterer utiliser comme moyen deacuteducation la lutteacute traditionnelle
qui reste quand mecircme vecteur jethos et dhabit~s
- 54 shy
Mecircme si lon a noteacute un appauvrissement notoire sur les plans socioshy
culturel et moral la lutte traditionnelle recegravele une gamme importante
et varieacutee de techniques permettant incontestablement une ouverture vers
les luttes olympiques libre et g~eacuteco-romaine
La lecture de ce meacutemoire permettra agrave lentratneur et au professeur de
lutte en fonction du lieu ougrave ils seront affecteacutes dans le territoire
seacuteneacutegalaisdavoir une information sur les techniques contrOles et
formes de corps propres agrave chaque groupe ethnique et de les mettre en
relation avec leurs croyances et leurs mentaliteacutes
Nous avons essayeacute de montrer que la pratique de la lutte traditionnelle
doit tre axeacutee sur une ethnomotriciteacute au Seacuteneacutegal qui permette une inishy
tiation facile Cette pratique de la lutte traditionnelle seacuteneacutegalaise
devra dailleurs essayer de ~eacutepondre aux aspirations du Seacuteneacutegalaisl
moderne en souvrant aux ap~orts positifs des autres civilisations
ex~eacuterieures nous voulons Jvidemment parler du judo et des luttes oiymshyJ
piques 1
1 j Nous navons pas la preacutetentfon dans le cadre de ce meacutemoire demattrise
de reacutepondre agrave toutes les qutstions se rattachant agrave leacutetude de ~a lutte
traditionnelle souslangle~socio-culturel car non seulement il nous
manque lexpeacuterience et la c peacutetence en la mati~re mais aussil l le temps
et les moyens dont nous dis osions ne nous permettaient pas d~puiser le 1sujet i
1 1 1 t 1
l
- )5 shy
BIBLIOGRAPHIE
BIBLIOGRAPHIE
1- CLAPAREDE Psychologie de leacuteducation et peacutedagogie expeacuterimentale
Edition Delachaux et Niestleacute 244 pages
2- POCIELLC Christian Sport et Socieacuteteacute approche socio-culturelle
des pratiques Paris Vigot 1981 377 pages
3- PIERON Henri Vocabulaire de la psychologie
PUF Deuxiegraveme eacutedition 1957 469 pages
4- Revue socialiste de culture neacutegro-africaine ETHIOPIQUES
Les valeurs traditionnelles et le problegraveme de leur inteacutegration
dans les systegravemes modernes deacuteducation
GIA 21 Juillet 1982 213 pages
5- N2 Revue du Centre dEtudedes Civilisations DEM ak TEY
NIS IVegrave Trimestre 1982 96 pages
6- Document lNSEP Colloque sur la lutte aeacuteregravere
DAKAR MAI-JUIN 1980
t 1
~- Travaux du IVegrave Congregraves National ~es Sports agrave DAKAR les 2223041981
Bulletin n2 91 du CIO du 15 Aont 1965
l____________________________
8- Meacutemoire de Mattrise BADJI Abdou La lutte traditionnelle Joola
Etude et perspective
9- Meacutemoire Inspectorat JS DJITTE Mandy Les pratiques corporelles
traditionnelles au Seacuteneacutegal pour leur exploitation et leur
utilisation en peacutedagogie Marly le Roi 1980
REPUBLIQUE DU SENEGAL
--------------- INSTITUT NATIONAL SUPERIEUR
MINISTERE DE LA JEUNESSE DE LrsquoEDUCATION POPULAIRE
ET DES SPORTS ET DU SPORT
-------------
(INSEPS)
MEMOIRE DE MAIcircTRISE
Es-SCIENCES ET TECHNIQUES
DE LrsquoACTIVITE PHYSIQUE ET DU SPORT
LA LUTTE TRADITIONNELLE
son importance sa signification en fonction des ethos et des habitus ethniques au Seacuteneacutegal
Preacutesenteacute par
Monsieur Joseph Victor FAYE
Sous la direction de
M Jean Marc ROCHEZ
Professeur agrave lrsquoINSEPS
Anneacutee de soutenance 1984
33
331 Preacutesentation
Les Seacuteregravere auraient pour origine le Fouta Toro quils auraient quitteacute
vers le Xllegrave siegravecle pour fuir lislamisation de cette reacutegioD par lempire
dJ Xali (ils seraient donc apparEnt~s aux Peul et Toucouleur ) Ils
auraient trouveacute dans la rEacutegion du Sine les Sosseacute dorigine manding avec
lesquels ils salliegraverent
Au XVegrave siegravecle une autre immigrationSos~ conqueacuterante cette fois-ci
apporta son organisation eacutetatique Ils se divisegraverent en deux monarchies
deacutemocratiques lune seacutetablit au Sine et lautre au Saloum Les Sosseacute
conqueacuterants constituaient lautocratie appeleacutee Guelowar
La royauteacute seacuteregravere eacutetait laiumlque Les premiers souverains durent secouer
la tutelle des Toucouleur et progressivement arrivegraverent agrave unifier lethshy
nie des seacuteregravere etdea Sosseacute Les deux royauteacutes eacutetaient organiseacutees selon
acirces modegraveles tregraves deacutemocratiques Le souverain deacutependait dune assembleacutee
de ministres et de chefs locaux qui assuraient ladministration centrale
et reacutegionale())
Aujourdhui lethnie seacuteregravere repreacutesente 20 de la population seacuteneacutegalaise
Ils sont reacutepartis sur presque toute leacutetendue du territoire notamment
dans le Baol la reacutegion du Sine-Saloum et la reacutegion de Thiegraves
Signalons quil existe plusieurs sous-groupes dans lethnie ainsi on
trouvera
- dans la reacutegion de Thiegraves les Ndut les Safegravene et les None
- dans le Sine-Saloum les Sine-sine et les Saloum-salouIT
On trouvera vers foundioune et agrave Nioro du cocircteacute de la Gambie les
Niominka (pecirccheurs) Cest une portion tregraves mandinguiseacutee
( 1
Le rattache~2~t d~ to~s ccs sous-groupes pose problecircme ~25 0~ r0~V~
uc grande partie de traits COITul1uns dans leurs modes dE vie Ct pOUT phs
de faciliteacute nous allons essayer de faire une ~tude globale de la lutte
traditionnelle seacuterecircre Lactiviteacute socio-eacuteconomique qui est essentielleme~t
agro-pasorale caracteacuterisE leacutethnie seacuteregravere
332 Lecircducation les moeurs les croyances et pratiques sEr~rc
Chez les Seacuteregravere la vie humaine se deacuteroule selon les grandes eacutetapes
le baptecircme lenfance ladolescencemarqueacutee par la circoncision lsectge
adulte le mariage la vieillesse et la mort (funeacuterailles)
La vie de la communauteacute seacuteregravere reste une des plus originales sinon
celle qui de nos jours garde la presque totaliteacute des pratiques et
habitudes traditionnelles
Bien qu aujotltdhui con~r-tis aux religions chreacutetienne et musulmane les
Seacuteregravere conservent leurs croyances et pratiques animistes
Quelque soit leur degreacute dadheacutesion aux religions reacuteveacuteleacutees les Seacuteregravere
croient en un Dieu puissant et miseacutericordieux Rog Segravene et les hommes
Les ~angols sont repreacutesenteacutes mateacuteriellement dans tous les villages
seacuteregraveres par des arbres (baobab et tamariniers) des animaux (geacuteneacuteraleshy
ment serpent doreacute ou iguane) des ustensiles (pilon calebasse et mortier)
De nombreux teacutemoignages nous apprennent que certains totems (serpent
iguane) font leur apparicion agrave loccasion de certaines manifestations
rituelles comme les sacrifices ceacuteleacutebreacutes lors dun mariage de ceacutereacutemonies
mortuaires ou des circoncisions
Le Seacuteregravere comme il nous a eacuteteacute donneacute loccasion de le dire plus haut
preacutesente des speacutecificiteacutes authentiques aussi bien en tout ce qui touch~
son eacuteducation ses croyanCES et pratiques mystiques q~e ses activiteacute~
socio-ecirccc~omiquEs Apr~s a ~aissa~c~ le beurob~ ~~ pcs~ 5~~ lE S~ __
On lui mouille les l~vres avec un peu d~ lait de mil et apr~s U~ bain
purificateur on versera leau dans un trou cr~us~ derri~r~ la Camp~~
Pendant huit jours la megravere et lenfant sont cacheacutes dans la case car
selon les anciens ils sont tregraves vulneacuterables La case deacutens certains cas
est entoureacutee dun fil blanc et lon place sur le seuil des fais(cauy di
veacutegeacutetaux pour chasser les mauvais esprits (geacutenies malfaisants et illangeUY~
dacircmes) Au bout du huitiegraveme jour la megravere et lenfant peuvent sortir de
la case bull
bullbullbull Le matin du huitiegraveme jour la tante paternelle va chercher de leau
(plusieurs fois)t elle doit rester muette pendant ses alleacutees et venues
si elle parlait t lenfant pourrait ecirctre muet bullbullbull
La megravere et lenfant prennent un bain purificateur dans lequel sont
trempeacutees certaines plantes (ce sont des veacutegeacutetaux pr~tecteurs tels le
begravene le yag le ngud) On y lavera aussi le linge e1t les ustensiles utishyj
liseacutes pendant les huit jours qui viennet de seacutecoul~r On rase le crine
de lenfant Les cheveux sont donneacutes agrave la megravere qui ~s enterrera avec le
reste du cordon ombilical dans un endroit que11e esit seule agrave connattre
La megravere sassied sur une natte devant la maison Une femme igeacutee de la
famille prend le beacutebeacute dans ses bras et le preacutesente aux quatre coins de
lhorizon
La tante paternelle tient ensuite un van sur la tecircte de la megravere on y
verse le mil on y verse eacutegalement en abondance sur la megravere et sur
lenfant La tante oint ensuite le corps du beacutebeacute avec du lait e11e
touche en particulier le front t le nez la bouche la poitrine le dos
et les oreilles
Elle pose enfin un ~rain de sel dans la paume du beacutebeacute (le sel purifie
et deacutetruit les puissances mauvaises)
Apregraves un nouveau bain la megravere et lenfant revEcirctent des habits de fecircte
(est
lenfant Ce precircnore a toujours U~ SEns Il sy~bolise parfois C0 qUi
lOIl sounaitt agrave lEufant l)
La circoncision comme dans les autres ethnies est obligatoire Elle
permet au jeune adolescent dacceacuteder agrave la classe adulte Les jeunes
sont regroupes en classe dacircge dans le bois ougrave sc fait la r0tr~it0 des
circoncis et ceci pendant plusieurs mois
Le Selbeacute qui est geacuteneacuteralement un ancien craint de tous les eacutelegraveves
enseigne le respect de la hieacuterarchie la discreacutetion le goOt de linishy
tiative Les activiteacutes physiques et leacuteducation artistique ne sont pas
en reste la deacutecoration la sculpture la lutte et la danse A sa sortie
du bois linitieacute appartient deacutesormais agrave la classe des virils et des
sages du clan car on lui aura enseigneacute les vertus fondamentales que
sont la justice lhonneur lamour du prochain 1 amour du travail
lhonnecircteteacute et surtout le respect des coutumes ancestrales
Le rite du mariage esd aussi un fait tregraves important dans le monde 1
seacuteregravere mais par manq~e dinformation nous serons obligeacutes de nous en
tenir lagrave
333 Impact des ethos sur la lutte dans le monde seacuteregravere
Lorigine de la lutte seacuteregravere ne semble pas claire ma1S nous pouvons
dire quil existait deux formes de lutte comme chez les Wolofs une
lutte sans frappe et une lutte avec frappe Et cest cette derniegravere
qui peut-ecirctre nous ameacutenerait agrave croire que la lutte seacuteregravere aurait une
origine plus preacuteciseacutement guerriegravere
Aujourdhui la lutte est uniquement une activiteacute sportive agrave travers
laquelle le jeune seacuteregravere eacutevalue sa force son courage et SOn ingeacutenioshy
siteacute Cest une occasion de deacutefendre lhonneur de son village ou de
la corrnnunauteacute
La luttE ~5t avant tout u~e rnanifcs[dtic~ c~lturclie et surtout
fo lkhriqut-
Gracircce agrave elle on peut deacutesormais comprendre un certain nombre de chants
et de symboles A travers la lutte seacuteregravere on ccedilomprend les inter-relashy
tions entreacute la vie et le monde surntiturel
Sil devait y avoir la mort dun villageacuteois pendant la fecirctE au T qUE
de linterrompre on proceacutedait gracircce aux connaissances magico-religieuses
agrave la suspension de la mort jusquagrave une peacuteriode ougrave la population sera plus
disponible pour organiser des funeacuterailles sil y eacutetait preacutedit la possibishy
liteacute dune deacutefait du champion local au profit dun champion dun autre
village des recettes dordre maginque et religieux eacutetaient mises en prashy
tique afin que le champion du village ne soit jamais terrasseacute(J)
334 Le profil du lutteur seacuteregraver~
Le lutteur seacuteregravere est par essence un athlegravete impressionnant de par sa i
carrure et sa musculature saillante mais cest aussi une force tranquille
et calme quelque soit lenjeu du combagravet et particuliegraverement lhonneur
Cet aspect nous pousse agrave parler du NGiMBE cest-agrave-dire de la tenue du
lutteur qui va influencer sur sa faccedilon de lutter
La confection du Ngimbe revient agrave la communauteacute entiegravere Le Ngimbe a
une signification symbolique et le lutteur pour meacuteriter la confiance du
groupe se doit de tout faire pour ne pas toucher le sol Toute la commushy
nauteacute elle aussi sengage pour assurer la longeacuteviteacute et le succegraves du lutteur
dans laregravene par lorganisation droffrandes et de sacrifices en lhonneur
des Pangols bull
bull
Daucuns nheacutesitent pas agrave dire que lessentiel du mysticisme se fait agrave
la maison et non dans laregravene tout le reste nest quintimidation de
ladversaire
lsvcns
Tt- pi ~- t
t 1 ~ l _ ~ t
par rapport agrave lautre Cbci est trEgraves lieacute agrave lactiviteacute journaliegravere du
jeune seacuteregravere qui est un cultivateur donc toujours bien planteacute sur ses
jambes et qui continuellement manie lhiler
Le fait de couper le boi~ peut eacutegalement constituer un moyen de muscushy
lation non neacutegligeable pour le jeune lutteur
Un certain nombre de traits techniques speacutecifiques au lutteur seacuteregravere
semblent ressortir des diffeacuterentes interviews que nous aVOns fait subir
agrave certains lutteurs seacuteregraveres et agrave diffeacuterents techniciens
SOUS-GROUPES FORMES DU CORPS CONTROLES GARDES
SAFEN Moyenne en fente NONE Hancheacute Bras (distante) j
NDUTJ
f
SINE-SINE Deacutecalage Ngimbe
Moyenne
SALOUM-SALOUM Passage- Jambe (rapprocheacutee) 1
i
PETITE dessous Tecircte Basse et 1
COTE Moyenne (rapprocheacutee)
Notons que le Niominka ll commence agrave lutter agrave partir du sol pour avoir
assez deacutelan et sauter sur ladversaire afin davoir la prise du lion
(contr6le de la nuque et du bassin)
Co a -tem-nt ccedilt attitude du lutteur sEacuteregravere335 np -1t ~
Les croyances mystiques sont indissociables des activiteacutes quotidiennes
duseacuteregravere Ce qui explique le cocircteacute supersticieux du lutteur seacuteregravere En
~ffet certains lutteurs refusent de lutter avant certaines heures
Certains teacutemoignages nous apprennent quil nest pas donneacute agrave tout le
monde decirctre champion de lutte et que le lutteur doit avoir des dons
surnaturels pour ecirctre agrave mesure de livrer ses combats dans la nuit
et trouver seul un gris-gris speacutecial appeleacute Njatch
Le vrai champion de lutte chez les seacuteregraveres ne lutte pas seulement avec
~a force et sa technique mais surtout avec ses dons occultes
Chez les seacuteregraveres les morts sont toujours preacutesents et les ~pangols
Servent dintermeacutediaire entre les hommes et les morts Le pangol prend i
le nom dhumain dans certains villages (IIHeacuteJga NDONG Har Wag NGOUYE) i 1
De ce fait on verra le lutteur danser dufe maniegravere ou dune autre en
fonction du pangol de sa famille Ainsi nrus aurons le back (chant et
danse du lutteur) des DIOUF des FAYE etclbullbullbull
Dans laregravene le lutteur seacuteregravere a un comportement exemplaire aussi bien
agrave leacutegard de son adversaire direct quave~ le public en geacuteneacuteral Lexpli shy
cation semble tenir au fait que le lutteur seacuteregravere est avant tout selon
la tradition orale le repreacutesentant de toute la communauteacute seacuteregravere Par
conseacutequent il devra saffirmer non seulement en tant que lutteur dans
laregravene mais aussi en tant quentiteacute morale
336 La tenue du lutteur ou NGIMBE est confectionneacutee par le marabout de la
famille ou du clan Le Ngimbe est constitueacute de pagne en cCton tisseacute
Il doit ecirctre propre le lutteur qui le porte ne devra pas avoir de rapshy
port sexuel pendant toute la peacuteriode des cOTpeacutetitians car le Ngi~bE ne
doit pas ~tre souilleacute
Autrefois et mecircme aujourdthui dans certaines familles on devient
lutteur de pegravere en fils et dans ce cas le Ngimbe du pegravere est heacuteriteacute
par le fils Le fait de porter le Ngimbe de ses aieux peut susciter
chez le jeune lutteur une motivation et une volonteacute ineacutebranlable dtasshy
surer la supeacuterioriteacute d~s siens dans ltaregravene Il fera tout pour que le
Ngimbe de la ramille ne touche le sable
La tenue du lutteur a une signification et une importance sur le plan
mystique car selon les anciens le vra1 feacutetiche du lutteur celui qui
le proteacutegera et laidera agrave vaincre le nDjinne ou le tRapu de ladvershy
saire se trouve cacheacute dans ce Ngimbeu bull Celui qui confectionne donc le
Ngimbe U est doueacute de faculteacutes occultes
337 Larbitrase est assureacute par un sage du village qui geacuteneacuteralement fut
champion de lutte de son temps Dailleurs cet ancien nintervient que
si le terrassement est litigieux Hormis le public qui proclame la vicshy
toire ou le match nul le lutteur lui-mecircme est arbitre et il arrive
quil se deacuteclare vaincu
Nous avons pu cfter Meacutedoune KHOULE un desplus grands lutteurs seacuteneacutegashy
lais qui a donn~ une victoire agrave Djeacuteri SADIO son adversaire qui a reacuteussi
agrave lui faire touegraveher le sol de la main
IlL
34 1 Preacutesentation
Lethnie toucouleur vit En grandt partit ciE~~ la vallfc du S~~~gal
pt reprecircsente i peu pr~s 8 de la population totale secircn~galaise
o Histoire
Il semblerait que dans lancien royaume du Tekrour (IX~ siegravecle) des
eacuteleacutements neacutegroiumldes Sarakoleacute et des Peul aient formEacute par meacutetissage le
peuple Toucouleur (Toucouleur serait dailleurs une deacuteformation du
mot portugais Tacouror)
Ce empire a domineacute aussi bien les wolofs de lOuest que les Peul
nomades du Fouta Toro Cette reacutegion fut le premier pays islamiseacute par
les Almoravides ce qui peut expliquer le proseacutelytisme toucouleur
Ce sont les guerriers toucouleur islamiseacutes qui attaqu~rent avec les
Almoravides la capitale du Ghana Koumbi en 1067 On convertit par
la force les animistes Cest sans doute agrave cette eacutepoque que de nombreuses
ethnies reacutefractaires agrave lIslam ont dO accentuer leur migration vers
le sud (Seacuteregravere wolof Sarakoleacute Bambara Songhaiuml Akan et Peul se reacuteshy
fugiaient vers les hauteurs du Fouta Djalon)
Au XIXegrave siegravecle les Toucouleur allaient trouver en El Hadj Omar Tall
un grand conqueacuterent qui sous le preacutetexte religieux de la gJerre sainte
contre les tribus animistes (entre autres Bambara) eacutetendit lempire
toucouleur sur presque tout lensemble du gali et la partie de la Guineacutee
proche du l1ali
Lempire toucouleur composeacute de Sarakoleacute de Bambar~ de ~alinkeacute de
Xassonkeacute dE Peul et de Dogon eut le meurorit~ dunir CES diif~rentes ~ ~ - - - - - et~ics ~t dE CD~stituer l~Sl la b2S~ ~r 1
_ ~ ~ ~_ L ~
~ ~- ~- - - ---- _ 1 v _ t 1 ~-_ --
marabout tOL~culcuuml~ ~ middotlrrany a l ick SI venu des E1i rClS dE Pocior~ (
~ Vi~ euroconomicue et sociale -----------~-------------
Les Toucouleur sont des cultivateurs mais bien quils n~ soie~t pa~
pasteurs comrre les Peul leacutelevage a une place inportarteacute decirc1S ltur
eacutecono~ie Pour faciliter leur conquecircte guerriegraverE ils c~t Eucirc une preacuteshy
dilection pour leacutelevage des chevaux On y trouve aussi des pecirccheurs
appeleacutes Tchioubalo La socieacuteteacute toucouleur aurait une stratification
sociale tregraves rigide Les groupes ethniques et les castes eacutetaient
diffeacuterencieacutes et strictement exogamiques les Rimbe classe des nobles
comprenant la famille reacutegnante et les guerriers libres la classe des
Nieacutenieacutebegens de castes artisanales i les Rimaibeacute anciens esclaves
devenus serviteurs qui portent les noms de famille de leur maicirctres A
la base de lorganisation de la collectiviteacute toucouleur se situe le
village (Wouro)
Toutes ces castes sont cloisonneacutees entre elle~ Ainsi il nest pas
permis agrave un Torodo (noble) de se marier avec un Tchioubalo Ces
consideacuterations sont importantes dans le domaine de la lutte ougrave nous
apercevrons que les nobles ne sont pas faits pour lutter Le noble
preacutesidera les seacuteances de lutte et on luttera pour lui Ces condeacute rat ions
de noblesse et de rang social sont extrecircmement importantes dans le
monde toucouleur
Le noble ne doit pas se salir on lutte pour lui il ne vit la lutte
quen tant que spectateur
342 Education moeurs croyances et eratiques religieuses
Deux formes d~ducation sont agrave consideacuterer leacutedJcatio~ dES enfarts Et
celle des adultes
oG lenfant sait m2n~~r et apprfcier le goOt d~5 ~iifeurorents r~pas lt
le moment ougrave il CO~~e~CE agrave marcher
tivirt n~sormais le petit toucou]eur est eacuteduquf par toutmiddot 12 f2~i)]E
dabord puis par toutes lespersc~nes du village ou du C13~
Lenfant peut ~tre corrigeacute par tout adulte appartenant au groupe social
Son eacuteducation est deacutesormais laffaire de toute la communauteacute et non
exclusivement celle ces parents On linitie ainsi au travail quotidien
qui se fait dans la bergel~ e les champs et les bords du fleuve Au sein
du village il pourra apprendre agrave filer la laine et agrave tisser des pagnes
dans les champs il apprend agrave manier la houe et lhiler pour la culture
du riz et du mil Mais signalons que lactiviteacute essentielle du toucouleur
est leacutelevage des boeufs des moutons et des chegravevres Chez les Ichioushy
balos (p~cheurs ) lenfant sera initieacute tregraves tat au maniement des pagaies
agrave la p~che propremccedilnt dite et agrave la nage
Vers cinq-six ans lenfant est confieacute au maicirctre coranique le Ihierno
et ce dernier dispose exclusivement de toute sa vie Lavenir du jeune
enfant lui appartient
Comme dans les autres groupes ethniques les enfants sont regroupeacutes en
classe dacircge et cest dans cette structure que lenfant subit les rite
de passe et plus particuliegraverement celui de la circoncision
La circoncision est non seulement unE opeacuteration chirurgicale malS surshy
tout une peacuteriode au cours de laquelle le jeune garccedilon passe de leacutetat
dadolescent agrave leacutetat dadulte Les circoncis sont reacuteunis en classe
dacircge dans un endroit situeacute hors duvillage geacuteneacuteralement choisi par les
vieux Cet endroit n~st accessible que par des individus de SExe ffi8SCUshy
li~ ~ta~t au preacutealabl circoncis
- - - -
quable et complet sur le plan phy~ique et ~oral Ai~si liniti~
acquiert les qualitecircs indispensables que sont le courag~ la modest
lesprit de sacrifice lendurance
Le toucoule~r est un pleux musulma~ Cela sexp1
SOil le premier agrave tre en contact avec la religion musulmane de par sa
position frontaliegravere Lethnie toucouleur de par son histoire a preacutesenteacute
les plus grands chefs militaires et religieux musulmans seacuteneacutegalais Et
pour illustrer cela on peut citer en exemple la grande famille musulmane
des SY agrave TIVAOUANE repreacutesentant la confreacuterie des TIDJANES
Bien que lon note une majoriteacute musulmane on peut dire que certaines
croyances et pratiques mystiques et animistes persistent encore surtout
dans la reacutegion du fleuve
Une pratique courante se fait elle sappelle le Djatt Elle consiste
agrave faire sortir le caiman du fleuve agrave limmobiliser et agrave lattacher
sans quil ne reacuteagisse et tout ceci agrave laide de versets et dincantashy
tions magiques Dapregraves les teacutemoignages ces pratiques sont plutocirct
freacutequentes chez les Tchioubalos (pecirccheurs) Il arrive aussi que cershy
tains chasseurs ayant des dons se livrent agrave certaines pratiques an1shy
mis tes qui consistent agrave invoquer certaines puissances et agrave moduler sous
forme de chant des versets occultes pour se proteacuteger des mauvais esprits
et pour eacuteloigner les fauves Ce chant est geacuteneacuteralement incompreacutehensible
et deacutenueacute de sens pour le profane
343 Activiteacutes ludiques et pratiques sportives en milieu toucouleur
Durant toute son histoire lethnie ~oucouleur a toujours EacutetEacute Frese~teacute~
comme celle qui avait ue activit essentiellement guerr e e~ particushy
liegraverement farouche Trois eacuteleacutements ret r t l ecirc t te nt i c- euro so~t
le manie~~nt du ~acircton 12 luttE Et 1eacute danSE
l
Lecircducation ph~sique et artistique Dcc~pe un place precircpondecircra~rp
dans la fDrmat~on du jEune toucouleur A loccasion agraveeacutevegravenemen~ imporshy
tants reacutecoltJs mariages baptecircme nous assistons agrave des manifestashy
tions folkloriques de grande envergure le Wango oucirc dailse toucouleur
tregraves gymnique iles chants et surtout les sEacuteances de lutte
La lutte toucouleur est la forme de lutte la plus spectaclaire dans
tout le territoire seacuteneacutegalais Elle est essentiellement baseacutee sur des
techniques en hancheacute et surtout en souplesse Ceci sexplique par le
fait q~e le jeune toucouleur est tregraves tocirct initieacute agrave la gymnastique (saut 1
per saut de main salto arriegravere saut de tecircte couronneacute etc bullbullbull ) pour
la dans~ du wa~go En dansant le wango qui est une danse rythmeacutee et
gymnique le Jeune toucou1eur est capable de prouesses extraordinaires
1
En lutte lattaquant se deacuteplace tregraves peu pour avoir une bonne saisie
(geacuteneacutera~ement controcircle du Ngimben ) et enchaine brusqueme~t avec une
attaque surpris~ Cependant les ripostes sont souvent surprenantes et
spectaculaires (baseacutees sur la souplesse et la rapiditeacute) ontrairement
aux autr~s form~s de luttes ougrave lon voyait tous les jeune adheacuterer la
lutte to~cou1eur Verra un groupe de speacutecialistes sadonne agrave la lutte 1
(la lutte est lieacutee agrave la position sociale de lindividu problegraveme de
caste)
Q La morphologie du lutteur toucou1eur 1
1 1
Ce dernier nest pas aussi large et aussi fort que les lutteurs diola
et seacuteregravere Cependant il est tregraves reacutesistant La musculatJre est saillante 1
et tregraves souple lindividu est longiligne mais tregraves athleacutetique
Les mouvements de lutteurs sont semblables agrave ceux dun grand fe1in Cette 1
morphologie semble ecirctre lieacutee agrave la position geacuteographique de lethnie
(reacutegion du fleuve) et agrave lacitiviteacute socio-eacuteconomique du toucouleur qui
est agrave la fois cultivateur (activiteacute lieacutee agrave la crue et deacutecrUE du fleuve)
pecirccheuro~T CIcr~icubaon) et sttout jEumlrgcr qui est U~ rc~2eumlr
shy
Deux formes egrave~ corps sembl~nt ecirctre preacutefeacutereacutees du lutteur toucouleur
le hancheacute et la souplesse Les hancheacutes sont faits agrave partir de plusieurs
positions de doset se terminent geacuteneacuteralement par des techniques de
tregraves grande amplitude
TABLEAU RECAPITULATIF DES TECHNIQUES ET FORMES DE CORPS SPECIFIQUES
i
L441 r
GARDE FORMES DU CORPS CONTROLES --shy - -
Moyenne Souplesse Ngimbe
Hancheacute bras
Demi-souplesse
1
Profil psycholosigue 1
TECHNIQUES
ContrOle du bassin et 12 souplesse
arriegravere
Klicket et allegravegement de la hanche
Le lutteur toucouleur est celui lUi se livre le moins aux preacuteparaqons
maraboutiques Cela est dO au f~t que le toucouleur est un grand ~USUlshyman et que les pratiques animisges ont presque disparu dans ce mil~eu
Dans la pratique le lutteur esJ combaif mais il est calme et tr~s reacutefleacutechi quant agrave la deacutecision agrave prendre en plein corps agrave corps ct~st un des seuls techniciens qui reJte tregraves lucide au cours de ses comb~ts
l Dans toutes les circonstances e lutteur toucouleur est tenu de re~pecshyter son adversaire et ceux de s4n eacutequipemecircme sil est vaincu
Comme nous avons dO nous en rendre compte la rigueur des principes
eacuteducationnels a une influence tregraves sensible sur l~ comportement du
toucouleur
i
III S COCL ~s 1DO
Dans cette partie nous avons essay~ de montrer lftroite re1atic~
Entre les diverses activiteacutes socio-eacuteconomiques dans les ethnies et
lES diffEacuterentes faccedilons de lutter
Daucuns seraient tent~s de conclure trop rapidement et cest p0~r
cette raison que nOUS avons penseacute preacuteciser que le pheacutenotype nest
pas geacuteneacuterateur du geacutenotype Et nous sommes convaincus que la morphoshy
logie et les techniques des lutteurs relegravevent de leurs modes de vie
et de leurs croyances agrave une eacutepoque et danE un contexte bien deacutetermishy
neacutes
Est-ce que les lutteurs dio1a ou seacuteregravere travaillant avec leurs bras
dans les champs auraient les mecircmes pr 0 fil s physiques que les lutteurs
utilisant des machines pour lagriculture
- 69 shy
I UJOURDH~1 E-S ut O[l LES FORfilS Ut LU11t~
~otons que notre enqu~te a ecirctE essentiellement faiteen milieu urbain
Les seacuteances de lutte ont tendance agrave perdre leur particulariteacute de r~shy
jouissance pour devenir des pheacutenomegravenes de sportisatio Deux fores
de luttes so~t principale~cnt prat s dans les aregrave~es du 5 al
la lutte traditiunnelle simple et la lutte traditionnelle avec frappe
De nos jours la lutte traditionnelle tend vers une reacuteglementation
et une institutionalisation
Le reacutesultat de nos investigations nous donne le tableau ci-dessous
REPARTITION ETHNIQUE SUR 100 PRATIQUANTS
LUTTE LUTTE RAPPORTETHNIES SANS FRAPPE AVEC FRAPPE J2
Diola 40 16 71 j
Seacuteregravere 26 21 57
Toucouleur 23 10 69
Wolof 1 1 53 17
La demande sociale par ordre deacutecroissant pour la lutte sans frappe
se preacutesente comrre suit
]0_ Ethnie diola avec pregraves de 3 lutteur~ sur 4
2deg_ Ethnie toucouleur
Ethri dun
~ 1 LA LUTTE TR])IIIO~~ELLE AVEC H-PPE
Cette forme deacute lutte a une histoire qui date de lantiquiteacute elle
sa~pelait le Pugilat Au Seacuteneacutegal elle a vu le jour dans le Cayor
bien avant la colonisation Le coup dE pied l~Lrdn~lement la morshy
sure la frappe et le doigtf eacutetaient permis dans le cc=bat ~ ~middot~p0~~e
Dans certains cas la giffle eacutetait beaucoup plus dangereuse que le
poing quand elle eacutetait donneacutee par un speacutecialiste Cette giffle pouvait
agrave elle seule deacutechirer et mecircme parfois amputer la joue de ladverser
Selon les informations la lutte avec frappede nos jours serait une
forme de lutte tregraves eupheacutemiseacutee de celle dantan ougrave une blessure
pouvait souvent ecirctre mortelle
Aujourdhui au niveau du folklore la lutte na plus la mecircme
le spectaculaire a remplaceacute le significatif iLa lutte avec frappe se 1
pratique surtout dans les centres urbains C~aque fois quun grand combat 1
est progra~eacute par le Comiteacute National Proviso~re (CNP) des centaines damashy
teurs sont mobiliseacutes vers le stade lba Mar D~OP qui est aujourdhui le i
lieu approprieacute ougrave se deacuteroulent les grands conkbats de lutte Cest la formE
de lutte qui semble drainer une foule de personnes beaucoup plus importante
que celle de la lutte simple
La lutte avec frappe deacuteriverait dune forme de lutte traditionnelle
pratiqueacutee jadis dans le Cayor au temps des Damels et la frappe serait
le substitut dun certain nombre de pratiques doigteacute jet de produits
etc bullbullbull dont le but eacutetait laveuglement de ladversaire La lutte avec
frappe serait une continuation logique dune carriegravere sportive de la
lutte traditionnelle qui sen sert comme moyen socio-eacuteconomique En
effet la majoriteacute des lutteurs avec frappe ont dabord eacuteteacute initieacutes agrave la
lutte simple Cependant il faut signaler que de nOS jours il arrive
que le jeune lutteur avec frappE- soit directenent formEacute conne speacutecialistE
agrave la frappe sa~s pour autant faire son chemin dabcrd egravea~s la lutte
- ~ shy
Le recircsultat dE ~os interviews ncus rec~trE qGune pcpulatiD~ divcrsishy
fiampe sint~resse agrave ce sport et qUE les intecircr~[s des uns et d~SlautrE~
semble~t divergents naucuns affirment que la lutte traditionnelle
avec frappe serait monteacutee par des personnes dont la vocation est dexshy
ploiter ce pheacuteLomegravene agrave des fins commerciales Dautres disent gJellegrave
jouit de mcyens irport~nts t[l[~isio
tation etc bullbullbull ) pour toucher toutes les couches sociales CEpe~~a~t
nous remarquons que mecircme si certaines personnes reprochent agrave cette
forme de lutte decirctre brutale ces mecircmes personnes nheacutesitent pas agrave
se rendre le dimanche agrave laregravene Bien que critiqueacutee elle semble ecirctre
adopteacutee par une tregraves grande partie de la population seacuteneacutegalaise Cepenshy
dant en tant que techniciens il nous est permis de faire une remarque
Il sagit de
- Limpression nette decirctre devant des professionnels de la frappe
qui sont ~ntratneacutes pour cela Dailleurs les propos que nous avons
recueilli~ nous prouvent que la plupart des champions de lutte avec 1
frappe s~ntratnent dans certains sports de combat tels ~ue la boxe i 1
le karateacute le judo Dans cette nouvelle forme de pratique de la lutte
contrairefuent agrave la lutte traditionnelle le technicien e~t souvent
perdant face au puncheur Ce dernier adopte une lutte agrave distance qui
lui permet de placer agrave bon escient ses coups animeacute du deacutesir de vaincre
Le technicien lui se voit contreacute dans toutes ses entreprises par
un uppercut ou un crochet
On peut dire cependant que nul sport au Seacuteneacutegal que la lutte tradishy
tionnelle avec frappe ne deacutechaicircne autant de passions et autant de
pheacutenomegravenes poussant agrave lexcegraves et deacutereacuteglements quon ne peut que deacuteplorer
Mais comment deacutecrier un spectacle de lutte qui bien quayant perdu la
presque totaliteacute des valeurs traditionnelles veacutehiculeacutees autrefois par
elle sait susciter une participation effective de tous ceux qui sont
preacutesents
CONCLUSION
Dans ce meacutemoire nous sommes efforceacutes ~e faire ressort ir limportance des
ethos et des habitus et leurs effets sur la pratique de la lutte tradishy
tionnelle au Seacuteneacutegal
L~b egravethos repr~sentent dune maniegravere g~neurorale tous les eacuteleacutements speacutec
fiques sux Seacuteneacutegalais par conampeacuteguent un systegraveme de valeurs traditionnellEs
Mais m~me si ces valeurs rev~tent une signification universelle (honneur
digniteacute courage etc bullbullbull ) il nen demeure pas moins que ce nest pas leur
nature qui fait leur speacutecificiteacute mais la hieacuterarchisation et limportance i
quon accorde agrave toutes ces valeurs de ~ar leacuteducation ou la culture
i 1
Aussi les valeurs traditionnelles puient leur speacutecificiteacute dans les
caracteacuteristiques propres aux eacuteleacutements ~e la socio-cu1ture (la technologie
et leacuteconomie la politique et la pareteacute la psychologie et lideacuteologie)
dans la socieacuteteacute seacuteneacutegalaise agrave n momen donneacute de son eacutevolution Cest i
dire la neacuteceesiteacute de ne point faire della valeur une reacutealiteacute statique
Cest dite aussi quagrave tout mome~t le ~eacuteneacutegalais peut eacutevoluer et creacuteer
ou vivre par conseacutequent de nouv~lles fprmes de valeur qui lui sont 1
propres ft (J)
La lutte traditionnelle veacutehiculant deS valeurs socio-cu1ture1les speacutecishy
fiquement seacuteneacutegalaises (croyances valeurs morales norme de comportement
opinion attitude bullbullbull ) devient un eacuteleacutement important qui tregraves certaiaement
nous aidera dans notre effort de valoriser et de peacuterenniser notre patri shy
moine culturel par le biais dactiviteacutes physiques et sportives
Leacutetude des habitus nous permet de prouver quil y a plusieurs faccedilons
de se mouvoir comme danser lutter bullbullbull qui varient avec les diffeacuterentes
ethnies (wolof toucouleur seacuteregravere diolagt leurs convenances et leurs
eacuteducations
(1) Revue Ethiopiques 31 Les valeurs traditionnelles et le problegraveme de leur inteacutegration dans les systegravemes modernes jtducatio-1 2 6r--70
nautre part cette eacutetude permet aussi de nous rendrE compte de la
correacutelatipn eacutetroite existant entre la pratique de la lutte traditionnelle
et le sta~ut socio-eacuteconomique du pratiquant
Nos inves~igations nous indiquent que la lutte recrute essentiellement
au niveau des classes socio-eacuteconomiques situeacutees en bas de leacutechelle
donc posseacutedant le statut social le moins favoriseacute La lutte avec frappe
-et un certain secteur commercialiseacute de la lutte simple- y trouve sa
leacutegitimiteacute Comme le dit BOURDIEU nA habitus diffeacuterents styles de Vle
divergents et il oppse les pratiques aristocpatiques correspondants agrave
des activiteacutes qui favorisent les situations eupheacutemiseacutees ougrave la stylisashy
tion est importante aux pratiques populaires qui font appel agrave des
qualiteacutes qpposeacutees bllutes rugueuses Certaines interviews nous
montrent que plus lindividu occupe une place eacuteleveacutee dans leacutechelle
sQciale e~ 1
moin$ il sinteacuteresse agrave la lutte
Les reacutesultats recueillis dans nos diverses investig~tions confirment 1 1
1er propos qui disent que nous assistons aujourdhu~ agrave une involution
de la lutte traditionnelle parce que perdant toutes ses speacutecificiteacutes au 1
pryfit d~ne autre forme de lutte que lon continue agrave appeler nostalshy
giqlementIIlutte traditionnelle
Ceci pourrait peut-~tre trouver une explication dan la citation suivante
La liberteacute de creacuteer dinnover de vivre Pleineinenf decirctre soi et de
preacuteserver son authenticiteacute la digniteacute et lhonneu1demeurent des illushy
sions dans la misegravere eacuteconomique~ Nos ancecirctres creacuteai~nt des valeurs de cishyl
vilisation parce quils eacutetaient libres parce qu1i~s ignoraient toute
deacutependance eacuteconomique ils cultivaient en eux et cbez leurs enfants le 1
Jorn et la Kersa et preacutefeacuteraient la mort agrave la hoJte lI (1)
Or le Seacuteneacutegal comme la plupart des pays africainsi est un pays sousshy
deacuteveloppeacute t cependant face agrave cette volonteacute du gou~ernement seacuteneacutegalais
de faire inteacutegrer dans leacuteducation des valeurs traditionnelles nous
pouvons espeacuterer utiliser comme moyen deacuteducation la lutteacute traditionnelle
qui reste quand mecircme vecteur jethos et dhabit~s
- 54 shy
Mecircme si lon a noteacute un appauvrissement notoire sur les plans socioshy
culturel et moral la lutte traditionnelle recegravele une gamme importante
et varieacutee de techniques permettant incontestablement une ouverture vers
les luttes olympiques libre et g~eacuteco-romaine
La lecture de ce meacutemoire permettra agrave lentratneur et au professeur de
lutte en fonction du lieu ougrave ils seront affecteacutes dans le territoire
seacuteneacutegalaisdavoir une information sur les techniques contrOles et
formes de corps propres agrave chaque groupe ethnique et de les mettre en
relation avec leurs croyances et leurs mentaliteacutes
Nous avons essayeacute de montrer que la pratique de la lutte traditionnelle
doit tre axeacutee sur une ethnomotriciteacute au Seacuteneacutegal qui permette une inishy
tiation facile Cette pratique de la lutte traditionnelle seacuteneacutegalaise
devra dailleurs essayer de ~eacutepondre aux aspirations du Seacuteneacutegalaisl
moderne en souvrant aux ap~orts positifs des autres civilisations
ex~eacuterieures nous voulons Jvidemment parler du judo et des luttes oiymshyJ
piques 1
1 j Nous navons pas la preacutetentfon dans le cadre de ce meacutemoire demattrise
de reacutepondre agrave toutes les qutstions se rattachant agrave leacutetude de ~a lutte
traditionnelle souslangle~socio-culturel car non seulement il nous
manque lexpeacuterience et la c peacutetence en la mati~re mais aussil l le temps
et les moyens dont nous dis osions ne nous permettaient pas d~puiser le 1sujet i
1 1 1 t 1
l
- )5 shy
BIBLIOGRAPHIE
BIBLIOGRAPHIE
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Edition Delachaux et Niestleacute 244 pages
2- POCIELLC Christian Sport et Socieacuteteacute approche socio-culturelle
des pratiques Paris Vigot 1981 377 pages
3- PIERON Henri Vocabulaire de la psychologie
PUF Deuxiegraveme eacutedition 1957 469 pages
4- Revue socialiste de culture neacutegro-africaine ETHIOPIQUES
Les valeurs traditionnelles et le problegraveme de leur inteacutegration
dans les systegravemes modernes deacuteducation
GIA 21 Juillet 1982 213 pages
5- N2 Revue du Centre dEtudedes Civilisations DEM ak TEY
NIS IVegrave Trimestre 1982 96 pages
6- Document lNSEP Colloque sur la lutte aeacuteregravere
DAKAR MAI-JUIN 1980
t 1
~- Travaux du IVegrave Congregraves National ~es Sports agrave DAKAR les 2223041981
Bulletin n2 91 du CIO du 15 Aont 1965
l____________________________
8- Meacutemoire de Mattrise BADJI Abdou La lutte traditionnelle Joola
Etude et perspective
9- Meacutemoire Inspectorat JS DJITTE Mandy Les pratiques corporelles
traditionnelles au Seacuteneacutegal pour leur exploitation et leur
utilisation en peacutedagogie Marly le Roi 1980
REPUBLIQUE DU SENEGAL
--------------- INSTITUT NATIONAL SUPERIEUR
MINISTERE DE LA JEUNESSE DE LrsquoEDUCATION POPULAIRE
ET DES SPORTS ET DU SPORT
-------------
(INSEPS)
MEMOIRE DE MAIcircTRISE
Es-SCIENCES ET TECHNIQUES
DE LrsquoACTIVITE PHYSIQUE ET DU SPORT
LA LUTTE TRADITIONNELLE
son importance sa signification en fonction des ethos et des habitus ethniques au Seacuteneacutegal
Preacutesenteacute par
Monsieur Joseph Victor FAYE
Sous la direction de
M Jean Marc ROCHEZ
Professeur agrave lrsquoINSEPS
Anneacutee de soutenance 1984
Le rattache~2~t d~ to~s ccs sous-groupes pose problecircme ~25 0~ r0~V~
uc grande partie de traits COITul1uns dans leurs modes dE vie Ct pOUT phs
de faciliteacute nous allons essayer de faire une ~tude globale de la lutte
traditionnelle seacuterecircre Lactiviteacute socio-eacuteconomique qui est essentielleme~t
agro-pasorale caracteacuterisE leacutethnie seacuteregravere
332 Lecircducation les moeurs les croyances et pratiques sEr~rc
Chez les Seacuteregravere la vie humaine se deacuteroule selon les grandes eacutetapes
le baptecircme lenfance ladolescencemarqueacutee par la circoncision lsectge
adulte le mariage la vieillesse et la mort (funeacuterailles)
La vie de la communauteacute seacuteregravere reste une des plus originales sinon
celle qui de nos jours garde la presque totaliteacute des pratiques et
habitudes traditionnelles
Bien qu aujotltdhui con~r-tis aux religions chreacutetienne et musulmane les
Seacuteregravere conservent leurs croyances et pratiques animistes
Quelque soit leur degreacute dadheacutesion aux religions reacuteveacuteleacutees les Seacuteregravere
croient en un Dieu puissant et miseacutericordieux Rog Segravene et les hommes
Les ~angols sont repreacutesenteacutes mateacuteriellement dans tous les villages
seacuteregraveres par des arbres (baobab et tamariniers) des animaux (geacuteneacuteraleshy
ment serpent doreacute ou iguane) des ustensiles (pilon calebasse et mortier)
De nombreux teacutemoignages nous apprennent que certains totems (serpent
iguane) font leur apparicion agrave loccasion de certaines manifestations
rituelles comme les sacrifices ceacuteleacutebreacutes lors dun mariage de ceacutereacutemonies
mortuaires ou des circoncisions
Le Seacuteregravere comme il nous a eacuteteacute donneacute loccasion de le dire plus haut
preacutesente des speacutecificiteacutes authentiques aussi bien en tout ce qui touch~
son eacuteducation ses croyanCES et pratiques mystiques q~e ses activiteacute~
socio-ecirccc~omiquEs Apr~s a ~aissa~c~ le beurob~ ~~ pcs~ 5~~ lE S~ __
On lui mouille les l~vres avec un peu d~ lait de mil et apr~s U~ bain
purificateur on versera leau dans un trou cr~us~ derri~r~ la Camp~~
Pendant huit jours la megravere et lenfant sont cacheacutes dans la case car
selon les anciens ils sont tregraves vulneacuterables La case deacutens certains cas
est entoureacutee dun fil blanc et lon place sur le seuil des fais(cauy di
veacutegeacutetaux pour chasser les mauvais esprits (geacutenies malfaisants et illangeUY~
dacircmes) Au bout du huitiegraveme jour la megravere et lenfant peuvent sortir de
la case bull
bullbullbull Le matin du huitiegraveme jour la tante paternelle va chercher de leau
(plusieurs fois)t elle doit rester muette pendant ses alleacutees et venues
si elle parlait t lenfant pourrait ecirctre muet bullbullbull
La megravere et lenfant prennent un bain purificateur dans lequel sont
trempeacutees certaines plantes (ce sont des veacutegeacutetaux pr~tecteurs tels le
begravene le yag le ngud) On y lavera aussi le linge e1t les ustensiles utishyj
liseacutes pendant les huit jours qui viennet de seacutecoul~r On rase le crine
de lenfant Les cheveux sont donneacutes agrave la megravere qui ~s enterrera avec le
reste du cordon ombilical dans un endroit que11e esit seule agrave connattre
La megravere sassied sur une natte devant la maison Une femme igeacutee de la
famille prend le beacutebeacute dans ses bras et le preacutesente aux quatre coins de
lhorizon
La tante paternelle tient ensuite un van sur la tecircte de la megravere on y
verse le mil on y verse eacutegalement en abondance sur la megravere et sur
lenfant La tante oint ensuite le corps du beacutebeacute avec du lait e11e
touche en particulier le front t le nez la bouche la poitrine le dos
et les oreilles
Elle pose enfin un ~rain de sel dans la paume du beacutebeacute (le sel purifie
et deacutetruit les puissances mauvaises)
Apregraves un nouveau bain la megravere et lenfant revEcirctent des habits de fecircte
(est
lenfant Ce precircnore a toujours U~ SEns Il sy~bolise parfois C0 qUi
lOIl sounaitt agrave lEufant l)
La circoncision comme dans les autres ethnies est obligatoire Elle
permet au jeune adolescent dacceacuteder agrave la classe adulte Les jeunes
sont regroupes en classe dacircge dans le bois ougrave sc fait la r0tr~it0 des
circoncis et ceci pendant plusieurs mois
Le Selbeacute qui est geacuteneacuteralement un ancien craint de tous les eacutelegraveves
enseigne le respect de la hieacuterarchie la discreacutetion le goOt de linishy
tiative Les activiteacutes physiques et leacuteducation artistique ne sont pas
en reste la deacutecoration la sculpture la lutte et la danse A sa sortie
du bois linitieacute appartient deacutesormais agrave la classe des virils et des
sages du clan car on lui aura enseigneacute les vertus fondamentales que
sont la justice lhonneur lamour du prochain 1 amour du travail
lhonnecircteteacute et surtout le respect des coutumes ancestrales
Le rite du mariage esd aussi un fait tregraves important dans le monde 1
seacuteregravere mais par manq~e dinformation nous serons obligeacutes de nous en
tenir lagrave
333 Impact des ethos sur la lutte dans le monde seacuteregravere
Lorigine de la lutte seacuteregravere ne semble pas claire ma1S nous pouvons
dire quil existait deux formes de lutte comme chez les Wolofs une
lutte sans frappe et une lutte avec frappe Et cest cette derniegravere
qui peut-ecirctre nous ameacutenerait agrave croire que la lutte seacuteregravere aurait une
origine plus preacuteciseacutement guerriegravere
Aujourdhui la lutte est uniquement une activiteacute sportive agrave travers
laquelle le jeune seacuteregravere eacutevalue sa force son courage et SOn ingeacutenioshy
siteacute Cest une occasion de deacutefendre lhonneur de son village ou de
la corrnnunauteacute
La luttE ~5t avant tout u~e rnanifcs[dtic~ c~lturclie et surtout
fo lkhriqut-
Gracircce agrave elle on peut deacutesormais comprendre un certain nombre de chants
et de symboles A travers la lutte seacuteregravere on ccedilomprend les inter-relashy
tions entreacute la vie et le monde surntiturel
Sil devait y avoir la mort dun villageacuteois pendant la fecirctE au T qUE
de linterrompre on proceacutedait gracircce aux connaissances magico-religieuses
agrave la suspension de la mort jusquagrave une peacuteriode ougrave la population sera plus
disponible pour organiser des funeacuterailles sil y eacutetait preacutedit la possibishy
liteacute dune deacutefait du champion local au profit dun champion dun autre
village des recettes dordre maginque et religieux eacutetaient mises en prashy
tique afin que le champion du village ne soit jamais terrasseacute(J)
334 Le profil du lutteur seacuteregraver~
Le lutteur seacuteregravere est par essence un athlegravete impressionnant de par sa i
carrure et sa musculature saillante mais cest aussi une force tranquille
et calme quelque soit lenjeu du combagravet et particuliegraverement lhonneur
Cet aspect nous pousse agrave parler du NGiMBE cest-agrave-dire de la tenue du
lutteur qui va influencer sur sa faccedilon de lutter
La confection du Ngimbe revient agrave la communauteacute entiegravere Le Ngimbe a
une signification symbolique et le lutteur pour meacuteriter la confiance du
groupe se doit de tout faire pour ne pas toucher le sol Toute la commushy
nauteacute elle aussi sengage pour assurer la longeacuteviteacute et le succegraves du lutteur
dans laregravene par lorganisation droffrandes et de sacrifices en lhonneur
des Pangols bull
bull
Daucuns nheacutesitent pas agrave dire que lessentiel du mysticisme se fait agrave
la maison et non dans laregravene tout le reste nest quintimidation de
ladversaire
lsvcns
Tt- pi ~- t
t 1 ~ l _ ~ t
par rapport agrave lautre Cbci est trEgraves lieacute agrave lactiviteacute journaliegravere du
jeune seacuteregravere qui est un cultivateur donc toujours bien planteacute sur ses
jambes et qui continuellement manie lhiler
Le fait de couper le boi~ peut eacutegalement constituer un moyen de muscushy
lation non neacutegligeable pour le jeune lutteur
Un certain nombre de traits techniques speacutecifiques au lutteur seacuteregravere
semblent ressortir des diffeacuterentes interviews que nous aVOns fait subir
agrave certains lutteurs seacuteregraveres et agrave diffeacuterents techniciens
SOUS-GROUPES FORMES DU CORPS CONTROLES GARDES
SAFEN Moyenne en fente NONE Hancheacute Bras (distante) j
NDUTJ
f
SINE-SINE Deacutecalage Ngimbe
Moyenne
SALOUM-SALOUM Passage- Jambe (rapprocheacutee) 1
i
PETITE dessous Tecircte Basse et 1
COTE Moyenne (rapprocheacutee)
Notons que le Niominka ll commence agrave lutter agrave partir du sol pour avoir
assez deacutelan et sauter sur ladversaire afin davoir la prise du lion
(contr6le de la nuque et du bassin)
Co a -tem-nt ccedilt attitude du lutteur sEacuteregravere335 np -1t ~
Les croyances mystiques sont indissociables des activiteacutes quotidiennes
duseacuteregravere Ce qui explique le cocircteacute supersticieux du lutteur seacuteregravere En
~ffet certains lutteurs refusent de lutter avant certaines heures
Certains teacutemoignages nous apprennent quil nest pas donneacute agrave tout le
monde decirctre champion de lutte et que le lutteur doit avoir des dons
surnaturels pour ecirctre agrave mesure de livrer ses combats dans la nuit
et trouver seul un gris-gris speacutecial appeleacute Njatch
Le vrai champion de lutte chez les seacuteregraveres ne lutte pas seulement avec
~a force et sa technique mais surtout avec ses dons occultes
Chez les seacuteregraveres les morts sont toujours preacutesents et les ~pangols
Servent dintermeacutediaire entre les hommes et les morts Le pangol prend i
le nom dhumain dans certains villages (IIHeacuteJga NDONG Har Wag NGOUYE) i 1
De ce fait on verra le lutteur danser dufe maniegravere ou dune autre en
fonction du pangol de sa famille Ainsi nrus aurons le back (chant et
danse du lutteur) des DIOUF des FAYE etclbullbullbull
Dans laregravene le lutteur seacuteregravere a un comportement exemplaire aussi bien
agrave leacutegard de son adversaire direct quave~ le public en geacuteneacuteral Lexpli shy
cation semble tenir au fait que le lutteur seacuteregravere est avant tout selon
la tradition orale le repreacutesentant de toute la communauteacute seacuteregravere Par
conseacutequent il devra saffirmer non seulement en tant que lutteur dans
laregravene mais aussi en tant quentiteacute morale
336 La tenue du lutteur ou NGIMBE est confectionneacutee par le marabout de la
famille ou du clan Le Ngimbe est constitueacute de pagne en cCton tisseacute
Il doit ecirctre propre le lutteur qui le porte ne devra pas avoir de rapshy
port sexuel pendant toute la peacuteriode des cOTpeacutetitians car le Ngi~bE ne
doit pas ~tre souilleacute
Autrefois et mecircme aujourdthui dans certaines familles on devient
lutteur de pegravere en fils et dans ce cas le Ngimbe du pegravere est heacuteriteacute
par le fils Le fait de porter le Ngimbe de ses aieux peut susciter
chez le jeune lutteur une motivation et une volonteacute ineacutebranlable dtasshy
surer la supeacuterioriteacute d~s siens dans ltaregravene Il fera tout pour que le
Ngimbe de la ramille ne touche le sable
La tenue du lutteur a une signification et une importance sur le plan
mystique car selon les anciens le vra1 feacutetiche du lutteur celui qui
le proteacutegera et laidera agrave vaincre le nDjinne ou le tRapu de ladvershy
saire se trouve cacheacute dans ce Ngimbeu bull Celui qui confectionne donc le
Ngimbe U est doueacute de faculteacutes occultes
337 Larbitrase est assureacute par un sage du village qui geacuteneacuteralement fut
champion de lutte de son temps Dailleurs cet ancien nintervient que
si le terrassement est litigieux Hormis le public qui proclame la vicshy
toire ou le match nul le lutteur lui-mecircme est arbitre et il arrive
quil se deacuteclare vaincu
Nous avons pu cfter Meacutedoune KHOULE un desplus grands lutteurs seacuteneacutegashy
lais qui a donn~ une victoire agrave Djeacuteri SADIO son adversaire qui a reacuteussi
agrave lui faire touegraveher le sol de la main
IlL
34 1 Preacutesentation
Lethnie toucouleur vit En grandt partit ciE~~ la vallfc du S~~~gal
pt reprecircsente i peu pr~s 8 de la population totale secircn~galaise
o Histoire
Il semblerait que dans lancien royaume du Tekrour (IX~ siegravecle) des
eacuteleacutements neacutegroiumldes Sarakoleacute et des Peul aient formEacute par meacutetissage le
peuple Toucouleur (Toucouleur serait dailleurs une deacuteformation du
mot portugais Tacouror)
Ce empire a domineacute aussi bien les wolofs de lOuest que les Peul
nomades du Fouta Toro Cette reacutegion fut le premier pays islamiseacute par
les Almoravides ce qui peut expliquer le proseacutelytisme toucouleur
Ce sont les guerriers toucouleur islamiseacutes qui attaqu~rent avec les
Almoravides la capitale du Ghana Koumbi en 1067 On convertit par
la force les animistes Cest sans doute agrave cette eacutepoque que de nombreuses
ethnies reacutefractaires agrave lIslam ont dO accentuer leur migration vers
le sud (Seacuteregravere wolof Sarakoleacute Bambara Songhaiuml Akan et Peul se reacuteshy
fugiaient vers les hauteurs du Fouta Djalon)
Au XIXegrave siegravecle les Toucouleur allaient trouver en El Hadj Omar Tall
un grand conqueacuterent qui sous le preacutetexte religieux de la gJerre sainte
contre les tribus animistes (entre autres Bambara) eacutetendit lempire
toucouleur sur presque tout lensemble du gali et la partie de la Guineacutee
proche du l1ali
Lempire toucouleur composeacute de Sarakoleacute de Bambar~ de ~alinkeacute de
Xassonkeacute dE Peul et de Dogon eut le meurorit~ dunir CES diif~rentes ~ ~ - - - - - et~ics ~t dE CD~stituer l~Sl la b2S~ ~r 1
_ ~ ~ ~_ L ~
~ ~- ~- - - ---- _ 1 v _ t 1 ~-_ --
marabout tOL~culcuuml~ ~ middotlrrany a l ick SI venu des E1i rClS dE Pocior~ (
~ Vi~ euroconomicue et sociale -----------~-------------
Les Toucouleur sont des cultivateurs mais bien quils n~ soie~t pa~
pasteurs comrre les Peul leacutelevage a une place inportarteacute decirc1S ltur
