8
Pierre HERVÉ Souvenirs d’un enfant pendant la guerre 1939-1945 Je suis arrivé à l’école primaire de Pleuven au mois d’octobre 1939. Le 3 septembre la guerre avait été déclarée à l’Allemagne ; elle allait durer plus de cinq ans. Le premier jour d’école se passa très mal. Lorsque j’arrivai dans cette école, je ne parlais pas un mot de français. Ma mère avait bien essayé de m’apprendre cette langue, mais ce qui avait été appris un jour était oublié dès le lendemain. De plus, je ne connaissais personne, j’étais perdu. Les autres se moquaient de moi : « Imbécile ! Crétin !…» J’avais envie de rentrer à la maison, mais qu’aurait dit la mère ? Il était préférable pour moi de rester. L’institutrice, une femme de Brest, ne connaissait pas le breton ; moi, j’ignorais le français. Il était donc bien difficile de nous comprendre. Ainsi, je fus mis au fond de la classe. On ne me demandait rien, mais j’écoutais les autres répéter : « B-a ba, B-i bi, B-o bo… ». Deux ou trois mois après, la maîtresse étant malade, un garçon de ma parenté, élève de la grande classe, fut désigné pour surveiller la nôtre. Il prit la longue baguette et me demanda de lire les mots écrits au tableau noir. Les autres ricanaient, mais ils furent bien étonnés : je lus tout de suite et sans faire de faute. Je savais lire ! L’école. Elle comprenait deux bâtiments : L’un longeait le bord de la route qui va de la place du bourg à la grande route Fouesnant-Quimper. Il y avait là une classe à deux divisions. L’autre bâtiment comprenait trois classes, une pour les petits, la seconde pour le cours élémentaire, la troisième avec deux divisions dont l’une pour les élèves en âge de se présenter au certificat d’études. On demandait alors beaucoup de travail aux écoliers. Que devions-nous apprendre ? L’arithmétique, la dictée avec des questions sur le texte et la grammaire, histoire, géographie ; la journée d’école terminée, des devoirs à faire à la maison, des leçons à apprendre… Il ne fallait pas perdre de temps. Quoi d’autre encore à l’école ? Deux cours, une pour les garçons, l’autre pour les filles, avec chacune un préau. La mairie se trouvait dans un angle de l’école. Il y avait aussi deux jardins avec des légumes et des fleurs. Près de l’église. Chaque jeudi, nous allions au catéchisme. Le prêtre enseignait dans l’église, et, quand le temps était trop froid, dans la sacristie, un peu plus chaude. Le dimanche était le jour des messes. Nous étions tenus d’assister soit à la messe basse, soit à la grand’messe, pour faire signer une fiche de présence. Trop d’absences pouvait priver de première communion. Maintenant, à l’église, les hommes et les femmes se trouvent mêlés. A l’époque, les hommes occupaient le côté droit de la nef ; les femmes, les unes vêtues à la mode de Fouesnant, les autres habillées « comme à la ville », c’est-à-dire ne portant pas le costume breton, et la tête chapeautée, se mettaient sur le côté gauche de l’église. 1/8

La Guerre au Pays de Fouesnant - y5esx

Embed Size (px)

DESCRIPTION

La Guerre au Pays de Fouesnant -

Citation preview

Page 1: La Guerre au Pays de Fouesnant -  y5esx

Pierre HERVÉ

Souvenirs d’un enfant pendant la guerre 1939-1945

Je suis arrivé à l’école primaire de Pleuven au mois d’octobre 1939. Le 3 septembre laguerre avait été déclarée à l’Allemagne ; elle allait durer plus de cinq ans.

Le premier jour d’école se passa très mal. Lorsque j’arrivai dans cette école, je neparlais pas un mot de français. Ma mère avait bien essayé de m’apprendre cette langue, maisce qui avait été appris un jour était oublié dès le lendemain. De plus, je ne connaissaispersonne, j’étais perdu. Les autres se moquaient de moi : « Imbécile ! Crétin !…» J’avaisenvie de rentrer à la maison, mais qu’aurait dit la mère ? Il était préférable pour moi de rester.

