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TRIMESTRIEL juin juillet août 2010 n°020 Institut de Formation Pédagogique. Enseignement catholique Nord/Pas-de-Calais 0460 Inter Actions Du ressort pour la pédagogie J’enseigne, donc je suis !... Plaisirs, souffrances ou indifférence vont souvent sans le dire car l’affectif n’a toujours pas sa place à l’école. Une croyance coûteuse pour tous. DOSSIER Le chargé d’animation et d’innovation pédagogique (CAIP) Avec les Jardins du Cygne : du développement durable au plus près de l’établissement Le magazine en ligne à la rentrée

Inter actions n°20

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Magazine enseignement

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TRIMESTRIELjuin

juilletaoût2010

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Institut de Formation Pédagogique. Enseignement catholique Nord/Pas-de-Calais0460

Inter ’ActionsDu ressort pour la pédagogie

J’enseigne, donc je suis !...Plaisirs, souffrances ou indifférence vont souvent sans le dire car l’affectif n’a toujours pas sa place à l’école. Une croyance coûteuse pour tous.

DOSSIER

● Le chargé d’animation et d’innovation pédagogique (CAIP)

● Avec les Jardins du Cygne : du développement durable au plus près de l’établissement

● Le magazine en ligne à la rentrée

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D epuis 2008, la Fondation d’Au-teuil s’est engagée dans une démarche de rénovation des

pratiques pédagogiques avec l’en-semble des équipes des établissements de formation. Dans ce cadre réflexif, de rénovation, d’innovation pédagogique et d’adaptation didactique, un partena-riat est né entre l’Université Catholique, l’IFP, l’Institut supérieur de recherche et de formation pour l’éducation des jeunes handicapés et les enseignements adaptés (INSHEA) de Suresne et la Fon-dation des orphelins d’Auteuil.Un nouveau parcours de niveau Mas-ter a été créé au sein de la spécialité “Conduites des innovations socio-édu-catives” : le chargé d’animation et d’in-novation pédagogique (CAIP).

Des compétences collectivesL’objet de cette formation et les objec-tifs poursuivis doivent permettre à l’en-seignant-CAIP, de passer d’une logique de métier individuel à une logique de compétences collectives ; de pratiques individuelles à la résolution de pro-blèmes professionnels en équipe. C’est pourquoi son action se situe au niveau des équipes de classe, de cycle et d’éta-blissement.La mission poursuivie vise le dévelop-pement d’une pédagogie de la réussite dans les établissements de la Fondation d’Auteuil et dans les établissements de la région Nord-Pas de Calais ; d’accom-pagner des projets pédagogiques sous la responsabilité du chef d’établisse-ment en coordination avec l’équipe éducative ; d’assurer une fonction de personne ressource, de formation et de

conseil ; d’assurer une veille pédago-gique par la formation et la recherche-action et jouer, ainsi, un rôle moteur dans l’innovation.Cette formation en alternance entre pratique et formation universitaire, s’ef-fectue en formation continue sur treize sessions d’une semaine, entre Paris et Lille, pour une période de deux ans. Elle s’adresse à des enseignants diplômés. Elle visera à développer également une expertise dans le domaine de la ges-tion des classes difficiles par la prise en charge des élèves à besoins éduca-tifs particuliers ; d’acquérir une vision interdisciplinaire et inter-cycle sur de grandes questions pédagogiques ; de savoir se positionner, aux côtés du chef d’établissement, dans un rôle de per-sonne-ressource pour aider les ensei-gnants à travailler en équipe, à adapter et mutualiser leurs pratiques.

Un savoir conduireCette formation permettra également de s’approprier des techniques d’ani-mation pédagogique, d’utiliser de façon innovante les TUIC avec les élèves, tout en développant un travail en réseau avec les enseignants ; de savoir conduire, en équipe pluri-professionnelle et en partenariat, des dispositifs pédagogiques innovants visant la réussite scolaire tout en renforçant la méthodologie de projet et la conceptualisation des pratiques et des savoirs…C’est ce défi ambitieux que nous nous sommes fixés dans une Ecole en muta-tion où notre Master CAIP veut être une réponse innovante.

