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Frères N° 8 Bien Aimés 26 septembre 2002 _________________________________________________________________________ Thème de la réunion : « l'accolade» Pour cette réunion de rentrée, le sujet n'était pas facile. Peu de commentaires en ce qui concerne les rituels, voire même les "consultables" traditionnels (Boucher, Wirth, Bayard…), mais une certitude… quelle que soit l'Obédience à laquelle nous puissions appartenir, les mêmes gestes qui témoignent d'une origine commune se perdant certainement dans la nuit des temps. Que pouvaient-ils signifier, que signifient-ils encore pour nous ? L'accolade Que l'on remonte aux plus anciennes sociétés, l'accolade a toujours été un signe de bienvenue ou de départ. Dans la tradition Basque, elle est toujours accompagnée du mot AGUR, signifiant "bonjour ou au revoir", mais serait plutôt du style "Salut et fraternité, ou Va et porte-toi bien". Elle se donne du bras droit sur l'épaule gauche en signe d'amitié, du bras droit sur l'épaule gauche en tenant le poignet droit avec la main gauche (entre hommes) en signe d'accueil et de bienvenue. Cette habitude remonte très en arrière, du temps où le coup de dague était facile et que l'on ne recevait pas que des amis. Elle se donnait des deux mains sur les deux épaules en signe d'Amour et de fraternité, lorsque l'on offrait entièrement son âme et son corps. Chez le Indiens d'Amérique, la tradition de l'accolade était aussi significative, de la main droite sur l'épaule gauche. Elle était donnée par les guerriers et chasseurs de la tribu aux néophytes partant prouver leurs valeurs guerrières dans les épreuves d'initiation.

FBA 8 L'accolade

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26 septembre 2002 _________________________________________________________________________ N° 8 L'accolade Chez le Indiens d'Amérique, la tradition de l'accolade était aussi significative, de la main droite sur l'épaule gauche. Elle était donnée par les guerriers et chasseurs de la tribu aux néophytes partant prouver leurs valeurs guerrières dans les épreuves d'initiation. Thème de la réunion : « l'accolade»

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Frères N° 8

Bien Aimés

26 septembre 2002 _________________________________________________________________________ Thème de la réunion : « l'accolade»

Pour cette réunion de rentrée, le sujet n'était pas facile. Peu de commentaires en ce qui concerne les rituels, voire même les "consultables" traditionnels (Boucher, Wirth, Bayard…), mais une certitude… quelle que soit l'Obédience à laquelle nous puissions appartenir, les mêmes gestes qui témoignent d'une origine commune se perdant certainement dans la nuit des temps. Que pouvaient-ils signifier, que signifient-ils encore pour nous ?

L'accolade Que l'on remonte aux plus anciennes sociétés, l'accolade a toujours été un signe

de bienvenue ou de départ.

Dans la tradition Basque, elle est toujours accompagnée du mot AGUR, signifiant

"bonjour ou au revoir", mais serait plutôt du style "Salut et fraternité, ou Va et

porte-toi bien".

Elle se donne du bras droit sur l'épaule gauche en signe d'amitié, du bras droit

sur l'épaule gauche en tenant le poignet droit avec la main gauche (entre

hommes) en signe d'accueil et de bienvenue.

Cette habitude remonte très en arrière, du temps où le coup de dague était

facile et que l'on ne recevait pas que des amis.

Elle se donnait des deux mains sur les deux épaules en signe d'Amour et de

fraternité, lorsque l'on offrait entièrement son âme et son corps.

Chez le Indiens d'Amérique, la tradition de l'accolade était aussi significative,

de la main droite sur l'épaule gauche. Elle était donnée par les guerriers et

chasseurs de la tribu aux néophytes partant prouver leurs valeurs guerrières

dans les épreuves d'initiation.

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Elle était aussi le signe de bienvenue donné aux étrangers de la tribu par le Chef.

L'accolade à deux mains sur les deux épaules était le signe de réception du

nouveau guerrier chasseur ayant subi et réussi les épreuves initiatiques imposées

par le Chaman et le Chef de la tribu.

La grande majorité, voire la totalité des tribus européennes (Gaulois, Celtes,

Romains, Goths, Vikings, etc...), avaient cette tradition d'accueil de la main

droite sur épaule gauche.

La main droite étant traditionnellement la main armée, nul ne pouvait se montrer

hostile dans cette position.

