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présente « Mots et maux des ados : comment communiquer avec son adolescent ? » par Sanem Tayman, psychologue clinicienne psychothérapeute Papillon d’Istanbul PREVENTION : GUIDE N°2 "Se réunir est un début, rester ensemble est un progrès, travailler ensemble est la réussite. »

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présente «Motsetmauxdesados:commentcommuniqueravecson

adolescent?»

parSanemTayman,psychologuecliniciennepsychothérapeute

Papillon d’Istanbul

PREVENTION : GUIDE N°2

"Se réunir est un début, rester ensemble est un progrès, travailler ensemble est la réussite. »

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« Mots et maux des ados : comment communiquer avec son adolescent ? »

Guilde de la prévention N°2 :

Consultant-rédaction : Sanem Tayman, psychologue clinicienne psychothérapeute

Sommaire

• Qu’est-ce que l’adolescence ? • Quels sont les indices ? • Quelles sont les particularités de cette période ? • Comment définir la communication avec un ado ? • Quels sont les outils pour bien communiquer avec l’ado ?

• Que doit-on faire si on s’inquiète pour eux ? • Il peut y avoir des souffrances psychologiques derrière.

Comment leur parler de ce sujet ?

• Questions- Réponses

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Qu’est-ce que l’adolescence ? Le but de notre intervention est de savoir comment communiquer avec l'adolescent. Pour cela, il faut d'abord comprendre à qui on s’adresse. C'est pourquoi je préfère tout d'abord répondre à la question « qu'est-ce que l'adolescence ? ». Pour nous les parents, l'adolescence est une période qui parait un peu étrangère et parfois difficile à comprendre. Elle reste cependant très proche de nous puisque nous avons tous été des ados. Le rapport avec l’adolescent nous ramène ainsi à nos propres années de révolte, à nos angoisses et inquiétudes par rapport à l’avenir. En effet, on connaît plusieurs changements d’ordre médical, psychologique… L’adolescence se définit déjà en tant que négation, parce que l'adolescent n’est plus un enfant mais n’est pas encore un adulte. Aujourd’hui, il devient de plus en plus difficile de définir la période de l’adolescence. Cette période débute de plus en plus tôt vers 10-11 ans et peut se prolonger après 18 ans car les études secondaires ne cessent de se prolonger et la séparation avec la famille est parfois difficile à vivre. C’est ainsi une période de passage, de transition entre le cocon de l’enfance et le monde des adultes. Quels sont les indices ?

Les parents remarquent très facilement les indices qui marquent l’entrée dans cette période : par exemple, l’enfant qui était plutôt ouvert et souriant devient distant et commence à refuser toute forme de contact, il devient difficile de lui parler. Il passe trop de temps devant son ordinateur et son portable, sa chambre devient son territoire qu’il protège avec force, il devient « opposant », il écoute ses amis plus que ses parents et l’avis des autres jeunes de son âge peut parfois le sépare encore plus de ses parents. Ces changements de comportements marquent l’entrée dans cette période. Nous savons que l’adolescent est confronté à différents changements : psychologique, physiologique, biologique ou encore social. Mais tous ces changements surviennent

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contre sa volonté puisqu’on peut dire qu’un pré-adolescent aimerait bien rester dans le cocon familial tranquille et confortable mais il est obligé de grandir, de s'individualiser et de devenir un sujet à part. Ces changements vont le fragiliser, il va essayer de comprendre ce qui se passe en lui. Il y a un exemple très parlant donné par la grande pédiatre Françoise Dolto : l'adolescence ressemble beaucoup au moment où le homard change de carapace. Il devient vulnérable, plus ouvert au danger, il perd sa carapace et va en garder des séquelles. C’est en effet le moment où l’identité du sujet commence à se former... Quelles sont les particularités de cette période ? Une distance se crée entre lui et ses parents. Il agrandit ses limites pour découvrir le monde de l’adulte. Il va également essayer de se différentier par rapport aux choses qu'il aime, par exemple ses centres d’intérêt, sa tenue vestimentaire etc… ce qui montre qu’il est à la recherche d’une quête d’identité. Jusqu’à présent, son modèle d’identification était ses parents. A l’adolescence, cela change et il prend exemple sur ses amis, sur les autres jeunes, il essaye de leur ressembler.

