21
LAISSÉ POUR MORT. HABITÉ PAR LA VENGEANCE. DOSSIER DE PRESSE

L AISSÉ POUR MORT. HABITÉ PAR LA VENGEANCE. · vec le film d’aventures épiques THE REVENANT, le réalisateur oscarisé Alejandro G. Iñárritu nous transporte au XIXe siècle,

  • Upload
    others

  • View
    0

  • Download
    0

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: L AISSÉ POUR MORT. HABITÉ PAR LA VENGEANCE. · vec le film d’aventures épiques THE REVENANT, le réalisateur oscarisé Alejandro G. Iñárritu nous transporte au XIXe siècle,

L A I S S É P O U R M O R T . H A B I T É PA R L A V E N G E A N C E .

DOSSIER DE PRESSE

Page 2: L AISSÉ POUR MORT. HABITÉ PAR LA VENGEANCE. · vec le film d’aventures épiques THE REVENANT, le réalisateur oscarisé Alejandro G. Iñárritu nous transporte au XIXe siècle,

20th Century Fox et New Regency

présentent

Un film réalisé par Alejandro G. Iñárritu

(The Revenant)

Leonardo DiCaprio

Tom Hardy Domhnall Gleeson Will Poulter

Forrest Goodluck Paul Anderson

Kristoffer Joner Joshua Burge Duane Howard

Scénario : Mark L. Smith et Alejandro G. Iñárritu

Inspiré en partie du roman de Michael Punke Le Revenant

Image : Emmanuel « Chivo » Lubezki, ASC/AMC

Décors : Jack Fisk

Montage : Stephen Mirrione, A.C.E.

Superviseur des effets visuels : Rich McBride

Costumes : Jacqueline West

Un film produit par

Alejandro G. Iñárritu, Arnon Milchan, Steve Golin,

Mary Parent, Keith Redmon, James Skotchdopole

Durée : 2 h 36 min

Photos et dossier de presse téléchargeables sur : www.foxpresse.fr

Site officiel  : www.therevenant-lefilm.com

SORTIE NATIONALE LE 24 FÉVRIER 2016

21

Page 3: L AISSÉ POUR MORT. HABITÉ PAR LA VENGEANCE. · vec le film d’aventures épiques THE REVENANT, le réalisateur oscarisé Alejandro G. Iñárritu nous transporte au XIXe siècle,

43

Dans une Amérique profondément sauvage, Hugh Glass, un trappeur,

est attaqué par un ours et grièvement blessé. Abandonné par

ses équipiers, il est laissé pour mort. Mais Glass refuse de mourir.

Seul, armé de sa volonté et porté par l’amour qu’il voue à sa femme

et à leur fils, Glass entreprend un voyage de plus de 300 km dans un

environnement hostile, sur la piste de l’homme qui l’a trahi. Sa soif

de vengeance va se transformer en une lutte héroïque pour braver

tous les obstacles, revenir chez lui et trouver la rédemption.

Inspiré de faits réels, THE REVENANT est une formidable histoire de

survie et de transformation.

l’histoire

Page 4: L AISSÉ POUR MORT. HABITÉ PAR LA VENGEANCE. · vec le film d’aventures épiques THE REVENANT, le réalisateur oscarisé Alejandro G. Iñárritu nous transporte au XIXe siècle,

65

notes de production

Page 5: L AISSÉ POUR MORT. HABITÉ PAR LA VENGEANCE. · vec le film d’aventures épiques THE REVENANT, le réalisateur oscarisé Alejandro G. Iñárritu nous transporte au XIXe siècle,

87

Avec le film d’aventures épiques THE

REVENANT, le réalisateur oscarisé

Alejandro G. Iñárritu nous transporte au

XIXe siècle, en pleine conquête de l’Ouest,

pour nous raconter la légende de Hugh

Glass. Le film, qui immerge le public

au cœur de l’Amérique profondément

sauvage de 1823 avec tout ce que cela

comporte de beauté, de mystère et de

danger, retrace le parcours physique

et psychologique d’un homme prêt à

tout pour survivre. À mi-chemin entre

le thriller et le voyage initiatique, THE

REVENANT explore l’instinct primaire de

l’être humain, sa volonté de se battre

non seulement pour sa survie, mais aussi

pour sa dignité, la justice, ses convictions

et sa famille. 

Connu pour ses films 21 GRAMMES, BABEL

ou encore BIRDMAN, lauréat de l’Oscar

du meilleur film, Alejandro G. Iñárritu

signe avec THE REVENANT sa première

fresque historique et met son style

singulier, mélange d’images saisissantes

et d’émotions intimes, au service d’une

histoire qui transporte le public là où le

cinéma moderne s’est rarement aventuré.

Le fait que le film ait été tourné en pleine

nature sauvage a permis à l’équipe de se

faire une idée des difficiles conditions de

vie de Hugh Glass et de ses compagnons

dans les années 1800. Mais le réalisateur

et son équipe étaient prêts à relever tous

les défis d’un tournage entre le Canada

et l’Argentine, des régions connues

pour leurs conditions météorologiques

imprévisibles et leurs vastes étendues

sauvages, afin de s’immerger dans le

quotidien des trappeurs du début du

XIXe siècle.

Alejandro G. Iñárritu a travaillé en

étroite collaboration avec l’acteur primé

aux Golden Globes et nommé à l’Oscar

Leonardo DiCaprio qui incarne Hugh

Glass, un rôle aussi exigeant sur le plan

physique que sur le plan émotionnel.

Grâce au talent d’acteurs internationaux

tels que Tom Hardy, primé aux BAFTA

Awards, Domhnall Gleeson ou Will

Poulter, et à des comédiens amérindiens,

le cinéaste a réussi à ressusciter un

passé méconnu. Avec son collaborateur

de longue date, le directeur de la

photographie oscarisé Emmanuel « Chivo »

Lubekzi, ils ont adapté leur style à la

fois lyrique et intimiste aux grands

espaces : tantôt la caméra semble flotter

à travers des paysages grandioses,

tantôt elle s’approche au plus près des

personnages, si proche que l’on peut voir

leur respiration. Alejandro G. Iñárritu a

également consulté plusieurs historiens

afin de représenter de la manière la

plus authentique possible les conflits

territoriaux aujourd’hui mythiques qui

ont opposé le gouvernement américain

et les tribus amérindiennes.

La légende de Hugh Glass commence

en 1823, lorsqu’il prit part, à l’instar

de milliers d’autres, au commerce des

fourrures, moteur majeur émergent

de l’économie américaine. À l’époque,

beaucoup considéraient la nature comme

un désert spirituel qui ne demandait

qu’à être dompté et conquis par les plus

audacieux des hommes. C’est ainsi que

ces aventuriers se sont précipités dans

l’inconnu, qu’ils ont remonté des rivières

non cartographiées et se sont enfoncés

dans des forêts incroyablement denses

en quête d’adrénaline et d’aventure, mais

également de profit. Ils se retrouvaient

souvent en concurrence directe avec les

tribus amérindiennes installées depuis

longtemps sur ces terres.

Nombre de ces hommes sont morts

anonymement, mais Hugh Glass est

entré dans la légende en refusant tout

simplement de mourir. Sa légende est

Page 6: L AISSÉ POUR MORT. HABITÉ PAR LA VENGEANCE. · vec le film d’aventures épiques THE REVENANT, le réalisateur oscarisé Alejandro G. Iñárritu nous transporte au XIXe siècle,

109

née après qu’il a survécu à l’attaque d’un

grizzli, l’un des plus grands dangers

de l’Ouest. Pareille attaque aurait

suffi à terrasser le plus aguerri des

pionniers, mais pas Glass. Dans le film,

le personnage, atrocement blessé,

s’accroche à la vie, mais il est rapidement

trahi par les membres de son équipe,

ce qui ne fait qu’alimenter son désir

de survivre à tout prix. Malgré la

terrible perte qu’il subit et sa situation

désespérée, Glass est déterminé à ne pas

se laisser mourir. Par soif de vengeance,

il entreprend alors un périple semé de

dangers inconnus qui va le confronter

à des cultures étrangères, et qui

finalement, se transformera en quête de

rédemption. Tandis qu’il arpente l’Ouest

sauvage, il se débarrasse peu à peu du

désir de destruction qui le gouvernait

jadis. Il s’est transformé en Revenant,

un être revenu d’entre les morts.

Alejandro G. Iñárritu déclare : « L’histoire

de Glass pose les questions suivantes :

qui sommes-nous lorsque nous nous

retrouvons dépouillés de tout  ? De

quelle étoffe sommes-nous réellement

faits ? De quoi sommes-nous capables ? »

Leonardo DiCaprio commente  : «  THE

REVENANT raconte l’incroyable histoire

d’un homme confronté aux éléments

dans une contrée sauvage, une Amérique

encore inconnue. C’est un film qui explore

le pouvoir de l’esprit. L’histoire de Hugh

Glass fait partie de ces légendes que l’on

se raconte au coin du feu, mais Alejandro

l’a utilisée pour étudier ce qui se passe

lorsqu’on est confronté à la mort, ce

que notre esprit est capable d’endurer

et les conséquences d’une telle épreuve

lorsqu’on y survit. »

THE REVENANT s’oppose en tout point

au monde clos du précédent film du

réalisateur, BIRDMAN. Après avoir exploré

les névroses de la société contemporaine,

Alejandro G. Iñárritu livre ici une grande

fresque historique américaine, avec ses

perpétuelles tensions entre sauvagerie

et civilisation, sérénité et ambition.

