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    La cration artificielle

    de la vie

    par des chercheurs htrodoxes

    Marc HALLET

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    Le prsent ouvrage est disponible, gratuitement, sur internet.

    Lauteur en conserve nanmoins tous les droits juridiques.

    On peut le contacter via son site : www.marc-hallet.be

    CHEZ LAUTEURLige - Belgique - Fvrier 2014

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    La cration artificielle

    de la vie

    par des chercheurs htrodoxes

    Marc HALLET

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    INTRODUCTION

    Selon ce quen pensent les savants daujourdhui, cest il y a 15 20 milliards dannes

    que se produisit une grande explosion (a big bang, en langue anglaise) qui donna naissance

    notre Univers. Parler dune explosion est une mauvaise ide, car une explosion, cest

    proprement parler une raction chimique qui, au dpart dune ou de plusieurs substances, produit

    un gaz, dont le volume est si grand quil engendre une dispersion formidable quon appelle le

    souffle. Or, au moment du big bang, il ny avait pas encore de matire et donc pas

    dexplosion possible. Le mot jaillissement serait-il plus appropri ? Peut-tre, car il voque

    quelque peu une sorte de source occulte jusque-l et do serait sorti tout ce qui a ensuite donn

    naissance notre Univers. Mais peut-tre limage dune source ou dun jaillissement sont-

    elles tout aussi fausses que celle dune explosion car une source jaillit de quelque part et ce qui

    la constitue existait au pralable, bien qutant jusque-l masqu...

    A dire vrai, les premiers instants de lUnivers restent encore une nigme. On ne possde

    des quasi certitudes que pour ce qui sest pass aprs linstant zro, sil est correct de parler

    dinstant zro propos dun vnement stant produit alors que le temps lui-mme nexistait pas

    encore.

    Peu peu, selon des mcanismes encore trop mal connus, la matire qui tait jusque-l

    relativement peu diversifie, se rassembla en units de plus en plus grandes. Ainsi se formrentles premires toiles au coeur desquelles une formidable compression donna lieu des ractions

    nouvelles de fusion nuclaire. Cest au coeur des toiles et en plusieurs gnrations dentre elles,

    que beaucoup dautres lments nouveaux furent crs. Longtemps on a cru que tous les atomes

    existaient dans lUnivers avant que se forment les toiles ; mais lon sait dsormais quau

    contraire ce sont les toiles qui engendrrent la plupart des atomes qui sont rpertoris dans le

    systme priodique des lments, ce fameux tableau de Mendeliev que connaissent tous les

    lycens.

    Ainsi, il est absolument vrai de dire que les toiles sont les matrices ou les mres de

    nombreux corps clestes et de tous les tres vivants qui peuvent se rencontrer dans la nature.

    Parmi la bonne centaine dlments crs durant la vie et la mort dune grande quantit

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    dterminants : lhydrogne, le carbone, lazote, loxygne et le phosphore. Sous linfluence des

    chocs et de divers rayonnements mis par les toiles (toujours elles), ces atomes se combinrent

    entre eux dans lespace et formrent bientt des molcules. Les premires furent trs simples

    4 3comme le mthane (CH ) ou lammoniac (NH ). Puis elles devinrent de plus en plus complexes.

    On dnombre dsormais plus de 120 molcules rpandues dans lespace dont des hydrocarbures

    ou des alcools. Un nuage de gaz situ au centre de notre galaxie contient mme du glycolaldhyde2 4 2(C H O ) qui peut conduire la formation du ribose, lequel est un des constituants qui mne

    lARN et lADN.

    En fonction dune srie de processus logiques et rigoureux, les chanes molculaires ne

    cessrent pas de grandir et de se complexifier selon ce quil serait erron de considrer comme

    un plan pr-tabli ou un schma prdtermin. Daucuns croient en effet constater du

    dterminisme dans ce qui ne fut, en fait, quune sorte de fatalit physico-mathmatique dcoulant

    dun nombre incalculable dessais dont seuls les rsultats vraiment utiles furent conservs et

    exploits par ce que, faute de mieux, il faut bien appeler la nature.

    Ainsi apparut la vie sur notre plante, rsultat dune volution physico-chimique qui dura

    des milliards dannes.

    Il est videmment tentant de croire que le mme processus se droula partout dans

    lUnivers et quen consquence la vie doit abonder l o les conditions favorables son

    dveloppement sont runies. Mais beaucoup de chimistes et de biologistes estiment que le

    nombre de conditions rassembler afin que la vie puisse apparatre est si lev que celles-ci

    navaient pratiquement aucune chance de se trouver runies en un endroit de lUnivers. Une

    chance extraordinaire a donc fait quelles furent runies dans notre systme solaire en cet endroit

    que nous appelons la Terre. Notre monde serait donc, selon ces savants, le seul sur lequel la vie

    soit apparue. (1)

    Lapparition de la vie fut donc un processus trs long et dont lextrme complexit nest

    apparue qu mesure que nos connaissances scientifiques saccrurent. En remontant le temps, on

    peut donc rencontrer des conceptions beaucoup plus simples que celles que je viens de rappeler

    en quelques mots. Cest ainsi quil fut une poque o la vie paraissait rgie par des mcanismes

    si simples quil semblait possible de la crer et, en quelque sorte, de se substituer ainsi la nature.

    Des recherches en ce sens furent menes. Et le plus tonnant, cest quon crut souvent quelles

    avaient eu dheureux aboutissements !

    Ce sont ces recherches, menes par de simples amateurs ou des savants htrodoxes, que

    je vais brivement rappeler dans les pages qui vont suivre. Elles appartiennent une catgorie

    particulire de lhistoire des sciences, trop souvent nglige, voire oublie. Mon ambition nest

    pas de dresser un historique complet de ces recherches qui ont suscit une multitude de

    publications et de controverses. Je souhaite simplement en offrir un rapide aperu destin des

    non spcialistes que lhistoire des sciences et des ides intresse.

    REFERENCES :

    1) FELDEN (M) :Et si lhomme tait seul dans lUnivers ?, Paris, Grasset, 1994 SHAPIRO (R) :Lorigine de la vie, Paris, Flammarion Col. Champs, 1994

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    CHAPITRE I

    Une dfinition de la vie

    Avant de parler des tentatives de cration dtres vivants au dpart de matire non vivante,

    il nest pas inintressant de tenter de donner une dfinition de ce quest prcisment la vie.

    Et vous allez voir que ce nest pas si simple !

    Ouvrez donc quelques dictionnaires et voyez ce qui y est dit au mot vie. Surprise : nulle

    part vous ne trouverez une dfinition scientifique de ce qui pourrait caractriser le phnomne

    vivant. Il vaut donc mieux se tourner vers des auteurs et des ouvrages plus spcialiss.

    Flix Le Dantec qui tait Charg de cours la Facult des sciences de Paris, a crit en

    1920 Un tre vivant est un espace limit dans lequel se passent certaines choses dans certaines

    circonstances. Jen dirai autant dun caillou. (1)

    A lpoque, il nexistait donc pas une dfinition prcise de ce qutait un tre vivant. Et

    aujourdhui ? Eh bien il nen existe pas davantage. Tout au plus peut-on dire quun tre vivant

    est avant tout une structure plutt quune chose (car les cellules dun organisme se remplacent

    les unes les autres au fil du temps), structure la fois stable mais capable dvoluer et qui possdedes mcanismes de maintien et de reproduction lidentique. Certains chercheurs envisagent

    cependant de crer des machines sophistiques qui pourraient rpondre cette dfinition

    puisquelles auraient la facult non seulement de se rparer elles-mmes, mais aussi de se

    rpliquer. Il sagirait en fait de ces fameux rplicateurs si chers aux fans de Stargate. Notre

    dfinition de la vie doit donc tre complte. Le mieux est dajouter que le mcanisme de

    maintien seffectue au moyen dchanges nergtiques et que le mcanisme de reproduction est

    fonction dun modle stock dans une structure chimique complexe dite ADN.

    Une telle dfinition, qui nexistait pas encore comme telle avant que lon dcouvre lacide

    dsoxyribonuclque (ADN ), permet dsormais de faire clairement la diffrence entre le vivant

    et le non vivant. Or, la frontire entre les deux ne fut pas toujours nettement tablie, on le verra

    plus loin.

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    Mais mme encore aujourdhui cette frontire reste quelque peu floue. En effet, selon les

    meilleures dfinitions des tres vivants que lon peut proposer actuellement, les virus sont certes

    des entits biologiques, mais ils nappartiennent pas encore au rgne vivant car ils sont contraints,

    pour se rpliquer, de trouver une cellule vivante qui leur servira dhte. Bien sr, ils ne sont pas

    non plus de simples substances chimiques complexes par nature dnues de vie. Tout un dbat

    scientifique existe donc quant la manire dont il convient vraiment de les considrer et de lesclassifier.

    Ce dbat pourrait cependant bientt rebondir et sannoncer comme bien plus complexe

    quon ne le pensait jusqu prsent....

    En effet, en 1993, Robert Folk, un gologue de lUniversit du Texas, Austin, dclara

    avoir dcouvert dans des roches, les fossiles de minuscules sphres dotes dune paroi cellulaire

    et de projections filamenteuses leur surface. Ces sphres taient plus petites quaucune bactrie

    connue jusqualors puisquelles ne dpassaient pas 200 nanomtres. Curieusement, cette

    dcouverte passa pratiquement inaperue. Jusquen 1996 du moins, date laquelle des chercheurs

    de la NASA annoncrent avoir dcouvert dans une mtorite les restes fossiliss dune minuscule

    forme de vie. Deux ans plus tard, nouveau rebondissement : des chercheurs finlandais

    prtendirent avoir isol de semblables structures dans diverses substances organiques. En raison

    de leur taille, elles furent donc dfinitivement nommes nanobactries. La controverse

    sorienta cette fois sur un point prcis : avait-on, oui ou non, pu extraire du matriel gntique

    de ces structures ? Dans un premier temps, les finlandais affirmrent que oui. Puis on souponna

    une contamination. Enfin, des chercheurs de lUniversit dAix-Marseille-II dmontrrent que

    ces sphrules ne contenaient absolument pas dacides nucliques. Il ne sagissait donc pas

    proprement parler dorganismes vivants et donc de bactries. En revanche, ils contenaient bien

    des substances organiques comme par exemple de la ftuine, une protine contenue dans le sang

    humain. Les chercheurs estimrent donc quils taient autoriss rebaptiser ces structuresnanons mais ne sengagrent pas vraiment pour dire o les classer par rapport aux organismes

    vivants et aux virus. Il faut ajouter ceci quon souponne dsormais ces nanons dtre pour

    quelque chose dans la calcification des artres ou la formation des calculs rnaux.

