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Georges Padoux : le Code pénal du Royaume de Siam (1908) et la société thaïe par Chalanthorn Kidthang Mémoire d’études françaises Diplôme de Maîtrise Département de Français Ecole des Etudes Supérieures Université Silpakorn 2004 ISBN 974-464-567-9

Georges Padoux : le Code pénal du Royaume de Siam (1908 ......Georges Padoux est le premier juriste français dans l’histoire juridique de la Thaïlande qui est officiellement venu

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  • Georges Padoux : le Code pénal du Royaume de Siam (1908)

    et la société thaïe

    par

    Chalanthorn Kidthang

    Mémoire d’études françaises

    Diplôme de Maîtrise

    Département de Français

    Ecole des Etudes Supérieures

    Université Silpakorn

    2004

    ISBN 974-464-567-9

  • กฎหมายลกัษณะอาญา ร.ศ. 127 โดย ยอรช ปาด ูกับสังคมไทย

    โดย

    นางสาวชลันธร คิดถาง

    วิทยานิพนธนี้เปนสวนหนึ่งของการศึกษาตามหลักสูตรปริญญาอักษรศาสตรมหาบัณฑิต สาขาวิชาฝรั่งเศสศึกษา ภาควิชาภาษาฝรั่งเศส

    บัณฑิตวิทยาลัย มหาวิทยาลัยศิลปากร ปการศึกษา 2547

    ISBN 947-464-567-9

    ลิขลิทธิ์ของบัณฑิตวิทยาลัย มหาวิทยาลัยศิลปากร

  • L’Ecole des Etudes Supérieures de l’Université Silpakorn a accepté le

    mémoire : “Georges Padoux : le Code pénal du Royaume de Siam (1908) et la

    société thaïe”, proposé par Mademoiselle Chalanthorn Kidthang dans le cadre

    des études françaises de maîtrise.

    ……..…………………………….……...

    (Dr. Chirawan Kongklai, maître de conférence)

    Doyen de l’Ecole des Etudes Supérieures

    Date .……. mois .…….. année .……..

    Directeurs du mémoire

    1. Dr. Surasak Likasitwatanakul, maître de conférence

    2. Dr. Bernard Wirth

    Le jury

    ……………………………… Président

    (Dr. Kanika Chansang, maître de conférence)

    ……….. / ……….. / ………..

    ……………………………… membre

    (Dr. Surasak Likasitwatanakul, maître de conférence)

    ……….. / ……….. / ………..

    ……………………………… membre

    (Dr. Bernard Wirth)

    ……….. / ……….. / ………..

    ……………………………… membre

    (Dr. Thapanan Nipithakul)

    ……….. / ……….. / ………..

  • TABLE DES MATIÈRES

    Page

    Résumé en thaï…..………………………………………………………. ง Résumé en français…..………………………………………………….. จ Dédicace……………..…………………………………………………… ฉ Table des matières………..……………………………………………… ช

    INTRODUCTION………..……………………………………………... 1

    CHAPITRE

    I Le Siam sous le règne du roi Rama V et Georges Padoux…... 12

    1.1 Genèse de la modernisation du pays………………………… 13

    1.2 Réforme juridique siamoise…………………………………. 19

    1.2.1 Facteurs de la réforme juridique siamoise…………… 19

    1.2.1.1 Facteurs externes…………………………… 19

    1.2.1.2 Facteurs internes…………………………… 24

    1.2.2 Entrée au Siam de juristes étrangers…………………. 30

    1.2.2.1 Premiers juristes étrangers…………………. 31

    1.2.2.2 Georges Padoux……………………………. 35

    II Georges Padoux et le Code pénal siamois de 1908……………. 44

    2.1 Facteurs déterminants du choix de Civil Law…………….…. 45

    2.2 Priorité donnée au Code pénal……………………..…..…….. 49

    2.3 Georges Padoux et la codification du Code pénal

    (1898-1908)…………………………………………….…. . . 54

  • CHAPITRE Page

    2.3.1 Origine du Code pénal…………………………….. 54

    2.3.2 Rédaction du Code pénal………………………….. 59

    2.3.2.1 Etude historique de la législation au Siam….… 60

    2.3.2.2 Caratère du Code pénal…………………………… 68

    2.3.2.3 Sources de références du Code pénal……….… 70

    2.3.2.4 Etude des dispositions générales du Code

    pénal de 1908……………………………….. 71

    2.3.3 Publication du Code pénal………………………… 77

    III Le Code pénal de 1908 et la société thaïe……………….…… 83

    3.1 Abolition du régime d’extraterritorialité……..…………….. 84

    3.2 Réformes juridiques thaïes…………………..……………… 91

    3.2.1 Réformes d’Ecole de Droit……………………….. 92

    3.2.2 Formation en France d’étudiants siamois………… 97

    3.2.3 Accueil des juristes français au Siam…………….. 104

    3.3 Impact sur la société thaïe………..……………………….. 110

    CONCLUSION………………………………………………………… 121

    Bibliographie……….………………………………………………….. 125

    Annexe : Recueil des dossiers personnels de Georges Padoux….….. 137

    Curriculum Vitæ….……………………………………...……….…… 212

  • 1

    INTRODUCTION

    Problématique et genèse du mémoire.

    Un proverbe latin dit : “Ubi societas, ibi jus”, (Là où se trouve la

    société, là aussi existe le droit.), cela veut dire que justice et société sont

    toujours liées. Quand les hommes habitent en groupe, des règles sont

    nécessaires pour la paix de la société.1 Ainsi, on ne peut pas séparer la justice

    de la société parce que parfois la justice peut changer la société, mais en

    même temps le changement social peut aussi influencer la justice.2 L’entrée

    des nations européennes dans le mouvement de la colonisation au début de

    l’époque Rattanakosin est aussi la preuve que la situation sociale a

    directement un impact sur la réforme juridique du pays.

    L’influence des Européens à cette époque-là a fait prendre conscience

    au roi Rama V de la nécessité urgente de moderniser le pays dans tous les

    domaines, surtout dans le domaine juridique, un de ses points faibles. Le

    système légistatif à ce moment-là était dépassé, semblait même plutôt

    “sauvage” à l’égard des étrangers par exemple l’article 10 de la loi Laxana

    1ปรีดี เกษมทรัพย, นิติปรัชญา, (กรุงเทพฯ : โครงการตําราและเอกสารการสอน คณะนิติศาสตร,

    มหาวิทยาลัยธรรมศาสตร, พิมพครั้งที่ 3, 2539), หนา 270 [Preedee Kasemsup, Philosophie juridique, (Bangkok : Faculté de Droit, IIIème édition, Université Thammasat, 1996),

    p. 270.] 2สุโขทัยธรรมาธริาช, มหาวิทยาลัย, เอกสารการสอนชุดวิชา 41403 กฎหมายกับการเปลี่ยนแปลง

    ของสังคม, (กรุงเทพฯ : คณะนิติศาสตร, มหาวิทยาลัยสุโขทัยธรรมาธิราช, 2524), หนา 5 [Université Sukhothai Thammathirat, Cours 41403 “La loi et le changement social”, (Bangkok :

    Faculté de droit, Université Sukhothai Thammathirat, 1981), p. 5.]

  • 2

    Ayat Luang précise que le meurtrier aura les pieds et les mains coupés…3 Un

    autre point de vue, c’est le caractère apparemment désuet et la confusion du

    système juridique en vigueur parce que la Loi des Trois Sceaux utilisée au

    début de l’époque Rattanakosin, n’était qu’une reprise corrigée des anciennes

    lois de l’époque Ayutthaya présentée sous forme littéraire en 41 volumes, peu

    propre à être utilisée dans la société moderne.4 C’est dans ces conditions que

    la France a demandé au Siam de signer le traité d’extraterritorialité comme

    l’Angleterre, le premier pays à avoir signé ce traité avec le Siam.5 Ainsi, la

    seule solution pour le Siam était la mise en place d’un système juridique pour

    que les étrangers acceptent d’abandonner le traité d’extraterritorialité.6

    3พัชรินทร เปยมสมบูรณ, “การปฏิรูปกฎหมายของประเทศไทยตั้งแต พ.ศ. 2411 จนถึง 2478” (วิทยา

    นิพนธปริญญาอักษรศาสตรมหาบัณฑิต สาขาวิชาประวัติศาสตร, จุฬาลงกรณมหาวิทยาลัย, 2517), หนา 37 - 38 [Patcharin Piemsomboon, “La réforme du système juridique thaï de 1868 à 1935”, (Mémoire de maîtrise en histoire, Université Chulalongkorn, 1974), p. 37 – 38.]

    4ชาญชัย แสวงศักดิ์, อิทธิพลฝรั่งเศสในการปฏิรูปกฎหมายไทย, หนังสือชุดกฎหมายกับการพัฒนา, ลําดับที่ 2, (กรุงเทพ ฯ : สํานักพิมพนิติธรรม, 2539), หนา 16 [Charnchai Sawangsakdi, L’influence française sur la réforme du système juridique thaï, Collection : Droit et

    développement, Volume II, (Bangkok : Nititham, 1996), p. 16.]

    5Le traité d’extraterritorialité entre le Siam et les pays étrangers . 1. l’Angleterre en 1855 6. la Hollande en 1860 11. l’Italie en 1868

    2. les Etats Unis en 1856 7. l’Allemagne en 1862 12. l’Autriche en 1869

    3. la France en 1856 8. la Suéde en 1868 13. l’Espagne en 1870

    4. le Danemark en 1858 9. la Norvège en 1868 14. le Japon en 1898

    5. le Portugal en 1859 10. la Belgique en 1868 15. la Russie en 1899

    in : J.C. Ingram, Economic Change in Thailand 1850-1970, deuxième édition, (California : Standford University Press, 1955), p. 3.