L’institutrice, une femme de Brest, ne connaissait pas le breton ; moi, j’ignorais lefrançais. Il était donc bien difficile de nous comprendre. Ainsi, je fus mis au fond de la classe.On ne me demandait rien, mais j’écoutais les autres répéter : « B-a ba, B-i bi, B-o bo… ».

Deux ou trois mois après, la maîtresse étant malade, un garçon de ma parenté, élève dela grande classe, fut désigné pour surveiller la nôtre. Il prit la longue baguette et me demandade lire les mots écrits au tableau noir. Les autres ricanaient, mais ils furent bien étonnés : jelus tout de suite et sans faire de faute. Je savais lire !

L’école.Elle comprenait deux bâtiments : L’un longeait le bord de la route qui va de la place

du bourg à la grande route Fouesnant-Quimper. Il y avait là une classe à deux divisions.L’autre bâtiment comprenait trois classes, une pour les petits, la seconde pour le coursélémentaire, la troisième avec deux divisions dont l’une pour les élèves en âge de se présenterau certificat d’études.

On demandait alors beaucoup de travail aux écoliers. Que devions-nous apprendre ?L’arithmétique, la dictée avec des questions sur le texte et la grammaire, histoire, géographie ;la journée d’école terminée, des devoirs à faire à la maison, des leçons à apprendre… Il nefallait pas perdre de temps.

Quoi d’autre encore à l’école ? Deux cours, une pour les garçons, l’autre pour lesfilles, avec chacune un préau. La mairie se trouvait dans un angle de l’école. Il y avait aussideux jardins avec des légumes et des fleurs.

Près de l’église.Chaque jeudi, nous allions au catéchisme. Le prêtre enseignait dans l’église, et, quand

le temps était trop froid, dans la sacristie, un peu plus chaude.Le dimanche était le jour des messes. Nous étions tenus d’assister soit à la messe

basse, soit à la grand’messe, pour faire signer une fiche de présence. Trop d’absences pouvaitpriver de première communion.

Maintenant, à l’église, les hommes et les femmes se trouvent mêlés. A l’époque, leshommes occupaient le côté droit de la nef ; les femmes, les unes vêtues à la mode deFouesnant, les autres habillées « comme à la ville », c’est-à-dire ne portant pas le costumebreton, et la tête chapeautée, se mettaient sur le côté gauche de l’église.

1/8

Page 2: La Guerre au Pays de Fouesnant -  y5esx

M. HERVÉ a rédigé son texte d’abord en breton, puis en français. Nous présentons les deuxversions en vis à vis, la première sur les pages de gauche, la seconde sur les pages de droite.

Envorioù ur c’hrouadure-pad ar brezel 1939-1945

Degouezhet e oan er skol kentañ derez e Pluwenn e miz here 1939. D’an 3 a vizgwengolo, e oa diskleriet ar brezel d’an Alamagn, hemañ a bado muioc’h evit pemp bloaz..

Tremenet e oa fall-tre an devezh skol kentañ.. Pa oan deuet er skol-se, ne ouien kettamm galleg ebet. Ma mamm a glaskas deskin ar yezh-se din, ar pezh desket a veze disoñjetan deiz war-lerc’h..Hag ivez ne anavezen den ebet, kollet e oa ar paotr. A re all a rae goap :“Ginaoueg, skudell ! ” C’hoant am boa da vont d’ar gêr, met petra a lavaro ar vamm ?Gwelloc’h din chom amañ.