Il déclare : « J’ai rêvé de ce projet durant

plus de cinq ans. Il s’agit d’une histoire

intense et poignante qui se déroule

dans des décors grandioses et raconte

la vie de trappeurs qui, en dépit des

souffrances physiques, développent une

grande spiritualité. Bien que l’histoire de

Glass soit en grande partie apocryphe,

nous nous sommes efforcés de rester

fidèles à ce que ces hommes ont vécu

dans ces vastes territoires vierges. Nous

n’avons pas ménagé notre peine, tant sur

le plan physique que technique, pour

livrer un film aussi sincère que possible. »

Le cinéaste a été fasciné par la capacité

qu’a le danger de nous mettre à nu et de

révéler ce dont nous sommes réellement

faits, ainsi que par la manière dont il

met au jour ce qui serait resté enfoui si

l’on n’avait pas été confronté à notre

propre mortalité. À propos du danger

que l’on peut rencontrer en pleine

nature, l’alpiniste Reinhold Messner

a déclaré  :  « La montagne a le don de

nous remettre à notre place. On n’y

découvre pas combien l’on est grand et

fort, au contraire : elle nous apprend

combien nous sommes fragiles, faibles

et gouvernés par nos peurs. Mais on ne

peut véritablement prendre conscience

de cela qu’en étant confronté à la

mort. » La chef costumière Jacqueline

West ajoute : « Le personnage de Glass

prend conscience de la possibilité de sa

propre mort, et c’est quelque chose de

très puissant. »

Cette confrontation avec la mort

est également étroitement liée à

l’extraordinaire relation qui unit le

trappeur à son fils, car après la mort

de celui-ci, Glass s’accroche encore

davantage à la vie.

Alejandro G. Iñárritu commente : « THE

REVENANT raconte non seulement

l’histoire d’un homme qui livre un dur

combat pour sa survie, mais également

une histoire pleine d’espoir. Pour moi, le

plus important était de raconter cette

aventure avec un esprit d’émerveillement

et de découverte, de la traiter comme

une exploration à la fois de la nature

sauvage et de la nature humaine. »

Le producteur Steve Golin déclare  : 

« Alejandro met beaucoup de sincérité

dans tout ce qu’il fait. Ses films sont

réalistes mais possèdent également

une dimension spirituelle et dans THE

REVENANT, cette combinaison s’exprime

de manière inédite. »

LA LÉGENDE DE HUGH GLASS

Depuis deux siècles, la capacité de

Hugh Glass à repousser les limites

de son corps, de son esprit et de son âme

a fait de lui une véritable légende. On

sait peu de choses sur ses jeunes années

hormis sa naissance à Philadelphie en

1773, mais il semblerait qu’il ait été pirate.

À 30 ans, il a pris la direction de l’Ouest

et en 1823, il a participé à l’expédition du

capitaine Andrew Henry pour explorer

la rivière Missouri. C’est près de ce

qui est aujourd’hui la ville de Lemmon,

dans le Dakota du Sud, que Glass a

été attaqué par un ours et abandonné

par les hommes désignés pour rester

auprès de lui, persuadés – à tort – qu’il

ne survivrait pas.

Hugh Glass n’a laissé aucun écrit derrière

lui, à l’exception d’une lettre destinée

aux parents d’un compagnon tué par les

indiens Arikaras. Lorsqu’on a découvert

qu’il avait survécu, son histoire s’est

étalée dans tous les journaux du pays.

Depuis, plusieurs biographies et romans

ont vu le jour, mais en 2002, Michael

Punke a publié Le Revenant, l’un des

récits les plus approfondis et les

plus documentés sur les événements.

Curieusement, Michael Punke n’est pas

écrivain mais représentant de commerce ;

sa fascination de toujours pour les

pionniers de la conquête de l’Ouest l’a

cependant conduit à étudier toutes les

ressources possibles afin de dresser le

portrait le plus réaliste de Hugh Glass

jamais réalisé.

Son livre a été qualifié par Publishers

Weekly de « conte héroïque enchanteur

sur l’obsession de la vengeance » et été

plébiscité par les amateurs de récits

d’aventures, parmi lesquels figuraient

les producteurs d’Anonymous Content :

Steve Golin, Keith Redmon et David

Kanter.

Steve Golin déclare : « J’ai toujours aimé

les films de survie en pleine nature, et

nous nous sommes tous dit que le roman

de Michael Punke ferait un formidable

film d’aventures. La route a été longue

pour David, Keith et moi, mais nous

sommes plus que ravis du résultat final

et de l’extraordinaire équipe qui nous a

aidés à réaliser ce projet. Cela n’a pas

été évident, mais la créativité que cette

histoire a inspirée est tout simplement

exceptionnelle. »

Anonymous Content a confié l’écriture

du scénario à Mark L. Smith, qui a vu

dans cette histoire l’occasion de faire

vivre au public une expérience à peine

imaginable à l’ère du tout-technologique.

Il explique : « Dans les années 1820, quand

on vous abandonnait en pleine nature,

Page 7: L AISSÉ POUR MORT. HABITÉ PAR LA VENGEANCE. · vec le film d’aventures épiques THE REVENANT, le réalisateur oscarisé Alejandro G. Iñárritu nous transporte au XIXe siècle,

1211

vous vous retrouviez vraiment seul

au milieu de nulle part. Il n’y avait pas

d’iPhone pour vous venir en aide. Glass

est confronté à des expériences presque

inimaginables, qu’il s’agisse de tomber du

sommet de chutes d’eau vertigineuses ou

de combattre des loups. Son histoire est

une aventure, mais c’est aussi un riche et

émouvant cheminement intérieur et j’étais

persuadé que cela pourrait également

faire un formidable spectacle visuel. »

Cet espoir est devenu réalité lorsque

Alejandro G. Iñárritu a accepté de réaliser le

film afin de transporter les spectateurs dans

un univers aussi fascinant qu’inaccessible.

Mark L. Smith commente : « Cette histoire est

très différente de ce à quoi Alejandro nous

a habitués, c’est pourquoi au début j’ai été

très étonné qu’il ait envie de la porter à

l’écran. Mais lorsque nous avons commencé

à travailler sur le scénario, c’était comme

une évidence. Il était très investi et avait des

idées incroyables. Ça a été une formidable

collaboration. »

New Regency était très enthousiaste

à l’idée de collaborer avec Alejandro

G. Iñárritu. Brad Weston, le président-

directeur général de la société, déclare :

« Nous avons été enchantés par la vision

d’Alejandro, dont nous avons compris

toute l’ampleur, la portée et le besoin

de flexibilité, et nous y avons aussi vu

l’occasion de renouer avec les racines de

New Regency, une société qui apporte tout

son soutien aux réalisateurs. Il s’agissait

à nos yeux d’un projet ambitieux sur le

plan créatif mais également attractif

sur le plan commercial. »

Alejandro G. Iñárritu a développé

le caractère fictif des récits déjà

apocryphes sur la vie de Glass tout en

s’attachant à explorer les thèmes sous-

jacents de l’histoire. Il commente : « Je tenais

non seulement à raconter le parcours

physique de Glass et Fitzgerald mais

également leur psychologie, leurs rêves,

leurs peurs et leurs deuils. Comme en

musique, l’intrigue principale constituait

une formidable mélodie de base, mais

c’est qui se passe dans leur tête et dans

leur cœur qui confère tout son lyrisme

à la partition. »

Pour Leonardo DiCaprio, l’empreinte

du réalisateur sur le scénario est

incontestable. «  J’étais ravi lorsque j’ai

appris qu’Alejandro allait prendre part

au projet, confie-t-il, car c’est un metteur

en scène unique. Je savais qu’il saurait

immerger le public dans l’univers du

film. Il s’agit en premier lieu de l’histoire

d’un homme qui lutte pour sa survie,

mais Alejandro lui apporte tellement de

nuances qu’il lui confère une incroyable

profondeur. »

Comme seuls les faits historiques sont

avérés, Alejandro G. Iñárritu et Mark L.

Smith ont pu laisser libre cours à leur

imagination. Leur approche a cependant

été dictée par la notion d’authenticité

culturelle. Mark L. Smith explique : « Nous

avons fait d’importantes recherches sur

la manière dont parlaient les trappeurs

par exemple, ou sur les outils qu’ils

utilisaient. Nous tenions à ce que les

spectateurs découvrent cet univers tel

qu’il était vraiment. »

Le réalisateur avait en effet à cœur

de recréer ce monde perdu de manière

authentique. Le premier jour du tournage,

il a réuni la production sur les rives

de la rivière Bow dans l’Alberta, où les

acteurs plongeraient bientôt dans l’eau

glacée pour le tournage d’une scène

d’action. Tous se sont vu remettre une

rose rouge. Le conseiller culturel

Blackfoot Craig Falcon a alors présidé

une cérémonie avec l’aide des aînés de

la tribu locale des Stoney afin de bénir

Page 8: L AISSÉ POUR MORT. HABITÉ PAR LA VENGEANCE. · vec le film d’aventures épiques THE REVENANT, le réalisateur oscarisé Alejandro G. Iñárritu nous transporte au XIXe siècle,

1413

le film, les animaux et la terre. Après

cette bénédiction, Alejandro G. Iñárritu

a demandé aux 300 personnes présentes

de se donner la main en silence. Puis

tous ensemble, ils sont entrés dans l’eau

pour disperser leurs pétales de rose.

LEONARDO DICAPRIO INCARNE HUGH GLASS

Leonardo DiCaprio a incarné une

multitude de personnages – de Howard

Hughes à Jay Gatsby en passant par le

« Loup de Wall Street », Jordan Belfort –

mais le rôle de Hugh Glass a constitué

un défi inédit pour l’acteur. Il a en effet

dû explorer des territoires que peu

d’entre nous ont sillonnés dans notre

monde moderne. Il s’agit de son rôle le

plus physique mais également le plus

silencieux, tout en étant puissamment

éloquent.

