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IUFM DE BOURGOGNE Professeur certifié LA GESTION D’UNE CLASSE DIFFICILE PERRIN Caroline PLC2 Economie-Gestion Directeur de mémoire: Option B S. CORDIN-FRUALDO ANNEE 2006 DOSSIER N° 0403388R

LA GESTION D’UNE CLASSE DIFFICILE...IUFM DE BOURGOGNE Professeur certifié LA GESTION D’UNE CLASSE DIFFICILE PERRIN Caroline PLC2 Economie-Gestion Directeur de mémoire: Option

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IUFM DE BOURGOGNE

Professeur certifié

LA GESTION D’UNE CLASSEDIFFICILE

PERRIN Caroline

PLC2 Economie-Gestion Directeur de mémoire:Option B S. CORDIN-FRUALDO

ANNEE 2006 DOSSIER N° 0403388R

SOMMAIRE

INTRODUCTION 3

I) ANALYSE D’UNE CLASSE DIFFICILE 5

A) Quelques explications théoriques sur ces dérégulationsscolaires 5

1) D’après quelques recherches sociologiques et psychologiques 5

a) selon les recherches sociologiques 5b) selon les recherches psychologiques 6

2) Le classement des difficultés de gestion de la classe 63) Les causes de ces difficultés 7

B) La confrontation avec ces analyses théoriques 81) Les similitudes observées 82) Les différences observées face à la théorie 103) L’avis des autres professeurs sur la difficulté 10

C) L’analyse sociologique de la classe 111) Diagnostic de la classe 112) Présentation du questionnaire à la classe 113) Dépouillement du questionnaire 114) Analyse des réponses 135) Comparaison avec les recherches sociologiques 14

II) LA GESTION D’UNE CLASSE DIFFICILE 15

A) Principes et analyses de certains auteurs 151) Les principes de bon fonctionnement d’une classe 152) Analyse des auteurs 16

a) soutenir l’apprentissage autonome 16b) soutenir la motivation 17c) enseigner les règles et les procédures 19

B) Mise en pratique des situations d’analyse 201) Augmenter la capacité de mémorisation des élèves 202) Augmenter la variété des supports pédagogiques 213) Etablir des règles au sein de la classe 224) Les résultats 23

CONCLUSION 24

ANNEXES 25

BIBLIOGRAPHIE 31

INTRODUCTION

Lorsque j’ai décidé de devenir enseignante et lors de la préparation auconcours, j’étais consciente que parmi le public auquel j’apporterai unenseignement, je rencontrerais des difficultés liées au comportement, àla motivation ou de tout autre type. Mais, quand on est confronté à laréalité d’une classe en mouvement, en vie, cela peut s’avérer plusdifficile à affronter d’autant plus que les problèmes sont multipliés etconcomitants.Dès les premières heures de cours, je me suis très vite rendue compteque mes élèves n’étaient pas des adolescents « travailleurs » etdisciplinés. Ils ne pensaient qu’à bavarder au lieu d’essayer de seconcentrer sur le cours. Leur comportement m’a un peu surprise audébut, mais je n’ai pas pris tout de suite le temps de réagir. Maconseillère pédagogique, attribuée deux semaines après la rentrée, estvenue assister à mon premier cours trois semaines après la rentrée. Elleenseigne dans cette même classe dans une autre discipline : leManagement des Organisations. La classe dans laquelle j’enseigne lecours d’information et de gestion est une classe de 1STG spécialitéCommunication. Ma conseillère pédagogique a tout de suite remarquél’agitation de la classe durant le cours d’Information et Gestion. Elle medemanda si cela ne m’avait pas interpellé, je lui ai donc confirmé. Dansun premier temps, elle me conseilla de demander à l’ensemble del’équipe pédagogique si la même agitation intervenait aussi dans leurscours respectifs. Il s’avéra que chacun n’osait se l’avouer et le fait d’enparler chacun délivra ses soucis avec cette classe. Certes, aprèsconcertation, il fut possible avec l’ensemble de l’équipe pédagogiqued’affirmer que cette classe est difficile à gérer. Malgré une fermeté et une volonté de faire régner un climat propice autravail, certains élèves ont accentué leur comportement désinvolte. Deuxtypes de cas d’élèves perturbateurs se sont présentés. Le premier casest le suivant : Deux élèves jouant les «leaders » au sein de la classen’ont pas hésité à intervenir lorsque je demandais une certaineparticipation à l’ensemble de la classe. La première réflexion était de sedire qu’ils allaient entraîner l’ensemble du groupe classe dans leur élan.Mais ce n’était pas possible car ces deux élèves ne laissaient pas leurscamarades s’exprimer, ils leur « coupaient » la parole et lesdévalorisaient devant les autres élèves en prouvant que leurs réponsesétaient erronées. Le deuxième cas d’élèves perturbateurs est un groupe de quatre élèvesfilles très unies et complices pour bavarder pendant le cours au fond dela classe. Elles ont totalement humilié, harcelé l’une d’elles lorsque

celle-ci décida un jour de se rapprocher et donc par la même occasionde se placer aux premiers rangs. Ces humiliations se transformèrent enharcèlement moral, la jeune fille dut changer d’établissement pour quecelles-ci cessent. Les trois autres jeunes filles avaient réussi leurmanœuvre. Un conseil de professeurs se réunit pour soulever les différents casd’éléments perturbateurs mais comme il intervenait après le deuxièmecas, il ne put être résolu mais les trois élèves fautives ont bénéficié d’unavertissement et d’une dizaine d’heures de retenue en plus de la plaintedéposée par la maman de la jeune fille harcelée. Une intervention du proviseur auprès des trois filles n’a rien changé,elles ne se sont aucunement senties responsables. De plus les deuxélèves « leaders » de la classe ne se remettent pas en cause dans leurcomportement en classe.

Dans les autres classes de 1STG (il en existe deux autres au lycéeRaoul FOLLEREAU à Nevers), on ne rencontre a priori pas de problèmede discipline. Cependant face à cette agitation de classe, je m’interroge sur monapproche pédagogique avec ces élèves difficiles. J’ai tendance parfois àne pas les impliquer suffisamment dans le cours et surtout ne pas assezmontrer les liens régnant entre eux, ce qui semble fort dommage car ilsseraient sans doute plus motivés et probablement plus attentifs.Cependant j’essaie de diversifier mes cours, notamment en recourantaux nouvelles technologies (par exemple : le vidéo-projecteur).

Mais comment puis-je continuer dans cette voie sachant que dès quej’utilise ce support dans ma pédagogie, les élèves accentuent lesbavardages.Dans une première partie je vais tenter d’analyser les difficultés d’uneclasse à appréhender les apprentissages, à trouver un sens auxcontenus d’une discipline, à développer des comportements d’écouteactive en me fondant sur les apports théoriques. Puis dans uneseconde partie, j’étudierai les moyens dont je peux disposer pourremédier à ces difficultés et motiver mes élèves.

