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Communication pour les neuvimes journes dhistoirede la comptabilit et du management
Jeudi 20 et Vendredi 21 mars 2003CREFIGE - UNIVERSITE PARIS-DAUPHINE
AVEC LE SOUTIEN DE LASSOCIATION FRANCOPHONE DE COMPTABILITE
LA GOUVERNANCE D'ENTREPRISE HRITIREDE CONFLITS IDOLOGIQUES ET PHILOSOPHIQUES
Stphane TRBUCQ
Matre de confrences l'Universit Montesquieu Bordeaux IV (CRECCI)
29 rue de la Cape, rs.Biarritz Apt F/28 33200 Bordeaux
tl:05 56 02 64 61, fax: 05 56 37 00 25
email : [email protected]
Rsum :La gouvernance d'entreprise, thmatique reste
longtemps marginalise, a pris depuis une dizained'annes une importance croissante. Ce sujet, traitalternativement sous un angle plutt stratgique,financier, ou comportemental a donn naissance des
thories contradictoires. Ces divergences rsultent plus profondment de clivages idologiques et
philosophiques. Les ides philosophiques manantd'auteurs tels que Machiavel, Kant, ou encore Locke etMarx, permettent de comprendre la diversit desapproches thoriques. Les conceptions diffrentes propos de la nature de l'homme et de la meilleureorganisation de la socit qui sont les leurs
apparaissent irrconciliables, et rendent improbable laconstitution d'un cadre thorique unifi.
Mots-cls : gouvernance d'entreprise, gouvernementd'entreprise, thorie, politique, idologie, philosophie
Abstract :Corporate governance, as a subject, has long been
marginalized. The number of articles dedicated to ithas also dramatically increased in the past ten years.The field has been investigated in several dimensions,
mainly in corporate strategy, in corporate finance and
in organizational behavior. Thus, each academicdiscipline has set up some rather different theoreticalviews. But these differences also can be explained byold ideological and philosophical conflicts. Philosophic ideas from authors like Machiavel and
Kant, or Locke and Marx are essential to understandthe contemporenous theories of corporate governance.They have irreconcilable points of view about thenature of man, and the optimal way to organize society. For this reason, a unification of governance theorieswill probably be a hard task.
Keywords :corporate governance, theory, politics,ideology, philosophy
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Dsormais, la gouvernance des entreprises apparat sans conteste comme un des thmes
centraux de la gestion. Son principal objet est d' "expliquer la performance organisationnelle
en fonction des systmes qui encadrent et contraignent les dcisions des dirigeants"
(Charreaux 1999). Formule de la sorte, la paternit d'une telle thorie de la gouvernance
pourrait tre revendique juste titre par des auteurs tels que Fama (1980), ou bien encore
Fama et Jensen (1983a et b), mme si l'on se rfre plus frquemment aux travaux de Berle et
Means (1932) consacrs la sparation entre proprit et dcision. Mais on ne saurait en
conclure pour autant l'unanimit des multiples approches ralises en matire de
gouvernance. En l'occurrence, comme le souligne Charreaux (1999), nous avons affaire la
coexistence de plusieurs "paradigmes concurrents". C'est ainsi, par exemple, que la thorie
positive de l'agence ou la thorie des cots de transaction ne sont nullement exclusives
lorsqu'on envisage l'instauration d'une coopration sociale efficiente. D'aucuns pourront y voir
l'avatar de controverses historiques rcurrentes propos notamment de la nature mme de
l'Homme, ou des fondements des droits de proprit, voire mme de la finalit confre
l'entreprise. De fait, on peut observer une troite imbrication entre le champ de la
gouvernance d'entreprise et celui de la philosophie politique. Comme le rappelle fort
pertinemment Brennan (1994), Adam Smith, qui fut l'un des premiers citer l'existence de
conflits d'intrts entre dirigeants et actionnaires (Recherches sur la Nature et les Causes de la
Richesse des Nations, 1776), n'tait pas professeur d'conomie mais bel et bien professeur de
philosophie morale l'universit de Glasgow. C'est peut-tre l une des raisons qui rend les
dbats de gouvernance si indissociables de tout prsuppos idologique (Pesqueux 2000). Le
propre de l'idologie n'est-il point d'ailleurs d'influencer ou d'orienter, ft-ce leur insu, les
promoteurs de telle ou telle pense thorique (Lalande 1999:459) ? Arguant d'un
positionnement pistmologique positiviste, de nombreux auteurs de finance et de
comptabilit ont tent de se rfrer des thories de gestion qu'ils estimaient neutres
politiquement, s'exonrant de facto de toute polmique idologique (Friedman 1953). Mais,
l'vidence, une telle stratgie est dsormais largement battue en brche par de nombreux
dtracteurs. Ceux-ci voient notamment dans les fondements de la thorie positive de l'agence,
ou dans ceux de la thorie des marchs efficients et de ses modles associs, comme par
exemple l'valuation des actifs financiers (MEDAF), un paradigme d'essence profondment
librale (Charreaux 19871, Franckfurter & McGoun 1999). Selon eux, un tel paradigme se
1
Ainsi pour Charreaux (1987), "[] la thorie positive de l'agence comporte galement des implicationsidologiques, le plus souvent absentes de la thorie normative. Dans la mesure o elle repose sur le postulatfondamental [stipulant] que les formes contractuelles sont en concurrence et que seules les plus adaptes
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trouve par trop focalis sur la maximisation de la valeur pour les actionnaires. Ils considrent,
en outre, qu'il est fond, d'une faon quelque peu caricaturale et dangereuse sur l'intrt
personnel et l'gosme (Brennan 1994:32). Dans un tel contexte, les dbats relatifs la
gouvernance que les uns souhaiteraient actionnariale, et les autres partenariale, mritent
amplement d'tre relancs la lumire de leurs fondements philosophiques. C'est dans une
telle optique que nous nous livrerons, tout d'abord, la dtermination des diffrentes options
susceptibles de conduire des thories antagonistes en termes de gouvernance d'entreprise.