Bruno Sébire, directeur de l’IFP

Edito

Les futurs possibles

Les réformes du système visent une plus grande

sûreté des acquis des élèves et un accom-pagnement person-nalisé. Cela suppose que les équipes édu-

catives développent et mettent en lien leurs compétences profes-sionnelles : instruire, accompa-gner, gérer des groupes variables, etc. Dans le même temps, des choix politiques amènent à dimi-nuer le nombre d’enseignants, à imposer une obligation de résul-tats dangereuse si elle devient le seul mode de régulation. Enfin, la formation change, perd des moyens importants, au moment où il faudrait que chacun puisse sereinement identifier ses besoins et leur trouver une réponse.Dans ce contexte, l’inquiétude est justifiée, le malaise compréhen-sible. Reste à trouver ensemble, chacun à sa mesure, les res-sources individuelles et collec-tives qui permettront d’inventer des solutions.

Sylvette Ego

Responsable de la gestion

des ressources formateurs (IFP)

Actualité

Le chargé d’animation et d’innovation pédagogiqueUn nouveau parcours au sein du Master “Métiers de l’éducation et de la formation”.

Inter’Actions, la revue de l’IFP,

Institut de formation pédagogique236 rue du Fg de Roubaix 59041 Lille Cedex

Tél. 03 20 21 97 80 - Fax. 03 20 31 36 65 - [email protected]

Rédaction : Directeur de publication : Bruno Sébire. Rédactrice en chef : Florence Debrouwer. Ont collaboré à ce numéro : Sylvette Ego, Ghyslaine Eloire, Raymond Barbry, Audrey Destailleur, Vincent De Reu.

Editeur : Bayard Service Edition. Chargé d’édition : Eric Sitarz. Maquette : Nicolas Haverland. Parc d’activité du Moulin, allée H. Boucher BP90060 59874 Wambrechies Cedex. Tél. : 03 20 13 36 60. Textes et photos : droits réservés.

Photos : Ingram. Loi informatique et libertés : les nom, prénom et adresse de nos abonnés sont communiqués à nos services internes et aux organismes liés contractuellement avec Bayard Service Edition, sauf opposition. Dans ce cas, la communication sera limitée au service abonnement. Les informations pourront faire l’objet d’un droit d’accès ou de rectification dans le cadre légal. Impression : Douriez-Bataille (59). Dépôt légal : 2e trim. 2010. ISSN : 1771-7728.

L’objet de cette formation et les objectifs poursuivis doivent permettre à l’enseignant-CAIP, de passer

d’une logique de métier individuel à une logique de compétences collectives ; de pratiques individuelles à la résolution de problèmes professionnels en équipe. C’est

pourquoi son action se situe au niveau des équipes de classe, de cycle et d’établissement.

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Il devient impossible de partager ce qui nous touche, d’interroger ce qui a cessé de le faire, d’exister en tant que personne. Le silence individuel et collectif est de rigueur face aux difficultés ; chacun est renvoyé à lui-même.

Sortir du silence, ce serait chercher ce sur quoi nous avons prise, réfléchir aux conditions de travail, les faire évoluer, prendre le temps de se situer dans son histoire personnelle et professionnelle, dans ses relations aux élèves, aux collè-gues, à la hiérarchie...

“C’est étonnant, avec moi, les élèves sont calmes…”“Tout plutôt que de se retrouver face à ces jeunes fauves.”“Pourvu que je fasse mon cours.”“Celui-là, si je pouvais en faire un élève comme les autres.”“Ils me pompent, me dévorent, m’encombrent et m’épuisent…”“Heureusement, c’est la dernière heure de la journée, demain je ne les ai pas…”“Ce que je veux ? Que la souffrance soit une énergie constructive et productive au lieu d’être une excuse…”“J’ai tellement d’exercices prévus que j’ai l’impression que le temps m’échappe, me coule entre les doigts… Je suis encore en retard et les élèves me le font remarquer…”“La veille, je n’ai pas dormi de la nuit. Je n’arrêtais pas de penser à la pertinence de mes situations pédagogiques…”“Mon travail me demande de plus en plus d’énergie et j’ai de moins en moins la force de le faire.”

J’enseigne, donc je suis !...

Paroles d’enseignant...

Dossier réalisé par Ghyslaine Eloire,

Sylvette Ego, Raymond Barbry

et Florence Debrouwer

Comment ça va ?... Si mon activité n’a plus de sens, si je ne crois plus dans la valeur de mon travail, voire dans la mienne, alors, ça ne va pas... Et quand tout va bien, c’est normal. Plaisirs, souffrances ou indifférence chez les enseignants vont souvent sans le dire, car l’affectif n’a pas de place à l’école. Cette croyance est coûteuse pour tous.

