10
INSCRIPTIONS DE TROESMIS DANS LA MÉSIE INFÉRIEURE Rapport fait àl'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, dans sa séance du 19 août 1864 Author(s): Léon Renier Source: Revue Archéologique, Nouvelle Série, Vol. 10 (Juillet à Décembre 1864), pp. 390-398 Published by: Presses Universitaires de France Stable URL: http://www.jstor.org/stable/41734326 . Accessed: 22/05/2014 18:41 Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at . http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp . JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact [email protected]. . Presses Universitaires de France is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Revue Archéologique. http://www.jstor.org This content downloaded from 193.105.154.38 on Thu, 22 May 2014 18:41:50 PM All use subject to JSTOR Terms and Conditions

INSCRIPTIONS DE TROESMIS DANS LA MÉSIE INFÉRIEURE Rapport fait à l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, dans sa séance du 19 août 1864

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: INSCRIPTIONS DE TROESMIS DANS LA MÉSIE INFÉRIEURE Rapport fait à l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, dans sa séance du 19 août 1864

INSCRIPTIONS DE TROESMIS DANS LA MÉSIE INFÉRIEURE Rapport fait àl'Académie desInscriptions et Belles-Lettres, dans sa séance du 19 août 1864Author(s): Léon RenierSource: Revue Archéologique, Nouvelle Série, Vol. 10 (Juillet à Décembre 1864), pp. 390-398Published by: Presses Universitaires de FranceStable URL: http://www.jstor.org/stable/41734326 .

Accessed: 22/05/2014 18:41

Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at .http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp

.JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range ofcontent in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new formsof scholarship. For more information about JSTOR, please contact [email protected].

.

Presses Universitaires de France is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to RevueArchéologique.

http://www.jstor.org

This content downloaded from 193.105.154.38 on Thu, 22 May 2014 18:41:50 PMAll use subject to JSTOR Terms and Conditions

Page 2: INSCRIPTIONS DE TROESMIS DANS LA MÉSIE INFÉRIEURE Rapport fait à l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, dans sa séance du 19 août 1864

INSCRIPTIONS

DE TROESMIS

DANS LA

MÉSIE INFÉRIEURE

Rapport fait à l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, dans sa séance du 19 août 1864.

Un Français établi à Matschin, petite ville de la Bulgarie orientale, ayant obtenu des autorités turques la permission d'ouvrir une car- rière de granit entre cette ville et Hirsova, dans un endroit désigné sous le nom d'Iglitza, y découvrit, il y a quelques années, les ruines d'une ville romaine considérable. Cette ville était défendue par une citadelle construite sur un promontoire, qui domine de plus de cent pieds les nombreux embranchements du Danube au-dessous d'Hir- sova, et par un camp retranché dont les mouvements du terrain indiquent encore les contours entre la ville proprement dite et les dernières ramifications des Balcans. De nombreuses inscriptions latines en ont fait connaître le nom; c'est l'ancienne Troemis ou Trosmis.

Cette ville est mentionnée dans la Géographie de Ptolémée (1) sous le nom de TpoicpU, dans la Table de Peutinger (2) sous celui de Troesmis; l'Itinéraire d'Antonin (3) la nomme Trosmis , et c'est

(1) Livre HT, c. 10, éd. Wilberg. (2) Segm. VII. (3) Pag. 225, Wesseling.

This content downloaded from 193.105.154.38 on Thu, 22 May 2014 18:41:50 PMAll use subject to JSTOR Terms and Conditions

Page 3: INSCRIPTIONS DE TROESMIS DANS LA MÉSIE INFÉRIEURE Rapport fait à l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, dans sa séance du 19 août 1864

INSCRIPTIONS DE TROESMIS. 391

également ainsi qu'elle est appelée par Ovide, dans la IXe épitre du IVe livre de ses Pontiques (1).

On sait que cette épître est adressée à C. Pomponius Graecinus, qui venait d'être désigné consul. Après l'avoir félicité de sa nomi- nation à cette haute dignité, le poëte se plaint, comme toujours, de la contrée où il est exilé, contrée que Graecinus doit connaître, dit-il, puisque son frère Flaccus y a commandé. Voici en quels termes il s'exprime :

Praefuit his, Graecine, locis modo Flaccus ; et ilio ripa feroz Istri sub duce tuta fuit.

