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9 2 y . ^ DQHERTY SES PRINCIPAUX ÉCRITS EN FRANÇAIS . i'KKCKDÉS D'UN PORTRAIT ET D'UNE NOT1CF, H1OGRAPJiIQUE Par UN AMI QUÉBEC. IMl'HIMÊ PAR AUGUSTIN COTÉ ET Clo 1872

i'KKCKDÉS D'UN PORTRAI D'UNT EE T NOT1CF, H1OGRAPJiIQUEcollections.banq.qc.ca/bitstream/52327/2022573/1/177967.pdf · 92 y. ^ dqherty ses principaux Écrits • en franÇais . i'kkckdÉs

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  • 9 2 y . ^

    DQHERTY SES PRINCIPAUX ÉCRITS •

    E N F R A N Ç A I S .

    i 'KKCKDÉS D'UN P O R T R A I T ET D 'UNE

    NOT1CF, H1OGRAPJiIQUE

    Par UN A M I

    QUÉBEC.

    I M l ' H I M Ê P A R A U G U S T I N COTÉ ET Clo

    1872 •

  • L'ABBÉ

    DOHERTY SES PRINCIPAUX ÉCRITS

    EN FRANÇAIS

    PRÉCÉDÉS D'UN PORTRAIT ET D'UNE

    NOTICE BIOGRAPHIQUE

    Par UN AMI

    QUÉBEC

    IMPRIMÉ PAK AUGUSTIN COtÉ'ÈT Oie

    1872

  • f K . A . A K C I I H : * Qtiiu«l»» r«»ervé§.

  • AVANT-PROPOS. Un grand nombre de personnes nous

    ayant demandé de publier une petite biographie de M. l'abbé Doherty, nous sommes heureux de pouvoir donner cette nouvelle marque d'amitié à un con-frère avec lequel nous avons eu deptiis de longues années les relations les plus intimes et les plus agréables.

    Ce que nous disons de lui n'est qu'Une partie de ce qu'il mérite, mais nous avons préféré être bref et le laisser par-ler lui-même.

    Quoiqu'il ait vécu bien peii d'années et que sa faible santé paralysât trop sou-vent son ardeur pour le travail, M. Doherty a laissé cependant des écrits extrêmement remarquables, '-surtout au point de vue du style et de la composi-tion, et marqués au coin de la plus pi-quante originalité. On nous saura gré

  • fi

    de reproduire dans cette petite brochure

    ceux de * * « t»crit* fran^us qui nous ont

    paru le plus dignes d'être conservés, et

    dans lesquels se peignent, mieux que

    non* ne pourrions le faire, les rares qua-

    lité» de son esprit cl de son cœur. Ces

    «•rirait* i'.T'uit voir quêtions n'exagérons

    rien en allumant que M. l'ablié Uolierty

    avait, dans tin haut degré, le talent et les

    reiwiourees qui l'ont les véritables écri-

    vain"

    M. IMter ty a plus écrit en anglais

    qu'en français, La relation seule do son

    Voyage d'Europe et d'Orient, toute en

    anglais, ainsi que les lettres qu'il écrivi t

    d'Irlande, de Uomo et de Jérusalem,

    formeraient un volume considérable. Es-

    pérons que quelqu'un les éditera un jour

    et complétera ainsi l 'ouvrage que nous

    comtnoneons aujourd'hui, à savoir, la

    publication de toute» les œuvres de

    de* jeunes écrivains les plus distin-gués du pays,

    L . H . P .

  • NOTICE BIOGRAPHIQUE

    SUR

    M. L'ABBÉ DOHERTY Om.iummtitus in brcvi

    erj>l?rit tanpora milita. Ayant |*>ii vécu, il a

    rein|ili la course d'une longue vii'.

    —Sagesse, iv, 13.

    C e s l avec un rare bonheur que ces paroles des liivrtfM SitintsH'nppIitpieiil nu jouitu prêtro que la religion vient de perdre, que la vi l le entière pleure et regrette amèrement . M . l'abbé Doherty a vécu peu do temp*, trente-quatre année» il peine du berceau à ln tombe; mais dans cette courte carrière il a KII ren-fermer Ion œuvres et les t ravaux d'une v i e longue et remplie . Si l 'on doi t juger l 'homme, le chrétien, le prêtre, non par le nombre do jours que Dieu lui accorde, mais par l'heureux emploi des talents e t doa facultés* dont il l'a enrichi, nul doute que M , Doher ty no soit tio ceux dont on pout diro avec vér i té qu'ils ont beaucoup vécu en pou do temps.

  • 8

    Monsieur l'abbé Dohorty naquit à Québec, le 2 juin 1838. Son père, Patrick Doherty, ot sa more, Bridgot Jfyrns, avaient to.us doux émigré d'Irlande, apportant avoc oux, pour seul trésor, la respectabilité la plus intact© et cet attachement inviolable à la foi catho-lique-qui distinguo les nobles enfants do la Yerto Erin.

    Il reçut à son baptêmo lo nom traditioncl do Patrick. Sa mère, heurousc de la nais-sance do ce fils qu'elle avait,souvent demandé au Seigneur, voulut dès lors lo vouerait sacer-doce, espérant quo Dieu réaliserait le désir do son cœur ot donnerait à son enfant la grâce préoiouso de la vocation. Ce vœu ma-ternel, inspiré par la foi et la reconnaissance, reçut bientôt comme un commencement de réalisation. Lo petit Patrick pouvait à peine bégayer quelques paroles quo déjà, avec cette imïveté enfantine qui no doute do rien, il déolarait fort sérieusement qu'il voulait fairo m prêtre. C'était sans doute lo vœu chéri do la mèro qui passait sur les lèvres do l'en* faut encore incapable d'en comprendre lo sens et la portée. Cetto femme croyante ne voyait pas moins, dans le trait innocent quo nous venons do citer, un présage qui la ren-dait heureuse. Sa joie était à son comble et son cœur do mèro se dilatait d'aise et do bon-

  • 9

    heur-, lorsque l'enfant, interrompant la récita-tion do ses lettres sur les genoux maternels, se tournait tout-à-coup vers elle pour lui diro ;

  • 10

    P a t r i c k «lit a d i c n nu b o n M . K e n n e d y p o u r e n t r e r à I V e o i e d e * f r è r e s d o 1» dot-tri no c h r é -t i e n n e . f u r e n t c e s e x c e l l e n t s m a î t r e s , a u s s i nMKtfsio» q u e «lév.mé*, q u i le p r é p a r è r e n t à l a p r e m i e r * e o m t u n r i i o » . I m p o s s i b l e d e d i r e a v e c cjuell.- j.ii-i.'r atii;i'li

  • I l

    M . Dolier ty n'a jamais oublié 1rs doux ou trois années qu ' i l passa â i'.'enU> des Krères. Kien no pont égaler le respect qu'il conserva toute t-ft v ie pour ces premiers ins-tituteurs do H a jeunes-e. 11 avait pour eux comme une espèce de vénération, et nous lui entendions raconter à lui-même, il n'y a pas longtemps encore, i |Uelle v i v e et salutaire, impression i t s hommes simples et dévoues avaient su produire sur .-on esprit, ' ' Je no les comprenais pus tous, disait-il aimnble-inent : je n'entendais pas un mol de français ; mais mémo lorsqu'ils priaient en français., j ' éprouvau à les écouter les plu* vives émo-tions."

    Cependant, le temps était arrivé pour lut do Caire dans sa v ie un nouveau chaudement, .Ses talents, son assiduité un travail, l 'avaient avancé rapidement dans «es dusses, et Patrick, avait pour son Ago uno somme d'instructiné suflisante pour lui permet Ire d'emhrus-cr dès. lors la carrière du commerce.

    I l eut un moment la tentation de s'y livrer. Et chose singulière ! sa mèro qui jusque ls\ n'avait fait pour son enfant que lu rêve de lo vo i r prètro un jour, parut entrer tout-à-eoup dans les nouvelles vues do Patrick et lui avait même déjà trouvé uno place dans une maison de commoree.

    Mais cotte tentation—car c'en était une—-fut

  • 12

    l û r n l ô t . l iwi j ! n. D i o n a v a i t su r l e j eu no P m r j i k d e s vuc« pa r i i c i i l i é ros ; iî p e r m i t à t e m p s uti '- b^uruiiM* )HU«rveiiti(.ni. q u i r a m e n a à l e u r jirvnii en p lus *a vie et sa con-du i t e a In Mthiimo v o c a t i o n qu ' i l vou la i t e m -l>ras-r.

    11 d e m e u r a e x t e r n e pendant tout lo polira d o itfl» é t u d e * . Q u a t r e mois .seulement a v a n t l a fin d o Ha dernî

  • 13

    sait ci».-z le- j ' i i i . - ' Patr ick p->ur on fuiro un f-folior modèle.

    Le succès no pouvait muiiquerdo lui sourire, ik i i s il no HO tontenla pas des triomphes ordinaires qu'un é lève simplement l a l w i e u x est sûr do remporter à la lin de chaque année, scolaire. Sa conduite fotijours exemplaire, sans aucun m 'lun^e de raideur ou d'iwtent-utioiK lut ni'-rim, lui'.-.ipril n'était encore i|ii"en cill* (juiéme. nue tu- d:ii!!c d'honneur, récompense, extraordinaire p un" tout ceoijcr, distinction pfe--ijiie iiiiiiiie pour un externe. Nous nous rappelons avec quel air naturel et «iso il »

  • 14

    ittnntM, umjoiir* nouvelles et toujours Spiri-tuelle!;,

    l'tte nature aussi heureusement douce se renwmlrtj bk*n rarement ; et nous doutons

  • 15

    N o u s n ' e n t r e p r e n d r o n s pas d ' a p p r é c i e r ses écr i ts . Nous (limons mieux toiser au l e c t eu r le plais i r do j u g e r pa r lui-même a v e c quel le facilité é tonnan te , quel le souplesse d ' e x p r e s -sion, quelle finesse de s tyle , q u e l l e richesse d ' imagina t ion , enfin, et p a r d e s s u s tout , avec que l le spi r i tue l le et p iquan te o r i g i n a l i t é il ava i t appr i s à m a n i e r la langue i r a ne ai se.

    E t d i re que Palrielc ne savait p a s un m o t

  • Ki

    vacances, Chaque année, fidèle à «on amour pour ce jxiiif paradis de délices que la nature wniible avoir créé tout exprès pour des éco-lier?; en vacances, noire aimable Patrick était Je premier rendu. Nous ne dirons pas, nous ne pourrions jamais dire les mille et mille amusements qu'il savait y créer, tous les tours agréablesqu'il imaginait, la vioot l'animation que «on esprit inventif, que sa gai té inépui-sable répandait partout. Kcolier, séminariste, prêtre, M. JkilicHy a été pendant je ne 8ais combien de vacances, et jusqu'il l'année der-nière, | 'nme ( | 0 Haint-Joachini.

    Les échos du Petit (,'ap répèleront pendant longtemps le nom de celui qui avait su, par «on intarissable esprit, rendre le séjour do Saîiit-Joachim l'endroit de vacances le plus aimé et le plus populaire qui HO puisse ima-giner.

    * * XOIIK sommes loin d'avoir tout dit. sur ses

    années d\k>.«lior. Il faut cependant, nous borner ici et lo «uivro dans une nouvelle phase de «a vie. Sa vocation à l'état eeclé-Hiastique, nous l'avons vu, datait do loin, puisque déjà, nur les genoux de sa mère, elle surgissait comme d'instinct dans son âme et m révciaitdrtns ses premières saillies d'enfant. Il prit la soutane en septembre 1861, et ftit nommé aussitôt maître do salle dans la divi-

  • n «ion des petit*, a insi quo professeur d© s i x i è m e . C e l t e p r e m i è r e a n n é e de son G r a n d S é m i n a i r e fu i s i gna l ée p a r une maladie t r è s -g r ave q u i le conduis i t a deux doig ts de la m o r t , ot q u i p o r t a A sa cons t i t u t ion dé l i ca t e un c o u p f a t a l d o n t el le n ' a j a m a i s pu su r e l e v e r c o m p l è -t e m e n t .