C’est aussi l’âge d’or des contradictions. Même dans la vie de tous les jours un jeune qui est habituellement tranquille, calme peut changer subitement. Il peut commencer à faire la tête et à avoir des réactions imprévues. Une situation de dualité s’installe, 2 paradoxes se rencontrent : la dépendance et l’indépendance. Il est en voie de devenir indépendant mais à la fois c’est angoissant pour lui. Il a envie d'avoir ses propres responsabilités mais ça lui fait peur. Il veut devenir plus autonome mais en même temps rester attaché à ses parents. La phrase « tu ne me comprends jamais » est une phrase emblématique que tout le monde a déjà entendu ou bien « tu ne me comprends pas ». Cela montre son envie d’être compris tout en respectant son besoin d’être une personne à part entière et par conséquent un être différent. L’attachement aux parents reste néanmoins un besoin important. Le jeune va partir découvrir le monde et revenir retrouver du soutien pour avoir un sentiment de sécurité. Tout comme la métaphore de l’enfant qui apprend à marcher : il a besoin qu’on lui lâche la main pour qu’il sache qu’il a la force de se tenir debout et faire ses premiers pas, en cas de chute il doit apprendre à se relever seul tout en sachant que les parents sont près de lui pour aider en cas de besoin. Dernièrement, il y a aussi la question du passage à l’acte. On peut expliquer cela par exemple quand un jeune ne trouve pas un espace de parole et ne se sent pas à l’aise ou est en souffrance pour s’exprimer. Il va exprimer son mal-être à travers ses comportements et ses actes qui en

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deviennent le symptôme principal. Une bonne communication avec ce jeune est alors primordiale car là où les paroles échouent les actes commencent.

Comment définir la communication avec un ado? Il y a deux formes de communication : verbale et non verbale. Les ados sont très attentifs à la communication non verbale. Ils ont tendance à remplir les non-dits eux-mêmes et à en déduire un message à travers le regard de ses parents. D’où l’importance de l’expression

corporelle, il faut qu’elle soit en adéquation avec l’expression verbale afin d’éviter toute ambiguïté et interprétation erronée par le jeune. Donc le message doit être clair. Il faut que la communication verbale soit cohérente. Les parents doivent toujours être en conhérence avec leurs paroles. En transmettant un message identique clair et net sachant que les ados y sont très réceptifs. La règle : « fais ce que je te dis de faire mais ne fais pas ce que je fais » ne fonctionne pas avec les ados. La communication doit être interactive entre le jeune et ses parents. Quels sont les outils pour bien communiquer avec l’ado ? Plus la distance relationnelle est souple, plus il est facile d’établir la communication. La distance relationnelle est émotionnelle et physique. Souvent il est difficile de délimiter les espaces et trouver la bonne distance avec le jeune. Par exemple, il s’agit de passer par le ton autoritaire pour augmenter la distance quand il faut définir les règles et de donner des conseils tout en restant à l’écoute pour d’éventuels questionnements et sollicitations. Parfois l’approche amicale peut servir et desservir. Le parent doit garder une certaine distance. C'est quelque chose qui est très difficile à ajuster, c’est comme une danse, il faut respecter les vas-et-viens et s'adapter à ses pas tout en donnant le message qu’on est toujours présent et qu’il peut venir nous solliciter quand il le souhaite. Souvent les mamans disent : « quand il était petit, il me racontait tout mais maintenant c’est toujours avec ses amis qu'ils parlent, il est toujours sur son portable ». Ainsi, les parents peuvent se sentir rejetés. Il est important que les parents continuent à lui dire qu’il a le droit de rester dans son coin mais qu’ils restent présents pour lui lorsqu’il en aura besoin. De plus, une bonne communication ce n’est pas tout dire ou tout raconter. Il faut garder son jardin secret, son journal intime, parents et enfants. Les jeunes apprécient quand on leur dit par exemple « je comprends que tu n’as pas envie de parler maintenant mais saches que je suis là si tu en as envie. » Quand on leur donne cette liberté, on voit qu’ils nous sollicitent plus souvent. Par ailleurs, la question d’être accessible et disponible est quelque chose de différent : il faut qu'on leur accorde vraiment notre attention car quand on ne les écoute pas vraiment ils le ressentent et cela peut devenir encore plus frustrant.