À propos de ce qui l’a séduit dans

l’histoire, Leonardo DiCaprio déclare : « Ce

film évoque des thèmes très forts,

notamment ceux de la volonté de vivre

et du rapport à la nature. Et puis au

cours de ma carrière, j’ai joué souvent

des personnages éloquents, qui avaient

beaucoup de choses à dire, et à cet égard,

le rôle de Glass a été un défi unique

pour moi car il a fallu que j’exprime mes

émotions sans parler, ou alors dans une

langue qui m’était étrangère. Pour ce

faire, j’ai essayé de vivre l’instant présent,

et de réagir à ce que nous réservait la

nature et à ce que Glass traversait dans

la scène que nous tournions. Ce rôle

m’a conduit à explorer la nature la plus

profonde de l’instinct de survie. »

L’acteur a également été séduit par la

volonté du réalisateur de raconter

l’histoire de Hugh Glass avec un

réalisme qui plonge le public dans

l’Ouest sauvage d’avant les westerns

traditionnels. Il commente : «  Je n’avais

jamais vu de film sur cette période de

l’histoire américaine, j’étais donc très

curieux. Il s’agit d’une époque unique

dans l’histoire de l’Ouest américain, une

époque bien plus sauvage que ce que

nous appelons aujourd’hui le Far West.

C’était un peu comme l’Amazonie  : une

contrée sauvage inconnue, un no man’s

land où très peu de lois s’appliquaient.

Ces trappeurs venus d’Europe ou de la

côte Est américaine devaient apprendre

à vivre – et survivre – en pleine nature,

comme n’importe quel animal sauvage. »

Alejandro G. Iñárritu a été heureux

de voir qu’à l’instar de Hugh Glass,

Leonardo DiCaprio était prêt à explorer

ses limites. Il déclare : « Leonardo est

un acteur extraordinaire qui pense à

tous les détails et sait exprimer tous

les aspects du comportement humain, et

c’est aussi un formidable observateur. Il

possède un talent inné pour exprimer les

nuances et les mouvements rythmiques,

et tout ce qui donne pleinement vie à

un personnage. Il aborde son travail

dans un esprit de collaboration et avec

beaucoup d’intelligence  ; il cherche

toujours ce qui peut rendre une scène

plus percutante. Il s’est également nourri

de son rapport personnel à la nature.

Son interprétation est par conséquent

non seulement poignante mais aussi

surprenante. »

Pendant le tournage, Leonardo DiCaprio a

été confronté à des épreuves auxquelles

aucun comédien n’aurait pu se préparer

complètement. Le réalisateur raconte  :

« Leonardo a connu les pires conditions

qui soient pour un acteur  : une météo

extrêmement rude, un costume inconfortable,

du maquillage extrême, et il a dû explorer

les plus sombres recoins de l’âme humaine.

Page 9: L AISSÉ POUR MORT. HABITÉ PAR LA VENGEANCE. · vec le film d’aventures épiques THE REVENANT, le réalisateur oscarisé Alejandro G. Iñárritu nous transporte au XIXe siècle,

1615

connu pour ses rôles éclectiques, que

ce soit dans INCEPTION de Christopher

Nolan ou dans LOCKE de Steven Knight.

Le réalisateur déclare : « Fitzgerald est

un homme plein de préjugés, mais c’est

également un être meurtri, gouverné par

la peur d’autrui et incapable de s’ouvrir. »

Il ajoute  : «  Tom possède une rare

délicatesse. Il est très séduisant, bien bâti

et puissant, mais il sait aussi se montrer

d’une extrême fragilité, et c’est ce qui

fait de lui un acteur unique. »

Tom Hardy s’est révélé être un formidable

adversaire pour Leonardo DiCaprio, qui

déclare : « Fitzgerald est un personnage

très intéressant parce qu’on comprend

parfaitement ses motivations. C’est un

homme qui ne possède rien et qui pensait

enfin tenir le bon filon, mais ses espoirs

sont réduits à néant en l’espace d’une

seconde. Dès lors, son unique objectif

est de survivre – tout se résume à « tuer

ou être tué » – et à cet égard, Glass est

un obstacle sur son chemin. Fitzgerald

aussi est un survivant, mais il décide de

s’en sortir très différemment de Glass,

en devenant impitoyable. »

L’acteur poursuit : « Tom et moi avions déjà

collaboré, c’est quelqu’un dont j’admire

énormément le travail. Je trouve que c’est

un des acteurs les plus captivants qui

soient, et j’ai pris beaucoup de plaisir à le

regarder créer ce personnage. Il possède

une réelle brutalité, quelque chose de

sauvage qui était absolument essentiel

pour le rôle. Fitzgerald n’incarne pas

la figure du méchant classique ; Glass

et lui démontrent leur force de manière

complètement différente. »

Domhnall Gleeson, dont le personnage,

le capitaine Henry, réalise qu’il a été dupé

par Fitzgerald, était très enthousiaste à

l’idée de donner la réplique à Tom Hardy.

Il déclare : « Tom fait de Fitzgerald un

homme impénétrable. Mon personnage

nourrit un complexe d’infériorité vis-à-

vis de lui mais petit à petit, il commence

à s’affirmer. C’était un vrai plaisir de me

mesurer à Tom. »

LE TRAPPEUR, PIONNIER DE L’ENTREPRENEURIAT

L’histoire de la traite des fourrures

américaine est brève mais décisive,

et si les contes qu’elle a engendrés

portent aux nues le courage des hommes

qui l’ont écrite, ils font aussi état de la

destruction qu’a généré ce commerce.

Bien qu’elle ait façonné l’image

romantique du trappeur – figure solitaire

idéalisée prétendument aussi sauvage que

la nature qu’il était venu apprivoiser –,

la traite des fourrures était aussi un

commerce très rentable. D’une certaine

manière, elle a marqué l’avènement de

l’archétype de l’entrepreneur occidental,

visionnaire iconoclaste que rien ni

personne n’arrête et qui n’a de comptes

à rendre qu’à lui-même.

Leonardo DiCaprio déclare : « Cette époque

a marqué les débuts de l’industrialisme

dans l’Ouest américain. Avant la

découverte de l’or et du pétrole, la

traite des fourrures était un commerce

lucratif. Les trappeurs se rendaient dans

des contrées sauvages où vivaient les

populations indigènes pour en extraire

les ressources, mais à quel prix ? C’est

la question que se pose Hugh Glass et

un thème fort du film. »

Le commerce des fourrures a commencé

à la fin du XVIIe siècle, lorsque les

Amérindiens se sont mis à échanger

leurs chaudes peaux de bêtes contre

des outils en métal venus d’Europe.

Mais tout cela n’empêche pas qu’il se passe

immédiatement quelque chose lorsqu’il

apparaît devant la caméra, c’est comme s’il

émanait de lui une force particulière. La

manière dont a été tourné le film a exigé

beaucoup de lui en termes de rythme, de

timing, de souffle et de silence, mais il possède

une telle présence que cela fonctionne. »

L’acteur confie quant à lui s’en être

entièrement remis au réalisateur : « Ce

qui me plaît beaucoup dans l’approche

d’Alejandro, c’est que c’est un cinéaste

de la vieille école qui croit encore au

cinéma d’antan. C’est aussi une sorte

d’« outsider de l’intérieur » : il connaît les

rouages de l’industrie cinématographique

contemporaine mais il a été influencé

par toute une vie à étudier l’histoire du

cinéma, ce qui lui a permis de développer

un style propre, tout à fait particulier :

le style Iñárritu. Il existe très peu de

cinéastes capables d’échapper au moule

hollywoodien et de réaliser un film d’une

portée aussi épique que celui-ci. »

L’attaque qui menace de mettre un terme

à la vie de Hugh Glass a immédiatement

plongé Leonardo DiCaprio au cœur du

sujet. L’acteur se souvient : « La scène de

l’attaque de l’ours a été incroyablement

difficile et éprouvante à tourner, mais

elle est profondément émouvante.

Alejandro réussit à placer le public au

plus près de l’action afin qu’il sente la

respiration de Glass et le souffle de

l’animal. Cette scène dépasse tout ce que

j’ai pu voir. Glass doit trouver le moyen

d’échapper à l’emprise de ce gigantesque

animal, il est à deux doigts de la mort…

et on est à ses côtés à chaque instant. »

Les intenses conversations qu’il a eues

avec Alejandro G. Iñárritu à propos de

Glass ont nourri l’interprétation de

Leonardo DiCaprio. L’acteur déclare :

« La femme et le fils fictifs de Glass,

qui appartiennent à la tribu Pawnee, le

distinguent des autres trappeurs. Il est

déjà imprégné de la nature et a plus ou

moins délaissé le monde plus matériel qui

est celui des hommes qu’il accompagne.

En tant que père, il a dû faire face à des

défis uniques dans cet environnement

hostile, et cela a façonné son caractère.

On comprend que son fils Hawk et lui

sont en marge du groupe, leur relation

est donc une puissante force motrice

tout au long du film. »

L’acteur a réalisé la plupart de ses

cascades lui-même. Il a notamment été

enterré sous la neige, a joué nu par -5°C

et a sauté dans une rivière glaciale,

mais chacun de ces moments l’a aidé à

mieux comprendre la volonté qui anime

son personnage. Tandis qu’il parcourt

l’immensité de l’Ouest, Glass ne fait

pas que survivre  : il se transforme

profondément, ce que Leonardo DiCaprio

révèle par touches subtiles à travers son

jeu et qui vient renforcer le caractère

émouvant du dénouement.

L’acteur conclut : « Tout au long du film,

la question est de savoir si la vengeance

apaisera Glass au bout du compte… mais sa

volonté de vivre prend progressivement

le pas et son cheminement se transforme

en une forme de quête spirituelle. »

TOM HARDY INTERPRÈTE JOHN FITZGERALD

La lutte pour la survie de Hugh Glass

trouve un sombre pendant dans la

lente plongée de John Fitzgerald dans la

paranoïa, la récrimination et l’amertume.

Pour incarner Fitzgerald, l’homme qui

trahit Glass et lui donne ainsi la volonté

de survivre, Alejandro G. Iñárritu a

choisi l’acteur britannique Tom Hardy,

Page 10: L AISSÉ POUR MORT. HABITÉ PAR LA VENGEANCE. · vec le film d’aventures épiques THE REVENANT, le réalisateur oscarisé Alejandro G. Iñárritu nous transporte au XIXe siècle,

1817

Au début du XIXe siècle, lorsque la

demande de chapeaux en fourrure, et

notamment de hauts-de-forme en feutre

de castor, s’est envolée sur le vieux

continent – et que le prix des peaux de

castors a atteint 6 dollars la livre

–, la traite des fourrures a constitué

un véritable moteur pour l’économie

américaine et a entraîné la création de

nouvelles routes commerciales qui ont

ensuite ouvert la voie au développement

de l’Ouest.

