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 8  urundi Existe-t-il actuellement un processus révolutionnaire au urundi ? Par le Secrétariat nationa l aux Relations internatio nales du CNDD,  juin 2015 Depuis plus deux de mois, le Burundi est à la une de l’actualité africaine, voire mondiale. Des manifestants, essentiellement de s jeunes, descen dent dans les rues des quartiers de Bu jumb ur a et dans certaines localités de l’intérieur du pays depuis le 26 av ril 2015. L’investiture du président Nkurunziza par son parti le 25 avril 2015 à la candidature aux élections présidentielles semble avoir mis le feu a ux poudres. La raison n'est pas tant cette ca nditature que son illégallité car ce serait un troisième mandat en totale contradiction avec l'esprit et la lettre des accords de paix et de réconciliation d'Arusha ainsi que de la constitution de la République. L’ opp osition po liti qu e, la soc iété civ ile ain si que l’Egli se cathol iqu e considèrent cet te 3 ème candidature anticonstitutionnelle 1  et contraire aux accords d’Arusha de 2000 2  qui avaient permis la mise en plac e d’un processus qu i avait mis fin à une longu e guerre civ ile de 12 ans. Mais ce fameu x troisième mandat peut-il à lui seul expliquer la détermination de ces jeunes et tout ce beau monde à poursuivre des manifestations pendant une si longue période malgré le risque de se faire tuer par une police qui n’hésite pas à tirer à balles réelles ? L’on enregistre en effet en moye nne un mort ch aq ue jour pa r balle et pl usieurs blessés gr aves depu is le but des manifestations. Des centaines d’autres sont arrêtés et torturés dans les centres de détentions de la police et des services de renseignement. Les choses sont en effet plus complexes et la candidature au 3 ème  mandat semble n’être qu’une goutte qui a fait déborder le vase.  Après une brève présentation du Burundi, nous allons essayer d’éclairer l'opinion en remontant à la naissance du CNDD-FDD, parti de Nkurunziza, mais dont il ignore visiblement les fondements et les objectifs originels., son accession au pouvoir, son système de gestion du pays et terminer sur la crise actuelle. 1. Présentation du Burundi D'abord quelques rappels pour souligner en quoi le Burundi peut intéresser les puissances néocoloniales : Le Burun di est un pays à cheval entre l'Afri que cent rale et l'Afriqu e de l'Est, situé à l’est de la République Démocratique du Congo--RDC, au sud du Rwanda et à l’ouest de la Tanzanie, il est membre de l'EAC, CPGL, CEAC . Le Burundi a une superficie de 27834 km2, une population estimée à 10.888.000 habitants, soit une densité d’environ 300 habitants au km2. La population a une croissance de 3,70% selon les estimations de 2005. Ce petit pays occupe et présente comme le Rwanda une po sit ion géo str até giq ue imp ortante po ur les pu issances imp érialistes. Cette position leur permet d'exercer le contrôle des richesses et matières stratégiques que regorge cette région des grands lacs, entre au tre, le Col tan, l'or ...Plus de cen t avio ns des multinationales 1  Article 96 Le prés ident de la Répub lique est élu au sufrage universe l direct pour un mandat de cinq ans renouvelable une ois. 2  Article des accords

Existe-t-il actuellement un processus révolutionnaire au Burundi ?

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Depuis plus deux de mois, le Burundi est à la une de l’actualité africaine, voiremondiale. Des manifestants, essentiellement des jeunes, descendent dans les rues des quartiersde Bujumbura et dans certaines localités de l’intérieur du pays depuis le 26 avril 2015.L’investiture du président Nkurunziza par son parti le 25 avril 2015 à la candidature aux électionsprésidentielles semble avoir mis le feu aux poudres. La raison n'est pas tant cette candidature queson illégalité car ce serait un troisième mandat en totale contradiction avec l'esprit et la lettre desaccords de paix et de réconciliation d'Arusha ainsi que de la constitution de la République.

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  • 8BurundiExiste-t-il actuellement un processus rvolutionnaire au Burundi ?

    Par le Secrtariat national aux Relations internationales du CNDD,

    juin 2015

    Depuis plus deux de mois, le Burundi est la une de lactualit africaine, voiremondiale. Des manifestants, essentiellement des jeunes, descendent dans les rues des quartiersde Bujumbura et dans certaines localits de lintrieur du pays depuis le 26 avril 2015.Linvestiture du prsident Nkurunziza par son parti le 25 avril 2015 la candidature aux lectionsprsidentielles semble avoir mis le feu aux poudres. La raison n'est pas tant cette canditature queson illgallit car ce serait un troisime mandat en totale contradiction avec l'esprit et la lettre desaccords de paix et de rconciliation d'Arusha ainsi que de la constitution de la Rpublique.Lopposition politique, la socit civile ainsi que lEglise catholique considrent cette 3 me