Ce n'est que bien plus tard que l'accolade évoluera avec la chevalerie, passant

d'une tape sur l'épaule à trois tapes.

Ce salut fraternel des chevaliers entre pairs se faisait déganté et rappelait leur

adoubement, lorsqu'ils avaient été touchés par trois fois par l'épée nue.

Je n'ai pu retrouver l'origine de cette pratique, mais les premiers récits qui en

parlent sont ceux de la Table Ronde et des Chevaliers Teutoniques.

Les Templiers ajoutaient à cette accolade une embrassade, telle que nous la

pratiquons. Est-ce cette pratique et le fait qu'ils allaient par deux à cheval qui,

lors de leur procès, les fit accuser de pratiques contre nature ? Je ne sais.

Cette cérémonie de l'adoubement, au cours de laquelle était armé le chevalier,

avec la remise par le parrain de l'épée, du heaume et du haubert (longue côte de

mailles), ainsi que des éperons, était suivie d'un coup sur la nuque: la colée.

Cette cérémonie d'abord "laïque", entre chevaliers seulement, prit au cours du

XIIème siècle une coloration très religieuse, avec jeûne, bain rituel, veillée

d'armes, bénédiction de l'épée et messe solennelle.

La pratique de l'adoubement perdit de sa vigueur dans les siècles suivants.

Le dernier récit de l'adoubement d'un chevalier sur le champ de bataille remonte

à François Ier qui fut fait chevalier en 1515 par Bayard, le "chevalier sans peur

et sans reproches" sur le champ de bataille de Marignan.

C'est vers les XIIème et XIVème siècles, dès la fin du Moyen-Âge, que la colée

se transforme, par le fait du rite religieux, en accolade donnée du plat de l'épée

sur l'épaule du chevalier, se triplant pour rappeler la trilogie de l'Eglise.

J.F. L.

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L'accolade

Instruction au premier degré: Demande : Etes-vous Franc-maçon ?

Réponse : Mes frères me reconnaissent pour tel.

Si les mots, les signes et les attouchements permettent aux francs-maçons de

faire reconnaître le grade auquel ils appartiennent, il est un geste de

reconnaissance mutuelle qui s'échange généralement à couvert, indépendamment

du grade auquel ils appartiennent : trois coups frappés sur l'épaule gauche du

Frère, avec la main droite, suivis d'une triple accolade en commençant sur la

joue droite, puis la joue gauche et enfin sur la joue droite.

Peu de documents maçonniques en donnent la signification, encore moins l'origine

possible. Pour chacun d'entre nous, elle rappelle le geste du vénérable qui lors du

rite de réception répète un geste de chevalerie, en plaçant de la main gauche

l'épée flamboyante successivement sur l'épaule gauche puis l'épaule droite, et

enfin sur la tête du néophyte. Muni d'un maillet dans la main droite, il en frappe

la lame par trois fois en disant…"Je vous crée….reçois….et constitue…Apprenti

Franc-maçon".

On ne peut alors que penser à la

Vertu créative de cette épée

flamboyante,

transmettant du vénérable au néophyte une

force, une énergie qui le transforme en initié.

Les vibrations de la lame heurtée par le maillet

font résonner ensemble les trois séphiroth

supérieures ( binah, hokhmah et keter) afin de

coordonner intelligence, sagesse et le "je suis"

primordial.

Il est à remarquer que, selon la tradition de la

kabbale, le Premier Homme (l'Homme céleste,

Nature parfaite ou essentielle), appelé Adam

Kadmon, fut créé à partir de l'Arbre

séphirotique. Il était un reflet de Dieu,

contenant tout ce qui était nécessaire pour que

Dieu puisse se voir en lui.

Il est généralement représenté de dos,

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et parfois pourvu d'une onzième séphira spécifiquement humaine,

Daat (la Science, la Connaissance), reliée à l'Intelligence et à la Sagesse.

Daat est située à la nuque de l'Adam Kadmon.

XXX

Cela nous ramène à l'origine possible de l'accolade, telle qu'elle fut appliquée

lors de l'adoubement des chevaliers.

Là encore, peu de textes précis, hormis ceux du Moyen Age.

Dès l'âge de 7 ans, le jeune enfant se met au service d'un seigneur (souvent celui

qui sera son parrain) et il apprend le métier des armes; en même temps il reçoit

une éducation religieuse; d'abord page, puis écuyer, il se perfectionne pendant

quelques années.