    Mais alors que ces nanons ne peuvent pas encore tre clairement classifis, voil quon

    annonce galement la dcouverte des nanobes dont la taille ne dpasserait pas 50 nanomtres

    et qui auraient t dcouverts, en 1996, dans des roches par Philippa Uwins de lUniversit du

    Queensland. A la diffrence des prtendues nanobactries ou nanons, les nanobes ne

    possdent pas de paroi cellulaire : ce sont des sortes de filaments qui grandissent un peu comme

    des fougres ou des algues et finissent par coloniser la surface de rochers frachement briss.

    Au moment o jcris ces lignes, on ne sait toujours pas trs bien ce que sont les nanobes

    et les nanons. Et pour ne rien arranger, pas mal dauteurs semblent les confondre alors quils

    semblent tre trs diffrents puisque les premiers nont pas de paroi cellulaire et grandissent

    tandis que les autres ont une paroi mais nont jamais t signals en train de grandir. (2)

    REFERENCES :

    1) LE DANTEC (F), Science et conscience, Paris, Flammarion, 1920, p. 14

    2) Voir les nombreuses pages internet consacres ce sujet

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    CHAPITRE II

    Lhomunculus des alchimistes

    Il fut un temps, pense-t-on, o les premiers hommes ne comprenaient rien au processus

    de la fcondation. En ces temps reculs, la femme tait considre comme une desse car elle

    seule pouvait donner la vie, lacte sexuel passant alors pour un simple moyen de calmer les

    ardeurs. Puis, le rapport entre lacte sexuel et la fcondation devint de plus en plus vident et les

    hommes crurent comprendre que ctaient eux qui apportaient aux femmes tout le ncessaire pour

    crer la vie. Du coup, on passa dun systme matriarcal un systme patriarcal et la femme fut

    dsormais considre comme un vase o lhomme spanchait ; vase dans lequel tait parfois

    couv le nouveau-n tout entier contenu dans le sperme de lhomme.

    Cest le hollandais Anton van Leuwenhoek (1632 - 1723) qui inventa le microscope et

    qui, le premier, dcrivit les spermatozodes. Longtemps aprs cette dcouverte importante, on

    imagina encore quun minuscule humain, compltement form, tait tout entier contenu dans la

    tte de chaque spermatozode car on navait pas encore compris le mcanisme de lovulation et

    de la fcondation. Plusieurs chercheurs pourtant srieux, dont Nicolas Hartsoeker, prtendirent

    mme avoir vu un petit tre, accroupi, dans la tte des spermatozodes.

    Bien auparavant, partant des connaissances quils avaient alors, certains alchimistesavaient dj tent de crer artificiellement la vie ou en avaient rv. Le suisse Philippus

    Theophrastus Aureolus Bombastus von Hohenheim dit Paracelse (1493 ou 1494 - 1541) fut le

    plus illustre dentre eux. Paracelse fut la fois mdecin, chirurgien et alchimiste. Il tait dun

    caractre arrogant, critiquait beaucoup ses semblables comme sil tait le seul dtenir certaines

    vrits et il exagrait sans doute beaucoup ses succs. Dans ses nombreux crits, il expliqua quen

    mlangeant du sperme viril (car on pensait encore quil devait exister un sperme fminin) avec

    du sang menstruel et en maintenant le tout une chaleur animale consquente, on pouvait crer

    un homoncule ou homunculus dune douzaine de centimtres seulement mais parfaitement

    conform et quil suffisait ensuite de nourrir pour le conserver en vie. Bien sr, nul ne vit jamais

    Paracelse avec son homunculus ; et pour cause : cette exprience quil dcrivit, il ne prtendit

    jamais lavoir faite ! Il se borna seulement en dcrire le principe tel quil limagina en fonction

    de sa propre logique. Nanmoins, beaucoup crurent et croient encore quil affirma avoir cr un

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    Si certains alchimistes affirmrent quil tait impossible de crer ainsi un homunculus,

    dautres, en revanche, beaucoup moins connus, prtendirent avoir russi lopration en usant de

    mthodes plus ou moins semblables celles dcrite par Paracelse. Il en fut mme qui exhibrent

    de telles cratures dans des flacons de verre ! La plus trange des histoire qui circula ce sujet

    fut celle du comte autrichien Jean-Ferdinand Kueffestein, raconte par son serviteur Joseph

    Kammerer. A en croire ce dernier, en 1773, le comte, assist dun certain abb Gloni, auraitfabriqu dix homunculus des deux sexes qui avaient des personnalits trs diffrentes. Lun tait

    roi, lautre nonne, lautre encore architecte... Au prix doprations compliques dans lesquelles

    entra en compte une sorte dincubation dans du fumier, les tres seraient devenus adultes puisque

    de la barbe aurait mme pouss aux mles. Le comte les aurait prsents la loge franc-maonne

    dont il faisait partie et o ils auraient caus beaucoup dtonnement. Mais la longue les petites

    cratures seraient devenues si capricieuses et acaritres quaprs la mort de labb Gloni, le

    comte les auraient dtruites. Il ne faut videmment voir dans toutes ces affirmations que des

    exagrations ou des mensonges destins donner du prestige ceux qui les profraient..

    Lhomunculus europen avait son pendant dans lalchimie islamique ; ctait le takwin

    qui pouvait tre aussi bien un humain quune plante ou un animal. Ce devait tre, l encore, un

    tre vivant cr artificiellement.

    Toutes ces cratures de laboratoire purement imaginaires ne doivent pas tre confondues

    avec legolemqui appartient en quelque sorte la mythologie ou au folklore hbraque et qui

    relve plutt de la sorcellerie que dexpriences dalchimie. A la manire dont le Dieu de la

    Gense biblique cra Adam en le faonnant dans de largile, legolemaurait t galement une

    crature dargile sculpte limage mme de lhomme et dans laquelle le magicien aurait insuffl

    la vie.

    Lhomunculus et le golem ont enfivr bien des imaginations et donn naissance desromans voire mme, plus rcemment, des jeux videos. Il est cependant inutile de sattarder ici

    leur propos puisquil est bien connu que tous ces tres ne furent jamais que des rveries.

    Pratiques dun autre ge, penseront mes lecteurs. Pourtant...

    Dans les annes 1930, Paris, de nombreuses jeunes femmes se plaignirent davoir t

    agresses dans le mtro. Toutes avaient t piques, sang, dans la fesse ou la cuisse par un objet

    pointu. La police enquta et dcouvrit finalement dans un couloir un long tube mince contenant

    une aiguille ensanglante que le piqueur -comme on lavait surnomm- avait sans doute

    abandonn lors dune fuite prcipite... Quelques jours plus tard, une jeune fille accusa

    formellement un voyageur quon arrta aussitt. Il correspondait aux signalements quon

    possdait dj. Ctait un homme appartenant la trs haute bourgeoisie. Il se justifia en disant

    quil ne pouvait pas laisser sen aller ces jeunes femmes sans avoir recueilli au moins une goutte

    de leur prcieux sang. Puis il sexpliqua : ce sang, il en avait besoin pour ses expriences ; pour

    le mlanger des effluves de semence humaine et, aprs avoir chauff le tout au feu de bois dans

    lobscurit, donner naissance ainsi des cratures larvaires : les ephialtes. Et lhomme dajouter :

    je suis le Matre des Ephialtes. On le fit voir par des psychiatres tandis que diverses

    personnalits intervenaient pour lui et faisaient pression. Il finit chez les fous. Mais tait-ce bien

    l sa vraie place ?

    Le 23 novembre 1968, Maurice Grard se prsenta la gendarmerie de Vic-sur-Seille,affirmant que deux de ses six enfants avaient t enlevs par des inconnus qui voulaient sans

    doute faire pression sur lui pour quil leur rvle ses secrets Les gendarmes allrent alors de

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    surprises en surprises. Ils dcouvrirent que Grard se disait mage et se fait appeler Swami

    Matkormano tandis que sa femme se disait Prtresse Alfeola. Leur vaste maison de Marsal,

    provenant dun hritage, avait t transforme en temple. Cest l, apprendra-t-on plus tard, que

    le mage faisait parler des statuettes oracles. On bascula dun coup dans lsotrisme et la magie

    noire... En dpit de longues recherches, les enfants ne furent jamais retrouvs. Accus

    dinfanticide, le mage de Marsal, comme on la appel, fut mis en prison et son pouse colloquedans un hpital psychiatrique. Maurice Grard fut remis en libert en janvier 1970, trouva une

    place de magasinier Metz et fut rejoint par sa femme un an plus tard. Ils stablirent ensuite

    Paris o la prtresse, sorcire avoue, commena peindre en puisant sa crativit dans les

    forces de la nature.

    Maurice Grard dcda en 1999, emportant dans la tombe le secret de ses enfants disparus

    et de ses statues parlantes...

    REFERENCES :

    LERNER (M-P),Alchimie et philosophie la Renaissance, Paris, Vrin, 1993, pp.390-393www.paranormal-encyclopedie.com/wiki/Articles/homonculeMEYRINk (G),Le Golem (ditions diverses)ZIEGLER (G),Histoire secrte de Paris, Verviers, Marabout, 1972, pp. 283-284

    Nombreuses pages Internet sur le Mage de Marsal

    http://www.paranormal-encyclopedie.com/wiki/Articles/homonculehttp://www.paranormal-encyclopedie.com/wiki/Articles/homoncule
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    14/57Frontispice du clbre livre de Pouchet

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    CHAPITRE III

    La gnration spontane

    Quand les humains eurent constat que les animaux avaient besoin de copuler pour

    engendrer des petits, ils continurent cependant longtemps penser que cette rgle comportait

    nombre dexceptions importantes, beaucoup danimaux paraissant natre sans quil y ait eu un

    accouplement. Cela semblait surtout vrai pour les petits animaux comme les souris, les vers ou

    les insectes. On pensait quils pouvaient natre spontanment de la nourriture quils infestaient

    et dvoraient aussitt. Cette croyance errone sexpliquait tout simplement par un dfaut

    dobservation : on navait pas remarqu quune souris tait passe par l pour faire ses petits ou

    quune mouche avait pondu des oeufs lendroit o, un peu plus tard, des quantits dasticots

    ou de mouches taient apparus.