Nous procderons ensuite l'identification des fondements historiques et philosophiques
primordiaux susceptibles d'engendrer les principaux clivages affectant les diverses approches
thoriques de la gouvernance.
1. Prsentation et typologie des principales thories de la
gouvernance
Pralablement la prsentation des thories de la gouvernance, et la construction d'une
typologie, il semble souhaitable d'apporter quelques prcisions historiques leur propos. Si
l'on retient la base de donnes Umi-Proquest rfrenant les articles de revues anglo-
saxonnes, l'un des premiers articles mentionnant le thme de la gouvernance, figure dans la
revue amricaine Industry Week(Perry 1975). La gouvernance ('corporate governance') estalors liste parmi les grands thmes appels mobiliser les entreprises en vue de transformer,
terme, leur mode d'organisation. Mais ce n'est qu' partir des annes 90 que le sujet prendra
un rel essor, la suite du rapport Cadbury (1992) et de la monte en puissance des
investisseurs institutionnels2 (voir tableau n1 et graphique n1 en annexe 1). Nous verrons
survivent, elle conduit invitablement des conclusions normatives. En particulier, les conclusions de la thorie
positive en matire de thorie de la firme sont d'essence librale et s'inscrivent dans le courant de l'conomie desdroits de proprit." [termes souligns par l'auteur de cet article].2
L'anne 2002 marque apparemment un nouveau tournant, se caractrisant par l'explosion des publications serfrant au thme de la gouvernance, notamment, la suite des diffrents scandales financiers survenus auxEtats-Unis.
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que la structuration des thories modernes de la gouvernance n'est gure antrieure leur
vulgarisation.
Si l'ensemble de ces publications se rfre, plus ou moins explicitement, aux thories pr-
existantes, il n'en demeure pas moins vrai que la gouvernance a t largement apprhende en
fonction des diffrents prismes disciplinaires inhrents aux sciences de gestion (voir tableau
n1 et graphique n2 en annexe 1). Durant la priode 1985-1996, la gouvernance apparat en
effet comme un thme relevant plus particulirement de la stratgie. En revanche, entre les
annes 1997 et 2001, la majorit des articles associe la gouvernance la finance. Quant
l'anne 2002, suite la falsification de certains comptes de socits amricaines, elle fait de la
gouvernance une thmatique rattache principalement la comptabilit, et accessoirement la
finance. A cela se sont ajoutes au dbut des annes 1990, quelques publications se rfrant
au champ d'tude des comportements organisationnels ('Organizational Behavior'). Une
approche plus fine des problmatiques de gouvernance qui ont pu tre envisages selon des
angles thoriques tout fait diffrents, notamment en fonction de la primeur accorde aux
aspects financiers, stratgiques ou comportementaux, s'avre dsormais souhaitable.
1.1 Les principales thories de la gouvernance
L'article de Jensen & Meckling (1976), intgrant la thorie de l'agence, la thorie des
droits de proprit et la thorie financire afin d'aboutir une thorie de la structure de
proprit de la firme, a inspir la plupart des recherches menes ultrieurement dans une
optique financire. L'orthodoxie retient comme objectif assign au dirigeant (agent) la
maximisation de la richesse de l'actionnaire (principal), et la ncessit de contrler le dirigeant
afin de limiter l'expression de son opportunisme (Williamson 1985). En raction ce courant
de pense, Freeman et Reed (1983) recommandent d'largir le cadre d'analyse de l'agence,
trop focalis sur le seul intrt des actionnaires, et ce, afin de mieux orienter la stratgie de la
firme. L'entreprise est alors cense servir non pas l'intrt exclusif des actionnaires, mais aussi
celui de la socit toute entire. Les dirigeants sont alors incits prendre en considration les
intrts, parfois contradictoires, de toutes les parties prenantes, c'est--dire, selon l'acception
la plus large, l'ensemble des groupes ou individus identifiables pouvant affecter ou tre
affects par la poursuite des objectifs de la firme. Les soupons, prsents dans la thorie de
l'agence, au sujet du comportement des dirigeants ont galement aliment, partir de 1986, un
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Ces trois approches thoriques proposent naturellement des cadres d'analyse et de
reprsentation des ralits de la gouvernance la spcificit bien marque. Il convient
prsent d'examiner les diffrences permettant de les identifier.