eacutecono~ie Pour faciliter leur conquecircte guerriegraverE ils c~t Eucirc une preacuteshy
dilection pour leacutelevage des chevaux On y trouve aussi des pecirccheurs
appeleacutes Tchioubalo La socieacuteteacute toucouleur aurait une stratification
sociale tregraves rigide Les groupes ethniques et les castes eacutetaient
diffeacuterencieacutes et strictement exogamiques les Rimbe classe des nobles
comprenant la famille reacutegnante et les guerriers libres la classe des
Nieacutenieacutebegens de castes artisanales i les Rimaibeacute anciens esclaves
devenus serviteurs qui portent les noms de famille de leur maicirctres A
la base de lorganisation de la collectiviteacute toucouleur se situe le
village (Wouro)
Toutes ces castes sont cloisonneacutees entre elle~ Ainsi il nest pas
permis agrave un Torodo (noble) de se marier avec un Tchioubalo Ces
consideacuterations sont importantes dans le domaine de la lutte ougrave nous
apercevrons que les nobles ne sont pas faits pour lutter Le noble
preacutesidera les seacuteances de lutte et on luttera pour lui Ces condeacute rat ions
de noblesse et de rang social sont extrecircmement importantes dans le
monde toucouleur
Le noble ne doit pas se salir on lutte pour lui il ne vit la lutte
quen tant que spectateur
342 Education moeurs croyances et eratiques religieuses
Deux formes d~ducation sont agrave consideacuterer leacutedJcatio~ dES enfarts Et
celle des adultes
oG lenfant sait m2n~~r et apprfcier le goOt d~5 ~iifeurorents r~pas lt
le moment ougrave il CO~~e~CE agrave marcher
tivirt n~sormais le petit toucou]eur est eacuteduquf par toutmiddot 12 f2~i)]E
dabord puis par toutes lespersc~nes du village ou du C13~
Lenfant peut ~tre corrigeacute par tout adulte appartenant au groupe social
Son eacuteducation est deacutesormais laffaire de toute la communauteacute et non
exclusivement celle ces parents On linitie ainsi au travail quotidien
qui se fait dans la bergel~ e les champs et les bords du fleuve Au sein
du village il pourra apprendre agrave filer la laine et agrave tisser des pagnes
dans les champs il apprend agrave manier la houe et lhiler pour la culture
du riz et du mil Mais signalons que lactiviteacute essentielle du toucouleur
est leacutelevage des boeufs des moutons et des chegravevres Chez les Ichioushy
balos (p~cheurs ) lenfant sera initieacute tregraves tat au maniement des pagaies
agrave la p~che propremccedilnt dite et agrave la nage
Vers cinq-six ans lenfant est confieacute au maicirctre coranique le Ihierno
et ce dernier dispose exclusivement de toute sa vie Lavenir du jeune
enfant lui appartient
Comme dans les autres groupes ethniques les enfants sont regroupeacutes en
classe dacircge et cest dans cette structure que lenfant subit les rite
de passe et plus particuliegraverement celui de la circoncision
La circoncision est non seulement unE opeacuteration chirurgicale malS surshy
tout une peacuteriode au cours de laquelle le jeune garccedilon passe de leacutetat
dadolescent agrave leacutetat dadulte Les circoncis sont reacuteunis en classe
dacircge dans un endroit situeacute hors duvillage geacuteneacuteralement choisi par les
vieux Cet endroit n~st accessible que par des individus de SExe ffi8SCUshy
li~ ~ta~t au preacutealabl circoncis
- - - -
quable et complet sur le plan phy~ique et ~oral Ai~si liniti~
acquiert les qualitecircs indispensables que sont le courag~ la modest
lesprit de sacrifice lendurance
Le toucoule~r est un pleux musulma~ Cela sexp1
SOil le premier agrave tre en contact avec la religion musulmane de par sa
position frontaliegravere Lethnie toucouleur de par son histoire a preacutesenteacute
les plus grands chefs militaires et religieux musulmans seacuteneacutegalais Et
pour illustrer cela on peut citer en exemple la grande famille musulmane
des SY agrave TIVAOUANE repreacutesentant la confreacuterie des TIDJANES
Bien que lon note une majoriteacute musulmane on peut dire que certaines
croyances et pratiques mystiques et animistes persistent encore surtout
dans la reacutegion du fleuve
Une pratique courante se fait elle sappelle le Djatt Elle consiste
agrave faire sortir le caiman du fleuve agrave limmobiliser et agrave lattacher
sans quil ne reacuteagisse et tout ceci agrave laide de versets et dincantashy
tions magiques Dapregraves les teacutemoignages ces pratiques sont plutocirct
freacutequentes chez les Tchioubalos (pecirccheurs) Il arrive aussi que cershy
tains chasseurs ayant des dons se livrent agrave certaines pratiques an1shy
mis tes qui consistent agrave invoquer certaines puissances et agrave moduler sous
forme de chant des versets occultes pour se proteacuteger des mauvais esprits
et pour eacuteloigner les fauves Ce chant est geacuteneacuteralement incompreacutehensible
et deacutenueacute de sens pour le profane
343 Activiteacutes ludiques et pratiques sportives en milieu toucouleur
Durant toute son histoire lethnie ~oucouleur a toujours EacutetEacute Frese~teacute~
comme celle qui avait ue activit essentiellement guerr e e~ particushy
liegraverement farouche Trois eacuteleacutements ret r t l ecirc t te nt i c- euro so~t
le manie~~nt du ~acircton 12 luttE Et 1eacute danSE
l
Lecircducation ph~sique et artistique Dcc~pe un place precircpondecircra~rp
dans la fDrmat~on du jEune toucouleur A loccasion agraveeacutevegravenemen~ imporshy
tants reacutecoltJs mariages baptecircme nous assistons agrave des manifestashy
tions folkloriques de grande envergure le Wango oucirc dailse toucouleur
tregraves gymnique iles chants et surtout les sEacuteances de lutte
La lutte toucouleur est la forme de lutte la plus spectaclaire dans
tout le territoire seacuteneacutegalais Elle est essentiellement baseacutee sur des
techniques en hancheacute et surtout en souplesse Ceci sexplique par le
fait q~e le jeune toucouleur est tregraves tocirct initieacute agrave la gymnastique (saut 1
per saut de main salto arriegravere saut de tecircte couronneacute etc bullbullbull ) pour
la dans~ du wa~go En dansant le wango qui est une danse rythmeacutee et
gymnique le Jeune toucou1eur est capable de prouesses extraordinaires
1
En lutte lattaquant se deacuteplace tregraves peu pour avoir une bonne saisie
(geacuteneacutera~ement controcircle du Ngimben ) et enchaine brusqueme~t avec une
attaque surpris~ Cependant les ripostes sont souvent surprenantes et
spectaculaires (baseacutees sur la souplesse et la rapiditeacute) ontrairement
aux autr~s form~s de luttes ougrave lon voyait tous les jeune adheacuterer la
lutte to~cou1eur Verra un groupe de speacutecialistes sadonne agrave la lutte 1
(la lutte est lieacutee agrave la position sociale de lindividu problegraveme de
caste)
Q La morphologie du lutteur toucou1eur 1
1 1
Ce dernier nest pas aussi large et aussi fort que les lutteurs diola
et seacuteregravere Cependant il est tregraves reacutesistant La musculatJre est saillante 1
et tregraves souple lindividu est longiligne mais tregraves athleacutetique
Les mouvements de lutteurs sont semblables agrave ceux dun grand fe1in Cette 1
morphologie semble ecirctre lieacutee agrave la position geacuteographique de lethnie
(reacutegion du fleuve) et agrave lacitiviteacute socio-eacuteconomique du toucouleur qui
est agrave la fois cultivateur (activiteacute lieacutee agrave la crue et deacutecrUE du fleuve)
pecirccheuro~T CIcr~icubaon) et sttout jEumlrgcr qui est U~ rc~2eumlr
shy
Deux formes egrave~ corps sembl~nt ecirctre preacutefeacutereacutees du lutteur toucouleur
le hancheacute et la souplesse Les hancheacutes sont faits agrave partir de plusieurs
positions de doset se terminent geacuteneacuteralement par des techniques de
tregraves grande amplitude
TABLEAU RECAPITULATIF DES TECHNIQUES ET FORMES DE CORPS SPECIFIQUES
i
L441 r
GARDE FORMES DU CORPS CONTROLES --shy - -
Moyenne Souplesse Ngimbe
Hancheacute bras
Demi-souplesse
1
Profil psycholosigue 1
TECHNIQUES
ContrOle du bassin et 12 souplesse
arriegravere
Klicket et allegravegement de la hanche
Le lutteur toucouleur est celui lUi se livre le moins aux preacuteparaqons
maraboutiques Cela est dO au f~t que le toucouleur est un grand ~USUlshyman et que les pratiques animisges ont presque disparu dans ce mil~eu
Dans la pratique le lutteur esJ combaif mais il est calme et tr~s reacutefleacutechi quant agrave la deacutecision agrave prendre en plein corps agrave corps ct~st un des seuls techniciens qui reJte tregraves lucide au cours de ses comb~ts
l Dans toutes les circonstances e lutteur toucouleur est tenu de re~pecshyter son adversaire et ceux de s4n eacutequipemecircme sil est vaincu
Comme nous avons dO nous en rendre compte la rigueur des principes
eacuteducationnels a une influence tregraves sensible sur l~ comportement du
toucouleur
i
III S COCL ~s 1DO
Dans cette partie nous avons essay~ de montrer lftroite re1atic~
Entre les diverses activiteacutes socio-eacuteconomiques dans les ethnies et
lES diffEacuterentes faccedilons de lutter
Daucuns seraient tent~s de conclure trop rapidement et cest p0~r
cette raison que nOUS avons penseacute preacuteciser que le pheacutenotype nest
pas geacuteneacuterateur du geacutenotype Et nous sommes convaincus que la morphoshy
logie et les techniques des lutteurs relegravevent de leurs modes de vie
et de leurs croyances agrave une eacutepoque et danE un contexte bien deacutetermishy
neacutes
Est-ce que les lutteurs dio1a ou seacuteregravere travaillant avec leurs bras
dans les champs auraient les mecircmes pr 0 fil s physiques que les lutteurs
utilisant des machines pour lagriculture
- 69 shy
I UJOURDH~1 E-S ut O[l LES FORfilS Ut LU11t~
~otons que notre enqu~te a ecirctE essentiellement faiteen milieu urbain
Les seacuteances de lutte ont tendance agrave perdre leur particulariteacute de r~shy
jouissance pour devenir des pheacutenomegravenes de sportisatio Deux fores
de luttes so~t principale~cnt prat s dans les aregrave~es du 5 al
la lutte traditiunnelle simple et la lutte traditionnelle avec frappe
De nos jours la lutte traditionnelle tend vers une reacuteglementation
et une institutionalisation
Le reacutesultat de nos investigations nous donne le tableau ci-dessous
REPARTITION ETHNIQUE SUR 100 PRATIQUANTS
LUTTE LUTTE RAPPORTETHNIES SANS FRAPPE AVEC FRAPPE J2
Diola 40 16 71 j
Seacuteregravere 26 21 57
Toucouleur 23 10 69
Wolof 1 1 53 17
La demande sociale par ordre deacutecroissant pour la lutte sans frappe
se preacutesente comrre suit
]0_ Ethnie diola avec pregraves de 3 lutteur~ sur 4
2deg_ Ethnie toucouleur
Ethri dun
~ 1 LA LUTTE TR])IIIO~~ELLE AVEC H-PPE
Cette forme deacute lutte a une histoire qui date de lantiquiteacute elle
sa~pelait le Pugilat Au Seacuteneacutegal elle a vu le jour dans le Cayor
bien avant la colonisation Le coup dE pied l~Lrdn~lement la morshy
sure la frappe et le doigtf eacutetaient permis dans le cc=bat ~ ~middot~p0~~e
Dans certains cas la giffle eacutetait beaucoup plus dangereuse que le
poing quand elle eacutetait donneacutee par un speacutecialiste Cette giffle pouvait
agrave elle seule deacutechirer et mecircme parfois amputer la joue de ladverser
Selon les informations la lutte avec frappede nos jours serait une
forme de lutte tregraves eupheacutemiseacutee de celle dantan ougrave une blessure
pouvait souvent ecirctre mortelle
Aujourdhui au niveau du folklore la lutte na plus la mecircme
le spectaculaire a remplaceacute le significatif iLa lutte avec frappe se 1
pratique surtout dans les centres urbains C~aque fois quun grand combat 1
est progra~eacute par le Comiteacute National Proviso~re (CNP) des centaines damashy
teurs sont mobiliseacutes vers le stade lba Mar D~OP qui est aujourdhui le i
lieu approprieacute ougrave se deacuteroulent les grands conkbats de lutte Cest la formE
de lutte qui semble drainer une foule de personnes beaucoup plus importante
que celle de la lutte simple
La lutte avec frappe deacuteriverait dune forme de lutte traditionnelle
pratiqueacutee jadis dans le Cayor au temps des Damels et la frappe serait
le substitut dun certain nombre de pratiques doigteacute jet de produits
etc bullbullbull dont le but eacutetait laveuglement de ladversaire La lutte avec
frappe serait une continuation logique dune carriegravere sportive de la
lutte traditionnelle qui sen sert comme moyen socio-eacuteconomique En
effet la majoriteacute des lutteurs avec frappe ont dabord eacuteteacute initieacutes agrave la
lutte simple Cependant il faut signaler que de nOS jours il arrive
que le jeune lutteur avec frappE- soit directenent formEacute conne speacutecialistE
agrave la frappe sa~s pour autant faire son chemin dabcrd egravea~s la lutte
- ~ shy
Le recircsultat dE ~os interviews ncus rec~trE qGune pcpulatiD~ divcrsishy
fiampe sint~resse agrave ce sport et qUE les intecircr~[s des uns et d~SlautrE~
semble~t divergents naucuns affirment que la lutte traditionnelle
avec frappe serait monteacutee par des personnes dont la vocation est dexshy
ploiter ce pheacuteLomegravene agrave des fins commerciales Dautres disent gJellegrave
jouit de mcyens irport~nts t[l[~isio
tation etc bullbullbull ) pour toucher toutes les couches sociales CEpe~~a~t
nous remarquons que mecircme si certaines personnes reprochent agrave cette
forme de lutte decirctre brutale ces mecircmes personnes nheacutesitent pas agrave
se rendre le dimanche agrave laregravene Bien que critiqueacutee elle semble ecirctre
adopteacutee par une tregraves grande partie de la population seacuteneacutegalaise Cepenshy
dant en tant que techniciens il nous est permis de faire une remarque
Il sagit de
- Limpression nette decirctre devant des professionnels de la frappe
qui sont ~ntratneacutes pour cela Dailleurs les propos que nous avons
recueilli~ nous prouvent que la plupart des champions de lutte avec 1
frappe s~ntratnent dans certains sports de combat tels ~ue la boxe i 1
le karateacute le judo Dans cette nouvelle forme de pratique de la lutte
contrairefuent agrave la lutte traditionnelle le technicien e~t souvent
perdant face au puncheur Ce dernier adopte une lutte agrave distance qui
lui permet de placer agrave bon escient ses coups animeacute du deacutesir de vaincre
Le technicien lui se voit contreacute dans toutes ses entreprises par
un uppercut ou un crochet
On peut dire cependant que nul sport au Seacuteneacutegal que la lutte tradishy
tionnelle avec frappe ne deacutechaicircne autant de passions et autant de
pheacutenomegravenes poussant agrave lexcegraves et deacutereacuteglements quon ne peut que deacuteplorer
Mais comment deacutecrier un spectacle de lutte qui bien quayant perdu la
presque totaliteacute des valeurs traditionnelles veacutehiculeacutees autrefois par
elle sait susciter une participation effective de tous ceux qui sont
preacutesents
CONCLUSION
Dans ce meacutemoire nous sommes efforceacutes ~e faire ressort ir limportance des
ethos et des habitus et leurs effets sur la pratique de la lutte tradishy
tionnelle au Seacuteneacutegal
L~b egravethos repr~sentent dune maniegravere g~neurorale tous les eacuteleacutements speacutec
fiques sux Seacuteneacutegalais par conampeacuteguent un systegraveme de valeurs traditionnellEs
Mais m~me si ces valeurs rev~tent une signification universelle (honneur
digniteacute courage etc bullbullbull ) il nen demeure pas moins que ce nest pas leur
nature qui fait leur speacutecificiteacute mais la hieacuterarchisation et limportance i
quon accorde agrave toutes ces valeurs de ~ar leacuteducation ou la culture
i 1
Aussi les valeurs traditionnelles puient leur speacutecificiteacute dans les
caracteacuteristiques propres aux eacuteleacutements ~e la socio-cu1ture (la technologie
et leacuteconomie la politique et la pareteacute la psychologie et lideacuteologie)
dans la socieacuteteacute seacuteneacutegalaise agrave n momen donneacute de son eacutevolution Cest i
dire la neacuteceesiteacute de ne point faire della valeur une reacutealiteacute statique
Cest dite aussi quagrave tout mome~t le ~eacuteneacutegalais peut eacutevoluer et creacuteer
ou vivre par conseacutequent de nouv~lles fprmes de valeur qui lui sont 1
propres ft (J)
La lutte traditionnelle veacutehiculant deS valeurs socio-cu1ture1les speacutecishy
fiquement seacuteneacutegalaises (croyances valeurs morales norme de comportement
opinion attitude bullbullbull ) devient un eacuteleacutement important qui tregraves certaiaement
nous aidera dans notre effort de valoriser et de peacuterenniser notre patri shy
moine culturel par le biais dactiviteacutes physiques et sportives
Leacutetude des habitus nous permet de prouver quil y a plusieurs faccedilons
de se mouvoir comme danser lutter bullbullbull qui varient avec les diffeacuterentes
ethnies (wolof toucouleur seacuteregravere diolagt leurs convenances et leurs
eacuteducations
(1) Revue Ethiopiques 31 Les valeurs traditionnelles et le problegraveme de leur inteacutegration dans les systegravemes modernes jtducatio-1 2 6r--70
nautre part cette eacutetude permet aussi de nous rendrE compte de la
correacutelatipn eacutetroite existant entre la pratique de la lutte traditionnelle
et le sta~ut socio-eacuteconomique du pratiquant
Nos inves~igations nous indiquent que la lutte recrute essentiellement
au niveau des classes socio-eacuteconomiques situeacutees en bas de leacutechelle
donc posseacutedant le statut social le moins favoriseacute La lutte avec frappe
-et un certain secteur commercialiseacute de la lutte simple- y trouve sa
leacutegitimiteacute Comme le dit BOURDIEU nA habitus diffeacuterents styles de Vle
divergents et il oppse les pratiques aristocpatiques correspondants agrave
des activiteacutes qui favorisent les situations eupheacutemiseacutees ougrave la stylisashy
tion est importante aux pratiques populaires qui font appel agrave des
qualiteacutes qpposeacutees bllutes rugueuses Certaines interviews nous
montrent que plus lindividu occupe une place eacuteleveacutee dans leacutechelle
sQciale e~ 1
moin$ il sinteacuteresse agrave la lutte
Les reacutesultats recueillis dans nos diverses investig~tions confirment 1 1
1er propos qui disent que nous assistons aujourdhu~ agrave une involution
de la lutte traditionnelle parce que perdant toutes ses speacutecificiteacutes au 1
pryfit d~ne autre forme de lutte que lon continue agrave appeler nostalshy
giqlementIIlutte traditionnelle
Ceci pourrait peut-~tre trouver une explication dan la citation suivante
La liberteacute de creacuteer dinnover de vivre Pleineinenf decirctre soi et de
preacuteserver son authenticiteacute la digniteacute et lhonneu1demeurent des illushy
sions dans la misegravere eacuteconomique~ Nos ancecirctres creacuteai~nt des valeurs de cishyl
vilisation parce quils eacutetaient libres parce qu1i~s ignoraient toute
deacutependance eacuteconomique ils cultivaient en eux et cbez leurs enfants le 1
Jorn et la Kersa et preacutefeacuteraient la mort agrave la hoJte lI (1)
Or le Seacuteneacutegal comme la plupart des pays africainsi est un pays sousshy
deacuteveloppeacute t cependant face agrave cette volonteacute du gou~ernement seacuteneacutegalais
de faire inteacutegrer dans leacuteducation des valeurs traditionnelles nous
pouvons espeacuterer utiliser comme moyen deacuteducation la lutteacute traditionnelle
qui reste quand mecircme vecteur jethos et dhabit~s
- 54 shy
Mecircme si lon a noteacute un appauvrissement notoire sur les plans socioshy
culturel et moral la lutte traditionnelle recegravele une gamme importante
et varieacutee de techniques permettant incontestablement une ouverture vers
les luttes olympiques libre et g~eacuteco-romaine
La lecture de ce meacutemoire permettra agrave lentratneur et au professeur de
lutte en fonction du lieu ougrave ils seront affecteacutes dans le territoire
seacuteneacutegalaisdavoir une information sur les techniques contrOles et
formes de corps propres agrave chaque groupe ethnique et de les mettre en
relation avec leurs croyances et leurs mentaliteacutes
Nous avons essayeacute de montrer que la pratique de la lutte traditionnelle
doit tre axeacutee sur une ethnomotriciteacute au Seacuteneacutegal qui permette une inishy
tiation facile Cette pratique de la lutte traditionnelle seacuteneacutegalaise
devra dailleurs essayer de ~eacutepondre aux aspirations du Seacuteneacutegalaisl
moderne en souvrant aux ap~orts positifs des autres civilisations
ex~eacuterieures nous voulons Jvidemment parler du judo et des luttes oiymshyJ
piques 1
1 j Nous navons pas la preacutetentfon dans le cadre de ce meacutemoire demattrise
de reacutepondre agrave toutes les qutstions se rattachant agrave leacutetude de ~a lutte
traditionnelle souslangle~socio-culturel car non seulement il nous
manque lexpeacuterience et la c peacutetence en la mati~re mais aussil l le temps
et les moyens dont nous dis osions ne nous permettaient pas d~puiser le 1sujet i
1 1 1 t 1
l
- )5 shy
BIBLIOGRAPHIE
BIBLIOGRAPHIE
1- CLAPAREDE Psychologie de leacuteducation et peacutedagogie expeacuterimentale
Edition Delachaux et Niestleacute 244 pages
2- POCIELLC Christian Sport et Socieacuteteacute approche socio-culturelle
des pratiques Paris Vigot 1981 377 pages
3- PIERON Henri Vocabulaire de la psychologie
PUF Deuxiegraveme eacutedition 1957 469 pages
4- Revue socialiste de culture neacutegro-africaine ETHIOPIQUES
Les valeurs traditionnelles et le problegraveme de leur inteacutegration
dans les systegravemes modernes deacuteducation
GIA 21 Juillet 1982 213 pages
5- N2 Revue du Centre dEtudedes Civilisations DEM ak TEY
NIS IVegrave Trimestre 1982 96 pages
6- Document lNSEP Colloque sur la lutte aeacuteregravere
DAKAR MAI-JUIN 1980
t 1
~- Travaux du IVegrave Congregraves National ~es Sports agrave DAKAR les 2223041981
Bulletin n2 91 du CIO du 15 Aont 1965
l____________________________
8- Meacutemoire de Mattrise BADJI Abdou La lutte traditionnelle Joola
Etude et perspective
9- Meacutemoire Inspectorat JS DJITTE Mandy Les pratiques corporelles
traditionnelles au Seacuteneacutegal pour leur exploitation et leur
utilisation en peacutedagogie Marly le Roi 1980
REPUBLIQUE DU SENEGAL
--------------- INSTITUT NATIONAL SUPERIEUR
MINISTERE DE LA JEUNESSE DE LrsquoEDUCATION POPULAIRE
ET DES SPORTS ET DU SPORT
-------------
(INSEPS)
MEMOIRE DE MAIcircTRISE
Es-SCIENCES ET TECHNIQUES
DE LrsquoACTIVITE PHYSIQUE ET DU SPORT
LA LUTTE TRADITIONNELLE
son importance sa signification en fonction des ethos et des habitus ethniques au Seacuteneacutegal
Preacutesenteacute par
Monsieur Joseph Victor FAYE
Sous la direction de
M Jean Marc ROCHEZ
Professeur agrave lrsquoINSEPS
Anneacutee de soutenance 1984
On lui mouille les l~vres avec un peu d~ lait de mil et apr~s U~ bain
purificateur on versera leau dans un trou cr~us~ derri~r~ la Camp~~
Pendant huit jours la megravere et lenfant sont cacheacutes dans la case car
selon les anciens ils sont tregraves vulneacuterables La case deacutens certains cas
est entoureacutee dun fil blanc et lon place sur le seuil des fais(cauy di
veacutegeacutetaux pour chasser les mauvais esprits (geacutenies malfaisants et illangeUY~
dacircmes) Au bout du huitiegraveme jour la megravere et lenfant peuvent sortir de
la case bull
bullbullbull Le matin du huitiegraveme jour la tante paternelle va chercher de leau
(plusieurs fois)t elle doit rester muette pendant ses alleacutees et venues
si elle parlait t lenfant pourrait ecirctre muet bullbullbull
La megravere et lenfant prennent un bain purificateur dans lequel sont
trempeacutees certaines plantes (ce sont des veacutegeacutetaux pr~tecteurs tels le
begravene le yag le ngud) On y lavera aussi le linge e1t les ustensiles utishyj
liseacutes pendant les huit jours qui viennet de seacutecoul~r On rase le crine
de lenfant Les cheveux sont donneacutes agrave la megravere qui ~s enterrera avec le
reste du cordon ombilical dans un endroit que11e esit seule agrave connattre
La megravere sassied sur une natte devant la maison Une femme igeacutee de la
famille prend le beacutebeacute dans ses bras et le preacutesente aux quatre coins de
lhorizon
La tante paternelle tient ensuite un van sur la tecircte de la megravere on y
verse le mil on y verse eacutegalement en abondance sur la megravere et sur
lenfant La tante oint ensuite le corps du beacutebeacute avec du lait e11e
touche en particulier le front t le nez la bouche la poitrine le dos
et les oreilles
Elle pose enfin un ~rain de sel dans la paume du beacutebeacute (le sel purifie
et deacutetruit les puissances mauvaises)
Apregraves un nouveau bain la megravere et lenfant revEcirctent des habits de fecircte
(est
lenfant Ce precircnore a toujours U~ SEns Il sy~bolise parfois C0 qUi
lOIl sounaitt agrave lEufant l)
La circoncision comme dans les autres ethnies est obligatoire Elle
permet au jeune adolescent dacceacuteder agrave la classe adulte Les jeunes
sont regroupes en classe dacircge dans le bois ougrave sc fait la r0tr~it0 des
circoncis et ceci pendant plusieurs mois
Le Selbeacute qui est geacuteneacuteralement un ancien craint de tous les eacutelegraveves
enseigne le respect de la hieacuterarchie la discreacutetion le goOt de linishy
tiative Les activiteacutes physiques et leacuteducation artistique ne sont pas
en reste la deacutecoration la sculpture la lutte et la danse A sa sortie
du bois linitieacute appartient deacutesormais agrave la classe des virils et des
sages du clan car on lui aura enseigneacute les vertus fondamentales que
sont la justice lhonneur lamour du prochain 1 amour du travail
lhonnecircteteacute et surtout le respect des coutumes ancestrales
Le rite du mariage esd aussi un fait tregraves important dans le monde 1
seacuteregravere mais par manq~e dinformation nous serons obligeacutes de nous en
tenir lagrave
333 Impact des ethos sur la lutte dans le monde seacuteregravere
Lorigine de la lutte seacuteregravere ne semble pas claire ma1S nous pouvons
dire quil existait deux formes de lutte comme chez les Wolofs une
lutte sans frappe et une lutte avec frappe Et cest cette derniegravere
qui peut-ecirctre nous ameacutenerait agrave croire que la lutte seacuteregravere aurait une
origine plus preacuteciseacutement guerriegravere
Aujourdhui la lutte est uniquement une activiteacute sportive agrave travers
laquelle le jeune seacuteregravere eacutevalue sa force son courage et SOn ingeacutenioshy
siteacute Cest une occasion de deacutefendre lhonneur de son village ou de
la corrnnunauteacute
La luttE ~5t avant tout u~e rnanifcs[dtic~ c~lturclie et surtout
fo lkhriqut-
Gracircce agrave elle on peut deacutesormais comprendre un certain nombre de chants
et de symboles A travers la lutte seacuteregravere on ccedilomprend les inter-relashy
tions entreacute la vie et le monde surntiturel
Sil devait y avoir la mort dun villageacuteois pendant la fecirctE au T qUE
de linterrompre on proceacutedait gracircce aux connaissances magico-religieuses
agrave la suspension de la mort jusquagrave une peacuteriode ougrave la population sera plus
disponible pour organiser des funeacuterailles sil y eacutetait preacutedit la possibishy
liteacute dune deacutefait du champion local au profit dun champion dun autre
village des recettes dordre maginque et religieux eacutetaient mises en prashy
tique afin que le champion du village ne soit jamais terrasseacute(J)
334 Le profil du lutteur seacuteregraver~
Le lutteur seacuteregravere est par essence un athlegravete impressionnant de par sa i
carrure et sa musculature saillante mais cest aussi une force tranquille
et calme quelque soit lenjeu du combagravet et particuliegraverement lhonneur
Cet aspect nous pousse agrave parler du NGiMBE cest-agrave-dire de la tenue du
lutteur qui va influencer sur sa faccedilon de lutter
La confection du Ngimbe revient agrave la communauteacute entiegravere Le Ngimbe a
une signification symbolique et le lutteur pour meacuteriter la confiance du
groupe se doit de tout faire pour ne pas toucher le sol Toute la commushy
nauteacute elle aussi sengage pour assurer la longeacuteviteacute et le succegraves du lutteur
dans laregravene par lorganisation droffrandes et de sacrifices en lhonneur
des Pangols bull
bull
Daucuns nheacutesitent pas agrave dire que lessentiel du mysticisme se fait agrave
la maison et non dans laregravene tout le reste nest quintimidation de
ladversaire
lsvcns
Tt- pi ~- t
t 1 ~ l _ ~ t
par rapport agrave lautre Cbci est trEgraves lieacute agrave lactiviteacute journaliegravere du
jeune seacuteregravere qui est un cultivateur donc toujours bien planteacute sur ses
jambes et qui continuellement manie lhiler
Le fait de couper le boi~ peut eacutegalement constituer un moyen de muscushy
lation non neacutegligeable pour le jeune lutteur
Un certain nombre de traits techniques speacutecifiques au lutteur seacuteregravere
semblent ressortir des diffeacuterentes interviews que nous aVOns fait subir
agrave certains lutteurs seacuteregraveres et agrave diffeacuterents techniciens
SOUS-GROUPES FORMES DU CORPS CONTROLES GARDES
SAFEN Moyenne en fente NONE Hancheacute Bras (distante) j
NDUTJ
f
SINE-SINE Deacutecalage Ngimbe
Moyenne
SALOUM-SALOUM Passage- Jambe (rapprocheacutee) 1
i
PETITE dessous Tecircte Basse et 1
COTE Moyenne (rapprocheacutee)
Notons que le Niominka ll commence agrave lutter agrave partir du sol pour avoir
assez deacutelan et sauter sur ladversaire afin davoir la prise du lion
(contr6le de la nuque et du bassin)
Co a -tem-nt ccedilt attitude du lutteur sEacuteregravere335 np -1t ~
Les croyances mystiques sont indissociables des activiteacutes quotidiennes
duseacuteregravere Ce qui explique le cocircteacute supersticieux du lutteur seacuteregravere En
~ffet certains lutteurs refusent de lutter avant certaines heures
Certains teacutemoignages nous apprennent quil nest pas donneacute agrave tout le
monde decirctre champion de lutte et que le lutteur doit avoir des dons
surnaturels pour ecirctre agrave mesure de livrer ses combats dans la nuit
et trouver seul un gris-gris speacutecial appeleacute Njatch
Le vrai champion de lutte chez les seacuteregraveres ne lutte pas seulement avec
~a force et sa technique mais surtout avec ses dons occultes
Chez les seacuteregraveres les morts sont toujours preacutesents et les ~pangols
Servent dintermeacutediaire entre les hommes et les morts Le pangol prend i
le nom dhumain dans certains villages (IIHeacuteJga NDONG Har Wag NGOUYE) i 1
De ce fait on verra le lutteur danser dufe maniegravere ou dune autre en
fonction du pangol de sa famille Ainsi nrus aurons le back (chant et
danse du lutteur) des DIOUF des FAYE etclbullbullbull
Dans laregravene le lutteur seacuteregravere a un comportement exemplaire aussi bien
agrave leacutegard de son adversaire direct quave~ le public en geacuteneacuteral Lexpli shy
cation semble tenir au fait que le lutteur seacuteregravere est avant tout selon
la tradition orale le repreacutesentant de toute la communauteacute seacuteregravere Par
conseacutequent il devra saffirmer non seulement en tant que lutteur dans
laregravene mais aussi en tant quentiteacute morale
336 La tenue du lutteur ou NGIMBE est confectionneacutee par le marabout de la
famille ou du clan Le Ngimbe est constitueacute de pagne en cCton tisseacute
Il doit ecirctre propre le lutteur qui le porte ne devra pas avoir de rapshy
port sexuel pendant toute la peacuteriode des cOTpeacutetitians car le Ngi~bE ne
doit pas ~tre souilleacute
Autrefois et mecircme aujourdthui dans certaines familles on devient
lutteur de pegravere en fils et dans ce cas le Ngimbe du pegravere est heacuteriteacute
par le fils Le fait de porter le Ngimbe de ses aieux peut susciter
chez le jeune lutteur une motivation et une volonteacute ineacutebranlable dtasshy
surer la supeacuterioriteacute d~s siens dans ltaregravene Il fera tout pour que le
Ngimbe de la ramille ne touche le sable
La tenue du lutteur a une signification et une importance sur le plan
mystique car selon les anciens le vra1 feacutetiche du lutteur celui qui
le proteacutegera et laidera agrave vaincre le nDjinne ou le tRapu de ladvershy
saire se trouve cacheacute dans ce Ngimbeu bull Celui qui confectionne donc le
Ngimbe U est doueacute de faculteacutes occultes
337 Larbitrase est assureacute par un sage du village qui geacuteneacuteralement fut
champion de lutte de son temps Dailleurs cet ancien nintervient que
si le terrassement est litigieux Hormis le public qui proclame la vicshy
toire ou le match nul le lutteur lui-mecircme est arbitre et il arrive
quil se deacuteclare vaincu
Nous avons pu cfter Meacutedoune KHOULE un desplus grands lutteurs seacuteneacutegashy
lais qui a donn~ une victoire agrave Djeacuteri SADIO son adversaire qui a reacuteussi
agrave lui faire touegraveher le sol de la main
IlL
34 1 Preacutesentation
Lethnie toucouleur vit En grandt partit ciE~~ la vallfc du S~~~gal
pt reprecircsente i peu pr~s 8 de la population totale secircn~galaise
o Histoire
Il semblerait que dans lancien royaume du Tekrour (IX~ siegravecle) des
eacuteleacutements neacutegroiumldes Sarakoleacute et des Peul aient formEacute par meacutetissage le
peuple Toucouleur (Toucouleur serait dailleurs une deacuteformation du
mot portugais Tacouror)
Ce empire a domineacute aussi bien les wolofs de lOuest que les Peul
nomades du Fouta Toro Cette reacutegion fut le premier pays islamiseacute par
les Almoravides ce qui peut expliquer le proseacutelytisme toucouleur
Ce sont les guerriers toucouleur islamiseacutes qui attaqu~rent avec les
Almoravides la capitale du Ghana Koumbi en 1067 On convertit par
la force les animistes Cest sans doute agrave cette eacutepoque que de nombreuses
ethnies reacutefractaires agrave lIslam ont dO accentuer leur migration vers
le sud (Seacuteregravere wolof Sarakoleacute Bambara Songhaiuml Akan et Peul se reacuteshy
fugiaient vers les hauteurs du Fouta Djalon)
Au XIXegrave siegravecle les Toucouleur allaient trouver en El Hadj Omar Tall
un grand conqueacuterent qui sous le preacutetexte religieux de la gJerre sainte
contre les tribus animistes (entre autres Bambara) eacutetendit lempire
toucouleur sur presque tout lensemble du gali et la partie de la Guineacutee
proche du l1ali
Lempire toucouleur composeacute de Sarakoleacute de Bambar~ de ~alinkeacute de
Xassonkeacute dE Peul et de Dogon eut le meurorit~ dunir CES diif~rentes ~ ~ - - - - - et~ics ~t dE CD~stituer l~Sl la b2S~ ~r 1
_ ~ ~ ~_ L ~
~ ~- ~- - - ---- _ 1 v _ t 1 ~-_ --
marabout tOL~culcuuml~ ~ middotlrrany a l ick SI venu des E1i rClS dE Pocior~ (
~ Vi~ euroconomicue et sociale -----------~-------------
Les Toucouleur sont des cultivateurs mais bien quils n~ soie~t pa~
pasteurs comrre les Peul leacutelevage a une place inportarteacute decirc1S ltur
eacutecono~ie Pour faciliter leur conquecircte guerriegraverE ils c~t Eucirc une preacuteshy
dilection pour leacutelevage des chevaux On y trouve aussi des pecirccheurs
appeleacutes Tchioubalo La socieacuteteacute toucouleur aurait une stratification
sociale tregraves rigide Les groupes ethniques et les castes eacutetaient
diffeacuterencieacutes et strictement exogamiques les Rimbe classe des nobles
comprenant la famille reacutegnante et les guerriers libres la classe des
Nieacutenieacutebegens de castes artisanales i les Rimaibeacute anciens esclaves
devenus serviteurs qui portent les noms de famille de leur maicirctres A
la base de lorganisation de la collectiviteacute toucouleur se situe le
village (Wouro)
Toutes ces castes sont cloisonneacutees entre elle~ Ainsi il nest pas
permis agrave un Torodo (noble) de se marier avec un Tchioubalo Ces
consideacuterations sont importantes dans le domaine de la lutte ougrave nous
apercevrons que les nobles ne sont pas faits pour lutter Le noble
preacutesidera les seacuteances de lutte et on luttera pour lui Ces condeacute rat ions
de noblesse et de rang social sont extrecircmement importantes dans le
monde toucouleur
Le noble ne doit pas se salir on lutte pour lui il ne vit la lutte
quen tant que spectateur
342 Education moeurs croyances et eratiques religieuses
Deux formes d~ducation sont agrave consideacuterer leacutedJcatio~ dES enfarts Et
celle des adultes
oG lenfant sait m2n~~r et apprfcier le goOt d~5 ~iifeurorents r~pas lt
le moment ougrave il CO~~e~CE agrave marcher
tivirt n~sormais le petit toucou]eur est eacuteduquf par toutmiddot 12 f2~i)]E
dabord puis par toutes lespersc~nes du village ou du C13~
Lenfant peut ~tre corrigeacute par tout adulte appartenant au groupe social
Son eacuteducation est deacutesormais laffaire de toute la communauteacute et non
exclusivement celle ces parents On linitie ainsi au travail quotidien
qui se fait dans la bergel~ e les champs et les bords du fleuve Au sein
du village il pourra apprendre agrave filer la laine et agrave tisser des pagnes
dans les champs il apprend agrave manier la houe et lhiler pour la culture
du riz et du mil Mais signalons que lactiviteacute essentielle du toucouleur
est leacutelevage des boeufs des moutons et des chegravevres Chez les Ichioushy
balos (p~cheurs ) lenfant sera initieacute tregraves tat au maniement des pagaies
agrave la p~che propremccedilnt dite et agrave la nage
Vers cinq-six ans lenfant est confieacute au maicirctre coranique le Ihierno
et ce dernier dispose exclusivement de toute sa vie Lavenir du jeune
enfant lui appartient
Comme dans les autres groupes ethniques les enfants sont regroupeacutes en
classe dacircge et cest dans cette structure que lenfant subit les rite
de passe et plus particuliegraverement celui de la circoncision
La circoncision est non seulement unE opeacuteration chirurgicale malS surshy
tout une peacuteriode au cours de laquelle le jeune garccedilon passe de leacutetat
dadolescent agrave leacutetat dadulte Les circoncis sont reacuteunis en classe
dacircge dans un endroit situeacute hors duvillage geacuteneacuteralement choisi par les
vieux Cet endroit n~st accessible que par des individus de SExe ffi8SCUshy
li~ ~ta~t au preacutealabl circoncis
- - - -
quable et complet sur le plan phy~ique et ~oral Ai~si liniti~
acquiert les qualitecircs indispensables que sont le courag~ la modest
lesprit de sacrifice lendurance
Le toucoule~r est un pleux musulma~ Cela sexp1
SOil le premier agrave tre en contact avec la religion musulmane de par sa
position frontaliegravere Lethnie toucouleur de par son histoire a preacutesenteacute
les plus grands chefs militaires et religieux musulmans seacuteneacutegalais Et
pour illustrer cela on peut citer en exemple la grande famille musulmane
des SY agrave TIVAOUANE repreacutesentant la confreacuterie des TIDJANES
Bien que lon note une majoriteacute musulmane on peut dire que certaines
croyances et pratiques mystiques et animistes persistent encore surtout
dans la reacutegion du fleuve
Une pratique courante se fait elle sappelle le Djatt Elle consiste
agrave faire sortir le caiman du fleuve agrave limmobiliser et agrave lattacher
sans quil ne reacuteagisse et tout ceci agrave laide de versets et dincantashy
tions magiques Dapregraves les teacutemoignages ces pratiques sont plutocirct
freacutequentes chez les Tchioubalos (pecirccheurs) Il arrive aussi que cershy
tains chasseurs ayant des dons se livrent agrave certaines pratiques an1shy
mis tes qui consistent agrave invoquer certaines puissances et agrave moduler sous
forme de chant des versets occultes pour se proteacuteger des mauvais esprits
et pour eacuteloigner les fauves Ce chant est geacuteneacuteralement incompreacutehensible
et deacutenueacute de sens pour le profane
343 Activiteacutes ludiques et pratiques sportives en milieu toucouleur
Durant toute son histoire lethnie ~oucouleur a toujours EacutetEacute Frese~teacute~
comme celle qui avait ue activit essentiellement guerr e e~ particushy
liegraverement farouche Trois eacuteleacutements ret r t l ecirc t te nt i c- euro so~t
le manie~~nt du ~acircton 12 luttE Et 1eacute danSE
l
Lecircducation ph~sique et artistique Dcc~pe un place precircpondecircra~rp
dans la fDrmat~on du jEune toucouleur A loccasion agraveeacutevegravenemen~ imporshy
tants reacutecoltJs mariages baptecircme nous assistons agrave des manifestashy
tions folkloriques de grande envergure le Wango oucirc dailse toucouleur
tregraves gymnique iles chants et surtout les sEacuteances de lutte
La lutte toucouleur est la forme de lutte la plus spectaclaire dans
tout le territoire seacuteneacutegalais Elle est essentiellement baseacutee sur des
techniques en hancheacute et surtout en souplesse Ceci sexplique par le
fait q~e le jeune toucouleur est tregraves tocirct initieacute agrave la gymnastique (saut 1
per saut de main salto arriegravere saut de tecircte couronneacute etc bullbullbull ) pour
la dans~ du wa~go En dansant le wango qui est une danse rythmeacutee et
gymnique le Jeune toucou1eur est capable de prouesses extraordinaires
1
En lutte lattaquant se deacuteplace tregraves peu pour avoir une bonne saisie
(geacuteneacutera~ement controcircle du Ngimben ) et enchaine brusqueme~t avec une
attaque surpris~ Cependant les ripostes sont souvent surprenantes et
spectaculaires (baseacutees sur la souplesse et la rapiditeacute) ontrairement
aux autr~s form~s de luttes ougrave lon voyait tous les jeune adheacuterer la
lutte to~cou1eur Verra un groupe de speacutecialistes sadonne agrave la lutte 1
(la lutte est lieacutee agrave la position sociale de lindividu problegraveme de
caste)
Q La morphologie du lutteur toucou1eur 1
1 1
Ce dernier nest pas aussi large et aussi fort que les lutteurs diola
et seacuteregravere Cependant il est tregraves reacutesistant La musculatJre est saillante 1
et tregraves souple lindividu est longiligne mais tregraves athleacutetique
Les mouvements de lutteurs sont semblables agrave ceux dun grand fe1in Cette 1
morphologie semble ecirctre lieacutee agrave la position geacuteographique de lethnie
(reacutegion du fleuve) et agrave lacitiviteacute socio-eacuteconomique du toucouleur qui
est agrave la fois cultivateur (activiteacute lieacutee agrave la crue et deacutecrUE du fleuve)
pecirccheuro~T CIcr~icubaon) et sttout jEumlrgcr qui est U~ rc~2eumlr
shy
Deux formes egrave~ corps sembl~nt ecirctre preacutefeacutereacutees du lutteur toucouleur
le hancheacute et la souplesse Les hancheacutes sont faits agrave partir de plusieurs
positions de doset se terminent geacuteneacuteralement par des techniques de
tregraves grande amplitude
TABLEAU RECAPITULATIF DES TECHNIQUES ET FORMES DE CORPS SPECIFIQUES
i
L441 r
GARDE FORMES DU CORPS CONTROLES --shy - -
Moyenne Souplesse Ngimbe
Hancheacute bras
Demi-souplesse
1
Profil psycholosigue 1
TECHNIQUES
ContrOle du bassin et 12 souplesse
arriegravere
Klicket et allegravegement de la hanche
Le lutteur toucouleur est celui lUi se livre le moins aux preacuteparaqons
maraboutiques Cela est dO au f~t que le toucouleur est un grand ~USUlshyman et que les pratiques animisges ont presque disparu dans ce mil~eu
Dans la pratique le lutteur esJ combaif mais il est calme et tr~s reacutefleacutechi quant agrave la deacutecision agrave prendre en plein corps agrave corps ct~st un des seuls techniciens qui reJte tregraves lucide au cours de ses comb~ts
l Dans toutes les circonstances e lutteur toucouleur est tenu de re~pecshyter son adversaire et ceux de s4n eacutequipemecircme sil est vaincu
Comme nous avons dO nous en rendre compte la rigueur des principes
eacuteducationnels a une influence tregraves sensible sur l~ comportement du
toucouleur
i
III S COCL ~s 1DO
Dans cette partie nous avons essay~ de montrer lftroite re1atic~
Entre les diverses activiteacutes socio-eacuteconomiques dans les ethnies et
lES diffEacuterentes faccedilons de lutter
Daucuns seraient tent~s de conclure trop rapidement et cest p0~r
cette raison que nOUS avons penseacute preacuteciser que le pheacutenotype nest
pas geacuteneacuterateur du geacutenotype Et nous sommes convaincus que la morphoshy
logie et les techniques des lutteurs relegravevent de leurs modes de vie
et de leurs croyances agrave une eacutepoque et danE un contexte bien deacutetermishy
neacutes
Est-ce que les lutteurs dio1a ou seacuteregravere travaillant avec leurs bras
dans les champs auraient les mecircmes pr 0 fil s physiques que les lutteurs
utilisant des machines pour lagriculture
- 69 shy
I UJOURDH~1 E-S ut O[l LES FORfilS Ut LU11t~
~otons que notre enqu~te a ecirctE essentiellement faiteen milieu urbain
Les seacuteances de lutte ont tendance agrave perdre leur particulariteacute de r~shy
jouissance pour devenir des pheacutenomegravenes de sportisatio Deux fores
de luttes so~t principale~cnt prat s dans les aregrave~es du 5 al
la lutte traditiunnelle simple et la lutte traditionnelle avec frappe
De nos jours la lutte traditionnelle tend vers une reacuteglementation
et une institutionalisation
Le reacutesultat de nos investigations nous donne le tableau ci-dessous
REPARTITION ETHNIQUE SUR 100 PRATIQUANTS
LUTTE LUTTE RAPPORTETHNIES SANS FRAPPE AVEC FRAPPE J2
Diola 40 16 71 j
Seacuteregravere 26 21 57
Toucouleur 23 10 69
Wolof 1 1 53 17
La demande sociale par ordre deacutecroissant pour la lutte sans frappe
se preacutesente comrre suit
]0_ Ethnie diola avec pregraves de 3 lutteur~ sur 4
2deg_ Ethnie toucouleur
Ethri dun
~ 1 LA LUTTE TR])IIIO~~ELLE AVEC H-PPE
Cette forme deacute lutte a une histoire qui date de lantiquiteacute elle
sa~pelait le Pugilat Au Seacuteneacutegal elle a vu le jour dans le Cayor
bien avant la colonisation Le coup dE pied l~Lrdn~lement la morshy
sure la frappe et le doigtf eacutetaient permis dans le cc=bat ~ ~middot~p0~~e
Dans certains cas la giffle eacutetait beaucoup plus dangereuse que le
poing quand elle eacutetait donneacutee par un speacutecialiste Cette giffle pouvait
agrave elle seule deacutechirer et mecircme parfois amputer la joue de ladverser
Selon les informations la lutte avec frappede nos jours serait une
forme de lutte tregraves eupheacutemiseacutee de celle dantan ougrave une blessure
pouvait souvent ecirctre mortelle
Aujourdhui au niveau du folklore la lutte na plus la mecircme
le spectaculaire a remplaceacute le significatif iLa lutte avec frappe se 1
pratique surtout dans les centres urbains C~aque fois quun grand combat 1
est progra~eacute par le Comiteacute National Proviso~re (CNP) des centaines damashy
teurs sont mobiliseacutes vers le stade lba Mar D~OP qui est aujourdhui le i
lieu approprieacute ougrave se deacuteroulent les grands conkbats de lutte Cest la formE
de lutte qui semble drainer une foule de personnes beaucoup plus importante
que celle de la lutte simple
La lutte avec frappe deacuteriverait dune forme de lutte traditionnelle
pratiqueacutee jadis dans le Cayor au temps des Damels et la frappe serait
le substitut dun certain nombre de pratiques doigteacute jet de produits
etc bullbullbull dont le but eacutetait laveuglement de ladversaire La lutte avec
frappe serait une continuation logique dune carriegravere sportive de la
lutte traditionnelle qui sen sert comme moyen socio-eacuteconomique En
effet la majoriteacute des lutteurs avec frappe ont dabord eacuteteacute initieacutes agrave la
lutte simple Cependant il faut signaler que de nOS jours il arrive
que le jeune lutteur avec frappE- soit directenent formEacute conne speacutecialistE
agrave la frappe sa~s pour autant faire son chemin dabcrd egravea~s la lutte
- ~ shy
Le recircsultat dE ~os interviews ncus rec~trE qGune pcpulatiD~ divcrsishy
fiampe sint~resse agrave ce sport et qUE les intecircr~[s des uns et d~SlautrE~
semble~t divergents naucuns affirment que la lutte traditionnelle
avec frappe serait monteacutee par des personnes dont la vocation est dexshy
ploiter ce pheacuteLomegravene agrave des fins commerciales Dautres disent gJellegrave
jouit de mcyens irport~nts t[l[~isio
tation etc bullbullbull ) pour toucher toutes les couches sociales CEpe~~a~t
nous remarquons que mecircme si certaines personnes reprochent agrave cette
forme de lutte decirctre brutale ces mecircmes personnes nheacutesitent pas agrave
se rendre le dimanche agrave laregravene Bien que critiqueacutee elle semble ecirctre
adopteacutee par une tregraves grande partie de la population seacuteneacutegalaise Cepenshy
dant en tant que techniciens il nous est permis de faire une remarque
Il sagit de
- Limpression nette decirctre devant des professionnels de la frappe
qui sont ~ntratneacutes pour cela Dailleurs les propos que nous avons
recueilli~ nous prouvent que la plupart des champions de lutte avec 1
frappe s~ntratnent dans certains sports de combat tels ~ue la boxe i 1
le karateacute le judo Dans cette nouvelle forme de pratique de la lutte
contrairefuent agrave la lutte traditionnelle le technicien e~t souvent
perdant face au puncheur Ce dernier adopte une lutte agrave distance qui
lui permet de placer agrave bon escient ses coups animeacute du deacutesir de vaincre
Le technicien lui se voit contreacute dans toutes ses entreprises par
un uppercut ou un crochet
On peut dire cependant que nul sport au Seacuteneacutegal que la lutte tradishy
tionnelle avec frappe ne deacutechaicircne autant de passions et autant de
pheacutenomegravenes poussant agrave lexcegraves et deacutereacuteglements quon ne peut que deacuteplorer
Mais comment deacutecrier un spectacle de lutte qui bien quayant perdu la
presque totaliteacute des valeurs traditionnelles veacutehiculeacutees autrefois par
elle sait susciter une participation effective de tous ceux qui sont
preacutesents
CONCLUSION
Dans ce meacutemoire nous sommes efforceacutes ~e faire ressort ir limportance des
ethos et des habitus et leurs effets sur la pratique de la lutte tradishy
tionnelle au Seacuteneacutegal
L~b egravethos repr~sentent dune maniegravere g~neurorale tous les eacuteleacutements speacutec
fiques sux Seacuteneacutegalais par conampeacuteguent un systegraveme de valeurs traditionnellEs
Mais m~me si ces valeurs rev~tent une signification universelle (honneur
digniteacute courage etc bullbullbull ) il nen demeure pas moins que ce nest pas leur
nature qui fait leur speacutecificiteacute mais la hieacuterarchisation et limportance i
quon accorde agrave toutes ces valeurs de ~ar leacuteducation ou la culture
i 1
Aussi les valeurs traditionnelles puient leur speacutecificiteacute dans les
caracteacuteristiques propres aux eacuteleacutements ~e la socio-cu1ture (la technologie
et leacuteconomie la politique et la pareteacute la psychologie et lideacuteologie)
dans la socieacuteteacute seacuteneacutegalaise agrave n momen donneacute de son eacutevolution Cest i
dire la neacuteceesiteacute de ne point faire della valeur une reacutealiteacute statique
Cest dite aussi quagrave tout mome~t le ~eacuteneacutegalais peut eacutevoluer et creacuteer
ou vivre par conseacutequent de nouv~lles fprmes de valeur qui lui sont 1
propres ft (J)
La lutte traditionnelle veacutehiculant deS valeurs socio-cu1ture1les speacutecishy
fiquement seacuteneacutegalaises (croyances valeurs morales norme de comportement
opinion attitude bullbullbull ) devient un eacuteleacutement important qui tregraves certaiaement
nous aidera dans notre effort de valoriser et de peacuterenniser notre patri shy
moine culturel par le biais dactiviteacutes physiques et sportives
Leacutetude des habitus nous permet de prouver quil y a plusieurs faccedilons
de se mouvoir comme danser lutter bullbullbull qui varient avec les diffeacuterentes
ethnies (wolof toucouleur seacuteregravere diolagt leurs convenances et leurs
eacuteducations
(1) Revue Ethiopiques 31 Les valeurs traditionnelles et le problegraveme de leur inteacutegration dans les systegravemes modernes jtducatio-1 2 6r--70
nautre part cette eacutetude permet aussi de nous rendrE compte de la
correacutelatipn eacutetroite existant entre la pratique de la lutte traditionnelle
et le sta~ut socio-eacuteconomique du pratiquant
Nos inves~igations nous indiquent que la lutte recrute essentiellement
au niveau des classes socio-eacuteconomiques situeacutees en bas de leacutechelle
donc posseacutedant le statut social le moins favoriseacute La lutte avec frappe
-et un certain secteur commercialiseacute de la lutte simple- y trouve sa
leacutegitimiteacute Comme le dit BOURDIEU nA habitus diffeacuterents styles de Vle
divergents et il oppse les pratiques aristocpatiques correspondants agrave
des activiteacutes qui favorisent les situations eupheacutemiseacutees ougrave la stylisashy
tion est importante aux pratiques populaires qui font appel agrave des
qualiteacutes qpposeacutees bllutes rugueuses Certaines interviews nous
montrent que plus lindividu occupe une place eacuteleveacutee dans leacutechelle
sQciale e~ 1
moin$ il sinteacuteresse agrave la lutte
Les reacutesultats recueillis dans nos diverses investig~tions confirment 1 1
1er propos qui disent que nous assistons aujourdhu~ agrave une involution
de la lutte traditionnelle parce que perdant toutes ses speacutecificiteacutes au 1
pryfit d~ne autre forme de lutte que lon continue agrave appeler nostalshy
giqlementIIlutte traditionnelle
Ceci pourrait peut-~tre trouver une explication dan la citation suivante
La liberteacute de creacuteer dinnover de vivre Pleineinenf decirctre soi et de
preacuteserver son authenticiteacute la digniteacute et lhonneu1demeurent des illushy
sions dans la misegravere eacuteconomique~ Nos ancecirctres creacuteai~nt des valeurs de cishyl
vilisation parce quils eacutetaient libres parce qu1i~s ignoraient toute
deacutependance eacuteconomique ils cultivaient en eux et cbez leurs enfants le 1
Jorn et la Kersa et preacutefeacuteraient la mort agrave la hoJte lI (1)
Or le Seacuteneacutegal comme la plupart des pays africainsi est un pays sousshy
deacuteveloppeacute t cependant face agrave cette volonteacute du gou~ernement seacuteneacutegalais
de faire inteacutegrer dans leacuteducation des valeurs traditionnelles nous
pouvons espeacuterer utiliser comme moyen deacuteducation la lutteacute traditionnelle
qui reste quand mecircme vecteur jethos et dhabit~s
- 54 shy
Mecircme si lon a noteacute un appauvrissement notoire sur les plans socioshy
culturel et moral la lutte traditionnelle recegravele une gamme importante
et varieacutee de techniques permettant incontestablement une ouverture vers
les luttes olympiques libre et g~eacuteco-romaine
La lecture de ce meacutemoire permettra agrave lentratneur et au professeur de
lutte en fonction du lieu ougrave ils seront affecteacutes dans le territoire
seacuteneacutegalaisdavoir une information sur les techniques contrOles et
formes de corps propres agrave chaque groupe ethnique et de les mettre en
relation avec leurs croyances et leurs mentaliteacutes
Nous avons essayeacute de montrer que la pratique de la lutte traditionnelle
doit tre axeacutee sur une ethnomotriciteacute au Seacuteneacutegal qui permette une inishy
tiation facile Cette pratique de la lutte traditionnelle seacuteneacutegalaise
devra dailleurs essayer de ~eacutepondre aux aspirations du Seacuteneacutegalaisl
moderne en souvrant aux ap~orts positifs des autres civilisations
ex~eacuterieures nous voulons Jvidemment parler du judo et des luttes oiymshyJ
piques 1
1 j Nous navons pas la preacutetentfon dans le cadre de ce meacutemoire demattrise
de reacutepondre agrave toutes les qutstions se rattachant agrave leacutetude de ~a lutte
traditionnelle souslangle~socio-culturel car non seulement il nous
manque lexpeacuterience et la c peacutetence en la mati~re mais aussil l le temps
et les moyens dont nous dis osions ne nous permettaient pas d~puiser le 1sujet i
1 1 1 t 1
l
- )5 shy
BIBLIOGRAPHIE
BIBLIOGRAPHIE
1- CLAPAREDE Psychologie de leacuteducation et peacutedagogie expeacuterimentale
Edition Delachaux et Niestleacute 244 pages
2- POCIELLC Christian Sport et Socieacuteteacute approche socio-culturelle
des pratiques Paris Vigot 1981 377 pages
3- PIERON Henri Vocabulaire de la psychologie
PUF Deuxiegraveme eacutedition 1957 469 pages
4- Revue socialiste de culture neacutegro-africaine ETHIOPIQUES
Les valeurs traditionnelles et le problegraveme de leur inteacutegration
dans les systegravemes modernes deacuteducation
GIA 21 Juillet 1982 213 pages