I) ANALYSE D’UNE CLASSE DIFFICILE

A) Quelques explications théoriques sur ces dérégulations scolaires

1) D’après quelques recherches sociologiques etpsychologiques

De nombreux travaux de recherches menées ces dernières années sesont intéressés aux violences en milieu scolaire.

a) selon les recherches sociologiques

Pour P.Bourdieu, la reproduction d’un ordre social profondémentinégalitaire, qui, en imposant la culture de la classe dominante auxautres catégories sociales, fait « violence symbolique » à ces jeunes endifficulté.

La récupération par l’école de conflits sociaux, ethniques et familiauxpeut aussi être une cause de dérégulation pour les sociologues L.Tichit,E.Debarbieux. Pour eux, la violence subie du quartier, de la famille estdétournée en révolte contre l’institution scolaire. E. Debarbieux souligneaussi le fait de la difficulté de l’institution à intégrer les élèves descatégories sociales les plus défavorisées. La ségrégation scolaire, ladistance sociale et culturelle entre les élèves des milieux populaires etleurs enseignants font « violence institutionnelle ».

Pour B.Charlot, la réduction de l’école à une fonction de préparation àl’insertion professionnelle et le flou quant à ses finalités peuvententraîner la perte de sens du travail scolaire et donc une mauvaiseintégration des codes scolaire et sociaux (en particulier la discipline)propre à l’école.

Pour conclure et résumer sur ces recherches sociologiques,E.Debarbieux souligne que « la violence est dépendante des valeurs,des codes sociaux et des fragilités personnelles des victimes. Elle peuts’actualiser dans le crime et les délits, dans les incivilités et le sentimentde violence. »

b) selon les recherches psychologiques

Ces recherches sont essentiellement centrées sur les processuscognitifs et affectifs mobilisés dans ces situations dont en voiciquelques-unes :

Les élèves présenteraient des déficits sociocognitifs relatifs aux savoirset savoir-faire mis en œuvre dans les situations d’interactions socialesselon P.G. Goslin.Selon R.Ballion les jeunes seraient dans un état de vulnérabilité en cequi concerne leur capacité de contrôle émotionnel : « l’agressivité ainsique l’agitation seraient devenues pour eux un paradigme émotionnel ».

Selon J.F Blin, le vécu affectif du quotidien scolaire, le sens attribué auxévènements scolaires et la manière d’y faire face seraient fonction desdynamiques cognitives et affectives spécifiques aux individualités etpourraient générer des situations de dérégulations scolaires par leursinteractions dans un contexte particulier. La question des dérégulationsscolaires se joue donc en grande partie du côté du subjectif, durelationnel et de l’émotionnel, notamment dans les interactions propres àla relation pédagogique. Pour le démontrer, J.F Blin justifie :« Il ne suffit pas que l’institution impose des normes pour qu’elles soientrespectées, elle doit préalablement permettre l’apprentissage descapacités affectives, relationnelles et sociales nécessaires à leurcompréhension et à leur mise en œuvre par l’ensemble des acteursscolaires ».

2) le classement des difficultés de gestion de la classe

Les principaux problèmes de conduite de la classe sont souvent liés aubavardage, à une interruption de travail, à une dispute, somnolence etc.Mais on peut se limiter à quatre tpes essentiels de difficultés :

- le bruit et l’agitation : il représente l’ensemble des bavardages,absences d’écoute… Avoir des problèmes de discipline pourP.Ranjard ne signifie pas simplement que l’on est un peu chahutémais que l’on arrive plus à avoir pour l’ensemble de la classe unniveau de bruit suffisamment bas pour travailler sereinement. Cesbavardages peuvent représenter toute l’indifférence des élèves.

- la passivité : l’élève passif ne veut pas participer au cours. Lesélèves sont indifférents, ils peuvent parfois s’autoriser un refus detravail : soit en ne rendant pas un travail prévu, soit en n’apportantpas le matériel nécessaire pour travailler. Selon G.Wiel, ces

comportements peuvent aboutir à ce que l’on appelle une« anorexie scolaire », celle-ci représente un rejet de scolaritétouchant l’ensemble de la classe. Cela entraîne de la passivitémais aussi de l’instabilité permanente associée à de l’agressivité.

- l’agressivité : les élèves expriment des oppositions, contestentsans cesse pouvant aboutir à des injures. Elle provient dans laplupart des cas de conflits de besoin non résolus qui setransforment en conflits de personnes.

- L’hétérogénéïté scolaire : celle-ci peut représenter au sein d’uneclasse l’ensemble des cultures scolaires (normes, savoir-faire …),les niveaux des acquis, la motivation pour la matière enseignée,les styles d’apprentissages.

3) les causes de ces difficultés

- l’élève est un adolescent

Pour Françoise Dolto, un jeune sort de l’adolescence lorsqu’il estcapable de se libérer de l’influence parentale. Au plan physique, le jeune vit une profonde métamorphose semanifestant par un sentiment d’étrangeté, de perte de maîtrise de soncorps. Il a des difficultés à contrôler ses réactions physiques, sesémotions, ses sentiments.Au plan psychologique, il vit des transformations importantes plus oumoins accentuées selon le cadre de vie : c’est la fin de l’enfancecontrariée soit par un besoin de dépendance vis-à-vis des parents soitpar un besoin de séparation dont l’adolescent a besoin pour seconstruire sa propre identité. Il a aussi besoin d’une certaine image deson corps pour se construire une carapace. Cependant, face à sesagressivités vis-à-vis de ses parents ou au contraire son refuge derrièreun look excentrique, il reste parfois angoissé car il manque deconfiance en lui et semble malgré tout fragile.

- l’élève est une personne

Chaque adolescent a sa propre histoire psychologique, c’est pourquoicertains comportements ne résultent pas forcément de faits présentsmais parfois de situations antérieures. Mais il faut bien se l’avouerl’enseignant n’est pas un psychologue de profession et ne peut doncpas interpréter certains comportements mais il peut être important pour

lui de connaître certains détails des comportements psychologiques deses élèves pour mieux comprendre la situation et donc intervenir demanière éducative.

- l’élève est dans un contexte scolaire

On pourrait penser que ces difficultés sont dues à une attitude négativede l’élève, à des difficultés familiales ou sociales mais ces élèvesindisciplinés sont souvent dégoûtés de la scolarité suite à desredondances de situation d’échec. Souvent ils pensent qu’ils sont lesvictimes du système, qu’ils ont moins de chance que d’autres, parexemple en n’appartenant pas à la même catégorie sociale que certainsde leurs camarades.