Ar skolaerez, ur vaouez eus Brest, ne ouie ket brezhoneg, ha me ne ouien ket galleg :diaes-tre neuze en em gomprenn. Evel se e oan bet lakaet e traoñ ar c’hlas ; ne veze ketgoulennet netra ganin, met selaou a raen re all o adlavaret B-a Ba, B-i Bi, B-o Bo, …Daou pedri miz warlerc’h, unan eus ma c’herentiezh, skoliad er c’hlas diwerzhañ, a oa lakaet daeveshant ma c’hlass, ar vestrez a oa klañv. Degouezhet er c’hlas-se, hemañ a gemeras urwialenn hir, ha c’houlenne ganin lenn gerioù skrivet war an daolenn du . A re all avousc’hoarzhhe, met souezhet e oant bet, lennet em boa gerioù, diouzhtu hep fazi ebet :deskiñ lenn em boa graet !

An ti-skolDaou savadur a oa en ti-skol : unan lec’hiet war ribl an hent a ya eus plasenn ar

vourc’h betek hent bras Foen-Kemper. Aze e oa ur c’hlas gant div rann, hag er savadur all eoa tri c’hlas : unan evit ar re vihan, ur c’hlas all evit ar skolidi brasoc’h, hag ar c’hlasdiwezhañ gant div rann, unan evit ar re a oa en oad da vont da dremen an testini a studi.

Goulenn a reer, neuze, kalz labour gant an skolidi. Petra a veze da zeskin ?Niveroniezh, ur skrivadenn gant goulennoù dre skrid ha yezhadur, istor, douaroniezh, hagoude echuet an devezh skol, er gêr, deverioù da ober, kentelioù da zeskin. Ne veze ketamzer da goll !

Petra e oa c’hoazh en ti-skol ? Bez e oa daou borzh, unan evit ar baotred, hag egile evitar merc’hed, gant pep heni ur disglavier; an ti- kêr a oa neuze e korn an ti-skol ; bez e oa ivezdiv liorzh gant legumaj ha bleunioù.

E-kichen an ilizBep yaou, e veze katekiz evit ar vugale. An person a c’helenne en iliz, ha pa veze

amzer re yen, ar c’hatekiz a veze graet er sakristin, un tammig tommoc’h.Ar sul a oa devezh an oferennoù. Oblij e oant mont d’an oferenn-vintin, pe d’an

oferenn-bred, rak ur gartenn ranke bezañ sinet. Re a ziankadennou , pask kentañ ebet.Bremañ, en iliz, gwazed ha merc’hed a vez kemmesket ; neuze, en em lakae ar wazed

war tu diou, hag ar merc’hed, lod gwisket e-giz Foen, lod all gwisket e-giz kêr, fennoùgoloet, en em lakae en tu kleiz d’an iliz.

2/8

Page 3: La Guerre au Pays de Fouesnant -  y5esx

Maintenant, une histoire vraie. Une fois, j’avais sept ans, je me trouvais dans l’égliseaux environs de Pâques. Pour que faire, je l’ai oublié. Je regardais des gens disparaissantderrière un rideau. Ils restaient ainsi un petit moment, puis reparaissaient et se mettaient enprière. Que signifiait cela ? Il fallait que j’en aie le cœur net, et faire comme eux. Le vieuxprêtre ouvrit le guichet, jeta un coup d’œil, et bondit hors de son confessionnal : « Qu’est-ceque tu fais ici ? » J’étais effrayé et restai muet. Le recteur, me montrant la porte de l’église,me dit alors : « Tu es encore trop jeune pour te confesser ! »

Autres travaux…En plus du travail scolaire, on confiait aux enfants d’autres tâches. Par exemple,

ramasser les doryphores. Arrivés les mois d’avril et mai, les enfants des écoles étaientenvoyés en groupe « cueillir » les doryphores dans les champs ensemencés en pommes deterre. Il s’agissait d’abord de capturer les insectes, ensuite de couper les feuilles où setrouvaient leurs œufs : ceux-ci devaient être détruits avant l’éclosion des larves, particulière-ment voraces, qui avaient vite fait de dévorer les feuilles.