    Peu peu, cependant, des observateurs de gnie mirent un terme ces croyances en

    proposant ceux quils contredisaient ainsi, des expriences simples raliser. Comme par

    exemple dposer un fromage ou de la viande dans une cruche et recouvrir celle-ci dun voile ou

    dun fin grillage laissant passer lair mais pas les mouches ou les souris. Nanmoins, de telles

    expriences taient encore trs imparfaites car les nourritures utilises pouvaient avoir t

    contamines au pralable. Et puis, quand elles ne donnaient ni asticots ni souris, elles ne sen

    recouvraient pas moins de moisissures ou se putrfiaient. La controverse et les expriences furentdonc nombreuses avant quon conclut que si la gnration spontane existait, elle ne pouvait

    sappliquer que dans le monde des trs petits tres vivants. Et les plus petits que lon connaissait

    alors venaient dtre dcouverts grce au microscope...

    Un temps donc, on considra que les bactries et, dune faon gnrale, tous les

    unicellulaires, taient susceptibles dapparatre au sein de matires diverses sans quils eussent

    t engendrs par dautres qui les avaient prcds dans les milieux striles en apparence o ils

    finissaient pourtant toujours par pulluler.

    Cest Jean Tuberville Needham (1718-1781) qui parut, le premier, avoir dmontr

    lexistence de la gnration spontane dans des matires putrfiables quon avait pourtant portes

    au pralable lbullition et qui avaient t tenues labri dun ensemencement bactrien

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    question taient fautives : Needham navait tout simplement pas assez chauff ses rcipients et

    des bactries y taient restes vivantes. Needham rpliqua que Spallanzani avait trop chauff,

    dtruisant ainsi une force vgtative que nul ne pouvait voir ou mesurer. Alors dautres

    chercheurs, comme Schwann, Schulze, Schrder et Dusch sen mlrent, inventant chacun de

    nouvelles expriences pour contredire les autres. Finalement, vers 1855, la pseudo force

    vgtative fut considre comme purement imaginaire. Il semblait enfin que la gnrationspontane ne fut plus du tout crdible.

    Mais le 20 dcembre 1858, Pouchet, de Rouen, proposa de nouvelles expriences

    lAcadmie des Sciences de Paris et la controverse reprit de plus belle. Le 30 janvier 1860,

    lAcadmie dcida de lancer un concours (Prix Alhumbert) pour enfin pousser divers chercheurs

    prsenter sur ce sujet des expriences irrfragables et dfinitives. Cest alors que Pasteur, qui

    avait commenc sintresser la question, entra vritablement dans la bataille. Il tait pouss

    par une envie irrsistible de rsoudre des problmes complexes... et peut-tre aussi parce quil

    aimait imposer ses ides aux autres, car ctait un homme de caractre imptueux et difficile.

    Chimiste de formation, Pasteur tait mthodique et ses expriences prsentaient un haut

    niveau de technicit. Pouchet et ses amis, quant eux, taient surtout imaginatifs : plutt que de

    tenter de corriger les failles de leurs expriences que Pasteur mettait en exergue, ils inventaient

    toujours de nouvelles manipulations, confondant comme le font souvent les mauvais chercheurs,

    quantit et qualit. Les mauvais chercheurs loublient toujours : une dcouverte scientifique ne

    se fait pas par une accumulation de donnes douteuses mais bien par une seule dmonstration

    solide. Or, il semble qu force dinventer des quantits de nouvelles expriences pour prouver

    leurs dires, il y eut des cas o les partisans de la gnration spontane finirent par ne mme plus

    raliser pratiquement leurs expriences mais se contentrent den imaginer les rsultats ! Au

    moins un cas flagrant du genre fut point en 1864 par un lecteur de la revue hebdomadaire Les

    Mondes de labb Moigno. On peut donc comprendre en partie le mpris que Pasteur affichait lgard de ses adversaires. Il crivit un jour son pre le fond de sa pense : Je perds mon

    temps leur rpondre, ils ne savent pas exprimenter. Une autre fois, agac par la quantit

    darticles et de livres que ces gens publiaient, il crivit : La gnration spontane nest pas une

    hypothse absurde ; ce qui est absurde, cest de vouloir quelle soit, parce quelle est possible.

    Cette remarque pourrait sappliquer beaucoup de thses mises en avant par ces chercheurs

    parallles qui forment les rgiments de combat des fausses sciences.

    Pouchet fut un habile dialecticien, mais il susa bien plus vite que Pasteur sur le terrain

    de largumentation et de lexprimentation. En revanche, langlais Charlton Bastian qui tait

    professeur danatomie pathologique lUniversity College de Londres, fut un adversaire

    autrement plus redoutable car meilleur exprimentateur. Il sen fallut mme de peu que Pasteur

    essuie devant lui un terrible chec. En effet, si Bastian navait pas pris la mouche lors dun dfi

    public organis Paris et sil navait pas repris aussitt le train pour Londres, Pasteur, pour une

    fois, aurait t convaincu de stre tromp. Ce nest que bien plus tard en effet quil dcouvrit que

    pour viter certaines contaminations, il fallait galement flamber les parois des vases o se

    droulaient les expriences en les portant 180.

    En 1878, alors que Bastian, toujours convaincu davoir raison, stait cependant enferm

    dans le silence, Pasteur crut pouvoir conclure lAcadmie de mdecine : Jai cherch pendant

    vingt ans la gnration spontane, ma conclusion a t que cette doctrine est chimrique.

    Pasteur mourut en 1895. Aprs vingt ans de mutisme, en 1901-1903, Bastian revint sur

    le devant de la scne en publiant un livre intitul St di i h t i dans lequel il redisait

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    sa foi en ses ides quil avait continu, pensait-il, vrifier. Il complta encore ses arguments

    dans un livre paru en 1905 et intitul cette fois The nature and origin of living matter. Il offrit

    ainsi aux savants dalors, loccasion de rechercher l-dedans sil pouvait y avoir vraiment

    quelques arguments srieux capables de renverser les dmonstrations de Pasteur. En octobre

    1910, Bastian prsenta un nouveau Mmoire sur le mme sujet la Royal Society de Londres.

    Mais la conviction dans le milieu scientifique stait faite ; le chercheur htrodoxe fut cette foistrs mal accueilli et son travail fut purement et simplement rejet. Charlton Bastian mourut cinq

    ans plus tard, toujours persuad davoir raison. De juillet 1914 mai 1915, labb Maumus reprit

    les expriences de Bastian ; mais il narriva pas, comme lui, des rsultats positifs. Le sujet parut

    donc enfin dfinitivement clos.

    Ceux qui exprimentrent au sujet de la gnration spontane et qui crurent mme parfois

    lavoir dmontre ne prtendirent jamais avoir cr la vie. Cette formidable controverse ne

    concerne donc pas directement le prsent ouvrage. Il fallait cependant que jen dise un mot pour

    rendre la suite mieux comprhensible, ne serait-ce quen permettant de situer plus clairement les

    vnements dans leur contexte.

    Mon ambition dans le prsent chapitre na donc pas t de retracer par le menu lhistoire

    de la controverse qui porta sur la gnration spontane ni mme et surtout den rvler ses -cts

    qui mriteraient pourtant dtre davantage mis en pleine lumire. On ne sait en effet pas assez que

    Pasteur sinspira beaucoup de ses prdcesseurs et de ses contemporains au point quon a pu,

    parfois, parler de sa part de purs plagiats. On ne connat pas non plus assez ses checs, camoufls

    dsormais pour la plus grande gloire de la science franaise. On a surtout injustement oubli les

    recherches admirables dAntoine Bchamp pill par Pasteur... Bref ; la vritable histoire de cette

    grande controverse reste crire.

    REFERENCES :

    ROSTAND (J),La gense de la vie - Histoire des ides sur la gnration spontane, Patris, Hachette, 1943COSTANTIN (J), Origine de la vie sur le globe, Paris, Flammarion, 1923, pp.158-170ANCELET (E),Pour en finir avec Pasteur - Un sicle de mystification scientifique, Embourg, Marco Pietteur, 1998

    Les Mondes, Paris, mai-aot 1864, pp. 623-627BRIOT (A),Le problme de lorigine de la vie inRevue de Philosophie, Paris, Rivire, vol XVII juillet-dcembre 1910,

    pp. 260-269

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    Une image du clbre film Frankenstein, datant de 1931 et montrant le savant fou dans son laboratoire

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    CHAPITRE IV

    Les docteurs Frankenstein

    Aprs quelle fut dcouverte, llectricit passionna longtemps certains chercheurs qui

    finirent par la voir active en toutes choses. On imagina mme quelle pouvait tre une forme de

    vie ou participer la cration de celle-ci. Dans son clbre roman dpouvante bas sur cette ide

    et paru pour la premire fois en 1818, Mary Shelley omit de donner un nom au monstre qui avait

    t cr grce llectricit. Aussi, le public a-t-il souvent confondu la crature et son crateur :

    le Dr Frankenstein...

    Un modeste physicien britannique, Andrew Crosse, a eu le malheur dtre, lui aussi,

    considr comme un authentique Dr Frankenstein. Voici son histoire...

    Andrew Crosse naquit en 1784. A 12 ans il commena se passionner pour llectricit.

    A peine g dune bonne vingtaine dannes, il se retrouva seul la tte du patrimoine familial,

    sa mre venant de dcder. Jouissant alors dune fortune suffisante, il dcida de faire construire

    dans son domaine de Fyne Court, dans le Somerset, un laboratoire rpondant ses ambitions.

    Cest ainsi quil se dota dune installation capable dattirer la foudre et den utiliser lnergie. La

    superstition aidant, les gens du coin commencrent murmurer que pour jouer ainsi avec le feu

    du ciel cet homme avait sans doute pactis avec le diable...

    Bien que Crosse eut abandonn assez jeune les tudes et ne fut donc quun technicien

    amateur, sa rputation dans le milieu scientifique grandit de plus en plus mesure que ses

    expriences et son quipement se complexifiaient. Cest ainsi quil commena recevoir la visite

    de plusieurs scientifiques de renom et quil fut conduit participer des meetings scientifiques.

    Vint le moment o il se lana dans toutes sortes dexpriences bases sur llectrolyse.

    Il fut alors amen construire un montage dont il esprait quil lui permettrait dobtenir des

    cristaux de gros volume. Pour cela, il relia un morceau de lave des fils lectriques et fit couler

    par-dessus une solution chimique corrosive. Au dbut, il ne se passa rien. Puis, aprs un certain

    temps, un renflement apparut sur la roche. De jour en jour celui-ci se modifia pour peu peu se

    transformer en un minuscule animal dot de pattes. Lorsque ces dernires se mirent bouger,

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    Dessin de lacarus galvanicus ralis de lamain mme dAndrew Crosse

    dans un tel tonnement quil dcida de refaire son exprience avec plus de minutie quauparavant.