    A p r è s avo i r é t é professeur de s i x i è m e pon-d a n t une année , il fut c h a r g é d ' e n s e i g n e r l ' a n g l a i s dans d ive r ses élusses, e m p l o i q u ' i l o c c u p a pendant tout son séjour au S é m i n a i r e . I n u t i l e do di re c o m b i e n il é ta i t aixné do s e s é l è v e s ; j amais professeur ne su t m i e u x quo lui g a g n e r l 'affection des enfants . E t a n t m a î t r e de sa l le , il passait, souvent, la r é c r é a t i o n d u s o i r au pied de la t r ibune des e x e r c i c e s , en-t o u r é d'un g r a n d n o m b r e d ' é l èves , l e u r r acon-t a n t mi l le h i s to i r e s do toutes s o r t e s q u ' i l s a v a i t e m b e l l i r ot rendre beaucoup p lus i n t é -r e s san t e s e n c o r e p a r dos épisodes i m a g i n é s s u r le m o m e n t ot déb i t é s a v e c un c l m r m o i n i m i t a b l e L o s enfanta p r e n a i e n t à ce» en-t r e t i e n s un i n t é r ê t s i vit qu ' i l s n ' h é s i t a i e n t pa s à sacrif ier leurs j eux les plus a i m é s p o u r é co u t e r les h i s to i r e s de M, i J o l i c r t y . C'était p o u r e u x la p lus douce des r é c r é a t i o n s .

    L ' a n n é e 1 8 0 4 , qui é t a i t pour lut l a t r o i s i è m e de son ( J rand S é m i n a i r e , m é r i t e une m e n t i o n tou te s p é c i a l e C e u x qui, c o m m e nous, o n t é t é à m ê m e do c o n n a î t r e s a Hcrapuleuso r é g u -l a r i t é , son e s p r i t do sacr if ice e t d ' a b n é g a t i o n ,

  • 18

    «pprent lmii t sans étonnomcnt qu'il se crnt appelé à I V w t religieux. Encore écolier, il « a i t déjà penne " « > faire Jwnito et «'en était nii'in»-

  • 1!>

    Quatre jours âpre* son entrée aw novic ia t , il était. c'est Ini-menie qui noit» l 'écr ivi t , " non trrahvî, attaque de pleur» •.-if. " l'ori'p lui fut dont' du revenir nu t*rand H.mmairo , non qu'il renonçât à son iti.x chérie d 'ê t re .'«'-suite, mais espérant du temps les torcoH nécessaire,** pour suivre ce qu'il a toujours cru être. Bft vocation. N ' ayant jamais eu assefc do santé (mur reprendre eo mniciaf •>! prématu-rément, interrompu, il eut du moins la conso-lation d'avoir l'ait tout eu -.>n pouvoir pour aeeomplir In volont.- de l'ieu ; il a sans doute aussi, aux yeux du ciel, le rm rite d'un tlonlùo sacrifice.

    * ' * M. Polierty entra dans les ordres» «acres

    peu do temps après son retour du novic ia t et ajouta à non nom de hapteme celui de J o s e p h , voulant- allier .--a dévotion pour ce g rand sa in t à ccllo qu'il eut toujours pour taxait)te V i e r g e .

    Ordonné prêtre le II nmr» IW.r», il eé lébra sa première mewo dans l'église des Hmnes Urmiline*. 0C1 quelque temps auparavant , n'étant encore que* diacre, il avait fai t éga le -ment «on premier sermon.

    A dater de cette époque commence p o u r 31. Doherty cette vîo active, ce min i s tè re utile et brillant, qno tout lo monde connaî t , dont chacun (*c rappel lo les pr incipaux aeton, et qui a marqué lea quelques années de sa

  • 20

    car r iè re «acerdota le p a r tlo n o m b r e u x e t s i -gualeH se rv ieos r endus à lu r e l i g i o n .

    N o n * n« pourr ions , s ans dépasse r les m o -

  • 21

    pour écrire et parler, lui p e r m i r e n t tout d'abord de rendre à la ville de Q u é b e c et au diocèse les services les plus appréciables . Quelques-uns peut-être, par sympa th i e pour sa failde saute, durent croire qu'il ne ménagea i t pas assez ses forces. 11 est vrai q u ' i l so pro-digua avec le zèle le plus infat igable. Com-ment toutefois lui en faire un c r ime ? Co dé-faut, si c'en est un, est l ' accompagnement presque nécessaire de la pins belle d e s qua-lités ; la charité qui porte à aider les nu très, l'ardeur du bien qui ne calcule pus iiwsez rtVOC les exigences d'une frêle const i tut ion.

    M. Dohorty, tout en continuant d ' ense igner l'anglais au Séminaire, se livra do su i t e à la prédication, et recueillit dans co min is tè re difficile des succès éclatants. N ' é t a n t encore que diacre et au (Irand-Sèmiiinire, i l voulut inaugurer sa carrière de p r éd i ca t eu r par l'évangélisntion des humbles;, il p r ê c h a et conduisit lui-même les oxercicos d e tou t un mois de Mario en faveur des e m p l o y é s du Séminaire. Ces braves gens n'ont p a s oublié ce bel acle do bienveillantefcliarité j ils lui en témoignèrent alors et lui conservent encore aujourd'hui toute leur reconna»w.anco.

    Jl n'avait pout-êtro pas toutes les quali tés qui font les orateurs hors l igne; il lui man-quait assurément cette oxhubérftnee d e force physique plus nécessaire qu'on le p e n s e pour pouvoir dotmor à l'esprit tout l ' é lan dont il

  • 22

    m w n t c a p a b l e . I l s u p p l é a i t A c e l a p a r l e s r e s s o u r e o s d e son i m a g i n a t i o n , p a r l a f a c i l i t é é t o n n a n t e d o s a p a r o l e , o t s u r t o u t p a r u n f o n d i n é p u b - a b l o d e d o u c e o n c t i o n q u ' i l d e v a i t à sort a d m i r a b l e p i é t é , e t à l ' a m o u r l e p l u s t e n d r e p o u r l a s a i n t e V i e r g e ,

    I l t - e r a i t a b s o l u m e n t i m p o s s i b l e d o d i r o l e g r a n d n o m b r e do s e r m o n s , d ' i n s t r u c t i o n s , d ' h o m é l i e s , q u ' i l a p r ê c h e s d a n s t o u t e s l e s é g l i s e s d o Q u é b e c , o t d a n s u n g r a n d n o m b r e d e p a r o i s s e » «le la c a m p a g n e , t a n t e n a n g l a i s q u ' e n fran i o i i / i i ' i m < i i ! , la p r é d i c a t i o n ; j w u v a n t bO p r é p a r e r a v e c la p l u s g r a n d e f ac i l i t é ; p a r l a n t p r e s q u e s a n s e l l o r l a u c u n , si ee n ' e s t l ' e f fo r t

    λ h y s i q u e i j u ' i l m é p r i s a i t , il s e t r o u v a i t d a n s es c o m l i t b m s v o u l u e s p o u r ê t r e i n v i t é à p r ê -e l i o r p a r t o u t , à t o u t m o m e n t ; e t il é t a i t t r o p b o n p o u r r e f u s e r .

    I l p r ê c h a à l ' é g l i s o d o S a i n t - P a t r i c e u n « v e n t et u n c a r ê m e c o m p l o t s , o u t r e u n g r a n d n o m b r e d o s e r m o n s d é t a c h é s qu i t o u s l u r e n t é c o u t é » a v e c a d m i r a t i o n p a r l a p o p u l a t i o n i r l a n d a i s e . I l d o n n a é g a l e m e n t à l ' I n s t i t u t S a i n f - l ' a i r i e e , d o n t il f u t l e p r é s i d e n t p e n d a n t q u e l q u e t e m p s , u n b o n n o m b r e d e l e c t u r e s s u r d i v e r s suje t* , t a n t ô t r e l i g i e u x t a n t ô t l i t t é -r a i r e s ; et s u t t o u j o u r s , g r â c e a u x i m m e n é e s r e s s o u r c e s d e son e s p r i t , i n t é r e s s e r v i v e m e n t l e s n o m b r e u x a u d i t o i r e s q u ' i l t r a î n a i t à s a f u i t e .

  • 23

    Mémo une fois ou deux, entre au t ros lors-qu'il s'agit de défendre la nation irlandaise contre les* injustes attaques d'un minis t re de Montréal, M.' lrvine, la salle de l ' Ins t i tu t fut jugée bien trop étroite pour le nombre do ceux qui dédiraient l'entendre, o t l'on du t choisir la vaste enceinte du ÏVlusic Ha l l .

    * * * L'Institut sut reconnaître ces services im-

    portants dans bien des circonstances. Du reste rassemblée spéciale qui eu t lieu immé-diatement après la mort de M. Dohor ty ; les résolutions de condoléance qui y furent vo-tées ; la présence do tous le» membres on corps à ses funérailles; tout cela prouve com-bien la population irlandaise é ta i t fier© do posséder dans ses. rangs co jemio prê t re si distingué.

    Une chose bien remarquable, c 'est que les doux langues française ot anglaise lui étaient aussi familières l'une que l 'autre , soit pour écrire soit, pour parler. Nous ét ions même porté à croire qu'il connaissait plus à fond la langue dans laquelle il avait fait ses études classiques; mais ceux qui on t parcouru ses écrits anglais assurent que la langue de Shakespeare n'avait pas pour lui p lus do se-crets que celle de Bossuot.

    On sait qu'il écrivit souvent pour réfuter l 'erreur ou pour combattre les calomnies ré-

  • pfttiduos dans certains journaux par des esprits préjugés ou ignorants. Sa polémique était fine, polie, et toujours appuyée sur les meil-leurs arguments.

    Pour "achever de donner une idée aussi oxacto que possible des travaux qui ont occupé M. Doherty pendant le» premières années do sa vie sacerdotale, nous devons mentionner ici plusieurs conversions à l'Eglise catholique qui furent duOs à son zèle et à son habileté. Il est facile de comprendre la joie qu'il éprou-vait à ramener au bercail ces pauvres brebis égarées. " Je crois, écrivait il au mois do mai 1865, à la suite de la conversion d'un person-nage important, qui avait mémo été ministre de la " Hauto Eglise, " je crois réellement qu ' il n 'y a rien de si consolant, de si touchant quede voir l'abjuration d'un protestant. Prions et demandons à Dieu d'augmenter le nombre de ces heureux retours. " Assurément qu'il reçoit aujourd'hui do la part de coux qu'il a ramenés à la vrnio foi ce secours puissant do la prière qu 'il invoquait alors pour eux.

    * * * L'année 1869 trouva M. Doherty beaucoup

    affaibli dans sa santé. I l était évident que sa charge do professeur, jointe aux travaux exté-rieurs que son ardeur lui faisait entreprendre, devenait trop forte pour la délicatesse de sa ootiâtitution. I l so décida, non sans chagrin, à

  • 25

    d i re adieu au Séminai re ot à embrasser tout à fait le minis tère sacerdotal, dont il avai t j u sque là pa r t agé les labours plutôt par nèio quo par devoir.

    Mais , avant do prendre une nouvelle posi-tion, il voulut faire le voyage d 'Europe et do l a TeiTO-Sainto. C 'é tai t depuis longtemps son rêve favori : enfin, il eut le bonheur de visiter l ' I r lande, p a y s de ses pères, d 'ass is ter à l'ou-ver ture du grand Coneilo ot de recevoir la bénédiction do l ' Immortel Pontife, de baiser avec amour la terre sacrée qui a été arrosée du s a n g de Jésus-Chr i s t . Ce voyago il le lit en hornmo d 'espr i t et, de couir, ne se conten-tant p a s d'une admirat ion stéri le qui ne laisse après elle aucune t race durable, niais cher-chant à se former, pour son âme de chrétien et de prêtre, comme un trésor précieux de douces ot pieuses émotions,

  • 26

    produire ici quelques-unes ; malheureusement p»mr i w lecteurs français, 'out, ce qu'il a écr i t pondait t «on voyage est dans la langue an-glais*'.

    De *>n séjour à Home nous ne voulons mentionner qu'un t r» i ( : ce fut l 'étroite ami-lit' qu'il li,-t nvue les zouaves canadiens. Ces ta» vu* et iKi l i i im jeunes gons ne (ardèrent pas à dtcmivrirdaii!-, M. Doherty un de ces esprits toujours t>u verve avec lesquels les relations

  • 27

    Marino, la p l ace l»i-i«oo v a c a n t e p a r la m o r t du regrette M. Joseph Calol l ier .

    I l é ta i t à pe ine instal lé d a n s ses nouve l les cha rges qu ' i l lui fallut s'en é l o i g n e r , Ce fut p o u r lui un nouveau et bion p é n i b l e sacri-fice ; niais sa s an t é l ' exigeai t , ses amis» lo dé-t e r m i n è r e n t à a l l e r d e m a n d e r au c l i m a t do la Géorgie le r e c o u v r e m e n t de MJ« forces , do plus en plus épuisées. Il fut aUsont, p e n d a n t trois mois, et lorsqu'i l revint , quoiqu ' i l no fut pas g u é r i , il y ava i t cependan t d a n s son é t a t u n c h a n g e m e n t dos plus heu reux .