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D ans notre société, il va de soi que chacun doive être efficace,

efficient, fort, voire parfait. Cette représentation per-fectionniste du métier est marquée dans une forme d’inconscient collectif de l’en-seignement. Demander de l’aide va à l’en-contre de ce schéma. C’est me montrer à un instant, dans un “je ne sais pas... je ne sais plus...”, “je me sens perdu... je suis dans une limite...”, “je n’ai pas la réponse appro-priée…”, “je suis démuni…”, “je ne comprends pas ce qui arrive…”, etc. C’est donc me montrer en position de faiblesse. Surtout dans un contexte où quoi que l’on en dise, la notation, la com-paraison, le classement sont omniprésents tout au long du parcours de l’enseignant. Ce perfectionnisme est entre-tenu dans l’institution et aussi par la société qui est dans une attente et une exigence forte

envers les enseignants et édu-cateurs. La demande d’aide est donc une démarche difficile, sou-vent considérée comme un aveu d’insuffisance !Les problèmes rencontrés dans le quotidien des classes et de la vie des établissements peuvent alors paraître insur-montables, sauf à changer de regard. Dans ma relation à moi-même, ce change-ment donne quelque chose comme : “Je sais beaucoup de choses mais, à cet instant ou sur cette question, j’ai besoin d’être éclairé d’un apport extérieur.” Je suis réaliste par rapport à ce que je sais et/ou la situation, c’est un regard bienveillant et humble que je porte alors sur moi-même ! C’est d’abord et avant tout dans ma relation à moi que cela bouge.Je peux alors expliciter mon besoin : je vais surtout avoir le besoin d’être entendu afin de trouver en moi non pas

la solution, mais ma solution, celle qui me correspond.Pour celui qui apporte son aide, ce n’est pas le conseil, mais une posture d’écoute qui permet cette recherche de réponse intérieure pour celui qui est en demande. C’est donc dans un moment de partage et d’échange que peuvent émerger les réponses, dans une dynamique de colla-boration, de synergie, chacun étant là pour l’autre.C’est aussi un changement de regard sur la façon de travailler ensemble. Je recon-nais que je n’ai pas toutes les réponses. Cela change la conception et la vision du métier quand je sais que je peux trouver de l’aide dans le quotidien, que je saurai aller chercher de l’aide à l’exté-rieur, que je saurai moi-même en apporter.

Raymond Barbry

d’après les propos d’Isabelle Jouanneau

(consultante-coach chez Bréhat

Formation et accompagnement)

Tout avait pourtant bien commencé. Il faisait beau, le trajet jusqu’au collège fluide et le plaisir de retrouver ses collègues était réel. La perspective de se mettre en projet pour organiser un échange linguistique l’année pro-chaine la mettait de bonne humeur. Les cours bien ficelés…tout paraissait idéal pour que la journée se déroule dans les meilleures conditions.Et pourtant, dès le premier quart d’heure de cours, tout bascula. Il fallut relever trois carnets de liaison pour travaux non rendus, deux autres pour manquement à la discipline. La moitié de la classe avait oublié de prendre les manuels et lorsque qu’en-fin la cloche sonna, elle affronta un groupe d’élèves mécontents de ne pas avoir de délai supplémentaire pour

rendre l’exposé. C’est alors qu’elle explosa sous leur regard ahuri. Ne comprenant guère une telle réaction, ils la quittèrent rapidement prétex-tant que, décidément, on ne pouvait jamais discuter avec elle. Elle s’ac-corda néanmoins une courte pause avec ses collègues... pour assister en salle des professeurs à des échanges plutôt violents concernant une repré-sentation théâtrale. Après la sonnerie, elle alla chercher les élèves et mis quelques minutes à obtenir le silence. Quand le cours put enfin commencer, qu’Achille commentait les intentions de l’auteur, Karim intervint à son tour mais déjà Jean lui coupait la

parole tandis que Julia se demandait si le DM était bien à rendre pour vendredi. Dans le fond de la classe, la discipline n’était plus de mise, et les carnets de liaison firent à nouveau leur apparition. Et soudainement, la colère monta en elle comme une lame de fond, impossible à réguler. Tandis qu’elle tentait de retrouver un peu de calme, malgré le travail bien fait et le sentiment de donner le meilleur d’elle-même, elle se disait qu’elle n’avait plus envie d’enseigner. Qu’elle n’était pas faite pour ce métier. Elle s’en voulait de s’être emportée par deux fois contre des adolescents, qui somme toute avaient un comporte-ment d’adolescents. L’adulte, c’était elle, c’était à elle de maîtriser, malgré son envie, ce jour-là, de tout planter...