    Plusieurs fois ensuite Crosse recommena lexprience en modifiant chaque fois lun ou lautre

    paramtre. Mais le rsultat resta identique. Il considra provisoirement ces animalcules comme

    appartenant la catgorie des acariens mais jugea quil sagissait danimaux nouveaux auxquels

    il donna le nom suivant : acarus electricus. A aucun moment il ne crut vraiment avoir cr des

    tres vivants au moyen de llectricit ; mais il demeura nanmoins incapable de dire do ceux-cipouvaient provenir.

    En dpit des soucis que cette exprience pourrait peut-

    tre lui causer, Crosse dcida quand mme den faire un

    compte-rendu circonstanci quil adressa la London

    Electrical Society. Ce texte, avec ses schmas, fut publi dans

    le numro de janvier-juin 1838 des Annals of Electricity,

    Magnetism and Chemistry et repris ensuite dans le numro de

    janvier 1839 de The American Journal of Science & Arts.

    Cependant, bien avant cela, un journaliste de la Somerset

    County Gazetteentendit parler de ces expriences, peut-tre

    lors dune runion laquelle il assista par hasard sans que

    Crosse devine son identit. Le 4 janvier 1837, sans rien

    demander quiconque, ce journaliste publia linformation

    dans son journal en titrant son article Une exprience

    extraordinaire. Soufflant le chaud et le froid, le sensationnel

    et un apparent sens critique, ce commentateur crut bon de

    suggrer que Crosse avait peut-tre simplement ramen la

    vie des organismes fossiliss. Un lecteur ragit tout aussitt en

    crivant la rdaction du journal pour souligner quel point

    cette dernire suggestion tait fantaisiste. Crosse, de son ct,ragit avec une gale promptitude, disant quon lui avait

    prt des ides quil navait jamais eues et priant chacun

    de nadmettre pour vrai ce sujet que ce qui serait

    publi plus tard sous sa signature.

    Hlas, le mal tait fait. Les esprits senfivrrent

    promptement. Nombreux furent ceux qui accusrent

    Crosse de blasphme pour avoir os se substituer

    Dieu. La rputation sulfureuse quavait dj le

    chercheur dans son voisinage narrangea rien. Il essuya

    des jets de pierres lors de ses promenades solitaires. On

    tenta de mettre le feu chez lui, on tua mme certains de

    ses animaux. On accusa mme ses cratures davoir

    corrompu un champs de pommes de terre. Du coup,

    Crosse senferma chez lui et ne parla plus jamais de ses

    expriences. Il mourut lge de 70 ans, en 1855, l o

    il tait n et avait pass toute son existence.

    En 1979, Peter Haining publia un livre intitulMan who was Frankenstein dans lequel

    il expliqua que Mary Shelley stait inspire dAndrew Crosse et surtout de ses expriences pour

    crer le personnage du Dr Frankenstein. La thse tait absurde puisque le clbre roman de cetteauteure avait t publi bien avant que Crosse ne ralise ses expriences controverses.

    Nanmoins le caractre romantique et romanesque de cette thse plut tellement quelle fut assez

    Descriptif de la premire expriencede Crosse par lui-mme

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    largement adopte. Il nen fallut pas davantage pour que, dans la foule, Nick Redfern, en

    association avec Timothy Green Beckley, publie en 2008 un gros livre intitul cette foisAndrew

    Crosse, Mad Scientist (Crosse, le scientifique fou). Ces deux auteurs pris dovnis et de

    parapsychologie navaient jamais fait preuve de beaucoup de srieux et restaient l gaux eux-

    mmes...

    Mais que stait-il pass au juste au cours des expriences dAndrew Crosse ?

    Rpondant un souhait de la London Electrical Society, un autre exprimentateur

    britannique, William Henry Weekes, refit les expriences de Crosse en les modifiant de telle sorte

    quune pollution extrieure parut impossible. On a dit quil aurait obtenu les mmes rsultats.

    Or, il ne semble pas quil existe le moindre compte-tendu complet de ces nouvelles expriences

    et le doute est donc de rigueur. On a dit de mme en 1837 que Faraday avait lui aussi refait les

    expriences de Crosse et avait obtenu les mmes rsultats ; mais cela parait compltement faux,

    puisque lillustre physicien ne semble avoir fait aucune tentative en ce sens.

    Ntant pas biologiste ou biochimiste, Crosse ne parvint sans doute jamais concevoir

    un protocole exprimental impeccable destin une exprience de biologie ; mais il essaya. On

    ne peut donc lui faire grief davoir sans doute chaque fois laiss subsister des failles dans ses

    expriences. Au moins a-t-il eu lhonntet intellectuelle de parler de rsultats dont il percevait

    lui-mme le ct embarrassant. Un des spcimens quil prleva et mit dans lalcool fut finalement

    transmis un spcialiste (M. Robertson) qui en publia une description prcise dans les Comptes

    Rendus de lAcadmie des Sciences de Paris en date du 13 novembre 1837 ; description qui fut

    reprise ensuite dans le numro de janvier-juin 1838 desAnnals of Electricity, Magnetism and

    Chemistry

    Si lon sen tient au dessin publi la suite de cet examen au microscope, il semble hors

    de doute que la crature de Crosse ntait quun banal acarien trs commun : le glycophagusdomesticus. Comment arriva-t-il l ? Sans doute des oeufs de cet acarien se trouvaient-ils dans

    le morceau de lave utilis par Crosse et durent ils leur closion la prsence dhumidit ou la

    La crature observe par Robertson Glycophagus domesticus

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    chaleur pendant lexprience. Chose remarquable qui na pas t assez souligne : lorsque ces

    cratures tombaient dans le liquide corrosif qui semblait les voir natre, elles en mourraient. (1)

    En 1998, un certain Ryan Creagh lana un appel sur un forum web ddi aux travaux de

    Wilhelm Reich (voir chapitre X). Il y demandait de laide en expliquant quil avait en projet de

    refaire les expriences dAndrew Crosse dans le cadre dun travail scolaire a raliser dans uneHaute Ecole. Je nai malheureusement pu retrouver aucune trace de ce travail qui, selon Creagh,

    allait sans doute lui prendre un an. Comme quoi certaines erreurs ont la vie dure...

    En 1931, le Dr Crile, un chirurgien renomm de Cleveland, faillit avoir la mme

    msaventure que Crosse. Cette fois, ce fut le Chicago Tribune qui lana une information selon

    laquelle, en broyant des tissus provenant de la cervelle dun animal, en y ajoutant certains

    produits chimiques et en traitant le tout par llectricit, ce chercheur avait pu obtenir un tre

    unicellulaire artificiel capable de se mouvoir et de se diviser comme le font les protozoaires. Bien

    que linformation fut reprise telle quelle par certains auteurs non scientifiques avides de

    sensationnel, le milieu scientifique fit trs vite la part des choses et la carrire de Crile neut pas

    en souffrir.

    En fait, Crile et un confrre avaient extrait du cerveau danimaux frachement tus une

    substance huileuse qui, place dans des conditions adquates, prsentait des mouvements

    rythmiques rsultant dune simple action physico-chimique comme la clbre amibe mercurielle

    ou des gouttes huileuses tudies dj par Herrera, Leduc et dautres (Voir chapitre VII). Les

    journalistes, cette fois, avaient cru dcouvrir de la vie l o il ny avait que du mouvement. (2)

    On a plus dune fois crit qu la fin du XVIII sicle, le clbre physicien britanniquee

    John Tyndall fit une exprience qui, par certains cts, rappelle celles dAndrew Crosse. Tyndall

    aurait rempli un tube en verre au moyen de vapeurs dacides et de sels divers puis laurait bascul lhorizontale en lclairant de diverses manires. Il y aurait alors observ des vapeurs colores

    ayant des formes gomtriques ou danimaux et de plantes. Un moment donn, il aurait mme

    vu se former la tte dun serpent en trois dimensions qui souvrit pour laisser chapper une langue

    bifide. Selon Tyndall, il naurait rien manqu lanimal : ni les yeux, ni les cailles. La

    description de cette exprience semble cependant navoir t faite que dans un ouvrage intitul

    Le voile dIsiscrit par la peu crdible fondatrice du mouvement thosophique, Hlna Blavatsky.

    On nen trouve aucune trace ailleurs et surtout pas dansFragment of science, louvrage le plus

    clbre de John Tyndall qui contenait pourtant un long chapitre consacr la gnration

    spontane. (3)

    Dautres chercheurs, moins connus, firent des expriences semblables en utilisant des

    appareils haute frquence et crurent reconnatre au sein des dcharges obtenues dans des

    plasmas gazeux des choses aussi diverses que des plantes, des animaux, ou mme des

    constellations. En 1930, lingnieur Eastman de la Rhodes Electrical Society de Londres

    travaillait avec du matriel haute-tension dans un local sombre lorsquil vit un globe lumineux

    se former autour dun dynamo au centre de laquelle apparut la main dune femme. Son assistant,

    appel aussitt, vit son tour la main mystrieuse. Pendant plusieurs jours ils tentrent de rpter

    le phnomne en variant les paramtres de lexprience et, finalement, il virent ainsi apparatre

    une tte humaine. Dans tous ces cas, cest videmment limagination et un phnomne dauto-

    persuasion qui jourent un rle prpondrant.(4)

    Llectricit fut encore lorigine dautres crations fantastiques...

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    Ds le dbut de lanne 1889, Camille Flammarion publia dans sa revueLAstronomiede

    beaux clichs dtincelles lectriques qui montraient des ramifications qui ressemblaient des

    vgtaux complexes.

    Au dbut du XX sicle, Gustave Lebon, quant lui, offrit dautres types de clichse

    obtenus avec des sries dlectrodes. Cette fois, on croyait discerner des organismes complexes

    composs de cellules assembles entre elles... (5)

    Si les adeptes enthousiastes des photos Kirlian qui ont tant fait parler delles en

    parapsychologie avaient consult ces travaux, ils nauraient videmment pas pu croire que les

    clichs Kirlian montraient les auras des objets ainsi lectriss...

    Des ensembles de cellules semblables peuvent galement tre obtenus en utilisant des

    poudres fines disposes sur des plateaux vibrants. Ltude de ces formes gomtriques constituela cymatique propos de laquelle on trouve des exemples trs remarquables sur internet et plus

    particulirement le site YouTube

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    Toutes ces figures peuvent dsormais tre mieux comprises depuis quon a dcouvert les

    courbes et les surfaces fractales propos desquelles internet offre galement une abondante

    documentation.