    On no voulu t pas toutefois lui p e r m e t t r o d e r e m p l i r encore «on oflico do c h a p e l a i n à l 'Hô-p i ta l de Marino ; mais il prit avec c o u r a g e sa place de v icaire à Saiut-Roch.

    l"c.-

  • 28

    L'empêcher do travailler, no pas lui permettre d'exercer ce ministère dos âmes, qu'il aimait tant, c'eût été le rendre malheureux et peut-être avancer l'heure de sa mort. Mieux valait, tout en le réglant par les conseils do l'amitié, laissor à son zèle l'essor dont il avait besoin.

    Son séjour à la paroisse do Saint-Eoch n'a pas été long, uno année à peine depuis son voyage du sud. Dans ce court espace do temps, néanmoins, il prêcha un bon nombre do-fois ot toujours avec co talent de persuader et d'aller au cœur qui distinguait ses sermons. Pendant le dernier carême, quoiqu'il fût assidu au confessionnal, il trouva le temps do donner aux membres do la société de Saint-Vincent do Paul, Une suite de conférences, dans lesquelles il raconta, avec un charme inexprimable, les principaux incidents de son voyage d'Europe ot d'Orient. Il se préparait à prêcher dans la Congrégation do Sainl-Koeh, pour la circonstance solennelle du SOème an-niversaire de la naissance do Pie IX, lorsqu'il se sentit frappé do la maladio qui a mis fin à ses jours,

    'route la population do Saint-Koch lui était déjà extrêmement attachée et l'aimait sincè-rement. On ne pouvait se lasser d'admirer chez lui cette charité douce qui cherche sans cesse à consoler les peines d'autrui ; ce zèle ïnfatigablo qui n"a d'autre calcul que le bien

  • 29

    des â m e s à p r o d u i r e ; ce t te p i é t é tondre e t confiante qu i édifie les âmes e t les por te à a i m e r Dieu.

    N o u s avons déjà m e n t i o n n é en passant le c u l t e qu ' i l a v a i t voué à l a sa in to Vio ryo . C e l a i t d e p u i s les p r e m i è r e s années do son onfauco sa dévot ion favor i te , e t à m e s u r e qu ' i l avança d a n s la vie, son a m o u r do la d iv ine Mère de-v i n t de plus en p lus vif. Jl é t a i t admi rab le lo rsqu ' i l p r ê c h a i t su r co sujet, c h e r à son c œ u r . Quand il a v a i t une içràce à obtenir , c ' es t à Marie qu ' i l s 'adressai t , à Mar ie on qui il ava i t mis t ou t e sa confiance e t d o n t il se m o n t r a toute sa vie l 'enfant dévoué e t recon-na i s san t .

    Auss i , est-ce p e n d a n t le beau mois de Marie, s u i v a n t le dési r qu ' i l en ava i t e x p r i m e , que la s a in t e Vierge es t venue r e t i r e r du monde ce lu i qui l ' a ima t e n d r e m e n t et qui t an t do fois exc i t a dans le cœur des au t res , en chaire e t a u confessionnal , l ' amour de ce t t e Mère dos misér icordes . M. Dohor ty a é t é frappé a u mi l ieu m é m o de l 'exercice du min is tè re le p lu s consolant e t le p lus sacré . L a veillo do l 'Ascens ion au soir , ap rès avoir confessé jus-q u ' à u n e heure t rès -avancée , il s en t i t les pre-m i è r e s a t t e i n t e s de la maladie crue l le quf l 'a r a v i à l'affection universe l le . .11 pas sa litté-r a l e m e n t du confessionnal au lit de mor t . U u o cons t i tu t ion p lus forte, uno san té moins compromiso quo la s ienne , eû t e u des chances

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    d'échapper au danger. Pour lui, déjà si faible, il fut tout d'abord accablé et ne put survivre à la première complication.

    Il mourut le 20 mai, vers minuit, après avoir été muni de tous les derniers secours de notre sainte religion.

    Nous ne dirons qu'un mot de ses funé-railles, qui ont attiré dans l'immense église de Saint-Boch la foule la plus compacte, la plus recueillie, la plus sympathique qu'il soit pos-sible de voir. On peut dire que la ville entière prit part à cotte démonstration de douil. Los catholiques dos doux origines, con-fondant leurs rangs, leurs regrets et leurs larmes, voulurent témoigner par leur pré-BOIHÏO do Pestimo profonde, do l'affection sin-cère que depuis bien dos années ils avaient vouées à eo jeune prêtre si bon et si aimable.

    Los prêtres en grand nombre, la foule des fidèles, après avoir assisté au service solennel qui fut chanté dans l'église do Saint-Boch, accom pagnèren tjusqu'à la chapelle des Dames Drsulines les restes mortels de M. l'abbé Dohorty. C'est là que son corps repose en paix, sous la gardo pieuse do sa sœur bien-ftiméo et des bonnesroligieuses qui lui avaient voué l'estime la mieux méritée, pendant que son ûmo jouit déjà, nous en avons la confiance, do la récompense des justes.

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    Notre tâcho est finie. Puisse ce faible sage d'amitié contribuer à garder intact et vivaee lo souvenir du jeune prêtre dont la porto affecte si péniblement la religion et la patrie.

    Nous lui laissons maintenant la parole, à lui qui savait si bien s'en servir, chaque fois qu'il s'agissait d'égayer, d'amuser agréablement mais surtout d'instruire et d'édifier; et nous, souhaitons au lecteur le môme plaisir que nous avons éprouvé nous-même en relisant encore une fois ces pages quelque fois graves, plus souvent gaies et badines, mais toujours aima-bles et spirituelles, où M. Doherty se peint lui-même avec toutes les qualités dont il était doué.

  • PRINCIPAUX ÉCRITS FRANÇAIS

    M. L'ABBË DOHERTY ( 1 )

    URSULINES DE QUÉBEC.

    L\ SÉPULTURE DE I.A. HKVKIIENDE MÈRE

    SAINTE-AI-OYSE.

    Lorsqu'un homme qui mareho parmi la foule du dehors, so trouve tout-ù-eoup trans-porté dans le Cloître, il éprouve dos sensations semblables à celles d'un marinier qui, après avoir été ballotté par les vents et les tempêtes arrive soudainement dans une baio, où les ondes tranquilles dorment en paix. Il es t dans une sphère toute différente de la sienno, ^atmosphère n'est plus la même ; là tout est fatigue et tourmente, ici tout est tranquillité e t repos, car la paix du Soigneur y a établi son règne ; là tout respire la haino et les dis-cussions, ici tout est crîarité et amour ; une douce paix romplit tout, notre être, l'âme ^envole insensiblement vers Dieu, et l'on no

    ( 1 ) Ces écrits sont ex tra i t s do VAheiUe et de* Annaht d e Liesse , au l'etit Cap do Suint-JiMiehim.

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    peut s ' empêche r do s ' écr ior : Trois fois hott-> rouscs l é s â m e s choisies A qu i il es t d o n n é d e couler ici des jours pais ibles , devan t les T a b e r -nacles du Très-Haut .

    Tel les é ta ient les réflexions qui s ' a g i t a i e n t dans m o n âme, on a t t e n d a n t le m o n t e n t cm l'on devai t commencer la sépul tu re de la K c v é -rendo iî/tvo Sainto-Aloyse. El le a v a i t r e n d u son âmo au Seigneur lo Mercredi-Saint , e t on confia à la terre- sa dé[>ouille m o r t e l l e l e Vendredi -Sain t , jour où l 'Egl ise , c o m m e m u e t t e de t e r reu r , p l eu re la mor t d e son époux.—Entrez, dans la chambre d 'un m o r t : la t r is tesse est peinte sur toutes les figures, on no par ie que p a r s ignes ou à demi -vo ix , c o m m e si l'on c ra igna i t do t roubler celui qu i do r t d 'un sommeil é te rne l ; il on est de m ô m e do l 'tëglise on co jour ; on lui a en levé son époux d iv in , et ne pouvan t e x p r i m e r p a r dos paroles l 'abîme de dou leur où elle es t plongée;, ollc se tai t . IJO son des cloches n ' a n n o n c e p lus l 'heure où les fidèles do ivent se r é u n i r aux pied» des autels , lo p rê t r e dans les offices no psa lmodie qu 'à v o i x misse ; nul s igné ' d e vie , p a r t o u t lo deuil e t le s i lence de .la m o r t . On no pouvai t donc «faire a c c o m p a g n e r le service des chants o rd ina i r e s , e t c e t t e c i r -cons tance renda i t la cérémonie p l u s tou-chan te , on ajoutant à sa simplicité ' .

    N o u s ôtio7is assemblés dans la p e t i t e sa-cr is t ie , qui mér i t e r a i t à ello seule une l o n g u e

  • 35

    desc r ip t ion , lorsqu'un© por te « 'ouvr i t , e t nous v îmes p a r a î t r e q u a t r e re l ig ieuses à robes Ion* g n c s e t flottante*. P a r m i elles, jo c rus recon-n a î t r e la Révé rende Mère Supér i eu re , e t sa pré-sence me frappa v i v e m e n t . C e t t e b o n n e mèro a v a i t vei l lé sur la tille que l 'Eg l i se lui a v a i t confiée ; pa r son e x e m p l e et. ses ense igne -m e n t s , elle l ' ava i t d i r igée dans les voies d e l à v e r t u , et quand lu m o r t é t e n d i t sur elle sa m a i n g l a i r e , elle avai t fermé sa paup iè r e , en lui d i s a n t : " Va ma fille, va r ecevo i r la cou-r o n n e é te rne l le . " Mais sa c h a r i t é la condui t p lu s loin. Kilo n ' e s t plus en é t a t d'offrir son c œ u r à cel le qu 'e l l e a ima i t , e t au s s i t ô t elle v i en t pr ier l 'Kg l i sode lui p r ê t e r son appui ni pu i s san t au-delà du tombeau. N 'es t -ce pas là l ' amour m a t e r n e l à son plus l iant d e g r é do per fec t ion ? N 'es t -ce pas un reflet de l ' amour d i v i n ?

    N o u s su iv îmes en si lence les re l igieuses , ot ap r è s avoir t r a v e r s é un corr idor , nous arr i -v â m e s à la chape l le in té r i eu re , où reposa i t le corps , ot. où il deva i t ê t r e en t e r r é , ,1e ne sau-r a i s décr i re les sensa t ions qu ' exc i t a eu moi lo coup-dVeil magnif ique qui se p r é s e n t a à m a Vue. L a chapel le est assez vas te e t élevée ; l ' au te l était, t e n d u de no i r ; sous l 'o rgue , j e r e m a r q u a i la tombe de la R é v é r e n d e Mèro Mar i e d e ' l ' I nca rna t ion , qui v i t encore pa r ses ve r tu s dans ce l le maison qu 'e l l e a fondée. T o u t e la c o m m u n a u t é é ta i t p r é s e n t e : a u fond

  • 3G

    étaient les élèves; rangées en baie se tenaient les religieuse* ; lo corps se trouvait au milieu, mais rapproché de la grille qui sépare l'église

  • 37

    intérieure, qui inonda son âme, s'était traduite au dehors par ce sourire angéiiquo qui effleu-rait ses lèvres. Ses mains tenaient encoro enlacée la croix du salut ; sur sa poitrine était placé un écrit que l'on enferma avec le corps. M. le Chapelain me dit que c'était ses vœux ; le seul trésor qu'elle emportait au tombeau. Cette eoulunie est, sublime. C'ost une image frappante du trésor des vertus que l'âme emporte avec elle jusque devant le Tri-bunal redoutable, et qui diil'ère par là des autres trésors de ce inonde, auxquels il faut dire un éternel adieu, quand sonne l'heure suprême. Après la récitation du Libéra, qui n'est ici qu'un élan d'allégresse parce que Dieu a, bien voulu rappeler à lui l'or déjà puri-fié au feu delà morliticalionetdes soulï'ranees, on dépouilla le cercueil des draps mortuaires ; il no restait plus quo quatre planches sans aucun autre ornement. Cette simplicité offrait encoro un contraste avec la pompe quo le monde veut apporter jusque sur la tombe de ses enfants. Puis, deux religieuses quit-tèrent leur place, et n'avançant lentement, découvriront la i'osso où la défunte devait êtro placéo. Ici encore, je me pris à fuir© los ré-flexions suivantes : Ce caveau no s'ouvre quo pour recevoir les restes do quelque membre de la communauté, et chaque t'ois qu'il HO reforme, une question doit se présenter natu-rellement à l'esprit de celles qui l'entourent :

  • 3 3

    " Q u a n d se roiivrira-t-ii ? laquel le ào nom doity e n t r e r ? «••nnt-ce m>i stii'ino ? " Kilos i gno ren t s a n s «louto quel le se ra

  • w PltrtFKSSlOJt %V.% l l t M ' U N E S .