Chacun n’est-il pas là pour l’autre ? Et si j’exprimais mon besoin ?...

Tout avait pourtant bien commencé...Chronique d’une journée de travail pas ordinaire.

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C haque heure de classe, chaque minute sont uniques. Le cours pré-

cédent ou l’heure précédente n’existent plus et ceux à venir pas encore. Les préparations de cours ne prennent sens que si dans le temps de l’acte pédagogique je peux m’en distancier afin d’être tout simplement pré-sent à ce qui se passe ici et maintenant dans la classe. Il en est de même pour les épreuves des examens ; à quoi bon ressasser qu’elles seront difficiles ? Cela ne prend pas sens pour la majorité des élèves, qui finissent par vivre les entraînements comme des épreuves permanentes.Parmi les attitudes à déve-lopper chez les enseignants

et éducateurs il y a plus par-ticulièrement celle d’accep-ter ce qui apparaît dans un groupe classe, d’accepter les circonstances, de reconnaître que je n’ai au final qu’un pou-

voir très limité sur les élèves, leur engagement, leurs moti-vations. Cette posture est le contraire de la résignation et facilite l’agir juste. Il s’agit de prendre les élèves, les parents, les collègues, le chef d’éta-blissement comme ils sont et non pas comme je voudrais qu’ils soient. Le jugement des autres et le nôtre n’aident en rien. C’est plutôt l’intention de nous comprendre tels que nous sommes et de com-prendre les autres tels qu’ils

sont qu’il importe de déve-lopper.La réponse juste et adaptée dans les métiers de l’ensei-gnement et de l’éducation n’est écrite nulle part et cer-tainement pas dans un quel-conque livre de communica-tion. Si je suis présent, alors je suis moi-même dans la réponse à apporter : écouter, parler avec douceur ou fer-meté voire sévérité, manifes-ter une colère en étant inté-rieurement neutre et détendu.

Pour les professeurs du 1er degré en demande d’accompagnement

Des enseignants à l’écoute et en soutienMis en place depuis seulement neuf mois dans le diocèse de Lille pour l’ensemble des enseignants du primaire, le service des maîtres accompagnateurs formateurs (MAF) est assuré par Manuela Deschamps pour le cycle  1 et Patrice Marchandise pour les cycles 2 et 3. Il a pour objectif d’accompagner des enseignants en demande de soutien ou d’assistance. Qu’ils soient titulaires ou suppléants, des enseignants expriment le désir d’ouvrir leur classe à une personne extérieure à l’établissement pour échanger, diagnostiquer et identifier des obstacles. Les interventions des maîtres accompagnateurs forma-teurs (MAF) se limitent à ce qui se passe dans la classe sur le plan pédagogique et didactique ; elles prennent fin lorsque l’enseignant se sent suffisamment à l’aise.“Nous n’arrivons pas avec des solutions miracles toutes faites. Nous avons le souci d’entendre avec beaucoup de respect et de confidentialité la parole de l’enseignant en recherche ou en souffrance, afin de cibler avec précision la difficulté. Valoriser, encourager, identifier les points d’appui est au cœur de notre démarche”, précise Patrice. Ces visites dans les classes sont décidées et “négociées” avec l’enseignant, elles permettent un diagnostic plus juste de la situation qu’un simple échange sur le ressenti de l’enseignant concerné. “Nous sommes nous-mêmes enseignants à mi-temps, c’est essentiel pour une telle mission, toutefois pour atteindre le bon accompagnement, il convient d’établir une véritable écoute ; celle qui permet l’objectivité sans le jugement”, insiste Manuela.

Avant toute démarche, associer le chef d’établissement.Contact  : le département pédagogie à la direction diocésaine de Lille, 48 place Norbert Segard 59114 Steenvoorde, Tél. 03 28 49 08 23. [email protected]

L’heure de classe, l’instant crucial

L’hyperactivité, l’envie d’avoir, la peur de l’avenir et la difficulté

à vivre l’instant tel qu’il se

présente sont des caractéristiques de notre monde

moderne et occidental.