    6ทรงศรี อาจอรุณ, สิทธิสภาพนอกอาณาเขต, (กรุงเทพฯ : สํานักพิมพสมาคมสังคมศาสตรแหง ประเทศไทย, 2506), หนา 4 [Sonsri Arch-arun, L’extraterritorialité, (Bangkok : Editions de l’association des sciences sociales de la Thaïlande, 1963), p. 4.]

  • 3

    Le gouvernement thaï a choisi de coder le Code pénal en premier parce qu’il

    est considéré comme droit public, très important pour la société car il

    concerne directement la culpabilité et la punition que l’état doit proclamer

    pour garder la paix du pays et des citoyens.7

    Il faut rappeler qu’avant cette codification, le Siam hésitait à choisir

    entre le modèle européen de Civil Law ou celui de Common Law anglais

    pour moderniser son système législatif. A cette époque-là, beaucoup de

    grands hommes au Siam préfèraient le Common Law parce qu’ils avaient fait

    leurs études en Angleterre; alors ils étaient habitués à utiliser le Common

    Law. Mais il semble que le Civil Law était plus avantageux pour abolir le

    traité d’extraterritorialité des étrangers. Après avoir décidé d’utiliser le Civil

    Law, le roi Rama V a nommé des conseillers spéciaux pour la rédaction et la

    codification.8 Le Prince Rajaburidireklid (Rabi) est nommé responsable de ce

    travail avec d’autres juristes siamois et étrangers.9 Le travail de ces

    Conseillers n’avait pas encore abouti lorsque la signature de la convention

    7วิชัย ศรีคํา, ความรูเบื้องตนเกี่ยวกับกฎหมายและกฎหมายกับสังคม, (กรุงเทพฯ : อักษรศาสตร,

    มหาวิทยาลัยศิลปากร, 2529), หนา 8 [Vichai Sikham, Introduction générale au droit. Le droit et la société, (Bangkok : Faculté des Lettres , Université Silpakorn, 1986),

    p. 8.] 8หอจดหมายเหตุแหงชาติ กรมศิลปากร, เอกสารกระทรวงยุติธรรม รัชกาลที่ 5 หมายเลข ย 23/4

    การทํากฎหมายลักษณะอาญา [Centre des archives nationales, Département de Beaux-Arts, Les documents du Ministère de la Justice sous le règne du roi Rama V no. 23/4 La

    codification du Code Pénal Siamois.] 9Les autres conseillers sont :

    1. Prince Phichit Phichakhon. (กรมหลวงพิชิตปรีชากร) 2. Phaya Phacha Kitkhonjek. (พระยาประชากิจกรจักร)

    3. Richard Kirkpatrick.

    4. Tokichi Masao.

  • 4

    franco-siamoise de 1904 a entraîné la nomination des Conseillers et du

    nouveau chef français, Georges Padoux.10

    Georges Padoux est le premier juriste français dans l’histoire juridique

    de la Thaïlande qui est officiellement venu selon la convention franco-

    siamoise de 1904 comme Conseiller Législatif du Ministère de la Justice pour

    la codification du premier Code pénal siamois.11 Ce poste n’existait pas

    au Siam auparavant parce que généralement les juristes étrangers étaient

    soit Conseillers Généraux du gouvernement soit Conseillers Légistes.12

    Avant son séjour au Siam, il était secrétaire général du gouvernement français

    10กนิษฐา ชิตชาง, “มูลเหตุของการรางกฎหมายลักษณะอาญา ร.ศ.127” (วิทยานิพนธมหาบัณฑิต

    สาขาประวัติศาสตร คณะศิลปศาสตร มหาวิทยาลัยธรรมศาสตร, 2532), หนา 110 [Kanitha Chitchang, “L’origine de la codification du Code pénal siamois de 1908”, (Mémoire de

    maîtrise en histoire, Université Thammasat, 1989), p. 110.] 11Le Siam sous le règne du roi Rama V était convoité par deux pays

    européens : l’Angleterre et la France. Alors que l’influence de l’Angleterre se

    manifestait déjà dans plusieurs domaines, surtout dans le commerce et la juridiction,

    la France souhaitait aussi avoir un rôle important dans la société thaïe. Elle a

    demandé au Siam d’engager des Français comme hauts fonctionnaires selon la

    convention franco-siamoise du 13 février 1904. Ainsi le Siam a accueilli Georges

    Padoux, comme Conseiller Législatif du Ministère de la Justice pour la codification

    du premier Code pénal siamois.

    in : ชมพูนุช นาคีรัตน, “บทบาทของที่ปรึกษาชาวตางประเทศในรัชสมัยพระบาทสมเด็จพระจุล จอมเกลาเจาอยูหัว พ.ศ. 2411-พ.ศ.2453” (วิทยานิพนธปริญญาอักษรศาสตรมหาบัณฑิต สาขาวิชาภูมิศาสตร-ประวัติศาสตร บัณฑิตวิทยาลัย จุฬาลงกรณมหาวิทยาลัย, 2513), หนา 13. [Chompunut Nakirat, “Le rôle des conseillers étrangers sous le règne du roi Rama V de 1868 à 1910”,

    (Mémoire de maîtrise en histoire, Université Chulalongkorn, 1970), p. 13.] 12หยุด แสงอุทัย, การรางกฎหมาย, หนังสืออนุสรณงานพระราชทานเพลิงศพ ศาสตราจารย หยุด

    แสงอุทัย (กรุงเทพฯ : ม.ป.ท.,2532), หนา 32 [Yhut Saeng U-thai, L’élaboration des lois, Le livre de commémoration de Yhut Saeng U-thai, (Bangkok, 1980), p. 32.]

  • 5

    à Tunis en Tunisie. Il est arrivé au Siam avec sa femme et ses deux enfants le

    25 décembre 1904.13 En janvier 1905, en plus de son poste de Conseiller

    Législatif du Ministère de la Justice, il a aussi été nommé juge de la Cour

    d’Appel.14 Ensuite, sous le règne du roi Rama VI, il a aussi proposé au roi

    d’envoyer des Siamois étudier le système fondamental du droit Civil Law en

    France ou en Allemagne au lieu d’aller seulement en Angleterre comme

    auparavant.15 Par ailleurs, une autre proposition faite au roi Rama VI était de

    réformer les écoles de droit suivant le modèle français et d’engager comme

    professeurs des juristes français. Ainsi d’autres juristes français sont venus au

    Siam et ils ont aussi contribué à développer le domaine législatif.16

    Le chef d’œuvre de Georges Padoux est la conception et la rédaction

    du premier Code pénal siamois en 1908. Il a été publié en trois langues, en

    thaï, anglais et français. Les deux langues étrangères ont été choisies pour

    13สุรศักดิ์ ลิขสิทธิ์วัฒนกุล, “บันทึกของนาย ยอรช ปาดูซ ที่ปรึกษารางกฎหมายของรัฐบาลสยาม

    เกี่ยวกับการรางกฎหมายลักษณะอาญา ร.ศ. 127”, วารสารนิติศาสตร, (ปที่ 18 ฉบับที่ 2 มิถุนายน 2531), [Surasak Likasitwatanakul, “Rapport de Georges Padoux Conseiller Législatif relatif

    à la rédaction du Code pénal de 1908”, Nittisat , (l’année 18 vol.II, le 2 juin 1988.)] 14นันทพร บรรลือสินธุ, “ชีวประวัติเมอรซิเออร ยอรช ปาดู ที่ปรึกษากฎหมายกระทรวงยุติธรรม

    ในสมัยรัชกาลที่ 5”, ประวัติและผลงานของชาวตางชาติในประเทศไทย, (กรุงเทพฯ : กองวรรณคดีและ ประวัติศาสตร กรมศิลปากร, 2533), หนา 89 – 90 [Nanthaporn Banluesin, “La biographie de Georges Padoux, Conseiller Législatif du Ministère de la Justice sous le règne du

    roi Rama V.”, Vie et œuvre des étrangers au Siam, (Bangkok : Section de littérature

    et d’histoire, Département de Beaux-Arts, 1990), p. 89 – 90.] 15La plupart des étudiants siamois qui ont fait leurs études en France, une

    fois revenus en Thailande, ont travaillé dans le domaine politique et juridique. Parmi

    eux, ceux qui sont dominants pour le mouvement de la réforme du pays, ce sont

    Pridi Banomyong, Nap Baholyothin, étudiants en droit à Paris et Prayoon

    Bamornmontri, étudiant en sciences politiques à Paris. 16Par exemple Henri Eygout, Louis Duplâtre, Robert Lingat et René Guyon.

  • 6

    faire connaître le nouveau Code pénal siamois à l’étranger, étant donné

    qu’elles étaient couramment utilisées dans le cadre juridique, notamment le

    français qui était utilisé et étudié dans plusieurs pays d’Europe continentale

    qui utilisaient le Civil Law.17 Comme ce Code pénal est considéré comme le

    premier Code siamois reconnu au niveau internationnal, le 15 avril 1908, date

    de son achèvement, est considéré comme un jour important dans l’histoire des

    travaux du Ministère de la Justice.18

    “Georges Padoux : le Code pénal du Royaume de Siam (1908) et la

    société thaïe” est un sujet intéressant parce qu’il marque le début de

    l’influence juridique occidentale, et en même temps, c’est aussi l’époque de la

    modernisation du pays. Ainsi, ce Code pénal profite non seulement au

    domaine juridique, mais aussi à l’histoire et au changement social du pays.

