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70 ème anniversaire, en ce 31 mars 2015, du franchissement du Rhin, par la 1ère Armée, venue d'Afrique du Nord, dans laquelle se trouvait une très forte proportion de Français d'Algérie
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31 Mars 1945-2015
Il y a 70 ans la 1ère
Armée traversait le Rhin
La Campagne d’Allemagne commençait
Il y a 70 ans, le 31 mars 1945 fut un jour de gloire :
La 1ère Armée traverse le Rhin à Spire et Gemersheim; c’est le début de la campagne
d'Allemagne, du Rhin au Danube, jusqu’à la Victoire le 8 mai 1945.
Le général de Lattre commandant de la 1ère Armée Française obtient l'autorisation du général
Devers, commandant du 6eme groupe d'Armées et rassemblant les 11 divisions françaises de la
1ère Armée et les 12 divisions américaines massées à la frontière franco-allemande, de franchir le
Rhin.
Les soldats du Génie commandés par le général Dromard vont faire des prouesses. Le 101ème
régiment s’appellera d'ailleurs le "Régiment du Rhin ".
Le premier passage s'effectue à Spire dans le secteur de la 3ème Division d’Infanterie Algérienne
(général Guillaume) avec les tirailleurs du 3ème RTA du Colonel Agostini.
Le second passage se joue à Germersheim, dans celui de la 2ème Division d'Infanterie
Marocaine (général Carpentier), avec le 4ème RTM (tirailleurs marocains) du Colonel Clair et le
151ème RI du Colonel Gandoet.
Malgré la surprise, la riposte de l’artillerie allemande fut très violente. Les unités de la 1ère Armée
perdirent une centaine de soldats lors de ce premier jour du franchissement du Rhin et eurent
plusieurs centaines de blessés.
Ensuite, le 2 Avril, la 9ème Division d’Infanterie Coloniale (général Valluy) passe à son tour en
rive droite à Leimersheim.
Les blindés des 2ème Dragons et 3ème RSAR (Spahis algériens de Reconnaissance) le 7eme
RCA (Chasseurs d'Afrique) utilisent le pont de Spire.
Le 4 avril, la 2ème DIM et la 9ème DIC s’emparent de Karlsruhe.
En quelques jours, un tiers de la 1ère armée, dont 3 divisions d’infanterie et une division blindée,
se trouve sur la rive droite du Rhin.
En leur sein il y avait, comme dans toutes les unités de la 1ère Armée, de nombreux soldats
originaires de nos provinces d'Algérie, Pieds noirs et Arabo berbères, unis dans la fraternité des
armes pour libérer "le pays ".
Gilles Bonnier
31 mars 2015 .
31/03/1945 : passage du Rhin au Nord de Karlsruhe:
Premier Officier français Supérieur à franchir le Rhin: "BRUNEL chargé
de conquérir la tête de pont Sud, en vit pendant plusieurs heures la
surface limitée à 50m de long sur 2m de profondeur, dans laquelle un
sous-lieutenant et 18 hommes tenaient sous un bombardement adverse
effroyable. Alliant un sens tactique affirmé à une volonté farouche,
BRUNEL sut faire passer le Rhin à de nouveaux éléments de son
bataillon, faire sauter les deux ouvrages qui freinaient la progression, et
étendre sa tête de pont jusqu'à 400m de long sur 50m de profondeur,
permettant ainsi au 151e régiment d'aborder à son tour la tête de pont
Nord"
Hommage au Chef de Bataillon BRUNEL
(Henri-Joseph-Marie)
Son bataillon obtient une citation collective à
l'ordre de l'armée: "Solide bataillon, qui, sous
les ordres du commandant BRUNEL, a eu
l'honneur de franchir le Rhin en tête de la
division, le 31 mars 1945 à 6h30, au Nord de
GERMERSHEIM.
Soumis à une vive réaction, à courte
distance des armes automatiques de
l'ennemi, cinq seulement sur douze embarcations abordent initialement la
rive droite, les autres sombrant ou devant faire demi-tour.