    M . Dob.-Ttv, g|. r;»4 .-inné fait !{ii-:lijti«'< ivBoxions 0«f I c i ' i ' i i t i M S i i ' i | i !c jir.-s-!tt.- i> la'-l'-aii v a t racer a U T , c l u i de iart;i;le piveV-.leut. c i ' lH i lH ie dans In* t e r m i ' l «uivawU.

    E n t r o n s an m o m e n t ù se t i r e l e r i d c n u q i t 1

    St'pnrt! l 't ' - i t l iM- de i;l r | i ; i | K ' l h ' i n t é r i eu r e , t't voi i te i i i j i lo i i* un m o m e n t i * q u i M» p r é sen t» À I K W y e u x , l . i . l . u s .m aperço i t à t r avo r s l a g r i l l e toute la c o m m u n a u t é , les ruIitfiviutcN o c c u p a n t leurs p l a c e s orduss i i r t s nu clto.'itr ; ici le-, parents et l e - a m i * *e p i v s s e n t près do lit ba lus t rade du snne t t i a i iv ; an m i l i e u , et do m a n i è r e à ètri» v u e de tous, est a g e n o u i l l é e ht p o s t u l a n t e , ("est. lu d e r n i è r e e p u u i v e qu'el le , m i r a à suliir a v a n t de se j e t e r eut t è ren ien t o u t r e le* lira.s de M U I d i v i n < p o u x . „Yussi l o m o n d e et l:i r e l i g i o n s e m b l e n t a v o i r î v u u i t o u s lour,s a t t r a i t s d a n s ce d e r n i e r c o m b a t o ù i l s ' a g i t de l 'omji i r i ï «le mn e i r u r . Et. i'«rtcH, les forces :"ont i tnjMttan te* dos«ii-ux c ô t é * ; car

    *d ht r e l ig ion lui m o n t r e la p a i - i b l e s o l i t u d e , i a p a i x de l 'anus et l e s c é l e s t e s j o i e s q u i les a c c o m p a g n e n t , le iriondo lu i p r é s e n t e des parent;* ché r i s , «Ici muU . s incères , et d ê r o u l o d e v a n t ses j e u x tous les p l a i s i r s d o l a vit». K l o s - v o u s i t td ik is Kiir le c o t é q u i r e m p o r t e r a l a v i c to i r e ? U e g a r d e z l 'objet d o eo t to lu t to , ot, t m r la douée, r é s i g n a t i o n , l ' a i n t u b l o t r a n q u i l -l i t é q u i r è g n o sur Ion t r a i t s d e lu j e u n e v i e r g e ,

  • •10

    von* reconnaître)! immédiatement que lo inonde n'a pins* du charmes F ) î i r el le, et quo tes triomphes précédent* tic la re l ig ion «on t MB g a g e assure de 00 dernier.

    A p r . - S

  • 4 1

    sa in te e t vé r i t ab le . D 'un coté, l ' h u m b l e eré-a t u r e , soutenue par lu foi, se dépoui l le solen-ne l l emen t , en p résence do sou T>ieu. de tout ce qu 'e l le a de plus che r ; elle r enonce à tout, jusqu ' à sa l iber té , afin (le se d é v o u e r tout en t i è r e au service do l 'Agneau ; de l ' au t re , lo Roi des Rois da igne recevoir co sacrifice des m a i n s de sa so rva ino i

    Aprè s la messe, le cé lébrant q u i t t e sa cha. subie , et , revêtu d ' une chape, se place sur un t r ô n e p r épa ré près de la gri l le . A p r è s quel-ques p r iè res r éc i t ées à haute voix, e t entre-mêlées des c h a n t s du choeur, la Supér ieure r e v ê t la postulante des habits de profession.

    Jusqu ' ic i , la nouvel le professe H é té silen-cieuse e t recueil l ie ; niais m a i n t e n a n t il s emble qu 'e l le ne peut plus con ten i r la joie qu'elle- ressent d ' ê t r e enfin toute à Dieu, et elle en tonne lo p s a u m e : Jirmtarit cor mmm verbum txmum, lo c h œ u r répé tan t ap r è s chaquo verset- : Quart virfi, quem amavi, in quem credi-di, quem dilexi. C 'es t comme lu premièro asp i ra t ion de l ' âme vers son Créa teur , lorsque le pardon l'a affranchie du joug du péché ; c o m m e le chan t d 'a l légresse qui s ' échappe do Fa ine lorsquo p o u r la premièro fois elle con-t e m p l e avoo r av i s semen t In Beauté E te rne l l e !

    L o psaume t e r m i n é , l 'Kvêque e n t o n n e lo Te Deum, e t la professe se p r o s t e r n e lu faco con t r e torro, les bras é tendus on forme do c ro ix , L a p r e m i è r o extase ost passée, e t confonduo à la vuo des boutés d u Soigneur ,

  • 4 2

    3 * i » . . n \ e i l e r e l i g i e u s e n e p e u t q u e n ' h u m i l i e r j«>i({i ic ilnm 1» |M»iiN»it'-re, « t a d o r e r e u s i l e n c e lu mi»"r i«-tHi!u ijii C r é a t e u r . C e p e n d a n t la couttDUiiaaii" é l è v e la v o i x p o u r l o u e r l a l i o n t o «iivîn.- . !i v i n E p o u x , «>t i l aoH le-. < • ' !••- . p . i r e l e n t is.^ent ;i t r a v e r s I. -, v n û t i ' * , ii M' i i i l i l c i j u ' o i i e i i t e i n l le c h a n t «les a u g e s q u i K«> m ê l e a u c o n f o r t d e s h o m m e s .

    IA- «•.•ii'!»c:iiiî p r o n o n c e c i i M i i l o u n e b è n é -d . . ! so lenne l le , MU* iu r e l i g i e u s e q u i se l è v e « u < » i i ù t l ' i v a T . i ; j e t e r a u x g e n o u x d e lu S u p é -i ;• a i e . (Vtl i ' -vi lu r e l e v é , lui d o n n e l ' a c c o -li*iic f r a t e r n e l l e , e t K>II> e x e m p l e e s t s u i v i j t i i r l

    l*m> j f t u r o é e d e p l u i e , p e n d a n t l e s v a c a n c e s , « s t l o i n « l ' ê t r e à d é l i r e r . O n a b e a u n o u s d i r e

  • qu ' i l faut toujours» > r è s i ç n o r A l ' ennu i pendant mu* juursit'i' pluviou-sv : tjusimi n o u s soinmwi ]>hi^iomv enst>nil»it\ le l'ait m. tue q u e noua s o m m e s rédui t s à i ! M j i » M ' i ' w ' i i i ' i T « , I H > U H rci ' i l i n g é n i e u x à r h e r e i i e r les m o y e n s "le n o u s nnm*!')', vi q u o i q u e !'•>us ivo—issuus .

    N o u s e i ions ;'i i i . i i l i i - i ' un j i . i t r . r . j a v o i r «p l l i se l e c a t a l o g u e

    \ n u - M I V I ' / . r umine c i i " - . - von t vito, lor.-qiie t i . i i l ii> mon. le y pr-de in m a i n , Kn un c l in - i l ' i i ' i l lu c i i i i r l'ut i m p r o v i s t e , j u ^ e , j u res , a v o c a t * , tout jusqn 'a i t eonn 'nble . Kros ga rçon q u i . tou t lier de su c h a r g e , a r p e n t a i t la H R I I O on tous -eus , r r ini t à tiu- ( r t e : si lei ice, ot itiisuit à lui -oui p lus (ii- l i n i i i q u e ton* ies m i t r e s r é u n i s . — A h ! mais j ' oub l i a i s ; il man-q u a i t une chose a - -1 •;. e s s e n t i e l l e ; tin pri-s o n n i e r . — A l l o n s , un p r i sonn ie r , tnuirt Co

    n ' e s t pas pos s ib l e (/itrit/u'un duit iweir commis

  • 4 4 .

    deux rangées de den ts longues e t a iguës à faire frissonner. C'est no t re homme, le cons-ta tée l 'a déjà saisi, e t r e m m e n a n t d e v a n t le juge, déclare à la cour que M. Z. e s t accusé d 'avoir les dents t r op longues . Son h o n n e u r t rouve que le cas est pendable , si le fai t es t prouvé, et ordonne d ' in s t ru i r e son p rocès s u r le c h a m p . L'accusé s 'y p r ê t e , et ap r è s quel-ques pourpa r l e r s , les avocats p r e n n e n t p a r t i pour e t cont re ; puis, au mil ieu d 'un si lence profond, le constable a y a n t à p lus ieurs r e -prises cr ié silence, l ' avocat de la couronne prend la parole,

    " E u présence d 'un juge don t la ve r tu , je pourra is dire farouche, nie rappe l le les p lus beaux jours de l 'ant ique Borne ; en p ré sence d'un jury dont l'œil i n t e l l i gen t semble lire au fond de mon âme, e t porcovoir, m ê m e a v a n t moi, la jus t ice de m a cause j à la vue d 'un audi to i re si respectable , je m e t rouble . Mais quanti je mo souviens que du succès d e m o n p la idoyer dépenden t les in té rê t s de la socié té , l o bien-être de mes semblables , peu t - ê t r e m ê m e l a vie do tous ceux qu i sont p r é s e n t s , oh I a lors une force inaccoutumée, u n e éner-gie su rna tu re l l e s 'empare do mon âme, e t u n e voix in té r i eure mo crie : courage, c o u r a g e !

    Do quoi s'agit-il, en effet ? Quel es t le bu t que je m e p ropose? Bien moins que l ' ex te r -mina t ion d 'un ma lheu reux , coupable d ' un crime effroyable, pu i sque , p a r la l o n g u e u r

  • 45

    démesurée de ses dents, il jelte partout la frayeur ot l'épouvante.—Oui, je saurai prou-ver avant de terminer que l'accusé est, dans la société, ce qu'est un poisson dans la poêle, hors do sa sphère ; on un mot qu'il est anomal."

    L'avocat do l'accusé, qui n'avait pas bien compris, se leva ; il prétondit que son savant ad versai ro n'avait pas le droit de profiter do la position de son client pour le traiter A'ani* mal. L'orateur pria la cour do remarquer que le zélé défenseur de l'accusé paraissait ne pas comprendre la différence entre anomal et animal ; qu'il pouvait d'ailleurs, s'il lo vou-lait, prouver par lo témoignage d'un philo-sophe, que nou-seuloment l'acensé, mais tous les hommes, sont dos animaux : JShdlum est animal, prœter hominem ; mais que le temps ne lui permettait pas de relever toutes les erreurs de sou confrère, etc., etc.

    J e regrette de ne pouvoir pas donner au long ce brillant discours, qui relègue au second rang Pro coronâ. En analyse, l'orateur mon-tre qu'il y avait ontro l'accusé et les animaux féroces une analogie frappante.—" En effet, dit-il, si vous vous promenez dans laforôt, que craignez-vous de la part do cos animaux ? leurs pattes ? leurs griffes ? lonr qucuo ? Jo réponds sans hésiter: non. Leurs dents, leurs dents seules, voilà ce qui lettre nd redoutables. Eh 1 regardez le prisonnier, ot dites-moi si

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    Vous pouvez envisager ses défenses sans fris-sonner involonta i rement . "— I l ne d a i g n a p a s r épondre à la quest ion de l 'avocat d u p r i -sonnier , savoir ; s'il s 'é ta i t j amais fai t m o r d r e par un é léphant ou par un bœuf; et fit a p p e l e r les t émoins qui, disait-il, p r o u v e r a i e n t que , si la na ture avait doué l 'accusé de p ropens ions an t ropophages , de son côté, il so la i ssa i t a l le r à son penchan t . L e p r e m i e r t émoin déposa que l 'accusé mon t ra i t une préférence m a r q u é e pour les viandes crues ou à demi-cui tes . U n au t r e assura que l 'accusé joua i t a u x ca r t e s , e t que, pendant, qu'il é ta i t ainsi occupé, q u e l q u ' u n demanda par hasard : " M a i s , qui a m a n g é mon v a l e t ? " A quoi il r é p o n d i U l i s t i n c t e m e n t ; " C'est moi ! " Jl fut cons ta té par le t émoi -gnage d 'un troisième, que que lqu 'un a y a n t par lé à l 'accusé d ' une t ierce personne , celui-ci r épond i t : " Oh I ne m'en pa r le p lus , j ' e n suis msstisic. " P lus ieurs au t re s t émoins fu ren t en tendus , e t Ions .s 'accordèrent à s i g n a l e r les pouvoirs gas t ronomiques du m a l h e u r e u x cou-pable, sans que personne p o u r t a n t n ' e û t é té témoin oculaire de ses méfai ts .

