40
LE MAGAZINE DU SYNDICAT DES INDUSTRIES DE MADAGASCAR GRATUIT N° 11 - Sept./Oct. 2011 J’achète Malgache et tous nous y gagnons ! Je consomme Malgache, nous y gagnons ! Mividy ny vita gasy aho, tombony ho antsika rehetra ! Manjifa ny vita gasy aho, tombony ho an’ny rehetra ! VATOVAVY FITOVINANY Manque de ressources pour la promotion de la région ATSIMO ATSINANANA Les produits de rente en régression Régions | ROGER RANAIVOSON, Directeur Général du Groupe Ny Havana Point de vue | MARCHé DES ASSURANCES Faible taux de pénétration

Expansion Madagascar N°11

Embed Size (px)

DESCRIPTION

Le Magazine du Syndicat des Industries de Madagascar (SIM) -----

Citation preview

Page 1: Expansion Madagascar N°11

Le Magazine du Syndicat deS induStrieS de MadagaScar

GRATUIT

n° 11 - Sept./Oct. 2011

J’achète Malgache et tous nous y gagnons !Je consomme Malgache, nous y gagnons !

Mividy ny vita gasy aho, tombony ho antsika rehetra ! Manjifa ny vita gasy aho, tombony ho an’ny rehetra !

VATOVAVY FITOVINANY Manque de ressources pour la promotion de la région

ATSIMO ATSINANANA Les produits de rente en régression

Régions |

ROGeR RANAIVOSON, Directeur Général

du Groupe Ny Havana

Point de vue |

Marché des assurances

Faible taux de pénétration

Page 2: Expansion Madagascar N°11
Page 3: Expansion Madagascar N°11
Page 4: Expansion Madagascar N°11
Page 5: Expansion Madagascar N°11

éditorial . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6 Capital eCo . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8 Marché des assurances | Faible taux de pénétration . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8 poiNt de VUe | . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18 roger raNaiVosoN, directeur général du groupe Ny Havana . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18 régioN | VatoVaVY FitoViNaNY . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22 VatoVaVY FitoViNaNY | Manque de ressources pour la promotion de la région . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22 CoNFitUrerie saiNt JosepH | Un success story en évolution continue . . . . . . 23 apiCUltUre | Une miellerie aux normes européennes en 2012 . . . . . . . . . . . . . . . . 24 Filiere lait | la culture fourragère, un enjeu à développer . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25 MiCroFiNaNCe | très peu de demandes pour la transformation . . . . . . . . . . . . . . . 25 régioN | atsiMo atsiNaNaNa . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27 atsiMo atsiNaNaNa | les produits de rente en régression . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27 eCoNoMie de l’atsiMo atsiNaNaNa | Une chute de 50% pour les cultures de rente . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28 prodUits de reNte | investir malgré tout . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 30 ressoUrCes Forestieres | d’importants potentiels pour l’écotourisme . . . . 31 Filiere laNgoUste | l’avenir est dans le grossissement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 31 oMeF | promouvoir la briquèterie et l’huile de palme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 34

peCHe et artisaNat | pour l’autonomisation des femmes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 36

la Vie dU siM . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 38

tBe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 38

1 bis, Rue Patrice LumumbaAntananarivo - MadagascarTél. : +(261) 20 22 240 07E-mail : [email protected] web : www.sim.mg

Fondateurs Hery Ranaivosoa, Fredy Rajaonera, Laurent Rajaonarivelo, Stéphane Raveloson, Damase Andriamanohisoa, Karim Barday, Francis Rajaobelina, Franck Fohine, Claude Ratefiarisoa

Directeur de publicationClaude Ratefiarisoa

CoordonnatriceLéa Ratsiazo

Ont collaboré à ce numéro- Fanjanarivo Symonette- Felana Lalatiana- Evelyne Fanantenana Rakotomanana

Régie Publicitaire : - Andoniaina Rova RAZAFITSIALONINA- Rindra AMBININTSOA

Maquette : (Hery Lalaina Razafimamonjiraibe)

Impression : Imprimerie NIAG Tél. 22 204 20 - [email protected]

Dépot légal : N°11-Septembre 2011

8

18

le MagaziNe dU sYNdiCat des iNdUstries de MadagasCar

22

sommaire

Page 6: Expansion Madagascar N°11

editO

Mesdames et Messieurs, Chers lecteurs,

Avec Septembre, sonnent les cloches de la rentrée.

Les chanceux sont partis en vacances, les moins chanceux ont été retenus par leurs activités. Les plus à plaindre sont ceux qui du fait de la morosité du climat socio-économique actuel sont en vacances forcées attendant impatiemment une hypothétique rentrée. Cette dernière irait-elle de pair avec la signature de la fameuse ‘’ feuille de route’’ ?

Tels, sœur Anne qui ne voit rien venir, nous avons beau scruter l’horizon, en vain…

En effet, ces deux derniers mois, nous avons fait le tour de quelques partenaires techniques et financiers internationaux. De leur part, et tout au moins dans le court terme, il n’y a rien à attendre en matière de programmes d’appui.

La visite de nos partenaires publics nous a permis de constater qu’ils connaissent sur le bout des doigts les contraintes du monde des affaires, en particulier celles du secteur industriel. Ils paraissent parfaitement conscients des actions à mener pour inverser la tendance et rendre plus favorable cet environnement.

Alors à quand les réformes et leur mise en œuvre?

A entendre les voix qui fusent de partout, il semble que tout dépend une fois encore de la signature de la fameuse ‘’ feuille de route’’.

Comme dossier majeur, nous vous présentons dans ce numéro le secteur des « Assurances », et les régions Atsimo Atsinanana et Vatovavy Fitovinany en rubrique écho régional.

Bonne lecture

Le Comité Directeur

editorial

6 EXPANSION MADAGASCAR - SEPTEMBRE / OCTOBRE 2011 - N°11

editO

Page 7: Expansion Madagascar N°11
Page 8: Expansion Madagascar N°11

8 EXPANSION MADAGASCAR - SEPTEMBRE / OCTOBRE 2011 - N°11

caPitaL ecO

Bien que de petite taille (près de 25 M€), le marché malgache de l’assurance est suscep-tible d’expansion. Selon la dernière étude du Service des Assurances du ministère des Fi-nances et du Budget sur l’assurance à Mada-gascar, le taux de pénétration est encore très faible et n’atteint même pas 1%. L’on enre-gistre même une diminution de ce taux par rapport au Produit intérieur brut (PIB) pen-dant 3 années successives. « Les Malgaches n’ont pas encore la culture de l’assurance, d’où cette faible taux de pénétration. Des efforts doivent être menés par la démystifi-cation », a déclaré le chef de Service des As-surances au sein du ministère des Finances et du Budget. Mise à part cette culture, les divers produits d’assurances restent encore méconnus à Madagascar. Une campagne d’informations s’impose. Les responsables des compagnies d’assurances, notamment le Directeur général de « Ny Havana », ont annoncé que le marché existe, mais il faudra des améliorations comme celle du Code des Assurances qui date de 1999.

Ce secteur est encadré par le Code des Assu-rances de 1999 qui ne s’est concrétisé qu’en 2005 avec l’obtention d’un agrément vie et non-vie pour deux nouvelles Compagnies, en l’occurrence AGF Madagascar - qui de-vient actuellement « Allianz Madagascar » - et « Colina Madagascar ».

Cinq compagnies d’assurances existent à Madagascar dont une mutuelle et quatre sociétés d’assurance. Il s’agit de la Compa-gnie d’Assurances et Réassurances Omni-branches (ARO), la Compagnie malgache d’Assurances et Réassurances «  Ny Hava-na  », la Mutuelle d’Assurances Malagasy

(MAMA), la Colina Madagascar et l’«  Al-lianz Madagascar ». Mises à part ces 5 com-pagnies, une nouvelle demande d’agrément est actuellement enregistrée auprès du mi-nistère des Finances.

en améliorationMalgré ce faible taux de pénétration, l’on enregistre une augmentation des primes d’assurances. En effet, la dernière étude sur le secteur a montré que le marché d’assu-rances a réalisé en 2008 un montant de primes émises de 105,51 millions d’Ariary contre 92,07 millions d’Ariary en 2007 soit une augmentation de 16,7%. Les charges

des sinistres ont augmenté de 49,34% en 2008 par rapport à 2007. Les études effec-tuées par le Service des Assurances au sein du ministère des Finances et du Budget ont également montré une augmentation de 47% des paiements de sinistre. Les incendies ont marqué l’année 2008 dans le secteur des assurances à Madagascar.

Le secteur a connu des résultats financiers positifs même si l’on a enregistré une baisse significative pendant trois années succes-sives. La perte au niveau de la Compagnie d’assurances MAMA a réduit les résultats obtenus.

Marché des assurancesFaible taux de pénétration

Felana Lalatiana

année 2006 2007 2008

prime (en millions d’ ar)

aro 44054 52933 57317,9

NY HaVaNa 20889 23295 27759,38

MaMa 7317,25 7976,78 8504,55

alliaNz 578,22 3077,67 6610,58

ColiNa 6882,49 3836,27 4972,02

total 79721,46 90118,70 105164,40

Ca 81,5 92,07 105,51

piB 11815 13768 16131

taUX de peNetratioN 0,69 0 ,67 0,65

Source : service des assurances, ministère des Finances et du Budget

chiffre en millions d’ariary

2006 2007 2008

résultat net du secteur 8128,98 7588,34 6317,2

perte cumulé MaMa 6140,97 6371,79 5597,28

résultat final 1988,01 1416,55 719,92

Source : ministère des Finances et du Budget, Service des Assurances

Page 9: Expansion Madagascar N°11

9N°11 - SEPTEMBRE / OCTOBRE 2011 - EXPANSION MADAGASCAR

Les compagnies d’assurances, hormis la mutuelle MAMA, ont annoncé des résul-tats satisfaisants. Pour la Compagnie d’As-surances et Réassurances Omni-branches (Aro) le chiffre d’affaires a augmenté de 10% en 2010 avec un résultat net passant de Ar 3 milliards à Ar 5,5 milliards. Pour la Compa-gnie d’assurances « Ny Havana », l’exercice 2010 a été meilleur comparé à celui de 2009.

Les dernières données de la Fédération des Sociétés d’Assurances de droit national africain (PANAF) montrent plus en détail l’amélioration du secteur au niveau des 3 compagnies. Ce tableau montre les émis-sions nettes, les sinistralités, les résultats et marges des ces 3 compagnies.

MicrO-aSSurance agricOLeau PLuS tard en 2012

L’assurance agricole aide à amortir les risques. L’agriculture est, comme chacun le sait, une entreprise à haut risque. Un éven-tail impressionnant de calamités menace les producteurs  : cyclone, sécheresse ou pluies diluviennes, sans oublier les fluctuations des prix et les dégâts des insectes ravageurs et maladies. Il est impossible d’éliminer tota-lement les risques ; mais on peut les réduire. L’assurance sur les cultures, le bétail ou d’autres biens est un instrument efficace de gestion de ces risques. Très répandue dans les pays du Nord, elle est bien moins courante dans l’Hémisphère Sud. L’Afrique ne compte que pour 2% du total des primes d’assurances agricoles. Outre les pertes de récoltes et de bétails, l’absence d’assurance entraîne des répercussions négatives. Les agriculteurs pauvres sont réticents à investir dans de nouvelles cultures ou technologies et ont du mal à obtenir des crédits.

A Madagascar, plus de 70% de la population sont des agriculteurs ; cependant, il n’y a au-cune assurance agricole dans la Grande Ile. Pourtant, selon l’étude menée par l’Institut Mapplecroft, qui a établi la liste des pays les plus exposés aux risques climatiques pour les années à venir, Madagascar figure en 3ème position derrière le Bangladesh (1er) et l’Inde (2nde). Qui dit risque clima-tique dit risque économique et social. Une catastrophe climatique dans un pays comme le nôtre peut se transformer en une catas-trophe humanitaire avec des conséquences très importantes comme la famine et la des-truction du tissu économique et agricole. L’Institut estime qu’il faut 5 ans à un pays pour se remettre des conséquences d’un cyclone dévastateur. Ce classement relate l’importance de l’assurance agricole pour les paysans. En effet, la perte causée par le

nom de la société : allianz Madagascar (ex-agF Madagascar)date de création : 01/01/2006 - capital social : 2 100 000 000 ariary - (Chiffres d’affaires en milliers d’ariary)

emissions nettes

Branche

2006 2007

Primes émises

Primes acquises (Pa)

Primes émises

Primes acquises (Pa)

accidents corporels Maladie automobiles incendie et autres dommages aux biens rC générale transports autres risques

113000

121729296733411539451013304

77520

874622500533392586057

850

313300

8142811120824210050356378428116

282430

6916561054329177989347317402844

total affaire directes 578729 466099 2960979 2702378

acceptation 0 0 0 0

ensemble 578729 466099 20960070 2702378

Sinistralité

Branche

2006 2007

Primes émises

Primes acquises (Pa)

Primes émises

Primes acquises (Pa)

accidents corporels Maladie automobiles incendie et autres dommages aux biens rC générale transports autres risques

2 000 0

40 106 80 852 1 846

16 000 0

25,8% 0

45,9% 32,3%

5,4% 4 18,6%

00

125 364 80 026 4 047

601 604 0

-18,1%7,6%2,3%

173,2%

total affaire directes 140 804 30,2% 811 041 30,0%

acceptation

ensemble 140 804 30,2% 811 041 30,0%

résultats et marge

rubrique 2006 2007 evolution

produits financiers nets 115 910 120 415 3,9%

Commissions 1 905 322 397 16823,7%

Frais généraux 1 009 669 1 357 992 34,5%

résultats d’exploitations nets -495 202 -517 565 -4,5%

Marge réglementaire 100 808 354 495 251,7%

Marge disponible 1 604 798 1 087 235 -32,3%

engagements réglementés 219 198 1 390 013 534,1%

actifs admis 1 626 630 1 514 923 -6,9%

taux de couverture des engagements 742,1% 109,0%

nom de la société : ColinaPays : Madagascar - date de création : 09/08/2005 - capital social : 1 600 040 000 ariary

emissions nettes

Branche

2006 2007

Primes émises

Primes acquises (Pa)

Primes émises

Primes acquises (Pa)

accidents corporels Maladie automobiles incendie et autres dommages aux biens rC générale transports autres risques

10 4701 573

180 707243 582

6 874391 992146 345

28 79111 666

423 463592 038796 966660 720362 193

total affaire directes 981 543 2 875 837

acceptation

ensemble 981 543 2 875 837

p (suite à la page 10)

Page 10: Expansion Madagascar N°11

10 EXPANSION MADAGASCAR - SEPTEMBRE / OCTOBRE 2011 - N°11

changement climatique risque de démotiver ces derniers.

assurance à haut risque, laissée à la charge des compagniesA Madagascar, à la fin des années 80, la Compagnie ARO avait développé une assu-rance agricole permettant de couvrir tous les risques pour les activités agricoles, y compris les risques dus aux catastrophes naturelles. Devant les pertes subies par la société, par manque de prise en charge par l’Etat d’une partie des sinistres et par absence de toute société de réassurance, la Compagnie ARO a cessé de proposer ses produits d’assurance agricole. La Direction générale d’ARO a exprimé la possibilité de soutenir une opération d’assurance montée par un programme et ainsi de partager les risques. Cette opération pourrait être pro-mue au travers des réseaux d’institutions de micro-finance. Toutefois, la Compagnie ARO a exprimé ses doutes sur la pérennité d’un tel système si l’Etat ou d’autres sociétés d’assurances ne jouait pas le rôle de réassu-reur.

En 1986, la Compagnie d’Assurances et de Réassurances «  Ny Havana  » a développé une assurance agricole pour le PC 15 dans l’Alaotra ; et ce, en partenariat avec la Soma-lac. Des stations d’observation et de suivi ont été mises en place au niveau de ce PC 15 pour vérifier les sinistres. Avec la Somalac, les agriculteurs ont adopté les techniques culturales nécessaires. Après la dissolution de la Somalac, la Compagnie d’Assurances et de Réassurances « Ny Havana » s’est éga-lement retirée. En effet, d’après le premier responsable de cette compagnie, on ne peut pas faire des assurances dans des domaines où les techniques culturales ne sont pas respectées. En outre de cela, les différents matériels sur les stations d’observation et de suivi ont disparu ; ce qui a aggravé la situa-tion et conduit la Compagnie « Ny Havana » à maintenir sa décision de retrait.

etude en coursDe nombreuses études conduites par l’Union européenne, la Banque mondiale et d’autres bailleurs sur l’assurance agricole et la micro-assurance sont pour l’instant restées lettre morte. Vu l’importance de l’assurance pour le secteur agricole, le « Programme de Sou-tien aux Pôles de Micro-entreprises rurales et aux Economies régionales  » (Prosprer) mène actuellement des études sur ce sujet. Le programme a mis à disposition un fonds pour la mise en place de la micro-assurance agricole, a déclaré Suzelin Ratohiarijaona, Secrétaire général du ministère de l’Agricul-

caPitaL ecO

Sinistralité

Branche

2006 2007

Primes émises

Primes acquises (Pa)

Primes émises

Primes acquises (Pa)

accidents corporels Maladie automobiles incendie et autres dommages aux biens rC générale transports autres risques

0127

40 531100

04 827 927

0

2 998702

235 517154 922

015 960

0

-18,1%7,6%2,3%

173,2%

total affaire directes 4 868 685 410 100

acceptation 0 0

ensemble 4 868 685 410 100

résultats et marge

rubrique 2006 2007 evolution

produits financiers nets 384 586 341 667 -11,2%

Commissions 31 215 419 568 1244,1%

Frais généraux 865 229 1 029 509 19,0%

résultats d’exploitations nets -73 997 -20 724 -72,0%

Marge réglementaire Nd Nd

Marge disponible 75 849 330 199 335,3%

engagements réglementés 305 229 2 582 781 746,2%

actifs admis 1 926 551 3 295 694 71,1%

taux de couverture des engagements 631,2% 127,6%

nom de la société : assurances et réassurances omni-branches (aro)date de création : 21/12/1975 - capital social : 7 013 300 000 ariary

emissions nettes

Branche

2006 2007

Primes émises

Primes acquises (Pa)

Primes émises

Primes acquises (Pa)

accidents corporels Maladie automobiles incendie et autres dommages aux biens rC générale transports autres risques

1 036 8703 209 2338 983 8349 469 2735 285 0308 628 441

543 361

951 7072 943 9858 555 6419 353 0972 762 5248 306 494

483 044

1 137 2843 306 7619 461 2529 092 748

10 965 3488 972 360

519 868

1 095 6103 257 5529 156 3289 196 0456 701 2739 010 115

526 502

total affaire directes 37 156 042 33 356 492 43 455 623 38 943 425

acceptation 867 999 8 344 455 2 600 216 2 534 722

ensemble 38 024 041 41 700 947 46 055 839 41 478 148

Sinistralité

Branche

2006 2007

Primes émises

Primes acquises (Pa)

Primes émises

Primes acquises (Pa)

accidents corporels Maladie automobiles incendie et autres dommages aux biens rC générale transports autres risques

88 5163 233 3543 001 9952 573 5622 323 3621 489 744

1

9,3%109,8%35,1%27,5%84,1%17,9%

0%

40 7423 058 8663 041 7032 964 729

823 4431 249 107

0

3,7%93,9%33,2%32,2%12,3%13,9%

total affaire directes 12 710 534 38,1% 11 178 590 28,7%

acceptation 73 364 0,9% 786 412 31,0%

ensemble 12 783 898 30,7% 11 965 002 28,8%

p (suite à la page 11)

(suite de la page 9)

p

Page 11: Expansion Madagascar N°11

ture. « Du fait que Madagascar est un pays à haut risque en matière de changement cli-matique et compte tenu de l’importance de l’agriculture dans notre économie, la mise en place d’une assurance agricole demande une volonté politique et doit être soutenue par les bailleurs de fonds et l’Etat », ajoute le SG du ministère de l’Agriculture. Selon ses explications, à part le remboursement des sinistrés, les infrastructures pour l’établis-sement de la situation du sinistre sont très coûteuses.