    candidature anticonstitutionnelle1 et contraire aux accords dArusha de 20002 qui avaient permis lamise en place dun processus qui avait mis fin une longue guerre civile de 12 ans. Mais cefameux troisime mandat peut-il lui seul expliquer la dtermination de ces jeunes et tout cebeau monde poursuivre des manifestations pendant une si longue priode malgr le risque dese faire tuer par une police qui nhsite pas tirer balles relles ? Lon enregistre en effet enmoyenne un mort chaque jour par balle et plusieurs blesss graves depuis le dbut desmanifestations. Des centaines dautres sont arrts et torturs dans les centres de dtentions dela police et des services de renseignement. Les choses sont en effet plus complexes et lacandidature au 3me mandat semble ntre quune goutte qui a fait dborder le vase.

    Aprs une brve prsentation du Burundi, nous allons essayer dclairer l'opinion en remontant la naissance du CNDD-FDD, parti de Nkurunziza, mais dont il ignore visiblement les fondementset les objectifs originels., son accession au pouvoir, son systme de gestion du pays et terminersur la crise actuelle.

    1. Prsentation du Burundi

    D'abord quelques rappels pour souligner en quoi le Burundi peut intresser les puissancesnocoloniales :

    Le Burundi est un pays cheval entre l'Afrique centrale et l'Afrique de l'Est, situ lest de laRpublique Dmocratique du Congo--RDC, au sud du Rwanda et louest de la Tanzanie, il estmembre de l'EAC, CPGL, CEAC. Le Burundi a une superficie de 27834 km2, une populationestime 10.888.000 habitants, soit une densit denviron 300 habitants au km2. La population aune croissance de 3,70% selon les estimations de 2005. Ce petit pays occupe et prsente commele Rwanda une position gostratgique importante pour les puissances imprialistes. Cetteposition leur permet d'exercer le contrle des richesses et matires stratgiques que regorge cettergion des grands lacs, entre autre, le Coltan, l'or...Plus de cent avions des multinationales

    1 Article 96 Le prsident de la Rpublique est lu au suffrage universel direct pour un mandat de cinq ans renouvelable une fois. 2 Article des accords

  • 8atterrissaient par jour dans les forts de l'est de la RDC selon une mission de France 24 en 2011sur la crise financire.

    Le Burundi dans son histoire comme la majorit des pays africains fait face de multiplesproblmes spcifiques et gnraux ; ils se rsument en contradictions externes et internes.Les contradictions externes trouvent leur origine dans les rapports qui surgirent du contact avec

    les puissances occidentales l'poque coloniale et post-coloniale. Ces puissances non seulement

    ont pill nos ressources matrielles, culturelles, intellectuelles de l'Afrique, mais ont interrompu le

    processus normal de son dveloppement endogne. La colonisation du Burundi commence la

    fin du 19me sicle par les Allemands. A la fin de la 1re guerre mondiale, lAllemagne est contrainte

    dabandonner ses colonies. Le Burundi passe alors sous la tutelle belge en mme temps que le

    Rwanda. Ces puissances coloniales ont introduit le virus de l'ethnisme , transformant ainsi les

    contradictions sociales en antagonismes ethniques qui n'avaient jamais exist avant l're coloniale

    au Burundi.

    Les contradictions internes ont empch le Burundi comme beaucoup d'autres pays se librer et

    se dvelopper. Le Burundi indpendant depuis le 1er juillet 1962 et aprs l'assassinat en octobre

    1961 du prince Louis Rwagasore hros de l'indpendance a connu des gouvernements dirigs

    par des lites compradores qui amassent des richesses travers la corruption, le pillage des

    ressources naturelles et des entreprises de l'Etat. Limmaturit des lites burundaises et la

    manipulation des sensibilits socio-ethniques par certaines puissances nocoloniales, vont ds le

    lendemain de lindpendance, inaugurer une longue priode marque par des massacres

    cycliques caractres politico-ethniques au Burundi. Les ngociations et la signature de l'Accord

    d'Arusha en 2000 ont permis un vritable rapprochement des principales composantes

    ethniques , Hutu et Tutsi, transformant ainsi progressivement la conscience ethnique en

    conscience de classe sociale. Malheureusement, l'arrive au pouvoir de Nkurunziza et de son

    parti militariste CNDD FDD en 2005, n'a pas permis au peuple burundais de profiter les

    dividendes de cette rconciliation sur le plan socio-conomique. A certains gards, la situation

    s'est mme empire. Loligarchie au pouvoir qui gouverne le Burundi actuellement possde une

    autre caractristique extrmement dangereuse : elle parvient endormir le peuple par des

    pratiques obscurantistes entretenues sciemment par le prsident de la rpublique. Il passe les

    trois quarts du temps prier et vangliser une population affame 58 % analphabtes. Cette

    oligarchie contrle la totalit du pouvoir politique et conomique et l'utilise pour maintenir le statu

    quo de lexploitation et le sous-dveloppement de la majorit des citoyens burundais.

