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_____________________________ Tito ORLANDI La documentation en Patristique copte 1 1. Définition Pour situer le secteur de la patristique copte dans le domaine générale de la patristique, il faut avant tout discuter brièvement la valeur précise de l’adjectif "copte", qui n’est pas employé d’une manière univoque. 2 Comme on le sait depuis longtemps, le terme vient de la langue égyptienne 3 à travers le grec (aijguvptio"), l’arabe (qubt/qibt), et le latin de la Renaissance (Cophti, Cophtitae, plus tard Cop-). Au temps de la conquête de l’Égypte, les arabes l’ont employé pour désigner les habi- tants de l’Égypte, indépendemment, semble-t-il, de toute différence re- ligieuse, mais en oppositions aux "Rum/Rom", les byzantins. Du point de vue religieux, il y avait les coptes chrétiens et les coptes non chrétiens (cf. Histoire des Patriarches, p. 232); et entre les chrétiens, les "chalcedoniens" (qui plus tard prenderont aussi l’appellation de "melkites") et les "théodosiens". Dans le Moyen Age, comme les chal- cedoniens étaient presque absents, et l’Église chrétienne d’Égypte était toute "théodosienne", le terme "copte" a été employé pour désigner cette dernière. À l’époque de la Renaissance, quand les sa- vants européens commençaient a s’interesser à la situation égyptienne, les "cophtitae" étaient donc la minorité chrétienne de l’Égypte musul- 1. Nous donnerons dans les notes les références à la documentation plus directement significative. Comme nous touchons des sujets très généraux, qui auraient démandé la signalation d’une littérature trop vaste, il faudra toujours se réferer à la Coptic Bibliography du Corpus dei Manoscritti Copti Letterari (cf. infra, dernière édition, Rome, CIM, 1993). 2. Sur toute la question cf. Martin KRAUSE, Coptological Studies, in Aziz S. ATIYA, The Coptic Encyclopedia, NewYork etc., Macmillan, 1991, vol. 2, p. 613-616. Cf. Pierre Du BOURGUET, Les Coptes, Paris, PUF, 1988 (2e éd. corrigée, 1989), = Que sais-je? 2398; Idem, Une assimilation abusive: copte = chrétien (d’Égypte), in: Actes XXIX Congr. int. Orientalistes, Orient Chrétien, 1975, p. 11-17. 3. H.t k? Pth, cf. W. VYCICHL, Dictionnaire étymologique de la langue copte, Louvain, Peeters, 1983, p. 5.

La documentation en Patristique copteorlandi/pubbli/copto074.pdf · 2003-09-01 · réferer à laCoptic Bibliographydu Corpus dei Manoscritti Copti Letterari (cf.infra, dernière

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Tito ORLANDI

La documentation en Patristique copte1

1. Définition

Pour situer le secteur de la patristique copte dans le domainegénérale de la patristique, il faut avant tout discuter brièvement lavaleur précise de l’adjectif "copte", qui n’est pas employé d’unemanière univoque.2

Comme on le sait depuis longtemps, le terme vient de la langueégyptienne3 à travers le grec (aijguvptio"), l’arabe (qubt/qibt), et le latinde la Renaissance (Cophti, Cophtitae, plus tard Cop-). Au temps de laconquête de l’Égypte, les arabes l’ont employé pour désigner les habi-tants de l’Égypte, indépendemment, semble-t-il, de toute différence re-ligieuse, mais en oppositions aux "Rum/Rom", les byzantins. Du pointde vue religieux, il y avait les coptes chrétiens et les coptes nonchrétiens (cf. Histoire des Patriarches, p. 232); et entre les chrétiens,les "chalcedoniens" (qui plus tard prenderont aussi l’appellation de"melkites") et les "théodosiens". Dans le Moyen Age, comme les chal-cedoniens étaient presque absents, et l’Église chrétienne d’Égypteétait toute "théodosienne", le terme "copte" a été employé pourdésigner cette dernière. À l’époque de la Renaissance, quand les sa-vants européens commençaient a s’interesser à la situation égyptienne,les "cophtitae" étaient donc la minorité chrétienne de l’Égypte musul-

1. Nous donnerons dans les notes les références à la documentation plusdirectement significative. Comme nous touchons des sujets très généraux, quiauraient démandé la signalation d’une littérature trop vaste, il faudra toujours seréferer à la Coptic Bibliography du Corpus dei Manoscritti Copti Letterari (cf. infra,dernière édition, Rome, CIM, 1993).2. Sur toute la question cf. Martin KRAUSE, Coptological Studies, in Aziz S.ATIYA, The Coptic Encyclopedia, New York etc., Macmillan, 1991, vol. 2, p.613-616. Cf. Pierre Du BOURGUET, Les Coptes, Paris, PUF, 1988 (2e éd.corrigée, 1989), = Que sais-je? 2398; Idem, Une assimilation abusive: copte =chrétien (d’Égypte), in: Actes XXIX Congr. int. Orientalistes, Orient Chrétien, 1975,p. 11-17.3. H.t k? Pth, cf. W. VYCICHL, Dictionnaire étymologique de la langue copte,Louvain, Peeters, 1983, p. 5.

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mane, et leur ancienne langue, ancore employée dans la liturgie, futappellée copte.

Dans la terminologie scientifique contemporaine, en tenant comptede cette évolution, je crois qu’il est opportune de continuer à employerle terme "copte", plutôt que son équivalent étymologique "égyptien",dans la linguistique, l’histoire de l’Église, l’art, l’archéologie, etc. del’Égypte chrétienne, mais il faut consciemment lui donner un sens unpeu différent dans les différents domains. Pour ce qui nous concerne,la patrologie copte devrait couvrir l’ensemble des oeuvres écrites enlangue copte, qui pourtant sont strictement liées aux oeuvres du mêmecaractère, écrites dans les mêmes periodes et souvent par les mêmespersonnes en langue grecque, et ensuite en langue arabe.4 On peutrassembler toutes les oeuvres littéraires, écrites en copte, sous le do-maine de la patrologie, parce qu’elles sont toutes de caractère re-ligieux chrétien.

Il faut toutefois faire attention à la distinction et aux relations entrela coptologie en générale et la patristique copte. La coptologie commediscipline scientifique indépendante est de formation assez récente.Elle s’est développée d’abord comme une partie de l’Égyptologie,av ec la philologie, histoire, littérature, religion, archéologie, et démo-tistique égyptiennes, pour s’affranchire et se former une individualitéprécise. Cette individualité est caractérisée surtout par la chronologie,dans le sense qu’elle comprend (p.ex. à différence de la démotistique)toutes les disciplines mentionnées, pour l’époque après le IIe sièclep.C..

La patristique copte est donc en un sens une partie de la coptologie,parce que la coptologie est très penchée sur le versant religieux, etd’autre part la patristique copte est encore plus liée à la linguistique, àl’archéologie, à la papyrologie, etc., que ne le sont les autres domainesde la patristique (latine, grecque, syriaque, etc.), a cause des particu-larité de l’Égypte "copte" e du développment historique de ses études.