Soulignons que Prosperer (Fanohanana ny Orinasa iraisan’ny Tantsaha rehetra eny Ambanivohitra ou Fanoitra en malgache) est un programme financé par le Fonds international de Développement agricole (FIDA), en collaboration avec la Fédération des Chambres de Commerce et d’Industrie (FCCI). Le programme a été mis en place pour une durée de sept ans et son démarrage s’est effectué au cours du premier semestre de l’année 2008.

Le programme œuvre pour accroître les revenus de la population rurale à travers la promotion des micro-entreprises rurales (MER) dans les cinq Régions et dix-neuf Districts considérés comme étant encore vulnérables à la pauvreté.

Les zones d’intervention et les bénéficiairesDu fait que c’est le programme Prosperer qui finance la micro-assurance agricole, ses zones d’intervention seront les pre-miers – sinon les seules - bénéficiaires de cette initiative à savoir les deux groupes de Régions limitrophes  : Analamanga et Itasy dans la partie centrale des Hauts-Plateaux autour d’Antananarivo  ; et la Haute-Matsiatra et Vatovavy-Fitovinany correspondant à la partie méridionale des Hauts-Plateaux de l’ex-province de Fianarantsoa  ; ainsi qu’une Région située au nord des Hauts-Plateaux, Sofia. Au sein de chacune des Régions d’intervention, les Districts ciblés sont ceux qui offrent le meilleur potentiel de développement de pôles de micro-entreprises au sein des filières de pro-duction et des clusters d’artisans et de services. Dans l’Analamanga la micro-assurance sera mis en œuvre dans les Districts d’Andramasina, Ambohidra-trimo, Manjakandriana, Antanana-rivo-Atsimondrano, avec une option d’extension possible sur Anjozorobe. Dans l’Itasy, les Districts cibles sont Miarinarivo, Arivonimamo, Soavi-nandriana. Par ailleurs, Ambohima-hasoa, Fianarantsoa, Ambalavao sont

sélectionnés dans la Haute-Matsiatra et Ma-nakara, Mananjary, Ifanadiana et Vohipeno dans la Région Vatovavy-Fitovonany. Enfin, dans la Région Sofia, Antsohihy, Boriziny, Befandriana et Mandritsara seront les bé-néficiaires de la micro-assurance agricole. L’ensemble des 19 Districts sélectionnés correspond à une population totale de plus de 4 millions d’habitants. Les quelques 2,4 millions d’habitants représentant 59% de l’ensemble sont considérés comme pauvres ou démunis, selon les estimations du recen-

sement des Communes en 2001. Le pro-gramme Prosperer cible en tout 346 com-munes, soit environ le quart des Communes existantes à Madagascar.

Comme tout programme de développe-ment, ce ne sont pas tous les habitants de ces Communes qui bénéficieront de la micro-assurance agricole mais seulement les popu-lations cibles de Prosprer. Celui-ci cible en tout 27 500 micro-entreprises rurales (MER) bénéficiaires directes.

résultats et marge

rubrique 2006 2007 evolution

produits financiers nets 10 784 853 8 855 765 -17,9%

Commissions 2 885 345 2 812 543 -2,5%

Frais généraux 9 753 874 10 494 204 7,6%

résultats d’exploitations nets 18 950 411 27 106 751 43,0%

Marge réglementaire Nd Nd

Marge disponible Nd Nd

engagements réglementés 51 429 536 51 429 536

actifs admis 84 979 412 84 979 412

taux de couverture des engagements 165,2% 165,2%

Part de marchéselon une étude faite par le ministère des Finances et du Budget, la Compagnie d’assurances et réassurances omni-branches (aro) reste leader dans le secteur de l’assurance en général. la Mutuelle d’assurance Malagasy (MaMa) domine dans l’assurance non-vie, tandis que la Compagnie d’assurances « Ny Havana » est en tête dans l’assurance vie, selon le tableau qui suit :

assurance non vie

assurance vie

MaMa 51,29%

arO 32,15% 45,52%

ny HaVana 15,47% 53,76%

aLLianz et cOLina

1,09% 0,72%

Part de marché

cie d’assurance Part de marché

arO 54,5%

ny Havana 26,4%

MaMa 8,09%

colina 4,73%

allianz 6,29%

p (suite dela page 10)

Page 12: Expansion Madagascar N°11
Page 13: Expansion Madagascar N°11
Page 14: Expansion Madagascar N°11

14 EXPANSION MADAGASCAR - SEPTEMBRE / OCTOBRE 2011 - N°11

Mécanismes existantsDivers mécanismes sont actuellement à l’étude pour faciliter leur accès à ce mode de gestion du risque. Le coût des catas-trophes naturelles de ces dernières années, la nécessité d’accroître la compétitivité sur un marché libéralisé et l’amélioration des techniques de modélisation des risques ont

eu pour effet d’éveiller l’intérêt pour une as-surance en faveur des agriculteurs pauvres. Les assurances classiques ont leurs limites : des primes élevées, des difficultés logis-tiques à évaluer, les demandes d’indemnisa-tion dans les zones reculées et une clientèle peu familiarisée avec les services financiers. L’émergence de la micro-assurance est donc

particulièrement intéressante pour les pro-ducteurs. Il s’agit d’assurances aux coûts abordables pour les petits agriculteurs, pro-posées par des instituts de micro-finance (IMF), des ONG ou des coopératives. Elles sont moins chères parce que concernant des groupes et sont associées à d’autres produits tels que le crédit ou l’engrais. Dans des lieux

caPitaL ecO

aVenir de L’aSSurance :déPend de La VOLOnté de L’etatMalgré la faible pénétration du taux d’assurance à Madagascar, le développement du secteur dépend en grande partie de la volonté de l’etat. en effet, même si le taux de pénétration est faible, l’on constate une évolution notable dans le secteur. « Même si l’assurance n’est pas une culture malgache, l’on constate que les malgaches sont devenu de plus en plus intéressé par l’assurance » déclare une per-sonne travaillant dans le secteur. Compte tenu que l’assurance est un service qui fournit une prestation lors de la survenance d’un risque, toute personne morale ou physique a besoin d’assurance. la presta-tion est généralement financière en échange de la perception d’une cotisation ou prime. il y a plus de 12 millions d’habitant à Madagascar, ce qui veut dire, que le marché est encore vaste et le secteur a tout a fait la possibilité de se développer.Ce développement ne dépend pas uniquement des compagnies d’assurance mais surtout de l’etat. la mise en place d’un environne-ment favorable à l’investissement y compris l’assurance est du rôle de l’etat. suite à la crise politique, une compagnie a vu augmenter de 100% les règlements du sinistre allant de 32 milliards d’ariary à 79 milliards d’ariary en 2009, ce qui peut fausser les prévisions ou plan de développement de la compagnie. « Malgré cela, nous avons un résultat positif car notre compagnie fait des placements et d’autres activités financière » explique un responsable de cette compagnie. Un autre compagnie d’assurance souhaite à ce qu’il y ait plus de visibilité pour faire la planification.le renouvellement ou mis à jour du code des assurances appartient aussi à l’etat. le code des assurances date de 1999, en l’espace de 12 ans, le secteur a beaucoup évolué, même au niveau international, les textes régissant le secteur a changé. pour bien répondre aux besoins de la population et au besoin du développement des compagnies d’assurance, la mise à jour du code est nécessaire. en attendant cette mise à jour, l’etat doit veiller au respect de ce code et honorer sa part. en effet, l’administration doit être un exemple pour le respect et l’application des textes et loi. or dans certains cas, il ne tient pas son rôle. l’article 16 du décret 2000-986 portant sur la communication des procès verbaux est loin d’être appliqué. Cet article stipule qu’ «  un exemplaire de tout procès verbal relatif à un accident corpo-rel de circulation doit être transmis automatiquement aux assureurs impliqués dans ledit accident par les officiers ou agents de la police judiciaire ayant constaté l’accident. le délai de transmission est de deux mois à compter de la date de l’accident. Faute du respect de ce délai, l’assureur ne peut être tenu pour responsable du retard de l’offre de transaction ». dans la plupart de temps, ce délai de 2 mois n’est pas respecté.Une volonté politique de l’etat est un grand coup de pouce pour le secteur. a Madagascar le pouvoir d’achat est encore faible alors que les produits de l’assurance sont taxés y compris l’assurance à la re-traite qui est assujetti à l’impôt. dans certains secteurs, comme l’agri-culture, où le risque est trop grand, une implication directe de l’etat dans la constitution d’un fonds pour l’assurance est nécessaire. dans

la santé et autres domaines sociales, une contribution de l’etat dans l’assurance permet à la population d’y accéder.

selon les différentes lois et texte sur le secteur, la fédération des sociétés assurances de droit national africaine a compilé la Fiscalité des assurances à Madagascar. le tableau qui sut rassemble les taxes d’enregistrements, les autres taxes, les assurances obligatoires ainsi que les taux de commissions pour les intermédiaires.Cette volonté politique aura aussi des impacts sur le secteur si l’etat prône le nationalisme économique. en effet, l’etat a des grands parts dans les compagnies d’assurances malgaches. Ces compagnies mal-gaches, font de réinvestissement à Madagascar et contribue au déve-loppement économique du pays. d’ailleurs, avec le développement de ces compagnies malgaches, les dividendes augmenteront.

aro : Une solidité financière reconnue

issue de la nationalisation de «la préservatrice Madagascar» en 1975, aro ou assurances réassurances omnibranches demeure le leader incontesté du secteur de l’assurance dans le pays, avec 55% de part de marché en 2010. soit un gain de 2 points par rapport à l’année précédente. Fidèle à sa politique de qualité et d’innovation, la Com-pagnie a su surmonter les effets de la crise et affiche une solidité financière stable.

société anonyme au capital social de 7 milliards d’ariary, aro a réa-lisé en 2010 un chiffre d’affaires de 61 milliards d’ariary, avec un résultat net de 5 525 millions d’ariary contre 3 013 millions d’ariary en 2009. elle dispose en outre d’une marge de solvabilité de 16,1 fois le minimum réglementaire. autant d’indicateurs qui confirment la bonne santé financière de ce numéro 1 de l’’assurance, ainsi que sa forte ca-pacité à honorer à tout moment ses engagements envers ses clients.soulignons que l’etat malgache est actionnaire majoritaire dans la Com-pagnie aro avec 73,35%, suivi du personnel de la Compagnie avec 16,83%, de diverses sociétés (9,62%) et autres porteurs (0,19%).

la Compagnie d’assurances aro propose plusieurs produits à l’endroit des industriels du pays, dont l’assurance multirisques. Cette assu-rance permet de se prémunir contre les risques majeurs qui peuvent affecter le patrimoine des entreprises. elle couvre plusieurs préju-dices à savoir les dommages et pertes matériels, les frais et pertes pécuniaires consécutifs aux dommages matériels ainsi que les res-ponsabilités encourues à la suite des évènements prenant naissance dans l’établissement. dans ce produit, l’assurance couvre l’incendie et risques annexes, les risques spéciaux, les grèves ou mouvements populaires, les évène-ments climatiques, les événements naturels, les vols y compris les viols des valeurs, les dégâts des eaux et le bris de glaces. Bref, une assurance multirisque qui permet d’entreprendre en toute sérénité.

Page 15: Expansion Madagascar N°11

reculés où les producteurs sont très disper-sés, le regroupement des assureurs, selon un mécanisme de pooling, peut permettre de faire baisser les primes.

En Inde, le secteur privé fournit déjà une mi-cro-couverture pour les cultures et le bétail, la santé et les biens. Dans un projet pion-nier, l’IMF locale BASIX s’est appuyée sur son réseau pour fournir la micro-assurance et a réassuré son portefeuille chez ICICI Lombard. Au Malawi, l’ONG « Opportuni-ty International » s’est associée à la Banque mondiale pour assurer les producteurs d’arachides contre les risques climatiques.

Dans le cadre du Programme des produits agricoles de base « Tous ACP », financé par l’UE (45 millions €), la FAO, le Groupe de tra-vail de la Banque mondiale sur la gestion des risques liés à ces produits et d’autres organi-sations analysent la gestion du risque en agri-culture. Le projet couvre l’Ethiopie, Mada-gascar, le Malawi, l’Ouganda et la Tanzanie.

D’après Piero Conforti, économiste à la FAO, «  l’assurance agricole peut aider les petits agriculteurs à réduire les risques encourus et à améliorer leurs revenus  ; mais elle peut entraîner de gros frais de transaction. L’assu-rance à coupons est une manière de réduire ces frais ». Contrairement aux polices d’assu-rance qui exigent des preuves des dégâts, les polices à coupons utilisent des critères mé-téorologiques pour déclencher l’indemnisa-tion - une température minimum, un volume de précipitations ou une certaine vitesse du vent. L’assuré reçoit un coupon d’une valeur monétaire fixe qui lui sera versée si l’événe-ment climatique se produit.

Cette assurance a l’avantage d’être simple, souple et de faible coût administratif, puisqu’il n’est nul besoin de vérifier les pertes.

Bien que considérée comme la formule la plus prometteuse, l’assurance à coupons a des inconvénients. Un paiement peut ne pas suffire pour indemniser les pertes des agri-culteurs ou au contraire dépasser la valeur réelle des dommages. Le système suppose également des informations et modèles cli-matiques fiables. Selon un récent rapport, il est possible d’offrir une micro-assurance climatique aux petits agriculteurs d’Afrique du Sud, car ce pays dispose d’un réseau assez sophistiqué de stations météorologiques. Mais de nombreux autres pays auront besoin de gros investissements. De plus, le chan-gement climatique donne la migraine aux modélisateurs et aux statisticiens, car les valeurs climatiques tendancielles perdent de leur fiabilité.

cOntrOLe deS aSSuranceSretrait de L’agreMent cOMMe SanctiOn SuPreMe

Personne n’est à l’abri des risques. Accident de voiture, vol ou un incendie sont autant d’impondérables qui peuvent frapper n’im-porte qui n’importe quand, malgré toutes les précautions prises pour la prévention. Les risques peuvent affecter une ou plu-sieurs personnes. Souscrire à une assu-rance permet de mieux gérer les impacts de ces risques. L’assurance offre à celui qui la contracte plusieurs avantages qui le mettent à l’abri. L’assurance facilite l’accès à la pro-priété en offrant les garanties exigées par les prêteurs hypothécaires ; permet de mainte-

nir le niveau de vie en cas d’invalidité ou de maladie grave  ; contribue à réduire le coût des médicaments des ordonnances, des soins dentaires, des soins de la vue et des autres soins médicaux couverts  ; assure la subsistance de vos proches en cas de décès ; permet de mieux gérer le risque associé à l’exploitation d’une entreprise… En un mot, l’assurance tient une place importante dans la vie de tout être humain.

A Madagascar, c’est le code des assurances de 1999 qui régit le secteur, ainsi que diffé-rents lois et textes. Les lois qui régissent le secteur sont :• Ordonnance N°1988-006 du 29 avril 1988

autorisant l’adhésion de Madagascar à

Page 16: Expansion Madagascar N°11

16 EXPANSION MADAGASCAR - SEPTEMBRE / OCTOBRE 2011 - N°11

l’Accord portant création de la Société africaine de Réassurance (AFRICARE), adopté le 24 février 1976 à Yaoundé.

• LoiN°1999-013du2août1999 portant Code des Assurances applicable à Madagascar

• Décret N°2000-986 relatif aux opérations d’assurances.

• DécretN°2001-1120 relatif au contrôle de l’Etat et le cadre institutionnel du secteur des assurances. Décret N°2001-1121 rela-tif aux régimes juridique et financier des entreprises d’assurance.

• LoiN°2004-024du3 septembre2004 auto-

risant la ratification de l’Accord portant création de l’Agence pour l’Assurance du Commerce en Afrique (ACA).

• Décret N°2004-853 du 8 septembre 2004 portant ratification de l’Accord portant création de l’Agence pour l’Assurance du Commerce en Afrique (ACA).

• Arrêté N°2004-9620 précisant la défini-tion et les modalités d’application de la catégorie 23 de la branche Vie et Capita-lisation prévue au décret 2001-1120 du 28 décembre 2001.

• Arrêté N°16280-2004 fixant les modalités

d’application du décret N°2000/986 du 20 décembre 2000 relatif aux opérations d’assurances.