    2. La naissance du CNDD-FDD.A travers de nombreuses luttes par les masses dans les pays africains, beaucoup de leaders dans

    leurs tats donns ont t forcs concder des rformes dmocratiques qui ont permis plus de

    liberts civiles et politiques aux peuples. C'est ainsi qu'au Burundi, le Prsident Buyoya arriv au

  • 8pouvoir en 1987 par un putsch contre son cousin Bagaza, accepte la mort dans lme le

    pluralisme politique en 1992.

    En juin 1993, le parti FRODEBU (Front pour la Dmocratie au Burundi) cr quelques annesplus tt en clandestinit par Melchior NDADAYE et ses compagnons de lutte, LonardNYANGOMA, KARIBWAMI Pontien, Gilles BIMAZUBUTE, etc. gagnent les lections face BUYOYA et le parti UPRONA.

    En Octobre 1993, le premier Prsident dmocratiquement lu, Melchior NDADAYE est assassinainsi que nombreux de ses collaborateurs dans une tentative de coup dEtat. Devant la rsistancepopulaire et la dsapprobation de lopinion publique , les putschistes font semblant de cder lepouvoir. Mais le climat de rbellion de larme, dinscurit et de sabotage est tel que leFRODEBU vainqueur des lections (avec NDADAYE) ne peut gouverner. Lonard NYANGOMA,en charge de l'ducation populaire, de la propagande et de la mobilisation du parti feu PrsidentNdadaye et son ministre de la Fonction Publique et de Rapatriement des rfugis, devenuministre de l'intrieur du gouvernement phmre de feu prsident Ntaryamira, cra le 24septembre 1994 le Conseil National pour la Dfense de la Dmocratie, le CNDD en sigle avec sabranche arme, les Forces pour le Dfense de la Dmocratie, les FDD. Le CNDD se fixait pourobjectif primordial la dfense des acquis des lections de juin 1993 en rtablissant le peuple dansses droits inalinables, notamment celui de se choisir ses dirigeants pour ensuite satteler consolider la dmocratie, la justice sociale et le dveloppement dans un pays rconcili avec lui-mme.

    La rsistance populaire sorganisa, et larme commena enregistrer des pertes de plus en plusimportantes. Et paralllement la situation socio-conomique se dgrada. La situation devenait siintenable pour le rgime militaro-civile que et les ngociations simposrent. Ces derniresdbutrent d'abord clandestinement en Italie en 1996 entre le pouvoir putschiste de Buyoya et larsistance incarne par le CNDD et son fondateur Nyangoma... Mais pour la raction rgionale etinternationale il ne fallait pas que ce mouvement politico-militaire reste contrl par des hommesintgres et progressistes qui seraient sans doute non manipulables une fois au pouvoir. Aussi,sappuyant sur les contradictions internes et limmaturit de certains cadres de lorganisation,limprialisme suscita un coup dEtat contre Lonard NYANGOMA. Une organisation militariste etfasciste tait ne : le CNDD-FDD. Il convient de noter que jusqu'alors la branche arme n'taitrelgue ses tches intrinsques savoir les aspects militaires, tandis que le politique s'attelaitaux siennes, la lutte de mme nom. L'objectif vis par les imprialistes et leurs marionnettes taitd'affaiblir le CNDD pour des raisons d'intrt gostratgique avant la deuxime invasion de laRDC en 1998 dirige par un progressiste comme le prsident feu Kabila. Pour eux, le CNDDpouvait constituer un obstacle aux forces d'invasion, toutes la solde de l'imprialisme.

    Les ngociations se poursuivirent et le 28 Aot 2000, le fameux Accord dArusha pour laPaix et la Rconciliation pour le Burundi fut sign par plusieurs partis et mouvements arms.Mais le CNDD-FDD, aile putschiste du CNDD et le FNL-Palipehutu refusrent de signer cetaccord pour des raisons jusque l inavoues mais aujourd'hui videntes. Mais cela nempchapas le dbut dune transition. Ce sont les dirigeants de la transition qui continurent lesngociations avec le CNDD-FDD qui aboutirent la signature dun accord spar en Afriquedu Sud en novembre 2003. Cette organisation rejoignit alors la transition et une partie de sescombattants furent intgrs au sein de larme gouvernementale et dans la police, tandis qued'autres taient dmobiliss