4. Cf. Martin KRAUSE, Coptology, in: Aziz S. ATIYA, The Coptic Encyclopedia,cit., vol. 2, p. 616-618; Idem, Die Disziplin Koptologie, in: R. McL. WILSON (ed.),The Future of Coptic Studies, p. 1-22, Leiden, Brill, 1978 = Coptic Studies 1, p.1-22; Idem, Die Koptologie im Gefüge der Wissenschaften, ZAS 100 (1974)108-125; Tito ORLANDI, La patrologia copta, in: A. QUACQUARELLI (ed.),Complementi interdisciplinari di Patrologia, p. 457-502, Roma, Citta Nuova, 1989;Idem, The Future of Studies in Coptic Biblical and Ecclesiastical Literature, in: R.McL. WILSON (ed.), The Future of Coptic Studies (cit.), p. 1-22.

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2. Histoire des études

a) La compétence copte

Les études sur la littérature, et plus en général sur la langue et lacivilisation coptes ont une leur préhistoire, un debut qu’on pourraitconsiderer comme officiel, et un debut proprement scientifique. Lapréhistoire remonte aux efforts linguistiques des anciens savants del’Égypte byzantine et arabe, qui sont attestés par les rares documentslinguistiques byzantins (listes de mots en deux ou trois langues, tra-ductions verticalisés, etc.), et puis par les "scalae" qui aidaient l’étudede la langue copte par les arabophones.5

Encore, nous pouvons prendre en considération le travail des sa-vants coptes qui entre le VIIe et le IXe siècles ont recueilli et systéma-tisé les oeuvres de la littérature, en ajoutant de longs titres qui com-prénaient plusieurs renseignements sur l’auteur, l’occasion, et le con-tenu. Ce travail peut être considéré comme un premier esquisse d’his-toire de la littérature (et donc de la patristique) copte, même si mal-heureusement il témoigne plutôt de l’imagination des savants que deleur connaissances, et a donné lieu à beaucoup d’erreurs chez les sa-vants occidentaux du XIXe et XXe siècles.6

b) Les débuts des études en Occident

Au contraire, les oeuvres de linguistique furent très utils aux sa-vants occidentaux, quand ils se trouvèrent à étudier les premiersmanuscrits coptes parvenus en Europe. Ce fut quand l’Église deRome s’efforça de commencer un processus de réunion de toute laChétiéneté au Concile de Florence (1439-1443), et invita aussi unedélégation de l’Église copte, que fut envo yé par le patriarche Jean XI(1427-1452).7 Le chef de cette délégation était André, abbé desmonastères d’Antoine et de Paul près de la Mère Rouge, qui laissa en

5. Adel SIDARUS, Bibliographical Introduction to Medieval Coptic Linguistics,BSAC 29 (1990) 83-85; Idem, Coptic Lexicography in the Middle Ages, in: R. McL.WILSON (ed.), The Future of Coptic Studies, cit., p. 125-142.6. Cf. Tito ORLANDI, Patristica copta e Patristica greca, Vetera Christianorum 10(1973) 327-341.7. Cf. Petro B. T. BILANIUK, Florence, Copts at the Council of, in: The CopticEncyclopedia (cit.), vol. 4, p. 1118-1119.

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cadeau pour le Pape Eugène IV soixante codices copto-arabes etarabes, pour la pluspart liturgiques, qui en 1450 furent introduits dansla Bibliothèque du Pape, et ont constitué le plus ancien fond copte dela Bibliothèque Vaticane, et partant de toutes les bibliothèqueseuropéennes.8

Il semble toutefois que la présence de ces codices n’ait eu deconséquences immédiates pour les études.9 Le premier entre les hu-manistes qui prit en considération la langue copte fut probablementJules-César Scaliger (1484-1565), qui aurait eu l’intention de publierle Psalter dans la version copte, avec les autres langues connues. Maisle premier à prendre réellement connaissance de la langue fut proba-blement Leonardo Abela (m. à Rome en 1605). Jean-Baptiste Raimon-di (1540-1610), qui aurait voulu imprimer une Bible en dix langues, ycompris l’égyptien (copte), ne parvint pas a méner son projet à conclu-sion.

Le début d’une vraie activité scientifique rémont à 1616, quandPietro della Valle recueilli d’autres manuscrits copto-arabes enÉgypte, que furent immédiatement étudiés par Tommaso Obicini dansle but de produire une grammaire de la langue copte. Mais il ne réussipas non plus à la compléter avant sa mort.10

Plus ou moins en la même période (ca. 1620-30), à Paris, NicholasPeiresc (1580-1637) essaya d’acquérir par un certain nombre d’in-termédiaires des manuscrits en langue copte. En effet, surtout grâceaux efforts du Père Agathange de Vendôme11 beaucoup de manuscritscoptes furent ajoutés à la collection de la Bibliothèque Royale (main-tenant Nationale) de Paris. Peiresc alors invita Claude Saumaise

8. Giorgio LEVI DELLA VIDA, Ricerche sulla formazione del più antico fondo deimanoscritti orientali della Biblioteca Vaticana, Città del Vaticano, 1939 = Studi eTesti, 92. Enrico CERULLI, Eugenio 4o e gli Etiopi al Concilio di Firenze nel 1441,Acc. Lincei Rend. ser. 6. 9 (1933) 347-68.9. Pour toute l’histoire des études coptes reste indispensable Étienne MarcQUATREMÈRE, Recherches critiques et historiques sur la langue et la littérature del’Égypte, Paris, 1808; Étienne Marc QUATREMÈRE, Mémoires géographiques ethistoriques sur l’Égypte, Paris, 1811, 2 vol. - On verra aussi Warren R. DAWSON,Eric P. HILL, Who Was Who in Egyptology, London 1972; et les article sur laCoptic Encyclopedia, cit.10. Arnold van LANTSCHOOT, Un précurseur d’Athanase Kircher: Thomas Obiciniet la Scala Vat. copte 71, Louvain, 1948 = Bibl. du Muséon, 22.11. Oleg V. VOLKOFF, À la recherche de manuscrits en Égypte, Le Caire, 1970 =Recherches d’archéologie de phil. et d’hist. 30, p. 41 sgg.

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(1588-1653) à étudier la langue copte, mais l’initiative n’aboutit a riende concret; toutefois ce fut le même Peiresc qui recommandaAthanase Kircher auprès du Pape de Rome, pour continuer le travailinachevé de Tommaso Obicini.

La première grammaire occidentale de la langue copte fut précise-ment l’oeuvre d’Athanase Kircher (1602-1680), et fut publiée en1636.12 Elle est conçue sur l’exemple des grammaires copto-arabes,mais finalement ouvre la route pour l’étude scientifique de cettelangue. De ce moment l’étude du copte s’impose comme un domainerestreint mais important de l’étude du Christianisme, et sera cultivéeen tous les centres européens les plus actifs, comme Rome, Paris, Ox-ford, Berlin. L’intérêt porta surtout sur la langue, la liturgie, et laphilologie biblique, comme rien d’autre pouvait être tiré de la scarcedocumentation sur la quelle on pouvait compter jusq’au début duXIXe siècle.