1.2 Diffrences majeures entre les thories de la gouvernance
Au-del des diffrences existant entre les approches financires, stratgiques et
comportementales, des clivages plus profonds peuvent tre identifis. L'une des causes
majeures d'antagonismes rside dans les divers modles de l'homme que prsupposent ces
thories.
1.2.1 La recherche de l'intrt personnel
L'article de Jensen & Meckling, dit en 1994, est en l'occurrence, particulirement
rvlateur. Les deux auteurs ont publi cet article sur la "nature de l'homme" tardivement, la
premire version de celui-ci tant contemporaine de leur article majeur paru en 1976. Pour
eux, l'enjeu rsidait dans la dmonstration de la supriorit de leur modle comparativement
aux autres approches d'inspiration conomique, sociologique, psychologique, ou politique3.
Selon Jensen (1994), la qute des individus dsireux de satisfaire leur intrt personnel, et la
dfinition des bons systmes incitatifs demeurent des lments majeurs et incontournables.
Cependant, en croire Davis Schoorman et Donaldson (1997), la thorie de l'intendance
supple certaines omissions de la thorie de l'agence en prenant en considration d'autres
facteurs, de nature diffrente.
- Les uns sont psychologiques, et intgrent les rcompenses intrinsques (autonomie,
enrichissement de ses propres connaissances, varit et contenu de son travail), les
ressorts d'identification (volont et fiert d'appartenance), les besoins d'influence et
de pouvoir personnel (rattach non pas tant la position hirarchique du dirigeant,
mais plutt au respect et l'expertise issues de la russite collective de l'entreprise).
3Comme le font remarquer Davis, Schoorman et Donaldson (1997), les cots d'agence ne constituent pas les
seuls facteurs susceptibles d'expliquer l'impossibilit d'atteindre une performance suprieure. Il serait
certainement judicieux d'intgrer l'analyse d'autres lments comme l'habilet des individus, leur niveau deconnaissances, leurs effets d'apprentissage ainsi que leur degr d'information. La prise en compte de telslments pourrait dboucher sur une nouvelle organisation de la gouvernance d'entreprise.
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- Les autres peuvent tre qualifis de contextuels, et dpendent de l'importance
accorde aux valeurs thiques, et la confiance en fonction des turbulences
environnementales, et des diverses cultures en prsence.
Jensen (1994) considre nanmoins que si l'honntet, l'honneur et la confiance, et mme
l'altruisme, sont des conditions ncessaires au bon dveloppement des changes et des
activits bnfiques, de telles valeurs ne sont nullement incompatibles avec la recherche de
l'intrt personnel. Le mme auteur estime, en l'occurrence, que l'une des difficults majeures
rside dans la divergence des intrts personnels, et l'imprieuse ncessit de rduire les cots
rsultant d'ventuels conflits. Pour tout dire, l'application envisageant les relations bilatrales
entre dirigeants et actionnaires peut tre logiquement tendue d'autres catgories. Hill &
Jones (1992) ont d'ailleurs fait une proposition, en ce sens, en formulant une thorie de
l'agence gnralise l'ensemble des stakeholders, tout en levant l'hypothse d'efficience des
marchs financiers. L'analyse reste ainsi axe sur les modalits d'un alignement des intrts
respectifs des dirigeants sur ceux des diffrentes parties prenantes. Mais, pour autant, cela
n'exclut point que des ressources consommes conformment cette optique partenariale
puissent ventuellement provoquer un appauvrissement des actionnaires.
1.2.2 Fonction objectif et proprit de la firme
Dans un article plus rcent, Jensen (2000) s'lve formellement contre une thorie
prconisant la maximisation des richesses en faveur de l'ensemble des parties prenantes. De
son point de vue, il s'agit l d'une tentative de politisation de la fonction objectif de la firme, a
priori nuisible. Il considre que le seul indicateur valable de la performance doit demeurer la
cration de valeur actionnariale, et ce, dans une optique de long-terme. Quant aux problmes
d'abus de situations monopolistiques ou d'externalits ngatives, ils doivent rester sous la
responsabilit exclusive des Etats et des gouvernements. Aussi, toute dpense engage au
nom du principe de responsabilit sociale ou socitale ne pourrait, toujours selon Jensen
(2000), que pnaliser la comptitivit des entreprises places dans un environnement
concurrentiel.