  • 83. Larrive au pouvoir du CNDD-FDD

    Les lections de 2005 se sont droules dans un climat de guerre. Le parti FNL-Palipehutupoursuivait sa lutte arme et la dmobilisation des combattants du CNDD-FDD venait peine dedbuter. Les armes circulaient massivement dans le pays. Le CNDD par la voix de LonardNYANGOMA avait suggr de repousser les lections une date ultrieure afin de procderdabord au dsarmement des combattants et de la population. Cest un non catgorique qui lui futoppos. En effet, il savra que les lections navaient quun seul but : lgitimer le transfertde pouvoir au CNDD-FDD , peu importt les conditions et l'objectif ultime vis. Les lectionseurent lieu dans un climat de terreur. Les combattants du CNDD-FDD dissmins dans lesquartiers et sur les collines du pays menaaient de mort toute personne qui se hasarderait nepas voter ses candidats. Le Burundi allait vivre une situation similaire celle du Liberia avec leprsident Taylor ou du Hati dirig par l'ancien dictateur Jean-Claude Duvalier dit Bb Doc ,celui-ci disposait aussi comme Nkurunziza des milices armes, les clbres TontonsMacoutes . Le parti disposait des moyens matriels impressionnants (vhicules, argent, moyensde propagande, etc.) dont la provenance ne pouvait faire aucun doute pour une organisation quisortait peine du maquis. Le CNDD FDD a certainement bnfici des financements, dessoutiens matriels des puissances et rseaux extrieurs qui l'avaient crs.

    4. Le systme du CNDD-FDD.

    a. Un populisme mystico-religieux et obscurantiste.

    Ds sa prise de pouvoir, Nkurunziza dclara quil tait devenu prsident par la volont deDieu non par la volont populaire. Il se dit de la mouvance des prsidents born again ,supposs guids par la bible !

    Nkurunziza en pleine transe (source : Burundi news)

    Depuis une dizaine d'annes, il organise rgulirement des caravanes dune semaine o legotha de son pouvoir est convi participer de gr ou de force. Pendant cette priode toutes lesaffaires de lEtat sont bien sr mises entre parenthses et les moyens colossaux du mme Etat

  • 8sont utiliss des fins purement privs . NKURUNZIZA fait partie des prsidents born again ,adeptes des glises vanglistes protestantes essaimant travers l'Afrique. Avec son pouseDenise Nkurunziza rcemment consacre Pasteur, ils collectent des sommes colossales qui enplus du vol des fonds de lEtat leur permettent de vivre dans lextravagance au dtriment du restede la population. Par exemple lissue du congrs du parti tenu Gitega du 23 au 24 dcembre2006, le magnanime et richissime planteur davocatiers a fait un don de 250.000.000 frs Bu(250.000$US) au Parti. Il tablit des relations avec des groupes religieux d'extrme droitetasuniens et du monde entier, mme au niveau du congrs tasunien. Ces congressistes ontappel le 29 mai 2015 la communaut internationale et tous les burundais soutenir Nkurunziza.Pour renforcer et fidliser les milieux religieux qui lui sont acquis, le pouvoir a conu unvritable plan de financement des sectes, dont certaines sont mme cres pour les besoinsde la cause. Et pour affaiblir les Eglises quil ne contrle pas, Nkurunziza suscite des noyauxde dissidenceEn plus dune chorale qui laccompagne dans ses croisades politico-religieuses, Nkurunzizadispose dun club de football dnomm Allluia dont il est le capitaine. Cette fameusequipe disposerait de plus de moyens financiers quelquipe nationale.

    Le Prsident Nkurunziza lave les pieds de ses coreligionnaires comme Jsus lavait fait ses disciples.

    Lautre truc de NKURUNZIZA, ce sont les travaux dits communautaires. Il y participe tous lessamedis , paralysant toute autre activit sur le plan national, y compris le mouvement destouristes et autres citoyens, pour montrer sa communion avec le peuple. Il sagit en ralit dunepropagande permanente avec les moyens du contribuable.

    b. Une situation sociale catastrophique.

    Lide sduisante , reprise d'ailleurs du programme du CNDD, denseignement primaire gratuit at travestie. Des classes plthoriques, une mauvaise formation et une pauprisation des

  • 8enseignants ont abouti une baisse de niveau scolaire de faon catastrophique.

    Une enseignante en classe au Burundi, avec un de ses enfants au dos et le 2me ses cts(Photo Iwacu).