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Que doit-on faire quand on s’inquiète pour eux?

Pour les parents, il peut y avoir plusieurs raisons de s’inquiéter : le tabagisme, la consommation d’alcool... On peut se rendre compte de comportements à risque ou bien soupçonner un harcèlement à l’école. Les notes peuvent commencer à chuter ou on peut déceler une souffrance psychique qui se manifeste souvent à travers des signes corporels : les troubles alimentaires, les troubles du sommeil, l’isolement dans sa chambre de

plus en plus fréquent sont les principaux symptômes. D’autres signes à prendre en compte sont les jeunes qui se réfugient dans des activités qui l’empêchent de réfléchir comme la consommation d’alcool, la dépendance aux jeux vidéo, les réseaux sociaux Instagram, Facebook etc… Tout ceci peut les conduire à développer des problèmes du comportement. Il peut y avoir des souffrances psychologiques derrière. Comment leur parler de ce sujet ?

Le but est d’essayer de le comprendre sans le critiquer ou le juger. Par exemple, pour son échec scolaire, un soir quand tout le monde est attentif, il faut expliquer votre point de vue et partager vos inquiétudes. Ce qui marche bien c’est utiliser le « je » plutôt que le « tu ». Il faut commencer la phrase par « je » pour ne pas lui donner l’impression d’être accusé. Dire : « tu ne fais plus tes devoirs » n’est pas pareil que de dire : « je m’inquiète pour toi parce que j’ai remarqué que tu passes moins de temps à faire tes devoirs». Exprimez donc votre propre ressenti. Quand il est question de prendre des mesures pour limiter le temps qu'il passe devant l'ordinateur, il est important de les impliquer dans les décisions qui les

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concernent au lieu de donner une décision parentale autoritaire comme si c’était un enfant car ça peut engendrer des révoltes. Cependant, certaines décisions ne sont pas négociables pour la sécurité et le bien-être de l’ado. Dans certains cas on peut dire : « voilà c’est ton cadre, tu peux faire ce que tu veux à l’intérieur et si tu veux élargir tes limites, tu viens nous voir et on en discutera». Quand on soupçonne une souffrance vraiment profonde et réelle, il faut savoir faire appel à un professionnel.

Questions- Réponses : Comment peut-on trouver un équilibre entre la parole de la mère et du père ? Comment former une méthodologie pour avoir une cohérence entre les deux ? L'avantage des parents est de pouvoir instaurer des règles claires pour tout le monde. Prenons l’exemple du jeune souhaitant rentrer tard le soir, les parents devront avoir mis au préalable des règles négociées avec le jeune et les deux parents devront avoir une même réponse car souvent les jeunes savent bien à qui s’adresser pour demander une permission. Quand il s’agit d’un cas particulier comme aller à un concert, la réponse du parent doit être la suivante : « je comprends très bien ce que tu demandes, peut-être qu'on pourrait en discuter avec ton père / ta mère, ce soir après le dîner pour savoir ce qu'il / elle en pense aussi » afin d’'éviter une quelconque incohérence entre les réponses données.