• DécretN°2005-088 relatif aux agents géné-raux, courtiers et autres intermédiaires d’assurance.

• Arrêté N°12590/06 MEFB/SG/DGT/DOF/ASS portant application du Décret N°2005/088 du 15 février 2005 relatif aux agents généraux, courtiers et autres inter-médiaires d’assurance.

• DécretN°2007-152 portant Approbation du Plan Comptable des Assurances (PCAss).

caPitaL ecO

LeS OPératiOnS d’aSSurance : diViSéeS en deux grandeS PartieS

Selon ces textes et lois, les opérations d’as-surance sont classées par branches, elles-mêmes subdivisées en catégories de la ma-nière suivante : branche non-vie (IARDT) et assurance vie.

La première est composée de plusieurs caté-gories dont la première concerne les acci-dents, y compris les accidents du travail et les maladies professionnelles. Dans cette catégorie, il y a les prestations forfaitaires, les prestations indemnitaires, les combinaisons, les personnes transportées. Catégorie 2 : englobe les maladies et com-prend les prestations forfaitaires, les presta-tions indemnitaires, les combinaisons…Catégorie 3  : corps de véhicules terrestres (autres que ferroviaires) pour les dommages subi par :

a) véhicules terrestres à moteurs b) véhicules terrestres non automoteur

Catégorie 4 : corps de véhicules ferroviaires pour tout dommage subi par les véhicules ferroviaires. Catégorie 5 : corps de véhicules aériens sur tout dommage subi par les véhicules aériens. Catégorie 6 : corps de véhicules maritimes, lacustres ou fluviaux, sur tout dommage subi par les véhicules fluviaux, véhicules lacustres et véhicules maritimes. Catégorie 7 : marchandises transportées, y compris les bagages et tous autres biens sur tout dommage subi par les marchandises transportées ou bagages, quel que soit le moyen de transport. Catégorie 8 : incendie et éléments naturels sur tout dommage subi par les biens, autres que les biens compris dans les catégories 3, 4, 5, 6 et incendie, explosion, tempête, élé-ments naturels autres que la tempête, énergie nucléaire, affaissement de terrain. Catégorie 9  : autres dommages subis par

les biens  : sur tout dommage subi par les biens, autres que les biens compris dans les branches 3, 4, 5, 6 et 7  ; et lorsque ce dom-mage est causé par tout événement aléatoire tel le vol, autre que ceux compris dans la catégorie 8.Catégorie 10  : responsabilité civile résul-tant de l’emploi de véhicules terrestres à moteur et ferroviaires  : toute responsabilité résultant de l’emploi de véhicules terrestres automoteurs, y compris la responsabilité du transporteur.Catégorie 11  : responsabilité civile résul-tant de l’emploi de véhicules aériens  : toute responsabilité résultant de l’emploi de véhi-cules aériens, y compris la responsabilité du transporteur.Catégorie 12 : responsabilité civile résultant de l’emploi de véhicules maritimes, lacustres et fluviaux  : toute responsabilité résultant de l’emploi de véhicules fluviaux, lacustres et maritimes, y compris la responsabilité du transporteur.Catégorie 13  : responsabilité civile géné-rale  : toute responsabilité autre que celles mentionnées dans les catégories 10, 11 et 12.Catégorie 14 : crédit : insolvabilité générale, crédit à l’exportation, vente à tempérament, crédit hypothécaire, crédit agricole.Catégorie 15  : caution dont la caution di-recte et la caution indirecte.Catégorie 16  : pertes pécuniaires diverses dont les risques d’emploi, l’insuffisance géné-rale de recettes, le mauvais temps, les pertes de bénéfices, la persistance de frais généraux, les dépenses commerciales imprévues, la perte de la valeur vénale, les pertes de loyers ou de revenus, les pertes commerciales indi-rectes autres que celles mentionnées précé-demment, les pertes pécuniaires non com-merciales et autres pertes pécuniaires.Catégorie 17 : protection juridique.

Catégorie 18 : assistance qui comprend l’as-sistance aux personnes en difficulté, notam-ment au cours de déplacements.Catégorie 19 : (Réservé).

Pour la Branche Vie et Capitalisation, l’on trouve : Catégorie 20 : vie-décès pour toute opéra-tion comportant des engagements dont l’exé-cution dépend de la durée de la vie humaine.Catégorie 21 : assurances liées à des fonds d’investissement sur toutes opérations com-portant des engagements dont l’exécution dépend de la durée de la vie humaine et liées à un fonds d’investissement.A noter que les catégories 20 et 21 com-portent la pratique d’assurances complé-mentaires au risque principal notamment celles ayant pour objet des garanties en cas de décès accidentel ou d’invalidité. Catégorie 22  : capitalisation sur toute opération d’appel à l’épargne en vue de la capitalisation et comportant, en échange de versements uniques ou périodiques, directs ou indirects, des engagements déterminés quant à leur durée et montant.Catégorie 23  : gestion de fonds collectifs dont toute opération consistant à gérer les placements et notamment les actifs repré-sentatifs des réserves d’entreprises autres que celles mentionnées à l’article 221 de la loi N°99-013 du 2 août 1999 relative au Code des Assurances et qui fournissent des presta-tions en cas de vie, en cas de décès ou en cas de cessation ou de réduction d’activités.Catégorie 24  : opérations tontinières sur toute opération comportant la constitution d’association et réunissant des adhérents en vue de capitaliser en commun leurs cotisa-tions et de repartir l’avoir ainsi constitué, soit entre les survivants, soit entre les ayants droit des décédés.

Page 17: Expansion Madagascar N°11

17N°11 - SEPTEMBRE / OCTOBRE 2011 - EXPANSION MADAGASCAR

Fiscalité des assurancesSelon les différents lois et textes sur le sec-teur, la Fédération des sociétés d’assurances de droit national africain a compilé la Fisca-lité des assurances à Madagascar. Le tableau qui suit rassemble les taxes d’enregistre-ments, les autres taxes, les assurances obli-gatoires, ainsi que les taux de commissions pour les intermédiaires.

compagnies d’assurances : surveillées par le Service des assurances du ministère des FinancesLe ministère des Finances est chargé du contrôle des entreprises d’assurances et de leurs opérations, ainsi que celui des inter-médiaires d’assurances conformément aux dispositifs des articles 221 à 224 de la Loi 99-013 du 2 août 1999 portant Code des Assurances applicables à Madagascar et de l’octroi d’agrément prévu à l’article 227 de cette même Loi.

« Selon le Code des Assurances, notre travail est de contrôler les assurances tel qu’il est prévu par l’article 222 de la Loi N°99-013 du 2 août 1999 relative au Code des Assurances applicable à Madagascar », déclare Joelisoa Liliane, chef du Service des Assurances au sein du ministère des Finances et du Bud-get. Selon ses explications, son service veille

à ce que les assurances paient convenable-ment, c’est-à-dire à temps et compte tenu des circonstances du sinistre, les sinistrés. «  Nous déterminons également les ratios prudentiels des assurances afin que les com-pagnies puissent avoir la capacité de payer les sinistrés. Ce ratio est prévu par décret relatif aux régimes juridique et financier des entreprises d’assurances et par les textes réglementaires. Nous vérifions également à ce que les entreprises d’assurances les res-pectent à tout moment, notamment la marge de solvabilité et les provisions techniques et sanctionnons les manquements constatés », ajoute notre interlocutrice. Notons que les entreprises d’assurances agréées doivent fournir périodiquement au Service chargé du Contrôle des assurances du ministère chargé des Finances les documents, ainsi que les états statistiques de leurs opérations.

Pendant les trois exercices faisant l’objet de prévisions, l’entreprise doit présenter au ministère chargé des Finances, pour chaque semestre, un compte-rendu d’exécution du programme d’activités. Si les comptes-ren-dus font apparaître un déséquilibre grave dans la situation financière de l’entreprise, le Service des Assurances au sein du ministère des Finances peut à tout moment prendre les mesures nécessaires pour faire renforcer les garanties financières jugées indispensables

Branchestaux (%)

Minima Maxima

BrancHe iardt

automobile 5% 18%

incendie 15% 25%

transports 3% 18%

Maladie 2,50% 15%

individuelle accidents 5% 20%

Vol – dégâts des eaux 15% 20%

Bris de Machines 10% 10%

tous risques chantiers

10% 10%

rC générale 15% 20%

aviation 15% 15%

BrancHe Vie

Contrats individuels 3% 40%

temporaire 7,50% 10%

Mixte 3% 40%

prévoyance 5% 10%

Contrats groupes 3% 10%

groupe emprunteur 3% 10%

groupe entreprise 3% 10%

groupe prévoyance 3% 10%

retraite 5% 10%

Source : Panaf, février 2009

Page 18: Expansion Madagascar N°11

18 EXPANSION MADAGASCAR - SEPTEMBRE / OCTOBRE 2011 - N°11

caPitaL ecO

conformément aux procédures de redresse-ment et de sauvegarde et, à défaut, pronon-cer le retrait de l’agrément.

« Tous sinistrés ayant des plaintes sur des re-tards ou autres problèmes concernant leurs assurances peuvent frapper à notre porte », assure Joelisoa Liliane. Et notre interlocu-trice d’ajouter que, selon le Code des Assu-rances, «  lors de la réalisation d’un risque assuré ou, à l’échéance du contrat pour les

assurances vie et capitalisation, l’assureur doit exécuter dans les délais convenus la prestation déterminée par le contrat et ne peut être tenu au-delà. Au reçu de toute dé-claration de sinistre, l’assureur doit immé-diatement informer l’assuré des documents qui doivent lui être fournis pour compléter le dossier de demande d’indemnisation et diligenter les expertises éventuellement nécessaires en tenant l’assuré informé et en l’invitant à participer à ces expertises. Si

l’assureur estime que le sinistre ne doit pas être pris en charge, il doit immédiatement en donner les raisons à l’assuré par écrit. Si le risque est couvert par le contrat, l’assu-reur doit présenter à l’assuré une offre d’in-demnisation détaillée par chefs de préjudice dont les modalités sont fixées par décret. Le délai de paiement pour un sinistre donné est fixé par décret. Tout retard dans le paiement expose l’assureur à une pénalité ».

POint de Vue

Monsieur roger ranaivoson, directeur général du groupe ny Havana

M. Le dg, POurriez-VOuS nOuS PreSenter La cOMPagnie d’aSSuranceS ny HaVana ?la création de NY HaVaNa, 1ère Compagnie d’as-surances de droit Malgache, remonte au 11 oc-tobre 1968. a l’époque, son Capital social de 120 000 000 Fmg, était détenu à 50% par les repré-sentations locales des Compagnies d’assurances étrangères opérant à Madagascar. l’effectif du personnel était de 5 personnes.

en 1975, le secteur National des assurances a été nationalisé (décret n° 75 002 en date du 16 juin 1975). de ce fait, le Capital de NY HaVaNa est passé aux mains de l’etat pour plus de 50%. Cependant, son statut de société anonyme régie par le droit Commercial a été maintenu.

depuis, comme vous le savez sans doute, l’ou-verture du marché intérieur est passée dans les faits. Consacrant cette libéralisation, le « Code des assurances applicable à Madagascar  » a permis entre autres, l’entrée de 2 entreprises étrangères d’assurances qui sont donc en concurrence avec NY HaVaNa et la Compagnie nationale sœur.

cOMMent VOyez VOuS Le « PrOduit aSSurance » a MadagaScar ?tout récemment, le Capital social de NY HaVaNa a été porté à 7,7 Milliards d’ariary. Notre réseau Commercial est maintenant constitué de 29 agences déployées sur l’ensemble du territoire

national. si vous considérez les éléments de dé-part évoqués auparavant, il convient d’admettre que l’évolution globale a été plutôt positive.

toutefois, si la prudence fait bien partie des ver-tus prônées par la société Malgache (« Mitsinjo ny vodiandro merika  »), la souscription d’as-surances pour une réelle sécurisation des per-sonnes et de leurs biens n’est pas une pratique courante pour la majorité des ménages ou des entreprises Malgaches de petite ou moyenne envergure.

en général, quand les Malagasy déboursent de l’argent, ils en attendent une contrepartie im-médiate et matérielle. or, l’assurance se caracté-rise par son aspect d’engagement conditionnel : l’assuré n’a droit à l’indemnisation ou à la com-pensation qu’en cas de réalisation d’un événe-ment prévu et garanti au contrat. il y a donc, à la base, cet état d’esprit qu’il faut faire évoluer.

d’autre part, à ce jour, la seule assurance obli-gatoire à Madagascar est celle de la responsabi-lité Civile liée à l’usage des véhicules terrestres à moteur. l’assurance en tant que «  produit  » comme vous l’avez qualifiée, reste donc peu connue et peu utilisée par la majorité d’entre nous.

Q : cOMMent VOyez-VOuS LeS PerSPectiVeS de L’aSSurance danS nOtre PayS ?en me basant sur notre parcours, il est permis d’affirmer que le potentiel existe. le tout, c’est de le mobiliser. Un «  état des lieux  » conjoin-tement dressé par les autorités et l’ensemble des acteurs du secteur des assurances serait un premier pas en ce sens.

entre autres, et à titre d’exemple, le Code des assurances en vigueur a été rédigé (en 1999) par un étranger. les membres de l’assemblée Nationale qui l’ont approuvé avaient-ils tous les éléments pour apprécier la teneur et la portée de ses 300 (trois Cents) articles ?les compétences de nos juristes nationaux ne devraient-elles pas être mises à contribution pour une révision et une réactualisation éven-tuelles, justifiées par les changements majeurs qui se constatent actuellement ?

par ailleurs, l’assurance étant un domaine régi par le droit contractuel, la Justice est-elle à même de tenir son rôle de manière équitable et objective ? a ce niveau, force est de constater des semblants d’incompréhension, source de décisions qui ont entaché, et l’image du secteur et celle de l’etat.

l’etat, en tant que force structurante et garant du respect des lois, détient les clefs d’un assai-nissement de l’économie des assurances et ce, entre autre, pour la mise en place effective d’or-ganes de consultation et de contrôle spécifiques au secteur des assurances, pour qu’une saine concurrence puisse s’instaurer et dynamiser ce marché.

Q : et en guiSe de cOncLuSiOn ?l’économie mondiale est dans une passe diffi-cile. Madagascar, comme la majorité des pays du monde, en subit les contrecoups. Cependant, ce contexte éveille aussi la conscience d’un be-soin de plus de sécurité pour atténuer les effets du marasme ambiant.

la hausse notable des souscriptions d’assu-rances immobilières et d’épargne qui s’observe actuellement dans le portefeuille de NY HaVaNa, l’atteste.

Une refonte du système de taxation appliqué aux contrats d’assurances permettrait d’étendre cette dynamique à d’autres secteurs et incite-rait le grand public à investir davantage dans la sécurisation des personnes, des biens et des activités sources de revenus.

Choisir d’être assureur implique de tabler sur le long terme. Cela implique aussi une certaine foi en un meilleur avenir. Notre objectif global est de faire progresser la qualité et la rentabilité de nos prestations pour conquérir une position de leader sur notre marché national et, pourquoi pas, régional ?

Madagascar a, encore, une économie en plein devenir et NY HaVaNa a, je le crois, le dyna-misme et les compétences requises pour accom-pagner et promouvoir cette marche en avant.

Page 19: Expansion Madagascar N°11
Page 20: Expansion Madagascar N°11
Page 21: Expansion Madagascar N°11
Page 22: Expansion Madagascar N°11

22 EXPANSION MADAGASCAR - SEPTEMBRE / OCTOBRE 2011 - N°11

régiOn | VatOVaVy FitOVinany

Vatovavy Fitovinany est parmi les régions de 2ème catégorie en terme de développement économique. Elle

est de loin devancée par Analamanga, Itasy, Bongolava… Cette situation s’ex-

plique par plusieurs facteurs selon Pros-per Randrianarison, Secrétaire général de la

région. Les opérateurs économiques n’ont pas encore la culture fiscale. Or, la région

est riche en produits de rente qui devraient renflouer sa caisse et celle des communes concernées en terme de ristournes. Mais le recouvrement n’est pas évident, surtout avec la multiplication des voies de sortie. Pour Va-tovavy, il y a celle vers l’Atsimo Atsinanana, la RN12, vers Fianarantsoa, les chemins de fer, le canal des Pangalanes.

Dans ce cas, la région ne dispose pas les ressources nécessaires pour promouvoir ses potentiels économiques dans la mesure où la subvention de l’Etat s’avère insuffisante. Le responsable note qu’il faut un financement conséquent pour attirer les investisseurs et les industriels via l’organisation ou la participation à des foires et salons, des ateliers, des activités de promotion intenses… La plupart du temps, les investisseurs potentiels qui veulent s’ins-taller s’aventurent en quelque sorte en choisis-sant la région. Vatovavy Fitovinany s’étend sur 21 038 km2 et compte 2 millions d’habitants répartis dans 139 communes dont 5 urbaines et 1 une commune rurale de 1ère catégorie.

Potentiel industriel incertain dans la filière fruitsLe Secrétaire général note que nombreux sont ceux qui évoquent une abondance de production fruitière devant assurer une trans-formation à l’échelle industrielle. A son avis, il s’agit d’un volume destiné à la consom-mation et non pour l’industrie. Le litchi par exemple est un fruit saisonnier et la produc-tion tourne autour de 50 000 à 60 000 t/an. Il s’agit d’un volume plutôt modeste pour une unité industrielle, d’autant qu’il est impossible de le transporter. Les producteurs ne peuvent même pas sortir la moitié de cette production vers les zones industrielles vu le mauvais état des routes. Le même scénario est valable pour l’ananas, la papaye, etc.

En fait, les fruits de la région se prêtent bien

à la transformation  Artisanale et non indus-trielle à moins que les industriels potentiels disposent de plusieurs modules de transfor-mation et travaillent sur plusieurs fruits. Seu-lement, la transformation Artisanale n’abonde pas non plus dans la région. De 2003 à 2005, le ministère de l’Agriculture a travaillé sur cette filière avec l’appui de l’USAID et du PNUD. Puis, le flambeau est repris par le programme PROSPERER du Fonds international pour le développement (FIDA). Il travaille sur la trans-formation de fruits, l’apiculture, la vannerie… Ces initiatives débouchent sur des résultats probants. Le SG cite le success story de la confiturerie saint Joseph, la miellerie de Maro-farihy au nord de Manakara, etc.