Inversement, d'autres chercheurs, l'instar de Blair (1995), n'hsitent pas remettre en
question le fondement classique des droits de proprit de la firme, gnrant un management
focalis sur la cration de valeur actionnariale. Les investissements spcifiques raliss au
sein de la firme par les salaris eux-mmes, par le biais de leurs savoirs et savoir-faire
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spcifiques, permettent d'ajouter au capital de la firme, usuellement financier, une dimension
immatrielle et humaine non ngligeable. Si l'entreprise souhaite conserver ce capital humain,
elle doit alors logiquement en rmunrer ses apporteurs, savoir ses propres salaris. Ds
lors, ces derniers peuvent tre considrs comme des investisseurs au mme titre que les
actionnaires. Le concept de cration de valeur actionnariale apparat, dans ces conditions, fort
rducteur. De mme, si l'on retient une optique de dveloppement durable ou soutenable
(' sustainable development'), la transmission aux gnrations futures d'un environnement
prserv s'ajoute au devoir de protection de l'intrt des actionnaires. Des considrations
thiques peuvent galement tre mises en exergue. Il en va ainsi de la ncessit du respect des
droits de l'homme, et du dveloppement de relations harmonieuses avec l'ensemble des parties
prenantes (clients, fournisseurs, employs, communauts locales,). On peut concevoir une
extension du champ d'analyse jusqu'aux actions philanthropiques, comme le suggrent Porter
et Kramer (2002) en montrant de quelle faon des investissements cibls peuvent amliorer la
qualit de l'environnement de la firme, et s'avrer galement extrmement rentables pour
celle-ci.
On voit ainsi se profiler diffrentes options, lorsqu'il s'agit d'aborder les problmes de
gouvernance. Elles peuvent tre tributaires de l'extension du cadre d'analyse slectionn. En
effet, si celui-ci peut tre restreint aux relations dirigeants-actionnaires (thories de l'agence et
de l'intendance), il peut, au contraire, devenir beaucoup plus global, si l'on intgre l'ensemble
des parties prenantes (thorie gnralise de l'agence et thorie partenariale). Il s'agit, aussi, de
dterminer si l'individu tudi est rgi uniquement l'aune de son intrt particulier (thories
de l'agence), ou s'il est mu en priorit par l'intrt gnral de son organisation, et au-del, par
celui de la socit toute entire (thorie de l'intendance et thorie partenariale).
Certains conflits ou controverses, de nature idologiques ou philosophiques, expliquent en
partie les diffrences constates non seulement en matire de dfinition des cadres d'analyse
de la gouvernance, mais galement en ce qui concerne les pr-supposs au niveau des
systmes individuels de prfrences.
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2. Les conflits idologiques et philosophiques prsents dans
les thories de la gouvernance
Comme le fait remarquer Donaldson (1990:370), une des rfrences majeures la thorie
de l'agence, prcdant la publication de Jensen & Meckling (1976), appartient aux sciences
politiques (voir l'article de Mitnick 1975). De mme, les travaux prcurseurs d'Adam Smith
(1776), abordant certains problmes d'agence, posent finalement une srie de questions
politiques relatives l'organisation idale de la cit. Quant l'individualisme mthodologique
retenu dans les modles de gouvernance, il conduit des problmatiques gnrales de conflit
et de coopration, pouvant tre rattaches au champ des sciences politiques. Il est donc permis
de penser que certaines idologies politiques, pouvant prendre galement leur racine dans des
dbats de nature philosophique, aient pu largement inspirer la gouvernance contemporaine.
Les deux paragraphes suivants sont prcisment consacrs la recherche d'ventuelles
controverses historiques, tant idologiques que philosophiques, toujours prsentes dans les
thories actuelles de la gouvernance.
2.1 Les conflits idologiques influenant les thories de la gouvernance
Dahl relevait, ds 1959, un tonnant silence propos des relations susceptibles d'exister
entre les ides politiques et les sciences de gestion. Plus rcemment, Vogel (1996) note une
progression des problmatiques associes la responsabilit sociale et socitale des
entreprises. Ces questions ont t finalement intgres dans les rflexions socio-politiques,
tel point que Nyborg (2000) a propos, l'chelle individuelle, le passage d'un "Homo
Economicus" un "Homo Politicus". Ce dernier peut alors opter, au gr des circonstances,
soit pour un point de vue de consommateur, en prenant en considration son intrt personnel,
soit pour un positionnement de citoyen, moins goste et soucieux du bien-tre collectif. La
vision d'un "Homo Economicus" maximisateur peut alors tre qualifie de rductrice, et
charge de surcrot de quelques connotations idologiques. S'inscrivant en faux contre
l'opinion, communment admise, selon laquelle les grants de fonds de pension et les
investisseurs institutionnels sont uniquement mus par une logique financire de court-terme,
Hawley & Williams (2002) estiment que de tels acteurs, particulirement influents, optent en
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ralit pour une dmarche globale de long terme, incluant des proccupations extra-
financires telles, par exemple, que le dveloppement durable.
2.1.1 Thorie de l'agence et libralisme
Selon Lazonick & O'Sullivan (2000), le crdo de la maximisation de la valeur
actionnariale, si tant est qu'il puisse tre mis en uvre, appartient clairement une vision
idologique de la gouvernance. L'origine de ce courant doit tre replace dans son contexte
historique, celui des annes 70, une priode o la plupart des entreprises amricaines taient
confrontes de srieuses difficults de comptitivit, face leurs homologues japonaises.