    L ' avoca t de l 'accusé fit ensui te un a p p e l é loquent A la misér icorde de la cour, il s 'ap-pi lova sur le sort do son c l i e n t ; il p l a ign i t sa jeunesse , et no p u t s ' e m p û c h c r d e v o i r d a n s les t émoins dos mons t res qu i venda ien t à p r i x d 'or le sang d 'une innocen te v i c t ime . . . . .

    M a l g r é ce t te belle ha r angue , le j u g e pa ra i s -

  • 47

    sa i t inexorable, le j u r y fut insensible of. refi-dit, après quelques délibérations, le verdict de "coupable. " Déjà le juge était debout, et tenait dans sa main la sentence du prison-nier, lorsque celui-ci, voyant ses affaires tout-à-fait désespérées , s 'esquiva d 'entre les mains du constable', ot chercha sou sa lu t dans la ftiito. Alors vous eussiez vu un spectablo* digne de toute admirat ion : la cour entière, j u g e , jurés , avouais , coiistablcs et auditeurs, oubliant leur d igni té , dans lo noble but do .satisfaire aux r igueurs de la jus t ice , se met-ten t à la poursui te du coupable. 11 avai t bonnes jambes ; aussi lu victoire fut-elle long' t emps incertaine, et mémo lorsqu'il fut, envi-ronné, il se débat t i t «vue un courage digno d 'une meilleure cause. Mais Hercule fut vaincu, a-t-on dit L o constable emmenai t le condamné en triomphe, quand soudain une pet i te voix claire détourna l 'attention, p a r m i appel bien connu: la tentation étai t t rop g r ande . On changea tout-à-conp d'idée, on abandonna le prisonnier, et l'on pri t lo che-min du réfectoire. C'étai t l 'heure du dinci\

    VOYAGE DE SA1NT-J0ACH1M.

    A la demande clos élèves du Pet i t -Séminaire , M g r . Langev in , évèquo de Sainf.-Gvrmain do Rimouski , avai t accordé un grand congé à toute la communauté , à la suite d'uno adrosso

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    que ceux-ci lui présenteront le jour de sa con-sécration.

    Il y allait do l'honneur des écoliers de prou» ver à Sa Grandeur leur pleine appréciation d'une si gracieuse faveur, en la mettant à profit, jusqu'aux extrêmes limites du quam posse. Mais pour cola, il fallait sortir du rayon dos amusements du congé ordinaire. A yentil sire, beaux habits, à un congé extra» ordinaire, il fallait au moins des émotions.

    Mais le bloc sorait-il dieu? diable? ou eu* vette? L'expression do la joie commune se tra-duirait-ollc par un banquot monstre ? undînor eplondido? un pique-nique, une excursion, une promenade ? Ces genres d'amusement so présenteront fort naturellement à l'esprit des intéressés, vu que dans lour compréhensibi-lité, ils renferment toutes les formes de ré-création connues du dix-nouvièmo siècle. Je signale on passant ce fait, moins à titre de nouvel lo quo pour la plus ample information do ceux qui voudront dan:; trois cents ans d'ici, étudier nos us et coutumes. Bisons mémo, uno fois pour toutes, que c'est spécia-lement pour les lecteurs do cette époque, que je livre aux annales, les quelques détails qui vont suivre.

    Doue, grand fut l'émoi du moment pour ceux à qui il incombait d'imprimer une direc-tion, ot do donner une forme à la fête. Aussi» quo do délibérations profondesI que de con-

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    sulfations graves, multiples, variées I Quode plans soumis,et partant que de plans rojotôsi —Ah 1 cliov lecteur de trois cents ans, m vous saviez comme il était difficile de nos jours dê s'entendre «tir un plan.

    Mais enfin, par la consultation, on arrive à la résolution, tout commo on arrive n la fin d'un livre en tournant les pages. On recueil-lit, les avis, on les transforma, on les combi-na, on les mélangea, et le résultat fut un pré-cipité qui plut à tous, et pour lo fond ot pour la forme.

    C'est ainsi que du choc des opinions naît la vérité, commo l'étincelle jaillit du briquot.— Cotto dernière comparaison, cependant, cher lecteur do trois cents ans, e s t quoique pou vieille, depuis qu'on se sert de l'allumette chimique, qui se vend de nos jours à un sou la boite.

    Le précipité susdit, ou mieux, cetto décoc-tion de plans, fut

    LA l'ROMKN.VDE AU PETIT-CAP, DU CINQ JUIN 1867.

    Si je voua disais tout simplement, chèro postérité, que le jour du départ, les ocolior» BO sont lovés à trois heures ot vingt-cinq minutes, ot qu'à quatre heures et quart le bateau laissait lo quai, emportant, au milieu des fanfares des instruments de cuivre, 252 excursionnistes, vous auriez, à la vérité, on©

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    idée juste de l'heure où chacun se disait, et se faisait dire: " A h ! nous voilà en route." Mais cette concision nuirait à la véracité his-torique de mon récit, en me faisant livrer à l'oubli bien des circonstances aussi impor-tantes qu'intéressantes.

    Ainsi, par exemple, dans le cas où je ne TOUS aurais donné que les renseignements précédents, comment l'avenir redirait-il à la louange des ER. Dames Ursulines, qu'elles ont bien voulu, cette fois encore, conserver les belles et succulentes traditions de leur monastère, on nous envoyant, comme à l'occa-sion de deux promenades antérieures, une magnifique collation ! Saurait-on le triomphe éclatant remporté par notre vénérable éco-nome sur un baromètre suranné qui, depuis trente-six heures, demeurait ' à la pluie, avec une morne persistance, tandis que le premier soutenait, nonobstant le mercure, que nous aurions un temps superbe, mettant au jeu et son expérionce de soixante-dix ans, et la pers-picacité de ses scieurs de bois ?

    E t ne faudrait-il pas aussi vous parler do la nnit, qu'on eût dit tirée au laminoir, tant elle paraissait longue, même aux Petits ; du son argentin do la cloche matinale, qui, pour cette fois, n'avait devancé le réveil de per-sonne; des regards interrogateurs jetés suc un ciel quelque peu indécis ; des cris joyeux qui accueillirent.J'owJre de pa r t i r ; de rebaisse-

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    ment de plus d'un bourgeois, qui, la tête à la fenêtre, à moitié endormi, so demandait on vain la cause de cette procession quasi nocturne

    Mais savez-vous bien, aimable postérité, que le scrupule me vient on écrivant. Rapporter fidèlement tous les incidents, narrer sanB emphase tout ce qui se rattache à la prome-nade dont j'ai entrepris de parler, c'est bien, très-bien mémo ; mais tout commencement doit avoir des limites, comme toute lin doit avoir un terme.

    Et , du train que je vais, je prévois que mon commencement n'aura pas de fin, du moins d'ici à longtemps. Tenez, l'affaire est, qu'après tout, entre vous et moi, et du reste entre le plus et le moins, il n'y a souvent que très-peu de différence ; do sorte que, réflexion faite, je tairai complètement les préparatifs, ol les concomitances susdites, et je commencerai sans préfaco par

    1E VOYAGE.

    Nous voilà donc a voguer sur l'eau bleuo— métaphoriquement parlant—cela s'entend ; car devant la ville, le "majestueux Saint-Lau-rent " n'a de bleu que ce que lui donne l'azur du ciel à d'assez rares intervalles. Nous voi-là, dis-je, partis. Le " Saint-George, " à qui nous avions confié nos destinées, a pris—si

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    l'on excepte la rnpitain.—un « i r do gai té tmiwi-fait de mise avec la «-irconsjam'iy Do nombreux («tviîli.ut* flottent au vent, de jeunes

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    i n H i v , i c i i i m o Afi j(i".ti>, i- i " « t un « i v l o tio

    rl,'! - . t l >)•> >. ( t | u i | t< li i.ilviit rtll

    J U n l K l j » » ! » ! lk« la JK>, ! , !«>

    I l » |Mi.-cut t ' î i !»ihit. « \ l ! ' l ~ • o l n l m ' l l l>^l

    i l ! n j > l ' i . ' lu j i i . i i n - in i, li < . - . ! , i i i s n o r i U-

    l i l u l i i l i ( ; • , • • ; u •• • l U l l ' i ' I t l

    J lll . t « • I I M ' I ' l ' ! T : H I i " I ' i l! ' | ; :1- I l l i i l K l i t M > l l t

    nu .i»>—»i- •!(••. r. t ' i . . i t . , . „ j .,n . „ • ! i m un ir I J U ' H

    «•(iiiji , ! , ; i i i i - t i o t i i i i t u i * . L t - u n i n u . n T n ' * w rosi»

    W I l H ' l l l t | l i i ' l< | l t t * j . i i i (> iv-tM" «S»' l ' i l \ - n -

    l.'li'i. < i - i u i i jii-i' .ii i i i i i i M : i i - , ï ' i M t i i i s

    t i i c i i x ! ijin-i ont c i » t ' i i i | i i ( ' i i i i i i ' r iu i i in l i io i|uY>n

    I . ' I IU'IKI M I t i i T i f i v . c i i|in \ u j i : i r t i ' ! i i u « i | u ' » l

    c o u v r i r le K r u i t i\>-> i - r i u i - l i - - : i > u . ' « m u ! i -\'-\( j.-i v i i i ^ t

    ( • i l j i ' l i t ' I i t t ' t f • | ) U i » i - . i-t u l i t m i t t ' i - l i - M i ' l i l »

    u x m i i i i i i ' r . M m * d e « j i i o i i m n c i i t - i l » ? u\ c i i i .1- m - i i i - s u n i - - ' i i i ' . 'U / le

    a u \ \ - i i ' - 'ji.i v ii.] i-t '< ->t ! • • < > m i ) i m -

    K»_U'>" ; |MH>r i m n , j . - n u i >-:i •. r u n . T'illt M »

    «(u t* j e M U » . « • ! • • . ( IJIU ' «•«•< [ il E 11 - ^ i t i i i ' i - H o n t

    i f a X n U l l i i -

  • 54

    encore avec confiance sur le versant du eap. Slai» ce cap, tantôt » i menaçant, diminue, s'aplatit. La mature des vaisseaux qui dé-coupait l'horizon en lignes HOV

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    sn curiosité sur ce point dans In cinquantième édition «les œuvres de.t écrivain* mw-meii* florin éa.

    L a prière «In matin ne fit, par une heoteas* coïncidence, vin-â-vm de l'« de l'AngiB-Gardien. J'ai toujours trouva un charme ra-vissant dan» In prière du matin fuite en com-munauté, main ce jour là mirtitnl. il y Avait jo ne «aii» quoi do *ai*i*Kant dan» MM groupes nombreux qui. agenouille* en plein air, con-fiaient à la brise matinale leur» première* aspirations d'amour envers le Créateur. Oh ! si toutou l e » excursion» commençaient ainsi par In pensée de l>icu ! Si toute* l e» journée» do plamir étaient ainsi consacrées par la prière I

    ( ' n philosophe chinois a dit que l'attente enlève l'appétit, 1K< cette aKM>rtion on jveut do suite t irer deux cor»rlii*itm» ; première-men t que le nusdit chinois était fin olwerva-téur, et deuxièmement (jne nos élève* «ont à cet endroit auwt chinois que ceux dont ee

    monade était le thème universel d e » caits©-rie*, et la ve i l l e on était pnei*ément arr ivé à ce point culminant de in surexcitation où l 'appétit disparaît. Au souper, les coupeur» de pain étaient, comme VOtheUo de Shake-speare, nain occupation ; le plus mauiwad© des lecteur* du réfectoire eût pu dominer le cliquetis d e » fourchettes.