- la cause liée à l’enseignant

Quelle peut-être la part de responsabilité d’un enseignant dans lagestion de sa classe dite « difficile » ? Waller (dans Sociology ofTeaching de 1932) annonce que « la règle fondamentale de lapédagogie est l’obligation pour le maître d’imposer la définitionmagistrale de la situation ». De plus, il précise que l’imposition de l’ordredoit se faire dès la première rencontre sinon cet ordre serait impossible.

B) La confrontation avec ces analyses théoriques

1) Les similitudes observées

J’ai pu observer de nombreuses similitudes dans ma classe par rapportà ces approches théoriques. Par exemple comme le soulignait J.F. Blinle vécu du quotidien scolaire est très affectif. Dans ma classe la majoritédes élèves et particulièrement les plus perturbateurs attachent une forteimportance à dire que leur professeur les « aime » ou au contraire « neles aime pas », ils n’ont pas d’alternative, tout est raisonné sur l’affectif,ils ont sans cesse le besoin de provoquer leur professeur pour lesensibiliser à leur montrer leur « affection » ou « non-affection » vis-à-visd’eux.

Après avoir classé les difficultés de gestion de la classe, j’aiessentiellement observé le bruit et l’agitation, l’agressivité verbale et unecertaine hétérogénéité scolaire. Le bruit et l’agitation se manifestent par les bavardages intempestifsqu’il faut sans cesse canaliser pour éviter les débordements. Ils sont

essentiellement dus à une mauvaise disposition de salle de classe. Eneffet, de décembre à mars, j’étudie avec les élèves les bases dedonnées et la salle choisie est très mal disposée : ils sont installés endeux grandes rangées de 17 face à face et moi je me situe à l’extrémitéde la salle de cours avec le vidéo-projecteur. Les élèves sont assis côteà côte, ils sont beaucoup plus bavards qu’à l’ordinaire. Installée dansune salle prévue pour un enseignement de BTS Informatique, qui doitêtre bien rangée, je n’ai pas osé entreprendre de modification dansl’organisation des tables. De plus j’appréhende une perte de tempssupplémentaire. Mais il faudrait peut-être envisager à mettre les tablesen épi…L’agressivité se manifeste dans cette classe : elle est seulementverbale, elle se déplore par le fait que certains élèves ne se respectentpas entre eux. Dès que l’un d’eux prend la parole pour participer,certains réagissent (sans lever le doigt) en coupant la parole à soncamarade avec des réflexions de ce type : « c’est faux, tu dis n’importequoi ! ». Pour ma part je redonne les consignes d’intervention en cours(lever du doigt) et énonce qu’il faut respecter ses camarades et ne pasdire que c’est faux. J’explique que même si je juge que la réponse esterronée, elle doit toujours être donnée et au contraire elle permet àl’enseignant de rebondir sur l’erreur qui de toute façon apu ou aurait puêtre commise par un autre élève. Une erreur doit être formatrice. Maisces élèves aussi désinvoltes qui participent de cette façon ne peuventse retenir malgré mes conseils.Il règne aussi comme difficulté au sein de cette classe une grandehétérogénéité scolaire notamment à deux niveaux : au niveau du savoir-être et au niveau de l’utilisation des nouvelles technologies del’information et de la communication.En effet, malgré les difficultés que j’énonce au travers de ce mémoire,un groupe très positif au sein de cette classe s’est formé en débutd’année (représentant environ le tiers de la classe) : ils ont une attitudetrès agréable qui se démontre par de bons résultats mais aussi par unbon relationnel (cela se manifeste en demi-groupe car ils représententles ¾ d’un groupe de TD, en classe entière ils sont « noyés » par lesélèves perturbateurs). Le deuxième niveau de difficultés se manifestequand j’utilise les nouvelles technologies. Certains, venant de laseconde option IGC, ont une bonne aisance en informatique. D’autres,soit parce qu’ils ne sont pas équipés à la maison de matérielinformatique soit parce qu’ils ont suivi en seconde l’option scienceséconomiques et sociales, ne maîtrisent pas les bases de ces nouvellestechnologies.Toutes les causes de ces difficultés sont appréciées au sein de maclasse. Il est certes vrai que l’élève est un adolescent. Par conséquentbeaucoup de changements se rencontrent au sein de sa personnalité. Il

a souvent tendance à exprimer sa « rébellion » pour s’affirmer au seind’un groupe classe et probablement au sein de sa famille aussi. Ma partde responsabilité n’est pas non plus négligeable dans ces difficultés. Jepense ne pas avoir été directive dans mes propos de début d’année. Lesconsignes verbales ne suffisent pas pour impliquer les élèves dans unedémarche positive d’attitude en cours.

2) Les différences observées face à la théorie

Il existe deux différences essentielles face à la théorie : c’estl’agressivité (c'est-à-dire la violence physique) et la passivité qui nefigurent pas dans ma classe. Cette dernière est cependant rencontréechez trois élèves dans la classe. Mais le climat général correspond engénéral à une forte activité.

3) l’avis des autres professeurs sur la difficulté

Comme je l’affirmais en introduction, après avoir interrogé l’ensembledes professeurs de la classe, il s’est avéré que chacun semble dire quela classe est « difficile », ils ajoutent même que ce sont descomportements intolérables, ils avouent aussi être guère enjoués à fairecours à cette classe. Un seul conseil de professeurs eut lieu pour toutesles classes de premières et ce fut pour cette classe. Un classeur est misà la disposition à la vie scolaire pour chaque classe où chaqueprofesseur ayant vécu des difficultés avec des élèves, inscrit sesremarques. Il s’est avéré que le jour du conseil de professeurs, leproviseur a ouvert le classeur et a pu voir l’amplitude du nombre deremarques au bout d’ un mois et demi de cours. C’est pourquoi il estintervenu auprès de la classe le lendemain pour les « recadrer ». Maisselon le professeur principal qui a assisté au discours du proviseur, ils’est avéré que les élèves ne se sentaient pas concernés par cetteattitude désinvolte qui leur était reprochée et soulignée par lesprofesseurs.

C) L’analyse sociologique de la classe

1) Diagnostic de la classe

Pour analyser au mieux ma classe d’un point de vue sociologique j’aiétabli un questionnaire anonyme pour mieux les connaître sur cinqpoints qui me semblaient fondamentaux : au niveau individuel(profession et nationalité des parents, gestion stress, ses attentes, sesactivités extra-scolaires), au niveau du groupe classe (sa perception dugroupe, ses capacités relationnelles, sociales), au niveau del’établissement (engagement dans une activité, relations avec lesenseignants, avec l’administration), au niveau de leur vie scolaire(redoublements, difficultés dans quelles matières, ses projets), auniveau de la famille (relations, ententes, entraide pour les devoirs).