Le potentiel existe pour l’agro-industrie et les minesIl s’observe notamment à Mananjary. Le SG évoque notamment l’entreprise Ripple fish qui collecte et engraisse les civelles jusqu’à ce qu’elles atteignent 350 à 400 g. Ce produit intéresse les marchés japonais et chinois. Il en est de même pour les anguilles vivantes collectées par cette entreprise. L’année der-nière, elle a déclaré à la Région la production d’une quinzaine de tonnes. Le SG déclare que la région est toujours prête à accompagner les industriels et investisseurs. Cet accompa-gnement se matérialise par l’appui dans les démarches administratives, la localisation de terrains disponibles, l’accès au foncier, etc.

Notons que ce produit est tabou dans la région. Mais les gens commencent à dépas-ser ce tabou en acceptant la présence d’une entreprise qui travaille sur les anguilles. C’est ainsi que cette entreprise dispose des instal-lations à Manakara et à Mananjary et recrute chez les locaux. La région ne prélève aucune ristourne sur ces produits sur les premières années d’existence. Outre les produits halieu-tiques, Vatovavy possède des potentiels pour les cultures de jatropha et de cannes à sucre devant servir à la production de bioénergie. En 2004, l’on a parlé d’un projet de 80  000 ha et le dialogue avec les communautés de base soutenu par la région était déjà bouclé.

Il s’agissait d’investisseurs israéliens. Mais leur partenaire local manquait de sérieux et le projet n’a pas vu le jour. Le même scénario s’est pro-

duit en 2008 pour un projet indien de planta-tion de cannes à sucre sur 300 000 ha. Primo, il est impossible de trouver un seul lot de terrain répondant aux caractéristiques de ces inves-tisseurs, soit une vaste superficie plate et irri-guée. La crise de 2009 a tout Arrêté. Quant à l’ilménite, la compagnie Mainland mining a une antenne à Manakara. Elle veut travailler sur le littoral et a déjà procédé à une étude d’impact environnemental. En janvier dernier, des diri-geants de cette compagnie étaient à Manakara. Mais depuis quelques mois, c’est le silence radio. En fait, la compagnie Rio Tinto QMM a des droits de préemption sur le littoral en question qui va de Fort-Dauphin à Toamasina.

Le port de Manakara n’est plus depuis 2008Les projets miniers de cette taille devraient s’accompagner d’importantes infrastructures de transport. C’est le cas pour l’ilménite de Fort-Dauphin avec le port d’Ehoala. Mais dans le Vatovavy, le port de Manakara est fermé de-puis 2008 et celui de Mananjary depuis 2004. Pour le SG de la région qui a travaillé dans les anciennes sociétés commerciales d’Etat, ces fermetures n’ont rien d’étonnant : « Elles sont synonymes de soulagement pour les entre-prises locales, d’autant que la route vers Fia-narantsoa est goudronnée depuis 1986. Aupa-ravant, il a fallu subir les importants casses et coulages (pertes dues aux gaspillages et aux vols) lors des opérations de débarquement et d’embarquement ».

Comme ces ports étaient en haute mer, les manutentions étaient délicates et faisaient perdre beaucoup de marchandises aux opé-rateurs. Les problèmes cités plus haut s’y ajoutent. En 1983-1984 pourtant, le port de Manakara faisait 35  000 à 40  000  t de café par an ripées sur Toamasina. Il comptait 40 bateaux par an. Mais si un opérateur embarque un lot de 15 t, il fallait y ajouter 10 sacs sup-plémentaires pour combler les pertes lors des opérations au port. Même topo lors des débar-quements : sur le terre-plein du port, il fallait marcher dans de l’huile quand on débarquait ce produit puisque les vols via le perçage de fûts étaient nombreux. Le SG affirme que si l’on remet au goût du jour la réhabilitation de ces ports et ce système pourri, aucun opéra-teur ne veut se suicider là-dedans.

VatOVaVy FitOVinany

Manque de ressources pour la promotion de la région

Fanjanarivo Symonette

Page 23: Expansion Madagascar N°11

Marohita est la solution idoine. Situé à 20 km au sud de Mananjary et sur le canal des Pan-galanes, cet endroit pourrait recevoir un port en eau profonde. Le terrain a l’avantage d’être très dur et d’avoir un fond sableux. Il est joi-gnable par une route tracée sous la colonisa-tion mais qui doit être réhabilitée. Marohita est une bonne alternative. Mais il exige la pré-sence de grands projets miniers ou autres. Il a l’avantage de disposer de 80 000 ha de terrains plats tout autour. Pour l’heure, les opérateurs ripent leurs marchandises par route vers Toa-masina ou vice versa. Manakara-Toamasina se fait entre 24 et 30 h. Ce transport coûte entre 5 et 6 millions Ar. Si les opérations portuaires sont correctes, il ne devrait pas dépasser 2 mil-lions Ar pour une cargaison de 20 t. Quant aux chemins de fer, ils n’ont plus comme rôle que le désenclavement des zones où ils passent.

conFiturerie saint JosephUN SUCCESS STORY EN EVOLUTION CONTINUE

Démarrée en 2005, la confiturerie saint Joseph située à Manakara est un projet du diocèse de Farafangana. Elle a procédé à plusieurs essais pour déboucher dans la phase commerciale en 2009. L’année dernière, elle a produit 15 000 pots de confiture et de gelée, contre 20 000 pour 2011. La responsable de production, Aimée Rahantarimamy précise que le volume de fruits achetés auprès des paysans augmente de 30% par an. Cette année, l’entreprise a acheté 4  t de litchis, 4  t d’ananas, 1,5 t de fruits de la passion et 1,2  t de goyaves. La confiturerie envi-sage d’augmenter son volume de pro-duction en 2012.

Sur le plan commercial, elle participe à des foires comme la Foire internationale de Madagascar (FIM), la Fier-Mada et la Journée mondiale de l’artisanat. Les impacts sont tangibles car elle y obtient des commandes. Les demandes ne sont plus locales parce qu’à part celles de su-permarchés de la capitale, de Mahajanga et de Toamasina, et de boutiques tou-ristiques d’Ambositra et de Tana, elles viennent aussi de Maurice et de La Réu-nion. Actuellement, 50% de la produc-tion vont vers la France grâce à l’associa-tion française de volontaires catholiques

Fidesco. La confiturerie pense répondre aux demandes des îles voisines.

Intégrer les couches vulnérables La confiturerie emploie 15 femmes issues de la couche vulnérable et la clientèle réunionnaise apprécie particulièrement cette approche. L’ob-jectif est d’aider les gens de la région à trouver du travail, à vendre leurs produits à des prix intéressants… C’est ainsi que de nombreux paysans veulent intégrer le circuit d’achat de la confiturerie. Celle-ci travaille avec 35 produc-teurs installés dans un rayon de 30 à 35 km de Manakara. Cette distance est obligatoire pour disposer de fruits frais : il faut tout au plus 24 h entre la récolte et la livraison. Sinon, la qua-lité des fruits se détériore. Et si l’on utilise des fruits pourris, de la moisissure sera visible sur la confiture ou la gelée un mois après. Les ma-tériels sales provoquent le même phénomène.

Tous les ans, l’unité dispense une formation pour les producteurs de fruits. Les visites des plantations sont également au programme pour améliorer la qualité. Elles sont aussi nécessaires pour l’estimation de la produc-tion, la maîtrise de l’approvisionnement et la traçabilité exigée par les importateurs. Une codification est instaurée pour identifier les produits de la plantation jusqu’au condition-nement. Les producteurs sont soutenus par la confiturerie sur le plan technique. Ils sont aussi dotés de petits matériels comme le poste téléphonique, la balance. Le financement de ces appuis se fait via un versement de 50 Ar/kg de fruits vendus. En 2011, cette caisse servira à acheter des pirogues et des petits moyens de transport terrestre.

Une filière qui fait vivre ses acteursLa filière fait vivre les producteurs mais pour la confiturerie, il faut attendre une production

en grosse quantité pour récolter des bénéfices substantiels. La confiturerie leur achète l’ana-nas à 600  Ar/kg, contre 80 à 90  Ar pour le litchi. Les prix sont établis selon les prix sur le marché local et à l’export. Si l’on prend l’exemple du litchi, le prix local était de 70 Ar lors de la saison précédente. L’unité de trans-formation est stricte quant à l’emballage lors de l’approvisionnement  : il faut envelopper les fruits dans des feuilles avant de les mettre dans des paniers souvent en bambou (ou « ga-raba »). L’idée est toujours de disposer de fruits de qualité à l’arrivée.

Les plantations de fruits sont certifiées bio par Ecocert. Mais comme il est difficile de trouver du sucre bio, les produits de la confiturerie ne le sont pas encore. Le sucre constitue 60% de ces produits. L’unité fabrique 3 gammes de produits qui diffèrent par l’emballage. Elle tra-vaille avec 3 brodeuses handicapées et 12 van-neuses dont les produits ornent les bocaux. Ici aussi, il s’agit d’intégrer la couche vulnérable. Les bocaux en verre sont importés et consti-tuent le 1er poste de dépenses à raison de 1 000 Ar l’unité. Ce coût augmente le prix des produits. Le prix de gros d’un pot de confiture de 240 g est de 4 800 Ar. Le plastique n’est pas adapté car ne peut pas être stérilisé.

Si le produit conditionné dans du plastique n’est consommable que sur 15 jours tout au plus, le délai est de 2 ans pour le bocal en verre. La confiturerie importe directement ses bocaux et même les Artisans de Fianarantsoa viennent s’approvisionner chez elle. Cette année, les commandes de bocaux sont nom-breuses avec la participation des Artisans à des foires. Elles représentent la moitié des besoins de l’unité. Quant à la production de confiture et de gelée, la confiturerie saint Joseph congèle des pulpes et stocke du jus pour pouvoir tra-

Page 24: Expansion Madagascar N°11

24 EXPANSION MADAGASCAR - SEPTEMBRE / OCTOBRE 2011 - N°11

régiOn | VatOVaVy FitOVinany

vailler en dehors des saisons de récolte de fruits. Elle dispose de 4 congélateurs et peut travailler 7 mois sur 12. La période creuse sert à préparer la participation à des foires et expo-sitions et à rendre visite aux producteurs.

L’investissement coûte cherIl est difficile pour un particulier d’investir dans une confiturerie. Celle de Manakara fait la fierté de la région grâce à l’initiative du diocèse dont le leader est Mgr Benjamin Ramaroson, évêque de Farafangana, au bâtiment financé par Catholic relief service (CRS) et à des dons en matériels de l’extérieur. La confiturerie dé-veloppe ses activités d’une manière progres-sive. Si la transformation ne pose pas des pro-

blèmes particuliers, les matériels coûtent chers et sont parfois fragiles. Le réfractomètre pour mesurer le taux de sucre vaut 600  000  Ar. C’est aussi le cas du PHmètre pour mesurer le taux d’acidité.

Pour les petits transformateurs, la mutua-lisation des efforts et des matériels devrait résoudre le problème d’investissement. La ré-gion compte une association des transforma-teurs de fruits mais elle est seulement visible dans les foires. En fait, les Malgaches n’ont pas l’habitude de travailler en groupe, alors que c’est une approche pour trouver plus aisément des financements et des appuis techniques.

apicultureUNE MIELLERIE AUX NORMES EUROPEENNES EN 2012

Vatovavy Fitovinany dispose d’une miellerie pour le marché local et bientôt une autre pour l’exportation et aux normes européennes. Jean Narcis Ramarolahy du service de l’élevage de Manakara explique : « La miellerie pour le marché local est opérationnelle depuis cette année. Elle est indispensable pour offrir aux clients des produits propres et de qualité. Depuis longtemps, les apiculteurs et les com-merçants emballent le miel dans des bouteilles en plastique. Il faut relever le standing pour protéger les consommateurs ».

Cette miellerie de Marofarihy gérée d’une manière autonome par la coopérative Tana-masoandro a été créée avec l’appui du Projet de soutien au développement rural (PSDR). Sa première production sera le miel de litchi pour la campagne 2011-2012. Le service de l’élevage a un droit de regard sur cette unité et sert ainsi de garde-fou. La miellerie a une capacité de 120 t et cette production ne sera pas « tout venant ». En effet, la traçabilité est une réalité. Depuis 4 ans, le service d’élevage a identifié 600 apiculteurs et 300 d’entre eux ont un numéro matricule. Sans ce numéro, ils ne peuvent pas approvisionner la miellerie. Ils ont également bénéficié d’une formation avec l’appui du Centre des services agricoles (CSA).

S’engager pour la qualitéLes apiculteurs immatriculés s’engagent à moderniser leurs activités. Cela signifie que la miellerie accepte ceux qui ont des ruches

traditionnelles mais ces derniers doivent plus tard transformer leurs matériels. Toute cette approche a pour objectif de professionnaliser la filière et de protéger les consommateurs malgaches. Pour son démarrage, la miellerie préfère être modeste et compte sur 2  t de miel de litchi. Quant à l’emballage, le service oriente les producteurs vers les nouvelles bou-teilles plastiques au lieu d’utiliser des embal-lages usés.

La collaboration avec le programme PROS-PERER permet aux producteurs de suivre les bonnes pratiques pour le conditionnement. Mais il n’est pas facile d’habituer les consom-mateurs à acheter des produits emballés dans des bocaux en verre. Sinon, le conditionne-ment selon les règles de l’art nécessite notam-ment un bâtiment aménagé de telle sorte que toutes les opérations adoptent la marche en avant. Les employés ne doivent pas effectuer un retour en Arrière. Il faut aussi des équipe-ments dont l’extracteur qui coûte plusieurs millions d’ariary, de l’eau courante, un réfracto-mètre, des bas à égouttage… La région compte déjà quelques mini mielleries dont le coût est supporté par des associations. Elle a un gros potentiel apicole avec les zones de Marofarihy, Ambila, Midilo, Anosiala, Tatao, Amboanjo et Manakara. Ces communes avoisinent la miel-lerie de Marofarihy.

Le suivi est crucialLes apiculteurs sont incités à utiliser des ruches modernes dont la production est plus élevée et de qualité. Selon un apiculteur de Mananjary, cette ruche coûte 70 000 Ar avec la grille à reine. Cet investissement est rapide-ment amorti car dans la région, la récolte se fait tous les mois avec une moyenne de 8 l par ruche et à un prix entre 3 000 et 4 000 Ar/l (1 l = 1,250 kg de miel). Mais des apiculteurs n’abandonnent pas complètement les ruches traditionnelles. Elles sont plus lourdes que les ruches modernes et se volent difficilement. Ils les améliorent pour avoir un rendement élevé.

Pour Marofarihy, le suivi de la qualité du miel est également un point crucial. Un comité de surveillance s’en occupe parce qu’une protéine dans le miel peut, par exemple, changer en alcool ou même en vitriol. Et c’est nocif pour la santé humaine. Dans la région, la récolte se fait 10 mois sur 12 dans le sens où des Arbres et fleurs fleurissent pendant cette période. Et si l’on veut mettre les colonies au repos, il faut compter des récoltes pendant 9 mois sur 12. Des charbonniers et des charpentiers se sont convertis dans cette filière et en vivent aisé-ment.

A Manakara et ses environs, le litre est de 4 000 Ar au producteur. Des apiculteurs pos-sèdent en moyenne 10 à 20 ruches et envi-

Transformation de fruitsLes matériels posent problème

Si la confiturerie Saint Joseph bénéficie d’appuis de l’extérieur pour ses équipe-ments, les autres unités artisanales ne se développent pas beaucoup. Elles ont diffici-lement accès aux matériels nécessaires. Au programme PROSPERER, l’on explique que ces équipements coûtent trop chers pour ces opérateurs. C’est ainsi que le potentiel fruitier pour la transformation artisanale n’est pas pleinement exploité. Pour l’heure, PROSPERER appuie trois micro unités. L’une d’entre elles a bénéficié de matériels offerts par la FAO. Sinon, les trois micro entreprises sont encadrées par le programme. Celui-ci s’adresse à la confiturerie Saint Joseph pour ses besoins en formateurs. Il cherche aussi des débouchés pour ces entreprises mais n’arrive pas encore au stade où il peut les doter de matériels. Par ailleurs, PROSPERER soutient aussi la vannerie car la région dis-pose d’un savoir-faire indéniable dans cette filière. Il aide les vanneuses à s’organiser via des associations ou des coopératives. A Ifanadiana, le tissage se développe avec 5 associations. Le programme y soutient 3 groupements et une coopérative sur le plan technique et matériel. Si ces artisans maî-trisent la teinture de base et le tissage, ils ne disposent pas encore d’un moule pour fabriquer des chapeaux. Ils ont aussi besoin de formation sur la production de sacs. A Manakara qui ne compte qu’un groupement, il y a encore beaucoup à faire dans la filière vannerie. Afin d’aider les artisans à trouver des débouchés autres que le marché local, le programme les font participer à des foires. Pour l’accès aux intrants, le raphia abonde dans des zones comme Lokomby. Seule-ment, il n’est pas exploité faute de maîtrise de la collecte.

Page 25: Expansion Madagascar N°11

sagent d’aller jusqu’à 40. La conversion dans la filière est évidente avec un surcroît de revenu, moins de fatigue physique, un encadrement de professionnels. A Ambila, un apiculteur avec 40 ruches fait un chiffre d’affaires men-suel de 320 000 Ar. C’est nettement plus élevé que le revenu des gens vivant en dessous du seuil de la pauvreté qui est de 75 000 Ar/mois au maximum.

Une miellerie aux normes européennes en 2012Le projet de miellerie de Manakara pour l’ex-portation est en cours. Elle devra être fonc-tionnelle en janvier 2012 au plus tard. C’est une structure préfabriquée et l’installation se fait en 15 jours. A la suite de la crise, le pro-jet nécessite encore 50 000 euros à cause du surcoût dans le transport des matériels, du fret et du magasinage. La coopérative KTTF qui a versé son apport bénéficiaire en sera le ges-tionnaire. Elle travaille avec une coopérative française sous tutelle de l’association française de solidarité nationale ou Agriculteurs français et développement international (AFDI). Le 1er marché visé est la France. La région a la chance d’être indemne de la maladie appelée varroa et peut proposer du miel bio. Les apiculteurs immatriculés pourront approvisionner tout aussi bien la miellerie de Manakara que celle de Marofarihy.