    Lautre dcision qui avait donn lespoir aux populations concernait les soins de sant gratuitsaux femmes enceintes et aux enfants gs de mois de cinq ans. Limprovisation et la prcipitationqui ont marqu cette mesure ont plong les structures sanitaires dans un gouffre abyssal dont ilsmettront longtemps se sortir. Lenseignement suprieur est progressivement privatis. Daprs le rapport dune ONG nationale, alors quen 2001, au moment de la cration de la plupart des tablissements privs, leseffectifs du public sont treize fois plus levs, avec respectivement 7468 et 542, en cinqans ceux-ci se rapprochent et passent 11184 9639, pour tre au mme niveau, uneanne aprs. A partir de 2009, les effectifs du priv dpassent ceux du public 3

    Les burundais vivent un vritable calvaire : les fonctionnaires et autres agents de lEtatperoivent avec de plus en plus de retard leurs salaires de misre, ils sont pays grce aux appuisbudgtaires accords par le FMI ou l'UE. Le Burundi a le SMIG le plus bas du monde : 6 dollarsou environ 7200f bi par mois. Linflation a rendu la vie intenable.c. Droits humains bafous par une redoutable machine de terreur et de rpression.

    Nkurunziza et son parti sappuient sur les forces de scurit et sa milice Imbonerakure pourcraser toute contestation et touffer toute volont de changement.

    3 Rapport de lanalyse du fonctionnement et de financement de lenseignement suprieur priv au Burundi.OAG, Bujumbura Aot 2012.

  • 8- La premire structure de rpression est le Service National de Renseignement (SNR),

    vritable police politique. Avec sa tte un analphabte devenu gnral, il sest illustrdans llaboration de faux complots et des assassinats. Le complot le plus connu est lefaux coup dEtat de 2006 qui avait abouti lemprisonnement de Domitien Ndayizeye etAlphonse Marie Kadege respectivement anciens prsident et vice-prsident de latransition. Quant aux assassinats, ils sont innombrables : lon peut citer lassassinat detrois surs religieuses en septembre 2014, le massacre de Katumba le 21 septembre2011 qui a fait 39 morts, lassassinat la nuit du 8 au 9 avril 2009 de Manirumva Ernestvice prsident de lOrganisation de lutte contre la corruption et les malversationsconomiques (OLUCOME), il aurait t victime d'une enqute qu'il diligentait sur lecommerce illicite des armes par certains caciques du pouvoir etc.

    - La police : elle est compose essentiellement par les anciens combattants du cndd-fddet le commandement est assur par les officiers trs fidles au prsident Nkurunziza. Lapolice nhsite pas tirer balles relles sur des manifestants mains nues.

    - La milice Imbonerakure : officiellement il sagit du mouvement des jeunes du CNDD-FDD. Mais en ralit il sagit bel et bien dune milice arme. Ses membres suivent uneformation militaire dans le secret et disposent des armes feu. Ils sont organiss encompagnie pour chaque colline. Ils travaillent main dans la main avec le ServiceNational de renseignement et la police. Par endroit, ils se substituent carrment lapolice. Ils exercent une terreur permanente contre les militants des partis dopposition etdes actes de contrainte sur des citoyens afin quils adhrent leur parti.

    - La justice : elle est totalement infode au pouvoir du CNDD-FDD. Les magistrats quitentent de dfendre lindpendance de la justice sont marginaliss voire perscuts.

    d. Une corruption permanente et gnralise et les dtournements des deniers publics.

    Depuis une dcennie, le Burundi fait partie des dix pays les plus corrompus du monde selon lesrapports de Transparency International.

    La corruption, la privatisation des entreprises de lEtat et les dtournements des deniers publicsont des consquences dsastreuses sur la vie des populations : 60% de la population souffre defaim, le chmage frappe durement la jeunesse, le Burundi fait partie des cinq pays les pluspauvres du monde et lindice de dveloppement humain est parmi les plus bas (180me sur 187pays)4. La plupart des familles se contentent dun seul repas par jour. Alors quen 2000 le kilo deriz cotait environ 420 francs, il est aujourdhui dans les 1400 francs (1$US) !

    Par contre, une minorit doligarques se construisent des villas cossus, roulent dans des 4x4rutilants neufs, disposent des comptes bancaires bien garnis surtout ltranger.

    Tout sachte au Burundi : un poste politique, une bonne place sur la liste lectorale, lemploi, lesprocs, une participation aux missions de paix pour les militaires, etc., tout se monnaie !

    Lor, la cassitrite, le coltan sont exploits et exports illgalement par les dignitaires du pays etaucun impt nest vers lEtat.

    Les contrats dexploration du sol du pays sont signs dans une opacit totale.

    Les entreprises de lEtat sont sauvagement privatises, rachetes par les dignitaires du CNDD-FDD caches derrires des socits-crans.