Il nous fallait aussi ramasser les vieilles ferrailles et métaux non ferreux. Écoutez cetteconversation entre un enfant et sa mère :

- Où vas-tu avec ce morceau de fer ?- L’institutrice nous a dit de ramasser du fer, de la fonte, du cuivre, et de les porter

jusqu’à l’école.- Pour quoi faire ?- Je ne sais pas, elle ne nous l’a pas dit.- Moi je sais ; ce morceau de fer restera ici !- Mais que dira la maîtresse ?- Rien, certainement. Il est temps que tu ailles te laver les mains, tu es sale comme

un cochon !

Le bourgA cette époque, le bourg n’était pas aussi important que maintenant.. Il n’y avait

aucune maison sur le côté gauche de la grand’route Fouesnant-Quimper. Même chose sur leschemins de Pont-Couloufant et de Saint-Thomas ; mais les commerces étaient plusnombreux : Un marchand de grains, trois boulangeries, un tailleur, une couturière avec unmagasin de vêtements, un menuisier, un forgeron avec un atelier pour réparer les bicyclettes,un bureau de tabac avec journaux, dont les deux quotidiens régionaux : « L’Ouest-Éclair »devenu « Ouest-France » après le départ des allemands, et « La Dépêche de Brest »actuellement « Le Télégramme ».

Il existait au bourg, avec ou sans autre commerce, dix cafés ! A l’entrée du bourg, àl’automne, un bouilleur de cru travaillait, près d’une source qui alimentait en eau son appareil.A l’endroit où se trouvent maintenant des bâtiments neufs tels que la Poste, le salon decoiffure, s’élevait alors un mur long et haut.

Pleuven possédait également une étude de notaire.

Événements de guerreL’école alors commençait au début d’octobre. Le 3 octobre 1942, je m’en souviens

bien, l’institutrice de ma classe, Mme Pennec, fut appelée dans la cour : nous ne savions paspar qui. Revenue dans sa classe, elle ne nous dit rien. Ce n’est qu’après que nous avons su queM. Tressard avait été arrêté dans sa classe. Il était âgé alors de vingt-quatre ans. Déporté enAllemagne, il a perdu la vie à la gare d’Elrich, en Thuringe, le 11 avril 1945, après deux ans etsept mois de misère*.

3/8

Page 4: La Guerre au Pays de Fouesnant -  y5esx

Breman, un istor gwir : Ur wec’h, war dro Pask, e oan en iliz ; seizh vloaz e oan. Evitober petra, disonjet em eus. Sellout a raen ouzh tud o vont a-dreñv ur rideoz, chom a raent urpennadig, ha goude en em lakaat war bennou o daoulin da bediñ. Petra a oa amañ ? Mont araen da welout, n’e oa ket den araok. Ar person kozh a zigoras an dorikell, un taol lagad, hagar person dont founus tre er-maez eus e gador-gofez, en doa goulennet ganin :”Petra emaoutoc’h ober amañ ?” Mut ha spontet a oan. Ar beleg o teskin din toull an nor an iliz a lavare :“Re yaouank out evit kofes c’hoaz !”

Labourioù all goulennet d’ar vugaleOuzpenn labouriou skol, e c’houlenner ober traoù all gant ar vugale, da skouer, dastum

amprevaned anvet « doryphores » e galleg.Degouezhet miz ebrel pe miz mae, e veze kazet ar vugale eus ar skoliou er parkeier dindanavalou-douar. Petra a raemp ? Al labour-se n’e oa ket diaes d’ober : da gentan, dastumamprevaned, a goude-se, troc’han an deliou ma oa viou, ar re-mañ a ranke besañ distrujet araok dezho diglorañ, rag an amprevadennou a oa marlonk, deliou an avaou-douar na badentket pell outo.Oblijet e oamp da zastum metal ivez. Selaouet ur diviz etre ur c’hrouadur hag e vamm : -Da belec’h emaout o vont an tamm houarn-mañ ganit?

- Ar skolaerez he deus lâvaret deomp dastum houarn, kouevr, houarn-teuz, ha degasanezho betek an ti-skol.