Hic tenuit Mysas gentes in pace fideli ; hic arcu fi sos terruit ense Getas.

Hic captam Trosmin celeri virtute recepit infecitque fero sanguine Danubium.

C. Pomponius Graecinus fut consul suffectus en 769 de Rome (16 de notre ère). Son frère, L. Pomponius Flaccus, fut consul ordi- naire l'année suivante. Celui-ci n'était, par conséquent, que légat légionnaire lorsqu'il reprit Trosmis aux barbares qui s'en étaient emparés; et c'est sans doute en cettte qualité qu'il fut le compagnon d'armes de Rescuporis, prince des Thraces, alors allié des Romains, circonstance qui, ainsi que nous l'apprend Tacile (2), lui valut, en 772, le gouvernement de la Mésie. Ovide ne l'y vit pas arriver : il était mort depuis deux ans.

Quelques documents relatifs à la découverte dont il s'agit ont été adressés à M. le ministre des affaires étrangères, par M. Engelhardt, commissaire français de la navigation du Danube en résidence à Galatz, et M. le ministre de l'instruction publique les a transmis à l'Académie, en lui demandant son avis sur l'intérêt qu'ils peuvent présenter. Ces documents sont un plan du plateau d'Iglitza, une carte du delta du Danube d'après Ptolémée; une feuille contenant les copies de quatre inscriptions romaines, ainsi que l'indication de

quelques monnaies impériales; enfin un exemplaire du Moniteur universel du 6 octobre 1862, contenant une courte notice sur la découverte des ruines de Troesmis.

Je ne parlerai, dans ce rapport, ni du plan, ni de la carte, ni des médailles, dont la description est trop incomplète pour qu'on puisse en apprécier la valeur. Mais je vous demande la permission d'entrer

(i) Vers. 79. (2) Annal, lib. II, c. 66.

This content downloaded from 193.105.154.38 on Thu, 22 May 2014 18:41:50 PMAll use subject to JSTOR Terms and Conditions

Page 4: INSCRIPTIONS DE TROESMIS DANS LA MÉSIE INFÉRIEURE Rapport fait à l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, dans sa séance du 19 août 1864

392 REVUE ARCHÉOLOGIQUE. dans quelques détails sur les inscriptions, qui offrent un véritable intérêt et suffisent à elles seules pour faire juger de l'importance des ruines découvertes par notre, compatriote.

La première de ces inscriptions, dans l'ordre chronologique, est ainsi conçue :

1.

TIB • VETVRIO TIB • FIL- AEMILIA M AVRET ANOFN DI SPREFECTO CAST R_0 R V M LEG • V • MAC TROESMENSIVM

Elle doit se lire ainsi :

Tiberio Veturio, Tiberii filio , Aemilia (tribu), Mauretano, Fundis, praefecto (1) castrorum legioni s quintae Macedonicae, Troemen- siurn

Après le mot TROESMENSIVM, il devait y avoir une huitième ligne contenant le mot P AT R O NO, et probablement aussi une neu- vième contenant les sigles D • D • P • P, decreto decurionum pecunia publica.

La lettre N, qui termine la troisième ligne, est un monogramme, pour VN. On ne peut, en effet, douter que le mot dont elle fait partie ne doive se lire Fundis, ce mot désignant nécessairement la patrie du persoùnage auquel l'inscription est consacrée, et la ville de Fundi, en Campanie, appartenant à la tribu Aemilia (2), dans laquelle ce personnage était inscrit.

La légion Ve Macédoniquè fit, à trois reprises différentes, partie de l'armée de Mésie. Elle était dans cette province à la mort d'Au- guste, en 767 de Rome (14 de notre ère), peut-être déjà depuis longtemps, et elle y resta jusqu'en 63, époque où elle fut envoyée en Arménie pour prendre part à la guerre contre Tiridatè. Elle

(î) On lit PREFECTO dans la copie, sans doute par suite d'une erreur de copiste. (2) « Rogatio periata est ut in Aemilia tribu Formiani et Fund ani, in Cornelia

« Àrpinates ferrent; atque in his tribu bus tum primům (A. ü. c. 564) ex Valerii ple- ci biscito censi sunt.» Tit. Liv. lib. XXXVIII, c. 36. Voy. Grotefend, Imperium Rom . triòutim descriptum , p. 54.