Puis, à l'âge de 18 ans, au cours de la cérémonie de l'adoubement, il reçoit des

mains de son parrain son équipement de chevalier et il s'engage à respecter les

règles de la chevalerie. Le seigneur se baisse et lui chausse l'éperon droit,

comme la coutume le voulait de qui adoubait un chevalier. Les écuyers sont

nombreux tout autour : chacun se presse pour l'armer. Le seigneur prend l'épée,

la lui ceint et lui donne l'accolade.

"En vous remettant l'épée, lui dit-il, je vous confère l'ordre de

chevalerie, qui ne souffre aucune bassesse. Beau frère, souvenez-

vous qu'au combat, si votre adversaire vaincu demande grâce, vous

devez l'écouter et ne pas le tuer sciemment. S'il vous arrive de

trouver dans la détresse, homme ou femme, dame ou demoiselle,

conseillez-les. Vous ferez bien. Enfin, recommandation très

importante, allez volontiers à église prier Dieu qu'il ait pitié de votre âme et qu'il vous garde comme son fidèle chrétien".

D'après Chrétien de Troyes, Perceval, 12°

siècle.

Le seigneur alors fait sur lui le signe de la croix.

En fait, l'adoubement consistait à conférer le titre de chevalier.

Adouber vient d'un mot francique ( dubban ) qui signifie frapper.

Au XIème siècle, c'était une cérémonie très simple, qui pouvait se passer sans

témoin. Muni du heaume, du haubert, de l'épée et des éperons dorés, le chevalier

recevait de son parrain la colée, violent coup de la paume de la main sur la nuque,

à laquelle se substitua plus tard l' accolade.

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L'adoubement devient au XIIe siècle un sacrement qu'administre l'évêque et qui

comprend le jeûne, le bain symbolique, la veillée d'armes, la bénédiction de

l'épée, suivis d'une grand-messe.

Le texte le plus ancien pouvant induire une forme primitive de ce rite initiatique

est écrit par Tacite, qui rappelle le don du bouclier et de la framée fait par les

Germains au futur guerrier

L'adoubement ne prend le sens de cérémonie qu'à la fin du XIIème siècle

remplaçant progressivement celui de simple remise d'armes. Jean Flori note

qu'avant 1180, dans les chansons de geste, adouber signifie exclusivement

armer. De son étude, il ressort que Chrétien de Troyes est le premier à

différencier les deux verbes et à rapprocher adober de " faire chevalier ".

Le premier geste de l'adoubeur est de chausser le récipiendaire de l'éperon droit.

Ensuite l'officiant ceint le valet de l'épée et soit le baise soit lui donne la colée :

"et li preudom l'espee a prise, 1632

si li çainst et si le baisa," 1633 Perceval

"l'esperon destre et çaint l'espee 9185

et si lor dona la colee." 9186 Perceval

Aucune chanson de geste ne mentionne ce geste qui est décrit dans les textes à

partir de la fin du XIIème siècle. Dans le cas présent il doit se concrétiser par

un coup de poing sur la nuque, dont les interprétations sont multiples et sujettes

à polémique.

Ce que l'on peut en dire, c'est qu'il est le seul coup que le nouveau chevalier doit

recevoir sans le rendre: c'est la colée, ou la paumée s'il est porté avec la paume

de la main.

S'agit-il d’une ultime épreuve de force pour celui qui prétend entrer en

chevalerie, ou bien d’un moyen de graver dans sa mémoire les promesses qu'il a

faites ? Toujours est-il que ce geste, d'une extrême brutalité conférait à

l’écuyer les droits et les devoirs sacrés du chevalier.

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En 1167, Guillaume le Maréchal était âgé de plus de 20 ans et Guillaume de Tancarville, son cousin germain et chambellan du roi d'Angleterre Henri II Plantagenêt décida de l'adouber. Il entretenait un fort château et comptait 94 chevaliers sous sa bannière.

La remise des armes fut assortie d'une déclaration de caractère éthique, suivie d'un coup sur la nuque, du plat de la main, appelée " colée " ou " paumée ".

Le coup du plat de l'épée sur l'épaule arriva seulement au XIVe siècle.