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    Mais dame ! en at tendant les estomacs s'é-taient creusés. Si l'appétit vient on man-geant, je vous lo certifié, il vient plus vite en jeûnant. Aussi, quand, après la prière, M. le .Directeur eut annoncé le déjeuner, je crus pour un instant qu'il avait proclamé l'ouver-ture des vacances, tant furent spontanés les cris de joie qui accueillirent cette nouvelle. Tels, lorsque sur le bord du nid que l 'amour maternel a bâti au sommet de l'orme, l'oisoau-mèro paaût avec la pâture désirée, les oisil-lons, encore vierges de plumages, ouvrent un largo bec et «'agitent convulsivement, lois les écoliers allâmes s'agitaient autour d'un im-mense plat do jambon et do com beefY dont los tranchés succulentes disparaissaient, dispa-raissaient, disparaissaient

    Arrivés on face de la Bonne Sainte-Anne, nous chantâmes -l'Ave Maris Stella, ensuite les accords de la musique saluèrent l'appa-rition du Pelit-Cap, terme do notro voyage. 11 nous parut d'abord soulevé au-dessus des eaux, comme un présent qui nous descendait dos cieux ; mais quand nous fûmes arrivés au bout do l'île, il prit une assiette plus ferme, et déjà nous distinguions les pins, les falaises, tes maisons do la grande ferme, le tout do-miné par la eîme majestueuse du Oap-Tour-monto. L'ancre est jetée au milieu de bruyants liourraJis—terme anglais qui, de nos jours, exprimait la plus vivo satisfaction—la berge

  • est mifio à Voau, uno soixantnino àa personnes, prêtres, ecclésiastiques et écoliers, y trouvent place ; les avirons fondent l'onde, cinq ou six minutes s'écoulent, lo bord est atteint, et lo premier quartdosexcursiounistes est déhavqné sans accident sur une belle grève tapissée do verdure. Le spectacle offrait «lors dans son ensemble quelque chose de vraiment beau. En face, nous avions la campagne paréo do toute la première fraîcheur d'un printemps un peu en retard ; sur les eaux, qui dormaient tranquilles et transparentes, se réfléchissaient les formes arrondies du " Saint-Goorgo ; " les groupes joyeux que nous voyions à travers les érables, les vivats énergiques, les gain propos, entremêlés des accords de la mimi-que, tout cela formait 1111 tableau dont les charmes n'échappèrent à personne.

    Plusieurs prêtres, avec MM. les ecclésias-tiques et quelques écoliers, prirent les de-vants, afin do pouvoir dire la sainte mcssO avant l'arrivée de la communauté. M. X . resta on arrière, afin de surveiller le débarquement qui fut des plus heureux.

    J'aurai occasion dans le cours do ces an-nules de vous parler, cher helei ir de trois cents ans, des beautés qui ornent le Fetil-Cap. Je m'en fais mémo une obligation très-stricto. Car ces beautés sont hélas ! du genre do toutes colles que nous trouvons sur la terre : ollos passent, et passent bien

  • m rapidement, et, si je no puis arrêter les ra-VRgm du U'mps, je me crois au moins en cons-cience d'arracher, en mitant qu'il m'est pos-Btbk», leur souvenir à l'oubli. Jo me eonten-t>»er le» oratoire!*, Imlayer le* allées, orner la eliftjn-lle. préparer Liesse et la sallo do billard». Bref, il n'y avait que lui-même qui in' lAf pn

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    de la cloche do la chapelle qu i annonçait la messe. Kile fut dite par M", lo G- V. T. Un clu.i.Mir liion organisé exécuta plusieurs mor-ceaux de chaut ; il va sans d i r e que lo goût de M. V. se trahissait pa r tou t dans l'orne-mentation du sanctuaire. Au sor t i r de l'église, on visita Liesse, le petit bois, le fort Saint-Louis, et comme l'heure avança i t , on orga-nisa sans tarder

    LA. l 'nOME .VVDE DE LA C I M E .

    Le chroniqueur, à qui l'on a imposé lo do voir de l'aire lo rapport de ce t t e promenade sent, au début qu'il a une rude tâche à accom-plir. Lorsqu'une course se fait avec ce qu'on est convenu d'appeler ' ; ht pe t i t e bnndo, " vous êtes facilement au l'ait de t ou t ; rien ne vous éehappo, vous ave/, vu et entendu tout lo monde. Les bons mots, les facéties, les im-pressions drolatiques de chacun, on vous met-tant à même d'enjoliver votre compte-rendu, vous permettent de rendre jus t i ce à tous. Mais quand la foule des promeneurs s'appelle la communauté, et que la (lie s 'é tend depuis lo haut de la côte Saint-Louis do Gonzaguo jus-qu'au chemin du roi et au-delà, on comprend qu'il est impossible de tout saisir, do tout noter. Je me vois donc dans la tristo néces-sité de passer sous silence m o u l t hauts faits de tout genre, do laisser d a n s l 'ombre mille

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    traits sointillant d'esprit, mille réparties vives et enjouées qui'auraicnt illuminé mon récit, comme ils ont fait carillonner les éclats de rire joyeux parmi les rangs, durant tout le-parcours. C'est pourquoi l'on voudra ne pas me taxer d'égoïsme, si je ne relate, à peu de chose près, quo les incidents particuliers au cercle dont jo formais un modeste rayon.

    Cotte réserve faite, en faveur do la vérité, et en guise d'amende honorable, je sens que ma conscienco est plus à l'aise, et que nia plume coulera plus facilement.

    " Ceux qui désirent faire partie do la pro-" monade voudront passer à droite, pour que " nous puissions on voir le nombre, et faire " ensuito un partage égal des provisions " entre ceux qui partent et ceux qui demeu-" rent ici. C'est une course un pou fatigante ; " voyez-y avant do l'entreprendre. " Co petit discours, que M'. C. nous adressa du haut du perron, laissait tout le monde libre do choisir ses amusements do la journée ; mais il ne diminua pas le nombre des promeneurs- Toute la communauté, à l'exception peut-être d'une vingtaine, se rangea vers la droite, et la dis-tribution dos vivres commença

    A nous voir on ce moment on eût dit la na-tion juive au sortir dos ombres de la. terre d'Egypte. Chacun, en effet, ou du moins pres-que tous, portaient quelque objet, qui devenait précieux, a raison du voyage que nous allions

  • 61

    e n t r e p r e n d r e . Celni-ci p l ia i t sous le faix d 'un é n o r m e sac do pa in ; celui-là le su iva i t do p r è s avec ie b e u r r e tout f r a î chemen t enlevé à la Petite Ferme ; l 'un po r t a i t do la viande fraîche, un au t ro un jambon des p lus arrondis ; ceux-ci é t a i en t m u n i s de gourd os, ceux-là do tasses do fe rb lane ; d ' au t re s é t a i en t chargés à la maniè ro du q u a t r i è m e officier qu i ass is ta i t au convoi funèbre d u défunt Malbrook, mais i ls se consola ient p a r la perspective) d 'ê t re souvent de re la i . M. X. , don t la science s 'ap-pu ie sur une longue expér ience , nous donna que lques avis s u r la m a n i è r e de m a r c h e r sans se fa t iguer , nous fit quelques recommanda-t ions , puis, la c lochet te à la main , se mit à la t è t e d e la co lonne qu i pa r t i t i ncon t inen t dans l ' o rd re su ivan t . A l 'avant-gardo, MM. les ecclés ias t iques , p récèdes de M. T. au centre ; M M . les G r a n d s avec le g r o s des provi-sions ; MM. les P e t i t s f e rmaien t la m a r c h e avec ordre de pousse r devan t oux les t r a îna rds , e t do ne pas t r o p lambiner . .

    P r o s q u ' à c h a q u e p a s aux a l en tou r s du Pe t i t -Cap vous r e n c o n t r e z des endro i t s consacrés pat ' que lque souven i r . C'est ici la r iv ière de l ' é t a n g , fameuse p a r ses goujons, ot les ébats f réquents de nos pet i t s ba rbo t tours ; c'est kl la grotte aux punaises, au tou r d e laquelle vo l t i gen t les échos à la vo ix moqueuse e t s t r i den t e ; p lu s loin coule VA Friponne, qui fait g r i n c e r la scie d u petit moulin, e t t o u t près , à

  • 62

    l 'ombre des falaises, fleurit le pommier , q u u n personnage célèbre planta , dit-on, sans s 'en douter , Dans la route Saint-Charles , on trouve le» rivières Jiauije ot liillion; et , mu- le versant do la montagne, le classique Simots, h Pactole, lo /-< t/( c et ainsi do sui te . Or, comme M. X.,

  • H est cependant assez iipre, ot les effets de la fatigue i-..ii;iiii'iii;>'ri.'ii! a HO faire son tir, d 'une manière vi-ix ii diminuer 1» pression, afin de raie»* t i r davantage 1* inarrho: ee «jui se fit on etfet, et si !>;t-n que non* mimes— hotn'sco Ttii ri us ' i r"i - longues heures à pareourir lo chemin qui nous restait a faire.

    11 était une heure et dix minutes P. M., lorsque la queue de la colonnu arriva mir lô p r o m w r plateau qui fuit face « I ile d'Orlému).

    I>e ectte position lii vue s'étend nu loin. L a c ro ix plantée M U - le rue nu milieu du plateau. est a Hin"i pieds au-dessus du niveiiu uo la u ter; et, disons-le en passant, ee < hill'ro correspond exuetement à la date de la fonda-tion du Petit-.Seiitiiiitiro. Votis avez à vos pied* lu Grtwwe-llw, l ' i lo-Anx-IU'aux, l ' î le Ma-dame-, e t l'ile d 'Orléans, dans toufu «on ('tendue ; nu nord, lu eô le du lleaupre, nvoo la stieeetuMoii de ne» nmiwous blanches qui «prjtettt«nt le long d o l a g r è v e jusqu'à In v i l l e tle ('harnplain, ilout on distinguo lo» flèches

    ,(Ktr un tempH c la i r ; au nml, v o n » v o y e z reluire l e« clochers d e Beauiimitt, do Wuiut-Michel , d e Snint-Yalier, de Saint-Thoinns, de Saii i t-igiifMu .do i ' Inlet .de Saint-koeh, e t aitmi

  • 64

    do suite jusqu'à je ne sais plus quelle, paroi.sse, on lo ciel, se confondant avec, les eaux du fleuvo, termine le plus magnifique panorama qn'oti puis«*w cniïd-itwtT d'un seul ooup-d'œil, jwut-iîiro dans lotit le pays.

    Il est entendu qui- nous ne pûmes admirer pleinement w jqieetjie.io qu'après avoir pris part « nu dîner copieux, au bord du petit ruis-seau qui ^laugl'uite dans un lit rocailleux, touf p«v*

  • I - i '—e . dans le rat-rnoonÎM quo nous en étions parti*, .«ans avoir eu à eoiksUUor lo moindre atvkteiit lin-houx dans tout l o cours do la promenade,

    Xaus JVtttoi-nî>ami's Miiméfliatomont, pour nu* servir d'un terme ,!»« gii-err», avec ceux do «^ compagnon* que mm* « v i m i s laiswoa der-rière imus, et mm-. ! . S I m>". A leur *ni»to lo doux laii que Lu j(i- t v i n mut- i n i - n v « • î 1 la t i té de M, ( ' • av i l i t fat! pr parer pniir t i"!tv r o t " U l \ Bien entendu qui? i . m - : n a.eut >li(>iv, « t . eommo e e i . t fait toujours en pa-rei l le l i r ro t i .Htai i io , personne no HO taisait prier j H j « r narivr m*. expluiti».

    Nous l'tii.ii-. a r i u i M t u i i i n i j ra îmont , éten-dus M i r rin'1'ln-ttv, lurwjiia la r lotdio nous a n n i t n r u la ! « i u 1 ii .ri .•.nU-unelle du Saint-Saervuient, pur laquelle dînaient HO terminer dignement les r i ' j o u i n K M i i t H ' i i do h* jou rnée .

    Je n'utitrerai pas dans le dut ai l do toutes le* Iwauii'H qui frapperont regarda en outrant daim la chapelle, enr i ' e iu^e , at-ort dit, languit au pré» do eet'iuiuiw u-uvrex, et, dit reste, j o n'ai plus qu'ut»*.' page ot quart pour nio rendre jusqu'à la v i l l o . Q u ' i l mo suffise donc do dire qu 'e l le Muit rnyomianto do splendeur ; et que io.-i (leur.* et lu lumière ao mariaient mr l'autel tr*tmt'«»i ,m«« on cha-pelle ardente, w m m a les Morn-statns de la

  • GG

    c o n g r é g a t i o n s a v e n t .-oulf 1»*- mar i e r . M . T . nous fit u n e c o u r t e allocution. jil«-im- d ' o n c t i o n et de p i é t é ; pui*, i l d o n n a la h-n- . 'dict ion, p e n d a n t laquelle le e h u u r -'a

  • d w a i t que lqu 'un , a u x grue» dMIoroèro mir Ici r e m p a r t t d ' i l l ion ( 1 ) .