Les conomistes amricains l'origine de l'essor des thories constractualistes taient
convaincus de la supriorit du march (sur les entreprises), en tant que mcanisme efficient
d'allocation des ressources. Si l'on en croit Lazonick & O'Sullivan (2000), "ces conomistes
taient opposs idologiquement au pouvoir pouvant tre exerc par des managers", ces
derniers tant susceptibles d'orienter mauvais escient les ressources et la rentabilit de la
firme. Les thoriciens de l'agence ont alors pos un cadre confrant aux actionnaires une
position centrale, tout en consacrant comme mcanisme rgulateur, la discipline externe
exerce par le march, via les offres publiques d'achat.
Selon Frankfurter & McGoun (1999), la croyance dans la supriorit du march, suppos
naturellement efficient, constitue la pierre angulaire des thories financires librales dont
l'objectif premier est la maximisation de richesse des actionnaires. Ces auteurs estiment
particulirement spcieux l'usage du terme "efficient". Ils l'estiment par d'une connotation
implicitement positive, en phase avec l'thique protestante, alors qu'en ralit les mcanismes
de march peuvent prsenter de nombreux cueils (myopie des dirigeants et des investisseurs,
comportements mimtiques et bulles spculatives, rpartition parto-optimale conduisant
exclure certains individus, incapacit de valoriser certains aspects). Toutefois, dans un cadre
gnralis de la thorie de l'agence, Hill & Jones (1992) ont propos de lever cette hypothse
ou cette croyance de marchs efficients, en postulant l'existence d'inefficiences et de pouvoirs
dsquilibrs entre les diffrentes parties prenantes.
Les thoriciens de l'agence ont galement opt pour un individualisme radical (Frankfurter
& McGoun 1999:160) conduisant dlaisser les dcisions intgrant l'influence des
comportements de groupe, ou encore l'influence des institutions (Doucouliagos 1994:881). En
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ce sens, selon Bohren (1998), le modle principal-agent n'intgre pas l'quit. Il s'agit pourtant
d'une notion pourtant fondamentale, laquelle nombre d'individus accordent beaucoup
d'importance. En effet, selon la thorie de l'agence, le principal ne ressentira aucun remord si
l'agent travaille trop longtemps ou peroit une rmunration trop faible. De mme, dans les
modles d'agence, le dirigeant n'aura aucun scrupule falsifier l'information, s'il se sait l'abri
des consquences rsultant d'un tel agissement. Il agira ainsi en toute rationalit, afin
d'optimiser son avantage le rapport effort personnel-rmunration personnelle. L'agent
n'prouve aucun cas de conscience. Il agit et dtermine ses actions en fonction de sa situation
contractuelle. Naturellement, dans un modle multi-priodique, les effets de rputation
pourront venir rduire les tentations d'un usage malhonnte de l'information. Par ailleurs,
Bohren (1998) dnonce la conception passablement matrialiste de la thorie de l'agence,
mettant en scne un agent insatiable, pre au gain, et dsirant accrotre sans cesse sa
rmunration tout en rduisant ses efforts.
Plus fondamentalement, la thorie de l'agence puise sa logique dans les ides des courants
libraux amricains qui se sont fortement opposs au XIXme sicle aux visions sociales des
rpublicains civiques (Kaen & al. 1988). Les libraux doutent, contrairement aux rpublicains
civiques, qu'un dveloppement spontan des valeurs morales puisse merger du seul fait d'une
participation active des citoyens aux diffrentes institutions. En consquence, les libraux
appellent de leurs vux des systmes plaant les institutions hors de porte d'individus
opportunistes, avides de pouvoir des fins strictement personnelles. Si les rpublicains
civiques proposent au sein de l'entreprise un partage du pouvoir avec les employs, selon une
logique sociale et dmocratique, les libraux, en revanche, n'y sont gure favorables. Ces
derniers postulent (sous rserve de l'existence d'une lgislation anti-trust prennisant les
mcanismes normaux de fixation des prix par le march), la compatibilit entre les intrts
conomiques des propritaires de l'entreprise et ceux de la socit toute entire.
Dans une optique librale, il importe de laisser agir le march, et de favoriser la libre
entreprise des individus. La sparation entre proprit et dcision, pouvant aboutir un
dtournement de l'entreprise en faveur d'intrts personnels (managriaux), serait toutefois
contraire un bon dveloppement de la socit, sachant que les actionnaires doivent tre
considrs comme la source de financement essentielle des entreprises. Les libraux
affirment, par consquent, la suprmatie de l'intrt des actionnaires, pourvoyeurs des
capitaux ncessaires la croissance conomique. Dans les annes 60, l'ide d'une entreprise
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dirige par une technostructure, et faisant peu appel au march (Galbraith 1967), a pu laisser
penser la quasi-inutilit des actionnaires. Paralllement, pendant les Trente Glorieuses, et
dans un contexte de guerre froide, les dirigeants ont mme pu se considrer, un temps, comme
les garants d'un systme dmocratique et libral, avec pour mission premire de satisfaire les
demandes des parties prenantes et d'empcher les "conflits de classes". L'impratif ultrieur
consistant accrotre la comptitivit des entreprises amricaines a alors ncessit une thorie
financire adapte. Les rsultats de Samuelson (1965), Mandelbrot (1966) et Fama (1970), en
faveur de l'efficience des marchs, sont alors entrs au service d'une idologie librale (Kaen
& al. 1988:815), naturellement confiante dans la valorisation du march, et soucieuse de la
proprit des actionnaires.