    REFERENCES :

    1) CROSSE (C),Memorials scientific and literary of Andrew Crosse, London, Longman, 1857, pp. 353-360 GOULD (R.), Oddities a book of unexplained facts, London, Geoffrey Bles, 1944, pp.117-123 EDWARDS (F), Strangest of all, New York, Signet Book, 1974, pp. 25-28 GARDNER (M),Les magiciens dmasqus, Paris, Presses de la Cit, pp. 136-1372) BEUTNER (R),Lifes beginning on Earth, Baltimore, Williams & Wilkins Cy, 1938, pp. 175-186 MAY (R),Enigmes des mondes, Paris, Ed. De la Pense moderne, 1957, p. 214 La Libre Pense Intgrale, n 54, pp. 9-103) http://www.anomalist.com/features/forgotten.html4) http://journal.borderlands.com/2010/electrical-ghosts/5) LEBON (G),Lvolution de la matire, Paris, Flammarion, 1905, pp. 151-159

    http://www.anomalist.com/features/forgotten.htmlhttp://journal.borderlands.com/2010/electrical-ghosts/http://journal.borderlands.com/2010/electrical-ghosts/http://www.anomalist.com/features/forgotten.html
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    CHAPITRE V

    La radioactivit

    Cest en 1902 que Pierre et Marie Curie achevrent leurs travaux sur le radium et cest

    lanne suivante, dj, quils reurent le prix Nobel pour ceux-ci. La radioactivit tait alors la

    grande dcouverte scientifique du moment.

    Le 21 juin 1905, LeNew York Times publia un article dans lequel il tait question des

    recherches dun jeune professeur du Cavendish Laboratory dpendant de lUniversit de

    Cambridge. Ce jeune professeur, John Butler Burke, avait attir lattention des mdias dalors par

    le fait quil semblait avoir cr des organismes vivants en utilisant du radium.

    En fait, ce ntait pas exactement le cas et on le comprit mieux quand, en 1906, lintress

    publia un gros livre intitul The origin of life, its physical basis and definition illustr de

    nombreuses photographies.

    Au dpart de sa rflexion et de ses

    recherches, lauteur avait imagin que la vie, sur

    Terre, avait pu natre dune sorte dimpulsion qui

    aurait t donne la matire par un rayonnementvenu du Soleil. Sans doute parce que la

    radioactivit tait alors fort la mode, il fit

    quelques expriences pour voir si le radium

    pouvait engendrer certains types de ractions dans

    de la matire inerte. Il prpara donc un milieu de

    culture strile et inerte et y dposa un peu de

    radium. Il dcouvrit alors que de minuscules

    globules, assez instables, se formaient dans la

    matire inerte. Ces globules ne semblaient tre ni

    des cristaux ni vraiment des cellules vivantes. Il

    dcida donc de les nommer radiobes et laissa

    ouverte la question de savoir sils taient enL di b d B k

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    tout autre chose comme par exemple de simples prcipits en formation.

    En 1913, dans une lettre quil adressa auBritish Medical Journal et qui fut publie dans

    le numro du 11 octobre, il expliqua nouveau le sens de sa dmarche et tmoigna du fait quil

    ignorait toujours ce qutaient les radiobes.

    La dcouverte de John Butler Burke ne parut jamais vraiment extraordinaire au sein de

    la classe scientifique ; ni dans son pays ni ailleurs. Seuls quelques auteurs un peu illumins la

    prsentrent sous des aspects sensationnels trs loigns de ce quelle aurait du rester. Le silence,

    puis loubli se fit donc sur les radiobes...

    Avant mme que Burke parle de ses recherches, cest--dire ds 1904, le franais Raphal

    Dubois fit quelques intressantes communications la Socit de Biologie de Paris. Dubois avait

    t pharmacien puis mdecin et, enfin, docteur s sciences. A partir de 1882 il avait enseign la

    physiologie compare et gnrale Lyon. Cest un peu accidentellement quil dcouvrit quen

    ensemenant un bouillon de culture glatineux avec des sels de baryum et de radium des globules

    sans noyau qui ne paraissaient pas du tout tre des formations cristallines apparaissaient

    rapidement la surface de la glatine puis sy enfonaient comme en sy multipliant. Par

    prudence, Dubois refit lexprience en portant pralablement au rouge les sels de baryum et de

    radium dans un creuset de platine. Mais il obtint les mmes rsultats et, en y regardant de plus

    prs, conclut que ces globules ressemblaient trangement des spores. Poursuivant ses

    observations, il finit par sexprimer comme suit : Voil donc des vacuolides synthtiques,

    organico-minrales, qui naissent, se nourrissent, grandissent, se segmentent et meurent en

    redevenant cristal. Ce serait vritablement la vie, si elles donnaient naissance des tres

    semblables elles-mmes, mais elles sont striles et meurent... Et de conclure finalement quil

    ne manquait ces choses que ce que faute de mieux il appelait lnergie ancestrale ou

    volutrice.

    Un mdecin de St Petersbourg, le Dr Martin

    Kuckuck, refit les expriences de Dubois partir de

    fvrier 1905. Il en prsenta les rsultats dans un

    norme livre abondamment illustr qui parut en

    1911 et quil ddia au professeur Dubois. Kuckuck

    tait persuad que le baryum et le radium avaient en

    quelque sorte organis la matire organique par

    un processus dionisation et avait ainsi fait

    apparatre des cytodes, cest--dire des cellules

    organiques dpourvues de noyau. Un stade primitif

    de la vie. Ainsi Kuckuck estimait-il avoir rsolu le

    problme de lorigine de la vie : elle ntait que la

    transformation de protines inertes en protoplasme

    par des substances ionisantes. Quant la vie elle-

    mme, elle ntait, selon lui, quun phnomne

    magnto-lectrique.

    Ses cytodes tant son avis de vritables

    organismes vivants, il nhsita pas leur donner un

    nom auquel il associa le sien : Rhizopode debaryum M.K.

    Cytodes de baryum de Kuckuck

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    Les mouvements des cytodes de baryum dcrits par Kuckuck taient trs probablement

    dus lagitation brownienne des petits corpuscules car cette agitation cessait ds lors que ces

    globules atteignaient une taille apprciable.

    En 1905 toujours, les 28 juin et 15 septembre, dans le quotidien franaisLa Presse et le

    priodiqueJe Sais Tout, deux articles logieux furent publis au sujet dun mdecin, le docteurJobert, qui prtendait avoir trouv une poudre -une sorte de ferment- qui permettait de changer

    le plomb en or. Lambition du chercheur tait dacheter une mine de plomb et doffrir son savoir-

    faire au gouvernement franais moyennant une rtributions quil laissait sous-entendre modeste.

    Cette dcouverte surprenante, stupfiante mme, tait prsente comme une retombe de

    la dcouverte du radium et de la radioactivit. Une fois de plus !

    Quelques annes plus tard, Jobert fut convaincu descroquerie et condamn deux ans

    de prison. On avait appris entre-temps quil navait jamais termin ses tudes de mdecine et que

    son vrai nom tait Alphonse Dousson n dun certain Jobert qui ne lavait pas reconnu mais

    lavait nanmoins lev.

    REFERENCES :

    BURKE (J. B.), The origin of life, London, Chapman and hall Ltd, 1906GARDNER (M),Les magiciens dmasqus, Paris, Presses de la Cit, 1966, p. 137KUCKUCK (M),Lunivers, tre vivant, Genve, Kundig, 1911 pp. 426-477KAMMINGA (H), Studies in the history of ideas on the origin of life from 1860, Thesis, Univ. of London, Nov. 1980,

    pp. 158-166DUBOIS,Discours prononc la rentre solennelle de lUniversit de Lyon le jeudi 3 novembre 1904, inBulletin de

    la socit des amis de lUniversit de Lyonhttp://reinedumidi.com/rdm/Jobert2.htm

    http://reinedumidi.com/rdm/Jobert2.htmhttp://reinedumidi.com/rdm/Jobert2.htm
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    La colombe, tenant dans son bec un message de paix, telle que crut la voir CharlesLittlefield dans une cristallisation...

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    CHAPITRE VI

    Sous le microscope avec Littlefield et Morley-Martin

    En 1896, Charles Wentworth Littlefield obtint un diplme dhomopathe sans valeur

    aucune aprs avoir exerc pendant dix ans dj la mdecine traditionnelle. Il vint alors stablir

    Seattle o il demeura jusqu sa mort. Cest l quen dehors de ses consultations il commena

    une srie dexpriences qui le firent entrer dans la Petite Histoire ; celle qui concerne les

    personnages singuliers....

    Le 29 septembre 1902, Le Boston Daily Globe annona que Charles W. Littlefield

    prtendait pouvoir ramener la vie des chats, des chiens et mme des enfants qui avaient dj des

    signes de rigidit cadavrique. Il pouvait le faire, disait-il, grce une poudre de sa composition

    obtenue au dpart dun mlange de sels minraux et de rsine expos pendant plusieurs heures

    une atmosphre dammoniac. A la base de cette dcouverte stupfiante, il y avait une nouvelle

    thorie de la vie dont ce chercheur tait lauteur. Elle sappuyait sur le magntisme volatil qui

    tait, selon lui, puis dans lair au moyen des poumons. Lorsque la mort se produisait sans que

    les tissus du corps soient abms, la poudre dont question ci-dessus permettait de restaurer les

    conditions ncessaires pour absorber nouveau llment vital qutait le magntisme volatil.

    Voil avec quelles folles prtentions Littlefield fit ses premiers pas dans la PetiteHistoire...

    Alors quil tait jeune, son frre se coupa et eut recours un voisin qui connaissait une

    formule magique capable darrter le sang. Charles apprit celle-ci et sen servit par la suite,

    affirma-t-il plus tard. Songeant un jour que certains sels minraux peuvent arrter le sang de

    couler, il fit une dissolution dun tel sel et lobserva au microscope pendant quelle se cristallisait.

    En mme temps il rcita la formule magique et, on ne sait trop pourquoi, songea une colombe.

    Cest alors quil put observer que les cristaux se figrent en prenant la forme dune colombe !

    Charles Littlefield venait de dcouvrir quil est possible de communiquer sa pense une solution

    en train de se cristalliser. Poursuivant ses recherches, partir de 1914, il obtint ainsi toutes sortes

    de choses, y compris des messages divers.

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    volontiers dans la presse grand tirage pour y parler de ses extraordinaires dcouvertes. Cest

    ainsi quon apprit bientt qu laide dun microscope il pensait avoir observ des phnomnes

    vitaux au sein de solutions cristallines. Non seulement il y avait remarqu des cristaux qui se

    mouvaient, mais des structures vgtales ou animales et mme une sorte dinsecte avec de

    grandes antennes y taient apparus.