    A M - [ . t h e u r e * non» lovion* l ' u u e r e , et peu

    a p r é * nons gagnion» , » toute pn»» ion do va« p e u r , lu e l ic iml du Ktx l . dan« l e q u e l noua «fintniis e u i i v - au jour t o m l t H n t ,

    1M de rn iè re page qui nu1- re* 'e no suflira eertaini ' înei i t pas pour vou-> redire tmt* k « ( • h u n n e s d e l a . « o i n - e que nous pu--.;11;j>• - au r e t o u r , ( " c t t pourquoi je l i v i v io, pour n o u x iti.-r mi j>;i-~:t;.'. J e voi* Ition qu'il en M-rn do m ê m e d e s tictortU de musique instrument»!© e t vocale, entro-mitlè* do discours, d e réci tat ion», «U« conte* j oyeux etc., qui firent résonner le « d o n d'ap-plaudissement» p. p.t>-«, et c h a n g è r e n t k->$ nouiv* eu «l imiter , jusqu 'à n o t r e a r r ivée au quai , à m-uf .heures e t demie.

    Mats c e qui formera sur tout un sujet do r e g r e t éternel , c'est qu' i l me fnuttro taire l'«gr< ithlo MirpriHO que. M. l 'ecouonn' ménn-

    ( t ) E l l e * bien là q u ' e l l e i M t««*ïee* T de M.

  • C8

    gcait à toute la communauté, sous la forme d'une collation très-friande. Je suis donc réduit à dire que nous avons fait honneur au régal, que nous avons voté dos remerciments à M. l'économe, et qu'à- onze heures nous étions au lit.

    LA FÊTE MT 15 AOUT AU'PETIT-

    CAP (1867).

    Le recensement du Petit-Cap donne aujour-d'hui une population de soixante-quinze per-sonnes, sans compter les gens de service. Aussi, quel émoi partout ! Quelle vie circule, s'agite, inonde I Vingt voitures de toute cou-leur, de toute forme, de toute espèce, station-nent devant les remises. Vingt chevaux do tout âge et de toute race grugent leur avoine dans l'étnble tout auprès, et vingt garçons de curé, de toute complexion et de tout tempé-rament, rôdent, fument et s'ébaïssent.

    Voyez maintenant les écoliers : Grands, petits, gras, maigres, vifs, traînards ; il y en a do toutes sortes." Voyez les ecclésiastiques: ils sont tonsurés, ils sont minorée, ils sont sous-diacres, ils sont diacres ; ils sont de loin et do près, ils viennent du Haut et du Bas-Canada, des Etats-Unis et de l'Irlande. Voyez les abbés : ils ont los cheveux blonds, noirs, gris, rouges, ou ils n'en ont pas du tout. Que

  • (19

    d o ca rac tè res différents ! Que do disposi t ions opposées dans t o u t e ce t t e foule ! Mais tous so r e s s e m b l e n t pa r un côté ; ils s o n t gais e t a imab le s ; ils veu l en t tous s ' amuser , et chacun s'oftbrco do c o n t r i b u e r de Bon mieux à la joio d e tou t le m o n d e .

    I l ne faut pari oubl ie r non p in s nos dieux £ares ; ah ! ce «ont sur tout e u x qui so trot-t e n t les mains e t so t i ennen t les côtes , dans l ' excès de leur jub i la t ion . L e g r a n d sacrifi-ca t eu r , le P è r e H., est à l ' œ u v r e : des poulets , d e s d indes , des cana rds , ont déjà é t é offerts s u r l 'autol do l 'hosp i ta l i t é ; les vertux gras o n t déjà maud i t leur embonpo in t sons le cou-teau m e u r t r i e r de l ' infatigable viei l lard, e t mi l le au t re s me t s , que sou gén ie a inven tés e t sa main a p p r ê t é s , complè t en t l 'offrande.

    Mais pourquoi ce flot d ' Immuni té hionde-t-il souda in les abords de Liesse? Est-ce un con-cour s ? un p è l e r i n a g e ? une fête p a t r o n a l e ? C'es t p lus que ce la : c 'es t lo jour pa r excel-l e n c e au .Petit-Cap, le jour de réjouissances t r ad i t ionne l les , la fête de l 'Ansompt ion , qno c o u r o n n e la grande illumination annuelle.

    Depui s l ong temps on par le d e cot te fèto ; on a depu i s l o n g t e m p s proposé dos p lans pour l a cé lébre r d i g n e m e n t , et le p r o g r a m m e a é té m a i n t e s e t m a i n t e s fois discuté."

    E h ! bien, voici le j ou r arr ivé , e t il faut pour t o u t do bon se m e t t r e à l 'ouvrage .

    I l y a ou à s ix h e u r e s messe conven tue l lo :

  • 10

    chant, ftamw, l u m i è r e , r i e n n ' y a m a n q u é . T o u s >v « o u i ftj»[iHK-h"s d o lu Sable s u i n t e . L ' a c -l i o n d e g r â c e l'aile, on « d é j e u n é , p u i s , o n a drtpoxr? s e s h a b i t s d e fê te , p o u r r e v ê t i r l a b l o u s e . E t à l'iiMivre. g a r e a u x p a r e s s e u x 1

    A u ^ i , v o y e z un ps'U si l ' on ni! r e m u e . O n i t t i ' l ian- i ivs' la t i i j i ions. les v e n v s d e c o u l e u r s ,

    l a m p e s • h i î i 'h -CN ; on v e r s e l ' h u i l e , o n d é -| .o.-e lu--* v e i l l e u - e * . o n c o u p e les c h a n d e l l e s , o n a s s o r t i t les m è c h e s . D e s j e u n e s a r b r e s s o n t a b a t t u s , on l e s é b r a n e h c , on les t a i l l e , o n « 1 1 l'ait de* p e r c h e s , i'v-i p e r c h e s s o n t d i s t r i -b u é e s do d i s t a n c e e n d i s t a n c e d e c h a q u e c o t é d o lu ro i t t v W e l l i n g t o n , d e p u i s le p o n t j u s q u ' à l ' o r a t o i r e d e M a r i e ; p u i s o n les fixe a u so l , o n l e s l a i t c o m m u n i q u e r p a r d e s fils d e i 'er e t l ' o n « i i -pe t id lus l a m p e s . A i l l e u r s , o n b a l a y e l e s a l l é e s , o n é m o i t d e l e s a r b r e s q u i b o r d e n t le» s e n t i e r s , on e n l è v e les f eu i l l e s m o r t e s . O n d é c o r e les o r a t o i r e s , on o r n e L i e s s e , o n p r é -p a r c le p r o g r a m m e d e la s o i r é e . O n souff le , o u s u e , « M c o u r t , on s ' e m p r e s s e , on s e f a t i g u e , o n m r e p o s e e t l 'on r e c o m m e n c e . O n s e d e m a n d e ; Va-t-i l p l e u v o i r ? o n r é p o n d o u i , o u r é p o n d u o n , on r é p o n d p e u t - ê t r e , o n r é p o n d q u ' o n v e r r a . Bref, p a s u n n e d e m e u r e o i s i f ; i o n s v e i l l e n t c o n t r i b u e r on q u e l q u e m a n i è r o a u x a p p r ê t s , p o u r m i e u x jou i r e n s u i t e d o l ' e l l e t g ê n e r a i .

    I l e s t c i n q h e u r e s d e r e l e v é e T o u t e s t uminU-natit p r ê t . D o l o n g u e s files d e l a m p e s

  • chinoises , suspendues aux a r b r e s ot aux pe rches , scrpontei j t le hmg des a l b m e t re f lè ten t gai mon t ï en ra milio cou l eu r s à tra-ve r s Je ver t feuillage ; los oratoi re» H«.mt pré-p a r é s ; Jjiesse es t pesamment oruèo à ?

  • à «Unix ; la colonne s'étend dopais le château i'wqtt'n l'ontrée du bois. Toute la paroisse, hommes, femmes et enfants, est dans la f o r e t ; \m branches sèche* craquent sous leurs pieds, l'ètonncaient ouvre leurs yeux tout grands. Jamais leur imagination n'a rêvé rien d o pnn 'il ; eur ils n'ont lu ni les Mille et une mils, ni l'histoire de la Merveilleuse lampe

  • 73

    les é l ève» du Feti t ot du Grand Séminaire ont l'habitude do recevoir lu « t in te communion ; si t'rloïjrm'-s qu'ils soient lus un* «les autres, ils su réunissent alors dans le u n i r «le Jt

  • pléter rébnïsRoraenl dos bons habitants de fiaifil-Joachim, ol pour prouver jusqu'à l 'évi-dence l 'habileté pyrotechnique dos directeurs.

    Lorsque la dernière fusée se fut noyée dans ta firmament—après* avoir fourni, comme bien des go»*, une carrière plutôt brillante qu'u-tile—on annonça l'ouverture du bal, ou si voit* l 'aimez mieux, de la soirée à Liesse.

    Le* improvisateurs, qui, d'ordinaire, font les frais "de ce» aorte» de séances, s'étaient donné le mot pour se surpayer .

    Le programme était au grand complot. Lv }it:ti! bonhomme raconta du haut do la

    table jaune «os impressions do v o y a g e ; Vati-tù/mire s'allongea démesurément pour exa-miner le haut de» tableaux ; la pantomiiie fut de,s plus expressive*, e t la charade en trois actes fut enlevée ; lus danses soulevèrent dos nuées de poussière et dos tonnerres d'applau-dis^eim'iits. En un mot, tous les morceaux, depuis le jietit tambour jusqu'au solo de piano exécuté con cxpre&sione, furent au plus que par-

    fait.

    Trop gratter cuit, Trop parle!' nuit.

    Voilà un joli petit proverbe dont, vous no connaisses: peut-être pas l 'origine ; l 'histoire en est courte, elle ronfbrmo une moralo, j e m'en vais vous ia conter.

  • P e u x c o r n u » " ! * * v i v a i e n t o;i p a l s . — J e p r o -t e s t e , en passan t , c o n t r - c e t t e hab i tude- o ù

    l ' on e - t de f a i r e r o u l e r toutes les h i s to i r e s sur

    l e c o m p t e de.s n m i n i i ' i w . 11 v n une toute, d ' a u t r e s p e r s o n n a g e s tjiii sont p o u r le mo ins

    aussi d i g n e s q u ' e l l e s i l V t r e mi s e n tn:ètu>. J e

    e o u i u i i s par e x e m p l e certain* i-omp:rcx à p r o -

    p o s

  • 7fi

    laine, en haussant les épaule*, mon p o u l e t n ' y outrerait pas s'il n 'avait pas d en belle—La concierge répliquait , Madelaino s o u t e n a i t sa réputat ion de bonne langue, on sait t o u t eo qui se tlit en pareille c i rconstance. .Href, l 'ho-rizon s'u.sM>mI>Ws*nit d ' avan tage a m e s u r e quo i r - e-earmouelie» devenaient plus f réquentes , et une rupture, complète étai t p r e s q u ' i m m i -lieiile.

    L'iiiin, la jardinière à qui une longue eui to de d é l a i s ne souriait guè re , résolut de c o u p e r ie mal dans su racine ; —avis à ceux q u i no veulent jiini;ii- r e m o n t e r ju.-qu'â la sou rce do leurs que ,e l le . - .—Maii i t cnan l , lit-elle, en met-tant le poulet au poi, après lui avoir d û m e n t tordu le ei>ii, nia voisine e t moi nous v i v r o n s en paix, et j ' au ra i à moi seule le pr ix d o mes légumes,-—Je ne sais pas au jus te s'il n ' en-t ra i t pas un peu de malice dans cet te a c t i o n ; car étant sort ie incontinent , elle r e n c o n t r a Madehiine ei lui dii. en hochant la t e to : " T r o p g ra i l e r eui l ." pais cont inua sa r o u t e vers I église.

    Imaginez-vous que Madelaino c o m p r i t comme par intuition ce qui en étai l . A u s s i vous pouvezpenser si elle profita do l ' absence do sou amie, pour courir vi te chez elle e t en lo-ver le poulet qui mitonnait pa is ib lement su r le t'en. Ce lut l'aliaire d'un ins tan t ; et q u a n d la jardinière, passa à son re tour , Madela ino était à la fenêtre pour lui d i re : " T r o p p a r l e r

  • mût." Pour le coup, celle-ci fut intriguée, ofc elle ne comprit lo sons île ces paroles que lorsqu'elle fut revenue au log is , et qu'elle eut constat.» le vide que le départ du poulet lais-sait dans son pot-au-feu.