Chacun y est souvent sur le qui-vive pour satisfaire ses

désirs et vaincre ses peurs, en

tension constante. L’Ecole, dans

son organisation et son

fonctionnement, n’est pas exempte

de cette dérive.

L’inflation du toujours plus dans un temps accéléré génère de la pression et de la tension sur les acteurs, élèves comme enseignants. Or, ce qui est prioritaire dans un métier de la relation et de la transmission des savoirs, c’est bien la situation en classe.

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POUR ALLER PLUS LOIN

n Plaisir, souffrance, indifférence en éducation de Jean-Pierre Pourtois, Nicole Mosconi (PUF, 2002).n Malaise chez l’enseignant de Anny Cordié (Seuil, 1998). Et Les cancres n’existent pas (points Seuil, 1997).n Comment travailler en équipe dans les établissements scolaires (ou comment travailler ensemble peut être source de plaisir) de Caroline Letor (Editions guides pratiques, 2010).

L a compétence disci-plinaire n’est qu’une des dix compétences.

Comment allons-nous passer d’un enseignant transmetteur de savoirs à un enseignant concepteur, gestionnaire de classe ? Il s’agit aussi d’ai-guiller vers les profession-nels compétents en cas de nécessité, mettre en place des liens avec les partenaires à l’intérieur et à l’extérieur de l’établissement sans oublier de développer les compé-tences des élèves dans la maîtrise du socle commun à l’école et au collège. Au lycée, il faut comprendre et participer à la mise en place de la réforme. Chacun doit lutter contre l’échec scolaire et l’absentéisme. Beaucoup d’entre nous ont été formés à instruire, moins à éduquer.Les nouveaux concours de recrutement des professeurs interrogeront à l’oral sur la compétence “Agir en fonc-tionnaire de l’Etat de façon éthique et responsable”. Les sujets porteront sur des situa-tions concrètes. Ce champ relève de compétences qui jusqu’alors étaient implicites dans notre métier et indique deux nouvelles dimensions qui concernent la prise en

compte de la responsabilité professionnelle, mais aussi la formation professionnelle tout au long de la vie.Par ailleurs, l’espace de la classe est mis en cause : un professeur, des élèves, une salle, un programme. L’or-ganisation du temps et de l’espace scolaire évoluent pour prendre en compte les difficultés de l’élève, les com-prendre et y remédier.

Une charte de l’enseignantCette année, des candidats aux masters d’enseignement en collège et lycée de l’IFP ont participé à l’élaboration d’une charte de l’enseignant d’aujourd’hui. Pour eux, l’organisation du travail de classe reste un souci majeur. Ils ont souligné l’importance d’une posture enseignante et de stratégies de gestion de la classe. Ils ont insisté sur la prise en compte des représentations des élèves et d’une considération plus importante de leurs attentes pour instaurer de “bonnes” conditions de travail. Cette charte permet un engage-ment personnel centré sur le sens du métier, ancré dans une institution.

La compétence se construit dans la durée. La mise en place du référentiel, mais surtout le choix de cette charte permet de se situer en identifiant ses besoins en formation, en repérant ses ressources personnelles et en prenant conscience des diffé-rentes évolutions. Exigeante, elle permet de s’engager dans des projets, de trouver un équilibre entre conformité à un référentiel pour l’exercice du métier et un engagement pour lui donner du sens.

Ghislaine Eloire

Pour le groupe de recherche

sur le décret de la formation initiale

des enseignants de décembre 2006

et ses enjeux (IFP Nord-Pas-de-Calais)

Moins visible que la violence, l’indifférence est pourtant une source importante de mal-être. Stratégie de repli face à la souffrance ou souci de justice, de neutralité, elle peut avoir des effets des-tructeurs dans tout métier de relation humaine  : elle ignore voire nie le sujet. En médecine par exemple, elle revient à soigner des mala-dies et non des malades. Ce que l’on perd avec elle ? En vrac  : l’investissement dans les tâches et la relation, l’intérêt, la reconnaissance, l’attention aux différences, l’offre et la demande d’aide, l’autorité qui construit, la construction d’un monde commun.