2) Présentation du questionnaire à la classe

Le but de ce questionnaire est d’obtenir des caractéristiques de mesélèves, notamment cibler leurs difficultés au sein de la classe (savoirs’ils sont sensibles aux agitations de cette classe, les relationsentretenues avec les autres élèves), mais aussi connaître leursdifficultés scolaires et les causes. J’ai présenté ce questionnaire à laclasse à la fin d’un cours, j’ai suggéré qu’ils répondent anonymement carj’appréhendais qu’ils ne répondent pas sincèrement ou au contraire queleurs réponses soient superflues ou inexistantes. Ils furent très heureuxde répondre mais certains m’ont reproché d’avouer qu’il était anonymecar certains critères (tels que l’âge, l’écriture….) feraient que je lesreconnaîtrai. Je fus obliger de leur annoncer que leur remarque était toutà fait pertinente et je dus leur expliquer que ce questionnaire ne devaitpas les juger mais plutôt faire une analyse sociologique de la classepour mieux connaître leur environnement et leurs difficultés afin depouvoir adapter les apprentissages à leur ressenti. Ils comprirentbeaucoup mieux cette explication.

3) Dépouillement du questionnaire

Pour le dépouillement des réponses (29 élèves étaient présents et nonles 33), je n’ai pas utilisé de logiciel spécifique au dépouillement, lenombre de questionnaires était restreint.

Les élèves ont globalement répondu à toutes les questions, il ressortseulement 4 questions auxquelles certains élèves n’ont pas répondu.

- au niveau individuel :

Concernant les questions portant sur l’identification des élèves, jem’aperçois que l’âge moyen est de 17 ans, que 75% des parents de cesélèves sont employés, ouvriers ou sans emploi.

14% des élèves sont d’origine étrangère.Les 2/3 d’entre eux ont une activité extrascolaire notamment le sport(bien souvent un sport collectif tel que : le football, le handball …)Ils ont à l’exception de 2 élèves 1 ou 2 frères et sœurs.

- au niveau de la classe : 40% des élèves trouvent leur classe agitée, 27% des élèves affirment unmauvais climat de classe et 33% avouent bien apprécier leur ambiancede classe.

Pour 60%, les relations entre camarades sont jugées bonnes et pourdéjà 60% des élèves de cette classe des groupes de travail se sont misen place.

Leur comportement en classe est jugé satisfaisant pour 92 % de cesadolescents.

- au niveau de l’établissement :

Les relations avec l’ensemble des professeurs et de l’administration sontbonnes pour 80% des élèves et très peu (8%) exercent une activité ausein de l’établissement.

- au niveau de leur scolarité :

60% ont déjà redoublé dans leur scolarité. La section STG a été choisiepour 80% des élèves par choix personnel. Les 2/3 des élèvent avouentavoir des difficultés en cours, pour 25% d’entre eux cela est dû à unmanque de travail, pour 25% c’est un manque de temps et pour 50% àdes difficultés de compréhension et de mémorisation.Les 2/3 des élèves ont déjà fait un choix d’études. 80% d’entre euxveulent s’orienter vers un BTS.La moitié des élèves a un souhait de projet professionnel.

- au niveau de la famille :

Pour 85% des élèves le climat familial est favorable et seulement 40%des élèves bénéficient d’une entraide familiale dans leurs devoirsscolaires.

4) Analyse des réponses

Il s’agit d’une classe très hétérogène, à travers ce dépouillement dequestionnaire, je peux constater qu’un tiers des élèves ne connaîtaucune difficulté scolaire et quasiment le même pourcentage estconstaté pour l’observation d’un bon climat de classe.L’ensemble de la classe semble avoir un bon moral remarquénotamment par leurs bonnes relations avec leurs camarades et leursactivités extrascolaires qui affichent un bon pourcentage, parfois un peutrop pour certains qui avouent que leurs difficultés scolaires sont dues àun manque de temps pour travailler.Cependant pour 50% des élèves ayant des difficultés je m’aperçoisqu’ils n’assimilent pas bien le cours ou qu’ils ont des problèmes demémorisation. Ils semblent par ailleurs bien impliqués dans leurs projets d’étudesmême pour certains ils sont très bien définis, ceci peut aussi être uneexplication au choix d’intégrer la série STG. Ce qui peut sembler trèsparadoxal face aux études réalisées lors de l’existence de la sectionSTT où plus des 2/3 des élèves y entraient à défaut de pouvoir se dirigervers une autre série. Par contre une certaine difficulté est remarquée par les élèves de nepouvoir bénéficier d’une entraide familiale. Ceci peut s’expliquer à deuxniveaux. D’une part, il est souvent difficile à tout parent de suivre sonenfant adolescent qui réclame plus d’autonomie, d’autre part certainesdisciplines en STG telles le management, la communication, la gestionne sont pas réellement connues par les parents qui peuvent se sentirpeu ou pas compétents.Par contre le climat d’agitation de la classe est bien signalé dans cequestionnaire et même précisé par certains qui constatent la présenced’« éléments perturbateurs ».

5) Comparaison avec les recherches sociologiques

Comme E.Debarbieux le soulignait, la difficulté d’intégrer certains élèvesde milieux plus défavorisés que d’autres peut entraîner un sentimentd’injustice, de révolte et de violence qui peut se justifier dans le cas dema classe par des agitations menées par ces élèves, qui par l’effet dugroupe classe entraînent d’autres élèves. Le 1/3 de la classe désireuxde travailler le revendique dans le questionnaire proposé, ce qui crée unclimat d’inconfort malgré de bonnes relations entre l’ensemble desélèves mais l’écoute des cours s’avère plus difficile.

C’est pourquoi je vais tenter maintenant au vue de ces constats,d’analyser ce qu’est réellement la gestion d’une classe difficile.

II) La gestion d’une classe difficile

A) Principes et analyses de certains auteurs

1) les principes de bon fonctionnement d’une classe

Certains principes sont adoptés par de nombreux enseignants pour fairerespecter les règles aux élèves. Selon Jean Archambault les principespeuvent s’exercer dans de nombreux domaines comme : être sensible àce qui se passe dans la classe, maintenir le rythme en variant lesactivités, intervenir discrètement, utiliser l’humour, faire preuve detolérance, respecter les élèves et intervenir en fonction des causes ducomportement perturbateur.