    L o triste sort du poulet p rouve à l'évidence-la vérité de la première part ie do notre pro-verbe : quant à la seconde partie, elle est presque devenue banale, 11 n'est personnes en effet qui n'ait eu occasion de regret ter uno parole lancée au hasard, et qui a eu une por-tée plus grande qu'on ne se t'était d'abord imaginé. Que- de foin on entend dire ; " Ah I si je tenais cette parole, e l le no m'échappe-rait plus."! Un seul mot peut causer un dum* M i i » i ) immense, Ce fui un i ivH échappé à Henr i 11. qui souilla la mémoire de ce prince du meurtre de saint Thomas ; un mot. irréflé-chi chassa lioabdil di> l 'All iainl ini ; un mot peut trahir un ami, un mot peut, faire perdre, une fortune ; un mot, enfin, peut vous mettre dans la position la plus gênante ou la plus ridicule qui se puisse imaginer, et ici jo mo fonde sur ma propre expér ience : je me suis te l lement compromis, il y n quelque temps, par un simple jugement prononcé «ans ré-flexion, ([lie je crois pouvoir promet t re à qui-conque voudra enregistrer nia promesse, qu'à l 'exception de ce qui dehappera à la fragilité humaine, jo no hasarderai jamais une opinion sans avoir d 'abordpensô à co qui pourra s'en

  • 78

    suivre. Lo t r a i t n 'es t pas t o t a l e m e n t d é p o u r -vu d ' in té rê t , e t puisque nous sommes en frais de conter , je vais le r a p p o r t e r pour l'édifica-tion de tout le monde.

    J e fus l ' au t re jour in t rodu i t on c h a m b r e (c'est-à-dire dans les ga le r i es ) par un h o m m e d 'espri t , a p p a r e m m e n t , versé dans les affaires pa r lementa i res . Il connaissa i t tous les m e m -bres ; e t dans la revue qu' i l m 'en fit, je t rou-vai ses r emarques parfois si spi r i tuel les , que jo serais l en te do les r ep rodu i r e , si la c r i t i que no m ' é t a i t pas c o m p l è t e m e n t défendue. I l me donna son adresse, me p r o m i t d ' avo i r tou-jours une place à ma disposit ion, et fut enfin, à tous égards , c h a r m a n t de poli tesse e t de bonté. Vous n 'auriez pas voulu je te r l ' i nsu l te à la face d 'un pareil h o m m e , n'est-ce pas ? Mais n ' an t ic ipons pas.

    Nous ét ions à causer, mo i su r tou t à écou te r , lorsque no t re a t t en t ion fut a t t i rée p a r u n honorable qui demanda la parole à l ' O r a t e u r . C'était un de ces hommes qui s emblen t p r e n -dre à t â che d ' e n n u y e r leurs audi teurs , e t q u i réussissent toujours si b ien. I l avait p o u r lu i mi oxcel lont o r g a n e ; mais , pour le r e s t e , Alceste l ' au ra i t i m m a n q u a b l e m e n t t r ouvé pen-dable. J e regarda i mon ami ; i l ava i t u n sou-riro su r les lèvres. V o u l a n t p rovoque r de sa pa r t une r épa r t i e mal ic ieuse , je lui d i s : " Celui-là ne laissera pas l 'é loquence en hé r i -tage à ses neveux : di tes-moi de g r âce le n o m d e

  • 79

    co Clairon. " Il me serait, jo vous l'assure, impossible d'analyser mes sentiments, lorsque lo jeune hommo, se tournant vers moi, mo répondit froidement : " Monsieur, c'est mon père. " Je crois avoir souhaité que les nuira s'écroulassent, ou du moins que quelque ^ratid accident arrivât, afin d'occuper son attention et mo laisser m'esquivor ; niais rien no s'en suivit, et après avoir balbutié quelque excuse, je partis en formant la résolution mentionnée ci-dessus.

    Ainsi donc, vu toutes ces considérations ot une foule d'autres, je crois qu'il serait au inoins prudent do suivro l'avis de je no mo rappelle plus quel sage, savoir : que l'on doit tourner la languo sept fois dans sa bouche avant de proférer uno parole. A la vérité, l'accomplissement littéral de ce précepte offrirait quelquefois d'assez «raves inconvé-nients ; mais il n'en est pas moins constant quo l'on doit toujours réfléchir avant de parler.

    PROCÈS A LA SALLE DE LIESSE (1). La journée au Petit-Cap s'ecoulo tantôt

    paisible, tantôt bruyante, mais toujours hou rcuse. Depuis sept heures et demie A. M.,

    (1) Noue reproduisons co procès il peu près en «on entier, quoiqu'il y ait quelques passages oïl M. Doherty met de côté les oxigonoes d e l à langue et do la littérature pour amuser davantage son lecteur do trois cents ans. Il a> voulu sans doute iraitoron cela certains écrits de Mollôro.

  • 8 0

    i ionrc où l'.-.n sort du déjeuner a p r è s a v o i r a««v>m |)ii le* devoirs r e l i g i eux du m a t i n , j u s -qu ' à ia nuit c lo-e e t Mtt-4't-là, r é s o n n e n t sans

    aux îtt«M»t«*«tfr* 1 » c r i s de jo i e , les g a i s propos, l e - : i imft ' i |oi badinâmes. I c i sur lo perron, bt bu* dans l e * sent iers du p e t i t bois , a L ie- . se , au billard. >ur lu pelouse, p a r t o u t un -i'. on rit . on (-limite, partout KO t r a d u i t lYsjtixiwdun île la j j n i t e i |ui est, daim le c i r u r , «t de la paix qui rè^no dans iYimo.

  • c o m m e Saint-T/oui* HOO,* le chî*nu do Yin-w i i n e s . Si la faute eM avérée: sowUmco sans délai , punition «sommaire. Si le dofate favorise rinciilpc», on lui on accorde le b黫fiollc: ê t re jugé par ses pairs*.

    Disons de unité ec|>endavit, A l'honneur du tribunal de Liesse, que In justice n'y est pas un vain mot, et que M hi, comme ailleurs, «cotte • n'nqu'un o'il, du moins ni paille m poutre ne l'obscurcit, Déjà trois foi* à mu connaissance, cet auguste tribunal a on à «xôrcor ses fonction*, et trois foi» la clarté do ses décisions et l'équité de ne* jugements n'ont pan clé loin de faire croire aux Kpecla-tours que la sa^esne de Salomon se cachait BOUS l'hermine du juge.

    Le procès que je vain rapporter comptera «certainement parmi les «MUSCS célèbres dans non annale*.

    Sujet:—Peux veilleurs d'un pauvre écolier malade sont aeccm'a de s être fort »ud acquitté* de leur devoir.

    http://lacoit.stitut.wm

  • 82

    L e grand jury a v a i t t rouvé , su ivan t l ' e x p r e s -sion reçue , un true MU, et la cause s ' es t p la idée , le 13 août 1867, devan t le j u g e 0 .

    A d e m a i n les détai ls du procès ,

    14 aoû t 1867.—Je t r a c e ces l i g n e s sou» l'effet d 'une émotion pénible e t profonde . L a just ice , sévère dan.s son aspect , p r o m p t e dan» ses j ugemen t s , t e r r ib le dans ses c h â t i m e n t s , a s iégé au miliou de nous h ie r au soi r . D u r a n t t rois heu res ent ières les p l a t eaux de 1» ba-l ancos ' é l evan t ou descendan t a l t e r n a t i v e m e n t , en raison directe e t inverse du poids des té-m o i g n a g e s et de la force des a r g u m e n t s de» avocats , on t tenu les e spr i t s d 'un v a s t e a u d i -to i r e dans les é t r e in tes d 'une a n x i é t é t ou -jours croissante, Kfc lorsqu'enfin, T b é m i s j e t a n t t-a, lourde épôc dans le p l a t eau des ac-cusés l 'a cloué au sol, au mil ieu de s o u p i r s étouffes on en tenda i t ces paroles qu i s ' échap-p a i e n t de toutes les p o i t r i n e s : " C ' e s t b i e n , ma i s c 'est t r is te ! "

    LA COUfl ,

    Lon t emps avant l ' ouve r tu re de l a s éance , nne foule compacte ava i t envah i tous les abo rds do Liosso. Les sofas, qu 'on a v a i t r é -se rvés à l 'él i te de la soc ié té , é t a ien t l i t t é r a l e -m e n t encombrés de h a u t s d ign i t a i res , de fonct ionnai res publ ics , de pe r sonnages d i s t i n -gués , p a r m i lesquels on r e m a r q u a i t p lus ieurs-

  • 83

    m e m b r e s do V Ordre du sifflet. L a bourgeois ie occupa i t les chaises dont, ou ava i t g a r n i le p a r t e r r e ; le m e n u peup le é ta i t p e r c h é sur la grosse beryere, et a v a i t l 'air de se t rouver dans les ga ler ies . A gauche , é ta ient les siégos des-t i nés aux jurés ; à l a droi te du juge, étai t lo fauteui l du P r o c u r e u r du JRoi. L o ' t r i b u n a l de la jus t ice se dressa i t sous le g r a n d tableau do Liesse . En face, é t a i t la barre à laquelle do-v a i o u t c o m p a r a î t r e le^ accusés, et p lus loin, la boi te des t émoins .

    LK J U G E E T l .KS J 1 U I K S .

    A hu i t heures préc ises l 'honorable juge 0 . e n t r a précédé des deux huissiers . 11 é ta i t re-vêtu, d 'un a i r de d i g n i t é mag i s t r a l e , et do r a b a t s en pap ie r , i l p r i t le fauteuil et un v e r r e d'eau, au mil ieu d'un si lence solennel . O n pouva i t liro dans sa d é m a r c h e l ' impor-t ance de la cause dont il a l lai t s 'occuper : la jus t i ce e t la p a i x se donna ien t la ma in sur son f ront serein e t s é v è r e .

    L e s jurés , au n o m b r e de trois, e n t r è r e n t q u e l q u e s m i n u t e s p lus tard. Chacun d ' eux a v a i t pr is son s é r i eu x à deux mains , atin do r e p r é s e n t e r le n o m b r e six, ce qui mul t ip l i é p a r les doux hu i ss ie r s donna i t un total do douze, e t complé t a i t ainsi lo chiffre requ is doa j u r é s dans les cours do justice.

    LES ACCUSÉS. L e s huiss ie rs conduis i ren t les accusés à la

    b a r r e . L e p remie r , M. Ch., é t a i t é v i d e m m e n t

  • H4

    ii son . l . i n i dans la carrière du f r i m e 8a jeunesse, on air innocent, et surfont son pro-fond ubaUcment lui créèrent do vives sym-pathie». Plu* d'un rn«urliir essuyait une larme i'urlîve. I . V p e o t du juge l'impression* iittil v i v i - i i i i - i i ) , il ii 'i 'snil regarder lus jures rjuo du e o i i i d e i ' o ' i i ; mais ce qui paraissait l'af-fecter M i r t - ' U t , c ' é t a i t la l 'orme robuste du plu» grand huissiers. Chaque l'ois que co dernier portail la main à sa (été, pour ajuster )V

  • ss pr ise t o u t e n t i è r e s o u « M I p ro t ec t i on spécia le ; il piiu.^NU même i'utid:icc ju squ ' à faire un c l in ti'ieil an P r o c u r e u r tin ro i ; main celui ci l'eut bientôt foudroyé d 'un de ces, r ega rds dont lui H O U ! IV le seerei .

    Mai» voiià que les huissiers , M I V l 'ordre du juge , ("lient leurs el.'.'ipeuux ù t ro i s cornes, o t t*o mettent à er ier . comme «'il leur on res-tiiit encore «Jeux: S i l e n c l Si lence 1 Ovc/.l Oyez !

    Là dessus le m m mure de l:i conversai ion ceshe, les cuirs s ' a l longent , l ' a t t en t i on se con-cen t r e , et, .selon l 'expression p i t to resque d 'un é lève de smmtlr, " un ^rani l s i lence KO fait en tendre , "

    On lit iilor.-, en pivsriioo de la eimr, la l ec ture de» elicf* d ' : i c i iisutlon por tes con t r e les p r i sonn ie r - ; pui- , le j u ^ e demande s ' i ls avaient pourvu a lu défense de leur cnuso. 31. B. répondit qu ' i l «'tait l ' avocat de M". Ch., et M. !>,, qu ' i l conduisai t sa p r o p r e mime.

    On expl iqua ensu i t e aux j u r e s la na ture dos fonctions qu ' i l s é ta ient appe lé s à exercer, et , su r un si^ne du jujfe, le p r o c u r e