5- N2 Revue du Centre dEtudedes Civilisations DEM ak TEY
NIS IVegrave Trimestre 1982 96 pages
6- Document lNSEP Colloque sur la lutte aeacuteregravere
DAKAR MAI-JUIN 1980
t 1
~- Travaux du IVegrave Congregraves National ~es Sports agrave DAKAR les 2223041981
Bulletin n2 91 du CIO du 15 Aont 1965
l____________________________
8- Meacutemoire de Mattrise BADJI Abdou La lutte traditionnelle Joola
Etude et perspective
9- Meacutemoire Inspectorat JS DJITTE Mandy Les pratiques corporelles
traditionnelles au Seacuteneacutegal pour leur exploitation et leur
utilisation en peacutedagogie Marly le Roi 1980
REPUBLIQUE DU SENEGAL
--------------- INSTITUT NATIONAL SUPERIEUR
MINISTERE DE LA JEUNESSE DE LrsquoEDUCATION POPULAIRE
ET DES SPORTS ET DU SPORT
-------------
(INSEPS)
MEMOIRE DE MAIcircTRISE
Es-SCIENCES ET TECHNIQUES
DE LrsquoACTIVITE PHYSIQUE ET DU SPORT
LA LUTTE TRADITIONNELLE
son importance sa signification en fonction des ethos et des habitus ethniques au Seacuteneacutegal
Preacutesenteacute par
Monsieur Joseph Victor FAYE
Sous la direction de
M Jean Marc ROCHEZ
Professeur agrave lrsquoINSEPS
Anneacutee de soutenance 1984
(est
lenfant Ce precircnore a toujours U~ SEns Il sy~bolise parfois C0 qUi
lOIl sounaitt agrave lEufant l)
La circoncision comme dans les autres ethnies est obligatoire Elle
permet au jeune adolescent dacceacuteder agrave la classe adulte Les jeunes
sont regroupes en classe dacircge dans le bois ougrave sc fait la r0tr~it0 des
circoncis et ceci pendant plusieurs mois
Le Selbeacute qui est geacuteneacuteralement un ancien craint de tous les eacutelegraveves
enseigne le respect de la hieacuterarchie la discreacutetion le goOt de linishy
tiative Les activiteacutes physiques et leacuteducation artistique ne sont pas
en reste la deacutecoration la sculpture la lutte et la danse A sa sortie
du bois linitieacute appartient deacutesormais agrave la classe des virils et des
sages du clan car on lui aura enseigneacute les vertus fondamentales que
sont la justice lhonneur lamour du prochain 1 amour du travail
lhonnecircteteacute et surtout le respect des coutumes ancestrales
Le rite du mariage esd aussi un fait tregraves important dans le monde 1
seacuteregravere mais par manq~e dinformation nous serons obligeacutes de nous en
tenir lagrave
333 Impact des ethos sur la lutte dans le monde seacuteregravere
Lorigine de la lutte seacuteregravere ne semble pas claire ma1S nous pouvons
dire quil existait deux formes de lutte comme chez les Wolofs une
lutte sans frappe et une lutte avec frappe Et cest cette derniegravere
qui peut-ecirctre nous ameacutenerait agrave croire que la lutte seacuteregravere aurait une
origine plus preacuteciseacutement guerriegravere
Aujourdhui la lutte est uniquement une activiteacute sportive agrave travers
laquelle le jeune seacuteregravere eacutevalue sa force son courage et SOn ingeacutenioshy
siteacute Cest une occasion de deacutefendre lhonneur de son village ou de
la corrnnunauteacute
La luttE ~5t avant tout u~e rnanifcs[dtic~ c~lturclie et surtout
fo lkhriqut-
Gracircce agrave elle on peut deacutesormais comprendre un certain nombre de chants
et de symboles A travers la lutte seacuteregravere on ccedilomprend les inter-relashy
tions entreacute la vie et le monde surntiturel
Sil devait y avoir la mort dun villageacuteois pendant la fecirctE au T qUE
de linterrompre on proceacutedait gracircce aux connaissances magico-religieuses
agrave la suspension de la mort jusquagrave une peacuteriode ougrave la population sera plus
disponible pour organiser des funeacuterailles sil y eacutetait preacutedit la possibishy
liteacute dune deacutefait du champion local au profit dun champion dun autre
village des recettes dordre maginque et religieux eacutetaient mises en prashy
tique afin que le champion du village ne soit jamais terrasseacute(J)
334 Le profil du lutteur seacuteregraver~
Le lutteur seacuteregravere est par essence un athlegravete impressionnant de par sa i
carrure et sa musculature saillante mais cest aussi une force tranquille
et calme quelque soit lenjeu du combagravet et particuliegraverement lhonneur
Cet aspect nous pousse agrave parler du NGiMBE cest-agrave-dire de la tenue du
lutteur qui va influencer sur sa faccedilon de lutter
La confection du Ngimbe revient agrave la communauteacute entiegravere Le Ngimbe a
une signification symbolique et le lutteur pour meacuteriter la confiance du
groupe se doit de tout faire pour ne pas toucher le sol Toute la commushy
nauteacute elle aussi sengage pour assurer la longeacuteviteacute et le succegraves du lutteur
dans laregravene par lorganisation droffrandes et de sacrifices en lhonneur
des Pangols bull
bull
Daucuns nheacutesitent pas agrave dire que lessentiel du mysticisme se fait agrave
la maison et non dans laregravene tout le reste nest quintimidation de
ladversaire
lsvcns
Tt- pi ~- t
t 1 ~ l _ ~ t
par rapport agrave lautre Cbci est trEgraves lieacute agrave lactiviteacute journaliegravere du
jeune seacuteregravere qui est un cultivateur donc toujours bien planteacute sur ses
jambes et qui continuellement manie lhiler
Le fait de couper le boi~ peut eacutegalement constituer un moyen de muscushy
lation non neacutegligeable pour le jeune lutteur
Un certain nombre de traits techniques speacutecifiques au lutteur seacuteregravere
semblent ressortir des diffeacuterentes interviews que nous aVOns fait subir
agrave certains lutteurs seacuteregraveres et agrave diffeacuterents techniciens
SOUS-GROUPES FORMES DU CORPS CONTROLES GARDES
SAFEN Moyenne en fente NONE Hancheacute Bras (distante) j
NDUTJ
f
SINE-SINE Deacutecalage Ngimbe
Moyenne
SALOUM-SALOUM Passage- Jambe (rapprocheacutee) 1
i
PETITE dessous Tecircte Basse et 1
COTE Moyenne (rapprocheacutee)
Notons que le Niominka ll commence agrave lutter agrave partir du sol pour avoir
assez deacutelan et sauter sur ladversaire afin davoir la prise du lion
(contr6le de la nuque et du bassin)
Co a -tem-nt ccedilt attitude du lutteur sEacuteregravere335 np -1t ~
Les croyances mystiques sont indissociables des activiteacutes quotidiennes
duseacuteregravere Ce qui explique le cocircteacute supersticieux du lutteur seacuteregravere En
~ffet certains lutteurs refusent de lutter avant certaines heures
Certains teacutemoignages nous apprennent quil nest pas donneacute agrave tout le
monde decirctre champion de lutte et que le lutteur doit avoir des dons
surnaturels pour ecirctre agrave mesure de livrer ses combats dans la nuit
et trouver seul un gris-gris speacutecial appeleacute Njatch
Le vrai champion de lutte chez les seacuteregraveres ne lutte pas seulement avec
~a force et sa technique mais surtout avec ses dons occultes
Chez les seacuteregraveres les morts sont toujours preacutesents et les ~pangols
Servent dintermeacutediaire entre les hommes et les morts Le pangol prend i
le nom dhumain dans certains villages (IIHeacuteJga NDONG Har Wag NGOUYE) i 1
De ce fait on verra le lutteur danser dufe maniegravere ou dune autre en
fonction du pangol de sa famille Ainsi nrus aurons le back (chant et
danse du lutteur) des DIOUF des FAYE etclbullbullbull
Dans laregravene le lutteur seacuteregravere a un comportement exemplaire aussi bien
agrave leacutegard de son adversaire direct quave~ le public en geacuteneacuteral Lexpli shy
cation semble tenir au fait que le lutteur seacuteregravere est avant tout selon
la tradition orale le repreacutesentant de toute la communauteacute seacuteregravere Par
conseacutequent il devra saffirmer non seulement en tant que lutteur dans
laregravene mais aussi en tant quentiteacute morale
336 La tenue du lutteur ou NGIMBE est confectionneacutee par le marabout de la
famille ou du clan Le Ngimbe est constitueacute de pagne en cCton tisseacute
Il doit ecirctre propre le lutteur qui le porte ne devra pas avoir de rapshy
port sexuel pendant toute la peacuteriode des cOTpeacutetitians car le Ngi~bE ne
doit pas ~tre souilleacute
Autrefois et mecircme aujourdthui dans certaines familles on devient
lutteur de pegravere en fils et dans ce cas le Ngimbe du pegravere est heacuteriteacute
par le fils Le fait de porter le Ngimbe de ses aieux peut susciter
chez le jeune lutteur une motivation et une volonteacute ineacutebranlable dtasshy
surer la supeacuterioriteacute d~s siens dans ltaregravene Il fera tout pour que le
Ngimbe de la ramille ne touche le sable
La tenue du lutteur a une signification et une importance sur le plan
mystique car selon les anciens le vra1 feacutetiche du lutteur celui qui
le proteacutegera et laidera agrave vaincre le nDjinne ou le tRapu de ladvershy
saire se trouve cacheacute dans ce Ngimbeu bull Celui qui confectionne donc le
Ngimbe U est doueacute de faculteacutes occultes
337 Larbitrase est assureacute par un sage du village qui geacuteneacuteralement fut
champion de lutte de son temps Dailleurs cet ancien nintervient que
si le terrassement est litigieux Hormis le public qui proclame la vicshy
toire ou le match nul le lutteur lui-mecircme est arbitre et il arrive
quil se deacuteclare vaincu
Nous avons pu cfter Meacutedoune KHOULE un desplus grands lutteurs seacuteneacutegashy
lais qui a donn~ une victoire agrave Djeacuteri SADIO son adversaire qui a reacuteussi
agrave lui faire touegraveher le sol de la main
IlL
34 1 Preacutesentation
Lethnie toucouleur vit En grandt partit ciE~~ la vallfc du S~~~gal
pt reprecircsente i peu pr~s 8 de la population totale secircn~galaise
o Histoire
Il semblerait que dans lancien royaume du Tekrour (IX~ siegravecle) des
eacuteleacutements neacutegroiumldes Sarakoleacute et des Peul aient formEacute par meacutetissage le
peuple Toucouleur (Toucouleur serait dailleurs une deacuteformation du
mot portugais Tacouror)
Ce empire a domineacute aussi bien les wolofs de lOuest que les Peul
nomades du Fouta Toro Cette reacutegion fut le premier pays islamiseacute par
les Almoravides ce qui peut expliquer le proseacutelytisme toucouleur
Ce sont les guerriers toucouleur islamiseacutes qui attaqu~rent avec les
Almoravides la capitale du Ghana Koumbi en 1067 On convertit par
la force les animistes Cest sans doute agrave cette eacutepoque que de nombreuses
ethnies reacutefractaires agrave lIslam ont dO accentuer leur migration vers
le sud (Seacuteregravere wolof Sarakoleacute Bambara Songhaiuml Akan et Peul se reacuteshy
fugiaient vers les hauteurs du Fouta Djalon)
Au XIXegrave siegravecle les Toucouleur allaient trouver en El Hadj Omar Tall
un grand conqueacuterent qui sous le preacutetexte religieux de la gJerre sainte
contre les tribus animistes (entre autres Bambara) eacutetendit lempire
toucouleur sur presque tout lensemble du gali et la partie de la Guineacutee
proche du l1ali
Lempire toucouleur composeacute de Sarakoleacute de Bambar~ de ~alinkeacute de
Xassonkeacute dE Peul et de Dogon eut le meurorit~ dunir CES diif~rentes ~ ~ - - - - - et~ics ~t dE CD~stituer l~Sl la b2S~ ~r 1
_ ~ ~ ~_ L ~
~ ~- ~- - - ---- _ 1 v _ t 1 ~-_ --
marabout tOL~culcuuml~ ~ middotlrrany a l ick SI venu des E1i rClS dE Pocior~ (
~ Vi~ euroconomicue et sociale -----------~-------------
Les Toucouleur sont des cultivateurs mais bien quils n~ soie~t pa~
pasteurs comrre les Peul leacutelevage a une place inportarteacute decirc1S ltur
eacutecono~ie Pour faciliter leur conquecircte guerriegraverE ils c~t Eucirc une preacuteshy
dilection pour leacutelevage des chevaux On y trouve aussi des pecirccheurs
appeleacutes Tchioubalo La socieacuteteacute toucouleur aurait une stratification
sociale tregraves rigide Les groupes ethniques et les castes eacutetaient
diffeacuterencieacutes et strictement exogamiques les Rimbe classe des nobles
comprenant la famille reacutegnante et les guerriers libres la classe des
Nieacutenieacutebegens de castes artisanales i les Rimaibeacute anciens esclaves
devenus serviteurs qui portent les noms de famille de leur maicirctres A
la base de lorganisation de la collectiviteacute toucouleur se situe le
village (Wouro)
Toutes ces castes sont cloisonneacutees entre elle~ Ainsi il nest pas
permis agrave un Torodo (noble) de se marier avec un Tchioubalo Ces
consideacuterations sont importantes dans le domaine de la lutte ougrave nous
apercevrons que les nobles ne sont pas faits pour lutter Le noble
preacutesidera les seacuteances de lutte et on luttera pour lui Ces condeacute rat ions
de noblesse et de rang social sont extrecircmement importantes dans le
monde toucouleur
Le noble ne doit pas se salir on lutte pour lui il ne vit la lutte
quen tant que spectateur
342 Education moeurs croyances et eratiques religieuses
Deux formes d~ducation sont agrave consideacuterer leacutedJcatio~ dES enfarts Et
celle des adultes
oG lenfant sait m2n~~r et apprfcier le goOt d~5 ~iifeurorents r~pas lt
le moment ougrave il CO~~e~CE agrave marcher
tivirt n~sormais le petit toucou]eur est eacuteduquf par toutmiddot 12 f2~i)]E
dabord puis par toutes lespersc~nes du village ou du C13~
Lenfant peut ~tre corrigeacute par tout adulte appartenant au groupe social
Son eacuteducation est deacutesormais laffaire de toute la communauteacute et non
exclusivement celle ces parents On linitie ainsi au travail quotidien
qui se fait dans la bergel~ e les champs et les bords du fleuve Au sein
du village il pourra apprendre agrave filer la laine et agrave tisser des pagnes
dans les champs il apprend agrave manier la houe et lhiler pour la culture
du riz et du mil Mais signalons que lactiviteacute essentielle du toucouleur
est leacutelevage des boeufs des moutons et des chegravevres Chez les Ichioushy
balos (p~cheurs ) lenfant sera initieacute tregraves tat au maniement des pagaies
agrave la p~che propremccedilnt dite et agrave la nage
Vers cinq-six ans lenfant est confieacute au maicirctre coranique le Ihierno
et ce dernier dispose exclusivement de toute sa vie Lavenir du jeune
enfant lui appartient
Comme dans les autres groupes ethniques les enfants sont regroupeacutes en
classe dacircge et cest dans cette structure que lenfant subit les rite
de passe et plus particuliegraverement celui de la circoncision
La circoncision est non seulement unE opeacuteration chirurgicale malS surshy
tout une peacuteriode au cours de laquelle le jeune garccedilon passe de leacutetat
dadolescent agrave leacutetat dadulte Les circoncis sont reacuteunis en classe
dacircge dans un endroit situeacute hors duvillage geacuteneacuteralement choisi par les
vieux Cet endroit n~st accessible que par des individus de SExe ffi8SCUshy
li~ ~ta~t au preacutealabl circoncis
- - - -
quable et complet sur le plan phy~ique et ~oral Ai~si liniti~
acquiert les qualitecircs indispensables que sont le courag~ la modest
lesprit de sacrifice lendurance
Le toucoule~r est un pleux musulma~ Cela sexp1
SOil le premier agrave tre en contact avec la religion musulmane de par sa
position frontaliegravere Lethnie toucouleur de par son histoire a preacutesenteacute
les plus grands chefs militaires et religieux musulmans seacuteneacutegalais Et
pour illustrer cela on peut citer en exemple la grande famille musulmane
des SY agrave TIVAOUANE repreacutesentant la confreacuterie des TIDJANES
Bien que lon note une majoriteacute musulmane on peut dire que certaines
croyances et pratiques mystiques et animistes persistent encore surtout
dans la reacutegion du fleuve
Une pratique courante se fait elle sappelle le Djatt Elle consiste
agrave faire sortir le caiman du fleuve agrave limmobiliser et agrave lattacher
sans quil ne reacuteagisse et tout ceci agrave laide de versets et dincantashy
tions magiques Dapregraves les teacutemoignages ces pratiques sont plutocirct
freacutequentes chez les Tchioubalos (pecirccheurs) Il arrive aussi que cershy
tains chasseurs ayant des dons se livrent agrave certaines pratiques an1shy
mis tes qui consistent agrave invoquer certaines puissances et agrave moduler sous
forme de chant des versets occultes pour se proteacuteger des mauvais esprits
et pour eacuteloigner les fauves Ce chant est geacuteneacuteralement incompreacutehensible
et deacutenueacute de sens pour le profane
343 Activiteacutes ludiques et pratiques sportives en milieu toucouleur
Durant toute son histoire lethnie ~oucouleur a toujours EacutetEacute Frese~teacute~
comme celle qui avait ue activit essentiellement guerr e e~ particushy
liegraverement farouche Trois eacuteleacutements ret r t l ecirc t te nt i c- euro so~t
le manie~~nt du ~acircton 12 luttE Et 1eacute danSE
l
Lecircducation ph~sique et artistique Dcc~pe un place precircpondecircra~rp
dans la fDrmat~on du jEune toucouleur A loccasion agraveeacutevegravenemen~ imporshy
tants reacutecoltJs mariages baptecircme nous assistons agrave des manifestashy
tions folkloriques de grande envergure le Wango oucirc dailse toucouleur
tregraves gymnique iles chants et surtout les sEacuteances de lutte
La lutte toucouleur est la forme de lutte la plus spectaclaire dans
tout le territoire seacuteneacutegalais Elle est essentiellement baseacutee sur des
techniques en hancheacute et surtout en souplesse Ceci sexplique par le
fait q~e le jeune toucouleur est tregraves tocirct initieacute agrave la gymnastique (saut 1
per saut de main salto arriegravere saut de tecircte couronneacute etc bullbullbull ) pour
la dans~ du wa~go En dansant le wango qui est une danse rythmeacutee et
gymnique le Jeune toucou1eur est capable de prouesses extraordinaires
1
En lutte lattaquant se deacuteplace tregraves peu pour avoir une bonne saisie
(geacuteneacutera~ement controcircle du Ngimben ) et enchaine brusqueme~t avec une
attaque surpris~ Cependant les ripostes sont souvent surprenantes et
spectaculaires (baseacutees sur la souplesse et la rapiditeacute) ontrairement
aux autr~s form~s de luttes ougrave lon voyait tous les jeune adheacuterer la
lutte to~cou1eur Verra un groupe de speacutecialistes sadonne agrave la lutte 1
(la lutte est lieacutee agrave la position sociale de lindividu problegraveme de
caste)
Q La morphologie du lutteur toucou1eur 1
1 1
Ce dernier nest pas aussi large et aussi fort que les lutteurs diola
et seacuteregravere Cependant il est tregraves reacutesistant La musculatJre est saillante 1
et tregraves souple lindividu est longiligne mais tregraves athleacutetique
Les mouvements de lutteurs sont semblables agrave ceux dun grand fe1in Cette 1
morphologie semble ecirctre lieacutee agrave la position geacuteographique de lethnie
(reacutegion du fleuve) et agrave lacitiviteacute socio-eacuteconomique du toucouleur qui
est agrave la fois cultivateur (activiteacute lieacutee agrave la crue et deacutecrUE du fleuve)
pecirccheuro~T CIcr~icubaon) et sttout jEumlrgcr qui est U~ rc~2eumlr
shy
Deux formes egrave~ corps sembl~nt ecirctre preacutefeacutereacutees du lutteur toucouleur
le hancheacute et la souplesse Les hancheacutes sont faits agrave partir de plusieurs
positions de doset se terminent geacuteneacuteralement par des techniques de
tregraves grande amplitude
TABLEAU RECAPITULATIF DES TECHNIQUES ET FORMES DE CORPS SPECIFIQUES
i
L441 r
GARDE FORMES DU CORPS CONTROLES --shy - -
Moyenne Souplesse Ngimbe
Hancheacute bras
Demi-souplesse
1
Profil psycholosigue 1
TECHNIQUES
ContrOle du bassin et 12 souplesse
arriegravere
Klicket et allegravegement de la hanche
Le lutteur toucouleur est celui lUi se livre le moins aux preacuteparaqons
maraboutiques Cela est dO au f~t que le toucouleur est un grand ~USUlshyman et que les pratiques animisges ont presque disparu dans ce mil~eu
Dans la pratique le lutteur esJ combaif mais il est calme et tr~s reacutefleacutechi quant agrave la deacutecision agrave prendre en plein corps agrave corps ct~st un des seuls techniciens qui reJte tregraves lucide au cours de ses comb~ts
l Dans toutes les circonstances e lutteur toucouleur est tenu de re~pecshyter son adversaire et ceux de s4n eacutequipemecircme sil est vaincu
Comme nous avons dO nous en rendre compte la rigueur des principes
eacuteducationnels a une influence tregraves sensible sur l~ comportement du
toucouleur
i
III S COCL ~s 1DO
Dans cette partie nous avons essay~ de montrer lftroite re1atic~
Entre les diverses activiteacutes socio-eacuteconomiques dans les ethnies et
lES diffEacuterentes faccedilons de lutter
Daucuns seraient tent~s de conclure trop rapidement et cest p0~r
cette raison que nOUS avons penseacute preacuteciser que le pheacutenotype nest
pas geacuteneacuterateur du geacutenotype Et nous sommes convaincus que la morphoshy
logie et les techniques des lutteurs relegravevent de leurs modes de vie
et de leurs croyances agrave une eacutepoque et danE un contexte bien deacutetermishy
neacutes
Est-ce que les lutteurs dio1a ou seacuteregravere travaillant avec leurs bras
dans les champs auraient les mecircmes pr 0 fil s physiques que les lutteurs
utilisant des machines pour lagriculture
- 69 shy
I UJOURDH~1 E-S ut O[l LES FORfilS Ut LU11t~
~otons que notre enqu~te a ecirctE essentiellement faiteen milieu urbain
Les seacuteances de lutte ont tendance agrave perdre leur particulariteacute de r~shy
jouissance pour devenir des pheacutenomegravenes de sportisatio Deux fores
de luttes so~t principale~cnt prat s dans les aregrave~es du 5 al
la lutte traditiunnelle simple et la lutte traditionnelle avec frappe
De nos jours la lutte traditionnelle tend vers une reacuteglementation
et une institutionalisation
Le reacutesultat de nos investigations nous donne le tableau ci-dessous
REPARTITION ETHNIQUE SUR 100 PRATIQUANTS
LUTTE LUTTE RAPPORTETHNIES SANS FRAPPE AVEC FRAPPE J2
Diola 40 16 71 j
Seacuteregravere 26 21 57
Toucouleur 23 10 69
Wolof 1 1 53 17
La demande sociale par ordre deacutecroissant pour la lutte sans frappe
se preacutesente comrre suit
]0_ Ethnie diola avec pregraves de 3 lutteur~ sur 4
2deg_ Ethnie toucouleur
Ethri dun
~ 1 LA LUTTE TR])IIIO~~ELLE AVEC H-PPE
Cette forme deacute lutte a une histoire qui date de lantiquiteacute elle
sa~pelait le Pugilat Au Seacuteneacutegal elle a vu le jour dans le Cayor
bien avant la colonisation Le coup dE pied l~Lrdn~lement la morshy
sure la frappe et le doigtf eacutetaient permis dans le cc=bat ~ ~middot~p0~~e
Dans certains cas la giffle eacutetait beaucoup plus dangereuse que le
poing quand elle eacutetait donneacutee par un speacutecialiste Cette giffle pouvait
agrave elle seule deacutechirer et mecircme parfois amputer la joue de ladverser
Selon les informations la lutte avec frappede nos jours serait une
forme de lutte tregraves eupheacutemiseacutee de celle dantan ougrave une blessure
pouvait souvent ecirctre mortelle
Aujourdhui au niveau du folklore la lutte na plus la mecircme
le spectaculaire a remplaceacute le significatif iLa lutte avec frappe se 1
pratique surtout dans les centres urbains C~aque fois quun grand combat 1
est progra~eacute par le Comiteacute National Proviso~re (CNP) des centaines damashy
teurs sont mobiliseacutes vers le stade lba Mar D~OP qui est aujourdhui le i
lieu approprieacute ougrave se deacuteroulent les grands conkbats de lutte Cest la formE
de lutte qui semble drainer une foule de personnes beaucoup plus importante
que celle de la lutte simple
La lutte avec frappe deacuteriverait dune forme de lutte traditionnelle
pratiqueacutee jadis dans le Cayor au temps des Damels et la frappe serait
le substitut dun certain nombre de pratiques doigteacute jet de produits
etc bullbullbull dont le but eacutetait laveuglement de ladversaire La lutte avec
frappe serait une continuation logique dune carriegravere sportive de la
lutte traditionnelle qui sen sert comme moyen socio-eacuteconomique En
effet la majoriteacute des lutteurs avec frappe ont dabord eacuteteacute initieacutes agrave la
lutte simple Cependant il faut signaler que de nOS jours il arrive
que le jeune lutteur avec frappE- soit directenent formEacute conne speacutecialistE
agrave la frappe sa~s pour autant faire son chemin dabcrd egravea~s la lutte
- ~ shy
Le recircsultat dE ~os interviews ncus rec~trE qGune pcpulatiD~ divcrsishy
fiampe sint~resse agrave ce sport et qUE les intecircr~[s des uns et d~SlautrE~
semble~t divergents naucuns affirment que la lutte traditionnelle
avec frappe serait monteacutee par des personnes dont la vocation est dexshy
ploiter ce pheacuteLomegravene agrave des fins commerciales Dautres disent gJellegrave
jouit de mcyens irport~nts t[l[~isio
tation etc bullbullbull ) pour toucher toutes les couches sociales CEpe~~a~t
nous remarquons que mecircme si certaines personnes reprochent agrave cette
forme de lutte decirctre brutale ces mecircmes personnes nheacutesitent pas agrave
se rendre le dimanche agrave laregravene Bien que critiqueacutee elle semble ecirctre
adopteacutee par une tregraves grande partie de la population seacuteneacutegalaise Cepenshy
dant en tant que techniciens il nous est permis de faire une remarque
Il sagit de
- Limpression nette decirctre devant des professionnels de la frappe
qui sont ~ntratneacutes pour cela Dailleurs les propos que nous avons
recueilli~ nous prouvent que la plupart des champions de lutte avec 1
frappe s~ntratnent dans certains sports de combat tels ~ue la boxe i 1
le karateacute le judo Dans cette nouvelle forme de pratique de la lutte
contrairefuent agrave la lutte traditionnelle le technicien e~t souvent
perdant face au puncheur Ce dernier adopte une lutte agrave distance qui
lui permet de placer agrave bon escient ses coups animeacute du deacutesir de vaincre
Le technicien lui se voit contreacute dans toutes ses entreprises par
un uppercut ou un crochet
On peut dire cependant que nul sport au Seacuteneacutegal que la lutte tradishy
tionnelle avec frappe ne deacutechaicircne autant de passions et autant de
pheacutenomegravenes poussant agrave lexcegraves et deacutereacuteglements quon ne peut que deacuteplorer
Mais comment deacutecrier un spectacle de lutte qui bien quayant perdu la
presque totaliteacute des valeurs traditionnelles veacutehiculeacutees autrefois par
elle sait susciter une participation effective de tous ceux qui sont
preacutesents
CONCLUSION
Dans ce meacutemoire nous sommes efforceacutes ~e faire ressort ir limportance des
ethos et des habitus et leurs effets sur la pratique de la lutte tradishy
tionnelle au Seacuteneacutegal
L~b egravethos repr~sentent dune maniegravere g~neurorale tous les eacuteleacutements speacutec
fiques sux Seacuteneacutegalais par conampeacuteguent un systegraveme de valeurs traditionnellEs
Mais m~me si ces valeurs rev~tent une signification universelle (honneur
digniteacute courage etc bullbullbull ) il nen demeure pas moins que ce nest pas leur
nature qui fait leur speacutecificiteacute mais la hieacuterarchisation et limportance i
quon accorde agrave toutes ces valeurs de ~ar leacuteducation ou la culture
i 1
Aussi les valeurs traditionnelles puient leur speacutecificiteacute dans les
caracteacuteristiques propres aux eacuteleacutements ~e la socio-cu1ture (la technologie
et leacuteconomie la politique et la pareteacute la psychologie et lideacuteologie)
dans la socieacuteteacute seacuteneacutegalaise agrave n momen donneacute de son eacutevolution Cest i
dire la neacuteceesiteacute de ne point faire della valeur une reacutealiteacute statique
Cest dite aussi quagrave tout mome~t le ~eacuteneacutegalais peut eacutevoluer et creacuteer
ou vivre par conseacutequent de nouv~lles fprmes de valeur qui lui sont 1
propres ft (J)
La lutte traditionnelle veacutehiculant deS valeurs socio-cu1ture1les speacutecishy
fiquement seacuteneacutegalaises (croyances valeurs morales norme de comportement
opinion attitude bullbullbull ) devient un eacuteleacutement important qui tregraves certaiaement
nous aidera dans notre effort de valoriser et de peacuterenniser notre patri shy
moine culturel par le biais dactiviteacutes physiques et sportives
Leacutetude des habitus nous permet de prouver quil y a plusieurs faccedilons
de se mouvoir comme danser lutter bullbullbull qui varient avec les diffeacuterentes
ethnies (wolof toucouleur seacuteregravere diolagt leurs convenances et leurs
eacuteducations
(1) Revue Ethiopiques 31 Les valeurs traditionnelles et le problegraveme de leur inteacutegration dans les systegravemes modernes jtducatio-1 2 6r--70
nautre part cette eacutetude permet aussi de nous rendrE compte de la
correacutelatipn eacutetroite existant entre la pratique de la lutte traditionnelle
et le sta~ut socio-eacuteconomique du pratiquant
Nos inves~igations nous indiquent que la lutte recrute essentiellement
au niveau des classes socio-eacuteconomiques situeacutees en bas de leacutechelle
donc posseacutedant le statut social le moins favoriseacute La lutte avec frappe
-et un certain secteur commercialiseacute de la lutte simple- y trouve sa
leacutegitimiteacute Comme le dit BOURDIEU nA habitus diffeacuterents styles de Vle
divergents et il oppse les pratiques aristocpatiques correspondants agrave
des activiteacutes qui favorisent les situations eupheacutemiseacutees ougrave la stylisashy
tion est importante aux pratiques populaires qui font appel agrave des
qualiteacutes qpposeacutees bllutes rugueuses Certaines interviews nous
montrent que plus lindividu occupe une place eacuteleveacutee dans leacutechelle
sQciale e~ 1
moin$ il sinteacuteresse agrave la lutte
Les reacutesultats recueillis dans nos diverses investig~tions confirment 1 1
1er propos qui disent que nous assistons aujourdhu~ agrave une involution
de la lutte traditionnelle parce que perdant toutes ses speacutecificiteacutes au 1
pryfit d~ne autre forme de lutte que lon continue agrave appeler nostalshy
giqlementIIlutte traditionnelle
Ceci pourrait peut-~tre trouver une explication dan la citation suivante
La liberteacute de creacuteer dinnover de vivre Pleineinenf decirctre soi et de
preacuteserver son authenticiteacute la digniteacute et lhonneu1demeurent des illushy
sions dans la misegravere eacuteconomique~ Nos ancecirctres creacuteai~nt des valeurs de cishyl
vilisation parce quils eacutetaient libres parce qu1i~s ignoraient toute
deacutependance eacuteconomique ils cultivaient en eux et cbez leurs enfants le 1
Jorn et la Kersa et preacutefeacuteraient la mort agrave la hoJte lI (1)
Or le Seacuteneacutegal comme la plupart des pays africainsi est un pays sousshy
deacuteveloppeacute t cependant face agrave cette volonteacute du gou~ernement seacuteneacutegalais
de faire inteacutegrer dans leacuteducation des valeurs traditionnelles nous
pouvons espeacuterer utiliser comme moyen deacuteducation la lutteacute traditionnelle
qui reste quand mecircme vecteur jethos et dhabit~s
- 54 shy
Mecircme si lon a noteacute un appauvrissement notoire sur les plans socioshy
culturel et moral la lutte traditionnelle recegravele une gamme importante
et varieacutee de techniques permettant incontestablement une ouverture vers
les luttes olympiques libre et g~eacuteco-romaine
La lecture de ce meacutemoire permettra agrave lentratneur et au professeur de
lutte en fonction du lieu ougrave ils seront affecteacutes dans le territoire
seacuteneacutegalaisdavoir une information sur les techniques contrOles et
formes de corps propres agrave chaque groupe ethnique et de les mettre en
relation avec leurs croyances et leurs mentaliteacutes
Nous avons essayeacute de montrer que la pratique de la lutte traditionnelle
doit tre axeacutee sur une ethnomotriciteacute au Seacuteneacutegal qui permette une inishy
tiation facile Cette pratique de la lutte traditionnelle seacuteneacutegalaise
devra dailleurs essayer de ~eacutepondre aux aspirations du Seacuteneacutegalaisl
moderne en souvrant aux ap~orts positifs des autres civilisations
ex~eacuterieures nous voulons Jvidemment parler du judo et des luttes oiymshyJ
piques 1
1 j Nous navons pas la preacutetentfon dans le cadre de ce meacutemoire demattrise
de reacutepondre agrave toutes les qutstions se rattachant agrave leacutetude de ~a lutte
traditionnelle souslangle~socio-culturel car non seulement il nous
manque lexpeacuterience et la c peacutetence en la mati~re mais aussil l le temps
et les moyens dont nous dis osions ne nous permettaient pas d~puiser le 1sujet i
1 1 1 t 1
l
- )5 shy
BIBLIOGRAPHIE
BIBLIOGRAPHIE
1- CLAPAREDE Psychologie de leacuteducation et peacutedagogie expeacuterimentale
Edition Delachaux et Niestleacute 244 pages
2- POCIELLC Christian Sport et Socieacuteteacute approche socio-culturelle
des pratiques Paris Vigot 1981 377 pages
3- PIERON Henri Vocabulaire de la psychologie
PUF Deuxiegraveme eacutedition 1957 469 pages
4- Revue socialiste de culture neacutegro-africaine ETHIOPIQUES
Les valeurs traditionnelles et le problegraveme de leur inteacutegration
dans les systegravemes modernes deacuteducation
GIA 21 Juillet 1982 213 pages
5- N2 Revue du Centre dEtudedes Civilisations DEM ak TEY
NIS IVegrave Trimestre 1982 96 pages
6- Document lNSEP Colloque sur la lutte aeacuteregravere
DAKAR MAI-JUIN 1980
t 1
~- Travaux du IVegrave Congregraves National ~es Sports agrave DAKAR les 2223041981
Bulletin n2 91 du CIO du 15 Aont 1965
l____________________________
8- Meacutemoire de Mattrise BADJI Abdou La lutte traditionnelle Joola
Etude et perspective
9- Meacutemoire Inspectorat JS DJITTE Mandy Les pratiques corporelles
traditionnelles au Seacuteneacutegal pour leur exploitation et leur
utilisation en peacutedagogie Marly le Roi 1980
REPUBLIQUE DU SENEGAL
--------------- INSTITUT NATIONAL SUPERIEUR
MINISTERE DE LA JEUNESSE DE LrsquoEDUCATION POPULAIRE
ET DES SPORTS ET DU SPORT
-------------
(INSEPS)
MEMOIRE DE MAIcircTRISE
Es-SCIENCES ET TECHNIQUES
DE LrsquoACTIVITE PHYSIQUE ET DU SPORT
LA LUTTE TRADITIONNELLE
son importance sa signification en fonction des ethos et des habitus ethniques au Seacuteneacutegal
Preacutesenteacute par
Monsieur Joseph Victor FAYE
Sous la direction de
M Jean Marc ROCHEZ
Professeur agrave lrsquoINSEPS
Anneacutee de soutenance 1984
La luttE ~5t avant tout u~e rnanifcs[dtic~ c~lturclie et surtout
fo lkhriqut-
Gracircce agrave elle on peut deacutesormais comprendre un certain nombre de chants
et de symboles A travers la lutte seacuteregravere on ccedilomprend les inter-relashy
tions entreacute la vie et le monde surntiturel
Sil devait y avoir la mort dun villageacuteois pendant la fecirctE au T qUE
de linterrompre on proceacutedait gracircce aux connaissances magico-religieuses
agrave la suspension de la mort jusquagrave une peacuteriode ougrave la population sera plus
disponible pour organiser des funeacuterailles sil y eacutetait preacutedit la possibishy
liteacute dune deacutefait du champion local au profit dun champion dun autre
village des recettes dordre maginque et religieux eacutetaient mises en prashy
tique afin que le champion du village ne soit jamais terrasseacute(J)
334 Le profil du lutteur seacuteregraver~
Le lutteur seacuteregravere est par essence un athlegravete impressionnant de par sa i
carrure et sa musculature saillante mais cest aussi une force tranquille
et calme quelque soit lenjeu du combagravet et particuliegraverement lhonneur
Cet aspect nous pousse agrave parler du NGiMBE cest-agrave-dire de la tenue du
lutteur qui va influencer sur sa faccedilon de lutter
La confection du Ngimbe revient agrave la communauteacute entiegravere Le Ngimbe a
une signification symbolique et le lutteur pour meacuteriter la confiance du
groupe se doit de tout faire pour ne pas toucher le sol Toute la commushy
nauteacute elle aussi sengage pour assurer la longeacuteviteacute et le succegraves du lutteur
dans laregravene par lorganisation droffrandes et de sacrifices en lhonneur
des Pangols bull
bull
Daucuns nheacutesitent pas agrave dire que lessentiel du mysticisme se fait agrave
la maison et non dans laregravene tout le reste nest quintimidation de
ladversaire
lsvcns
Tt- pi ~- t
t 1 ~ l _ ~ t
par rapport agrave lautre Cbci est trEgraves lieacute agrave lactiviteacute journaliegravere du
jeune seacuteregravere qui est un cultivateur donc toujours bien planteacute sur ses
jambes et qui continuellement manie lhiler
Le fait de couper le boi~ peut eacutegalement constituer un moyen de muscushy
lation non neacutegligeable pour le jeune lutteur
Un certain nombre de traits techniques speacutecifiques au lutteur seacuteregravere
semblent ressortir des diffeacuterentes interviews que nous aVOns fait subir
agrave certains lutteurs seacuteregraveres et agrave diffeacuterents techniciens
SOUS-GROUPES FORMES DU CORPS CONTROLES GARDES
SAFEN Moyenne en fente NONE Hancheacute Bras (distante) j
NDUTJ
f
SINE-SINE Deacutecalage Ngimbe
Moyenne
SALOUM-SALOUM Passage- Jambe (rapprocheacutee) 1
i
PETITE dessous Tecircte Basse et 1
COTE Moyenne (rapprocheacutee)
Notons que le Niominka ll commence agrave lutter agrave partir du sol pour avoir
assez deacutelan et sauter sur ladversaire afin davoir la prise du lion
(contr6le de la nuque et du bassin)
Co a -tem-nt ccedilt attitude du lutteur sEacuteregravere335 np -1t ~
Les croyances mystiques sont indissociables des activiteacutes quotidiennes
duseacuteregravere Ce qui explique le cocircteacute supersticieux du lutteur seacuteregravere En
~ffet certains lutteurs refusent de lutter avant certaines heures
Certains teacutemoignages nous apprennent quil nest pas donneacute agrave tout le
monde decirctre champion de lutte et que le lutteur doit avoir des dons
surnaturels pour ecirctre agrave mesure de livrer ses combats dans la nuit
et trouver seul un gris-gris speacutecial appeleacute Njatch
Le vrai champion de lutte chez les seacuteregraveres ne lutte pas seulement avec
~a force et sa technique mais surtout avec ses dons occultes
Chez les seacuteregraveres les morts sont toujours preacutesents et les ~pangols
Servent dintermeacutediaire entre les hommes et les morts Le pangol prend i
le nom dhumain dans certains villages (IIHeacuteJga NDONG Har Wag NGOUYE) i 1
De ce fait on verra le lutteur danser dufe maniegravere ou dune autre en
fonction du pangol de sa famille Ainsi nrus aurons le back (chant et
danse du lutteur) des DIOUF des FAYE etclbullbullbull
Dans laregravene le lutteur seacuteregravere a un comportement exemplaire aussi bien
agrave leacutegard de son adversaire direct quave~ le public en geacuteneacuteral Lexpli shy
cation semble tenir au fait que le lutteur seacuteregravere est avant tout selon
la tradition orale le repreacutesentant de toute la communauteacute seacuteregravere Par
conseacutequent il devra saffirmer non seulement en tant que lutteur dans
laregravene mais aussi en tant quentiteacute morale
336 La tenue du lutteur ou NGIMBE est confectionneacutee par le marabout de la
famille ou du clan Le Ngimbe est constitueacute de pagne en cCton tisseacute
Il doit ecirctre propre le lutteur qui le porte ne devra pas avoir de rapshy
port sexuel pendant toute la peacuteriode des cOTpeacutetitians car le Ngi~bE ne
doit pas ~tre souilleacute
Autrefois et mecircme aujourdthui dans certaines familles on devient
lutteur de pegravere en fils et dans ce cas le Ngimbe du pegravere est heacuteriteacute
par le fils Le fait de porter le Ngimbe de ses aieux peut susciter
chez le jeune lutteur une motivation et une volonteacute ineacutebranlable dtasshy
surer la supeacuterioriteacute d~s siens dans ltaregravene Il fera tout pour que le
Ngimbe de la ramille ne touche le sable
La tenue du lutteur a une signification et une importance sur le plan
mystique car selon les anciens le vra1 feacutetiche du lutteur celui qui
le proteacutegera et laidera agrave vaincre le nDjinne ou le tRapu de ladvershy
saire se trouve cacheacute dans ce Ngimbeu bull Celui qui confectionne donc le
Ngimbe U est doueacute de faculteacutes occultes
337 Larbitrase est assureacute par un sage du village qui geacuteneacuteralement fut
champion de lutte de son temps Dailleurs cet ancien nintervient que
si le terrassement est litigieux Hormis le public qui proclame la vicshy
toire ou le match nul le lutteur lui-mecircme est arbitre et il arrive
quil se deacuteclare vaincu
Nous avons pu cfter Meacutedoune KHOULE un desplus grands lutteurs seacuteneacutegashy
lais qui a donn~ une victoire agrave Djeacuteri SADIO son adversaire qui a reacuteussi
agrave lui faire touegraveher le sol de la main
IlL
34 1 Preacutesentation
Lethnie toucouleur vit En grandt partit ciE~~ la vallfc du S~~~gal
pt reprecircsente i peu pr~s 8 de la population totale secircn~galaise
o Histoire
Il semblerait que dans lancien royaume du Tekrour (IX~ siegravecle) des
eacuteleacutements neacutegroiumldes Sarakoleacute et des Peul aient formEacute par meacutetissage le
peuple Toucouleur (Toucouleur serait dailleurs une deacuteformation du
mot portugais Tacouror)
Ce empire a domineacute aussi bien les wolofs de lOuest que les Peul
nomades du Fouta Toro Cette reacutegion fut le premier pays islamiseacute par
les Almoravides ce qui peut expliquer le proseacutelytisme toucouleur
Ce sont les guerriers toucouleur islamiseacutes qui attaqu~rent avec les
Almoravides la capitale du Ghana Koumbi en 1067 On convertit par
la force les animistes Cest sans doute agrave cette eacutepoque que de nombreuses
ethnies reacutefractaires agrave lIslam ont dO accentuer leur migration vers
le sud (Seacuteregravere wolof Sarakoleacute Bambara Songhaiuml Akan et Peul se reacuteshy
fugiaient vers les hauteurs du Fouta Djalon)
Au XIXegrave siegravecle les Toucouleur allaient trouver en El Hadj Omar Tall
un grand conqueacuterent qui sous le preacutetexte religieux de la gJerre sainte
contre les tribus animistes (entre autres Bambara) eacutetendit lempire
toucouleur sur presque tout lensemble du gali et la partie de la Guineacutee
proche du l1ali
Lempire toucouleur composeacute de Sarakoleacute de Bambar~ de ~alinkeacute de
Xassonkeacute dE Peul et de Dogon eut le meurorit~ dunir CES diif~rentes ~ ~ - - - - - et~ics ~t dE CD~stituer l~Sl la b2S~ ~r 1
_ ~ ~ ~_ L ~
~ ~- ~- - - ---- _ 1 v _ t 1 ~-_ --
marabout tOL~culcuuml~ ~ middotlrrany a l ick SI venu des E1i rClS dE Pocior~ (
~ Vi~ euroconomicue et sociale -----------~-------------
Les Toucouleur sont des cultivateurs mais bien quils n~ soie~t pa~
pasteurs comrre les Peul leacutelevage a une place inportarteacute decirc1S ltur
eacutecono~ie Pour faciliter leur conquecircte guerriegraverE ils c~t Eucirc une preacuteshy
dilection pour leacutelevage des chevaux On y trouve aussi des pecirccheurs
appeleacutes Tchioubalo La socieacuteteacute toucouleur aurait une stratification
sociale tregraves rigide Les groupes ethniques et les castes eacutetaient
diffeacuterencieacutes et strictement exogamiques les Rimbe classe des nobles
comprenant la famille reacutegnante et les guerriers libres la classe des
Nieacutenieacutebegens de castes artisanales i les Rimaibeacute anciens esclaves
devenus serviteurs qui portent les noms de famille de leur maicirctres A
la base de lorganisation de la collectiviteacute toucouleur se situe le
village (Wouro)
Toutes ces castes sont cloisonneacutees entre elle~ Ainsi il nest pas
permis agrave un Torodo (noble) de se marier avec un Tchioubalo Ces
consideacuterations sont importantes dans le domaine de la lutte ougrave nous
apercevrons que les nobles ne sont pas faits pour lutter Le noble
preacutesidera les seacuteances de lutte et on luttera pour lui Ces condeacute rat ions
de noblesse et de rang social sont extrecircmement importantes dans le
monde toucouleur
Le noble ne doit pas se salir on lutte pour lui il ne vit la lutte
quen tant que spectateur
342 Education moeurs croyances et eratiques religieuses
Deux formes d~ducation sont agrave consideacuterer leacutedJcatio~ dES enfarts Et
celle des adultes
oG lenfant sait m2n~~r et apprfcier le goOt d~5 ~iifeurorents r~pas lt
le moment ougrave il CO~~e~CE agrave marcher
tivirt n~sormais le petit toucou]eur est eacuteduquf par toutmiddot 12 f2~i)]E
dabord puis par toutes lespersc~nes du village ou du C13~
Lenfant peut ~tre corrigeacute par tout adulte appartenant au groupe social
Son eacuteducation est deacutesormais laffaire de toute la communauteacute et non
exclusivement celle ces parents On linitie ainsi au travail quotidien
qui se fait dans la bergel~ e les champs et les bords du fleuve Au sein
du village il pourra apprendre agrave filer la laine et agrave tisser des pagnes
dans les champs il apprend agrave manier la houe et lhiler pour la culture
du riz et du mil Mais signalons que lactiviteacute essentielle du toucouleur
est leacutelevage des boeufs des moutons et des chegravevres Chez les Ichioushy
balos (p~cheurs ) lenfant sera initieacute tregraves tat au maniement des pagaies
agrave la p~che propremccedilnt dite et agrave la nage
Vers cinq-six ans lenfant est confieacute au maicirctre coranique le Ihierno
et ce dernier dispose exclusivement de toute sa vie Lavenir du jeune
enfant lui appartient
Comme dans les autres groupes ethniques les enfants sont regroupeacutes en
classe dacircge et cest dans cette structure que lenfant subit les rite
de passe et plus particuliegraverement celui de la circoncision
La circoncision est non seulement unE opeacuteration chirurgicale malS surshy
tout une peacuteriode au cours de laquelle le jeune garccedilon passe de leacutetat
dadolescent agrave leacutetat dadulte Les circoncis sont reacuteunis en classe
dacircge dans un endroit situeacute hors duvillage geacuteneacuteralement choisi par les
vieux Cet endroit n~st accessible que par des individus de SExe ffi8SCUshy
li~ ~ta~t au preacutealabl circoncis
- - - -
quable et complet sur le plan phy~ique et ~oral Ai~si liniti~
acquiert les qualitecircs indispensables que sont le courag~ la modest
lesprit de sacrifice lendurance
Le toucoule~r est un pleux musulma~ Cela sexp1
SOil le premier agrave tre en contact avec la religion musulmane de par sa
position frontaliegravere Lethnie toucouleur de par son histoire a preacutesenteacute
les plus grands chefs militaires et religieux musulmans seacuteneacutegalais Et
pour illustrer cela on peut citer en exemple la grande famille musulmane
des SY agrave TIVAOUANE repreacutesentant la confreacuterie des TIDJANES
Bien que lon note une majoriteacute musulmane on peut dire que certaines
croyances et pratiques mystiques et animistes persistent encore surtout
dans la reacutegion du fleuve
Une pratique courante se fait elle sappelle le Djatt Elle consiste
agrave faire sortir le caiman du fleuve agrave limmobiliser et agrave lattacher
sans quil ne reacuteagisse et tout ceci agrave laide de versets et dincantashy
tions magiques Dapregraves les teacutemoignages ces pratiques sont plutocirct
freacutequentes chez les Tchioubalos (pecirccheurs) Il arrive aussi que cershy
tains chasseurs ayant des dons se livrent agrave certaines pratiques an1shy
mis tes qui consistent agrave invoquer certaines puissances et agrave moduler sous
forme de chant des versets occultes pour se proteacuteger des mauvais esprits
et pour eacuteloigner les fauves Ce chant est geacuteneacuteralement incompreacutehensible
et deacutenueacute de sens pour le profane
343 Activiteacutes ludiques et pratiques sportives en milieu toucouleur
Durant toute son histoire lethnie ~oucouleur a toujours EacutetEacute Frese~teacute~
comme celle qui avait ue activit essentiellement guerr e e~ particushy
liegraverement farouche Trois eacuteleacutements ret r t l ecirc t te nt i c- euro so~t
le manie~~nt du ~acircton 12 luttE Et 1eacute danSE
l
Lecircducation ph~sique et artistique Dcc~pe un place precircpondecircra~rp
dans la fDrmat~on du jEune toucouleur A loccasion agraveeacutevegravenemen~ imporshy
tants reacutecoltJs mariages baptecircme nous assistons agrave des manifestashy
tions folkloriques de grande envergure le Wango oucirc dailse toucouleur
tregraves gymnique iles chants et surtout les sEacuteances de lutte
La lutte toucouleur est la forme de lutte la plus spectaclaire dans
tout le territoire seacuteneacutegalais Elle est essentiellement baseacutee sur des
techniques en hancheacute et surtout en souplesse Ceci sexplique par le
fait q~e le jeune toucouleur est tregraves tocirct initieacute agrave la gymnastique (saut 1
per saut de main salto arriegravere saut de tecircte couronneacute etc bullbullbull ) pour
la dans~ du wa~go En dansant le wango qui est une danse rythmeacutee et
gymnique le Jeune toucou1eur est capable de prouesses extraordinaires
1
En lutte lattaquant se deacuteplace tregraves peu pour avoir une bonne saisie
(geacuteneacutera~ement controcircle du Ngimben ) et enchaine brusqueme~t avec une
attaque surpris~ Cependant les ripostes sont souvent surprenantes et
spectaculaires (baseacutees sur la souplesse et la rapiditeacute) ontrairement
aux autr~s form~s de luttes ougrave lon voyait tous les jeune adheacuterer la
lutte to~cou1eur Verra un groupe de speacutecialistes sadonne agrave la lutte 1
(la lutte est lieacutee agrave la position sociale de lindividu problegraveme de
caste)
Q La morphologie du lutteur toucou1eur 1
1 1
Ce dernier nest pas aussi large et aussi fort que les lutteurs diola
et seacuteregravere Cependant il est tregraves reacutesistant La musculatJre est saillante 1
et tregraves souple lindividu est longiligne mais tregraves athleacutetique
Les mouvements de lutteurs sont semblables agrave ceux dun grand fe1in Cette 1
morphologie semble ecirctre lieacutee agrave la position geacuteographique de lethnie
(reacutegion du fleuve) et agrave lacitiviteacute socio-eacuteconomique du toucouleur qui
est agrave la fois cultivateur (activiteacute lieacutee agrave la crue et deacutecrUE du fleuve)
pecirccheuro~T CIcr~icubaon) et sttout jEumlrgcr qui est U~ rc~2eumlr
shy
Deux formes egrave~ corps sembl~nt ecirctre preacutefeacutereacutees du lutteur toucouleur
le hancheacute et la souplesse Les hancheacutes sont faits agrave partir de plusieurs
positions de doset se terminent geacuteneacuteralement par des techniques de
tregraves grande amplitude
TABLEAU RECAPITULATIF DES TECHNIQUES ET FORMES DE CORPS SPECIFIQUES
i
L441 r
GARDE FORMES DU CORPS CONTROLES --shy - -
Moyenne Souplesse Ngimbe
Hancheacute bras
Demi-souplesse
1
Profil psycholosigue 1
TECHNIQUES
ContrOle du bassin et 12 souplesse
arriegravere
Klicket et allegravegement de la hanche
Le lutteur toucouleur est celui lUi se livre le moins aux preacuteparaqons
maraboutiques Cela est dO au f~t que le toucouleur est un grand ~USUlshyman et que les pratiques animisges ont presque disparu dans ce mil~eu
Dans la pratique le lutteur esJ combaif mais il est calme et tr~s reacutefleacutechi quant agrave la deacutecision agrave prendre en plein corps agrave corps ct~st un des seuls techniciens qui reJte tregraves lucide au cours de ses comb~ts
l Dans toutes les circonstances e lutteur toucouleur est tenu de re~pecshyter son adversaire et ceux de s4n eacutequipemecircme sil est vaincu
Comme nous avons dO nous en rendre compte la rigueur des principes
eacuteducationnels a une influence tregraves sensible sur l~ comportement du
toucouleur
i
III S COCL ~s 1DO
Dans cette partie nous avons essay~ de montrer lftroite re1atic~
Entre les diverses activiteacutes socio-eacuteconomiques dans les ethnies et
lES diffEacuterentes faccedilons de lutter
Daucuns seraient tent~s de conclure trop rapidement et cest p0~r
cette raison que nOUS avons penseacute preacuteciser que le pheacutenotype nest
pas geacuteneacuterateur du geacutenotype Et nous sommes convaincus que la morphoshy
logie et les techniques des lutteurs relegravevent de leurs modes de vie
et de leurs croyances agrave une eacutepoque et danE un contexte bien deacutetermishy
neacutes
Est-ce que les lutteurs dio1a ou seacuteregravere travaillant avec leurs bras
dans les champs auraient les mecircmes pr 0 fil s physiques que les lutteurs
utilisant des machines pour lagriculture
- 69 shy
I UJOURDH~1 E-S ut O[l LES FORfilS Ut LU11t~
~otons que notre enqu~te a ecirctE essentiellement faiteen milieu urbain
Les seacuteances de lutte ont tendance agrave perdre leur particulariteacute de r~shy
jouissance pour devenir des pheacutenomegravenes de sportisatio Deux fores
de luttes so~t principale~cnt prat s dans les aregrave~es du 5 al
la lutte traditiunnelle simple et la lutte traditionnelle avec frappe
De nos jours la lutte traditionnelle tend vers une reacuteglementation
et une institutionalisation
Le reacutesultat de nos investigations nous donne le tableau ci-dessous
REPARTITION ETHNIQUE SUR 100 PRATIQUANTS
LUTTE LUTTE RAPPORTETHNIES SANS FRAPPE AVEC FRAPPE J2
Diola 40 16 71 j
Seacuteregravere 26 21 57
Toucouleur 23 10 69
Wolof 1 1 53 17
La demande sociale par ordre deacutecroissant pour la lutte sans frappe
se preacutesente comrre suit
]0_ Ethnie diola avec pregraves de 3 lutteur~ sur 4
2deg_ Ethnie toucouleur
Ethri dun
~ 1 LA LUTTE TR])IIIO~~ELLE AVEC H-PPE
Cette forme deacute lutte a une histoire qui date de lantiquiteacute elle
sa~pelait le Pugilat Au Seacuteneacutegal elle a vu le jour dans le Cayor
bien avant la colonisation Le coup dE pied l~Lrdn~lement la morshy
sure la frappe et le doigtf eacutetaient permis dans le cc=bat ~ ~middot~p0~~e
Dans certains cas la giffle eacutetait beaucoup plus dangereuse que le
poing quand elle eacutetait donneacutee par un speacutecialiste Cette giffle pouvait
agrave elle seule deacutechirer et mecircme parfois amputer la joue de ladverser
Selon les informations la lutte avec frappede nos jours serait une
forme de lutte tregraves eupheacutemiseacutee de celle dantan ougrave une blessure
pouvait souvent ecirctre mortelle
Aujourdhui au niveau du folklore la lutte na plus la mecircme
le spectaculaire a remplaceacute le significatif iLa lutte avec frappe se 1
pratique surtout dans les centres urbains C~aque fois quun grand combat 1
est progra~eacute par le Comiteacute National Proviso~re (CNP) des centaines damashy
teurs sont mobiliseacutes vers le stade lba Mar D~OP qui est aujourdhui le i
lieu approprieacute ougrave se deacuteroulent les grands conkbats de lutte Cest la formE
de lutte qui semble drainer une foule de personnes beaucoup plus importante
que celle de la lutte simple
La lutte avec frappe deacuteriverait dune forme de lutte traditionnelle
pratiqueacutee jadis dans le Cayor au temps des Damels et la frappe serait
le substitut dun certain nombre de pratiques doigteacute jet de produits
etc bullbullbull dont le but eacutetait laveuglement de ladversaire La lutte avec
frappe serait une continuation logique dune carriegravere sportive de la
lutte traditionnelle qui sen sert comme moyen socio-eacuteconomique En
effet la majoriteacute des lutteurs avec frappe ont dabord eacuteteacute initieacutes agrave la
lutte simple Cependant il faut signaler que de nOS jours il arrive
que le jeune lutteur avec frappE- soit directenent formEacute conne speacutecialistE
agrave la frappe sa~s pour autant faire son chemin dabcrd egravea~s la lutte
- ~ shy
Le recircsultat dE ~os interviews ncus rec~trE qGune pcpulatiD~ divcrsishy
fiampe sint~resse agrave ce sport et qUE les intecircr~[s des uns et d~SlautrE~
semble~t divergents naucuns affirment que la lutte traditionnelle
avec frappe serait monteacutee par des personnes dont la vocation est dexshy
ploiter ce pheacuteLomegravene agrave des fins commerciales Dautres disent gJellegrave
jouit de mcyens irport~nts t[l[~isio
tation etc bullbullbull ) pour toucher toutes les couches sociales CEpe~~a~t
nous remarquons que mecircme si certaines personnes reprochent agrave cette
forme de lutte decirctre brutale ces mecircmes personnes nheacutesitent pas agrave
se rendre le dimanche agrave laregravene Bien que critiqueacutee elle semble ecirctre
adopteacutee par une tregraves grande partie de la population seacuteneacutegalaise Cepenshy
dant en tant que techniciens il nous est permis de faire une remarque
Il sagit de
- Limpression nette decirctre devant des professionnels de la frappe
qui sont ~ntratneacutes pour cela Dailleurs les propos que nous avons
recueilli~ nous prouvent que la plupart des champions de lutte avec 1
frappe s~ntratnent dans certains sports de combat tels ~ue la boxe i 1
le karateacute le judo Dans cette nouvelle forme de pratique de la lutte