Pour être sensible à ce qui se passe dans la classe, il faut êtreconscient de tout ce qui s’y fait et l’enseignant doit être au courant detout c'est-à-dire qu’il doit avoir les yeux derrière la tête. Selon Doyle,l’enseignant se doit de bien observer sa classe en détectant s’il n’y apas une baisse d’intérêt des élèves pour telle activité. Il doit observeraussi bien le groupe, les comportements et le rythme d’activité. Ilimporte donc que l’enseignant agisse de telle sorte que le moins dechoses possible lui échappent. S’il est à l’affût de tout voir, les élèvestransgresseront moins les règles.Maintenir le rythme et faire varier les activités doivent être des principesprimordiaux pour les enseignants. En observant le niveau d’attention desélèves, l’enseignant doit s’en servir d’information pour déterminer lanature et le rythme des activités.Intervenir discrètement pour un enseignant est une qualité à biendévelopper car les règles de fonctionnement de la classe sont plusefficaces lorsqu’elle sont faites en privé et qu’elles s’adressentseulement à l’élève fautif, cela évite d’interrompre l’activité en cours etde déranger les autres élèves. De plus l’élève réprimandé dans la classeaura trop d’attention et celle-ci n’est pas nécessaire pour que l’élèvechange son comportement.L’humour peut aussi être un bon principe à la gestion de la classe car unenseignant qui l’adopte crée un climat de détente propice àl’apprentissage.Faire preuve de tolérance est important car un climat où l’on sait qu’aumoindre faux pas c’est la sanction n’est pas bon. Le climat ainsi créépeut entraîner de la part des élèves une incitation à défier l’enseignanten le dérangeant pour se venger. C’est pourquoi il y a peut être plusd’avantage à être plus tolérant sans non plus tout laisser passer.

Un enseignant doit respecter ses élèves en créant un climat propice àl’apprentissage et en étant attentif à ses élèves.Intervenir en fonction des causes du comportement perturbateur, leprofesseur doit réagir en fonction des causes du comportementperturbateur. Il doit intervenir différemment selon les causes. Selon sil’élève n’a pas appris son cours ou si c’est un élève qui ne respecte pasles règles de fonctionnement de la classe, l’intervention du professeursera donc différenciée selon les cas.

2) Analyse des auteurs

Pour de nombreux auteurs, la gestion d’une classe passe parl’apprentissage autonome des élèves mais aussi en soutenant unecertaine motivation des élèves. En effet une gestion efficace de la classeagit positivement sur l’apprentissage.

a) Soutenir l’apprentissage autonome

Soutenir l’apprentissage pour un élève peut être une chose complexe.En effet il peut être important pour un enseignant au travers de sescours d’inculquer à ses élèves des techniques d’apprentissage.Tout d’abord ces stratégies d’apprentissage doivent être enseignées àl’intérieur des programmes d’études. Elles ne doivent pas faire l’objetd’un cours. Cet enseignement de stratégies d’apprentissage doit fairel’objet d’un long terme compte tenu de son importance, de sa difficulté.Ces stratégies s’enseignent graduellement, il est préférable d’enseignerune stratégie à la fois. De plus on doit rendre l’enseignement d’unestratégie en la nommant et en indiquant quand et comment l’utiliser. Ilfaut préciser les buts de la stratégie. L’enseignant doit d’abord exécuterla stratégie devant la classe. Il agit et réfléchit devant les élèves. Cetenseignement doit être convaincant. Les élèves seront plus portés àapprendre et à utiliser les stratégies d’apprentissage s’ils sontconvaincus de leur efficacité. Cela peut consister par exemple àremettre aux élèves une grille d’évaluation de l’efficacité des stratégiesselon Jean Archambault. Avec cette grille il s’agit de montrer dans unpremier temps un devoir ou une tâche que les élèves ont réalisé sansadopter de stratégie et ensuite de montrer l’efficacité d’un devoir oud’une tâche avec la stratégie et renouveler ensuite l’expérience. Au furet à mesure, l’élève consigne ses résultats sur la grille et est à même deconstater l’efficacité de la stratégie.Le champ d’application des stratégies d’apprentissage couvrel’ensemble des activités reliées à l’apprentissage. Ce sont destechniques telles que la mémorisation, la lecture et la résolution de

problèmes. Par exemple il est possible d’étudier les stratégies telles quecelles de la mémorisation et celles concernant la compréhension.

Prenons l’exemple des stratégies de mémorisation, ayant desapplications très diverses. Certaines servent à apprendre par cœur,d’autres permettent plutôt de retenir des éléments plus complexes,comme des idées ou encore certaines permettent d’acquérir desautomatismes. Les stratégies de cette catégorie peuvent être groupéesà l’intérieur de trois classes : les stratégies de répétition, d’élaboration etd’organisation. Les stratégies de répétition consistent à apprendre defaçon répétitive des éléments à retenir soit oralement ou soit par écrit.Mais cette technique est à utiliser à bon escient en leur montrant ce quidoit être appris par cœur ou au contraire ce qui doit être compris. Les stratégies d’élaboration quant à elles consistent à associer des motsou des images mentales. Dans ce genre de stratégie, on utilisebeaucoup les moyens mnémotechniques, ces stratégies d’élaborationpeuvent aussi être des activités comme la paraphrase, la reformulation.

Les stratégies de compréhension impliquent des créations de liens decause à effet. La prise de notes est un exemple de cette catégoried’apprentissage ainsi que par exemple la hiérarchisation des idées dugénéral au détail. Dans cette catégorie d’apprentissage, il est possibleaussi d’apprendre aux élèves à retrouver des mots-clés dans lesquestions proposées pour l’étude d’un texte. Le résumé permet aussi depouvoir apprécier la compréhension en montrant aux élèves commentdresser la liste des idées principales du texte en éliminant les élémentsmoins importants. Montrer aux élèves à prendre des notes à partir d’untexte est une forme de stratégie de compréhension.

b) Soutenir la motivation

Pour que les élèves cherchent à s’améliorer, il faut bien sûr que lamotivation soit au rendez-vous. De manière à susciter cette motivationchez les élèves, Rolland Viau qui fait partie du département depédagogie de l’université de Sherbrooke, a élaboré des conditions àrespecter pour susciter la motivation des élèves. Ses récents travaux surla motivation à apprendre en contexte scolaire nous montrent qu’il y aessentiellement quatre facteurs qui influent sur la dynamique desélèves : les activités d’apprentissages, l’évaluation que l’enseignantimpose, la passion pour la matière de l’enseignant et le respect qu’ilporte à ses élèves.Mais dans cette étude sur le soutien de la motivation nous retiendronsprincipalement la motivation liée aux activités d’apprentissage. Rolland

Viau nous énonce dix conditions pour motiver les élèves au sein de leursactivités d’apprentissage.