- Evit ober petra ?- N’ouzon ket, n’he deus ket lâvaret deomp.- Me a oar, an tamm houarn-mañ a chomo amañ !- Met petra a lavaro ar skolaerez ?- Netra ! Poent eo dit mont da walc’hiñ da zaouarn, lous out evel ur pemoc’h !-

Ar vourc’hEr mare-se n’oa ket ar vourc’h ken bras ha bremañ, ne oa den ebet o chom en tu kleiz

d’an hent-bras Foen-Kemper. Memes tra war an hentou da Sant-Thomas ha Pont-Couloufant,met muioc’h kenwerzhiou a oa : ur marc’hadour greun, teir stal-vara, ur c’higerezh, urc’hemener, ur wrierez gant ur stal dilhad, ur c’halvez, ur gov gant ur stal labour evit renkañmarc’h-houarnou, ur burev butun gant kazetennou. Neuze e oa div kelaouen bemdeziek :« L’Ouest-Éclair » anvet « Ouest-France » ur wec’h aet an Alamaned kuit, ha «La dépêchede Brest anvet « Le Télégramme » goude.Bet oa dek ostaleri er vourc’h a rae lod dioutokenwerzh diwar marc’hadourezhiou all. Tost d’ar vourc’h e vezet kavet : en diskar-amzer, ullambiger e-kichen ar feunteun ( stivel ) evit dezhañ kaout dour. E lec’h zo breman savaduriounevez e giz an ti-post, ti ar perukenner, e oa neuze ur voger hir hag uhel ; bez oa un noter ivez.

Darvoudou ar brezel.A benn neuze e kroge ar skol e penn kentan miz here, sonj mat am eus eus ar skolaerez

eus ma c’hlas, an Itron Pennec, a oa bet galvet er porzh d’an 3 a viz here 1942, ne ouien ketgant piv. Deut en-dro er c’hlas, he ne lavare netra. Goude e oa bet lavret deomp e oa betharzet an Aotrou Tressard .An den-se, oadet a bevar bloaz warn-ugent neuze, bet tapet er skole Pluwenn ha harluet d’an Alamagn. En doa kollet e vuhez e porzh-houarn Elrich ( Thuringe )d’an 11 a viz ebrel 1945, goude daou vloaz ha seiz miz a viser.

4/8

Page 5: La Guerre au Pays de Fouesnant -  y5esx

Le 11 août 1943, aux environs de trois heures de l’après-midi, je me trouvais dans lechamp de mes grands-parents. Soudain, j’entendis un bruit de moteurs d’avion, et aussi desdétonations : au-dessus de ma tête se déroulait un combat entre deux petits avions et un autrebeaucoup plus gros. Les petits, hargneux comme des guêpes, tiraient sur le grand appareil.

Ils se dirigeaient vers la mer. Le lendemain, j’entendis la nouvelle qu’un avionaméricain était tombé dans un champ près de la chapelle Saint-Thomas. Quatre aviateursaméricains furent trouvés, morts, dans l’appareil. Un cinquième, indemne malgré cette chutebrutale, fut secouru et caché par un marchand de poissons demeurant à Toul an Bic.

Beaucoup de personnes assistèrent aux obsèques des quatre aviateurs tués au combat.La place était noire de monde. En dehors de l’église, un officier allemand fit une allocutiondevant les quatre cercueils portant chacun un casque.

Au mois d’août 1944, des soldats allemands venant de Bénodet se dirigeaient versConcarneau. Avant de quitter Bénodet, ils avaient fait sauter le grand phare.

Arrivés à Fouesnant, ils furent attaqués par la Résistance. Une femme, l’épouse d’unfacteur, fut tuée en traversant la route. Plusieurs maisons furent incendiées.