contrairefuent agrave la lutte traditionnelle le technicien e~t souvent
perdant face au puncheur Ce dernier adopte une lutte agrave distance qui
lui permet de placer agrave bon escient ses coups animeacute du deacutesir de vaincre
Le technicien lui se voit contreacute dans toutes ses entreprises par
un uppercut ou un crochet
On peut dire cependant que nul sport au Seacuteneacutegal que la lutte tradishy
tionnelle avec frappe ne deacutechaicircne autant de passions et autant de
pheacutenomegravenes poussant agrave lexcegraves et deacutereacuteglements quon ne peut que deacuteplorer
Mais comment deacutecrier un spectacle de lutte qui bien quayant perdu la
presque totaliteacute des valeurs traditionnelles veacutehiculeacutees autrefois par
elle sait susciter une participation effective de tous ceux qui sont
preacutesents
CONCLUSION
Dans ce meacutemoire nous sommes efforceacutes ~e faire ressort ir limportance des
ethos et des habitus et leurs effets sur la pratique de la lutte tradishy
tionnelle au Seacuteneacutegal
L~b egravethos repr~sentent dune maniegravere g~neurorale tous les eacuteleacutements speacutec
fiques sux Seacuteneacutegalais par conampeacuteguent un systegraveme de valeurs traditionnellEs
Mais m~me si ces valeurs rev~tent une signification universelle (honneur
digniteacute courage etc bullbullbull ) il nen demeure pas moins que ce nest pas leur
nature qui fait leur speacutecificiteacute mais la hieacuterarchisation et limportance i
quon accorde agrave toutes ces valeurs de ~ar leacuteducation ou la culture
i 1
Aussi les valeurs traditionnelles puient leur speacutecificiteacute dans les
caracteacuteristiques propres aux eacuteleacutements ~e la socio-cu1ture (la technologie
et leacuteconomie la politique et la pareteacute la psychologie et lideacuteologie)
dans la socieacuteteacute seacuteneacutegalaise agrave n momen donneacute de son eacutevolution Cest i
dire la neacuteceesiteacute de ne point faire della valeur une reacutealiteacute statique
Cest dite aussi quagrave tout mome~t le ~eacuteneacutegalais peut eacutevoluer et creacuteer
ou vivre par conseacutequent de nouv~lles fprmes de valeur qui lui sont 1
propres ft (J)
La lutte traditionnelle veacutehiculant deS valeurs socio-cu1ture1les speacutecishy
fiquement seacuteneacutegalaises (croyances valeurs morales norme de comportement
opinion attitude bullbullbull ) devient un eacuteleacutement important qui tregraves certaiaement
nous aidera dans notre effort de valoriser et de peacuterenniser notre patri shy
moine culturel par le biais dactiviteacutes physiques et sportives
Leacutetude des habitus nous permet de prouver quil y a plusieurs faccedilons
de se mouvoir comme danser lutter bullbullbull qui varient avec les diffeacuterentes
ethnies (wolof toucouleur seacuteregravere diolagt leurs convenances et leurs
eacuteducations
(1) Revue Ethiopiques 31 Les valeurs traditionnelles et le problegraveme de leur inteacutegration dans les systegravemes modernes jtducatio-1 2 6r--70
nautre part cette eacutetude permet aussi de nous rendrE compte de la
correacutelatipn eacutetroite existant entre la pratique de la lutte traditionnelle
et le sta~ut socio-eacuteconomique du pratiquant
Nos inves~igations nous indiquent que la lutte recrute essentiellement
au niveau des classes socio-eacuteconomiques situeacutees en bas de leacutechelle
donc posseacutedant le statut social le moins favoriseacute La lutte avec frappe
-et un certain secteur commercialiseacute de la lutte simple- y trouve sa
leacutegitimiteacute Comme le dit BOURDIEU nA habitus diffeacuterents styles de Vle
divergents et il oppse les pratiques aristocpatiques correspondants agrave
des activiteacutes qui favorisent les situations eupheacutemiseacutees ougrave la stylisashy
tion est importante aux pratiques populaires qui font appel agrave des
qualiteacutes qpposeacutees bllutes rugueuses Certaines interviews nous
montrent que plus lindividu occupe une place eacuteleveacutee dans leacutechelle
sQciale e~ 1
moin$ il sinteacuteresse agrave la lutte
Les reacutesultats recueillis dans nos diverses investig~tions confirment 1 1
1er propos qui disent que nous assistons aujourdhu~ agrave une involution
de la lutte traditionnelle parce que perdant toutes ses speacutecificiteacutes au 1
pryfit d~ne autre forme de lutte que lon continue agrave appeler nostalshy
giqlementIIlutte traditionnelle
Ceci pourrait peut-~tre trouver une explication dan la citation suivante
La liberteacute de creacuteer dinnover de vivre Pleineinenf decirctre soi et de
preacuteserver son authenticiteacute la digniteacute et lhonneu1demeurent des illushy
sions dans la misegravere eacuteconomique~ Nos ancecirctres creacuteai~nt des valeurs de cishyl
vilisation parce quils eacutetaient libres parce qu1i~s ignoraient toute
deacutependance eacuteconomique ils cultivaient en eux et cbez leurs enfants le 1
Jorn et la Kersa et preacutefeacuteraient la mort agrave la hoJte lI (1)
Or le Seacuteneacutegal comme la plupart des pays africainsi est un pays sousshy
deacuteveloppeacute t cependant face agrave cette volonteacute du gou~ernement seacuteneacutegalais
de faire inteacutegrer dans leacuteducation des valeurs traditionnelles nous
pouvons espeacuterer utiliser comme moyen deacuteducation la lutteacute traditionnelle
qui reste quand mecircme vecteur jethos et dhabit~s
- 54 shy
Mecircme si lon a noteacute un appauvrissement notoire sur les plans socioshy
culturel et moral la lutte traditionnelle recegravele une gamme importante
et varieacutee de techniques permettant incontestablement une ouverture vers
les luttes olympiques libre et g~eacuteco-romaine
La lecture de ce meacutemoire permettra agrave lentratneur et au professeur de
lutte en fonction du lieu ougrave ils seront affecteacutes dans le territoire
seacuteneacutegalaisdavoir une information sur les techniques contrOles et
formes de corps propres agrave chaque groupe ethnique et de les mettre en
relation avec leurs croyances et leurs mentaliteacutes
Nous avons essayeacute de montrer que la pratique de la lutte traditionnelle
doit tre axeacutee sur une ethnomotriciteacute au Seacuteneacutegal qui permette une inishy
tiation facile Cette pratique de la lutte traditionnelle seacuteneacutegalaise
devra dailleurs essayer de ~eacutepondre aux aspirations du Seacuteneacutegalaisl
moderne en souvrant aux ap~orts positifs des autres civilisations
ex~eacuterieures nous voulons Jvidemment parler du judo et des luttes oiymshyJ
piques 1
1 j Nous navons pas la preacutetentfon dans le cadre de ce meacutemoire demattrise
de reacutepondre agrave toutes les qutstions se rattachant agrave leacutetude de ~a lutte
traditionnelle souslangle~socio-culturel car non seulement il nous
manque lexpeacuterience et la c peacutetence en la mati~re mais aussil l le temps
et les moyens dont nous dis osions ne nous permettaient pas d~puiser le 1sujet i
1 1 1 t 1
l
- )5 shy
BIBLIOGRAPHIE
BIBLIOGRAPHIE
1- CLAPAREDE Psychologie de leacuteducation et peacutedagogie expeacuterimentale
Edition Delachaux et Niestleacute 244 pages
2- POCIELLC Christian Sport et Socieacuteteacute approche socio-culturelle
des pratiques Paris Vigot 1981 377 pages
3- PIERON Henri Vocabulaire de la psychologie
PUF Deuxiegraveme eacutedition 1957 469 pages
4- Revue socialiste de culture neacutegro-africaine ETHIOPIQUES
Les valeurs traditionnelles et le problegraveme de leur inteacutegration
dans les systegravemes modernes deacuteducation
GIA 21 Juillet 1982 213 pages
5- N2 Revue du Centre dEtudedes Civilisations DEM ak TEY
NIS IVegrave Trimestre 1982 96 pages
6- Document lNSEP Colloque sur la lutte aeacuteregravere
DAKAR MAI-JUIN 1980
t 1
~- Travaux du IVegrave Congregraves National ~es Sports agrave DAKAR les 2223041981
Bulletin n2 91 du CIO du 15 Aont 1965
l____________________________
8- Meacutemoire de Mattrise BADJI Abdou La lutte traditionnelle Joola
Etude et perspective
9- Meacutemoire Inspectorat JS DJITTE Mandy Les pratiques corporelles
traditionnelles au Seacuteneacutegal pour leur exploitation et leur
utilisation en peacutedagogie Marly le Roi 1980
REPUBLIQUE DU SENEGAL
--------------- INSTITUT NATIONAL SUPERIEUR
MINISTERE DE LA JEUNESSE DE LrsquoEDUCATION POPULAIRE
ET DES SPORTS ET DU SPORT
-------------
(INSEPS)
MEMOIRE DE MAIcircTRISE
Es-SCIENCES ET TECHNIQUES
DE LrsquoACTIVITE PHYSIQUE ET DU SPORT
LA LUTTE TRADITIONNELLE
son importance sa signification en fonction des ethos et des habitus ethniques au Seacuteneacutegal
Preacutesenteacute par
Monsieur Joseph Victor FAYE
Sous la direction de
M Jean Marc ROCHEZ
Professeur agrave lrsquoINSEPS
Anneacutee de soutenance 1984
par rapport agrave lautre Cbci est trEgraves lieacute agrave lactiviteacute journaliegravere du
jeune seacuteregravere qui est un cultivateur donc toujours bien planteacute sur ses
jambes et qui continuellement manie lhiler
Le fait de couper le boi~ peut eacutegalement constituer un moyen de muscushy
lation non neacutegligeable pour le jeune lutteur
Un certain nombre de traits techniques speacutecifiques au lutteur seacuteregravere
semblent ressortir des diffeacuterentes interviews que nous aVOns fait subir
agrave certains lutteurs seacuteregraveres et agrave diffeacuterents techniciens
SOUS-GROUPES FORMES DU CORPS CONTROLES GARDES
SAFEN Moyenne en fente NONE Hancheacute Bras (distante) j
NDUTJ
f
SINE-SINE Deacutecalage Ngimbe
Moyenne
SALOUM-SALOUM Passage- Jambe (rapprocheacutee) 1
i
PETITE dessous Tecircte Basse et 1
COTE Moyenne (rapprocheacutee)
Notons que le Niominka ll commence agrave lutter agrave partir du sol pour avoir
assez deacutelan et sauter sur ladversaire afin davoir la prise du lion
(contr6le de la nuque et du bassin)
Co a -tem-nt ccedilt attitude du lutteur sEacuteregravere335 np -1t ~
Les croyances mystiques sont indissociables des activiteacutes quotidiennes
duseacuteregravere Ce qui explique le cocircteacute supersticieux du lutteur seacuteregravere En
~ffet certains lutteurs refusent de lutter avant certaines heures
Certains teacutemoignages nous apprennent quil nest pas donneacute agrave tout le
monde decirctre champion de lutte et que le lutteur doit avoir des dons
surnaturels pour ecirctre agrave mesure de livrer ses combats dans la nuit
et trouver seul un gris-gris speacutecial appeleacute Njatch
Le vrai champion de lutte chez les seacuteregraveres ne lutte pas seulement avec
~a force et sa technique mais surtout avec ses dons occultes
Chez les seacuteregraveres les morts sont toujours preacutesents et les ~pangols
Servent dintermeacutediaire entre les hommes et les morts Le pangol prend i
le nom dhumain dans certains villages (IIHeacuteJga NDONG Har Wag NGOUYE) i 1
De ce fait on verra le lutteur danser dufe maniegravere ou dune autre en
fonction du pangol de sa famille Ainsi nrus aurons le back (chant et
danse du lutteur) des DIOUF des FAYE etclbullbullbull
Dans laregravene le lutteur seacuteregravere a un comportement exemplaire aussi bien
agrave leacutegard de son adversaire direct quave~ le public en geacuteneacuteral Lexpli shy
cation semble tenir au fait que le lutteur seacuteregravere est avant tout selon
la tradition orale le repreacutesentant de toute la communauteacute seacuteregravere Par
conseacutequent il devra saffirmer non seulement en tant que lutteur dans
laregravene mais aussi en tant quentiteacute morale
336 La tenue du lutteur ou NGIMBE est confectionneacutee par le marabout de la
famille ou du clan Le Ngimbe est constitueacute de pagne en cCton tisseacute
Il doit ecirctre propre le lutteur qui le porte ne devra pas avoir de rapshy
port sexuel pendant toute la peacuteriode des cOTpeacutetitians car le Ngi~bE ne
doit pas ~tre souilleacute
Autrefois et mecircme aujourdthui dans certaines familles on devient
lutteur de pegravere en fils et dans ce cas le Ngimbe du pegravere est heacuteriteacute
par le fils Le fait de porter le Ngimbe de ses aieux peut susciter
chez le jeune lutteur une motivation et une volonteacute ineacutebranlable dtasshy
surer la supeacuterioriteacute d~s siens dans ltaregravene Il fera tout pour que le
Ngimbe de la ramille ne touche le sable
La tenue du lutteur a une signification et une importance sur le plan
mystique car selon les anciens le vra1 feacutetiche du lutteur celui qui
le proteacutegera et laidera agrave vaincre le nDjinne ou le tRapu de ladvershy
saire se trouve cacheacute dans ce Ngimbeu bull Celui qui confectionne donc le
Ngimbe U est doueacute de faculteacutes occultes
337 Larbitrase est assureacute par un sage du village qui geacuteneacuteralement fut
champion de lutte de son temps Dailleurs cet ancien nintervient que
si le terrassement est litigieux Hormis le public qui proclame la vicshy
toire ou le match nul le lutteur lui-mecircme est arbitre et il arrive
quil se deacuteclare vaincu
Nous avons pu cfter Meacutedoune KHOULE un desplus grands lutteurs seacuteneacutegashy
lais qui a donn~ une victoire agrave Djeacuteri SADIO son adversaire qui a reacuteussi
agrave lui faire touegraveher le sol de la main
IlL
34 1 Preacutesentation
Lethnie toucouleur vit En grandt partit ciE~~ la vallfc du S~~~gal
pt reprecircsente i peu pr~s 8 de la population totale secircn~galaise
o Histoire
Il semblerait que dans lancien royaume du Tekrour (IX~ siegravecle) des
eacuteleacutements neacutegroiumldes Sarakoleacute et des Peul aient formEacute par meacutetissage le
peuple Toucouleur (Toucouleur serait dailleurs une deacuteformation du
mot portugais Tacouror)
Ce empire a domineacute aussi bien les wolofs de lOuest que les Peul
nomades du Fouta Toro Cette reacutegion fut le premier pays islamiseacute par
les Almoravides ce qui peut expliquer le proseacutelytisme toucouleur
Ce sont les guerriers toucouleur islamiseacutes qui attaqu~rent avec les
Almoravides la capitale du Ghana Koumbi en 1067 On convertit par
la force les animistes Cest sans doute agrave cette eacutepoque que de nombreuses
ethnies reacutefractaires agrave lIslam ont dO accentuer leur migration vers
le sud (Seacuteregravere wolof Sarakoleacute Bambara Songhaiuml Akan et Peul se reacuteshy
fugiaient vers les hauteurs du Fouta Djalon)
Au XIXegrave siegravecle les Toucouleur allaient trouver en El Hadj Omar Tall
un grand conqueacuterent qui sous le preacutetexte religieux de la gJerre sainte
contre les tribus animistes (entre autres Bambara) eacutetendit lempire
toucouleur sur presque tout lensemble du gali et la partie de la Guineacutee
proche du l1ali
Lempire toucouleur composeacute de Sarakoleacute de Bambar~ de ~alinkeacute de
Xassonkeacute dE Peul et de Dogon eut le meurorit~ dunir CES diif~rentes ~ ~ - - - - - et~ics ~t dE CD~stituer l~Sl la b2S~ ~r 1
_ ~ ~ ~_ L ~
~ ~- ~- - - ---- _ 1 v _ t 1 ~-_ --
marabout tOL~culcuuml~ ~ middotlrrany a l ick SI venu des E1i rClS dE Pocior~ (
~ Vi~ euroconomicue et sociale -----------~-------------
Les Toucouleur sont des cultivateurs mais bien quils n~ soie~t pa~
pasteurs comrre les Peul leacutelevage a une place inportarteacute decirc1S ltur
eacutecono~ie Pour faciliter leur conquecircte guerriegraverE ils c~t Eucirc une preacuteshy
dilection pour leacutelevage des chevaux On y trouve aussi des pecirccheurs
appeleacutes Tchioubalo La socieacuteteacute toucouleur aurait une stratification
sociale tregraves rigide Les groupes ethniques et les castes eacutetaient
diffeacuterencieacutes et strictement exogamiques les Rimbe classe des nobles
comprenant la famille reacutegnante et les guerriers libres la classe des
Nieacutenieacutebegens de castes artisanales i les Rimaibeacute anciens esclaves
devenus serviteurs qui portent les noms de famille de leur maicirctres A
la base de lorganisation de la collectiviteacute toucouleur se situe le
village (Wouro)
Toutes ces castes sont cloisonneacutees entre elle~ Ainsi il nest pas
permis agrave un Torodo (noble) de se marier avec un Tchioubalo Ces
consideacuterations sont importantes dans le domaine de la lutte ougrave nous
apercevrons que les nobles ne sont pas faits pour lutter Le noble
preacutesidera les seacuteances de lutte et on luttera pour lui Ces condeacute rat ions
de noblesse et de rang social sont extrecircmement importantes dans le
monde toucouleur
Le noble ne doit pas se salir on lutte pour lui il ne vit la lutte
quen tant que spectateur
342 Education moeurs croyances et eratiques religieuses
Deux formes d~ducation sont agrave consideacuterer leacutedJcatio~ dES enfarts Et
celle des adultes
oG lenfant sait m2n~~r et apprfcier le goOt d~5 ~iifeurorents r~pas lt
le moment ougrave il CO~~e~CE agrave marcher
tivirt n~sormais le petit toucou]eur est eacuteduquf par toutmiddot 12 f2~i)]E
dabord puis par toutes lespersc~nes du village ou du C13~
Lenfant peut ~tre corrigeacute par tout adulte appartenant au groupe social
Son eacuteducation est deacutesormais laffaire de toute la communauteacute et non
exclusivement celle ces parents On linitie ainsi au travail quotidien
qui se fait dans la bergel~ e les champs et les bords du fleuve Au sein
du village il pourra apprendre agrave filer la laine et agrave tisser des pagnes
dans les champs il apprend agrave manier la houe et lhiler pour la culture
du riz et du mil Mais signalons que lactiviteacute essentielle du toucouleur
est leacutelevage des boeufs des moutons et des chegravevres Chez les Ichioushy
balos (p~cheurs ) lenfant sera initieacute tregraves tat au maniement des pagaies
agrave la p~che propremccedilnt dite et agrave la nage
Vers cinq-six ans lenfant est confieacute au maicirctre coranique le Ihierno
et ce dernier dispose exclusivement de toute sa vie Lavenir du jeune
enfant lui appartient
Comme dans les autres groupes ethniques les enfants sont regroupeacutes en
classe dacircge et cest dans cette structure que lenfant subit les rite
de passe et plus particuliegraverement celui de la circoncision
La circoncision est non seulement unE opeacuteration chirurgicale malS surshy
tout une peacuteriode au cours de laquelle le jeune garccedilon passe de leacutetat
dadolescent agrave leacutetat dadulte Les circoncis sont reacuteunis en classe
dacircge dans un endroit situeacute hors duvillage geacuteneacuteralement choisi par les
vieux Cet endroit n~st accessible que par des individus de SExe ffi8SCUshy
li~ ~ta~t au preacutealabl circoncis
- - - -
quable et complet sur le plan phy~ique et ~oral Ai~si liniti~
acquiert les qualitecircs indispensables que sont le courag~ la modest
lesprit de sacrifice lendurance
Le toucoule~r est un pleux musulma~ Cela sexp1
SOil le premier agrave tre en contact avec la religion musulmane de par sa
position frontaliegravere Lethnie toucouleur de par son histoire a preacutesenteacute
les plus grands chefs militaires et religieux musulmans seacuteneacutegalais Et
pour illustrer cela on peut citer en exemple la grande famille musulmane
des SY agrave TIVAOUANE repreacutesentant la confreacuterie des TIDJANES
Bien que lon note une majoriteacute musulmane on peut dire que certaines
croyances et pratiques mystiques et animistes persistent encore surtout
dans la reacutegion du fleuve
Une pratique courante se fait elle sappelle le Djatt Elle consiste
agrave faire sortir le caiman du fleuve agrave limmobiliser et agrave lattacher
sans quil ne reacuteagisse et tout ceci agrave laide de versets et dincantashy
tions magiques Dapregraves les teacutemoignages ces pratiques sont plutocirct
freacutequentes chez les Tchioubalos (pecirccheurs) Il arrive aussi que cershy
tains chasseurs ayant des dons se livrent agrave certaines pratiques an1shy
mis tes qui consistent agrave invoquer certaines puissances et agrave moduler sous
forme de chant des versets occultes pour se proteacuteger des mauvais esprits
et pour eacuteloigner les fauves Ce chant est geacuteneacuteralement incompreacutehensible
et deacutenueacute de sens pour le profane
343 Activiteacutes ludiques et pratiques sportives en milieu toucouleur
Durant toute son histoire lethnie ~oucouleur a toujours EacutetEacute Frese~teacute~
comme celle qui avait ue activit essentiellement guerr e e~ particushy
liegraverement farouche Trois eacuteleacutements ret r t l ecirc t te nt i c- euro so~t
le manie~~nt du ~acircton 12 luttE Et 1eacute danSE
l
Lecircducation ph~sique et artistique Dcc~pe un place precircpondecircra~rp
dans la fDrmat~on du jEune toucouleur A loccasion agraveeacutevegravenemen~ imporshy
tants reacutecoltJs mariages baptecircme nous assistons agrave des manifestashy
tions folkloriques de grande envergure le Wango oucirc dailse toucouleur
tregraves gymnique iles chants et surtout les sEacuteances de lutte
La lutte toucouleur est la forme de lutte la plus spectaclaire dans
tout le territoire seacuteneacutegalais Elle est essentiellement baseacutee sur des
techniques en hancheacute et surtout en souplesse Ceci sexplique par le
fait q~e le jeune toucouleur est tregraves tocirct initieacute agrave la gymnastique (saut 1
per saut de main salto arriegravere saut de tecircte couronneacute etc bullbullbull ) pour
la dans~ du wa~go En dansant le wango qui est une danse rythmeacutee et
gymnique le Jeune toucou1eur est capable de prouesses extraordinaires
1
En lutte lattaquant se deacuteplace tregraves peu pour avoir une bonne saisie
(geacuteneacutera~ement controcircle du Ngimben ) et enchaine brusqueme~t avec une
attaque surpris~ Cependant les ripostes sont souvent surprenantes et
spectaculaires (baseacutees sur la souplesse et la rapiditeacute) ontrairement
aux autr~s form~s de luttes ougrave lon voyait tous les jeune adheacuterer la
lutte to~cou1eur Verra un groupe de speacutecialistes sadonne agrave la lutte 1
(la lutte est lieacutee agrave la position sociale de lindividu problegraveme de
caste)
Q La morphologie du lutteur toucou1eur 1
1 1
Ce dernier nest pas aussi large et aussi fort que les lutteurs diola
et seacuteregravere Cependant il est tregraves reacutesistant La musculatJre est saillante 1
et tregraves souple lindividu est longiligne mais tregraves athleacutetique
Les mouvements de lutteurs sont semblables agrave ceux dun grand fe1in Cette 1
morphologie semble ecirctre lieacutee agrave la position geacuteographique de lethnie
(reacutegion du fleuve) et agrave lacitiviteacute socio-eacuteconomique du toucouleur qui
est agrave la fois cultivateur (activiteacute lieacutee agrave la crue et deacutecrUE du fleuve)
pecirccheuro~T CIcr~icubaon) et sttout jEumlrgcr qui est U~ rc~2eumlr
shy
Deux formes egrave~ corps sembl~nt ecirctre preacutefeacutereacutees du lutteur toucouleur
le hancheacute et la souplesse Les hancheacutes sont faits agrave partir de plusieurs
positions de doset se terminent geacuteneacuteralement par des techniques de
tregraves grande amplitude
TABLEAU RECAPITULATIF DES TECHNIQUES ET FORMES DE CORPS SPECIFIQUES
i
L441 r
GARDE FORMES DU CORPS CONTROLES --shy - -
Moyenne Souplesse Ngimbe
Hancheacute bras
Demi-souplesse
1
Profil psycholosigue 1
TECHNIQUES
ContrOle du bassin et 12 souplesse
arriegravere
Klicket et allegravegement de la hanche
Le lutteur toucouleur est celui lUi se livre le moins aux preacuteparaqons
maraboutiques Cela est dO au f~t que le toucouleur est un grand ~USUlshyman et que les pratiques animisges ont presque disparu dans ce mil~eu
Dans la pratique le lutteur esJ combaif mais il est calme et tr~s reacutefleacutechi quant agrave la deacutecision agrave prendre en plein corps agrave corps ct~st un des seuls techniciens qui reJte tregraves lucide au cours de ses comb~ts
l Dans toutes les circonstances e lutteur toucouleur est tenu de re~pecshyter son adversaire et ceux de s4n eacutequipemecircme sil est vaincu
Comme nous avons dO nous en rendre compte la rigueur des principes
eacuteducationnels a une influence tregraves sensible sur l~ comportement du
toucouleur
i
III S COCL ~s 1DO
Dans cette partie nous avons essay~ de montrer lftroite re1atic~
Entre les diverses activiteacutes socio-eacuteconomiques dans les ethnies et
lES diffEacuterentes faccedilons de lutter
Daucuns seraient tent~s de conclure trop rapidement et cest p0~r
cette raison que nOUS avons penseacute preacuteciser que le pheacutenotype nest
pas geacuteneacuterateur du geacutenotype Et nous sommes convaincus que la morphoshy
logie et les techniques des lutteurs relegravevent de leurs modes de vie
et de leurs croyances agrave une eacutepoque et danE un contexte bien deacutetermishy
neacutes
Est-ce que les lutteurs dio1a ou seacuteregravere travaillant avec leurs bras
dans les champs auraient les mecircmes pr 0 fil s physiques que les lutteurs
utilisant des machines pour lagriculture
- 69 shy
I UJOURDH~1 E-S ut O[l LES FORfilS Ut LU11t~
~otons que notre enqu~te a ecirctE essentiellement faiteen milieu urbain
Les seacuteances de lutte ont tendance agrave perdre leur particulariteacute de r~shy
jouissance pour devenir des pheacutenomegravenes de sportisatio Deux fores
de luttes so~t principale~cnt prat s dans les aregrave~es du 5 al
la lutte traditiunnelle simple et la lutte traditionnelle avec frappe
De nos jours la lutte traditionnelle tend vers une reacuteglementation
et une institutionalisation
Le reacutesultat de nos investigations nous donne le tableau ci-dessous
REPARTITION ETHNIQUE SUR 100 PRATIQUANTS
LUTTE LUTTE RAPPORTETHNIES SANS FRAPPE AVEC FRAPPE J2
Diola 40 16 71 j
Seacuteregravere 26 21 57
Toucouleur 23 10 69
Wolof 1 1 53 17
La demande sociale par ordre deacutecroissant pour la lutte sans frappe
se preacutesente comrre suit
]0_ Ethnie diola avec pregraves de 3 lutteur~ sur 4
2deg_ Ethnie toucouleur
Ethri dun
~ 1 LA LUTTE TR])IIIO~~ELLE AVEC H-PPE
Cette forme deacute lutte a une histoire qui date de lantiquiteacute elle
sa~pelait le Pugilat Au Seacuteneacutegal elle a vu le jour dans le Cayor
bien avant la colonisation Le coup dE pied l~Lrdn~lement la morshy
sure la frappe et le doigtf eacutetaient permis dans le cc=bat ~ ~middot~p0~~e
Dans certains cas la giffle eacutetait beaucoup plus dangereuse que le
poing quand elle eacutetait donneacutee par un speacutecialiste Cette giffle pouvait
agrave elle seule deacutechirer et mecircme parfois amputer la joue de ladverser
Selon les informations la lutte avec frappede nos jours serait une
forme de lutte tregraves eupheacutemiseacutee de celle dantan ougrave une blessure
pouvait souvent ecirctre mortelle
Aujourdhui au niveau du folklore la lutte na plus la mecircme
le spectaculaire a remplaceacute le significatif iLa lutte avec frappe se 1
pratique surtout dans les centres urbains C~aque fois quun grand combat 1
est progra~eacute par le Comiteacute National Proviso~re (CNP) des centaines damashy
teurs sont mobiliseacutes vers le stade lba Mar D~OP qui est aujourdhui le i
lieu approprieacute ougrave se deacuteroulent les grands conkbats de lutte Cest la formE
de lutte qui semble drainer une foule de personnes beaucoup plus importante
que celle de la lutte simple
La lutte avec frappe deacuteriverait dune forme de lutte traditionnelle
pratiqueacutee jadis dans le Cayor au temps des Damels et la frappe serait
le substitut dun certain nombre de pratiques doigteacute jet de produits
etc bullbullbull dont le but eacutetait laveuglement de ladversaire La lutte avec
frappe serait une continuation logique dune carriegravere sportive de la
lutte traditionnelle qui sen sert comme moyen socio-eacuteconomique En
effet la majoriteacute des lutteurs avec frappe ont dabord eacuteteacute initieacutes agrave la
lutte simple Cependant il faut signaler que de nOS jours il arrive
que le jeune lutteur avec frappE- soit directenent formEacute conne speacutecialistE
agrave la frappe sa~s pour autant faire son chemin dabcrd egravea~s la lutte
- ~ shy
Le recircsultat dE ~os interviews ncus rec~trE qGune pcpulatiD~ divcrsishy
fiampe sint~resse agrave ce sport et qUE les intecircr~[s des uns et d~SlautrE~
semble~t divergents naucuns affirment que la lutte traditionnelle
avec frappe serait monteacutee par des personnes dont la vocation est dexshy
ploiter ce pheacuteLomegravene agrave des fins commerciales Dautres disent gJellegrave
jouit de mcyens irport~nts t[l[~isio
tation etc bullbullbull ) pour toucher toutes les couches sociales CEpe~~a~t
nous remarquons que mecircme si certaines personnes reprochent agrave cette
forme de lutte decirctre brutale ces mecircmes personnes nheacutesitent pas agrave
se rendre le dimanche agrave laregravene Bien que critiqueacutee elle semble ecirctre
adopteacutee par une tregraves grande partie de la population seacuteneacutegalaise Cepenshy
dant en tant que techniciens il nous est permis de faire une remarque
Il sagit de
- Limpression nette decirctre devant des professionnels de la frappe
qui sont ~ntratneacutes pour cela Dailleurs les propos que nous avons
recueilli~ nous prouvent que la plupart des champions de lutte avec 1
frappe s~ntratnent dans certains sports de combat tels ~ue la boxe i 1
le karateacute le judo Dans cette nouvelle forme de pratique de la lutte
contrairefuent agrave la lutte traditionnelle le technicien e~t souvent
perdant face au puncheur Ce dernier adopte une lutte agrave distance qui
lui permet de placer agrave bon escient ses coups animeacute du deacutesir de vaincre
Le technicien lui se voit contreacute dans toutes ses entreprises par
un uppercut ou un crochet
On peut dire cependant que nul sport au Seacuteneacutegal que la lutte tradishy
tionnelle avec frappe ne deacutechaicircne autant de passions et autant de
pheacutenomegravenes poussant agrave lexcegraves et deacutereacuteglements quon ne peut que deacuteplorer
Mais comment deacutecrier un spectacle de lutte qui bien quayant perdu la
presque totaliteacute des valeurs traditionnelles veacutehiculeacutees autrefois par
elle sait susciter une participation effective de tous ceux qui sont
preacutesents
CONCLUSION
Dans ce meacutemoire nous sommes efforceacutes ~e faire ressort ir limportance des
ethos et des habitus et leurs effets sur la pratique de la lutte tradishy
tionnelle au Seacuteneacutegal
L~b egravethos repr~sentent dune maniegravere g~neurorale tous les eacuteleacutements speacutec
fiques sux Seacuteneacutegalais par conampeacuteguent un systegraveme de valeurs traditionnellEs
Mais m~me si ces valeurs rev~tent une signification universelle (honneur
digniteacute courage etc bullbullbull ) il nen demeure pas moins que ce nest pas leur
nature qui fait leur speacutecificiteacute mais la hieacuterarchisation et limportance i
quon accorde agrave toutes ces valeurs de ~ar leacuteducation ou la culture
i 1
Aussi les valeurs traditionnelles puient leur speacutecificiteacute dans les
caracteacuteristiques propres aux eacuteleacutements ~e la socio-cu1ture (la technologie
et leacuteconomie la politique et la pareteacute la psychologie et lideacuteologie)
dans la socieacuteteacute seacuteneacutegalaise agrave n momen donneacute de son eacutevolution Cest i
dire la neacuteceesiteacute de ne point faire della valeur une reacutealiteacute statique
Cest dite aussi quagrave tout mome~t le ~eacuteneacutegalais peut eacutevoluer et creacuteer
ou vivre par conseacutequent de nouv~lles fprmes de valeur qui lui sont 1
propres ft (J)
La lutte traditionnelle veacutehiculant deS valeurs socio-cu1ture1les speacutecishy
fiquement seacuteneacutegalaises (croyances valeurs morales norme de comportement
opinion attitude bullbullbull ) devient un eacuteleacutement important qui tregraves certaiaement
nous aidera dans notre effort de valoriser et de peacuterenniser notre patri shy
moine culturel par le biais dactiviteacutes physiques et sportives
Leacutetude des habitus nous permet de prouver quil y a plusieurs faccedilons
de se mouvoir comme danser lutter bullbullbull qui varient avec les diffeacuterentes
ethnies (wolof toucouleur seacuteregravere diolagt leurs convenances et leurs
eacuteducations
(1) Revue Ethiopiques 31 Les valeurs traditionnelles et le problegraveme de leur inteacutegration dans les systegravemes modernes jtducatio-1 2 6r--70
nautre part cette eacutetude permet aussi de nous rendrE compte de la
correacutelatipn eacutetroite existant entre la pratique de la lutte traditionnelle
et le sta~ut socio-eacuteconomique du pratiquant
Nos inves~igations nous indiquent que la lutte recrute essentiellement
au niveau des classes socio-eacuteconomiques situeacutees en bas de leacutechelle
donc posseacutedant le statut social le moins favoriseacute La lutte avec frappe
-et un certain secteur commercialiseacute de la lutte simple- y trouve sa
leacutegitimiteacute Comme le dit BOURDIEU nA habitus diffeacuterents styles de Vle
divergents et il oppse les pratiques aristocpatiques correspondants agrave
des activiteacutes qui favorisent les situations eupheacutemiseacutees ougrave la stylisashy
tion est importante aux pratiques populaires qui font appel agrave des
qualiteacutes qpposeacutees bllutes rugueuses Certaines interviews nous
montrent que plus lindividu occupe une place eacuteleveacutee dans leacutechelle
sQciale e~ 1
moin$ il sinteacuteresse agrave la lutte
Les reacutesultats recueillis dans nos diverses investig~tions confirment 1 1
1er propos qui disent que nous assistons aujourdhu~ agrave une involution
de la lutte traditionnelle parce que perdant toutes ses speacutecificiteacutes au 1
pryfit d~ne autre forme de lutte que lon continue agrave appeler nostalshy
giqlementIIlutte traditionnelle
Ceci pourrait peut-~tre trouver une explication dan la citation suivante
La liberteacute de creacuteer dinnover de vivre Pleineinenf decirctre soi et de
preacuteserver son authenticiteacute la digniteacute et lhonneu1demeurent des illushy
sions dans la misegravere eacuteconomique~ Nos ancecirctres creacuteai~nt des valeurs de cishyl
vilisation parce quils eacutetaient libres parce qu1i~s ignoraient toute
deacutependance eacuteconomique ils cultivaient en eux et cbez leurs enfants le 1
Jorn et la Kersa et preacutefeacuteraient la mort agrave la hoJte lI (1)
Or le Seacuteneacutegal comme la plupart des pays africainsi est un pays sousshy
deacuteveloppeacute t cependant face agrave cette volonteacute du gou~ernement seacuteneacutegalais
de faire inteacutegrer dans leacuteducation des valeurs traditionnelles nous
pouvons espeacuterer utiliser comme moyen deacuteducation la lutteacute traditionnelle
qui reste quand mecircme vecteur jethos et dhabit~s
- 54 shy
Mecircme si lon a noteacute un appauvrissement notoire sur les plans socioshy
culturel et moral la lutte traditionnelle recegravele une gamme importante
et varieacutee de techniques permettant incontestablement une ouverture vers
les luttes olympiques libre et g~eacuteco-romaine
La lecture de ce meacutemoire permettra agrave lentratneur et au professeur de
lutte en fonction du lieu ougrave ils seront affecteacutes dans le territoire
seacuteneacutegalaisdavoir une information sur les techniques contrOles et
formes de corps propres agrave chaque groupe ethnique et de les mettre en
relation avec leurs croyances et leurs mentaliteacutes
Nous avons essayeacute de montrer que la pratique de la lutte traditionnelle
doit tre axeacutee sur une ethnomotriciteacute au Seacuteneacutegal qui permette une inishy
tiation facile Cette pratique de la lutte traditionnelle seacuteneacutegalaise
devra dailleurs essayer de ~eacutepondre aux aspirations du Seacuteneacutegalaisl
moderne en souvrant aux ap~orts positifs des autres civilisations
ex~eacuterieures nous voulons Jvidemment parler du judo et des luttes oiymshyJ
piques 1
1 j Nous navons pas la preacutetentfon dans le cadre de ce meacutemoire demattrise
de reacutepondre agrave toutes les qutstions se rattachant agrave leacutetude de ~a lutte
traditionnelle souslangle~socio-culturel car non seulement il nous
manque lexpeacuterience et la c peacutetence en la mati~re mais aussil l le temps
et les moyens dont nous dis osions ne nous permettaient pas d~puiser le 1sujet i
1 1 1 t 1
l
- )5 shy
BIBLIOGRAPHIE
BIBLIOGRAPHIE
1- CLAPAREDE Psychologie de leacuteducation et peacutedagogie expeacuterimentale
Edition Delachaux et Niestleacute 244 pages
2- POCIELLC Christian Sport et Socieacuteteacute approche socio-culturelle
des pratiques Paris Vigot 1981 377 pages
3- PIERON Henri Vocabulaire de la psychologie
PUF Deuxiegraveme eacutedition 1957 469 pages
4- Revue socialiste de culture neacutegro-africaine ETHIOPIQUES
Les valeurs traditionnelles et le problegraveme de leur inteacutegration
dans les systegravemes modernes deacuteducation
GIA 21 Juillet 1982 213 pages
5- N2 Revue du Centre dEtudedes Civilisations DEM ak TEY
NIS IVegrave Trimestre 1982 96 pages
6- Document lNSEP Colloque sur la lutte aeacuteregravere
DAKAR MAI-JUIN 1980
t 1
~- Travaux du IVegrave Congregraves National ~es Sports agrave DAKAR les 2223041981
Bulletin n2 91 du CIO du 15 Aont 1965
l____________________________
8- Meacutemoire de Mattrise BADJI Abdou La lutte traditionnelle Joola
Etude et perspective
9- Meacutemoire Inspectorat JS DJITTE Mandy Les pratiques corporelles
traditionnelles au Seacuteneacutegal pour leur exploitation et leur
utilisation en peacutedagogie Marly le Roi 1980
REPUBLIQUE DU SENEGAL
--------------- INSTITUT NATIONAL SUPERIEUR
MINISTERE DE LA JEUNESSE DE LrsquoEDUCATION POPULAIRE
ET DES SPORTS ET DU SPORT
-------------
(INSEPS)
MEMOIRE DE MAIcircTRISE
Es-SCIENCES ET TECHNIQUES
DE LrsquoACTIVITE PHYSIQUE ET DU SPORT
LA LUTTE TRADITIONNELLE
son importance sa signification en fonction des ethos et des habitus ethniques au Seacuteneacutegal
Preacutesenteacute par
Monsieur Joseph Victor FAYE
Sous la direction de
M Jean Marc ROCHEZ
Professeur agrave lrsquoINSEPS
Anneacutee de soutenance 1984
Co a -tem-nt ccedilt attitude du lutteur sEacuteregravere335 np -1t ~
Les croyances mystiques sont indissociables des activiteacutes quotidiennes
duseacuteregravere Ce qui explique le cocircteacute supersticieux du lutteur seacuteregravere En
~ffet certains lutteurs refusent de lutter avant certaines heures
Certains teacutemoignages nous apprennent quil nest pas donneacute agrave tout le
monde decirctre champion de lutte et que le lutteur doit avoir des dons
surnaturels pour ecirctre agrave mesure de livrer ses combats dans la nuit
et trouver seul un gris-gris speacutecial appeleacute Njatch
Le vrai champion de lutte chez les seacuteregraveres ne lutte pas seulement avec
~a force et sa technique mais surtout avec ses dons occultes
Chez les seacuteregraveres les morts sont toujours preacutesents et les ~pangols
Servent dintermeacutediaire entre les hommes et les morts Le pangol prend i
le nom dhumain dans certains villages (IIHeacuteJga NDONG Har Wag NGOUYE) i 1
De ce fait on verra le lutteur danser dufe maniegravere ou dune autre en
fonction du pangol de sa famille Ainsi nrus aurons le back (chant et
danse du lutteur) des DIOUF des FAYE etclbullbullbull
Dans laregravene le lutteur seacuteregravere a un comportement exemplaire aussi bien
agrave leacutegard de son adversaire direct quave~ le public en geacuteneacuteral Lexpli shy
cation semble tenir au fait que le lutteur seacuteregravere est avant tout selon
la tradition orale le repreacutesentant de toute la communauteacute seacuteregravere Par
conseacutequent il devra saffirmer non seulement en tant que lutteur dans
laregravene mais aussi en tant quentiteacute morale
336 La tenue du lutteur ou NGIMBE est confectionneacutee par le marabout de la
famille ou du clan Le Ngimbe est constitueacute de pagne en cCton tisseacute
Il doit ecirctre propre le lutteur qui le porte ne devra pas avoir de rapshy
port sexuel pendant toute la peacuteriode des cOTpeacutetitians car le Ngi~bE ne
doit pas ~tre souilleacute
Autrefois et mecircme aujourdthui dans certaines familles on devient
lutteur de pegravere en fils et dans ce cas le Ngimbe du pegravere est heacuteriteacute
par le fils Le fait de porter le Ngimbe de ses aieux peut susciter
chez le jeune lutteur une motivation et une volonteacute ineacutebranlable dtasshy
surer la supeacuterioriteacute d~s siens dans ltaregravene Il fera tout pour que le
Ngimbe de la ramille ne touche le sable
La tenue du lutteur a une signification et une importance sur le plan
mystique car selon les anciens le vra1 feacutetiche du lutteur celui qui
le proteacutegera et laidera agrave vaincre le nDjinne ou le tRapu de ladvershy
saire se trouve cacheacute dans ce Ngimbeu bull Celui qui confectionne donc le
Ngimbe U est doueacute de faculteacutes occultes
337 Larbitrase est assureacute par un sage du village qui geacuteneacuteralement fut
champion de lutte de son temps Dailleurs cet ancien nintervient que
si le terrassement est litigieux Hormis le public qui proclame la vicshy
toire ou le match nul le lutteur lui-mecircme est arbitre et il arrive
quil se deacuteclare vaincu
Nous avons pu cfter Meacutedoune KHOULE un desplus grands lutteurs seacuteneacutegashy
lais qui a donn~ une victoire agrave Djeacuteri SADIO son adversaire qui a reacuteussi
agrave lui faire touegraveher le sol de la main
IlL
34 1 Preacutesentation
Lethnie toucouleur vit En grandt partit ciE~~ la vallfc du S~~~gal
pt reprecircsente i peu pr~s 8 de la population totale secircn~galaise
o Histoire
Il semblerait que dans lancien royaume du Tekrour (IX~ siegravecle) des
eacuteleacutements neacutegroiumldes Sarakoleacute et des Peul aient formEacute par meacutetissage le
peuple Toucouleur (Toucouleur serait dailleurs une deacuteformation du
mot portugais Tacouror)
Ce empire a domineacute aussi bien les wolofs de lOuest que les Peul
nomades du Fouta Toro Cette reacutegion fut le premier pays islamiseacute par
les Almoravides ce qui peut expliquer le proseacutelytisme toucouleur
Ce sont les guerriers toucouleur islamiseacutes qui attaqu~rent avec les
Almoravides la capitale du Ghana Koumbi en 1067 On convertit par
la force les animistes Cest sans doute agrave cette eacutepoque que de nombreuses
ethnies reacutefractaires agrave lIslam ont dO accentuer leur migration vers
le sud (Seacuteregravere wolof Sarakoleacute Bambara Songhaiuml Akan et Peul se reacuteshy
fugiaient vers les hauteurs du Fouta Djalon)
Au XIXegrave siegravecle les Toucouleur allaient trouver en El Hadj Omar Tall
un grand conqueacuterent qui sous le preacutetexte religieux de la gJerre sainte
contre les tribus animistes (entre autres Bambara) eacutetendit lempire
toucouleur sur presque tout lensemble du gali et la partie de la Guineacutee
proche du l1ali
Lempire toucouleur composeacute de Sarakoleacute de Bambar~ de ~alinkeacute de
Xassonkeacute dE Peul et de Dogon eut le meurorit~ dunir CES diif~rentes ~ ~ - - - - - et~ics ~t dE CD~stituer l~Sl la b2S~ ~r 1
_ ~ ~ ~_ L ~
~ ~- ~- - - ---- _ 1 v _ t 1 ~-_ --
marabout tOL~culcuuml~ ~ middotlrrany a l ick SI venu des E1i rClS dE Pocior~ (
~ Vi~ euroconomicue et sociale -----------~-------------
Les Toucouleur sont des cultivateurs mais bien quils n~ soie~t pa~
pasteurs comrre les Peul leacutelevage a une place inportarteacute decirc1S ltur
eacutecono~ie Pour faciliter leur conquecircte guerriegraverE ils c~t Eucirc une preacuteshy
dilection pour leacutelevage des chevaux On y trouve aussi des pecirccheurs
appeleacutes Tchioubalo La socieacuteteacute toucouleur aurait une stratification
sociale tregraves rigide Les groupes ethniques et les castes eacutetaient
diffeacuterencieacutes et strictement exogamiques les Rimbe classe des nobles
comprenant la famille reacutegnante et les guerriers libres la classe des
Nieacutenieacutebegens de castes artisanales i les Rimaibeacute anciens esclaves
devenus serviteurs qui portent les noms de famille de leur maicirctres A
la base de lorganisation de la collectiviteacute toucouleur se situe le
village (Wouro)
Toutes ces castes sont cloisonneacutees entre elle~ Ainsi il nest pas
permis agrave un Torodo (noble) de se marier avec un Tchioubalo Ces
consideacuterations sont importantes dans le domaine de la lutte ougrave nous
apercevrons que les nobles ne sont pas faits pour lutter Le noble
preacutesidera les seacuteances de lutte et on luttera pour lui Ces condeacute rat ions
de noblesse et de rang social sont extrecircmement importantes dans le
monde toucouleur
Le noble ne doit pas se salir on lutte pour lui il ne vit la lutte
quen tant que spectateur
342 Education moeurs croyances et eratiques religieuses
Deux formes d~ducation sont agrave consideacuterer leacutedJcatio~ dES enfarts Et
celle des adultes
oG lenfant sait m2n~~r et apprfcier le goOt d~5 ~iifeurorents r~pas lt
le moment ougrave il CO~~e~CE agrave marcher
tivirt n~sormais le petit toucou]eur est eacuteduquf par toutmiddot 12 f2~i)]E
dabord puis par toutes lespersc~nes du village ou du C13~
Lenfant peut ~tre corrigeacute par tout adulte appartenant au groupe social
Son eacuteducation est deacutesormais laffaire de toute la communauteacute et non
exclusivement celle ces parents On linitie ainsi au travail quotidien
qui se fait dans la bergel~ e les champs et les bords du fleuve Au sein
du village il pourra apprendre agrave filer la laine et agrave tisser des pagnes
dans les champs il apprend agrave manier la houe et lhiler pour la culture
du riz et du mil Mais signalons que lactiviteacute essentielle du toucouleur
est leacutelevage des boeufs des moutons et des chegravevres Chez les Ichioushy
balos (p~cheurs ) lenfant sera initieacute tregraves tat au maniement des pagaies
agrave la p~che propremccedilnt dite et agrave la nage
Vers cinq-six ans lenfant est confieacute au maicirctre coranique le Ihierno
et ce dernier dispose exclusivement de toute sa vie Lavenir du jeune
enfant lui appartient
Comme dans les autres groupes ethniques les enfants sont regroupeacutes en
classe dacircge et cest dans cette structure que lenfant subit les rite
de passe et plus particuliegraverement celui de la circoncision
La circoncision est non seulement unE opeacuteration chirurgicale malS surshy
tout une peacuteriode au cours de laquelle le jeune garccedilon passe de leacutetat
dadolescent agrave leacutetat dadulte Les circoncis sont reacuteunis en classe
dacircge dans un endroit situeacute hors duvillage geacuteneacuteralement choisi par les
vieux Cet endroit n~st accessible que par des individus de SExe ffi8SCUshy
li~ ~ta~t au preacutealabl circoncis
- - - -
quable et complet sur le plan phy~ique et ~oral Ai~si liniti~
acquiert les qualitecircs indispensables que sont le courag~ la modest
lesprit de sacrifice lendurance
Le toucoule~r est un pleux musulma~ Cela sexp1
SOil le premier agrave tre en contact avec la religion musulmane de par sa
position frontaliegravere Lethnie toucouleur de par son histoire a preacutesenteacute
les plus grands chefs militaires et religieux musulmans seacuteneacutegalais Et
pour illustrer cela on peut citer en exemple la grande famille musulmane
des SY agrave TIVAOUANE repreacutesentant la confreacuterie des TIDJANES
Bien que lon note une majoriteacute musulmane on peut dire que certaines
croyances et pratiques mystiques et animistes persistent encore surtout
dans la reacutegion du fleuve
Une pratique courante se fait elle sappelle le Djatt Elle consiste
agrave faire sortir le caiman du fleuve agrave limmobiliser et agrave lattacher
sans quil ne reacuteagisse et tout ceci agrave laide de versets et dincantashy
tions magiques Dapregraves les teacutemoignages ces pratiques sont plutocirct
freacutequentes chez les Tchioubalos (pecirccheurs) Il arrive aussi que cershy
tains chasseurs ayant des dons se livrent agrave certaines pratiques an1shy
mis tes qui consistent agrave invoquer certaines puissances et agrave moduler sous
forme de chant des versets occultes pour se proteacuteger des mauvais esprits
et pour eacuteloigner les fauves Ce chant est geacuteneacuteralement incompreacutehensible
et deacutenueacute de sens pour le profane
343 Activiteacutes ludiques et pratiques sportives en milieu toucouleur
Durant toute son histoire lethnie ~oucouleur a toujours EacutetEacute Frese~teacute~
comme celle qui avait ue activit essentiellement guerr e e~ particushy
liegraverement farouche Trois eacuteleacutements ret r t l ecirc t te nt i c- euro so~t
le manie~~nt du ~acircton 12 luttE Et 1eacute danSE
l
Lecircducation ph~sique et artistique Dcc~pe un place precircpondecircra~rp
dans la fDrmat~on du jEune toucouleur A loccasion agraveeacutevegravenemen~ imporshy
tants reacutecoltJs mariages baptecircme nous assistons agrave des manifestashy
tions folkloriques de grande envergure le Wango oucirc dailse toucouleur
tregraves gymnique iles chants et surtout les sEacuteances de lutte
La lutte toucouleur est la forme de lutte la plus spectaclaire dans
tout le territoire seacuteneacutegalais Elle est essentiellement baseacutee sur des
techniques en hancheacute et surtout en souplesse Ceci sexplique par le
fait q~e le jeune toucouleur est tregraves tocirct initieacute agrave la gymnastique (saut 1
per saut de main salto arriegravere saut de tecircte couronneacute etc bullbullbull ) pour
la dans~ du wa~go En dansant le wango qui est une danse rythmeacutee et
gymnique le Jeune toucou1eur est capable de prouesses extraordinaires
1
En lutte lattaquant se deacuteplace tregraves peu pour avoir une bonne saisie
(geacuteneacutera~ement controcircle du Ngimben ) et enchaine brusqueme~t avec une
attaque surpris~ Cependant les ripostes sont souvent surprenantes et
spectaculaires (baseacutees sur la souplesse et la rapiditeacute) ontrairement
aux autr~s form~s de luttes ougrave lon voyait tous les jeune adheacuterer la
lutte to~cou1eur Verra un groupe de speacutecialistes sadonne agrave la lutte 1
(la lutte est lieacutee agrave la position sociale de lindividu problegraveme de
caste)
Q La morphologie du lutteur toucou1eur 1
1 1
Ce dernier nest pas aussi large et aussi fort que les lutteurs diola
et seacuteregravere Cependant il est tregraves reacutesistant La musculatJre est saillante 1
et tregraves souple lindividu est longiligne mais tregraves athleacutetique
Les mouvements de lutteurs sont semblables agrave ceux dun grand fe1in Cette 1
morphologie semble ecirctre lieacutee agrave la position geacuteographique de lethnie
(reacutegion du fleuve) et agrave lacitiviteacute socio-eacuteconomique du toucouleur qui
est agrave la fois cultivateur (activiteacute lieacutee agrave la crue et deacutecrUE du fleuve)
pecirccheuro~T CIcr~icubaon) et sttout jEumlrgcr qui est U~ rc~2eumlr
shy
Deux formes egrave~ corps sembl~nt ecirctre preacutefeacutereacutees du lutteur toucouleur
le hancheacute et la souplesse Les hancheacutes sont faits agrave partir de plusieurs
positions de doset se terminent geacuteneacuteralement par des techniques de
tregraves grande amplitude
TABLEAU RECAPITULATIF DES TECHNIQUES ET FORMES DE CORPS SPECIFIQUES
i
L441 r
GARDE FORMES DU CORPS CONTROLES --shy - -
Moyenne Souplesse Ngimbe
Hancheacute bras
Demi-souplesse
1
Profil psycholosigue 1
TECHNIQUES
ContrOle du bassin et 12 souplesse
arriegravere
Klicket et allegravegement de la hanche
Le lutteur toucouleur est celui lUi se livre le moins aux preacuteparaqons
maraboutiques Cela est dO au f~t que le toucouleur est un grand ~USUlshyman et que les pratiques animisges ont presque disparu dans ce mil~eu
Dans la pratique le lutteur esJ combaif mais il est calme et tr~s reacutefleacutechi quant agrave la deacutecision agrave prendre en plein corps agrave corps ct~st un des seuls techniciens qui reJte tregraves lucide au cours de ses comb~ts
l Dans toutes les circonstances e lutteur toucouleur est tenu de re~pecshyter son adversaire et ceux de s4n eacutequipemecircme sil est vaincu
Comme nous avons dO nous en rendre compte la rigueur des principes
eacuteducationnels a une influence tregraves sensible sur l~ comportement du
toucouleur
i
III S COCL ~s 1DO
Dans cette partie nous avons essay~ de montrer lftroite re1atic~
Entre les diverses activiteacutes socio-eacuteconomiques dans les ethnies et
lES diffEacuterentes faccedilons de lutter
Daucuns seraient tent~s de conclure trop rapidement et cest p0~r
cette raison que nOUS avons penseacute preacuteciser que le pheacutenotype nest
pas geacuteneacuterateur du geacutenotype Et nous sommes convaincus que la morphoshy
logie et les techniques des lutteurs relegravevent de leurs modes de vie
et de leurs croyances agrave une eacutepoque et danE un contexte bien deacutetermishy
neacutes
Est-ce que les lutteurs dio1a ou seacuteregravere travaillant avec leurs bras
dans les champs auraient les mecircmes pr 0 fil s physiques que les lutteurs
utilisant des machines pour lagriculture
- 69 shy
I UJOURDH~1 E-S ut O[l LES FORfilS Ut LU11t~
~otons que notre enqu~te a ecirctE essentiellement faiteen milieu urbain
Les seacuteances de lutte ont tendance agrave perdre leur particulariteacute de r~shy
jouissance pour devenir des pheacutenomegravenes de sportisatio Deux fores
de luttes so~t principale~cnt prat s dans les aregrave~es du 5 al
la lutte traditiunnelle simple et la lutte traditionnelle avec frappe
De nos jours la lutte traditionnelle tend vers une reacuteglementation
et une institutionalisation
Le reacutesultat de nos investigations nous donne le tableau ci-dessous
REPARTITION ETHNIQUE SUR 100 PRATIQUANTS
LUTTE LUTTE RAPPORTETHNIES SANS FRAPPE AVEC FRAPPE J2
Diola 40 16 71 j
Seacuteregravere 26 21 57
Toucouleur 23 10 69
Wolof 1 1 53 17
La demande sociale par ordre deacutecroissant pour la lutte sans frappe
se preacutesente comrre suit
]0_ Ethnie diola avec pregraves de 3 lutteur~ sur 4
2deg_ Ethnie toucouleur
Ethri dun
~ 1 LA LUTTE TR])IIIO~~ELLE AVEC H-PPE
Cette forme deacute lutte a une histoire qui date de lantiquiteacute elle
sa~pelait le Pugilat Au Seacuteneacutegal elle a vu le jour dans le Cayor
bien avant la colonisation Le coup dE pied l~Lrdn~lement la morshy
sure la frappe et le doigtf eacutetaient permis dans le cc=bat ~ ~middot~p0~~e
Dans certains cas la giffle eacutetait beaucoup plus dangereuse que le
poing quand elle eacutetait donneacutee par un speacutecialiste Cette giffle pouvait
agrave elle seule deacutechirer et mecircme parfois amputer la joue de ladverser
Selon les informations la lutte avec frappede nos jours serait une
forme de lutte tregraves eupheacutemiseacutee de celle dantan ougrave une blessure
pouvait souvent ecirctre mortelle
Aujourdhui au niveau du folklore la lutte na plus la mecircme
le spectaculaire a remplaceacute le significatif iLa lutte avec frappe se 1
pratique surtout dans les centres urbains C~aque fois quun grand combat 1
est progra~eacute par le Comiteacute National Proviso~re (CNP) des centaines damashy
teurs sont mobiliseacutes vers le stade lba Mar D~OP qui est aujourdhui le i
lieu approprieacute ougrave se deacuteroulent les grands conkbats de lutte Cest la formE
de lutte qui semble drainer une foule de personnes beaucoup plus importante
que celle de la lutte simple
La lutte avec frappe deacuteriverait dune forme de lutte traditionnelle
pratiqueacutee jadis dans le Cayor au temps des Damels et la frappe serait
le substitut dun certain nombre de pratiques doigteacute jet de produits
etc bullbullbull dont le but eacutetait laveuglement de ladversaire La lutte avec
frappe serait une continuation logique dune carriegravere sportive de la
lutte traditionnelle qui sen sert comme moyen socio-eacuteconomique En
effet la majoriteacute des lutteurs avec frappe ont dabord eacuteteacute initieacutes agrave la
lutte simple Cependant il faut signaler que de nOS jours il arrive
que le jeune lutteur avec frappE- soit directenent formEacute conne speacutecialistE
agrave la frappe sa~s pour autant faire son chemin dabcrd egravea~s la lutte
- ~ shy
Le recircsultat dE ~os interviews ncus rec~trE qGune pcpulatiD~ divcrsishy
fiampe sint~resse agrave ce sport et qUE les intecircr~[s des uns et d~SlautrE~
semble~t divergents naucuns affirment que la lutte traditionnelle
avec frappe serait monteacutee par des personnes dont la vocation est dexshy
ploiter ce pheacuteLomegravene agrave des fins commerciales Dautres disent gJellegrave
jouit de mcyens irport~nts t[l[~isio
tation etc bullbullbull ) pour toucher toutes les couches sociales CEpe~~a~t