    D’ailleurs, ce qui est le plus avantageux pour notre société, c’est que Georges

    Padoux, tout en s’inspirant des modèles français, japonais, allemand et indien

    pour le premier Code pénal, n’a pas oublié d’adapter les vieux droits siamois

    en gardant soigneusement ce qui méritait d’être utilisé dans notre société.19

    Ainsi le Code pénal est considéré comme un travail précieux qui est bref,

    précis, dense, pratique et facile à comprendre. C’est pourquoi on l’a utilisé

    17หอจดหมายเหตุแหงชาติ กรมศิลปากร, เอกสารกระทรวงยุติธรรม รัชกาลที่ 5 หมายเลข บ.2 ข / 89

    บันทึกความเห็นของนาย ยอรช ปาดู (Georges Padoux) : การรางกฎหมายลักษณะอาญา. [ Centre des archives nationales, Département de Beaux-Arts, Les documents du Ministère de la

    Justice sous le règne du Roi Rama V no. 2/89 L’opinion de Georges Padoux : La

    codification du Code pénal.] 18ชาญชัย แสวงศักดิ์ และวรรณชัย บุญบํารุง , สาระนารูเกี่ยวกับการจัดทําประมวลกฎหมายของ

    ตางประเทศและของไทย, (กรุงเทพ : นิติธรรม, 2543), หนา 97 [Charnchai Sawangsakdi et Wannachai Boonbamrung, L’information concernant la codification des pays

    étrangers et de la Thaïlande, (Bangkok : Nittitham, 2000), p. 97.] 19Patcharin Piemsomboon, op, cit., p. 67.

  • 7

    environ 50 ans, et aujourd’hui encore il est un bon modèle pour les autres

    Codes pénaux siamois.20

    Il existe déjà différentes recherches concernant le rôle des juristes

    étrangers dans la réforme juridique thaïe, par exemple celle de Patcharin

    Piensomboon, “La réforme du système juridique thaï de 1868 à 1935”,

    mémoire de maîtrise, Université Chulalongkorn, 1974.21 Elle étudie la

    réforme juridique thaïe sous l’influence des pays occidentaux depuis le règne

    du roi Rama V jusqu’au règne de roi Rama VI. Ensuite, il faut aussi

    mentionner le mémoire de Jung-sau I-Ida, étudiant japonais : “La réception du

    droit moderne occidental au Japon : Etude comparative avec la Thaïlande”,

    mémoire de maîtrise, Université Thammasat, 1987. Cette étude précise la

    situation des deux pays qui doivent réformer leur système juridique pour

    sauvegarder leur indépendance.22 La troisième recherche est L’influence

    française sur la réforme du système juridique thaï de Charnchai Sawangsakdi

    qui présente le travail des conseillers législatifs étrangers, surtout les Français,

    sous le règne du roi Rama V.23 Puis, il aborde la création des Codes siamois,

    les organisations juridiques, l’influence du modèle français sur les juristes

    20แสวง บุญเฉลิมวิภาส, “กฎหมายลักษณะอาญา : ประมวลกฎหมายฉบับแรกของไทย”, วารสาร

    นิติศาสตร (ปที่ 16 ฉบับที่ 2 มิถุนายน 2529), หนา 124 [Swang Boonchalermvipast, “Le Code pénal : Le premier Code siamois”, Nittisat, (l’année 16 vol.2, le 16 juin 1987), p. 124.]

    21Patcharin Piemsomboon, op.cit. 22จุงโซ อิอิดะ, “การรับกฎหมายสมัยใหมจากตะวันตกในประเทศญี่ปุน : ศึกษาเปรียบเทียบกับกรณ ี

    ของประเทศไทย” (วิทยานิพนธมหาบัณฑิต คณะนิติศาสตร, มหาวิทยาลัยธรรมศาสตร, 2530) [Jung-sau I-Ida, “La réception du droit moderne occidental au Japon : Etude comparative avec

    la Thaïlande”, (Mémoire de maîtrise en Droit , Université Thammasat, 1987.)] 23Charnchai Sawangsakdi, L’influence française sur la réforme du système

    juridique thaï., op.cit.

  • 8

    siamois et enfin, la réforme de l’administration en Thaïlande après la

    révolution de 1932.

    Ensuite, citons aussi des travaux concernant des juristes français

    ou l’influence française en Thaïlande écrits en français : “Essai sur

    l’introduction en Thaïlande du système juriditionnel admistratif français” de

    Am-nak Khlaisang24, thèse doctorale, Université de Montpellier “La

    condition juridique des étrangers en Thaïlande de 1855 à 1925” de S.

    Ramidatta25, thèse doctorale, Université de Paris, “La juridiction criminelle en

    droit commun en France et en Thaïlande” de P. Khwanphulsri26, thèse

    doctorale, Université de Caen, enfin le mémoire de Mayuree Pongsirirak27,

    “Robert Lingat et L’esclavage privé dans le vieux droit siamois”, mémoire de

    maîtrise, Université Silpakorn.

    Quant aux travaux sur la codification du Code pénal siamois de 1908,

    nous avons trouvé “L’origine de la codification du Code pénal siamois de

    1908” de Kanitha Chitchang.28 Cette étude présente clairement les facteurs de

    la réforme juridique siamoise, les étapes de la codification, les problèmes et

    obstacles qui ont fait durer ce travail jusqu’à 10 ans. Ensuite, “Le Code pénal

    24Am-nak Khlaisang, “Essai sur l’introduction en Thaïlande du système

    juriditionnel administratif français”, (Thèse doctorale en Droit, Université de

    Montpellier, 1957.) 25S. Ramidatta, “La condition juridique des étrangers en Thaïlande de 1855 à

    1925”, (Thèse doctorale en Droit, Université de Paris, 1966.) 26P. Khwanphulsri, “La juridiction criminelle en droit commun en France et

    en Thaïlande”, (Thèse doctorale en Droit, Université de Caen, 1967.) 27Mayuree Pongsirirak, “Robert Lingat et L’esclavage privé dans le vieux

    droit siamois”, (Mémoire de maîtrise ès Lettres, Université Silpakorn, 2000.) 28Kanitha Chitchang, op.cit.

  • 9

    : Le premier Code siamois”, le texte de Swang Boonchalermvipast.29 C’est

    l’histoire de la codification du Code pénal et l’analyse du contenu de ce Code.

    Enfin, “L’élaboration des lois en Thaïlande” de M.Yhut Saeng U-thai.30 Il

    présente l’élaboration des lois en Thaïlande, notamment le détail des

    méthodes juridiques pour les juristes, les étudiants et les spécialistes.

    Par rapport à toutes ces recherches, “Georges Padoux : le Code pénal

    du Royaume de Siam (1908) et la société thaïe” se veut différent. Cette étude

    a pour but de présenter l’impact de la justice sur la société au lieu d’étudier

    seulement le contenu du Code. Quant aux autres recherches sur ce sujet, elles

    s’intéressent très peu à lier et analyser l’histoire de ce Code avec la société

    parce qu’elles sont plutôt du domaine juridique. Et elles ont aussi moins parlé

    de Georges Padoux, qui est considéré comme un des grands réalisateurs des

    lois de la société thaïe. Par ailleurs, ce travail est aussi basé sur les documents

    historiques thaïs, anglais et français. De plus, notre connaissance du français

    nous a permis de trouver des documents inédits sur ce sujet en France.

    Enfin, cette étude veut également être un outil de travail pour les étudiants, les

    chercheurs thaïs et étrangers, dans le domaine franco-thai, juridique et

    historique, qui veulent faire une étude historique du premier Code pénal

    siamois de 1908 et de l’évolution générale de la société.

    29Swang Boonchalermvipast, “Le Code pénal : Le premier Code siamois”,

    op.cit. 30Yhut Saeng U-thai, op.cit.

  • 10

    Objectif.

    1. Le rôle du premier juriste français, Georges Padoux, dans l’histoire

    juridique de la Thaïlande.

    2. L’impact de la codification du Code pénal par Georges Padoux sur

    la société thaïe.

    3. L’utilisation de documents français pour mieux comprendre la

    société thaïe d’autrefois.

    Hypothèse.

    Georges Padoux est le premier juriste français qui a l’occasion de

    travailler officiellement comme Conseiller Législatif du Ministère de Justice

    et chef des conseillers de la codification des lois siamoises, selon le traité

    franco-siamois. Son chef-oeuvre, le premier Code pénal siamois de 1908, qui

    se base sur les nouveaux systèmes juridiques occidentaux, a un impact sur

    l’évolution de la société thaïe.

    Cadre de l’étude.

    Cette étude se centre sur le contexte social thaï à l’époque de la

    modernisation du pays qui amène la codification de ce Code pénal de 1908.

    Elle présente aussi la conception et l’étape de la codification pour analyser

    son impact sur la société thaïe, après la promulgation du Code pénal de

    Georges Padoux en 1908.

  • 11

    Plan du travail.

    1. La collecte des documents, des recherches et des critiques sur le

    sujet traité soit par des juristes, des historiens ou des chercheurs spécialistes.

    2. L’étude et l’analyse du contenu de l’oeuvre de Georges Padoux, le

    Code pénal siamois de 1908.

    3. L’analyse des informations trouvées sur le Code pénal siamois de

    1908.

    4. La composition du mémoire.

    Méthode de l’étude.

    “Georges Padoux : le Code pénal du Royaume de Siam (1908) et la

    société thaïe” est une recherche sous forme de description analytique qui se

    situe dans le domaine de l’histoire juridique plutôt que dans le domaine

    juridique proprement dit.

  • 12

    CHAPITRE I

    Le Siam sous le règne du roi Rama V et Georges Padoux.