Retour de mon père, prisonnier de guerreLe 30 avril 1945, je fus appelé par l’instituteur qui surveillait les enfants déjeunant à la

cantine ( celle-ci était alors au milieu du bourg ). Il me dit : « Ton père esr revenu à lamaison ! » ; Je rentrai vite à la maison, ayant hâte de revoir mon père. Il avait été pris par lesAllemands aux alentours de Sedan. Il est resté cinq ans et demi derrière les barbelés ; soncamp se trouvait en Prusse Orientale, une région qui fait maintenant partie de la Pologne.

Les gens aidés par les bêtes !Au mois de septembre 1944, je fus réveillé au milieu de la nuit par un bruit au-dehors.

C’était ma chatte qui miaulait. Que se passait-il ? La porte ouverte, la chatte bondit dans lamaison, un lièvre dans la gueule. Lavé et préparé, ce lièvre fit un bon repas, car nous nemangions pas souvent de viande à cette époque. Par la suite, la chatte nous amena souvent dugibier. Mais quand mon père est rentré, elle n’a plus apporté ni lièvre, ni lapin. Peut-êtrepensait-elle : « Mon travail est terminé ! A toi maintenant, ton tour est venu ! » Qui sait ?

Conclusion On dit souvent : « Le bon vieux temps… » Ce n’est pas vrai. Il n’y avait alors d’eau

courante nulle part ; les gens devaient aller chercher de l’eau au puits. Aux environs de 1950le courant électrique n’était pas encore arrivé dans beaucoup de maisons. On s’éclairait à lalampe à pétrole. Peut-être existait-il deux ou trois téléphones dans la commune** ;maintenant, on peut en avoir un dans chaque poche. Ceux qui possédaient un poste de radioécoutaient la B.B.C. de Londres, bien que ce fût défendu : Verboten, disaient les allemands.

Le canton comptait quatre médecins : deux à Fouesnant, un à Bénodet, un à La Forêt ;deux pharmacies, l’une à Fouesnant, l’autre à Bénodet.

A cette époque, la scolarité était courte : pour la majeure partie des écoliers, elles’achevait le jour du Certificat d’études. Maintenant, il existe des écoles pour apprendre unmétier, ou obtenir des diplômes plus élevés.

• Voir N° 19 et 20 de Foen Izella ; ** Voir N°17.

5/8

Page 6: La Guerre au Pays de Fouesnant -  y5esx

D’an 11 a viz eost 1943 war-dro teir eur diouzh an abardaez, e oan e park ma zudkozh. Un taol, am boa klevet, trouz kefluskerioù karr-nij, ha tennoù ivez : a-us ma fenn ;un emgann e oa etre daou garr-nij hag un all kalz brasoc’h. A re vihan a oa tagus, e-gizgwesped, o tennañ war ar lestrad-nijered eus an ardivink bras.Mont a raen etrezek ar mor. Antronoz, am boa klevet : ur c’harr-nij amerikan a zokouezhet war ur park tost d’ar chapel Sant-Tomaz. Pevar den a oa bet kavet, marv, enardivink ; unan, bev c’hoazh goude ur gouezhadenn ken kreñv ; ha pa oa aet kuit, kuzhetha sikanet gant ur marc’hadour-pesked o chom e Toull an Big. Leiz a dud a oa deut d’aninteramant ar pevar soudard lazhet en emgann.

Goloet e oa ar blasen gant tud. E-maez an iliz, un ofisour alamaneg a rae urdiskleriadur dirak pevar arched, un tokarn lakaet war pep hini...Emgannoù :E miz eost 1944, an alamaned o tont eus Benoded a oa o vont etrezek Konk-Kerne. A raok mont kuit eus Benoded, o doa pilet an tour-tan, an hini ueloc’h.Degouezhet e Foen, e oa bet taget an alamaned gant ar Stourm. Ur vaouez, gwreg dapaotr al lizheroù a oa bet lazhet en ur dreuziñ an hent ; kalz tiez a oa bet devet.