Le travail de l’école d’Oxford fut alimenté par le fonds demanuscrits rassambé par Thomas Huntington (1637-1701),13 étudié etcatalogué par J. Marshall. Les études coptes furent encouragés parl’évêque Fell à travers Thomas Edward. Mais celui qui profita de ceterrain favorable pour produir des réels travaux fut le prussien DavidWilke (1685-1745; le nom est aussi transformé Wilkius et Wilkins),qui après des voyages en France et en Italie s’établi à Oxford et publiale Nouveau Testament (1716) et le Pentateuchus (1731) enbohairique.14 Plus tard, le polonais Charles G. Woide (1725-1790), luiaussi résident à Oxford après des longs voyages en Europe, prépara lepremier recueil de fragments sahidiques de la Bible, qui fut publiépostume (1799), avec une dissertation sur les versions bibliques encopte.15

Berlin à cette époque ne posseda pas beaucoup de manuscrits, etMathurin La Croze-Veyssière (1661-1739; considéré le meilleure sa-vant de l’époque) travailla sur les copies fournies par son correspon-dent Paul Ernest Jablonski (1693-1757). Il ne reussi pas à preparer une

12. Athanasius KIRCHER, Prodromus coptus sive aegyptiacus, Roma, 1636.13. Joannes URI, Bibliothecae Bodleianae Codicum Manuscriptorum Orientalium...Catalogus, Pars Prima, Oxford, 1787.14. David WILKINS, Novum Testamentum Aegyptium vulgo Copticum, Oxford,1716; Idem, Quinque libri Moysis Prophetae in lingua Aegyptia, London, 1731.15. Charles Godfrey WOIDE, Appendix ad editionem Novi Testamenti Graeci,Oxford, 1799.

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oeuvre complète et cohérente pour la publication, mais les manuscritsqu’il laissa à sa mort, traitant de la grammaire et du vocabulairecoptes, témoignent d’une connaissance profonde et scientifique de lalangue, et servirent comme base pour les travaux des savantspostérieurs, tels Woide et Champollion.

Paris, qui pourtant (comme nous avons dit) possédait de nombreuxmanuscrits, fut plutôt le centre d’une école d’études historiques quelinguistiques. Iohannes Vansleb (Wansleben, m. 1679), dans ses mul-tiples voyages en Égypte, recueilli un certain nombre de manuscrits,même très importantes, déposés à la Bibliothèque Royale (Nationale),qui lui permirent de publier son Histoire.16 Plus tard Eusèbe Renaudot(1646-1720), puisant dans les mêmes manuscrits, publia une HistoriaPatriarcharum Alexandrinorum Iacobitarum (Paris, 1713), et la celèbreLiturgiarum Orientalium Collectio (Paris, 1716).

c) Les premières grandes découvertes (XVIIIe-XIXe s.)

Nous avons laissé l’école romaine qui travaillait avec le mêmegenre de manuscrits copto-arabes, surtout liturgiques, qui formaient ladocumentation pour les études coptes en toute l’Europe. Ce fut alorsque de nouveaux découvertes devaient changer la situation.

Le Pape Clément XI envo ya en Égypte en 1715 Joseph Assemani,un chrétien syrien maronite, dont la famille était déjà en contact etroitav ec Rome, où il fut attaché à la Bibliothèque Vaticane. Il devait, entreautre, acquérir de manuscrit orientaux anciens, et en effet il retourna àRome avec un bon nombre de magnifiques codices coptes sur par-chemin, qui restent les plus précieux témoins du dialect bohaïriqueclassique. Ils provenaient de la bibliothèque du fameux Monastère deSaint Macaire en Nitrie.17

Leur contenu est très varié: ils comprennent plusieurs textesbibliques de l’Ancien et du Nouveau Testament, plusieurs textesliturgiques au sens strict, textes homilétiques, et vies de saints. Leurinterêt fut tôt reconnu, quand les traditions des Églises orientales com-mencèrent à être étudiées scientifiquement.

La fav eur dont ces textes ont joui auprès des editeurs est due au fait

16. Johann Michael WANSLEBEN, Histoire de l’Église d’Alexandrie fondée par S.Marc, que nous appelons celle des Jacobites-Coptes d’Égypte, Paris, 1677.17. Renseignements dans: A. HEBBELYNCK, A. van LANTSCHOOT, CodicesCoptici Vaticani Barberiniani Borgiani Rossiani, Roma, 1937, 1947.

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qu’ils sont complets, et partant pouvaient être considerés chacuncomme une unité bien determinée, à l’opposé de ce qui se passe pourles fragments qui commencèrent à atteindre l’Europe à partire du1778, provenant de la bibliothèque du Monastère Blanc. Ce monastèreavait été le centre le plus importante de la culture copte sahidique,mais à l’époque il était presque inconnu, et le fragments portés au Car-dinal Borgia par ses envo yés etaient de provenance incertaine.18

Il arrivait que les bédouins, qui venaient au Caire du Sud del’Égypte, avec ces fragments d’anciens livres, dont ils avaient désor-mais appris la valeur vénale, vendirent différents parties à différentscollectionneurs, comme, outre les envo yés du Cardinal Borgia,l’anglais Woide et l’italien Jacopo Nani, et plus tard à Robert Curzon,Herny Tattam, et Constantin Tischendorf. Il arriva aussi que GeorgeZoega e Luigi Mingarelli, qui preparèrent à la fine du XVIIe siècle detrès bons catalogues des collections de Borgia et de Nani, ignoraientqu’ils étudiaient parfois des fragments d’un même codex.

Ce fut le hazard qui porta à la découverte du répositoir dumonastère, où restaient encore environ trois quarts des codices, par G.Maspero en 1883.19 Av ec l’aide de Revillout, il acheta la plupart dumatériel pour la Bibliothèque Nationale de Paris; mais pendant lestractatives beaucoup de fragments arrivèrent par voies différentes àLondres, Vienne, Leyde, Berlin, et autres lieux encore.

Il faut retourner au début du XIXe siècle, pour signaler deux événe-ments de different signifié, mais de la même grande importance, pourle developpement des études coptes: le déchiffrement des hieroglypheségyptiens, et l’arrivée à Turin des codices coptes sur papyrus collec-tionnés par Bernardino Drovetti.

Le déchiffrement des hieroglyphes donna la preuve définitive que lecopte était le dernier stade de l’ancienne langue égyptienne, et étantmieux connaissable des stades antérieurs surtout a cause de la graphiede type grec, qui enrégistrait les voyelles, pouvait fournir un aide im-portant pour approfondir l’étude des stades précédents. Commeconséquence, les étudiants furent portés à considérer la coptologiesimplement comme une branche mineure ou auxiliaire de l’égyptolo-gie, qui venait d’être fondée, et concentraient leur attention sur les

18. Henry HYVERNAT , Introduction [à un article de Porcher], Revue d’Égyptologie1 (1933) 105-116.19. Gaston MASPERO, (Recensione a: J.-B. CHABOT, Inv entaire sommaire...),Revue Critique 41.2 (n.s. vol. 64) (1907) 321-323,

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textes de l’ancienne réligion et civilisation, que le copte aidait à mieuxconnaître, en la détournant du contenu des textes coptes eux mêmes.

Comme pour ironie, en même temps la bibliothèque de papyrus ar-rivée à Turin montrait pour la première fois quelle était réellement laculture de l’Égypte chrétienne vers le VIIIe siècle, soit du point de vuede la production libraire, soit du choix des textes, soit de leur fonctionculturelle et liturgique.