    4 Classement IDH 2013

  • 8Le systme CNDD-FDD est corrompu jusqu' l'os. En 2008 le Burundi tait class respectivementau 158e rang (sur 180) du monde et au 35e en Afrique subsaharienne. Quasiment parmi les 20pays les plus corrompus du monde. Si les notes du Bnin, de la Mauritanie et du Nigeria ontprogress de manire significative cette anne, celles du Burundi et de la Somalie se sontsensiblement dgrades (TI). La guerre civile a de nouveau menac le Burundi en 2007aprs la rupture de lAccord pour la Paix dArusha, et la corruption saggrave dans de nombreuxsecteurs. Aucune enqute na t mene la suite des nombreuses allgations de corruptionvisant des responsables de haut niveau, et les dclencheurs dalerte ne bnficient dequasiment aucune protection. Ainsi, la corruption demeure un obstacle majeur au dveloppementconomique et commercial du pays. , poursuit TI.

    En 2009 : 168e rang mondial sur 180 et 42e en Afrique au sud du Sahara sur 47, le Burundi amme rgress avec un score corruption de 1.8 sur 10 (on devrait dire de non corruption, car lameilleure note de 10 est rserve aux pays sans ou, pour rester ralistes, la moindrecorruption). 2010, pas d'amlioration: 170e sur 180 toujours, le Burundi a encore chut avec unscore de 1.8 qui se maintient certes, mais avec 2 places plus en arrire. 2011 : parmi le pelotoncaudal pour, le Burundi la 172e place (cette fois sur 182 pays valus), avec une noteinvariablement devenue trs burundaise de 1,9. 2012 : Idem. 165e sur 174,

    Quelques dossiers connus, hlas non exhaustifs. Avant le nickel et les autres minerais cits plushaut, il y eut le dtournement des fonds du FED, la vente de lavion prsidentielle, le fameuxFalcon 50, les commandes des haricots, des chaussures pour la police, des vhicules, lescommandes de matriels scolaires aux socits trangres et au dtriment des socitspubliques burundaises, laffaire INTERPETROL, la mainmise sur les rserves de la banque etrenflouer les caisses du parti (lon se rappelle le limogeage bruyant de lAdministrateur DirecteurGnral de la BCB dalors, avec des sacs de USD trouvs domicile, le pillage des minerais dewolframite de MUYINGA par les responsables militaires et de la police, en tte desquels figurait uncertain Gnral la tte des renseignements nationaux, non sans collusion avec des mainstrangres.

    LOLUCOME a aussi, une certaine poque, dnonc ce pillage et des containers desditsminerais avaient t saisis par la direction des douanes.

    Comme on le sait, la corruption est une des manifestation dun Etat sans tat de droit, dun degrpouss dimmoralit dans les affaires publiques, dinjustice car la chose publique appartient toutle monde. "La corruption enferme des millions de personnes dans la pauvret," dclarait un jourHuguette Labelle, alors la tte de Transparency International.

    e. Une conomie dpendante de l'extrieur.

    Le Burundi dispose de multiples atouts qui permettent normalement desprer un avenir meilleuret de consolider son indpendance. Parmi ces atouts : un peuple laborieux et travailleur 85%paysan, disciplin mais galement des ressources naturelles apprciables. Cest notamment, part les terres cultivables et les ressources hydrauliques : le nickel, luranium, les oxydes de terresrares, la tourbe, le cuivre, le cobalt, le platine, le vanadium, lor, le ptrole, lnergiehydrolectrique etc. Les plus importantes de ces ressources comme le nickel ne sont pas encoreexploites.

    Dans un pays, on ne peut pas parler d'conomie sans production des biens matriels et desservices pour la satisfaction des besoins sociaux essentiels de sa population: scurit alimentaireet eau potable, logements, infrastructures de transports, production de l'nergie, sant, ducation,

  • 8respect de l'environnement, matrise de la science et de la technique, emploi, la qualit de la vieen gnral

    Au regard de la situation conomique du pays, la situation est catastrophique comme lontrvl prcdemment les diffrents indicateurs socio-conomiques. Nous assistons lapersistance et l'aggravation des problmes conomiques et sociaux: la chute du pouvoir d'achatde plus de 500% depuis 1993, la fermeture des entreprises, l'absence presque totale dindustries,le chmage touche plus de 60% de jeunes, ingalits, misre, violences. Ces problmes sontaccentus par une chute vertigineuse de la production dans tous les secteurs de l'conomierelle, primaire et secondaire, un budget chaque anne dficitaire avec comme consquence unedpendance extrieure. Le Budget annuel de l'Etat est rgulirement financ 52% par desbailleurs de fonds selon Rufyikiri Gervais, deuxime vice-prsident dans sa rcente dclarationsur France 24, mercredi le 24 juin 2015.

    Un Etat dont la production nergtique ne dpasse gure 20MW n'a pas de ressort pourstimuler le secteur industriel. Un Etat dont les crimes conomiques de corruption ont dpass plusde 500 millions de dollars en dix ans ne peut pas redresser son dficit budgtaire. Plus de 80 casde corruption grave, concernant souvent des milliards de francs ont t recenss par l'OLUCOM,l'Organisation de Lutte Contre les Malversations Economiques.