XXX

En 1275, Raymond Lulle écrit un véritable traité sur la chevalerie, intitulé "Le

Livre de l'ordre de chevalerie".

" L'écuyer doit s'agenouiller devant l'autel, lever ses yeux corporels et spirituels vers Dieu, ainsi que ses mains. Le chevalier doit lui ceindre l'épée pour signifier chasteté et justice. Et pour signifier la charité, il doit baiser l'écuyer et lui donner la colée, afin qu'il se souvienne de ce qu'il promet, de la grande charge pour laquelle il s'engage et du grand honneur qu'il acquiert par l'ordre de chevalerie."

Si d'une manière générale la paumée semble avoir disparu vers le XIVème siècle

en France, elle était toujours de mise à cette époque en Angleterre.

L'adoubement d'Edouard, Prince de Galles, dit le Prince Noir, en 1346, en fait

foi.

Parmi les valeureux écuyers qui devaient recevoir les armes se trouvait le prince de Galles.

L'état de guerre les dispensa de la veillée. Il y eut fort bel office en l'église située comme dit ci avant, au cours duquel ils reçurent la très-sainte communion et furent leurs épées bénies. Le prince Édouard avait revêtu son haubert. Le roi lui remit son glaive dans son baudrier et les éperons d'or, lui commanda d'être preux et aimer Dieu, lui assena la colée. Il fut alors ceint de la dague de miséricorde. Aussi le roi arma Guillaume de Montaigu et Roger Mortemer, Guillaume de Roos, Roger de la Ware, Richard de la Vere. Le jeune prince chevalier voulut adouber lui-même ses autres compagnons.

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Dans un manuscrit daté de 1358, relatant la vie de Hugues Capet, sous forme

d'une chanson de 6.360 vers, il y est relaté que c'est Marie, fille de la reine

Blanchefleur, qui lui donne la colée et que la reine lui donne le duché d'Orléans.

On peut supposer qu'il s'agissait de la colée avec le plat de l'épée.

Un roman français du XVIème siècle (1541) intitulé "Le Chevalier Doré et de la

pucelle surnommée Cœur d'Acier" semble être le dernier à en parler:

Il rencontra un chevalier armé de noires armes; le damoiseau s'approcha de lui et lui dit:" Sire chevalier, je vous prie de vouloir me ceindre de mon épée et chausser de mes éperons dorés, car j'espère que je serai aussitôt chevalier si je puis." Le chevalier lui dit:" Sire écuyer, remettez-moi vos éperons et l'épée." Il les lui donna et incontinent il lui ceignit son épée et lui chaussa les éperons, puis il lui dit:" Mais maintenant il vous faut la colée."

"Sire, dit le damoiseau, je prétends la recevoir du plus preux homme du monde." ….

Il chevaucha tant qu'il vit en une prairie quatre chevaliers armés à pied et un autre chevalier qui armait trois damoiseaux. Il pensa que là était bien le prud'homme. Il descendit de son cheval et s'approcha au milieu des trois damoiseaux qui étaient là pour être armés chevaliers. Il mit son cou sous la paume de la main du roi, qu'il avait levée haut pour donner la colée à son fils, et le roi en asséna une telle colée que toute la place en retentit, en disant:" Chevalier, soyez preux et loyal"….

XXX

Dans les "Mémoires sur la chevalerie", la formule que prononçait le seigneur

adoubeur était:" Au nom de Dieu, de saint Michel et de saint Georges, je te fais chevalier" et il ajoutait parfois: " Soyez preux, hardi et loyal".

Quelle(s) signification(s) est-il possible de donner à ce coup de poing ou à cette

paumée ?

Est-ce pour vérifier la vigueur de l'adoubé? Ou pour qu'il garde le souvenir de

cette journée mémorable? Ou pour que les qualités de l'adoubeur passent à

l'adoubé au cours de ce contact charnel ?

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Le rituel de "bénédiction du nouveau chevalier" (XIIIe siècle) ne peut être

attribué à aucun ordre de chevalerie en particulier. Le rituel qui suit,

correspondant à l'adoubement, en mode ecclésiastique, du nouveau chevalier, fait

partie du premier livre, chap. XXVIII du Pontifical de Guillaume Durand, évêque

de Mende, canoniste et curialiste, qui rédigea un recueil de rituels et textes

liturgiques divers (ce Pontifical est considéré comme un miroir idéal de la

chrétienté au Moyen âge.