Les papyrus furent envo yés à Turin vers 1820 par Luigi Drovetti,qui ne donna aucune indication sur leur provenance.20 Ils contenaientdes textes homilétiques et hagiographiques, écrits dans la période VI-Ie-IXe siècles, et le savant qui les accueilli, Amedeo Peyron, s’em-pressa d’apprendre le copte pour les publier, et il fit tant de progrèsqu’on lui doit le premier dictionnaire et la première grammaire scien-tifiques de la langue copte.

Malheureusement, après les soudaines enthusiasmes de Peyron, quidu reste, à cause de la manque de renseignements sur les rapports en-tre la paléographie greque et copte, surestimait l’antiquité desmanuscrits, la collection restat plus ou moins négligée jusqu’à l’édi-tion publiée par Francesco Rossi.21

On peut donc attribuer à cette période le début d’une dangereuseséparation entre ceux qui s’intéressent à la linguistique copte (et égyp-tienne), négligeant le contenu des textes, et ceux qui s’intéressent àl’aspect réligieux des textes, négligeant la précision linguistique etphilologique, bien qu’elle devrait être nécessaire à leurcompréhension.22 Une conséquence de cette situation a été aussi l’in-suffisant intérêt pour le côté littéraire, qui à son tour a empêché uneévaluation correcte de la langue copte.

En effet, la fausse supposition qu’il y avait très peu d’oeuvres orig-inelles en copte a déterminé le choix des versions bibliques comme

20. Tito ORLANDI, Les papyrus coptes du Musée Égyptien de Turin, Le Museon 87(1974) 115-127.21. Francesco ROSSI, I Papiri copti del Museo Egizio di Torino, Torino, 1887-1892,2 voll., 10 fascicoli; Idem, Un nuovo codice copto del Museo Egizio di Torino, AttiAccademia dei Lincei V 1 (1893) 3-136. L’édition est, pour ses temps, de grandevaleur, pace Robert ATKINSON, On Professor Rossi’s Publication of South-CopticTe xts, Proceedings of the Royal Irish Accademy III 3 (1893-6) 24-99. Cf. TitoORLANDI, Rassegna di Studi Copti 5, Vetera Christianorum 17 (1980) 131-152.22. Hans Jacob POLOTSKY, Egyptology, Coptic Studies and the EgyptianLanguage, J. D. RAY (ed.), Lingua Sapientissima, p. 5-21, Cambridge, Faculty ofOriental Studies, 1987.

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documentation prioritaire pour les études. Le seule Chenuté était con-nu comme auteur originel en langue copte, mais le mauvais état de latradition manuscrite de ses oeuvres décourageait une étude systéma-tique. Partant on privilegiait une perspective historique qui colloquaitle copte "classique" vers le Ve siècle, tandis que selon mes recherchesil doit être colloqué plutôt entre le VIe et le VIIe siècle. On peutajouter que l’attention portée surtout sur la part "historico-structurelle"de la langue, et à son dérivation de l’ancien égyptien, déterminait lanégligence vers la structure syntactique de la langue copte vivante, etaussi, nous croyons, à une méconnaissance des vrais rapports avec legrec.

En tout cas, pendant le XIXe siècle les études de grammaire pro-gressaient très rapidement, mais pour ce qui concerne les étudeslittéraires e la publication de textes nous pouvons mentionner seule-ment les oeuvres de Paul de Lagarde et Eugène Revillout, qui travail-laient sur les papyrus de Turin, parceque peu de manuscrits furentdécouverts et portés en Europe en cette période.

Parmi eux, dignes de mentionne sont surtout les fragments de 22codices de papyrus, en sahidique, achetés en 1846 à Thèbes par le col-lectionneur anglais Anthony Charles Harris23 et transcrits par ArthurDes Rivières. Ils contiennent de textes bibliques, liturgiques,homilétiques, et hagiographiques, qui pour la plupart attendend encoreune édition scientifique.

Revenant aux manuscrits du Monastère Blanc, qui offraient unebonne documentation pour l’histoire de la littérature copte, mais mal-heureusement des textes pour la pluspart incomplets, les conclusionsqu’on en tirait à propos de leur valeur littéraire (et par conséquencepatristique) etaient plutôt négatives et décourageantes. On peut men-tionner les travaux de Von Lemm, d’Amélineau, du jeune Crum; etpeu après, de Lefort. Ils ont tous travaillé avec assiduité sur les frag-ments du Monastère Blanc, et aussi sur d’autres fonds mineurs; et con-temporanément Balestri et Hyvernat publiaient finalement beaucoupde codices hagiographiques provénant de S. Macaire. Plus tard De Vispublia beaucoup de codices homilétiques de ce même fonds.

d) Histoire de la littérature et documnetation manuscrite

23. Cf. Bentley LAYTON, Catalogue of Coptic Literary Manuscripts in the BritishLibrary Acquired Since the Year 1906, London, 1987, p. xxxiii-xxxiv.

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Les études sur l’histoire de la littérature copte ont suivi la série deces découvertes, et donc les progrès dans la connaissance de la docu-mentation. Toutefois, de tout ce travail ne sortit pas encore un dessinréel du developpment historique de la littérature copte, ni surtout uneconscience de l’extension du matériel textuel originel, en comparaisonav ec les traductions.

Après quelque tentative par Amélineau, qui fit sur l’hagiographie,et aussi sur d’autres aspects de la littérature copte comme les textesmonastiques, des observations critiques trop sévères et parfois his-toriquement peu fondées,24 les seules études qu’on pourrait prendre enconsidération se rangent sous le domaine de l’érudition, même trèsimportantes comme ceux de Von Lemm et Crum, qui seront pursuiviespar Lefort et autres, et auront leur couronnement dans le long articlesur la littérature copte de O’Leary,25 qui toutefois ne contient aucunevrai observation critique.

En 1907 une étape fondamentale fut marquée par JohannesLeipoldt,26 qui s’efforça de trouver dans la documentation une lignede developpement historique, sur l’exemple de l’histoire des littéra-tures classiques, et en partie de la patristique. L’essai de Leipoldt estencore précieux mais il montre qu’on ne pouvait pas comprendre, àcette époque, les péculiarités du developpement de la littérature copte.Selon le dessin qu’il en trace, Chenute et Besa (IVe-Ve siècles)réprésenteraient le sommet, mais aussi le stade finale de la littératurecopte. À la même époque il pense qu’on doit attribuer non seulementles traductions des textes grecs authentiques, mais aussi toutes les fal-sifications hagiographiques et homilétiques, si nombreuses dans lesmanuscrits coptes.

La conséquence de cette idée fut que les patrologues traitèrent avecun certain dédain la généralité de la littérature copte, produite d’un mi-lieu dont le niveau culturel se serait révélé si modeste. Si personne necontradisait pas aux affirmations de Leipoldt, qui devenaient une sorte

24. Émile Clément AMELINEAU, Les Actes des Martyrs de l’Église copte, Paris,1890; Idem, Monuments pour servir à l’histoire de l’Égypte chrétienne aux IVe, Ve,VIe et VIIe siècles. Paris, 1888, 1895, 2 vols. = MMAFC 4.25. Evans De LACY O’LEARY, Littérature copte, in: Dict. d’Arch. Chrét. et deLiturgie 9.2, p. 1599-1635, Paris, 1907-39.26. Johannes LEIPOLDT, Geschichte der Koptischen Litteratur, in: C.BROCKELMANN (etc.) Geschichte der Christl. Litt. des Orients, p. 131-182,Leipzig, 1907.