nous remarquons que mecircme si certaines personnes reprochent agrave cette
forme de lutte decirctre brutale ces mecircmes personnes nheacutesitent pas agrave
se rendre le dimanche agrave laregravene Bien que critiqueacutee elle semble ecirctre
adopteacutee par une tregraves grande partie de la population seacuteneacutegalaise Cepenshy
dant en tant que techniciens il nous est permis de faire une remarque
Il sagit de
- Limpression nette decirctre devant des professionnels de la frappe
qui sont ~ntratneacutes pour cela Dailleurs les propos que nous avons
recueilli~ nous prouvent que la plupart des champions de lutte avec 1
frappe s~ntratnent dans certains sports de combat tels ~ue la boxe i 1
le karateacute le judo Dans cette nouvelle forme de pratique de la lutte
contrairefuent agrave la lutte traditionnelle le technicien e~t souvent
perdant face au puncheur Ce dernier adopte une lutte agrave distance qui
lui permet de placer agrave bon escient ses coups animeacute du deacutesir de vaincre
Le technicien lui se voit contreacute dans toutes ses entreprises par
un uppercut ou un crochet
On peut dire cependant que nul sport au Seacuteneacutegal que la lutte tradishy
tionnelle avec frappe ne deacutechaicircne autant de passions et autant de
pheacutenomegravenes poussant agrave lexcegraves et deacutereacuteglements quon ne peut que deacuteplorer
Mais comment deacutecrier un spectacle de lutte qui bien quayant perdu la
presque totaliteacute des valeurs traditionnelles veacutehiculeacutees autrefois par
elle sait susciter une participation effective de tous ceux qui sont
preacutesents
CONCLUSION
Dans ce meacutemoire nous sommes efforceacutes ~e faire ressort ir limportance des
ethos et des habitus et leurs effets sur la pratique de la lutte tradishy
tionnelle au Seacuteneacutegal
L~b egravethos repr~sentent dune maniegravere g~neurorale tous les eacuteleacutements speacutec
fiques sux Seacuteneacutegalais par conampeacuteguent un systegraveme de valeurs traditionnellEs
Mais m~me si ces valeurs rev~tent une signification universelle (honneur
digniteacute courage etc bullbullbull ) il nen demeure pas moins que ce nest pas leur
nature qui fait leur speacutecificiteacute mais la hieacuterarchisation et limportance i
quon accorde agrave toutes ces valeurs de ~ar leacuteducation ou la culture
i 1
Aussi les valeurs traditionnelles puient leur speacutecificiteacute dans les
caracteacuteristiques propres aux eacuteleacutements ~e la socio-cu1ture (la technologie
et leacuteconomie la politique et la pareteacute la psychologie et lideacuteologie)
dans la socieacuteteacute seacuteneacutegalaise agrave n momen donneacute de son eacutevolution Cest i
dire la neacuteceesiteacute de ne point faire della valeur une reacutealiteacute statique
Cest dite aussi quagrave tout mome~t le ~eacuteneacutegalais peut eacutevoluer et creacuteer
ou vivre par conseacutequent de nouv~lles fprmes de valeur qui lui sont 1
propres ft (J)
La lutte traditionnelle veacutehiculant deS valeurs socio-cu1ture1les speacutecishy
fiquement seacuteneacutegalaises (croyances valeurs morales norme de comportement
opinion attitude bullbullbull ) devient un eacuteleacutement important qui tregraves certaiaement
nous aidera dans notre effort de valoriser et de peacuterenniser notre patri shy
moine culturel par le biais dactiviteacutes physiques et sportives
Leacutetude des habitus nous permet de prouver quil y a plusieurs faccedilons
de se mouvoir comme danser lutter bullbullbull qui varient avec les diffeacuterentes
ethnies (wolof toucouleur seacuteregravere diolagt leurs convenances et leurs
eacuteducations
(1) Revue Ethiopiques 31 Les valeurs traditionnelles et le problegraveme de leur inteacutegration dans les systegravemes modernes jtducatio-1 2 6r--70
nautre part cette eacutetude permet aussi de nous rendrE compte de la
correacutelatipn eacutetroite existant entre la pratique de la lutte traditionnelle
et le sta~ut socio-eacuteconomique du pratiquant
Nos inves~igations nous indiquent que la lutte recrute essentiellement
au niveau des classes socio-eacuteconomiques situeacutees en bas de leacutechelle
donc posseacutedant le statut social le moins favoriseacute La lutte avec frappe
-et un certain secteur commercialiseacute de la lutte simple- y trouve sa
leacutegitimiteacute Comme le dit BOURDIEU nA habitus diffeacuterents styles de Vle
divergents et il oppse les pratiques aristocpatiques correspondants agrave
des activiteacutes qui favorisent les situations eupheacutemiseacutees ougrave la stylisashy
tion est importante aux pratiques populaires qui font appel agrave des
qualiteacutes qpposeacutees bllutes rugueuses Certaines interviews nous
montrent que plus lindividu occupe une place eacuteleveacutee dans leacutechelle
sQciale e~ 1
moin$ il sinteacuteresse agrave la lutte
Les reacutesultats recueillis dans nos diverses investig~tions confirment 1 1
1er propos qui disent que nous assistons aujourdhu~ agrave une involution
de la lutte traditionnelle parce que perdant toutes ses speacutecificiteacutes au 1
pryfit d~ne autre forme de lutte que lon continue agrave appeler nostalshy
giqlementIIlutte traditionnelle
Ceci pourrait peut-~tre trouver une explication dan la citation suivante
La liberteacute de creacuteer dinnover de vivre Pleineinenf decirctre soi et de
preacuteserver son authenticiteacute la digniteacute et lhonneu1demeurent des illushy
sions dans la misegravere eacuteconomique~ Nos ancecirctres creacuteai~nt des valeurs de cishyl
vilisation parce quils eacutetaient libres parce qu1i~s ignoraient toute
deacutependance eacuteconomique ils cultivaient en eux et cbez leurs enfants le 1
Jorn et la Kersa et preacutefeacuteraient la mort agrave la hoJte lI (1)
Or le Seacuteneacutegal comme la plupart des pays africainsi est un pays sousshy
deacuteveloppeacute t cependant face agrave cette volonteacute du gou~ernement seacuteneacutegalais
de faire inteacutegrer dans leacuteducation des valeurs traditionnelles nous
pouvons espeacuterer utiliser comme moyen deacuteducation la lutteacute traditionnelle
qui reste quand mecircme vecteur jethos et dhabit~s
- 54 shy
Mecircme si lon a noteacute un appauvrissement notoire sur les plans socioshy
culturel et moral la lutte traditionnelle recegravele une gamme importante
et varieacutee de techniques permettant incontestablement une ouverture vers
les luttes olympiques libre et g~eacuteco-romaine
La lecture de ce meacutemoire permettra agrave lentratneur et au professeur de
lutte en fonction du lieu ougrave ils seront affecteacutes dans le territoire
seacuteneacutegalaisdavoir une information sur les techniques contrOles et
formes de corps propres agrave chaque groupe ethnique et de les mettre en
relation avec leurs croyances et leurs mentaliteacutes
Nous avons essayeacute de montrer que la pratique de la lutte traditionnelle
doit tre axeacutee sur une ethnomotriciteacute au Seacuteneacutegal qui permette une inishy
tiation facile Cette pratique de la lutte traditionnelle seacuteneacutegalaise
devra dailleurs essayer de ~eacutepondre aux aspirations du Seacuteneacutegalaisl
moderne en souvrant aux ap~orts positifs des autres civilisations
ex~eacuterieures nous voulons Jvidemment parler du judo et des luttes oiymshyJ
piques 1
1 j Nous navons pas la preacutetentfon dans le cadre de ce meacutemoire demattrise
de reacutepondre agrave toutes les qutstions se rattachant agrave leacutetude de ~a lutte
traditionnelle souslangle~socio-culturel car non seulement il nous
manque lexpeacuterience et la c peacutetence en la mati~re mais aussil l le temps
et les moyens dont nous dis osions ne nous permettaient pas d~puiser le 1sujet i
1 1 1 t 1
l
- )5 shy
BIBLIOGRAPHIE
BIBLIOGRAPHIE
1- CLAPAREDE Psychologie de leacuteducation et peacutedagogie expeacuterimentale
Edition Delachaux et Niestleacute 244 pages
2- POCIELLC Christian Sport et Socieacuteteacute approche socio-culturelle
des pratiques Paris Vigot 1981 377 pages
3- PIERON Henri Vocabulaire de la psychologie
PUF Deuxiegraveme eacutedition 1957 469 pages
4- Revue socialiste de culture neacutegro-africaine ETHIOPIQUES
Les valeurs traditionnelles et le problegraveme de leur inteacutegration
dans les systegravemes modernes deacuteducation
GIA 21 Juillet 1982 213 pages
5- N2 Revue du Centre dEtudedes Civilisations DEM ak TEY
NIS IVegrave Trimestre 1982 96 pages
6- Document lNSEP Colloque sur la lutte aeacuteregravere
DAKAR MAI-JUIN 1980
t 1
~- Travaux du IVegrave Congregraves National ~es Sports agrave DAKAR les 2223041981
Bulletin n2 91 du CIO du 15 Aont 1965
l____________________________
8- Meacutemoire de Mattrise BADJI Abdou La lutte traditionnelle Joola
Etude et perspective
9- Meacutemoire Inspectorat JS DJITTE Mandy Les pratiques corporelles
traditionnelles au Seacuteneacutegal pour leur exploitation et leur
utilisation en peacutedagogie Marly le Roi 1980
REPUBLIQUE DU SENEGAL
--------------- INSTITUT NATIONAL SUPERIEUR
MINISTERE DE LA JEUNESSE DE LrsquoEDUCATION POPULAIRE
ET DES SPORTS ET DU SPORT
-------------
(INSEPS)
MEMOIRE DE MAIcircTRISE
Es-SCIENCES ET TECHNIQUES
DE LrsquoACTIVITE PHYSIQUE ET DU SPORT
LA LUTTE TRADITIONNELLE
son importance sa signification en fonction des ethos et des habitus ethniques au Seacuteneacutegal
Preacutesenteacute par
Monsieur Joseph Victor FAYE
Sous la direction de
M Jean Marc ROCHEZ
Professeur agrave lrsquoINSEPS
Anneacutee de soutenance 1984
Autrefois et mecircme aujourdthui dans certaines familles on devient
lutteur de pegravere en fils et dans ce cas le Ngimbe du pegravere est heacuteriteacute
par le fils Le fait de porter le Ngimbe de ses aieux peut susciter
chez le jeune lutteur une motivation et une volonteacute ineacutebranlable dtasshy
surer la supeacuterioriteacute d~s siens dans ltaregravene Il fera tout pour que le
Ngimbe de la ramille ne touche le sable
La tenue du lutteur a une signification et une importance sur le plan
mystique car selon les anciens le vra1 feacutetiche du lutteur celui qui
le proteacutegera et laidera agrave vaincre le nDjinne ou le tRapu de ladvershy
saire se trouve cacheacute dans ce Ngimbeu bull Celui qui confectionne donc le
Ngimbe U est doueacute de faculteacutes occultes
337 Larbitrase est assureacute par un sage du village qui geacuteneacuteralement fut
champion de lutte de son temps Dailleurs cet ancien nintervient que
si le terrassement est litigieux Hormis le public qui proclame la vicshy
toire ou le match nul le lutteur lui-mecircme est arbitre et il arrive
quil se deacuteclare vaincu
Nous avons pu cfter Meacutedoune KHOULE un desplus grands lutteurs seacuteneacutegashy
lais qui a donn~ une victoire agrave Djeacuteri SADIO son adversaire qui a reacuteussi
agrave lui faire touegraveher le sol de la main
IlL
34 1 Preacutesentation
Lethnie toucouleur vit En grandt partit ciE~~ la vallfc du S~~~gal
pt reprecircsente i peu pr~s 8 de la population totale secircn~galaise
o Histoire
Il semblerait que dans lancien royaume du Tekrour (IX~ siegravecle) des
eacuteleacutements neacutegroiumldes Sarakoleacute et des Peul aient formEacute par meacutetissage le
peuple Toucouleur (Toucouleur serait dailleurs une deacuteformation du
mot portugais Tacouror)
Ce empire a domineacute aussi bien les wolofs de lOuest que les Peul
nomades du Fouta Toro Cette reacutegion fut le premier pays islamiseacute par
les Almoravides ce qui peut expliquer le proseacutelytisme toucouleur
Ce sont les guerriers toucouleur islamiseacutes qui attaqu~rent avec les
Almoravides la capitale du Ghana Koumbi en 1067 On convertit par
la force les animistes Cest sans doute agrave cette eacutepoque que de nombreuses
ethnies reacutefractaires agrave lIslam ont dO accentuer leur migration vers
le sud (Seacuteregravere wolof Sarakoleacute Bambara Songhaiuml Akan et Peul se reacuteshy
fugiaient vers les hauteurs du Fouta Djalon)
Au XIXegrave siegravecle les Toucouleur allaient trouver en El Hadj Omar Tall
un grand conqueacuterent qui sous le preacutetexte religieux de la gJerre sainte
contre les tribus animistes (entre autres Bambara) eacutetendit lempire
toucouleur sur presque tout lensemble du gali et la partie de la Guineacutee
proche du l1ali
Lempire toucouleur composeacute de Sarakoleacute de Bambar~ de ~alinkeacute de
Xassonkeacute dE Peul et de Dogon eut le meurorit~ dunir CES diif~rentes ~ ~ - - - - - et~ics ~t dE CD~stituer l~Sl la b2S~ ~r 1
_ ~ ~ ~_ L ~
~ ~- ~- - - ---- _ 1 v _ t 1 ~-_ --
marabout tOL~culcuuml~ ~ middotlrrany a l ick SI venu des E1i rClS dE Pocior~ (
~ Vi~ euroconomicue et sociale -----------~-------------
Les Toucouleur sont des cultivateurs mais bien quils n~ soie~t pa~
pasteurs comrre les Peul leacutelevage a une place inportarteacute decirc1S ltur
eacutecono~ie Pour faciliter leur conquecircte guerriegraverE ils c~t Eucirc une preacuteshy
dilection pour leacutelevage des chevaux On y trouve aussi des pecirccheurs
appeleacutes Tchioubalo La socieacuteteacute toucouleur aurait une stratification
sociale tregraves rigide Les groupes ethniques et les castes eacutetaient
diffeacuterencieacutes et strictement exogamiques les Rimbe classe des nobles
comprenant la famille reacutegnante et les guerriers libres la classe des
Nieacutenieacutebegens de castes artisanales i les Rimaibeacute anciens esclaves
devenus serviteurs qui portent les noms de famille de leur maicirctres A
la base de lorganisation de la collectiviteacute toucouleur se situe le
village (Wouro)
Toutes ces castes sont cloisonneacutees entre elle~ Ainsi il nest pas
permis agrave un Torodo (noble) de se marier avec un Tchioubalo Ces
consideacuterations sont importantes dans le domaine de la lutte ougrave nous
apercevrons que les nobles ne sont pas faits pour lutter Le noble
preacutesidera les seacuteances de lutte et on luttera pour lui Ces condeacute rat ions
de noblesse et de rang social sont extrecircmement importantes dans le
monde toucouleur
Le noble ne doit pas se salir on lutte pour lui il ne vit la lutte
quen tant que spectateur
342 Education moeurs croyances et eratiques religieuses
Deux formes d~ducation sont agrave consideacuterer leacutedJcatio~ dES enfarts Et
celle des adultes
oG lenfant sait m2n~~r et apprfcier le goOt d~5 ~iifeurorents r~pas lt
le moment ougrave il CO~~e~CE agrave marcher
tivirt n~sormais le petit toucou]eur est eacuteduquf par toutmiddot 12 f2~i)]E
dabord puis par toutes lespersc~nes du village ou du C13~
Lenfant peut ~tre corrigeacute par tout adulte appartenant au groupe social
Son eacuteducation est deacutesormais laffaire de toute la communauteacute et non
exclusivement celle ces parents On linitie ainsi au travail quotidien
qui se fait dans la bergel~ e les champs et les bords du fleuve Au sein
du village il pourra apprendre agrave filer la laine et agrave tisser des pagnes
dans les champs il apprend agrave manier la houe et lhiler pour la culture
du riz et du mil Mais signalons que lactiviteacute essentielle du toucouleur
est leacutelevage des boeufs des moutons et des chegravevres Chez les Ichioushy
balos (p~cheurs ) lenfant sera initieacute tregraves tat au maniement des pagaies
agrave la p~che propremccedilnt dite et agrave la nage
Vers cinq-six ans lenfant est confieacute au maicirctre coranique le Ihierno
et ce dernier dispose exclusivement de toute sa vie Lavenir du jeune
enfant lui appartient
Comme dans les autres groupes ethniques les enfants sont regroupeacutes en
classe dacircge et cest dans cette structure que lenfant subit les rite
de passe et plus particuliegraverement celui de la circoncision
La circoncision est non seulement unE opeacuteration chirurgicale malS surshy
tout une peacuteriode au cours de laquelle le jeune garccedilon passe de leacutetat
dadolescent agrave leacutetat dadulte Les circoncis sont reacuteunis en classe
dacircge dans un endroit situeacute hors duvillage geacuteneacuteralement choisi par les
vieux Cet endroit n~st accessible que par des individus de SExe ffi8SCUshy
li~ ~ta~t au preacutealabl circoncis
- - - -
quable et complet sur le plan phy~ique et ~oral Ai~si liniti~
acquiert les qualitecircs indispensables que sont le courag~ la modest
lesprit de sacrifice lendurance
Le toucoule~r est un pleux musulma~ Cela sexp1
SOil le premier agrave tre en contact avec la religion musulmane de par sa
position frontaliegravere Lethnie toucouleur de par son histoire a preacutesenteacute
les plus grands chefs militaires et religieux musulmans seacuteneacutegalais Et
pour illustrer cela on peut citer en exemple la grande famille musulmane
des SY agrave TIVAOUANE repreacutesentant la confreacuterie des TIDJANES
Bien que lon note une majoriteacute musulmane on peut dire que certaines
croyances et pratiques mystiques et animistes persistent encore surtout
dans la reacutegion du fleuve
Une pratique courante se fait elle sappelle le Djatt Elle consiste
agrave faire sortir le caiman du fleuve agrave limmobiliser et agrave lattacher
sans quil ne reacuteagisse et tout ceci agrave laide de versets et dincantashy
tions magiques Dapregraves les teacutemoignages ces pratiques sont plutocirct
freacutequentes chez les Tchioubalos (pecirccheurs) Il arrive aussi que cershy
tains chasseurs ayant des dons se livrent agrave certaines pratiques an1shy
mis tes qui consistent agrave invoquer certaines puissances et agrave moduler sous
forme de chant des versets occultes pour se proteacuteger des mauvais esprits
et pour eacuteloigner les fauves Ce chant est geacuteneacuteralement incompreacutehensible
et deacutenueacute de sens pour le profane
343 Activiteacutes ludiques et pratiques sportives en milieu toucouleur
Durant toute son histoire lethnie ~oucouleur a toujours EacutetEacute Frese~teacute~
comme celle qui avait ue activit essentiellement guerr e e~ particushy
liegraverement farouche Trois eacuteleacutements ret r t l ecirc t te nt i c- euro so~t
le manie~~nt du ~acircton 12 luttE Et 1eacute danSE
l
Lecircducation ph~sique et artistique Dcc~pe un place precircpondecircra~rp
dans la fDrmat~on du jEune toucouleur A loccasion agraveeacutevegravenemen~ imporshy
tants reacutecoltJs mariages baptecircme nous assistons agrave des manifestashy
tions folkloriques de grande envergure le Wango oucirc dailse toucouleur
tregraves gymnique iles chants et surtout les sEacuteances de lutte
La lutte toucouleur est la forme de lutte la plus spectaclaire dans
tout le territoire seacuteneacutegalais Elle est essentiellement baseacutee sur des
techniques en hancheacute et surtout en souplesse Ceci sexplique par le
fait q~e le jeune toucouleur est tregraves tocirct initieacute agrave la gymnastique (saut 1
per saut de main salto arriegravere saut de tecircte couronneacute etc bullbullbull ) pour
la dans~ du wa~go En dansant le wango qui est une danse rythmeacutee et
gymnique le Jeune toucou1eur est capable de prouesses extraordinaires
1
En lutte lattaquant se deacuteplace tregraves peu pour avoir une bonne saisie
(geacuteneacutera~ement controcircle du Ngimben ) et enchaine brusqueme~t avec une
attaque surpris~ Cependant les ripostes sont souvent surprenantes et
spectaculaires (baseacutees sur la souplesse et la rapiditeacute) ontrairement
aux autr~s form~s de luttes ougrave lon voyait tous les jeune adheacuterer la
lutte to~cou1eur Verra un groupe de speacutecialistes sadonne agrave la lutte 1
(la lutte est lieacutee agrave la position sociale de lindividu problegraveme de
caste)
Q La morphologie du lutteur toucou1eur 1
1 1
Ce dernier nest pas aussi large et aussi fort que les lutteurs diola
et seacuteregravere Cependant il est tregraves reacutesistant La musculatJre est saillante 1
et tregraves souple lindividu est longiligne mais tregraves athleacutetique
Les mouvements de lutteurs sont semblables agrave ceux dun grand fe1in Cette 1
morphologie semble ecirctre lieacutee agrave la position geacuteographique de lethnie
(reacutegion du fleuve) et agrave lacitiviteacute socio-eacuteconomique du toucouleur qui
est agrave la fois cultivateur (activiteacute lieacutee agrave la crue et deacutecrUE du fleuve)
pecirccheuro~T CIcr~icubaon) et sttout jEumlrgcr qui est U~ rc~2eumlr
shy
Deux formes egrave~ corps sembl~nt ecirctre preacutefeacutereacutees du lutteur toucouleur
le hancheacute et la souplesse Les hancheacutes sont faits agrave partir de plusieurs
positions de doset se terminent geacuteneacuteralement par des techniques de
tregraves grande amplitude
TABLEAU RECAPITULATIF DES TECHNIQUES ET FORMES DE CORPS SPECIFIQUES
i
L441 r
GARDE FORMES DU CORPS CONTROLES --shy - -
Moyenne Souplesse Ngimbe
Hancheacute bras
Demi-souplesse
1
Profil psycholosigue 1
TECHNIQUES
ContrOle du bassin et 12 souplesse
arriegravere
Klicket et allegravegement de la hanche
Le lutteur toucouleur est celui lUi se livre le moins aux preacuteparaqons
maraboutiques Cela est dO au f~t que le toucouleur est un grand ~USUlshyman et que les pratiques animisges ont presque disparu dans ce mil~eu
Dans la pratique le lutteur esJ combaif mais il est calme et tr~s reacutefleacutechi quant agrave la deacutecision agrave prendre en plein corps agrave corps ct~st un des seuls techniciens qui reJte tregraves lucide au cours de ses comb~ts
l Dans toutes les circonstances e lutteur toucouleur est tenu de re~pecshyter son adversaire et ceux de s4n eacutequipemecircme sil est vaincu
Comme nous avons dO nous en rendre compte la rigueur des principes
eacuteducationnels a une influence tregraves sensible sur l~ comportement du
toucouleur
i
III S COCL ~s 1DO
Dans cette partie nous avons essay~ de montrer lftroite re1atic~
Entre les diverses activiteacutes socio-eacuteconomiques dans les ethnies et
lES diffEacuterentes faccedilons de lutter
Daucuns seraient tent~s de conclure trop rapidement et cest p0~r
cette raison que nOUS avons penseacute preacuteciser que le pheacutenotype nest
pas geacuteneacuterateur du geacutenotype Et nous sommes convaincus que la morphoshy
logie et les techniques des lutteurs relegravevent de leurs modes de vie
et de leurs croyances agrave une eacutepoque et danE un contexte bien deacutetermishy
neacutes
Est-ce que les lutteurs dio1a ou seacuteregravere travaillant avec leurs bras
dans les champs auraient les mecircmes pr 0 fil s physiques que les lutteurs
utilisant des machines pour lagriculture
- 69 shy
I UJOURDH~1 E-S ut O[l LES FORfilS Ut LU11t~
~otons que notre enqu~te a ecirctE essentiellement faiteen milieu urbain
Les seacuteances de lutte ont tendance agrave perdre leur particulariteacute de r~shy
jouissance pour devenir des pheacutenomegravenes de sportisatio Deux fores
de luttes so~t principale~cnt prat s dans les aregrave~es du 5 al
la lutte traditiunnelle simple et la lutte traditionnelle avec frappe
De nos jours la lutte traditionnelle tend vers une reacuteglementation
et une institutionalisation
Le reacutesultat de nos investigations nous donne le tableau ci-dessous
REPARTITION ETHNIQUE SUR 100 PRATIQUANTS
LUTTE LUTTE RAPPORTETHNIES SANS FRAPPE AVEC FRAPPE J2
Diola 40 16 71 j
Seacuteregravere 26 21 57
Toucouleur 23 10 69
Wolof 1 1 53 17
La demande sociale par ordre deacutecroissant pour la lutte sans frappe
se preacutesente comrre suit
]0_ Ethnie diola avec pregraves de 3 lutteur~ sur 4
2deg_ Ethnie toucouleur
Ethri dun
~ 1 LA LUTTE TR])IIIO~~ELLE AVEC H-PPE
Cette forme deacute lutte a une histoire qui date de lantiquiteacute elle
sa~pelait le Pugilat Au Seacuteneacutegal elle a vu le jour dans le Cayor
bien avant la colonisation Le coup dE pied l~Lrdn~lement la morshy
sure la frappe et le doigtf eacutetaient permis dans le cc=bat ~ ~middot~p0~~e
Dans certains cas la giffle eacutetait beaucoup plus dangereuse que le
poing quand elle eacutetait donneacutee par un speacutecialiste Cette giffle pouvait
agrave elle seule deacutechirer et mecircme parfois amputer la joue de ladverser
Selon les informations la lutte avec frappede nos jours serait une
forme de lutte tregraves eupheacutemiseacutee de celle dantan ougrave une blessure
pouvait souvent ecirctre mortelle
Aujourdhui au niveau du folklore la lutte na plus la mecircme
le spectaculaire a remplaceacute le significatif iLa lutte avec frappe se 1
pratique surtout dans les centres urbains C~aque fois quun grand combat 1
est progra~eacute par le Comiteacute National Proviso~re (CNP) des centaines damashy
teurs sont mobiliseacutes vers le stade lba Mar D~OP qui est aujourdhui le i
lieu approprieacute ougrave se deacuteroulent les grands conkbats de lutte Cest la formE
de lutte qui semble drainer une foule de personnes beaucoup plus importante
que celle de la lutte simple
La lutte avec frappe deacuteriverait dune forme de lutte traditionnelle
pratiqueacutee jadis dans le Cayor au temps des Damels et la frappe serait
le substitut dun certain nombre de pratiques doigteacute jet de produits
etc bullbullbull dont le but eacutetait laveuglement de ladversaire La lutte avec
frappe serait une continuation logique dune carriegravere sportive de la
lutte traditionnelle qui sen sert comme moyen socio-eacuteconomique En
effet la majoriteacute des lutteurs avec frappe ont dabord eacuteteacute initieacutes agrave la
lutte simple Cependant il faut signaler que de nOS jours il arrive
que le jeune lutteur avec frappE- soit directenent formEacute conne speacutecialistE
agrave la frappe sa~s pour autant faire son chemin dabcrd egravea~s la lutte
- ~ shy
Le recircsultat dE ~os interviews ncus rec~trE qGune pcpulatiD~ divcrsishy
fiampe sint~resse agrave ce sport et qUE les intecircr~[s des uns et d~SlautrE~
semble~t divergents naucuns affirment que la lutte traditionnelle
avec frappe serait monteacutee par des personnes dont la vocation est dexshy
ploiter ce pheacuteLomegravene agrave des fins commerciales Dautres disent gJellegrave
jouit de mcyens irport~nts t[l[~isio
tation etc bullbullbull ) pour toucher toutes les couches sociales CEpe~~a~t
nous remarquons que mecircme si certaines personnes reprochent agrave cette
forme de lutte decirctre brutale ces mecircmes personnes nheacutesitent pas agrave
se rendre le dimanche agrave laregravene Bien que critiqueacutee elle semble ecirctre
adopteacutee par une tregraves grande partie de la population seacuteneacutegalaise Cepenshy
dant en tant que techniciens il nous est permis de faire une remarque
Il sagit de
- Limpression nette decirctre devant des professionnels de la frappe
qui sont ~ntratneacutes pour cela Dailleurs les propos que nous avons
recueilli~ nous prouvent que la plupart des champions de lutte avec 1
frappe s~ntratnent dans certains sports de combat tels ~ue la boxe i 1
le karateacute le judo Dans cette nouvelle forme de pratique de la lutte
contrairefuent agrave la lutte traditionnelle le technicien e~t souvent
perdant face au puncheur Ce dernier adopte une lutte agrave distance qui
lui permet de placer agrave bon escient ses coups animeacute du deacutesir de vaincre
Le technicien lui se voit contreacute dans toutes ses entreprises par
un uppercut ou un crochet
On peut dire cependant que nul sport au Seacuteneacutegal que la lutte tradishy
tionnelle avec frappe ne deacutechaicircne autant de passions et autant de
pheacutenomegravenes poussant agrave lexcegraves et deacutereacuteglements quon ne peut que deacuteplorer
Mais comment deacutecrier un spectacle de lutte qui bien quayant perdu la
presque totaliteacute des valeurs traditionnelles veacutehiculeacutees autrefois par
elle sait susciter une participation effective de tous ceux qui sont
preacutesents
CONCLUSION
Dans ce meacutemoire nous sommes efforceacutes ~e faire ressort ir limportance des
ethos et des habitus et leurs effets sur la pratique de la lutte tradishy
tionnelle au Seacuteneacutegal
L~b egravethos repr~sentent dune maniegravere g~neurorale tous les eacuteleacutements speacutec
fiques sux Seacuteneacutegalais par conampeacuteguent un systegraveme de valeurs traditionnellEs
Mais m~me si ces valeurs rev~tent une signification universelle (honneur
digniteacute courage etc bullbullbull ) il nen demeure pas moins que ce nest pas leur
nature qui fait leur speacutecificiteacute mais la hieacuterarchisation et limportance i
quon accorde agrave toutes ces valeurs de ~ar leacuteducation ou la culture
i 1
Aussi les valeurs traditionnelles puient leur speacutecificiteacute dans les
caracteacuteristiques propres aux eacuteleacutements ~e la socio-cu1ture (la technologie
et leacuteconomie la politique et la pareteacute la psychologie et lideacuteologie)
dans la socieacuteteacute seacuteneacutegalaise agrave n momen donneacute de son eacutevolution Cest i
dire la neacuteceesiteacute de ne point faire della valeur une reacutealiteacute statique
Cest dite aussi quagrave tout mome~t le ~eacuteneacutegalais peut eacutevoluer et creacuteer
ou vivre par conseacutequent de nouv~lles fprmes de valeur qui lui sont 1
propres ft (J)
La lutte traditionnelle veacutehiculant deS valeurs socio-cu1ture1les speacutecishy
fiquement seacuteneacutegalaises (croyances valeurs morales norme de comportement
opinion attitude bullbullbull ) devient un eacuteleacutement important qui tregraves certaiaement
nous aidera dans notre effort de valoriser et de peacuterenniser notre patri shy
moine culturel par le biais dactiviteacutes physiques et sportives
Leacutetude des habitus nous permet de prouver quil y a plusieurs faccedilons
de se mouvoir comme danser lutter bullbullbull qui varient avec les diffeacuterentes
ethnies (wolof toucouleur seacuteregravere diolagt leurs convenances et leurs
eacuteducations
(1) Revue Ethiopiques 31 Les valeurs traditionnelles et le problegraveme de leur inteacutegration dans les systegravemes modernes jtducatio-1 2 6r--70
nautre part cette eacutetude permet aussi de nous rendrE compte de la
correacutelatipn eacutetroite existant entre la pratique de la lutte traditionnelle
et le sta~ut socio-eacuteconomique du pratiquant
Nos inves~igations nous indiquent que la lutte recrute essentiellement
au niveau des classes socio-eacuteconomiques situeacutees en bas de leacutechelle
donc posseacutedant le statut social le moins favoriseacute La lutte avec frappe
-et un certain secteur commercialiseacute de la lutte simple- y trouve sa
leacutegitimiteacute Comme le dit BOURDIEU nA habitus diffeacuterents styles de Vle
divergents et il oppse les pratiques aristocpatiques correspondants agrave
des activiteacutes qui favorisent les situations eupheacutemiseacutees ougrave la stylisashy
tion est importante aux pratiques populaires qui font appel agrave des
qualiteacutes qpposeacutees bllutes rugueuses Certaines interviews nous
montrent que plus lindividu occupe une place eacuteleveacutee dans leacutechelle
sQciale e~ 1
moin$ il sinteacuteresse agrave la lutte
Les reacutesultats recueillis dans nos diverses investig~tions confirment 1 1
1er propos qui disent que nous assistons aujourdhu~ agrave une involution
de la lutte traditionnelle parce que perdant toutes ses speacutecificiteacutes au 1
pryfit d~ne autre forme de lutte que lon continue agrave appeler nostalshy
giqlementIIlutte traditionnelle
Ceci pourrait peut-~tre trouver une explication dan la citation suivante
La liberteacute de creacuteer dinnover de vivre Pleineinenf decirctre soi et de
preacuteserver son authenticiteacute la digniteacute et lhonneu1demeurent des illushy
sions dans la misegravere eacuteconomique~ Nos ancecirctres creacuteai~nt des valeurs de cishyl
vilisation parce quils eacutetaient libres parce qu1i~s ignoraient toute
deacutependance eacuteconomique ils cultivaient en eux et cbez leurs enfants le 1
Jorn et la Kersa et preacutefeacuteraient la mort agrave la hoJte lI (1)
Or le Seacuteneacutegal comme la plupart des pays africainsi est un pays sousshy
deacuteveloppeacute t cependant face agrave cette volonteacute du gou~ernement seacuteneacutegalais
de faire inteacutegrer dans leacuteducation des valeurs traditionnelles nous
pouvons espeacuterer utiliser comme moyen deacuteducation la lutteacute traditionnelle
qui reste quand mecircme vecteur jethos et dhabit~s
- 54 shy
Mecircme si lon a noteacute un appauvrissement notoire sur les plans socioshy
culturel et moral la lutte traditionnelle recegravele une gamme importante
et varieacutee de techniques permettant incontestablement une ouverture vers
les luttes olympiques libre et g~eacuteco-romaine
La lecture de ce meacutemoire permettra agrave lentratneur et au professeur de
lutte en fonction du lieu ougrave ils seront affecteacutes dans le territoire
seacuteneacutegalaisdavoir une information sur les techniques contrOles et
formes de corps propres agrave chaque groupe ethnique et de les mettre en
relation avec leurs croyances et leurs mentaliteacutes
Nous avons essayeacute de montrer que la pratique de la lutte traditionnelle
doit tre axeacutee sur une ethnomotriciteacute au Seacuteneacutegal qui permette une inishy
tiation facile Cette pratique de la lutte traditionnelle seacuteneacutegalaise
devra dailleurs essayer de ~eacutepondre aux aspirations du Seacuteneacutegalaisl
moderne en souvrant aux ap~orts positifs des autres civilisations
ex~eacuterieures nous voulons Jvidemment parler du judo et des luttes oiymshyJ
piques 1
1 j Nous navons pas la preacutetentfon dans le cadre de ce meacutemoire demattrise
de reacutepondre agrave toutes les qutstions se rattachant agrave leacutetude de ~a lutte
traditionnelle souslangle~socio-culturel car non seulement il nous
manque lexpeacuterience et la c peacutetence en la mati~re mais aussil l le temps
et les moyens dont nous dis osions ne nous permettaient pas d~puiser le 1sujet i
1 1 1 t 1
l
- )5 shy
BIBLIOGRAPHIE
BIBLIOGRAPHIE
1- CLAPAREDE Psychologie de leacuteducation et peacutedagogie expeacuterimentale
Edition Delachaux et Niestleacute 244 pages
2- POCIELLC Christian Sport et Socieacuteteacute approche socio-culturelle
des pratiques Paris Vigot 1981 377 pages
3- PIERON Henri Vocabulaire de la psychologie
PUF Deuxiegraveme eacutedition 1957 469 pages
4- Revue socialiste de culture neacutegro-africaine ETHIOPIQUES
Les valeurs traditionnelles et le problegraveme de leur inteacutegration
dans les systegravemes modernes deacuteducation
GIA 21 Juillet 1982 213 pages
5- N2 Revue du Centre dEtudedes Civilisations DEM ak TEY
NIS IVegrave Trimestre 1982 96 pages
6- Document lNSEP Colloque sur la lutte aeacuteregravere
DAKAR MAI-JUIN 1980
t 1
~- Travaux du IVegrave Congregraves National ~es Sports agrave DAKAR les 2223041981
Bulletin n2 91 du CIO du 15 Aont 1965
l____________________________
8- Meacutemoire de Mattrise BADJI Abdou La lutte traditionnelle Joola
Etude et perspective
9- Meacutemoire Inspectorat JS DJITTE Mandy Les pratiques corporelles
traditionnelles au Seacuteneacutegal pour leur exploitation et leur
utilisation en peacutedagogie Marly le Roi 1980
REPUBLIQUE DU SENEGAL
--------------- INSTITUT NATIONAL SUPERIEUR
MINISTERE DE LA JEUNESSE DE LrsquoEDUCATION POPULAIRE
ET DES SPORTS ET DU SPORT
-------------
(INSEPS)
MEMOIRE DE MAIcircTRISE
Es-SCIENCES ET TECHNIQUES
DE LrsquoACTIVITE PHYSIQUE ET DU SPORT
LA LUTTE TRADITIONNELLE
son importance sa signification en fonction des ethos et des habitus ethniques au Seacuteneacutegal
Preacutesenteacute par
Monsieur Joseph Victor FAYE
Sous la direction de
M Jean Marc ROCHEZ
Professeur agrave lrsquoINSEPS
Anneacutee de soutenance 1984
IlL
34 1 Preacutesentation
Lethnie toucouleur vit En grandt partit ciE~~ la vallfc du S~~~gal
pt reprecircsente i peu pr~s 8 de la population totale secircn~galaise
o Histoire
Il semblerait que dans lancien royaume du Tekrour (IX~ siegravecle) des
eacuteleacutements neacutegroiumldes Sarakoleacute et des Peul aient formEacute par meacutetissage le
peuple Toucouleur (Toucouleur serait dailleurs une deacuteformation du
mot portugais Tacouror)
Ce empire a domineacute aussi bien les wolofs de lOuest que les Peul
nomades du Fouta Toro Cette reacutegion fut le premier pays islamiseacute par
les Almoravides ce qui peut expliquer le proseacutelytisme toucouleur
Ce sont les guerriers toucouleur islamiseacutes qui attaqu~rent avec les
Almoravides la capitale du Ghana Koumbi en 1067 On convertit par
la force les animistes Cest sans doute agrave cette eacutepoque que de nombreuses
ethnies reacutefractaires agrave lIslam ont dO accentuer leur migration vers
le sud (Seacuteregravere wolof Sarakoleacute Bambara Songhaiuml Akan et Peul se reacuteshy
fugiaient vers les hauteurs du Fouta Djalon)
Au XIXegrave siegravecle les Toucouleur allaient trouver en El Hadj Omar Tall
un grand conqueacuterent qui sous le preacutetexte religieux de la gJerre sainte
contre les tribus animistes (entre autres Bambara) eacutetendit lempire
toucouleur sur presque tout lensemble du gali et la partie de la Guineacutee
proche du l1ali
Lempire toucouleur composeacute de Sarakoleacute de Bambar~ de ~alinkeacute de
Xassonkeacute dE Peul et de Dogon eut le meurorit~ dunir CES diif~rentes ~ ~ - - - - - et~ics ~t dE CD~stituer l~Sl la b2S~ ~r 1
_ ~ ~ ~_ L ~
~ ~- ~- - - ---- _ 1 v _ t 1 ~-_ --
marabout tOL~culcuuml~ ~ middotlrrany a l ick SI venu des E1i rClS dE Pocior~ (
~ Vi~ euroconomicue et sociale -----------~-------------
Les Toucouleur sont des cultivateurs mais bien quils n~ soie~t pa~
pasteurs comrre les Peul leacutelevage a une place inportarteacute decirc1S ltur
eacutecono~ie Pour faciliter leur conquecircte guerriegraverE ils c~t Eucirc une preacuteshy
dilection pour leacutelevage des chevaux On y trouve aussi des pecirccheurs
appeleacutes Tchioubalo La socieacuteteacute toucouleur aurait une stratification
sociale tregraves rigide Les groupes ethniques et les castes eacutetaient
diffeacuterencieacutes et strictement exogamiques les Rimbe classe des nobles
comprenant la famille reacutegnante et les guerriers libres la classe des
Nieacutenieacutebegens de castes artisanales i les Rimaibeacute anciens esclaves
devenus serviteurs qui portent les noms de famille de leur maicirctres A
la base de lorganisation de la collectiviteacute toucouleur se situe le
village (Wouro)
Toutes ces castes sont cloisonneacutees entre elle~ Ainsi il nest pas
permis agrave un Torodo (noble) de se marier avec un Tchioubalo Ces
consideacuterations sont importantes dans le domaine de la lutte ougrave nous
apercevrons que les nobles ne sont pas faits pour lutter Le noble
preacutesidera les seacuteances de lutte et on luttera pour lui Ces condeacute rat ions
de noblesse et de rang social sont extrecircmement importantes dans le
monde toucouleur
Le noble ne doit pas se salir on lutte pour lui il ne vit la lutte
quen tant que spectateur
342 Education moeurs croyances et eratiques religieuses
Deux formes d~ducation sont agrave consideacuterer leacutedJcatio~ dES enfarts Et
celle des adultes
oG lenfant sait m2n~~r et apprfcier le goOt d~5 ~iifeurorents r~pas lt
le moment ougrave il CO~~e~CE agrave marcher
tivirt n~sormais le petit toucou]eur est eacuteduquf par toutmiddot 12 f2~i)]E
dabord puis par toutes lespersc~nes du village ou du C13~
Lenfant peut ~tre corrigeacute par tout adulte appartenant au groupe social
Son eacuteducation est deacutesormais laffaire de toute la communauteacute et non
exclusivement celle ces parents On linitie ainsi au travail quotidien
qui se fait dans la bergel~ e les champs et les bords du fleuve Au sein
du village il pourra apprendre agrave filer la laine et agrave tisser des pagnes
dans les champs il apprend agrave manier la houe et lhiler pour la culture
du riz et du mil Mais signalons que lactiviteacute essentielle du toucouleur
est leacutelevage des boeufs des moutons et des chegravevres Chez les Ichioushy
balos (p~cheurs ) lenfant sera initieacute tregraves tat au maniement des pagaies
agrave la p~che propremccedilnt dite et agrave la nage
Vers cinq-six ans lenfant est confieacute au maicirctre coranique le Ihierno
et ce dernier dispose exclusivement de toute sa vie Lavenir du jeune
enfant lui appartient
Comme dans les autres groupes ethniques les enfants sont regroupeacutes en
classe dacircge et cest dans cette structure que lenfant subit les rite
de passe et plus particuliegraverement celui de la circoncision
La circoncision est non seulement unE opeacuteration chirurgicale malS surshy
tout une peacuteriode au cours de laquelle le jeune garccedilon passe de leacutetat
dadolescent agrave leacutetat dadulte Les circoncis sont reacuteunis en classe
dacircge dans un endroit situeacute hors duvillage geacuteneacuteralement choisi par les
vieux Cet endroit n~st accessible que par des individus de SExe ffi8SCUshy
li~ ~ta~t au preacutealabl circoncis
- - - -
quable et complet sur le plan phy~ique et ~oral Ai~si liniti~
acquiert les qualitecircs indispensables que sont le courag~ la modest
lesprit de sacrifice lendurance
Le toucoule~r est un pleux musulma~ Cela sexp1
SOil le premier agrave tre en contact avec la religion musulmane de par sa
position frontaliegravere Lethnie toucouleur de par son histoire a preacutesenteacute
les plus grands chefs militaires et religieux musulmans seacuteneacutegalais Et
pour illustrer cela on peut citer en exemple la grande famille musulmane
des SY agrave TIVAOUANE repreacutesentant la confreacuterie des TIDJANES
Bien que lon note une majoriteacute musulmane on peut dire que certaines
croyances et pratiques mystiques et animistes persistent encore surtout
dans la reacutegion du fleuve
Une pratique courante se fait elle sappelle le Djatt Elle consiste
agrave faire sortir le caiman du fleuve agrave limmobiliser et agrave lattacher
sans quil ne reacuteagisse et tout ceci agrave laide de versets et dincantashy
tions magiques Dapregraves les teacutemoignages ces pratiques sont plutocirct
freacutequentes chez les Tchioubalos (pecirccheurs) Il arrive aussi que cershy
tains chasseurs ayant des dons se livrent agrave certaines pratiques an1shy
mis tes qui consistent agrave invoquer certaines puissances et agrave moduler sous
forme de chant des versets occultes pour se proteacuteger des mauvais esprits
et pour eacuteloigner les fauves Ce chant est geacuteneacuteralement incompreacutehensible
et deacutenueacute de sens pour le profane
343 Activiteacutes ludiques et pratiques sportives en milieu toucouleur
Durant toute son histoire lethnie ~oucouleur a toujours EacutetEacute Frese~teacute~
comme celle qui avait ue activit essentiellement guerr e e~ particushy
liegraverement farouche Trois eacuteleacutements ret r t l ecirc t te nt i c- euro so~t
le manie~~nt du ~acircton 12 luttE Et 1eacute danSE
l
Lecircducation ph~sique et artistique Dcc~pe un place precircpondecircra~rp
dans la fDrmat~on du jEune toucouleur A loccasion agraveeacutevegravenemen~ imporshy
tants reacutecoltJs mariages baptecircme nous assistons agrave des manifestashy
tions folkloriques de grande envergure le Wango oucirc dailse toucouleur
tregraves gymnique iles chants et surtout les sEacuteances de lutte
La lutte toucouleur est la forme de lutte la plus spectaclaire dans
tout le territoire seacuteneacutegalais Elle est essentiellement baseacutee sur des
techniques en hancheacute et surtout en souplesse Ceci sexplique par le
fait q~e le jeune toucouleur est tregraves tocirct initieacute agrave la gymnastique (saut 1
per saut de main salto arriegravere saut de tecircte couronneacute etc bullbullbull ) pour
la dans~ du wa~go En dansant le wango qui est une danse rythmeacutee et
gymnique le Jeune toucou1eur est capable de prouesses extraordinaires
1
En lutte lattaquant se deacuteplace tregraves peu pour avoir une bonne saisie
(geacuteneacutera~ement controcircle du Ngimben ) et enchaine brusqueme~t avec une
attaque surpris~ Cependant les ripostes sont souvent surprenantes et
spectaculaires (baseacutees sur la souplesse et la rapiditeacute) ontrairement
aux autr~s form~s de luttes ougrave lon voyait tous les jeune adheacuterer la
lutte to~cou1eur Verra un groupe de speacutecialistes sadonne agrave la lutte 1
(la lutte est lieacutee agrave la position sociale de lindividu problegraveme de
caste)
Q La morphologie du lutteur toucou1eur 1
1 1
Ce dernier nest pas aussi large et aussi fort que les lutteurs diola
et seacuteregravere Cependant il est tregraves reacutesistant La musculatJre est saillante 1
et tregraves souple lindividu est longiligne mais tregraves athleacutetique
Les mouvements de lutteurs sont semblables agrave ceux dun grand fe1in Cette 1
morphologie semble ecirctre lieacutee agrave la position geacuteographique de lethnie
(reacutegion du fleuve) et agrave lacitiviteacute socio-eacuteconomique du toucouleur qui
est agrave la fois cultivateur (activiteacute lieacutee agrave la crue et deacutecrUE du fleuve)
pecirccheuro~T CIcr~icubaon) et sttout jEumlrgcr qui est U~ rc~2eumlr
shy
Deux formes egrave~ corps sembl~nt ecirctre preacutefeacutereacutees du lutteur toucouleur
le hancheacute et la souplesse Les hancheacutes sont faits agrave partir de plusieurs
positions de doset se terminent geacuteneacuteralement par des techniques de
tregraves grande amplitude
TABLEAU RECAPITULATIF DES TECHNIQUES ET FORMES DE CORPS SPECIFIQUES
i
L441 r
GARDE FORMES DU CORPS CONTROLES --shy - -
Moyenne Souplesse Ngimbe
Hancheacute bras
Demi-souplesse
1
Profil psycholosigue 1
TECHNIQUES
ContrOle du bassin et 12 souplesse
arriegravere
Klicket et allegravegement de la hanche
Le lutteur toucouleur est celui lUi se livre le moins aux preacuteparaqons
maraboutiques Cela est dO au f~t que le toucouleur est un grand ~USUlshyman et que les pratiques animisges ont presque disparu dans ce mil~eu
Dans la pratique le lutteur esJ combaif mais il est calme et tr~s reacutefleacutechi quant agrave la deacutecision agrave prendre en plein corps agrave corps ct~st un des seuls techniciens qui reJte tregraves lucide au cours de ses comb~ts
l Dans toutes les circonstances e lutteur toucouleur est tenu de re~pecshyter son adversaire et ceux de s4n eacutequipemecircme sil est vaincu
Comme nous avons dO nous en rendre compte la rigueur des principes
eacuteducationnels a une influence tregraves sensible sur l~ comportement du
toucouleur
i
III S COCL ~s 1DO
Dans cette partie nous avons essay~ de montrer lftroite re1atic~
Entre les diverses activiteacutes socio-eacuteconomiques dans les ethnies et
lES diffEacuterentes faccedilons de lutter
Daucuns seraient tent~s de conclure trop rapidement et cest p0~r
cette raison que nOUS avons penseacute preacuteciser que le pheacutenotype nest
pas geacuteneacuterateur du geacutenotype Et nous sommes convaincus que la morphoshy
logie et les techniques des lutteurs relegravevent de leurs modes de vie
et de leurs croyances agrave une eacutepoque et danE un contexte bien deacutetermishy
neacutes
Est-ce que les lutteurs dio1a ou seacuteregravere travaillant avec leurs bras
dans les champs auraient les mecircmes pr 0 fil s physiques que les lutteurs
utilisant des machines pour lagriculture
- 69 shy
I UJOURDH~1 E-S ut O[l LES FORfilS Ut LU11t~
~otons que notre enqu~te a ecirctE essentiellement faiteen milieu urbain
Les seacuteances de lutte ont tendance agrave perdre leur particulariteacute de r~shy
jouissance pour devenir des pheacutenomegravenes de sportisatio Deux fores
de luttes so~t principale~cnt prat s dans les aregrave~es du 5 al
la lutte traditiunnelle simple et la lutte traditionnelle avec frappe
De nos jours la lutte traditionnelle tend vers une reacuteglementation
et une institutionalisation
Le reacutesultat de nos investigations nous donne le tableau ci-dessous
REPARTITION ETHNIQUE SUR 100 PRATIQUANTS
LUTTE LUTTE RAPPORTETHNIES SANS FRAPPE AVEC FRAPPE J2
Diola 40 16 71 j
Seacuteregravere 26 21 57
Toucouleur 23 10 69
Wolof 1 1 53 17
La demande sociale par ordre deacutecroissant pour la lutte sans frappe
se preacutesente comrre suit
]0_ Ethnie diola avec pregraves de 3 lutteur~ sur 4
2deg_ Ethnie toucouleur
Ethri dun
~ 1 LA LUTTE TR])IIIO~~ELLE AVEC H-PPE
Cette forme deacute lutte a une histoire qui date de lantiquiteacute elle
sa~pelait le Pugilat Au Seacuteneacutegal elle a vu le jour dans le Cayor
bien avant la colonisation Le coup dE pied l~Lrdn~lement la morshy
sure la frappe et le doigtf eacutetaient permis dans le cc=bat ~ ~middot~p0~~e
Dans certains cas la giffle eacutetait beaucoup plus dangereuse que le
poing quand elle eacutetait donneacutee par un speacutecialiste Cette giffle pouvait
agrave elle seule deacutechirer et mecircme parfois amputer la joue de ladverser
Selon les informations la lutte avec frappede nos jours serait une
forme de lutte tregraves eupheacutemiseacutee de celle dantan ougrave une blessure
pouvait souvent ecirctre mortelle
Aujourdhui au niveau du folklore la lutte na plus la mecircme
le spectaculaire a remplaceacute le significatif iLa lutte avec frappe se 1
pratique surtout dans les centres urbains C~aque fois quun grand combat 1
est progra~eacute par le Comiteacute National Proviso~re (CNP) des centaines damashy
teurs sont mobiliseacutes vers le stade lba Mar D~OP qui est aujourdhui le i
lieu approprieacute ougrave se deacuteroulent les grands conkbats de lutte Cest la formE
de lutte qui semble drainer une foule de personnes beaucoup plus importante
que celle de la lutte simple
La lutte avec frappe deacuteriverait dune forme de lutte traditionnelle
pratiqueacutee jadis dans le Cayor au temps des Damels et la frappe serait
le substitut dun certain nombre de pratiques doigteacute jet de produits
etc bullbullbull dont le but eacutetait laveuglement de ladversaire La lutte avec
frappe serait une continuation logique dune carriegravere sportive de la
lutte traditionnelle qui sen sert comme moyen socio-eacuteconomique En
effet la majoriteacute des lutteurs avec frappe ont dabord eacuteteacute initieacutes agrave la
lutte simple Cependant il faut signaler que de nOS jours il arrive
que le jeune lutteur avec frappE- soit directenent formEacute conne speacutecialistE
agrave la frappe sa~s pour autant faire son chemin dabcrd egravea~s la lutte
- ~ shy
Le recircsultat dE ~os interviews ncus rec~trE qGune pcpulatiD~ divcrsishy
fiampe sint~resse agrave ce sport et qUE les intecircr~[s des uns et d~SlautrE~
semble~t divergents naucuns affirment que la lutte traditionnelle
avec frappe serait monteacutee par des personnes dont la vocation est dexshy
ploiter ce pheacuteLomegravene agrave des fins commerciales Dautres disent gJellegrave
jouit de mcyens irport~nts t[l[~isio
tation etc bullbullbull ) pour toucher toutes les couches sociales CEpe~~a~t
nous remarquons que mecircme si certaines personnes reprochent agrave cette
forme de lutte decirctre brutale ces mecircmes personnes nheacutesitent pas agrave
se rendre le dimanche agrave laregravene Bien que critiqueacutee elle semble ecirctre
adopteacutee par une tregraves grande partie de la population seacuteneacutegalaise Cepenshy
dant en tant que techniciens il nous est permis de faire une remarque
Il sagit de
- Limpression nette decirctre devant des professionnels de la frappe
qui sont ~ntratneacutes pour cela Dailleurs les propos que nous avons
recueilli~ nous prouvent que la plupart des champions de lutte avec 1
frappe s~ntratnent dans certains sports de combat tels ~ue la boxe i 1
le karateacute le judo Dans cette nouvelle forme de pratique de la lutte
contrairefuent agrave la lutte traditionnelle le technicien e~t souvent
perdant face au puncheur Ce dernier adopte une lutte agrave distance qui
lui permet de placer agrave bon escient ses coups animeacute du deacutesir de vaincre
Le technicien lui se voit contreacute dans toutes ses entreprises par
un uppercut ou un crochet
On peut dire cependant que nul sport au Seacuteneacutegal que la lutte tradishy
tionnelle avec frappe ne deacutechaicircne autant de passions et autant de
pheacutenomegravenes poussant agrave lexcegraves et deacutereacuteglements quon ne peut que deacuteplorer
Mais comment deacutecrier un spectacle de lutte qui bien quayant perdu la
presque totaliteacute des valeurs traditionnelles veacutehiculeacutees autrefois par
elle sait susciter une participation effective de tous ceux qui sont
preacutesents
CONCLUSION
Dans ce meacutemoire nous sommes efforceacutes ~e faire ressort ir limportance des
ethos et des habitus et leurs effets sur la pratique de la lutte tradishy
tionnelle au Seacuteneacutegal
L~b egravethos repr~sentent dune maniegravere g~neurorale tous les eacuteleacutements speacutec
fiques sux Seacuteneacutegalais par conampeacuteguent un systegraveme de valeurs traditionnellEs
Mais m~me si ces valeurs rev~tent une signification universelle (honneur
digniteacute courage etc bullbullbull ) il nen demeure pas moins que ce nest pas leur
nature qui fait leur speacutecificiteacute mais la hieacuterarchisation et limportance i
quon accorde agrave toutes ces valeurs de ~ar leacuteducation ou la culture
i 1
Aussi les valeurs traditionnelles puient leur speacutecificiteacute dans les
caracteacuteristiques propres aux eacuteleacutements ~e la socio-cu1ture (la technologie
et leacuteconomie la politique et la pareteacute la psychologie et lideacuteologie)
dans la socieacuteteacute seacuteneacutegalaise agrave n momen donneacute de son eacutevolution Cest i
dire la neacuteceesiteacute de ne point faire della valeur une reacutealiteacute statique
Cest dite aussi quagrave tout mome~t le ~eacuteneacutegalais peut eacutevoluer et creacuteer
ou vivre par conseacutequent de nouv~lles fprmes de valeur qui lui sont 1
propres ft (J)
La lutte traditionnelle veacutehiculant deS valeurs socio-cu1ture1les speacutecishy
fiquement seacuteneacutegalaises (croyances valeurs morales norme de comportement
opinion attitude bullbullbull ) devient un eacuteleacutement important qui tregraves certaiaement
nous aidera dans notre effort de valoriser et de peacuterenniser notre patri shy
moine culturel par le biais dactiviteacutes physiques et sportives
Leacutetude des habitus nous permet de prouver quil y a plusieurs faccedilons
de se mouvoir comme danser lutter bullbullbull qui varient avec les diffeacuterentes
ethnies (wolof toucouleur seacuteregravere diolagt leurs convenances et leurs
eacuteducations
(1) Revue Ethiopiques 31 Les valeurs traditionnelles et le problegraveme de leur inteacutegration dans les systegravemes modernes jtducatio-1 2 6r--70
nautre part cette eacutetude permet aussi de nous rendrE compte de la
correacutelatipn eacutetroite existant entre la pratique de la lutte traditionnelle
et le sta~ut socio-eacuteconomique du pratiquant
Nos inves~igations nous indiquent que la lutte recrute essentiellement
au niveau des classes socio-eacuteconomiques situeacutees en bas de leacutechelle
donc posseacutedant le statut social le moins favoriseacute La lutte avec frappe
-et un certain secteur commercialiseacute de la lutte simple- y trouve sa
leacutegitimiteacute Comme le dit BOURDIEU nA habitus diffeacuterents styles de Vle
divergents et il oppse les pratiques aristocpatiques correspondants agrave
des activiteacutes qui favorisent les situations eupheacutemiseacutees ougrave la stylisashy
tion est importante aux pratiques populaires qui font appel agrave des
qualiteacutes qpposeacutees bllutes rugueuses Certaines interviews nous
montrent que plus lindividu occupe une place eacuteleveacutee dans leacutechelle
sQciale e~ 1
moin$ il sinteacuteresse agrave la lutte
Les reacutesultats recueillis dans nos diverses investig~tions confirment 1 1
1er propos qui disent que nous assistons aujourdhu~ agrave une involution
de la lutte traditionnelle parce que perdant toutes ses speacutecificiteacutes au 1
pryfit d~ne autre forme de lutte que lon continue agrave appeler nostalshy
giqlementIIlutte traditionnelle
Ceci pourrait peut-~tre trouver une explication dan la citation suivante
La liberteacute de creacuteer dinnover de vivre Pleineinenf decirctre soi et de
preacuteserver son authenticiteacute la digniteacute et lhonneu1demeurent des illushy
sions dans la misegravere eacuteconomique~ Nos ancecirctres creacuteai~nt des valeurs de cishyl
vilisation parce quils eacutetaient libres parce qu1i~s ignoraient toute
deacutependance eacuteconomique ils cultivaient en eux et cbez leurs enfants le 1