A 8 heures, les premiers éléments débarqués atteignent la digue; à midi,
il n'y a encore que les trois quarts de ses effectifs qui ont réussi, malgré
la nappe de balles qui balaie le fleuve, à s'installer dans une tête de pont
de 200 mètres sur 80.
Soumis à un bombardement d'une extrême violence, contre attaqué par
deux compagnie de choc allemandes résiste d'abord, puis passe à son
tour à l'attaque, refoule l'adversaire.
Attaquant de tous les côtés, se donne de l'aire, conquiert 1500 mètres de
rives, occupe les blockhaus qui gênent le passage, et, à partir de 16
heures, met les embarcations à l’abri du tir de l'ennemi, permettant ainsi
le franchissement du fleuve par un bataillon du régiment voisin.
Atteint enfin la nuit Reinsheim, son 2ème objectif, livrant ainsi à la
division, après une journée d'efforts et au prix de pertes cruelles, la tête
de pont qu'on lui avait demandé de conquérir. Poursuivant son effort les
jours suivants, se signale le 3 avril par la prise de Neuthard et de
Weingarten; le 6, en rétablissant la situation à Königsbach, le 11,
conquérant Eutingen sur l'Enz; le 14 Waldrennach; le 21 Gültlingen,
faisant enfin la liaison avec les troupes américaines le 26 avril à
Mehrstetten »
Décret du 10 Juin 1945 portant nomination dans l'ordre de la Légion
d'Honneur. Au grade de Chevalier (pour prendre rang du 7 Avril
1945)
"BRUNEL (Henri-Joseph-Marie), chef de bataillon du quatrième régiment
de tirailleurs: Chef de Bataillon d'un courage et d'une audace
remarquables, qui s'était déjà distingué au cours des combats de Janvier
et Février 1945.
Le 31 mars 1945, chargé avec son bataillon d'établir une tête de pont sur
la rive droite du Rhin, a franchi le fleuve de vive force sous le feu des
armes automatiques ennemies, s'est accroché sur la rive Est, dans une
position très critique entre le fleuve et la digue, soumis pendant huit
heures à des feux continus d'automoteurs, de mortiers et de
mitrailleuses, lui causant de lourdes pertes.
Privé pendant plusieurs heures d'une partie de ses cadres, a, par son
énergie et son activité, réorganisé ses unités, ce qui lui permit de
repousser une contre-attaque d'infanterie qui menaçait de le rejeter à la
rivière et de capturer des prisonniers.
Puis, reprenant l'initiative des opérations, a élargi sa position en
conquérant les deux blockhaus qui barraient le passage du fleuve,
permettant ainsi au régiment voisin de pousser à son tour une tête de
pont sur la rive droite.
Dans la nuit du 31 Mars au 1er Avril s'est emparé du village de
Rheinsheim et a poussé au matin jusqu'à Pfinz-Canal ; à 4 kms à l'Est du
Rhin. A été le principal artisan du succès de la journée »
Le passage du Rhin, vu par les Sapeurs
La Traille
Pendant les premières phases du franchissement de vive force, il faut déjà songer
aux éléments lourds qui vont avoir à traverser et préparer « portières « et trailles.
Le scénario classique du franchissement se déroule. Ce sont les sapeurs d’une
division blindée que nous trouvons chargés de faire passer les premiers chars de
leur Grande Unité.
Les Artilleurs viennent de se déchainer ! C’est le moment de gagner la petite
crique.
Trois « Brockway » lourdement chargés, s’appliquent à suivre la grue
« Quickway » qui tend son bras vers l’avant, comme pour s’ouvrir un passage
dans la nuit épaisse. Le chemin est étroit, boueux et glissant au bord de l’eau.
Mais l’heure est grave et chacun s’applique à éviter la fausse manœuvre.
Nous y voici ! Le coin est bien un peu étroit, mais sous ces arbres nous serons
tranquilles...La vedette est déjà à l’eau.
-« Bon, embarquez l’équipe de la « Une » et ses explosifs ! Traversez là en
vitesse, avec la première vague et profitez en pour jeter un coup d’œil sur
l’ancrage possible de la traille, là-bas sur l’autre rive…D’ici une heure, « la
portière » de manœuvre vous attendra ici »
Sur la rive de départ, on ne chôme pas pendant ce temps.