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de "conventional wisdom" pour la littérature copte, le fait même qued’autre part personne n’essayait pas de les developper et approfondirav ec la documentation qui devenait plus copieusement disponible, de-montrait que la position de Leipoldt était du moins stérile.

En effet on venait de faire pendant tout le XIXe siècle une séried’importantes decouverts, qui toutefois, pour les raisons que nousavons essaié de tracer, ne purent pas diriger les intérêts des chercheursen la direction d’un nouvel dessin global de la littérature copte.

Une intéressante trouvaille fut l’hereuse conséquence des fouillesménées sous la direction de Flinders Petrie en 1907 dans les ruines duMonastère de apa Apollo à Bala’iza: il s’agit d’un grand nombre defragments sahidiques du plus haut intérêt, rangeant du IVe jusqu’auVIIe siècle. Il trouvèrent un digne éditeur seulement dans les années’40, en la personne de Paul Kahle,27 qui en prit l’occasion pour affron-ter des problèmes fondamentaux de la langue et de la littérature copte,et faire des observations d’importance capitale, qui pourtant restaientsur un plan non systématique.

Encore aux fouilles de Flinders Petrie à Qau el Kebir, en 1923,nous devons la découverte d’un codex presque complet en papyrus, duIV siècle, contenant l’Évangile de Jean en dialecte lycopolitain, quidonna des precieux renseignemnt sur ce "nouveau" dialecte.28 Toute-fois, autres importants découvertes de cette période ont été faites pardes chercheurs clandestins, et notamment deux entières bibliothèquesmonastiques en deux regions très éloignées entre elles. La clandes-tinité de la trouvaille et les rapports particuliers que les chercheurs en-tretiennent avec les antiquaires des grandes villes rendent moins cer-tains les renseignements sur le codices, mais la substance des chosespeut être considérée réelle.

La première trouvaille se verifia en 1907 près de la cité d’Edfou, àune centaine de kilomètres Nord d’Assouan. Il s’agit d’une trentainede codices en très bon état de conservation, chachés vers le XII siècledans les murs d’enceinte d’un monastère dedié à S. Mercurius, quicontenaient textes bibliques, liturgiques, homilétiques, et ha-giographiques, en sahidique et aussi en langue nubienne et grecque.29

Les codices, acquis par E. A. Wallis Budge, fûrent portés au British

27. Paul E. KAHLE, Bala’izah. Coptic Texts from Deir el-Bala’izah in Upper Egypt,London, 1954, 2 vols.28. Herbert THOMPSON, The Gospel of St. John According to the Earliest CopticManuscript, London, 1924.

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Museum de Londres (quatre furent acquis par la P. Morgan Library deNew York), et le même Budge prit soin de leur édition, qui, cas excep-tionnel et méritoire, demanda l’espace relativement bref de cinqannées.30 Cette édition avait cetainement beaucoup de défauts, maispermit des enormes progrès dans la connaissance de la littératurecopte.

L’autre découverte eut lieu dans le Fayoum (ca. 1911), et mis en lu-mière une cinquantine de codices sahidiques sur parchemin, cachésver le XII siècle et retrouvés eux assi presque intacts. Ils furent achetéspar l’americain J. P. Morgan pour sa collection de New York, maisaussi ils furent complètement réproduits dans une édition pho-tographique en fac-simile qui fut donnée à une dizaine de biblio-thèques dans lo monde.31 Malheureusement l’édition scientifique futbeaucoup plus lente, et encore presque un tiers des oeuvres est encoreinéedite, bien que leur contenu soit connu par les spécialistes. Il s’agitencore de textes bibliques, liturgiques, homilétiques, et ha-giographiques, en sahidique, qui donnent une idée encore plus com-plète de la littérature copte.

Autres manuscrits, retrouvés singulièrement, mais dignes de men-tion par leur importance furent: le codex dit "de Cheltenham", au-joud’hui à la Bibliothèque Bodmérienne de Genève, avec des textesmonastiques, surtout du milieu pachômien (sahidique, VII siècle);32

deux manuscrits de la British Library (OR 5000 et 5001), conténantles Psaumes et un recueil d’homélies (sahidique, VII siècle);33 unmanuscrit de la British Library (OR 7597), conténant des textesbibliques (sahidique, IVe siècle).34 Tout ce matériel est édité et bienconnu depuis longtemps.

29. Cf. Bentley LAYTON, Catalogue of Coptic Literary Manuscripts in the BritishLibrary Acquired Since the Year 1906, London, 1987, p. xxvii-xxx.30. Tito ORLANDI, Les manuscrits coptes de Dublin, du British Museum et deVienne, Le Muséon 89 (1976) 323-338,31. Henry HYVERNAT , A Checklist of Coptic Manuscripts in the Pierpont MorganLibrary, New York, 1919. Idem, Bibliothecae Pierpont Morgan Codices CopticiPhotographice Expressi, Roma, 1922, 56 Voll. - Un catalogue par L. Depuydt estmaintenant sous presse.32. Walter Ewing CRUM, Der Papyruscodex Saec. VI-VII der Phillipps-Bibliothekin Cheltenham. Koptische theologische Schriften, Strassburg, 1915, = Schriften derWiss. Gesellsch. in Strassburg, 18.33. Ernest A. Th. WALLIS BUDGE, Coptic Homilies in the Dialect of Upper Egypt,London, British Museum, 1910.

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Les restes d’une autre bibliothèque monastique, provénant dumonastère d’apa Ieremias à Saqqara, furent achetés par M. ChesterBeatty en 1924, et sont maintenant dans la Chester Beatty Library deDublin et à Chicago.35 Les quatre codices, très bien conservés, appar-tiennent à la fin du VI siècle, sont en sahidique, et contiennent lesActes des Apôtres, les Epîtres de St. Paul, les Psaumes, et l’Évangilede Jean. Ils sont tous très bien publiés.

Aux années ’30 et ’40 remont la découverte de codices manichéens(Medinet Madi) et gnosticizants (Nag Hammadi), dont nous faisonsseulement une briève mention, comme ils sont traités ailleurs dans cerencontre.

Un premier pas vers une nouvelle appréciation de la littératurecopte fut méné par Louis Lefort36 mais d’une façon encore approxi-mative, et une perspective non correcte, surtout sur la valeur de la bib-lithèque du Monastère Blanc, que pourtant il contribua beaucoup àvaloriser. Dans son article "La littérature égyptenne aux dernierssiècles...", il aborda les problèmes suivants: la survivance de la littéra-ture égyptienne comme prélude à la littérature copte; la continuité dela littérature copte jusqu’à l’invasion arabe; la signification du change-ment de l’écriture des hiéroglyphes et du démotique au copte; la fonc-tion des manuscrits tardifs (synaxaires bohairiques); la fonction dusahidique comme langue littéraire et non dialecte. Malheureusementles idées de Lefort furent assez peu connues, sauf par les spécialistes,et surtout ne soulevèrent pas de discussion.