Jorn et la Kersa et preacutefeacuteraient la mort agrave la hoJte lI (1)
Or le Seacuteneacutegal comme la plupart des pays africainsi est un pays sousshy
deacuteveloppeacute t cependant face agrave cette volonteacute du gou~ernement seacuteneacutegalais
de faire inteacutegrer dans leacuteducation des valeurs traditionnelles nous
pouvons espeacuterer utiliser comme moyen deacuteducation la lutteacute traditionnelle
qui reste quand mecircme vecteur jethos et dhabit~s
- 54 shy
Mecircme si lon a noteacute un appauvrissement notoire sur les plans socioshy
culturel et moral la lutte traditionnelle recegravele une gamme importante
et varieacutee de techniques permettant incontestablement une ouverture vers
les luttes olympiques libre et g~eacuteco-romaine
La lecture de ce meacutemoire permettra agrave lentratneur et au professeur de
lutte en fonction du lieu ougrave ils seront affecteacutes dans le territoire
seacuteneacutegalaisdavoir une information sur les techniques contrOles et
formes de corps propres agrave chaque groupe ethnique et de les mettre en
relation avec leurs croyances et leurs mentaliteacutes
Nous avons essayeacute de montrer que la pratique de la lutte traditionnelle
doit tre axeacutee sur une ethnomotriciteacute au Seacuteneacutegal qui permette une inishy
tiation facile Cette pratique de la lutte traditionnelle seacuteneacutegalaise
devra dailleurs essayer de ~eacutepondre aux aspirations du Seacuteneacutegalaisl
moderne en souvrant aux ap~orts positifs des autres civilisations
ex~eacuterieures nous voulons Jvidemment parler du judo et des luttes oiymshyJ
piques 1
1 j Nous navons pas la preacutetentfon dans le cadre de ce meacutemoire demattrise
de reacutepondre agrave toutes les qutstions se rattachant agrave leacutetude de ~a lutte
traditionnelle souslangle~socio-culturel car non seulement il nous
manque lexpeacuterience et la c peacutetence en la mati~re mais aussil l le temps
et les moyens dont nous dis osions ne nous permettaient pas d~puiser le 1sujet i
1 1 1 t 1
l
- )5 shy
BIBLIOGRAPHIE
BIBLIOGRAPHIE
1- CLAPAREDE Psychologie de leacuteducation et peacutedagogie expeacuterimentale
Edition Delachaux et Niestleacute 244 pages
2- POCIELLC Christian Sport et Socieacuteteacute approche socio-culturelle
des pratiques Paris Vigot 1981 377 pages
3- PIERON Henri Vocabulaire de la psychologie
PUF Deuxiegraveme eacutedition 1957 469 pages
4- Revue socialiste de culture neacutegro-africaine ETHIOPIQUES
Les valeurs traditionnelles et le problegraveme de leur inteacutegration
dans les systegravemes modernes deacuteducation
GIA 21 Juillet 1982 213 pages
5- N2 Revue du Centre dEtudedes Civilisations DEM ak TEY
NIS IVegrave Trimestre 1982 96 pages
6- Document lNSEP Colloque sur la lutte aeacuteregravere
DAKAR MAI-JUIN 1980
t 1
~- Travaux du IVegrave Congregraves National ~es Sports agrave DAKAR les 2223041981
Bulletin n2 91 du CIO du 15 Aont 1965
l____________________________
8- Meacutemoire de Mattrise BADJI Abdou La lutte traditionnelle Joola
Etude et perspective
9- Meacutemoire Inspectorat JS DJITTE Mandy Les pratiques corporelles
traditionnelles au Seacuteneacutegal pour leur exploitation et leur
utilisation en peacutedagogie Marly le Roi 1980
REPUBLIQUE DU SENEGAL
--------------- INSTITUT NATIONAL SUPERIEUR
MINISTERE DE LA JEUNESSE DE LrsquoEDUCATION POPULAIRE
ET DES SPORTS ET DU SPORT
-------------
(INSEPS)
MEMOIRE DE MAIcircTRISE
Es-SCIENCES ET TECHNIQUES
DE LrsquoACTIVITE PHYSIQUE ET DU SPORT
LA LUTTE TRADITIONNELLE
son importance sa signification en fonction des ethos et des habitus ethniques au Seacuteneacutegal
Preacutesenteacute par
Monsieur Joseph Victor FAYE
Sous la direction de
M Jean Marc ROCHEZ
Professeur agrave lrsquoINSEPS
Anneacutee de soutenance 1984
marabout tOL~culcuuml~ ~ middotlrrany a l ick SI venu des E1i rClS dE Pocior~ (
~ Vi~ euroconomicue et sociale -----------~-------------
Les Toucouleur sont des cultivateurs mais bien quils n~ soie~t pa~
pasteurs comrre les Peul leacutelevage a une place inportarteacute decirc1S ltur
eacutecono~ie Pour faciliter leur conquecircte guerriegraverE ils c~t Eucirc une preacuteshy
dilection pour leacutelevage des chevaux On y trouve aussi des pecirccheurs
appeleacutes Tchioubalo La socieacuteteacute toucouleur aurait une stratification
sociale tregraves rigide Les groupes ethniques et les castes eacutetaient
diffeacuterencieacutes et strictement exogamiques les Rimbe classe des nobles
comprenant la famille reacutegnante et les guerriers libres la classe des
Nieacutenieacutebegens de castes artisanales i les Rimaibeacute anciens esclaves
devenus serviteurs qui portent les noms de famille de leur maicirctres A
la base de lorganisation de la collectiviteacute toucouleur se situe le
village (Wouro)
Toutes ces castes sont cloisonneacutees entre elle~ Ainsi il nest pas
permis agrave un Torodo (noble) de se marier avec un Tchioubalo Ces
consideacuterations sont importantes dans le domaine de la lutte ougrave nous
apercevrons que les nobles ne sont pas faits pour lutter Le noble
preacutesidera les seacuteances de lutte et on luttera pour lui Ces condeacute rat ions
de noblesse et de rang social sont extrecircmement importantes dans le
monde toucouleur
Le noble ne doit pas se salir on lutte pour lui il ne vit la lutte
quen tant que spectateur
342 Education moeurs croyances et eratiques religieuses
Deux formes d~ducation sont agrave consideacuterer leacutedJcatio~ dES enfarts Et
celle des adultes
oG lenfant sait m2n~~r et apprfcier le goOt d~5 ~iifeurorents r~pas lt
le moment ougrave il CO~~e~CE agrave marcher
tivirt n~sormais le petit toucou]eur est eacuteduquf par toutmiddot 12 f2~i)]E
dabord puis par toutes lespersc~nes du village ou du C13~
Lenfant peut ~tre corrigeacute par tout adulte appartenant au groupe social
Son eacuteducation est deacutesormais laffaire de toute la communauteacute et non
exclusivement celle ces parents On linitie ainsi au travail quotidien
qui se fait dans la bergel~ e les champs et les bords du fleuve Au sein
du village il pourra apprendre agrave filer la laine et agrave tisser des pagnes
dans les champs il apprend agrave manier la houe et lhiler pour la culture
du riz et du mil Mais signalons que lactiviteacute essentielle du toucouleur
est leacutelevage des boeufs des moutons et des chegravevres Chez les Ichioushy
balos (p~cheurs ) lenfant sera initieacute tregraves tat au maniement des pagaies
agrave la p~che propremccedilnt dite et agrave la nage
Vers cinq-six ans lenfant est confieacute au maicirctre coranique le Ihierno
et ce dernier dispose exclusivement de toute sa vie Lavenir du jeune
enfant lui appartient
Comme dans les autres groupes ethniques les enfants sont regroupeacutes en
classe dacircge et cest dans cette structure que lenfant subit les rite
de passe et plus particuliegraverement celui de la circoncision
La circoncision est non seulement unE opeacuteration chirurgicale malS surshy
tout une peacuteriode au cours de laquelle le jeune garccedilon passe de leacutetat
dadolescent agrave leacutetat dadulte Les circoncis sont reacuteunis en classe
dacircge dans un endroit situeacute hors duvillage geacuteneacuteralement choisi par les
vieux Cet endroit n~st accessible que par des individus de SExe ffi8SCUshy
li~ ~ta~t au preacutealabl circoncis
- - - -
quable et complet sur le plan phy~ique et ~oral Ai~si liniti~
acquiert les qualitecircs indispensables que sont le courag~ la modest
lesprit de sacrifice lendurance
Le toucoule~r est un pleux musulma~ Cela sexp1
SOil le premier agrave tre en contact avec la religion musulmane de par sa
position frontaliegravere Lethnie toucouleur de par son histoire a preacutesenteacute
les plus grands chefs militaires et religieux musulmans seacuteneacutegalais Et
pour illustrer cela on peut citer en exemple la grande famille musulmane
des SY agrave TIVAOUANE repreacutesentant la confreacuterie des TIDJANES
Bien que lon note une majoriteacute musulmane on peut dire que certaines
croyances et pratiques mystiques et animistes persistent encore surtout
dans la reacutegion du fleuve
Une pratique courante se fait elle sappelle le Djatt Elle consiste
agrave faire sortir le caiman du fleuve agrave limmobiliser et agrave lattacher
sans quil ne reacuteagisse et tout ceci agrave laide de versets et dincantashy
tions magiques Dapregraves les teacutemoignages ces pratiques sont plutocirct
freacutequentes chez les Tchioubalos (pecirccheurs) Il arrive aussi que cershy
tains chasseurs ayant des dons se livrent agrave certaines pratiques an1shy
mis tes qui consistent agrave invoquer certaines puissances et agrave moduler sous
forme de chant des versets occultes pour se proteacuteger des mauvais esprits
et pour eacuteloigner les fauves Ce chant est geacuteneacuteralement incompreacutehensible
et deacutenueacute de sens pour le profane
343 Activiteacutes ludiques et pratiques sportives en milieu toucouleur
Durant toute son histoire lethnie ~oucouleur a toujours EacutetEacute Frese~teacute~
comme celle qui avait ue activit essentiellement guerr e e~ particushy
liegraverement farouche Trois eacuteleacutements ret r t l ecirc t te nt i c- euro so~t
le manie~~nt du ~acircton 12 luttE Et 1eacute danSE
l
Lecircducation ph~sique et artistique Dcc~pe un place precircpondecircra~rp
dans la fDrmat~on du jEune toucouleur A loccasion agraveeacutevegravenemen~ imporshy
tants reacutecoltJs mariages baptecircme nous assistons agrave des manifestashy
tions folkloriques de grande envergure le Wango oucirc dailse toucouleur
tregraves gymnique iles chants et surtout les sEacuteances de lutte
La lutte toucouleur est la forme de lutte la plus spectaclaire dans
tout le territoire seacuteneacutegalais Elle est essentiellement baseacutee sur des
techniques en hancheacute et surtout en souplesse Ceci sexplique par le
fait q~e le jeune toucouleur est tregraves tocirct initieacute agrave la gymnastique (saut 1
per saut de main salto arriegravere saut de tecircte couronneacute etc bullbullbull ) pour
la dans~ du wa~go En dansant le wango qui est une danse rythmeacutee et
gymnique le Jeune toucou1eur est capable de prouesses extraordinaires
1
En lutte lattaquant se deacuteplace tregraves peu pour avoir une bonne saisie
(geacuteneacutera~ement controcircle du Ngimben ) et enchaine brusqueme~t avec une
attaque surpris~ Cependant les ripostes sont souvent surprenantes et
spectaculaires (baseacutees sur la souplesse et la rapiditeacute) ontrairement
aux autr~s form~s de luttes ougrave lon voyait tous les jeune adheacuterer la
lutte to~cou1eur Verra un groupe de speacutecialistes sadonne agrave la lutte 1
(la lutte est lieacutee agrave la position sociale de lindividu problegraveme de
caste)
Q La morphologie du lutteur toucou1eur 1
1 1
Ce dernier nest pas aussi large et aussi fort que les lutteurs diola
et seacuteregravere Cependant il est tregraves reacutesistant La musculatJre est saillante 1
et tregraves souple lindividu est longiligne mais tregraves athleacutetique
Les mouvements de lutteurs sont semblables agrave ceux dun grand fe1in Cette 1
morphologie semble ecirctre lieacutee agrave la position geacuteographique de lethnie
(reacutegion du fleuve) et agrave lacitiviteacute socio-eacuteconomique du toucouleur qui
est agrave la fois cultivateur (activiteacute lieacutee agrave la crue et deacutecrUE du fleuve)
pecirccheuro~T CIcr~icubaon) et sttout jEumlrgcr qui est U~ rc~2eumlr
shy
Deux formes egrave~ corps sembl~nt ecirctre preacutefeacutereacutees du lutteur toucouleur
le hancheacute et la souplesse Les hancheacutes sont faits agrave partir de plusieurs
positions de doset se terminent geacuteneacuteralement par des techniques de
tregraves grande amplitude
TABLEAU RECAPITULATIF DES TECHNIQUES ET FORMES DE CORPS SPECIFIQUES
i
L441 r
GARDE FORMES DU CORPS CONTROLES --shy - -
Moyenne Souplesse Ngimbe
Hancheacute bras
Demi-souplesse
1
Profil psycholosigue 1
TECHNIQUES
ContrOle du bassin et 12 souplesse
arriegravere
Klicket et allegravegement de la hanche
Le lutteur toucouleur est celui lUi se livre le moins aux preacuteparaqons
maraboutiques Cela est dO au f~t que le toucouleur est un grand ~USUlshyman et que les pratiques animisges ont presque disparu dans ce mil~eu
Dans la pratique le lutteur esJ combaif mais il est calme et tr~s reacutefleacutechi quant agrave la deacutecision agrave prendre en plein corps agrave corps ct~st un des seuls techniciens qui reJte tregraves lucide au cours de ses comb~ts
l Dans toutes les circonstances e lutteur toucouleur est tenu de re~pecshyter son adversaire et ceux de s4n eacutequipemecircme sil est vaincu
Comme nous avons dO nous en rendre compte la rigueur des principes
eacuteducationnels a une influence tregraves sensible sur l~ comportement du
toucouleur
i
III S COCL ~s 1DO
Dans cette partie nous avons essay~ de montrer lftroite re1atic~
Entre les diverses activiteacutes socio-eacuteconomiques dans les ethnies et
lES diffEacuterentes faccedilons de lutter
Daucuns seraient tent~s de conclure trop rapidement et cest p0~r
cette raison que nOUS avons penseacute preacuteciser que le pheacutenotype nest
pas geacuteneacuterateur du geacutenotype Et nous sommes convaincus que la morphoshy
logie et les techniques des lutteurs relegravevent de leurs modes de vie
et de leurs croyances agrave une eacutepoque et danE un contexte bien deacutetermishy
neacutes
Est-ce que les lutteurs dio1a ou seacuteregravere travaillant avec leurs bras
dans les champs auraient les mecircmes pr 0 fil s physiques que les lutteurs
utilisant des machines pour lagriculture
- 69 shy
I UJOURDH~1 E-S ut O[l LES FORfilS Ut LU11t~
~otons que notre enqu~te a ecirctE essentiellement faiteen milieu urbain
Les seacuteances de lutte ont tendance agrave perdre leur particulariteacute de r~shy
jouissance pour devenir des pheacutenomegravenes de sportisatio Deux fores
de luttes so~t principale~cnt prat s dans les aregrave~es du 5 al
la lutte traditiunnelle simple et la lutte traditionnelle avec frappe
De nos jours la lutte traditionnelle tend vers une reacuteglementation
et une institutionalisation
Le reacutesultat de nos investigations nous donne le tableau ci-dessous
REPARTITION ETHNIQUE SUR 100 PRATIQUANTS
LUTTE LUTTE RAPPORTETHNIES SANS FRAPPE AVEC FRAPPE J2
Diola 40 16 71 j
Seacuteregravere 26 21 57
Toucouleur 23 10 69
Wolof 1 1 53 17
La demande sociale par ordre deacutecroissant pour la lutte sans frappe
se preacutesente comrre suit
]0_ Ethnie diola avec pregraves de 3 lutteur~ sur 4
2deg_ Ethnie toucouleur
Ethri dun
~ 1 LA LUTTE TR])IIIO~~ELLE AVEC H-PPE
Cette forme deacute lutte a une histoire qui date de lantiquiteacute elle
sa~pelait le Pugilat Au Seacuteneacutegal elle a vu le jour dans le Cayor
bien avant la colonisation Le coup dE pied l~Lrdn~lement la morshy
sure la frappe et le doigtf eacutetaient permis dans le cc=bat ~ ~middot~p0~~e
Dans certains cas la giffle eacutetait beaucoup plus dangereuse que le
poing quand elle eacutetait donneacutee par un speacutecialiste Cette giffle pouvait
agrave elle seule deacutechirer et mecircme parfois amputer la joue de ladverser
Selon les informations la lutte avec frappede nos jours serait une
forme de lutte tregraves eupheacutemiseacutee de celle dantan ougrave une blessure
pouvait souvent ecirctre mortelle
Aujourdhui au niveau du folklore la lutte na plus la mecircme
le spectaculaire a remplaceacute le significatif iLa lutte avec frappe se 1
pratique surtout dans les centres urbains C~aque fois quun grand combat 1
est progra~eacute par le Comiteacute National Proviso~re (CNP) des centaines damashy
teurs sont mobiliseacutes vers le stade lba Mar D~OP qui est aujourdhui le i
lieu approprieacute ougrave se deacuteroulent les grands conkbats de lutte Cest la formE
de lutte qui semble drainer une foule de personnes beaucoup plus importante
que celle de la lutte simple
La lutte avec frappe deacuteriverait dune forme de lutte traditionnelle
pratiqueacutee jadis dans le Cayor au temps des Damels et la frappe serait
le substitut dun certain nombre de pratiques doigteacute jet de produits
etc bullbullbull dont le but eacutetait laveuglement de ladversaire La lutte avec
frappe serait une continuation logique dune carriegravere sportive de la
lutte traditionnelle qui sen sert comme moyen socio-eacuteconomique En
effet la majoriteacute des lutteurs avec frappe ont dabord eacuteteacute initieacutes agrave la
lutte simple Cependant il faut signaler que de nOS jours il arrive
que le jeune lutteur avec frappE- soit directenent formEacute conne speacutecialistE
agrave la frappe sa~s pour autant faire son chemin dabcrd egravea~s la lutte
- ~ shy
Le recircsultat dE ~os interviews ncus rec~trE qGune pcpulatiD~ divcrsishy
fiampe sint~resse agrave ce sport et qUE les intecircr~[s des uns et d~SlautrE~
semble~t divergents naucuns affirment que la lutte traditionnelle
avec frappe serait monteacutee par des personnes dont la vocation est dexshy
ploiter ce pheacuteLomegravene agrave des fins commerciales Dautres disent gJellegrave
jouit de mcyens irport~nts t[l[~isio
tation etc bullbullbull ) pour toucher toutes les couches sociales CEpe~~a~t
nous remarquons que mecircme si certaines personnes reprochent agrave cette
forme de lutte decirctre brutale ces mecircmes personnes nheacutesitent pas agrave
se rendre le dimanche agrave laregravene Bien que critiqueacutee elle semble ecirctre
adopteacutee par une tregraves grande partie de la population seacuteneacutegalaise Cepenshy
dant en tant que techniciens il nous est permis de faire une remarque
Il sagit de
- Limpression nette decirctre devant des professionnels de la frappe
qui sont ~ntratneacutes pour cela Dailleurs les propos que nous avons
recueilli~ nous prouvent que la plupart des champions de lutte avec 1
frappe s~ntratnent dans certains sports de combat tels ~ue la boxe i 1
le karateacute le judo Dans cette nouvelle forme de pratique de la lutte
contrairefuent agrave la lutte traditionnelle le technicien e~t souvent
perdant face au puncheur Ce dernier adopte une lutte agrave distance qui
lui permet de placer agrave bon escient ses coups animeacute du deacutesir de vaincre
Le technicien lui se voit contreacute dans toutes ses entreprises par
un uppercut ou un crochet
On peut dire cependant que nul sport au Seacuteneacutegal que la lutte tradishy
tionnelle avec frappe ne deacutechaicircne autant de passions et autant de
pheacutenomegravenes poussant agrave lexcegraves et deacutereacuteglements quon ne peut que deacuteplorer
Mais comment deacutecrier un spectacle de lutte qui bien quayant perdu la
presque totaliteacute des valeurs traditionnelles veacutehiculeacutees autrefois par
elle sait susciter une participation effective de tous ceux qui sont
preacutesents
CONCLUSION
Dans ce meacutemoire nous sommes efforceacutes ~e faire ressort ir limportance des
ethos et des habitus et leurs effets sur la pratique de la lutte tradishy
tionnelle au Seacuteneacutegal
L~b egravethos repr~sentent dune maniegravere g~neurorale tous les eacuteleacutements speacutec
fiques sux Seacuteneacutegalais par conampeacuteguent un systegraveme de valeurs traditionnellEs
Mais m~me si ces valeurs rev~tent une signification universelle (honneur
digniteacute courage etc bullbullbull ) il nen demeure pas moins que ce nest pas leur
nature qui fait leur speacutecificiteacute mais la hieacuterarchisation et limportance i
quon accorde agrave toutes ces valeurs de ~ar leacuteducation ou la culture
i 1
Aussi les valeurs traditionnelles puient leur speacutecificiteacute dans les
caracteacuteristiques propres aux eacuteleacutements ~e la socio-cu1ture (la technologie
et leacuteconomie la politique et la pareteacute la psychologie et lideacuteologie)
dans la socieacuteteacute seacuteneacutegalaise agrave n momen donneacute de son eacutevolution Cest i
dire la neacuteceesiteacute de ne point faire della valeur une reacutealiteacute statique
Cest dite aussi quagrave tout mome~t le ~eacuteneacutegalais peut eacutevoluer et creacuteer
ou vivre par conseacutequent de nouv~lles fprmes de valeur qui lui sont 1
propres ft (J)
La lutte traditionnelle veacutehiculant deS valeurs socio-cu1ture1les speacutecishy
fiquement seacuteneacutegalaises (croyances valeurs morales norme de comportement
opinion attitude bullbullbull ) devient un eacuteleacutement important qui tregraves certaiaement
nous aidera dans notre effort de valoriser et de peacuterenniser notre patri shy
moine culturel par le biais dactiviteacutes physiques et sportives
Leacutetude des habitus nous permet de prouver quil y a plusieurs faccedilons
de se mouvoir comme danser lutter bullbullbull qui varient avec les diffeacuterentes
ethnies (wolof toucouleur seacuteregravere diolagt leurs convenances et leurs
eacuteducations
(1) Revue Ethiopiques 31 Les valeurs traditionnelles et le problegraveme de leur inteacutegration dans les systegravemes modernes jtducatio-1 2 6r--70
nautre part cette eacutetude permet aussi de nous rendrE compte de la
correacutelatipn eacutetroite existant entre la pratique de la lutte traditionnelle
et le sta~ut socio-eacuteconomique du pratiquant
Nos inves~igations nous indiquent que la lutte recrute essentiellement
au niveau des classes socio-eacuteconomiques situeacutees en bas de leacutechelle
donc posseacutedant le statut social le moins favoriseacute La lutte avec frappe
-et un certain secteur commercialiseacute de la lutte simple- y trouve sa
leacutegitimiteacute Comme le dit BOURDIEU nA habitus diffeacuterents styles de Vle
divergents et il oppse les pratiques aristocpatiques correspondants agrave
des activiteacutes qui favorisent les situations eupheacutemiseacutees ougrave la stylisashy
tion est importante aux pratiques populaires qui font appel agrave des
qualiteacutes qpposeacutees bllutes rugueuses Certaines interviews nous
montrent que plus lindividu occupe une place eacuteleveacutee dans leacutechelle
sQciale e~ 1
moin$ il sinteacuteresse agrave la lutte
Les reacutesultats recueillis dans nos diverses investig~tions confirment 1 1
1er propos qui disent que nous assistons aujourdhu~ agrave une involution
de la lutte traditionnelle parce que perdant toutes ses speacutecificiteacutes au 1
pryfit d~ne autre forme de lutte que lon continue agrave appeler nostalshy
giqlementIIlutte traditionnelle
Ceci pourrait peut-~tre trouver une explication dan la citation suivante
La liberteacute de creacuteer dinnover de vivre Pleineinenf decirctre soi et de
preacuteserver son authenticiteacute la digniteacute et lhonneu1demeurent des illushy
sions dans la misegravere eacuteconomique~ Nos ancecirctres creacuteai~nt des valeurs de cishyl
vilisation parce quils eacutetaient libres parce qu1i~s ignoraient toute
deacutependance eacuteconomique ils cultivaient en eux et cbez leurs enfants le 1
Jorn et la Kersa et preacutefeacuteraient la mort agrave la hoJte lI (1)
Or le Seacuteneacutegal comme la plupart des pays africainsi est un pays sousshy
deacuteveloppeacute t cependant face agrave cette volonteacute du gou~ernement seacuteneacutegalais
de faire inteacutegrer dans leacuteducation des valeurs traditionnelles nous
pouvons espeacuterer utiliser comme moyen deacuteducation la lutteacute traditionnelle
qui reste quand mecircme vecteur jethos et dhabit~s
- 54 shy
Mecircme si lon a noteacute un appauvrissement notoire sur les plans socioshy
culturel et moral la lutte traditionnelle recegravele une gamme importante
et varieacutee de techniques permettant incontestablement une ouverture vers
les luttes olympiques libre et g~eacuteco-romaine
La lecture de ce meacutemoire permettra agrave lentratneur et au professeur de
lutte en fonction du lieu ougrave ils seront affecteacutes dans le territoire
seacuteneacutegalaisdavoir une information sur les techniques contrOles et
formes de corps propres agrave chaque groupe ethnique et de les mettre en
relation avec leurs croyances et leurs mentaliteacutes
Nous avons essayeacute de montrer que la pratique de la lutte traditionnelle
doit tre axeacutee sur une ethnomotriciteacute au Seacuteneacutegal qui permette une inishy
tiation facile Cette pratique de la lutte traditionnelle seacuteneacutegalaise
devra dailleurs essayer de ~eacutepondre aux aspirations du Seacuteneacutegalaisl
moderne en souvrant aux ap~orts positifs des autres civilisations
ex~eacuterieures nous voulons Jvidemment parler du judo et des luttes oiymshyJ
piques 1
1 j Nous navons pas la preacutetentfon dans le cadre de ce meacutemoire demattrise
de reacutepondre agrave toutes les qutstions se rattachant agrave leacutetude de ~a lutte
traditionnelle souslangle~socio-culturel car non seulement il nous
manque lexpeacuterience et la c peacutetence en la mati~re mais aussil l le temps
et les moyens dont nous dis osions ne nous permettaient pas d~puiser le 1sujet i
1 1 1 t 1
l
- )5 shy
BIBLIOGRAPHIE
BIBLIOGRAPHIE
1- CLAPAREDE Psychologie de leacuteducation et peacutedagogie expeacuterimentale
Edition Delachaux et Niestleacute 244 pages
2- POCIELLC Christian Sport et Socieacuteteacute approche socio-culturelle
des pratiques Paris Vigot 1981 377 pages
3- PIERON Henri Vocabulaire de la psychologie
PUF Deuxiegraveme eacutedition 1957 469 pages
4- Revue socialiste de culture neacutegro-africaine ETHIOPIQUES
Les valeurs traditionnelles et le problegraveme de leur inteacutegration
dans les systegravemes modernes deacuteducation
GIA 21 Juillet 1982 213 pages
5- N2 Revue du Centre dEtudedes Civilisations DEM ak TEY
NIS IVegrave Trimestre 1982 96 pages
6- Document lNSEP Colloque sur la lutte aeacuteregravere
DAKAR MAI-JUIN 1980
t 1
~- Travaux du IVegrave Congregraves National ~es Sports agrave DAKAR les 2223041981
Bulletin n2 91 du CIO du 15 Aont 1965
l____________________________
8- Meacutemoire de Mattrise BADJI Abdou La lutte traditionnelle Joola
Etude et perspective
9- Meacutemoire Inspectorat JS DJITTE Mandy Les pratiques corporelles
traditionnelles au Seacuteneacutegal pour leur exploitation et leur
utilisation en peacutedagogie Marly le Roi 1980
REPUBLIQUE DU SENEGAL
--------------- INSTITUT NATIONAL SUPERIEUR
MINISTERE DE LA JEUNESSE DE LrsquoEDUCATION POPULAIRE
ET DES SPORTS ET DU SPORT
-------------
(INSEPS)
MEMOIRE DE MAIcircTRISE
Es-SCIENCES ET TECHNIQUES
DE LrsquoACTIVITE PHYSIQUE ET DU SPORT
LA LUTTE TRADITIONNELLE
son importance sa signification en fonction des ethos et des habitus ethniques au Seacuteneacutegal
Preacutesenteacute par
Monsieur Joseph Victor FAYE
Sous la direction de
M Jean Marc ROCHEZ
Professeur agrave lrsquoINSEPS
Anneacutee de soutenance 1984
oG lenfant sait m2n~~r et apprfcier le goOt d~5 ~iifeurorents r~pas lt
le moment ougrave il CO~~e~CE agrave marcher
tivirt n~sormais le petit toucou]eur est eacuteduquf par toutmiddot 12 f2~i)]E
dabord puis par toutes lespersc~nes du village ou du C13~
Lenfant peut ~tre corrigeacute par tout adulte appartenant au groupe social
Son eacuteducation est deacutesormais laffaire de toute la communauteacute et non
exclusivement celle ces parents On linitie ainsi au travail quotidien
qui se fait dans la bergel~ e les champs et les bords du fleuve Au sein
du village il pourra apprendre agrave filer la laine et agrave tisser des pagnes
dans les champs il apprend agrave manier la houe et lhiler pour la culture
du riz et du mil Mais signalons que lactiviteacute essentielle du toucouleur
est leacutelevage des boeufs des moutons et des chegravevres Chez les Ichioushy
balos (p~cheurs ) lenfant sera initieacute tregraves tat au maniement des pagaies
agrave la p~che propremccedilnt dite et agrave la nage
Vers cinq-six ans lenfant est confieacute au maicirctre coranique le Ihierno
et ce dernier dispose exclusivement de toute sa vie Lavenir du jeune
enfant lui appartient
Comme dans les autres groupes ethniques les enfants sont regroupeacutes en
classe dacircge et cest dans cette structure que lenfant subit les rite
de passe et plus particuliegraverement celui de la circoncision
La circoncision est non seulement unE opeacuteration chirurgicale malS surshy
tout une peacuteriode au cours de laquelle le jeune garccedilon passe de leacutetat
dadolescent agrave leacutetat dadulte Les circoncis sont reacuteunis en classe
dacircge dans un endroit situeacute hors duvillage geacuteneacuteralement choisi par les
vieux Cet endroit n~st accessible que par des individus de SExe ffi8SCUshy
li~ ~ta~t au preacutealabl circoncis
- - - -
quable et complet sur le plan phy~ique et ~oral Ai~si liniti~
acquiert les qualitecircs indispensables que sont le courag~ la modest
lesprit de sacrifice lendurance
Le toucoule~r est un pleux musulma~ Cela sexp1
SOil le premier agrave tre en contact avec la religion musulmane de par sa
position frontaliegravere Lethnie toucouleur de par son histoire a preacutesenteacute
les plus grands chefs militaires et religieux musulmans seacuteneacutegalais Et
pour illustrer cela on peut citer en exemple la grande famille musulmane
des SY agrave TIVAOUANE repreacutesentant la confreacuterie des TIDJANES
Bien que lon note une majoriteacute musulmane on peut dire que certaines
croyances et pratiques mystiques et animistes persistent encore surtout
dans la reacutegion du fleuve
Une pratique courante se fait elle sappelle le Djatt Elle consiste
agrave faire sortir le caiman du fleuve agrave limmobiliser et agrave lattacher
sans quil ne reacuteagisse et tout ceci agrave laide de versets et dincantashy
tions magiques Dapregraves les teacutemoignages ces pratiques sont plutocirct
freacutequentes chez les Tchioubalos (pecirccheurs) Il arrive aussi que cershy
tains chasseurs ayant des dons se livrent agrave certaines pratiques an1shy
mis tes qui consistent agrave invoquer certaines puissances et agrave moduler sous
forme de chant des versets occultes pour se proteacuteger des mauvais esprits
et pour eacuteloigner les fauves Ce chant est geacuteneacuteralement incompreacutehensible
et deacutenueacute de sens pour le profane
343 Activiteacutes ludiques et pratiques sportives en milieu toucouleur
Durant toute son histoire lethnie ~oucouleur a toujours EacutetEacute Frese~teacute~
comme celle qui avait ue activit essentiellement guerr e e~ particushy
liegraverement farouche Trois eacuteleacutements ret r t l ecirc t te nt i c- euro so~t
le manie~~nt du ~acircton 12 luttE Et 1eacute danSE
l
Lecircducation ph~sique et artistique Dcc~pe un place precircpondecircra~rp
dans la fDrmat~on du jEune toucouleur A loccasion agraveeacutevegravenemen~ imporshy
tants reacutecoltJs mariages baptecircme nous assistons agrave des manifestashy
tions folkloriques de grande envergure le Wango oucirc dailse toucouleur
tregraves gymnique iles chants et surtout les sEacuteances de lutte
La lutte toucouleur est la forme de lutte la plus spectaclaire dans
tout le territoire seacuteneacutegalais Elle est essentiellement baseacutee sur des
techniques en hancheacute et surtout en souplesse Ceci sexplique par le
fait q~e le jeune toucouleur est tregraves tocirct initieacute agrave la gymnastique (saut 1
per saut de main salto arriegravere saut de tecircte couronneacute etc bullbullbull ) pour
la dans~ du wa~go En dansant le wango qui est une danse rythmeacutee et
gymnique le Jeune toucou1eur est capable de prouesses extraordinaires
1
En lutte lattaquant se deacuteplace tregraves peu pour avoir une bonne saisie
(geacuteneacutera~ement controcircle du Ngimben ) et enchaine brusqueme~t avec une
attaque surpris~ Cependant les ripostes sont souvent surprenantes et
spectaculaires (baseacutees sur la souplesse et la rapiditeacute) ontrairement
aux autr~s form~s de luttes ougrave lon voyait tous les jeune adheacuterer la
lutte to~cou1eur Verra un groupe de speacutecialistes sadonne agrave la lutte 1
(la lutte est lieacutee agrave la position sociale de lindividu problegraveme de
caste)
Q La morphologie du lutteur toucou1eur 1
1 1
Ce dernier nest pas aussi large et aussi fort que les lutteurs diola
et seacuteregravere Cependant il est tregraves reacutesistant La musculatJre est saillante 1
et tregraves souple lindividu est longiligne mais tregraves athleacutetique
Les mouvements de lutteurs sont semblables agrave ceux dun grand fe1in Cette 1
morphologie semble ecirctre lieacutee agrave la position geacuteographique de lethnie
(reacutegion du fleuve) et agrave lacitiviteacute socio-eacuteconomique du toucouleur qui
est agrave la fois cultivateur (activiteacute lieacutee agrave la crue et deacutecrUE du fleuve)
pecirccheuro~T CIcr~icubaon) et sttout jEumlrgcr qui est U~ rc~2eumlr
shy
Deux formes egrave~ corps sembl~nt ecirctre preacutefeacutereacutees du lutteur toucouleur
le hancheacute et la souplesse Les hancheacutes sont faits agrave partir de plusieurs
positions de doset se terminent geacuteneacuteralement par des techniques de
tregraves grande amplitude
TABLEAU RECAPITULATIF DES TECHNIQUES ET FORMES DE CORPS SPECIFIQUES
i
L441 r
GARDE FORMES DU CORPS CONTROLES --shy - -
Moyenne Souplesse Ngimbe
Hancheacute bras
Demi-souplesse
1
Profil psycholosigue 1
TECHNIQUES
ContrOle du bassin et 12 souplesse
arriegravere
Klicket et allegravegement de la hanche
Le lutteur toucouleur est celui lUi se livre le moins aux preacuteparaqons
maraboutiques Cela est dO au f~t que le toucouleur est un grand ~USUlshyman et que les pratiques animisges ont presque disparu dans ce mil~eu
Dans la pratique le lutteur esJ combaif mais il est calme et tr~s reacutefleacutechi quant agrave la deacutecision agrave prendre en plein corps agrave corps ct~st un des seuls techniciens qui reJte tregraves lucide au cours de ses comb~ts
l Dans toutes les circonstances e lutteur toucouleur est tenu de re~pecshyter son adversaire et ceux de s4n eacutequipemecircme sil est vaincu
Comme nous avons dO nous en rendre compte la rigueur des principes
eacuteducationnels a une influence tregraves sensible sur l~ comportement du
toucouleur
i
III S COCL ~s 1DO
Dans cette partie nous avons essay~ de montrer lftroite re1atic~
Entre les diverses activiteacutes socio-eacuteconomiques dans les ethnies et
lES diffEacuterentes faccedilons de lutter
Daucuns seraient tent~s de conclure trop rapidement et cest p0~r
cette raison que nOUS avons penseacute preacuteciser que le pheacutenotype nest
pas geacuteneacuterateur du geacutenotype Et nous sommes convaincus que la morphoshy
logie et les techniques des lutteurs relegravevent de leurs modes de vie
et de leurs croyances agrave une eacutepoque et danE un contexte bien deacutetermishy
neacutes
Est-ce que les lutteurs dio1a ou seacuteregravere travaillant avec leurs bras
dans les champs auraient les mecircmes pr 0 fil s physiques que les lutteurs
utilisant des machines pour lagriculture
- 69 shy
I UJOURDH~1 E-S ut O[l LES FORfilS Ut LU11t~
~otons que notre enqu~te a ecirctE essentiellement faiteen milieu urbain
Les seacuteances de lutte ont tendance agrave perdre leur particulariteacute de r~shy
jouissance pour devenir des pheacutenomegravenes de sportisatio Deux fores
de luttes so~t principale~cnt prat s dans les aregrave~es du 5 al
la lutte traditiunnelle simple et la lutte traditionnelle avec frappe
De nos jours la lutte traditionnelle tend vers une reacuteglementation
et une institutionalisation
Le reacutesultat de nos investigations nous donne le tableau ci-dessous
REPARTITION ETHNIQUE SUR 100 PRATIQUANTS
LUTTE LUTTE RAPPORTETHNIES SANS FRAPPE AVEC FRAPPE J2
Diola 40 16 71 j
Seacuteregravere 26 21 57
Toucouleur 23 10 69
Wolof 1 1 53 17
La demande sociale par ordre deacutecroissant pour la lutte sans frappe
se preacutesente comrre suit
]0_ Ethnie diola avec pregraves de 3 lutteur~ sur 4
2deg_ Ethnie toucouleur
Ethri dun
~ 1 LA LUTTE TR])IIIO~~ELLE AVEC H-PPE
Cette forme deacute lutte a une histoire qui date de lantiquiteacute elle
sa~pelait le Pugilat Au Seacuteneacutegal elle a vu le jour dans le Cayor
bien avant la colonisation Le coup dE pied l~Lrdn~lement la morshy
sure la frappe et le doigtf eacutetaient permis dans le cc=bat ~ ~middot~p0~~e
Dans certains cas la giffle eacutetait beaucoup plus dangereuse que le
poing quand elle eacutetait donneacutee par un speacutecialiste Cette giffle pouvait
agrave elle seule deacutechirer et mecircme parfois amputer la joue de ladverser
Selon les informations la lutte avec frappede nos jours serait une
forme de lutte tregraves eupheacutemiseacutee de celle dantan ougrave une blessure
pouvait souvent ecirctre mortelle
Aujourdhui au niveau du folklore la lutte na plus la mecircme
le spectaculaire a remplaceacute le significatif iLa lutte avec frappe se 1
pratique surtout dans les centres urbains C~aque fois quun grand combat 1
est progra~eacute par le Comiteacute National Proviso~re (CNP) des centaines damashy
teurs sont mobiliseacutes vers le stade lba Mar D~OP qui est aujourdhui le i
lieu approprieacute ougrave se deacuteroulent les grands conkbats de lutte Cest la formE
de lutte qui semble drainer une foule de personnes beaucoup plus importante
que celle de la lutte simple
La lutte avec frappe deacuteriverait dune forme de lutte traditionnelle
pratiqueacutee jadis dans le Cayor au temps des Damels et la frappe serait
le substitut dun certain nombre de pratiques doigteacute jet de produits
etc bullbullbull dont le but eacutetait laveuglement de ladversaire La lutte avec
frappe serait une continuation logique dune carriegravere sportive de la
lutte traditionnelle qui sen sert comme moyen socio-eacuteconomique En
effet la majoriteacute des lutteurs avec frappe ont dabord eacuteteacute initieacutes agrave la
lutte simple Cependant il faut signaler que de nOS jours il arrive
que le jeune lutteur avec frappE- soit directenent formEacute conne speacutecialistE
agrave la frappe sa~s pour autant faire son chemin dabcrd egravea~s la lutte
- ~ shy
Le recircsultat dE ~os interviews ncus rec~trE qGune pcpulatiD~ divcrsishy
fiampe sint~resse agrave ce sport et qUE les intecircr~[s des uns et d~SlautrE~
semble~t divergents naucuns affirment que la lutte traditionnelle
avec frappe serait monteacutee par des personnes dont la vocation est dexshy
ploiter ce pheacuteLomegravene agrave des fins commerciales Dautres disent gJellegrave
jouit de mcyens irport~nts t[l[~isio
tation etc bullbullbull ) pour toucher toutes les couches sociales CEpe~~a~t
nous remarquons que mecircme si certaines personnes reprochent agrave cette
forme de lutte decirctre brutale ces mecircmes personnes nheacutesitent pas agrave
se rendre le dimanche agrave laregravene Bien que critiqueacutee elle semble ecirctre
adopteacutee par une tregraves grande partie de la population seacuteneacutegalaise Cepenshy
dant en tant que techniciens il nous est permis de faire une remarque
Il sagit de
- Limpression nette decirctre devant des professionnels de la frappe
qui sont ~ntratneacutes pour cela Dailleurs les propos que nous avons
recueilli~ nous prouvent que la plupart des champions de lutte avec 1
frappe s~ntratnent dans certains sports de combat tels ~ue la boxe i 1
le karateacute le judo Dans cette nouvelle forme de pratique de la lutte
contrairefuent agrave la lutte traditionnelle le technicien e~t souvent
perdant face au puncheur Ce dernier adopte une lutte agrave distance qui
lui permet de placer agrave bon escient ses coups animeacute du deacutesir de vaincre
Le technicien lui se voit contreacute dans toutes ses entreprises par
un uppercut ou un crochet
On peut dire cependant que nul sport au Seacuteneacutegal que la lutte tradishy
tionnelle avec frappe ne deacutechaicircne autant de passions et autant de
pheacutenomegravenes poussant agrave lexcegraves et deacutereacuteglements quon ne peut que deacuteplorer
Mais comment deacutecrier un spectacle de lutte qui bien quayant perdu la
presque totaliteacute des valeurs traditionnelles veacutehiculeacutees autrefois par
elle sait susciter une participation effective de tous ceux qui sont
preacutesents
CONCLUSION
Dans ce meacutemoire nous sommes efforceacutes ~e faire ressort ir limportance des
ethos et des habitus et leurs effets sur la pratique de la lutte tradishy
tionnelle au Seacuteneacutegal
L~b egravethos repr~sentent dune maniegravere g~neurorale tous les eacuteleacutements speacutec
fiques sux Seacuteneacutegalais par conampeacuteguent un systegraveme de valeurs traditionnellEs
Mais m~me si ces valeurs rev~tent une signification universelle (honneur
digniteacute courage etc bullbullbull ) il nen demeure pas moins que ce nest pas leur
nature qui fait leur speacutecificiteacute mais la hieacuterarchisation et limportance i
quon accorde agrave toutes ces valeurs de ~ar leacuteducation ou la culture
i 1
Aussi les valeurs traditionnelles puient leur speacutecificiteacute dans les
caracteacuteristiques propres aux eacuteleacutements ~e la socio-cu1ture (la technologie
et leacuteconomie la politique et la pareteacute la psychologie et lideacuteologie)
dans la socieacuteteacute seacuteneacutegalaise agrave n momen donneacute de son eacutevolution Cest i
dire la neacuteceesiteacute de ne point faire della valeur une reacutealiteacute statique
Cest dite aussi quagrave tout mome~t le ~eacuteneacutegalais peut eacutevoluer et creacuteer
ou vivre par conseacutequent de nouv~lles fprmes de valeur qui lui sont 1
propres ft (J)
La lutte traditionnelle veacutehiculant deS valeurs socio-cu1ture1les speacutecishy
fiquement seacuteneacutegalaises (croyances valeurs morales norme de comportement
opinion attitude bullbullbull ) devient un eacuteleacutement important qui tregraves certaiaement
nous aidera dans notre effort de valoriser et de peacuterenniser notre patri shy
moine culturel par le biais dactiviteacutes physiques et sportives
Leacutetude des habitus nous permet de prouver quil y a plusieurs faccedilons
de se mouvoir comme danser lutter bullbullbull qui varient avec les diffeacuterentes
ethnies (wolof toucouleur seacuteregravere diolagt leurs convenances et leurs
eacuteducations
(1) Revue Ethiopiques 31 Les valeurs traditionnelles et le problegraveme de leur inteacutegration dans les systegravemes modernes jtducatio-1 2 6r--70
nautre part cette eacutetude permet aussi de nous rendrE compte de la
correacutelatipn eacutetroite existant entre la pratique de la lutte traditionnelle
et le sta~ut socio-eacuteconomique du pratiquant
Nos inves~igations nous indiquent que la lutte recrute essentiellement
au niveau des classes socio-eacuteconomiques situeacutees en bas de leacutechelle
donc posseacutedant le statut social le moins favoriseacute La lutte avec frappe
-et un certain secteur commercialiseacute de la lutte simple- y trouve sa
leacutegitimiteacute Comme le dit BOURDIEU nA habitus diffeacuterents styles de Vle
divergents et il oppse les pratiques aristocpatiques correspondants agrave
des activiteacutes qui favorisent les situations eupheacutemiseacutees ougrave la stylisashy
tion est importante aux pratiques populaires qui font appel agrave des
qualiteacutes qpposeacutees bllutes rugueuses Certaines interviews nous
montrent que plus lindividu occupe une place eacuteleveacutee dans leacutechelle
sQciale e~ 1
moin$ il sinteacuteresse agrave la lutte
Les reacutesultats recueillis dans nos diverses investig~tions confirment 1 1
1er propos qui disent que nous assistons aujourdhu~ agrave une involution
de la lutte traditionnelle parce que perdant toutes ses speacutecificiteacutes au 1
pryfit d~ne autre forme de lutte que lon continue agrave appeler nostalshy
giqlementIIlutte traditionnelle
Ceci pourrait peut-~tre trouver une explication dan la citation suivante
La liberteacute de creacuteer dinnover de vivre Pleineinenf decirctre soi et de
preacuteserver son authenticiteacute la digniteacute et lhonneu1demeurent des illushy
sions dans la misegravere eacuteconomique~ Nos ancecirctres creacuteai~nt des valeurs de cishyl
vilisation parce quils eacutetaient libres parce qu1i~s ignoraient toute
deacutependance eacuteconomique ils cultivaient en eux et cbez leurs enfants le 1
Jorn et la Kersa et preacutefeacuteraient la mort agrave la hoJte lI (1)
Or le Seacuteneacutegal comme la plupart des pays africainsi est un pays sousshy
deacuteveloppeacute t cependant face agrave cette volonteacute du gou~ernement seacuteneacutegalais
de faire inteacutegrer dans leacuteducation des valeurs traditionnelles nous
pouvons espeacuterer utiliser comme moyen deacuteducation la lutteacute traditionnelle
qui reste quand mecircme vecteur jethos et dhabit~s
- 54 shy
Mecircme si lon a noteacute un appauvrissement notoire sur les plans socioshy
culturel et moral la lutte traditionnelle recegravele une gamme importante
et varieacutee de techniques permettant incontestablement une ouverture vers
les luttes olympiques libre et g~eacuteco-romaine
La lecture de ce meacutemoire permettra agrave lentratneur et au professeur de
lutte en fonction du lieu ougrave ils seront affecteacutes dans le territoire
seacuteneacutegalaisdavoir une information sur les techniques contrOles et
formes de corps propres agrave chaque groupe ethnique et de les mettre en
relation avec leurs croyances et leurs mentaliteacutes
Nous avons essayeacute de montrer que la pratique de la lutte traditionnelle
doit tre axeacutee sur une ethnomotriciteacute au Seacuteneacutegal qui permette une inishy
tiation facile Cette pratique de la lutte traditionnelle seacuteneacutegalaise
devra dailleurs essayer de ~eacutepondre aux aspirations du Seacuteneacutegalaisl
moderne en souvrant aux ap~orts positifs des autres civilisations
ex~eacuterieures nous voulons Jvidemment parler du judo et des luttes oiymshyJ
piques 1
1 j Nous navons pas la preacutetentfon dans le cadre de ce meacutemoire demattrise
de reacutepondre agrave toutes les qutstions se rattachant agrave leacutetude de ~a lutte
traditionnelle souslangle~socio-culturel car non seulement il nous
manque lexpeacuterience et la c peacutetence en la mati~re mais aussil l le temps
et les moyens dont nous dis osions ne nous permettaient pas d~puiser le 1sujet i
1 1 1 t 1
l
- )5 shy
BIBLIOGRAPHIE
BIBLIOGRAPHIE
1- CLAPAREDE Psychologie de leacuteducation et peacutedagogie expeacuterimentale
Edition Delachaux et Niestleacute 244 pages
2- POCIELLC Christian Sport et Socieacuteteacute approche socio-culturelle
des pratiques Paris Vigot 1981 377 pages
3- PIERON Henri Vocabulaire de la psychologie
PUF Deuxiegraveme eacutedition 1957 469 pages
4- Revue socialiste de culture neacutegro-africaine ETHIOPIQUES
Les valeurs traditionnelles et le problegraveme de leur inteacutegration
dans les systegravemes modernes deacuteducation
GIA 21 Juillet 1982 213 pages
5- N2 Revue du Centre dEtudedes Civilisations DEM ak TEY
NIS IVegrave Trimestre 1982 96 pages
6- Document lNSEP Colloque sur la lutte aeacuteregravere
DAKAR MAI-JUIN 1980
t 1
~- Travaux du IVegrave Congregraves National ~es Sports agrave DAKAR les 2223041981
Bulletin n2 91 du CIO du 15 Aont 1965
l____________________________
8- Meacutemoire de Mattrise BADJI Abdou La lutte traditionnelle Joola
Etude et perspective
9- Meacutemoire Inspectorat JS DJITTE Mandy Les pratiques corporelles
traditionnelles au Seacuteneacutegal pour leur exploitation et leur
utilisation en peacutedagogie Marly le Roi 1980
REPUBLIQUE DU SENEGAL
--------------- INSTITUT NATIONAL SUPERIEUR
MINISTERE DE LA JEUNESSE DE LrsquoEDUCATION POPULAIRE
ET DES SPORTS ET DU SPORT
-------------
(INSEPS)
MEMOIRE DE MAIcircTRISE
Es-SCIENCES ET TECHNIQUES
DE LrsquoACTIVITE PHYSIQUE ET DU SPORT
LA LUTTE TRADITIONNELLE
son importance sa signification en fonction des ethos et des habitus ethniques au Seacuteneacutegal
Preacutesenteacute par
Monsieur Joseph Victor FAYE
Sous la direction de
M Jean Marc ROCHEZ
Professeur agrave lrsquoINSEPS
Anneacutee de soutenance 1984
quable et complet sur le plan phy~ique et ~oral Ai~si liniti~
acquiert les qualitecircs indispensables que sont le courag~ la modest
lesprit de sacrifice lendurance
Le toucoule~r est un pleux musulma~ Cela sexp1
SOil le premier agrave tre en contact avec la religion musulmane de par sa
position frontaliegravere Lethnie toucouleur de par son histoire a preacutesenteacute
les plus grands chefs militaires et religieux musulmans seacuteneacutegalais Et
pour illustrer cela on peut citer en exemple la grande famille musulmane
des SY agrave TIVAOUANE repreacutesentant la confreacuterie des TIDJANES
Bien que lon note une majoriteacute musulmane on peut dire que certaines
croyances et pratiques mystiques et animistes persistent encore surtout
dans la reacutegion du fleuve
Une pratique courante se fait elle sappelle le Djatt Elle consiste
agrave faire sortir le caiman du fleuve agrave limmobiliser et agrave lattacher
sans quil ne reacuteagisse et tout ceci agrave laide de versets et dincantashy
tions magiques Dapregraves les teacutemoignages ces pratiques sont plutocirct
freacutequentes chez les Tchioubalos (pecirccheurs) Il arrive aussi que cershy
tains chasseurs ayant des dons se livrent agrave certaines pratiques an1shy
mis tes qui consistent agrave invoquer certaines puissances et agrave moduler sous
forme de chant des versets occultes pour se proteacuteger des mauvais esprits
et pour eacuteloigner les fauves Ce chant est geacuteneacuteralement incompreacutehensible
et deacutenueacute de sens pour le profane
343 Activiteacutes ludiques et pratiques sportives en milieu toucouleur
Durant toute son histoire lethnie ~oucouleur a toujours EacutetEacute Frese~teacute~
comme celle qui avait ue activit essentiellement guerr e e~ particushy
liegraverement farouche Trois eacuteleacutements ret r t l ecirc t te nt i c- euro so~t
le manie~~nt du ~acircton 12 luttE Et 1eacute danSE
l
Lecircducation ph~sique et artistique Dcc~pe un place precircpondecircra~rp
dans la fDrmat~on du jEune toucouleur A loccasion agraveeacutevegravenemen~ imporshy
tants reacutecoltJs mariages baptecircme nous assistons agrave des manifestashy
tions folkloriques de grande envergure le Wango oucirc dailse toucouleur
tregraves gymnique iles chants et surtout les sEacuteances de lutte
La lutte toucouleur est la forme de lutte la plus spectaclaire dans
tout le territoire seacuteneacutegalais Elle est essentiellement baseacutee sur des
techniques en hancheacute et surtout en souplesse Ceci sexplique par le
fait q~e le jeune toucouleur est tregraves tocirct initieacute agrave la gymnastique (saut 1
per saut de main salto arriegravere saut de tecircte couronneacute etc bullbullbull ) pour
la dans~ du wa~go En dansant le wango qui est une danse rythmeacutee et
gymnique le Jeune toucou1eur est capable de prouesses extraordinaires
1
En lutte lattaquant se deacuteplace tregraves peu pour avoir une bonne saisie
(geacuteneacutera~ement controcircle du Ngimben ) et enchaine brusqueme~t avec une
attaque surpris~ Cependant les ripostes sont souvent surprenantes et
spectaculaires (baseacutees sur la souplesse et la rapiditeacute) ontrairement
aux autr~s form~s de luttes ougrave lon voyait tous les jeune adheacuterer la
lutte to~cou1eur Verra un groupe de speacutecialistes sadonne agrave la lutte 1
(la lutte est lieacutee agrave la position sociale de lindividu problegraveme de
caste)
Q La morphologie du lutteur toucou1eur 1
1 1
Ce dernier nest pas aussi large et aussi fort que les lutteurs diola
et seacuteregravere Cependant il est tregraves reacutesistant La musculatJre est saillante 1
et tregraves souple lindividu est longiligne mais tregraves athleacutetique
Les mouvements de lutteurs sont semblables agrave ceux dun grand fe1in Cette 1
morphologie semble ecirctre lieacutee agrave la position geacuteographique de lethnie
(reacutegion du fleuve) et agrave lacitiviteacute socio-eacuteconomique du toucouleur qui
est agrave la fois cultivateur (activiteacute lieacutee agrave la crue et deacutecrUE du fleuve)
pecirccheuro~T CIcr~icubaon) et sttout jEumlrgcr qui est U~ rc~2eumlr
shy
Deux formes egrave~ corps sembl~nt ecirctre preacutefeacutereacutees du lutteur toucouleur
le hancheacute et la souplesse Les hancheacutes sont faits agrave partir de plusieurs
positions de doset se terminent geacuteneacuteralement par des techniques de
tregraves grande amplitude
TABLEAU RECAPITULATIF DES TECHNIQUES ET FORMES DE CORPS SPECIFIQUES
i
L441 r
GARDE FORMES DU CORPS CONTROLES --shy - -
Moyenne Souplesse Ngimbe
Hancheacute bras
Demi-souplesse
1
Profil psycholosigue 1
TECHNIQUES
ContrOle du bassin et 12 souplesse
arriegravere
Klicket et allegravegement de la hanche
Le lutteur toucouleur est celui lUi se livre le moins aux preacuteparaqons
maraboutiques Cela est dO au f~t que le toucouleur est un grand ~USUlshyman et que les pratiques animisges ont presque disparu dans ce mil~eu
Dans la pratique le lutteur esJ combaif mais il est calme et tr~s reacutefleacutechi quant agrave la deacutecision agrave prendre en plein corps agrave corps ct~st un des seuls techniciens qui reJte tregraves lucide au cours de ses comb~ts
l Dans toutes les circonstances e lutteur toucouleur est tenu de re~pecshyter son adversaire et ceux de s4n eacutequipemecircme sil est vaincu
Comme nous avons dO nous en rendre compte la rigueur des principes
eacuteducationnels a une influence tregraves sensible sur l~ comportement du
toucouleur
i
III S COCL ~s 1DO
Dans cette partie nous avons essay~ de montrer lftroite re1atic~
Entre les diverses activiteacutes socio-eacuteconomiques dans les ethnies et
lES diffEacuterentes faccedilons de lutter
Daucuns seraient tent~s de conclure trop rapidement et cest p0~r
cette raison que nOUS avons penseacute preacuteciser que le pheacutenotype nest
pas geacuteneacuterateur du geacutenotype Et nous sommes convaincus que la morphoshy
logie et les techniques des lutteurs relegravevent de leurs modes de vie
et de leurs croyances agrave une eacutepoque et danE un contexte bien deacutetermishy
neacutes
Est-ce que les lutteurs dio1a ou seacuteregravere travaillant avec leurs bras
dans les champs auraient les mecircmes pr 0 fil s physiques que les lutteurs
utilisant des machines pour lagriculture
- 69 shy
I UJOURDH~1 E-S ut O[l LES FORfilS Ut LU11t~
~otons que notre enqu~te a ecirctE essentiellement faiteen milieu urbain
Les seacuteances de lutte ont tendance agrave perdre leur particulariteacute de r~shy
jouissance pour devenir des pheacutenomegravenes de sportisatio Deux fores
de luttes so~t principale~cnt prat s dans les aregrave~es du 5 al
la lutte traditiunnelle simple et la lutte traditionnelle avec frappe
De nos jours la lutte traditionnelle tend vers une reacuteglementation
et une institutionalisation
Le reacutesultat de nos investigations nous donne le tableau ci-dessous
REPARTITION ETHNIQUE SUR 100 PRATIQUANTS
LUTTE LUTTE RAPPORTETHNIES SANS FRAPPE AVEC FRAPPE J2
Diola 40 16 71 j
Seacuteregravere 26 21 57
Toucouleur 23 10 69
Wolof 1 1 53 17
La demande sociale par ordre deacutecroissant pour la lutte sans frappe
se preacutesente comrre suit
]0_ Ethnie diola avec pregraves de 3 lutteur~ sur 4
2deg_ Ethnie toucouleur
Ethri dun
~ 1 LA LUTTE TR])IIIO~~ELLE AVEC H-PPE
Cette forme deacute lutte a une histoire qui date de lantiquiteacute elle
sa~pelait le Pugilat Au Seacuteneacutegal elle a vu le jour dans le Cayor
bien avant la colonisation Le coup dE pied l~Lrdn~lement la morshy
sure la frappe et le doigtf eacutetaient permis dans le cc=bat ~ ~middot~p0~~e
Dans certains cas la giffle eacutetait beaucoup plus dangereuse que le
poing quand elle eacutetait donneacutee par un speacutecialiste Cette giffle pouvait
agrave elle seule deacutechirer et mecircme parfois amputer la joue de ladverser
Selon les informations la lutte avec frappede nos jours serait une
forme de lutte tregraves eupheacutemiseacutee de celle dantan ougrave une blessure
pouvait souvent ecirctre mortelle
Aujourdhui au niveau du folklore la lutte na plus la mecircme
le spectaculaire a remplaceacute le significatif iLa lutte avec frappe se 1
pratique surtout dans les centres urbains C~aque fois quun grand combat 1
est progra~eacute par le Comiteacute National Proviso~re (CNP) des centaines damashy