Sens et engagement pour l’enseignant aujourd’hui La mise en œuvre du référentiel de compétences a une incidence sur le développement de l’identité professionnelle des enseignants. Ce référentiel, qui fait évoluer représentations et pratiques, est commun aux professeurs des écoles, collèges et lycées ; il institue un corps unifié des professeurs.

Formations 2010/2011n Changer professionnellement… si on y réfléchissait : 8, 9 et 10 décembre 2010 et 16 mai 2011n Prendre du recul, apprendre à penser, donner du sens : 4, 5 et 6 juillet 2011.

Pour plus d’informations, rendez-vous sur le site :

www.ifp-npdc.fr

Une source de mal-être

L’indifférence

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Du développement durable au plus près de l’établissementLes Jardins du Cygne proposent, dans le concret, une sensibilisation aux enjeux environnementaux et une éducation à la citoyenneté. Ils s’appuient notamment sur un programme international que nous vous présentons ci-dessous.

Inter’Actions, tout Net !Dès le prochain numéro, à la rentrée 2010, votre magazine ne sera plus imprimé. Mais pas de panique, Inter’Actions se met à la page... numérique.

L e Programme inter-national EEDD* Eco-Ecole est un label

décerné aux écoles élémen-taires, collèges et lycées qui s’engagent vers un fonction-nement éco-responsable et intègrent l’EEDD dans les enseignements. Les inscriptions au pro-gramme ne sont pas ouvertes aux écoles maternelles. Celles-ci peuvent toutefois utiliser librement les outils pédagogiques en l igne

(manuel Eco-Ecole...) afin de développer la démarche de manière informelle au sein de leur établissement. Dans les établissements qui se portent volontaires, les élèves, les enseignants, la direction et les personnels travaillent suc-cessivement sur six thèmes prioritaires : l’alimentation, la biodiversité, les déchets, l’eau, l’énergie et les solidarités. Dans le cadre des enseigne-ments et en partenariat avec les élus locaux, des associa-

tions locales et des parents d’élèves notamment, les établissements mènent un diagnostic qui débouche sur l’amélioration progressive de la gestion environnementale du bâtiment scolaire et sur la mise en place d’actions de solidarité.

En sept étapesLa méthodologie en sept étapes favorise l’action sur l’environnement de proxi-mité que constitue l’école ou l’établissement scolaire. On peut, par exemple, créer des jardins écolo au sein des écoles, travailler sur différents thèmes selon l’âge des élèves ou encore échanger sur : la biodiversité, le compostage, la mare, la haie, comment faire un jardin écolo en ville même

sur un balcon, la culture des légumes, les vergers…Les outils d’accompagne-ment (manuel Eco-Ecole) fournis par l’of-FEEE permet-tent aux participants et aux partenaires de l’école de se rassembler dans la démarche. Grâce aux liens faits avec le programme scolaire et des propositions d’activités, les enseignants intègrent l’éduca-tion à l’environnement et au développement durable dans leurs cours. Les Jardins du Cygne, comme d’autres associations liées à l’environnement, peuvent accompagner les équipes pédagogiques dans leur pro-jet de labellisation Eco-Ecole.

* Education à l’environnement

et au développement durable

Les Jardins du Cygne8 route du Cygne 59285 ArnèkeTél. 03 28 48 34 02. Mail : [email protected] : http://lesjardinsducygne.com

Les enseignants se questionnent, se for-ment, innovent… Il faut que cela se dise, que cela se sache. C’est l’objet d’Inter’Actions. Depuis septembre 2004, Inter’Actions est le lien entre les écoles, collèges et lycées de l’Enseignement catholique de la région. Vous êtes nombreux à nous dire que vous l’appré-ciez. Vous aimez y retrouver l’écho de ce qui se fait de novateur, d’intéressant dans vos établissements. De nombreuses équipes se servent de tel ou tel article pour démarrer une concertation, animer une réflexion…Reflet de la vitalité des équipes, de la capa-cité à s’engager dans des projets, Inter’Actions l’est et le restera dans les numéros qui vont

suivre. Rédigé et porté par l’IFP, Inter’Actions témoigne aussi de la vitalité pédagogique de notre région et, dans les prochains numéros, nous veillerons à développer davantage les outils pédagogiques pour vous accompagner chacun et chacune dans votre action au service des élèves.