La plus récente "grande" découverte de manuscrits rémont à 1948.Le lieu et la date de la découverte et son exacte consistence sont en-core soumis à douts et polémiques, qui peut-être ne trouveront jamaisune solution définitive.37 Sans entrer dans les détails, il est toutefoissur que la bibliothèque comprenait de textes en trois langues, grec,copte, et latin, qui étaient soit bibliques, soit apocryphes, soithomilétiques, soit "paiennes" (p.ex. Ménandre ou Thucidide). Les

34. Herbert THOMPSON, The Coptic (Sahidic) Version of Certain Books of the OldTestament, London, 1908.35. Herbert THOMPSON, The Coptic Version of the Acts of the Apostles and thePauline Epistles in the Sahidic Dialect, Cambridge, 1932; William H. WORRELL,The Proverbs of Solomon in Sahidic Coptic According to the Chicago Manuscript =Chicago Univ. Or. Inst. Public., 12, Chichago, 1931.36. Louis Th. LEFORT, Littérature bohairique, Le Muséon 44 (1931) 115-135;Idem, La littérature égyptienne aux derniers siècles avant l’invasion arabe, CDE 6(1931) 315-323; Idem, Athanasiana Coptica, Le Muséon 69 (1956) 232-241.

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codices remontent aux IIIe et IVe siècles. Ils ont été presque com-plètement publiés.

La dernière description de caractère générale de la littérature copte(avant nos études) rémont à 1952 (et 1970), et ne contient que peu denouveautés.38 Sigfried Morenz voulait attribuer une certaine valeur àcette littérature en soutenant que les traductions sont à tous les effaitspartie d’une littérature. Il affrontait avec une certaine ampleur leproblème du début et surtout des rélations avec le milieu judaïqueégyptien. Il passait en revue les textes bibliques, les apocryphes, lesRègles de Pachome, Chenuté, les traductions patristiques, les textesgnostiques et manichéens. Mais il ne se distinguait pas de Leipoldtpour la chronologie, et attribuait au VIIe siècle seulement les "ro-mans" et la poésie liturgique.

On peut encore signaler les intéressantes études de C. Detlef G.Müller sur certains aspects de la littérature copte,39 qui pourtant neparviennent pas à proposer une ligne du devéloppement historique.

3. Condition actuelle des études

Actuellement le champs de la patrologie copte souffre de la sépara-tion, plus ou moins conscient, de la part des chercheurs, en troissecteurs, dont les spécialistes ne se soucient plus que tant de traverserles limites, quand ils traîtent leur problèmes. Il s’agit de (1) la littéra-ture gnostique (ou pretendue telle) et manichéenne; (2) la littérature"proprement dite"; (3) la littérature monastique. Il est vrai que chacunde ces secteurs present des problèmes parfois très différents, surtout àcause des liens avec des différentes réalités, disons, extérieurs. Les

37. Cf. James M. ROBINSON, The Pachomian Monastic Library at the ChesterBeatty Library and the Bibliothèque Bodmer, Claremont CA, Institute for Antiquityand Christianity, 1990 = Occasional Papers 19; et l’introduction du même à: JamesE. GOEHRING, The Crosby-Schöyen Codex Ms 193 in the Schöyen Collection,Leuven, Peeters, 1990 = CSCO 521 = Subsidia 85. Différente opinion: RodolpheKASSER in: Coptic Encyclopedia, cit., vol. 7, p. 48-53.38. Siegfried MORENZ, Die Koptische Literatur, in: B. SPULER (ed.) Handbuchder Orientalistik, I.2, (I ed. p. 207-219, II ed. p. 239-250), Leiden, Brill, I ed. 1952,II ed. 1970.39. C. Detlef G. MULLER, Die alte koptische Predigt, Versuch eines Überblicks,Heidelberg, 1954; Idem, Einige Bemerkungen zur "Ars Praedicandi" der altenkoptischen Kirche, Le Muséon 67 (1954) 231-270; Idem, Die Engellehre derkoptischen Kirche, Wiesbaden, 1969.

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textes gnostiques sont considérés à travers leur relation avec la réalitélittéraire et doctrinale du Christianisme du IIe siècle. Les textesmanichéennes sont naturellement considérés à l’intérieur de l’histoirede cette vaste mouvement réligieux. La littérature monastique est étu-dié surtout sous trois aspects complémentaires: la critique des sources,l’histoire, et la spiritualité. En tous les trois cas la littérature monas-tique est considérée un peu comme indépendant des autres genres delittérature.

Pour toutes ces raisons la littérature copte est souvent considéréecomme ce qui reste après l’exclusion des textes sous-mentionnés,plutôt qu’un ensemble de textes avec un leur caratère linguistique,formel, et historique. On oublie souvent que les quatre secteurs dontnous parlons sont au contraire liés par leur appartenence au même mi-lieu socio-culturel et religieux, à l’intérieur duquel a joué toute unesérie de facteur soit littéraires, soit historiques, soit ecclésiastiques.

On peut essayer de rappeler içi quels sont selon nous les principauxde ces facteurs, et l’influence qu’ils ont exercé sur la formation et ledeveloppement de la littérature copte. À l’origine (IIe-IIIe siècles) ilfaut placer plusieurs milieus à la fois culturelles et religieux: l’Églisechrétienne "hiérarchique" d’Égypte, les Judées égyptiens, les courantsgnostiques, les prêtres des temples de l’ancienne réligion. Tous con-tribuèrent à la naissance de la langue et de la littérature coptes, et aussià la variété de textes (normalement traduits du grec) qu’on y trouve, età la multiplicité de règles orthographiques et grammaticales qui car-actérisent la langue ancienne.

La naissance du monachisme est probablement à la base de la pro-duction de textes originaux en lange copte (Hiéracas?, Antoine?,Pachôme, Paul de Tamma, etc.) et de leur subdivision en deux lignesbien différenciés, qui reflechait la subdivision entre origenistes (plusou moins extrémistes) et "asiatiques" à l’interieur de l’Église égypti-enne. Le grand personnage qui conclut cette époque fut Chenouté.Après le rupture avec les autres Èglises, suivie au Concile de Chal-cedoine (451) les textes furent surtout de caractère historique etpolémique, comme la situation de l’Église copte ne permettait pas unevie liturgique et culturelle qui portait à produire textes homilétique"normaux".

Ce fut un peu plus tard, vers la fin de la domination byzantine chal-cedonienne, et précisement à l’époque du patriarche Damien(578-607), que les auteurs coptes produirent de textes adaptés à une

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vie écclésiastique pacifique, qui en même temps contribuaient à car-actériser la tradition et la spiritualité d’une Église proprement copte.Av ec l’invasion arabe ce travail continua alacrément et efficacement,mais vers la moitié du VIIIe siècle les auteurs durent passer (disons) àla clandestinité, comme évidemment il n’était plus possible de pro-duire ouvertement oeuvres littéraires d’inspiration chrétienne. Lesprincipaux caractères de ces oeuvres sont: leur groupement en un cer-tain nombre de "cycles" legendaires, dans lesquelles certaines person-nages apparaissent constamment; et un fond de polémique anti-arabeplus ou moins déguisée.

