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JOURNAL DU DIMANCHE 20 juillet 2014 30 GRAND RAID Quel coureur ne s’est jamais retrouvé face à son assiette de pâtes la veille d’un trail, convaincu de détenir ainsi la clef du succès nutri- tionnel ? Et, effectivement, les glucides occupent une part importante dans la stratégie alimentaire pré-compétitive. Néanmoins, à trop vou- loir simplifier, nous avons parfois tendance à caricaturer la nutrition sportive : l’alimentation du sportif se résumerait-elle à consommer le maximum de pâtes pour disposer d’une réserve optimale d’énergie le jour de la course, d’un peu de protéines pour entretenir le muscle et le moins de graisses possible pour être le plus léger ? LA PERFORMANCE SE PRÉPARE AU QUOTIDIEN Pour bien comprendre l’importance de notre nutrition quotidienne sur la performance, revenons à la définition même de l’entraînement et de la notion d’adaptation à l’effort: la performance peut se définir, quel que soit le niveau, par l’optimisation de toutes les fonctions phy- siologiques ayant répondu favorablement aux adaptations attendues de l’entraînement. En d’autres termes, l’entraînement créé un "désordre cellulaire" à l’origine de perturbations physiologiques locales, ponc- tuelles et contrôlées. Ce désordre permet par la suite à l’organisme de récupérer et d’accroître ses capacités de résistance. Le niveau d’adaptation est bien évidemment variable d’un sportif à l’autre et dépend de nombreux facteurs. Dont l’alimentation. En effet, si nos cellules ne disposent pas des nutriments nécessaires, le fonctionne- ment des tissus qu’elles composent peut s’en trouver altéré, de même que la réponse physiologique attendue. Comparons par exemple notre organisme à une voiture : nous entretenons tous (plus ou moins) minu- tieusement cette dernière. Nous l’apportons régulièrement au garage pour s’assurer de son bon état général. Nous nous rendons également à la station-service pour faire le plein de carburant. Au même titre, tout sportif digne de ce nom veille à consommer suffisamment de glucides pour le stocker sous forme de glycogène et disposer ainsi d’une quantité de "carburant" suffisante pour ne pas être sujet à la panne sèche en plein effort. Toutefois, pour permettre à notre orga- nisme de transformer ce carburant en énergie, nous avons besoin de micronutriments et en particulier d’oligoéléments et de vitamines, à l’instar de la clé nécessaire au démarrage du moteur de notre voiture. Un sportif carencé ou sujet à des déficits micronutritionnels peut ainsi se retrouver dans une situation paradoxale, où il ne parvient pas à utiliser de façon optimale l’abondance du carburant apporté. C’est pourquoi l’alimentation quotidienne occupe une place fondamentale dans l’optimisation des performances, bien au-delà du simple aspect "énergétique" qu’on lui attribue. De nombreux troubles fonctionnels, tels que les troubles digestifs ou les inflammations chroniques, peu- vent par ailleurs s’avérer directement corrélés à notre statut nutri- tionnel: ce sujet mériterait un article à part entière pour être déve- loppé. E n p r a t i q u e , v o i c i q u e l q u e s c o n s e i l s s y n t h é t i q u e s : - Privilégier les aliments bruts non transformés, idéalement d’origine biologique au détriment des plats industriels et raffinés, - Favoriser les fruits et légumes de saison : au minimum une portion de légumes à chaque repas et deux fruits par jour. - Consommer quotidiennement 2 à 3 cuillères à soupe d’huile vierge de première pression à froid: idéalement d’olive et colza ou noix, de préférence crue. Des fruits oléagineux (noix, noisettes, amandes) en collation par exemple et des petits poissons gras (maquereaux, sar- dines, anchois) 2 à 3 fois par semaine, y compris en conserve. - Limiter les cuissons à forte chaleur et/ou fritures au profit de la cuisson à la vapeur, préservant davantage les teneurs en vitamines des aliments et limitant la formation de composés nocifs telles que les amines hétérocycliques. - Privilégier les légumineuses (lentilles, fèves, haricots secs, pois cas- sés...) et les produits céréaliers complets: pâtes et riz semi-complets, quinoa, millet, sarrasin, farines complètes, pain au levain complet ou aux céréales... - Assaisonnez vos plats d’ingrédients de haute densité nutritionnelle : algues, graines germées, épices, aromates, germe de blé ou encore levure de bière qui contribueront à satisfaire vos besoins en oligoélé- ments et vitamines du groupe B. DE L'IMPORTANCE DU PETIT-DÉJEUNER Le traditionnel petit-déjeuner français - café, jus de fruit et pain confiture -représente malheureusement pas la panacée nutritionnelle. Un apport de protéines animales influe en effet favorablement sur la satiété et la vigilance, module l’appétit sur le reste de la journée et apporte les acides aminés indispensables à la synthèse des neuromé- diateurs. À l’instar de nos voisins anglo-saxons, la consommation de protéines sous forme d’œuf coque ou mollet, jambon, yaourt de soja, fromage de chèvre ou brebis représente donc un précieux atout pour optimiser la qualité du petit-déjeuner, d’autant plus si un entraînement est programmé en fin de matinée ou entre 12 et 14h. Les réfractaires au petit-déjeuner salé pourront substituer les protéines alimentaires par une préparation en poudre de qualité (15 à 20 g protéines/por- tion), de préférence sans caséine. Les produits céréaliers: afin de favoriser la densité nutritionnelle, la sempiternelle baguette blanche sera idéalement remplacée par du pain d’origine biologique au levain, complet, aux céréales, de seigle ou de sarrasin, ou du muesli sans sucre avec noix, noisettes, amandes