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Par rapport aux changements corporels d'un adolescent, quelles sont les choses qu'on doit éviter de dire ?

Tous les changements physiologiques ou psychologiques qu'un adolescent traverse sont très importants parce que le corps devient tout d’un coup un objet étrange et parfois le changement n’est pas très proportionnel et quelques fois effrayant ou appréhendé. L’exemple de la taille des mains, des pieds ou du nez donne l’impression d’un changement caricatural et devient angoissant pour le jeune. Les parents devront maintenir un espace assez ouvert pour discuter des problèmes provenant des changements corporels impliquant également la sexualité. Le jeune n’étant pas encore confortable dans son nouveau corps, toutes

blagues en rapport avec ses modifications peuvent être blessantes. Comment gérer le problème de cyber addiction et y apporter une solution ?

Cette addiction peut être une échappatoire pour le jeune, un moyen de fuir ses problèmes. Le jeune qui passe des heures interminables face à l’écran montre son besoin d’échapper à la réalité ou à ses problèmes face auxquels il est impuissant. Il est plus facile pour lui de se socialiser sur les réseaux sociaux qui, à notre époque, prennent de plus en plus de place. Il faut ainsi bien observer l’adolescent. Les parents devront dans ce cas s’interroger sur la source du

problème : le jeune essaye-t- il d'échapper à un problème qu’il vit et qu’il ne peut pas résoudre seul ? Est-ce en rapport avec son avenir ou bien sa vie sociale, son entourage, ses amis ? Ou bien s’agit-il tout simplement d’un besoin de pousser les limites des règles imposées en jouant la provocation ? En effet, la cyber addiction ne peut se diagnostiquer que sur le long terme. Comment faire prendre conscience à un jeune de ses responsabilités ?

Souvent face à ses responsabilités le jeune est en position de fuite prétendant « avoir oublié » ou ne pas s’en souvenir et fait semblant de tomber des nues. Le jeune ne doit pas penser que quelqu’un d’autre assumera ses responsabilités à sa place et doit être conscient des conséquences de ses actes pour en tirer une leçon.

Les jeunes peuvent avoir des paroles et actes très durs les uns envers les autres. Comment pouvons-nous aider le jeune

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subissant ces attaques ? Comment y faire face ? Pouvons-nous définir cela comme un harcèlement ? Il faut pouvoir sensibiliser les jeunes sur ce sujet notamment en leur parlant de la journée nationale du harcèlement car en effet ils n’ont pas conscience de la portée de leurs actes et de leurs conséquences néfastes. Les parents devront veiller sur la répétition de ces faits et de leur importance. Si cela perdure, ils pourront le définir comme un harcèlement et agir en conséquence en consultant un professionnel ou en alertant le corps éducatif pour y apporter une solution immédiate. Devons-nous protéger -voire sur-protéger- les éventuels problèmes qu’ils pourront vivre ou devons-nous les laisser vivre leurs propres expériences ? Et nous parents, devons- nous partager nos erreurs du passé avec eux ? Tant que les erreurs vécues peuvent être une source de communication et d’échange, elles doivent en effet être abordées et partagées avec les jeunes. Il faut néanmoins permettre à l’adolescent de vivre ses propres expériences pour forger sa personnalité et ainsi faire face aux difficultés et s’armer pour sa future vie d’adulte.

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« Le guide pratique N°2 » est un projet du groupe Prévention

• Direction: Binnur Şimşek , Banu Güneş , Emel EFe Göksel (présidente) • Consultant-rédaction : Sanem Tayman, psychologue clinicienne

psychothérapeute • Rédaction : Binnur Şimşek, Céline Yildirim Parlak, Banu Güneş • Edition-réalisation : Luis Ernesto Gomez,Catherine Dubruel (groupe

communication)

«Motsetmauxdesados:commentcommuniqueravecsonadolescent?»

parSanemTayman,

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PREVENTION : GUIDE N°2

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