- Il faut que l’activité soit signifiante aux yeux des élèves, c'est-à-direqu’elle doit correspondre à un de leurs champs d’intérêt. Elle doits’harmoniser avec leurs projets personnels et leurspréoccupations. Il peut être intéressant de tenir compte desthèmes appréciés par les élèves dans le choix des contenusd’activités.

- Les activités doivent être diversifiées d’une même activité car larépétition jour après jour peut être une source de démobilisationpour l’élève en raison de son caractère routinier.

- Elle doit représenter un défi pour l’élève dans la mesure où ellen’est ni trop facile ni trop difficile. Il appréciera d’autant plus sonsuccès si cela lui a coûté un certain effort.

- L’activité d’apprentissage doit être authentique c'est-à-dire que saréalisation doit aboutir à la fabrication d’un produit proche de la viecourante.

- Un élève est motivé à accomplir une activité que si celle-ci exigede lui un engagement cognitif lorsqu’il utilise notamment desstratégies d’apprentissages qui l’aident à comprendre.

- L’élève doit pouvoir faire des choix, c’est à dire qu’il faut permettreà l’élève de se responsabiliser. (fixation d’un calendrier de travail àl’initiative de l’élève…)

- L’activité d’apprentissage doit permettre à l’élève d’interagir et decollaborer avec les autres. Les élèves pourront ainsi travaillerensemble pour atteindre un but commun.

- L’activité doit avoir un caractère interdisciplinaire

- L’activité doit comprendre des comportements, des consignesclaires

- L’activité doit se dérouler sur une période de temps suffisante

c) Enseigner les règles et les procédures

Etablir le fonctionnement de la classe signifie que l’enseignantdétermine en premier lieu ses attentes vis-à-vis de ses élèves. Il doitensuite décider des règles de sa classe et des comportements qu’il veutque ses élèves adoptent. Ceux-ci doivent donc être au courant dès ledépart des comportements reliés aux activités courantes. Les règles etles procédures doivent être claires et indiquer le moment et la manièrede faire les choses.

- Le comportement, la procédure

Le comportement, c’est ce que l’élève fait. C’est le geste qu’il pose,sa façon d’agir. Lever la main pour demander la parole est uncomportement attendu qui doit être clairement rappelé. Lecomportement est un élément de base pour établir le fonctionnementde la classe.Quant à la procédure, c’est une série de comportements à suivrepour obtenir un résultat ou pour atteindre un objectif.

- Les règles

Ce sont des principes organisateurs dont découlent l’ensemble descomportements et des procédures. Elles ont pour objet les relationsinterpersonnelles, l’utilisation du bien public ou de la bonne marchedes activités de la classe. Cependant leur objectif principal estl’installation d’un climat favorable à l’apprentissage. Ces règles vontainsi pouvoir aider les élèves à organiser leurs connaissances sur lamanière de s’organiser en classe.Ces règles vont ainsi permettre une diminution des interruptions enclasse car les élèves connaissent l’ordre des évènements. Elle offreainsi un contexte plus stable. Leur mise en place fait partie de ce que l’on peut appeler lecurriculum implicite c'est-à-dire qu’elles ne font pas l’objet d’unprogramme d’études particulier. Les élèves s’attendent à ce quel’enseignant fixe des règles dans sa classe et s’y adoptent trèsrapidement si la mise en place est bien faite.

- La présentation des règles et des procédures

A cette fin, l’enseignant peut utiliser divers moyens tels que : laprésentation orale, l’affichage, la présentation écrite et le rappelrégulier.En début d’année, l’enseignant peut présenter oralement les règles etles procédures aux élèves dans le but de les informer, de façongénérale, de ce qu’il attend d’eux. Elle peut aussi être utile en coursd’année lorsqu’une nouvelle règle doit être mise en place.Si un enseignant possède sa propre salle de classe, il peut inscrireles règles et comportements qui s’y rapportent sur des affiches et àplacer celles-ci bien en vue.L’enseignant peut inscrire les règles et comportements propres à saclasse sur une feuille, reproduire celle-ci et distribuer les feuilles àtous les élèves, de telle sorte que chacun puisse facilement s’yréférer au besoin. Une fois remises aux élèves, les règles doivent êtrelues et expliquées aux élèves.Enfin l’enseignant doit prévoir des rappels fréquents des règlessurtout en début d’année alors que les élèves ne les ont pas encoreassimilés. Il vaut mieux faire des rappels régulièrement plutôt qued’attendre que les élèves aient des comportements inadaptés.

B) Mise en pratique des situations d’analyse

1. Augmenter la capacité de mémorisation desélèves

D’après le diagnostic que j’ai pu établir de l’ensemble de la classe, ilressort qu’une bonne partie des élèves ont rencontré des difficultés demémorisation. Pour cela j’ai décidé de suivre la stratégie liée à lamémorisation de Jean Archambault mais aussi en alliant dans le mêmesens une technique que j’ai pu suivre lors de mes études post-baccalauréat : la méthode de la fiche-point. Cette méthode m’a étéenseignée par Monique Le Ponsin, chercheur. Elle consiste pour chaqueélève à établir pour un cours donné une fiche n’alliant que les mots-clésde la leçon, ces mots sont reliés par des flèches signifiant que l’onapprend d’un concept général pour aller vers un concept plus détaillé.Une fois cette fiche établie, l’élève doit l’apprendre dans les 24 heuresqui suivent, puis les 48 heures, puis les 72 heures et enfin une semaineplus tard. Beaucoup d’élèves, actuellement, ne se contententd’apprendre leurs cours que la veille de leurs devoirs. C’est pourquoicette fiche, si elle est lue régulièrement, doit permettre à l’élève demoins solliciter de mémorisation la veille d’un devoir et d’apprendre

pour le long terme. Elle doit ainsi économiser de la fatigue la veille dudevoir. Le travail ne sera alors qu’une révision.Face à ma classe, j’ai décidé d’adopter cette stratégie. Pour débuter, j’aiconstruit une fiche pour un cours donné (voir ANNEXE). J’ai expliqué àla classe la méthode : j’ ai fait constater qu’un cours peut être dense etqu’il faut qu’ils apprennent à retenir l’essentiel. Pour cela, avant deconstruire la fiche, je demande aux élèves de surligner les concepts-cléset ensuite de réaliser la fiche qu’il doivent rédiger chez eux. Au début, jedécide de ramasser les premières fiches réalisées pour les corriger afinde les aider (afin qu’ils aient un support correct d’apprentissage).Comme le soulignait J.Archambault, une grille d’évaluation peut êtreréalisée afin que les élèves puissent apprécier les résultats liés à cettenouvelle stratégie d’apprentissage. C’est pourquoi, comme nouspouvons le constater en ANNEXE, j’ai réalisé une grille d’évaluation pourles contrôles et pour les interrogations surprises. Cette grille marqueraun premier résultat sans stratégie et tous les autres le seront avec laméthode. De plus, à titre optionnel, je leur ai demandé de tracer unecourbe rouge permettant de visualiser la moyenne de la classe.L’objectif est qu’ils puissent se situer par rapport à la moyenne, ce quipeut être un facteur de motivation.Cependant la motivation est un élément essentiel pour un élève, c’estpourquoi j’ai décidé de la mettre en pratique notamment en essayant dediversifier les activités pédagogiques