10- Cela fait, le pontife, distinguant ce nouveau chevalier à son caractère militaire, lui

donne le baiser de la paix en disant:

" Sois un soldat pacifique, actif, fidèle et soumis à Dieu ."

11- Puis il lui donne un léger soufflet en disant:

"Réveille-toi du sommeil du mal, et sois vigilant dans la foi en Christ et dans une

réputation louangeuse ". "Amen

Sur le plan ecclésiastique, ce soufflet correspond à celui du sacrement de la

"confirmation".

Il s'agit par ce geste de faire mourir le vieil homme afin de le faire renaître en

une vie de foi consacrée à la Vertu. C'est le propre de toute initiation, même

lorsque les gestes ont perdu toute signification pour ceux qui les font, d'une

manière plus automatique que rituelle, parce qu'ils les ont vu faire et se

souviennent du "comment" sans plus s'inquiéter du "pourquoi".

XXX

Il se peut que des ethnologues modernes nous remettent sur le chemin de ce

"pourquoi", en nous décrivant les pratiques de tribus ou d'ethnies qui en ont

conservé la connaissance et la transmettent fidèlement à ceux qu'ils en jugent

dignes.

Carlos Castaneda nous décrit, dans "Le Feu du dedans", la manière dont le sorcier

Yaki donne un coup au néophyte pour déplacer son "point d'assemblage". Il s'agit

du "coup du nagual".

Mais qu'est ce point d'assemblage? Quelques phrases simples peuvent en donner

une idée.

1. L'Univers est une agglomération infinie de champs d'énergie.

2. Ces champs d'énergie, rayonnent à partir d'une source aux proportions inimaginables appelée métaphoriquement l'Aigle.

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3. Les êtres humains sont également constitués par un nombre incalculable de ces mêmes champs d'énergie. Ces émanations forment une agglomération fermée qui se présente comme une boule de lumière.

4. Seul un tout petit groupe de champs d'énergie situés dans cette boule lumineuse est éclairé par un point d'une brillance intense qui se trouve sur la surface de la boule.

5. La perception se produit lorsque les champs d'énergie de ce petit groupe, qui entoure de très près le point de brillance, projettent leur lumière de façon à illuminer des champs d'énergie identiques se trouvant en dehors de la boule. Comme les seuls champs d'énergie perceptibles sont ceux qui sont éclairés par le point de brillance, on appelle ce point le ‘ point où la perception s'assemble ’ ou simplement le ‘ point d'assemblage ’.

6. Le point d'assemblage peut se déplacer [...] vers une autre position, que ce soit à la surface, ou vers l'intérieur. Comme la brillance du point d'assemblage peut éclairer n'importe quel champ d'énergie avec lequel il entre en contact, il fait immédiatement briller de nouveaux champs d'énergie et les rend perceptibles lorsqu'il s'est déplacé vers une position nouvelle. Cette perception est appelée voir.

7. Quand le point d'assemblage bouge, il permet la perception d'un monde tout à fait différent – aussi objectif et aussi réel que celui que nous percevons en temps normal. Les sorciers vont dans cet autre monde pour y trouver de l'énergie, de la puissance, des solutions à des problèmes généraux ou particuliers, ou pour affronter l'inimaginable.

8. L'intention est la force universelle qui nous fait percevoir. Nous ne devenons pas conscients parce que nous percevons; en fait, nous percevons à cause de la pression et de l'intrusion de l'intention.

Il existe de nombreux moyens de déplacer ce point d'assemblage:

(Don Juan :) " C'est le dialogue intérieur qui maintient le point d'assemblage fixé à sa position d'origine. Une fois que l'on est parvenu au silence, tout est possible. " Le feu du dedans, p.130

(Don Juan :) " Lorsqu'on nous a enseigné à nous parler à nous-mêmes, on nous a enseigné les moyens de nous engourdir de façon à maintenir le point d'assemblage fixé à un seul endroit. " Le feu du dedans, p.145

(Don Juan :) " Le mirage n'est pas dans la solidité du monde, le mirage est dans la fixation du point d'assemblage sur un endroit, quel qu'il soit. Quand les voyants déplacent leur point d'assemblage, ils ne sont pas confrontés à une illusion, ils sont confrontés à un autre monde; ce monde nouveau est aussi réel que celui que nous sommes en train de contempler maintenant, mais la nouvelle fixation de leur point

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d'assemblage, qui engendre ce monde nouveau, est, au même titre que l'ancienne fixation, un mirage. " Le feu du dedans, p.266

Le "coup du nagual" est un coup donné derrière la nuque, qui va aider le néophyte

à prendre conscience que la réalité n'est pas "une et immuable".