teurs sont mobiliseacutes vers le stade lba Mar D~OP qui est aujourdhui le i
lieu approprieacute ougrave se deacuteroulent les grands conkbats de lutte Cest la formE
de lutte qui semble drainer une foule de personnes beaucoup plus importante
que celle de la lutte simple
La lutte avec frappe deacuteriverait dune forme de lutte traditionnelle
pratiqueacutee jadis dans le Cayor au temps des Damels et la frappe serait
le substitut dun certain nombre de pratiques doigteacute jet de produits
etc bullbullbull dont le but eacutetait laveuglement de ladversaire La lutte avec
frappe serait une continuation logique dune carriegravere sportive de la
lutte traditionnelle qui sen sert comme moyen socio-eacuteconomique En
effet la majoriteacute des lutteurs avec frappe ont dabord eacuteteacute initieacutes agrave la
lutte simple Cependant il faut signaler que de nOS jours il arrive
que le jeune lutteur avec frappE- soit directenent formEacute conne speacutecialistE
agrave la frappe sa~s pour autant faire son chemin dabcrd egravea~s la lutte
- ~ shy
Le recircsultat dE ~os interviews ncus rec~trE qGune pcpulatiD~ divcrsishy
fiampe sint~resse agrave ce sport et qUE les intecircr~[s des uns et d~SlautrE~
semble~t divergents naucuns affirment que la lutte traditionnelle
avec frappe serait monteacutee par des personnes dont la vocation est dexshy
ploiter ce pheacuteLomegravene agrave des fins commerciales Dautres disent gJellegrave
jouit de mcyens irport~nts t[l[~isio
tation etc bullbullbull ) pour toucher toutes les couches sociales CEpe~~a~t
nous remarquons que mecircme si certaines personnes reprochent agrave cette
forme de lutte decirctre brutale ces mecircmes personnes nheacutesitent pas agrave
se rendre le dimanche agrave laregravene Bien que critiqueacutee elle semble ecirctre
adopteacutee par une tregraves grande partie de la population seacuteneacutegalaise Cepenshy
dant en tant que techniciens il nous est permis de faire une remarque
Il sagit de
- Limpression nette decirctre devant des professionnels de la frappe
qui sont ~ntratneacutes pour cela Dailleurs les propos que nous avons
recueilli~ nous prouvent que la plupart des champions de lutte avec 1
frappe s~ntratnent dans certains sports de combat tels ~ue la boxe i 1
le karateacute le judo Dans cette nouvelle forme de pratique de la lutte
contrairefuent agrave la lutte traditionnelle le technicien e~t souvent
perdant face au puncheur Ce dernier adopte une lutte agrave distance qui
lui permet de placer agrave bon escient ses coups animeacute du deacutesir de vaincre
Le technicien lui se voit contreacute dans toutes ses entreprises par
un uppercut ou un crochet
On peut dire cependant que nul sport au Seacuteneacutegal que la lutte tradishy
tionnelle avec frappe ne deacutechaicircne autant de passions et autant de
pheacutenomegravenes poussant agrave lexcegraves et deacutereacuteglements quon ne peut que deacuteplorer
Mais comment deacutecrier un spectacle de lutte qui bien quayant perdu la
presque totaliteacute des valeurs traditionnelles veacutehiculeacutees autrefois par
elle sait susciter une participation effective de tous ceux qui sont
preacutesents
CONCLUSION
Dans ce meacutemoire nous sommes efforceacutes ~e faire ressort ir limportance des
ethos et des habitus et leurs effets sur la pratique de la lutte tradishy
tionnelle au Seacuteneacutegal
L~b egravethos repr~sentent dune maniegravere g~neurorale tous les eacuteleacutements speacutec
fiques sux Seacuteneacutegalais par conampeacuteguent un systegraveme de valeurs traditionnellEs
Mais m~me si ces valeurs rev~tent une signification universelle (honneur
digniteacute courage etc bullbullbull ) il nen demeure pas moins que ce nest pas leur
nature qui fait leur speacutecificiteacute mais la hieacuterarchisation et limportance i
quon accorde agrave toutes ces valeurs de ~ar leacuteducation ou la culture
i 1
Aussi les valeurs traditionnelles puient leur speacutecificiteacute dans les
caracteacuteristiques propres aux eacuteleacutements ~e la socio-cu1ture (la technologie
et leacuteconomie la politique et la pareteacute la psychologie et lideacuteologie)
dans la socieacuteteacute seacuteneacutegalaise agrave n momen donneacute de son eacutevolution Cest i
dire la neacuteceesiteacute de ne point faire della valeur une reacutealiteacute statique
Cest dite aussi quagrave tout mome~t le ~eacuteneacutegalais peut eacutevoluer et creacuteer
ou vivre par conseacutequent de nouv~lles fprmes de valeur qui lui sont 1
propres ft (J)
La lutte traditionnelle veacutehiculant deS valeurs socio-cu1ture1les speacutecishy
fiquement seacuteneacutegalaises (croyances valeurs morales norme de comportement
opinion attitude bullbullbull ) devient un eacuteleacutement important qui tregraves certaiaement
nous aidera dans notre effort de valoriser et de peacuterenniser notre patri shy
moine culturel par le biais dactiviteacutes physiques et sportives
Leacutetude des habitus nous permet de prouver quil y a plusieurs faccedilons
de se mouvoir comme danser lutter bullbullbull qui varient avec les diffeacuterentes
ethnies (wolof toucouleur seacuteregravere diolagt leurs convenances et leurs
eacuteducations
(1) Revue Ethiopiques 31 Les valeurs traditionnelles et le problegraveme de leur inteacutegration dans les systegravemes modernes jtducatio-1 2 6r--70
nautre part cette eacutetude permet aussi de nous rendrE compte de la
correacutelatipn eacutetroite existant entre la pratique de la lutte traditionnelle
et le sta~ut socio-eacuteconomique du pratiquant
Nos inves~igations nous indiquent que la lutte recrute essentiellement
au niveau des classes socio-eacuteconomiques situeacutees en bas de leacutechelle
donc posseacutedant le statut social le moins favoriseacute La lutte avec frappe
-et un certain secteur commercialiseacute de la lutte simple- y trouve sa
leacutegitimiteacute Comme le dit BOURDIEU nA habitus diffeacuterents styles de Vle
divergents et il oppse les pratiques aristocpatiques correspondants agrave
des activiteacutes qui favorisent les situations eupheacutemiseacutees ougrave la stylisashy
tion est importante aux pratiques populaires qui font appel agrave des
qualiteacutes qpposeacutees bllutes rugueuses Certaines interviews nous
montrent que plus lindividu occupe une place eacuteleveacutee dans leacutechelle
sQciale e~ 1
moin$ il sinteacuteresse agrave la lutte
Les reacutesultats recueillis dans nos diverses investig~tions confirment 1 1
1er propos qui disent que nous assistons aujourdhu~ agrave une involution
de la lutte traditionnelle parce que perdant toutes ses speacutecificiteacutes au 1
pryfit d~ne autre forme de lutte que lon continue agrave appeler nostalshy
giqlementIIlutte traditionnelle
Ceci pourrait peut-~tre trouver une explication dan la citation suivante
La liberteacute de creacuteer dinnover de vivre Pleineinenf decirctre soi et de
preacuteserver son authenticiteacute la digniteacute et lhonneu1demeurent des illushy
sions dans la misegravere eacuteconomique~ Nos ancecirctres creacuteai~nt des valeurs de cishyl
vilisation parce quils eacutetaient libres parce qu1i~s ignoraient toute
deacutependance eacuteconomique ils cultivaient en eux et cbez leurs enfants le 1
Jorn et la Kersa et preacutefeacuteraient la mort agrave la hoJte lI (1)
Or le Seacuteneacutegal comme la plupart des pays africainsi est un pays sousshy
deacuteveloppeacute t cependant face agrave cette volonteacute du gou~ernement seacuteneacutegalais
de faire inteacutegrer dans leacuteducation des valeurs traditionnelles nous
pouvons espeacuterer utiliser comme moyen deacuteducation la lutteacute traditionnelle
qui reste quand mecircme vecteur jethos et dhabit~s
- 54 shy
Mecircme si lon a noteacute un appauvrissement notoire sur les plans socioshy
culturel et moral la lutte traditionnelle recegravele une gamme importante
et varieacutee de techniques permettant incontestablement une ouverture vers
les luttes olympiques libre et g~eacuteco-romaine
La lecture de ce meacutemoire permettra agrave lentratneur et au professeur de
lutte en fonction du lieu ougrave ils seront affecteacutes dans le territoire
seacuteneacutegalaisdavoir une information sur les techniques contrOles et
formes de corps propres agrave chaque groupe ethnique et de les mettre en
relation avec leurs croyances et leurs mentaliteacutes
Nous avons essayeacute de montrer que la pratique de la lutte traditionnelle
doit tre axeacutee sur une ethnomotriciteacute au Seacuteneacutegal qui permette une inishy
tiation facile Cette pratique de la lutte traditionnelle seacuteneacutegalaise
devra dailleurs essayer de ~eacutepondre aux aspirations du Seacuteneacutegalaisl
moderne en souvrant aux ap~orts positifs des autres civilisations
ex~eacuterieures nous voulons Jvidemment parler du judo et des luttes oiymshyJ
piques 1
1 j Nous navons pas la preacutetentfon dans le cadre de ce meacutemoire demattrise
de reacutepondre agrave toutes les qutstions se rattachant agrave leacutetude de ~a lutte
traditionnelle souslangle~socio-culturel car non seulement il nous
manque lexpeacuterience et la c peacutetence en la mati~re mais aussil l le temps
et les moyens dont nous dis osions ne nous permettaient pas d~puiser le 1sujet i
1 1 1 t 1
l
- )5 shy
BIBLIOGRAPHIE
BIBLIOGRAPHIE
1- CLAPAREDE Psychologie de leacuteducation et peacutedagogie expeacuterimentale
Edition Delachaux et Niestleacute 244 pages
2- POCIELLC Christian Sport et Socieacuteteacute approche socio-culturelle
des pratiques Paris Vigot 1981 377 pages
3- PIERON Henri Vocabulaire de la psychologie
PUF Deuxiegraveme eacutedition 1957 469 pages
4- Revue socialiste de culture neacutegro-africaine ETHIOPIQUES
Les valeurs traditionnelles et le problegraveme de leur inteacutegration
dans les systegravemes modernes deacuteducation
GIA 21 Juillet 1982 213 pages
5- N2 Revue du Centre dEtudedes Civilisations DEM ak TEY
NIS IVegrave Trimestre 1982 96 pages
6- Document lNSEP Colloque sur la lutte aeacuteregravere
DAKAR MAI-JUIN 1980
t 1
~- Travaux du IVegrave Congregraves National ~es Sports agrave DAKAR les 2223041981
Bulletin n2 91 du CIO du 15 Aont 1965
l____________________________
8- Meacutemoire de Mattrise BADJI Abdou La lutte traditionnelle Joola
Etude et perspective
9- Meacutemoire Inspectorat JS DJITTE Mandy Les pratiques corporelles
traditionnelles au Seacuteneacutegal pour leur exploitation et leur
utilisation en peacutedagogie Marly le Roi 1980
REPUBLIQUE DU SENEGAL
--------------- INSTITUT NATIONAL SUPERIEUR
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ET DES SPORTS ET DU SPORT
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(INSEPS)
MEMOIRE DE MAIcircTRISE
Es-SCIENCES ET TECHNIQUES
DE LrsquoACTIVITE PHYSIQUE ET DU SPORT
LA LUTTE TRADITIONNELLE
son importance sa signification en fonction des ethos et des habitus ethniques au Seacuteneacutegal
Preacutesenteacute par
Monsieur Joseph Victor FAYE
Sous la direction de
M Jean Marc ROCHEZ
Professeur agrave lrsquoINSEPS
Anneacutee de soutenance 1984
Lecircducation ph~sique et artistique Dcc~pe un place precircpondecircra~rp
dans la fDrmat~on du jEune toucouleur A loccasion agraveeacutevegravenemen~ imporshy
tants reacutecoltJs mariages baptecircme nous assistons agrave des manifestashy
tions folkloriques de grande envergure le Wango oucirc dailse toucouleur
tregraves gymnique iles chants et surtout les sEacuteances de lutte
La lutte toucouleur est la forme de lutte la plus spectaclaire dans
tout le territoire seacuteneacutegalais Elle est essentiellement baseacutee sur des
techniques en hancheacute et surtout en souplesse Ceci sexplique par le
fait q~e le jeune toucouleur est tregraves tocirct initieacute agrave la gymnastique (saut 1
per saut de main salto arriegravere saut de tecircte couronneacute etc bullbullbull ) pour
la dans~ du wa~go En dansant le wango qui est une danse rythmeacutee et
gymnique le Jeune toucou1eur est capable de prouesses extraordinaires
1
En lutte lattaquant se deacuteplace tregraves peu pour avoir une bonne saisie
(geacuteneacutera~ement controcircle du Ngimben ) et enchaine brusqueme~t avec une
attaque surpris~ Cependant les ripostes sont souvent surprenantes et
spectaculaires (baseacutees sur la souplesse et la rapiditeacute) ontrairement
aux autr~s form~s de luttes ougrave lon voyait tous les jeune adheacuterer la
lutte to~cou1eur Verra un groupe de speacutecialistes sadonne agrave la lutte 1
(la lutte est lieacutee agrave la position sociale de lindividu problegraveme de
caste)
Q La morphologie du lutteur toucou1eur 1
1 1
Ce dernier nest pas aussi large et aussi fort que les lutteurs diola
et seacuteregravere Cependant il est tregraves reacutesistant La musculatJre est saillante 1
et tregraves souple lindividu est longiligne mais tregraves athleacutetique
Les mouvements de lutteurs sont semblables agrave ceux dun grand fe1in Cette 1
morphologie semble ecirctre lieacutee agrave la position geacuteographique de lethnie
(reacutegion du fleuve) et agrave lacitiviteacute socio-eacuteconomique du toucouleur qui
est agrave la fois cultivateur (activiteacute lieacutee agrave la crue et deacutecrUE du fleuve)
pecirccheuro~T CIcr~icubaon) et sttout jEumlrgcr qui est U~ rc~2eumlr
shy
Deux formes egrave~ corps sembl~nt ecirctre preacutefeacutereacutees du lutteur toucouleur
le hancheacute et la souplesse Les hancheacutes sont faits agrave partir de plusieurs
positions de doset se terminent geacuteneacuteralement par des techniques de
tregraves grande amplitude
TABLEAU RECAPITULATIF DES TECHNIQUES ET FORMES DE CORPS SPECIFIQUES
i
L441 r
GARDE FORMES DU CORPS CONTROLES --shy - -
Moyenne Souplesse Ngimbe
Hancheacute bras
Demi-souplesse
1
Profil psycholosigue 1
TECHNIQUES
ContrOle du bassin et 12 souplesse
arriegravere
Klicket et allegravegement de la hanche
Le lutteur toucouleur est celui lUi se livre le moins aux preacuteparaqons
maraboutiques Cela est dO au f~t que le toucouleur est un grand ~USUlshyman et que les pratiques animisges ont presque disparu dans ce mil~eu
Dans la pratique le lutteur esJ combaif mais il est calme et tr~s reacutefleacutechi quant agrave la deacutecision agrave prendre en plein corps agrave corps ct~st un des seuls techniciens qui reJte tregraves lucide au cours de ses comb~ts
l Dans toutes les circonstances e lutteur toucouleur est tenu de re~pecshyter son adversaire et ceux de s4n eacutequipemecircme sil est vaincu
Comme nous avons dO nous en rendre compte la rigueur des principes
eacuteducationnels a une influence tregraves sensible sur l~ comportement du
toucouleur
i
III S COCL ~s 1DO
Dans cette partie nous avons essay~ de montrer lftroite re1atic~
Entre les diverses activiteacutes socio-eacuteconomiques dans les ethnies et
lES diffEacuterentes faccedilons de lutter
Daucuns seraient tent~s de conclure trop rapidement et cest p0~r
cette raison que nOUS avons penseacute preacuteciser que le pheacutenotype nest
pas geacuteneacuterateur du geacutenotype Et nous sommes convaincus que la morphoshy
logie et les techniques des lutteurs relegravevent de leurs modes de vie
et de leurs croyances agrave une eacutepoque et danE un contexte bien deacutetermishy
neacutes
Est-ce que les lutteurs dio1a ou seacuteregravere travaillant avec leurs bras
dans les champs auraient les mecircmes pr 0 fil s physiques que les lutteurs
utilisant des machines pour lagriculture
- 69 shy
I UJOURDH~1 E-S ut O[l LES FORfilS Ut LU11t~
~otons que notre enqu~te a ecirctE essentiellement faiteen milieu urbain
Les seacuteances de lutte ont tendance agrave perdre leur particulariteacute de r~shy
jouissance pour devenir des pheacutenomegravenes de sportisatio Deux fores
de luttes so~t principale~cnt prat s dans les aregrave~es du 5 al
la lutte traditiunnelle simple et la lutte traditionnelle avec frappe
De nos jours la lutte traditionnelle tend vers une reacuteglementation
et une institutionalisation
Le reacutesultat de nos investigations nous donne le tableau ci-dessous
REPARTITION ETHNIQUE SUR 100 PRATIQUANTS
LUTTE LUTTE RAPPORTETHNIES SANS FRAPPE AVEC FRAPPE J2
Diola 40 16 71 j
Seacuteregravere 26 21 57
Toucouleur 23 10 69
Wolof 1 1 53 17
La demande sociale par ordre deacutecroissant pour la lutte sans frappe
se preacutesente comrre suit
]0_ Ethnie diola avec pregraves de 3 lutteur~ sur 4
2deg_ Ethnie toucouleur
Ethri dun
~ 1 LA LUTTE TR])IIIO~~ELLE AVEC H-PPE
Cette forme deacute lutte a une histoire qui date de lantiquiteacute elle
sa~pelait le Pugilat Au Seacuteneacutegal elle a vu le jour dans le Cayor
bien avant la colonisation Le coup dE pied l~Lrdn~lement la morshy
sure la frappe et le doigtf eacutetaient permis dans le cc=bat ~ ~middot~p0~~e
Dans certains cas la giffle eacutetait beaucoup plus dangereuse que le
poing quand elle eacutetait donneacutee par un speacutecialiste Cette giffle pouvait
agrave elle seule deacutechirer et mecircme parfois amputer la joue de ladverser
Selon les informations la lutte avec frappede nos jours serait une
forme de lutte tregraves eupheacutemiseacutee de celle dantan ougrave une blessure
pouvait souvent ecirctre mortelle
Aujourdhui au niveau du folklore la lutte na plus la mecircme
le spectaculaire a remplaceacute le significatif iLa lutte avec frappe se 1
pratique surtout dans les centres urbains C~aque fois quun grand combat 1
est progra~eacute par le Comiteacute National Proviso~re (CNP) des centaines damashy
teurs sont mobiliseacutes vers le stade lba Mar D~OP qui est aujourdhui le i
lieu approprieacute ougrave se deacuteroulent les grands conkbats de lutte Cest la formE
de lutte qui semble drainer une foule de personnes beaucoup plus importante
que celle de la lutte simple
La lutte avec frappe deacuteriverait dune forme de lutte traditionnelle
pratiqueacutee jadis dans le Cayor au temps des Damels et la frappe serait
le substitut dun certain nombre de pratiques doigteacute jet de produits
etc bullbullbull dont le but eacutetait laveuglement de ladversaire La lutte avec
frappe serait une continuation logique dune carriegravere sportive de la
lutte traditionnelle qui sen sert comme moyen socio-eacuteconomique En
effet la majoriteacute des lutteurs avec frappe ont dabord eacuteteacute initieacutes agrave la
lutte simple Cependant il faut signaler que de nOS jours il arrive
que le jeune lutteur avec frappE- soit directenent formEacute conne speacutecialistE
agrave la frappe sa~s pour autant faire son chemin dabcrd egravea~s la lutte
- ~ shy
Le recircsultat dE ~os interviews ncus rec~trE qGune pcpulatiD~ divcrsishy
fiampe sint~resse agrave ce sport et qUE les intecircr~[s des uns et d~SlautrE~
semble~t divergents naucuns affirment que la lutte traditionnelle
avec frappe serait monteacutee par des personnes dont la vocation est dexshy
ploiter ce pheacuteLomegravene agrave des fins commerciales Dautres disent gJellegrave
jouit de mcyens irport~nts t[l[~isio
tation etc bullbullbull ) pour toucher toutes les couches sociales CEpe~~a~t
nous remarquons que mecircme si certaines personnes reprochent agrave cette
forme de lutte decirctre brutale ces mecircmes personnes nheacutesitent pas agrave
se rendre le dimanche agrave laregravene Bien que critiqueacutee elle semble ecirctre
adopteacutee par une tregraves grande partie de la population seacuteneacutegalaise Cepenshy
dant en tant que techniciens il nous est permis de faire une remarque
Il sagit de
- Limpression nette decirctre devant des professionnels de la frappe
qui sont ~ntratneacutes pour cela Dailleurs les propos que nous avons
recueilli~ nous prouvent que la plupart des champions de lutte avec 1
frappe s~ntratnent dans certains sports de combat tels ~ue la boxe i 1
le karateacute le judo Dans cette nouvelle forme de pratique de la lutte
contrairefuent agrave la lutte traditionnelle le technicien e~t souvent
perdant face au puncheur Ce dernier adopte une lutte agrave distance qui
lui permet de placer agrave bon escient ses coups animeacute du deacutesir de vaincre
Le technicien lui se voit contreacute dans toutes ses entreprises par
un uppercut ou un crochet
On peut dire cependant que nul sport au Seacuteneacutegal que la lutte tradishy
tionnelle avec frappe ne deacutechaicircne autant de passions et autant de
pheacutenomegravenes poussant agrave lexcegraves et deacutereacuteglements quon ne peut que deacuteplorer
Mais comment deacutecrier un spectacle de lutte qui bien quayant perdu la
presque totaliteacute des valeurs traditionnelles veacutehiculeacutees autrefois par
elle sait susciter une participation effective de tous ceux qui sont
preacutesents
CONCLUSION
Dans ce meacutemoire nous sommes efforceacutes ~e faire ressort ir limportance des
ethos et des habitus et leurs effets sur la pratique de la lutte tradishy
tionnelle au Seacuteneacutegal
L~b egravethos repr~sentent dune maniegravere g~neurorale tous les eacuteleacutements speacutec
fiques sux Seacuteneacutegalais par conampeacuteguent un systegraveme de valeurs traditionnellEs
Mais m~me si ces valeurs rev~tent une signification universelle (honneur
digniteacute courage etc bullbullbull ) il nen demeure pas moins que ce nest pas leur
nature qui fait leur speacutecificiteacute mais la hieacuterarchisation et limportance i
quon accorde agrave toutes ces valeurs de ~ar leacuteducation ou la culture
i 1
Aussi les valeurs traditionnelles puient leur speacutecificiteacute dans les
caracteacuteristiques propres aux eacuteleacutements ~e la socio-cu1ture (la technologie
et leacuteconomie la politique et la pareteacute la psychologie et lideacuteologie)
dans la socieacuteteacute seacuteneacutegalaise agrave n momen donneacute de son eacutevolution Cest i
dire la neacuteceesiteacute de ne point faire della valeur une reacutealiteacute statique
Cest dite aussi quagrave tout mome~t le ~eacuteneacutegalais peut eacutevoluer et creacuteer
ou vivre par conseacutequent de nouv~lles fprmes de valeur qui lui sont 1
propres ft (J)
La lutte traditionnelle veacutehiculant deS valeurs socio-cu1ture1les speacutecishy
fiquement seacuteneacutegalaises (croyances valeurs morales norme de comportement
opinion attitude bullbullbull ) devient un eacuteleacutement important qui tregraves certaiaement
nous aidera dans notre effort de valoriser et de peacuterenniser notre patri shy
moine culturel par le biais dactiviteacutes physiques et sportives
Leacutetude des habitus nous permet de prouver quil y a plusieurs faccedilons
de se mouvoir comme danser lutter bullbullbull qui varient avec les diffeacuterentes
ethnies (wolof toucouleur seacuteregravere diolagt leurs convenances et leurs
eacuteducations
(1) Revue Ethiopiques 31 Les valeurs traditionnelles et le problegraveme de leur inteacutegration dans les systegravemes modernes jtducatio-1 2 6r--70
nautre part cette eacutetude permet aussi de nous rendrE compte de la
correacutelatipn eacutetroite existant entre la pratique de la lutte traditionnelle
et le sta~ut socio-eacuteconomique du pratiquant
Nos inves~igations nous indiquent que la lutte recrute essentiellement
au niveau des classes socio-eacuteconomiques situeacutees en bas de leacutechelle
donc posseacutedant le statut social le moins favoriseacute La lutte avec frappe
-et un certain secteur commercialiseacute de la lutte simple- y trouve sa
leacutegitimiteacute Comme le dit BOURDIEU nA habitus diffeacuterents styles de Vle
divergents et il oppse les pratiques aristocpatiques correspondants agrave
des activiteacutes qui favorisent les situations eupheacutemiseacutees ougrave la stylisashy
tion est importante aux pratiques populaires qui font appel agrave des
qualiteacutes qpposeacutees bllutes rugueuses Certaines interviews nous
montrent que plus lindividu occupe une place eacuteleveacutee dans leacutechelle
sQciale e~ 1
moin$ il sinteacuteresse agrave la lutte
Les reacutesultats recueillis dans nos diverses investig~tions confirment 1 1
1er propos qui disent que nous assistons aujourdhu~ agrave une involution
de la lutte traditionnelle parce que perdant toutes ses speacutecificiteacutes au 1
pryfit d~ne autre forme de lutte que lon continue agrave appeler nostalshy
giqlementIIlutte traditionnelle
Ceci pourrait peut-~tre trouver une explication dan la citation suivante
La liberteacute de creacuteer dinnover de vivre Pleineinenf decirctre soi et de
preacuteserver son authenticiteacute la digniteacute et lhonneu1demeurent des illushy
sions dans la misegravere eacuteconomique~ Nos ancecirctres creacuteai~nt des valeurs de cishyl
vilisation parce quils eacutetaient libres parce qu1i~s ignoraient toute
deacutependance eacuteconomique ils cultivaient en eux et cbez leurs enfants le 1
Jorn et la Kersa et preacutefeacuteraient la mort agrave la hoJte lI (1)
Or le Seacuteneacutegal comme la plupart des pays africainsi est un pays sousshy
deacuteveloppeacute t cependant face agrave cette volonteacute du gou~ernement seacuteneacutegalais
de faire inteacutegrer dans leacuteducation des valeurs traditionnelles nous
pouvons espeacuterer utiliser comme moyen deacuteducation la lutteacute traditionnelle
qui reste quand mecircme vecteur jethos et dhabit~s
- 54 shy
Mecircme si lon a noteacute un appauvrissement notoire sur les plans socioshy
culturel et moral la lutte traditionnelle recegravele une gamme importante
et varieacutee de techniques permettant incontestablement une ouverture vers
les luttes olympiques libre et g~eacuteco-romaine
La lecture de ce meacutemoire permettra agrave lentratneur et au professeur de
lutte en fonction du lieu ougrave ils seront affecteacutes dans le territoire
seacuteneacutegalaisdavoir une information sur les techniques contrOles et
formes de corps propres agrave chaque groupe ethnique et de les mettre en
relation avec leurs croyances et leurs mentaliteacutes
Nous avons essayeacute de montrer que la pratique de la lutte traditionnelle
doit tre axeacutee sur une ethnomotriciteacute au Seacuteneacutegal qui permette une inishy
tiation facile Cette pratique de la lutte traditionnelle seacuteneacutegalaise
devra dailleurs essayer de ~eacutepondre aux aspirations du Seacuteneacutegalaisl
moderne en souvrant aux ap~orts positifs des autres civilisations
ex~eacuterieures nous voulons Jvidemment parler du judo et des luttes oiymshyJ
piques 1
1 j Nous navons pas la preacutetentfon dans le cadre de ce meacutemoire demattrise
de reacutepondre agrave toutes les qutstions se rattachant agrave leacutetude de ~a lutte
traditionnelle souslangle~socio-culturel car non seulement il nous
manque lexpeacuterience et la c peacutetence en la mati~re mais aussil l le temps
et les moyens dont nous dis osions ne nous permettaient pas d~puiser le 1sujet i
1 1 1 t 1
l
- )5 shy
BIBLIOGRAPHIE
BIBLIOGRAPHIE
1- CLAPAREDE Psychologie de leacuteducation et peacutedagogie expeacuterimentale
Edition Delachaux et Niestleacute 244 pages
2- POCIELLC Christian Sport et Socieacuteteacute approche socio-culturelle
des pratiques Paris Vigot 1981 377 pages
3- PIERON Henri Vocabulaire de la psychologie
PUF Deuxiegraveme eacutedition 1957 469 pages
4- Revue socialiste de culture neacutegro-africaine ETHIOPIQUES
Les valeurs traditionnelles et le problegraveme de leur inteacutegration
dans les systegravemes modernes deacuteducation
GIA 21 Juillet 1982 213 pages
5- N2 Revue du Centre dEtudedes Civilisations DEM ak TEY
NIS IVegrave Trimestre 1982 96 pages
6- Document lNSEP Colloque sur la lutte aeacuteregravere
DAKAR MAI-JUIN 1980
t 1
~- Travaux du IVegrave Congregraves National ~es Sports agrave DAKAR les 2223041981
Bulletin n2 91 du CIO du 15 Aont 1965
l____________________________
8- Meacutemoire de Mattrise BADJI Abdou La lutte traditionnelle Joola
Etude et perspective
9- Meacutemoire Inspectorat JS DJITTE Mandy Les pratiques corporelles
traditionnelles au Seacuteneacutegal pour leur exploitation et leur
utilisation en peacutedagogie Marly le Roi 1980
REPUBLIQUE DU SENEGAL
--------------- INSTITUT NATIONAL SUPERIEUR
MINISTERE DE LA JEUNESSE DE LrsquoEDUCATION POPULAIRE
ET DES SPORTS ET DU SPORT
-------------
(INSEPS)
MEMOIRE DE MAIcircTRISE
Es-SCIENCES ET TECHNIQUES
DE LrsquoACTIVITE PHYSIQUE ET DU SPORT
LA LUTTE TRADITIONNELLE
son importance sa signification en fonction des ethos et des habitus ethniques au Seacuteneacutegal
Preacutesenteacute par
Monsieur Joseph Victor FAYE
Sous la direction de
M Jean Marc ROCHEZ
Professeur agrave lrsquoINSEPS
Anneacutee de soutenance 1984
shy
Deux formes egrave~ corps sembl~nt ecirctre preacutefeacutereacutees du lutteur toucouleur
le hancheacute et la souplesse Les hancheacutes sont faits agrave partir de plusieurs
positions de doset se terminent geacuteneacuteralement par des techniques de
tregraves grande amplitude
TABLEAU RECAPITULATIF DES TECHNIQUES ET FORMES DE CORPS SPECIFIQUES
i
L441 r
GARDE FORMES DU CORPS CONTROLES --shy - -
Moyenne Souplesse Ngimbe
Hancheacute bras
Demi-souplesse
1
Profil psycholosigue 1
TECHNIQUES
ContrOle du bassin et 12 souplesse
arriegravere
Klicket et allegravegement de la hanche
Le lutteur toucouleur est celui lUi se livre le moins aux preacuteparaqons
maraboutiques Cela est dO au f~t que le toucouleur est un grand ~USUlshyman et que les pratiques animisges ont presque disparu dans ce mil~eu
Dans la pratique le lutteur esJ combaif mais il est calme et tr~s reacutefleacutechi quant agrave la deacutecision agrave prendre en plein corps agrave corps ct~st un des seuls techniciens qui reJte tregraves lucide au cours de ses comb~ts
l Dans toutes les circonstances e lutteur toucouleur est tenu de re~pecshyter son adversaire et ceux de s4n eacutequipemecircme sil est vaincu
Comme nous avons dO nous en rendre compte la rigueur des principes
eacuteducationnels a une influence tregraves sensible sur l~ comportement du
toucouleur
i
III S COCL ~s 1DO
Dans cette partie nous avons essay~ de montrer lftroite re1atic~
Entre les diverses activiteacutes socio-eacuteconomiques dans les ethnies et
lES diffEacuterentes faccedilons de lutter
Daucuns seraient tent~s de conclure trop rapidement et cest p0~r
cette raison que nOUS avons penseacute preacuteciser que le pheacutenotype nest
pas geacuteneacuterateur du geacutenotype Et nous sommes convaincus que la morphoshy
logie et les techniques des lutteurs relegravevent de leurs modes de vie
et de leurs croyances agrave une eacutepoque et danE un contexte bien deacutetermishy
neacutes
Est-ce que les lutteurs dio1a ou seacuteregravere travaillant avec leurs bras
dans les champs auraient les mecircmes pr 0 fil s physiques que les lutteurs
utilisant des machines pour lagriculture
- 69 shy
I UJOURDH~1 E-S ut O[l LES FORfilS Ut LU11t~
~otons que notre enqu~te a ecirctE essentiellement faiteen milieu urbain
Les seacuteances de lutte ont tendance agrave perdre leur particulariteacute de r~shy
jouissance pour devenir des pheacutenomegravenes de sportisatio Deux fores
de luttes so~t principale~cnt prat s dans les aregrave~es du 5 al
la lutte traditiunnelle simple et la lutte traditionnelle avec frappe
De nos jours la lutte traditionnelle tend vers une reacuteglementation
et une institutionalisation
Le reacutesultat de nos investigations nous donne le tableau ci-dessous
REPARTITION ETHNIQUE SUR 100 PRATIQUANTS
LUTTE LUTTE RAPPORTETHNIES SANS FRAPPE AVEC FRAPPE J2
Diola 40 16 71 j
Seacuteregravere 26 21 57
Toucouleur 23 10 69
Wolof 1 1 53 17
La demande sociale par ordre deacutecroissant pour la lutte sans frappe
se preacutesente comrre suit
]0_ Ethnie diola avec pregraves de 3 lutteur~ sur 4
2deg_ Ethnie toucouleur
Ethri dun
~ 1 LA LUTTE TR])IIIO~~ELLE AVEC H-PPE
Cette forme deacute lutte a une histoire qui date de lantiquiteacute elle
sa~pelait le Pugilat Au Seacuteneacutegal elle a vu le jour dans le Cayor
bien avant la colonisation Le coup dE pied l~Lrdn~lement la morshy
sure la frappe et le doigtf eacutetaient permis dans le cc=bat ~ ~middot~p0~~e
Dans certains cas la giffle eacutetait beaucoup plus dangereuse que le
poing quand elle eacutetait donneacutee par un speacutecialiste Cette giffle pouvait
agrave elle seule deacutechirer et mecircme parfois amputer la joue de ladverser
Selon les informations la lutte avec frappede nos jours serait une
forme de lutte tregraves eupheacutemiseacutee de celle dantan ougrave une blessure
pouvait souvent ecirctre mortelle
Aujourdhui au niveau du folklore la lutte na plus la mecircme
le spectaculaire a remplaceacute le significatif iLa lutte avec frappe se 1
pratique surtout dans les centres urbains C~aque fois quun grand combat 1
est progra~eacute par le Comiteacute National Proviso~re (CNP) des centaines damashy
teurs sont mobiliseacutes vers le stade lba Mar D~OP qui est aujourdhui le i
lieu approprieacute ougrave se deacuteroulent les grands conkbats de lutte Cest la formE
de lutte qui semble drainer une foule de personnes beaucoup plus importante
que celle de la lutte simple
La lutte avec frappe deacuteriverait dune forme de lutte traditionnelle
pratiqueacutee jadis dans le Cayor au temps des Damels et la frappe serait
le substitut dun certain nombre de pratiques doigteacute jet de produits
etc bullbullbull dont le but eacutetait laveuglement de ladversaire La lutte avec
frappe serait une continuation logique dune carriegravere sportive de la
lutte traditionnelle qui sen sert comme moyen socio-eacuteconomique En
effet la majoriteacute des lutteurs avec frappe ont dabord eacuteteacute initieacutes agrave la
lutte simple Cependant il faut signaler que de nOS jours il arrive
que le jeune lutteur avec frappE- soit directenent formEacute conne speacutecialistE
agrave la frappe sa~s pour autant faire son chemin dabcrd egravea~s la lutte
- ~ shy
Le recircsultat dE ~os interviews ncus rec~trE qGune pcpulatiD~ divcrsishy
fiampe sint~resse agrave ce sport et qUE les intecircr~[s des uns et d~SlautrE~
semble~t divergents naucuns affirment que la lutte traditionnelle
avec frappe serait monteacutee par des personnes dont la vocation est dexshy
ploiter ce pheacuteLomegravene agrave des fins commerciales Dautres disent gJellegrave
jouit de mcyens irport~nts t[l[~isio
tation etc bullbullbull ) pour toucher toutes les couches sociales CEpe~~a~t
nous remarquons que mecircme si certaines personnes reprochent agrave cette
forme de lutte decirctre brutale ces mecircmes personnes nheacutesitent pas agrave
se rendre le dimanche agrave laregravene Bien que critiqueacutee elle semble ecirctre
adopteacutee par une tregraves grande partie de la population seacuteneacutegalaise Cepenshy
dant en tant que techniciens il nous est permis de faire une remarque
Il sagit de
- Limpression nette decirctre devant des professionnels de la frappe
qui sont ~ntratneacutes pour cela Dailleurs les propos que nous avons
recueilli~ nous prouvent que la plupart des champions de lutte avec 1
frappe s~ntratnent dans certains sports de combat tels ~ue la boxe i 1
le karateacute le judo Dans cette nouvelle forme de pratique de la lutte
contrairefuent agrave la lutte traditionnelle le technicien e~t souvent
perdant face au puncheur Ce dernier adopte une lutte agrave distance qui
lui permet de placer agrave bon escient ses coups animeacute du deacutesir de vaincre
Le technicien lui se voit contreacute dans toutes ses entreprises par
un uppercut ou un crochet
On peut dire cependant que nul sport au Seacuteneacutegal que la lutte tradishy
tionnelle avec frappe ne deacutechaicircne autant de passions et autant de
pheacutenomegravenes poussant agrave lexcegraves et deacutereacuteglements quon ne peut que deacuteplorer
Mais comment deacutecrier un spectacle de lutte qui bien quayant perdu la
presque totaliteacute des valeurs traditionnelles veacutehiculeacutees autrefois par
elle sait susciter une participation effective de tous ceux qui sont
preacutesents
CONCLUSION
Dans ce meacutemoire nous sommes efforceacutes ~e faire ressort ir limportance des
ethos et des habitus et leurs effets sur la pratique de la lutte tradishy
tionnelle au Seacuteneacutegal
L~b egravethos repr~sentent dune maniegravere g~neurorale tous les eacuteleacutements speacutec
fiques sux Seacuteneacutegalais par conampeacuteguent un systegraveme de valeurs traditionnellEs
Mais m~me si ces valeurs rev~tent une signification universelle (honneur
digniteacute courage etc bullbullbull ) il nen demeure pas moins que ce nest pas leur
nature qui fait leur speacutecificiteacute mais la hieacuterarchisation et limportance i
quon accorde agrave toutes ces valeurs de ~ar leacuteducation ou la culture
i 1
Aussi les valeurs traditionnelles puient leur speacutecificiteacute dans les
caracteacuteristiques propres aux eacuteleacutements ~e la socio-cu1ture (la technologie
et leacuteconomie la politique et la pareteacute la psychologie et lideacuteologie)
dans la socieacuteteacute seacuteneacutegalaise agrave n momen donneacute de son eacutevolution Cest i
dire la neacuteceesiteacute de ne point faire della valeur une reacutealiteacute statique
Cest dite aussi quagrave tout mome~t le ~eacuteneacutegalais peut eacutevoluer et creacuteer
ou vivre par conseacutequent de nouv~lles fprmes de valeur qui lui sont 1
propres ft (J)
La lutte traditionnelle veacutehiculant deS valeurs socio-cu1ture1les speacutecishy
fiquement seacuteneacutegalaises (croyances valeurs morales norme de comportement
opinion attitude bullbullbull ) devient un eacuteleacutement important qui tregraves certaiaement
nous aidera dans notre effort de valoriser et de peacuterenniser notre patri shy
moine culturel par le biais dactiviteacutes physiques et sportives
Leacutetude des habitus nous permet de prouver quil y a plusieurs faccedilons
de se mouvoir comme danser lutter bullbullbull qui varient avec les diffeacuterentes
ethnies (wolof toucouleur seacuteregravere diolagt leurs convenances et leurs
eacuteducations
(1) Revue Ethiopiques 31 Les valeurs traditionnelles et le problegraveme de leur inteacutegration dans les systegravemes modernes jtducatio-1 2 6r--70
nautre part cette eacutetude permet aussi de nous rendrE compte de la
correacutelatipn eacutetroite existant entre la pratique de la lutte traditionnelle
et le sta~ut socio-eacuteconomique du pratiquant
Nos inves~igations nous indiquent que la lutte recrute essentiellement
au niveau des classes socio-eacuteconomiques situeacutees en bas de leacutechelle
donc posseacutedant le statut social le moins favoriseacute La lutte avec frappe
-et un certain secteur commercialiseacute de la lutte simple- y trouve sa
leacutegitimiteacute Comme le dit BOURDIEU nA habitus diffeacuterents styles de Vle
divergents et il oppse les pratiques aristocpatiques correspondants agrave
des activiteacutes qui favorisent les situations eupheacutemiseacutees ougrave la stylisashy
tion est importante aux pratiques populaires qui font appel agrave des
qualiteacutes qpposeacutees bllutes rugueuses Certaines interviews nous
montrent que plus lindividu occupe une place eacuteleveacutee dans leacutechelle
sQciale e~ 1
moin$ il sinteacuteresse agrave la lutte
Les reacutesultats recueillis dans nos diverses investig~tions confirment 1 1
1er propos qui disent que nous assistons aujourdhu~ agrave une involution
de la lutte traditionnelle parce que perdant toutes ses speacutecificiteacutes au 1
pryfit d~ne autre forme de lutte que lon continue agrave appeler nostalshy
giqlementIIlutte traditionnelle
Ceci pourrait peut-~tre trouver une explication dan la citation suivante
La liberteacute de creacuteer dinnover de vivre Pleineinenf decirctre soi et de
preacuteserver son authenticiteacute la digniteacute et lhonneu1demeurent des illushy
sions dans la misegravere eacuteconomique~ Nos ancecirctres creacuteai~nt des valeurs de cishyl
vilisation parce quils eacutetaient libres parce qu1i~s ignoraient toute
deacutependance eacuteconomique ils cultivaient en eux et cbez leurs enfants le 1
Jorn et la Kersa et preacutefeacuteraient la mort agrave la hoJte lI (1)
Or le Seacuteneacutegal comme la plupart des pays africainsi est un pays sousshy
deacuteveloppeacute t cependant face agrave cette volonteacute du gou~ernement seacuteneacutegalais
de faire inteacutegrer dans leacuteducation des valeurs traditionnelles nous
pouvons espeacuterer utiliser comme moyen deacuteducation la lutteacute traditionnelle
qui reste quand mecircme vecteur jethos et dhabit~s
- 54 shy
Mecircme si lon a noteacute un appauvrissement notoire sur les plans socioshy
culturel et moral la lutte traditionnelle recegravele une gamme importante
et varieacutee de techniques permettant incontestablement une ouverture vers
les luttes olympiques libre et g~eacuteco-romaine
La lecture de ce meacutemoire permettra agrave lentratneur et au professeur de
lutte en fonction du lieu ougrave ils seront affecteacutes dans le territoire
seacuteneacutegalaisdavoir une information sur les techniques contrOles et
formes de corps propres agrave chaque groupe ethnique et de les mettre en
relation avec leurs croyances et leurs mentaliteacutes
Nous avons essayeacute de montrer que la pratique de la lutte traditionnelle
doit tre axeacutee sur une ethnomotriciteacute au Seacuteneacutegal qui permette une inishy
tiation facile Cette pratique de la lutte traditionnelle seacuteneacutegalaise
devra dailleurs essayer de ~eacutepondre aux aspirations du Seacuteneacutegalaisl
moderne en souvrant aux ap~orts positifs des autres civilisations
ex~eacuterieures nous voulons Jvidemment parler du judo et des luttes oiymshyJ
piques 1
1 j Nous navons pas la preacutetentfon dans le cadre de ce meacutemoire demattrise
de reacutepondre agrave toutes les qutstions se rattachant agrave leacutetude de ~a lutte
traditionnelle souslangle~socio-culturel car non seulement il nous
manque lexpeacuterience et la c peacutetence en la mati~re mais aussil l le temps
et les moyens dont nous dis osions ne nous permettaient pas d~puiser le 1sujet i
1 1 1 t 1
l
- )5 shy
BIBLIOGRAPHIE
BIBLIOGRAPHIE
1- CLAPAREDE Psychologie de leacuteducation et peacutedagogie expeacuterimentale
Edition Delachaux et Niestleacute 244 pages
2- POCIELLC Christian Sport et Socieacuteteacute approche socio-culturelle
des pratiques Paris Vigot 1981 377 pages
3- PIERON Henri Vocabulaire de la psychologie
PUF Deuxiegraveme eacutedition 1957 469 pages
4- Revue socialiste de culture neacutegro-africaine ETHIOPIQUES
Les valeurs traditionnelles et le problegraveme de leur inteacutegration
dans les systegravemes modernes deacuteducation
GIA 21 Juillet 1982 213 pages
5- N2 Revue du Centre dEtudedes Civilisations DEM ak TEY
NIS IVegrave Trimestre 1982 96 pages
6- Document lNSEP Colloque sur la lutte aeacuteregravere
DAKAR MAI-JUIN 1980
t 1
~- Travaux du IVegrave Congregraves National ~es Sports agrave DAKAR les 2223041981
Bulletin n2 91 du CIO du 15 Aont 1965
l____________________________
8- Meacutemoire de Mattrise BADJI Abdou La lutte traditionnelle Joola
Etude et perspective
9- Meacutemoire Inspectorat JS DJITTE Mandy Les pratiques corporelles
traditionnelles au Seacuteneacutegal pour leur exploitation et leur
utilisation en peacutedagogie Marly le Roi 1980
REPUBLIQUE DU SENEGAL
--------------- INSTITUT NATIONAL SUPERIEUR
MINISTERE DE LA JEUNESSE DE LrsquoEDUCATION POPULAIRE
ET DES SPORTS ET DU SPORT
-------------
(INSEPS)
MEMOIRE DE MAIcircTRISE
Es-SCIENCES ET TECHNIQUES
DE LrsquoACTIVITE PHYSIQUE ET DU SPORT
LA LUTTE TRADITIONNELLE
son importance sa signification en fonction des ethos et des habitus ethniques au Seacuteneacutegal
Preacutesenteacute par
Monsieur Joseph Victor FAYE
Sous la direction de
M Jean Marc ROCHEZ
Professeur agrave lrsquoINSEPS
Anneacutee de soutenance 1984
III S COCL ~s 1DO
Dans cette partie nous avons essay~ de montrer lftroite re1atic~
Entre les diverses activiteacutes socio-eacuteconomiques dans les ethnies et
lES diffEacuterentes faccedilons de lutter
Daucuns seraient tent~s de conclure trop rapidement et cest p0~r
cette raison que nOUS avons penseacute preacuteciser que le pheacutenotype nest
pas geacuteneacuterateur du geacutenotype Et nous sommes convaincus que la morphoshy
logie et les techniques des lutteurs relegravevent de leurs modes de vie
et de leurs croyances agrave une eacutepoque et danE un contexte bien deacutetermishy
neacutes
Est-ce que les lutteurs dio1a ou seacuteregravere travaillant avec leurs bras
dans les champs auraient les mecircmes pr 0 fil s physiques que les lutteurs
utilisant des machines pour lagriculture
- 69 shy
I UJOURDH~1 E-S ut O[l LES FORfilS Ut LU11t~
~otons que notre enqu~te a ecirctE essentiellement faiteen milieu urbain
Les seacuteances de lutte ont tendance agrave perdre leur particulariteacute de r~shy
jouissance pour devenir des pheacutenomegravenes de sportisatio Deux fores
de luttes so~t principale~cnt prat s dans les aregrave~es du 5 al
la lutte traditiunnelle simple et la lutte traditionnelle avec frappe
De nos jours la lutte traditionnelle tend vers une reacuteglementation
et une institutionalisation
Le reacutesultat de nos investigations nous donne le tableau ci-dessous
REPARTITION ETHNIQUE SUR 100 PRATIQUANTS
LUTTE LUTTE RAPPORTETHNIES SANS FRAPPE AVEC FRAPPE J2
Diola 40 16 71 j
Seacuteregravere 26 21 57
Toucouleur 23 10 69
Wolof 1 1 53 17
La demande sociale par ordre deacutecroissant pour la lutte sans frappe
se preacutesente comrre suit
]0_ Ethnie diola avec pregraves de 3 lutteur~ sur 4
2deg_ Ethnie toucouleur
Ethri dun
~ 1 LA LUTTE TR])IIIO~~ELLE AVEC H-PPE
Cette forme deacute lutte a une histoire qui date de lantiquiteacute elle
sa~pelait le Pugilat Au Seacuteneacutegal elle a vu le jour dans le Cayor
bien avant la colonisation Le coup dE pied l~Lrdn~lement la morshy
sure la frappe et le doigtf eacutetaient permis dans le cc=bat ~ ~middot~p0~~e
Dans certains cas la giffle eacutetait beaucoup plus dangereuse que le
poing quand elle eacutetait donneacutee par un speacutecialiste Cette giffle pouvait
agrave elle seule deacutechirer et mecircme parfois amputer la joue de ladverser
Selon les informations la lutte avec frappede nos jours serait une
forme de lutte tregraves eupheacutemiseacutee de celle dantan ougrave une blessure
pouvait souvent ecirctre mortelle
Aujourdhui au niveau du folklore la lutte na plus la mecircme
le spectaculaire a remplaceacute le significatif iLa lutte avec frappe se 1
pratique surtout dans les centres urbains C~aque fois quun grand combat 1
est progra~eacute par le Comiteacute National Proviso~re (CNP) des centaines damashy
teurs sont mobiliseacutes vers le stade lba Mar D~OP qui est aujourdhui le i
lieu approprieacute ougrave se deacuteroulent les grands conkbats de lutte Cest la formE
de lutte qui semble drainer une foule de personnes beaucoup plus importante
que celle de la lutte simple
La lutte avec frappe deacuteriverait dune forme de lutte traditionnelle
pratiqueacutee jadis dans le Cayor au temps des Damels et la frappe serait
le substitut dun certain nombre de pratiques doigteacute jet de produits
etc bullbullbull dont le but eacutetait laveuglement de ladversaire La lutte avec
frappe serait une continuation logique dune carriegravere sportive de la
lutte traditionnelle qui sen sert comme moyen socio-eacuteconomique En
effet la majoriteacute des lutteurs avec frappe ont dabord eacuteteacute initieacutes agrave la
lutte simple Cependant il faut signaler que de nOS jours il arrive
que le jeune lutteur avec frappE- soit directenent formEacute conne speacutecialistE
agrave la frappe sa~s pour autant faire son chemin dabcrd egravea~s la lutte
- ~ shy
Le recircsultat dE ~os interviews ncus rec~trE qGune pcpulatiD~ divcrsishy
fiampe sint~resse agrave ce sport et qUE les intecircr~[s des uns et d~SlautrE~
semble~t divergents naucuns affirment que la lutte traditionnelle
avec frappe serait monteacutee par des personnes dont la vocation est dexshy
ploiter ce pheacuteLomegravene agrave des fins commerciales Dautres disent gJellegrave
jouit de mcyens irport~nts t[l[~isio
tation etc bullbullbull ) pour toucher toutes les couches sociales CEpe~~a~t
nous remarquons que mecircme si certaines personnes reprochent agrave cette
forme de lutte decirctre brutale ces mecircmes personnes nheacutesitent pas agrave
se rendre le dimanche agrave laregravene Bien que critiqueacutee elle semble ecirctre
adopteacutee par une tregraves grande partie de la population seacuteneacutegalaise Cepenshy
dant en tant que techniciens il nous est permis de faire une remarque
Il sagit de
- Limpression nette decirctre devant des professionnels de la frappe
qui sont ~ntratneacutes pour cela Dailleurs les propos que nous avons
recueilli~ nous prouvent que la plupart des champions de lutte avec 1
frappe s~ntratnent dans certains sports de combat tels ~ue la boxe i 1
le karateacute le judo Dans cette nouvelle forme de pratique de la lutte
contrairefuent agrave la lutte traditionnelle le technicien e~t souvent
perdant face au puncheur Ce dernier adopte une lutte agrave distance qui
lui permet de placer agrave bon escient ses coups animeacute du deacutesir de vaincre
Le technicien lui se voit contreacute dans toutes ses entreprises par
un uppercut ou un crochet
On peut dire cependant que nul sport au Seacuteneacutegal que la lutte tradishy
tionnelle avec frappe ne deacutechaicircne autant de passions et autant de
pheacutenomegravenes poussant agrave lexcegraves et deacutereacuteglements quon ne peut que deacuteplorer
Mais comment deacutecrier un spectacle de lutte qui bien quayant perdu la
presque totaliteacute des valeurs traditionnelles veacutehiculeacutees autrefois par
elle sait susciter une participation effective de tous ceux qui sont
preacutesents
CONCLUSION
Dans ce meacutemoire nous sommes efforceacutes ~e faire ressort ir limportance des
ethos et des habitus et leurs effets sur la pratique de la lutte tradishy
tionnelle au Seacuteneacutegal
L~b egravethos repr~sentent dune maniegravere g~neurorale tous les eacuteleacutements speacutec
fiques sux Seacuteneacutegalais par conampeacuteguent un systegraveme de valeurs traditionnellEs
Mais m~me si ces valeurs rev~tent une signification universelle (honneur
digniteacute courage etc bullbullbull ) il nen demeure pas moins que ce nest pas leur
nature qui fait leur speacutecificiteacute mais la hieacuterarchisation et limportance i
quon accorde agrave toutes ces valeurs de ~ar leacuteducation ou la culture
i 1
Aussi les valeurs traditionnelles puient leur speacutecificiteacute dans les
caracteacuteristiques propres aux eacuteleacutements ~e la socio-cu1ture (la technologie
et leacuteconomie la politique et la pareteacute la psychologie et lideacuteologie)
dans la socieacuteteacute seacuteneacutegalaise agrave n momen donneacute de son eacutevolution Cest i
dire la neacuteceesiteacute de ne point faire della valeur une reacutealiteacute statique
Cest dite aussi quagrave tout mome~t le ~eacuteneacutegalais peut eacutevoluer et creacuteer
ou vivre par conseacutequent de nouv~lles fprmes de valeur qui lui sont 1
propres ft (J)
La lutte traditionnelle veacutehiculant deS valeurs socio-cu1ture1les speacutecishy
fiquement seacuteneacutegalaises (croyances valeurs morales norme de comportement
opinion attitude bullbullbull ) devient un eacuteleacutement important qui tregraves certaiaement
nous aidera dans notre effort de valoriser et de peacuterenniser notre patri shy
moine culturel par le biais dactiviteacutes physiques et sportives
Leacutetude des habitus nous permet de prouver quil y a plusieurs faccedilons
de se mouvoir comme danser lutter bullbullbull qui varient avec les diffeacuterentes
ethnies (wolof toucouleur seacuteregravere diolagt leurs convenances et leurs
eacuteducations
(1) Revue Ethiopiques 31 Les valeurs traditionnelles et le problegraveme de leur inteacutegration dans les systegravemes modernes jtducatio-1 2 6r--70
nautre part cette eacutetude permet aussi de nous rendrE compte de la
correacutelatipn eacutetroite existant entre la pratique de la lutte traditionnelle
et le sta~ut socio-eacuteconomique du pratiquant
Nos inves~igations nous indiquent que la lutte recrute essentiellement
au niveau des classes socio-eacuteconomiques situeacutees en bas de leacutechelle
donc posseacutedant le statut social le moins favoriseacute La lutte avec frappe
-et un certain secteur commercialiseacute de la lutte simple- y trouve sa
leacutegitimiteacute Comme le dit BOURDIEU nA habitus diffeacuterents styles de Vle
divergents et il oppse les pratiques aristocpatiques correspondants agrave
des activiteacutes qui favorisent les situations eupheacutemiseacutees ougrave la stylisashy
tion est importante aux pratiques populaires qui font appel agrave des
qualiteacutes qpposeacutees bllutes rugueuses Certaines interviews nous
montrent que plus lindividu occupe une place eacuteleveacutee dans leacutechelle
sQciale e~ 1
moin$ il sinteacuteresse agrave la lutte
Les reacutesultats recueillis dans nos diverses investig~tions confirment 1 1
1er propos qui disent que nous assistons aujourdhu~ agrave une involution
de la lutte traditionnelle parce que perdant toutes ses speacutecificiteacutes au 1
pryfit d~ne autre forme de lutte que lon continue agrave appeler nostalshy
giqlementIIlutte traditionnelle
Ceci pourrait peut-~tre trouver une explication dan la citation suivante
La liberteacute de creacuteer dinnover de vivre Pleineinenf decirctre soi et de
preacuteserver son authenticiteacute la digniteacute et lhonneu1demeurent des illushy
sions dans la misegravere eacuteconomique~ Nos ancecirctres creacuteai~nt des valeurs de cishyl
vilisation parce quils eacutetaient libres parce qu1i~s ignoraient toute
deacutependance eacuteconomique ils cultivaient en eux et cbez leurs enfants le 1
Jorn et la Kersa et preacutefeacuteraient la mort agrave la hoJte lI (1)
Or le Seacuteneacutegal comme la plupart des pays africainsi est un pays sousshy
deacuteveloppeacute t cependant face agrave cette volonteacute du gou~ernement seacuteneacutegalais
de faire inteacutegrer dans leacuteducation des valeurs traditionnelles nous
pouvons espeacuterer utiliser comme moyen deacuteducation la lutteacute traditionnelle
qui reste quand mecircme vecteur jethos et dhabit~s
- 54 shy
Mecircme si lon a noteacute un appauvrissement notoire sur les plans socioshy
culturel et moral la lutte traditionnelle recegravele une gamme importante
et varieacutee de techniques permettant incontestablement une ouverture vers
les luttes olympiques libre et g~eacuteco-romaine
La lecture de ce meacutemoire permettra agrave lentratneur et au professeur de
lutte en fonction du lieu ougrave ils seront affecteacutes dans le territoire
seacuteneacutegalaisdavoir une information sur les techniques contrOles et
formes de corps propres agrave chaque groupe ethnique et de les mettre en
relation avec leurs croyances et leurs mentaliteacutes
Nous avons essayeacute de montrer que la pratique de la lutte traditionnelle
doit tre axeacutee sur une ethnomotriciteacute au Seacuteneacutegal qui permette une inishy
tiation facile Cette pratique de la lutte traditionnelle seacuteneacutegalaise
devra dailleurs essayer de ~eacutepondre aux aspirations du Seacuteneacutegalaisl
moderne en souvrant aux ap~orts positifs des autres civilisations
ex~eacuterieures nous voulons Jvidemment parler du judo et des luttes oiymshyJ
piques 1
1 j Nous navons pas la preacutetentfon dans le cadre de ce meacutemoire demattrise
de reacutepondre agrave toutes les qutstions se rattachant agrave leacutetude de ~a lutte
traditionnelle souslangle~socio-culturel car non seulement il nous
manque lexpeacuterience et la c peacutetence en la mati~re mais aussil l le temps
et les moyens dont nous dis osions ne nous permettaient pas d~puiser le 1sujet i
1 1 1 t 1
l
- )5 shy
BIBLIOGRAPHIE
BIBLIOGRAPHIE
1- CLAPAREDE Psychologie de leacuteducation et peacutedagogie expeacuterimentale
Edition Delachaux et Niestleacute 244 pages
2- POCIELLC Christian Sport et Socieacuteteacute approche socio-culturelle
des pratiques Paris Vigot 1981 377 pages
3- PIERON Henri Vocabulaire de la psychologie