    En rsum, la situation socio conomique au Burundi est caractrise par une contradiction entreune pauprisation sans cesse croissante des masses populaires (en majorit paysanne 85%, lesemploys du secteur public 10%, la classe moyenne 5%) et la concentration du capital de plus engrande dans les mains de loligarchie dirigeante, une bourgeoisie compradore et parasitaire, c'estla principale contradiction interne. Cette oligarchie est constitue principalement des dirigeantsissus des rgimes qui se sont succd depuis lindpendance du pays en 1962. Elle sest enrichiesur le dos du peuple par la corruption et le crime, par le bradage des entreprises de ltat enprocdant des privatisations sauvages (ONATEL, ONAPHA, COTEBU, REGIDESO...). Ellecontrle une plus-value excessive. Largent vol nest pas investi dans des oprations deproduction, une partie est utilise dans la construction des villas luxueuses et somptueuses, uneautre est dpose sur des comptes bancaires ltranger. Pour cette oligarchie, quitter le pouvoirc'est s'asphyxier et mourir, le pouvoir est pour elle un vritable bouclier protecteur contre lepeuple et la justice.

    f. Les soutiens extrieurs du CNDD-FDD.

    Jusque rcemment, les mmes soutiens qui avaient manuvr pour mettre Nkurunziza aupouvoir sont rests ses cts pendant les dix annes de rgne. Au moins quatre chefs dtat dela rgion ont gard de trs bonnes relations de bon voisinage, notamment du Rwanda, del'Ouganda, de la Tanzanie et du Soudan. Cependant ses relations avec le Rwanda ces dernierstemps tendent se dtriorer suite au rapprochement que Nkurunziza a fait avec la Tanzanie(pour des intrts conomiques et gopolitiques floues), mais aussi au rejet du troisime mandatde Nkurunziza par le prsident rwandais. Pour rappel, la Tanzanie a jou un rle moteur pourchasser le M23 de la RDC, celui-ci tant un mouvement arm tax de bnficier des soutiens deKigali. Le Rwanda se basant sur des enqutes de l'ONU reprocherait Nkurunziza de soutenirles FDLR, un parti arm d'opposition bas en RDC.

    En Afrique Centrale, Nkurunziza est li certains hommes d'affaires gabonais, il voyage souventavec un jet priv d'un certain un homme d'affaires gabonais, selon certaines sources, Nkurunzizadtiendraient des sommes colossales sur des comptes dans des banques gabonaises. Au Nord,

  • 8avec le renoncement la reconnaissance de la Rpublique Sahraoui, Nkurunziza a effectu unrapprochement important avec le Maroc, pays o il dtiendrait aussi des comptes bancaires.

    En gnral, selon des sources concordantes, Nkurunziza et son oligarchie sont impliqus dansdes rseaux mafieux de commerce des minerais, des armes et de la drogue

    Le prsident NKURUNZIZA a su sattirer les bonnes grces de lOccident notamment des EtatsUnis en envoyant plus de 5000 hommes en Somalie. Malgr des pertes importantes au sein destroupes burundaises, NKURUNZIZA a maintes fois rpt quil ne retirera ses troupes qu la finde la mission ! Il a aussi dpch environ 1000 soldats en Centrafrique, la grande satisfactionde la France.Le rgime du CNDD-FDD a sign des accords concernant le personnel des Etats Unis enRpublique du Burundi . Cet accord qui hypothque la souverainet du pays permet entreautres les membres des forces armes amricaines, le personnel civil du Dpartement de laDfense Amricaine et les sous-traitant des USA mneraient des activits dentrainement,dexercice ou daction humanitaire au Burundi (art.2), et jouiraient des privilges, exemptions etimmunits au mme titre que les diplomates (art.3). Ils entreraient et sortiraient librement duBurundi avec des documents dlivrs par les seules autorits Amricaines. La validit de leurslicences et permis de conduire seraient reconnus comme tel. Ils pourraient porter des uniformeset des armes (art. 3, 4, 5 et 6) et quen matire pnale, cest le droit amricain qui sappliqueraitau Burundi (art.7). 5

    La politique de privatisation outrance des socits publiques nest pas pour dplaire les librauxet autres marchands du village mondial globalis qui dirigent la plupart des grands pays del'occident.Aussi, malgr la corruption, la gabegie et la violation massive des droits de lhomme, par descalculs d'intrts divers des uns et des autres, le systme CNDD-FDD a continu de bnficier dusoutien de lOccident, des Eglises Catholique et Protestantes ainsi que de certaines puissancesrgionales, jusque trs rcemment.Cest ainsi que Nkurunziza et sa clique ont tripatouill impunment les lections de 2010 malgrles preuves indiscutables et la protestation de lopposition ; mais celles-ci ont t valides par laplupart des chancelleries occidentales.