XXX

Dans la relation d'une séance chamanique dans le Gilgit, on force le "bitan" à

inhaler l'âcre fumée de genévrier, On lui met un linge sur la tête et on le

maintient courbé au-dessus de la fumée en le tenant par la nuque.

" Il a respiré fortement, comme pour une inhalation. Son buste a commencé à être secoué d'un côté et de l'autre, agité de soubresauts de plus en plus forts… Le "daiyal" a commencé par reculer à pas incertains, puis sur le bord de l'aire, il regarda devant lui: un regard égaré, en direction des arbres autour…"

V. Lièvre, J.Y. Loude In (Le chamanisme des Kalash du Pakistan)

Il précisera plus tard que les fées, "rachi", s'installent dans les branches…

XXX

Mircea Eliade, dans son livre sur "Le chamanisme et les techniques archaïques de

l'extase", précise:

Les chamans, à l'égal des trépassés, ont un pont à

traverser au cours de leur voyage aux Enfers. Comme la mort, l'extase

implique une "mutation", que le mythe traduit plastiquement par un

passage périlleux… Ce symbolisme est solidaire, d'une part, du mythe

d'un pont (ou d'un arbre, d'une liane, etc…) qui reliait autrefois la

Terre avec le Ciel, et grâce auquel les humains communiquaient sans

peine avec les dieux…D'autre part, il est solidaire du symbolisme

initiatique de la "porte étroite" ou d'un "passage paradoxal"…On a

affaire à un complexe mythologique dont les principaux éléments

constitutifs seraient les suivants: a) in illo tempore, aux temps

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paradisiaques de l'humanité, un pont reliait la Terre au Ciel, et on

passait d'un point à l'autre sans rencontrer d'obstacles, parce qu'il n'y

avait pas la mort; b) Une fois interrompues les communications faciles entre Terre et Ciel, on ne passa plus sur le pont qu'"en esprit", c'est-

à-dire en tant que mort ou en extase; c) Ce passage est difficile, en

d'autres termes il est semé d'obstacles et toutes les âmes n'arrivent

pas à le traverser; il faut affronter les démons et les monstres qui

voudraient dévorer l'âme, ou encore le pont devient étroit comme une

lame de rasoir au passage des impies, etc…: seuls les "bons", et

particulièrement les initiés, traversent facilement le pont (ces derniers

connaissent en quelque sorte le chemin, puisqu'ils ont subi la mort et la

résurrection rituelle); d) certains privilégiés réussissent néanmoins à le

traverser de leur vivant, soit en extase, comme les chamans, soit "de

force", comme certains héros, soit "paradoxalement" par la "sagesse ou

par l'initiation"…

Pour terminer, il faut citer Gérard de Sorval, qui écrit dans son livre sur "La

Marelle, ou les sept marches du paradis":

(La deuxième) case (du jeu de l'Oye) représente un donjon circulaire,

sans ouverture apparente, au milieu d'une enceinte fortifiée en ruine et

environnée d'éclairs. Sur le sommet du donjon, on remarque une

oriflamme rouge…

Arrive un voyageur qui demande l'hospitalité pour la nuit…Le

guerrier demande donc alors ce qu'il faut faire pour entrer en

chevalerie. Ce que le noble voyageur lui explique, en parlant

du repentir nécessaire, de la purification par le bain, de la

veillée de prière, et des autre rites qui transforment le

soldat brutal en maître spirituel de la Force. La nuit s'écoule,

et sur la requête pressante du châtelain, son hôte dispose

tout pour l'armer à l'aube blanche.

Au point du jour, le guerrier reçoit le coup de la colée qui le

frappe aux épaules et à la nuque. Au même moment, un orage

terrible se déclenche et le château tout entier se trouve environné d'éclairs qui, dans un

fracas d'épouvante, foudroient ses murailles et les abattent. Le noble voyageur a disparu

au premier coup de tonnerre.

Le guerrier se retrouve seul au milieu de ses ruines fumantes, dépouillé de tous ses biens,

et seigneur de l'unique donjon central resté debout, figure de la lance de sa chevalerie.