Distro ma zad, prisoner-brezelD’an 30 a viz ebrel 1945, oan bet galvet gant ar skolaer a eveshae bugale gant o

merenn en dinell ; homañ a oa e-kreiz ar vourc’h neuze. Hag en da lavaret din : :”Da dad azo deut d’ar gêr” Aet e oan buan d’ar gêr, tizh warnon, mall am boa da welout ma zad.Tapet gant an alamaned war dro Sedan, e chomas pemp bloaz hanter a-dreñv an orjal-dreinek ; er c’hamp a oa e Prus. Bremañ emañ ar vro-se e Polonia.

Tud sikouret gant loenedE miz gwengolo 1944, e kreiz an noz e oan bet dihunet gant trouz er-maez : ma c’hazhez a

oa o vioual. Petra a c’hoarveze ? Ur wech digor an nor, ar gazhez da lammat en ti, ur c’had enhe geol ; gwalc’het hag aozet, al loen-se a rae ur pred mat, rak na oa ket kalz kig da zebriñneuz. Goud-se, e tegase jibouez en ti alies. Ur wech deut ma zad d’ar ger, n’eus ket muidegaset na gad, na konifl ebet. Marteze he doa sonjet : “Echuet eo ma labour, dit bremañd’ober, da dro zo deut ! » Piv oar ?

KlozadurAlies e vez lavare : « An amzer gozh mat ». N’eo ket gwir. Er mare se n’e oa ket dour red

neblec’h, oblijet e oa an dud mont da glask dour er puñs. War dro 1950, n’oa ket deut antredan betek kalz tier c’hoaz, an dud a sklerijenne gant lampoù karget gant eoul-maen.Marteze e oa daou pe dri bellgomzer er c’humun ; breman e vez moaien da gaout unan e pepchakod.

Skingomzerioù a oa, selaou a rae an dud skingomz Londrez, difenn a oa, Verboten alavare an alamanted.

Pevar medisin a oa, daou e Foen, unan e Benoded, unan er Forest ; breman zo kalzmuioc’h diouto. Daou apotikerezh oa, unan e Foen hag egile e Benoded.

Er mare-se, e veze berr an amzer da dremen er skol evit an darn vrasañ eus ar skolidi. Arskoladur a echue da zeiz an testini-studi. Bremañ zo skolioù evit deskin micherioù pe evitmont pelloc’h.

6/8

Page 7: La Guerre au Pays de Fouesnant -  y5esx

GÊRIOUAdlavarout : répéter Keflusker : moteurArdivink : machine Kouezadenn : chuteDiankadennoù : absences Kintus : HargneuxDisglavenn : préau Rann : division, sectionForbannañ : déporter Skouer : exempleGov : forgeron Stivell : fontaineGwialenn : baguette Stourm : RésistanceHerzel : arrêter Testini a studi : Certificat d’études

7/8

Page 8: La Guerre au Pays de Fouesnant -  y5esx

La classe de M. Pennec (C.M. et C. M.) en 1945-46

Rangée du bas, de gauche à droite: Denise Renot - Solange Le Floc'h - Louise Trolez (dame Lahuec ) - Louise Nédélec - Annick Coriou ( dame Tudal ) - Jacqueline Cuzard -Bodivit - Georges Cotten - Pierre Bodivit- Alain Guéguen - Le Carre - Yves Rivière - AlbertLarzul- Yves Lahuec. Rangée du milieu: Marie- Thérèse Quéau - Annick Duvail- Yvette Hérlédan - LisetteMerrien Yvonne Rannou - Jeanne Bodivit - Jean Quéméré - Pierre Hervé - François Baccon -Alain Jan Vincent Larzul- Lucien Capp - Le Carre - Eugène Bodivit - Pierre Coatmen.Rangée du haut: Marie-Louise Le Meur - Marie Quéau- Jeanne Barzic - Jeanine Stervinou(dame Herlédan) - Marie- Thérèse ? (Dame Bodivit) - Marie- Thérèse Caradec - AlbertCoriou - Joseph Clorennec - ?- Pierre Bodivit - Christophe Nédélec - Jean-Louis Larzul - ? -

L’identification des élèves est due à Lucien CAPP.

8/8