Dans les années 1820, le commerce de la

fourrure s’étendait jusqu’aux Rocheuses

et était devenu hautement compétitif.

Les fourreurs se livraient en effet une

guerre sans merci tout en décimant au

passage les tribus indiennes. Hugh Glass

travaillait pour la Rocky Mountain Fur

Company, alors nouvelle venue sur le

marché. La compagnie utilisait le système

des « rendez-vous » ce qui signifie qu’elle

ne construisait ni cabanes, ni forts

pour ses trappeurs qui devaient chasser

pour se procurer leur nourriture,

construire leurs abris et mener leurs

propres batailles, renforçant ainsi leur

réputation d’hommes impassibles. 

Mais le mythe romancé du trappeur

héroïque cache une réalité beaucoup plus

sombre. Nombre d’entre eux passaient

leur vie à rembourser les dettes qu’ils

avaient accumulées tandis que les

propriétaires des compagnies de négoce

des fourrures amassaient d’immenses

fortunes. Et si les trappeurs vivaient

au rythme de la nature, leur rapport

à leur environnement était souvent

antagoniste, si bien que certaines espèces

animales ont frôlé l’extinction et qu’ils

ont altéré à jamais ces grands espaces

et le destin des nations amérindiennes

qui la peuplaient.

Pour recréer cet univers dans toutes

ses nuances, Alejandro G. Iñárritu a fait

appel à des experts tels que l’historien

Clay Landry, affilié aux deux seuls

musées américains dédiés à cette période :

le Museum of the Mountain Man du

Wyoming et le Museum of the Fur Trade

du Nebraska. Pour les spécialistes comme

Clay Landry, l’histoire de Hugh Glass,

c’est un peu le b.a.-ba. Il déclare : « Lorsque

vous étudiez l’histoire du commerce de la

fourrure dans les Rocheuses, l’une des

premières choses que l’on vous apprend,

c’est l’histoire de Glass tant elle est

remarquable. »

Tout au long du tournage, l’historien

a éclairé l’équipe sur l’état d’esprit des

trappeurs, les outils qu’ils utilisaient et

leurs techniques de survie. Il a transmis

son savoir aux acteurs lors d’un « boot

camp » où ils ont notamment appris à

fabriquer un arc, poser des pièges à

castors, écorcher de faux rongeurs

et lancer des tomahawks. Clay Landry

raconte : « Les acteurs ont beaucoup appris

pendant ces quelques jours. Nous leur

avons enseigné tout ce qu’un trappeur

a besoin de savoir. Ils ont bien entendu

tiré à blanc et n’ont pas vraiment eu à

survivre par eux-mêmes, mais ils ont pu

se faire une idée de la rudesse de la vie

en pleine nature. Ils voulaient en savoir

le plus possible sur cette période. »

Arthur Redcloud, qui incarne Hikuc,

le guérisseur amérindien que Glass

rencontre au cours de son périple,

ajoute  : « Ce boot camp ne nous a pas

seulement aidés sur le plan physique,

il nous a aussi beaucoup appris sur le

plan émotionnel et spirituel. Pour moi, il

ne s’agissait pas uniquement de renouer

avec le passé, mais d’en acquérir une

nouvelle vision. »

Page 11: L AISSÉ POUR MORT. HABITÉ PAR LA VENGEANCE. · vec le film d’aventures épiques THE REVENANT, le réalisateur oscarisé Alejandro G. Iñárritu nous transporte au XIXe siècle,

2019

EN TERRITOIRE ARIKARA

Au début de THE REVENANT, l’expédition

du capitaine Henry est attaquée par

les membres d’une tribu installée sur

les rives de la rivière Missouri. Il s’agit

des Indiens Arikaras – surnommés les

Ree par les trappeurs –, dont l’offensive

historique contre la Rocky Mountain

Fur Trading Company a scellé le destin.

Alejandro G. Iñárritu tenait à mettre en

avant le rôle essentiel, bien que souvent

ignoré, des Arikaras dans sa version de

la légende de Hugh Glass.

Les Arikaras, qui s’appellent en réalité

entre eux les Sahnishs, ont été baptisés

ainsi par les autres tribus en raison de

leurs coiffes de plumes. Agriculteurs

semi-nomades à la culture riche, ils

vivaient dans les plaines depuis plus de

1 000 ans lorsque les Européens sont

arrivés. En 1804, l’expédition Lewis et

Clark a croisé les Arikaras et les a

qualifiés de pacifiques. Dans les années

1820, après avoir été déplacés à plusieurs

reprises, ils se trouvaient dans un autre

état d’esprit. Une attaque menée contre

des trappeurs a alors entraîné une

réaction de l’armée américaine qui a

décimé la tribu au cours de la première

de nombreuses guerres brutales. Dans

les années 1830, plusieurs épidémies de

variole et des conflits avec les Sioux

ont diminué la population Arikara, déjà

affaiblie, de 70%. Ils ont pourtant survécu

et se sont installés dans le Dakota

du Nord où le dernier représentant

de la langue Arikara, alors menacée,

a réussi à la maintenir en vie. Il était

tellement important pour le réalisateur

de dresser un portrait authentique de

la nation Arikara qu’il a fait appel à

Loren Yellowbird Sr., historien Arikara,

anthropologue et chef interprète et

Ranger au Fort Union Trading Post dans

le Dakota du Nord.

Loren Yellowbird Sr. était ravi que les

Arikaras prennent enfin toute leur place

dans cette histoire. Il déclare : « Beaucoup

de gens n’ont jamais entendu parler des

Arikaras, ce film était donc l’occasion de

mettre un autre point de vue en avant et

de ramener ce monde à la vie. J’ai trouvé

cela fantastique, car mettre la langue

et la culture Arikara de cette époque

en lumière est très important. »

Le film met en effet en scène le mode

de vie traditionnel Arikara juste avant

son déclin. L’historien commente : « Les

Arikaras vivaient dans des villages

établis depuis plusieurs centaines

d’années, ils possédaient de solides

réseaux d’échanges commerciaux et

une culture cérémonielle complexe qui

n’avait pas encore été altérée. »

Mais cela a rapidement changé avec

l’expansion du commerce des fourrures.

Loren Yellowbird Sr. raconte : « Aux yeux

des Arikaras, les trappeurs n’avaient

aucun respect pour cette terre et ceux

qui la peuplaient. Ils pénétraient sur des

territoires qui ne leur appartenaient pas

et les pillaient. Ils ne négociaient pas,

ils se contentaient de se servir sans rien

demander à personne. »

Après leur attaque contre les

trappeurs, les Arikaras se sont forgé

une réputation de féroces guerriers,

mais Loren Yellowbird Sr. rappelle que

cette attaque s’inscrit  dans un contexte

particulier : « Les fourreurs se sont mis à

craindre les Arikaras, mais étonnamment,

les femmes de la tribu ont continué à les

épouser, ce qui prouve qu’abordés avec

respect, les Arikaras étaient pacifiques.

Je pense qu’ils traitaient les trappeurs

et l’armée de la manière dont ils se

sentaient eux-mêmes traités. »

Page 12: L AISSÉ POUR MORT. HABITÉ PAR LA VENGEANCE. · vec le film d’aventures épiques THE REVENANT, le réalisateur oscarisé Alejandro G. Iñárritu nous transporte au XIXe siècle,

2221

a prévenus qu’il voulait que ce soit

une expérience difficile pour nous, les

acteurs… et il a tenu parole ! Nous avons

été confrontés à des situations et des

conditions difficiles, mais c’était excitant

parce que c’était très différent de ce

à quoi nous sommes habitués. Je n’avais

évidemment encore jamais rien vécu de tel,

mais il y a une certaine ivresse à réaliser

un film de cette manière, car on ne fait

plus ce genre de cinéma aujourd’hui. »

Domhnall Gleeson affirme que la rudesse

du tournage a enrichi son interprétation.

Il explique : « Mon personnage n’est pas

habitué à de telles conditions, il n’est

pas dans son élément et trouve la

situation très difficile, je me suis donc

appuyé sur ce que je vivais moi-même pour

l’interpréter. Le plus important pour moi,

c’est que le public perçoive le désespoir,

la folie et l’incertitude de ces hommes. »

Will Poulter : Jim Bridger

L’acteur britannique Will Poulter (LE

LABYRINTHE) incarne Jim Bridger, qui

allait devenir plus tard un guide mythique

de l’Ouest. Mais dans THE REVENANT, il n’est

encore qu’un adolescent – un adolescent

qui doit faire face à sa conscience après

que John Fitzgerald et lui abandonnent

Hugh Glass, mortellement blessé. Will

Poulter a été séduit par la richesse

du rôle. Il déclare : « C’est un honneur

d’incarner quelqu’un qui a vraiment

existé et dont les techniques de survie

ont fait la réputation à une époque et

dans une région où l’espérance de vie

était très limitée. »

Le jeune Jim, fraîchement débarqué dans

l’Ouest, n’a pu qu’être marqué pour

toujours par cette expérience. L’acteur

commente : « Je pense que pour Alejandro,

Bridger est l’incarnation de l’innocence

confrontée aux pires situations de la vie.

Il représente également le conflit entre

le garçon qu’il est et l’homme qu’il est

en train de devenir. Jim doit apprendre

à s’affirmer, à affronter ses peurs une

fois pour toutes et à faire les bons choix.