et du lait végétal. Les athlètes sensibles au niveau intestinal veilleront à éviter le pain complet au petit-déjeuner précédant une course ou un entraînement intense. L e j u s d e f r u i t : dépourvu de ses fibres constitutionnelles, le jus de fruit est responsable d’une élévation de la glycémie plus importante que son homologue, le fruit. On privilégiera donc un fruit bien mur en début de repas ou une compote sans sucre ajouté, en particulier le jour de la course. L e c a f é : potentiellement responsable d’inconfort digestif, il sera idéalement remplacé par du thé ou une infusion. La confiture: bon nombre de sportifs privilégie la confiture ou le miel au détriment du beurre, ce dernier ralentissant effectivement la vitesse de digestion: toutefois, associé à un apport de protéines, il permet de réduire l’impact des aliments glucidiques sur la glycémie. Si le délai entre la fin du repas et le début de l’activité est court (moins de 2 h), on limitera toutefois une consommation importante de beurre. La célèbre marque de pâte à tartiner pourrait également se voir remplacée à la table des enfants (ou des adultes) par de la purée d’amandes, précieuse source d’acides gras essentiels. LA RÉCUPÉRATION, UNE PHASE-CLÉ Après l’effort, une nutrition adaptée facilite le retour à l’équilibre cellulaire, perturbé par la course. N’oubliez pas que chaque période de récupération représente en soi une phase de préparation à l’effort suivant. Bien que souvent délaissée, une attention particulière mérite donc d’être portée sur la phase de récupération, d’autant plus si la saison est longue ou si plusieurs courses rapprochées sont program- mées. La problématique nutritionnelle de la récupération pourrait alors se résumer en 3 questions : "quoi apporter ?", "à quelle fré- quence?" et "en quelle quantité?". L’objectif est en effet de profiter de la fenêtre métabolique, période propice à la restauration des para- mètres ponctuellement altérés par l’effort : épuisement des réserves de glycogène, inflammation, altération de l’intégrité du tissu mus- culaire, acidification tissulaire, production accrue de radicaux libres, intestin fragilisé, déshydratation et pertes minérales. En pratique, on veillera à apporter environ 50 g/h pendant les 4 à 6 h qui suivent l’effort: la consommation dès l’arrêt de l’effort de 500 ml à 1 l de boisson de récupération de qualité, sous forme de prise fractionnée toutes les 10 à 15 mn, contribuera à rééquilibrer ces paramètres tout en limitant le travail digestif. La consommation de produits solides (banane mure, fruits secs, biscuits diététiques sans gluten) pourra débuter dans l’heure suivant l’effort, ce délai étant à moduler en fonction de la sensibilité intestinale de chacun. L’association des BCAA aux glucides (rapport optimal de 1 pour 3) est intéressante en phase de récupération : en effet, la consommation de glucides favo- risant la production d’insuline, les acides aminés et les nutriments pénétreront alors d’autant plus facilement les tissus musculaires. La boisson de récupération en contiendra donc idéalement et sera éga- lement riche en éléments alcalinisants tels que les citrates et bicar- bonates. Ces derniers sont également présents dans des eaux telles que Vichy, Badoit, St Yorre... Le repas de récupération participera à la restauration des stocks en glycogène grâce à des aliments glucidiques alcalinisants comme les pommes de terre et les fruits secs. À l’inverse, on limitera la produc- tion excessive de déchets acidifiants résultant de la consommation de viande, d’abats ou de charcuterie. On privilégiera plutôt les œufs ou les protéines végétales comme le soja, par ailleurs riche en tryp- tophane, acide aminé favorisant l’endormissement. Les aliments seront salés pour favoriser le retour à un volume circulant normal, assaisonnés de germe de blé et levure de bière. Une attention par- ticulière sera également portée sur la satisfaction des besoins en acides gras essentiels grâce à des huiles de colza ou de noix première pression à froid et des fruits oléagineux (noix, noisettes, amandes). Sans oublier les végétaux frais, de préférence cuits en cas de sensi- bilité intestinale. Exemple de repas de récupération: crudités assai- sonnées d’huile de colza, de noix, de germe de blé et levure de bière, flan aux champignons et pomme de terre, yaourt au soja, pain sans gluten et poire pochée aux amandes. La prise de boisson de récupé- ration, de BCAA et de sels alcalinisants pourra être maintenue jusqu’au lendemain en fonction de la durée de l’effort et de la capacité de récupération de chaque coureur. Le célèbre cola américain, même s’il fait partie des incontournables des stands de ravitaillement, ne représente malheureusement pas un modèle nutritionnel: son osmolarité inadaptée, son caractère acidi- fiant et sa pauvreté en minéraux n’en font pas la meilleure des bois- sons énergétiques, quoi qu’on en dise! De même pour la bière... diu- rétique, sa consommation devrait (idéalement) attendre quelques heures, que le volume hydrique soit rétabli. Avis aux amateurs et bonne course ! Anthony Berthou Nutritionniste du sport, concepteur des produits "Effinov" Plus d'infos: www.sante-et-nutrition.com Votre assiette, à l’heure de la Diag’ NUTRITION. Le moment est aussi venu de mettre votre assiette, et votre estomac, à l'heure du Grand Raid. On fait le point avec Anthony Berthou, nutritionniste du sport, qui a notamment conseillé l'équipe de France de trail. Oui, c'est vrai, le cari poulet de Marla a ses adeptes. Mais d'ici-là, prudence. Une stratégie nutritionnelle pointilleuse sera un des éléments clé de la réussite de votre Grand Raid.