L’énorme tambour où s’enroulent régulièrement les 350 mètres de filin est enfin
équilibré sur son support flottant.
Les voici !
Dans un sillage d’écume, la vedette bondit, puis, rapide, se glisse à la rive sous le
feuillage.
Les gars de « la Une » sont à leur ponceau sur l’autre rive, mais il ne fait pas bon
sur le Rhin, et là-bas, il est prudent de ne pas sortir le bout du nez au-delà du
perré…
-« Allez-y »
Les branchages s’écartent pour délivrer cet étrange équipage d’une vedette racée,
poussant deux longs boudins noirs couronnés d’un énorme tambour ; c’est le
câble qui, en travers du Rhin, doit conduire les premiers chars sur la rive
ennemie.
Là-bas, au goulet, le coin n’a rien d’agréable. « MINEN »et artillerie combinent
leurs effets. La « Une » à la rive, quatre sapeurs et quatre autres sont grièvement
atteints.
Le tambour flottant a été ancré et camouflé derrière la digue au débouché du bras
mort. L’extrémité du filin est déjà sur la levée et semble examiner inquiet l’autre
rive si éloignée et ces arbres qu’il va falloir étreindre
En trombe, la vedette traverse quelques Sapeurs qui vont préparer l’ancrage. Un
gradé revient seul et pour la sixième fois, s’engage dans ce terrible goulet.
Crrra !!!Une arrivée de « Minen » encore ! Sur la digue, les Sapeurs se relèvent ;
dans la fumée qui se dissipe à quelques mètres, la vedette désemparée tournoie et
coule. A son gouvernail, le gradé est effroyablement déchiqueté. (1)
L’Aspirant est effondré ; son meilleur ami vient de disparaitre. Mes ses hommes
sont là, indécis dans la fournaise. Il faut passer « la Traille ».
….Allons !
Tout est minutieusement préparé ; la deuxième vedette a accroché l’extrémité du
filin. Les cordages sont lovés, tout est prêt pour la manœuvre. On n’attend plus
que l’ordre de traverser.
-« Que se passe t-il ? Vous, allez donc voir aux « portières » »
…Là-bas, le travail est suspendu un instant, le coin camouflé et tranquille n’a pas
échappé à l’œil vigilant du guetteur que chacun sent, tapi dans le clocher d’en
face !...La première « portière venait à peine d’être poussée au large, un peu au-
delà du feuillage, que les « Minen » s’abattaient, précis ; deux tués, six blessés à
la « Seize »
Sale clocher…Le Colonel a bien demandé un tir, il faut attendre que les
Artilleurs décident.
-« Enfin, il en a déjà pris un ! » Un obus vient de transpercer la flèche.
-« Au boulot à présent, et dur !... »Le chantier des « portières » retrouve
spontanément son activité fébrile.
Au goulet, l’Aspirant est déjà au gouvernail ; le moteur ronfle de toute sa
puissance comme consciente du rude effort qu’il lui reste à fournir ; la vedette
part tout droit vers la rive ennemie, tendant derrière elle ce long filin qui se libère
enfin de son touret.
Quelques heures plus tard, tout est prêt, la cinquenelle est tendue, l’énorme
« portière » accrochée.
-« Très bien ! C’est vous qui passerez le premier char. »
Exténués mais rayonnants, l’Aspirant et ses Sapeurs traversent fièrement,
conduisant vers l’autre rive, déjà presque soumise, le premier « T.D » Français.
(Source : 96 ème
Bataillon du Génie)(2)
-(1) Il s’agit du Sergent Chef Cadix de la Cie 96/16
-(2) Dans ce Bataillon, un soldat Pied-noir, mon beau-père Marcel Zélasco, futur champion
cycliste, faisait ce jour là, son devoir de Français. Il eut l’amertume de constater que les actions
héroïques des troupes d’Afrique du Nord étaient toujours minimisées, voir occultées. L’Histoire lui
rend donc cet hommage que la France ne lui a pas rendu.
(Photo collection François Paz)