La demande française est de 15 à 50 t par an. Elle s’oriente sur le miel de litchi, de niaouli et sur le miel mille fleurs. Jean Narcis Ramaro-lahy a toutefois quelques craintes par rapport au volume de production : « La région regorge d’essences mellifères comme l’eucalyptus, le niaouli, le litchi ou encore les forêts. Et quand nous allons sur terrain, nous constatons que les cadres sont pleins de miel dans des zones comme Ambila. Mais il  Arrive aussi que les apiculteurs surévaluent leur capacité de pro-duction. C’est pour cette raison qu’au début, il faut peut-être faire preuve de modestie dans nos ambitions ».

Filiere laitLA CULTURE FOURRAGERE, UN ENJEU A DEVELOPPER

Pour obtenir du lait de qualité, il faut 40 à 50 kg de fourrage de qualité pour une vache lai-

tière selon l’explication de Jean Narcis Rama-rolahy du service de l’élevage à Manakara. Ce qui signifie qu’il faut 10 Ares de cultures fourragères par vache. La région a l’avantage de laisser pousser rapidement les fourrages. Puis, 8 sur les 10 variétés essayées par le ser-vice donnent un rendement intéressant. Mais pour l’heure, le litre de lait est de 2 400 Ar à Manakara étant donné l’insuffisance de l’offre. Ce prix n’est pas à la portée de tous. Or, la culture fourragère n’est pas encore entrée dans l’habitude des paysans et des éleveurs. Sinon, certains éleveurs se passionnent pour leurs activités mais ne disposent pas de terrain pour le fourrage.

Afin de relever le défi de la culture fourragère, le service d’élevage a mis en place des sites fourragers chez «  les éleveurs qui acceptent de bien mettre les bœufs avant la charrue ». A ce propos, certains d’entre eux ont même changé leurs rizières en terrains fourragers. Ils sont souvent la risée de leurs voisins, alors qu’ils sont sûrs d’y gagner. En effet, ils gagnent 2 fois plus que dans la riziculture. Actuelle-ment, l’on compte 7 sites fourragers suivant la convention passée entre le service de l’élevage et des éleveurs. Le service compte sur l’effet tache d’huile.

La laiterie est un objectif à termeChaque éleveur a 2 à 4 vaches laitières. Si la fi-lière se développe bien, elle devrait déboucher sur des unités de laite-rie. Pour le moment, le lait est seulement trans-formé en yaourt de mai-son. Le fromage et les autres produits laitiers proviennent de la capi-tale et l’on en trouve rarement à Manakara comme à Farafangana. Une fois de plus, tout dépend de la quantité et de la qualité du lait et donc du fourrage en amont. A l’heure ac-tuelle, des fermiers de Vohipeno cherchent du fourrage à Manakara. Le même phénomène

s’observe à Mananjary. La solution se trouve toujours du côté de la culture fourragère.

Une enquête sur 40 vaches menée par le service de l’élevage a permis de savoir que la production moyenne par tête est seulement de 4 litres par jour. Or, une vache Holstein bien nourrie donne jusqu’à 40 litres par jour.

MicroFinanceTRES PEU DE DEMANDES POUR LA TRANSFORMATION

Les demandes de crédit émanant des paysans sont nombreuses selon Titus Heriniaina, direc-teur de l’exploitation commerciale du réseau de microfinance TIAVO à Manakara. Elles se situent dans une fourchette moyenne de 300 000 à 500 000 Ar par crédit. Pour l’heure, ces cultivateurs et éleveurs se contentent de fi-nancer les cultures de subsistance. Les crédits servent donc à acheter des semences, des en-grais, des produits de traitement des cultures… Les paysans ne demandent des crédits ni pour la mécanisation ni pour la transformation de

Filière apicoleVers la création d’une plateforme

Mieux défendre les intérêts des apiculteurs et avoir une approche filière. C’est l’objectif de la plateforme qui sera mise en place dans la région. Cette structure est en cours de création avec la collaboration entre le programme PROSPERER, le Fonds régional pour le dévelop-pement agricole (FRDA), le service de l’élevage, les apiculteurs… En attendant, ces différents acteurs essaient de regrouper les acteurs de la filière dont notamment les apiculteurs. C’est nécessaire pour obtenir du miel de qualité car un extracteur coûte, par exemple, 1,6 million à 1,8 million Ar selon le PROSPERER.

Page 26: Expansion Madagascar N°11

26 EXPANSION MADAGASCAR - SEPTEMBRE / OCTOBRE 2011 - N°11

régiOn | VatOVaVy FitOVinany

leurs produits. Le directeur explique : « Dans la région, la collecte et le commerce de produits agricoles dominent. Ces secteurs procurent facilement et rapidement de l’argent. Tout le monde joue l’intermédiaire, même les grands collecteurs ».

C’est ainsi que 43 à 45% des portefeuilles de TIAVO sont composés de stocks de paddy et 60% de produits de rente. Mais la plupart du temps, ces stocks appartiennent à des com-merçants et collecteurs. Les paysans stockent leurs semences pour la prochaine saison cultu-rale. A fin juin 2011, TIAVO a enregistré 3 100 t de stock de paddy. Pour le girofle, le stock est de 167 t en 2010 contre 470 t en 2009. Quant au café, 150 t ont été stockées en 2009.

Outre le nantissement de stocks effectués pendant les récoltes et contre de l’argent dé-boursé par TIAVO, cette institution mutualiste propose des crédits pour l’achat de matériels. Le délai de remboursement s’étale sur 36

mois. Il appartient aux bénéficiaires de cher-cher le matériel et le fournisseur. Mais dans ce domaine, il n’y a pratiquement pas des demandes émanant des paysans. Ces derniers n’éprouvent pas le besoin de mécaniser leurs activités ou de transformer leurs produits agri-coles ou d’élevage.

Les minibus Arrivent en premierPlus de 80% des demandes de crédits pour l’achat de matériels sont pour des minibus. Si-non, le reste est orienté sur l’achat de quelques camions et de rares décortiqueurs de paddy. Dans les 4 régions d’intervention de TIAVO dont les 2 régions du Grand Sud-Est, l’on compte tout au plus 4 décortiqueurs. Mais si les paysans ne franchissent pas encore l’étape de la transformation, pourquoi hésitent-ils à développer leurs activités ? Le directeur de l’exploitation commerciale trouve qu’ils ont souvent peur de ne pas pouvoir rembourser.

Bref, la culture du crédit n’est pas encore an-crée dans la région. Il faut y ajouter le taux d’analphabétisme élevé et les problèmes de débouchés. L’institution les a, par exemple, sensibilisés à la culture de piment. Mais par crainte de ne pas trouver des marchés, ils pré-fèrent ne pas s’engouffrer dans la filière. Les cultures grande échelle sont ainsi loin de se développer. Or, le financement d’un tel pro-jet est possible. Chez TIAVO, le membre emprunte au début 50 000 Ar et au fur et à mesure de ses performances, il peut obtenir un prêt allant jusqu’à 50 millions Ar pour un dossier de demande.

Quid des taux d’intérêt jugés élevés3% par mois ou 36% par an. C’est le taux pro-posé par TIAVO. Mais l’institution pratique le calcul dégressif et ce taux tombe à 26-27% par an au maximum. Il est impossible de faire baisser les taux à cause des frais occasionnés par l’éloignement des emprunteurs. Avec ses 99 points de services permanents, le réseau TIAVO couvre 85% d’implantations dans des zones rurales et 15% urbaines dans les 4 ré-gions de l’ex province de Fianarantsoa. Sinon, des gens font souvent une surévaluation de leurs besoins en crédits.

Ils ont plus tard des problèmes pour rembour-ser et crient aux taux qu’ils jugent élevés. C’est aussi une manière d’empêcher les voisins de se rendre à l’institution. Car il Arrive que des membres jouent sur le registre de l’égoïsme. Ils n’hésitent pas à dénigrer TIAVO alors que l’en-cours de crédits augmente continuellement. Il en est de même pour l’épargne (voir graphes).

Pour les crédits, le taux de remboursement atteint les 98%. C’est plutôt bizarre en cette période de crise. Le directeur de l’exploitation

commerciale explique : « Nous avons quelque peu augmenté le budget pour le recouvre-ment. Puis, les procédures ont été simplifiées. Les membres ont 90 jours pour rembourser avant que le dossier soit transmis au service contentieux. Au cours de cette période, le ré-seau cherche avec lui des solutions ». Notons que pour Vatovavy Fitovinany, le réseau TIA-VO est l’unique institution de microfinance oeuvrant dans la région.

L’évolution de l’encours de crédits (en million d’ariary) :

L’évolution de l’épargne (en million d’ariary) :

Des services annexes pour parer à l’éloignementDes membres éloignés des points de services sont confrontés aux problèmes de fourniture de marchandises. Cet éloignement occasionne des coûts supplémentaires et augmente ainsi le coût de revient. Il y a aussi les problèmes de sécurité : il n’est pas indiqué d’amener avec soi beaucoup d’espèces. Afin de contourner ces difficultés, le réseau propose à ces membres le service MVola qui dessert les communes cou-vertes par Telma. Ce service intéresse beau-coup les gens. En mars denier par exemple, le flux (envois et réception d’argent) via MVola a été de 200 millions Ar par jour.

Le réseau distribue aussi les pensions des fonctionnaires retraités et des enseignants du public dans les CISCO (Circonscription scolaire) de Vatovavy Fitovinany, de l’Atsimo Atsinanana et de la Haute-Matsiatra. Il faci-lite l’accès des paysans à un éclairage solaire et non polluant via les lampes Tough Stuff. Il loue les lampes et fournit ainsi jusqu’à 10 lampes pour un hameau. Notons que ces ma-tériels permettent aussi d’écouter la radio et de charger le téléphone. Ils procurent ainsi une nouvelle source de revenu pour les loueurs.

Le réseau TIAVO en bref

Créé via un appel d’offres et sous financement de la Banque mondiale en 1996, ce réseau est présent dans le Vatovavy Fitovinany, l’Atsimo Atsinanana, la Haute Matsiatra et l’Ihorombe. Basé à Fianarantsoa, il compte environ 72 000 dont 42% sont des femmes et 9% des per-sonnes morales. Une augmentation moyenne de 8 900 membres par an est constatée entre 2008 et 2010. Avec le principe mutualiste, 1 homme vaut 1 voix quel que soit le volume de l’apport. Le réseau est géré par plus de 400 bénévoles et compte près de 380 salariés. Il offre à ces membres des produits d’épargne dont l’épargne à vue sans frais. Le volume de ce type d’épargne est passé de 2,7 à 4,9 mil-liards Ar entre 2008 et 2010. Quant au dépôt à terme, le 1er versement mini-mum est de 10 000 Ar pour une période de 2 mois à 18 mois et avec un intérêt de 6% à 12% à la fin de la période convenue. Ce pro-duit représente 30% de l’épargne totale du réseau. Pour les sociétaires bénéficiaires de financements, ils doivent choisir entre un dépôt de garantie ou le versement d’une part sociale variable. Résultat  : ce type d’épargne a connu une forte baisse en passant de 104 millions Ar en 2009 à 78 millions Ar en 2010. Ces différentes offres permettent au réseau de collecter jusqu’à 7 milliards Ar d’épargne en fin 2010, soit 40% des ressources totales. Pour les offres en crédits, il y a l’octroi en trésorerie, le nantissement de stocks ou le financement des Greniers communautaires villageois (GCV), le crédit pour les matériels.

Page 27: Expansion Madagascar N°11

27N°11 - SEPTEMBRE / OCTOBRE 2011 - EXPANSION MADAGASCAR

La région compte 5 districts, à sa-voir Farafangana, Befotaka, Midon-gy, Vondrozo et Vangaindrano. Sur

les 90 communes, 2 sont urbaines et 3 rurales de 1ère catégorie. La

population est estimée à 1,2 million d’habitants. Connue pour ses produits

d’exportation comme le café, le girofle et le poivre, la région voit pourtant sa pro-

duction chuter continuellement. Particuliè-rement pour le café, elle se situe actuellement entre 3 000 et 4 000 t pour l’Atsimo Atsina-nana. Il y a une vingtaine d’années pourtant, le Directeur du développement régional (DDR) d’Atsimo Atsinanana, Robert Nobelisen rap-pelle qu’elle oscillait entre 20 000 et 30 000 t pour le grand Sud-Est incluant Vatovavy Fito-vinany. Qu’est ce qui s’est passé entre-temps ? Le DDR évoque la chute continue des cours mondiaux qui a découragé les paysans. Ils étaient nombreux à changer leurs champs de caféiers en rizières. Depuis quelques années, les cours remontent. Seulement, les planta-tions sont vieilles et donnent un rendement médiocre.Le partenariat avec le Comité national de com-mercialisation du café (CNCC) financé par l’Union européenne a aidé à améliorer la qua-lité et augmenter la production. Il a également permis de diversifier les cultures avec des giro-fliers et poivriers. Mais le projet a été clôturé en décembre dernier. Puis, il a travaillé dans le seul district de Farafangana. Actuellement, beaucoup de paysans reviennent dans la filière d’autant que le projet Bassins versants et péri-mètres irrigués (BVPI) financé par la Banque mondiale apporte son soutien à la filière. De plus, le prix au producteur est actuellement à 5 000 Ar/kg, contre 400 Ar il y a 6 ans.

Les vertus économiques des huiles essentiellesQuant au poivre et au girofle, ils ne rencontrent pas des problèmes particuliers. Au contraire. L’offre ne suit pas toujours la demande. D’où l’envolée des prix. Le kilo de poivre noir est à 7 000 Ar. Si le café ne fait l’objet d’aucune transformation, ce n’est pas le cas pour le poivre et le girofle. Ces produits sont gagnés par la vague des huiles essentielles. Quelques opérateurs travaillent le poivre vert et noir pour en obtenir des huiles essentielles. Ils misent aussi sur la cannelle. Mais les produc-teurs n’ont pas encore tendance à suivre les courbes montantes de la demande. Le DDR

espère que plus tard, ils s’y mettront. Le ravintsara et le girofle intéressent aussi les distillateurs d’huiles essentielles. Cinq opéra-teurs locaux disposent des plantations de plu-sieurs dizaines d’ha chacun et utilisent même des motopompes pour les irriguer. Ils pour-raient bientôt choisir la mécanisation. La région espère que ces opérateurs feront tache d’huile. Comment expliquer ces investissements en pleine crise que ce soit pour les huiles essen-tielles ou pour les produits comme le café ? Le DDR note que tout est question de marché et donc d’offre et de demande. Les opérateurs cités plus haut ont remarqué qu’il y avait une demande mais que l’offre ne suivait pas. Si l’on prend l’exemple du café, la demande intérieure est estimée à 26 000 t en 2010. La demande en ravintsara aussi augmente beaucoup. Les Mal-gaches sont de plus en plus nombreux à reve-nir aux remèdes traditionnels et le ravintsara y a une place de choix. Le développement de la filière huiles essentielles apporte plusieurs avantages dont la création de valeur ajoutée et d’emplois pour les jeunes des environs.

Le litchi a un atout à développerLe litchi devrait aussi créer de la valeur et des milliers d’emplois saisonniers dans la région. Le quota pour le Sud-Est est de 4 000 tonnes pour la campagne 2010-2011. Mais sur ce quota, les opérateurs locaux n’ont pu expédier que 20 tonnes tout au plus. En 2009, la région a eu droit à un quota d’exportation de 2 000 tonnes. La région en produit toutefois dans les 25 000 tonnes par an. Or, elle a un atout : ses litchis mûrissent avant ceux de Vatovavy Fito-vinany et de Toamasina et devraient aider les exportateurs à débarquer du litchi sur le mar-ché français pour les festivités de Noël. Mais qu’en est- il du transport étant donné que les opérateurs sont obligés de riper leurs pro-duits via la voie terrestre ? Une opération qui occasionne des coûts élevés. Le DDR répond que si des opérateurs viennent jusque dans la

région pour collecter des litchis pour l’exporta-tion, c’est qu’ils y trouvent probablement leurs comptes. Quant au port de Manakara qui se trouve dans le chef-lieu de la région de Vatova-vy Fitovinany, il n’est plus à réhabiliter. Il faut en fait un nouveau port pour le Grand Sud-Est. Pour ce qui est de la filière litchi, le DDR trouve que le problème est du côté de la date d’ou-verture de campagne. Lorsque les autorités ont décidé de la faire reculer de 5 jours par rapport à celle de Vatovavy, les gens se sont rués sur Vatovavy. Sinon, l’Atsimo Atsinanana regorge de fruits tropicaux comme la papaye, la goyave, l’avocat, la mangue. Mais l’on note aussi les agrumes dont le citron et l’orange. Tous ces fruits ne sont guère transformés. Les petites unités  Artisanales ne sont pas nom-breuses.