2.1.2 Thorie partenariale et socialisme
A l'inverse, il est intressant de noter que les approches marxistes fournissent un guide de
conduite conformment certains impratifs thiques ne figurant pas dans des thories telle
que celle de l'agence (Corlett 1998). La vision propose n'en est pas moins conflictuelle,
puisqu'elle oppose les intrts des employeurs ceux des ouvriers (salaris). Les relations de
travail sont poses en termes d'alination, d'exploitation et d'oppression. L'analyse marxiste
met en scne des luttes de pouvoir entre classes, avec la reprsentation d'un individu li ausort de sa communaut d'intrt, en qute d'un bonheur individuel et collectif. Les notions de
justice redistributive et d'quit prennent dans ce cadre d'analyse une place primordiale, avec
naturellement pour corollaire la condamnation sans appel de la proprit prive, et de
l'investisseur se rclamant du systme capitaliste. L'entreprise n'est donc plus tourne vers la
maximisation du profit. Elle est, par ailleurs, dote de responsabilits morales vis--vis de ses
salaris, notamment en termes de respect de la dignit des individus, et d'absence d'alination
ou d'exploitation. En ce sens, la thorie des parties prenantes semble reprendre son compte
une bonne partie de ce programme, avec notamment chez Blair (1995) la volont clairement
affiche de procder une refondation des droits de proprit en faveur des salaris, au nom
des investissements en connaissances spcifiques qu'ils ralisent dans leur entreprise. On
retrouve l une rsurgence d'ides d'inspiration socialiste, ou encore, empruntes aux
rpublicains civiques. Toutefois, les projets marxiste et partenarial ne peuvent tre totalement
assimils au moins pour deux raisons fondamentales. Tout d'abord, la thorie partenariale ne
recommande aucun programme de collectivisation. Et en outre, comme le note Corlett
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(1998:102), la thorie marxiste reste absolument muette propos des questions
environnementales.
Ainsi, si de nombreux auteurs reconnaissent aujourd'hui l'inspiration librale de la thorie
actionnariale, il semble tout aussi important de reconnatre l'existence d'une idologie
contestataire et socialiste inspirant la thorie partenariale. Toutefois, plus fondamentalement,
la connaissance de certaines conceptions philosophiques peut paratre encore plus clairante
pour comprendre les approches contemporaines de la gouvernance.
2.2 Les conflits philosophiques influenant les thories de la gouvernance
Au-del de l'expression de sensibilits politiques diffrentes, la varit des thories de la
gouvernance peut s'expliquer par l'existence de divergences, d'une part, dans le domaine de la
philosophie des sciences ou encore de l'pistmologie, et d'autre part, dans le domaine des
philosophies politiques nes ds le XIVme sicle, et poursuivant leur volution jusqu'au
XIXme sicle.
2.2.1 Les conflits pistmologiques
Sur un plan pistmologique, deux coles poursuivant des finalits diffrentes semblent
s'affronter. Faut-il disposer d'une thorie de l'agence reposant sur un modle de l'homme
simplifi, prenant appui sur des hypothses fausses et outrancires, mais utiles pour raliser
des prdictions, comme le suggrent les tenants de la doctrine philosophique nominaliste
(Donaldson 1990:372) ? Faut-il, l'inverse, laborer une thorie de l'intendance plus raliste,
fonde sur les vritables motivations de l'individu afin de mieux comprendre les processus dedcision, comme le prconise l'cole raliste ? Pour leur part, Jensen & Meckling (1994)
demeurent profondment convaincus de la capacit suprieure (prdictive) des modles
postulant que tout individu est guid avant tout par son intrt personnel. Donaldson
(1990:373) prsente, quant lui, une srie d'arguments en faveur de comportements plus
complexes, bass sur l'altruisme, la loyaut, l'thique, ou la satisfaction intrinsque retire du
travail. Il y a probablement l une fausse querelle pistmologique. On pourra en effet
difficilement nier l'existence de comportements opportunistes dans des entreprises
managriales, venant vrifier des thories comme celles de l'agence. On pourra galement
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prsenter des cas de socits familiales correspondant mieux au cadre propos par la thorie
de l'intendance, avec le dveloppement de relations de confiance. Il serait, par consquent,
plus raliste de reconnatre la co-existence possible de plusieurs cadres thoriques permettant
d'laborer plus ouvertement des codes de gouvernance adapts aux situations. C'est ainsi que
compte tenu des diffrences de degr d'asymtrie d'information existant entre une entreprise
managriale et une entreprise familiale, il serait fort hasardeux de proposer des rgles
uniformes de gouvernance4.