Pauvreté, premier partage.

Après avoir cherché et demandé, par le coup frappé, le guerrier a reçu l'influx céleste, le

Feu philosophique qui restructure et polarise les énergies de son être en détruisant sa

carapace illusoire. En ouvrant au passant, voyageur vêtu de l'image antérieure et intérieure

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de lui-même, il a découvert et fait descendre le feu d'en haut, l'influx astral, l'esprit de

Dieu qui vient en boules de lumière, étincelantes et tourbillonnantes, activer sa flamme, son

feu central, son désir ardent…

Il reste alors au guerrier à se séparer définitivement du monde profane, à dénouer les

attachements et les affections qui le lient à son terroir, pour se consacrer à nouveau

entièrement à sa quête, qui prend forme maintenant de la chevalerie et qui consiste à

acquérir un cœur de roi.

Nomade, puis sédentaire, il devient chevalier errant en quittant son château. M&ais

pourtant, il semble qu'il demeure dans la salle haute du donjon central, parcourant le monde

tout en restant dans l'intériorité de ce milieu où se trouvent son oratoire et son

laboratoire. Telle apparaît la première matérialisation de l'axe de la spirale sous forme

d'une tour circulaire hermétiquement close au monde de l'extériorité profane, ou de

l'athanor qui couvre et ferme les travaux de l'œuvre.

L'arcane XV du jeu de Tarot figure " Le Diable".

Sa main dressée nous arrête, nous contraignant soit à

renoncer, soit à descendre plus profondément à l'intérieur

de nous-même. Si nous ne le faisons pas, nous courons le

risque de demeurer esclaves de notre instinct de

domination.

Si nous ne parvenons pas à franchir l'épreuve du Diable,

nous sommes promis à la destruction: l'édifice que nous

avons construit sera découronné par la foudre, symbole de

la justice divine. Mais celle-ci, figurée selon les jeux, par

une plume, un panache ou un éclair jaillissant du soleil, est

un châtiment bénéfique et purificateur. Seul le sommet de

notre tour est abattu, et les deux personnages qui sont

jetés à terre, représentant les aspects de nous-même

encore trop tournés vers les réalisations matérielles,

sortent indemnes de l'aventure.

Dans la plupart des jeux, la Maison-Dieu apparaît entourée

de petites boules multicolores tombant du ciel. Ce sont les énergies positives d'origine

céleste, libérées par notre prise de conscience, qui permettront aux bâtisseurs éjectés par

le coup de semonce divin de reprendre leur ouvrage en l'édifiant différemment.

XXX

L'accolade n'est elle donc pour nous qu'un simple signe de reconnaissance

mutuelle ou l'expression d'un rappel permanent de ce à quoi nous nous sommes

engagé par serment lors de nos premiers pas sur le chemin initiatique ?

… A partir de ce jour et dès cet instant…Je répandrai les enseignements que j'aurai reçus…Afin qu'une pleine lumière éclaire la route des Hommes…Et cela sans distinction de classe sociale…De race, de couleur, de religion ou de nation…je m'efforcerai de donner l'exemple de toutes les

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vertus…Sacrifiant par avance tout vain désir d'honneur…Toute ambition, toute vanité…Et cela non par orgueil stérile…Mais dans le seul but d'inspirer à tous le désir de les acquérir…

XXX

Daat, la onzième séphira humaine, représente la science , la connaissance…

Job s'écrie (Jb.15-12): "Je vivais tranquille quand il m'a secoué, saisi par la nuque pour me briser, il a fait de moi sa cible…"

Quelle est le sens de cette brisure ? Ouvrir les yeux de Job sur la réalité, qui ne

se trouve pas dans la vanité des apparences extérieures ? Quelle leçon lui est

donnée, sinon celle de l'ouverture à la véritable connaissance ?

Gardons en mémoire le logion 94 de l'Evangile de Thomas:

Jésus disait: Celui qui cherche trouvera A celui qui frappe à l'intérieur, on ouvrira.

XXX

Lorsque le Vénérable " crée, reçoit et constitue…", il transmet une force, une

énergie au néophyte, mais ce n'est ni un chevalier (tout chevalier pouvait en

adouber un autre), ni un chaman. Il ne peut transmettre de lui-même, et ne peut

le faire que par l'intermédiaire de la Loge.