    Au XIXème siècle, le Siam a ouvert une nouvelle fois ses frontières aux

    Occidentaux. Les relations diplomatiques et commerciales se sont intensifiées.

    Pour la première fois, le royaume rencontrait une période privilégiée de

    modernisation et de transformations profondes, dues aux idées occidentales.

    Le Siam s’était attaché à développer la coopération avec les occidentaux en

    prenant soin de répartir les domaines d’intervention entre les différentes

    puissances européennes, afin d’éviter toute emprise de l’une d’elles sur

    l’administration du pays. Le Siam a eu recours aux Allemands pour les

    chemins de fer et l’armée, aux Anglais pour les finances et l’éducation et aux

    Belges pour la diplomatie. C’est aux Français qu’étaient confiées la

    codification et la réforme juridique qui étaient considérées comme des points

    faibles dans la modernisation du pays. D’où le recrutement de juristes

    français comme conseillers tels que Georges Padoux, René Guyon, Charles

    l’Evêsque et Rémy de Plantarose qui prenaient une part importante dans la

    promulgation du Code pénal, civil et commercial siamois.

    Jean Filliozat, orientaliste de l’Asie du sud-est souligne bien que si les

    études juridiques concernent essentiellement les dispositions en vigueur

    aujourd’hui pour les besoins pratiques des juristes occidentaux et

    internationaux modernes, elles comportent aussi une référence à l’histoire de

  • 13

    l’établissement de ces dispositions.1 Ainsi, pour mieux comprendre l’histoire

    et la connaissance du Code pénal de Georges Padoux de 1908 et la société

    thaïe, nous allons tout d’abord étudier dans ce chapitre la genèse de la

    modernisation du pays comme base de la réforme juridique et l’engagement

    des juristes étrangers sous le règne du roi Rama V.

    1.1 Genèse de la modernisation du pays.

    Le règne du roi Mongkut (1851-1868) qui correspond à celui de

    l’Empereur Napoléon III est l’époque des relations importantes entre le Siam

    et l’Occident. Du côté thaï, elles sont inévitablement marquées du désir de

    mieux connaître la civilisation, la politique et le commerce occidentaux,

    tandis qu’en Europe, le XIXème siècle est un siècle d’expansion économique et

    coloniale. Les grandes nations industrielles doivent chercher des marchés

    pour exporter leurs produits fabriqués.

    La conquête des pays voisins et des petits états tributaires du Siam a

    fait réfléchir le roi Rama IV. Pour l’indépendance du pays, il a vu la nécessité

    d’entrer en relation d’amitié et de commerce avec les grandes puissances

    européennes, notamment la France et l’Angleterre. L’occupation britannique

    pesait sur la Birmanie et la Malaisie, la domination française sur le Viêtnam,

    le Laos et le Cambodge. Le 18 avril 1855, Sir John Bowring, plénipotentiaire

    1Jean Filliozat, “L’Orientalisme et les sciences humaines”, Cinquante ans

    d’orientalisme français, Bulletin de la société des études indochinoises, (Tome

    XXVI, No.IV, IVème trimestre, Paris, 1951), p. 568.

  • 14

    britannique a réussi à signer un traité d’amitié de navigation et de libre

    commerce avec le Siam.2 Depuis lors, le Siam leur accordait le régime

    d’extraterritorialité juridictionnelle, appelé “Traité Bowring”.3

    Puis, afin de neutraliser politiquement la menace de l’Angleterre, le roi

    Rama IV s’est aussi empressé de reconnaître les mêmes avantages aux autres

    puissances. L’année suivante, le 15 août 1856, la France envoyait aussi

    au royaume de Siam M. Charles de Montigny, en qualité de Ministre

    plénipotentiare, pour signer un traité du même genre, ensuite avec les Etats-

    Unis la même année, puis avec le Danemark en 1858, le Portugal en 1859, les

    Pays-Bas en 1860, la Prusse en 1862, avec la Belgique, l’Italie, la Suède, la

    Norvège en 1868, suivi aussi plus tard par les autres grandes puissances.

    Ainsi, au Siam, les portes du royaume étaient ouvertes aux privilèges de

    l’extraterritorialité.

    Ces traités allaient avoir un double résultat sur le Siam selon

    Pierre Fistié, chercheur bien connu pour l’ histoire de l’Asie du Sud-Est :

    Premièrement, ces traités ont fait disparaître les ressources

    traditionnelles de l’Etat et ont contraint les souverains

    2Par ce traité, l’Angleterre n’obtenait que les droits de douane pour les

    marchandises britanniques seraient abaissés à un taux très bas (3%), que

    l’importation de l’opium cultivé aux Indes serait faite en franchise, c’est-à-dire sans

    même payer les 3% de taux, que les droits seraient négociés par les deux parties

    pour les produits exportés, et enfin qu’un consulat pourrait s’ouvrir à Bangkok, cette dernière concession allant de pair avec le privilège de l’extraterritorialité pour

    personnes de nationalité anglaise. 3Ce traité a pris le nom de Sir John Bowring, le gouverneur anglais à Hong

    Kong qui se rendait au Siam, avec le titre de représentant du gouvernement

    britannique, pour négocier un traité de commerce entre l’Angleterre et le Siam sous

    le règne du roi Rama IV.

  • 15

    siamois à une refonte complète des finances publiques.

    Deuxièmement, ils ont développé progressivement le champ

    de l’économie monétaire.4

    C’est précisément après l’ouverture du pays au commerce occidental,

    que l’économie du pays était introduite dans le circuit mondial du commerce,

    ce qui se traduisait pour les Thaïs par le passage d’une économie du

    subsistance à une économie monétaire. Par conséquent, le commerce royal a

    diminué au profit des exportations qui, très vite, ont constitué la principale

    ressource monétaire de l’état. Ainsi, à partir de cette période, le Siam est

    devenu un pays exportateur de riz.

    D’ailleurs, les avantages économiques et financiers de l’ouverture du

    pays aux négociants occidentaux ont poussé les étrangers à faire du commerce

    au Siam. Voici le témoignage de Mgr. Pallegoix, missionnaire français au

    Siam sous le règne du roi Rama IV, dans son oeuvre Description du royaume

    Thaï ou Siam :

    Autrefois la taxe était de mille piastres ou dix-sept cents

    ticaux par toise, d’où il arrivait qu’aucun navire européen ne

    pouvait faire un commerce avantageux avec le Siam; du

    reste, le gouvernement le faisait exprès pour empêcher les

    Européens, et surtout les Anglais, de venir commercer à Siam.

    Mais depuis quatre ans, le nouveau roi a réduit la taxe, dans

    l’intention de renouer des relations commerciales avec les

    Européens.5 La taxe dont je viens de parler semble encore très

    4Pierre Fistié, La Thaïlande : collection que sais-je? (Paris : Presses

    Universitaires de France, 1980), p. 54 – 55. 5Le nouveau roi : c’est-à-dire le roi Mongkut, Rama IV.

  • 16

    élevée; mais quand on considère qu’il n’y a plus rien à payer

    de tous les impôts sur les marchandises, il est évident que cette

    taxe, tout élevée qu’elle paraisse, est très raisonnable et même

    avantageuse.6

    Un autre point de vue remarquable pour les gouverneurs du Siam à

    partir des traités entre le Siam et les occidentaux, c’est le changement du

    système de négociation entre les Etats par un traité écrit. Autrefois, le Siam

    n’était pas habitué à ce système. Le commerce avec la Chine ou les pays

    voisins était basé sur des négociations amicales sans contrat écrit. Ainsi, dès

    le règne du roi Rama IV, les relations diplomatiques et commerciales avec les

    étrangers se sont basées sur un nouveau système de correspondance qui sera

    adopté par les rois suivants.7

    En 1868, à la suite du roi Rama IV, Chulalongkorn qui n’avait alors

    que 16 ans, est monté sur le trône soutenu par un régent de la famille Boon-

    nak, Phraya Kalahom, jusqu’à la fin de 1873.8 Sous son règne seront

    définitivement fixées les frontières du royaume, après de difficiles

    négociations aussi bien avec les Anglais que les Français. Grâce à sa jeunesse

    et à ses études, le roi a voyagé à Calcutta, à Singapour, à Java et en Europe, ce

    qui l’a persuadé encore davantage de la nécessité de moderniser son pays,

    suivant le modèle des pays occidentaux.

    6Jean-Baptiste Pallegoix, Description du royaume thaï ou Siam, Volume I,

    (Paris : Mission de Siam, 1854), p. 308 – 309. 7Kanitha Chitchang, op.cit., p. 23.

  • 17

    Pour sauvegarder l’indépendance du pays et adopter en même temps

    l’économie monétaire, le roi Rama V a décidé de réorganiser le pays dans une

    structure centralisée. Alors, pour gouverner les provinces éloignées, il a

    favorisé l’installation de voies ferrées comme moyens de transport pour relier

    les provinces à la capitale. Par la suite, il y a eu la grande réforme de

    l’administration centrale, progressivement réorganisée sur une base

    fonctionnelle. En mai 1874, il a d’abord commencé à créer un conseil d’Etat

    composé de 12 membres choisis par lui parmi les princes et les hauts-

    fonctionnaires, et chargés avant tout d’examiner la nouvelle législation

    fiscale. En 1875, c’était la séparation des départements des Finances et des

    Affaires Etrangères.9 En 1887, c’était la création du Ministère de la Défense,

    en 1890 le Ministère des Travaux Publics et le Ministère de l’Education. En

    1891, le Ministère de la Justice a été établi avec la tâche de remplacer les

    anciennes cours dans tout le royaume par des tribunaux dépendants des

    différents départements. Finalement, le 1er avril 1892, ces réformes ont abouti

    à l’organisation de douze Ministères en remplacement de l’ancien système.