2.2.2 Les conflits de philosophie politique
Les querelles de philosophie politique, dont on peut retrouver les traces dans diffrentes
thories de la gouvernance moderne, sont probablement plus marques. Cela tient
l'existence d'approches de la socit et de l'Homme radicalement opposes. Une premire
possibilit consiste observer la nature humaine telle qu'elle est. La pense raliste de
Machiavel (1513), puisant son inspiration dans les prches du florentin Savonarole, ou encore
dans la morale antique cicronienne et stocienne (voir Bergs 2000), penchera pour la vision
d'un Homme dnu a priori de la moindre bont, et qu'il faudra guider vers la vertu. De
mme, Smith (1776) considre, qu' l'chelle individuelle, l'intrt particulier l'emporte le plussouvent sur l'intrt collectif. Et pourtant, mme si leurs argumentaires diffrent, Mandeville
(1714) et Smith (1776) estiment que la poursuite de l'intrt personnel contribue promouvoir
le bien-tre collectif. La thorie de l'agence, fonde sur l'intrt personnel, semble s'inscrire
dans la continuit de ces courants de pense. En ce sens, celle-ci n'a pas vocation traiter
directement de la question de l'intrt collectif.
A l'oppos, Kant (1785) voque la notion d'impratif catgorique (voir Bohren
1998:750), sous-jacente aux dveloppements de la thorie de l'intendance. Selon lui,
l'individu ne peut s'exonrer de certains critres d'ordre thique, comme par exemple la
ncessit d'une conscience des devoirs envers la socit, et d'une attitude altruiste.
S'agissant de la dfinition de la firme, la thorie de l'agence s'appuie sur la thorie des
droits de proprit, dont les promoteurs s'avrent quelque peu amnsiques quant leurs
sources philosophiques (voir par exemple Barzel 1997). De fait, celle-ci trouve ses
4
Les liens supposs entre une bonne gouvernance et une performance financire leve peuvent d'ailleurs tre probablement mis en doute dans le cas des entreprises familiales, dont les dispositifs de contrle moinsstructurs et plus informels ne semblent pas empcher leur surperformance.
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fondements dans les ides mises par Occam (1320), puis ultrieurement par Locke (1690)
(voir sur ce point Amann 1999:16). Locke est en effet l'un des premiers avoir lgitim le
droit de proprit afin d'assurer la protection du bien commun et des droits naturels. A
contrario, on observe chez Rousseau (1762) une vision plus pessimiste des droits de
proprit, qui dbouchera sur les systmes utopiques de co-proprit et de co-dcision
proposs par Fourier (1829) ou Proudhon (1846). Ces auteurs ont recherch l'tablissement de
relations sociales harmonieuses, bases sur la confiance, et permettant un meilleur
panouissement de l'individu. De telles conceptions sont effectivement prsentes au sein de la
thorie de l'intendance.
La thorie de l'agence et de l'intendance partagent toutefois une approche centre
uniquement sur quelques acteurs majeurs, essentiellement les dirigeants et les actionnaires.
Ces deux thories restent fondes sur la notion de libert des individus. L'approche marxiste
semble en la matire beaucoup plus suspicieuse, tout en optant pour un point de vue beaucoup
plus global. Pour les tenants d'un tel systme, si l'on veut remdier aux conflits sociaux
rcurrents, il semble ncessaire d'encadrer les individus5, de remettre en question les droits de
proprit, et de promouvoir un nouveau systme de valeurs, fond sur l'quit et la recherche
du bonheur. Les promoteurs de la thorie des parties prenantes apparaissent anims par une
logique tout fait similaire6. Ainsi, Argandoa (1998) estime-t-il qu'une fondation possible de
la thorie des parties prenantes pourrait rsider dans le concept de "bien commun". La socit
n'est donc plus pense comme une somme d'intrts particuliers, mais comme un bien global
indispensable, partag par un ensemble d'individus interdpendants. La transcendance du bien
commun est telle, que tout intrt personnel allant son encontre est exclu. En consquence,
le bien commun ne correspond ni au profit, ni la cration d'emplois, ni au prestige des
dirigeants, mais renvoie la mission de l'entreprise et de ses parties prenantes, savoir crer
des richesses et les partager de faon quilibre, tout en cherchant amliorer les conditions
de vie des gnrations futures (voir aussi Shankman 1999 et Handy 2002). Wijnberg (2000)
5 Comme le font remarquer Maignan & Ferrell (2000:284), les contextes amricains et franais sont ce niveau
tout fait diffrents. La libre entreprise est considre aux Etats-Unis comme la principale source de cration derichesse contribuant au bien-tre collectif. A l'inverse, en France, la protection sociale relve d'un systme plusdirigiste, pris en charge par l'Etat. A titre d'illustration, on peut citer l'initiative rcente de la France, consistant imposer aux entreprises la publication d'un rapport "dveloppement durable", prsentant les consquences deleur activit en matire sociale et environnementale. Une telle initiative n'est gure envisageable aux Etats-Unis,les entreprises tant juges parfaitement capables d'apprcier l'opportunit de publier de telles informations.6
Shankman (1999:323) confirme la vision plus globale de la thorie partenariale. Hummels (1998) citegalement les publications de Mitroff (1983) ou Boatright (1994) contestant la nature des relations liant les
dirigeants aux actionnaires, et niant le statut de propritaire confr aux actionnaires. Par ailleurs, la thorie partenariale est porteuse de la promesse d'une attnuation des conflits si les parties prenantes sont traitesquitablement.