Il se retrouve face à des situations que

des hommes tels que Glass, Fitzgerald

ou le capitaine Henry ont déjà vécues,

et pour survivre, il va devoir grandir

– et vite. » Bridger était initialement un

apprenti de Glass. Will Poulter raconte :

« Dans l’Ouest sauvage, Glass est sans

doute ce qui se rapproche le plus d’une

figure paternelle pour Jim. Il l’idolâtre

car à ses yeux, c’est le meilleur guide

et le meilleur tireur de la région. C’est

pourquoi lorsque la situation tourne

mal, Bridger perd tous ses repères. »

Le jeune homme est en effet obligé de

pactiser avec Fitzgerald. Pour exprimer

le mélange d’horreur, de colère et de

peur que son personnage ressent envers

Fitzgerald, Will Poulter a travaillé en

étroite collaboration avec Tom Hardy. Il

commente : « Leur relation est loin d’être

amicale. Ceci étant dit, ce ne sont pas

non plus des ennemis. Le lien qui les unit

est trouble et complexe. Leur relation

repose sur le fait qu’ils sont tous les

deux conscients d’avoir besoin l’un de

l’autre pour survivre. »

À l’instar de ses partenaires, Will

Poulter a été fasciné par la manière

dont Alejandro G. Iñárritu et Emmanuel

Lubezki ont tourné le film. Il explique : « Je

n’avais jamais eu à interagir de manière

aussi intime avec la caméra auparavant,

ni à livrer mon âme devant l’objectif de

cette façon, mais je dois dire que ça a été

une expérience incroyable. C’est presque

comme si je ne jouais plus la comédie, car

d’une certaine manière, il fallait que je

devienne le personnage. »

Le mode de vie de la tribu a alors décliné

jusqu’à presque disparaître. Loren

Yellowbird Sr. raconte : « Notre mode de

vie a commencé à disparaître si vite que

nous n’avions aucun moyen d’inverser

le cours des choses. Par chance, nous

avions des chefs intelligents, des

visionnaires qui pensaient au futur et qui

ont pris les bonnes décisions pour que

leur peuple survive. Aujourd’hui, j’essaie

de suivre leur exemple. En faisant ce

film, par exemple, je me suis demandé ce

que je pouvais faire pour maintenir notre

langue, notre culture, nos chansons

et nos coutumes en vie pour que mes

arrière-arrière-petits-enfants puissent

toujours en profiter. »

L’historien est particulièrement heureux

que certains jeunes Arikaras aient

l’occasion d’entendre la langue de

leurs ancêtres et de voir comment ils

vivaient pour la première fois grâce à THE

REVENANT. Il confie : « J’ai beau posséder un

iPhone, cela ne m’empêche pas d’honorer

nos traditions car je pense qu’il est

important pour nous de respecter nos

ancêtres. Cette histoire montre combien

ils ont souffert pour que nous puissions

être ici aujourd’hui. »

Si Loren Yellowbird Sr. est le seul Arikara

à avoir pris part à la production, quelque

1 500 Amérindiens et membres canadiens

des Premières Nations apparaissent dans

le film, et tous étaient désireux d’en

apprendre davantage sur les Arikaras.

L’historien commente : « Les figurants

tenaient à représenter ce monde de

la manière la plus réaliste qui soit,

et cela m’a fait chaud au cœur. Si je

devais incarner un membre d’une autre

tribu, je ferais la même chose. » Craig

Falcon, éducateur culturel Blackfoot

spécialisé dans la culture amérindienne

et aborigène, a également participé au

film. Ses connaissances en matière de

chevaux et de peintures de guerre ont

été précieuses pour l’équipe. Une fois

de plus, c’est l’authenticité culturelle

recherchée par le réalisateur qui a

séduit l’éducateur culturel. Il déclare :

« Les Amérindiens veulent voir la vérité,

pas comme dans les vieux westerns où

on voyait Ricardo Montalbán déguisé en

Indien ! THE REVENANT est en tout point

authentique, que ce soit pour le langage,

les peintures de guerre des chevaux

ou le portrait qu’il dresse de chaque

tribu. » Arthur Redcloud, qui a grandi

dans une réserve Navajo et interprète

Hikuc, conclut : « Ce film est très spécial

et nous tenions à y mettre tout le cœur

et toute l’âme de notre peuple. »

LES PERSONNAGES SECONDAIRES

Domhnall Gleeson : le capitaine Henry

Domhnall Gleeson, acteur irlandais

en pleine ascension que l’on peut

également voir en 2016 dans BROOKLYN,

incarne le capitaine Andrew Henry.

Personnage historique, Henry était l’un

des fondateurs de la Rocky Mountain

Trading Company et le chef de l’expédition

remontant la rivière Missouri. Le film va

cependant au-delà de ce que l’Histoire a

retenu d’Andrew Henry, comme l’explique

Domhnall Gleeson  : « Le vrai Andrew

Henry était très respecté alors que dans

le film, on découvre un homme peu sûr

de lui qui se transforme peu à peu en

meneur d’hommes. Il évolue en effet

tout au long de l’histoire et devient

progressivement l’homme dont on se

souvient aujourd’hui. » Dès le départ,

l’acteur était conscient que le tournage

serait éprouvant. Il raconte : « Avant même

le début du tournage, Alejandro nous

Page 13: L AISSÉ POUR MORT. HABITÉ PAR LA VENGEANCE. · vec le film d’aventures épiques THE REVENANT, le réalisateur oscarisé Alejandro G. Iñárritu nous transporte au XIXe siècle,

2423

Forrest Goodluck : Hawk

Forrest Goodluck, 16 ans, fait ses

débuts au cinéma dans le rôle de

Hawk, le fils fictif de Hugh Glass et d’une

Amérindienne. Membre des tribus Diné,

Mandan, Hidatsa et Tsimshian originaire

du Nouveau-Mexique, Forrest Goodluck

est passé par un long processus de

sélection pour décrocher le rôle.

La complexité de ce personnage tiraillé

entre deux mondes a beaucoup inspiré

l’acteur. Il raconte : « Hawk est à moitié

amérindien et à moitié blanc. Très jeune,

il a dû quitter son village, il a perdu sa

mère et a été très gravement brûlé dans

un incendie. Il s’est renfermé sur lui-même

et a subi un traumatisme psychologique

– on parlerait aujourd’hui de stress post-

traumatique. Mais je pense que chacune

de ces épreuves l’a rendu plus fort. C’est

un personnage à la fois fort et fragile.

Il ne sait pas vraiment où est sa place

car il n’est totalement accepté ni par

les blancs, ni par son propre peuple. »

Un lien profond et indéfectible l’unit

cependant à son père, Hugh Glass.

L’acteur commente : « Leur relation repose

sur le respect mutuel. Un lien silencieux

les unit, mais à cette époque on ne pouvait

pas se permettre d’être sensible, leur

relation peut donc parfois sembler

brutale, même s’ils ressentent en réalité

beaucoup d’amour l’un pour l’autre. »

Duane Howard : Elk Dog

Elk Dog, le puissant guerrier Arikara

à la recherche de sa fille, Powaqa,

qui a été capturée, est interprété par

Duane Howard, un acteur des Premières

Nations originaire de l’île de Vancouver

au Canada. À propos de son personnage,

il déclare : « Elk Dog est une autorité.

Lorsqu’il prend la parole, on l’écoute,

et même lorsqu’il ne dit rien, les gens

sont attentifs. Il inspire le respect, mais

en retour, il est prêt à donner sa vie

pour son peuple. »

Pourtant, lors de l’attaque du campement

des trappeurs par les Arikaras, Elk Dog

est très touché par les morts et la

destruction dont il est témoin. Duane

Howard se souvient : « Il a vraiment fallu

que je me mette à nu, que je me montre

vulnérable. Ça a été une expérience

intense. »

Pour le tournage de THE REVENANT, l’acteur

a dû apprendre et s’approprier la langue et

la culture Arikara. Il commente : « L’Arikara

est très différent de ma langue, mais ça a

été très enrichissant et très intéressant

d’en apprendre davantage sur ce peuple. »

Duane Howard a été très touché par la

volonté de la production de représenter

les peuples amérindiens aussi fidèlement

que possible. Il déclare : « L’équipe a fait

un travail remarquable. Chaque détail

du film, des peintures corporelles aux

vêtements, a une signification bien précise,

comme c’était le cas à l’époque. »

Arthur Redcloud : Hikuc

Hikuc est un personnage central

dans l’univers de THE REVENANT. Âme

solitaire rencontrée dans les plaines

et sauveur inattendu de Glass, il est

interprété par Arthur Redcloud, un Navajo

qui décrit son personnage comme « un

homme prêt à relever un nouveau défi

et à prendre un nouveau départ ».

Arthur Redcloud a lui-même étudié

auprès de son grand-père pour devenir

guérisseur au sein d’une réserve Navajo.

Page 14: L AISSÉ POUR MORT. HABITÉ PAR LA VENGEANCE. · vec le film d’aventures épiques THE REVENANT, le réalisateur oscarisé Alejandro G. Iñárritu nous transporte au XIXe siècle,

2625

Après avoir obtenu le rôle, l’acteur

a beaucoup réfléchi à la scène dans

laquelle Hugh Glass découvre Hikuc en

train de se nourrir d’une carcasse de

bison. Il explique : « Dans notre culture,

le bison n’est pas seulement un animal,

il symbolise la force, la guérison et la

compassion. C’est pourquoi lorsqu’on

voit mon personnage manger cet animal,

il ne nourrit pas uniquement son corps,

il nourrit aussi son esprit et son âme. »

Le fait de donner la réplique à Leonardo

DiCaprio a davantage intrigué qu’intimidé

Arthur Redcloud, qui déclare : « Pour moi,

c’était avant tout une incroyable occasion

d’apprendre, mais je tenais aussi à essayer

de voir en lui. À plusieurs reprises, j’ai essayé

de lire dans son cœur et de comprendre

qui il était vraiment, et je pense y être

parvenu. Ça a été un plaisir de partager des

idées et d’apprendre à ses côtés. D’ennemis

potentiels, Glass et Hikuc deviennent de

véritables frères, et Leonardo et moi avons

fait ce chemin ensemble. »

Arthur Redcloud a également beaucoup

appris de ses échanges avec Alejandro

G. Iñárritu. Il raconte : « Alejandro est

une sorte de savant fou doublé d’un

peintre. Chaque détail compte pour lui.