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Page 1: GRAND RAID DIMANCHE 30 Votre assiette, à l’heure de la … · la performance, revenons à la définition même de l’entraînement et ... levure de bière qui contribueront à

JOURNAL DU DIMANCHE 20 juillet 2014 30GRAND RAID

Quel coureur ne s’est jamais retrouvé face à son assiette de pâtes laveille d’un trail, convaincu de détenir ainsi la clef du succès nutri-tionnel ? Et, effectivement, les glucides occupent une part importantedans la stratégie alimentaire pré-compétitive. Néanmoins, à trop vou-loir simplifier, nous avons parfois tendance à caricaturer la nutritionsportive : l’alimentation du sportif se résumerait-elle à consommer lemaximum de pâtes pour disposer d’une réserve optimale d’énergie lejour de la course, d’un peu de protéines pour entretenir le muscle etle moins de graisses possible pour être le plus léger ?

LA PERFORMANCE SE PRÉPARE AU QUOTIDIENPour bien comprendre l’importance de notre nutrition quotidienne surla performance, revenons à la définition même de l’entraînement etde la notion d’adaptation à l’effort : la performance peut se définir,quel que soit le niveau, par l’optimisation de toutes les fonctions phy-siologiques ayant répondu favorablement aux adaptations attenduesde l’entraînement. En d’autres termes, l’entraînement créé un "désordrecellulaire" à l’origine de perturbations physiologiques locales, ponc-tuelles et contrôlées. Ce désordre permet par la suite à l’organismede récupérer et d’accroître ses capacités de résistance. Le niveaud’adaptation est bien évidemment variable d’un sportif à l’autre etdépend de nombreux facteurs. Dont l’alimentation. En effet, si noscellules ne disposent pas des nutriments nécessaires, le fonctionne-ment des tissus qu’elles composent peut s’en trouver altéré, de mêmeque la réponse physiologique attendue. Comparons par exemple notreorganisme à une voiture : nous entretenons tous (plus ou moins) minu-tieusement cette dernière. Nous l’apportons régulièrement au garagepour s’assurer de son bon état général. Nous nous rendons égalementà la station-service pour faire le plein de carburant. Au même titre,tout sportif digne de ce nom veille à consommer suffisamment deglucides pour le stocker sous forme de glycogène et disposer ainsid’une quantité de "carburant" suffisante pour ne pas être sujet à lapanne sèche en plein effort. Toutefois, pour permettre à notre orga-nisme de transformer ce carburant en énergie, nous avons besoin demicronutriments et en particulier d’oligoéléments et de vitamines, àl’instar de la clé nécessaire au démarrage du moteur de notre voiture.Un sportif carencé ou sujet à des déficits micronutritionnels peutainsi se retrouver dans une situation paradoxale, où il ne parvient pasà utiliser de façon optimale l’abondance du carburant apporté. C’estpourquoi l’alimentation quotidienne occupe une place fondamentaledans l’optimisation des performances, bien au-delà du simple aspect"énergétique" qu’on lui attribue. De nombreux troubles fonctionnels,tels que les troubles digestifs ou les inflammations chroniques, peu-vent par ailleurs s’avérer directement corrélés à notre statut nutri-tionnel : ce sujet mériterait un article à part entière pour être déve-loppé.En pratique, voici quelques conseils synthétiques :- Privilégier les aliments bruts non transformés, idéalement d’originebiologique au détriment des plats industriels et raffinés,- Favoriser les fruits et légumes de saison : au minimum une portionde légumes à chaque repas et deux fruits par jour.