Enseignants, dès la rentrée, vous pour-rez être informé régulièrement par mail de sa mise en ligne, à l’adresse mail qui vous convient, ceci à raison de quatre parutions par an, toujours gratuitement. Pour cela, il vous suffit d’envoyer vos coordonnées à : [email protected]

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Rencontre avec Delphine Martin-MerikhiBenoît Millequant

Témoignages

Benoît Millequant, 24 ans. Titulaire d’un Master 1 en his-toire médiévale et étudiant en Master 2 “Métiers de l’ensei-gnement, professeur des col-lèges-lycées” à l’IFP. Pendant mes années collèges puis au lycée, j’ai assez vite réalisé combien l’histoire-géographie me passionnait. Cette discipline a un atout majeur qui est d’aborder dif-férentes matières comme la philosophie, la culture, la sociologie… C’est bon pour la culture générale et pour le curieux que je suis. Archéolo-

gue ou enseignant, j’ai hésité un certain temps jusqu’à ce que je réalise qu’en archéo-logie les débouchés n’étaient pas nombreux. Dans le même temps, j’ai eu la chance de croiser des enseignants enga-gés, passionnés qui m’ont conforté dans le choix de ce métier. Pendant mon année de master, j’ai fait une sup-pléance d’une semaine en classes de seconde et de pre-mière. Mes différents stages d’observation et parfois même en responsabilité m’y avaient bien préparé, mais ce

fut pourtant un petit électro-choc que de se retrouver, tout à coup, seul dans la classe, à gérer le cours, les élèves, les relations avec les autres enseignants, le personnel de l’établissement… Cette belle expérience m’a conforté et, loin de me déranger, m’a au contraire motivé. Enseigner est un métier qui demande une vraie présence, une forte vigilance, toutes nos aptitudes sont requises. C’est un métier qui demande une forte capa-cité d’adaptation et ce n’est pas toujours facile. Ce qui

m’intéresse le plus, ce sont tous les échanges qu’il pro-cure : avec les élèves, pour leur donner envie d’en savoir davantage ; avec les autres enseignants, pour évoluer dans nos pratiques… J’ai véri-tablement tiré bénéfices de tous les stages que j’ai entre-pris, au collège comme au lycée. Mes tuteurs n’avaient pas forcément tous la même façon d’enseigner ou de gérer le groupe classe ; ils m’ont à chaque fois fait avancer un peu plus dans ma conception du métier.

Delphine Martin-Merikhi, 33 ans. Titulaire d’un Master 1 en his-toire-lettres et étudiante en Master 2 “Métiers de l’enseignement, professeur des écoles” à l’IFP. Mon parcours n’est pas vraiment linéaire, mais les suppléances, l’animation dans les centres de loisirs, mes différents stages… m’ont toujours conforté dans l’idée qu’un jour je serais ensei-gnante. J’ai cette certitude d’être heureuse dans une classe. J’aime cette idée de partager mes connaissances, d’échanger sur mes pra-tiques… cette idée que mon métier serve une belle cause, celle d’aider à grandir ! Etre enseignante dans une école, c’est appro-fondir plusieurs disciplines, c’est donc chercher ou redécouvrir des connaissances, les ordonner et surtout élaborer la mise en œuvre pédagogique. Même en sciences, je deviens curieuse et je prends du plaisir à chercher et construire des séances : ce qui

n’était pas gagné d’avance, compte tenu de ma formation initiale. C’est le côté passionnant du métier que cette mise en œuvre pédagogique : agir pour faire sens auprès des élèves. Ce qui me donne le plus de plaisir, c’est lorsque les élèves transfèrent spon-tanément les acquis d’une matière à l’autre. Ce qui me semble le moins évident à vivre, c’est l’hétérogénéité d’une classe ; c’est un fait dont on parle beaucoup en formation, mais au sujet duquel il n’existe pas de recette toute faite. L’expérience et les échanges avec d’autres enseignants feront leur œuvre. Aujourd’hui, je n’ai pas de préférence quant au cycle dans lequel j’aimerai enseigner, les trois m’intéressent ; par contre, ce que je sais, c’est que je continuerais à me former et j’espère pouvoir saisir la chance de changer plusieurs fois de niveau dans ma vie professionnelle, his-toire de bouleverser mes pratiques et de relever ces défis.

Profession de foi de deux étudiants, bientôt enseignants...

Professeur, c’est la classe !