Il ne voulait pas seulement raconter les

histoires des peuples amérindiens, il tenait

à comprendre ce qui faisait leur force. »

Les trappeurs

La distribution est complétée par

un groupe d’acteurs chevronnés

et débutants venu des quatre coins du

monde, et tous assurent que le tournage

de THE REVENANT a été une expérience

qu’ils n’oublieront jamais. Le Canadien

Brendan Fletcher, qui incarne Fryman,

déclare : «  Je n’avais jamais rien vécu de

tel dans ma carrière d’acteur, c’était la

première fois que je tournais de longs

plans-séquences alors que les éléments

se déchaînaient autour de moi. Ça a été

incroyable de voir avec quelle honnêteté

Alejandro a réalisé ce film. »

La star norvégienne Kristoffer Joner,

qui interprète Murphy, ajoute : « Cette

méthode de travail, qui consiste à se

déplacer avec la caméra, était nouvelle

pour moi. Alejandro a comparé la caméra

à un train en mouvement auquel il

suffisait de s’accrocher pour se laisser

porter. Mais c’était assez terrifiant.

Certains jours c’était jouissif, d’autres

difficile ; c’était chaque fois différent. »

Joshua Burge, qui joue Stubby Bill, confie

que le caractère physique du tournage a

engendré une franche camaraderie chez

les acteurs. Il explique : « Nous venions

tous de pays différents, mais un lien

incroyable s’est formé entre nous grâce

aux épreuves que nous avons traversées

ensemble, comme c’était le cas pour les

trappeurs. Ils se retrouvaient au milieu

de nulle part, confrontés à des dangers

imprévisibles, et ne pouvaient compter

que les uns sur les autres. »

L’IMAGE DE ‘THE REVENANT’

Dans THE REVENANT, Alejandro G. Iñárritu

met son style d’une singulière fluidité

au service d’un univers aux antipodes

de celui de BIRDMAN, son précédent

film. Avec son collaborateur de longue

date, le directeur de la photographie

Emmanuel Lubezki, surnommé Chivo, le

réalisateur a établi quelques règles de

base : premièrement, ils ont décidé de

tourner le film chronologiquement afin

de rester au plus près du déroulement

naturel du périple de Hugh Glass.

Page 15: L AISSÉ POUR MORT. HABITÉ PAR LA VENGEANCE. · vec le film d’aventures épiques THE REVENANT, le réalisateur oscarisé Alejandro G. Iñárritu nous transporte au XIXe siècle,

2827

À LA DURE : LES DÉCORS

Pour redonner vie au monde de 1823,

Alejandro G. Iñárritu a fait appel aux

talents du chef décorateur nommé aux

Oscars Jack Fisk. S’il avait déjà pris part

à de nombreuses fresques épiques, dont

THERE WILL BE BLOOD de Paul Thomas

Anderson ou THE TREE OF LIFE – L’ARBRE

DE VIE réalisé par Terrence Malick, le chef

décorateur ignorait tout de cette période.

Il a cependant été séduit par le caractère

brut et sauvage de l’époque. Il explique :

« J’aime beaucoup cette période. Les gens

étaient contraints d’utiliser ce dont ils

disposaient dans leur environnement ; il y

avait beaucoup de haches et de couteaux

mais très peu d’infrastructures. Nous

avons donc autant que possible essayé

de reproduire cela pour que les

spectateurs puissent se perdre dans

cet univers. Alejandro tenait à ce que

tout soit réaliste, crasseux et patiné

par le temps, c’est donc ce qui a guidé

notre travail. Il faut garder à l’esprit

que ces trappeurs passaient souvent

plusieurs mois sans se laver et qu’ils

engloutissaient chacun environ 4,5 kilos

de viande par jour, je vous laisse donc

imaginer leur état… Le réalisme cru et

l’usure du temps perceptible dans chaque

objet de cet univers nous ont aidés à

mieux comprendre combien ce mode de

vie était difficile. »

Peu de temps après que Jack Fisk a

accepté de concevoir les décors du film,

Alejandro G. Iñárritu lui a fait parvenir

ANDREÏ ROUBLEV d’Andreï Tarkovski afin

de lui donner une idée de l’esthétique

qu’il recherchait. Le chef décorateur

se souvient : « J’ai immédiatement compris

le genre de film qu’il voulait réaliser. »

Il a également été informé du fait que

le cinéaste souhaitait tourner le film

en lumière naturelle, ce qui a nécessité

une attention particulière de sa part

lors du choix des décors. Il déclare : « Il

fallait constamment que nous gérions

les obstacles que la nature plaçait sur

notre chemin, mais cela a aussi façonné

notre processus créatif. »

Le tentaculaire Fort Kiowa, construit

artisanalement dans une carrière de

gravier désaffectée du parc provincial

de Spray Valley près de Canmore dans

l’Alberta, est une des pièces maîtresses

du film. Déterminée à rester fidèle à

l’Histoire, l’équipe de Jack Fisk a construit

le fort en utilisant des matériaux et des

croquis des années 1820, ainsi que du

bois de construction trouvé sur place.

Le chef décorateur déclare : « Je tenais

absolument à rester fidèle au style

de l’époque… ce qui en fait un lieu

où personne ne voudrait plus vivre

aujourd’hui  ! Loin d’être accueillant,

l’endroit est inhospitalier car la vie

de ces hommes était très rustique. Ils

étaient trappeurs, pas charpentiers,

leurs constructions étaient donc assez

grossières. Je me fâchais contre les

charpentiers quand ils faisaient du trop

bon travail ! Notre devise pour ce décor

était : « Trop bien, c’est pas bon ! ». Il fallait

faire du vieux avec du neuf. »

Sur THE REVENANT, le fait de vieillir les

décors est en effet devenu un art à

part entière. Jack Fisk explique : « L’équipe

chargée de patiner les décors a eu

beaucoup de travail avec Fort Kiowa.

L’un des bâtiments était trop lisse, trop

carré, je leur ai donc demandé de le

soulever une ou deux fois avec un chariot

élévateur et de le laisser retomber pour

le secouer un peu et lui donner un air

plus délabré. Finalement, nous avons

passé autant de temps à vieillir le décor

qu’à le construire ! »

Deuxièmement, ils ont choisi d’éclairer

le film en ne comptant que sur le soleil

et la lueur des flammes, sans apporter

aucune lumière artificielle moderne,

et d’utiliser cet éclairage naturel de

manière créative. Enfin, ils tenaient à

réaliser les longs plans-séquences

fluides et continus qui ont fait leur

réputation, mais dans une optique très

différente de celle de BIRDMAN.

La vision d’Alejandro G. Iñárritu pour

THE REVENANT était celle d’un tableau

peint en clair-obscur, un jeu d’ombres

et de lumière. Il explique : « De la même

manière que BIRDMAN était inspiré par

la musique, ce film a été inspiré par la

peinture. Et Chivo a joué un rôle majeur

pour lui donner la dimension d’une

œuvre d’art. » Doté de l’Alexa 65 – la toute

nouvelle caméra grand format d’Arri, la

société pionnière en matière de caméras

numériques –, Emmanuel Lubezki a utilisé

divers objectifs grand angle allant de

12 à 21 mm afin de créer une profondeur

de champ extrême. La flexibilité du

système se prête bien à des mouvements

de caméra qui passent souvent du très

gros plan au panoramique afin de suivre

une histoire qui oscille entre action,

onirisme et émotions. L’équipe a mêlé

trois approches – grues télescopiques,

Steadicams et caméras portées – pour

permettre au réalisateur d’agencer

plus tard les images à la manière d’un

chorégraphe avec le chef monteur

oscarisé Stephen Mirrione. Réaliser de

longs plans-séquences dans un cadre

sauvage imprévisible était nouveau pour

tout le monde, et au début, les défis ont

été colossaux. À Calgary, où se trouvait

l’équipe, le jour ne dure que quelques

heures en hiver, les occasions de tourner

étaient donc très brèves et placées sous

très haute pression. Personne ne savait

en effet si une deuxième ou une troisième

prise serait possible.

Alejandro G. Iñárritu se souvient  : «  Il

fallait qu’on chorégraphie la scène dans

les moindres détails, qu’on trouve le bon

moment de la journée pour la tourner et

enfin qu’on croise les doigts pour que la

météo se maintienne. C’était difficile et

passionnant à la fois. Il fallait beaucoup

de temps, de réflexion et de répétitions

pour réussir à tourner une scène, car

nous tenions à conserver une certaine

esthétique et une certaine atmosphère.

Les conditions dont nous avions besoin

étaient tellement précises qu’il fallait

que nous soyons très patients ou bien

que nous les créions nous-mêmes. Par

la force des choses, nous sommes en

quelque sorte devenus des trappeurs ! »

THE REVENANT a non seulement plongé

Emmanuel Lubezki dans la conquête

de l’Ouest, mais également au cœur du

paysage onirique du subconscient de

Hugh Glass. Le réalisateur explique : «

Dans le film, lorsque Glass est seul

et que son corps l’abandonne, la seule

manière que nous avons d’apprendre à

le connaître est à travers ses visions

et ses rêves, lesquels nous informent

sur son état d’esprit et sur son passé. »

Tous les acteurs ont été captivés par le

style photographique de Chivo, qui les a

poussés à se dépasser. Leonardo DiCaprio

déclare : « Le style de Chivo fait partie

intégrante de l’univers d’Alejandro.