    Le roi Rama V a non seulement réformé l’administration centrale, en

    1894, il réformait aussi l’organisation provinciale en abandonnant l’ancienne

    division des provinces en quatre zones. Le Siam a été divisé en 18 régions

    (Monthon) dirigées par des commissaires royaux. Ces régions sont divisées en

    8Le couronnement a eu lieu le 11 novembre 1868, le Phraya Kalahom ou

    Chao Phraya Borommaha Srisuriyawongse (เจาพระยาบรมมหาศรีสุริยวงศ) a été nommé régent du royaume jusqu’à la majorité du nouveau souverain en 1873.

    9สํานักงานคณะกรรมการกฤษฎีกา, “125 ป Council of State สถาบันที่ปรึกษาราชการแผนดิน”, วารสารกฎหมายปกครอง, เลม 18 ตอน 3, (กรุงเทพฯ : พี. เอ. ลิฟว่ิง, 2524), หนา 15 [Conseil d’Etat, “125 ans de conseil d’Etat, un organisme de conseil pour les affaires administratives

  • 18

    départements (Chang wat) administrés par des gouverneurs, chacun étant

    divisé encore en districts (Amphoe), dirigés par un chef de district (Nai-

    Amphoe). D’autre part, la loi de 1897 prévoit aussi l’existence dans chaque

    village (Mooban) d’un chef élu. Et la réunion de 10 villages formait en

    principe une commune (Tambon).

    Pour la modernisation, qui commençait au début de XIXème siècle,

    le gouvernement avait besoin de main-d’oeuvre pour les travaux

    d’infrastructure. C’est dans cette perspective qu’il faut situer la volonté

    d’abolition de l’esclavage du roi Rama V, qui voulait moderniser le pays et

    l’élever au niveau des grands états, acceptés dans le monde. Pour réaliser son

    projet, il a décidé une première mesure par la loi : les esclaves, nés pendant ou

    après l’avènement du roi Rama V, étaient automatiquement affranchis et ne

    devenaient plus esclaves.10

    Tous les efforts du roi Rama V tendant à moderniser le Siam et à le

    faire entrer dans le circuit des relations avec les puissances européennes ont

    permis de maintenir son indépendance, mais ne pouvaient éviter des conflits,

    sans cesse renaissants, avec ces mêmes puissances, en particulier la France et

    l’Angleterre, en dépit des traités signés avec elles.

    Les problèmes intérieurs du pays étaient de plus en plus réglés suivant

    la politique du roi Rama V. Mais des conflits extérieurs s’ajoutaient de

    nouveau pendant toute la période s’étendant entre 1867 et 1893. C’étaient des

    du royaume”, Périodique du droit administratif, (volume 18, Chapitre III, Bangkok :

    P. A. Living, 1999), p. 15.] 10Les deux lois importantes qui contribuent à réaliser le projet du roi Rama V

    sont d’abord le décret du 22 septembre 1870 qui constitue le changement dans le

    contrat d’esclavage. Le Kromathan doit inclure le montant exact du prix de chaque

    esclave. Ensuite, le 21 août 1874, le roi a publié la loi qui fixait le tarif du prix des

  • 19

    problèmes juridiques et politiques, tel que le droit de protection et de

    juridiction, surtout la délimitation des frontières entre le royaume de Siam et

    les nouvelles possessions françaises. Ainsi, pour résoudre ces conflits déjà

    évoqués ci-dessus, le roi Rama V a continué la réforme juridique et la

    réforme des tribunaux suivant le modèle occidental, en demandant l’aide des

    étrangers pour l’établissement d’un nouveau système juridique siamois.

    1.2 Réforme juridique siamoise.

    Pour préserver l’indépendance et éviter de nouvelles difficultés au

    pays, sur la voie de la modernisation qui commence à l’époque du roi Rama

    IV, la réforme juridique siamoise est un des moyens indispensables, choisis

    par son successeur, Rama V.

    1.2.1 Les facteurs de la réforme juridique siamoise.

    Cette réforme juridique est provoquée d’une part par des facteurs

    extérieurs, à savoir la présence aux frontières du pays de grandes puissances

    coloniales dont la puissance et l’appétit semblaient être sans mesure. D’autre

    part, certains facteurs internes à la situation de notre royaume nécessitaient

    aussi une modernisation du pays.

    1.2.1.1 Facteurs externes.

    L’expansion de la colonisation des pays occidentaux dans l’Asie du

    sud-est au XIX ème siècle, et surtout la supériorité militaire sur les autres pays

    en Asie, amenaient l’occupation britannique en Inde dès 1768 par la

    compagnie anglaise des Indes Orientales (British East India Company). En

    1842, l’armée anglaise a gagné contre la Chine dans la guerre de l’opium. La

    enfants d’esclaves et des hommes libres. Voir : Robert Lingat, L’esclavage privé

    dans le vieux droit siamois, (Paris : Domat-Montchrestien, 1931, p. 263-290.)

  • 20

    Chine était obligée d’ouvrir ses principaux ports. Ensuite la conquête de la

    Birmanie a progressivement commencé à partir de 1852. Quant au Viêtnam, il

    est occupé par la colonisation française en 1883.

    Cet événement a poussé le roi Rama IV à tenir compte de la puissance

    des pays occidentaux qui pouvaient dominer les grands pays asiatiques. Il a

    compris que si la Chine et l’Inde ont dû s’incliner devant la puissance

    militaire britannique, le Siam ne serait que menu fretin face à une Europe en

    expansion. Rompant alors avec l’intransigeance de ses prédécesseurs, il a

    entrepris d’ouvrir le Siam aux puissances qui s’impatientaient à sa porte.

    Dès lors, le gouvernement siamois semble accepter toutes les connaissances

    occidentales plus efficaces que les siennes pour développer le pays dans les

    différents domaines. En même temps, il était nécessaire que le Siam

    maintienne aussi des usages diplomatiques accommodants avec les

    puissances occidentales, pour éviter de tomber dans la même situation que

    l’Inde, la Chine, la Birmanie et le Viêtnam, qui avaient décidé de rétablir leur

    indépendance nationale par la résistance armée.

    Les clauses d’amitié de navigation, de commerce et d’extraterritorialité

    juridictionnelle que le Siam avait signées avec les grandes puissances lors du

    premier traité, le Traité Bowring, montraient clairement que ces pays-là

    donnaient la première importance au commerce, alors que les autres

    bénéfices comme la politique et la diplomatie restaient des points mineurs.

    D’autre part, pour le Siam, le problème aussi important que

    l’économie était le régime d’extraterritorialité juridictionnelle. Le fait que les

    Européens réclamaient l’exterritorialité montrait leur défiance à l’égard du

    système législatif et judiciaire siamois; il est vrai que les deux étaient

    corrompus, aléatoires et inféodés au pouvoir en place.11 Selon des traités

    11Xavier Galland, Histoire de la Thaïlande : collection que sais-je? (Paris :

    Presses Universitaires de France, 1998), p. 85.

  • 21

    inégaux, les sujets étrangers pouvaient acheter ou louer des terrains à

    proximité de la capitale et bénéficaient du droit d’extraterritorialité. Par

    ailleurs, des consuls de ces pays-là devaient résider à Bangkok et exercer sur

    leurs compatriotes un droit de juridition civile et criminelle.12

    Ainsi, la première mesure prise par le Siam à l’époque du roi Rama IV

    en vue d’éviter la dispute entre les Siamois et les étrangers, c’était la

    limitation du nombre de domiciles des étrangers, par exemple dans les articles

    IV et V du Traité franco-siamois, il est noté :

    Tous les Français résidant en Thaïlande doivent être

    immatriculés à la chancellerie du consulat. Ils ne peuvent

    résider d’une façon permanente qu’à Bangkok et dans un

    rayon égal à la distance qu’un bateau peut parcourir en 24

    heures autour de cette ville. En dehors de cette limite, le

    passeport est exigé sous peine d’arrestation.13

    La limitation du nombre de domiciles des étrangers selon le roi Rama

    IV indique sa politique de contrôler les étrangers. Il les a organisés en

    communautés pour qu’ils ne se mélangent plus avec des Siamois comme

    autrefois. Des chercheurs thaïs pensent que c’était un moyen pour éviter les

    12กรมสนธิสัญญาและกฎหมาย, กระทรวงการตางประเทศ, สนธิสัญญาและความตกลงทวิภาคี

    ระหวางประเทศไทยกับตางประเทศและองคการระหวางประเทศ, (กรุงเทพฯ : โรงพิมพพระจันทร, 2511), เลม1, หนา 28 [Département des traités et des droits, Ministère des Affaires Etrangères, Les Traités et les Conventions entre la Thaïlande, les pays étrangers et

    les organisations internationales, (Bangkok : Imprimerie Prachan, Volume I), p. 28.] 13Berjoan (A). Le Siam et les Accords franco-siamois, (Paris, 1927), p. 66,

    in : Pensri Duke. Les Relations entre la France et la Thaïlande (Siam) : au XIX ème

    siècle d’après les archives des Affaires Etrangères, (Bangkok : Chalermnit, 1962),

    p. 5.