This content downloaded from 193.105.154.38 on Thu, 22 May 2014 18:41:50 PMAll use subject to JSTOR Terms and Conditions

Page 5: INSCRIPTIONS DE TROESMIS DANS LA MÉSIE INFÉRIEURE Rapport fait à l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, dans sa séance du 19 août 1864

INSCRIPTIONS DB TROESMIS. 39 >

resta dans les provinces d'Asie jusqu'après la guerre des Juifs sous Yespasien, dans laquelle elle se distingua, et fut alors renvoyée dans ses anciens quartiers de Mésie. Elle quitta de nouveau cette pro- vince lors de la guerre de Domitien contre les Daces, et elle n'y revint plus qu'après l'abandon de la Dacie transdanubienne sous le règne d'Aurélien. Nous savons par l'Itinéraire d'Antonin qu'elle fut alors cantonnée à Oescum , fort loin de Troesmis par consé- quent (J), et qu'elle y resta au moins jusqu'à la fin du règne de Dioclétien (2).

Notre inscription, qui présente tous les caractères d'une assez haute antiquité, autant du moins qu'on peut en juger sans avoir vu l'ori- ginal, ne saurait être assignée à cette dernière époque, par cette raison d'abord, puis parce que, ainsi que je viens de le dire, la légion Ve Macédonique était alors cantonnée fort loin de Troesmis; elle appartient probablement à l'époque précédente, et le titre du personnage auquel elle est consacrée, praefectus castrorum, me paraît un motif suffisant pour penser que Troesmis était alors le quartier général de la légion dont il s'agit. Le camp retranché qu'on y remarque serait alors celui de cette légion, lequel aurait été en- suite occupé par les différentes légions qui la remplacèrent successi- vement dans l'armée de Mésie, jusqu'à la I" Jovia, que l'Itinéraire d'Antonin (3) y place à une époque postérieure aux premières années du règne de Dioclétien et de Maximien.

Peut-être même pourrait-on faire remonter plus haut encore l'ori- gine de ce camp, et supposer qu'il avait été établi par L. Pomponius • Flaccus après la reprise de Troesmis ; peut-être, en conséquence, la légion Ve Macédonique était-elle celle que commandait alors ce per- sonnage. Mais ce sont là de simples conjectures, qui auraient besoin, pour être adoptées, de s'appuyer sur d'autres documents. Il y a lieu de remarquer, toutefois, que les nombreux embranchements du Danube en face de Troesmis présentaient de grandes facilités pour le passage du fleuve; que c'étaient probablement ces facilités qui avaient été cause de la prise de cette place par les barbares, et que, par cette raison, les Romains, après l'avoir reprise, durent, pour empêcher que pareille chose n'arrivât à l'avenir, se hâter d'y établir à demeure un corps de troupes considérable.

(1) A 268 milles, suivant ce document, p. 220 et suiv., éd. Wesseling. (2) Voyez, sur l'histoire de cette légion, le mémoire de Borghesi, Sulle iscrizioni

romanedel Reno 3 p. 146, *21, et les notes que M. Henzen y a ajoutées, dans let. IV des Œuvres complètes de l'illustre épigraphiste, p. 212 et suiv, (3) Page 225, éd. Wesseling.

This content downloaded from 193.105.154.38 on Thu, 22 May 2014 18:41:50 PMAll use subject to JSTOR Terms and Conditions

Page 6: INSCRIPTIONS DE TROESMIS DANS LA MÉSIE INFÉRIEURE Rapport fait à l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, dans sa séance du 19 août 1864

394 REVUE ARCHÉOLOGIQUE. On lit dans la notice insérée au Moniteur, que « presque toutes

« les inscriptions recueillies portent, indépendamment du nom de « la ville, la mention des Ve et VIe légions Macédoniennes et des « I" et II' légions Italiques. » Il y a dans ce passage une erreur au moins : il n'a jamais existé de légion VI* Macédonique ; mais les légions Ire et IIe Italiques sont connues, et l'on sait que la I", en- voyée dans la Mésie à l'avènement de Vespasien, y resta jusqu'au règne de Dioclétien, sous lequel l'Itinéraire d'Antonin (i) la place à Novae, station située à deux cent vingt-neuf milles à l'ouest de Troesmis. Quant à la II», rien jusqu'ici n'avait pu faire supposer qu'elle eût été, à aucune époque, cantonnée dans ces contrées. Si donc les inscriptions dont il s'agit prouvaient qu'elle y fût en effet envoyée, ce serait un fait entièrement nouveau à ajouter à l'histoire de cette légion, sur laquelle nous avons d'ailleurs peu de docu- ments.