" …Je dois représenter, au milieu de vous, la "sagesse" qui conçoit, comme vous vous chargerez d'être la "force" qui exécute, et nous aboutirons ainsi à réaliser la "beauté"… C'est en votre nom que je serai appelé à parler et à agir…"

(Rituel d'installation des officiers d'une loge)

Chaque fois que nous donnons l'accolade à un Frère, gardons en mémoire que l'on

a tenté de nous insuffler une énergie qui nous donne la possibilité d'accéder à la

Connaissance. Qu'avons-nous fait de ce pouvoir ?

En quoi notre initiation nous a-t-elle permis de nous transformer? Jusqu'où

sommes-nous descendus en nous-mêmes ? Qu'y avons-nous trouvé ? Quelle est

notre vision "plus réaliste" du monde ? …

G.H.

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Quelques images en bonus

Dans les cérémonies de guérison et d'exorcisme, le malade est placé au centre

du mandala cosmique (bénédiction par la baguette à plume d'aigle pendant une

cérémonie Navajo, Arizona).

" Intronisation de Séthi-Mérenptah . Les fluides sont projetés sur la

nuque."

« Râ est le suprême dispensateur de l’influx du fluide SA.»

Dans les peintures et bas-reliefs le KA est parfois placé

derrière l’individu. Dans cette forme, il appelle les forces

bienfaisantes à la nuque de celui qui est représenté. C’est,

disent les textes, à la nuque donc au cervelet qui centralise

les forces subconscientes que le Ka fait venir " toute

force, toute puissance, toute vie" Celui-ci jouait un rôle

occulte durant la vie d’outre-tombe. Il continuait à

s’intéresser au corps, à lui venir en aide. Ce double est

d’ailleurs représenté dans des scènes relatives aux

nouveau-nés. Sur de nombreux bas-reliefs il est possible

de faire une analogie entre les rituels anciens et le magnétiseur moderne. La main droite charge ou lance le fluide, la

gauche soutient ou dirige. Les rites post-mortem faisaient également l’objet de passes magnétiques permettant de

réactualiser le potentiel vital de la momie. En effet toute vie, à son origine, résulte de vibrations.

« Qu’est donc la vie, sinon l’équilibre dynamique des cellules, l’harmonie de rayonnements multiples qui réagissent les uns

sur les autres. » Lakhowsky

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. " Le pharaon Senousret ou Sésostris premier du nom aspire les parcelles du souffle expirées par Ptah. La nuque est un condensateur du fluide.

« On vit par les souffles », dit le Livre des Morts. En effet, cet agent infuse en toutes choses la vie matérielle. N’oublions pas l’importance des parfums et onguents véhiculés par l’atmosphère. La fleur de Lotus, fleur initiatique par excellence et le parfum puissant qu’elle dégage est un autre symbole des souffles.

. Adoubement

Celui qui va être adoubé

tend les mains au-dessus de

la tête en signe de prière.

Ce n'est qu'au XIVème

siècle que l'on joindra les

mains à hauteur de la

poitrine.

Même séance d'adoubement.

Les mains jointes au-dessus de la tête font penser à

une accolade architecturale

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Elle est originaire d'Orient. C'est la représentation du soleil levant, elle

appartient à la symbolique védique (Veda : livres sacrés de la religion

brahmanique). Elle apparaît en Inde dès le IIIème siècle avant J.-C. L'accolade

bouddhique est intégrée dans l'architecture islamique de l'Inde et, de mosquées

espagnoles en monastères chinois, à travers le monde et le temps, elle s'est

diversifiée se faisant plus ou moins légère, plus ou moins saillante. L'accolade est

une transposition en pierre de la charpente mais c'est aussi la forme rassurante

d'un toit qui met à l'abri.

La prochaine réunion aura lieu le jeudi 24 octobre (si cette date ne dérange

personne…me le faire savoir rapidement).

Le lieu vous sera indiqué ultérieurement. Si Alain est disponible, nous pourrions la

faire chez lui, et envisager (pour les Frères de la Grande Loge des Rites

Confédérés) de voir comment on peut aménager sobrement une pièce qui nous

servirait de Temple.

Thème retenu et proposé à chacun:

En quoi notre initiation nous a-t-elle permis de nous transformer?

Fraternellement à vous…. Gérard