    Les excs du rgime et le risque dune explosion rvolutionnaire ont-ils oblig les puissancesoccidentales lcher leur poulain ?

    5. La crise dite du 3me mandat.

    La corruption, le verrouillage de tout espace dexpression politique, la pauprisation de la majoritde la population dun ct, lopulence et larrogance dune minorit dirigeante de lautre ont finipar rvolter une population qui avait espr des bnfices de la paix aprs une longue guerrecivile.

    Le peuple esprait voir le changement avec la fin du deuxime mandat de Nkurunziza. Et lesburundais savent par exprience, que Nkurunziza sil se reprsente gagnera ncessairement leslections. Une commission lectorale qui lui est dvoue, une milice pour terroriser la population,une cour constitutionnelle conditionne, sont des garanties pour une victoire absolue pourNkurunziza et le CNDD-FDD.

    5 http://www.arib.info/index.php?option=com_content&task=view&id=8485

  • 8Certes le 3me mandat est anticonstitutionnel et contraire aux accords dArusha. Mais les sacrificesconsentis par la population burundaise notamment sa jeunesse vont au-del de la dfense de laconstitution et des accords dArusha. Cest la volont du changement, la volont de mettre fin auchmage, la misre, aux assassinats, la corruption, au bradage des entreprises de lEtat et larrogance des dirigeants. La fin de la guerre civile et l'avnement de nouveaux visages dans lepaysage politique burundais n'a pas signifi libert encore moins dmocratie. A certains gards lasituation serait mme pire que sous les rgimes sanguinaire, monopartites et militaro-civile dupass. Les Burundais ont donc soif de lendemain meilleurs et de perspectives d'avenir. Lacandidature au 3me mandat de Nkurunziza met fin tout espoir de voir des lendemains meilleurs.Pour cela des jeunes manifestent quotidiennement des dizaines de jours malgr des dizaines demorts par balles, des centaines de blesss, et des centaines darrestations suivies souvent pardes actes de tortures.

    Le risque de guerre civile caractre ethnique , levier sur lequel joue le pouvoir en perted'arguments, mesure mme de provoquer un embrasement de toute la rgion pourrait expliquerla mobilisation toute relative des pays occidentaux contre le 3me mandat de NKurunziza.

    Notons que cette rgion de l'Afrique Centrale et de l'Est, qui regorge de plus de 40 % desrserves des matires gostratgiques et des immenses rserves d'eau et de bois ... prsente unintrt particulier pour les multinationales et certaines grandes puissances.

    6. Laprs Nkurunziza et le systme du CNDD-FDD.

    Il est difficile de simaginer que le systme du CNDD-FDD va survivre la crise actuelle. Si lapopulation ne rgresse pas dans les antagonismes ethniques dantan, il est indniable que lepouvoir qui succdera celui actuel aura lobligation de tenir compte de la volont de lapopulation de voir ses conditions de vie samliorer et les bases d'une vraie dmocratie se mettreen place.

    Lopposition est certes disparate ; certains parmi les opposants voudraient juste se substituer auCNDD-FDD, il existe aussi au sein de lopposition des dmocrates-libraux ou des gensmallables et corruptibles pour faire du "business as usually" et une frange importante deprogressistes et rsolument dmocrates regroups autour du parti CNDD dirig par LonardNYANGOMA.

    Il est parier que les manuvres de certaines puissances occidentales et de leurs allis de largion sont trs engages afin que le prochain pouvoir soit dirig par leurs poulains libraux. Lesorganisations progressistes africaines, europennes, et latino-amricaines ont le devoirrvolutionnaire et urgentissime dapporter leur soutien aux progressistes burundais dans cesmoments dcisifs pour lavenir de la gauche au Burundi dans la rgion et dans le monde. Lemonde et devenu un village et un battement d'aile au Burundi pourrait avoir des consquencesd'ouragan en Papouasie ou sur la Cordires des Andes etc. La mobilisation pour soutenir lesdmocrates et progressistes burundais doit procder d'une bonne comprhension de la situationcomplexe du pays, au-del des clichs servis l'emporte pice par nombre de mdiasoccidentaux et d'ailleurs au service de la mafia commerante du monde. Mme parmi ceux desoccidentaux qui contestent le troisime mandat illgal Nkurunziza, tous ne sont pas mus parl'amour du peuple burundais. Il sied donc d'y voir clair et d'intervenir rapidement en faveur desprogressistes autour des partis uvrant avec le CNDD de Lonard Nyangoma.