- Consommer quotidiennement 2 à 3 cuillères à soupe d’huile viergede première pression à froid : idéalement d’olive et colza ou noix, depréférence crue. Des fruits oléagineux (noix, noisettes, amandes) encollation par exemple et des petits poissons gras (maquereaux, sar-dines, anchois) 2 à 3 fois par semaine, y compris en conserve.- Limiter les cuissons à forte chaleur et/ou fritures au profit de lacuisson à la vapeur, préservant davantage les teneurs en vitaminesdes aliments et limitant la formation de composés nocifs telles queles amines hétérocycliques. - Privilégier les légumineuses (lentilles, fèves, haricots secs, pois cas-sés...) et les produits céréaliers complets : pâtes et riz semi-complets,quinoa, millet, sarrasin, farines complètes, pain au levain complet ouaux céréales...- Assaisonnez vos plats d’ingrédients de haute densité nutritionnelle :algues, graines germées, épices, aromates, germe de blé ou encorelevure de bière qui contribueront à satisfaire vos besoins en oligoélé-ments et vitamines du groupe B.

DE L'IMPORTANCE DU PETIT-DÉJEUNER Le traditionnel petit-déjeuner français - café, jus de fruit et painconfiture -représente malheureusement pas la panacée nutritionnelle.Un apport de protéines animales influe en effet favorablement sur lasatiété et la vigilance, module l’appétit sur le reste de la journée etapporte les acides aminés indispensables à la synthèse des neuromé-diateurs. À l’instar de nos voisins anglo-saxons, la consommation deprotéines sous forme d’œuf coque ou mollet, jambon, yaourt de soja,fromage de chèvre ou brebis représente donc un précieux atout pouroptimiser la qualité du petit-déjeuner, d’autant plus si un entraînementest programmé en fin de matinée ou entre 12 et 14h. Les réfractairesau petit-déjeuner salé pourront substituer les protéines alimentaires

par une préparation en poudre de qualité (15 à 20 g protéines/por-tion), de préférence sans caséine.Les produits céréaliers : afin de favoriser la densité nutritionnelle, lasempiternelle baguette blanche sera idéalement remplacée par dupain d’origine biologique au levain, complet, aux céréales, de seigleou de sarrasin, ou du muesli sans sucre avec noix, noisettes, amandeset du lait végétal. Les athlètes sensibles au niveau intestinal veillerontà éviter le pain complet au petit-déjeuner précédant une course ouun entraînement intense.Le jus de fruit : dépourvu de ses fibres constitutionnelles, le jus defruit est responsable d’une élévation de la glycémie plus importanteque son homologue, le fruit. On privilégiera donc un fruit bien muren début de repas ou une compote sans sucre ajouté, en particulierle jour de la course.Le café : potentiellement responsable d’inconfort digestif, il seraidéalement remplacé par du thé ou une infusion.La confiture : bon nombre de sportifs privilégie la confiture ou le mielau détriment du beurre, ce dernier ralentissant effectivement la vitessede digestion : toutefois, associé à un apport de protéines, il permetde réduire l’impact des aliments glucidiques sur la glycémie. Si le délaientre la fin du repas et le début de l’activité est court (moins de 2h), on limitera toutefois une consommation importante de beurre. Lacélèbre marque de pâte à tartiner pourrait également se voir remplacéeà la table des enfants (ou des adultes) par de la purée d’amandes,précieuse source d’acides gras essentiels.