Les épices, une nouvelle filièreLe piment et le gingembre poussent facilement dans la région. On peut les cultiver dans les plantations de café. Le prix est très intéres-sant puisque le contenu d’une boîte de lait concentré vaut 1 000 Ar. Seulement, les pay-sans n’ont pas l’habitude d’en cultiver et consi-dèrent ces épices comme des marchandises de peu de valeur comparés aux cultures vivrières et autres cultures de rente. Le marché existe toutefois, rien qu’avec celui de La Réunion. Les rares paysans qui s’en-gouffrent dans la filière vivent correctement de leurs activités selon le DDR. La récolte se fait en effet tous les 3 mois. Et si les plants sont bien ombrés, ils peuvent donner jusqu’à 5 à 6 ans. En réalité, les paysans font comme Saint Thomas : ils hésitent ou sont tout simplement indifférents aux nouveautés tant qu’ils ne res-sentent pas les impacts comme réellement tangibles et leur procurent des profits. Rai-son pour laquelle des associations de femmes amenées en visite d’échange à Mahajanga se sont engouffrées dans la filière en voyant sur place des résultats probants dans la culture de piments. Elles commencent ainsi à en planter.

atSiMO atSinanana

les produits de rente en régression Evolution du volume de l’exportation directe à partir de la région :

Année Part de l’exportation directe de café de la région dans l’exportation nationale (en %)

Jusqu’à la 1ère République 50

1975 - 1987 25

1987 - 1995 20

2000 - 2010 0

(Source : Chambre de commerce et d’industrie de Farafangana)

Fanjanarivo Symonette

Page 28: Expansion Madagascar N°11

28 EXPANSION MADAGASCAR - SEPTEMBRE / OCTOBRE 2011 - N°11

régiOn | atSiMO atSinanana

econoMie de l’atsiMo atsinanana UNE CHUTE DE 50% POUR LES CULTURES DE RENTE

Depuis plusieurs décennies, la région vit des produits de rente. Seulement, la production chute tant en qualité qu’en quantité. Le direc-teur exécutif de la Chambre de commerce et d’industrie de Farafangana, Amédée Ramanan-kavana précise : « En 10 ans, la production des cultures de rente a chuté de 50%, alors que 70 à 80% de la population de la région sont des paysans et vivent de ces produits. La chaîne qui va de la collecte jusqu’à l’exportation aussi est concernée. Cela signifie que lorsque la pro-duction dégringole, ce sont toutes les activités économiques de la région qui sont affectées. Et actuellement, il n’y plus d’exportation di-recte à partir de la région ».Or, l’exportation directe a créé de nombreux emplois, notamment pour les femmes. Celles-ci s’occupaient du tri et du calibrage des pro-duits. Mais avec la chute de la production, ces emplois n’existent plus guère. Quant aux cultures vivrières, la déficience alimentaire prouve également la chute de la production. Les inondations et la sécheresse y sont pour beaucoup. Au début août, le kilo du riz était à 1 120 Ar. Un niveau jugé élevé à cette pé-riode. Quant au secteur industrie, la région ne compte qu’une unité de traitement de lan-goustes.

Les impacts des choix politiques sur l’économieSinon, comment expliquer le recul de la pro-duction des cultures de rente et des produits vivriers ? Le directeur exécutif se rappelle la suppression du corps des vulgarisateurs agri-coles en 1987. Cette décision répond à l’une des conditionnalités des bailleurs de fonds par rapport à l’ajustement structurel. Cette politique correspondait, entre autres, au gel de recrutement de nouveaux fonctionnaires et à la suppression de certains corps de fonc-tionnaires comme celui des vulgarisateurs agri-coles et des garde-forestiers. Puis, il y a le manque de volonté politique. Le directeur exécutif précise : « Ce problème

se reflète dans le maigre budget consacré au développement agricole. En fait, l’Etat n’a ja-mais eu la volonté de booster effectivement la production agricole. C’est pourtant un secteur qui fait vivre 80% des Malgaches. L’économie nationale ne peut pas se développer si l’agri-culture ne se développe pas. Aux Etats-Unis et dans les pays de l’Union européenne, l’Etat subventionne l’agriculture. Ces pays com-prennent que l’agriculture est à la base du commerce et de l’industrie  ». Dans l’Atsimo Atsinanana, 98% des opérateurs sont pour-tant dans le commerce de produits agricoles et de marchandises générales. Les secteurs secondaire et tertiaire ne se dé-veloppent guère. Pour l’hôtellerie, la région compte, par exemple, 2 grands hôtels à Fara-fangana et 2 autres à Vangaindrano. Or, elle a des potentiels à revendre. Il y a les sites écotouristiques, les 150 km de côtes pour le tourisme balnéaire… La région ne dispose pas encore d’un office régional du tourisme.

La Chambre consulaire redynamise le secteur privéLe secteur privé est encore faible dans la ré-gion. Devant cette situation, la Chambre de commerce et d’industrie essaie de le redyna-miser. Elle travaille sur le renforcement des capacités par le biais des informations sur les débouchés, les acheteurs potentiels, etc. Elle incite aussi le secteur privé à participer aux foires comme la Foire internationale de Mada-gascar (FIM) et Fier Mada. Ces manifestations permettent de présenter les produits et d’atti-rer des clients. Le 2ème axe de la CCI porte sur la formation. La fiscalité fait partie des thèmes abordés car des entreprises formelles tendent à basculer vers l’informel. Une formation sur la menuise-rie est également en préparation avec la Fédé-ration des Chambres de commerce et d’indus-trie (FCCI) étant donné que la région compte 15 menuiseries. L’année dernière, la CCI a dispensé une formation sur l’hôtellerie en col-laboration avec l’Institut national du tourisme et de l’hôtellerie. Par ailleurs, cette chambre consulaire envisage de créer un cyber entre-prises pour aider le secteur privé à accéder à des informations sur le marché fournis par la

FCCI, le ministère du Commerce, les annonces dans les journaux et bien sûr par la CCI. En attendant, cette dernière se prépare au fo-rum des îles organisé par la FCCI qui se tiendra en octobre prochain à Fort-Dauphin. Elle sensi-bilise les opérateurs à y participer. Il en est de même pour la foire sur l’agrobusiness prévue en octobre en Afrique du Sud. Le directeur exécutif explique : « La participation à ces dif-férentes manifestations devrait aider le secteur privé à renforcer ses capacités pour faire face à la concurrence nationale, régionale et inter-nationale. Nous sommes, par exemple, dépas-sés par l’Itasy dans la culture de café Arabica de qualité alors que l’Atsimo Atsinanana est réputé être un producteur de café ».

Le système financier est un blocageEn fait, les opérateurs n’ont pas l’habitude de travailler en synergie. Ils sont seuls dans leur coin. La preuve en est que la CCI compte 45 membres sur les 305 entreprises dénombrées par les services fiscaux. La cohésion est pour-tant essentielle pour faire face à la concurrence selon le directeur exécutif de la CCI. Elle per-met, entre autres, de grouper les achats ou de mieux répondre aux commandes. Dans la région, aucun opérateur ne dispose d’un stock de 500 tonnes de café, alors que si les opéra-teurs se mettent ensemble, ils pourront offrir une quantité plus importante et vendre leurs produits à des tarifs plus intéressants.Mais il n’y a pas que ce manque de cohésion. Le directeur exécutif de la CCI évoque le sys-tème financier : «  Il s’agit d’une analyse per-sonnelle et à mon avis, tant que le système financier est toujours le même, nous allons continuer à être envahis par les investisseurs étrangers et n’aurons rien pour développer nos potentiels. Un étranger avec 1 000 euros en poche devient un investisseur chez nous. Alors que nous avons beaucoup de mal pour emprunter auprès des banques. Il faut toute une procédure, sans parler du taux d’intérêt élevé qui va jusqu’à 25% et des impôts qui représentent jusqu’à 40% du chiffre d’affaires. Pourtant, on ne peut pas faire beaucoup de chose avec le fonds propres. Si les Etats-Unis et les pays de l’Union européenne se déve-loppent, c’est qu’ils accordent des taux bon marché ».

Le contexte économique se dégradeA Madagascar, les prêts bancaires sont très chers, alors que le contexte économique se dégrade. Le taux de rentabilité des activités économiques est souvent loin de couvrir les taux bancaires. En même temps le pouvoir d’achat des consommateurs chute dangereu-sement. La répercussion sur les activités éco-nomiques est importante. Pour les entreprises, une même quantité de produits s’écoule ac-tuellement en 6 mois contre 1 mois aupara-vant.

Les produits d’exportation en 2010 :

Produits Superficie cultivée (en ha)

Production annuelle (en tonne)

Quantité exportée(en tonne)

Girofle 5 712 800 150

Café 27 600 6 000 50

Poivre 900 250 25

Langouste 200 150

Litchi 250 1 200 100

Huiles essentielles 25 20

(Source : Chambre de commerce et d’industrie de Farafangana)

Page 29: Expansion Madagascar N°11
Page 30: Expansion Madagascar N°11

30 EXPANSION MADAGASCAR - SEPTEMBRE / OCTOBRE 2011 - N°11

régiOn | atSiMO atSinanana

Dans le secteur minier, le sous-sol de la région recèle du cristal, de l’ilménite… Les zones concernées sont Farafangana, Vangaindrano et Vondrozo. Pour l’heure, le secteur est do-miné par des nouveaux Chinois qui font de la collecte auprès des petits exploitants. Ils ra-massent jusqu’à plusieurs centaines de tonnes pour le cristal. Des Sri lankais commencent aussi à venir dans la région. Ils s’intéressent au béryl. Des gisements d’or existent aussi dans la région. Mais au lieu d’apporter le développe-ment, ces ressources minières créent de l’insé-curité dans la région. De plus, ces opérateurs miniers ne paient rien comme ristourne à la région. Pour son compte, la CCI a effectué courant août des tournées de sensibilisation et d’infor-mations dans les chefs-lieux de district de la région. Elle estime que si l’on Arrive à revigo-rer le marché intérieur, c’est déjà un très bon point. Pour l’heure en effet, la concurrence à l’international est trop rude pour que le sec-teur privé de la région s’y aventure.

produits de renteINVESTIR MALGRE TOUT

L’établissement Ranarson Naziraly est l’une des rares entreprises qui traitent et condi-tionnent des épices dans la région. Il travaille sur le girofle, la cannelle, le piment, le café et le poivre vert. Il opère dans ces filières depuis 20 ans. « Nous n’arrivons pas à nous tenir mais nous faisons notre possible. Cela veut dire que nous devons nous contenter de ne pas récolter beaucoup de bénéfices  », explique Ranarson Naziraly, directeur de l’établissement. Il pré-cise que le problème réside notamment dans la chute des cours mondiaux, alors que le café est la principale ressource économique de la région. Pour le girofle, il se développe plus que le café et le poivre. La production n’a pas chuté contrairement à celle de ces deux produits. En 1997, le cyclone Gretelle a tué beaucoup de plants dont notamment des poivriers. La production de poivre connaît ainsi une chute, sans parler du non renouvellement des plants demeurés vieux. Malgré le contexte, l’établis-sement investit dans la plantation. Il récolte 30 tonnes de poivre vert par récolte sur 5 500 pieds répartis sur 5 ha. Cette plantation donne 3 récoltes par an.

Se démener pour les recherchesLe directeur rappelle que pour sa plantation, il a mené lui-même les recherches nécessaires. Il remarque ainsi que si l’on récolte le poivre non encore mûr, le plant commence à fleurir tout de suite après. Il a fait plusieurs essais pour choisir, par exemple, le tuteur qui n’entre pas en concurrence avec le poivrier. Il en est de même pour des observations comme quoi le plant a besoin de plus de soleil que d’ombre, que le tuteur a besoin de fréquentes coupes pour ne pas bouffer trop de sève devant être pompée par le poivrier. Quid des centres de recherche qui pourraient aider l’opérateur ? Ils sont éloignés, alors que les techniciens retraités de la zone n’aident guère à améliorer les cultures. Le directeur explique : «  Je comprends pourquoi le reboi-sement ne réussit pas toujours. Au lieu de préparer progressivement les jeunes plants à s’habituer aux rudes conditions post-pépinière en enlevant petit à petit la couverture leur pro-curant de l’ombre, les techniciens les sortent subitement de l’ombre des pépinières pour les exposer au soleil et à ces conditions post-pé-pinière ».

Conditionnement local mais exportation par un tiersPour le café et le poivre vert, l’établissement fait la collecte, traite et vend à un partenaire. Celui-ci s’occupe de l’exportation vers la Bel-gique et la France. L’établissement voudrait bien exporter directement du poivre vert. Mais le marché est restreint. Quant aux cours mon-diaux, ils évoluent souvent en Yo-yo. Puis, la situation est encore difficile à maîtriser dans un contexte où la production ne suit pas la de-mande, alors que la filière compte à la fois des exportateurs et des opérateurs qui travaillent pour le marché national. Lorsque les cours chutent, ces derniers maî-trisent la filière et les exportateurs s’alignent sur leurs prix. Quant aux exportateurs, ils manquent souvent de visibilité à cause de la fluctuation de la production. Ils ont dû faire face à des prix loin d’être intéressants et com-mencent seulement à souffler cette année. Quant au prix au producteur, il est actuelle-ment à 3  000  Ar/kg, contre 2  000  Ar aupa-ravant. Pour ce qui est de la transformation, notamment pour le café, le directeur estime qu’elle est peut-être pour le marché extérieur étant donné que les Malgaches préparent eux-mêmes leur poudre de café.

Traiter 150 t de poivre vert par anL’établissement traite 150 tonnes de poivre vert par an. C’est grâce à cela qu’il se maintient dans la filière. Mais le poivre vert ne trouve preneur sans le calibre demandé par l’ache-teur, soit 4 à 6 mm de diamètre. Le directeur de l’établissement a donc inventé un calibreur

manuel qui fait travailler 6 à 7 personnes. Pour le tri, la société fait travailler plusieurs dizaines de femmes. Chaque femme peut trier en moyenne 20 kg par jour et elle est rémunérée selon le volume réalisé. Après le tri, 65 à 70% du poivre sont de bonne qualité. Le reste est séché pour être transformé en huiles essen-tielles. Après le tri, on cuit le produit. Le volume pour chaque cuisson est de 90 kg à raison de 2 cuis-sons par jour. Une fois cuit, le poivre vert est conservé dans de la saumure composée de sel et d’acide citrique. Il faut 30 kg de sel pour 100 litres d’eau. La saumure est remplacée réguliè-rement pendant 3 semaines. Un nouveau tri est effectué avant le conditionnement. On en-lève aussi le surplus de saumure. L’objectif est d’avoir un volume compact pour que le poivre vert ne se casse pas. Le conditionnement se fait dans des cubitainers, des récipients en plastique souples. Sinon, l’établissement a récemment com-mencé à investir dans une nouvelle filière. Il travaille la cannelle, le poivre, le girofle et le ravintsara. Il est d’ailleurs le seul à distiller de la cannelle alors que ce produit abonde dans la région. L’établissement a investi dans un alam-bic et envisage en acquérir 2 ou 3 plus tard, en fonction du développement de ses activités. Un alambic de 100 litres coûte actuellement 6 millions Ar. Il faut y ajouter le branchement en eau et les autres accessoires périphériques.

Le financement est un blocage Qu’en est-il des perspectives de toutes ces filières ? Le directeur note que le problème ré-side dans le financement. Le crédit agricole fait défaut alors que le budget public pour le sec-teur manque. Les opérateurs tout comme les paysans ne peuvent pas ainsi procéder à une extension de leurs activités. Les plantations datent souvent de leurs Arrière-grands-pères. Il faut y ajouter le problème de mentalité. Alors que la production continue à chuter, nom-breux sont ceux qui ne se soucient pas trop de ce qu’ils vont manger dans une situation marquée par la croissance démographique. Ranarson Naziraly a initié et dirigé le projet appuyé par le Comité national de commercia-lisation du café (CNCC). Ce projet comprend le renouvellement des plants et la diversifica-tion des plantations. La distribution de jeunes plants était gratuite. Mais lorsque l’application de nouvelles méthodes de culture a été exi-gée, il se rappelle que les paysans ne voulaient rien entendre. L’établissement a également distribué des semences de piment auprès de paysans. Mais ces derniers n’en voulaient pas.

Page 31: Expansion Madagascar N°11

31N°11 - SEPTEMBRE / OCTOBRE 2011 - EXPANSION MADAGASCAR

ressources Forestieres D’IMPORTANTS POTENTIELS POUR L’ECOTOURISME

192 000 ha. C’est la vaste superficie du parc national Befotaka-Midongy géré par Madagas-car national park (MNP). Le directeur régional de l’environnement et des forêts, Jean Joseph Andrianarijaona remarque que pour l’heure, les richesses de ce parc sont encore mécon-nues. Elles offrent toutefois d’importants potentiels pour développer l’écotourisme dans la région. Il en est de même pour le corridor forestier Ambositra-Vondrozo, une Nouvelle aire protégée (NAP) créée en 2006 qui s’étend sur 62  000 ha et dans 5 régions dont celle d’Atsimo Atsinanana. Celle-ci compte aussi la NAP de Mahabo-Mananivo, la réserve spéciale de Manombo. Le directeur souligne que les routes s’améliorent et devraient inciter les opé-rateurs touristiques à investir et à amener des touristes dans la région. En effet, si l’état des routes est plus ou moins acceptable, la valori-sation des richesses de ces aires reste à faire. Il en est de même pour les aménagements de circuits écotouristiques. Le directeur note par ailleurs que les recherches sur ces aires protégées sont encore insuffi-santes. Rares sont les étudiants qui viennent y faire leurs recherches pour leur mémoire de maîtrise ou leur thèse de doctorat. Outre les intérêts scientifiques, ces recherches devraient néanmoins faire connaître ces parcs auprès des professionnels du voyage et faire révéler l’importance écologique et/ou socioécono-mique de certaines espèces de la faune et de la flore. Rappelons qu’en 2009, des opérations de zonage ont permis dans la région de délimi-ter et de définir l’affectation des terrains dans les aires protégées et leurs environs. Il y a les zones de conservation, les zones d’aménage-ment forestier durable où une partie est desti-née à l’exploitation, les zones de restauration forestière et les zones sylvio-pastorales.

Des potentiels en bois précieux existentMais la direction régionale de l’environnement et des forêts ne dispose pas encore de la carte finale définissant les zones d’exploitation. Elle précise en effet que la région compte encore des ressources comme le palissandre, le bois de rose, le bois d’ébène et des essences comme le « nato »… Mais la région ne compte aucun exploitant détenteur d’un permis. Seuls les permis de coupe à titre de droit d’usage pour les communautés de base et les autorisa-tions de coupe sur les terrains privés existent.

Rappelons que le permis d’exploitation propre-ment dit n’est plus délivré selon le système de gré à gré comme auparavant. Il passe par voie d’adjudication et contraire-ment au système ancien, c’est à l’Etat de déli-miter les zones à exploiter et de lancer par la suite un appel d’offres devant aboutir à l’adju-dication. Cette nouvelle approche exige de la direction régionale de faire une reconnais-sance sur terrain, et un inventaire forestier, de comparer les prix sur les marchés, de dresser un plan d’aménagement… Les fruits de ces différentes opérations doivent être envoyés au ministère pour que ce dernier lance l’appel d’offres. Le hic est que ces opérations coûtent chers. La direction régionale ne peut donc tra-vailler sans un financement du ministère. En attendant, les exploitations illicites approvi-sionnent le marché.