    En 1905, Charles Edward Tingley publia un article ce sujet dans la clbre revue

    amricaine Scientific American. Il y expliquait que, comme dautres dcouvreurs de gnrations

    spontanes, Littlefield devait avoir t victime derreurs classiques : mauvaise strilisation de son

    matriel et confusion entre objets divers... Il assurait avoir lui-mme refait les expriences

    dcrites par Littlefield et navoir jamais obtenu que des rsultats ngatifs.

    En 1919, Littlefield publia Seattle un ouvrage de plus de 600 pages illustr de 124

    photographies : The beginning and way of life. Il y expliquait quaprs que certains sels minraux

    aient t mlangs de leau et que celle-ci se soit vapore, une force vitale se serait concentre

    dans ces cristaux . Ceux-ci, regards ensuite au microscope, auraient manifest des mouvements

    divers qui signaient leur propre force vitale. Mieux : ces cristaux, chargs de force vitale,

    finissaient par prendre laspect de tissus vivants. Toutes ces affirmations taient corrobores par

    des quantits de photos. Littlefield reconnaissait que pour apercevoir dans les cristaux quil avait

    photographis ce quil y avait aperu, il fallait une certaine dose dimagination ; mais il prcisait

    que ds lors quon avait vu une premire fois, on ne pouvait plus voir autrement ensuite. Les

    ressorts de limagination expliquent clairement cela !

    Quiconque est un peu

    habitu lusage du microscope

    et a observ des cristaux dilus

    puis vapors sait que tout cequobserva et photographia

    Charles Littlefield doit

    sinterprter dune autre

    manire que celle quil adopta.

    Si les cristaux bougrent, cest

    prcisment parce quils se

    diluaient dans leau dans

    laquelle Littlefield les avait

    placs entre deux lames de

    verre. Et sils formrent sur les

    lames de verre de beaux dessins

    ressemblant des formations

    vgtales ou tissulaires, cest

    parce que la cristallisation se

    faisait en couches trs minces,

    un peu la manire de la bue

    qui se cristallise en formant des

    fougres sur une vitre froide

    en hiver. Au fil de ses

    observations, son imagination et certaines ides fixes y aidant, Littlefield identifia donc dans ses

    cristallisations rien moins que dauthentiques reproductions microscopiques de feuilles, deplantes, darbres, de crustacs, dinsectes, dhumains et mme des scnes diverses comme une

    femme portant son chien sous son bras pendant un jour de grand vent une tte de Mphistophls

    Dans ces cristallisations trs ordinaires, Littlefield vit... un cactus minral.

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    ou encore des mots dont il retrouva lorigine dans la Bible. En psalmodiant des incantations, il

    obtint mme une scne de crucifixion !

    Poursuivant ses recherches sur de telles bases et en faisant appel un systme quasi

    magique fond sur le nombre 12, il composa des mdicaments homopathiques et, comme on

    peut sen douter, il obtint ainsi des gurisons spectaculaires et nombreuses chez des patients

    enthousiastes qui furent heureux den tmoigner par des dclarations signes reproduites dans

    louvrage. Tous les fumistes-gurisseurs peuvent prsenter des quantits dattestations du genre,cest bien connu.

    Littlefield ne sarrta pas l.. Il dcouvrit galement linfluence de la lumire colore sur

    ses cristallisations et, de fil en aiguille, inventa une lampe pour gurir les gens par un processus

    de chromothrapie. (1)

    Mes lecteurs auront reconnu dans tout ce qui prcde des procds encore utiliss

    aujourdhui par certains charlatans. Je ne my attarderai donc pas trop, la littrature sur ces sujets

    tant dj trs abondante et dautres ayant mieux dmontr que ce que je ne saurais le faire ici,

    linanit de toutes ces pratiques.

    En 1937, Littlefield publia encoreMan, Minerals and Masters, ouvrage dans lequel on

    peut trouver la quintessence de ses recherches et qui a t rdit par Kessinger en 1995 puis par

    dautres depuis lors et mme traduit en franais. Car il y a toujours des gens, aujourdhui, qui y

    croient et qui sont apparemment assez nombreux pour faire vivre des diteurs...

    +++

    Aprs la premire guerre mondiale, ralisant quil tait impratif pour lui de gagner un

    peu mieux sa vie, un chimiste-mtallurgiste spcialis dans les rayons X et qui sappelait Morley-

    Martin, sinstalla comme pharmacien Andover, dans le Hampshire. Cest l, qu partir de 1927,il mena de trs curieuses expriences...

    Ici, Littlefield crut voir une forme simiesque Ici Littlefield crut reconnatre une forme humaine

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    Celle dont on parla le plus par la suite consista prendre une roche azoque, cest--dire

    dune poque o il ny avait pas encore de vie sur Terre, et de la rduire en cendres aprs lavoir

    fait chauffer trs haute temprature. Ces cendres furent ensuite soumises une srie de

    processus complexes quil ne rvla pas et il parvint ainsi en extraire ce quil nomma le

    protoplasme primordial dont les cristaux, soumis aux rayons X, puis observs au microscope,

    se murent peu peu en organismes microscopiques. Dabord apparurent des sortes dpinesdorsales puis des ctes, puis des corps complets avec ttes et yeux. Certains de ces animalcules,

    ressemblant des crustacs, sortaient mme du champs de loculaire en ne saidant que de leurs

    pattes. Pour les empcher de se dvorer entre eux, le chimiste trouva ensuite le moyen de les

    nourrir avec un srum de sa composition.

    Mais voici le plus tonnant de laffaire : jamais Morley Martin ne prtendit avoir cr la

    vie, cela ntant, selon lui, possible qu Dieu seul. Ce quil avait fait, ctait de permettre la vie,

    contenue dans le protoplasme primordial, de se rincarner sous une forme animale. Cette thse

    plut beaucoup aux thosophistes car elle rencontrait dassez prs leurs ides. Ils relayrent donc

    bien volontiers les dclarations du chercheur auquel ils assurrent ainsi une certaine publicit.

    Bernard Laporte, un journaliste de lImpartial, nhsita pas franchir la Manche pour aller

    interviewer longuement le chercheur. Il vit ses productions et ses nombreuses photos et fut

    convaincu. Il en rsulta un article logieux qui parut dans son journal le 14 juillet 1931.

    Outre une brochure, parue en 1934 et dans laquelle il nexpliqua pas la manire exacte

    dont il procdait, Morley Martin na laiss sa mort que des quantits de notes... codes, qui ne

    purent tre dcryptes. Seul Maurice Maeterlinck semble avoir dispos de quelques

    renseignements de premire main quil utilisa dans son ouvrageLa Grande Porte, paru en 1939.

    Ces textes sont bien peu de chose pour pouvoir comprendre et expliquer o se situaient les failles

    dans les exprimentations de ce chimiste...(2)

    Les expriences et thories de Morley-Martin rappellent un peu celles quaurait faites un

    allemand dont a parl Trevor James Constable. Aprs la seconde guerre mondiale, cet allemand

    aurait travaill dans de profondes mines de sel et aurait constat quen dissolvant ce sel, des tres

    vivants finissaient par apparatre dans les solutions. Pensant quil sagissait dune contamination

    au moment du ramassage des chantillons ou de leur mise en solution, il raffina ses techniques

    mais dut constater que les cratures continuaient apparatre. Finalement, il conclut quil

    sagissait dtre vivants fossiliss au moment o le sel stait form et ramens la vie grce

    la dissolution. Malheureusement, Trevor James Constable na pas donn dautres informations

    sur cette affaire. Il sest content dajouter quune grande partie des constituants de notre Terre

    furent forms par des processus vivants et quon est donc en droit de se demander sil nen fut

    pas rellement de mme pour tous les constituants terrestres.(3)

    Cette remarque mamne a dire un mot des pyrozoaires...

    Un illustre savant allemand, Wilhelm Thierry Preyer (1841-1897), se fit le partisan, en son

    temps, dune sorte de loi naturelle selon laquelle la quantit dtres vivants, sur Terre, avait

    toujours correspondu une sorte de constante mathmatique. Selon lui, la vie navait pas eu

    proprement parler de commencement ; elle avait toujours exist. Or, cette loi avait contre elle

    la plus grave objection que voici : en des temps o notre globe tait encore ltat pteux ou

    mme seulement quand stant refroidi il ne pouvait encore sy trouver de leau ltat liquide,

    il paraissait videmment impossible que la vie put y tre rpandue autant qu lre carbonifrepar exemple. Conscient quon ne manquerait pas de soulever cette objection, Preyer, qui tait un

    esprit imaginatif envisagea quil fut un temps o la vie sexprimait sous dautres formes que

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    celles que nous connaissons. Et de suggrer quil avait alors exist des tres pyrozoaires, savoir

    des organismes gigantesques et incandescents dont lhaleine tait peut-tre de la vapeur de fer

    enflamme, dont le sang tait du mtal en fusion, et qui des mtorites servaient peut-tre de

    nourriture. (4)

    Il ne faut videmment pas confondre lhypothse des pyrozoaires de Preyer, que lui seulsemble avoir dfendue, avec la croyance ancienne qui voyait dans le feu mme un tre vivant.

    REFERENCES :

    1) GARDNER (M),Les magiciens dmasqus, Paris, Presses de la Cit, 1966, pp. 138-141 GALLERT (M),New light on therapeutic energies, James Clarke and Co, 2002, pp. 124-132 Scientific American, September 1905, p. 2632) GARDNER (M),Les magiciens dmasqus, Paris, Presses de la Cit, 1966, pp. 137-138 The teosophical path, April 1935, pp.468-476 Theosophy, July 1940, pp. 394-403

    3) CONSTABLE (T.J.), The cosmic pulse of life, Suffolk, Neville Spearman, 1976, pp.176-1774) ERRERA (L),Recueil doeuvres, Bruxelles, Lamertin, 1910, pp. 215-220 et b378-382 DASTRE (A),La vie et la mort, Paris, Flammarion, 1908, pp. 245-246 La Revue des Deux Mondes, Paris, Tome XI, 1902, pp. 894-896

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    Un des graphiques de Jagadis Bose obtenu laide dappareils mcaniques complexes et qui montrait lactivitnormale dun mtal, soumis ensuite une faible dose de poison puis une forte, mortelle pour lui...

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    CHAPITRE VII

    La vie dans la matire

    A la rencontre des XIX et XX sicle, cest--dire autour de lan 1900, un vaste dbate e

    agita les savants. Jusque-l, on avait distingu nettement le vivant du non vivant ainsi que les

    objets inanims des objets anims ; et cela parce que le mouvement avait longtemps t considr

    comme lapanage du vivant. En confondant un peu tout, on parlait aussi de matire anime et de

    matire inanime, synonymes de matire vivante et non vivante. Cependant, lorsquen 1828

    Whler ralisa la synthse de lure, une barrire que lon croyait infranchissable seffondra : on

    avait converti des substances minrales en une substance organique. Cela tablit la naissance de

    la chimie organique et sonna la fin de la force vitale. Usant par la suite darguments divers surtout

    fonds sur des apparences, de plus en plus de beaux esprits firent remarquer que la frontire entre

    la matire brute et la matire vivante tait plus floue que ce quon avait imagin jusque-l.