La deuxième inscription est ainsi conçue :

2.

M • P O N T I O ÍAELIANO c. V PATRI PONT

LA E L I A N I l EG AVG PR PR ORDO -TROESM

Elle est incomplète du côté gauche et a perdu une lettre au com- mencement de ses lignes les plus longues; mais elle se restitue faci- lement, et doit se lire ainsi :

Marco Pontio Laeliano, claríssimo viro , patri Pontii Laeliani, legati Augusti pro praetore , ordo Troesmensium.

Le légat impérial qui est mentionné dans cette inscription est connu dans l'histoire. Il fut le chef d'état-major de Lucius Verus dans la guerre contre les Parthes ; ce fut lui qui organisa l'armée de Syrie, et Fronton, en nous apprenant ce fait (2), l'appelle vir gravis, veteris dùciplinae.

(1) 'Pag. 231, éd. Wesseling. 12) Ad Verum imperatorem, p. 183, ed. Rom.

This content downloaded from 193.105.154.38 on Thu, 22 May 2014 18:41:50 PMAll use subject to JSTOR Terms and Conditions

Page 7: INSCRIPTIONS DE TROESMIS DANS LA MÉSIE INFÉRIEURE Rapport fait à l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, dans sa séance du 19 août 1864

INSCRIPTIONS DE TROESMIS. 395 Une belle inscription trouvée à Rome en 1555, et qui nous a été

conservée par Smetius (1), nous fait connaître tous ses noms (M. Pon- tius M. f. Laelianus Larcins Sabinus), et elle nous apprend qu'a- près avoir été comes divi Veri, dans la guerre contre les Parthes, où il avait obtenu les récompenses militaires, il fut successivement légat impérial des provinces de Pannonie Inférieure, de Pannonie Supérieure et de Syrie. Malheureusement cette inscription est incomplète; elle est brisée par le bas, et elle ne nous apprend pas quelles fonctions Laelianus avait exercées avant d'être appelé à celles de comes imper atoris.

Borghesi a cru reconnaître dans ce personnage le consul Laelianus de l'an 163 de notre ère. Mais cette identification présentait de grandes difficultés. C'est en cette année même qu'eurent lieu les principales opérations de la guerre contre les Parthes, et l'on conçoit difficilement comment Laelianus aurait pu en même temps mériter des récompenses dans cette guerre et présider le sénat en qualité de consul. Borghesi supposait probablement que l'on avait fait une exception en sa faveur, et qu'en l'élevant au consulat en récompense de ses services, on l'avait exempté de l'obligation de la résidence. On peut en effet citer des exemples d'exemptions de ce genre (2). Mais les exceptions ne se supposent pas, ou du moins on ne peut les supposer que quand on y est forcé par des raisons suffisantes. D'ail- leurs, notre inscription, qui prouve que Pontius Laelianus fut légat de la Mésie Inférieure sous un seul empereur (legatus Augusti ), sous Antonin par conséquent, nous apprend en même temps qu'il avait été consul auparavant, la Mésie Inférieure étant une province consu- laire.

Il faut donc reconnaître en lui, au lieu du consul ordinaire Lae- lianus, que les fastes et les monuments (3) ne désignent que par ce surnom et qui eut pour collègue P. Junius Pastor, le M. Pontius Laelianus qui, ainsi que nous l'apprend une inscription publiée par Maffei (4), fut consul suffectus avec Q. Mustius Prisons, quel- ques années après Hérode Atticus, c'est-à-dire quelques années après 143.