Non maîtrise de l’exploitation illiciteFaute de moyens, les services déconcentrés et les forces de l’ordre ne peuvent pas maîtriser ces trafics. Certes, ceux-ci n’ont pas la même ampleur que sur le littoral Est et dans la SAVA, mais ils existent quand même. Comment expliquer ce manque d’ampleur par rapport à ce qui s’observe ailleurs ? Le directeur régio-nal répond : «  La région ne compte pas des trafics célèbres comme ailleurs parce que les ressources ne sont pas aussi importantes que dans l’Est et le Nord-Est du pays. Ce qui fait que les bois coupés approvisionnent seule-ment le marché de la région. Quant à la trans-formation, elle est rare ». Sinon, il évoque les menaces qui pèsent sur les aires protégées. Comme les zones forestières en dehors de ces aires sont « écrémées » par les exploitants, une tendance pour pénétrer jusque dans les superficies protégées est ob-servée. Et bien entendu, il s’agit d’exploitations illicites. Une balise pourrait toutefois juguler ce problème. Le directeur évoque l’attitude très responsable des communautés de base riveraines de ces aires protégées. Grâce au travail du WWF, des transferts de gestion de ressources forestières à ces communautés se sont multipliés dans les zones comme Midon-gy, Vondrozo et un peu à Vangaindrano. Ces

communautés prennent à cœur de protéger les aires protégées dont des zones leur sont réser-vées pour l’exploitation et pour leurs besoins.

Filiere lanGouste L’AVENIR EST DANS LE GROSSISSEMENT

Il n’est pas rare d’observer des langoustes de 15 cm avec des œufs. Le directeur général de Malagasy seafood provider (MSP), Jainal Embi-dine Hobaya rapporte toutefois que selon l’Ins-titut halieutique des sciences marines (IHSM) de Toliara, les langoustes ne devraient avoir des œufs qu’avec une taille de 18 à 20 cm. Ce qui veut dire qu’elles développent un réflexe de survie pour l’espèce suite à une probable surexploitation. Outre les langoustes avec des œufs capturées par les pêcheurs, ces derniers prennent aussi des langoustes de 12 cm. Or, la loi n’autorise que les captures à 18 cm. Afin de faire face à une éventuelle surexploitation des stocks, le DG de MSP propose de développer le grossissement sur des sites naturels. On y dépose les langoustes de petite taille et les lan-goustes avec des œufs. Le grossissement n’est pas une chimère. A Antananarivo, une société exporte des lan-goustes vivantes avec tout un système bien sûr. Elle a fait des essais de grossissement avec des langoustes de 4 à 5 cm et les a ali-mentées avec de la provende. Au bout d’une année, elle a obtenu des langoustes de 1 kg et de plus de 20 cm. Au Japon, le grossissement de langoustes de petite taille capturées par les pêcheurs et les bébés langoustes issus des lan-goustes avec œufs est une réalité. Notons que les œufs d’une seule langouste se comptent par dizaines de milliers.

Des grosses pertes avec les langoustes hors taillesA Madagascar, les langoustes hors taille cap-turées sont estimées à 200 t par an. Si l’Etat autorise et soutient le grossissement, il devrait y gagner et la filière aussi parce qu’à très long terme, la filière risque d’être menacée. Pour le moment, le pays perd beaucoup avec ces

L’écotourisme, un espoir pour l’Atsimo Atsinanana

La promotion des sites écotouristiques de la région devrait se faire auprès des opérateurs touristiques selon Robert Nobelisen, directeur du développement régional (DDR) d’Atsimo Atsinanana. Il estime que ce secteur offre un grand espoir de développement pour la région. Il pense que l’ouverture de routes devrait accélérer les choses. Il y a notamment la route reliant Farafangana à Fort-Dauphin longue de 350 km. Elle est praticable depuis quelques temps déjà et se fait en 12 h de temps en 4x4. Tous ceux qui empruntent cette route sont émerveillés par la grande variété et la beauté des paysages. Des richesses qui ne manqueront pas d’attirer les touristes, d’autant plus que la sécurité ne laisse pas à désirer. La RN27 reliant Farafangana à Ihosy et Ivohibe, longue de 265 km, est également praticable et se fait en une demi journée en 4x4. Elle devrait faire de Farafangana un grand carrefour de la partie sud du pays. Le DDR rappelle que cette route était en très bon état dans les années 70. Si elle demeure ouverte à la circulation, c’est grâce à l’habitude des opérateurs économiques qui l’empruntent réguliè-rement. Puis, le pont de Maropaiky a été réhabilité. Il constituait un goulot d’étranglement auparavant.

Page 32: Expansion Madagascar N°11

32 EXPANSION MADAGASCAR - SEPTEMBRE / OCTOBRE 2011 - N°11

régiOn | atSiMO atSinanana

langoustes qui ne devraient pas encore être pêchées, sans parler du non respect de la date de clôture de la pêche. Si l’on considère les 200 t hors taille, le pays perd près de 3 millions de dollars ou 5,6 milliards Ar par an, soit près de 3% des besoins mensuels du Trésor public pour le fonctionnement de l’Etat. Ce montant est aussi l’équivalent du bud-get annuel d’investissement du ministère de la Pêche et des Ressources halieutiques. La pêche de langoustes hors taille est une grosse perte pour le pays. Dans l’Atsimo Atsinanana toutefois, la présence de MSP depuis mi-2000 a changé la donne. Le DG explique : « La taille des langoustes pêchées commence à augmen-ter. En 2007-2008, 35 à 40% de la prise d’un pêcheur étaient des langoustes de 18 cm. En 2010, ce taux est monté à 50%. Et cette année, il est de 65% et puis, les pêcheurs amènent rarement des langoustes avec des œufs ».

Madagascar a une carte à jouerLe DG de MSP est optimiste pour l’avenir : « En matière de produits marins, Madagascar a une carte à jouer pour le long terme. Pour le mo-ment, le marché est dominé par les Japonais qui commercialisent en un mois l’équivalent de la production annuelle de Madagascar. A Cuba où la pêche en haute mer se développe, une usine traite 3,5  t de langoustes par jour. Malgré tout, Madagascar a des belles perspec-tives avec la pêche en haute mer  ». D’après les estimations de la FAO, si la pêche langous-tière sur les côtes est évaluée à 500 t, elle peut atteindre les 1 000 t si l’on va un peu plus loin. Mieux, l’estimation fait état d’un stock de 5 000 t en haute mer. Mais la pêche en haute mer exige des matériels performants comme les bateaux motorisés, ainsi que du savoir-faire. Un investisseur étranger a déjà fait un essai, il y a quelques années de cela. Le résul-tat était probant : il ramenait une centaine de kilo par sortie. L’expérience n’a pourtant pas duré pour des questions de vols. Quoi qu’il en soit, le DG de MSP affirme qu’avec le gros-sissement, la pêche en haute constitue une solution pour l’avenir de la filière.

Investir sur la duréeMais si des opérateurs bien établis et ayant amorti leurs investissements ne se soucient pas trop du long terme, MSP avance qu’il faut investir pour la durée. C’est ainsi qu’il est entré sur le marché en 2005, une période marquée par la baisse des captures. Cette année-là, celles-ci n’ont même pas atteint les 100 t pour toutes les régions langoustières. Mais l’entre-prise a parié sur l’avenir en tablant sur le cri-tère cyclique des captures. Elle a démarré avec un agrément Afrique, Asie, Dubaï, Japon et Taiwan. Puis, elle a obtenu l’agrément pour le marché américain et en 2011, l’agrément pour l’Union européenne. C’est grâce à la maîtrise du HACCP ou du système de management pour l’hygiène et la sécurité des aliments. A partir de cette année donc, MSP exportera sur le marché européen. Les Européens ne consomment pas beaucoup de langoustes comme les Japonais mais ils les achètent à des prix plus élevés. Quant aux Asiatiques, ils consomment des langoustes entières et préfèrent les préparer vivantes. Mais une telle demande est difficile à satisfaire. MSP propose donc des langoustes précuites. Ces produits exigent beaucoup de maîtrise et des langoustes vivantes livrées à l’usine. Sans cela, le goût de la langouste est altéré. Avec les procédés de la pré-cuisson, l’entreprise enregistre une perte de 50% des langoustes collectées à cause des problèmes de transport. MSP a décidé de s’implanter à Farafangana en comptant sur l’eau courante et la réhabilitation des routes dans la région. Mais la crise a sus-pendu les programmes routiers.

L’électricité est un freinEn attendant, sa 1ère production date de 2007 et a atteint 45  t, contre 35  t en 2008 et une vingtaine de tonnes en 2009. A cette époque-là, les actionnaires ont voulu fermer boutique, d’autant plus que plus tard, le tsu-nami au Japon a fait fléchir le marché japonais. Il faut y ajouter les captures aléatoires dues au mode traditionnel dans lequel évoluent les pêcheurs. Ces derniers ne prennent pas la mer quand ils ont, par exemple, un événement à

fêter. Mais le DG demeure optimiste : «  Il ne faut pas agir selon un esprit spéculatif. Nous avons tenu bon. Personnellement, je suis de formation industrielle. J’ai été à la Siranala de Morondava pour ses 12 premières années puis j’ai été dans la zone franche textile. Il faut donc penser sur le long terme. L’industrie n’est pas seulement une question d’amortissement. C’est aussi avoir une vision commerciale sur le long terme ».Pour ce qui est du contexte actuel, il déplore la cherté de l’électricité et de la qualité des ser-vices de la Jirama. La facture de MSP avoisine les 8 millions Ar par mois, alors que le déles-tage est le lot quotidien de Farafangana. Le coût du kilowatt est de 547 Ar, soit le double du prix appliqué dans la capitale. Pour pallier les coupures, l’entreprise est obligée d’avoir recours à un groupe électrogène. De quoi saler encore plus l’addition. Au final, l’électricité est le premier poste de dépenses. L’entreprise ne peut pas faire autrement car elle doit veiller à ne pas couper la chaîne de froid de peur de détériorer ses produits. Le problème d’électri-cité n’est pas unique à Farafangana. Il touche des villes comme Fort-Dauphin, Mahajanga.A part l’énergie, l’absence d’un port dans la région oblige les opérateurs à transporter leurs produits par route. Le tarif de location d’un ca-mion réfrigéré pour relier le port de Toamasina varie de 5 à 6 millions Ar. « Si en 2005, nous avions un peu plus de visibilité par rapport au port d’Ehoala, nous aurions peut-être choisi de nous installer à Fort-Dauphin, explique le DG de MSP. Mais à l’époque, le projet de port n’était pas encore bien dessiné  ». A l’heure actuelle, cette entreprise est la seule usine à traiter des langoustes dans le grand Sud-Est. Auparavant pourtant, il y en avait deux autres. Elles ont disparu de la circulation après les baisses successives des captures.

Les rabatteurs empochent 500 millions Ar par anQuant à MSP, elle compte 36 employés per-manents et une vingtaine d’agents de collecte payés à la commission. Comme dans plusieurs filières, l’entreprise n’a pas un accès direct avec les pêcheurs. Elle doit avoir recours aux rabat-teurs qui lui vendent le kilo à 9 000 Ar. Ces derniers se font un bénéfice de 1 000 Ar/kg. Ils gagnent nettement plus que les pêcheurs parce que ces derniers se mettent souvent à trois sur une pirogue et capturent en moyenne 10 kg par sortie. Un pêcheur gagne ainsi un peu plus de 26 000 Ar, alors qu’un rabatteur gagne 10 000 Ar par pirogue sans avoir bougé le petit doigt. Et il travaille avec plusieurs pê-cheurs. Si le pays exporte 500 t de langoustes par an, les rabatteurs empochent à eux seuls dans les 500 millions Ar (ou 2,5 milliards Fmg) si l’on considère ce volume. Cette somme importante ne circule pourtant pas dans le système économique. Elle est

Crise politiqueUn grand projet est en suspens

Une grande unité de traitement de langoustes et un projet dans l’hôtellerie à Masihanaka. Ces projets sous financement suisse sont suspendus à la suite de la crise politique. Le Directeur du développement régional (DDR) d’Atsimo Atsinanana, Robert Nobelisen rappelle que ces projets ont été élaborés par la région. Ils sont censés être gérés par des compétences issues de la région. Ils auraient dû créer des emplois et de la valeur ajoutée dans la zone. Une fois de plus donc, des potentiels de la région demeurent inexploités. Outre le climat politique, tout dépend aussi de la volonté des opérateurs. Si auparavant, la région voyait peu d’investis-seurs, le DDR trouve qu’à l’heure actuelle, elle commence à compter quelques opérateurs qui vont de l’avant. Pour l’heure, MSP est l’unique usine de la région, en plus de l’établissement Ranarson Naziraly qui développe actuellement la filière piment. Ses produits dénommés les « Epices du Sud-Est » ont été présentés à la foire Fier-Mada 2011.

Page 33: Expansion Madagascar N°11
Page 34: Expansion Madagascar N°11

34 EXPANSION MADAGASCAR - SEPTEMBRE / OCTOBRE 2011 - N°11

régiOn | atSiMO atSinanana

souvent dilapidée dans des achats de maté-riels audiovisuels (poste téléviseur et lecteur de VCD surtout) ainsi que dans l’alcool. A côté, les pêcheurs ne font que survivre sans parler des dangers de la mer. De l’avis du DG de MSP, on devrait voir comment résoudre ce problème. En 2005, cette entreprise a financé la fête de la langouste dans l’idée de créer un esprit corporatif dans la filière. L’atelier organi-sé au cours de cette fête a permis de maintenir la taille autorisée à 18 cm, au lieu des 20 cm proposés par le ministère. Tous les acteurs de la filière bénéficient de cette décision mais seul un opérateur a voulu participer aux dépenses engagées par MSP pour l’organisation de l’ate-lier. L’esprit corporatif n’a pas pris.

oMeFPROMOUVOIR LA BRIQUETERIE ET L’HUILE DE PALME

La région comptait des unités de briquete-ries il y a une vingtaine d’années. Cette acti-vité protège l’environnement car dans l’Atsimo Atsinanana, les briquetiers ne procèdent pas toujours à la cuisson. De plus, les matières premières nécessaires sont locales. Puis, la maison construite avec des briques résiste mieux aux cyclones et aux inondations. Bref, le marché existe. En juillet 2010, l’antenne ré-gionale de l’Observatoire malgache de l’emploi et de la formation professionnelle continue et entreprenariale (OMEF) du ministère de la Fonction publique, du Travail et des Lois so-ciales, a identifié les filières à soutenir pour la promotion d’emplois pérennes. 20 personnes issues des 5 districts de la région ont été for-mées en décembre 2010.La formation s’est focalisée sur la gestion et la comptabilité simplifiée, la communication, la gestion d’entreprise, des cours pratiques sur les techniques en briqueterie… Car si l’on goûte la glaise devant servir à la production, on sait que c’est de l’argile si elle colle à la langue. Quelques mois plus tard, les résultats de cette formation d’une semaine sont pro-bants selon Marc Morasata, chef d’antenne de l’OMEF à Farafangana. Dans la commune d’Anosivelo, un briquetier a déjà produit 2 500 unités mais l’inondation de la dernière saison cyclonique a tout détruit.

La demande existe toutefois et ce briquetier ne s’est pas découragé. Il a reçu des religieuses catholiques de la commune de Tangainony une commande de 15 000 unités. Des com-mandes viennent aussi de la ville de Farafan-gana. L’unité coûte 80 Ar. En fait, ce briquetier a déjà travaillé dans le secteur auparavant mais avait besoin de la formation dispensée par l’OMEF pour renforcer ses capacités.

Une vitrine pour faire tache d’huileAfin de sensibiliser les jeunes à la briqueterie, l’OMEF va faire des activités de ce briquetier d’Anosivelo une vitrine. Le projet est en cours selon le chef d’antenne. Il note que ce bri-quetier a déjà reçu en formation des élèves du lycée technique de Farafangana. L’antenne régionale de l’OMEF programme aussi une for-mation pour le district de Befotaka. La raison en est que ce secteur crée des emplois, de la valeur ajoutée. Ceux qui ont reçu de la forma-tion en font leurs activités principales. L’acti-vité commence à intéresser leurs voisins. Si des briquetiers choisissent de cuire leurs produits, ils ont recours à du son de riz. C’est moins cher que le bois de chauffe et il protège les forêts du déboisement. Sinon, il faut un hangar pour le séchage, une opération qui pré-cède la cuisson. Le problème des briquetiers se situe souvent à ce niveau. Le hangar exige en effet un investissement trop élevé pour eux. C’est notamment le cas à Vangaindrano. Or, les marchés existent. Ils sont notamment constitués des membres de la diaspora issus de la région et qui travaillent dans la capitale. Elle préfère la brique au parpaing car celui-ci est 2 fois plus cher. Les organisations religieuses s’intéressent à la brique. Pour les autres, il faut encore une campagne de sensibilisation étant donné que les matières végétales locales coûtent nettement moins chers que la brique. Elles n’offrent pourtant pas la même sécurité que cette terre  Argileuse transformée. La vi-trine à mettre en place va beaucoup contribuer à cette campagne de sensibilisation. Notons que l’OMEF a pour objectifs la créa-tion d’emplois pérennes, et pour le long terme le soutien aux opérateurs pour la formalisation de leurs activités et la protection sociale de leurs employés. Il compte 2 départements, à savoir le Système national d’information sur l’emploi et l’Office national pour l’emploi. Les activités de son antenne dans l’Atsimo Atsinanana s’inscrivent dans celles de ce 2ème département. L’huile de palme, remise au goût du jourIl en est de même pour celles effectuées dans la région de Vatovavy Fitovinany. Cette fois-ci, l’antenne de l’OMEF travaille sur l’huile de palme. Comme pour l’Atsimo Atsinanana, un atelier a été organisé pour identifier les besoins en formation. L’huile de palme a émergé du lot

puisque des paysans travaillent déjà dans cette filière. 20 personnes issues de 4 communes ont été formées sur les mêmes modules que pour la briqueterie en avril dernier. Le volet pratique sur la transformation des graines de palmier en huile et le partage d’expériences entre les paysans producteurs ont eu lieu à la société Heniplant. Cette dernière est la pro-priétaire de la palmeraie de Marofarihy située à quelques dizaines de kilomètres au nord de Manakara. Qu’elle soit brute ou raffinée, l’huile de palme trouve toujours preneur. Brute, elle est recher-chée par les savonniers. Quant à l’huile raffi-née, elle est consommée par le marché local, d’autant qu’elle coûte plus de 2 fois moins cher que l’huile alimentaire habituelle, soit 2  000  Ar/litre. Pour améliorer la qualité du produit, l’OMEF travaille avec le Centre natio-nal de recherche industrielle et technologique (CNRIT). L’objectif est de réduire la quantité d’eau dans l’huile de palme. Les résultats se-ront pour bientôt.