LA RÉCUPÉRATION, UNE PHASE-CLÉ Après l’effort, une nutrition adaptée facilite le retour à l’équilibrecellulaire, perturbé par la course. N’oubliez pas que chaque périodede récupération représente en soi une phase de préparation à l’effortsuivant. Bien que souvent délaissée, une attention particulière méritedonc d’être portée sur la phase de récupération, d’autant plus si lasaison est longue ou si plusieurs courses rapprochées sont program-mées. La problématique nutritionnelle de la récupération pourraitalors se résumer en 3 questions : "quoi apporter ?", "à quelle fré-quence ?" et "en quelle quantité ?". L’objectif est en effet de profiterde la fenêtre métabolique, période propice à la restauration des para-mètres ponctuellement altérés par l’effort : épuisement des réservesde glycogène, inflammation, altération de l’intégrité du tissu mus-culaire, acidification tissulaire, production accrue de radicaux libres,intestin fragilisé, déshydratation et pertes minérales. En pratique,on veillera à apporter environ 50 g/h pendant les 4 à 6 h qui suiventl’effort : la consommation dès l’arrêt de l’effort de 500 ml à 1 l deboisson de récupération de qualité, sous forme de prise fractionnée

toutes les 10 à 15 mn, contribuera à rééquilibrer ces paramètres touten limitant le travail digestif. La consommation de produits solides(banane mure, fruits secs, biscuits diététiques sans gluten) pourradébuter dans l’heure suivant l’effort, ce délai étant à moduler enfonction de la sensibilité intestinale de chacun. L’association desBCAA aux glucides (rapport optimal de 1 pour 3) est intéressante enphase de récupération : en effet, la consommation de glucides favo-risant la production d’insuline, les acides aminés et les nutrimentspénétreront alors d’autant plus facilement les tissus musculaires. Laboisson de récupération en contiendra donc idéalement et sera éga-lement riche en éléments alcalinisants tels que les citrates et bicar-bonates. Ces derniers sont également présents dans des eaux tellesque Vichy, Badoit, St Yorre...Le repas de récupération participera à la restauration des stocks englycogène grâce à des aliments glucidiques alcalinisants comme lespommes de terre et les fruits secs. À l’inverse, on limitera la produc-tion excessive de déchets acidifiants résultant de la consommationde viande, d’abats ou de charcuterie. On privilégiera plutôt les œufsou les protéines végétales comme le soja, par ailleurs riche en tryp-tophane, acide aminé favorisant l’endormissement. Les alimentsseront salés pour favoriser le retour à un volume circulant normal,assaisonnés de germe de blé et levure de bière. Une attention par-ticulière sera également portée sur la satisfaction des besoins enacides gras essentiels grâce à des huiles de colza ou de noix premièrepression à froid et des fruits oléagineux (noix, noisettes, amandes).Sans oublier les végétaux frais, de préférence cuits en cas de sensi-bilité intestinale. Exemple de repas de récupération : crudités assai-sonnées d’huile de colza, de noix, de germe de blé et levure de bière,flan aux champignons et pomme de terre, yaourt au soja, pain sansgluten et poire pochée aux amandes. La prise de boisson de récupé-ration, de BCAA et de sels alcalinisants pourra être maintenue jusqu’aulendemain en fonction de la durée de l’effort et de la capacité derécupération de chaque coureur.Le célèbre cola américain, même s’il fait partie des incontournablesdes stands de ravitaillement, ne représente malheureusement pas unmodèle nutritionnel : son osmolarité inadaptée, son caractère acidi-fiant et sa pauvreté en minéraux n’en font pas la meilleure des bois-sons énergétiques, quoi qu’on en dise ! De même pour la bière... diu-rétique, sa consommation devrait (idéalement) attendre quelquesheures, que le volume hydrique soit rétabli. Avis aux amateurs etbonne course !

Anthony Berthou

Nutritionniste du sport, concepteur des produits "Effinov"

Plus d'infos : www.sante-et-nutrition.com

Votre assiette, à l’heure de la Diag’NUTRITION. Le moment est aussi venu de mettre votre assiette, et votre estomac, à l'heure du Grand Raid. On fait le pointavec Anthony Berthou, nutritionniste du sport, qui a notamment conseillé l'équipe de France de trail.

Oui, c'est vrai, le cari poulet de Marla a ses adeptes. Mais d'ici-là, prudence. Une stratégie nutritionnelle pointilleuse sera un des éléments clé de la réussite

de votre Grand Raid.