PUF Deuxiegraveme eacutedition 1957 469 pages
4- Revue socialiste de culture neacutegro-africaine ETHIOPIQUES
Les valeurs traditionnelles et le problegraveme de leur inteacutegration
dans les systegravemes modernes deacuteducation
GIA 21 Juillet 1982 213 pages
5- N2 Revue du Centre dEtudedes Civilisations DEM ak TEY
NIS IVegrave Trimestre 1982 96 pages
6- Document lNSEP Colloque sur la lutte aeacuteregravere
DAKAR MAI-JUIN 1980
t 1
~- Travaux du IVegrave Congregraves National ~es Sports agrave DAKAR les 2223041981
Bulletin n2 91 du CIO du 15 Aont 1965
l____________________________
8- Meacutemoire de Mattrise BADJI Abdou La lutte traditionnelle Joola
Etude et perspective
9- Meacutemoire Inspectorat JS DJITTE Mandy Les pratiques corporelles
traditionnelles au Seacuteneacutegal pour leur exploitation et leur
utilisation en peacutedagogie Marly le Roi 1980
REPUBLIQUE DU SENEGAL
--------------- INSTITUT NATIONAL SUPERIEUR
MINISTERE DE LA JEUNESSE DE LrsquoEDUCATION POPULAIRE
ET DES SPORTS ET DU SPORT
-------------
(INSEPS)
MEMOIRE DE MAIcircTRISE
Es-SCIENCES ET TECHNIQUES
DE LrsquoACTIVITE PHYSIQUE ET DU SPORT
LA LUTTE TRADITIONNELLE
son importance sa signification en fonction des ethos et des habitus ethniques au Seacuteneacutegal
Preacutesenteacute par
Monsieur Joseph Victor FAYE
Sous la direction de
M Jean Marc ROCHEZ
Professeur agrave lrsquoINSEPS
Anneacutee de soutenance 1984
- 69 shy
I UJOURDH~1 E-S ut O[l LES FORfilS Ut LU11t~
~otons que notre enqu~te a ecirctE essentiellement faiteen milieu urbain
Les seacuteances de lutte ont tendance agrave perdre leur particulariteacute de r~shy
jouissance pour devenir des pheacutenomegravenes de sportisatio Deux fores
de luttes so~t principale~cnt prat s dans les aregrave~es du 5 al
la lutte traditiunnelle simple et la lutte traditionnelle avec frappe
De nos jours la lutte traditionnelle tend vers une reacuteglementation
et une institutionalisation
Le reacutesultat de nos investigations nous donne le tableau ci-dessous
REPARTITION ETHNIQUE SUR 100 PRATIQUANTS
LUTTE LUTTE RAPPORTETHNIES SANS FRAPPE AVEC FRAPPE J2
Diola 40 16 71 j
Seacuteregravere 26 21 57
Toucouleur 23 10 69
Wolof 1 1 53 17
La demande sociale par ordre deacutecroissant pour la lutte sans frappe
se preacutesente comrre suit
]0_ Ethnie diola avec pregraves de 3 lutteur~ sur 4
2deg_ Ethnie toucouleur
Ethri dun
~ 1 LA LUTTE TR])IIIO~~ELLE AVEC H-PPE
Cette forme deacute lutte a une histoire qui date de lantiquiteacute elle
sa~pelait le Pugilat Au Seacuteneacutegal elle a vu le jour dans le Cayor
bien avant la colonisation Le coup dE pied l~Lrdn~lement la morshy
sure la frappe et le doigtf eacutetaient permis dans le cc=bat ~ ~middot~p0~~e
Dans certains cas la giffle eacutetait beaucoup plus dangereuse que le
poing quand elle eacutetait donneacutee par un speacutecialiste Cette giffle pouvait
agrave elle seule deacutechirer et mecircme parfois amputer la joue de ladverser
Selon les informations la lutte avec frappede nos jours serait une
forme de lutte tregraves eupheacutemiseacutee de celle dantan ougrave une blessure
pouvait souvent ecirctre mortelle
Aujourdhui au niveau du folklore la lutte na plus la mecircme
le spectaculaire a remplaceacute le significatif iLa lutte avec frappe se 1
pratique surtout dans les centres urbains C~aque fois quun grand combat 1
est progra~eacute par le Comiteacute National Proviso~re (CNP) des centaines damashy
teurs sont mobiliseacutes vers le stade lba Mar D~OP qui est aujourdhui le i
lieu approprieacute ougrave se deacuteroulent les grands conkbats de lutte Cest la formE
de lutte qui semble drainer une foule de personnes beaucoup plus importante
que celle de la lutte simple
La lutte avec frappe deacuteriverait dune forme de lutte traditionnelle
pratiqueacutee jadis dans le Cayor au temps des Damels et la frappe serait
le substitut dun certain nombre de pratiques doigteacute jet de produits
etc bullbullbull dont le but eacutetait laveuglement de ladversaire La lutte avec
frappe serait une continuation logique dune carriegravere sportive de la
lutte traditionnelle qui sen sert comme moyen socio-eacuteconomique En
effet la majoriteacute des lutteurs avec frappe ont dabord eacuteteacute initieacutes agrave la
lutte simple Cependant il faut signaler que de nOS jours il arrive
que le jeune lutteur avec frappE- soit directenent formEacute conne speacutecialistE
agrave la frappe sa~s pour autant faire son chemin dabcrd egravea~s la lutte
- ~ shy
Le recircsultat dE ~os interviews ncus rec~trE qGune pcpulatiD~ divcrsishy
fiampe sint~resse agrave ce sport et qUE les intecircr~[s des uns et d~SlautrE~
semble~t divergents naucuns affirment que la lutte traditionnelle
avec frappe serait monteacutee par des personnes dont la vocation est dexshy
ploiter ce pheacuteLomegravene agrave des fins commerciales Dautres disent gJellegrave
jouit de mcyens irport~nts t[l[~isio
tation etc bullbullbull ) pour toucher toutes les couches sociales CEpe~~a~t
nous remarquons que mecircme si certaines personnes reprochent agrave cette
forme de lutte decirctre brutale ces mecircmes personnes nheacutesitent pas agrave
se rendre le dimanche agrave laregravene Bien que critiqueacutee elle semble ecirctre
adopteacutee par une tregraves grande partie de la population seacuteneacutegalaise Cepenshy
dant en tant que techniciens il nous est permis de faire une remarque
Il sagit de
- Limpression nette decirctre devant des professionnels de la frappe
qui sont ~ntratneacutes pour cela Dailleurs les propos que nous avons
recueilli~ nous prouvent que la plupart des champions de lutte avec 1
frappe s~ntratnent dans certains sports de combat tels ~ue la boxe i 1
le karateacute le judo Dans cette nouvelle forme de pratique de la lutte
contrairefuent agrave la lutte traditionnelle le technicien e~t souvent
perdant face au puncheur Ce dernier adopte une lutte agrave distance qui
lui permet de placer agrave bon escient ses coups animeacute du deacutesir de vaincre
Le technicien lui se voit contreacute dans toutes ses entreprises par
un uppercut ou un crochet
On peut dire cependant que nul sport au Seacuteneacutegal que la lutte tradishy
tionnelle avec frappe ne deacutechaicircne autant de passions et autant de
pheacutenomegravenes poussant agrave lexcegraves et deacutereacuteglements quon ne peut que deacuteplorer
Mais comment deacutecrier un spectacle de lutte qui bien quayant perdu la
presque totaliteacute des valeurs traditionnelles veacutehiculeacutees autrefois par
elle sait susciter une participation effective de tous ceux qui sont
preacutesents
CONCLUSION
Dans ce meacutemoire nous sommes efforceacutes ~e faire ressort ir limportance des
ethos et des habitus et leurs effets sur la pratique de la lutte tradishy
tionnelle au Seacuteneacutegal
L~b egravethos repr~sentent dune maniegravere g~neurorale tous les eacuteleacutements speacutec
fiques sux Seacuteneacutegalais par conampeacuteguent un systegraveme de valeurs traditionnellEs
Mais m~me si ces valeurs rev~tent une signification universelle (honneur
digniteacute courage etc bullbullbull ) il nen demeure pas moins que ce nest pas leur
nature qui fait leur speacutecificiteacute mais la hieacuterarchisation et limportance i
quon accorde agrave toutes ces valeurs de ~ar leacuteducation ou la culture
i 1
Aussi les valeurs traditionnelles puient leur speacutecificiteacute dans les
caracteacuteristiques propres aux eacuteleacutements ~e la socio-cu1ture (la technologie
et leacuteconomie la politique et la pareteacute la psychologie et lideacuteologie)
dans la socieacuteteacute seacuteneacutegalaise agrave n momen donneacute de son eacutevolution Cest i
dire la neacuteceesiteacute de ne point faire della valeur une reacutealiteacute statique
Cest dite aussi quagrave tout mome~t le ~eacuteneacutegalais peut eacutevoluer et creacuteer
ou vivre par conseacutequent de nouv~lles fprmes de valeur qui lui sont 1
propres ft (J)
La lutte traditionnelle veacutehiculant deS valeurs socio-cu1ture1les speacutecishy
fiquement seacuteneacutegalaises (croyances valeurs morales norme de comportement
opinion attitude bullbullbull ) devient un eacuteleacutement important qui tregraves certaiaement
nous aidera dans notre effort de valoriser et de peacuterenniser notre patri shy
moine culturel par le biais dactiviteacutes physiques et sportives
Leacutetude des habitus nous permet de prouver quil y a plusieurs faccedilons
de se mouvoir comme danser lutter bullbullbull qui varient avec les diffeacuterentes
ethnies (wolof toucouleur seacuteregravere diolagt leurs convenances et leurs
eacuteducations
(1) Revue Ethiopiques 31 Les valeurs traditionnelles et le problegraveme de leur inteacutegration dans les systegravemes modernes jtducatio-1 2 6r--70
nautre part cette eacutetude permet aussi de nous rendrE compte de la
correacutelatipn eacutetroite existant entre la pratique de la lutte traditionnelle
et le sta~ut socio-eacuteconomique du pratiquant
Nos inves~igations nous indiquent que la lutte recrute essentiellement
au niveau des classes socio-eacuteconomiques situeacutees en bas de leacutechelle
donc posseacutedant le statut social le moins favoriseacute La lutte avec frappe
-et un certain secteur commercialiseacute de la lutte simple- y trouve sa
leacutegitimiteacute Comme le dit BOURDIEU nA habitus diffeacuterents styles de Vle
divergents et il oppse les pratiques aristocpatiques correspondants agrave
des activiteacutes qui favorisent les situations eupheacutemiseacutees ougrave la stylisashy
tion est importante aux pratiques populaires qui font appel agrave des
qualiteacutes qpposeacutees bllutes rugueuses Certaines interviews nous
montrent que plus lindividu occupe une place eacuteleveacutee dans leacutechelle
sQciale e~ 1
moin$ il sinteacuteresse agrave la lutte
Les reacutesultats recueillis dans nos diverses investig~tions confirment 1 1
1er propos qui disent que nous assistons aujourdhu~ agrave une involution
de la lutte traditionnelle parce que perdant toutes ses speacutecificiteacutes au 1
pryfit d~ne autre forme de lutte que lon continue agrave appeler nostalshy
giqlementIIlutte traditionnelle
Ceci pourrait peut-~tre trouver une explication dan la citation suivante
La liberteacute de creacuteer dinnover de vivre Pleineinenf decirctre soi et de
preacuteserver son authenticiteacute la digniteacute et lhonneu1demeurent des illushy
sions dans la misegravere eacuteconomique~ Nos ancecirctres creacuteai~nt des valeurs de cishyl
vilisation parce quils eacutetaient libres parce qu1i~s ignoraient toute
deacutependance eacuteconomique ils cultivaient en eux et cbez leurs enfants le 1
Jorn et la Kersa et preacutefeacuteraient la mort agrave la hoJte lI (1)
Or le Seacuteneacutegal comme la plupart des pays africainsi est un pays sousshy
deacuteveloppeacute t cependant face agrave cette volonteacute du gou~ernement seacuteneacutegalais
de faire inteacutegrer dans leacuteducation des valeurs traditionnelles nous
pouvons espeacuterer utiliser comme moyen deacuteducation la lutteacute traditionnelle
qui reste quand mecircme vecteur jethos et dhabit~s
- 54 shy
Mecircme si lon a noteacute un appauvrissement notoire sur les plans socioshy
culturel et moral la lutte traditionnelle recegravele une gamme importante
et varieacutee de techniques permettant incontestablement une ouverture vers
les luttes olympiques libre et g~eacuteco-romaine
La lecture de ce meacutemoire permettra agrave lentratneur et au professeur de
lutte en fonction du lieu ougrave ils seront affecteacutes dans le territoire
seacuteneacutegalaisdavoir une information sur les techniques contrOles et
formes de corps propres agrave chaque groupe ethnique et de les mettre en
relation avec leurs croyances et leurs mentaliteacutes
Nous avons essayeacute de montrer que la pratique de la lutte traditionnelle
doit tre axeacutee sur une ethnomotriciteacute au Seacuteneacutegal qui permette une inishy
tiation facile Cette pratique de la lutte traditionnelle seacuteneacutegalaise
devra dailleurs essayer de ~eacutepondre aux aspirations du Seacuteneacutegalaisl
moderne en souvrant aux ap~orts positifs des autres civilisations
ex~eacuterieures nous voulons Jvidemment parler du judo et des luttes oiymshyJ
piques 1
1 j Nous navons pas la preacutetentfon dans le cadre de ce meacutemoire demattrise
de reacutepondre agrave toutes les qutstions se rattachant agrave leacutetude de ~a lutte
traditionnelle souslangle~socio-culturel car non seulement il nous
manque lexpeacuterience et la c peacutetence en la mati~re mais aussil l le temps
et les moyens dont nous dis osions ne nous permettaient pas d~puiser le 1sujet i
1 1 1 t 1
l
- )5 shy
BIBLIOGRAPHIE
BIBLIOGRAPHIE
1- CLAPAREDE Psychologie de leacuteducation et peacutedagogie expeacuterimentale
Edition Delachaux et Niestleacute 244 pages
2- POCIELLC Christian Sport et Socieacuteteacute approche socio-culturelle
des pratiques Paris Vigot 1981 377 pages
3- PIERON Henri Vocabulaire de la psychologie
PUF Deuxiegraveme eacutedition 1957 469 pages
4- Revue socialiste de culture neacutegro-africaine ETHIOPIQUES
Les valeurs traditionnelles et le problegraveme de leur inteacutegration
dans les systegravemes modernes deacuteducation
GIA 21 Juillet 1982 213 pages
5- N2 Revue du Centre dEtudedes Civilisations DEM ak TEY
NIS IVegrave Trimestre 1982 96 pages
6- Document lNSEP Colloque sur la lutte aeacuteregravere
DAKAR MAI-JUIN 1980
t 1
~- Travaux du IVegrave Congregraves National ~es Sports agrave DAKAR les 2223041981
Bulletin n2 91 du CIO du 15 Aont 1965
l____________________________
8- Meacutemoire de Mattrise BADJI Abdou La lutte traditionnelle Joola
Etude et perspective
9- Meacutemoire Inspectorat JS DJITTE Mandy Les pratiques corporelles
traditionnelles au Seacuteneacutegal pour leur exploitation et leur
utilisation en peacutedagogie Marly le Roi 1980
REPUBLIQUE DU SENEGAL
--------------- INSTITUT NATIONAL SUPERIEUR
MINISTERE DE LA JEUNESSE DE LrsquoEDUCATION POPULAIRE
ET DES SPORTS ET DU SPORT
-------------
(INSEPS)
MEMOIRE DE MAIcircTRISE
Es-SCIENCES ET TECHNIQUES
DE LrsquoACTIVITE PHYSIQUE ET DU SPORT
LA LUTTE TRADITIONNELLE
son importance sa signification en fonction des ethos et des habitus ethniques au Seacuteneacutegal
Preacutesenteacute par
Monsieur Joseph Victor FAYE
Sous la direction de
M Jean Marc ROCHEZ
Professeur agrave lrsquoINSEPS
Anneacutee de soutenance 1984
~ 1 LA LUTTE TR])IIIO~~ELLE AVEC H-PPE
Cette forme deacute lutte a une histoire qui date de lantiquiteacute elle
sa~pelait le Pugilat Au Seacuteneacutegal elle a vu le jour dans le Cayor
bien avant la colonisation Le coup dE pied l~Lrdn~lement la morshy
sure la frappe et le doigtf eacutetaient permis dans le cc=bat ~ ~middot~p0~~e
Dans certains cas la giffle eacutetait beaucoup plus dangereuse que le
poing quand elle eacutetait donneacutee par un speacutecialiste Cette giffle pouvait
agrave elle seule deacutechirer et mecircme parfois amputer la joue de ladverser
Selon les informations la lutte avec frappede nos jours serait une
forme de lutte tregraves eupheacutemiseacutee de celle dantan ougrave une blessure
pouvait souvent ecirctre mortelle
Aujourdhui au niveau du folklore la lutte na plus la mecircme
le spectaculaire a remplaceacute le significatif iLa lutte avec frappe se 1
pratique surtout dans les centres urbains C~aque fois quun grand combat 1
est progra~eacute par le Comiteacute National Proviso~re (CNP) des centaines damashy
teurs sont mobiliseacutes vers le stade lba Mar D~OP qui est aujourdhui le i
lieu approprieacute ougrave se deacuteroulent les grands conkbats de lutte Cest la formE
de lutte qui semble drainer une foule de personnes beaucoup plus importante
que celle de la lutte simple
La lutte avec frappe deacuteriverait dune forme de lutte traditionnelle
pratiqueacutee jadis dans le Cayor au temps des Damels et la frappe serait
le substitut dun certain nombre de pratiques doigteacute jet de produits
etc bullbullbull dont le but eacutetait laveuglement de ladversaire La lutte avec
frappe serait une continuation logique dune carriegravere sportive de la
lutte traditionnelle qui sen sert comme moyen socio-eacuteconomique En
effet la majoriteacute des lutteurs avec frappe ont dabord eacuteteacute initieacutes agrave la
lutte simple Cependant il faut signaler que de nOS jours il arrive
que le jeune lutteur avec frappE- soit directenent formEacute conne speacutecialistE
agrave la frappe sa~s pour autant faire son chemin dabcrd egravea~s la lutte
- ~ shy
Le recircsultat dE ~os interviews ncus rec~trE qGune pcpulatiD~ divcrsishy
fiampe sint~resse agrave ce sport et qUE les intecircr~[s des uns et d~SlautrE~
semble~t divergents naucuns affirment que la lutte traditionnelle
avec frappe serait monteacutee par des personnes dont la vocation est dexshy
ploiter ce pheacuteLomegravene agrave des fins commerciales Dautres disent gJellegrave
jouit de mcyens irport~nts t[l[~isio
tation etc bullbullbull ) pour toucher toutes les couches sociales CEpe~~a~t
nous remarquons que mecircme si certaines personnes reprochent agrave cette
forme de lutte decirctre brutale ces mecircmes personnes nheacutesitent pas agrave
se rendre le dimanche agrave laregravene Bien que critiqueacutee elle semble ecirctre
adopteacutee par une tregraves grande partie de la population seacuteneacutegalaise Cepenshy
dant en tant que techniciens il nous est permis de faire une remarque
Il sagit de
- Limpression nette decirctre devant des professionnels de la frappe
qui sont ~ntratneacutes pour cela Dailleurs les propos que nous avons
recueilli~ nous prouvent que la plupart des champions de lutte avec 1
frappe s~ntratnent dans certains sports de combat tels ~ue la boxe i 1
le karateacute le judo Dans cette nouvelle forme de pratique de la lutte
contrairefuent agrave la lutte traditionnelle le technicien e~t souvent
perdant face au puncheur Ce dernier adopte une lutte agrave distance qui
lui permet de placer agrave bon escient ses coups animeacute du deacutesir de vaincre
Le technicien lui se voit contreacute dans toutes ses entreprises par
un uppercut ou un crochet
On peut dire cependant que nul sport au Seacuteneacutegal que la lutte tradishy
tionnelle avec frappe ne deacutechaicircne autant de passions et autant de
pheacutenomegravenes poussant agrave lexcegraves et deacutereacuteglements quon ne peut que deacuteplorer
Mais comment deacutecrier un spectacle de lutte qui bien quayant perdu la
presque totaliteacute des valeurs traditionnelles veacutehiculeacutees autrefois par
elle sait susciter une participation effective de tous ceux qui sont
preacutesents
CONCLUSION
Dans ce meacutemoire nous sommes efforceacutes ~e faire ressort ir limportance des
ethos et des habitus et leurs effets sur la pratique de la lutte tradishy
tionnelle au Seacuteneacutegal
L~b egravethos repr~sentent dune maniegravere g~neurorale tous les eacuteleacutements speacutec
fiques sux Seacuteneacutegalais par conampeacuteguent un systegraveme de valeurs traditionnellEs
Mais m~me si ces valeurs rev~tent une signification universelle (honneur
digniteacute courage etc bullbullbull ) il nen demeure pas moins que ce nest pas leur
nature qui fait leur speacutecificiteacute mais la hieacuterarchisation et limportance i
quon accorde agrave toutes ces valeurs de ~ar leacuteducation ou la culture
i 1
Aussi les valeurs traditionnelles puient leur speacutecificiteacute dans les
caracteacuteristiques propres aux eacuteleacutements ~e la socio-cu1ture (la technologie
et leacuteconomie la politique et la pareteacute la psychologie et lideacuteologie)
dans la socieacuteteacute seacuteneacutegalaise agrave n momen donneacute de son eacutevolution Cest i
dire la neacuteceesiteacute de ne point faire della valeur une reacutealiteacute statique
Cest dite aussi quagrave tout mome~t le ~eacuteneacutegalais peut eacutevoluer et creacuteer
ou vivre par conseacutequent de nouv~lles fprmes de valeur qui lui sont 1
propres ft (J)
La lutte traditionnelle veacutehiculant deS valeurs socio-cu1ture1les speacutecishy
fiquement seacuteneacutegalaises (croyances valeurs morales norme de comportement
opinion attitude bullbullbull ) devient un eacuteleacutement important qui tregraves certaiaement
nous aidera dans notre effort de valoriser et de peacuterenniser notre patri shy
moine culturel par le biais dactiviteacutes physiques et sportives
Leacutetude des habitus nous permet de prouver quil y a plusieurs faccedilons
de se mouvoir comme danser lutter bullbullbull qui varient avec les diffeacuterentes
ethnies (wolof toucouleur seacuteregravere diolagt leurs convenances et leurs
eacuteducations
(1) Revue Ethiopiques 31 Les valeurs traditionnelles et le problegraveme de leur inteacutegration dans les systegravemes modernes jtducatio-1 2 6r--70
nautre part cette eacutetude permet aussi de nous rendrE compte de la
correacutelatipn eacutetroite existant entre la pratique de la lutte traditionnelle
et le sta~ut socio-eacuteconomique du pratiquant
Nos inves~igations nous indiquent que la lutte recrute essentiellement
au niveau des classes socio-eacuteconomiques situeacutees en bas de leacutechelle
donc posseacutedant le statut social le moins favoriseacute La lutte avec frappe
-et un certain secteur commercialiseacute de la lutte simple- y trouve sa
leacutegitimiteacute Comme le dit BOURDIEU nA habitus diffeacuterents styles de Vle
divergents et il oppse les pratiques aristocpatiques correspondants agrave
des activiteacutes qui favorisent les situations eupheacutemiseacutees ougrave la stylisashy
tion est importante aux pratiques populaires qui font appel agrave des
qualiteacutes qpposeacutees bllutes rugueuses Certaines interviews nous
montrent que plus lindividu occupe une place eacuteleveacutee dans leacutechelle
sQciale e~ 1
moin$ il sinteacuteresse agrave la lutte
Les reacutesultats recueillis dans nos diverses investig~tions confirment 1 1
1er propos qui disent que nous assistons aujourdhu~ agrave une involution
de la lutte traditionnelle parce que perdant toutes ses speacutecificiteacutes au 1
pryfit d~ne autre forme de lutte que lon continue agrave appeler nostalshy
giqlementIIlutte traditionnelle
Ceci pourrait peut-~tre trouver une explication dan la citation suivante
La liberteacute de creacuteer dinnover de vivre Pleineinenf decirctre soi et de
preacuteserver son authenticiteacute la digniteacute et lhonneu1demeurent des illushy
sions dans la misegravere eacuteconomique~ Nos ancecirctres creacuteai~nt des valeurs de cishyl
vilisation parce quils eacutetaient libres parce qu1i~s ignoraient toute
deacutependance eacuteconomique ils cultivaient en eux et cbez leurs enfants le 1
Jorn et la Kersa et preacutefeacuteraient la mort agrave la hoJte lI (1)
Or le Seacuteneacutegal comme la plupart des pays africainsi est un pays sousshy
deacuteveloppeacute t cependant face agrave cette volonteacute du gou~ernement seacuteneacutegalais
de faire inteacutegrer dans leacuteducation des valeurs traditionnelles nous
pouvons espeacuterer utiliser comme moyen deacuteducation la lutteacute traditionnelle
qui reste quand mecircme vecteur jethos et dhabit~s
- 54 shy
Mecircme si lon a noteacute un appauvrissement notoire sur les plans socioshy
culturel et moral la lutte traditionnelle recegravele une gamme importante
et varieacutee de techniques permettant incontestablement une ouverture vers
les luttes olympiques libre et g~eacuteco-romaine
La lecture de ce meacutemoire permettra agrave lentratneur et au professeur de
lutte en fonction du lieu ougrave ils seront affecteacutes dans le territoire
seacuteneacutegalaisdavoir une information sur les techniques contrOles et
formes de corps propres agrave chaque groupe ethnique et de les mettre en
relation avec leurs croyances et leurs mentaliteacutes
Nous avons essayeacute de montrer que la pratique de la lutte traditionnelle
doit tre axeacutee sur une ethnomotriciteacute au Seacuteneacutegal qui permette une inishy
tiation facile Cette pratique de la lutte traditionnelle seacuteneacutegalaise
devra dailleurs essayer de ~eacutepondre aux aspirations du Seacuteneacutegalaisl
moderne en souvrant aux ap~orts positifs des autres civilisations
ex~eacuterieures nous voulons Jvidemment parler du judo et des luttes oiymshyJ
piques 1
1 j Nous navons pas la preacutetentfon dans le cadre de ce meacutemoire demattrise
de reacutepondre agrave toutes les qutstions se rattachant agrave leacutetude de ~a lutte
traditionnelle souslangle~socio-culturel car non seulement il nous
manque lexpeacuterience et la c peacutetence en la mati~re mais aussil l le temps
et les moyens dont nous dis osions ne nous permettaient pas d~puiser le 1sujet i
1 1 1 t 1
l
- )5 shy
BIBLIOGRAPHIE
BIBLIOGRAPHIE
1- CLAPAREDE Psychologie de leacuteducation et peacutedagogie expeacuterimentale
Edition Delachaux et Niestleacute 244 pages
2- POCIELLC Christian Sport et Socieacuteteacute approche socio-culturelle
des pratiques Paris Vigot 1981 377 pages
3- PIERON Henri Vocabulaire de la psychologie
PUF Deuxiegraveme eacutedition 1957 469 pages
4- Revue socialiste de culture neacutegro-africaine ETHIOPIQUES
Les valeurs traditionnelles et le problegraveme de leur inteacutegration
dans les systegravemes modernes deacuteducation
GIA 21 Juillet 1982 213 pages
5- N2 Revue du Centre dEtudedes Civilisations DEM ak TEY
NIS IVegrave Trimestre 1982 96 pages
6- Document lNSEP Colloque sur la lutte aeacuteregravere
DAKAR MAI-JUIN 1980
t 1
~- Travaux du IVegrave Congregraves National ~es Sports agrave DAKAR les 2223041981
Bulletin n2 91 du CIO du 15 Aont 1965
l____________________________
8- Meacutemoire de Mattrise BADJI Abdou La lutte traditionnelle Joola
Etude et perspective
9- Meacutemoire Inspectorat JS DJITTE Mandy Les pratiques corporelles
traditionnelles au Seacuteneacutegal pour leur exploitation et leur
utilisation en peacutedagogie Marly le Roi 1980
REPUBLIQUE DU SENEGAL
--------------- INSTITUT NATIONAL SUPERIEUR
MINISTERE DE LA JEUNESSE DE LrsquoEDUCATION POPULAIRE
ET DES SPORTS ET DU SPORT
-------------
(INSEPS)
MEMOIRE DE MAIcircTRISE
Es-SCIENCES ET TECHNIQUES
DE LrsquoACTIVITE PHYSIQUE ET DU SPORT
LA LUTTE TRADITIONNELLE
son importance sa signification en fonction des ethos et des habitus ethniques au Seacuteneacutegal
Preacutesenteacute par
Monsieur Joseph Victor FAYE
Sous la direction de
M Jean Marc ROCHEZ
Professeur agrave lrsquoINSEPS
Anneacutee de soutenance 1984
- ~ shy
Le recircsultat dE ~os interviews ncus rec~trE qGune pcpulatiD~ divcrsishy
fiampe sint~resse agrave ce sport et qUE les intecircr~[s des uns et d~SlautrE~
semble~t divergents naucuns affirment que la lutte traditionnelle
avec frappe serait monteacutee par des personnes dont la vocation est dexshy
ploiter ce pheacuteLomegravene agrave des fins commerciales Dautres disent gJellegrave
jouit de mcyens irport~nts t[l[~isio
tation etc bullbullbull ) pour toucher toutes les couches sociales CEpe~~a~t
nous remarquons que mecircme si certaines personnes reprochent agrave cette
forme de lutte decirctre brutale ces mecircmes personnes nheacutesitent pas agrave
se rendre le dimanche agrave laregravene Bien que critiqueacutee elle semble ecirctre
adopteacutee par une tregraves grande partie de la population seacuteneacutegalaise Cepenshy
dant en tant que techniciens il nous est permis de faire une remarque
Il sagit de
- Limpression nette decirctre devant des professionnels de la frappe
qui sont ~ntratneacutes pour cela Dailleurs les propos que nous avons
recueilli~ nous prouvent que la plupart des champions de lutte avec 1
frappe s~ntratnent dans certains sports de combat tels ~ue la boxe i 1
le karateacute le judo Dans cette nouvelle forme de pratique de la lutte
contrairefuent agrave la lutte traditionnelle le technicien e~t souvent
perdant face au puncheur Ce dernier adopte une lutte agrave distance qui
lui permet de placer agrave bon escient ses coups animeacute du deacutesir de vaincre
Le technicien lui se voit contreacute dans toutes ses entreprises par
un uppercut ou un crochet
On peut dire cependant que nul sport au Seacuteneacutegal que la lutte tradishy
tionnelle avec frappe ne deacutechaicircne autant de passions et autant de
pheacutenomegravenes poussant agrave lexcegraves et deacutereacuteglements quon ne peut que deacuteplorer
Mais comment deacutecrier un spectacle de lutte qui bien quayant perdu la
presque totaliteacute des valeurs traditionnelles veacutehiculeacutees autrefois par
elle sait susciter une participation effective de tous ceux qui sont
preacutesents
CONCLUSION
Dans ce meacutemoire nous sommes efforceacutes ~e faire ressort ir limportance des
ethos et des habitus et leurs effets sur la pratique de la lutte tradishy
tionnelle au Seacuteneacutegal
L~b egravethos repr~sentent dune maniegravere g~neurorale tous les eacuteleacutements speacutec
fiques sux Seacuteneacutegalais par conampeacuteguent un systegraveme de valeurs traditionnellEs
Mais m~me si ces valeurs rev~tent une signification universelle (honneur
digniteacute courage etc bullbullbull ) il nen demeure pas moins que ce nest pas leur
nature qui fait leur speacutecificiteacute mais la hieacuterarchisation et limportance i
quon accorde agrave toutes ces valeurs de ~ar leacuteducation ou la culture
i 1
Aussi les valeurs traditionnelles puient leur speacutecificiteacute dans les
caracteacuteristiques propres aux eacuteleacutements ~e la socio-cu1ture (la technologie
et leacuteconomie la politique et la pareteacute la psychologie et lideacuteologie)
dans la socieacuteteacute seacuteneacutegalaise agrave n momen donneacute de son eacutevolution Cest i
dire la neacuteceesiteacute de ne point faire della valeur une reacutealiteacute statique
Cest dite aussi quagrave tout mome~t le ~eacuteneacutegalais peut eacutevoluer et creacuteer
ou vivre par conseacutequent de nouv~lles fprmes de valeur qui lui sont 1
propres ft (J)
La lutte traditionnelle veacutehiculant deS valeurs socio-cu1ture1les speacutecishy
fiquement seacuteneacutegalaises (croyances valeurs morales norme de comportement
opinion attitude bullbullbull ) devient un eacuteleacutement important qui tregraves certaiaement
nous aidera dans notre effort de valoriser et de peacuterenniser notre patri shy
moine culturel par le biais dactiviteacutes physiques et sportives
Leacutetude des habitus nous permet de prouver quil y a plusieurs faccedilons
de se mouvoir comme danser lutter bullbullbull qui varient avec les diffeacuterentes
ethnies (wolof toucouleur seacuteregravere diolagt leurs convenances et leurs
eacuteducations
(1) Revue Ethiopiques 31 Les valeurs traditionnelles et le problegraveme de leur inteacutegration dans les systegravemes modernes jtducatio-1 2 6r--70
nautre part cette eacutetude permet aussi de nous rendrE compte de la
correacutelatipn eacutetroite existant entre la pratique de la lutte traditionnelle
et le sta~ut socio-eacuteconomique du pratiquant
Nos inves~igations nous indiquent que la lutte recrute essentiellement
au niveau des classes socio-eacuteconomiques situeacutees en bas de leacutechelle
donc posseacutedant le statut social le moins favoriseacute La lutte avec frappe
-et un certain secteur commercialiseacute de la lutte simple- y trouve sa
leacutegitimiteacute Comme le dit BOURDIEU nA habitus diffeacuterents styles de Vle
divergents et il oppse les pratiques aristocpatiques correspondants agrave
des activiteacutes qui favorisent les situations eupheacutemiseacutees ougrave la stylisashy
tion est importante aux pratiques populaires qui font appel agrave des
qualiteacutes qpposeacutees bllutes rugueuses Certaines interviews nous
montrent que plus lindividu occupe une place eacuteleveacutee dans leacutechelle
sQciale e~ 1
moin$ il sinteacuteresse agrave la lutte
Les reacutesultats recueillis dans nos diverses investig~tions confirment 1 1
1er propos qui disent que nous assistons aujourdhu~ agrave une involution
de la lutte traditionnelle parce que perdant toutes ses speacutecificiteacutes au 1
pryfit d~ne autre forme de lutte que lon continue agrave appeler nostalshy
giqlementIIlutte traditionnelle
Ceci pourrait peut-~tre trouver une explication dan la citation suivante
La liberteacute de creacuteer dinnover de vivre Pleineinenf decirctre soi et de
preacuteserver son authenticiteacute la digniteacute et lhonneu1demeurent des illushy
sions dans la misegravere eacuteconomique~ Nos ancecirctres creacuteai~nt des valeurs de cishyl
vilisation parce quils eacutetaient libres parce qu1i~s ignoraient toute
deacutependance eacuteconomique ils cultivaient en eux et cbez leurs enfants le 1
Jorn et la Kersa et preacutefeacuteraient la mort agrave la hoJte lI (1)
Or le Seacuteneacutegal comme la plupart des pays africainsi est un pays sousshy
deacuteveloppeacute t cependant face agrave cette volonteacute du gou~ernement seacuteneacutegalais
de faire inteacutegrer dans leacuteducation des valeurs traditionnelles nous
pouvons espeacuterer utiliser comme moyen deacuteducation la lutteacute traditionnelle
qui reste quand mecircme vecteur jethos et dhabit~s
- 54 shy
Mecircme si lon a noteacute un appauvrissement notoire sur les plans socioshy
culturel et moral la lutte traditionnelle recegravele une gamme importante
et varieacutee de techniques permettant incontestablement une ouverture vers
les luttes olympiques libre et g~eacuteco-romaine
La lecture de ce meacutemoire permettra agrave lentratneur et au professeur de
lutte en fonction du lieu ougrave ils seront affecteacutes dans le territoire
seacuteneacutegalaisdavoir une information sur les techniques contrOles et
formes de corps propres agrave chaque groupe ethnique et de les mettre en
relation avec leurs croyances et leurs mentaliteacutes
Nous avons essayeacute de montrer que la pratique de la lutte traditionnelle
doit tre axeacutee sur une ethnomotriciteacute au Seacuteneacutegal qui permette une inishy
tiation facile Cette pratique de la lutte traditionnelle seacuteneacutegalaise
devra dailleurs essayer de ~eacutepondre aux aspirations du Seacuteneacutegalaisl
moderne en souvrant aux ap~orts positifs des autres civilisations
ex~eacuterieures nous voulons Jvidemment parler du judo et des luttes oiymshyJ
piques 1
1 j Nous navons pas la preacutetentfon dans le cadre de ce meacutemoire demattrise
de reacutepondre agrave toutes les qutstions se rattachant agrave leacutetude de ~a lutte
traditionnelle souslangle~socio-culturel car non seulement il nous
manque lexpeacuterience et la c peacutetence en la mati~re mais aussil l le temps
et les moyens dont nous dis osions ne nous permettaient pas d~puiser le 1sujet i
1 1 1 t 1
l
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BIBLIOGRAPHIE
BIBLIOGRAPHIE
1- CLAPAREDE Psychologie de leacuteducation et peacutedagogie expeacuterimentale
Edition Delachaux et Niestleacute 244 pages
2- POCIELLC Christian Sport et Socieacuteteacute approche socio-culturelle
des pratiques Paris Vigot 1981 377 pages
3- PIERON Henri Vocabulaire de la psychologie
PUF Deuxiegraveme eacutedition 1957 469 pages
4- Revue socialiste de culture neacutegro-africaine ETHIOPIQUES
Les valeurs traditionnelles et le problegraveme de leur inteacutegration
dans les systegravemes modernes deacuteducation
GIA 21 Juillet 1982 213 pages
5- N2 Revue du Centre dEtudedes Civilisations DEM ak TEY
NIS IVegrave Trimestre 1982 96 pages
6- Document lNSEP Colloque sur la lutte aeacuteregravere
DAKAR MAI-JUIN 1980
t 1
~- Travaux du IVegrave Congregraves National ~es Sports agrave DAKAR les 2223041981
Bulletin n2 91 du CIO du 15 Aont 1965
l____________________________
8- Meacutemoire de Mattrise BADJI Abdou La lutte traditionnelle Joola
Etude et perspective
9- Meacutemoire Inspectorat JS DJITTE Mandy Les pratiques corporelles
traditionnelles au Seacuteneacutegal pour leur exploitation et leur
utilisation en peacutedagogie Marly le Roi 1980
REPUBLIQUE DU SENEGAL
--------------- INSTITUT NATIONAL SUPERIEUR
MINISTERE DE LA JEUNESSE DE LrsquoEDUCATION POPULAIRE
ET DES SPORTS ET DU SPORT
-------------
(INSEPS)
MEMOIRE DE MAIcircTRISE
Es-SCIENCES ET TECHNIQUES
DE LrsquoACTIVITE PHYSIQUE ET DU SPORT
LA LUTTE TRADITIONNELLE
son importance sa signification en fonction des ethos et des habitus ethniques au Seacuteneacutegal
Preacutesenteacute par
Monsieur Joseph Victor FAYE
Sous la direction de
M Jean Marc ROCHEZ
Professeur agrave lrsquoINSEPS
Anneacutee de soutenance 1984
CONCLUSION
Dans ce meacutemoire nous sommes efforceacutes ~e faire ressort ir limportance des
ethos et des habitus et leurs effets sur la pratique de la lutte tradishy
tionnelle au Seacuteneacutegal
L~b egravethos repr~sentent dune maniegravere g~neurorale tous les eacuteleacutements speacutec
fiques sux Seacuteneacutegalais par conampeacuteguent un systegraveme de valeurs traditionnellEs
Mais m~me si ces valeurs rev~tent une signification universelle (honneur
digniteacute courage etc bullbullbull ) il nen demeure pas moins que ce nest pas leur
nature qui fait leur speacutecificiteacute mais la hieacuterarchisation et limportance i
quon accorde agrave toutes ces valeurs de ~ar leacuteducation ou la culture
i 1
Aussi les valeurs traditionnelles puient leur speacutecificiteacute dans les
caracteacuteristiques propres aux eacuteleacutements ~e la socio-cu1ture (la technologie
et leacuteconomie la politique et la pareteacute la psychologie et lideacuteologie)
dans la socieacuteteacute seacuteneacutegalaise agrave n momen donneacute de son eacutevolution Cest i
dire la neacuteceesiteacute de ne point faire della valeur une reacutealiteacute statique
Cest dite aussi quagrave tout mome~t le ~eacuteneacutegalais peut eacutevoluer et creacuteer
ou vivre par conseacutequent de nouv~lles fprmes de valeur qui lui sont 1
propres ft (J)
La lutte traditionnelle veacutehiculant deS valeurs socio-cu1ture1les speacutecishy
fiquement seacuteneacutegalaises (croyances valeurs morales norme de comportement
opinion attitude bullbullbull ) devient un eacuteleacutement important qui tregraves certaiaement
nous aidera dans notre effort de valoriser et de peacuterenniser notre patri shy
moine culturel par le biais dactiviteacutes physiques et sportives
Leacutetude des habitus nous permet de prouver quil y a plusieurs faccedilons
de se mouvoir comme danser lutter bullbullbull qui varient avec les diffeacuterentes
ethnies (wolof toucouleur seacuteregravere diolagt leurs convenances et leurs
eacuteducations
(1) Revue Ethiopiques 31 Les valeurs traditionnelles et le problegraveme de leur inteacutegration dans les systegravemes modernes jtducatio-1 2 6r--70
nautre part cette eacutetude permet aussi de nous rendrE compte de la
correacutelatipn eacutetroite existant entre la pratique de la lutte traditionnelle
et le sta~ut socio-eacuteconomique du pratiquant
Nos inves~igations nous indiquent que la lutte recrute essentiellement
au niveau des classes socio-eacuteconomiques situeacutees en bas de leacutechelle
donc posseacutedant le statut social le moins favoriseacute La lutte avec frappe
-et un certain secteur commercialiseacute de la lutte simple- y trouve sa
leacutegitimiteacute Comme le dit BOURDIEU nA habitus diffeacuterents styles de Vle
divergents et il oppse les pratiques aristocpatiques correspondants agrave
des activiteacutes qui favorisent les situations eupheacutemiseacutees ougrave la stylisashy
tion est importante aux pratiques populaires qui font appel agrave des
qualiteacutes qpposeacutees bllutes rugueuses Certaines interviews nous
montrent que plus lindividu occupe une place eacuteleveacutee dans leacutechelle
sQciale e~ 1
moin$ il sinteacuteresse agrave la lutte
Les reacutesultats recueillis dans nos diverses investig~tions confirment 1 1
1er propos qui disent que nous assistons aujourdhu~ agrave une involution
de la lutte traditionnelle parce que perdant toutes ses speacutecificiteacutes au 1
pryfit d~ne autre forme de lutte que lon continue agrave appeler nostalshy
giqlementIIlutte traditionnelle
Ceci pourrait peut-~tre trouver une explication dan la citation suivante
La liberteacute de creacuteer dinnover de vivre Pleineinenf decirctre soi et de
preacuteserver son authenticiteacute la digniteacute et lhonneu1demeurent des illushy
sions dans la misegravere eacuteconomique~ Nos ancecirctres creacuteai~nt des valeurs de cishyl
vilisation parce quils eacutetaient libres parce qu1i~s ignoraient toute
deacutependance eacuteconomique ils cultivaient en eux et cbez leurs enfants le 1
Jorn et la Kersa et preacutefeacuteraient la mort agrave la hoJte lI (1)
Or le Seacuteneacutegal comme la plupart des pays africainsi est un pays sousshy
deacuteveloppeacute t cependant face agrave cette volonteacute du gou~ernement seacuteneacutegalais
de faire inteacutegrer dans leacuteducation des valeurs traditionnelles nous
pouvons espeacuterer utiliser comme moyen deacuteducation la lutteacute traditionnelle
qui reste quand mecircme vecteur jethos et dhabit~s
- 54 shy
Mecircme si lon a noteacute un appauvrissement notoire sur les plans socioshy
culturel et moral la lutte traditionnelle recegravele une gamme importante
et varieacutee de techniques permettant incontestablement une ouverture vers
les luttes olympiques libre et g~eacuteco-romaine
La lecture de ce meacutemoire permettra agrave lentratneur et au professeur de
lutte en fonction du lieu ougrave ils seront affecteacutes dans le territoire
seacuteneacutegalaisdavoir une information sur les techniques contrOles et
formes de corps propres agrave chaque groupe ethnique et de les mettre en
relation avec leurs croyances et leurs mentaliteacutes
Nous avons essayeacute de montrer que la pratique de la lutte traditionnelle
doit tre axeacutee sur une ethnomotriciteacute au Seacuteneacutegal qui permette une inishy
tiation facile Cette pratique de la lutte traditionnelle seacuteneacutegalaise
devra dailleurs essayer de ~eacutepondre aux aspirations du Seacuteneacutegalaisl
moderne en souvrant aux ap~orts positifs des autres civilisations
ex~eacuterieures nous voulons Jvidemment parler du judo et des luttes oiymshyJ
piques 1
1 j Nous navons pas la preacutetentfon dans le cadre de ce meacutemoire demattrise
de reacutepondre agrave toutes les qutstions se rattachant agrave leacutetude de ~a lutte
traditionnelle souslangle~socio-culturel car non seulement il nous
manque lexpeacuterience et la c peacutetence en la mati~re mais aussil l le temps
et les moyens dont nous dis osions ne nous permettaient pas d~puiser le 1sujet i
1 1 1 t 1
l
- )5 shy
BIBLIOGRAPHIE
BIBLIOGRAPHIE
1- CLAPAREDE Psychologie de leacuteducation et peacutedagogie expeacuterimentale
Edition Delachaux et Niestleacute 244 pages
2- POCIELLC Christian Sport et Socieacuteteacute approche socio-culturelle
des pratiques Paris Vigot 1981 377 pages
3- PIERON Henri Vocabulaire de la psychologie
PUF Deuxiegraveme eacutedition 1957 469 pages
4- Revue socialiste de culture neacutegro-africaine ETHIOPIQUES
Les valeurs traditionnelles et le problegraveme de leur inteacutegration
dans les systegravemes modernes deacuteducation
GIA 21 Juillet 1982 213 pages
5- N2 Revue du Centre dEtudedes Civilisations DEM ak TEY
NIS IVegrave Trimestre 1982 96 pages
6- Document lNSEP Colloque sur la lutte aeacuteregravere
DAKAR MAI-JUIN 1980
t 1
~- Travaux du IVegrave Congregraves National ~es Sports agrave DAKAR les 2223041981
Bulletin n2 91 du CIO du 15 Aont 1965
l____________________________
8- Meacutemoire de Mattrise BADJI Abdou La lutte traditionnelle Joola
Etude et perspective
9- Meacutemoire Inspectorat JS DJITTE Mandy Les pratiques corporelles
traditionnelles au Seacuteneacutegal pour leur exploitation et leur
utilisation en peacutedagogie Marly le Roi 1980
REPUBLIQUE DU SENEGAL
--------------- INSTITUT NATIONAL SUPERIEUR
MINISTERE DE LA JEUNESSE DE LrsquoEDUCATION POPULAIRE
ET DES SPORTS ET DU SPORT
-------------
(INSEPS)
MEMOIRE DE MAIcircTRISE
Es-SCIENCES ET TECHNIQUES
DE LrsquoACTIVITE PHYSIQUE ET DU SPORT
LA LUTTE TRADITIONNELLE
son importance sa signification en fonction des ethos et des habitus ethniques au Seacuteneacutegal
Preacutesenteacute par
Monsieur Joseph Victor FAYE
Sous la direction de
M Jean Marc ROCHEZ
Professeur agrave lrsquoINSEPS
Anneacutee de soutenance 1984
nautre part cette eacutetude permet aussi de nous rendrE compte de la
correacutelatipn eacutetroite existant entre la pratique de la lutte traditionnelle
et le sta~ut socio-eacuteconomique du pratiquant
Nos inves~igations nous indiquent que la lutte recrute essentiellement
au niveau des classes socio-eacuteconomiques situeacutees en bas de leacutechelle
donc posseacutedant le statut social le moins favoriseacute La lutte avec frappe
-et un certain secteur commercialiseacute de la lutte simple- y trouve sa
leacutegitimiteacute Comme le dit BOURDIEU nA habitus diffeacuterents styles de Vle
divergents et il oppse les pratiques aristocpatiques correspondants agrave
des activiteacutes qui favorisent les situations eupheacutemiseacutees ougrave la stylisashy
tion est importante aux pratiques populaires qui font appel agrave des
qualiteacutes qpposeacutees bllutes rugueuses Certaines interviews nous
montrent que plus lindividu occupe une place eacuteleveacutee dans leacutechelle
sQciale e~ 1
moin$ il sinteacuteresse agrave la lutte
Les reacutesultats recueillis dans nos diverses investig~tions confirment 1 1
1er propos qui disent que nous assistons aujourdhu~ agrave une involution
de la lutte traditionnelle parce que perdant toutes ses speacutecificiteacutes au 1
pryfit d~ne autre forme de lutte que lon continue agrave appeler nostalshy
giqlementIIlutte traditionnelle
Ceci pourrait peut-~tre trouver une explication dan la citation suivante
La liberteacute de creacuteer dinnover de vivre Pleineinenf decirctre soi et de
preacuteserver son authenticiteacute la digniteacute et lhonneu1demeurent des illushy
sions dans la misegravere eacuteconomique~ Nos ancecirctres creacuteai~nt des valeurs de cishyl
vilisation parce quils eacutetaient libres parce qu1i~s ignoraient toute
deacutependance eacuteconomique ils cultivaient en eux et cbez leurs enfants le 1
Jorn et la Kersa et preacutefeacuteraient la mort agrave la hoJte lI (1)
Or le Seacuteneacutegal comme la plupart des pays africainsi est un pays sousshy
deacuteveloppeacute t cependant face agrave cette volonteacute du gou~ernement seacuteneacutegalais
de faire inteacutegrer dans leacuteducation des valeurs traditionnelles nous
pouvons espeacuterer utiliser comme moyen deacuteducation la lutteacute traditionnelle
qui reste quand mecircme vecteur jethos et dhabit~s
- 54 shy
Mecircme si lon a noteacute un appauvrissement notoire sur les plans socioshy
culturel et moral la lutte traditionnelle recegravele une gamme importante
et varieacutee de techniques permettant incontestablement une ouverture vers
les luttes olympiques libre et g~eacuteco-romaine
La lecture de ce meacutemoire permettra agrave lentratneur et au professeur de
lutte en fonction du lieu ougrave ils seront affecteacutes dans le territoire
seacuteneacutegalaisdavoir une information sur les techniques contrOles et
formes de corps propres agrave chaque groupe ethnique et de les mettre en
relation avec leurs croyances et leurs mentaliteacutes
Nous avons essayeacute de montrer que la pratique de la lutte traditionnelle
doit tre axeacutee sur une ethnomotriciteacute au Seacuteneacutegal qui permette une inishy
tiation facile Cette pratique de la lutte traditionnelle seacuteneacutegalaise
devra dailleurs essayer de ~eacutepondre aux aspirations du Seacuteneacutegalaisl
moderne en souvrant aux ap~orts positifs des autres civilisations
ex~eacuterieures nous voulons Jvidemment parler du judo et des luttes oiymshyJ
piques 1
1 j Nous navons pas la preacutetentfon dans le cadre de ce meacutemoire demattrise
de reacutepondre agrave toutes les qutstions se rattachant agrave leacutetude de ~a lutte
traditionnelle souslangle~socio-culturel car non seulement il nous
manque lexpeacuterience et la c peacutetence en la mati~re mais aussil l le temps
et les moyens dont nous dis osions ne nous permettaient pas d~puiser le 1sujet i
1 1 1 t 1
l
- )5 shy
BIBLIOGRAPHIE
BIBLIOGRAPHIE
1- CLAPAREDE Psychologie de leacuteducation et peacutedagogie expeacuterimentale
Edition Delachaux et Niestleacute 244 pages
2- POCIELLC Christian Sport et Socieacuteteacute approche socio-culturelle
des pratiques Paris Vigot 1981 377 pages
3- PIERON Henri Vocabulaire de la psychologie
PUF Deuxiegraveme eacutedition 1957 469 pages
4- Revue socialiste de culture neacutegro-africaine ETHIOPIQUES
Les valeurs traditionnelles et le problegraveme de leur inteacutegration
dans les systegravemes modernes deacuteducation
GIA 21 Juillet 1982 213 pages
5- N2 Revue du Centre dEtudedes Civilisations DEM ak TEY
NIS IVegrave Trimestre 1982 96 pages
6- Document lNSEP Colloque sur la lutte aeacuteregravere
DAKAR MAI-JUIN 1980
t 1
~- Travaux du IVegrave Congregraves National ~es Sports agrave DAKAR les 2223041981
Bulletin n2 91 du CIO du 15 Aont 1965
l____________________________
8- Meacutemoire de Mattrise BADJI Abdou La lutte traditionnelle Joola
Etude et perspective
9- Meacutemoire Inspectorat JS DJITTE Mandy Les pratiques corporelles
traditionnelles au Seacuteneacutegal pour leur exploitation et leur
utilisation en peacutedagogie Marly le Roi 1980
REPUBLIQUE DU SENEGAL
--------------- INSTITUT NATIONAL SUPERIEUR
MINISTERE DE LA JEUNESSE DE LrsquoEDUCATION POPULAIRE
ET DES SPORTS ET DU SPORT
-------------
(INSEPS)
MEMOIRE DE MAIcircTRISE
Es-SCIENCES ET TECHNIQUES
DE LrsquoACTIVITE PHYSIQUE ET DU SPORT
LA LUTTE TRADITIONNELLE
son importance sa signification en fonction des ethos et des habitus ethniques au Seacuteneacutegal
Preacutesenteacute par
Monsieur Joseph Victor FAYE
Sous la direction de
M Jean Marc ROCHEZ
Professeur agrave lrsquoINSEPS
Anneacutee de soutenance 1984
- 54 shy
Mecircme si lon a noteacute un appauvrissement notoire sur les plans socioshy
culturel et moral la lutte traditionnelle recegravele une gamme importante
et varieacutee de techniques permettant incontestablement une ouverture vers
les luttes olympiques libre et g~eacuteco-romaine
La lecture de ce meacutemoire permettra agrave lentratneur et au professeur de
lutte en fonction du lieu ougrave ils seront affecteacutes dans le territoire
seacuteneacutegalaisdavoir une information sur les techniques contrOles et
formes de corps propres agrave chaque groupe ethnique et de les mettre en
relation avec leurs croyances et leurs mentaliteacutes
Nous avons essayeacute de montrer que la pratique de la lutte traditionnelle
doit tre axeacutee sur une ethnomotriciteacute au Seacuteneacutegal qui permette une inishy
tiation facile Cette pratique de la lutte traditionnelle seacuteneacutegalaise
devra dailleurs essayer de ~eacutepondre aux aspirations du Seacuteneacutegalaisl
moderne en souvrant aux ap~orts positifs des autres civilisations
ex~eacuterieures nous voulons Jvidemment parler du judo et des luttes oiymshyJ
piques 1
1 j Nous navons pas la preacutetentfon dans le cadre de ce meacutemoire demattrise
de reacutepondre agrave toutes les qutstions se rattachant agrave leacutetude de ~a lutte
traditionnelle souslangle~socio-culturel car non seulement il nous
manque lexpeacuterience et la c peacutetence en la mati~re mais aussil l le temps
et les moyens dont nous dis osions ne nous permettaient pas d~puiser le 1sujet i
1 1 1 t 1
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BIBLIOGRAPHIE
BIBLIOGRAPHIE
1- CLAPAREDE Psychologie de leacuteducation et peacutedagogie expeacuterimentale
Edition Delachaux et Niestleacute 244 pages
2- POCIELLC Christian Sport et Socieacuteteacute approche socio-culturelle
des pratiques Paris Vigot 1981 377 pages
3- PIERON Henri Vocabulaire de la psychologie
PUF Deuxiegraveme eacutedition 1957 469 pages
4- Revue socialiste de culture neacutegro-africaine ETHIOPIQUES
Les valeurs traditionnelles et le problegraveme de leur inteacutegration
dans les systegravemes modernes deacuteducation
GIA 21 Juillet 1982 213 pages
5- N2 Revue du Centre dEtudedes Civilisations DEM ak TEY
NIS IVegrave Trimestre 1982 96 pages
6- Document lNSEP Colloque sur la lutte aeacuteregravere
DAKAR MAI-JUIN 1980
t 1
~- Travaux du IVegrave Congregraves National ~es Sports agrave DAKAR les 2223041981
Bulletin n2 91 du CIO du 15 Aont 1965
l____________________________
8- Meacutemoire de Mattrise BADJI Abdou La lutte traditionnelle Joola
Etude et perspective
9- Meacutemoire Inspectorat JS DJITTE Mandy Les pratiques corporelles
traditionnelles au Seacuteneacutegal pour leur exploitation et leur
utilisation en peacutedagogie Marly le Roi 1980
REPUBLIQUE DU SENEGAL
--------------- INSTITUT NATIONAL SUPERIEUR
MINISTERE DE LA JEUNESSE DE LrsquoEDUCATION POPULAIRE
ET DES SPORTS ET DU SPORT
-------------
(INSEPS)
MEMOIRE DE MAIcircTRISE
Es-SCIENCES ET TECHNIQUES
DE LrsquoACTIVITE PHYSIQUE ET DU SPORT
LA LUTTE TRADITIONNELLE
son importance sa signification en fonction des ethos et des habitus ethniques au Seacuteneacutegal
Preacutesenteacute par
Monsieur Joseph Victor FAYE
Sous la direction de
M Jean Marc ROCHEZ
Professeur agrave lrsquoINSEPS
Anneacutee de soutenance 1984
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BIBLIOGRAPHIE
BIBLIOGRAPHIE
1- CLAPAREDE Psychologie de leacuteducation et peacutedagogie expeacuterimentale
Edition Delachaux et Niestleacute 244 pages
2- POCIELLC Christian Sport et Socieacuteteacute approche socio-culturelle
des pratiques Paris Vigot 1981 377 pages
3- PIERON Henri Vocabulaire de la psychologie
PUF Deuxiegraveme eacutedition 1957 469 pages
4- Revue socialiste de culture neacutegro-africaine ETHIOPIQUES
Les valeurs traditionnelles et le problegraveme de leur inteacutegration
dans les systegravemes modernes deacuteducation
GIA 21 Juillet 1982 213 pages
5- N2 Revue du Centre dEtudedes Civilisations DEM ak TEY
NIS IVegrave Trimestre 1982 96 pages
6- Document lNSEP Colloque sur la lutte aeacuteregravere
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Bulletin n2 91 du CIO du 15 Aont 1965
l____________________________
8- Meacutemoire de Mattrise BADJI Abdou La lutte traditionnelle Joola
Etude et perspective
9- Meacutemoire Inspectorat JS DJITTE Mandy Les pratiques corporelles
traditionnelles au Seacuteneacutegal pour leur exploitation et leur
utilisation en peacutedagogie Marly le Roi 1980
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Preacutesenteacute par
Monsieur Joseph Victor FAYE
Sous la direction de
M Jean Marc ROCHEZ
Professeur agrave lrsquoINSEPS
Anneacutee de soutenance 1984
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1- CLAPAREDE Psychologie de leacuteducation et peacutedagogie expeacuterimentale
Edition Delachaux et Niestleacute 244 pages
2- POCIELLC Christian Sport et Socieacuteteacute approche socio-culturelle
des pratiques Paris Vigot 1981 377 pages
3- PIERON Henri Vocabulaire de la psychologie
PUF Deuxiegraveme eacutedition 1957 469 pages
4- Revue socialiste de culture neacutegro-africaine ETHIOPIQUES
Les valeurs traditionnelles et le problegraveme de leur inteacutegration
dans les systegravemes modernes deacuteducation
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8- Meacutemoire de Mattrise BADJI Abdou La lutte traditionnelle Joola
Etude et perspective
9- Meacutemoire Inspectorat JS DJITTE Mandy Les pratiques corporelles
traditionnelles au Seacuteneacutegal pour leur exploitation et leur
utilisation en peacutedagogie Marly le Roi 1980
REPUBLIQUE DU SENEGAL
--------------- INSTITUT NATIONAL SUPERIEUR
MINISTERE DE LA JEUNESSE DE LrsquoEDUCATION POPULAIRE
ET DES SPORTS ET DU SPORT
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LA LUTTE TRADITIONNELLE
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Preacutesenteacute par
Monsieur Joseph Victor FAYE
Sous la direction de
M Jean Marc ROCHEZ
Professeur agrave lrsquoINSEPS
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