Les collecteurs influent sur les prixCertes, l’huile de palme raffinée est à la por-tée des consommateurs locaux, mais son prix est trop bas comparé à d’autres huiles alimen-taires. Le chef d’antenne de l’OMEF explique : « Les zones de production se trouvent à 15 à 30 km au nord de Manakara. Les producteurs ne viennent pas livrer eux-mêmes leur produc-tion sur le marché. Des collecteurs viennent sur place pour rafler leur production et l’ache-ter à bas prix. Ils doivent en effet intégrer les frais de déplacement dans le prix auquel ils achètent l’huile. Afin de remédier à ce problème et aider les producteurs à avoir accès au financement chez la microfinance Tiavo, la prochaine étape consiste à organiser la filière. Mais comme le niveau d’instruction des producteurs est sou-vent très bas, les actions doivent se faire d’une manière progressive. Quoi qu’il en soit, Maro-farihy compte déjà une association présidée par Simone Sikara. Elle compte 18 membres et va demande à Heniplant des parcelles de pal-miers où elle pourra collecter des graines. L’ob-jectif est d’augmenter sa production d’huile et d’approvisionner plus tard les savonniers en huile brute. D’ailleurs, Heniplant veut les aider à trouver des débouchés sur la capitale. Notons que la collecte des graines de palmier démarre en octobre. Elle est clôturée de juillet à septembre. Des paysans dans les communes voisines de Marofarihy plantent aussi des pal-miers. Ils fournissent notamment des graines et produisent de l’huile lorsque la demande ne suit pas l’offre. La transformation des graines en huile crée de la valeur ajoutée et des em-plois. Avec l’existence des marchés et le ren-forcement des capacités des paysans, la filière palmier à huile a encore de l’avenir devant elle.

Page 35: Expansion Madagascar N°11
Page 36: Expansion Madagascar N°11

Après la formation d’avril dernier, l’association de Marofarihy a produit 300 litres d’huile. Ce volume ne diffère pas trop de qu’elle produi-sait auparavant. Par contre, la qualité s’est beaucoup améliorée ainsi que les mesures d’hygiène lors de la production.

peche et artisanatPOUR L’AUTONOMISATION DES FEMMES

51,6% de la population. C’est la proportion des femmes dans la région et elles constituent ain-si un grand potentiel à développer selon Alice Ravoson, responsable du projet Autonomisa-tion des femmes financé par le PNUD. Elle re-marque que les femmes sont très dynamiques et ont un esprit curieux. Parmi les activités du projet, l’on peut citer le fumage de poissons. Le secteur pêche est en péril avec un marché local très restreint composé de quelques res-taurateurs. Il faut s’orienter sur le marché tana-narivien où le projet compte quelques clients.Le taux de rentabilité est intéressant pour le fumage de poissons. Même si l’on perd 50% du volume pendant l’opération, le prix est toujours correct avec un bénéfice de 100%. Il est encore meilleur si l’on fume du thon car la perte en volume est seulement de 30%. Le kilo de filet de poisson fumé se situe à 20 000 Ar. C’est le climat qui pose souvent problème. Il est aléatoire alors qu’avant de fumer le pois-son, il faut le sécher. Et pendant la saison cy-clonique, les captures se réduisent à néant. La mer produit toutefois des poissons de qualité comme le thon, le cabaud, le rouget, sans ou-blier les autres espèces comme les langoustes, civelles, bichiques.

La pêche rencontre beaucoup de problèmesIl n’y a pas que le climat. La pêche tradition-nelle fait face à de nombreux problèmes. Elle est peu soutenue alors que les captures dimi-nuent en quantité. Actuellement, les autorités veulent aider les pêcheurs traditionnels à mi-grer vers la pêche Artisanale et à aller plus loin que les 2 miles à partir de la plage. La mise en œuvre de cette nouvelle approche n’est pour-tant pas facile. Ce n’est pas évident pour ces pêcheurs d’utiliser des matériels comme les masques, les vedettes, etc. Ils en sont encore à des matériels de fortune et se fient à des

connaissances empiriques. Nombreux sont les pêcheurs qui n’ont pas de pirogue et de filets, ils en louent. Dans ce cas, il est plutôt illusoire de les pousser du jour au lendemain vers la pêche Artisanale. En attendant des jours meilleurs, il faut noter que les femmes qui font du fumage de poissons achètent leurs produits chez ces pêcheurs. Et comme ces derniers ont des problèmes, les femmes doivent payer rapidement ce qu’elles achètent auprès d’eux. Toutefois, le marché de poissons fumés existe selon le responsable du projet. C’est pour cette raison que derniè-rement, les produits ont été exposés à la foire Fier-Mada. Il s’agissait d’en faire la promotion auprès des clients potentiels.

S’occuper des normes Le projet s’y penche et lance un appel pour disposer d’un bâtiment équipé d’eau et d’élec-tricité. La région Atsimo Atsinanana et la com-mune urbaine de Farafangana sont déjà prêtes à fournir un terrain. Le dossier de financement est élaboré avec le réseau de microfinance Tiavo. Notons qu’à Amboanio, un quartier de Farafangana, 25% des femmes, soit 60 femmes sont intégrées dans le projet. Elles peuvent produire 25 à 30 kg de poissons fumés par jour. La consommation journalière de la ville et notamment des restaurants Arrive à peine à 5 kg. Le projet travaille aussi dans deux fokon-tany, Andranomakoko et Anosinakoho, pour le fumage de poissons. Le projet sera clôturé en décembre prochain. Qu’en est-il de la pérennisation ? Le respon-sable affirme que les femmes sont mises en relation avec tous les services concernés. Le projet les aide aussi à faire des plans d’actions. Il y a également la formation pour le montage de dossiers de financement à adresser à la microfinance. Outre le fumage de poissons, notons que le projet fait aussi la promotion de la vannerie auprès de ces femmes. Une forma-tion au design a été dispensée. Mais comme le design exige un coût et un délai plus élevés, les Artisanes préfèrent les méthodes tradition-nelles. La pauvreté explique ce choix. Or, le marché extérieur existe et dans ce cas le de-sign est important. Le projet sensibilise aussi ces femmes à la rizi-culture, aux cultures pluviales dont le voan-jobory ou le pois de terre et le manioc. Dans la nouvelle pratique de «  basket compost  », on peut obtenir 100 à 150 kg de manioc par pied. Une formation à dispenser en septembre va renforcer les compétences en ce sens. Il faut toutefois noter que la qualité du sol laisse souvent à désirer. Elle est à la fois sableuse et rocailleuse. Les petits cailloux ont de plus la propriété de chauffer au soleil et de tuer ainsi les racines des plantes. Sinon, le compost est très intéressant parce que la région produit beaucoup de feuilles.

Sinon, le projet cible aussi l’apiculture. Mais là aussi, il y a un problème : il y a une concur-rence entre l’apiculture et la filière des huiles essentielles. L’on assiste à un massacre des niaoulis alors qu’il faudrait entretenir l’arbre de manière à ce qu’il fleurisse pour servir les apiculteurs. La région est d’ailleurs exempte de la maladie parasitaire appelée varroase qui frappe les hautes terres et le littoral est. Le pro-jet sensibilise aussi les femmes sur la culture maraîchère.

Travailler avec 2 000 femmesLe projet travaille avec 2 000 femmes du dis-trict de Farafangana. Le responsable estime que ces femmes constituent un potentiel de développement pour la région. Rappelons que le projet a été initié par l’évêché de Farafan-gana pour procurer aux femmes un emploi dé-cent et pérenne. Mais pourquoi les femmes ? La polygamie est une pratique « institutionna-lisée » dans la région. Puis, nombreux sont les hommes qui ont des enfants avec une femme et ne prennent aucune responsabilité vis-à-vis de leur progéniture par la suite. Les mères céli-bataires très jeunes et obligées de subvenir aux besoins de leur famille sont nombreuses. Or, le petit commerce informel ne leur permet pas de sortir de la pauvreté. Le projet a démarré en 2008 pour aider ces femmes à être autonomes et à améliorer la sécurité alimentaire de leur ménage. Dans la brousse, rares sont les gens qui mangent cor-rectement alors que les hommes travaillent peu, contrairement aux femmes. En période de soudure, (ou « sakave »), les repas, unique dans une journée, est constitué de papaye verte, de la patate douce, du manioc ou du fruit à pain. Afin de remédier à ce problème, il est néces-saire d’aider les femmes à êtres autonomes sur le plan professionnel et financier. Après un an de suspension suite à la crise, le projet a redé-marré en 2010 étant donné qu’il s’intègre dans le volet de lutte contre la pauvreté du PNUD. Il aide ces femmes à augmenter leur production et leurs revenus. Il les met en contact avec les acteurs des filières concernées pour une inté-gration des filières. Il les incite à se constituer en associations pour avoir plus de poids face aux acteurs de la filière, et pour mutualiser leurs moyens et accéder facilement aux renfor-cements de capacités.

Mais si les autorités et des organisations prennent en compte les femmes, les jeunes restent en plan. Dans la région, il faut souvent aller au chef-lieu de commune pour trouver un collège d’enseignement général. Et la plupart du temps, les modèles donnés aux jeunes ne sont pas à même de les aider à travailler et à se surpasser pour un avenir meilleur. Or, ils sont délaissés et en brousse, ils deviennent souvent des voleurs de bovidés.

36 EXPANSION MADAGASCAR - SEPTEMBRE / OCTOBRE 2011 - N°11

régiOn | atSiMO atSinanana

Page 37: Expansion Madagascar N°11
Page 38: Expansion Madagascar N°11

taBLeau de BOrd ecOnOMiQue

Vie du SiM

la vie du siMMademoiselle Mialy RAZANAJATOVO a quitté le SIM, elle est remplacée par Madame Evelyne RAKOTOMANANA qui prend la fonction de chargée d’études.

Réunion du Conseil d’Administration :Les membres du CA ont tenu leur réunion bimestrielle le 27/07/2011. Ont été discutés et examinés la mise en place d’un code d’éthique d’un code de conduite des affaires au niveau des membres du SIM. Cette action vise la mise en place d’un climat de confiance entre les membres pour former des alliances en vue d’améliorer la compétitivité des entre-prises à travers la formation d’une économie d’échelle.Par ailleurs, les administrateurs ont arrêté les propositions du SIM à sou-mettre pour la loi des finances 2012.Enfin, le SIM envisage de tenir pendant la célébration de la Journée de l’Industrialisation de l’Afrique en novembre, les Etats Généraux et le salon de l’Industrie.

Procédure accélérée de dédouanement (PAD)Depuis l’application de la décision n° 23 MFB/SG/DGD du 08 juin 2011 fixant les conditions pour le bénéfice de la procédure accélérée de dé-douanement, 21 dossiers sont transmis à l’Administration douanière. Compte tenu de l’engagement du SIM dans la procédure, le Conseil d’Ad-ministration du SIM a décidé que seuls les dossiers des membres directs seront traités

Redevance de prélèvement et de déversement d’eau :L’Autorité Nationale de l’Eau et de l’Assainissement a notifié au SIM le refus du Ministre de l’Eau de la suspension du paiement de la redevance et son engagement ferme pour l’application du texte. Une demande de

sursis à exécution a été déposée auprès du Conseil d’Etat de la Cour Suprême qui a répondu favorablement à cette requête.

Rencontres avec les partenaires :Suite à son élection au poste du Président du SIM en Avril 2011, Monsieur Stéphane Hery Raveloson a rendu des visites de courtoisie aux différents institutions et organismes partenaires.

Il a ainsi rencontré :• le Ministre d’Etat de l’Economie et de l’Industrie,• le Ministre des Finances et du Budget, • la Ministre du Commerce,• le Directeur de l’AFD,• la Représentante Résidente du PNUD, • la Représentante de l’ONUDI, • la Chef de Section Gouvernance, Economie, Commerce et Secteurs

Sociaux de la Délégation de l’Union Européenne,• le Directeur de la Banque Mondiale.

Ont été évoqués pendant ces entrevues, la situation du secteur indus-triel, les contraintes et opportunités de développement, le programme d’activités du SIM.

Projet CAPDEVAprès une année d’existence, le projet CAPDEV prendra fin au 30 sep-tembre 2011. Il sera clôturé par une conférence régionale durant laquelle toutes les organisations intermédiaires ayant participé au projet se ren-contreront afin de définir ensemble les voies et moyens pour pérenniser le réseau d’associations qui est l’un des grands acquis du programme. Par ailleurs, des rencontres individuelles et des ateliers thématiques seront également programmés. Cette manifestation se tiendra à l’hôtel CARL-TON du 26 au 28 Septembre 2011.

Tableau de bord économiqueeVOLUTION DeS INDIcATeURS MONéTAIReS

OPéRATIONS

oct

-09

nov-

09

déc

-09

janv

-10

févr

-10

mar

s-10

avr-10

mai-10

juin-10

juil-

10

août-10

sept-10

oct

-10

nov-

10

déc

-10

janv

-11

févr

-11

mar

s-11

avr-11

mai-11

juin-11

MASSe MONeTAIRe (Milliards d’Ar)

Base monétaire 1 619 1 676 1 643 1 627 1 577 1 591 1 611 1 673 1 666 1 690 1 677 1 699 1 690 1 729 1 893 1 822 1 817 1 857 1 863 1 911 2 006,10

Agrégat monétaire M3 3 916 3 999 4 106 4 064 4 131 4 091 4 116 4 181 4 186 4 259 4 199 4 183 4 298 4 317 4 498 4 423 4 412 4 496 4 551 4 583 n.c

cReDIT A L’ecONOMIe (Milliards d’Ar)

Crédits octroyés à court terme au secteur privé 1 036 1 004 1 019 1 041 1 039 1 096 1 110 1 051 1 116 1 123 1 114 1 151 1 178 1 135 1 177 1 124 1 120 1 151 1 142 1 135 n.c

Crédits octroyés à moyen et long terme au secteur 867 858 885 883 883 867 869 887 887 894 914 928 934 930 936 959 947 939 957 960 n.c

cReDIT A L’eTAT (Milliards d’Ar)

Système bancaire -55 -41 20 5 6 15 -3 6 -227 -201 -226 -221 -222 -219 -229 -231 -132 -117 -94 -123 n.c

Autres créances nettes 134 144 149 166 142 155 171 155 179 162 165 164 132 153 167 154 152 168 155 169 n.c

AVOIRS eXTeRIeURS (Millions d’USD)

Avoirs extérieurs 961 1 002 982 953 930 895 896 892 964 986 985 955 965 988 1 021 1 047 1 015 1 058 1 070 1 083 n.c

dont disponible 792 831 814 787 766 732 734 733 803 822 821 789 796 821 852 762 691 734 775 846 n.c

TAUX MONeTAIReS

Taux directeur de la BFM 9,50% 9,50% 9,50% 9,50% 9,50% 9,50% 9,50% 9,50% 9,50% 9,50% 9,50% 9,50% 9,50% 9,50% 9,50% 9,50% 9,50% 9,50% 9,50% 9,50% 9,50%

TAUX D’INTéRêT DeS bANqUeS cOMMeRcIALeS (%)

Taux de base MIN 13,8 13,8 13,8 13,8 13,8 13,8 13,8 13,8 13,8 13,8 13,8 13,8 13,8 13,8 13,8 13,8 13,8 13,8 13,8 n.c n.c

Taux de base MAX 15 15 15 15 15 15 15 15 15 15 15 15 15 15 15 15 15 15 15 n.c n.c

Taux débiteur MIN 7,4 7,4 7,43 7,4 7,4 7,39 7,34 7,25 7,25 7,25 7,19 7,19 7,19 7,16 7,09 7,09 7,09 7,05 7,05 n.c n.c

Taux débiteur MAX 42,54 42,57 42,51 42,46 39,04 38,72 38,49 37,95 37,81 37,64 37,58 37,57 42,2 42,2 42,2 42,26 42,39 42,84 43,12 n.c n.c

Taux créditeur MIN 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0 0,04 0 0 0 n.c n.c

Taux créditeur MAX 9,53 9,75 8,82 9,75 9 9 9,33 9,17 9,85 9,14 8,86 9,13 8,84 9,76 9,76 9,64 9,9 9,83 9,95 n.c n.c

TAUX De cHANGe

Parité Ariary/USD 2 010,68 1 951,98 1 936,68 2 034,59 2 148,29 2 133,79 2 053,93 2 077,11 2 192,60 2 204,44 2 121,75 2 010,22 1 999,63 1 990,92 2 117,83 2 092,68 2 020,42 2 004,24 1 972,84 1 966,77 1 939,34

Parité Ariary/Euro 2 974,51 2 909,58 2 834,38 2 903,88 2 941,52 2 896,22 2 756,67 2 626,18 2 686,16 2 812,23 2 748,09 2 625,00 2 774,47 2 727,90 2 809,60 2 797,51 2 757,30 2 803,37 2 847,39 2 821,24 2 787,61

Parité Ariary/DTS 3 195,23 3 123,49 3 069,36 3 184,71 3 306,26 3 262,32 3 116,51 3 077,03 3 218,88 3 345,26 3 221,67 3 040,72 3 138,99 3 109,87 3 253,00 3 234,64 3 155,64 3 166,06 3 151,78 3 140,74 3 103,12

Source : BCM

Page 39: Expansion Madagascar N°11
Page 40: Expansion Madagascar N°11