Finalement, vers le IXe siècle, les écoles de scribes des couventsrassamblèrent les textes qui avaient une utilité immédiate, surtoutliturgique, et formèrent de groupements selon l’utilisation dans le fes-tivités, en ajoutant des longs titres qui r´esumaient le contenut et don-naient d’autres indications littéraires et historiques, pour la pluspartforgées.

L’étude de la patrologie copte reste difficile a cause de la dispersionde la documentation. Il n’existe pas dans le domaine du copte unecollection standard, telle la Patrologia de Migne ou les Sources Chréti-ennes pour les auteurs grecs et latins. On peut toutefois citer: Patrolo-gia Orientalis, Corpus Scriptorum Christianorum Orientalium, Sub-sidia Hagiographica (Société des Bollandistes), Bibliothèque d’ÉtudesCoptes (Inst. d’Arch. Française au Caire), Textes et Documents (So-ciété d’Archéologie Copte), Corpus dei Manoscritti Copti Letterari,Testi e Documenti per lo Studio dell’Antichità - Serie copta, Papyro-logica Castroctaviana, Cahiers d’Orientalisme, et la Series Apoc-ryphorum du Corpus Christianorum.

Beaucoup de textes, même assez longues (homélies entières) ontété publiés dans les journaux, qui publient aussi les essais surproblèmes de littérature (patristique): Journal of Coptic Studies, En-choria, Orientalia Lovaniensia Periodica, Vetera Christianorum, LeMuséon, Orientalia, Oriens Christianus, Zeitschrift für ÄgyptischeSprache, Bulletin de la Société d’Archéologie Copte, Bulletin del’IFAO, Analecta Bollandiana, Augustinianum, Vigiliae Christianae.

Pour la documentation sur la littérature (patristique) sont impor-tants aussi les Actes de Congrès souvent dédiés a ce thème (entreautre): les Congrès périodique de l’Association Internationale d’étudescoptes, la Koptologische Arbeitskonferenz de Halle, les Journées

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d’études coptes de Paris, la Patristic Conference d’Oxford, et les In-contri di studiosi dell’antichità cristiana de Rome.

Tout récemment a été publié une grand Encyclopédie dédiée aumond copte. On y trouvera une quantité de renseignements concernantles oeuvres patristiques, hagiographiques, et monastiques; et aussi leslignes de développement de la littérature copte40 selon les idées quej’ai exposé çi dessus. On verra aussi, pour une bonne documentation:Lexikon der Aegyptologie, Theologische Real-Enzyklopädie, Diction-naire de Spiritualité, Dizionario Patristico.

La situation concernant les editions de textes est très peu satis-faisante. Si d’une part nous avons maintenant une liste assez complètedes oeuvres de la littérature (patristique) copte (cf. infra, CMCL),beaucoup manquent encore d’une édition, et beaucoup d’éditions sontà manier avec circospection. Il arrive surtout que de nouvelles décou-vertes de manuscrits donnent une idée plus précise de l’état d’un texte,qui avait déja été publié: attribution, comblement de lacunes, etc.

Mais ce qui est plus déconfortant est l’énorme masse de fragmentsqui attendent d’être identifiés, soit pour ce qui concerne le contenu,soit pour leur éventuelle appartenence a un codex, dont d’autres frag-ments se trouvent ailleur dans la même collection ou dans collectionsdifférents. Il faut reconnaître que beaucoup de coptologues ont con-sacré leur efforts à cette tâche (Von Lemm, Crum, Lefort, Garitte, Or-landi, Lucchesi), mais beaucoup reste à faire, et probablement beau-coup de textes intéressants restent encore, disons, oubliés.

En ce qui concerne les monographies, nous avons déjà mentionnéla manque d’une Histoire de la littérature copte mise à jour des résul-tats de la recherche après l’essai de Leipoldt. Mais aussi, il n’arrivepas souvent qu’un livre soit dédié à un auteur ou à un problèmegénérale de la littérature copte, et non à la publication ou traduction detextes.

Certains outils de travail ont été toujours un point fort des étudescoptes, surtout en comparaison avec les autres littératures de laChrétienté orientale. On avait des listes de collections de manuscrits41

40. A. S. ATIYA (ed.), The Coptic Encyclopedia (cit.). Cf. les articles Literature,Coptic; Hagiography; Cycles.41. Evans De Lacy O’LEARY, Primary Guide to Coptic Literary Material, London,1938; Jean SIMON, Répertoire des bibliothèques publiques et privées contenant desmanuscrits coptes, Le Muséon 44 (1931) 137-151.

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et recemment est paru le répertoire de Emmel42

Le travail bibliographique était commencé par des listes publié parGuidi, Crum, et Gaselee.43 En 1950 fut publiée la splendide CopticBibliography par W. Kammerer,44 qui reste toujours valide, pour lesannées jusqu’à 1948. Elle fut continué d’une manière excellente par J.Simon sur la revue Orientalia, à partir de 1940, jusqu’à 1966 (ladernière année en collaboration avec Quecke). Après la morte de J. Si-mon, la continuation fut entreprise, seulement pour quelques années,par P. du Bourguet (dernière année 1976) et contemporanément par A.Biedenkopf sur la revue Enchoria (1967-1979). Pour la bibliographieactuellement publiée, selon de critères tout-à-fait nouveux, cf. CMCL,infra.

Les catalogues de manuscrits sont de valeur très différente, et cou-vrent assez peu de collections. On passe de la situation trè difficile deParis (Chabot, Delaporte; Boud’hors, Lucchesi) à la situation mêmetrop riche de la British Library (Crum, Layton).45

Un instrument pour le passage des vieilles méthodes de documenta-tion aux nouveaux instruments fournis par la moderne technique estconstitué par le CMCL. Le Corpus des Manuscrits Littéraires Coptes,fondé en 1979, est une entreprise patronnée par l’Union AcadémiqueInternationale, qui à pour bout de recueillir et diffuser tout sorte d’in-formation rélative aux manuscrits coptes littéraires et aux oeuvresqu’y sont copiées. Au début il consistait d’un recueil de photographiesde manuscrits (qui est maintenant plus ou moin complet) et d’un fichi-er sur papier avec les listes des collections, des manuscrits avec leurcontenu, des oeuvres et auteurs de la littérature copte, et de la bibli-ographie. Les moyennes de diffusion des informations devaient être

42. Stephen EMMEL (ed.), An International Directory of Institutions HoldingCollections of Coptic Antiquities Outside of Egypt, Roma, CIM, 1990.43. I. GUIDI, M. GUIDI, in: RSO 1 (1907) 152-157, 2 (1908-9) 111-119, 3 (1910)138-153, 4 (1911-2) 153-162, 6 (1914-5) 235-252, 8 (1919) 012-028; Walter E.CRUM, Coptic Bibliography, Egypt Exploration Society, Archaeological Report,1890-1909; Idem, Bibliography, Christian Egypt, JEA 4 (1917) 47-57, 5 (1918)201-215; Stephen GASELEE, Christian Egypt, Eg. Expl. Soc. Arch. Report1909-1912, JEA 1 (1914) - 3 (1916).44. Winifred KAMMERER (et Alii), A Coptic Bibliography, Univ. of MichiganGeneral Libr. Public. 7, Ann Arbor, Univ. of Michigan Press, 1950.45. Cf. dans la Coptic Bibliography la section Manoscritti-Collezioni, et Orlandi,Future of Studies (cit., note 4) p. 160-2.