(1) Fol. 67, n. 3. (2) Notamment celui de Pertinax, qui, ainsi que nous l'apprend Capitolin, c. 3 :

« Curiam Romanam post quattuor provincias consulares, quia consulatum absens « gesserai, jam dives ingressus est, quum earn antea senator non vidisset. »

(3) Annali dell' Instituto arch, di Roma, 1843, p. 337, n. 15 et 16. (4) Mus . Veron., p. 420, 5; cf. Orelli, n. 4719

This content downloaded from 193.105.154.38 on Thu, 22 May 2014 18:41:50 PMAll use subject to JSTOR Terms and Conditions

Page 8: INSCRIPTIONS DE TROESMIS DANS LA MÉSIE INFÉRIEURE Rapport fait à l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, dans sa séance du 19 août 1864

396 REVUE ARCHÉOLOGIQUE. La troisième inscription nous fait connaître tous les noms d'un

personnage célèbre à d'autres titres :

3.

P YIGEL LIORA IOPL ARIO S A TVRNINOAiLIO BRADVANOtf CIDIOTERTVL LO-JiEG-AVG ORDOTROESMEN EXDECRETOSYO

Publio Vigellio Raio Plaño Saturnino Atilio Bradmno Áucidio Tertulio, legato Augusti, ordo Troesmensium ex decreto suo.

Le nom de Vigellius est fort rare ; on n'en rencontre pas une dou- zaine d'exemples dans tous les recueils d'inscriptions, et pendant toute la durée de l'empire on ne connaît qu'un seul personnage de ce nom qui soit parvenu aux grandes dignités. Il porte précisément un des surnoms de celui-ci; c'est Vigellius Saturninus, le premier proconsul d'Afrique qui persécuta les Chrétiens (1), et je n'hésite pas à l'identifier avec notre légat impérial. On s'accorde généralement à placer son proconsulat en 200 de notre ère. Il devait donc avoir été consul suffectus vers l'an 190, et légat de la Mésie Inférieure un an ou deux après cette dernière date.

Notre inscription, par les noms qu'elle lui donne, nous fait con- naître les grandes familles auxquelles la sienne était alliée; c'étaient celle des Atilius Bradua, qui avait fourni deux consuls ordinaires, en 108 et en 160; celle d'un consul suffectus d'une année incer- taine, mentionné dans une inscription de Troja dans la Capita- nate (2), et qui porte entre autres noms ceux de C. Aucidius Tertullus ; enfin une des- branches de la gens Piaria, à laquelle appartenait la femme de Man. Acilius Glabrio, l'un des consuls ordi- naires de l'an 152 (3).

(1) Ce fut lui qui condamna les martyrs de Scillium ; il est simplement nommé Saturninus dans leurs actes (D. Ruinart, Acta martyr . p. 77); mais Tertullien le désigne par son gentilicium et son cognomen : « Vigellius Saturninus, qui primus hic « gladium in nos egit, lumina amisit. » ad Scapul. c. 3. (2) Mommsen, Inscr. R. Neap. n. 1068; voy. les Corrigenda. (3) Olivieri, Manen. Pisaur. n. 32; cf. Orelli, n. 2228.

This content downloaded from 193.105.154.38 on Thu, 22 May 2014 18:41:50 PMAll use subject to JSTOR Terms and Conditions

Page 9: INSCRIPTIONS DE TROESMIS DANS LA MÉSIE INFÉRIEURE Rapport fait à l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, dans sa séance du 19 août 1864

INSCRIPTIONS DE TROESMIS. 397

Enfin, la quatrième inscription est ainsi conçue dans la copie qui nous a été envoyée :

4.

IMP C A E S A R I • M '

A Y R E L I O • ANTONÍN O

PIO FEL AVG

DIVI-SEVERI' M ÀXIM

DIVI • ANToNINI-NE-£)Dl CTC • T • FL - NOVIO • RVFO

LEG- AVG PR <R M - Y,P Atf«P7S,R

SACERD PROVIN ETBISDV

VMVIRA • OBHON - PONI F

Oa voit qu'elle présente trois lacunes, que l'auteur de cette copie a essayé de remplir par conjecture. Ces lacunes ne sont pas dues au hasard, car elles portent sur le nom de l'empereur et sur les quali- fications qui devaient le faire reconnaître parmi les princes qui avaient porté le môme nom. Il s'agit donc, dans celte inscription, d'un empereur dont le nom a été effacé en vertu d'un décret du sénat, et par conséquent d'Héliogabale, le seul des Antonins qui ait été l'objet d'une semblable condamnation.