  • 22

    procès entre les Siamois et les étrangers pendant que la juridiction et le

    tribunal siamois avaient perdu leur autonomie.14

    Ensuite, il semble que les relations entre le gouvernement siamois et

    les consuls étrangers était devenues de plus en plus difficiles sous le règne

    suivant, celui du roi Rama V, à cause de la protection des sujets par les

    étrangers. Le régime d’extraterritorialité est rapidement devenue une source

    de difficulté lorsque de nombreux Chinois, Indiens et Indochinois sont entrés

    au Siam et réclamaient la protection en tant que sujets britanniques ou

    français, notamment, lorsque le Siam avait des difficultés pour prouver

    l’appartenance des personnes d’origine asiatique à des protectorats

    étrangers.15 De plus, le gouvernement français causait des conflits sur

    l’allégation de droit sur la main-d’oeuvre du pays. En outre, les sujets

    protégés par les occidentaux comprenaient aussi des personnes d’origine

    asiatique nées sur un territoire de domination occidentale. Cette question est

    bien indiquée dans l’article V de la convention entre la France et le Siam :

    Les personnes d’origine asiatique nées sur un territoire

    soumis à la domination directe ou placé sous le protectorat de

    la France, sauf celles qui ont fixé leur résidence au Siam avant

    l’époque où le territoire dont elles sont originaires a été placé

    sous cette domination ou sous ce protectorat, ont droit à la

    protection française et pourront se faire inscrire comme

    14Kanitha Chitchang, op.cit., p. 25. 15Charnchai Sawangsagdi, “L’influence française sur la réforme du

    système juridique et la création du Conseil d’Etat en Thaïlande”, in : Inter-monde,

    op.cit., p. 42.

  • 23

    ressortissants français à la légation ou au Consulat et Vice-

    Consulat de la République dans le Royaume de Siam.16

    En outre, à propos de la protection française des Asiatiques, il faut

    ajouter que ceux-ci étaient non seulement soumis juridiquement à la légation

    du consulat français, mais ils obtenaient également d’autres droits

    exceptionnels. Ainsi les ressortissants français profitaient de l’abstraction des

    impôts, de la taxe excessive et de la levée de la main-d’oeuvre.17

    Enfin, les conflits concernant les sujets protégés par les étrangers sous

    le règne du roi Rama V avaient donné de l’importance au droit de contrôle des

    sujets, notamment en autorisant une véritable enquête pour la recherche de la

    nationalité d’une multitude de personnes. Même des Siamois s’adressaient

    à eux dans le but de se soustraire à la justice ou éviter les corvées ou les

    impôts.18 En fait, non seulement les Siamois, mais aussi les étrangers, dont la

    plupart étaient originaires de pays voisins, souvent des captifs amenés de leur

    pays, des Chinois, des Cambodgiens, des Laotiens; tous devaient obéir à

    certaines lois siamoises. Ils devaient payer des impôts à l’état en argent ou en

    nature. Henri Mouhot, naturaliste français dit à ce propos :

    16Voir : la convention du 7 octobre 1902 entre le Gouvernement de la

    République française et le gouvernement du roi du Siam. 17นันทยา สวางวุฒิธรรม, “การควบคุมกําลังคนในสมัยรัตนโกสินทรกอนการจัดการเกณฑทหาร

    (พ.ศ. 2325-2448)”, (วิทยานิพนธอักษรศาสตรมหาบัณฑิต, จุฬาลงกรณมหาวิทยาลัย, 2525), หนา 234 - 235 [Nanthaya Sawangwutthithum, “Le contrôle de la main d’oeuvre à l’époque

    Rattanakosin avant l’organisation du service militaire (1782-1905)”, (Mémoire de

    maîtrise en histoire, Université Chulalongkorn, 1982) , p. 234 – 235.] 18Maurice Costes, “Les frontières entre le Siam, le Laos, le Cambodge et les

    relations franco-siamoises de la seconde moitié du XIXème siècle à 1907”,

    (Mémoire du Diplôme des Etudes Appliquées, Institut INALCO, Paris, 1984),

    p. 64.

  • 24

    Tout sujet siamois, dès qu’il a atteint la taille de trois

    coudées, est soumis à un impôt ou tribut annuel équivalent à 6

    ticaux (18 francs); les annamites de Chantaboun le payent en

    bois d’aigle, les siamois en gomme laque, et seulement tous les

    quatre ans; il n’est que de 4 ticaux.19

    Par ailleurs, on peut constater que les gouvernements des pays

    asiatiques n’étaient pas en mesure d’assurer et d’administrer la sécurité des

    personnes et des biens de leur propre population et à plus forte raison, de celle

    des étrangers habitant sur leurs territoires. Ainsi, le roi Rama V se devait de

    résoudre rapidement ce problème à l’aide de négociations diplomatiques pour

    atténuer l’inégalité des traités entre le Siam et les étrangers, notamment au

    sujet des personnes d’origine asiatique, quelles seraient les dispositions

    pouvant être accordées à leur protection? Ainsi, la réforme juridique

    siamoise, suivant le modèle des pays occidentaux, pourrait être un moyen

    pour mettre fin au problème du régime d’extraterritorrialité établi depuis le

    règne du roi Rama IV. Et elle pourrait rendre la justice aux sujets siamois

    tout en maintenant de bonnes relations entre l’état et ses subordonnés,

    conformément au projet du roi Rama V qui voulait que le Siam soit un état

    moderne respectueux des étrangers.

    1.2.1.2 Facteurs internes.

    Sous le règne du roi Rama IV, clairvoyant et éclairé, le Siam s’est

    totalement ouvert au commerce étranger quelques années après le

    19Henri Mouhot, “Voyage dans le royaume de Siam, de Cambodge, de Laos

    et autres parties centrales de l’Indo-chine”, Le Tour du Monde, (Paris : Hachette,

    1863), p. 84.

  • 25

    couronnement du monarque. Cette ouverture était due à la volonté du roi lui-

    même qui voulait mettre son royaume sur la voie de l’occidentalisation. Il

    était un roi moderne, à l’intelligence vive, ouvert aux sciences, aux

    techniques et résolument progressiste pour son temps. Il a étudié le pali en

    contact avec des bonzes de Sri Lanka et fréquentait des missionnaires

    occidentaux, notamment Mgr. Pallegoix, missionnaire français qui lui

    enseignait les mathématiques, l’astronomie et le latin. Et les Américains

    comme Bradley, Caswell et House lui ont appris la langue anglaise dont il est

    resté un adepte toute sa vie et qu’il utilisait dans sa correspondance. Ses

    déplacements, ses lectures et ses rencontres lui ont donné une ouverture

    d’esprit sur un monde étonnamment large pour l’époque. Il s’est senti aussi

    obligé de faire apprendre une langue étrangère à ses enfants, spécialement à

    son fils aîné, le futur roi Rama V. C’est sur l’anglais que son choix s’est fixé;

    il a choisi des enseignants étrangers, par exemple Anna Leonewens, John H.

    Chandey et Francis G. Patterson. Mais sous son règne, aucun prince n’a

    continué ses études à l’étranger.

    Sous le règne du roi Rama V, les princes et quelques fils de hauts

    fonctionnaires qui faisaient preuve de capacités intellectuelles particulières

    ont été envoyés dans des institutions prestigieuses à l’étranger, surtout en

    Europe, afin de contribuer plus tard à la modernisation de leur pays. La

    première génération qui a bénéficié d’une telle formation est celle du prince

    Devawongse, Ministre siamois des Affaires Etrangères capable de parler

    couramment plusieurs langues européennes, et du prince Damrong, demi-

    frère cadet du roi, grand réformateur de l’administration à la fin du XIXème

    siècle. En même temps, dans le domaine juridique, Khun Laung Praya

    Khaisri a été le premier Siamois à obtenir une licence de droit, le deuxième

    était Praya Pradipanpuban; tous les deux ont fait leurs études de droit à

  • 26

    l’Institut Middle Temple en Angleterre.20 En 1891, c’est le prince Rajburi qui

    a obtenu un diplôme de droit au Collège Chrischurch de l’Université

    d’Oxford.21

    Il s’agit du droit des pays occidentaux ou des pays sous l’occupation

    des étrangers comme l’Inde. Cette formation a influencé les intellectuels

    siamois et a contribué au changement de la vision du pays dans le domaine

    juridique. C’est-à-dire qu’à partir du règne du roi Rama IV, l’origine et l’état

    de droit ne sont plus expliqués dans le cadre des règles de la religion ou bien

    de la superstition. Mais on considère que le droit est créé par le public ou le

    roi. C’est le règlement de la souveraineté dans l’état que tous les citoyens

    doivent respecter et suivre.22

    Suite au changement d’attitude des intellectuels grâce à l’apprentissage

    du monde moderne déjà évoqué, nous pouvons aussi considérer les

    inconvénients du droit siamois ancien qui est dépassé et inefficace pour

    résoudre les crimes de plus en plus nombreux et variés à cause de la présence

    des étrangers et de l’expansion économique monétaire. Les étrangers

    20เธียร เจริญวัฒนา, ประวัติขุนหลวงพระยาไกรสี (เปลง เวภาระ), อนุสรณในงานพระราชทานเพลิง

    ศพขุนหลวงพระยาไกรสี, (กรุงเทพฯ : รุงเรืองธรรม, 2526), หนา 2 [Thien Jaroenwattrana, Biographie de Khun Phaya Kraisri, Le livre de commémoration de Khun Luang

    Praya Khaisri, (Bangkok : Rungreungtham, 1983), p. 2.] 21Le prince Rajburi ou le prince Rabi (พระเจาลูกยาเธอกรมหมื่นราชบุรีดิเรกฤทธิ์) est le

    fils du roi Chulalongkorn, grand réformateur de la justice siamoise. Il a fini ses

    études en droit au Collège Christchurch de l’Université d’Oxford. Il est nommé

    ministre de la Justice, le 3 mars 1896, quelques années après son retour à Bangkok.

    Il a imprimé, en 1901, la Loi des Trois Sceaux sous le titre Kotmai Rajburi, l’édition

    officielle sous le règne du roi Rama V. Il a écrit aussi beaucoup d’autres manuels

    juridiques pour l’étude du droit siamois. 22Preedee Kasemsub, op.cit., p. 60 – 67.