    En un temps o lon ne connaissait pas encore lADN (identifi en 1935) et, surtout, les

    processus de transmission de lhrdit (expliqus partir de 1944), la science faisait cependant

    de si grands et rapides progrs que certains savants commenaient croire que lon approchait

    de tout connatre de la structure et des mcanismes de lUnivers et de la Nature. Nombreux

    taient ceux, parmi eux, qui estimaient que tout paraissait devenir de plus en plus comprhensible

    mais aussi de plus en plus simple. Jules Flix se gargarisait alors de mots : La scienceexprimentale et lobservation des faits ont parfaitement dmontr lidentit de composition

    chimique des liquides organiques tels que la sve des plantes, la lymphe et le sang des animaux

    et celle des sources minrales, des astres, des plantes, des toiles et du soleil. Tous les tres de

    lunivers vivent par lactivit physico-chimique de leur protoplasme et cette activit nest que la

    rsultante de la gravitation des atomes et des molcules de la matire. (...) La vie ternelle et

    perptuelle de lunivers nest point autre chose que le mouvement molculaire et la

    transformation incessante de la matire dont les tres, formes cadavriques et phmres, ne sont

    en ralit que des cristallisations cellulaires, des formes plastiques qui naissent, vivent et

    meurent par lactivit physico-chimique (osmose et centrifugation) molculaire des solutions

    protoplasmiques, dont lEther est le commencement et la fin.(1)

    De tels propos, simplistes, peuvent faire sourire aujourdhui. Mais, lpoque, ils

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    La manire dont on concevait alors la matire et la vie tait telle quen aot 1900, dans

    le bulletin de la Socit Astronomique de France, le physicien Charles-Edouard Guillaume signa

    un article intitul La vie de la matire dans lequel il put crire : la croyance la complexit

    de la matire est devenue chancelante. Procdant par analogies diverses et remplaant certains

    termes propres aux physiciens par dautres utiliss par des biologistes, ce chercheur expliquait

    quun mtal ou une substance chimique soumis des influences physiques diverses comme latraction, la pression ou mme la lumire, modifiaient leur comportement pour, en quelque sorte,

    sendurcir, rsister ou se dfendre contre une agression. Il prcisait mme quaprs dintenses

    efforts, un mtal arriv une forme immuable tait... mort. En 1908, Dastre rappela les

    expriences de Hartmann. Ce dernier avait soumis des barres mtalliques des tirements

    successifs alterns par des priodes de repos. A chaque fois, les zones qui avaient subi un dbut

    dtranglement avaient profit de cette priode de repos pour se renforcer, un peu comme le cal

    renforce un os bris lendroit de la cassure. Et Dastre de rappeler en consquence lexpression

    de Charles-Edouard Guillamue qui avait parl de la rsistance hroque du mtal...(2)

    Considrer quun mtal possdait une forme de vie ou mme de conscience ne fut pas une

    ide phmre puisquen 1934 Sir Jagadis Chunder Bose put publier un livre dans lequel se

    trouvait un chapitre o il relatait ses expriences grce auxquelles il avait dmontr des ractions

    physiques dans des mtaux soumis des substances stimulantes ou empoisonnantes. Comparant

    alors les ractions des animaux, des vgtaux et des mtaux des stimulations identiques, il en

    dduisait une profonde unit de toutes choses et une absence totale de barrire entre la physique

    et la physiologie. Il concluait donc comme ses anctres sur les rivages du Gange trente sicles

    avant lui :Ceux qui, dans les changeantes apparences multiples de cet univers, voient lUnit,

    possdent lternelle Vrit, et nul autre, nul autre.

    Voici comment Jean Rostand rsuma les travaux de Bose : Jagadis Bose -ce singulier

    physiologiste indou dont on dirait quil a pris tche dunifier le monde sensible- soumet desmtaux des excitations diverses, et il enregistre, par des techniques dlicates, des ractions

    lectriques plus ou moins analogues celles que prsentent les muscles des animaux ou les tiges

    des plantes quand ils sont soumis des excitations convenables. Les mtaux manifestent de la

    fatigue, du surmenage. Ils deviennent inertes au bout dun repos prolong. Le grand froid les

    dprime et les fait tomber en lthargie. Ils diffrent les uns des autres par la facult de rsistance,

    et le platine se lasse promptement, tandis que ltain est infatigable. On retrouve mme, chez eux,

    cette loi, si souvent contrle en physiologie, qui veut quun mme corps stimule petites doses

    et intoxique fortes doses. Le manque de place minterdit malheureusement de citer tout au long

    les pages au fil desquelles un autre chercheur, Louis Houllevigue, professeur lUniversit dAix-

    Marseille, rsuma en termes logieux les travaux de Bose.(3)

    En 1900, le clbre astronome britannique Sir Norman Lockyer publia un ouvrage intitul

    The inorganic evolution dans lequel, la manire dun biologiste, il expliquait lvolution de

    la matire et des corps clestes. Louvrage fut traduit et publi en langue franaise chez Flix

    Alcan en 1905. En 1907, poursuivant dans la mme logique de labolition des barrires entre

    lorganique et linorganique, Jules Flix qui enseignait lUniversit de Bruxelles, crivait : Le

    dogme de la vie organique en opposition avec le dogme de la matire brute et inorganique, nest

    plus aujourdhui quune erreur et une lgende mythique.

    Flix, comme dautres savants quon disait alors matrialistes, nhsitait pas empiter

    sur le domaine de la philosophie et de la religion en dclarant : Le dogme fabuleux de la crationdu monde, sorti du chaos en un jour mmorable par la volont et la puissance dune divinit

    l d i l d l t t f bl l d d

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    lignorance et de la superstition et transmise par la tradition et latavisme de gnrations en

    gnrations. (4)

    De nombreuses analogies avaient alors port des savants croire quil existait une grande

    identit de structure et de proprits entre les cristaux et les cellules vivantes. Ds 1904, par

    exemple, on parlait dj beaucoup des expriences de Von Schrn qui avait dmontr, grce desphotographies, que les cristaux se formaient en trois phases successives : une phase granuleuse,

    une fibreuse puis une qui signait lhomognisation du cristal. Gustave Le Bon avait mme fait

    remarquer que durant ces trois phases un cristal prsentait dindniables ressemblances avec des

    diatomes bien vivantes. (5)

    A la mme poque, lminent professeur de physiologie la Sorbonne que fut A. Dastre

    sexprimait ainsi au sujet des cristaux : Le point de dpart, le germe de lindividu cristallin est

    un noyau primitif que nous comparerons tout--lheure loeuf ou lembryon de la plante ou

    de lanimal. Plac dans le milieu de culture convenable, cest--dire dans la solution de sa

    substance, ce germe se dveloppe. Il sassimile la matire dissoute, il sen incorpore les

    particules, il saccrot en conservant sa forme, en ralisant un type ou une varit de type

    spcifique. Laccroissement ne sinterrompt pas. (...) Retir de son eau-mre, mis dans

    limpossibilit de se nourrir, le cristal, arrt dans son accroissement, tombe dans un tat de

    repos qui nest pas sans analogie avec la vie latente de la graine ou de lanimal reviviscent. Il

    attend le retour des conditions favorables, le bain de matire soluble, pour reprendre son

    volution. Le cristal est en relation dchange continuel avec le milieu ambiant qui lalimente.

    Ces changes sont rgls par ltat de ce milieu, ou plus exactement par ltat de la couche

    liquide qui est en contact immdiat avec lui. Il perd ou il gagne de la substance si, par exemple,

    cette couche schauffe ou se refroidit plus vite que lui. Dune faon gnrale, il assimile ou

    dsassimile suivant que son milieu immdiat se sature ou se dsature par rapport lui. Il y a

    donc l une sorte dquilibre mobile comparable quelque degr celui de ltre vivant. (6)

    Dastre commentait galement des expriences qui avaient t faites avec des sels dargent.

    Soumis des lumires colores, ces sels prenaient peu peu ces couleurs pour les absorber lemoins possible. On dirait, crivait Dastre,que le sel dargent se dfend contre la lumire qui

    i t (7)

    Les trois phases de cristallisation dcouvertes par Von Schrn

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    Dastre et dautres se montraient fortement impressionns par une exprience chimique

    classique. On commenait par prparer une solution sursature dun sel plus soluble chaud qu

    froid en dissolvant dans de leau chaude davantage de ce sel quelle aurait pu en dissoudre froid.

    Par un lent refroidissement on obtenait que la totalit du sel reste dissoute et lon disait alors la

    liqueur sursature. Ensuite, en laissant tomber dans celle-ci un minuscule cristal du sel en

    question, on observait que toute la solution se cristallisait, cette cristallisation seffectuant deproche en proche comme une sorte de contamination de lensemble. Ostwald avait montr, ds

    1897, que le salicylate de phnyle agissait de mme sans avoir besoin dtre dilu. Chauff prs

    de 40 il fondait et ne se recristallisait pas, mme si on le frottait avec un cheveu, une pointe

    mtallique ou dautres objets. Mais, si lon venait passer au pralable ces objets dans du

    salicylate de phnyle solide et quil y restait sans doute accroch des cristaux dune taille

    identique celle dune bactrie, le liquide se recristallisait aussitt. Si lon agissait de mme avec

    une pointe mtallique mais quon passait au pralable celle-ci la flamme, comme on laurait fait

    pour la striliser, la recristallisation ne seffectuait pas. Tout ce passait donc comme si lon avait

    ensemenc un bouillon de culture avec une ou des bactries, cela prs que la contamination se

    produisait une vitesse trs grande.