Ensemble, ils s’immergent dans l’histoire

et travaillent en étroite collaboration

avec les acteurs pour coordonner des

mouvements de caméra et des prises de

vues d’une incroyable complexité. Dans

ce film, ils ont réussi à mettre en scène

une réalité virtuelle qui vous donne

l’impression de vous trouver aux côtés

des personnages. On partage le point de

vue de Glass, au point d’avoir l’impression

de faire partie de son subconscient. »

Page 16: L AISSÉ POUR MORT. HABITÉ PAR LA VENGEANCE. · vec le film d’aventures épiques THE REVENANT, le réalisateur oscarisé Alejandro G. Iñárritu nous transporte au XIXe siècle,

3029

Pour répondre aux besoins du tournage

en lumière naturelle, le chef décorateur

a même construit deux forts identiques :

l’un orienté à l’est pour les scènes

tournées le matin, l’autre à l’ouest pour

bénéficier du soleil de l’après-midi.

Le village Pawnee a quant à lui été

construit en studio à Los Angeles avec

les matériaux et les techniques utilisés

par la tribu. Jack Fisk commente : « Nous

avons simplifié certaines étapes de la

construction du village d’hiver, mais les

petites maisons ont toutes été fabriquées

en bois, en terre et en paille comme cela

se faisait à l’époque. »

Si la plupart des décors du film ont un

fondement historique, le chef décorateur

a aussi imaginé des éléments oniriques

comme le gigantesque tas de crânes

de bisons et les ruines d’une église

de style européen. Parmi les décors

emblématiques du film figure également

le campement des trappeurs attaqué par

les Arikaras dans la bataille qui ouvre le

film. Au début de la scène, on découvre

des tentes de fortune, des cabanons, des

feux de camp et des trappeurs en train

d’écorcher des castors et de rassembler

les fourrures. Jack Fisk a même construit

une embarcation d’époque qui joue un

rôle majeur dans l’action. Il commente :

« Je suis très fier que le quillard soit en

tout point authentique… à l’exception du

moteur de 450 chevaux que nous avons

dissimulé à l’intérieur pour lui faire

remonter le courant ! »

Jack Fisk est connu pour ses décors

pouvant être filmés sous tous les angles,

et ceux de THE REVENANT ne font pas

exception à la règle. Il déclare : « J’aime

les décors qui peuvent être filmés à

360 degrés, et Alejandro a su en tirer

pleinement parti. Il trouve toujours les

points de vue les plus originaux qui soient. »

PRIMITIFS ET AUTHENTIQUES : LES COSTUMES

La figure du trappeur est fermement

ancrée dans l’imaginaire américain,

mais pour THE REVENANT, la chef

costumière nommée deux fois aux

Oscars Jacqueline West (ARGO, L’ÉTRANGE

HISTOIRE DE BENJAMIN BUTTON) tenait à

aller au-delà des clichés.

«  J’ai grandi avec la légende de Hugh

Glass, confie-t-elle. Je connais son

histoire car je possède un ranch dans

le Dakota du Sud où il est considéré

comme un personnage mythique. Ces

trappeurs étaient les vrais pionniers.

Le scénario évoque pour moi autant

l’atmosphère des grands romans russes

que celle des westerns. Je suis fascinée

par Dostoïevski, Tchekhov et Tolstoï,

c’est pourquoi l’aspect psychologique

de l’histoire m’a beaucoup plu. »

Pour créer les costumes du film,

Jacqueline West s’est inspirée de nombreux

artistes, et notamment des toiles et des

esquisses de deux peintres renommés de

l’époque : Alfred Jacob Miller, qui s’est

installé dans les Rocheuses au milieu du

XIXe siècle et fut l’un des rares artistes

à saisir le quotidien de cette période ; et

Karl Bodmer, un peintre suisse célèbre

pour ses portraits d’Amérindiens, en

particulier ceux de la tribu Mandan du

Dakota du Sud.

Un tableau en particulier a inspiré

l’apparence de Leonardo DiCaprio. La chef

costumière déclare : « Il s’agit du portrait

d’un chasseur amérindien emmitouflé

dans une redingote à capuche toute

simple. Il a beaucoup plu à Alejandro

lorsque je le lui ai montré parce qu’il aime

tout ce qui est discret, sans ostentation.

Il aime que le personnage transparaisse

à travers ses vêtements. La capuche

Page 17: L AISSÉ POUR MORT. HABITÉ PAR LA VENGEANCE. · vec le film d’aventures épiques THE REVENANT, le réalisateur oscarisé Alejandro G. Iñárritu nous transporte au XIXe siècle,

3231

est inspirée de la vision spirituelle,

voire monastique qu’Alejandro avait de

Glass. Sa chemise est très ordinaire,

elle est faite dans un tissu de lin qu’il

aura acheté dans un fort local. Il n’y

a rien de tape-à-l’œil dans sa tenue. Ses

habits ne lui servent qu’à se protéger

des éléments. »

Elle poursuit : « Alejandro a eu l’idée très

poétique de faire porter à Leonardo la

peau d’ours que ses collègues oublient

lorsqu’ils l’abandonnent. C’est une image

remplie de lyrisme car l’ironie veut que

la bête qui l’a presque tué, lui sauve en

fin de compte la vie. Elle le protège du

froid et des éléments, et lui permet de

flotter à la surface du fleuve. »

Pour son ennemi juré, John Fitzgerald,

Jacqueline West a choisi une apparence

qui tranche sur celle de Hugh Glass.

Elle explique : « Fitzgerald est un être

presque entièrement gouverné par la

peur, c’est pourquoi j’ai intégré beaucoup

d’animaux à son costume : il porte un

manteau doublé de peaux de loutres

entières et une toque en fourrure de

castor. »

La chef costumière souligne que toutes

les fourrures et peaux utilisées dans le

film proviennent du Pacific Fur Trade, qui

travaille en étroite collaboration avec

le service des parcs naturels, et qu’elles

ont toutes été prélevées humainement.

Chaque trappeur possède un style qui lui

est propre. Elle commente : « Jim Bridger

était fermier, je lui ai donc confectionné

un costume tout simple sur lequel il

porte un magnifique manteau en peau

de bison. La tenue de Stubby Bill m’a été

inspirée par le tableau d’un trappeur en

pantalon rayé et manteau bleu. Murphy

a quant à lui un style plus européen, je

me suis dit qu’il avait sûrement obtenu

son pardessus en négociant avec les

Français. J’ai imaginé le passé de chacun

de ces personnages pour leur créer des

costumes très différents. »

La tenue du capitaine Henry est inspirée

de vrais artéfacts exposés au Museum of

The Fur Trade du Nebraska. Jacqueline

West déclare : « C’est le personnage pour

lequel je possédais le plus d’informations

visuelles. Son caleçon long était

terriblement inconfortable, mais c’est

ce qu’il portait. La coupe de son manteau

est également très célèbre, il fallait

donc que nous la respections. »

À l’instar de Jack Fisk, la chef costumière

a constamment dû user et salir ses

créations. Elle explique : « Nous avions

notre propre hymne : « Paint It Black » des

Rolling Stones ! Tous les costumes ont

été mis en lambeaux, poncés et entaillés.

Il fallait que tout soit crasseux, élimé,

éprouvé par le temps et les intempéries,

pourtant je trouve le résultat final

magnifique car cela fait ressortir les

yeux des acteurs. »

Jacqueline West était particulièrement

enthousiaste à l’idée de pouvoir mettre

en avant les tenues des Amérindiens de

l’époque. Elle commente : « Les hommes

portaient souvent ce que l’on appelle

une chemise de guerre, qui consiste en

deux peaux habituellement décorées par

leur femme. Nous tenions également à

rester fidèles aux styles bien distincts

des différentes tribus. Les Pawnees

portaient du coton et de la laine parce

qu’ils vivaient plus près des comptoirs

commerciaux, tandis que les Arikaras,

les Mandans et les Sioux portaient

principalement du cuir. »

Sur la chemise de guerre d’Elk Dog, la

chef costumière a utilisé un des symboles

les plus forts du peuple Arikara : le maïs.

Page 18: L AISSÉ POUR MORT. HABITÉ PAR LA VENGEANCE. · vec le film d’aventures épiques THE REVENANT, le réalisateur oscarisé Alejandro G. Iñárritu nous transporte au XIXe siècle,

3433

ils étaient donc très crasseux. Alejandro

m’a demandé d’imaginer l’histoire de

chacun des trappeurs, c’est pourquoi

certains ont des brûlures dues à la

poudre qui les privent d’une partie de

leur chevelure, et d’autres ont des poux

et n’arrêtent pas de se gratter. »

Robert Pandini a choisi de laisser les

cheveux des personnages amérindiens

lâchés. Il explique : « J’ai opté pour un style

très simple et naturel. Ce n’est peut-

être pas tout à fait exact sur le plan

historique, mais cela crée une certaine

unité esthétique. »

Graham Johnston, le chef maquilleur

du film, conclut : « L’esthétique du film

peut se résumer en trois mot : crasseuse,

poussiéreuse et authentique. Chaque plan

du film met en scène des personnages

de plus en plus sales. »

UN TOURNAGE EXTRÊME

THE REVENANT a été tourné au

Canada et en Argentine dans des

paysages enneigés, battus par les vents

et souvent situés en haute altitude. Les

acteurs et techniciens du film ont ainsi

été confrontés aux mêmes dangers et

conditions climatiques que les trappeurs

du Dakota du Sud en 1823. La volonté

de l’équipe était en effet de nourrir le

jeu des acteurs et de transporter les

spectateurs en pleine nature sauvage,

dans une région où le danger et la mort

sont omniprésents.

Alejandro G. Iñárritu déclare   :

« Aujourd’hui, nous avons perdu le contact

intime qui liait ces trappeurs à la nature.

Pourtant, elle continue à faire partie

de nous : nous sommes faits des mêmes

éléments que les nuages et les rivières.

Lorsque l’on voit ces endroits de nos

propres yeux, un lien se crée et nous

rappelle d’où nous venons et où nous

allons. L’un des avantages de ce film est

de pouvoir montrer ces endroits sur

grand écran. »

Mais trouver des paysages et des

conditions climatiques aussi rudes que

dans l’Ouest américain de 1823 s’est révélé

être une mission de longue haleine. Le

réalisateur reprend : « Il nous a fallu cinq

ans pour trouver les décors du film.