2. Augmenter la variété des supportspédagogiques

Pour impliquer davantage l’élève dans son apprentissage, il estnécessaire de faire varier les pratiques, les supports comme lesoulignait Rolland Viau.Pour faire varier les supports, on peut faire alterner : le livre, lerétroprojecteur, le tableau, le vidéo-projecteur, les photocopies.Il peut être nécessaire de faire varier les modes d’apprentissage : lecours magistral dialogué, utiliser la démarche inductive pour transmettredes concepts difficiles qui réclament une explication a priori, ladémarche déductive fondée sur des supports divers, des exercices dedécouverte.Pour motiver les élèves dans leur apprentissage, j’ai essayé de concilierdepuis trois mois les différentes conditions de Rolland Viau pour motiverles élèves notamment en adoptant des consignes claires, en diversifiantles activités, en les rendant signifiantes. Celles-ci passent par desactivités où les élèves sont sur poste informatique et où chacun travailleavec l’aide d’un diaporama qui explique tout le travail à effectuer ou uncours où j’explique aux élèves une séquence en utilisant le vidéo-

projecteur. Les élèves pendant ce temps sont en possession d’ un autresupport et doivent le compléter en fonction des éléments de coursprésentés avec le vidéo-projecteur. Le rétroprojecteur est aussi unélément utilisé lors des corrections d’exercice où l’on peut cacher unepartie de l’exercice pour éveiller l’intérêt de l’élève.Pour être au plus près de leur vie courante, par des exemples en cours,j’essaie le plus possible de les projeter dans le monde de l’entreprise

3. Etablir des règles au sein de la classe

En début d’année scolaire c'est-à-dire en septembre, il me semblaitqu’instaurer des règles avec une classe c’était faire un discours auxélèves et leur annoncer ce qu’on attendait d’eux pour toute l’annéeconcernant la discipline, le travail etc. De même il me semblait qu’unpetit rappel sur certaines consignes soit disant oubliées pouvait se fairede temps à autre en aparté. Mais ce système ne fonctionne pasactuellement dans le contexte de la classe que j’encadre car chaquecours est l’occasion de redonner les consignes attendues pour le travailet la discipline en classe. C’est pourquoi, il me semble qu’il peut êtreimportant de dire les consignes oralement mais les mettre sous formeécrite est aussi une bonne manière de demander à l’élève de s’y référer.Ainsi, il n’a plus la possibilité d’affirmer qu’il n’était pas au courant de ceque le professeur exigeait de sa part. Ainsi face à ce constat, j’ai doncdécidé de suivre l’avis des auteurs en instaurant une présentation écritedes règles que j’attendais pour l’ensemble de ma classe. J’ai doncrédigé un engagement pour mes élèves dans lequel je soumets quatreattentes de la part de mes élèves concernant leur attitude en cours, lematériel à apporter, le travail à la maison et l’apprentissage en cours.J’inclus les sanctions en cas de non-respect de chacune de cesattentes, ensuite je leur distribue ce support, nous le lisons ensemble etil le signe pour montrer qu’ils en ont bien pris actes. En pratique deuxélèves n’ont pas voulu le signer, le jugeant « bidon » si je reprends leurterme, mais ils l’ont tout de même mis dans leur classeur et l’ont bien lu.Cependant je leur ai fait remarquer que mon engagement reprendcertains éléments inclus dans le règlement intérieur du lycée, mais queje l’ai rendu propre à ma matière. ( voir ANNEXE)

4. Les résultats de ces mises en œuvre

La mise au point de fiche pour améliorer la mémorisation a été très bienperçue de la part des élèves, ils ont réellement envie de s’investir danscette démarche. Le seul inconvénient à cette méthode d’apprentissageest que pour le moment je les prends « en charge ». En effet, je lesoblige à chaque fin de cours à construire la fiche pour la fois suivante.Cette façon d’agir les contraint un peu.

Les grilles d’évaluation sont un peu trop récentes pour apprécier lesrésultats mais seront un bon appui pour les élèves pour apprécier lesrésultats.

La variété des supports pédagogiques pour les élèves semblentintéressants mais il faut faire attention à ne pas s’éparpiller car à forcede vouloir trop varier, les élèves peuvent perdre leurs repères. L’élémentque je regrette pour cette réflexion est de ne pas avoir pu réaliser unevisite d’entreprise qui m’aurait permis de trouver un support concret pouraborder la première partie de programme du cours d’information etgestion. Mais il aurait fallu organiser cette sortie pédagogique en débutd’année, mais je n’ai pas eu le recul nécessaire cette année, je vaistenter de le faire les prochaines années avec d’autres professeursd’économie-gestion. Pourquoi ne pas organiser une visite fondée sur unthème transversal prenant appui sur des connaissances de gestion, decommunication des organisations voire de management.L’engagement de l’élève dans mon cours a permis de mieuxappréhender certaines consignes et je pense davantage à utiliser lapédagogie par l’erreur. Je suis plus vigilante à sanctionner à bon escientles travaux non réalisés ou l’oubli de matériels.

CONCLUSION

Au terme de cette réflexion autour de la question : « Comment gérer uneclasse difficile ? », j’ai tout d’abord dégagé les principes de la difficulté.C’est ensuite seulement que j’ai cherché à expliquer ce qu’était unegestion de classe notamment en reprenant des idées de certainsauteurs tels que Jean Archambault, Roch Chouinard, Rolland Viau ouencore Jean-François Blin que j’ai pu dégager quelques pistes deréflexion pour amener dans ma classe un bon fonctionnement. Cespistes étant basées sur des règles de fonctionnement, sur la variationdes supports pédagogiques et le renforcement des outils suscitant uneamélioration du processus de mémorisation, m’ont permis d’améliorermon efficacité auprès des élèves mais aussi de développer unemeilleure écoute de la classe. Les élèves ont senti mon investissementdans leur groupe qu’est la classe et une confiance mutuelle s’est peu àpeu instaurée améliorant l’ambiance générale du cours. J’ai puapprendre par le biais de cette réflexion que des règles claires, conciseset écrites sont importantes à notifier à toute classe le jour de chaquerentrée. Par contre je m’aperçois que je n’ai pas encore assez de reculpour apprécier les résultats des techniques d’apprentissage,l’expérience a débuté trop tardivement, il sera souhaitable pour lesannées futures de l’instaurer en début d’année. Il est primordial pour lesélèves qu’ils apprennent les éléments fondamentaux d’un cours et nepas se perdre dans les détails oubliant même l’intérêt premier du cours. Développer une bonne gestion grâce à l’amélioration de nos pratiquespédagogiques doit être une finalité éducative. J’ai pu par le biais decette réflexion prendre conscience de l’étendue du travail qu’il convientd’effectuer pour mener au mieux ce métier passionnant au serviced’élèves si différents les uns des autres.