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propose d'approfondir le concept de mesure du Bien pour l'ensemble des parties prenantes
partir de conceptions et de rflexions aristotliciennes.
Conclusion
Ainsi dcrite, la gouvernance contemporaine apparat comme indissociablement lie
l'histoire des ides politiques et philosophiques. On notera que les critiques rcentes
formules par Brennan (1994), l'encontre de la thorie de l'agence, sont pas sans rappeler
celles dont l'uvre de Machiavel fit l'objet en son temps. Faut-il voir l'Homme tel qu'il est
avec ses travers intrinsques, ou bien faut-il le sublimer tel qu'on voudrait qu'il ft ? N'est-ce
point l un dilemme intemporel renvoyant notamment aux crits de Machiavel et de Kant ?
De mme, au travers des dbats consacrs la proprit de l'entreprise, attribue tantt aux
actionnaires tantt aux stakeholders, n'est-ce point l encore la poursuite d'ides qui furent
inities par Locke ou Marx ? Sans doute est-on ici en prsence de sources de controverses
d'ordre philosophique, qui ne manqueront pas de continuer influencer les modlisations
thoriques, et par voie de consquence les pratiques de gouvernance.Comme nous avons pu le montrer, les problmatiques contemporaines de gouvernance ne
sont pas traites au sein d'un cadre thorique unifi. La diversit des thories existantes est
non seulement l'expression de sensibilit politiques7 diffrentes, mais galement la rsultante
de conceptions philosophiques de l'Homme et de la vie en socit irrductibles et
irrconciliables. Un tel constat tend rendre des plus improbable toute tentative d'unification
des thories de la gouvernance. Il importe, par consquent, de bien prendre conscience des
clivages idologiques fondamentaux et des sources d'opposition philosophique, ds lors qu'il
s'agit de penser, d'organiser ou de laisser se dvelopper la vie conomique et sociale. Une
meilleure comprhension des thories de la gouvernance devrait galement passer par une
lecture ou une relecture, toujours plus attentive, des diverses sources philosophiques
nourrissant les dbats contemporains. Coker (1990) et Werhane (2000) n'ont-ils point montr,
par exemple, quel point les crits de Smith ont pu tre dforms et mal compris par les
thoriciens de l'agence, au point de commettre de grossires erreurs d'interprtation ? Ainsi,
7 D'autres sources de divergences thoriques, notamment religieuses et thologiques, pourraient galement treproposes (dans la ligne de la pense de Weber 1905, voir Peyrefitte 1995 et Collins 2000).
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Annexe 1Donnes longitudinales sur les publications se rfrant au thme
de la gouvernance d'entreprise au sein de la base de donnes Umi-Proquest
Tableau n1Dnombrement des articles se rfrant la gouvernance d'entreprise dans la base Umi-Proquest
Articles utilisant
'corporate governance' et'strategy'
Articles utilisant
'corporate governance' et'organizational behavior'
Articles utilisant
'corporate governance' et'finance'
Articles utilisant
'corporate governance' et'accounting'
Articles utilisant
'corporate governance'
1985 4 0 0 1 13
1986 1 0 1 0 13
1987 3 0 0 0 20
1988 2 0 2 2 27
1989 1 0 0 2 27
1990 8 3 2 3 49
1991 10 0 7 5 48
1992 9 1 5 10 741993 24 12 20 65 325
1994 26 8 21 25 321
1995 32 10 31 23 447
1996 41 10 27 26 428
1997 31 3 37 33 418
1998 34 9 44 31 469
1999 31 13 64 37 519
2000 27 6 58 31 541
2001 36 5 66 39 652
2002 54 5 124 214 1297
Source utilise : Umi-Proquest.
Graphique n1
Articles se rfrant au thme de la gouvernance d'entreprise
(source : base de donnes Umi-Proquest)
0
200
400
600
800
1000
1200
1400
1975 1977 1979 1981 1983 1985 1987 1989 1991 1993 1995 1997 1999 2001
Annes de publication
Nombred'article
Source utilise : Umi-Proquest.
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Graphique n2
Articles se rfrant au thme de la gouvernance d'entreprise et aux aspects
soit de stratgie, soit de comportement organisationnel, soit de f inance, ou soit
encore de comptabilit (source : base de donnes Umi-Proquest)
0
50
100
150
200
250
1985 1987 1989 1991 1993 1995 1997 1999 2001
Annes de publication
Nombred'article
Corp. governance & strategy Corp. governance & organizational behavior
Corp. governance & f inance Corp. governance & accounting
Source utilise : Umi-Proquest.
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