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Nina Santés etCélia Gondol
mélangent sons,gestuelles et
fragments dephrases, annie
LEURIDAN
Tous droits de reproduction réservés
PAYS : France PAGE(S) : 27SURFACE : 43 %PERIODICITE : Quotidien
DIFFUSION : 101616JOURNALISTE : Élisabeth Franck…
8 juillet 2019 - N°11848
«A Leaf»,feuille de routepour l ’avenirde l ’humanitéA Avignon, Célia Gondolet Nina Santésprésententen duo une performance sonoreet chorégraphique. Une odeincantatoire qui conjugueféminisme et écologie.
Le spectacle s’appelle ALeaf (une feuille), et enanglais s’il vous plaît:
la spectatrice sera donc par-donnée de penser fugace-ment à Walt Whitman, sapoésie cosmique, son écologie d ’avant l ’heure. Et la tonalité ne va pas si mal à la performance conçue par CéliaGondol et Nina Santés, médusante collection de vibrations sonores et chorégraphiques, qui sollicite parfois lepublic (mais ce n ’est jamaisgênant ni intrusif, merci)pour qu ’ensemble l ’assemblée construise un morceau,de petites prises de conscience, une légère transe.Traversé en pointillé - car ALeaf n ’est pas non plus lour-dingue - par une pensée féministe et environnementale, le spectacle utilise lechant et la voix, ainsi que desmimiques scandaleusementexpressives, pour convoquerle vertige de nos origines ounotre devenir incertain.
Synthé. Elles sont deux, lachorégraphe et musicienneNina Santés, liane brunepleine d ’autorité, et l’ interprète, chorégraphe et plasticienne Célia Gondol, au vi-sage de lune. Lespréoccupations éco-féminis-tes sont surtout le fait de la
les sciences, celles de la seconde. Pour A Leaf, on lestrouve déjà sur scène vêtuesde combinaisons où s’impriment des sortes de beaux relevés topographiques colori-sés, surmontées de délicatesgazes qui leur donnent unelégèreté d ’insecte. Accompagnées d ’un petit équipementélectronique (micros, pédalede loop permettant de créerdes boucles en live, synthé...), elles se lancent: «Leprochain morceau s’appelleOn va tous mourir» - oui, ona oublié de dire qu ’A Leaf estparfois assezdrôle. Et la sallede se lancer dans une incantation incontestable, «Wearegoing to die». S’enchaînentdes séquences qui feront plus
ou moins mouche, nous faisant entrevoir l ’apocalypsegrâce à un texte de PeggySeeger, Sang of Choice,chanté par une Nina Santéstotalement nue qui peu à peus’habille de grands joncs («tupaieras ton silence de ta vie»),ou vivre ce qui ressemblebien à un éboulis de tremblement de terre grâce au travailsur le synthé. Parmi nos morceaux préférés, citons unemélopée collective autourd ’un court texte de la militante Chaia Heller, Quand onen aura fini depeler dévorer
mes et lesfruits (vous entendez, écrivains ringards?), quilaisse lentement se décanterla proposition jusqu ’à laisserexploser sapoésie : «Il resteratoi et moi l ’espace leslangueset un bol de pêches.»
Vibrations. Mais c ’est l ’extraordinaire finale quiachève d ’emporter, nous embarquant dans un empilement de siècles par la simplegrâce de sons, de gestuelles,de fragments de phrases etd ’un peu d ’accessoirisation.Nina Santés bourdonne desvibrations au micro, CéliaGondol évoque les 13,7milliards d ’années de la planète(«au départ on nesait pas, audépart on ne sait pas. ..») puisle numéro s’affole, l ’effroi estlisible sur le visage de Santéslancée dans une folle accélération, le monde court à saperte, jusqu ’à ce qu ’en fin sedéploie, au-dessus des têtesdes spectateurs, un grandrouleau imprimé de paysagesgéologiques, nous faisantphysiquement éprouver notre histoire: un envoûtantconcentréréde créativitééativitélo-fi.i.concent de cr lo-f
ÉLISABETHFRANCK-DUMAS
Envoyée spéciale à Avignon
A LEAF de CÉLIA GONDOLet NINA SANTESLes Hivernales-CDCNd ’Avignon, 84).Jusqu ’au 8 juillet.Rens.: www.hivernales-avignon.com
Tous droits de reproduction réservés
PAYS : France PAGE(S) : 27SURFACE : 43 %PERIODICITE : Quotidien
DIFFUSION : 101616JOURNALISTE : Élisabeth Franck…
8 juillet 2019 - N°11848