J’aimais l’idée qu’il mettre en scène des

lieux inaltérés par l’homme, nous nous

sommes donc mis en quête de décors

quasi immaculés. Il se dégage de ces lieux

quelque chose de pur et de poétique. »

Il s’en dégage aussi quelque chose

d’inquiétant, ce qui a permis aux acteurs et

à l’équipe technique de mieux comprendre

ces hommes pour qui la vie, la mort et

la nature étaient intrinsèquement liées.

L’acteur Will Poulter déclare : « C’était

formidable en tant qu’acteur de pouvoir

réagir aux éléments. Lorsqu’on joue un

personnage qui gravit une montagne

par -20°C, il n’y a rien de mieux que d’être

soi-même confronté à ces conditions. »

Les dangers étaient multiples : avalanches,

attaques d’ours… La production avait

d’ailleurs engagé quelqu’un pour

assurer la sécurité de l’équipe au cas

où un ours se présente. À noter que si

les craintes des acteurs et de l’équipe

étaient justifiées, aucun ours n’a été

utilisé pour la séquence dans laquelle

Hugh Glass se fait attaquer. C’est une

des rares occasions où Alejandro G.

Iñárritu a eu recours aux effets visuels.

Comme pour Hugh Glass dans le film, les

conditions climatiques ont aussi représenté

une menace sérieuse pour l’équipe. Il est

arrivé que le blizzard fasse chuter les

Elle explique : « Si on meurt au combat avec

des grains de maïs sur sa chemise, ils

seront enterrés avec vous et donneront

naissance à de nouveaux épis. C’est

une manière d’emmener un peu de sa

terre natale au combat. » Les vêtements

simples mais authentiques du guérisseur

amérindien Hikuc, qui renvoient au passé,

ont beaucoup ému Arthur Redcloud, qui

déclare : « J’ai développé un attachement

très fort pour mon costume, qui est

devenu une extension de moi-même. J’avais

l’impression qu’il m’avait choisi et je le

portais avec honneur et respect, pas

seulement pour moi ou pour le film, mais

pour mes ancêtres. »

ENGELURES, BARBES ET SANG : LES COIFFURES

ET LES MAQUILLAGES

La maquilleuse Sian Grigg collabore

avec Leonardo DiCaprio depuis TITANIC,

il y a vingt ans, mais l’acteur n’a jamais

subi une transformation aussi extrême

que pour THE REVENANT. Après avoir

été taillé en pièces par un ours, Hugh

Glass devient presque méconnaissable.

Sian Grigg raconte : «  Il fallait que ses

blessures soient atroces car personne

ne pense qu’il va survivre. On ne doit

pas pouvoir croire à sa guérison, et

pour ce faire, nous avons eu recours à

beaucoup de maquillage. » La maquilleuse

a commencé par étudier les blessures

infligées au corps humain lors d’une

attaque d’ours. Sa mission sur le film a

été particulièrement délicate car tandis

que Glass commence à se remettre

et subit de nouvelles blessures,

son visage, ses cheveux et sa peau

changent constamment d’apparence.

Ses ecchymoses se marbrent et ses

plaies infectées forment petit à petit

un labyrinthe de cicatrices.

Sian Grigg déclare : « Tout ce que Glass

endure doit se voir à l’écran. Le fait de

tourner le film chronologiquement a été

un immense avantage pour nous, car nous

avons pu faire des changements quotidiens

subtils pour refléter l’évolution de l’état

physique du personnage. »

Mais avant même l’attaque, il a fallu

transformer Leonardo DiCaprio en

homme des bois qui n’a pas vu de miroir

ou de baignoire depuis bien longtemps.

L’acteur s’est laissé pousser une barbe

hirsute et se voyait tous les jours

appliquer de la poussière sur le visage,

le corps et sous les ongles. Plus tard,

son corps a été couvert de prothèses

créées par le spécialiste des maquillages

spéciaux Duncan Jarman – un processus

laborieux, car chaque pièce a été

sculptée, peinte et recouverte de poils.

Chacune de ses blessures apparaît dans

le film à divers stade de cicatrisation

et devait pouvoir être recousue à l’aide

d’un fil et d’une aiguille.

Sian Grigg commente : «  Il est rare que

le maquillage tienne un rôle aussi

central dans un film. C’est une véritable

chance de pouvoir en partie raconter

une histoire à travers le maquillage. »

Kathy Blondell, la coiffeuse de

Leonardo DiCaprio, a travaillé en étroite

collaboration avec Sian Grigg. Après

plusieurs expérimentations, elle a mis

au point une mixture à base de glycérine

et de terre pour imiter la présence de

sang et de saletés que le personnage

n’a aucun moyen de faire disparaître de

sa chevelure.

Pendant ce temps, le chef coiffeur Robert

Pandini a mis au point les coiffures des

autres trappeurs. Il raconte : « Ils ne se

rendaient dans un fort pour se laver

qu’après plusieurs mois dans la nature,

Page 19: L AISSÉ POUR MORT. HABITÉ PAR LA VENGEANCE. · vec le film d’aventures épiques THE REVENANT, le réalisateur oscarisé Alejandro G. Iñárritu nous transporte au XIXe siècle,

3635

températures jusqu’à -27°C, obligeant les

membres de la production à garder un

œil les uns sur les autres pour éviter

les engelures. Le réalisateur raconte :

« J’ai appris qu’il n’y avait pas de mauvaises

conditions climatiques, seulement de

mauvais vêtements ! Mais le froid intense

confère au film un réalisme dont un

tournage moins extrême l’aurait privé. »

Plus tard cependant, une douceur

exceptionnelle s’est installée sur le

Canada (qui a connu son hiver le plus

doux depuis 23 ans). Alejandro G. Iñárritu

déclare  : « La météo change très vite

dans l’Alberta. On peut vivre les quatre

saisons en une seule journée. Au début,

nous avons été confrontés au froid et au

blizzard, plus tard, à l’absence de neige.

Les températures exceptionnellement

élevées de cet hiver nous ont obligés

à devenir des chasseurs de neige ! » Il a

en effet parfois fallu que l’équipe aille

chercher de la neige dans les montagnes

avoisinantes. Finalement, la production

s’est envolée pour deux semaines en Terre

de Feu, à l’extrême sud du continent sud-

américain, afin de trouver les conditions

nécessaires pour terminer le film.

Une page se tournait. Le dernier jour

du tournage, Alejandro G. Iñárritu a

rassemblé les acteurs et les techniciens

comme il l’avait fait le premier jour et

leur a dit : « Faire un film comme celui-

ci est l’aventure d’une vie, une aventure

merveilleuse faite de moments difficiles

et de moments inoubliables. Je suis fier,

reconnaissant, ému, heureux et triste à la

fois que nous ayons accompli ce que nous

avons accompli, car dites-vous bien que

ce que nous avons fait est remarquable.

Chaque jour de ce tournage a comporté

son lot de difficultés, mais je pense pouvoir

dire que cela a été l’expérience artistique

la plus gratifiante de toute ma vie. »

Page 20: L AISSÉ POUR MORT. HABITÉ PAR LA VENGEANCE. · vec le film d’aventures épiques THE REVENANT, le réalisateur oscarisé Alejandro G. Iñárritu nous transporte au XIXe siècle,

3837

LES ARIKARAS

Les Arikaras ou Ree, qui s’appellent

eux-mêmes les Sahnishs, vivaient

historiquement près de l’embouchure

de la Grand River et de la rivière

Missouri, dans ce qui est aujourd’hui

le Dakota du Nord. Forts d’une culture

cérémonielle complexe et d’un riche

réseau commercial, ils sont entrés en

conflit avec la Rocky Mountain Fur

Company, initiant ce que l’on a appelé

la guerre Arikara.

ASHLEY HENRY

Ashley Henry était la compagnie de traite

de fourrures fondée par William Henry

Ashley et Andrew Henry, parfois appelée

Rocky Mountain Fur Company. Dans les

années 1820, Ashley Henry a révolutionné

le commerce de la fourrure en laissant

des employés sur le terrain toute l’année,

donnant naissance aux « rendez-vous », un

système où les trappeurs se retrouvaient

pour vendre leur marchandise.

LES PEAUX DE CASTORS

La fourrure de castor était très

populaire dans les années 1820 car elle

était à la mode pour la confection de

chapeaux en Europe. Une seule peau de

castor valait alors cinq dollars, mais

un trappeur pouvait attraper jusqu’à

six rongeurs par jour. Avant que le

commerce de la fourrure ne décline

dans les années 1850 avec l’avènement

du chapeau de soie, le castor a été

chassé jusqu’à la limite de l’extinction.

LE CHINOOK

Le Chinook est un vent sec et doux

responsable du changement rapide

des conditions météorologiques dans

les Rocheuses. 

LES QUILLARDS

Embarcations clés pour le commerce

sur la rivière Missouri, les quillards

étaient des navires de charge conçus

pour naviguer en eau peu profonde,

généralement propulsés par halage,

à la rame ou parfois à la voile.

LES PAWNEES

Les Pawnees, qui formaient l’une des

plus importantes et des plus puissantes

tribus amérindiennes du XIXe siècle,

vivaient traditionnellement sur les

rives de la rivière Missouri dans des

huttes permanentes autour desquelles

ils cultivaient la terre et chassaient.

LE SAC DES « POSSIBLES »

Au début du XIXe siècle, la plupart des

trappeurs possédaient deux sacs : un

pour leur arme à feu et les munitions, le

second pour leurs effets personnels.

Ce «  sac des  possibles  » était censé

contenir tout ce dont ils pourraient

éventuellement avoir besoin.

REVENANT

Celui qui revient d’entre les morts.

GLOSSAIRE

Page 21: L AISSÉ POUR MORT. HABITÉ PAR LA VENGEANCE. · vec le film d’aventures épiques THE REVENANT, le réalisateur oscarisé Alejandro G. Iñárritu nous transporte au XIXe siècle,

4039

devant la caméra