Cela posé, je lis à la quatrième ligne DIVI • SEVERI. N epoti, et à la cinquième ligne DIVI • ANTONINI • fil. Il faut lire en outre, au commencement de la sixième ligne, CANTE • L • NOVIO, au com- mencement de la dernière VMVIRA^ ; et l'inscription entière doit être interprétée :

Imperatori Caesari Marco Aurelio Antonino Pio Felici Augusto, Divi Severi nepoti, divi Antonini filio, dedicante Lucio Novio Rufo , legato Augusti pro praetore , Marcus Ulpius Antipater , sacerdos provinciae et bis duumviralis , ob honorem pontificatus . Le légat L. Novius Rufus , qui a fait la dédicace de ce monument,

était connu depuis longtemps par les médailles d'Héliogabale frap- pées à Nicopolis ad Istrum (1). La découverte de son nom, accom- pagné, comme il l'est dans cette inscription, du titre de légat impérial

(1) Voy. Mionnet, Méd . antiques , t. I, p. 360, n. 41 ; Supplém., t. II, p. 167, n. 644 à 6*5.

This content downloaded from 193.105.154.38 on Thu, 22 May 2014 18:41:50 PMAll use subject to JSTOR Terms and Conditions

Page 10: INSCRIPTIONS DE TROESMIS DANS LA MÉSIE INFÉRIEURE Rapport fait à l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, dans sa séance du 19 août 1864

398 REVÜE ARCHÉOLOGIQUE.

propréteur, n'est cependant pas sans importance; car elle prouve d'une manière désormais incontestable un fait longtemps contro- versé (1), à savoir que les magistrats nommés sur les monnaies im- périales de Nicopolis et de Marcianopolis sont des gouverneurs de la province et non pas de simples magistrats municipaux.

Le donateur du monument, M. Ulpius Antipater , prêtre de la province et deux fois duumvir, nous apprend qu'il en a fait les frais en reconnaissance de son élévation à la dignité de pontife de Troesmis; et du titre de duumviralis qui lui est donné, on peut conclure avec quelque probabilité que cette ville avait été élevée au rang de colonie, conclusion qu'on pouvait également tirer de cette circonstance qu'elle est représentée sur la table de Peutinger par un édifice orné de deux tourelles.

Le monument sur lequel est gravée cette dernière inscription est un piédestal en marbre, orné de moulures élégantes, et M. le mi- nistre des affaires étrangères annonce, dans sa dépêche à M. le ministre de l'instruction publique, qu'il serait possible de l'obtenir du propriétaire et des autorités turques, si l'on jugeait qu'il méritâi d'être apporté en France. Votre commission pense que non-seule- ment ce monument, mais aussi ceux sur lesquels sont gravées les trois autres inscriptions, seraient pour nos musées de très-précieuses acquisitions. Frappée, comme le sera sans doute aussi l'Académie, de l'importance historique de ces quatré inscriptions, qui semblent cependant avoir été prises au hasard parmi un grand nombre de documents du même genre découverts dans les ruines de Troesmis, elle pense qu'il y aurait lieu de demander à M. Engelhardt des copies, et si cela était possible, des estampages sur papier de tous ces documents et de tous ceux que l'on pourra trouver à l'avenir dans ces ruines; enfin, elle ne doute pas que si des fouilles plus étendues et bien dirigées y étaient entreprises , elles n'eussent les résultats les plus heureux pour la science. Dans ce cas, elle recomman- derait surtout l'exploration attentive du camp retranché et de ses abords. Les localités qui ont été habitées pendant des siècles par des légions, et que des constructions modernes n'ont pas dénaturées, ne sont pas communes, et l'on peut être certain que les découvertes épigraphiques, topographiques ou autres, auxquelles ne pourraient manquer de donner lieu les fouilles dont il s'agit, jetteraient un joui- nouveau sur un grand nombre de questions encore obscures de l'histoire militaire des Romains. Léon Renier.

(1) Voy. Eckhel, doctrina num. vet, t. I, p. 17, et Borghesi, Œuvres complètes t. Il, p. 223.

This content downloaded from 193.105.154.38 on Thu, 22 May 2014 18:41:50 PMAll use subject to JSTOR Terms and Conditions