  • 27

    reprochaient au système juridique siamois, l’incohérence, l’archaïsme et la

    cruauté des peines.23

    Pour le pouvoir juridique provincial, les mandarins constituaient

    l’organe important du régime politique siamois car ce sont eux qui recevaient

    les ordres du roi et les mettaient en application. Au niveau administratif, le roi

    les a envoyés pour travailler et contrôler le peuple dans les provinces.

    Ces représentants de roi possèdaient un grand pouvoir et en profitaient.

    Leur décision était aussi déterminante. Citons l’exemple intéressant d’un

    représentant à Kôrat que Henri Mouhot a rencontré :

    Il (le gouverneur de Kôrat) a droit de vie et de mort, et il en

    use, dit-on, avec un sang-froid implacable; il coupe une tête et

    un poignet sans y mettre beaucoup de façons. C’est toujours la

    justice siamoise, justice sommaire, mais peu logique.24

    Quant au commerce, il ne cessait de croître rapidement au niveau

    international. Le développement du droit commercial à l’instar des pays

    occidentaux constituait un autre besoin dans le pays. Même si l’ancien droit

    siamois comptait déjà des articles concernant le mariage, le divorce,

    l’héritage, les biens et le commerce, ceux-ci n’étaient pas assez efficaces pour

    l’expansion du commerce mondial; il manquait beaucoup d’articles modernes

    que la juridiction siamoise ne connaissait pas encore comme les entreprises, le

    mandat-carte ou le chèque.25

    23Charnchai Sawangsagdi, “L’influence française sur la réforme du système

    juridique et la création du Conseil d’Etat en Thaïlande”, in Inter-monde, op.cit.,

    p. 42. 24Henri Mouhot, op.cit., p. 36. 25Patcharin Piemsomboon, op.cit., p. 41 – 42.

  • 28

    Les tribunaux judiciaires siamois étaient sans doute une autre faiblesse.

    Les fonctionnaires manquaient de qualité et de capacités, les magistrats

    étaient confrontés au problème de la corruption. Les procès en attente de

    jugement étaient en grand nombre parce qu’avant la grande réforme

    administrative sous le règne du roi Rama V, les tribunaux ne les soumettaient

    pas encore au Ministère de la Justice. Ils étaient gouvernés par

    l’administration locale, si bien que le jugement était toujours retardé sous

    l’influence des grands mandarins.

    D’ailleurs, en 1885 on trouve aussi une proposition des onze hauts

    fonctionnaires relative au changement de la forme de gouvernement du

    pays.26 Cette proposition témoigne du mouvement interne pour le besoin de la

    modernisation du pays qui existait à cette époque. Ces fonctionnaires ont

    résumé la situation dans le pays et ses besoins en ces mots :

    La politique adoptée précédemment par le gouvernement

    royal ne pouvait plus faire face aux pressions des puissances

    occidentales. La meilleur solution, à leurs yeux, consistait à

    corriger ce que reprochaient les Européens. Or, ce qui

    constituait la faiblesse la plus importante était l’archaïsme de

    26Les grands fonctionnaires du Conseil Privé du roi Rama V :

    1. Prince Naresr (เจาฟานเรศ) 7. Phraya Chaivichitr (พระยาไชยวิชิต) 2. Prince Sonabandhitya (เจาฟาโสนบัณฑิต) 8. Chamun Vaivoranath (จมื่นไวยวรนาถ) 3. Prince Svasti (เจาฟาสวัสดิ์) 9. Khun Pathipapphichitr (ขุนปฏิภาพพิชิต) 4. Prince Prisdang (เจาฟาปฤษฎางค) 10. Phraya Chaninbhakti (พระยาชนินประกิต) 5. Phraya Mahayotha (พระยามหาโยธา) 11. Phraya Singhaseni (พระยาสิงหเสนีห) 6. Phraya Abhaiphiphit (พระยาอภัยพิพิธ)

    Voir : Vishnu Varunyou, “Les vicissitudes du mouvement constitutionnel

    siamois sous le règne du roi Chulalongkorn (1868 - 1910)”, in : Inter-monde,

    (Bangkok : Université Ramkhamhaeng, 1988), Volume I, No. II, p. 128.

  • 29

    la forme du gouvernement. Il faudrait le changer en adoptant

    une forme de gouvernement semblable à celle des pays

    occidentaux, en particulier, doter le Siam d’une constitution

    écrite.27

    Et dans les six mesures qu’ils ont proposées au roi, nous pouvons

    trouver une proposition concernant le changement de système juridique :

    L’égalité de tous les citoyens devant la loi devrait être

    reconnue et garantie. Et en particulier un système d’imposition

    équitable devrait être établi et connu de tous à l’avance.28

    Enfin, nous pouvons dire que le changement de l’attitude des

    gouverneurs siamois qui voulaient présenter l’égalité du pouvoir dans

    l’élaboration du droit et le besoin du système juridique efficace pour décréter

    la relation des citoyens dans le cadre du droit, est un facteur important pour la

    réforme juridique du pays. Au même moment, le problème de la justice entre

    le droit siamois et celui des occidentaux, par exemple les procès pénaux entre

    les Siamois et les étrangers ou le régime d’extraterritorialité, est aussi la

    preuve qui a fait constater au gouvernement siamois la faiblesse du

    système juridique du pays qui ne pouvait résoudre aucun problème. Ainsi, sur

    la voie de la modernisation, il est indiscutable que le pays avait besoin de

    l’aide des occidentaux, grands maîtres des sciences et technologies modernes.

    27เจานายและขาราชการกราบบังคมทูลความเห็นจัดการเปลี่ยนแปลงระเบียบราชการแผนดิน ร.ศ.103

    [Proposition des onze fonctionnaires relative au changement de la forme de

    gouvernement en 1885, in : Vishnu Varunyou, ibid., p. 132.] 28Ibid, p.132.

  • 30

    Plus loin, nous évoquerons ceux qui ont été nommés pour la réforme

    juridique au service du gouvernement siamois.

    1.2.2 Entrée au Siam de juristes étrangers.

    Sur la voie des réformes, le roi Rama IV, amorçait la rénovation des

    structures nationales en faisant appel aux services d’un certain nombre

    d’Européens (84 en tout au cours de son règne) dont certains ont occupé des

    postes de responsabilité comme directeurs des douanes, commandants de

    port, ou chefs de la police.29 Malgré le grand nombre, ce système n’avait alors

    qu’un caractère fragmentaire. C’est seulement sous le règne du roi Rama V,

    Chulalongkorn, que l’appel à des conseillers étrangers et l’envoi des princes

    et de premiers boursiers royaux allaient prendre un caractère systématique.

    En outre, le roi Rama V, lui même, s’est rendu compte du besoin d’une

    nouvelle politique d’emploi d’étrangers. Il a écrit dans une lettre à Phraya

    Visutisurayasak que dans son pays, en ce moment, rien ne manquait plus que

    le personnel et que le temps pour réaliser la modernisation du pays. Ainsi, le

    Siam a engagé des occidentaux dans tous les domaines où les Siamois

    n’avaient pas encore assez de connaissances ou de compétences suffisantes.30

    Ainsi, il nous semble que si le roi Rama V, après son couronnement, a

    continué à employer des étrangers dans les services qui exigaient leur

    assistance, c’est essentiellement parce qu’il voulait assurer le bon

    fonctionnement existant et parce qu’il ne trouvait pas encore de Siamois assez

    qualifiés pour les remplacer. L’entreprise de modernisation a touché à partir

    de cette période tous les domaines, la plupart des Ministères ou départements

    29Pierre Fistié, L’évolution de la Thaïlande comtemporaine, (Paris : Armand

    Colin, 1967), p. 89. 30Nanthaporn Banluesin, op.cit., p. 87.

  • 31

    avaient des conseillers étrangers, notamment le Ministère de la Justice où la

    contribution des conseillers étrangers a été dominante.

    1.2.2.1. Premiers juristes étrangers.

    Le développement du commerce pendant la période qui a suivi les

    traités avec les puissances occidentales s’accompagnait d’une augmentation

    de la population européenne, chinoise et indochinoise à Bangkok et dans les

    grandes villes côtières. Les désaccords dans le milieu de commerce étaient

    déjà quotidiens. Il faut ajouter que les crimes étaient de plus en plus

    nombreux à cause des étrangers, surtout des immigrants chinois.

    Normalement, c’étaient les gouverneurs de chaque province qui étaient

    responsables, parfois ils devaient demander un renfort à Bangkok. Une

    absence totale d’organisme administratif spécialisé embarrassait le

    gouvernement de Bangkok chaque fois qu’une telle demande était présentée.

    Finalement, en 1860, le roi Rama IV, s’inquiètant de la protection des

    personnes et des propriétés des occidentaux ainsi que de ses sujets, confiait au

    capitaine anglais, Samuel Joseph Bird Ames, la mission de constituer un

    service d’ordre dans la capitale et de l’organiser à l’occidentale. Grâce à sa

    connaissance des langues européennes, il pouvait agir efficacement au cas où

    se produisaient des désaccords entre les Européens et les Siamois. Il suivait la

    procédure sans avoir recours à des interprètes comme le faisaient les

    responsables siamois auparavant. Par conséquent, le jugement est devenu plus

    juste et pouvait être rendu public plus rapidement sous sa surveillance.31

    31รสสุคนธ จรสัร,ี “บทบาทของขาราชการตางประเทศในการสืบสวนในระบบสมบูรณาญาสิทธ ิ

    ราชย”, (วิทยานิพนธอักษรศาสตรมหาบัณฑิต, จุฬาลงกรณมหาวิทยาลัย, 2520), หนา 22 – 26 [Rotsukon Jarussree, “Le rôle des fonctionnaires étrangers au cours des enquêtes sous la

    monarchie absolue.”, (Mémoire de maîtrise en histoire, Université Chulalongkorn,

    1977), p. 22 – 26.]