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l’impression sur papier, et la microfiche (bibliographie, catalogues decollections, éditions préliminaires).

Pendant les années ’80, avec la diffusion des instruments informa-tiques, la méthode de travail dans le CMCL est changée profonde-ment. La microfiche et l’impression ont conservé un rôle très restreint(respectivement réproduction des manuscrits et édition de textes),mais la totalité des donnés a été transporté sur support magnétique etleur exploitation et diffusion sont organisées à partir des possibilitésoffertes par l’ordinateur.

On a ainsi conçu un système de banque de donnés qui tient comptesoit de l’aspect général des problèmes, donc des liens étroits à main-tenir entre oeuvres, manuscrits, et bibliographie, soit de la place parti-culière que chaque information doit conserver, à côté des informationsde la même qualité: identification du contenu, auteurs littéraires, cata-logues, description paléographique, reconstitution des codices, etc.Quatre sujets générales ont été individués: auteurs et oeuvres (préfigu-ration d’une "clavis coptica"); manuscrits; transcription et encodage detextes (préfiguration d’une archive de textes pour diffusion téléma-tique); bibliographie. À l’interieur de ces sujets, plusieurs fichiers(dans le sens informatique) rassemblent les différents donnés:

Clavis: la clavis est fondée sur les fichiers conténant les donnés rélat-ifs:

aux auteurs de la littérature copte, à leur vie (chronologie etc.), àleur identification (souvent ils sont des personnages non vraiment ex-istés), aux problèmes que soulève le travail de traduction en copte,s’ils sont de langue grecque.

Aux oeuvres de la littérature copte, à leur identification (souvent ils’agit de fragment), aux manuscrits qui les transmettent, au contenu,aux leur problèmes.

À la littérature copte elle mème, à son périodisation, aux caractéris-tiques des ses différents phases de développement.

Manuscrits: l’archive des manuscrits contient les fichiers conténant ledonnés sur:

les collections de manuscrit, leur histoire, les catalogues publiés.Chacun manuscrit classifiable comme une individualité, dans les

collections (codices plus ou moins entiers, fragments, groupe de frag-ments homogènes), et son éventuelle publication.

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Les codices reconstitués à partir de fragments dispersés dansdifférent collections.

Archive des textes: les textes complets mémorisés avec procédé elec-tronique. À présent peu de textes sont disponibles.

Bibliographie: cf. supra.

Le tout est traité avec les instruments à disposition dans le systèmed’exploitation (operating environment) Unix, qui permettent de réunirles donnés voulus selon differents paramètres, pour les nécéssités dumoment. Ce choix a été conseillé par le qualité de portabilité qui car-actérise Unix et tous les projets qui sont implémentés sur ce système.Pour cette raison, d’autre part, les fichiers sont aisément trasportablesdans la plupart des "data base management systems" relationnels,actuellment disponibles (Oracle, Informix, etc.).

4. Perspectives

Le travail du CMCL est aujourd’hui a considerer surtout commeune serie d’experiences qui ont abouti a quelques resultats concrets etutilisables (banque de donne, bibliographie, edition et indicisation detextes), mais qui plus encore ont demontre l’opportunite d’employerlargement les instruments de l’informatique dans le domaine de lacoptologie en gene ral, et de la documentation patristique copte en par-ticulier. Il faut maintenant proceder d’une maniere plus massive, etpeut-être plus methodique, sur la route tracee par le CMCL et autresinitiatives.

Pour ce qui concerne ces dernieres, ils peuvent etre groupes endeux categories. D’une part les recherches sur les dialectes coptes parde moyennes statistiques46 d’autre part la production de "polices"(jeux de caracteres) coptes pour l’edition de textes, qui a souleve des

46. Fritz HINTZE, Eine Klassifizierung der koptischen Dialekte, in: Studien zuSprache und Religion Ägyptens (Misc. Westendorf), Göttingen, 1984, p. 411-425;Wolf-Peter FUNK, How Closely Related Are the Subakhmimic Dialects?, in: W.GODLEWSKI (ed.), Coptic Studies. Acts of the Third Int. Congr. of Coptic Studies,Warsaw, 20-25 Aug. 1984, Warszawa, 1990, p. 117-118; Id., Koptische Isoglossenim Oberägyptischen Raum. 1 ESCE "Wenn" etc., ZAS 112 (1985) 19-24; 2, ZAS113 (1986) 103-114; 3, 4, ZAS 114 (1987) 45-54.

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importants problemes de codage.Pour ce qui concerne le CMCL, nous croyons en effet que le travail

realise jusqu’ici prefigure la situation dans laquelle vont s’inserer enun future plus ou moins prochaîne les etudes de patrologie copte. Eten particulier: le recueil, l’exploitation (analyse), et la diffusion desdonnes (y compris les textes) a travers les ressources informatiques ettele matiques.

Naturellement, c’est toujour difficile deviner ce que le futur va nousapporter; mais plusieurs developpements peuvent etre considere scomme inevitables. En premier lieu, l’impression comme moyen dediffuser l’information (y compris les textes) cedera beaucoup enfaveur de la tele matique. Les livres auront toujours importance, macomme produits assez raffines ou l’auteur pourra reunir en tres belleforme une masse d’observations critiques sur un sujet ou sur un texte.Ce que les coptologues, comme les autres orientalistes, considerent letravail de base pour la connaissance dex textes (transcription soignee,comparaison entre les manuscrits, traduction, description grammati-cale) sera plutot de pose dans les banques textuelles, interrogeables di-rectement.

La meme procedure sera privilegiee dans le domaine de la docu-mentation de base, qui aujourd’hui se fait par les catalogues et lesrepertoires, surtout parce que les informations seront continuellementmises a jour, alors que les produits libraires "arretent" la situation al’annee de la publication, et deviennent en bref depasses.

Encore, les donnes offerts par l’informatique peuvent etre elaborespar ceux qui les saisissent en maniere individuelle, pour des bouts queles auteurs du recueil parfois n’imaginent pas.

Les previsions sont donc tres interessantes, mais afin que ces multi-ples possibilites de rechercher soient exploitees au mieux, on doit s’ef-forcer a tout prix d’etablir une standardization. Cette necessite ne posepas beaucoup de problemes pour les banque de donnees soit bibli-ographiques, soit catalographiques ou litteraires; plus difficile sera letravail pour la memorisation des textes.

La solution consiste dans la standardisation non pas du codage, dis-ons, direct des textes, mais d’un langage qui sert a decrire le codagememe. Deja une initiative, qui s’occupe de textes en toutes leslangues, la Text Encoding Initiative, est en train de fournir ce langage.Et pourtant, elle ne sera pas suffisante, si les utilisateurs continueront ae tre obsessionne par l’exemple du travail prece dent, qui consistait

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dans la reproduction d’un texte par moyen de l’impression. Il faudratenir bien separes les deux moments de la saisie d’un texte (choix desphenomenes a coder, et choix d’un code pour chaque phenomene), etde l’eventuelle sortie sur papier (ou, qui est le meme, sur un ecraingraphique).