    Ds 1885, J. Thoulet, de la Facult des sciences de Nancy, avait pouss plus loin encore

    les analogies. Voici comment il sexprimait : On voit natre le minral dun parent ; il est

    identique ce parent, sa symtrie est la mme dans les mmes circonstances (...)Bien mieux, le

    cristal tout form semble quelquefois se douter quil existe un idal, la symtrie parfaite,

    lellipsode du systme cubique qui est une sphre ; il le cherche, il sen rapproche et sil ne peut

    y parvenir, il triche, il joue la comdie, il se dguise tout comme, parmi les hommes, plus dun

    sefforce de jouer le personnage quil nest pas... Et lauteur continuait ainsi longtemps, prtant

    aux cristaux des sentiments humains ! (8)

    Un autre phnomne avait beaucoup impressionn les savants : jusquen 1867, jamais onnavait pu obtenir de la glycrine cristallise. Or, durant lhiver de cette anne-l, dans un tonneau

    de glycrine envoy de Vienne Londres, on trouva de la glycrine cristallise. Le mme

    phnomne se reproduisit un peu plus tard dans une usine de Saint-Denis. Chose extraordinaire :

    ds lors quon put disposer de tels cristaux, il devint ais densemencer avec eux dautres

    quantits de glycrine refroidie et den obtenir ainsi sous forme cristalline. On discuta de ces

    cristaux comme dune espce nouvelle apparue spontanment et, en 1908, Dastre nhsita pas

    crire Aujourdhui la grande fabrique Sarg et Cie, de Vienne, en pratique llevage en grand

    dans un but industriel. Llevage ! Comme sil stait agi de cratures vivantes... (9)

    Les mmes savants soulignaient encore dautres caractristiques des cristaux qui leur

    faisait penser quils agissaient vritablement comme des tres vivants. Par exemple, lorsquun

    cristal tait bless parce quon lui avait cass une partie de lui-mme, il se rgnrait dans sa

    forme primitive sitt quil tait plong dans un bain de sa propre substance. Sa plaie

    gurissait, interprtait-on !

    Les cristaux liquides, rcemment dcouverts, offraient eux aussi une foule dapparences

    et danalogies avec la matire vivante. Albert Mary nhsitait pas crire quils taient

    semblables des amibes, des infusoires, des vibrions et quils prsentaient des phnomnes

    daccroissements internes, de bourgeonnements, de copulation, de segmentation, certains se

    dplaant ou mettant de fins filaments anims. (10)

    Dastre et dautres les citaient donc dans leurs arguments pour dmontrer que la vie ne

    connat pas de barrires vritables et que des minraux aux tres vivants les plus intelligents il

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    ny avait, en fin de compte, quune forme dvolution du simple vers le complexe. Cette faon

    de voir les choses a des formes diverses, simplistes ou complexes selon les cas. Elle sest

    perptue jusqu nous. Ainsi, voil comment sexprimait encore Charles-Nol Martin en 1967 :

    Le cristal est un peu la molcule ce que la molcule est latome : cest le stade suprieur

    dorganisation dans une chelle de grandeur croissante qui stend du domaine atomique au

    domaine humain.(...)En ralit tout volue, tout vit dans lUnivers, y compris la simple pierre.Mais cette vie exige des millions dannes pour saffirmer et devenir perceptible. (11)

    Accumulant les analogies les plus boiteuses et se laissant ainsi entraner de folles

    spculations dordre philosophique, certains savants du XX sicle en arrivaient dire des chosese

    inoues. Ainsi, par exemple, Albert Mary qui parlait non seulement de la fatigue des mtaux, mais

    aussi de leurs maladies. Ou Gustave Le Bon qui expliquait que les diffrentes manires dont une

    mme substance pouvait ragir en fonction de ses varits allotropiques montraient que ces

    substances avaient la capacit de mmoriser les expriences acquises. Il crivait galement ceci :

    Chaque corps simple reprsente seulement un type autour duquel drivent des varits trs

    diffrentes. En adoptant pour la classification des mtaux celle des espces vivantes, on pourrait

    dire quun mtal, comme largent ou le fer, constitue un genre comprenant plusieurs espces.

    Toutes les espces dun mme genre, le genre fer et le genre argent, par exemple, se diffrencient

    nettement, bien que possdant des caractres communs. Et si nous considrons que dans le

    monde minral les espces sont assez facilement modifiables, puisque, par exemple, lespce

    phosphore blanc peut devenir lespce phosphore rouge, ou que lespce argent, capable de

    dgager beaucoup de calories par ses combinaisons peut devenir une espce qui en dgage

    moins, il est permis daffirmer que les espces chimiques sont bien plus aisment transformables

    que les espces animales. On ne saurait sen tonner, puisque lorganisation des secondes est

    bien autrement complique que celle des premires. (12)

    Bien sr, tout les savants dalors ne partageaient pas les opinions ci-dessus exprimes.Certains rpliquaient que si la cellule laisse pntrer la matire, cest pour aussitt la transformer

    alors que le cristal ne fait que recevoir un dpt supplmentaire en surface. A cela leurs opposants

    rpliquaient que les ongles, la corneet les cheveux saccroissent exactement comme les cristaux

    et quil sont bel et bien vivants.

    Cest un auteur quasi inconnu, Jean-Marie Pargame, qui, dans un livre injustement

    condamn aux oubliettes de lhistoire, a, selon moi, le mieux rsum la question : Ltat actuel

    de nos connaissances, et des expriences trop restreintes qui ont t tentes sur les corps

    inorganiques, ne nous ont jamais rvl en un seul de ces corps la mme constitution ou la

    totalit des proprits de la matire vivante. On observe, par contre, dans un grand nombre de

    corps bruts, certaines manires de se comporter, ou de recevoir les influences du milieu ambiant,

    comparables de telles ractions de ltre vivant. Certains corps inorganiques possdent aussi

    une des proprits ou les apparences de lune quelconque des proprits de ltre vivant, et cette

    constatation a dtermin lnorme progrs intellectuel de ne plus considrer les rgnes de la

    nature comme des catgories irrductibles. Les vieilles classifications du pass sont dtruites,

    qui levaient des cloisons tanches entre le rgne minral et les deux rgnes vivants. Il ne peut

    plus dsormais tre assign de limites prcises entre les corps vivants et la matire brute, mais

    il ne faut pas cder lentranement de les assimiler lun et lautre. Toute comparaison est mme

    dlicate, car tandis que nous connaissons la matire brute, nous ne connaissons pas de matire

    vivante, et tandis quon observe des tres vivants, on ne peut observer dtres bruts. Ailleurs,

    le mme chercheur crivait : Ces rserves faites, il nous reste montrer que si les propritsinhrentes la matire brute et la matire vivante ne sont pas rigoureusement les mmes, que

    i l i i i l dfi i d t ti t l ll l l i d

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    cellules organises, il nen est pas moins possible de trouver entre les corps vivants et la matire

    brute des rapports de parent ou de proche voisinage, et de doter certains corps minraux, par

    exemple, de quelques attributs de la vie. Les faits prouveront eux-mmes, sil y a l une identit

    ou des relations lches. Mais lessentiel est de marquer ds maintenant que le rgne minral et

    les rgnes vivants ne sont pas des catgories irrductibles. En sexprimant ainsi, Jean-Marie

    Pargame soulignait simplement le dfaut des classifications artificielles cres par lhomme pourexpliquer une nature qui, toujours, le dpasse.(13)

    Deux expriences avaient encore excit bien des imaginations au dbut du XX sicle, ene

    dpit du fait quelles taient clairement expliques par des processus strictement physico-

    chimiques. La premire, dite amide de Gad (du nom de son dcouvreur) tait assez simple

    raliser. On prenait un vase offrant une surface assez large et on le remplissait dune solution de

    carbonate de sodium ou dhydroxyde de sodium ou de potassium, voire dammoniaque. A la

    surface de ce liquide en repos on dposait alors dlicatement une goutte dhuile qui pouvait avoir

    t colore losine pour tre mieux visible. Au bout dun moment, on voyait la tache ronde

    forme par la goutte dhuile se dformer et pousser, ici et l, des sortes de pseudopodes, comme

    laurait fait une amibe en mouvement. Lillusion entre lamibe relle et cette masse huileuse tait

    telle que certains pensaient quun des mcanismes du vivant avait ainsi t reconstitu. En fait,

    les mouvements sexpliquaient par des modifications de tension superficielle au sein mme du

    liquide. Lhuile et le liquide ragissaient lun sur lautre par suite dune raction quon appelle

    la saponification. La transformation de lhuile tant irrgulire sur le pourtour de sa masse, il se

    crait des tensions superficielles qui provoquaient les dformations observes. La seconde

    exprience, dite de lamibe mercurielle, exigeait que lon utilise une large goutte de mercure (+/-

    5 cm de diamtre) pose dans un rcipient de verre ou de porcelaine fond plat, bien propre, et

    que lon recouvrait dune couche de plus ou moins un centimtre dacide sulfurique dilu auquel

    on avait ajout une trace de bichromate de potassium. Il suffisait alors dapprocher du bord de la

    goutte de mercure un fil de fer pointu. Aussitt, la goutte semblait se contracter vivement pourrevenir ensuite sa position initiale. Si lon parvenait fixer prcisment le fil de sorte qu

    chaque fois la goutte rencontre nouveau le fil, la goutte de mercure ne cessait de se contracter

    puis de se dcontracter un peu comme une amibe ou mme une sorte de coeur artificiel. Si, au lieu

    demployer un fil de fer, on utilisait un fil de zinc, la contraction tait unique, car la goutte cessait

    ensuite de ragir. Elle avait t tue comme lavait dit Clautriau. En fait, les mouvements du

    mercure sexpliquaient par des diffrences lectriques qui apparaissaient la surface de sparation

    du liquide et du mercure. Le zinc, formant avec le mercure un amalgame, faisait cesser cette

    raction. Le mme type de raction amibode fut galement obtenu, par la suite, avec dautres

    substances comme par exemple du baume de Canada dans du chloroforme et dautres

    mouvements encore furent obtenus avec toutes sortes dautres substances. (14)

    Si tout ce qui a t dit dans le prsent chapitre ne concerne pas directement la cration de

    vie de manire artificielle, il fallait nanmoins que jen dresse un aperu pour aider mieux

    comprendre dans quel contexte intellectuel apparurent et se dvelopprent les ides et expriences

    dont il va tre question dans le chapitre suivant.

    REFERENCES :

    1) FELIX (J),La plasmogenie, la biologie et la mcanique universelle, Paris, Morin, 1907, p. 17 et 19

    2) DASTRE (A),La vie et la mort, Paris, Flammarion, 1908, pp. 267-2693) CHUNDER BOSE (J),Les autographes des plantes et leurs rvlations, Paris, Gauthier-Villars, 1934, chap. VIII ROSTAND (J),La vie et ses problmes, Paris, Flammarion, 1939, p.13

    HOULLEVIGUE (L) L l ti d i P i A d C li 1914 248 255

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    4) FELIX (J),La plasmogenie, la biologie et la mcanique universelle, Paris, Morin, 1907, p. 17 et 215) LE BON (G),Lvolution de la matire, Paris, Flammarion, 1905, p. 240-242 HOULLEVI