ANNEXES

ANNEXE 1 QUESTIONNAIRE SOUMIS AUX ELEVES DE 1 ère STG spécialité

Communication du Lycée Raoul FOLLEREAU à Nevers

I. AU NIVEAU INDIVIDUEL :

1. Age :2. Profession des parents :

Professions et Catégoriessocioprofessionnelles

PERE MERE

Artisan, commerçant,agriculteur exploitantChef d’entrepriseCadre, enseignantEmployéOuvrier Autres (précisez) :……………. …

…..………..

3. Nationalité : - père : - mère :

4. Activités extrascolaires :

5. Nombre de frères et sœurs (précisez l’âge) :

II. AU NIVEAU DE LA CLASSE :

1. Comment jugez-vous votre classe ?

2. Quelles sont vos relations avec les autres élèves ?

3. Avez-vous créé des groupes de travail avec d’autres élèves ?

4. Comment jugez-vous votre comportement en classe ?

III. AU NIVEAU DE L’ETABLISSEMENT :

1. Faites-vous partie d’une activité au sein de l’établissement ?

2. Comment jugez-vous vos relations avec les professeurs ?

3. Comment jugez-vous vos relations avec l’administration ?

IV. AU NIVEAU DE LA SCOLARITE :

1. Avez-vous déjà redoublé et si oui quelle(s) classe(s) ?

2. Pourquoi êtes-vous en 1ère STG ?

choix personnel choix du conseil de classe choix de la famille

3. Avez-vous des difficultés en cours ?4. Si oui, sont-elles dues : manque de travail

manque de temps pour travailler difficultés de compréhénsion difficultés de mémorisation autres (précisez :…………………………..)

5. Avez-vous des projets en terme d’étude ? oui lesquels ?............................ non

6. Avez-vous des projets en terme professionnel ? oui lesquels ?........................ non

V. AU NIVEAU DE LA FAMILLE :

1. Est-ce que le climat (ambiance) de la famille est-il ? favorable défavorable( si défavorable, expliquez éventuellement :…………………………………………)

2. Disposez-vous d’une entraide dans la famille pour vous aider éventuellement dans votretravail à la maison ? oui non

ANNEXE 2 : Modèle de fiche-point : LE MODELE RELATIONNEL

Utilité apport notions en matière de Modèle essentielles structurationRelationnel des données

étude de la conception d’unebase de données

Une relation définition ensemble d’attributsassociés

attribut = champ(base de données)

exemple de Présentation ADHERENT

(NumAdh, NomAdh, # CodeCat)

_______ : cléprimaire attribut rendant

unique un tuple (ou un enregistrement)

de la relation

doit être unique et non nulle

# : clé clé primaire d’uneétrangère relation placée

dans une autre relation

permet liaison entre deux relations

Dépendance fonctionnelle montrer qu’un exemple :

attribut dépend NumAdh→NomAdhd’une clé primaire

Schémarelationnel ensemble des relations

ANNEXE 3

GRILLE D’EVALUATION EN TENANT COMPTE DE LA METHODE FICHE-POINT

► Pour les contrôles

notes20

15

10

5

N°4(*) N°5 N°6 N°7 N°8 contrôles

(*) sans la méthode fiche-point

► Pour les interrogations

notes

09/01(*) interrogations

(*) sans la méthode fiche-point

ANNEXE 4ENGAGEMENT DE L’ELEVE EN COURS

D’INFORMATION ET GESTION

1. ATTITUDE EN COURS

● J’adopte une attitude correcte pendant le cours : je ne dois pas bavarder avec mescamarades et je les respecte lorsqu’ils participent même si je pense qu’ils font une erreur(l’erreur peut être formatrice) .

● La participation étant vivement conseillée en cours, je dois pour intervenir lever ledoigt.

► A défaut d’une attitude positive (qui perdure), une sanction sera prise encommun avec la vie scolaire.

2. LE MATERIEL ● A chaque cours, je dois apporter mon matériel :

- le chapitre en cours- le fichier- la calculatrice

► Si le matériel a été oublié plus de 2 fois par trimestre, un travailsupplémentaire me sera donné.

3. LE TRAVAIL A LA MAISON

● Chaque travail demandé à la maison doit être effectué qu’il soit noté ou non.

► Si le travail devant être effectué à la maison n’a pas été réalisé ou oubliéplus de 2 fois au cours du trimestre, un travail supplémentaire me sera donné et si celaperdure cela aboutira à une retenue.

4. APPRENTISSAGE DES COURS

● Pour chaque séance, je dois apprendre le précédent cours. Toute interrogation (écrite ouorale) est possible d’une semaine à l’autre.

Signature de l’élève,

BIBLIOGRAPHIE

Vers une gestion éducative de la classede Jean Archambault et Roch Chouinard

Classes difficiles : des outils pour prévenir et gérer les perturbationsscolairesJean-François Blin et Claire Gallais-Deulofeu

http://www.ccdmd.qc.ca/correspo/Corr5-3/Viau.htmlDes conditions à respecter pour susciter la motivation des élèves de RollandViau. D’après ses travaux de recherche, il explique les dix conditionsnécessaires pour susciter la motivation des élèves.

Stage lors de formation générale « Psychologie de l’adolescence » animé parMr Lecas

Stage lors de formation générale « Animation et dynamisation de la classe »par Mr Daujard

LA GESTION D’UNE CLASSE DIFFICILE

Résumé : Ce mémoire est une réflexion pédagogique face à un problème pédagogiquerencontré au sein d’une classe difficile. Après la définition de l’analyse d’une classedifficile par le biais réflexions d’auteurs et d’un diagnostic de la classe, ce mémoirepropose quelques solutions pour palier à ces difficultés de classe telles que soutenir lamotivation des élèves, les stratégies d’apprentissage et l’établissement de règles précises.

Mots clés : Difficultés-gérer-engagement-motivation-mémorisation

Informations concernant l’établissement en responsabilité :

Nom établissement : Lycée Raoul FOLLEREAU à NEVERSNiveau : classe de 1ère