  • 32

    Le capitaine Samuel Joseph Bird Ames peut donc être considéré

    comme un des fonctionnaires étrangers sous le règne du roi Rama IV qui

    avait un rôle remarquable au commencement de la réforme juridique

    siamoise. Un juriste étranger également remarquable sous l’époque du roi

    Rama V est Gustave Rolin-Jacquemyns, le premier conseiller général du

    Siam d’origine belge. Il a joué un rôle important dans la juridiction et la

    politique d’emplois de nombreux étrangers au Siam.

    Gustave Rolin-Jacquemyns ou sous le titre de noblesse Chao Phraya

    Aphairaja Siammanukulkit, ancien Ministre de l’Intérieur et des Travaux

    Publics en Belgique et professeur honoris causa en droit de l’Université

    d’Edimbourg et d’Oxford, a été engagé au service du Siam en 1892 avec le

    titre de conseiller général du gouvernement et de Ministre plénipotentiaire.

    De même, on trouve que la prépondérance belge au Ministère de la Justice

    venait de son initiative ainsi que dans la Cour de justice siamoise de 1895 à

    1903. Sous ses conseils, Kirkpatrick, Cattier et Schlesser ainsi que d’autres

    juristes belges étaient engagés au Siam. En 1899, dans une entrevue avec Jean

    Bar du journal “La chronique”, Rolin-Jacquemyns a résumé ainsi l’évolution

    du personnel belge au Ministère de la Justice :

    Le premier parmi les membres du barreau belge qu’il me fut

    permis d’appeler au Siam fut M. Robert Kirkpatrick. Il arriva à

    Bangkok en mai 1894 et y resta jusqu’à ce que, en 1899, une

    cruelle maladie, dont il n’est pas encore entièrement remis,

    l’ait obligé à venir reprendre des forces en Europe.

    M. Kirkpatrick me tient de trop près pour que je puisse parler

    de lui comme il le mérite. Après M. Kirkpatrick est venu M.

    F.Cattier. Arrivé en 1895, il nous a quittés, rappelé à Bruxelles

    par sa vocation professorale, au bout de deux ans à peine.

  • 33

    Durant ce court espace de temps, il fournit une somme

    considérable de travail; son départ a été unanimement regretté.

    Puis sont arrivés successivement : MM. Schlesser, Orts,

    Dauge, Robyns, Symon, Henvaux, Tilmont, Emile Jottrand; en

    dernier lieu, en 1899, MM. Baudour et de Buschere. Sauf

    M. Orts, qui nous a quittés pour entrer dans la diplomatie

    belge et qui, lui aussi, a été un excellent travailleur, tous sont

    encore au service actif du Siam. Le plus ancien d’entre eux est

    M. Schlesser, qui est là-bas depuis 1896. Très instruit, d’une

    activité et d’une énergie infatigables, d’un sens droit, il occupe

    actuellement une haute situation. Membre du San Dika, ou

    Cour supérieure de troisième instance en matière civile et

    criminelle, il est en même temps conseiller principal du

    Ministère de la Justice.32

    Le Siam a non seulement engagé des juristes européens, mais aussi

    d’autres étrangers. Déjà en 1897, Tokichi Masao, un juriste japonais était

    appelé aux fonctions de conseiller juridique. Docteur en droit de l’Université

    Yale aux Etats Unis et ancien journaliste du “Japan Times”, il était

    spécialement chargé de la codification des lois siamoises.33 En principe,

    après la création du conseil législatif en 1895, c’était Kirkpatrick, un

    conseiller judicaire d’origine belge qui devait rédiger le projet du Codes pénal

    et du Code commercial avec son adjoint. Mais leur travail ne progressait pas

    32Extrait de “La Chronique”, Carton Siam 1896 - 1928, Centre des Archives

    diplomatiques de Bruxelles, in : Perapol Songnuy, “Les fonctionnaires étrangers au

    service du gouvernement siamois (1900-1940)”, (Thèse de Doctorat d’Histoire,

    Université Paris VII, 1997), p. 108. 33Patcharin Piemsomboon, op.cit., p. 163.

  • 34

    aussi vite que le voulaient les autorités siamoises. Par ailleurs, le monopole

    belge au conseil législatif présentait des inconvénients aux yeux des autres

    puissances et des Siamois qui croyaient voir une ressemblance entre les

    nouveaux Codes siamois et ceux de la Belgique. L’engagement d’un nouveau

    conseiller judiciaire japonais pouvait apporter, à la fois, l’accélération des

    travaux de codification et donner un caractère international aux futurs Codes

    siamois, ou du moins, au conseil législatif. Ainsi, l’engagement de Tokichi

    Masao est dû à ces raisons.34 Après avoir participé activement à la rédaction

    des Codes siamois et avoir siégé à la Cour d’Appel, puis à la Cour de

    Cassation, Masao a également obtenu un titre de noblesse siamois en 1912,

    Phraya Mahitorn Manu Pakorn Kosonkun, ce qui le plaçait au même rang

    qu’un Ministre.35 Le 15 juillet 1913, il a quitté définitivement le service du

    Siam pour raison de santé.36

    En même temps, depuis le départ de Rolin-Jacquemyns du Siam en

    1901, les Anglais ont étendu leur action à la juridiction siamoise, jusque là

    surtout réservée aux juriste belges. Dès octobre 1902, Stewart Black, vice-

    consul anglais à Bangkok depuis 1897, est engagé en qualité de conseiller au

    Ministère de la Justice. Il a travaillé de 1902 à 1910 en coopération avec

    Jardine puis Lawson, les directeurs de la police de la ville de Bangkok

    d’origine anglaise et avec Edward Strobel puis Westengard, conseillers

    généraux et conseillers du Ministère des Affaires Etrangères d’origine

    34สุรังคสี แทนเสียงสน, “ความสัมพันธระหวางสยามและประเทศญี่ปุน พ.ศ. 2411 ถึง 2478”,

    วิทยานิพนธอักษรศาสตรมหาบัณฑิต, จุฬาลงกรณมหาวิทยาลัย, 2518, หนา 96 [Surangsee Tansiangson, “Les relations entre la Thaïlande et le Japon 1868-1935”, (Mémoire de

    maîtrise en histoire, Université Chulalongkorn, 1975), p. 96.] 35Phraya Mahitorn Manu Pakorn Kosonkun : พระยามหิธรมนูปกรณโกศลกุล 36Perapol Songnuy, “Les fonctionnaires étrangers au service du

    gouvernement siamois (1900-1940)”, op.cit., p. 305.

  • 35

    américaine.37 En 1903, la Cour des étrangers à Bangkok est aussi créée par les

    juristes anglais sous la direction de Stewart Black. En plus, ce dernier a joué

    un rôle important pour la décision de l’engagement des juristes étrangers

    avant l’arrivée de Georges Padoux au Siam.

    1.2.2.2. Georges Padoux.

    Dès son engagement au Ministère des Affaires Etrangères de la France

    en 1890, Georges Padoux a lancé des travaux juridiques à l’étranger, en

    Espagne, en Suisse, en Tunisie, au Siam et en Chine; il est nommé

    notamment responsable du Code pénal du royaume du Siam en 1908,

    considéré comme un chef d’oeuvre capital dans l’histoire de la réforme

    juridique thaïe.

    37Edward Strobel est américain, diplômé de la Faculté de Droit de

    l’Université Harvard en 1882, ancien premier secrétaire de la légation des Etats-Unis

    à Madrid, deuxième sous-secrétaire d’Etat au Ministère des Affaires Etrangères à

    Washington, puis Ministre des Etats-Unis en Equateur et au Chili et, depuis sa

    retraite, en 1897, professeur de droit international à l’université Harvard. En

    acceptant les fonctions d’arbitre dans un différend entre un Français et le

    gouvernement chilien, il a eu l’occasion de rendre à la France des services dont il a

    été récompensé par la croix d’officier de la Légion d’Honneur. Il est entré au service

    du gouvernement siamois en qualité de Conseiller Général en 1903.

    Westengard, le 3ème Conseiller Général américain au Siam. Diplomé de la

    Faculté de Droit de l’Université Harvard en 1898, avocat à Boston entre 1899 à

    1903, professeur adjoint de droit entre 1898 à 1908, il est devenu assistant de Strobel

    et le remplaçait pendant les congés. Il est nommé aux fonctions de Conseiller

    Général en 1909 à l’âge de 38 ans seulement. En 1910, il a obtenu le titre de Phraya

    kalayanamaitri. (พระยากัลยาณไมตรี)

  • 36

    Vie et expérience du travail.

    Georges Padoux est né le 21février 1867 à Alexandrie en Egypte. Il a

    obtenu son baccalauréat au Lycée Henri IV. Après une licence de droit, il est

    attaché à la direction commerciale. Puis le 6 février 1890, il est détaché au

    cabinet du Ministère des Affaires Etrangères. Grâce à sa connaissance de

    plusieurs langues : anglais, italien et espagnol, Georges Padoux s’intéressait à

    travailler à l’étranger. Il a décidé d’être élève consul, le 1er mars 1892. Plus

    tard, en octobre de la même année, il est nommé vice-consul à Barcelone,

    ville port important d’Espagne, et l’année suivante à Genève en Suisse. En

    1896, il est attaché au poste consul de 2ème classe et secrétaire général adjoint